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DICTIONNAIRE
DES ANTIQUITÉS
GRECQUES ET ROMAINES
, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines. Ce Dictionnaire se composera d’environ
40 fascicules grand in-4. Chaque fascicule comprend 20 feuilles d’impression (100 pages). —
Les trente-cinq premiers fascicules sont en vente. Chaque fascicule . 5 fr. »
TOME I, Première partie (A-B). 1 vol. in-4, broché . 23 fr. 75
TOME I, Deuxième partie (C). 1 vol. in-4, broché . 29 fr. 50
TOME II, Première partie (D-E). 1 vol. in-4, broché . 30 fr. »
TOME II, Deuxième partie (F-G). 1 vol. in-4, broché . 24 fr. »
TOME III, Première partie (H, I, J, K). 1 vol. in-4, brôché . 27 fr. 50
TOME III, Deuxième partie (L-M). 1 vol. in-4, broché . 40 fr. »
La demi-reliure en chagrin de chaque volume se paye en sus
5 fr.
DICTIONNAIRE
DES ANTIQUITÉS
GRECQUES ET ROMAINES
D’APRÈS LES TEXTES ET LES MONUMENTS
CONTENANT L’EXPLICATION DES TERMES
QUI SE RAPPORTENT AUX MŒURS, AUX INSTITUTIONS, A LA RELIGION,
AUX ARTS, AUX SCIENCES, AU COSTUME, AU MOBILIER, A LA GUERRE, A LA MARINE, AUX MÉTIERS,
AUX MONNAIES, POIDS ET MESURES, ETC., ETC.
ET EN GÉNÉRAL A LA VIE PUBLIQUE ET PRIVÉE DES ANCIENS
OUVRAGE RÉDIGÉ
PAR UNE SOCIÉTÉ D’ÉCRIVAINS SPÉCIAUX, D’ARCHÉOLOGUES ET DE PROFESSEURS
SOUS LA DIRECTION DE
MM. CH. DAREMBERG, EDM. SAGLIO ET EDM. BOTTIER
ET ORNÉ DE PLUS DE 6,000 FIGURES D’APRÈS L’ANTIQUE
DESSINÉES PAR P. SELLIER
TOME TROISIÈME
Deuxième partie (L-M)
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET C,E
79, BOULEVARD S A l N T - G E R M A I N , 79
1904
Droil9 «le traduction et de reproduction réserves.
LA B
— 881 —
LA B
LABRONIOS (Aaêpwvioç, Aaêpamov, Aaëpoïûv) 1 . — Vase
à boire dont la forme n’est pas bien déterminée. La des¬
cription d’Athénée2 en fait un vase largement ouvert,
muni de grandes anses, ce qui a conduit Krause3 à le
ranger parmi les variantes de la coupe [cylix]. Mais
Athénée spécifie, en outre, que c’est un ustensile d’ori¬
gine perse (ÊxTuopaxoç irspatxoO ei'Soç). Ménandre et d’autres
poètes, dont il cite les extraits, parlent de ce vase comme
d’un objet de prix, faisant partie d’une vaisselle richement
ciselée. Il y avait des XaSpojvtot enrichis de pierreries. Un
d’eux (en forme d’oiseau ou orné d’une représentation
d’oiseau, d’après un vers assez obscur) pesait deux cents
statères d’or ; un autre en valait vingt. Il est mentionné à
côté de vases portant des noms d’animaux (l’espadon, le
bouc-cerf, 'etc.), comme s’il s’agissait d’une catégorie de
rhytons [rhyton]. D’autre part, Didyme4 l’assimile au bom-
iiylios, ce qui achève de rendre peu nette l’image qu'on
peut s’en faire. E. Pottieh.
LABRUM, LABELLUM. — Cuve, vasque, bassin. Le
mot qui signifie lèvre ou rebord, est devenu le nom du
vase lui-même, que caractérise le bord replié de sa
cuvette. On le rencontre dans les auteurs, appliqué, sans
indication de forme, à des vases de pierre, d’argile, de
bois, de plomb, contenantdu vin *, de l’huile 2, de la sau¬
mure3, des fruits et des légumes ''', ou simplement de
l’eau5. Il convient à la vasque où retombe l’eau jaillis¬
sant d’une fontaine6 : on en a vu ailleurs des exemples
[fons, iiortus]. Il désigne spécialement, dans les bains
romains, le bassin isolé qui servait dans le caldarium
aux douches et aux ablutions [balneumj, et ainsi il corres¬
pond au louterion des Grecs. Il est, comme celui-ci,
porté par un pied qui le monte à hauteur d’appui. Un
labrum (ainsi nommé dans l’inscription qui y est
gravée en lettres de bronze) 7, encore en place dans les
LABROXIOS. 1 Différentes orthographes dans Athénée, XI, 68, p. 484; Hesych.
Suid. Phot. s, v. Le Thésaurus d’Henri Estienne en fait un féminin singulier^
AtcSjuvia (ô)- Les textes qui contiennent ce mot me paraissent en faire le pluriel
de USçùvtov, comme l'a déjà montré Casaubon. — 2 Alhen. XI, 68, p. 484 c.
— 3 Angeiologie , p. 341. — 4 Ap. Ath. I. c.
LABRUM, LABELLUM. 1 Virg. Georrj. Il, 6 ; Cal. R. rust. 154. — 2 Cat.
n. rust. 10, Il et 13 ; Colum. XII, 5-2, 10 el 11. - 3 Cat. 88. —4 Cat. 1 1 ; Col XII
lo et 44. — 5 Cat. 10 et II. — 0 Inscr. de Tunisie, ntill. arc h. du Comité des trav.
hist. 1893, p. 205 : « Ad labrum lapideum aqua ut saliret ». —7 Corp. inscr. lat X
817.-8 Inscr. de Nemi, Hermès , 1872, p. 11 « labellum marmorcum cum coin
V.
L
Anciens bains de Pompéi, a pour support un épais
massif circulaire en lave (voir t. Ier, p. 656, fig. 756, 757);
mais ordinairement le pied est dégagé, en forme de pié-
douche ou de colonne ( columella )8. Celui qui est dessiné
figure 4311 est en marbre et appartient au musée de
Naples9. De magnifiques exemples de ces vases existent
encore dans les musées, faits de marbres rares, de por¬
phyre, de basalte et richement sculptés10. Quelquefois
plusieurs pieds à figures de lions, de sphinx, de chi¬
mères, etc. (fig. 4312), ont été groupés autour du support
central ou disposés en trépied 11 pour soutenir leurs
vastes bassins12. La beauté du travail et de la matière
permet de supposer que, en dehors des emplois déjà
mella ». 9 Mus. Borbon. III, xr.iv. — 10 Voir les recueils de Piranesi, Vasi,
candelabri , etc. Rome, 177G; Roclieggiani, Raccolta di cento tavole (s. 1. n. d.) ;
Pislolcsi, Vaticano descritto , Rome, 1829-30, et les autres descriptions de musées
d antiques, en tenant compte des restaurations modernes. Citons seulement encore pour
la beauté de l ornement une vasque du palais des Conservateurs au Capitole* Bull,
municip. di Borna , 1875, p. 80 ; Hclbig, Führev, I, n. 596. — H Piranesi, O. c. I,
pl. xxxiu ; Roclieggiani, O. c. pl. xxxu, xu ; Pistolesi, t. VI, pl. xxn, xxiv ; Gargiulo,
Recueil de monum. du Musée Farnèse, pl. xly, xlvii, etc. — 12 Celui de la Rotonde
du Vatican provenant des thermes de Titus (Pistolesi, O. c. VI, pl. ex) mesure
44 palmes et 1/2 de circonférence.
111
LAB
882 —
LAB
signalés, quelques-uns des labrn qu’on a conservés n’ont
été faits que pour l’ornement de résidences princières1.
Ils pouvaient avoir encore une autre destination. Il y
en avait qui étaient placés à l'entrée des temples et qui
contenaient l'eau lustrale [luStratio]. Scipion en avait
consacré deux de marbre devant un arc qu’il avait fait
elever sur la pente du Capitole2. Cet usage remonte à la
plus haute antiquité3 et s’est perpétué jusqu’à l’époque
chrétienne. Les mêmes vases sont dé¬
signés par des noms très divers, can-
tiiàrus, concha, piiiala, lacus 4 , en
même temps que celui de labrum
restait attaché à toute espèce de réci¬
pients servant aux ablutions 5. La
variété des noms est la preuve que la
forme ne resta pas non plus inva¬
riable ; c’est ce qu’attestent aussi les
monuments. Dans un bas-relief du
Vatican6, on voit (fig. 4313), au bas
des degrés d un temple païen, et protégés par des grilles,
deux vases très différents de ceux qui ont été figurés
plus haut; et dans une miniature du vie siècle7, où est
représentée l’enceinte du tabernacle des Juifs, le vase
destiné aux ablutions a la même forme se rapprochant
de celle de 1 amphore, et cependant le nom qui est ins¬
crit au-dessus est encore celui de labrum (fig. 4314).
E. Saglio.
LAB4 RIIYTIIUS (AaSûptvOoç). — [Jn pharaon de la
XIIe dynastie, Amenemhat III, avait fait élever à l’est du
lac Mœris une immense construction qui était à la fois
son palais et son tombeau : après sa mort, il fut enseveli
au centre des bâtiments sous une pyramide de briques
revêtue de pierres sculptées. Les édifices et les voies qui
s’enchevêtraient autour de ce centre, où l’on voyait,
outre le tombeau du roi, douze grandes salles hypostyles,
formaient un dédale inextricable pour quiconque s’y
aventurait sans guide : c’étaient des milliers de petites
chambres, toutes carrées, toutes recouvertes d’un seul
bloc de pierre, reliées les unes aux auLres par des cou¬
loirs étroits, les unes souterraines, les autres au-dessus
du sol. Le tout formait comme une cité à part, un
massif quadrangulaire d’environ deux cents mètres de
long sur cent soixante-dix de large ; la façade sur le
Mœris était tout entière d’un calcaire blanc comme le
marbre1. L’aspect en était grandiose et original. Il
frappa d’étonnement et d’admiration Hérodote qui écri¬
vit : « Si Ion rassemblait tous les édifices et toutes les
constructions des Grecs, on les trouverait inférieurs
comme travail et comme dépense à ce Labyrinthe2. » Il
estima même que ce monument surpassait en beauté les
Pyramides. On lui fit visiter les chambres supérieures,
toutes ornées d un grand nombre de sculptures ; dans
les chambres souterraines, qu’on ne montrait pas, étaient
enfermés, disait-on, les sarcophages et des crocodiles
sacrés des rois fondateurs du Labyrinthe. Une mission
allemande croit avoir retrouvé, de nosjours, ce majestueux
édifice3. Bien que cette découverte ait été contestée4, elle
parait définitivement démontrée par de récents travaux 8.
C’est sur cette donnée purement égyptienne que les
Grecs ont, à leur tour, édifié le légendaire Labyrinthe de
Crète, qui, d’après Pline 6, n’aurait été que la centième
partie du labyrinthe égyptien, et qui pourtant finit par
éclipser dans la mémoire des hommes le seul et véritable
prototype. Construit par Dédale, sur l’ordre de Minos
[daedalus], près de la ville de Cnossos, ce labyrinthe,
perdu dans les profondeurs de la terre, aurait servi de
repaire au Minotaure qui se nourrissaitde chair humaine ;
on sait après quelle série d’aventures le grand héros
attique, Thésée, conduit à travers les détours du chemin
par le fil d Ariane, parvint jusqu’au monstre et le tuajAuxo-
TAURUS, tüeseus]. On ditque pour fètercette heureuse dé¬
livrance, il institua avec les jeunes gens etles jeunes filles
sauvés par lui une danse qui resta rituelle à Dc1os [géra-
Nos],et qui reproduisait dans ses mouvements de faran¬
dole les crochets multiples des sentiers du Labyrinthe 1
La filiation avec l’édifice égyptien est certaine : le mot
grec lui-même est dérivé d’une racine égyptienne, dési¬
gnant le Temple de Rahounit8. Non seulement le plagiat
est flagrant, mais on a même pu se demander si le
labyrinthe de Crète a existé autrement que dans l’ima¬
gination des Grecs. Les études les plus récentes aboutis¬
sent sur ce point à une conclusion négative9 : même
ceux qui cherchent à pallier le mensonge poétique des
anciens, reconnaissent que le labyrinthe crétois pourrait
tout au plus être représenté par une grotte profonde,
remplie de cavités et de couloirs tortueux, creusée dans
les flancs d'une montagne, aux environs de Gortyne (et
non de Cnossos qui est spécifié par la majorité des
auteurs anciens), ayant servi autrefois de carrière d'où
l’on extrayait des pierres10. Peut-être ces « latomies»,
comme celles de Syracuse, avaient-elles, en quelque
occasion', renfermé des prisonniers de guerre qui y
seraient morts de faim, et cette circonstance aurait
donné naissance au mythe des jeunes gens livrés en
proie au monstrueux habitant de cette caverne. Mais on
fait remarquer 11 que ni Homère, ni Hésiode, ni Hérodote
ne parlent du labyrinthe crétois. Hérodote surtout
devrait y faire au moins une allusion, en décrivant si
attentivement celui d’Égypte. Les auteurs grecs d’époque
romaine qui le mentionnent, comme Diodore12, Apollo-
dore13, Plutarque u, donnent d’ailleurs à leur récit un
caractère de mythe attique, et non pas proprement crétois.
Diodore15 dit bien qu'il en subsistait encore des restes de
son temps ; mais ce texte même a été contesté et corrigé,
de telle sorte que certains historiens en tirent l’assertion
tout opposée 16.
' 1 lusieurs proviennent de la villa d Hadrien, où abondaient les marbres précieux.
- lit. Civ. XXX\ II, 3, 7. 3 Voir chatf.r, fig. 2038. Le labeltum mentionné
p. 882, note 8, élait placé à Ventrée d'un temple ; cf. Orelli, fnsc. 4517. — 4 Benndorf
in Büdingers, Stud. III, 330. — 5 Le même nom labrum ou labium fut aussi donné à
la cuve baptismale. Anastas, Bibl. De vitis pontif. Rom. 1718, p. 39 ; ci', lsidor.
frloss. in sacr. script. Vil, p. 412. Arev. : « Labrum et Iabum unuin sunt, vas
aencum quadrangulum in quo lavantur sacerdotes ». — C Gerhard, Arch.
Zeit. 1847, pl. îv, p. 50. — 7 Garrucci, Storia d. arte crist. pl. cxxvi, 2.
I.ABYRIMTHUS. 1 Voir Maspero, Hist. anc. des peuples de l'Orient, p. llfi-
117. — 2 Hcrodot. Il, 118. — 3 Lipsius, Briefe ans Aegypten, p. 05-81 ; Denk-
maeler, I, pl. xlvi-xlvih. — 4 Perrot et Chipiez, Hist. de l'art , 1, p. 475-470.
- S Maspero, Hist. anc. des peuples de l’Orient, I, p. 520, noie 3.-6 p|jn.
Hist. nat. XXXVI, 13. — 7 Plut. Thés. 21 ; Callim. Del. 311 ; Scliol. Iliad. XVIII,
590. — 8 Maspero, Ibid, note 2. Les étymologies grecques sont, comme toujours,
imaginées d'après des analogies de mots ; cf. Suid. et Ilesych. s. v. D'autres étymo¬
logies grecques, proposées par des modernes, ne sont pas beaucoup plus acceptables ;
cf. le Lerik. der Myth. de Roschcr, II, p. 1782. — 9 Voir les conclusions de Stoll,
Fabricius, Hfifer, insérées dans le même article du Lexik. der Myth. de Rosclier,
au mot Labyrinthos, II, p. 1778-1783. — to Fabricius, !. c. p. 1780. _ U Hôck,
Kreta, p. 56-02; cf. Lexik. de Rosclier, p. 1783. — 12 I, f,i 97- [y 91 77.
— 13 III, I, 4 ; 15, 8. — U Thés. 15, 16, 19 ; cf. Hellanikos, Fragm. 73, ap. Fragm.
hist. gr. I, p. 54, Millier ; Pherecyd. fr. 106, ib. p. 97 ; Paus. I, 27, 9 ; Virg. Aen. V,
588 et Serv. ad b. I. ; Iîyg. Fab. 40, 41, 42. — 13 I, 97, édit. Didot (C. Muller).
- 10 Hôck, l. c. Pline dit (Hist. nat. XXXVI, 90) « Cretici... nulla vestigia exstent ».
IAB
— 883 —
La réalité historique du plus célèbre des Labyrinthes
reste donc tout à fait douteuse. Mais la légende n’en est pas
moins ancienne et elle a du prendre naissance assez tôt
en Grèce. Preller a eu tort de croire que l'on doit seule¬
ment à des mythographes de l'époque romaine l’idée
Fig. 4315. — Thésée sortant du Labyrinthe.
d’associer l'histoire du Minotaure au mythe du Laby¬
rinthe1. Nous ne pouvons pas douter aujourd’hui que
les Grecs n’aient les premiers et de bonne heure com¬
biné ces deux éléments de la fable crétoise. Un très ancien
vase attique, datant au moins du début du vie siècle,
montre, derrièreThésée en lutte avec le Minotaure, Ariane,
tenant dans ses mains le peloton
de fil qui a guidé le héros à travers
les détours de sa route téné¬
breuse2. Sur une autre peinture
céramique, du ve siècle, on voit
Thésée traînant le corps du
monstre expirant en dehors d’un
édifice figuré par un portique
auquel est accolée une bande
d'ornements en forme de méandre
compliqué (fig. 4315) qui, par
un symbole ingénieux, rappelle la structure inté¬
rieure du Labyrinthe3. Le même ornement apparaît sur
des monnaies autonomes de Cnossos ayant au droit le
Minotaure4. Sur d’autres monnaies (fig. 4316), le laby¬
rinthe est représenté seul 8; les formes en sont variées1’.
I Article Labyrinthus dans Pauly's, Realencycl. 184G, p. 705-707. — 2 Gazette
arch. 1884, pl. i-ii. — 3 Journ. ofi hell. Stud. U, pl. x, p. 60 (C. Smith).
— 4 Duruy, Hist. des Grecs , I, p. 62 ; == Baumeister, Denkmaeler, II, p. 936,
lig. 1011. — 5 Au Cabinet des Médailles de Paris, monnaie de Cnossos. — 6 Pellerin,
Rec. 111, p. 05 ; Eckhel, Doct. I, 2, p. 308 ; Mionnet, II, p. 265 ; Hôck, Kreta, pl. n
M. Iliick veut en tirer un argument contre la réalité du Labyrinthe. Mais ce serait
une preuve bien faible. Le Capitole et d’autres monuments célèbres sont figurés sur
les monnaies avec une diversité de formes aussi étonnanle. — 3 Oenochoé de Tra -
glialella ; Annal, dell' Inst. 1181, pl. l ; = S. Reinach, Répertoire des vases peints ,
1, p. 345. —8 Museo Borbonico , XIV, pl. a; Niccolini, Case e monum. di Pom-
peji, Casa di Lucrezio , p. 12, pl. i, 6 ; Overbeck, Pompeji , 4' éd. p. 318. — 9 Revue
crehéol. 1884, II, p. 107. — 10 Arch. Zeitung, 1848, p. 99, Anzeiger ; Sitzungsber.
d. WUn. Akad. 1851, pl. v. — U Overbeck, Op. I. p. 345 ; Zahn, II, 50, dans la
maison dite du Labyrinthe. La porte seule du Labyrinthe est figurée dans certaines
peintures de Pompéi : Helbig, Wandgem. n«s 1213, 1214. — 12 S. Reinach, Pierres
LAC
Signalons encore, parmi les monuments de 1 epoqui*
ancienne, une curieuse peinture de vase étrusque où. dans
une scène encore mal expliquée, apparaît un dessin de
labyrinthe h
A l’époque romaine, les monuments sont plus nom-
j IABYAvs T-j-ïyf
breux encore : graffite de Pompéi avec l’inscription : hic
habitat Minotaur us (fig. 4317) 8, mosaïque de Brindisi9.
mosaïque de Fribourgen Suisse lü, mosaïque de Pompéi ,
pierres gravées, etc.12. Les témoignages desauteurs devien¬
nent aussi plus précis et plus abondants, à mesure que
tous les détails de la légende sont mieux fixés dans
l’imagination populaire13.
Outre le Labyrinthe de Crète, les auteurs mentionnent
ailleurs des constructions du même genre. On cite en
particulier celui de Lemnos (de Samos suivant d autres),
qui aurait été construit par les célèbres artistes Rhœkos
et Théodoros14. On en signale d’autres en Grèce, à
Nauplie, en Sicile, en Italie13. Il semble que, dans la
réalité, aucun de ces prétendus labyrinthes n'aient eu
plus de droit que celui de Crète à prendre place dans
l’histoire. Pline donne aussi le même nom au tombeau
de Porsenna16, construit âClusium d’Etrurie, à cause de
la multiplicité des cachettes et des détours aménagés
dans l’intérieur du tumulus pour dépister les recher¬
ches. Mais c’est, dans ce sens, un simple abus de mot et
une métaphore semblable à celle qui a passé dans le lan¬
gage moderne n. E. Pottier.
LAC. PiXa, lait. — L’usage du lait et de ses produits
[butyrum, caseus] remonte vraisemblablement aux plus
anciens âges de l’humanité. Au témoignage des auteurs
anciens, le lait constitue l’un des principaux éléments de
la nourriture des peuples primitifs ou dontle mode d’exis¬
tence se rapproche de celui de ces peuples. Polyphénie,
chez Homère ‘, est un pasteur, et s’il ne dédaigne pas le
vin, le lait est la boisson dont il accompagne ordinaire¬
ment ses repas, sanglants ou non. Son antre est une vé¬
ritable laiterie, pleine de pots, de seaux, etc. Il emploie
gravées {RM. des mon. figurés), pl. lvi^ (,5, 1), cxxxvi (51). — 13 Virg. Aen.
558; VI, 27, 29; Ovid. Metam. VIII, 167; Apollod. III, 1, 4 ; III, 15, 8 ; Etgm.
magn.s.v .; Riod. I, 61, 97 ; IV, 61, 77; Plin. Hist. nat. XXXVI, 85; Plut. Thés.
la, 16, 19 ; Slrab. X, p. 447; Dio Clirys. Or. 71, p. 626; Ael. Nat. ail. VI, 43.
Claudien (VI Cons. Honor. Aug. v. 634) et Cedreuus (p. 98) seuls placent le
Labyrinthe à Goi'tyne, au lieu de Cnossos. — 14 Plin. XXXVI, 13(86 el90). Mais
comme il dit « indigenae « en parlant des deux architectes samiens, on a pensé qu'il
fallait corriger Lemnos en Samos ; cl. Preller, Realencycl. de Paulv, s v. — 15 Strab.
VIII, p. 369, 373 : cf. Preller, Op. I. p. 707 ; Zoega, Dcobeliscis, p. 315,347.-16 Plin.
Hist. nat. XXXVI, 13(911. — n L’ornement en méandres compliqués, appelé laby¬
rinthe, figure déjàsur les monuments antiques ; outre les monnaies, la coupe grecque et
le graffite cités plus haut; cl'.une mosaïque de Pompéi (Overbeek.Op. L p. 344). — Biblio¬
graphie. Preller dans Realencycl. de Pauly, 1840, Stuttgart, IV, p. 705-707; Stoll, Fabri-
cius, Hôfer, dans le Lcxilcon der Mythologie ie Roscher, 1897, Leipzig, II, p. 1778-1783.
L YC. 1 Hom. CJd. IX, 218-223, 244-249.
surtout le lait des chèvres et celui des brebis. Au temps
de Théocrite, la nourriture des pâtres siciliens, anthro¬
pophagie à part, est la même b Dans le monde grec
homérique, maîtres et pasteurs se nourrissent également
de lait de brebis 2. Il en est de même en d’autres régions.
Les Suèves, d’après César, vivent surtout de lait et de
petit bétail 3. Partout le lait de la brebis et celui de la
chèvre paraissent plus communément en usage que le lait
de vache. On ne dédaignait pas celui de plusieurs autres
animaux. On tirait parti du lait d’ànesse, surtout en mé¬
decine, comme il sera dit plus loin. Le lait de jument est
le plus substantiel de tous, au dire de Yarron 4. Le même
écrivain se contredit du reste ailleurs lorsqu’il place en
première ligne le lait de brebis, puis celui de chèvre \
11 se rencontre presque ici avec la science moderne qui
donne le premier rang au lait de chèvre et le second au
lait de brebis, le lait de la vache ne venant qu’en troisième
lieu, puis ceux de la femme, de l’ânesse et de la jument0.
En Thrace, les Ilippêmolgues consommaient le lait de
leurs cavales 7. Plus tard, dans les mêmes contrées, on
voit encore les Gélons boire du lait mêlé de sang de che¬
val 8. Le lait de truie était employé en médecine 9, mais
Pusage habituel de cet aliment passait pour communiquer
une sorte de lèpre 10. A Rome, le lait de chamelle, mêlé
de trois parties d’eau, passait pour une boisson très
agréable 11 . Le lait d’ànesse, en raison de son épaisseur,
servait parfois en guise de présure pour faire cailler les
autres laits 12. En Italie, alors que les raffinements de la
bonne chère faisaient sans doute dédaigner aux riches le
lait dans son état naturel, au moins comme aliment ha¬
bituel, il reste au contraire, avec le fromage, la principale
ressource des paysans 13. Toute maison rustique ayant
de l’aisance en était pourvue abondamment, comme de
miel et de quelques autres denrées u. Il importe de
marquer ici qu’il est beaucoup plus fréquemment question
dans les au teurs anciens de lait de chèvre et de brebis que
de lait de vache. Ceux qui ont écrit sur l’agronomie trai¬
tent presque toujours du gros bétail au point de vue du
labourage et de la reproduction. Il est vrai qu’ils ne
parlent pas non plus de l’engraissement en vue de la
boucherie, d'où il serait absurde de conclure que les
anciens nemangeaientpointla chair du bœufet delà vache.
Nous savons qu’en Italie on considérait comme les
meilleures laitières les vaches des Alpes que les ha¬
bitants appelaient cevae 13. Notons qu’ici encore on les
considère surtout comme nourrices, car non seulement on
leur faisait nourrir leurs veaux, mais on leur en amenait
qu’elles n’avaient pas portés. Virgile recommande que le
lait des vaches soit de préférence réservé aux veaux et ne
remplisse pas la laiterie, « comme chez nos pères »,
ajoute-t-il, ce qui indique à la fois l’usage et la restric¬
tion 10. Comme laitière, en raison de l’abondance de sa
production, il préfère la chèvre à la brebis n. L’édit de
Dioclétien, de son côté, ne mentionne que le lait de brebis.
On voit, d’après ce qui précède, qu’il n’y a pas lieu d’en
inférer, avec M. Waddington, un argument en faveur de
la destination particulière decet édit aux provinces orien¬
tales de l’Empire 18.
! Tlieocr. Id. VIII, 42: XI, 34-35, etc. — 2 Hom. Od. IV, 86-89. — 3 Cacs.
Bull. Gall. IV, 1. — 4 Varr. B. rust. II, 8. — 3 Ibid. II, 11. — 6 Dict.
eneyet. des sc. médic. 2" série, t. I, p. 166. — 7 Hom. 11. XIII, 5. — 8 Virg.
Geory. III, 462-3. — 9 Plin. Hist. nat. XXVIII, 33. — 10 plut. De Is.
et Os. 6. — n Plin. Hist. nat. XI, 96. — 12 Plin. XI, 96. — 13 Col. VII, 2.
— 14 Cic. De .S'en. XVI, 50. — 13 Col. VI, 24. '-=• 10 Virg. Geory. III, 176-177.
Les agronomes latins donnent des instructions détail¬
lées sur la production du lait et les conditions nécessaires
pour en obtenir d’une bonne qualité. Cette qualité, dit
Varron, dépend de trois conditions : la nourriture donnée
aux animaux ; l’orge, la paille, et en général, tout four¬
rage sec, pourvu qu’il soit substantiel, donne du lait
nourrissant; ensuite il importe que le bétail soit sain et
bien portant; enfin l’époque où l’on trait n’est pas indif¬
férente. Le meilleur est le premier tiré du pis, et quand
il V a déjà quelque temps que la bête a mis bas. Celui
que l’on a trait avant ce moment, appelé colostra , est mis
à part. C’était à Rome un objet de friandise 19. On recom¬
mandait aussi de garder pour faire le fromage le lait tiré
le matin ou vers midi, tandis que le lait tiré le soir était
dès le point du jour porté à la ville dans des pots d’airain 2Ü.
D’après l’Édit de Dioclétien, le lait se vendait, ainsi que
le fromage frais, dans les mêmes marchés que les fruits
et les légumes 21, tandis que le fromage salé était débité au
marché des salaisons 22. Le prix de ce lait nous paraîtfort
élevé, car il est fixé à huit deniers le sextarius italique,
ce qui équivaudrait à 49 centimes les 54 centilitres 23.
Mais les savants sont loin d’être d’accord sur la valeur du
denier au temps de Dioclétien 2V. Encore suivons-nous
l’évaluation la moins élevée, qui est ici à coup sûr la
moins invraisemblable.
Une certaine partie du lait recueilli revenait au proprié¬
taire. Cela est vrai au moins pour l’époque où vivait Caton.
Dans le contrat de louage d’un troupeau de brebis, on in¬
sérait cette clause que la moitié du lait tiré les jours de
fêle, avec une urne en plus, lui appartiendrait 2a.
Le lait n’était pas seulement consommé pur. Les Grecs
le trouvaient plus doux quand de la farine y était mêlée 26 .
A Rome, les gourmets le faisaient bouillir avec des cail¬
loux de mer 27. On conservait le lait par divers moyens.
Virgile recommande de faire deux parts du lait recueilli.
L’unesera utilisée immédiatement, l’autre sera salée pour
l'hiver 28. Il est difficile de croire que le procédé fût aussi
sommaire qu’il l’indique. On appelait oxygalci une autre
préparation. Selon Pline, l’oxygala était simplement la
partie caillée du lait à laquelle on ajoutait un peu de sel,
ou encore un peu de lait aigre qu’on ajoutait au lait ré¬
cent pour le faire aigrir. Le lait ainsi aigri passait pour
fortifier l’estomac 20 . Coluinelle donne de l’oxygala une
recette infiniment plus compliquée. Dans un vase de terre
propre, on verse du lait de brebis très frais dans lequel on
fait nager de petits bouquets de menthe, d’oignons,
d’origan, de coriandre. Cinq jours après, on vide le
petit-lait, puis, au bout de trois jours, on jette les
bottes d’assaisonnement. On ajoute un peu de thym et
d’origan secs, puis on mêle des poireaux, suivant telle
quantité que l’on juge à propos. On les hache, on mêle le
lait avec soin et après trois jours on vide encore le petit-
lait. Puis on sale, et on bouche le pot pour ne l’ouvrir
que lorsqu’on veut y puiser 30. La recette varie d’ailleurs
en ses détails suivant le goût de chacun. Galien men¬
tionne d’autres laitages analogues : l’àcppoyxXa, sur lequel
on n’a pas d’autres renseignements ; la melca, qui était un
breuvage composé d’une manière analogue à l’oxygala.
— 17 Id. IV, 30-89. — 18 Waddington, Éd. de Diocl. p. 17, n. 95. — 19 Varr.
Il, 11, 22; Pliu. Hist. nat. XXVIII, 35; ci'. Plaut. Poen. I, 2, 177, cl
Martial, XIII, 38. — 20 Virg. Geory. III, 400-403. — 21 Waddington, Éd. de Diocl.
c. vi, 95. — 22 Ibid. c. v, I I. — 23 Jd. c. vu. 95. — . 24 Ibid. Introd. p. 2 et 3.
— 2b Cat. II. rust. 50. — 26 Aristot. Probl. XXI, 19. — 27 Plin. Hist. nat. XXVIII, 33.
— 28 Virg. Geory. III. 403. — 29 Plin. Hist. nat. XXVIII, 35, 36. - 30 Col. XII. 8.
ooo —
LAC
On le donnait comme fortiiiant et c’était en été un rafraî¬
chissement apprécié. On pouvait le servir glacé 1 . On
mêlait aussi le lait avec de la farine, du miel et des fruits
pour faire une sorte d’entremets appelé lactarium opus.
Le pâtissier qui confectionnait ce mets était dit lactarius .
En certains cas, le lait était donné comme aliment a
des animaux. Les chiens de bergers buvaient du peti t-
lait où l’on avait fait tremper de la farine d orge 3. Si
leur mère venait à manquer de lait, on nourrissait les
petits chiens avec du lait de chèvre *. Oppien recom¬
mande que les jeunes chiens de chasse ne sucent jamais
le lait d’une chèvre ou d’unebrebis, même d’une chienne
domestique, ce qui leur ôterait tout courage. Il vaut
mieux les nourrir avec le lait d’une biche, ou d’une
louve, ou d’une lionne apprivoisée 5 ! Xénophon est d’un
avis contraire. Les jeunes chiens doivent être, selon lui,
laissés à leur mère, qu’aucun autre animal ne Saurait
remplacer avec avantage8. Mêlé avec de la farine de
millet grillé, on l’administrait aux vaches qui n’avaient
pas assez de lait, pour leur en faire produire davantage.
Ici encore, l’auteur qui préconise ce moyen se place au
point de vue de la nourriture du veau
Les anciens connaissaient la composition du lait s.
Les propriétés curatives de cette substance n’avaient
pas échappé à leur attention. Tous ceux qui ont écrit sur
la médecine, Dioscoride, Hippocrate, Arétée, Galien,
Cœlius Amelianus, Alexandre de Tralles, Amatus Lusi-
tanus, etc., ont traité, avec plus ou moins de détails, des
effets du lait dans les maladies ’. On faisait chaque jour,
avant 1c. repas, boire du lait d’ânesse aux enfants qui
avaient besoin d’un fortifiant10. Les Grecs employaient le
lait, pris en grande quantité, comme purgatif. Le lait
de cavale passait pour le plus efficace; puis venaient les
laits d’àncsse, de vache et de chèvre u. Ün en usait sous
forme de breuvage, de clystères12, d’injection dans la
matrice11, de gargarismes, chauds ou tièdes,dans les maux
de gorge inflammatoires, et en ce cas le lait de chèvre
bouilli avec des mauves et une pincée de sel était préféré u.
On endormait les enfants avec du lait tiède mêlé de suc de
pavot15. Dans les maux de dents, on bassinait les gen¬
cives avec du lait16. D’une manière générale, le lait étail
très employé en breuvage pour toute sorte d’ulcération,
contre la phtisie, la consomption, la goutte, etc.11. Au
contraire, on le déconseillait dans les affections telles
que les maux de tète, du foie, de la rate, dans les fièvres
aiguës, etc., à moins qu’on ne voulût purger le malade 18.
On l’administrait tantôt pur, tantôt coupé d’eau19, ou
d’eau et de vin20, mêlé de farine21, d’un vin astrin¬
gent22, d’hydromel 23, etc.
Les Grecs et les Romains pratiquaient de véritables
cures de lait. Dans les cas de lèpre, de paralysie, d’épi¬
lepsie, d’hypocondrie, etc., on faisait prendre au malade
un breuvage appelé schiston. On l’obtenait en faisant
bouillir du lait de chèvre que l’on agitait avec des
branches de figuier fraîchement cueillies. On y ajoutait
l Galen. Al. Suce. H; Meth. med. Vil, 41 ; cl X, |). 408. külm ; Paul. Aegin.
111, 37. — 2 Lamprid. Elag. 27 el 32 ; Cels. Il, 28 : « Lac, mel, ideoque laclaria.
atque oranc pistorium opus »; Apic. VU, 11 : « laclicinia ». — 3 Col. VII, 2.
— 4 Col. Ibid. — 6 Oppian. De ven. I. — 0 Xcnopli. Cyneg. p. 370. — 7 Col.
VI, 23. — 8 Aristot. p. 93t, 932 ; Galou. De alim. fac. 13. — 9 Dict. encycl. des
sc. méd. 2U série, t. I, art. i.ait. — 19 Plin. Hist. nat. XXMIÏ, 33. — U Aristot.
Probl. 1, 42 ; Varr. H. rust. II. 1 1. — 12 Plin. XXVIII, 33. — 13 Hippocr. trail. Littré,
t. VIII, p. 449. — U- Plin. XXVIII, 31. — 13 Ovid. Fast. IV, 347 et 348. — 18 Plin.
XXVIII, 49. — n Ibid. XXVIII. 33. — 18 Plin. XXVIII, 33 ; Cels. III. 22. — 19 Hippocr.
V.
un eyatlie de vin miellé par hémine de lait. Luis,
quand le sérum était isolé par refroidissement, on faisait
cuire le liquide jusqu’à réduction d un tiers. On en
buvait chaque jour et, après avoir bu, il était recom¬
mandé de prendre de l’exercice 2i. C’est, on le voit, un
traitement suivi. On faisait aussi des cures de lait
de jument. Chaque matin, pendant quarante ou qua¬
rante-cinq jours, on en buvait trois tasses2'. D’autres fois,
on suivait le même régime avec du lait provenant d’une
vache noire20, sans doute parce que l’animal de ce poil
passait pour plus vigoureux. Ce traitement s’appliquait
spécialement aux phtisiques. Dans certains cas, on avait
recours au lait de femme27. Les Romains faisaient des
cures du lait provenant des excellents pâturages du Lac¬
tarius Mons, près de Stabies, en Campanie28. Enfin le
lail était reconnu comme l’antidote des empoisonne¬
ments par la ciguë, la colchique, et autres plantes véné¬
neuses. On se servait avec succès du lait d’ànesse dans
les cas d’empoisonnement par la céruse, le soufre, le vif-
argent, etc. 29. Il semble que le lait soitentré aussi dans la
composition de certains philtres. C estainsiqu aux fètesde
la Fortune virile, les femmes absorbaient un breuvage
fait de lait, de suc de pavots broyés et de miel 30.
On sait combien les femmes romaines usaient et abu¬
saient des fards et cosmétiques de> toutes sortes. Il n’est
donc pas surprenant qu’elles se soient avisées des res¬
sources spéciales que leur offrait le lait. Certaines
femmes, au dire de Pline, se frottaient le visage de lait
d’ânesse sept cents fois par jour, pour effacer ou pré¬
venir les rides, et, afin que l’on ne traite pas de fantai¬
siste un nombre si prodigieux, il a soin d’ajouter qu’elles
l’observaient scrupuleusement31. D’autres s en baignaient
complètement, et Poppée, femme de Néron, traînait par¬
tout à sa suite un troupeau de cinq cents ànesses nour¬
rices, dans le lait desquelles elle plongeait tout son
corps, croyant donner ainsi à sa peau plus de souplesse :ia.
Le lait était souvent employé dans les sacrifices. C’est
d’abord, avec d’autres petits présents du même genre, le
don le plus ordinaire des pauvres gens et des paysans,
parce que l’offrande d’autres victimes eût dépassé leurs
ressources33. Les anciens Romains en offraient à Silvain,
en même temps qu’ils sacrifiaient un porc à la Terre37.
Dans VÉnéide , on voit le héros et ses compagnons offrir
deux libations devin, deux de lait, et deux de sang, sui¬
vant le rite, écrit Virgile, sur le tombeau d’Anchise33. Ils
répandent de même sur la tombe de Polydore du lait et
du sang36. Théocrite nous montre un berger offrant du
lait aux Nymphes, un autre à Pan 3'.
Ailleurs Cérès, au printemps38. Phébus39, reçoivent le
même hommage. A Rome, à la fête des palilia, après
avoir offert en sacrifices expiatoires à Paies, entre autres
aliments, du lait qu’on venait de traire et tiède encore,
les paysans buvaient du lait, puis du vin, dans un vase
en bois40. Enfin, près du figuier Ruminai, on faisait à
la déesse Rumina, pour les enfants en bas âge, des sacri-
t. V, p. 239, § 36 ; p. 433, § 73. — 29 ld. t. V. p. 129, § 4. — 21 ld. t. V, p. 373, S 4.
— 22 ld. t. V, p. 433, § 101. — 23 Id. t. VIII, p. 449. —2V Dioscor. II, 77 ; Plin. I.C.,
cf. Galen. S impi . med. X, 2, 19, t. XII, p. 292; Paul. Aeg. I, 88. — 23 Hippocr.
t. VII, p. 81 et 177. — 28 Id. t. VII, p. 39b, § 32. — 27 Plin. XXVIII, 21.
— 28 Cass. Il ; Variai'. 10; Galen. Meth. med. V, 12, 1. X, p. 3G3 et s. — 29 Plin.
XXVIII, 33. — 30 Ovid. Fast. IV, 131-132. — 31 Plin. XXVIII, 30. — 32 Ibid.
— 33 Ibid. Praef. I, 9. — 34 Horat. Ep. Il, I, 144. — 33 Vii-g. Aei i. V, 78.
— 38 Id. III, 00. — 37 Theocr. V, 33 , 34, 38. — 38 Yirg. Georg. I, 344. — ,M ld.
Ecl. V, 67. — 49 Ovid. Fast. IV, 746 el 790.
1 12
— 886 —
LAC
LAC
lices où le lail tenait la place du vin1. A Athènes, une
lete de la grande déesse tirait son nom, yaXàç-.a, de ce
qu’on y mangeait la ga/axia, c’est-à-dire une bouillie
d’orge et de lait2. Parmi ces prodiges que les anciens
relevaient avec une curiosité superstitieuse, on signale
des pluies de lait 3.
Des sextarii de lait et d’autres denrées étaient, dans la
Rome primitive, donnés en récompense aux soldats
Il existait a Rome, dans le Forum Olitorium, qui était
le marché aux légumes, une colonne appelée columna
/actarias, devant laquelle on amenait les enfants qui
devaient être nourris avec du lait [lacté a/endos). Faut-il,
avec le commentateur de Festus, interpréter cette déno¬
mination en ce sens qu’on y exposait, pour les aban¬
donner, les enfants en bas âge? Le détail fourni par
l’Edit, de Dioclétien, à savoir que le lait, confondu dans
le texte de l’Édit parmi les fruits et les légumes, se
vendait au même marché, et d’autre part le fait que
nous avons signalé des cures de lait ordonnées aux
enfants débiles, nous conduisent plutôt à croire que les
enfants /acte a f endos étaient amenés là pour boire le
lait tout frais arrivé de la campagne. André Baudrillart.
LACEDAEMOXIORUM RESPUBLICA *. — Les mots
Lacédémone et Sparte n’étaient pas exactement syno¬
nymes. Le nom officiel de la cité était Lacédémone ;
Sparte était le nom de la ville. Dans les textes de traités
qui sont cités par Thucydide, c’est toujours le nom de
Lacédémone qui est employé2. Un traité commence par
cette formule : « Voici ce qui a paru bon à l’assemblée des
Lacédémoniens3. «Dans les discours qui étaient prononcés
à Sparte, c’est par l’expression « O Lacédémoniens » qu’on
s’adressait aux auditeurs4. Les inscriptions désignent
aussi la cité par l’expression 7) ttôXiç vq AoouSaip.oviwv A
Au point de vue géographique, le mot Lacédémone
désigna d’abord la région entière appelée Laconie, dont
Sparte était le chef-lien e. Le nom de Lacédémoniens était
appliqué à l’ensemble des habitants ; celui de Spartiates
en désignait une partie7. Toutefois, comme c’était dans
Sparte que s’était groupée la race maîtresse,, et comme la
vie politique s’était concentrée dans cette ville, il arriva
peu à peu que le nom de Sparte fut employé pour dési¬
gner l’Etat, et le nom de Spartiates pour désigner les
citoyens actifs et les véritables membres de cet Etat.
C’est ainsi qu’Hérodote dit indifféremment roi des Lacé¬
démoniens ou roi des Spartiates, et que, voulant parler
de l’Etat, il se sert de l’expression r'o xotvov tôv il-rcaf-
Tcmôv8. D’ailleurs, le nom de Spartiates paraît avoir été
réservé, non pas à tous les hommes qui étaient domici¬
liés dans la ville de Sparte, mais à ceux-là seuls qui
jouissaient de tous les droits politiques, soit qu’ils habi¬
tassent à Sparte ou dans la campagne; c’est du moins en
ce sens qu’il est employé dans un passage de Xénophon0.
Il est diflîcile de décrire la constitution de cet État
1 Varr. II, il ; Plut. Quaest.rom. LVI1. — 2Hesych. I. p. 794. — 3 Plin. Hisl.
nat. II, 57. — 4 Plin. Ibid. XIV, 15. — 5 Fest. s. v. Lactaria.
I.ACEDALMONIORljM RESPUBLICA. 1 Nous publions sans v rien changer
(sauf quelques indications bibliographiques) cet article écrit par Fustel de Coulanges
pour le Dictionnaire, tableau d'ensemble des institutions de Sparte. Des articles
spéciaux sont consacrés à chacune d’elles ; on y pourra trouver des opinions qui
s'éloignent de la doctrine de l’auteur et aussi des faits nouveaux, qu’il y eut sans
doute ajoutés lui-même. — 2Thuc. V, 18 ; V, 23 ; V, 79 ; VIII, 18 ; VIII, 37 ; VIII, 58.
— 3 Thuc. V, 29. — 4 Thuc. I, 68 ; I, 76 ; I, 80 ; 1, 86 ; Herod. V, 92. — 5 Bocckh,
Corp. inscr. yraec. u°* 1358, 1376, 1453. — 6 Herod. VII, 234 ; S<mv tv iji AocxeS«1;jlovi
Hxàpï,; xoÀ.t; ; Id. VI, 58: 1* xàavjç Aaxe$atpovoç, y_wpà ExapxiYjTÉwv ; cf. Iliad. II,
581 ; ijlrab. VIII, 5, 8 ; Pausanias, 111, 11, dit que Lacédémone fut d’abord le nom
lacédémonicn. Ce n'est pas que les anciens n’aient. beau¬
coup écrit sur ce sujet. Hérodote nous donne plus de ren¬
seignements sur Sparte que sur aucune autre cité grecque.
Thucydide et Xénophon semblent avoir assez bien connu
cette ville. Ilellanicus, Ëphore, Timée, Phylarque lui don¬
naient une grande place dans leurs histoires. Cliaron de
Lampsaque 10 avait écrit ses annales. Aristote, Héraclide
de Pont,Dicéarque, Sphaeros, Critias “, Sosibios, Perséos,
Molpis, Aristocratès, avaient composé des traités spéciaux
sur son gouvernement on sur ses usages, et ces traités
étaient dans les mains de Plutarque et d’Athénée l2. Mais,
outre que nous ne possédons qu’un très petit nombre de
fragments de tous ces auteurs, il y a trois sources de
renseignements qui nous font défaut: ce sont les lois, les
orateurs et les inscriptions. Or, si nous songeons que
c’est surtout par ces trois sortes de documents que nous
saisissons le détail des institutions d’Athènes, nous com¬
prendrons combien de lacunes ce manque de documents
précis laisse dans notre connaissance du gouvernement
de Sparte. A cela s’ajoute qu’il s’est établi dès l’antiquité
une Légende admirative sur Sparte. Elle ne se voit pas
encore chez Hérodote, chez Thucydide, chez Aristote;
mais elle apparaît chez Xénophon et Platon et se déve¬
loppe d'àge en âge jusqu’à Polybe et Plutarque. Comme
Sparte était devenue le point de ralliement des aristo¬
craties grecques, il se forma une tradition d’éloge et
d’enthousiasme convenue à son égard. Comme d’ailleurs
il se trouvait parmi ses institutions quelques éléments
qui avaient toutes les apparences de l'égalité et de la
vertu, plusieurs philosophes s’éprirent d’elle comme
d une cité idéale. Ces partis pris ont eu pour effet que les
écrivains ont donné à certains côtés de sa constitution
une importance exagérée et en ont laissé d’autres dans
l’ombre; ils ont introduit dans cette élude des préoccu¬
pations morales ou philosophiques qui étaient de leur
temps, mais qui avaient été étrangères aux âges anté¬
rieurs; ils ont par là revêtu certains faits d’une couleur
qui, à leur insu, en altérait plus ou moins la réalité.
Nous allons essayer de tracer le tableau des institu¬
tions de cette ville, en nous plaçant à l’époque sur
laquelle nous avons le plus de renseignements, c’est-
à-dire entre le temps d'Hérodote et celui d’Aristote, au
v° et au ivu siècle avant notre ère.
1° Etat des personnes. — Lacédémone, comme toutes
les anciennes cités, avait des esclaves, ooûXoc, oixsTat.
ivopa7rooa. Thucydide fait même observer que, parmi les
cités grecques, celle qui possédait le plus d’esclaves était
Lacédémone13. Plutarque rapporte que, dans une incur¬
sion qu’ils firent en Laconie, les Étoliens enlevèrent
50000 esclaves 14.
Dans un grand nombre de textes anciens, les hilotes
sont assimilés aux esclaves 1:i. Le nom de 80QÀ01 leur
est fréquemment appliqué16. La pratique même de
du pays, Sparte celui de la ville, et que plus tard Sparte s’appela aussi Lacédé¬
mone. — 7Thuc. IV, 38. — 8 Herod . VI. 50; VI, 58. —9 Xenoph. Bell. III, 3. 5-0.
— Athen. XI, 49. — H Critias, AaxiSaijjiov.'iuv xoà'.te: « (Athen. XI, 66). - — 12 Athen.
IV, 19 et 20 ; 111, 23; XV, 15. - 13 Thuc. VIII, 40. Platon dit aussi qu’aucune
ville ne peut rivaliser avec Lacédémone pour le nombre des esclaves (Plat. Alcib. I,
18, éd. Didot, p. 480). — 14 Plut. Cleomen. 18. —13 Platon, Alcib. I, 18, compte
les hilotes parmi les àv&çàxoSa, mais il montre en mémo temps que tous les
ivSpàxo&ot de Sparte n’étaient pas des hilotes : âv$jaxdSo,v m,tv. SX. ).uv «al -rdC
eIWixûv. Les deux classes étaient donc distinctes. — l6 Theopomp. ap. Athen. VI,
102. Harpocrale explique eI aejte j e : par Vajaejelv. Suivant une tradition vulgaire, le
mot hilotes serait venu du nom de la ville d’Hélos; il est plus probable que ce
terme est une forme passive de l’inusité e'au. prendre.
— 887
LAC
LAC
l’affranchissement, que nous trouvons employée a leur
égard, montre bien qu’ils étaient en dehors de la
classe des hommes libres1. Ils avaient toutefois, au
moins la plupart d’entre eux, une situation particu- ,
lière au milieu des autres esclaves. Ils habitaient
les champs ; « c’est une race de paysans qui depuis une
haute antiquité vit groupée dans des demeures
rurales2 ». Une famille d’hilotes occupait une terre de
père en fils; elle n’en était pas propriétaire ; elle semait
et récoltait en payant une redevance annuelle au pro¬
priétaire Spartiate 3. Cette redevance avait été fixée a
l’origine et ne pouvait pas être augmentée4 ; « car le
législateur avait voulu que les hilotes pussent faire
quelques profits et se plaire dans leur service3 ». Ils
pouvaient donc posséder un pécule et quelque fortune
mobilière. Le roi Cléomène ayant offert la liberté à ceux
qui voudraient l'acheter, il se trouva 6000 hilotes en état
de payer immédiatement le prix fixé, qui était de cinq
mines6. Ces faits nous permettent de nous représenter
les hilotes, au moins la plupart d’entre eux, comme une
sorte de tenanciers héréditaires non libres, c’est-à-dire
comme des serfs de la glèbe, analogues aux pénestes de
Thessalie, aux clérofes de la Crète, aux Maryandiniens
de Bithynie, aux Gymnètes d’Argos ’. Leur servitude
avait des limites; l’historien Éphore dit qu’ils étaient
esclaves sous certaines conditions déterminées 8, et le
lexicographe Pollux les place « à un rang intermédiaire
entre les hommes libres et les esclaves0 ». Si mal traités
qu’ils fussent dans certains cas111, et surtout quand on les
jugeait redoutables11, il y a un trait qui les met au-
dessus des esclaves ordinaires : c’est qu’ils servaient dans
les armées et combattaient à côté des Spartiates12. Et ce
qui permet de croire qu’ils ne formaient pas en général
une population hostile, c'est qu’on les voit, en 418, se
lever en masse pour porter secours à Sparte menacée 13 .
Pour les esclaves et pour les hilotes, il y avait plusieurs
sortes d’affranchissement. Un historien ancien nous a
conservé les noms des diverses classes d’affranchis, mais
sans indiquer en quoi elles différaient. Les esclaves
devenaient, les uns àtpetat, les autres àoÉffTtoTO!, d’autres
encore lpuxT7|peç ou SîirTroctovauxat 14. Les hilotes s’élevaient
par l’affranchissement au rang de Néodamodes, qui for¬
maient la classe la plus haute au-dessous de l’ingé¬
nuité 1S. Mais aucune de ces classes ne se confondait avec
celle des vrais citoyens 1G. L’affranchi avait le droit
l Thucyd. IV, 26; V, 34. — 2 Ti t. Liv. XXXIV, 27 : « Hi sunt jam incle anti-
quitus castcllani, agreste genus ». — 3 Myron Pricn. ap. Atlien. XIV, 74 : xai
raçaSôvTêç aû-roT; Trjv yw'oàv exaSav [xoïçav vjv aÙTOÏ^ àvotffountv &ei. — 4 Plut.
IllStit. Lacon. 40 : ot eiXojte; oc-jtoYç etçyàÇovro tvjv *y)v, aïtoçépovTEÇ à7côçopav tvjv àvcoOev
iTTccjxévifjv ; cl. Ifl. Lyc. 24. — 5 Plut. Ibid. ïva exeTvoi xeoSûuvovte; vjSéwç uicvjçeTwtrt.
— 0 Plut. Cleom. 23. — 7 Athen. VI, 84; Pollux, III, 83; Stcph. Byz. v. yio;.
8 Ephor. ap. Strab. VIII, 5 : Soj^ouç èiu Taxtoï; tutu II ajoute que le maître, tov
a jto jç e/ov-ca, ne pouvait ni les affranchir, ni les vendre en dehors des limites. Strabon
conclut de là qu’ils étaient « en quelque façon esclaves de l’État, toôi:ov -tvà, 5r,|xé<riot
àoOXoi ». Les mots d’Ephore xov é'/ovt a indiquent bien que chacun d’eux avait un
maître; ce qui est probable, c’est qu’ils ne dépendaient pas absolument de la volonté
de ce maître, et que l’État exerçait sur eux une sorte d’autorité qui pouvait être
parfois une protection. 11 semble en tout cas qu’il fallut l’agrément de l’État pour
affranchir un hilote. — 9 Poil. III, 83. — 10 Voir sur les mauvais traitements
infligés aux hilotes un texte de Myron de Priène,ap. Athen. XIV, c. 74; mais Myron do
Priéne a peu d’autorité ; Pausanias dit de lui (IV, 6) qu’il ne regardait pas à écrire
des choses fausses et indignes de toute créance. Quant au passage de Plutarque sur la
cryptie, il faut le rectifier par ce que dit Platon, Ley. I, p.633 ; VI, p. 763 [krypteiaA
Le qui est certain, c’est que les lois de la cité ne les protégeaient pas; il était per¬
mis aux magistrats de les mettre à mort sans jugement (Isocrat. Panathen. 181).
Aristote (ap. Plut. Lyc. 28) dit que les magistrats, chaque année, les déclaraient 1
ennemis publics, afin qu’on pût les tuer impunément. Tel était le droit : mais dans
la pratique, il est clair que l’on n’avait aucun intérêt à tuer les hilotes. — il Thucydide I
« d’habiter où il voulait 11 »; il avait « 1 enlree des
temples 18 » ; il est probable aussi <ju il jouissait des
droits civils et pouvait paraître en justice; mais on ne
voit à aucun signe que les droits politiques lui fussent
communiqués ni qu’il entrât dans la classe des gouver¬
nants; « d’hilote, on ne devenait jamais Spartiate19 ».
Fort au-dessus des hilotes étaient placés les périèques
laconiens. Ils étaient, pour la plupart, les descendants
de l’ancienne population achéenne que les Doriens
n’avaient soumise qu’après un siècle et demi de luttes,
de victoires ou de traités20. La conquête achevée, le pays
avait été divisé en six parts; l’une d’elles, où se trouvait
la ville de Sparte, fut le lot des nouveaux venus ; les cinq
autres furent laissées aux anciens habitants21. Il paraît,
s’il faut en croire un texte d’Éphore, que pendant quel¬
ques années les deux populations vécurent sur un pied
d’égalité et formèrent ensemble un même État22; mais
le roi Agis Ier enleva aux Laconiens l’égalité politique,
l’isotimie et les réduisit à l’état de sujets23. Ils avaient
des villes, que Strabon dit avoir été au nombre de cent 2*,
et dont plusieurs, comme Amyclae, Prasio, Cythère,
avaient de l’importance. Ils étaient hommes libres. Ils
possédaient leur sol en toute propriété. Ils se livraient
en pleine liberté au commerce et à l’industrie. Entre les
hilotes attachés à la glèbe et les Spartiates soumis aux
dures obligations du citoyen, les périèques laconiens
étaient peut-être ce qu’il y avait de plus libre23. Ils
avaient leurs lois, leur justice, leur administration
locale 26. Mais ils ne possédaient pas les droits politiques
et n’étaient pas membres actifs de l’État Spartiate. Ils
payaient des impôts et devaient le service militaire; mais,
ce qui marque bien qu’ils étaient tenus pour hommes
libres, c’est qu’ils servaient au rang des hoplites27, et
pouvaient même obtenir des commandements28; une
autre preuve de leur liberté est qu’ils étaient admis aux
jeux olympiques et pouvaient figurer parmi les vain¬
queurs29. Les Spartiates étaient, pour la plupart, les
descendants des conquérants doriens. Toutefois, quel¬
ques familles achéennes et cadméennes se trouvaient au
milieu d’eux30. Hérodote indique, mais en termes assez
vagues, que de son temps on pouvait compter 8000 Spar¬
tiates31. Plutarque donne à entendre qu’ils avaient été
9000 au temps de Lycurgue. Aristote rapporte comme une
tradition qu’à l’origine leur nombre s’était élevé à 10 000 32 .
Le droit de cité, à Sparte comme dans les autres villes
VI, 80, montre bien i|ue c'est la crainte seule qui a rendu parfois les Spartiates
cruels envers les hilotes: cf. I, 128. L'histoire mentionne des révoltes d'hilotes;
mais il s'agit surtout d’hilotes messéniens, Paus. III, 11. — 12 Herod. IX,
10 ; Time. IV, 8. — 13 Time. V, 64. — H Myron Prien. ap. Athen. VI, 102.
— la Poil. III, 83; Time. XII, 38 : Suvaxat xo vsoSa|rülSEÇ èXeîjÔeoov ((Ski clvatt.
— 16 Xcnoph. Hell. III, 3, fi. - — U Tliuc. V, 34. — 18 Time. V, 80. — 19 OASi
U-O.Q/ZI xot; ÊtXwffi yÉv£vOat Ex:apxtâxat;, Dio. Chrysost. XXXVI, 38. — '20 Pans.
III, 2. — 21 Ephor. ap. Strab. VIII, 3. — 2-2 Ibid. : toiî mçioÎxgjs SiuifxiaxSv
tvovopou; Eivai [UTÉyovrv.; coXmîa;. — 23 Notons toutefois que l'assertion d'Ephore
ne peut pas s'appliquer à la Laconie entière, dont la plus grande partie ne fut con¬
quise que longtemps après le règne d'Agis I"r. L'histoire des villes laconiennes
reste un problème fort obscur. — 24 Strab. VIII, 4, 11. — 23 Isocratc reproche
aux Spartiates leur dureté cpvers les Laconiens [Panathen. 177-180) ; mais dans ce
passage vague et déclamatoire, l'orateur paraît confondre les Laconiens avec les
hilotes. — 26 Dans quelques villes, Sparte envoyait un magistrat ; par exemple, à
Cythère. Tliuc. V, 33. — 27 Herod. IX, 7; IX, 11: Thuc. V, 18. A Platée, il y
avait 10 000 Lacédémoniens, dont 5 000 seulement étaient Spartiates; 4 500 autres
étaient des périèques (Herod. IX, 28). — 2S Thuc. VIII, 22. Xénophon signale
des xaTiotziyaOoi parmi les périèques [Hcll. V, 3, 9). — 29 Pausanias en cite un
exemple, III, 22,5. — 30 Par exemple, les Tallhyhiades (Herod. VI, 00 et VII, 134),
les Aegides, de race cadmôenne (Aristot. fragm. éd. Didot, t. IV, p. 2G9) : cf. Herod.
IV, 149 ; les Minyens, Herod. IV, 145. — 31 Herod. VII, 231. — 32 Aristot.
Polit. Il, 6 (Didot, p. 512).
— 888 —
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grecques, se transmettait par la naissance ou s’acquérail
par une loi spéciale. Aristote dit que dans les premiers
siècles, Sparte accordait volontiers ce droit à des étran¬
gers, réparant ainsi les pertes que la guerre faisait subir
à sa population1. Cette assertion est confirmée par Plu¬
tarque2, par Élien 3. Xénophon montre qu’il y avait de
son temps des étrangers, £évot, qui étaient admis d’une
certaine façon dans l’État Lacédémonien ; on peut induire
de son récit qu’ils étaient en assez grand nombre et
qu’ils formaient une classe réputée libre et assez consi¬
dérée’. Mais il y a grande apparence qu’il y avait des
degrés dans le droit de cité. On pouvait être admis dans
la cité lacédémonienne sans devenir pour cela un citoyen
complet, un Spartiate. Les droits politiques, et surtout le
jus honorum, étaient mis à part. Un passage d’Hérodote
est significatif : les Spartiates voulaient avoir avec eux
le devin Tisamène qui était un Eléen ; celui-ci exigea
« qu’ils le fissent citoyen », « qu'ils lui donnassent part
à tous les droits », « qu’enfin il devînt, ainsi que son frère,
un Spartiate 5 ». C’est de ce rang et de ce titre que Sparte
était fort avare ; mais elle ne repoussait pas absolument
les étrangers et les admettait volontiers, comme veooa-
aïoSstç, comme rfôcptgoi, ou comme mothaces6, soit dans
ses murs, soit dans ses armées, et elle leur donnait, avec
quelques droits civils, une place dans l’État.
Le titre de citoyen pouvait se perdre de deux façons,
soit par la voôsla, soit par l’arigta. Était réputé vôOoç qui¬
conque était né d’un Spartiate et d’une femme étrangère.
Comme cette condition était héréditaire, on ne doit pas
être surpris que les voOoi aient formé une classe assez
nombreuse à Lacédémone 7 ; peut-être y faut-il faire
entrer ceux qu'on appelait iTrsuvaxToc'8. Ceux qui étaient
nés de pères Spartiates jouissaient d’un certain rang et
de quelques droits dans la cité 9.
La peine de l’atimic était prodiguée à Sparte. Nous
sommes loin d’avoir la liste des crimes et des délits
qu’clle atteignait; nous savons qu’elle frappait tout
homme qui avait reculé dans un combat10, tout homme
qui ne se soumettait pas aux règles si rigoureuses de
l’éducation et de la discipline intérieure de Sparte11, tout
homme qui restait célibataire12, tout homme enfin qui
ne pouvait ou ne voulait pas prendre part aux repas
publics13. Celui qui était exclu du nombre des citoyens
n’avait plus ni droits politiques ni droits civils ; il ne
pouvait plus aspirer aux charges ; il ne pouvait contracter
ni achat, ni vente, ni mariage régulier ; frappé et mal¬
traité, il n’avait aucun recours en justice14. La religion
même lui était interdite; il ne pouvait pas prendre part
aux fêtes ; nul citoyen ne lui pouvait communiquer le feu
sacré ni même avoir un entretien avec lui1”.
l Aristot. Polit. II, G, 12. — 2 Plut. Instit. Lacon. 22. — 3 Aelian. Hist. var.
XII, 43 ; cf. Phylarch,ap. Alhen. VI, 102 ; Stob. Serm. XL, 8. — 4 Xen. Hell. V, 3,
1) : Eévot t5v tçobÎjxwv *a^oujjisvwv. Le mot xpôcpijxoi indique qu’ils avaient reçu l’édu¬
cation Spartiate. — G Herod. IX, 33: w; ito'XrqTYjv itonqixovTat, t<ov -nâvxwv 'AExaStSovTEÇ
...YtvsaOat £iraçTi-qTrv. Ibid. 35 : yevopievo; Eza^Tif.TYiç. — c Sur les mothaces,
\ oir Phylarch. ap. Athen. VI, 102. Toutes ces classes étaient fort nombreuses ; on
sait qu’ Agésilas emmena en Asie 30 Spartiates seulement et 2000 neodamodes ;
ces chiffres ne nous donnent sans doute pas la proportion exacte entre les deux
classes ; mais ils nous permettent de croire qu’au IVe siècle les néodamodes, ou nou¬
veaux citoyens, étaient beaucoup plus nombreux que les Spartiates; cf. Xenopli.
Hell. V, 3, 9. Suivant Phylarque, Lysandre aurait été un mothacc, et il se serait
ensuite élevé au rang de izo\hrt;. — 7 On voit dans Xenoph. Hell. V, 3, 9, que
l’élite des voôoi formait une partie de l’armée d'Agésilas. — 8 Athen. VI, 101.
— 9 Xen. Hell. V, 3, 9 : xai vôOoi xwv E'rcaçxtaTwv [xà\v. eûeiSeï; xai [t«3v tv r>j r.ôXzi
xeàSv oûx fimieoi. — 10 Herod. VII, 231; Thuc. V, 34; Plut. Afjesil. 30.
il Xen. Resp. Lac. 10; Plut. Instit. Lac. 21. — 12 Plut. Lyc. 15; Apophth.
Lyc. 14. — 13 Aristot. Polit. Il, G. 21 (éd. Didol, p. 514). — 14 Thuc. V, 34;
Le corps des citoyens se divisait en un certain nombre
de groupes que l’on appelait cpuXat et qui se divisaienl
eux-mêmes en woa't16. Un a lieu de croire que les tribus
étaient au nombre de trois et qu’elles portaient les mêmes
noms que dans d’autres villes doriennes, ceux de Hyl-
léens, Dymanes et Pamphyles17. Quant aux <L6aî, qui ont
peut-être quelque analogie avec les phratries athénien¬
nes, on est d’accord pour penser qu’elles étaient au
nombre de trente.
Les citoyens de Sparte étaient-ils partagés en classes?
Y distinguait-on des familles de naissance aristocra¬
tique, comme étaient les Eupatrides d’Athènes et les
Patriciens de Rome? Y marquait-on des rangs suivant
la richesse, comme étaient les classes de Rome et les
x-.a-çg-axa d’Athènes? Il nous paraît impossible de répondre
à ces questions. D’un côté, la tradition attribuait à
Lycurgue d’avoir donné aux Spartiates l’égalité en toutes
choses. D’autre part, ni Hérodote, ni Thucydide, qui sont
les auteurs les plus anciens qui nous parlent de Sparte,
ne font la moindre allusion à une pareille égalité. Quel¬
ques mots d'Hérodote semblent même indiquer qu’il y
avait des Spartiates que l'on distinguait entre leurs con¬
citoyens « pour leur naissance et pour leur richesse 18 ».
Le même historien mentionne des hommes qu’il appelle
ciXêioi 19, ooxig.01, ou qu’il désigne par l’expression oi
Ttpwxoi 20. Aristote décrit la société Spartiate comme si elle
était partagée en deux classes bien tranchées ; il les
désigne par les expressions xaXoïxàyaôoi et 3^g.oç'2i. Xéno¬
phon emploie les deux termes ôgoï&i et Ù7rojjt.eioveç, les
Égaux et les Inférieurs 22. Sur les différences qu’il y avait
entre ces deux classes, on est à peu près réduit aux con¬
jectures. Toutefois on remarque que Démosthène men¬
tionne la première comme une classe très puissante23,
et que Xénophon place la seconde au milieu d’autres
classes déshéritées et opprimées24. On pourrait même
conclure de deux passages de cet historien que les ôgoîoi
jouissaient seuls de tous les droits politiques25. Parmi ces
obscurités, ce qui ressort avec le plus de vraisemblance
des textes et des faits, c’est que, même parmi les hommes
de sang dorien, il y avait des rangs très distincts. En
tête étaient les Spartiates ôg.oïoi, puis les Spartiates
67iog.£tovEç, puis les voôot STrapxiàxwv ; venaient ensuite les
çévoi Tpocpig.oi, les mothaces, les néodamodes ; au-dessous
étaient les périèques, et au dernier degré de l’échelle se
trouvaient les hilotes et les esclaves.
2° Institutions sociales. La famille. — La famille
était constituée à Sparte comme dans le reste de la Grèce.
On ne voit à aucun signe certain que les relations entre
l’époux et l’épouse, entre le père et les enfants, y aient
été sensiblement différentes de ce qu’elles étaient ailleurs.
Plut. Agesil. 30. Peut-être y avait-il dos degrés dans l'alimie, ainsi qu'à Athènes ;
mais nous manquons de renseignements sur ce point. — 13 Herod. VII, 231.
— 13 Plut. Lyc. 0 : çuXàÇavTa xaî wGâçavTa ; Herod. \ I, 145, 140. - 13 \oir
Hoeckli, Co/y), inscr. graec. t. I, p. 009. — l8 Herod. VH, 134 : yeyovôîes s ù xat
àv^xovxeç eïç zv. nçùizoï. — 19 Id. VI, 61. — 90 Jd. V I, 85; IV, 14G. — 21 Al’is-
lot. Polit. Il, 6, 15. Ailleurs il appelle la première classe oî yvwji[uu cl il la peint
comme une classe aristocratique (V, 0, 7). — 22 Xen. Ltesp. Lac. X, 7 et XIII, 1 ;
Hell. III, 3, 5; Anab. IV, 0, 14. — 23 Demosth. in Leptin. 107. — 24 Xen.
Hell. III, 3, G. — 23 Xen. Jtcsg. Lac. X, 7 ; on peut remarquer que ceux
qui sont appelés ojjwïo! dans la seconde partie de la phrase sont les mêmes
qui, dans la première, sont appelés ol tï;v xôVtv oîxEiav é//,vte; ■ Lie mémo,
dans l’Anabase, IV, 6, 14, on voit que l'éducation Spartiate est donnée à ouoi
i!,i ôjtofov; or, il faut avoir traversé cette éducation pour jouir du droil
complet de la cité. Sur cette question toujours obscure, on peut consulter
K. Fr. Hermann, I.ehrbuch der griech. Antiq. § 2G ; Schoemann, Opuscula
acad. t. I, p. 108-148; Kopstadt, De constit. Lyc. indole, p. 82-88 ; Itieger,
de Homoeorum el Hypom. origine., 1853.
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Hérodote, observateur si curieux des mœurs intimes, ne
signale rien dans celles des Spartiates qui s éloigne de
celles des autres Grecs. Ni Thucydide ni Aristote ne font
aucune remarque de cette nature. A Sparte comme pai-
tout, le mariage était un acte sacré qui s accomplissait
suivant des rites. Plutarque rapporte, à la vérité, que
l’époux devait enlever l’épouse 1 ", mais il y a grande
apparence qu il indique là, sans y penser, un rite antiqm
du mariage, lequel se retrouve dans une grande paitit
de la race indo-européenne et se voit aussi à Rome. Le
même historien semble croire que le lien du mariage
était peu respecté à Lacédémone et que les femmes y
étaient à tous, ainsi que les enfants -. Mais cela est
démenti par beaucoup d’anecdotes que racontent Héro¬
dote et Plutarque lui-même 3. il est vraisemblable que
Plutarque s’est mépris sur le sens d’une institution dont
Polybe avait parlé avant lui : « Trois ou quatre maris,
dit-il, pouvaient avoir une même femme, pourvu qu ils
fussent frères L » Ce vieil usage ne serait autre que le
lévirat, qui fut pratiqué par presque toute l’antiquité
dans l’intérêt de la conservation des familles. Dans la
pensée des vieux âges, toute considération morale cédait
devant la nécessité de donner un descendant à une lignée
d’ancêtres. De là cette loi étrange; de là aussi la règle
du divorce en cas de stérilité de la femme. Quelques faits
de cette nature ne doivent pas nous induire en erreur
sur le caractère général de la famille à Sparte. La mono¬
gamie y était la règle absolue5, et l’adultère y était
réputé l’un des plus grands crimes °.
Il ne paraît pas que la puissance paternelle ait été
différente à Sparte de ce qu’elle était dans le reste de la
Grèce. 11 est vrai que le père était obligé de soumettre
son fils aux prescriptions quotidiennes de l’éducation
publique; mais le fds rentrait chaque jour dans la mai¬
son, et beaucoup d’anecdotes montrent que le lien était
assez étroit entre le fils d’une part, le père et la mère de
l’autre7. Dire que les enfants n’appartenaient pas à la
famille serait une exagération et une inexactitude.
La vie intime dans la famille n’était pas inconnue de
Sparte. La maison avait, comme partout, son foyer sacré,
son dieu intérieur. Nous lisons dans Hérodote que Déma-
rate entre dans sa maison, y immole un bœuf à Jupiter
et, s’adressant à sa mère : « Je te supplie, lui dit-il, au
nom de notre dieu domestique dont je touche l’autel. »
Hérodote et Plutarque mentionnent des sacrifices privés,
ce qui suppose 8 des fêtes domestiques et des anniver¬
saires 9. Aristote et Platon assurent qu’à Sparte les
femmes jouissaient d’une plus grande liberté que dans
la plupart des villes grecques10. Denys d’Halicarnasse,
comparantles trois grandes cités, Rome, Athènes et Sparte,
au point de vue de l’ingérence des pouvoirs publics dans
1 Plut . Lyc. 15 : ouv St' àçitayri;. Denys d’Halicar nasse explique cet usage, àç-scay?);
oùx eç u'6 pet &Xk’ etz\ yà|up yevojiivY);, 'éT^yjvixbv xai àpy/xïo v e6o; xat xçôirov o-ujAiEàvxwv KaO ou;
CTUvâ-rexovrat yà[xot Ta?; yuvatS'iv eiciçavéffTaxov ( Aht . TOm. 11, 30). — - Plut. Lyc. 15,
va fine, — 3 Voir par exemple les Apophth. Laconarum, édit. Tauclrailz, p. 187-188.
— 4 Polyb. XII, G B, 8, édit. Didot, p, 508 : icaçà AaxE8at[xoviot; zàxçiov îjv tçeT;
av8ça; Ê^etv yuvaïxa xai TExxaçaç, àSEXœoù; ovxa;. — 5 Herod. V, 39-40, raconte l’his¬
toire d’un roi de Sparte que les épliores voulurent contraindre à renvoyer sa femme
qui était stérile ; sur son refus, ils imaginèrent l’expédient, de l’obliger à en épouser
une autre sans renvoyer la première; il eut ainsi deux femmes et deux foyers, mais,
ajoute l’historien, « cela était contraire aux ^nœurs des Spartiates ». — fi Plut.
Lyc. 15 in fine. — 1 On peut remarquer l'habitude qu’avaient les riches de Sparte
de faire accompagner leurs enfants dans les gymnases par deux ou trois enfants de
leur propre domesticité, pour adoucir leurs fatigues (Athen. VI, 102; Aelian. XII,
43). — H Herod. VI, 68 : TOU eçxeiou Al b; toù8e xaxaicTÔ|Aevo; cre Ixeteûw. — 9 Herod,
VI, 57 ; Plut. Lyc. 12. - 10 Aristot. Polit. II, 6 (éd. Didot, p. 512); Plat. Leg. I,
LAC
la vie privée, dit que Sparte (Hait celle où la vie pii\cc
avait le plus d’indépendance: « Toute infraction au bon
ordre, si elle est commise en un lieu public, est passible
d’une peine ; mais de ce qui se fait dans 1 intérieur de la
maison, l'État n’a nul souci ; la porte de la cour est la
limite où finit l’assujettissement et où commence la
liberté 11. »
2° La propriété. — Les Spartiates ont pratiqué de tout
temps, ainsi que les autres Grecs, le régime de la pro¬
priété privée. L’étude des documents et des faits ne peut
laisser aucun doute sur ce point. 11 n’y a pas un seul
texte, parmi tant de descriptions et de récits, qui indique
que les terres y aient été communes Platon rapporte que,
dès le premier établissement, la terre fut partagée en
lots de propriété 12. Suivant Plutarque, l’inégalité des
fortunes se serait d’abord fait sentir; « les uns devinrent
très riches, les autres très pauvres et sans ressources >».
C’est pour remédier à cette inégalité trop profonde que
« Lycurgue aurait persuadé aux Lacédémoniens de mettre
pour un moment la terre en commun et de procéder à un
nouveau partage 13 ». Il aurait alors, d après le même
historien, divisé le territoire de Sparte en 9000 lots
égaux, dont chacun pouvait produire environ 80 mé-
dimnes de grains. Il y a des raisons de douter de cette
égalité des parts, égalité dont il n'est lait mention que
dans des historiens très postérieurs à Lycurgue et dont
Hérodote ne parle pas ; mais ce dont ôn ne peut pas
douter, c’est que la terre n'ait été possédée en propre par
chaque Spartiate. La propriété du sol était héréditaire
Elle passait nécessairement du père au fils, sans que
celui-ci pût être déshérité par un testament ; cette règle
dura jusqu’à la loi d’Epitadéos qui ne fut portée qu après
la guerre du Péloponnèse 15. La terre était tellement atta¬
chée à la famille que, suivant une règle que nous retrou¬
vons dans beaucoup d’anciennes cités grecques, il n’était
pas permis de se séparer d’elle par la vente 16.
Le Spartiate ne cultivait pas lui-même son champ ; il le
faisait cultiver par un hilote qui en était comme le fermier
et qui lui en payait une redevance annuelle. Le chiffre
de cette redevance avait été fixé à 1 origine 1 ‘ . Il était
interdit au propriétaire de louer sa terre a un prix plus
élevé, « la loi visant à ce que l’hilote pût faire quelques
profits et à ce que le propriétaire ne s’enrichît pas outre
mesure 18 ».
Beaucoup de faits montrent, non seulement que la
propriété privée existait à Sparte, mais qu'elle y fut
même de bonne heure fort inégale. Déjà avant Lycurgue,
Plutarque signale une grande disproportion dans la
richesse 19. Au siècle qui suit, nous voyons la guerre de
Messénie éclater à l'occasion d'un crime commis par un
Spartiate qui est un propriétaire de vastes pâturages20.
p. G37 ; VI, p. 781 ; Aristote, II, G, 8, rapporte une tradition suivant laquelle Lycur¬
gue aurait renoncé à faire des lois pour les femmes ; cf. Dion. Halic. II, 24 :
oute àsftxav îooirsp oî AaxeSatixôviot xà; xùjv yuvatxwv ©uÀaxa;. — H Dion. liai. XX, 2
(XX, 13, édit. Kiessling, t. IV, p. 167) : Aaxe8at|xovioi 8è, ote toi; itçE<xouxâTot; Ltéxoeitov
-où; àxoffjxouvxa; xulv toXixùIv Èv ôx<;>8^xtvt xwv 3rjjAO<rtu>v xôiti» Ta"; Baxxr.çiat; -rateiv, x«*»v
$è xaxotxiav yEvojxÉvwv oute xrçovotav oute ©uXaxr.v troiouvxo, *c$jv auÀEtov 0upav Exa<rxtu
oçiov tlvai xt}; IXeuOEçia; tou p?ou. — 12 Plat. Leg. 111, p. G84. A Sparte, comme a
Athènes, la propriété privée avait son dieu protecteur, Zeù; eoxeto;. Herod. NI.
(58. — 13 Plut. Lyc. 8. — 14 Plut. Agis , 5 : ev 8ia8o-/a?;, ï:axçb; icai8i xbv x^tJçov àro-
)*eucovtq;. — 15 Ibid. — 16 Heraclid. Pont, dans les Fragmenta de Didot, t. II.
p. 211 : ‘kwAeïv yrjv AaxE3aip.ovtoi; al<ryçbv vevo|Ju*<rxat* xîj; 8 àçyata; |xoc?a; ou8 e;e<tti. Ci.
Aristot. Polit. II, 6 (Didot, p. 512). — 11 Plut. Inst. Lac. 40 : ot eeXwxe; aûxot; eiyyâ
Covxo x?qv yyjv àx:o®éçovTs; Ôltz oipoçàv xrtv avwôev tffxajilvTjv. — 1® Ibid . : ticàoaxov 8 r,v
irXetovô; xivà puo-Owirat, iva ot ê'.Xwxe; jaèv xEçSatvtoirtv, ouxoi 8e (les Spartiates) ïc'aéov
It: iÇqtâffi. — Plut. Lyc. 8. — 20 Pans. IV, 4.
— 890 —
LAC
LAC
A la fin de celte même guerre, la propriété est devenue
à tel point inégale qu'un parti demande, sans d’ailleurs
l'obtenir, un partage du sol 1 . Un siècle après, Hérodote
montre que l'on distinguait à Sparte des hommes « qui
s'élevaient au-dessus des autres par la naissance et par
la richesse 2 ». Plus tard encore, Thucydide fait la
remarque que tous les Spartiates avaient un vêtement
uniforme, bien qu’il y eût parmi eux des hommes plus
riches que les autres3. Aristote affirme que de son temps
la richesse était si inégalement répartie que « les uns
possédaient des biens énormes, les autres n’avaient
presque rien, on sorte que le sol est en un petit nombre
de mains * ». Cette disproportion ne fit que s'accroître
avec le temps ; à l'avènement d’Agis 111, tout le territoire
de Sparte appartenait à cent propriétaires6.
La richesse mobilière n’était pas inconnue à Sparte,
Plutarque, au milieu même des peintures qu'il fait de la
pauvreté Spartiate, laisse échapper une foule de traits qui
marquent une société où l’argent tient une grande place.
Il mentionne, dès une époque très ancienne, des débi¬
teurs et des créanciers, et la question des dettes était déjà
assez grave pour troubler l’État®. Il montre à tout moment
la passion du lucre. Un ancien oracle avait déjà dit : « C’est
l’amour de l’argent qui perdra Sparte 7. » On répète, à la
vérité, que les Spartiates ne possédaient ni or ni argent ;
mais les textes disent seulement qu’ils ne possédaient pas
d’or monnayé, pas d'argent monnayé ; ils se servaient de
lingots8. Cette absence de monnaie d'or et d’argent, au
milieu même de l’affluence de ces métaux, est un fait
assez fréquent dans l'antiquité ; on la remarque dans
l’ancienne Rome jusqu'au temps des guerres puniques,
bien que Rome fût déjà fort riche et qu’elle connût depuis
longtemps le commerce et même la spéculation. Appa¬
remment les Spartiates, comme les Romains, aimaient
mieux peser l'or que le compter. L’argent ne manquait
pas, puisqu’une des peines les plus souvent infligées
était l’amende ; Plistoanax, en 445, fut condamné à payer
15 talents9, et Agis, en 418, faillit être condamné à payer
100000 drachmes 10. Le commerce cîe l’argent parait avoir
été interdit par quelque vieille loi ; mais un historien
cité par Athénée nous renseigne sur l’un des moyens par
lesquels la loi était éludée : les Spartiates plaçaient leur
argent chez les Arcadiens ou prenaient pour prête-noms
des hommes de ce pays11. Voici un autre trait de mœurs
qui nous est fourni par Aristote et Plutarque : Les
éphores, disent-ils, siègent tous les jours et séparément
pour juger les procès relatifs aux obligations i2. Ce grand
nombre de procès donne une idée du mouvement
d’affaires et de la complexité des spéculations qu’il y
1 A ris tôt. Polit. V, G (Didot, p. 573-574) : une cause de révolution, dit le philo¬
sophe, est otccv o\ jxèv àiïoçojirt Xtav O* S’eüTCoçîSffi ; or, c est précisément Sparte cpi il choisit
comme exemple : ouvêSri xouxo lv AaxeSaqAovi uuo xov METirrçvtaxbv tcôXejaov* OAiSojaevoi yào
8ià xbv icôXejxov ^çtouv àvaSaorbv tcoieïv xv]v y wçàv. — - Hcrod. \ II. 134 : oùiji te YEyovôxEÇ
eu xa: yor\ [xafft àvqxovxeç éç xà icpiuTa. — 3TllUCyd. I,G lot xà jaeîÇyijàexext v$. — h Al'istot.
Polit. 11,6, 10 (Didot, p. 512) : xoTç jjlèv yàç auto Sv ffujx?eS-/)XE xexxvjffOat •rcoXtojv Xtav oùofav,
xoYç 8i itàjXTîav [juxpâv &to’7;sp elç 6‘kiyo’jq yjxev vj £tôpa. — S Plut. Afjis , 5. — G Plut. LlJC. 0-1 I .
— 7 'H oiAo/oTi|xaTta -"àoTo.v oAst, Diod. E xccrpta \ aticanaf\ II, 14, 5 (éd. Didot) :
Plut. Proverb. 43; Cic. De off. II, il. L’oracle avait été rendu au temps des rois
Alcamèneet Théopompe, c’est-à-dire au vin" siècle avant notre ère (Plut. Inst. Lac.
41). Il correspondait sans doute à un effort qui fut fait à cette époque pour réfrénez
le goût de la richesse. — 8 Pausanias, parlant d’un fait du vme siècle avant notre
èl’C, dit : oùx r,v xôxs ^pùirou voja tajxa^ xaxà xpoiiov 8i xhv àjyarov àvxe8t8o<xc/.v flouç xat
àv SpàicoSa xat àpyov tov àpyuçov xat ypuirov (Paus. III, 12). — 0 Ephor. ap. Schol .
Aristoph. JVub. 858. — 10 Thucyd. V, 63. Autres exemples de fortes amendes, Plut.
Pelopicl. G et 13 ; cf. Xenoph. liesp. Lacaed. 8. — n Posidon. ap. Athen. VJ, 24:
AaxeSaijAÔvcot uirb xùîv e0wv xwÂuôjj.evoi el<r«6petv e; tvjv Eràpxvjv xat xxâirûai açyupov xa:
jrpuoov, IxTwvto ;*iv où$*v yjxtov, ic«oaxaxETt0EvTo 8è xoY; oaciçot; Mpxàatv. ' - Al’istot.
avait à Sparte. Xénophon et Aristote disent expressément
que « la richesse était fort, estimée dans cette ville », et
« qu’on s'y faisait gloire d’être riche13 ». 11 n’y a guère de
ville où l’accusation de corruption à prix d'argent ait
été aussi fréquente qu’à Sparte. On connaît l’histoire de
Cléomène qui avait reçu de l’argent des Argiens pour ne
pas assiéger leur ville u, d’Eurybiade qui reçut cinq
talents de Thémistocle pour changer le plan de son
expédition 1B, des éphores que, suivant quelques historiens,
Thémistocle gagna à prix d’argent pour obtenir la per¬
mission de rebâtir les murs d’Athènes16, de Plistoanax
et de Cléandridas qui se firent acheter par Périclès ”, du roi
Léotychide qui fut pris sur le fait, « assis sur une bourse
pleine » qu’il venait de recevoir des ennemis de Sparte 18,
de Gylippe qui essaya de voler 300 talents à l’État 10.
Aristote parle de la vénalité des éphores en général et
même de beaucoup de sénateurs20. Les Spartiates savaient
aussi se servir de l'argent pour se faire des intelligences
chez leurs adversaires; Pausanias fait observer qu’ils ont
été les premiers qui aient su acheter les généraux
ennemis et il cite deux exemples dont l’un remonte à la
guerre de Messénie21 ; il ajoute qu'ils furent les seuls qui
aient osé corrompre la Pythie à prix d'or 22. Tous ces faits
prouvent que les Spartiates avaient l'usage de l’argent et
qu’ils en connaissaient le prix.
« Tu te crois bien riche, dit Socrate à Alcibiade, dans
Platon; mais regarde Lacédémone, et tu verras que les
richesses d’ici sont peu de chose auprès de celles qu’il y
a dans cette ville. Je ne parle pas seulement des terres
qu’ils possèdent en Laconie et en Messénie, du grand
nombre de leurs esclaves, de leurs chevaux et de leurs
troupeaux; je laisse cela de côté; je parle de l’or et de
l’argent; il y en a plus à Lacédémone chez les particu¬
liers que dans tout le reste de la Grèce ; car, depuis un
grand nombre de générations d’hommes, l’argent y aftlue
de chez les Grecs et de chez les Barbares, et il n’en sort,
jamais. C’est comme dans la fable de l’antre du lion: on
voit bien les traces de ce qui entre, on ne voit pas les
traces de ce qui sort. Aussi faut-il reconnaître que par
l’or et l’argent, les hommes de cette ville sont les plus
riches de tous les Grecs23. »
3° Les institutions de discipline. — Ce qui distinguait
le plus Lacédémone des autres cités grecques, c’est la
discipline qu’elle imposait à ses citoyens. Encore y
aurait-il de l’exagération à dire que l’assujettissement
de l’individu à l’égard de la cité ait été une chose parti¬
culière à Lacédémone. Les prescriptions dont nous allons
parler, telles que l’éducation en commun, les exercices
gymnastiques, les devoirs de l’éphébie, les repas publics,
Polit. III, 1, 7 : xàç (£txà;) rapt x<uv o-ujjlSoWkov Sixà^Et Eipopoç iïXkoç a/Aaç ; Plut.
Apopllth. 1(IC., Euvycvntidcis : rept xà Twv <ru;jtfio).a»ov Stxata Éxàorr,; r,;AÉoa; xp tvouenv ot
Ê'çopot. — 13 Aristot. Polit. II, G, 5; Xcn. Jlesp. Lac. 14: xaAAwiciÇojxévouç lx\ xy>
xEXTrjorôat. — P»- Hcrod. VI, 82. — 15 Hcrod. VIII, 5. — 16 Plut. Themist. 19, d'après
Théopompe. — 17 Ephor. Frayai. 118; Plut. Per ici. 22. — 13 Hcrod. Vf, 72.
— 19 Diod. XIII, 106 ; Athen. VI, 24. Ajoutcz-y l'histoire du Spartiate Glaucus qui
voulut s’approprier un dépôt d’argent qu’un Milésicn lui avait confié, mais chez
qui la superstition se trouva plus forte que la cupidité (Herod. VI, 86). — 20 Aristot.
Polit. II, G, 18. Pausanias (IV, 5) dit que dans la guerre sacrée, les rois, les éphores
et les sénateurs furent gagnés à prix d’argent. Aristote (. Rhètor . Ilf, 18) rapporte
une anecdote qui montre quatre éphores sur cinq qui reçoivent de l’argent
pour trahir les intérêts de l'État. — 21 Paus. IV, 17. — 22 Paus. III, 4.
— 23 Plat. Alcib. I, 18, éd. Di^lol, t. I, p. 480-481 : e! ÈQsXeiç toù; Aaxs-
SatjAovtwv itX^ûxou; îSeYv, yvworei oxt icoXu xà evOaSe xù>v IxeY iXkt'.Kii... joùn tov Sè xa:
àpY’uptov oùx l'axiv lv iraaxv EXXvjatv octov lv AaxeoatjAûvi tdta * iroXXà; yàç tJSyj 'yevéa;
« Veo/exx: jaèv au xôa il âûàvxwv xSv ’E^X^vjov, tco^X&xt; Si xa: ex xwv papSâotov, l^spysxat
8 oùSajAÔaE..., u>(tce eu ypv} EtSsvat oxi xat jrpucS xa: àçyupoî ot exêï îtAouauâxaxot eîo-t
XtZv *E ),),/• vin v.
LAC
— 891
LAC
les obligations imposées à chaque âge de la vie, se
retrouvent dans beaucoup d'autres villes doriennes,
ioniennes ou éoliennes. Les différences n’étaient que
dans la mesure. Partout, avec plus ou moins de rigueur,
le principe éminemment grec était « que le citoyen dût
mettre toute son application à garder et entretenir 1 ordre
établi pour tous par la cité, cwÇetv xbv xotvbv rr^ TioXewç
xbfffxov 1 ». Ce qui est particulier à Sparte, c’est que la
discipline sociale y fut plus sévère qu’ailleurs et s’y mai n¬
tint plus longtemps.
La cité interdisait au Spartiate de faire le commerce
ou d’exercer un métier; « il lui était absolument défendu
de mettre la main à aucun travail 2 ». Il ne lui était
même pas permis de cultiver sa propre terre ni d’en
augmenter le produit par son labeur. La règle était qu’il
eût abondance d’inoccupation, à^Ô&viav ayolr^ 3 ; par
quoi nous devons entendre qu’il était tenu de donner
tout son temps et tous ses soins, non à ses intérêts per¬
sonnels, mais à l’État. Il n’avait pas le droit de rester
célibataire, et le sévère châtiment que les Grecs appe¬
laient àx’.fju'a frappait celui qui ne se mariait pas +.
L’habillement était soumis à des règles, et il était le
même pour les riches et pour les pauvres L Le Spartiate
ne pouvait pas porter des bijoux6, et une vieille loi, peu
observée peut-être, mais toujours rappelée d année en
année, lui ordonnait de se raser la moustache 1
L’éducation de l’enfant n’appartenait pas au père. On
n’était pas libre d’élever son fils chez soi et de l’instruire
ou de lui donner un précepteur. Dès l’âge de sept ans,
les enfants étaient pris par l’État, distribués en classes et
élevés en commun sous des maîtres choisis par la cité8.
Bien qu’il y eût des riches et des pauvres dans la société
Spartiate, l’éducation était la même pour tous, et Aristote
remarque que tous étaient élevés comme s’ils eussent
été pauvres9. Elle se composait d’exercices gymniques
et musicaux, tous également obligatoires et fixés inva¬
riablement par l’État. Dans les uns comme dans les
autres, ce qu’on enseignait le plus à l’enfant, c’était à
obéir lü. La discipline, qui s étaitemparée de l’enfant, gar¬
dait l’homme fait, et sc prolongeait toute la vie. « L’édu¬
cation, à Sparte, soumettait tous les citoyens à ses règles ;
on ne laissait à personne la liberté de vivre à son gré;
la ville était comme un camp ; chacun y menait le genre
de vie déterminé parla loi ; toutes les occupations avaient
en vue la communaùté, et l’on devait savoir qu’on ne
s’appartenait pas, mais qu’on était tout à l’État H. »
Les repas en commun faisaient partie de cette disci¬
pline qui s’étendait à tous les actes de la vie [syssitia].
« Le législateur avait mis les citoyens en état de ne
pas même savoir vivre isolément, mais d’être toujours
1 Plat. Leg. VIII, p. 846. Platon dit cela du citoyen grec eu général, et non pas
seulement du Spartiate ; c’est môme dans la bouche d’un Athénien qu’il place cette
maxime. — 2 Plut.. Lyc . 24 : xé^vïjç atî/atrOai pavaiaou xb itàpaitav oux IçEtxo ; cf. Aelian.
VI, 6. — 3 Plut. Ibid. — 4 plut. Lyc. 15 ; Lysand. in fine. — 3 Thuc. I, G ; Xen.
Besp. Lac. 7. — 6 Plut. Lyc. 9. — 7 Plut. Cleom. 9. — 8 Plut. Lyc. 16.
— 9 A ris toi. Polit. IV, 7 (Didot, p. 553) : ô|Aotüj; oî xtbv “Aouofwv xj>ésovxat xoïç xù>v
Tcev^xwv xaî raiS&ûovxai xçôiïov xoCxov ov av Suvaïvxo oî izt vqxwv TcatSlç. Toutefois, l’usage
s’ôtait établi que les riches fissent accompagner leurs fils dans les gymnases par
deux ou trois enfants de leur domesticité qui allégeaient apparemment les fatigues
et les sévérités de cette éducation (Aelian. XII, 43; Athen. VI, 102). — 10 Plut.
Ages. 1. — 11 Plut. Lyc. 24. — 12 Ibid. 25.. — 13 Ibid. 24 : ireçà yu|Avâ<xta xa\
*aî(t///ç xbv ara vxa yçovov IrE^wçtaÇov. Sur les longues conversations des tables
communes, voir Plut. Lyc.. 12 et Xen. Besp. Lac. 5; Plut. Apopnth. lac. (éd.
Tauchnitz, l. II, p. 149) ; xb t;).eY<7xov x?i; r,|iiçaç ffuveïvat xoV; rfkiv. uôxat;. — 14 Plut..
ibid. xd.ç vuxxaç o'Xaç ffuvavaiïaûeirOat xoïç i] Aixuôxaiç. — P* Al’istot. Polit. II, G, 13,
signale les ççouçai ; Plut. Lyc. 28. et Plat. L>eg. I, p. G33 et VI, p. 7G3, décri-
ensemble, comme les abeilles dans une ruche, toujours
groupés et rangés sous l’œil de quelque chef1-. » Les
Spartiates vivaient donc peu dans leur maison ; ils pas¬
saient le jour dans les gymnases ou dans les Xea/ai, la
soirée à des tables communes où se prolongeait la conver¬
sation l3, toujours sous la surveillance les uns des autres
ou sous celle des chefs. La nuit même, jusqu’à un certain
âge, ils dormaient en commun u, ou bien ils veillaient
occupés à faire la garde ou à parcourir la campagne19.
On était soldat presque toute la vie16, et, à la différence
des autres cités grecques, on était soldat même en temps
de paix; tous les citoyens étaient distribués en petits
groupes qu’on appelait des énomoties17, et qui étaient
composés d’hommes du même âge unis par un serment18.
Plusieurs énomoties formaient un Xbyo; ; quatre Àôyoi
formaient une gôpa19. Tous ces corps étaient commandés
par des énomotarques, des lochages, des polémarques.
Les 300 cavaliers étaient commandés par trois hippa-
grètes. Par ce système, le Spartiate était toujours a
l’état de soldat, toujours en exercices militaires ou en
expéditions, toujours enserré entre deux camarades
toujours sous le commandement d’un chef. Aussi les
écrivains athéniens remarquaient-ils que Sparte ressem¬
blait à un camp 21. Comme le mariage devait avoir lieu
bien avant l’âge où cessait le service journalier, il ne
fallait pourtant pas que les devoirs du soldat tussent
négligés, et le jeune époux ne pouvait que se dérober
pour quelques heures à la caserne22. C’était seulement
lorsqu’il avait donné trois fils à l’État qu il était exempt
des gardes; il l’était de tout service quand il en avait
donné quatre 23 .
Il y avait à Sparte quelque chose que l’on appelait
« la vertu ». Quand on lit les Apophthegmes de Plutarque
et sa vie de Lycurgue, on est frappé de rencontrer sans
cesse ce mot, et l’on entrevoit que les documents dont
l’historien se servait lui parlaient sans cesse de « la
vertu » à Sparte. Il a pu comprendre ces textes impar¬
faitement ; il a pu surtout les interpréter en moraliste ; il
a pu croire que « la vertu » de ces anciens Spartiates
était la même chose que ce que ses contemporains
entendaient par le même mot ; du moins ne nous
trompe-t-il pas sur la place que « la vertu » tenait dans
la vie civile et même dans le gouvernement de Sparte.
C’est ici, en effet, l’un des points capitaux de l’histoire
de cette société. Xénophon consacre un long chapitre au
même objet24 Platon, quand il parle de Sparte, ne
manque guère de parler en même temps de vertu. L'his¬
torien voudrait savoir avec quelque précision ce qu’il
doit entendre par ce mot et quelles idées les Spartiates
y attachaient. On distingue assez bien que cette vertu
vent les expéditions nocturnes., connues, sous le nom de cryplics et parfois mal com¬
prises [krypteia]. — Thuc. V, G4; Xen. Hell. VI, 4, 17 : [aé/qi x«ov xexxaçaxôvxa
àcp'^Yi;. — *7 Thuc. V, G7-68 ; Xen. Hell. VI, 4, 12. — 18 Hcsych. : Ivojgoxta,
xtç St à crœaytwv èvio[i.oxôç ; Suidas : eéçyjxat ex xoij 6 -Avivai aixoj; jat, Xsitcêiv xrjv xà;tv.
— 19 HarpOCl’. v° jaoçwv : ’Aç'ixoxÉAYjç ovj<r: u>; état jAÔçai c!; «bvojAaaiAÉvai, xaî St^çîîvxat
il' xà; [AÔoa; AaxESatjAovioi tcôvxeç. On les appelait [AÔçat -noTwtxixat, mores composés
de citoyens, pour les distinguer des corps laconiens ou alliés, Xen. Besp. Lac.
XI, 4. — 20 Plut. Loc. cit. xoïç VjXixtwxaiç «ruvsVvai ; Isocr. Panai h. 217 : xà -çb;
xr,v ôjAovoîav. — 21 Plat. Leg. II, p. 66G : oxçaxoTrlbou uo).ixEtav e/exe ; IsoCl*.
Arcliedam. 81 : xoaixe îa o|aoi« «rrçaxozÉSf;» xaAùi; Siotxou|AÉv(.j . Cette pratique
constante de la vie militaire a fait des Spartiates les premiers soldats de la
Grèce el a fait dire qu’ils étaient des artistes en matière de guerre, xe/vïx a-,
xal aosiaxat x.bv uo'Xe[Aixwv ; Plut. Pelop. 23; Xen. Besp. Lac. 14. — 22 PIul.
Lyc. 15 ; Apophth. p. 149. — 23 Aristot. Polit. 11. 6, 13 (éd. Didot,
p. 512) : sort vÔ;aq; xbv yEVv^aravxa toeïç utoù; asço uçov etvat*'’ xov xlxx aça; axîA/j
21 Xen Besp. Lac. X, 4-7.
tkavxwv.
LAC
— 892
a'était pas une qualité purement morale et personnelle.
Elle ne se composait pas non plus uniquement de cou¬
rage militaire et de force d’àmc. Ce qu’ils appelaient la
vertu ducitoyen, rt ttoXitlxt] apex-/,, était l’observance exacte
et continue de toutes les lois et de toutes les règles que la
cité imposait à ses membres. Elle consistait, suivant
1 expression de Xénophon, « à peiner pour les lois », xb
xi vôjxtax otaTtoveïffôai *. Dur travail de l’éducation,
exactitude aux exercices gymnastiques et musicaux,
assouplissement du caractère, patience dans les fatigues
ou sous les coups du maître, adresse à ne pas se laisser
surprendre en faute, plus tard fréquentation des gym¬
nases « ou la vie était plus dure que dans les camps2 »,
mariage au temps voulu, habillement conforme à l'or¬
donnance, assiduité aux syssities, ponctualité au service
militaire, bravoure au combat, éloignement pour tout
travail manuel et tout commerce, respect constant pour
la loi et pour les chefs, tels étaient les éléments dont se
composait la vertu. Elle était de tous les âges et de tous
les jours ; elle commençait à sept ans et ne (inissait
qu’avec la vie.
Cette vertu était la condition des droits politiques. « Car
le législateur, dit Xénophon, a exigé du citoyen sans
nulle rémission la pratique de la vertu tout entière qui
convient au citoyen ; à ceux qui remplissent toutes les
obligations, il donne la cité avec les droits complets ;
mais ceux qui n'ont pas la force de supporter tous les tra¬
vaux prescrits par la loi, il neveutpas qu’ils soientcomptés
parmi les citoyens 3. » Ainsi, une peine sévère, l’àxi-
gia, était suspendue sur la tète de quiconque s’écartait
de « la vertu ». Le Spartiate qui ne l’observait pas tout
entière perdait par cela seul son rang de Spartiate.
Il y avait encore cette singularité dans l’existence de
Sparte qu'elle avait des concours où on luttait de vertu.
Ces concours se renouvelaient à tous les âges de la vie :
concours entre les enfants et concours entre les hommes
faits ; concours après chaque bataille pour désigner le plus
brave et concours en temps de paix pour le plus obéis¬
sant ; concours pour être dans les 300 premiers \ et plus
tard « concours de vertu » pour être sénateur. Plutarque
marque bien cette habitude de concurrence constante :
« Le législateur, comme pour attirer la vertu, a mis dans
la vie du citoyen l’esprit d’émulation et de rivalité ; il a
voulu que les bons citoyens fussent toujours en lutte et
en combat les uns vis-à-vis des autres 5. » Ces concours
avaient des prix divers qui étaient décernés soit par le
choix des chefs, soit par l'élection 6. Quelquefois c’était
une couronne d’olivier7, ou une place d’honneur à la
fête sacrée des Gymnopédies. Le jeune homme qui, sur
l’autel de' Diane, avait supporté le plus de coups sans
1 Xen. Resp. Lac. X, 7. — 2 Plut. Lyc. 2. — 3Xen. Resp. Lac. 10 ; lirlôvjxe xal Tr,v
àvuicôffTaxov àvàyxrjv à<rxe Yv auaaav xîjv itoAixixîjv àçexrçv * xoïç jxâv yàç xà vôjAijxa exxeAouaiv
ô;xotu>; au a ai xîjv icOAtv otxeiav eitotYjae. , el Se xiç àuaSciXiàaeie xo'j xà vô;xt|xa StauovsYffOai,
xo’jxov exeïvoç àiréSeiEe |xv;Sè vojjuÇsffQat ett xwv o(xotb)v elvai ; cf. Ibid. 3 : èotOel; xal ef xtç
xaffxa ©ûyot, {AvjSévoç ett xa»v xaASSv xuyyàveiv. — 4 Voir dans les Apophtli. de Plu¬
tarque l'histoire de Pédarète. — S Plut. Ages. 5 : eotxev ô Aaxwvixb; vojxoOéxyjç
juéxxaujA.* xîfc àpexî;; èjxSaXetv eîç xtjv uoXtxetav xb cptAbxijAov xal «ptAôveixov àet xtva xoïç
àyaOofç Siaooçàv xal ajxtAAav etvat Tpbç àAAvjAouç ^ouXdjxevoç. Aussi Aristote remarque-
t-il que les Spartiates sont ©iAôxijaoi. C’est encore la remarque que fait Platon, Alcib.
I, 18 : cptAovetxta val ©iXott[xia. — ® Plut. Lyc. 24 : al eu àpexîjç ttjxat. — 7 Hcrod.
VIII, 124. — 8 Herod. VIII, 124 : xçtaxôatoi AoyaSeç; cf. Plut. Apoplith. Pédarète,
et Lycurgue, 25. — 9 Ibid. : Oluep val îuuetç xaAeuvxa’. ; finie. V, 72 : ol xçtaxôaioi
fmcciç vaÀoujxevot. Ces luueiç n’étaient pas seulement des cavaliers ; Ephore (ap.
rah. X. 4, 18, éd. Didot, p. 513) appelle leur dignité une àçyîj, et Plutanpie dit
d un .* vjxt; vjv ev xîj uoXei Kçioxeûoufra xi|x/r — 10 Herod. I, 07. — •• Plut. Lyc. 22.
— 12 Aristot. Polit. II, 0, 15 : yepooafa aOAov xîfc àpexîjç ; Xen. Itcsp. Lac. 10: ulyoi I
LAC
pousser un cri, recevait le titre de et le portait
avec orgueil toute sa vie. C’était aussi par concours que
l’on était admis parmi les 300 soldats d’élite8 qui for¬
maient comme un ordre équestre dans la cité9. On
sortait de ce corps à un âge déterminé et les cinq pre¬
miers chaque année recevaient le titre d’àyaQdspyot avec
des prérogatives particulières 10. Un honneur encore plus
grand consistait à occuper, au jour du combat, ce qu’on
appelait la première place, celle où l’on se trouvait devant le
roi H. Venait enfin, mais seulement à l’âge de soixante ans,
ce que Sparte appelait par excellence « le prix de la vertu »
et qui n'était autre que le titre et le rang de sénateur l2.
Ces habitudes et ces pratiques ont eu sans nul doute
une grande importance dans la vie de Sparte. Nous ne
devons pas les juger d’après nos idées modernes, ni attri¬
buer au mot vertu la signification qui s’y attacherait
aujourd’hui. Mais ce qui ressort de ces faits, c’est que la
société Spartiate formait une sorte d’échelle hiérarchique,
dont l’homme montait quelque degré d’âge en âge à la
suite de certains concours, et où les rangs elles honneurs
étaient déterminés par « la vertu », au moins en théorie.
i° Institutions politiques. — La royauté. — Sparte a
toujours eu des rois ; toujours aussi elle en a eu deux
en même temps. Ces rois appartenaient à deux familles,'
oîxot, qui se rattachaient l’une et l’autre au yévoç des
Héraclides et qui étaient les deux branches principales
de ce yévoç 13. L’historien ne peut pas donner la raison de
ce partage de la royauté. L’attribuer à un calcul de
politique est une pure hypothèse. Il date des premiers
âges; on disait qu il avait été institué en vertu d’un
oracle u, et les Spartiates le conservaient avec un soin
religieux. Il est digne de remarque que la loi s’opposait
a ce que les deux rois appartinssent à la même branche l:i.
Il semble que la branche des Agides ait eu sur celle des
Eurypontides une sorte de primauté d’honneur et comme
un droit d’ainesse 10 ; mais on ne voit pas qu’il y ait eu
entre elles aucune différence d’autorité.
Les rois étaient très vénérés à Sparte. On les croyait
issus du grand dieu national ’HpaxX-7,ç 17. Leur lignée
était sainte et divine. Ils étaient chers aux dieux, Oeoï'ji
cptXoi, dit Tyrlée, et honorés par les dieux mêmes,
OeoTtgYjToi 18 . Aussi devaient-ils assurer la protection
divine à la cité. Intermédiaires naturels entre les dieux
et les hommes, ils étaient chargés de tout ce qui concer¬
nait le culte 19. Leur principal devoir était d'accomplir les
rites et de se conserver purs de toute faute qui eût
attiré la colère divine sur eux et sur la ville. Aussi
Sparte tenait-elle beaucoup à être sûre que ses rois
étaient en règle avec la divinité. A cet effet, tous les
neuf ans, elle interrogeait les dieux mêmes en leur
yqpwç àoxoTx av àçexïj * Iicl xÇ xe'p|/.axt xou 6iou xrjv xçtatv xîj; yeçovxcaç îcpoffOetç.,.. Oel;
xoèç yéçovxaç xuçtouç xoo itepï xyjç àySvoç... xat (Tiïoudà’Çexat ouxo; o àyîov piàWxa
X«5v àvOçwitwv ; plut. Lyc. 26 : «xaSe Auxoffçyo; yeçovxa xafhirxàvat xbv açurxov àçsx/j
xotôévxa... xat |i.eyi(rxoç èooxei xu>v Iv &v8çûitotç àyûvwv ouxoç eïvai. Ull peu plus loin.
Plutarque appelle cette dignité vixTjxfjçtov àpexîj;. — 13 Plut. Lysand. 24 : xwv
'HçaxAetSwv yévoç Iv Eïcàpx-rj iîoAù plv xal AâjMtçov ^vOirjffS, oy *xvxl SI aûxwv tîj;
PaaiAtxîJç (aetîJv XiaSo^ç, ccAA eoaatAeuov ev Suetv otxwv jaûvov ÊùpuiîwvxtSai xal
AyiàSat, xoïç 3è aAXoïç ouSèv txépou icAtov êjteiv Iv ty) icoAixeta S tà tîjv eùyeveiav
— 14 Herod. VI, 52; Paus. III, 1. — 15 Corn. Nepos, Ages. I. Cela
est confirmé par tous les faits de l’histoire. — L’oracle de Delphes avait
ordonné, disait-on, xtjxâv jxaAAov xbv yeçaixeçov (Herod. VI, 52). Pausanias aussi
présente les Agides comme une branche aînée (III, 2). — il Thucyd. V, 16:
«Tite'çjia Aib; uîoff VjfxtOéou ; Xen. Resp. Lac. 15 : ànb ÔeoO' ; Plat. Alcib. I, 17 (éd.
Didot, p. 470) : 'HoaxAsou; exyovet. — 18 Tyrlée ap. Paus. IV, 6, et Plul.
Lyc. 6. — 19 Aristot. Polit. III, 0, 2 (éd. Didot, p. 537) : x* ™bç xoû? Oeoù^
à^oSsSoxat xoeç paatAeym.
— 89
LAC
LAC
demandant « un signe ». Voici, suivant Plutarque, en
quoi consistait cette cérémonie : « Par une nuit claire et
sans lune, les éphores, assis en silence, tenaient les yeux
fixés vers le ciel; s’ils voyaient une étoile traverser le ciel
dans un certain sens, c’était le signe que les rois avaient
commis quelque manquement à l’égard de la divinité;
ils les suspendaient donc de la royauté, jusqu’à ce qu'un
oracle venu de Delphes ou d Olympie ordonnât leur i éta¬
blissement1. » Une telle pratique nous instruit des idées
des vieux âges et du caractère primitif d une institution.
Ces rois avaient surtout des attributions religieuses.
« Ils ont, dit Hérodote, deux sacerdoces, celui de Jupiter
Lacédémonien et celui de Jupiter Céleste. On leur fournit
autant de victimes qu’ils en veulent pour les sacrifices.
Les peaux des victimes ainsi que les meilleurs morceaux
de la chair leur appartiennent. S il se fait un sacrifice au
nom de la cité, ils ont la première place au repas, et dans
la distribution des viandes on commence par eux ; ils
ont double part, et ce sont eux qui font les libations...
'Chaque mois, le jour de la nouvelle lune et le septième
jour, l’État leur fournit une victime parfaite qu’ils
immolent dans le temple d’Apollon, et on leur procure
en outre un médimne de farine et une mesure de vin.
Dans tous les jeux sacrés, ils ont les places d’honneur.
Ils ont le droit de nommer les deux Pythiens, qui sont
chargés d’aller consulter le dieu de Delphes. Ils ont
enfin la garde des oracles et le droit d’en prendre connais¬
sance de concert avec les Pythiens2. »
Leur personne était inviolable ; mais c’était surtout
au moment de leur mort que la vénération des hommes
se montrait. La perte d’un de ces êtres sacrés funestait
la cité et l’obligeait au deuil: « Quand un roi meurt, des
cavaliers courent annoncer l’événement dans toute la
Laconie et les femmes parcourent la ville en faisant
résonner une sorte de tambour. Dans chaque famille,
deux personnes de condition libre, un homme et une
femme, doivent se couvrir des souillures du deuil. De
tout le pays accourent les Spartiates, les Laconiens, les
hilotes même, et, au nombre de plusieurs milliers, le
jour des funérailles, tous se frappent le corps de grands
coups et font entendre une immense lamentation. Puis
on ensevelit le corps et, durant dix jours, il ne se tient
ni tribunaux ni assemblées; ces dix jours entiers sont
donnés au deuil » Xénoplion présente la royauté
Spartiate sous les mêmes traits: « Elle est restée telle
qu’elle était aux temps antiques, et voici les relations
que le législateur a établies entre elle et la cité: les rois
accomplissent tous les sacrifices publics, ce qui est
naturel puisqu’ils sont issus du dieu ; ils ont double por¬
tion ; l’État lçur fournit autant de victimes qu’ils en ont
besoin... Quand ils meurent, les honneurs qu'on leur
rend sont tels qu’on semble honorer non des hommes,
mais des dieux5. » Beaucoup de respects, peu de pou-
1 Plut. Agis , 11 . Plutarque ne parle de cet usage qu’au temps d’Agis III
et lorsqu’il n’était plus qu’une arme de guerre entre les mains des éphores ;
il a assurément le caractère d’un rite très antique et il répondait à une
croyance religieuse. — 2 Herod. VI, 56-57. — ^ Plut. Agis , in fine. — 4 Herod.
Ibid. — a Xeu. Iîesp. Lac. 15 (14) ; cf. Hcll. III, l : <TE|AvoTÉça; ^ v.u.-ù.
avOoiuTCov xaçîjç. — 6 ’ASoouooçyjtoi, Plut. Apophlh. lac. 1, -. — 7 Herod.
VI, 57 : x6tra.Sc [loiTva. — 8 Plat. Alcib. 1, 18 : 6 f3acrt).txoç çôçoç oux oXtyoç
yiveT at ov xeXoQifftv ot A.<y.xE$ai[Jiôvt.oi toIç paciAEffo-t. — 9 Plat. AlciO. I, |S, éd.
Didot, t. I, p. 481. L’auteur dit que c’est surtout par ce pamAixo; œôço; que les rois
sont devenus les plus riches des Spartiates. — 10 Herod. VI, 59 : oemç Suaç-rtYiTÉtav
7<'> paatXEï r\ tw Sy][/.o<tio) wcdeiXe. - — H Plutarque dit que les Lacédémoniens n’avaienl
pas de trésor public ( Apophth . Lac. Anaxaud.) ; mais Hérodote parle de sommes
v.
voir. Aussi Xénophon fait-il en même temps cette
remarque que, pendant leur vie, « ils ne sont guère au-
dessus des simples particuliers et qu ils ne peuvent pas
avoir même la pensée du pouvoir absolu ».
Les rois deSparte n’avaient pas même de garde 11 ; l’iu-
larque l’affirme, et, en effet, parmi les nombreuses anec¬
dotes qui nous renseignent sur la vie de Sparte, nous ne
voyons jamais que les rois, dans l’intérieur de la ville,
disposent d’une force militaire. Ils n'avaient aucun moyen
matériel ni de garantir leurs personnes ni de contraindre
à exécuter leurs ordres.
L'autorité judiciaire qu’on leur accordait était très
bornée, lis jugeaient, dit Hérodote, les procès jydatifs
aux chemins publics; et, lorsqu il se trouvait une fille
épielère, c’est-à-dire lorsqu’une famille n'était plus repré¬
sentée que par une tille et menaçait de s'éteindre, il
appartenaitaux rois, si le père était mort sans faire choix
d’un mari, de décider par qui la fille serait épousée et
par qui se perpétuerait la famille. Toute adoption se faisait
aussi devant les rois. « Ces trois sortes d’affaires, dit
Hérodote, étaient les seules qui leur fussent soumises ‘. »
Il ne semble pas qu’ils eussent en mains l’administra¬
tion financière. Platon parle, à la vérité, d'une contribu¬
tion que les Lacédémoniens payaient à leurs rois 8 ; mais
il ressort de ce passage qu'il s'agit, ‘là de revenus
annuellement accordés aux rois pour leurs dépenses
personnelles, d’une sorte de liste civile sur les profits de
laquelle les deux maisons royales devinrent fort riches 9.
La distinction entre le tribut payé aux rois et le tribut
payé à l'État est signalée aussi par Hérodote10. Quant au
trésor public, il ne paraît pas qu’ils en eussent la ges¬
tion11. Jamais ils n'établissent un impôt de leur propre
autorité. On ne les voit jamais disposer de la fortune
publique. Enfin, ce n’est pas à eux, c'est aux éphores que
tous les magistrats inférieurs rendent leurs comptes
Les rois prenaient part aux séances du sénat. « Ils sont
assis, dit Hérodote, à côté des sénateurs dans les délibé¬
rations ; s’ils sont absents, ceux des sénateurs qui sont
leurs plus proches parents votent pour eux et. donnent
deux suffrages u. » Ce passage d’Hérodote est significatif.
Si les rois n'avaient pas assisté aux séances, nous pour¬
rions supposer qu’ils formaient un pouvoir à part, au-
dessus ou à côté du sénat ; si du moins ils n'y avaient pas
voté, nous pourrions encore conjecturer qu'ils auraient
eu une sorte de droit de véto à l'égard des décisions de
ce corps. Aucune de ces hypothèses n’est possible. Les
deux rois ont les mêmes suffrages que les autres séna¬
teurs ; ils sont semblables aux autres; ils sont, en ma¬
tière politique, deux sénateurs au milieu de vingt-huit
autres sénateurs u.
Aussi les rois de Sparte n’avaient-ils pas la direction
des affaires. Ce n'étaient pas eux qui concluaient les
traités. Thucydide donne le texte d’un traité entre Sparte
dues à l’Étal (VI, 59) ; Aristote signale aussi les impôts auxquels les Spartiates
étaient soumis, tout en ajoutant qu'ils étaient peu exacts à les payer (Polit. II. H,
23, éd. Didot, p. 514). Thucydide, dans un passage qui a etc souvent mal interprété
(I, 111), ne dit pas que Lacédémone n’ait aucun trésor public ; il dit que les l’élo-
ponnésicns en général, et comparés aux Athéniens, ont des finances en mauvais élal
— 12 Aristot. Polit. II, 0, 18. — 13 Herod. VI, 57 : — 7. Ç L 7 L V pouAsûouai vottri ysçou<n...
Ç, 5= eXOtoffl, toù; pâAujta <T3i -ù.v yeoôvTMv - qitv T'i -tuv PotaiXfuv yiç.a
Sjîi ir.svj; tiOe[Uvo-j;. Quoique Hérodote dise seulement ntcçîïtiv, nous pouvons
admettre que l’un d’eux avait la présidence ; c’est ce que parait indiquer ce vers de
Tyrtée : âoyn.v psv PojX^; ttoTqi^Tra; pcccnAïia;. — H Thucydide, .1, 20, a combattu l’erreur
de quelques Grecs qui pensaient que les rois avaient double vote. Chacun deux
n’avait qu’un suffrage.
ild
LAC
LAC
ot Argos ; il n y est pas fait mention des rois, et le com¬
mencement est ainsi conçu : « Voici ce qui a semblé bon
a rassemblée des Lacédémoniens L » Le même historien
rapporte un autre traité conclu entre Sparte et Athènes,
et il en donne ainsi la teneur : « Les Athéniens et les
Lacédémoniens ont fait la paix aux conditions suivantes. »
La encore il n est pas iail mention des rois ; l’historien
donne la liste « de ceux qui ont fait la libation », c’est-
à-dire de ceux qui ont signé le traité ; il cite quinze noms
parmi les Spartiates; le premier est celui d'un éphore ;
le nom des rois ne s’y trouve pas2. Plus tard, quand les
Athéniens assiégés adressent des envoyés au roi Agis pour
demander la paix, le roi leur répond qu'ils doivent
s adresser à SparLe ; « il n’a pas, lui, les pouvoirs requis
pour traiter 3 ». Agésilas fait une réponse semblable aux
envoyés du satrape Tissapherne 4.
Les rois de Sparte n’avaient pas davantage le droit d'en¬
treprendre une guerre. Hérodote raconte une expédition
que le roi Cléomène fit contre Pile d’Ëgine; cette expé¬
dition était illégale « parce qu’elle avait été entreprise
sans l’assentiment de l’État Spartiate 5 » ; aussi Cléomène
ne put-il la mener à fin. Le même historien nous montre
des députés ioniens allant solliciter des secours a Sparte ;
ce n est pas aux rois qu ils s’adressent, c’està une assem¬
blée0. On peut voir dans Thucydide comment et par qui la
guerre du Péloponnèse fut décidée : une assemblée de Spar¬
tiates est réunie ; les députés de Corinthe y sont i ntroduits et
demandent la guerre ; les députés d’Athènes parlent ensuite
en faveur de la paix ; puis, tous les étrangers s’étant retirés,
l’assemblée des Spartiates délibère; plusieurs avis sont
exprimés ; un roi parle contre la guerre; un éphore parle
dans le sens opposé: l’assemblée vote enfin et la guerre
est résolue à la majorité des voix. Les rois ont pu donner
leur opinion et leur suffrage, ils n’ont rien décidé1.
Mais, une fois que la guerre avait été décrétée, c’était
aux rois qu appartenait le commandement. « Dès qu’on
est sorti du pays, dit Aristote, ce sont les rois qui ont la
direction de la guerre8. » Ainsi, ces rois, qui n’avaient
aucun pouvoir militaire à l'intérieur de la Laconie, et
qui n’étaient même pas chargés du recrutement de l’ar¬
mée, soin qui regardait les éphores9, avaient l’auto¬
rité militaire en dehors des limites de l’État. C’est ce
qu indique aussi Xénophon : « Ils commandent l’armée
partout où la ville les envoie 10. » Il fallait donc un ordre
spécial de la cité pour qu’ils fussent investis du comman¬
dement. Le même historien montre nettement quelle
était la nature de cette autorité : « Prenons les faits,
dit-il, au moment où le roi se met en marche. 11 com¬
mence par offrir dans la ville un sacrifice à Zeus con¬
ducteur de 1 armée. Si les victimes donnent des signes
favorables, le pyrophore prenant le feu de l’autel
marche en tète de l’armée jusqu’à la frontière 11 . Là, le
roi offre un nouveau sacrifice à Zeus et à Athéné. Si ces
1 I hue. 4, 77. - Thuc. V, 18 et 19. Il ne faut pas conclure de là
que le nom des rois lût toujours écarté; ailleurs, en effet, nous voyons les
deux rois signer les premiers (Thuc. V, 24). Ce qui est certain, c'est quq leur
nom n'est pas nécessaire, et qu’ils ne sont pas les vrais auteurs des traités.
— 3 Xen. Bell. Il, 2, 12. — 4 Plut. Ages. 10 ; Apophth. p. 100. — 3 Herod. VI,
50 : £v su tou xoivo-J EirapTii]T£Üv. — 6 Herod. I, 152; III, 45; IX, 6-10; VI. 106.
- 7 Thuc ], 67-87. — 8 Aristot. Polit. III, 9, éd. Üidot, p. 537 : St«v {£1x63
xf,v f,yê[xo>v in, Twv xeexoe itAEpov. — 9 Xen. Resp. Lac. II : o\ éeopoi x:poxr,pÙTTou»T..
Tà ex») e!s 'à Xsl «Tp«T£Ù£ff8ou xaî ïiuietuin xod oitXi'xat? ; cf. Herod. IX, 9-10. — 10 Xen.
Resp. Lac. 13: xai oxpaxtav, oteol -Ai; IxitÉpu»;, Hérodote dit aussi que
Léonidas « fut envoyé ». aux Thermopyles (Vil, 206) ; il en est de même pour Pau
sanias (IX. 6-10 cl Plul. Lyc. 28). Le roi Agésilas ne dirige pas l'expédition d'Asie
894
deux divinités donnent d’heureux présages, il franchit la
frontière. En campagne, chaque matin, il fait le sacrifice,
et il le lait avant l’aube, afin de saisir plus vite que
1 ennemi la faveur des dieux. Le sacrifice terminé, il
donne a chacun ses ordres12. » De même avant chaque
bataille, c’est lui qui immole les victimes, inspecte les
entrailles, dit si les auspices sont favorables et donne
alors le signal de combattre13. Comme dépositaire des
auspices et intermédiaire entre les dieux et les hommes,
il possède, à la guerre, un pouvoir fort étendu : « Les rois,
dit Hérodote, conduisent 1 armée du côté où ils veulent;
quiconque leur ferait obstacle serait sacrilège. » « En
campagne, dit-il encore, ils marchent les premiers, ayant
autour d eux cent guerriers choisis, et on leur fournit
autant de victimes qu ils veulent pour les sacrifices u. »
De tels faits ne doivent pas être appréciés d’après nos
idées modernes. L’autorité militaire des rois de Sparte
ressemblait peu à ce que nous entendons aujourd’hui par
les mêmes mots. Elle était, à certains égards, très
absolue, puisque celui qui osait y résister encourait les
peines dues au sacrilège et que le roi pouvait de sa main
le frapper de mort10. Sûr de la volonté des dieux, garant
de leur bienveillance, le roi marchait en tète et il fallait
le suivre où il savait que les dieux le menaient. « Prêtre
vis-à-vis des dieux, il était général vis^à-vis des
hommes » Mais la direction stratégique ne lui était pas
complètement livrée. « Les polémarques sont toujours
auprès de lui et logent dans la même tente, afin de
1 aider toujours de leurs conseils ; avec eux se trouvent
aussi toujours trois citoyens de la première classe. »
G étaient autant de surveillants. Parfois même deux
éphores les accompagnaient17. A partir de l’an -417, on
imposa au roi la présence permanente d’un conseil de dix
membres 18. Aussi voyons-nous que, même à la tète de
l’armée, il s’en fallait beaucoup que les rois eussent la
pleine liberté de leursmouvements. Le roi Cléombrote étant
avcc un g armée en Phocide « envoie demander aux magis¬
trats de Sparte ce qu’il doit faire 19 ». Le roi Agésilas est
rappelé d’Asie par un ordre formel des éphores, et Plutar¬
que cite la lettre où il leur répond que « son devoir est
d obéir aux lois, aux éphores et aux autres magistrats 20 ».
Le pouvoir militaire des rois deSparte était donc d’une
nature assez particulière et avait des limites. Quant à
I leur pouvoir politique, il était à peu près nul. « Chaque
mois, dit Xénophon, il se prête un double serment, l’un
de la part des rois, 1 autre de la part des éphores au nom
de la cité; les rois jurent d’observer les lois, la cité pro¬
met, àcette condition, de conserver la royauté 21 . Plusieurs
rois de Sparte ont été mis en accusation, jugés, déposés,
non par acte révolutionnaire, mais par acte légal22. Les
éphores avaient le droit d’infliger des amendes aux rois
pour les plus petites fautes23. Ils pouvaient même les
mettre en prison sans jugement24. Un fait entre beaucoup
de son plein droit ; il faut que le sénat et les éphores lui décernent ce commande¬
ment (Plut. Lysand. 23). Voir Plut. Apophth. lac. éd. Tauchnitz, t. Il, p. ne, ou
1 on voit les éphores donner des ordres au roj Agis. — Il Cf. Nicol. Damasc., coll.
Didot, Lragm. hist. t. III, p. 458. : X îuùpxopo; «tùveitxi x»r, p«7iXer. 12 Xen.
Resp. Lac. 13. —13 Voir dans Hérodote le récit de la bataillede Platée. Voir aussi
Polit. III, 9 : xxeïviei OÙ xûpto;, d py iv xaï; xoXEpuxotr; UoXoïs ev yjTpoç vop,,,. — 16 Xen.
Itesp. Lac. 13 : PouxtAEt oùXiv «IXo spyov xonx’i.eixtxat rj 'eoeî pUv xà npo'ç xoùç 8to0; elvou,
trxpaxx.YÇi X! Xà itpô; xoùs «vOpùxoup. — 17 Xen. Ibid. — 18 Thuc. V, 63. — 19 Xen
Hell. VI, 4, I : ÈiiEpaxiz xi oixoi te'Xij xi jr p») ieoieïv. — 20 Plut. Apophth. (t. II, p. |05
éd. Tauchnitz). — 21 Xen. Resp. Lac. 15(14). - 22 Herod. VI, 85 ; plul. Lysand'.
29-30 ; Paus. III, 5, 3. — 23 Plut.Zÿc. 12 ; De fratemo amore, 9. — 24Thucyd. I, 13]
LAC
— 895 —
d’autres suffini à montrer combien les rois avaient peu
d’autorité dans la ville : le roi Cléomène Ier voulait faire,
sortir de Sparte un étranger dont la présence lui sem¬
blait dangereuse ; il dut s’adresser aux éphores et obtenir
d’eux un arrêt d’expulsion1.
En résumé, la royauté de Sparte était une autorité reli¬
gieuse en temps de paix, une autorité religieuse et mili¬
taire à la fois en temps de guerre, mais elle n’était pas un
pouvoir politique Le gouvernement ne résidait pas en elle.
Aussi Thucydide a-t-il pu dire que Sparte n’avait jamais
connu le pouvoir absolu 2. Dans Hérodote, le Corinthien
Sosiclès, s’adressant aux Lacédémoniens, leur dit qu’ils
ne savent pas ce que c’est que la monarchie 3. Enfin Xéno-
plion fait la remarque que Sparte « n’envia jamais à ses
rois leur supériorité d’honneur, mais que les rois ne
cherchèrent jamais non plus à augmenter leur pouvoir 4 ».
5° Le peuple. — Le principe du gouvernement, à
Sparte comme dans toutes les cités grecques, était que
le vrai souverain était le peuple. Hérodote, voulant dési¬
gner la puissance suprême à Sparte, emploie les mots xb
xcivbv twv Ü7rapxiax(ov s. Ailleurs, il énumère les attribu¬
tions des rois et il ajoute : tels sont les privilèges que la
communauté des Spartiates a donnés aux rois r>. La
rliètra , que Lycurgue était allé chercher à Delphes et qui
fut le premier fondement de sa constitution, portait que
le peuple o oY|goç serait le maître et aurait la décision des
affaires7. Tel était au moins le principe ; nous verrons
que la pratique n’y répondait pas exactement.
Le peuple exerçait sa souveraineté légale dans des
assemblées. Il paraît, d’après un passage d’Hérodote,
que dans le langage de Sparte l’assemblée s’appelait
âXia8. Les écrivains athéniens traduisent ce mot par
celui qui était usité dans leur langue, éjcxXr,<7ta9. Parfois
aussi ils le rendent par celui qui signifie au sens littéral
la multitude, wX^Qo;10. Thucydide nous a donné la descrip¬
tion d’une de ces assemblées; on y voit que les rois et
les sénateurs y assistaient et y pouvaient donner leur
avis, qu’un éphore présidait, que c’était cet éphore qui
faisait voter et qui posait les questions, qu’enfin le vote
s’exprimait ordinairement, non par des suffrages écrits
ou par la levée des mains comme à Athènes, mais par
une simple acclamation collective, (îoÿj ; quelquefois néan¬
moins, si l’on ne pouvait pas discerner le cri le plus
fort, le président pouvait faire voter par discession 11 . Il
n’y a pas apparence que les citoyens fussent distribués
par groupes et émissent des votes collectifs, ainsi que
cela se passait dans les comices curiates et centuriates
des Romains. Cette assemblée décidait de la paix et de
la guerre12. Les traités de paix étaient conclus en son
nom et portaient que c’était elle qui les avait voulus 13 .
C’était elle enfin qui faisait les lois 14
Ane regarder que ces faits, il semblerait que l’assem¬
blée Spartiate fût composée démocratiquement et qu’elle
1 Herod. III, 148. Le môme historien cite un autre roi de Sparte que les
éphores obligèrent ou à renvoyer sa femme, ou à en avoir deux, contrairement auv
mœurs de Sparte (V, 39-40). Ailleurs, on voit un roi recevoir un ordre des éphores
et l’exécuter en maugréant, Plut. Apophth. lac. (éd. Tauchnitz, t. II, p. y j o) .
— 2 Thuc. I, 18. — 3 Herod. V, 92. — 4 Xen. Ages. I, 4 : <j ro/.i; nù ftov^mura
-où TipoTETiurjcrtlai «ÙTou;... oï te fairUtT? o-l (JisiÇovwv <’o çt/8r,<rav ï| lo'ohritEp l; àpjrjj; tîjv
aarrUtiav naféXaSov. — 5 Herod. VI, 50. — <> Id. VI, 58 : roiù-a Toi; pamXiùm SiS otgu
èx toù xoivoù TÉov EitaçTtï|TÔ)v. — Plut. Lyc. fi : SâjjLo» Tr,v xupt'av xat xpàvo;. — 8 Herod.
VII, 134 : âXt«; (tj),4eyo;xévtiç ; cf. hl. [, 123; V, 29; V, 79; Plut. Lyc. 6: ineXXàÇEiv’
TôSt’lrriv IxrXr.iTià^Eiv. Le mot 47. îa se retrouve dans les inscriptions. Boeckh.
n“s 1841, 1844. — 9 Thuc. I, 87; V, 77; Xen. Bell. III, 3 ; V, 2, 11; Aeschin. in
Timarch. 173; Plut. Ages. 30; Agis, 9; Diod. XI, 50. — to Thuc. I, 72; Polyb.
J AC
f’ûl LouLo-puissanlP. Mais d’autres faits nous la montrent
sous un jour fort différent.
Pour ce qui est de sa toute-puissance, elle était plus
apparente que réelle. « Le législateur a voulu, dit Plu¬
tarque, que, lorsque le peuple était assemblé, nul ne pût
pnendre la parole, si ce n’est les sénateurs et les rois (à
quoi il faut ajouter les éphores) ; les sénateurs et les rois
faisaient les propositions, le peuple décidait et ratifiait1 \ »
Il résulte de là, d’abord, que le peuple n’avait aucune
initiative, aucun droit de proposition ; ensuite, que cette
assemblée était muette. A l’opposé d’Athènes, où le pre¬
mier venu pouvait parler et discuter, Lacédémone ne
connaissait ni orateurs ni démagogues. L’assemblée ne
faisait qu’écouter, et elle n’avait à choisir entre deux
opinions que dans le cas où les sénateurs et les rois se
trouvaient en désaccord entre eux. Plutarque ajoute que,
dans le siècle qui suivit Lycurgue, l’assemblée essaya de
jouer un rôle plus important; on réprima ses exigences
par une nouvelle rhètra dont l’historien donne le texte
et qui peut être traduite ainsi : « Si le peuple se prononce
pour l’opinion mauvaise, les sénateurs et les rois se reti¬
reront », ce qui signifie, dit Plutarque, que l’assemblée
sera aussitôt dissoute et que ses décisions n’auront
aucune valeur 16. Il ressort de là que le peuple ne pouvait
pas se mettre en opposition avec les sénateurs et les chefs
de la cité. Ou il approuvait ce qui lui était présenté, ou
il se retirait sans rien faire. Il avait bien une sorte de
droit de véto, en ce sens qu’aucune proposition ne pou¬
vait être convertie en loi s’il ne l’avait ratifiée; mais il
ne pouvait jamais faire prévaloir une volonté qui lui fût
propre. Aristote signale très nettement l’impuissance
ordinaire de l’assemblée Spartiate, dans deux passages :
en parlant de la Crète, il fait observer « que là, comme à
Lacédémone, l’assemblée n’est maîtresse de rien, et
qu’elle ne fait que confirmer, par son vote, les décisions
prises à l’avance par les sénateurs et les magistrats17 ».
Parlant ailleurs de l’assemblée du peuple à Carthage, il
remarque au contraire qu’elle diffère de celle de Lacédé¬
mone; « car, lorsque les rois et les sénateurs de Carthage
font une proposition, le peuple n’a pas seulement à
écouter en silence ; le premier venu peut parler contre la
proposition, ce qui n’est pas permis à Sparte18 ». Voilà
donc des assemblées qui sont dites souveraines et qui
pourtant ne possèdent ni l’initiative, ni le droit d’amen¬
dement, ni même le droit de discussion. Écouter en silence
et répondre par des acclamations, voilà le plus souvent
leur rôle 19.
On doit d’ailleurs se demander si ce peuple Spartiate,
qui se réunissait ainsi en assemblée, était une multitude
démocratique. Il est vrai que Thucydide et Plutarque se
servent parfois de l’expression to ttXtiQo; ; mais on sait
qu’en général les termes de la langue politique n’ont
qu’une valeur relative; comparée à un sénat de 28 mem-
IV, 34; Plut. Lyc. C; Ages. 6; Xen. Rell. V. 2, 32-33. — H Thuc. I. B7-87.
Nous avons deux autres descriptions d'assemblées, mais avec beaucoup moins de
détails, dans Diod. XI, 50, et Plut. Agis , 0 ; cf. Plut. Praecepta ger. reip.
c. 4 in fine. — 12 Thuc. I. c. ; Diod. XI, 50. — 13 Thuc. V, 77 ; xarcàSe Sorsï zU.
ex*\r,<n a t«»v AaxsSatjAovtwy. — H Cela ressort de la rhètra primitive, Plut. Lyc. 6 ;
voir aussi Ages. 30, où les éphores chargent Agésilas de proposer une modifica¬
tion aux lois et où le roi se présente à cet effet devant l'assemblée. — **> Plut.
Lyc. G. — 16 Ibid. — 17 Aristot. Polit. II, 7, 4. — 18 Ibid. II, 8, 3. — 19 Une phrase de
Xénophon(/7ieZ/. III, 3, 8) donne à penser qu’il y avait à Sparte une petite et une grande
assemblée ; mais cette phrase est trop vague pour qu'il soit permis d’en rien conclure. Il
est possible que « la petite assemblée » don L il parle ne soit que la réunion des magistrats
et. des sénateurs. Il n’v a pas d'autre document qui indique deux sortes d'assemblées.
LAC
8 9 fi —
LAC
bres, toute assemblée pouvait être appelée tO^Oo;. On
voudrait savoir avec exactitude comment celle de Sparte
était composée. Il est clair que ni les li ilotes ni les Laco-
niens n’en faisaient partie; mais il resterait à chercher
combien il y avait de Spartiates et même si tous les
hommes de race doricnne y figuraient. Or, on est d’abord
frappé du grand nombre de Spartiates qui étaient déchus
du rang de citoyen par l’àTipua. Cette peine, si prodi¬
guée a Athènes, l’était bien plus encore à Lacédémone.
Nous sommes fort loin d’avoir la liste complète des
crimes et des délits qu’elle atteignait ; mais nous savons
qu elle frappait tous ceux qui avaient manqué de courage
dans un combat et même ceux qui, malgré le courage le
plus brillant, avaient été faits prisonniers1, fin outre, le
même châtiment frappait ceux qui ne s’étaient pas sou¬
mis dès l’enfance à la rigide éducation que les lois
avaient instituée2. Il frappait encore ceux qui restaient
célibataires au delà d’un âge déterminé3, fl frappait
enfin tous ceux qui reculaient devant la dure observance
des lois et de toute la discipline de Sparte Il y a plus;
la pauvreté était par elle seule un motif suffisant pour
être exclu du nombre des vrais citoyens. « A Lacédémone,
dit Aristote, chacun doit apporter sa quote-part aux
repas communs (quote-part qui, d’après Plutarque 3 et
Dicéarque fi, ne laissait pas d’être assez importante et
coûteuse7), et, s’il ne peut la fournir, la loi le prive
du droit de cité8. » « Il est difficile aux pauvres, dit-il
ailleurs, de prendre part à ces repas; or la loi est telle
que celui qui ne peut pas supporter cette dépense ne
peut pas non plus partager le droit de cité9. » Ces faits,
affirmés par Aristote, jettent une grande lumière sur
1 état de la société Spartiate. Les pauvres n’avaient pas
accès à l’assemblée, puisqu'ils n’étaient pas réputés
citoyens. Or, le nombre des pauvres était grand. Aristote
nous apprend en effet « que les fortunes étaient très
inégales et que la terre était dans un petit nombre de
mains10», fit comme tout travail et tout commerce étaient
interdits au citoyen, la privation du sol équivalait à l’ex¬
trême pauvreté. Plutarque est, s’il se peut, plus éner¬
gique encore qu Aristote : « La richesse s’accumula dans
quelques mains et la pauvreté s’empara de Sparte ; le
sol appartenait tout entier à une centaine de proprié¬
taires ; le reste est une tourbe sans moyens d’existence
et sans droits ". » Sans doute, nous ne devons pas croire
qu il en ait été toujours ainsi ; la disproportion n’était
pas si énorme avant la guerre du Péloponnèse ; mais l'iné¬
galité de richesse existait déjà depuis longtemps, et,
dès l’époque de la guerre de Messénie, Aristote signale
des indigents, a-ropouç, parmi les Spartiates i2. Beaucoup
d’hommes se trouvaient donc, quoique nés de sang
dorien, mis en dehors de la cité, et par conséquent exclus
de l’assemblée.
Les affranchis, les néodamodes, et ceux que l'on qua¬
lifiait d’inférieurs, à'Troii.eioveç, faisaient-ils partie de l’as¬
semblée du peuple ? Sur ce point, les renseignements
l Tliuc. V, 34; Hcrod. VII, 231 ; Plut. Ages. 30. — 2 [Mut. Inst. lac. 21. Cela csl
confirmé par un mol que Plutarque rapporte d'un épliorc : An tipater vainqueur deman¬
dait i jue cinquante enfants Spartiates lui fussent remis en otage ; l’éphore répond que cela
n’est pas possible, parce que ces enfants, ne pouvant plus recevoir l'éducation de Sparte,
ne pourraient plus être citoyens, oj8ï iroXiTai av etyjirav (Apophth. éd. Tauclmilz. I. II,
p. 1 08) . — 3 plut. Lyc. 15 ; Apophth. p. 148. •*— 4 Xen. Rcsp. Lac. 10. — B Lyc. 12.
— G Ap. Athen. IV. 19. — Voir syssitia. — 8 Aristot. Polit. II, 7,4, éd. Didot, p. 515 :
x£ç«)./,v txar: o; ei'Tség et rb T£T«yj*evov ' e’ 8z jxv;, (AETÉyeiv vôj* o; xciAûei Tfj; icoXtTetecç.
— 9 Aristot. 11. fi, 21 : twv irjffirt'rîwv (JtersyEiv o’j bù8 tov to?ç 7,tav irevïjfriv, ô'ooç 8z Tyf <;
font défaut. Toutefois l’état d’oppression et de méconlen-
tement où Xénophon représente ces classes13 permet de
croire qu elles n’avaient pas de droits politiques. Com¬
bien restait-il donc devrais citoyens Spartiates? Plusieurs
anecdotes rapportées par Plutarque montrent que les
Grecs étaient désireux d’en savoir le nombre, mais que
Sparte le cachai l-avec un grand soin u. Thucydide, racon¬
tant la bataille de Mantinée en 418, dit qu’il voudrait
savoir combien il s’y trouvait d’hoplites Spartiates, mais
qu’il l’ignore à cause du mystère dont cette ville s’en¬
toure 16. A Sphactérie, les Athéniens n’avaie.nt fait prison¬
niers que 120 Spartiates16 ; mais ce nombre parut assez
grand pour que Sparte crût devoir traiter de la paix17.
Agésilas, partant pour son expédition d’Asie, avait
4000 alliés, 2000 néodamodes, et 30 Spartiates. On
trouve enfin dans Xénophon un récif qui permet déjuger
quelle proportion il y avait, dans l’intérieur même de la
ville, entre les vrais Spartiates et les classes inférieures.
Un homme qui révélait un complot aux éphores, en 397,
leur dit : « Cinadon me mena à une extrémité de l’agora
et me dit de compter combien j'y voyais de Spartiates;
je comptai le roi, les éphores, les sénateurs, et d’autres
jusqu’à une quarantaine; alors Cinadon médit: « fihbien,
« ces hommes-là sont nos ennemis, tandis que tous lps
» autres que tu vois, et qui dépassent 4 000, sont nos
« amis18.» Si l’on prenait ce texte à la lettre, il faudrait
croire que dès l'année 397 la proportion, dans la ville
même, entre les vrais Spartiates et les hommes des
classes opprimées, était comme 70 est à 4000. Sans aller
jusque-là, on peut au moins tirer cette conclusion que les
vrais citoyens étaient peu nombreux. Lorsqu’Aristote
signale à Sparte le manque d’hommes, àXiyavôpwTn'a19,'
nous devons sans doute entendre que c'était moins les
êtres humains qui manquaient que les citoyens et les
hommes libres. Ce qu’on appelait le peuple, à Sparte,
c’est-à-dire ce qui formait le corps politique et ce qui
avait des droits, devint de plus en plus une oligarchie.
0° Le .sénat. — Les anciens attribuaient unanimement
à Lycurgue l'institution du sénat ■i0. Il était composé de
trente membres, y compris les deux rois dont chacun
n’avait qu'un suffrage. Ce sénat deSparte n’était pashéré-
ditaire; il n'était pas non plus annuel et issu d’un tirage
au sort, comme à Athènes. Chaque sénateur était élu par
le peuple. Pour être éligible, il fallait avoir soixante ans 21 .
Une fois nommé, on était sénateur toute la vie. C’était
véritablement une assemblée de vieillards, yepouffta22.
Comme ce corps est ce qu'il y a eu de plus important
à Sparte, on voudrait pouvoir s’en faire une idée exacte,
etsavoir avant tout comment il était composé, fin principe,
aucune condition de naissance ni de richesse n’était
imposée pour être sénateur. Du moins les documents
n’indiquent aucune condition de cette nature. C’était par
« la vertu » seule qu’on s’élevait à ce rang. Nous avons
dit plus haut ce que Sparte entendait par la vertu civique,
7] 7roXiTtx:r) àpsruj ; elle commençait à l’âge de sept ans et
TToXlTliaÇ 0070Ç IffttV aÙTotÇ O Ttàtçio^ 7ÔV [A>( SuvàjAEVOV TCÙTO TO TîÀOÇ «p£££iv jxyj JASTS/ElV
a ùtt.ç. — 10 Aristot. Polit. II, 6, 10. — H Plut. Agis , 5 : S y/oç ur.oçoç xcu artjio;.
— 12 Aristot. Polit. V, 0 (éd. Didot, p. 573-574). — 13 Xen. Hell. III, 3, G et 7.
— 1* Plut. Apophth* p. 116 : ruvOavo|x£vou nvbç iroffoi eïaiv oî Aaxtfcaijxôviot, otrot txavoi,
Etire, toù; xaxoù; àrîçiûxEtv \ cl. Ibid. p. 123. — 13 Thuc. V, 08. - 16 Jd. IV, 38.
— l< ld. IV, 108. — 18 Xen. Hell. 111, 3. — 19 Aristot. Polit. II, G, 12 : 4 «fttç
àircoAETo St à tïjv oXtyavôçwrrtav. — 20 Horod. 1, 65 ; Plat. Lcçj. III, p. 691 ; Plut.
Lyc. G. — 21 Plut. Lyc. 26. — 22 Plut. Pc rep. sent yerenda, 10 : ô Ilûôto; zoze-
8u yevev.ç, ô 8z AuxoSoyo; ysoovTa? wvçj v/ffî.
LAC
597 —
LAC
s o continuait toute la vie. Elle avait ses concours, ses
récompenses, ses titres, ses degrés qu’il fallait gravir 1 un
après l’autre. La dignité de sénateur en était le degré le
plus élevé; on l’appelait « le prix de la vertu », àOXov t7,«
àpeT7|ç 1 . « Le législateur a voulu, dit Plutarque, que, dès
qu’une place était vacante, on choisit parmi ceux qui
avaient dépassé soixante ans le meilleur par la vertu,
tgv apidTov apsTY) xptOsvra ; c était bien le concours le plus
glorieux qui fût au monde ; il s agissait de désigner le
plus sage entre les sages, le meilleur entre les bons; il
s’agissait en un mot de décerner le prix de la vertu,
vtxTjT'^ptov tyjç ocpsT'Tjç ’ ». Il y a là autre chose qu une dé¬
clamation. Aristote avait dit la même chose avant Plu¬
tarque. Démosthène et Eschine, qui expriment la même
pensée dans des discours prononcés devant le peuple
athénien, marquent bien que l’association de l’idée de
vertu et de celle de sénateur Spartiate était familière aux
Grecs; d’où nous pouvons inférer que cette même asso¬
ciation d’idées avait, à Sparte, quelque chose d’officiel,
ainsi que le dit Plutarque. Cethistorien rapporte d’ailleurs
certains traits de mœurs qui montrent que, dans les habi¬
tudes et dans la langue même de Lacédémone, l’élection
d’un sénateur était un dernier concours et qu’il s’y atta¬
chait l’idée d’un prix suprême, àpcffxsïov3. Ces faits mé¬
ritent l’attention de l’histoire. La manière même dont ils
sont mentionnés par les écrivains n’autorise pas à penser
qu’ils soient une pure invention de moraliste. Dans cette
vertu, dontla dignité de sénateur était le prix, nousdevons
voir, de deux choses l’une, ou une réalité pratique, ou tout
au moins une fiction légale.
Essayons de préciser ce que devait être cette condition
de vertu qui donnait à l’élection des sénateurs de Sparte
un caractère si particulier. Les lois ou les mœurs exi¬
geaient qu’on eût exercé toute la vie ce que Xénophon
appelle « la vertu du citoyen 4 », ou, suivant l’expression
d’Eschine, « qu’on se fût montré vertueux depuis l’en¬
fance jusqu’à la vieillesse s ». En pratique, cela voulait
dire qu’il fallait avoir traversé la rude et interminable
éducation de Sparte, avoir fait tontes les campagnes, avoir
remporté déjà plusieurs de ces prix qui étaient distribués
entre les différents âges, avoir fréquenté assidûment les
gymnases et les syssities, s’être toujours comporté bra¬
vement dans les combats et pieusement dans les fêtes,
s’être marié à l’âge fixé, avoir pu vivre toujours hono¬
rablement sans travailler jamais, n’avoir enfin jamais
encouru aucune de ces condamnations qui frappaient les
moindres infractions à la discipline de la cité. Il était
nécessaire qu’on fût parvenu à l’âge de soixante ans sans
commettre une faute, au moins sans avoir été convaincu
de faute, et surtoutsans avoir été atteint par le jugement
d’un magistrat; c’est ici qu’on entrevoit le lien secret
qu’il y avaitentreles règles si minutieuses de la vie quo¬
tidienne et le gouvernement. Les premières étaient, en
théorie, un apprentissage pour arriver à l’autre ; elles
étaient, en pratique, un moyen de tenir la foule loin de
la région élevée des honneurs et du pouvoir. Le Spartiate
était dans tous ses actes sous l’œil des chefs, et il y avait
pour toutes choses des récompenses et des punitions. Les
punitions fermaient le chemin des honneurs : chaque
. récompense faisait avancer d’un rang. Il avait donc fallu,
1 L’expression «8ac,v t-;;; «çE-rij; pour désigner la dignité do sénateur à Sparte se
trouve à la fois dans Aristote. Polit. II, 0, 15, et dans Démosthène, in Lcptin. 107’;
Eschine, in Timarch. 173, emploie une expression analogue. — 2 Plut. Lyc.lü. — 3 Plut.
toute la vie, plaire à ses chefs, pour aspirer à compter a
son tour parmi les chefs. Songeons d ailleurs qu il n y
avait aucune ville grecque qui eût autant multiplie les
grades dans la vie militaire et les rangs ou les titres dans
la vie civile. U n’était pas permis d’arriver d un seul coup,
comme à Athènes, aux suprêmes honneurs; il f allai I
suivre une filière, monter de degré en degré ; il est très
probable qu’il existaità Sparte comme à Rome un cursus
honorum. On devait être successivement, dans l’armée,
hoplite, énomotarque, lochage, polémarque; dans la vie
civile, irène, chef de syssitie, gymnasiarque, chevalier
parmi les 300, àyaSoEpy °ç ou hippagrète ; dans les
charges, bidien, agonothète, éphore; tout cela avant de
songer à être sénateur. Lors donc que le peuple avait a
désigner un nouveau membre du sénat, il est vraisemblable
qu’il n’était pas absolument libre dans son choix ; le con¬
cours n’avait lieu qu’entre un très petit nombre d hommes
déjà placés dans le rang qui touchait immédiatement au
sénat, rang où chacun n’était parvenu qu à la suite de
nombreux concours et de triages sans cesse renouvelés.
Que si, maintenant, à côté de ces règles idéales qui
obligent les électeurs et les élus à avoir les yeux fixés sur
une vertu parfaite, nous regardons ce que la nature
humaine comporte, nous devinerons bien toutes les con¬
sidérations qui devaient intervenir dans une élection de
cette sorte. Dans la pratique, il n’est rien de plus aristo¬
cratique que la vertu, parce qu’il n’est rien qui soit plus
difficile à apprécier et qui se prête mieux à toutes les
confusions. Il est bien vrai que pour le philosophe la vertu
ne connaît pas les rangs sociaux ; mais dans l’opinion du
vulgaire et dans l’invincible réalité des choses, la vertu
se confond aisément avec la richesse et la naissance. Ce
n’est pas le hasard qui a fait que les noms de xaÀ&txàyaOo;,
d 'optimates ou d 'honnêtes gens aient été presque partout
les dénominations officielles d’une classe aristocratique.
Malheur au législateur qui vise trop haut : prétendre ins¬
tituer une aristocratie de pure vertu, c’est s'exposer à ne
fonder qu’une aristocratie de richesse ou une coterie
d’oligarques. Le « prix de la vertu » était à Sparte une
fiction constitutionnelle, mais une de ces fictions qui, se
prêtant au jeu des forces vives, sont toutes-puissantes
dans le gouvernement et font que les États durent.
Plutarque nous a dit tout à l’heure comment les séna¬
teurs de Sparte auraient dû être élus ; il va nous dire
maintenant comment ils l'étaient : « Certains hommes
choisis se tenaient enfermés dans une maison voisine
de la place où se tenait l’assemblée; ils n’avaient pas vue
sur elle, mais ils entendaient les cris quelle poussait; les
divers candidats traversaient la place chacun à son tour,
et sur le passage de chacun d’eux le peuple faisait entendre
ses acclamations ; les hommes qui étaient enfermés dans
la maison voisine notaient l’intensité de chaque clameur,
et ils déclaraient élu celui pour lequel il leur semblait
que les cris s’étaient élevés le plus haut6. » Aristote qua¬
lifie de puéril ce mode d’éleclion'. C’était au moins un
procédé qui ne permettait ni calcul exact ni vérification,
qui ne présentait aucune garantie, et qui par conséquent
se prêtait mieux que tout autre procédé à la brigue, à
l’arbitraire, à l'influence des coteries. N’oublions pas
d’ailleurs que ce « peuple » qui faisait l’élection était déjà
Lyc. 2G, infine ;Defrat.am. 0. — ’*Resp. Lac. 10: a^xr.a^T^ro^tTtxyjçàçeTy;;. — ;iAes-
cllin. in Tiniavcll. 17.i : xtnôtoratrt $,aù‘coùç(?oûç yêçovTaç) 'exTwvex iwatSèç (rwop-
ûvwv. — 6 Plut. Lyc. 2fi. — 7 Aristot. Polit. IT, 6, 18, Æd. Didol. p. 513 : ica:^aoiwSÿ,ç.
LAC
898 —
LAC
une classe aristocratique. De tout cela nous conclurons
qu'on ne doit pas être surpris de lire dans Aristote que
la dignité de sénateur était le privilège de la classe la plus
élevée Il y a surtout un passage de sa Politique où il
marque avec netteté le caractère de ces élections. Parlant
de la \ ille d Élis, il dit : « Le corps des citoyens y éLait
peu nombreux, et parmi eux il en était encore moins qui
pussent s élever au sénat, lequel était viager ; or, le mode
d’élection des sénateurs était tel que le choix des plus
puissants s imposait, comme cela se passe à Lacédé¬
mone-, » Il est donc permis de penser que, s’il est vrai
qu au commencement la dignité de sénateur ait été réel¬
lement « le prix de la vertu », il vint au moins un temps
<>ù elle fut 1 apanage des familles riches et puissantes ; le
sénat tut alors une oligarchie de vingt-huit membres3.
Or toute la puissance était dans ses mains. L’assemblée
du peuple, nous lavons vu, n’avait ni l’initiative, ni le
droit d’amendement, ni, en général, le droit de discussion.
La vraie direction des affaires appartenait au sénat.
« L homme qui est une fois admis dans ce corps, dit
Démosthène, devient aussitôt un des chefs du gouverne¬
ment et un maître pour la foule 4. » Polybe, Plutarque,
Denys et Pausanias s’accordent à dire que c’était
par lui que toutes les grandes affaires de l’État étaient
décidées1, et nous verrons plus loin qu’il disposait même
de la justice.
‘ ‘ Les magistrats ; les éphores. — A côté du sénat
était une série de magistrats que les écrivains athéniens
désignent par les expressions oi èv xéXei ou oi àpyovT£çf'.
Il est diflicile d en donner la liste. Thucydide remarque
«lue, parmi les 120 Spartiates faits prisonniers dans l’ile
de Sphactérie, il s’en trouvait plusieurs qui étaient en
possession des magistratures, àpyà? ’é/ovTeç ; cela donne
à penser que les magistratures étaient assez nombreuses à
Sparte. Nous lisons encore dans Xénophon qu’un jour les
éphores, ayant ordonné une levée de soldats jusqu’à l’âge
de soixante ans, ajoutèrent que ceux mêmes qui se trou¬
vaient dans les charges, èv àpyat;, devaient suivre l’ar¬
mée ' . Mais l’énumération complète des magistratures
lacédémoniennes ne nous est fournie par aucun écrivain.
On connaît les bidiens, qui étaient au nombre de cinq
et dont la principale fonction paraît avoir été de gouver¬
ner la jeunesse lacédémonienne 8 ; les nomophylaques,
dont le nom indique assez les attributions9; les agono-
thètes, les gymnasiarques, dont les fonctions ne laissaient
pas d’être fort importantes;lesàppiô<Tuvot qui correspondaient
aux Y'jvcaxovogot d’Athènes10, mais qui, d’après Aristote,
n auraient eu qu’une autorité nominale ; noussavons aussi
qu’il y avait à Lacédémone des agoranomes11. Peut-être
laut-il compter parmi les magistrats les pythiens, les
spondophores, les hippagrètes et les polémarques. Quoi
qu il en soit, les écrivains anciens qui décrivent, comme
1 Arislot, Polit. Il, G, 15, ed. Didot, p. 513 : ot jjuv J3a<nXcïç 8iù. xvjv xijavjv,
oi ài xaXotxàyaO&t ôià xijv yeçouctav, o 8l Syjjxoç 8 *.à xvjy eaoçzîa y. Lexpressioil
y ccXotxayaOot s opposant a $v;|aoç désigne visiblement la classe aristocratique.
- Aristot. Polit. V, 5, 8, éd. Didot, p. 572 : xïjvS’ aloeo-tv ytçô vtwv Suyafrxcuxtxîjv
civa*. xat 0}A0tav xri xwv èv Aaxe$ac(Jtoyt yeçôvxov. On sait que le terme &uva<rxEUxtxo;
n a aucun rapport avec notre mot dynastique ; il se dit de tout ce qui emporte
le pouvoir par une sorte de force. — 3 Plut. De rep. seni gerenda , 10, appelle
le sénat de Sparte àoierxoxpotxta. — Demosth. in Leptin. 107 : ro).tx£ta;
yjç to;... e<txi xwv iîoVawv. — & Polyb. VI, 45; Plut. Lgc. 2G ; Dion.
Il, ik, Paus. III, 11. G TIlUCyd. V, 34 : ot xà; àoyà; e/ovteç ; I, 58 : xà xéXvj xwv
Aaxe^at;xovtojv uwl^exo aûxoïç ; Xen. Hall. VI, 4, 1 : iicsçwxa xà oîxoi xeXyj xt xpvj roteïv ;
I hue. \ I, 88 : x«ov xe isoptuy xàc xùîv tv xsXei ovxwv : Hérodote, VI, G7, parle d’un roi de
Sparte qui, dépossédé de la royauté, exerça plus tard une magistrature élective,
Yipi;e aipéOst; àpyvjv : son récit ne permet pas de supposer que cette magistrature lui
Aristote, le gouvernement de Lacédémone, ne signalent à
noire attention qu une seule magistrature, apparemment
parce qu’elle était la plus haute; c’est celle des éphores.
Hérodote attribue l’institution des éphores à Lycur¬
gue12 ; Aristote et Plutarque pensent qu’ils ne furent
établis qu au temps de Théopompe13. Les deux opinions
peuvent se concilier si l’on admet que leur grande puis¬
sance ne date en effet que du règne de Théopompe, mais
que leur existence est plus ancienne. Un passage de la vie
de Cléomène présente en effet deux phases bien distinctes
dans 1 histoire de cette magistrature ; les éphores n’au¬
raient été à l’origine que les ministres des rois, choisis
par eux pour les remplacer en cas d’absence et les dé¬
charger d’une partie de leurs fonctions; c’est plus tard
qu’ils seraient devenus indépendants et plus puissants que
les rois u. De toutes les institutions de Sparte, l’éphorat
semble celle qui a le plus varié avec le cours du temps,
et elle n’a varié que pour grandir toujours.
Les éphores étaient au nombre de cinq ; leur pouvoir
ne durait qu un an, et c’est par le nom du premier d’entre
eux que Sparte comptait les années13. Ils étaient élus. Les
documents n’indiquent pas quela loi leur imposâtaucune
condition de richesse, de naissance, ni dage. Aristote dit
formellement qu’ils étaient tirés du peuple, et souvent
même de la classe pauvre. Il marque cette différence entre
le sénat et la magistrature des éphores que les hommes
des hautes classes arrivaient seuls au premier, tandis que
les hommes des derniers rangs pouvaient parvenir à la
seconde"’. Aussi quelques historiens modernes ont-ils
considéré l’éphorat comme une magistrature démocra¬
tique et l’ont-ils comparé au tribunal, des Romains17.
Mais pour pouvoir affirmer qu’ils eussent ce caractère,
il faudrait sa\oir par qui et suivant quels procédés ils
étaient élus. C’est ce que nous ignorons complètement.
Aristote se contente de dire que le mode d’élection
qui était employé à leur égard était puéril 18 ; d’où nous
pouvons au moins conjecturer qu’il n’offrait aucune
garantie de libre choix aux électeurs; « ils sont tirés
•le la toule, dit Aristote ; mais je voudrais qu’en
les tirant de la foule on eût adopté une autre façon
de les choisir ».
La pensée de cette phrase n’est-elle pas que, si les
éphores sont choisis dans la foule, ils ne sont pas choisis
tout à fait par elle, et qu’il y a au moins quelque biais
pour diriger son choix? Les pauvres, il est vrai, étaient
souvent élevés à cette magistrature ; cela ne prouve pas
nécessairement que ces hommes fussent des démocrates;
car Aristote, l’observateur exact et sans parti pris de la
nature humaine et des faits historiques, ajoute cette
remarque 19 : « Souvent ces hommes pauvres, arrivés au
pouvoir, se sont fait acheter; il n’en a pas manqué qui
se sont laissé corrompre par argent. » Il était, en effet,
"jïi.... toüçtSv Eoijguv i^va; tiOt'vii KaOÉf77v;x£ ; cf. Boeckh, Corp. inscr. gr. n0! 1254,
1270, 1271, où il est fait mention de six plW. - 9 paus. p c. . v0(l0?uU„„lv'
àjy.EÏc. i„i, lu', xi-; 4Tofïç. - 10 Hesych. : in i) Xt; tv ArveSocVov. "tu't xi;;
,0xo<rl*;*5 T,“v - U Id. tpuEAupo;, «ppàvoiio;, AaxSvs;. — 12 Herod. I, 65.
— I:î Aristot. Polit. V, 9, 1, éd. Didot, p. 584; Plut. Lyc. 7; cf. Plat. Leg. III,
p. 692. — lt Plut. Cleom. 10. — 15 Xen. Hell. II, 3, 10 ; Paus. III, 11, 2.'
— !" Aristot. II, 3, 10 : U xoj Sijpov; II, 6, 14 : yivovxott t* xoù Sr.ptou u*vxe;,
ucMaxi; Euxtztt/Jtrtv ivOpoiuot trxoipst uevJjXE; eI; to ip/.EÏov ; II, 6, 15 ; oi ,Uv xodioixiyàdoï
Sià. tï]v ysfoutTERv, 4 Si 3vj,ao; iiôt T7)v tçopEîav. — 17 Voir Kopsladl, p. 120-121.
— 18 Aristot. Polit. II, 6, 16 : xadioriaxat i; iudvxwv. àtt’ ËJst aioExvjv «Ivat IJ «ràvwv
|*ey, (A v; xov xpôroy 8è xoûxov ov vûv * )fàp errxt Xtav. — 19 Aristot. Polit II
0, 14, Didot, p. 513 : Sii. xŸiv 4- uopictv ùviot ijtrav • èStr.XOlo-oEv Si uoV/.ixt; upûxEpov
>t«7 vûv... it«?9«pÉ,TEî y*p ippç-ttp x.vl;, OITOV è*’ sootot;, TÎ)V 7E4/.1V duw7.etrav.
LAC
— 890 —
LAC
presque inévitable que dans une ville qui aimait tant
l’argent1, et où tout moyen légitime d’en gagner était
interdit, les pauvres se missent souvent à la solde des
riches. C’est d’ailleurs un usage assez fréquent chez les
aristocraties de confier le pouvoir, non à quelques-uns
de leurs membres qui se trouveraient alors trop puissants,
ce qui romprait l’égalité entre eux, mais à des hommes
d'une classe inférieure qu’on élève aux grandeurs pour
une année et qu’on peut ensuite laisser retomber dans le
néant. Ces hommes, pendant la courte durée de leur
charge, sont armés par l’aristocratie d’un très grand
pouvoir; mais ils sont obligés, par le sentiment même
de leur faiblesse naturelle, de se laisser guider par
d’autres, et il ne leur échappe pas que, l’année expirée,
ils se retrouveront dans l’impuissance et seront à la
discrétion de cette même aristocratie. Il semble bien que
telle ait été la politique de l’oligarchie Spartiate en
s’arrangeant pour que les éphores fussent, suivant l’expres¬
sion d’Aristote, « les premiers venus 2 ». Il est d’ailleurs
à peu près inévitable qu’une magistrature qui ne dure
qu’un an et qui est partagée soit faible vis-à-vis d’un
corps inamovible ; et cela est surtout vrai lorsque les
magistrats annuels ne sont pas tirés de ce corps et ont
pour suprême ambition d’y entrer. L’histoire de Sparte,
depuis Théopompe jusqu’à \gis III, n’offre pas d’exemple
d’éphores qui aient pris en mains les intérêts des classes
inférieures contre la puissance de l’oligarchie sénato¬
riale. On les voit souvent agir contre les rois ou contre le
parti populaire ; on ne les voit jamais agir contre le sénat.
Il y a même à faire celte remarque, que l’autorité des
éphores s’est accrue à mesure que le gouvernement de
Lacédémone est devenu plus aristocratique. Plus le
nombre des propriétaires et des citoyens a diminué, plus
la direction des affaires a été portée au sénat, et plus
aussi les attributions des éphores ont été augmentées.
Ils avaient seuls la police de la ville, au point qu’un roi
souhaitant l’expulsion d’un étranger était forcé de
s’adresser à eux3. Ils ne rendaient de comptes à personne,
et c’était au contraire à eux que tous les hommes revêtus
de quelque autorité rendaient leurs comptes4. Ils ne se
levaient de leurs sièges éphoriques devant personne, et
les rois au contraire se levaient devant eux5. Ils pou¬
vaient frapper d’amende qui ils voulaient6. Ils avaient
le droit de mettre les rois en accusation, de les juger1,
de les enfermer en prison 8, de les condamner à des
amendes9, de les déposer10.
C’étaient eux qui présidaient l’assemblée du peuple, qui
lui posaient les questions, qui la faisaient voter11. Us
décrétaient les levées de soldats 12. Deux d’entre eux
pouvaient accompagner le roi à la guerre13. Même en
restant à Sparte, ils dirigeaient les rois dans leurs expé-
1 Alistote, Polit. II, 0, 6, dit cil pürtctnl de Sparte : -tt, àvayxûùov !v xî; Totaux-^
ito). txela xipSuOat xo» irXoù'xov. Les anciens parlent souvent de la odutfyuçla des Spar¬
tiates : Plut. Proverb. 43; Inst. Lac. 4t ; Agis, 3; Diod. VII, 1 4, 5 ; Isocrat. t..
etç»ivï;ç, 90. 2 Aristot. Polit. II, 6, 10 : ot ëooôot ovxeç oï x»/ovxe;. Il y aurait tou¬
tefois de I exagération à dire que tous les éphores aient été des hommes de néant.
Brasidas avait été éphore ; Antalcidas le fut (Plut. Ages. 32). — 3 Herod. III, 148.
— 4 Aristot. Polit. Il, 0, 18. — >> Xen. Resp. Lac. 15; Plut. Agis, 8; Apophth.
Anaxilas. —6 Xen. Hesp. Lac. 8. — 7 Herod. VI, 82, 85. — » Time. I, 131.
— 9 Plut. Lyc. 12 ; De frai. am. 9. — 10 Plut. Apophth. p. 221 ; Agis, 1 1 ; Liban. De
servitule, p. 80. — 11 Thuc. I, 87 ; Xen. Hell. III, 3, 8; Polyb. IV, 34 — 12 Xen.
Resp. Lac. 1 1 ; Hell. VI, 4, 17. — 13 Xen. Resp. Lac. 15 ; Hell. Il, 4, 30. — 14 Xen.
Hell. VI, 4, 1. — 13 Plut. Apopht. t. II, p. 105, éd. Tauchnitz. — 10 Tlmeyd. V. 18
et 19; Plut. Lxjsand. 14. — 17 Aristot. Polit. Il, 0, 14 : v; àoy_>( ».j o [a „7,v
— 18 Aristote l’appelle en effet xupawlç (Polit. Il, 3, 10); or ce mot dans la langue
d Aristote signifie pouvoir absolu; cf. Pial. Leg. III. p. 712 : xi x,ô» tœopwv
ditions14, ou leur enjoignaient de revenir15. Us con¬
cluaient les traités de paix au nom de la cité16. En un
mot, ils étaient, suivant Aristote, maîtres des plus
grandes affaires17, et leur autorité était une sorte de
tyrannie18. « Leur pouvoir est trop grand, dit le même
écrivain, et il est aussi absolu que celui des tyrans 19. »
Toutefois, ce que nous savons de leurs actes et de leur
politique, soit au dedans soit au dehors, nous les montre
toujours d’accord avec le sénat et nous permet de penser
qu’ils n’exerçaient ce grand pouvoir que comme instru¬
ments du corps oligarchique. Us étaient les chefs du
pouvoir exécutif dans un gouvernement dont le sénat
était Fâme.
8° De la justice. — L'autorité judiciaire, qui a en tout
pays une si intime relation avec l’état social et politique,
était partagée, à Lacédémone, entre les rois, le sénat, et
les magistrats; mais elle l’était fort inégalement entre ces
trois pouvoirs. Les rois, sunrant un texte très précis d Hé¬
rodote, ne jugeaient que dans deux cas : 1° si une fille,
unique héritière d’une famille ou épiclère, n avait pas été
fiancée par son père, le roi prononçait par jugement à quel
époux elle devait appartenir20; le roi avait en ce point
la même juridiction que le premier archonte d’Athènes;
l’un et l’autre devaient veiller à la perpétuité des familles
et cette perpétuité était intéressée dans les jugements
relatifs aux filles épiclères ; 2° les rors de Sparte pronon¬
çaient dans les débats relatifs aux voies publiques21.
La juridiction criminelle appartenait au sénat 22. Les
peines étaient sévères : c’était la mort 23, l’exil, l’amende 2i,
la confiscation des biens25, la perte du droit de cité ou
atimie. Aussi Plutarque dit-il que le sénat était maître de
la vie et du rang civique des Spartiates 2G.
Les éphores avaient le jugement des procès relatifs
aux contrats et aux obligations27, et ces procès étaient
assez nombreux à Sparte pour qu’ils dussent siéger tous
les jours28. En même temps, ils jugeaient en matière
politique, faisaient rendre leurs comptes aux magistrats,
prononçaient des amendes29. II semble même qu'ils
aient pu frapper de mort sans jugement tout homme qui
portait atteinte à la sûreté de l’État 30. Les magistrats
inférieurs avaient aussi le jugement de quelques délits31.
11 y avait donc cette grande différence entre Lacédé¬
mone et les cités démocratiques comme Athènes, qu'à
Lacédémone la justice n’appartenait pas au peuple.
Jamais, parmi les récits assez nombreux de jugements
qui nous sont parvenus, nous ne x'oyons ni le peuple
jugeant lui-même ni un tribunal issu du peuple. La jus¬
tice émane toujours ou des magistrats ou du sénat. C’était
un grand pouvoir dans les mains de l'oligarchie, et Aris¬
tote fait observer que, comme il n’existait pas de lois
écrites, les sénateurs prononçaient à leur volonté et
0au(Aa<7tôv wç Tjçawtxôv — 19 Al’istot. Polit. Il, 6, 14 : àç^ijv V.av ;jL£(âXy|v xa\
la o-ûçavvov. — 29 Hei’0(I. VI, 57 : &ixtt'Çfciv &s jxouvou; toù; (Ôarrt),EaÇ zoaô.Sz jxoijva .
iz(azooù-/o'J t £ uaoOÉvou uéoi, tov txv£<7TGU tyziv, o îtaiv] p aùxijv eYYü'^ffY) ’
Poil. 111, 33 : t] lut icavxl Tfii xVqpto ji.ôvrj *tç.eoo;jiivYj Ouy^t'/jç Èuiy.Xvjooç... xtvlç S aùxr.v
y.*\ uaxpoO'^ov cùvôjJtaffav. — 21 Herod. /. I. : o£wv 5r,;xofft£wv r.içi. Les l*ois pouvaient
prendre part à d’autres jugements, mais non pas seuls ; ils siégeaient alors comme
membres du sénat. — 22 Aristot. Polit. III, 1, 7 : xàç œovtxà* (âixàç) oî yiçovzz;
xptvouffi : Id. Il, 0, 17 : yjpiot ypîcEuv [xeYaXwv ; Plut. Apophth. Anaxandrid. éd.
Tauchnitz, p. 120 : xàç ueçA TOU Oavâ-cou &ixà? uXctoatv r,|i.î'pai; oî yéçovzzç xohooa i.
— 23 Herod. IV, 146 ; Thuc. I, 134; Plut. Pericl. 22. — 2i Thuc. V, 16; V, 63 ; Plut.
Pelop. 6 et 13. — 2c Thuc. V, 63; Plut. Amal. narrai. 5. — 26 Plut. Lyc. 26 :
xûpto; Qavàtou xa\ — 27 Aristot. Polit. III, 1,7: zo.q xùiv tru(i.€o)aiwv
(£ixà;) &txà‘Çe{v £©opo; a)»Ao; &XXa*. — 28 plut. Apophth. p. 221. — 29 Xeil. Besp.
Lac. 8 : loopoi îxavot tîat Çv)(uoôv 8 v v.v {îoôXwvTai. — 30 Plut. Ages. 32; Xen. Hell.
111, 4 ; V, 4, 24. — 31 Aristot. Polit. III, 1, 7 : lz io% Si -si; àû/rj ET 4 a; Six&.$ Sr/.d^e IV
LAC
LAC
— 900 —
arbitrairement1. On comprendra l'importance de ces
faits si l'on songe qu’à Athènes c’est surtout par les tri¬
bunaux populaires que le régime démocratique s’esl
établi. A Sparte, au contraire, la justice resta toujours le
privilège du corps oligarchique ou des magistrats qui
dépendaient de lui. Aussi Aristote fait-il cette remarque :
<> A Lacédémone, les grands peuvent faire ce qu’ils
veulent ; ils s enrichissent outre mesure, et les propriétés
s accumulent dans leurs mains2. » C’est peut-être aussi
dans le même sens que Démosthène avait dit : « A Sparte,
dès qu un homme entre au sénat, il devient un maître
pour la foule 3. »
lels sont les institutions, les faits, les mœurs, que les
documents nous permettent de saisir dans la vie de Lacé¬
démone. D après tout cet ensemble, le gouvernement de
cette cité se présente a nous sous un jour tout différent
de celui d’Athènes. Nous n’y trouvons, en effet, ni un
sénat annuellement tiré au sort, ni des magistrats toujours
dépendants du peuple qui peut leur retirer leurs pou¬
voirs, ni une assemblée maîtresse et composée de petites
gens, ni rien qui ressemble à l’héliée athénienne, ni le
salaire des juges et des ecclésiastes, ni, en un mot, aucune
de ces pratiques qui mettent forcément le pouvoir dans
les mains de la foule. Il est possible que, dans le système
primitivement établi par Lycurgue, la société Spartiate
fût plus démocratique que ne l’était la société athénienne
à la même époque, c’est-à-dire au vm° siècle. Mais,
depuis ce temps, les deux cités ont suivi toujours une
marche opposée. Sparte est devenue, par ses mœurs
comme par ses lois, de plus en plus aristocratique. La
propriété foncière, qui était déjà répartie inégalement
avant la guerre du Péloponnèse, s’accumula peu à peu
dans un très petit nombre de mains, ce qui était juste¬
ment le contraire de ce qui se passait à Athènes. Le
nombre des citoyens diminua en même temps que celui
des propriétaires. Les distinctions sociales allèrent se
multipliant. Les institutions politiques servirent exelusi-
vementles intérètsd'uneclassechaque jour plus restreinte,
et Sparte devint, entre toutes les villes grecques, celle
où l’inégalité fut le plus profonde.
Aristote range toujours Lacédémone dans la catégorie
des gouvernements aristocratiques, bien qu’il dise qu’on
y a su donner quelque satisfaction au peuple par l’élec¬
tion d’ailleurs illusoire des éphores. Les éloges de Platon
et de Xénophon, comme les reproches d’Aristote, s’adres¬
sent à cette aristocratie. Isocrate dit nettement que le
gouvernement de Sparte est oligarchique ". Démosthène
et Eschine le donnent à entendre clairement. Tous
les anciens sont d'accord sur ce point. Plutarque
dit formellement : la monarchie chez les Perses, la
* Aristot. Il, 7, éd. Didot, p. 316 : xal jaij xaxà yçéyxjji ata, ATX’ «OToyvitpova;.
- Arislot. lJolil. V , 6, 7, cd. Didot, p. 574 ; TQ „àaaç îà; àpiaToxpatixà; tco Aercîa;
oXiyap/_ixà; eivai pâMov it7eQVE*toüm» et yvûçipoi, oTo» xal Iv Aax£cîai|Jiovi ■{(àXtyoy; ai oùa-iai
Ép/ov-tai ■ xa\ tcoieîv S z t àv 6i*uai toT; yvmoi pot; pâXxov. — 3 Dcm. in Lept. i 07 :
Setzoty); loti tSv tcoTXûv, — 4 Isocr. Nicoclès, 24 : o!m <Jliyapxoùpsvot. Il est vrai
qu’Isocrate dit ailleurs (Areopag, 61) que les Lacédémoniens sont Sr,p.oxpaToù|Juvot,
mais il faut voir dans tout ce discours ce qu’il entend par iimoxçatiot : c’est le gouver¬
nement qu’ Athènes avait eu dans les temps anciens, c’est-à-dire l'aristocratie. — 3 Plut.
IIeçA povapyiu;, éd. Tauclinitz. t. V, p. 117. — 6 Time. V, 81. — 7 Thuc. III, 82.
- 8 Arislot. Polit. V, 7. 0, éd. Didot, p. 375. — 3 Tliucyd. V, 68. — 16 Aristot.
Polit. V. G. — U Aristot. Fraijm. éd. Didot, l. IV, p. 273 :Aaxs Sa tjAÔviot oTatTiàÇovTe^
{Aexeue'jAij/avio xa-rà yçî[ff(Aov xou Oeou l* Aeo-êou xov notmvbv Tep7rav£pov * r.ojAwaa xà; «Jiuyà;
t*)v (TTà<nv eitauo-e ; cf. Zcnob. Proverb. V, 9. — 12 Aristot. II, G, 14. — 13 Aristot.
Polit. \ , 6, 2, cd. Didot, p. 573 I bxav àv&çtîxîyjî xiç wv jjiÿ) jisxeyrj xwv TtjAÙiv olov
Iv tvi/.Suv ; Xen. Hell. III, 3, d : ouxoç y jv xo ci&oç veavi ovoç va\ xyjv tLuyvjv sùpGKTXo;, ou
jaévxoi xùîv o|Aoîutv. — 14 Xen. Ibid. III, 3, G. — 15 Xen. Ibid. — Bibliographie. Cragius,
De republica Lacedamoniorum, 1593; 2e édit. 1670 ; Meursius, Miscellanea laco*
démocratie a Athènes, l’oligarchie à Lacédémone s-
La politique extérieure de cette ville fut toujours celle
qui convenait à de telles institutions. Sparte fut toujours
également ennemie des tyrans et de la démocratie. Elle
combattit la tyrannie de Polycrate à Samos, celle des
Pisistratides a Athènes. Partout aussi elle lit la guerre à
la démocratie ; Thucydide remarque que chaque fois
qu’elle était victorieuse « elle renversait le gouvernement
populaire et mettait au pouvoir une oligarchie qui lui
était attachée 0 ». Elle était l’amie d’Athènes quand Cirnon
gouvernait, son ennemie quand Périclès y dirigeait les
affaires. Pendant la guerre du Péloponnèse, on vit dans
chaque ville grecque « les hommes du parti populaire
s’unir aux Athéniens et les hommes de l’oligarchie
s’attacher aux Lacédémoniens 7 ». « Partout, dit Aristote,
les Athéniens renversaient le gouvernement oligarchique,
les Lacédémoniens le gouvernement populaire 8. »
Un peut bien penser toutefois qu’à Sparte, comme par¬
tout ailleurs, les classes opprimées firent des efforts pour
secouer le joug. Malgré le secret dont cette ville s'enve¬
loppait volontiers °, plusieurs révoltes ont été connues
au dehors et ont laissé quelque souvenir dans l’histoire.
Nous ne parlons pas de celles des Idiotes messéniens,
mais de celles des hommes de sang Spartiate. Dès le
vne siècle, Aristote signale une lutte, à Lacédémone,
entre les riches et les pauvres i0. Le poète Terpandre,
suivant une tradition, aurait eu l’art ou le bonheur
d’apaiser une sédition dans Sparte11. Plusieurs rois
essayèrent de relever la royauté; pour y parvenir, ils
s'appuyèrent sur le peuple et, suivant l'èxpression d’Aris¬
tote, se firent démagogues12. Le récit du complot deCina-
don est particulièrement instructif ; on y voit un homme,
qui est Spartiate, qui est « homme de valeur et bien en
vue », mais qui ne peut pas parvenir aux honneurs de la
cité 13 ; il jure la perte d’un gouvernement où des hommes
comme lui ne peuvent trouver place; il réunit des con¬
jurés; il a pour lui, non seulement les Idiotes et les
Laconiens, mais les néodamodes et les tnro|/.etoveç 14 ; car
« chaque fois que parmi ces gens-là on parle des Spar¬
tiates, il n'y en a pas un seul qui dissimule qu'il lui serait
agréable de les manger tout crus 15 ». On devine ce qu’il ’
y a eu de haine dans les classes inférieures, ce qu’il y a
eu d’habileté, d’énergie, et aussi d’impitoyable cruauté
dans la classe supérieure. Sans louer ni dénigrer ce sys¬
tème d’institution, on juge ce qu’il a fallu de sagesse
virile à celte oligarchie peu nombreuse pour maintenir
son gouvernement pendant six siècles, pour prévenir ou
réprimer les révolutions, pour fonder enfin la grandeur
de Sparte et lui donner durant un temps assez long l’em¬
pire de la Grèce. Fustel de Coulanges.
nica, 1661; Manso, S parla, 1800-1803; C. 0. Muller, Dut Dorier, 2" édit. 1841;
Lachraann, Die Spartanische Staatsverfassung, 1836; Arnold, On thehistory and
nature of the Sparlan constitution, 1831 ; Ricgcr, De Homoeorum et Hypomcio-
num origine , 1853; G. F. Sclioemann, Griechische alterthümer, 1855; 4» édit.
1897 (Lipsius), Opuscula qcademica, t. I, De ecclesiis Lacedaemoniorum, de Spar-
Lanis homoeis , 1856; K. Fr. Hermann. Antiquitatum laconicarum libri quatuor.
Lehrbuch der griech. Antiquitàten, 6» édit. 1889 (Thumser); Auerbach, De Lace¬
daemoniorum regibus , 1863 ; Kopsladt, De constitutionis Lycurgeae origine
atque indole, 1849 ; Schaefer, De ephoris, 1863 ; Grote, Uistory of Greece,
P édit. 1869 (trad. fr. 1864-1867) ; F. Curtius, Griech. Geschichte, 3“ édit. 1866 :
Fustel do Coulanges, La cité antique, 1864; Nouvelles recherches sur tous les
problèmes d'histoire, 1891, p. 52 et suiv. ; Gilbert, Sludien zur Spartan.
Geschichte, 1872; Id. Gandbuch der griech. Staatsalterthiimer, I. 1 (2° édit.
1893); Trieber, Forschungen zur Spartan. Verfassungsgeschichte, 1872; G. Llum,
Entslehung und Entwicklung des Ephorats, 1878; Claudio Jannet, Les
Institutions sociales et le droit civil de Sparte, 1893; Paul Guiraud, La
propriété foncière en Grèce. 1893. •
LAC
— 901
LAC
LACERNA. — Il existait, chez les Grecs et les Romains,
une série de yêtements de dessus, souvent militaires et
civils à la fois, qui, tout en portant des noms différents,
avaient entre eux une grande analogie : abolla, armi-
LAUSA, BIRRUS, C1ILAMYS, EPUAPTIS, EPHESTRIS, LACERNA,
manduas, paludamentum, SAC DM. Même chez les auteurs
anciens, ils sont souvent confondus. Artémidore 1 assimile
la chlamyde à la manduas , à Y ephestris et au birrus,
tandis que le scoliaste de Perse2 fait du mot birrus le
synonyme de lacerna ; mais saint Augustin 3 et Sulpice
Sévère '" établissent une distinction entre le birrus et la
lacerna. Pour Suidas5, ephestris , manduas et birrus
sont le même vêtement. Velleius Paterculus6 et Plu¬
tarque7 racontant le même fait, l’historien grec se sert
du mot /1x[x6o£ç, là où rhistorien latin a employé le mot
lacerna. Le trait commun à tous ces vêtements était d’être
un manteau retenu sur l’épaule ou sur la poitrine par
une fibule ou par une agrafe. Malgré les confusions que
nous venons de noter, les texLes des auteurs permettent
d’établir entre ces vêtements des différences; mais rare¬
ment ces différences sont assez marquées pour que nous
puissions les reconnaître avec certitude sur les monu¬
ments figurés.
Chez les Romains, la lacerna fut d’abord un manteau
militaire que le soldat portait par-dessus son armure 8 ; à
l’origine, il était même exclusivement militaire9. C’est très
probablement une lacerna , ornée de ses franges10, que
Fig. 43)8. Soldats vêtus de la lacerna. Fig. 4319.
porte le soldat romain représenté ici (fi g. 4318), d’après
un bas-relief de la colonne Trajane11. Le même monu¬
ment nous offre des soldats dont la lacerna , autrement
disposée, laisse voir son point d’attache sur le haut du
bras, sur l’épaule ou devant le cou (lig. 4319) 12. Ce man¬
teau, avec des dissemblances, se rapproche beaucoup de
la chlamyde antique, et les Romains l’ont peut-être em¬
prunté aux Grecs, qui le tenaient eux-mêmes de peuples
barbares [chlamys]. La lacerna , ou un vêtement analogue,
se retrouve sur les épaules de nombreux guerriers bar¬
bares tigurés dans les bas-reliefs antiques : chez les Gau¬
lois du sarcophage de la vigne Amendola13, chez les
LACIÎRXA. i ’OvEiçoxçutxov, II, 3.-2 Ad. Satyr. I, OS. — 3 Serm. CLXI, 10.
— 4 Dialog. I, 21, 4. — « S. v. 'E ç£<ttÇ;;. — 0 R, 70. _ 7 Br ut us, XL1II. - 8 pr0-
perl;. III, 12, 7 ; IV, 3, 18; Vell. Pat. II, 70, 2 ; Ovid. Fast. II, 746; Gallus, Eleg.
50. — 9 Scliol. ad Pers. Satyr. I, 08 ; Isidor. Orig. XIX, 24, 14. — 10 Schol. ad Pors
Isidor. II. cc. ; Amm. Marc. XIV, 0, 9. — 11 Frohner, Col. Traj. pl. xxxiv et cum
— 12 Frohner, pl. vi, xxx, xxxii et suiv. — 13 Voir bakbari, p. 075, fig. 795.
— U Voir p. 670, fig. 797. — 13 Voir équités, p. 787, (ig. 2742. — 10 Voir bar-
baiu, p. 676, fig. 798. — 17 Voir abolla, fig. 18. — 1» Frohner, pl. cxv et suiv.
— 19 Philipp. II, 30. — 20 Suct. Uct. XL ; Dio. LVI1, 13. — 21 Juv. jx 09 • Mari'
V.
Parthes de l’arc de triomphe de Septime Sévère14, chez
les cavaliers maures13 et chez les Daces16 de la colonne
Trajane l7. Les figures qui précèdent permettent de com¬
prendre, au premier coup
d’œil, combien était prati¬
que ce manteau militaire
se prêtant, pendant l’ac¬
tion, à tous les mouve¬
ments et à toutes les atti¬
tudes du combattant dont
le bras et les épaules
restaient complètement
dégagés. Au repos, la la¬
cerna , au lieu d’être reje¬
tée tout entière sur le dos
ou sur l’épaule, retombait
en avant sur la poitrine,
qu’elle défendait du froid
ainsi que le dos et les épau¬
les; comme la lacerna ci¬
vile, elle pou va i t être m unie
d’un capuchon [cucullus!
qui préservait le soldat de
la pluie18 (fig. 4320).
Du costume militaire, la lacerna passa dans le costume
civil des Romains à une époque qu’il est difficile de pré¬
ciser. L’usage n’en était pas encore admis au temps de
Cicéron13. Pendant les guerres civiles qui troublèrent la
fin de la République, les lois qui défendaient de porter
dans l’intérieur de la ville le costume militaire cessèrent,
à maintes reprises, d’être observées. 11 en résulta certai¬
nement pour les particuliers une plus grande facilité
d’adopter certaines parties du costume militaire et d’en
établir peu à peu l’habitude. Et, en fait, c’est vers cette
période et au commencement de l’Empire que nous voyons
l’usage de la lacerna se généraliser et être soumis à des
essais de réglementation 20.
Pour les civils, comme pour les militaires, la lacerna
fut un pardessus21. Manteau d’hiver, elle était de couleur
sombre22, en laine épaisse23, destinée à garantir du froid
et de la pluie24, et, à cet effet, munie d’un capuchon
adhérent ou mobile [cucullus]25. Pas plus que nos par¬
dessus modernes, on ne gardait la lacerna dans les cir¬
constances qui exigeaient une tenue de cérémonie20.
Retenue par une fibule, elle couvrait les épaules, la
poitrine et le dos, enveloppant le corps qu’elle tenait’
serré27. Dans un mémoire qui contient des développe¬
ments intéressants sur la lacerna , M. E. Schulze a cru
reconnaître ce manteau sur un buste du temps de la
République28; cette attribution plausible ne parait pas
cependant absolument démontrée.
La lacerna était portée dans toutes les classes de la
société; c’était un vêtement exclusivement à l’usage des
hommes29. Son seul aspect, sa couleur, l’état d’usure ou
de malpropreté où elle se trouvait, étaient autant d’in-
II, 29, 3 ; VIII, 28, 21 ; XIV, 137 ; cf. Rio Cass. U. — 22 Suct. Oct. XL ; Juv. IX,
29 ; Mari. 1, 97, 4 ; IV, 2. — 23 JUv. IX, 28 ; Mart. VIII, 58 ; XIV, 133 ; VII, 86, 8.
— 24 Mart. XII, 26, 41. Pline ( ffist . nat. XV 111 , 60) dit que si, au 11 no¬
vembre, le coucher nuageux des Pléiades annonce un hiver pluvieux, aussitôt, le
prix des laccrnae uft augmenté par les marchands d'habits. Schol. ad Juv.
Satyr. IX, 28- — Horat. Strm. Il, 7, 55 ; Mart. XIV, 132 ; Stat. Silv.
IV, 9, 24. — 26 Suet. Hct. Xl ; Rio. LXXII, 21 ; Suet. Claud. VI. — 27 Arte-
mid. II, 3. — 28 Arcliaeol. Zeitung, nouv. sér., t. VIII, 1876, p. 15, pl. m.
— 29 Juv. I, 62 et Schol.
114
Fig. 4320.
LAC
— 902 —
LAC
dices auxquels il était facile de reconnaître, au premier
coup d’œil, la condition ou la situation plus ou moins
prospère de celui qui en était revêtu. Martial abonde en
allusions de ce genre1.
Mais, avec le progrès du luxe, on ne tarda pas à faire
des lacer nae légères et flottan¬
tes 2 qui, sans protéger contre
le froid, ne visaient qu’à l'effet3.
Le manteau frangé, attaché au
moyen d’une fibule, que l’on
voit(fig. 4321) sur un verre à fond
d’or de l’époque chrétienne 1 ,
portée par un chef d’atelier, est
vraisemblablement une lacerna.
On choisissait des étoffes d’une
grande richesse et de couleurs
voyantes; on fabriquait, en
effet, des lacernae blanches s,
pourpres6 ou écarlates1, vio-
Fig. 4321. lettes8, d’un vert pâle9, de
nuances variées comme les
fleurs d’une prairie 10, tissues d’or et de soie n, ornées de
sujets brodés en or 12. 11 n’est pas surprenant que ces
vêtements, d’un luxe parfois insolent 13, aient souvent
atteint des prix très élevés u. Aussi la lacerna resta
longtemps un vêtement discrédité sous lequel, de temps
à autre, on reprochait aux .sénateurs de cacher leur
togels. Henry Thédenat.
LACIIVIA [toga].
LACUIVA. — Pièce d’eau plus petite que le lacus1.
Pièce d’eau factice destinée à l'élevage des oiseaux de
basse-cour, spécialement des oies2. Fossé de dessè¬
chement3. — Cuve de foulon4. On appelait lacunarius 5,
en grec Xaxxo7totôç 6, l’ouvrier qui creusait des lacunae.
Henry Thêdénat.
LACUNAR, LACUIVA RIUM , LAQUEAR 1 («FaTvoigaxa).
p — Ces mots dérivés de lacuna, lacus, cpxTVTp dési¬
gnent un plafond soutenu par des poutres apparentes
dont l’entre-croisement forme des cavités (lacas, lacuna)
rectangulaires ou losangées, suivant que les poutres se
coupaient, ou non, à angle droit. Chez les Grecs comme
chez les Romains, le lacunar ne fut donc pas, al origine,
une ornementation voulue et inspirée par l’art, mais le
simple résultat de la contignatio ou croisement des pou¬
tres dans la construction en bois2.
Les plafonds ne tardèrent pas à être peints et ornés
comme les murailles des chambres et des édifices. Puis,
là où les poutres manquaient', elles furent remplacées
par de fausses poutres, ou par des reliefs en bois, en
plâtre, en stuc, circonscrivant des lacus non seulement
rectangulaires ou losangés, mais aussi ronds, ovales, poly¬
gonaux, se prêtant, par leurs formes diverses, à des
Fig. 4322. — Voûtes du temple de Vénus et de Rome.
groupements et à des combinaisons d’où résultait une
ornementation riche et variée. On peut voir, sur une
partie de la voûte des anciens thermes, à Pompéi, un très
beau spécimen de ce genre de décoration [fornix, p. 1264,
fig. 3233]. Parfois aussi les lacunaria étaient simplement
figurés par la peinture3 sur un plafond plat, probablement
avec un très puissant relief, en trompe-l’œil, procédé
l Mari. 1, 93, 7 ; 97, 4; 111, 38, 9 ; IV, 61, 4; VI, 89, 9 ; Vil, 92, 7,
VIII, 28, 21 ; 98 ; IX, 58, 1, 13 ; X, 98, 5; XIV, 137. — 2 Sulp. Scv. Dialog. 1,
21, 4 ; Mart. VI, 59, 5 ; Juv. I, 27 ; Amm. Marc. XIV, 6.-3 Amm. Marc. I. c. ;
S. Aug. Serm. CLX1, 10. — 4 Perret, Peint, des catacombes, IV, 22 ; Garrucci,
Vetri orn. di flq. in oro, pl. xxxiu, 3. — 5 Mart. IV, 2; XIV, 137, 139. 11 ld. Il,
29, 3; 43, 7 ; V, 8, 5, 11 ; IX, 23, 13; X, 87, 10 ; XIII, 87; XIV, 133; Juv. I, 27.
— 7 Mart. Il, 43, 7 ; XIV, 131 ; Lamprid, Sev. Alex. XLII. — 8 Mart. II, 57.
— 9 ld. XIV, 139. — 10 Id. II, 46. — il Juv. X, 212; Capitolin. Pertinax, VIII.
— 12 Galius, Elcg. 49. — 13 Mart. II, 57; V. 8, 11 ; Sencc. Epist. CXIV, 20.
— 14 Mart. IV, ci, 4; V, 23, 6 ; VIII, 10. — 13 Gell. XIII, 21 ; Spart. Hadrian.
XXII. - Bibliographie. Saumaise ad Tcrtullian. De pallio, Paris, 1622, p. 22 et s.
26 ; ad Script, hist. aug. Paris, 1610, p. 7, 121, 206 ; Ferrari, De re vestiaria, pars II,
lib. I, Patav. 1685 ; etdans le Thésaurus de Grævius, t. VI, p. 785 ss., 1732 ; A. Becker,
Galius oder roem. Scenen, t.lll,p.48 ss., 3' éd., 1883 ; V.TeufTel.dans Real Encyclo¬
pédie, s. v. Lacerna, 1846 ; H. Weiss, Kostümkunde, t. III, p. 962 ss., 1 860; E. Schulze,
dans Archaeol. Zeitunq, série t. VIII, 1S76, p. 15 et s. ; Marquardt, Das Privatleben
der Rimer, t. Il, p. 550, 1882, trad. V. Henry, t. II, p. 209, 1893; Müller, dans
A. Baumeister, Denkm. der klass. Alterthums, s. v. Toga, p. 1837 et s., 1888.
très usité encore aujourd’hui dans la Rome moderne et
que connaissaient très bien les anciens4.
En même temps, on transportait les lacunaria dans
l’architecture des grands monuments. Dans les plafonds
plats, en pierre ou en marbre, que nous appelons aujour¬
d’hui sofittes5, et dans les voûtes, des cavités creusées en
séries droites imitaient visiblement, par leurs sépara-
LACUNA. 1 Varro, Lilly, lat. V, 5. — 2 pallad. Res. rusl. I, 30, 1. — 3 Servius,
ad Georg. III, 365. — 4 Lex colley, aguae (Sacc. I, p. Chr.), dans Bruns, Fontes
■juris Rom. anlig. 4' édit. p. 251, 14 ; cf. 0. Bliimner, Teclinolog. und Termino¬
logie, I, 161. — 5 Jul. Firmic. Matcrnus, Mathes. VIII, 21. — « Gloss. Philoxen.-,
cf. Eslienne, Thesaur. ling. gr. s. v. Xaxxoïtoiô;.
LACUNAR, LACUNAltlUM, LAQUEAR. t K. Botticlier ( Die Tcktonik
der Hellenen, t. I, 1852, p. 82, n. 2| n’admet pas la synonyinio complète
des mots lacunar et laquear. Suivant lui, le lacunar serait le schéma du
caisson, et le laquear tout l’ensemble des séparations entre-croisées, entre
lesquelles sont les lacunaria, de telle sorte que l’un ne saurait exister sans
l’autre. D’ailleurs, Botticlier lui-même reconnaît que le sens a dévié et qu ou
en est arrivé à donner au tout le nom de la partie. — 2 Transenna dans
Salluslc, Fragm. II, a le même sens que lacunar : le contexte indique assez que,
dans ce passage, ce mot désigne l’entre-croiscment des poutres entre lesquelles
étaient ménagés les lacus. Valère Maxime (IX, 1, 5), racontant le même fait que
Salluste, emploie l’expression demissas lacunaribus, là où Salluste avait écrit
transenna . demissum . — 3 Isidor. Orig. XIX, 12, 1. — 4 Cf. Plin. Hist. nat.
XXXV, 7, 4 ; 36, 5-6. — 3 Vitruv. IV, 3.
LAC
— 903 —
LAC
tions se coupant comme des poutres, les lacunaria en
bois. C’est ainsi que la coupole du Panthéon, a Rome, est
tout entière ornée de lacunaria rectangulaires; dans la
même ville, près du Forum, l’abside et la nef du temple
de Vénus et de Rome nous offrent un double exemple de
lacunaria , les uns en losange, les autres en carrés
(fig 4322, d’après une photographie). C’est, non aux la¬
cunaria primitifs, mais aux lacunaria artificiels dont
nous venons de parler, que s’applique, dans fous ses
termes, la définition que nous en a laissée Isidore1.
Il est naturel qu’on ait vite attribué aux lacunaria une
large part dans la décoration des édifices et des appar¬
tements. Au témoignage de Pline 2, Pausias de Sicyone,
peintre renommé de petits tableaux de genre, surtout de
scènes enfantines, qui vivait au iv° siècle av. J.-C., fut le
premier qui peignit les lacunaria. Les principaux
auteurs qui ont traité de la peinture dans l’antiquité
sont d’avis, et sans doute avec raison, que Pausias ne fut
pas réellement le premier peintre de plafonds, mais qu’il
innova dans cet art, substituant des tableaux de genre à
une peinture plus sévère et surtout ornementale3. Et en
effet, il serait bien surprenant que, en Grèce où la poly¬
chromie fut en honneur même dans Part archaïque, les
plafonds seuls n’aient pas été colorés. Nous savons d’ail¬
leurs que les Grecs ornaient les caissons de leurs plafonds
d’étoiles, de fleurons, d’images de divinités4, de masques,
d’étoiles d’or sur fond bleu, d’ornements en bronze rap¬
portés, comme à l’Erechtheion d’Athènes, de têtes, de
bustes et de figures entières comme dans les temples de
Balbek et de Palmyre3. Pausanias fait mention des lacu¬
naria du temple de Junon à Elis0 et dit que ceux de l’an¬
tique temple de Diane à Stymphale étaient ornés de
figures d’oiseaux qu’il a vues d’en bas, sans pouvoir dis¬
tinguer s’ils étaient en bois ou en plâtre 1 ; ce qui, comme
le fait remarquer avec raison Raoul Rochette8, donne à
penser que ces figures d’oiseaux étaienten relief et peintes.
A une époque plus tardive à Antioche, Antiochus Epiphane
fît construire un temple dont les lambris étaient en or9.
Ce luxe s’appliquait non seulement aux temples, mais aux
maisons particulières. Plutarque, dans une anecdote qui
se réfère «au v° siècle av. J.-C., parle d’une maison de
Corinthe dont la salle à manger était ornée d’un plafond
somptueux et lambrissé10; il suffit de lire dans Diodore
de Sicile11 la description de la chambre funéraire
d’Alexandre le Grand pour comprendre à quel point, dès
le temps de Pausias, la Grèce et l'Orient avaient poussé
l’art de décorer les plafonds. Les descriptions conservées
par Athénée du vaisseau de Iliéron II12, de la tente de
Ptolémée Philadelphe13 et du vaisseau de Ptolémée Phi-
lopator 14 démontrent que cette tradition ne fut pas inter¬
rompue10.
A Rome, c’est seulement, si l’on en croit Pline16, au
ti° siècle av. J.-C., après la prise de Carthage, que, pour la
première fois, furent dorésles soflttes du Capitole. Depuis,
ajoute cet auteur, l’usage s’est étendu aux maisons parti-
l L. I. : « Laqueavia sunt quae cameram sublcgunl el. ornant, quac et lacunaria
dicuntur, quocl lacus quosdam quadratos vel rotundos ligno, vel gypso, vel eolorilms
habeant pictos cum signis intermicanlibus. — 2 Hist. nul. XXXV, 40, 1-2. —3 Rauul
Rochette, Peintures antiques inédites, p. 13G-137 ; Letronne, Lettres d'un anti¬
quaire à un artiste, p. 320 sq. ; Helbig, Untersuchungen über die campanische
Wandmalerei, p. 132 sq. — 4 Cf. K. Botlicher, Die Tektonik , [, p. 80, sq,
— B Cf. Raoul Rochette, O. I. p. 132. — 0 V, 20, 2.-7 vil I 22 5
— 8 O. I. p. 134. — 9 Liv. XLI, 20 : laqueatum auro. — 10 Lycurg XIII
— n xvill, 26. - 12 v, 41 (207, E). - 13 V, 25 (190, C). - H y, 3g
culières, et on en est arrivé à dorer les plafonds et les
voûtes comme des vases. Ajoutons toutefois que, avant
la prise de Carthage, Ennius, dans un texte conservé par
Cicéron17, avait déjà parlé de tecta caelata, laqueata.
Nous trouvons dans les auteurs de nombreuses allu¬
sions à ces lambris dorés dont parle Pline18. Non seule¬
ment on les dorait, mais on les ornait de fleurons, de
ligures et d’autres ornements soit peints l9, soit sculptés20.
Les perspectives d’architecture qui décorent les murailles
de beaucoup de maisons de Pompéi offrent plus d’un
Fig. 4323. — Plafonds lambrissés.
exemple de plafonds lambrissés (fig. 4323) 21 . Une
miniature du AGrgile du Vatican 22 représente le bûcher
de Didon dressé sous un plafond semblable.
Les lacunaria étaient souvent de fines œuvres d’ébénis-
lerie ou de marqueterie, avec incrustation de tablettes
d’ivoire23, de bois précieux, spécialement de citronnier24,
de plaques d’or20 ou d'autre riche métal, d’où l’expression
bracteatum lacunar 2G.
Mais le luxe était poussé plus loin encore; on fit des
lacunaria machinés et mobiles. Ceux de la maison dorée
de Néron étaient garnis de plaques d’ivoire qui s’ou¬
vraient pour verser sur les convives des fleurs et des par¬
fums21 ; chez Metellus Pius, une couronne d’or descendait
du lacunar sur sa tête28, ou une Victoire, avec un bruit
imitant la foudre, venait elle-même le couronner29; au
repas de Trimalchion, un cercle d’or descend, chargé des
présents destinés aux convives [apopuoreta] 30. Sénèque31
parle d'une maison où le lacunar changeait à vue à l’aide
d’un mécanisme ; de telle sorte qu’à chaque nouveau
service correspondait une nouvelle ornementation du
plafond. Dans les monuments publics, les lacunaria furent
aussi de plus en plus ornés; l’habileté toujours plus
grande des architectes et des ouvriers de plus en plus
maîtres de leur métier, unie à la décadence du goût,
amena, dans ce détail aussi bien que dans l’ensemble de
l’architecture, la richesse et la prodigalité des ornements.
(205, E). — 15 Cf. Raoul Rochelle, O. t. p. 139 sq. — 10 Hist. nat. XXXIII, 18.
— H Tusculaii. I, 35. — 18 Virgil. Aen. I, 72G ; Horal. Od. II. 18, 1 ; Sonec. Epist.
XC, 9 ; Plin. XXXIII, 18 ; Apul. Florid. IV, 22 ; Claudian. Dell. get. 223. — 19 Plin
XXXV, 40, 1-2; Isidor. Orig. XIX, 12, 1. — 20Cicer. Tusculan. I, 35 ; Senec. Epist.
XC, 42. — 21 Mazois, Daines de Pompéi , II, pl. xxvi. — 22 Fig. V, fol. 0. — 23 Horat.
Od. II, 18, 1 ; Senec. Quaest. nat. I, prolog. 7 ; Apul. Met. V. — 24 Horat. Od.
IV, 1, 20 ; Apul. L. I. — 25 Liv. XLI, 20 ; Sidon. Apoll. Epist. II, 10,8. — 2G Sidon.
Apoll. I. L. ; Senec. Epist. CXV, 9-10. — 27 Sueton. iVero, XXXI. — 28 Val.
Max. IX, 1, 5. — 29 Sallust. Fragm. II. — 30 Petron. LX. — » 31 Epist. XC, 15.
LAC
— 904 —
LAC
Les restes des monuments antiques en gardent de nom¬
breux exemples L L’ouvrier qui faisait des lacunarin
s’appelait laquearius 2.
IL — Le mot lacunar désignait aussi un cadran solaire
[uohologium], de forme rectangulaire, appelé en grec tAiv-
6tov, inventé par Scopinas de Syracuse. On en avait placé
un à Home dans le circus Ffnminius 3. Henry Tiiébenat.
LACÜIVARIUS [lacunar],
LACUS(Aaxxcç). — Chez les Grecs, le mot Kxxoç désigne
un creux, une cavité et, par extension : une citerne1
[cisterna], les fontaines ou bassins, dans les villes2, un
vaste réservoir souterrain, de forme ronde ou carrée, aux
parois enduites de chaux, où l’on conservait l’huile ou
le vin3, une pièce d’eau aménagée pour l’élevage des
oiseaux aquatiques4. Arrien, dans son périple d’Erythrée,
mentionne, parmi des étoffes et des pièces de vêtements
provenant de l’Ethiopie, un produit qu’il appelle Xàxxc;
/owgdaivGç11, et dont il est difficile de déterminer la nature.
Les acceptions du mot lacus sont nombreuses : lac
naturel dont l’État tirait un revenu en mettant la pêche
en adjudication0; grands réservoirs des stations d’eau
(, hydreurmà ) établies en Égypte pour l’usage des cara¬
vanes1; réservoir découvert, par opposition à cisterna
qui était un réservoir couvert8; grand bassin9; pièce
d’eau artificielle dans une ferme ou une villa 10; abreuvoir 11
(on établissait ces abreuvoirs près de la porte des villes,
pour l’usage des bêtes de somme qui entraient ou sor¬
taient, et aussi pour avoir de l’eau à portée si, en cas de
siège, l’ennemi tentait d’incendier la porte 12) ; bassin
creusé au centre d’une cour pour recueillir l'eau des
toitures, lama compluvius 13, compluvium [atrium,
cavaedium] ; prison (des citernes desséchées ont été par¬
fois employées comme prison14); réservoir d’une fon¬
taine10; fontaine10 [fons].
Le mot lacus désigne plus spécialement les fontaines ali¬
mentées par des eaux vives et naturelles11. Rome en était
abondamment pourvue et Cicéron loue Romulus d’avoir,
à ce point de vue spécial, très bien choisi le site de sa
ville18. La source qui jaillit encore au fond du Tullianum
appartient à ces eaux où s’abreuvèrent les premiers
habitants de Home. Ces lama ou fontes ■ — on leur donnait
ces deux noms — étaient nombreux à Rome où les fouilles
et les travaux ont révélé l’existence de puits nombreux l!).
Les noms de quelques-uns ont été conservés; ce sont
ceux auxquels s’est attachée une légende ou une croyance
superstitieuse, ceux aussi que les historiens ont men¬
tionnés pour localiser quelque fait : tels sont le lacus
Curtius 20 , le lacus ou fons Juturnae 21 , le lacus Servi¬
lius 22, les fontes Apollinia , Camaenarum23 .
Les Romains n’eurent pas d’autre eau, avec celleduTibre
l Voir les beaux lacunaria , avec fleuron central de l'arc de Tilus (Philippi,
Ueber die rüm. Triumphabreliefe , cxlr. des Abhandl. d. Siichs. Gesellsch.
Wissensch. t. XVI, 1871, pl. n) ; voir aussi foknix, p. 1461, flg. 3232, 3233, et l'or¬
nementation des voûtes des tombeaux de la Voie Laline, Monumenti dell' Instit.
arch. t. VI, 1857, pl. xliii, xuv, xlix, l, u, lui. — 2 Cod. Theod. XIII, 4, 2;
Glossar. Phïloxen. s. v. ; Saumaise, Notac ad Flav. Vopisc. 392-393, édit, de
Paris, 1620. — 3 Vitruv. IX, 8 (9).
LACUS. l Allien. IV, 21 (p. 170 C) ; Pbotius, Lexilc. s. v. a&xxoç ; Glossac mss.
ad Gabr. ap. Estienne, Thésaurus, s. v. Aàxxo;. — 2Po!lux, IX, 5 ; cf. éd. d’Amster¬
dam, 1706, p. 1012, note 20. — 3 Xcnoph. Anabas. IV, 2, 22 : i.àxxoç xoviard; ; Sui¬
das, s. v. 7.&xxo{ ; Pbot. s. t’. Xàxxo;. — 4 Herodot. VII, 119. — K Arrian. Peripl.
Erythyr. p. 4 (p. 146, éd. Blancard et Stock); Saumaise (in Solin. 816 6, R, et
in Hist. Aug. éd. de 1620, 398 a F) conjecture : 7.ixxo; ;rpw|iàTivoç, laine teinte.
— 6 Festus, X, 90, s. v. lacus lucrinus , p. 121, éd. Millier ; Isid. Orig. XIII, 19,
7; Brisson, De verb. ad jus pertinent, siynificatione, s. v. Lacus. — 1 Corp.
inscr. lat. III, suppl. 0627 : lacci uedificati ; cf. le commentaire, p. 1210.-- 8 Varr.
Mes. rust. 1, 11. — 9 Varr. Ling. lat. V, 5. — 10 Varr. Mes. rust. I, 1 1, 2. — n Sueton.
et du ciel, jusqu’à l’an de Rome 441 (313 av. J.-C.)24. Alors
la construction du premier aqueduc, quiamenal’at/Mfl Ap-
pia , donna sans doute à Home les premières fontaines ar¬
tificielles2’. Mais elles ne portèrent pas dès cette époque
le nom de lacus , et Tite Live appelle labra [labrum] les
deux fontaines en marbre que P. Cornélius Scipion fil
placer au Capitole en l’an de Rome 564 (= 190 av. J.-C.)20.
En 570 (= 184 av. J.-C.), les censeurs firent paver les
lacus de Rome21. C’était une mesure utile; en effet, ces
sources naturelles, en contact avec la terre, devaient se
troubler dès qu’on les agitait un peu profondément; les
travaux mis en adjudication par les censeurs durent
fournir aux Romains une eau beaucoup plus pure.
C’est seulement au temps d’Auguste que s’établit l’usage
d’appeler lacus les réservoirs en pierre ou en marbre des
fontaines. L’eau des aqueducs était amenée par des con¬
duits dans un certain nombre de châteaux d’eau [castel-
lum , aouaeductus] ; de là, des tuyaux, qu’on appelait
salientes , la réparlissaient dans les lacus établis, pour les
besoins de la population, dans les différents quartiers de
Home28. On a donné au tout le nom de la partie eu
appelant les fontaines lacus ou, quand elles étaient jail¬
lissantes, salientes ; mais c’est la réunion de ces deux
éléments qui faisait la fontaine [fons ; ils sont d’ailletirs
inséparables, car un lacus , sans les salientes qui lui
apportent l’eau, ne serait plus une fontaine29, et il n’est
pas de fontaine jaillissante dont les eaux ne retombent
dans une de ces vasques ou bassins appelés lacus et
aussi cantharus, labrum. Sous Nerva, l'usage s’établit de
munir chaque lacus de deux salientes alimentés par des
eaux différentes, afin que. si des réparations ou un
accident interrompaient le service d'un aqueduc, les lacus
qui en dépendaient ne restassent pas à sec30.
Agrippa, au témoignage de Pline, établit à Rome
quatre cents lacus alimentés par cent trente châteaux
d’eau, le tout orné avec une grande magnificence de
marbres précieux, de quatre cents colonnes et de trois
cents statues de marbre et de bronze31. Il restaura et
embellit aussi les anciens lacus-, nous savons qu’il orna
le lacus Servilius d’une hydre32, bas-relief ou statue,
qui, sans doute, versait l’eau par plusieurs de ses nom¬
breuses têtes. Les lacus de Rome dont les noms nous sont
parvenus étaient pour la plupart dénommés d’après les
œuvres d’art qui les ornaient: lacus Promethei™ , Pas-
torisu, Orphei 30, Ganymedis 30, Are lis 37 , ou d’après
une particularité de leur construction, lacus tectus 38.
Les découvertes de Pompéi nous montrent d’ailleurs,
dans des proportions plus modestes il est vrai, avecquel
artingénieux les Romains savaient varier l’ornementation
de leurs fontaines [fons].
Galba, VII ; Apul. Met. IX, 27. — 12 Donalus, ad Terent. Adelph. IV, 2, 44; Corp.
inscr. lat. X, 5807 ; inscr. d’Allatri : Lacum ad portam. — 13 Varr. Mes. rust. I, 13,
3. — 14 Vidgat. Genes. XL, 50. Cefail, qui est mentionné dans la Vulgate, se trouve
confirmé pour Rome par la disposition du Tullianum qui est certainement une
ancienne citerne [carcerJ. — 16 Serv. ad Aen. VIII, 74. — 16 Corp. inscr. lat. IX,
1644. — 17 Servies, ad Aen. VIII, 74; Isidor.XIII, 19, 9; cf. ForceIlini-I)e Vitt,
s. v. Lacus. — 18 .De rep. Il, 6. — 19 Cf. Lanciani, / commentari di Frontino
intorno le acque, p. 4 et s. — 20 Forum, p. 1288, 5. — 21 Jbid. p. 1290, 9.
— 22 Ibid. p. 1304. — 23 Frontin. IV. - 21 ld. I. I. — 25 Aquaeductus. — 20 Tit.
Liv. XXXVII, 3, 7. — 27 Id. XXXIX, 44. — 28 Vitruv. VIII, 6 (7). — 29 Dicebar
sicco vilior esse lacu, Propcrt. 11,11,11. — 30 Frontin. LXXXVII. — 31 plin. Hist. nat.
XXXVI, 24, 17. Le texte donne 700 lacus ; mais il faut adopter la correction 400 pro¬
posée par 0. Gilbert, Topogr. der Stadt Mom, III, 280, n. 1, car, sans elle, après les
augmentations de Claude et de Galba, les lacus auraient été moins nombreux qu’au
temps d'Agrippa. — 32 Festus, 5. v. Servilius, p. 290, éd. Muller. — 33 Notifia et Me-
gionarium, Reg. I. — 34 Ibid. Reg. III. — 35 Ibùl. Reg. V. — 36 Ibid. Reg. VII. —37 Corp.
inscr. lat.V I, 9664. — 38 Urlicbs, Codex urbis Momae Topogr. p. 57, 39.
LAE
— 905 —
LAE
Claude, qui amena à Rome Vaqua Amena nova , la
répartit entre de nombreux lacus orna/ iss imi i. Le règne
de Nerva et l’administration de Frontin laissèrent a
Rome 591 lacus alimentés par 247 châteaux d’eau, ajou¬
tant ainsi, dit Frontin dans son rapport, à la propreté et
à la salubrité de Rome, à la fraîcheur et à la pureté de
l’air, au bien-être des habitants2. Le nombre des lacus
augmenta de plus en plus; il avait plus que doublé au
temps de la Notifia qui en compte 1204 et du Regiona-
rium qui en mentionne 1352 3. Mais il faut peut-être com¬
prendre dans ces chiffres, outre les lacus , les castella
absents de ces deux documents4.
Les habitants furent admis à user de l’eau des lacus
d’une manière de plus en plus large, à mesure qu’elle
devint plus abondante [aquaeductus, II]. Comme les autres
monuments de Rome affectés au service des eaux, les
lacus étaient entretenus par les deux familiae créées,
l’une par Agrippa, l’autre par Claude [aquarii].
Le mot lacus désignait encore : une piscine ou une
vasque pour les bains5 [labrum]; de grands vases ou
vasques 6 ; une fosse aux lions1 ; les compartiments d’un
lacunar8; le vase dans lequel le vin coulait au sortir du
pressoir9 [torcular] (un lo¬
cus creusé dnns\e sol et où le
j ns du raisin s’écoulait, grâce
à l’inclinaison du pavé, rem¬
plaçait souvent ce vase10;
parfois aussi le pressoir
était dressé entre deux de
ces lacus , d’où, par des
tuyaux, le vin s’en allait île
lui-même dans les cuves11) ;
la cuve où le vin fermen¬
tait12, et, par extension, la
cuvée 13 (Pline se plaint
qu’on frelaLait le vin dans
la cuve même u) ; la cuve où l’on écrasait le raisin, sans
doute avec les pieds15; le vase où coulaient, au sortir
du pressoir, l’huile 16 ou le jus de tout autre fruit pressé 17 ;
des divisions, compartiments réservés dans les greniers
[horreum] pour tenir séparées les différentes espèces
de légumes, de grains18 (on les appelait aussi lacuscu-
lus19) ; un saloir 20 ; un récipient dans lequel on plongeait
le fer rouge au sortir du feu21; un auget pour gâcher le
plâtre (fig. 4324) 22 ; un carré peint ou cousu sur un vête¬
ment, d’où laculata vestis 23, ou plutôt lacuata vestis 21
[secmentum]. II. Thédenat.
LACUSCITLUS. — Compartiment dans un grenier,
pour déposer des légumes ou des graines [lacus,
horreum]1. Fosse ménagée autour du pied de la vigne et
des arbres2. Henry Thédenat.
LAENA [pallium].
LAETI. — Ce nom a désigné au Bas-Empire une
l Suolon. Claud. XX. — 2 Frontin. 87 et s. — 3 Cf. Notilia , Rcgionarium ; sur
les fontaines de Rome, cf. O. Gilbert, O. I. p. 278 et s. — 4 Ulpien [Di/jcst. XLI1I,
21, 3, § 3) emploie le mot lacus pour castellum. — & Corp. inscr. lat. X, 5807 :
lacum balinearium. — 6 Voir labrum. — 7 Prudent. Cathemer. LXV ; Vulgat. Daniel,
VI, 7 ; XIV, 30. — 8 Scrv. Ad Aen. I, 750. — ‘3 Columel. XII, 18, 3 ; Isidor. Origin.
XX, 14, 22. — 10 Varr. R. rust. 1, 13. — H Pallad. 1, 18. — 12 Gicer. Brutus , LXXXlll ;
Üvid. Fast. IV, 888; Plin. Hist. nat. XIV, 2, 3; Cal. Res rust. XXV; Colum. Res
rust. XII, 18, 3, 29. — 13 Plin. Hist. nat. XVIII, 74, G. 14 Id. XXIII, 20. 1.
— 1S> Cat. Res rust. XXV. — 16 Colum. XII, 50, 5 ; Isid. Or. XX, 14, 22. — 17 Colum.
XV, G, 8. — 18 Id. I, G, 14; XII, 50, 30. — io Pallad. 1, 19. — 20 Plin. Hist. nat.
IX, 48, 3; Colum. XII, 53, 3. —21 Virg. Georg. IV, 173; Ovid. Metamorph. IX,
170. — 22 Frôhner, Col. Traj. pl. cxxvn ; cf. Vitruv. VII, 2, 2. — 23 Isid. Or. XIX,
22, 11. — 24 Cf. Salmas. ad Hist. Aug. 513 a, F, édit, de 1620.
catégorie d’auxiliaires barbares, établis, sans doute
volontairement, comme colons, sur quelques frontières
et en d’autres endroits, à la charge de fournir le service
militaire. Ils. ont été probablement constitués sur le mo¬
dèle des milites limilanei. Ils sont mentionnés pour la
première fois, à la fin du mc siècle ap. J.-C., dans le pané¬
gyrique de Constance Chlore : Maximien avait rétabli sur
le territoire des Nerviens et des Trévires des Lè tes Francs
qui en avaient été chassés par des invasions1. Iis sont
souvent mentionnés par Ammien Marcellin 2 et par le
Code Théodosien3; ils figurent sous le nom de Litiani
dans l’armée conduite par Aetius contre Attila4; la der¬
nière mention se trouve dans une loi de l’empereur
Sévère de 465 s. La Notifia dignitalum G énumère pour
l’Occident, au début du ve siècle, douze corps de Lètes
cantonnés dans la Gaule, soit seuls, soit réunis à des
corps de g enfiles, et chacun sous la direction d’un prae-
fectus, à savoir : le praefeclus Laetovum Teuton iciano-
rum Carnunta (à Chartres) ; le praefectus Laetorum
Batavorum et gentilium Suevorum , à Bayeux et à Cou-
tances; le praefeclus Laetorum gentilium Suevorum, au
Mans ; le praefeclus Laetorum Francorum , à Rennes; le
praefectus Laetorum Lingonensium per di versa disper-
sorum Belgicae primae, répartis en différents endroits
de la première Belgique; le praefectus Laetorum Acto-
rum (peut-être Aeduorum ) Epuso (peut-être Yvoi) dans
la première Belgique ; le praefectus Laetorum Nervio -
T'uni, Fanomantis (plutôt Fano Martis ) (peut-être Fa-
mars, près de Valenciennes) dans la deuxième Belgique ;
le praefeclus Laetorum Batavorum Nemelacensium,
à Arras; le praefectus Laetorum Batavorum Con-
traginnensium 7, à Noyon ; le praefectus Laetorum gen¬
tilium 8, à Reims et à Senlis; le praefectus Laetorum
Lagensium*, près de Tongres; le praefeclus Laetorum
gentilium Suevorum, à Clermont. On voit que quelques-
uns de ces corps sont cantonnés à l’intérieur de la Gaule,
à Clermont, à Chartres, au Mans, ou le long de la Manche,
à Rennes, à Bayeux, à Coutances, mais que la plupart
se trouvent sur les frontières de la Germanie. Quelques-
uns des noms qu’ils portent indiquent certainement leur
origine; tels sont les Francs. L’épithète Teu/oniciano-
rum indique aussi une origine germanique; les troi¬
sième, dixième et douzième groupes sont probablement
des Suèves qui fournissaient à la fois des Lètes et des
geniiles’, les épithètes locales que portent deux des corps
de Bataves, le huitième et le neuvième, paraissent indi¬
quer des cantonnements ; il en est de même des épithètes
Batavorum, Lingonensium, Aeduorum ?, Nerviorum ,
qui ne peuvent guère se rapporter à l’origine. Alors les
Lètes Nerviens auraient été établis sur le territoire même
des Nervii-, les Bataves, les Lingons, les Éduens très
loin de leurs centres légaux de cantonnement. Du reste,
il avait dû y avoir plus d’un déplacement. Les Lètes se
LACUSCULUS. 1 Pallad. I, 19. — 2 Columel. IV, 8, 2 ; d où le verbe ablaquare ,
(Plin. XVII, 47), corruption de ablacuare , de lacus ; cf. Saumaise, in Solin, p. 366,
éd. d’Ulrecbt, 1089.
LAETI. 1 Paneg. Vet. V, 21 (éd. Behrens). Tel est le sens incontestable de ce
passage : « Nerviorum et Treverorum arva jaccntia Laetus postliminio restitutus
et receptus in leges Francus excoluit ». C'est à tort que Behrens remplace laetus
par relut. — 2 16, 11, 2-4 ; 20, 8, 13; 21, 13, IG. — 3 7, 20, 10 (3G9) ; 7, 20, 12
(400) ; « Quisquis laetus (à la place de luctus) Alamanmis, Sarmata, vagus... » ; 13, H,
9 (399). — 4 Jordan, De reb. Getic, 306; les manuscrits donnent les formes litiani
liticiani, litigiani. — ^ Nov. 2, 1 (texte altéré). Des abrégés de cette loi portent :
« ut si ex marcianilano cl anderoneco — marcianitano lito andorinico ». — 6 XLI1,
33-44, p. 216-217 (éd. Seeck). — 7 Est-ce Cliauny? Condren? — 8 Seeck propose
de lire : « laetorum gentilium S ueborum ». — 9 Est-ce Luaige sur le Jaar ?
LÀE
— 90G —
LAE
trouvaient donc surtout dans la Gaule, et c’est pour cette
raison que Zozime les appelle à tort un peuple gaulois L
Le texte du panégyrique de Constance Chlore prouve que
les premiers établissements étaient antérieurs aux cam¬
pagnes de Maximien en Gaule. Y en avait-il seulement
dans ce pays ? D’après Ammien2, on établit en 370 des
Alamans dans le nord de l’Italie; or, nous savons qu’il
y avait des Lètes Alamans ; il se peut donc qu’il y ait eu
au moins pendant quelque temps des Lètes Alamans en
Italie. Tous les textes représentent les Lètes comme d’ori¬
gine barbare et surtout germanique3 ; ils citent des
Alamans % des Francs, des Suèves !i, et on peut sans
doute encore y comprendre des Sarmates : le texte du Code
Théodosien sur les Sarmates est obscur0, mais un vers de
Claudien ' indique des établissements de Sarmates en
Gaule sous Gratien.
Au point de vue juridique, les Lètes n’étaient certai¬
nement pas assimilés aux dediticii; la lettre de Julien à
Constance les en distingue assez nettement8. Ils n’avaient
non plus rien de commun avec les foederati [foedus];
au contraire, ils se rapprochent beaucoup des gentiles
au-dessus desquels ils paraissent cependant avoir été
classés. Les Lètes n’étaient ni des garnisons locales, ni
des corps de troupes spéciaux: mais plutôt des espèces
de pépinières où le gouvernement romain pouvait puiser
plus largement encore que parmi les colons. Chaque
groupe était organisé en corporation9 et administré par
un praefectus ou un praepositus 10, sous la direction
générale d un des maîtres de la milice, du magister mi-
litum praesentalis a parle peditum ; il fournissait des
recrues, selon les besoins, soit aux légions", soit aux
scholae de la garde12. Les Lètes cherchaient souvent à
échapper au service militaire par les mêmes fraudes que
les autres catégories de soldats, soit en désertant, en
devenant vagi , soit en obtenant illégalement des
diplômes de retraite, des brevets de protectores , ou
d’autres dignités soit municipales, soit impériales, soit
ecclésiastiques13. Il est probable qu’ils pouvaient arriver
aux grades de praepositi et de tribuni dans tous les
corps de troupes u et même à des grades supérieurs,
comme le montre l’exemple de Magnence15. Godefroy a
prouvé16 que l’obligation imposée à beaucoup de fonc¬
tionnaires de fournir des garants ne s’appliquait pas aux
praepositi des Lètes. Les Lètes étaient assujettis hérédi¬
tairement au service militaire. En échange de cette obli¬
gation, chaque groupe de Lètes avait la jouissance héré¬
ditaire et irrévocable, sauf le cas de fraude, ou
d inexécution des charges, d’une certaine étendue de
terres, soumises probablement au même régime que les
terrae limitaneae et les fundi limitrophi [limes, limi-
tanei] , et appelées terrae laeticae. Une constitution
12, 54. — 2 28, 5; cf. Godefroy, Ad C. Th. 13, 1 1, 9. —3 Ammian. 10, U, 0.
— 4 C. Th. 7, 20, 12 ; Aoson. Gratiar. act. c. 4; Claudian. In Eutrop. I, 394-395.
-r->Notit. Oignit. I. c. ; Auson. VI; Paneg. Vet. I. c. — c 7, 20, 12. — 7 In
Mosell. 9.— » Ammian. 28, 8, 13. — 9 Sever. Nov. 2, I, l.c. — 10 Notit. Oignit,
t.c. -.C. Th. 7, 20, 10.— il C. Th. 7,_ 20, 12; Ammian. 21, 13, 16. — 12 Ammian. 20,
8, 13. — 13 c. Th. 7, 20, 12. — H On pcul le conclure de C. Th. 7, 20, 12-13.
— 10 Zosim. I. c. ; Julian. Paneg. Constant. I, p. 219; Aurel. Vicl. Epit. 41, 42.
— 10 Ad. C. Th. 13, 11,9. 17 C. Th. 13, H, 9. Claudien [in Eutrop. I, 377)
signale à celle dale des établissements de Germains, de Chauques, de Suèves, de
Francs. - 18 D'après Paneg. vet. I. c. el Ammian. 20, 4, 1 ( Dus rômische Mili-
taerwesen seit Diocletian, Hermes , 1889, p. 251-252). — 19 Ammian. 25, 4, 15.
— 20 JVotitia Galliarum, s. v. laeti. — 21 Ad Ammian. 10, il, 4. — 22 Histoire des
Empereurs, IV, 1, 88. — 23 Histoire critique de la monarchie française, 1, 10.
— 24 Oie germanischen Ansiedlungen, V, p. 109 etsuiv. — 25 Guérard, Polyplique
d'irminon, I. p. 280 ; Wâchter, Gloss. Germ. p. 972; Rambach, De Laetis, p. 17 ;
d’Honorius, de 399, constate que des barbares, introduits
en masse dans l’empire, avaient occupé plus de terres
létiques qu’ils ne devaient, grâce à la collusion des ma¬
gistrats municipaux, principales et défenseurs; et elle
envoie des inspecteurs chargés de reviser les concessions
en décidant qu’elles ne seraient accordées à l’avenir que
par décision impériale 17. Mommsen a conjecturé 18
qu’une partie de l’impôt des terres létiques revenait à la
cité, centre légal du cantonnement, et que c’est en res¬
taurant les établissements létiques de la Gaule que Julien
avait pu rendre leurs revenus à plusieurs cités de la
Gaule19 : cette hypothèse est insuffisamment fondée.
On a proposé, sans arriver à une conclusion satisfai¬
sante, de nombreuses étymologies du mot laetas. 11 faut
rejeter d’abord l’opinion des auteurs tels qu’Adrien
Valois20, Henri Valois21, Tillemont22, qui voient dans ce
mot le nom propre d’un peuple gaulois ou germanique.
C’est évidemment un terme générique. On a voulu y voir
l’adjectif lactus, joyeux, c’est-à-dire un surnom de troupes,
comme la légion des pétulantes ** ; celte étymologie est
aussi invraisemblable que celle de Gaupp qui a rapproché
ce mot de l’adjectif grec X^ïto? (public, populaire)24. Beau¬
coup d’auteurs le regardent comme la traduction latine
d’un mot germanique, tel que liul, liait, leod , led, lente,
qui signifierait les gens, les auxiliaires25. D’autres le
font venir du celtique laydh, leyt, signifiant une classe
de clients26. L’opinion la plus vraisemblable est celle qui
rapproche les laeti gallo-romains des /ides qui consti¬
tuaient, au-dessous des nobles et des hommes libres, la
classe inférieure de la population dans toutes les races
germaniques sous les différents noms de liti, lidi , /edi.
leti, laeti, lassi , lazzi 21. Ch. Lécrivain.
LAETITIA. — Cette divinité fait une apparition tardive
dans le panthéon romain, car c’est seulement au n° siècle
après notre ère que les monnaies romaines en donnent
des représentations. Comme pour beaucoup d’autres
divinités secondaires, à la même époque, le type de la
Laetitia est variable et semble avoir
dépendu de la fantaisie des artistes ’.
Sur une monnaie en or d’Antonin le
Lieux, à la légende Laetitia cos INI,
on voit Cérès debout, tenant deux épis,
et à côté d’elle Proserpine tenant une
grenade. Un autre aureus du même em¬
pereur montre une femme debout
tenant deux épis et serrant contre elle un enfant. Sur les
monnaies des empereurs et impératrices qui se succèdent
jusqu’au commencement du iv° siècle, la Laetitia est
représentée seule, tenant une couronne et un sceptre
(Faustine jeune, fig. 4325), ou une branche de laurier
et une palme (Commode), ou deux épis el un gouvernail
Giraud, Essai, I, p. 185. — 26 Loo, Gloss. Malberg.', S y bol, Oie deuts. Unterth. p. 40;
Moue, Urgeschichte, II, p. 208. — 27 Voir à ce sujet Bücking, Notit. Dign. Occid.
p. 1040-1053.- BiBi.ior.RAPHiK. J. Godefroy, Ad. C. Theod. VU, 20, 10, 12, p. 443-
440 (éd. Hitler) ; Gaupp, Die germanischen Ansiedlungen in den Provin zen des
rômischen Westreichcs, 1844, V, p. 109 et suiv. ; Peligny, Études mérovingiennes,
1851 ; Guérard, Polyplique d’irminon, 1845, I, p. 250 cl suiv. ; Giraud, Essai sur
l’histoire du droit français au moyen âge, I, p. 184 et suiv. ; Rôcking, Notitia
dignitatum, Occ. 1853, p. 1044-1080 ; Léotard, Essai sur la condition des Barbares
établis dans l’empire romain, 1873, p. 103-109; Mommsen, Das rômische Militaer-
wesen seit Diocletian, Hermes, 1889, p. 251-252.
LAETITIA. 1 Voir ce que nous avons dit à propos du lype de I ’Annona, Bull, de
la Soc. des Ant. de France, 1899, p. 245. — Bibi.iophaphie. Eckhel, Doctrina num. VU,
21 ; cf. 78, 1 10, 182, 200 et 475 ; Cavedoni, Bull, dell’ lst. arch. 1804, 221 ; Cohen,
Descr. passim ; Stevenson, Roach Smith et Fr. Madden, A Diction, of rom. coins,
1889, 501 ; Drexler, dans le Lexikon der Mythol. de Roscher, s. v. col. 1788 à 1791.
Fig. 4325. — Laetitia.
LAG
— 907 —
LAG
posé sur un globe (Commode), ou une couronne et un
gouvernail (Lucille, Julia Domna, Elagabale, Julia Maesa,
Carin), ou une couronne et une ancre (Gordien III,
Philippe père avec la légende laet fvndata, Yalérien,
Gallien, Salonine, Tetricus père et fils, Claude II,
Quintille, Aurélien, Tacite, Florien, Probus, Dioclétien,
Allectus, Constance Chlore et Galère Maximien). Sur
d’autres pièces, la divinité pose le pied droit sur une proue
de vaisseau (Philippe père), ou tient une corne d’abon¬
dance à la place du gouvernail ou de l’ancre (Claude II).
Ces attributs, épis, corne d’abondance, proue de vais¬
seau, gouvernail, ancre, laissent supposer que les repré¬
sentations de la Laetitia sont en relation étroite avec celles
de YAnnona, et que les monnaie^ rappelaient de cette
manière les arrivages de blé qui étaient un événement
heureux pour Rome.
On trouve aussi des types plus rares: vaisseau du
cirque entouré de quadriges et d’animaux (laetitia
temporvm, Septime Sévère, Caracalla, Géta;ces monnaies
rappellent probablement des fêtes données au retour de
l’Orient); vaisseau avec rameurs (Postume, Carausius,
Allectus) ; Jupiter enfant sur la chèvre Amalthée (Gallien) ;
instruments de sacrifice (Tetricus II).
Eckhel a conjecturé qu’on avait institué des cérémonies
publiques en l’honneur de Laetitia. Aucun texte n’apporte
de preuves en faveur de cette hypothèse. A. Blanchet.
LAGAAITM (Aiy avov). — Gâteau plat1 de farine de
fromentque l’on mélangeait avec des substances diverses :
suc de laitue et vin2, huile ou graisse3, miel4, lait3, et qu’on
assaisonnait avec du poivre et du liquamen6. La variété
de ces indications montre que le mot laganum a un sens
général, s’appliquant à un genre de gâteaux plutôt qu’à un
gâteau particulier7. Le caractère commun est que le laga¬
num est une feuille de pâte allongée 8 et frite dans l’huile9.
C’était une friandise faite pour les intérieurs modestes
et dédaignée par les tables fastueuses 10.
C’était aussi une espèce de pain léger et peu nourris¬
sant11, composé sans doute d’après les mêmes procédés
que le gâteau, mais dans lequel on mettait parfois du
levain afin que la pâte pun is qualitatern habeat 12. Ce pain
était peu consistant et se mangeait sans effort, car, dans
le traitement des fractures de la mâchoire inférieure, Celse
le fait succéder immédiatement aux aliments liquides
jusqu’à ce que la fracture ait été consolidée par un cal 13.
Enfin, on appelait laganum une feuille de pâte dans
laquelle on enveloppait d’autres substances (viandes,
œufs, poissons), mets auquel Apicius a donné son nom,
(. patella Apiciana u), et qui devait ressembler à nos
tourtes. H. Tiiédenat.
LAGENA, LAGYNOS (Adyuvo ;). — I. — Ces deux mots
désignent un même type de vase, qui fut en usage en Ita¬
lie comme en Grèce ‘. Les Grecs disaient Xdyuvoç, mot qui
était à volonté masculin ou féminin 2 ; les Latins disaient
lageng , lagoena , lagona 3. On connaît aussi, par les
textes, les diminutifs Xayuviov, Aayuvtç, laguncula 4.
Le lagynos est essentiellement un vase destiné à con¬
tenir du vin. Krause croit qu’il y avait des lagynoi de
grandes dimensions, jouant le même rôle que les am¬
phores à vin et les pithoi 5. Mais de l’ensemble des textes
que nous possédons, il résulte que le lagynos des Grecs,
comme la lagena des Latins, est avant tout un vase,
analogue à nos carafes ou à nos bouteilles, en usage dans
les repas, et servant à verser directement le vin dans les
coupes ou les verres. Nous voyons, tant par les textes
latins que par les textes grecs, qu’il s'agit d’un vase
pansu, avec un long col étroit, et un petit orifice 6. Les
épithètes eûXdXoç, 6ypôtp6oyy oç rappellent le murmure du
liquide qui s’écoule par un étroit goulot 7. Un poète ap¬
pelle le lagynos : sœur de la cylix au doux nectar, com¬
pagne du festin 8. Dans la fable du Renard et de la
Cigogne, telle que Plutarque la raconte, on voit que la
Cigogne sert au Renard son repas dans un lagynos , au
goulot mince et long 9. Les lexicographes nous enseignent
qu’on désignait parlesmots de |3utiv7i, tcutîvt], <pXa<7xtov, une
variété de lagynos : Xxyuvoç tiXsxttj 10. Cette définition
nous permet de nous représenter une bouteille, en verre
ou en terre cuite, garnie d’osier à sa partie inférieure,
c’est-à-dire quelque chose de très analogue au fiasco des
Italiens d’aujourd’hui. Les voyageurs et les chasseurs
emportaient leur lagynos , c’est-à-dire leur gourde de
vin 11 . Un vase d’argile (fig. 4326) qui appartient au mu¬
sée de Saintes 12, et dont la forme est à peu près celle
qui vient d’être décrite, quoique le goulot soit peu al¬
longé, porte l'inscription : « Martiali soldelagonas CLVI »,
et l’on en a conclu, non sans vraisemblance, que ce vase
est une lagona ; d’autre part, on conserve au musée Carna¬
valet une gourde en terre cuite (fig. 4327), trouvée à Paris,
portant une inscription qui indique son nom : lagona 13.
LAGANUM. 1 Ilcsych. s. v. Uyaw. ; Pliot. s. v. W.T».vav. ; Allicn. XIV, 57, p. 647 E.
2 Al licn. I. c. — 3 Hid. ; cf. 111, p. 1 13 D. — 4 Galen. De alim. fac. I, 4, l. VI, p. 492,
i'dil. Kiilm. — 5 Aclius, Tetrubiblos, I, 2, 97 (79 F), d’après Galion. — U Acro, ad
Iloral. Serin. I, G, 1 15 ; Cruq. Ad. I. L — 7 Allicn. I. c. ; cl'. Casaubon cl Schweighaiiser,
1. \ II, p. 5G3, éd. Bip. — 8 Alhen., Acro, Cruq. I. c. — 9 Ilcsych . s. v. ; Allicn. I. c. ;
Isidor. Orig. XX, 2, 17. — 10 Moral. Serin. I, 6, 115; Acro, Porphyr. Cruq. Ibid.
u Allicn. III, 74, p. 110 A . — 12 Cad. Aurelian. De morb. chron. II, 13. — 13 Cels.
VIII, 7. — H Apic. IV, 2.
LAGENA, LAGYNOS. 1 Lelronno, Obscrv. sur les noms de vases, p. 49 ; Ussin°-,
De nominibus vasorum, p. 36 ; Krause, Angeiologie, p. 236-243. — 2 Consulter
à ce sujet, le Thésaurus d’Eslienne et 0. Jalm, Berichte d. Saechs. Gesellschaft
der Wissenschaft. zu Leipzig, 1857, p. 203. Les principaux textes anciens relatifs
au lagynos ont été recueillis par Athénée, Deipnos. XI, p. 499. 11 faut ajouter •
Lucian. Lexiph. § 13; Anthol. Palat. V, 135; VI, 248, 4; Poil. X, 72 ; Plut.
Moral, p. 822 E ; Suid. et Etym. Magn. s. v. — 3 Consulter le dictionnaire de
Forcellini. Principaux textes : Plaut. Cas. I, 1, 43 ; Moral. Epist. II, 2, 134; Satir.
II, 8, 41 ; Juven. V, 29 ; XII, 60 ; XIV, 271 ; Martial. IV, 46 ; Vil, 61 ; IX, 88 ; XIV,
116; Petron. Salyr. 22 ; Pliu. Hist. nat. XXVIII, 48, 2; Colum. X, 385; XII, 38,
45, etc. ; cf. 0. Jalm, l. c. p. 204. — 4 Poil. X, 72 ; Etym. Magn. p. 563, 38 ;
Plut. Moral, p. 614 F; Colum. XII, 38; Plin. Jun. Epist. 6. —5 Krause, Angciol.
p. 205, 209, 236. 6 Anthol. Palat. V, 135; VI, 248, 4 : [xaxçox àçuyÇ, trcetvaù^riv ;
Plin. Hist. nat. XXVIII, II, 48 ; Juv. XII, 60 : « cum ventre lagonae » ; Colum. X,
383 et sq. ; Suid. s. v. ; Apul. Metam. II, 15. — 7 Atlicu. XI, p. 499 ; Suid. s.v.
3 Ibid. 9 I lut. Ou. SXJinp. I, 5, p. 614 E : èv 7ayoviSi \nz-oy lyoÿrTT. xtù [iaxjov
-fàyriXov; cf. Pliaedr. Fab. I, 26, 8. — 10 Hesych. a. v. p-,mv>) ; Phot. et Suid. s. v.
•ituT.'vii ; Scliol. Arisloph. Av. 798 ; Plin. Hkt. nat. XVI, 56, 2. — U Athcn. X, p. 422c ;
Juv. XU, 60 ; Plin. Epist. 6. — 12 Rev. arch. t. XII (1875), p. 155 ; 0. Jalm,
O. I. p. 197 ; Thédenat et de Villefosse, Gazette arch. 1885, p. 261. — 13 Rev.
arch. 1868, p. 226 ; Mowat, Remarques sur les inscr. cuit, de Paris, p. 69; Gaz.
arch. X, p. 262; 0. Jalm, l. I. p. 197 ; Bull, de l’Acad. d. inscr., 1899, p. 194, 210.
LA K
— 908 —
LAM
La forme annulaire qui lui est. propre peut être con¬
sidérée comme de fantaisie. Il est probable que le môme
nom s appliquait a des vases de formes assez variées.
Enfin, nous voyons que, au moins à Rome, la lagena
servait à conserver et faire vieillir le vin. Les poètes
parlent de lagenae cachetées L
Les archéologues appliquent quelquefois le nom de
lagynos à un type de petite bouteille, pansue, à col étroit,
et sans anses, généralement pourvue de trous de suspen¬
sion près de l'orifice, type qui est représenté par un cer¬
tain nombre d exemplaires dans les collections de vases
grecs, spécialement dans le groupe des anciens vases co-
îinlhiens -. L exemplaire le plus fameux de ce type est
le vase corinthien, signé du nom de Timonidas, sur le¬
quel est représentée la rencontre d’Achille et de Troïlos3.
Mais l’identification du lagynos reste incertaine. On a re¬
mat qui* que ce mot ne semble pas être d’origine très an-
( hume, et qu il n apparaît jms avant l’époque de la
comédie moyenne L
Il y avait des lagynoi de toute petite taille, qui, comme
les lécythes, étaient destinés à contenir de l’huile 5.
D autre part, Columelle parle de lagenae qui servaient à
conserver des fruits ou enfermer des confitures 6.
One inscription 1 fait connaître un serviteur de la mai¬
son de Trajan, chargé du service des vins, avec le titre de
a lagona ; une autre 8 nomme un adjutor a lagona.
Athénée raconte, d après un auteur plus ancien, qu’il y
avait a Alexandrie une fête appelée Xayuvocpopta. C’était une
fête en l’honneur de Dionysos, consistant essentiellement en
banquets, où chacun apportait son propre Aâyuvoç de vin0.
D’après Athénée, le mot lagynos désignait, à
Athènes et à Fatras, une mesure de douze colyles
attiques [cotylos]. On signale aussi un Axyuvoç rptyouç,
c’est-à-dire contenant trois choai [cnoÉ] 10. Louis Couve!
LAGUAAK1US. — Dans une inscription l, une femme
qui vendait ou fabriquait des lagenae est appelée laau-
naria.
LAKAIIYA (Aàxaiva). — Vase mentionné par Athénée1 :
( est, dit-il, une sorte de coupe (xuÀfxcov eIooç) dont le
nom vient, soit de l’argile dont le vase était fait, soit
d une forme particulière, propre à la Laconie. E. S.
LAKOAIKAI (Aaxtovixat). — Chaussure d’homme1, dont
le nom indique l’origine lacédémonienne, mais dont on
se servait aussi à Athènes et ailleurs. C’était une sorte
d embades [embas]2, c’est-à-dire de bottines lacées 3. 11 y
en avait de grossières et d’usage commun, et aussi
d élégantes, pouvant faire partie d’un riche costume,
comme celui de Lysias, tyran de Tarse, que décrit
Athénée L Cette chaussure était blanche. Pollux parle
aussi 1 de lakonikai rouges. E. Saglio.
1 U oral. Epist. 11,2, 134 ; Martial. IX, 88 ; Pers. VI, 17. — 2 0. Jahn, Vasens. su
München, Einleitung , p. xcm ; Wilisch, Altkor. Thonind. p. 24 cl pl. », fig 22 •
Baumeisler, Denkmaeler, III, p. 1002 (Von Rolidcn). - 3 Collignon, Calai, des \ases
de la Soc. Arch. d'Athènes, n» 181 ; Arcli. Zeitung, 1803, pl. clxxv ; Baumeister,
Denkmaeler, III, lig. 2100. — 4 Ussing, De nominibus vasorum, p. 36. — '■> Etym.
Alatjn. p. 503, 38 : àTT£rov àXaioSdZov. — 0 Coluin. XII, 45. — 7 Corp. inscr. lat.
VI, 1884. — 8 Ibid. 8800. — 9 Athen. VII, p. 270 arb. — 10 Ibid. XI, p. 490.
LAGUNAIUUS. 1 Corp. inscr. lat. VI, 0488.
LAKAINA. 1 Deipn. XI, 09, p. 485 f.
LAKONIKAI. 1 Aristoph. Thesm. 141 ; Lys. 74; Eccl. 314, 345. — 2 Dans le
passage d’Aristophane, Vesp. 1157, où Ion a voulu voir une distinction entre ces
chaussures, oppose seulement les lakonikai à tics embades plus grossières.
— 3 Aristoph. Eccl. 508. — 4 Deipn. V, p. 315. — ti VII, 88.
LAMIA. I Radical U;io?, W°S = abime. Isidore, Orig. VIII, 1 1, 102, Mc rattache
à laniare ; Suit!, s. v. Aàjxta. — 2 Stcsich. ap. Eustath. p. 1714, 33 ; cf. Aristot. De
mor. VII, 5 ; Meinccke, Comic. graec. fragm. Menan. p. 1 44.. — 3 Tim. Lex.
MoppoWov; et le Thésaurus de II. Estienne, à ces mots; cf. Aristoph. Han. 293 ]
LAMIA (Aajjxa). — Monstre mythologique, dont le
nom est en rapport avec l’idée d’abîme dévorant, laquelle
se retrouve sous la même forme dans celui de Lamos,
roi des Leslrygons1. Il semble qu’au point de départ,
Lamia lut tout simplement une figure de la légende
marine, analogue à Scylla qu’on lui donnait pour mère,
semblable aux Sirènes et aux Harpyies dont elle reproduit
quelques traits2; de là elle passa dans la superstition
populaire qui s’en servait pour effrayer les enfants en
compagnie de Gorgo, de Mormolyké, d’Empusa, etc. 3.
Nous la trouvons à ce titre dans la comédie d’Aristophane
et elle a inspiré des drames satyriques aujourd’hui
perdus*. En Libye, où sa légende prit naissance, elle
passaiL pour une fille de maison royale dont s’éprit Zeus;
c’est la jalousie d’Héra qui la transforma, tantôt en mère
dénaturée qui dévore ses propres enfants, tantôt en mère
malheureuse qui, privée de sa progéniture, se confine
dans des lieux sauvages, où elle s’abandonne au déses¬
poir. On racontait que Zeus lui avait accordé le pouvoir
de quitter à volonté et de reprendre ses yeux ; que, buvant
jusqu’à l’ivresse stupéfiante, elle était inoffensive durant
son sommeil, mais qu’à l’état de veille elle errait dans les
ténèbres ”, sinistre fantôme, vampire altéré de sang,
pour s abattre sur les jeunes enfants et les épuiser jusqu’à
la moelle, elle devenait ainsi 1 explication de certaines
maladies aussi soudaines qu’étranges qui sévissaient en
particulier au temps de la canicule6. D'autres incarnaient
en elle les effets funestes que la débauche exerçait sur
les grâces et la vigueur des jeunes gens7. Sapplio faisait
d elle une jeune tille de Lesbos, la même qui ailleurs est
nommée Gello on Gellôs 8 ; une tradition la localisait dans
une caverne du mont Cirphis, près de Crissa en Phocide,
une autre au pays fantastique des Leslrygons dont elle
devenait la reine9. Il y eut ainsi plusieurs Lamies, que
1 imagination populaire mettait en action partout où, sur
1 enlanceetla jeunesse, sévissait quelque fléau mystérieux.
Les striges qu’Üvide dans les Fastes mêle à la fable de
Carna, sortes de démons ailés qui durant la nuit allaitent
les enfants de leurs seins empoisonnés 10, ne sont que
des Lamies accommodées suivant les idées latines. C’esl
d ailleurs chez les Latins, et même bien au delà de
1 époque classique, que ces figures ont été surtout
exploitées par la littérature, les Grecs les ayant main¬
tenues, autant que possible, dans le cercle des supersti¬
tions populaires. Le passage où Horace défend aux
poètes de montrer sur la scène une Lamie du ventre de
laquelle on arrache vivant l’enfant qu’elle a dévoré,
semble indiquer que les dramaturges faisaient du
monstre un usage au moins singulier 11 . Plus tard, on le
représentait sous une forme double, femme par le buste
Achar. 582; Tcrlull. Adv. Valentin. 3. Les drames satyrii|ues sout d'Euripide et
de Cratès; Schol. Plat. p. 963 B et 915 B. - 4 Aristoph. Pax, 758 ; Vesp. 1035
avec le Schol. Eguil. 639. — 5 Plut. Curios. 2; Diod. XX, 41. citant Euripide;
Strah. I, 19; Isid. Orig. loc. cil. ; Leutsch, Paroemiogr. Graec. II, 498.
— 5 llesych. s. v. ; cf. Preller, Gricch. Mythol. I, p. 379 ; 507 Sq.
- ; Philo str. Vit. Apoll. IV, 25. Sur des fables analogues dans les traditions popu
bures de la Grèce moderne, voir B. Schmidt, Volksleben der Neugriechen, I,
1 ” 1 et SUIV- — 8 Zcnob- Iü> 3 i Bcl'gk> Fragm. lyric. Sappbo, 47 ; cf. llesych. et
Suid. v. VùAü, ; raioSç uaiSoœiXoTEpa. — 9 Anton. Lib. 8 ; Schol. Thcocr. XV, 40.
I anofka, Annali, 1833, p. 987 et suiv., assimile Lamia à Venus Libitina. _ iü Ov.
Last. VI, 131 suiv.; Uor. Epod. V, 20. Une inscription, Corp. inscr.gr. 5430, Z,
•*1 , 47, mentionne une localité appelée Acqiiaî \Mmoi à Akrae, sans doute deux collines
que I on comparaît avec les seins monstrueux de Lamia. Voir Stoll chez Roscher, Lexi-
kon d. Alythol. II, p. 1820, et Schmidt, Op. cit. p. 134. — il H0r. ,4. Poet. 340, et les
interprètes ; cf. Fricdlucnder, .Sittengeschichte, 1, 433. Lamia a pris place dans le’dramc
populaire des Latins; voir Munck, De fabul. Atellan. p. 39 sq. Sa popularité est
attestée par des locutions familières auxquelles fait allusion Plutarque, Demctr. 27.
LAM
— 909 —
LAM
et àne par les membres inférieurs ; dans la fable de Psyché,
les sœurs de d’héroïne, s’acquittant de leurs fonctions de
tortionnaires, sont assimilées à la fois à des louves et à
des Lamies On a cru trouver sur un vase peint à figures
noires2 une représentation de Lamia dans la figure d’une
femme nue, aux traits repoussants, que des satyres tor¬
turent après l’avoir attachée à un palmier. Longpérier a
reconnu une Lamie dans un oiseau à tête humaine figuré
sur un vase de style corinthien 3 ; l’image paraît être em¬
pruntée aune décoration orientale ; il l’a ingénieusement
rapprochée d’une mosaïque de bas temps où des oiseaux
à têLe humaine sont désignés par une inscription lame 4.
Les Lamies, au nombre de trois, paraissent même
avoir été l’objet d’un culte3. J.-A. Hild.
LAMPADARIUS. — On appelait à Rome, sous la Républi¬
que, lampadarii les appariteurs qui, la nuit venue, précé¬
daient, en portant des lampades (flambeaux ou torches)
allumées, les principaux magistrats 1 et les généraux
vainqueurs qui célébraient le triomphe2; sous le Haut-
Empire, les empereurs et les membres de la famille im¬
périale3, et, en outre, au Bas-Empire, plusieurs hauts
fonctionnaires4. Les décemvirs et les édiles des colonies
avaient de même le droit de faire porter devant eux des
lampades allumées6. Les lampadarii étaient, du moins
pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, des es¬
claves0. Après Dioclétien et Constantin, les lampadarii
du palais impérial formaient un groupe, placé, en même
temps que les mensores , sous l’autorité du magister offi-
ciorurn \ A leur tête se trouvait le primicerius Lampa-
dariorum. Une novelle de Valentinien III nous donne
de curieux renseignements sur ce primicerius. Choisi
parmi les lampadarii eux-mêmes, il ne devait rester que
trois ans en fonction, afin que les autres lampadarii
n’attendissent pas trop longtemps leur tour. Ceux des
lampadarii qui abandonnaient leur service pendant deux
ans perdaient un tour; pendant trois ans, ils en perdaient
deux; pendant quatre ans, , ils en perdaient trois. S’ils
restaient cinq ans absents, ils perdaient tout droit au poste
de primicerius et étaient rayés de la liste des candidats 8.
A la même époque, les préfets du prétoire avaient droit
à quatre lampadarii'. En effet, quatre lampades sont
figurées parmi leurs insignes dans la Notitiadignitatum* .
Par une faveur exceptionnelle, Justinien accorda le même
privilège au vicaire du diocèse de Pont10 ; il conféra de
même le droit d avoir des lampadarii à un certain
Bonus, qu’il avait nommé questeur de son armée et qu’il
avait chargé, par mission spéciale, du gouvernement de
la Scythie, de la Mysie, de la Carie, de toutes les Cyclades
et de l’ile de Chypre11. J. Toutain.
LAMPADÉDROMIA. — Les courses aux flambeaux,
/ HüI'- Schol‘ CrucO A- P»et. 340; Apul. Metam. V, H ; cf. Ibid. I, 17, passages
ou Ion voit comment les Lamies purent servir à caractériser les courtisanes ; cf.
dans la Irad. de la Vulgate, Isai. 34, 14, cubavit Lamia et invenit sibi requiem.
— 2 M. Meyer, Mittheilungen des Instit. Athen. 1891, p. 300, taf, 9. Le même
auteur avait précédemment vu une Lamia dans une figure monstrueuse sur un vase
peint, Arch. Zeitung , 1885, pi. ix. -3 Musée Napoléon III. pl. lxiv. - 4 Gar-
ducci, Sul grande Alusaico scop. in Pesaro, 1867, pl. i. — 6 Corn inscr Int
VII, 507 (dans le Norlhumberland).
LAMPADAMUS. l Mommsen et Marquar.lt, Manuel des antiq. romaines t II
irad. franç.) p. 61-62 2 Florus, II, 2. - 3 Marc. Aur. E„ Ucovév, 1, .7 . Her’odian.
’ ’ ’ ’ > Hi 3» 2;8, 6; \ I[, 1, 9; 6,2. — 4 Notit. dignit. Pars Or III éd
Boecking, p. 125 ; Occid. II, p. 8 ; Corp. jur. civ. éd. Krueger, t. III (Novellae,’ éd'
Schoell), p. 771 ; Julian. Antecess. Epitome latina novell. Justiniani, éd. Haenel!
Constit.. XXX VIII. — 5 Lex Ursonensis , Corp. inscr. lat. II, 5439, §61 — 6 Suet/
Auÿ. 29 ; Corp. inscr. lat. VI, 8867, 8869. - ^ Notit. dignit. Pars. Or.X, § 1 A 6 p. 38'
— » Novell. XXXVI Valentiniani. — 9 Pars Or. III, Insignia vir. illust’r.’ prâe-
fect. praetorio^ per Illyricum, Boecking, p. 12; Occid. II, Insignia viri illus-
Àa;j.7rao^opojj.ïa, Xap.7iaorjipopta, XafMrâç1, sont très anciennes.
Il semble qu’il n’y en avait d’abord que trois, l’une aux
Panathénées, l’autre à la fête d’Héphaistos, la troisième
à la fête de Prométhée2. Héphaistos et Prométhée
sont, par excellence, les divinités du feu ; on sait les rap¬
ports qu’Athéna, personnification de l’éclair, présente
avec Héphaistos 3. Hérodote mentionne une quatrième
lampas , qui lut instituée par les Athéniens après
Marathon, en l’honneur du dieu Pan4. A l’époque de
Platon, les courses aux flambeaux furent courues pour
la première fois à cheval; cette nouveauté servit d’abord
à relever l’éclat de la fête des bendideia, célébrée alors
pour la première fois aussi au Pirée3. Nous verrons plus
loin que des courses aux flambeaux ont été dans la suite
célébrées à beaucoup d’autres fêtes à Athènes et dans
les différentes villes de la Grèce.
Les règles de la course aux flambeaux et les combinai¬
sons imaginées pour décider à qui reviendrait la victoire
ont éLé clairement expliquées pour l’époque classique par
M. Paul Foucart6. La lampadédromie est un concours
entre tribus. Il- n’est pas probable que les dix tribus aient
concouru chaque année; on peut supposer que cinq seu¬
lement entraient en lice. Chacune de ces tribus fournit
un gymnasiarque [gymnasiarciiia]. Cé personnage acquitte
une liturgie ordinaire, dans le genre de la chorégie [lei-
tourgia] : il doit recruter parmi les membres de sa tribu
une troupe de jeunes gens, les nourrir en vue delà course
et les équiper à ses frais. Le nombre de ces jeunes gens
était assez élevé; deux inscriptions, contenant des dédi¬
caces de lampadéphores, donnent plus de quarante noms 7.
Lysias dit qu’un gymnasiarque a dépensé pour la fête
des Prome'the'ia une somme de douze mines8.
Le soir de la fête, chacun des cinq gymnasiarques menait
la troupe de sa tribu sur le terrain, la porte de Dipylon.
La course se faisait sur la route d Athènes à 1 Académie;
le point de départ était la muraille de la ville; le but à
atteindre l’autel de Prométhée, un peu plus de 1000 mètres.
Les 40 coureurs de chacune des cinq tribus qui con¬
couraient étaient échelonnés sur la route à 25 mètres
1 un de 1 autre ; on avait ainsi 5 files de coureurs.
« Au signal donné, le premier part, la torche allumée, la
tenant de manière qu’elle ne s’éteigne pas ; de toute sa
vitesse, il parcourt l’espace qui le sépare du second;
celui-ci, qui 1 attendait, saisit la torche et, s’élançant à son
tour, la remet au troisième, et ainsi de suite, jusqu’au
quarantième et dernier. Les choses se sont passées de
même pour les quatre autres files9. »
Dans ce concours, ce qui avait surtout frappé les
anciens, c’était cette rapide transmission de la torche,
qui se répétait 59 fois. C’est ce détail qui a fourni des
» i Ui IUI11, O.
t IV. tu.
ms uraeiccu prueiurio per
1 ‘ , Mil, Jj », UOI
Krueger, t. III (Novellae), p. 771.-11 Julian. Antecess. op. eit.,p. 69- Corn iur
civ. t. III, Novell. 41 et 50. J ’
LAMPADLDROMIA. 1 Ou trouve encore ^ ^ « s ,
nuuve eucoie AajAitadou£o; it.^ OU ôço|aoç, àyùv
àrs,v m Uçtî, XajxuaSo à^v ou
àT<iv. - 2 Harpocr. Hesych. Suidas, v. X«^à?; Schol. Aristopfi. Pan. 431 et
1087; Bekker, Anecd. 228. - 3 Decharme, Mytbol. de la Grèce antique, p. 77-
78, 171. - 4 VI, 5; le même historien (VIII, 98) semble considérer ces courses
comme primitivement réservées à Héphaistos. — 5 Hep . p. 328 A . _ 6 Pevue de Phi-
/oioÿîe, t. XXIII, 1899, p. 112-116; on trouvera aussi de bonnes explications dans
Wccklein, Der Fackelwettlauf , dans V Hernies, VII, p. 440 sqq. ; Alfred Kôrie Vase
mit Fackellaufdarstetlung ; P. Slengel, Die griech.Kult. p. 198.-7 Corp. inscr.
att. II, 006. Décret des lampadéphores de la tribu Aiautis au iv« siècle ; les noms
sont graves au-dessous sur plusieurs colonnes; celle de gauche comprend dix noms ;
il y avait probablement quatre colonnes. Cf. Corp. inscr. att. II, 1223 é, p. 253 ; il y a
quarante-six noms conservés, deux effacés peut-être à dessein ; Foucart, p. 115.
8 Lysias, XXI, 3. — 9 Foucart, l. laud. p. 115.
115
LÀM
LAM
— 910
TZTr7
comparaisons si caractéristiques à des écrivains de l’an¬
tiquité, Platon et Lucrèce1 par exemple. Il est probable
que les coureurs étaient assez exercés pour que, fré¬
quemment peut-être, dans les cinq files, la torche allumée
arrivât presque en même temps au dernier coureur.
L’intérêt était alors
vivement excité quand
ces cinq derniers con¬
currents s’élancaient
pour parcourir les 25
mètres qui les sépa¬
raient du but. La vic¬
toire appartenait à ce¬
lui qui de sa torche
enflammée allumait le
feu sur l’autel. Mais elle
ne lui appartenait pas à
lui tout seul; elle ap¬
partenait aussi à ses
compagnons ; chacun
d’eux avait eu sa part dans l’œuvre commune, en por¬
tant rapidement la torche sans la laisser s’éteindre, et en
la remettant lestement et commodément au suivant.
C’était donc une victoire collective, un à.9Xov2. Aussi,
comme le dit la scholie de Patmos, la tribu était-elle
proclamée victo¬
rieuse avec celui
qui était arrivé
le premier 3.
Dans les inscrip¬
tions, le nom du
gymnasiarque
est mentionné
avec le nom de
la tribu ; la ré¬
daction est la
même que celle
des inscriptions
choragiques ; en
voici une de l’an
346-345 : Axocjxav-
tiç ivi'xa Xag7tâ8i
navaÔvjvata | T7.
[X£YâXa ÈTt’Ap/tou apyovToç | SevexX^ç êyupflWictpyM 4. Le
coureur qui était arrivé le premier recevait, comme
récompense, une amphore contenant 30 métrètes d’huile6.
Cette explication présente un point obscur : dans
quelle direction la course se faisait-elle? L’Académie était-
elle le point de départ ou le point d’arrivée? M. Foucart
a soutenu cette dernière opinion ; il s’appuie sur la scholie
de Patmos et sur le vers 131 des Grenouilles d’Aristophane.
Mais d’autres savants 0 allèguent précisément ce dernier
texte pour soutenir le contraire; ils prétendent qu’il est
question dans ce passage de la tour de Timon que Pau-
\ Lucrèce l'a empruntée à la Grèce : « El quasi cursores vilai lainpada tradunt »,
11, 79 ; les Romains ne connaissaient pas les courses aux flambeaux ; on la trouve
dans Platon, Ley. VI, 776 B. — 2 Alt. Martin, Cavaliers athén. p. 191. — 3 'O
ivtxa ü ««ou luka- Cette scholie, qui était déjà connue par le Lexi¬
que de Séguier, p. 228, a été donnée d'une façon plus complète par un ms. de
Patmos contenant des scholies sur Démostliène, Bull. corr. h ell. I, p. 11.
_ 4 Corp. inscr. att. 11, 1229 ; cf. 1230-1233. — 6 Corp. inscr. att. 11, 965,
fr 6, col. 2, I. 27. — 6 SchOmann, Griech. Alt. II, 468 ; C. Waclismuth, Die
Studt Atlien, 1, 267 ; Wccklein, Op. laud. p. 443 ; A. Mommsen, t este der Stadt
Atlien, p. 341 ; P- Slengel, Griech. Kult. p. 198. — 7 1, 30, 4 ; il faut dire que le
scholiaste d’Aristophane ne connaît pas cette tour de Timon, il semble croire qu il
Fig. 4328. — La lampadédromie.
sanias place dans l’Académie 1 ; de plus, dans cette même
comédie des Grenouilles , au vers 1093-1094, Aristo¬
phane montre les lampadistes à la fin de la course arri¬
vant aux portes de la ville et accueillis par les habitants
du Céramique avec des cris, des moqueries et même
des coups.
Telle est la lampa¬
dédromie que les textes
nous font connaître
pour l’époque classi¬
que 8. Pausanias décrit
une course toute diffé¬
rente 9 : « A l’Acadé¬
mie, il y a un autel de
Prométhée ; c’est de cet
endroit qu’ils courent
vers la ville en tenant
des flambeaux allu¬
més ; si le flambeau
du premier arrivé est
éteint, il ne peut prétendre à la victoire, qui appar¬
tient au second arrivé ; si le flambeau de celui-ci est
éteint, la victoire est au troisième ; si tous les flambeaux
sont éteints, le prix n’est pas décerné. » . •
Ainsi, à l’époque de Pausanias au moins, les coureurs
se dirigent de
l’Académie vers
la ville, le point
de départ étant
l’autel de Pro¬
méthée. Certains
auteurs parlent
de l’autel d’É-
ros
10
mais,
Fig. 4329. — La tribu victorieuse clans la course aux (lambeaux.
comme il se
trouvait devant
l’entrée de l’Aca¬
démie 11 , non à
l’intérieur, on
peut admettre
qu’en désignant
cet autel ces
auteurs ne se
préoccupaient pas de donner une indication précise12;
enréalité, c’est à l’antique base consacrée àHéphaistosetù.
Prométhée que les coureurs allumaientleurs flambeaux13;
cette base était à l’intérieur de l’Académie, à peu de
distance de l’autel d’Éros. Les deux sortes de courses
sont représentées sur les monuments. La course an¬
cienne, celle qui a pour trait distinctif la transmission
de la torche, se trouve peinte sur deux vases reproduits
ici. Le premier (fig. 4328) est au Suermondt-Musaeum à
Aix-la-Chapelle u. Deux coureurs sont figurés sur ce
vase : l’un tient une torche allumée et l’approche de
s'agit ici d'une tour des murailles d’Athènes. — 3 Aeschyl. Ayant. 303 sq. ;
llerodot. VIII, 98; Plat. Bep. 328 A ; Ley. 776 B; Arislot. Phys. V, 4, 10 ;
scholie de Patmos citée n. 3,-9 I, 30, 2 E. — 10 Cet autel aurait été élevé
par Pisistrate, Plut. Sol., 1; cf. Hermias, ad Plat. Pliaed. c. vu, p. 78, éd.
Ast : K où ô Sçono; ô toïî navaOijvaioiî In tî> toù pup-où xoff "Epwxoç è-]ftvtxo •
tvTEuflev YÙ.Q di-l.0tpi.evot oï l'yr jSot xàç XotptTCtitStxç eôeov. H PauS. I, 30, 1.
— 12 Nous suivons Wecklein, loc. cit. p. 443. — 13 II faut combiner le
passage de Pausanias que nous venons de citer avec la scholie du v. 56 de
Soph. Oed. Col. — 14 Kôrtc, Op. I., a très bien montré l'importance de ce vase
pour notre connaissance de la lampadédromie ; il pense qu il a élé fait peu après
l’an 400.
LAM
— 911
LAM
Fig. 4330. — Le vainqueur de la course aux flambeaux.
l’autel ; l’autre se tient un peu en arrière, sans tor¬
che ; une Victoire et un arbitre assistent à la scène .
Les coureurs sont nus; ils ont sur la tète une couronne
très caractéristique ; on dirait qu’elle est formée d une
rangée de plumes droites. Le second vase (fig. 1329)
appartient à la collec¬
tion Tyskiewicz 2 : les
coureurs sont ceints de
la même couronne ; sur
le bandeau du vain¬
queur qui tient son
flambeau au-dessus de
l’autel, on lit antiox(iç),
nom de la tribu Antio-
chide victorieuse avec
lui. On distingue aussi
quelques lettres sur le
bandeau des deux autres
coureurs sans flam¬
beaux, qui représentent
sans doute les autres
tribus. La seconde sorte de course nous est connue
par des monuments plus nombreux. Celui ! que repro¬
duit la figure 4330 représente le moment qui suit la
scène figurée sur le vase d Aix-la-Chapelle : la victoire
est gagnée ; le feu est allumé sur 1 autel, les torches a
demi brûlées sont éteintes; près du vainqueur, un cou¬
reur a déjà en main la crxXeyY ; à gauche, deux autres
causent, un seul des deux tient une torche. Ici, tous les
coureurs tiennent un flambeau; c’est la seule différence
notable; eux aussi ils sont nus et ils ont sur la tête la
couronne avec des pointes on des plumes (voir aussi
figure 1074)*. Cette couronne avait-elle une signification
particulière ? C’est probable ; mais nous ne pouvons dire
rien de plus. Le Platéen Euchidas, avant de prendre sur
l’autel de Delphes le feu qui devait servir à rallumer les
feux éteints à Platées, se purifia le corps et mit sur sa
tète une couronne de laurier3.
La torche a aussi une forme particulière [candelabrum].
C’est un manche, quelquefois une
simple poignée que surmonte une
large bobèche et dans laquelle la
tige ou le faisceau de tiges qui doit
fournir la lumière est enfoncé ou
piqué (fig. 4331) 6. Cette torche, les
lampadéphores victorieux avaient
coutume de la consacrer aux dieux 7.
Dans certaines représentations de
l’époque romaine manquent les traits caractéristiques :
les coureurs n’ont pas la couronne, les torches n’ont pas
la large bobèche ; en revanche, les coureurs portent
un bouclier au bras gauche (fig. 4332) A Nous n avons
aucun renseignement sur cette course; mais il n f st pas
impossible quelle ait été réellement pratiquée ; nous
voyons à Céos un lampadarque vainqueur recevoir
comme récompense un
bouclier d’une valeur
de 200 drachmes9.
Quelques textes nous
font connaître pour les
lampadédromies un
|j.a./.pd; et un [Aixpo; opdgoç.
Le [nxxpbç opbp.o; était
couru à la fête des
Panathénées 10 ; on le
trouve aussi mentionné
dans des inscriptions de
Sestos", de Patmos12;
pour Délos, une inscrip¬
tion mentionne, après
la XajJLTiiç twv iraioaiv, le
l>.v.Y.Qbz opôpLoç tojv àvoptïjv 13. Nous n avons aucun len-
seignement qui nous permette de distinguer exactement
ces deux courses et de dire en quoi elles différaient de
Fig. 4331. — Monnaie
d’Amphipolis.
la course ordinaire, ou laquelle des deux était la course
ordinaire u.
L’archonte-roi avait la présidence et la direction de
toutes les courses aux flambeaux, comme le dit expres¬
sément Aristote13. Auguste Mommsen16 suppose que ce'
renseignement ne se rapporte qu’à l’époque d’Aristote ;
qu’anciennement, au moins au Ve siècle, c’étaient
les hiéropes qui étaient chargés de ce soin. Il s ap¬
puie sur une inscription importante qui contient un
règlement pour les fêtes d’Héphaistos 11 , règlement d a-
près lequel les hiéropes auraient été chargés de la direc¬
tion des deux principales fêtes qui se rattachent au culte
1 Cabinet Pourtalès, pi. v. Ici une borne parait marquer le point de départ.
Un coureur tient un flambeau allumé ; un autre tend vers lui la main. Autres
vases représentant la SmSo/jj : Calai, of the gi-eek and etr. vases in the Britisli
Mus. t. III, Vases of the finest period, n»s 111 et 3894 ; Stephaui, Ant. du Bos¬
phore Cimmêrien, pl. lxui ; Dubois de Montpéreux, Voyage autour du Caucase,
pl. xiii ; Aschik, Vosporskoia Tsarstvo, pl. vu (dans les pl. de Dubois et d'Asclnk,
les flambeaux sont allumés) ; peut-être aussi le bas-relief qui est au-dessus de
l’inscription Corp.inscr. ait. II, 1221 .— 2Frôbner, Calai, illustré delavcnte Tyskie¬
wicz, pl. u ; Collect. Tyskiewicz, pl. xxxv. Voir encore Coll, d' Hamilton, II, pl.
xxv ; 111, pl. xLvni, Tischbein ; Calai, des vases du Brit. Mus. t. IV, n° 59.
— 3 Stephani, Antiq. du Bosphore Cimmêrien, pl. lxui. — 4 Lenormant et De
Wilte, Élite des mon. céram., texte, p. 2C4, croiraient que ces pointes sont des
joncs; il est certain qu’il ne faut voir là rien d’analogue à la couronne radiée
[corona] ; cf. Stephani, Nimbus und Strahlenkranz , p. 109. — S Plut. Aristid.
20, — 6 C’est ce flambeau qu'on frouve représenté sur les belles monnaies d’Am-
pbipolis, fig. 4331 ; Duruy, Hist. des Grecs, II, p. 516; Barclay Head, Hist. num.
p [go. _ 1 Toï; 6eoï;, dit l’inscr. Corp, inscr. ait. III, 1 114 a ; 'Eçimaxcù 'Hfaxkeï,
Ibid. III, 123; cf. encore 124. — 8 Figure 4332 d’après la mosaïque Albani,
Gerbard, Antilc. Bild W. taf. 63, 1 ; Baumeister, Denkmâlcr, p. 522, fig. 563.
— 9 Dittenberger, Sylloge, 348, 31. — « Hcrmias, le passage cité, n. 10.
p. 9 10 ; Corp. inscr. att. II, 1322, consécration d’une Athénienne, en 1 honneur
de son fils vixtiactwa ITavaôévata vov |iaxjôv Soôp.ov. — tt Dittenberger, Byll.
240, 1. 83. — 12 Ibid. 402, 1. 9. — 13 Bull. corr. hell. VII, p. 370.
_ 11 Peut-on supposer que le naxçf»; SçôpLoç est la lampadédromie à cheval
Les éléments font défaut pour décider la question. — 1:> Besp. Ath. 57, 1 :
Tt0x,7t 8è (ô ^onrtT.EÙ;) xcù toù? vSv ka[xTiàSuv àyùxai SxotvTa; ; — 16 1- este der
Stàdt Athen, p. 104, 125 et 341. — n Corp. inscr. att. IV, I, p. 64, no 35 b : Ty Si
kap.r.àS<x iîoisTv rlf -üEVTeTYiof8i xal voïç 'Hs auTTiot;. IIotoiiv»lv 8i oi ieçoxoioi oj.w,
uiaTt vljv Xcqiica8o8ço[Juav xal zhv wkXov &yüva yiyveirllai xa6[âxeç tlf xevTevïiçtjSt -î;v (Lav Loi
kajxxàSaçxloi lîotoOfftv.
LAM
— 912 —
LAM
d'Erechthëe, la grande Pentétérie, c’est-à-dire les grandes
Panathénées, elles Hëphaisteia. 11 faudrait alors admettre
que les hiéropes avaient les mêmes attributions qu’eurent
plus tard les gymnasiarques. Nous ne le pensons pas1.
Le gymnasiarque était chargé de préparer et d’équiper
pour le concours une troupe d’Athéniens de sa tribu.
Devait-il présenter à la fois une troupe d’enfants et une
troupe d hommesfaits? La question a été longtemps contro¬
versée2; nous croyons qu’elle n’est pas encore résolue3.
Nous avons vu qu’en cas de victoire, le nom du gym¬
nasiarque était proclamé avec celui de la tribu. La tribu
peut témoigner sa reconnaissance au gymnasiarque qui
a tout fait pour lui procurer la victoire: elle peutlui voter
un éloge et une couronne4. Les lampadopliores peuvent,
eux aussi, décerner une couronne au gymnasiarque 5 :
une inscription nous montre les lampadistes de Patmos
et les habitants qui ont droit à l’huile pour les frictions
former un xotvôv ; cette communauté a une caisse qui
est administrée par un ypusovogo; ; elle décerne un éloge,
une couronne d’or et un portrait en peinture à un de
ses membres qui a été sept fois gymnasiarque, une fois
lampadarque, qui a été vainqueur à la course longue
et qui a comblé la communauté de ses bienfaits ; il a,
en particulier, pris à sa charge, sa vie durant, les frais
pour les sacrifices et les autres dépenses que les lampa¬
distes doivent faire dans les fêtes6.
Lorsqu’au iue siècle la gymnasiarchie a été transformée
et a cessé d'être une liturgie pour devenir une magis¬
trature, soit politique, soit éphébique, le lampadarque
est chargé de préparer la course aux (lambeaux. Assu¬
rément, le gymnasiarque peut être aussi lampadarque ;
mais les deux fonctions sont désormais distinctes ; ainsi,
dans une inscription de Cëos, il est dit qu’on élira un
gymnasiarque, qui devra être âgé au moins de trente
ans, et qui, entre autres soins, devra préparer les XagrcaSe;
des jeunes gens ; mais les prix des concours devront être
donnés par les probouloi ; le lampadarque vainqueur
devra recevoir un bouclier d’une valeur de vingt
drachmes 7, comme nous l’avons vu plus haut. Dans
les dédicaces pour des victoires aux lampadédromies,
dédicaces qui se rapportent presque toutes à des éphè-
bes, on trouve nommés, tantôt l’agonolhète 8, tantôt
le gymnasiarque 9, tantôt le lampadarque 10, tantôt
le paidotribe et l’hypopaidotribe u. Les lampadarques
avaient probablement des attributions analogues à celles
des gymnasiarques 12. On peut remarquer qu’assez souvent
c’est le lampadarque qui est vainqueur au concours 13.
Les inscriptions relatives aux fêtes de Thésée14 nous
1 Ils peuvent infliger des amendes, ils reçoivent de l'argent pour la tôle. — 2 Voir
gymnasiarchia, p . I67G, il. 1; G. Fougères, Bull. corr. hell. XV, p. 280. — 3 On s'appuie
sur l’inscr. Corp. inscr.att. IV, II, 1233 C, p. 254; ce texte a clééeril à des époques
différentes ; rien ne prouve que la mention V I X y T 7^ -rcaorc xod àvSpàm se rapporte
à une même fête; cf. comme exemple de victoires successives, l'inscr. Dittenberger,
S y IL. 420. — 4 Corp. inscr. ait. II, 1181 ; 1340; dans cette dernière inscr., le per¬
sonnage en l lionneur duquel a été fait le monument a été laxiarque et, à ce titre, il
est couronné par le peuple ; mais les membres de sa tribu le couronnent parce qu’il a
été gymnasiarque.— 3 Corp. inscr.att. II, 606, et surtout l’inscr. de Patmos, Ditten¬
berger, Syll., 402. — 6 Inscr. citée dans la note précédente. — 7 Rangabé,
Ant. hell. 821 ; Dittenberger, Ol. 348. Nous avons vu, dans l'inscr. de Patmos,
que le personnage, couronné par les lampadistes, a été sept fois gymnasiarque, une
fois lampadarque ; cf. encore Journ. of hell. Stud. VII, 188G, p. 148 ; Bull. corr. hell.
VIII, p. 237 ; surtout XV, p. 257, inscription de Staséas, qui énumère les jeunes
gens libres qui ont exercé des fonctions dans sa palestre aux heumeia des enfants :
il y a 10 Rpttî, 3 agonothèles, 7 lampadarques, 5 gymnasiarques. —8 Corp. inscr.
att. Il, 1223. — 9 II, 1221 ; III, 107-110, 118. — 10 H, 1228; III, 106; dans ces
deux inscriptions, l’indication de l’année est mentionnée de cette façon : lia^naSa-
p///,<7aç Iv tç lut MgvàvSpou Iviauvs}. — H III, 106, dans III, lt 14 a, le paidotribe seul
est mentionné. — 12 Cf. Fougères, Bull. corr. hell. XV, 280. — 13 Ainsi, Corp. inscr.
montrent que, dans Athènes, au n° siècle, l’agonothète
est chargé d’organiser la lampadédromie et les jeux
gymniques de la fête; il établit pour les vainqueurs des
prix qui seront consacrés. Dans le catalogue des jeux
qui est à la fin de ces inscriptions, la lampadédromie
est mentionnée après les concours qui semblent se rap¬
porter à la procession. Nous connaissons les lampadé¬
dromies des Theseia pour cinq années15:
Corp. inscr.
atl., 444, col. I, 61 et suiv.
enfants
éphèbes contre
veavfcxot
anciens éphèbes
Corp. inscr.
atl., 445, col. 1, 22 et suiv.
enfants
éphèbes
hommes faits
Corp. inscr.
ait., 446, col. I, 22 et suiv.
enfants
anciens éphèbes
VEOtvicXOl iuTIEÏ;
Corp. inscr.
ait., 447, col. I, 17 et suiv.
enfants
éphèbes
veavtV/.ot Tapavrivoi
Corp. inscr.
ait., 448, col. I, 25 et suiv.
enfants
éphèbes
vîavtV/.oi Tapavxtvo
Les lampadarques sont mentionnés seulement sur la
première de ces cinq inscriptions : à la lampadédromie
des enfants, c’est le lampadarque Nicogène, fils deNicon IG,
qui est vainqueur; le prix est donc individuel ; il est, au
contraire, décerné à une troupe, il est collectif pour la
lampadédromie des éphèbes contre anciens éphèbes et
pour celle des veavt'rxot ; les lampadarques sont men¬
tionnés de cette façon : XagTraoapyo'jvToç ’A7toXXwviou toù
Eùxtaiou AxagavTtoo; tpoXTji;. Dans les inscriptions qui
suivent, les lampadarques ne sont plus mentionnés et les
prix sont toujours individuels17. Ceci* semble justifier la
description que Pausanias a donnée de la lampadédromie,
à 1 époque romaine, c’est-à-dire de cette course dans
laquelle la torche ne passait plus de main en main 18.
Le corps militaire des cavaliers fait une lampadédromie
aux Theseia sous l’archontat de Phaidrias 19, dans
l’année 150/1. C’est aussi vers la même époque que nous
constatons l’existence d’une course semblable dans la
fête des Panathénées20. Cette lampas des cavaliers se
faisait à la fin de la première des deux journées con¬
sacrées à l’àywv t7T7t txôç pendant le 11e siècle21; elle est
distincte de la lampadédromie à pied, qui, de temps
immémorial, se faisait entre l’Académie et la porte du
Dipylon,au commencement delapannychis célébréeavant
la procession 22. Quand le corps des Tarentins fut cons¬
titué dans Athènes, c’est à eux que fut confié le concours
de lampadédromie, au moins à la l'été des Theseia 23.
Il n’est pas impossible que nous ayons une représen¬
tation de la lampadédromie à cheval, sur le vase de
att. II, 444; 1,63 ; 1221 ; probablement 1228, 1322 ; Dittenberger, Sxjll., 402. — 14 Corp.
inscr. att. Il, 444-448; cf. Alb. Martin, Cavaliers alhén., p. 199. — 13 La plus
ancienne de ces inscr., n» 444, est de I’archontat d’Arislolas, qui sc place dans
l’année 161/0 ; le n° 445 est de l'archontat d’Antbcstcrios, année 157/6 ; le n" 446 est
do l’archontat de Phaidrias, année 151/0; cf. W. Scott Fergusson, The athenian
archons of the 111 and II centuries bef. Ch. 1899; les inscr. 447 el 448 sont
mutilées. — 10 L agonothète porte le môme nom que le lampadarque ; le premier
est donc le grand-père du second ; il a cependant deux fils dont l’un, Lysandre, est
vainqueur à une course équestre (col. II, 1. 86) ; l’autre, Nicon, vainqueur au pugilat
des enfants tlR xpw-ur.f V)Xixi«s (11,52). — 17 Ou a par exemple, 445, 1,25 :
tu,v èoïjSwv AyqxyjTptoî ’AvTt|ifvou; KexpoitiXoç ouXlj;. — 18 On peut rapporter à la meme
course les inscriptions suivantes, Corp. inscr. att. Il, 1221, 1223, 1228; III, 106-111,
123-124, 1096, 1114. 1. inscr. III, 122, donne une liste de quatorze vain¬
queurs ; les deux premiers sont désignés avec le patronymique et le
démotique ; les deux suivants avec le patronymique, les dix autres par le
nom seul. — 19 Corp. inscr. att. II, 446, 1. 67; Alb. Martin, Cav. athén.
p. 201. - 20 Corp. inscr. att. II, 969 B. —21 Alb. Martin, Op. cit. p. 246.-
..22 A. Mommsen, Feste der Stadt Ath. p. 153, donne la distribution de la fôte
seulement pour le milieu du iv" s., d’après l’inscr. du Corp. inscr. att. II, 965.
— 23 Corp. inscr. att. Il, 447 et 448.
LAM
— 913 —
LAM
marbre de Pergame qui se trouve au Musée du Louvre ,
elle est plus sûrement rappelée sur une monnaie d argent
(fig. 4333) de Tarente2 où l’on voit un cavalier tenant
une torche à bobèche. C’est la course
telle que la décrit Pausanias qui serait
reproduite sur le vase de marbre. Cepen¬
dant la course à cheval comprenait an¬
ciennement, comme la course à pied, la
transmission de la lampe. Platon le dit
expressément au début de la Républi-
de Tarente. que Xagjcaota s/ovire; oiaoiiHJOudiv
àXXVjXotç âjJuXXôpsvot toiç tW>i;. La oia8o/Ai
était certainement plus difficile à cheval qu’à pied : c’était
donc un attrait de plus. On doit aussi supposer que les
espaces qui séparaient les coureurs d’une même file étaient
plus grands que pour la course à pied ; la course à cheval
exigeant, pour un espace égal, moins de coureurs, on
pouvait les échelonner à de plus longs intervalles.
Les éphèbes prenaient une part importante aux fêtes
publiques ; ils étaient chargés de divers concours parmi
lesquels il faut citer en première ligne les lampadédromies .
«Les éphèbes, dit une inscription3, ont fait les courses
aux flambeaux qui leur. sont réservées ; ils ont, aux Epita-
phia, couru cette course contre les anciens éphèbes et les
ont vaincus. » La fête des Théseia et celle des E 'pitaphia
sont plus particulièrement nommées dans ces inscrip¬
tions4'. On trouve aussi les TvapeÛTaxxot mentionnés parmi
les corps chargés défaire des courses aux flambeaux6.
Nous avons vu à Délos des lampadédromies courues
par les enfants (Ttcdotov6); quant aux courses d hommes
faits (àvSpûv), nous en avons cité de nombreux exemples.
Quelle était l’origine et la signification de ce concours?
On a pensé7 qu’il avait un caractère religieux. Le fait
essentiel consiste dans l’acte de prendre du feu à un
certain endroit et d’aller à un autre endroit rallumer un
autre feu ; les deux endroits sont des autels. On peut
comparer ce qui s’est passé à Platées après la défaite des
Perses 8 : les feux furent éteints sur tout le territoire de
cette cité ; on a déjà parlé du Platéen Euchidas, qui alla
à Delphes, se purifia et mit sur sa tète une couronne de
lauriers : il prit ensuite sur l’autel d’Apollon du feu
qu’il porta le même jour à Platées, et qu’il remit à ses
concitoyens en rendant le dernier soupir, après avoir
parcouru mille stades. Ce renouvellement du feu au moyen
d’un feu pur ou sacré rappelle un des plus anciens rites
du culte primitif; on le trouve, par exemple, à Lemnos9,
à Rome 10, faisant l’objet d’une cérémonie annuelle.
En tout cas, c’est, comme nous l’avons dit, à des divi¬
nités qui se rattachent au culte du feu que les plus
anciennes lampadédromies étaient consacrées, Athéna,
Prométhée, Héphaistos11. Le centre de la fête est à
1 La gravure de Clarac, Mus. de sculpt. pl. cxc A, n. 355 G, interprète
et précise des détails devenus invisibles, — 2 De Luynes, Choix de méd. grecq.
111, 1. — 3 Ibid. II, 470, 1. 9. — 4 Corp. iriser, att. II, 465,4;46G, 9;467, 19; 468,
12; 409, 16 ; 470, 9 ; 471, 23; cf. encore 474, 480, 481, etc. — 5 Ibid. III, 107.
— 6 Bull. corr. hell. XV, 257, inscr. de Staséas, et 263, inscr. d'Apollouios, fils d’Hé-
licou. — 7 Wccklein, Op. laud. p. 444 et suiv. — 8 Plut. Aristid. 20. Le chiffre de
1 000 stades qu'indique Plutarque, pour la distance entre Platées et Delphes, est fort
exagéré. — 9 Philostrate (Heroic. 740 Olear. ; II, 157, Kayser) raconte que chaque année
ou éteignait tous les feux dans l'ilc do Lemnos et qu’on allait chercher à Délos un
feu nouveau pour rallumer les foyers; cf. Wecklein, Op. cit. p. 447. — 10 Macrob.
Sal. I, 12; Fustel de Coulanges, Cité ant. liv. I, ch. ni. — U Nous avons cité les
principaux textes relatifs aux fêles de ces trois divinités; on peut ajouter ou rappeler,
pour Athéna, Corp. inscr. att. II, 1181, 1229, 1322 ; pour Héphaistos, Ibid. Il,
1340; III, 111 ; surtout IV, 1, n° 35 6, p. 64; Audoc. De Myst. 132; Themist. Or.
V; Harpocr. Hesych. Suid. s. v. kajiiuà? ; Sch. Arisloph. Ban. 131, 1119; Bekker,
l’Académie, dans le téménos d’Athéna, près de la hase
qui porte les autels unis de Prométhée et d’Héphaistos 12.
De bonne heure, cependant, de pareils concours furent
institués en l’honneur de divinités qui n’avaient aucun
rapport avec le culte du feu ; ce fut le cas, par exemple,
pour Pan après Marathon 13. Nous avons vu ensuite des
lampadédromies célébrées aux fêtes d’Hermès n, de
Bendis, de Thésée, et à cette fête des epitaphia qui se
rattache si étroitement aux Théseia ; à l’époque impériale,
une course aux flambeaux est mentionnée pour la fête de
Germanicus 18. Les Athéniens portèrent ce goût pour les
lampadédromies dans leurs colonies et dans les pays qui
leur étaient soumis.
On nous signale un monument 16 qui est inédit
et qui de plus est la seule œuvre de sculpture antique
qui nous soit par¬
venue sur le sujet.
C’est un bas-relief
(fig. 4334) qui sem¬
ble être une stèle
funéraire. Il pro¬
vient de Thasos et
est du ive ou du
commencement du
me siècle. Il repré¬
sente un jeune
homme nu, qui tient
de sa main droite
une torche et qui de
la gauche semble
toucher quelque
chose qu’on ne peut
bien reconnaître,
car la pierre est
mutilée à cet en¬
droit. La bobèche
est indiquée, mais elle est moins grande que celles qui
sont représentées sur les vases. Le jeune coureur n’a pas
de couronne sur la tète. Peut-on conclure de cette sculp¬
ture que les lampadédromies étaient courues àThasos, ou
bien faut-il supposer que le jeune homme, auquel la stèle
a été consacrée, a remporté la victoire aux lampadédro¬
mies de la ville d’Amphipolis qui est située sur la côte
voisine ? Cette dernière ville, on l’a vu, ancienne colonie
athénienne, célébrait des lampadédromies 11 . Nous pou¬
vons citer encore parmi les pays qui subirent l’influence
d’Athènes, Délos 18 et Lemnos19. On ne peut d’ailleurs pas
affirmer que les courses aux flambeaux soient une création
des Athéniens ; on les trouve pratiquées dans un très grand
nombre d’autres villes grecques, à Corinthe20, Sestos21,
Céos22, Samos23, Euménie2'*, Thespis 23, Coronée 26,
Xnecd. 228. — 12 Paus. I, 30, 1,4; Schol. Oed. Col. 5G ; Plut. Sol. 1. — 13 Wccklein,
Op. cit. p. 450 ; Preller considère cependant Pan comme étant dans une certaine
mesure un dieu de la lumière, Griecli. Mythol. 4» éd. p. 740. — 14 Corp. inscr. att. II,
1223; III, 113. — 15 Ibid. III, 1096. — 16 Ce bas-relief appartient à M. Bulgaridis,
agent consulaire de France à La Cavalle (Roumélie). Nous en devons la communi¬
cation à MM. Perdrizet et Mendel, qui out bien voulu nous autoriser à le repro¬
duire. — >7 Voir la figure 4331 . Autres références pour Amphipolis, pour Aplara en
Crète et Hephaislia à Lemnos, dans l’article candelabkum, t. I, p. 69, n°s 5 à 7, et
figure 1073, une monnaie d’Aptara. — 18 Fête des Hermaia des enfants, Bull, corr.
hell. XV, p. 257, inscr. de Staséas; p. 203, inscr. d’Apollouios lampadarque. — 19
Dittenberger, Sylloge, 402. — 20 Fcte d’Athéna 'EVAcma, Schol. Pind. Ol.
XIII, 56. — 21 Dittenberger, Sylloge, 246. — 22 Dittenberger, loc. I. 348.
— 23 Journ. of hell. Stud. VII, 1884, p. 148. — 24 Bull. corr. hell. VIII, 1884,
p. 2 37. — 23 Inscr. Graec. Sept. 17 6 4. — 26 Ibid. 2871, 1. 18, -zr.t Upàv
7.oqj.uà5a.
LAM
914 —
LAN
Lébadëe1, à Larissa 2 en Tliessalie; et si nous connais¬
sions mieux l'histoire des autres cités, nous verrions que
dans la plupart la lampadédromie forme un des épisodes
les plus goûtés des fêtes religieuses. Alb. Martin.
LAMPAS. — En grec et en latin, le mot Xagrcocç, lampas ,
a un sens général. Il désigne tout objet qui produit de
la lumière par la combustion de matières solides, bois
ou cire ; il s'oppose au mot grec lûyyoç et au mot latin
lucerna , qui s’appliquent au contraire à tout ustensile
où la lumière résulte de la combustion d’une mèche
trempée dans l’huile. Il ressort d’un passage d’Athénée 1
que les ustensiles désignés par les mots grecs 8 ad; ou
oï;, Xôipvta ou Xocpviç, éX<£v/|, cpavô;, aravo;, Sett] étaient sim¬
plement des espèces du genre Xajjnrâ; : tous étaient for¬
més d’un faisceau de tiges ou de baguettes de bois [fax].
L ' Etymologicum magnum 2 confirme cette conclusion :
XafATidos; 3È (Xsyovxai), al 07i(ü;37j7roxE xaxEaxsua'TgÉvat (8S8e;),
xat dv àxôcpuoç oeoejaevocï <Ù<tc. L’expression 7tsuxfv7| Xapnrx;
(torche en bois de pin) se trouve dans Sophocle3. D'autre
part, Plutarque nous apprend que le mot Xaja.7 ta; servait
aussi à désigner des flambeaux de cire :.. ttsvte XafvrcdSa;
cottouotv £ v rot; ydp.ot;, a; xïjpùova; àvojLxÇouctv 4. Souvent le
mot Xap.7:d; était employé purement et simplement comme
synonyme de 85;. L’exemple le plus caractéristique est
fourni par Pausanias : ’Ev ’AxaSvjpua 3é eut t npoaTjOÉoj;
pwp.8;, xoù ÔÉouaiv à.7r’ aùxoïï' npo; xà|V 7rôX[v lyovTE; xatoutÉva;
Xapi.7t58a;' tô Se ày «Avista bpoü tco Spoptto ouXa^at ttjv 353a eti
xatogÉvT,v È(jt(vs. Il est question dans ce passage de la
lampadedromia. Sur plusieurs vases peints où sont repré¬
sentés des vainqueurs de cette course, la Xag7rd; est
figurée sous la forme d’une torche piquée ou fichée dans
un chandelier à bobèche (fig. 1073, 1074, 4328 à 4331).
De même en latin, les torches [fax, taeda] et les
flambeaux de cire [cereus, funale] étaient des variétés de
la lampas. Les lampadarii portaient des flambeaux. Les
lampades , figurées parmi les insignia des préfets du
prétoire au iv° siècle de l’ère chrétienne, sont des flam¬
beaux de cire supportés par des candélabres6. Très sou¬
vent les auteurs ont employé le mot lampas pour dési¬
gner une torche 7.
Enfin, le même mot servait à désigner les torches nup¬
tiales8 ; or nous savons, par de nombreux monuments
d’archéologie figurée, que les lampades , qui éclairaient
les scènes d’hyménée, n’étaient pas autre chose que des
torches. De ce qui précède il résulte, à notre avis, que le
mot XagTr 5;, lampas , en Grèce et à Rome, s’appliquait non
pas à un objet précis et unique, mais à toute une catégorie
d’ustensiles II désignait l’un des deux grands genres de
luminaires que l’antiquité a connus. J Toutain.
LAMPTEU [CANDELABRUM, LANTERNA, LUCERNA, FAX].
LAMPTERIA. — Les AapTrx^pia étaient, d’après Pau-
l Corp. inscr. Gr. sept. 3056. — 2 Un catalogue de jeux mentionne le jeu
’AçuTTto'/.àtxitaSt, Bull. corr. hell. X, p. 443, 1. 17. Pour les autres noms de ville et
autres références, cf. Krause, Gymn. p. 204. — Biblioguaphie. Aug. Boeckli, Die
Staatshaushaltung der Athener, 3' éd. p. 548, 550 et suiv.; J. H. Krause, Die
Gymnastilc und Agon. der Hellenen, p. 201 et suiv. ; Aug. Mommsen, D’este der
Stadt Athen, p. 103, 153, 341 ; N. Wecklein, Der Fackclwettlauf, dans Her¬
mès, t. VU, 1873, p. 437 ; V. Thumser, De cimum Athen. muneribus eorumgue
immunitate, 1880, p. 88; Alb. Martin, Les Cavaliers athéniens, 188G, p. 199;
Alf. Kfirte, l ase mit Fackellaufdarstellung, dans le Jahrbuch des deutsch. arch •
Inst. VU, 1893, p. 149 ; Paul Foucart, La course aux flambeaux, dans la
Revue de Philologie, t. XXIII, 1899, p. 112 ; Albert Wellauer, Étude sur la
fête des Panathénées, 1899, p. 91.
LAMPAS. 1 Ath. XV, 57-61. — 2 P. 570, 9 et suiv. — 3 Trachin. 1198.
— 4 Quest. Roman, 2. — B I, 30, 2 ; cf. Schol. Euripid. ad Phoenic. 1377 ; Thucyd.
111,24. — 6 Notit. dignit. Pars Orient. III, éd. Boecking, p. 12; Occid. II, p. 8. —
sanias1, une fête de Dionysos Aapurx-yjp, célébrée à
Pallène d’Achaïe et caractérisée par l’usage de porter
des torches la nuit dans le temple et de disposer des
cratères de vin en différents endroits de la ville. Elle
ressemblait donc aux fêtes habituelles de Dionysos
[dionysia, p. 231]. Cn. Lécrivain.
LANA ("Eadov). — Aussi haut que l’on peut pénétrer
dans l’histoire, on rencontre le mouton fournissant à
l’homme la nourriture et le vêtement. Là où s’arrête
l’histoire, il est, comme nous aurons plus d’une fois
l’occasion de le constater, mêlé aux légendes mytholo¬
giques. Sesorigines sont donc préhistoriques et remontent
à des époques sur lesquelles les textes sont muets. Avant
d’aborder l’étude de la production de la laine chez les
Grecs et les Romains, nous constaterons qu’elle était
déjà un objet de culture, de commerce et d’industrie chez
les peuples du monde ancien dont l’histoire a précédé la
leur, et que, si les voies commerciales changèrent ou
s’étendirent, les centres de production et de fabrication
restèrent les mêmes pendant le cours des siècles1.
I. — L’Égypte, dit la légende, dut à Mercure l’art de
tondre la brebis et de tisser la laine2, art qu’ÎIerculc
transporta d’Égypte en Grèce3. Quoique, chez les Égyp¬
tiens, l’agriculture fût surtout en honneur et l’état de
berger peu estimé4, ni l’élevage des moutons3 ni l’usage
de la laine 6 n’étaient négligés. Des bas-reliefs égyptiens
représentent des troupeaux de moutons7. Après l’inon¬
dation périodique du Nil, la terre produisait de si bons
pâturages que l’on pouvait faire deux tontes dans
l’année8; mais la laine, semblable à des poils, était de
mauvaise qualité et ne pouvait être tissée; elle servait à
réparer les habits usés et leur rendait une grande solidité9.
A l’ouest de l’Égypte s’étendaient les vastes déserts de
la Lybie. Virgile a consacré à leurs bergers quelques-uns
de ses plus beaux vers10. Mais nous avons sur les brebis
de cette région des témoignages plus antiques, car
Homère11 et Aristote12 louent leur fécondité, et Pindare
appelle 7roXûg^Xo; la terre qui les nourrit13. Plus au sud,
les populations pauvres et nomades de l’Éthiopie u
élevaient des brebis16 dont la laine de mauvaise qualité,
rude et sèche comme des poils de chèvre, ne pouvait
servir à les vêtir 16.
Les Arabes étaient nomades et possesseurs d’immenses
troupeaux de moutons, aussi bien ceux qui habitaient
l’Arabie Heureuse17, au sud du désert, que les Arabes de
la région nabathéenne, en rapports fréquents, par leur
situation, avec la Syrie. Ils avaient plusieurs espèces de
moutons à laine blanche18, dont l’une était remarquable
par les dimensions de sa queue 10, si énorme qu’il fallait,
pour la soutenir, attacher un petit chariot à l’arrière-
train de l’animal20. Autour de cette queue on recueillait
7 Virg. Aen. IX, 535; Val. Macx. III, 124; Ovid. Fast. IV, 493; Metam. IV, 403;
Stat. Theb. VIII, 468; Silv. IV, 8,50-51. — 8 Ovid. Ep. XII, 137- 138; XIV, 23-26;
Stat. Silv. 1,2,4; IV, 8, 59 ; Térenl. Adelph. V, 7, 9.
LAMPTERIA. 1 VU, 27, 3.
LANA. l Je citerai, à propos de ces peuples, les références de toutes les époques,
afin de n’avoir pas à y revenir quand j’aurai à parler de la Grèce qui en colonisa
une partie, et de l’Empire romain, qui les absorba tous. — 2 Tcrtul. De pallio, III.
— 3 Varr. R. rust. II, 1, G. —4 Genes. XLVI, 34. — 5 Herod. II, 42 ; Strab. XVII,
I, 23, 40 ; Diod. Sic. I, 36; Plut. De Isid. et Osir. LXX1I, LXXIV. — 6 Herod. III,
81. —1 Lipsius, Denkmtiler, II, 51, 132. — 8 Diod. Sic. I. I. — 9 plin. ]y at. hist.
VIII, 73, 3. — 10 Georg. III, 339, s. — H Odyss. IV, 85, s. — 12 Probl. X, 47.
— 13 Pyt'h. IX, 11. — 14 strab. XVII, 1, 3, 53. — 15 Homer. Odyss. I, 25 ; Virg.
Buc.X, 68; Athen. V, 201 c. — to Strab. XVII, 2, 3. — 17 Diod. Sic. II, 54.
— 13 Strab. XVI, 4, 26. — 19 Herod. III, 113; Diod. Sic. I. I. — 20 Herod.
I. I.
LAN
— 915 —
LAN
la laine la plus fine et la plus abondante1. Ces Arabes
entretenaient avec Tyr un commerce de moutons 2 et sans
doute aussi de laines. À ces relations commerciales est
due probablement la présence en Syrie de moutons à
grosses queues 3, comme ceux des Arabes, que nous
voyons d'ailleurs condamnés à payer aux Juifs un tribut
de 7 000 béliers4 ; toute leur richesse était représentée
par leurs troupeaux. Au témoignage de Pline, la laine
d’Arabie était plus propre que les autres à la fabrication
des couvertures dont on enveloppait les moutons de race
pour conserver à leur toison sa finesse et sa pureté 5
La Bible nous montre les Hébreux pasteurs G. Il est
inutile de faire ici la démonstration de ce fait bien connu.
Quelques chiffres seulement nous permettront d’appré¬
cier leur richesse en troupeaux et aussi celle de quelques
peuplades voisines : Lot, Isaac, Laban, Nabal, David
étaient propriétaires de grands troupeaux7; Mesha, roi
de Moab, payait aux Juifs un tribut de 1000UÜ agneaux
et de 10U00Ü béliers avec leur laine8. Après une guerre,
les Juifs prirent à plusieurs peuplades voisines toutes
leurs richesses consistant en animaux, parmi lesquels
250000 brebis9. Moïse fit sur les Madianites un butin
de 675000 brebis10. La laine des brebis de Palestine était
très blanche11. Une si grande abondance de laine im¬
plique l’usage de couvertures et de vêtements fabriqués
sur place12 et aussi l’exportation de ces produits13.
La Phénicie, relativement peu riche en troupeaux, em¬
ployait pour la teinture de la pourpre des quantités consi¬
dérables de laine, qui souvent était teinte à l’état brute11 ;
ses vaisseaux sillonnant toutes les mers, lui apportaient
la matière première de toutes les parties du monde15.
Sidon16 et surtout Tyr11 avaient des teintureries de
pourpre renommées et un commerce étendu de tissus18.
Cette dernière ville, dès une époque reculée, recevait les
laines de Damas et d’Arabie 19 ; il en était de même encore
au temps de saint Jérôme20.
De tout temps la Syrie éleva des troupeaux de brebis ;
elle avait une race à longue queue, comme les brebis
arabes21 ; Damas recueillait la laine de ses troupeaux pour
l’exporter à Tyr et à Sidon 22. Cette dernière ville fabriquait
aussi des étoffes de laine qui étaient connues au loin23.
En avançant plus vers l’est, nous rencontrons la Méso¬
potamie qui, nous l’avons vu en parlant des Hébreux,
fut, dès la haute antiquité, un pays de pasteurs de
brebis24. Babylone exportait, vers l’Occident, ses étoffes
de laine couvertes de riches broderies, ses tapis aux vives
couleurs25. Nous trouvons encore les brebis en Perse26 et
l Plin. Nat. Iiist. VIII, 75. — 2 Ezechiel, XXVII, 21. — 3 pii„. I, /.
— 4 Paralip. II, 17, U. — 3 Plin. VIII, 72. Plus d’une fois nous aurons occasion
de parler de ces brebis dont la laine était protégée par des couvertures : oves pel-
litae, oves tectae. Voir plus loin, IV. — 6 Genes . XXIX, 1 s. ; XXXI, 38, s. ; Michae.
Il, 12; Ezechiel, XXXIV, 1, s., etc. — 7 Genes. XIII, 5; XXVI, 14; Reg. I, 25,
2; Paralip. I, 27, 31. — 8 Reg. IV, 3, 4. — 9 Paralip. I, 5, 21. — 10 Num.
XXXI, 32. Sur la production de la laine en Palestine, voir Yales, Textr. ant. t. I,
p. 14, s.; Bochart, Hierozoicon, t. Il, col. 475, s. — H Psalm. CXLVII, 16.
— 12 Proverb. XXVII, 26 ; XXXI, 13, 19, 21, 22; Job , XXXI, 20. — 13 Proverb.
XXXI, 24. — 14 Homer. Odyss. VI, 305 ; Horat. Epod. XII, 21. — 13 Ezoch. XXVII ;
Expos, tôt. mund. XXXI, dans Geogr. min. éd. Riese, p. 110. — 16 Horat. Epist. I,
10, 26 ; Tibul. III, 3, 18 ; Martial. XIV, 154 ; Clem. Alex. Paedag. II, 10. — 17 Horat.
Epod. XII, 21 ; Virg. Georg. III, 307 ; Tibul. IV, 2, 16; Plin. IX, 62, 3.
— 18 Procop. Hist. arc. XXV. — 19 Ezech. XXVII, 18, 21. — 20 S. Hieronym.
Ad Ezech. VIII, 27; t. V, p. 257, édit. Migne. — 21 Aristot. An. hist. VIII, 28;
Plin. Nat. hist. VIII, 75. — 22 Ezech. I. I.; S. Hieron. I. I. — 23 Amos, III, 12 ;
Rio Clxrys. LXXIX, 1 ; Coripp. In laud. Justin. IV, 208, où quelques éditeurs lisent
serica au lieu de sxjrica. — 24 Cf. Genes. XXIX, 10; XXXI, 38 , 40. — 23 d;0
Chrys. LXXIX, 1 ; Tertull. De hab. mut. I, I ; Perrol-Chipiez, Hist . de l’art, I, 709, s.
— 26 Herod. 1, 133 ; Aristoph. Vesp. 1 137, s. et Schol. ; Yales, Textr. ant, I, 13, s.
jusque dans les Indes 27, où, si l’on en croit Ctésias, il exis¬
tait, comme en Arabie et en Syrie, une race à large queue28.
Nous arrivons à l’Asie Mineure. Dès l’antiquité, terre
de troupeaux et d’industrie textile, elle fut encore, par les
colons grecs, poussée davantage dans cette voie. Les
légendes mythologiques de cette contrée indiquent déjà
ce double caractère : Marsyas était un berger Phrygien29;
Ganymède fut enlevé au milieu de ses brebis, en Darda-
nie30; c’est sur les pentes du mont Ida que les trois
déesses se présentèrent devant le berger Paris31 ; Ara-
chnée était fille d’un teinturier en pourpre deColophon 32.
Dans les hautes vallées du Taurus, autour de Selgé en
Pisidie, de plantureux pâturages nourrissaient des bre¬
bis 33à la laine douce et blanche34 que Tertullien compare
aux laines de Milet et d’Attique35. Près de Mazaca s’éten¬
daient les pâturages des brebis de la Cappadoce36 qui
exportait des tapis de laine 37. Riche en troupeaux, la
Lycaonie fournissait au commerce une laine un peu rude,
mais très abondante, source de richesse pour le pays;
là étaient les célèbres troupeaux d’Amyntas 38. Pline
mentionne la laine de Galatie avec celles de Tarente, de
l’Attique et de Milet qui sont les meilleures, et la recom¬
mande pour les usages médicinaux39. Les Galates la
teignaient avec une pourpre40 végétale moins solide que
l’autre41 et entretenaient un commerce actif de laines
manufacturées42.
En Phrygie, les troupeaux de brebis étaient très nom¬
breux43 et leur laine particulièrement douce et belle44.
Laodicée fournissait une laine très estimée45 pour sa
belle couleur noire46 ; Colossae aussi donnait une laine
dont la couleur était recherchée47. Athènes achetait la
laine de Phrygie48. Les Phrygiens faisaient aussi, pour
le commerce, des vêtements de laine49 et des étoffes
qu'ils brodaient avec un art merveilleux50, art que,
disait-on, ils avaient inventé 51 , et teignaient leurs lai¬
nages dans les teintureries sans rivales d’Hiéropolis52.
Milet de Carie apporta à la préparation et au commerce
de la laine une grande activité. Quoique sa laine fût de
moins bonne qualité que certaines autres33, elle n’en
garda pas moins une vogue qui ne se démentit pas pen¬
dant plusieurs siècles54. Elle l’exportait à l’état brut35,
quelquefois teinte56 et en nombreux produits manufac¬
turés57. Cette laine était particulièrement propre aux
usages médicinaux58, et la race des brebis qui la por¬
taient très estimée 59.
L’Ionie avait, près d’Érythrée, des brebis qui fournis¬
saient une belle laine rousse 60 ; celles de Clazomène,
— 27 Ctesias, Ind. XI, XXII. — 28 RI. XIII. — 29 Herod. VII, 26. — 30 Apollod. III,
12, 2. — 31 Hygin. Fab. XCII. — 32 Ovid. Met. VI, 5, s. — 33 Strab. XII, 7, 3.
— 34 Philoslr. Apoll. 111, 5, 4. — 35 Depall. III. — 36 Strab. XII, 2, 9. — 37 Edict.
Dioclet. XIX, 19 ; Corp. inscr. lat. III, suppl.p. 1942. — 38 Slrab. XII, .6, 1. _ 39 Plin.
Nat. hist. XXIX, 9, 4. — 40 Terlul. De paît. IV. — U Plin. IX, G5, 3; XXII, 3, 1.
-42 Expos, tôt. mund. XLI. — 43 \’arr. R. rust. II, 1, 5. — 44 Aristoph. Aves,
493, et Schol. ap. Suidas, s. v. «bçuyiuv I?îwv. — 43 Plin. VIII, 73. — 45 Strab. XII,
8, 16. — 47 IJ. Ibid. — 48 Aristoph. Aves, 493. — 49 p0U. VII, 77; Edict. Diocl.
XIX, 26-29, 41; XXI, 2, 10, 19, 20, 22; Corp. inscr. lat. III, suppl. p. 1942 et
1944; Expos, tôt. mund. XLII. — 50 Senec. Herc. Oet. 665; Serv. ad
Aen. III, 484; Tort. De hab. mul. I, 1; Isid. Orig. XIX, 22 : picta acu.
— 61 Plin. VIII, 74. — 52 Strab. XIII, 4, 15; Corp. inscr. gr. III, 3924.
— 53 strab. XII, 8, 16; Plin. VIII, 73. — 54 Virg. Georg. III, 300; IV, 334;
Ael. Hist. an. XVII, 34; Mart. VII, 28, 10; Colum. VII, 2, 3; Serv. in Georg. III,
306 ; Tertull. De pall, III; De hab. mul. I, 1; Clem. Alex. Paed. II, 10;
Tzetzes, Chil. X, 329. — 53 Ezech. XXVII, [18; Aristoph. Lysist. 729 et Schol.
— 56 Serv. in Georg. III, 306. — 57 Cf. les nombreux exemples réunis par
Hugo Bliimner, Die Geverb. Thtïtigkeit, p. 32, s. — 58 Plin. XXIX, 9. 4.
— 59 Athen. XII, 540 d ; Colum. Vil 2, 3. — 60 Pljn. Nat. hist. VIII, 73, 2 :
Colum. VII, 2, 4.
LAN
916 —
LAN
même tout à fait blanches, donnaient, suivant la nature
des eaux quelles buvaient, des agneaux à la laine grise,
brune ou noire1; Colophon exploitait des teintureries
renommées2. La Lydie, dont le luxe est resté proverbial,
fabriquait des tissus de laine à Thyatire3, à Philadelphie 4
et à Sardes s qui, en outre, les teignait en pourpre6 ; ce
qui suppose une abondante production ou un commerce
considérable de laines brutes. Dans la plaine de Troie,
les eaux du Xanthe donnaient une belle couleur rousse
à la toison des brebis qui s’abreuvaient à ses eaux7.
Toute la région du Pont envoyait de la laine brute sur
les marchés de la Grèce et de ses colonies, surtout sur
celui de Milet8. On peut signaler particulièrement les
laines de la Gazélonitide, si moelleuses et si douces que
ni le Pontni laCappadoce n’en fournissaient de pareilles9;
les laines des Coraxi 10, là où Dioscorias, colonie de Milet,
était un centre important de commerce entre l’Europe et
l'Orient11, et, sur la rive opposée, entre le Borysthène et
l’embouchure du Maeotis, une race de grands moutons12.
Enfin, après avoir traversé la Thrace qu’Homère appelle
la mère des brebis13, nous arrivons à la Grèce.
IL — Pas plus que pour les autres pays, nous ne con¬
naissons l’époque historique de l’introduction du mouton
en Grèce. Les quelques origines mentionnées par les
auteurs sont mythologiques : c’est Hercule introduisant
en Grèce cet animal amené d’Égypte 14; Nicias, de Mégare,
l’inventeur légendaire de l’art du foulon16; le tissage de
la laine enseigné tout d’abord aux Athéniens probable¬
ment par Minerve16; Mélos, renvoyé par Vénus de
Cypre à Délos, sa patrie d’origine, pour y enseigner la
tonte des moutons et le travail de la laine11; puis les mul¬
tiples légendes où parait le bélier à la toison d’or; le
rapport entre la vie pastorale et les cultes indigènes les
plus anciens, celui de Pan, par exemple, spécialement
répandu dans l’Arcadie et l’Attique, régions par excel¬
lence productrices de la laine18. La Grèce, par son sol et
son climat, était particulièrement propre à l’élevage du
mouton; aussi, dès le temps d’Homère, nous voyons les
différents peuples qui l’habitent s’y livrer, et les femmes,
jusqu’à l’invasion du luxe asiatique, travailler la laine
et en faire les vêtements de tous.
C’est en Thessalie qu’Apollon garda les cavales
d’Admète19, car cette contrée élevait surtout des che¬
vaux20; cependant, certaines de ses parties produisaient
de la laine. Homère appelle « mères des moutons » les
villes d’I ton 21 et de Phthià22, et Aristote loue la fécondité
des brebis de Magnésie23.
L’Épire avait d’excellents pâturages 24 et nourrissait une
race spéciale de grands moutons appelés pyrriques, du
nom du roi Pyrrhus26 qui avait des domaines où vivaient
de nombreux troupeaux26. C’est surtout aux environs de
Maledo et de Pergamis que se trouvaient les beaux
pacages et les troupeaux d’Ëpire27. On y élevait des
1 Vilruv. VIII, 3, 14. Nous aurons plus d'une fois l’occasion de consta¬
ter combien était répandue chez les anciens la croyance à l'influence des
eaux sur la couleur de la laine des brebis. ■ — 2 Ovid. Met. VI, 5, s.
— 3 Corp. inscr. gr. II, 3480. — 4 Ibid. 3422. — 6 Athen. VI, 255 c.
— 6 Aristoph. Acharn. 112; Pax. 1174. — 7 Vitruv. VIII, 3. 8 Cf. Hugo
Blüniner, O. I. p. 42. — 9 Strab. XII, 3, 13. — « Tzetzes, Chil. X, 329 ; XI, 388.
— n Plin. Nat. Inst. VI, 5.— 12 Strab. Vil, 3, 18. — 13 II. XI, 223. — l4Varr. R. rust.
IJ 6. — 15 Plin. VII, 57, 5. — 15 Justin. II, 0 ; flesiod. Op. et dies, 63, 64.
— n Scrv. ad Virg. Bue. VIII, 37. — 18 Sur le culte de Pan et ses rapports avec la
vie pastorale en Grèce, cf. Yates, Textr. ant. t. I, p. 43 s. — 19 Homer. II. Il, 763, s.
— 20 Strab. VIII, 8, I ; X, 1 , 13. - 21 if. II, 696. - ^lbid. IX, 479. — 23 Probl. X, 47.
_ 24 Aristot. De anim. hist. III, 2t. — 25 Ibid. — 26 Plut. Pyrr. V. 2. \arr.
oves pellitae 28 dont la laine était fine et très douce.
En Béotie, les nombreux troupeaux de Laius et
d’Œdipe paissaient sur le Cithéron 29, et ce furent les trou¬
peaux du roi de Thèbes qui donnèrent lieu à la guerre
des sept chefs30. Une inscription, conservée au Musée Bri¬
tannique, contient le texte d’un décret relatif à un droit
de pacage pour des troupeaux de moutons sur le terri¬
toire d’Orchomène31. Deux fleuves de Béotie, le Milès et
le Céphise, avaient la réputation d'influer sur la couleur
de la laine des agneaux portés par les brebis qui s’abreu¬
vaient à leurs ondes 32 .
Les habitants de la Mégaride s’attribuaient l’honneur
d’avoir reçu le mouton de Déméler à qui ils avaient, pour
cette raison, élevé, à Nisaea, un temple sous le vocable
de Déméter Melophora33. Nicias, l’inventeur légendaire
de l’art du foulon, comptait parmi leurs ancêtres34. Ils
faisaient des laines fines et avaient, en grand nombre,
des oves pellitae. On connaît le mot de Diogène le
Cynique, qui, voyant, à Mégare, les moutons paître vêtus
et les enfants courir nus, disait : « Mieux vaut être le
mouton d’un Mégarien que son fils35 ». Mais les Méga¬
riens avaient aussi des moutons qui leur fournissaient
des laines plus communes avec lesquelles ils fabriquaient
des manteaux appelés exotnis , industrie dont vivaient un
très grand nombre de Mégariens36. Ils fabriquaient aussi,
avec cette même laine, des manteaux qu’ils envoyaient
sur le marché d’Athènes37, vêtements à vil prix que por¬
taient les esclaves38 et les philosophes cyniques 39.
D’après une tradition, l’Attique aurait été le premier
pays qui sut travailler la laine40. D'ailleurs, le culte de
Pan, qui s’y répandit de bonne heure41, prouve que, dès
une haute antiquité, on y élevait le mouton. Les Athé¬
niens considéraient les troupeaux comme une de leurs
principales richesses42; leur sol, en effet, était plus propre
à l’élevage qu’à l’agriculture43. Des lois très anciennes
y protégeaient la production de la laine en défendant de
tuer l’agneau avant qu’il ait été tondu44 et en prescrivant
la destruction des loups, ennemis des moutons46. La race
des moutons d’Attique était excellente et Polycrate, tyran
de Samos, qui tenait à acclimater dans son royaume les
meilleures races d’animaux domestiques, avait fait venir
ses brebis d’Athènes et de Milet46. Les bonnes brebis
d’Attique étaient protégées par des peaux47 ; Aristo¬
phane48, Démosthène49 et des auteurs anciens cités par
Athénée 50 louent la beauté de leur race et la finesse de leur
laine. Il en était encore ainsi au temps de Plutarque61,
et Pline place la laine d’Attique au même rang que les
laines si renommées de Galatie, de Tarente et de Milet62.
Corinthe fabriquait des tissus de laine 53 et des couver¬
tures ou tapis très recherchés 64 .
L’Achaïe produisait des laines fines66 et fabriquait des
vêtements que le commerce exportait56. Le centre de
cette fabrication était Pellène, qui donnait son nom à
1t. rust. II, 2, 1.-28 IH. II, 2, 20. — 29 Soph. Oedip. H25, s. — 30Hesiod. Op. et
dies, 162. — 31 Corp. inscr. gr. I, 1569. — 32 Vitruv. VIII, 3. — 33 Paus. I, 44.
— 34 Plin. VII, 57, 5. — 35 Diog. Laerl. Diog. Cyn. VI, 41; Aelian. Hist. var.
XII, 56; Plut. De cupid. div. VII. — 36 Xenopli. Mem. Il, 7, 6. — 31 Aristoph.
Acharn. 519. — 38 ld. Vesp. 444; Pax, 1002. — 39 Sext. Empir. I, 14, 153.
— 40 Justin. II, 6. — 41 Herod. VI, 105. — 42 Thucyd. Il, 14. — 43 Plut. Sol.
XXIII. — 44 Athen. I, p. 9 d. — 45 plut. I. I. — 46 Athen. XII, 540 d. — 41 Varr.
R. rust. II, 2, 18. — 43 Ran. 1386 et Schol. ; cf. Schol. ad Aves, 493. — 4 9 In.
Euerg. et Mnesib. LII. — 50 II, p. 43 c; V, p. 219 a. — 51 Re audiend. IX.
— 52 XXIX, *41, 4. — 83 Athen. XIII, 582 d. — 54 Aristoph. Ran. 439 ; Athen. I, 27 d.
— 55 Hesych. s. v A^(a)ca. — 56 Ed. Diocl. XXII, 26, Corp. inscr. lat. t. III,
suppl. p. 1944.
LAN
— 917 —
LAN
un manteau d’hiver dont on couvrait les vainqueurs des
courses1.
L’Arcadie était par excellence une terre productrice de
brebis2. La haute antiquité du culte de Pan prouve que,
aussi loin que nous puissions remonter, cette région
était occupée par des populations pastorales3. C’est
d’ailleurs ainsi que les Arcadiens nous apparaissent dans
Homère A Pindare 8 et Théocrite 6 louent leurs trou¬
peaux. Comme l’Attique et Mégare, l’Arcadie avait, près
de Cynaetha, des oves pellitae1 .
La Laconie, comme les pays d’élevage de la Grèce
propre, comme la Mégaride, la Béotie, la Phocide, la
Phthiotide, l’Arcadie, avait des pâturages communaux
qu’elle mettait en location [epinomia]. Horace fait allusion
aux laines teintes avec la pourpre de Laconie 8.
Tels sont les principaux textes relatifs à la production
de la laine dans la Grèce continentale. On en pourrait
citer d’autres : les brebis volées, avec les bergers, au roi
d’Ithaque par les Messéniens9, qui avaient d’ailleurs de
bons pâturages pour les nourrir 10 ; les plaines de Crissa
en Phocide, condamnées à ne servir que de pâturages à
des troupeaux de brebis11, etc. Mais cela suffit pour
qu’on puisse affirmer, par l’analogie du sol et du climat,
que toutes les régions de la Grèce continentale produi¬
saient la laine en abondance.
Il en était de même des îles. A Samos, le mouton était
l'objet d’un culte divin 12, fait d’où l’on peut conclure
que, depuis une haute antiquité, il existait dans 1 ile. Le
tyran Polycrate renouvela la race en faisant venir des
sujets d’Attique et de Milet 13, et son île produisit dans la
suite des laines que l’on regardait comme égales à celles
de Milet14 et des tapis non moins estimés 15. L’ile de Cos
avait de nombreux troupeaux de moutons16. Théra fabri¬
quait, depuis une époque très reculée, des tissus de cou¬
leurs variées11 et des manteaux18. C’est de Cypre, par
un personnage qui se rattache au mythe d’ Adonis, Mélos,
que les habitants de l’ile de Délos apprirent à tondre la laine
et à la tisser 19 . Aristote20 et Athénée21 font mention des
brebis de l’ile d’Eubée, et Ulysse en possédait de nom¬
breux troupeaux dans son île d’Ithaque22 et sur le conti¬
nent voisin23.
Quand les colons grecs s’établirent sur les côtes d’Asie
Mineure, ils se trouvèrent dans des pays qui produisaient
la laine avec abondance et où les qualités de la race
étaient excellentes. Il n’est pas surprenant que, déjà
familiarisés dans la mère patrie avec cet élevage et cette
industrie, ils les aient continués en leur donnant une
plus vive impulsion, apportant à ces anciennes popula¬
tions une plus grande activité. Et bientôt Rome, en
augmentant le luxe et en attirant tout à elle, en même
temps que la consommation, décuplera la production.
1 Pind. Olymp. IX, 98; Nem. X, 44; Arisloph. Aces, 1421 ; cf. Strab. VIII, 386;
Hesych. el Pliot. Lexic. s. v. nsXXïivixa! ; Suid. s. v. IIeTAv/t, . - 2 Hom. Hymn.
XVIII, 30. — 3 Theocr. VIII, 105-106 ; Propart. I, 18, 20 ; Virg. Bue. X, 26 ; Georg.
III, 392. Sur le culte de Pan en Arcadie, cf. Yates, O. I. I, p. 43, s. — 4 II. II,
605 (les troupeaux d'Orchomène) ; Hymn. XVIII, 30; cf. 11,2; XVII, 2; Apollod.
ap. Strab. VIII, 3, 6; Paus. VIH, 3. — s Olymp. VI, 100. — 0 XXII, 157.
— 7 Polyb. IX, 17. — 8 Od. II, 18, 5 ; cf. Plin. IX, 60 ; XXI, 22 ; XXXV, 26, 2. Mais
il n’est pas permis de conclure de ces textes, avec certitude, que celle industrie
s’exercait en Laconie. — 3 Hom. Odyss. XXI, 18.— 10 Hom. II. X, 149, s. ; cf. Strab.
VIII, 4, 1 . — n Isocr. Plat. XXXI. — Arislol. Fragm. 197, p. 286, éd. Didot ; Ael.
De nat. anim. XII, 40; Clem. Alex. Protrept. II, p. 15. — 13 Alheu. XII, 540 d.
— 14 Eust. ad Dionys. Per. 823. — 16 Theocr. XV, 125. — 16 Eust. ad II. II, 676.
— 17 Cf. H. Blümner, Die gewerbliche Tliâtigkeit, p. 96. — 18 Athen. X, 424 f; Hesych.
s. v. ©içsov ; Suid. s. v. ’Aywpysia.— 19 Serv. ad Bue. VIII, 37. — 20 Anim. hist. I,
17, 0; IV, 2.— 21 I, 27 f-, V, 201 c. — 22 Hom. Odyss. XXI, 18.-23 Ibid. XIV, 100.
V.
III.— Ce n’est pas encore quitter la Grèce que com¬
mencer la troisième partie de cette étude par la Sicile et
l’Italie méridionale, ou Grande Grèce.
La Sicile était un pays de bergers, Théocrite seul sulli-
rait aie prouver; la mythologie l’établit aussi : Pan y
était honoré24; Polyphème23 et Daphnis Jl’ étaient Sici¬
liens. La Sicile fut le berceau de la poésie bucolique-’
et les Sicelides musae sont pastorales28. De merveilleux
pâturages, entre autres ceux qui couvraient une partie
des pentes de l’Etna 29, nourrissaient de nombreux trou¬
peaux de brebis30 qui produisaient une laine abon¬
dante31 qui était expédiée à Rome 32 ou employée à la
confection de vêtements destinés au commerce33. Cette
laine avait probablement les mêmes qualités que celles
de l’Italie méridionale.
Quelle qu’ait pu être, dans l’Italie méridionale, la race
primitive des brebis, les races grecques y furent intro¬
duites de bonne heure, et c’est à elles que 1 on doit ces
belles laines de Calabre et d’Apulie, rivales des laines
d’Attique et de Milet. Cette région, d’après une tradition,
aurait été colonisée par Oenotrius, un Arcadien * du
pays le plus pastoral de la Grèce; à 1 époque historique,
les auteurs appellent grecques les races de brebis de
Pltalie méridionale 3S et font mention des liens d amitié
que l’échange des laines avait noués entre les villes de
Sybaris et de Milet 36
En Lucanie, les eaux du Crathis donnaient, aux bre¬
bis pleines qui les buvaient, des agneaux gris, bruns ou
noirs 31 ; mais au contraire elles rendaient blanche la
toison des brebis 38, tandis que la rivière voisine, le
Sybaris, la rendait noire 39. Malgré la qualitédes laines
nationales, les Sybarites préféraient celles de Milet *°.
Le Bruttium fabriquait, pour l'exportation, des articles
de lainage41.
En Calabre, le Galaesus arrosait des prairies nourrices
de nombreux troupeaux 42 de race grecque 43 dont les
laines étaient des plus recherchées, spécialement celles
de Brindes 44 et celles de Tarente 45 surtout 46. Cette der¬
nière était très employée en médecine 4‘. L’eau du Ga¬
laesus donnait une grande beauté à la laine qu on y
lavait 48. L’Apulie aussi produisait des laines excel¬
lentes 49 ; ses grands troupeaux allaient passer l’été sur
les montagnes du Samnium o0 et même de la Sabine jl . La
campagne de Garganum produisait une laine moins bril¬
lante, mais plus moelleuse encore que celle de Tarente02,
et Pline estime, autant que cette dernière laine, la laine
fauve de Canusium S3. Il y avait donc, en Calabre et en
Apulie, des laines de différentes couleurs également re¬
cherchées 34. Ces pays de grande production, qui avaient
la spécialité des laines deluxe, entretenaient, comme Mé¬
gare, comme Athènes, des oves pellitae 53 ; ils se livraient
— 24 Cf. Yates, Texte. I, p. 77. — 25(}vid. Met. XIII, 770; Theocr. VI, XL — 26 Theocr.
I ; Diod. IV, 84. — 27 Bion. Idyll. VII, t ; Diod. I. I. — 28 Mosch., Idyll. III ; Virg.
Bue. IV, l. — 29 Strab. VI, 2, 8. — 30 Pind. Olymp. I, 12 ; Strab. VI, 2, 6. — 31 Athen.
V, 209 a\Exp. tôt. mund. LXV. — 32 Strab. V, 2, 7. — 33 Athen. XIV, 658 b ; Poil.
VII, 77. — 34 Paus. VIII, 3 ; Virg. Aen.’l, 532 ; III, 165. —33 Colum. R. rust. VII, 4,
1 ; Plin. VII, 73; Stat. Sylv. III, 3, 93. — 36 Athen. XII, 5 1 9 6.-37 Vitruv. VIII, 3,4.
J 38 Ael. Nat. An. XII, 26; Plin. XXXI, 9. — 39 plin. I. I. — 40 Athen. XII,
519 y. — 41 Exp. tôt. mund. LIV. — 42 Hor. Od. Il, 610; Sat. Silv. III, 3, 93;
Mart. V, 37, 2; VIII, 28, 4; XII, 63, 3. — 43 Voir note 35. — 44 Strab. VI, 3, 6.
— 45 Plaut. Trucul. III, 1, 5; Strab. VI, 3, 9; Calpurn. Bue. II, 69. — 46 Colum.
VII, 2, 3. — 47 Plin. XXIX, 9, 4. — 48 Mart. II, 43, 3 ; IV, 28, 1. — 49 Colum. VII,
2, 3 ; Plin. VIII, 73 ; Mart. XIV, 155. — 30 Varr. B. rust. II, 1, 16. — 31 Id. II, 2, 9.
— 52 strab. VI, 3, 9. — M Nat. Hist. VIII, 73; Mart. XIV, 127, 129. — 54 Pliu.
I. I. ; Mart. II, 46, 5-6 ; XII, 63, 3 ; XIV, 155 ; Tertull. De pall. III ; cf. Yates, Textr.
p. 79. — 35 Horat. Od. II, 6, 10 ; Varr. R. rust. Il, 2, 18 ; Clem. Alex. Pacd. II, 10.
116
LAN
— 918 —
LAN
aussi à un grand commerce de laines manufacturées
La laine commune d’Apulie, à poils courts, servait sur¬
tout à faire des penulae 2. Il y avait à Tarente des fabri¬
ques de pourpre 3 qui, au temps de la Notifia, étaient
sous l’administration du cornes sacrarum largitionum 4.
Les tentures de couleur 3 et les teintureries de
pourpre de Campanie 0 indiquent ou une production ou
une importation de la laine. On a trouvé à Pompéi d'im¬
portants ateliers de foulons [fullonica].
L’Ombrie 1 et les Sabines 8 recélaient dans leurs mon¬
tagnes d’excellents pâturages d'été 3 ; ces contrées semblent
cependant avoir livré peu de laines au commerce. Il est
vrai que les troupeaux qu’elles nourrissaient pendant la
belle saison appartenaient surtout à l’Apulie10. Tout au
nord du Picenum, Ancône faisait de la pourpre11.
Nous avons peu de renseignements sur le travail de la
laine à Rome. Nous savons que, parmi les très anciennes
corporations dont on attribue l’institution au roi Numa,
la filature, le tissage, les feutres avaient trouvé place 12.
Les inscriptions romaines nous font connaître des cen-
tonarii 13, des f alloues 14 et un lanarius coactiliariusiS,
des lanarii 16 habitant le vicus Caesaris 11 et le vicus
Fortunae n , des lanipendae i9, des rgarii 20 . Mais ces
industries durent peu se développer; car, de bonne heure,
Rome fit venir ces produits, et aussi les laines avec
lesquelles on les fabrique, de la Grèce et de l’Orient
d’abord, puis de toutes les parties de l’Empire qui tra¬
vaillaient pour la nourrir et la vêtir Aux temps anciens,
que Juvénal compare à la mollesse de son temps, les
Romaines filaient et tissaient la laine d’Étrurie, plus
rude que celle dont, plus tard, la Grèce et l’Orient inon¬
dèrent le marché de Rome 21 .
Toute la région qui s’étend de la Ligurie à l’istrie,
au pied des Alpes, la Gaule Cisalpine, était riche en laines
renommées dont quelques-unes, sur le marché de Rome,
faisaient concurrence à celles de l’Italie méridionale. Elle
produisait aussi des laines plus grossières qui servaient
à fabriquer des vêtements et des tissus à bas prix. Lanae
Galcanae 22 circumpadanae 23.
La Ligurie produisait à la fois une laine rude avec la¬
quelle on faisait des tuniques grossières et des saies 2\ et,
près de Pollentia, une laine noire très estimée 25-. Au¬
tour de Parme et de Modène sur les bords du Scultanna,
des troupeaux nombreux 2G, de race choisie 27, portaient
une laine de très bonne qualité 28, la meilleure des laines
blanches après les laines d’Apulie 29. Le pays des In¬
subres, au contraire, autour de Milan, fournissait une
laine très commune avec laquelle on habillait les esclaves
de toute l'Italie 30. Les laines communes de cet heureux
pays se vendaient donc au loin, autant que les plus fines.
Il semble d’ailleurs que, dans toute cette région, l’indus¬
trie des laines ait eu une très grande activité. On a cons¬
taté à Modène l'existence d’un negotians lanarius 31 et
d’un foulon 32 ; à Brixellium, il y avait un collège de car-
deurs 33 et à Brixia des collèges de cardeurs 34 et de
foulons 3B. A Eporedia, on a trouvé l’épitaphe d’un esclave
qui avait été attaché à un lanificium 36. Vérone fabri¬
quait des lainages rudes, couvertures et vêtements,
appelés, les uns et les autres, lodices 37. Padoue semble
avoir été le grand entrepôt pour l’exportation à Rome des
lainages du nord de l’Italie38.
Les environs de cette dernière ville produisaient aussi
une laine de qualité moyenne, tenant le milieu entre les
laines grossières de la Ligurie et du pays des Insubres,
et les laines fines de Parme et de Modène. On l’employait
à la confection de tapis de prix [gausapa] et autres tissus
analogues, pelucheux d'un seul côté ou des deux33. Plus
à l'ouest, les brebis d’Altinum donnaient une laine douce
et recherchée 4n, au troisième rang, après les laines
blanches d’Apulie et de Parme 41 . Nous voyons toujours
les laines d’Apulie placées au premier rang, avant les
laines de la Cisalpine; ce fait tient à ce que, sans être
plus belles, elles étaient d’un meilleur usage et se payaient
plus cher 42.Aquilée fabriquait des lainages 43. On ne peut
pas quitter le nord de l'Italie sans un souvenir pour les
brebis du Mincio, que Virgile a rendues aussi poétiques
que les brebis de Sicile.
La laine d’Istrie et de Liburnie, plus semblable à des
poils qu’à de la laine, ne pouvait pas être utilisée pour la
fabrication des étoffes à longs poils 44 ; mais on en faisait
des manteaux 45 avec capuchon 4G. Aristote, ou l’auteur
des Mirabilia , attribue aux brebis de cette région
une merveilleuse fécondité 47. La Dalmatie livrait au
commerce diverses espèces de vêtements de laine qui
portaient son nom 48 et avait une fabrique de pourpre dé¬
pendant du domaine impérial 43.
LeNoricum fabriquait un vêtement de laine mentionné
dans l’édit 50.
On a peu de renseignements sur l'industrie de la laine
chez les Gaulois avant l’occupation romaine. Leurs trou¬
peaux suffisaient sans doute à leurs besoins et les femmes
préparaient la laine, la filaient, la tissaient et faisaient
les vêtements. Bientôt la conquête romaine et l’exporta¬
tion vers Rome dotèrent la Gaule de celle industrie qui se
développa très rapidement. Les Gaulois ne faisaient pas
des étoiles de luxe, mais des vêtements épais et chauds 51 ,
comme l’exigeait leur climat et comme s’y prêtait la
laine rude et à longs poils de leurs moutons B2. Les
Romains les leur achetaient pour les temps froids et
les climats rudes 53.
Les auteurs anciens ne mentionnent, en Narbonnaise,
que la ville de Pézénas comme productrice de la laine.
Pareille à celle des autres régions de la Gaule 5i, cette laine
rude, à longs poils, ne permettait de fabriquer que des
* Sur ces produits manufacturés, qui ne rentrent pas dans notre sujet,
cf. H. Blümner, Die Gewerb. TMt. p. 122, s. — 2 Plin. VIII, 73. _ 3 Hor.
Epist. II, 1, 207; Plin. IX, 63. — 4 Not. dign. Occid. X, I G, p. 49*
de l’édit. Bôcking; cf. commentaires, p. 360*. — S Plaut. Pseud. I, 2, 13.
— 6 Coripp. In laud. Just. II, 104, s. — 7 Varr. D. rust. II, 9, 6. — 8 Id. II, 2, 9.
— 9 Strab. V, 3, 1. — 10 Varr. I. I. et II, 1, 16. —il Sil. 1 1 al . VIII, 436. — 12 Plut.
Nu-.na, XVII; Wezel, De opificio apud veteres Romanos, Berlin; Marquardt, Pri-
vatleben, p. 392, et trad. Henry, t. II, p. 7. — 13 Corp. inscr. lat. IV, 4925 ;
ils étaient réunis en collège. — U Ibid. 9428, 9429, 9430 ; également constitués
en collège. — 13 Ibid. 9494. — 10 Ibid. 9490,9491. — 17 Ibid. 9492. _ 18 Ibid. 9493
— 19 Ibid. 9495-9498. — 20 Ibid. 9864-9872. — 21JUven. VI, 289. — 22 Varr. Lin g
lat. IX, 39; Hor. Orf. III, 16, 35. — 23 Plin. 111,73, 1. —24 Strab. IV, 0, 2; V, 1, 12.
— 23 Colum. VII, 2,4; Mart. XIV, 157, 158; Plin. VIII, 73, 2. —20 Mari. IV,’ 37,
5; V, 13, 8. — 27 Id. II, 43 , 4. — 28 Colum. VII, 2, 3. — 29 Mart XIV, 155.
— 30 Strab. V, 1, 12. — 31 Corp. inscr. lat. XI, 802. — 32 Mail. III, 59.
— 33 Sodalicium carminatorum-, Corp. inscr. lat. XI, 1031. — 34 Lanarii pecti-
narii-, Corp. inscr. lat. V, 450. — 33 Lanarii coactores ; Ibid. 4504, 4505.
30 Ibid. 6808. - 37 Mart. XIV, 152; Jtiven. VI, 195; Corp. inscr. lat. VIII,
4508; J. -B. de Rossi, Dali, d’arch. chr. 1803, p. 93. — 38 Strab. V, 1, 7.
— 39 Id. V, 1, 12. — « Colum. VII, 2, 3; Juv. VIII, 15; Terlull. De pall. III.
— 41 Malt. XIV, 25 5. — 42 Varr. Ling. lat. IX, 39. — 43 Jd. VIII, 28, 7,
— 44 Plin. VIII, 73. — 45 Stepli. Byz. s. v. A.Suovoi ; Treb. Poil. Claud. XVII.
40 Mart. XIV, 139. — 47 Aristot. De mirab. auscv.lt. CXXVIII (124). _ 48 Treb.
Poil- l- l ', Capit. Pertinax, VIII; Isid. Orig. XIX, 22; Edict. Diocl. XIX, 28, 30,
3,1 ; Corp. inscr. lat. III, suppl. p. 19 42. — 49 Plot. dign. Occ. X, p. 49*, édit.
Bôcking. — 60 Edict. Diocl. Z. I. — 61 Mart. VI, 11, 7; Juv. IX, 30. — 52 Strab.
IV, 4, 3. — 53 Mart. IV, 19 ; Juv. VIII, 245. Sur l'industrie de la laine et les vête¬
ments fabriqués en Gaule, cf. H. Blümner, Gev. Th., p. 137, s. - «4 Cf. Strab. I. I.
LAN
— 919 —
LAN
étoffes épaisses *. Cependant, dans la partie la plus sep¬
tentrionale de la Belgique, on réussissait, en enveloppant
les brebis, à obtenir une laine assez soyeuse^2.
Les inscriptions nous font connaître, dans diverses ré¬
gions de la Gaule, des lanarii et d’autres artisans atta¬
chés à l’industrie de la laine, à Narbonne 3, à Vienne ',
à Lyon B. Les principaux lieux de fabrication des gros
lainages gaulois étaient Langres (Lingones j, An as
(Atrebati 7), Tournay (Nervii) 8. On fabriquait encore
des lainages chez les Sequani 9, et chez les Santones lu.
César 11 et le rhéteur Eumène 12 font mention des nom¬
breux troupeaux qui peuplaient 1 île de Bretagne.
La province deBétique, en Espagne, était célèbre dans
l’antiquité par ses laines. On avait exporté, sur les rives
du Baetis (aujourd’hui Guadalquivir), des brebis de
Tarente, et le père de Columelle, qui possédait de vastes
propriétés dans cette région, avait croisé ses brebis de
Tarente avec des béliers de couleur extraordinaire, qu il
avait fait venir d’Afrique ; il avait ainsi obtenu des laines
douces et de belle couleur, ayant les qualités des deux
races 13. Les laines d’Espagne étaient de teintes variées14.
Columelle, né dans ce pays, dit que les toisons des brebis de
Cordoue étaient noires et d’un brun doré 15, que Juvénal
attribuait à l’influence de l’eau etde la lumière16. C’étaient
des laines très recherchées 1 ' et d un prix élevé 1 . Un bel iei
reproducteur, de cette race, se payait jusqu’à un talent 19.
On faisait, avec cette laine, des vêtements non teints qui
gardaient la couleur naturelle 20 et que le commerce
exportait21. Salacia, en Lusitanie, fabriquait des tissus
légers22 et une spécialité d’étoffe de laine à carreaux 23.
Nous avons peu de renseignements sur les laines des
provinces romaines de 1 Afrique. Comme aujourd hui, les
contrées fertiles contenaient d excellents pâturages où
paissaient des moutons 24. Hérodote 23 et Pindare 26 louent
les nombreux troupeaux de la région de Cyrène. Mais
l’Afrique21, la Maurétanie et la Numidie 28, la Gétulie 29,
Girba 30, Carthage 3I, livraient au commerce des laines
manufacturées ; des fabriques de pourpre, plus nom¬
breuses encore, soit privées, soit impériales, et, au temps
de la Notitia 32 , réunies sous l’administration d’un procu¬
rateur 33, sont les indices certains d’un grand commerce
de laine entre ces établissements et les colons ou les
pasteurs nomades de l’Afrique septentrionale.
En somme, il y avait, dans l’antiquité, trois sortes de
laines : les laines fines, avec lesquelles on fabriquait les
étoffes de luxe ; les laines moyennes, qui servaient aux
vêtements ordinaires; les laines rudes et grossières, avec
lesquelles on habillait les esclaves et avec lesquelles aussi
s’habillaient sans doute les paysans. Il faut ajouter la
bourre de laine dont on faisait des tapis 34 .
Dans cette course à travers le monde antique, nous
avons recherché les lieux de production et aussi ceux de
fabrication, chose nécessaire pour étudier le commerce,
1 Plin. VIII, 73. — 2 Strab. I. I. — 3 Corp. inscr. lat. XII, 4480, 4481, 4509.
— 4 Ibid. 1898, 1928. — 5 Allmer, Inscr. du Musée de Lyon, t. II, n»s 182 et
183. _ c Mari. I, 545; XIV, 159. — 7 Trcb. Pol. Gall. duo, IX; Vopisc. Carin.
XIX; Suid. s. v. 'AxpaSaTixàç. — 9 Ecl. Diocl. XIX, 27, 32; JYot. dign. Occ. X, 1,
12, p. 49*, édit. Bocking. — 9 Mart. IV, 19, 1. — 10 Juv. VIII, 145, et Scliol. ad v. ;
Mart. XIV, 128. — U Bd. gai. V, 12. — 12 Panegyr. Constantin. Aug. IX :
pecorum innumerabilis multitudo... onusta velleribus. — 13 Colum. H. rust. VII,
2, 4-0. — U Plin. VIII, 73. — 15 R. rust. I. I. Pullus et fuscus ; cf. Mart. IX, 02,
3; XII, 99, 2. — 10 XII, 41-42, et Schol. — 41 Strab. III, 2, 6; Mari. VIII, 28, G.
J. 18 Mart. XII, 05, 5. — 19 Strab. I. I. — 29 Mart. XIV, 133; cf. 1, 97, 4.
— 21 Exp. tôt. mund. LIX. — 22 Strab. I. I. — 29 Plin. VIII, 73. — 24 Cf. Tissot,
Geogr . comparée de la prov. d’ Afrique, I, p. 342; Digest. XXXIX, 4, 10, 8.
— 25 IV, 155. — 2G Pyth. IX, 0. — 21 Hor. Od. H, 10, 35 ; Vopisc.' Aurel. XII ;
car la matière brute allait aux fabriques privées, et aussi
aux fabriques impériales, qui s’établirent à une époque
que l’on ne peut pas déterminer, mais qui sont mention¬
nées dans la Notitia. Une loi, d’ailleurs, obligeait les
particuliers à y porter leur laine [gynaeceum J. Nous
avons dû aussi indiquer les principales teintureries en
pourpre, parce que leur existence suppose dans le pays
une production ou une importation de laines. Dans la
haute antiquité, c’est Tyr qui, par le commerce phénicien
et par les caravanes d’Orient, reçoit le plus de laines
brutes et exporte le plus de produits ; la Grèce et ses co¬
lonies, y compris la Grande Grèce, se suffisent à elles-
mêmes et importent peu; elles exportent modérément
jusqu’au jour où Rome attire tout à elle et augmente ainsi
la production. Le moment vient, en effet, où c’est surtout
pour elle que sont recueillies et travaillées les laines
fines de Milet, de l’Attique, de l’Apulie et de la Bétique,
et même les tissus de Babylone et des Indes; elle ne dé¬
daigne pas, pour se garantir du froid, les épais lainages
de la Gaule, ni, pour habiller ses esclaves, les laines
grossières d’une partie de la Cisalpine ; ce que le produc¬
teur envoie aux manufactures locales ou éloignées re¬
vient en grande partie à Rome, en tapis, couvertures, vê¬
tements et tentures, tandis que l’Afrique rivalise avec
l’Asie pour les teindre en pourpre.
Il nous reste à dire quelques mots des opérations par
lesquelles on préparait la laine brute pour le filage.
IV. — Les brebis de luxe, porteurs d’une laine fine et
de prix, pecus molle™, oves délicat iss imae 36,
jAxXaxâ 31, étaient l’objet de soins particuliers et d’une
surveillance constante. Le jour même où l’agneau était
né, et, après que, en le léchant, sa mère l’avait nettoyé,
on l’enveloppait dans une couverture fixée avec des
fibules et qu’il ne devait plus quitter 38. Nous avons
plus d’une fois, dans cet article, mentionné des brebis
dont la laine était ainsi protégée, particulièrement à
Milet, en Attique, à Mégare, à Tarente, en un mot dans
les pays producteurs des laines de choix. La laine d’Ara¬
bie était recommandée pour faire ces couvertures 39,
mais, le plus souvent, on se servait de peaux, ce qui
faisait appeler ces brebis oves pellitae 40, tectae “,
Û7rootcpQépot Tcoipvat 42. Elles demandaient des soins assidus
et une surveillance continuelle et ne devaient paître que
dans des endroits dépourvus de rochers et de buissons
qui auraient pu accrocher leur enveloppe43, dont la
réparation était coûteuse44. Leur étable devait être
d’une irréprochable propreté avec un plancher percé de
trous45, leur nourriture choisie46. Il fallait, trois fois
par an, enlever aux brebis leur couverture et nettoyer
leur toison avec de l’huile et du vin, en séparer les poils,
tlocon par flocon, et, si la température le permettait, les
soumettre à un lavage complet47. La moindre négligence
du maître ou du berger pouvait tuer les brebis ; elles ne
Carin. XX ; cf. Salmas ad I. Z.; Ed. Diocl. XIX, 42, 56 ; Corp. inscr. lat. III,
suppl. p. 1943. — 28 Vopisc. Aurel. XII ; Exp. tôt. mund. LXVI. — 29 Hor. Epist.
11,2, 181 ; Ovid. Fait. II, 319. Ce n’était peut-être que des teintureries de pourpre.
J 30 Treb. Poil. Claud. XIV. —31 Athen. I, 28 a; XII, 541 b. — 32 Not. Dign.
Occid. X, 1, 5, p. 49*, édit. Bocking. — 33 Sur les fabriques de pourpre de l’Afrique,
cf. les documents réunis par II. Blüinner, Gev. T. p. 1 . ss. — 34Honier. cité par
Pline, VIII, 73. Sur cet aperçu géographique, cf. spécialement, Yates, Textr. I, p. 12-
120, et O. Blüinner, Gev. 1. passim. — 33 Colum. R. rust. VII, 4, 1 et 4. — 3G plin.
Epist. II, 11, 25. — 31 Demoslli. In Everg. XLV1I,25; Polyb. IX, 17. — 38 Talmud,
cité par Bochart, dans Hierozoicon, t. II, col. 480. — 39 Plin. VIII, 72 , 3. — 40 Varr.
R. rust. II, 2, 18 ; Hor. Od. II, 0, 10 ; Clem. Alex. Paed. II, 10. — 41 \ arr. R. rust.
II, 11, 7. — 42 Strab. IV, 4, 3. — 43 Colum. VII, 4, 4. —44 Ibid. 3, 10. — 43 Colum.
VU, 4, 6 ; Varr. R. rust. Il, 2, 19. — 4G Colum. : Varr. I. I. — 41 Colum. Z. Z.
LAN
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LAN
supportaient ni le froid ni la chaleur; si, par avarice ou
par la fraude du berger, leur nourriture était insuffi¬
sante, elles en mouraient1. Aussi, tandis qu’un berger
suffisait pour 100 brebis ordinaires, il en fallait- deux
pour 100 oves pellitae 2. On est surpris, en pensant à
quel prix devait revenir l’entretien de ces brebis, que
Pline ait écrit qu’aucune laine n’a dépassé le prix de
100 sesterces (environ 21 francs) la livre3.
Il fut un temps où, au lieu de tondre les brebis, on
arrachait leur laine4. Varron5 et Pline6 disent que, à
leur époque, cette coutume subsistait encore en certains
endroits. On soumettait alors les brebis à un jeûne de
trois jours, avant d’arracher la laine, parce que les racines
adhéraient moins fortement àla peau de l’animal affaibli7.
Cet usage, qui remontait peut-être à l’époque où l'homme
n’avait pas d'instruments en métal8, a pu se perpétuer
par une autre cause que la routine; car Aristote a écrit
en plusieurs endroits que la laine arrachée repousse
plus douce9.
Quoi qu’il en soit, à l'époque historique, sauf excep¬
tion, on tondait les moutons avec des ciseaux en fer,
forfex 10, dont une pierre gravée du Musée de Berlin
nous fournit un dessin [forfex, fig. 3169] 11 . Les auteurs ne
s'accordent pas sur l’époque convenable pour tondre les
brebis de luxe. Varron croit qu’il faut procéder à, cette
opération entre l’équinoxe du printemps et le solstice, parce
que alors les brebis commencent à transpirer, ce qui est
une condition favorable12; d’autres proposent mai 13, ou
juin11. Columelle fait observer avec bon sens que l’époque
doit varier suivant les climats13, Mai est lameilleure saison
pourlesclimats tempérés 16. Quant aux brebis communes,
c’est quand on récolte l’orge 17 ou avant la fenaison 18 qu’on
doit les tondre. Il faut choisir un jour serein, entre la
quatrième et la dixième heure, car alors le suint des
brebis rend leur laine plus douce, plus lourde, et de
plus belle couleur19; mais ce ne doit pas être pendant
que la lune est en décroissance20. Il est important de ne
tondre ensemble que des brebis absolument pareilles,
pour ne pas mélanger des laines de couleurs et de qua¬
lités différentes21; on fera bien aussi d’opérer sous abri,
afin de ne perdre aucun flocon22. Aussitôt après la tonte,
les brebis doivent être soumises à des traitements qui
protègent leur peau dénudée et contribuent à la beauté
de la laine à venir23. Un mois avant la tonte, les brebis
ont été lavées avec la radix lanaria 24.
1 Colum. VII, 4, 1 et 2. — 2 Varr. R. rust. Il, 2, 19. — 3 Plin. VIII, 73, 1.
— 4 Varr. R. rust. II, 11, 9. - '■> L. I. — 6 VIII, 73. — 7 Varr. I. t. — 8 Cf.
Varr. Ling. lat. V, 54. — 9 Probl. X, 22; Quadrup. IV, 1G4, 21, s. et 305, 32, s.
D'après Varron ( Ling . lat . V , 54), la Vetia à Rome était ainsi nommée ,
parce que c'est là que les bergers du Palatin arrachaient ( vellere ) la laine
de leurs brebis. Par une étymologie non moins fantaisiste, Isidore ( Orig .
XIX, 27) dérive vellus de vellere. — 10 Calpurn. Bue. V, 74. — H Winckel-
mann, Pierres grav. de Stosch, VII, 48 ; Furlwangler, Geschnitt. Steine , 3261.
— 12 Varr. R. rust. II, XI, 6. — 13 Menolog. rustic. mens. Maius, Corp. inscr.
att. 1. 1, 2e éd. p. 280. — 14 Colum. XI, 2, 44 : in aliquibus regionibus. — 15 VII, 4, 7.
— 16 Pall. R. rust. VI, 8. — UJuillet; cf. Menai. Rust., mens. Julius. — ISJuin;
Ibid. mens. Jun., p. 281. — lOVarr. II, 11, 9. — 20 Id. I, 37, 2, — 21 Calpurn. Bue.
V, 69, s. — 22 Varr. II, 11, 8. — 23 Virg. Gcorg. III, 443, s. ; Varr. I. I. 7 ; Colum.
VII, 4, 7; Calpurn. I. I. 78, s.; Pall. VI, 8. — 24 Colum. XI, 2, 35; cf. Menai.
2, mens. April. I. I. — 25 Aristoph. Lgsistr. 575. — 26 Paus. VIII, 42, 11.
— 27 plin. XXIX, 10, 1. — 28 Aristoph. Acliarn. 1177; Poil. VII, 28 (9). — 29 Varr.
R. rust. II, 11, 6; Mart. XI, 27, 8. — 30 Aristoph. Plut. 166. — 31 Id. Lysistr.
575. — 32 Varr. R. rust. II, 2, 18. — 33 Id. Ibid. ; Non. p. 369, 21.
— 34 Aristoph. Lysistr. 574; Plin. VIII, 73, 3. — 35 Plin. XXIV, 104, 1.
— 36 Id. XIX, 18, 1; Col. XI, 2, 35. — 37 Lucian. Alexand. XII. — 38 Aris¬
toph. Lysistr. 732. — 39 Ibid. 575. — 40 Poil. VII, 32. — 41 Suid. s. v.
(AYipuojAïvY). — 42 Juv. II, 54. — 43 Virg. Geory. IV, 334; Hor. Od. III, 27, 64.
— 44 Ov. Met. II, 411. — 4o Ibid. V, 20; XIII, 511 ; Mart. VI, 3, 5. — 46 Geopon.
La laine tondue et encore chargée du suint (oîffTrwnrj 25
oicuttoç 2C, oesypum 21) était appelée ’épta oitjuTr^pot28, lona
succida 29. Il fallait d’abord la laver (irXuveiv30, Ix7t)ujveiv31,
lavare 32, pu tare 33) dans une chaudière34 avec Y/ierba 33
ou la radix3* lanaria, patptxv] (3ût<xvt) 37 [lavatio], puis la
sécher 38. Elle était ensuite battue (^aêoi'Çsiv, IxpaêoîÇst v39)
et épluchée (’éXxetv40, teiveiv, 41 , trahere 42, car-
pere^ 3, mollire 44) avec les doigts43.
Enfin on passait à l’opération du cardage (çatveiv46,
carere 41, pectere 48, pect inare 49, car minore3*) qui se
faisait à l’aide d’un peigne (xxefç ou Ijâvi&v 31 , pecten 52,
carmen33) en fer 34 dont les dents35 étaient recourbées
(ttnei)86.La laine pouvait enfin prendre place dans la cor¬
beille et autour du fuseau des fileuses [calatiius, fusus].
Au temps où la vie était simple et les mœurs austères,
cette préparation de la laine et aussi les travaux qui
suivaient, le filage et le tissage, étaient dévolus aux
femmes37. Même dans les intérieurs riches, la mère de
famille dirigeait et partageait avec ses esclaves le travail
de la laine 38, dans le vestibule de la maison 59, qui était
alors le centre de la vie familiale. Dans les ménages
pauvres, c’était un gagne-pain 60. Ce travail s’appelait
spioupyta 61 , lanificium °2. Lucrèce s’y livrait avec ses escla¬
ves lorsque Tarquin la surprit63. Mais quand le luxe fit
fléchir les mœurs, les femmes abandonnèrent à leurs
esclaves cette partie de leurs devoirs de maires fami-
liae 64 et Columelle se plaignait que celles de son temps
ne daignaient même plus surveiller ce travail66; les
moralistes le leur reprochèrent durement 6G. Les indus¬
triels se mirent alors à faire ce qu’abandonnaient la plu¬
part des femmes 67 et le nombre des lanarii s'accrut.
Le mot lanarius est un nom générique qui s’applique
aux divers spécialistes du métier et dont le sens ne peut
être exactement précisé que quand il est accompagné
d’une épithète : un marchand de laine et de lainage
s’appelle lanarius negotians ou negotiator 68 ; un fabri¬
cant de feutre lanarius coactor 69 ou lanarius coacti-
liarius 70 ; c'est à ces épithètes qu’il faut chercher les
renseignements sur ces artisans. Pour la petite partie
du travail de la laine qui nous occupe, nous n’avons à
mentionner que ceux qui lavaient la laine et la dégrais¬
saient, les IptoirXuTat71, lanilutores ,2, lanam polientes 13,
les éplucheurs, lanif ricarii ? 74 et les cardeurs, qui, du
nom de leurs instruments, s’appelaient lanarii egrmi-
natores 75 et lanarii pectinarii 7C. Henry Trédenat.
III, 4, 7; Poil. VII, 30. — 47 Varr. Ling. lat. VII, 54. — 48 Colum. XII, 3, 6.
— 49 Paul. Sent. III, 6, 82. — 6° Varr. Ling. lat. VII, 54 Plin. IX, 62, 2.
— 51 Non. Dionys. V, 145; cf. H. Blümner, Techn. t. I, p. 104. — 62 Claud. In
Eutrop. II, 382. — 63 Ibid. 458; Venant. Fortun. Mise. V, 6. — 64 JUv. VII, 324.
— 55 Claud. O. I. II, 385. — 66 Ibid. 282. Sur ces opérations préparatoires,
cf. H. Blümner, O. I. t. I, p. 96, s. et Marquardt, Das Privatl. p. 503, s.; trad.
V. Henry, t. II, p. 137, s. — 67 Hom. Odyss. 1, 256; XXII, 423 et passhn ;
Aristoph. Nub. 50, s.; Lysistr. 574, s. 728, s.; Justin. I, 3; Corp. inscr. lat. VI,
11002, 15340. — 68 plaut. Merc. V, 2,46; Vitruv. VI, 10. — 69 Ascon. in Milon.
§ 13; Liv. I, 57. — 60 Terent. Andr. I, 1, 49 ; Lucian, Dial. mer. VI, 1.
— 61 Cf. H. Blümner, Techn. I, p. 96, 97. — 62 Colum. R. rust. XII, praef. 9 ;
Suet. Aug. LXIV ; Justin. II, 6,5. — 63 Aur. Vict. IX ; Liv. I, 57 ; Ov. Fast. II, 74 s.
— 64 Plaut. Merc. Il, 3,62.-65 Colum. I. I. — 66 Juv. VI, 38 9. —67 Digest. VIH, 8, 12.
— 68 Corp. inscr. lat. XI, 862. — 69 Ibid. V, 4504, 4505. — 70 Ibid. VI, 9494.
— 71 Dioscor. De mat. med. II, 192. — 72 Gloss. Philox. s. v. ’EptojtMTï;;. — 73 plin.
VIII, 73, 3. — 74 Corp. inscr. lat. IV, 1190. — 75 Ibid. XI, 1031. — 76 Ibid. VI,
9494. — Bibi.iocraphie. Bochart, Hierozoicon, sive bipartitum opus de animalibus
sacrae scripturae , 1. II, c. xlv, col. 475 et s. Londres, 1G63, fol. ; Mongez,
Recherches sur les habillements des anciens, dans Hist. et mém. de l'Institut
royal, classe d’histoire, t. IV, 1818, p. 222, s.; B. James Yates, Textrinum anti¬
quorum, an account on the art of weaving among the ancients, t. I, 1843, 83;
Fr. A. Magerstedt, Bilder aus der rôm. Landwirthschaft, 2* part. IL Das Schaf,
p 87, s. Sondershausen, 1859 ; Dr H. Wiskeman, Die antike Landwirthschaft.
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LANCE A [hast A lancearius].
LANCEARIUS ou LANCIARIUS. — Soldai armé de la
lancea, par opposition au confortai qui porte le confus,
à Yhastatus que caractérise la hasta [hasta, contus].
La lance était une arme à large fer et à long manche ,
qui pouvait servir à la fois d’arme de trait et d arme de
jet2. Elle était usitée surtout, semble-t-il, chez les Bar¬
bares, Gaulois 3 ou autres; mais on s’en servait aussi
dans les troupes romaines : cavalerie légionnaire (lorsque
son armement eut été modifié à l’exemple de celui des
troupes étrangères) *, ailes auxiliaires 6 ou spéculât ores ,
attachés à la garde de l’empereur 6.
Dans un sens plus restreint et technique, on nommait
lanciarii, à l’époque antérieure à Dioclétien, des corps
auxiliaires, absolument irréguliers et composés de bar¬
bares. Les lanciers n’ont jamais été organisés, que nous
sachions, en ailes ou en cohortes; mais on en rencontre,
par exemple, parmi les troupes qu’Arrien, légat de Cap-
padoce, leva surplace et emmena avec lui contre les Alans ' .
D’après son récit même, il est difficile de décider s ils
formaient un corps d’infanterie ou un corps de cavalerie.
Plus tard, sont ainsi désignées deux sortes de troupes.
1° Des corps de fantassins 8, semble-t-il, qui occupaient
divers cantonnements en Gaule et dans la région du Da¬
nube. En Gaule, nous trouvons la légion nommée Lan¬
ciarii Sabarienses 9, parce qu’elle avait été sans doute
établie primitivement à Savaria, en Pannonie, et la légion
comitatensis, appelée Lanciarii Honoriani Gallicani ,0.
En Illyricum étaient, du moins au début du v° siècle,
les Lanciarii Juniores (légion comitatensis) 11 , les
Lanciarii Augustenses ( id .) ,2, les Lanciarii Comagi-
nenses (légion pseudocomitatensis ), ainsi désignée de la
ville de Comagena , en Noricum) 13, les Lanciarii Lau-
riacenses (id.) qui tirent leur nom de leur lieu de campe¬
ment, Lauriacum n, et enfin les Lanciarii' Stobenses
(légion comitatensis ), dont la garnison était en Thrace 15.
La Notice nous a conservé l’image des insignes de ces di¬
verses troupes; mais on ne sait rien déplus à leur sujet.
2° Des corps appartenant à la garnison de la capitale et
rattachés à la garde impériale llJ. La Notice des Dignités
les désigne sous le nom de Lanciarii seniores 11 et de
Lanciarii juniores 18, et nous les présente comme des
légions palatines, dépendant directement du magister
militum praesentalis ; les inscriptions nous apprennent
qu’ils ont été organisés comme tels sans doute dès l’époque
de Dioclétien ,9, que ces corps étaient inférieurs en dignité
aux cohortes prétoriennes20 et, postérieurement, aux
p 37 cl p. 81-84, Leipz. 1859; Hermann Grothe, Die Geschichte der Molle und
Wollenmanufalctur im Alterthum, dans Deutsche Vierteljahresschrift, 1860,
4, livr. p. 259, s., Stulg. ; G. Büchsenschiitz, Besitz und Erwerb im griech. Alter-
thume, p. 221, s. Halle, 1869; Id. Die Hauptstütten der Gewerb/leisses im klas-
sischen Alterthume, Leipzig, 1809; H. Blümner, Die gewerbliche Thatigkeit der
Vôllcer des klassischen Altertliums , Leipzig, 1869; Id. Technologie und Termino¬
logie des Gewerbe und Kiinste bei Griéehen und Rômern, 1. 1, p. 90 el s. Leipzig,
1874; J. Marquardt-Mau, Das Privatleben der Borner, 2” édit. 1. Il, p. 475, s.
Leipzig, 1887; trad. V. Henry, t. Il, p. 105, 1893.
LANCEARIUS. 1 Diod. Sic. V, 30. « Le fer a une coudée de longueur et
près de deux palmes de largeur ; le fut a plus d'une coudée de longueur. »
2 Arrian, "Ex-rnU xa t ’AXav. 25 ; Tact. 4, 7 ; cf. l’inscription citée à la
110ieg. _ 3Diod. I. c. — 4 Cf. Wil. Scliurz, Die Militürreorganisation Hadrians, 11,
p. 1 1 et suiv. ; Arrian. Tact. 4, 7. — 5 Un nouveau fragment du discours d’IIadrien,
adressé aux cavaliers de l’aile des Pannoniens, contient cette phrase : « Lanceas
plurios vestrum permiserunt » ( Bull . arch . du Comité ; Commission de l Afrique
du Nord, nov. 1899). — 6 Suet. Claild. 35; Galb. 18. — 7 Arrian, "Extcü. 7 ; tq uu;x-
lutguriv-" xod PiÇmvot ot XoYxo?4eoi.Rizius est un fleuve et un port de la province du Pont,
un peu à l'ouest de Trapézonle (Arrian. Peripl. 7). — 8 M. Ot. Seeck les classe dans sa
table ( Notitia dignitatum, p. 324) parmi les Pedites. — 9 Not. dign. Oc. V, 9, 152 (où
ce corps est désigné comme légion palatine) ; VII, 82. — 10 Ibid. Oc. V, 90, 239 ; VII,
proteclores 21 , et qu’ils étaient composés de fantassins et
de cavaliers — ex numéro lanciariorum, iscola aequi-
turn, dit un texte de Rome 22. Il semble que 1 effectif de^
lanciarii ait été souvent recruté parmi les soldats des
troupes du Danube23, ce qui seproduisitdéjà, depuis Sep-
time Sévère, pour les prétoriens et en général pour les sol¬
dats delà garde [praetoriani, équités singulares], les bar¬
bares de rillyricum etdela Thrace étant considérés comme
d’une fidélité et d’une bravoure éprouvées. R. Cagnat.
LANIARIUM, LANIENA. LANIOLUM. Magasin débou¬
cher, étal. (Voy. pour la Grèce, lanius.) — Les bouchers
de Rome avaient coutume d’exposer leurs viandes 1 et de
parer leur étal. L’étalage des bouchers, comme celui
d’autres boutiquiers, débordait même sur la rue et en¬
vahissait la chaussée 2. Martial, félicitant Domitien d’avoir
mis fin à cet empiètement, cite les bouchers comme en
ayant abusé 3. Les bouchers avaient leurs boutiques sur
le forum jusque vers le milieu du ve siècle av. J.-C. *;
puis ils se transportèrent au nord du forum où étaient
par ticulièrement groupés tous
les marchands de comestibles
[macellum]. Il y en eut aussi
en d’autres endroits5. Sous la
République, ils se trouvaient
sans doute en grand nombre
derrière le cirque, à l’endroit
où s’éleva la basilique Sem-
pronia, d’où ils furent délo¬
gés pour la construction de
ce monument6. Des inscrip¬
tions de la fin de la Répu¬
blique nous apprennent qu’à
cette époque les bouchers
établis autour de la Piscina
publica de la XIIe région
d’Auguste étaient assez nom¬
breux pour former un col¬
lège 7. Un bas-relief de la
Villa Albani 8 (fig. 4335) montre un boucher levant
son couperet au-dessus d’une tête de porc posée
sur un billot; une deuxième tête et d’autres parties du
même animal sont suspendues au carnarium au fond de
la boutique.
Il y avait en outre pour le débit de la viande des mar¬
chés spéciaux, correspondant à la nature des viandes
et aux trois grands collèges de bouchers [lanius].
Le forum boarium est bien connu9. On trouve aussi
81. — Il Or. IX, 16, 38. — 12 Or. IX, 14, 36. — 13 0c. V, 110, 260 ; VII, 59. — U Oc.
V, 109, 259 ; VU, 58. — 13 Or. VIII, 12, 44. — 16 Corp. inscr. lat. VI, 2787 : Val.
Ursinus, m(iles) lanciarius... Val. Vitalis mil. colhortis) e{jusdem ?) pre(toriae)
commanuculo ; cf. Ammian. XXI, 13, 16 et XXXI, 13, 8. — '17 Or. V, 2, 42; Corp.
inscr. lat. XII, 673. — )s Or. VI, 7, 47. C’est sans doute à l'une de ces deux troupes
qu’il faut rattacher l’àxTwàçio; Aavxtaçluv d une inscription d Iconium en Pbrygie
(Corp. inscr. gr. 4004). — 18 Cf.Jullian, Bull.ipigr. 1884, p. 8. — 20 Corp. inscr.
lat VI, 2759 ; militavit legione Mesiaca annis V, inter lanciarios annis XJ, in
prêlori’a annis, etc. ; cf. 2787. — 21 Corp. inscr. lat. III, 6194 ; Eph. ep. IV, 911 ;
cf V, p. 124. — 22 Not. de. scaui, 1888, p. 735 ; Bull, comun. 1889, p. 88.
— 23’ Corp. inscr. lat. III, 6194 ; VI, 2759 ; Eph. ep. IV, 911 ; cf. Jullian, Le.
LANIARIUM. 1 Phaed. Fab. III, 4, 1. — 2 C'est à l étal d’un boucher sur le
forum que Virginius prit le couteau ayec lequel il frappa sa fille. Dion. Hal. Ant.
rom. XI, 27 ; cf. Tit. Liv. III, 48. — 3 Martial. Epigr. VII, 60. — 4 Varr. ap. Non.
Marc. p. 532, Mercier) ; Quiclierat, II, p. 620, lit larignis) ; cf. Tit. Liv. loc. cit.
et IX, 40; Gilbert, Gesch. und Topographie der Stadt Rom, 111, p. 204.
_ S Plaut. Curcul. IV, 1. — G Tit. Liv. XLIV, 16, in fine. — 7 Corp. inscr. lat.
VI, 107, 168. — 8 Gualtani, Monum. ined. 1786, Sat. 3 ; Zoega, Bassiril. ant.
28; 0. Jalin, Berichte der phil.-hist. Classe d. Sachs. Gesellsch. der Wissensch.
1861, p. 252, pi. xui, 1. — 9 Voir Jordan, lopograph. d. Stadt Rom, I, 2* Abtli.
p. 468, 474 et suiv.
LAN
— 922 —
LAN
un forum suarium1 pour la viande de porc et le lard,
dont il se faisait à Rome une grande consommation, et
un forum pecuarium 2 où l’on vendait le mouton, la
chèvre, le chevreau. Nous connaissons l’organisation de
ces forums [forum].
L’approvisionnement de Rome par les grands collèges
de bouchers, de boulangers, etc., étant une sorte de
service public, ils étaient soumis à la haute autorité du
préfet de la ville 3, qui y avait ses officiers, un tribunus
fori suarii 4, un seriba'% un cancellarius 6, des decu-
riales1 . En outre, des adores [actor publicus] étaient
chargés de la défense des intérêts corporatifs 8. Ces
fonctionnaires, à l’exception des adores qui repré¬
sentaient les négociants, étaient chargés, au nom du
préfet de la ville, de veiller à la police des marchés
[cancellarius, decurialis] et à la régularité des tran¬
sactions. On affichait dans ces forums les édits concernant
les obligations et les privilèges des corporations de
bouchers9 [lanius]. Les marchés devaient présenter un
certain luxe architectural, car nous voyons en 204 les
marchands de bœufs élever en commun avec les banquiers
ou orfèvres [argentarius], sur le marché au bétail ( forum
boarium ), un petit arc de triomphe en l’honneur de
Septime Sévère, de sa femme et de ses enfants10. Cet arc
{arcus Argentarius), dont les sculptures assez médiocres
représentent des sacrifices et des instruments de sacri¬
fice, existe encore, non loin de l’arc de Janus Qua-
drifons. André Baudrillart.
LANIUS, LANIO (Kpeoûpyoç, gdcyetpoç, xpsautwXTi;).
Grèce. — La profession de boucher n’existait pas dans
la Grèce primitive, au temps où, dans chaque maison,
celui qui en était le chef abattait et dépeçait lui-
même les animaux qui devaient être sacrifiés et les dé¬
coupait en parts, qui étaient distribuées, d’abord aux
dieux, puis à la famille et aux hôtes réunis autour du
foyer [coena, p. 1270]. Ce sont les princes eux-mêmes,
c’est Achille *, c’est Ménélas2 qui, dans les poèmes homé¬
riques, s’acquittent en personne de cet office ; Nestor,
affaibli par l’âge, se fait remplacer par son fils aîné, que
ses frères assistent 3.
Athénée a soin de rappeler les héros d’Homère, quand
il veut honorer et rehausser par leur antiquité les fonc¬
tions de ceux, x^puxeç, [xâyeipoi, qui restèrent chargés
par la suite de tuer et de découper en observant les rites,
et il accumule les citations d’auteurs destinées à prouver
que ces fonctions, devenues un métier, furent exercées
jusqu’à une époque très avancée par des hommes libres
et respectés4. Le métier se constitua nécessairement
quand il fut devenu impossible, surtout dans les villes,
que chacun sacrifiât dans sa maison pour les besoins du
ménage. Les ptyetpoi connaissant et pratiquant les règles
du sacrifice, ne se confondirent que fort tard5 avec les
cuisiniers [xo<puuç] esclaves ou mercenaires, dontles auteurs
1 Dig. I, 12; Notit. dign. Occ. IV, 10; et Bôcking, Not. dign. Il, 197; Corp.
inscr. lat. VI, 1 1 50 et 903); Bullet. d. commise, areh. comunale di
Borna, 1875, 71. — 2 Dig. loc. cit. ; Corp. inscr. lat. VI, 9600. — 3 Dig. Loc. cil.
— 4 Not. dign. loc. cit. ; Corp. inscr. lat. VI, 1770, 1771, édits d’Apronien, préfet
de la ville en 368. — 6 Corp. inscr. lat. VI, 1770; Godefroy, ad Cod. Theod. XIV,
4, 1. 4; WalUing, Étude sur les corp. profess. chez les Romains, p. 90. —6 Ibid.
— 7 Corp. inscr. lat. VI, 9600. — 8 Corp. inscr. lat. VI, 3728. — 9 Cod. Theod.
XIV, 4, 1. 4. — *0 Corp. inscr. lat. VI, 1035.
LANIUS, LANIO. 1 lliad. IX, 209 et s. ; XXIV, 622 et s. — 2 Od. III, 52 et s.
— 3 Od. II, 445. — 4 Atb. XIV, p. 659 et 660, et p. 601 c : x«Taf;to|i£()’^|x£ï5 °* |*ii£ifoi,
6ÿo[XEv, (rroySttai; Tîotoffjxcv. Athénée cite Ménandre qui met en scène un jiàyeiçoç officiant
aux fêtes d’Aphrodite Pandémos. — 0 Sous les premiers Macédoniens, suivant
Athénée, XIV, p. 059 f. — 6 Voir coqüus, p. 1501. Il est difficile de les distinguer
comiques se moquent, qui se glorifiaient de les avoir
pour ancêtres ; il y en avait qui faisaient partie du per¬
sonnel d’un temple c ; les grands et les riches en pouvaient
avoir dans leur domesticité7 ; les autres les faisaient venir
quand ils avaient besoin de leurs services à l’occasion
d’une fête, d’un mariage ou de toute autre solennité8.
L’endroit où ils se louaient, au marché, appelé gay
peta9, était distinct de celui où les détaillants (xpewTiùiXail
avaient leur boutique (pxysipeïov) et leur étal (xcE&moiXwr,
TpaTreÇa). Ceux-ci débitaient toutes sortes de viandes19,
porc, bœuf, chèvre, mouton [cibaria] ; l’âne aussi était au
nombre des viandes de boucherie, d’où le nom de [J.egvo-
vsiut donné à l’emplacement où l’on en vendait1 ‘.Ce quartier
de revendeurs était assez mal famé; des hommes pou¬
vaient bien parfois y faire eux-mêmes leurs achats, au
lieu d’y envoyer un esclave ; une femme libre et de bonnes
mœurs ne s’y aventurait pas12, et tous ceux qui étaient
encore attachés aux anciennes pratiques auraient craint,
en s’y approvisionnant, de s’exposer à manger des chairs
non sacrifiées (aôuxot tepà)13. A Athènes, on appela toujours
Ispeïov l’animal abattu, même en dehors du sacrifice, et
IspEusiv y resta synonyme de ai pàÇeiv u. E. Saglio.
Rome — On sait peu de chose sur le métier et la situation
des bouchers dans les premiers siècles de Rome. Ils ne
sont pas compris, non plus que les boulangers jpiSTOR'.
dans l’énumération que fait Plutarque des neuf corpo¬
rations industrielles établies par Numa16. Cela ne saurait
surprendre, comme le remarque M. Mommsen, dans un
temps où chacun faisait son pain chez soi 10 ; on peut
ajouter : élevait des porcs et des moutons eL préparait
lui-même sa viande à la maison. « N’est-ce pas une pro¬
digalité, écrit encore Yarron, de tirer son lard de la bou-
cherieetnon de son propre fonds17? »
Toutefois, Plutarque ajoute qu’une dixième corporation
comprit tous les autres métiers 18, ceux apparemment qui
occupaient un moindre personnel. Rien n’empêche de
croire que les quelques bouchers et boulangers existant
alors aient été inscrits dans cette dixième corporation.
Quoi qu’il en soit, la profession de boucher paraît
avoir été fort méprisée au temps de la République.
Cicéron en parle avec un dédain extrême 19 et Tite-Live ne
la traite pas mieux à propos de Varron, le consul de la
bataille de Cannes, dont le père colportait lui-même sa
viande etqueson fils aidait dans sa répugnante besogne 20.
On s’y enrichissait du moins, puisque le père fut en
mesure de donner à son fils une éducation complète et
que celui-ci, abandonnant la profession paternelle, se
consacra au barreau et aux affaires publiques.
Mais l’alimentation de Rome devint rapidement une
trop grosse affaire pour que ceux qui y contribuaient
principalement ne formassent pas de bonne heure des
corporations. Sous la République, les bouchers formaient
une corporation présidée par deux magistri que l’on ne
dans les inscriptions de ceux qui apprêtaient les repas. — 1 Atli. IX, p. 659 f.
Olympias envoie à Alexandre, sur sa demande, un jjtàyeiço; : o utoç oT&ô va ujpà «rou
tôt uaTçfia itàvTa ov tçotïov OûeTou xai tôt opyicurcixot xat pax^txât. — °Atll. p. 659 de :
Otmxîjç ïjcrav epticeiçiot oî TtaXarcepot [Attyciooi * icçoï*<rTavTO yoùv xai yà[ji.wv xat Outriwv ; cf.
VI, p. 245 c ; IX, p. 682 de ; Artemid. Oneir. III, 55. — 9 Pollux, IX, 48. — lOTheophr.
Char. 9; Teles ap. Stob. Floril. III, 5, p. 126 Teubner; Plut. Qu. conviv. II, 10, 1 ;
Artemid. Z. /. — *1 Poil. I. I. ; Schol. Aristoph. Vesp. 194 : ovou; ET^wyov lv
* AÔqvociç. — 12 Poil. I. I. ; Theophr. I. I. ; Plat. Leg. VIII, p. 849 d ; cf. Athen. XIII,
p. )80. — 13 Simonid. Am. ap. Athen. V, p. 180 d ; = Bergk, Lyr. gr. p. 741,
v. 56. — 14 Eustath. Ad. II. XXII, 159; ad Od. II, v. 50; cf. Moeris, s. v. ieçerov,
qui fait exception pour le porc, et Casaubon ad Athen. I , p. 13. — ispiut. Numa, 11-
— 16 Mommsen, Rôm. Geschichte, trad. de Guerle, t. I, p. 239. — n Varr. De r. rust.
II, 4, 3. — 18 Plut. Loc. cit. — 19 Cic. De o/f. I, 42. — 20 Tit. Liv. XXII, 25.
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923 —
LAN
retrouve pas plus tard1. Puis, à mesure que Rome s ac¬
croît, l’importance des corporations alimentaires aug¬
mente à proportion. Celle des bouchers y tient l’un des
premiers rangs, si du moins aux bouchers proprement
dits {qui ad cultrum bovem emunt ) nous adjoignons les
négociants chargés de faire venir les animaux de la pro¬
vince et d’assurer l’approvisionnement de Rome. Ces der¬
niers en forment même plusieurs, fondées sur la nature
de la marchandise qu’ils débitent, porcs, bœufs, petit
bétail : ce sont les suarii, les boarii , les pecuarii Sous
le Bas-Empire, un édit d’Honorius (419) réunit les suarii
et les pecuarii en une seule et puissante corporation3.
Valentinien III, en 432, les forme tous de nouveau en trois
collèges4. En raison de la grande consommation que les
Italiens, et en général les anciens, faisaient de la viande
de porc (fîg. 4336) B, les suarii, comme il ressort du nombre
et de l’impor¬
tance des do¬
cuments qui
les concer -
nent, étaient
les plus nom¬
breux et les
plus puis¬
sants. Cette
prépondé -
Fig. i:t36. — Bouchers. rance ne put
que s’accen¬
tuer lorsqu’ Aurélien eût établi les distributions gratuites
delard 6. Tousces bouchers se recrutaient principalement
dans la classe des affranchis, comme on peut en juger par
de nombreuses inscriptions7. En dehors de Rome, on
trouve des corporations semblables en divers lieux, a Pré-
neste, dès le temps de la République \ à Narbonne1’, a
Vérone10, à Périgueux11. Comme toutes les corporations
de l’annone, celles des bouchers jouissaient de nombreux
privilèges, compensation à peine suffisante d’étroites et
lourdes obligations. La plus sensible de toutes était celle
qui les enfermait pour ainsi dire dans leur collège. Ils
n’en pouvaient sortir sous aucun prétexte, même pour
entrer dans la cléricature, à moins de s’être trouvé un
remplaçant. A leur mort, un au moins de leurs enfants
devait leur succéder12. Il fallait que par leurs soins
Rome fût toujours suffisamment approvisionnée de lard
et les distributions gratuites faites régulièrement pendant
une notable partie de l’année13. Leurs fonctions étaient
triples. Elles comprenaient l’achat, la préparation et le
débit de la viande. Tous étaient sur leur personne, sur
leurs enfants, sur leurs biens, tenus responsables du
bon fonctionnement de leur charge, sous la surveillance
des primi scrinii Praefecti Urbis et des vicaires de ce
dernier, responsables à leur tour devant le préfet, qui
enfin répondait devant l’empereur de l’approvisionnement
de la ville 14. L’État, d’autre part, les mettait à l’abri delà
rapacité de ses propres agents de contrôle en punissant
de mort les tribuni , scribae ou cancellarii des marchés,
1 Corp. inscr. lat. VI, 167, 168 ; cf. I, d. 393 ; Waltzing, Étude hisl. sur les
corpor. profess. chez les Romains, 11, p. 89. — 2 Symmach. Ep. X, 27 (rel. XIV) ;
Dig. I, 12, 1, etc. - 3 Cod. Tlieod. XIV, 4, 1. 10. — 4 Nov. Val. III, 33, 2 et 8.
— 3 Figure tirée des bas-reliefs de l'arc de Reims, où sont représentées les occu¬
pations des diverses saisons ; deux suarii figurent le métier des boucliers. Al. de
I. aborde, Monum. de la France , pl. cxm. — 6 Vopisc. Aur. 33, 46. — 7 Corp.
inscr. lat. IX, 4227 ; XII, 4482 ; XIV, 2878, etc. — 8 Corp. inscr. lat-, I, 1131 et XIV,
2877. — 9 Corp. inscr. lat. XII, 4482. — 10 Corp. inscr. lat. V, 3307. — U Hcnzen,
qui auraient détourné pour eux-mêmes quelques parties
de la viande débitée. Seul, celui qui abattait 1 animal en
recevait une portion13.
Ces obligations rigoureuses, cette sorte de servage
qui les liait à leur corporation, cette lourde et péril¬
leuse responsabilité enfin, étaient reconnues par des
privilèges appréciables. Et d’abord on est frappé de la
manière particulièrement honorable et flatteuse dont les
empereurs en leurs édits traitent toujours les suarii et
autres bouchers. L’honneur qui se rattache à unefonction
est en raison de son importance. C’est un emploi glorieux,
écrit un auteur, de nourrir la ville de Rome16. Nous
voilà loin de ce ton de profond mépris qu’employaient
à l’égard des mêmes industriels les vieux auteurs de la
République. Les trois premiers de leur ordre ne se
virent-ils pas élevés à la dignité de comtes de troisième
classe, et gratifiés en même temps d’avantages maté¬
riels17? Ils jouissaient de diverses immunités. Par
exemple, ils étaient dispensés de la collatio equorum
[jugum], et quand il fut question de les y soumettre, ils
trouvèrent en Symmaque un défenseur zélé qui fit valoir
avec force la légitimité et les raisons des privilèges atta¬
chés à leur profession18. Dès le temps des empereurs
Sévère et Caracalla, les suarii sont dispensés du droit de
tutela, dont jouissaient déjà, disent ces empereurs, tous
ceux qui s’occupent de l’annone, à la condition qu ils
consacrent les deux tiers de leur fortune à leur com¬
merce 10. Dans l’exercice de leurs fonctions, ils étaient
protégés par la force publique et en tout temps garantis
contre toute violence corporelle20. Indépendamment de
certains avantages dont il va être parlé à propos de 1 achat
des animaux, avaient-ils droit à des émoluments? c’est ce
qui paraît résulter d’un édit de 452 où l'empereur Valen¬
tinien énumère des sommes considérables qui auraient
été dues à ce titre aux boarii et aux suarii ; malheureu¬
sement, ce texte n’est pas suffisamment explicite21.
La collation des animaux se faisait par voie de réqui¬
sition, du moins pour les porcs. Les bœufs étaient
achetés et venaient pour la plupart du Bruttium 22 .
Nous connaissons surtout la manière d’opérer des
suarii. Cet impôt en nature incombait spécialement aux
propriétaires du sud de 1 Italie, Campanie, Lucanie,
Bruttium et Samnium23. La Sardaigne y était également
soumise, mais, en raison des tempêtes qui rendaient
souvent le transport aléatoire ou dangereux, Valenti¬
nien III décida que l’impôt de cette île serait désormais
versé en espèces dans la caisse prétorienne24. U est pro¬
bable que plusieurs propriétaires se réunissaient pour
fournir un seul animal 23. Quant à ceux qui ne devaient
qu’une livre de lard par mois, on leur faisait de préfé¬
rence verser cinq livres à la fois pour cinq mois26. Cet
impôt était considéré comme d’une importance si capitale
qu’il était exigible avant tous les autres27. Le mode
de perception varie en ses détails suivant les époques.
Ordinairement, les suarii eux-mêmes font la levée, sous
la surveillance du gouverneur, responsable. Mais un
Inscr. 7237 ; Rev. archéol. I, 262 ( Laniones ). — 12 Cod. Th. XIV, 41, 1. I ;
Nov. Val. 111, 33, 6. — '3 Cod. Theod. XIV, 4, 1. 3 ; cf. 1. 10 et le commentaire de
Godefroy. — O Cod. Th. XIV, 4, 1. 10. — 13 Corp. inscr. lat. VI, 1770, éd. d'Apronicn.
— l6Cassiod. Var. XI, 39. — 17 Cod. Th. XIV, 4, 1. 10. — 18 Symm. loc.cit.
_ 19 Fragm. Vat. 236 ; cf. 237. — 20 Cod. Th. Leg. nov. Lib. 3 XXXVIII. — 21 Nov.
Val. III, t. 33; Waltzing, II, p. 423. — 22 Cassiod. Var. XI, 9. — 23 Cod. Th.
XIV, 4, 1. 3 et 4, et Cassiod. loc. cit. — 2V Nov. Val. III, 35, § 1, 3, 4.
_ 23 Waltzing, II, p. 9t. — 2G Cod. Th. XIV, 4, 1. 10.— 27 Nov. Val. III, 35, 1.
LAN
- 924
LAN
édit de Valentinien II, promulgué en 452, les autorise à
se faire représenter par un officier du gouverneur assisté
de cinq d'entre eux, afin d’ajouter à leur autorité1.
Cette mesure semble indiquer que la levée de l’impôt
n’allait pas toujours sans difficulté. Pour qu’il n’y eût
pas de fraude sur le poids de l’animal, la loi exigeait
qu'on l’eût laissé jeûner depuis la veille avant de le
livrer au fisc 2 .
Observait-on quelques prescriptions hygiéniques? Ce
n’est pas probable, car il n’en reste pas trace; et d’autre
part, au temps de Varron, la clause de santé, exigée si
l'on achetait une bête à cornes pour la reproduction ou
le labourage, était supprimée quand on l’achetait pour
la boucherie ou, ce qui revient au même en ce qui con¬
cerne la consommation, pour les sacrifices 3.
Constantin laissa le choix aux propriétaires imposés
de payer en argent ou en nature. La viande était évaluée
au cours de la province. Les gouverneurs en faisaient
connaître le taux au préfet de la ville et alors seulement
les collecteurs se mettaient en route4. Si l’on payait en
espèces, avec les sommes reçues ils achetaient des porcs
dans la même région. Sous Julien, la levée de l’impôt
se faisait en argent dans la Campanie, par les soins du
gouverneur, assisté des curiales de chaque cité. L’argent
était remis aux suarii 5. Valentinien Ier laissa de nou¬
veau le choix entre les deux modes de payement, mais
partout le soin de lever l’impôt fut confié à des agents
spéciaux du gouverneur qui formèrent un ordo suarius
local, purement fiscal, et par conséquent tout distinct
du collège des suarii 6. Mais, à l’inverse du régime
établi par Constantin, les prix furent ceux de Rome,
parce que, dit l’Édit, les viandes devaient être vendues
dans cette ville1. A la différence des suarii , les boarii
et les pecuarii ne percevaient pas d’impôt. Ils achetaient
des bœufs qu'ils revendaient au forum boarium et au
forum pecuarium sous le contrôle de l’État8.
Pour compenser la diminution du poids que les porcs
subissaient dans le trajet de leur lieu d’origine jusqu’à
Rome, il était accordé aux suarii une remise de 5 p. 100
sur les sommes qu’ils avaient versées 9.
Par le même motif, Apronien, puis Valentinien, déci¬
dèrent et confirmèrent que 25 000 amphores de vin
seraient levées dans les mêmes provinces et partagées
entre les suarii et l’ ordo suarius 10 . Valentinien ajouta
que les habitants de la Lucanie et du Bruttium seraient
autorisés à fournir soixante-dix livres de lard en équi¬
valence d’une amphore de vin".
De tout ce qui précède, on peut conclure que sous
l’Empire les bouchers romains, réunis en corporation, ne
sont pas de simples entrepreneurs chargés delà fourniture
de la ville, mais deviennent de plus en plus de véritables
fonctionnaires, détenant, dans une partie de l’exercice de
leurs fonctions, la levée de l’impôt, une part de l’autorité
publique, attachés à leur office par un lien obligatoire,
1 Nov. Val. 111, 33, 3 et 4. — 2 Cod. Th. XIV, 4, 1. 4. — 3 Varr. De re
rust. H, V, 11. — 4 Cod. Th. XIV, 4, 1. 2. — ^ Ibid. 1. 3. — G Cod. Th.
Ibid. I. 4; Corp. inscr. lat. VI, 1771. — 1 Cod. Th. Ibid. — 8 Waltzing, 11,
p. 95. — 9 Cod. Th. XIV, 4, 4. — 10 Corp. inscr. lat. VI, 1771. — U Cod. Th.
XIV, 4,1. 4; cf. Gebhart, p. 32-30. — 12 Aul.-Gell. XI, I. — 13 plin. Hist.
nat. XVIII, 4; cf. XV, 1, pour le prix de l’huile. — 14 I.amprid. Sev. Alex.
21 ; Waddington, Ed. Diocl. p. 11, cap. iv, n. 1. — 15 Lamprid. Loc. cit.
— 16 Waddington, Ed. Diocl. p. 6. — 17 Cod. Th. VIII, 4, 7. — 18 Cod.
Th. XIV, 4, 3. — 19 Plaut. Pseud. I, 3, v. 93; Varr. H. 2, 5. — 20 Plaut.
Ibid. v. 98 . — Bibliographie. Mommsen, üe collegiis et soda.litatibus
Romanorum ; Waddington, Edit de Dioclétien-, Levasseur, De la valeur
personnellement et pécuniairement responsables, payés I
de leurs services par des honneurs, des avantages pécu¬
niaires, la détention d’un monopole, peut-être par des ’
émoluments. Comme on l’a remarqué, la principale *
différence qui existe entre leurs corporations et celles |
des ouvriers de l’État, c’est que l’État consomme directe- •
ment les produits fabriqués par ces dernières, tandis t
qu'il vend au public, ou lui distribue gratuitement, les ■
denrées fournies par les premières [collegium].
Voici quelques indications sur le prix de la viande I
à différentes époques : vers l’an 500 avant J.-C., un bœuf
valait à Rome 100 as, soit 55 francs ; un mouton 10 as,
soit 5 fr. 5()12. Pline cite comme un exemple incroyable
de bon marché le prix de un as (0 fr. 22), demandé en 604
de Rome, année où la récolte avait été exceptionnelle
et où l’abondance était extrême, pour douze livres (ita¬
liques : 327 gr. 45) de viande. Ce prix paraît incroyable en
effet. 11 est en rapport cependant avec celui des autres
denrées, mentionné pour la même année, et ne s’écarte
pas à l’excès des prix divers énumérés par le même auteur
comme exemples de bon marché à différentes dates13.
Sous Sévère Alexandre, la livre (italique) de porc était
de 8 minutuli à un moment de cherté excessive et du
1 à 2 minutuli quand les mesures prises par l’empereur
eurent ramené le bon marché. Cette monnaie, dont on nu
peut du reste déterminer exactement la valeur, était sans
doute le denier d'argent déjà altéré à cette époque1’.
Le bœuf et le porc se vendaient alors au même prix1
D'après l’édit de Dioclétien, 1 kilogramme de porc de¬
vait se vendre au maximum 2 fr. 28; 1 kilogramme du
lard de lre qualité, 3 fr. 04 ; I kilogramme de bœuf, du
mouton ou de chèvre, 1 fr. 5216; de chevreau, environ
2 fr. 25 ; de foie gras de truie, 3 fr. 04 ; de jambon, 3 fr. 18.
En 389 après J.-C., 80 livres italiques de lard devaient
être livrées aux troupes, sur la frontière, au prix mo¬
dique de 0 fr. 59 11 ; en 363, une livre de viande de porc,
en Campanie, à raison de 6 folles 18, ou environ 1 fr. 9î
le kilogramme.
Ces prix ne peuvent avoir qu’un caractère approximatif.
Ils sont établis en réduisant, autant que cela est pos
sible, les monnaies du temps à la nôtre, et naturellement
sans tenir compte de la puissance d’achat de l'argent,
méthode encore beaucoup moins exacte.
Le mot lanius est pris aussi dans le sens de victi
maire , sacrificateur 1D, et, par plaisanterie, de bourreau
(carnifeæ) 20. André Baudrillart.
LANTERNA ou LATERNA. AapntTijp, Àuyvoüyoç, cpavo;-
Lanterne. — Les deux formes laterna 1 et lanterna 2 se
rencontrent également dans les auteurs. La forme des
lanternes antiques paraît avoir été généralement cylin¬
drique. Sur la plaque du fond reposait soit une lampe en
terre cuite ou en bronze [lucerna]3, soit un petit flam¬
beau. Les parois étaient le plus souvent de corne trans¬
parente4 ; on se servait aussi de linge huilé ou de vessie
des monnaies romaines ; GchhardI, Studien über das Verp/lagungenswesen von
Domund Constantinopel in der spfit. Kaiserzeit, Üorpat, 1881 ; Waltzing, Étude
historique sur les corporations professionnelles chez les Romains, Louvain,
1896.
LANTERNA. 1 Val. Max. VI, 8, 1 ; lsid. Orig. XX, 10, 7 ; cf. Cic. in Pison. IX,
20. — 2 Plaut. Aulul. III, G, 30; Martial, Epigr. XIV, 61, 62 : cf. Corp. inscr-
lat. X, 3970. La forme lanterna, venant de Xapirrrço, est la plus ancienne ; Curtius,
Grundzilge der Griecli. Etymologie, 1879, p. 265 ; Bücheler, Rhein. Mus. XVIII,
393 ; Schmitz, Ibid. XIX, 3Ô1. — 3 Mart. XIV, 61. — 4 Ibid, et Lucret, II, 388;
Plaut. Amphit. I, 1, 185 ; Athen. XV, p. 699 f ; Phot., s. v. Xuyynù/y, ; Olympiad.
Meteorol. IV, 49; Cic. Ad. Attic. IV, 3, 5.
LAN
LAP
— 925 —
tendue1 ; plus tard on employa le verre2. Deux lanternes
de bronze presque semblables ont été trouvées dans les
ruines d’Herculanum et de
Fig. 4338. — Fanal de vaisseau.
Fig. 4339.
Pompéi ; elles ne s’ouvrent pas
latéralement, mais sont sur¬
montées d’un couvercle hémi¬
sphérique qui se relève. Ce cou¬
vercle est percé d’ouvertures
par où . la fumée de la lampe
ou du flambeau pouvait s’é¬
chapper. Plutarque3 parle de
lanternes portatives à couvercle
mobile, que l'on couvrait ou
découvrait à volonté suivant
l’état de l’atmosphère. Dans
l’intérieur de la lanterne trouvée
à Herculanum était placé un
éteignoir.On voit ici (fig. -4337)
celle de Pompéi ; dans l’une et
dans l’autre le corps de la
lanterne est renforcé par une
armature en métal, composée
de deux tiges verticales ; à
l’extrémité supérieure de cha¬
que tige est attachée une chai-
nette; une troisième chaîne est fixée au centre du cou¬
vercle hémisphérique4.
. Fig. 4337. — Lanterne en bronze.
On doit penser que les lanternes avaient leur emploi
partout où il était nécessaire de préserver le feu contre le
vent : par exemple à bord des navires, où des fanaux
(XagTrTŸipeç8, lumina c) étaient allumés. La figure -4338
représente une lanterne suspendue
devant la cabine d’un vaisseau, d’a¬
près un bas-relief de la colonne Tra-
jane 7. Sur un vase peint où l'on voit
les préparatifs d’un sacrifice, un ser¬
viteur porte une lanterne (fig. 4339) 8.
Les Romains faisaient surtout usage
des lanternes pour sortir de chez eux
la nuit. C’est ainsi qu’Éros est repré¬
senté (fig. 4340) en expédition nocturne sur une pierre
gravée du Musée de Berlin 9. J. Toutain.
Fig. 4340.
1 Plaut. Bacch. III, 3, 42 ; Mart. XIV, 62; Phot. I. c. — 2 Isid. Orig. XX, 10, 7.
— 3 Quaest. rom. 72. — 4 Antich. d'Ercolano, VI. 27; VIII, 56; Mus. Borbon.
V, 12; Ovcrbcck, Pompeji, 4° éd. 1884, p. 418-449. — SXenoph. HeLl. V, 1, 6;
Liiod. XX, 75. — 6 Tit. Liv. XXIX, 25. — - ^ Frôhner, Col. Traj. pl. cix. — 8 Ger¬
hard, Ant. Bildwerlce, LXX. — 9 Furtwüngler, Beschr.d. geschnit. Steine, Berl.
1896, n. 1644; Miillcr-Wieselcr, Denktnül. d. ait. Iiunst. Il, 41, 647; S. Rcinacb,
Pierres gravées, pl. lxxx, 3 et 4 ; voir aussi Poltier-Reinach, Myrina, pl. xlii.
Acteurs portant une lanterne, Furtwangler, O. I. n. 1238, 1239, 1241 ; Wiescler,
Dcnkm. d. Bilhnenwesens, XII, 37.
LANX. 1 Rich, I)ict. des antiq. rom. et grecq. p. 349. — 2 Ulp. ap. Digest.
XXXIV, 2, 20 ; Paul. Ibid. VI, 1,6. — 3 Horat. Sat. II, 4, 40 ; Mart. XI, 31 (32).
— IVirg. Aen. VIII, 284 : « cumülantque oneralis lancibus aras » ; cf. Juvcnal. V
80. — 3 Gic. Ad Attic. VI, 1 , 13 : « in lilicatis lancibus et spleudidissimis canistris » •
V.
LANX. — I. C’est une variété dans la catégorie des plats
creux qui ont été étudiés plus haut [catinum, fig. 1250,
cf. aussi cibaria, fig. 4454 ;coena, fig. 4705; discus, p. 2/9].
Je ne crois pas qu’on puisse, comme on 1 a fait ,
l’assimiler au pinax, et en faire un plateau carré, un
tranchoir, destiné à apporter des fruits ou à découper
quelque mets: le terme quadratae lances2, sur lequel est
fondée cette interprétation, ne suffit pas à caractériser
nettement un plateau, car il est très possible que les
• - . . .. . f.. ! l m/v zlzv T4I ‘1 f C
creux de forme carrée. Les épithètes ordinaires qui accom¬
pagnent le mot lanx , rotunda , cava3 , donnent l’idée
d’un vase arrondi et creux, dans lequel on peut entasser
une assez grande quantité de victuailles f. Comme pour
toute la vaisselle de ce genre, les exemplaires de métal
précieux, richement décorés et ciselés, ornés de reliefs,
sont particulièrement signalés par les auteurs Un
affranchi de Claude possédait un plat d’argent du poids
de cinq cents livres : on avait dû bâtir un atelier spécial
pour le fabriquer 6. D’autres personnes de la cour
avaient réuni des spécimens analogues de cette vaisselle
gigantesque 7. Les lances du poids de cent livres étaient
nombreuses à Rome 8. Le nom du propriétaire était parfois
gravé sur le bord du plat9.
H. — Le droit romain admettait une action per lancein
et licium pour la recherche des objets volés au domicile
de la personne soupçonnée [furtum, p. 1422].
III. — Les plateaux de la balance avaient reçu le nom
de lances 10 ; de là le mot bilanx qui a formé bilancia et
balance [libra]. E. Pottier.
LAPHRIA (Aohppta). — Fêtes célébrées, en divers
points de la Grèce, en l’honneur d’Artémis Laphria
[diana, II, p. 145 A]. C’était Artémis chasseresse qu’on
adorait sous le nom de Laphria, en Messénie, en Ëtolie,
en Achaïe, et ailleurs *. Pausanias rapporte les différentes
légendes par lesquelles les anciens essayaient d’expliquer
ce nom. Il paraît accepter celle-ci : le culte d’Artémis
Laphria aurait été fondé par un Delphien, appelé La-
phrios, fils de Castalios, qui aurait consacré une statue
de la vierge chasseresse, en or et en ivoire, œuvre des
statuaires Ménaichmos et Soidas, à Calydon d’Ëtolie 2.
Dans cette ville, le culte d’Apollon était associé à celui
d’Artémis3. La mention d’un mois laphrios dans le ca¬
lendrier de plusieurs villes grecques, en Phocide, en
Ëtolie, à Erinéos, à Gythion, est un témoignage de l’ex¬
tension de ce culte U D’après des textes relativement
récents, le culte d’Artémis Laphria aurait été apparenté à
celui de la Britomartis crétoise, et on en trouverait des
traces à Corcyre s. Les Messéniens l’empruntèrent aux
Étoliens et ils eurent, à Messène, une statue de la déesse
faite par Damophon 6.
Mais c’est à Patras que le culte d’Artémis Laphria fut
particulièrement florissant et vivant, à partir du jour où
Ovid. Pont. III, 5, 20 : « de caclata lance » ; cf. Treb. Poil. Trig. tyr. c. 32
ap. Script. fJist. August. p. 122, éd. Peter. Les lances d’argent figurent parmi le
objets consacrés dans les temples; Corp. inscr. lat. VIII, 1858. — 6 PRu. XXX11I
52, 145. — T Ibid. — 8 Ibid.-, cf. Treb. Poli. I. c. — 9 Petron. Satyr. 31; cf
Gazette arch. 1885, p. 112, 259.— 10 Cic. Academ. H, 12, 38; Tuscul. V, 17;Virg
Aen. XII, 725.
LAPHRIA. 1 Prellcr, Griecli. Myth.J* éd. I, p. 245 ; Roscher, Lcxikon der
Mythol. s. v. Artémis, p. 565, et Laphria, p. 1849 ; Usencr, Gôtlernam. p. 190.
235; Schoemann, Gricch. Altert. 3« éd. Il, p. 233 ; Hermann, Griech. Antiq. 2' éd,
II, §26, 11; 51, 42. — 2 Pans. IV, 31,6 ; VII, 18, 6.';— 3 Strab. X, 459. — 4 BischofT,
De Pastis Graecorum, p. 355-367, passim ; Hermann, Monatskunde, p. 67.
— 5 Anton. Liber. 40 ; cf. Suid. s. v. p«8sra et Mù^outo?. — 6 Paus. IV,
31, 7.
117
LAP
926 —
LAP
Auguste fit transporter d’Étolie en Acliaïe le vieil àyaAg.a
de la déesse \ C’est à Patras que se célébrait la fête an¬
nuelle des laphria, décrite par Pausanias 2. Elle consis¬
tait essentiellement en une procession solennelle et un
sacrifice. Dans les jours qui précédaient la cérémonie,
on préparait l’autel de la déesse, en y entassant le bois
qui devait servir au sacrifice, en réparant la voie sacrée
par où devait se développer la procession. Le jour venu,
la ville tout entière prenait part aux cérémonies, les ma¬
gistrats au nom de la cité, et les simples particuliers. Le
moment le plus solennel était celui où, à la fin de la
pompe sacrée, la prêtresse d'Artémis apparaissait debout,
sur un char attelé de cerfs. On sait qu’Artémis est sou¬
vent représentée ainsi dans l’art (fig. 2376) 3. Puis venait
le sacrifice, étrange et d’espèce rare. On mettait le feu au
bûcher préparé sur l’autel, et dans ce brasier on jetait
pêle-mêle, pour honorer la déesse, toute sorte d’animaux
vivants, domestiques ou sauvages : des oiseaux et des
quadrupèdes, des sangliers, des cerfs, des louveteaux,
des ours, d’autres bêtes encore Aucune hécatombe ne
pouvait mieux plaire, semble-t-il, à la déesse de lâchasse.
Ce même caractère se retrouve, comme on sait, dans
d’autres solennités analogues, également consacrées à
Artémis, par exemple dans les elapuebolia, où l’on sacri¬
fiait des cerfs sur l’autel de la déesse. Dans certaines
villes, comme à Hyampolis de Phocide, les textes si¬
gnalent la célébration annuelle de deux fêtes distinctes :
les lapuria et les elaphebolia 5. Peut-être alors les deux
fêtes n’avaient-elles pas tout à fait le même objet ; on peut
admettre que le sacrifice des laphria s’adressait à Artémis,
déesse de la chasse. Par la fête des elapiiebolia, on recon¬
naissait plus particulièrement la protection qu’Artémis
accordait aux animaux : Pausanias raconte que les ani¬
maux qui lui étaient alors consacrés devenaient plus gras
que les autres, et n’étaient jamais malades 6. L. Couve.
LAPICIDINA [meTALLa].
LAPIDARIUS, LAPICIDA (AtôoTop.oç, Àtûoupyoç), tailleur
de pierres. — Ces termes, et quelques autres par lesquels
on désignait les ouvriers qui travaillaient la pierre, n’ont
pas toujours été rigoureusement appliqués à telle ou
telle catégorie de travailleurs ; les acceptions, d’abord
très étendues, ont été restreintes dans le cours du temps;
de plus, les langues anciennes, comme les modernes, ont
souvent confondu sous le même nom Partisan et l’artiste.
Anciennement, les termes de lapidarii *, opifices lapi-
dnrii 2, lapicidae 3, Àt6oupyo(\ signifiaient les ouvriers qui
s’occupaient des pierres après leur extraction par les
carriers [exemptores5, lapicidinarii G, Xaropnot 7)[metalla
et les préparaient pour la bâtisse ; de leurs mains, elles
passaient à celles des maçons (, structures 8, AtOoÀôyoi9),
qui les assemblaient pour faire la construction [struc¬
tura]. A Rome, où les tailleurs de pierres étaient soit des
esclaves10, soit des hommes libres11, nous trouvons la
dénomination de lapidarius appliquée aussi à un entre¬
preneur regardé comme capable de bien faire exécuter un
monument en pierre12. La signification de lapicida s’est
aussi modifiée et ce mot a servi pour désigner le gra¬
veur sur pierre 13 [inscriptiones]. Le même phénomène a eu
lieu en grec où XiOoxôgoç a pris le sens général d’ouvrier
de la pierre u et XtOoupydç celui de statuaire15, ou sim¬
plement de sculpteur10 que nous trouvons aussi exprimé
par les termes XiO&xôtcoç 17 et Xt6o;ooi;18 [sculptura].
Mettre les blocs extraits par les carriers en état d’être
employés dans la construction où ils entraient sous
forme de moellons 19 (caementa) ou de pierres de
taille 20 ( lapides
quadrati ), telle
était la besogne
des tailleurs de
pierres. L’ouvrier
qui travaillait spé¬
cialement à la
pierre de taille finit
par être appelé
quadratarius 21 .
Les pierres tendres
se sciaient avec
une scie à dents2'2
( serra dentata )
[serra] ; il est vrai¬
semblable que les
pierres dures fu¬
rent sciées de la même manière que le marbre 23 1 marmorJ.
Quant à la taille proprement dite, elle devait passer,
comme de nos jours, par diverses phases et s’effectuait
au moyen d’instruments spéciaux en fer (a-to-qpta XiOoupyâ
Xa?euT7)pt«) 24 qui nous sont à peine connus. Quelques
noms seulement sont parvenus jusqu’à nous, mais ac-
l Paus. VII, 18, 6-7; Corp. inscr. lat. III, 499, 510 ; Eckhcl, Doctrina numo-
rum, II, 257 ; Gardner, Catal. of greek Coins in the Brit. Mus. Pelop. p. 26,
n° 28, pl. v, 17. — 2 Pans. VII, 18, 6. — 3 Voir Part, diana, p. 145. Pour les mon¬
naies, cf. Gardner, Op. I. pl. v, 21. — *Paus. VII, 18, 7. — 5 Athen. Mitth. IV,
1879, p. 223, no 5 ; Journ ofhell. Stud. XVI, 1896, p. 309. — 6 Paus. X, 35, 7.
LAPIDARIUS, LAPICIDA. l Corp. inscr. lat. III, 1777. — 2 Orelli, Inscr. lat.
coll. 4208, 4220. — 3 Varro, Ling. lat. VIII, 62 ; Tit. Liv. I, 59, 9. — 4 Thuc. IV,
69, 2; V, 82, 6; dans ce dernier passage, on pourrait aussi le traduire par maçon;
cf. H. Blümner, Technologie und Terminol. der Gewerbe und Künste, t.. III, p. 90;,
Ibid. p. 3. — 5 Plin. XXXVI, 125. — 6 Orelli, 3246; cf. Blümner, Op. cil. III,
p. 69, n. 5. D'autre part, un glossaire, cité par Blümner, p. 6, n. 5, explique ce
mot par Xtôo^ooç. 7 Eustathe (.4(2 lliad , p. 230, 3; explique Xa'tôjxoç 4tco xoff — £ [XV £ : v ,
orXiôous TÉjxvttv signifiant le travail des carrières chez Hérodote (I, 186), on s'atten¬
drait à trouver XiIotoiaoç avec le sens de carrier, mais ce mot a plutôt le sens
général d'ouvrier qui travaille la pierre ; cf. plus bas note 13. — 8 Cic. Ad Attic.
XIV, 3, 1 ; Arf Quint, fratr. II, 5, 3; Cod. Justin. X, 64, 1, etc.; cf. Blümner,
Op. I. III, p. 89 et 90. — 9 Thuc. VI, 44, 1; VII, 43, 2; Plat. Leg. 858 B, 902 E;
Xonoph. Hell. IV, 4, 18; 8, 10; Bull, de corr. hell. (1883), p. 390; Themist. Or.
IV, 60 n; X, 137 d\ Hcsych. s. v. ; cf. Blümner, t. III, p. 5, 87 et 90. — 10 Corp.
inscr. lat. VI, 8871 ; X, 6638 ; Dig. XIII, 6, 5, § 7 ; IV, 6, 7 ; Cod. Theod. XIII, 4, 2.
- Il Corp. inscr. lat. II, 2772; III, 1365 et 1601; V, 3045; cf. J. Marquardt, Vie
privée des Romains ( trad. franc.), II, p. 272. — 12 Petron. 65-71 ; cf. J. Marquardt,
Op. cit. Il, p. 273. — 13 Sid. Apoll. Epist. 3, 12. Lapicida est aussi bien celui
qui grave sur la pierre que celui qui grave sur le marbre; cf. Blümner, III, p. 6.
— 14 Corp. inscr. ait. I, 312 ; IV, I, 297 a ; Mittheil. des deutsch. archüol. Instit.
t. IV, p. 3; Xen. Cyr. III, 2, H, où Valckcnacr voulait écrire XiOoXoyot ; cf. Pierson,
Ad Moerid. p. 254. Quant à la variante X.8i86;xo. chez Pollux, VII, 118, elle est
inadmissible; ce dernier mot se lit dans Procop. De aedific., p. 18 D, et dans Poil.
I, 161. — 16 Arist. Et hic. Nicom. VI, 7, où Phidias est ainsi qualifié. Cf. Photius,
224, 1. — 16 Plut. Pericl. c. 12 ; c’est l’opinion de Blümner (III, p. 3, n. 2), mais
1 ensemble n'exige pas absolument cette interprétation ; cependant XtOouçycio.;, chez
Iséc (V, 44), paraît bien signifier ateliers de sculpture. Suidas, s. v. X.0oufï«ii,
interprète ce mot chez Lysias (frag. 69, éd. Schcibe) par travail du carrier; cette
interprétation n’est peut-être pas très sûre, car ce mot précède immédiatement
Xi6oTflSi*/,v qui ne peut être qu'un travail de polissage, sens que lui donne Suidas ;
cf. An. Bekk. p. 278, 2. Voir Blümner, III, p. 281. — n Demosth. (pseudo-) XLVII,
05 ; Corp. inscr. ait. III, 307 ; cf. Poil. VII, 1 18 ; Hesych. s. u. X,0oufï<!?, et Blümner,
t. III, p. 4. Thomas Magister (p. 221, 6, éd. Ritschl) blâme ce mot, tout en consta¬
tant qu'il avait été employé par Antiphon ; nous ne l’avons pas dans ce qui nous
reste de cet orateur. — 18Plut. Moral. 37, p. 74 E;Timoap. Diog. Laert. II, 5, 19;
Manetho, VI, 419; cf. Corp. inscr. att. III, 1372; Corp. inscr. gr. 260,’ 6320;
Antholog. Palat. V, 15, 5. — 19 Cic. De Divin. II, 47 ; Vitr. I, 5, 8 ; II, 6, 1 • 8 5-
Tit. Liv. XXI, H, 8. - 20 Vitr. II, 83. - 21 Cod. Theod. XIII, 4, 2’; Corp. inscr.
lat. VI, 9502; Sid. Apoll. Epist. 3, 12. — 22 Vitr. II, 7, 1 ; Plin. XXXVI, 159 et
167, — 23 Theophr. Lap. 5, 41. La scie à pierre est appelée par Pollux itfi<uv
Xitoitfhmiî, x, 148 ; Corp. inscr. lat. I, 1108 : Conlegei secto(rum) serrarium. Une
inscription d liai ica, en Espagne, mentionne un estât io serrariorum ; Hübner, Monats-
ber. d. Berlin. A/cadem. 1861, p. 93 ; cf. Corp. inscr. lat. 11, 31-32. _ 24 Thuc IV.
4, 2 ; Poil. VII, 125; Phot. 207, 16; Suid. s. u. ; Hesych. s. v. ; cf. Blümner, III,
p. 92. On lit encore chez Diod. Sic. III, 12, 4, X*TO|xtll<? «nSvjçs,
LAP
927 —
LAP
compagnes d’indications si vagues et de définitions tel¬
lement insuffisantes que nous ne pouvons presque rien
affirmer relativement à la forme et à l’usage des outils
qu’ils désignent1.
Pour amener la pierre à la forme voulue, il fallait natu¬
rellement commencer par la dégrossir, par faire tomber
toutes les portions inutiles ou gênantes, puis enlever
les plus fortes aspérités de la surface. Cette première
taille paraît s’être effectuée au moyen d’une espèce de
marteau courbe et tranchant appelé ascia, que l’on iden¬
tifie avec le grec tûxgç2 ; on employait encore à cet usage
d’autres outils dénommés xq7teTç, lyxoîtsïç 3, qui paraissent
être aussi des marteaux tranchants ou non, et une sorte
de DOLABiiA. Une terre cuite du musée du Vatican repré-
sentc(fig. 4341) deux ouvriers en train de façonner un bloc
de pierre avec des espèces de masses à deux pointes V II
fallait ensuite planer et unir les surfaces; cette deuxième
façon se donnait, semble-t-il, avec divers genres de ciseaux
[SCALPRUM s] (Xetai, yXaptoe; 6, ço'fosç 7, loi'Seç yasaxTou 8,
yXuepeïa 9, ÜuarTipeç 10) que l’on chassait devant soi sur la
pierre à l’aide d’un maillet11. C’est ce qui parait repré¬
senté (fi g. -4342) sur une miniature du Virgile du Vatican
Fig. 434 2. — Tailleurs de pierres.
où se voit un tailleur de pierres tenant de la main gauche
un ciseau et de la droite un maillet levé 12. A. Jacob.
LAPIDATIO (KaxofXsÛEiv). — Lapidation.
Cirèce. — La lapidation, dans les sociétés primitives,
sert à châtier en fait des actes dont la répression n’est
pas encore assurée en droit formel. Partout où règne le
système de la vengeance privée, si la partie lésée est,
l Cf. Blümner, II, p. 210. — 2 Blümner, III, p. 90-03; II, 208; Eurip. Berc.
fur. 945 ; Poil. VII, 118; X, 147 ; Hcsych. s. v. Eustatli. Ad Iliad. p. 13G, 23 ;
cf. tuxtÇttv, Arist. Aves. 1138; cf. la scholie que reproduit Suidas, s. v. tùxo;.
3 Lucian. Somn. 3 et 13; Diod. Sic. I, 35, 10 ; cf. Blümner, II, p. 212, et III,
p. 93. ’Eyxou£«, chez Lucien (c. 3), parait bien être une sorte de marteau, comme
le croit Blümner, et non un ciseau, car l’apprenti s’en sert directement sans maillet.
— 4 Afuseo Elrusco Gregoriano, I, pl. xxxvm, n» 3 (édit. 1842). — 5 Blümner, II,
- i*** 9 1 oïl. X, 147 ; Zonar. Lcx. s. v. Fkapiç — 7 Hcsych. s. v. çoi';. — 8 Inscript, dans
AOqvottov, 1875, p. 3G9sq. ; Fabricius, De architectura graeca commentât, epigr. p. 08 ;
sui la mémo inscription on lit îîg'ïç iïuxvti ê-i-yjx o ;x£ vt; , ÇoV; àoTiorô;j,oç ; cf. Blümner, III,
p. 93 et 140. — 9 Luc. Somn. 13. — 10 Plut. Moral, p. 350 U; Authol. Pal. VI,
205, 5; cf. Schol. Ilom. Ad Odyss. XXII, 455. — n Blümner (II, 211) suppose que
ce maillet était 1 outil appelé xO.arTfip dans Athcn. XI, p. 488 c, interprétation qui
n est pas tout à fait conforme à celle de Fabricius, Op. cil. p. 71 ; cf. Blümner, III
p. 93. - 12 Aug. Mai, Virgil. pict. ex cod. Vatic. Rome, 1835, pl. xix. Voir encore
Curtius, Sieben Karten v. Atlien. pl. vm.
LAPIDATIO. 1 Durckhcim, Divis. du travail, 80. Voir les exemples empruntés
aux sociétés les plus différentes par Posl, Bausteine f cine allg. Dechlsiviss. I,
191; Grundriss d. ethnol. Jurisprud. Il, 271 ; Afrik. Jurisprud. II, 44. _ 2 11[
56-57 ; cf. Schol. D ; Euslath. p. 1197, 04. Ce sens est accepté par Wachsmuth,
Bell. Alterthumskunde, II, 793 ; Thonissen, La dr. pén. de la Itép. ath. 33-34 •
l’halheim, Rechtsalt. 138, n. 2 ; Ebcling, Laxic. Borner, s. v. X&tvo;; Bailly, ûict
gr. fr. s. v. Contra K. F. Hermann, Ueb. Grundsdtse u. Anwèndung d. Strafrechls
Du gr. Alt. dans les Abh. d. Gcs. d. AViss. eu Gbtt. VI (1S50), p. 274, n. 2; Dodrc-
non pas un individu, mais un yévoç, une tribu, une cité,
tous les membres de ce yÉvoç, de cette tribu, de cette cité
concourent à la vengeance sociale. Sur-le-champ, par
ordre du chef ou par consentement universel, le coupable
est mis hors la loi : chacun court sus à 1’aTtp.o;, chacun
a sur lui droit de vie et de mort. Toutes les armes sont
bonnes, javelots, flèches ou pierres. Tant que la peine de
mort, sans être légalement prononcée par personne, est
infligée par tout le monde dans un accès de fureur tumul-
tuaire, tant que la répression est « diffuse 1 », le mode
d’exécution ordinaire, c’est la lapidation. Et le crime
typique qu’elle punit, c’est la trahison ou, plus généra¬
lement, l’attentat contre la sûreté commune ou les inté¬
rêts communs. « Les Troyens sont des lâches, dit Hector
à Pâris dans Y Iliade 2 ; autrement, tu serais déjà habillé
d’un chiton de pierre pour tout le mal que tu leur as
fait3. » Dans Y Odyssée apparaît un malheureux, traqué
par une foule qui veut « le tuer et lui arracher le cœur » “.
il passe pour traître, comme Palamède, qui périt sous
une grêle de pierres 5.
Durant ce moyen âge hellénique, dont les débuts sont
connus par les récits encore légendaires des vo<7 toi et
dont la fin se soude à l’époque historique, on voit se
préciser d’abord, se compléter ensuite* la jurisprudence
spontanée de la lapidation. L’étranger qui offense un ou
plusieurs membres d’une société se met en état de guerre
contre la société tout entière. Elle peut donc se venger
sur lui par les voies rapides, quelle que soit l’offense.
Politès, compagnon d’Ulysse, est lapidé à Témésa en
OEnotrie, pour cause d’outrage à une jeune fille0;
Hècabè est lapidée « comme une chienne », pour avoir
invectivé les meurtriers de ses enfants1. Même à l’égard
d’un citoyen, une foule exaspérée ne raffine pas sur une
définition juridique. Lorsque les légendes de la Lycie,
de l’Attique et de la Laconie, nous montrent la défaite8,
la concussion en temps de guerre9, ou même la pro¬
position d’une loi impopulaire10, assimilées à la trahison
et punies à coups de pierres, il n’y a là qu'une extension
naturelle donnée aux idées de la période précédente11.
Mais une coutume sans racine dans le passé, c’est celle
de la lapidation pour offense à un dieu ou à un simple
particulier. Il y a une vérité rétrospective dans tous ces
passages des tragiques athéniens où il est parlé de lapi¬
dation à propos de sacrilège 12, de meurtre 13 et pari-
cide u, d’inceste13 et adultère16, voire pour ensevelisse-
lein, Borner. Gloss, s. v. — 3 Euripide (Or. 59) a bien observé qu’Hélcne
méritait le même sort dans Argos. — 4 XVI, 426-429. — 8" Schol. Eurip.
Or. 436; Philostr. Heroic. XI, 11, p. 714; Vit. Apollon. 111,22,2, p. 112;
cf. O. Jalm, Palamedes, Kil. 1836, p. 12, 44. La peinture de vase où Welcker (Alte
Dcnkm. III, 435; Rh. Mus. IX, 1854, p. 288; cf. Overbeck, Gallerie lieroisch.
Bildwerlce, 367, n° 2) a voulu reconnaître la lapidation de f’alamèdc est une « mys¬
tification grossière » (S. Reinach, Peint, de vases ant. 73). — 6 Paus. VI, 6, 7;
Suid. s. D. EuBupio;. — 7 Tzetz. Ad Lycophr. 315, 1030; Mythogr. lat. III, 9, 8;
Dictys, V, 16; cf. Quint. Smyrn. XV, 384 s. Voir Uofcr, art. ffekabe, dans Roscher,
Ausf. Lexic. d. gr. u. rôm. Myth. 1882-1883. On pourrait signaler encore le cas
d’Eurip. Ber. 60. — 8 Quint. Smyrn. X, 164-166. — 9 Callisthcn. ©çaxixi, III,
ap. (Plut.) Parall. 31, p. 313 B. — 10 Plut. Lyc. 11. Autre exemple de lapidation
en temps d’émeute à Trézcne (Paus. II, 32, 2). — n C’est peut-être le lieu de men¬
tionner la lapidation du roi OEuoclospar les Ænianes (Plut. Quaest. gr. 13, p. 294 A).
— 12 Eurip. Andr. 1129, 1 1 54 (cf . Pherecyd. ap Schol. Eurip. Or. 1654) ; Iph.
Aid. 1350. Voir Arclin. Iliupersis, ap. Procl. Chrestom. (Welcker, Bp. Cycl. II,
185, 522 ; Kinkel, Epie. gr. fragm. I, 49) ; Harp. s. v. <l>àj(i«xo5. — 13 Acschyl. Ag.
1616. Voir Anticlid. ap. Schol. Od. XVI, 471 et Euslath. ad l. c. ; Xanth. ap.
Etym. Magn. s. v. 'Epuaïov, p. 375, 57 (Müller, Fragm. hist. gr. I, 38, fr. 9) et les
explications de B. Schmidt, Neue Jalirb. f. class. Philol. CXLV11 (1893), p. 370.
A signaler encore la lapidation de Mélanchros (correction de Cobet, pour Mélacharis)
et Cléomètra (Dcinias ap. Schol. Eurip. Or. 872 = Müller, Fragm. hist. gr. III, 24,
fr. 3). — 14 Eurip. Or. 49-50, 440-442, 614, 863, 914-915, 946; cf. Plat. Legg. IX,
p. 873 B-C. — 15 Soph. Oed. Col. 435. — 16 Eurip. Troad. 1059,
LAP
— 928 —
LAP
ment d’un criminel privé de sépulture1. On pourrait
croire à des erreurs de couleur locale, si l’on n’avait pas
pour éléments de contrôle les vieilles légendes et les
fragments des poèmes cycliques. C’est que dans la Grèce
du vin0 siècle, des idées nouvelles s’étaient répandues,
sur la souillure, la contagion et la purification. Quand le
droit divin ou humain était violé par une lésion grave,
la laisser impunie c’était, pour la société, en accepter la
solidarité. En présence d’un attentat énorme et flagrant,
le peuple vengeait sa propre cause en vengeant celle de
l’offensé, homme ou dieu. Et, tandis qu’il élargissait ainsi
son droit de répression, il trouvait dans sa conscience
transformée une raison déplus pour l’exercer spécialement
àcoups de pierres. De celte façon, on ne tuaitpas le misé¬
rable, on le faisait mourir, et nul ne contractait ni la souil¬
lure d’un contact impur, ni la souillure du sang versé.
A l’époque historique, le progrès de la juridiction sociale
n’alla pas jusqu’à supprimer tout à fait la lapidation. De
loin en loin les générations nouvelles appliquèrent les
principes primitifs sur la trahison et les principes plus
récents sur le sacrilège. Mais ces crimes, à plus forte
raison les autres, ne furent plus capables de soulever
une fureur homicide que dans des circonstances extraor¬
dinaires de flagrant délit et de gravité.
Pour que les Arcadiens lapident Aristocratès le Jeune,
il faut qu’exaspérés par la défaite, ils le surprennent
recevant de l’ennemi le prix de la trahison2. C’est à
Salamine, quand ils sont chassés de leur ville incendiée,
quand il leur faut maintenir l’unanimité par la terreur,
que les Athéniens lapident, avec sa femme et ses enfants,
le bouleute Lykidès, coupable d’avoir voulu accepter les
propositions du Mède3. Désormais, on ne trouve plus
rien de pareil qu’aux extrémités du monde hellénique.
Vers la fin du Ve siècle, les Agrigentins lapident encore
quatre de leurs stratèges, pour avoir laissé échapper une
occasion de victoire4, et les Syracusains en auraient fait
autant des leurs, au nombre de dix, s’ils avaient écouté
Denys, qui les excitait « à ne pas attendre le vote légal,
mais à faire justice sur-le-champ, de leurs mains 5 * ».
Cette mesure aveugle de vengeance et de salut public est
prise exceptionnellement en temps de révolution comme
en temps de guerre : à Athènes, on lapide les partisans de
Cylon0; à Mitylène, le tyran Coès 7. En dehors de la
haute trahison, l’homicide est le seul des crimes reconnus
par le droit séculier qui ait un jour, dans les siècles
historiques, poussé une foule à se faire justice à coups de
pierres. Mais cette foule se trouvait en face d’un fait
1 Aescliyl. Sept. 199; Soph. Antiij. 36 ; Aj. 728.-2 Paus. IV, 22, 5-7 ; VIII, S, 13;
cl. Callisthen. ap. Polyb. IV, 33, 3-0. - 3 Uer. IX, 5 ; Dem. Pro cor. 204, p. 29G ;
Lyc. C. Leocr. 122, p. 165 ; Cic. De off. III, H, parlent cl’ un bouleule nommé Kyr-
silos. Est-ce un cas distinct? C’est peu probable (voir de Pastorct, Hist. de la lég.
VII, 71 ; Grote, ffist. of Gr. éd. 1869, t. V, p. 9, n. I ; Thonissen, 93, n. 2). D’après
Eyc. C. Leocr. 71, p . 156, on aurait déjà failli lapider Alexandros ; mais c’est encore
une assertion erronée (voir Grote, t. V,p. G, n. IV Cf. Dem. De falsa leg. 66, p. 362;
Aristoph. Av. 280 s. — 4 Diod. XIII, 87, 5; cf. Brunet de Presle, Hech. s. l'établ.
des Gr. en Sic. 21G ; Holm, Gesch. Sic. im Alt. II, 91 ; Freemann, Hist. of Sic. III,
529. — 5 Diod. XIII, 91, 3; cf. Brunet de Presle, 220 ; Holm, 93 ; Freemann, 541.
D après (Plat.) Epist. VIII, p. 354 E, le conseil de Denys aurait été suivi. Grote, X,
190, n. 2 (cf. Holm, 428), voit là une méprise provenant du cas réel qui se produisit
peu auparavant à Agrigenle. — 6 Plut. Sol. 12 ; Schol. Aristoph. Eq. 447.
— 7 Her. V, 38; cf. Grote, IV, 212; de Pastoret, Hist. de la législ. IX, 69.
L'épithète Xeu<rrof convient aux tyrans (cf. Id. V, 67; Aelian. De nat. anim. V, 15).
3 faus. \ 1 , 9, 7; Suid. s. v. KXcoja^&viç. On ne sait à quel drame, réel ou lé¬
gendaire, rapporter les vers de 1 Anthol. Pal. IX, 157, 5-6. Quant à la lapidation
d Anytus à Héraclée du Pont (Themislius, Or. XX, p. 239 c), c’est une pure fable.
— 3 Cf. Aelian. ap. Suid. s. v. — 10 Aescbin. C. Timarch. 163, p. 23. — 11 Di-
narch, ap. Phot. Suid, s. v. x«T«7.Eu<ripov. — 12 Plut, Phoc. 34 ; Philostr. Vit.
atroce : l’athlète Cléomèdès venait, à Astypalée, d’ense¬
velir une soixantaine d’enfants sous les ruines d’un
gymnase 8. On ne saurait donc prendre à la lettre le mot
Asu<7T7)p lancé à la tête d’un ennemi 9 : il ne faudrait pas
croire les Athéniens de la belle époque capables de lapider
un homme pour avoir vendu un citoyen comme esclave10
ou pour avoir malversé11. 11 est même très significatif
qu’après les guerres médiques on n’ait plus lapidé per¬
sonne dans les villes grecques au nom de la justice
séculière. Il arrive, beaucoup plus tard, qu’une populace
lance ou menace de lancer des pierres contre un person¬
nage détesté12; ce n’est plus une exécution sommaire.
Si la lointaine Agrigente fait exception, c’est qu’elle ;i
sous les yeux l’exemple des Carthaginois, grands amateurs
de lapidation13. Mais la même année (406), dans les
mêmes circonstances, à l’encontre des mêmes magistrats,
les Syracusains se refusaient à tout acte de violence, el
la vindicte des Athéniens respectait les formes légales.
Le sacrilège fut bien plus longtemps que la haute
trahison puni par la lapidation. Sans doute, on ne saurait
croire qu’Eschyle faillit être lapidé pour outrages aux
cultes officiels ou divulgation des mystères 14 : l’anecdote
est apocryphe. Mais quand les Thessaliennes assom¬
mèrent Laïs àcoups de pierres et d’escabeaux, le sacrilège
servit de prétexte à leur jalousie l5. Encore au ivc siècle,
le peuple d’Ephèse, pour lapider le chef de l’oligarchie
et sa famille, fit semblant de venger Artémis10. L’Arcadie
semble avoir gardé une prédilection particulière pour
cette tradition de pieuse cruauté. Aristocratès l’Ancien
fut lapidé pour avoir souillé la prêtresse d’Artémis dans
son sanctuaire11; des enfants, pour s’être amusés à
étrangler une statue de déesse à Kaphyes 18. Plutarque
raconte que de son temps encore quiconque pénétrait
volontairement dans le Lykaion était lapidé19. C’était
assurément la peine portée par les vieux règlements;
peut-etre était-elle toujours inscrite sur le ‘pvocjvuïtiTiHi
affiché à la porte du temple; mais il est douteux qu’elle
eût trouvé une seule application depuis des siècles. Il
ne faudrait donc accorder aucune créance au récit d’une
lapidation ordonnée par Apollonius de Tyanes20, même
s’il ne se terminait point par un miracle21.
Si, hors le cas de sacrilège, les citoyens s’interdirent
1 usage de la lapidation dès le premier quart du v° siècle,
il n’en fut pas de même des soldats en campagne. Les
Athéniens trouvaient vraisemblable qu’on leur parlât sur
la scène de guerriers lapidant un des leurs22. Que voit-
on dans la réalité ! Les Argiens, furieux contre leur général
Apollon. IV, 8, 2, p. 146; I, IG, 4, p. 21 ; V, 16, 2, p. 209; Vit. soph. I 23 I
p. 527. - 13 Her. I, 167; Polyb. I, 80, 9 ; TH. Liv. XLIX, 32; cf. de Pastorct,
Hist. de la législ. X, 142. La coutume sc retrouve, même pour attentat non dirigé
contre la religion, chez les Juifs [Oeuter. XXI, 21 : XXII, 24 ; Exod. XVII, 4; Evaiig.
Joh. VIII. 5-7 ; Joseph. Ant.jud. IV, 8, 36; cf. de Pastorct, Op. cit. IV, 128-132 ;
A. Ewald, Die Alterth. d. Volkes lsr. 143 ; Thonissen, Et. sur Vhist. du dr. crim.
des peuples anciens, II, 20-21, 30) et chez les Arabes (Diod. III, 47, 4). — 14 Aelian.
Var. hist. V, 19; Anouym. comment, ad Arislol. Eth. Nie. III, p. i||| a, 7 (éd.
Heylbut, t. XX, p. 145) ; cf. Wachsmuth, Op. cit. II, 204, n. 91 ; Thonissen, 92.
— 13 Plut. Amat. XXI, 13, p. 768A; Timac. cl Polem. ap. Allien. XIII p 589 A
(Müller, Fragm. hist. gr. I, 219, fr. 105; III, 127, fr. 44). Les Thessaliennes n’au-
raient pas tué la malheureuse dans un temple, si elles ne l’avaient pas déclarée sa¬
crilège (cf. Plut. Pericl. 32; Vit. dec. oral. Hyper. 20, p. 849 D). — lOArrian.
Anab. I, 17, 11-12 ; cf. de Pastoret, Hist. de la législ. IX, 195. — 17 Paus. VIII, .5,
12; cf. Hiller von Gaerlringen, art. Aristokrates, dans la Real-Encycl de Paùly-
Wissowa. -18 Paus: VIII, 23, 7. - 19 Plut. Quaest. gr. 39, p. 300 c; cf. Immer-
walir, Die Kulte u. Mythen Arkadiens, 7 ss. ; Bérard, Orig. des cultes arc 86.
- 20 Philostr. Vit. Apoll. IV, 10, p. 147. - 21 Cf. Schol. Eurip. Hec. 1261 • Tzetz.
ad Lycophr. 1176. - 22 Eurip. Iph. Aul. 1350; Soph. Aj. 728 ; cf. Aeschyl. Sept.
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Tlirasyllos, qui a traité quand la victoire semblait certaine,
se mettent h le lapider1. Avec quelle légèreté une troupe
indisciplinée, une troupe de mercenaires surtout, poinail
se laisser aller il la folie de la lapidation, c est ce que
nous montre Y Anubase. Les Grecs commencent a faite
périr sous une grêle de pierres trois députés indigènes-,
aux cris de « Frappe, frappe, lance, lance 3 », un grand
nombre, sans savoir pourquoi, courent sus aux agora-
nomes et pourchassent l’un d’eux « comme un sanglier
ou un cerf 4 »; enfin, peu s’en laut que leur rage sédi¬
tieuse ne s’attaque aux généraux
Naturellement, dans les armées, les javelots venaient en
aide aux pierres ou les remplaçaient : il n’y a pas de
différence essentielle entre xaxaXsùetv et xaraxovTtÇsiv ü-
Au milieu du ivc siècle, dans la même guerre, presque
en même temps, les Phocidiens en déroule tuent à coups de
javelots leur chef Onomarchos, qu’ils considèrent comme
l’auteur responsable de leur désastre ', et les Béotiens vain¬
queurs percent leurs prisonniers jusqu’au dernier sous
prétexte de sacrilège 8 . Les soldats d’Alexandre mettent
en croix l’assassin de Darius avant de tirer sur lui 9.
Jusqu’ici, la lapidation n’apparaît pas une seule fois
comme une peine prononcée régulièrement par un tri¬
bunal10. Sans doute, tel n’était pas l’avis des Grecs au
ve siècle, lorsqu’ils parlaient des temps mythiques. Dans
les tragédies d’Eschyle11 et d’Euripide 12, il est souvent
question de lapidation infligée en vertu d’une sentence
rendue froidement lv oi'xt). Une légende représente les
dieux lapidant un coupable avec leurs tablettes déjugés13.
C’était un exercice habituel, dans les écoles de rhéteurs,
décomposer des plaidoyers pour ou contre Palamède14.
Mais il n’y a pas à tenir compte de détails inventés après
coup. Dans les temps mythiques comme dans les temps
historiques, la lapidation est fréquemment punie par les
dieux15. L’oracle de Delphes ne se lasse pas de demander
des réparations pour les victimes 16, même quand ce sont
de grands coupables devant les hommes, même quand
ce sont des impies. Ainsi l’odieux Cléomédès en réchappa
et y gagna encore le titre de héros 17 ; le zèle fanatique
des Kaphyens fut jugé criminel (où aùv o t x. vj ) et dut être
expié par des sacrifices périodiques18. Ajoutezà cela que
les bourreaux volontaires ne donnent pas à leur victime
le temps de parler 10, mais qu’ils lui laissent la vie sauve
si elle leur échappe sur le moment 20, qu’assez fréquem¬
ment le supplice est infligé par des femmes21; n’esl-il
pas évident que le peuple en Grèce a toujours vu dans la
lapidation un acte de vengeance (xifjuopta)22 ? On pourrait
être tentéde faire une exception pour Injustice militaire.
Pour lapider leur général, les Argiens se gardent bien
d’attendre qu’ils soienl revenus en ville, et pourtant ils
1 Tliuc. V, 00, 6 ; Diod. XII, 78, 5; cf. Grole, VI, 344. — 2 Xen. Anab. V,
7, 19; cf. 2, 30. — 3 naïE, (SoUe. Cf. Arisloph. Acli. 281-282. — 4 Xen. I. c. 21,
27. — 0 Ibid. 2, 28. — 0 Voir Eurip. Andr. 1134. Selon Amen, III, 26, 3, Philolas
el ses complices furent percés de javelots ; selon Quinte Curce, VI, 11, 38, ils furent
lapidés. On trouve même nataxovTcÇtiv employé à désigner le fait de lancer des pierres
(Grog. Nyss. In Ecclesiast. homilia, VII, dans Migne, Patrol. XLIV, 712 B).
— 7 Paus. X, 2, 5. Autre version dans Euseb. Pracp. evang. VIII, 14, 33, p. 392c.
— 8 Diod. XVI, 31, 1. — 9 Quint. Curt. VII, 5, 11. — 10 [)e Pastorct, Hist. de la
lég. VII, 71, admet la lapidation parmi les peines capitales « dans l’ordre de la jus¬
tice », mais il fait lui-même des réserves, p. 72. — n Ag. 1015 ; Sept . 198. — 12 Or.
440-442, 014. — 13 Anticlid. ctXanth. II. cc. (voir n. 13, p. 927). — 14 Voir l’accusation
d’après Alcidamas ( Orat . ait. de Didot, II, 197 ss.). et la défense d’après Gorgias
{Ibid. 209 ss.) ; cf. Philostr. Heroic. l. c. — l8 Tzetz. ad Lycoplir. 1 170 ; Paus. VI.
0, 8 ; VIII, 23, 7 ; Schol. Arisloph. Plut. 179 ; lier. I, 107 ; Diog. Laert. I, 10, 109.
— 10 Ajouter aux références de la note précédente Paus. II, 32, 2 ; VI, 9, 7 ; Quint.
Siuyrn. X, 104-100. Contra Plut. Quacst. gr. 13, p. 294 A; lier. V, 07 ; Diod. XVI,
31, 1. - 17 Paus. VI, 9, 7. — 18 hj. VIII, 23, 7.— 19 Diod. XIII, 87, 5. - 20 Arclin.
attendent d’être arrivés aux portes de la ville, sur cette rive
du Charadros où siègent leurs conseils de guerre. Mais
est-ce parce que la loi martiale les autorise à employer
les moyens sommaires? Non ; c’est pour donner une
vague apparence de légalité à un abus de la force brutale :
leur coup manqué, ils ne peuvent que faire condamner le
traître par la juridiction ordinaire à la peine ordinaire23.
Même les Dix-Mille, indépendants de tout tribunal civil
ou criminel, ne croient pasexercer un droit en tuant qui
que ce soit sans jugement (îxpixov)24; car, leur colère
tombée, ils portent la peine de mort contre quiconque
renouvellerait le désordre25 et font purifier le camp26.
La lapidation n’a donc jamais été infligée par une justice
procédant en la forme. Jadis elle a pu subvenir aux
défectuosités de la justice; les Grecs ont pu invoquer la
OÉfztç, comme les Américains invoquent la loi de Lynch.
Mais il ne faut pas appeler Xeùffijxo; obev) 2‘ ce qui n’est
qu’un !j.ôvoç ÔTjjjtôXeuffxoç28, accompli sous la présidence du
XtOôXsucxoç vApir]ç 20.
Seuls dans l’antiquité hellénique, les Macédoniens
admirent, comme mode d’exécution légale, de xaxxXsùeiv
ou de xaxaxovTi'Çeiv, les condamnés à mort30. C’est qu’en
Macédoine la législation criminelle resla de longs siècles
dans un état rudimentaire: on n’y connaissait pas plus qu’en
Thrace31 la peine capitale. Lorsqu’enfin fut organisée une
juridiction criminelle, le peuple et l’armée, qui en étaient
investis, selon qu’on était en paix ou en guerre32, exécu-
tèrentles coupables more patrio33, sansbourreau, à coups
de pierres ou de javelots, mais après avoir légitimé le
supplice par une sentence. Le jugement laissait un libre
cours à la vengeance privée ou publique. Condamnée par
l’assemblée, Olympias fut livrée auxparents deceux qu’elle
avait fait tuer et probablement lapidée 34. Le vengeur du
sang, plus généralement l’accusateur, avait donc le privilège
de jeter la première pierre35. Il est vraisemblable que ce
genre d’exécution était employé régulièrement chez les
Macédoniens dans les mêmes cas où il l’était extraordi¬
nairement chez les Grecs; mais les exemples connus sont
tous consécutifs à des jugements de haute trahison. C’est
de ce chef qu’Olympias fut sacrifiée à la haine de ses
ennemis par la justice civile ; c’est de ce chef qu’Ilermo-
laos fut avec ses complices condamné et lapidé par l’ar-
mée d’Alexandre 36 ; c’est enfin de ce chef que Philotas
comparut devant une cour martiale de six mille hommes 37
et, après avoir pensé périr sous les pierres38, périt sous
les javelots39. Les Macédoniens osaient encore par prin¬
cipe, sauf lettres expresses de rémission, ce que les Grecs
n’avaient jamais fait que par exception, dans des mo¬
ments de fureur : étendre à la famille du conspirateur
une solidarité mortelle40.
I. c. (voirn. 12, p. 927); Eurip. Iph. Aul. 1350 ; Plut. Lyc. H ; Paus. VI, 9, 7 ; Thuc. V,
00, 0 ; Diod. XII, 78, 5; Xen. Anab. V, 7. — 21 Voir Quint. Smyrn. X, 155-159 ;
lier. IX, 5; Dem. Pro cor. 204, p. 296, et les textes relatifs à Laïs. — 22 Diod . XIII,
91, 3 ; cf. (Plat.), Epist. VIII, p. 354 E : xctxà vô[X0v obSivu xçevovteç. — 23 Thuc. V,
GO, 0 ; Diod. XII, 78, 5. — 24 Xen. Anab. V, 7 , 28 , 29. — 25 Ibid. 34. — 20 Ibid.
35. — 27 Eurip. Or. 014; Heracl. 00. — 28 Soph. Antiy. 30. — 29 Id. Aj. 253.
_ 30 Cf. Rubiuo, Unters. ûb. rôm. Verf. u. Gesch. 479-480; Gilbert, Beitr. c.
EtiliBickelungsgesch. d. gr. Gerichtsverfahr. u. d. gr. Rechts , dans les Jahrb. f.
cl. Phil. Suppl. XXIII (1890), p. 402. — 31 Dem. C. Aristocr. 109, p. 0 7 0. — 32 Quint.
Curt. VI, 8, 25. — 33 Id. Il, 38 ; cf. 9, Macedonum more ; Diod. XVII, 80, t, xaxSt
tiïv MuxeSôvuv i'Qo;. — 34 Paus. IX, 7, 2 ; cf. Droysen, Gesch. d. Hellenism. trad.
Bouché- Leclercq . II, 232. Diodorc, XtX, 51, 1, parle de strangulation (cf. Just. XIV,
0, 11). — 35 De là le geste de Cœnos dans Quint. Curt. VI, 9, 31 ; cf. Tzetz. ad Ly-
cophr. 1030. — 30 Plut. Alex. 54; Arrian. IV, 14, 3 ; cf. Droysen, Op. cit. I, 491.
— 37 Quint. Curt. VI, 8, 23. — 38 Ul. 9, 31. — 39 Arrian. III, 20, 2-3; Diod.
XVII, 79, 0-80, 2 ; cf. Droysen, Op. cil. 1, 42 2-424. — 40 Quint. Curt. VI.
II, 9.
LA P _
*
Lu lapidation symbolique, vestige de la lapidation
reelle, se retrouve dans la vie privée, judiciaire et reli¬
gieuse de la Grèce. C’est d’abord la lapidation posthume
Euripide représente Egisthc attaquant à coups de pierres
la tombe d’Agamemnon *. Il n’est pas sans exemple que
des Grecs aient ainsi exprimé leur mépris ou leur haine
a des morts2. Un meurtrier, en particulier, espérait, par
cette façon de gaa/aXtap.Gç, rendre inefficaces les malé¬
dictions de sa victime 3. Mais cette idée se complète ici
d une autre : Agamemnon, victime d’Egisthe, est aussi le
meurtrier d’Iphigénie. Or, voici, d’après les Lois de Pla-
ton , 9uel traitement doit être infligé à l’homme con¬
vaincu d avoir tué son père ou sa mère, son frère ou sa
sœur, son fils ou sa fille : « Les serviteurs des juges et
es n^gistrats le mettront à mort et jetteront son cadavre
nu dans un carrefour spécialement désigné hors de la
ville. Tous les magistrats, agissant au nom de la cité
entière, apporteront chacun sa pierre et la lanceront sur
la tète du supplicié, afin que la cité entière soit quitte
envers les dieux. Puis on le jettera sur les frontières du
pays, conformément à la loi, sans sépulture. » Platon ne
fait là que transcrire de vieux préceptes probablement
empruntés au droit traditionnel des exégètes athéniens.
Mais la lapidation du mort ne sert d’aggravation de
peine que dans un cas exceptionnel. La privation de
sépulture est bien plus fréquente et peut passer pour une
^ague réminiscence de la lapidation. Il avait toujours été
interdit de rendre les derniers honneurs au criminel
exécuté par le peuple en masse 8. C’est une des raisons
pour lesquelles on l’entraîne ou on va l’attendre quelque
part hors de la ville G. Tout au plus accumule-t-on sur
le corps, quelquefois encore vivant, assez de pierres pour
le recouvrir'; mais, pour qu’il soit enseveli selon le rite,
il faut l’ordre formel d’un oracle8. Lorsque la juridiction
ordinaire s’étendit aux actes de trahison et de sacrilège,
c est-à-direauxcas réglés jusqu’alors par les moyens som¬
maires, partout elle continua, pour ces deux cas seulement,
d aggraver la peine capitale du refus de sépulture9.
Peut-être aussi est-on fondé à croire que les Grecs
procédaient parfois à la lapidation fictive du meurtrier
inconnu sur la tombe de la victime. En Phocide, à l’en¬
droit où, disait-on, Laïos avait été tué et enterré, on
montrait un grand amas de pierres10. N’est-ce pas la
même superstition qu’on a observée chez tous les peu¬
ples et qui chez les Grecs faisait planter une lance
1A7. 328. — 2 Marc. Argent, ap. Anlkol. Pal. VU, 403, 5. —3 C’est bien l’idée
d Euripide (329-331). — 4 ix, p. 873 B-C ; cf. B. Schmidt, l.c. 382-383; de Pastoret
Hist. de la législ. IV, 143-144. - » Philostr. fferoie. XI, 11, p. 714 ; Pans. IV, 22,
7 ; cf. Tzetz. ad Lycophr. 1176. — C Quint. Smyrn. X, 155: lier. V, 38; Time. V,
60; Diod. XVI, 31, 1 ; cf. Plat. Legg. I. c. ; Strab. III, 4, 7. — 7 Quint. Smyrn!
X, 158-161 ; Schol. Eurip. Hcc. 1261; Tzetz. I. c. ; Philostr. Vit. Apollon. IV, 10,
3, p. 147. —8 Paus. VIII, 23, 7. —9 Pour la Grèce en général, voir Diod. XVI, 25,
cl la légende de Polynicc ; pour Athènes, Xcn. Hell. I, 7, 22; Plut. De ser. mm.
vmd. 2, p. 549 A ; Vit. dec. oral. Antipli. 28, p. 834 A ; Dio Chrys. XXXI, p 612
Beiske; Corp. inscr. ait. U, 17,1. 61-63 ; Thuc. I, 138; Eyc. C. Leocr. 89, p. 159 ;
cf. Vischer, Rh. Mas. XX (1865), p. 445 s. ; Le Blant, Comptes rendus de VAc.
des mser. 1872, p. 377-380 ; Mahaffy, Soc. life in Gr. 266 ; Hager, How were the
bodies of crtm. at Ath. disposed of after deatli, dans le Journ. of philol. VIII
(ls"), p. 1-13; Lipsius, Jahresber. de Bursian, XV (1878), p. 343; L. Sclimid»
hlh. d. ail. Gr. Il, 104. - 10 Paus. X, 5, 4 ; cf. B. Schmidt, l. c. 392 - U a
Liebrccht, Zur Volkskunde, Ileilbr. 1879, p. 271-276. - 12 Lex. Segucr. ap. Bekker
Anecd.gr. p. 237 30; Etym. Magn. p. 354, 33 ; Harp. s. ; Hellanic. ap. Schol.
;• T ^ ’ V,II> 65 ! (Dcm ) C’ Ever«- <*’ P- "«0 ; Eurip. Troad. .137 .
, °V,d’ Ibls' ■*69-’t/0 et Schol. ; cf. Schneider, Callim. Il, 544. - H lstros, Ti
-7 'Té!5 h “P- HarP- s- ; Cf. Mommsen, Heort. 419;
fnu La ' ;,T\AU'r, "3 ! TÔpfîer’ Th*rgeliengebranchc, dans le RI, Mus.
XLIII (1888), p. 142-145 (Beitr. z. gr. Altertumswiss. 130-133) - 1S Aelian De
nat. anim. XII, 34. - 16 Paus. 32, 2 ; cf. Lenormant, Monogr. de la voie sacrée
930 —
LAP
(ÈTreveyxerv Sôpu) 12 sur la tombe des hommes assassinés?
Les cérémonies du culte étaient souvent des occasions
de lapidations symboliques. Pendant une fêle d’Abdère 13
pendant les Thargélies de quelque ville asiatique u, on
faisait le simulacre ‘d’accabler de pierres le
dévoué au nom de tous les citoyens. A Ténédos, le
sacrificateur, après avoir immolé la victime, se sauvait
comme un meurtrier sacrilège, poursuivi jusqu’au bord
de la mer par une volée de pierres inoffensive15. Pour
rappeler la lapidation de Damia et d’Auxèsia, on célébrait
àTrézène des AtÔoêôXia16. Les Athéniens avaient laBaXXïj-
tuç l7[BALLÉTYs]oules TÛ7tt«i 18. C’était un combat fictif que
se livraient les initiés pendant les Eleusinies 19, probable¬
ment sous la présidence du XtOotpôpoç, ce prêtre qui, d’après
une inscription 20, servait le culte de Démèter et Corô.
Moins clair, mais bien reconnaissable encore, est le
symbole de la lapidation dans certains monceaux de
pierres consacrés en guise d’autels. Telle est l’interpré¬
tation que les anciens ont déjà donnée des Hermaia et
qu’on a rendu très vraisemblable par un ingénieux rap¬
prochement avec les àv«0ép.«Ta de la Grèce contem¬
poraine 21 . Les dieux, disait-on, chargés déjuger Hermès
après le meurtre d’Argus, jetèrent à ses pieds leurs
tablettes en guise de pierres22, si bien que, par une
contradiction fréquente dans l’évolution des légendes, les
honneurs rendus au héros rappelaient son ignominie.
La même explication est valable pour ces talus de pierres
qu’on voyait à Ephèse23, à Troie24, àTlos 25 et à Pharai 2fi,
amoncelés en l’honneur d’Héraclès àTrorpoTrocîoç ou àXe?G
xaxoç, de Skylakeus et des Dioscures. Gustave Glotz.
Home. — A Rome, il n’y a pas de terme technique
pour la lapidation 27 . Le peuple jette des pierres pour
exprimer sa haine ou son mépris28, par exemple sur des
tombeaux29 et en matière politique, dans des émeutes30
La tradition, représentée surtout par les poètes, consi¬
dère encore la lapidation comme une peine populaire 31 .
A l’époque historique, ce n’est pas un supplice de droit
commun. Cependant, il a été quelquefois infligé à des
soldats sous la République32, et même sous l’Empire à
des officiers33. On sait que la lapidation fut souvent
employée contre les chrétiens. Une loi de Constantin de
315 defend aux Juifs de lapider les Juifs convertis au
christianisme34. Ch. Lécrivain.
LAPIDES. AcOot, les pierres. — Ces termes servent à
designer toutes sortes de substances minérales dures et
d 406 D H ’ ^ Gfernamen, Bonn, 1896, p. 130. - 17 AU, en. IX, 71,
p. 06 D, Hesych. s. ! cf. Ilymn. Ccr. 265-267. - 18 |Icsych. S- Voir
outre les ouvrages mentionnés à l’art, ballztvs, O. Crusius, Beitr. z. gr Religions'
dtTpaulv Wisso ^ Tr * ° 5 ^ Wt- dans .a ReaUEncycl.
de lauly-Wissowa. - 20 Corp. inscr. ait. III, 702, cf. 296 ; voir Vischer Neues
chwexz Mus. III 0863), p. 58; Keil, Philol. XXIII (1866), p. 242 ; Mommsen, //.
I c~m 377 28 P, jC‘( 369'395’ -^Anticlid. et Xanlh. U. ce. ; cf. B. Schmidt,
L c. 376-377. 28 Philostr. Vit. Apollon. V, 10, 2-3, p. 147. — 24 Uellauic an
Tzetz. ad Lycophr. 469 (Millier, Fragm. hist. gr. fr. 138); Apollod. Il, 6 4 cf!
379 "V' C'vul%- r23QUint’ Smyn1’ X’ ,61-16« = cf’ B Schmidt, L e 378-
Paus’ V1I« 22’ S- — 27 Lapidat io signifie jet de pierres en général
Cic. De domo, 5, 12; C. Th 9 16 31 oS p,„ , 0 , 1 en general
_ 29 Pronorl i H A ilnl 3)’~28flauL loenul- ^ ‘,26; Petron. Sat. 90.
Tria lue «I ’ il ’ 34’ ~ 3° GlC’ J)c domo, 5, 12; Treb. Poil.
6 07- Anu A^/ t lT’ 2_4: Quinti1’ DeClam‘ l-' l2’ ««rat . Epod.
5, 97 , Apul. Metam. I, p. 41 ; 10, p. 690. - 32Poiylj. 6, 7> 35 Liy y 3Q 2
mi cas légendaire, Liv. I, 51. - 33Spart. Pèse. Nig. 3.- 34 Cod. Theod 16 8 I
sanclTe^lT ^ ^ ^ ^opaeas adolescentes
p 120 79 79 B r' ;P- s™1™' Alterthw^de, 2c éd. Halle, 1846,
P 478 480 M ’ R^m0’UniersuchunfJen ab- rôm- Verfass. undGesch. Cassel, 1839,
I» Ci Thoni’s ‘ 7 /’ °T al°,SSa9e Und das Sardon ■ Lack*L Saint-Pctersb. 1851,
p. 64, Thomsscn, Le droit pén. de laRêp. athén. Bruxelles-Paris, 1875, p 33-34 92-93-
GrilchetZf alsrFh«hmale- Bermesheiligtümer und Grabhügel in
Griechenland, dans les NeueJahrb. f. class, Philol. CXLVII (1893), p 309-395
LAP
— 931
LAP
dénuées d’éclat métallique, mais de densité, de couleur
et de nature souvent très différentes, que l’on distingue
les unes des autres en joignant aux mots XtÔoç, /apis, des
adjectifs qui indiquent l’origine, le caractère apparent ou
l'usage ; ces termes s’appliquent alors aussi bien aux
matériaux de construction les plus communs qu’aux plus
beaux marbres [marmor] et aux pierres précieuses
[gemmae]1. Mais, en faisant ces applications, les anciens
ont commis dans ce domaine, plus encore peut-être que
dans les autres, des erreurs et des confusions qui rendent
les identifications souvent très difficiles.
De tout temps, les pierres furent utilisées comme armes
de jet; nous voyons les héros d’Homère les lancer avec
les mains2; au moyen des plus grosses, ils brisent des
portes3. On s’en servit encore à l’époque historique4,
mais on les lançait alors avec des frondes5 | fonda] ou au
moyen de machines [tormenta]. Le disque des jeux était
en pierre chez les Phéaciens6 rmscus].
Les belles pierres susceptibles de recevoir le poli
servent de sièges aux grands et aux juges de l’épopée
antique7. Les appartements des enfants de Priam sont
construits en pierres de ce genre 8.0n ne saurait dire de
quelle espèce de pierre il s’agit dans ces passages ; mais
il esL intéressant de noter dès cette époque l’emploi de la
pierre comme matériel de construction; on en fait déjà
des murs de maisons ou de clôture en Punissant au bois9.
Partout, dès que les hommes ont éprouvé le besoin de
faire des constructions solides et durables, ils ont eu re¬
cours à la pierre et ont utilisé celle qui se trouvait à leur
portée10. Les constructions dites cyclopéennes de Mycènes
en sont la preuve; ces murailles sont constituées d’une
belle brèche dure qui abonde dans les montagnes voi¬
sines11. En Attique, on a reconnu l’existence de sept
différentes sortes de pierres ou roches propres à la cons¬
truction, et on les a trouvées toutes dans les édifices
d Athènes et de sa banlieue12. De même à Pompéi, on a
constaté 1 emploi des pierres qui se trouvaient dans le
voisinage ou a peu de distance 13. Les matériaux em¬
ployés dans les constructions varient donc selon les
lieux.
Les anciens nous donnent peu de renseignements pré¬
cis sur les pierres dont ils se servaient, car ils n’en con¬
naissaient pas la véritable nature. Pour eux, lorsqu’ils
es considèrent au point de vue de l’usage qu’on en peut
nue, les pierres sont dures ou tendres, faciles ou diffi¬
ciles a travailler, lourdes ou légères, résistantes ou faci¬
lement altérables ; elles se prêtent ou non au sciage, à la
gravure, à la sculpture ou au travail du tour14. En ce qui
concerne la bâtisse, nous voyons dans l’antiquité deux
grandes classes : les pierres dures, capables de supporter
les intempéries, mais ne résistant pas au feu, et les pierres
tendres qui s altèrent aux intempéries, mais résistent au
feu 1 Les premières sont des pierres calcaires, les autres
des pierres volcaniques 1G.
Tuf calcaire. — L une des pierres les plus répandues
dans la nature est le tuf calcaire ( tofus albus ”, parus 18
-Trwpoç 19, Ai 9o; moptvoç 20) ; ce fut une des plus employées
en architecture. « C est à peu près la seule matière dont
le Grec use dans la Grèce propre et dans ses colonies jus¬
qu’au temps des guerres médiques 21 . » Elle servit à édi¬
fier le temple de Zeus à Olympie 22, celui d’Apollon à
Delphes dont le 7rpôvaoç seul était en marbre23. On l’assi¬
milait pour la dureté et la blancheur au marbre de Paros,
mais le tuf était plus léger24. Un calcaire très estimé était
celui que l’on tirait des carrières de Tibur, aujourd’hui
Tivoli ( tiburtinus lapis )25, situées non loin du cours de
1 Anio, position favorable à leur exploitation, car elle faci¬
litait le transport des matériaux26, qui furent très em¬
ployés dans les constructions de Rome. Ce calcaire appar¬
tenait au genre modérément dur [temperatum)*1 . On en
extrayait un semblable des carrières d’Amiternum, dans
le pays des Sabins, et de celles du ‘mont Soracte, en
Ëtrurie 28 . Il peut être identifié à la pierre qu’on nomme
aujourd’hui travertin 29. Les pierres de cette nature
étaient très appréciées pour leur résistance à l’écra¬
sement et pour la manière dont elles supportaient les in¬
tempéries, mais elles se désagrégeaient au feu 30. Le tuf
blanc ( tofus albus)31, que l’on trouvait en Ombrie, en
Picenum et en Vénétie, et qui se coupait avec la scie à
dents comme du bois, était vraisemblablement un cal¬
caire tendre 3_. La pierre de Tibur a été reconnue dans les
matériaux du Colisée et dans ceux du théâtre de Marcel-
lus , on en a aussi constaté l’emploi à Pompéi comme
équivalent du marbre 34. Elle a servi souvent pour les
parties artistiques des édifices, pour des bases de colonnes,
des chapiteaux35, etc. En Grèce, au contraire, le calcaire fut
rarement employé pour la sculpture ; on citait à Athènes
une statue de Silène en 7rwpoç et les fouilles en ont révélé
d’autres spécimens36. En Italie, à Pérouse et à Clusium,
on a trouvé des urnes funéraires en travertin, et d’autres
Apides. i AtOoç signifiant pierre précieuse est féminin à l’époque classiqui
— 2 i/'v ,]nSCr' att' ’*> 670’ 9 i 7 1 3, 21, et Riemann, Rev. de Philol. IX, p. 7
V « , ; 270 ; V’ 308 ; XV1’ 740 ; VIII> 327- etc. -3 11. XII, 459. _ 4 Thucv
3)’17: 4* I',^4’c1 et 2 ; 32’ 4 i *. 2- -s Thucyd. VI, 69, 2; Xen. Anab. il
19°- Dans la môme île, une pierre percée d’un trou se
» II VIH63 .“T68’ °d ' XI11’ 77 ' ~ 7 11 XV1II> 504 i 0d- *04 ; VIII, 6. ■
nisch M ’8' 9 X' *’ 212 > Gd. V 185. — 10 Cf. Schubarl dans Rht
12 Perrot et rr °’ P 85’ ~~ ** Sc,lliemann, Mycènes (trad. franc.), p. 81.
dieu, Loin, * VArt' l' V11- P- 3‘9- - 13 Nissen, Pompeian. St
HTheophr f i l ’°VerbeCk’ PomPeji (*• éd.), p. 498; cf. Pans. 5, 10, 3. -
and Kn ns te a/5' ’ et4l; cfH- Blümner, Technologieu. Terminologie dey- Gewen
O. I , t m „ T ; -18_VUl'llv- H, 7; Min. XXXVI. 100-167. - 16 H. Blümne
vont pour ctésio . ! ' ' • ** 7^’ 7’ e terme totus est employé assez soi
difficile de savo”*^ 'o”6’ Plerre a 4>àtlr > mais cIuand il se trouve sans adjectif, il e
aquis U. R i-ii. agit du tuf calcaire ou du tuf volcanique (cf. Frontin. Z
texte. Tantôt les / *'"V 7’ 3) > 011 esl réduit à le conjecturer d’après le coi
214; stat. Silv. IV Tw” comme d’une pierre grossière (Virg. Georg. I
Metam VIII soi ’ m " ’ laulôt comme d’une matière polie ou légère; cf. Ovi<
substance que Fli,L «J T- ~ 18 Pli“' XXXV1- 13- lsid' 0ri9- VI, 4, 24. L
marbre, ne peut et • ^ 6 °ncore Porus’ Jbid. 53, et qui sert au polissage d
Griech. u. Rôm /iT' dl' tuf volcanitlue i cf. Lenz, Minéralogie der alte
— 20 Horod V ^ ’9 Pausan- V, 10, 3; Pbotius, s. v. Mo» *n;ltu.
• -• Anstoph. Fragrn. 429; Poil. VII, 123; Scliol. Arislopb.' a
JVub. 200. On lit aussi ap. Strab, XVII, p. 808, K6ou et dans les Script.
Geoponic. VII, 12, 10, xiOov xoçivov ; cf. Blümner, Op. cit. p. 57, et Letronne,
Lettres d’un Antiquaire , p. 438 et suiv. -- 21 Perrot et Chipiez, Op. cit. VII,'
p. 319. — 22 Pausan. V, 10, 3. — 23 Herod. V, 02. — 24 pu„. XXXVI, 132. On a
supposé que la pierre appelée itoçoç par Théophraste ( Lap . 7) et qui, selon cet
auteur, axait la couleur et la dureté du marbre de Paros, mais la légèreté du tuf
calcaire (lire ici ïnlpou, mss itoçou), était du marbre; cf. Lenz, Op. cit. p. 17g.
- 23 Vitruv. II, 7, 1. — 26 Strab. V, p. 238. — 27 Vitruv. II, 7, 2. — 28 Id. II, 7, i.
- 29 Lenz, Op. cit. p. 42, 138 et 154; cf. Blümner, Op. cit. III, p. 59, et, 'pour
l’étymologie du mot travertin, Nissen, Pompejan. Studien, p. 10. 11 est très
vraisemblable, comme ledit Blümner, qu’on a désigné par ce terme non seulement
la pierre de Tibur, mais encore le calcaire blanc tendre; cf. Jordan, Topographie
der Stadt Rom, I, p. 5, cité par Blümner. — 30 Vitruv. II, 7, 5; cf. Plin. XXXVI
107. - 31 Vitruv. II, 7, 1 ; Plin. XXXVI, 107. Pline (Ibid. 159) signale dans la
province de Belgique une espèce de pierre blanche excessivement tendre qui se
sciait avec la scie à bois plus facilement que le bois et que l'on débitait
en tuiles ou en faîtières pour faire l’espèce de toiture appelée pavonaceum.
- 32 Blümner, III, p. 58, n. 2. - 33 Barbier de Montault, Tableau rai¬
sonné des pierres et marbres antiq. employés à la construction et à la
décoration des monum. de Rome, p. 5. — 34 Overbeck, Pompeji, p. 499 ;
cf. Nissen, Op. cit. p. 20. - 33 Cf. Jordan, Op. cit. et Blümner, p. 59’
-36 Plut. VitaX orator. p. 805 B; cf. Sybel, Katalog, der Skulpt. zu
Athen, n° 322 ; bêchât, Les sculptures en tuf de l’Acropole ( Revue arch., 1891).
LAP
— 932 —
LAP
laites d'un calcaire jaunâtre en Étrurie *. On extrayait
du côté de Mëgare un calcaire conchylien
Xi0oç) l 2 ou lumachelle 3 d'une blancheur remarquable
et lorl en usage dans cette ville et aux environs 4 *. Selon
Pausanias, il n’y en avait nulle part ailleurs en Grèce.
Mai* la Sicile en possédait, puisque les temples d’Agri-
gcnte sont s en csilcciirG cl g cg genre
Tu/ volcanique. — Aux alentours de Rome, près
d Albe, a Rubres, à Fidènes chez les Sabins, se trouvaient
des carrières d où l’on tirait un genre de pierres tendres,
faciles à travailler et qui se comportaient bien dans les
• onstr actions, à la condition d'être abritées ; car elles ne
résistaient pas aux intempéries et s’effritaient sous l’in¬
fluence des gelées; elles ne convenaient pas non plus
pom les constructions au bord de la mer, le sel exerçant
sur elles une action destructrice6. Mais elles avaient’sur
la pierre de Tibur 1 avantage de n’ètre pas attaquées par
le feu7. Cette pierre d’Albe {lapis albanus )8 * n’est autre
que le tuf volcanique appelé pépérin (peperinus °) ; elle
•avait servi à édifier le portique de la maison d’Auguste
sur le mont Palatin10 * *. En Campanie, on rencontrait un
autre tuf de même nature, mais de couleur rouge ou
noire ( ruber et niger tofus) 11 . Le pépérin le plus estimé
était celui des carrières d’Anicius ( lapicidinae anicia-
nae), situées sur les confins du territoire de Tarquinies,
dont les chantiers étaient près du lac de Volsinies et dans
ia préfecture de Statonia1-. Cette pierre, qui pour la cou¬
leur ressemblait à celle d’Albe 13 * *, résistait admirablement
aux intempéries comme au feu ; elle se prêtait bien aux
ouvrages de sculpture et ne se dégradait pas à la longue.
Au temps de Vitruve, on pouvait voir, dans un municipe
qu il appelle Ferentum, d’antiques monuments construits
avec cette pierre, qui offraient des sculptures délicates,
statues, fleurs, feuilles d’acanthe, parfaitement conservées.
Comme elle pouvait supporter une haute température, on
en fit encore des moules pour la fonte du cuivre u. Une
variété verte, qui était aussi très résistante au feu, ne se
rencontrait nulle part en grande quantité, et jamais en
masse rocheuse.
Les carrières étaient trop éloignées de Rome pour
fournir les matériaux de ses constructions ls. Celles de
Rubres et de Fidènes, et surtout celles de Gabies, situées
près du cours de l’Anio en aval de Tibur, qui fournis¬
saient une pierre rouge estimée16, ont été le plus mises
à contribution.
On savait bien qu’une partie de ces pierres volcaniques
extraites dans le voisinage de Rome ne résistaient pas à
l’action du temps, mais on ne pouvait les reconnaître à pre¬
mière vue ; aussi, avant de les mettre en œuvre, fallait-il
les éprouver. Pour cela, après les avoir extraites de la
carrière pendant l’été, on les laissait durant deux années
dans des lieux découverts à l’injure du temps; on en
faisait ensuite le triage. Les pierres lésées étaient réser¬
vées aux fondations, les autres servaient pour les
parties des bâtiments qui s’élevaient au-dessus du sol.
Cette épreuve s’appliquait aussi bien aux moellons
( caementa ) qu’aux pierres de taille ( lapides quadrati )17.
Ces divers tufs volcaniques ont été reconnus dans les
constructions de Rome et de Pompéi. On a tiré du tom¬
beau des Scipions, sur la voie Appienne, un sarcophage
en pépérin aujourd’hui au Musée du Vatican 18.
Les pierres dont nous venons de parler sont relative¬
ment tendres et en tout cas assez faciles à travailler ;
mais les anciens, notamment en Italie, avaient à leur
portée, en quantité considérable, une matière dure,
difficile à tailler, et, par cela même, très résistante, la
lave (pua?) 19. Ils l’ont rarement employée sous forme de
pierres de taille, mais ils l’ont débitée en moellons et en
fragments irréguliers qui ont trouvé place dans la cons¬
truction des murs; ils en ont tiré des cippes, des bornes,
plus rarement des pieds-droits et des piliers, beaucoup
de dalles de seuils et de trottoirs, et Font utilisée surtout
au pavage des rues 20 .
C est la lave basaltique qui, avec certains tufs volca¬
niques et une espèce de ponce [pumex], constitue la pierre
à meules [mola] des anciens (guMaç MO oç, [auAity^ AtOoç,
guAoç, lapis mola ris) - 1 . La lave de 1 Etna est expressé¬
ment indiquée par Strabon comme pierre à meules22.
D’après Varron, cité par Pline l’Ancien23, les meules
tournantes auraient été inventées à Volsinies en Étrurie;
or le territoire de cette région est volcanique 24. La
meulière italienne, d’après Pline, qui a soin de nous
avertir que ce n’est pas une roche, était la meilleure de
toutes23; il ajoute un peu plus loin que parfois cette
pierre ne supportait pas les intempéries, ce qui fait
songer à un tuf volcanique. Quelques-uns avaient
donné à la meulière dure le nom de pyrite 26 [igniaria]. En
dehors de l’Italie, on trouvait de la pierre àmeules à N isyros,
le sol de celte île, qui est volcanique, en était formé 21.
Strabon fait mention d’une carrière de ces pierres (gûAcov)
au promontoire de Mélaene (M'éXatvoc) en Asie Mineure28.
Ces pierres servaient encore dans la métallurgie
l O. Müilcr, Etrusker (2« édit,), l. 1, p. 229 ; cf. Blünmcr, Op. cit. p. G
I ausan. I, 44, G. Ce genre de calcaire est appelé xoyjjuMaç MO
par Hesychius, s. v., qui le déclare dur, tandis que, selon Pausanias, ccl
do Mégare était tondre ; par Poilu*, Vil, 100, qui cite Aristophane (cf. f
240L •/oy/uMiTïi; MOo; par Xénophon, Anab. III, 4, 10, qui rapporte que
base des murs de Mcspila, en Médie, était laite de ce calcaire poli, et par Philostrat
l il. Apoll., Il, 20. — 3 0. Müllcr, Handbuch der Archàol. p. 208. 4 0
scst demandé si les signa mcgarica dont parle Cicéron, Ad. AU. 1, 8, u étaient pc
sculptés dans cette matière; cf. Blümner, III, p. 59, note 7.-5 Blümnci
p. 59. — G Vitruv. 11, 7, 2; Plin. XXXVI, 160-167; Colum. De re rust. II
11,7. Lorsque, faute d’autres matériau*, on était obligé de recourir à ceux-ci, o
protégeait les murailles en les enduisant de poix, comme à Carthage; cf. Plin. loi
cit- 1 Tacit. Annal. XV, 43, -- 8 Plin. Ibid. 1G7. — 9 lsid. Orig. XIX, H
8 ; cf. Blümner, 111, p. 63. — 10 Suelon. Octav. 72. — 11 Vitruv. II, 7, 1. D’aprè
Barbier de Montault (Tableau rais., p. 5), le tuf rouge a été employé à la cons
truction des fondements du temple de Vesta, à celle des murs et de plusieur
colonnes du temple de la Fortune virile; les colonnes du temple d’ilcrculc ,
Saint- Nicolas di Cesarini, seraient aussi faites de cette pierre. — 12 Vitruv. II, 7, 3
— 13 Vitruve, qui fait ce rapprochement (II, 7, 3), ne dit pas quelle était la co’uléui
de la pierre d’Albe, qui, d’après Barbier de Montault, p. 4, est une piern
volcanique de couleur verdâtre, formée de cendres agglutinées et de caillou* noirs.
Blümner suppose (III, p. 64; qu’il s’agit ici du tuf volcanique dur cl de couleur
gris foncé appelé aujourd’hui nenfro. Quant à Pline (XXXVI, 168), en parlant de
ces pierres qu il appelle silices , il dit nonnusquani vero et albi sicut in Tarqui-
niensi Anicianis lapicidinis. — 14 Vitr. II, 7, 4. — 13 Id. II, 7, 5. _ 10 Strabo V,
p. 238 ; Tacit. Annal. XV, 43. Strabon dit que cette pierre est rouge (if utfoff TuyoïxÉvou) ;
les autres auteurs sont muets sur ce point. Selon Barbier de Montault (Op. cil.
p. 4). la pierre de Gabies est de couleur cendrée avec quelques taches noires ;
il y en a aussi de couleur jaune foncé et jaune clair. La voûte de la cloaca
maxima, le tabularium du Capitole et les murs du forum de Nerva seraient, d’après
lui, en pierre de Gabies. — 17 Vitr. II, 7, 5; Plin. XXXVI, 170. — 18 Barbier de
Montault, Op. cit. p. 4; Jordan, Op. cit. I, 5; Ovcrbcck, Pompeji, p. 498; Nissen,
Op. cit. p. 14 et suiv. ; Lenz, Op. cit. p. 43, n. 138; cf. Blümner, III, p. 64.
— 19 Strab. VI, 269. — 20 Overbeck, Op. cit. p. 498 ; Nissen, Op. cit. p. 5 ;
cf. Blümner, 111, p. 65. — 21 Tbeopbr. Lap. 9 ; Slrab. VI, p. 269 ; X, p. 488 ; XIV,
P' 645 ; Galen. Gloss. Hippocr. XIX, 118; Procop. Debell. Golh. I, 14 ; Plin. XXXVI,
37; Quintil. Inst. or. II, 19, 3; cf. Blümner, Op. cit. I, p. 29. - 22 Strab. VI,
p. 269; cf. Lenz, Minerai, p. 150, n. 545. — 23 Plin. XXXVI, 135. — 24 Mongcz,
Mém. de l’Instit. III, p. 464. — 25 Plin. Ibid. I3G. — 26 IJ, Ibid. 137. _ 27 Strab.
X, p. 488; cf. Ross, Insel Iteise, II, 69. — 28 Strab. XIV, p. 645. O11 a supposé,
d’après le nom du promontoire, qu'il y avait là des carrières de basalte noir ;
cf. Mongez, M é ni. de llnst. III, p. 458. Les meules de couleur noire, dont parle
Ovide (Medicam. faciei, v. 58), fout aussi songer à la même espèce de
pierro.
LAP
— 933 —
Où on les adjoignait aux minerais comme fondants .
On a constaté à Pompéi l’emploi de la ponce [pumex]
comme pierre à bâtir; elle entra notamment dans la
construction des voûtes; elle trouva place aussi dans
celle des murailles avec les scories volcaniques2.
D’après ce qui précède, on voit que la lave basaltique et
le basalte lapis acthiopicus ) ont été connus
des anciens. Du reste, on a conservé de nombreux ou¬
vrages de sculpture en basalte noir et vert représentant
surtout des types égyptiens ou des sujets égyptiens 3.
Pline ne parle que du basalte noir, qu’il décrit comme
une pierre extrêmement dure et couleur de fer trouvée
par les Égyptiens en Éthiopie4. A ce propos, il fait
mention d’un bloc énorme de cette substance d’où l’on
avait tiré un groupe sculpté représentant le Nil et ses
enfants, qui fut consacré par Yespasien dans le temple de
la Paix8. C’est bien au basalte que paraît s’appliquer la
description de Strabon6, d’après qui cette matière entra
dans la construction de la troisième pyramide jusqu’à
mi-hauteur environ7. On tira du basalte des mortiers
pour usage pharmaceutique 8, des moules de fondeurs
[forma, p. 1245] 9 ; peut-être aussi s’en servit-on comme
de pierre de touche [coticula].
On a utilisé dans le bâtiment et dans les arts d’autres
pierres, dont quelques-unes, très dures, se rencontrent
en blocs assez considérables pour fournir des obélisques,
des colonnes, etc. Nous les énumérons dans l’ordre alpha¬
bétique.
Lapis Claudianus. — Cette pierre était tirée d une
carrière ouverte au commencement du règne de Claude,
danslaThébaïde, en un endroit qui fut appelé aussi mons
Claudianus 10. C’était un granit gris dont on fit des
colonnes et des pilastres. Des blocs de ce granit ont été
trouvés sur les lieux mêmes et à Rome11.
Lapis Lacedaemonius . — Cette pierre dure, verte et
de l’aspect le plus riant, que Pline range parmi les mar¬
bres12, était, selon toute vraisemblance, un porphyre mêlé
i Theoplir. Lap. 9 ; Lenz, Op. cit. p. 18, pense Lien qu'il faut entendre
ici les pierres volcaniques qui abondent dans un certain nombre d îles grecques. 11
ajoute que Mélos et Cimolos fournissent encore de nos jours de bonnes pierres à
meules. La pierre à meules des anciens ne doit donc pas être confondue avec notre
pierre meulière, qui est un calcaire siliceux. — 2 Overbcck, Op. cit. p. 49b» ;
cf. Blümner, 111, p. G5. Pline en a signalé l’emploi dans la construction de grottes
artificielles (XXXVI, 154); cependant Lenz (p. 151) pense qu il est question, ici, du
tuf calcaire poreux. — 3 Blümner, t. III, p. 25. Figure de Satyre au Aatican,
Clarac, Mus. de sculpt. pl. dccxv, n. 170G ; Ilclbig, Führer , 398 a ; vases,
cuves, etc. Clarac, I, 170. — 4 Plin. XXXVI, 58. — 5 Pausanias (VIII, 24,
12) rapporte que l’on avait l’habitude de faire les statues du Nil on pierre
noire (p.é)tavoç MOou). Chez Cosmas Indicoplcustes (Montfaucon, /Y ov. Patr. coll.), II,
p. 140 D, il est question d’une statue ([xà^a^ov) PacraviTou )aôou. — G Strab.
XVII, p. 818; cf. Lenz, Op. cit. p. 67. — 7 Id. XVII, p. 808. — 8 Plin. XXXVI,
157; Strab. XVII, p. 808. Cependant Pline, ici, fait une différence entre la pierre
basanite et la pierre d’Éthiopie. Sidoine Apollinaire (XI, 17) paraît la considérer
comme une sorte de marbre. Il est vraisemblable, comme le pense Blümner (III,
p. 24), que ce terme pa<ravcTYi; a pu être appliqué à d’autres pierres noires et dures.
9 Deux de ces moules ont été trouvés à Mycènes ; Schliemann, Mycènes (trad.
franc, p. 177, 178); cf. Blümner, t. IV, p. 237. — 10 Jul. Capitol. Gord. 32 ;
Orelli , Inscr. lat. 3508; Lctronne, Rec. des inscr. d'Égypte, I, 158; Bruzza,
Annal, del Institut archeol. 1870, p. 121. D’autres carrières furent ouvertes non
loin de Philac sous le règne de Scptime Sévère; cf. Orelli, 1243. — H Bruzza, Ann.
P- 200, cité par Blümner, Op. cit. p. 13. Les pierres tirées d’Égypte sont quelque¬
fois désignées dans les textes par l’adjectif ouyûistios, aîyyircta, joint au mot XîOoç ;
cf. Paus. I, 18, G; Poil. VII, 100; Thémistius {Or. XIII, p. 179 a) fait mention de
vtôveç ctlpic-ctcu ; Sénèque {Epist. CXV, 8) de columnae ex aegyptiis arenis
adveclae. L’Égypte ayant fourni au monde ancien du basalte, du granit et du por¬
phyre, il est impossible de tenter une identification sur des données aussi vagues;
cf. Blümner, Op. cit. III, p. 12. —12 Plin. XXXVI, 55; Isid. Orig. XVI, 5, 2.
— 13 Cl. Zirkcl, Pétrographie , II, 54, cité par Blümner, III, 19 ; Hermann,
Privatalterth. (3e éd.), p. lo. — H Stat. Silv. \, 2, 148; 5, 40; II, 2, 90; Mart.
IX’ 75, 9; Prudent. C. Symmacli. II, 247; Sid. Apoll. Carm. 5, 38 ; 22, 139; 11,
Epist. II, 2; II, 10; Paul. Silent. II, 212 ; Procop. De aedific. I, 10.
l’opinion de Blümner, qui pense même que la simple mention de marbre
V.
17;
— 16 C'est l'<
LAP
de cristaux de labrador13. Les écrivains font souvent
allusion à la couleur et à la dureté des pierres de Laconie
ou de Sparte14, et il est probable que dans la plupart des
passages il s’agitde ce porphyre18. C’est la pierre des car¬
rières de Crocées (Kpoxéat), pierre difficile à travailler
dont Pausanias vante la valeur décorative16; elle entrait
avec d’autres dans l’ornementation d'un superbe établis¬
sement de bains construit à Corinthe par un certain
Euryclès de Sparte11; elle avait encore servi à exécuter
une statue de ZeùçKpoxsatTV); érigée à Centrée de la ville de
Crocées. Sous Iléliogabal, on l’employa au pavage des
cours du palais impérial18. Les carrières ont été retrou¬
vées de nos jours, ce qui a permis d’identifier la pierre
de Pausanias avec le lapis lacedaemonius de Pline, et
d’affirmer que cette pierre était un porphyre. C’est celui
qui est connu sous le nom de porphyre vert antique 1J.
Un autre porphyre vert, celui d’Atrax, en Thessalie
(Xtôoç OeTtaX-/])20, ne paraît pas avoir été connu des Romains.
C’est surtout à l’époque byzantine qu’il fut employé ; trois
variétés de ce porphyre entraient dans la décoration de
l’église de Sainte-Sophie 21 ; on en fit aussi des sarco¬
phages pour les empereurs de Byzance22.
Optâtes 23 (ôtpt'TY)?24), serpentin ou granit. Cette pierre
devait son nom à ses taches qui rappelaient celles de la
peau des serpents. Les anciens en connaissaient trois
variétés, une lourde, noirâtre et dure20, que 1 on croit être
un granit26; une autre couleur de cendre, appelée aussi
tephrias, ou encore Memphites, du lieu où on la trouvait-1 ;
celle-ci paraît être un porphyre gris28 ; enfin une blanche
dont on faisait des vases divers ( vasa et cados )29-.
Les poètes ont fait mention de l’ophite dans les descrip¬
tions d’édifices somptueux33; mais, au dire de Pline, on
n’en pouvait faire que de petites colonnes31; on possède
des vases de cette pierre qui a été aussi employée pour des
pavages de luxe 32.
Phengites 33 — Ceci est un minéral que l’on
n’a pas pu identifier avec certitude38 [alabaster].
ou de pierre de Lacédémone ou de Sparte doit être ainsi interprétée ; ce qui est
aller un peu loin, puisque les carrières du Péloponnèse fournissaient des marbres
noirs et des rouges ; cf. Blümner, p. 21. Il suppose encore que les carrières
du Taygète dont Strabon (VIII, p. 3G7) rappelle la récente ouverture par les
Romains, sont précisément celles de Crocées, et il étaye cette supposition du vers de
Martial (VI, 42, 1 1), Illic Taygcti virent metalla , où il s'agit de la décoration
d’un bain. - 16 Pausan. III, 21, 4. — H Id. II, 2, 5. — 18 Lamprid. Hel. X, 12.
— 19 Fiedlcr, Iteise durch Griechcnland , I, 320; Curtius, Peloponn. 1,34; 11, 260;
Bursian, Geogr. II, 100; cf. Blümner, III, p. 20; Corsi, Op. cit. p. 206;
Dclesse, Ann. des mines, XII (1848), p. 195 et s. — 20 p0U. VII, 100; Gregor.
Nyss. (Migne), t. XLIV, p. G56 c; Paul. Silent. I, 255; Salmas. Exercit. plinian.
p. 495 B. On n'en a pas retrouvé les carrières ; cf. Blümner, III, p. 22. — 2! Paul.
Silent. II, 225. — 22 Tafel, De marmore viridi veterum, cité par Blümner, III,
p. 22, note 4. — 23 Plin. XXXVI, 55. — 24 Dioscor. V, 161 ; Galen. XII, p. 206.
- 25 C'est Dioscoride qui en décrit trois sortes, une lourde et noire, une de couleur
cendrée et mouchetée, une troisième piquetée de blanc ; Pline (g 56) n'en connaît
que deux, une qui est blanche cl tendre, une autre qui est noirâtre et dure ; on
peut identifier celle-ci avec la première de Dioscoride. — 20 Lenz, Op. cit. p. 39.
— 21 Blümner (III, p. 20) fait observer que, dans le voisinage de Memphis, il n’y a
pas de carrières de serpentin. Lucain qualifie l’ophite de Tliebanus, Phars. IX,
714. _ 28 F. Corsi, De pietre antiche, p. 209. — 29 Plin. XXXVI, 158; Blümner
(p. 25, n. 2) suppose que cette dernière était une variété de syéuite ou peut-être
de stéalite, dont la couleur est d’un vert clair et blanchâtre. — 30 Stat.
Silv. I, 5, 35; Mart. VI, 42, 15. — 31 Ceci peut servir à confirmer l’opinion
que l'ophite est une espèce de serpentin, attendu que cette pierre ne peut
s’exploiter en gros blocs; cf. Blümner, III, p. 26, n. 1. — 32 Corsi, Op. cit.
p. 158; Clarac, Mus. de sculpt. I, 184; cf. Barbier de Montault, Op. cil. p. 32.
On a retrouvé dans l'île de Ténos des carrières antiques de serpentin vert ; cf.
Blümner, III, p. 20, et Fiedler, Deise in Gr. II, p. 250. — 33 Plin, XXXVI, 163.
_ 34 Pscudo-Chrysost. VIII, 664. — 35 Blümner, III, p. 68; Lenz (Op. cit.
p. 153) la regarde comme un spath calcaire incolore, ce qui ne s’accorde pas
tout à fait avec la description de Pline; Hase ( Thesanr . t. VIII, p. 690 B)
croit que c'est l’espèce de mica appelée verre de Moscovie ; ce serait alors
une pierre spéculaire (voir plus loin). On a aussi pensé à un albâtre gypseux
[ai.abaster].
118
— 934 —
LAP
LAP
Porphyrites 1 (Tuopyuprnriç XtOoç2). — Cette substance*
appelée aussi purpuritis 3 * *, Av/m’ purpureus\ marmor
porphyreticum6 *, est le porphyre rouge6. Pline le décrit
comme un marbre d’Égypte dont une variété tachetée de
points blancs était appelée leptopsephos.
C’est seulement, à ce qu’il semble, sous le règne de
Claude que le porphyre fut connu des Romains, lorsque
Vitrasius Pollion, procurateur d’Égypte ', envoya à Rome
des statues de cette matière, qui, d’ailleurs, ne furent pas
goûtées. On ne sait s’il entra, dès cette époque, dans les
constructions romaines; mais Lucain le fait figurer dans
la description du palais de Cléopâtre8. Au u° siècle, le
porphyre fut très recherché9, et sous Antonin le Pieux on
en exploita en Arabie des carrières où travaillaient des
forçats10. Cette matière se taillait surtout en colonnes
quelquefois monolithes, les carrières pouvant fournir
des blocs de toutes grosseurs ; Héliogabal Punissait au
porphyre vert pour le pavage des cours du palais impé¬
rial ; on le sculpta et l’on en fit des bustes, des ligures
entières [acrolithus, fig. 69 ; lingulum, fig. 1503], des bai¬
gnoires, des sarcophages [sepulcrum], des vasques
[labrumj et toutes sortes d’objets de luxe11.
Silex. — Ce mot ne désigne pas chez les Latins une
pierre spéciale, ipais en général touLe pierre dure12, sous
quelque forme qu’elle se rencontre : le caillou à l’aide
duquel on pouvait faire jaillir des étincelles13, le roc qu’il
faut briser dans une mine, le calcaire 14 *, le tuf volcanique 1 6
appelé pépérin16, le marbre17, la pierre dont on faisait
des meules l8, la lave qui servait à paver19, et telle matière
minérale qui, en se décomposant, pouvait servir à l’amen¬
dement d’un terrain20.
On appelait lapides silices les pierres conservées dans
le temple de Jupiter Feretrius , qui servaient aux céré¬
monies du sacrifice, lors de la conclusion des traités21.
Lapis specularis 22 (-rboia^avsi;23), mica24. — Les plaques,
qui peuvent se diviser en lames très minces, ont été long¬
temps, mais non exclusivement, employées en guise de
vitres [fenestra, p. 1039]. On a cru longtemps que les
anciens n’en connaissaient pas d’autres; maison a décou¬
vert à Pompéi et à Ilerculanum des fenêtres garnies de
1 Plin. XXXVI, 57. — 2 Euscb. De Mart. in Palaest. 8, el ropsuçïTt;,
Arislid. Or. XL VIII, p. 319. — 3 Isid. Orig. XVI, 5, 5.-4 Luc. Phars. X, 116;
Stat. Silv. I, 2, 150. — 5 Suet. Ner. 50; Ael. Lamprid. Alex. Sev. 25.
— 6 Bliimner, Op. cit. III, p. 15. — 7 Plin. XXXVI, 51. Les carrières de
porphyre étaient en Égypte au lieu dit Mons Claudianus, entre Myos,
Ilormos et Coptos; cf. Corp. inscr. gr. III, 4713; Lelronne, Inscript. d'Égypte,
1, 136, 153 et 170, Bruzza, Annal, del Instit. archeol. 1870, p. 170. Il est question
dans Ptolémée, IV, 5, 27, d un xofïuçîti r,ç ôjoç en Égypte. Ces carrières ont été
retrouvées en 1832; cf. Joum. of the royal geograph. Society of London, 1832, el
G. Schweinfurth dans Naturwissenschaftl. Beitr. zur Geogr. u. Kulturgesch. p.95.
On peut voir des allusions au porphyre rouge d'Égypte chez Prudence, C. Sxjmm. Il,
248 ; Sid. Apoll. 5, 34; 11, 18; 22, 141; Paul. Silent. I, 214. — 8 Luc. I. I.
9 Visconti, Mus. Pio-Cteni. VI, p. 228 et s. Mongez, Iconographie , II, p . 240,
fait remarquer que les Égyptiens ont travaillé cette matière de tout temps. Un
fragment de porphyre sculpté a été trouvé à Mycènes, Scldiemann, Mycènes, p. 10G.
10 Aristid. Or. XLVIII, p. 349 ; cf. Blümner, Op. cit. III, p. 16. Sous Dioclétien,
des chrétiens furent occupés à celles de la Thébaïde; cf. Euseb. I. I., et plus tard
encore dans celles de la Pannonie; cf. Passio Sanctor. IV coronator. c. 2, in
Büdingers, Vntersuchung. z. rôm. Kaiserzeit, III, 323 et s. — U Jul. Capit. Anton.
11; Corp. inscr. gr. II, 3148; Vopisc. Prob. c. 2; Claudian. In Ruf. Il, 135;
Lamprid. Hel. c. 24. — 12 plin. XXXVI, 171. — 13 Virg. Georg. I, 135; Plin. VII,
1+ Plin. XXXIII, 71. — 15 Vitruv. II, 5, 1 (il parait s’agir d'un calcaire
coloré); Plin. XXXVI, 174. — 16 Plin, XXXVI, 1G8. — 17 Ibid. 135. — 18 Virg.
Moret. 22 et 27. — 19 JUv. Sat. VI, 350. - 20 Colum. De re rust. Il, 11, 7. Voir
encore à ce sujet Lenz, Op. cit. p. 48 et 154; 0. Muller, Etruslcer, I, 228; Bliimner,
Op. I. III, p. G2, n. 4. - 21 Tit. Liv. XXX, 43. Plus tard on dit au singulier lapis
silex (Fest. Epit. p. 92). C’est cette pierre que saint Augustin appelle Lapis Capi-
tolinus (De civ. D. II, 29); cf. J. Marquardt, Le culte chez les Rom. (trad. fr.),
t. II, p. 153 ; Bouché-Leclerq, Man. des Inst. rom. p. 543 [petiai.es, p. 2000].
— 22 Pün. IX, 113; XXXVI, 160. — 23 Galen. (éd. Kiilm), t. XIII, p. G63.
vitres en verre; aussi ne peut-on plus considérer main¬
tenant specularia que comme une expression générale
qui sert à désigner les vitres, qu’elles soient de mica ou
de verre. Les vitres de mica ont été les premières connues
et les plus longtemps employées probablement; car, il y
a lieu au moins de le supposer, le prix en devait être
moins élevé25. Les pierres qui les fournissaient se
tiraient de l’Espagne citérieure, de Cappadoce, de Sicile,
de Chypre ; il y en avait aussi en Afrique26. Celles d’Es¬
pagne, qui ne se rencontraient que dans un rayon de cent
milles autour de la ville de Segobriga, étaient préférées
comme plus transparentes27. On les obtenait en fragments
de cinq pieds de long au plus. Leur extraction était diffi¬
cile; il fallait creuser des puits très profonds, etsouvent la
pierre était enfermée dans la roche28. En Cappadoce, on
les extrayait en masses assez grandes et, bien que celles-
ci fussent peu transparentes, elles étaient l’objet d’un
commerce d’exportation important29. Celles qu’on trou¬
vait en Italie sur le territoire de Bologne étaient petites
et tachetées30. Quant à la pierre spéculaire avec laquelle
on fabriquait du plâtre [gypsum], ce n’était pas du mica,
mais du gypse cristallisé, ou du spath gypseux31.
Les déchets et les rognures de cette substance furent
aussi utilisés : on les répandait sur le grand cirque à
l’époque des jeux pour lui donner un éclat agréable32.
Syenites 33, Thebaicus lapisu, granitrouge de Syène 3 \
— Cette pierre, exploitée en Thébaïde aux environs de'
Syène 36 et que l’on avait d’abord appelée pyrropoecilos,
puis psaranos 37 (dénominations qui, vraisemblablement,
s’appliquent à deux variétés), ne doit pas être confondue
avec la syénite des modernes38.
Pline rapporte que les Égyptiens taillèrent dans la pre.-
mière sorte un grand nombre d’obélisques 39 et que la
syénite entra en gros blocs dans la construction du
labyrinthe d’Égypte40; en dehors de ces ouvrages, il ne
fait mention de son emploi que pour les mortiers
destinés à piler les préparations médicinales et les cou¬
leurs41. On peut cependant penser, d’après Stace 42,
qu’elle eut une place dans les constructions romaines, et
cette opinion est confirmée par les restes du forum de
— 24 Lonz, Op. cit. p. 152-153; Blümner, Op. cit. I. III, p. GG. — 23 J. Marquardt,
Vie privée des Romains (trad. fr.), t. II, p. 421. — 26 Plin. XXXVI, 160 ; cf. Isid.
Orig. XVI, 4, 37. — 27 Plin. III, 30; XXXVI, 160 ; XXXVII, 203. - 28 Pljn. XXXVI,
161. 29 Plin. I. I . ; Strab. XII, p. 540. — 30 Plin. /. I. Il savait qu’on trouvait
aussi du mica noir; cf. § 1G2. — 31 Plin. XXXVI, 182; cf. Lenz, Op. cit. p. 155.
Ceci montre que, le cas échéant, on a confondu le mica avec le gypse cristallisé et
le spath gypseux ; celte confusion est encore confirmée par l’observation du § 16f
que la moelle des os des animaux tombés dans les puits se transformait en pierre
spéculaire; ceci, comme le fait remarquer Lenz (p. 153), ne s’applique qu’au
gypse. D’autre part, la remarque du § 162, que la pierre spéculaire blanche,
quoiqu’elle soit très tendre, résiste bien aux intempéries et ne se dégrade pas, ne
convient qu’au mica. — 32 Plin. Ibid. 162. — 33 Plin. XXXVI, 03. — 34 Ibid. 157.
— 35 Lenz, Op. cit. p. 143, 145 et 152 ; cf. Bliimner, III, p. 1 1 et 14; Lelronne,
Inscr. de l'Égypte, I, 446; Bruzza, Ann. del Instit. Archeol. 1870, p. 168.
— 36 Aujourd'hui Assouan; cf. Blümner, III, p. 2, n. 1. En dehors de l’Égypte, ou
a trouvé dans les îles d’Elbe et de Giglio, l'ancienne Igilium, les restes de carrières
de granit exploitées par les Romains; cf. Blümner, III, p. 13; Corsi, Dell.pictre
antiche, p. 220; O. Müller, Etrusker, p. 230 ; Bruzza, p. 169 ; Platner, Beschreibung
Roms, I, 349. — 37 Blümner fait observer que cos deux termes pyrropoecilos et
psaranos sont en désaccord, le dernier ne pouvant signifier qu'une sorte de gris
pommelé. On doit donc entendre par pyrropoecilos un granit rouge moucheté de
blanc et par psaranos un granit blanc et noir (quartz blanc semé de mica noir ;
cf. Barbier de Monlault, Tableau rais. p. 35), comme celui des colonnes du forum
de Trajan; cf. Corsi, Op. cit. p. 213. — 38 Cf. Blümner, Op. cit. III, p. 12,
n. I. Cette pierre, qui est un mélange de feldspath el d’amphibole, ne paraît
pas avoir été distinguée du granit. Cependant les Romains l’ont exploitée,
puisqu’on a trouvé dés carrières de syénite à Felsberg (Hesse); cf. A. von
Cohausen et E. Wôrner, Rômische Steinbrüche auf dem Felsberg, et Blümner,
p. 15. — 39 Plin. XXXVI, G4 sqq. — 40 Ibid. 86. — 41 Ibid. 157. — 42 Stat. Silv.
Il, 2, 86 ; IV, 2, 27.
— 935 —
LAP
Traian On en fit encore des pavages, des baignoires, etc.1.
I es Grecs ne paraissent pas avoir exploité le granit2.
Thebaicus /apis. - La pierre thébaïque semee de
gouttes d’or (inter stinctus aureis guttis) que l’on trou¬
vait, selon Pline, dans une partie de l’Afrique dépen¬
dante de l'Égypte, et qui servait à faire des mortiers pour
préparations ophtalmiques 3, est, pour les uns, un ser¬
pentin tacheté de mica*, pour les autres un granit avec
des cristaux de pyrite jaune '.
Il y a beaucoup d’autres pierres qui ne paraissent pas
avoir figuré dans les constructions ; quelques-unes ont
été employées par des artistes et un certain nombre sont
intéressantes à divers titres; nous ne mentionnons que
les plus connues.
Arniantus [asbestus].
Aetites 6 (àextVrjç)1, Aétite, pierre d aigle, géode
Les anciens croyaient que l’on trouvait ces pierres par
deux, l’une mâle, l’autre femelle, dans le nid des aigles9,
où elles exerçaient une action fécondante sur les œufs.
Ils en reconnaissaient quatre espèces : l’aétite d Afrique,
regardée comme femelle, petite et tendre, à l’intérieur de
laquelle on trouvait une argile blanche et suave ; l’aétite
d’Arabie, considérée comme mâle, dure, semblable à une
noix de galle ou un peu rousse, qui renfermait une
pierre dure10; ces deux étaient globulaires. L’aétitc de
Chypre11, semblable à celle d’Afrique mais plus grosse,
était tendre et s’écrasait facilement entre les doigts ; on
trouvait à l’intérieur du sable et de petits cailloux. La
quatrième sorte, blanche et ronde, appelée taphiusius ,
du nom du lieu où elle se rencontrait, entre Ithaque et
Leucade, renfermait une pierre allongée appelée calli-
mus. On attribuait aux aétites une influence sur la gros¬
sesse et la parturition 12.
Arabus lapis13 (àpaêocoç Xîôo;1*). — Elle est donnée
comme une pierre semblable à l’ivoire qui, calcinée, four¬
nissait un bon dentifrice. On a soupçonné que c’était un
silicate de magnésie15.
A ss ius lapis, lapis sarcophagus 16. — On ne peut se
prononcer au sujet de cette pierre qui se tirait d’Assos,
en Asie Mineure. D’après la description de Pline, elle
était déstructuré schisteuse et elle aurait eu la singulière
propriété de consumer en quarante jours les cadavres
dont elle formait le cercueil17 ; les dents seules échap¬
paient à son action. De plus, elle passait pour pétrifier
tous les objets enfermés avec le corps. Enfin, elle entrait
dans une composition contre la goutte18.
Cadmea , cadmia 10 (xaop.sîa Xtôoç20). — Oxyde de zinc
1 Blümner, p. 14, mentionne d’après Winckclmannune baignoire sculptée en granit
vert sombre tacheté de blanc. — 2 Blümner, p. 13, n. 6, fait remarquer, d’après Fiedler
( Iteise durch Griechenland), que les colonnes de granit de Délos, toutes de 1 époque
romaine, ne sont pas en granit indigène. — 3 Plin. XXXVI, 63. — 4 Lenz, Op.
c'd. p. 1 43. — 5 Blümner, Op. cit. 111, p. 12, n. 3. — 6 Plin. XXXVI, 149.
— 1 Bioscor. V, 1G0 ; Aelian. Nat. anirn. I, 35. — 8 Lenz, Op. cit. p. 151.
— 9 Plin. X, 12; XXX, 130. — 10 La description de celle-ci se rapproche de celle
de 1 aétite proprement dite des minéralogistes modernes, qui est une variété de
ümonite (sesquioxyde de fer hydraté); cf. Ch. d’Orbigny, Dictionn. d’I/ist. nat. s.
e. Aétite et s. v. Géode ; Pelouzc et Frémy, Traité de chimie , t. III, p. 221.
— 11 l'Un. Ibid. 150. — 12 Pli„. a . cc.; Aelian. I. I. ; Diosc. I. I. — 13 Plin.
XXXVI, 153. — 14 Dioscor. V, 148. — 15 Lenz, Op. cit. p. 78. Pline (§ 62) cite une
autre pierre d’Arabie d’une blancheur remarquable qui servait à conserver les par¬
fums. Lenz (p. 142) la regarde comme un marbre. - 10 Plin. II, 211 ; XXXVI, 131;
Tlieophr. De igné, 46, où iv xùxko, a paru devoir être corrigé en 1» “Aam? ;
cf. Blümner, Op. cit. lu, p, oo_ — n Lenz, Op. cit. 148, croit qu'il s'agit d’un cal¬
caire récemment calciné que l’on mettait dans le cercueil ; mais ceci ne s'accorde
pas avec les données des anciens. Hermann, Privaltalterthüm. p. 377 (3» éd.l,
pense a un schiste alumineux. On ne peut faire que des suppositions au sujet de
cette pierre et d’autres du même genre, trouvées en Lycie, qui, attachées à des per-
LAP
sublimé dans le traitement des minerais zincifères
employés pour la fabrication du laiton ( aes )-'. Le mot
cadmea signifie encore, chez Pline, le minerai zincifère
lui-même, c’est-à-dire la cadmie naturelle qui était
vraisemblablement la calamine (carbonate de zinc natif)
oula blende (sulfure de zinc naturel22).
La cadmie artificielle était un sous-produit de la fabri¬
cation du cuivre {aes) ou plutôt du laiton ; elle provenait
de la cadmie naturelle 23 , « pierre nécessaire aux fon¬
deurs », dit Pline2*; il se formait ainsi dans les fourneaux
pendant l’opération une nouvelle cadmie, qui devait son
nom à son origine.
Cadmie artificielle. — On distinguait plusieurs
genres de cadmies artificielles, qui avaient des qualités
différentes selon la place où elles se déposaient dans les
fourneaux. La plus légère, appelée capnitis , se recueil¬
lait à l’orifice supérieur; elle semble n’avoir pas été prisée.
La meilleure était celle qui s’amassait à la voûte du four
et y était comme suspendue ( dependens ); sa position et
la forme qu’elle affectait (jüoxpiKÔÔTj;) lui avaient fait
donner le nom de botruitis ((3oxpuïxtç). Une troisième,
dénommée placitis (irXaxîxiç)25, s’attachait aux parois des
fourneaux, où elle avait l’aspect d’une croûte diversement
colorée à l’intérieur. La cadmie botruitis est décrite
comme dense, modérément lourde et plutôt légère .
Dans la placitis , on distinguait deux espèces, 1 une,
appelée onychitis , extérieurement bleuâtre, intérieuie-
ment d’une teinte un peu plus claire, offrait à la vue
des couches disposées comme celles de 1 onyx ; 1 autre,
désignée par le nom d 'ostracitis (ôiixpaxmç), était noire
et sale27. Pour recueillir plus facilement les cadmies, on
disposait dans les fourneaux des espèces de treillis en
fer sur lesquels elles s’amassaient28.
La sorte la plus prisée était la botruitis de Chypre29,
très employée pour les médicaments ophtalmiques , les
deux espèces de placitis étaient utilisées pour cicatriser
les plaies. Après les avoir calcinées, on les éteignait dans
du vin ou du vinaigre et on en faisait des emplâtres. Les
cadmies de Macédoine, de Thrace et d Espagne, étaient
déclarées inutilisables30.
On a encore préparé la cadmie artificielle, notamment
à Soles dan si’ île de Chypre, en soumettant au grillage des
pierres appelées pyrites, sur la nature desquelles on ne
peut se prononcer avec certitude31.
Enfin, il se produisait dans la métallurgie de 1 argent
une cadmie qui était plus blanche et moins lourde
que celle qui provenait de la fabrication du cuivre,
sounçs vivantes, consumaient leurs chairs (Plin. Ibid.). 18 Plin. XXVIII,
ll0 _ 19 Plin. XXXIV, 2 et 4. — 20 Diosc. V, 84. — 21 Plin. I. I. ;
Diosc l l -, Galen. XII, p. 219 (éd. Kühn); Oribase, Collect. 13; Lenz,
Op cit. p. 68; Blümner, Op. cit. t. IV, p. 92 et 171. - 22 Lenz, Ibid.
'54. Cf Blümner, t. IV, p. 94. - 23 Au sujet do la cadmie naturelle,
cf. Blümner, IV, p. 93, et Plin. XXXIV, 2, 4, 100 et 117. - 24 Ibid. 100.
_ 26 Galen. I l- — 25 Plin. Ibid. 100-103. Il semble distinguer deux qualités
de botruitis, mais le texte, ici, manque de clarté; Dioscoride (V, 84) n'en
connaît qu'une. — 27 Plin. Ibid. 103. Dioscoride décrit, après Yonychitis,
une sorte qu’il dénomme iïXaxu.8ïiç et ÇwvTtk; ; celle-ci parait être une variété de la
précédente. Galien (/. I.) ne connaît que la botruitis et la placitis. — 28 Diosc. I. I.
Pline ne parle pas de cette disposition qui pouvait n’être pas usitée partout.
_ 29 Plin. Ibid. 103. Slrabon (III, p. 163) dit même que le cuivre de Chypre est
le seul qui donne la cadmie. — 30 Diosc. I. I. — 31 Diosc. I. I. et 142 ; Galen. XII,
p 219. Selon Dioscoride (§ 142), ou choisissait la pierre qui avait une couleur de
laiton (/«XxoeiSnO cl donnait facilement des étincelles; or la pyrite de cuivre nen
peut donner (cf. Lenz, Op. cit. p. 77). Hoffmann (Zur Geschichte der Zinkes
beiden Alten. p. 491) croyait à une pyrite de fer contenant de la blende,
comme on en trouve encore à Chypre; cf. Blümner, IV, p. 94. Voir, plus loin,
Pyrites, p. 937.
LAP
— 936 —
LAP
mais qui lui était inférieure au point de vue médical *.
Cadmie naturelle. — Il est certain que les anciens ont
connu au moins un minerai zincifère auquel ils donnaient
le nom de cadmie ; quatre passages de Pline ne peuvent
laisser aucun doute à cet égard. Mais l’emploi de ce
minerai dans la fabrication du laiton 1 2 le lui faisait
regarder comme une pierre cuivreuse (aerosus lapis)3 4 ;
il savait néanmoins qu on le mêlait au cuivre pour faire
1 aurichalque 1 [orichalcumI. Cette pierre, qui se trouvait
dans les couches profondes de la terre, avait abondé
autrefois en Campanie ; à l’époque de Pline, elle s'exploi¬
tait sur le territoire de Bergame; il y en avait aussi en
Gei manie5. On ne saurait dire avec assurance quel était
ce minerai, ou s’il s’agit toujours du même dans tous les
passages, puisque nous n’en avons pas même une des¬
cription sommaire. On peut supposer que c’est la calamine
aussi bien que la blende6, qui, jusque vers le milieu de
ce siècle, ont été employées, surtout la première, presque
exclusivement à la fabrication du laiton 7.
Chalcitis (y_aAx?-nç Xt'Ooç8). — Ceci est une substance
sur la nature de laquelle on n’a pas pu se mettre d’accord,
les données antiques étant trop vagues pour permettre
une conclusion positive 9. Pline en parle plusieurs fois
comme d une pierre dont on tire du cuivre ou du laiton
[ex quo fit aes). Dans un des passages10, il semble bien
que le mot chalcitis désigne un minerai de cuivre; mais
dans un autre, où il essaie de la distinguer de la calamine
( cadmea ), les caractères décrits conviennent en partie à
celle-ci, et le fait que laissée quarante jours dans du
\ inaigre elle prend une couleur de safran 11 ne saurait
indiquer un minerai de cuivre ; enfin, dans un troisième,
il s’agit d’une pierre alumineuse12 * * *.
Chernites Cettepierre, delablancheur de
1 ivoire, passait non seulement pour ne pas consumer les
cadavres, mais encore pour les conserver. Une tradition
voulait qu’on en eût fait le cercueil de Darius. Ces rensei¬
gnements sont insuffisants pour juger de sa nature n.
Coralliticus lapis. — C’était aussi une pierre d’une
blancheur approchant de celle de l’ivoire et qui avait quel¬
que ressemblance avec cette substance; elle se trouvait
en Asie en blocs de deux coudées au plus ls. Cette pierre se
Prêtait à la sculpture. On possède la description d’une
statuette de Jupiter en pierre corallitique avec des vête¬
1 Dioscor. V, 84; Plin. Ibid. 100 ; Isid. Orig. XVI, 20, 12; Galen. t. XII, p. 219.
Celte assertion s accorde avec le fait que dans les mines du Laurium on a trouvé
de la calamine (cf. Landerer, dans Berg-und Hüttenmünn. Zeitung, 1870, p. 190
et 309, et Blümner, IV, p. 160) ; on y a rencontré aussi de la blende et de la galène
argentifère; cf. Blümner, IV, p. 94. — 2 Plin. XXXIV, 100. — 3 Ibid. § 2.
4 Ibid. § 4 ; au § 130, la cadmie (naturelle) est encore nettement distinguée du
minerai de cuivre ( aerarius lapis). — B Ibid. §§ 2 et 117. — 6 Cf. ci-dessus,
note I. — 7 Pelouze et Frémy, Traité de chimie, l. III, p. G31. — 8 pnn.
XXXIV, 117 ; Arist. Uist. Anim. V, 19 ; Galen. XII, p. 228. — 9 Blümner, Op. cil.
1. 1\ , p. 95 ; Frantz, Zink und Messing im Alterthum dans Berg-und Hüttenmünn.
Zeitung, 1881, p. 378. — 10 Plin. XXXIV, 2; cf. Lenz, Op. cit. p. 109. Ilôfcr, Hist.
de la chimie, croit que la chalcitis est une pyrite de cuivre; cf. Oribase
(éd. Bussemaker et Daremberg), II, p. 229, 10 ; 431, 3; 433, 8. — U Plin. Ibid. 117
cl 119. I.enz, p. itO, fait remarquer qu’un minerai de cuivre donnerait du vert-de-
gris. _ 12 pi;,,. XXXV, 186 ; cf. Lenz, p. 133; c’est, selon lui, la couleur de laiton
de cette pierre et les cristaux de marcassite (pyrite de fer) qu’elle contient qui ont
causé la confusion. — 13 Theopbr. Lap. 6; Plin. XXXVI, 132. — 14 Cf. Blümner,
III, p. G 8 . Lenz, Op. cit. p. 149, suppose qu’il s’agit d’une espèce de marbre dont
011 faisait dos cercueils. Un certain nombre de pierres sont ainsi caractérisées
« blanches comme l’ivoire, semblables à l’ivoire .. ; cf. ci-dessus Arabus lapis, et
une pierre de Cappadoce dont Strabon (XII, 'p. 540);dit qu’elle se rencontrait en petits
morceaux de la grosseur de petites pierres à aiguiser dont on faisait des manches
de couteaux. - 13 Plin. XXXVI, 62. - IG Passion de S. Savin, dans Baluze,
Miscell. I, p. 12; cf. Le Blant, Supplém. aux Actes des martyrs, p. 198.
— 17 Orclli, Inscr. lat. coll. 1758 (inscr. de Préneste). — 18 Lenz. Op. cit. p. 142,
croit que c’était du silicate de magnésie (écume de mer) ; cf. Blümner, III, p. 08* I
ments dorés16. Une inscription latine17 fait mention de
deux statues de cette matière dont on ignore la nature18
Gagates (yayaTr|Ç AtOoç 1 9) . — Cette substance, qui, disait-
on, devait son nom au fleuve Gagés en Lycie, était une
sorte de pierre noire, unie, légère, poreuse, ne différant
guère du bois; broyée, elle avait une senteur désagréable
et exhalait une odeur sulfureuse ou une odeur d’asphalte
en brûlant; on prétendait que l’eau l’enflammait, tandis
que l’huile l’éteignait. La meilleure était celle qui prenait
leu avec facilité. Elle avait la vertu d’éloigner les serpents;
déplus, c’était un remède contre l’épilepsie. On a cru que
ce gagat était le jais 20, d’autant plus qu’on avait trouvé des
ornements d’époque romaine taillés dans cette matière21.
Gangetis ç Xt'Ocç22). — On a voulu identifier
aussi avec le jais23 * cette pierre qui se rencontrait dans
le pays des Gordyéens et qui avait, comme la précédente,
la propriété de mettre en fuite les serpents.
Magnes lapis21 (payvTiTtç XîOo;25), magnétite, aimant. —
Ce corps, auquel on donne encore les noms de sideritis
(tnSTqptTiç)26 et de pierre d’Héraclée (-îjpàxXetoç XtOoç) 27, est
identique avec la magnétite des modernes28 (oxyde de fer
naturel). Une tradition voulait qu’ildûtson nom àun berger
du mont Ida, à qui 1 attraction exercée sur les clous de ses
chaussures et le fer de sa houlette en avait révélé la pré¬
sence. Les anciens en connaissaient cinq espèces : l’aimant
d Éthiopie, qui était le meilleur de tous et se payait son •
pesant d’or; on le trouvait dans une région sablonneuse
appelée Zmiri ; celui de la Magnésie près de la Macédoine,
d’un roux tirant sur le noir ; l’aimant d’Hyettos, en Béo-
lie, d un roux plus clair que le précédent; celui des envi¬
rons d’Alexandrie, en Troade, noir et sans valeur; enfin,
1 aimant de Lydie, le plus mauvais de tous, il était de
couleur claire et semblable à la ponce 29 . On en avait trouvé
aussi dans le pays des Cantabres, mais, quoiqu’il attirât
le fer, il n’était pas regardé comme un véritable aimant30.
On s attendrait à voir ce minéral utilisé dans la produc¬
tion du fer; cependant, les anciens ne nous donnent à ce
sujet aucun renseignement31. Ce qui paraît avoir surtout
attiré leur attention, c’est sa force attractive d’ailleurs
très exagérée dans certains récits, comme ceux relatifs à
ces montagnes d’aimant, situées près de l’Indus, dont on
ne pouvait détacher les pieds32. Un architecte, Timocha-
rès, avait songé à utiliser cette propriété dans la cons-
qui ne veut rien affirmer. — 13 Plin. XXXVI, 141; Diosc. V, 145; Orpli. De lap.
408, 486 ; Alex. Aphrod. Problem. 2 ; Gcopon. XV, i, 32. — 20 Lenz, Op. cit. p. 77.
— 21 Lenz, p. 151 ; cf. Blümner, p. 68, où est citée l’opinion de Nôggcralh, qui
veut voir dans le gagat des anciens un asphalte ou un bitume. — 22 Strab. XVI,
р. 747. C’est probablement la môme que celle qui est appelée iy-fuyli par
Nicandre, Ther. 37 ; cf. Schneider, Ad Nicandr. — 23 Cf. Nôggerath cité par
Blümner, III, p. 68, n. 4. — 24 Plin. XXXVI, 126-127; XXXIV, 147. — 23 Theopbr.
Lap. 41 ; Eubul. apud Athcn. III, 112 F ; cf. Suidas, s. r. On lit ^vvït.s dans Galien,
XII, p. 20 r, nayvljTi); chez Dioscorido, V, 147, ;x7.-vr ; chez Alexandre Aphrodisias,
Problem. 2 et Porphyre, De Abstin. 4, 20, gayvriat'a Xiîoç dans Achill. Tat. Erotic
1, 17.-26 Plin. XXXVI, 127 ; Strab. XV, p. 703.-27 Plat. Tim. 80 G ; Lucian. Imag.
с. 1. Voir coticula, noie 3. On trouvo encore dans Hesychius (s. v.).
— 28 Lenz, Op. cit. p. 21 ; Blümner, Op. cit. IV, p. 208. —29 piin. / l. — 30pün.
Ibid. 128. — 31 Plin. XXXIV, 148. Blümner (t. IV, p. 208) suppose, malgré
cela, que la magnétite a dû être employée de tout temps à la production du fer et
que le défaut de renseignements à ce sujet est un effet du hasard. D’ailleurs,
Galien (XI, p. 612) dit que la nature de la magnétite se rapproche de celle du
fer et qu’on la trouve dans les mines do ce métal. — 32 Plin. II, 211. Sur l’exis¬
tence de pareilles montagnes, voir Lenz, Op. cit. p. 84 et 147, où il fait remar¬
quer que 1 attraction n’a lieu que dans le voisinage do la partie magnétique et
qu il n est pas difficile de se détacher. Pline signale dans une autre montagne,
voisine de la première, une force répulsive à l’égard du fer. Cette répulsion a été
constatée dans certains minéraux (XX, 2), et notamment dans une pierre d’Éthiopie
qu’il nomme theamedes (XXXVI, 130). L’action différente des doux pôles de l’aimant
avait donc été observée sans qu’on s’en rendît compte ; cf Lenz n 89 et
148. ‘ ’ 1 ’
LAP
— 937 —
LA K
truction d’un temple dédié par le roi Plolémée à sa sœur
Arsinoé ; grâce à l’attraction exercée par l’aimant, la statue
en fer de la princesse devait paraître suspendue dans
l’air. La double mort de l’architecte et du roi empêcha de
tenter l’exécution de ce projet irréalisable1.
Les anciens fabriquaient divers objets d’ornement avec
cette pierre que Théophraste range parmi celles qui se
prêtaient au travail du tour2. Elle entrait aussi dans la
composition de médicaments ophtalmiques ; calcinée et
pulvérisée, elle passait pour cicatriser les brûlures 3.
Enfin, on la fondait avec le verre, probablement pour lui
donner une teinte sombre4, et l’on en faisait la fausse
hématite5.
Ostracias, ostracitis , ostracites (o<rTpaxiTr,ç Xi'ôoç). —
Pline désigne, par les termes ostracias et ostracitis , une
pierre d’une extrême dureté semblable à l’agate, dont
les fragments servaient pour la gravure des pierres fines
[gemmae] ; d est question encore chez Dtoscoi ide et chez
lui d’une autre pierre qu’ils appellent ostracites (ocrrpaxt-
tï,; 6); celle-ci ressemblait à une coquille de mollus¬
que; elle est décrite comme feuilletée et facile à diviser 7 ;
cette description l’a fait identifier avec l’os de seiche8. On
s’en servait en guise de pierre ponce pour l’épilation.
Pyrites (TrupiT7)ç XtOoç), pyrite. — Ce mot ne désigne
pas toujours le même corps ; on l’a appliqué facilement à
toutes les pierres dures au moyen desquelles on pouvait
faire jaillir des étincelles en les frappant avec un morceau
de fer [igniaria]. La pyrite qui est décrite, dans Diosco-
ride9 et dans Pline10, comme une pierre couleur de
laiton donnant facilement des étincelles, est regardée
avec vraisemblance comme une pyrite de fer ; de même
la pyrite vive (vivus)li, cette pierre lourde nécessaire aux
exploratores des armées. La pyrite poreuse ( spongeo -
sior ) 12 paraît être du quartz poreux.
Siphnius lapis 13-, pierre ollaire. — Il y avait dans l’ile
de Siphnos une pierre dont on faisait des vases de cuisine
et des ustensiles de table parce qu’elle pouvait se creuser
facilement et se prêtait au travail du tour14. Cette pierre,
dont on ne nous dit pas la couleur, était tendre, mais,
arrosée d’huile et chauffée, elle devenait dure et noire. Du
côté de Côme, en Italie, on en avait trouvé une de couleur
verte qui pouvait se traiter de la même manière. On a
découvert à Ithaque des fragments de flûtes en pierre
ollaire 15 *.
Thracius lapis lc(0pxxixçXi9os17), pierre de Thrace, char¬
bon de terre, houille. — Dans diverses mines de Thrace ou
du voisinage de la Thrace du côté de la Macédoine, on
trouvait des pierres fragiles qui s’enflammaient plus ou
moins facilement et brûlaient comme des charbons, en
répandant une odeur désagréable. Théophraste18 cite des
mines, situées près d’une localité qu’il appelle Binae
(Bivai), d’où l’on en extrayait deux espèces, l’une qui avait
besoin de charbons pour s’enflammer et dont l’ignition
ne se maintenait pas sans qu’on soufflât; l’autre, appelée
ffTCÏvoç, brisée et mise en tas, s’enflammait spontané¬
ment, surtout lorsqu’elle était humectée19. On avait
encore rencontré des pierres de ce genre en Elide 20 du
côté d’Ülympie, en Ligurie et en Sicile21. Une autre sorte
semblable à du bois pourri, trouvée à Skaptè Hylé, brû¬
lait comme une mèche quand on l’imbibait d’huile, mais
sans éprouver aucune altération22. L’usage de ce charbon
de terre ne parait pas avoir été très répandu; cependant
Théophraste fait mention de son emploi par les ouvriers
qui travaillaient les métaux (/aXxstç) 2\ Alfred Jacob.
LAQUEAR, LAQUEARIUS [lacunar].
LARA, LARUADA [lares, acca larentia].
LARARIUM [lares, larophorumj.
LARENTALIA, LARENTUYALI A [lares].
LARES. — La religion des dieux Lares, qui compte
parmi les plus anciennes des peuples de l’Italie latine, fait
partie du groupe très important des cultes domestiques
où figurent, avec Vesta et Vulcain *, les Pénates, les
Mânes et les Génies ; on la rencontre dès les débuts de
l’histoire, chez les Latins, les Sabins et les Étrusques 2.
Si les pratiques qui la distinguent sont rattachées de pré¬
férence à la nation sabine, le nom même de Lar est rap¬
porté à la langue de l’Étrurie 3 . Il y signifiait chef ou
prince et correspondait à àva; des Grecs ; les historiens
le donnent à Porsenna et à Tolumnius, rois et guerriers;
à Rome même, on cite un consul des commencements de
la République avec le coynomen de Lar 4. Pour en déter¬
miner la signification religieuse qui importe seule ici, il
1 Plin. XX IV, 148. Suidas (s. v. pay/ijii;) croit qu’une statue de ce genre a
existé dans le temple de Sérapis ; cf. Lenz, Op. cit. p. 119. — 2 Thcophr. Lap. 41;
cf. Blümner, t. III, p. 278, qui cite Tôlkcn, Verzcichniss der vertieft geschnittenen
Steine der Kônigl. preuss. Gemmensammlung, p. 10, n° 0; p. 12,11° 4; p. 22,
n° 82, et Krausc, Pyrgoteles oder die edeln Steine der Alten, p. 124 sq. —
3 Plin. XXXVI, 130. — 4 pii„. XXXIV, 148, et XXXVI, 192; cf. Lenz, Op. cit.
p. 150; Blümner, t. IV, p. 389. — ô Diosc. V, 147; Gai. XII, p. 204. - 6 Plin.
XXXV U, 177. — 7 Plin. XXXVI, 139; Diosc. V, 104. — 8 Lenz, Op. cit. p. 79 cl
l 'I. Il est douteux que dans le premier de nos passages de Pline il s’agisse de la
même substance ; cf. Blümner, III, p. 290 ; Krausc, Pyrgoteles, p. 229.
0 Diosc. V, 142. Seulement, lorsqu'il ajoute quelle est de celles dont on fait le
laiton (nés), il commet une erreur; les pyrites employées dans la fabrication du
laiton ne sauraient être ni des pyrites de fer, ni des pyrites cuivreuses ; cf. Lenz,
p. 77. Voir plus haut Cadmca , p. 735. « Le cuivre pyriteux ressemble beaucoup
au bisulfure de fer (pyrite); on l'en distingue cependant parce que sa teinte est
P us verdâtre, parce qu’il se laisse entamer par le couteau et qu’il fait difficilement
eu au briquet. » Pclouze et Frémy, Traité de chimie, III, p. 1005. — 10 Plin.
XXXVI, 137; cf. Lenz, p. 150. — U Plin. Ibid. 138; Lenz, Ibid. — 12 Plin. Ibid.
7, Lenz, Ibid. La description dos pyrites de Chypre, qui sont, l'une couleur
argent (cuivre gris, sulfure, double d'arsenic, d'antimoine et de cuivre, renfermant
que quefois de 1 argent en quantité exploitable ; cf. Pelouze et Frémy, Op. cit. III,
p. 05-), 1 autre couleur d'or (celle-ci peut être la pyrite de fer, la pyrite de cuivre
aille!! CUr Panac^ i ®f. Lenz, p. 150; Pelouze cl Frémy, III, 1000), la mention
cuis ( lin. XXXIV, 135) d’une pyrite qui, calcinée, se changeait en terre rouge
159 * ,Ca|’ monlrenl quelle confusion régnait dans ce domaine. — 13 Plin. XXXVI,
gris " ^eoPhr’ Lap. 42. Selon Lcuz (Op. cit. p. 152), c’est la pierre ollaire
var'éliT *’llnc*t,a'emeu*; composée de talc (silicate de magnésie hydraté); c’est une
XXXIII f°,S01Pcnllne' 15 Scliliemann, Mycènes (trad. franc.), p. 147. — 16 Plin.
, 4. 17 Diosc. V, 14G. — 18 Thcophr. Lap. 12. — 19 Ibid. 13 ; cf. Aristot.
Mirab. ausc. c. 41. Il s'agit évidemment de houille pyrileuse; cf. Lenz, Op. cit.
p. 18; Pelouze et Frémy, Chimie, I, p. 762. Dioscoride et Pline ajoutent ce détail
que ces pierres s’éteignaient avec de l’huile, propriété peu croyable signalée aussi
pour la pierre appelée gagates. — 20 Theophr. Lap. 16. — 21 Ibid. 15. — 22 Ibid.
17. Lenz (p. 19) fait observer que le même phénomène se produit avec le Llack
xvad (composé de manganèse). — 23 Ibid. 16. — Bibliographie. Outre les ouvrages
qui ont été cités, on peut consulter : Clarac, Musée de sculpture, t. I ; P. Carpi,
Ilelazzione dell’ accesso fatto ail' isola del Giglio, 1828 ; Conze, Reise auf der
lnseln des Thrakisch. Meeres ; Bl. Caryophilus, De antiquis marmoribus, Dtrccht,
1743; Bclli, Catalogo delle collezione di pietre usitate degli antichi per cos -
truire edornare le loro fabbriche, Rome, 1842; Otlf. Müller, Handbuch d. Archéo¬
logie d. Kunst, §§ 2G8 et 309 ; Fcrber, Lettres minéralogiques sur l'Italie, trad.
française, Strasbourg, 1776 ; Hermann-Blümner, Griech. Prirataltertliümer, 3° édit.
1882, p. 8 ; Mongcz, Dictionnaire d' Antiquités de l’Encyclopédie méthodique,
Paris, 178G-1794; R. Lepsius, Géologie v. Attika, Berlin, 1893; Platner, Beschrei-
bung der Stadt Rom-, De Rozière, Description de l'Égypte, Paris, 1821, t. 111;
v. Remnont, Geschichte der Stadt Rom, Berlin, 1867 ; Id. Rom. Briefe, Leipz.
1840, t. I; Winckelmann, Geschichte der Kunst ( Werke , t. III, V et IX).
LARES, t Vulcain est relativement rare et probablement d’intrusion tardive; voir
l’inscription : vulcano lauibus sacrum chez Eckhel, Doctr. num. V, p. 157, et
Helbig, 'Wandgcmaelde, n° 64, où Vulcain est représenté avec les Lares dans une
cuisine. — 2 Varr. Ling. lat. V, 10, 74 ; sur le culte des esprits de la maison chez
les Étrusques, cf. Arnob. 11, G2 ; Scrv. Aen. III, 168 ; Müllcr-Deccke, Etrusker, I .
462; Ibid. 367, 405, 408; II, p. 90; cf. Schoemann, Opusc. acadtm. I,(p. 360
_ 3 Val. Max. De nomin. et praen. 10 ; cf. Charis. I, 110 ; Prise. V, 645.
_ 4Tit. Liv. II, 9; IV, 17; Plut. Poplic. 16; Dion. liai. Ant.rom.V, 21. Pour Zar
Herminius consul, voir T. -Liv. III, 65; Dion. liai. XI, 51 ; Diod. XII, 27. Arnobe,
III, p. 124, a une autre étymologie, rattachant à 7.aùça=: chemin. Zocga, Abhandl
p. 327, et Schoemann, Loc. cil. p. 362, rapprochent le nom de Larisa = Urbs.
LAR
— 938 —
LAR
convient de s’affranchir des interprétations dont la
notion de Lare a été l’objet sous l'influence de l’hellé¬
nisme ; pour cela, il suffit de raconter l’origine du culte
des Lares et son évolution, en suivant autant que possible
l’ordre chronologique des témoignages et des faits.
I. Origine et signification. — 11 est vraisemblable que
le document le plus ancien où leur nom figure estlc chant
des Frères Anales; nous l’y rencontrons sous la forme
Lases qui paraît en accentuer le caractère étrusque et qui
nous est garanti par d’autres textes encore1. Ce chant,
qui, d’après l’interprétation commune qu’il n’y a pas lieu
d’abandonner 2, est une prière pour la prospérité des
récoltes au début du printemps, s’ouvre par l’invocation :
E nos Lases juvate\ ces divinités y jouent, avec Mars et
les Semones , le rôle de protecteurs des laboureurs, dont
elles préservent le travail contre les fléaux. Elles ont la
même signification aux yeux du vieux Caton ; dans le
traité de l’Agriculture 3, il recommande à la fermière
.d’orner le foyer de couronnes, aux Calendes, aux Ides,
aux Nones, aux jours de fêtes, et d’adresser, ces mêmes
jours, des prières au Lare Familier pour que la récolte
soit abondante. Ailleurs, il avertit le père de famille qui
vient à sa villa, de saluer avant toute chose le Lare Fami¬
lier et de ne faire le tour de sa propriété qu’après s’être
acquitté de ce devoir. A peu près dans le même temps,
nous voyons Plaute faire une place importante à la reli¬
gion des Lares dans sa comédie où se traduit avec tant de
fidélité l’opinion populaire. Dans YAululaire \ le Lare de
la maison d’Euclion prononce le prologue et définit pour
les spectateurs ce qu’est son action divine: depuis plu¬
sieurs générations, il s’est constitué le gardien de la
famille ; c’est lui qui a reçu en dépôt un trésor et qui le
tient caché jusqu’au jour où la piété de l’un des habitants
le décidera à en révéler l’existence. Parce que la fille
d’Euclion lui offre régulièrement de l’encens, du vin et
d’autres dons, il va s’employer à son bonheur ; le père
lui-même, d’abord négligent à l’égard du dieu, vadéposer,
une fois le mariage de sa fille décidé, ces mêmes offrandes
sur le foyer pour que l’union soit heureuse. De même
ailleurs, le mari invite sa femme à vénérer le Lare et à
l’orner de guirlandes pour que dans la maison tout
tourne à bien; nous voyons des personnages, tantôt
saluer les Lares avant d’entreprendre un voyage,
tantôt leur rendre grâces pour quelque faveur reçue
et les invoquer de concert avec les Pénates en décer¬
nant au Lare unique le titre de familiae Pater. Le vers
d’un vieux poète, qui est peut-être Ennius, résume le rôle
des Lares Familiers dans la maison romaine aux beaux
temps de la République par cet hommage : Vous qui avez
le souci profond de tout ce qui touche la maison
1 Corp. inscr. lat. VI, 2104 a, 32 sq., dans les Actes de l’an 218 ap. J.-C.
On a rapproché la forme Lases d une divinité étrusque du nom de Lasa, identique
à Aphrodite (Corssen, Aussprach. und Vocal. II, 309, et Spraclie der Etruslcer, I,
p. 24G). Pour Lases, voir Varr. Ling. lat. VI, 1,3; Paul. Diac. p. 2G4 ; Quint. Inst. I,
4, 13 ; Tercnt. Scaur. VII, 13, 14 ; Placid. 51, 15. — 2 11 nous est impossible d’ac¬
cepter l’interprétation nouvelle tentée par M. Edon, Restitution et nouvelle inter¬
prétation, etc. Paris, 1882 ; et nousnous en tenons à celle de Mommsen, Corp. inscr.
lat. I, p. 9 ; Teuffel, Roem. Lilter. Gescli. g 65, et Marquardt, Staatsverwalt. III,
p. 457 sq. — 3 Cat. De re rust. 2, 1; 143, 2. — 4 Plaut. Aulul. Prol. et II, 7,
16; cf. Trin. 1,2, 1 ; Mer cat. V, 1, 5 ; Mil. glor. IV, 8, 29; Rud. V, 1, 17.
— 5 Enn. Annal, fragm. (Bachrcns), 311 ; cf. Ibid. 78, citant Varr. De ling. lat.
v, 74. — G Dion. Hal. Ant. rom. IV, 2, 34 ; Ovid. Fast. V, G35 ; Plut. Fort. Rom.
10 ; Plin. Hist. nat. XXXVI, 27 ; pour l'interprétation, voir Schwegler, Roem. Gesch.
, 68 ; 430; surtout 714 suiv. et 703. — 1 Serv. Aen. VII, 678 ; Scliol. Vcron. Acn.
VU, 681; Solin. II, 9; cf. Herlzberg, De diis Roman, patriis, p. 27, et Klauscn,
‘ Aeneas und die Penaten, II, 757 suiv. — » Voir genius, II, 2, p. 1488 sq.
( Vosque Lares tectum nostrum qui funditus curant !5)
Ces témoignages de la piété populaire dans la plus
ancienne littérature des Romains sont en harmonie avec
les légendes primitives. Celle qui a embelli les origines
du roi Servius Tullius, considéré comme le fondateur du
culte public des Lares, veut qu’il ait été conçu par sa
mère Ocrisia, tandis qu’elle offrait un sacrifice devant le
foyer de la Regia*. Le foyer est le symbole de la famille,
celui de l’habitation permanente qui succède à la vie
nomade ; rien de plus naturel que de considérer l’auteur
d’une race, le fondateur d’une nationalité, comme issu de
la flamme qui s’allume au foyer. On racontait la même
chose de Caeculus,le fondateur de Préneste et, plus tard,
sans doute par imitation littéraire, de Romulus '. A ce
point de vue, le Lar est identique au Genius generis, et
il en précise la notion en la matérialisant. Le Genius est
la force cachée qui engendre; le Lare sera la divinité tou¬
jours présente qui protège et conserve 8. Si le roi Servius
est le fils du Lare dont la divinité brille dans la flamme
sur l’autel domestique de la Regia , c’est qu’il est devenu
devant l’opinion le restaurateur, et par là même le con¬
servateur de la puissance romaine à travers les âges. Les
Grecs avaient des légendes analogues, quoique d’un
caractère plus subtil. Ainsi Démarate, roi de Lacédé¬
mone, était considéré comme le fils du daetnon familier
Astrabakus A côté de la légende de Servius Tullius,
il faut placer celle de la Gens Valeria ou Valesia, à
laquelle on rattachait l’origine des Jeux séculaires10.
C’est en priant les Lares du foyer que le père de famille
obtient la révélation des remèdes qui rendront la santé à
scs enfants. Enfin Attus Navius, l’augure célèbre, lorsque
enfant encore il a perdu le troupeau dont son père lui
avait confié la garde, supplie les Lares, dans la chapelle
qu’ils possèdent au fond du vignoble de la Sabine, de
venir à son aide, ses offrandes les décident à lui rendre
le bétail perdu et à lui enseigner la science augurale11.
Rapprochées des hommages dont les Lares sont l’objet
dans la Comédie, image de la vie, ces fables s’accordent
pour nous présenter les Lares comme les dieux qui
président à l’existence familiale, qui veillent sur la pros¬
périté et sur la santé des hommes groupés sous leur
regard autour du foyer.
Cependant, tous ces témoignages sont muets sur l’ori¬
gine généalogique des Lares ; il ne semble pas que la
piété primitive s’en soit préoccupée; un document posté¬
rieur, mais que l’on peut avec vraisemblance ramener au
point de départ du culte, parle d’un sacrifice offert à la
mère des Lares, qui n’y est pas autrement désignée 12. Ce
sacrifice consistant en deux béliers est offert par les Frères
Arvales; des légendes, dont plusieurs n’ont guère que la
— 9 Ilcrod. VI, 69. Herlzberg, loc. cit. 36, et, à sa suite, Sclnvegler, loc. cit.
715 sq., ont commis l’erreur de faire entre les héros des Grecs et ces conceptions
romaines une assimilation complète ; il n’est pas exact que Romulus et Remus
apres leur mort aient jamais été élevés au rang de Lares Regiae domeslici, l/rbis
publici. Qu’une telle idée ait haute sur le tard l'esprit des archéologues hellénisants,
rien de plus plausible; mais jamais, avant l’Empire, elle n’a eu prise sur l’opinion
populaire et clic n'est pas dans l’esprit de la vieille religion latine. — 10 Zosim. Il,
3 ; l’histoire est à placer entre le règne de Tullius Hostilius et la fin de la royauté.
La gens Valeria ou Valesia était originaire du pays des Sabins ; cf. Val. Max. 2, 4,
5, qui seul nomme les Lares, alors que Zosime parle de Vcsta. — U Dion. liai.
Ant. rom. 111, 70, 2. Cicéron, De divin. I, 31, met la chose au compte d’un dieu
quelconque. On peut rapprocher ce fait que dans YAululaire (6 sq.) le Lare est
' dépositaire du trésor et que chez Caton (loc. cit. 143) le Lare est invoqué : pro copia.
Rreller, Roem. Mythol. p. 488, n. 2, rapproche les esprits gardiens de trésors,
dans la Mythologie germanique ; voir Grimm, Deutsche Mythol. p. 479. — i- Henzcn,
Acta, p. 145 : il s'agit sans doute de Dea Dia.
LAR
939 —
LAR
valeur de subtilités mythologiques, ont nommé cette divi¬
nité ou Lara , ou Larunda , ou Acca Larentia 1 ; la
prosodie seule suffirait à nous avertir que Larunda et
Larentia n’ont eu avec les Lares aucun rapport à l’ori¬
gine et que seule une ressemblance tout extérieure les a
plus tard associés 1 2. Alors la fête des Larentalia ou
Lurent inalia est absorbée par la fête propre des Lares;
et comme elle avait un caractère funèbre, analogue à
celui des Feralia et des Parentalia , le culte des Lares,
tout aussi bien que l’être propre de ces dieux, se sont
compliqués d’un élément qui, du temps de Caton et de
Plaute, y était encore totalement étranger. Nous aurons à
montrer comment la notion des Mânes , apparentée à
celle des Lares, contribua à ce résultat.
Dès les débuts de la question des Lares, nous nous
heurtons ainsi à des confusions qui démontrent que l’opi¬
nion religieuse, très nette en ce qui concerne leur action,
est peu fixée sur leur véritable nature 3 *. Nous devinons
seulement que les Lares ne sont, ni des dieux, au sens
éminent du mot, ni des hommes divinisés, personnifica¬
tions absentes de la vieille religion des Latins et qui,
même chez les Grecs, furent d’introduction relativement
tardive dans la piété populaire. Ils sont de vagues esprits
qui agissent pour le salut et la prospérité des familles,
les gardiens des hommes et de ce qui leur appartient,
notamment des champs d’où les hommes tirent leur sub¬
sistance \ Tibulle, un des poètes les plus fidèles à l’es¬
prit des temps primitifs, les appelle custodes agri ; et
l’auteur anonyme qui, avec les ressources de la langue de
Plaute, a écrit la comédie du Querolus , fait dire au Lare
d’une maison qu’il est : custos et cultor domus eux fuero
adscriptus 5. Remarquons de plus, qu’en dehors du Chant
des Frères Arvales, les plus anciens documents sur le culte
des Lares nous donnent de préférence leur divinité au
singulier et l’incarnent dans le Lar Familiarisa père
unique, mais idéal d’une race : ce mot en effet signifie,
non qu’il a procréé matériellement la race à l’origine en
qualité d’ancêtre, mais qu’il est la raison divine de son
existence et de sa durée 6.
Ce Lare, par exception seulement mis au pluriel, a
l’allure rustique ; nous l’avons signalé avec ces traits
dans les Actes des Frères Arvales et dans le traité de l’Agri¬
culture de Caton. Dans une inscription archaïque de l’autel
de consus, vieille divinité agricole, il est en compagnie
de ce dieu et de Mars dont la signification champêtre est
connue '. Malheureusement, le texte de cette inscription
est corrompu en ce qui concerne les Lares et l’attribut
spécial de leur puissance indéterminé. La légende qui a
fait d’eux les fils d’ACCA larentia, identique à dea dia,
protectrice de la floraison printanière, est, elle aussi, un
témoignage en faveur de leur nature champêtre8. Un
poète dit que leurs premières images étaient taillées dans
une souche grossière 9, tout comme celles de silvanus,
avec lequel ils ont d’ailleurs d’autres ressemblances ; le
même constate que pour la première fois dans les champs
ils furent l’objet d’humbles hommages et il les place parmi
le cortège des divinités rustiques dont il célèbre les bien¬
faits 10. De son côté, Cicéron 11 , commentant toute une
série de prescriptions religieuses dont le caractère
archaïque est indéniable, dit qu’il faut honorer les Lares
au milieu des champs, dans les bois sacrés dont ils ont
fait leurs temples : c’est à la porte même des fermes, sous
le regard des maîtres et des serviteurs, au centre de l’ex¬
ploitation rurale, qu’ils font sentir leur action divine 12.
Des inscriptions plus récentes, mais qui sont inspirées
par la piété des anciens temps, leur donnent les vocables
d 'agrestes, de rurales , de casanici. Le Lar agrestis, qui
ressemble à Silvanus, ressemble aussi à Priape et paraît
avoir eu, comme lui, le phallus pour emblème ; il est le
gardien des champs, comme Priape est celui des jardins,
Silvanus celui des bois, Faunus celui des pâturages13.
La preuve la plus évidente de la nature champêtre des
Lares à l’origine est l’institution d’un culte en l’honneur
des Lares Compilâtes. On peut voir à l'article compitalia 1 1
comment le partage de Rome en vici, transformé par
Servius Tullius et subordonné à la grande division régio¬
nale [regiones], fut alors sanctionné par ce culte et devint
l’occasion d’une grande fête mobile, célébrée durant les
jours qui suivent les Saturnales. En réalité, la religion des
Lares Compitales fut importée des champs etsimplement
accommodée aux besoins de la vie urbaine15. Avant d’être
des carrefours formés par l’intersection de deux ou plu¬
sieurs rues, les compita des pagi , sous le régime agri¬
cole, étaient l’emplacement contigu à deux terroirs
voisins : ubi plures vicie competunt 1G. Ils en formaient
les limites, elles-mêmes consacrées par le droit primitif, et
devenaient le rendez-vous forcé des travailleurs ' \ Sur ces
emplacements, il était d’usage d’élever des chapelles qui
recevaient les images des divinités protectrices. Alors que
dans chaque maison on ne vénérait qu’un seul Lare ,
comme le cas le plus fréquent des compita ruraux était
celui de deux chemins se coupant à angle droit, les Lares
y formaient une paire, ce qui fit que dans la pratique les
Lares publics, par opposition avec les Lares privés'*, se
présentent toujours, quel que soit d’ailleurs leur vocable
spécial, au nombre de deux ; la pluralité de l'idée de
Lares semble issue de la vénération des Lares de carre¬
fours avant d’être consacrée par leur confusion avec les
1 Yarr. Ling. lat. V, 10, 74 ; cf. I.act. I, 20, 35 ; Auson. 27, 7, 9 : Genius domuum
J.ai unda progenitus Lar ; Placid. p. 00, 25. — 2 Voir sur cette question, Mommsen,
noem. i’orsch. R, 3 sq. et Wissowa, chez Roseher, Lexikon d. Alytli., Lares, p. 1901.
nez (h idc, Larentalia est employé avec fi long, comme Larunda chez Ausone ; Lare
c iez tous les poètes sans exception. Voir d’autres généalogies des Lares : chez Ovid.
II, o99 ; Yarr. Ling. lat. IX, 01 ; Arnob. III, p. 124, et articles mânes, mania,
compita1. ia. ~ 3 I’0111' les diverses interprétations dont l'ètrc des Lares a été l’objet
ez les mythologues, voir la classification et la discussion très complète de Wissowa,
Ciez Roseher, loc. cit. p. 1888 suiv. — 4 Tib. Il, 1, 59 ; cf. Cicer. Leg. II, 8, 19 et
cj.’ 7 ’ , cn- Aen. I, 441; III, 302. — B Querol. Prol. ; à comparer Aulul. 3;
et MC *0emann’ De dûs Manibus, Laribus, etc. dans ses Opusc. Academ. I, p. 304;
la bu'Tdt’ ^ Cl'*' I5' *-3- — c Le singulier est l'habitude aux débuts de
ïet ''ï UFe 6 *1'llr10' m('me ne désigne alors que les Lares des diverses familles
lijmnplusieurs dans la même ; cf. Wissowa, Ibid. p. 1870. — ^ Citée par Terlul-
p 308 i ' " C0NSUS CONSII-io, mars düeli.o, rares cou.LO potentes. Schoomann,
Mytk' 11 ’ ’ 'ou<1,’a't corriger : caelo, qui n'est pas admissible ; Preller, Roem..
fond sur i* '’ " *)10l’ose compito , qui est satisfaisant. La correction caelo se
6 l*assaSe de larron, cité par saint Augustin, Civ. Dei, VII, 0, où les
Lares sont placés dans le ciel avec les Génies; cf. Mart. Cap_. I, 48, où le Lare
est appelé caelestis. — 8 Acca larentia, I, 1, p. 15, et dea dia, II, 1, p. 28;
cf. Prcuner, Hestia-Vesta, p. 407. — 9 Tib. I, 10, 17 : prisco... e stipite fados.
— 10 Silvanus est appelé Lar Agrestis dans une inscription chez Orelli, 1004; voiries
Indices du Corpus au mot Silvanus et la dissertation de Rcifferscheid sur ce dieu,
Annali dell’ Instit. Arch. 1800, p. 217 suiv. [silvanus], — U Leg. Il, 1, 59 suiv.
— 12 Cic. Leg. II, 8, 19 ; 11, 27, et Rcp. V, 5, 7. — 13 Corp. inscr. lat. VI, 046 ;
975 • IX 725 ; cf. avec 2100. Voir Herculcs-Silvanus faisant vis-à-vis au Lar Agrestis
identifié avec Priape, chez Winekelmann, Monum. inédit. n° 07. Pour les res¬
semblances du Lare champêtre avec Faunus et Priape, voir Premier, Op. cit. p. 411.
Le même auteur croit que Mutunus Tutunus, divinité priapique, n'est qu'une
indigitatio du Lar Familiaris. — H I, 2, p. 1428 suiv. — 13 Voir Wissowa,
loc. cit., art. Lares, p. 1874. — 10 Varr. Ling. lat. VI, 25 ; Isid. Orig. XV, 2, 15 ;
Philarg. Virg. Georg. II, 382, et Scliol. Pers. IV, 28; cf. l'article compitum, I, 2,
p 1429, et les inscriptions relatives à la création ou à la consécration de compita .
Corp. inscr. lat. V, 3257, 7739 ; Inscr. Regni Neapolit. 1504; cf. Corp. inscr. lat-
] 1 305. — 11 Cf. Mommsen, Roem. Staatsreclit, III, p. MO, n. 5, et Marquardt,
Staatsverwalt.,W, p. 201. - 18 Plin. Hist. nat. XXI, 3, 8.
LAR
— 940 —
LAR
Pénates. Des textes nombreux en témoignent. Cicéron
oppose les délabra des villes aux sanctuaires agrestes des
Lares, aedes Larum, entourés de bois sacrés; ces cha¬
pelles, placées aux carrefours et appelées carrefours elles-
mêmes, formaient des passages ( pertusa compila), sem¬
blables à des tours, dit un commentateur, où l’on installait
les images des Lares1. Là, une fois les travaux terminés,
à l’entrée de l'hiver, les paysans, pour purifier les champs, .
immolaient des porcs engraissés2; là, en guise d’offrande
symbolique, ils déposaient des jougs brisés pour rappeler
la tâche heureusement accomplie3. Limités d’abord dans
Rome même aux habitants des pagi ( pagani ) en dehors
du Septimontium où habitaient les montani, les compila
et le culte dont ils étaient l’objet furent adaptés à la
nouvelle organisation urbaine par Servius Tullius *.
Et ce n’est pas au hasard que la légende reporte à ce
roi l’honneur de cette institution : c’est parce que, sorti
de la condition servile, il incarne devant l'opinion la
classe des travailleurs obscurs6. Une des particularités
du culte des Lares, c’est que les esclaves y prennent une
part prépondérante ; il est même le seul qui les ait pour
ministres quelquefois, comme participants toujours, en
souvenir des temps où ils n’étaient encore que les auxi¬
liaires de l’agriculture : la fermière orne de guirlandes
l’autel du Lare et le fermier remplit, pour les vénérer,
un rôle qui, dans toute autre manifestation semblable,
resterait dévolu au père de famille0. Ajoutons que le
soin de célébrer les Compitalia incombait surtout aux
esclaves, qu’à cette occasion ils étaient dispensés de tout
travail et recevaient une ration supplémentaire de vin 7.
L’origine et le caractère champêtres de la religion des
Lares est donc indubitable ; même à l’époque d’Auguste,
alors que la politique et la philosophie y ont introduit
des idées et des pratiques inconnues aux beaux temps de
la République, c’est dans les milieux rustiques qu’il faut
chercher son expression véritable. Il suffira de citer
Horace 8 : aux yeux de ce poète, le Lare est le bon esprit
qui préside aux repas sans apprêts, aux divertissements
simples qui lui rendent chère sa ferme des Sabins ; ce
qui surabonde dans l’être du Lare, c’est l’idée de gardien
des hommes et de tout ce qui assure leur bien-être : nous
retrouverons ce caractère en racontant les pratiques des¬
tinées à l’honorer etles offrandes qui concilient sa faveur.
Cependant, de très bonne heure chez les anciens et,
avec une persistance assez surprenante chez les histo-
l Cic. Leg. II, 19 et 27 ; Virg. Georg. II, Pers. 382 ; IV, 82, avec le
scholiaste et la note de l'édition Jalin ; Grat. Falisc. Cyn. 483 ; Corp. inscr. lat. IX,
1618. Il est probable que sous la royauté ces sanctuaires des Lares étaient,
dans le monde Latin, les seuls édifices religieux. — 2 Prop. \oir 1, 23 :
parva saginati lustrabant compita porci : cf. Hor. Sat. Il, 3, 164; Od.
111, 23, 4. _ 3 Schol. Pers. IV, 28, avec les commentateurs. — 4 V. Mom¬
msen, lioem. Slaatsreclit, III, p. 113 suiv. avec les notes. La distinction,
toute primitive, subsiste encore au temps de Cicéron : De dom. XXVIII, 74;
Depetend. consul. VIII, 30 ; et Corp. inscr. lat. XIV, 2105, et I, p. 205. — 5 Dion,
liai. IV, 14; Plin. Bist. nat. XXXVI, 204; Macrob. I, 7, 34. Pour l'identité
des Compitalia et des Laralia, Festus, p. 253, et Mommsen, Corp. inscr. lat. p. 393.
— G Scbwegler, Op. cit. p. 716. — 7 Cat. de Agric. 5, 4; Dion. liai.
Ant. Dom. IV, 1 4, 35 et 1 ; Dio. Cass. LV, 8 ; cf. Corp. inscr. lat. I, 602 et ailleurs ;
Marini, chez Visconti, Mus. Pio. Clementi . IV, p. 304 ; cf. Cat. Op. cit. 57 ; cf.
Virg. Catal. V, 27 : Uncta Compitalia-, Colum. XI, 1, 19. — 8 Sat. II, C,
05 ; 5, 12. — 9 Telle est l’opinion, pour ne citer que les auteurs les plus considé¬
rables, de Hartung, Religion der Doemer , I, p. 56 suiv. et passim ; Preller, Roem ,
Mythol. p. 486 suiv. et Real Encyclopaedie , IV, p. 772b; Marquardt, Staatsverwalt.,
III, p. 123; Scbwegler, Roem. Gesch ., etc. p. 715 suiv.; Ilertzberg, De diis
Roman, patriis, p. 36 suiv. ; Sclioemann, Op. cit. p. 359 et suiv. ; Fustel de
Coulanges, La Cité antique , p. 20 ; Rliode, Psyché, p. 232. Ils ont été réfutés par
Wissowa, chez Roscher, Op. cit. p. 1688 suiv., qui se réfère en partie à Jordan,
Vesta und die Laren, Berlin, 1865, et se rattache à Premier, Heslia Vesta , où le
culte des Lares est surtout envisagé comme l’expression de la religion du foyer,
riens modernes de la religion romaine, on a voulu voir
dans le Lare unique de chaque foyer et dans les Lares en
général des ancêtres déifiés devenus les protecteurs de
leur race. Nous croyons qu’il y a là une erreur; elle date
des temps de Cicéron et de Yarron et l’hellénisme reli¬
gieux en a fait tous les frais9; elle n’a pas plus de
valeur au fond que celle qui les faisait identifier par
Nigidius Figulus avec les Curètes, les Corybanles et les
Dactyles du mont Ida. Cicéron, qui n’a jamais nommé en
latin le Genius , a traduit Lares par Satgovsç, sans être bien
sûr d’ailleurs de l’exaclitude de sa traduction10. Yarron
les confondait avec les Mânes en leur donnant Mania
pour mère : ailleurs, il les appelait esprits divins ou
héros ; ailleurs encore, il les assimilait aux Larvae eL les
logeait, avec les Génies, dans les espaces célestes, entre
les nuages et la voûte éthérée; l’assimilation avec les
héros grecs est celle qui, à partir de cette époque, devient
de plus en plus fréquente11. Si l’on veut se rendre
compte comment la notion mal comprise des Lares fut,
par les milieux instruits de Rome, introduite dans le
cercle des idées générales d’où sont issus les Daemons
des Grecs, puis confondue avec celles des Pénates, des
Mânes, des Génies, tous confondus entre eux, il faut le
demander à un érudit des commencements du christia¬
nisme, Cornélius Labeo, qui a écrit un traité sur les
dieux appelés animales : il donnait ce nom à toutes les
personnifications divines issues de l’idée de l’âme, une
fois qu’elle eut été conçue comme distincte du corps :
quod de animis fiant'2. L’immortalité de l’âme admise
avec ses conséquences, on disait des Lares, comme Ver-
rius Flaccus, qu’ils étaient les âmes des hommes mises
au nombre des dieux, ce qui signifie qu’ils étaient des
héros à la façon des Grecs13. « Les âmes des héros, dira
un commentateur de YÉnéide , résident dans les bois
sacrés », là où la piété rustique des Latins vénérait les
Lares des carrefours et des chemins : Mânes piorum qui
Lares viales sunt. Le même les opposaiL aux Larvae ,
esprits funestes qui troublent la maison et tourmentent
les vivants, tandis que les Lares seraient les esprits secou-
rables qui y répandent la prospérité et la joie14; un autre
les confond avec les Lemures , ce qui revient au même;
d’autres enfin, pour mettre quelque ordre dans ces per¬
sonnifications voisines mais distinctes, les disposent
toutes dans une sorte de hiérarchie, sans réussir pour
cela à sauver l’être propre des Lares15. La classification
sans que l’auteur y voie la moindre tentative d’héroïsalion, et à Klauson, Aeneas
und die Penaten, p. 636, où les Lares sont définis : « Génies topiques, qui gardent
les maisons, les champs, les chemins ou les carrefours. » — 10 Cic. Tim. H, 38;
à comparer Plut. Fort. Rom. 10, où le Lare Familier est appelé îjow; olxoufd;;
ailleurs ( Quaest . rom. 51), cet auteur forge le motAàçïiTt;; Dion. liai. Ant. rom
III, 70; IV, 2 et 14. De même sur le monument d'Ancyre, 10, 11, 18, 23. Pour
Nigidius Figulus, voir Arnob. 111, 41 ; Hyg. Fah. 139, et Schol. Sial. Thcb. 111, 785.
— il Varr. Lin g. lat. IX, 38, 61, et chez Arnob. III, 41 ; cf. Varr. Ibid. VI, 3, 24;
chez Nonius, 538, 6, où ils sont confondus avec les Mânes, et le même, cité par
saint Augustin, Civ. Dei, VII, 6, à comparer avec Mart. Cap. II, 155. — 12 Chez
Serv. Aen. 111, 168. — 13 Chez Paul D. p. 121 et 239; cf. Serv. Aen. III, 302;
1,441; VI, 152; August. Civ. Dei, IX, 11; Apul. De deo Socrat. 13. Le
passage capital est celui d’Arnobe, III, 41, où les Lares sont d’abord excel¬
lemment définis : vicorum atque itinerum deos, et où sont citées ensuite toutes
les opinions qui en ont déformé la nature par des interprétations philoso¬
phiques; cf. encore Censor. De die nat. 3. — 14 Serv. Aen. III, c'
— 13 Wissowa, chez Roscher, loc. cit., rejette la théorie qui fait dériver les
Lares du culte des morls; les cérémonies d'un caractère funèbre qui se ren¬
contrent dans les Larentalia, d’où elles sont entrées dans les Compitalia ,
ont pour objet les Mânes (Varr. Sat. Mcnip. fragm. 463, cité par No¬
nius, p. 538; cf. Macr. Sat. I, 7, 34 suiv.; Paul. D. p. 121; 239); et même
en supposant que l’offrande des Maniae soit à l’adresse des Lares eux-mêmes, d
ne s'ensuit pas qu’ils soient des humains déifiés ; cf. Lobeck. Aglaophamus, I, 585 ;
Boetticher, Baumkultus, p. 80, suiv.
LAR
— 941
LAR
la plus raisonnable est celle qui met d’un côté les esprits
bons Génies, Lares, Pénates et Mânes, de l’autre les
mauvais représentés par les Larvae , les Lemures restant
d’un caractère indéterminé. Il faut la philosophie dualiste
de Plotin pour donner à ce système une précision suffi¬
sante ; saint Augustin, y appliquant le vocabulaire latin,
dit que ce philosophe appelait daemones les âmes des
hommes affranchies par la mort et que les hommes qui
ont pratiqué la vertu deviennent alors des Lares1. Mais
rien de tout cela n’est romain ni latin ; la notion d’ancêtre
déifié est, avant l’Empire, étrangère à la religion romaine
et c’est une transposition, œuvre des philosophes et des
antiquaires, qui l’a prise dans les spéculations récentes,
ou pour la rapporter aux temps primitifs, ou pour la faire
rentrer dans la piété populaire. Quoique les anciens
Latins aient eu pour coutume d’ensevelir leurs morts,
chacun dans sa demeure2, rien ne prouve qu’ils aient
jamais songé à les déifier : il est certain du moins qu’ils
ne voyaient ces morts, ni dans les Lares, ni dans les
Pénates, et que la confusion des Mânes avec les uns et les
autres n’est pas antérieure au déclin de la République.
Mommsen a eu donc tort de dire, après beaucoup d’an¬
ciens et bon nombre de modernes, que chaque gens a eu
son héros éponyme qui fut le fondateur de la gens et
qu’on vénérait en qualité de Lar Familiaris 3. Ajoutons
que s’il en avait été ainsi, il y aurait eu diversité dans
la façon de concevoir ce Lare suivant les familles, tandis
que partout existe la même indétermination d’un être
vague par sa nature comme par ses origines, identique
seulement dans son action protectrice et bienfaisante
Si la confusion des Lares avec les Satixovs? étr-riou/ot et
les héros éponymes est due à l’influence des Grecs, en
revanche celle des Lares et des Pénates est l’œuvre de
l’opinion romaine : elle est même générale dans la
croyance des peuples latins et nous la voyons de bonne
heure consacrée par la littérature et par l’art. C’est qu’au
début Lares et Pénates sont très souvent nommés
ensemble et que leur sphère d’action est la même, l’espace
restreint du foyer domestique5. En réalité, les Pénates
rentrent dans la classe des Lares et sont des Lares avec
la fonction déterminée de veiller sur le penus de la mai¬
son ; il semble que le mot lares soit un substantif et
celui de penates un adjectif qui désigne les Lares du
penus et du penetrale. La langue même établit entre eux
une autre distinction caractéristique, du moins à l’ori¬
gine ; le Lare est de préférence pris au singulier, les
Pénates sont toujours au pluriel 6 ; si les Lares devien¬
nent plusieurs dans le langage, ce n’est pas seulement
sous l'influence des idées qui ont fondé les Compitalia ,
mais aussi parce qu’ils sont habituellement associés dans
une idée commune, celle de la maison familiale, et que
les Pénates y interviennent au nombre de deux. Couram¬
ment et de très bonne heure, ils sont ainsi pris les uns
pour les autres; une inscription donne aux Lares le
vocable de Penates 7. La triade des dieux du foyer,
subordonnés à Yesta qui en incarne la flamme, est
constituée par le groupe des deux Pénates encadrant le
Lare unique8; les trois figures sont, par métonymie,
appelées indifféremment ou Lares ou Pénates : ensemble
ou séparément, -elles expriment l’idée de la patrie, le plus
souvent au sens restreint du mot9. Les passages sont
innombrables chez les auteurs où le mot Lare signifie
simplement la maison paternelle ; être chassé de son
héritage, c’est quitter le Lare Familier; n’avoir point de
demeure propre, point de foyer, c'est n’avoir de Lare
nulle part ; une maison de pauvre apparence est un Lare
modeste, etc. Les poètes transportent même l’expression
à des animaux qui vivent en société, Virgile aux
abeilles, Ovide aux oiseaux 10. Dans tous ces passages,
les Pénates peuvent se substituer aux Lares, sans que
l’idée soit différente.
II. Pratiques, cultes, vocables et temples divers. —
Dans tout ce qui est relatif à la religion des Lares, il
importe de distinguer deux époques : l’une finit avec la
République romaine, l’autre commence avec Auguste et
la restauration de certains cultes par cet empereur;
parmi ces cultes, celui des Lares a tenu peut-être la place
laplus importante. Durant la première période, les Lares
conservent généralement, même dans les manifestations
de la religion officielle, le caractère familial et rustique
qui est celui de leurs origines; à partir d’Auguste, la
politique leur fait subir une transformation radicale, et
le changement est consacré tant par les conditions géné¬
rales de la vie plus raffinée que par le mouvement des
idées sur l’âme : ils sont alors ou des personnalités de la
religion philosophique ( physicum genus ), ou des figures
delà religion politique ( civile genus)-, seuls les poètes
et avec eux la piété des milieux ruraux ( poeticum
genus) leur gardent leur antique physionomie M.
A ce dernier point de vue, l’autel propre des Lares est.
le foyer, centre de la maison romaine, et leur temple
1’ atrium12. C’est là que le Romain de vieille souche, en
compagnie de ses enfants et de ses serviteurs assis sur de
longs bancs de bois, adresse aux dieux domestiques la
prière du matin, là qu’il prend ses repas en faisant
une part de tous les mets aux Lares et aux Pé-
1 I our le dualisme introduit dans le monde des daemons helléniques et par contagi
dans celui des esprits domestiques delà religion laline, voir Apul. De deo Socr. loc.c
August, Civ. Dei , IX, il, citant Plotin et Mart. Cap. II, 155; cf. daemon, III, 2, p.
— 2 Serv. Aen. VI, 152 ; V, 64; cf. Prudent. Adv. Symmach. I, 190 : Sepulch
heroum, etc. coutume plus tard interdite; Cic. Leg. 11,23, 58 ; Isid. Orig. XV, 11,
Seiv. Aen. XI, 200. — 3 Zeitschrift fur Alterthumswissensch. 1845, p. 135- dcméi
Sehoemann affirmant (Op. cit. p. 3G5)que les Lares sonlissus : e principum animi
ene olim de republica meritorum. — 4 II n’y a jamais eu de Lares féminins ; et c'<
un 1 affinement de piété isolé que l’inscription métrique (Corp. inscr. lat. III, 7;
ou un mari dit de sa femme morte : Lar mihi haec quondam ; remarquons d’aillei
|u e a cessé de 1 être en mourant. Pour l’expression, on peut comparer l’inscr
on c ez Oielli-Heuzen (Suppl. 004), où Mitlira est appelé le Lar du dédicai
p us fias ce qui concerne les prétendus Lares d’enfants morts avant le quara
M T ’ ^,euner’ Hestia-Vesta , p. 341 : Les Lares sont à distinguer t
.. ai" ” ’ 1 S nc sonl Pas les esprits des morts : la vénération des Lares n’a riei
p'" tT„ *C“Ue d<î9 m0l'ts’ - 5 Voir Cic. Phil. Il, 30, 75 ; Republ. V, 5, 7 • 1
ftfêrc' V !1 ;' ri V’ 33 ! P,'°P' 30> 21 1 V, 1, 28 ; 8, 50, etc. ; déjà cl.cz Plan
A . e “ppelle Lares les Pénates de Troie, II, 5, 20 et 42 ; cf. Se
00, et Schol. Hor. Ep. I, 2, 43. Servius, Ad Aen. II, 514, dit en ce ser
Penates sunt omnes dii qui domi coluntur, ce qui n'est pas exact; voir d’ailleurs
Klausen, Op. cit. p. 630 suiv. [penates], — 6 Pour le pluriel, Varr. chez Nonius,
p. 531; Cic. liepubl. V, 7, et toute la discussion chez Reifferscheid, Annali, 1863,
p. 129, n. I, et Wissowa (Itoscher, Lexikon, etc. p. 1876). Une Atellane de Pom-
ponius porlait le titre : Lar Familiaris (Ribbeck, Fragm. Comic. Lat. p. 234) • cf
les textes de Plaute et de Caton cités plus haut et Marquardt, Staatsverwalt. 111.
p. 123 suiv. avec los notes. — 1 Orelli, 1589 : sacrum silvano corser vatoiu labium
penatium; cf. Bull. arch. Napol. 1859, p. 174. — 8 Voir plus bas, III, Représenta¬
tions figurées; cf. Premier, ffestia-Vesta, 236 suiv. ; et Helbig, Wandgemaeldc
61, 62, 63, 65, 66 b, 68, etc. — 9Voir Trag. incert. fragm. (Ribbcck), 199 ; Laber.
fragm. 110; Cicer. Verr. V, 11 ; 54; Sali. Cal. 21; Prop. V, 10, 18; Hor. Ep. I, |,
13 ; II, 2, 51; Od. I, 12, 43 ; III, 29, 14; Sat. I, 2, 56 ; Ov. Fast. I, 136; VI, 95 ;’
Trist. I, 3, 30; Pont. I, 1, 10; Senec. Med. 20; Luc. V, 528; Mart. IX, 18, 2:
Stat. Silv. II, 3, 15; Juv. XV, 152 ; et les Lexiques. Les Lares sont la patrie que le
voyageur emporte pu loin avec lui, Tib. II, 5, 41. — 10 Ov. Fast. III, 242; Val.
Flacc. IV, 44. — n La division est du jurisconsulte J. Mucius Scaevola et a été
reprise par Vairon ; voir Aug. Civ. Dei, IV, 27 ; VI, 5. — 12 Serv. Aen. I, 730 ;
VII, 176; IX, 648; Isid. Orig. XV, 3 ; cf. Klausen, Op. cit. p. 643, et Premier,
p. 91.
119
— 942 —
LAR
LAR
liâtes '. A ces dieux et à Vesta, qui les a dans sa dépen¬
dance, sont consacrées la table qui porte la nourriture etla
salière sans laquelle il n’y a pas de repas et qui à ce litre
devient leur symbole2. A leur contact, les ustensiles les
plus vulgaires,
les patellae pu-
rae , plats d’ar¬
gile grossier et
sans ornements,
sont com m e
sanctifiés; les
dieux eux-mê¬
mes s’appelle¬
ront patellarii3 .
Alors l’autel do¬
mestique et le
foyer, la pré¬
paration de la
nourriture parle
feu et la véné¬
ration des esprits
qui y président
ne font qu'un ; la
même intention
les réunit ainsi
que le même
lieu 4. A la cam¬
pagne, l’atrium
reste le temple
des Lares; Ho¬
race, dans sa
ferme, mange en
face du Lare avec
ses serviteurs, à
qui il partage
les plats dont le
dieu a eu les
prémices 5. A la
ville, les progrès
du luxe feront la
scission entre la cuisine qui, même dans ce cas, reçoit
encore en bien des endroits les images des divinités do¬
mestiques [culina, fig. 20061, et l'autel familial, destiné
tant aux Lares qu’aux Pénates; alors, dans la maison
des riches, on leur installe un sacrarium spécial où ils
sont honorés avec tous les dieux protecteurs de la
maison.
On en rencontre, à Pompéi notamment, des exemples
variés. Dans quelques-unes des habitations les plus
élégantes, le laraire n’a pas quitté l’atrium °, ou bien il
est dans une pièce séparée, mais voisine : c’est une des
alae qui a été changée en chapelle dans la maison d’Epi-
l Cat. Agricult. 143; Plin. Hist.nat. XXVIII, 207; Tib. 1,10, 15; Ov. Fast.
Il, 633; VI, 305 sq. ; Hor. Epod. II, 05 ; Sat. Il, 5, 12; 0, 04; Coluin. XI, 1, 19 ;
encore sous l'Empire : Suet. Oth. 6; Lamprid. Alex. Sev. 9 ; Quint. Decl. 301.
— 2 Cic. Cat. IV, 9, 18 ; De harusp. resp. 0, 12; Nat. Deor. II, 27, 07 ; Ov. Fast.
IV, 317; Macrob. III, 4, 11 et Serv. Ad Aen. II, 290. Pour la salière, Hor. Od. II,
10, 13 ; III, 23, 19 ; Pers. III, 25 ; Stat. Silv. I, 4, 131 ; Arnob. II, 67 ; Festus, p. 255
et p. 93, où est cité le serment par la table et le blé torréfié ; cf. Sil. Ital. Pun. VII,
176; Serv. ad. Virg. Bucol. VI, 31 ; Ov. Fast. VI, 306; Plut. Quaest. rom. 04;
Conv. VII, 4, 1. — 3 Patella est un diminutif de patina et n’a rien à voir avec
paiera ; Pers. III, 20 et Schol. Ov. Fast. II, 633; cf. Cic. De fin. II, 7, 22 ; Val.
Max. IV, 4, 3; Festus, p. 130 et 214. Pour para, voir Ov. VI, 309 et Tib. I, 1, 38,
opposé kcaelatum; Cic. Vnrr. IV, 22, 49. Les Lares appelés patellarii chez Plaut.
Cist. II, 1, 40 : Di me omnes magni minutique et patellarii. — 4 Cf. Premier,
ffestia-Vesta, p. 232 suiv. ; 91 suiv. — 3 Hor. Sat. Il, 6, 05; cf. Becker-Gôll,
dius Rufus 7 ; dans celle de Vettius, il se trouve dans un
deuxième atrium plus petit attenant au premier8; mais
ailleurs il a été transporté dans un angle du péristyle 9
ou jusqu’au fond du viridarium 10. Nous savons qu’il
pouvait, dès ce
temps, être placé
dans les cham¬
bres ou auprès
des chambres à
coucher; il en
était ainsi dans
le palais des em¬
pereurs 1 1 . Les
images des Lares
sont peintes sur
la muraille (fig.
4343) ; leurs sta¬
tuettes abritées
sous une niche
plus ou moins
profonde ou côte
à côte avec d’au¬
tres à l’intérieur
d’un édicule à
fronton12 sou-
par des
es (fig.
Ces dis¬
positions ne sont
pas propres ex¬
clusivement à
ou à
on les
retrouve aussi
bien en d'autres
pays14. Des au¬
tels de pierre ou
debrique étaient
quelquefois
construits de¬
vant l’édicule des Lares; dans la maison du centenaire,
dont on voit (fig. 4343) le laraire fermé par un mur
bas, on a trouvé un autel mobile fait d’une pierre carrée
posée sur un piedeylindrique [voir aussi ara, fig. 408], mais
souvent on n’en trouve aucune trace : on se contentait de
petits autels portatifs d’argile ou de bronze 19 [ara, p. 349].
Aux principaux jours de fête, sans compter les Calendes,
les Nones et les Ides et le jour de la nouvelle lune 10, on
offre aux Lares des sacrifices, on les orne de fraîches
guirlandes; un lexicographe nous apprend que ces guir¬
landes étaient si touffues que les petites images des dieux
disparaissaient sous les fleurs ,7. La jeune fille de YAulu-
Gallus (2e édit.), II, p. 273. — 3 Overbeck, Pompeji , 4* éd. (Mau), 1884; Premier,
ffestia-Vesta, p. 91, 321, 324, 327, 348; Helbig, Wandgemaelde Campaniens,
n. 30 et suiv.; à côté de la cuisine, Maison du Labyrinl lie, Overbeck, O. I., p.34. — 7 Over¬
beck, O. I. p. 209, 319, 354, 358. — 8 Ib. p. 299. — 9 Archaeologia, Lond. 1897,
p. 300. — 10 74. p. 387, 325. — 11 lb. p. 353. — 12 Suet. Aug. 7 : « inter cubiculi
Lares » ; ld. Domit. 17. — 13 Maison du Centenaire à Pompéi (photographie) ; Over¬
beck, p. 358. — 14 Duruy, Hist. des Dom. VII, p. 51 1; yVbfic. d. Scom, 1882, p. 217 ;
Overbeck, p. 208, 299 ; Petron. Sat. 29 ; Juven. VIII, 114 : « in aedicula deus unicus» ;
Tibul. 1, 10, 18 ; Corp. inscr. lat. II, 1899 ; IX, 2990. — 1S Voir par ex. Grivaud de la
Vinccllc, Arts et métiers des anciens , pl. lxxxii ; Parenleau, Mus. arch. de Nantes,
n. 128 ; Id. Essai sur des poteries de l'ouest de la France, pl. ni ; Pothier, Un quar¬
tier de Nimes, Mém. de l'Acad. du Gard, 1889; Archaeologia, 1890, p. 237.
— 1° Cat. De agric., 143 ; cf. Prop. V, 3, 53 ; Tib. I, 3, 34 ; II, I, 59 ; Plin. Hist.
nat. XXI, 11 ; Juv. IX, 138; XII, 86 suiv. — 17 Paul D. p. 69 : donaticae coronae.
Fig. 4343. — Un laraire à Pompéi.
— 9i3 —
LAR
LAR
laire est redevable de la faveur du Lare à des offrandes
journalières; aux fleurs il était d’usage d’ajouter l’en¬
cens au moins une fois par mois, et aussi des fruits ou
des libations de vin Par exception seulement on
Fig. 4344. — Larairc et dieux Lares.
immolait aux Lares domestiques des animaux, des truies
ou des agneaux ; dans la belle prière que Tibulle
adresse aux Lares de son enfance, il cite comme leurs
offrandes préférées des grappes de raisins, des couronnes
d’épis, des rayons de miel, des gâteaux de froment
(liba) 2. Et par-dessus tout, on leur destinait par la
pensée la flamme même du foyer qui est leur symbole ;
c’est ainsi que chez Virgile nous voyons Énée, après
1 apparition d’Anchise en Sicile, ranimer la flamme
assoupie de Pâtre, invoquer le Lare protecteur de la race
avec Vesta et leur offrir un sacrifice de froment torréfié
et d’encens3. Lorsque, au nom du christianisme naissant,
les empereurs s’attachèrent à détruire les manifestations
de 1 antique piété païenne, ils interdirent d’honorer le
Lare par le feu, le Génie par le vin, les Pénates par l’encens,
et défendirent qu’on leur allumât des lumières, qu’on les
vénérât par des parfums ou des guirlandes de fleurs 4.
Ces témoignages périodiques devenaient plus expressifs
dans les occasions où la vie familiale s’éclairait de
quelque événement heureux, de quelque espérance de
bonheur à venir; le jour où les jeunes gens revêtaient la
toge virile, la bulle passait de leur cou à celui du Lare
familial (fig. 4345) s ; on luirendait grâces lorsque l’absent
rentrait à la maison après un long voyage ; on l'implorait
à la veille d’un mariage®. La nouvelle mariée, en fran¬
chissant le seuil de son époux, saluait les Lares et leur
offrait un sacrifice. Dans l’union célébrée sous la forme
de la coemptio , la mariée arrivait dans la maison avec
trois pièces de monnaie dis¬
simulées, l’une dans sa
main, l’autre dans sa chaus¬
sure, la troisième dans une
bourse ; la première était
pour l’époux, la seconde
pour l’autel des Lares do¬
mestiques, la troisième
pour l’autel du carrefour le >
plus proche1: dans cette
pratique, nous surprenons
le lien qui unit la religion
du Lar familiaris à celle
du Lar corripitalis. Après
les funérailles, la maison ne
redevenait pure que par le
sacrifice aux Lares de deux
béliers8. Au lendemain des
Feralia , célébrés en l'hon¬
neur des morts et afin de resserrer les liens qui unis¬
saient les survivants, les Lares avaient leur part dans
la fête de caristia ou cara cognatio : « Offrez de l’en¬
cens aux dieux de la famille, s'écrie à cette occasion
le poète, présentez-leur des mets, afin que le plat, tendu
en signe de vénération, nourrisse les Lares à la tunique
retroussée9. » On se recommandait à la protection des
Lares quand on partait en voyage ou pour la guerre10;
le culte des Lares viatorii, viales , semitales, attesté par
un grand nombre d’inscriptions, celui des Lares mili-
tares et permarini , qui prit place dans la religion
publique, sont d’abord des manifestations de cet usage.
A sa libération, le prisonnier vouait aux Lares sa chaîne;
le soldat après ses campagnes suspendait devant leur
autel ou ses armes ou les dépouilles de l’ennemi11.
Toutes ces pratiques concordent pour nous présenter les
Lares, non comme des ancêtres déifiés exerçant après la
mort une action salutaire sur leurs descendants, mais
comme les bons esprits, subordonnés à Vesta et com¬
pagnons des Pénates, qui embrassent de leur protection
tous les intérêts domestiques 12 .
1 l’iaut. Aul. 24; 385; Trin. 39 ; Hor. Od. III, 23, 3; Sat. 11,5, 12; Tib.I, 10, 15.
- 2 Plaut. Rud. 1208; Tib. 1, 10, 26; 1, l, 22; Hor. Od. 111, 23,4; Sat. II, 3, 165,
ou es Lares sont appelés aequi ; cf. le sacrifice de deux béliers aux Lares, piaculi
causa, eu 1 an 183 et 224, par les Frères Anales, Henzen, Acta, p. 145 ; Cic. De
cff. II, -1 , I, 10, 15 suiv. et les commentateurs. — 3 Virg. Aen. V, 743 suiv. ; cf.
Hcrtzbcrg, De dis Romanonan, etc., p. 64 suiv. — 4 Cod. Theod. XVI, 10, 12.
° Pers. \ , 30 et suiv. ; Prop. V, 1,131; Petr. 60; c’est pour cela que les Lares
sonl appelés bullati. Un Lare est ainsi représenté (fig. 4345) sur un autel de Caere,
lonum. d. Instit. N 1 , 13, ct Annali, 1858; cf. Mus. Lateran. lab. 16, avec le
commentaire de Garucci, ct Jalm, De larum imag. etc. ; Annali, 1862’, p. 309 suiv. ;
u. p. 312 F ; et Henzen, Annali, 1858, p. 16. Par analogie, l'Amour sur une
fresque, Mon. d. Dist. 111, vi a, porte une bulle au cou, peut-être à cause de la présence
des Lares dans le groupe. — opiaut. Rud. 1206 ; cf. Corp. inscr. lat. IX, 725; Plant.
Aul. 385. — 1 Varr. chez Nou.p. 531 ; cf. Dion. Hal. Anf. rom. IV, 15, 4. — 8 Cic. Leg.
H, 55 ; cf. Henzen, ActaFrat. Arv. p. 145. — OOv. Fast. Il, 617 ; Val. Max. 11, 1,8;
Corp. inscr. lat. I, p. 386; c’est à tort que Marquardt ( Staatsverwalt . III, p. 127)
mêle les Lares aux Saturnales. — 10 Plaut. Merc. 865 ; Mil. glor. 1339; Corp.
inscr. lat. XII, 4320 ; XI, 3079 ct souvent ailleurs, entre autres Corp. inscr. lat, 11,
2417, 2518, 2572, 2987 ; IX, 9755; 111, 1422, et Henzen, Acta, p. 122. — 11 0\,
Trist. IV, 8, 22; Prop. III, 30, 21 ; Hor. Sat. I, 5, 65. — 12 Vesta et les
Pénates sont propres aux mailres seuls, les Lares embrassent également dans leur
protection les esclaves ; cf. Premier, Op. cit. p. 245.
LAR
— 944
LAR
De même que l'idée du (renias , très simple à l’origine,
s’est morcelée en une variété indéfinie de conceptions
particulières1, ainsi la croyance au Lare unique el le
même au fond pour tous, a reçu, quoique à un degré
moindre, des applications diverses en dehors du cercle
intime où elle a pris naissance2. Protecteur par essence
de la maison où s’abrite la gens primitive, il se multiplie
en devenant celui des individus isolés; il varie ses aspects
suivant les cas particuliers où peuvent se trouver placés
soit les individus eux-mêmes, soit la collectivité tout
entière; une inscription mentionne les Lares d’un viens
et d’autres les Lares d'une gentilitas3. Il semble même
que par ce biais surtout les hellénisants aient plié la
notion des Lares aux croyances de la Grèce sur les héros;
Preuner a remarqué avec beaucoup de justesse que cette
notion est tellement propre à la latinité que les Grecs,
malgré la richesse de leur langue, n’ont pas de mot qui
la traduise avec précision4; d’où les formules qui, par
leur vague, favorisaient les assimilations inexactes ; ainsi,
celle de Denys d’Halicarnasse qui parle des démons héré¬
ditaires de la famille d’Appius Claudius, entendant par là
les Lares de la race 5. Dans le même ordre d’idées,
Creuzer a essayé de démontrer6 que les Lares grondâtes ,
vocable sur le sens duquel on n’est pas fixé encore,
étaient préposés à un culte propre aux Curies. Les
anciens leur donnaient une signification politique en les
rattachant (par grundire et grunditus) à la fable de la
truie et des trente porcelets que Virgile a fait entrer dans
son Enéide et qui symbolisaient les trente villes de l’an¬
tique confédération latine7.
C’est par la vénération des Lares Compitales 8 que
nous nous rendons compte de la façon dont le culte des
Lares en général est devenu public après avoir été privé
à l’origine9. L’institution des Compitalia , attribuée au
roi Servius Tullius, est, dans l’ordre des temps , la première
manifestation de ce culte public; leur restauration par
l’empereur Auguste en est l’épisode capital. Cependant,
nous voyons déjà figurer les Lares comme des divinités
nationales dans l’acte par lequel Decius se dévoue pour
le salut de l’armée et de la République [devotio, II,
1, p. 118, 1] lu. Ils y sont invoqués entre Janus, Jupiter,
Mars Pater, Quirinus, et les dieux Novensiles et Indi-
gètes. Les Lares ainsi invoqués sont sans doute les
mêmes que ceux qui portent plus tard, dans les inscrip¬
tions, le vocable de Mili tares, ceux dont un poète a dit
qu’ils ont éloigné Ilannibal des murs de Rome et qui
ailleurs sont désignés comme les défenseurs de la ville
et de l’Empire11. Festus interprète de la même façon ceux
qu’on appelait Hostilii , quoique le sens primitif denosïis
invite plutôt à considérer ceux-ci comme les protecteurs
l Genius, p. 1492. — 2 Les Laressont appelés Fami/tares, C. i. /.IX, 2996, 3424;X,
773, 8067 (12); 8068 (3, 4), ces deux derniers exemples empruntés à des pierres servant
de poidsà Pompéi. Us portent le vocable de Domestici, C. i. I. III, 4160 ; et. S. Ieron.
In Esai. 57, 7: de même Silvanus ; ap. C. i. I. III, 3491. — 3 Lares vicuovis
fagutalis, C. i. I. VI, 452 ; cf. Orelli, 1663, 1674, 2411, 2412; et le Supplément
de Henzen, 7389, où il est question de Lares individuels, Lares d une décurie
ou autre collectivité ; cf. dans la littérature l'expression de Lares Palrii, Tib. I,
10, 18 ; Ov. Rem. am. 237 ; Luc. I, 128, 507; Claud. XXVIII, 603 ; cf. C. i. /. III,
3529 et Orelli, 1667 ( Paterni ) ; de même les vocables tirés d'une localité :
Albani, etc. ; Tib. I, 7, 58 ; Luc. VII, 394; IX, 992; C.i. I. 11,431, 2469; IX, 808;
fréquents surtout en Espagne; cf. Wissoxva chez Roschcr, Op. cil. p. 1885.
— 4 ffestia-Vesta, p. 246. — 5 Dion. Hal. Ant. Rom. XI, 14. — G Symbol.,
Il p. 854 suiv. — 7 11 vaut mieux, avec Sclioemann, mais sans y mêler 1 idée
très improbable de Lares spéciaux pour les enfants morts avant le quarantième
our et enterrés sub grunda, ce qui les faisait appeler subgrundarii, établir un
rapport avec la grunda, l'avant-toit ou l’auvent de l'ancienne maison romaine.
Voir les textes, dont l'un de Cassius Ilemina, chez Diom. I, 379 ; Non. p. 114; Arnob.
des citoyens qui vivaient ou voyageaient à l’étranger12.
Ils seraient alors à rapprocher des Viales qui jouaient
le rôle de la Fortuna Redux [fortuna, p. 1276], avec
laquelle on les trouve associés parfois, notamment pour
un sacrifice db deux béliers fait en 214 par les Frères
Arvales, à l’intention de Caracalla parti en Nicomédie13.
La phraséologie grecque n’a pas manqué d’assimiler les
Lares militares à des héros en les appelant .; « les demi-
dieux qui ont fondé la ville et établi l’empire universel ».
Nous avons d’ailleurs une inscription votive en l’honneur
du lar victor, et une autre qui célèbre le Lare de Mars
et de la Paix : martis et pacis lari, expression qui rap¬
pelle le dédoublement de certaines personnalités divines
par la notion de leur Génie [genius, p. 1491] u. Les Arvales
encore sacrifient à ce Lare guerrier un taureau blanc
aux cornes dorées, comme à Jupiter, ob sa totem vic-
toriamque germanicam , durant l’expédition entreprise
en 213 par Caracalla contre les nations germaniques15.
Reilï'erscheid 16 a reconnu les Lares militares sur une
lampe d’argile où la Victoire est placée entre eux (fig. 4346).
Des préoccupations suscitées par la guerre maritime
sortit un culte public des Lares Marini ou Permarini.
Aemilius Regillus, préteur, leur voua un temple sur le
Champ de Mars après sa victoire navale sur les généraux
d’Antiochus (190av. J.-C.); ce temple fut dédié onze ans
plus tard par M. Aemilius Lepidus, censeur 17 ; il s’élevait
non loin des navalia et fut le seul qui, durant la Répu-
I, 15; Serv. Aen. V, 64; VI, 152; Fulgcnt. p. 560; cf. Sclioemann, Op. cil. p. 560.
— 8 Nommés Compitales, ap. Varr. Ling. lat. VI, 25; Suet. Aug. 31; cf. Ov.
Fast. II, 615; Compitalicii, Philarg. Virg. Georg. II, 382; ic;oy<Smot, Dion.
Hal. IV, 14, 3; Quadrivii, Corp. inscr. Rli. 1139; cf. C. i. /. XI, 3079, avec
les viales et les semitales. — 9 Voir compitalia, 1, 1, 2, p. 1428, et Gilbert,
Gesch. und Topographie, H, 375 suiv. ; appelés publici, C. i. I. Il, 816, 817 ; V,
2795; VI, 456, etc. — 10 Tit. Liv. VIII, 9, 6; cf. Wissoxva, De dis Romanorwn
indigetibus, p. vu et s. — '• Prop. III, 3, 10 ; cf. Ov. Fast. V, 135 ; Sil. Ital.
Pan. Il, 592, où ils sont confondus avec les Mânes ; cf. Mai l. Cap. 1, 46, 48, et II,
9, 2; Excerp. Vatic. Diod. 37, Il (Dindorf). - «2 Paul. D. p. 102; cf. Sclioc-
mann, Op. cit. p. 305. — O Henzen, Acta, p. 122 ; cf. C. i. I. 111, 1422; for-
TCNAE REDUCI LARI VIAL1 ROMAE AETERNAE. — U C. i. I. XI, 2096; Orelli, 16/3;
Corp inscr Rh. 484 et H hein. Muséum, XIX, 53 (N. série). On peut comparer
l'expression de Lar Vulcani, chez Claud. XXXVII, 86. - 13 Henzen, Acta, p. 86;
cf. C. i. I. III, 3460, 3463; Orelli, 1065. — 16 ( Annali , 1863, p. 131, n. G) ; cf.
Arch '.Zeit. 1852, pl. xxxix, 3. - 17 Tit. Liv. XL, 52 ; Macrob. I, 10, 10; Fasti Prae-
nest. 22 décembre, et Mommsen, C. i. I. I.P-409 ; appelés marini ap. Nonius.p. 538 b.
LÀ R
— 945 —
LAR
, ,.mie eût coexisté en ce lieu avec les temples de Mars .
t p Live nous a conservé l’inscription placée à la fois au
frontispice du sanctuaire et dans celui de Jupiter Capi-
î elle parait avoir été rédigée en vers saturniens.
Le fête annuelle, fixée au 22 décembre, commémorait
1 événement; cette date a ceci de remarquable qu’elle
roïncide avec la fête d’ACCA larentia, mère des Lares, que
l’on vénérait le lendemain. Enfin, s’il n’y a pas confusion
chez les auteurs, toutes les deux se compliquaient de la
célébration des Lares Praestites , dont on faisait remonter
le culte au roi Titus Tatius le Sabin et qu’Ovide assimile,
clans la description qu’il en a faite, aux MilitaresK
Le vocable de Praestites donné aux Lares est cité pour
la première fois par Varron qui a dû le prendre dans les
livres des Pontifes; il rappelle celui de Jupiter Praestes,
vénéré à Préneste, d’une déesse Praestota qui figure sur
les tables d’Iguvium, et d’une divinité
archaïque de Rome, Praestitia ou
Praestana , honorée dans les parages
ou la cité du Palatin confinait au Cae-
lius et à l’Aventin4. Nous connaissons
ces Lares Praestites par un denier delà
Gens Caesia, des dernières années de la
République8; ils y sont représentés
(fig. -4347) sous les traits de deux jeunes
tenant la lance, vêtus d’un manteau qui
laisse le haut du corps nu, avec un chien entre les deux ;
en exergue le mot lare ; le vocable manque, mais 1 identi¬
fication avec les Praestites n’est pas douteuse. Les Sabins
de Cures leur dressèrent pour la première fois un autel à
Rome et leur instituèrent une fête que les calendriers
fixent au 1er mai. Ovide, qui nous fournit la plupart de
ces détails, leur donne pour compagnon le chien, sym¬
bole de vigilance ; il commente en ces termes leur action
tutélaire :
Fig. 4347. — Los Lares
praestites.
guerriers assis,
... Pracslànt oculis omnia tuta suis.
Slant quoque pro nobis, et praesunt moenibus Urbis
Et sunt praesentes, auxiliumque ferunt 6.
Plutarque, qui les connaît également, leur prête pour
vêtement la peau d’un chien 7 ; un petit bronze du Louvre,
d’ancien style, offre l’image (fig. 4348) d’un Lare ainsi
vêtu et tenant de la main droite un rhyton qui se
termine en corps de chien 8. Le chien, en tant que vic¬
time, a une place dans les cultes les plus anciens de
Rome, et particulièrement de la cité du Palatin ; nous
le rencontrons dans celui d’Hercules sur le Forum Boa-
rium et dans celui de Genita Mana ou Mania que cer¬
tains tenaient pour la mère des Lares”. Le denier de la
[/ens Caesia fait les Praestites semblables aux Dioscures
que des fables récentes ont mêlés au culte de Juturna et
aux souvenirs de la bataille du lac Régille; des modernes
ont cru les retrouver dans les Praires Depidii ou Digitii
que les commentateurs de Virgile placent dans 1 entou¬
rage de Vesta et associent au culte du foyer10; il est pro¬
bable que les uns et les autres ne sont que des altérations
des Lares Praestites, divinités protectrices des vici habités
à l’origine par les Rhamnes : l’unification de ces vici fut
consacrée par la légende de la mort de Remus et de la
domination de Romulus; puis, du temps où l'héroïsation
suivant les procédés des Grecs s’implanta dans l’opinion
romaine, on identifia les Praestites avec les premiers
fondateurs de Rome, devenus ses protecteurs divins.
C’est là moins une croyance accréditée chez les anciens
qu’une interprétation erronée de la personnalité des
Lares chez les historiens récents de la religion romaine11.
Outre les honneurs rendus le 1er mai
aux Lares praestites , la religion
publique des Lares est consacrée
dans les calendriers par une fête
qui tombait au 1er août 12 et sur¬
tout par la fête appelée Laren-
talia ou Larentinalia , que l’on
célébrait le 23 décembre13. Celle-
ci s’adressait à acca larentia con¬
sidérée comme la mère des Lares ;
nous avons- dit déjà les raisons
pour lesquelles l’idée des Lares
nous paraît avoir été à l’origine
étrangère à ce culte. Il suffirait
de remarquer que toutes les cé¬
rémonies et pratiques à l’intention
manifeste des Lares ont un caractère de gaieté et de vie
satisfaite14, alors que les Larentalia sont une fête funè¬
bre, célébrée auprès d’un tombeau et en l’honneur des
dieux Mânes, surnommés seroilibus [mânes] ; Varron ne
s’y est pas trompé quand il lesaassimilésaux parentalia.
Il peut paraître surprenant que la religion des Lares,
si importante dans la vie privée et publique des Romains
sous la République, n’ait alors parlé aux yeux dans les
rues et sur les places que par un nombre insignifiant de
monuments sacrés. A part le temple voué par Aemilius
Lepidus et le vieil autel qu’on faisait remonter au roi
Tatius13, il n’est question chez les auteurs que d’un
sacellum qui lui-même n’eut un certain éclat, d’ailleurs
bien modeste, qu après la réforme du culte des Lares
publics par Auguste. Ce sacellum est cité pour la pre¬
mière fois par un auteur à propos d’événements qui sont
de l’an 406 av. J.-C., et Ovide en fixe la dédicace au
27 juin 16. L’emplacement a pu en être déterminé avec
1 Gilbert, Op. cit. III, 149 suiv. — 2 Une inscription ( Corp . inscr. lat. VI, 440),
ttouvée sur 1 emplacement présumé du temple des Lares Permarini et qui
parle de la restauration d'un sanctuaire et d'un Lare (aedem et larem renovavit ex
voto), ne peut avoir avec le culte fondé par Aemilius Regillus qu’un rapport
Jtpparent. 3 Ov. Fast. V, 129 suiv. ; voir Marquardt, Staatsverwalt. III, p. 206,
573 et 589 ; Premier, Hestia-Vesta, p. 389. — 4 Varr. Ling. lat. V, 74; cf.
pour 1 interprétation du vocable, Ov. Loc. cit. ; Mart. Cap. Il, 152, et Festus, p. 122;
orp. inscr. lat. XIV, 3555; Buecheler, Umbrica, p. 98; pour les rapports avec
; ™es^*a> voir Gilbert, Op. cit. 1,52; l'autel dont il est question chez Ovide serait
a p acei à 1 angle sud-ouest du Palatin, près de la porta Calularia qui aurait
-’m ' n0m <*U c*‘‘en symbolique. — B Babelon, Monnaies de la Jiép. rom. I,
Y ’ ° len’ Médailles consulaires, tab. vin, Caesia ; cf. Ecklicl, Doctr. num.
le Lai ° SU1V' ke même cite une terre cuite trouvée à Pérouse et représentant
w orriquc, assis, vêtu d’une peau de chien ; voir sur les représentations de ce
— 6/ °l '^an' ^arum iniagin. dans les Ann. d. Instit. 1862, p. 329 suiv.
c. 13.1 suiv. 7 Plu(, Honit 21; Quacst. Rom. 51 ; Sol. I, 13. Plutarque a
hellénisé le vocable en écrivant ; -paiTTLTn;. — 8 Longpérier, Bronzes antiq. du
Louvre, 1868, n. 464. — 9 Voir juturna (p. 781) et Serv. Aen. XII, 139. — lOSchol.
Veron. Aen. VII, 681, p. 99, 6 (Keil), et Preuner, Hestia-Vesta, p. 400 suiv.;
Gilbert, Op. cit. 1, p. 64, n. — 11 Hertzberg, De diis Roman, patriis, p. 36 ; Schwegler,
Op. cit. p. 715 et s. — 12 Suet. Aug. 31 ; Ov. L'ast. V, 147. Ce jour-là entraient
eu fonctions les vico-magistri, chargés du culte des Lares Compitales -, voir Mar¬
quardt, Op. cit. p. 206, n. 3. — 13 Varr. Ling. lat. VI, 23; Macrob. I, 10, 10,
où est cité Caton qui appelait la l'éle ; annua parentatio. Sur la question très
controversée de la nature de celte fête et de sa confusion avec le culte des Lares,
voir Mommsen, Roent. Forschung. II, 1 suiv., et Gilbert, Op. cit. I, p. 57, n. 5;
153 ; 105 et 106. Le texte de Varron n'est d'ailleurs pas sur ; voir Mommsen, Corp.
inscr. lat. p. 409, et Thilo, De Varrone Plutarchi Quaest. rom. auclore, etc. p. 19.
_ 14 Preller, Roem. Myth. p. 494, assimile ces fêtes aux Sementivae, Terminalia,
Parilia, qui sont les plus gaies du cycle agricole. — IB Tit. Liv. XL, 52, 4 ; Ov.
Fast. V, 130. — 16 Jul. Obs. 41 ; Ov. Fast. VI, 791 ; cf. Varr. R. rust. I, 2 ; Prop. II,
24, Il ; Ov. .1rs. am. II, 263; Amor. I, 8, 99 ; Anthol. lat. (Burm.), 1636.
LAR
— 916 —
LAR
précision au carrefour formé par la voie sacrée, la Via
Nova et la rue qui montait au Palatin 1 ; comme l’endroit
se confond avec celui de la demeure du roi Ancus Mar-
tius, c’est-à-dire avec la maison même du Rex sacrorum,
et que d’autre part le sacellum figure dans le tracé de
l’antique pomoerium, il n’est pas téméraire d’affirmer qu’il
faut mettre en ce lieu le plus ancien sanctuaire des Lares
Praestites. En le restaurant d’abord, puis en plaçant la
mention de cetacte parmi les plus notables de son règne2,
Auguste témoigne qu'il y voyait le monument vénérable
entre tous du culte des Lares, le plus digne de relier le
passé au présent par les liens de la vieille piété romaine.
Citons enfin un sanctuaire que Varron nomme Quer-
quetulanum, et qui était situé auprès du Facutalis, des
bois sacrés de Mefitis et de Juno Lucina 3 ; tous ces
monuments étaient sur l’Esquilin. Il paraît probable que
les Lares Querquetulani n’étaient primitivement que des
Compitales auprès desquels les habitants de l’Esquilin
et du Caelius se rencontraient dans une religion com¬
mune ; Gilbert croit pouvoir placer leur sanctuaire
devant la Porta Querquetulana , non loin de l’église de
Santo-Clemente 4. 11 n’est d’ailleurs pas téméraire de
supposer que si les Lares, divinités d’un caractère modeste
et issues du culte domestique, n’ont possédé à Rome que
peu de temples proprement dits, ils ont dù être honorés
dans tous les quartiers, et cela dès les débuts de la Répu¬
blique, par des chapelles analogues aux antiques compita
des pagi-, il en fut de ces chapelles comme de celles des
argei avec lesquelles la piété a dû’les mettre en rapport 6 ;
un grand nombre disparut dans l’envahissement pro¬
gressif des emplacements jadis consacrés, par le besoin
de monuments plus luxueux ou de carrefours mieux
appropriés à une circulation active6
Nous n’avons pas à revenir ici sur l’historique du culte
des Lares compitales associés à la vénération du Genius
de la maison impériale et qui fut l’œuvre religieuse la
plus considérable réalisée par Auguste7. Refusant de son
vivant toute espèce d’apothéose, il sut ainsi, par une voie
détournée, amener l’opinion à la consécration de sa
dynastie, sous le couvert d’une religion rétablie dans ses
anciens droits8. Au sanctuaire principal, celui de la
montée du Palatin, ces Lares ne s’appelèrent d’abord
que Lares publici ; plus tard seulement ils furent dénom¬
més Augusti 9; la réorganisation de ce culte, mis en har¬
monie avec la nouvelle division de la ville en quatorze
régions, est complète en l'an 7 av. J.-C. ; des inscriptions
datées prouvent qu’elle était en voie d’exécution dès
l’an 14; à la mort d’Auguste, non seulement le temple des
1 Monum. Ancyr. IV, 7; Solin. I, 23. Il était voisin d’une chapelle
d’Orbona ; cf. Cic. Nat. deor. III, 63 et Plin. Hist. nat. II, 16. C’est
Tacite, Ann. XII, 24, qui a permis d’en fixer remplacement par le tracé qu’il
nous donne du pomoerium ; le Larum sacellum était situé sur le flanc nord-
est du Palatin; Jordan, Topogr. I, 1, 163, et Gilbert, Op. cit. I, 126 et 225.
L’inscription laribus publicis sacrum ( Corp . inscr. lat. VI, 1, 456) a été trouvée à la
descente même du Palatin sur le forum ; et Solinus nous dit que la chapelle était
in summa sacra via. — 2 Sur cette restauration, cf. Ephem. epigr. I, p. 237,
et Richter, dans /fermes, XX, 408 s., Pliilol. XLV, 499 s. 11 est probable que
l’autel, de fondation Sabine, cilé par Ovide (Fast. V, 129), a été absorbé plus tard
par ce sanctuaire ; cf. Wissowa, chez Roscher, loc. cit. p. 1871. — 3 Varr. Ling.
lat. V, 49; c’est le lucus Larum dont il est question chez Cicéron, Leg. II, 8.
— 4 Op. cit. Il, p. 63, n. 1. — 5 Ibid. II, 378; 362 suiv. — 6 Varr. Ling. lat.
V, 49 ; Plin. Hist. nat. XVI, 37 ; cf. Gilbert, Ibid. III, p. 49 suiv. — 7 Compitalia,
p. 1428; Genius, p. 1493. — 8 Gilbert, Op. cit. III, p. 120. — 9 Cf. Hor. Od.,
IV, 5, 35 ; Ov. Fast. V, 145 et s. et II, 145 ; Corp. inscr. lat. VI, 443-455 ; V, 3259,
4865; III, 1950; II, 2013, 2233, 3113; Epli. epigr. IV, 746; VII, 1277; Bull.arch.
com. XVII, 69 suiv. — 10 Plin. Hist. nat. III, 66 ; Suet. Aug. 30 et 31; Dio Cass.
LV, 8 ; le texte d’Horace (Od. IV, 5, 35) se rapporte vraisemblablement à l’an 13 |
Lares au point culminant delà Voie sacrée était restauré
mais dans les 265 carrefours de la ville se dressaient
images des deux Lares publics, encadrant celle du géni,,
de l’empereur10. Dans ce groupe, les Lares ont en réalité
pris la place des Pénates primitifs, tandis que le Lare
unique de l’ancien culte y était remplacé par le Génie
A s’en tenir aux apparences, il n’y avait rien de changé
depuis les temps où un personnage de Plaute invoquait
les dieux Pénates de ses parents et le Lare père de la
famille 11 ; les figures sont les mêmes et en même nombre’
cependant, pour être exact, aux yeux d’Auguste et de ses
contemporains, les Pénates ont disparu en s’identifiant
avec les Lares des carrefours, et le Lare lui-même est
devenu la représentation religieuse du fondateur de
l’Empire : genio augusti et laribus, diront les inscriptions
à partir de cette époque12.
Et l’empereur ne se borna pas à orner ainsi les carre¬
fours d’autels surmontés par ces trois figures; il groupait
autour d’elles, du moins sur les places les plus importantes,
aux frais de sa cassette et en y destinant d’une façon
spéciale les sommes qui lui étaient versées sous forme
d’étrennes 1:!,les plus beaux chefs-d’œuvre delà sculpture
hellénique; Suétone cite l’Apollon Sandaliarius et un
Jupiter Tragoedus. La fête spéciale des Compitalia ainsi
réorganisée tombait le 27 juin14; elle comportait une
procession et un sacrifice dont de nombreux bas-reliefs
nousontconservé, tout au moinsen partie, l'ordonnance13:
les images des Lares y sont portées par des personnages
en toge. Sur un autel, aujourd’hui au Vatican, voué par
le sénat et le peuple en l'an 12 av. J.-C., elles le sont par
Auguste et Livie en personne ; un autre bas-relief, daté
de l’an 7 , année où le culte est devenu régulier, représente
les figures d’Auguste, de Livie et de L. Caesar, procédant
avec les vico-magistri au sacrifice en l'honneur des Lares
devant 1 image du Génie impérial. En ce qui concerne
les chapelles mêmes, avec les édicules et les autels élevés
ainsi sur tous les points de la ville au croisement des
rues, sur les confins des régions et des quartiers, on a
retrouvé les ruines d’un certain nombre 16 ; les inscriptions
prouvent d’ailleurs que les successeurs d’Auguste con¬
tinuèrent de s’intéresser à ce culte devenu populaire
et que même sous Trajan les monuments qui le con¬
sacraient furent l’objet d’une restauration générale n.
A Pompéi, dans un édifice attenant au forum, longtemps
désigné sous le nom de Curia et de Senaculum, on a
depuis reconnu avec toute vraisemblance un temple des
Lares publics et du Génie d’Auguste 18.
Il était naturel que la faveur officielle accordée à ce
et même 14 ; voir encore Corp. inscr. lat. VI, 449 suiv. ; 452 est de l’an 10. Voir
Mommsen, Hernies , XV, 109, et Wissowa, chez Roscher, Loc. cit. p. 1880; Marini,
chez Visconti, Mus. Pio Clem. IV, p. 298. — il Plaul. Merc. 834, — 12 Corp
inscr. lat. III, 5158, et souvent ailleurs; encore Genius caesaris et plus tard cenii
caesarum : Ibid. \ I, 445 , 449 , 55t. — t 3 Suet . A lu/ . 57. Voir les inscriptions, Corp-
inscr. lat. VI, 456-458; Bull. arch. com. XVI, 221 s. — 14 Ov. Fast. VI, 791; Tac.
Ann. XII, 24; Monum. Ancyr. 4, 7. — 13 Autel du Vatican, Raoul-Rochelle,
Monum. inéd. 69, voué en Tan 12; bas-relief du Latran, Benndorf-Schoene, Bd
antike Bildwerke , etc., n» 486, tab. 13, 1 [compitalia, fig. 1886]; bas-relief de la
Villa Medici, provenant de l'Ara Pacis Augustae, voué en 13 et dédié én Tan 9
reproduit Monum. dell' lnstit. XI, tab. 34, 85, n« 5, et commenté Annali , 1881.
p. 302. Le bas-relief chez Visconti, Op. var. IV, p. 244, et Annali , 1882, p. 70 suiv.,
sont des manifestations du culte privé. A partir d’Auguste, il est souvent diffi¬
cile de distinguer, sur les monuments de la religion des Lares, si Ton a affaire à
un acte public ou privé. — 16 Bull. d. comm. arch. com. XVI, 221 suiv. — 17 Voir
l’inscription, Ibid. XV, 33 : aediculas Larum restitueront magistri vicorum urbis
Beg. XIV. — 18 Fiorelli, Descrizione di Pompei , p. 202 : Ovcrbcck -Mau, Pompej L
p. 130; Mau, Mittlieilung. d. arch. instit. Sezione romana, 1896, p. 285 et
Voir forum, p. 1317, fig. 3277, lettre C.
LAR
— 947 —
LAR
ulte eût son effet sur la vénération des Lares dans les
maisons particulières, d’autant plus qu’un sénatus-con-
sulte rendit obligatoire l’hommage à la divinité impé¬
riale et aux Lares publics. Nous savons par Horace que
dès l’an 14 il était d’usage de les invoquer dans les
repas; sous Néron, chez Trimalcion, les convives prélu¬
dent au festin par l’exclamation : Augusto , patri patriae ,
féliciter , et le maître fait apporter sur la table les sta¬
tuettes de ses Lares, affublés des noms mercantiles ou
prétentieux de Cerdo , de Felicio et d eLucio1. Si la
dévotion à l’empereur acclimate de nouveau ces pratiques
en l’honneur des Lares, elle ne tarde pas à céder devant
une piété plus personnelle; le génie du souverain est
remplacé par celui du maître de la maison2; ailleurs, ce
oénie reste anonyme û dessein, ne représentant que le
tjenius generis , traduction teintée de philosophie qui
contribue pour sa part à achever l’identification du vieux
Lare Familier avec le Saqjuüv ou le héros Éçxioùyo; des
Grecs3. Outre que la ligne de démarcation qui séparait
jusque-là le culte privé des Lares de leur religion offi¬
cielle tend ainsi à s’effacer de plus en plus, chacun y
trouvait le moyen d’y loger la piété de ses préférences
ou même un philosophisme pieux qui était, au fond, la
négation même des croyances anciennes. Ici, les hom¬
mages aux Lares ne sont que des flatteries à l’adresse
des Césars et la forme la plus vulgaire de l’apothéose ;
ailleurs, par une extension trop facile pour qu’elle ne se
fût pas présentée dès l’abord au désir de faire la cour,
ils s’adressent à quelque éminente personnalité dès son
vivant; pour les âmes plus nobles, ils deviennent un
moyen de témoigner de l’admiration à des morts illus¬
tres 4. Le père de Vitellius plaça parmi ses Lares les
images en or de Narcisse et de Pallas, les affranchis
fameux ; l’empereur lladrien reçut de Suétone, son secré¬
taire, une statuette en bronze d’Auguste enfant, dont il
fit un de ses Lares familiers ; Marc-Aurèle s’entourait des
Lares de ses maîtres vénérés ; Alexandre Sévère, avec une
largeur de vues qui marque bien le caractère de la piété
romaine à cette époque de syncrétisme, honorait de con¬
cert les Lares d’Orphée, d’Abraham,d’Apolloniusde Tyane,
de Jésus-Christ, tous également jugés dignes d’un culte
pour leur sainteté. Il avait un deuxième laraire plus petit
où étaient réunies les images de Virgile, de Cicéron,
d Achille et d’autres grands hommes. L’humble sanc¬
tuaire des Lares ( Lararium ) devient une sorte de musée
où les chefs-d’œuvre de l’art sont enveloppés d’une
atmosphère de vénération religieuse 8 . Devant ces
images, on continuait de faire ses dévotions le matin,
ainsi qu’au bon vieux temps, d’apporter des fleurs aux
dates consacrées et d’offrir des sacrifices. Et toujours
dans 1 esprit de l’antiquité, le îpaître se faisait assister
par ses esclaves ou ses affranchis, lesquels d’ailleurs,
ainsi que le prouvent un grand nombre d’inscriptions
recueillies sur les divers points de l’empire, sont restés
avec une prédilection particulière les fidèles des dieux
Lares6. Des collèges et des associations, ne rappelant
plus que par le nom les collegia compitalicia, foyers
d’agitation révolutionnaire au déclin de la République,
se fondèrent un peu partout, pour propager, avec le culte
des Lares, celui de la divinité impériale
La force de cette religion, qui survitmême au triomphe
officiel du christianisme, nous est attestée par les raille¬
ries des Apologètes d'abord, parleurs doléances ensuite;
saint Jérôme déplore que de son temps encore il n’existe
pour ainsi dire aucun lieu qui ne soit souillé des hontes
de l’idolâtrie; il en donne comme preuves les idoles pla¬
cées derrière la porte des maisons, idoles décorées du
nom de Lares, à qui l’on continue d’offrir des sacrifices
publics et privés ; les provinces, dit-il, sont infestées de
cette vieille erreur, et à Rome même, dans chaque
quartier, dans chaque demeure, on allume, devant
une tutela quelconque, des cierges et des lampes: ainsi
ceux qui entrent et ceux qui sortent sont sans cesse con¬
firmés dans leur superstition. Tutela dans cette plainte
est synonyme du Genius loci qui lui-même se confond
avec le Lare Familier 8. Nous avons cité plus haut le
rescrit de Théodose qui, en l’an 392, défend- les pratiques
en l’honneur des Lares, des Pénates et des Génies9; les
uns et les autres ne disparaissent que pour faire place
aux saints et aux anges de la religion nouvelle.
III. Représentations figurées. — Si l’on met à part
le denier de la gens Caesia (tlg. 4347), qui nous donne
l’image officielle des Lares Praestites avec le chien 10,
on peut dire que nous savons fort peu de chose sur la
représentation plastique des Lares sous la République.
Tibulle nous apprend que pour la maison rustique ils
étaient grossièrement taillés dans une souche de bois 11 ,
ce qui est le cas de toutes les divinités champêtres,
comme Silvanus, Faunus, Priape, lesquels ont d'ailleurs
avec les Lares plus d’un trait de ressemblance. Cepen¬
dant, nous savons d’autre part que, dès les temps de la
deuxième guerre punique, l’art s’attachait à représenter
les Lares d’une façon moins primitive. Un fragment d’une
comédie de Naevius12 nous montre un peintre du nom
de Théodole qui, assis dans la cella d’une chapelle et
mis à l’abri sous des planches, peint pour les Compitalia
des Lares dansants : « Lares ludentes ». Il n’est pas dou¬
teux que dès lors s’élabore le type que nous allons trouver
réalisé à partir d’Auguste par de nombreuses statuettes
de bronze destinées au culte des Lares domestiques.
Il en est toutefois un autre qui semble antérieur et
paraît correspondre à la notion du Lare unique, tel
Fist 10 /-aSS ^ ! Hor. Od. IV, 5, 32, avec les commentateurs; (
_ . * ' V‘ ',f;' ’ Peb-- Sat. CO, et les notes de Friedlaender, p. 248 suiv. à
P, °C’ 2 bc ba,e au singulier, comme dans l'ancien temps, devient
Pour Te P,US raie’ V°‘r cependant c- »’• l- VI, 440; IX, 808; X, 7555; XI, 20
r géni« du nia'lre de la maison expressément substitué à celui de l’e
— 3 Z'0'' f l 891 et paasim ; cf. Wissowa, chez Rosclier, loc. cit. p. 18
Ilisl \ 1 .*!’ 1980 1 1238 et ailleurs. — 4 Suet. Vit. 2; Aug. 7 ; Scri
n ■ . | ; g . ’ Anton, phil. III, 5; Al. Sever. 29, 2; cf. pour les actes
Hisl A uT'"/) 1S. dcva,lt CCS *maf>es : Suet. Oth. 0; Ner. 40 ; Dom. 17; Scri
avec 1 r . f > 3 > Anton. P. 12; Sever. 23. On frottait ces imai
de mtî î a 7° P°Ur les faire bril|er; Hor. Epod. II, Gfi ; Juv. XII, 87. Il y en
î.-T.-m Tcrlul1- AP°l- J>'V. VIII, 110; Pelr. 29; C. , I X,
Sévère • (• auil'um est employé pour la première fois par l’historien d'Alexam
Bellev lsmap'l01’ ^^eæ- $ev. 29, 3i; cf. Grappo, Sur les laraires d'Al. Se'vè
’ 4; Cavedoni’ S“ II- d. Instit. arc/,. 1855. p. 10 s. - « C. i. I. II, 19i
III, 1950; V, 7739; IX, 3900, 4053; XI, 3018 ; Ephem. epigr. IV, 744 ; cf. Preller,
Roem. Myth. p. 493. — C. i. I. III, 4038, 4792 ; VI, 455 ; I, 1305 ; IV, 00 (Pompéi) ;
X, 3789 (Capoue) ; V, 4087 (Betriacum), etc. ; Bull. d. Instit. 1855, p. xxvi; cf.
Wissowa, chez Roseher, Loc. cit. p. 1881 suiv.; et Mommsen, De colle yiis et sodatit.
p. 74 suiv. — 8 S. Hieron. In Esai. 57 ; voir un sacrifice à une Tutela de ce
genre, Annali, 1800, tav. d'agg. K; pour l’identité de Genius — Tutela = Lar,
voir genius, p. 1491. — 9 Cad. Tlieod. XVI, 10, 12; cf. Marquardt, Staatsverwult.
III, p. 125 suiv. — 10 Ovide, East. V, 129, déclare avoir cherché vainement l'image
de ces Lares Praestites avec le chien. — u I, 10, 17. Ce sont ces mêmes images
des Lares que Tibulle appelle antiqui , Ibid. 3, 34; 7, 58, et qu’il associe à celle de
Priape, muni de sa faucille; I, 1, 17 suiv. Pour l’identification de ce dernier dieu
avec le Lar aqrestis, assimilé d'autre part à Faunus, voir C. i. I. VI, 040, et Premier,
Hestia-Vesta, p. 338, 408, 411. — 12 Naev. Fragm. 99, et Ribbeck, Comic. lat.
reliq. p. 20 suiv. Pour le commentaire, voir Panofka, dans Rhein. Muséum, IV, 137,
et Jordan, Annali, 1802, p. 337 suiv.
LAR
— 948 —
LAR
Fig. 4349. — Le Lare familial .
qu’on Fhonorait dans les maisons aux premiers temps
delà littérature romaine. Il nous est fourni par une sta¬
tuette du musée de Dresde (fig.
43-49) *, qui représente une figure
juvénile, à l’expression satisfaite,
debout et au repos ; le corps est
drapé dans une ample tunique
dont un des pans retombe de l’é¬
paule gauche, formant sinus au-
dessus de la ceinture qui le re¬
tient et retombant plus bas que
les genoux ; les pieds sont chaus¬
sés de bottes légères ; la tête est
couronnée de fleurs ; la main
droite tient une patère et la gauche
une corne d’abondance ; si l’on
remarque que la tunique s’arrête
à mi-jambe, nous relevons dans
cette figure tous les caractères que la littérature, ou
contemporaine des guerres puniques ou s’inspirant des
anciens usages, attribue au Lar Fa mil taris. Dans le
même ordre
d’idées, on
peut citer une
statuette de
Lare unique
trouvée à
Mandeure
(Doubs) et ac¬
tuellement au
Musée de
Montbéliard
(fig. 4350).
Seul sur sa
base, avec l’at¬
titude qui ca¬
ractérise les
Lares dan -
sants en gé¬
néral, il est
entouré d’a¬
nimaux domestiques, d’un porc, d’un coq et d’un ser¬
pent barbu enroulé sur lui-même ; derrière le porc est
un petit autel 2. Ovide et Perse caractérisent ces dieux
parla tunique retroussée ( incincti , succincti) 3 ; et ce
qui domine dans la peinture morale de leur être par
Caton et Plaute, c’est qu’ils répandent la prospérité ; la
corne en est l’emblème, comme elle l’est ailleurs du
Génie. Le rhyton a la même signification 4.
Les diverses représentations des Lares sous l’Empire
ont été étudiées en détail par Zannoni et plus récemment
Fig. 4350. — Le Lare familial.
par Jordan et Reifferscheid, qui ont rectifié et surtout
complété le premier “. Jordan en particulier a énuméré
ou décrit les bas-reliefs, statuettes de bronze, peintures
de fresque et lampes d’argile qui nous ont conservé
ces divinités6, le plus souvent dans leurs fonctions de
gardiens domestiques ou préposées à la religion des coin -
pita ; depuis, des découvertes nouvelles ont encore grossi
ce trésor7. Les bas-reliefs, ainsi que nous l’avons cons¬
taté déjà, se rattachent pour la plupart à la restauration
de cette religion par Auguste ; il en est sur lesquels les
Lares sont de simples poupées portées parles assistants8,
d’autres qui nous les montrent, suivant le type précé¬
demment décrit, au nombre de deux, flanquant le Génie
de l’empereur. Le bas-relief reproduit à l’article geniis
(fig. 3542) donne à celui-ci la patère et la corne d’abon¬
dance. Les Lares sont en tunique courte et bottes légères;
ils élèvent, l’un de la main gauche, l’autre de la droite
(cette différence est uniquement pour la symétrie et
se rencontre ailleurs) le rhyton àla hauteur de leur fronl ;
on peut considérer ce groupe comme la représenta¬
tion officielle du culte des Compitalia 9. Celui du Lar
Familiaris est à chercher de préférence dans les statuettes
de bronze dont un nombre assez considérable provient dus
fouilles de Pompéi et d’Herculanum. Leur attitude les a
fait appeler par les premiers interprètes des échansons 10.
Ce sont des figures juvéniles, à la chevelure bouclée, lu
plus souvent couronnées de fleurs ; ils sont vêtus de la
tunique dorienne, parfois avec la chlamyde, une ceinture
autour des reins; ils rappellent le type de Bacchus jeune,
et même celui de l’Artémis chasseresse11. Leur attitude est
celle de la danse gracieuse, tout au moins d’un mouve¬
ment souple et harmonieux ; de la main droite ils élèvent
au-dessus de la tête le rhyton d’où le vin jaillit dans une
patère ou situla que tient la gauche. La figurine du
Louvre citée plus haut (fig. 4348) fait la transition entre
celle du Musée de Dresde et les Lares échansons qui,
trouvés d’abord en Campanie, se rencontrent aujour¬
d’hui dans un grand nombre de musées. En réalité, c’est
la comparaison de ces statuettes avec les fresques du
Pompéi qui met leur signification hors de doute. Et si
l’on se demande pourquoi le type du Lare dansant s’est
substitué peu à peu à celui du Lare guerrier qui figure
sur le denier de la gens Caesia et dont Ovide déjà ne peut
plus trouver de monuments, c’est à l’identification dus
Lares, tant avec le Genius qu’avec les Pénates, qu’il
en faut demander la raison 12. La légende d’Énée a
eu beau anoblir les Pénates, elle ne réussit pas à faire
oublier leur fonction primitive qui est de pourvoir le garde-
manger13. Au siècle de Constantin encore, un polémiste
chrétien leur reproche de n’exprimer que les instincts les
plus bas de la nature humaine, l’appétit de la boisson et
1 Roscher, Lexikon. p. 1892. — 2 Mémoires lus à la Sorbonne, 18G7, pi. 11.
_ 3 Incincti ap. Ov. Fast. Il, G34 ; succincti, Pers. V, 31 et Scliol. [cinculum,
p. 1177] ; la note du commentateur ancien qui parle à ce propos de toge et de cinctus
Gabinus est erronée. — 4 Voir cornucopia, I, 2, p. 1514, avec le passage
d' Athénée, XI, p. 497 c. — 8 Zannoni, Galleria di Firenze, IV, 3, 142
siiiv. ; Jordan. De Larum imag. dans Annali, 1862, p. 300 suiv. et la
pl. R 4 ; Reifferscheid, De Larum picturis Pomp. Annali, 1863; cf. Jordan,
Vesta und die Laren. — 6 Pour les lampes, voir Bartoli, Veter. lucernae
sepulchr. I, 13, 14, et Arcli. Zeit. 1852, p. 425, pl. xxxix, 3. — 7 Surtout
à Pompéi; Helhig, Wandgem. 35 à 95, avec les -ouvrages cités; Sogliano,
Pitture murali Campana, IG et s. ; Archaeologia, 1897, p. 306. 8 Benn-
dorf et Schoene, Ant. Bildwerke, etc. n" 486 ; cf. Jordan. Annali, 1872,
p. 38, la reproduction à l'art, compitalia, p. 1429, le bas-relief de la Villa
Medici provenant de l'Ara Pacis, Mon. d. Inst. lab. 34, 35, n" 5 ; Annali,
1881, p. 302; l’autel du Vatican, chez Raoul-Rochette, Monum. inéd. n. G9
et Corp. inscr. lut. VI, 876. — 9 Cf. un bas-relief de la Villa Medici, Annali,
1862, tav. R, fig. 4. — 10 Caylus, Recueil, V, 74, 218 ; Mazois, Ruines de
Pompéi, III, 22; Visconli, Mus. Pio Clem. IV, tab. 45; Gerhard et Panofka.
Ncapels ant. Bildw. p. 167," 171 et passim-, cf. Jordan, De Lar. imaij-
p. 311 suiv.; de l.ongpérier, Bronzes ant. du Louvre, n. 404 et s.; Bahelou
et Blanchet, Bronz. de la Biblioth. nat. n. 740 et s. (voir à l’art, clavcs,
fig. 1629, la reproduction du n. 464) ; S. Reinach. Ant. du Musée de Saint-
Germain, Bronzes, n. 142 cl s. ; Friedrichs, Berlins ant. Bildwerke , Klein-
Kunst. n. 2011 et s. ;Wissowa, Annali, 1883, p. 156 s., et dans Roscher, Lexik. d-
Myth. p. 1891. — U Campana, Opéré in plast. 31 , — 12 Cf. sur le bas-relief d1’
l'autel d'Auguste (Raoul-Rochette, Monum. inéd., 69, 3), les Lares couronnés de lau¬
riers rappelant le laurigeros domini Pénates de Martial, Mart. VIII, 1, C
— 13 Voir Klausen, Aeneas und die Penat. p. 647 suiv. et Preuner, Op. cil. p. **•
LAR
— 949 —
LAR
de la nourriture1. Les Lares héritèrent de ces attributions
et leur confusion avec le Génie fit le reste. L’expression
joyeuse, la danse, les fonctions d’échanson, la tunique
légère, la couronne en tête, tous ces détails sont pris dans
la littérature autant que dans l’opinion populaire et suffi¬
raient, en dehors de la discussion sur le sens des plus
anciens témoignages, pour assurer l’être des Lares contre
toute interprétation funèbre, fût-elle corrigée par des
intentions d apothéose.
La même impression se dégage des fresques de Pompéi,
où les figures de ces divinités tiennent une place consi¬
dérable2. On les y rencontre soit dans leurs attributions
domestiques, peints à l’intérieur des maisons, sur les
parois des fours et des cuisines [culina, fig. 2096], soit
au dehors,
sur les
murs qui
avoisinent
les carre¬
fours [com-
PITUM, fig.
1888], où
ils rem¬
plisse n t
leur rôle
de Com¬
pitales 3.
Les fres¬
ques de
Campanie
ne sont pas
seulement
une confirmation de
Lares en général par les réformes d’Auguste ; elles le
ramènent par certains détails à ses lointaines origines en
les groupant avec les divinités du foyer, en particulier
avec Yesta et avec le genius. Dans une des plus remar¬
quables1 et des mieux conservées (fig. 4351), Yesta, faisant
une libation, est assise au centre; elle est suffisamment
déterminée par un âne dont la tète et une partie du corps
apparaissent à la droite de l’autel ; les deux Lares ont
le costume et l’attitude que nous avons précédemment
décrits. D’autres fresques nous donnent les Lares groupés
avec le genius generis , qui peut être aussi celui de
l’empereur6. Enfin il faut distinguer celles qui repré¬
sentent le sacrifice fait aux Lares compitales par
les vicomagistri °. Ces représentations démontrent pour
leur part que la réforme apportée par Auguste au culte
des Lares a eu pour effet d’effacer la ligne de démarca-
1 Firmic. Mat. De errore profess. relig. c. 14, 1 ; cf. Marquardt, Roem.
Staatsverwa.lt. III, p. 125, noie, avec la rectification de Wissowa. L'erreur de
Marquardt provient de la difficulté qu’on éprouve à concilier entre eux le type des
Lares Praestites tel que nous le donne le denier de la gens Caesia et celui des
.ares dansants ; le premier a péri de bonne heure et il est douteux qu’il ait jamais
eu giande popularité ; voir un autel portatif en terre cuite, aujourd’hui à Berlin, sur
equel figurent les deux Lares dansants avec la situla ; Gerhard, Antike Bildwerke ,
■ [ara, fig. 416], — 2 Voir les ouvrages cités de Jordan, de Reifferscheid et
d Helbig, avec la synthèse de Wissowa, chez Roscher, Op. cit. p. 1893 suiv. >
cf. Premier, Op. cit. p. 236, note 3.-3 Pour ces derniers, Helbig, Op. cit.
n il 43. 4 Jordan, Vesta u. die Laren , Berl. 1865 ; Helbig, n. 61 ; autres pcin-
uics des Lares avec Vesta, Helbig, 62, 63, 65, 66 6, 68 ; pour le no 65, voir aussi
, °num ■ d- Instit. 111, 6 a. Voir les Laves groupés autour d’un autel, avec Jupiter
a 10bc et Minerve à gauche, Helbig, no 60 b et Allas, taf. I. — 5 Voir Helbig, n°’ 46
a 0. La classification de Helbig, distinguant entre les Lares et les Pénates, n'a rien
a cigoui eux ; la confusion des uns et des autres sur les fresques de Pompéi est.
on rouelle. Pour les représentations où se rencontrent à la fois les Lares et les
enales, voir pénates. _ G Mus. Dorbon. XIII, p. 2; Helbig, 41 ; Jordan, Vesta
Y.
l’importance donnée au culte des
tion qui séparait autrefois, dans la littérature comme
dans les cérémonies et les arts, les Lares publics et
privés, les Lares et les Pénates. En résumé, seuls les
Lares Compitales , Familiares et Praestites , ceux-ci
bientôt absorbés par les premiers qui se distinguent
à peine des Familiares , ont reçu une expression artis¬
tique7. J. -A. Hild.
LARGITIO. — 1° Largesses officielles faites au peuple
[congiariumJou à l’armée [donativum].
2° Largitio frumentaria. — Institutions assurant au
peuple de Rome le blé et quelquefois le pain à bas prix
ou même gratuitement [annona, frlmextariae leges,
FRUMENTUM EMPTUM, HORREUM, PANIS GRADILIS].
3° Le mot largitio désignait aussi des libéralités faites
p ar les
part icu-
liers dans
un but
souvent
intéressé :
recherche
de la po¬
pularité,
achat des
conscien -
ces électo¬
rales, ré¬
compense
donnée au
peuple
après une
él ecti on
heureuse, remerciement en sortant de charge. Parfois
aussi le peuple recevait des largesses après les funé¬
railles des citoyens riches, et pendant les jeux qui les ter¬
minaient; souvent ces largesses avaient été ordonnées par
disposition testamentaire. Elles se faisaient sous les
formes les plus variées : distribution d’argent, de blé, de
pain, de vin, d’huile, de denrées alimentaires, d’objets de
toute nature; repas, spectacles, jeux, combats d’hommes
et d’animaux [ambitus, circus (p. 1201), coena (à la fin),
epula (à la fin), funus (p. 1401), gladiator (p. 1565 et
1567, S.), LIBERALITAS, LUDI, MAGISTRATUS, MISSILIA, MUNUS,
SPORTULA, TESTAMENTUM, VENATIO].
4° Largitiones sacrae et privatae. — Administration
financière de l’Empire. Au ni3 siècle, la centralisation se
faisant de plus en plus dans tous les services, Vaerarium
et le fisc sont réunis sous l’administration d’un procura-
tor a rationibus qui, sous Dioclétien, est remplacé par
und die Laren, p. 14 ; Ann. d. Instit. 1862, p. 313, et 1863, p. 121 . — 7 Cf. la con¬
clusion de l'étude de Reifferscheid, Op.cit. p. 132 suiv. — Bibliographie. Harlung,
Die Religion der Roemer, Erlangen, 1836, t. I, 56 suiv. el passim: Hempel, De
diis Laribus, Zwickau, 1797 ; Hertzberg, De diis Romanorum patriis, etc. Halle,
1846 ; Jordan, De Larum imaginibus et eorum cultu, dans les Annali dell' Insti-
tuto , 1862, p. 320 suiv. ; Vesta und die Laren, Berlin, 1865 ; cf. Annali, 1872, p. 19
suiv. ; 1882, p. 70 suiv. ; Klausen, Aeneas und die Penaten, Hamburg, 1839, II, p. 620
suiv. ; Krahucr, art. Lares dans l' Encyclopaedie d’Ersch et Grubcr, sect. III, t. XV,
p. 409 suiv. ; Marquardt-Mommsen, Roem. Staatsverwaltung, t. 111, p. 124 suiv. ;
254 suiv. 2' éd. ; J. Millier, De diis Romanorum ; Laribus et Penatibus, Hanau,
1811; Preller, art. Lares, dans la Realcncyclopaedie de Pauly, t. IV, p. 772 et s.;
Preller-Jordan, Roem. Mythologie, t. II, p. 101 s. : Preuner, Hestia-Vesta , Tu-
bing. 1864, p. 232 et s. et passim ; Reifferscheid, De Larum picturis Pompeianis,
dans les Annali, 1863, p. 121 suiv.; R. Scharbe, De Geniis Manibus et Laribus,
Casan, 1854, p. 81 suiv.; Schoemann, De diis Manibus et Laribus, Geniis, Grcifswald,
1840, el Opusc. Academica, Berlin, 1856, t. I, 325 suiv.; Schwegler, Roem. Ges-
chichte i>u Ze.italter der Koenige, Tubing. 1867, I, 317 ots. ; II, p. 703 et s. ; Wis¬
sowa, chez Roscher, Lexikon der Griech. und roem. Mythologie , t. Il, p. 1868 suiv.
120
— 950 —
LÀ R
LÀR
le rationalis summae rei , auquel succède, sous Cons¬
tance, le cornes sacrarum largitionum , qui a, sous son
autorité, des rationales ou comités largitionum d’un
rang inférieur, répartis dans les différents diocèses.
L’autre branche du service des finances, la res privata
que Septime Sévère avait créée, est confiée à un cornes
rerum privatarum ou prie a tara m largitionum. Mais,
comme les deux caisses, quoique restant séparées, appar¬
tiennent à l’empereur qui en a la disposition et ordonne
les dépenses, il est difficile de bien faire le partage entre
les attributions des deux collègues. Ils ont, l’un et
l’autre, une administration considérable, officium , et de
nombreux employés 1 [aerarium, p. 118 ; fiscus, p. 2044 ;
patrimonium ; res privata]. Henry Thédenat.
LAROPIIORUM. — Ce mot, qu’on ne rencontre que
dans une inscription1, désigne un support sur lequel
étaient placées les ima¬
ges soit des Lares, soit
aussi bien d’autres di¬
vinités ; c’est de la
même manière que la-
rarium est devenu sous
l’Empire le nom du sa-
cellum où les images
des Lares étaient réu¬
nies à beaucoup d’autres
qui étaient l'objet d’un
culte domestique (voir
p. 947). La figure 4350
de l’article lares mon¬
tre un de ces supports
en bronze consistant en
un soubassement mou¬
luré, de forme carrée,
entaillé par devant pour
faire place à des degrés
au haut desquels un
Lare est debout, ayant à ses côtés un serpent barbu, un
coq, un porc et un petit autel. Il existe dans les collections
un certain nombre de groupes analogues où, sur des
bases carrées, circulaires ou disposées en hémicycle, sont
placées une ou plusieurs figures de divinités et quelque¬
fois des candélabres2, des récipients pour l’eau lustrale
ou pour des parfums. L’exemple que nous en donnons
(fig. 4352) appartient au Musée de Vienne (Autriche)3; il
est en bronze; une statuette de Jupiter en occupe le cen¬
tre ; un enfant est accroupi à sa gauche; une autre figure
devait correspondre à celle-ci, à droite ; peut-être celle
de la Lune, qui a été trouvée au même endroit, faisait-
elle partie de ce groupe. Derrière Jupiter, une tige tordue
en spirale sert de candélabre. E. Saglio.
LARVAE. — Nom que portent en latin les revenants
LARGITIO. 1 Cf. Mispoulet, Les institutions politiques des Romains, t. I,
p. 325 ; t. II, p. 296. On trouvera la bibliographie et le détail de cette adminis¬
tration aux mots aerabiüm et fiscus.
LAROPHORUM. t Corp. inscr. lat. III, 1952. — 2 Cf. Orclli, 2505 : . delficam
CUm laribus et ceriolaris ». Delfica est un support en trépied [tiupus]. — 3 Jahrbuch
des arcli. Instit. VII, Anzeiger, p. 54, trouvé près de Comorn, en Hongrie. Voir au
même musée des groupes analogues; Sacken. Bronzen d. Antik. Cabinets, pi. i : Sa-
icken et Kenner, Sammlung . d. Münz. u. Antik. Cabinets , 18G6, n. 1 199; cf. les grou¬
pes du Cabinet de France, Babelon et Blanchet, Bronzes delà Bibl.nat. n. 249-251.
LARVAE. l Serv. Aen. VI, 152 : Umbras Larvas vocamus ; cf. Ibid. III, 63;
Non. Mare. p. 135; Aug. Civ. B. IX, 11, où Larvae et Lemures sont synonymes.
Cf. Apul. Deo Socr. p. 237, et Mari. Cap II, 9. — 2 Virg. Aen. X, G 41 ; Lucr. I, 133
suiv. ; Plut. Quaest. rom. 51 ; Plaut. Aul. IV, 4, 15, où le poète écrit Lâruae par
diérèse, la première syllabe restant longue, ce qui fait rattacher le mot à Làrunda
et les spectres1. La croyance que les âmes des morts
viennent errer parmi les vivants pour les tourmenter ou
implorer leur pitié a été répandue de toute antiquité
chez les peuples de l’Italie 2 . Les Larvae dans la litté¬
rature sont à proprement parler celles qui ont emporté
de leur existence terrestre la tare de quelque crime ou
tout au moins la marque d’une fin tragique et violente.
C’est par là qu’elles diffèrent des lemures ; l’action des
Larvae sur les vivants est, chez les auteurs, réputée
funeste et leur nature invariablement mauvaise3.
Ces Larvae furent néanmoins bien vite confondues,
tantôt avec les lares, tantôt avec les mânes ; elles n’avaient
avec les premiers qu’une ressemblance de nom, peut-être
toute fortuite ; avec les seconds, une analogie de signifi¬
cation générale, les unes et les autres étant des esprits des
morts4. Les antiquaires et les mythologues philosophes
comme Varron établirent une hiérarchie; les Larves
furent aux Lares ce que les démons mauvais furent aux
bons démons ; les Lemures et les Mânes eurent un carac¬
tère indéterminé, et la mère ou grand’mère des
Mânes, Mania , compta également les Larves parmi sa
lignée 5.
Ce qui caractérise avant tout les Larvae , c’est qu elles
exercent une action sur le monde des vivants auquel-
elles viennent se mêler. Les hommes tourmentés par elles
étaient appelés larvati ou cerriti , ce qui revenait à dire
qu’ils étaient en proie à l'hypocondrie, aux folles terreurs,
ou simplement à l’extravagance 6 ; l’épilepsie même, pour
quelques-uns, rentrait dans la catégorie des maux causés
par ces fantômes 7. « De quelle maladie le vieux est-il
possédé? dit un personnage de Plaute; est-il livré aux
Larves ( larvatus ) ou simplement cerritus ?8» On expli¬
quait ce dernier mot, sur la foi d’une fausse étymologie,
par l’action funeste de Cérès9. Alcmène, séduite par
Jupiter sous les traits d’ Amphitryon, est dite : larvarum
plena *°, ce qui correspond à la notion chrétienne de la
possession démoniaque. Pour s’en guérir, on recourait,
tout comme plus tard au moyen âge et déjà dans le Nou¬
veau Testament, à de véritables exorcismes ; le patient était
soumis à des lustrations ; on faisait en son nom des
offrandes purificatrices; c’est-à-dire qu’on le portait à la
ronde dans un temple ( circumferre ) avec des torches de
résine, du soufre allumé, des victimes expiatoires 11 ; nous
trouverons d’autres pratiques plus simples au service des
mêmes superstitions, pour la conjuration des lemures.
On voit qu’à Rome, dans les milieux populaires où les
Larvae ont conservé du crédit, même aux époques
cultivées, l’élément terrible est tempéré par le gro¬
tesque. 11 est souvent question des Larvae dans la
comédie de Plaute, et la Mostellaria , sans que leur nom
soit prononcé, suppose la croyance aux revenants ; mais
cette croyance n’y va jamais sans une nuance de ridicule1-.
et distinguer de Lùres ; cf. Capt. III, 4, 66 ; Apul. Met. IX, 29 ; Anuu. Marc. XIX , 1 1,
17. — 3 Festus, p. 95 ; 169 ; Isid. IV, 7, 8; VIII, 11, 101. — 4 Aug. Civ. D. I. c. d'après
Varron (fragm. 232). — 6 Apul. De Deo Socr. XV, 15 ; cf. Roscher, Ausführlichcs
Lexikon, etc. p. 1889; sur la parenté prétendue des Larves et des Lares,
voir Schoemann, Opusc. Academ. I, p. 362 suiv. ; réfute par Wissowa, chez Roschcr,
loc. cit. ; voir aussi Hartung, Religion der Boemer, I, p. 68 suiv. et 44, note. Poui
Mania, mère ou grand’mère des Larvae , voir Fest. p. 128. — - 6 Menaechm. l.c. ,
cf. Non. I, p. 31 B; Fest. p. 88 et p. 42; et Hor. Sat. II, 3, 278, avec les
commentateurs. — 7 Isid. Orig. IV, 7, 8. — 8 Fragm. ap. Non. I, p. 113. 9 Non.
p. 44 ; cf. Festus, p. 88 et 42, et Vanicek, Etymol. Woerterbuch : voir Cerritus.
— 10 Amph. V, 2, 145.— H Serv. Ad. Aen. VI, 229; cf. Juv. II, 157, elle
vers de Virgile (loc. cit.) : ter socios circumtulit unda. — 12 Outre les passages
déjà cités, voir Cas. III, 4, 2 ; Amphitr. II, 2, 145 ; Menaechm. V, 4, 2 ; Mostell.
II, 2, 68; Bud. IV, 3, G7,'ctc. ; cf. Arnob. VI, 25.
LAR
— 951 —
LAR
Comme les Larves molestent les vivants par les visites
qu’elles leur font la nuit, on en vint à imaginer quelles
exercent dans les enfers la fonction de tortionnaires ;
ainsi, chez Sénèque, Janus s’égaye aux dépens de
Claude et fait livrer aux Larvae, pour qu’elles les rouent
de coups, ceux d’entre les mortels qui ont usurpé sur
terre les honneurs de l’apothéose1 * * *; et Pline l’Ancien
cite le mot de Plancus à qui l’on annonçait qu’Asinius
Pollion préparait contre lui des libelles diffamatoires,
destinés à ne paraître qu’après sa mort : « II n'y a que
des Larves pour lutter avec les morts -. »
Sur la foi de ces textes, certains interprètes modernes
ont voulu voir des représentations de Larvae sur les
monuments étrusques qui empruntent au monde des
morts des scènes de superstition sombre et terrifiante.
Les ligures noires qui, sur un tombeau de Tarquinii, sont
mêlées à la scène du départ des morts pour les enfers,
celles de même nature que nous donnent les tombes de
Corneto et qui remplissent le rôle que la fable hellénique
prête aux Furies devraient être, à ce compte, considérées
comme des Larvae 3 ; de là à dire que celles-ci sontd ori¬
gine étrusque, il n'y avait qu’un pas. Mais cette origine
n’est elle-même nullement démontrée, et les monu¬
ments authentiquement romains donnent à ces figures
une individualité qui les distingue de toutes les autres
semblables, aussi bien des démons tortionnaires que
des Mânes et des Larves ; elles s’y offrent à nous depuis la
fin de la République romaine, sous la forme du sque¬
lette humain ; Lessing s’en est avisé le premier dans une
monographie célèbre A
A s’en tenir au témoignage des auteurs latins, l’opinion
se représentait les Larves, tantôt comme des spectres
pâles à la face grimaçante5, ce qui paraît être le cas
de Plaute ; tantôt comme des squelettes ou des manne¬
quins grotesquement articulés, susceptibles de prendre
les attitudes les plus caricaturales. Sous ces traits, elles
figurèrent dans les Atellanes et autres spectacles popu¬
laires6; elles servirent, comme la lamia chez les Grecs,
à effrayer les enfants dans les contes de nourrices.
Enfin, chez Trimalcion, un esclave dresse sur la table du
festin une Larve, squelette d’argent dont l’agencement
se prête à toutes les contorsions, image de la mort
horriblequi excite à jouir de la vie. Sénèque, d’autre part,
ne laisse aucun doute sur l’usage répandu de son temps
de représenter la Larva sous la forme du squelette,
lorsqu’il parle de la figure des Larves formée d’ossements
nus qui sont rattachés entre eux: larvarum habituai
nudis ossibus cohaerentium 7. Voilà les deux textes que
Lessing a interprétés, dès 1769, avec sa perspicacité habi-
1 Senec. Apocol. 9. — 2 Plin. Hist. nat. Pracf. 31 : cum mortuis non nisi
larvas luctari. Voir plus bas la mention d’une lampe d’argile (fig. 4354) sur laquelle
est représentée la lutte de doux squelettes [Mélanges de l'École franc, de
Home, 1887, pl. vii, fig. 5). — 3 Daemon, II, 2, fig. 2286. Pour Lemur et Larva
chez les Étrusques, voir Mueller-Dcecke, Die Etrusker, II, p. 95, 101 ; cf. Ilartung,
Die Religion der Roemer , I, p. 70, et Preller chez Pauly, Realencycl. IV, 792,
citant les peintures des tombes de Corneto. — 4 Lessing, Wie die Alten den Tod
gebildet (1769) ; tome XI de l’édition Lachmann, p. 1 suiv. ; voir surtout p. 7, 25,
10 su*v- — 5 Sid. Apollin. Epist. lit, 13; Apul. Apol. p. 533, et les lexico¬
graphes, notamm. Étym. Magn. v. SxEktTÔ;, vtxjôî. — G Munck, De fabulis Atellan.
p. 39. — 7 Senec. Ep. 34; Petr. Sat. 34; Priap. 33 ; Isid. Orig. VIII, il, 101;
Fest. p. 93; 169 ; Ov. Ibis , 146 : ossea forma ; cf. de Witte, Note sur un vase de
tn ie, dans les Mémoires de la Soc. des Antiquaires de France , 1869, p. 163 ;
Aichaeol. Anzeiger , 1889, p. 106 et Treu, De ossium humanorum larvarumque
apud antiquos imaginibus, Berlin, 1874, p. 50 suiv. — 8 Voir pour l'énumération
de quelques-uns de ces monuments, la lettre de Klotz qui a donné occasion à Lessing
de défendre ses idées sur les représentations de la mort par les anciens : préface
6 ^ °PUSCU'(‘. p. 5 suiv. ; avec Winckelmann, Allégorie, p. 81 ; Spon, Recherches
tuelle et qu’il a éclairés par l’examen du petit nombre de
monuments figurés connus alors, sur lesquels les sque¬
lettes humains jouent un rôle 8.
Depuis Lessing, des découvertes chaque jour plus nom¬
breuses ont confirmé son interprétation, sous cette réserve
que les Larves squelettes ne représentent pas nécessai¬
rement des âmes coupables et mauvaises, mais des âmes
quelconques, même d’hommes éminents dans les lettres
et dans la philosophie, dont les artistes n’ont pas hésité
à traduire la destinée dernière parles traits du squelette,
afin de mieux marquer l’inanité de leur gloire et d’engager
ainsi les vivants à jouir des biens positifs d ici-bas.
En 1810, le chanoine de Jorio signalait un bas-relief dé¬
couvert à Cumes dont deux faces exprimaient la félicité
des morts dans les Champs Élysées, alors que la troisième
nous en montre comme la caricature macabre (fig. -4353),
sous les traits de trois squelettes ou corps décharnés dan¬
sants 9. Nous connaissons aujourd’hui un bas-relief de
marbre, malheureusement mutilé, qui représente un
squelette jouant de la double flûte et à côté un squelette
dansant que l’ouvrier chargé de nettoyer le morceau a
brisé 10. De tous les deux on peut rapprocher une pierre
gravée, sur laquelle un squelette danse, tandis qu’un
Satyre ou un Silène lui joue de la flûte u.
Une seconde catégorie de monuments du même genre
nous est fournie par des lampes sépulcrales, dont la
première a été étudiée par de Witte en 1870 12 et dont
la série entière forme la matière d’une monographie
dans les Mélanges de l’ École française de Rome 13 ; deux
sont particulièrement intéressantes. Suri unenousvoyons
deux squelettes debout, dansant l’un vis-à-vis de l’autre,
sujet familier au moyen âge, consacré depuis lors par la
peinture des grands maîtres et par la poésie de Goethe, et
qui se trouve reporté ainsi à la meilleure époque de l'art
gréco-romain14; l'autre nous montre un personnage
p. 93 ; Miscellan. Antiq. p. 7; Fabrelli, Inscript, cap. I, p. 17 ; Gori, Inscript.
Antiq. quae in Etruriae urbibus exstant, pars I, p. 382, 455; cf. du même,
Muséum Florentinum , n» 913 ; Buonarotti, Osserv. sopra alcuni vetri, t. XXV11I, 3;
du même : Vetri antichi, p. 193 ; Lippert, Daktyliothek, n° 998. — 9 De Jorio,
Scheletri Cumani dilucidati, etc., Naples, 1810; Sickler, De monum. aliquot e
sepulcro Cuman. etc. Weimar, 1812; sujet repris par Olfers, U cher ein Grab bei
Cumae mit Riicksicht auf das Vorkommen mit Skeleten unter den Antiken , Berl.
Akadem. 1831, p. 40 suiv. — 10 Le Blaut, De quelques objets antiques représen¬
tant des squelettes , dans les Mélanges de l’École franc, de Rome, 1887 , p. 251 suiv.
_ 11 Gori, Mus. Florent. 91, 3 ; S. Reinach, Pierres gravées, pi. ii.ui, n. 90 ;
voir aussi les pierres du Musée de Berlin, Furtwangler, Reschreib. d. gesclin.
Stein. n. 6518 et s.; du Brilish Muséum, Smith et Murray, Catalog. n» 2053.
_ 12 Bull, de la Soc. des Antiq. de France, 1870, p. 107. — 13 T. VII, 1887,
p s>5 2, et pl. vu ; les deux lampes que nous citons Ça seconde reproduite après
de Witte) portent les n»» 1 et 2 ; la première aussi chez Comarniond, Descript. des
intiques du Musée de Lyon, pl. iv, et ailleurs; Treu, p. 31, en cite un second
exemplaire au Musée de Berlin. — 14 Voir l'article de Wunderer, Ein Antiker
Todtentans, dans Illustriertes Universum, 1897-98, p. 555 suiv.
LAR
— 952 —
LAR
dans l’attitude delà discussion, assis, les jambes croisées,
le bras droit détendu par le geste familier à l’orateur, et
dont l’attention semble partagée entre un squelette dressé
devant lui et un enfant au maillot étendu par terre; il
s’agit évidemment d’un philosophe, prononçant une decla-
matio{\uikirrù sur le mystère delà naissance et de la mort.
Une particularité digne de remarque, c’est que la signi¬
fication morale de plu¬
sieurs de ces scènes est
soulignée, non pas seu¬
lement par la danse et
les instruments de mu¬
sique, mais par la pré¬
sence d’attributs em¬
pruntés au culte de
Bacchus *, tels que des
masques ou le thyrse
qui figure, entre autres,
sur une lampe d’argile
(fig. 4354) représentant
deux squelettes aux
prises à la manière des
lutteurs 2. A côté d'un squelette qui orne le chaton d’une
bague en argent, travail délicat du i" siècle de notre ère3,
on voit (fig. 4355) une amphore couronnée
de fleurs et au-dessus le papillon symboli¬
que, image de l’âme immortelle ; on dirait le
commentaire, relevé d’ailleurs par des in¬
tentions spiritualistes, des odes où Horace
engage un ami à goûter les biens de la vie,
jusqu’à l’heure où le sort commun nous
mènera tous, par le Styx. à l’éternel exil L
Cette association de l’idée de la mort,
incarnée dans la Larve hideuse, avec celle des jouissances
sensuelles n’apparait nulle part avec plus d’évidence que
dans les vases qui, destinés aux festins \ portent en relief
sur leurs flancs les squelettes que Trimalcion plaçait sur
sa table. Le premier, en argile, découvert en 1865 à Ileude-
bouville,’ dans l’Eure, et conservé au musée d’Orléans ",
est orné de quatre squelettes, groupés autour d’un autel
que surchargent des instruments se rapportant à la navi¬
gation, un gouvernail, un aviron : allusion probable au
voyage vers les Enfers ou vers les Iles Fortunées 1 ; sur
les bords du vase sont figurés trois masques comiques;
les squelettes, dont les os saillants ont conservé la peau
adhérente, dansent du même mouvement discret que nous
avons noté sur une des lampes citées plus haut ; le coryphée
tient d’une main une bourse pleine et de l’autre un pot à
vin ( capis ); de Witte en a pris occasion pour passer en
revue un grand nombre de représentations analogues,
urnes cinéraires, figurines de bronze, dont plusieurs
votives, trouvées dans le lac de Falterona en Toscane 8,
bas-reliefs et pierres gravées qui sont redevables au
l Treu, Op. ciï.p. 20 s.; cf. Le Blant, Op. cit. p. 254. — 2 Le Blant, pl. vu,
n° 5 ; on songe à la description des Champs Élysées par Virgile, Aen. VI, 642 : Pars
in gramineis exercent membra palaestris, Contendunt ludoet fulva luctantur ha-
rena. — 3 Le Blant, Op. cit. p. 253, pl. vii, n» 4, qui compare Buonarotti,
Frammenti di vetri antichi, p. 193, pierre gravée représentant un squelette avecun
papillon, un vase et l’inscription KT12 XPQ. Voir aussi Ficoroni, Gemmae ant. litte-
rat. Rome, 1758, pl. vin. — '* Od. II, 3, avec la conclusion; cf. Ibid. 14, etc.
— B Sur les inscriptions : Béjouis-toi (tùtppciîvou) ; Bois et riijouis-toi (m’/t, sùojaivou).
Voir Sccchi, Campione d'anlica bilibra, p. 26, et de Witte, Op. cit. p. 109, n. 1.
— 6 Étudié par de Witte, Mém. de la Soc. des Antiq. de France , 1869, p. 160, suiv.
avec une planche ; cf. Ballet. 1867, p. 108, et Comptes rendus de l’Acad. des Inscr.
et Belles-Lettres, 1866, p. 389. — 7 De Witte, loc. cit. p. 169. — 8 Pour ces derniers,
voir Ballet, de ïlnstit. Arch. 1838, p. 65 suiv.; 1842, p. 179 ; 1845, p. 96; Micali,
squelette de leur originalité artistique et morale. Des
fragments de tasses en terre d’Arezzo présentent l’image
de squelettes portant des fruits, des plateaux chargés,
des guirlandes 9.
Tous ces monuments, qui éclairent d’une si vive lumière
non seulement la question spéciale des Larvae, mais
celle, plus générale, de la représentation de la mort par
l’art gréco-romain sous l’Empire, passent au second plan,
grâce à deux gobelets en argent qui font partie du trésor
de Boscoreale 10 et que l’on peut dater, presque à coup
sûr, des règnes d’Auguste ou de Tibère 11 . Nous n’avons
pas à entrer ici dans la description détaillée de ces mor¬
ceaux d’orfèvrerie ; mais nous devons en retenir pour
notre sujet ce fait qui a son importance : c’est qu’outre
les squelettes anonymes qui ont fourni les motifs d’orne¬
mentation, nous en rencontrons que l’artiste a désignés
par leurs noms, et que ces noms comptent parmi les plus
célèbres, les plus respectés de l’histoire des Lettres et de
la Philosophie antiques. Il n’est donc plus vrai de dire que
les Larvae impliquent forcément, à cette époque, l’idée
d’âmes coupables ou mauvaises, par opposition avec les
Lemures ou les Mânes 12. Chacun des gobelets nous offre
des poètes et des philosophes : le premier (fig. 4356), les
poètes Ménandre, Archiloque et Euripide ; les philosophes
Monimus, de l’École cynique, et Demetrius de Phalère,
péripatéticien ; le second, les poètes Sophocle et Moschion
avec les philosophes Zénon et Epicure. Ces deux derniers
sont aux prises, dans une lutte de doctrine, 1 un fort
animé comme il convient au stoïcien intraitable, l’autre
plein d’indifférence, uniquement préoccupé d’un énorme
gâteau placé sur une table devant lui ; à ses pieds,
un petit cochon semble réclamer sa part : spirituel
commentaire du mot d’Horace : Epicuri de grege
Mon uni. Incd. p. 86 s. ; pour l’ensemble, Olfers, Op. cit., qui est loin d être complet,
surtout aujourd’hui; et A. Maury, Revue arch. t. V, 1847, p. 287 suiv. Le travail
d’ensemble le plus récent est celui delà comtesse Caetani-Lovalelli, Monum. antichi
dei Lincei, 1895, avec pl. Du môme auteur, Thanatos, Rom.. 1888 (pieiie gravée,
mosaïque avec l'inscription yvù>6i uau-tov). Voir aussi Longpêricr, Notice des bronzes
du Louvre , n° 691; S. Rcinach, Répertoire de la statuaire , II, p. 691.
— ^ Lovatelli, Op. cit. p. 13. — 10 Au Louvre ; Héron de Villefosse, dans les Monu¬
ments et Mémoires (Fondation Piot), 1899, t. V, p. 5b suiv., pl. vu et vm. H La
date est donnée, approximativement, par les qualités de 1 exécution et, d une façon
plus précise, par l’orthographe EEATON pour EEATTON d’une des inscriptions au
pointillé ; voir la dissertation de II. de Villefosse, p.61,n. 2. 12 En réalité, la classifi¬
cation des daemons grecs et des variétés diverses d’esprits qu’a connus la religion
romaine est le fait des philosophes plutôt que delafoi populaire ; voir lares, p. 9*0.
LAS
— 953 —
LAS
Um 1 Bourses remplies d’or, appareil théâtral figuré
nar des masques et des instruments de musique, thyrse et
sceptre aux mains d’Euripide et de Sophocle 2, guirlandes
de roses en relief décorant les coupes, papillon image de
l’âme inscriptions caractéristiques exhortant à user de la
vie pendant qu’elle fleurit, tout concourt à rendre sen¬
sibles aux yeux les leçons de l’épicuréisme facile, qui ne
Soncre à l’au-delà que pour mieux jouir des réalités pré¬
sentes : « Bois et prends du plaisir, voilà comme ta seras
quand tu seras mort », disait aux convives chez les
Egyptiens l’image en bois d’un mort qui, couchée dans
un coffre à momie, était portée à la ronde durant les
repas 3 ; c’est ce que répètent aux Romains les Larves, ou
sculptées sur les coupes ou dressées sur la table sous la
forme de squelettes artistement imités 4 :
Eheu! nosmiseros! quant totus homuncio nil est!
Sic erimus cuncti, postquam nos auferet Or cm,
Ergo vivamits dum licet esse bene.
Ainsi l’idée de Larvae , indéterminée encore aux débuts
de la littérature latine et sans doute dépourvue d’expres¬
sion plastique, a revêtu peu à peu la forme macabre dans
l’art mis au service d’une certaine philosophie. Lespoètes
toutefois se gardent de lui donner place dans leurs des¬
criptions : par là ils restent fidèles aux traditions de
l’esprit grec qui avait horreur de la mort, en tant qu’elle
déforme l’être humain, et qui écartait de la vue les images
pouvant en rappeler le souvenir 5. Il appartenait au
moyen âge de personnifier la Mort elle-même sous les
traits du squelette; les anciens se sont bornés à leur
demander la représentation des morts individuels.
Quelques acceptions spéciales du mot larvci dérivent
de cette conception fondamentale. Au théâtre, on appelait
larvae les masques grimaçants que nous avons vus
d’ailleurs si curieusement associés aux squelettes, images
des Larves véritables G. Enfin le mot et l’idée de larva
furent métaphoriquement transportés à des hommes
vivants, pour caractériser une sorte de déchéance
physique ou morale; on appelait Larva l’édile ou tout
autre magistrat qui, au lieu de dépenser pour faire hon¬
neur à sa charge, l’exploitait pour s’enrichir 7. Une nuance
analogue fait le sel du mot de Plancus que nous avons
cité8 ; le mot masque en français et celui de fantôme dans
le langage de certaines provinces servent à des usages
semblables. J. A. Hilik
LASA. — Nom étrusque que l’on trouve plusieurs
fois inscrit sur les miroirs gravés du me siècle avant
notre ère1. Les figures féminines 2, à côté desquelles il
est placé et qu’il sert à désigner, seprésentent sous divers
aspects : elles sont nues ou vêtues de tuniques plus ou
moins longues, avec ou sans ailes, sans ornements ou
parées de bijoux à la mode étrusque, chaussées ou non
de brodequins. Mais elles ont ceci de commun qu elles
n’occupent dans la composition qu’une place secondaire.
Comme certaines figures allégoriques qu’on voit souvent
sur les vases peints de
la Grèce3, elles font l’of¬
fice d’auxiliaires ou de
servantes. Sauf de rares
exceptions4, elles ont en
mains des objets qui se
rapportent à la toilette,
tels qu’un miroir ou une
aiguille à cheveux [acus,
discerniculum], ou une
fiole à parfums [alabas-
tron] ; c’est avec ces deux
derniers attributs que
sont représentées les La-
sas d’un miroir du Cabi¬
net des Médailles5 (fig
4357). Ces attributs don¬
nent à penser que les Lasas doivent être conçues comme
des génies de la toilette. De là vient qu elles 'Sont si sou¬
vent figurées sur les miroirs5 et de préférence associées
à l’image de Vénus1 ou d’Hélène8, c’est-à-dire à l’image
de la déesse et de la mortelle dont le nom est comme le
symbole de la coquetterie féminine.
Le mot Lasa, dont le sens nous échappe, paraît avoir
été en étrusque un terme générique : car il est quelque¬
fois accompagné d’un autre mot, destiné sans doute à le
déterminer ou à préciser la nature spéciale de l’office
dévolu au personnage. C’est ainsi que sur le miroir d’où
est tirée la figure 4357, l’une des Lasas , celle que l’on
voit ici, est qualifiée de Lasa Thimrae tandis qu’une
autre s’appelle Lasa Racuneta. On trouve encore ailleurs
Lasa Vécu10, Lasa Vecuvia il, Lasa Sitmica 12.
Y a-t-il quelque rapport entre l’étrusque lasa et le latin
lases , forme archaïque de lares™ ? Les Romains ont tant
emprunté à l’Étrurie que la chose n’est pas impossible,
mais elle n’est pas démontrée. Jules Martiia.
LASANOPHOROS (Aowavoçôpoç). — Esclave chargé de
porter à son maître le lasanum 1 .
LASANUM (Axcavov). — I. Support, pied sur lequel on
1 Ep. I, 4, 10. A côlédu groupe figuré sur le vase est. la maxime : TO TEA
HAONH, la jouissance est le bien suprême. — 2 La vie même y est appelée
théâtre : EKHNH '0 BIOS, pl. vm et p. 6t. — 3 Herod. II, 78 et 86, ai
les notes dans 1 édition Stein ; cf. Plut. ls. et Osir. 17 ; Lumbroso ( L'Egi
al tempo dei Greci e dei Romani, 1882), p. 70, not., faisant le rapprochenu
de ce passage avec celui de Pétrone, soutient, bien à tort, que chez Trimalci
épisode du squelette est une preuve d ' E gyptomanie, au lieu d'y reconnaître
caractère romain. — 4 petr. Sat. 35. — 6 Cf. Lessing, Laocoon , p. 77 (t.
e 1 édit. Lachmann) avec la première partie de la dissertation ci-dessus cit
et de Witte, Note sur un vase de terre, loc. cit. p. 162. — 6 Hor. Sat. I, 5, (
c . Juv. III, 175 . „ personae pal lcntis hiatura », qui épouvante l'enfant prési
•m spectacle; et Plaut. Rud. II. 6, 81. — 7 Fest. p. 95; 129; 144; 239; Macn
’ g.?4’ 61 le fragment de Varron, Sat. Men. 463, ap. Non. p. 538, 14. — 8 V
P > > , note 2 ; Petr. Fragm. Trag. 44 (édit. Burmar.n) ; cf. Plaut. Merc. 11, 4, !
p °» le mot est une injure.
cccl .A|f 1 ^°’1' ^erhard, Etruskische Spiegel, pl. xxxvn, cxv, ci.xxxi, ccxc(douteu
se i'X ’ ürte (6uP['lément à l’ouvrage de Gerhard), pl. i, xxm, xxiv, cvn a. Le motif
arcl / G aUSS’ sur un cachet d'or représentant une sccne de toilette ( Mittheil . d
nage" dé*^' b 1886, p. 231). — 2 Sur la planche xxiv de Kôrte, le persi
p 63 o S'K1"') Par Lasa parait par exception être un jeune homme. — 3 Cf. t
j ‘g. 10_. 4 Gerhard, Op. cit. pl. xxxvu [Lasa avec une fleur); pl. ccc
[Lasa déroulant un volumen devant Ajax et Amphiaraüs). Dans ce dernier exemple,
il est très probable qu'il y a une confusion entre une Lasa et quelque génie du
destin. De pareilles confusions de personnages sont très fréquentes sur les miroirs
étrusques (Martha, Art étrusque, p. 552). — 5 Babelon et Blauchct, Bronzes ant.
de la Bibl. nation, n. 1287 ; Gerhard, pl. clxxxi. Le registre supérieur représente
l’apothéose d’Uercule [hercules, fig. 3789]; le registre inférieur montre Agamemnon
reçu par Hélène dans l'ile de Leucé [helexa, fig. 3748], — 6 On peut en effet consi¬
dérer comme des Lasas un grand nombre de figures ailées, qui ne sont pas dési¬
gnées comme telles par une inscription, mais qui portent, comme elles, l'aiguille
à cheveux et la fiole à parfums ; cf. Gerhard, pl. xxxii, xxxm, xxxtv, xxxv, ccxliv,
ccxliv A; ccxlv, 1, 2; ccxlvh; ccxlviu 1; ccl ; ccli; cclxxxi; K Or te, pl. n ; ni;
vm 2 • xxix, etc. — 1 Sur le rapport des Lasas avec lo cycle de Vénus, voir
gchippko, De speculis etruscis particula, 1 (Diss. inaug. Vratislav. 1881), p. 4-21.
_-8 Voir la note 5. — 9 La figure ailée, qui est à gauche (lu même registre
et qui est désignée par le mot Mean, a aussi toutes les apparences d'une Lasa.
_ 10 Gerhard, pl. xxxvu. — U Mittheil. d. arch. Inst. Rom. 1886, p. 231
_ 12 Gerhard, pl. cxv. — 13 Cf. Fabretti, Corp. viser, ital. gloss, col. 1020
Corsscn, Sprache d. Etrusk. 1, p. 245 et suiv. ; O. Millier (éd. Deccke), Die
Etruskcr, t. II, p- 97, note 50; Deecke, Etr. Forsch. IV, p. 43 cl suiv.; Buggo,
Etr. Forsch. u. Stud. IV, p. 227.
LASANOPIIOROS. 1 Plut. Apopht. p. 182 c.
LAT
— 954 —
LAT
place un vase, pour le tenir au-dessus du feu. Le mot
grec est, en ce sens, synonyme de yuxpÔTtou;1 [chytra].
C'est aussi la signification du mot lasanum dans un
passage d’Horace2 où il a été souvent pris dans une
deuxième acception, qu’il a ordinairement en latin.
II. La première signification fait comprendre comment
une disposition analogue a fait donner le même nom à une
chaise percée (Siçpoç3, ou perfusa*), qu’elle fût mobile
ou installée à demeure5 [latrina].
DATER, brique [figlinum orus, p. 2019],
LATERES. — Les Romains donnaient le nom de
lateres aux lingots de métal précieux non monnayé, qui
avaient généralement la forme de briques ou de tuiles
et qu'on conservait soit dans Y aerarium de l’État, soit
dans les trésors des temples, soit enfin dans la réserve
des hôtels monétaires. C’est le sens que Varron applique
à ce mot, quand il dit : lateres argentei atque aurei
primum conflati atque in aerarium conditi 1 . Pline dit
que Jules César, lors de sa première entrée dans Rome,
pendant la guerre civile qui porte son nom, tira du trésor
public quinze mille livres en tuiles d’or et trente-cinq
mille en tuiles d’argent [ex aerario protulit laterum
aureorumXV M., arge'nteorum XXXV)2.
Avant l’invention de la monnaie, dans toutes les civi¬
lisations, l’usage des lingots métalliques ou lateres est
le mode de paiement qu’on trouve le plus répandu dans
les opérations commerciales ; on pèse les lingots, ou bien
l’autorité publique les fait tailler d’un poids déterminé
qu’elle garantit par l’apposition de son estampille sur les
lingots eux-mêmes. Dans l’Égypte pharaonique, où la
monnaie fut toujours inconnue, les métaux précieux, l’or,
l’electrum, l’argent étaient échangés souvent en lingots
ayant la forme de briques, de barres ou de plaques, obte¬
nues par la fusion ou un travail de métallurgie. Des
bas-reliefs et des peintures de l’ancienne Égypte nous
montrent les marchands occupés au pesage de ces lin¬
gots à l’aide de la balance3. Il en était de même en
Chaldée et en Assyrie ; le Musée du Louvre possède des
tablettes d’or, d’argent, de cuivre, dé plomb et d’anti¬
moine couvertes d’inscriptions cunéiformes, qui avaient
été déposées, à titre d’offrandes religieuses, dans les fon¬
dations du palais de Ivhorsabad : elles sont, pour nous,
des spécimens des lingots échangés dans le commerce
pour les paiements, ou apportés comme redevances par
les peuples tributaires du roi d’Assyrie4. Dans le livre
de Josué, il est parlé d’une langue d'or pesant 50 sicles 5 :
nous pourrions multiplier les exemples de lingots de
métal précieux ayant la forme de barres, de tuiles, de
plaques plus ou moins épaisses qui se transmettaient en
LASANUM. l Pollux, X, 24,99; Phot., Moeris., Hesych. s. v.; Suid. s. v.
AxoSàOoois et Aàirava ; Bekker, Anecd. I, p. 10G ; Schol. Aristoph. Pax , 839; Scbol.
Soph. Aj. 1377 ; Moschopoul. ad Ilesiod. Op. et d. 748. — 2 Sat. I, G, 109.
Voir les commentateurs et surtout Seebode, Schol. zu Eorat. Gotha, 1839. Dans
ce passage, le sordidus praetor , qui porte avec lui en voyage un lasanum et un
oenophorum, n'a que faire d'ajouter à son mince bagage une chaise percée, mais
il s’assure le boire et le manger sans avoir besoin d’aller à l’auberge. Ainsi 1 ont
compris Dacier, Sanadon, Seebode, l. I. — 3 Moeris, p. 250, Pierson. ; Hesych.
— 4 Calo, R. rust. clvii, 11. — S Pollux, X, 9, 44, et lb. Aristoph. et Pherec. ;
Moeris, Phot., Hesych. I. I. ; Bekker, Anecd. I, p. 51 et 106; Petron. Sat. 41
et 47 ; Epict. Diss. 1, 19, 17. Voir aussi Ilippocr. De superf.p. 261, 13 et 888
Foes.
LATERES. t Varr. ap. Non. s. v. Lateres, p. 35G, éd. Gerlach et Roth; Hultsch,
Gr. und rôm. Metrol. 2e éd. p. 267. — 2 Plin. Nat. hist. XXXIII, 17, 1;
cf. J. Marquardt, De Vorganis. financ. chez les Romains, trad. Vigié, p. 27, note 6.
_ 3 Lepsius, Denlcmtiler, t. III, 10 a; 39 a, d , etc. ; Barclay V. Head, The coinage
of Lydia and Persia, p. 1 ; W. Ridgeway, The origin of metallic currency and
weight standards, p. 128 ; G. Maspero, Hist. anc. des peuples de l’Orient classique,
paiement, dans les anciennes civilisations de l’Orient
classique. Aujourd’hui encore, chez les peuples de
l’Extrême-Orient, en Chine notamment, des plaques el
des tuiles métalliques remplacent la monnaie, et l’on
peut voir au Musée de l’Hôtel des Monnaies, à Paris,
d’énormes briques rectangulaires d’or et d’argent, estam¬
pillées au nom de divers souverains de l’Annam, qui
furent trouvées au palais de Hué lors de la prise de cette
ville par les Français en 1886 6.
Chez les Grecs de la civilisation homérique et mycé¬
nienne, l’usage des lingots comme instrument le plus
ordinaire des échanges est non moins bien constaté que
pour l’Orient. Schliemann a recueilli, dans le grand
trésor d’Hissarlik, des lingots d’argent en forme de
lames, qui ne peuvent guère avoir été appropriés à
autre chose qu’à l’usage monétaire; il y avait aussi dans
le même trésor des lingots d’or et d’electrum, parfois unis,
parfois percés de trous ou ornés de dents régulières qui
servaient peut-être à apprécier la valeur de ces lingots
sans qu’on eût nécessairement recours à la balance7.
Après l’invention de la monnaie au vue siècle, les lin¬
gots affinés, préparés pour la frappe monétaire et gardés
en réserve dans les ateliers pour être monnayés au furet
à mesure des besoins, continuèrent à recevoir la forme
de lingots allongés, ou de briques. Hérodote raconte que
le roi de Perse faisait fondre les métaux provenant du
tribut Am des impôts; il les gardait dans son trésor à
l’état de lingots, et « lorsqu’il a besoin d’argent, il fait
frapper la somme qui lui est nécessaire » 8.
Polybe appelle ces briques d’or et d’argent, irXsvO&i
ypuffaï xat àpyupaï9. Dans les inventaires du trésor du
temple d’Apollon, à Délos, les lingots d’or et d’argent
provenant de la fonte de débris d’offrandes, de cou¬
ronnes brisées, d’ustensiles hors d’usage, reçoivent le
nom de yû^axa. L’inventaire d’IIypsoclès enregistre quinze
yufjurra d’or pesant ensemble 1600 drachmes, et vingt-
deux y6v.anx d’argent10. Parmi les offrandes en métal
précieux faites au sanctuaire de Delphes par le roi de
Lydie Gygès, il y avait des briques d’or et d’argent
qu’on appela des Gygéades (Ynyotoai) du nom du dona¬
teur11 : on a cru à tort que les Gygéades étaient de véri¬
tables monnaies12. Crésus, qui pourtant avait déjà sa
monnaie, envoya aussi des briques de métal précieux à
la Pythie delphique : « Sur l’ordre de Crésus, dit Héro¬
dote, on fondit une immense quantité d’or, dont on fit au
marteau des demi-briques d’une palme d’épaisseur,
longues, les plus grandes de six palmes, les moindres
de trois ; il s’en trouva cent, dont quarante d’or pur,
chacune du poids d’un talent et demi, les autres
t. I, p. 324; E. Babclon, Les orig. de la monnaie, p. 50. Les lingots ou barres
d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, font constamment partie du tribut que les
peuples vaincus paient au roi d’Égypte. Voir notamment Maspero, Hist. anc. t. U.
p. 260,263, 267 et s., 283. — 4 F. Lenormant et E. Babelon, Hist. anc. de l’Orient,
t. IV, p. 277 et t. V, p. 317. — s Josué, Vil, 21, 24. — 6 E. Babelon, Les orig. *
la monnaie, p. 42. Sur ces usages de l’Extrême-Orient qui se perpétuent encore
sous nos yeux, on peut consulter notamment : Otto Sperling, De nummis non cusis
dissertatio, p. 267 ; Les six voyages de J. -B. Tavernier, éd. de 1681, in-4», t. b
p. 110, et t. II, p. 20. — 7 Schliemann, Ilios, trad. Egger, p. 568, 570, 579, 591.
613-614, 621, etc. C’est au poids de l'or qu’est obtenue la rançon du cadavre d’Hectoi ,
suivant la tradition qu’Eschyle avait mise sur la scène (Aeseh. Fragm. Phnjtl-
n» 54; cf. Henri de Longpérier, dans la Rev. num. 1869-70, p. 33). — 8 Herod. Id.
94; E. Babelon, O. I. p. 59. — 9 Polyb. X, 27, 12. — 10 Homolle, Bull . corr.
hell. t. VI, 1882, p. 94 et 134, et t. X, 1886, p. 470. — U Herod. I, 14 ; Poil, I11’
87 ; Vil, 98. — 12 Fr. Lenormant, dans 1 Annuaire de la Soc. fr. de num. t. D -
1874, p. 171 et s.; G. Radet, La Lydie au temps des Mermnades, p. 155. cl
Revue des Universités du Midi, 1895, p. 119; E. Babelon, O. h P'
223.
— 9o5 —
LAT
LAT
cl’or blanc (electrum) pesant chacune deux talents *. >'
Longtemps après que l’usage de la monnaie eût été
partout répandu dans le monde hellénique, Sparte con¬
tinuait, par tradition, à se servir de lingots de fer comme
intermédiaire des échanges. Ces lingots, connus sous le
nom de pelanor (TtèXavop, stS-rçpoüv vogccg-a) 2, pesaient cha¬
cun une mine éginétique ; pour en transporter six seu¬
lement, c’est-à-dire environ 4536 kilogrammes, il fallait
un chariot attelé de deux bœufs 3. Dans le reste du
monde hellénique, on continua longtemps de voir cir¬
culer, à côté des monnaies véritables, de vieux lin¬
gots monétaires, analogues au pélanor ; on les appe¬
lait, suivant leurs formes, pastilles (<p0ote, ®6of8eç) ou
saumons, broches (oêeXck, oêeXûrxoç) 4. Le cp0oî; ou la
pastille métallique est encore mentionné dans les comptes
des trésoriers du temple d’Athéna, à Athènes, au
ve siècle 6. Quand Epaminondas mourut, il était si
pauvre qu’on ne trouva dans sa maison, pour toute for¬
tune, qu’un vieil oSeXtcxo; en fer6, qui, sans doute, devait
avoir un caractère superstitieux ou talismanique, car au
temps d’ Epaminondas la monnaie était depuis plusieurs
siècles universellement répandue. Lorsque Phidon fit
frapper les premières monnaies à Égine, il retira de la
circulation les vieilles broches de fer qui avaient servi
de monnaie jusque-là, et il en consacra un certain
nombre d’exemplaires en ex-voto dans le sanctuaire de
liera, à Argos. Au temps d’Aristote, on voyait encore
dans le temple, avec l’inscription dédicatoire de Phidon,
ces anciens oêeXàrxoi qui, ayant revêtu un caractère reli¬
gieux, étaient l’objet de la vénération autant que de la
curiosité de tous 7. C’est du mot 06s Xôç que, dans le sys¬
tème monétaire de Phidon, fut formé le terme d'obole,
la sixième partie de la drachme, sans doute parce que
l’obole d’argent avait la même valeur que l’ancienne
broche de fer [obolus].
Dans l ltalie centrale, avant l’invention de la monnaie,
nous constatons les mêmes usages qu’en Grèce : seule¬
ment, au lieu du fer, ce sont des lateres de cuivre qui
sont dans la circulation, comme étalons de valeur. Il nous
en est parvenu des spécimens qui ont la forme de tiges
ou barres rectangulaires ou allongées, portant en sail¬
lie, sur l’une de leurs faces, des lignes parallèles régu¬
lièrement espacées, séparées parfois par des points ou
globules; d’autres de ces saumons de cuivre sont ornés
d une ligne qui en parcourt toute la longueur et à laquelle
viennent se souder, comme à un axe central, des lignes
transversales et plus petites : l’ensemble de cette déco-
lation ressemble assez bien à une arête de poisson3.
Ces emblèmes rudimentaires dispensaient, dans la plu¬
part des cas, de recourir à la balance : on se contentait
e compter les points ou les lignes en saillie sur la sur-
Irad B10 / ^ aPr®s Lepsius ( Les métaux dans les inscript, égyptienne
1Cn ’ P* ^es briques offertes par Crésus étaient des briques creuse
cf H H î'0^ C^iacune ^e^es aui,ait pesé 232 kilogr. — 2 Hesych. Phot. Suid. s. i
Mittli i^v'li ? ' U)lC^ V°m‘ Metr°log. 28 éd. p. 535; U. Kôhler, dans les Athe
r. 0 T ’ P* ^ s- — 3 Xenopli. jResp. laitd. 7, 5; Polvb. <3, 49; Pli
T'Z: Lys™d- 20 ; A?ophth. Lac. p. 902 f - Poil. Vil, 105; IX, 79; Pla
monn rf ,°° B; d’ °‘ Müller- û°rier, t. II, p. 201 et s.; Fr. Lenormant, 1
monn. dans lantin » r „ ’ * ’
«Ad, dans Poil. Vn\os IY „ U'°UVe d“S Plut' Lys' 21
Alexiph 488 / ° > lA> 77 ; xe).avoç dans Hesych.; «IX <*vo* dans Niean
©OoT' voir j] ç'CC| °S SC0^es (^e ^botius et de Suidas. Au sujet de la pastill
cf. Corn. jW?CI .0',~ 6 Boeckh, Corp. inscr. gr. n°5 145, 146, \ï
fr. 48^ É(1 t) a ’ ’ P' 64 et sl,iv- " 6 P|ut- Fcib. 27. — 7 Aris
sur les monn Magn. s. v. ’OêAurxo;. — 8 L. Sambon, liée
rucci, Le monete Y.ir "r ms,Ju il* Colique (Naples, 1870), p. 25 et s.; Ga
e U alla antica. pl. vu à ix ; L. Milani, A es rude, signatw,
face des lingots. Avec le temps, la forme de ces lateres
primitifs se perfectionne ; leurs côtés sont ornés de divers
symboles, tels que croissants adossés, fleurons, étoile,
dauphin, fer de lance, et parfois des points ou globules
dont le nombre est en rapport avec le poids plus ou
moins élevé des lingots. On arrive ainsi graduellement a
la lourde monnaie de bronze, l’aes signatum , dont la
tradition romaine attribuait l’invention à Servius Tul¬
lius 9. Il est des lingots de l’aes signatum qui ont la
forme de tuiles rectangulaires portant un type sur leurs
deux faces (bœuf, sanglier, poussins, trident, Pé¬
gase, etc.) et pesant parfois jusqu’à cinq livres romaines
(1630 grammes). Aussi, pour transporter ces lourdes
briques, monnaie primitive des Romains et des Étrusques,
Tite Live dit qu’on était obligé de se servir de chariots :
aes grave plaustris quidam ad aerarium convehentes l0.
Quand on voulait de la monnaie divisionnaire, il fallait
casser à l’aide du marteau des morceaux de ces pavés, et
il nous est parvenu des fragments de quadrussis ou de
quincussis dont on ne saurait attribuer le fractionnement
au hasard ou à un accident quelconque. Comme en Grèce
encore, après l’introduction de la monnaie d’argent à
Rome, en 269 av. J.-C., les anciens lateres de cuivre,
démonétisés, furent offerts en ex-voto dans les temples et
aux sources des fleuves, où nous les retrouvons aujour¬
d’hui accumulés en nombre parfois très considérable.
Sous la République et sous l’Empire, .les généraux
victorieux ont souvent rapporté dans Y aerarium de 1 État
d’énormes quantités de matières d’or et d’argent qu on
transformait en lingots et qui venaient augmenter la
réserve publique11. En outre, à côté de la monnaie, les
lateres d’or etd’argent n’ont jamais cessé d’être en usage
dans les gros paiements entre particuliers ou officiels ;
on les appréciait à l’aide de la pierre de touche et de la
balance, même pour les versements faits dans les caisses
publiques12. Ainsi, à l’époque de Dioclétien, nous voyons
que l’or est vendu sous deux formes dans le commerce, èv
pY,yXi'ot; et èv ôXoxottivoiç. Le '/pu ffb; êv pYjyXtoiç indique l’or
en barres et le yputjôç èv ôXoxottivoiç est l’or monnayé 13.
Dans les ateliers monétaires, l’or et l’argent, affinés et
amenés au degré de pureté admis pour les monnaies,
étaient encore à la fin de l’Empire conservés en barres
avant de subir l’opération de la frappe. On a trouvé en
1887, dans le comté de Haromszeker, en Transylvanie,
dans le voisinage de l’atelier monétaire romain de
Sirmium, des lingots d’or à 980/1000 préparés pour la
frappe et estampillés sur leur face principale, non seule¬
ment des effigies impériales qui en fixent la date au temps
de Valentinien III, mais des contremarques des contrô¬
leurs {probatores) et autres officiers chargés de vérifier le
poids et l’affinage. Les plus lourds de ces lingots attei-
e grave rinvenulo alla Bruna presso Spalato, dans la Rivista ital. di num.
1. IV, 1891, p. 27 et s. ; Fr. Gnecchi, Ibid. t. VI, 1893, p. 275. — 9 Pliu.
Nat. hist. XXXIII, 43; cf. XVIII, 12; Hultscli, Gr. und rôm. Metrol. p. 254:
E. Babelon, O. I. p. 189. — 10 Tit. Liv. IV, 60, 6. — H Id. XXVII, 10, 11;
XXXIV, 52, 7 et passim ; I’iin. XXXIII, 10, 148 et 55; cf. J. Marquardt, De
Vorganis. financ. chez les Romains, p. 27. — 12 La lèse Manilia (357 av. J.-C.),
sur l'affranchissement des esclaves, établit un impôt ( vicesima pars mamimis-
sionum) qui fut payé en lingots, aurum vicesimarium (Tit. Liv. XXVII, 10, 1).
Sous l’Empire, les paiements en lingots et l usage de la balance sont cons¬
tants ; Mommsen, Hist. de la monn. rom. trad. Blacas, t. III, p. 64 ; J. Marquardt,
De. Vorganis. financ. trad. Vigié, p. 27. Sur une inscription de l'époque
impériale trouvée à Cius, une amende est fixée au poids, en livres d'or, et non
en espèces monétaires (Heuzey, Mission de Macédoine, p. 94; Bull, corr
hell. I. XII, 1888, p. 201). — 13 P. Paris, dans le Bail. corr. hell. t. IX, 1885
p. 237-238.
LAT
— 956 —
LAT
gnent 52 i grammes1. Des lateres d'argent analogues
ont été aussi découverts en 1888 ùNeudorff, près Lclite,
et sont conservés au Musée de Hanovre2. L’explication
des estampilles dont ces lingots d’or et d’argent sont
revêtus nous éclaire sur certains points demeurés long¬
temps obscurs de l’histoire monétaire de la fin de l’Em¬
pire romain [obrysum]. E. Babelon.
LATERNA [lanterna].
LATERNARIUS 1 ou LA1VTERN AR IUS 2 . — L’esclave
qui la nuit précédait son maître en portant une laterna
ou lanterna 3.
LATIAR [feriae latinae].
LATIFUNDIA. — L’histoire des latifundia pendant
la République se confond avec celle des lois agraires
[agrariae leges]. On n’a donc à étudier ici que les
latifundia , les grands domaines sous l’Empire ro¬
main.
Faisons d’abord remarquer qu’on a singulièrement
exagéré l’extension des latifundia. A la fin de la Répu¬
blique, les lois agraires, les fondations de colonies,
dues aux triumvirs, à César, à Auguste, avaient recons¬
titué dans une certaine mesure la petite propriété. C’est
ce que démontrent les écrits des Gromatici b II y est
souvent question des agelli, des particulae2 ; Frontin
parle d’une foule de petits propriétaires, densitas posses-
sorum, en particulier dans la Campanie3; le liber colo-
niarum ne décrit pas de grands domaines; le texte de
Pline le Jeune4 sur l’état de l’agriculture dans la Cisal¬
pine, près de Côme, indique plutôt la petite propriété
que la grande. Caton et Varron donnaient des chiffres de
100, 200, 300 arpents pour des domaines ruraux ; c’était
la moyenne propriété, qui comportait de 12 a 18 esclaves ,
c’est à peu près encore celle que décrit Horace0, dont
Yagellus avait un vilicus , 5 fermiers et 8 esclaves.
D’après une inscription de l’époque de Trajan, un
aqueduc de 5 950 pas traversait, sur les agri Ferentien-
sium (Viterbe), 11 propriétés 1 ; elles ne devaient pas avoir
des dimensions considérables. Les Tables alimentaires
fournissent des résultats du même genre8, surtout si
nous admettons, avec Mommsen, que le prix moyen de
l’arpent était alors de 1000 sesterces0.
A Bénévent, les domaines simples, les fundi, sont
estimés de 60000 à 30 000 sesterces, quelques-uns de
100000 à 60 000, un seul dépasse 100 000 sesterces; les
noms des fundi indiquent qu’il y avait au début 90 pro¬
priétaires ; or, à l’époque de Trajan, il y a environ
60 propriétaires qui ont engagé leurs biens; sur ce
chiffre, il y en a 16 dont on n’a que les noms; 2 ont en
propriété foncière le cens équestre, 9 sont compris
entre 100 000 et 400 000 sesterces, les autres sont
au-dessous de 100 000 sesterces; il n’y a que 2 proprié¬
taires de latifundia : un qui a -4 fundi avec 25 sait us,
d’une valeur de 451000 sesterces, l’autre qui a 11 fundi
valant 501000 sesterces; la petite propriété résiste donc
i Domaszcwski, dans le Corp. i nscr. lat. III, n. 8080 ; les barres numérotées 11
etXIll sont au Cabinet des Médailles de Paris; cf. Dec. num. 1889, p. 143-145 et
1893, p. 283; H. Willors, dans la Num. Zeit. de Vienne, t. XXXI, 1898, p. !212 et
t XXXII, 1899, p. 33. — 2 J- H- Millier, dans Vor-und früligeschichtl. Allerthü-
pier (1er Provins Hannover, 1893, p. 28; H. Willers, loc. cit.
LATKllNARIUS ou LANTEIVNAniUS. 1 Cicer. in Pison. IX, 20. — 2 Corp.
inscr. lat. X, 3970. — 2 Val. Max. VI, 8, 1.
LATIFUNDIA, l Édition Blume, Lachmann et RudorIT. — 2 Loc. cit. 50, 8 ; 1 - *•,
41. — 3 Ibid. 50, 19 ; 15, 1 ; 57, 10, 18 ; 42, 10. — 1 Epist. 3, 19, 7. — 5 Cat. De
re rust. I, 10, Il ; Varr. De re rust. 1, 19. — o Sat. 2, 7, 118. — 7 Corp. inscr.
lat. ||, 3003. -» Corp. inscr. lat. 9,1455; 11, 1147. — 3 Mommsen (/Termes, 1884,
ici vigoureusement à la grande. A Veleia et Plaisance,
les résultats sont moins clairs ; les fundi simples ont eu
à l’origine une très faible valeur, et il faut distinguer les
terres arables et les saltus. Pour les terres arables, 3 fonds
seulement dépassent 100000 sesterces; 16 sont compris
entre 60 000 et 100 000; 41 entre 30 et 60000; 31 sont
au-dessous de 30000; il y a plusieurs latif undia qui
comprennent 2, 3, 4, 5 ou 6 fonds, mais le plus considé¬
rable ne vaut que 200 000 sesterces. Quant aux saltus de
cette région, dont la composition parait très ancienne,
ils forment surtout des latifundia ; 11 groupes atteignent
ou dépassent 200 000 sesterces, 2 dépassent le cens
sénatorial d’un million de sesterces; mais, tandis qu’à
Bénévent, chez les Ligures, un capital de 401 800 ses¬
terces est réparti entre 66 propriétaires emprunteurs,
à Veleia le capital de 1044000 sesterces n’est réparti
qu’entre 52 propriétaires ; presque la moitié a des pro¬
priétés au-dessous de 100 000 sesterces, 16 ont de 100 000
à 400 000 sesterces; un cinquième ale cens équestre,
trois dépassent le cens sénatorial. On voit que ce sont les
saltus qui forment la masse des latifundia. La petite
propriété n'a pas disparu, mais elle est plus fortement
atteinte qu’à Bénévent, sans doute parce que la plaine
du Pô attirait plus les capitaux que les montagnes de
l’Italie du Sud 10. La race des petits propriétaires, minée
par les causes qu’on va voir, se refaisait constamment
par les affranchissements, par les établissements de
vétérans, par les concessions de terres sur les domaines
impériaux. Au Bas-Empire, elle résiste encore au poids
des impôts, aux crises monétaires, aux guerres civiles.
Les textes juridiques citent à chaque instant les petits
propriétaires ( médiocres )“; ils distinguent des colons
ordinaires ceux qui ont leurs terres propres12; 1 histoire
du régime municipal est l’histoire même des moyens
propriétaires; et, encore au-dessous des décurions, il y
a ceux qui, n'ayant pas au moins 25 jugera , ne sont pas
en règle générale appelés à la curie13. Les empereurs
protègent de toutes leurs forces les petits propriétaires
contre les grands, en créent de nouveaux dans les
villages libres d’Orient, les métrocomies u, sur les terres
désertes des particuliers et du fisc13. En Italie, sous
lse Ostrogoths, Cassiodore parle encore fréquemment
des petits propriétaires ( humiles , médiocres , mi¬
nores) ie.
Il n’en est pas moins vrai que la grande propriété,
fortement atteinte en Italie à la fin de la République, ]1J1
les lois agraires, par les confiscations, par les déposses
sions opérées en masse pendant les guerres civiles,
n’avait pas tardé à reconquérir du terrain pour les mêmes
raisons que précédemment. La passion de la terre, colé
« cupido agros continuandi », dont parle dite Lne ,
avait de nouveau sévi ; les capitalistes romains et itali< ,l'
avaient recommencé à étendre leurs possessiones ; h '
avait toujours des terres disponibles dans ces colonies
p. 398, note 2) le conclut de Columel. 3, 3, 8, et de ce fait que César donnait
anciens légionnaires 10 jugera et Auguste 12 000 sesterces (Cic. Ad. Att. -, 1 ] ^
De leg. agr. 2, 28, 29 ; Dio. Cass. 55, 23). Fustel de Coulanges arrive à peu ‘
la même conclusion (L'alleu, p. 26). - 10 Nous avons résumé les résulta1^1]
Mommsen ( Hermes , 1884, p. 393-416). — n C. Theod. 8, 13, 7; 11, 1 ’ ^
10, 7, 12; 13, 9, 4 ; 17, 7, 12 ; 8, 13, 7; 11, 24, 6 ; C. Just. 11, 6, 4.
11, 1, 4; 12, 1, 33; C. Just. 1. 48, 4. — 13 C. Th. 1 ’ ’
14 C. Just. 11, 56; C. Th. 11, 24, 6. - 10 C. Th.
5, I l ; 14, 9
33; 11, 22, 2.
li.
25
— 17 34, 4.
, 13 ; C. Just. Il, 59, 3, 8, 13, 14. - 16 Var. 1, 10, 15, 23, 27; 2, •*>
; 3, 14, 17, 25, 27, 34; 4, 17, 35, 40; 5, 3, 12, 14, 22; 6, 15; 8, 7; -<
LAT
— 957 —
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fondées par les triumvirs, César et Auguste,
deVele7^eT^nne existence éphémère*; dès le
débuT il y avait eu dans ces colonies des fundi excepti,
des l'oca relief a qui avaient été reserves a de giant^
nprsonnages et formèrent immédiatement de grands
domaines2, les terres laissées vacantes, les subseciva ,
ou réservées aux cités, comme les saltus , les pascua,
furent en grande partie usurpées par les possessores ,
et naturellement par les plus riches d entre eux , il est
souvent question dans les textes juridiques de 1 invasion
des terres publiques des cités; une des attributions ces
curateurs fut de les revendiquer A
Il y a eu évidemment en Italie d’autres modes de
formation des grands domaines : les acquisitions à
l’amiable ou par contrainte, les défrichements de saltus.
Il y a donc une sérieuse part de vérité dans les plaintes
de la littérature classique sur l’extension des latif undia.
Pline l’Ancien dit que les latifundia ont perdu l’Italie et
commencent à perdre les provinces A Tacite parle des
villae qui s’étendent à l’infini1 * * * * 6; Sénèque de domaines
aussi vastes que des royaumes 7 ; Pétrone décrit, sans
cloute avec quelque exagération, les immenses propriétés
de Trimalcion 8. Il y a des doléances et des descriptions
analogues clans Tite Live, Salluste, Virgile, Horace,
Lucain, Juvénal, Perse, Apulée, Valère Maxime, dans
les Déclamations attribuées à Quintilien 9. Les Tables
alimentaires nous ont montré que la petite propriété
avait perdu du terrain au profit de la grande. Un seul
propriétaire a réuni jusqu’à 10 ou 12 fundi entre ses
mains. Les jurisconsultes signalent souvent des réunions
analogues10. Pline le Jeune achète une terre 3 millions
de sesterces ; la description d’un autre domaine qu il a
donné à sa ville natale et qu’elle afferme 30 000 sesterces
donne également l’idée d’une grande propriété11. Aux
grands domaines privés s’ajoutent ceux des villes, et
surtout les domaines fiscaux et impériaux dont on va
voir l’extension. Les régions où paraît prédominer la
grande propriété sont : le Latium, l’Ombrie, l’Étrurie, le
Samniuin, le Picenum, la Campanie et toute l'Italie du Sud.
Les mêmes causes qu’en Italie ont dû agir dans les
provinces pour constituer la grande propriété : mais
nous n’avons de renseignements précis que pour quel¬
ques pays. Dans la Gaule, par exemple, a dû constamment
régner la grande propriété. Dès César, la puissance de
la classe équestre, la servitude de la plèbe rurale,
l’existence d’une classe de clients et de redevances
foncières12 ( tributa ), ne s’expliquent que par la prédo¬
minance de la grande propriété 13 .
Elle se développa naturellement encore sous l’Empire.
Ausone appelle villula , herediolum , un domaine de
1 Tacit. Ann. 14, 27; Plin. Hist. nat. 3, 5, 70; Horat. Ep. 1, 7, 43; Virgil.
Georg. 2, 235; Juven. Sat. 3, 2; Grom. vet. 223, 3 ; 224, 3; 131,18-20.
— 2 Grom. vet. 157, 7-8; 48, 2, 4; 211, 4; 101, 12. — 3 Ibid. 15, 4; 48,
22, 20 ; 152, 12 ; 201, 13 ; 202, 2; 103, 10-14 ; 59, 0 ; 53, 22 ; 132, 7.-4 Dig.
50, 10,5, § l; so, 14, 2; Corp. inscr. lat. 10, 1018 — 8 Hist. nat. 18, 0, 35.
6 An. 3, 53. — 1 De benef. 7, 10; cf. Dialog. 10, 12, 2; De tranq.
anim. 2, 8, 6; 2, 11, 8 ; '‘Epist. 87, 7, 89; 90, 39. — 8 Satyr. 53 et 77.
9 Uv. 6, 12; 34, 4; Sali. Cal. 12, 13; Jug. 41; Virg. Georg. 2, 458;
Horat. Od. 2, 18, 20-27 ; Luc. Phars. 1, 166 ; Juv. Sat. 9, 55; Pers. Sat. 4, 26 ;
Apu1’ Metam ■ 8 et 9, 35.; Val. Max. 8, 6, 1 ; Declam. 7, 13 ; 13, 2. — 10 Dig. 34,
A 1 ! cf. 32, 91, 3.— U Epist. 3, 19 ; 5, 6. — 12 Caes. Bell. gall. 1, 4, 2; G, 13, 2 ;
’ *’ 3 ’ 4 ; 5, 3 ; 6, 30. — 13 Malgré les faibles objections faites par d'Arbois
e Jubainville ( Dec/t . sur la propriété foncière et les noms de lieux en
ance, p. 15-27, 91-121), on peut considérer connue certaine l’existence de la
propriété piivée en Gaule au moment de la conquête, surtout d’après Caes. Dell.
I ■ , 13, --5, /, 77, i5 ; voir Fustel de Coulanges, Le problème des origines de
a. propriété foncière {Rev. d. quest. hist. 1er avril 1889); Lécrivain, La propriété
1 050 arpents14 * * *; les domaines décrits au ve siècle par
Sidoine Apollinaire paraissent être de grande étendue *”.
Un peu plus tard, à une époque de crise, sous Clovis,
une villa est encore vendue 5000 livres pesant d argent ,
on peut également utiliser les chartes mérovingiennes,
les villae que ces chartes mentionnent ont une étendue
fort variable, mais beaucoup correspondent à des com¬
munes rurales actuelles et ont dû par conséquent avoir
une surface assez considérable *7. En Sicile aussi, a dû
régner de tout temps la grande propriété ; à l’époque de
Cicéron, le territoire d’une des plus grandes cités, Xager
Leontinus , appartenait à 84 propriétaires18. Ces condi¬
tions n’ont guère dû se modifier dans la suite. L’Afrique
a été de tout temps la terre classique de la grande
propriété. Il est probable qu’à la fin de la République
une partie de Xager publicus y avait été usurpée par
les particuliers. Sous l’Empire, ils y possèdent, comme
on va le voir, des domaines immenses *9. Enfin, dans
tout le monde romain, surtout en Asie, en Égypte, en
Afrique, les terres fiscales et impériales augmentent le
nombre des latifundia. La concentration de la terre
s’accroît encore au Bas-Empire avec la toute-puissance
de l’aristocratie sénatoriale, et les transformations écono¬
miques et sociales. . •
Les grands domaines peuvent se ramener à deux
catégories principales : les latifundia et les saltus. Le
mot latifundia , assez rarement employé20, n est pas une
expression technique ; le mot propre est lati fundi ;
c’est une terre limitée, dont la superficie dépasse 1 unité
de culture ordinaire21. Mais, dans la pratique, les lati¬
fundia se présentent sous deux formes : on a soit des
domaines d’un seul tenant, soit un certain nombre de
fundi , de villae, isolés sur le terrain, mais appartenant
à un seul propriétaire. Les Tables alimentaires offrent
des exemples des deux formes; une suite de noms en
anus , portés par les différents fundi qui ont été réunis,
désigne une propriété de la seconde forme. Les riches
devaient s’efforcer de constituer par des acquisitions
successives des domaines de la première forme, mais
néanmoins la plupart des latifundia devaient se compo¬
ser de propriétés isolées. C’est ce qu indiquent pour le
Haut et le Bas-Empire de nombreux textes relatifs aux
propriétés soit privées, soit impériales22, et il en est
encore ainsi après les invasions et à l’époque mérovin¬
gienne23. Le grand domaine comprend donc générale¬
ment un certain nombre de fundi , mais il s appelle
aussi fundus , en Égypte oust*24; surtout au Bas-Empire,
on trouve encore les expressions : ager 2S, villa, qui
désigne d’abord la maison du maître, puis le domaine
entier26; praedium 27 ou praedia , mot qu’il faut sous-
foncière chez les Gaulois {Ann. de la Fac. des Lettres de Bordeaux, 1889,
p. 181 et suiv.). - U Idyll. 3. - 13 Epist. S, 4 et 8; 2, 2 et 9. - 16 Pardessus,
Diplom. 1, 85 ( Testamentum Remigii). — 41 Voir Fustel de Coulanges, L Alleu,
p. 227-232. - 18 Cic. In Verr. act. sec. 3, 51, § 120. — 19 Cf. Cyprian. Epist. ad
Donat. 12 (Migne, Pat. lat. 4, p. 217) : diuites... continuantes saltibus saltus.
_ 20 On ne le trouve guère que dans Val. Max. 8, 6, 1 ; Plin, 18, 7, 3 ; 13, 29, 1 ;
17, 35, 32 ; 18, 67, 10 ; Petron. Sat. 77 ; Senec. Epist. 88 ; Flor. 3, 19. — 21 Grom.
vet. 157, 5; 161 , 7. — 22 Plin. Epist. 3, 19, 4; Dig. 32, 41, 2 ; 33, 4, 6 ; Senec.
Epist. 87, 7 ; Auson. Epist. 23 (sur Paulin de Nola) ; Vit a Placidi (Mabillon,
Acta sanctor. 1, 52-53); Ammian. Marc. 27, 11, 1; Vifa Silvestri (Lib.
pontif. éd. Duchesne). — 23 Fustel de Coulanges, L'Alleu, p. 231-236, 263.
_ 24 Rostowïew, Oie Icaiserliche Patrimonialverwaltung in Aegypten (Phi-
lologus, 1898, p. 573).- 2b Plin. Epist. 3, 19; 10, 9; Cic. Pro Tull. 3;
Sidon. Apoll. Epist. 2, 2 ; Dig. 50, 15 , 4. — 26 Tacit. Ann. 3, 53 ; 4, 73 ;
Bist. 5, 23; Plin. Hist. nat. 32, 25, 42; Dig. 50, 16, 198 ; Stat. Silv. 21;
Corp. inscr. lat. 10, 1748 ; Sidon. Apoll. Epist. 1, 6. — 27 Sidon. Apoll. 2, 2, 9 ;
3, 1.
121
LAT
— 958
LAT
entendre devant beaucoup de noms de lieux terminés en
ana 1 ; possessio , domus, surtout pour les domaines
impériaux et sénatoriaux 2 ; les mots grecs corres¬
pondants, yioptov, XTTjpta OU xxT|<nç % tÔ7:oi4, olxo; “ ; dès
le Haut-Empire, on trouve le mot grec ffuyxr-^dtç6; le mot
latin correspondant massa (sous-entendu fundorum)
n’apparaît en Occident que beaucoup plus tard, mais
devient d’un usage très fréquent7.
Le mot saltas signifie à l’origine des bois ou des prai¬
ries « silvae et pastiones »8 ; dans les Tables alimen¬
taires et au Digeste 9, le saltus s’oppose au fundus ;
c’est le territoire montueux, d’exploitation difficile, par
rapport à la terre arable ; mais peu à peu le saltus a fini
par désigner aussi le grand domaine en général, surtout
en Orient10. Les assignations avaient porté au début sur¬
tout sur les terres arables; les pascua et les saltus
avaient été en général livrés à l’occupation ( possessio );
ils se trouvaient en dehors du territoire de chaque cité
et avaient ordinairement une étendue considérable ; c’est
pour cette raison que des lots assignés, de grande éten¬
due, par exemple de 25 centuriae ou 5 000 jugera , portent
quelquefois le nom de saltus M. Les saltus étaient donc
en droit primitivement des domaines de l’État ; celui-ci
en a gardé un certain nombre et on les retrouve dans le
domaine impérial ou public ; d’autres ont été occupés et
mis en valeur par des particuliers. Il y en avait relati¬
vement peu en Italie. Ils se trouvaient surtout dans les
provinces. Columelle12 décrit ces immenses saltus dont
les puissants propriétaires ne peuvent même pas faire
le tour à cheval et dont ils laissent la moitié en friche.
C’est sur ces espaces que, d’après Frontin, les proprié¬
taires possèdent toute une population de paysans13. La
patrie des saltus était par excellence l’Afrique. D’après
Pline l’Ancien 14 , six propriétaires dont Néron confisqua
les biens possédaient au début du Ier siècle la moitié de
l’Afrique. On a vu le texte de saint Cyprien sur l’exten¬
sion des saltus africains. Il y en avait en particulier de
nombreux dans les vallées du Bagradas (Medjerdah) et
de ses affluents ; l'inscription d’Ain-Ouassel mentionne
les cinq saltus impériaux : Blandianus, Udensis,
Lamianus , Domitianus , Thusdritanus'6 ; celle de
Souk-el-Khmis le saltus Burunitanus 16 ; celle d’Ilen-
chir-Mettich le fundus villae Magnae Variani, voisin
d’autres praedia11 ; l’empereur avait encore le saltus
Philomusianus, une partie du saltus Massipianus et
celui qu’indique l’inscription de Gazr-Mezuar 18.
Les grands domaines sont publics ou privés. Voyons
le mode de formation et les principales catégories
l Ainsi en Sicile sur les Itinéraires et dans Gregor. Magn. Epist. 9, 82 ; 13, 32.
— 2 C. Th. 1, 32, 7; 6, 3, 3 ; 4, 5, 2; 11,7, 12; 12, 1, G; 15, 3, 6 ;
IG, 6, 2 ; Cassiodor. Var. 2, 24, 25. — 3 Justin. Nov. 157 ; 128, 3. — 4 Schulten,
Libello dei coloni... ( Mittheil . cl. arch. Instit. Rôm. Abth. 1898, p. 226-
227). — Si Justin. Nov. 21 et 102, c. 1. — C Dig. 2, 31, 34; 34, 4, 30, g 1 ;
Nov. 16G. — 7 Corp. inscr. lat. 10, 807G ; 14, 3482; Nov. Anlhem. 3,
§ 3 ; Symmach. Ep. 10, 41 (éd. Seeck) ; Ammian. 14, 11, 27; Cassiodor. Var. 5,
12 ; 8, 33 ; 12, 5 ; Marini, Papiri, n08 82, 8G, 91 ; Gregor. Magn. Epist. 1, 41 ; 5,
44; 9, 30, 180, 236, 1 19, 128, 23, 170 ; 7, 38 ; 2, 29 ; Fanluzzi, Monum. Ravenn.
n» 116, p. 59. Le mot massa figure fréquemment dans la donation de Constantin
{Vita Silvestri). 11 y a un massarius ap. Corp. inscr. lat. 6, 9560. — 8 Festus, s. h.
v. ; Varr. De ling. lat. 5, 36. — 9 Voiries textes réunis par Schulten, Die Grundherr-
schaflen, p. 25. — 10 Not. dign. Or. c. 13; C. Just. 1, 69, 2 ; U, 62, 14. Ilieroclès
signale en Orient beaucoup de noms de lieux qui commencent en saltus, ainsi
Ea^Tofftéoto;. — n Grom. vet. 158, 20 ; 211, 4 (en Calabre). — 12 De re agr. 1, 3.
— 13 Grom. vet. 53. - H Hist. nat. 6, 35. — 15 Rev. arch. 1892, XIX, p. 221.
— 16 Corp. inscr. lat. 8, 10570. — n Nouv. Rev. hist. de droit, 1897, p. 374-377.
— 18 Corp. inscr. lat. 8, p. 73, et n88 14603, 14428; voir sur la topographie de ces
régions : Carton, Découvertes archéologiques et épigraphiques faites en Tunisie,
des domaines publics pendant le Haut-Empire 19.
I. On peut distinguer : les terres publiques propre¬
ment dites qui forment deux groupes :
A. Les terres du peuple romain. Une révision générale
en avait été faite par Auguste aux règlements duquel se
réfèrent souvent les empereurs suivants20; les bénéficia
accordés par les empereurs se rapportent en grande partie
à ces fundi populi romani 21 . Les lois agraires n’en
avaient laissé subsister qu’une faible étendue22. Claude
revendique pour lui les terres publiques des environs
de Trente; il reprend dans la Cyrénaïque des terres
usurpées par des particuliers23 ; Vespasien et Titus conti¬
nuent cette opération 24. Ils avaient vendu tous les subse-
civa d’Italie, mais Domitienles rendit définitivement aux
propriétaires dépossédés25. Les Tables alimentaires mon¬
trent encore des possessions du peuple sous Trajan en
Italie. 11 y en avait aussi en Espagne, en Judée, en
Dalmatie26. Au m° siècle, il y a encore un procurateur
pour les res populi per tr[actum] utriusque Numidiae 27
et un procurator vectigalium populi Romani quae sunt
citra Padum2i , que Mommsen29 rattache aux saltus
Galliani mentionnés par Pline dans la huitième région 30 ;
il y a aussi les vectigalia populi romani gallicana 31.
On a de plus beaucoup de briques avec la marque « ex
praediis populi romani ». Mais le peuple n’est plus pro¬
priétaire de ces terres que de nom ; surtout dans les pro¬
vinces, elles passent de bonne heure sous l’administration
des agents impériaux ; à partir d’Hadrien, les juriscon¬
sultes ne parlent plus que de loca fiscalia , de fundi
fiscales 82. Disons immédiatement que ces domaines sont
affermés à des mancipes, des conductores agrorum publi-
corum qui sous-louent à de petits fermiers 33 ; il y avait
des publvcani pour les pascua de la Cyrénaïque 34.
B. Les terres du fisc 35. Elles comprennent : les débris
des terres publiques dans les provinces impériales; les
bona vacantia et caduca , soit dans les provinces impé¬
riales, soit aussi, au moins dès Marc Aurèle, dans
les provinces sénatoriales 30 ; les terres achetées avec
l’excédent des revenus fiscaux 37 ; une partie des biens
confisqués ; les terres réservées au fisc dans les provinces
d’acquisition récente, Afrique, Pannonie, Dacie 38, Ger¬
manie, Bretagne, Cappadoce, etc.
IL Le patrimonium principis 39. Dès Auguste40, pour
distinguer des terres du fisc les terres possédées en propre
par les empereurs, apparaît le patrimonium principis.
Malgré les donations que font les empereurs 41 , il acquiert
immédiatement une extension considérable. Ses princi¬
pales sources d’accroissement sont : le patrimoine de
carte ; Rev. arch. 1892, p. 221 ; les Cartes du Corp. inscr. lat. t. VIII ; Schulten, Lex
Manciana, p. 4-5. — 19 Nous laissons de côté les domaines qui ne sont pas purement
fonciers, tels que les mines [metalla] et le domaine de Rome, toute la série des Horti ;
voir à ce sujet Homo, Mélanges de l’École de Rome, 1899, p. 101-129. — 20 Tacit.
Ann. 3, 28; Dio Cass. 53, 2; Suet. Aug. 32; Corp. inscr. lat. 2, 1423; G, 260;
10, 8038 ; Orelli, 1460, 3118; voir Mommsen, Rôm. Staatsrecht, 2, 2, 1, n" 4.
— 21 Suet. Tib. 8; Dio Cass. 67, 2; Plin. Atf. Trai. 58 ; Orelli, 3118 ; Corp. inscr
lat. 6, 266 ; Grom. vet. 54, 10. — 22 Grom. vet. 114, G ; 137, 1. — 23 Tacit. An»-
14, 18 ; Corp. inscr. lat. 5, 5050, 1. 14. — 24 Grom. vet. 122, 20. — 25 Ibid. 54,
8-12; Suet. Dom. 9. — 26 plin. Hist. nat. 12, 3, 123; 19, 3,39; Dig. 41, 1, 14-
— 27 Corp. inscr. lat. 8, 18909. — 28 Corp. inscr. lat. 3, 249. — 29 Hermes, 15,
p. 395. — 30 Hist. nat. 3, 116. — 31 Wilmanns, 1281. Ils étaient peut-être dans
l’ancien ager gallicus. — 32 Dig. 49, 14, 3, § 9-10 et 45, g 13. — 33 Grom. vet. 115 >
Dig. 49, 14, 3, § 6; 19, 2, 53; 49, 47, 1. — 34 Plin. Hist. nat. 19, 39. — 35 Voir
Lécrivain, De agris publicis imperatoriisque, p. 11-12. — 30 Dig. 28, 4, 3 ; 34, 9,
IC, g 2. — 31 Plin. Ad Trai. 54. — 38 Pascua en Dacie {Corp. inscr. lat. 3, 1363).
— 39 Marquardt, Org. finane. (trad. fr.), p. 392; llis, Die Domünen, p. 2-3; Hirs-
clifeld, Untersucliungen, p. 23-29 ; Lécrivain, Loc. cit. p. 15-26. — 40 Suet. Aug-
101 ; Monum. Aucyr. 3, 8, 17; 3, 9; 3, 34, 11 ; 4, 19, 21, 24. — 41 Suet. Ner. 33.
LAT
— 959
LAT
Hriaue nouvel empereur, y compris Auguste1 ; les heri-
Les et les legs, volontaires ou forcés, laissés au prince
soit comme prince, soit comme patron2; les biens des
condamnés, répartis entre l’aerarium, le fisc et le patri¬
moine3. Tant que la gens Julia Claudia occupa Tern¬
aire Ce patrimoine se transmit régulièrement, gardant
son caractère privé; mais la famille des Flaviens acquit
avec l’empire le patrimoine de ses prédécesseurs4; il en
fut ainsi sous les familles suivantes; le patrimoine
d’Hadrien passa à Marc Aurèle5, celui de Marc Aurèle et
de Pertinax à Septime Sévère 6 *. Cette transmission
devint une règle juridique ;, et le patrimoine se trans¬
forma en fait en une seconde catégorie de biens de la
couronne, tout en restant en droit un trésor privé. C’est
là ce qui explique les précautions prises par plusieurs
empereurs pour assurer à leurs enfants ou à des parents
une partie de leur fortune privée 8.
III. Septime Sévère créa9, en lui donnant les mêmes
droits et privilèges que le fisc, sous le nom de res ou
ratio privata , une nouvelle catégorie de biens de la cou¬
ronne, composée surtout, au début, des grandes confis¬
cations qu’avaient amenées les défaites de Pescennius
Niger et d’Albinus10. On eut ainsi d’un côté le fisc et le
patrimoine, qui étaient presque confondus, de l’autre
1a. ratio privata au profit de laquelle le patrimoine per¬
dit un certain nombre de domaines11 et quelques reve¬
nus, par exemple les héritages laissés au prince qui
furent administrés pendant quelque temps par un nou¬
veau procuralor hereditalium patrimonii privati , puis
parle procurator rationis privatae 12.
IV. Les impératrices, princes et princesses de la famille
impériale, eurent aussi leur patrimoine 13 Agrippine
avait une fortune presque aussi considérable que celle de
l’empereur 14 ; Livie avait hérité de tout un district de la
province de Judée qui rapportait par an 60 talents 1:\ Elle
avait des domaines à Thyatira de Lydie, où il y avait une
area Liviana 16. Les briques avec des marques de fabrique
nous font connaître des domaines d’Antonia, femme de
Drusus; de Messaline, d’Agrippine, de Poppaea Sabina,
d’Octavie, de Domitia, de Flavia Domitilla; de Plotina,
femme de Trajan; de Marciana, sa sœur ; de Boconia Pro¬
cilla, grand’mère, et d’Arria Fadilla, mère d’Antonin; de
Matidia la jeune; deDomitiaLucilla,mère de Marc-Aurèle ;
deFaustina, sa femme; d’ Aurélia Sabina, sa fille11. Quel¬
ques-uns de ces biens appartenaient en commun au
prince et à son épouse18. Jusqu’à Septime Sévère, ces
domaines furent administrés par des procurateurs, avec
le caractère de propriétés privées 19; mais après la création
delà ratio privata , la ratio Augustae devint aussi un
service public pourvu de tous les privilèges du fisc et
considéré comme une branche de la ratio privata 20.
Nous indiquerons les principaux domaines impériaux,
en faisant remarquer qu’il est souvent difficile de dis¬
tinguer les différentes catégories 21. La ratio privata avait
des biens dans la Germanie, la Belgique, la Bithynie, le
Pont, la Paphlagonie, la Cappadoce ; mais nous ne les con¬
naissons pas dans le détail 22. On verra ses domaines d Italie
et d’Afrique à propos des fonctionnaires qui les régissent.
Le patrimonium avait en Italie les villae ou praetoria
d’Albanum, Antium, Alsium, Baiae, Caieta, Çapreae,
Circei, Lanuvium, Formii, Lorium, Misenum, Ostia,
Praeneste, Puteoli, Tarracina, Pausilippus, Sublaqueum,
Tibur, Tusculum ; la villa Gordianorum , la villa Quin-
tiliorum 23, d’autres villae de nom inconnu24 ; les terres
indiquées dans les Tables alimentaires par la mention
ad fine Caesare nostro 25 ; les saltus Caesaris 2G, peut-être
identiques aux saltus Carminianenses de 1 Apulie et de
la Calabre, passés au Bas-Empire dans la ratio privata-' ,
et à ces pâturages de la même région dont une inscription
de 168 fait supposer l’existence28-; une quantité d autres
fundi ou praedia, par exemple le fundus Albanus -9,
le saltus Domitianus, les praedia Luciliana , les praedia
Galliana 30, Maeciana , Statoniensia31, Peducanea et
Romaniana 32 ; les domaines d’Istrie33, le fundus Anto-
nianus près de Rome, le fundus ad T ada babatia en
Ligurie 3\ les terres dont l’existence est indiquée par des
briques estampillées33. On verra plus loin les domaines
d’Afrique. Dans le sud-ouest de la Phrygie 36, un groupe
important comprenait dans la vallée du Lysisles domaines
d’Ormelos, d’Alastos, de Cibyra, de Phylakaion, de Tym-
brianassos, de Bindaion, de Dipotamon, de Docimium, le
saltus de la vallée de Tembrogios 3 1 . Enfin il y a beaucoup de
domaines dontl’attribution n’est pas indiquée, par exemple
des praedia de Sicile38 et les nombreux domaines ( prae¬
dia , tnassae , fundi) d’Italie, de Sicile, d’Afrique, de Grèce,
d’Égypte, de Syrie, qui furent donnés par Constantin
aux différentes églises de Rome et de l'Italie 39.
Le domaine d’Égypte a une importance particulière40.
Abstraction faite des biens des temples, il comprend
deux parties : les terres fiscales, l’ancienne yŸ| lîactXtxr,,
1 Dio Cass. 40, 48; 51, 4. — 2 Suet. Aug. 101; Ner. 32; Tac. Hist.
2, 32 ; Pliu. Pan. 43 ; Vit. Commodi, 19 ; C. i. I. 6, 8432 ; Dio Cass. 54, 29.
— 3 Dio Cass. 53, 23 ; 55, 32, 2 ; Joseph. Bell. Jud. 2, 7,3; Tacit. Ann. 4,
19-20 ; 0, 2 ; G, 19, 17 ; Plin. Pan. 55 ; Vit. Hadriani , 7 ; Plin. Hist. nat. 0, 35.
- 4 Le Pausilippe (Dio Cass. 54, 23 ; Plin. Hist. nat. 9, 167) ; la Chersonèse (Dio
Cass. 5r, 29; C. i. I. 3, 726; Ephem. epigr. 5, p. 83, n° 226); les biens de Vibius
ansa (G. i. I. 5, 8110, 1-28). L’Égypte fournit beaucoup d’autres exemples. —
Marini, Iscrizioni antiche doliari, n«» 120, 185, 186, 202, 221, 238, 269, 277,
~ °lbid- 143 ; C. i. I. 8, 8425-26; Vita Didii, 8.-7 Dig. 31, 56.
\Ua Anlonini, 7 ; Dio Cass. Ep. 73, 7, 3 ; Vita Üidii , 8, Marci, 7 ; Marini,
i oc. ci . n»« 26-28. 9 Cependant on trouve déjà un procurator rationis pri¬
vatae sous Anlonin, d’après la restitution probable du C. i. I. 8, 8810. — 10 Vita
30 * e>10 12 ’ Wl'manUS’ 1275 < Cass. 49,14, 6, § 1 ; C. Just. Il, 71-74. — H Dig.
’ .’ '' 8 {Borti Sallustiani, fundus Albanus) ; Lanciani, Silloqe epiqrafica
«’^G- 12 Wilmanns, 1275. —13 Voir Hirschfeld, Loc. cit. g. 28-29 ; His,
RO - Tf’81 82;Lécrivain. Loc. cil. g. 37-38. — U-Tacit. Ann. 13, 13. — 13 Joseph,
tori 887 o. *clj ’ Antiq . jud. 18, 2, 2 ; 18, 6, 3. - 16 C. i. gr. 3487, 3497. — 17 Mura-
5410 -ri V.,V1,4,l7;918* 5 ; Fabretti> 2S3. 302> 294< 243i Orelli-Henzen, 5408,
758-'- V ’.■* ■ 'l 5862’. 834, 869 > Wilmanns, 235 ; Suet. Dom. 17 ; C. i. I. 10, 4746,
‘8 Marini "r'’ '°C' n°! 27’ 28’ 57> 60’ 72> 117’ U8> i-0’ 127> 42E>. 426. —
8 990'! ' °iâ r*' ll”’ <-"rulov’ 4’ 12 ! Orelli-Henzen, 5949, 5738; C. i. I.
Dorn.it. 17~_ 9oV' L 9021 ; l0’ 1738' 7587 i Vita Marc-Aurel. 7; Vita
x0- 49 , 14, 6, § 1. — 21 Voir celte statistique dans Friedlander,
1, 234; 2, 94; Hirschfeld, Loc. cit. p. 24; Lécrivain, Loc. cit. p. 30-36. — 22 Wil-
manns, 1293; C. i. I. 3, 1456; sous la République, les pascua de Bithynie étaient
affermés à des publicains (Cic. Ad fam. 13, 9 et 65). — 23 C. i. I. 1, p. 326 ;
5, 5050 ; 10, 6081, 1749-51 ; Lanciani, Loc. cit. n°5 262-264, 285, 195 ; Orelli-Henzen,
2351, 5144, 8583; Frontin. De aquis, 93; Gruter, 1112, 2; Dio Cass. Ep. 72;
jNibby, Borna antica, art. X, p. 292-373; Bull. dell. Istit. 1873, fasc. 3, p. 85.
— 24 Lanciani, Loc. cit. 238. — 25 C. i. I. 11, 1147, col. 4, 1. 60-76, col. 6, 1. 2 et 31 ;
9, 1455 ; col. 2, 1. 35, 49, 54, 70.— 26 Grom. vet. 46 , 5. — 27 JVolit. dign. Occ.
c. Il ; cf. C. i. I. 10, 1735 ( procurator regionis Calabricae) et Grom. vet. 211.
— 28 c. i. I. 9, 2438. — 29 Dig. 30, 39, 8. — 30 C. i. I. 3, 536; Inscr. Neap.
6866; cf. Plin. Hist. nat. 3, 15, 116: saltus Galliani. — 31 Orelli, 5015;
Marini, Loc. cit. n" 141. — 32 C. i. I. 6, 270, 721. — 33 C. i. I. 5, 41. — 34 Lib.
pontif. 2, p. 203, n» 3 (éd. Duchesnc) ; De Rossi, Bull. di. arch. Crist.
1875, p. 15G. — 35 Marini, Loc. cit. nos 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 15, 26-28, 57, 60, 101,
120, 127, 140, 185, 193, 194, 195, 202, 218, 227, 229, 241, 242, 278, 422, 440.
. — 36 Ramsay, The historical Gcography of Asia 3/inor, p. 173-179 ; The
ciliés and bishopries of Phrygie-, Schulten, Libello dei coloni d'un demanio
impériale in Asia ( Bôm . 3/ittlieil. 1898, p. 221-247). — 37 Ramsay, Cities, p. 290,
302, 272, 273, 256, 336, 326 ; Gcography , p. 172, 177, 178 ; Hieroclcs, Syiiecd.
(éd. Burckliardt), p. 25 et 689, 8 ; 077, 3 ; Schulten, Libello, p. 232-247. — 38 Orelli,
3 3 55. — 39 Lib. pontif. p. cxlv-cl, 170 et suiv. 192-200. — 40 Ce qui suit résume
le travail de Rostowzcw, Die kaiserl. Patrimonialverwaltung in Aegypten (Philo -
logus, 57, p. 564-577.)
LAT
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qui relevait sous les Ptolémées du ototxTjTvjç et qui est
administrée sous l’Empire par le préfet d’Égypte et ses
procurateurs 1 ; le domaine privé des empereurs, Xdyoç
oùffiaxo;, OU xuptaxôî, OU xupiaxoù OU ^Tjcptxoi Xoyot 2 ;
la distinction subsiste encore après Dioclétien ; à côté du
rationalis Aegypti , il y a le magister privatarum
Aegijpti 3, et encore sous Justinien il y aies deux caisses,
yevtxTÎ et iSixr, 4. Le domaine privé était alimenté surtout
par les héritages, les bona damnatorum,\es bona caduca,
vacantia 5. La yÿ\ oùffiaxi comprenait un certain nombre
d’oùci'ou qui correspondent en petit aux saltus d’Afrique et
dont les noms indiquent souventl’origine ; on en connaît
qui provenaient par exemple de Mécène, de Petronius, le
troisième préfet d’Égypte, de Sénèque, de Germanicus 6.
Dans l’administration des domaines au Haut-Empire,
nous avons à distinguer l’administration centrale et
l’administration provinciale. Voyons d’abord l’adminis¬
tration centrale. 1° Dans l'Italie et les provinces sénato¬
riales, les terres du populus sont certainement dès
Auguste sous la direction de l’a rationibus et de ses
subordonnés ; d’ailleurs, dès Hadrien, l’administration
s’en confond presque avec celle des terres fiscales. 2° Les
terres fiscales ont les mêmes chefs 7 . 3° A la tète du
service du patrimoine, il n’y a sans doute jusqu’à Claude
que des affranchis8. Claude constitue le service central;
c’est un de ses affranchis qui est le premier procurator
Augusti a patrimonio* . Nous en connaissons ensuite
un certain nombre jusqu’à Hadrien 10. Ils ont une situa¬
tion élevée, réunissent le patrimoine et les hereditates ;
à partir d’Hadrien, sans doute à la suite de ses réformes
relatives au patrimoine et encore plus après la création
de la ratio privata par Sévère, les procuratores palri-
monii , tous chevaliers, ont une situation inférieure ; leur
compétence a peut-être été réduite à l’Italie 11 . 4° A la
tète de la ratio privata , Sévère metle procurator rationis
privatae , personnage important, assimilé de suite au
directeur du fisc, et trecenarius1* ; au début du Bas-
Empire, il s’appellera magister rei summae privatae
[ratio privata]13. 5° En Égypte, à la tête du patrimoine,
il y a l’ancien o nobç t<5 toîco Xoyw des Ptolémées, Vidiolo-
gusn, quia sous ses ordres les procuratores patrimonii
(ÈTiiTpoTïot) locaux15, d’abord affranchis, plus tard chevaliers.
Passons à l’administration provinciale 16. 1° Pour le
fisc, chaque domaine a son procurateur sous la direc¬
tion du procurateur provincial 17 ; mais nous avons ici
peu de renseignements. 2° Pour le patrimoine, en Italie,
chaque villa impériale a sa ratio, c’est-à-dire son budget,
sa caisse, son personnel de dispensatores , de tabularii ,
de comment arienses™. Dans le voisinage de Rome, les
domaines relèvent sans doute de la direction centrale ;
1 Strab. 17, p. 747 et 818; Papyr. du Louvre, 03; Urkunden Berl.
Mus. n»> 8, 63, 199, 560. — 2 Urk. Berl. Mus. n»» I, 8, 84, 277 ; C. i.
nr. 4957, 1. 13, 15. — 3 C. i. I. 3, 17-18; Alhanas. Apol. ad Const. c. 10.
— 4 Lex de dioeces. Aegypt. 1, 18; Noe. Just. 130, 3.-6 Strab. 17,
p. 747 ; cf. Wilcken, Abh. d. Berl. Akad. 1886, p. 39-40, Doc. I, 1, 21. — 6 Urk.
Berl. Mus. nos 181, 650, 104, 160, 441 ; voir la liste des domaines connus dans Ros-
towzew, Loc. cit. p. 565-567. — 7 Dig. 43, 8, 2, § 4. — 8 Muralori, 900, 3 ; C. i. I.
6, 3962 ; voir Lccrivain, Loc. cit. p. 42-50 ; Hirschfeld, Loc. cit. p. 41-48 ; Roslowzew,
Das patrimonium, Boni. Mittheil. 1898, p. 108-123. — 9 C. t.i.il, 8501. 19 Ibid.
11, 5028; 6, 8499, 8500, 798, 31863; Plin. Ep. 1, 17; 5,8; 8, 12; Dessau, Prosop.
2, p. 429, n“41 ; Notizie dei scavi, 1897, p. 191. Mais les personnages cités au C. i. I.
10, 1740, 6657, sont plutôt des procurateurs provinciaux. — H Dessau, Loc. cit.
1389, 1454; C. i. I. 14, 2922; 6, 8498. — 12 YVilmanns, 1208, 1295 ; Vita Macrini,
2, 7; Dio Cass. 18, 30. — « C. i. I. 8, 822, 12315 ; 6, 1030; Euseb. Jlist. eccles.
8,' il; Edict. Contant. (Haenel, Corpus leg. p. 191); Bev. arch. 1894, n» 53,
p 411 _ H Strab. Loc. cit. ; Urk. Berl. Mus. n° 106; voir Ruggiero, Dizionario
plus loin, il y pour chaque groupe de domaines un
procurator patrimonii, souvent appelé simplement pro¬
curator Augusti 19. Dans les provinces autres que
l’Égypte, nous connaissons un procurateur pour la
Bithynie, le Pont et la Paphlagonie, un autre pour la
Belgique et les deux Germanies 20. En Afrique, les pro¬
vinces paraissent être divisées chacune en plusieurs
circonscriptions appelées tractus ; ainsi l’Afrique pro¬
consulaire comprend les tractus de Carthage 21, d’IIadru-
mète2i et de Leptis Minor23; la Numidie ceux d’Hippo
et de Theveste2L Chaque tractus a son procurator ,
généralement de rang équestre25. On connaît le pro¬
curator patrimonii tractus Carthaginiensis et le pro¬
curator patrimonii per regionem Leptitanam
D’autres procuratores tractus relèvent sans doute aussi
du patrimoine plutôt que du fisc. Le tractus s’appelle
aussi praedia saltuum, diocaesis, regio, provincial .
Nous connaissons le personnel du bureau du procu¬
rator tractus Carthaginiensis î8, les officiales : tabularii ,
adjutores tabularii, adjutores a commentariis , librarii,
notarii, praeconcs , agrimensores, chorographi, cursores ,
pedisequi, medici', les plus intéressants sont les procu¬
ratores et les dispensatores regionis ; la regio parait être
en général une subdivision du tractus , la réunion de
plusieurs saltus ; elle a son budget ( mensa ) avec son
personnel ( adjutor , dispensator, vilicus )29. 3° La ratio
privata comprend en Italie différents groupes de
domaines dont le nom générique parait avoir été regio™.
Ces régions, pourvues chacune d’un procurateur, ne
correspondent pas aux régions ordinaires de l’Italie ; on
connaît les groupes suivants : regio Ariminensium ;
Tuscia et Picenum; Salaria Tiburtina Valeria Tuscia ;
Flaminia Umbria Picenum; Flaminia Aemilia Liguria;
regio Padana Vercellensium Ravennatium31. Dans les
provinces, on connaît un procurateur pour la Belgique
et les deux Germanies, un pour la Mauritanie Césarienne32,
un per regionem Tripolitanam Vi ; il y en avait sans
doute un pour la Mauretania Sitifensisr\ Quelquefois
un même fonctionnaire est procurateur de la res privata
et du patrimoine35. On peut rattacher à la res privata
des groupes de domaines pour lesquels il y eut provisoi¬
rement des chefs spéciaux ; ainsi sous Sévère, après la
confiscation des biens de Plautien, le procurator ad bona
Plautiani ; au me siècle av. J.-C., le procurator ad bona
cogenclci in Africa, le procurator ad bona damnato-
rum 36. Au-dessous de tous ces fonctionnaires, il y a pour
chaque saltus un procurateur dont on verra le rôle.
Nous arrivons au Bas-Empire. Il y a pour les domaines
impériaux les mêmes sources d’accroissement que précé¬
demment. Signalons surtout : l’obligation fréquente pour
epigrafi. s. v. Aegyptus. — 15 Urk. Berl. Mus • n05 150, 108, 8. — *6 Voir ScliuHen,
Die Grundherrschaften, p. 60-75; His, Loc. cil. p. 3, 4, 5, 55-63, 65, 66, 77-78 ■
Lécrivain, Loc. cit. p. 42-50; Hirscbfeld, Loc. cit. g. 41-48. — U C. i. I. 14, 49, 200,
202, 204,205,304, 2259, 2261, 2426, 2431,2861, 2856,3567,3698, 3920, 3635-37; U,
2706, 3549, 3738, 3762, 6667; 10, 1730, 1731, 8179. — 18 C. i. I. 9, 334 ; 10, 1740.
— 19 C. i. I. 10, 1775; 5, 12, 37, 38, 39, 41, 42, 43. — - 29 Wilmanns, 1293. — 21 C. i. l-
6, 8608 ; 8, 1578, 11163, 14763, 17899, 17900. — 22 Wilmanns, 2223; C. i. I. 8, 7039,
1 1341, 11174. — 23 C. i. I. 8, 16542, 16543. — 24 Ibid. 6, 790; 8, 5351, 7053,
11048; 14, 170. Ces deux tractus sont tantôt réunis, tantôt séparés. —25 Wilmanns,
2223; C. i. I. 8, 10570. — 26 C. i. I. 8, 11105, 11341, 178 9 9. — 27 Wilmanns,
2223; C. i. I. 8, 5351, 11341, 11174, 16542; 6, 790. — 28 C. i. I. 8, 12590-13214;
Ephem. epigr. 5, p. 104-120. — 29 Voir Schulten, Die Grundherrschaften , p. 64-69-
— 30 ScliuHen, Ibid. p. 05. — 31 Wilmanns, 1291; C. i. I. 3, 1464; 8, 822; 5,
2385 ; C. i. gr. 6771 — 32 C. i. I. 3, 1456. — 33 Ibid. 8, 16542. — 34 Ibid. 8, 8812.
— 35 Ibid. 8, 16542, 11105, 16543.— 36 Ibid. 3, 1464, 6575; Wilmanns, 1278,
1291.
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— 961
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■e fisc de se
^ “Les qui suivent les guêtres
d i c 3 • d’autre part, le domaine s’amoindrit par les con-
C'V1 ^ de terresaux barbares et aux vétérans, par les dona-
CeSS fflvorTs aux délateurs'’ et surtout aux églises.
llMal"ré l’obscurité des textes, on peut distinguer « trois
grandes classes de domaines : la res privata ou les biens
delà couronne, les fundi patrimoniales M domus divina.
A. Res privata ». - Elle reçoit la plus grande partie
Hpt. biens des condamnés, des bona vacant la , caduca ,
des biens des temples et des villes. Elle a sans doute
absorbé les anciennes terres fiscales 7 . Nous connaissons
ses domaines d’Occident par les titres des fonctionnaires.
Pour l’Orient, on sait seulement qu’elle avait des do¬
maines dans les diocèses d’Orient, du Pont et d Asie, en
É„YPte et en Arabie, avec des rationales rei privatae et
des procuratores saltuum \ A sa tête il y ale rationahs
rei privatae 9 qui devient vers 340 le cornes rei pri¬
vatae10-, il dirige le trésor et le domaine de la couronne,
jusqu’à Anastase la majeure partie des fundi patrimo¬
niales, et jusqu’à Justinien une partie delà domus divina.
11 a sous sa juridiction en seconde instance les habitants
des domaines11. Poür la partie qui nous occupe, il a sous
lui : 1° Les inagistri , plus tard rationales rei privatae
ou rerum privât arum 12 ; pour l’Occident, il en a neuf11,
dont les districts, correspondant aux diocèses, sont :
l’Illyricum **, l’Italie, Rome et les régions suburbicaires,
la Sicile, l’Afrique, l’Espagne, la Gaule, la Bretagne, les
cinq provinces (c’est-à-dire le sud de la Gaule); ils ont
la juridiction sur leur officium et en première instance
sur les habitants des domaines, et aussi, du moins dès
383, dans les procès où la res privata est partie, avec
appel au cornes rei privatae 1S. Les employés de leur
offlcium s’appellent catholiciani ou Caesariani lb. Ils
n’ont pas de caisse propre; la perception des revenus des
domaines a été confiée tantôt aux agents du gouverneur,
tantôt aux rationales et aux procuratores rei privatae,
sous le contrôle d e palatini, canonicarii , compulsores ,
détachés par le cornes rei privatae 17 ; pour l’encaisse¬
ment de ces revenus, il y a à côté du gouverneur un
bureau avec un numerarius (plus tard tabularius, trac-
tator) et un susceptor ou arcarius et au-dessous d’eux
des receveurs ( susceptores ) locaux. L’argent est proba¬
blement envoyé ensuite à la caisse centrale de la res pri¬
vata i8. — 2° Les procurateurs attachés aux neuf districts
suivants19 : Savie, Dalmatie, Apulie et Calabre (ou saltus
Carminianenses ), Mauritanie Sitifienne, Sicile, Italie,
Rome, et les wbicariae regiones rerum Juliani 20,
Sequanica et prima Germania. Il est probable-1 que
quelques-uns de ces procurateurs étaient rattachés direc¬
tement au cornes rei privatae et que certaines régions,
telles que la Sicile, l’Italie, Rome, avaient à la fois un
rationalis et un procurateur. — 3° 11 y a sans doute
encore des procurateurs analogues aux anciens procura¬
tores tractas. — 4° Les chefs de chaque domaine, les
anciens procuratores saltus, procuratores rei privatae,
rei dominicae, domorum, possessionum22, en grec k;-
xpo7rot23, maintenant en général de naissance libre. On
peut rattacher à la res privata certains groupes de
domaines dont les chefs ne relèvent que du cornes rei
privatae, par exemple : le cornes Gihloniaci patrimonii
qui administre depuis 405 les biens confisqués de Gildon
et de ses complices24 ; le rationalis per Urbem Romain
et suburbicarias regiones cum parte Faustinae, sans
doute chef de l’ancien patrimoine d’Antonin, passé à sa
fille, puis au fisc25.
B. Le sacrum patrimonium 26. Ce sont les fundi patri¬
moniales, appelés aussi, à cause du mode d exploitation,
fundi emphyteutici 21 , et qui comprennent également les
fundi saltuenses d’Orient28 et les fundi limitrophi
[limitaneae terrae]. Il y en avait dans toutes les pro¬
vinces de l’Italie, en Sicile, Sardaigne, Dalmatie, Espagne
et surtout en Afrique29. Pour l’Orient, nous en connais¬
sons dans les diocèses d’Asie, de Pont, d Orient, dans les
provinces de Phénicie, Liban, Mésopotamie, Osrhoène,
Arabie30. On sait peu de chose sur leur administration;
on connaît un praefectus fundorum patrimonial ium
d’Afrique31. Il est probable que la plupart de ces terres
relevèrent de la res privata 32 jusqu’à Anastase qui créa
un cornes patrimonii spécial, de même rang que les deux
autres comtes, chefs des finances33. Vers la même époque
apparaît en Italie un cornes patrimonii qui subsiste chez
les Ostrogoths et administre la domus divina0'*.
C. La domus divina 3S. Elle se sépare de la res privata
dans la deuxième moitié du ive siècle ap. J.-C. Des biens
de cette sorte, anciens domaines sacrés et royaux, dési¬
gnés surtout par le mot c/omus, apparaissent en Cappa-
doce en 379, sous la direction d’un cornes domorum , qui
relève du praepositus sacri cubiculi 36 ; en 390, on trouve
aussi en Afrique des domus de ce genre, sous un cornes
domorum, rattaché à la res privata 37. Dans les autres
provinces, la domus divina n’apparaît que plus tard. Une
Novelle de Marcien de 450 distingue la domus dominica
1 C. Just. 10, 10. — 2 Nov. Valent. 111, TU. 10, 1, 1. — 3 C. Th. 10, 1,
D 10/ 8. 4; 10, 10, 8 ; 4, 22, 3 ; 9, 42, 17, 20; 7, 8, 7 ; Notit. dign. Occ. 11.
- 4 C. Th. 15, 14, 10; C. Just. 7, 37, 1-2; 11, 59, 11; C. Th. 10, 8, 1-3; 10, 9, 2;
10, 10, 5, 0, 12 ; 9, 42, 17 ; Symm. Epist. 5, 06. — S [lis, Toc. cit. p. 17-27 ; Lécrivain,
Toc.cit. p. 74-82. — 6 Voir His, I.oc.cit. p. 34-44. — TC. Just. 10, 10,4-5; 11, 71, 1;
11, 73, 1 ; 7, 13, 2. — 8 jy0v. Just. 102, 147, 148; Edict. Just. 8, 2; 13; C. Th. 12,
b 33; c. Just. 1, 52, 1; 1, 00, 1; 11, 68, 2; Noiit. dign. Or. c. 13. — 9 Mom¬
msen, Memor. dell’ lst. arch. 1865, p. 295-322. — 10 11 s’appelle aussi cornes rerum
pnvatarum, aerarii privati, cornes privotarum largitionum ; en grec m at, 5 tùv
*çi6àTOv (C. Th. 9, 27, 7 ; 12, 1, 30; Aov. Just. 128, c. 25; Lydus, De mag. 2, 27;
Cassiodor. Var. 8, 13). — H Cassiodor. Var. G, 8. — 12 C. Th. 10, 1, 2-4; 12, I,
14, 10, 4, 3 ; 5, 13, 20. — 13 Not. dign. Occ. — 14 Ammicn (29, 0, 7) cite une
" . publica , près de Sirmium. — 15 C. Th. Il, 30, 41, 45; 11, 36, 29; Symm.
ptsl. 11, 41. — 10 c. Th. 10, 7 ; C. Just. 9, 48, 9 ; 10, 1, 15 ; Cyprian. Epist. 80;
c ulten, Libello, p. 232, 1. 18. — 17 C. Th. 5, 13, 3; 8, 8, 5, 6, 7 ; 1, 5, 13; 1, 11,
9, 3, 11, 7, 17, 21; 1, 13, 7; Aov. Majorian. 7, g 16 ; 2, § 2; Cassiodor.
12ai’’ 8- -18 c. Th. 8,1, 9, 12; 12, 6, 2, 14, 30, 32; Nov. Just. 157, 2; C. Just.
l’orV ' l0' 13 ’ 6" — 13 ^°tit. dign. Occ. — 20 On ne sait pas exactement
hier 1^*8° C° ^rouPe ’ Pour Bôcking (Notit. dign. Occ. 2, 387), il s'agirait de
dos 1 • C9l*jmP'cs rendus par Julien et repris par Valentinien ; pour His(£oc. cit. p. 06)
îens c 1 empereur Didius Julianus. — 21 Hypothèse de His, Lac. cit. p. 62. —
22 C. Th. 1, 32, 2; 10, 26, 1; 16, 5, 52. — 23 Nov. Just. 30; Nov. Tiber. c. 1, 2,
3, 5; Ramsay, Cities, Loc. cit. p. 290. On trouve encore les expressions : 7:00/0 r^f,;
OU 77ÇOEOTÙ/; tîjî 8et«ç oixlct;. — 21 (_, . 2 h. 9, 42, 16; Bôcking, l\ot. dign. 2, 350.
25 Bôcking, Loc. cit. 2, 383. — 26 C. Just. 1, 34; Lécrivain, Loc. cit. p. 74-78 ; His,
Loc. cit. p. 70-75 ; Bôcking, Loc. cit. 2 , 3 7 6. — 27 C. Th. 11, 19 ; 10, 3, 7 ; C.Just. 1 1 ,
62, 5, 7, 8, 12; Nov. Valent. 111, 18, 1 ; Augustin. Adv. lilt. Petit. 2, 184. — 28 C.
Th. 5, 15, 31, 38 ; C. Just. 11, 64, 1 ; 1, 62-64 ; Nov. Theod. 5, 2. — 29 C. Th. 2, 28,
l; 11, 16, 1, 2, 9; 11, 19, 1, 3; 15, 3, 1; 13, 11, 6; 11, 7, 29; 5, 13, 16; Nov.
Valent. 24 et 18; Nov. Just. 75; Cassiodor. Var. 1, 16; 5, 7, 9, 18, 39; 9, 3,9; 12,
5 ; Procop. Bell. goth. 1, 4; Notit. dign. Occ. 2. — 30 C. Th. 5, 13, 31, 34, 38,
10, 10, 64; 11, 62, 6; Nov. Just. 147, 148, 102; Nov. Theodos. 5 et 26; Edict. Just.
8, 2; 4, 2; C. Just. 11, 62, 8; Hierocles, Synecd. — 31 Notit. dign. occ. 2.
— 32 C. Th. 5, 13, 19; 5, 14, 5-G; 1, lt, 1; C. Just. 11, 62, 4; Cassiod. Var.
0, s. _ 33 C. Just. 1. 34, 1 ; Lydus, De mag. 2, 27 ; Gloss, nom. (Otto, Thesaur. 3,
1176). 11 s’appelle en grec : xot/.r,; xott icgctçioeov'ou, t?;ç ïSixà;, xt/.oew;. — 3/ Marini,
Papiri, n° 82. Il s'agit du cornes rei privatae ap. Corp. inscr. lat. 6, 1726.
_ 33 Voir Bôcking, Loc. cit. 293, 385; Godefroy, ad C. Tli'. 6, 30, 2; Lécrivain,
Loc. cit. p. 75-76 ; His, Loc. cit. p. 75-82. — 30 C. Th. G, 30, 2 ; C. Just. 12, 5, 2:
1, 49, 1 ; Strab. 12, 2, 3 et 6. — 37 C. Th. 9, 27, 7 ; Notit. dign. Occ. 13. 11 faut
sans doute l'identifier avec le « rationalis rei privatae fundorum domus divinité
per Africain » (Notit. dign. Occ. 11).
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delà res privataK Mais c’est seulement au vi° siècle pour
l'Orient que nous avons des renseignements importants.
La do mus divina a des biens dans presque tout l’Orient -,
surtout dans la Cappadoce où les domaines, appelés aussi
praedia tamiaca , forment 13 otxtat ( do mus ) ayant cha¬
cune un ÊTtiTfO'jto; ( procurator ) sous la direction d’un
cornes domorum , vir spectabilis1 * 3 *. Pour remédier aux
tiraillements qui se produisaient entre les autorités ordi¬
naires et les autorités domaniales, aux usurpations des
grands et aux souffrances des colons, Justinien réorga¬
nisa en 330 les domaines de Cappadoce ; il remplaça le
cornes domorum par un proconsul qui réunissait tous les
pouvoirs, mais avec deux officia distincts, et qui admi¬
nistrait aussi les autres praedia tamiaca de la région
du PontL D’autre part, il mit à la tête des autres domaines
d’Orient, qui avaient relevé jusque-là du cornes rei pri-
vatae, deux curatores dominicae domus, réduits plus
tard à un seul5.
On peut rattacher à la domus divina les biens des
impératrices et des princes et princesses. Les impéra¬
trices ont en Cappadoce des domaines qui relèvent du
praepositus sacri cubiculi , et qui sont administrés par
le cornes domorum, plus tard sous Justinien parle curator
divinae domus Serenissimae Augustae 6 *. Les domaines
des princes et princesses constituent une sorte de service
public, sous la direction du cornes rei privatae , plus
tard du curator divinae clomus1.
Étudions maintenant l’organisation intérieure et
l’exploitation des grands domaines privés et publics.
Mettons d’abord en relief ce fait qu’après l’empereur
les plus grands propriétaires fonciers sont les membres
de l’ordre sénatorial qui fournit les principaux fonction¬
naires impériaux. C’est prouvé par toute l’histoire du
Haut et surtout du Bas-Empire8, par celle du haut moyen
âge. C’est ce que Fustel de Coulanges a démontré de la
manière la plus probante9. La richesse mobilière était
insignifiante ; le sol était de plus en plus la source prin¬
cipale de la richesse. Au début du moyen âge, le mot
senator est synonyme de riche propriétaire foncier10.
D’après les inscriptions, la plupart des saltus d’Afrique
appartiennent à des familles sénatoriales11. Il en est de
même dans la Gaule et dans les autres parties de 1 Lm-
pire12. Les grandes familles du Bas-Empire possèdent
des domaines d’une étendue colossale et elles les conser¬
vent encore en Italie sous les Ostrogoths 13. D’après
Olympiodore, au vc siècle, beaucoup de familles nobles
avaient encore un revenu annuel de -40 centenarii d’or
1 Nov. 2, § 1- — 2 Nov. Just. 28, 30, 102, 148; Edict. Just. 4, 2;
g c 3 yvoi). Jusl. 30. — 4 Nov. 30. — 5 C. Just. 7, 37, 3 ; Edict. Just. 4, 2;
g’ 2- Nov Just. 102, 148. - 6 c. Just. 7, 37, 3. - 7 Voir Zachariae, Mo-
natsber d Berl. Akad. 1879, p. 139-100. 11 y a un procurateur d’un domaine
princier dans Marcellini, Com. Chron. ann. 434.- 8 Voir Lécrivain, Le sénat romain ,
n 81131- Scliulten, Die Grundherrschaften, p. 120-122; Beaudouin, Loc. cit.
p i99.201. - » lnslit. polit, de l'anc. France, I, p. 286-300. - «Mar. Aventic.
'en 456) • « 'erras eum gallicis senatoribus diviserunt ». — 11 C. i. I. 8,
11451 1. 14 et 19; 597 et 11763 ; 8280; 6705, 6700; 19328; Mélanges d'arch.
et d’hist. de l'École de Dôme, 1893, p. 470, note 2; Carton, Découvertes en
Tunisie p 112-113. — 12 Exemple d’une fortune sénatoriale répartie dans le
monde entier, dans Hist. Lausiaca, Vila Melaniae (Migne, Pair. lat. t LXXIII),
_ 13 Ammian. 16, 8, 13; 27, 11, 1 et 3-4; Vita Euphrasiae (Migne, Pair, lat
i T XXIII p. 630, 13); Cassiod. Var. 5, 12; Procop. Bell. goth. 3, 18-2-
_ 14 Fr. 44 (éd. Didot). — 15 Dio Cass. 69, 16. — « C. Th. 5, 13, 33 ; 10, 5, 1
g .4 4 _ n Ainsi un décurion d’Antioche (Migne, Patr. lat. t. LXX1V, p. 73
’ ,4V 1 18 Suet. Aug. 72; Calig. 37 ; iVer. 39; Stat. Sylv. 2, 84; Dig. 7, 8, 12
8 3 2; 50, 16, 198; Palladius, De re rust. 1, 8, 11, 23, 33 ; Symmach. Ep. 1, 4
■ O 14 6 9' 66; Charta Cornutiana (Duchesne, Lib. pont. p. cxlvi-cxlyii, c. 20)
Ji^Derc rust. I, 6. - *0 Ep. 2, 7 ; 5, 6. -21 2, 2. Il décrit aussi la mlla
Octaviana, 8, 11 (éd. Bar et;. — 22 Bains de Pompeianus (Poulie, Dec. de la Soc.
(A 000 livres : "288 Ü00 solidi) et ce revenu devait provenir
presque uniquement de leurs terres14. Ajoutons qu’au
Bas-Empire, contrairement à la règle suivie sous le Ilaul-
Empire15, les sénateurs disposent comme fermiers, par
les baux emphytéotiques, de la majeure partie des terres
impériales16 et qu’ils y exercent ainsi à peu près les
mêmes pouvoirs que les procurateurs. Les membres des
curies des grandes villes avaient aussi des possessions
foncières considérables11.
Le domaine comprend essentiellement deux parties,
l’habitation du maître et les demeures des colons.
A. L’habitation du maître. Donnons-en seulement
ici les traits principaux en renvoyant pour la partie
technique à l’article villa. Elle s’appelle villa et aussi
d’assez bonne heure praetorium 18. D’après Columelle,
elle a des appartements d’été et des appartements
d’hiver, de grandes salles de bains, de longues gale¬
ries19. Pline le Jeune décrit deux de ces palais20. Dans
Sidoine Apollinaire21, la villa Avitacus est précédée
d’une longue avenue ; elle comprend des thermes, l’appar¬
tement des femmes, de longs portiques, une galerie qui
sert de promenoir, trois salles à manger, une salle de
repos. Des mosaïques d’Afrique nous montrent plus net¬
tement ces châteaux de l’époque romaine22. On en trouve
les vestiges dans toutes les parties du monde romain -
Au Bas-Empire, beaucoup de ces châteaux furent fortifiés
contre les pillages de toutes sortes; en Afrique en parti¬
culier, certains domaines constituent de vrais camps
retranchés24. Les propriétaires de l’époque impériale
habitaient-ils ces châteaux la plus grande partie de leur
vie ou seulement l’été ? Il faut distinguer les époques.
A l’époque de Columelle25, les propriétaires italiens habi¬
tent généralement la ville ; les renseignements fournis par
Pline le Jeune sont peu précis26; mais au Bas-Empire les
textes de Symmaque, d’Ausone, de Sidoine Apollinaire,
de Paulin de Pella et de Cassiodore 27 montrent plutôt
l’aristocratie romaine comme une classe rurale ; l’histoire
politique et sociale du sénat romain fournit la même
conclusion pour cette époque28. A côté de l’habitation du
maître, de la villa urbana, il y avait, autour d une large
cour {ch ors), les bâtiments destinés à l’exploitation du
domaine, que Columelle divise en deux parties : la pars
fructuaria (granges, celliers, greniers) et la pars ou
villa rustica qui comprenait les logements des esclaves
(les cellae et Yergastulum), les étables, les remises des
instruments de culture. On a la description de la villa
rustica dans Caton, Varron, Columelle, Vitruve29, et des
arch. de Constant. 1878, p. 431; Tissot, Géographie comparée de i Afrique, I-
p. 360, 494 cl planches ; Boissier, L’Afrique romaine, p. 152-162). Mosaïques ih‘
Taharka {Catalogue du Musée Alaoui, n»> 25, 26, 27, et pl. m). Mosaïque d’Ulhina
Ibid. p. 24, n» 105 et pl. vi; Gauckler, Le domaine des Laberii à Uthina, Monu¬
ments Piot, 111, 177-229). — 23 En Afrique, les ruines de Kaoua {Bull, de corresp.
africaine, 1882, p. 147), la villa des Hortensiani {Mélanges de l'École franc,
de Dôme, 1894, p. 420-425), la villa des Laberii à Uthina (Gauckler, Loc. cit.) ; po,n
la région du Rhin et delà Moselle, Scliulten, Die Grundherrschaften, p. 53-51;
Schumacher, Westdeutsche Zeitschrift, 1896, p. 16; pour le sud de la Gaule,
les restes de la grande villa de Chiragan à Martres Tolosanes (Lebcgue, Notice
sur les fouilles de Martres Tolosanes, Bull. arch. du Comité des trav. hist.
1891, p. 391-423; Perrot, Dev. archéol. 1891, p. 56-73; Lécrivain, Les fouilbs
de Martres Tolosanes, Mémoires de la Soc. arch. du Midi, 1894, p. 7-21 ; Jouhn.
La décoration sculpt. de la grande villa de Chiragan, Dev. des Pyrénca,
1899). — 24 Sid. Apoll. Carm. 22, 118-125; Bull, de corr. afrie. I. c.; Ammian.
29, 5, 13, 25. — 23 De re rust. 1, pr. 15. — 26 Ep. 1, 6; 2, 8. — 21 Symmacli
Ep. I, 1, 2, 5, 7, 8, 35, 51, 58, 53; 4, 18; 7, 18; 5, 11, 17; Auson. Ep. 23; Sid.
Apoll. Ep. 1,6; 3, 12; 8, 4, 6, 8; Paulin. Eucharist. 205-211, 435-437 ; Cassiodor.
Var. 2, 28; 6, 10-11 ; 8, 31. — 28 Voir Lécrivain, Le sénat romain, p. 6o-6'-
— 29 Varr. De re rust. 1, 13; Colum. De re rust. 1, 6; Vitruv. 6, 6-9; Cal-
De re rust. 3, 4, 10, 13-13.
LAT
— 963
LAT
, „inhYins sur les mosaïques d’Afrique [villa].
rePrCLes demeures des colons {casae, casulae ) 1 étaient
soit isolées, soit plus généralement, et surtout en Afrique
trounées en petits villages, vicif ou, quand ils son
fortifiés castella 3. Ces vici (en grec \ qui ont
couvent donné leurs noms aux saltus 5, n’ont pas d orga¬
nisation municipale, comme les vici , subdivisions des
cités - cependant, sur les terres impériales, ils paraissent
avoir’ eu des institutions rudimentaires ; il est question
par exemple de décurions, de magister ; le saltus Sume-
locennensis, dans les agri decumates de Germanie, a un
ordo 6; dans la Phrygie, les colons forment plusieurs
groupes appelés xotvôv, et il y a un xcôyapxoç 7 ; en Égypte,
chaque groupe a des ^poeaTÛre; 8. On trouve même sur
des saltus privés, en Afrique, un defensor\ un magister 10.
Au Bas-Empire, on trouve partout des praefecti , des
praepositi (en grec TtpoàyovTsç), des primates possessio-
num Il y a sur les domaines toutes les choses néces¬
saires à la vie, des temples, des bains publics, des bou¬
tiques ( tabernae ), des marchands (; negotiatores ) 12.
Le domaine peut avoir, comme la cité, son marché
spécial, ses nundinae ; aux deux premiers siècles, c’est
le sénat, mais dès la fin du ne siècle c’est l’empereur seul
qui autorise les grands propriétaires à établir un marché
sur leurs terres13. Pour l’Afrique, on a deux inscriptions
qui autorisent des propriétaires de la classe sénatoriale
à avoir un marché deux jours par mois14. La création
d’un marché peut amener naturellement la création d’un
viens, d’un centre pour la région voisine 15.
Le domaine a des limites. Les latifundia , formés de
fundi , ont naturellement les limites mêmes de ces fundi.
Les saltus sont séparés par des bornes du territoire de
la cité; il est souvent question dans les Gromatici des
controverses qui surgissent à ce sujet entre les cités et
les saltus ia. On a les inscriptions de bornes qui délimi¬
taient en Afrique, en Phrygie, des domaines soit impé¬
riaux”, soit privés18; les subseciva du fundus Villae
Magnae Variant , laissés en dehors de l’assignation, indi¬
quent également une ancienne délimitation On a pu
employer la méthode des agri colonici , per centurias 20, et
aussi d’autres procédés. Yespasien, par exemple, lit limi¬
ter les terres publiques de la Cyrénaïque avec des mesures
égyptiennes21. Les domaines impériaux étaient délimités
soit par leurs administrateurs, soit par le gouverneur de
la province. En Phrygie, il y a des gardiens des limites
(ôpotpûXaxsç) 22. D’ailleurs, les opérations du cens ont dû
amener partout peu à peu une limitation quelconque des
terres cultivées. On peut le conclure de ce fait que l’usage
du bornage, avec les anciennes méthodes romaines, per¬
siste après les invasions et à l’époque mérovingienne 23,
comme le montrent l’édit de Théodoric, les lois Salique
et ILipuaire, les lois des Wisigoths, des Burgondes, des
Lombards, des Bavarois 24, et beaucoup de chartes et de
diplômes 23.
Un propriétaire particulier pouvait certainement donner
un règlement général, une lex à son domaine26 ; mais
nous n’en avons d’exemples que pour les domaines impé¬
riaux21. Cette lex, appelée aussi forma, généralement
affichée, divisée en chapitres28, comme les lois munici¬
pales, avec lesquelles elle présente beaucoup d’analogies,
règle toute l’exploitation du saltus. Hadrien avait dû
réorganiser les domaines impériaux 29 ; on a sans doute
une partie de ses règlements dans cette lex Hadriana,
appliquée à plusieurs saltus de la vallée du Bagradas30.
La lex donnée sur l’ordre de Trajan, en 116 ou 117, par
deux de ses procurateurs au fundus Villae Magnae Va¬
riant, est une véritable lex data 31. Elle se réfère souvent
à une loi antérieure, à une lex Manciana 32 que nous ne
connaissons pas autrement ; on a conjecturé33 que c’était
une loi agraire de la fin de la République qui aurait
réglé les rapports entre les propriétaires et les colons, à
l’époque où l’État avait aliéné la majeure partie de Yager
publicus d’Afrique ; ce n’est là qu’une hypothèse. Une
Novelle de Justinien 34 parle d’une loi (tuttoç) donnée aux
domaines de Cappadoce par Nicétas, préfet du prétoire ou
praepositus sacri cubiculi.
Quelle est la situation légale des grands domaines par
rapport à la cité et à l'État? Il faut distinguer d’un côté
le Haut et le Bas-Empire, de l'autre les latifundia ordi¬
naires, et les saltus impériaux et privés. Les saltus parais¬
sent avoir été laissés légalement en dehors du territoire
des cités ; ils avaient avec elles des contestations au sujet
des limites33; les géographes Ptolémée et Pline mention¬
nent les saltus à côté et en dehors des cités 36 ; il y a sou-
ventla même distinction dans des textes du Bas-Empire31.
Les oùoïat d'Égypte ont la même situation. Les saltus sont
donc exemptés de la juridiction et des charges munici¬
pales. Quant aux latifundia, les textes les représentent
Apul. Me.tam. VIII ; Charta Cornutiana, l. c. ; Tables alimentaires.
L c. — 2 Cic. Ad. fam. 14, 1; C. i. I. 8, 11470; 5, 898; Migne, Pair. lat.
JSpCXIV, p. 73, c. 14; Vit a Basilisci (Holland. Hart. 1, 237); Grom. vet. 53.
7, « vicos circa villam in modum munitionum », où il esl inutile de corrigci
D^°minSCn Mermes, XV, p. 392), munitionum en municipiorum ; Diplomate
(ed. Pardessus), n- 177, 230, 237, 238, 258, 283 ; voir Fustel de Coulanges.
..' P’ 214- — 3 C’. i. I. 8, 8209, 8701, 8777, 8991. On a des des-
p ons de ruines de vici pour la région belge dans Doloche, Mém. de
<■ Acad, des inser. t. XXXV, 2* part. p. 2G7), pour l’Afrique, dans C. i. I. 8,p. 31.
’ el Tlssot> Vêogr. comp. de T Afrique, II, p. 632. — 4 j\roi\ Just. 38.
> u en, Libella, p. 227. B Ainsi le saltus Burunitanus ; le viens Aurel .
uZîlLTT71' P' 151\“’ 1Jinder)- “ 6 Orelli-Henzen, 5248; C. i. I. 11427
* ’ Les aulres inscriptions que cite Schulten (n°« 8270, 8811) se rap
Meîloïn * 4àdeS8éCrrSnde ft Ramsay- Ge°araphy, p. ,78; Schulten
d’Hennl.;. M . Berl Mus • n" 130’ 630d- 1 et 12. — 9 Inscriptior
Annfic v ^ h‘S‘ ’ de droit' 1897’ P- 373> lr“ face. >• 3-)- - 10 Gagnai
SL d’Ho 9V°.6G; C- " *’8’ S1'PP>- h ”217’ Le magister de Fins
Cairnat An .UCm’ ottlch (lre face, 1. 31) appartient peut-être au pagus (cf
8 8 ’ treTCJT- 1897’ n° 107>- - 11 Lamsay, Cities, p. 289, 292. _ « C. i l
s’ 10 i uq ? TrUm) ; 11470 ^S[ur?]vici) ; 14428, 1. 13; C. Th. 13, 1
s' c. jZ a, ST_1lvP1:n-; T st- 5- 4;^- 50- 11 c- L L 3
le sénat, ,<• , ' 4 C. i. L 8, 11451, et Ephem. epigr. 2, p. 271 : c’cs
Tunisie') - cf°rSU T” d° 138 De nundinis Beguensis (Ilenchir Begar ei
184, où Gallien et v VP - 43’ 82S0‘ ~ 13 lb' 8’ 8280 : cf' CorP ■ inscr- lat ■ 3
a ucn confirment l'autorisation d'un marché dans le vici
Baetotece qui avait été donné par Anliochus à Jupiter Baetotecensis. — 16 P. 46,
3 ; 53, 3. —17 C.i. I. 8, 8810, 8811, 8812, 10567; 3, 7004; Schulten, Libello, p. 23ü!
— 18 C. i. I. 8, 7148. — 19 Inscr. d'Ilenchir-Mettich, Loc. cit. 1” face, 1. 7-8.
— 20 C'est sans doute le sens des mots « quae in centu[riis\ » de l’inscription d'Aïn-
Ouasscl (Rev. arch. 1892, t. XIX, p. 221 ; Hernies, 29, p. 207). — 2! Grom. vet.
122, 15. — 22 Ramsay, Cities, p. 291. — 23 Voir Fustel de Coulanges, L'Alleu, p. 109-
112, 127-128. — 2t Edict. Theod. g 104; lex. Bal. c. 34; lex. Ripuar. XLIII, 34,
4 1 (où les butinae sont les botontini de Grom. vet. p. 280, 308); lex. Visig. 10, 3, 1;
ex. Burg. XXVII ; 45, 3; Rothar. 236-240; lex. Baiuw. 11, 5, 2. _ 25 Diplom.
(Pardessus), 3, 253. — 26 Dans Caton (De re rust. 144, 145, 146, 150) et chez les
jurisconsultes (Dig. 19, 2, 13, § 10; 10, 2, 29, 30, § 4, 51 pr. 01 pr), le mot lex
a un sens plus restreint, celui de contrat, de cahier des charges, etc. _ 27 C. i. I.
8, 14428 (lex du saltus de Gasr-Mczuar) ; Caguat, Année épigr. 1894, n» 55.
— 28 C. i. I. 8, 10570, col. 3, 1. 4, 5, 14, 16; col. 4, 1. 7-8. — 29 Dans une
région de domaines impériaux en Phrygie, il y avait une villa Hadriana (Ramsay,
Cities, p. 284-). 30 Q. it /. 10570, col. 3, 1. 4-5, 24-2o ; incr. d'Aïn-Ouassel,
col. 1, 1. 3-7 ; col. 2, 1. 10. — 31 Inscr. d'Ilenchir-Mettich. — 32 u» faCe, 1. 8,
11, 12; 2e lace, 1. 23, 29; 4e face, 1. 7; elle est appelée consuetudo Manciana
(d'après la lecture de M. Toulain, t” face, 1. 24; 2« face, 1. 18-19). — 33 Schulten,
Lex manciana ; Cuq, Le colonat paritaire dans l’Afrique romaine. Il est diffi¬
cile d’admettre qu’une loi ait été désignée par le cognomen d’un magistrat et
non par son nom gentilice. — 34 30, 4. _ 33 Grom. vet. 35, 12; 46, 3-53 3.
— 36 pim. Hist. nat. 3, 15, 116. — 37 C. Th. 16, 2, 31; 10, 3, 2; Migne,
Patr. lat. t. XI, p. 1203 (décret du Concile de Carthage en 404); Ibid. p. 1320 ;
autres textes dans Schulten, Grundherrschaften, p. 7-9.
LAT
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LAT
en général comme situés in territorio d’une cité déter¬
minée, et ce n’est pas là une simple indication topogra¬
phique* ; les latifundia impériaux sont exemptés de la
juridiction et des charges municipales2, mais les lati¬
fundia privésy sontlégalement soumis, et c’est seulement
au Bas-Empire qu’ils acquièrent en fait l’autonomie et
les privilèges qu’on va voir.
A l’égard de l'État, le grand domaine, même impérial,
rentre dans le droit commun ; il est soumis à l’autorité
des magistrats; le gouverneur de la province peut tou¬
jours y entrer pour rechercher les criminels ; il reste
encore au Bas-Empire le juge légal des hommes qui
1 habitent. Quant aux charges, si le domaine impérial
échappe au xmunera extraordinaria, sordida, aux super-
indictiones, il paie l'impôt foncier ; au Ilaut-Empire,
c’est prouvé pour l’Égypte 3 et probable pour les autres
pays ; au Bas-Empire, la res privata est peut-être exempte
de l’impôt foncier à l’époque de Constantin4 ; mais
vers 383, et peut-être même plus tôt, dès 3 43, elle parait
le payer et il en est ainsi jusqu’à l’époque de Justinien \
Elle paie certainement aussi Yannona 6. Le patrimoniutn
a été de tout temps soumis aux impôts ordinaires et à
Yannona, sauf temporairement sous Valentinien III h
Nous sommes moins bien renseignés sur les charges des
colons des domaines impériaux ; ils paraissent payer la
capitation sur le patrimoine, mais non sur la res pri¬
vata 8 ; sur toutes ces terres, les marchands paient la
patente, la lustralis collatio \ Les domaines privés paient
légalement l’impôt foncier et les impôts accessoires10,
sauf les privilèges qu’on verra.
C’est au Bas-Empire qu’on voit se développer, paral¬
lèlement avec l’affaiblissement de l’autorité publique,
l’autonomie des grands domaines impériaux et sénato¬
riaux. Examinons les deux points principaux, l’impôt et
la justice. Les domaines sénatoriaux sont en principe
dispensés des munera municipaux 11 ; ils supportent les
impôts sénatoriaux, le fo/lis [senatus], l'impôt foncier,
Yannona et les charges annexes, par exemple la capita¬
tion des colons et, au moins à partir du iv° siècle, le
logement des soldats ( hospitium , metatum), la fourniture
des conscrits ( tirones )12. Les colons qui les cultivent sup¬
portent-ils les munera municipaux ? Il n’y a pas de texte
décisif; c’est cependant probable. Les domaines sénato¬
riaux ont en outre le bénéfice de toutes les immunités
collectives accordées aux sénateurs, de la dispense des
munera sordida, extraordinaria , viliora *3. En 361 , Cons¬
tance exempte de la patente commerciale ( lustralis col¬
latio) les hommes et les fermiers des sénateurs pour la
vente des produits récoltés sur leurs domaines1' ; et on
voit que beaucoup de marchands s’établissaient clandes¬
tinement sur les terres des grands pour ne pas payer la
patente13. En 361, Constance crée en outre pour les terres
sénatoriales un cadastre spécial. Cette mesure fait partie
l C. i. I. 14, 2934, 1. 18-19; C. Just. 10, 19,8 ; Nov. Majorian.2, 4; Marini, Papiri,
n»-82, 83,80; Vita Silvestri (Lib. pont. p. 170-187); C. Th. 10, 4, 2. Sur une inscrip¬
tion de Mylasa, la curie participe à la levée de l’impôt foncier sur les biens de la
domus Placidiae ( Sitz . Ber. d. Berl. Akad. 1879, p. 159). - 2 Dispense des
munera municipaux aux colons impériaux (C. Th. 1, 32, 7; Dig. 50, 0, 0, § H).
— 3 Urk. Berl. Mus. 199, 213, 653. — 4 C. Th. Il, 1,1- — s Th. U, 16, 5;
13, 10, 8; C. Just. 7, 38, 3; 11, 5, 2; 11, 09, 2; Inscription de Mylasa, l. c. Ces
textes prévalent contre les objections de Külin, Stôdt. und bürg. 1 erfass. p. 275.
_ 6 C. Th. 11, 7, 6; 11, 10, 12; C. Just. Il, 74, 3.-7 C. Th. 11, 16, 2; lt,
19, 2; 11, 1, 36; Marini, Papiri, nes 82, 83. — 8 C. Just. 11, 68, 5; C. Th. 11,
o0’ 6 — 9 C. Th. 13, 1, 5,— 10 C. Th. 6, 26, 14; Symmach. Ep. 5, 87.
l’ U Dig. 50, 1, 22, 5 ; 50, 1, 23. - 12 C. Th. 7, 8, 1 ; 5, 13, 12-14 ; Nov. Valentin,
d’un ensemble de lois portées en faveur du sénat des
deux capitales : les terres sénatoriales forment mainte¬
nant dans chaque cité un groupe dont l’impôt doit être
levé à tour de rôle par chaque sénateur; l’impôt foncier
des sénateurs est absolument séparé de celui des décu¬
rions ; il est fixé directement par l’empereur, réparti par
le gouverneur et un nouveau magistrat, le defensoi'
senatus, et versé aux agents de l’État par les intendants
des sénateurs10. Ce système était tellement favorable au
sénat qu’en 397 il devait encore au trésor la moitié de sa
contribution foncière. Arcadius et Ilonoïius durent alors
en rendre la perception aux décurions 17 ; dans la suite,
nous ne savons quel système prévalut ; une Novelle de
Majorien réserve aux gouverneurs le droit de poursuivre
les intendants des sénateurs pour le paiement de l’impôt18,
Pour le recrutement militaire, les propriétaires envoient
leurs acteurs et procurateurs au lieu où se tient l’agent
impérial 19. On voit de quels énormes privilèges jouit la
propriété sénatoriale en matière d’impôts ; et ils sont
encore augmentés en fait par la toute-puissance des séna¬
teurs ; les codes le prouvent à chaque ligne ; dans le
régime de Yadjectio, les sénateurs trouvent le moyen de
faire retomber sur les décurions l’impôt des parlies sté¬
riles de leurs terres ;les répartiteurs des impôts, comtes,
honorati (anciens fonctionnaires), sont tous de la classe
sénatoriale ; ils font retomber la plus grosse part de
l’impôt sur les décurions et les petits propriétaires20. Les
témoignages de Salvien confirment les plaintes incessan¬
tes des empereurs à ce sujet21 . On s’explique ainsi l’exten¬
sion prodigieuse que prend le patrocinium
Passons à la justice 22. A. Domaines impériaux.
1° Pendant le Haut-Empire, les procuratores saltus ont
naturellement une juridiction ; l’inscription du salfits
Burunitanus montre l’usage et l’abus du droit de coer-
citio sur les hommes du domaine ; ils se plaignent que
le procurateur les ait fait saisir et même battre de verges
par des soldats, quoique plusieurs d’entre eux fussent
citoyens romains23. La lex metalli Vipascensis donne au
procurateur de la mine, domaine fiscal, le jus mulctae ;
c’était peut-être contraire au droit, puisqu’encore au
me siècle un rescrit de Sévère Alexandre refuse aux pro¬
curateurs en général ce jus mulctae 2” ; mais ils ont sans
contestation les droits de police ; ils disposent de la force
armée, des postes militaires ; ils peuvent expulser des
domaines les gens dangereux26. Légalement, ils n ont ni
la juridiction criminelle dans les aflaires importantes, ni
la juridiction civile. Mais dans la pratique ils exercent
les pouvoirs les plus arbitraires ; c’est ce que prouvent
justement les constitutions qui leur défendent de rendre
la justice au criminel21. Sous Maximin, en Afrique, un
procurateur peut, malgré le proconsul, proscrire et faire
tuer de nombreux colons28. 2° Au Bas-Empire, nous trou¬
vons un accroissement important du pouvoir des procu-
III, tit. 6, 3 ; voir Lccrivain, Le sénat romain , p. 83-85. — 13 C. Just. 12, 1, ■■
_ H C. Th. 13, 1, 3. — 16 Nov. Valentin. III, lit. 23. — 13 C. Th. 11, 23, 1 ;
7, 12; 6, 4, 13;' 11', 1,13. — 17 C. Th. 6, 3, 4. —18 Nov. 2, 1, 4 (458). — I9 A’0'-
Valentin. III, tit. 6, 2. — 20 C. Just. 11, 59, 10; 10, 30, 3 ; C. Th. 11, 26; 13, Ui
Aramian. 18, 1, 1. - 21 De gub. Dei. 7, 21 ; 5, 7, 8 ; C. Th. 13, 10, 1; 13, U, 1;
Cassiodor. Var. 2 , 25 , 2. — 22 Voir Scliulten, Loc. cit. 78-81, 1 11, 178; His, Lot’
cit. 7 50-52, 59-61, 113, 114; Ldcrivain, Le sénat , p. 117-125; Beaudouin, Loc.cd-
p. 178-191; Sickel, Westdeutsche Zeitschr. 1896, p. 111; 1897, p. 47.
cit. col. 2, 1. 11-16. — 24 Corp. inser. lat. 2, 5181, 1. 30. — 23 C. Just. 1, "•
— 20 Dig. 1, 19, 3, 1; Plin. Ad Trai. 27, 28; Urk. Berl. Mus. n» 106, 8-
_- 27 Dig. 1, 19, 3; C. Just. 3, 26, 3; 9, 47, 2; 9, 20, 4. - 28 Vita Gof
dian. 7,
LAT
965 —
LAT
teurS; les hommes du domaine sont toujours justi¬
ciables du juge ordinaire au criminel ; mais dès 358 c’est
en présence de l’administrateur du domaine qu’ils doivent
être jugés ; d’après une loi de Valentinien I", c’est le
rationalis qui doit faire comparaître les colons et les
fermiers du domaine devant le juge ordinaire1. Une loi
de Valentinien II défend aux agents du juge ordinaire
d’entrer dans le domaine pour amener en justice les délin¬
quants2. C’est pour la levée des redevances le rationalis
rai privât ae, pour les autres délits les adores dominici
qui doivent seuls les amener et les défendre devant le
tribunal. Arcadius et Honorius abrogèrent cette loi, mais
sans succès, puisqu’elle figure encore au code de Justi¬
nien. Ce régime se rapproche déjà de l’immunité franque.
Au civil, c’est le juge ordinaire qui doit juger les gens
du domaine, mais ici encore en présence d'un de leurs
chefs, probablement du rationalis 3. En outre, dès
l'époque de Constantin, le juge ordinaire doit soumettre
au cornes rei privatae tout ce qui touche aux intérêts
domaniaux ; bien plus, une loi de 349 donne, mais peut-
être par exception, au rationalis sutnmae rei une cer¬
taine juridiction civile à l’égard des colons du patrimoine ;
et une loi de 383 donne dans ces mêmes affaires une
juridiction de première instance aux rationafes rei pri-
vataeK. En somme, il est probable que les fonctionnaires
du domaine ont fini par juger les affaires peu impor¬
tantes; et c’est en leur présence que les autres étaient
jugées par les juges ordinaires. Une loi de 442 donne
pour juge exclusif aux colons de la domus divina de Cap-
padoce, le cornes domoruin avec appel au praepositus
sacri cubiculi 8.
B. Domaines privés. Les sénateurs et leurs agents
qui n’ont pas en droit la juridiction finissent par la
•conquérir au moins partiellement. C’est là un des traits
les plus caractéristiques, et ce sera une des plus graves
conséquences de l’autonomie des grands domaines. Il
est interdit aux juges de séjourner et de tenir leurs
audiences dans les propriétés privées6. Ce sont les
procurateurs et les chefs de villages ( primates possessio-
num) qu’on somme d’abord de livrer et d’amener les
malfaiteurs; c’est seulement quand ils refusent qu’on
emploie des soldats1. Dès l’époque de Marc Aurèle, la
loi qui permettait d’aller chercher les esclaves fugitifs
sur les terres du fisc et des sénateurs paraît prouver
qu ils y trouvaient souvent asile, et c’est confirmé par
d autres textes8. Saint Augustin met les autorités des
domaines au même rang que celles des cités9; dans la
querelle des Donatistes, en Afrique, on demande la pro¬
tection ( tuitio ) des chefs des domaines, comme celle des
magistrats municipaux, pour les églises orthodoxes 10.
En Orient, à certaines époques, les lois confient la police
aux adores et aux procurateurs11. Léon etAnthemius en
Orient, Valentinien III en Afrique défendent d’entretenir
*C. Th. 10, 4, 13; C. Just. 3, 26, 8.-2 C. Th. 1, 11, 2.-3 C.Th. 10, 15, 4
0, 4, 3 ; cf. 2, 1, 5. — 4 C. Just. 3, 26, 6, 7; C. Th. 11,30, 41. — 3 C.Just. 3, Si
7 T\ L’ l0’ U' ~ 7 C ■ Jl,St ■ 9> 39> 2- “ 8 Di(l- ll« *• § »-3 î C. Tl
, ,.-14.-9 Ep. 43, 24 (Migne, Patr. ht. t. XXXIII).— 10 Optât. Milev. Adv. Doi
iZTal' (MiSnC’ LC' l-XI)'-11C- Th- 12. 1 A 1 (409). — 12 C. Just. 9, 12, 10 (468
loeseï en*n- * O, lit- 18, 14. Sur les Bucellarii, voir Mommsen, Das rômische Milita
[Met Se,t '^^elian ([Termes, 24, 224-239); Lécrivain, Études sur le Bas-Empi
! lEcole de nome, 1898, 267-283); Sickel, Westd. Zeitschr. 189
4- i if. on ,C; Just- *> 65< 31> 35.; 12, 35, 15-16; Nov. Just. 116.- 14 AV. 2
Theod’.’is ’-Kn diCt' J"St' 8' ~ C' Th ' 9’ 1 : C‘ J"sL 9’ Edit
macli E t 4’ 6’ 9; 19, 28’ 7 ; Augustin. Confess. 6, 10. —17 Syi
PretatJ^c;(u 1^1' C9;Sid°"-4’ 'U 3- '• -18^-A *8- «ans Vlnte
lM°dos xen, 3, 11, le personnage appelé « dominica rura gubt
des troupes d’esclaves armés, de soldats privés, Isauriens,
bucellarii et autres sur les propriétés 12. De nombreuses
lois de Léon et de Justinien défendent aux propriétaires
de détourner de l’armée pour leur service les soldats
réguliers, souvent avec la connivence des officiers 13.
Justinien place les intendants des grands presque au
rang des magistrats inférieurs et. leur reproche de piller,
à la tête de bandes armées, toutes les terres même impé¬
riales14. Malgré les lois de toutes les époques jusqu’à
celle de Théodoric15, il y a des prisons privées ( carceres
privati) pour les délinquants, et les jurisconsultes y font
peut-être allusion dès le 11e siècle en signalant parmi les
causes de restitutio in integrum la détention par des
brigands, des pirates ou des potentiores t6. Le grand
propriétaire exerce en fait une véritable domination sur
les habitants de ses terres, ses homines 17. D’abord il joue
vraiment à leur égard le rôle d’un judex privatus.
Sidoine Apollinaire nous dépeint un sénateur qui règle
la condition de ses hommes « non dominio sedjudicio » 18.
Il a toujours des ergastula pour ses esclaves19; il peut
punir même de mort les délits qu’ils commettent à son
égard, pourvu qu’il y ait un motif légal, une causa legibus
cognita 20 ; il arrange souvent lui-même à l’amiable les
délits dont ils se rendent coupables à l’égard de tierces
personnes21 ; il agit de même à l’égard de ses affranchis22,
et de ses colons; il peut punir ces derniers pour certains
délits, en particulier pour le crime d’hérésie23; saint
Augustin reproche à un propriétaire et évêque donatiste
d’avoir rebaptisé en bloc les 80 colons d un domaine
emphytéotique24. Les plaintes de Salvien sur l’esclavage
des colons sont confirmées par les faits qu’on va voir et
par les textes législatifs25. Enfin, nous pouvons suivre,
depuis Constance jusque sous Justinien et plus tard26, la
pratique du patrocinium (irpoaTauia) 2 1 . C’est la protection
soit d’un grand propriétaire, soit d’un fonctionnaire,
militaire ou civil, ou administrateur de biens impé¬
riaux28; appliquée à une communauté, à un village,
elle tient du patronat municipal ; appliquée aux indi¬
vidus, elle constitue une vraie clientèle, établie soit
simplement en fait, soit par un vrai contrat; dans ce
dernier cas, le client cède sa terre, par donation ou par
vente, et la reprend grevée d’une redevance; sa propriété
s’est ainsi transformée en une sorte de tenuredonton ne
saisit pas nettement le caractère. Salvien exagère en
nous représentant ces clients réduits à la situation de
colons29; c’est plutôt une condition qui tient du précaire
et de la recommandation. En tout cas, un des résultats
principaux du patrocinium était de soustraire le protégé
au paiement de l’impôt: c’est pour cette raison qu’on lui a
fait une guerre acharnée mais infructueuse30 ; il se main¬
tient tant en Orient qu’en Occident pour se transformer
au moyen âge. En Orient, d’après une loi de Zénon,
les colons de certains sénateurs ne peuvent comparaître
nans » n’est pas, comme on l'a cru, un juge privé, mais l'administrateur des domaines
impériaux opposé au gouverneur. — 19 C. Th, 7, 1 3, 8 ; J. Chrysost. ap. Migne, Patr.
gr. t. XLVIII, p. 615. — 20 Sidon. Ep. 3, 1. — 21 Svmmach. Ep. 1, 74; 3,
69; Sidon. Ep. 5, 7. — 22 C. Just. 2, 55, 6. — 23 C. Just. H, 48, 28; C. Th.
16, 5, 52, 5t. — 21 Ep. 66 (Migne, t. XX11I). — 23 C. Th. 5, 5, 2; 10, 10, 25.
_ 26 Noi Just. 17, c. 13; Tibcrii, Const. I, 4. — 27 C. Th. H, 24; 11, 56, 1;
C. Just. 11, 54, 1 ; Liban, vol. II, p. 501 léd. Reiske). Voir Fuslel de Coulanges, Les
origines du régime féodal , p. 235-247; Flach, Les origines de l’ancienne France,
I, p. 70-78; Lécrivain, Le sénat romain, p. 126-128; Sickel, Loc. cit. p. 113-118,
1897 p. 57-60 ; Beaudouin, La recommandation et la just ice seigneuriale (Annales
de l’enseign. super, de Grenoble, I, p. 116-122). — 28 C. Th. 11, 24, 4,
C. Just : 11, 72, 1; 10, 19, 8. — 29 De gub. Dei. 5, 8, 9. — 30 C. Just. H, 54, 1 ,
Cassiodqj. Var. 5, 39.
122
LAT
— 966 —
LAT
en justice que par l’intermédiaire de leurs maîtres 1 .
Une Novelle de Justinien reconnaît aux sénateurs
propriétaires qui ont leur demeure à Constantinople une
véritable juridiction sur les gens de leurs terres2. Cette
juridiction territoriale, née du désordre universel, de
l’impuissance du gouvernement, du besoin de protection
que ressentent les petits, favorisée par les privilèges des
sénateurs, étend considérablement le pouvoir du pro¬
priétaire sur les classes agricoles, c’est-à-dire la masse
de la population. C’est une des bases principales de cette
puissance des grands, des potentes , qui apparaît dès le
Haut-Empire, mais qui est un des traits caractéristiques
du Bas-Empire J. La protection des grands soustrait les
criminels aux poursuites, les contribuables au paiement
de l’impôt, les débiteurs aux revendications des créan¬
ciers, donne le succès dans les procès, même contre le
fisc 4. Ils arrachent, par la force, les ventes, les transac¬
tions, les donations, bravent les juges, usurpent les
terres des petits propriétaires, des veuves, des orphelins,
des cités, du fisc et de 1 Église, exercent l’usure6. La
lutte contre les grands est la recommandation invariable
de toutes les lois adressées aux gouverneurs depuis Cons¬
tantin jusqu à Justinien. Il y a trois catégories de per¬
sonnes, dit Justinien 6, qui font échec àl’autorité publique,
les ducs militaires, les administrateurs des domaines
impériaux, les chefs des grandes maisons. On trouve la
même situation en Italie sous les Ostrogoths7. Abus de
la prise de gage ( pignoratif) ), résistance à la justice, au
lise, attentats à la propriété, à la paix publique, usage des
prisons particulières, tels sont les principaux griefs qu’on
relève encore à la charge de la noblesse italienne8.
Les saltus ont eu souvent au Bas-Empire leurs églises,
leurs prêtres et même leurs évêques, surtout dans
l'Afrique. Les Donatistes eurent des évêques dans des
villae et des fundi 9. Une partie des noms de lieux
mentionnés dans les listes épiscopales de l’Afrique comme
sièges d’évêchés parait être des noms de domaines 10. On
en trouve aussi ailleurs. A l’époque du pape Grégoire le
Grand 1 *, il y avait des évêques dans des domaines pontifi¬
caux, dans des massae de la Sicile ou du midi de l^ftalie ;
Yepiscopus Carmeienensis est évidemment l’évêque du
saltus carminianensis 12. Dans la Gaule, une partie des
églises rurales des vici a dû être établie dans des vici de
grands domaines13. Une loi d’Arcadius et d’Honorius
l C. Just. 12, 21, 8. — 2 JYov. Just. 80. — 3 Voir Lécrivain, Le sénat ro¬
main, p. 94-109. — i C. Th. 1, 20, 3; C. Just. 12, 1, 146 ; U, 18, 1, 2, 3;
8, 36, 3; 2, 19,6; 9, 9, 23; S. Augustin. Migne, Pair. lat. t. XXXVI,. p. 181;
t. XXXIII, p. 90; Concil. Carthag. Hefele, trad. Delarc, 2, p. 297; Basil.
Epi st. 299 (Migne, Patr. gr. t. XXXII, p. 1042); A Tov. Just. 17, c. 15; 28 ; 29.
— t>C. Th. 1, 16, 14; 1, 15, 1; 3, 10-11; 13, 11, 9; C. Just. 2,19, 12; 8, 4, 7,11;
Dig. 1, 18, 6, § 1 ; Nov. Valentin. III, t. VIII ; JVov. Just. 17; 13 ; 14; 30, c. 5-7; 7,
c. 1-5; 65; 120; 32, 34; Symmach. Ep. 1, 70; 7, 66; 9, 50; 10, 7; Salviau. De
gub. ùei. 5; Adv. avarit. 3, 7; Ambros. De o/f. ministr. 11, 21; Hexamer. 5,
10; Sidon. Ep. 3, 1 1 ; Gregor. Nazian. Orat. G, § 18 (Migne, Patr. gr. 35);
J. Chrys. Homil. in Matth. 57. — 6 JVou. 29; 69; 102. — 7 Lécrivain, Le sénat
romain, p. 170-183. — 8 Edict. Theodos. §§ 8, 10, 76, 123. 16 21 22 75 78
79, 83, 45, 46, 43; Cassiodor. Var. 4, 10 ; 8, 33 ; 12, 5 ; 4, 45, 49-2 18-5 ®9 38 •
I, 7; 3, 20, 27, 28; 4, 40, 42; 2, 24, 25; Edict. Athal. 1. 9 oita'collat.
Carthag. ; Migne, Patr. lat. 11, p. 5326; S. Augustin. Ep. 65, 1 ; 2, 65; 3, 173.
— 10 Exemple : Faustus, Burunilanus episcopus (Victor. Vit. persec. Vandal. 1
II, 38); cf. les Lambafundenses (C. i. I. 8, 2438). — U Greg. magn Ep 6
38; 7, 38. — 12 Voir Mommsen, Neues Archiv, 15, p. 187; Mot. dign. Occ. U
— 13 Voir Imbart de la Tour, Les paroisses rurales de l'ancienne France {Rev hist
1890, p. 242-264). - H C. Tn. 16, 2, 33. - 15 Cic. De orat. 1, 58; Ad Att'ic. U,
16; Petron. Sat. 30; Scnec. Epist. 14, 16; Quintil. Decl. 345; et les textes
déjà cités. — 16 Ramsay, Cities, p. 290; Urk . Berl. Mus. n° 150. — 17 Gagnai,
Ann. épigr. 1896, n» 117; Analect. Bail. 9, p. 119; C. i. I. 5, 5503; Cassiod.’
Var. 5, 14; Edict. Thcod. 155. — 18 Colum. De re rust. î, 6 ; Petron. Sat.
30; Plin. Ep. 3, 19 ; C. Th. 18, 5, 34 et 36 ; Auson. Ep. 22, 11. _ 13 C. Th. 4,
parle de fondations d’églises par les propriétaires 14
Nous arrivons à l’exploitation des terres : chaque
domaine public ou privé a son administrateur, dont
le nom générique est procurator 13 -(en grec iTrGpoTroç) « •
il s’appelle aussi praefectus , prae.positus , curator et
au Bas-Empire viee-dominus 17. Le procurateur privé,
mandataire du maître18, est le plus souvent un esclave 13 •
le procurator saltus impérial est généralement un
affranchi 2(1 ; il contrôle les gens du domaine et les fer¬
miers; il dirige l’exploitation, avec son bureau ( tahu -
larium )**. On a déjà vu l’importance de son rôle.
Au-dessous du procurateur, il y a le régisseur, vilicus
le plus souvent esclave22 ; Yactor (en grec wpaYjixreorVjç) 23
ou les adores , presque toujours esclaves, chargés de la
discipline 24 ; le saltuarius, souvent esclave, parait
plutôt être un employé inférieur qu’un vilicus™.
Voyons d’abord le Haut-Empire. 1° L’exploitation
directe de tout le domaine par le propriétaire, ou en
régie par un procurateur ou un vilicus, est rare ; cepen¬
dant il y en a des exemples 26 ; c’était le cas des jardins
impériaux d’Engaddi en Judée27. On utilise alors la
familia rustica qui, par opposition à la familia urbana ,
comprend les esclaves attachés à la culture du domaine,
Y instrumentum fundi [servus]28. Disons seulement ici
que la familia rustica était très nombreuse ; les esclaves,
groupés en services ( officia , ministeria ) qui avaient
chacun leur magister operum, étaient répartis en groupes
de dix ( decuriae ), ayant chacun un decurio ou monitor ;
quelques hommes avaient des emplois de confiance, tels
que le cellarius (sommelier), le dispensator (économe) 29 ;
on connaît aussi des gardiens [custodes , 7rapocçuXaxïTai) 30
A la tête de la familia était le vilicus. A côté de cette
exploitation, on voit apparaître sous le Haut-Empire la
tenure servile. Les propriétaires avaient dû comprendre
qu’au lieu de faire travailler les esclaves en troupe, le
plus souvent enchaînés31, ils avaient intérêt à leur
confier de petits lots de terre isolément, à charge de les
cultiver moyennant une redevance. L’institution du
pécule, surtout quand il consistait en animaux laissés à
1 esclave avec le droit de les faire paître sur la terre
du maître32, avait dû aussi faciliter cette pratique. En
tout cas, cette tenure servile apparaît nettement chez les
jurisconsultes des n° et me siècles33. Cette pratique, qui
faisait de l’esclave une sorte de fermier, un quasi
6 ; voir Fustel de Coulanges, L'Alleu , p. 47-48. — 20 Rev. arch. 1892, XIX, p. 221;
C. i. I. 14, 52; 8, 587, 16570, col. 4, I. 13; Inscription d'Henchir-Motticl],
1" face, 1. 4-5; Americ. journal of archaeol. 1886, p. 267, n» 22-25. — 21 Dig.
34, 4, 31 pr. — 22 Dig. 32, 35, 1; 33, 7, 18; C. i. I. 6, 276; Orelli-Ilenzen,
5015; Wilmanns, 1748, 1888; Colum. 1, 8; 11, 1; Apul. Metam. 8; C. Just. 6, 38,
2; Paul Sent. 3, 6, 35; Cat. De re rust. 2, 5, 4; 142; Inscription d’Henchir-
Mettich ; Marquardt, Vie privée, trad. franc. 1, p. 163, 182, 207. — 23 Dig. 40, 5,
•U, § 4; Gloss, éd. Gotz, 2, 14 ; Ramsay, Cities, p. 291. — 24 Plin. Ep. 3, 19, 2;
Colum. 1, 6, 7; 11, 1, 2; 12, 3, 6; Paul. Sent. 3, 6, 47-48; Cat. De re rust. 2, 5,
4; C. Th. 4, H, 6; Dig. 20, 1, 32; 34, 4, 31 ; 33, 7, 12, § 38 ; C. Just. 2, 13, 16;
Salvian. De gub. Dei. 4, 3 ; C. i. I. 5, 90, 1035, 1049, 1939, 7473, 8116, 5005 ; 6,
721 (actor praediorum), 272, 1464, 9120, 8088 ( actor Caesaris ), 669 ( agens actor
Augusti); 8, 8209; 9, 6083, 163 ( actor Augusti) ; autres textes dans Ruggiero,
Dizionario epigrafico, s. v. actor. — 25 C. i. I. 8, 5383 ; Dig. 33, 7, 12, 4 ;
Ramsay, Cities, p. 615 (EaJ.Tàpioç) ; Saltuari janus (Mosaïque de l’Oued-Alhmenia,
Tissot, Loc. cit. pl. îv). — 26 L’inscription d'Hencbir-Mettich prévoit trois modes
principaux d'exploitation : « Dominis aut conductoribus vilicisve » (lr° face,
I. 10, 22 ; 2e face, 1.4; 4' face, 1. 24). Le vilicus ne peut être que le régisseur du
propriétaire. — 27 Plin. Hist.nat. 12, 1 11, 113, 123. — 28 Dig. 50, 10, 166; 39, 99
pr.; 73, 7, 18, § 13; Colum. 1, 8. — 29 Dig. 31, 65 pr. ; 33, 7, 8, 12, § 9 ; U, 3,
10; 46, 3, 51 ; Gai. 3, 160; Paul. Sent. 3, 6, 35; Tacit. Germ. 25; Colum. 1, 8, 9;
II, 1 ; C. i. I. 5, 91, 2883 ; 10, 237, 1732. — 30 Inscr. d’Hcnchir-Mettich, 4' face,
1. 29-30; Ramsay, Cities, p. 281 (cf. Frankel, Inschriften von Pergamon , n» 249).
— 31 Marquardt, Loc. cit. p. 211. — 32 Varr. De re rust. I, 2, 17. — 33 Dig. 33, 7,
18, § 4; 15, 3, 16; 30, Hïpr. ; 2, 1, 32.
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LAT
colonus \ a dû se généraliser; c'est l’origine des servi
casarii du Bas-Empire 2.
2° Le mode le pins fréquent est la mise à ferme du
domaine, entier ou en partie [locatio conductio]. La
partie que se réserve le propriétaire est exploitée comme
on vient de le voir. La mise à ferme a lieu, pour les
terres privées, selon les règles habituelles ; pour les terres
publiques, on suit sans doute à peu près.les mêmes pro¬
cédés qu’autrefois ; sous la République, le censeur
affermait les terres de l’État sur le Forum, aux enchères
publiques, sub hasta, et avec le ministère d’un praeco ;
l’adjudicataire donnait à la fois comme garantie de ses
obligations des cautions ( praedes ) et des praedia , des
biens qu’il engageait à l’État [publicani] 3. A l’époque
impériale, ce sont sans doute, suivant les cas, les chefs de
Yaerarium Saturni ou les directeurs des services impé¬
riaux, les caisses impériales, qui procèdent aux adjudica¬
tions sur les propositions des procurateurs locaux 4.
Les fermiers fournissent toujours des garanties person¬
nelles et des garanties réelles 5.
La pratique habituelle6 et légale est toujours le bail à
court terme, quinquennal, pour toutes les catégories de
terres7. Hygin signale cependant des baux de 100 ans et
plus pour des terres de l'État et des cités8. Pour l’État,
nous n’avons pas d’exemple précis. Quant aux cités, il
est certain qu’au moins dès le début de l’Empire leurs
terres ont été régulièrement l’objet de baux perpétuels et
héréditaires sous le nom d'agri vectigales ; le tenancier
et les héritiers ne pouvaient être dépossédés tant qu’ils
payaient le vectigal ; les jurisconsultes se demandèrent
si ce droit constituait une vente ou un louage et se
prononcèrent pour le louage9. Sur des tablettes de
Pompéi, ce droit s’appelle aussi avitum et patritum10 .
Cette tenure a eu une grande importance et les compila¬
teurs de l’époque de Justinien ont pu l’assimiler, en
négligeant les différences, au bail emphytéotique11.
D autre part, le bail de cinq ans pouvait devenir un bail
de longue durée par l’emploi de la tacite reconduction ;
1 inscription du saltus Burunitanus montre qu elle était
habituelle sur les saltus d’Afrique à l’époque de Com¬
mode1-; des rescrits impériaux défendent aux chefs des
domaines de retenir de force les fermiers au bout des
cinq ans13 ; dès 68 av. J.-C., un préfet d’Égypte réprimait
la coutume qui s’était introduite d'obliger les fermiers à
affermer les vectigalia ou les terres du domaine14. Cette
pratique de la tacite reconduction, volontaire ou obliga¬
toire, va contribuer à faire naître d’un côté les tenures
perpétuelles, de l’autre le colonat du Bas-Empire. Une
constitution de Gordien, de 239, peut faire croire que des
particuliers donnaient aussi des terres à bail perpétuel 15.
Il y a deux catégories de fermiers, de conductores ou
coloni (en grec p.!<r0wTai lc), les petits et les grands. Les
petits fermiers libres ont été très nombreux à l’époque
impériale ; ils ont remplacé dans une certaine mesure les
petits propriétaires 11 ; leur redevance consiste soit dans
une somme d’argent, soit dans une part des fruits ; le
colonat partiaire, qui existait déjà sous la République et
qui sera la règle au Bas-Empire 18, est une pratique légale
pendant le Haut-Empire 19, moins usuelle cependant que
le fermage à prix d’argent. On a prétendu découvrir le
petit fermage dans les agri decumates de Germanie; de
petits fermiers y auraient cultivé de petites parcelles,
moyennant la redevance du dixième de la récolte 20 ; cette
hypothèse n’a pas de fondement; ces terres avaient plutôt
été abandonnées aux occupants. Sur les grands domaines,
surtout publics, c’est le grand fermage qui a prédominé
sous l’Empire comme sous la République. Quel a été le
rôle du grand fermier? C’est une question très contro¬
versée. A notre avis21, la terre affermée au grand fermier
comprend deux parts : la part disponible et les petites
tenures ; il afferme donc à la fois la part disponible et les
redevances que doivent les possesseurs des petites
tenures, les coloni : c’est prouvé par plusieurs inscrip¬
tions d’Afrique qui montrent des locations de vectigalia ,
c’est-à-dire de redevances des colons 22, de quintae , rede¬
vances du cinquième23. En Italie, à l’époque de Marc
Aurèle24, les fermiers qui ont affermé le bétail et les
pâtres de l’empereur dans la Sabine ont sans doute aussi
affermé les redevances25; les documents d’Égypte prou¬
vent aussi que les grands fermiers afferment les rede¬
vances (Ixcpopta) des petits fermiers, des yewpyoi Br^ôatot 26.
C’est ce qui explique l'opposition constante que nous
rencontrons sur les grands domaines entre le grand fer¬
mier, le conductor , d’un côté, et les coloni de l’autre. Le
conductor exploite d’une part la portion disponible, soit
personnellement, soit par un vilicus 27 ou un actor , en
payant au propriétaire (fisc ou particulier) une rede¬
vance fixe, appelée en Égypte cpôpoç à7ïOTaxToç28 ; d’autre
part, les colons sont à son égard tantôt des sous-fer¬
miers, comme en Égypte, tantôt des tenanciers perma¬
nents dont la redevance a été fixée une fois pour toutes;
ils lui doivent généralement, outre la redevance, des
corvées qu’on va voir, des operae qui correspondent aux
corvées que les habitants devaient ailleurs aux cités27.
Naturellement, par rapport aux colons ce conductor e st un
puissant personnage ; il dispose de gros capitaux pour
l’exploitation de cet immense domaine; il devient, lui
aussi, en fait, fermier perpétuel, par le renouvellement
% 33, 7, 12, § 3. - 2 c. Th. 9, 42, tl. - 3 Cic. De leg. agr. I, 3, 7 ; 2, :
; Ve/r. 1, 54, 142 ; C. i. I. 1, n» 200 ; 7, 40-49, 73, 74, 84 ; 2, 1803 ; Festi
v praes, manceps. — SC. i. I. 8, 10570, col. 3, 1. 20-34. — 3 Dig. 39, 4,
la t,5 4|G’ 1’,68’ § \! 20, 4’ 21 pr- ’ 49’ 14’ 28; 50- °’6’ § 10- Nous laissons de c<
|ucs ion ce savoir si les praedes sont maintenant des fidejussores et si l'hyj
a ;0“Ue * ’’e“pIacé la su teignatio praediorum. - 6 Voir Bcaudouin, Loc. cit. n. 2:
5439.C. 82 sVsV’ M /’ 2i’ §§ 2 et 4 ; 19’ 2’ 23> f-C.i. I. 2, supple
Droit rmhr ’i °i ’ C° " 3,1-22'23I Grom.vet. 117,1. 10 ; voir à ce sujet Mommsi
vel i IB -IC’ lat^ llanÇ- P- 148-151 ; Esmein, Mélanges , p. 219. — 8 Qro
5-6 ; 3. 2 \7s£V'rU5/ ^ • 6’ 3’ ’ ^ ; *' 8’ 13’ § 1 ; 3‘J’ 4’ ‘ l’ § 1 ' 30>
10 585V M ’ S ; C- USL U> 31- 1 i Plin- Ep. 7, 18; Grom. vet. 102, 19; C. i
124 l0m"lsen’ fermes, 12, p. 123-124.- 10 Mommsen, Hernies, 12, p. |
8 10570 T ’ 31 ’ 2’ 8> 151 1 ; c. Just. 5', 71, 9 ; lmt. Just. 3, 24, 3. — 12 C t
11 (Philippe0).' - H r22'23’ - nDi,h 49’ 14’ 3’ § 6 (Hadl'icn): C- Just- 4-
p. 290, 272 273 ano n ° ’’’ 3’ 49°7' ~ C’ JuSt' 4’ C5, *0’ — 10 Kamsay. Citi
Bull. dt. arri, r •• " 0n_lrouve féminin conductrix (C. i. I. 10, 8070; De Ko:
• - os . 18 , 1 , p. 90). — il Colum. 1 , 7, 8 ; Plin. Ep. 3, 19 ; 9, 37 ; voir
ce point Mommsen, Hernies, 1884, Loc. cit. et Ruggiero, Dision. epigr. s. v. Colonus.
— 18 Cal. De re rust. 137 ; C. Just. 11, 48, 5. — 19 Dig. 19, 2, 23, § 6; Plin.
Ep. 9, 37, 3. Celte démonstration a été faite par Cuq, Le colonat partiaire,
р. 37-41, contre Fustel de Coulanges qui n'y avait vu qu’une pratique extralégale
(. Recherches ... p. 13-14’. — 20 His, Loc. cit. p. 8; Meilzen, Siedelungen und
Agrarwesen der Westgermanen und Ostgermanen, 1, p. 355-339; 3, 147-101;
Mommsen, Hist. rom'. 9, 192-203. — 21 Surtout d'après C. Th. 9, 42, 7;
Dig. 33, 7, 20 et 27; 5, 15, 4; C.i. I. 8, 105 7 0. — 22 Mélanges d’arch.
et d’/iist. de l’Ecole de Dôme, 1873, p. 470, note 2. — 23 C. i. I. 8, 17841.
Appien signale déjà la redevance du cinquième des productions (Bell. civ.
1, 17) et elle est encore dans une Novelle de Valentinien III sur la Numidie
et la Mauritanie (18, 1, 2). — 2V C. i. I. 9, 2438. — 23 On a aussi des
Manéjpes}... gregum do[minorum]... sur Yager Albanus (14, 2299). — 2G Urk.
Berl. Mus. n05 100, 150, 181, 650. — 27 il peut avoir son vilicus (Wilmauns,
1419 a). — 28 Urk. Berl. Mus. n°s 8, 18 , 24, 306. — 29 Mommsen
( Hernies , 15, p. 406) rapproche de ces operae la ic'T Coloniae Juliae Genetivae,
с. 98 ; cf. Dig. 50, 4, 4.
LAT
— 968 —
LAT
périodique de son bail1; il a presque l’importance du
procurateur impérial qui est souvent son complice ;
c'est ainsi qu'il peut maltraiter, exploiter les colons.
Nous renvoyons pour l’histoire générale du colonat à
l’article colonus. Indiquons seulement ici les traits parti¬
culiers du colonat sur les grands domaines, surtout
d Afrique. Les colons doivent des corvées au propriétaire
ou au conductor pour l’entretien et l’exploitation de la
part disponible. Sur le saltus, Burunitanus, ils doivent
par an deux journées de labour, deux de sarclage et
deux de moisson2; à Gazr-Mezuar quatre journées de
chacune de ces trois catégories 3 ; dans l’inscription
d’Henchir-Mettich, il est probable qu’ils doivent les
corvées du saltus Burunitanus 4 . On peut sans doute
faire rentrer dans les operae les travaux faits par les
colons pour l’entretien du domaine, la construction de
bâtiments, de forts3.
En Afrique, la redevance est toujours, comme autrefois
pour les agri occupatorii de la République, une quote-
part des fruits, partes fructuum, partes agrariae G. La
proportion n’est pas indiquée pour le saltus Buruni¬
tanus ; les colons protestent seulement contre l’augmen¬
tation arbitraire de la redevance par le conductor ou le
procurateur; dans l’inscription d’Aïn-Ouassel 7, c’est le
tiers des fruits ( tertias p artes) ; il y a une centcsima
fructuum qu’on ne sait comment expliquer dans une
autre inscription 8. Dans l’inscription d’Henchir-
Mettich9, ils doivent, d’après la lex Manciana , le tiers
des fruits pour le blé, l’orge, le vin et l’huile ; le quart
(ou le cinquième) pour les fèves ; pour le miel, un setier
par ruche ou par vase à miel10 ; tous ces produits doi¬
vent être livrés sans déchet, c’est-à-dire les céréales au
sortir de l’aire, les fèves écossées, le vin au sortir de la
cuve, le miel extrait des rayons, le produit des oliviers
sous forme d’huile. Il y a quelques autres dispositions
spéciales; le colon qui a plus de cinq ruches doit sans
doute fournir une part un peu plus élevée. Une autre
clause prévient la fraude qui consisterait à transporter
hors du fundus des ruches, des essaims et des vases à
miel pour les mettre ailleurs dans un champ dit octona-
rius ; en ce cas, tous les objets transportés sont confisqués
au profit du fundus u. Un paragraphe mutilé est consa¬
cré aux figues sèches ( ficus aridae )12 ; le passage relatif
au bétail est altéré13; pour chaque tête de bétail qui nait
(ou qui paît?) sur la terre, les colons doivent payer une
redevance ; si des portions du sol sont consacrées à
la culture de la vesce, il y a une disposition spéciale,
mais dont le texte a disparu en partie14. Les colons doi¬
vent toutes leurs redevances in assemVi, c’est-à-dire sans
doute non pas solidairement, mais en bloc, à tout le
1 C'est ce que montre C. i. I. 8, 10750, col. 3, 1. 22-23. — 2 C. i. I. 8, 10570 : binas
aratorias, binas sartorias, binas messorias. — 3 Ibid. 8, 14128, 1. 12. — '* Loc. cit.
V facc,l. 22-28, d'après les restitutions probables. — 5 C. i. I. 8, 587, 11731, 10411,
14457, 8426, 8701, 8777 ; Cagnat, Ann. épigr. 1893, n» 66. — B C. i. I. S, 10570, col. 3,
1.8. — 7 Loc. cit. col. 3,1.2. — 3 Cagnat, Ann. épigr. 1 1894, n° 55. — 9 VoirToulain,
Noue. rev. hist. de droit, 1897, p. 375-415; 1899, p. 137-169, 284-312, 401-414 ; Cuq,
Le colonat partiaire dans l’Afrique romaine [Mém. prés. p. div. sav. Acad. Inscr.
1" série, t. XI, 1" part. p. 83) ; Schullen, Die lex Manciana ( Abh . d. Gesell. d. Wis-
sensch. eu Gôtting; phil. hist. Cl. t. II, n»3) ; Beaudouin, Loc. cit. p. 57-150. On ne sait
pas exactement s il s agit sur cette inscription d’un domaine privé ou d’un domaine
impérial ; 1 opinion intermédiaire de M. Cuq, que la lex data s’appliquerait à un do¬
maine impérial, mais qui aurait été auparavant une propriété privée, est peu vraisem¬
blable. C’est plus probablement un domaine privé ; car il s’appelle fundus ou villa et
non saltus ; 1 expression dommus ne peut se rapporter ni à un conductor, ni à l’empe •
rcur (l,ciace, 1. 10-1 1 ; 2e face, 1. 3-4, 8-10 ; 3' face, 1. 19-20; 4e face, 1. 23-24,34-36);
l’intervention des procurateurs impériaux s’explique en admettant que, transmettant
le domaine de l’empereur à un particulier, ils règlent pour l'avenir les droits et les
domaine, de telle sorte que le montant, invariable, soit
réparti entre les copropriétaires ou leurs fermiers, pro¬
portionnellement à leur droit. Une clause s’occupe des
dommages causés aux récoltes; il est probable que la
peine était répartie entre le conductor et le colonus au
prorata de leur intérêt16.
L’inscription d’IIenchir-Mettich17autorise les colons du
domaine à défricher les subseciva , c’est-à-dire les par¬
celles laissées en dehors des limites officielles du
domaine, soit parce qu’elles étaient incultes ou trop
accidentées, soit parce que la surface en était inférieure
à une centurie ; elles pouvaient donc être situées aux
extrémités du domaine ou y former des enclaves18. On a
donc accordé ici aux colons un droit analogue à Yoccu-
patio de la République; en échange, ils doivent immé¬
diatement comme redevance la part de fruits fixée par la
lex Manciana ; d’après un passage altéré de l’inscription,
ce sont les colons eux-mêmes qui paraissent déclarer
arbitratu suo le produit total de la récolte et le partage
se fait d’après cette déclaration. A ces conditions, ils ont
sur ces terres Yusus proprius : ces mots paraissent dési¬
gner non pas seulement une servitude d’usage, mais bien
une propriété de fait analogue à celle qu’avaient sous la
République les possessores de Yager publicus19. En second
lieu, ce même règlement d’Henchir-Mettich et celui d’Aïn-
Ouassel accordent aux colons pour les nouvelles cultures
et les défrichements des avantages qu’on va voir à pro¬
pos de l’emphytéose. Le règlement d’Henchir-Mettich 20
prévoit le cas où un lot de terre cultivé serait abandonné
par le colon et décrit la procédure des denuntiationes à
suivre avant d’arriver à la déchéance du colon ; mais le
passage est très mutilé. Il faut peut-être distinguer deux
cas; s’il y a eu sur le champ délaissé des améliorations
importantes, des constructions de bâtiments, le colon
garde pendant deux ans après l’abandon son droit de
culture (jus colendi ) ; si le champ a été simplement cul¬
tivé, le conductor ou le vilicus annonce la première et la
deuxième année l’abandon du champ et, s’il ne se pré¬
sente aucun colon nouveau, doit le faire exploiter. En
Egypte, d’après un papyrus de l’an 17 ap. J.-C., les colons
ne gardent que le tiers des fruits et versent les deux
tiers comme redevance21.
Les colons des grands domaines privés et impériaux
sont toujours libres en droit : ils peuvent quitter le
domaine à l’expiration du bail, ou à leur guise si, comme
sur certains saltus d’Afrique, ils cultivent en vertu de la
simple occupatio en acceptant les règlements. Ils ne sont
pas encore des serfs de la glèbe 22 ; en Égypte, ils restent
libres jusqu’au vie siècle23. Mais les propriétaires avaient
intérêt à s’assurer des fermiers à demeure. Dès le Ier siècle,
charges tics colons. Nous ne savons pas si ces colons étaient, comme on Ta pré¬
tendu, des indigènes, anciens possesseurs du sol, ou des Italiens ; le mot mappalia
ne prouve rien; en tout cas, il n'y a qu’une catégorie de colons, ceux qui sont
englobés dans les limites, car à la ligne 6, lr* face, il faut plutôt lire avec Schullen :
« (i)ntra fundo » ; les procurateurs appliquent les règles suivies par l'administration
impériale. — 10 Selon qu’on adopte l’explication de Toulain ou celle de Cuq et
Schullen. — U U» face, 1. 22-23; 2' face, 1. 1-13. Le sens du mot octonarius n’a
pas encore été déterminé. — 12 2e face, 1. 13-15. — 13 3» face, 1. 17-20; la lecture
de Schullen « aéra quatuor » (quatre as) est inadmissible. — 14 3“ face, 1. 12-17;
d’après Toutain, Loc. cit. les colons n’auraient aucun droit sur ce produit. Les correc¬
tions de Schullen sont inadmissibles. — 15 lr* face, 1. 16, 23; 2° face, I. 5, 12;
3e face, 1. 1; 4“ face, 1. 23. — 10 3e face, 1. 20-21 ; 4" face, I. 1-14; Cuq, Loc. cit.
p. 49-55.— 17 l» faCe, 1. 7-20. — 1» Grom. vet. 6, 8, 56,156, 163, 132-133. — 13 C’est
l’opinion développée par Cuq, Loc. cit. p. 10-14. — 204s face, 1. 10-22, avec l’inter¬
prétation de Toutain. — 21 Urk. Berl. Mus. 11“ 197, 1. 12-13. — 22 Cela ressort de
l’inscription d’Henchir-Mettich, 4* face, 1. 10-22; Urk. Berl. Mus. 523. — 23 Voir
Wessely, Wiener Studién, 9, p. 259-261 ; Grenfell and Hunt, Greek-Papgr. 1, 56-57
LAT
— 969 —
LAT
h fixité de la tenure apparaît comme une nécessite eco-
nomiaue Columelle recommande déjà d’avoir sur sa
tprre des coloni indigenae , parce que le changement de
ipnniers est une cause de ruine*. Les fermiers euv-
mèmes avaient intérêt à rester sur le domaine. D’autre
,nrt beaucoup de fermiers, besogneux, endettes, n au¬
raient pu quitter la ferme sans laisser leur matériel, sans
donner caution ; ils se résignaient à rester indéfin.ment
sur Ja même propriété2. C’est de ces fermiers attaches au
sol par leurs dettes qu’il est question, dès l’époque répu¬
blicaine, dans Varron 3, plus tard dans Columelle %
dans César B, pour toutes les provinces du monde
romain. Les inscriptions signalent aussi fréquemment des
fermiers qui ont cultivé leur ferme pendant très long¬
temps 6. La pratique attachait donc de plus en plus le
cultivateur au sol; le fermage se transformait en colonat.
C’est surtout sur les grands domaines impériaux que
nous saisissons cette transformation. Les colons n’y sont
plus considérés en fait comme des fermiers libres, mais
comme les hommes de l’empereur, coloni domini nos-
tri1, plebs fundi 8, rustici tenues , mediocritas nos-
tra 9 ; ils s'intitulent rustici tui , vernulae et alumni
saltuum tuorumi0, c’est-à-dire serviteurs nés sur le
domaine ; quoiqu’ils soient molestés par les procurateurs
et le conductor , il ne leur vient pas à l’idée de quitter
le domaine; ils n’invoquent que le règlement d’Hadrien,
la forme perpétua 11 . Au Bas-Empire, l’État n’aura plus
qu’à proclamer l’attachement obligatoire et indissoluble
au sol. D’autres documents nous renseignent sur les
misères des colons. Une inscription de Phrygie renferme
une supplique adressée entre 244 et 247 à Philippe par
les colons d’un saltus ; ils se plaignent des vexations que
leur font subir les agents du fisc (Kociuaptavoi), les soldats
qui traversent le domaine et les puissants (Suvddxat)12.
D’après un décret de Gordien, les gens du village de
Skaptoparénè en Phrygie se plaignent également des
pillages des soldats13. A l’époque de Justinien, les
Novelles signalent encore les pillages des gouverneurs,
des grands propriétaires, tyrans féodaux, des soldats de
passage ou des garnisons et même des agents de police
ruraux (XirjffToSunxTat, (hoxcoAuxo»), surtout dans l’Asie
Mineure14. Un rescrit de Justin Ier et de Justinien
(vers 527) a pour but de protéger les terres et les hommes
(colons, adscripticii, cura tores et conductores ) contre
les soldats de passage et les agents de police15. La
répression de ces fléaux fut un des principaux soucis du
l'ègne de Justinien ; elle amena en particulier la grande
réforme de 533, la réunion des pouvoirs civil et militaire
dans plusieurs provinces d’Asie, la création de comtes
en Phrygie, Galatie, Isaurie et Arménie, de préteurs en
Pisidie, Lycaonie Lycie et Paphlagonie, d’un proconsul en
Cappadoce16. C’est cette misérable situation des colons
qui explique qu’au Bas-Empire il y ait eu en Occident
tant de révoltes agraires, en particulier celle des Bagaude»
en Gaule17, celle des Circoncelliones d’Afrique, bandes
d’esclaves révoltés, de débiteurs insolvables, de proprié¬
taires ruinés par le fisc, et surtout de colons sortis des
cellae des grands domaines 18.
L’inscription d’Henchir-Mettich mentionne à côté des
colons les stipendiarii et les inquilini. Le passage
relatif à ces stipendiarii, qui sont astreints à des rede¬
vances envers le domaine, est trop mutilé pour fouinii
une conclusion certaine19. Le passage relatif aux inqui¬
lini est également très mutilé20 ; on voit seulement qu ils
doivent déclarer leurs noms dans un certain délai aux
régisseurs ou aux grands fermiers ; au Bas-Empire, les
inquilini sont rapprochés, mais cependant distingués
des colons; ils ne paraissent pas être assujettis au sol21 ;
plusieurs textes les mentionnent comme des ouvriers non
agricoles du domaine, pâtres, jardiniers-- ; il est difficile
de préciser davantage. On trouve aussi au Bas-Empiie
des negot iatores qui paient sans doute une redevance
Nous avons peu de renseignements sur la tenure
d’affranchi24. Nous savons qu’il y avait beaucoup d’aflran-
chis dans les campagnes, qu’au Bas-Empire ils fournis¬
saient une partie des soldats 2j. Il est probable qu ils ont
suivi le sort et les transformations du colonat 26.
Nous arrivons au Bas-Empire. Les particuliers conti¬
nuent à employer à peu près les mêmes formes d’exploita-
tion, notamment le bail à court terme. On trouve toujours
d’un côté les adores ou les procuratores qui dirigent les
esclaves et les colons, de l’autre les conductores libres
Une charte du ve siècle montre la toute-puissance de deux
conductores sur les adores , et les conductores massa-
rum 28. L’emphytéose a peut-être été employée en Occi¬
dent dès la fin du ive ou le ve siècle29; en tout cas, en
Orient, elle est d’un usage courant à partir du v° siècle30.
Sur les domaines impériaux, le caractère général des
tenures est la concession au preneur d’un droit perpétuel
et héréditaire. On trouve cinq formes principales d’exploi¬
tation :
1° L’exploitation en régie, de moins en moins fré¬
quente; elle est appliquée aux palais impériaux, aux
haras, à quelques domaines31. Dans ce cas, les différents
cultivateurs, esclaves, colons, sont régis par des adores
(les anciens vilici) ou des procuratoi es, qui sont quel¬
quefois esclaves, mais qui sont pris le plus souvent parmi
les officiales 32. Il est souvent difficile de distinguer cette
exploitation du fermage, car Yactor peut jouer un rôle
même là où il y a un conductor.
De re rust. 1, 7. — 2 Plia. Epist. 9, 19, 37 ; voir Fustel de Coulanges,
e cherches , p. 15-23. — 3 De ling. lat. 1, 17 : obaeratos. — R. rust. 1, 3
neæu civium ». — 5 Bell, g ail. 1, 4 « clientes obaeratosque ». — 6 Orelli,
;°44’ C- '■ 1 9> 3G7ii 10, 1918; 13, 1877. — 7 C. i. I. 8, 8702. — 8 Cagnat, Ann.
'■Piijr. 1893, n»66._ 9C.U.8, 10370, col. 3,1'. 18, 28-29.- 10 Ibid. — H Ibid. col. 3,
ô/.^’C°*' 4’ '' 7-8' ~ 12 Schulten, Libello, p. 232,1. 18. — 13 Zeitsclir. d. Savigny-
^ gtung, 1892, p. 244-207; Ath. Miltheil. 10, p. 207-282. — .14 Nom. 8, pr. et 12;
m 1 l7’r°.‘28’ 3'29’ 4; 30’7’ l-2 : 31. 3; 33; 6Sj)r.; 13°, 4-9; 143 pr.\ 128,21;
— 15 Diel>b Bull. deeorr.hell. 1893, p. 301-520. — le h'ov. 8,
O i _ 1 ’ "7 ’ 23-3 1 ! 130; 143; 149. — 17 F.utrop. 9, 13; Aur. Vict. DeCaes. 39;
clav' ’ ”a’ P* ° res^aul'- Behol. 1 4 ; Gratiar. act. 4 ; Wallon, Hist. de l’es-
g ’ *8'--93- — 18 Textes principaux : Optât. Milev. De scliism. Donat. 3, 4 ;
Psalm^i v Cresc ' 3-- 26 ; 108, 14 ; Contr. litt. Petil. 2, 82 ; Enarr. ad
Landschaft ^ ' V011 ^‘"omonb Mémoires, V 1, p. 88-89; Jung, Die romanischen
138 I , 7>' 2 70-180 ; Ferrère, La situation religieuse de l'Afrique, p. 155-
4“ face, 1. 32. — 20 4. faCe, 4 22-30. — 21 C. Th. 5 10, 1 ; 10 12, 2, 2.
Marini, Loc. cil. n» 83 ; C.Just. 3, 38, 11-13; 3, 20, 11; 11,33, 1; 11,66,6; 10,32, 29;
41 48, 12; Haenel, lex rom. Visigoth. p. 460; Isidor. Or. 9, 4, 38; Arnob. Adr.
gent. 1, 12. Schullen voit des inquilini dans les icafolxoi dune inscription de
Phrygie ( Libello , p. 238). — 22 Charta Cornutiana (Lib. Pont. éd. Duchesne,
p. clxvi) ; S. Augustin. Adv. litt. Petil. 2, 184 : furnarius inquilinus ; cf. les figuli,
les fabri des domaines impériaux (C. Th. 13, 1, 10). — 28 C. Th. 13, 5, 1 et 10.
— 24 Voir Fustel de Coulanges, L'Alleu, p. 58-61 ; Itecherches, p. 59-60. —23 Liv. 40,
18; 42, 27; 24, 11; Dio Cass. 55, 31; Vell. Paterc. 2, 111; C. Th. 4, 10, l
C. Just. 11, 53, l. un. — 26 C. Just. 11, 53, l. un. — 21 C. Th. 2, 30, 2; 11, 16, 32
11, 7, 16; 16,5, 54; Symmach. Ep. 9, 52, 6: Fulgent. Ferrand. Brev. can. n» 70
(Migne, Patr. lat. 1. LXXXVU1); Nov. Valentin. III, (if. 6, 1; Inst. Just. 3,24, 6;
Vit. Euphras. c. 5 et 13 (Migne, Patr. lat. t. LXX1I1). — 28 Marini, Papiri, v« 73.
— 29 Formul.Andeg. n" 37 (éd.Zeumer). Sur cette question controversée, voir Beau-
douin, Loc. cit. p. 295, note 2.- 30 C.Just. 4, 66, 1-4. -31 Ç. Th. 5, 14,4; 15, 10, 1 ;
U, 49, 4., H, 7, 6 ; 10, 4, 2; 11, 16, 12; C.Just. 11, 19, 4.— 32 C. Th. 1, 32, 2; 2,
3o[ 2; 7, 18, 7, §§ I et 8 ; 7, 18, 12, § 1 ; 10, 4, 1 ; 10,5, 1-2; C. Just. 3,26,9; 4, 65, 35.
LAT
— 970 —
LAT
2° Le fermage à court terme, peu fréquent et qui est
sans doute toujours de cinq ans
3° Le jus perpetuuml 2, droit de jouissance concédé sur
un fundus perpetuarius ou privât i juris , perpétuelle¬
ment et héréditairement, moyennant le paiement d’une
redevance annuelle ( pensio , canon) ; le fermier s’appelle
perpetuarius. Cette tenure, distincte au début de l’em-
phytéose 3 * *, et qui est toujours une location, est employée
pour la res privata , les fundi patrimoniales et les terres
des cités \ Elle a donc remplacé 1 ejus in agro vectigali
du Haut-Empire, ou plutôt c’est ce droit qui a été appli¬
qué sous un nom nouveau aux domaines impériaux. Le
perpetuarius a un droit héréditaire, peut l’aliéner de
toutes manières entre vifs; mais, n’étant pas le proprié¬
taire, il ne peut affranchir les esclaves du domaine 6 ;
mais dès la fin du ve siècle, en tout cas à l’époque de Jus¬
tinien, ce droit s’est confondu avec l’emphytéose 6.
■4° Le jus privation salvo canone. C’est une aliénation
à prix d’argent et où l’acquéreur doit en outre une rente
fixe, perpétuelle {canon), plus petite que dans le jus
perpetuum. L’acheteur est donc propriétaire, peut aliéner
le domaine, le transmettre à ses héritiers, en affranchir
les esclaves. Cette vente n’a guère été employée que poul¬
ies fundi patrimoniales et sans doute en cas de néces¬
sité urgente, car plusieurs empereurs révoquent des con¬
cessions de ce genre ou les interdisent pour l’avenir 7.
On peut rapprocher de ce jus privation salvo canone les
cigri privati vectigalesque de l’époque républicaine.
Justinien interdit aux églises des ventes de ce genre qui
constituaient un droit appelé Ttapouuxôv 8.
o° L’emphytéose. Nous renvoyons à l’article empiiy-
teusis. Ajoutons seulement les renseignements que four¬
nissent les inscriptions et quelques textes sur les origines
de ce contrat. Plusieurs passages de l’inscription d’IIen-
chir-Mettich se rapportent aux avantages accordés aux
colons qui ont fait des plantations nouvelles de figuiers,
de vignes et d’oliviers, ou qui ont défriché des terres.
Voici les principales dispositions : pour les figueries
nouvelles, les colons disposent en totalité des cinq pre¬
mières récoltes ; ils' ne doivent que pour la suite la rede¬
vance légale; pour les vignobles nouveaux ou constitués
à la place de vieilles vignes épuisées, ils disposent des
deux premières vendanges ; pour les olivettes créées de
toutes pièces, des dix premières récoltes ; pour les olivettes
obtenues par la greffe d’oliviers sauvages, des cinq pre¬
mières récoltes seulement 9. On a vu ce qui était relatif
au défrichement des subseciva et des terres incultes. On
a donc ici, quoiqu’il n’y ait pas de contrat formel, quel¬
ques-uns des traits qu’aura plus tard l’emphytéose,
c’est-à-dire l’amélioration d’une terre par le preneur et
l’exemption de toute redevance pendant un certain temps.
Ce droit conféré aux colons est-il déjà perpétuel et héré¬
ditaire? On a vu qu’en fait ils sont attachés au sol;
d’autre part, ce fait même qu’ils peuvent engager leur
droit pour la sûreté d’une créance, par l’emploi de la
l C. Just. Il, 71, 5-7; il, 3G, 3 ; 11, 62, 8 ; C. Th. 11, 16, 12, 20; 11, 20, 3;
10, o, 54, § 5-6. Une inscription de 523 mentionne un fermier de Théodoric
resté vingt ans fermier (C. i. I. 2, 549). — 2 Voir Beaudouin, Loc. cit. p. 251-
256; His, p. 91-94; Lécrivain, De agris publicis, p. 79-82. — 3 A ou. Va¬
lentin. III, 2G, pr. § 4. Cependant les deux tenures paraissent être confondues à
C. Th. 5, 13, 33 (393). — 4 C. Just. H, G6, 3; 11, 70, 4; 11, 71, I, 3, 5; 11, 59,
3 ; 11, 62, 7; C. Th. 5, 13, 18; -10, 3, 4-8 ; 10, 5, 1 ; 1,11, 1 : 11, 15, 20; 11, 19, 4.
— 5 c. Just. Il, 71, 5, § 4; 11, 46, 3; 11, 63, 2. — 6 C. Just. 1, 33, 2;5, 71, 13.
_ 7 C. Th. 5, 13, 17, 19, 38, 39; C. Just. 11, 62, 4, 9,, 10, 12; H, 63, 2; 11, 69,2; |
fiducia , paraît impliquer aussi un droit héréditaire qUj
se rapproche du droit de l’emphytéote10. La déchéance
du droit des colons au bout de deux ans d’interrupfi0ll
de culture est encore une des règles de l’emphytéose
classique 11 . Dans l’inscription d’Aïn-Ouassel, la l0j
d’Hadrien, appliquée de nouveau sous Sévère, s’occupe
des terres qui n’ont pas été cultivées ( rudes agri) ou quj
délaissées par le conductor , sont en jachère depuis dix
ans12. Elle accorde aux colons qui voudraient les occuper
sans contrat les avantages suivants : ils paient comme
redevance le tiers de la récolte de céréales ; ils sont
exempts de redevance pour les fruits des arbres fruitiers
s’ils en ont planté, pendant sept ans ; pour les oliviers
plantés ou greffés, pendant dix ans ; au bout de ces
périodes, ils doivent la redevance habituelle du tiers des
fruits, et encore ils peuvent déduire du partage des poma
la quantité nécessaire à leur consommation propre. Un
passage mutilé parait prouver que la redevance en
céréales sera payée au conductor pendant cinq ans et
ensuite au fisc13. En outre, les colons acquièrent sur ces
terres un droit de jouissance perpétuelle et héréditaire
{jus possidendi ac f'ruendi heredique suo relinquçndi );
nous avons donc ici deux des caractères essentiels de
l’emphytéose, l’exemption de redevance pendant quelques
années, la jouissance perpétuelle et héréditaire.
Nous ne savons pas si l’occupant peut céder son droit.
C’est donc à la fois une propriété analogue à Voccupatio
de la République et une tenure emphytéotique sans con¬
trat. A la fin du 11e siècle, Pertinax accorde à ceux qui
voudront le droit d’occuper les terres abandonnées et en
friche, de toutes les catégories, de tous les pays et de les
garder, comme s’ils en étaient les maîtres, avec l’exemp¬
tion de tout impôt et de toute redevance pendant dix
ans11. C’est donc le même régime que dans la loi d’Ha¬
drien. Avec Aurélien (270-275) commencent la législation
sur les terres abandonnées, sur les agri deserti , et le
régime de Yadjectio ; il charge les décurions de ces cités
de l’entretien de ces terres, en les exemptant d’impôt
pendant trois ans ’5. Les empereurs appliquent donc aux
terres incultes des particuliers les mêmes mesures qu’à
leurs domaines. Elles aboutissent naturellement à la
tenure emphytéotique. Elles offrent des analogies avec
l’emphytéose grecque de la même époque, telle qu’on la
voit dans l’inscription de Thisbé, de Béotie, qui est du
iic ou du iiic siècle ap. J.-C.16; c’est un règlement pro¬
mulgué conformément aux anciennes pratiques du droit
grec par le proconsul d’Achaïe sur le fermage des terres
publiques de Thisbé ; la demande de prise à ferme
(fhêXiov) doit être adressée aux magistrats municipaux;
le fermier ne devra aucune redevance pendant les cinq
premières années à la condition qu’il mette le sol en cul¬
ture ; ensuite, à la condition de payer la redevance
annuelle (cpôpoç), il aura sur cette terre un droit de jouis¬
sance héréditaire; il pourra en disposer soit entre vifs
soit par testament, mais uniquement en faveur d un
U, 70, 4. — 8 Nov. 7, 1, 1. — B 2« face, 1. 20-30; 3' face, I. 1-12. — 10 i‘ faec'
1. 8-9 ; voir Schullen, Lex Manciana, p. 32 ; Cuq, L oc. cit. p. 25 ; Beaudouin.
Loc cit. p. 275-277. Mais le texte est très altéré et ne peut fournir de conclusw11
certaine. — H C. Just. 4, 6G, 2, I ; Nov. Just. 7, 3, 2. — 12 Col. 2, 1. 7-13 ; col. 3,
1. 1-13; voir Sclmllen, Dermes, 29, p. 204-230. — 13 Hypothèse de Schulte11.
Loc. cit. D'après Dareslo (l\'ouv. rev. hist. de droit, 1892, p. 117-124), le sen=
serait que la redevance non payée au conductor dans les cinq ans reviendrait 111
fisc. - - 14 Herod. 2,4, 18. — 16 C. Just. 11, 59, 1. — 16 Lnscr. Gr. Sept ■
ndd. p. 748; Diltenberger, Index schol. in Universitate Halensi, 1891-92.
LAT
— 971
LAT
, Thisbé On trouve ici les traits caractéristi¬
que l’emphytéose : le fhêXt'ov [libellus) *, l’obligation
T cultiver, l’exemption de la redevance pendant cinq
^ le retour au propriétaire ( commission ) en cas
inexécution des engagements. L’emphytéose a certaine¬
ment une origine grecque, mais on voit que l’adminis¬
tration impériale établissait dès le n* siècle au profit de
ses colons un droit analogue à l’emphytéose. Il n’est pas
étonnant qu’elle ait pris l’extension qu’on connaît au
Bas-Empire. Elle était mieux appropriée que le jus per-
petuum à la culture des agri deserti et même des terres
fertiles2 du domaine impérial.
Il n’y a plus guère que de grands fermiers : sénateurs,
fonctionnaires 3, avec lesquels les administrateurs des
domaines ont souvent à lutter et qui essaient d’usurper
les pouvoirs judiciaires4; quelquefois des décurions et
des curies entières 5. Plusieurs personnes peuvent s’asso¬
cier pour prendre une grande ferme6. A côté du fermier,
il y ale procurator, chargé de la gestion des comptes et
de la surveillance. Au iv« siècle, c’est généralement le
gouverneur, au Ve siècle les fonctionnaires de la res
privata qui procèdent ù la location des domaines par
voie d’enchères publiques et reçoivent, sans doute en les
faisant enregistrer devant les curies, les cautions et les
garanties réelles des fermiers. Le fermage est générale¬
ment payé en argent, quelquefois en blé7. La ferme
comprend comme précédemment deux parties, la partie
disponible et les tenures des colons ; pour la partie dis¬
ponible,^ conductor peut amener son bétail, ses esclaves,
et il a encore droit, d’après le règlement, la forma, à des
services des colons; c’est pour cette raison qu’il y a tou¬
jours des contestations, par exemple pour la jouissance
des eaux, entre le fermier et les colons 8. Une partie des
esclaves a obtenu des tenures qui les assimilent à des
colons; ce sont des servi casati ou easariP.
On peut utiliser pour l’étude des grands domaines à la
fin de l’Empire les renseignements que nous fournissent
sur les domaines de l’Église les lettres du pape Grégoire
le Grand15. Chaque circonscription domaniale ( patrimo -
nium ), composée de plusieurs fundi, saltus, massae , est
administrée par un rector qui lève les redevances, gou¬
verne les colons, choisit les conductores , avec l’aide
d actionarii, de notarii, de defensores, exerce les droits
de police, juge les petites affaires ; les petits cultivateurs
( patrimoniales , rustici ), soit esclaves, soit coloris, doi¬
vent à l’État l’impôt foncier, le service militaire, restent
soumis à la juridiction générale du gouverneur, paient à
l’Église comme redevance une quantité déterminée de
mesures de blé, des taxes secondaires ( pensiones ) qui
consistent le plus souvent en argent, des corvées ( anga -
ridé) pour le propriétaire ou le fermier, et un droit de
formariage11. Il y a deux catégories de fermiers, les con¬
ductores et les emphytéotes. Chaque conductor afferme
un groupe de terres appelé conduma ; ce personnage,
souvent colon, quelquefois même esclave, a pour attribu¬
tion essentielle de lever sur les cultivateurs toutes les
redevances dues soit à l’Église, soit à l’État, et dont il a pris
la perception par un bail à court terme, en engageant ses
biens12 A-t-il un autre rôle? Le fait qu'il touche pour
lui-même certaines redevances peut faire croire qu'il est
en même temps fermier d’une partie du sol13. L’emphy¬
téose est régie d’après le droit de Justinien. L’emphytéote
est un grand personnage; il prend la terre sub specie
libellorum , libellario nomine ; une seule lettre de Gré¬
goire le Grand parle de la durée de l’emphytéose qui est
de trente ans14; mais dans les lettres des papes posté¬
rieurs on trouve des durées très variables, quelquefois la
perpétuité 16. Ch. Lécrivain. - ‘
LATIAR, LATIIYAE FERIAE [feriae latinae].
LATINI. — Les Latins, habitants du Latium, consti¬
tuaient une partie de la race latine, sœur des races
ombrienne, Sabine, osque1. Toutes les étymologies
anciennes du mot Latinus sont plus ou moins puériles 2.
La prétendue occupation dû Latium par les Sicules, qui
y auraient fondé de nombreuses villes, telle queCaenina,
Crustumerium, Tibur, Aricia, Faleriae, Gabii et même
Rome3, doit s’expliquer par le rôle qu’ont joué les his¬
toriens grecs de la Sicile dans la formation de l’histoire
romaine primitive. La prétendue expulsion des Sicules
parles Aborigènes s’explique probablement par la diffu¬
sion des races montagnardes sabelliques dans le Latium
et la Campanie4. Le Latium ayant été composé essentiel¬
lement de la plaine du Tibre et n’ayant que des côtes d’un
accès très difficile, les Latins ont été surtout un peuple
agricole ; leur religion a été avant tout agricole et pasto¬
rale ; la plupart de leurs divinités et de leurs fêtes se
C. Th. 5, 14, 4 ; cf. les libellatica de Gregor. Magn. Ep. 1, 42 ; Cassiod. Va
5. / : libellario titulo-, plus tard, en italien, livello. - 2 C.Just. 11, 62, 3 ; C. Th.
13, 30. - 3 C. Tli. 10, 26 ; 5, 13, 15 ; 10, 5, 5. - 4 C. Th. 10, 20, 1. — S C. T
' 7'2 ’ 12> C 33’ 114- — 6 C. Th. 5, 13, 33; 11, 19, 1-2. — 7 C. Th. 7, 7,
’ U’ 10 ; 10’ 17> 7 ; S. 43> 44 ; c. Just. 11, 71, 5 ; 11, 62, 2, 11; H, 71, 1 ; No
leodos. 19. — 8 c. Th. 5, 14, 4 ; 2, 25, l. un. ; 10, 8, 1 ; 5, 13, 18 ; C. Jui
’ 1 ’ b 3 ’ *b 60, 2.-9 C. Th. 9, 42, 7. — 10 Paul Fabre, De patrimoni
(H ’ ecc^eSL(ie' P* ^3-93 ; Les colons de V Église romaine au VIe siée
jr. , Uf‘ el de itérât, relig. I, p. 74) ; Mommsen, Die Bejvirtschaftung cl
n 431 if/hter unter Babst Gregor I (Zeitschr. fùr. Soe. und. Wirtschaftgesch.
2 38 '’4 ««d°-Uin-’ L0C" CÜ' P' 201"219’ 298-335.- Il Greg. Epist. 1, 1, 37, 42, 7:
Diurn Fori V ' Vr’ ‘23’ 37’ 96 ! VÜa Cononis ( Lib ■ PunL b P- 3G9) ; Li
nion de P i ri ~ Gl'eg- Ep>SL 2’ 38 ! *> 4- 1 U, 34 ; 13, 37. — 13 C’est l’ot
2 3-3 3^ a 16’ L°c' c'1' P- G4_90, et elle est probable. — 14 Greg. Epist. 1, 7i
_ Bibl'iogr. ' ' k' 78’ 19^' — 13 Voir Beaudouin, Lot. cit. p. 328-32
Beichs le’ ■ ujm. Vie stüdtische und biirgerliche Verfassung des rômisciu
Verwnlhm 86+ ’ Hirschfeld, Untersuchungen auf dem Gebietc der rôt
tuelZ, Z7ZI :Berl!n> 1870 : Ga“b But. des locations perp
des Savants * iss * ^ ’ ^sme*ni Les colons du sal'tus Burunitanus (Journ
Mommsen, Decret 98b"70j) : ffis‘oire du droit français , 3= éd. p. 22-2Î
P- 385-411, 478-480) * mmodus für dcn Salt“s Burunitanus (Hei •mes, 188
°*tgo thucheStudientNeuèta!iSC,he BodentheüunS fermes, 1884, p. 393-416
sur quelques nrobUm ,, sArchw' ’1889. P- î>3) ; Fustel de Coulanges, Becherch
lune. France l’ail ^ t,stoire, p. 1-186, 1885; Hist. des instit. politiques i
bUcis imperâtoriuZe h d°fminerural> 1889> P- 4-96 ! Lécrivain, De agris p
v <• « Augusti temporç vsque qcl finem imperii Bornai
Paris, 1888 ; Le sénat romain depuis Dioclétien à Borne et à Constantinople,
Paris, 1888 ; Weber, Die rôm. Agrargeschichtc , Stuttgart, 1891 ; Wiart, Le ré¬
gime des terres du fisc au Bas-Empire , Paris, 1894 ; Segré, Origine e sviluppo
dello colonato romano ( Archivio giuridico, t. XLII, XLIIi, XL1V, XLV1); Dra-
mard, Étude sur les latifundia (Acad, des sc. morales et polit. 1895, p. 554) :
Weilzen, Siedelungen und Agraruiesen der Ost = und Westgermanen, Berlin,
1895, 1. 1, p. 322-377 ; Minutillo, l latifundi nella legislazione dcll' impero
romano, Naples, 1896 ; His, Die Domânen der rômischen Kaiserzeit, diss. inaug.
Leipzig, 1896; Toulain, L'inscription d’Henchir-Afettich ( Nouv . revue hist. de
droit , 1897, 373-415; 1899, 137-169, 284-312, 401-414); Schulteu, Die lex Hadriana
de rudibus agris (Hermès, 1894, p. 204-230); Die rômischen Grundherrschaften,
Weimar, 1896; Die lex Manciana (Abli. d. Gesell. d. Wïss. zu Gôttingen, pliil.-
hist. Klasse, t. Il, n° 3); Cuq, Le colonat partiaire dans l’Afrique romaine
(Mém. prés, par div. sav. à l’Acad. Inscript. lr° sér. t. XI, trc part. p. 83);
Roslowzew, Das patrimonium und die ratio thesaurorum (Mittheil. d. deuts.
arch. Inst. rôm. Abth. 1898, p. 108-123); Beaudouin, Les grands domaines dans
l'Empire romain, d'après des travaux récents, Paris, 1899; Salvioli, S alla distri-
buzione délia proprieta fondiaria in ltalia al tempo delT Impero romano (Ar¬
chivio giuridico, 1899, p. 211-246, 499-539).
LATINI. l Voir Schwegler, Bôm. Geschichte, t. I. — 2 Latinus, le roi légen¬
daire ; Latium, quod ibi Saturnus latuit (Virgile, Ovide, Isidore de Séville, etc.);
latus, à cause de la largeur de la plaine du Tibre. — 3 Dionys. 1, 21, 67, 73 ; 2, 35;
Solin. 2, 8, p. 33 ; 2, 10, p. 34 ; Varr. De ling. lat. 5, 101 ; Fab. Picl. fr. 1 ;
Serv. Ad. Aeneid. 1, 533 ; 3, 500 ; 8, 638 ; 7, 631. — 4 Liv. 1, 1 ; Sali. Cat. 6 ;
Dionys. 1, 72; Lycophr. v. 1253 ; voir là-dessus Pais, Storia di Borna, I, p. 129-
231,
LAT
— 972 —
LAT
rapportent au bétail, aux moissons : telles sont les Luper-
cn/ia, les Palilia, les Consualia , les Ambarvalia , les
Poplifugia , la procession des Saliens, les rites des
Arvales. Il reste d’un grand nombre d'anciennes villes
latines des débris de murailles, dites cyclopéennes,
péiasgiques, analogues à celles de la Roma quadrata,
généralement carrées1, situées le plus souvent sur une
colline isolée2, quelquefois au confluent de deux
rivières 5 ; elles entouraient des espèces d’acropoles, au
pied desquelles s’étendait la ville basse, entourée d’une
muraille spéciale souvent reliée à la partie supérieure*.
L histoire primitive du Latium se compose unique¬
ment de légendes inventées et arrangées par les historiens
et les archéologues grecs et romains. Des raisons chro¬
nologiques ont fait inventer la série des rois albains pour
correspondre avec les calculs d'Eratosthène qui mettait
la prise de Troie en 1184; des raisons politiques ontexigé
qu Ascagne bâtit Albe la Longue qui devait devenir la
métropole des trente Ailles du Latium antiquum s. Des
traditions plus anciennes faisaient de Romulus le fils ou
le petit-fds d’Énée, ou attribuaient soit à Énée soit à
Silvius Latinus la fondation de ces mêmes villes6. Nous
ne sa\Tons fnême pas si Albe la Longue a réellement
existé. Il n’y a qu’un fait certain, l’existence dans le
Latium primitif d’une civilisation antérieure aux origines
mêmes de Rome. L’histoire de la confédération latine n’a
pas été seulement refaite, mais complètement défigurée
par les premiers annalistes de Rome qui ont appliqué au
passé la situation de la ligue telle qu’elle était à l’époque
historique, après la soumission du Latium. L’histoire
certaine ne commence probablement qu’avec la deuxième
moitié du ve siècle av. J.-C., après l’époque des Décem¬
virs. Toute l'histoire antérieure a été refaite, en partie
avec les faits postérieurs, souvent répétés plusieurs fois,
en partie avec d’autres éléments de valeur très inégale,
monuments archéologiques, légendes politiques et reli¬
gieuses, mythes indigènes et grecs, étymologies, indica¬
tions topographiques, imitations des écrivains grecs dans
la forme et dans le fond, avec des préoccupations morales,
didactiques, avec des falsifications nationales, politiques 7.
L’histoire légendaire des Latins comprend deux
périodes principales, la première sous les rois de Rome,
la deuxième depuis le commencement de la République
(509 av. J.-C.) jusqu’à l’époque des Décemvirs (454-449).
I. Les faits principaux de la période royale sont les
suivants : l’hégémonie d’Albe sur le Latium prend fin
avec la destruction de cette ville par Tullus Hostilius 8 et
passe à Rome ; les familles nobles d’Albe sont incorpo¬
rées dans le patriciat romain [gens] ; un traité établit une
alliance offensive et défensive entre Rome d’un côté, les
Latins de l’autre avec leurs alliés, les Herniques 9.
Ancus Martius étend le territoire de Rome aux dépens
des Latins par la prise de Politorium, de Tellene, de
Medulliaetla fondation de la colonie et du port d’Ostie 1 0 ;
Tarquin l’Ancien prend un grand nombre d’autres villes
i Ferentinum, Cossa, Alatriam, Arpinum; voir Jlicali, Monum. lav. 13 ; Pelil-
Radel, Annal, dell. lstil. 4, p. 247. — 2 Fidenae, Collatia, Apiolae , Politorium,
Tolerium. — 3 Lavinium, Antemnae, Satricum ; voir Abeken, Mittel Italien,
p. 131 ; Bail. dell. Istit. 1839, p. 74. — 4 Aricia, Praeneste. — 8 Fab. Picl.
ap. Euseb. Chron. I, p. 285 (éd. Schoene) ; Serv. Ad Aen. 5, 269. — B Lycopbr.
v. 1255; Origo gent. Rom. 17 ; Dionys. 1, 73; Diod. 7, 5. — 7 Voir l'excel¬
lente critique de Schwegler, Loc. cil. et surtout de Pais, Loc. cit. — 8 Voir la critique
des faits et du mythe des Horaces et des Curiaces dans Pais, Loc. cit. p. 296-301.
_ 9 Liv. 1, 32; Dionys. 3, 37; Cic. De\rep. 2, 18, 38; Strab. 5, p. 237 c.
latines, Corniculum, Cameria, Ficulnea, Medullia, cr,
tumerium11; c’est la reproduction des guerres
dentes; Rome signe un nouveau traité avec les Latin'
mais sans faire encore partie de la confédération. I{0^'
y est admise sous le règne de Ser\ûus Tullius; ce roi
voulant imiter soit l’amphictyonie grecque, soit le teninh
de Diane d’Ëphèse ou le Panionion12, fonde à frais cour
muns avec les Latins le temple de Diane sur l’Aven
tin, pour y célébrer des fêtes annuelles et y avoir un
refuge pour les esclaves; la loi réglant les rapports des
confédérés est gravée sur une plaque de bronze, qu,
d'après Denys, aurait encore existé à la fin de la Répul
blique 13. Tout ce qui se rapporte au roi mythique Ser-
vius Tullius est essentiellement fabuleux; il se peut
qu’on ait conservé sur l’Aventin des lois très anciennes
mais l’attribution à Servius Tullius et à son époque est
de pure fantaisie; rien ne prouve que le temple de Diane
ait été un temple fédéral. Sous Tarquin le Superbe, la
puissance romaine devient prépondérante, après de nou¬
velles guerres, en particulier avec Ocriculum et Suessa
Pometia; elle obtient la direction et la présidence des
Feriae latinae , transportées de la source de la dea Fem-
tina au sommet du mont Albain ; les Herniques et deux
villes Yolsques, Antium et Écetra, entrent dans la ligue;
Rome et les Latins doivent se partager par moitié les con¬
quêtes communes ; Tarquin conclut avec Gabii un traité
particulier, le foedus Gabinum, écrit sur un bouclier de
bois recouvert de cuir et conserva; dans le temple de Jupi¬
ter Fidius sur le Quirinal u. Tous ces faits sont certaine¬
ment postérieurs à cette époque; le temple de Jupiter n'a
probablement été dédié qu’en 466 par le dictateur Postu-
mi us ’* ; l’accession des Herniques à la ligue n’a eu lieu
que plus tard. Il n’y a donc rien d’historique dans cette
première période. Rome n’a été probablement au début
qu un membre ordinaire de la ligue, et cette situation a
duré fort longtemps. Nous ne pouvons plus retracer les
étapes de la conquête romaine ; peut-être la Fossa Cluilia
a-t-elle indiqué une ancienne frontière, à environ cinq
milles delà ville16 ; et Ostie faisait peut-être déjà partie
du territoire romain. Rome a dû s’annexer d’abord les
villes latines situées sur le haut Tibre et entre le Tibre
et l’Anio : Antemnae, Crustumerium, Ficulnea, Medullia.
Caenina, Corniculum, Collatia ; elle a peut-être lutté
longtemps contre Gabii, le cinctus gabinus étant resté
longtemps le synonyme de vêtement de guerre 11 .
IL Dans la deuxième période, les Latins profitent des
guerres avec les Étrusques et les Sabins, de la prise de
Rome par Porsenna pour reconquérir leur indépendance
avec l’aide des Tarquins; leurs trente vùlles se sou¬
lèvent18; la bataille du lac Régille en 496 (?) amène ce
traité de Spurius Cassius, ce foedus Cassianurn , gravé
sur une table de bronze que Cicéron affirme avoir vue
près des Rostres 19. D’après ce traité20, Rome conserve sa
prépondérance, quoique ce soit un foedus aequum, d’après
l’aveu même de Ti te Livre et sans doute aussi selon b
— 10 Cic. De rep. 2, 18, 38; Strab. 5, p. 232 c ; Liv. t, 33; Dionys. 3> **•
— 11 Dionys. 3, 51-54; Liv. 1, 38. — 12 Liv. 1, 45 ; Dionys. 4, 25; Festus, s- l''
servorum dies, p. 343; Plut. Quaest. rom. 4; Val. Max. 7, 3, 1. Les historié118
de Marseille se seraient aussi vantés (d’après Strabon, 4, 273 c, et Justin, 43, 3, *)
d’avoir donné le modèle de ce temple de Diane. — 13 Liv. l, 52, 53 ; Dionys. h
49 ; Flor. 2, 4, 12. — 1^ Dionys. 4, 49, 58 ; 9, GO ; Fest. s. v. ciipeum , p*
— 15 Voir PaïSjXoc. cit. p. 357. — 16 Liv. 1, 23. — 17 Fest. p. 225. — 18 Liv. 2, P*
2-21 ; Dionys. 5, 50, 61 ; Cat. Frag. 58 (éd. Peler). — 19 Pro Balb. 23,
20 Liv. 2,53 ; 8, 2 et 4 ; Dionys. G, 21 ; 8, 70-77.
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— 973 —
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conception des annalistes *, et que Denys 1 assimile a a
CA une symmachie et à une isopolitie grecque ; le
h„lin et les conquêtes se partagent, comme précédem¬
ment par moitié ; les Latins conservent le droit de faire
la guerre isolément. Mais on sait que toute l’histoire de
Suurius Cassius est plus que suspecte; ce rôle d’allies
fidèles qu’auraient joué alors les Latins et les Berniques
est invraisemblable ; le traité de Spurius Cassius est sûre¬
ment postérieur, et sans doute seulement du iv- siècle
av j. C. 2. Les Romains et les Latins s’unissent ensuite
contre les Eques et les Volsques, fondent en commun les
plus anciennes colonies latines, Norba, vers 432, Signia
vers 435; en 486, les Berniques sont incorporés à la
ligue 3 ; elle a ainsi trois portions principales qui ont
chacune droit aune part du butin 4 ; les contingents des
Romains et des Latins sont tantôt réunis, tantôt sépa¬
rés8; la ligue fonde contre les Volsques les colonies
latines de Suessa Pometia, de Velitrae, d’Ardea (494-442)
et la première colonie d’Antium (467). C est a peu près a
cette époque que nous entrons dans 1 histoire certaine.
III. La troisième période de la ligue latine va jusqu à
sa dissolution en 338. L’augmentation de l’hégémonie de
Rome, des injustices comme la sentence d’arbitrage entre
Aricia et Ardea par laquelle les Romains, choisis comme
arbitres au sujet d’un territoire contesté entre ces deux
villes, se l’adjugent à eux-mêmes, et l’envoi de colons
romains sur une partie du territoire d’Ardea, l’occupa¬
tion du territoire pomptin sur lequel Rome fonda seule
les colonies latines de Satricum en 385 et de Setia en
3826, provoquent le mécontentement des Latins. Ils pro¬
fitent des invasions gauloises et de la prise de Rome par
les Gaulois en 364; ils ont l’appui des Gaulois, des
Étrusques et des Volsques ; dans cette guerre, Rome est
obligée de soumettre par la force les plus importantes
villes et colonies latines, Lanuvium, Praeneste, Tuscu-
lum, Tibur, Velitrae, Circeii, Antiuin 1 . En 358, la menace
d’une nouvelle invasion gauloise amène la soumission
des Latins et, peu de temps après, des Berniques ; on ne
sait pas exactement les clauses de la paix 8. Rome
recouvre rapidement son hégémonie ; après la chute de
Veii et la conquête du territoire pomptin, qui fournit deux
nouvelles tribus, Rome réduit les villes latines à une
véritable sujétion. C’est ce que prouve le premier traité
avec Carthage que Polybe9 place sous les premiers con¬
suls, mais qui est certainement de beaucoup postérieur,
mais en tout cas antérieur à la dissolution de la ligue.
Les Carthaginois s’engageaient à n’infliger aucune injure
aux Latins sujets de Rome, en particulier aux gens d’Ar¬
dea, d’Antium, de Laurentum, de Circeii, de Tarracina ;
s ils attaquaient et prenaient une ville latine qui ne fût
pas alors dans la sujétion de Rome, ils devaient la
remettre aux Romains; ils s’engageaient à ne pas bâtir
de forts dans le pays latin. Rome continue ses progrès;
après avoir battu les Privernates et les Aurunci , elle
arrive par la prise de Sora sur le Liris (357-345), adjoint
inclus dans Festus, p. 241. _ 2 llme (Rôm. Gesch. I, 2, p. 7», 142) lo recule
J^sciue vers 358. - 3 Dionys. 7, 09.- 4 Pli,,, Hist. nat. 34, Il ; Dionys. 8, 69-77.
P K.'pi’f ;8, ~6 Liv- °’ lC’ 30 ! Vell. Pat. 1, 14. - ^ Liv. G. - 8 Liv. 7)
— n Liv 7 \j "’ *8' 3 3,22‘ — 10Liv.7,28; 8,5. — n Festus, s. ». munioipium.
/.- -, • "3 ’ 8’ 3‘J'~ 13 Liv. 8,9-14.— H Voir Sollau, Livius Geschichtswerk, seine
8 U T T md Se'ne Qucllen' 1897> ]’• 116-139. - 13 Liv. 45,29, 10. — 16 Liv.
p’. 220 • L- • - T 11 GCl1' 10, 13 ; SchoL CrUq- ad Horal' Ep- L 6’ 62 ; Strab, 3-
l’appeù ” t)io. Cass. fr. 142.— 18 La tradition est très incertaine; Cicéron
Tusculun,mrnC^!“”1 antiquissimum (&. Plane. 8, 19); Fcst. p. 127, donne à
teintas sine suffragio-, Denys (14, 6, 9) dit que les villes vaincues
à la ligue les Aurunci , les Sidicini , les Volsques10,
confère le titre de municipe aux Formiani , Cumani,
Fundani , Acerrani 11 et entre en contact avec les Sam-
nites. Le premier traité avec les Sainnites laisse à Rome
Capoue. C’est alors que les Latins rompent de nouveau
avec Rome, aidés des Volsques et des Campaniens; la
ligue demande à Rome de partager la direction de la con¬
fédération; les Latins réclament un des consuls et
l’adjonction au sénat romain d’un nombre égal de séna¬
teurs latins, la fusion complète des deux groupes latin et
romain12. Le refus de Rome d’accepter ces conditions
amène la guerre que terminent la victoire décisive de
Trifanum en 340 et la prise ou la capitulation des villes
des Latins et des Volsques dans les deux années sui¬
vantes ; le résultat final est la dissolution de la ligue
latine en 338 13. Telle est la tradition sur cette période.
Venant surtout de Tubero, de Valerius Antias, de Lici-
nius Macer, sources principales de Tite Live. elle est sur
beaucoup de points plus que suspecte ; les données pri¬
mitives ont été considérablement falsifiées, enrichies par
ces historiens, surtout sous l'influence des souvenirs de
la guerre sociale. Il n’entre pas dans notre plan d’en faire
la critique1*. Acceptons le résultat principal. De fédéra¬
tion politique indépendante, la ligue latine. devient une
simple association pour la célébration de fêtes reli¬
gieuses ; les villes conservent leurs privilèges antérieurs,
leur autonomie; quelques-unes concluent des traités par¬
ticuliers avec Rome ; mais elles sont en général isolées
les unes des autres; il leur est interdit de s'allier; le
commercium et le conubium sont supprimés entre elles
momentanément15; il n’y a plus de partage légal du
butin de guerre; les organes collectifs de la ligue sont
remplacés par les organes romains ; les créations de
nouvelles colonies latines ne sont plus l’œuvre de la ligue,
mais de Rome seule.
IV. La quatrième période va jusqu’à la guerre sociale.
La condition donnée aux Latins n’était que provisoire.
Quelques villes reçoivent immédiatement le droit de cité
complet, par exemple Aricia, Pedurn, Nomentum et
Lanuvium qui avait eu jusque-là un traité spécial avec
Rome 16. On avait déjà donné à la ville étrusque de Caere
le jus civitatis sine suffragio 11 ; c’est le droit que Rome
va conférer aussi aux villes latines comme étape intermé¬
diaire avant le droit de cité complet, avec ou sans cons¬
titution municipale, c’est-à-dire de deux classes. A la
première classe appartenait déjà Tusculum dès 381 18 ; on
y fit entrer après 338 Fundi, Formiae 19, peut-être à la
même époque Atella etCalatia'20 ;en 332, Acerrae 21 ; en 303,
Arpinum22; en 306, Anagnia entra dans la deuxième
classe23. En somme, la plupart des anciennes villes latines,
sauf Praeneste 24 et Tibur 23 qui restent villes alliées et
libres jusqu’en 90, et peut-être Cora26, puis la plupart
des villes des Volsques27, des Berniques, des Eques, des
Sabins 28, c’est-à-dire presque toute l’Italie centrale, ont eu
ce droit pendant quelque temps; mais Rome le remplace
reçurent la cité complète ; Tito Live dit la même chose ((7, 26 ; 6, 36, 2) et eu 323
fi fait entrer Tusculum dans la tribu Papiria (8, 14, 4) ; voir Corp. inscr. lat. 14,
p. 232, 493. — 19 Liv. 8, 14; Festus, p. 127 ; Vell. Pat. 1, 14, 3. — 20 Fesl.
p. 131, 142; C. i. I. 10, p. 359, 369; Mommsen, Hist. de la monnaie rom.
(Irad. de Blacas et Wilte), t. 111, p. 215, note 1. — 21 Liv. 8, 17 ; Vell. Pat.
1, 14, 4; C. i. I. 10, p. 362, 602. — 22 Liv. 10, 1 ; Cic. Ad. fam. 13, 11, 3 ; Orelli,
no 571. — 23 Liv. 9, 43, 24; C. i. I. 10, p. 584. — 24 Liv. 8, 14; Vell.
Pat. 1, 14; C. i. I. 10, p. 651. — 23 p0lyb. 6, 14; C. i. I. 14, p. 288, 365, 495.
— 26 Ibid. 10, p. 645. — 27 Liv. 8, 14; Vell. Pat. 1, 14; Dionys. 15, 7. — 28 Vell.
Pat, 1, 14 ; C. i. I. 9, p. 396.
123
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bientôt par le droit de cité complet; Fundi, Formiae,
Arpinum l’ont en 188 x, les Sabins en 268 2 ; la plupart
des villes latines et sabines jusqu’au Liris et au Yolturnus
paraissent avoir obtenu le droit de cité complet un siècle
avant la guerre sociale3. Le droit latin s’applique donc
dès lors en Italie : 1° Aux villes qui le reçoivent posté¬
rieurement; mais nous ne les connaissons pas dans le
détail; ainsi des trois villes des Herniques qui conti¬
nuèrent à rester alliées, Ferentinum,Alelrium etVerulae 4,
Ferentinum est compté plus tard parmi les Latins5. Du
fait que des villes ont frappé des monnaies avec des
légendes latines, Mommsen conclut qu’elles ont eu en
general le droit latin 6 ; ce serait le cas pour les Vestini,
Larinum, Teate, Apulum, Caiatia, Aquinum. Il est clair,
en eflet, que si le droit latin a été donné après la guerre
sociale à des villes étrangères de la Gaule cisalpine, c’est
qu il avait été donné auparavant à des villes non latines
de l’Italie centrale. 2° Aux colonies latines des trois
catégories, celles fondées en commun par les Romains,
les Latins et les Herniques jusque vers 389, celles fondées
par les Romains seuls jusqu’à la dissolution de la ligue
(Sutrium, Setia, Nepete), celles fondées ensuite par les
Romains [coloniae latinae, p. 1307-1309]. Ces colonies
latines constituent désormais la masse du nomen latinum.
V. La cinquième période va jusqu’en 49 av. J.-C. A la
fin de la guerre sociale, la LexJulia de 90 donne le droit
de cité aux villes latines 7; le droit latin disparait donc
de 1 Italie propre ; dans la Gaule cisalpine, les quatre
colonies latines de Placentia, Bononia, Cremona et
Aquileia obtiennent aussi la cité et deviennent des mu-
nicipes de droit complet8. En 81, la lex Cornelia decivi-
tate de Sylla remet quelques villes dans le droit latin,
mais ce n'est que passager 9. La Gaule cispadane reçoit
sans doute aussi le droit de cité en 8910; la Gaule trans-
padane est organisée en 89 par la lex Pgmpeia du consul
Cn. Pompeius Strabo; elle divise cette région celtique en
circonscriptions urbaines, leur donne le droit latin des
colonies11, en leur attribuant à chacune une certaine
étendue de territoire celtique, loci attribut! ', contributif.
Toutes les villes, cités autonomes 13, colonies de citoyens,
villes et colonies latines1*, ont pu avoir de ces lieux
attribués ; les habitants qui s’y trouvent ont une situa¬
tion inférieure ; leurs agglomérations (gens, castellum ,
oppidum , conciliabulum) n’ont ni souveraineté politique
ni magistrats ; elles relèvent à tous les égards de la ville
suzeraine qui leur rend la justice par ses magistrats ou
par des praefecti jure dicundo spéciaux15; leur terri¬
toire est considéré comme un ager privatus ; ils peuvent
recevoir de la cité suzeraine des terres en jouissance
moyennant le paiement d'une taxe 10. Les lieux attribués
à des villes latines ou romaines ont généralement le droit
pérégrin17 ; attribués à des villes romaines, ils ont quel¬
quefois le droit latin ; tel fut le cas des gentes Euganeae
1 Liv. 38, 36. — 2 Vell. Pat. 1, 14; C. i. I. 10, p. 556. — 3 Cic.
Pr. Balb. 13, 31; De off. 1, 11, 35. — 4 Liv. 9, 43. — 5 Liv. 34,
42, 5 ; C. i. I. 10, p. 572. — 6 Le droit public romain, trad. fr. VI, 2, p. 243-244.
— 7 Cic. Pr. Balb. 8, 21 ; Gell. 4, 4, 3; Vell. Pat. 2, 10; Appian. Bell. civ.
1, 49. — 8 Ascon. In Pison. p. 3; C. i. I. 5, n»> 903, 908 et p. 83. — 9 Sali.
Hist. fr. 41, p. 12, fl (éd. Dielsch); Cic. Pr. Dom. 30, 79; De leg. agr. 3, 2, 5;
Appian. Bell. civ. 1, 100 ; Vell. Pat. 2, 10. — 10 On le déduit de Cic. Ad. AU. 1,’
1, 2, et Dio Cass. 37, 9. — il Ascon. In Pison. p. 3; Plia. Hist. nat. 3, 138.
— <2 Ce sonl les expressions techniques : Caes. Bell. gai. 1, 00, 7, 76 ; Plin. Hist.
nat. 3, 4, 37; 3, 20, 134, 138; 3, 3, 18; 4, 22, 117; C. i. I. 0, 532 (décret
d’Antonin); 5050 (décret de Claude); Lex col. lui. Genet. c. 103 ( C . i. I. 2, sup¬
pléai. 5439). — 13 Ibid. C. i. I. 1, n» 199. — 14 Jaeil. Hist. 3, 34. — 13 Grom.
attribuées à la fin de la République aux municipes de
Brixia (Brescia) et de Bergomum (Bergame), en particu
lier des Trumplini et des Camunni18. La Gaule transpa-
dane ne reste pas longtemps dans le droit latin ; dès 65
un des censeurs avait eu l’intention d’incorporer lés
Transpadans dans les tribus 19 ; avant 49, César les admet
dans les légions20 ; en 49, il leur donne enfin la cité et le
régime municipal21. Le droit latin ne subsiste donc plus
en Italie que dans les petites peuplades des Alpes.
Après cette exposition historique, étudions le droit
latin jusqu à la fin de la République. Au point de vue
géographique, on peut distinguer trois périodes succes¬
sives. Le plus ancien Latium allait du Tibre au nord
jusqu’au Numicius et à la ville d’Ardea au sud, de la mer
aux monts Albains 22 ; on a vu dans une seconde période
1 extension de ce Latium ; ce fut le Latium antiquum,
limité par les frontières des Etrusques, des Sabins, des
Eques, des Herniques et des Rutules ; Pometiaet Velitrae
étaient des villes volsques ; les colonies anciennes de
Sutrium et de Nepete restaient en dehors; du côté de
1 Etrurie, la frontière était à peu près invariable23. Dans
une troisième période, le Latium s’étendait d’abord jus¬
qu a Tarracina, comme le montre le traité avec Carthage,
puis jusqu’à Fundi24 et enfin jusqu’au Liris25 et même
jusqu au Yolturnus •c : ce fut le Latium adjectum ou
novum qui comprenait les pays des Rutules, des Volsques,
des Herniques et des Aurunces ; à l’intérieur des terres,
Slrabon-1 met dans le Latium Interamna du Liris et
Casinum ; Ptolémée 28 y fait entrer Atina et Aquinum;
sur la côte, il faut sans doute laisser Sinuessa à la Cam¬
panie. La nouvelle dénomination de Latium novum ou
adjectum fit disparaître sur les listes officielles les noms
des Herniques et des Volsques29. Les villes principales
étaient : 1° dans le Latium antiquum sur la côte, Ostia,
Lauientum (6 apocotto), Lavinium (P rat ira ) , Cas tr um I n u i
(bossa dell fncastro) 30, Castra Troiana31, Satricum
(Casale di Conçu), Pollusca32, Astura (Torre d’Astura );
dans le pays entre 1 Anio et le Tibre, Cameria, Corniculum,
Medullia (Sant Atigelo), Ameriola33, Caenina, Nomentum
(■ Mentana ), Ficulea, Crustumerium, Fidenae, Antemnae;
au sud de 1 Anio, dans le voisinage de Rome, Bovillae,
Apiolae, Mugilla, Ficana, Politorium, Tellenae; dans le
massif des monts Albains, Alba, Aricia (La liiccia ),
Lanuvium (Civita Lavigna), Corioli, Tusculum (Fras-
catt), Labicum ( Colonna ), Corbio, Algidum; dans la
plaine de 1 Anio jusqu au Trerus, Collatia, Gabii, Aesula,
libur ( rivoli ), Empulum (. Ampiglione ), Sassula, Scaptia,
Pedum, Praeneste ( Palestrina ), Bola, Tolerium; 2° dans
le Latium novum 3*, Velitrae (Velletri), Signia ( Segni ),
Anagnia ( Anagni ), Ferentinum ( Ferento ), Frusinum
(■ Frosinone ), Ecetrae, Cora (Cori), Norba (. Norma ), Setia
(Sessa), Privernum ( Piper no ), Antium (Porto d’Anso),
vet. p. 100 ; C. i. I. 10, 6104. — 10 Grom. vet. p. 135 ; C. i. I. 1, 199;
Sliab. 4, 1, 12, p. 186. — 17 C. i. I. 5, 532 : les Garni et les Catali
attribués à Tergesle. — l» Plin. Hist. nat, 3, 20, 133. — 19 Dio. Cass. 37,
9. — 20 Caes. Bell. civ. 3, 87. — 21 Cic. Ad. Att. 5, 2, 3; Dio. Cass. 41, 30.
— 22 Voir la carte du Corp. inscr. lat. t. XIV. — 23 Scvlax, § 8 ; Strab. 5, 3,
4, p. 231 ; 5, 2, 1, p. 219; 5, 3, 9, p. 237; Plin. Hist. niât. 3, 5, 56. — 24 Sert.
Ad. Aencid. i, 6. — 25 plin. Hist. nat. 3, 5, 50; Ptolcm. 3, 1, 6, 63.
-- 20 Strab. Loc. cit.-, Pomp. Mel. 2, 4, 70; Plin. Hist. nat. 3, 5, 59; Scrv.
Loc. cit. — 27 9, p. 237. - 28 3, 1, 03, 68. - 29 Polyb. 2, 24. - 30 Annal, dell ’
Ist. 1830, p. 1-25. — 31 Praedium Troianum dans Cic. Ad. Att. 9, 13, 6. — 32
Nibby, Analisi storica, I, p. 409. — 33 Nibbv, Loc, cit. 2, p. 323. — 34 D’après
Corp. inscr. lat. X, p. 498-499 et carte.
LAT
LAT
- 97?
Anxur ou Tarracina, Fundi ( londi ), Caecubum, Formiae
(Mola), Caieta ( Gaeta ), Minturnae, Sinuessa, Interamna,
Aquin um (Aquino), Casinum (San Germano), Atina
(Atina), Arpinum (. Arpino ), Sora (Sara), Fregellae.
Passons aux institutions, en distinguant deux périodes,
l’une antérieure, l’autre postérieure à la dissolution de
la ligue.
I La nation latine comprend en théorie tous les peuples
(populi) de même nationalité que Rome ; c’est le nomein
latinum 1 (aussi commune Latium)*, mot qui désigne
d’abord les Prisci Latini 3, puis par extension les Latins
du nouveau Latium 4. Le Latin s’appelle généralement
l’homme de race latine ( nominis Latini) 3, rarement dans
les textes anciens officiels 6, mais très fréquemment chez
les écrivains, Latinus , plus tard par extension sodas
nominis Latini ou socius Latinus 7. On trouve aussi les
expressions dois ex Latia, dois latinus 8. La représen¬
tation religieuse de la ligue, la fête fédérale était le
Latiar , célébré sur le mont Albain. Était-elle de date
très ancienne? D’après la tradition romaine, la fête aurait
été fondée après l’établissement de l’hégémonie romaine
sur le Latium soit par Romulus, mais plutôt par Tullus
Hostilius ou l’un des deux Tarquins 9; l’organisation de
la fête à l’époque historique implique l'hégémonie de
Rome; mais d’autres légendes la rattachaient aux Prisci
Latini , aux rois Faunus ou Enée10; le sanctuaire du
mont Albain paraît avoir appartenu primitivement non
pas aux Albains, mais aux Cabenses 11 . Les Latins se
réunissaient plutôt primitivement dans le temple de
Vénus sur le territoire de Lavinium ou d’Ardea ou dans
le bois de Diane près d’Aricia12; à l’époque historique, ils
se réunissent habituellement dans le bois et à la source
de la dea Feront ma, oii était en même temps leur marché
commun1*. C’est donc sans doute seulement après la
conquête de tout le Latium que le mont Albain est devenu
le centre religieux de la ligue [feriae latinaeJ. Chaque
peuple apportait ses victimes pour le sacrifice de la fête
fédérale; la principale était un taureau dont la viande était
partagée entre les représentants des peuples. A l’épo¬
que historique, on continua la distribution de viande
même à des peuples qui n’existaient plus, soit par une
isparition matérielle, soit par la suppression de leur
existence politique; d’autre part, comme les villes par¬
venues au droit latin par l’extension du Latium et après
a dissolution de la ligue furent exclues de la distrifau-
J°n, ce sacrifice conserva plus ou moins fidèlement
image de la ligue telle qu’elle était au moment de sa
sso ution. Il est difficile de retrouver la liste primitive
es populi admis au sacrifice ; elle était sans doute au
(h « ; 5 61 • S )«'. !’ 7' ~ 2 ClnC'US dans Fcstus> P' m ! 11 y a dan<
nat. 34, 5’ o0 ’ J. ” ’T°V f" A«™"v- — 3 Liv. 1, 32, 43 ; 8, 3, 9 ; Plit
bus) ■ iOR ’ i" | „ ‘ • Jurj' 40’ 2 ! CorP ■ inscr. lat. 1, 196 (s.-c. de liacc
tr, ’Trtr}'*!- '■ ** <*» *»"»■■■*)• - ‘ **
d,,« t««‘i ■ ,% “■ y -, 1 c°rr- “• '■ m
faf. 2, 1903-04) - 9 e!/ , c 7 Ju^ 00 ! ^ex Malac. c. 53 ( Corp .
; 4, 49; 0, 95 * I iv 8 t 2 C''C' Pr ’ PlanC' P' 255 <éd- 0relli) ! Di,
le. -il r' . ’ 8 ; De mr- », 2; Plut. Rom. 23, 9. - 10 S du
P- 232 c ; iCu L T" T 2173 ; nat. 2, 209 ; 3, 63. _ ï. S
~13 Diouy, 3 3, V."’, ’ 7‘; Plm- Hist- nat. 3, 5,-57; Cat. dans Prise. 4,
-‘‘Voirsurce’slis’tes-Sè 5°’ 2,38 ; 7’23; Fcstus’ *• n.praetor,
Mus. 1882, p, j.og. cec ’ - rl:undenétudien zur âlteren rôm. Geschichte
Latium (Hermes, °\e untergegangenen Ortsdiaften imeiger
~'~aHht.nat.Z,s 68-fq «0 ' Les llstes %urent dans l'article feuuf. ,
Caenina, Ficana c.,,7 ’ . Satricum, Pometia, Scaptia.Politorium, Tellene
Antipolis (Janicule) !"ncrium’ Ameri°la, Medullia, Corniculum, Saturnia i
~ 17 Scaptia, Tellenà s ? e'”nae’ Camerium' Col,atia, Amitinum, Norba,
’ "a ‘cum’ figurent certainement sur la liste sacrée, etsai
début la même que celle des .30 prétendues colonies
albaines ; les listes qu’on a dans Pline l’Ancien et dans
Denyssont d’origine très ancienne et ont gardé beaucoup
de formes archaïques, mais elles ont été très remaniées,
comme le prouve la présence de la lettre récente y u. La
liste que donne Pline13 des villes disparues (politique¬
ment parlant) du Latium, et qui ne comprend que les
Prisci Latini, forme deux séries : la première a 20 noms
de villes, par ordre alphabétique16, qui, sauf quelques
erreurs, ne devaient plus figurer sur la liste sacrée 17 ; la
deuxième commence par les mots « et cum his carnem
in monte Albano soliti accipere populi » 18 ; elle paraît
donc indiquer les peuples qui, tout en n’existant plus
politiquement ou matériellement, continuaient à figurer
dans le partage de la viande ; elle donne 31 noms 19. Pline
portant à 33 le nombre des peuples disparus, il faut
admettre que deux noms ont disparu sur les manuscrits.
Dans la première liste de Pline, les noms de Saturnia
(Rome) et d'Antipolis (Janicule) viennent de légendes
anciennes; Norba et Sulmo sont des villes volsques; les
seize autres villes sont tirées en grande partie de la liste
des villes des Prisci latini fondées par le roi d’Albe,
Latinus Silvius, autrement dites des colonies albaines,
qu’on a dans d’autres textes20. Il y avait d’ailleurs d’autres
listes de colonies albaines; Virgile signale d’autres pré¬
tendues fondations des rois albains21. Denys donne deux
listes : la première, attribuée à l’époque de Tarquin le
Jeune, comprend 47 peuples qui avaient droit au partage22;
la deuxième comprend les 30 peuples qui se seraient
réunis contre Rome, à l’époque de Spurius Cassius23.
Comment concilier et expliquer ces différentes listes ?
Le système le plus vraisemblable est celui de Mommsen :
aux 30 villes disparues que donne Pline, ajoutons les
12 villes survivantes de l’ancien Latium que nous con¬
naissons d’une manière certaine et qui sont aussi dans
Denys, à savoir : Aricia, Bovillae, Cora 2\ Gabii, Labici,
Lanuvium, Laurcntum, Lavinium, Nomentum, Praeneste,
Tibur, Tusculum ; puis Ficulea23 et les Cabenses qui ont
duré jusqu'au m* siècle ap. J.-C.26; on a 43 noms. En y
joignant les trois peuples des Scaptini, des Telleni, des
Corbinti, que donne Denys, on a 48 noms, c’est-à-dire à
peu près le total qu’il indique27; cette augmentation du
nombre primitif, de 30 à 48, a dû se faire de très bonne
heure par la transformation en peuples indépendants de
botfrgâdes auparavant subordonnées à des peuples dé¬
truits28. A ces 42 ou 48 peuples, on ajouta plus tard les
six plus anciennes colonies latines, Ardea, Circeii,
Norba, Satricum, Setia, Velitrae ; la liste totale fut donc
de 53 ou 54 peuples, sur lesquels environ 33 ne subsis-
. ci vutri nia se
rapportent plutôt à fuere du début, qu'à soliti. — 19 0n la ramène généralement à 30,
Nicbuhr en faisant du premier nom Albenses l’épithète de tous les peuples suivants’
Seeck en combinant Albani et Longulani ; d'autres auteurs en faisant de Latinienses
l'épithète de Hortenses. 20 Euseb. I, p. 289(18 villes); Orig.gent. rom c 17
P'i“e d0,me des noms de villps q»> ne sont pas dans Eusèbe : Ameriola, Amitinum ’
Antemnae, Collatia, Corniculum, Ficana, Polilorium, Tifata.- 21 Aeneid G 773.775’.
Bola, Castrum, [nui, Fidenae, Nomentum. - 22 4, 49. Denys y fait entrer ’à tort les
Herniques et deux villes Volsques. -235, 61. Les manuscrits n’en donnent que 29
“ 21 Cora n'est pas colonie latine, car il faut lire avec Mommsen .Sora et non Cora
dansLiv. 2/, 10; 29, l.>; cf. Corp. inscr. lat. 10, p. SCO, 645. — 2.ï Liv 1 38 -3 52 •
Dionys. 1, 10; Vsrr.Re ling. lat. 6,18; Cic. Ad. AU. 12, 34, 1 ; Orellb III,’ voir U
détermination topographique dans Mommsen, Loc. cit. p 51 note 1 _ - 26 Plin Hist
nat. 3 5, 64 ; Corp inscr. lat. 6 , 2 1 73. - 27 Cinq villes sont à la fois dans Pline et
dans Denys : Dubetam, Corioli, Pedum, Querquetula, Toleria. Deux sont pro-
blématiques : les Caruentani de Denys et les Cusuetani de Pline. Les Foreti de
F line et les ïortineii de Denys sont peut-être identiques. — 28 Ljv G £>9 • Fcstus
. t>. trxentem ter Hum, p. 363. ’ ’ ’
— 976 —
LAT
IAT
taient plus qu’au point de vue religieux ou avaient com¬
plètement disparu. Mais jusqu’à la fin le nombre officiel
fut 30, nombre sacré, multiple de 3, qu’on trouve dans
toutes les institutions primitives de Rome; on groupait
sans doute toutes les villes, mortes ou survivantes, autour
de 30 noms, de façon à conserver le nombre théorique.
Quelle était la constitution fédérale? La comparaison
établie par Denys entre les lois latines et les amphi¬
ctyonies grecques n’a aucune valeur historique '. Nous ne
pouvons qu’utiliser avec prudence par voie d’analogie
les renseignements de l’époque postérieure. Les villes
avaient entre elles le droit de guerre, sauf pendant la
durée de la fête fédérale, mais pas avec des États non
latins . Elles avaient sans doute entre elles le comniev-
ciuvn , quant au conubium , il y a de nombreux exemples,
mais légendaires, de mariages mixtes 3; l’interdiction du
conubium après la dissolut ion de la ligue montre que beau
coup de villes devaient l’avoir entre elles; trois villes des
Herniques le possédaient4 ; c’est tout ce que nous savons.
L institution du cens était peut-être la même partout.
Les Latins avaient au lucus Feroniae un temple et un
marché communs avec les Sabins5. L’assemblée de la
ligue ( concilium ) se tenait au pied du mont Albain, dans
le bois et à la source de la dea Fercntina ; nous ignorons
absolument comment elle fonctionnait. La légende en
donne la présidence aux rois ou dictateurs d’Albe, puis à
deux praetores non romains 6, à côté desquels elle place
une sorte d’assemblée, des decem primi 7 ; il est peu
vraisemblable que cette assemblée ait eu la juridiction
criminelle8. Il est probable que, comme le disent les his¬
toriens anciens, et en vertu des ressemblances nationales,
il y avait dans les villes latines des patriciens et des plé¬
béiens, des patrons et des clients, un sénat, un droit
d’asile, des sacra comme à Rome 9, que les magistratures
municipales étaient déjà celles qu’on trouvera plus tard
et que le droit privé était analogue à celui de Rome. Nous
avons vu que le rôle de Rome dans la confédération avait
été complètement dénaturé par la légende romaine. Elle
a représenté les relations de Rome et des Latins à la fois
comme un foedus aequum et comme une subordination à
Rome 10. Denys a refait le prétendu traité de Spurius Cas-
sius sur le modèle des traités grecs de symmachie et
d’isopolitie u. Rome est censée exercer, sous Tullus Hos-
tilius, l’hégémonie qu’avait exercée Albe, el les traités sui¬
vants sont censés la renouveler ou la confirmer12. Elle
est exprimée au point de vue religieux par la présidence
du Latiar13 et par le droit qu’ont les magistrats romains
de partager la chair des taureaux sacrifiés. Au point de
vue politique, Rome peut conclure des traités spéciaux
avec des villes fédérées : tel fut le traité avec Lavinium,
puis avec Laurentum, renouvelé tous les ans jusque sous
l’Empire14, et le traité qu’on a vu avec Gabii. Rome est
représentée comme participant aux délibérations du con-
çilium , mais sans y avoir le droit de suffrage15, proba-
1 4,23,26. — 2 Dionys. 8, 13; 9, 60, 67; 4, 49; Liv. 2, 30, 8 ; 2, 53, 4 ;
3, 19, 8 ; 8, 4, 8 ; Macrob. Sat. 1, 10, 6. — 3 Liv. 1, 26, 2; 1, 49, 9 ; Dionys. 4,
43; 6, 1 ; Fest. p. 170, s. v. Numerium. — 4 Liv. 9, 43. — 5 Liv. 1, 30; 26,
2; Dionys. 3,32; Plin. ffist. nat. 3,5; Serv. Ad. Aen. H, 785. — 6 Liv.
8,3, 9; Dionys. 3, 34 ; 5, 61 ; 6, 4. — 7 Liv. 8, 3, 9. — 8 Liv. 1, 51, 9;
Dionys. 4, 49. — 9 Liv. 1, 9, 14, 30; 49, 50 ; 2, 18, 37; 3, 18; 0, 26;
Dionys. 3, 32; 7, 71. — 10 Liv. 8, 4, 2; 1, 45; 3, 34; 1, 52, 4; 8, 2, 12; Dionys. 3,
49, 54. — H 6, 95. — 12 Liv. 1, 32, 5; 1, 52; Dionys. 3, 34. — 13 Dionys. 4, 49.
— 14 Liv. 1, 14; 8, 11, 15 ; Corp. inscr. lat. 10, p. 797. — 13 Dionys. 4, 45 ; 5, 50;
Liv. 1, 51. — 10 Liv. 1, 25, 1 ; 1, 52, 5; 6, 10, 6 ; 7, 12, 7; 8, 4, 7; 3, 4, 10; 3,
22, 4; 4, 26, 12; 7, 25, 5; Dionys. 9, 5. — 17 Rüm, Gesch. 2, 343. — 18 Fest.
blement à l’imitation de Sparte. Elle réclame chaque
année le contingent militaire de la ligue d’après les trai¬
tés16 ; l’hypothèse de Schwegler que pour le commande¬
ment il y aurait eu roulement entre les Romains et les
Latins est inadmissible17; le texte, d’ailleurs altéré, de
Cincius 18 paraît dire que la ligue faisait prendre les aus¬
pices à Rome par des Romains délégués à cet effet et
remettait ensuite ses troupes au consul (praetor) romain.
Les annalistes romains ont évidemment représenté l’or¬
ganisation des troupes d’après les institutions posté¬
rieures19 ; les textes de Tite Live20, où on voit une armée
consulaire composée par parties égales de Romains, de
Latins etd’Herniques, et une autre armée consulaire com¬
posée seulement de cohortes latines et herniques, sont
seulement vraisemblables. Le butin de guerre (terres et
objets mobiliers) devait être partagé d’abord entre les
Romains et les Latins, puisen trois parties après l’adjonc¬
tion des Herniques [agrariae leges] 21 . Pour le droit civil
et l’administration intérieure, les villes latines gardaient
sûrement leur autonomie, comme on le verra dans la
seconde période. Ont-elles le conubium «avec Rome? Il n’y
a de preuves ni pour ni contre cette hypothèse22.
Elles ont probablement le commercium ; le traité dit de
Spurius Cassius renfermait des stipulations sur les prêts
d’argent et la remise d’un gage23. La clause que donne
Denys, d’après laquelle les actions nées de contrats devaient
être jugées dans les dix jours, au lieu où l’affaire avait
été conclue, nous parait apocryphe et empruntée à des
traités grecs24. Denys accorde également aux Latins, con¬
formément à sa théorie, le droit de voter à Rome et de de¬
venir citoyens romains en y établissant leur séjour 25 ; nous
ignorons s’il en était réellement ainsi dès cette époque.
II. Passons à la seconde période. Nous avons vu les
principaux changements politiques amenés par la disso¬
lution de la ligue. Dès lors, la terminologie rassemble les
Latins et les socii italiques, quoiqu’il y ait entre ces deux
groupes des différences notables et que les Latins, parents
naturels ou fictifs des Romains, aient une situation pri¬
vilégiée. Le texte le plus ancien, le sénatus-consulle sur
les Racchanales de 186 av. J.-C. 2C, met avec raison le
nomen Latinum avant les socii ; mais postérieurementon
ne met les Latins en tète que pour opposer les deux
groupes27; en général, on les met en seconde ligne28;
quelquefois même on confond les deux groupes sous L
nom d’alliés de la race latine (socii Latini nominis ) ou
de Latins29. Les Latins s’appellent Latini , nomen Lati¬
num , socii Latini nominis. Le citoyen d’une ville latine
étant municeps par rapport à Rome, sa ville peut s’appeler
municipium au sens primitif du mot30; sous l’Empire,
on verra aussi des municipes latins.
Les villes latines sont dispensées, comme les socii , de
toute redevance directe ; elles font leur recensement
elles-mêmes, sauf douze colonies latines obligées de¬
puis 20i, à cause de leur révolte pendant la deuxième
p. 241, s. v. praetor. — 19 Liv. 8, 8, 14; Dionys. 9, 5, 16, 18. — 20 3, 22, 4-5; 3,
4, 10; 3, 5, 8. — 21 Dionys. 6, 95; Liv. 2, 41, 1; Plin. ffist. nat. 34, 5, 20.
— 22 Liv. 8, 4; Dionys. 6, 18, 20; 8, 69; H, 2. —23 Fest. s. v. Nanator.
— 24 6, 95. — 23 8, 72. — 26 Corp. inscr. lat. 1, 196. — 27 Sali. Jug. 40, 2 ; Liv. 27, 9
— 28 Liv. 2, 41, 6; 8, 3, 8 ; 10, 26, 14; 22, 57, 10; 22, 27, 11; 34, 56, 5; 35,
7, 5 ; 39, 20, 3 ; 37, 2, 6, 9 ; 37. 39, 7; 33, 26, 4; 40, 1, 6; 41, 8, 9; 41, 9, 9;
Cic. Verr. 5, 24, 60; Pr. Sest. 13, 30 ; Pr. Balb. 8, 20-21 ; lael. 3, 12 ; Brut. 20,
99 ; De rep. 1, 19, 31 ; 3, 29, 41 ; Sali. Jug. 39, 2 ; 43, 4 ; ffist. 1, 17, c. 41, 12.
— 29 Voir Mommsen, Droit public , 6, 2, p. 287-289. — 30 Feslus, p. 127, s. v.
municipium... jusqu'aux mots praeterquam de ; Corp. inscr. lat. 1, 200, 1. 31
[lex agraria).
LAT
— 977 —
[.AT
ffIierre punique, à envoyer leurs listes du cens a Rome .
Files gardent théoriquement leur souveraineté politique,
mais purement illusoire ; elles sont soumises, comme les
utres villes, à la tutelle et au droit de police générale du
sénat qui refusa le triomphe au vainqueur de Fre-
cllae en 125, en considérant cette guerre comme une
guerre civile. Elles gardent leur droit privé ; ainsi elles
ont gardé jusqu’en 90 leur législation spéciale des fian¬
çailles2 ; mais Rome peut leur imposer telle ou telle loi ;
ce fut le cas pour la lex Didia de 143, qui appliqua à
toute l’Italie la lex Fannia sur le luxe de 161 ; pour le
plébiciste Sempronien de 193, qui assimila les Italiotes
aux Romains en matière de dettes d’argent 3 ; d’ailleurs,
les villes latines peuvent adopter telle ou telle loi romaine
à leur guise et ainsi devenir fundus, municipium fun-
danum 4. Les deux droits latin et romain étaient d’ail¬
leurs à peu près les mêmes sur les points essentiels,
mariage, propriété, puissance paternelle s; de sorte que
l’assimilation se faisait tout naturellement. On prenait
aussi partout les auspices de la même façon qu 'à Rome °.
Il y a commercium entre les Latins et les Romains ‘ ,
avec toutes les conséquences qui en découlent, en parti¬
culier l’emploi de la mancipatio \ la possibilité réci¬
proque de l’adoption 9, mais sans doute pas de l’adroga-
tion 10, le droit d’acquérir la propriété complète du sol, de
contracter par le nexum , de laisser et de recevoir par
testament des successions et des legs, de plaider devant
les tribunaux ordinaires11. Quant au conubium , il n'est
probablement accordé que par concession spéciale12. Le
service militaire est le même que celui des socii ; c’est
l’obligation de fournir un contingent, fixé sans doute par
les traités (ex formula) et proportionné à la population
de chaque ville. Elle est exprimée par la formule : « Socii
nominisve Latin i quibus ex formula togatorum milites
in terra Italia imperare soient »13. Ce sont les villes
latines qui fournissent la plus grosse partie du contin¬
gent des alliés. Il est probable que chaque ville impor¬
tante fournit une cohors d’infanterie et une turma de
cavalerie14; peut-être groupait-on les détachements de
villes moins fortes; on ne sait au juste ce que représen¬
tent les equit es latini deTite Live16. Les différents corps,
conduits à l’armée romaine et dirigés en sous-ordre par
un magistrat indigène16 qu’assiste un trésorier11, sont
incorporés dans les alae sociorum dont chacune est com¬
mandée par les 6 praefecti sociorum romains. Nous ren¬
voyons pour le détail aux articles exercitus, alae, socii.
On ignore quels furent les contingents de la Gaule
transpadane. Les Latins à l’armée jouissent-ils du droit
de provocatio ad populuml II semble qu’en théorie
ce droit leur ait été refusé jusqu’à la fin18. Les lois des
Gracques donnaient le droit de provocation au Latin qui
avait refusé le droit de cité romaine19. Livius Drusus pro¬
posa qu’il fût défendu de frapper de verges un Latin à
l’armée20; mais cette proposition fut rejetée ou, si elle
fut votée, abrogée plus tard.
Il n’y a plus de partage régulier du butin ; mais a la
suite des triomphes, les alliés et les Latins touchent les
mêmes gratifications que les citoyens21 ; quelques villes
reçoivent des sommes d’argent22 ; quant aux terres, les
alliés sont admis en partage, mais en général avec des
parts moindres que celles des citoyens 2 \ soit dans les fon¬
dations de colonies, soit dans les assignations indivi¬
duelles; dans la loi agraire de Tiberius Gracchus, l’ex¬
pression « in numéro coloni » désigne peut-être, selon la
conjecture de Mommsen, les alliés ou les Latins24; des
Latins peuvent être admis dans des colonies romaines, sans
toutefois acquérir le droit de cité complet2", à moins que
la charte de fondation ne le leur confère expressément26.
D’autre part, les villes alliées et latines reçoivent en
jouissance des portions de territoire, peut-être des
subseciva 27, et peuvent laisser s’y établir leurs habitants
par le droit d 'occupatio. On sait que la loi agraire de
Tiberius Gracchus frappait dans ses intérêts aussi bien
l’aristocratie latine que l’aristocratie romaine25; la loi
agraire de 111 indemnise les anciens possesseurs, tant
latins et alliés que citoyens29.
Au point de vue politique, un texte obscur de Cicéron 3?
indique une division des villes latines en deux catégories.
On a fait à ce sujet toutes les hypothèses imaginables
sans arriver àun résultat satisfaisant. D’après Mommsen 31,
les 12 colonies latines les plus récentes, Ariminum et les
11 autres fondées entre 268 et la guerre sociale (Bene-
ventum, Firmum, Aesernia, Brundisium, Spoletium,
Cremona, Placentia, Copia, Valentia, Bononia, Aquileia),
auraient eu un droit inférieur ; elles auraient été privées
du conubium , du droit d’émettre de la monnaie d’argent,
et 5 même (Spoletium, Bononia, Placentia, Cremona,
Aquileia) du droit d’émettre de la monnaie de cuivre ;
les habitants n’auraient pu acquérir la cité par un simple
transfert de résidence, mais seulement par les autres
moyens qu’on va voir ; ce droit des 12 colonies,
opposé au droit supérieur des anciennes villes et colo¬
nies latines, aurait été appliqué comme droit des Latini
coloniarii 32, dès 171, à la colonie latine de Carteia
(Espagne) composée d’enfants nés dans le camp de l’ar¬
mée d’Espagne, puis aux villes latines de la Transpadane
après la guerre sociale, et ensuite à la fin de la République
et sous l’Empire aux villes latines des provinces. Ce sys¬
tème est peu vraisemblable.
Un des privilèges les plus importants des Latins et que
n'ont pas les socii, est la possibilité légale d’acquérir de
trois manières le droit de cité romaine : 1° par la trans-
1 Liv. 2a, 13 ct 37 _ 2 Ge„ ^ 4j 3 _ 3 Macrob Sat 3, 17)
s!'p,J’ 7‘ T 4 Cic' Pro Balb • 8’ 20‘21 ; H, 27; Fcst. p. 89; Gell. 16, 13;
jy’ au|’ ®> h® (1122); lex Jul. municip. 1. 108 ( Corp . inscr. lat. 1,20
s a optons sur le sens très controversé de ces mois la théorie de Mommsi
, m. , , Vl\!Uc’ C’ P- 324- — 6 Lex Salpens. c. 21-22 (Corp. inscr. lat. 2, 19i
«29 ï”»!?’4' - °W De fa*. 3®- - 1 Ulpian. 19, 5; L
cit n '033 Plan- 19, 4- — 9 Liv. 41, 8. — 10 Le sens que Mommsen (L
inadmissiljl n°^C 'Cu4 ^rcr b'v- 41> 8. pour la possibilité de l'adrogation
d Ulpien .C'i f *.* ^'C' ^>r° Paec‘ 3®, 202. — 12 On peut le conclure du te:
22, 57 |’o ! 9- n * *a P<“‘r‘0<^e impériale (0, 4). — 13 Lex agraria, 1. 21, 50; L
-13 I k- Y, oe 3 1 F>°'yb’ 2’ 24’ ~ 14 Liv- *L L ®i ® (pour Placent;
Liv. 27 q ’ 10- 16 Pohb- ®, 21, 5 ; Liv. 25, 14, 4. - 17 Polyb. 6, 21,
d’au moins t°mmSCn PlMic, C, 2, p. 304, noie 3) rattache à cela l'existci
dans enlln 1 'v'S ciuesteurs dans la colonie latine de Venusia et d’au moins ci
elle de Flrmum (C. i. I. 9, 439, 5351). - 1S Sali. Jug. 68 ; Cic. Ad. AU.
Il, 3. — 19 Lex repetund. 1. 78 (C. i. I. 1, 198) ; Val. Max. 9, 5, 1, loi proposée en
125 par M. Fulvius Flaccus « de civitate danda et de provocatione ad populnm
eorum qui civitatem mutare noluissent ». — 20 Plut. C. Graec. 9. — 21 Liv. 41,
7, 3; 41, 13, 8 ; 39, 5, 17; 41, 43, 7 ; C. i. I. 1, 534. — 22 C. i. I. 10, 6527. — 23 Liv.
42, 4, 4 ; Serv. Ad. Aen. 1,2.. — 21 C. i. I. 1, 200, 1. 55, 59, 60, 66, 68 ; Mommsen,
Droit public, 4, p. 350, note 1. — 25 Liv. 34, 42. — 20 Cic. Brut. 20, 79; Pro Balb.
21,48. — 27 Lex agrar. 1.21, 31. — 28 Cic. De rep. 3, 29, 41 ; Appian. Bell. civ. 1,
30. — 29 Lex agrar . I. c. — 30Cic. Pro Cacc. 35, 202 «...codera jure esse quo fuerint
Ariminenséi quos quis ignorât duodecim coloniarum fuisse et a civibus Romanis
hereditates capere potuisse? » — 31 Hist. de la monnaie rom. trad. fr. t. 111,
p. 190 ; Droit public, 6, 2, p. 245 ; voir la liste des diverses opinions dans Walter,
Gesch. d. rôm. Bcchts. § 253, note 84. Mispoulet ( Les institutions politiques des
Romains , 11, p. 54-56) croit au contraire que les douze colonies étaient privilégiées
ct qu elles avaient de plus que les autres la testamenti factio. — 32 Gai. I, 22, 29,
79; 3, 56; Ulp. 19, 4.
LAT
978 —
LAT
lation du domicile à Rome. A l’époque historique, le
Latin qui émigrait à Rome y acquérait immédiatement
le droit de cité, par une simple déclaration faite au cen¬
seur ou par une manifestation quelconque de sa volonté.
Ce droit illimité d’émigration eut de bonne heure des
inconvénients graves : il amenait la dépopulation des
villes latines, 1 accroissement de la plèbe indigente à
Rome ; les villes latines furent les premières à se plaindre
de cette désertion de leurs habitants aussi, une loi ren¬
due avant 177 interdit aux Latins d’émigrer à Rome s’ils
ne laissaient au moins un fds dans leur ville d’origine 2.
Les Latins essayèrent de tourner la loi par toutes sortes
de subterfuges, par exemple en obtenant de citoyens
romains pour leurs enfants une adoption qui les rendait
citoyens 3. En 187, on dut expulser de Rome 12000 La¬
tins 4; en 177, on annula les émigrations postérieures
à 189 et on expulsa les Latins arrivés à la cité depuis
cette époque ; un préteur était chargé d’informer au cri¬
minel contre les récalcitrants 5 ; il y eut sans doute ensuite
d'autres expulsions analogues. C. Gracchus échoua dans
sa tentative d’accorder le droit de cité à tous les Italiens 0 ;
en 95, les consuls M. Grassus et Q. Scœvola firent voter la
lex Licinia Mucia de civibus regundis (ou redigendis)
qui avait pour but d’exclure les non-citoyens et qui
visait particulièrement les Latins, peut-être même avec
effet rétroactif; les délinquants devaient être déférés à
un tribunal spécial 1 ; le résultat immédiat de cette loi
qui exaspéra les Latins fut la guerre sociale. — 2° Par la
gestion d’une magistrature municipale ; la première
mention de ce droit se trouve dans la lex repetundarum
de 123-122 (lex Acilia ?) qui cite la dictature, la préture
et l’édilité 8. Ce droit fut conféré en 89 aux cités transpa-
danes9 et ensuite, comme on va le voir, aux provinces 10 ;
la questure conférait le droit de cité là où elle était con¬
sidérée comme une magistrature, par exemple à Nîmes 11 ;
elle ne le conférait pas quand elle n’était qu’un simple
munus ; en Espagne, ce droit sera sans'doute restreint au
duumvirat12. — 3° Par le mode suivant : la lex repe¬
tundarum de 123-122 et, peut-être même, d’après
Mommsen13, la loi qui avait établi la procédure des
quaestiones en 149, accordaient le droit de cité à tout
étranger qui ferait condamner un citoyen pour repe-
tundae ; la lex Servilia de 111 restreignit ce privilège
aux seuls Latins 14.
Enfin les Latins des deux catégories15 ont le droit, au
début quand ils viennent temporairement à Rome, plus
tard, après la suppression du droit d’émigration, quand
ils y sont domiciliés, de voter à Rome dans les comices
par tribus (patricio-plébéiens ou plébéiens), mais non,
sans doute, dans les comices centuriates. Avant le vote,
on tire au sort la section dans laquelle ifs doivent voter ;
1 Liv. 39, 3 (187); 41, 8 (177). — 2 Liv. 41, 8, 9; où il faut supprimer
ac dans la phrase « lex sociis ac nominis latinii », car la suite prouve
qu'il lie s’agissait que des Latins, et non des sncii. — 3 4J, 8. La seconde
fraude qu’indique Tite Live est inintelligible dans l’état du texte. Pour la première,
nous suivons l’explication de Mommsen, Droit public , 6, 2, p. 232, note 1.
— 4 Liv. 39, 3. — » Cic. Pro Sest. 13, 30; Schol. Bob. p. 290; Liv. 41, 9, 9.
— 6 Appian. Bell. civ. 1, 23. — 7 Ascon. In Cornet, p. 67 ; Schol. Bob. p. 29G ;
Cic. De off. 3, 11, 47 ; B rut us, 16, 63 ; Pro Bnlb. 21, 48, 34. — 8 C. i. I. 1, 198, 1.
73-83. — 9 Aseon. In Pison. p. 3 ; Appian. Bell. civ. 2, 20; Cic. Ad. Alt. 5, 11,
2. — 10 C. i. I. 2, 1945 ad(l. 2090, 1631, 1610, 1635; 12, 83 ; lex Salpens. c. 22 et
25. — 11 Strab. 4, 1, 12, p. 187. —12 Cf. lexSalp. c. 22, 25 et C. i. I. 2, 1945, 1631,
1610, 1635. — 13 Droit public, 6, 2, p. 266. — 14 C.i.l. 1, 198, 1. 76 ; Cic. Pro
Balb. 23, 53; 24, 54. — 1» Mommsen {Droit public, 6, 2, p. 268) dit avec raison
qu’aucun texte n’exclut les Latins de la 2' catégorie et qu’il y a en leur faveur le
texte d’Appien, Bell. civ. 1, 23. — 16 Liv. 25, 3 ; 23, 3. 16 ; Ascon. In Cornet, p. 70 ;
Ad Hrrenn. 1, 12, 21. Le port de l’urne pour le tirage se dit sitellam deferre.
il en est encore ainsi à l’époque de Cicéron10 el pjn
tard sous l'Empire dans les comices des villes latines •'
l’égard des inro/ae, tant citoyens que Latins11. C'est par
rapport à ce droit des Latins que le Grec Denys considère
comme une isopolitie grecque leur situation légale1»
La population des villes latines comprend, comme
celle des municipes, deux éléments, les cives et les
ineolae ; elle est généralement divisée en curies19; 0n
trouve comme magistrats municipaux soit le dictateur
[dictator], soit deux préteurs, comme à Lavinium, à
Praeneste, à Cora20, dans les colonies latines de Signia
de Setia21, dans les villes berniques d’Anagnia, de Capi-
tulum, de Ferentinum22, plus tard dans les colonies
latines de Nemausus, de Carcaso, d’Aquae Sextiae,
d’Avenio, de Vasio, de Dea23; il est probable que h
magistrature des édiles, créée à Rome en 367, a été
introduite peu après par une loi générale dans toute
l’Italie [magistratus municipales, aedilis, municipium].
On a vu qu’à la fin de la République le droit latin avait
été relégué dans la région des Alpes; c’est le jus Latii »
ou Latium 25, le droit de Latini coloniarii ; il passe dans
les provinces où il sert, sous 1 Empire, d’étape intermé¬
diaire, avant l’obtention du droit de cité complet. On ne.
1 a trouvé jusqu’ici que dans les provinces de civilisation
romaine, Alpes, Sicile, sud de la Gaule, Espagne,
Afrique; il est inconnu dans les provinces du Danube,
du Rhin, de la Bretagne, dans l’Orient grec; mais il se
peut qu'il ait été répandu dans la Dalmatie et le Noîique.
Nos renseignements sont malheureusement très incom¬
plets. Mommsen avait cru pouvoir soutenir 20 que toute
ville qui sous l’Empire fournissait des soldats à un corps
de troupes latin avait le droit soit pérégrin soit latin;
cette théorie eût donné au droit latin une extension
énorme, même en Orient, et eût permis de l’attribuer à
un grand nombre de colonies que jusqu’ici on croyait
romaines ; mais elle a été victorieusement réfutée27. César
donna le droit latin à beaucoup de villes de Sicile, peut-
être à toutes28; en Afrique, à Utique29; c’est sans doute
lui qui dans la Narbonaise le donna avec le titre honori¬
fique de colonie à Antipolis (Antibes), Reii Apollinares
(Riez), Aquae Sextiae (Aix), Avenio (Avignon), Apta
(Apt), Carpentoracte (Carpentras), Yasio (Vaison), Yienna
(Vienne), Nemausus (Nimes), peut-être Cabellio (Cavail-
lon) 30. Auguste, moins libéral cependant que César,
donna le droit latin à beaucoup de villes de la Bétique
dans l’Aquitaine aux Ausci (Auch) et aux Convenae
(Saint-Bertrand de Comminges) 32 ; on a cru longtemps
aussi qu’il l’avait donné à de nombreux petits peuples
des Alpes, car Pline 33, qui décrit en général les insti¬
tutions de l’époque d’Auguste, attribue le droit latin :
aux Alpes Cotliae34; dans les Alpes maritimes àus
— 17 Lex Malac. c. 53. — 18 6, 13; 8, 69, 70, 77 ; 7, 53. — 19 C. i ■ l-
14, 2120 (Lanuvium); Lex Malac. c. 52, 53, 5’5, 56, 57. — 20 C. i. I. 10, 1, 79".
6527 ; 1, 1134, 1136, 1 137, 1141. — 21 Ibid. 10, i, 5969, G466. — 22 Ibid. 10, L
5920, 5926, 5929, 5832; 14, 2960. — 23 Ibid. 12, 3215,5371, 4409, 1028, 1 309, 1580.
— 24 Tac. Ann. 15, 32; Appian. Bell. civ. 2, 26; Gai. 1, 95. — 25Tae. Hist.
55; Plin. Hist. nat. 3, 7 ; Gai. 1, 96. — 26 Schweizer Nachstudien (Hernies, 10.
p. 445-494). — 27 Par Uirschfeld, Gallische Studien (Sitzungsber. d. phil. hist.
kl. d. Wien. Akad. d. Wissensch. 1883, t. CI1I, p. 319-328 = trad. fri de II-
Thédenat, dans le Bullet. épigraphique, 1885). — 28 Cic. Ad. Att. 14, 12, 1; 0,1
connaît quatre de ces villes : Centuripae, Netinum, Segesta, Henna (Plin. Hist. nul.
3, 14, 5; Eckhel, Doct. num. 1, p. 207; Ilenzen, Annali, 1857, p. 113). — 29Cacs.
Bell. civ. 2, 36; Hirt. Bell. afr. 87. — 30 Voir les notices du C. i. I. XII, pour ces
villes. — 31 Car Pline parle de 27 villes « Latio antiquitus, donata » (Hist. nat. •!,
3, 7; et Strabon (3, 2, 15, p. 151) de concessions encore plus larges; cf. Sud-
Aiig. 47. — 32 strab. 4, p. 191. — 33 3, 20, 135. — 34 Cf. C. i. I. 5, p. 810;
C. i. I. 12,83 (inscription d’Ebrodunum, avec la’ restitution d'Hirschfeld).
LAT
— 979
LAT
Baqienni, à une partie des Ligures Montant et Capillati ;
dans les Alpes Graiae aux Ceutrones ; dans les Alpes
Poeninae aux Octodurenses , et peut-être à d’autres
peuples; mais c’est plutôt Claude qui a fait ces con¬
cessions. C’est sans doute Auguste qui a donné le droit
latin dans la Narbonaise à : Alba Helviorum (Aps),
Luteva (Lodève), Carcaso (Carcassonne), Ruscino (Castel-
Roussillon), Tolosa (Toulouse), Tricastini (Saint-Paul-
Trois-Châteaux), Forum Voconii (les Arcs?), Glanum
Livii (Saint-Remy), Cessero (Saint-Thibery), Tarasco,
Lucas Augusti (Luc-en-Diois) et à tous les Allobroges1.
Néron le donna aux Alpes Maritimae 2. Il y eut sans
doute de nouvelles concessions pendant les guerres
civiles. Tacite reproche à Vitellius de gaspiller le droit
latin ( Latium externis dilargirï) 3 ; on a conjecturé
que les nova jura promis par Otton a la Cappadoce et a
l’Afrique 5 se rapportaient au droit latin. Ces générosités
étaient probablement blâmées par le vieux parti
romain6; ainsi s’expliquerait, d’après Ilirschfeld 7, le
passage obscur de Pline sur le « jactaturn procellis
reipublicae Latium » 8; il s’agirait de la latinité jetée
au loin, gaspillée par les guerres civiles. Vespasien la
donna à toute l’Espagne, sans doute pendant sa censure
en 75 9; ilirschfeld rapporte à quelque autre concession
de la latinité les monnaies de Vespasien et de Titus
de 78 où il y a la laie et les marcassins 10, symbole de ce
droit, comme la truie et ses trente petits11. Sous Nerva
et Trajan, Pline le Jeune ne parle pas de concessions de
la latinité; il signale seulement leurs mesures libérales
à l’égard des Latins au sujet de l’impôt sur les héri¬
tages12; la parenté civile était détruite en effet entre le
Latin arrivé au droit de cité romaine et ses parents ; ils
devaient donc l’impôt du vingtième pour hériter les uns
des autres ; Nerva et Trajan les en dispensent pour les
héritages en ligne directe (des petits-enfants aux grands-
parents) et en ligne collatérale (entre frères et soeurs).
Hadrien donna le droit latin à beaucoup de villes13.
D Antonin nous connaissons une mesure u, le droit qu’il
donna à deux peuples alpins, rattachés à Tergeste
(Trieste), les Carni et les Catali, d’avoir des candidats
a 1 édilité de Tergeste; il leur conférait ainsi le droit
latin. Dans l’Afrique, outre l’Utique, nous connaissons
comme villes de droit latin : Oppidum U zalitanum et
Chisiduo dans la Proconsulaire 1S, Tipasa dans la Mauri¬
tanie, Icosium qui le reçut de Vespasien 1U, Lambaesis et
Gemellae n. La dernière mention des Latini coloniarii se
trouve a 1 époque de Sévère et de Caracalla dans Ulpien 18
et dansDosithée 19. Les jurisconsultes de l’époque de Jus¬
tinien en parlent comme d’une institution morte qu’ils ne
comprennent plus20. Elle a dû disparaître sous Cara-
_ , B‘sL na: ■ 3- 5 : v°ir les notices du C. i. !. XII, sur ces
W'Ân,n- 13- 32 : C ■ *'• L 2, p. 903. - 3 Hist. 3, 55. - 4 Hirs
,, ,, °em™}e d" droit, p. 302, note 3. — 5 Tac. Hist. I, 78. — 6 Cf. Ta<
n Tm' n ,!• * *’ n° (discours de Claude); Scuec. Apocol. 3. — 7 L
i. I. » 2ior 3> 30- 9 Ibid. — 10 Eckliel, Loc.cit. 0, 336, 356. -
— 15 pu" "* TT' * an* 3' et 39. — 13 Spartian. Hadr. 21. — H C. i. I.
Loc cit\ n “r5- C' ”• L 8’ suPPlém' P- 139°; 8. L 1269. —
s G n 4Q LÀ d- , l' • 8, supplém. 2, 182)8. — 19, 4.-19 De ma.
icio,' 1031 rg)j 7 2“ C- «.*.§!•- 21 C. i. I. 2, 1963, I!
latines - la -u . °'S de ®a,Pcnsn et de Malaga sont bien des lois d
Gemeindp u lmon''t,allon de Mommsen est probante ( Die Stadtrechte de
c. 54 ; les obiecUonT*!*1 7^ MalaCa)’ surlo»t d’après l. Salp. c. 28, 29, l.
municinnl i, -r 0 umpt (Sfudia romana, p. 269 et suiv.) et de Iloudoy (j
1, 57. - 24P, ;:, .7) nc >’0rtent Pas- - 22 Paul. Sent. 4, 9, 3. - 23 Ulp. fr. 5,
dans C. i. l g | ' “P*,^ la lecture de Sludemund). On a un exemple de majus
Bell. cii\ s, os ■ tu < ~ 23 Ascon' 1,1 Pison- P- 3 i Cic- Ad- S, U , 2 ;
u . Lues. 29 ; voir Ilirschfeld, Loc. cil . p. 299-300.— 20 SU
calla après l’extension du droit de cité à tout l'Empire.
Les Latini coloniarii ont le droit latin de la deuxième
catégorie qu’on a vu à la fin de la République. Leurs
villes s’appellent généralement oppida Latina ou
Latinorum , et aussi officiellement, comme le prouvent
les lois municipales de Salpensa et de Malaga21, muni-
cipia. Nous renvoyons pour l’étude du droit municipal
latin aux articles qui traitent du droit municipal en
général [leges municipales, municipium]. Les Latini colo¬
niarii ont, comme on l’a vu, le droit privé des Latins22,
mais presque identique à celui de Rome; ils n’ont ni le
jus suffragii, ni le conubium, sauf concession spéciale23.
Pour l’acquisition du droit de cité romaine, il faut
distinguer maintenant, d’après le texte récemment
déchiffré de Gaius, le majus et le minus Latium1'*. De
quelle époque date cette distinction ? A l'époque de César,
il n’y a encore que le droit latin ordinaire23; il en est
encore de même sous Tibère 2G, Vespasien et Domitien *7.
Le droit latin majus ne doit guère être antérieur à
l’époque de Gaius, c’est-à-dire d’Antonin. On peut
l’attribuer à Hadrien ou à un de ses prédécesseurs
immédiats, à une époque où la décadence du régime
municipal oblige déjà les empereurs à attirer dans les
villes latines de nouveaux candidats au décurionat par
un nouveau privilège ; on voit déjà dès Trajan des
citoyens nommés décurions malgré eux23; et le décret
d’Antonin sur Tergeste montre aussi la difficulté du
recrutement des sénats municipaux29. Le majus Latium
ouvre donc la cité romaine à beaucoup plus de Latins
que le minus Latium ; car dans le premier cas les
décurions et ceux qui gèrent un honor ou une magis¬
trature, dans le second cas ces derniers seuls obtiennent
le droit de cité romain. La distinction qu’établit ici
Gaius entre une magistrature et un honor est assez
obscure80; car ces deux expressions sont généralement
synonymes; le mot honor ne peut s’appliquer ni aux
sacerdoces, ni à là questure, ni à la charge des praefecti
qui suppléaient les duumvirs absents, car il est certain
que cette dernière charge ne conférait pas le droit de
cité31 ; on a conjecturé32 qu’il s’agissait du praefectus dé¬
signé pour le remplacer par l’empereur, élu duumvir d’une
ville, car ce personnage paraît obtenir le droit de cité33.
L’exercice d’une magistrature municipale conférait-il le
droit de cité dès le début ou seulement à la sortie de
charge? Les textes classiques34- et plusieurs inscriptions
d’Espagne paraissent être en faveur de la première hypo¬
thèse ; mais le début de la loi de Salpensa 33 doit plutôt faire
accepter la seconde qui est d’ailleurs plus conforme aux
principes généraux du droit romain :Jti. Nousrenvoyons l'é¬
tude des Latini j un iani à l'article libertés. Ch. Lécrivain.
12, p. 187. — 27 Lex Salpens. c. 25. — 28 pliu. ad. Irai. 113 (114). — 29 C. i. I.
5, 532, 1. 8, 14-17. — 30 La théorie de Beaudouiu {Nom. Rev. hist. de droit, 1879,
1-30, 1 1 1-169) est fausse. — 31 Lex Salpens. c. 25. — 32 Ilirschfeld, Loc. cit. p. 296.
— 33 Lex Salpens. c. 24. — 34 Gai. 1, 90 ; Ascou. In Pison. p. 3 ; Strab. 4, 1, 12.
— 35 Avec la restitution de Mommsen. — 30 Sur les inscriptions de magistrats
municipaux latins d'Espagne, la tribu, qui était la marque extérieure du droit de"
cité, est tantôt absente (C. t. I. 2, 1610, 1631), tantôt indiquée (2, 1945,
Add. p. 704). — Biuliogiuphie. Savigny, Ueber die Entstehung und Fortbildung
der Latinitiit { Verm . Schrift. 1812, I, p. 14-28); Nibby, Analise storica topogra-
fica antiquaria délia caria dei contorni di Roma, Rome, 1837 ; Abekcn, Mittelita-
lien von den Zeiten der rôm. Herrschaft, Stuttgart, 1843 ; Canina, Storia e
topografia délia Campagna romana antica, Rome, 1840; Forbiger, Latium
{Paul g s Real-E ncyclopaedie, t. IV, p. 801-820); Walter, Geschichtc des rôm.
Redits, 3» éd. Bonn, 1860, n»5 9, 84-92, 224-229, 258, 259 ; Rudorff, De majore et
minore Latio, Berlin, 1860; Zumpt, Studia romana, Berlin, 1859 ; Scliwegler,
Rômische Geschichte, Tübingen, 2' éd. 1867, t. I-1I ; Houdoy, Le droit inunici-
pal, Paris, 1876; Zôller, Latium und Rom, Leipzig, 1878 ; Belocli, Der italische
LAT
— 980 —
LAT
LATINITAS, LATINUM FOEDUS [LATINl].
LATINES. — Roi des Aborigènes dans le Latium, que
la légende gréco-romaine a transformé en héros éponyme
de son peuple et qu’elle fait régner sur Laurente au
temps de la guerre de Troie, afin de l’associer aux évé¬
nements qui amenèrent les Troyens d’Énée en Italie1.
A s en tenir aux témoignages de provenance romaine,
dont le plus ancien est à chercher dans les Origines de
Caton -, Lalinus serait une personnalité purement litté¬
raire, une sorte de héros ex machina , inventé ou exploité
par les annalistes et les poètes pour l’explication des
origines de Rome et de ses rapports avec le Latium3.
Il n a aucun des traits qui font de saturnus, de F au nus, de
ncus, a la légende desquels il a été mélé, des créations de
la religion populaire, ayant leurs racines dans la croyance
primitive. Cependant Latinus est le seul des personnages
ayant trouvé place dans les plus anciennes légendes du
Latium, quisoitmentionné par un documentlittéraire con¬
temporain de la royauté romaine. Un passage de \n. Théo¬
gonie hésiodique, passage que la critique autorisée date
du vnc siècle avant notre ère, le mentionne avec Agrios et
Télégonos, ses frères, comme issu des amours de Circé
et d Ulysse : « Tous trois, suivant le poète, régnent bien
loin au fond des iles sacrées, sur les illustres Tyrrhé-
niens*. » Tandis qu’Énée, Ulysse, Diomède, d’autres
encore, sont des héros grecs transplantés dans l’histoire
primitive de l’Italie centrale, Latinus est le seul qui, à
cette époque reculée, ait émigré du Latium dans la lé¬
gende hellénique3. Envisagés à ce point de vue, les vers
de la Théogonie ont la même importance que ceux des
Troïca de Stésichore, qui nous parlent d’Ënée faisant
voile vers l’Hespérie au lendemain de la chute de Troie0.
Malheureusement pour l’intérêt historique de cette lé¬
gende, près de quatre siècles séparent le témoignage
grec de ceux qui, chez les Latins, ont fait revivre Latinus.
Dans l’intervalle, nous n’avons que les inventions de
Callias, annaliste sicilien qui fut le biographe et le
contemporain d’Agathodes 1 et peut-être de Timée, éga¬
lement d’origine sicilienne, qui rattacha l’émigration
d'Énée à la religion des Pénates de Lavinium8. En réalité,
Bund v.nter Rouis Heyemonie, Leipzig, 1880 ; Madvig, L'État romain (Irad.
Morel), 1882, Paris, 1. 1, p. 23-81 ; Secck, Urkunilen Studien zur ülteren
rôm. Geschielite ( Rhein . Mus. 1882, p. 1-23); Willems, Le droit public
romain , 3' éd. Paris, 1874, p. 127-133; Bouché-Leclercq , Manuel des institutions
romaines, Paris, 1886, p. 171-180; Mispoulet, Les institutions politiques des
Romains, Paris, 1883, 1. II, p. 50-63; Bcaudouin, Le majus et le minus Latium
( Nouv . rev. hist. de droit, 1879, p. 1-30, 11 1-169); Accarias , Précis de droit
romain, 4' éd. Paris, 1886, n“ 60 ; Mommsen, Die Stadtrechte der lateinischen
Gemeinden Salpensa und Malaca, Leipzig, 1855 ; Die untergegangenen Ortscliaften
im eigenllichen Latium ( Hernies , 1882, p. 42-58); Droit public romain (Irad. fr.),
Paris, 1889, 1. VI, 2, p. 226-269, 407-417 ; Marquardt, Organisation de l’Empire
romain (trad. fr.), t. VIII, l,p. 28-94.
LATINUS. 1 Aur. Vicl. Orig. gent. rom. 9 et 12 ; Tit. Liv. 1, 1, 16 suiv. ; Jusl.
XLI1I, 1, 10; Zonar. VII, 1; Serv. Aen. I, 267; Ov. Met. XIV, 449; Arnob. II, 71;
Aug. Civ. D. XVIII, 16; Cauer, Die roem. Aeneassage von Naevius bis Vergi-
ius (Extrait des Jahrb. fur Klassische Philol. Supplém. XV, p. 97 suiv.) et
Schwegler, Roem. Geschichte im Zeitalter der Koenige, p. 198 suiv. — 2 Chez
Serv. Ad A en. I, 6; VI, 760; VII, 158 ; XI, 316. Même tradition chez Cassius Ilemina,
Solin. II, 14, cl Dion. Halic. I, 59 ; cf. Cauer, Op. cit. p. 109 sq. — 3 Schwegler,
Op. cit. p. 215 et suiv. avec les texles cités. Le fait seul que Latinus est présenté
sous les traits d'un héros à la façon des Grecs suffirait à prouver qu’il n'a rien de
national ; on peut d’ailleurs s'étonner que Schwegler ait mélé mal à propos les
Lares de Lavinium à la question; ce sont les Pénales qu’il fallait dire et Lalinus
n’est pas plus un Lare que Romulus ; voir lares, p. 940. — 4 Theog. 1011 ; pour la date
probable de ces vers, voir Schocmann, ffesiod. carm. p. 284-, et Goettling, Theog.
013 et 1014. Us sont cités par Scliol. Apoll. Rliod. III, 200; Joann. Lyd. De mens.
I, 4, p. 7, et Euslath. II. p. 1796. Sur la connaissance que les Grecs avaient des
peuples de l’Italie latine à l’époque préhistorique, voir Den. Halic. I, 29; cf. Hild,
Légende d'Enée, p. 17 suiv. — 5 Agrios est le Faunus des Latins; voir Hesych.
s. v. et Apoll. Fragm. 38 ; cf. la note de Schwegler, p. 217, 1. — 6 Hild, Légende
d'Enée, p. 13 à 16, avec les textes cités et le commentaire de la Tabula Iliaca ;
Latinus ne prend quelque importance que par Énée q
sous l’influence desfaits tant politiques que littérairesqui
après les guerres puniques, donnèrent crédit à la légende
de la fondation de Rome par une colonie de Troyens 9
L’histoire fabuleuse du roi ne revêt sa forme définitive
que par VÉnéide de Virgile i0.
Latinus, comme Énée, est absent de la fable romaine
des deux jumeaux, et même les faits qui lui sont attri¬
bués sont en contradiction avec cette fable ; il suffit p0ur
s'en convaincre de mesurer les efforts qui, tentés de
Caton à Virgile, ont pour but de les concilier11. D’autre
part, Latinus ne parait pas avoir figuré dans les poèmes
épiques de la plus ancienne littérature 12 ; il est impos¬
sible de le conjecturer chez Naevius et chez Ennius. En
ce qui concerne ce dernier, les Latins comme nation sont
chez lui antérieurs à l’arrivée d’Énée en Italie 13,
L’opinion la plus vraisemblable, c’est que Latinus, an¬
cêtre des Aborigènes et par eux des Romains, est
sorti de Lavinium, la métropole religieuse des Latins14.
Là on vénérait une divinité nationale, Jupiter Latiaris,
dont le sanctuaire principal était sur le mont Albain,où
tous les peuples de race Latine pratiquaient une religion
commune. A côté de lui, dans la plaine, on rendait des
hommages à Jupiter Indiges, divinité topique qui parait’
s’être confondue avec le dieu fluvial Numicius l8. Les
mêmes influences, contemporaines au plus tôt des guerres
puniques, qui firent disparaître Jupiter Indiges dans la
personnalité d’Énée, héros troyen, transformèrent Jupiter
Latiaris en un ancêtre fabuleux de la race, héros épo¬
nyme à la façon des Grecs, qui fut le roi Latinus 10. Il est
à peu près certain que la première apothéose tentée en
faveur d'un Latin fut celle de Romulus par le poète
Ennius; cette fantaisie, toute poétique encore, fut exploi¬
tée au profit de Latinus, puis à celui d’Ënée, sans que le
sentiment religieux des foules aitpuen être complice n. On
racontait que Latinus tomba frappé dans une bataille
contre Mézence, roi de Caeré, sur l’emplacement même de
la citadelle de Lavinium où devait être son tombeau ;
quant à Énée, il disparut mystérieusement au sein du
Numicius dont il confisqua la divinité 18.
cf. Cauer, De fabulis graecis ad Romain pertinentibus, p. 10 suiv. — 7 Chez Diou
liai. I, 72, qui donne pour femme à Lalinus une Troyenne du nom de Romé, donl il
eut trois fils, Romus, Romulus et Telcgonus; cf. Euseb. Chron. 1, 45, 3 ; voir sur 1rs
différences de la légende grecque et de la légende romaine, en ce qui concerne Lalinus,
Preller, Roem. Mgth. p. 696; Schwegler, Op. cit. I, p. 402, note 22. Voir aussi 1rs
versions différentes, Serv. Ad Aen. I, 273, et Feslus, p. 269, et pour la question ou
général, Aust, chez Roscher, Lcxikon der Mgth. etc. II, p. 1909, et Cauer, Op. cil-
p. 108 suiv. — 8 Aul. Gcll. Noct. At. XI, I ; Dion. liai. Ant. Rom. I, 6; 74; cf.
Klausen, Aencas und die Penaten, p. 580; réfuté sur certains points par Cauer,
De fabulis graecis, etc. p. 29. — 9 Hild, Légende d'Enée, p. 76 suiv. : cf. Nisscn,
Zur Kritik der Aeneassage, p. 389, dans les Jahrb. fur Philol. 1865, fasc. 5 cl
6. — 10 Cauer, Die Roem. Aeneassage, p. 147, et, avant lui, Schwegler, Op. c>h
p. 279-337. — H Aust, Loc. cit. p. 1905. — 12 Voir la critique des témoignages chez
Cauer, Op. cit. p. 114 suiv. Ou a cru trouver Latinus dans ce vers de Naevius (Lib.
11, fragm. l,VahIen): Jamque ejus mentem fortuna fecerat quietam ; c’cst pure
conjecture. — 13 Ennii fragm. (Vahlen), 21-23. — 14 Dion. Haï. Ant. Rom. U
12. — 16 Klausen, II, p. 834; 788, etc. : « Le dieu vénéré sur le mont Albainrègue
en qualité d’homme à Laurenlum. » Pour Lavinium et son rôle religieux, voir l’inscrip¬
tion chez Orelli, 2275 (du règne de Claude); cf. Mommsen, Inscript, regni Neapo'-
221 1 ; cf. Cauer, Op. cit. p. 130-132; cf. Tit. Liv. I, 1 ; Dion. liai. I, 57 ; Serv. Ad Ae"-
III, 148; I, 2; VI, 84 ; VII, 659 ; 678, etc. ; Varr. Ling. lat. V, 144; Slrab. V, 229.’
Aug. Civ. D. XVIII, 19. — 16 Hild, Op. cit. p. 69 suiv. ; Cauer, De fabulis graecis, ch’
p. 27, surtout les notes 52et53 ; cf. Jackcl, Zur Aeneassage, Frcisladt, 1881, P' |h
— 17 Pour Romulus, voir le commentateur Probus, Georg. 111,25 ; Tit. Liv. I, IC ; P01"
Enée, Scliol. Bob. Cic. Pro Plancio, IX, 23 ; Serv. Ad Aen. IV, 620, citant Caton ; Aug
Civ. D. XVIII, 19, citant Varron;lc Scliol. Véron, de Virgile, Aen. I, 259, et Corp.
inscr. lat. X, 8348 ; pour Latinus, voir Feslus, p. 194 ; cf. Klausen, Op. cit. p. S01,
n. 1492 ; Schwegler, p. 317 s. ; Marquardt-Mommsen, Handbuch (Staatsverwall)'
VI, 252, 477, etc. ; et pour les héros en général, Mommsen, Roem. Gesch. 1
p. 164 ; 225 (3» éd.). — 18 Cf. Arnob. I, 36. Pour les détails, voir les textes cités par
Hild, Légende d'Enée , p. 69, n. I.
LAT
— 981
LAT
Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans la discussion des
détails de la légende que fabriquèrent pour Latinus les
nnalistes et les poètes romains, les agençant tant bien
mal entre eux et les rattachant aux traditions
grecques1. Latinus ne garde quelque intérêt que par le
rôle dont Virgile l’a chargé dans X Enéide-, là, toutes les
fables antérieures sont comme clarifiées et ingénieusement
adaptées au plan de l’épopée 2. Pour Virgile, Latinus, à
l’arrivée d’Énée, est un vieillard doux et pacifique, fils de
Faunus et de la nymphe Marica; c’est-à-dire que le poète
substitue à la généalogie hésiodique une origine natio¬
nale 3. Faunus, dieu prophétique, rend des oracles sur
l’emplacement de Laurente, la ville des Lauriers, et Marica
est une divinité indigène, personnification des massifs de
roseaux; on la trouve vénérée encore, à côté de Jupiter,
dans les marais de Minturnes au temps de Marius et
l’on citait d’elle un tombeau en Campanie ; les uns la
confondaient avec Cérès, les autres avec Vénus ou avec
Circé V C’est l’oracle de Faunus qui engage Latinus à
faire alliance avec les Troyens et à donner sa fille
Lavinia à leur chef Enée 5. Amata ou Amita, l’épouse de
Latinus, favorable aux prétentions de Turnus, roi des
Rutules, et hostile aux Troyens, est elle-même une
personnification mêlée au culte de Vesta et des Pénates
de Lavinium 6 ; la preuve, c’est que chaque vestale,
dans la cérémonie de la captio, était par le grand
Pontife interpellée sous le nom d’ Amata 7. Les péripéties
diverses qui, dans X Enéide, séparent la consultation de
Faunus par le vieux roi de la mort de Turnus et de la
victoire d’Enée reposent à la fois sur les données de
l’histoire fabuleuse, telle qu’elle s’est élaborée en se
diversifiant depuis Caton jusqu’à Denys d’Halicar-
nasse8 et sur la nécessité pour le poète de donner à son
œuvre et la variété dramatique et le dénouement
vraisemblable. Pour l’ensemble, Virgile a surtout suivi
Caton 9, à ceLe différence près, qui tient à des considé¬
rations purement littéraires, que ni Enée ni Latinus ne
succombent au terme de la lutte : à l’apothéose mythique,
X Enéide a substitué la glorification poétique.
On ne peut citer du héros aucune image authentique,
soit avant, soit après le règne d’Auguste où triomphe la
légende d’Enée. Si l’influence de Virgile et celle de la
politique ont valu au héros Troyen une certaine popula¬
rité artistique 10, il ne semble pas que Latinus ait eu part
au même honneur. Sur les trois monuments où l’on a
pensé le rencontrer, il en est un seulement qui nous le
fasse reconnaître avec quelque vraisemblance 11 : c’est un
autel des Lares Augusti conservé au Belvédère, sur
lequel un héros barbu, assis contre un arbre avec un
rouleau dans la main, semble donner la réplique à un
héros debout, entouré de la truie symbolique et des
trente porcelets qui représentent Rome (ou Lavinium)
avec les villes de la confédération latine ; le premier serait
Enée, le second Latinus. Une fresque d’un tombeau exhumé
sur l’Esquilin et datant du règne d’Auguste 12, représente
les combats livrés entre Latins et Rutules, mais suivant
une tradition qui n’est pas celle adoptée par Virgile; la
partie relative aux rapports d'Enée et de Latinus a
d’ailleurs péri. La figure du mort étendu devant le
vainqueur ne saurait être celle de Latinus, comme onl a
prétendu, car elle est dépourvue de barbe, et l’on
songerait plutôt à Turnus 13.
Reste une ciste de Préneste devenue l’objet d‘un débat
archéologique qui n’est pas encore clos u. Cette ciste se
compose de deux parties, le couvercle qui est intact etdont
l’interprétation est tout le problème, le corps de l’œuvre
qui est incomplet. On a daté cette ciste, comme d autres
analogues, de la fin du me siècle avant notre ère, plus
exactement des dernières années de la présence
d’Hannibal en Italie ; sur le couvercle et dans le corps de
la ciste, le héros principal de l’aventure représentée a
les mêmes traits, le même costume. Le couvercle associe
dans une action commune treize personnages ; on y voit un
guerrier mort apporté par deux soldats devant le vain¬
queur ; à côté de ce dernier, en réalité au centre de
l’action, est un personnage âgé et barbu qui lui tend la
main gauche, tandis qu’il lève la droite comme pour
prêter serment ; de ses pieds il foule un trophée d’armes,
ce qui fait penser à un traité de paix et d’alliance 1S. Plus
loin à droite, sont deux femmes dont l’une lui adresse
la parole, tandis que l’autre, couronnée de fleurs, se
détourne d’une troisième femme, laquelle fait pendant
au cadavre déposé devant le vainqueur ; elle en est
séparée par deux figures, l’une du génie de la mort (?)
avec un flambeau allumé, l’autre d’un génie endormi ;
cette femme paraît s’enfuir dans un état de surexcitation
violente. Au bas, on voit un Silène couché auprès d’un
dieu fluvial et d’une nymphe. S’il, en faut croire Brunn,
le vainqueur serait Enée, le vieux roi Latinus, le cadavre
celui de Turnus ; la femme couronnée de fleurs, Lavinia,
qui va devenir l’épouse d’Enée, la femme qui prend la
fuite, Amata qui court au suicide, et les deux génies
incarneraient, l’un la destinée funeste de l’épouse de
Latinus, l’autre celle de Turnus. A l’oreille de Latinus
parlerait Marica samère, et les deux divinités aquatiques
accostant Silène, dont la présence est d’ailleurs malaisée à
expliquer, seraient à identifier, l’une avec Juturna, l’autre
avec NumickiS. Dans son ensemble, la scène gravée sur le
couvercle reproduirait la conclusion des luttes entre
Troyens, Latins et Rutules, telle que la présentera X Enéide.
■ ,T.°lr SU1 ce P°‘nt Cauer, Die Roem. Aeneassage, absolument complet et
rci- (LeiI’z' «88). - 2 Latinus ap. Virg. Aen. VU, 45 sq. ; XI, 251
îu'sn, mW9; XI1’ 18’ lfi1, CtC'; cf’ 0v' MeL XIV’ 611 : Fast ■ U' 544i
cnnl ; ’ ; Am- 12’ 22 ; Macr- Sat- 1V- ù 5 ; V, 1 , 10 ; 17, 2 ; présenté
— 3 Vir. COnlc"’P°(ain Priam, chez Lact. I, 22; Cassiod. Praef. Chron.
P 10t»i>-,Bf ^ei> ^ 4”’ avCC *cs C0mment®t8urs î voir faunus, II, 2,
47- té, P<T Laurentum’ Klauscn, Op. cit. Il, 780 sq. — 4 Serv. Ad Aen. VII,
Seq.Tvèm J Ma''' 39 : A,'S' Civ- D- 23> 2I Tit- Liv- XXVII, 37; Vib.
Myth. n 3G3 * „Ct‘ 23 ; cf- Klausen, Op. cit. II, p. 833; Prcller, Roem.
tnt. I, 202 • g p~ J Tlt' ^1V' *’ 2 > Just- 43’ 1 1 Serv. Ad Aen. I, 259, 267 ; Myth.
017 a_ _ g y-° m ^ 14 ’ c^' 1 inscription chez Wilmans, Exempta inscr. lat.
53. — 7 Au| pB.j Aen' 314 1 Aur. Vict. Orig. 13; cf. Varr. Lin g. lat. V, 8,
Klausen, Op. cit il 12, 14, 19 ; cf> Scllwe8ler- °P- cit ■ h 287> et
Die Sagl. von ./ ’.L '7o' ~ 8 Cai,er, Die Aeneassage, p. 168 suiv., et Woerner,
'» conclusion *•” an^erungen des Aeneas. etc. (I.eipz. 1882), p. 6 suiv. ; avec
t,Ul comparc Virgile et Denys. — 9 Serv. Ad Aen. I, 5, 207-570; III,
711; IV, 427-620; VI, 760; VII, 158; IX, 745; XI, 316. — 10 Voir aeneas, I,
p (o6. — U Arch. Zeitung, 1872, p. 122; Mus. Chiaram. III, p. 19 ; cf. la truie
sur les monnaies d'Antonin le Pieux, représentant ou le debarquement d'Enée,
ou son arrivée à Lavinium ; Frôhner, Médaillons de l'Empire rom. p. 59 ; Cohen,
Méd. imper. II, p. 340 et 341, n"s 441, 447 ; [aeneas, I, p. 107, fig. 153], —
12 Voir Brizio, Pitture e sepolcri sull' Esquilino (Rome, 1876), p. U s.;
Monum. d. Inst. X, tab. 60, et Annali, 1878, p. 234 suiv. ; cf. Cauer, Op. cit.
p. 137 suiv. — 13 Robert tient pour Lalinus ( Annali , loc. cit. p. 255); Cauer,
avec raison, pour Turnus ou Mézence; Op. cit. 139. — H Monum. d. Inst. arch.
VIII, tab. 7 et 8; Annali , t. XXXVI (1864), p. 356-371; interprétation contestée
par Nissen, Zur Kritik der Aeneassage ( Jahrb . für Philol. 1865, p. 378);
cf. Heydcmann, Arch. Zeitung, 1872, p. 122; Robert, Annali dell’ Instit. 1878,
p. 271, n. 1 ; et Aust, chez Roscher, Op. cit. p. 1915. Heydeinann constate l'inexac¬
titude de la reproduction donnée en 1864 par Brunn dans les Monumenti , ce qui
ajoute un argument sérieux à ceux de Nissen. — 15 Voir la reproduction du groupe
suivant l'opinion de Brunn, aeneas, I, 1, p. 107, fig. 155.
124
LAT
— 982 —
LAT
Il est certain que si l’œuvre était postérieure au poème I
de Virgile, rien ne serait plus légitime que de la consi¬
dérer comme la traduction par l’art des derniers
épisodes de Y Enéide ; mais s'il faut la dater de la seconde
guerre punique, il n’y a rien de plus invraisemblable.
Chacun des faits et des personnages entrés dans la com¬
position de l 'Enéide peuvent se justifier, il est vrai, par
quelque tradition antérieure; mais la combinaison de
ces éléments est l’œuvre propre du poète, et elle a été
déterminée le plus souvent par les exigences de la com¬
position épique1. La conclusion du débat soulevé par
1 étude de la ciste est celle-ci 2 : ou la ciste Prénestine a
été mal datée et sa fabrication est postérieure à Y Enéide
qui 1 a inspirée ; ou le sujet représenté n’est pas tiré de
la légende de Latinus et d’Enée. Ajoutons que toutes les
autres cistes trouvées dans la nécropole de Préneste sont
l’œuvre d’artistes grecs et ne traitent que des sujets puisés
dans la fable hellénique3. J. A. IIild.
LA.T01VA (Arjirw). — Légende. — Le témoignage à peu
près unanime de l’antiquité fait de Latone la fdle du
Titan lvoios et de la Titanesse Phœbé1 ; seul Ilygin lui
donne pour père le Titan Polos2. Elle a pour sœur
Astéria ou Ortygia3. La partie la plus célèbre de sa
légende est l'histoire de sa maternité : aimée de Zeus4,
elle a donné naissance à Apollon [apollo] et à Artémis
[diana]. Homère et Hésiode, qui connaissent ce double
mythe3, ne l’ont pas localisé. C’est dans l’hymne homé¬
rique à Apollon Délien que nous trouvons pour la pre¬
mière fois le récit circonstancié de la naissance d’Apollon
à Délos6. Latone, en quête d’un asile pour ses couches,
parcourt en vain les îles et les rivages de la mer Egée :
toutes les contrées la repoussent, par crainte sans doute
du redoutable fds qu’elle doit mettre au monde7. Délos
enfin l’accueille, sur la promesse des brillantes destinées
que lui réservera le culte du nouveau dieu. Neuf jours
et neuf nuits les douleurs déchirent la déesse; toutes les
immortelles s empressent autour d’elle ; seule Héra est
absente; ilithyia, que la déesse irascible tient également
à l’écart, se décide à intervenir secrètement, gagnée par
l’offre d’un riche collier de neuf coudées8. Son arrivée
décide enfin la délivrance : Latone jette ses deux bras
autour d’un palmier et appuie ses genoux sur le gazon :
Apollon bondit à la lumière.
Telle est la version délienne : elle a servi de base à la
tradition antique. On la retrouve, à quelques variantes
1 Sur les changements introduits dans la tradition par Virgile et la com¬
binaison personnelle des épisodes divers, voir, outre Cauer et Wocrner, Op.
cit., Rubino, Beitraege zur Vorgeschichte Italiens, p. 156 sq. — 2 C'est celle de
Robert, Annali, 1878, p. 271 ; elle est reprise tant par Heydemann que par Cauer et
Aust, Op. cit. — 3 Voir cista, I, 2, p. 1204. Une seule ferait exception, celle qui
représente la cérémonie du triomphe romain et dont le sujet n’a rien de fabuleux.
LATONA. l Hes. Theog. 404-409 ; Hvmn. Hom. 1, 62 ; Bull, clc corr. hell.
XVII, p. 506 (hymne delphique à Apollon Pythien, str. 1) ; Etym. Magn. s. v. Koinj ;
Apoll. Bill. éd. Wagner, 1, 8 ; Paus. IV, 33, 6, etc. ; C-f. les épithètes Koioyevi^ç,
Pind. fr. 88 Bergk ; Kotr/fç, Callim. Hgmn. IV, 150; Koiavxf;, Hymn. orpli. XXXV,
2; Kotoyévtta, Apoll. Rhod. 11, 712. — 2 Praef. p. H, 1. 12, éd. Schmidt; Fa b.
CXL, p. 17, 1. 16. — 3 Hes. Theog. 409 ; Apollod. 1, 8 et 21 ; Schol. Apoll. Rhod. 1 ,
308 ; Hyg. Praef. p. Il, et Fab. LIII, p. 58 sq. — 4 II. XXI, 498 sq. ; Od. XI, 580 ;
Hymn. hom. I, 5 sqq. ; Hor. Carm. 1, 21, etc. — * II. I, 9 ; XVI, 849; XIX, 413 ;
XXI, 504 ; XXIV, 006; Od. XI, 318 ; Hes. Theog. 918 sqq. ; Sent. Herc. 478 sq. ;
Hymn. hom. 111, 253, 321, 403, 513, 524; cf. cependant Gaz. arch. 1876, p. 20;
Studniczka, Kyrene, p. 151. — 6 V. 19-139. On peut croire que la même légende se
trouvait exposée dans les hymnes du poète Démotélès d’Andros, Bull, de corr.
hell. IV, p. 347. — 7 C’est du moins la raison qu’on peut déduire de la réponse faite
par Délos à Latone, v. 66 sqq. O. Gruppe, Gr. Mythol. p. 240, conjecture que le
refus des différents pays sous-entend la haine de Héra et la légende du serpent
Pvlhon, envoyé dès lors à la poursuite de la déesse. — 8 Peut-être l’ancien simu¬
lacre d’Ilithyia à Délos portait-il effectivement un collier qui aura suggéré ce trait
près, dans l’Hymne à Délos de Callimaque. Le poète
Alexandrin a motivé avec plus de précision la course
errante de Latone par une persécution systématique
d’IIéra : c’est par ordre de cette déesse qu’Arès et Iris
s’attachent aux pas de Latone, et lui font interdire l’accès
de tous les pays où elle aborde9. Il n’est pas question,
dans Callimaque, de l'intervention d’Ilithyia; en revanche,
les Déliades, filles d’Inopos, chantent, pour faciliter la
délivrance, un hymne à la déesse des accouchements10.
On désignait avec précision, à Délos, l’endroit où le
jeune dieu avait vu le jour : c’était aux pieds du Cynthe",
plus exactement sur les bords du petit lac que forme
l’Inopos en s’échappant de la montagne 12. D’après l’hymne
homérique, c’est un palmier qu’embrasse Latone pour se
soutenir pendant ses douleurs13; au palmier, qui est
déjà connu par YOdyssée u, des auteurs postérieurs
substituèrent ou ajoutèrent l’olivier, l’arbre d’Athéna,
variante où se reconnaît l'influence attique13, ou bien
le laurier, l’arbre d’Apollon16 ; un texte d’Euripide men¬
tionne simultanément les trois arbres 17. Tandis que dans
l’hymne homérique Latone en s'agenouillant embrasse
l'arbre d’un geste tout naturel, un des hymnes découverts
à Delphes imagine qu’il lui suffit de toucher une branche
de l’arbre sacré pour sentir son action bienfaisante18.
Le mythe relatif à la naissance d’Artémis ne semble
pas lié primitivement à celui qui vient d’être exposé,
mais il s’y inséra à une certaine époque. C’est à Ortygia
que l’on s’accordait à faire naître Artémis. Ortygia est
encore une région indéterminée dans YOdyssée'9 . Un
vers de l'hymne homérique, que l’on retrouve textuelle¬
ment dans un hymne orphique, et qui pour cette raison
a paru suspect, fait naître Apollon à Délos et Artémis à
Ortygia20. Différentes localités du monde grec, où l’on
retrouvait une Ortygia, se disputaient l’honneur d’avoir
été le théâtre de cette légende21 ; mais beaucoup plus
communément on identifia Délos et Ortygie 22. Latone y
aurait mis au jour Artémis la première qui, aussitôt née,
remplit auprès de sa mère l’office d'Ilithyia et l’assistapour
la naissance d’Apollon23; on célébrait, à Délos, la nais¬
sance d’Artémis le 6 Thargélion, et celle de son frère le 7 b
La maternité de Latone est liée, dans plusieurs ver¬
sions, à des fables qui expliquaient l’origine de Délos.
Une tradition que ne paraît pas connaître l’hymne homé¬
rique, mais qu’on trouve déjà dans Pindare, voulait
que Délos eût été primitivement une île errante ; au
de la légende : Preller-Robert, Gr. Myth. I, p. 237, n. 2. — 9 Callim. Hymn. U.
55-200. — 10 Ibid. 256. — U Hymn. hom. I, 26 ; cf. 18 (vers suspect). — 12 Theog»-
5-7 ; Callim. loc. cit. 206 sqq. ; Bull, de corr. hell. XVIII, p. 349, 1. 6 (hymne del-
phique). — 13 V. 117 ; cf. Theogn. 6. Le palmier est figuré sur la pyxis du Louvre
représentant l’enfantement de Latone ( Mon . Piot, VI, p. 170, pl. xv). — - U Od. \ h
162; cf. Theophr. Hist. plant. IV, 13, 2. — l» Callim. Ibid. 262; Aelian. Var.
hist. V, 4 ; Catull. XXXIV, 7 ; Hygin. Fab. CXL. — 1G Eurip. Hec. 458 ; Ion, 9U>-
— 17 Iphig. Taur. 1102. — 18 Bull, de corr. hell. XVII, p. 580; XVIII, p. 349,
1. 7-8 et p. 350 (Weil). — 19 Od. V, 123; XV, 404 : 'OoTuyiijç... o6t Tpoicai ^eXtoio-
— 20 Hvmn. hom. I, 16 = Hymn. orpli. XXXV, 5, éd. Abel : ity piv ev ’Oçirop'?,-
•rtv Si xçavaji tvi Avjl.M ; cf. Schol. in Pind. Nem. I, 1, et Anthol. Pal. VI, 273 ;
Lebcgue, Bcch. sur Délos, p. 26 sq., et sur la double tradition relative à la naissance-
simultanée ou distincte, d’Apollon et d’Artémis, Ibid. p. 186 sqq., et 0. Gruppe, II"
griech. Culte und Mythen , I, p. 524 sq. — 21 Un bois sacré près d’Ephèse, Hic
qui fut rattachée à Syracuse, une région de l’Étolie ; voir les lextes dans Prellor
Robert, Gr. Myth. I, p. 297, n. 4. — 22 Le premier texte où cette identification
est faite est celui de Phanodémos, fr. 1 (iv* siècle) = Athen. IX, 392 D ; cf. un sco-
lionap. Athen. XV, 694 = Bergk, Poet. lyr. Graeci, IV, 4° éd. 644 ; Callim. Hymn-
IV, 59, Epigr. LXII ; Apoll. Rhod. 1, 537; Nicandr. ap. Schol. Apoll. Rhod. L
419; Antipater in Anlh. Pal. IX,' 550; Strab. X, 5, 5, p. 486; Hyg. Fab. LUI ; «>■
Buchholz, Hom. Beat. I, p. 256; Bérard, Bev. de l'hist. des relig., XXXIX, p. i'ü
sqq. et p. 189.— 23 Diog. Laert. II, 44; III, 2; Apollod. I, 21 Wagner; Serv. Ad
Aen. III, 73. — 24 Diog. Laert. Ibid. ; Preller-Robert, I, p. 238, n. 2; 302, n. L
LAT
983 —
LAT
moment où Latone y aborda, elle fut fixée au fond de la
mer par quatre colonnes *. C’est a 1 occasion de la nais¬
sance d'Apollon que l’ile, primitivement appelée Astérie
Ortv-ie aurait reçu son nom de Délos, la brillante-.
Quant au nom d 'Ortygia (Me de la caille, on
l’expliquait par une légende relative à la sœur de Latone :
AStérie poursuivie, comme celle-ci, par l’amour de Zeus,
obtint des dieux sa métamorphose en caille, puis en îlot
rocheux3. D'après une version, c’est Latone elle-même
nui aurait gagné, sous forme de caille, l’ile de Délos *. On lit
encore dans Hygin un récit qui paraît une contamination
de la légende delphique avec celle de Délos : Iléra envoie
le serpentPy thon à la poursuite de Latone encore enceinte;
elle fait le serment que sa
rivale n’accouchera qu’en
un endroit où n attein¬
dront pas les rayons du
soleil. Borée, sur 1 ordre
de Zeus, amène Latone à
Poséidon qui, pour res¬
pecter le serment pro¬
noncé par liera, élève les
(lots comme un dôme au-
dessus de l’ile d'Ortygie,
et déjoue la poursuite de
Python, qui retourne au
Parnasse (fig. 4358) : c’est
là qu’ Apollon va l'attein¬
dre quatre jours après sa
naissance5.
Le récit des circons¬
tances qui ont accompa¬
gné la naissance des Lé-
toïdes se rencon tr e encore
avec d’autres variantes et
d'autres localisations. Au
temps de leur hégémo¬
nie maritime, les Athé¬
niens avaient imaginé un FiS- *358. — Latone
épisode qui mettait en
contact le dieu delien et leur divinité poliade : Latone,
ayant passé par l’Attique avant ses couches, y ressentit
les premières douleurs; elle dénoua sa ceinture (Çwv-/)) au
promontoire qui fut par suite appelé Zco<mjp ; puis, sous
la conduite d’Athéna Pronoia, elle passa du cap Sunium
a Délos1’. Il y avait, peut-être en commémoration de cette
légende, un sanctuaire d’Athéna Zostéria au cap Zoster ’,
et un temple d’Athéna Pronoia à Délos 8. Une petite
localité de Béotie, Tégyra, revendiquait l’honneur d avoir
vu naître Apollon : on y voyait un mont Délos, et deux
ruisseaux, Phoinix et Elaia, entre lesquels Latone aurait
fait ses couches 9. La même légende s’était localisée
aussi à Amphigéneia en Triphylie 10, ainsi que dans le
fameux sanctuaire d’Artémis à Ephèse “.
Dans plusieurs traditions, et notamment dans celle de
Délos, intervient le mythe des Hyperboréens. Ainsi, c’est
du pays des Hyperboréens qu’arrive Ilithyia pour opérer
la délivrance de Latone 12. Mais on disait aussi que
Latone elle-même était née dans la même contrée fabu¬
leuse13, ou encore que,
pour échapper aux per¬
sécutions d’Héra, c’est
sous la forme d’une louve
(Xéxoç) qu’elle fi t le trajet,
en douze jours, du pays
des Hyperboréens à Dé¬
los u. Il n’est pas difficile
ici de reconnaître une in¬
terprétation des épithè¬
tes Auxeioç et Aux7|Yevyjç
attribuées à Apollon 1S.
Ces mêmes épithètes ont
vraisemblablement con¬
duit à la légende qui fait
naître Apollon en Lycie 16,
et l'on ajustement remar¬
qué que la Lycie jouait
souvent dans la fable le
même rôle que le pays des
Hyperboréens 17 . Une tra¬
dition localisait encore en
Lycie une autre aventure.
Après sa délivrance, la
déesse vient en Lycie,
transportée à Délos. nommée alors Trémi -
lia. Près d’une source
ou d’un étang, elle s’arrête afin de boire ou de baigner
ses enfants ; les indigènes le lui interdisent ; en punition,
elle les transforme en grenouilles18. Ou bien encore ce
sont des loups (Xéxot) qui la conduisent aux bords du
fleuve Xanthos ; Latone s’y baigne, consacre le fleuve à
Apollon, et donne au pays le nom de Lycie19.
Fiagm. 87-bS , Bcrgk _ 61-05 ; cf.Anthol. lat. éd.Ricse, p. 707 ; Lcbcguc, Ilech.
sur clos, p. 1 /9 sq. De là 1 opinion, d’ailleurs démentie par les fails, que l’île ne pou-
vai être sujet te à des tremblements de terre : lier. VI, 98 ; Time. II, 8, 2 ; Macrob.
,,a jj ^ , Plin. Hist.nat. IV, 66. — 2 Cette signification du mot Ajjlo; a été contes-
pai ick, \eigleich. \\ ürterbuch , 4e éd. p. 69 et 456, qui rattache ce mot à la
. . ""!° eui opéenne del, de le = osciller. On a donné une interprétation analogue à
. A^"1’ a " non'so'idc », et à ’Optuyfa, la « tournante » (du thème vert = tourner) ;
. nmann ap. Roschcr's Lexik. art .Leto, 1962. — 3 Hygin. Fab. LUI ; cf. Callim.
jmn IV 37 sq ; Apollod. I, 21 ; Serv. Ad Aen. 111, 73 = Mfjthogr. Yat. I, 37 ; II, 17 ;
’ ’ U®t- flac- ad Slat- Theb. IV, 796 ; V, 533 , Ach. I, 206,388. Stern, Ber. der
dans ni “„'18o6’P-32stiq.. explique le nom d'Ortygie par le passage des cailles
V e ; Cf' Athcn' 1X- P- 3a2' - 4 Schol. in Callim. Hyrnn. Il, 59 ; cf. Aristoph. Av.
sur ce^rT'Ir ~ S H-Vg- Fab ■ CXL ; Acl- Arist- 0r- 111 (I. 34 Dindorf); cf.
O fin J.’0,' 11 6S dSendes, Lebègue, Loc. cit . ; Robert, Jahrbuch, V, p. 215-727 ;
voir pPP985 UltC. und3Jythen’ *- P- 523-534, et Gr.Myth. p. 240 sq. Pour la figure 4358,
aurait éch J! ’ C Fue aulrc tradition met eu relation Latone et Poséidon : elle
Lucian Difl ^ * CCl-le occasiou' Rélos contre Calaurie : Epb. fr. 59 ; cf. encore
Rabe, I, n 37 ' r~ ° îlyper' 3“ éd’ Blass> fl’‘ 07 : syriau- aP- Hermog. éd.
Menand. Rb. L.ÏTv \T“U'J 10 ! Ioann' Sic' Vl’ P' -10 ’ Aristid- b P- 157 ;
P- 37 sq.; Max. Planud. V, 481,
T . A IX’ P- *-2 Walz- On expliquait le nom même d’Athéna Pronoia,
— 1 Cor T°U l°X0U tS|î A’1To0f<; Schol. Aristid. I. c. ; cf. Suid. et Etym. Magn. s. u.
P- mser. ait. 1, «73; cf. cependant une autre interprétation dans Paus. I.
OTl
31, 1; Preller-Robcrt, Op. cit. 1, p. 194, n. 5 in fine. — 8 Macrob. Sat. I, 17, 55;
Prellcr-Robert, Ibid. — 9 Plut. Pelop. 16 ; De def. orac. 0 ; Stcph. Byz. v. Terj?a.
- 10 Stcph. Byz. Ibid. — u Strab. XIV, 1, 20, p. 639; Tac. Ann. 111, 61.
— 12 Paus. I, 18, 5. — 13 Hecat. fr. 2 (Muller, Fragm. hist. gr: II, p. 386);
Diod. Sic. II, 47. — 14 Aristot. Hist. anim. VII, p. 580 A, 17 ; Schol. Apoll. Rh.
Il, 123 (Philoslephan. fr. 32); Antig. Caryst. Mirab. 61 ; Aelian. Hist. anim. IV,
4; X, 26 (un loup de bronze fut consacré à Delphes en souvenir de cette légende) ;
plut. Quaest. nat. 38; Plin. VIII, 83. — 15 Aux^yevéî, qui se trouve deux fois dans
l 'Iliade (IV, 101, 119, dans la bouche du Lycien Pandarosl, n'est sans doute qu'une
forme, exigée par le mètre, du mot Auxoytv^;, et doit ctre une interprétation du
surnom usuel Aùxtio; ou #4*105, lequel parait être d'origine péloponésienne : cette
dernière épithète elle-même a été interprétée par les modernes, soit dans le sens
de Xuxoxtovo5 (Wernicke ap. Paulv-Wissowa, Iteal-Encycl. v. Apollon, 59-60), soit
dans celui de dieu de la lumière, rac. Vjx, lux : Prellcr-Robert, I, 253 sqq. ; Usener,
Goetternamen, p. 198 sqq. — 10 Usener, Ibid. p. 202 sq. ; Schol. ad Hom. Loc.
cit.; cf. Etym. Magn. 767, 54; Hesych.s.u. Auxmytvi;; Stcph. Byz. s. c. l'Eyùoa. Parti¬
culièrement on le fait naître à Araxa en Lycie : Benndorf et Niemaun, Reisen, I,
p. 76, n° 53 b, 1. 14 ; Quint. Stnyru. XI, 21. — 17 Sur l’équivalence du pays
hyperboréen et de la Lycie, voir Preller- Robert, I, p. 242 sq. ; sur les rapports de
la légende hyperboréenne avec celle de Délos, O. Gruppe, Gr. Mytholog. p. 241.
— 18 Ovid. Metam. VI, 313. — 19 Anton. Liber. XXXV. Servius, iuVirg. Georg. I, 378
.(cf. Mytliogr. Vat. I, 10; II, 95), substitue dans cette légende Déméter à Latone.-
LAT
984
LAT
Enfin un autre surnom d'Apollon, celui de ÜTtüoç, sug¬
géra la fable d’après laquelle Latone en couches aurait été
effrayée à la vue d'un sanglier; de là l’épithète de rixcux
(du verbe -rrroéto, s’effrayer) qu’elle aurait reçue et trans¬
mise à son fils *.
Indépendamment de ces récits, tous relatifs à la
maternité de la déesse, la légende de Latone com¬
prend encore les deux épisodes de Tityos et de Niobé,
tous deux localisés dans la Grèce centrale, le premier
en Eubée ou aux environs de Delphes, le second en
Béotie. Tityos, Géant né de la Terre, succombe sous les
coups d’Apollon et d’Artémis pour avoir voulu faire
violence à leur mère2. Dans le second de ces épisodes,
les deux Létoïdes jouent un rôle analogue : ils exter¬
minent la descendance de Niobé qui a outragé leur
mère dans son orgueil maternel3.
Culte. — Latone avait à Délos un sanctuaire par¬
ticulier, le Létôon, avec la grossière statue archaïque
qui avait rendu le rire à Parméniscos de Métaponte, et
un palmier de bronze consacré par Nicias4. Un autre
Létôon, à Argos., qui contenait une Latone de Praxitèle,
passait pour avoir été fondé par la seule survivante des
Niobides, Méliboia ou Chloris, dont on voyait également
l’image dans le temple 5. On connaît encore d’autres
sanctuaires de Latone : à Décélie en Attique fl, à
Amphigéneia en Triphylie 7, à Lété en Macédoine8.
Le même culte est très répandu dans tout le sud-ouest de
l’Asie Mineure; outre l’aXsoç A^xaiov d’Ortygie près
d’Ephèse9, il y avait encore des temples de Latone à
Calynda et à Physcos en Carie 10, à OEnoanda en
Phrygie à Pergé en Pampbylie 12, à Antiphellos et à
Xanthos en Lycie 13, et la popularité de ce culte dans
ces parages explique que Latone y fût particulièrement
invoquée comme protectrice des tombeaux u. Le temple
de Latone à Phaestos en Crète mérite une mention par¬
ticulière: la déesse y était adorée sous l’épithète de <t»uTtT),
qu'on expliquait par une légende. Latone aurait changé
le sexe de Leukippos, fille de Lampron et de Galateia,
pour répondre aux supplications de la mère, Lampron
ayant déclaré que si l’enfant qui naîtrait de lui n’était
pas de sexe masculin, il le tuerait : de là le surnom de
d* ut t Yj (tjtiç e<pu<7e jj.'/jSea t7) xôpv] 10). Nous connaissons le
culte et les fêtes de plusieurs de ces sanctuaires [latonia].
Mais il s’en faut que ces noms épuisent la liste des
1 Tzetz. in Lycophr. 266; cf. Plut. Pelop. IG. — 2 Hom. Ocl. VII, 324; XI,
576; Pinel. Pyth. IV, 90; Apoll. Rhod. I, 759 sq. et Scliol.; Apollod. I, 21 ; Strab.
IX, 3, 12, p. 422 sq. ; Virg. Aen. VI, 595 sqq. ; Hyg. Fab. LV. — 3 Hom. II. XXIV,
602 sqq.; lies. fr. 61 Rzach ; Sappho, fr. 31; Pind. IV. 64 sq. ; Aescli. et Sopli.
Fragm. trag. gra.ee. 2e éd. Nauck, fr. 155-167, 40J-413 ; Parthen. 33, Ovid.
Metam. VI, 146 sqq. ; Apollod. III, 45-47 ; Hyg. Fab. IX et XI. * Strab. X, 5,
2, p. 485; Aristot. Eth. Nie. I, 8; Ovid. Her. XXI, 105; Athen. XIV, p. 614;
Plut. Nie. 3. Athénée, citant un extrait de Sémos (XI, p. 502 B), attribue aux
Naxiens la consécration du palmier d'airain ; sur cette confusion, voir Homolle,
Archives de Vint, sacrée, p. 10, n. 4. - 8 Paus. II, 21, 10. -8 Décret de la phratrie
des Üémotionotides, Corp .inscr. att. IV, Suppl. II, 841 b, 123-5= Dittenberger, Syll.
2‘ éd. II, 439, 325 ; Ch. Michel, Rec. d’inscr. gr. 96 1, B G5-67 : |> -rç tejjss -cf, ; Ay;toO?.
— 7 Strab. VIII, 3, 25, p. 349; Steph. Byz. v. ’Aiieiytveioc. — 8 Stcpli. Byz. v. Ai;t»|.
— 9 Strab. XIV, 1, 20, p. 639. — 10 Strab. XIV, 2, 2 eU, p. 651 sq. — l* Bull, de
corr. hell. X, p. 234. — 12 Ibid. VII, p. 263, Il sq. — 13 Le Bas-Waddington, Inscr.
d’Asie Alin. n» 1273. Pour le Létôon de Xanthos, voir Appian. Mithrid. c. 27 ; Strab.
XIV, 3, 6, p. 665. Les ruines de ce sanctuaire ont été décrites par Benndorf-Niemann,
Reisen in Lykien, I, p. 118 sqq. (cf. tout le chap. xi). C est le Létôon de Xanthos
(jui fut le premier centre de la confédération lycienne : Fougères, De Byciotuni
commuai, 1898, p. 12. — 14 Corp. inscr. gr. 4259 (Pinara), 4256 (Patara), 4303 h
add. 4303 add. 4303 e 3 add. (Myra); cf. sur cet aspect du caractère de Latone
un vers de Timocréon cité par Plut. Them. 21. — 18 Anton. Liber. XVII (d après
Nicandros). — 18 Corp. inscr. gr. 2283; Bull, de corr. hell. VI, p. 29, 1. 3-4;
cf. p. 142 sqq. ( = Dittenberger, Sylloge, 1" éd. 367); X, p. 462, 1. 26, et p. 465,
108; XIV, p. 500, n. 3. — 17 Bull, de corr. hell. VI, 22, 1. 181 ; 81, n. 1 et 2 ;
localités où Latone était honorée. Elle est associée à ses
enfants en un grand nombre de sanctuaires. A Délos, où
les témoignages épigraphiques sont particulièrement
abondants, on trouve mentionnées dans les inventaires
des hiéropes des offrandes consacrées à Latone elle-
même 10, des sacrifices pour les autels d’Artémis,
d’Apollon et de Latone, auxquels sont associés quelque¬
fois Zeus Soter et Athéna Soteira11 [latonia] ; un très
grand nombre de bases de statues portent des dédicaces
aux trois divinités réunies18. Cette association de la
triade divine se rencontre très fréquemment dans les
contrées les plus diverses : en Attique, au cap Zoster,
où les pêcheurs sacrifiaient sur les autels des trois divi¬
nités 19, à Tanagra et à Cirrha, où elles ont un temple
commun 20 ; toutes trois ont leur statue dans les temples
d’Abae21, de Délion22, du Ptoon 23, dans l’Héraion
d’Olympie 24, dans le double sanctuaire d’Asclépios et de
Latone à Mantinée23, dans le temple d’Artémis Orthia
sur le mont Lyconé en Arcadie 20, à l’agora de Sparte 21,
dans le temple d’Apollon Palatin à Itome 28, sans parler
de plusieurs groupes de Latone portant ses enfants que
nous aurons à signaler plus loin. Au temple d’Apollon
Didyrnéen, chacune d’elles reçoit des offrandes 29. Comme
à Délos, leurs noms sont associés dans des dédicaces à
Erétrie 30, à Tamynae 31, à Koraza32. En plusieurs loca¬
lités, elles reçoivent des sacrifices communs33; toutes
trois enfin sont invoquées ensemble comme garantie des
serments à Delphes 34 et des traités d'alliance entre
certaines villes de Crète 33. L’association particulière
d’Artémis et de Latone est attestée pour Athènes, où
elles ont une prêtresse commune30, et pour Ifali-
carnasse37. 11 faut signaler celle de Latone et d’Apollon
Hélios Lyerménos en Phrygie38.
Dans la région du Cithéron, et particulièrement ù
Platées, le culte de Latone se trouvait associé à celui
d’IIéra. Elles partageaient le même temple, y recevaient
les mêmes honneurs ; et même c’était à Latone, sur¬
nommée Mu^ta ou Nu/tx, que l’on offrait, dans la fête
des daidala, les premiers sacrifices 39. Les légendes
par lesquelles les anciens expliquaient cet usage ont
donné à penser que le culte de Latone, indigène à Pla¬
tées, a plus tard été supplanté par celui d’IIéra, introduit
de l’Eubée 40.
En Asie Mineure, Latone s’est parfois substituée.
XIV, 455, n. 5; 492, n. 5; 495, n. 5; 500, n. 5. — 18 Corp. inscr. gr. 2280, 2282,
2283 add. 2284; Bull, de corr. hell. Il, p. 400 ; III, 151, 156, 160 sq., 364, 367, 373,
381, 470; IV, 217 sq., 222 sq. ; V, 462; VI, 43, 1. 128; 44, 1. 139; VIII, 106, 133,
137, 2; 154, 156; XI, 249, 252, 259 sq., 260, 262, 264, 269 sq. ; XIII, 412; XVI.
150, 157 ; XVIII, 336. — 19 Paus. 1, 31, 1 ; Steph. Byz. s. v. Zuiv/.ç. — 20 Paus. IX,
22, 1 ; X, 37, 8. — 21 Ibid. X, 35 , 4. — 22 Ibid. IX, 20, 1. — 23 Plut. Pelop. 16;
Scliol. in Lycophr. 365. — 24 Paus. V, 17, 3. — 23 Ibid. VIII, 9, 1. — 26 Ibid. IL
24, 5. — 27 Ibid. III, 11, 9. — 28 Prop. II, 31. — 20 Corp. inscr. gr. 2852,
2855, 2858 (= Dittenberger, Syll. 170), 1. 34; cf. 2800, col. II, 1. 7; peut-être un
Av;ti'jov est-il mentionné à la 1. 9. — 30 ’Eçuui. «s/. 1892, 154, 41 et 42; 157, 52,
160, 54 sq. — 31 Ibid. 160; cf. pour Chalcis, XVelcker, Gr. Goetterl. 1, 530.
— 32 Bull, de corr. hell. XII, p. 267. — 33 A Lesbos, sacrifice légendaire d’Achille
pour se purifier du meurtre de Thcrsite, Procl. Chvestom. ap. Kinkel, Epie,
fragm. p. 33 ; oracle de Dodone in Dem. Mid. 52 ; à Delphes, Bull, de corr. hell.
V, p. 164 = Dittenberger, Syll. 233, 1. 54 sqq.; à Rome, aux lectisterncs et dans
les jeux séculaires ; Zosim. II, 5, 2. — 34 Formule de serment dans la loi des
Amphictyons : Corp. inscr. gr. 1688, 1.8 ; Aesch. in Ctes. 108. — 35 Cauer,
Delectus, 2' éd. n»‘ 116, 117, 1. 20 (= Michel, n° 29); 121, 1. 26 (= Corp. inscr-
gr. 2554, 180 sq. 2555,1. 13 ; Michel, n° 23) ; Mus. ital. di ant. class. I, 145 ; HL
692 ; Corp. inscr. att. II, 549. — 36 Corp. inscr. att. III, 3 76. — 37 Bull- de
corr. hell. IV, 398. — 38 Ramsay, The cities and bishopries of Phrygia, I, n° 34;
cf. Hogarth, Journ. of hell. stud. 1887, p. 376 sqq., et Ramsay, Ibid. 1889,
p. 216 sqq. — 39 Plut. ap. Euseb. Praep. ev. III, p. 83 sqq. = Moralia, éd. Dübner,
V, p. 18 ; Paus. IX, 2, 7 ; - 3, 1-4. — « Prellcr-Robert, Gr. Myth. 1, p. 165, n. 4,
et 233.
LAT
985 —
LAT
• si gu’ Artémis, à la Grande Déesse A En Égypte, elle a
-té également assimilée à des divinités indigènes. On
trouve son nom dans des inscriptions gréco-égyptiennes;
le sphinx est son animal familier 2, et Fichneumon lui
est consacré3. Hérodote mentionne une divinité égyp¬
tienne qui avait un temple et un oracle dans la ville de
Bouto,’ appelée quelquefois Lélopolis4; Latone y était
considérée comme la nourrice d’Apollon-Horos et
d’Artémis-Boubastis, qui sont les enfants d’Osiris
(Dionysos) et d’Isis (Déméter). Dans une inscription
nubienne, elle est la mère du dieu polyonyme Mandoulis s.
Monuments figurés. — Dès l’époque archaïque, la sta¬
tuaire avait reproduit l’image de Latone et ses aventures.
Nous avons signalé les anciens simu¬
lacres de Délos et d’Ëphèse ; il faut
ajouter une Latone que cite Pausa-
nias parmi les très anciennes statues
de l’Héraion d’Olympie °. Au dire du
pérïégète, c’était une œuvre de
Praxias, élève de Calamis, que le
fronton de Delphes où figurait Latone
en compagnie des Létoïdes et des
Muses7. C’est également au ve siècle qu’il convient de
rattacher un relief de la collection Baracco, où Latone,
assise sur un rocher, ses enfants auprès d’elle, reçoit la
prière des adorants8, et le relief consacré parle fils de
Baccliios 9. Pour le ive siècle, les tex¬
tes énumèrent un certain nombre de
statues de Latone, soit isolée, soit en
groupe, œuvres des grands maîtres.
A Ephèse, Scopas avait représenté la
déesse appuyée sur un sceptre, et à
ses côtés une Ortygia, nourrice des
Létoïdes, tenant les deux enfants
dans ses bras10. De Praxitèle, on cite
un groupe de Latone et de ses en¬
fants, dans le temple d’Apollon Prostatérios à Mégarc11,
reproduit sur une monnaie de cette ville (fig. 4359) 12; puis
une Latone groupée avec une petite figure de Chloris dans
le Lëtôon d’Argos13, œuvre dont le souvenir s’est éga¬
lement conservé sur des monnaies (fig. 4360) 14 ; enfin un
groupe de Latone, Apollon et Artémis, dans un temple de
Mantinée13 : on sait que les fouilles de M. Fougères ont
découvert trois reliefs qui décoraient la base de cette
dernière œuvre 16. Une Latone de Céphisodote le Jeune se
trouvait, avec l’Apollon de Scopas et l’Artémis de Timo-
1 éos, clans le temple d’Apollon fondé par Auguste au
a afin n. Pline mentionne également une Latone
portant ses deux enfants, œuvre d’Euphranor, au temple
de la Concorde à Rome18. Enfin Polyclète, sans doute le
Jeune, était l’auteur d’un groupe en marbre des trois
divinités, consacré sur le mont Lyconé près de Tégée1'.
Peut-être un relief d’une base en marbre de Sorrente
nous donne-t-il l’idée de l’un de ces groupes d’apparat
exécutés au iv° siècle 20. A l’époque hellénistique ou
gréco-romaine, on retrouve encore plusieurs fois la repré¬
sentation de la triade divine21, en particulier sur une
ciste et un miroir étrusques 22.
Les différents épisodes de la légende ont également
été traduits par les monuments. Nous avons rapporté la
version d’Hygin sur le secours qu’apporte Poséidon à la
détresse de Latone avant ses couches; une mosaïque
trouvée en Algérie, sur l’emplacement de Portus
Magnus (fig. 4358), présente un motif qui concorde d’une
manière frappante avec ce récit : Latone, transportée par
Borée, est accueillie par Ortygie, tandis que Poséidon
tient en respect le serpent Python 23 . Une pyxis en os du
musée du Louvre montre Apollon sortant du sein de sa
mère en présence de l’ile Délos personnifiée 24. Sur un
relief de marbre, le travail de l’enfantement est en train
de s’accomplir : une petite Diane drapée est déjà debout
près de Latone, mais Apollon n’est pas encore né 23 . Un
certain nombre de vases peints représentent Latone,
tenant dans ses bras ses deux enfants, en présence du
serpent Python ou fuyant devant lui26 (fig. 4361). C’est
également le motif de deux statuettes du musée Torlonia
et du Capitole qui s’inspirent peut-être d’un original du
ve siècle27, et d’un monument funéraire du musée Chia-
ramonti 28. Même sujet sur différentes monnaies d’Asie
Mineure29. Un miroir étrusque montre les deux enfants
tuant le monstre30. L’épisode de Tityos a fourni le motif
Fig. 4300. — Latone
cl Chloris.
3 Aeliaii S jJ-’ douin‘ °f hell. stud. 1889, p. 21G sqq. — 2 Corp. inscr. g r. 4/00. -
Lalnno lSl' an‘. X’ 't‘ ' ^nlon'mis Liberalis, XX VIII, 3, parle de la métamorphosée
«w.-cf *0 ™USaraienc- ~ 4 Hcl'- H. 155 sqq. ; Plut. De le. et Os. 38 ; Stvab. XIII, 8(
Y o ' r_uPPc' Or. Culte undMyth. I,p.53isq. — $Corp. inter.gr. 5039.— 6 Pau
pi. xx 'i6~L H X’ 19, f • — 8 CoU • Baracco , pl. l, p. 41. — 9 Overbeck, Atla
An;. 189/ °S,C lei'’ Lcx^c- " ( Beto ', 1975, (ig. 4; cf. un relief de Dresde, Arc.
y aurait eu 'dans lT i'° Stl'ab-,XIV> Gl9- ~ 11 paus. I, 44, 2 : le texte indique qu
d’autre part i J eniple, d une part trois statues indépendantes des divinité
12 Imhoof-lJI 1 bIOU1,c dc la m6me triade, toutes ces œuvres du même Praxitèle. •
P- 7; Ovcrhpr'l'101/^1 (Tdner’ Numism- comm. on Pausanias, pl. A, x, ir, i, u
~ 14 Imlioof-Ri’ ' Kumtm'Jth- I!I> Münztafel V, 3. - 13 Paus. Il, 21,
p. 44, |]g. / J"161’ Ct Gardner> Ibid. pl. K, 36-38 ; Overbeck, Gr. Plast. 4” éd. I
~ 13 Paus. VI,lV’,C<>lll?rT’. HiSt‘ de la sculpt- 9r- Ilj P' 20-’ fiS' 13
p. 543-564; Loch i r> ° ^ oir en dernier lieu Fougères, Mantinée , pl. î-iv
Rrop. ni, 285 , A ’ _ des ét- sr- XI (1899), p. 234 sqq. - n Plin. XXXVI, 2-
Werkdes Eunln - ^ v ** Plin‘ XXXIV> T*- Sur le motif, Reisch, Ein vermeint
— m Paus. l[ oj 7S,!Up’ 18°3, P’ 30 sqcl' > Oollignon, Sculpt. gr. Il, p. 352 s
~ 20Boem. Mitth IV j IaiiS’ Pul»clète> P- -8> a Pe“sé à Polyclète l’Ancie
, p . x a. — 21 Overbeck, Gr. Kunstmyth. 111, p. 259 sqq.
Atlas, pl. xxi, 10 ; Reisch, Gr. Weihgeschenke, p. 26 sq. ; Herrmann, Arch. Ans.
1894, p. 27 ; Fougères, Bull, decorr. hell. XIII, p. 392. — 22 Gerhard, Etr. Spiegel,
I, 15-16, 77. — 23 Bev. de l'Afrique franc. II (1884), pl. v, p. 117 ; V (1887), pl. îv,
p. 395 (Héron de Villefosse) ; Jahrbuch, V (1890), pl. v ct p. 215 sqq. (C. Robert).
On peut comparer le relief d’un sarcophage de la villa Borghèse : Arch. Zeit. 1869,
pl. xvi ; Robert, ffennes, XXII, p. 460 sqq.; cf. Jahrbuch, V, p. 220, n. 6.
Voir la pyxis en os du Louvre, où la femme portée par un Triton représente Orty¬
gie, l’ile de Délos elle-même, et le couvercle de sarcophage de la villa Borghcse
{Mon. Piot, VI, pl. xv, p. 165 et fig. 3). — 24 Monuments Piot, VI, p. 166, pl. xv
(H. Graeven). — 23 Ibid., p. 167, fig. 4. — 26 De Witte et Lcnormant, Élite
ce ram. II, 1 et 1 A ; Muller-Wieseler, II, 13, 144; Berlin, Vas. 2212; Overbeck,
Kunstmyth. III, p. 378, et Atlas, XXI11, 1; Roscher, Lexik. II, 1973, fig. 1.
— 27 Schreibcr, Apollo Pythoktonos, pl. i; Tischbein, Ane. Vas. III, pl. iv;
Overbeck, Gr. Plastik, II, p. 172; Kunstmyth. III, p. 572, et Atlas, XXIII, 18;
Reisch, Op. cit.\ Hclbig, Führer der ôffentl. Samml. I, p. 316; Roscher, Loc. cit.
fig. 2 ; Rcinach, Répcrt. de la statuaire, II, 417, 6 et 7. — 28 Muller-Wieseler, II, 880.
— 29 Schreiber, Ibid. pl. net p. 79 sqq. ; Overbeck, Kunstmyth . III, p. 373 sq. etMünz-
tafel, V, 17-20 ; Roscher, Loc. cit. 1974, fig. 3 ; Catal. of the greek coins Brit. Mus.
/onia, 104, 165, 200. — 30Gerhard, Etr. Sp. IV, 291 A ; cf. Anth. Pal. III, 7.
LAT
— 986 —
LAT
de plusieurs vases peints 1 . Quant à celui de Niobé, nous
nous bornerons à rappeler ici que Latone figure dans
plusieurs représentations, mais sans prendre elle-même
part à l’action 2. Une peinture d’IIerculanum, copie d’un
original attique du iv° siècle, se rapporte à une phase
de la légende antérieure au dénouement tragique ; c’est
une querelle entre Latone et Niobé, encore jeunes filles,
à propos d’une partie d’osselets; une de leurs compagnes,
Phœbé, intervient entre elles comme conciliatrice 3 .
On peut signaler encore la présence de Latone sur un
assez grand nombre de vases peints à figures noires et à
figures rouges, parmi d’autres divinités : elle s’y reconnaît
d’ordinaire à la proximité d’Apollon ou d’Artémis, et ne
porte guère, comme signes distinctifs, que Vhimation
passé sur la tête en guise de voile, et une couronne ou un
diadème garni de fleurons ; parfois aussi elle tient un
rameau ou une coupe 4. Quelquefois elle assiste, der¬
rière Apollon, à la dispute du trépied5, à la lutte au
sujet de la nymphe Marpessa6, au concours entre Apollon
et Marsyas7.. Au grand autel de Zeus, à Pergame, elle
figure parmi les divinités combattantes, armée d’une
torche, qu’elle dirige contre un Géant8.
Interprétation. — Le mythe de Latone est un de ceux
qui se prêtent le mieux à une explication naturaliste.
On a souvent rattaché le nom de A^toj à une racine
Xa9, qui se retrouverait dans les verbes Xvjôw, Xavôctvo»,
lateo : étymologie contestée il est vrai 9, mais que
ses partisans ont défendue contre les critiques10. Latone
serait, dans cette hypothèse, une personnification de
la nuit (littéralement Y obscure, la receleuse ), ou encore
de la terre enveloppée des ténèbres de la nuit. Cette in¬
terprétation, déjà donnée par les anciens11, a été de nos
jours fréquemment reproduite 12. Max Muller remarque
que Léto est la sœur d’ Astérie ou du « ciel étoilé » 13.
Délos, le lieu de naissance d’Apollon, est l’orient « clair » ;
Ortygie, celui d'Artémis, a son équivalent dans le sans¬
crit vartikâ , opTu;, la « caille », et celle-ci est un sym¬
bole du printemps ou de l’aurore14. L’union de Zeus et
de Léto est donc une image de l’union du ciel et de la
nuit, qui donne naissance au dieu de la lumière et de
l’été, Apollon, lequel est à la fois le soleil diurne et le
soleil annuel, les concepts du printemps et du matin
étant constamment parallèles dans la vieille mythologie.
Plusieurs des détails de lalégende ont été interprétés sui¬
vant cette donnée générale : le palmier (cpoïvtÇ) représen¬
terait la rougeur du matin, etc.15.
On a cherché aussi dans un ordre d’idées tout diffé¬
rent le vrai sens du mythe. Latone serait une déesse de
la maternité, de la fécondité heureuse16. Son nom pour¬
rait dériver d’un thème indo-européen, lê , « donner, pro¬
curer »n; mais l’hypothèse invoque surtout quelques
détails significatifs de la légende et du culte. Latone est
avant tout la mère divine, comme Héra est l’épouse par
excellence. On l’invoque, dans un épithàlame, comme
Koupoxpôcpoç 18. Par là s’expliquent ses accointances avec
Ilithyia, et avec Héra, particulièrement dans le culte de
Platées, ainsi que son surnom de $utG|, qui est si
caractéristique19. La déesse qui procure les naissances
heureuses est, par une induction naturelle, la même
qui peut tarir la source de la vie, causer l’avortement
ou anéantir la descendance : de là le mythe cruel de
Niobé. Ce dernier aspect se traduit encore dans le culte
d’Argos, où on lui donne pour compagne XXwptç, la
« pâle », nommée aussi, comme Perséphone, MeXiêota, la
« destructrice »20. F. Durrbach.
LATONIA (Atjtcoix) 1 . — Fêtes en l’honneur de Latone.
On a relevé, à l’article latona, les différentes villes oit la
déesse avait un sanctuaire, soit particulier, soit en com¬
mun avec Apollon et Artémis. Tous ces sanctuaires ont
naturellement leur culte et leurs fêtes. Nous avons des
renseignements sur quelques-unes de ces fêtes.
A Délos, on offrait dans le courant du Lénaion, le pre¬
mier mois de l’année, des sacrifices à Apollon, Artémis,
Latone, Zeus Soter et Athéna Soteira2 ; à la fin du dernier
mois, Posidéon, des sacrifices à Apollon, Artémis et
Latone 3 ; au quatrième, Artémision, étaient célébrées les
Aijxia et les ’Ap-rspuW 4. Des comptes déliens mentionnent
l’achat de pourpre pour l’himation de Latone5; ce détail
prouve que, suivant une habitude fréquente des cultes
grecs, on renouvelait à l’occasion des fêtes les vêtements
et les parures de l'idole sacrée. Aux Létôa, comme aux
autres fêles de Délos, le chœur des Déliades participe à
l’éclat de la cérémonie 6 : il s’agit du chœur des jeunes
filles, habiles aux chants et à la danse, qui sont déjà
célébrées par l’hymne homérique7. Les frais du chœur
sont supportés, suivant les cas, par différents donateurs,
insulaires ou étrangers : c’est en leur nom que les Dé¬
liades consacrent, à Latone comme aux autres dieux, des
1 Élite céram. II, 55-57; Monument i, 1850, pl. x-xi; Gerhard, Trinkscli. und Ge .
C ; -Eo . 4K. 1883, pl. ni; Overbeck, Atlas, XXIII, 2-8. Ce motif se trouvait déjà sur
le trône d’Amyclées, Paus. III, 18, 15, et à Delphes, dans un ex-voto des Cnidiens, Paus.
X, II, 1 ; uu fragment de cette dernière œuvre a etc retrouvé : Homollc, Bull, de
corr. ' hell. XXI, p. 402. — 2 Ant. Denkm. I, 22 = Roscher, Lexik. art. Niobé,
398, fig. 1 ; cf. Lœschcke, Jahrbuch, II, p. 275 sqq. ; fragment de relief inédit de la
villa Albani, Fea-Morcelli-Visconti, 178; cf. Roscher, Lexik., art. Leto , 1979;
Latone assise à côté de scs enfants sur un vase de Naples, Heydemann, 3246 ; Ber.
der saecbs. Gesellsch. 1875, pl. iv = Roscher, art. Niobé, 407, fig. 6. On a vu
encore une Latone ou une Héra dans la déesse assise au haut d'un vase Jatta ; Stark,
Niobe pl. Il, p. 153; Heydemann, Berichte, p. 218.— 3 Helbig, U andgemülde,
170 b ; Roscher, art. Leto, 1979, fig. 5; Robert, 2i'“ Hall. Winckelmanns progr.
1897, pl. I. L'étude de Robert, à qui est duc la véritable interprétation, dispense
de citer la bibliographie antérieure ; cf. Léchât, Rev. des ét. gr. XI, p. 233 et s.
Ce motif était peut-être le sujet d’une pièce de Sappho, dont il reste un vers, fr. 31 ;
cf. encore un relief de style attique conservé au musée des Thermes : Savignom,
Bull. dell. comm. di Borna, XXV (1897), pl. v = Roscher, art. Niobe, 402, fig. 3
_ 4 Élite céram. II, 23 B, 24, 20 sq. 33 sq. 3G, 30 A, 44; Gerhard, Auser ..
Yasenb. I, 20, 21, 25, 20, 28; Monumenti, IX, 17. Au sujet du voile, cf. 1 épithète
de Bacchylide, X (XI), Blass, 98 : çoivixoxfaSéjivoto Aa-toü;. — B Overbeck , Ci .
Kimstmyth. III, 394 sqq. n°* 17-30. — 6 Id. Ibid., Atlas, XXVI, 6. — Ibid.
XXIV, 20 et 25 ; XXV, 5. — 8 Mayer, Gig. und Tit. p. 372 ; Puchstein, Sxtzungsber.
d. Berl. Ak. 1888, p. 1232, et Tafel zw. S. 1242; Collignon, Sculpt. gr. Il, 5-0.
Cet attribut, que ne prête jamais à la déesse l'art archaïque, autorise peut-êlie à
reconnaître une Latone dans une déesse voilée et armée de deux torches, qu ou
voit auprès d’Artémis sur un relief du Vatican [Gigantes, fig. 3502]: Millier- Wicsclcr,
H, 848. Latone assiste une fois à la naissance d'Athéna, Monumenti, VI, 5i>, 11 ■
elle fi "lire dans la procession des dieux du vase de Sophilos, Athen. Mitth. XD'i
pl. i, etc. — » Curtius, Gr. Etym. 5« éd. 120. — 10 Enmann, ap. Roscher s, Lexik
II, 1970, qui combat cette interprétation, admet cependant que l’étymologie tradi¬
tionnelle ne souffre pas de difficultés péremptoires; cf. Fay, Americ. Journ. »[
philol. XVI, p. 4 ; Max Millier, Nom. études de mythol. trad. Job, 1898, p
et en général sur l’application des lois phonétiques aux noms propres, Ibid ■ p. -1"'
317. Vraisemblablement, d'ailleurs, Ar.i» est un diminutif. — H Plut. De Daeda .
plat. 3-4; Etym. Magn. 564, 16. Autres étymologies dans Plat. Crat. p. 406 A, <■
Aristot. ap. Tzetz. ad Od. I, 9. — 12 Wclcker, Gr. Goetterl. I, 513; Prellcr, Gr.
Mylh. (3« éd.), I, p. 190 ; Max Miiller, Op. cit. p. 100, 378, 490 ; Decharme, Myt"° '
de la Grèce, p. 97.-13 Op. cit. p. 496. - U Ibid. p. 424. - is Decharme, /■<*•
cit. — 16 Enmann, l. I. 1967 sq. ; Wernicke, art. Artémis in Pauly-Wissowa. l .
1359, s'est rallié à cette interprétation. — 17 Fick, Wôrterbucli, 4” éd. I, 120. 53"
_ 18 Thcocr. XVIII, 50 : Aa tù |Uv 8ot»i Aat!» xouçotjo<çoî tiiTtxvîocv ; cf. hlsonei ,
Goetternamen, p. 124 sqq. - « Wernicke, Ibid., voit aussi dans l’épithète «
M.J/îa (de ,iuxo;, caverne, retraite) une allusion à la protection exercée Par 1,1
sur la grossesse. — 20 Enmann, p. 1970, explique Me>.{8oux par («ktoî, vain, irrillis<
et la racine foi qui se retrouve dans ph>s, la « vie ».
LATONIA. l La forme se trouve à Délos : Bull, de corr. be ■
p, 397, L 9 ; comptes de 279, 1, 1. 93. — 2 Ibid. VI, p. 81, n. I ; XIV, P- 49-, "
- 3 Ibid. XIV, p. 495, n. 5. — 4 Ibid. p. 493, n. 8. — 5 Ibid. p. 455, n. •
p. 500, n. 5 ; cf. sur l’organisation des fêtes do Délos en général, Ibid. p. 4J»
— 0 Ibid. p. 500 sqq, — 7 Hymn. hom. I, 157.
LAT
— 987 —
LAT
offrandes, couronnes, phiales, etc., qui portent le nom
gêüneal inscription d’Hiérapolis mentionne des At|t<6«*
11 L^Létôon de Xanthos fut, par ses fêtes, un des pre¬
miers centres d’attraction pour la Lycie tout entière et
probablement l’origine de la confédération lycienne \
La fête fédérale annuelle était célébrée alternativement
dans plusieurs des villes du Koivôv ; nous voyons qu’elle
l’était, en particulier, au Létôon de Xanthos . les piy-
tanes ' des villes voisines participaient aux cérémonies
sacrées s. Plus tard on y célébra le culte des empereurs
en même temps que celui des dieux nationaux6.
A Phaestos, en Crète, on a vu que Latone est adorée
sous l’épithète de a» uti't), qu’on expliquait par la légende
de la métamorphose de Leukippos en jeune homme
[latona]. On y célébrait, en l’honneur de la déesse, la
fête des ’Exoûata, qui commémorait le miracle, parce
que la vierge avait dépouillé (i?é Su) ses habits de jeune
fille 7. F. Dürrbach.
LATRINA. — Chez les Grecs, "AcpoSoç 1 , açooo; àvocyxatoç2 ,
àvayxaïa3, ànoTta xo;4, ïirvciç 5, Xasocva ou Xaaavov 11 . Le dernier
mot, outre le sens de latrines, avait aussi celui de chaise
percée7; toutefois, dit Pollux, ce meuble était plus conve¬
nablement désigné par le mot otcppoç et par son diminutif
StçpGxoç8. La chaise percée était mobile, Tiôsfxsvoç, avai-
poégevoç9, ou fixe, crrepeôç10, àxt'vTrproç11. Quant au mot
xoTtpwv, auquel on a quelquefois attribué le sens de latri¬
nes i2, les textes allégués13 n’établissent pas qu’il ait
désigné autre chose qu’un dépôt d’immondices u.
Il est donc établi que les Grecs avaient des latrines et
des chaises percées; un des textes précités se rapporte
évidemment à une latrine publique13, un autre, plus
probablement à une latrine privée 16 ; il semble que, près
des temples fréquentés, il y en avait 17. Mais les maisons
particulières en étaient-elles généralement pourvues ?
Quelle en était l’organisation? Autant de questions ou con¬
troversées ou encore insolubles18.
Le mot latin latrina a comme synonymes : forica 19,
secessus20, sel/a21, necessarium 22. Quant au mot latrina
lui-même, c’est une contraction du mot lavatrina, qui, à
une époque ancienne, désignait le bain que, plus tard, on
appela balneum23. La lavatrina , dont le nom dérive, on
n en peut douter, du mot /avare, était généralement dans
la cuisine ou àcôté. C’était une installation simple et primi¬
tive ; plus d’une fois, l’eau du bain arrivait boueuse et jaunie
par 1 orage récent2'*; mais aussi c’était économique; le
même foyer chauffait le bain et cuisait le repas. Un réci¬
pient posé sur le fourneau contenait, tant que celui-ci
était allumé, de l’eau toujours chaude, prête à être versée
dans la baignoire25. En même temps, l’eau du bain
s’écoulait par les mêmes conduits que les eaux ménagères.
Quand l’usage des latrines privées s’établit, la même
raison les fit placer dans la cuisine ou à côté, parce que
la canalisationyétaittouteprête. Et c’esttoutcetensemble
qui s’appela d’abord lavatrina , puis latrina ; c’était
l’endroit par où s’écoulaient toutes les eaux, toutes les
immondices qu’une maison habitée livre quotidiennement
à la fosse et à l’égout. Lorsque, au commencement du
me siècle av. J.-C., à l’exemple des Grecs, les Romains
établirent des bains publics, offrant, à bon marché,
le luxe et le confort, le bain privé disparut des intérieurs
modestes, les familles riches construisirent dans leurs
maisons des bains avec hypocaustes, et la latrine seule
resta à la cuisine, conservant le nom emprunté au bain.
Il y eut donc trois périodes : le mot lavatrina , latrina ,
désigna d’abord le bain26 ; puis le bain et la latrine-1,
enfin la latrine seule28. Le mot latrina ne fut donc pas
créé pour la chose qu’il désigna plus tard, mais il y fut
appliqué par extension, et c’est à tort que certains auteurs
et lexicographes le font dériver de latere , parce que la
latrine est un endroit où l’on se cache29.
Les latrines publiques durent être én usage de bonne
heure à Rome. Un texte remontant au ne siècle av. J.-C.
y mentionne des urinoirs30, et, d’un autre endroit du
même passage, on peut conclure qu il y avait, au forum
ou au comitium, non loin du tribunal, un de ces établis¬
sements31. Au i^ siècle av. J.-C., Rome s’enrichit d’une
nouvelle latrine publique, quand, par décret du sénat, on
donna, afin de la déshonorer, cette affectation honteuse
à la salle de la curie de Pompée où César avait été frappé 32.
Sous Tibère, ce fut un crime de lèse-majesté, puni de la
peine capitale, d’aller dans une latrine publique avec une
bague dont la pierre gravée représentait l’empereur
ou avec des monnaies à son effigie33. Sous Néron, Lucain,
jeune encore, lança dans une latrine publique une gros¬
sière insulte à l’adresse de l’empereur, mettant en fuite,
par la crainte d’être compromis dans une accusation de
lèse-majesté, tous les Romains qui s’y trouvaient35. Et,
de ce fait que l’historien appelle les fugitifs sessores, on
peut conclure que ces latrines avaient, non pas seulement
des dalles percées, mais des sièges. Il est permis aussi
de leur supposer d’assez vastes dimensions, car Néron y
fit jeter les statues de tous les athlètes vainqueurs dont
‘ Bu«. decorr. hell. X, p. 402, 1. 20 ; p. 405, l. 108 ; XIV, p. 500, n. 3, et p. 502.
d f N’0^ ™SCr' yraec’ 3910; cf. Eckhel, Doctr, num. vet. IV, p. 452. — 3 Benn-
or iemann, Reisen, I, p. 53; Fougères, De Lyc. comm. p. 12. — 4Benndorf-
emann, I, p. 122, n» 92 ; p. 123, n” 90. — B Fougères, Ibid. p. 12. — 0 Fou-
® 71 ' 108 ’ cP- P- HA- — 7 Anton. Liberalis, XVII.
Ec l 1 H‘PPocr. De affect. Kiihn, t. II, p. 403 (Foës, 523, 18) ; Aristoph.
I 23CS" aC' AHien. X, 444 b ; Dio. XL VII, 19 ; cf. Lucian. Hist. ver.
LXXXVtït oian. Hipp. VIII, et Schol. ad. I. «ooSoç ô âxon«T ôç. — 3 Epict. Sent.
nf..„ . ’ P' 134 : cf- Diod- IV, 33, XfE;a Cic. De nat. deor. Il, 50 :
Galen "nT~ 4 Aristoph. Acharn. 81 ; cf. Plut. 1184; Ecc. 351, 354 : ànoicatelv ;
Plut Ris Tu UI’ 3’ éd‘ Külm’ !• XVI> P- 300 ; Poil. X, 44 (9). — B Aristoph.
(Foës 9fii es?c^‘ s‘ ^ — 1 Hippocr. De superf. Kuhn, 1. 1, p. 4G3
__ 8 Pou 1 _91>ist°Ph* Proa9- îr. VIII (80) et Phcrec. ap. Poil. X, 44, 45 (9).
- 11 Poil l l 9 Arist0|,h- et Phorec. ap. Poil. I. I. — i0 Artemid. Oneir. II, 20.
n 3 _ 12 Cf’ u A" WillCkler’ Die Wohnhàuser d. Hellen. Berl. 1808, p. 187,
Demos th ArisioauT^' Privatalt- 19' “■ »• - 13 Aristoph. Thesmop. 485;
rep XLI ■ ri a, ’ W ld' ap' Po11- V’ 91 (u): At,ien- x- 417 plut. Sloic.
«*: ”• «• >■ >. *“• «■ Migne. — 14 Cf. A.
— 17 Id. Ibid Tlxi Anllpl1' ap- AUien- x, 444 4. — 16 Aristoph. Plut. 815.
18 HI. Hermann et Winckler, l. I. ■ — 19 Juv. III, 38, et
Schol. ad v. Beaucoup de commentateurs traduisent le mot forica dans ce vers par
boutique ; mais, quel que soit le sens que l'on adopte, le fait que le scoliaste,
quand même il interpréterait mal Juvénal, explique forica par latrine, prouve que
le mot avait aussi cette acception. — 20 Vêtus colloq. gr.-lat. publié à la fin des
glossaires : àroîtaxo; y est traduit par secessus ou réciproquement (cf. Forcellini-de
Vit, s. v. secessus, 8). — 21 Mart. XI, 98, 12, et Varr. R. rust. I, 13, 4 ; Scrib. Larg.
Comp. med. CXCX. Quelques auteurs, trompés par la consonance du mot caca-
bulus, ont voulu lui donner le sens de latrine ; mais aucun texte n'autorise cette
interprétation (cf. Forcellini-de Vit, s. v.). Quant au mot sterquilinium, il corres¬
pond exactement à xonj.lv. — 22 Cic. Nat. Deor. II, 56. — 23 Varr. Ling. lat. IX,
68; Lucil. ap. Non. III, 131. — 24 Senec. Epist. LXXXVI, 10. — 25 Varr. Ling.
I. V, 118 ; Vitruv. VI, 6, 2. — 26 Varr. ; Non. I. L; Gloss. Philox. Latrina, AOUTÇtü V.
_ 27 piaut. Curcul. IV, 4. 24. .. Ancillam quae latrinam meam lavat ». Les com¬
mentateurs traduisent latrinam , les uns bain, les autres latrine ; il est probable que
le mot désigne ici tout l'ensemble. — 28 Voir les lexiques, s. v. — 29 Cf. Forcellini-de
Vit, s. u. ; Mazocchi, Tabul. Heracl. p. 229, n. 35, qui admettent la dérivation de
latere. — 30 C. Titius, ap. Macrob. Sat. II, 12. — 31 Ibid. L'expression employée :
judex il minet um, ne suppose pas une latrine complète ; mais il y eu avait, selon
toute probabilité. —32 Dio, XLVII, 19. — 33 Suct. Tib. LVIII. — 34 Suet. La¬
can.
LAT
LAT
988 —
la gloire lui portait ombrage *. C’est dans une latrine où
il s’était réfugié qu’Elagabale fut mis à mort2.
Ces modestes établissements ne sontmentionnës parles
historiens que dans des occasions exceptionnelles, quand
ils ont été mêlés par hasard à des événements importants.
Aussi le petit nombre de textes que nous venons de citer
suffit pour établir que, dès le temps de la République,
l'usage des latrines publiques était général à Rome et
entié dans les mœurs. Cependant, on n’en a guère trouvé
dans les fouilles et travaux de Rome. Il faut probablement
attribuer aune latrine publique, ou tout au moins dépen¬
dant du camp des Prétoriens, les restes mis au jour rue
Magenta, en 1872 3. Probablement aussi les sella e
Patroclianae mentionnées par Martial 4 étaient une
latrine publique, située dans les environs du temple de
Jupiter Capitolin. Quoi qu’il en soit, plus tard, les légion¬
naires indiquent à Rome 144 ou 154 latrines publiques6.
Les documents sont plus rares encore sur les latrines
privées de
Rome. On a
trouvé l’em-
placemen t
de celles de
la maison
dorée de Né¬
ron s. Des
fouilles ont
ramené au
jour, dans
un état de
con serva-
lion com¬
plète, en
1775, celles
du palais
d’Auguste
au Palatin.
Elles ont
malheureu -
sement été
recouvertes
depuis, mais
l’abbé G. A.
G u a 1 1 a n i
nous en a
laissé une
description
et un des¬
sin 7 (fig. 4362). La latrine était établie daus une pièce en
hémicycle, dont le mur était divisé en trois niches ; dans
chacune de ces niches était un siège en marbre, accosté
de deux consoles, en marbre aussi, d’un bon travail, for¬
mant à la fois séparation et appui pour les mains; la
1 Suet. Nero, XXIV. — 2 Lamprid. Elag. XVII, il est probable qu’il s'agit ici non
d’un établissement public, niais d'une latrine privée du palais des Césars.
— 3 Lanciani , Bull. com. t. I, 1872-1873 , p. 243. — 4 Mart. XII, 77, 9.
— 3 I légion . Urb. breviar. p. 26, éd. Urlicli ; cf. Preller, Die Région, p. 30, 31,
234; 0. Gilbert, Gesch. u. Top. d. Stadt Bom, III, p. 292, n. 1. — G Bull,
com. I. I. — 7 Borna descritta ed illustrala, t. I, p . 51 , n . 1 1 , pl. xm. Il y a
lieu de remarquer que dans Guatlani (2e édit. 1805), par suite d’une erreur, la
description de la planche xm est dqnnée dans le texte, p. 51, sous le nuni. 11. Le
dessin a été reproduit et la description traduite par H. Deglane, Gaz. arch. 1888,
p. 146, 147. — 8 Doinitien fit de grands travaux de constructions et aussi de restau¬
rations sur le Palatin; cette latrine est à l'extrémité de la maison d’Auguste qui
touche au palais élevé par Domitien ; sous la maison de Livie, on a trouvé aussi des
tuyaux au nom de cet empereur; il est possible qu’il faille lui attribuer une restau-
tablette percée et les conduits étaient également en
marbre ; en avant, dans le sol, une vasque peu pro.
fonde (1) recevait, par un conduit, de l’eau qui se renou¬
velait sans cesse; en arrière, un gros tuyau, au nom d’un
procurateur de Domitien 8, et plusieurs tuyaux plUs
petits, embranchés sur le gros, envoyaient l’eau aux
conduits de descente pour les maintenir propres et faci¬
liter l'écoulement. Dans la partie supérieure du mur
trois autres niches correspondaient, à titre de simple
ornementation, aux niches inférieures; la voûte était en
forme de dôme 9. Il existait aussi, à la villa Hadriana, une
latrine dont les places, au nombre de sept ou huit, étaient
disposées le long d’un mur semi-circulaire; les tubes en
terre cuite descendaient, dans l’épaisseur du mur, vers la
fosse ou l’égout10. Tout leur revêtement extérieur a dis¬
paru11. Les substructions indiquent qu’il y avait des sièges.
Il est probable que les latrines publiques de Rome
étaient placées sur les égouts ou communiquaient avec
eux; mais on n’en a trouvé aucun indice. Quant aux
latrines privées, il est certain qu’elles ne communiquaient
pas avec les égouts; une canalisation si considérable,
qui aurait intéressé tout le sous-sol de la ville habitée,
aurait laissé des traces. Or il n’en existe pas 12. Les
fosses (pozzi neri) devaient être nombreuses, quoiqu'on
en ait trouvé très peu : une voûtée et sans ouverture,* près
de la caserne des Prétoriens13 ; une autre dans les flancs
de la colline de Saint-Pierre aux Liens, du côté de la rue
Cavour; cette dernière, creusée dans l’argile à une pro¬
fondeur de 1 m. 64, est large de 2 m. 88 sur 2 m. 40; sa
voûte, qui repose sur quatre piliers, avait une ouverture
par où se faisait le curage14; elle n’est pas étanche.
Il y avait aussi, dans les rues de Rome, des urinoirs
qui étaient disposés dans les ruelles étroites et peu fré¬
quentées [in angiportu) ; il en était au moins ainsi ctu
ne siècle av. J.-C. 1R. C’étaient des amphores13, des dolial\
des vases quelconques en terre, testa 18, que l’on coupait
quand il y avait lieu, afin de les ramener à une hauteur
pratique et auxquels, pour cette raison, on ajoute souvent
l’épithète curtus1 9. Les foulons, au métier desquels
l’urine était nécessaire, et sans doute aussi les tanneurs
qui en faisaient également usage [fullonica, coriarius],
étaient autorisés à mettre dans les rues des récipients
qu’ils vidaient quand les passants les avaient remplis20.
C’est sans doute ce privilège que les foulons achetaient
en payant le célèbre impôt sur les urines, établi par Ves-
pasien21.
Dans l’intérieur des maisons, les Romains possédaient
aussi des chaises percées, fixes ou mobiles22 : elles étaient
appelées lasanum, le scoliaste d’Horace le dit sans réti¬
cence23, et, quoiqu’il se trompe dans l’interprétation du
passage qu’il commente [lasanum], le mot avait certaine¬
ment, dans d’autres textes, le sens qu’il lui donne ; on les
nommait aussi sella pertusa 24 ; le contexte en eflet
ration de cette latrine. — 9 Cf. Guatlani, l. I. — 10 Nibby, Descriz. délia i
Adriana , 1827, p. 32. — n Héliogravure dans Lanciani, The ruins and excave
lions of ancient Borne, 1897, p. 32. — 12 Cf. Lanciani, Ibid. p. 81. — 13
com. 1872, p. 244. — 14 Bull. com. 1892, p. 286. — 15 Macrob. Sat. IL i'1
— 16 Id. Ibid. — U Lucret. IV, 1023. — 18 Mart. XII, 48, 8 : Junctaque testa
viae. — 19 Lucret. I. I. : dolia curta ; Propcrt. IV, 5, 73 : curto vêtus amph»"1
colla. — 20 Mart. VI, 93, i. — 21 Suet. Vesp. XXIII. C’est l’opinion adoptée |'u
Casaubon, ad l. éd. de 1G72, p. 693. Les foulons jouissaient d’aillein"-
relativement à la voie publique, d’autres privilèges qu’il était juste
leur faire payer ; cf. Frontin, De aq. XCIV; Dig. XLIII, 10
X, 44, 45 (9). — 23 Acro ad Ilor. Sat. I, 6, 109-111 : «
in quo exoneratur venter » ; Petron. Sat. XLI, XL VIL — 24 Cato, B
11.
de
_1 22 Poil-
Lasanum,
vas
CL VIL
LAT
— 989 —
LAT
semble bien indiquer qu’il s’agit ici d'une chaise mobile.
Quant au x sellae familiaricae de Varron, auxquelles on
a donné le même sens, je crois que c’est simplement une
latrine pour les esclaves et les serviteurs d’une ferme
(familia), à laquelle le tas de fumier (sterquilinium) 1
tient lieu de fosse ; le contexte ne me paraît laisser sub¬
sister aucun doute. Les cellac familiaricae de Vitruve 2,
qu’on a aussi interprétées latrines ou garde-robes, sans
doute par rapprochement avec les sellae familiaricae
de Varron, semblent être des pièces pour le service.
Nous trouverons en province, à Pompéi et dans les villes
d’Afrique, les renseignements que Rome nous a refusés.
Pompéi avait des latrines publiques assez nombreuses :
au Forum 3, aux
3
5
thermes du Fo¬
rum ou petits
thermes
grands
Fig. 43G3. — Plan des latrines publique à sPompéi.
-, aux
thermes,
dits ne Stabie 5,
aux thermes cen¬
traux aussi appe¬
lés nouveaux 6,
au théâtre7, aux
portiques d’Eu-
machia 8 et dans
divers endroits de
la ville9. Ces la¬
trines publiques
sont générale¬
ment établies d’a¬
près le système du tout àl’égout. Celles du Forum, quoique
toute la partie extérieure, sauf les murs, ait disparu,
nous permettront d’é¬
tudier le fonctionne¬
ment, à l’aide du plan
ci-joint (fig. 4363) 10 ,
car le sous-sol est in¬
tact. Un vestibule A,
dontles portes d’entrée
et de sortie 1 et 2 sont
contrariées, afin que,
du dehors, on ne puisse
pas voir l’intérieur de
la latrine, donne entrée
dans la salle princi¬
pale B. Sur trois côtés
de cette salle, le long
du mur, courait un
canal C, aujourd’hui à
découvert, sur lequel
étaient posés les sièges
dont on voit encore, de
distance en distance, les supports en pierre 3. Les sièges
te^en. °nc susPendus sur le canal où tombaient direc-
na'^r esma^res qu’une eau, toujours courante, entraî-
uectement à un égout passant derrière la latrine.
dans rW î , f ' 3” m^me disposition se trouve encore quelquefois en France,
p. 251 9jj. ln*s rusl>ques. 2 Vitruv. VI, 10. — 3 Fiorelli, Descr. di Pompéi, 1875,
_ 4 0 vert i v.n’ PoniPe*a’ 18"0,p. 130; J. Overbeck-Mau, Porhpeji , 1884, p. 72.
Ovcrbeck-Mau 5 Mic,laelis> ArcA- ZeiL XV11’ 1859> P- 26>P>- cxxlvi
Fiorelli, GH '?/ ~ R P' 234‘ “ 7 Id- P- >02- - 8 H- P- ‘33- ~ 9 Cf.
et Descr. na ■ ' “ 1 PomPet,dél 1861 al 1872, p. 9, n. 41 ; 35, n. 27-28 ; 37, n° 47,
Tin igad, 1897 ^ 10 ^ après Breton, l. I. — il D'après A. Battu, Les ruines de
’ I1' 13’ *'&• 6> et ld. Guide de Timgad, 1897, p. 1 13. Voir aussi une
La latrine publique du forum de Timgad, en Afrique,
établie d’après le même système que celle de Pompéi, est
assez bien conservée pour que nous puissions en recons¬
tituer l’appareil extérieur ; nous aurons ainsi la descrip¬
tion complète d’une latrine publique romaine. Dans le
dessin de l’état actuelquenous reproduisons (fig. 4364) 11 ,
on voit, à gauche, une partie de l’ouverture ménagée au-
dessus du canal qui longe le mur, et, en avant, sur le
dallage, lp trace des sièges qui, comme à Pompéi, étaient
suspendus sur le vide au-dessus de ce canal. Entre chaque
siège, large de 60 centimètres, une dalle debout haute de
80 centimètres, dont la partie supérieure était arrondie
et sculptée en dauphin, formait séparation et donnait au
bras un point d’appui; des caniveaux, creusés peu pro¬
fondément et inclinés vers l’égout, facilitaient, de distance
en distance, l’écoulement des liquides12. Au centre d’un
des murs, une fontaine, encore accostée de ses séparations
sculptées en dauphin, recevait l’eau par le fond et en
déversait sans cesse le trop-plein dans une rigole figurée
sur notre dessin, qui faisait tout le tour de la salle et se
vidait dans le canal. Le dallage, la présence de la fon¬
taine, l’eau qui circulait sans cesse dans la rigole, l'en¬
trainement perpétuel des matières à l’égout rendaient
certainement ces latrines propres, faciles à maintenir en
bon état à l’aide de lavages à grande eau et probablement
presque inodores. La salle, longue de 8 m. 53 sur 6 m. 20,
contenait environ 25 places; elle était, comme nous
l’avons déjà remarqué à Pompéi, précédée d’un vestibule13.
Les latrines des thermes de Timgad étaient aussi établies
sur un canal courant le long d’un mur; mais ce mur,
auquel étaient adossés 28 sièges limités par des séparations,
était en demi-cercle, de telle sorte que la pièce formait
un hémicycle de 14 mè¬
tres de diamètre. Au¬
tant de caniveaux qu’il
y avait de places facili¬
taient l’écoulement des
liquides vers la fosse;
une rigole, comme aux
latrines du forum, cou¬
rait devant les sièges,
alimentée d’abord par
une fontaine centrale,
qui, plus tard, fut sup¬
primée et remplacée
par un robinet placé
au-dessus de la rigole
à chaque extrémité du
demi-cercle. Les sièges
en pierre, artistement
moulurés, étaientépais
de 17 centimètres et
profonds de 51 ; les lunettes avaient un diamètre de 21 cen¬
timètres11. Dans des latrines entièrement en marbre,
attenant au marché de Pouzzoles, les trous des lunettes
ne sont pas parfaitement circulaires, mais ont, en avant,
vue prise d'un autre côté, ld. Les ruines, pl. xi , p. 111, et le dessin, différent
encore, de E. Boeswilhvald et R. Cagnat, Timgad, une cité africaine, 1892, p. 14,
fig. 7. — 12 Pour comprendre Futilité de ces caniveaux, il faut sans doute se rendre
compte que les sièges, qui aujourd'hui n existent plus, couvraient à la fois l'espace
vide au-dessus de l’égout et l'extrémité des dalles en bordure où étaient ménagés
les caniveaux ; ceux-ci pouvaient en même temps servir à l'expulsion des eaux de
lavage. — ,3 Cf. A. Ballu, Les ruines, p. 112 et s.; Boeswilhvald et Cagnat, O. I.
p. 13 et s. — U A. Ballu, Les ruines, p. 187, pl. xxv ; Guide, p. 48.
125
LAT
— 990 —
LAT
une légère échancrure, ce qui leur donne, à la partie
antérieure, une forme un peu ovale1. Le sol de lalatrine
des thermes de Timgad est couvert d’une belle mosaïque
représentant des animaux entourés de rinceaux variés.
Les latrines publiques de Lambèse sont organisées
d après le même système et également semi-circulaires,
avec canal et courant d’eau poussant tout à l’égout. Mais,
au lieu de sièges, elles ont de simples dalles percées, et,
en avant du trou, une dépression en forme de cuiller pour
l’écoulement des urines 2.
Si nous rapprochons les latrines de Lambèse et des
thermes de Timgad de celles du palais d'Auguste et de la
■\illa d Hadrien, nous constaterons que, pour les latrines
a sièges multiples, la forme en hémicycle n’était pas
moins usitée que la forme rectangulaire. Nous remar¬
querons aussi que le système très hygiénique et très pra¬
tique adopté par les Romains était d’un usage général,
puisque nous le retrouvons en Italie et dans les villes
d Afrique. Les villes de province de l’empire romain étaient,
a ce point de vue, plus favorisées que nos capitales qui
hésitent encore devant « l’innovation » du tout à l’égout.
C est a Pompéi qu il nous faut revenir pour étudier les
latrines privées. Celle dont nous donnons ici le dessin
(fig. 4305) se trouve dans une maison située derrière le
monument d’Eumachia3. Deux socles en maçonnerie,
surélevés, marquent la place des pieds (1), un peu au-
dessous de l’amorce qui supportait à droite (2) le siège
aujourd’hui disparu ; une forte pente (3) s’incline vers un
conduit ménagé, au fond de la latrine, dans l’épaisseur
du mur (5) et en communication avec l’égout; un tuyau (4)
descend de l’étage supérieur, soit pour apporter de l’eau,
soit plutôt, à cause de salargeur, comme tuyau de décharge
des eaux ménagères ou d’une latrine située au-dessus de
la première.
1 Cochin et Bellicard, Obscrv. sur les antig. d' Herculanum, 2e éd. 1755, pl. xxx,
p. 83, et 1757, p. 66. Voir le dessin, sans doute restauré, de Jorio, dans Cagnat,
Timgad, p. 212. — 2 A. Poulie. Hecueil de la Soc. de Constantine, 3e sér., I. Il
(XXXIII), 1883-1884, p. 194; II. Cagnat, Lambèse, 1893, p. 49, s. — 3 Reg.VII,
ius. 9, via 4, n° 63. — 4 Fiorelli, Gl i scav. d. 1801 a. <872, p. 24, n01 2-3 ; 57, 18.
Je cite cet ouvrage de préférence à la Descrizione du même auteur : les plan¬
ches, à grande échelle, permettent de Suivre la description pièce par pièce. Je
ne citerai qu’un très petit nombre d’exemples par variété. — 5 Ibid. p. 33, 20 ;
55, 7; 56, 10. — 6 P. 49, 11, — 7 P. 55, 4; 63, 22. — 8 Fiorelli, Descr. p. 374.
— 9 Id. Gli scav. p. 27, 9-11; 58, 24. — 10 P. 4, 9 ; 40, 8; 47, 4-5; 57, 16.
Une chose qu’il faut admettre tout d’abord, c’est que
sauf exceptions, chaque maison, à Pompéi, avait sa
latrine. L’usage de placer la latrine dans la cuisine, ou à
côté, subsiste encore, mais il est loin d’être la règle géné¬
rale. La latrine de la cuisine est dissimulée dans un ren¬
foncement4, isolée par une cloison 8 ou par un petit
mur 6 quelquefois semi-circulaire et simplement à hau¬
teur d’appui, souvent aussi sans aucune séparation ’•
mais il est probable qu’il y avait alors une barrière en
bois que le temps aura détruite, un paravent, ou quelque
autre clôture mobile. On a vu des cuisines en possession
de deux latrines 8. Installée dans une pièce voisine de la
cuisine, la latrine avait encore une canalisation commune,
à travers le mur mitoyen9; mais souvent on lui réservait
une pièce isolée et écartée au fond de la maison 10, ou
bien ouvrant au contraire sur le vestibule 11 ; très souvent
encore on utilisait l’espace libre sous l’escalier12. Il exis¬
tait aussi, au premier étage, des latrines se déversant,
par un conduit, dans celles du rez-de-chaussée 13 ou pour¬
vues de leur canalisation spéciale14. Certaines maisons
en ont deux isolées13; il existe encore des latrines à deux
places16, avec un urinoir à côté du siège11. Quelquefois
le siège était remplacé par un socle bas percé d’un trou
avec, en avant, la place des pieds marquée 18 ; l’inclinaison
du sol ramenait l’urine dans le tuyau de décharge, grâce
à un trou ménagé sous le socle19. Le soir, une niche
recevait la lampe20. Les sièges conservés21, assez nom¬
breux, sont en maçonnerie; ceux qui étaient en bois ont
péri. L’installation des latrines de Pompéi était inégale,
comme les maisons elles-mêmes, et comme les fortunes;
elles étaient riches ou mesquines, petites ou spacieuses,
obscures et sans air ou largement éclairées avec une
fenêtre sur la rue ou le jardin. La plus luxueuse latrine
est celle de la maison des Dioscures : la salle est vaste et
éclairée, le siège double, les murs peints avec élégance22.
Les systèmes de latrines étaient variés. Le tout à
l’égout, général pour la plupart des latrines publiques,
était beaucoup plus rare pour les latrines prixrées;
on en rencontre cependant des exemples, probablement
dans les maisons qui se trouvent sur le passage des
égouts23. Si Ton étudiait sérieusement le sous-sol et la
canalisation de Pompéi, ce qui n’a pas encore été fait,
on trouverait peut-être que le tout à l’égout était moins
exceptionnel qu’on le pense. D’autres latrines avaient des
fosses24; les latrines de deux maisons voisines, adossées
au mur mitoyen, profitaient de la même fosse28. Dans le
quartier qui avoisine la porte de Stabie, une latrine très
simple est appliquée contre un mur percé d’une ouverture
au niveau du sol, de telle sorte que, de l’extérieur qui
m’a paru être un petit jardin, on pouvait, avec une pelle,
faire le nettoyage26. Enfin, certaines latrines n’ont ni
égout, ni fosse, ni ouverture d’aucune sorte vers l’exté¬
rieur. Il est plus que probable qu’elles contenaient
autrefois des récipients que l’on retirait par une porte
ouvrant sur le devant de la latrine; et, en effet, que pour-
_ Il p. 47, 4-5 ; 52, 3 ; 54, 13. — 12 P. 10, 47 ; 20, 18 ; 57, 16 ; Descr. p. 270, 2/1,
287, 300, etc. — *3 Gli scav. p. 4,9; 18, 4 ; 41 , 19-20. — 1 4 Overbeck-Mau, Pompej’i
p. 292. _ 13 Fiorelli, Descr. p. 309-310, n» 4-5 ; Gli scav. p. 47, 4-5. — I6 Over¬
beck-Mau, O. I. p. 316. — U Fiorelli, Descr. p. 53, 166; Gli scav. p. 72, 13-1 1
— 18 J'ai le souvenir d'avoir vu en plusieurs endroits, à Pompéi, des latrines <lc
ce genre. — I9 Voir le dessin de P. Gusman, Pompéi, 1900, p. 316. — 20 Fiorelli,
Descr. p. 44. — 2* Ibid. p. 39 ; Gli scav. p. 4, n. 9. — 22 Cf. Overbeck-Mau, p. 3J;|
Fiorelli, Descr. p. 137. — 23 Mittheil. d. arch. Inst. roem. t. IV, 1889, p. 1°:I’
V, 189o', p. 238 ; VIII, 1893, p. 52. — 24 Breton, p. 382. — 25 Fiorelli, Gli scae.
p. 10, n0’ 47, 48. — 20 Souvenir personnel.
LAT
— 991 —
LAT
raient être ces chaises percees fixes dont parle Pollux ,
linon des latrines contenant un vase mobile ?
Pompéi nous a fourni des éléments d’étude assez com¬
mets pour que nous ne cherchions pas ailleurs; les
Romains nous l’avons vu pour les latrines publiques, ont
porté dans les provinces éloignées leurs progrès et leur
civilisation, en cela comme dans les monuments d un ordre
plus élevé. A Nîmes, le général Pothier a découvert, dans
les ruines d’une maison romaine, une latrine contiguë à
la cuisine, dont la fosse était sans cesse lavée par des eaux
courantes 2. Au Châtelet, Grignon a trouvé des fosses ma¬
çonnées, carrées, circulaires et semi-circulaires 3 . On avait
relevé en Gaule l’existence d’un grand nombre de puits, dits
puits funéraires. On s’étonnait toutefois de n’y pas rencon¬
trer d’ossements humains, mais un dépôt noir caractérisé,
et des débris de toute sorte qui, d’habitude, ne constituent
pas les mobiliers funéraires. La présence de substruc-
tions surprenait aussi, tant les vivants semblaient 4 ivre
avec les morts. M. Lièvre, de Poitiers, a découvert et
démontré que ces prétendus puits étaient simplement
des fosses d’aisance ; on a même reconnu, entre certains
d’entre eux et la cuisine, les tuyaux dé communication 4.
Ces découvertes démontrent que le système de la fosse était
très usité dans les campagnes gallo-romaines. Il est bon
de remarquer toutefois que beaucoup de ces puits étaient
de simples trous, danslesquels on jetaitles vidanges ; quand
ils étaient pleins, on les recouvrait et on en creusait
d’autres; c’est ce qui explique leur nombre considérable.
Nous sommes bien peu renseignés sur le mobilier des
latrines antiques. Par Sénèque, on sait qu’on y trouvait
une éponge fixée à un bâton 5. Certains auteurs, Mon¬
taigne entre autres0, ont cru que cet instrument servait
au même usage que nos papiers modernes 7 ; mais c’est
une erreur : ces éponges faisaient ce que font aujourd’hui
nos petits balais. Trimalchion, dans un accès de cette
grosse gaieté qui lui était naturelle, conseille à ses con¬
vives de l’imiter et de ne pas se gêner : dans une pièce
voisine ils trouveront des lasani 8, de l’eau et cetera minu-
talia ; si, au lieu de garder une réserve qui ne lui était
pas habituelle, Trimalchion avait énuméré ces minuta lia,
il nous aurait appris, sur le mobilier des latrines antiques,
des choses que nous ignorons.
Comme de nos jours, les murs des latrines se cou¬
vraient d inscriptions gravées à la pointe9, écrites au
charbon ou à la craie 10.
Comment s’enlevait la vidange dans les villes? Des
industriels en affermaient l’entreprise u, si toutefois on
admet que dans le texte de Juvénal et dans le Digeste 12
e con(luctor foricarum ou foricarius est bien un entre¬
preneur de vidanges13. Le texte de Juvénal, surtout avec
interprétation d un des scoliastes14, peut s’expliquer dans
1889 ’ ‘ 2 fumier, Mérri. de l’Acad. de Nîmes, 7 « série, t. XI, (1888),
p. viu 4 ? • 3 <-’r*Snon> Bulletin des fouilles faites au Châtelet en 1772,
mire ioqo , lovre’ ^ es fosses gallo-romaines de Jarnac et les puits funé-
Id Une m- CXtlait <lu ballet, de la Soc. hist. et archéol. de la Charente)-,
de la S "PT archéo,o0i(Iue> h's puits funéraires, 1894 (extrait des Mém.
antiq de F- ' ^ ^ Oaest) ; cf. A. de Barthélemy, Bull, de la Soc. des
de l’homme ‘ '! " vi’i!SM’ P' 141 ’ C,lailvet> Matériaux pour servir à l'hist. naturelle
cf. MaTxû 48 ’ !; f arM 189i- P' 399. - « Senec. Epist. LXX, t7 ;
cailloux et de r ’ j. -, Jissa,s’ l’ 49- — 7 Aristoph. (Plut. 817-818) parle de
- 8 Petron XLVH f ^ 482’ ^ d'éP°"^ 12», et Schol.
lut. Meyer, XI 34 9'^° ** °lme lasanus qui se rencontre aussi dans VAnthol.
2375. — lOMart vu e °‘P' lnscr- lat- lv> 3149 : Secundus hic cacat ; cf. 3146 a:
3- -«Celte .nternJL, ’ “ “ Juv' Hl> 38> ^ Schol. ad. v. - «XXII, 1, 17,
S. v. FonicuLAniuM. — H 11"1 a étéco,nbaUue- Voir entre autres, ici même, Humtert,
est vrai qu un autre scoliasle, au lieu d'interpréter, comme
ce sens; quant au Digeste, il dit peut-être que l’entre¬
preneur avait à payer un impôt analogue à celui qui
était exigé des foulons pour l’enlèvement des urines ; on
peut admettre que la question reste douteuse, mais, quoi
qu’il en soit, on n’avait pas le droit, dans les villes de 1 em¬
pire romain, de jeter les vidanges sur la voie publique 'S et,
comme l’engrais humain avait une valeur vénale, étant très
recherché pour l’agriculture [rustica res] 16, il était facile
de faire vider ses latrines, latrinas stercorare'1 '. Nous
savons, par une disposition de la lex Julia municipalis 18
et par d’autres textes19, que l’enlèvement se faisait dans
des chariots, plaustra 20, et, comme de notre temps, pen¬
dant la nuit. II. Thédenat.
LATROCINIUM. — Vol à main armée ou s’exerçant
habituellement sur les grands chemins, par surprise.
[C’est ce qu’indique la définition de Verrius Flaccus 1
qui fait venir latro de latere , en rejetant l’étymologie
grecque à7to ty,î Aarpsiaç.] Cicéron assimile également le
latro et Yinsidiator2. Les jurisconsultes opposent les
latrones ou latrunculi et les pirates (praedones) aux en¬
nemis publics3. Le latrocinium suppose que le voleur
est armé, qu’il a l’intention arrêtée de piller; pour lui,
le meurtre n’est considéré que comme un moyen acces¬
soire et non pas comme un but 4. Le crime est plus évi¬
dent, quand les brigands forment une bande ( factio ) ; la
préméditation est certaine3. Le brigand s’appelle aussi
aggressor*", on assimile aux latrones les grassatores ,
quand ils attaquent à main armée 7. [La personne qui,
repoussant l’attaque d’un brigand, le tue, est dans le cas
de légitime défense8. Le brigandage a toujours été un
fléau endémique dans le monde romain, sous la Répu¬
blique et sous l’Empire. Il en est très fréquemment ques¬
tion dans les écrits des jurisconsultes impériaux. Septime
Sévère admet 1’ « incursus latronum » parmi les causes
légitimes d’empêchement9. L’Italie en particulier, sur¬
tout l’Italie du Sud, était déjà la terre classique du bri¬
gandage. En 185 av. J.-C., le préteur Postumius fit la
chasse aux brigands dans la région de Tarente et en prit
jusqu’à 7 000 dont la plupart étaient des bergers10; à
l’époque de César, la ville de Rome et la Sicile étaient en
proie aux brigands ; Sabinus mit une année à les dé¬
truire 11 [vigiles]. Sous Auguste, des bandes ravagèrent
pendant trois ans la Sardaigne ; Auguste dut prendre des
mesures spéciales, établir des postes militaires ( statio -
narii ) en Italie, faire une véritable guerre aux Isauriens
dans l’Asie Mineure, mettre à prix pour 250 000 drachmes
la tête d’un brigand espagnol, Coracottas 12. Yarron
signale les brigandages qui rendaient souvent impossible
la culture des champs dans la Sardaigne, l’Espagne13.
Tibère continua les mesures d’Auguste; il expédia en
Sardaigne 4 000 affranchis de religion juive, à la fois
le premier, forica par latrine, lui donne le sens de boutique. — 13 Di y. XL1II, 10, 4.
_ 16 Colum. XI, 3, 12 : « nam quod homines faciunt [stercus], quamvis habeatur
cxcellentissimum...» cf. id, I, 6, 21 ; X, 85 ; Galen. De httnior. III, édit. Külm, XVI,
p. 360. — 11 Dig. Vil, 1, 15, 1. — 18 Corp. inscr. lat. I, p. ICI, 1. 60 ; G. Bruns,
Font.jur. rom. ant. 4e éd. 1881, p. 98-99, 10. — l9Cic. De divin. I, 7 ; Val. Max. I, 7,
extern. 10 ; Suid. s.v.TqiwpoïvToî.— 20 Corp. inscr. lat. 1. 1.; Digest. XXXI1I.7, 12, 10.
LATROCINIUM. [1 Paul. Diac. s. v. latrones : « at nunc viarum obsessores dicun-
lur, quod a latere adoriuntur, vel quod latentev insidiantur » ; cf. Isidor. Etym.s.v.
X 159. D'autres font dériver latro, de Xirrpo;, synonyme chez les Thessaliens de
SoùU>4, Bekker, Anccd. 1095 ap. Athen, VI, p. 264 c.J — 2 Pro. JUil. 4 et 19, 50,
— 3 Dig. 50, 16, 118; 49, 15, 24. — 4 Voir cependant Senec. De benef. 5,' 14, 1 ;
Quintil. Decl. 15,4 . — ^ Dig. 48, 19, 11, § 2. — 0 Dig. 48, 9, 7. —7 Dig. 48, 19,
28, § 10 ; Suet. Oclav. 32. — [8 Paul. Sent. 5, 23, 8 ; C. Just. 3, 27, 1-2. — 9 Dig.
27, I, 13, § 7. — l°Liv. 39,29, 41. — 1* Appian. Bell. civ. 5, 132. — 12 Dio. Cass.
55, 28; 50, 43, 54, 12; 71, 4; Suet. Octav. 32; Tib. 8. — 13 De re rust. I, 16, 2.
LAT
— 992 —
LAT
pour s’en débarrasser et pour les occuper contiœ les bri¬
gands1. Même sous les meilleurs empereurs, il y eut peu
de sécurité en Italie 2. Il en était de même dans la plu¬
part des provinces, en Corse, Afrique, Égypte, Dalmatie,
Espagne, surtout dans les régions montagneuses de
l'Asie Mineure, Mysie, Isaurie, Pamphylie 3. Arrien
avait écrit la biographie du brigand Tilloboros 4 ; sous
Commode, un déserteur, Maternus, à la tète de bandes
considérables, surtout de déserteurs, désola pendant
longtemps l’Espagne et la Gaule, pillant les villes,
ouvrant les prisons; il fallut envoyer contre lui toute une
armée 0 ; sous Septime Sévère, un certain Bullas tint en
échec en Italie toute la police impériale pendant deux
ans 0 ; un autre brigand, Claudius, qui dévastait la Pales¬
tine et la Syrie, se présenta devant l’empereur avec le
costume de tribun militaire 7 ; aussi Sévère fit établir
des stationarii dans tout l’Empire 8. Le mal ne fit que
s accroître au Bas-Empire ; ainsi en 364 Valentinien et
Valens défendent l’usage des chevaux, sauf aux séna¬
teurs et au x honorati, dans plusieurs provinces du centre
et du sud de l'Italie, pour arrêter les progrès du brigan¬
dage 9. Il était exercé particulièrement par les hommes
des grands domaines impériaux et sénatoriaux, souvent
avec la complicité de leurs chefs, les actores et les procu-
ratores 10 [latifundia].
Nous ne savons pas exactement dans quelle catégorie
de criminels étaient rangés les latrones aux premiers
siècles de la République ; plus tard, sous Sylla, ils furent
compris dans les termes de la /ex Cornelia de sicariis
qui atteignait entre autres ceux qui « furti faciendi
causa cum telo ambulant 11 », et par conséquent assi¬
milés aux sicarir, mais le latrocinium forme cependant
un crime spécial, distinct de Yhomicidium , comme le
prouve une loi de 292 ap. J.-C.12.] En général, on appli¬
quait aux brigands la peine de l’homicide, mais souvent,
extra ordinem , un châtiment plus sévère, à raison des
circonstances ; ainsi les famosi latrones étaient punis
de la furca , ou jetés aux bêtes ou crucifiés 13. Les magis¬
trats chargés de la répression étaient les magistrats or¬
dinaires, c’est-à-dire à Rome sous la République les
questeurs, les très viri capitales , sous l’Empire les pré¬
fets de la ville et du prétoire, le préfet des Vigiles, dans
les provinces les gouverneurs [judicia publica]. [Mais
sous la République, en Italie, le sénat a souvent donné
pour ces affaires des pouvoirs spéciaux à des magistrats
l Tacit. Ann. 2, 85 ; Suel. Tib. 37. — 2 pim. Epist. G, 25 ; Front. Ep. 2,
17; Petron. Sat. 3; Juven. 3, 305-307; 10,20; Dio. Cass. 74, 2. — 3 Galon.
De anatom. adm. I, 2 (éd. Kuhn, t. Il, p. 221 ; 4, 5, p. 385); De usu part,
corp. 2, p. 188; Cels. Praef. I, p. 10; Dig. 17, 1, 26, §6; Apul. Metam. I, p. 268 ;
3, p. 292, 300; 4, p. 303 ; 6, 339; 7, 343 (éd. Nisard); Cic. Ad Quint. I, 1, 8; Strab.
7, 7, 3 ; Dio. Cass. 74, 2 ; Ovid. Trist. I , 11, 31; Vita Marci, 21 ; Corp. inscr. lat. 2,
2968, 3479; 3, 1, 1559, 1579, 1585, 2399, 2544; 8, 2494, 2495 ; Corp. inscr.gr. 3612 ;
Wilmanns. 785; Cyprian. Ep. 68, 3. — 4 Lucian. Alex. 2 et 44. — 3 Herod. 1,
10, 5-16 ; Spart. Aig. 3. — 6 Dio. Cass. 76, 10. — 7 Dio. Cass. 75, 2.-8 Tertull.
Apol. 2-3. — 9 c. Theod. 9, 30, 2 ; 9, 31, 1, 9, 14, 2; Ammian. 28, 2. —10 C. Theod.
9, 30, 2 ; Nov. Just. 102. — H Dig. 48, 8, 1 pr. ; Paul. Sent. 5, 23, 1. — 12 C. Just.
9, 2, 11], — 13 Dig. 48, 19, 28, § 15; Collât, leg. Mos. 1, 0; Scnec. Ep. 7, 40;
Petron. 91. - [14 Cic. Brut. 22, 85-86; Polyb. 6, 13; Liv. 8, 20, 7; 39, 29, 8 et
41 ; 10, 1, 3; 28, 10, 4; 29, 30, 10. — 15 Mommsen, Inscr. Helvet. 119]. — 16 Strab.
11,2; Cic. De off. 3, 29 ; Joseph. Dell. jud. 3, 9, 2 ; Epict. 4, 1, 9 ; Lucan. 3, 228.
— 17 Polyb. 2, 4-12. — 18 Appian. Mithrid. 92; Cic. Pr. leg. Man. ; Plut. Pomp.
24; Zonar. 10, 30 ; Dio. Cass. 36, 3. — 19 Cic. Verr. 5, 27 ; Suel. Caes. 4, 74 ; Vell.
2, 42; Val. Max. 0, 9, 15; Plut. Caes. 1; Crass.1 ; Polyaen. Strat. 8, 23, 1. —
Bibliocraphik. Rein, Das Criminal Recht der Ilômer , Leipzig, 1844, p. 424-420;
Walter, Rôm. Rechtsgesch. 3e éd. 18G0, t. II, n°» 813-816; [Pauly’s, Real-Ency-
clopaedie, 1848, t. IV, p:.8S4; t. V, p. 1636; Ilirschfeld, Die Sicherheitspolizei
im rômis. Kaiserreich [Sitsungsber. d. Rerl. Akad. 1891, p. 24etsuiv. Friedlan-
der, Darstellungen, 1889, l. II, p. 40-53],
supérieurs, consuls ou préteurs, qui jugeaient sommai¬
rement avec leur conseil et pouvaient faire procéder à des
exécutions en masse u. Une inscription signale à Novio
dumum (Ayons) un « praef ectus arcendis latrociniis 15 » 1
On peut rapprocher du brigandage la piraterie, autre
fléau que l’administration romaine ne put jamais faire
complètement disparaître, surtout sur les côtes de l’Asie
Mineure, en particulier dans la Cilicie, l’Isaurie 16 et sur
les côtes illyriennes 1 ‘. Il ne fut pas supprimé par les
belles campagnes de Pompée 18. Il appartint aux géné¬
raux et aux gouverneurs de province de réprimer la
piraterie extra ordinem ; les pirates étaient généralement
décapités ou mis en croix 19. G. Humbert. [Ch. Lécrivain.]
LATRUNCULI. — Latroncules, jeu de combinaisons
en usage chez les Romains ; il se jouait avec des pions
sur une tablette divisée par des lignes.
Les Grecs connurent de très bonne heure un jeu où l’on
faisait manœuvrer des pions (ttettoi, ^epot) ; c’était la
TtETTEta. Palamède passait pour l'avoir inventé aussi bien
que le jeu de dés, xô(ioi [tessera], tandis que l’armée
grecque était retenue à Aulis par les vents contraires1;
dans Euripide, nous voyons ce héros engager une partie
avec Protésilas2. Cependant, même chez les Grecs, on a
quelquefois attribué 1 origine de la 7reTT£i'« aux Égyptiens3,
tradition qui semble confirmée par un assez grand nom¬
bre de monuments L Quoi qu’il en soit, il en est déjà
question dans YOdyssée ; Homère montre les prétendants
jouant a la pettie devant la demeure de Pénélope3.
Il y avait deux manières d’y jouer. Dans la première
(ire-TTct 7tEVTÉYpa;x[4a) fi, « chacun des deux adversaires, dit
Pollux, a cinq pions sur cinq lignes, et des cinq lignes
en partant de chaque côté (éxarÉpMÔEv), la ligne du milieu
s appelle ligne sacrée (îepi ypafj.pnj). Par comparaison
avec le joueur qui pousse le pion à partir de cet endroit,
on dit en guise de proverbe : il pousse le pion de la
ligne sacrée ». Ce jeu est mentionné dans des auteurs
grecs de la meilleure époque1; malheureusement, le
texte de Pollux comporte des interprétations assez
différentes, et ceux qu’on peut en rapprocher8 ne suffi¬
sent pas à l’éclaircir. « Pousser le pion de la ligne
sacrée », c’était évidemment, en cas d’extrême nécessité,
employer les grands moyens, « jouer son dernier atout».
Mais chacun des joueurs avait-il cinq lignes et faut-il y
ajouter la ligne sacrée, ce qui ferait onze, ou bien, au
contraire n’y en avait-il en tout que cinq pour les deux,
LATKUNCULI. 1 Soph. ap. Euslalh. ad Hom. 11. II, 308, p. 228, 5 = Tragic.
gr. (ragm. Nauck2, Soph. 438; Pausan. II, 20, 3; X, 31, 1 ; Suet. dans Miller,
Mél. de litt. gr. (1868), p. 435; Jahn, Palamed. (Hambourg, 1836, 8°), p. 27.
— 2 Eurip. Jphig. Aul. 194, Weil ; passage ponctué et interprété de différentes
manières. — 3 plat. Pliaedr. p. 274 D. Les Lydiens prétendaient avoir invente
tous les jeux, sauf la pettie, ilerod. I, 94. Sur les Égyptiens, cf. Herod. II, 122;
Plut. De Is. et Os. 12. — 4 Rosellini, Monum. dell' Egitto, I, 122; Rawlinson,
History of Herodotus, II, p. 275-276; Wilkinson, The Egyptians in the time of
the Pharaons , p. 14; Manners and customs, I, p. 41; Th. Wright, A history «/
caricature and grotesque, Lond. 1865, p. 8; Bircli, dans la Rev. archéol. n. s-
t. XII (1865), p. 56; Champfleury, Hisl. de la caricature antique, 3° éd. p. 24 :
Lenormant, Hist. anc. de l'Orient, t. II, Paris, 1882, p. 320, 321 ; Maspéro, dans la
Rev. de l'Assoc. des étud. grecq. 1878, p. 158 ; Falkener, Games ancient and orien¬
tal, p. 9-101 ; Maspéro, Hist. anc. de l'Orient, I, p. 194. Parmi ces monuments, il
y a un papyrus égyptien du temps de Trajan, Falkener, p. 14. — 5 Hom. Od. I, 107.
Apion d’Alexandrie (ap. Athen. I, 29, p. 16 F) en faisait un jeu de marelle;
v. lusoria tabula. — 6 Soph. ap. Poil. X, 97 Tragic. gr. fragm. Nauck 2, Sopk-
396; cf. 977. — 7 Alcaei fragm. 82, Bergk ; Soph. I. c. ; Sophron. ap. Eustatli. ad
Ilom. Od. I, 107 ; Tlicocr. VI, 18, Fritzsche, ad h. I. I, p. 187. — 8 Suet. dans
Miller, Mél. de litt. gr. p. 435; Schol. ad Plat. Leg. VII, p. 820; Hesycli. s. v.
re<TffàirevT2yça|Ajjia ; Etym. M. iteixtrot ; Diogenian. Prov. V, 41 ; Eustath. ad Hom. II. VI,
p. 633, 59 ; Eustath. Ismen. Amor. X, 10, p. 267, Hcrcher; Meineke ad Menandr.
P- 94; v. Lcutsch. ad Apostol. IV, 55.
LAT
— 993 —
LAT
pi„ la üSne sacrée? Le jeu se composait-il unique-
y C°uie lignes parallèles, ou celles-ci étaient-elles cou-
men r d’autres? Les solutions qu'on a essayé de donner
frTdiverses questions ne sont que de pures hypo¬
thèses1 Autant qu’on en peut juger, cette forme de la
pettie aurait quelque ressemblance avec la marelle [luso-
rIA TABULA]. vj*
• i;aulre se jouait avec un plus grand nombre de pions,
soixante à ce qu’on suppose 2. On se servait, dit Pollux,
d’un tableau (itXiv9tov) comprenant des cases (x<*P««)
limitées par des lignes ; le tableau s’appelait la Ville [U6-
l \ et chacun des pions un chien (xûwv) 3. Les pions
étaient partagés suivant leur couleur en deux camps de
trente chacun. Pour prendre (àvatP£Ïv) un pion, il fallait
l’enfermer (irsptXagêâvetv, àiroxXEtv, auyxXsTv) entre deux
pions de la couleur opposée, de manière à lui couper la
retraite (àiwwimffOai). D’autres auteurs appellent ce
même jeu les Villes (IWXstç), chacune des cases du tableau
représentant pour eux une ville différente *. Les
manœuvres auxquelles se livrait le joueur pour avancer
(àffâyeiv, TtOÉvat tV ^(pov), reculer (àvaxiQÉvat), changer
de place ( gsTartôÉvixt ,
;x£xa7i£TTEU£tv) et pour ne
pas assurer un avantage
(xpEtTxov otoôvai) à l’adver¬
saire , ont donné naissance
dans le langage à des
comparaisons, à des pro¬
verbes, qui témoignent de
la popularité de ce jeu s.
La victoire était d’autant
plus honorable qu’on
avait sacrifié moins de
pions pour l’obtenir0. Le
jeu passait pour difficile
et ceux qui s’y distinguaient par une supériorité manifeste
étaient rares1. Suétone avait traité delà pettie dans son
ouvrage sur les Jeux des Grecs*. La figure 4366 repré¬
sente un groupe de terre cuite trouvé à Athènes; un
homme et une femme, assis l’un en face de l’autre, ont
sur leurs genoux une tablette de jeu chargée de pions.
11 semble qu’à la suite d’un coup douteux la femme a
interrompu la partie pour faire une observation à son ad¬
versaire ; à l’arrière-plan, on voit un personnage dont la
grosse tête aux traits grotesques a une expression comi¬
que. La figure -4367 reproduit la disposition des pions sur
la tablette ; on remarquera que les uns sont posés sur les
lignes qui limitent les cases, les autres à l’intérieur de
Clnistie, L. ï. ; Becq de Fouquièrcs, p. 397. Falkener, p. 91, semble avoir
meie des données très différentes. — 2 pi10t. Lex. p. 439: « TC3Xst5 icatÇetv
T*5 V'ÎV (X“Ç«Î Naber) **Xo ul*Éva5 (, t«ï; Ç’ (*’ Pors.) » — 3 Ils
aient le môme nom dans le jeu égyptien ; Maspéro, Rev. des ét. gr.
’ P' de Falkener, p. 31. — 4- Cratin. fragm. 56 Comic.
n XCJla°m- K°Ck’ 1 P' 29 1 Plat* RePnbl Iv> P- *23, Scliol. Ad. h. I. ; cf. VI,
_ ..L , . * R nVx ’ P* 3^5; Polyb. I, 84; Plut. Prov. alex. 14; Zenob. Prov. V, G7.
m. *'wh*BeCl 98?i P‘at' ^ V1, P’ 487 ; ffiPParcli. p. 229 ; Leg. X, p. 903;
Nauck2 F ’• p' 39a’ ^org. p. 430 D ; Eurip. Suppl. 400 ; Tragic. gr. fragm.
13U1 ’ E"rip; 3G0’ 9 ; Anliph. ap. Ilarpocr. àvcSÉ^a,; Polyb. 1, 84 ; Plut. De exil.
8S„pI p temid' 0nirocr ■ III, I- Reif. - 7 Plat. Polit, p. 292; Ilcp. H, p. 374.—
puisé da ']'n ' ■ MiUer> Mil. de litt. gr. p. 43 c. Suétone a probablement
De cnlf i ° Al|iwv Pampl>ile et il a été la source de Pollux, l. c. Voir Boelim,
tuf j°’ 1SS' Poiln> 1893, p. 5-8, — 9 Micbaelis dans VArch. Zeit. 1863,
Musée rie iv tl ~ 10 Eurip. Iphig. Aul. 194, Weil. — H Amphore de Nola au
"• 1". r *• «- ». ■* ► « f. Ov.rbcck,
anf Leh lof v ‘ (W' ’ P' 3l0’ 15; M°n- dell’ Ist. I, pl. xxvi; Panofka, Bildw.
sentait ' ’ Welck« d°™e
seutalions ; mais il n’a
Fig. 4366. — Jeu de pions.
un copieux catalogue de ces sortes de repré-
sulté
avec Précaution. 11 est
pas du tout dislingue les r.z-.-.a'. des :
; et doit être con-
vrai que cette distinction n’est pas toujours facile à
ces cases ; C indique la place de l’homme, B celle de la
femme. Il y a en tout douze pions et quarante-deux cases.
On peut considérer comme vraisemblable que la partie
engagée est une partie de Ville] cependant ces détails, il
faut bien le reconnaître, ne correspondent qu’imparfaite-
ment aux données des textes 9. Les vases peints nous
offrent aussi quelquefois des scènes analogues; deux
guerriers assis face à face ont les yeux fixés sur des pions
de couleurs différentes, et l’un d’eux, le doigt tendu,
semble chercher celui qu’il va faire
mouvoir ; on a donné à ces deux
personnages, d’après le texte d’Eu¬
ripide 10, les noms de Palamède et de
Protésilas, ou encore ceux d’Achille
et d’Ajax, par comparaison avec
d’autres vases où se trouve repré¬
senté le jeu de dés [tessera]11, ou
plutôt une consultation du sort au
moyen de cailloux ou de dés [divinatio, p. 301, lig. 2479].
On admet généralement que les latrunculi des Ro¬
mains ont un rapport étroit avec la irerrsfa des Grecs.
Ce jeu se jouait aussi sur une tablette ( tabula latruncu-
laria)12. On faisait pour cet usage des tablettes à deux
fins, qui pouvaient se retourner comme nos damiers ; sur
une face on jouait aux latroncules, sur l’autre au jeu de dés
appelé duodecim scripta 13. Les pions ( calces , calculi) 14
portaient le nom particulier de latrones, latrunculi i5,d’où
est venu celui du jeu lui-même; à l’origine, le latro n’ètait
pas autre chose qu’un soldat [miles) 10, mais un soldat
mercenaire 11 ; c’est qu’en effet dans ce jeu savant, comme
dans la ndXtç des Grecs, tout rappelait l’art des batailles
et des sièges. La tablette était divisée en cases par des
lignes qui se coupaient à angles droits 13 ; nous ne con¬
naissons pas le nombre des cases; on conjecture, par
analogie avec la IlôXi;, que les pions devaient être au
nombre desoixante en tout, soittrente pions dans chaque
camp. On les distinguait par la couleur 19; d’ordinaire ils
étaient blancs dans un camp et noirs dans l’autre. Quoi¬
que sans doute ils fussent le plus ordinairement en
pierre, on en faisait aussi en verre 20, et même en pierres
précieuses21. Comme dans la pettie. il fallait, pour qu’un
pion fût en prise, qu’il se trouvât enfermé entre deux
pions de l’adversaire 22 sans pouvoir se dégager [exire) 23 ;
on disait alors qu’il était ligatus , alligatus, obligatus 24.
Le joueur dont tous les pions étaient bloqués et qui ne
pouvait plus en remuer un seul était redactus ad
incitas ( calces ) 2\ Les bons joueurs étaient ceux à
qui il restait encore un grand nombre de pions après
faire sur les monuments. Tables de jeu en pierre trouvées à Epidaure, imitant sans
doute des tables en bois : Blinkenberg dans les Alittheil d. bais, deutsch. Inst.,
Athen. Abth. 1898, p. 1-14. Il me paraît très douteux qu'elles aient servi à la
itETxsia tri zivTs Yçannwv, comme le veut Blinkenberg. Il n’est pas démontré non plus
qu'on doive, à l’exemple de Bliimner, Loc. cit. p. 511, identifier les isévte Yjan[ial avec
le SiaYjot|ii|it!Tfi.o; [tesseua]. Voir néanmoins sur ces tables lusoria tabula. — 12 Sen.
Epist. 117, 30. — 13 Mart. XIV, 17. — 14 Fest. Calces; Plaut. Poenul. 906;
Lucil. XIV, 11, Miiller; Mart. Loc. cit . ; Plin.Æ'pisf. VH, 24, 5. — 13 Ov. Ars am.
II, 207; Sid. Apoll. Epist. VIII, 12; Sen. Ep. 106, 11; Macrob. I, 5; Corp.
inscr. lat. XIII, 444. — 13 Ov. Trist. II, 477. — 17 Fest. Epit. p. 118,
16; Varr. De l. I. VII, 52; Suid. Xàiçov; Callim. fr. 238; Plaut. Mil. 75; cf.
Cure. 548 ; Stich. 135; Ov. Ars. am. III, 357. — 18 Varr. De l. I. X, 22,
— 19 Ov. Trist. H, 477; Mari. XIV, 17 Plin. Hist. nat. XXXVI, 26, 199; Sid.
Apoll. Ep. VIH, 12; De laude Pison. vers 194. — 20 Ov. Ars am. II, 208; Mari.
VII, 72, 8; l. c. — 21 Mart. XIV, 20; cf. XII, 40, 3. — 22 C’est ce qui résulte
notamment de Mart. XIV, 17 : « Calculus hoc gemino discolor hostc périt » ;
cf. Ov. Ars am. III, 357 ; Trist. Il, 477. — 23 Sen. Epist. 117, 30. — 24 De
laude Pison. dans Baehrens, Poet. lat. min. I, 225, vers 194-201 ; Sen. Epist.
117, 30. — 23 Incitus de ct'eo, mouvoir. Plaut. Poen. IV, 2, 85; Trinumm. Il,
4, 136; Isid. Orig. 18, 67.
LAT
— 991 —
LAT
leur victoire *. Le vainqueur était proclamé imperator 2.
Comme on le voit par cet exposé, les latroncules aussi
bien que la pettie diffèrent de notre jeu de dames en un
point essentiel, à savoir la manœuvre des pions. La pettie
et les latroncules sont-ils identiques à notre jeu d'échecs?
Il ne semble pas qu’on puisse le prétendre pour la pettie,
si les textes nous disent bien tout le nécessaire; car ce
qui caractérise les échecs, c’est que les pièces se parta¬
gent en plusieurs catégories qui se distinguent par leur
forme, et dont chacune a sa marche propre ; à notre con¬
naissance, il n’y avait rien de tel dans la pettie; jusqu’à
preuve du contraire, les pions ou chiens (xüveç) devaient
tous être semblables les uns aux autres3.
Faut-il en dire autant des latroncules ? Quelques auteurs
modernes ont admis leur identité avec les échecs. Sans
discuter ici tous les arguments invoqués en faveur de
cette thèse 4, nous ferons simplement remarquer qu’à
certains égards ce jeu semble au moins se rapprocher de
nos échecs ; il admettait probablement des combinaisons
qui ne se retrouvent pas dans la pettie. A côté des lat ro¬
ues, les anciens mentionnent ce qu’ils appellent des man-
drae 5, d'où quelques savants ont été conduits à penser
que les pions, dans chaque camp, se divisaient en deux
catégories, les uns jouant le rôle d’officiers, les autres
celui de simples soldats 6. Mais le sens ordinaire du mot
mandra paraît mal se prêter à cette interprétation :
[xàvopa désigne en général une étable, une écurie, un lieu
clos propre à garder les animaux domestiques, et par
suite l'ensemble des animaux enfermés dans ce lieu 7.
On peut donc tout au plus l’entendre ici d’une file de
pions alignés sur les cases 8 ; mais la distinction qu’on
a essayé d’établir entre les pions ainsi désignés et les
latrones est tout à fait hypothétique et hasardeuse 9.
Nous trouvons sur les latroncules des détails curieux
dans un poème anonyme du temps de Néron, où est
décrite en termes ingénieux la tactique d’un joueur
habile; c’est dans le sujet notre principale source ; mal¬
heureusement, ce texte est pour nous plein d’obscurités 10.
Mais nous devons à Isidore de Séville un renseignement
précieux ; c’est que parmi les pions les uns, comme les
simples soldats ( ordinarii ), ne pouvaient marcher que
dans le rang, droit devant eux ; les autres, au contraire,
avaient une marche plus libre, et probablement, par oppo¬
sition aux premiers, une marche oblique : « Calculi partirn
ordine moventur , partirn vage ; ideo alios ordinarios,
alios vagos appellant11. » Ceci supposerait que dans un
même camp les 'pions ordinarii etles vagi se distinguaient
1 De laude Pison. I. c. vers 206-720. — 2 Hist. Aug. Yopisc. Procul. 13, 2.
— 3 C’esl aussi la conclusion de Falkener, p. 51. Voir les pions à têtes de lions trouvés
en Égypte, Ibid. p. 31 . — '* Fauvel aurait possédé un cavalier d’un jeu d’échecs, en ivoire,
trouvé dans un tombeau d’Athènes : Raoul-Rochette, Mém. de l'Institut, XIII, p. 638
(3e Mém. p. 110). Mais qu’est devenue cette pièce et était-elle antique ?Plin. Hist. nat.
VIII, 215 : « Mucianusetlatrunculis lusisse [simias dicitj, fictas cera icônes usu distin-
guente », conjecture de Saumaise sur un passage corrompu, « fictas cera nuces visu dis¬
tinguer » (Detlefsen). Suet. Ner. 22:«cum eburnis quadrigisinabacoluderet »; pour
que ce texte pût s'entendre des échecs, il aurait fallu qu’il y eut sur la table d’autres
pièces que des quadriges, ce que l’auteur nedit pas. — *> Mart. VII, 72, 7 ; De laude
Pison. I. c. vers 191. — 6 Wersdorf, Becker-Gôll, Marquardt. — 7 Hesych. s. v. ; cf.
Mart. V, 22;Juv. III, 237. — 8 Becqde Fouquières, p. 438. — 9 R faut en dire autant
de la distinction imaginée, parBecq de Fouquières entre les latrones d’une part et les
latrunculi de l’autre. — 10 De laude Pison. I. c. vers 178-196. — H Isid. Orig.
XVIII, 67. — 12 L’origine de nos échecs est généralement attribuée aux Hindous;
voir Frère t, Mém. de V Acad, des inset*, et b.-l. t. V, p. 250 ; Rcinaud, Journ. Asiat.
août 1844; Falkener, p. 113-231. — 13 Les reconstitutions de Becq de Fouquières,
p. 441-456, et de Falkener, p.53, sont de pures hypothèses sur lesquelles il est impos¬
sible de se prononcer. — H Falkener, Op. cit. p. 37, les identifie avec le jeu de
Tau des anciens Égyptiens. — 13 Minervini, Bull. arch. Napolet. n. s. t. I (1852),
les uns des autres par la forme. Nous aurions donc affaire
là à un jeu plus savant que la pettie et qui en serait Un
perfectionnement. Mais il ne s’ensuit pas qu’il doive être
identifié avec les échecs modernes 12 ; en tout état de cause
il est téméraire de pousser plus loin l’induction et de
prétendre retrouver les règles perdues 13. C’est peut-èi,.e
dans les jeux en usage chez les Orientaux qu’on pourrait
le mieux s’éclairer sur la pettie et les latroncules u.
Une améthyste ayant appartenu au duc de Luynes
(fig. 4368) nous montre deux personnages
en train de jouer à l’un de ces jeux ;
deux autres, debout à côté d’eux, les
guident de leurs conseils15. On a quel¬
quefois recueilli dans les fouilles des
pions qui ont dû être employés à cet Fig. 43cb.
usage ; tels sont ceux que représentent les
figures 4369 et 4370. Les trois premiers sont en pierre ; ils
font partie d’une série trouvée dans une tombe romaine
de Cumes 16. L’autre est en os etprovient d’Halicarnasse11,
Enfin, on a recueilli dans une fouille près de Pérouse des
pions hémisphériques en verre, semblables à ceux de
Fig. 4369. Pions. Fig. 4370.
la figure 4369; il y en avait de bleus, de jaunes et de
blancs, en tout huit cent seize18. Cette division en trois
couleurs a suggéré à M. Tilley une théorie nouvelle; il
suppose que sous le nom de calculi inciti on désignait
une troisième catégorie de pions, dont le rôle particulier,
à côté des ordinarii et des vagi, aurait été de ne pouvoir
jamais bouger ; ils auraient représenté le camp, la gar¬
nison sédentaire par opposition aux troupes mobiles19.
On a soutenu non sans vraisemblance que les médail¬
lons de l’empire romain, connus sous le nom de co.n-
torniàti nummi, n’étaient pas autre chose que des pions
ayant servi à quelque « jeu de table20 ».
Les Grecs ont eu un goût très vif pour ces sortes de
jeux. Comme les prétendants de Pénélope21, les oisifs se
réunissaient souvent en plein air pour y jouer; c’était
un plaisir savant, apprécié surtout des vieillards22 ; à Co-
p. 192, tav. VIII, 5. Cf. Dütschke, Ant. Bildw. in Ober liai. IV, 23, 31, W
(= Corp. inscr. lat. V, 7510); Heydemann, Mittheil. aus den Antik. in Obéi' u.
Mittél. liai. p. 19 et 36; Matz-Dulin, Ant. Bildw. in Rom, II, n. 3056; Mowat
Bull, des Antiquaires de France , 1895, p. 238; 1896, p. 215 (cf. Corp. insef.
lat. VI, 22108) . Damier (?) sur une gemme, Caylus, Bec. d’unt. IV, pi. lxxx, iv.
— 10 Minervini, l. c. tav. VIII, n. C ; cf. Fiorelli, Mon. Cumani, tav. 11,5. — i7 Newton,
Halicarnassus , p. 307. ■ — 18 Notizie degli scavi, 1887, p. 396. — 1° Classict d
review, VI, 1892, p. 335. Le Musée du Louvre possède six pions en terre cuite, <1f
forme conique, trouvés dans un tombeau d’enfant en Grèce (salle L). Au M"'11
Walraf-Richartz, à Cologne, vingt-quatre pions en os, dont douze colorés en rouge,
Jalirb. d. deutsch. Inst. XII (1897), Arch. Anz. p. 19; mais étant joints à llcs
cornets et à des dés, ils ont plutôt servi à un jeu de trictrac [tessera]. P- PclaUl
Antiqu. suppcllect. portin. (1610), pl. xiv, reproduit des pions, qui peuvent élu
antiques, sur un damier et dans un ordre qui sont l'un et l’autre de son invent1011’
— 20 Froeliner, dans V Annuaire de la Société française de numism. mars-a'11
1894 ; C. W. King, On the truc nature of the conlorniate medals, p. 5;
dans la Rivista italiana di numismatica, XI (898), n. 1 ; cf. Petron. 33, où ** 1
question du trictrac ; « pro calculis albis ac nigris aureos argenteosque habe «
denarios ». — 21 Hom. Od. I, 107. — 22 Lucian. Vit. auct. 14, interprété a cou
tresens par Becq de Fouquières, p. 388,
LAU
— 995 —
LAU
•nthe il y avait sous la citadelle, près de la fontaine
n ^ J nn endroit où ils se donnaient volontiers rendez-
V ’ C’était aussi la distraction des criminels dans
raisons2, des soldats en campagne 3. Plutarque, qui
Ird ûux philosophes les jeux de hasard leur recom-
rnde s’ils sont exilés, de cultiver la pcttie comme 1res
prcmre’à charmer leur ennui ». Lucien, dans la journée
L Phomme de loisir, place la petüe avant le bain, « quand
l’ombre du cadran est de six pieds6 ». L’antiquité vantait
DOur leur habileté Diodore de Mégalopolis, Théodore et
Léon de Mitylène, tous trois inconnus d’ailleurs 7 . Chez les
Romains, on a cité parmi les joueurs qui ont marque dans
l’histoire le stoïcien Julius Canus, une des victimes de
Calcula 8, etC. Calpurnius Piso, condamné à mort pour
avoir pris part à un complot contre Néron ; il était si
fort aux latroncules qu’on accourait de tous côtés pour
le voir jouer 9. Ajoutons-y deux contemporains de Mar¬
tial, qu’il appelle Novius et Publius10. Proculus, qui dis¬
puta quelque temps le pouvoir à Probus (280 ap. J.-C.),
venait de gagner dix parties de suite, lorsqu’on eut l'idée
d’en faire un véritable imperator11. On a trouvé
l’épitaphe d’un affranchi, habitant d’Auch, qui est qua¬
lifié de professeur de calligraphie, doctor librarius , et de
latroncules, et luso? ' latrunculorum. Ce personnage, qui
a vécu probablement au ier siècle, occupait un rang assez
élevé dans sa cité ; il y était curator civium romano-
rum ,2. Georges Lafaye.
LAUDATIOfETtcuvo;, lyxcüfxiov). Discours élogieux, apo¬
logie, panégyrique. — Faire l’histoire de l’éloge chez les
anciens serait faire l’histoire de l’éloquence épidictique,
c’est-à-dire de l'éloquence d’apparat tout entière. Ce
genre oratoire se développa toujours davantage au cours
des siècles, au fur et à mesure que l'éloquence politique
perdait de son importance et de sa dignité. Sous 1 Em¬
pire, il n’y eut point de solennité ou de réjouissance
publique qui ne comportât quelque discours en l’honneur
du prince et de sa famille ; le Panégyrique de Trajan par
Pline le Jeune et le recueil des Panegyrici veteres sont
les principaux monuments de cette éloquence déclama¬
toire. Il y eut alors de tous côtés un véritable déborde¬
ment de rhétorique officielle. Pour que les enfants
fussent un jour en mesure d’y prendre part avec succès,
on les exerçait de bonne heure dans les écoles à com¬
poser des éloges de personnages célèbres ; c’était un des
principaux exercices auxquels présidait le grammairien 1 .
Sans entrer ici dans des questions qui sont du domaine
de 1 histoire littéraire 2, nous nous bornerons à passer en
revue les formes de la laudatio qui touchent de plus
près à l’histoire des mœurs et des institutions3.
I. Vers le temps d’Alexandre, l’usage s introduisit
dans les jeux publics de la Grèce, de faire une place a
l’éloquence d’apparat au milieu des àywveç p.ou<rixot, c est-
à-dire des concours de poésie et de musique [ludi]4. De
tout temps il y avait eu un prix spécial pour le poète qui
chantait avec le plus de talent la divinité ou le héros en
l’honneur de qui se célébrait la fête locale ° ; évidem¬
ment c’est encore l’hymne [hymnus] que les inscriptions
agonistiques de l’époque postérieure appellent êyxwfAtov
’étuxov. Mais à côté de cette épreuve est mentionné dans
certaines villes un autre 6 ; quelques savants
après Boeckh entendaient par là un hymne lyrique, qui
aurait fait suite à l’hymne en vers épiques 7. La question
a été tranchée par la découverte d’inscriptions nouvelles
qui mentionnent formellement, outre 1 éloge épique, un
Éyxwjxiov Xoytxov ou lyxoSfiiov xaTxXoyxÔTjv, c’est-à-dire un
éloge en prose 8. Le nom de l’iyxwjjiioypàçpoç couronné vient
après ceux du trompette et du héraut; c est lui qui ouvre
la série des concours littéraires. Sous 1 Empire, cet usage
se répandit dans toutes les provinces de langue grecque;
il y eut alors un prix spécial pour l’éloge en prose dans
beaucoup de fêtes publiques9; à Athènes, nous voyons
des éphèbes, vers la fin du n° siècle, remporter ce prix
jusqu’à sept fois dans une seule année10. En Italie, ce
furent sans doute les jeux grecs de Naples qui en don¬
nèrent le premier exemple sous Auguste “. Une couronne
fut proposée pour la laudatio dans Yayon musicus , fondé
à Rome par Néron, en l’an 60 12 ; enfin, en 96, Domitien en
institua une nouvelle, la plus glorieuse de toutes, lorsqu'il
ouvrit les concours quinquennaux du Capitole13; là le
sujet traditionnel était l’éloge de Jupiter Capitolin14.
L’éloge de l’empereur fut souvent aussi le thème de ces
joutes oratoires ls. Quintilien, d’après les rhéteurs grecs,
a tracé les règles du genre16 ; plusieurs discours d’Aelius
Aristide nous en offrent des échantillons17.
IL Laudatio judicialis. — C’était chez les Romains une
coutume très ancienne 18 que dans les procès l’accusé fût
admis, après les plaidoiries des avocats, à produire des
apologistes (laudatores), distincts des témoins àdécharge,
qui venaient faire valoir à la barre tous les arguments qu’ils
croyaient de nature à bien disposer le tribunal en sa fa¬
veur ; quelquefois même des lettres de recommandation,
adressées aux juges, pouvaient être lues en séance et tenir
lieu de ces discours 19. Il est clair que la laudatio judi¬
cialis 20 devait porter beaucoup moins sur les faits de la
I Em-ip. Med. 67. — 2 Plut. -Scr. mm. vind. 9. — 3 Strab.VlII, 6, 23. — V Plut.
vit.pud. 5.-5 piut, De exj[ H. — 6 Lucian. Saturn. 17 et 18. — 7 Phanias
aP- Athen. I, 29, p. te F. — 8 sen. De tranquill. an. 14, 7. — 9 De laude Pison.
l- c. vers 178-208 ; Scl.ol. .fuv. Vall. V, 109. — 10 Novius (Vindcx?) : Mart. Vil, 72, 7 ;
_ b 80- 2, Friedl. ; Publius : Mart. VII, 92, 7; cf. I, 109,5 ; II, 57 ; VII, 87, 3; X, 98.
II Hist. Ail g. Vopisc. Procul. 13. — 12 Corp. inscr. lat. XIII, 444. — Bibliocha-
vhie. Saumaise, Ad Script, hist. Aug. (1620), t. II, p. 741; Boulenger, De ludis
raecorum (1627), dans le Thesaur. ant. de Gronovius, t. VII (1735), p. 934;
eursius, /6id. (1622), p. 982; Souter(1625), Ibid. p. 1038 ; Scnfllebcu (1667), Ibid.
p . 87 » Calcagnino (1544), Ibid. p. 1229; Aur. Severino, Dell’ anticapettia overoche
liulU(\L'/e n°n è ^ *nven*ore degli scachi, Nap. 1690; Th. Ilydc, Historia Nerdi-
the m)' Syntarjma dissert. Oxon. 1707,4», p. 217; Christie, An inquiry into
180 >lt ^ree^ yame suPposed to hâve been invented by Palamedcs , London,
1840 ' jr,'-ISC'0'* at' P°et. lat. viin. IV, p. 404;Rangabé dans la Dev. archéol.
1 ’ Hubert Coleridge, On Gr. and R. chess (1855) dans Forbcs, History
(180USSn î°); WaylC'art -^truncuti dans Smith, Dict. of gr. a. r. ant. 3
BecqdeF 1GÔ11’ CMes (1878)> 1'- P- 371 ; Gallus (1882), 111, p. 335;
Privataît°l'am lQS'JeUX anc‘ens 2 (1873), cliap. xviii; H. Blümner, Griech.
P>e Spide J' ri 508 ’ ®artIuardt-Mau, Rôm. Privatalterth. Il, p. 433; Richtcr,
der Gr un.’ **.' P°m- Leipzig, 1888; Frankel, Die schônsten Lustspiele
~u> ICinftihrung in die antike Komoedie, Halle, 1888 ; Edw. Falkcner,
Games ancient and oriental and how to play them, London, 1892, 8», p. 37-62.
LAUDATIO. l Em. Jullien, Les professeurs de littérat. dans l’anc. Rom. p. 308.
— 2 Walsch, üissertalio de panegyricis veterum, lena, 1721 ; Aug. Guil. Ernesti,
De panegyrica eloquentia Romanorum aureae quidem aetatis, progr. Lips. 1783,
4»; O. Ribbcck, Lobpreis von Fürsten und Helden bei Griech. u. Rôm., Reden. u.
Vortraege (1899), p. 97. — 3 Elles sont indiquées avec beaucoup de précision par
Quintilien, Inst. or. III, 7. — 4 Lafaye, De poetarum et oratorum certaminibus
apud veteres, p. 30. Auparavant ou y avait bien débité des morceaux d’éloquence,
mais sans qu’il y eût un concours. — » Ibid. p. 3 et 29. — 6 Boeckh, Corp. inscr.
gr. 1585-1587. — 1 Liidcrs, Dionys. Künstler (1873); Alb. Muller, Bilhn. Altertli.
p. 405, n. 2, p. 120-127. — 8 Dittenbcrger, Corp. inscr. Graeciae sept. I, 415, 416,
418, 419, 420, 1773, 2727 ; Liermann, Agonistica, Dissert. Halens. X (1889), p. 122.
— 9 Corp. inscr. gr. 1587, 2758 A, 1, 5; 2759 I, 3 ; pour le surplus, voir Lafaye,
p. 41-46. — *6 Corp. inscr. ail. III, 1, n» 1100, I. 36-39; Dumont, Ephéb. att. I,
p. 244. — n Lafaye, p. 49-55. — 12 Tac. Ann. XIV, 20 ; XVI, 2 ; Lafaye, p. 56-01.
— 13 Suet. Dom. 4 ; Lafaye, p. 62-09. — 1’» Quintil. Inst. or. III, 7 ; Lafaye, p. 87-88.
_ 15 Voir les inscriptions de l'éphébie attique, Loc. cit. ; Diltenberger, Loc. cit. 1773.
— 16 Quintil. Loc. cit. ; Menand. ap. Rhet. graec. (Spengel), III, 25. — 17 Acl. Aristid.
In Jovem, in Dacchum, in Neptunum, in Serapidem, in Minervam, in lmperato-
rem. — 18 Mos inveteratus, Fronto, Epist. ad amie. 1, 1, 3; Quintil. Loc. cit.
_ 19 Fronto, Loc. cit. ; Ascon. ad Cic. Pro Scaur. 40, 139. — 20 Sucl. Octav, 56.
LAU
— 996 —
LAU
cause que sur les circonstances accessoires, sur le
caractère, les antécédents et la moralité de l'accusé. Au
temps de Cicéron, nous voyons des personnages impor¬
tants user de ce moyen de défense : M. Caelius Rufus
étant accusé de brigue, la ville de Pouzzoles envoie à
Rome une députation pour intercéder dans sa cause 1 ;
Cadix rend le îpême service à L. Cornélius Ralbus, le
jour où il se voit contester le droit de cité romaine 2. Les
magistrats qui avaient eu une part dans le gouvernement
des provinces ne manquaient pas non plus d'invoquer
le secours de la laudatio, lorsqu’en sortant de leur
charge ils étaient inculpés de concussion: M. Aemilius
Scaurus, ancien gouverneur de Sardaigne, pour lequel
avaient plaidé six avocats, entre autres Cicéron et
Hortensius, fit faire ensuite son apologie par dix per¬
sonnes ; neuf étaient des consulaires; la dixième était
son frère; la plupart exposèrent leur opinion par écrit 3.
Cicéron assure que ce chiffre de dix personnes était
exigé en pareil cas, sinon par une loi, du moins par une
coutume presque aussi forte, et que les accusés qui ne
pouvaient produire dix laudatores faisaient mieux pour
leur honneur de n’en produire aucun *. Mais cette affir¬
mation évidemment exagérée ne doit s’entendre que des
procès retentissants, dans lesquels se jouait la destinée
de quelque puissant personnage. Ce qui arrivait le plus
fréquemment, c’est que le gouverneur menacé cherchait
à recruter lui-même des apologistes parmi ses anciens
administrés ; il demandait aux principales villes d’en¬
voyer des députations dont le témoignage pût être opposé
à celui de ses adversaires ; Verrès ne trouva en Sicile 5
que la seule Messine qui voulût bien se charger de ce
rôle. Si toutes se récusaient, il y avait encore une
ressource: L. Valerius Flaccus, repoussé par les villes de
l’Asie, son ancienne province, fit appel à celles de l'Achaïe,
qui l’avaient connu légat à une époque antérieure, et à
Marseille, où il avait été questeur °.
Cette coutume offrait l’avantage que le magistrat
romain, toujours exposé à rendre des comptes, avait un
intérêt personnel à traiter les provinciaux avec équité et
douceur; mais il en résulta aussi de graves abus: les
gouverneurs faibles ou corrompus achetaient par des
complaisances les éloges dont ils pouvaient avoir besoin;
ils s’y prenaient longtemps à l’avance et intriguaient,
pendant la durée même de leur charge, pour s’assurer
des témoignages d'estime et de reconnaissance. Inquiétés
ou non, ils priaient les villes, par provision, d’envoyer
à Rome des citoyens notables pour célébrer leurs
mérites dans le sénat; une fois sortis de la province,
ils pressaient leur successeur de favoriser ces déléga¬
tions 1 ; de là des marchandages avilissants, et aussi,
pour les provinciaux, des dépenses qui grevaient quel¬
quefois lourdement leur budget. Le mal s’accrut encore
lorsque le système des assemblées provinciales eut été,
au début de l’Empire, réorganisé et généralisé. Alors on
vit les gouverneurs s’agiter pour se faire délivrer régu¬
lièrement par les concilia, à l’expiration de leur charge,
1 Cic. Pro Cael. 2, b. — 2 Cic. Pro Balb. 18. De même encore P. Scstius, trib.
pl., affaire défis (Cic. ad fam. I, 9) ; sous Auguste, Nonius Asprenas, affaire d em¬
poisonnement (Suet. Octav. 56) ; cf. Cic. Brut. 4i, 1G2; Plut. Pomp. 55.
— 3 Ascon. ad Cic. Pro Scaur. 40, 139. — 4 Cic. Verr. II, 5, 22, 57. — s Cic. Loc.
cil. ; cf. II, 5, 13 ; 26, G4. - — 6 Cic. Pro Place. 15, 26, 63. Voir encore Pro Font. 7,
16. — 4 Ainsi Appius Claudius accusé de majestas, Cic. ad fam. III, 8 et 10. — 8 Gui¬
raud, Assemblées provinciales de l’Empire romain, p. 168. — 9 Dio Cass. LM, 25.
— lü Tac. Ann. XV, 20,21. — U Plin. Paneg. 70; Lamprid. Alex. Ber. 12. \ oir encore
les attestations élogieuses que leurs prédécesseurs, sous
la République, avaient sollicitées des autorités munici¬
pales8. Pour remédier en quelque manière à ces abus
Auguste (11 ap. J.-C.) « défendit aux provinciaux de
rendre des décrets honorifiques à l'égard d’aucun de leurs
gouverneurs, soit durant le temps de ses fonctions, soit
dans l’espace de soixante jours après son départ ,J »
En 62, le sénat se montra plus sévère encore : un Cretois
à qui sa fortune donnait une grande influence, s’était
vanté de disposer entièrement des suffrages de ses com¬
patriotes ; à lui seul, il était maître, disait-il, de faire
accorder ou refuser aux proconsuls les remerciements de
la Crète. Paetus Thrasea saisit cette occasion pour se
plaindre de la situation humiliante que cette coutume
créait aux magistrats romains dans les provinces. Le
sénat interdit d’une manière générale aux concilia ces
manifestations honorifiques et les députations qui
auraient pour objet de les porter à sa connaissance;
c’était revenir à l’ancienne coutume : la laudatio ne
devait plus être autorisée que devant les tribunaux en
faveur des magistrats contre qui avait été portée une
accusation en forme10. Mais les mœurs furent plus fortes
que les lois; les villes et les provinces continuèrent
comme par le passé à voter des éloges aux gouverneurs
sortants ; nous savons même que certains empereurs les
considéraient comme des titres à l’avancement, quand ils
en avaient reconnu la sincérité 11. On en vint bientôt aies
prodiguer, au-dessous du gouverneur, à des personnages
de moindre importance, pour peu qu’ils eussent rendu
quelques services dans l’administration provinciale ‘L
III. Il est possible qu’on ait appliqué le nom de lauda¬
tio aux félicitations que le général adressait, en présence
des troupes, aux soldats qui s’étaient signalés par leur I mile
conduite ; c’était l’équivalent de notre citation à l’ordre13.
IV’. Laudatio funebris. — Chez aucun peuple l’éloge
funèbre n’a eu une fortune plus durable et n'a tenu une
plus large place dans la vie nationale que chez les
Romains. En Grèce, au temps de l’indépendance, c’était
un hommage collectif, qu’un orateur désigné par l’Etat
rendait une fois l’an aux soldats morts pour la patrie
[epitaphia]. A Rome, au contraire, tout personnage qui
s’était distingué par son mérite était loué individuellement
en public au moment même où l’on portait ses restes au
tombeau14. Polybe, en décrivant cette coutume étrangère
à sa nation16, en a mieux que personne dégagé l’esprit
et il a rendu très fidèlement aussi le sentiment des Grecs
qui comme lui savaient la comprendre : « Un seul
exemple, dit-il, suffira à montrer avec quel soin Rome
forme ses citoyens à tout sacrifier pour se faire un nom
illustre dans leur patrie. Lorsqu’un homme considérable
meurt, on porte en grande pompe, après la cérémonie
funèbre, son corps à la tribune, sur le Forum; là on 1(
dresse tout droit, de façon que tous puissent le voir, pl'lS
rarement on le couche. Alors, en présence du peupl*
entier rassemblé alentour, son fils, s’il en a un qui soü
en âge et qui se trouve à Rome, sinon quelqu’un de ses
Corp. inscr. lat. XIII, 3162 ; III, 14. — 12 Voir les exemples réunis par Guiraud, Op-
cit. p. 170. — 13 'Eyxiüjxiov dans Polyb. VI, 39, 2. — 14 Cic. De leg. II, 2C> 1 '
— 15 II faut, bien entendu, écarter le tliréne plus ou moins rythmé (Aescli. Agamemn-
1547), voir threnos; on ne peut pas davantage alléguer Dionys. Halic. tiy.vfi, ' L
Lncian. De luctu, 23, comme le fait Vollmer, Op. cit. p. 451, notes I et 2; ces tel h'5
ne prouvent rien pour l’épor|ue antérieure à Alexandre. Mais il est vrai que l(l ^
tume de l’éloge funèbre a dû exister en Égypte à une époque ancienne ;
I, 92, 5.
997 —
LU! -
, monte à la tribune pour rappeler les vertus du
9arC?l choses qu’il a accomplies durantsavie. Qu arr.ve-
mr t es assistants, qui se rappellent et remettent a, ns,
t-'1 1 mlvcu* tout ce qu’il a fait (je ne dis pas ic. seu-
s0US 1 uni ont pris part aux mêmes actions, mais
lemcn,1 mêmes qui y ont été étrangers), sont tellement
“llX"‘ m souvenir que le deuil d’une famille semble
T\r un deuil publie... L’orateur qui fait l’éloge du
ITprononce, lorsqu’il est terminé, celui des ancêtres
l„t les statues assistent à la cérémome et raconte leurs
pv lits et leur vie en commençant par le plus ancien,
ne elle manière, la renommée des citoyens vertueux se
renouvelle sans cesse, la gloire des grandes actions de¬
vient immortelle, le nom de ceux qui ont b, en mer, te de
le,,,, patrie est répété par toutes les bouches et transmis
à la postérité. Mais, ce qui vaut mieux encore, la jeu¬
nesse est vivement sollicitée ainsi à tout braver pour
! intérêt commun, dans l’espoir d’atteindre cette gloire
oui s’attache aux bons citoyens1. »
Il est probable que dans les temps les plus recules,
lorsque les funérailles se célébraient de nuit [funus,
p 1390] , la coutume de l’éloge funèbre n était pas
encore en vigueur 2, ou du moins on peut admettre qu’il
fut d’abord prononcé à 1 intérieur de la famille. Suivant
quelques historiens, Valerius Publicola aurait dès
pan 509 av. J.-C. rendu cet hommage en public à la
mémoire de Brutus, son ancien collègue dans le consulat ;
mais on a des raisons de considérer cette tradition comme
fabuleuse 3. En tout cas, il est certain que le consul
M. Fabius Vibullinus prononça en 480 devant le peuple
l’éloge de son frère Quintus et par la meme occasion
celui de son propre collègue C. Manlius Cincinnatus, tous
deux morts à l’ennemi 4. Depuis, il n y eut guère de per¬
sonnage marquant dans les grandes familles de Rome
qui ne reçût le même honneur ; à la fin de la République,
on notait comme des exceptions ceux qui en étaient
privés 5. À l’origine, les patriciens seuls durent y avoir
droit ; car il se rattache, comme le jus imaginum, atout
un ensemblede traditions essentiellementaristocratiques,
qui avaient pour but d’assurer et de perpétuer à travers
les siècles la cohésion de la gens ; nous ne savons pas à
quelle époque les familles plébéiennes furent admises à
en jouir. Les impubères étant portés de nuit au tom¬
beau °, on ne pouvait leur consacrer un éloge funèbre.
Q. Lutatius Catulus, consul en 102, fit celui de sa mère
Popilia; ce serait, d’après Cicéron 7, la première fois
qu’on aurait rendu cet hommage en public à une femme ;
son témoignage est sur ce point en désaccord avec
d autres 8 ; mais il paraît plus digne de créance. Les
exemples se multiplièrent et il y en eut d’illustres.
L’orateur était toujours un des plus proches parents
du défunt, son fils, son gendre, son frère, son père, son
beau-père ou son neveu; plusieurs femmes connues
I olyb. X I, 5», 11-54. Sur l'influence politique et morale île la laudatio,
.voii Marlha, Op. cit. C’est le meilleur commentaire de ce passage. — 2 Cf. Tac.
Am X111- 17- — 3 Dionys. Hal. V, 17 ; Plut. Val. Public. IX, 53; Auctor
I evir. ill. i irb. Rom. 10; Joli. Lyd. I, 33, p. 145, Bekker; H. Peter, Rist.rom. rel.
j>. XXIX ; Vollmer, p. 455. — 4 T. Liv. II, 47. — a Cic. Pro Mil. XIII, 33 ; Tac. Ann.
' ’ 5' ~ 6 8orv- nd Aen. XI. 143. _ 7 Cic. De Or. Il, 1 1, 41. — 8 Plut. Caes. 5,
j ■ V, 50; II. Peler, Histor. rom. rel. p. xxx, note 1 ; Vollmer, p. 453;
- Plut. Fab. M„x. 94, 4. Caes 5. Zona|, XI 2 f. Tac. Ann. v, 2; Polyb. VI,
• K. on. ep. f,0; Dio. Or. XXIX, t. — 10 Appian. 1, 100; Suet. Jul. 84; les autres
fUnoignages prêtent à la discussion. Voir Vollmer, p.455. — n Dio. Cass. 57, 11,7;
— '13° < ert,n- — 12 Suet. Aug. S ; Quintil. XII, 6. I ; Nicol. Damasc. Aug. 3.
note » ^el,'- T‘lj' G; Calig. 10. — H Mommsen, Pôm. Staatsreclil, l3, p. 442,
folvb. \ |, 53 ; Cic. ad Att. XV, 20, 2 ; XV. 1 1 ; Auctor De vir. il.
V.
dans l’histoire furent louées par leur mari 5. Un orateur
étranger à la famille n’était chargé de la laudatio h titre
privé que dans le cas où le plus proche parent avait un
empêchement légitime ». Cependant, les empereurs
semblent s’en être quelquefois arrogé le droit, par excep¬
tion, pour honorer une famille amie". H va de soi que
personne ne pouvait remplir celte tâche pieuse, s i
n’était pas dans les conditions exigées par la loi pour
prendre la parole devant le peuple; par conséquent, elle
ne pouvait être confiée ni à une femme ni à un enfant,
qui n’avait pas encore pris la toge virile. Pourtant, en a ,
nous voyons Octave, âgé de onze ans, louer sa grand -
mère Julia pro concione 12, et bientôt après il se produit
encore des faits semblables, mais seulement dans la
maison Julienne 13. On s’est même demandé si 1 orateur
ne devait pas être magistrat pour avoir le droit de
s’adresser à la concio funebris 14 [funus] ; rien ne prouve
cependant que cette condition fût nécessaire dans les
funérailles célébrées à titre privé.
L’éloge funèbre était prononcé au forum du haut de
la tribune, le corps du défunt étant exposé et même
dressé sur les Rostres anciens (: rostra vetera)lh. Certains
personnages de la famille impériale furent honorés en
outre d’un second éloge ; en pareil cas, les deux orateurs
s’entendaient probablement pour se partager le sujet, et
le second choisissait pour y prendre la parole d autres
monuments, tels que les Rostra Julia , le terhple de
Jules César, le Cirque Flaminius, etc. 16. Il a dû arriver
aussi quelquefois que les vertus ou les mérites de citoyens
récemment décédés fussent l’objet d’éloges publics dans
l’enceinte du sénat de Rome 17 ou des sénats munici¬
paux18, à l’occasion des honneurs qu’on demandait pour
perpétuer leur mémoire.
Lorsque les funérailles étaient célébrées aux frais de
l’État ou aux frais d’unmunicipe, la laudatio était confiée,
non plus à un parent du défunt, mais à un magistrat
désigné expressément pour cette tâche par un sénatus-
consulte ou par un décret des décurions19. Il n est pas
certain cependant que le funus publicum comportât
toujours et nécessairement ce genre d hommage-0. La
presque totalité des inscriptions où il est mentionné sont
des inscriptions d’Espagne21 ; on en connaît une, qui a
été découverte à Tanger22. Cependant, on ne peut douter
que cet usage ait été aussi en vigueur dans la ville de
Rome23. Nous savons que Tacite, étant consul, fut chargé
par- le sénat de prononcer l’éloge funèbre de L. Vergi-
nius Rufus, personnage éminent, qui avait refusé deux
fois l’empire24. En Espagne, cet honneur est accordé par¬
fois à des femmes25, et il arrive aussi que plusieurs
éloges funèbres soient consacrés à un seul et même per¬
sonnage par des municipes différents 26.
Lorsqu’un officier mourait à 1 armee, une laudatio
pouvait être prononcée devant sa dépouille au nom de la
urb. Ilom. 10; Dionys. Hal. Ant. rom. IX, 54; Plul. Fab. Max. 24, 4; Appian.
Bell ci». I, 106: Plut. Caes. 5; Dio. Cass. 39, 64, 54 ; 28, 55, 2; 54, 35; Plut.
Brut. 20 ; Anton. 14, 3; Suet. Caes. 6 ; Aug. 8, 100; Tib. 6; Calig. 10, Claud. 1;
Ouintil. xil, 6, 1; Tac. Ann. III, 5, 76; IV, 12 ; V, 1 ; XVI, 6; Sen. ad Marc. 15;
Zonar XI, 2 c; Plin. Ep. II, 1-6; Jul. Capitol. VII, Il ; Nicol. Damasc. Aug. 3.
I IG Dio. Cass. LIV, 35 ; LV, 2, 2; LVI, 34, 4; Suet. Aug. 100 ; Jul. Capitol. VU,
II —17 Cic. Philipp. IX, fin ; Vollmer, p. 459. — 18 Corp. inscr. lat. VIII, 15880 ;
X 3903 4-9. — 19 Quintil. Inst. or. III, 7. — 29 Vollmer, p. 461. — 21 Coip.
inscr. lat. II, 1065, 1089, 1186, 1286, 1342, 1735, 2131, 2150. 2188, 2344, 2345, 3251,
3952 3746, 5409. Probablement aussi Corp. inscr. lat. II, 4217, 4611. 22 La
Mart'inière dans le Bull, arc h. du Comité des trav. histor. 1888, p. 476.
_ 23 Quintil. Loc. cit. - 24 Plin. Epist. U, 1, 6. — » Corp. inscr. lat. II, 1089,
9(88 2345, 5409. — 26 tbid. II, 3251, 3252.
126
troupe où il commandait, et même au nom de plusieurs
troupes qui connaissaient ses services *.
Les familles de Rome qui avaient donné à la République
un grand nombre de magistrats et de personnages
remarquables conservaient pieusement dans leurs
archives domestiques la suite des éloges de leurs
membres défunts. Cette catégorie de documents, pré¬
cieuse pour l’histoire des premiers siècles de la Répu¬
blique, fut mise à profit par les annalistes; mais de
bonne heure elle leur devint suspecte; déjà Caelius Anti-
pater s’en défiait2. Cicéron et Tite-Live en ont dit la
raison : c’est que la vanité des familles s’y était donné
libre carrière, au point même d’altérer les faits 3. Ce fut
sans doute vers la fin du 111e siècle avant notre ère que
l’on commença à publier les éloges funèbres des contem¬
porains au fur et à mesure qu’ils étaient composés ; le
plus ancien dont il soit fait mention, comme d’un ou¬
vrage connu par des copies, est celui que Fabius Cunc-
tator prononça en l’honneur de son fils entre 207 et 203;
on l’avait encore au temps de Plutarque Vers la fin de
la République, on voit s’introduire l’usage de publier des
biographies de personnages contemporains, écrites plus
ou moins longtemps après leur mort comme un hommage
destiné à remplacer l’éloge funèbre, lorsque, pour des
raisons diverses, il n’avait pu être prononcé devant leur
dépouille: tel fut Y Éloge de Caton d'Utique par Cicéron 6.
De même, s’il est inexact de dire que YAgricola de Tacite
est proprement une laudatio funebris 6, on peut
admettre qu’il donne une idée du genre, d’où ces biogra¬
phies tirent probablement leur origine.
Quoique Cicéron ait donné sur la composition des
éloges en général des préceptes qui pouvaient trouver
leur application dans l’éloge funèbre 7, il ne semble pas
avoir eu beaucoup d’estime pour ce genre d’éloquence,
ni même avoir aperçu le parti que l’on en peut tirer 8.
La principale cause de ce dédain est dans l’abus qu’en
avaient fait les familles puissantes de Rome ; nous savons
que l’éloge des ancêtres en était un des thèmes obliga¬
toires et qu’il y tenait une large place ; l’orateur, à
propos de chaque décès, commençait toujours par réca¬
pituler les laudationes antérieures de la même famille 9,
et c’était une des raisons pour lesquelles on les conser¬
vait si soigneusement; de là dans ces morceaux d’appa¬
rat une convention et une monotonie qui leur nuisaient
1 Corp. inscr. lat. II, 2079 ; VI, 3617. — 2 Cad. Anlipat. ap. T. Liv. XXVII, 27, 12 ;
W. Soltau, Die rôm. Laudalionen u. ihre Einfluss auf die Annalistik ,
Deutsche Zeitschr. f. Geschicht. Wissensch. 1897, p. 98, — 3 Cic. Brut.
16, 62; cf. De leg. II, 63; T. Liv. VIII, 40. — 4 Plut. Fab. Max. 1,
5; Cic. Cat. maj. IV, 12. Autres mentionnées dans Plin. Hist. nat. VU, 43;
T. Liv.XXVIl, 27, 12; Cic. De orat. II, 84, 341 ; Schol. Bob. ad Cic. Pro Mil.
VII, 2 ; Suct. Jul. 6; Serv. ad Aen. I, 712; Plut. Marcell. 30, 4 ; Comp. Marcelli
et Pelop. 1, 4; Suet. Claud. 1. Témoignages plus douteux; Cic. ad Quint, fr.
III, 8, 5; ad Attic. XIV, 11 ; Tac. Ann. XIII, 3.-6 Voir les autres exemples
réunis par Vollmer, p. 468-471. - — 6 Hübner, Hermès , I (1866), p. 447 ; cf. Plin.
Epist. V, 5, 2. — 7 Cic. De or. II, 11, 44, 50 ; cf. Dionys. Halic. -«xvri, 6 ; Theon.
Progymn. 8; Menandr. IieiSeixt. H ; ap. Jiliet. gr. Spengcl, II, p. 109; III, p. 418.
— 8(ÿC. Deor. II, 84, 341. Vollmer cherche en vain, p. 478, à interpréter autrement
ce passage. Voir H. Peter, Berlin. Philolog. Wochenschr. XII (1892), p. 1421.
— 9 Suet. Caes. 0 ; Plut. Caes. 5 ; A. Oeil. XIII, 20 j Dio Cass. LUI, 30, 5 ; Serv . ad
Virg. Aen. 1, 712 ; Tac. Ann. XIII, 3 ; Cic. Brut. XVI, 61 . Un autre ordre est peut-
être indiqué par Polyb. VI, 54. Cf. Vollmer, p. 477, combattu par H. Peter, Roc. cit.
— 10 Voir surtout Martha, Op. cit. Amatucci, Eeloquenza latina nei primi cingue
secoli di Borna, Torino, 1895, a essayé de réhabiliter les laudationes. — " Vollmer
donne, p. 478, la liste chronologique des laudationes connues, et, p. 480, une édition
critique de tous les fragments contenus dans les textes et les inscriptions. — 42 Corp.
inscr. lat. VI, 10230, Vollmer, n° 12. — 43 Corp. inscr. lat. VI, 1527, Vollmer, n“ 13.
Nouveaux fragments trouvés en 1898, Notizie degli scavi, 1898, p. 413. — 44 Corp ,
inscr. lat. XIV, 3579, Vollmer, n° 18. — 15 Bio. Chrys. Melancomas-, Hérode
Atticus sur son maître Secundus (Philostr. Vif. sopli. I, 26, p. 225, Didot), Hadrien
beaucoup aux yeux des véritables orateurs. On s’explique
ainsi qu’ils aient pu paraître aussi peu susceptibles d’art
que dangereux pour la vérité historique 10.
Outre les fragments d’éloges funèbres cités par les
auteurs latins, nous en avons conservé quelques-uns
dans les inscriptions ; quelquefois, en effet, les familles
ont tenu à faire graver le texte de ces discours sur le
tombeau même des personnes qui en avaient été l’objet11.
Parmi les plus intéressants, nous mentionnerons seule¬
ment l’éloge de Murdia, qui date du temps d’Auguste12,
celui de Turia, prononcé par son mari, le consul Q. Lu-
cretius Vespillo, entre l’an 7 et l’an 1 av. J.-C. 13, celui de
Matidie par son gendre, l’empereur Hadrien (an 119) u.
L’usage romain constammentrespecté, quoique n’ayant
produit aucune œuvre éclatante, eut pour effet de déve¬
lopper chez les Grecs, par imitation, le goût du Xôyoç
sTitTctcptoç ou l7ttx7jo£iGç ; sous l’Empire, ils composèrent à
leur tour des éloges funèbres pour honorer individuelle¬
ment des personnes qui s’étaient recommandées par
divers genres de mérites. Quelques-uns de ceux qui nous
sont parvenus ont été réellement prononcés ; les autres
ne sont que des exercices d’école 16. Au iv° siècle appa¬
raissent dans l’Église les premières oraisons funèbres
inspirées du sentiment chrétien 16. Georges Lafaye.
LAUTIA. — Ce mot 1 désigne le mobilier que le gou¬
vernement de la République romaine mettait à la dispo¬
sition des ambassadeurs étrangers, en même temps
qu’une habitation pour la durée de leur séjour à Rome2
[hospitium, p. 301]. L’étymologie de cette expression est
incertaine. On donne lautus* ou lavare , lotus , le bain
étant à l’origine le premier besoin de l’hôte4'. D’après
Festus5, Livius Andronicus aurait employé, au lieu de
lautia , le mot dautia , en supposant sans doute une racine
grecque, oiSwp. En grec, l’expression correspondante est
7rapôy T; ou 7i7.po/at6. Dans un sénatus-consulte de 45 av.
J.-C., le mot yopijy.a parait désigner à la fois le mobilier et
le présentd’hospitalité7. Plus tard Apulée emploie aussi le
mot lautia àpropos de l’hospitalité privée 8 . Cn. Lécrivain.
LAVATIO, nXudt;1. — Lavage, nettoyage en général,
blanchissage2. Chez tous les peuples qui ont atteint un
certain degré de civilisation, les soins de propreté ont été
regardés comme indispensables. C’est à l’eau froide ou
chaude, pure ou additionnée de certaines substances que
partout on a eu recours pour enlever les souillures des
de Tyr sur Hérode Alticus [Ibid. II, 10, p. 245 D) ; Ael. Arislid. Et; ’Exur/iu, 1-
•ATieEivSfw ; Libanius, ht’ ’loukavS, etc. Voir Westermann, Quaest. Demosth. II, p. 4 i
— 4G Euseb. Vif. Constantin. IV, 55. Voiries exemples réunis par Vollmer, p. 472,
475. — Biblioghaphie. Kirchmann, De funeribus Bomanorum, II, cap. xvui-xix,
llamburg, 1605; Ant. Frid. Meyer, De laudationibus funebr. veterum, Lipsiar.
1670; Taylor, Lectiones Lysiacae (1739), ap. Rciske, Oral. graec.X I, p. 231
Doring, De laudationibus funebr. ap. veteres, Golha, 1804, 4"; Westermann, Quaes-
tiones Demosthenicae, II, cap. u (18311, p. 23-48; Cadenbacli, De Roman. laudationibus
funebribus, Essen, 1832; Herm. Graff, De Roman, laudationibus commentatio ,
Dorpat, 1862 ; Const. Martha, L oraison funèbre chez les Romains (Rev. des Deux
Mondes, 1877, 21, 654) dans scs Études morales sur l'antiquité, Paris, 1883, p. 1-59
Marquardt-Mau, Privatleben der Rôm. (1886), p. 357 ; J. Kukutsch, Ueber die
laudatio fun. bei den Rôm. Progr. gymn. Theres. Vindobon. 1888 ; Frid. Vollmer,
Laudationum funebr. Romanor. historia et reliquiarum editio dans les Jahrb.
fur class. Philologie de Fleckeisen, LXXX, Suppl. Band, Leipzig, 1892, p. 445.
LAUTIA. 1 Plutarque (Quaest. rom. 43) écrit kaùtEia qu'il traduit à tort par
;e\ioc. — 2 Tit. Liv. 28, 39; 30, 17; 33, 24; 35, 23; 42, 26 ; 44, 16; 45, 20.
— 3 Festus, p. 117 : lautitia epularum magnificentia. — 4 Cic. Ad fam. 9,
_ 5 p. 68 : « item dautia quae lautia dicimus et dantur legatis hospitii gratin. »
_ 6 Polyb. 21, 18 ; 24, 4, 6 ; 32, 23, 2 ; Corp. inscr. lat. 1, 203, 1. 26. — 1 Inscr.
gr. insular. II, 35 6, 1. 24. — 8 Metam. 9, p. 300, 370 (éd. Nisard).
LAVATIO. 4 Plat. Rep. 429 E. — 2 Le terme lavatio a servi encore pour dési¬
gner les ustensiles de toilette (Cic. Ad famil. IX, 5, s. fin.; Pliaedr. IV, 4; Ulp-
Dig. XXXIV, 2, 26) et l'endroit où l’on se lave (Vitruv- V 11 Dig. XIX, 2, 30 1
Inscript, ap. Gruter. 444, 8).
LAV — 999
matières premières, comme la laine, des étoiles au sortir
, ‘ Ja fabrication, des vêtements et des corps.
Nettoyage de la laine surge. - Avant d’être mises en
„livre les laines surges {lana succida *, Spt* ofownip*-)
doivent être débarrassées du suint (oi^o/tt) , oututo; ,
oesi/pum*) dont elles sont enduites. A cet effet, on les
plongeait ^obixsiv)6 dans de l’eau chaude (c’était le pro¬
cédé antique), à laquelle on ajouta, dans la suite, de la
racine de saponaire (arpouSiov7, radix lanaria \ herba
lanaria 9) dontla plus estimée se tirait desrégions situées
au delà de l’Euphrate. Relativement au désuintage de la
laine, on fait encore mention du vin, de l’huile, de la cire
blanche et de la graisse de porc 10. Quant aux souillures
contractées pendant le filage et le lissage, leur nettoyage
taisait partie des manipulations auxquelles les tissus
étaient soumis par les foulons [fullonica].
Blanchissage des vêtements et du linge. — Le procédé
le plus ancien consistait à immerger les objets salis dans
( 'TcXuvséç ) était exercée a
des bassins ou lavoirs (tOoivoi)11 aménagés au bord de
cours d’eau ou auprès de sources froides ou chaudes12, et
à les fouler aux pieds vivement (<ttîi'6siv 13, ÀaxxiÇsiv u,
ffugTOxxîicai 16 , argutari pedibus 10), pour en faire sortir les
impuretés. C’est ce que nous voyons les servantes de
Nausicaa faire dans Y Odyssée11. Dans la scène décrite par
Homère, le lavage a lieu sans addition d’aucune substance.
Mais on conçoit aisément qu’un pareil procédé ne pouvait
faire disparaître que très imparfaitement les taches grais¬
seuses. Comme les anciens ne connaissaient pas le savon
1 Van-, De r. rust. H, 11, C; Mart. XI, 27, S; Juven. V, 24; Dig.
XXXII, 1, 70. — 2 Aristoph. Acliar. 1177; Dioscor. 11,84; Poil. VII, 28 ; cf.
Smd. s. v. oliruitriçdî î Ét. Mar/n. p. 019, 12, ou encore o!<rwn»içà dans
necd. de Bckkcr, l, p. 50, 7. — 3 Aristoph. Lysistr. 575; Dio Cass. XXXVI,
, Hcsych. s. v. ; Suid. s. v. O11 lit encore o'Krxàsn et outtet,, Suid. s. r.
Dioscor. II, 84; Paus. VIII, 42, 11; Hesycli. s. v. Chez Hérodote, oîo-û^ry, ;
cf. Suid. s. v. B Plin. IHst . nat. XXIX, 85-38 ; XXX, 27, 28, etc.; Ovid. Ars
, IU’ 213 ; flemed. am. 354. - 0 Arist. Ecoles. 215. Il se sert ailleurs de
*7: ùvnv, Lysistr. 575. Le terme technique latin pour désigner cette opération était
cf.Varr. De r. rust. II, 2, 18; Titin. apud Non. Marccll. (éd. Quicherat),
Cett" " i Di0Sr01' ^ 011 lcrme rcçouOÎÇtiv, id. 84; Hcsych. s. V. (itjouBiov.
> . .,6 11 ' 11 U cst arPelée aussi paot*4 po-rivn;, Lucian. Aléa. c. 12; Beckmann,
vf'T "T Geschichte der Erfindungen, IV, p. 18. — 8 Plin. XIX, 48; Colum.
0 ’ri; • Plin- XX1V> »« et 1«8 ; XXV, 52. - 10 juv. V, 24 ; Varr. II, 11,7. Les
lanilut* ’Cni^ °/éS 3 ccdôsuinlag° de la laine étaient appelés eçto-^ÜTat, Diosc. II, 90,
, S> ' Glesscir . Philox. cité par Blümner, Technologie und lerminol. der
*ZuadWiïrte’ L *: P- 10S- - 11 0d^ VI. *0 e, 80; Iliad. XXII, 153.
Üt Se l’ilissos • f’ f^01 r",V- l,CS Alhéniens avaient établi leurs lavoirs dans le
p. 24. _ 13 r., ' ;UI'lius’ Abhandlung üb. gr. Quell-und Brunneninschriften,
p. 182 u IJ2‘ ~ 14 Hippocr. De diaeta, I, 14; Synes. Epist. 44,-
— 17 Bans les ° '. ’ '?7' ~ 16 ^tin. ap. Non. Marcell. (éd. Quicherat), p. 270.
A-uscrles. Vn *e,1’*ll0DS Jc la scèn® de l 'Odyssée sur un vase peint (Gerhard,
le linge comme ' î ’ ■’ 1’1' “1S *r's' 4371î> 011 voil des laveuses tordre et presser
0,1 e ail encore. Sur uu charmant vase d’Athènes (Dumonl, Céra-
_ LAV
| SApOj 18, pour enlever réellement ces taches, il leur fallait
ajouter à l’eau des substances, désignées par les termes
généraux de péggxxa, ^uTrrtxà19, capables d absorber ou
d’émulsionner les matières grasses. Les propriétés absor¬
bantes de certaines espèces de terres argileuses (yvj 7tXuv-
xpt;20, <7|jt7)xxp tç 21 ou ffg^xxtç22), étaient connues dans l’an¬
tiquité et les foulons faisaient un grand usage de la terre
de Cimolos [creta, fullonica] qui, parait-il, est encore
employée aujourd’hui en guise de savon23. A côté prennent
place les sels alcalins comme le carbonate de soude et le
carbonate de potasse, égale¬
ment désignés par le mot
vtxpov 24, nitrum 2,\ Xtxpov chez
les attiques26 [nitrum]. Enfin
les anciens connurent et em¬
ployèrent la lessive de cen¬
dre27 (xovta), dont la plus
efficace (pu7rxtxwxâx7)) était
celle qui se faisait avec la
cendre de bois de figuier28.
Les tissus une fois lavés de¬
vaient être rincés, comme de
nos jours, puis tordus, comme
le montre une scène sur un
vase peint (fig. 4371) 29. La
profession de blanchisseur
Athènes par des hommes et des femmes 30 QiXûvTptai).
D’autres parties du vêtement, comme la chaussuie, se
lavaient à l’occasion avec des éponges31 (fig. 4372).
Toilette. — C’était d’éponges qu’on se servait aussi
pour la toilette quand on voulait opérer un nettoyage
doux 32 et notamment pour laver et sécher le corps des
malades33. Le lavage à l’eau chaude était recommandé
pour les enfants et les vieillards u. Mais pour enlexei les
impuretés provenant de la transpiration et surtout la
crasse formée par la poussière et 1 huile dont on axait
l’habitude d’oindre la peau, l’eau seule, même chaude,
aurait été insuffisante; aussi, pour nettoyer la peau, non
seulement se servait-on d’une espèce détrille [strigilis],
mais encore axrait-on recours aux pugga-ra, avec lesquels on
se frictionnait [balneum, unguenta]. Parmi ceux qui étaient
employés ou fournis par les baigneurs, on cite le nitre, la
lessive de cendre et la terre de Cimolos et une compo¬
sition de farine de fèxres appelée lomentum 1,1 . Alfred Jacob.
miq. de la Grèce propre, pl. vm, p. 364) une femme verse de l’eau sur du linge
étendu à terre, des vêtements sont posés sur un escabeau suspendu et sur une chaise.
_ 18 Voir K. B. Hoffmann, dans XViener Studien, 1882, 2' livr. - 19 Plat. Rep.
IV 4->q E et 430 A ; Atheu. VIII, 351 E ; XI, 484 A ; Poil. VII, 40 ; Alciph. III, 61 ;
Tim. Lex. platon. s. v. ÿV|i«; Nicand. Alex. 96. - 20 Theophr. Caus. plant. H,
t j _ 21 Poil. VII, 40. — 22 Galen. Glossar. hippocr. p. 90 et 139. Le même (XII,
170) parle d'une terre de Lemnos dont on se servait pour laver le linge. — 23 Tour-
nefort Relation d'un voyage du Levant, I, p. H* (éd. in-4») ; Choiseul Gouffier.
Voyage pittor. dans l'Empire Ottoman, I, p. 14 (éd. in-8») ; L. Lacroix, Iles de
la Grèce, p. 73, col. 1. — 24 Synes. Epist. 44, p. 182 D ; Alciphr. III, 61 ; Blümner,
Op. cit. t. I, p. 162 et 163, n. i; Hôfer, ffist. de la chimie, I, 146. — 25 Isid.
OWi/. XVI, 2,7. — 20 Moeris (éd. Piersou), p. 246; Aristoph. Ran. 711; Ilerod. 11,
80 ; Hesych. s. Greg. Cor. p. 148 ; Poil. VII, 39 ; X, 135. — 27 Arist. Ran. 711;
Plat. Rep. 430 B ; Poil. VII, 39 et 40 ; XV, 67 ; Arnob. VII, p. 237 ; ef. Beckmann,
O. I. IV, p. 10. -• 28 Plut. Moral. 697 A; Galen. XII, 35; Dioscor. I, 186.
_ 29 Gerhard, Ausertes. Vasenbild. III, pl. ccxvm. — 30 E. Curtius, Loc. cit. p. 25 ;
cf. Mittheil. des deutsch. arch. Instit. in Atlien, 1885, p. 77, où la blanchisseuse
est appelée hWïtçik. —31 Lenormant et do Witte, Elite des mon. céramogr., 111,
pl. xuv ; voir aussi Catalog of the collection of antiq. formed b y lier: (Londres,
1851), pl. ni. — 32 Arist. Thesm. 247. — 33 Plin. XXXI, 131. — 34 Gels. 1, 3.
— 35 Arist. Ran. 710 et suiv. Galien (XII, p. 180) rapporte qu'on extrayait à Sélinonte
et à Chios une terre don le femme se servaient pour se laver le visage ; cL
Becker, Gallus (3e éd.), t. III p. 117 et suiv. — 35 Mart. III, 42, 1; Pallad. XI,
14, 9.
1000
LEB
LEB
LAVERNA. — Divinité de la plus ancienne religion
des Romains, dont le nom n’a jamais été expliqué d’une
façon satisfaisante1 et qui, après avoir fait partie des
esprits souterrains, était devenue la protectrice spéciale
des voleurs, sans doute parce qu’elle régnait dans les
ténèbres et que ses sanctuaires étaient au fond des bois
obscurs2. Elle en possédait un au nord de la ville, sur la
Via Salaria , dans un endroit particulièrement mysté¬
rieux, où les voleurs se donnaient rendez-vous pour le
partage de leur butin ; de là leur vint le nom de Laver-
niones ; et sans doute par le même biais, la déesse perdit
sa signification première pour ne plus être, dans
1 opinion, que la patronne des scélérats qui volent dans
l'ombre3. Elle avait aussi un autel sur les pentes de
I Aventin, au voisinage de la Porte qui lui était redevable
de son nom [, lavernalis J ; la porte débouchait sur Y Empo¬
rium où il y avait de bons coups à faire4. Ces associations
d'idées expliquent son rôle dans la littérature où elle
n’est plus que la déesse des voleurs. Elle leur donne la
ruse et, après le vol accompli, l’impunité avec une répu¬
tation de gens de bien6. Un aigrefin, chez Plaute,
l’appelle à son aide pour qu’elle lui procure des profits
malhonnêtes. La formule : lta me bene omet Laverna
est spéciale aux voleurs, et la prière que lui adresse
un de ces personnages chez Horace, l’appelant : pulchra
Laverna , et la suppliant d’abriter ses larcins dans
l'ombre et la nuit, est l’expression plaisante de sa double
nature6. Une coupe, qui porte l’inscription lavehnalis
pocolom, provenant d’un tombeau étrusque et contempo¬
raine, suivant toute vraisemblance, de la première guerre
punique, est une ofirande à Laverna1, déesse du monde
des morts, proche parente de Lara appelée plus lard la
mère des Lares 8. Nous savons que les libations en son
honneur se faisaient avec la main gauche, alors que pour
les dieux d’en haut on se servait de la droite 9. J . A. Hild.
LÉBÈS (A éêvjç OU Aéêetç 1 . Asêv^Ttov 2, Asê^Tocpiov 3, diminu¬
tifs). Chaudron. — Le lébès était généralement en métal
(pour les vases de même forme en terre cuite, voir crater).
II y en avait d’or4 et d’argent6, mais la plupart étaient de
bronze6. La forme du lébès est variable suivant la pro¬
fondeur du récipient, la courbe de la panse, le profil de
l'épaule et de l’embouchure. Certains ressemblaient tout
à fait à nos chaudrons 7, mais le plus grand nombre étaient
beaucoup moins hauts que larges, et le diamètre de la
panse est généralement très supérieur à celui de l’embou¬
chure : celle-ci, toujours dépourvue de col, est tantôt
simple, tantôt à lèvres horizontales ou verticales. Le cou¬
vercle 8 était fixé par des clous9 ou posé simplement
sur l’ouverture 10. Ces récipients, de dimensions souvent
LAVERNA. 1 Fcslus, X, ]). U", parait rattacher ce nom à luere ; le schol. Cruq.
d Horace (Ep. I, 16, 60) fait dériver de latere et cite, pour lavernio = voleur, la
variante laternio ; Acron au même passage en appelle à lavttre et dit que les
voleurs étaient nommes lavalores. II est probable que Laverna est une doublure de
Lara. Pour l'étymologie, cf. Curlius, Griech. Etyrnol. I, 329. — 2 Feslus, Ibid. :
cf. une interprétation analogue du dieu Summanus, considéré comme un dieu des
voleurs chez Plaute, Bacchid. IV, 8, 5, et le verbe summanare (Id. Curcul. III, 43)
avec le sens de voler, ce qui le lit identifier avec Pluton ou Dis Pater (Arnob.
111, 26, et V, 34; Mart. Cap. 11, 161). — 3 Schol. Cruq. Hor. Loc. cit. : Est dea
furum et simulacrum ejus fores cotant et qui consilia sua volant taxi ta ; nam
preces ejus cum silentio exercent ur ; cl. Arnob. IV, 24, et Harlung, Belig. der
Boemer, II, p. 54 suiv. — 4 Varr. Ling. lat. V, 163, et Festus, Loc. cit. — 6 Hor.
Ep. I, 16, 60; cf. Novius, ap. Non. Marc. p. 483, 20, et Prudent. C. Symm.
II, 869. — 0 Non. Marc. p. 134 : Plautus Cornicularia (pièce perdue) : militave-
ram Lavernae... furtis celcbrassit manus...; cf. Lucilius, Lib. XVII, fragm. la :
si messes facis invisas, si rendis Lavernae ; Plaut. Aul. 111, 2, 24. Ausone, Ep.
III, 103, emploie laverna comme synonyme de fur. — 7 Corp. inscr. lat. I, 47 ;
Annali d. Instit. 1884, 5 suiv. ; voir donabia, fig. 2535. — 8 Cl. Preller, Boeni.
très grandes11, étaient en bronze mince et battu au
marteau. Parfois, dans les exemplaires archaïques, deux
ou plusieurs lames de métal sont jointes par des rivets12.
Comme les vases étaient exposés au feu, et que le
poids du chaudron rempli d’eau devait être considé¬
rable par rapport à l’épaisseur, ils devenaient assez
vite hors d’usage ; les lébès détériorés sont souvent men¬
tionnés dans les inventaires des sanctuaires13. Ainsi
s’explique qu’ils soient d’ordinaire mal conservés et que
beaucoup ne soient parvenus qu’en fragments.
Le chaudron, lorsqu’il était de petites dimensions,
n’avait que des anses mobiles, au nombre de deux ou de
quatre, attachées d’ordinaire près de l’embouchure14. Les
lébès ovoïdes, trouvés en Campanie, et dont plusieurs
sont très richement décorés15, sont même généralement
dépourvus d’anses et ne se portaient qu’à deux mains :
seul le couvercle avait une poignée fixe, formée d’un per¬
sonnage ou d’un groupe16. Il n’en était pas de même
lorsque le lébès était de grand diamètre. Les anses étaient
alors circulaires, en forme de couronnes verticales, qu’un
ruban métallique reliait à la panse11. Le décor en était
purement géométrique, mais des figurines symétrique¬
ment dressées ai¬
daient parfois à
soutenir l’o¬
reille 18 ; des che¬
vaux étaient fixés
à la partie supé¬
rieure19, et, lors¬
que l’espace resté
vide au milieu
était trop grand,
de grandes Gor¬
gones venaient le
remplir 20. D'au¬
tres fois, les anses manquaient, remplacées par des poi¬
gnées fixes 21 . De fortes protomes, en col de lions ou de bé-
Mythol. p. 218. — 9 Scplim. Seranus, ap. Schol. Sial. Theb, 1 V, 502 : laeru
(pocula) quae vides Lavernae, Palladi sunt dextera.
LEBES. l Foi'ine béotienne, Eust. p. 1401, et Thésaurus, s. v. — - Poli. 6, 92
— 3 Poil. 10, 06. — 4 Ath. 9, 408 c; Piud. Isth. I, 19-20 (27-8). — P Horo. Od. P
137; * E © . ’A?Z. 1888, p. 44, 1. 63 (inscr. d’Eleusis). — «Ath. 9, 408 d-, Virg. Aeih
5, 266. — 7 Gerhard, A user l. Vascnb., II, pl. cxxvir. — 8 Poil. 10, 188. — 9 Bronzes
du Polytechneion, 19, p. 9. — 10 Atll. Mittheil. 1893, pl. xiv. — H II y en a de
conservés, ou de faciles à restituer, dont le diamètre est supérieur à un mètre. Le
lébès où vogue Héraklès (Eust. Dionys. 558, voir suprà , III, p. 93, fig. 3763), celui
où l’on voit assis Apollon (voir suprà, I, p. 315, fig. 370) n'avaient rien qui choqui'1
l'imagination des Grecs. — 12 Walters, Br. in Brit. Mus., 384, p. 57 (Vulci).
— 13 Bull, de corr. hell., VI, p. 47, 106, p. 51, 210 (Délos) ; cf., au contraire, les
lébès en bon état, ibid. X, p. 466, 1. 138. — 1'* Br. du Polytechneion, 13 et son-
p. 8-10. — « Walters, Br. in Brit. Mus., 560, p. 80-1. — 10 Liste dans Dulin,
Annali, 1879, p. 119-157. - U Boem. Mittheil., H, p. 236. — 18 Br. du Pol’J-
techneion, 5-6, p. 4-5; Br. de V Acropole, 48-9, p. 19-20. — » Olympia, P',
pl. xxvn, 016-7; Br. de l'Acropole , 50-1, fig. 1-2, p. 20-1. - 20 Br. de l'Acropok
500-1 , p. 181. — 21 Ibid. 451, p. 159.
LËB
— 4001 —
LÈB
.. , 4373), de serpents2, ou de grillons (üg. A3U)\
!‘er& sur le haut de la panse et pouvaient être
facilement saisies à pleines mains. Des tètes d’animaux 4,
L monstres fantastiques aux ailes d oiseau, aux bras et
buste de femme 8, s’appliquaient sur la même panse,
. ès de l’embouchure, et regardaient vers l’inte-
I^eur au lieu qu’ailleurs les protomes de griffons ou de
béliers sont tournées vers l’extérieur6. Leur destina¬
tion était d’ailleurs la même que celle des anses ver¬
ticales et des avant-corps d’animaux: elles servaient, en
même temps qu’à orner, à soulever et transporter les
grands et lourds lébès. , . ,
Ceux-ci, étant convexes, avaient, de toute nécessité, un
support. Il y en avait de formes différentes. Certains chau¬
drons reposaient sur des stèles1, d’autres sur des pieds
coniques 8, des âYyuÔYixat 9, des bases de toute espèce
[incitega] . Mais, le plus souvent, un trépied portait le
lébès. L’association était même si étroite entre le vase et
son support habituel, que l’on ne distinguait plus l’un de
pautre : lébès et trépied formaient un tout que l’on dési¬
gnait tantôt du nom de lébès 11 , tantôt, le plus souvent,
de celui de trépied12. La confusion des termes est très
antérieure aux grammairiens 13 et remonte aux poèmes
homériques : la capacité du lébès semble bien, dans
Homère, légèrement inférieure à celle du trépied1*, et
par suite sa valeur est généralement moindre 1 ", mais rien
ne prouve que cette distinction ait prévalu par la suite.
Seul le contexte permet souvent, dans les auteurs et les
inscriptions, de juger s’il est question du chaudron seul,
ou, à la fois, du trépied qui le porte [tripus]. Il va sans
dire que nous ne nous occuperons ici que du seul lébès.
I. Comme le trépied d’ailleurs, le lébès était souvent
offert en prix dans les jeux. Il figure à ce litre dans des
peintures de vases10 (fig. ±231). Il l’est aux jeux mythi¬
ques de Castor et d’Iolaos11, à ceux qu’offrent Achille dans
Ylliade™ etEnée chez Virgile19, comme il l’estaux grands
concours de la Grèce20 et aux combats de toute espèce
que les agonistes se livrent entre eux21. Aussi des scènes
empruntées aux luttes ou aux courses solennelles déco¬
rent parfois la panse des lébès22 ; des inscriptions, gra¬
vées sur le rebord du vase, désignent le concours pour
lequel il est offert en prix. Nous en connaissons de rela¬
tives aux jeux d’Erétrie23, de Cumes 2l, d’Athènes28: peut-
être, parmi ces dernières, y en a-t-il qui se rapportent à
des jeux funéraires26?
II. Les lébès servaient aussi d’offrandes dans les tem¬
ples [donarium, p. 373]. Ils sont souvent mentionnés dans
ms inventaires21, à Délos28, à Eleusis29. C’étaient, ou bien
Olympia , l. I \ , pl, xr v ; cf. II. Winnefold, Altgriech. Bronsebecken
M eontini, dans le 59' Winckelmann's Progratnm, 1899, |>l. i cl u,
ou csl, tuée la figure 4373. Pour les prolomes de liou, voir Mus. Greg. 1,
pl .X1V’, ~ 2 Gerhard, Aus. Vas. t. II, pl. cxxvn. — 3 Mus. Gregor. I,
Cf L' 1 -.1 • °r’ de l AcroPole< *31-439, p. 147-133. Voir suprà, II, p. 1072, fig. 3060 ;
àu M ' ■ °S |I0UV<? 1,105 t1c Châlillon, dans la Côte-d’Or; S. Reinach, Guide illustré
Br hri ' aml-Germain , p. 33, fig. 18. — 4 Br. du Polytechneion, 8, p. 5;
380-39-; A.Cr0p°le’ 518’ P- 189- 538> P- 197, etc. — 3 Bull, de corr. hell. 1888,
sont l ’à' XU’ ^ c l Acropole, 704, fig. 273, p. 287-8. Certains exemplaires
XIV r, in'! T" AI us. etr. Gregoriano , I, pl. xiv, 1.— 7 Ath. Mittheil.,
p. 193, A 59, B 13 (Eleusis). -
9g(li|l - ™;. — 8 Marllia, L'Art étrusq., fig. 101, p. 109.
soi' un fn.) ' 10 Jahrb ., 1899, p. 131-2 (Wolters). ’ — U Inscription XéSeç
1892-3 ni b 1UM1 1 l1e vase archaïque trouvé sur l’Acropole, Journ. hell. st.
Hesychius s ! !’ 12 T?'1'°S’ ûtùîïTa, Hom. II. 23, 264. — 13 Pour
■'{MtoSodSr y ^ esl un trépied; pour Euslathe (p. 1312), c’est un vase
15 F,,!!’ <Juatrc l*h?« au lieu de vingt-quatre, Hoin. II. 23, 259-204.
1,1 Gerhard, Auserl. Vas., IV, pl. cclvii.
18 Hom. II. 23, 259. — 19 Virg. Aen. 5, 266.
Tliraceetde l'Acer CX''°S<’S 00111,110 P>’i* des concours, sur des médailles delà
' S‘° 1 lncurc> 11 • lle Longpérier, lie v. archéol. t. XIX, 1809, p. 139 (la
- i p ’ P’ 1312 G'- 23, 485). -
- ,„P"ld- hth- h 4 0-20 (27-8). _
’ oir les vec..n _ r
des ex-voto de luxe, ou des meubles d usage, néces¬
saires aux sacrifices et aux diverses cérémonies du culte.
III. Les poèmes homériques font à propos des lébès,
comme d’ailleurs aussi des trépieds, une distinction essen¬
tielle. Ou bien le vase va au feu, aÏTrwv30, ég.0u ptêijTYjç 3I, ou
bien, au contraire, il est anupoc32. Dans ce dernier cas, il
remplit, semble-t-il, l’office du crater33 et nous n’avons
pas à nous en occuper ici. Sauf quelques exceptions que
nous verrons, le lébès est pour nous un vase de métal
qui sert à faire chauffer de l’eau ou tout au moins à en
contenir. Il se distingue par là, non seulement du crater ,
où l’on préparait le vin, mais du kothon , ou vase à parfum,
dont la forme est à peu près la même, mais dont les di¬
mensions sont plus réduites34.
IV. Les textes mentionnent souvent le lébès avec le
sens de bassin à aiguière. C’est le récipient qui reçoit,
G7too£/&g£Vûv3ii, l’eau versée par la prochoos. On s’en
servait pour la toilette du matin 30, mais surtout au com¬
mencement des repas. La religion voulant qu on eût les
mains pures avant de faire les libations aux dieux3', le
xaxà ystpwv était le signal du festin 3S : les hérauts39, les
jeunes esclaves40, les femmes41 versaient de 1 eau sur les
mains des convives qui pouvaient ainsi toucher aux mets
sans impiété. L’usage était le même à la fin des repas*-,
mais l’observance en était moins fréquente. A ce double
titre, le lébès fait partie, chez Pollux, des objets néces¬
saires au service43 de la table.
V. Il servait aussi à laver les pieds des hôtes et des
convives44. C’est un lébès que, dans Y Odyssée, Euryclée
apporte à Ulysse et les suivantes versent l’eau dans le
bassin d’airain48.
VI. Le lébès était par suite indispensable dans les
bains46. Non seulement on y chauffait l’eau41, mais cer¬
tains grands chaudrons, de taille exceptionnelle, pouvaient
servir de baignoires. C’est dans un lébès qu’Eschyle fait
surprendre Agamemnon par Clytemnestre48. De même, chez
Pindare, Klotho sort Pélops du lébès où les dieux ont
plongé les membres de Pélops49.
VII. Il y aurait lieu de parler ici du XéS-qç yagtxdç que
mentionne une inscription d’Eleusis80 et du Xéër,ç vug^t-
xôçdont parle un autre texte épigraphique51. On sait qu’un
bain nuptial précédait, chez les Grecs, la cérémonie du
mariage. De fait, aux noces de Zeus etd’Hera, nous voyons,
sur une amphore à figures noires de Londres, une déesse
(Aphrodite?) portant sur sa tète un lébès 52 : il contenait
sans doute l’eau lustrale. La forme habituelle du lébès
gamikos parait, à Athènes du moins, un peu différente,
et se rapproche du loutrophoros53. M. Wolters, qui a
figure 1333, art. oehtamina) et une médaille de Gordien avec inscr. n r 0 1 A , reproduite
par Rich.Za'ct.tfes Ant. s. v. Lebcs\ Piud. Ol. G, 152, scli. (jeux’d’Argos).— 21 Course,
Allien. p. 408 d (Eupolis) ; Walters, Br. in Brit. Mus. 257, p. 28; Lutte, Tanis ,
pl. evi, 7 ; Exercice du javelot, J. hell. st. 1892-3, pl. xn-i ; Course de chars, Walters,
Loc. cil. 500, p. 80, etc. ; cf. Anllt. Pal. 9, 391, 3. — 22 Walters, Br. in Brit. Mus.
257, p. 28 ; 560, p. 80. — 23 Br. du Polytechneion, 18, p. 9. — 24 Walters, Br.
in Brit. Mus. 257, p. 28. — 23 J. hell. st. 1892-3, p. 129, pl. vu, 02-4, p. 233,
nole. _ 20 Ibid. p. 2 3 3. — 27 Corp. inscr. att. II, 01, 778, 810; cf. Anth. Pal.
6, 153. — 28 Bull. corr. hell. VI, p. 47, 51; X, p. 406; XV, p. 104. — 29 Atli.
Mittlieil. XIX, p. 193 A, 59; B, 13. — 30 Hom. 11. 9, 123, 265. — 31 Hom. II. 23,
7p2_ _ 32 Hom. II. 23, 207 ; cf. la aiiXiri w-j f wtoç du v. 270. — 33 Athen. I, p. 37-8.
_ 3 S Jahrb. 1889, p. 00-73 (Pcrnice) ; voir contra Robinson, dans les Trustées o,
the Muséum Boston, 1899, p. 74-76. — 33 Poli. 6, 92. — 36 p0U. 10, 46. — 37 Eusl.
p. 1401 ; Hom. II. 24, 302-5. — 38 Athen. 4, p. 156 e, etc. — 39 Athen. 9, p. 408 f.
_ 40 Athen. 15, p. 685 d (Philoxenos). — 41 Hom. 11. 24 , 304. — 42 Athen. 9.
p, 408 f. _ 43 poil. 10, 90. — 44 Hesych. s. v. El. Mayn. 559. — 43 Hom. Od. 19,
386 et suiv. — *0 Poil. 10, 63. — 47 Poil. 10 , 60. — 48 Aesch. Ag. 1128-9.
_ 49 Pind, Ol. I, 20 ( 40). — 60 ’E?. ’Aç/otioX. 1888, p. 44, 1. 63. — 31 Corp. inscr.
att. H, 720, 1. 36, 721, 1. 4. — 62 Walters, Vas. in Br. Mus. H, B 197, pl. v.
- 63 C. Smith, Vas. in Br. Mus. IH,E774, p. 366-7 ; Jahrb. 1899, p. 129 elpassim.
récemment étudié ces vases, a fait connaître aussi une i
sorte de lébès à pied, dont la destination serait plus spé¬
cialement funéraire 1 : il servirait aux ablutions du mort
hëroïsé et se rattacherait toujours à la même conception
du récipient balnéaire.
^ III. Le lébès est aussi un vase de cuisine 2. Le yu tpo-
tîoûç, auquel Hésiode défend de puiser, n’est qu’un chau¬
dron chytraj monté sur pieds On cuisait la viande dans
ces vases \ d où 1 épithète de XeêTqToyàpwv donnée à un
gourmand \ Un camée nous montre un porc cuisant dans
un lébès qui repose sur de grosses pierres 6, et l’on con¬
naît les peint ures de vases où parait Mëdée avec le bélier 7.
IX. Je réunis ici quelques acceptions particulières du
mot. C’est, chez Pollux, le Xexav/ov qui sert aux usages les
plus divers des convives 8 ; chez Hérodote, la cloche que
les femmes de Sparte font retentir à la mort des rois
chez Lucien, le chaudron dont se servent les teinturiers 10.
Un texte obscur des Problèmes appelle de ce nom une
sorte de cloche qui « conservait de l’air » aux plongeurs :
tout ce que nous en dit le Pseudo- Aristote est qu’il fallait
faire descendre verticalement l’appareil; s’il penchait
quelque peu, l’air pur s’en échappait et il s’emplissait
d’eau : c’était sans doute une cage analogue à celle où entre
aujourd’hui la tète des scaphandriers11. Enfin, le Sé-rca;
/puffïïov du Soleil, dans lequel Héraklès traverse les mers,
n’est, suivant certains textes, qu’un lébès de bronze12.
X. Sur un certain nombre de monnaies de Crète est
frappée une contremarque qui représente, à n’en pas dou¬
ter, un chaudron vu d’en haut u. M. Svoronos, rappro¬
chant d'anciennes inscriptions de Gortyneoù les amendes
sont évaluées en lebesn, a cru que le mot s’appliquait aux
pièces ainsi contresignées u. Certaines difficultés chrono¬
logiques, exagérées semble-t-il16, n’ont pas empêché que
la théorie fût généralement admise par les numismates 17 .
XI. La dernière acception du terme est celle du vase
funéraire. Les cendres, avec quelques ossements du mort,
étaient enfermés dans une kalpé ou un lébès de bronze
'kalpis]. On les y déposait avec soin18, après les avoir,
dans certains cas, entourés d’une étoffe qui remplaçait le
linceul19 ; d’autres fois, c’était le vase même que, sans
doute pour mieux assurer l’adhérence du couvercle ou
pour une raison de piété, on enveloppait ainsi d'un voile20.
La kalpé, une fois parée, était placée, soit dans une cuve
de pierre, généralement rectangulaire21, soit dans un
manchon cylindrique22, dans un cadre en bois23, ou
simplement dans une cavité de même forme creusée dans
le sol24. Assez souvent des plaques de pierre posées sur
le chaudron assuraient la fermeture du vase et le protc-
1 Jahrb . 1899, p. I2G, fig. 29, sqq, — 2 Athen. 9, p. 408 d (Epicharmc);
Excorp» Apionis, éd. Slurz, p. 608, 8; Poil. 10, 95. — 3 Hcs. Opcr. 748.
— 4 Suid. 8. v. — » Athen. 8, p. 347 d (Cercidas). — G Camée de Bcverley
(Inpr. d. Inst. p. 24, IV, 535 e?; Panofka, Bild. ant. Leb. pl. xii, 0 ; ef. les figures 1935,
1938 de l'art, coquüs). — 7 Gerhard, Ans. Vas. II, pl. clvh. — 8 Poil. 10, 76.
9 Her. 6, 58. — 10 Luc. Bis. acc. 8. — - H Ps. Arist. Probl. 32, 5, p. 960.
— 12 Texte de Gerhard, Ans. Vas. II, p. 85, 10. — 13 Bull. corr. hell. 1888, fig. 1-4,
p. 413. Neuf a illes différentes de Crète possèdent des pièces ainsi marquées (Ibid.
p. 409-412), mais aucune n’est antérieure au milieu du vc siècle. — 14 Bull. corr.
hell. 1887, XI, p. 114; 1888, p. 406. — 13 Bull. corr. hell. 1888, p. 405-418.
— IG Th. Rcinach, Bev. d. et. gr. I, 1888, p. 354-6. — 17 Babelon, Orig. de la
monnaie , p. 71 [voir incusa signa, p. 4G7 et fig. 4046]. — 1# Acsch. Ag. 443-4;
Choepk. 686-7 ;Soph. El. 1401-2. — 19 Ath. Mittheil. 1893, p. 160, 185. — 20 Hom.
U. 23, 252 ; 24, 795 ; Mon. gr. I, 2, p. 2 (Cap Zoster, lettre de Fauvcl) ; ’Eç. 'Apyam)..
1898, p. 1 14 (Eleusis). — 21 Ath. Mittheil. 1893, p. 92-3, fig. 4-5 (Dipylon); Roem.
MittheiL II, p. 236, fig. 1, p. 241, fig. (Suessula); Mon. Anticlii , I, p. 900, fig.
(Mcgara Hyblaea), etc. — 22 Ath. Mittheil. 1893, p. 160, fig. 32. — 23 Ibid. n° 22,
p. 160. — 24 Exemplaire à Daphni. Un autre à Eleusis, *Eç. ’AoyatoX. 1898, p. 114.
— 25 'Es. ‘Ap/atoX. 1898, p. 114. — 20 Bibl. d. Br. du Polytechneion, p. 7.
— 27 Ajouter aux exemples que j'ai donnés, *Ec. ’ A oya 1898, p. 114 Eleusis);
geaient contre la chute des terres23. Un a trouvé de (.f,
lébès dans presque toutes les nécropoles helléniques^
on particulier en Attique27. Un vase de même forme en
terre cuite, conservé au Musée Britannique, était, l0rg
qu'il a été découvert, rempli d’ossements28 : il avait du
servir au même usage funéraire. A. de Ridder.
LECTICA. — Litière ou lit portatif d’origine orientale
et d’un usage très ancien. Les Égyptiens connaissaient
déjà la litière, ou plutôt une sorte de chaise que portaient
sur leurs épaules, à l’aide de brancards, des serviteurs pins
ou moins nombreux. Nous possédons plusieurs représen¬
tations du palanquin royal dans lequel les pharaons con¬
duisaient certaines processions religieuses : c’était un
trône magnifiquement orné autour duquel l’air était
rafraîchi par des fiabellifères [flabellum] ; le roi y était
assis, le plus souvent, sous un dais qui le défendait des
ardeurs du soleil ; le nombre des porteurs variait do six
à huit1. Une chaise plus simple, à quatre porteurs seule¬
ment, servait aux riches particuliers pour se rendre à de
faibles distances ; les tableaux peints des tombes de Béni-
Ilassan nous en ont conservé un curieux spécimen 2. Une
peinture de la nécropole de Thèbes nous montre un
palanquin dans lequel deux personnes pouvaient prendre
place l’une à côté de l’autre ; point de toiture, mais, au-
dessus du siège, une large touffe de lotus. La même pein¬
ture représente un autre palanquin pourvu d’un toit que
supportent des colonnettes; l’ensemble n'est pas sans
analogie avec nos chaises à porteurs du xvn° et du
xvine siècle 3. Certaines divinités comme Cybèle [cybele
étaient promenées en litière à travers les villes d’Asie;
la même coutume existait à Carthage 4. Les Assyriens
ne semblent pourtant pas avoir pratiqué la litière.
Sur un bas-relief de Nimroud, on voit une procession
où des statues de divinités sont portées à bras, mais
les civières sur lesquelles elles reposent rappellent plutôt
le ferculum des Romains que la litière à proprement
parler6. Il n’est pas douteux que la litière n’ait été de
bonne heure employée chez les Perses : Plutarque conte
l’histoire d’un certain Timagoras, ambassadeur des Atlié-
niens auprès d’Artaxerxès Mnémon, qui s’attira les cri¬
tiques de ses compatriotes pour les faveurs dont l’avait
comblé le Grand Roi ; celui-ci, notamment, l’avait fait
reconduire jusqu’à la mer dans une litière somptueuse,
aux porteurs de laquelle il avait donné quatre talents H
est question de litière dans la Bible : le Cantique des
cantiques décrit la litière que Salomon s’était faite de bois
du Liban, et où il avait prodigué l’or, l’argent, lapourpre,
la mosaïque7. Le palanquin était également usité dans
Mon. Gr. I, S, p. 2 (Cnp Zoster) ; lier. Arch. 1 8 !) 7 , II, p. 93 (llissus). — -8 -C. N'iilE
Vas. in Brit. Mus. III, E 811, p. 383.
LECTICA. l Prisse d’ Avelines, Monuments égyptiens , pl. xxviii et xxix (pals"'
quiu d'Ainénophis I", à huit porteurs) ; Wilkinson, Manners and customs o/ H11
ancient Egyptians, III, pl. lx (palanquin de Ramsès II, à six porteurs; cf. 1 ’eri ol
et Chipiez, Hist. de l'art, I, p. 207, fig. 172). On ne peut guère assimiler au pal-"1
quiu royal le siège qu’occupe, sur uu monument de la XIX' dynastie, le roi Hainl
liahi, porté en triomphe, à la suite de ses succès militaires, par douze servilei11""
tandis que deux fiabellifères, l'un derrière lui, l'autre devant, agitent autour de ^
tète de larges éventails de plumes. Voir Maspero, Hist. ancienne des peuple* < 1
l’Orient classique, II (1897), p. 351. — 2 Wilkinson, Op. cit. I, p. 421, üg- 1
— 3 Prisse d’ Avenues, Hist. de l’art égyptien d'après les monuments, II, p'- '''
des Monuments de l’art industriel. — '* Serv. ad Virg. A en. VI, 08; Augu?l 1
civ. Bei, II, 4; cf. Heuzey, Catal. des fig. ant. de terre cuite du musée du Lo""^ j
I, p. 45, pl. ni, 4. — 0 Layard Niniveh and ils remains, II, p. 451 ; cf. Pcrro1 ^
Chipiez, Op. cit. II, p. 70-77, fig. 13 et 14. — « Plut. Artax. 22; Petop •
— 7 Sept. Cant. III, 9 sqq. Dans un passage d’Isaïe (LXVI, 20), la version V
introduit le mot lectica, mais l’expression grecque, Iv koqiitiivan
donne plutôt l’idée de chariots couverts d’une banne et traînés Par
mulets [cAltPENTCHf..
LEC
1003
LEC
de ancienne1. C est donc d’Orient que la litière a passé
1 ” jgg Grecs et plus tard chez les Romains, qui en ont
f h un si grand usage ; voyons ce que les textes, et aussi
]es monuments trop rares qui la reproduisent, nous
apprennent sur son histoire.
< 'Grèce. — De bonne heure, sans qu’il y ait lieu de faire
intervenir aucune influence étrangère, l’usage paraît
s’être établi en Grèce de transporter les blessés et les
morts par accident sur des espèces de civières dont nous
ignorons la forme, mais qui étaient probablement fort
simples. Dans Y Andromaque d’Euripide, le cadavre de
Néoptolème est ramené de Delphes «fopào-rçv, c’est-à-dire
sur une couchette portative, peut-être protégée par une
sorle de baldaquin2. Était-on, dans la rue, victime d’une
agression, faisait-on
une chute de cheval,
on était reconduit
chez soi en litière
(èv xXlV/|, èlù 3cXlV7]Ç,
(f0fâôï)v)3. Mais bien¬
tôt, grâce aux rela¬
tions des Grecs avec
l’Orient, particuliè¬
rement avecla Perse,
la litière devint chez
eux un moyen de
transport à l’usage
des délicats. Au
temps de Périclès,
l’architecte-mécani -
cien Artémon, qui
vivait dans la mol¬
lesse et qui, d’ail¬
leurs, était boiteux,
se rendait à ses
affaires couché sur
un lit porté presque au ras du sol (Iv xXtvtBiw xpegarfTùj
Ttap* TY|V yrjv auxvjv), disposition peu commune, à ce qu’il
semble, très différente, dans tous les cas, de celle de la
litière ordinaire (cpopeïov) 4, que soutenaient des bran¬
cards reposant directement sur les épaules des porteurs.
tait-ce cette disposition spéciale, ou le fait qu’ Artémon
ne quittait guère sa litière, ou encore la rareté des litières
i cette époque ? Toujours est-il que ce personnage jouis-
sai à Athènes dune certaine popularité, qui l’avait fait
surnommer 6 7reptcpop-/jxoç ’Aexégiov 8. Au ive siècle, la
i îere est un luxe généralement réservé aux femmes,
i mos^ 'éne, pour avoir été rencontré en litière sur
roule du Pirée, est violemment pris à partie par
hon^r<^Ue ",^0ur|anL 1 habitude se répand, même pour les
dresmeS- *1 ^ a' °'r recours- On a des esclaves spécialement
1(1 s,"' S 'l d Porter’ et n°us voyons le philosophe Lycon,
deux 0SSf Ur ^b’aton au Lycée, affranchir par testament
service^ ^r^1 SOnt depuis quatre années à son
ronsqueiéhVinCtl°nu étaienttrès pénibles 9. Nous igno-
deï nnio i ' nom^re habituel des porteurs; au temps
’ 1 ne semble pas qu’ils fussent plus de quatre 10.
109. —2 Eurip .Andr0mtY\Rr'enJnUbeS°ndererIiilcksichtaufAegVPten, II, P- 108-
De mW- 01 ; Demos,!, ' ) J Cf’ F™US ,P' l374> et LECTCS- ~ 3 lYs- 1V< 9 ! Andoc.
x", P- 533 E-F ; Ephor i”,. on‘ 4 Poil. III, 94. — 5 Anacr. ap. Athen.
! ophane ( Acharn . 850) ■ • °' a°'’ Pon^ aP- Plut. Pericl. 27. Cf. la parodie d'Aris-
~ 3 On trouve aussi Dolll, ’,tyinov,i904 ’Açxtpuv. — fi Dinarch. In Demosth. 36.
— ’ Poil. Ill, 94 _ 8 ces porteurs, le mot çooer? ; voir Plut. Artax.
t rv- puituus, îe moi cooeï.
D,0?- Laert- V, 73. - 9 Lucian.
10. — 10 Id. Somn.
La matière dont la litière était faite chez les Grecs, sa
forme, sa décoration, nous sont à peu près inconnues.
D’après Suidas, certaines litières à l’usage des femmes
auraient été formées d’osier tressé11. La litière dans
laquelle Eumène malade se faisait porter à la tête de ses
troupes était pourvue de rideaux (aûXafat), ce qui prouve
qu’elle avait un toit, et comme ily passait la nuit, il faut la
supposer assez grande etassezbien aménagée pour qu'il y
pût dormir à l’aise12. Les litières d’apparat dans lesquelles
les femmes de condition princière se rendaientau théâtre,
ou qu’on envoyait au-devant des ambassadeurs revenant
démission et qu’on voulait honorer d’une façon spéciale,
étaient splendidement décorées ; les coussins y étaient de
pourpre, les pieds incrustés d’argent, ou façonnés dans
l'argent massif13. Car
la litière, comme le
lit, avait quatre pieds
qui, lorsqu’elle était
posée à terre, main¬
tenaient la couchette
à une certaine hau¬
teur au-dessus du
sol. Dans les litières
de luxe, ces pieds
étaient d’or ou d’ar¬
gent. La célèbre pro¬
cession organisée à
Daphné, près d’An¬
tioche, paj’ Antiochos
Épiphane, vers l’an
167 avant notre ère,
montrait quatre -
vingts femmes dans
des litières à pieds
d’or ; cinquante au¬
tres suivaient, ma¬
gnifiquement parées, dans des litières à pieds d’argent 14.
La peinture d'un vase trouvé dans la Russie méridionale
(fig. 4375) représente une litière d’un genre assez par¬
ticulier13. C’est un lit garni de coussins, sur lequel ont pris
place deux personnages, un homme à demi couché, tenant
un thyrse et un canthare, et une femme assise. Ce lit est
placé sur le dos d’un mulet conduit par un satyre qui
danse en soufflant dans une double flûte. Le sens de la
représentation n’est pas douteux : il s’agit des noces
d'Ariadne et de Dionysos 16 ; ce qui est plus embarrassant,
c'est le nom qu’il convient de donner à cette litière portée
par une bête de somme. Il n’est pas possible de l’assimiler
à la basterna, sorte de chaise fermée, d'invention tardive,
et que supportaient des brancards auxquels étaient attelés
deux mulets, un devant, l’autre derrière. On a vu dans la
peinture que nous reproduisons une image de l’àffxpàêT),
sur laquelle nous avons peu de lumière 17 ; mais il semble
que l’àffxpâSri ait plutôt été une espèce de selle18. La
figure 4375 n’a, de toute façon, qu’un lointain rapport
avec la litière ordinaire, dont le propre était d’ètre portée
à bras d'hommes, et peut-être n’y faut-il voir qu'une simple
s. gallus, 10 ; Epist. sat. 28. — U Suid. s. v. çoçeTov. — *2 Plut. Eumen. 14. Cf. Suid. s
v. — 13 Plut. Arat. 17 ; Posid. Apara. ap. Athon. V, p. 212 B-C. — 14 Athen.
V, p. 1 95 C. — 13 Stephani, Compte rendu p. 1863, pl. v, 3, p. 228. — 16 Voir abiadne et
bacchos (p. 637). — l' Demosth. In Alid. 133, et le Schol. adpag. 558, 16 ; Machon
ap. Athen. XIII, p. 582 B sqq. ; Hesycil. s. v. Sur la figure 4375 interprétée comme repré¬
sentant l àinpàSri, voir Hermann-Blümner, Griech. Privatalterthümer, p. 481, n. 4.
— 18 Paulv-Wissowa, Real-Encyclopaedie, s. v. Astrale. Cf. euuitatio, fig. 2716.
— 1004 —
LEC
fantaisie. Chez les Orées, en résumé, la litière ne fut
jamais très répandue. Elle était surtout employée par
les femmes ; â l’époque de Lucien, elles s’y faisaient suivre
volontiers de philosophes ou de poètes à gages avec
lesquels elles s’entretenaient en public, et dont la pré¬
sence leur donnait une réputation de bel esprit1.
Rome. — Un des premiers emplois de la litière (lectica)
chez les Romains, comme chez les Grecs, paraît avoir été
d'aider au transport des blessés 2. Dans Rome, les infir¬
mes, les vieillards, à la condition d’ètre d'un certain rang,
sortaient en litière. S'il faut en croire Plutarque, c’est en
litière (êv cpopeio»), à travers le Forum, qu’Appius Clau-
dius, vieux et aveugle, se serait fait conduire au sénat
pour combattre les propositions de paix de Pyrrhus 3.
Nous voyons Tibère, souffrant, se rendre à la curie dans
une litière couverte 4. Un certain nombre de textes nous
montrent des généraux malades, dirigeant de leur litière
une opération déterminée ou même toute une campagne :
tels Hannibal au combat de Trasimène, Scipion sous les
murs de Sagonte, Octave peu avant la bataille de Phi-
lippes; l'empereur Sévère en Bretagne, vers l’an 208 de
notre ère 5. Longtemps, à Rome, les hommes semblent
n’avoir usé de la litière que contraints par la nécessité.
Pourtant, d’assez bonne heure, ils l’employèrent aussi
pour leur commodité ou leur plaisir, particulièrement en
voyage 6 et à la campagne 7. Cicéron était dans sa litière,
allant de sa villa de Gaëte au rivage, où il comptait s’embar¬
quer, quand il fut rejoint par les soldats d’Herennius 8. Mais
c’étaient surtout les femmes qui se servaient de la litière.
Les femmes de sénateurs allaient en litière couverte 9.
Était-ce un privilège? Il semble dans tous les cas qu’elles
l’aient bien vite partagé avec d’autres; c’est ce qui explique¬
rait la mesure de Jules César interdisant l’usage delà litière
aux femmes qui n’avaient ni mari ni enfants, et qui étaient
âgées de moins de quarante-cinq ans 10. D’ailleurs, le
droit de se faire porter en litière, pendant longtemps,
n'appartint pas à tout le monde. C’était une faveur que
Claude accorda à certains de ses affranchis, avec la liberté
de donner des jeux publics11, et que Domitien, qui vou¬
lait réformer les mœurs, retira aux femmes convaincues
d’adultère12. Malgré cette réglementation, la litière paraît
avoir été, sous l'Empire, d’un usage à peu près général.
Les femmes de mœurs légères l'employaient comme les
matrones 13 ; d’après Quintilien, on en abusait pour les en¬
fants, qui s’y amollissaient14; les jeunes gens eux-mêmes
en usaient sans vergogne15; les riches, les personnages
importants, trouvaient agréable de s'y étendre pour se faire
conduire à leurs affaires, accompagnés de leursclients qui,
parfois, leur servaient de coureurs [anteambulones] et les
précédaient pour écarter la foule devant eux16.
Aussi y avait-il à Rome toute une population d’esclaves
l Lucian. De merced. cond. 36. — 2 Plut. Public. 16. — 3 [a. Pyrrh. 18. Cf. C.
Marc. 21. — IDio Cass. LV11, 17, 6. Cf. Suet. Tib. 30. Voir encore, pour l'usage que
les malades faisaient de la litière, Liv. II, 36 ; Dio Cass. L VII, 15, 4 ; Tac. Ann. II, 29;
Suet. Cal. 27. — 5 Corn. Nep. Hann. 4; Lir. XXIV, 42; Suet. Aug. 91 ; Dio Cass.
LXXVI, 13. Cf. Val. Mai. 11, 8, 2, etc. — 6 Gell. X, 3; Cic. De div. Il, 36; In
Verrem. V, 11; Phil. II, 41; Sulp. ap. Cic. Epist. ad fam. IV, 12. — 7 Cic.
Epist. ad fam. VII, 1,5. — 8 Aufid. Bass. ap. Sen. Suas. VII, 17 ; Plut. Cic. 48;
Appian. De bell. civ. IV, 19-20. — 9 Dio Cass. LVII, 15, 4. — 10 Euseb. (Hieron.)
Chron., p. 137, A. Schoene, Berlin, 1875; cf. Suet. C. J. Caes. 43. — U Suet.
Claud. 28. — 12 Id. Domit. 8. — 13 Ov. Ars amat. I, 487-488 ; Demed. amor. 663.
— H Quint. I, 2, 7. — 15 Sen. Cons. ad Marc. 16, 1. — 16 Id. Ep. 80, 8; Juv.
III, 239 sqq. ; Mart. Il, 46, 4; Id. H, 18, 5; 111, 7, 2; X, 74, 3. — 17 Sen. Ep. 110,
16. — 18 Mart. VI, 77, 4; IX, 3, 11; Juv. VI, 351; IX, 142 sqq. ; Id. VII, 132;
Corp. inscr. lai . VI, 6302, 6307, 6313. On trouve aussi, parmi les lecticarii, des
Bithvniens (Catull. X, 15-16), des Liburniens (Juv. III, 240; VI, 477), des Celles,
LEC
( lecticarii ) particulièrement habiles à porter la litière
C’étaient des hommes robustes 17, généralement Cappa.
dociens, Syriens, Mésiens, Thraces, etc.18; ils faisaient
le métier de porteur aussi bien en dehors de la ville qUe
dans la ville elle-même 19. Tout Romain aisé en possédait
un certain nombre; avec les cuisiniers, les boulangers
ils étaient au dernier rang de la domesticité20; leurs ser¬
vices n’en étaient pas moins appréciés, et l'on jugeait de
la fortune des gens aux lecticarii qu’ils pouvaient mettre
en ligne21. Dans une même famille, chaque membre avait
les siens, spécialement attachés à sa personne 22, mais au-
dessus de tous étaient souvent placés des chefs qu’on
désignait de différente manière : parmi les inscriptions
funéraires de Rome, il en est qui mentionnent des supra
lecticarios23 ; ailleurs, on voit nommé un praepositus
fectika(riorum)n. Peut-être ce dernier titre fait-il allu¬
sion à quelque association ; nous savons, en effet, que
les porteurs de litière formaient des collèges [couegii’m]
ayant leur decurio, leurs scribes25. Les empereurs avaient
de nombreux lecticarii ; quelques-uns de ceux qui fai¬
saient partie de la farnilia. Augusta nous sont connus par
les inscriptions20. Vers la fin de l’Empire, on trouve aussi
des lecticarii indépendants, qui habitaient, dans la
douzième région, les castra lecticariorum ; ils étaient
surtout au service des magistrats 27. Il y avait également, il
Rome, des litières de louage, ou du moins des chaises
( sellae ) à l’usage du public '28. Les lecticarii portaient une
sorte de livrée qui les rendait aisément reconnaissables et
dont la pièce principale était un manteau rouge ou brun,
à capuchon ( paenula ), en laine de Canusium29.
Six à huit hommes étaient nécessaires pour manœuvrer
les lourdes litières romaines30. Dans certaines litières, on
tenait deux : telle était celle où Néron, au début de son
règne, prenait quelquefois place auprès d’Agrippine11.
Mais ces litières monumentales ne paraissent dater que
de l’Empire : lorsque Cicéron, au moment des proscrip¬
tions, s’enfuit de Tusculum avec son frère Quintus, nous
le voyons monter dans une litière; Quintus monte dans
une autre et, pour pouvoir se parler, ils font cheminer les
deux litières de front32.
Il est question dans certains textes de litières couver¬
tes, (popstcv ou uxtpTTÔStov xotTaiTTEyov, operta lectica On
s’est demandé ce qu’il faut entendre par ces expressions.
D’après une opinion qui paraît vraisemblable, toutes les
litières, à Rome, étaient couvertes et garnies de rideaux;
quand ces rideaux étaient fermés, la litière était dite
operta3'*. C’est dans des lecticae opertae qu’étaient trans¬
portés les malades et les morts. Car la litière était aussi
employée pour les obsèques [funus, p. 1390] ; nous avons
sur ce point des témoignages précis, dont un nous reporte
au temps de C.Gracchus33. Dans ce cas, elle était entière-
(Clem. Alex. Paed. III, 27), des Allemands (Tcrtull. Ad.uxor. 1, 4). — 19 Sen. Ep-
— 20 Cic. Pro Dose. Amer. 46. — 21 Catull. X, 15-16 ; Sen. De const. sap. XI'. 1
— 22 Dig . XXXII, 49. — 23 Corp. inscr. lat. VI, 5198, 6301. — 24 Ibid. VI, 88,4,
— 25 Ibid. VI, 6218, 8875. — 26 Ibid. VI, 8872-8875. Voir Caligula défendu par ses lie
tiefirii (Suet. Cal. 58). Cf. les allusions aux litières de Vespasien, de Galba, d 0U|(I11'
contenues dans Suet. Tit.' 10; Plut. Galb. 25-27. En dehors des inscriptions déjà
citées, qui donnent des noms de lecticarii, voir Corp. inscr. lat. VI, 4447, 5865, G'1"3’
6306,6308-6312,7292, 7608, 7989, 8876, 9462 a I, I, 9 5 0 4-95 1 4.- 27 Preller. <te'
gionen, p. 218. — 28 Juv. VI, 353. — 29 Sen. De ben. III, 28, 4; Mart. IX, 23,f-e|
XIX, 129. — - 30 Mart. VI, 77, 4 (six porteurs); Cic. In Verr. V, 11; Epi-d-
Quint . II, 10 ; Mart. II, 81, 1 ; IX, 3, U (huit porteurs). — 31 Dio Cass. LX1-
— 32 Plut. Cic. 47. — 33 Dio Cass. XLVII, 10; LVH,fc15, 4 et 17, 6; LXXVI, |i;
Cic. De div. II, 36; Phil. II, 41. — 34 Castellani, Bull, delta comm. archeol .
mun. di Borna, 1881, p. 217. — 35 Gell. X, 3. Cf. Cic. Phil. II, 41 ; Sulp. “P-
Epist. ad fam. IV, 12; Corn. Nep. Att. 22; Tac. Hist. III, 67: Dio Cass. M'1’
LEG
— 1005
LEG
ment close. Pour les enterrements populaires, on se
servait d’un coffre portatif ( sandapila ), complètement
dépourvu d’ornements [funus, p. 1 390]. C’est dans un coffre
de ce genre que le corps de Domitien fut emporté pour
être inhumé clandestinement le long de la voie Latine '.
La sandapila n’exigeait que quatre porteurs2.
Nous pouvons nous faire une idée de la forme des
litières en usage sous l’Empire grâce à différents débris
trouvés surl’Esquilinen 1874et àl’aide desquels Aug. Cas-
tellani a reconstitué une litière complète (.fi g. 4370),
actuellement exposée au Musée du Capitole3. Cette litière
comprend : 1° un lit a quatre pieds composé d’une cou¬
chette (torus) ,f, sur laquelle on étendait un matelas (cul-
cita , pulvinus) ", et d une sorte d’accotoir qu’on garnissait
d un coussin [cervical] pour pouvoir s’y accouder ou
même y poser la tète; 2° un ciel ou toit fait en peau0 et
surmonté d’une tringle horizontale d’où tombaient des
rideaux (vêla, plagulae) \ Quatre colonnettes sou¬
tiennent ce toit; celles de devant se terminent par d’élé¬
gants hermès en bronze. Des anneaux lixés de chaque côté
du lit retenaient les brancards (asseres) 8 qui servaient
à porter la litière [asser] ; on aperçoit encore, à l’extré-
mile d un de ces brancards, une boucle métallique dans
aquelle passait peut-être une courroie destinée à soulager
e temps en temps l’épaule ou les bras du porteur. Dans
es anciennes litières, les asseres, semble-t-il, étaient fixés
pai ( es iens ( struppi ) au lieu d’anneaux9.
a décoration des litières était souvent très riche. Celle
ue nous ^produisons avait un revêtement de bronze
pinemc ni c iselé, avec incrustations d’argent. La figure 4377
etrm-SeUl(\ 11 ne statuette d’argent trouvée à Rome
iLe '•°1 nai*’ d aPrès Visconti, le brancard d’une litière10.
fusspnfX fIU °n attaclîait ;l ces ornements, quels qu’ils
dédicac.*1 7 1 <lt l| ,attesté par une inscription d’Algérie, une
n auteur a consacré à Bellone lecticamcum
suis ornamentisli . A l’intérieur, même luxe : en général,
les coussins étaient rembourrés avec de la plume; ceux
de la litière de Verrès, de cette li¬
tière qu’il s’était fait construire sur
le modèle de celle des rois de Bi-
thynie, étaient d’une étoffe légère et
transparente et tout remplis de
roses de Malte ; c’est là que, non¬
chalamment étendu, une couronne
de roses sur la tète, un collier de
roses autour du cou, Verrès voya¬
geait à travers la Sicile en porLant
sans cesse à ses narines une résille
pleine de roses qu’il tenait à la
main 12.
Les litières à rideaux, quand les
rideaux, en étaient fermés, ne laissaient rien voir des
choses du dehors, pas plus qu’elles ne livraient passage
aux regards indiscrets13. Or, si c’était là, dans certains
cas, un avantage, si Marcellus, au dire de Cicéron, quand
il voulait aller quelque part, s’enfermait soigneusement
dans sa litière afin de n’être détourné de son but par
aucun présage u, cette claustration, rendue nécessaire par
les rigueurs de l’atmosphère, avait ses inconvénients. On
imagina, pour y remédier, de mettre aux litières des
vitres à l’aide de cette pierre facile à tailler en lames
transparentes, que les Romains appelaient lapis specu-
laris 15 |vitrum]. Il fut possible ainsi de voir autour de
soi, sans souffrir du vent; mais un pareil aménagement
ne pouvait se concilier avec des rideaux : il est probable
qu’aux rideaux succédèrent des parois solides, dans les¬
quelles on pratiqua des fenêtres qui s’ouvraient ou se
fermaient à volonté16. La litière, ainsi perfectionnée,
offrait un refuge où il était facile de s’isoler et où, effecti¬
vement, on lisait, on écrivait, on dormait à l’aise17.
Il ne faut pas confondre avec la lectica la sella gestato -
ria, qui s’en rapprochait beaucoup, mais dans laquelle on
é La i L assis, au lieu d’être, comme dans la lectica, couché
ou à demi couché. La différence, d’ailleurs, apparaît
nettement dans quelques textes où les deux mots sont
rapprochés, ce qui prouve bien qu’ils désignaient deux
choses distinctes18. Une petite terre cuite de Pompéi
(fig. 4378) nous montre la sella sous sa forme probablement
la plus ordinaire 19. On y voit deux esclaves portant à
l’aide de brancards une sorte de caisse qui ressemble à
une maison, et dans laquelle se trouve un personnage
dont on ne saurait déterminer le sexe ni l’âge. Les deux
porteurs tiennent les brancards avec la main, au lieu de
les avoir posés sur les épaules ; le second a recours, pour
alléger son fardeau, à une espèce de bretelle qui lui passe
sur l’épaule droite20. Un autre groupe presque identique
et provenant également de Pompéi, est conservé, comme
celui-ci, au Musée de Naples21. Nous voyons par ce spé¬
cimen que la sella gestatoria, ou chaise à porteurs, était
couverte, comme la litière; mais les ouvertures latérales
Fig. 4377. — Ornement
de brancard.
Snct. Domit .17 o, ,,
Lucain (Phars. VIII iT- 81 ’ '' 1X’ 3’ 12’ Ccst la san<iapi
encore Hn»i ’ é ' ts'Sne par les mois vilem plebeii funeris
L°c- cit. p, 214 s™’ nfm- ’’ 8’ 9- - 2 Mari. VIII, 73, 0. _ 3 Cas
S<m- Co)is. „d ~ 4 0v‘ Ars amaL h 487- - 5Suet- Vifé
TiL 10-- BsÜeî r ,’ '• " 6 Mart. XI, ^98, 11. _ 7 RI. lbid. .
~ 9 Oeil. X, 3. -’dor 58 ! JUV' 245 ! V1h l3U Mart. IX,
Société des Antio l9contl’ Opéré varie, I, pl. xvm, 16. — n Bull.
~~ 13 Voir sur cenoinl ,a“CL< 1398, p. 205. — 12 Cic. In Verrem,
y Un cxlc caractéristique dans Suet. Tib. G4 : « Nui
nepoles nunf|uam aliter post damnationem, quam catenalos, obsulaquo lectica, loco
movit, prohibais per militem obviis ac viatoribus respicere usquam, vel consistere. »
— U Cic. De div. Il, 36. — 13 JUv. IV, 21. — 16 [d. III, 242. — n Id. III, 239 sqq.
Cf. Plin. hpist. \ , 5,5, mais 1 objet dont il est question dans ce passage est une
sorte de chaise longue (lectuhts) plutôt qu'une litière; Voir i.ectcs. — 18 Suet. Claud.
25 ; « Viatores ne per Ilaliae oppida nisi autpedibus aut sella aut lectica transirent,
monuit edicto. » Cf. Domit. 2; Mart. XI, 98, II sqq. —19 Niccolini, Le case ed i
monumenti di Pompéi, fasc. VIII, pi. iy, 2. — '20 Cf. Mart. II, 57, 6. — 21 H. von
Rohden, Terracotten von Pompeii, p. 50, col. I, pl. xxxvui, 1.
127
LEC
— 1006 —
LEC
en pouvaient être fermées par des rideaux ( lintea ) '. Dans
certains cas, elle se composait, à ce qu’il semble, d’un
simple siège flanqué de brancards 1 2. Il y avait à Rome
des chaises de louage dans lesquelles on s’installait pour
assister commodément aux spectacles du cirque 3. Deux
esclaves généralement
suffisaient pour porter
la sel/a, moins lourde
que la litière; parfois,
cependant, il en fallait
jusqu’il six 4. La sella
gestatoria (Stcppoç, oscppoç
xaTàcreyoî ) 5 était ,
comme la litière, très en
faveur sous l’Empire.
Les riches sortaient
dans Rome en sella,
traînant derrière eux
leurs clients dans la
boue des rues 6. Néron se faisait quelquefois porter en
sella au théâtre, et, de la partie supérieure du prosce¬
nium, il contemplait et dirigeait les mouvements des
pantomimes 7. Nous voyons Agrippine, instruite du
parricide que médite son fils, se rendre à Baïes en
chaise à porteurs, afin d’éviter la mer, qu’elle redoute 8.
C’est dans une chaise que Vitellius, traqué de toute part,
s’échappe du Palatin et gagne, sur l’Aventin, la maison
de sa femme9.
Il va sans dire que la sella elle-même ne doit pas être
confondue avec le siège pliant que des serviteurs portaient
derrière les personnes riches ou considérables, pour leur
permettre de s’asseoir en tout lieu. Ce siège n’est autre
chose que l’ôxXaSia; des Grecs10. Les Romains lui don¬
naient le nom de sella11, et le code Théodosien enréglait
1 usage12; mais il n’avait, en réalité, rien de commun
ni avec la sella gestatoria ni avec la litière. P. Girard.
LECTISTERIVIUM. — Cérémonie propitiatoire, de rite
grec, pratiquée à Rome, par ordre et sous la surveillance
des interprètes des livres sibyllins [duumviri s. f.], céré¬
monie consistant en repas servis à une ou plusieurs
divinités d’origine exotique, matériellement représentées
par des images ou symboles qui figuraient au banquet
sur des lits de parade garnie de coussins (lecti pulvina-
ria ). La même cérémonie, avec substitution de sièges
(. sellae ) aux lits, s’appelle sellisternium.
Cette définition, que nous serons amenés à élargir pour
tenir compte de certaines modifications apportées à la
pratique, suppose résolues bien des questions litigieuses
qu’il convient d’examiner de plus près.
1 Mart. II, 57, 6; cl. XI, 98, 12. — 2 Brizio, Giornale degli scavi di Pompei,
IV. S. I, p. 187 sqq., pi. vi. Voir p. 191 : « Finalmente ciiiude la processione lin ultinio
gruppo di due giovani, portant! una -/7:vr abbellita di lîori, nel cui rieco sedile mirasi
una corona ». — 3 Juv. IX, 142 sqq. Le fait que les porteurs sont ici au nombre de
deux seulement paraît indiquer qu'il s'agit d'une sella plutôt que d’une litière. Cf.
sur la location des sellae, Juv. VI, 353. — 4 La nuda pciene cathedra dont parle
Juvénal (I, 04) paraît bien être une sella gestatoria, et non une litière. S'il en est
ainsi, la sella , comme la litière, pouvait être portée sur les épaules ( cervice ).
Cf. Juv. IX, 143. — s Dio Cass. XLVII, 23 ; LVI, 43 ; LX, 2. — G Mart. II, 3G, 4.
— 7 Suet. Ner. 26. — « Tac. Ann. XIV, 4.-9 Suct. Vi '.tell. 16; Tac. Hist. 83.
— 10 Aristoph. Eq. 1384; Paus. I, 27, 1 ; Lucian. Lexiph. 6 ; Atlien. XII, p. 512 C.
il Juv. \ il, 142. 12 Cod. Theod. lib. XV, Lit. XIII : De usu sellarum. — Bibi.io-
uraphie. Ginzrot, Die Wagenund Fahrwerke der Griechen und Rômer , II, p. 254 sqq.
LECTISTERMDM. 1 Hom. Iliad. IV, 48-49. — 2 Hesiod. Theog. 535-557.
3 Sur la casuistique raffinée qui est sortie de I idée première du sacrifice, voir,
au point de vue général et international, H. Hubert et M. Mauss, Essai sur la
nature et la fonction du sacrifice (Extr. de l 'Année sociologique), Paris, 1899;
au point de vue des Grecs, P. Stengel, Quaest. sacrificales, Gymn. — Progr. Berlin,
L’idée de se concilier la faveur des dieux ou de détour¬
ner leur colère en leur offrant des aliments est au fond
de tous les cultes primitifs. Elle est la première et prin¬
cipale raison d’être du sacrifice. Celui-ci représente un
festin où les dieux, invités par leurs fidèles, communient
le plus souvent avec eux en leur abandonnant une part
des mets sacrés. Le Zeus d’Homère s’applaudit de ce que
son autel n’â jamais manqué « de mets équitablement
partagés, de libations et de graisse1 », et le Zeus
d’Hésiode se repent, au contraire, d’avoir laissé aux
hommes la part la plus succulente des victimes2. L’un et
l’autre se souviennent de ce que les théologiens allaient
oublier de plus en plus, à Rome notamment, en distinguant
diverses espèces de sacrifices, non seulement au point de
vue du but, mais au point de vue de la chose offerte; en
prétendant, par exemple, que, de certaines victimes, les
dieux ne prenaient que la vie ( hostiae animales), et que
certaines autres n’étaient que des instruments de divi¬
nation ( hostiae consultât oriae) 3 .
Mais, tout en s’oblitérant peu à peu, l’idée première
s’est maintenue quand même. Ceux qui ne reconnaissaient
plus dans l’autel la cuisine des dieux ne pouvaient se
méprendre sur la destination originelle des tables sacrées
qui faisaient partie du mobilier des temples grecs et
romains. C’est sur ces tables que l’on déposait les obla¬
tions non sanglantes, que l’on versait les libations, et il
est dit expressément que ces tables étaient assimilées ou
substituées à l’autel4. Il n’y avait qu’à disposer à l’entour
des sièges ou des lits à l’intention des convives divins
pour installer ce que les Romains ont appelé des sello
sternia et des lectisternia.
La première question à débattre, en ce qui concerne les
lectisternes, est celle des origines. Elle a été provisoire¬
ment tranchée plus haut dans la définition qui adjuge
les lectisternes au rite grec, mais il faut passer en revue
les arguments contraires. Preller est persuadé que « la
présence des dieux réalisée au moyen de pulvinaria
portant leurs attributs, et même la coutume d’alimenter
les dieux, est certainement paléo-italique 3 ». Ihne affirme
plus nettement encore que les lectisternes sont « dépuré
origine italique », qu’ils s’adressaient jadis exclusivement
aux « divinités paléo-italiques », et même que les préten¬
dus livres sibyllins d’après lesquels on les ordonnait
étaient en majeure partie de vieux grimoires italiques6.
Marquardt, exagérant en sens inverse, triomphe trop aisé¬
ment d’objections qu’il réfute d’une façon insuffisante '•
Personne ne nie que le sacrifice alimentaire, coutume
universelle, ait trouvé place dans les rites italiques ou
romains. Il est resté de oet usage des traces très visibles
1879 ; des Romains, E. Lübbert, Commentât . pontificales (p. 79-132), Berlin, IS‘10 ;
A. Bouché-Leelercq, Les Pontifes de l’ancienne Rome (p. 93-113), Paris, 1871.
— 4 Pour les Grecs, voir les textes réunis par H. Klausen, Aeneas, p. 634-635;
K. Bœtticbcr, Die Tektonik der Hellenen, 112 [1881], §§ 31, 1 ; 59, 9-12. A Home,
mensae anclabres, assidelae (Fest. s. vr.), curiales (Fest.) avec SeTuviz npox«Vs,“
Oeoï; (Dion. II, 23; cf. II, 50), paniceae (Serv. Aen. III, 257), augusta mensa dan*
le T. de Juno Populonia (Macr. Sat. III, 11, 6). En général, mensae in aedibu s
sacris ararum vicem obtinent, quia legibus earum omnium simul mensae dedi-
cantur, ut vel in ararum, vel pulvinaris loco sint (Fest. p. 157, s. v.), assertion
conûrmée par Plut. Q. Rom. 64 ; Macr. Sat. III, 11, 5-8 (ci-après, p. 1012, 12) ; Serv.
Aen. VIII, 279; XI, 19. — 5 L. Preller, Rôm. Mgthol. 13, p. 150. — 6 W. Ih"e>
Rom. Gesch. 12, pp. 69, 3; 364-365. Il cite les sortes Albuneae, ceux de Paieries,
les carmina Marciana,\es libri fatales étrusques (d'après T. Live, XXII, 9, qui 11 J
songeait certainement pas), et, «omnie vieilles divinités italiques, Juventas et
Saturne (lectisternes de 218, voir ci-après). On n'a aucune preuve que ces prophéties
aient été confondues avec les livres sibyllins, et que Juventas ou Saturne aient
jamais été honorés d'un lectisterne avant l’époque de la seconde guerre punique-
— 7 J. Marquardt, Staatsvenvalt. 111, 45 sqq.
LEG
— 1007 —
LEG
dans un culte rustique, que l’on peut considérer ù la fois
comme très ancien et indigène, celui de Jupiter Dapalis,
dont le rite nous a été conservé par Caton1, dans le rite
delà confarreatio, qui comportait l’offrande d’un gâteau
d’épeautre à Jupiter Farreus 2 : et, au surplus, répé-
tons-le, il n’y a pas de sacrifice ou d’offrande comestible
qui ne suggère cette interprétation. L’argument, trop
général, ne peut servir de preuve dans un cas particulier
et pour des rites très spéciaux. Il ne suffit pas à ébranler
l’autorité d’un texte qui domine tout le débat, le texte de
Tite Live affirmant que la cérémonie, du lectisterne fut
célébrée « pour la première fois dans la ville de Rome »
en 399 avant notre ère3. Ce qui complique la question,
c’est que l'on rencontre, dans des usages supposés
archaïques et indigènes, les éléments ou même la com¬
binaison des éléments qui forment le rite des lectisternes.
A Rome, la superstition populaire (je dis populaire
et non officielle, quoique enregistrée par les Pontifes
[indigitamenta]) voulait que les accouchées eussent
besoin d’être protégées contre les assauts du lubrique
Silvanus par Picumnus et Pilumnus, et Yarron assure
qu’on dressait dans la maison un lit pour ces gardiens L
Comme on les invitait à veiller, et non à dormir, ce lit
devait être un lit de table. Que l’on suppose les symboles
de ces numina , le pic ou hache et le pilon, posés sur le
lit, on a un lectisterne privé,
qui aurait pu servir de mo-
dèleaux lectisternes officiels.
En tout cas, c’est bien un
lectisterne qu’installaient
dans leur atrium les familles
riches, à pareille occasion,
en l’honneur du couple
J unon-IIercule; car on trouve
réunis, pour ces hôtes de cir¬
constance, le lit et la table s.
Seulement, au rebours de
l'étiquette mondaine, le dieu
est supposé assis et la déesse couchée. On avait tenu
compte du rite, soi-disant vieux-romain, qui défendait de
disposer en forme de lectisterne les ripailles offertes,
sous le nom de dime ( decuma ), à l’IIercule misogyne de
1 Ara Maxima c, l’Hercule « assis » à la table d’Évandre
(tig. 4379) 7, un usage que nous retiendrons comme
origine des sellisternia à la mode romaine.
Enfin, on rencontre dans le culte romain, réglé par les
Pontifes, une cérémonie que nous aurons grand peine à
distinguer des lectisternes, Yepulum Jovis in Capitolio
[bpulum], qui passait pour avoir été institué par Numa 8,
ou lors de l’expulsion des rois 9, ou inscrit au rituel dès
l’origine du culte de Jupiter Capitolin, sous les Tarquins,
en tout cas avant le lectisterne de 399 av. J.-C. Ajoutons,
pour clore cette enquête sur les usages romains analogues
ou identiques aux lectisternes, les ludi Terentini , que,
dès l’époque royale, un certain Valesius était censé avoir
célébrés « par des jeux et lectisternes durant trois nuits
consécutives », rite repris, toujours avec « lectisterne et
jeux », par le consul P. Valerius Publicola 10 .
Si les usages susmentionnés appartiennent bien au
culte romain, public et privé, et s'ils en faisaient partie
de temps immémorial, avant tout emprunt fait au culte
hellénique, la question est tranchée en faveur des tenants
de l’origine italique. Il ne suffirait pas, pour échapper à
cette conclusion, de dire que le culte de Numa ne con¬
naissait pas les images11, car cette assertion n est peut-
être pas plus exacte que la prétendue abstention de sacri¬
fices sanglants en cet âge d’or; et d’ailleurs les symboles
ou fétiches, dont les Romains étaient abondamment pour¬
vus 12, suffisaient à représenter les convives divins aux
lectisternes. Il faut essayer de contrôler l’origine des
pratiques données comme romaines, en gardant le droit
de ne pas considérer même un Varron comme infaillible.
A quelle époque remontait l’usage de dresser un lit à
Picumnus et Pilumnus? Nous n’en savons rien. Le lit
était-il bien pour ces divinités, et non pas le lectus
genialis qu’ils avaient à garder ? Varron l'a décidé ainsi,
mais l’explication qu’il n’a pas acceptée est au moins
aussi plausible. Quant au lectisterne des familles riches,
si le scoliaste inconnu qui est seul à en parler n’a pas
commis de méprise, on peut, on doit même y reconnaître
un rite fortement teinté d'hellénisme et de date récente.
On dirait une mode pédantesque, suggérée par quelque
bel esprit, tant il y a de science dans cette combinaison
del 'accubatio pour Junon et de la sessio pour Hercule, qui
fait part égale'entre le rite grec, connu par les lectisternes
officiels, et celui de Y Ara Maxima , supposé indigène 13.
L 'epulum Jovis mérite qu’on s’y arrête davantage. On
y rencontre aussi une combinaison non moins savante,
mais autrement comprise, du lectisterne et du sellisterne.
Le lit était pour Jupiter, les sièges pour les déesses,
Fig. 4379.
Cal. Agricult. 50; 131-132, Dapes, epulae deorum propriae (Serv. Aen. Vil
17a). — 2 Gaius, 1, 112; Ulpian. fr. IX, 1. Cf. Serv. Georg. I, 31. — 3 Liv. V, 1!
oit ci-après, p. 1008 b. — 4 Diis conjugalibus Pilumno et Picumno in aedibus ledit
s ernebalm (\arr, ap. Non. p. 528). [Varro ait] eis pro puerpera lectum in atri
s ei ni (Intel p. Serv. Aen. X, 76). Cf. Yarr. ap. Augustin. Civ. Dei, VI, 9. — i> Nobilibu
£ / TT' •” n^r‘° d°n‘usJunoni lectus, Herculi mensa ponebatur (Tulcrp. Sert
• ’ 1 10x10 soulève bien des difficultés. On sait qu’Hercule et Junon formaier
do J ' oniuSal ( hercules, junones], et l’on est tenté de croire que le lit ou pulvina
' 'C1 un genialis, comme lo pulvinar géniale de Thétis (Catull. r.xn
318 ' coul'lc u est point au lit. D'autre part, la table, à laquelle Hcrcuh
ja 'S lo°i isternes (voir ci-après), est censé assis, Tertullien (De anima, 3!
_ (i , , , 1 ' P0l,r Junon : per totam hebdomadem, Jimoni mensa proponitu)
Sal. iT; r 9’ 09 ; Pk,t' Q‘ n°m' 60 * GoU- X1> 6> - ; Terl. Apol. 14, 39 ; MaCi
269) ôiii’.i" U CU'^° uu PerPotuae epulationis sacrum (Serv. Aen. VII
lieu in T111,,!131 'e />US PerI‘duus (Serv. Aen. VIII, 183). Les banquets avtlici
lucosa^Zo J TT-Sat- 111 U’ 8lTl« Poil- Triginta tyranni, 14, 5), i
la table (Macr "t SaCra (Macl-‘ Sat‘ III, 11,7) : libation versée au dicU st
Uram Mn+im,» UC,' C,lt’ ^erv‘ VIII, 278-2Ï9). Cornélius liai bus... ait apu
Aen. VIH \ 7 6!” °^rvatum ne lectisternium fitit (Macr. Sat. III, G, 16; cf.- Ser
Cohen » MédaiUon d'Antouin le Pieu* (Eckbel, D. Num. VII, p. 3C
De orat. \[\ 19. ^5 ; Frühner, Méd. de l’emp . rom. p. 58. — 8 Ci,
orn de A'urna concernant les banquets ad pulvinar ,
lit Verr. p. 143. Le culte des Arvales, restiti
^ XXXII, § 20,.:‘a9lo;6c7n.
au temps d’Auguste, mais tenu pour archaïque, comportait aussi des epnlae,
avec une part de vin et d’encens servie sur l’autel à Dea Dia. Dans les cultes
privés, l' epulum funèbre, avec visceralio (Liv. XXXIX, 46; XLI, 28; cf. VIII
22; Suet. Cacs. 38) et lits pour les convives (Cic. Pro Muren. 36; Liv. XXXIX,
46), est parfois appelé lectisternium ( C . 1. L. V, 5272 == Grutcr. 753, 4 = Oi\-
Henzen, 7336). C’est même de l 'epulum funebre représenté dans les tombeau*
étrusques que F. Robiou (voir Bibliographie] dérive l’erigine des lectisternes
romains. — 10 Val. Max. II. 4, 5. — H Assertion répétée, d'après Varron
(ap. Augustin. Civ. Dci, IV, 31), par Denys d’Halicarnasse, Plutarque, Clément
d’Alexandrie, Tertullien, etc. Cf. Marquardt, Op. cil. p. 5. Cependant, Pline
attribue à Evandre la consécration de la statue d’Hercule à l’Ara Maxima, et à
Numa celle de la statue de Janus (Plin. XXX1\ , § 33). L’absence de sacrifices san¬
glants est une légende pythagoricienne (Plut. Numa, 8) qui n’a pas besoin de réfu¬
tation. — 12 Hastes et ancilcs de Mars, silex et sceptre de Jupiter, lituus de
Romulus-Quirinus, le soi-disant Palladium, le tapis manalis, etc. — 13 Les rites
de l’Ara Maxima étaient déjà un arcane pour les anciens. Varron les tenait pour
grecs (Macr. Sat. III, 6, 17; cf. 12, 1-4; Liv. I, 20), Gavlus Bassus pour italiques,
ou gréco-italiques, antérieurs même à l’arrivée d’Enée en Italie (Macr. Loc. cit.).
La légende voulait que le premier banquet offert à Hercule l'eùt été à la table
d'Evandrc, à une époque où l’on ne connaissait pas encore la mode orientale de
V accubatio. Sur la médaille reproduite figure 4379, Hercule est assis : lo repas est urt
sellisternium. Aussi, j'estimo que la défense de tenir des lectisternes à l'Ara
Maxima (ci-dessus, note 6) signifiait que le sellisterne y était seul permis.
— 1008 —
IÆC
Junon et Minerve1. L’étiquette était conforme à l’usage
des honnêtes gens, comme le remarque à ce propos
Valère Maxime. Nous n’avons aucun renseignement sur
la façon dont ces divinités étaient représentées au banquet;
Valère Maxime ne dit même pas expressément que leurs
images y figuraient; mais nous n’avons non plus aucune
raison de penser que le lit et les sièges fussent laissés
vides, et que ce soit là ce qui distingue Yepulurn du lec¬
tisternium. Nous admettrons qu’en fait, Yepulurn,
quoique n’étant jamais appelé lectisternium , était bien
un lectisterne, additionné de sellisternes. Si l’on fait
abstraction de cette variante, on ne trouve plus de diffé¬
rence caractéristique à noter entre ces deux espèces de
cérémonies 2. C’est une raison précisément de se deman¬
der si Yepulurn Jouis a été un modèle ou une copie des
lectisternes. Il se pourrait que Yepulurn eût été institué
avant le « premier lectisterne » de 399 mentionné par
Tite Live, comme banquet en l’honneur de divinités capi¬
tolines 3 ; mais il ne s’ensuit pas que, dans le rite primitif,
les divinités fussent elles-mêmes invitées à y prendre
part. Le même Tite Live fait dire à Cam;lle, à la date de
390 avant notre ère : in Jouis epulo mon alibi quam in
Capitolio puluinar suscipi potest? Si Yepulurn avait
comporté jusque-là un lectisterne ou une cérémonie tout
à fait analogue, on ne comprendrait pas que Tite Live n’y
ait aucunement songé en mentionnant le lectisterne de
399 et le notant comme un fait nouveau. On comprendrait
très bien, en revanche, que, le lectisterne de 399 ayant
frappé les imaginations et passé popr efficace, les Pontifes
aient eu l’idée d’incorporer au rite national ce moyen de
propitiation, de l’y fixer en un temps et un lieu déterminés,
après l’avoir modifié par la substitution du sellisterne
(considéré comme de tradition romaine, à cause àeYAra
Maxima ) au lectisterne grec pour les divinités féminines.
Il se peut même que, en un temps où la réputation des
Mystères d'Éleusis commençait à se répandre, il y ait eu,
par surcroît, dans la combinaison du sellisterne et du
lectisterne pour Yepulurn Jouis, une imitation plus ou
moins consciente de rites mystiques (fig. 4380) L
Les lectisternes soi-disant célébrés par Valesius, fon¬
dateur des Ludi Terentini , appartiennent à la légende.
i Jolis epulo ipse in lectulum, Junoet Miner va in sellas adcenam invitabantur
(Val. Max. 1, 1, 2), — 2 Si l'on ne confond pas epulurn et lectisternium, on parle
couramment du pulvinar Jouis in Capitolio, et précisément a propos de Yepulurn
(Liv. V, 52). — 3 L ’epulum a pu être institué indépendant des ludi Plebeii ou Ito-
mani dont il est devenu la préface, et la création des Epulones en 196 av. J.-C.
n'autorise pas à conclure que Yepulurn était à cette date une innovation récente
Epm-oNEsj. — '■* Bas-relief découvert eu octobre 1885 dans les fouilles d’Eleusis
('Eœv,|x. i p/Kiok. 1886, pl. in, fig. 1), dédié par Lvsimachidès 8e, r, *cù OeS (ni' ou
iv' siècle av. J.-C.). Cf. les nombreux banquets ou lectisternes mitliriaquessignalés
par Fr. Cumont [Text. et mon. fig. t [1899], p. 175). — b Voir les textes réunis
LËC
Le terme même dont se sert Valère-Maxime auraitétë jugé
* impropre par les ordonnateurs des Jeux séculaires du
temps d’Auguste, car ils ne portèrent au programme de
la solennité que des sellisternes. En résumé, nous n’avons
trouvé nulle trace de lectisterne romain ou d’usage ana¬
logue que l’on puisse faire remonter à une époque
antérieure à la célébration du « premier » lectisterne
ordonné parles livres sibyllins en 399 av. J.-C. ; et, si l’on
suppose plus ancien le sellisterne dérivé des rites de
Y Ara Maxima , on aboutit encore de ce côté à un culte
noté comme hellénique par Varron lui-même.
C’est donc du côté de la Grèce que, comme nous y
invite la mention très précise et plusieurs fois réitérée des
livres sibyllins, nous devons rechercher l’origine et le
modèle des lectisternes. Là, nous rencontrons les ©so^éviï.
[tueoxenia], banquets de dieux ou de héros, qui étaient
censés inviter à leur table des hôtes divins (Osot çlvoi) 5
et engager leurs fidèles à les imiter en festoyant avec
eux. Les Athéniens en servaient à Zeus Soter, à Athéna
Soteira, à Eiréné, à Ajax ; les Tégéates, à Athéna Aléa;
les Pariens et les Agrigentins, aux Dioscures; les Alexan¬
drins, à Aphrodite et Adonis ; et les textes mentionnent
expressément les lits (xXivat) et coussins (ffTpwgvaO
employés à cette occasion. Les théoxénies d’Apollon à
Delphes, à Pellène, devaient comporter des rites ana¬
logues, et Héraklès n’aurait sans doute pas été repré¬
senté si souvent couché sur un lit, à table et la coupe en
main6, si son culte ne lui avait largement procuré cc
genre de satisfactions.
L’importation des lectisternes à Rome s’explique tout
naturellement par l’influence grecque installée à demeure
dans la cité romaine depuis l’introduction des livres
sibyllins [libri] et la création d’un collège d’interprètes
de ces prophéties [duumviri s. f.]. Ceux-ci consultaient
les livres lorsque des prodiges effrayants ou des calamités
extraordinaires déroutaient la science des Pontifes, même
aidée de l’art divinatoire des haruspices, et ils ordon¬
naient des « procurations » en conséquence [procuratio-
rrodigium]. C’est comme procuration que fut célébré à
Rome le premier lectisterne. En 399 avant notre ère
(U. C. 335), une peste décimait les hommes et les ani¬
maux. « Comme on n’en trouvait ni la cause ni la
fin, les livres sibyllins furent ouverts par ordre du
sénat. Les duumvirs S. F., au moyen d’un lectisterne
tenu alors pour la première fois dans la ville de Rome,
apaisèrent huit jours durant Apollon, Latone et Diane,
Hercule, Mercure et Neptune, placés sur trois lits
garnis aussi somptueusement qu’on pouvait le faire
à l’époque. Cette cérémonie fut aussi célébrée par les
particuliers. On rapporte que, dans toute la ville, les
citoyens, portes ouvertes et mettant tout au grand jour fi¬
la disposition de tout venant, invitaient au hasard les
étrangers, connus et inconnus : même avec des ennemis,
on liait conversation en douceur et politesse; querelles
et procès étaient arrêtés. On ôta aussi les liens aux
par II. Klauscn et K. Bœtlicher (ci-dcssus, p. 1006, 4); G. F. Schoomann, Sf‘
Alt. 112, p, 46; K. Fr. Hermann, Gr. Antiq. Il, §§ 10, 12; 58, 38; J. Marlba,
Les sacerdoces athéniens, Paris, 1881, pp. 45-54; F. Dcncken, De Thèàxenüs,
Bcrolin. 1881; W. Rcicbcl, ücber vorhellen. Gotterculte, Wicn, 1897, p. 18 sqfi-
Pulvinar de la Paix [Eiréné] à Athènes en 375/4 (Corn. Nep. Tim. 2) ; pulvinarm
des Dioscures à bord de navires locriens (Justin. XX, 2, 14). Au temps de Séleuctis
Nicalor, les statues d’Harmodius et d’Aristogilon passant par Rhodes, Rhodn
quoque... eas sacris etiam in pulvinaribus conlocaverunt (Val. Max. H, |n'
Ext. t). — 6 Cf. Stepliani, Der ausruhende Heralcles, S'-Petersb. 1854, et la
parodie de cc rite par Tbémison-Héraklès dans Athénée ( Deipnos . Vil, p. 289 f )■
— 1000 —
LE G
LEC
,Iirnnt ces jours-là, et ensuite on se fit scrupule
à des gens que les dieux avaient secourus
«plie façon l. »
r s six dieux sur trois lits étaient clone apparies par
nllls dont Denys d'Halicarnasse précise la compo-
cUion ' Apollon-Lêto, Héraklès-Artémis, Ilermès-Posei-
|n Ce sont bien des dieux grecs, reconnaissables même.
S0US les noms latins que leur donne Tite Live. La répar¬
tition exclut toute idée d’union conjugale, mais elle n’a
aS dû être faite au hasard. Apollon est ici le coryphée,
non seulement comme inspirateur des livres sibyllins,
mais comme médecin, rôle prépondérant en temps de
este 2. Sa présence entraîne celle de la triade apolli¬
nienne 3. Héraklès n’est plus ici l’Hercule acclimaté de
y Ara, Maxitna , qui ne voulait pas de lit a sa table, mais
l’exterminateur de tous les êtres malfaisants, y compiis
les mouches, produits et agents de pestilence L Le
secours attendu de Poséidon est plus énigmatique. Celui-
là, il s’agissait probablement de l’apaiser. La sibylle
savait mieux que personne qu’il avait été jadis l’ennemi
desTroyens et qu’il pouvait garder rancune à leurs des¬
cendants. Hermès serait le psychopompe, à qui 1 on
demandait de ne plus conduire tant d’âmes aux enfers J.
Nous ne connaissons Je deuxième lectisterne officiel
que parce que celui de 364 (U. C. 390) est qualifié troi¬
sième6. La peste sévissait encore cette année-là, et dite
Live avoue que le lectisterne fut inefficace. On essaya
sans plus de succès des jeux scéniques et du clou enfoncé
par un dictateur dans le mur de la cella de Jupiter
Capitolin [clavus]. En 348, retour de la peste et nouveau
recours au lectisterne 7. En 326, cinquième lectisterne,
offert aux mêmes dieux et probablement pour le même
motif8. La seconde décade de Tite Live étant perdue,
aucun lectisterne ne nous est signalé entre 326 et 218.
Nous savons seulement que, en 291, pour conjurer la
pestilence, les livres sibyllins ordonnèrent d’amener à
Home Esculape 9 : comme médecin, Apollon ne suffisait
plus. En 218, après les défaites du Tessin et de la Trébie,
les Xviri S. F. ont recours aux lectisternes, mais adressés
à des divinités plus italiennes. Ils ordonnent un lecti¬
sterne à Cæré, où « les sorts s’étaient ratatinés10 »,
cest-à-dire à la Eortune du lieu, et une supplication à la
fortune sur l’ Algide; à Rome, un lectisterne à Juventas
et une supplication au sanctuaire d’Hercule par des per¬
sonnes nommément désignées, à tous les pulvinaria par
*v' 13, Même récit, d'après Calpurnius Piso Frugi, dans Denys (XII, 9),
*c lccl'ster«e (ifc; x«}.ou|tÉva; rîj litiyiujioi trtow; xvi;) dure sept jours au
e mit, cf. Augustin. Civ. Dci , III, 17, qui insiste sur la nouveauté du spec-
trat j nova teclisternia, quod nunquam antca fecerat, exliibenda arbi-
Uj, ... " ' estâtes indigitant : Apollo Medice, Apollo Paean (Macr. S al . I, 17,
Éuéc V U U’' ^ eneas , pp. 184 et 259) fait remarquer que Léto et Artémis guérissent
a pro hi'S ^ ^ slIti-) pouvaient guérir aussi ses descendants. — 3 On
méme'lii | fC \Cmni"C1 *a 1'<Tartition cn mettant Apollon-Lêto-Arlémis sur un
cn ° ' 'acLermann, Ueber das Lectistemium , p. 7) : c'est récuser Denys
™ upposant les Romains du ,y siècle plus savants que lui. -
Ko 'EfUe;s, 1
hellénisé. Bomae
contre-épreuve du Z eù; aTCÔjAut
Cf. Héraklcs
; ou Baal-Zeboub
intrant (I'lin \ ae^em Hcr cutis in foro Boario nec muscae nec canes
merce de i , . , .ù 8 ~V’ ~ 3c ’ne vo's Pas ce que viendraient faire ici le com-
niann (Op cil u")^elc*c mer (Poséidon), explication acceptée par Wacker-
• 9Liv. X, 47 ; Êpit. XI ; V
e-dtenualae pou
Liv. VII, 27. — 8 Liv. VIII, 25.
a'' Max. h 8,2. — 10 Sortes eætenuatae (Liv. XXI, 02) ;
lablcttes de bois ou f ""n"10 mC,tlent à Faléries en 217 (Liv. XXII, l). Les sortes,
séchai, i ii t UU ,es. quelconques, formaient un faisceau qui sej desserrait en
ici la vieille divinité du Capitole,
se desséchant.— Il i;v »YI , ,
niais la transcrintim . ’ Juven^as n'est plus ici la vieille divinité du Capitole,
12 Liv. XXII | p v | LHe de Junon, Hcr cutis uxor (Ovid. Fast. VI, 05). — •
lectisternes do "M7 i uc't 'i'' chronologique. C'est après avoir mentionné les
Saturai immolât uni ^ z'1' ^ 'V° aloulc : Postremo Decembri jam mense ad aedem
Phis haut XXI (Wt ** ■<<,'v^e,’,lu(,,iîue iniperatum. La mention aurait dû figurer
’ 1 e o se rapporte à décembre 21
218; mais s'il s'agissait de
le peuple entier 'L A la fin de l’année, lectisterne encore,
dressé par la main des sénateurs devant le temple de
Saturne, avec banquet public et saturnales bruyantes
Quelques mois plus tard, en 217, parmi les procura¬
tions décrétées parités Xviri S. F ., figure un lectisterne
à Juno Regina sur l’Aventin, en sus de cadeaux ofl'erts
par cotisation entre matrones13. Cependant, rien n’arrê¬
tait Hannibal; la défaite de Flaminius au lac Trasimène
(juin 217) fit rouvrir les livres sibyllins. Cette fois, les
procurations furent proportionnées au courroux supposé
des dieux. On fit ou renouvela des vœux promettant des
temples, des jeux, des hécatombes, un ver sacrum , et on
procéda à une supplication en masse, suivie d’un lecti¬
sterne où furent attablés, trois jours durant, les douze
grands dieux, ceux qu’on appelait, ou qu’on appela
depuis lors, les Consentes [dii]. « Six pulvinaires furent
exposés en spectacle : un pour Jupiter et Junon, un pour
Neptune et Minerve, un troisième pour Mars et Vénus,
un quatrième pour Apollon et Diane, le cinquième pour
Vulcain et Vesta, le sixième pour Mercure et Cérès11. »
Ne cherchons pas à débrouiller la mixture de traditions
étrusques et helléniques que représente le groupe des
Consentes 13. Il est certain que les Xviri S. F. durent
faire un choix dans le personnel mythologique, car si le
nombre douze était fixé par une vieille coutume, les
Douze n’étaient pas partout les mêmes 1B. Ils eurent aussi
à répartir les couples n, qui, sans être conjugaux, asso¬
cient les deux sexes. Sur le nombre, il en est trois qui
prêtaient à l’arbitraire. Rivaux à Athènes, Poséidon et
Athéna sont ici réconciliés 18 ; Héphæstos et Hestia sym¬
bolisent le même élément; Hermès et Démèter unissent
le commerce et l’agriculture. L’ordre de préséance des
couples semble indiquer des préoccupations patriotiques :
Apollon n’est plus au premier rang ; il laisse même passer
avant lui Mars et Vénus, les ancêtres des Romains.
La défaite de Cannes (216) dut faire douter delà vertu des
lectisternes. On en essaya peut-être encore en 212, lors de
l’institution des jeux Apollinaires 19, mais, en 203, les Xviri
S. F. ont recours à des innovations imprudentes. Ils font
venir de Pessinunte la Grande-Mère, fêtée à son arrivée
par un lectisterne auquel il ne parait pas que d’autres
dieux aient été invités20. Cette fois, le remède opéra : la
guerre fut transportée en Afrique et Carthage vaincue.
Depuis lors, il n'est plus question de lectisternes offi¬
ciels. Ce genre de dévotion avait dû tourner en pratique
décembre 217, le jam n’aurait plus de seus (cf. Wackermann, p. 12, 51). L'bonimago
à Saturne pouvait être à plusieurs fins, s’adressant à la fois au dieu latin et au Kronos
grec (sur le rite grec du culte de Saturne, voir Fest. p. 322, s. v. Satumia), indirec¬
tement au Baal-Moloch punique assimilé à Saturne (Dion. I, 38 ; Scrv. Aen. IV, 580),
avec l'espoir de le détacher de la cause d’Hannibal, ou encore, sur le conseil de quelque
astrologue, à la terrible planète Saturne. — 13 Liv. XXII, t. Macr. Sat. I, 6, 13. 11 y a
entre ces deux textes des divergences notables, mais il est évident qu'ils se rapportent
au môme fait. — 14 Liv. XXII, 10. — 15 Ajouter à la bibliographie de l'article du:
G. Schmeisser, Ite Etruscorum deis Consentibus qui dicuntur (Conim. in lion. Reifl'er-
scheidii. Vratislav. 1884) cl l'article de G. Wissowa, Consentes, dans la Ii. E. (1885).
— 10 Cf. les opinions dissidentes de H. Petersen, Das Z veôlf yôtter System der Griechen
und/fômer (Hamburg, 1868) et de K. Lcbrs, Bas sogenannte Zwôlfgôttersystem (Pop.
Aufs. Leipzig, 1875, pp. 233-258). — 17 II n'y a aucun ordre dans les vers mnémo¬
niques d’Kunius (voir du, p. 183). La répartition des Consentes dans le zodiaque ne
s’accorde que pour trois couples sur six (Jupilcr-Junon, Apollon-Diane, Mars- Venus)
avec celle-ci. Les autres sont Neptune-Cérès, Vulcaiu-Minervc, Mcrcure-Vesta. Voir
mon Astrologie grecque, p. 184. — 18 L'hypothèse qu'il s'agit icid o Min erra Medica
(cf. Bruclimann, De Apolline et graeca Minerva deis medicis, Breslau, 1885) me
parait arbitraire et inutile. — 19 rite Live (XXV, 12) donuc des cérémonies de cette
année une analyse qui ressemble à une définition périphrastique de lectistemium. Il
y a supplication par les matrones : vulgo apertis jaunis in propatulis epulati sunt
(accompagnement caractéristique des lectisternes), celeberque dies ornai caerimo-
niarumgenere fuit. — 20 Lectistemium et ludi fucre (Liv. XXIX, 14), avec banquet s
et invitations, nobilium mutitaliones cenarum (Kal. Praen. 4 April).
— 1010 —
LEC
LEC
courante, mise à la portée des particuliers par l’aména¬
gement dans les temples de pulvinaria permanents,
où chacun pouvait apporter de quoi garnir la table des
dieux Il n’est guère possible d’entendre autrement le
sens d’une phrase énigmatique que Tite Live dit avoir
empruntée aux S.-C. de l’an 191 et 171 av. J.-C. Le sénat
ordonnait « des sacrifices dans les sanctuaires où l’on a
coutume de faire lectisterne la plus grande partie de l’an¬
née 2 ». On ne remarque plus ce qui est passé en habitude.
Ce que Tite Live note en 179, une année où on ne voit
guère de prétextes à lectisternes officiels, c’est un présage
fâcheux survenu au cours de lectisternes servis « dans les
temples publics », par reflet d’un tremblement de terre
qui dérangea « les têtes des dieux » et fit tomber le plat
servi à Jupiter 3. Sans cet incident fortuit, aggravé par
les souris qui rongent des olives sur les tables sacrées, ces
lectisternes n’avaient plus d’intérêt historique. Le pul-
vinar à demeure devient chose commune à Rome *, et le
lectisterne semble rayé du rôle des procurations.
Nous le voyons reparaître, mais sous la forme, consi¬
dérée comme romaine et archaïque, des ellisterne, dans le
rituel des Jeux Séculaires célébrés en l’an 17 avant notre
ère. Dans les procès-verbaux découverts en 1890, nous
lisons les décrets par lesquels le collège des XVviri
S. F. décide qu’il y aura, trois jours et trois nuits durant,
des jeux, fériés et sellisternes, et que les sellisternes
seront célébrés sur le Capitole par les femmes. En con¬
séquence, « les ex matrones auxquelles avait été délégué
cet office ont tenu des sellisternes, suivant les formules
des Quindécemvirs, après avoir placé deux sièges pour
Junon et Diane». De même, la seconde et la troisième
nuit On peut deviner les motifs qui ont guidé les
Quindécemvirs dans le choix du sellisternc et des divi¬
nités appelées à y siéger. La fête étant, suivant les pré¬
occupations du moment °, toute aux divinités prolifiques,
ils n’invitent au banquet que les déesses, et exclusive¬
ment les déesses génitales, Junon comme Lucina, Diane
aussi comme Lucina ou Genitalis , assimilée à Artémis
Ilithyia, laquelle est, par surcroît, invoquée à part. Le
1 Le public participant aux lectisternes, môme officiels, par banquets,
quêtes, etc., l'usage nouveau se greila tout naturellement sur l'ancien. Cf.
Ci-après, 1012, 3. — 2 In omnibus fanis [ailleurs, circa omnia fana, Liv. XLII, 30]
in quibus lectisternium majorem partent anni fieri solet (Liv. XXXVI, 1). C est
la définition môme des pulvinaria. — 3 Ce texte, reproduit avec variantes par
J. Obscquens [Prodig. Gl), est une crux interpretum. Chacun l’entend et le corrige
à sa façon. Terra movit : in foris [fanis. Duker] publicis, ubi lectisternia crant
deorum capita quae [qui. Duker. Madvig] in lectis crant averterunt se, lanaque
[laenaque. Scheffer; lanxque. Cuper. Marquardt] cum integumentis [intrimentis.
Oudendorp] quae Jovi opposila [apposita. Scheffer] fuit , decidit (Liv. XL, 59). Le
scrupule porte principalement sur foris publicis, qui est un pléonasme, tandis que
fanis publicis ubi lectisternia crant serait l'équivalent exact de pulvinaribus. La
correction fanis supprime bien des difficultés. On conçoit bien des supplications
(Liv. XXXYI11, 3G ; XL, 19 et 37), mais non pas des lectisternes dans plusieurs fora
en même temps. Obsequcns écrit : in lectisternio Jovis : il suppose arbitrairement
(ci-après, p. 1012, 7) les convives rassemblés chez Jupiter. Il n y avait en 1 an 179,
date de la mort de Philippe de Macédoine et de deux triomphes (Liv. XL, 50
et 59), aucune raison d’ordonner des lectisternes officiels. 11 s agit donc de
pulvinaria à demeure et d’actes de dévotion privée. — - En I an 214, un S.-C.
distingue encore les dieux quorum pulvinaria Bomae essent (Liv. XX1\, 10) : par
la suite, pulvinaria devient synonyme de templa. Pulvinaria pro templis
poninius, quum sint proprie lectuli, qui slerni in templis ... consuerunt (Serv.
Georg. III, 533). Pulvinar icmplurn (Corp. Gloss, éd. GoctZ, V, p. 477). — Voir
les textes édités et commentés par Th. Mommsen, Comment aria ludorum Saecvla-
rium quintorum et septimornm (Ephem. Epigr. 4 III, 2 [1892], pp. 225-309).
L inscription relative aux Jeux de l’an 17 av. J.-C. a 168 lignes. Aucune allusion
aux sellisternes sur les monnaies; cf. H. Dressel, Nummi Augusti et Domitiani
ad ludos saeculares pertinentes [Ibid. p. 310-315). Ils sont mentionnés sur les
fragments de l’an 204 ap. J.-C. : sellisternia (IV, 4 Mommsen) — [sellisternjia eodem
more per easdem matronas habita (V, 8). Les 110 matrones symbolisent les
1 10 années du saeculum à la mode étrusco-romaine. — 6 Cf. Hor. Carmen saecu-
sellisterne parut, pour des déesses, plus conforme à |a
décence que le lectisterne, plus conforme aussi au m,.
probable des ludi Terentini originels, fondés en un temps
où Yàccubatio devait être inconnue.
Le rite des sellisternes nocturnes reparaît en 64, sous
Néron, après l’incendie de Rome. Les livres sibyllins
avaient enjoint aux femmes mariées d’apaiser Junon par
ce procédé 7. Il n’en est plus question par la suite, sauf
aux Jeux Séculaires de [204, peut-être parce qu’on les
confondait avec les lectisternes proprement dits 8. .) e ne
crois pas qu’il faille en faire un « rite romain », par oppo¬
sition au rite grec, et reconnaître des sellisternes dans
les lectisternes célébrés « suivant le rite romain 7 » lors
de la grande lustration ordonnée par Marc Aurèle en 167,
Pour Capitolin, contemporain de Dioclétien, « romain»
s’oppose simplement à « pérégrin ». Parmi les cérémonies
lustrales accomplies par ordre des Quindécemvirs
en 271, Vopiscus ne mentionne pas de lectisterne10. Si
c’est un oubli, il est significatif. Le lectisterne n’est plus
qu’une cérémonie ordinaire et banale. On appelle tic
ce nom, substitué hepu/ar , des banquets funéraires, où
les morts ne sont sans doute présents que par le souve¬
nir11, ou même des régals de gens qui festinent chez eux,
à l’occasion de quelque fête de famille12. Le mot, a repris
son sens étymologique, le sens auquel le ramenait déjà
Plaute, quand il en tirait le barbarisme lectisterniator
pour désigner le serviteur qui prépare la salle à manger11,
Il faut maintenant revenir sur des questions qui ont été
indiquées en passant ou ajournées.
Le lectisternium ayant pour caractéristique la présence
réelle des images divines sur un pulvinar, de quelles
images s’agit-il? Les textes sont ici rares et l’exégèse
tonie en conjectures. Tite Live, dans un passage visé plus
haut, appelle les images attablées capita deorumv'.0t,
l’abréviateur de Festus dit : capita deorum appellabmitur
fasciculi ex verbenis 1B, et nous savons par ailleurs quon
appelai t verbenae toute espèce de rameaux bénits, avec
feuilles ou réduits à l’état de baguettes i6. Ces faisceaux
de baguettes s’appelaient aussi d’un autre nom: SlrufP
lare, et l'élaboration des lois Julia cl Papia Poppaea de maritandis v. ;
(Bouché- Leclercq, Les lois démographiques d’Auguste in Rev. Histor. L\H !
p. 241-292). — 7 Tac. Ann. XV, 44. — 8 Tertullion, averti peut-être par les Je*8
de 204, sait encore distinguer entre solisternia (= sellisternia : cf. Fest. P*
s. v. Solia.) et lectisternia (Tort. Ad nat. I. 10) : à la fin du ni0 siècle, "M j11’
connaît plus que les lectisternia , conservés dans le culte de Cérès et tonus ],,u
édiles (Kal. Pracn. ad Id. Dec. : [Telluri et Cere]ri in Carinis. Aedi les
tisternium e lec[tis faciant guos] manccps praestat. C. I. L . I, p. ,|s
sternium Cereris crit Idibus proximis. Ilabent enim dii lectos atque et g
possint mollioribus inenbare , pulvinorum tollitur atque excitatur iu'r' ^
(Àrnob. Adv. nat. Vil, 32). Ce lectisterne à date fixe est en réalité un epv
-comme celui de Jupiter Capitolin. — 0 Apres avoir mentionné peregrinos " ' -
Capitolin ajoute : Celebroyit et Romano rit a lectisternia per septevi dics ( 1
Aug. AI. Ant. P h il. 13). — 10 Vopisc. Aurelian. 10-20. — 11 En vertu d un
les dendropliorcs de Bcrgamc célèbrent un lectisternium tempore parental"""^ ^
les vexillarii un autre lectisterne au dies natalis dAlbinia Valeriana ^
statue de la défunte (C. L L. V, 5272; ci-dessus, p. 1007, 9). On trouve dans •
v , . , ... r -n\ 12 SnlüUK
glossaires (éd. Goclz) pulvinaria arae mortuorum (\, p. 4/7).
Apollinaire [Epist. IV, 15) écrit à Elaphius : Epulum multiplex et
lectisternia para, peut-être avec l’intention de parodier les expressions hti".-"l ^
epulum (et non epulae) et lectisternium. ■ — 13 Plaut. Pseud. IGo. H 1 ^
être aussi là une parodie comprise du public de l’époque, car Plaute a p»1 1 ^
haut delà Sibulla (v. 25), et, en 191 av. J.-C., le souvenir dos nombrein
sternes de la deuxième guerre punique était encore récent. Les glossaires (i 1 •
ont oublié le sens liturgique de lectisternia, vestimenta lecti (V, p. il3b
stramenta lectorum. (V, p. 571). — Ci- Liv. XL, 59. Ci-dessus, note 3.
Il II 'S
;t.
(es
(v> p- 579- RSfl
Epit. p. 64, s. v. — te Abusive tamen verbenae jam vocamus omîtes / ....
sacratas, ut est laurus, oliva, myrtus (Serv. Aen. XII, 120; ci. Eclog. '
Donat. ad Terent. Andr. IV, 3, 11). Antiqui felicium arborm ramas, f ^
detracto, in effigies deorum formabant (Masurius ap. Serv. Aen. II,
56).
LEG
— 1011 —
EEC
mabaniur in pulvinaribus fasciculi deverbenis facti
uLrodeorum capitibus ponebantur . En rapprochant
? deux extraits de Festus, on voit que struppi est syno-
Le de capita, ou, plus exactement, que les faisceaux
nnelés couramment des capita deorum , parce qu ils
remplaçaient des tètes à visage humain, étaient en réalité
des struppi, espèces de couronnes ou coiffures substi¬
tuées aux têtes. On nous dit h ce propos que les
Tugculans plaçaient un struppus sur le pulvinar de
Castor2. Le renseignement est précieux, en ce sens
que Tusculum passant pour avoir été fondée par
un fds d’Ulysse, le rite local devait être tenu pour
hellénique, d’où l’on peut induire que la représen¬
tation symbolique était aussi l’usage courant dans les
théoxénies grecques, et qu’il est passé tel quel dans
les lectisternes romains 3.
Du reste, les lectisternes n’étaient pas les seules céré¬
monies où l’on portât des images de divinités sur ou
vers des pulvinaria. Les dieux assistaient aux jeux du
cirque sur un pulvinar \ et on les y menait procession-
nellement dans des tcnsac. Sous quelle forme? Servius
parle vaguement de simulacra deorum et songe sans
doute à des statues 5 ; mais Sinnius Capito définit la tensa
véhiculant quo exuviae deorum ludicris Circensibus in
Circurn et ad pulvinar vehuntur 6. On ne peut guère
entendre par ces « défroques » des dieux que leurs attri¬
buts symboliques, et surtout des vêtements avec lesquels
on pouvait draper des mannequins 7. Le fait qu’on portait
dans les cortèges funèbres les masques en cire des
ancêtres, et parfois le masque du mort lui-même sur un
corps drapé 8, fait penser que les mannequins pouvaient
avoir des têtes analogues substituées aux struppi d’au¬
trefois. Le rituel n’avait sans doute pas fixé une fois
pour toutes, soif pour les dieux, soit pour les morts, la
forme et la matière des images9.
En face de toutes ces présomptions, on ne trouve pas un
texte affirmant en termes clairs la présence de statues aux
lectisternes. 11 ne faut pas demander ici de renseigne¬
ments aux monuments figurés. Les artistes ne pouvaient
exprimer l’idée de banquet, pour dieux ou défunts, qu’en
l'eprésentanl des convives à forme humaine, et, du reste,
on ne connaît pas de monuments représentant des statues
couchées 10. Nous
insérons
titre de
gnement
question
ici, a
rensei-
sur la
mixte
des tbéoxénies et
lectisternes, et
pour que l’on
puisse juger de
la valeur des in¬
ductions fondées
sur de pareilles
représentations ,
deux monuments
figurés. Ce sont les
de deux lampes d’ar
Fig. 4381.
reliefs placés sur les poignées
gile. L’une, souvent reproduite
d’après le recueil de S. Bartoli 11 (fig. 4381), met en scène
Fig. 438-2.
Sérapis et Isis, Ilélios et Séléné; sur l’autre (fig. 4382),
trouvée à Pesaro12, les dieux et les déesses ne sont
caractérisés par aucun attribut.
On est donc en droit de conclure que les images posées
sur les pulvinaria n'étaient pas les statues consacrées
dans les temples, mais des figurations portatives, soit de
purs symboles, soit des mannequins drapés dans des
exuviae , auxquels il était loisible de donner des figures
humaines 13.
Cette question élucidée, d’autres surgissent. Où se
tenaient les lectisternes? On a vu que des pulvinaria
avaient été installés à demeure dans les temples, si
nombreux même que pulvinar devint par métonymie
1 Fcst. Epit, p. 34G, s. v. — 2 Stroppus est... quod sacerrlotes p
msigni liaient in capile. Quidam coronam esse dicunt, aut quod pro coro,
insigne in caput inponatur, quale sit u-cp o 01 o v... et a Tusculanis, quod in pi
linaii inponatur Castoris , struppum vocari (Fcst. p. 313, s. v.). Pline (XXI, §
sait que les struppi sont des couronnes de rameaux, par opposition aux couronn
" ^ems(ser/a), et que le mot est usité inter sacra tantum. — 3 Télégouus œkis
e usculum (Ilor. Od. 111. 29, 8. Dion. IV, 43. Liv. I, 49). Dans la no[XTrq alexa
une déciile par Callixène de Rhodes (ap. Athen. V, p. 196 sqq.), Ptolémée Sol
AChè^ rePr^sen^ Par une couronne d’or posée sur un trône (p. 202 i
(l’a ils-' 0111 ( ’ Agamcmnon, représenté par un sceptre, avait table garnie tous les joi;
• 11 H-12) : à Athènes, la xXcvnj d’Ajax était ornée d’une icavorcXta, an
installé T '■ Xm^ae ^ome (Schol. Pind. Nem. II, 19). Les Locriens qui avaie
n’avaioi i ' * sur leurs navires pour Castor et Pollux (ci-dessus, p. 1008,
laeti t ' c mP°rté de Sparte les images des Dioscurcs : ils agissaient haud sec
Rh0;,r Sl dt0S ipS0S SGCUm avecturi essent (Justin. XX, 2, 14). Le fait que ’
p. 1008 \ ■°ll\ !^a.C<' Un° s*'a*'ues de bronze sur leurs pulvinaria (ci-dcssi
___ Celui V * <"*le n°^ comme U,1C exceplion et presque une monstruosi
(Mon Ane ^ re^a^ Par Auguste, après l’incendie de 31 av. J.-
cf Claut^i) * ^ a du. prince y prenait place aussi (Suct. Aug. \
d’Aniyucf » ' l)u^nar en ce sens devient la loge impériale, comme le
mL mlPOU,r.0vido < Pont ■ 2, 7 1), loin do Claude pour Juvénal ( Sat . 1
(Serv. Aen j 1 nensam sigmficat , qua deorum simulacra portant
brévia nun » ' ,^a*S’ com,ne simulacra, il se contente des Sôava, simulac
- ’ LvZT T'" inleC‘iCiS (VI’ 68>’ - ° Fcsl- P- 304... v- Tensa
[Ce spect 7) disU in'' ^a'sa*^ Par*'*e ^es exuviae Jovis (Suet. Aug. 94). Tertulli
tient pour les n ''°Ue ^ Cœ!tt,,ae ^es simulacra et imagines. Wackermann (p. :
p. 182, t)? (|Uj a^lneil"‘ns eu verbenae drapés, contre Marquardt ( Staatsverw . 1
cire, el invoque |U'°SC “ Pl8urcs en bois drapées », avec tête de marbre ou
emp e des acrolithcs grecs [acrolithus]. La divergence en
ces opinions se réduit à une nuance. On connaît les mannequins ou poupées de
jonc qui constiluaient les argei. — 8 Aux obsèques d'Auguste figurait tixdv ti;
oc’jvoj xïjotvŸi tv l— ivixt,;» ffTïikîj (Dio Cass . L\ I, 34) ) cf. ceha. — 9 Tibère place une
statue en or d'Auguste sur \m pulvinar dans le temple de Mars (Dio Cass. LVI, 4G);
Germanicus figure dans la pompe du Cirque comme eburna effigies (Tac. Ann. Il,
83), mais il était représenté chez les sodales Augustales par une couronne de
chêne posée sur une chaise curule [Ibid.), comme le fut Jules César, probablement au
pulvinar du Cirque (Dio Cass. L, 10. Appian. II. Civ. III, 28). — >0 Cicéron [Phil. II,
43) et Suétone ( Caes . 76) ne confondent pas le pulvinar de Jules César avec sa
statue ou ses statues [simulacrum, simulacra juxta deos). On ne peut prendre
au sérieux des gloses vagues comme pulvinar est lectulus in quo deorum statua
reclinabatur (texte cité par Rein, in f’aulys Iteal Encyct. s. v. Pulvinar , et
Wackermann, p. 20, mais introuvable à la référence indiquée [Serv. Georg. III,
333]), ou, d’un Pscudo-Acron : ( pulvinar ) tabulatum in quo stabant numina.
ut eminentiora viderentur, aut lecti deorum (Schol. Horat. Od. I, 37, 3). S. Augustin
(Civ. Dei, III, 17) dit simplement : lecti sternebantur in honorent deorum. —
il Bartoli, Lucernae vet.sepulcr., II, pl. xxxiv ; Monlfaucon, Antiq. expi. V, 2, pl.
ci.xix. — *2 Passcri, Lucernae fictiles, III, pl. u. Sur les peintures étrusques, voir
les références dans Robiou (ci-dessus, p. 1007, 9). Allusion à 1 'epulum Jovis et au
lectisterne y afférent sur une monnaie de la gens Coelia (E. Babelon, Monn. de
la Rép. 1, p. 373-375, et ci-dessus, art. epui.ones, fig. 2708), avec lit vide (?) et
trophées ou exuviae. — 13 La toilette de la statue de Jupiter au Capitole (Sencc. ap.
Aug. Civ. Dei, VI, 10. Plin. XXXIII, § 111-112. XXXV, § 137. Cf. Plut. Q. Rom.
98) ou de la statue d’Hercule à l’Ara Maxima (Plia. XXXIV, § 33) n’a donc pas
pour but de les préparer au festin, et je ne pense pas, comme S. Reinach (Rev.
arcliéol. XXXI [1897], p. 31G), que la présence de Vestaau lectisterne de 217 av.
J.-C. soit une preuve qu’elle avait déjà sa statue. G. Wissowa, Rom. G ôtterbilder
(N. Janrbb. /'. Alterth. 1 [1898], p. IG 1 - 173), hésite encore à trancher la question :
| elle me parait résolue sur un point, l’élimination des slatucs.
LEG
— 1012 —
LEC
synonyme de temple. Nous en connaissons quelques-uns.
En 218, un corbeau entra dans le temple de Juno Sospita
à Lanuvium et alla se poser in ipso pulvinario G En
l’an 38 de notre ère, un fou furieux escalada le pulvinar de
Jupiter au Capitole et se tua sur place 1 2. Ceux-là étaient
destinés, soit aux epula , soit, en diverses circonstances, à
recevoir les offrandes alimentaires des particuliers 3, qui
pouvaient même, paraît-il, avoir permission de dédier à
leurs frais des chapelles pourvues d’un pulvinar 4 : mais
ils ne servent pas aux lectisternes officiels, qui sont des
cérémonies exceptionnelles et étalées au grand jour, le
public étant invité à s’y associer. Tite Live songe quelque¬
fois à noter que les pulvinaria sont in conspectu 5, et un
texte peu explicite d’Antistius Labeo porte à croire que les
lectisternes se tenaient sur des emplacements transformés
pour la circonstance en lieux consacrés ou fana [fanum]
par le ministère des Pontifes. On appelait cela « situer»
ou « arrêter» des fana c. D’ailleurs, les lectisternes à un
seul convive sont l’exception, et il aurait fallu violer une
règle pontificale pour réunir plusieurs dieux dans la cella
de l'un d'eux G II est probable que les lectisternes à
plusieurs convives étaient dressés sur le Forum ou le
Capitole, et les lectisternes à une divinité, sur le parvis
du temple de[celle-ci8.
Il ne reste plus qu’une équivoque à dissiper. On est
tenté de confondre les supplicationes [supplicatio] et les
lectisternia 9, ces deux cérémonies étant souvent asso¬
ciées et la formule courante, supplicatio [ou obsecratio \
ad [ou circa ou apud ] omnia pulvinaria 10 établissant
entre elles une affinité incontestable. Le mot pulvinar
n’est pas là synonyme de temple en général, car un
S. -C.de 214 spécifie qu’il aura supplicatio omnibus dcis
quorum pulvinaria Romae essent11, excluant ainsi les
divinités non pourvues d’un aménagement comprenant
au moins une table 12. Si l'on rapproche certains indices,
à savoir, que les supplications sont la plupart du temps
de rite romain et décrétées sans consultation des livres
sibyllins13; qu’elles ont été usitées avant les lectisternes,
mais que, pour les plus anciennes, celles de 463, de 449,
de 436 av.J.-C., Lite Live n’emploie pas l’expression plus
tard usuelle ad pulvinaria 14 ; enfin, que celte expression
apparaît pour la première fois à la date de 218 av. J. -C. 15 ;
on arrive à conjecturer qu’il y a eu, pour la supplicatio
comme pour Vepulum, pénétration d’usages exotiqUl
dans le rite romain, vers la même date et aussi coimn'
conséquence de l’importation des lectisternes. Le lecti
sterne officiel resta un rite grec, mais il suggéra
d’adapter ce mode de propitiation au culte romain plr
l’installation de pulvinaria dans un certain nombre 4,
temples, et l’existence de ces pulvinaires rendit possible
une sorte d’adoration perpétuelle, qui s’appelait suppU.
catio quand, au lieu d’être affaire de dévotion privée
elle était ordonnée par l’Etat. La supplicatio élan!
accompagnée d’offrandes alimentaires16, on comprend
que cet acte religieux, même privé, ait paru ressembler
au lectisterne et ait été parfois appelé de ce nom17.
Ainsi l’idée archaïque qui avait engendré les lecti-
sternes s’était comme diluée dans le culte romain et mul¬
tipliée dans les pulvinaria permanents : mais les
lectisternes proprement dits, décrétés extraordinairement
par les interprètes des livres sibyllins, tenus à la vue et
avec la participation du public, hors des temples et en
l’honneur de divinités en qui l’on reconnaît aisément des
divinités étrangères, les lectisternes sont bien une impor¬
tation de rites helléniques et l’origine de tous les usages
analogues. A. Bouché-Leclerco.
LECTOR, RECITATOR. Lecteur. — I. La lecture à haute
voix fut à Rome un art assez goûté pour qu’on en fit une
profession. 11 y avait dans les riches maisons des esclaves
instruits dontla fonction était de faire lalecture à leurs maî¬
tres, au bain1, dans les veillées 2 ou pendant les repas3. Ils
sont désignés par les noms de lector 4, recitator 5, anagnos-
tes 6. Ce dernier nom semblerait indiquer une origine
grecque, mais on ne le rencontre à vrai dire dans aucun
texte grec7.
Pline, se défiant de lui-même, fit lire par un affranchi
des vers de sa composition8; telle était sans doute la
condition de plus d’un lecteur, mentionné sans autre
qualification, qui était chargé de produire des œuvres
littéraires dans des réunions publiques ou devant quel¬
ques auditeurs choisis. Le plus souvent, comme on va le
voir, les auteurs n’en laissaient le soin à personne.
II. Lectures publiques. — De tout temps, les auteurs
ont aimé àlire leurs ouvrages. Ils les lisent tantôt ù leurs
amis, — et l’on sait qu’Horace recommande de les choisir
éclairés et sévères9, — tantôt à ceux dont le sutlrage
1 Liv. XXI, 62. En 99 av. J. -G., Lannvii in aeclc Junonis Sospitae, in cubiculo
deae sanguinis guttae visae (Obserj. 46). Cf. le cnbicnlum Isidis (Apul. Met. XI, 17).
— 2 ’Eirt Tyjv x ). t v Y) v'-zoiï Atoç... béa véffrj (Dio Cass. EIX, 9). Le pulvinar Jovis men-
tionnédès 390av. J.-C. (Liv. V, 62 ; ci-dessus, p. 1008 a). — ZjVunc Saliaribus Ornare
pulvinar deorum Tempns erat d api bu s , sodales (Hor. Od. I, 37). — 4 Ainsi
avaitfait (pour BonaDea) la vestale Licinia, quum avant et aediculam et pulvinar
sub saxo sacro dedicasset (Cic. Pro dom . 53). Le Soleil avait un jjulvinar juxta
aedem Quirini (Quintil. I, 7, 12), Solis pulvinar eis aedem Salutis (Van*. L. lat.
V, 52), dédié par la gens Aurélia (Fest. Epit. p. 23, s. y. Aureliam). — 5 Liv.
XXII, 10 : ci-dessus, p. 1009 b. — G Sistere fana cum in urbe condenda dicitur ,
significat loca in oppido futurorum fanorum constituere : [quan]quam Antistius
Labeo ait in Commentario À' F juris pontificii fana sistere esse lectisternia certis
locis et dis habere (Fest. p. 3G1, s. y. Sistere. Cf. Fest. Epit. p. 3G0). Labeo
disait sans doute que l’opération faite à l’origine des cités se répétait pour les lec¬
tisternes. On ne voit pas autrement pourquoi il aurait fait intervenir les lecti-
s ternes dans l’exégèse d’une formule où il n’y est pas fait la moindre allusion.
— 7 Cf. Liv. XXVII, 25. — 8 Cf. les lectisternes à Cæré (Fortune), sur l’Aventin
(J un on),- ad aedem Saturni (Liv. XXI, 62. XXII, 1). — 9 Confusion ordinaire
chez les humanistes d’autrefois : elle se retrouve encore à l’article Lectisternium
de la Ii.-E. de Paulv, où Baumstark appelle lectisterne la supplication de l’an 63,
décernée en l’honneur de Cicéron. — 10 Liv. XXI, 62. XXII, 1. XXIV, 10. XXVII,
4 et 11. XXX, 21. XXXI, 8 et 9. XXXII, 1. XXXIV, 55. XL, 19 et 28. XL1II, 13.
XLV, 2. Cic. Catil. III, 10. Phil. XIV, 14. Mon. Ancyr. II, 19. Kal. Amit. 3 sept.
Tac. Ann. XIV, 2 — 11 Liv. XXIV, 10. A l’époque, le mot pulvinar ne devait pas
avoir pris déjà l’extension qu’il eut plus tard (ci-dessus, p. 1010, 4). — 12 Voir
ci-dessus, p. 1005, 3. On peut se représenter le pulvinar romaincommc répondant aux
définitions citées par Macrobe : rnensa in qua epulae libationesque et stipes i*]10
niintur. Ornamenta vero sunt clipei coronae et hujuscemodi donarin (c es 0,71(1
menta ou certains d’entre eux pouvaient être des symboles représentatifs)- 1^"
hoc ritu dedicata in templo arae usum et religionem optinet pulvinaris 0lacr'
Sat. III, 1 1, 6). — 13 II n’y a de supplications décemvirales que pour la p1’1"'111'1 10
des prodiges. — 11- Liv. III, 7 et 63. IV, 21. — L» Liv. XXI, 62. — 1° En 396 av- J- ^
publiée vinum ac tus praebitum (Liv. X, 23). Cf. la Murrata potio que
Aediles per supplicationes dis addunt ad pulvinaria (Fest. p. 158, s. '•)■ ^
s'agit, ce qui est fort probable, des lectisternes des Megalesia (4 avril) et ^ l _
aux Ides de Décembre (ci-dessus, p. 1010, 8), ces fôtes statives, et, comme
epula plutôt que lectisternia , se seraient appelées aussi supplicationes. —
les textes (Liv. XXXVI, 1. XL, 59) cités plus haut (p. 1010, 2-3), où je
reconnaître des lectisternes officiels. — Bibliographie. F. Robiou, Reclu h ' ^
l'origine des lectisternes {Rev. archêol. XV f 1807], pp. 403-415); VVackti ^
Ueber das Lectisternium , Gymn.-Progr. Hanau, 1888, pp. 1-28, le seul
plet sur la matière. C. Pascal, De lectisterniis apud Romanos (Rivist. d< 1 1
XXII [1894], p. 272-280), compilation de textes, hâtive et inorganique.
LECTOR, RECITATOR. 1 Plin. Ep. I, 5, 14. — 2 Suet. Aug. 78. — ^
Nep. Attic. XIV, 1 ; Plin. Ep. 111, 5, 11 ; IX, 36, 4. - 4 Lector, Corp.
VI, 3978; Lectrix, Ibid. 8786.— « Plin. Ep. 1, 13, 2; Senec . Ep. 93, 2.- 1 ^
Att. I, 12; Corn. Nep. Alt. 13 ou 14. — 7 Le mot est écrit en grec par d(
XVIII, 5, mais il s'agit d'un lecteur, son contemporain, qui faisait sa sp'-'11'1
lire les vers d'Ennius-, Sénèque {Ep. XXVII, 5) parle aussi d'un riche Iiolj’G0()(.
avait un esclave pour réciter les vers d Homère, un autre P0111 ^ 0
d'autres pour chacun des lyriques grecs. — 8 Ep. IX, 34. J -1
et sq.
â
— 1013 —
LEC
LËC
neullc plus les flatter, comme lit le poète Attius qui, en
passant à Tarente, vint lire sa tragédie d 'Atrée au vieux
Pacuvius, son prédécesseur 1 ; tantôt enfin à. de puissants
protecteurs qui peuvent servir de patrons au livre qui les
aura charmés : c’est ainsi que Virgile lut des fragments
de son Enéide devant Auguste et devant Octavie, à qui
le sixième livre fit verser tant de larmes2. Mais cet
auditoire restreint ne suffisait pas toujours à la vanité
des auteurs ou à l’empressement du public, avide de
connaître leurs œuvres. Aussi appelaient-ils quelquefois
une foule nombreuse à les entendre. Dans la Grèce,
les jeux publics servaient d’occasion à ces lectures
solennelles. On raconte qu’Hérodote lut sa grande
histoire devant les Grecs réunis à Olympie3. Plus tard,
quand la littérature se transporta à Alexandrie, ces lec¬
tures semblent être devenues plus fréquentes ; elles avaient
lieu dans le Musée , tout près de cette belle bibliothèque
que les rois d’Égypte y avaient réunie ; le peuple y assis¬
tait, et l’on choisissait des juges chargés de décerner des
prix aux meilleurs ouvrages4.
C’est à Rome que les lectures publiques ont pris le plus
d’extension et qu’elles ont eu le plus d’importance.
« Asinius Pollion, dit Sénèque8, fut le premier qui
convoqua les gens à venir entendre ses ouvrages. » Assu¬
rément, il ne veut pas dire qu’avant Pollion personne
n’avait lu ses ouvrages au public, mais qu’il rendit les
lectures plus fréquentes, qu’il les organisa régulièrement
et qu’il en fit une sorte d’institution littéraire. Le moment
était bien choisi pour cette innovation. Jamais le goût
des lettres n’avait été plus vif qu’à cette époque; on ne
voyait plus, dit Horace6, que des gens transportés de la
manie d’écrire. Ces écrivains cherchaient naturellement
tous les moyens de se faire connaître; il n’y en avait pas
qui parût plus commode, plus rapide, plus sûr, que les
lectures publiques ; aussi eurent-elles, dès le début,
un grand succès. Les empereurs les favorisaient. Auguste
prenait plaisir à y assister : « il écoutait avec bienveillance,
dit Suétone 7, non seulement ceux qui lisaient des poèmes
et des histoires, mais des discours et des dialogues ».
Claude qui, dans sa jeunesse, avait écrit une histoire
romaine, d’après les conseils de Tite Live, et l’avait lue
devant une grande assemblée8, aima toujours beaucoup
les lectures publiques. Pline 9 rapporte qu’un jour, ayant
entendu un grand bruit, il en demanda la cause, et que,
comme on lui répondit que c’était Nonianus qui lisait un
de ses ouvrages, il quitta tout et vint prendre place parmi
es auditeurs. Domitien lui-même, qui se piquait d'aimer
es lettres, lut en public des poésies qu’il avait com¬
posées10. C’était, à ce qu’il semble, le plus beau temps
tes lectures publiques. Pourtant, Pline11 se plaint qu’on
n y assiste plus avec le même empressement qu’autrefois,
tpi on invente toute sorte de prétextes pour s’en dispenser,
°u que, si 1 on consent à s’y rendre, on y vienne quand
elles sont commencées, et l’on s’en aille avant qu’elles
u soient finies. Néanmoins, elles se maintinrent jusqu’à
a m ce 1 Empire et ne disparurent qu’avec les lettres
elles-memés.
oinme elles réunissaient d’ordinaire un public nom-
dûeîtépM Knlt Tl ?nRt’ Vit‘ Virg- l2’ et ?ei'v- VI> 36-' - 3 Co fait a
ce suie l’anccdn? ’ "tersuch‘ über das **ben des Thucyd. p. 1 1 s,,. - i Voi
- 6 &!. 7T Vitruve’ vu- IV, ^
— - 10 Suet ’i Aug. 89. — 8 Suet. Claud. 41.
u ccux ‘Il|i viennent les
V,
9 Epist. i,
12 Les auteurs, pour parler du noml
écouter, emploient les mots d e populus, multitude),
breux12, on ne pouvait pas les donner partout. On
s’occupa donc d’aménager ou même de construire des
salles spéciales. Les grands seigneurs en firent bâtir chez
eux. Jusqu’à présent, on n’en a pas retrouvé, ni à Pompéi,
ni ailleurs13; ce qu’on peut soupçonner, c’est que ces
salles devaient avoir la forme d’un théâtre. Ce qui rem¬
plaçait la scène, c’était le suggestus , sorte de tribune ou
de chaire élevée14, destinée au lecteur. Juvénal 18 parle de
Y orchestra, qui était garnie de chaises, occupées sans
doute par les personnages importants; au fond, sur des
gradins de bois, se plaçaient les clients, les affranchis, et
surtout les claqueurs. Plus tard, l’empereur Hadrien fit
construire YAthenaeurn , où les poètes et les orateurs
lisaient leurs ouvrages10.
Jusqu’à l’époque où YAlhenaeum fut bâti, les écrivains
romains, qui voulaient se faire connaître, avaient d’abord
à se pourvoir d’une salle de lectures. Tantôt ils la louaient,
tantôt ils l’empruntaient à quelque riche personnage qui
en possédait une chez lui, et qui voulait bien la leur
prêter. Mais il la prêtait comme elle était, c’est-à-dire sans
meubles.il fallait la garnir de chaises, de banquettes, faire
rétablir ou raffermir les gradins, auditorium struere 1 ■ ,
ce qui coûtait cher et ne rapportait rien. Les applaudis¬
sements qui accueillaient la Thébaïde de Stace, et qui, au
dire de Juvénal18, ébranlaient la salle de lecture, n’em¬
pêchaient pas le poète de mourir de faim. Aussi les écri¬
vains pauvres, qui ne pouvaient pas faire ces dépenses,
avaient-ils recours à des procédés moins coûteux : ils
lisaient leurs vers en plein Forum, sous les voûtes des
salles de bain, «qui font résonner agréablement la voix 19 »,
ou sous les portiques, au risque d’être accueillis, comme
Eumolpe, à coups de pierre20.
Les lectures publiques étaient fréquentes à toutes les
époques de l’année. Pline21 parle d’un mois d’avril pen¬
dant lequel il ne s’est pas passé de jour où quelqu’un ne
fît quelque lecture. On lisait beaucoup aussi au mois
d’août, quand la politique prenait ses vacances22. Il était
donc assez difficile de se procurer des auditeurs ; on les
avertissait d’avance par des lettres ou des billets (per
libellas aut codicillos ), et, pour être sûr que l’invitation ne
serait pas oubliée, on avait soin de leur en rappeler
plusieurs fois le souvenir. Le jour venu, celui qui devait
lire s’y préparait comme un acteur pour une représenta¬
tion de théâtre; il prenait des breuvages émollients pour
s’assouplir le larynx. Si nous en croyons Perse23, il se
présentait devant ses auditeurs « bien peigné, couvert
d’une toge neuve, portant des bagues à ses doigts et
regardant l’assistance avec un œil caressant » . D’ordinaire,
il faisait précéder sa lecture d’une praefatio où il remer¬
ciait le public de sa complaisance, et donnait en quelques
mots une idée de son ouvrage; puis il le lisait le mieux
qu'il pouvait, ou, s’il craignait d’y mal réussir, le faisait
lire par un de ses esclaves ou de ses affranchis.
On peut croire qu'à peu près toute la littérature de
l'époque impériale s'est produite dans les lectures publi¬
ques. Quelques-uns des ouvrages les plus importants de
ce temps portent la marque manifeste de cette origine. Ce
sont, pour l’épopée, la Thébaïde de Stace ; pour l’histoire,
mémo vulgus. Juvénal dit que Romeentièi'e venait enleudrc Stace, VII, 83. — 13 Voir
à propos du prétendu Auditorium Maecenatis , qu'au croyait avoir retrouvé sur l’Es-
quilin, l’article de Mau, Bull, de l'Inst. de covresp. arch. 1873, p. 89-9C. — U Pers.
j, 17 : « Sede legeus. celsa ». — 13 VII, 47. — 16 Aur. Victor, De Caes. 14; Lam-
prid. Al. Sev. 33. — 17 Tacit. De or. 9 ; Juv. VII, 43. — 18 VII, 8G. — 19 Hor. Sut.
I, [V, 73. -20 Petron. Sut. 90. — 21 Epist. I, 13. —22 Juv. III, 9. — 23 r, t7 cl 19.
1-28
LËC
— 101 i
LEC
* l’abrégé de Florus; pour la poésie dramatique, les tragé¬
dies de Sénèque; pour l’éloquence, le Panégyrique de
Pline. On voit bien, quand on lit ces ouvrages, qu’llorace 1
n’avait pas tort d’être mal disposé pour les lectures
publiques, lorsqu’il les vit commencer, et de refuser d’y
prendre aucune part. Il prévoyait sans doute la déplorable
influence qu’elles devaient avoir sur les lettres latines; il
comprenait que ces succès faciles, auprès d’amis com¬
plaisants, entretiendraient la vanité des auteurs, qu'ils les
habitueraient à se contenter d’œuvres médiocres, qu’ils
voyaient si bien réussir, et à se dispenser de tout effort
pour les perfectionner ; qu’ils seraient portés à ne plus
tenir compte que des qualités qu’ils voyaient réussir dans
ces sortes d’exhibitions littéraires; que, par exemple, ils
négligeraient la composition de l’ensemble, l’harmonie et
la liaison des parties, pour ne s’occuper que des détails
qui frappent seuls dans une lecture rapide, pour chercher
uniquement à ranimer l'attention d’un public distrait et
à provoquer ses applaudissements, par ces pensées écla¬
tantes, qu’on appelait sententiae, et qui sont ce qui domine
dans la littérature de l’Empire. Gaston Boissieu.
LECTUS. KXivt] . — Le lit, chez les anciens, servait à
trois usages : on y dormait; on s’y couchait à demi pour
manger ; avant les funérailles, on y exposait les morts.
Nous étudierons ces trois emplois du lit successivement
chez les Grecs, chez les Étrusques et chez les Romains,
en notant chemin faisant quelques emplois accessoires.
Grèce. — Dans les poèmes homériques, il est souvent
question de lits, mais seùlement de lits pour dormir ou
de lits funéraires : les héros d’Homère mangent assis, et
non couchés1. Non pas, peut-être, qu’à l’époque où
furent composées Y Iliade et l 'Odyssée, ce fût là la cou¬
tume grecque : on sait que l’Épopée peint un monde
disparu, dont les traits, fixés une fois pour toutes, re¬
viennent, toujours les mêmes, dans ses récits. De
l’absence du lit de table dans les descriptions homériques,
1 Epist. I, iv, 73. — Bibliographie. Just. Lipsius, Epistol. ad Delgas, II, 43;
Wolff, Praef. ad Cicéron, pro Marc. p. 19 sq. ; Gicfig, Esc. ad Plin. Epist. 1802,
t. Il, p. 538 ; Thovbecke, De Asinii Pollionis vita et stud. Lugd. Bat. 1820, p. 104
cl s.; Weber, De poetarum Itoman. récit ationibus, Vimar, 1828; Nisard, Études
sur les poètes rom. de la décadence, Brux. 1834, p. 334 et s, 380 et s.; Géraud,
Sur les livres dans l’antiquité, Paris, 1840, p. 186 et s.; Th. Herwig, De récitât,
poelarum ap. Romanos (thèse), Marburg, 180 4.
LECTUS. 1 Athen. I, p. 17 F; V, p. 192 E; VIII, p. 363 F. — 2 II est à remar¬
quer que, dans les nombreuses représentations de l’offrande au mort, celui-ci est
toujours figuré assis devant la table chargée des victuailles qui lui sont destinées.
— 3 Perrot et Chipiez, Bist. de l'art, II, p. 106 et 107, fig. 27 et 28; p. 652,
fïg. 317. — 4 Heuzey, Catal. des figurines ant. de terre cuite du Musée du
Louvre , I, p. 44 sqq. — '■> Perrot et Chipiez, Op. cil. III, p. 585, fig. 397; cf. la
figure 398. — G Jd. Ibid. 111, p. 017, fig. 420. - 7 11. IX, 200; XI, 623; XXIV,
515; Od. I, 145; III, 471; VII, 169, 203; X, 352 sqq., 360 sqq.; XVII, 84 sqq., 90,
333, 478; XX, 136, 257 sqq. Voir coena, p. 1271, col. II. — 8 Sur iWf,, xoîtoç et
xoi '-r„ Mxtjov etXixrja, voir Buchholz, Die homer. Realien, II, 2° partie, p. 147 sqq.,
153 sqq. — 9 On trouve aussi dans Homère le pluriel 'Uyi a, qui, d’après Buchholz
(Op. cit. II, 2e partie, p. 152), désignerait le lit avec tous ses accessoires, taudis
que le singulier /.I/o; ne se rapporterait qu’au bois du lit (Ibid. p. 150). Mais cette
distinction paraît mal s’accorder avec les textes où >.lxe« est accompagné d’épi-
on ne doit donc pas conclure qu’il était étranger aux
populations parmi lesquelles vivaient les aèdes; si les
Égyptiens ne paraissent pas l’avoir connu2, il semble
avoir été employé de bonne heure en Asie Mineure : le
bas-relief de Kouioundjik qui reproduit le festin d'Assour-
banipal, fait sans doute allusion à un usage très ancien3;
on peut rapprocher de ce monument quelques terres
cuites gréco-babyloniennes que possède le Louvre4, un
curieux groupe chypriote en pierre calcaire (fig. 438b,
représentant trois convives couchés autour d’une table,
sur des lits garnis de hauts coussins®, un des grands
côtés du sarcophage d’Athiénau, au musée de New-
York6, etc. Quoi qu’il en soit, les seuls lits dont Homère
fasse mention sont ceux où l’on passait la nuit et ceux
sur lesquels on couchait les morts; toutes les fois qu’il
s’agit d'un repas, les convives y prennent part assis sur
des sièges (ôfovo:, xXiagot, Suppôt) 1 .
Nous n’avons pas ici à examiner le sens, souvent diffi¬
cile à préciser, de tous les termes dont se sert l’Épopée
pour désigner le lit8. Qu’il suffise de rappeler qu’Homère
décrit trois façons principales de se coucher pour dor¬
mir. La première comporte l’emploi du ksyo;, qui a sa
place déterminée dans la maison9. Pour la seconde, on
a recours aux Béf ma : il faut entendre par ce mot un lit
qui n’a pas d’emplacement fixe, qu’on dresse ici ou là10.
La troisième, enfin, consiste à s’étendre à terre (/agàoiç)
sur des peaux 11 . Le Hyoç, est en bois ; l’épithète
TTJxtvov qui lui est quelquefois donnée 12 fait allusion
aux pièces qui le composent et qui sont fortement jointes
entre elles, soit qu’elles s’emboîtent les unes dans les
autres, soit qu’on les ait assemblées à l’aide de che¬
villes13. Nous connaissons d’ailleurs assez mal sa struc¬
ture et sa décoration. Le lit célèbre qu’Ulysse s’était
fabriqué lui-même dans son palais d’Ithaque, et dont l'un
des montants était formé du tronc d’un olivier soigneu¬
sement équarri, avait pour sangles des lanières de cuir
de bœuf teintes en rouge; il était orné d’incrustations
d'or, d’argent et d’ivoire14. Les expressions rpr^i, Sivona
às/îx semblent indiquer que les montants des lits homé¬
riques étaient tantôt plats et découpés à jour, suivant une
mode qui persista durant des siècles, tantôt façonnés au
tour15. Nous ignorons s’il y avait des lits de différente
largeur16. Nous sommes mieux renseignés sur les acces¬
soires dont on avait l’habitude de garnir (arosivou) soit le
Xsyoç, soit les o£gvtx. Sur les sangles qui reliaient les
côtés latéraux, on disposait d’abord les pvjysa 17, sorte de
tissu probablement Lrès épais, qui faisait l’office d’un
thètes faisant allusion de la façon la plus précise à un travail d’ébénisterte.
— 10 Buchholz, Op. cil. Il, 2° partie, p. 155-157. Quelques textes indiquent très
clairement que les Septvta étaient un lit portatif. Voir 11. XXIV, Gi3 sqq. ; Od . IV, -O1’
sqq. ; VII, 335 sqq. Ce mot se rencontre aussi, scmblc-t-il, avec le sens général de
lit . Voir Od. VI, 20; VIII, 282. — il Les paroles suivantes de Pénélope à Ulysse (Od.
XIX, 598 sqq.) montrent bien la différence qu’il y avait entre les Scjxvca et le lil ,m'
provisé qu’on disposait sur le sol: <rô 8è Xét-eo ' £vi ofxw, — $ ya.u-iSiç irxopltrai;,
x«Tà 8c>.a GévTwv. — 12 II. IX, 621, 059; Od. XXIII, 179. — 13 Suivant une autre
interprétation, icuxivôv ferait allusion aux couvertures qui garnissaient le lit. Voir
chliolz, Op. cit. II, 2° partie, p. loi, note 1. — 1* Od. XXIII, 190-201 ; cf. BucIiholZ:
Op. cit. II, 2e partie, p. 151-152. — 15 II. III, 391, 448; XXIV, 720; Od. I? ,f|1
XXIU, 179. — 10 Ce qui est. certain, c’est qu’il y on avait d’assez larges pour qu 011
y pût dormir à deux. Plusieurs passages do Y Iliade et de Y Odyssée ne laissent
subsister aucun doute sur ce point : voir II. ni, 4 47-4-48 ; Od. X, 334-335, 340, 342, o-Hi
480, 49G-497; cf., à propos de ces derniers textes, qui font, allusion aux amours d<
Circé et d’Ulysse, l’épisode du coffre de Kypsélos qui rappelait le môme mythe (I aU!ï*
V, 19, 7). Ce que nous savons également, c’est que, dans la vie homérique, coinnic
plus tard, dans la vie réelle, on se dépouillait, pour se coucher, de tous scs vête
ments : voir Od. X, 54*2 ; Aristopli. Lysistr. 920, 925 ; cf. une amphore corinthienne
du Louvre (Salle E, n. 640) qui représente le meurtre d’Ismcne (Pottier, Vases wd-
du Louvre , p. 58, pl. i. ; Catalog ., 2e partie, p. 485). — 17 Od. X, 352.
LEG
101S —
. , c co ns être, comme le matelas, rembourré àl’in-
téHem (ce qui le prouve, c’est qu’on plaçait aussi des
< ' ea sur les sièges, où un matelas eût été gênant ; c est
de plus, que les ^Y.« se lavaient »). Des tapis (T®n,«0
étaient étendus sur les le dormeur s y couchait et
se recouvrait d’une y>tva (ce mot est le plus souvent au
pluriel), qui n’était autre que le vêtement connu sous
ce nom [pallium] 3. Quelquefois, sous le ffiYoç étaient
placées des peaux de brebis (xwsa) ; puis venaient le
Loç et une pièce de lin dans laquelle on s’enveloppait G
D'autres fois, nous trouvons la disposition suivante :
des peaux, une yXatvx, puis les p •qYea servant de couver-
ture G Les peaux, en général, forment dans Homère le
fonds de la literie des gens de mœurs simples et des
pauvres gens : Télémaque dort empaqueté dans une
peau de brebis 6 ; ceux qui ne possèdent ni Hï£a ni
yXatvai 7 s’étendent ù terre sur des toisons : Ulysse,
chez Eumée, passe la nuit sur des peaux de brebis et de
chèvres; une épaisse yXaîva, que jette sur lui le pâtre,
le défend du froid8; le même Ulysse, dans son palais,
refuse le lit que lui fait offrir Pénélope : une peau de
bœuf et quelques peaux de brebis lui suffisent; quand il
y a pris place, les servantes le recouvrent d’une y\ ouvat 9.
Le coucher du vieux Laërte est encore moins compliqué :
l’hiver, ses servantes lui font son lit dans la cendre du
foyer; l’été, il se contente d’un lit de feuillage n’importe
où, dans sa vigne 10.
Les lits sur lesquels on expose les morts, dans Homère,
sont les mêmes que ceux dont usent les vivants. La gar¬
niture seule semble différer : le cadavre de Patrocle est
recouvert de la tête aux pieds d’une grande pièce de lin,
sur laquelle on a étendu une toile plus forte (<papoç), écla¬
tante de blancheur H. Le corps d'Hector disparaît presque
tout entier sous un cpapo; et unchiton12 [funus, p. 1372].
Dans la période historique, le lit sert aux trois usages
que nous avons indiqués. Certains peuples, il est vrai,
paraissent tenir d’une haute antiquité la tradition de n’y
point recourir pour les repas : tel est le cas des Crétois,
qui mangent assis13 ; tel est aussi, semble-t-il, du moins
à une certaine époque, le cas des Macédoniens14. Mais
ce sont là des exceptions. La coutume de beaucoup la plus
répandue est de se coucher pour manger ou pourboire ;
les enfants, les adolescents au-dessous d’un certain âge
font seuls exception à la règle13, avec les personnes de
condition inférieure et les femmes16. Celles-ci, quand
elles assistent au repas des hommes, sont généralement
assises au pied du lit sur de hauts sièges à dossier17 ;
1 0d • V1< 38- — 2 II. XXIV, 643 sqq. ; Od. IV, 290 sqq. - 3 II. F
I , à moins que 1 ordre des objets indiqués dans ce vers ne soit pas celui q
pondait à la réalité. — 4 Od. XXIII, 180. Môme observation. — 0 Od. I, 44
-Ubïd G1"’349, ~ 1 Ibid- X1V> 518 sqq. - 8 Ibid. XX. 138 sqc
vis^ " ^ 188 SCW- II faut considérer comme une exception le lit impr
jl I'°ur HIyss9 sur le vaisseau pbéacien qui doit le ramener à Itbaqu
XIII ' -3'° °n "" ^7°’ el 11110 P'aco l*u (Xr/05) disposés sur le lillac : voir O
jCS( ’ cl 118' sur les tissus dont parle l’Épopée et sur les épithètes p
1 'selle les caractérise, Helbig (trad. Trawiuski), L’épopée homérique expliqu
P^lesn ts, P’ 209 - 10 11 ■ **111, 352-353. - 11 lbid- XXIV, 58
aP Atlion L I ' 6; aP- Alhen. IV, p. 143E. — 13 Dourisel Hcgcsand
ne peuvent \ *' 4cs 'ors de Pbocylide cités par Athénée (X, p. 428
t-il dans LtlC 1 ‘‘gardés comme concluants, le mot xa8f,jXEvov y étant pris, semb
P7) prouvc"." SOnS C1U1 nosl Ilas le sens propre. Un fragment de Xenophane (Fragi
symposion' en q**18 t<H1S *es cas’ flue si é piait l’usage, à Milet, de prendre part
hclléni |> p1 an assis’ ncn était pas de même dans un autre grand cenl
ffH) 17 nu10 ‘"'noure’ a Colophon. — H Xen. Conv. I, 8; Aristot. Polit.
Dio Chrysost vi/’ü'" ~ ^ P'Ut- Sept' Sap' conv' 4- — 16 Ps--Lucial>- Asin.
môme. Voir |a \ ,11 ’ P' — 17 Souvent aussi, elles sont assises sur le
< coupe allique.fcoRKucopiA, fig. 1959] qui représente le symposi
LEG
, celles qui prennent place à côté des convives sont des
courtisanes 18 : les monuments de toute nature qui repro¬
duisent de pareilles scènes sont, comme on le sait, extrê¬
mement nombreux [COENA, SYMPOSION].
Il ne paraît pas y avoir eu de différence sensible, chez
les Grecs, entre le lit pour dormir, le lit de table et le lit
à exposer les morts. Il arrivait quelquefois aux convives
de s’endormir sur le lit où ils avaient pris leur repas 19,
ce qui prouve que ce meuble offrait pour le sommeil les
mêmes commodités que celui qui était spécialement
réservé à cet usage. On exposait les morts sur les lits où
l’on avait l’habitude de se coucher pour la nuit. Nous
pouvons donc, sans distinction d’emploi, essayer de nous
rendre compte de l’aspect d’un lit grec, tel que les textes
et les monuments nous permettent de le reconstituer.
Voici quels en étaient les principaux éléments2".
Il y avait d’abord les montants (IvTjXaxa, ttôoeç)21, qui
supportaient la caisse ou la couche proprement dite et
se terminaient par une sorte de chevet plus ou moins
élevé (àvdxXtvrpov, É7rixXtvTpov, àvâxXtxov), sur lequel nous
reviendrons tout à l’heure 22. Lacouche (xXtvr/jpi&v) 2\ for¬
mée de quatre traverses assemblées, avait pour fond
une sorte de treillis végétal (tjTtapxa, «jTtapxta , xovo;,
xstpia) 2\ où l’on étendait le matelas (xuXvj, xuXsTov) 25. Les
oreillers (irpoffxeçàXaia) étaient places a la tète : ils étaient
de fine toile de lin, ou de laine, ou bien encore de cuir26 ;
on les remplissait d’un duvet plus ou moins léger 2‘, de
même qu’on rembourrait le matelas avec le fruit coton¬
neux d’une plante appelée yvatpxXtov28. Les couvertures,
qu’on désignait par différents noms, étaient teintes de
couleurs vives, et brodées de fleurs, d’animaux, d’étoi¬
les, etc.29; on les parfumait d’odeurs pénétrantes: le
poète comique Ephippos parle de po5o7rvoa xxpoqxaxx 30 ; le
péripatéticien Cléarchos de Soli décrit, dans Athénée,
le luxe efféminé d’un jeune homme de Paphos, qui
aimait à s’étendre, vêtu d’une yXavtç blanche, sur un
lit à pieds d’argent recouvert d’un riche tapis de Sardes ;
un tissu de couleur pourpre était jeté sur son corps ; sa
tête reposait sur trois oreillers du lin le plus fin, bordés
d’une bande de pourpre, tandis que deux autres, écar¬
lates, soutenaient ses pieds 31 . De tout temps, les Grecs
semblent avoir porté dans ce détail de leur vie intime une
grande recherche. Si l’orateur Lycurgue, toujours dur
à lui-même, se contentait d’un lit étroit, garni seule¬
ment d’une peau et d’un oreiller32, Isocrate dormait sur
un matelas d’une forme particulière et sur un oreiller
imprégné de safran33. Ces habitudes de mollesse parais¬
ses dieux ; les dieux y sont figurés couchés, tandis que les déesses sont assises
sur le bord de leurs lits, Monumenti , V, 1853, pl. xi.ix. — 18 Alciphr. I, 39.
— 19 Plat. Conv. p. 217 D. — 20 Poil. X, 34 sqq. — 21 Id. X, 34; Schol. Aristoph.
Eq. ad v. 532; Corp. inscr. att. 1, p. 73, 1 a, 1. 13, etc. — 22 poil. VI, 9 ; X, 34;
Corp. I/Ioss. II, 74, 8. — 23 p0ll. VI, 9. — 24 Poil. X, 36 ; cf. Aristoph. Av. 814 sqq.
et le Schol. ad v. 816; Lysistr. 923; Plut. Alcib. 10; Corp. inscr. att. II, Suppl.
P 178, 082 c, 1. 22 sqq. — 23 Poil. X, 38-39. — 20 Id. X, 40. — 27 Id. VI, 10;
cf. III, sur les itpomEiàAaia, Becker, Charikles , II, p. 305 sqq.— 28 Dioscor. I, 132;
Plin. Hist. nat. XXVII, 88 ; Poil. X, 41 ; Suid. s. v. pieiXoï. — 29 p0U. X, 42-43 ;
cf. Plat. com. ap. Alhen. II, p. 48 B. — 30 Ephipp. ap. Atben. Il, p. 48 C;
cf. Aristoph. ap. Athen. Ibid. — 31 Clearch. ap. Alhen. VI, p. 255 E. — 32 Ps.-Plut.
Vit. -Y Orat. p. 842 C; cf., p. 844 D, un trait analogue relatif à Dcmosthènc.
Prodicos, chez Callias (Plat. Protag. p. 315 D), est également couché sur des
peaux, mais il est enveloppé dans de nombreuses couvertures. Voir encore les
ain’iftn dans lesquelles dort Pbidippide (Aristoph. Nub. 10. Cf. Ai’. 122; Ecclcs.
347; Poil. VII, 70 et X, 123). Chez les pauvres, il n’y avait même pas de lit
(Aristoph. Plut. 540 sqq.). On connaît, enfin, les jonchées de roseaux sur lesquelles
s’étendaient la nuit les jeunes Lacédémoniens (Plut. Lyc. 16; Inst. Lac. 5).
_ 33 Ps.-Plut. Vil. X Orat. p. 839 A. L'expression îiEonàircoi uocçEtXxuo-jLÉvui esl très
obscure.
LEC
- 101G —
LEC
sentêtre venues en partie de l'Orient. Hérodote mentionne,
au nombre des objets abandonnés par Mardonius après
la bataille de Platées, des lits de table incrustés d'or et
d’argent et recouverts d'étoffes magnifiques1. C’étaient
les Perses qui, les premiers, avaient dressé des esclaves
spéciaux à garnir un lit, de façon à le rendre aussi
agréable à la vue que moelleux au contact2. Aussi
voyons-nous Artaxerxès Mnémon, pour honorer l'am¬
bassadeur athénien Timagoras, lui donner, outre une
grande quantité d'or et d'argent, un litsomptueux et des
serviteurs habiles à le disposer (exportât), sous prétexte
que les Grecs ne savent pas s’y prendre3.
Bien avant ce temps, les monuments nous permettent
d'imaginer le luxe avec lequel étaient garnis les lits
grecs, à quelque usage qu’ils fussent destinés. Les vases
peints du vie siècle qui représentent des scènes de ban¬
quet, ou d’autres scènes dans lesquelles figure un lit,
nous font voir les draperies qui le décorent formées de
bandes parallèles de differentes couleurs, ou rayées de
quadrillages variés, munies de franges à leur bord infé¬
rieur, etc. A Les matelas sont faits d'une étoffe semée de
fleurs5; parfois ils présentent des imbrications tracées
à la pointe qui visent, semble-t-il, à rendre l'aspect
floconneux de certains tissus6.
Mais ce qui, plus encore que la literie, paraît attirer de
Fig. 4384. — Lit funéraire d’Açhillc.
bonne heure l’attention, c’est le lit lui-mème. On en orne
toutes les parties visibles ; sur les montants surtout
s’exercent la fantaisie et l’habileté des fabricants. Il y a
deux manières bien différentes de façonner ces montants :
tantôt on leur donne la forme quadrangulaire, tantôt on
les travaille au tour. Lafigure 4384, oùl'on voit Achille sur
son lit funèbre, entouré des Néréides qui le pleurent,
offre un spécimen de la première manière A Deux traits
caractérisent les montants de cette espèce : 1° les incrus¬
tations qui les décorent, les découpures qui y apparais¬
sent et font penser aux tpY,tà Xsysa d’Homère ; à mesure
que l’industrie progresse, on prend même l’habitude d’en
amincir la partie médiane de façon à la rendre aussi
légère que possible et à, créer un contraste entre sa
fragilité apparente et la solidité massive des extré¬
mités8; en même temps, ces extrémités elles-mêmes
reçoivent des applications d’ivoire 9, ou sont agrémentées
d’incisions et de dessins variés 10. 2° L’autre traitqui dis¬
tingue les montants quadrangulaires est le chapiteau
ionique dont ils sont surmontés. Les exemples sont
innombrables, sur les vases peints, démontants terminés
par des volutes plus ou moins compliquées, sur les¬
quelles est souvent posé un abaque qui complète la res¬
semblance avec une colonne. Chez les Étrusques, si
directement influencés par les Grecs, au-dessous des
volutes, on aperçoit même quelquefois des cannelures".
La colonne ionique, avec ses proportions élégantes et les
gracieux enroulements qui la couronnent, devait être, en
effet, un modèle tentant pour les artistes, et il faut voir là
une preuve de la popularité des ateliers ioniens de Milet
et de Chios, dont les lits étaient célèbres dans le monde
entier12. Lespieds tournés serencontrentégalementdetrès
bonne heure dans les représentations figurées 13 ; ils rap¬
pellent les ôtvwtà Xéyea de la poésie homérique. Ils se
composent en général de parties massives alternant avec
des parties frêles à l’excès, où semble se jouer l’audace
des artisans. Ces montants, par leur forme, se prêtaient
moins à la décoration ; nous les voyons même, avec le
temps, devenir de plus en plus simples1'", tandis que les
montants quadrangulaires, avec leurs découpures, leurs
bases terminées par de larges fleurs de lotus18, leurs
placages de buis ou d’érable rehaussés d’incrustations
d’argent, d’ivoire, d’écaille10, restent le luxe de l’ameu¬
blement. Aussi comprend-on que les lois somptuaires se
soient efforcées de les proscrire ; la loi de Céos sur les
funérailles recommande expressément que les morts
soient portés au tombeau sur un lit à pieds pointus,
c’est-à-dire simplement tournés (ex^efev Bà èy xXt'vyt
<7:prs]v(f Tiroot. ..) 1 \
Nous ne pouvons nous rendre compte de tous les chan¬
gements apportés par le temps dans la construction et la
décoration du lit grec; les monuments, si explicites qu’ils
soient, nous laissent ignorer bien des détails ; les textes
ne nous renseignent guère mieux. Voici pourtant quel¬
ques modifications faciles à apercevoir.
Dans les lits archaïques, les pièces d’assemblage qui
forment le cadre sont généralement assez étroites. Celle
de la façade, c’est-à-dire du côté qui regarde le spectateur,
était sans doute, comme les montants, revêtue d’un pla¬
cage orné d’incrustations : on y distingue des palmettes,
des figures de quadrupèdes, de serpents, etc. 18. A mesure
qu’on descend vers des époques plus basses, l’influence
de l’architecture, limitée d’abord aux montants, parait
s’étendre, et la pièce de bois qui forme le côté principal
s’élargissant, offre à la décoration un champ plus vaste.
1 Herod. IX, 80 et 82. — 2 Heracl. Pont. ap. Atlien. II, p. 48 C-D.
_ 3 pjut. Pelop. 30 ; Artax. 22 ; ef. la même anecdote rapportée à un certain
Eutimos par Phoenias d’Érésos, ap. Athen. II, p. 48 D. — 4 Louvre, Salle E,
n. 623 (Pottier, Vases antiques, p. 53, pl. xi.v) ; n. 629 (Potlier, p. 54, pl. xlvi);
n 634 (Pottier, p. 55, pl. xi.vm) ; n. 635 (Potlier, p. 56, pl. xtvm et xux ; Cata¬
logue, 2e partie, p. 481 sqq.), etc. — 5 Louvre, Salle E, n. 643 (Pottier, Vases
ant p. 59, pl- u : Catal ., 2e partie, p. 485). Voir les flgures 4384, 4388. — 6 Louvre,
Salle E, n. 640 (Pottier, Vases ant., p. 58, pl. t; Calai., 2e partie, p. 485). — I An-
nali Inst. 4864, pl. BP ; Louvre, Salle E, n. 643 (Pottier, Vases ant. p. 59, pl. n;
Catal partie, p. 485). — 8 Monumenti, III, 4843, pl. lx ; Ibid. VIII, 1864, pl. v,
na, \nt, Denkmaeler, II, 1893, pl. xi, n. 4; Mon. et mém. Fond. Piot.] I, 1894,
pl. v-vi et vu. Voir fünus, 0g. 3332. — 9 Gerhard, Auserl. Griech. Vasenb. U.
pl. cviii, 2 et ex lu, 2; Jahrbuch, 1892, pl. i. Cf. le Schol. d’Aristopli. Eq. ad v. 53--
— 10 Voir ligures 4384, 4385, 4388, 4391. — U Inghiramid/on. et r. I, pl. îu. 12 Ih a
zey, Recherches sur les lits antiques considérés particulièrement comme formi
de la sépulture (Paris, 1873, p. 10J. — 13 Voir une coupe à fond blanc du Mu-1'
de Ravestein, à Bruxelles ; Pottier, Gaz. arch. 1887, pl. xiv, 1. Cf. Arcli. Zeit. 18'' 1
III, 6; Louvre, Salle E,n. 623, n. 630 (Pottier, Vases antiques, p.54,pl. xi.vi), n. 63L
n. 635. — H Voir ligures 4387, 4389. Monumenti, IX, 1871, pl. xxxiii -Arch. Zed-
1883, pl. vu, 1, etc. — 13 Louvre, Salle E, n. 629. — l6 Poil. X, 34-35. — " jla
reste, Haussoullier et Th. Reinaeh, Recueil des inscr. jurid. grecques, l" " 1 1
p. 11, 1. 6. — 18 Cdi.ter, fig. 2124; dioscubi, fig. 2439,
LEG
— 1017 —
LEG
i • beaux lits de marbre découverts par M. Heuzey
DpThtiUa et à Pydna \ cet élargissement est très sen-
''•t 1 'mais il n’entraîne aucune décoration. Un monument
S‘ r inédit du Musée du Louvre, un petit lit de terre
°uüe trouvé dans un tombeau, à Tanagra (fi g. 4385),
Fig. 4385. — I.it orné (le reliefs.
donne une idée du parti qu’on tirait de cette bande laté¬
rale : elle jouait le rôle d’une véritable frise où l’on mul¬
tipliait les ornements. Celle du lit que nous reproduisons
porte en relief, sur fond rouge, les motifs suivants, colo¬
riés en blanc : aux deux extrémités, deux masques de
femme, puis deux dauphins, deux enroulements en
forme de crosse pastorale, enfin une palmette occupant
le centre. On remarquera, d’ailleurs, les élégantes figu¬
rines en relief qui décorent la partie supérieure des
montants, lesquels sont découpés avec une certaine re¬
cherche et ornés de ciselures imitant, semble-t-il, quelque
application d’orfèvrerie.
Une transformation plus radicale, qui porte sur le
meuble tout entier, s'opère, au ve siècle, dans le lit de
banquet. A la richesse du siècle précédent, aux montants
plaqués, incrustés, ou curieusement façonnés au tour,
succède une extrême simplicité. Les nombreux vases
attiques de style sévère qui représentent des scènes de
banquet, nous montrent des lits complètement dépourvus
d ornements, où ne se retrouve que rarement le pied
écoupé, surmonté des volutes ioniques 2 ; le matelas
m me en est absent, et les convives sont étendus sur le
bois qui forme le fond de la couchette 3. Telle était la
coutume lacédémonienne * ; peut-être faut-il voir là une
nouvelle preuve de l’engouement que les Athéniens ma-
esb n nt, après les guerres médiques, pour les mœurs
„ 6S man^reS dé Sparte. Dans les représentations de ce
mênt' Un ®ran(\ C0ussin rayé, parfois replié sur lui-
et eï .e’^0ui foilrrfir un appui plus doux5, soutient le coude
emnre|fSqUeS°"S IeS reins du bllveur; la figure 4386,
V un (e aune belle coupe du Musée Britannique, fait
ptxv, et xx. Voi/plus bl' ^t1 ÂIr6y O ,Daumct’ Mission arch- de Macédoine,
schakn, pl. IiXX 9 2 \oir pourtant Ilarlwig, Griech. Meister-
m«it Baïtwie On rit . °n'mmti' X> i878, Pl- lui, 1 a, etc. - 3 Voir notam-
c‘o. Pro Murena 35 r ^,XMV’ xxxv’let2- - 4 Tim. ap. Athen. XII, p. 518 E;
~ 1 Uiog. UerÙV 130 ° el'n\°P' dL pL xxxv’ 2‘ - 6 Id' Ibid- P'- “vu, 4,
,!hod- ap. Athen Ÿ n' / h5',al'ch- aP- All,en- lv- P- 1*3 A. — 9 Callix
11 Armnido’rc ,! du. * ~ ^ r’°"' VI’ X’ 34; ^ gl°SS’ 11
T ^ «90; xfçftXîj, t'o Xi r> IS ,lî®U^ entre 'cs Êv-qAccca, -C b (X£V t;w, to «W
®0»t nombreux dans les ^ 1 ’ ’ ’ î:o'r' 12 ^es c';cmI,les Oc cette dispositior
. Acl,ille tenons avons , J."1, "reS d° va8es * fi«w’es noires : voir le lit funèbr(
a Utre de spécimen Hev ln ° Ul1 ^lig' ^38*). P°»r les époques postérieures, voir
mdS*‘. Ulenb ICI ,e?™’Grieeh- Pl- «, S «; Benndorf, Griech
■ > 3 (ni (le banquet). _ 13 Monument!, V. 1849, pl. xi. I
voir comment ce coussin était calé par l’accotoir disposé
à la tête du lit6. Cette simplicité ne fut pas toujours à la
mode. Si peu fastueux que fussent, au me siècle, les repas
que le philosophe Ménédème offrait à ses amis, et où
chacun apportait son coussin, les lits y étaient garnis, en
été, d’une natte, en hi¬
ver, d’unepeau de bête 7.
A Sparte même, avant le
règne de Cléomène, les
tptStria avaient singuliè¬
rement perdu deleuran-
tique austérité : les lits
de table y étaient recou¬
verts d’étoffes luxueuses
et ornés de coussins si
richement brodés que
les hôtes qu’on invitait
à y prendre place osaient
à peine y enfoncer leur
coude 8. Dans la tente
dressée par les soins de
1 tolémée Philadelphie, Fig. 438C. — Dos d'un lit de banquet,
lors de la fête célèbre
qu’il donna à Alexandrie, se trouvaient cent lits de ban¬
quet dorés et parés magnifiquement, entre les pieds des¬
quels étaient tendus des tapis de Perse décorés de dé¬
licates figures d’animaux9.
Une autre modification est celle qui consista à munir
les deux extrémités du lit d’accotoirs 10, de façon à per¬
mettre de se coucher indifféremment dans un sens ou
dans l’autre. Dans les lits anciens, et même dans beau¬
coup de ceux du ve siècle, les montants de la tète11 sont
plus élevés et probablement reliés par une traverse sur
laquelle viennent s’appuyer le matelas et l’oreiller, et qui
exhausse la tête du dormeur, tandis que le pied du lit
reste au niveau de la couchette ou ne présente qu’un
faible relèvement12. Le progrès fut de faire les deux
extrémités pareilles, comme on le voit dans la figure 4387,
dont la clarté rend tout commentaire superflu 13. C’est sans
doute aux lits de ce genre que s’appliquait l’épithète
àpptxéipaXo; ou àppixvs<paXXoç. La seconde forme est
donnée par Pollux, chez lequel elle désigne un lit qui
avait appartenu à Alcibiade et qui fut vendu à la criée,
avec d autres objets confisqués, à la suite du procès des
Hermocopides l\ La correction àp.çtxÉçaXoç, imaginée
par Becker15, d’après ce passage du Grand Étymolo¬
gique, au mot agcptxîipotXoç ; IvXtvTjç siSgç tixo’ ’AOvjvoctotç,
Ttapx to exotTEpcoOev avaxXto-tv î/eiv xoe’t TTp&a-xstpâXatov *6,
s’imposa d’abord 17, quand la découverte de plusieurs
fragments d’inscriptions contenant précisément la liste
des biens vendus des Hermocopides, sembla devoir jeter
sur ce petit problème un jour définitif. Il n’en futrien mal¬
heureusement, le fragment relatif au mobilier d’Alcibiade
y a entre les deux accotoirs une légère différence : celui de la tète est plus fort
que l’autre et terminé d’une façon plus élégante, mais peut-être n'est-ce là qu’une
inconséquence du dessin. Le pied du lit, en perspective, montre, dans tous les cas,
la manière très simple dont était établi l’accotoir : il se composait de deux mon¬
tants obliques, réunis par deux tringles horizontales sur lesquelles reposait l'extré¬
mité du matelas, lequel à son tour supportait l'oreiller. Cette disposition remonte
beaucoup plus haut que 1 époque de la peinture dont nous ne reproduisons qu'une
partie : voir Perrot et Chipiez, Hist. de l’art, III, p. 617, fig. 420 (deuxième lit à
partir de la gauche); Ant. Denkmaeler, 11, 1893, pl. i. Mais elle peut être, alors,
considérée comme exceptionnelle. — U p0ll. X, 36. — 13 Becker-Goell, Charikles, lü]
p. 73. 16 Etym. M. p. 90, 30. Le mot àvàxWiç semble désigner ici l’accotoir ; cf.
Phot. s. v. xiivr) ôqxoi xé<faU(.. — 17 Voir Hermann-Bliimner, Griech. Privataltèrth.
p. 159, note 7; cf. Pauly-W’issowa, Beal-Encycl. art, Betten, p. 370.
LEC
— 1018 -
LEC
étant très mutilé et ne portant, à l’endroit où le texte
épigraphique coïncide avec Pollux, que ces mots, dont
la restitution est conjecturale : x>iv[t| pLiXTpJctoupY'/iç [à]g-
[ixv]é^[aXXoç] *. Faut-il lire àg(ptxÉ<paXoç?Nous n'avons pas
ici à nous le demander, ni à chercher quelle serait, dans
ce cas, l’origine du désaccord entre Pollux et l’inscription
des 8ruu.tdTipaTot 2. Pour
des raisons trop lon¬
gues à développer, il ne
parait pas, d’autre part,
que Pollux doive être
corrigé3. Nous serions
donc, à nous en tenir à
son témoignage et à
celui du Grand Etymo¬
logique, en présence de
deux épithètes, àjjupixvé-
cpaXXo; et à|jtçtx£^aÀoç,
dont il s’agit de déter¬
miner le sens4. Or la
seconde n’a rien d’obs¬
cur; quant à la pre¬
mière, elle devient
claire, elle aussi, pour
qui fait attention que
le matelas, TuX-q, por¬
tait également le nom
de xvécpaXXov, notamment chez les Athéniens5; le mot qui
servait à désigner le contenu (to èp.6aXXôg.evov ■xX^pwg.oc)
avait fini par désigner le contenant6, de sorte qu'il faut
entendre par àpupixvécpaXXo; un lit dont le matelas, dé¬
bordant aux deux extrémités sur les accotoirs, y formait
oreiller; peut-être certaines représentations ( fi g . 4388)
Fig. 4387. — Lil U double chevet.
lers n’indique pas nécessairement que le lit soit
cpaXXoç. On a vu par un passage d’Athénée analysé |iri;
cédemment, qu’en dehors de l’oreiller sur lequel j]
posaient la tête, les délicats aimaient à en avoir m,
ou deux autres où ils pussent enfoncer leurs pieds t,
mais les lits garnis de la sorte n’avaient pas toujours
double chevet, témoin
celui qui figure dans
ce gracieux tableau
de la toilette d’Hélène
(fi g. 4389), et quivisi.
blement n’est pourvu
d'accotoir que d’un seul
coté10. Quelquefois, il
n’y a pas trace d’acco¬
toir, et le coussin de la
tête ne se distingue de
celui des pieds que par
son volume et son
épaisseur, comme dans
cette scène des noces
de Pirithoos et de
Laodamie, qui contient
un beau lit nuptial
aux pieds artistement
découpés et ornés de
palmettes et de mas¬
Fig. 4388, — Lit de Uanaé.
traduisent - elles exactement cette disposition b Si,
comme cela semble résulter d’un passage de Pollux,
xvÉcpocMov était, dans certains cas, synonyme de
TtpoffxetpâXaiov 8, l’explication serait plus simple encore :
àgcptxvétpaXXo; désignerait un lit à deux oreillers, c’est-
à-dire dont le chevet était indifféremment à la tête ou aux
pieds (fig. 4383, 4387). On voit, de toute façon, que les
deux termes qui nous occupent, se rapportant au même
objet, doivent être considérés comme synonymes.
Un détail à noter est que la présence des deux oreil-
1 Koeliler, Hermokopideninschriften (/fermes, XXIII, 1888, p. 39G sqq.), Corp.
înscr. ait. IV, fasc. III, n. 277 d. — 2 Nous pouvons dire néanmoins que c est
4ao„r5,,|,; qui paraît être la vraie leçon. M. Koeliler lui-même, tout en restituant
àao.xvioaVAo;, pour se conformer au texte de Pollux, reconnaît (p. 400) que 1 espace
qui sépare sur la pierre ? et t ne semble pas avoir pu contenir les trois lettres mv.
_ 3 Une de ces raisons est la citation d'Euripide qui précède immédiatement la
mention de la xXfvv) à|A?.*vÉç*no; d'Alcibiade, citation dans laquelle se trouve le mot
„v|«ai7.ov, lequel semble prouver que Pollux savait ce qu’il faisait en écrivant, deux
lignes plus bas, 4|io.ii«e'ij«5Jo;, et non4|xsix«ca°s. — 4 Cf. llesycli. s. u.4n?;*eX°?y)..v>]v
ques en applique (fig. 4390) 11 .
Ajoutons, pour en finir avec ces remarques techniques,
que l’équilibre du lil était souvent assuré par deux pièces
de bois posées à terre et dont le dessus offrait une surface
Fig. 4389. — Hélène sur son lit.
plane, parfaitement horizontale, sur laquelle venaienj
s’appuyer les pieds du lit. Une des figures de l'ad'^
hercules (fig. 3780), qui représente en perspectif 1
lit nuptial d’Héraclès et d’IIébé, rend très bien coiuU
de ce détail, et explique en même temps une PartlCU'.
rité des représentations archaïques, a savoir ces M" ^
cales dont on peut douter si elles adhèrent au meub c
Ê*cuîÇ(ü8iv jouira 4vax5.tvtrij.ov, où il ne parait pas nécessaire, comme on U (
de corriger &;a?.xiaoc (impi, tCxt/.o?) en à^ï.xÉçaXoç. 5 Hesycli. et .
xvcoaXov ; Herodian. n. jaov. XéÇ. p. 1 37, Lclirs : tùav), Sittj ovvr,5=î p0ll.
xal.tïv ôjluvû|au« tO ittçttxo|Atviji t))v itîjiéxouaav. Cf. Slrab. XV, P- ll9,!’ ^las,
X, 41. — 7 Raoul-Rochette, Choix de peint. I, p. 181 ; Overbock, Kunstnnj ^ ^
VI, 2. Cf. Monumenli, XI, 1882, pl. xi.ii, 2. 8 Poil. X, • ^,.a.
plus haut, p. 4015, note 31. — 1» Lenormant et de Witte, El. des
moijr. IV, pl. i.xxii. — U Mon. Ann. e liullctt. dell' Inst, di cotr.
pl xvi. .
— 1019 —
LËC
. llps en sont indépendantes. Probablement elles ne
51 G -e chose que les traverses indiquées dans la
S°nt aoU-80 ou de gros cubes de bois supportant chacun
f]gUrC l du lit Dans les deux cas, le but visé était atteint :
JK /?<*"**
Fig. 4390. — Lit nuptial.
il s'agissait de corriger les inégalités du sol formé, an¬
ciennement du moins, de terre battue et sur lequel, sans
cette précaution, le lit eût risqué de paraître boiteux.
Enfin, comme complément du lit de table et du lit à
dormir, il faut signaler le tabouret qui aidait à y monter
[scabellum] et sur lequel souvent les convives déposaient
leurs chaussures (fig. 4390) *. Ce tabouret varie, sur les
monuments, de forme, de dimension, de décoration, etc.
Il reste peu de chose à ajouter, après ce qui vient d’être
dit, sur les divers usages que les Grecs faisaient du lit.
On a vu à l’article coena (p. 1273) que les lits de ban¬
quet recevaient ordinairement deux convives, dont le
second était le « compagnon de lit » (op-oxXtvoç) du pre¬
mier 2; le chiffre trois paraît avoir été tout à fait excep¬
tionnel ;i. Ces convives, lorsqu’ils étaient mal appareillés,
se causaient l’un à l’autre toute sorte de désagréments
S appuyant du coude gauche sur le coussin mis à la dis¬
position de chacun d'eux 5, ils se servaient de la main
droite pour manger et pour boire ; c’est du moins ce que
nous montrent d’une façon constante les monuments. Les
jambes de celui qui était placé à la tête du lit s'allon¬
geaient derrière le dos de son voisin ; une table unique,
haute de trois coudées °, portait les mets destinés à l’un
et à 1 autre. La place d honneur appartenait au convive
qui occupait la partie du lit située, dans les représen¬
tons, à la droite du spectateur : l’autre était dit avoir
a place inf erieure (ûiroxâ tu xaTaxXivssôat)7. Le nombre
es îts ne semble pas avoir été limité, excepté peut-être
c ez es Lacédémoniens, à une certaine époque : Cléo-
ene ne faisait jamais dresser plus de cinq lits de table,
lors
plus s
s meme qu il traitait des ambassadeurs être
angers ; le
v n s®lUei1|) d n en faisait dresser que trois 8. Quand il
autre1 aU1S'- P^us*eurs Ms rangés à la suite les uns des
S’ ° * 'e personnage couché le premier, ou quel-
heinach, Nécropole^deM 1 j ,Iartw,8. Op. cit. pi. xxxiv, xxxv, 2; Pottier et
~ 3 Plat. Com\ p «pi ‘ XL’ elc' 2 Hcrod. IX, 10; Lucian. Conv. 38.
n,l-'nic lit, et il jttrihnn ‘ LlCII°n parlc dc cin<l convives et plus couchés sur un
authentique, il no pcut ê,UnC pareilIe coutume aux Grecs (In Pis. 27) ; si le fait est
*0; Lucian. Gall. n aus®^ Ç11 exceptionnel. — 4 Plut. Quaest» symp. II,
°PPOsés aux iroofrvrm-t J • C8 UTiaYxwvia o"cpiû|AGcca cites par Pollux (VI, 9), cl
- 7 Plat. Co„; ;trFÜTOtr *9. - 8 Evang. ap. Alhen. XIV, P. 6M E.
■ — - AU, en. IV, p. 142 C. Pollux (VI, 7) parle, pour les
LËC
quefois seul, sur le premier lit a droite, qui présidait le
banquet9. Ce serait d’ailleurs une erreur de croire que
les banqueteurs ouïes buveurs fussent toujours disposés
sur une ligne unique : ce devait être là, au contraire,
une exception, que les procédés du dessin chez les Grecs
feraient prendre à tort pour le cas le plus habituel. Quel¬
ques monuments placent sous nos yeux des dispositions
différentes, qui doivent se rapprocher davantage de la
réalité, témoin la figure 1693 [coena] et, dans le présent
article, la figure 4383.
Le lit funéraire ne différait pas sensiblement, nous
l’avons dit, de celui sur lequel on se couchait pour dor¬
mir 10. Dans les peintures des vases du Dipylon, il est
généralement orné de draperies a damier noir etblanc11.
Plus tard, on y retrouve les oreillers rayés et décorés de
zigzags, les couvertures semées de croix ou de fleurs
qui garnissaient les lits ordinaires. U ne fresque découverte
à Kertch montre le mort étendu sur un lit de parade que
protège un baldaquin soutenu par quatre colonnes; l’en¬
semble repose sur une sorte de soubassement dans lequel
ont été ménagées des ouvertures destinées a recevoir des
brancards; quatorze porteurs, septde chaque côté, étaient
nécessaires pour faire avancer cette lourde, litière 12 [lec-
tica] .
L’assimilation naturelle de la mort au sommeil devait
conduire, dans le tombeau même, à placer le cadavre sur
un lit, mais sur un lit de pierre ou de marbre faisant
corps avec l’une des parois de la sépulture. Cette cou¬
tume se rencontre de bonne heure en Orient; des lits
semblables ont été trouvés en Phrygie et en Lydie ,3. Le
tombeau de Cyrus à Pasargade présentait, d’après Arrien,
une disposition analogue14. Les lits de marbre découverts
dans les tombes de Palatitza, de Pydna, de Kourino, par
la mission de Macédoine, et dont nous reproduisons le
plus intéressant, actuellement au Musée du Louvre
(fig. 4391), font voir comment les Grecs s’inspiraient,
dans ces constructions funéraires, de la réalité que leur
offraitla vie de chaque jour16. Ils n’avaient, pour décorer
ces couches funèbres, qu’à suivre le goût qui semble les
avoir portés de tout temps vers l’industrie du meuble, sur
laquelle il nous reste à grouper ici quelques indications.
Elle florissait surtout dans certaines villes, par exem-
<ru;xsoï.a, de salles contenant trois, chu) ou dix lits. — 9 Plut. Quaest. symjios. I, 3;
Eilstalh. ad II. VI, 241. — 10 Voir trocs, fig. 3332, 3335. — U Louvre, Salle A,
n. 541 (Potlier, Vases antiques , p. 24, pl, xx). Cf. Fixes, fig. 3338 et 3342. — 12 Kou-
dakof, Tolstoï et S. Reinach, Antiq. de la Russie mérid., p. 212, fig. 194. — 13 Perrot
et Chipiez, Ilist. de l'art, V, fig. G9, 71, 125, 12U, 134, 143, 148, 178, 179, 211. Voir
la môme particularité dans certaines tombes lyciennes (p. 374). — 14 Aristob. ap.
Arrian. Anab. VI, 29.— 15 Ileuzcy, Recherches sur les lits antiques , p. 4 sip| ;
Heuzey et Daumct, Mission arcli. de Macédoine, p. 250v2fifi, pl, xvi, xx et xxi,
— 1020 —
LEC
LEG
pie, comme on l'a vu, à Milet et à Chios1. Les draperies
dont on recouvrait les lits étaient fabriquées à Milet 2 ;
d'autres, moins renommées, venaient de Corinthe3.
Carthage était réputée pour ses tapis et ses oreillers
bariolés1. Quelques noms de tisserands célèbres nous
sont parvenus, ceux des Chypriotes Akésas et Hélicon, de
l’Ëgyptien Pathymias6. Il y avait à Athènes des fabri¬
cants de matelas (tuXucpâvTai) parmi ces esclaves laborieux
et habiles dont le travail procurait à qui en était le maître,
ou à qui les avait loués, des revenus fort apprécia¬
bles °. Le xXtvoTTQtoç ou xXivoupyoç, appelé ailleurs xXi-
vo7t7]yd; \ y était au nombre des industriels les plus
estimés 8. On sait que vingt esclaves xXivoitoioi figuraient
dans la succession du père de Démosthène : ils lui
avaient été engagés pour une créance de quarante mines
et rapportaient annuellement douze mines, tous frais
payés9. Parmi les matières premières mentionnées dans
l’estimation générale et se rattachant à cet atelier, nous
trouvons de l’ivoire destiné aux incrustations, des bois
précieux (ÇüXa xXîvsia), de la noix de galle (xTjxtç), qui
servait à faire une sorte de vernis l0. Ces détails montrent
quelle était, à Athènes, l’importance de la xXtvo7roüxyi 1 1 ,
qui paraît avoir résumé pour les Grecs toute l'industrie
du meuble, bien que chaque spécialiste fût aussi désigné
par le nom qui répondait à sa spécialité12. Le riche voca¬
bulaire employé pour caractériser les différentes variétés
de lit et la multiplicité des formes figurées sur les monu¬
ments, sont d’ailleurs autant de preuves de l’activité et de
la vogue des xXivoiroioi : depuis le divan ou le simple lit
de repos 13 jusqu’à certains lits déformé étrange, proba¬
blement peu usités dans la pratique, comme ce lit
de Procruste qui représente un animal marchant
(fîg. 4392) 14 ; depuis le lit bas (yaasuv-^), souvent orné
d’applications artificielles (^cqueuvY] TrapxxoXXoç) lb, jus¬
qu’aux lits de luxe, étincelants d’or, d’argent et
d’ivoire16 ; depuis le lit étroit, habituellement dépourvu
d’ornements (cxi[X7rdStov, xpâêêaTo ç, kn xâvxrjç) l7, jusqu’aux
lits de bois doré consacrés dans le Parthénon l8, aux lits
plaqués d’ivoire à la mode chez les Agrigentins 19, à ces
lits somptueusement drapés dont le beau groupe de
1 Coi'p. inscr. ail. I, 164, 176 ; II, 646 ; IV, fasc. III. u. 277 d. — 2 Aristoph. llan.
542 sqq. ; Theocr. Idyll. XV, 125 sqq. — 3 Antiplian. ap. Atlieu. I, p. 27 I).
— 4 Hermip. ap. Athen. I, p. 28 A. — 5 A tiieli. Il, p. 48 B. — 6 Hyperid. ap. Poil.
VII, 191 el X, 39; cf. Ibid. les 7ivoçç!z.ip5j iu7.tïa dont parlait Sophocle. — 7 Corji.
inscr. gr. 2135 ; cf. tvoic-4yiov (Poil. VU, 159). — 8 Plat.. Hesp. X, p. 597 A-B; l)e-
mosth. In Aphob. A, 9. — 0 Demostli. Ibid. — '0 Id. Ibid. — ii Poil. Vil, 159.
— 12 Hugo Blümner, Technol. und Terminol. der Gewerbe und Kilnste, II, p. 326.
— 13 Monumenti, V, 1849, pl. vin ; Kondakof, Tolstoï et S. Reinacli, Op. cit. p. 21 1,
lîg. 193. — 14 Millingen, Peint, de vases, pl. îx; cf. S. Reinach, Bibl. des mon.
figurés; Peint, de vases ant. roc. par Millin et Millingen, p. 97, pl. ix.
— 13 poil. X, 35-36; Scliol. Aristoph. Av. ad v. 816; Corp. inscr. att. IV, fasc.
III, n. 277 d. — 16 Clem. Alex. Paedag. Il, 3, p. 188. — 17 Hesych. s. vv. <m|McoSiov,
ffxqMtouî; Moeris, s. vv. s.tr/ivT/,;, rolniiouî; Poil. X, 35. — 18 Corp. inscr. att. I,
J76. — 19 Tim. ap. Aelian. Yar. hist. XII, 29. Voir le lit entièrement revêtu d’appli-
Myrina, au Musée du Louvre, nous offre un si
curies
spécimen20, ils ont tout conçu, tout exécuté, se pija^
aux circonstances, aux besoins, aux goûts, avec une sou
plesse qui se retrouve dans toutes les industries de:
Grecs et où se marque, comme dans leur art, leur
esprit
d’initiative et d’invention.
Étrurie et Rome. — Le lit, chez les Étrusques et chQ
les Romains, servait aux trois usages auxquels nous
l’avons vu employé chez les Grecs. Le lit étrusque, te[
qu’il est représenté sur les monuments, reproduit ]a
structure générale et l’ornementation du lit grec. Gomme
dans celui-ci, on y retrouve les pieds découpés, décorésde
palmettes et surmontés de volutes ioniques, qui rappel,
lent l’ébénisterie gréco-ionienne: nous citerons comme
exemple le sarcophage de terre cuite figurant un lit et
provenant de Caeré, qu’on voit au Musée du Louvre
(fîg. 4393); on y remarquera la riche décoration du grand
côté, qui répond à ce que les Grecs ont eu de plus
luxueux 21 . Les pieds tournés étaient aussi en faveur
chez les Étrusques : on en peut voir la preuve dans
Fig. 4393. — Lit funéraire étrusque.
une urne funéraire en forme de lit, récemment trouvée
à Pérouse, et où les moulures façonnées au tour sont
interrompues par un motif sculpté, représentant un
monstre ailé à visage de femme22. Les matelas, les cou¬
vertures étaient disposés sur le lit étrusque à peu pré»
de la même manière que sur le lit grec. Les oreillers;
ont la même forme et y paraissent faits de la mènie
matière, c’est-à-dire d’étoffe remplie de duvet végétal ou
de plume. Il faut signaler, cependant, une espèce *
coussin que nous n’avons pas rencontrée en Grèce : ce»1
l’outre à demi gonflée d’air et repliée sur elle-même, p®'
faitement reconnaissable dans le grand sarcophage ®l
Caeré, où elle sert d’appui au coude gauche delà f®nlll,e
couchée23. ,
De nombreux monuments montrent l'usage 0
grec que les Étrusques faisaient du lit dans leurs 1,311
calions el de sculptures en os, qui a été trouvé dans un tombeau de *''ou"1^tr#.
ant. delV Accad. dei Lincei, I, p. 234, pl. i et n). - 20 Potticr et Rcin®cb’
pote de Myrina, pl. xl. Cf. Mus. Gregor. I, pl. xLvi, 1, 1 a et 1 b, >• jj,
Op. cit. p. 36, pl. MX ; p. 40, pl. I.xix, etc. — 21 Longpérier, Musée
pl. xxxv, Louvre, Salle D ; Potticr, Catal. des vases ant. 2e partie, p. 414 ('> ' jf((
cf. Mar Ilia, L'art étrusque, p. 199, fig. 155 (pieds en forme de colonne canin I
chapiteaux ioniques; époque postérieure). La persistance et, en même temp^ ^
nérescence des formes de l’architecture grecque se manifestent d’une faÇ011
sanie dans le lit de terre cuite (sarcophage de Chiusi) dont les Antikc U' " ‘ ^
(I, pl. xx) ont donné une reproduction en couleur. — 22 Atti dei ^‘ncC^ jp
p. 264. Cf. pour les pieds de lit travaillés au tour, Marlha, Op. cit. ^ ^
[fonds, fig. 3359], 262, 263, 285 [fonds, fig. 3350J. — 23 Cette particularité , (f|
aussi ailleurs : voir Marlha, Op. cit. p. 214, fig. 165, etc. C est peu1 ^
usage que Pollux fait allusion quand il parle (X, 40) de xjo«£ià7.tuov l”J'1
LEC
— 1021 —
LEC
, j-,jen qUe, anciennement du moins, la coutume
semble' avoir existé chez eux de manger et de boire
ssis 2. Les femmes s’asseyaient sur le pie'd du lit 3 ;
celles qui y prenaient place dans la même position que
les hommes étaient, semble-t-il, des courtisanes *. Un
curieux texte d’Aristote nous apprend que, chez les
Étrusques, hommes et femmes mangeaient couchés, les
épaules couvertes du même manteau ; il est peu pro¬
bable que ce renseignement concerne les matrones6.
Pour le lit funéraire, celui où le mort était exposé,
nous renverrons à l’article funus, p. 1382 sqq. Notons,
comme dans le monde gréco-oriental, la tradition du lit
servant, dans le tombeau même, de support au cadavre et
constituant l’un des éléments essentiels de la sépulture 6.
Les éléments du lit romain étaient les sangles (fascine,
institue , lora ) 7 : on peut se rendre compte de l’espèce de
treillis croisé qu’elles formaient par un lit de bronze
trouvé au commencement de ce siècle dans une tombe de
Corneto, et dont nous donnons le profil et la partie supé¬
rieure (fig. 4394 et 4395) 8. Venaient ensuite le matelas
9
Fig. 439"). — Lit de bronze romain.
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■A'YaK Tô/V/ Vf' ‘Â TA \ )
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•X'àoxâ vY >/ >x kr \ « Y
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{torus) et l’oreiller ( culcita , cervical) 9 , garnis d’un<
bourre ( tomentum ) 10, consistant à l’origine en paille oi
en foin ", plus tard en laine ou en plume12.
Les couvertures (vestes stragulae)13 se composaien
d une draperie qu’on étendait sur le matelas et d’un<
large pièce d’étoffe dans laquelle on s’enveloppait14. Elle:
étaient souvent brodées et décorées avec un grand luxe 16
celle qu on ramenait sur soi s’appelait proprement oper
toriiim *\ Tels étaient les accessoires du lit à dormi
( e< tus ru h h k taris) . Ordinairement en bois, il présentait
u côté de la tète, une assez forte saillie formant cheve
6 esl’n('(1 tl ca^er 1 oreiller1 ‘ ; souvent, quand deux per
sonnes j det aient prendre place, il offrait sur un de se,
côtés, celui qui était appliqué contre la muraille, un
rebord ( plut eus ) dont les fouilles de Pompéi nous ont
fourni un intéressant spécimen ; le côté opposé, ou côté
extérieur du lit (spotida), était celui par où l’on y mon¬
tait18 ; on se servait pour cela d’un escabeau [scabellum],
Fig. 4390. — Bidon sur sou lit de mort.
ou même d’une sorte d’escalier à plusieurs degrés19,
dont peut donner une idée la figure 4396, empruntée au
Virgile du Vatican, et qui représente Didon sur le point
de se donner la mort20.
Les Romains, comme les Grecs, mangeaient à demi
couchés, et le lit de table ( lectus tricliniaris ) était chez
eux un meuble de luxe sur lequel se donnait carrière la
verve ingénieuse des fabricants. Mais c’est surtout à
partir de l’an 187 av. J.-C. qu’on trouve à Rome une
certaine recherche dans cette partie de l’ameublement,
c’est-à-dire à partir du jour où Cn. Manlius, vainqueur
des Galates, fait figurer à son triomphe un grand
nombre d’objets précieux, d’un caractère artistique, qui
initient les Romains aux industries d’art de l’Orient21.
C’est à dater de cette époque qu’on commence à fabri¬
quer, au lieu des larges tréteaux de bois, plus hauts
du côté de la table que du côté opposé22, des lecti aerati ,
inargentati , inaurati , eborati, testudinei , c’est-à-dire
de bois revêtu de bronze, d’argent ou d’or, plaqué ou
incrusté d’ivoire ou d’écaille23. La figure 4397 reproduit
un de ces lits recouvert de bronze, non pas précisément
dans l’état où il fut trouvé à Pompéi, mais tel qu’on le
voit aujourd’hui, reconstitué, au Musée de Naples24 : on
peut se rendre compte sur notre dessin de la riche orne¬
mentation qui en décore le chevet; des incrustations
d’argent se détachent sur le placage de bronze ; l’élé¬
gance des pieds, travaillés au tour et qui reposent sur
deux longues traverses, ajoute encore à la grâce de l’en-
fi‘ 'V v6’ P'’ XXX,,; V> 1851' PL «*"; VIII, 186.4, pi. „ [n
laquelle sont figurée °U’ Marllla- °P- P- 214, fig. 163, stèle funéraire
convives sont s c oux seene^ de banquet, celle du registre supérieur, oi
p. 460 fi- 304 r i*0 °9’ C° C' (*U roglsl,'e Inférieur, où ils sont assis; cf. j
menti' 1 m ». [Cü"Ar’ 1C9l]’ - 3 Martha- °r- cit- %• 233 - 4 M
1 aTA’ ?g’ 1G98] etxxx‘“; IX- 1870> !>'• *««, L pl. xiv, 1
pl. xxxu, o - 7 Cio n ,ICn' P- 23 D- — 0 Monumenti, V, 1850, pl. x.v, G ; 1
X- 6 ; cf! les tenta i ,r f ’ ’ °5 ; Mart’ V- C2’ 6 I **•*«»■ « 1 Cat. De rc ,
I, pl. xv. _ 9 Lo !' 'a d°nt Parlc IIora«e (Epod. XII, 12). — 8 Mus. Gre
le matelas (Suct. dCUX tel'mcs était aussi employé pour dési
Ht (Virg. A en u _ ln ’ ’ 0 n,ômc 'illc torus désignait souvent l'ensembl
Vl«. 193 ; Mart.’ XIV loo jfnr’ V1, 23 ; SueL Tib‘ 54‘ ~ 11 PU". Hist.
CIc. Tusc. Ri, )9 . , P1,n- Hist. nat. VIII, 192; XIX, 13; Id. X
ligner l-oreiUer’(Juv'v,'Sî’o\f<f”L?CIX’ 26> 4 ; cf- ,c mot pluma servi
monument étrusque fiw’v! ' ' lS9)’ “ 13 Liv- XXXIX- «• ~ 1
Y SSt ePociue donne une idée de la façon dont le
meur était enveloppé de la tète aux pieds dans ce second tissu. Voir Martlia, L’art
étrusque, p. 356, fig. 243. — 13 Cic. Tusc. V, 21 ; cf. Marquardt-Mau, La vie privée
des Domains, trad. par V. Henry, II, p. 180. — 16 Sen . Ep. 87,2. — 17 Voir
Overbeck-Mau, Pompeji , p. 424, fig. 225. — 18 Isid. Hispal. Etÿm. XX, 11, 3;
llor. Epod. III, 22; Ov. Am. III, 14, 26; Mart. III, 91, 9; Overbeck-Mau, Op. cit.
p. 424, fig. 224. Au contraire, dans Suétone (Caes. 49), la sponda est désignée
comme étant le côté intérieur du lit, celui qui était contre le mur. — 19 Varr.
L. I. V, 108; Serv. ad Aen. IV, 685; Luc. Phars. II, 336. — 20 Virg. Vatic.
éd. Mai, 1833, pl. 38. — 21 Liv. XXXIX, 6-7 ; Hin. Bist. nat. XXXIV, 14;
XXXVII, 12. — 22 Marquardt-Mau, Op. cit. I, p. 355. — 23 Dig. XXXII, 100, 4;
XXXIII, 10, 3, 3; Plaut. Slich. 377; Varr. L. I. IX, 47; Mart. IX, 59, 9. On
faisait aussi des lits cn bois précieux, par exemple, en bois de citronnier (lecti
citrei) : voir Virg. Cir. 440; Mart. XIV, 89; Pers. I, 52-53. — 24 Niccolini, Le
case ed i monumenti di Pompéi, III, Descr. gen., pl. xxxv ; cf. Overbeck-Mau,
Op. cit. p. 426 sqq., fig. 228 ; Baumeislcr, Denkm. des Alterth. art. Bette n,
fig. 329 (d’après des photographies).
129
LEC
— 1022
LEC
semble. D'assez bonne heure, semble-t-il, on avait ima¬
giné de plaquer d'afgent les lits destinés aux femmes,
mais ce fut un chevalier romain, Carvilius Pollio, qui eut
l'idée d’ajouter à cette parure, sur les lits de table, de
minces lames d’écaillc qui en diversifiaient l’aspect On
en vint même, par un curieux raffinement, à imiter, à
l’aide d’écailles habilement coloriées, toute sorte de
bois2. L’ivoire jouait aussi un grand rôle dans la déco¬
ration des lits3 ; de même l’or L A une certaine époque,
on ne se contenta plus
d’applications métalli¬
ques et c’est d’argent
massif qu’étaient les lits
de table et les lits à
dormir d’Héliogabale s.
Tout ce luxe ne rappelle
que de loin l’antique
simplicité, qui consis¬
tait à manger sur des
planches formant un
plan incliné autour de
la table carrée ou tri¬
clinium, dont un côté
était laissé libre pour les besoins du service [cogna,
p. 1278, fig. 17Ut)j.
A l’origine, d’ailleurs, à Rome comme en Grèce,
l’usage était de prendre ses repas en étant assis ; plus
tard, le père de famille seul eut le droit de manger cou¬
ché : la femme était assise sur le pied du lit et les enfants
à côté, sur des chaises ou des escabeaux [cogna, p. 1277-
1278] G. Plus tard encore, la coutume de se coucher pour
manger devint générale; au lieu de diner dans I’atrium
[domus, p. 850], on disposa dans la maison des salles spé¬
ciales [triclinium], oit la famille se réunissait aux heures
des repas 7 : c’est alors surtout qu’apparaissent ces meu¬
bles de luxe dont la vogue va grandissant sous l’Empire.
Nous n’avons pas à revenir ici sur l’arrangement des
Fig. 4397. — Lil plaqué de bronze cl incrusté d’argent.
Fig. 4398. — Lit en sigma.
lits autour de la table, sur la façon dont les convives s’y
accommodaient, sur la hiérarchie des places et les épi¬
thètes par lesquelles on désignait chacune d’elles [cogna,
p. 1278 i s. Aux trois lits distincts dont chacun contenait
trois convives, les pieds tournés vers le bord extérieur,
le coude gauche appuyé sur un pulvinus, on eut 1 idée, a
t Plia. Bist. nat. IX, 39 ; XXXIII, 144. - 2 ld. Ibid. XVI, 233; cf. IX, 139; Scn.
De baie f. VII, 9, 2. — 2 Varr. L. I. IX, 47. — 4 Cic. Tusc. V, 21; Suct, Cacs.
49; Sen. Ep. XVII, 12; CX, 12. — 6 Laniprid. Beliog. 19; cf. Di g, XXXIII, 10,
3, 3. — ü Cf. Marquardt-Maü, Op. cit. I, p. 352. — Id. Ibid. I, p. 353-3o4.
_ 8 Ibid. I, p. 356-359. — 9 Niccolini, Case e monum , di Pompei , fasc. XV,
p). _ 10 Laniprid. Beliog. 24. — » Voir Campana, Di due sepolcri del secolo
di Augusto, pl. xiv (peinture actuellement au Louvre); d'autres indiqués par Ste-
pbani, Auarw/i. Beraldés.p. 56 ; O. Jalm. Wandgemillde des Columbariums in der
Villa Pam/ili, p. 42, pl. vi, 17. Cf. Garrucci, dans les Mélanges darchéol. de
Cahier et Martin, t. IV, p. 3 et 8. — 12 Serv. ad Aen. I, 698; Plin. Jun. Ep. V,
5, 36-37; Mari. XIV, 85; Ed. Diocl. éd. Waddington, p. 29-30. — 13 Varr. L. I.
une certaine époque, de substituer un lit unique, demi-
circulaire, appelé s à cause de sa ressemblance
avec le sigma lunaire des Grecs. Comme le montre lu
figure 4398, empruntée à une peinture de Pompéi 9, une
sorte de bourrelet ininterrompu régnait sur le bord inté¬
rieur des lits de ce genre, remplaçant les coussins à
l’usage de chaque convive; on remarquera en même
temps que, dans cette combinaison, la matière du
lit disparaissait tout entière sous les draperies,
ne permettant plus
■ que le luxe des riches
étoffes. Héliogabale,
d’après Lampride, au¬
rait le premier réduit
le sigma aux seules
draperies et au coussin
circulaire, disposés à
terre sans aucun sup¬
port10, disposition qui
se voit dans quelques
monuments d’un temps
postérieur 11 . On re¬
trouve l’usage du sigma
jusqu’à une époque avancée de l’ère chrétienne, comme
l’atteste une miniature du manuscrit de Virgile au Vati¬
can [cogna, fig. 1704]. Cette forme de lit portait aussi le
nom de stibadium 12 : elle supposait naturellement lu
table ronde, et non carrée13.
En dehors du lit de table et du lit où l’on dormait,
dont remplacement était fixe, les Romains connaissaient
le lit portatif, qui semble avoir été
formé d’un cadre monté sur quatre
pieds très simples et assez bas ; un
treillis analogue à celui qu’on a
vu plus haut y servait de sommier
(fig. 4399) u. Ils avaient des lits de
repos pour les malades ou les conva¬
lescents, sorte de chaise longue
munie, sur trois côtés, d’un rebord
plus ou moins haut, où les membres
trouvaient un appui13. Les pauvres
couchaient sur des lits peu confor¬
tables ( grabati ), dont les textes nous ont conservé Ie
souvenir 18. Il faut enfin signaler le leclus lucubrato-
rius , sur lequel on s’étendait pour écrire et travailler'
Un passage topique de Suétone le distingue de la façon la
plus précise du lit à dormir et du lit de table. Auguste, -
nous dit cet historien, avait coutume, après le repas du
soir, de s’installer commodément sur une lecticula lucu-
bratoria , où il travaillait jusqu’à une heure avancée de
la nuit ; delà, il gagnait son lit et y dormait sept heures1 •
Ovide et Pline le Jeune nomment ce meuble lectulus f\
Ovide, encore et Perse le désignent simplement par h
mot lactus 19.
V, 118. Voir encore sur le sigma, Mari. X, 48, 6; Laniprid, Beliog , 28 ; fleckeC-Ooi'H,
Câlins, III, p. 384 sqq.; Marquardt-Mau, Op. cit. I, p. 360 sqq. — *4 Srron'
d'Agincourt, Recueil de fragm. de sculpt. ant. en terre cuite (Paris, pl -
pl. XXVIII, 10). — 13 Mus. Veron. p. cxxxvn, 3; Mus. Capitol. IV.pl. xxxv ; H'"»''
meister, Op. cit., art. Detten, fig. 330 ; cf. Gell. XIX, 10; Rio Cass. LW'I-
13. Voir le lit du paralytique, figuré sur le» monuments chrétiens : Garrucc*,
Storia delV arte crût., III, pl. ci.xxvii, 2, 3 et 4 ; Botfari, Seuil, e pd-
sagre, I, pl. xxxi, 3, xxxv i et xi.i, etc. — 111 Cic. De div. U, *3; N"
Ep. 18, 20; Virg. Mor. 5; Petron. 97. - ” Suct. Aug. 78. - *» Ov. Tris-
I, 11, 38; Plin. Jun. Ep. V, 5, 5. - l» Ov. Ars amat. III, 542; Pers. .
52-53.
LEC
— 102:i —
funèbrc, sur lequel le mort était exposé dans
U ! Z la maison, les pieds tournés vers la porte, ne
laTiiiv'-uait pas, à ce qu’il semble, du ledits cubicu-
s° -dhuiire, si ce n’est parle luxe des draperies qui
larU 01’!it La figure 3360 [funusJ, qui représente une
fornaiem ndue ^ ^ ut de parade aux quatre coins
Daniel brûlent quatre grandes torches, fait voir le soin
Romains apportaient à ces expositions qui cons-
? tuaient un des rites essentiels des funérailles. Conlrai-
' enl à l’usage grec, ce n’était pas, en général, le lit
de l’exposition qui servait à transporter le mort au tom¬
beau • on retirait de ce lit le cadavre pour le placer dans
un cercueil de bois (capulus) qu’on portait sur des bran¬
lé rpTiwis n 1390; lectica]. Dans certains cas, ces
carets [i uinus, p- > . J . .
sortes de litière étaient très richement decorees. Voici,
d’après Dion Cassius, comment se fit l’èxcpopâ d’Auguste :
un lit magnifique avait été préparé, tout d’or et d’ivoire,
orné de draperies de pourpre brochées d’or ; on dissi¬
mula dans ses profondeurs le cercueil (xTjOv)) contenant le
corps; une image du prince, à visage de cire, le repré¬
sentait en costume triomphal, donnant à la foule l’illu¬
sion de sa présence L Aux funérailles de Pertinax,
une image en cire de l’empereur fut de même couchée
sur un lit somptueusement paré ; près d’elle se tenait un
jeune esclave muni d’un grand éventail de plumes à
l’aide duquel il chassait les mouches loin du prince qui
était censé dormir 2. Ce sont là, il est vrai, des cérémo¬
nies d’une nature un peu exceptionnelle. On voit, de
toute façon, quel était le rôle du lit dans les différents
actes des funérailles : soit qu’il servît de principal orne¬
ment à l’espèce de chapelle ardente dans laquelle le
cadavre était exposé, soit que, porté sur un char, le plus
souvent à bras [funus, fig. 3361], on y vît étendue
l’image du défunt3, ou sa personne même \ il y avait sa
place et contribuait à accentuer le caractère théâtral que
les Romains aimaient à donner aux obsèques.
La fabrication d’un meuble aussi nécessaire et dont les
usages étaient aussi variés, devait faire vivre de nombreux
artisans. Nous sommes malheureusement fort peu rensei-
gnéssur la condition des lectarii romains 6. Sansdoute, la
plupart d’entre eux étaient étrangers, cette industrie,
commebeaucoup d’autres, étant venue à Rome du dehors,
particulièrement d’Orient. Les matières premières
qu elle employait arrivaient elles-mêmes, en général, de
1 étranger ; jusqu’aux accessoires du lit avaient une ori¬
gine orientale : Y Edit de Dioclétien fait allusion aux
matelas et aux oreillers de Tralles en Carie, d’Antinou-
polis d Égypte, de Damas de Syrie, comme si c’étaient là
des spécialités de ces différentes villes 6. C’est peut-être
pour cette raison que, malgré sa richesse et l’esprit
e imitation heureuse que nous y devinons, le lit romain
n a four nous ni la valeur, ni l’intérêt du lit grec, beau¬
coup plus original et qui procède directement du grand
art’ avec }ecinel il a d’étroits rapports. P. Girard.
Ll.C'i 1IIUS (AVjxuSoç, Xtjxijôiov). — Le mot n’est guère
Sévère Ilr 2 LXX1V, 4, 2-3 ; cf. sur les funérailles de Sepli
était le ni lan,n, 2, 2 sqq. — 3 Au temps de Polybe (VI, 53, i), cette im
bo Cass I \|0U'C”1 ^e^ouL’ — 4 A visage découvert : voir Vcll-Palerc. II, 4,
cloaca. maxima - i r~n &7°a C°1P' laL VI’ 7882’ Un faber lectarius
üiucl h i ai C 9303, la mention d'esclaves lectarii. — 11 i
■ «V,
donnent • l . • ' ,10U' 21 « lecythino perfusos oleo ». D’autres variai
dans la Vulfjâ l ? ^ovcellini, Lexic. lat. ad. h. v. ; cf. lsid. Gloss, s. i
cy. 3, 17, 12. — 2 Lelronne1 Observations sur les noms des vi
LEC
latin et il no se trouve employé que sous une forme adjec-
tive, lecythinus , dans un seul cas, encore assez douteux,
ou bien dans la basse latinité L Dans la langue grecque,
il s’applique d’une façon très générale a toute espèce de
vases à parfums, spécialement aux récipients à huile.
Si, dans les usages de la langue archéologique, il désigne
avec précision une certaine catégorie de vases à col
long (fig. 4401 à 4004), il ne faut pas oublier, comme l’a
démontré Letronne2, qu’aux yeux des anciens c’était un
terme générique, seconfondantavec d’autres mots comme
I’alabastron, I’aryballos, le bombylios,
le prochous, I’olpè, etc., et admettant des
formes très diverses. En latin, il est
traduit surtout par ampüLla3.
I. La destination du lécythe comme
vase à huile est déjà mentionnée par
Homère4. A l’époque classique, c’est
l’accessoire indispensable delà maison,
du bain, de la palestre, pour frictionner
les membres et leur donner de la sou¬
plesse [gymnastica, lig. 3677] ou pour
se parfumer 3 [gynaeceum, fig. 3684]. Il
est aux mains de tous les jeunes gens
et des femmes. Mais il prend aussi une
acception particulière, celle de vase
funéraire6. Placé près du mort pendant
la durée de la prothesis, il sert d'a¬
bord à oindre le corps, puis il combat
et purifie par ses émanations l’œuvre
de la décomposition ; enfin il fait partie
du mobilier que l’on dépose dans le
cercueil, des offrandes que les survi¬
vants apportent au tombeau [funus, p. 1371, 1379, 1381].
Fig
4402. — Lécythe à
fond blanc.
yrecs, dans les Œuvres choisies, III" série, I, p. 397-400. — 3 Vampulla est
nommée à côté de la strigilis par Apulée, Florid. p. 122, comme en Grèce on
réunit la et la a-ridy-ji;. La remarque est de Krause, Angeiologie, p. 395,
note 3; cf. Cic. Fin. 4, 12. — 4 Odyss. VI, 79. — S Aristoph. Han. 1200-1203;
Plut. 810; Diod. Sicul. XIII, 82; Suidas, s. v. Aristopfîane parait dire proverbiale¬
ment (Av. 1589) : tkaiov oûx ê'vettctv Iv /.rixùOi.,, comme nous disons : il n’y a plus
d’huile dans la lampe. — 6 Aristoph. Eccl. 996, 1032, 1101, Mil; Scliol. Plat.
Hipp. min. p. 334, Rekk. Cf. E, Potlier, Etude sur les lécythes blancs attig. p. 2,
19, 20.
— 1024 —
LEG
LEC
A deux reprises, Aristophane compare une vieille femme
à un lécythe, d’abord pour dire qu’elle est toute fardée,
ensuite pour marquer son grand âge qui la destine pro¬
chainement au tombeau1. 11 servait aussi de fiole odori¬
férante, placée sur les tables de banquets pour parfumer
les convives2. C’est donc un ustensile à deux fins : vase
à contenir et à verser l’huile, récipient*immobile dont
les émanations profitent à l'entourage. Cette double
destination n’a pas été sans influence sur les formes
très variées qu’a prises le lécythe dans le monde
hellénique, tantôt adapté merveilleusement à un usage
pratique et manuel comme l’aryballe (fig. 543-545), ou
comme le lécythe de palestre et de bain (fig. 4400, 4401),
tantôt compliqué à plaisir et enrichi d'un décor plastique
qui en faisait un véritable meuble artistique (fig. 4404).
Il en résulte que la capacité de ces vases pouvait différer
beaucoup, les uns contenant quelques grammes d’huile,
d'autres jusqu’à un cotyle, parfois même sept cotyles3.
Les matières précieuses, l’or, l’argent, remplaçaient sou¬
vent l’argile4. On fabriquait aussi des fioles de ce genre
en verre 3. Le prix variait en conséquence, depuis une
obolè 6. Quant aux lécythes de cuir, dont il est question
dans un texte de Plutarque, peut-être s’agit-il de gourdes
en peau, semblables à celles dont se servaient les soldats
en campagne, ou bien de bourses de cuir pour mettre de
l'argent [crumena, marsupium]7.
IL Quand on étudie les formes du vase auquel l’archéo¬
logie moderne réserve d’ordinaire le nom de lécythe, on
constate qu’il doit être le produit d’une fabrication déjà
avancée. On ne le rencontre pas dans les séries du style
mycénien. Dans le style géométrique, il garde une structure
si voisine de l'alabastre et de l’aryballe qu’il se confond
encore avec eux 8. C’est seulement dans le courant du
vic siècle av. J.-C. qu'il paraît se constituer définitive¬
ment et entrer dans le répertoire des formes classiques.
11 offre alors l'aspect d’un alabastron que l’on aurait
posé sur une base solide et auquel on aurait ajouté une
anse de grand module (fig. 4400) 9. Les fabricants des
vases à figures noires modifient et perfectionnent ce pre¬
mier essai ; ils régularisent la forme cylindrique de la
panse, allongent le col trop court, évasent l’embouchure
de façon que l’huile, en sortant de l’étroit goulot, trouve
un large rebord pour s’y étaler (fig. 4401) 10 : c’est la
série des lécythes pansus que l’on avait à tort attribués
aux ateliers béotiens “. Les fabricants de vases à figures
rouges adoptent d’abord un type analogue 12. Ils réalisent
ensuite, dans la seconde moitié du ve siècle, un modèle
d’admirable pureté que l’on peut considérer comme un
1 Aristoph. Eccl. 1101 el 1111. — 2 Atlieu. IV, 3, p. 129; cf. Xeuopli.
Sympos. 2, 3. Voir la dissertation de Treu, Griech. Thongefiissc ( 35 e Winckelmanns-
programm, 1875) et l'article de J. Six, Revue arch. 1897, II, p. 1G2. — 3 Athen.
Ibid.., et X,67; Poli. Onomast. X. 67. — b Athen. Ibid.\ Diodor. Sicul. XIII, 82;
Hom. Odyss. VI, 79; cf. l'article de J. Six sur un lécythe en argent, Op. I.
— 5 Hesych. s. v. ûàl.ivov. — 6 Aristoph. Ran. 1236. — 7 Plut. Sylla, 13,
p. 460. Les Athéniens assiégés par l'armée romaine en sont réduits, pour sc nourrir,
à mettre sur le feu et à manger le cuir des chaussures et des lécythes (SittlS/.ixaTà te
*aî Xti*ù6oo; IitSiovtuv). Pour le sens de Bourse, cf. Pholius, s. v.
Pour le scholiaste de Platon (Ad Hipp. min. p. 334), c’est même une enveloppe de
cuir assez grande pour y emballer des vêtements; cf. aussi Athen. XIII, p. 584.
Voir Letronne, Op. I. p. 399. — 8 Voir l'étude de la catégorie des lécythes dits
protocorinthiens par M. Couve, Revue arch. 1898, I, p. 214 ; cf. E. Potlier, Cata¬
logue des vases du Louvre, p. 425. — 9 De La Borde, Coll, des vases de Lamberg,
11, pi. xlv, n° 36. — 16 CeTiick, Griechische Keramik, pl. xxxix, n° 2. — n Les
exemples sont très nombreux : Inghirami, Mon. etruschi, V, pl. lxv ; Galleria
omerica, II, pl. xciv ; Millingen, Vases coll. Coghill, pl. xxxv; Millin et Dubois-
Maisonneuve, Peint, vas. antig. I, pl. xxxm; Moses, Coll. Englefield, pl. xxxm à
xxxvi, etc. L’origine en pourrait être ionienne, d'après Boehlau, Aus der ioniscli.
des chefs-d’œuvre des formes céramiques grecques ie
lécythe à fond blanc (fig. 4402) 13. C’est celui qui ^
vait dans les cérémonies funéraires et dont l’emploi est
bien démontré par le décor même de certains de ces
vases où l’on voit la morte étendue sur un lit et ]es
lécythes disposés autour d’elle (fig. 4403) u. Dans b
lécythe appelé aryballisque, dans le lécythe à base imi¬
tant la cupule d’un gland, on suit les modifications
incessantes qui tendent à altérer ce type et à le faire
revenir à une forme plus basse, plus réduite, en somme
plus voisine des créations primitives13.
Les lécythes à
décor plastique,
déjà usités avant
les guerres médi-
ques 1C, jouissent
d’une grande vo¬
gue à la fin u ve
et durant tout le
iv° siècle (fig.
4404) 17 : figures
de sphinx, cueil-
leuses de fleurs,
joueuses d’osse¬
lets, danseurs, sla-
tuettes de Bac-
chus, de Coré,
tètes de femmes,
tels sont les mo¬
tifs préférés des
céramistes ; ils ri¬
valisent avec les produits d’une fabrication similaire, celle
des rhytons [ruyton]. Il faut encore ranger parmi les
und italisch. Necropol. p. 147-148, pl. vu, fig. 8 et 9. Mais l'extension en esl sm»
ment due aux Attiqucs. M. Lœsehcke a le premier démontré la provenance aUi(|at>
et non béotienne, de la plupart de ces vases; Arch. Zeitung , 1881, p. 32 ; cf. lHinio11
el Chaplain, Céramiq. de la Grèce propre, I, p. 375, note 5. — 12 Voir
exemple le lécythe portant la signature de Douris, un autre avec le nom(_
Chairestratos ou celui de Diogénès, etc.; Hartwig, Meisterschalen, p. 228, •
— 13 Furtwaengler, Coll. Sabouroff, pl. i.x. Voir aussi Rayet et Collignon, <
miq. grecq. pl. xi; E. Potlier, Étude sur les lécythes blancs attiq. p- •*'
— H Dumont el Chaplain, Céramiq. de la Gr. pr. pl. xxxn, vase du Jlll(u
d’Athènes. Sur ces représentations, cf. E. Potlier, Op. I. p. 19-20. — 13 Furt'v aeng ® j
Coll. Sabouroff, pl. lv; Benndorf, Gr. und Sicil. Vasenbilder, pl. xxxvm;
et Collignon, Céramiq. fig. 95 ; P. Milliet, daus les Monuments Grecs, I f93!^
— 10 Voir le lécythe en forme de coquillage signé par l'artiste Phiutias; Ep/“ 11
arch. 1885, pl. ix(10); Hartwig, Meisterschalen, p. 167.— U Lécythe en
sphinx du Musée de St-Pélersbourg; Rayet et Collignon, Céramiq. grecq.
cf. celui du British Muséum, Journal of hell. studies, Atlas, pl. lxxii. Sur a
de ces vases-statuettes, voir la dissertation déjà citée de M. Treu, et 1 ni tu* ^
Colt. Sabouroff, pl. ux, lxxi, lxxii; Heuzey, Atlas des figurines anttq^
Louvre, pl. xxxvu, xxxvm; Six, article cité, etc.
LEG
— 1025
, décor plastique du iV siècle les lécythes ornés
typ6S , tZ reliefs dont les plus célèbres sont le vase
de pebts k tr0UVé en Crimée elle lécythe d’An-
de Xénophantos,
■f nVpc Astyanax".
drn?rnsase très courant du lécythe avait introduit dans
' Le Tirées maintes expressions métaphoriques
toujours facile à démêler. Ainsi, on
thiUÙToXVixueo. les jeunes gens de mise élégante et de
C dissolues, peut-être parce qu’on les comparait a
b?» 7^1 toujours onctueux •. On a vu plue
? 1 la pittoresque image d'Aristophane comparant une
S, « femme amoureuse à un lécythe funera.re. Au
contraire, les pauvres gens étaient des ««oMxoO».,
parce qu
soit
’ils n’avaient même pas le llacon d’huile que
tout le monde possède, soit plutôt que le mot contienne
le sens déjà signalé de bourse à mettre de l’argent 4.
On disait aussi ^xuefoiv, XvjxuOoç et dans le
Se„s de phrases de rhétorique, couplets d’éloquence
sonore et vibrante6. Cicéron s’en sert encore et écrit en
grec le mot Mjxuôoi comme une sorte d’expression pro¬
verbiale °. Cette métaphore est exactement traduite par
les mots ampullae et ampullari qu’emploie Horace 1 et
qu’on ne rencontre pas ailleurs. L’origine en est expli¬
quée par Pollux qui rapproche le mot X-qxuOi^wv des mots
Lpuyyi'Çwv, cpapuyyi'Çojv et papucpwvoç, s’appliquant à la voix
d’un acteur 8. C’est la déclamation tragique, les phrases
ronflantes, comparées au son que rend la cavité du lécythe
ou de l’aryballe quand on parle dedans E. Pottier.
LEGAT10. npÉaêeia, TtpéffSsup-a, -jtpéffêsugiç, députation,
ambassade. — Grèce. — A l’époque homérique, les rela¬
tions internationales comportent déjà l’emploi de député
pour les réclamations1, la conclusion de trêves2, d ac¬
cords quelconques 3 . Le député porte l’épithète de o-qpuo;
(public)4; c’est soit le héraut, agent permanent du roi
[praeco], soit un mandataire spécial, ayyeXoç. Leroi géné¬
ralement ou un grand personnage est chargé de le loger
et de le nourrir 5. Les députés, quoique généralement res¬
pectés, ne sont cependant pas considérés comme invio¬
lables6; aussi leur adjoint-on des hérauts pour les pro¬
téger1.
A l’époque historique, le droit international grec a
connu toutes les formes possibles de députations, sauf
LEG
/
les ambassades permanentes8, remplacées dans une cer¬
taine mesure par les proxénies [proxenos]. Distinguons
d’abord les députés des hérauts. Les auteurs, depuis
Hérodote9 *, en font deux groupes de personnages, sauf
Xéflophon à l’égard des députés des Perses, dont il ne
sait sans doute pas exactement quelle est la condition .
Leurs fonctions sont différentes, quoique pour les décla¬
rations de guerre on puisse envoyer tantôt les uns, tantôt
les autres; les hérauts agissent surtout pendant la guerre,
les députés surtout pendant la paix 11 ; les députés traitent,
les hérauts ne font qu’annoncer une décision, un ordre,
exécuter un mandat12 et sont de plus en plus rarement
employés en paix13 * * * *.
Le mot ayyeXoç n’est plus employé que par Hérodote1*
et les poètes tragiques pour désigner les députés ordi¬
naires des Grecs; mais il continue à désigner souvent les
envoyés des rois barbares, surtout des Perses , les
simples messagers, généralement esclaves 1(\ les députés
d’une faction11, surtout pour faire jurer un traité, une
réconciliation entre différents partis18, quelquefois les
députés chargés de recevoir des serments19. Les mots
usuels sont maintenant irpÉtrêo; et 7tpec6eu rqç. A Athènes,
il n’y a que les anciens auteurs qui* emploient upeffëuç au
singulier 20 ; la forme habituelle est np^i? au pluriel 21.
Le mot Trpscêîoxat ne commence à apparaître que dans
Aristote et dans Dinavque22 et sur les inscriptions du
11e siècle av. J.-C.23 * * ; ailleurs, on ne constate pas chez les
auteurs de règle fixe ; ils emploient indifféremment les
deux mots. Plutarque, Arrien et Pausanias se servent
presque exclusivement du premier2'; il en est de même
des inscriptions. Le mot le plus ancien est irpsGosu; , la
mention la plus ancienne de 7rpEef6suTGd est de la première
partie du me siècle av. J.-C.23; on trouve les formes par¬
ticulières : TrpsffysuTOu, 7tpEiyeuTat, TipstayeuTat et 'jrpeyysuTai
en Crète, «pteryeieç, en Béotie 20. Tous les actes imaginables
de la vie politique ont comporté en Grèce l’envoi de
députés. Il suffit de signaler : la demande ou la conclusion
de trêves, de traités de paix, d’alliance, de symmachie,
de commerce21 [foedus] ; l’intercession en faveur d’alliés ;
la défense des intérêts d’une ville dans une autre -8 ; 1 ar¬
rangement des affaires d’alliés29 ; la demande de passage
pour une armée30; l’obtention de promesses, de satisfac-
1 Rayetet Collignon, flg. 100-101. — 2 R. Rochette, Mon. inédits, pl. xlix, 3. — 3 De-
moslh. Contr. Conon. 14, p. 1261; cf. Krause, Angeiologie, p. 398-399 el les notes,
rhotius, s. v. appelle de ce nom les pauvres gens, obligés de s’expatrier; il est pro¬
bable qu il y a confusion avec les àicoXVjxuOot (voir la note suivante). — '*■ Schol. Plat.
Hipp, rnin. p. 334, Bekker. — 5 Aristopli. Acharn. 589 et Schol. ad h. loc. ; Suidas,
b* V.^xu’t^etv (pour fojxuOtÇeiv) ; Strab. XIII, 54, p. 009. — 6 Cic. Ad Atticum , 1, 14,
' “ Nostl lllas toptûOouç » ; Plin. JEpist. I, 2, 3. — 7 Horat. Ars poet. 97; Epist. I,
» l*- T oll. 1\ , 114; cf. le Schol. Aristoph. Acharn. 589 : ).y,xy8iÇeiv, u.eï£ov 6oà'v
u Suid. Loc. cil. — 9 L,e texte des Anecd. Dekk. p. 50, 8, est explicite :
8 f °‘*0Tav T0'jô lüvTai ot œwvatrxotjvTeç xoYAov xt ©Geypia tîo'.eïv wentep et; 7kY|y.jQouç
réfuTTl’ " 3 ^ Par Krause, Angeiologie, p. 394, note 2, qui
fc'br ' ’^)0l*l4Se 11 Ussing [De nominib. vas. graec. p. 04); celui-ci pensait
nécessa' ^ Un 'lc*ui(l0 en s’échappant du goulot d'un vase, mais il serait
D’autre" C covr'8er *° texte, de mettre Ix 5o)xù6uv et de sous-entendre CSoij.
cograph!'ai ''Clronnc atlmel que l’étymologie de l.-^xuOo; donnée par quelques lexi-
élroil d ( 'i"CS’ 1ctxàÇElv, crcpare, clamare, désignerait les vases à col
contre , " ' '‘'lu'de s échappe avec murmure (Op. I. p. 397). 11 faut noter, par
qui a là voix 01,'ll0C^e’ Clté Pai’ Suidas, s. v. J.r,xu6«rtr,;, appelle de ee nom l’homme
qui se Irom t'l L' ^aiS sans <lou^e ** faut corriger par le mot {xax^osuvo;
temeutrélahli ^ ^cs^cl‘*us’ s- v ■ ‘um-fkiaim «. Dans Hesychius, le sens est correc-
qui sera inséré \ *’1 Sur tout ce sujet, je renvoie à un article
— Birnmr ° anS 'a ^evue des Études anciennes, 1900 ( Sur un vers d'Horace).
utsuiv. (iu jon j lonnei Observations sur les noms des vases grecs, p. 397
■ports» nr ' ^ 'a s^1-*0 <les Œuvres choisies ; Ussing, De nominibus
l-KGATlê lT/ P- 60 el suiv’ ^ Krause, Angeiologie, p. 393-400.
- 4 Oll. 3 u. ,:d' u’ 15‘21 ; H- 3, 205. — 2 n. 7, 381-415. — 3 Od. 9, 89. i
*’ ’’ 82’’ ~ 3 H- ", 381-415; 3, 205; 1 1, 139-140 ; ’4, 384 ; 5, 804; 1
10, 286 ; Od. 4, 314. — 6 II. 41, 139-141. - 7 Od. 9, 89 ; II. 9, 105-170. - 8 Un
surveillant permanent de port, envoyé par un roi du Bosphore, porte cependant le
titre de iujt.r6c.nr,? [Corp. inscr. gr. 2132 d). — 9 7, 9, 2. — l» Hell. 2, 4, t, 18 ;
3 j 3 4-2, 6, 9; 3, 1, 28. - 11 Suid. s. v. xfjoui; ; Poil. 8, 137. — Corp.
“inscr. att. 37, 38, 47 ; Time. 1, 131, 1. - 13 Cf. Plut. Per. 30 (Périclès envoie
un héraut à Mégare et à Sparte pour accuser les Mégariens). - 14 U n’emploie
qu’une fois rcf£<rSuî (3, 58) et le verbe dérivé (5, 93). — !•> Xen. Hell. I, 4, 2; 2, 1,
7; 3, J, i ; 3, 2, 18 ; Diod. 11, 2, 6 ; 11, 5, 4 ; Arrian. Anab. 2, 14, 1, 3 ; Paus. 4,
35 4;’ 7, 25, 3; Corp. inscr. att. 2, 175 b. Mais on trouve aussi le mot
(Xen. Hell. 3, 4, 11, 25; Ages. 1, 13; Arrian. Anab. 1, 4, 0; 1, 5, 2 ; 1, 28, 1) .
_ 16 qqluc 2 0, 1 ; 4, 72, 1 ; 8, 40, 1 ; Xen. Hell. 3, 4, 3 ; Paus. 4, 20, 4; Plut.
Tinwl. 23 ; pàdyb. 4, 00, 1. - n C. i. gr. 2106. - 18 Le Ras, Voy. arcli. 5, 1530 a ;
C i. ait. 2, 140 (restitution de Kochlcr) ; Thuc. 5, 82, 4, où Poland [De leya-
tionibus Graec. publicis, p. 10-11) supprime avec raison, comme glose, le mot
-£ff8euv; Arch. Zeit. 1875, p. 131, 1. 23.-19 Cauer, Del. 181,1. 102.-20 Aeschyl.
Suppl. 728 ; Aristopli. Acharn. 93 ; Schol. ad II. 4, 394; Suid. I. c. 21 Herod. 3,
38 ; C. i. ait. i, 33 a, 40, 01 a ; 2, 15, 13 i, 17, 18, 19, 49, 50’, 31, 52, 52 c, 58, 64
60, 80, 87, 88-90, 98, 108, 109, 135 b, 104, 105, 191, 235, 238, 239, 251, 254, 286,
297, 300, 301, 311, 332, 366,415, 488, 552 ; 3, 39 a. —22 1, 20 , 82. —ïiC.i. ait.
3§(j_ _ 24 Voir la statistique dans Poland, Loc. cit. p. 15-19. — 2° C. i. gr 3595.
— 20 c. i. att. 2, 547 ; Le Bas, Loc. cit. 5, 04, 60, 65, 74, Cl, 07, 03, 81, 75, 76, 77,
81 82, 118 ; Bull, de corr. hell. 3, 292 ; Inscr. gr. Sept. I, 24 1 8. — 27 Dem. 18,
165 ; 19, 10, 273 ; 2, 1 ; 18, 79; Diod. 12, 4, 72 ; 16, 87 ; 14, 82 ; Aesch. 2, 18, 57,
132; Thucyd. 4, 118; 5, 22; 2, 7; 8, 54; 3, 86; Xen. Hell. 1, 5, 8 ; 2, 2, II ; Andoc.
3, 31 . Lys. 13, 8-9 ; Plut. Per. 17; Herod. 5, 73.- 28 C. i. att. 1,40, 1. 16;Thuc.
i’ 73; Xen. Hell. 4, 8, 12, 13; 7, I, 33 ; lier. 5, 90. — 29 Thuc. 3, 3 ; 3, 70.
— 30 Aesch. 3, 151 .
LEG
— 1026 —
lions1 ; la demande de livraison de citoyens, d’orateurs2;
la demande de faveurs à des souverains, suzerains des
villes à l’époque macédonienne 3 * ; l'envoi de remercie¬
ments de toutes sortes et surtout d’honneurs, de dons
honorifiques, soit à une ville, soit à quelques-uns de ses
citoyens S soit à un roi. 11 est impossible d’énumérer
toutes les causes d envoi de députés B. Nous laissons de
côté, en renvoyant aux articles spéciaux, les fonctions
particulières des députés chargés de prêter et de faire
prêter serment [foedus, p. 1208], des députés envoyés
comme juges et arbitres [epiiesis, p. 641-642], des députés
qui représentent les villes dans les confédérations et les
amphictyonies ! koinon, synedroi, hieromnemones, pyla-
goroi], des députés avocats municipaux [ekdikoi, syndi-
koi], des députés pour les affaires sacrées [theoroi].
Faisons seulement observer, pour cette dernière caté¬
gorie, qu’on peut confier à des Oewpo-', par supplément,
une mission purement politique 6 *. Les députés chargés
d’aller demander à une autre ville l’envoi d’arbitres s’ap¬
pellent quelquefois 8ixat7TaY«Y01 1 .
L’envoi et la réception de députés sont une prérogative
de l’État. Les généraux ont quelquefois en cette matière
des pouvoirs très larges; il en a été ainsi quelquefois à
Sparte8; quand les généraux n’ont pas ces pouvoirs, ils
sont quelquefois eux-mêmes les députés 9. Les envoyés des
souverains barbares sont moins estimés par les Grecs que
ceux des villes grecques ; on les appelle simplement &yys-
loi ou oî t]xovteç 10, quoiqu’on leur applique parfois aussi les
termes habituels 11 ; c’est surtout avec les rois et peuples
barbares que les villes grecques échangent les marques
dites (7Ûii.êoXa pour faire reconnaître réciproquement leurs
députés12 [hospitium, p. 297], Théoriquement, les États
autonomes ont seuls le droit d’envoyer et de recevoir des
députés13 ; cependant, dans les confédérations de la der¬
nière époque, chaque ville garde son droit1'", sauf chez
les Aehéens où l’autorisation des pouvoirs fédéraux est
nécessaire 15 [achaicum, aetolicum foedus]. Les Aehéens
reconnaissent la suprématie d’Antigone en s’interdisant
d’envoyer des députés sans son autorisation10 *. Les
députés envoyés par une faction d’une ville sont désignés
simplement par le mot v.yy eXgi ou par des périphrases11 ;
cependant, à Athènes, à la chute des Trente, les députés
des deux factions s’appellent -Trpéa-ëetç 18 C’est seulement
à l’époque romaine que des villes grecques envoient des
députés à un Romain, particulier 19 ; plus tard, on appelle
abusivement Tcpéo-ëeiç les députés envoyés par une ville à
un de ses généraux ou réciproquement20; il est naturel¬
1 Her. 5, 84; Dem. 19, 121; Thuc. 1, 135; Diod. 11, 55; 10, 22. — 2 Plut.
Hem. 25; Diod. 17, 15. — 3 Diod. 17, 15, 20, 45; 18, 00; Plut. Dem. 23;
Hemetr. 9; Arrian. Anab. 1, 10, 6; 1, 29, 5; Plut. Cat. maj. 22. — 4 Aescli.
3, 47, 242 ; C. i. ait. 2, 104, 311 ; Plut. Dcmetr. 13 ; Diod. 20, 46; Ditlcnberger,
Syll. 104, 160. — 0 Autres causes : Her. 9, G ; Tliuc. 1, 90 ; 2, 101 ; 5, 4, 01 ; 0,
6 ; Dem. 1, 2; 19, 306; Aescli. 3, 100; Diod. 11,43; 15, 28; 16,54; Plut.
Ages. 24; et les inscriptions qu’on va citer. — 6 Bull, de corr. hell. 4, 472
B; C. i. att. 2, 592; C. i. (jr. 2070. — 7 Inscr. Gr. Sept. I, n“ 4130; lnscr. cjr.
Insul. III, 172. — 8 Thuc. 8, 5, 3. — 9 Thuc. 4, 15, 2 ; 3, 28, 1 ; Xen. Dell. 2,
2, H, 12, 17; 5, 3, 23. — 10 Aescli. 2, 83; C. i. att. 2, 12, 6G b, fr. c, 80.
— 11 C. i. att. 2, of, 52, 235; Bhein. Mus. 33, p. 418. — 12 C. i. att. 2, 80.
— 13 C’est sans doute pour cette raison qu’Athènes appelle oî tjxovVî; les députés
de l ile de Julis révoltée (Dittenherger, Syll. 79, 1. 51-50). — 14 Polyb. 23, 1, 10.
— 15 Polyb. 2, 48; Paus. 7, 9, 3 ; 7, 12, 2; 7, 11, 1. — IG Plut. Arat. 45.
— 17 Aescli. 2, 142-143. — 1» Thuc. 8, 71, 3; 8, 89, 2, 92, 2; Xen. Hell. 2, 4, 28,
35. D’après Poland, Aoc. cit. p. 30, il faut supprimer, connue étant une glose, le mol
tzoïitôi'.i; dans Thuc. 8, 53, 1; 8, 77 ; S, 80, 1 ; 8, 89, 1, et peut-être 8, 90, 1.
— 19 Plut. Cio. 32. — 20 Diod. 13, 5, 4; 14, 9, 4; 14, 12, 4; Aesch. 2, 109.
— 21 Dem. 19, 120 ; Thuc. 5, 60, 1 et G ; Aesch. 3. 250 ; Xen. Hell. 5, 3, 11.
— 22 Thuc. 5, 43, 3 ; 8, 47, 2 ; 8, 48, 1 ; Plut. Arat. 11 ; Xen. Hell. 6, 1,2; lier.
8.25. — 23 c. i. lat. 1, n" 203. — 24 Exemples : Frankel, lnschr. v, Pergam
LEG
lement interdit aux particuliers, sous les peines les i
graves, d’envoyer des députés 21 ; cependant, des hoim 'S
politiques puissants ont souvent pu traiter avec une a'a^
ville, sans avoir de mandat spécial, mais à leurs risqu ;
et, périls22 ; Rome a accordé à quelques Grecs le privila
d’envoyer des députés à Rome pour leurs affaires23^
l’époque romaine, des corporations ont souvent envoyé des
députés soit aux magistrats romains, soit à l’empereur21
En temps de guerre, les députés ne sont pas inviolable;,
à moins qu’ils n’aient avec eux des hérauts ; s’ils n’en oui
pas, ils peuvent être tués, emprisonnés 20 ; mais on épargne
en général les députés d’une ville non ennemie quand ils
se rendent auprès d’ennemis ; on se contente d’arrêter
leur voyage 20. En temps de paix, on respecte les députés
sauf quand ils se livrent à des intrigues ou à des machi¬
nations contre le pays qui les reçoit : en ce cas, ils peuvent
être accusés et jugés27. Avant les déclarations de guerre
on signifie aux députés d’avoir à partir dans un certain
délai, le plus souvent le jour même28. Il ne manque pas
d’exemples de députés maltraités en paix, ou même avec
des hérauts, en guerre ; mais ces actes passent pour con¬
traires au droit des gens29, sauf à l’égard d’une ville
qu’une autre a mise hors la loi 30.
La fonction du député n’est pas une magistrature, mais
un simple mandat, une ÈTnpsXeîa; aussi, à Athènes, au
début, il n’y avait pas de nom propre pour la désigner31,
Le député n’est chargé que d’une mission spéciale, tem¬
poraire, généralement dans une seule ville, rarement
dans plusieurs32. Aussi il peut y avoir en même temps
quelque part plusieurs députations d’une même ville13.
C’est le décret, instituant les députés, qui indique leur
mission, soit d’une manière très précise, soit dans des
termes vagues, selon le cas3'"; elle est quelquefois résu¬
mée dans les réponses qui leur sont données35 ; les
députés peuvent en outre agir, selon les circonstances,,
au mieux des intérêts de leur ville, mais avec circons¬
pection, car ils engagent leur responsabilité 30. Il leur est
interdit sous les peines les plus graves, amendes énormes,
mort, de recevoir des dons37. Leurs pouvoirs sont eu
général très restreints et il en résulte que pour les affaires
importantes l’accord final exige souvent l’échange de
nombreuses députations 38. Aussi c’est seulement quand
les principales conditions ont été fixées qu’on envoie,
souvent sur la demande de l’une des parties contrac¬
tantes39, des députés qui ont le pouvoir de conclure, de
faire la convention définitive ; ils sont désignés par l’une
das deux formules, tsao; e^ovrsç 40 ou atiToxpàxopeç41, I'0l‘l
274 ; Bull, de corr. hell. 1899, p. 1-50 ; II, 1. 13-15 ; III, 1. 1-2. — 23 Time. F '"l
1; 2, 07, 4; 7, 32, 2; 8, 86, 9; 5, 80, 1; Polyb. 21, 20, 8 ; Aescli. 2, '13; Ua>'P'
s. v. ’Ayvîa;. — 20 Thuc. 4, 50 ; Aman. Anab. 2, 15, 2 ; 3, 24, 4; 2, -L ^
— 27 Xen. Hell. 5, 4, 22; Diod. 11, 40, 2; Plut. Them. 19; Tliuc. I, !|L 1
— 28 Her. 7, 149 ; Dem. 15, 22 ; Tliuc. 2, 12, 2 ; Arrian. Anab. 7, 19, 2. — -11 f1'’1"
12, 3 ; Aesch. 2, 133 ; Plut. Ages. 10 ; Polyb. 39, 10, 1 ; 20, 10, 7 ; Diod. 16, U,»;
18, 48, 3 ; 19, 79, 1. — 30 Décret d’Athcnes contre Mégare (Plut. SüV. r
- 31 Andoc. 3, 0; Dem. 23, 122; Aesch. 2, 18; 3, 03, 100; C. i ■ att. h”-’
2, loi b, 197, 251, 311, 592, 17 A; 4, 22 a, 27 a, 40. — 32- Tliuc. 5, 4, 47; ”
108; Plut. Per. 17; Xen. Hell. 0, 2, 2. — 33 Polyb. 28, 19, 3; 30, 5, 4. - 3>L'- ]
att. 2, 17, 1. 74; Aesch. 2, 104. — 35 C. i. gr. 2070, 3508 f, 2577 B, 364 >
Le Bas, Loc. cit. 5, 87; Bull, de corr. hell. 4, p. 32" ; 5, p. 157. -- 30 AesU'- -■
104; Thuc. 2. 07, 1 ; 5, 27, 2; cf. Hcr. 7, 161 et Thuc. 1, 72. — 37 Dem. L' ’
7, 31, 137, 279 ; Xen. Hell. 7, 1, 38 ; Plut. Pelop. 30 (condamnation à mort). I1'"
19, 273 (amende de 50 talents). — 38 Xen. Hell. 5, 1, 32; 7, 1, 39. — 39 Aesc\.!
03; Arisloph. Lysist. 1009. — 40 Thuc. 4, 118, 10 ; Corp. inscr. ait. L -i’0, ^ ^
C’est le sens habituel de tüo; (Polyb. 21, 39, G; Andoc. 3,41; Dem. IL 1 ^
— 41 Thuc. 5, 45, 1-48 ; Xen. Hell. 2, 2,17; 5, 3, 20 ; 7, 1, 1 ; Arisloph. Av. ]
Lysist. 1010; Andoc. 3, 0, 33, 34, 39 ; Polyb. 24, 9,9; Diod. Il, 24,4;
Plut. Phoc. 26 ; Arrian. Anab. 1, 26, 2 ; 0, 14, 1 ; Dionys. 3, 59 ; 0, 71 ■ 1 1 "
lnschr. v, Pergam, n° 5, 5; Schol. ad. Thuc. 4, 118, 10.
LEG
— 1027 —
I, ■ est incontestable. Les députés ainsi désignés ont
Pouvoir déterminé, plus ou moins large 1 ; s’ils ne
im j sl.nt pas, ils peuvent être remplacés par d’autres,
" "'hirïe même titre2 ; ils peuvent naturellement, après
p!r ,'rl prêter ou recevoir de suite le serment3. Du reste,
Autorité des députés, surtout de ceux qu’envoyaient les
Jri, est toujours allée en diminuant; ils ont été de plus
en plus liés par le texte de la pièce officielle qui établis-
gait leur mission, (décret du peuple), ou, en
général, ypWaTa 4- Dès r<:‘Poclue ancienne, les députés
emportent avec eux cette pièce qui leur sert de lettre
de crédit auprès des magistrats de 1 autre État et qui
prend une importance de plus en plus considérable; à
l’époque postérieure, la réponse mentionne le décret et
les députés 6 ; on félicite les députés de s’être exactement
conformés dans leurs discours aux termes du décret 7.
Les rois de Perse les premiers ont envoyé aux Grecs des
lettres scellées 8 ; les autres rois et tyrans envoient à la
fois des lettres et des députés 9 ; on sait quelle importance
avaient les lettres de Philippe de Macédoine aux villes
grecques et surtout à Athènes10.
Les villes imitèrent cet usage royal et rédigèrent
souvent leurs réponses ou leurs envois sous forme
de lettres11. Les messagers de l’époque primitive fu¬
rent remplacés par des ypaup-aToa/opcu 12, fhêXtocpôpoi 13,
qui se distinguèrent théoriquement des députés u,
quoique ceux-ci ne fussent plus guère, surtout pour
les députations aux empereurs romains ls, que de
simples porteurs de lettres.
Les députés ne sont jamais tirés au sort, mais élus ou
choisis; la procédure est naturellement conforme à la
constitution de chaque peuple ; en règle générale, le sénat
exerce, ici comme ailleurs, son rôle probouleumatique
[boulé], à Athènes, les députés sont élus par le peuple10,
parmi tous les Athéniens 17 ; cependant, quelquefois, par
délégation spéciale, le sénat choisit une partie des
députés 18 et même toute la députation19, ou remplace un
député Les candidats se présentent eux-mêmes ou sont
recommandés par des citoyens21. On prend souvent les
mêmes députés pour plusieurs ambassades relatives au
même sujet -L Les citoyens frappés d’atimie sont exclus 23 ;
dans la période macédonienne et plus tard, on a pris par¬
fois des étrangers21. On a prétendu à tort23 que l’auteur
un décret instituant une députation ne pouvait pas pri-
mdh omcnt être élu député ; en tout cas, cette règle aurait
— 2 Ti ’ ll0't G'1110, b *18, 10; Lys. 13,9), largo (Corp. inscr. ait. 1, 40),
10 ’ ^ndoc' 3, 39. — 3 Xen. Bell. 5, 3, 26 ; Arisloph. Lysist. 1183,
10 27S m[ ] Ml,‘i;Al,doc; 3>35; Àesch. 2,l°i. — B Poil. 8, 9G ; Andoc. 3, 35;Dcm,
251 • nùn i '' "paii des ln8cril’ti0“ citées. — 0 Le Bas, Loc. cit. 5, 64, 63,07, 70-80.
552 J. ».!,/' cou'-hel1- 383 ; 0, 171; Ditlcnbergcr, Syll. 166. — 7 C.i. ait. 2,
7, p ■);, _'9 C°" ' heJl; °> 383. — 8 Thuc. 4, 30, 2; Xen. Bell. 3, 1. 30:
p. oo-oi -ni' ’’ <J> ' ~~ 3137, 3605 > Le Bas, Loc. cit. 5, 88 ; Atli. Miltheil. 7
‘b «• <■ «“■ -■ 51 ; «. m
07, 08 o, 75, _! 12 p ' *' a' ' 'jj7> 2060 1 Le Bas, Loc. cit. 5, 00, 61,02,64
25, â- 27 , , aus' l3, 1 ’ Pyrrh. 10 ; Demetr. 22; Polyb. 4,9, 9 ; 19.
‘9> 100, 3 ; 20 18 . D»?d', 21’ *' li,28> 8; 14’ 10,.2; l9> «, • 1 1», 13,5;
Aristot. Ath.pol 4-i _jr' 7'.‘* Polyb‘ 27’ *> 3 '> Diod. i», 13, S; Plut. Dio. 26
d'aljard l’exnrpss 7, ' ’ •' ' c- *•#<’. 3838 ; Iloss. Inscr. ined. 129, 312. — 16 On trouve
(«• 2, (C- " aLL 1»27“-; 2, 12; 4, 7 ô, fr. 6, L 10), puis
| b Arrian. t" m f ‘ ~ J , 22 <l ; 2, 06, 231, 311,392, 393; Aude
déroiia comme anflm !■ ’ 18 a^‘ b 7 b L’. b , 1. 10. — 19 Nous con
~ 20 Dem. (o "[Uocclle Partie des décrets qu'il y a dans Dem. 18,
; Andoc
consi
'20 Dem. 19 _ Uj[l'7 CClte l,tu't‘e des décrets qu'il y a dans Dem. 18, 161
39i Aesch. 2! [V b 81 1 Xcn. Bell. 2, 2, 16; Lys. 13, 9; Diod. H
- -Uem. 19, 121, 163-105; Time. S, 19-24. — 23 Aesch
L 19 • TV , ’ ~~ - Dem. 19,
’ Diod. 18 IR- a 1 ,
T 2o Heyso De Ip, 3‘ 24 DDit. Phoc. 27; Cic. De orat. 2, 15:
f46; C.'i, att. 2 ,ia [ P- 24, d'après Plut. Arist. 10. —26 Thu<
Procédure à Lampsacme fDi’t,70 ,(378/7)l “ 27 Po"‘ 8* 88 i Dcm‘ l9’ lu- Môm
81 189 1 Dem. 19 :J38. J. ltteul)ei'ger, Syll. 200, L 10). — 28 Aesch. 2, 23; 2, 113
l0t ■ 10, 83; 18, 10. — 29 Schol. Aesch. 2, 94; Dem. 1!
LEG
disparu de bonne heure26. Le député élu, qui ne peut pas
ou ne veut pas partir, doit immédiatement se récuser,
devant le peuple, par le serment dit ê^wjxoffta27. Avant
leur départ, les députés subissent sans doute devant les
héliastes une dokimasie qui porte sur leurs qualités
civiques et morales. On les a choisis autant que possible
dignes de confiance et surtout orateurs28. C’est le sénat
qui veille au départ des députés ; pour les voyages mari¬
times, l’État leur fournit un navire29. Leurs noms sont
inscrits sur le décret, au moins à partir du ive siècle
av. J.-C. 30. Nous trouvons à peu près les mêmes pratiques
dans les autres villes, le rôle préliminaire du sénat, le
choix par le peuple, parmi tous les citoyens81. En beau¬
coup d’endroits, les magistrats ont un plus grand rôle
qu’à Athènes; à Sparte, ce sont les éphores32, à Rhodes,
les prytanes qui choisissent les députés33 ; ils sont
pris quelquefois dans le sénat ou parmi les magis¬
trats34; à Sparte, ce sont souvent les rois33; à Rhodes,
le navarque est de droit député 3G; les rois choisissent
souvent leurs parents, seuls ou avec d’autres députés3' ;
les Achéens et les Etoliens leur stratège ou d’autres
magistrats 38. Partout on choisit les personnes qui
peuvent être agréables à l’autre partie 39, et particu¬
lièrement ses proxènes; l’emploi des proxènes en pa¬
reille matière a été extrêmement frétaient 40 et encore à
l’époque romaine on trouve quantité de proxènes parmi
les ambassadeurs envoyés par les villes grecques aux
commissaires, aux généraux ou au sénat de Rome41. Pri¬
mitivement, comme l’indique le mot irp écrSetç, les députés
étaient pris parmi les gens âgés ; et pendant long¬
temps il fallut pour cette fonction à Athènes42 et à Chal-
cis43 l’àge de cinquante ans.
En règle générale, on choisit plusieurs députés ; c’est
seulement à l’époque de la décadence que souvent on
n’en prend qu’un seul, comme à l’époque primitive.
A Sparte, il y en a généralement trois 44, rarement deux ou
quatre43; le roi est tout seul46 ; auprès du roi des Perses,
Sparte envoie souvent un seul député, mais qui a une
importance particulière 47 ;plus tard et à l’époque romaine,
il y a des chiffres variables48. A Athènes, le nombre des
députés varie selon l’importance des affaires ; mais les
chiffres usuels sont surtout ceux qu’on trouve aussi dans
les mandats analogues, c'est-à-dire trois 49 , cinq50 et dix51.
On trouve aussi le chiffre de cinq dans les ambassades
des clérouquies32. On a des exemples de beaucoup d’autres
134; Thuc. 8, 86.- 30 C. i. ail. 2, 17, 546.— 3i C. i. gr. 1837 b, 2334, 2166,
3395, 3640, 3137, 2270 ; Le Bas, Loc. cit. 5, 87, 281 ; C. i. insul. II, 42, 509. — 32 Voir
l’article ephokoi, p. 652, col. 2. — 33 Polyb. 29, 10,1-4. — 34 Duchesne et Bayet,
Mission au mont Atlios , p. 80, u° 127; Ditteuberger, Syll. 171, 1. 15. — 33 Aristot.
Pol. 2, 9, 1271 n; Xen. Ages. 2, 25. — 30 Polyb. 33, 1 3, 3. — 37 Diod. 14, 02, 1 ;
21, 13; Polyb. 30, 1, 1 ; 32, 3, 2; 33, 28, 1 ; 33, 18, 1 ; C. i. ait. 2, 66 b, 173 6; Bull,
de corr. hell. 4, 48, 1. 6. —38 Pans. 7, 14, 2; Polyb. 18, 1, 4; 20, 10, 1 ; 21, 25, 11.
— 39 Thuc. 5, 40, 3-5, 44, 3; Xeu. Bell. 6, 5, 4; Arrian. Anab. 1, 10, 3. — 40 Xen.
Bell. 0, 3, 3-5; Anab. 5,. 4, 26; Aesch. 2, 141*143 ; 3, 138; Thuc. 3, 52; 5, 43, 59,
70; G, 89 ; Plut. Alcib. 14; lier. 8, 136 ; Arisloph. Av. 1021 ; Curtius, Anec. Delpli.
68-69. Voir Monceaux, Les proxénics grecques , p. 1 8-19. — 41 Liv. 23, 7,11; 35, 38,
1 ; 35, 46, 9; Polyb. 23, 3; 30, 4; Wcscher-Foucart, Inscr. Delph. n° 18, 1, 122,
2 3 0. — 42 Plut. Per. 17; C. i. ait. 1, 40, 1. 17. — 43 Heraelid. Pont. p. 222
(éd. Didot, t. 11). — 44 Thuc. 1, 139, 3; 2, 07, 1 ; 4, 119, 2; 5, 21, 1; 5, 42, 1; 5,
44, 3; Xen. Bell. 3, 2, 0; 3, 4, 6 ; 5, 4, 22. — 43 Thuc. 5, 22, 2; Plut. Ages. 10 ;
Arrian. Anab. 3, 24, 4; Curt. 3, 13, 13. — 46 Xen. Hell, 0. 5, 4. — 47 Xeu. Bell.
4, 8, 12 ; 7, 1, 33 ; Plut. Ages. 23; Diod. Il, 110, 2 ; Arrian. Anab. 2, 15, 2.
— 48 Plut. Demetr. 42 ; Polyb. 22, 15, 7 ; 4, 23, 4. — 40 piut. Aristid. 10 ; Thuc.
1, 93, 3; 5, 4, 1 ; 8, 86, 9 ; Dem. 24, 12 ; Diod. 18, 04, o; Curt. 3, 13, 13; Gell. 7,
14, 9 ; C. i. atl. 1, 40, 1. IG; 2, 17, 52 c, 251, 311 ; 4, 14 c. — 50 Xen. Bell. 1,
3, 13; Plut. Per. 17; C. i. att. 1, 52, fr. a; 2, 18, 19, 546 ; 88, 15; 4, 15 c,
22 a, fr. a et b, 59 b, 110 b. — 51 Andoc. 3, 6 ; Thuc. 8, 72, 1 ; Xeu. Bell. 2, 2, 17;
Aesch. 2, 18, 98; Dem. 23, 172; 18, 178; Arrian. Anab. 1, 10, 3; C. i.atl. 2, 105,
4, 7, b. — 52 C. i att. 2, 592, 593.
LEG
— 1028
LEG
chiffres, de deux ' , de quatre 2, d’un chiffre compris entre
seize et vingt 3; l’exemple de sept députés s’explique
peut-être par une énumération incomplète *, ceux de
onze et de douze par l’adjonction d’un ou de deux hommes
politiques à une députation de dix 5 ; enfin, si dans beau¬
coup de cas les textes ne nomment qu’un député en
laissant ses compagnons dans l’ombre G, il est certain
qu il y a souvent des députations d’un seul membre 7.
Pour les autres États, on peut distinguer la période avant
Alexandre et celle après Alexandre ; avant Alexandre, on
trouve les chiffres de deux8, trois9, quatre 10 et cinq11,
un seul député dans plusieurs petits États 12, un nombre
i ariable de la part de rois 1 3 ; l’assemblée des Grecs envoie
quinze députés à Alexandre14. Après Alexandre, nous
trouvons une variété encore plus considérable de chiffres ;
il n y a aucune fixité ni de la part des villes ni de la part
des rois. On a prétendu à tort10 que les villes grecques
envoient toujours trois députés à Rome ; c’est un chiffre
fréquent, mais il y en a d’autres. On a donc les chiffres
suivants : un16, deux17, trois18, quatre19, cinq20, sept21,
huit--, trente-3. La formule employée fréquemment par
Polybe, o'. Tcept, avec un ou plusieurs noms propres,
désigne toute la députation24.
Les députés touchent non pas un traitement, mais une
simple indemnité: elle s’appelle généralement ItpôStov (au
singulier ou au pluriel)25; on trouve aussi les expres¬
sions iropetov20, à Smyrne geôôoiov27, en Crète irpeiyqïa
Ttoprpto 28 . A Athènes, cette indemnité a été payée jusqu’à
une époque très tardive29, généralement par tète et par
jour; a l’époque d’Aristophane, c’est deux ou trois
drachmes par jour30, à l’époque de Démosthène environ
neuf à dix oboles31 ; quelquefois il y a l’indication de la
somme totale, fixée sans doute pour tout le voyage d’après
le tarif de la journée32; quant au mode de paiement, il
est vraisemblable qu’on payait l’indemnité à l’avance,
comme 1 indiquent beaucoup de textes 33, quand on pou¬
vait fixer approximativement la durée du voyage ; et
qu’autrement on la payait au retour34; l’argent était
remis par le trésorier du peuple sur les fonds desti¬
nés à ces sortes de dépenses 33. A Smyrne, il y a aussi
un tarif de la journée et le peuple fixe immédiate¬
ment le nombre de jours, comme dans d’autres villes30;
à Abdéra, il y a un budget spécial pour les députations 37.
A l’époque postérieure et surtout à l’époque romaine,
1 Xen. Bell. 7, i, 33; Allien. G, 229; Tliuc. 2, 07, 2. Les stratèges paraissent
aussi envoyer deux députés (Aescli. 2, 134; Lys. 19, 19). — 2 Bull, de corr. helt.
i 899, p. 1-50, I, 1. 7-8. — 3 C. i. att. 2, 88. — 4 Xen. Hell. G, 3, 2, — 8 Tliuc.
8, 54, 2; 8. 90, 2. — 0 Plut. Nie. 10; Tliuc. 5, 4G, 2 ; Paus. 5, 21, 3; Plut. Dem.
23; Dem. 19, 162. — 7 Andoc. 3, 29; Arrian. Anab. 2, 15, 2; 3, 24, 2; Xen. Hell.
2, 2, 10; Plut. Demetr. 13; C. i. att. 4, 179 i, 1. 36. — 8 Argos (Time. 5, 40, 30 ;
Xen. Bell. 1, 3, 13); Thèbes ( Corp . inscr. att. 2, 18 ; Plut. Artax. 22); Ampliipo-
lis (Dem. 1,8); des villes du Péloponnèse (Tliuc. 4, 119, 2). — 9 Samos (Hcr. 9,90) ;
Colophon (C. i. att. 2, 164); Leontiui ( lb . 4, 33 a) ; les Étoliens (Tliuc. 3, 100, 1).
— *0 Rhégion et Cliios (C. i. att. 1, 33; 2, 15). — 11 Byzance (C. i. att. 2, 19) ;
Syracuse (Plut. Dio. 42). — 12 Egine (Plut. Tliem. 19); Epidaure (Tliuc. 4, 119, 2).
— 13 Plut. Dem. 18; Justin. 9, 4; C. i. att. 2, 15 b, add. n. — H Diod. 17, 48,
G ; Curt. 4, 5, 1 1. — lo Buettner-Wobst, De leyationibus reipublicae liberae tempo-
ribus Bornant missis, p. 19, réfuté par Poland, Loc. cit. p. 05. — 16 C. i. ait. 2, 253,
387 ; Frankel, Loc. cit. 224 A ; C. i. gr. 2485, 3137, 35GS ; Le Bas, Loc. cit. 5, 394, 409 ;
Inscr. gr. Insul. 1, 48, 701; Collitz, Dialekt Inschr. 318, 215, 305; Diod. 21, 15;
Polyb. 5, 102,4. — 17 Polyb. 23, 16, 5; 27, 1, 1; 2, 48, G; 10, 30, 7; 22, 5, 3;
28, 19, 5 ; 18, 52, 2 ; 30, 13, 4 ; 7, 2, 2 ; Bull, de corr. hell. 5, 157 ; 4, 48 ; 3, 400 ;
G, 364 ; 4, 352; 5, 383; Frankel, Loc, cit. 5; C. i. insul. II, 15; C. i. gr. 2557 B, 5491,
2058 A; Le Bas, Loc. cit. 5, 87, 195-198, 251. — 18 Dittenberger, Syll. 120,200 ; Col¬
litz, Loc. cit. 345 ; Inscr. gr. Sept. I, 413; Le Bas, Loc. cit. 5, 193-198; C. i. gr. 2270,
3137 ; Polyb. 18, 34, 4 ; 23, 1,5. — 19 Dittenberger, Loc. cit. 171 ; Polvb. 29, 10,4.
— 20 Polyb. 21, G, 4. — 21 C. i. gr. 1837 b ; Bull, de corr. hell. 0, 171 ; Polyb.
13, 10, 9. — 22 Dittenberger, Syll. 209; Inscr. gr. Insul. II, 35. — 23 Députa¬
tions des Crétois à Rome, — 24 33 , 8 , 6 ; 33, 9, 3. — 28 Aristoph. Acharn. 53;
ce sont presque partout les citoyens riches qui f0n, ,
frais des députations et en sont récompensés par ^
éloges et des honneurs publics 38.
ï a-t-il dans les députations un chef analogue au chef
des théories? A l’époque ancienne, ce n’est pas la règle ],; 1
mot àpxtTrpstrêEUTijç n’apparaît qu’à l’époque d'Auguste* I
dans Diodore et dans Strabon39. A Sparte, les formules J
7rspt tov osîva et ot p.£xà tou oeïvoî indiquent peut-être une
supériorité d’un des députés 40 ; mais c’est seulement;)
1 époque de Polybe qu’il y a un véritable chef41. A Athènes
la mention d’un seul des députés peut indiquer simple!
ment son rôle général comme homme d’Ëtat ou son rôle I
spécial dans l’ambassade42; mais cette mention accom¬
pagnée d un chiffre et du mot auxo;43, ou l’emploi delà I
formule ol Txspi ou ot gsxx 44, de formules analogues, et I
1 énumération des autres députés suivie des mots [j-Exà. xoù
ôstvoç 4o paraissent souvent exprimer l’autorité particulière ]
d’un des députés40. Celui que les formules donnent I
comme chef parle quelquefois seul ou le premier47. Plus
lard, Polybe ne cite qu’une fois expressément un chef I
d’une ambassade athénienne48. Dans les autres États, ]
il semble y avoir eu aussi des chefs pour les I
députés désignés par les mots ot p.£xà xoù oeïvoç, ot auu.-
TrpÉaêEtç 49 ; c’est ce qu’indique aussi l’emploi d’autres for¬
mules et surtout du mot apyt7rpsc,ë£UT7]ç00. A l’époque pos- I
térieure, la pauvreté des villes grecques a rendu déplus ]
en plus nécessaire la nomination d’un chef des députa¬
tions, surtout de celles qui allaient à Rome; elles se I
déchargeaient de tous les frais sur un citoyen riche I
qui en était récompensé par ce titre honorifique. J
On a vu que dans l’état de guerre il fallait adjoindre I
des hérauts à la députation ; à l’époque de la guerre I
du Péloponnèse, on pouvait envoyer le héraut avec I
les députés ol ; plus tard, il dut les précéder. Les I
députés avaient quelquefois avec eux des scribes s2; I
les àxoXou 0oi, que mentionne une fois Thucydide53, I
paraissent avoir été des délégués de petites villes qui
accompagnaient, comme cela se faisait souvent54, les
députés des villes principales.
Nous arrivons à la gestion du mandat. En règle géné-1 1
raie, avant de comparaître devant le peuple, les députés
remettent d’abord leurs lettres de créances à certains I
magistrats ou à une délégation du sénat, analogue aux
prytanes d’Athènes, ainsi à Iasos aux 7rpoffxàxat u5, à I
Dem. 19, 138, 31 1 ; Theophr. Car. 30 ; Le Bas, Loc. cit. 5, 395, 409; Bull, de corr. I
hell. 5, 453; 303 B; C. i. gr. 3040, 3837 add.; C. i. att. 2, 15 *, add. n. 89, 108, I
fe. c et b, 1. 24, 31 1, 360 ; 3, 37 ; 4, 179 b. A Alhènes, il y a toujours le pluriel, sauf I
à C. i. ait. 2,251 (avec restitution probable). — 2G Elym.magn. 684,8. — & LÀ- I
gr. 3137, 1. 31; Hesycli. s. h. v. — 28 C. i. gr.' 2556, I. 29. — 29Sous Coin- 1
mode (C. i. att. 3, 702). — 30 Aristoph. Acharn. 66, 602. — 31 D’après Dem. C1, I
158, et C. i. ait. 2, G4. — 32 C. i. att. 2, 108, 271, 15 i, add. n. 311; L 179 1
b, 1. 3G. — 33 Theophr. Car. 31 ; C. i. att. 2, 15 b, add. n. 108, 251, 311. — 0 I
att. 2, 89. L assertion des scholiastes qu’on fixait à 30 jours la durée de lad'l1" I
talion est fausse. — 38 C. i. att. 2, 15 b, add. n. 89, 251, 300; Dittenbcrgtt, I
Syll. 85. — 30 Dittenberger, Syll. 171, 1. 31 ; C. i. gr. 3640 ; Bull, de corr. hell . a, I
304 B. — 37 Bull, de corr. hell. 4,p.48. — -31 Le Bas, Loc. cit. 5, 395, 409,1-U-i7, I
2737; C. i. gr. 2099, 2721, 2780, 3495, 2271, 1625. — 39 Diod. 12)53, 2; 13. ,lJ’
2; 14, 23, 1; Slrab. 17, 796 c; cf. C. i. gr. 4347. - 40 Tliuc. 5, 21, 3; 5, U, l; I
Xen. Bell. 3, 2, 8; cf. Diod. 13, 52, 2. — 41 Polyb. 4, 23, 5. - « Plut.*'"1- I
18, 23; Phoc. 26, 27; Tliuc. 7, 54, 2; 90, 2; Diod. 17, 15, 4. — «, Tliuc. 5, *• I
Xen. Hell. 2, 2, 17. — 44 Tliuc. 5, 46, 2 ; lier. 7, 151 ; Dem. 19, 331 ; Acscb.
174. — 45 Xen. Hell. 4, 8, 13. — 46 Sur la question des ambassades athénien111'5
Philippe, voir Poland, Loc. cit. p. 73-75. — 47 Xen. Hell. 2, 2, 22; 6, 3, 2; U111)'
fl, 75, 4; cf. Aristoph. Av. 1587. — 48 28, 19, 4. — 49 C. i. att. 2, 58; Diu. L ' ’ I
Aescli. 2, 143. — 80 Polyb. 28, 12, 4; Diod. 18, 42, 1; 28, 15, 2; 12, 2; W I
52, 2; 14, 25, 1 ; C. i. gr. 2905, 0, 1. 5 ; C. i. att. 4, 01 a; C. i. gr. 1837 b, I- ^ I
Le Bas, Loc. cit. 5, 395, 399 ; Ditlenbergcr, Syll. 200. — Cl Time. I, 53, I-
C. i. att. 4, 33 a; C. i. gr. 1837 b. — 53 4, 118, G. — 54 Tliuc. 2, 07, I ; AcsC ’
2, 97; Xen. Hell. 7, 1, 33. — 55 Le Bas, Loc. cit. 5, 281.
LEG
— 1029 —
LEG
’ Methymnaau irputcm;1, à Rhodes aux a p^ovteç en géné¬
ra. puis, soit immédiatement, soit après quelques
| j0Urs d’attente3, ils sont introduits, soit devant le sénat 4,
! comme à Athènes, soit devant certains magistrats, tels
I que les éphores à Sparte e, les cosmes en Crète6, les
| stratèges à Smyrne \ les xayot en Thessalie8. Les pou¬
voirs du sénat ou des magistrats à l’égard des députés
varient selon les villes; ils sont plus considérables dans
les États aristocratiques ; ainsi à Sparte les éphores trai-
[ tent quelquefois seuls avec les députés 9 et peuvent les
j congédier sans les présenter au peuple10; il en est de
même à certaines époques à Argos11, à Marseille12, à
Mantinée13, à Mélos14. Dans la ligue achéenne, les députés
1 vont d’abord devant le stratège qui convoque les
démiurges et ces magistrats réunis avaient sans doute
pleins pouvoirs aux époques où l’assemblée fédérale ne
se trouvait pas réunie15. Dans la ligue étolienne, les
députés traitent avec les stratèges et les à7roxÀY)Tot16. Nous
. connaissons mieux la procédure suivie à Athènes. Les
députés se rendent d’abord devant les prytanes qui les
introduisent devant le sénat; ils remettent leurs lettres de
créance et exposent leur mandat au sénat17 ; celui-ci doit
, les introduire devant l’assemblée du peuple ; il n’a pas
besoin pour cela d’une autorisation spéciale 18 ; mais il n’a
pas le droit non plus de renvoyer une ambassade sans la
présenter au peuple19; il peut louer les députés dans le
décret probouleumatique 20 . La présentation des députés
au peuple doit figurer sur le programme de l’assemblée,
■ elle est réservée en principe aux deux dernières séances
ordinaires de chaque prytanie où le peuple doit traiter
I régulièrement trois affaires de ce genre (audition de
I hérauts ou de députés) 21 ; mais quand le programme obli-
• gatoire est épuisé, le peuple peut traiter d’autres affaires
I u meme genre, non seulement dans ces deux séances
mais même dans la première de la prytanie, dans la xuPfc
^X T'a -Devant ]e peuple, les députés exposent de nou-
u t ui mandat ,quelquefoisàplusieursreprises;onpeut
■ W XT' S f Uler; 11 y » “»« discussion, comme à
If' . auPres des rois, puis dans toutes les villes !t ils
lab If" °" leur lil équité la réponse- ;
mit,:,, . ,fl généralement une preuve d'hos-
’ * lUt fois, il y a en outre une réponse orale 29 :
l \ac- dt- S. 281 ; C.7i.err^lfl7Pc01 30G77’p4’l h f 3 P°'yb' ~7’ 3' “ 4 Le
200. _ B „er 3 , 8 • - J c’ 3067 ; Polyb. 27, 4, 3; 29,11, 1 ; Dittenberger, Sy
> «'• - 7 c. 1, ;r313 , CU ‘ "f 771 Cf- 5' G2’ G3' GA 7Ù 73, 7
— 8 Hcr. t), 7_j | . y ' ' 8 C.ollitz, Loc. cit. 345, I. 2, 11, 2
(al 'ls les présentent au peuple 'V P°lyb' 4’ 343' ~ 10 Mais cn ëén
*■*. 38; 3, 2, u - 6 , £Upla Tl,«<=- 1, 67, 3; 1, 119; Xcn. Hell. 2, 2, 4
ber^, Syll. 200. ’ J à Z ~ù „ ’ 7’ 1471 TI‘UC- 5- G1« '• - 12 Mlle
f - 13> 28, 7, 3: 38 10 2 P , ’ 5’ ^ ~ U Thuc' 5> 84- 3- - 15 Poly
8- "l Tl, uc. 5, 43. ph , ’ t PaUS- 7’ «• *■ - 16 Polyb. 21, S, 2. - 17 Roi
17 A; Aristot. Ath poZi^r A,’‘Stopl1- Eq' 007 ’ C • »• atL 2. 49, 51, S
AàTp; vU * l°rt d’api’ès Aesch 2’ V™ lk,'tel Studien’ 2’ P-
[■ \l; Phi. 1880, p, SOI. - 19 n ’ /o ' pas ce sens- Voir H°eck, John
' 'ques, le sénal renvoie le dé t'”i *’ J8' *>ar excePlion’ pendant les guerrt
^ ^ophon, où le sénat n’invite ^ <H- 9’ *> 1 11 X * - cas°obscn
I *90j[Hf0T„r«; (Aristot far V ’ 1 C-l-att • 2. 191, 238. On discul
•P ‘calton excellente de KelU/Z ' Y°'r ^ ‘B Sens conteslé do la W‘f«ovî
Ï “. 117> «04, 238. iSf T°’ lm> P- l»«-202). - 23 C. i. att\ 5t
' l43;Dem. 18,136._23Ae„u , ’4,’ Plut’ Alcib- 1*1 Nie. 10; Aesch. 3, 72
L:1;79-1 (SpaUc). _ 2C Dent ' in' |P'“!ipPe): Curt- 4’ H’ 10 et 16 (Alexandre)
2g . ,, °’Dem. 7, 19 20- Tl, i’ * ; Plut- Arist. 10, pour Athènes. — 27 piu(
Sfcfi -% ï"' 5' «-••« •«> -
k CùV-n 1, _ j i .. C. 1,
, -• iu. — 31 c . . 7 •» -u* — 29 Plut. Arist. 10. — 30 TLi.p
Voir°p llell‘ 5- 383 ; LeBas / ’ 8’ ‘°8’ 109- 1 ,7’ IGL 23«. 323, 332, 532- B
- PT°bland- cü B V L°^ «V.. 73,70, 77, 78 ; Cor,, inicr.yr.l
TW- a,«iPolyb. i r*7 'l 5> 27' 2'28- '• - 33 Thuc. I 22,
V. 18> 47> t- 3SBull. de con\ hell. 4, 48 ; Le Bas, Loc
I et les députés peuvent ajouter de leur côté leurs obser¬
vations30. Dans toutes les villes, la réponse comprend les
mêmes éléments essentiels : l’indication de la demande,
de 1 exposition des députés et la réponse proprement
dite . Ces délibérations publiques présentaient de nom-
ln eux inconvénients ; aussi on voit les Argiens demander
aux Corinthiens de choisir des magistrats avec pleins
pouvoirs pour traiter avec eux32; Sparte demande une
discussion secrète aux Athéniens qui la refusent33. Les
députés assistent quelquefois aux fêtes de la ville34; ils
sont souvent chargés de faire faire eux-mêmes ' les
offrandes qu’a décernées leur ville, telles que les cou¬
ronnes, les statues, de faire graver les décrets hono¬
rifiques35. Faisons remarquer ici que les formalités de la
réception sont abrégées lorsqu’une ville a reçu pour ses
députés, d’une manière permanente, le -ncôtroSoî Tipbç t-^v
pouAV xcù TGV Û7)gcv, c’est-cà-dire le droit d’être reçus
immédiatement devant le sénat et le peuple, cependant
après la discussion des matières de droit sacré36.
Les députés sont généralement logés chez les proxènes
de leur ville qui doivent aussi les aider, les présenter,
leur procurer des places aux représentations dramatiques.
Primitivement ils étaient sans doute nourris, pendant
toute la durée de leur séjour, aux frais de l’État qui les
recevait37; mais à l’époque historique il' n’en est plus
ainsi que par exception 38 ; l’État se borne à les inviter
dans le local officiel, au Prytanée, siç -r b IIpuravEiov, au
foyer public, ènl ttjv xotvYjv éirxiav39, à un seul repas, È7Ù
?evta40, quelquefois s tu i-evi<rp.o'v41, ou aussi, fréquemment
cà Athènes, ÈTtt Ssïttvov42. A Athènes, l’invitation au repas
est généralement pour le lendemain du jour où on a voté
le décret43 ; il en est de même à Céos, à Délos44 et proba¬
blement aussi dans beaucoup d’autres villes; le peuple
seul tà Athènes, et non le sénat, a le droit d’inviter43; les
magistrats chargés d’inviter sont tantôt les magistrats
ordinaires40, tantôt les magistrats ou les prêtres qui pré¬
sident habituellement à ces repas41; à Athènes, c’est je
sénat48 ; le refus du peuple d’inviter les députés est une
preuve d’hostilité49.
En second lieu, les députés reçoivent presque partout 30,
sauf à Athènes51, des dons d’hospitalité, appelés aussi
çsvta, dont la somme est tantôt fixe32, tantôt variable33 ;
a, ; c. i. att.
— « Four Athènes, C. i. ait. 1, 36; 2, 34, 4i c Q| 1
164. 209, 233, 289, 367 ; 4, 24 a, 3., 1. 17 ; pour d'autres villes, Deu, 18 9, C ’
gr. 3640 ; Dittenberger, Syll. 132, 165 ; W. o f British Mus. cD..v,r Bull 'de
corr hell. 1892, p. 99-101, „• 6. 11 n'y a pas de doute sur le sens de la formule
1 T;,~ ' 9’ 40; 8’ 59' ~38 C- nr. 1193, 1. 32; 1837. - 39 0n
trouve tantôt les deux expressions réunies (Le Bas, Loc. cit. 3, 73, 77 • C i or 9340/.
f' ütL 2> 488h talltôt rune ou |,aütre. le prytanée seul (C.i. gr. 1837 b 3137" 3598 !
Le Bas, Loc.cit. 5, 87 ; Bull, de corr. hell. 4, 472 B; 3, 21 1 ; 8, 353 ; et près me lou’tes les’
inscriptions attiques, sauf C. i. ott. 2, 488), la ^ loriot seule (C. i. qr 1193-LelJs
Loc. cit. o, 70, 231 ; Bull, de corr. hell. 0, 238 ; Polyb. 29, H, 6). _ 40 Her’ 9 |rr ’
4, lo4; a, 18; 0, 34; 9, 89; Diod. 4, 79; 13, 83; Dem. 7, 20- Poil 8 118 "’r •’
f,20’ 41 ’ 5I> 61 a’ l8> l9> 06 A 86, 88, 163, 106,’ 235, '286 413 5^
4 supplem. pars. Il, 11 b, fr. b-c, I. 15-16; 13 c, fr. d, 1. 13; 18 6. 1 93 u'iH b’
59 b ; 04, 1. 9; 73 A; 107 4; 109 4 ; 1104; 111 c; fr. 6 , 4 17 4- 217 4 La'for ' • '
est la seule exacte ; ef. Cobet, Var. lect. p. 248. - 41 C. i. qr. 2349 4 . a , o"6,
33- — 42 C- att' 1 ^f18. 1 15, 164. Les deux formules 1*1 Stïuvov et’ 1 > p- \
le môme sens (ef. C. i. att. 2, 4,4). - 43 Par esception ,e
corr. hell. 3, p. 473,1. 15). — 44 Q i att * 546- Fh.li / ,J de
fx n r » , . , , BllU- de corr. hell. 4, 472 B
- - Il ne faut pas prendre a la lettre Aristopli. Acharn. 124 _ 4G r / L i ,o,
18 3 7 4 . 47 Le Bas, Loc. cit. 2, 194 ; C. i. gr. 3137. — - 48 C. i. att 2 1 4- 98 5-i'
fr. 4. - 49 Thuc. 1, 145 ; 3, 42; Xen. Bell. 6, 4, 20. _50C. i. gr \m m, 3^ ’
Bull de corr. hell. 5, 383, 6, 214; Wood, Discov. at Ephesus, no 7 • ,je c 35 V
29 ; Xen. Bell. 7, 2, 3; Anab. G, 1, 15; Dem. 19, 167. On trouve J r' ’ , ’
ined. 318). — Si On ne sait ce cpie signifient les mots rà VEV - 'T' 1 °5S’ ,"SCr'
att. 2, 87.-52 C. i. g, 2349 4 ; Le°Bas, Xoc. cit. "T
hell. 5, 3/2, I. 26; 9, 518; Cauer, Delectus, 118. — 63 c. i. gr. U93 133/3^3“'
L 27.; Cauer, Loc. cit. 264; Bull, de corr. hell. 5, 383; Ath. Mittheil. I, p. 337’
130
LEG
1030 —
LEG
comme autres distinctions honorifiques, ils obtiennent
fréquemment l’éloge public pour eux et pour leur ville 1 ,
plus rarement la proxénie 2, une couronne de feuillage 3,
ou une couronne d'or4, l'invitation à assister aux jeux
publics 3, très rarement le droit de cité G. Athènes a
enterré aux frais de l’État des députés de Corcvre1.
A leur retour dans leur ville, les députés doivent rendre
compte de leur mandat; la procédure est la même que
pour la réception des députés étrangers ; ils racontent
leur mission et en outre tout ce qu’ils ont pu voir et
apprendre 8; à Athènes, ils peuvent tous parler devant le
sénat ou le peuple. Ils obtiennent en général comme
récompenses l’éloge public, quelquefois une couronne <J;
Athènes leur accorde presque toujours l’invitation au
prytanée pour le lendemain et l’éloge 10, quelquefois la cou¬
ronne de feuillage 11 ; elle refuse l’invitation aux députés
dont elle est mécontente 12. Après avoir exposé les résul¬
tats de leur mission devant le sénat et le peuple, les
députés n’en doivent pas moins rendre leurs comptes,
comme tous les fonctionnaires et commissaires, dans les
délais légaux, devant les Aoyiaxat [logistai] i3. Comme la
loi défendait de recevoir une couronne et sans doute aussi
un éloge avant la reddition des comptes, il est vraisem¬
blable que ces honneurs n’étaient décernés que quand
aucun citoyen ne s’engageait par serment à poursuivre les
députés devant la juridiction compétente14. L'examen des
logistes porte sans doute sur toute la gestion des députés,
car la poursuite qui peut en être la conséquence devant les
héliastes, la ypoujr^ Traponrpsffêeîaç, repose sur les délits de
toute nature commis par les députés, par exemple : l'usur¬
pation de leur mandat, une négligence quelconque de
leurs devoirs, une désobéissance quelconque aux ordres
reçus, la trahison des intérêts de l'État, le fait de s’être
laissé corrompre ou simplement d’avoir reçu des dons,
d'avoh’ fait à l’État étranger des communications indues,
d’avoir faitàleurs concitoyens des rapports mensongers1 ’.
Dans certains cas extraordinaires, l’accusation peut pren¬
dre la forme d’une EtffayyeXta 10 et même amener 1 arresta¬
tion de l’accusé par ’ÉvoEtiji;1 '. Elle est toujours estimable
^tcu.T|TÔç) 18 ; les peines habituelles sont la mort, 1 atimie,
de grosses amendes, de 10, de 50 talents. Ch. Lécrivain.
Rome. — Nous établirons dans cet article plusieurs
distinctions suivant la nature des légations qu’on ren¬
contre à l’époque romaine et dans le monde romain. Les
unes émanent d’une source officielle, soit romaine, soit
étrangère : de là deux sortes d’ambassades: celles que le
sénat ou l’empereur envoient aux étrangers, aux alliés,
aux habitants des provinces soumises, et celles qu’ils en
reçoivent. D autres sont des délégations d assemblées
provinciales ou municipales ; d’autres, entin, proviennent
i Cauer, Loc. cit. 1 18 ; C. i. gr. 1193,) 837 b ; Le Bas, Loc. cit. 5, 76, 79, 80 ; Bull,
decorr. hell. 5, 383, 388; G, 214, 238 ; C. i. att. 2, 15 6, 164, 488, 4, supplem. 15 c,
I. 13 ; 264 e, 1.8; 345 c, 1. 20; 108 6; 11 1 c, fr. 6 ; 347 c ; lnscr. Gr. Sept. I, 16; Déni.
19. 31, 234. — 2 Bull, de corr. hell. S, 383, 388; 6,214;Le Bas, Loc. cit. 5,61, 76,
80; Atli. Mittkeil. I, 337. Athènes ne la donne jamais. — 3 C. i. att. 2, 164; 108,
fr. e-6 ; 488, fr. c-d ; Mittheil. 1, 337. — 4 lnscr. gr. Insul. Il, n° 15, 1. 14.
— S Acsch. 2,55; Dem. 18,28; C. i. att. 2, 164. — C Wood, Discov. at Ephesus,
Temple of Diana, n° 7. — 7 Kaibel, Epigr. gr. 37. — 8 Les expressions techni¬
ques sont: trpi'iAta, à.a-^ÉV/.nv, b.r.àypO.uv : C. i. gr. 1693, 2267, 2355,5401, -353,
Le Bas, Loc. cit. 4, 1765; C.i. att. 2, 50, 191; lnscr. gr. lnsul.UX , 173 c. — 9 Lnscr.
gr. Insul. 111, 173; I, 701. — 10 C’est la formule *a).£Tv U! Seruvov ( C . i. att. 2, 156.
add. n. ; 18, 1. 7; 33; 52 c ; 89; Aescli. 2,46, 53, 121 ; Dem. 19, 31, 234). — H C. i.
att. 2, 108, fr. c-6 ; 488, fr. c-d ; Aesch. 2, 17, 46. — 12 Dem. 19, 31. — 13 Schol.
Dem. 24, 54; Dem. 19, 211. — 14 Cependant un député pouvait être accusé même
après avoir été loué et invité (Dem. 19, 31). — Poil. 8, 40, 46; Quintil. 7, 4, .10 ,
Dem. 19, 4,31, 126, 273, 131, 277-281 ; Aesch. 3, 250 ; 2, 107; Plat. Leg. 12, p. 941,
955 c ; Aelian. Var. 6, 5; Plut. Artax. 22; Pelop. 30; Schol. Aristoph. Nub. 691 ;
d’associations privées, de groupes religieux. Nous passe¬
rons successivement en revue chacune de ces catégories
I. Légations officielles : légations envoyées pA(l
Rome. — Le droit d’envoyer des ambassades appar¬
tenait primitivement, autant qu’on peut le conjecturer
au roi l9, etles ambassadeurs étaientles féciaux [fetiales
A l’époque historique, nous voyons qu’il a passé entre
les mains du sénat.
Quels que soient les événements qui nécessitent une
ambassade, c’est au sénat d’en décider l’envoi. 11 rend, à
cet effet, un sénatus-consulte. Quis /égalas unquam audi-
vit sine senatusconsulto ? dit Cicéron20. Le sénat déter¬
mine le nombre et la qualité21 des membres qui la com¬
poseront. Le choix des députés est généralement réservé
au magistrat président du sénat et non au sénat lui-
même : celui-ci se contente de poser les principes suivant
lesquels la légat io sera constituée22.
Parfois on avait recours au tirage au sort; mais c’est là
une exception 23. 11 arrivait aussi qu’un personnage, dans
un moment difficile, posât lui-même sa candidature24, ou
qu’un gouverneur désignât les légats qui devaientfaccom-
pagner en province28. Dans ce cas, le sénat pouvait tenir
compte, et tenait compte vraisemblablement, la plupart
du temps, des vœux des intéressés. Nul n’avait le
droit de refuser les ambassades qui lui étaient con¬
fiées ; les magistrats pouvaient obliger à l’acceptation
et contraindre au départ20. Mais, en fait, du moins à la
tin de la République, on permettait au sénateur dési¬
gné de s’excuser 21 .
Le sénat avait Loute liberté pour choisir les députés
aussi bien dans son sein qu’en dehors de lui 28 ; chaque
fois, le sénatus-consulte qui décidait l'ambassade réglait
ce détail; néanmoins, on peut dire qu’en thèse générale
le président ne s’adressait guère qu’à des collègues29. H
faisait appel aux quatre classes qui composaient l’assem¬
blée : anciens consuls, anciens préteurs, anciens édiles,
pedarii 30. M. Willems a dressé la liste de toutes les
ambassades envoyées depuis le début de la deuxième
guerre punique jusqu’en 106 av. J.-C. Il a ainsi établi " '.
1° que le sénat n’a jamais confié une ambassade à un
seul personnage, car il n’est pas conforme aux principes
romains de sua unius sententia omnia gerere™ — quand
les auteurs ne mentionnent qu’un nom, c’est celui du pré¬
sident de la commission33; 2° que les députations du
sénat se composaient de deux, de trois, de quatre, de cinq
ou de dix membres, le nombre ordinaire étant de trois
(19 cas) ; celui de deux étaiL réservé pour les missions de
moindre importance (8 cas) ; celui de quatre était excep¬
tionnel (1 cas); 3° les ambassades de cinq (6 cas) ou de
dix membres (3 cas), sont celles qui ont eu à s’occuper
Xen. Hell. 7, 1, 38 ; Libanius, Declam. 16. Voir Meier-Schômann-Lipsius, Dec attise ht
Process, p. 459-461. — 18 Hyperid. Pro Euxen. c. 30 (Didol, p. 379); Dem. 19. J J0'
— n isoer. 18,22. — 13 Aesch. 2, 5, 59; Dem. 19, 101, 262, 313; Plat. Leg. I2,P ,"1
— 19 Mommsen, Droit public romain, VII, p. 376 ; IV, p. 394, note 1. — 01
In Vatin. 15, 36 ; cf. 35 ; Pro Sestio, 14, 33. Les ambassadeurs se nomment !fÿ“
ou oratores (Fest. s. v. oratores ; Paul. Diac. s. v. adorare). — 21 Liv. XXIX, - • ’
XXXIII, 24, 7 ; XLIII, 1, 10; XLV, 17; App. Mithr. 0; Cic. Ad fam. I.J'^’.
Sénatus-consulte de Thisbae (1. 11 etsuiv.), — 22 Exceptions : Liv. XXXII, - ’
XXXVI, I, 8. * — 23 Cic. ad Att. I, 19; Dio, LIX, 23; Tac. Hist. IV, 6, 8. — 2* )
XXXV, 4, 9; Liv. Epit. 48; Cic. Phil. II, 7, 17. — 25 Schol. Bob. ad Cic. ™ ’
15,34. - 26 Val. Max. III, 7, 5;Polyb. XXXV, 4, 9. - 27 Cic. ad -»
5, 1 ; Caes. B. C. I, 33. — 28 Liv. IV, 52; XXXI, 8. — 29 Mommsen, Droit
romain, IV, p. 401; Willems, Le sénat de la République, p. 49 ' ll ^
— 30 Thurm, De Rom. legatis ad exter. nationes missis, p. 17 ; Wllle'os’ ,3
cit. — 31 Loc. cit. ; cf. Thurm, Op. cit. p. 72 et suiv. — 32 Liv. X ’ ^
— 33 Liv. XXXIII, 39 ; cf. Polyb. XVUI, 49; Liv. XXXIX, 48; cf. Polï' >■
8; Paus. Vil, 11, 1 ; cf. Polyb. XXXI, 9, 10.
LEG
— 1031 —
LEG
fissions religieuses ou de négociations importantes 1 ;
| /o 'toute ambassade avait un président (princeps lega-
\ . x . et ce rôle appartenait soit au sénateur du rang le
I ^ lus élevé", soit à l 'égalité, au plus ancien. Il était ordi-
I nairement de rang consulaire, mais pouvait être prétorien
I et même pedarius ; 5° les députations de deux membres
I comprenaient généralement un sénateur curule et un
I sénateur pedarius ; celles de trois membres, deux séna-
I leurs curules ; celles de cinq membres, trois sénateurs
I curules et deux pedarii ; celles de dix membres, six sëna-
I teurs curules et quatre pedarii. Pour la justification de
I ces assertions, nous renvoyons au travail de Willems et
au tableau qu’il a établi 2. Naturellement, ces principes
I souffraient des exceptions, par suite de circonstances
I particulières qu’il est impossible aujourd’hui d’apprécier,
même quand on peut les deviner.
Celui qui faisait partie d'une ambassade ne portait
aucun des insignes des magistrats; son insigne propre
I était l’anneau d’or 3, qui lui donnait droit aux transports
gratuits [evectio]. Parfois, pour relever le prestige de la
députation ou pour en assurer la sécurité, le sénat la faisait
I escorter par des navires de guerre 4. En général, ilmobili-
sait, autant de quinquérèmes qu’il y avait de membres 5.
Les légats du sénat avaient droit à des frais de route
I ( viaticum ) qu’on calculait probablement d'après le
nombre de jours nécessités par l’ambassade et qu’on
payait soit au départ, soit au retour 6. En outre, ils
recevaient, pour leur permettre de faire figure pendant
leur mission, de la vaisselle d’argent, des vêtements, du
linge et des tentes \ Un personnel assez nombreux était
attaché aux ambassadeurs : des esclaves, chargés de
s’occuper de leurs bagages et de leur entretien (boulan¬
gers, bouchers, cuisiniers, etc.)8, des affranchis qui
lleur servaient de secrétaires, de scribes, d’interprètes 9;
des hommes libres dont ils recherchaient la compagnie
ou les conseils10.
I La qualité d ambassadeur du peuple romain procurait à
I ceux qui en étaient revêtus de nombreux privilèges et leur
assurait la plupart du temps l’accueil le plus empressé.
En piemier lieu, pour se rendre au but qui leur était
■- assigné, ils avaient le droit de réquisitionner des moyens
de transport, aussi biensur le territoire romain que chezles
3 comme nous l’avons déjà indiqué plus haut [evec¬
tio • S ils n avaient pas a attendre des cités et des peuples
1 ont ils traversaient le territoire la nourriture (viande et
arir|i j , ils en recevaient tout au moins, sinon en droit,
moins pai 1 effet de la coutume, le bois pour se chauffer,
| c umierf ,1e sel, le vinaigre, et souvent aussi le logement13.
' 111 .^eur manquait jamais, s’ils avaient avec
foi mbitant de la ville où ils séjournaient des liens
traités de paix ^ ^ membres : ,es députations chargées d’exécuter les
Tiv. XXX11I >4 US aVCC PluliPPe de Macédoine (Polyb. X VIII, 42, 48, 49;
envoyée pom'orJ ’ aVT A‘ltiochusde Syrie (Liv. XXXVII, 55), et la députation
~ 2 Le sénat de là ^ U gUen’e dc Pcrsée (Liv’ XLV’ 17)‘
LH; Zonar. VIII 493 Ct suiv’ “ 3 Plin- »<*■ XXXIII,
fhurm, On. c;i ’ Sl, ■ 0r,fJ ■ Xlx, 32 ; De anulis, 3; Val. Max. II, 2, 7 ; cf.
~ 3 Liv. XXIX, Il („• Ct ,5U1V- 4Liv- XXIX, II; XXX, 26; XXXI, U, etc.
lrois vaisseaux)’; pol ciurl. 'aisseaux); Liv. XXX, 26 (trois députés,
Ad hm. xn 3 . n. ■ ' X *’ 8 (Clnil députés, cinq vaisseaux). — 6 Cie.
XV,,’L ISl’F’ro'n’t. ZT Ial- X’52;Liv- XL*V> 22; Aul. Cdl. Noct. at.
1 Liv. XXX, 17- vi I, ' Cd- IXabcr) ; cf. Thurm, Op. cit. p. 87.
9’ d>e kg. agr. II 311. •’ ’ ) ' XIax- US, 2 ; II, 2, 7 ; Cic. In Verr. (act. II) IV,
10 : Cal. ali 5‘- ~ 8 Di0»ys- Haï. VII, 12; Plut. Cal.
ybo> *>i tyk. epigr ’ ^ 3’ ,3‘ ~ 9 Cic. De leg. agr. Il, 32 ; Pro
**i Dig. XLvil ’ , ~ i0 Liv’ XXX- 42 i Gic- Acad. II, 2, 5 ; Plut.
XXX>I. 23, 2. _ 12 Th ’ ’ 7- - 11 Dionys. Hal. VII, 12; Liv. XLII, I; Polyb.
> P • cit. p. 98, note 5. — 13 p0lyb. XXXII, 23 ; Cic. Ad
d’hospitalité 11 [hospitium], ou bien si la cité ou le peuple
sur le territoire duquel ils se trouvaient avait fait alliance
avec les Romains13. Les amis du peuple romain dépas¬
saient même la mesure et s’imposaient des dépenses très
supérieures à celles qu’on était en droit d’attendre d'eux 16.
Arrivés à destination, les ambassadeurs, si on ne les
éloignait pas sans vouloir entrer en pourparlers l7, étaient
reçus avec toutes les marques de respect dues à leur rang.
Les rois venaient au-devant d'eux 18, les saluaient d’aussi
loin qu’ils les voyaient19 et s’empressaient de leur faire
les honneurs de leur résidence20. On les logeait dans des
palais21, on leur offrait l’hospitalité la plus complète, des
repas somptueux22, des cadeaux23, on leur accordait les
distinctions les plus recherchées24; au départ même on
leur offrait, en souvenir du succès de leurs négociations,
des présents d’importance23 qu’il leur était permis de
garder ensuite26. Le caractère d’inviolabilité de leur per¬
sonne et de leur entourage leur assurait ce traitement
privilégié, comme aussi la majesté du peuple romain
qu’ils représentaient. De tout temps les ambassadeurs ont
été l’objet de semblables attentions. Pour y répondre, ils
avaient soin d’allier à la fermeté dans leurs réclamations
et cà l’habileté dans leurs démarches, une politesse toute
diplomatique. D’un côté. Popilius Laenas, envoyé auprès
d'Antiochus IV Ëpiphane, roi de Syrie, pour lui enjoindre
de lever le siège d’Alexandrie, trace autour du roi un cercle
sur le sable, et déclare qu’il n’en sortira pas avant d'avoir
donné une réponse27; de l’autre, les ambassadeurs N. Fa¬
bius Pictor, Q. Fabius Maximus et Q. Ogulnius, accrédités
auprès de Ptoléméell Philadelphe, en reçoivent, avec une
invitation à diner, des couronnes d’or ; le lendemain, ils
les placent eux-mêmes sur la tète des statues du prince 2S.
Leur mission achevée, les légats avaient à rendre
compte de la façon dont ils avaient exécuté les instruc¬
tions reçues du sénat 29. C’est ce qu’on nommait legatio -
nem renuntiare ou referre 30.
Sous 1 Empire, ce n’est, plus au sénat qu'il est réservé
de députer des ambassadeurs auprès des États étrangers;
leur choix est devenu une prérogative de l'empereur 31.
On voit encore les sénateurs envoyer des missions, mais
à l’empereur absent de Rome32, ou aux princes associés
à l’Empire pour leur porter ses hommages ou ses félici¬
tations33. Les rares députations d’un autre genre que
signalent les textes se rapportent à des époques troublées
où l’autorité du sénat est à peu près la seule qui subsiste34.
On peut, à l’époque républicaine, comme aussi, du
reste, à l’époque impériale, distinguer deux sortes de léga¬
tions : les légations temporaires et les légations perma¬
nentes. Chronologiquement, c.elles-làontprécédé celles-ci.
A. Légations temporaires. — Il serait aussi inutile
Att. V, 16, 3 ; Liv. LX1I, 1, 12 ; Schol. Acron. ad Hor. Sat. I, 5, 46-47.
— 14 Dion. Haï. VII, 2; Liv.’ XXXV, 49; XLII, 1; Appian. Mac. II ; Cic. Phil.
9, 6; Val. Max. VII, 3, 9. — 16 Liv. V, 28. — 16 Thurm, Op. cit. p. 99, note 1.
— 17 Polyb. XXXII, 23; Liv. XXI, 19. — 18 Dio, XL, 29; Val. Max. V, 1, 3; Liv.
XXXI, 19, 5. — la Liv. XLV, 12; Diod. Sic. XXXI, 2; Just. XXXIV, 3; Val. Max.
VI, 4, 3. — 20 Diod. Sic. XXXIII, 28 a ; Plut. Apopht. Scip. min. 13. —21 p0lybi
XXXI, 5, 3 ; Plut. Lucul. 2 ; Dio, LXXII, 2. — 22 Just. XVIII, 2, 9 ; Liv. XXXIII 39
2 ; Diod. Sic. XXVIII, 12 ; Dionys. Hal. V, 34; Arch. Zeit. 1876, p. 129 ; Corp. inscr.
att. II, 89, 136, 284; Joseph. Ant. Jud. XIV, 8, 5. — 23 Jusp XVIII, 2 9 ; Zonar
VIII, 4 ; Dionys. liai. XX, 14. — 24 Polyb, 11,12; Zonar. VIII, 19. — 25 piut, Lucul.
21 ; Liv. XXXIX, 5,i ; XLII, 25. — 26 Dion. Hal. XX, 14 ; Zonar. VIII, 6 ; Val Max IV
3, 0.-27 Polyb. XXIX, 11 ; Liv. XLV, 12; Just. XXXIV, 3 ; Plut. Apopht. G. Popitii
— 28 Dionys. Hal. XX, 14; Just. XVIII, 2. —29 Liv. IX, 4; XXIII, 6 ; XXIX, 33. —30 H.
VII, 32.— 31 Mommsen, Droit publ. rom.X, p. 245. — 32 Dio, LIV, 10- LIX >3
Suet. Cl. 19; Calig. 49 ; Mon. Ancyr. II, 34etsuiv. ; Corp. inscr. lat.X I, 1440, 1698 •
VIII, 7062; Ammian. XXI, 12, 24; Liban. Epist. 923, etc. —33 Tac. Ann. I, 14 Corp
inscr. lat. VIII, 7062. - 34 Suet. Xitel. 16; Tac. Il, si. III, 80; Vita Juliani, 5, 6.'
1032 —
LEG
LEG
que fastidieux d’énumérer tous les ras où le sénat avait
l'occasion d’envoyer des commissions a 1 étranger ou
même en Italie; nous insisterons sur les suivants ;
1° Déclaration de guerre. — On sait qu’il y avait des
personnages spéciaux, les fetiales, a qui ce soin était
réservé ; mais avant d’en venir à une déclaration formelle,
il était d’usage que le sénat engageât des négociations
pour essayer d'obtenir pacifiquement ce qu’il souhaitait
et les réparations auxquelles il croyait avoir droit. Il en
chargeait des ambassadeurs qui partaient ad res repe-
tendas *. Si ceux-ci échouaient, le sénat votait le com¬
mencement des hostilités et en prévenait les intéressés
par une nouvelle ambassade - (ad bellum indicendum).
2° Conclusion de la paix. — Il semble que primitive¬
ment le général victorieux ait eu le pouvoir de mettre fin
à la guerre par un traité définitif; mais à partir de l’année
513 de Rome 3, où nous voyons le fait se produire pour
la première fois, on prend l’habitude de déléguer auprès
de lui, pour l’aider dans les négociations, une députation
de cinq 4 ou de dix membres. Ceux-ci, d’abord nommés
par le peuple 6, sont bientôt au choix du sénat6. C’est
par des commissions de cette nature que furent préparés
tous les traités de paix signés à l’époque républicaine,
ceux qui suivirent la guerre d’Antioclius \ celle de
Persée 8, celle des esclaves de Sicile9, celle de Mithri-
date 10, celle de Gaule ", etc. 12. Le but du sénat, en
envoyant ces conseillers au général, était de garder la
haute main sur la conclusion de la paix et de tempérer
les désirs ou les ambitions du chef victorieux; il n’enle¬
vait pas à celui-ci l’honneur de signer le traité13, mais,
par l'intermédiaire de ses légats, il lui en dictait les
conditions14; il s'en réservait, d’ailleurs, la ratification
définitive ,5.
3° Traités d’alliance16. — Nous avons gardé le souvenir
de nombreuses ambassades dont le but était de gagner
au peuple romain l’amitié de cités ou de nations étran¬
gères17, de renouveler des traités précédemment con¬
clus18, d’assurer par de nouvelles conventions la fidélité
chancelante de peuples ou de rois alliés, et leur neutra¬
lité19. En pareil cas, les ambassadeurs étaient souvent
chargés d’offrir, au nom du sénat, des présents plus ou
moins importants. Ainsi, en 544 = 210, on envoya à Pto-
lémée IV Philopator une toge et une tunique de pourpre
avec une chaise d’ivoire, à la reine son épouse une robe
brodée et un manteau de pourpre 20. A Massinissa, en
554 = 200, les légats remirent des vases d’or et d’argent,
une toge de pourpre, une tunique « palmée », un sceptre
d'ivoire, une toge prétexte et une chaise curule-1.
4° Organisation des provinces soumises. — La paix
une fois conclue, il était nécessaire de surveiller l’exé¬
cution des clauses du traité et d’organiser le nouveau
1 Liv. III, 25; IV, 58; XXX, 26; XXXVI, 3; XLII, 25 ; Val. Ma*. II, 2, 5 ; Dionys.
IX, 60; X, 23 ; cf. Mommsen, Droit public romain, IV, p. 410, noie I. — 2 Exemples
dans Willcms, Le sénat de la Rép. rom. II, p. 469 et 470 ; Thurm, Op. cit. p. 29 el
6Uiv. _ 3 Polyb. I, 63. — 4 Liv. XLV, 17. — 5 Id. — « JAv. XXXIII, 24; App. Mac.
10 ■ Pun. 32 ; Polvb. XVIII, 42 ; Bail, de corr. hell. VI, p. 363. — 7 Polyb. XXI, 24,
44,’ 48 ; Liv. XXXVII, 55. - 8 Polyb. XXX, 13, 6; Liv. XLV, 17, 20; Plut. Paul
Aem. 28. — 9 Cic. Verr. II, 13, 32; 16, 39. — -10 Cic. ad Alt. XIII, 6, 4; Plot.
Luc. 35,36; Dio, XXXVI, 46. — « Dio, XXXIX, 25; Cic. ad Fam. I, 7, 10;
Pro Balbo , XXVII, 61. — 12 Cf. Mommsen, Droit publ. rom. IV, p. 414, noto 2,
avec tons les exemples qu'il cite; Willems, Le sénat de la Rép. loin. II, p. 477
et s. ; Thurm, Op. cit. p. 38 et suiv. - 13 Liv. XXXIII, 24 ; XXXVIII, 58 ; XLV, 17 ;
Senàlus-consulte de Priène (Viercck, 14), 1. 7 ; Sénatus-consvlte de Narthacion
(Vicreck, 12), I. 17. - 14 Liv. XXXIII, 34; XXXIV, 25 ; Polyb. XVIII, 47. La
formule officielle est : ex decem legatorum sententia. — 15 Liv. XXXI\ , 57, 1.
_ 16 Thurm, Op. cit. p. 40 et suiv. — 17 Dion. Hal. V, 34; Polyb. II, 23, XM,
territoire acquis par la République. Là encore le sénat
avait recours à des ambassadeurs, généralement au nom¬
bre de dix22; ceux-ci se rendaient dans le pays soumis et
soutenaient de leur autorité et de leur expérience le gou¬
verneur militaire : telle fut la commission qui assista
Scipion Emilien après la chute de Carthage23 ou celle qui
organisa, de concer t avec Mummi us, la province d’Achaïe31,
Ce n’est qu’à la fin de. la période républicaine que des
généraux, comme Pompée et César, se dégagèrent de
cette surveillance26.
5° Missions religieuses. — Était-il nécessaire d’accom¬
plir à l’étranger certaines cérémonies religieuses ou de
consulter des oracles, le sénat décidait l’envoi d’une com¬
mission spéciale. En 356, à la veille de la prise de Voies,
des légats durent aller à Delphes pour obtenir d’Apollon
l'explication de certains présages26; de même quand,
en 461, la peste fit à Rome de terribles ravages, les livres
sibyllins ordonnèrent de faire venir Esculape d’Epidaure.
On y députa une légation qui en ramena le serpent sacré
du dieu ; et Valère Maxime raconte les craintes que l’ani¬
mal inspira aux députés pendant la traversée-1. 11 serait
facile de citer d'autres exemples28.
6° Missions comminatoires. — Le sénat ne disposait
d’aucun moyen de contrainte pour faire exécuter- sts
décisions par les magistrats, et en particulier par les
commandants militaires. Mais son autorité était, du moins
jusqu’au dernier siècle de la République, assez puissante
pour imposer l’obéissance. Néanmoins, dans certaines
circonstances, il dut intervenir et notifier ses volontés à
des généraux oublieux de la loi; en pareil cas, il leur
faisait porter ses ordres par des députations de deux ,
de trois30, parfois, dans les cas graves, de cinq " ou de
dix sénateurs32.
7° Décision de litiges. — Pour couper court à certains
litiges, qui ne pouvaient être tranchés aisément a Rome,
le sénat déléguait ses pouvoirs à des légats qui se trans¬
portaient sur place et jugeaient conformément aux
instructions qu’ils avaient reçues. Qu'il s’agit de cilrs
italiques, comme Pise et Luna33, Reate et Interamna ", de
villes alliées comme Gênes36, ou d’étrangers comme
Antiochus et Eumène36, Carthage et Massinissa", la
méthode était la même : le sénat s’en remettait aux devi¬
sions de ses envoyés38 prises sur place in re praesenii ■
B. Légations permanentes. — Il n’y a qu une sorte o
légations permanentes, celles que le sénat envoie allP"L
des commandants militaires et des gouverneurs. D' |nl
temps, nous l’avons vu, on avait eu recours à des h'S-'j
lions de cette sorte, mais provisoires. A mesure P01"1'"^
que le théâtre de la guerre se reculait et que le nombn < ^
provinces augmentait, une telle combinaison d|,'"1'|.|
plus difficile à pratiquer en même temps qu il de' .
9 XXXV,
35 ; Liv. XXI, 29 ; XXVII, 4. - 18 Polyb. VII, 3 ; Liv. XXIV, 4; XXXII, 2 m ^
23; XLII, 6 ; App. Mac. IL - '9 Liv. XXI, 19; XXVI, 25; XXXII, 19:
— 20 Liv. XXVII, 4. — 21 Liv. XXXI, 1 1 ; cf. Thurm, Op. cil. p. 47, qui i c> ' | J8
d'autres exemples. — 22 Cic. Verr. Il, 2, 16, § 40; 37, § 90, Stiab. • ^
App. Disp. 99, 100, etc. ; cf. Thurm, Op. cit. p. 124 et suiv. — 23 ApP- ^ 3
Cic. De leg. agr. II, 19, 51. — 24 Polyb. XXXIX, 15, 16; Cic. ad AU- ’ ^
Autres exemples dans Willems, Op. cit. p. 705 et suiv. — Dio, - ’ v |:,
49; XL, 4; Plut. Pomp. 39, 42 ; Liv. Epit. Cil ; Suet. Caes. 2o. —
Plut. Cam. 4; Val. Max. I, 6, 3. — 27 Val. Max. I, 8, 2; cf. Pc i ”
— 28 Willcms, Op. cit. Il, p. 310 et suiv, — 29 App. Disp. 81 ; Oros. , ■■
XLIII, 1.-31 Liv. IX, 36. — 32 Liv. XXIX, 20 ; Diod. Sic. XXVII, 4 ; P u • ^ Cgff
— 33 Liv. XLV, 13 (15 légats). — 34 Cic. Pro Scaur. 2, 27 (10 léga ^ 3, DcIiug
inscr. lat. 1, 199. — 36 Liv. XXXIX, 22. 37 Liv. XXXIV, 9-< XL, ^ jiotnafl
giero, Diz. epigr. I, p. 616 s. v. Arbiter ; L Arbitrato pubblico près Q
Rome, 1893, p. 154 et suiv. — 39 Corp. inscr. lat. V, 7749; Eph.cpuj'-
LEG
— 1033 —
LEG
. pssaire du moins aux yeux des sénateurs, de
P!,1S lier de près la gestion des gouverneurs, qui se trou-
SUr'e' ■ r leur éloignement même livrés à eux-mêmes.
n-nStution de légations permanentes. A partir d’une
■ T ine époque, tout gouverneur, consul ou proconsul,
ce ^ur ou propréteur, tout personnage revêtu de Yim-
p,r .' dut être accompagné d’un ou plusieurs légats
r','; publiée, quorum opéra consilioqueuteretur peregre
e' •/.„/,,/ 1 A quelle date faut-il faire remonter cet
te? M. Willems veut le ramener aux premiers temps de
h République 2, parce que les auteurs mentionnent des
légats à cette époque ; M . Mommsen, au contraire, tientleurs
assertions pour peu dignes de foi 3 et regarde l’institu¬
tion comme ayant pris naissance seulement vers la tin du
vi» siècle de Rome 4. U la considère comme une imitation
de ce qui se passait à Carthage ; les légats des consuls et
des préteurs n’auraient été que la reproduction des
gerousiastes du quartier général carthaginois.
Quoi qu’il en soit, et pour prendre les choses en l’état
où nous les trouvons au vu0 siècle, le sénat désignait
pour chaque cas particulier ( sénat us consul tum de lega-
tionibus), sur la proposition de son président 5, les
membres de la commission qu’il adjoignait aux gouver¬
neurs ou commandants militaires. Généralement, le prési¬
dent ne faisait que mettre en avant les noms de ceux que
le magistrat ou le promagistrat avait présentés6; mais
il pouvait choisir de lui-même 7. Le nombre de ces légats
n’était pas constant : au vic/vne siècle, les titulaires
des provinces consulaires avaient deux 8 ou trois légats 9 ;
ceux des provinces prétoriennes, deux10. Ce nombre fut
ensuite pour ceux-ci de deux11 ou trois12, pour ceux-là
de trois 13 à cinq14. Pour le proconsul César, il fut élevé
jusqu’à dix en 70015, jusqu’à douze en 702 1G. Pour Pompée,
il monta jusqu’à quinze n.
La compétence de ces légats n’était pas non plus abso¬
lument fixe, à l’époque républicaine. D’une façon géné¬
rale, on peut dire qu’ils sont destinés à composer le
conseil du gouverneur (TCpeaëeuTTiç xat cujaSou Xoç), et à lui
servir en toutes choses d’auxiliaires et au besoin de rem¬
plaçants ; dans ce dernier cas, on leur donne le titre de
roppraetore 18. Ce n’est que plus tard, à l’époque impé¬
riale, que les fonctions des légats se sont précisées.
Les légats permanents pouvaient être pris en dehors du
sénal, comme les autres, et, primitivement, on ne s’en
faisait pas faute10 ; mais à partir de 687, il fut établi par la
oi Gahinia que le choix en devait être restreint aux séna-
eors . Dorénavant, ce devint une règle qui ne souffrit
pas d exception et qui s’appliqua pendant toute la
un e de 1 Empire. On sait qu’à cette époque il était
i a> i qU un légat devait être d’un rang au plus égal à
• Ul ( 0 SOn chef, et généralement d’un rang infé-
11 • • Mommsen admet que le principe était déjà
en ligueur antérieurement21.
Il, p. 610. — 3 //. -]a^' ** 2 Willems> Le sénat de La Républiqiu
- 5 Polyb. XXXV Tbl'r0m- IV’ P- 4I5’ note 3- - 4 Liv. XXXIX, 31; XL, 3Î
T'on semblo ail,.’;/’ 'C' Pr° lcfl ' Alan • 19 ’ 58 • — 0 C'est pour cei
„ Di°d. Sic. XXXVII •• >.U pl S0l,vcnt choix au magistrat; Sali. Jug. 28
41, 42, c^c ’ los* Gic. ad Att. II, 18, 3; De prov. consu
Itfwena. ù « g . Max; 'L 2. *; V, 7, 1; Liv. XXXVII, 1; Cic. Pr
’ena, 1 4^ 32. __ g
_ _ oï- . . ' ’ » " J * J . JliliV 1 **, 1 , U1V,. JL I I
; XXXVll’ n 10°t Jlv- XXVL 33; XXVII, 14. — 9 Liv. XXIX, 1, 6, 8; XXXII
Cms. 9. J2 D . V',XXIU> 16 ; XXXIX, 31.-11 Cic. Pro Font. 4, 8 ; Plut
10- ~ 14 Cic. De ’ ' ' ' ’ 47'48 ; Cic- A<t Q- (r. I, 1, 10. -13 Cic. Ad fam. 1, 7
‘fléau des ]é tg , *■ 7; t'n Pis. 23, 54. - 15 App. Bell. civ. I, 40; cf. 1,
P- 613. — le Qf Wjii 1 'le , à go dans Willems, Le sénat de la République , li
Ml ■ IV, 1, 7 ; Dio IT'J!:0C- cit - - 17 Wo, XXXVI, 37 ; Plut. Pomp. 25 ; Cic. Ai
,20.-18 Cf. C. i. I. I, 204, 1. 2, 0, 14, où un Icga
La nomination des légats resta, pendant la plus grande
partie de l’époque républicaine, exclusivement entre les
mains du sénat. Ce n’est que dans les derniers temps de
la République que les comices ont été appelés à y inter¬
venir : tantôt ils en fixaient, comme précédemment le
sénat, le nombre et la qualité, tantôt ils en déféraient la
désignation au magistrat auquel les auxiliaires étaient
destinés. Ainsi la loi Gabinia donna en 687 à Pompée le
droit de choisir ses légats 22 ; la loi Clodia accorda la même
faveur à Pison et Gabinius en 696 23 ; et l’habitude d’agir
de la sorte s’introduisit peu à peu dans les mœurs. Lors
de la réorganisation d’Auguste, le principe fut consacré.
Dès lors et pendant toute la durée de l’Empire, les gou¬
verneurs désigneront eux-mêmes leurs légats.
Les avantages et les facilités de voyage accordés aux
ambassadeurs donnèrent naissance à une coutume, qui
était déjà profondément entrée dans les mœurs à la fin de
la République. Lorsqu’un sénateur désirait se rendre
dans une province pour ses affaires privées24, pour
recouvrer, par exemple, un héritage ou une créance23,
pour accomplir un vœu26, il exposait son désir au sénat
et obtenait de lui une mission libre [légat io libéra)21.
Ainsi, sans avoir d’autre raison d’absence que son bon
plaisir ou son besoin personnel, il obtenait de voyager
aux frais de l’État entouré de la considération et des hon¬
neurs réservés aux missionnaires 28. On conçoit que, dans
les cas où son intérêt était en jeu, cette situation pouvait
donner lieu à des abus de pouvoir scandaleux29; aussi
Cicéron, dans son consulat de 691, fit-il un effort pour
supprimer ce privilège, objet de nombreuses plaintes de
la part des provinciaux30 : il échoua, et l’usage de la legatio
libéra persista sous l’Empire31. On se contenta de fixer à
ces légations un terme au delà duquel le bénéficiaire
cessait d’être considéré comme envoyé officiel, et par
suite de jouir des droits attachés à ce titre32.
Légations envoyées a Rome33. — Non seulement le
sénat envoyait des ambassades aux puissances étrangères,
mais il en recevait; et cette réciprocité n’était point aban¬
donnée au hasard. Rome ne recevait de députés que de
ceux à qui elle en envoyait, c’est-à-dire des villes et des
peuples indépendants, des familles princières liées avec
elle par un pacte d’amitié34 ; une cité sujette ou une ville
peuplée de citoyens ne pouvait lui adresser de députation
que si elle en avait obtenu le droit par faveur particulière
(jus légat ionis) 35 . Toute mission émanant de sujets non
autorisés n’était pas pour cela écartée par le sénat, qui
acceptait parfois de lui donner audience36, mais les
membres n’en jouissaient pas des privilèges, reconnus aux
ambassadeurs officiels, qui seront énumérés plus loin.
Parmi les ambassadeurs envoyés à Rome, il faut dis¬
tinguer deux catégories : ceux qui viennent du territoire
ennemi, et ceux qui sont députés par des peuples amis.
Jamais les premiers n’étaient admis dans l’intérieur de
est appelé pro magistratu legatus. — 19 Cf. Mommsen, Droit public romain,
IV, p. 402 et note 1. — 20 Plut. Pomp. 25 ; App. Mitlir. 94. — 21 Op. cil. IV, p. 403.
— 22 Plut. Pomp. 25; App. Mithr. 94. — 23 Cic. In Vat. 15, 35, 30; Pro Sest.
XIV, 33. — 24 Cic. Ad fam. XII, 21 ; De leg. III, 3, 9. — 25 la. nq S)
— 20 Cic. Ad Alt. II, 18, 3; IV, 2, 6. Celte mission se nommait votiva legatio.
— 27 Cic. Ad fam. XII, 21 ; Ad Att. II, 18, 3 ; Pro Flacco, 34, 86; Suet. Tib. 31 ;
Dig. XL, 7, 15. — 28 Cic. Ad fam. XII, 21. — 29 Cic. De leg. III, 8, 18. — 30 pro
Flacco, 34, 80; De leg. I. c. — 31 Suet. Tib. 31 ; Dig. I. c. — 32 Loi Tullia (Cic.
De leg. III, 8, 18J; loi Julia (Id. Arf Att. XV, 11, 4). — 33 Sur le nombre très
variable de ces ambassadeurs, voir Bültner-Wobst, De legationibus reipublicae
liberae temporibus Romain missis, p. 18 et suiv. — 34 Liv. XLIV, 16, 7; Joseph.
Ant. Jud. XIV, 20; C. i. I. I, p. 110, etc. — 35 Mommsen, Droit public romain ,
.VI, 2, p. 380 ; Vil, 421. — 3e Liv. XLI, 8, 5; Cic. Verr. i, 35, 90.
LEG
— 1034 —
LEG
la ville L On leur donnait l’hospitalité dans le Champ de
Mars 2; il y avait, là une sorte de parc avec des édifices,
nommé villa publica, qui leur était assigné 3. Ils y atten¬
daient qu'il plût au sénat de leur donner audience ; quand
il le faisait, c'était dans le temple de Bellone 4, voisin de
la v-Ula publica , ou dans le temple d’Apollon, qui était
aussi en dehors du pomérium 5.
Mais il est des cas graves où tout entretien leur était
refusé. Alors on leur enjoignait de quitter l’Italie dans un
délai fixé et on les faisait reconduire à la frontière par un
sénateur, avec défense de revenir sans une autorisation
formelle : c’est ce qui arriva aux légats étoliens en 562 6 :
on les chassa de Rome et on leur donna quinze jours pour
sortir d'Italie. Eu 581, les députés envoyés par Persée se
virent pareillement intimer l'ordre de quitter le territoire
romain sous onze jours et on chargea Sp. Carvilius de
les surveiller jusqu’à ce qu'ils fussent embarqués 7 . De
même, au commencement des hostilités, des ambassa¬
deurs de Jugurtha furent obligés uti in diebus proximis
decem Italia decederent * .
Pour les autres, les députés des nations amies, on ne
leur ménageait point les égards. Si les ambassadeurs étaient
des personnages de rang élevé, on envoyait un questeur
pour les saluer à leur arrivée en Italie, pour les accompa¬
gner partout pendant leur séjour et pour les reconduire,
au départ, jusqu'à une certaine distance9. Dans tous les
cas ils recevaient des guides sur le territoire romain ; les
communes qu'ils traversaient devaient leur faire bon
accueil10; ils devenaient les hôtes du peuple; ils étaient
logés à Rome, hébergés11 (locus lautiaque)', ils avaient
droit à des dons dont le montant était fixé et inscrit sur
la liste officielle des admis12. Assistaient-ils à une fête
publique, à une représentation théâtrale, on leur réservait
une place d’honneur13; ils étaient admis à sacrifier au
Capitole 14 ; s’ils tombaient malades, on les soignait aux
frais de l’État; en cas de mort, on leur faisait des funé¬
railles publiques15. Enfin leur personne était inviolable,
et ceux qui ne les respectaient pas étaient traduits devant
le tribunal des fétiaux16. Ce traitement privilégié fut
continué jusqu'au Bas-Empire aux ambassadeurs des
nations étrangères17. De leur côté, les ambassadeurs
apportaient avec eux des présents. Nous en trouvons de
nombreux exemples dans les auteurs ; on peut citer l’am¬
bassade des Latins et des Herniques venue pour féliciter
les Romains aprèsle rétablissement de laconcordeentre les
patriciens et la plèbe (368 = 446) i8, celle des Carthaginois
qui était chargée d’offrir des félicitations à la suite de la
victoire de Rome sur les Samnites19; celles de Ptolémée
Philadelphe en 481 = 27320, et celle des Juifs en 615
= 139 21 accourus pour demander l’amitié du peup|e
romain; celle du roi Attale rendant grâces au sénat de
l’avoir délivré du roi Antiochus 22, et bien d’autres
encore*3. Ces présents étaient la plupart du temps des
couronnes d’or ; on y lisait le nom de ceux qui les avaient
offertes et le motif de leur libéralité24 [corona ; les
ambassadeurs les déposaient au Capitole dans le temple
de Jupiter25. Mais on cite aussi des statues26, des bou¬
cliers27, même des vases précieux28. M. Büttner-Wobsta
réuni dans un tableau la liste de tous les présents de cette
espèce dont nous avons gardé le souvenir29. Le moindre
est la couronne de 25 livres d’or offerte par Carthage : elle
valait 100000 sesterces30; le plus élevé est un ensemble
de vases d’or envoyés par le roi Antiochus en 581 = 173;
ils pesaient 500 livres et valaient deux millions de ses¬
terces31.
Quand le président du sénat avait décidé de donner
audience aux ambassadeurs, au jour fixé ceux-ci se ren¬
daient dans la Graecostasis 32, voisine de la Curia Hosti-
lia 33, où un magistrat venait les chercher pour les intro¬
duire34. Lorsqu’ils avaient fait connaître le but de leur
mission en latin, s’ils savaient la langue, ou par l’inter¬
médiaire d'un interprète35, et répondu aux questions que
les sénateurs croyaient devoir leur poser36, ils étaient
reconduits dans la Graecostasis pour attendre le résultat
de la délibération37. Ce résultat leur était communiqué
soit dans le vestibule de la curie38, soit dans la salle
des séances 39 .
Les demandes des députés étaient-elles trop nombreuses
et trop difficiles à résoudre pour pouvoir donner lieu uti¬
lement à une discussion publique, le sénat nommait une
commission spéciale, chargée de préparer la réponse et
de lui présenter un projet de décision. C’est devant cette
commission que les délégués exposaient l’affaire dont
ils étaient chargés40.
A l'époque impériale, par la loi organique du pri ncipat,
les relations extérieures passèrent entre les mains de
l’empereur : Foedusve cum quibus volet facere liceat ■
Et pourtant on trouve encore la mention d'ambassades
envoyées au sénat pour conclure fa paix42, pour solliciter
l’amitié du peuple romain 43, ou pour toute autre raison
M. Mommsen45 admet que c’étaient là seulement « des
solennités de forme ». Quelques-uns des princes °nt
marqué de cette façon leur déférence pour lasscnddo
suprême de l’État, suivant le conseil que Dion fait donner
1 Dio,/V. 43.27; Polyb. XXXV, 2; App. Pun. 31; Sali. Jug. 28. — 2 Liv. XXX, 21;
XXXIII, 24 ; Dio, fr. 79. — 3 Lanciani, Ruins and excavations of ancient Rom,
p. 474. — A Feslus, p. 347, Epit. 33; Liv. XXX, 21, 40 ; XXXIII, 24; XLII, 36.
— S Id. XXXIV, 43. — 6 Id. XXXVII, 1. — 7 Id. XLII, 30. — « Sali. Jug. 28 ;
cf. Liv. XXXVII, 49; App. Mac. 9, 5; Polyb. XXXII, 1 ; Diod. Sic. XXXI, 23.
— 9 Liv. XXX, 21 ; XLV, 13, 14, 44; Val. Max. V, 1, 1. — 10 Liv. XXVIII, 39.
_ il Feslus. Ep. p. 68. Lautia dantur legatis hospitis gratia ; Sénatusconsidle
de Asclep. (Corp. inscr. lat. I, p. 111, 112), I. 8, « Munusque eis ex formula
locum lautiaque q(uaestorem) u(rbanum) [e]i* locare mittereq[ue j]ube[rent] ».
Locus est le logement, lautia , le mobilier et les ustensiles; Liv. XXVIII, 39 ; XXX,
17; XXXUl, 24, etc.; cf. Mommsen, Rôm. Forschungen, I, p. 344, note 37.
— 12 Munus ex formula (note précédente) ; Sénatusconsulte d'Astgpalée (Viereck,
21), 1. 10; Sénatusconsulte de Priène (Viereck, 14), 1. 12; Mommsen, Op. cil.
p. 345; Willems, Le Sénat de la Rép. rom. p. 430; Biiltner-Wobst, Op. cit. p. 48
(tableau des munera connus). — *3 Varr. De l. I. V, 155; Suet. Aug. 44.
_ 14 Sénatusconsulte de Asclepiade, 1. 25 ; Corp. inscr. gr. 5880, 5881 ; Liv.
XXII, 37; XXVIII, 39. Nous avons conservé la dédicace d'un certain nombre de
monuments élevés au pied du Capitole par des ambassadeurs étrangers venus à
Rome pour lier amitié avec le peuple romain : envoyés de Mithridate Philopator et
Philadelphe (Bull. corn. 1886, p. 403); envoyés des Lyciens [Corp. inscr. lat. I,'
589), etc. ; cf. Dessau, lnsc. lat. sel. I, n"‘ 30 et suiv. ; Galti, Loc. cit. ; Hiib' ». ^
Mitth. 1889, p. 252. — 1» Plut. Quaest. rom. 43; cf. l'article hôspitm>'I, P-^ _
col. 2. — 16 Varr. cité par Nonius, s. v. Fetiales, p. 529 ;-Val. Max. VI, <0 ' c ^
Liv. XXXVIII, 42 ; Diod. Sic. XXXVI, 15 ; Dig. L, 7, 17. — « Cod. Theod. ; j j
Paratit. — 1» Liv. III, 57. — 19 Liv. VII, 38. — 20 Liv Epit. 14; Justin. - •'
Val. Max. IV, 3, 9. — 21 Joseph. Ant. Jud. XIV, 8,5. — 22 Liv. X - • "
— 23 Cf. Büttner-Wobst, Op. cit. p. 39 et 40. - 24 C. i. gr. 5880, 5881 ; ^
Ant. Jud. XIV, 3, 1; Diod. Sic. XXXIII, 28. - 25 Liv. VII, 48 ; ’g4
XXXII, 27; XXXVI, 35; XLIU, G; XLIV, 14. — 26 Diod. Sic. XX, g
— 27 Joseph. Ant. Jud. XIV, 8, 5. — 28 Liv. XXII, 32, 36; XLII, G. 1
p. 42. - 30 Liv. VII, 38. - 31 Liv. XLII, 6. — 32 Varr. De l. (■ j)ts,liv
Plin. Hist.nat. VII, 60, 212 ; XXXIII, 1, 19. —33 Lanciani, Op. P' j)' ! . |
— 34 Liv. X, 45; XXXIV, 54, 57; Polyb. XXXV, 2; Diod. Sic. X- > ^
— 35 Val. Max. II, 2, 3. — 36 Liv. XXX, 22. — 37 Emovere curia : Liv. v 4„
6; XXVI, 30; XXIX, 19; XXX, 23 ; Sali. Jug. 15, etc. — 38 Liv. VII, 3* . s-. |)iod
XL, 34. — 39 Liv. XXVI, 32 ; Dionys. VI, 21 ; VIII, 10. — 40 Liv. XXX . ' ^ |t
Sic. XXVIII, 15; Polyb. XXIII, 4; Sénatusconsulte de Thtsbe, • ,,
— 41 Lex Regia, 1. 1 et suiv. — 42 Dio, LXVIII, 9, 10. — ,3 .„it puM‘c
— 44 Suet. Cl. 42; Ner. 57; Tac. Ann. XII, 10; ffist. IV, 51.
romain , V, p. 245.
LEG
— 1035 —
LEG
T«Ç*P
Ttov x(
des cas
de présenter toujours au sénat
eaëstaç lâçTS 7tapà tûv tcoXs|Xiwv xai tfiv 7tocpà tôuv êvtnrdv-
à Auguste par Mécène
- » Mais, en droit, et en fait dans la plupart
twv xai ot) P>v ”• ’ . , . , , , . .r r,
, jeg solutions à intervenir ne dépendaient que de
—initiative impériale
B j e soin de recevoir d abord ces ambassades, comme, du
' ste toutes les députations envoyées au souverain, de
I prendre connaissance de leur nature, de leurs requêtes, de
leurs vœux, celui de préparer la solution à intervenir et
I de l’introduire auprès du prince était réservé à un bureau
I spécial de la chancellerie impériale 2, le bureau ab epis-
tiiHs, A l’époque de Caligula, le père de Trogue Pompée
avait epistularum et legationum curam 3, et, au temps de
■ la Notice, le magister epistolarum legal iones civitatum,
I consultât loties et preces tractat *. Il en fut de même dans
la période intermédiaire5. L’on comprend très bien que
celui qui devaiL rédiger la réponse impériale fût égale¬
ment chargé d’en préparer les éléments. L’introducteur
des ambassades est appelé par Phi Ion d’Alexandrie : 6 à™
TWV 7tpS(jêEl(üV °.
II. Légations provinciales. - — On sait que, sous l’Em¬
pire, chaque province possédait une diète [commune, con-
cilium], où chaque cité envoyait un ou plusieurs députés.
Cette légation étant soumise aux mêmes conditions que
les légations municipales ordinaires, nous n’en parlerons
pas ici en détail; ce qui sera dit au paragraphe suivant
s’applique aux délégués des villes près l’assemblée pro¬
vinciale aussi bien qu’aux autres. Les membres du conci-
lium se réunissaient, on le sait également, en un lieu
fixé d’avance, la plupart du temps au chef-lieu adminis¬
trai** de la province, et, presque partout, annuellement 7.
Quand les fêtes dont la célébration accompagnait ces
réunions étaient terminées, les députés avaient la liberté
de délibérer sur leurs intérêts communs, et, s’ils le
I croyaient nécessaire, d’envoyer au gouverneur ou à l’em¬
pereur une délégation chargée de représenter la province.
Tantôt elle n’avait d’autre mission que d’offrir au prince
1 hommage de ses sujets, accompagné souvent de pré¬
sents , tantôt elle allait lui soumettre des questions qui
intéressaient l’ensemble des villes 9, tantôt enfin elle lui
poitait un xote de félicitations pour le gouverneur dont
les fonctions venaient de prendre fin10 ou, au contraire,
un vote de blâme suivi d’une accusation en règle et d’une
demande de poursuites11. Louanges ou blâmes notaient
1 dl eu>s, laissés à l’initiative du concilium : au
d é nv* * ' ll0mmer leurs délégués, les décurions des cités
n* c^11 jugement qu’il convenait de porter sur le
naître ,nUlr ^"duuieuf mandat impératif de faire con¬
tions em m'lsi0n a la diète12. En somme, ces députa-
gaien/ ]U'.ait " 1 louc*ier a toutes les questions qui intéres-
d’aillpnr^ i ' U"ls des Pr°vinciaux. L’empereur était,
rapport ^eV ^ ,enC0Urager à se metlre en
• « J accorde à toutes les assemblées
1 Dio, UI, 3i 2 H'
XLl'l, 12. - t'jf , ,. "'sc''reld> Verwaltungsgeschichte, p. 205. - 3 Justin.
A,u jTxx , 'ï °CC- 10- “ ‘ Suid- S' l’- Di°- L"-
Ceei> v°ir, outre les arllel ’ ’ " ° Le°' ad Gaium, 28. — 7 Pour tout
'provinciales dans ÏEmniT C°*mw ot conc‘'-ium, Guiraud, Les Assemblées
•>•"^«1 ^ et deurlier, Le culte impérial ,
a“K'a simulacra Valentinien , ’ ®’ 1<'gatl0n de la Tripolitaine : « Victoriarum
planter des vignes : Philos» v/T’'1' P'amitias oblaturos ». -9 Permission de
s>ons libérales : Dig . XXYH V ' t°Ph' }’ 21, 12 î immunité attachée aux profes-
’ § Ô Réduction de taxes ■ 1 V ’ '"dl'0lt 011 déb«quera le proconsul : üig. 1, 16,
; Carnations contre des' ^ 1 C°d ' Tkeod ' XI- 7’ 18i Xl- 28. 2- ô
' Qu*l'aud, 0p cit 162“as vexaloires : Cad. Theod. XII, 1,21; XII, 5, 2;
' *• 1 VI, 1736. - il N , ; • 10 pl>n. Paneyyr. 70; Tac. Ann. XV, 17 •
"UX oxe'"U'lcs dans Guiraud, Op. cit. p. 173 et 88.
des provinces d’Afrique, lit-on dans le Code Théodosien,
le pouvoir de rédiger à leur gré les décrets qui leur con¬
viendront, d’adopter les résolutions qui leur paraîtront
utiles, de manifester librement leur opinion et d’entrer
en relations avec moi par des députations 13. »
Pendant le Haut-Empire, comme plus tard, les députés
étaient choisis parmi les membres du concilium ; mais
après Dioclétien la composition de ces assemblées
s’était considérablement modifiée ; au lieu d’un seul
délégué par ville, on y fit siéger les plus élevés des
curiales, les honorât i, même des hommes de la classe
sénatoriale11. On fut amené par là à charger de députa¬
tions auprès de l’empereur, outre des notables du pays11,
des nobles, des avocats, même des membres du clergé10.
Arrivés à Rome, les députés de la province avaient à
faire parvenir à l’empereur les demandes ou les récla¬
mations qu’ils apportaient17. Ils les remettaient au bureau
compétent18. En principe, ils auraient dû attendre patiem¬
ment que l’empereur leur accordât une audience ou leur
fit donner réponse, s'il jugeait inutile de les recevoir;
mais, en fait, il leur fallait multiplier les démarches pour
triompher de l’inertie des uns et de l’opposition des
autres ; ils faisaient agir surtout en pareil cas les patrons
de la province [patronus] ou ceux de ses enfants qui
étaient arrivés à de hautes situations dans l’État 19. Tout
cela, d’ailleurs, leur était commun avec les députés des
municipalités et je reviendrai plus loin sur ses détails.
Il suffira ici de parler de ce qui était propre aux dépu¬
tations provinciales, aux accusations portées contre les
gouverneurs.
Une fois la plainte des provinciaux accueillie, le procès
s’engageait soit devant l’empereur, soit, antérieurement
à Hadrien 20, devant le sénat. Les députés y pouvaient
prendre la parole pour exposer les réclamations
de leur province, ou s’en remettre à l’éloquence de
patrons choisis parmi les sénateurs21. D’habitude, on
débutait par une demande d’enquête22; il était rare que
le sénat s’y refusât. Le temps nécessaire pour y procéder
était pour les délégués une période d’inaction ; et elle
durait parfois une année ou plus 23. Puis l’affaire revenait
devant le sénat; ils reprenaient leur rôle d’accusateurs;
les témoins déposaient; on entendait les plaidoiries;
l’arrêt intervenait21.
Leur ambassade achevée, quel qu’en eût été, d’ail¬
leurs, le motif, les députés revenaient dans leur pro¬
vince, rapportant la réponse du prince, accusés de
réceptions et remerciements, rescrit, sentence suçant
les cas; ils rédigeaient un rapport au concilium et on
leur votait des félicitations ou des honneurs 23, en
même temps qu’on élevait des statues au Génie du
sénat ou à l’empereur20.
Quant aux frais de leur mission, il semble qu’ils les
touchaient à ce moment27, s’ils n’y avaient pas renoncé
— 12 Ibid. p. 175. — 13 Cod. Theod. XII, 12, I. - 14 Guiraud, Op. cit.
p. 264. — IB Nov. Theod. 23; C. i. I. VIII, 27. — 16 Cod. Theod. VI,
22, 1; XII, 1, 25, 186 -, Nov. Theod. 23; Sid. Apol. Epist. I, 7. — 17 Symmach'
Epist. 1, 17; Ennodius, Vita Epiph. 54, 82; Idat. (Pair, de Migne, LR
p. 880). — 18 Justin. XLIII, 12; Suidas, s. v. A,ovû<rioî; Pliil. Ley. ad Gaium,
28 ; Dio, LU, 33. Voir ci-dessus notes 2 à C. — 19 pij„. Epist. Vil 33 •
C. i. I. XIV, 2, 516. — 20 Guiraud, Op. cit. p. 193 et suiv. — 21 pli,,. Epist.
II, H; III, 4; V, 20. — 22 Tac. Ann. XIII, 43; PI in. Epist. 111, 9; V, 20
- 23 Ibid. III, 4 et 9; Tac. Ann. XIII, 43. - 24 Cf. sur ces procès Guiraud’
Op. cit. p. 185 et suiv. - 2Ü C. i. gr. 1625, 3487 ; Arch. Zeit. 1878, p. 177; Le
Bas-Waddinglon, Inscr. d'Asie Min. 866, 867, 869; C. i. lat. VIII, 1 1025 ; Denk-
schriften d. Wien. Akad. 1857, p. 48. — 26 C. i. lat. VIII, 11017.’ — 27 Guiraud,
Op. cit. p. 167.
LEG
— 1036 —
LEG
gracieusement Nous allons retrouver tous ces détails à
propos des légations municipales.
III. Légations municipales. — Dès l’époque républi¬
caine, les cités provinciales eurent le droit et prirent
l'habitude d’envoyer à Rome des députations 2 pour porter
au sénat leurs plaintes 3 contre le gouverneur sortant ou
pour en faire l'éloge l, pour exprimer leurs doléances ou
leurs vœux5, pour offrir l’hommage de leur fidélité à la
République. Ce fut bien autre chose encore sous l’ Empire.
« A chaque avènement de règne, dit M. Guiraud G, c’était
à Rome une affluence énorme de députations. Tout évé¬
nement heureux ou malheureux, une naissance, une
adoption, une mort, une victoire, une guérison, un com¬
plot déjoué, suscitait de toutes parts des adresses de féli¬
citations ou de condoléances. On n'attendait même pas les
occasions, on les provoquait à plaisir. Tantôt c’était une
consultation juridique qu’on réclamait de l’empereur,
tantôt c’était des honneurs qu’on lui conférait ; aujour¬
d’hui on avait des remerciements à lui prodiguer, demain
c'était le tour des récriminations et des plaintes. Mille
circonstances, en un mot, s’offraient de communiquer
avec lui et on n'en laissait échapper aucune1. » Les auteurs
et les textes épigraphiques font allusion à chaque instant
à cet usage. Les villes ne se contentaient même pas de
ces légations envoyées à Rome; elles en députaient vers
le gouverneur8, comme les Byzantins qui, chaque année,
au dire de Pline, faisaient porter leurs hommages au
légat propréteur de la Mésie9. Lorsque l’empereur tra¬
versait la province, pour gagner la frontière, à la tête de
ses troupes, toutes les cités se hâtaient de dépêcher des
représentants pour le saluer au passage10.
Le mode de nomination de ces délégations est très net¬
tement indiqué pour les hauts temps par la /ex coloniae
Genetivae" .«Duum viriquîcumquein eo colon(ia) mag(is-
tratum) habebunt , ei de legationibus publiée mit tendit
ad decuriones referunto, cum m(ajor) p[ars ) decurio-
n(um) ejus colon[iae) aderit ,quotque de /us rebus major
pars eorum qui tum aderunt constituent, it jus ratum-
queesto. » C’est exactement ce que nous apprennent d’autre
part les délibérations de conseils municipaux relatives à
des légations que nous avons conservées12. On y voit les
duumvirs proposer au sénat l’envoi de députés à 1 empe¬
reur, après avoir longuement exposé les raisons de 1 am¬
bassade, et le sénat émettre un vole favorable. Copie de
cette résolution ( decretum ), qui dictait aux délégués
leur devoir et indiquait nettement le but de leur mission,
qui en était aussi la preuve otficielle, leur était remise,
elle leur servait d’introduction auprès de celui vers qui
ils étaient délégués13. Un député qui n’aurait pas eu en
main cet acte était considéré comme chargé d’une missio
libéra ll, et n’avait pas droit aux facilités de voyage
accordées aux véritables missions.
I C. i. gr. 1025; Arch. Zeit. 1878, p. 177. - 2 Willems, Le sénat
de la République, 11, p. 713 et suiv. — 3 Liv. XXVI, 20, 30 et sutv. ;
XXXIX, 3; Val. Max. IV, 1, 7; V, 8, 3. — * Liv. XXVIII, 39; Cic. A< Q.
fr. Il, 11, § 2. — 0 Cic. Ve)’)’. Il, 3, 9, § 2; ad Q. fr. Il, 13, § 1,
C Gracc’h. 2; C. i. I. I, 547, 548, 549. — 6 Les Assemblées provinciales, p. 154.
J -i Par exemple : Suet. Ner. 22; Vesp. 23-; Tac. Ann. III, 00 et suiv.; Pli».
Epist. X, 43; Animian. XXVIII, 0; Symmach. Epist. X, 53; Vit. Soph. I, 25, § 2;
Eunap. De leg.S-.C. i. gr. 477, 2743, 3170 a; Haussoullier, Rev. de phil. 1899,
p 13u et suiv.; C. i. I. II, 1423, 4055; III, 548, 1502; V, 5127 add. 5894; VI,
1803, etc. ; cf. toutes les notes qui suivent. 11 ne s'agit pas ici seulement des villes
d’organisation romaine, municipes ou colonies, mais de cités de droit pérégnn
. (Corp. inscr. lut. VIII, 09, 70), de pagus (lb. XII, 594), de vicus [lb. IX. 3850}
_ g jfj xil, 594. — 9 Plin. Epist. X, 43. — 10 Ann. épigr. 1888, 43. 11 *• •
Il 5439 (Fr. Girard, Textes de droit romain, p. 83), § XCII. — ri C. i.l.V, o32,
5127 add. ; IX, 3429; XI, 1420; Orelli, 784; cf. X, 4658 (leg. s. c.) et Cod. Theud.
Le choix des conseils municipaux se portait en règle»
sinon d’une façon absolue16, sur des décurions ou des
magistrats, et parmi eux on prenait naturellement ceux
qui étaient le plus aptes à faire réussir l’ambassade par
leur facilité de parole11. Une première mission, surtout
quand elle avait bien tourné, était un titre à une seconde.
On trouve la mention de personnages qui ont été trojs
fois et plus désignés comme légats18, et l’un même
d’entre eux porte le titre de legatus perpetuus ia.
Il n’était pas permis de se soustraire à une mission de
cette sorte. Mais la loi, pour éviter des injustices ou des
abus, avait spécifié certaines règles, auxquelles les
assemblées municipales devaient se soumettre en pareil
cas; ainsi on ne pouvait choisir malgré lui un décurion
que si la liste des sénateurs plus anciens que lui était
épuisée, à moins que la légation de primoribus viris
desideret personas 20 . En dehors de ces cas, de ces excuses
légales, on était tenu d’accepter la charge et de s’y sou¬
mettre jusqu’au bout21. Le seul moyen de se dégager qui
restât était de fournir un remplaçant : Quamque legatio-
nem ex h[ac) l{ege) exve d(ecreto) d(ecurionum ) quoi n
h(ac) l[ege) factum erit », dit la loi de la colonie Genetiva22,
obire oportuerit neque obierit qui lectus eritx is prose
vicarium ex eo ordine, uti bac lege de(curionum)m
décréta d(ari) o(portet), dato.Ni ita dederit , in res sin-
g {ulas), quotient ita non fecerit. sestertium (decem milia)
col on (i s) hujusque col(oniae) d(are) d(amnas) e{sto).*
Une restriction fut apportée postérieurement à celte règle;
les députés furent tenus de présenter comme remplaçants
leurs propres fils23. On conçoit qu’une légation à Rome ou
même auprès du gouverneur fût une gêne terrible pour
ceux à qui elle incombait. Du moment que la loi en faisait
une obligation, et que l’élu était dans I impossibilité de
s’occuper de ses affaires avant d’avoir rempli son mandat , ,
il était juste de l’assurer contre les risques que sou
absence pouvait lui faire courir; de là certaines pres¬
criptions insérées au Digeste2’.
Le nombre des membres d’une légation municipale
était variable. D’après le Digesle, un édit de Vespasiea
avait fixé comme maximum le chiffre de trois -1’ !
documents littéraires et épigraphiques confirment ce
témoignage ; nous rencontrons tantôt un tantôt fit •
ce qui paraît le cas le plus ordinaire, tantôt trois députa
mais nous trouvons aussi des exemples de députations
composées de quatre30, cinq31 et même sept membre •
y compris le chef de la légation, un magistrat en loin fi
(trois, quatre ou six, si l’on n’en veut pas tenir compU
Quelques-uns de ces documents étant postérieur s .m 1 1 »
de Vespasien, il faut en conclure que le règlement
prince ne fut pas observé strictement dans la suite.
Ces députations pouvaient-elles quitter la province ^
l’autorisation du gouverneur, ou fallait-il sa Pen111^
i. n»
XII 12 15. — 13 C. i. I. II, 1423; Ammian. XXVIII, 0; Cod.Theod. XII,
» !.. /Ll.i
aussi pour désigner ces mandats les expressions mandata , ges a i ^ ^ ^
tiones leqationum ; cf. Godefroid, ad Cod. Theod. XII, l-, P(U j750;
II, 2132; 'X, 49v6; XIL
l.
ti’ouve aussi
instructiones legatL
L, 7, 14; Cod. Theod. XII, 12, 15. - i’i c. i . . {
Dig. L, 7, 1. — 16 c. i. I. XII, 594. Le légat n’est qu’un sévir A«ir __ y -g#
dans un pagus d’Arles. — 17 C. i. I. V, 5894 iavocal). 18 tb. II, , (JlL
(quinquies); X, 3725 (ter) ; XII, 594; Le Bas-Waddinglon, Inscr. ~ ^ g cf sUr
TtTfàxi;’, 1002 a (itXeovàxiî). — 19 C.i. l. II, 2132. -u Dig. ’ ’ ’ g, sur lB
la réglementation juridique de ces légations tout le litre du ‘g s ^ ^ C||,
excuses légales, Dig. L, 7, G et 8, § 1. - 21 Dig. L, 7, 1. — 22Lex
_ 23 Dig. L, 7, 4, § 4. - 24 Dig. L, 7, 8, § 2. - 23 Dig. L, 7, H,
L, 7, 4, § 0. — 27 C. i. I. III, 548 ; Cod. Theod. XII, 12, 4. - • ’ (
2960, 5790; VIII, 09, 8837 ; IX, 5420; X, 8038; Ammian. XX, 8, . ^
mach. Epist. IV, 9 ; VI, 22. - 29 C. i. I. V, 4919 ; VIII, 08, 9707.
(an 158). — 3' lb. III, 1562 (au 150); V, 4920 (an 27).
II, 2958,
0 ; S)'1»’
_ 30 lb. X
. 32 Ibid. 4981 (ali
7815
28).
LEG
— 1037 —
LEG
P01" <|1 • )ndans les deux sens. En somme, on n’a, pour se
rononcer, qu’un seul texte, celui où Dion fait dire à
u’une cité pût envoyer une ambassade?On a résolu
ja questioi
, qu un sem i
Auguste par Mécène' : « Les provinciaux indiqueront
d’abord à leurs gouverneurs ce qu’ils désirent; c’est par
lui qUe ieurs vœux parviendront j usqu’à toi , après qu’il les
a approuvés. » Cette assertion ne peut valoir pour les
deux premiers siècles de notre ère et n’est pas, même
our l’époque postérieure, confirmée par les documents
que nous possédons ; ce ne sont pas d’ordinaire les gou¬
verneurs qui transmettent à l’empereur les requêtes des
provinciaux, mais des envoyés de ces provinciaux eux-
mèmes. Deux autres textes sont mis parfois en avant,
Pun de Pline le Jeune 2 et l’autre de Philon d’Alexandrie ;
ils ne semblent pas concluants. Philon 3 parle, non d’une
municipalité quelconque, mais de Juifs d’Alexandrie, ce
qui n’est pas la même chose. Quant à Pline le Jeune,
ce n’est pas sollicité de donner son autorisation qu’il a
refusé aux Byzantins la permission d’envoyer une am¬
bassade annuelle à l’empereur : en vérifiant les comptes
de la ville, par ordre du prince, il s’est aperçu que ladite
ambassade coûtait beaucoup trop cher, et, par mesure
d’économie, il la supprime ; il y a là une différence capi¬
tale. 11 n’est donc nullement prouvé qu’au Haut-Empire
les municipalités qui voulaient députer quelques-uns des
leurs au souverain aient eu à en obtenir du gouverneur
l’autorisation préalable.
11 en fut autrement, comme on le verra, au ive siècle.
Le titre de député d’une municipalité donnait à ceux
qui l’avaient reçu certaines facilités de voyage pour se
rendre à Rome. Ainsi, au iv° siècle, ils avaient droit de se
servir de la poste 4 ; nous ne pouvons pas affirmer qu’il
enfûtde même antérieurement: c’est probable, cependant.
Une fois à Rome, les ambassadeurs, après avoir remis
leurs pétitions aux bureaux ab epistulis 5, attendaient le
jour d être introduits en présence de l’empereur. Si
1 affaire en valait lapeine,ils y arrivaient, surtout lorsqu’ils
étaient bien appuyés par les patrons de la cité ; certains
princes se faisaient, d’ailleurs, un devoir de prêter
1 oreille aux députations municipales 6. C’était pour eux
le moment de se montrer dignes de la confiance de leurs
concitoyens et de faire appel à leurs talents d’orateurs.
: ous avons gardé le souvenir de quelques-uns des dis-
<om> prononcés en de telles circonstances : celui que
au de T\ r adressa à l’empereur Hadrien pour faire con¬
çue ei a sa patrie le titre de métropole7, ou celui dans
eque e S0Ph'ste Polémon demandait les fonds néces¬
saires a 1 eiection d’un gymnase à Smyrne 8, d’autres
r”C,0re ' Cette éloquence d’ambassade avait même ses
rl-u i 011 aPPrena'l dans les écoles et qu’on inscrivait
S manue3s de rhétorique10. S’agit-il du discours
de couronnement, que l’on adressait
avenement ou dans les
au prince lors de son
circonstances qui lui attiraient
' Dio LU 30. _ •> Pr ...
Oaium, 23. _ t r . In' EVxst- X, 33. — 3 Phil. In Flacc. 15; Leg. ad
note 2 et 3. __ o Diô | 12’ 0 et 9 1 VIII, 5, 32. — S Plus haut p. 1033,
(Antonin); Iii0. ’ J7 f'1,Jère) i Suet. Vesp. 24 (Vespasien) ; Vit. Anton. G
1 Suid. s „ n ’ . 1 aic Aurèle); Vit. Sev. Alex. 15 (Sévère Alexandre).
réponses faites à Cia" ~ * VU' Soph- *’ 23’ §2'- 9 Voir, par exemple,
Rome pour accuser A ° ^ Commode par des ambassadeurs alexandrins venus à
P- 161 et suiv. ; Greufeli'Tu01 ^ ',Ulfs Reinacll> Pev- des Études juives, 1893,
R£é dansV ,Î!'nl’ 0xDrinc A- pmr. L p. 65 et suiv.). - 10 Menand.
cf' Egger, Mêm r. f' !/r’ 6d’ SPenSel. *• UI ; Themist. Or. 3 et 14;
>-» “e ‘Acad, des ‘ • - -
Éwtixi5v, 1°) * aes uwcnpt. XXIV, p. 119 et suiv.
• '*tbid. 13. 13 £. i. gr. 1585 • ’ . •
n n
Cor
E?1
lat- H, 1423;
V
R- l29, 130. —, te Q
: èpu»|xioyçà^o; tîç Tbv Kat traça.
IX, 5420; x, 8038. — IB Bull, de corr. hell. XI,
'■ aL *’ 4192 i *1, 4201, 4208 ; V, 5894; XII, 594; Le Las’
l’offrande d’une couronne d’or? L’orateur, dit Ménan¬
dre", y montrera d’abord le monde entier qui s’empresse
autour du trône, Toi geyûrrcj) ors© avouera atscpavqj, ratç
éuij)7)g.tatç; puis sa propre patrie rivalisant d’empresse¬
ment avec les autres villes pour apporter sa part de
présents et d’éloquence. Ensuite il abordera l’éloge du
souverain, de ses vertus, de son courage, de ses vic¬
toires sur les Barbares. Puis, passant à ses talents paci¬
fiques, l’orateur recommandera sa patrie à la bienveil¬
lance et à la générosité impériale; enfin il priera qu’on
lui permette de lire le décret de couronnement. Un tel
discours ne devait pas, paraît-il, dépasser 150 ou
200 lignes. Pour d’autres sujets, il faut modifier l’argu¬
mentation et varier les effets 12.
Les villes grecques qui surpassaient toutes les autres
dans ce genre d’éloquence avaient été jusqu’à proposer
des prix dans les fêtes municipales à ceux qui compo¬
saient le meilleur éloge du souverain 13.
Le résultat de la députation faisait l’objet d’une réponse
de l’empereur qui était remise aux députés par les
bureaux, tandis qu’une autre copie était envoyée au
magistrat compétent; nous en possédons plusieurs
exemples que les municipalités avaient eu soin de graver
sur marbre pour faire connaître à tous les décisions
impériales14. De retour chez eux, les députés remettaient
la lettre du prince au sénat13, et en recevaient des félici¬
tations ; souvent, on leur élevait des statues en récom¬
pense de leur succès16.
Les ambassades municipales étaient naturellement
rétribuées et les députés étaient remboursés de leurs
débours11, ce qui coûtait aux villes des sommes souvent
fort élevées. Pour faire porter chaque, année leurs hom¬
mages à Rome et au gouverneur de Mésie, les habitants
de Byzance ne dépensaient pas moins de 15000 sesterces18.
Aussi, lorsqu’un des députés offrait de prendre à sa
charge tous les frais de sa mission [gratuita legatio), ses
concitoyens l’acceptaient avec reconnaissance, et cette
générosité restait pour lui un titre d’honneur ; on avait
soin de le rappeler dans les inscriptions19. Mais tous
n’avaient pas les moyens ou le désir d’en agir de la sorte.
A ceux qui ne refusaient pas l’argent de la cité, on payait
une somme au moment de leur départ, nommée legati¬
vum ou viaticum 20, somme que les héritiers n’avaient
pas à restituer si, ce qui arrivait quelquefois21, le per¬
sonnage mourait pendant la durée de sa légation'22.
D autres fois, elle laissait ses ambassadeurs avancer le
montant de leur légation et le leur rendait au retour23.
Tout cela grevait le budget communal 24 ; aussi, quand
l’occasion se présentait de faire quelque économie, on la
saisissait avec empressement. Par exemple, on profitait de
la présence à Rome d’un habitant de la cité, venu à ses
frais dans la capitale, pour le charger de remettre à l’em¬
pereur les lettres qu’on eût été obligé sans cela de faire
Waddington, 781. -17 Dig. III, 4, 7.— 18 pim. Epist. X, 43. — 19 Corp. inscr.
lat. II, 4057 : functus legatione gratuita ; 4201 : ob legationem qua gratuita
functus est ; cf. 4208; V, 5894: legationibus gratuitis urbicis et peregrinis
quinquies functus-, XII, 594 : ad praesides prosecutus est injuriam nos-
tram suis im[pensis] ; Le Bas-Waddington, Inscr. d’Asie Min. 1212 ; Bull
de corr. hell. X, p. 161. - 20 Dig. L, 4, 18, § 12 : Viaticum quoi
legativum dicitur ; Phn. Epist. X, 52. F.ir grec, UBSisv. _ 21 c i lat 111
5031; VI, 1803 (i); XII, 1750. - 22 Dig. L, 7, 10, § 1; Sumptus qui
proficiscenti sunt dati. - 23 Dig. L, 7, 2, § 3 : Eis qui non gratuitam
legationem susceperint, legativum ex forma restituitur ; cf. C. i. gr. 1319;
Le Bas et Waddington, Inscr. d'Asie Min. 409, 874 ; Bull, de corr. hell. V
p. 454; XI, p. 109. — 21 Pour le paiement des délégués au îv» siècle, cf. Cod.
Theod. XII, 12, Paratill.
131
LEG
— 1038 —
LEG
«
porter parvin député payé * ; ou encoreon conflaitplusieurs
légations à un même individu i.
Il eût été plus simple de restreindre le nombre des
légations et de charger plus souvent le gouverneur de
transmettre à l'empereur les requêtes des municipalités,
comme avait fait Pline le Jeune à l’égard de Byzance 3 ;
mais la manie des ambassades allait toujours en augmen¬
tant, si bien que pour arrêter les prodigalités des villes
et modérer les embarras qui en résultaient pour l’admi¬
nistration de la poste publique, sans cesse occupée à
transporter des députations de cités, on fut amené à
réglementer plus sévèrement le droit de legatio. D’abord
on obligea les provinciaux à soumettre à l’approbation
du gouverneur delà province les projets d’ambassade
si celui-ci jugeait les demandes exagérées ou incon¬
venantes [impudentior petitio), il les arrêtait; s’il pouvait
y donner satisfaction immédiatement, il le faisait; enfin,
s’il jugeait le recours à l’empereur nécessaire, il autorisait
le voyage des députés et leur donnait la permission de se
servir de la poste 5. Toute facilité était refusée aux lega-
tioncs liberae G, fout ambassadeur qui ne pouvait justifier
à Rome d’une mission officielle ou dont la demande
paraissait irrecevable devait revenir chez lui à ses
frais1. On finit même par prescrire que plusieurs cités
devaient réunir leurs doléances ou leurs vœux et les faire
présenter en bloc à l’empereur par une députation de
trois membres 8. D'ailleurs, le principe de la liberté des
ambassades était soigneusement conservé : les empe¬
reurs le proclament presque dans chacune des lois qui
forment au Code Théodosien le titre De mandatis et
legatis9.
Les municipalités ne se contentaient pas d'envoyer des
légations auprès de l'empereur ; elles en envoyaient aussi
au sénateur10, au gouverneur de la province, ainsi qu’il
a été dit plus haut, et même à des particuliers. Les
plus fréquentes semblent avoir été celles qui allaient
trouver les personnages élus patrons de la ville et leur
portaient, gravé sur une table de bronze, le décret du con¬
seil municipal rendu en leur honneur [patkonus] n. Nous
en avons conservé des exemples : les noms des députés
chargés de la mission sont inscrits en bas générale¬
ment12.
IV. Légations de communautés, de collèges. — L’orga¬
nisation des collèges, des associations, était en toutes
choses calquée sur celle de l’État, reproduite parles muni¬
cipalités [collegium]. Là encore nous trouvons l’usage
des légations, envoyées soit à l’empereur, soit à des gou¬
verneurs, soit à des particuliers 13 ; là encore on choisis¬
sait des patrons à qui l’on faisait porter par des députés
le décret d’élection n; tout ce qui a été exposé précédem¬
ment pourrait donc être redit ici. Je dois pourtant avertir
que le nombre de documents que nous possédons est
assez restreint, et que les dispositions législatives, en
particulier, nous font à peu près défaut. C’est encore sur
les légations émanant de communautés juives [juoaei
que nous possédons le plus de renseignements, grâce à
celle que nous a raconté Philon d’Alexandrie. Cet auteur
nous apprend 15 que les Juifs d’Alexandrie, se voyant en
butte à la violence des habitants de cette ville, décidèrent
l’envoi d’une mission auprès de Caligula pour lui porter
leurs doléances. Il leur faut d’abord solliciter et obtenir
l’autorisation du gouverneur 16 ; puis les cinq membres qui
composent l’ambassade se mettent en route; ils arrivent
à Rome. Une première fois ils sont mis en présence de
l’empereur au Champ de Mars; celui-ci leur rend leur
salut, ce qui leur fait espérer une solution favorable,
d’autant plus qu’aussitôt l’affranchi Hélicon, introducteur
des ambassadeurs, vient leur dire que leur affaire serait
étudiée à loisir — ils ignoraient qu’Hélicon eût été gagné
par leurs adversaires11. Quelques jours après, Caligula
part pour Pouzzoles; les ambassadeurs le suivent,
afin de pouvoir répondre à son appel ; mais leur attente
est trompée; on semble ignorer leur présence. Puis ils
reviennent à Rome, à la suite du prince. Enfin ils obtien¬
nent audience : elle leur est donnée dans les jardins de
Mécène et de Lamia18. Caligula se fait accompagner par
eux, pendant qu’il parcourt les constructions, blâmant
certains aménagements, donnantdes ordres pour d’autres.
De temps à autre il leur pose des questions : « Vous êtes
donc les seuls qui refusiez de me reconnaître pour dieu? »
ou encore : « Pourquoi ne mangez-vous pas de viande de
porc?» Finalement, se tournant vers eux d’un air irrité:
« En somme, qu’est-ce que vous réclamez?» leur deinan-
det-il. Euxcomencent à exposer l’affaire ; mais l’empereur
est déjà reparti dans une galerie vitrée ; de là il passe
dans une galerie de peinture, entraînant toujours les
Juifs à sa suite. Quand il voit qu’ils ont fini de parler, il
termine l’audience en les plaignant de ne pas croire a sa
divinité et les congédie.
Des papyrus, récemment publiés 10, font allusion a des
ambassades de même genre, envoyées par les Juifs
d’Alexandrie pour se défendre contre les accusations de
leurs concitoyens portées devant l’empereur Claude et
devant l’empereur Commode. R. Cagnat.
LEGATUM. Legs. — I. Nature des legs. — En droit
romain classique, le legatum peut être défini une libera-
1 Dig. L, 1, 36. — 2 Dig. L, 7, 16. — 3 Epist. X, 43. — 4 Godefroid,
ad Cod. Theod. XII, 12, Paratitl. — 6 Cod. Theod. XII, 12, 3, 8, 12, 14, 15.
— 6 Ibid. 15. — 7 Ibid. 6, 11. — 8 Ibid. 7. — 9 Cod. Theod. XII, 12.
— 10 C. i. I. X, 3507 add : legatione gratuita apud f Divum] Hadrianum et
apud amplissimum ordinem de... llibus redhibendis functus. Les termes mêmes
employés prouvent qu’il s’agit d’une légation envoyée à la fois à l’empereur
et au sénat, non d’une mission spéciale auprès du sénat (voir plus liant); C. i.
gr. 1124. — n C. i. I. II, 2958, 2960, 5792; V, 4919, 4920, 4921, 5127 add.; VI,
1684, 1685, 1686, 1688, etc. — 12 Cf. Aem. Sébastian, De palronis coloniarmn
atque municipiorum romanorum, p. 49 et 50. — 13 C. i. gr. 3176 (a) (félicitations
pour l'avènement d’un prince); Suet. Claud. 6 (députations de T ordo equesler aux
consuls); Cod. Theod. XII, 12, 11; XIII, 1, 16; XIII, 6, 12 (requêtes de corporations
à l'empereur) ; C. rendus de l' Acad, des Inscr. 1899, p. 355 (appel à un gouverneur
de province par une corporation de bateliers). — 14 C. i. I. XI, 5748, 5750 (16 dé¬
putés). — 13 Legatio ad Gaium. — 16 Phil. In Flacc. 15; Leg. ad Gaium, 23.
_ 17 Op. cit. 11. — 13 Op. cit. 18 et suiv. — m Page précédente, note 9. — Biblio-
graphik. Turrettini, De légation ibus publiais apud Athenienses, Genève, 1841 ; C. F.
\V. Miiller, De ritibus et cerimoniis quibus Graeci commercia publica... sanxe-
runt, Koeuigsberg, 1854; Laurent, Histoire du droit des gens, t. Il, Bruxelles,
1862 ; Eggcr, Éludes historiques sur les traités publics chez les Grecs et cl" ■
les Romains, Paris, 1866; Sorgcnfrey, De vestigiis juris gentium borna"
Leipzig, 1871; Buettner-Wobst, De légation, reipubl. liberae tempo'
bus Romam tnissis, Leipzig, 1876 ; Heyse, De légation, alticis, diss. 111 ' -
Gotting. 1882; Poland, De légation. Graecorum publicis, diss. i|1,1"-
Leipzig, 1885; Rudolf von Scala, tsveaa St IJiertrûge des Altertums, P''"1^
Leipzig, 1898; Conr. Dümmler : De prudentia senatus romani in mitUs
legatis ad exercitus ad pacis leges dicendas et ad res regnorum p' "
ciarumque inspiciendas aut constituendas , Gotting. 1881 ; Aug. V
Considérations historiques et diplomatiques sur les ambassades des Roi"11'
comparées aux modernes, Zvvickau, 1834; Egger, Mémoire histonqu ^
les traités publics ( Mém . de l'Acad. des Inscriptions, XXIV, l1 I1,11
p. I et suiv.); Solda», De reipublicae romanae legatis provincialibus '
legationibus liberis, Marburgi, 1854 ; Adamek, Die Senatsbolen der rômùu ■
Republik (Programm du Gymnase), Grez, 1883; Thurm , De Romanorum '
reipublicae liberae temporibus ad exleras nationes missis, Lipsiae, 188 1 ; 1 01 ,
Le droit public romain (trad. P. F. Girard), IV, p. 394 et suiv. ; Willi ^
sénat de la République romaine, II, p. 465 et suiv. ; Iloudoy, Le droit munie l
p. 451 et suiv.; Godefroid, Faratillon du Code Théodosien (XII, 12).
LEG
1039 —
LEG
. (,oncue en termes solennels au moyen d’une des
! mules consacrées1, verbis civilibus, prélevée sur une
hérédité et mise par un testateur à la charge d’un ou
' Videurs héritiers institués. On avait adopté des formules
f Virées en termes impératifs [legis modo)2. Au contraire,
le fidéicommis [fideicommissum] était une libéralité de der-
nière volonté, non soumise à des formes solennelles3, et
' j pouvait être mise à la charge soit d’un héritier institué
ou V intestat, soit d’un légataire ou donataire, etc. Sous
Justinien, qui confondit les legs avec les fidéicommis, le
1(lu.s est plus vaguement défini, une certaine libéralité
laissée par un défunt4 ; mais elle ne suppose pas un con¬
cours de volontés, à la différence de la donation à cause
de mort, mortis causa donatio.
On ignore si, dans les deux formes primitives de tes¬
tament [testamentum], calatis comitiis et in procinctu ,
les legs étaient admis B, et sous quel mode dans le tes¬
tament per aes et libram , en sa première forme, où
l’acheteur du patrimoine, emtor familiae , était le véri¬
table héritier °, le testateur le priait, rogabat , d’exécuter
les legs7. Lorsque ce mode de testament fut transformé et
que Yerntor familiae ne fut plus employé que dans
la mancipatiù pour la forme, dicis gratin, le testateur
instituait dans le testament écrit un héritier, à la charge
duquel étaient mis les legs 8, et le testateur prononçait, en
tenant l’écrit ( tabulas testamenti ), une formule qui indi¬
quait la volonté d’assurer l’exécution des legs inscrits
dans les tablettes9 ( nunçupatio ). Cette volonté se trouvait
sanctionnée d’avance par laloi des XII Tables10, qui donnait
efficacitéaux legs comme à l'institution. Cet acte impliquait
la faciio testamenti passive chez les légataires au moment
même de la confection de l'acte11, sous peine de nullité
radicale12, alors même que le legs était conditionnel13.
Indépendamment des différences de forme qui sépa¬
raient les legs des fidéicommis, en droit romain classique,
un legs ne pouvait être mis qu’à la charge d’un héritier
institué, et non d’un légataire, ce qu’on exprimait ainsi :
a legatario legari non pot est 1 4 ; il devait être fait par tes¬
tament, ou par codicille [codicillus] 15 confirmé par testa¬
ment, et tombait en général, lorsque le testament ne pou¬
vait recevoir son exécution; néanmoins, dans ce cas, le
legs valaitcomme fidéicommis, si le testateur avait exprimé
a cet égard sa volonté par une clause du testament16,
que les interprètes appellent clausula codicillaris .
H. Acquisition des legs. — Le légataire n’acquiert
un droit au legs, droit de créance ou droit réel, suivant
es cas, qu après la mort du testateur, et le die s cedens
u legs, et lorsqu ’en outre l’héritier institué a accepté
éi édité ( aditio lier éditât fs)11 à moins qu’en qualité
Æ??/ Scho1' ad Horat- Sat • n> 8’ 9’ et n> 5> 07 ; u1p- RecJ • xxiv, 1 ;
689 «ni ° ’ Pr' 110 De leg. 1° ; Du Caurroy, Instit. expi. I, nV 688,
4 XXIV TT"1’ C°“rS éUm ■ de dr ' rom ■ h P' 711 2' Mit. -2 Ulp.
ab herede r fi ' ^ ’ Accams’ prêcis de dr. rom. I, n» 378. On dit legare
XIII ■ ru 0 Un legS a la cl,arSe a'un héritier ; Cic. Pro Cluent. 12 ; ad Attic.
ülp- ReH. XXIV, 20, De leg.
Les fidéicommis "ont éléT'’ L”’ "" 'e’9' ~ 3 Ulp’ Reg ’ XXV’ l’ De lideic'
matière de tes! inventés comme moyen d’éluder la rigueur des lois en
de vue des lois'"0!11 ~ * 9nstit' Just • 20> i *• Déjà antérieurement, au point
en sens large m Ca uoaires JCADUCAI'IAE leges], Paul prenait le mot legatum dans
fr. 87, Dig^/jç, j Cm lassa‘l même le fidéicommis et la donation à cause do mort;
disposition tecian 9 ’ , \ ’ 611,111 'e mo1, legare dans les XII Tables s’entendait de toute
j- ■ dentaire : Uln Ftpn Y T t r. r
*?«« des Roma- ■ 'P' UeQ. XI, 14. .
1°2. - 8,,„ — P- 300-307. - 6 Ibid. p. 298, n. 2. — 7 Gai. Comm. 11,
Xl'H’Retut'elis.Lu,ef XX’ Re testam. — 9 Id. I. I. II, 104. - 10 Ulp. Reg.
nienne, Paris, 187c Ù, 20, 24, De leg. — 12 y. Massol, De la règle Cato-
obs‘at. lefr. è2 h ’ P' *1- ~ 13 Pr- S9> § * , Dig. De hered. instit. XXVIII, 5 ; Nec
In*tit. J. I[, n?' ' ’ relatif seulement au jus capiendi. — U Gai. Comm. II, 200 ;
e sing, reb. per fi d. relict. — lb Gai. I. I. Il' 269, 270, 271.
■ 5 Cf. Édouard Cuq, Institutions juri-
d’héritier nécessaire ( necessarius hères) [voir heres 18 1
il n’ait acquis de plein droit la succession, indépendam¬
ment de sa volonté. Néanmoins, au moment de la
mort du testateur, si le legs est pur et simple, ou de
l’événement de la condition, si le legs était condition¬
nel, le legs s’ouvre, die s cedit19. Cette ouverture produit,
avant l’adition, des effets fort importants. En ellet,
1° elle rend le droit éventuel au legs transmissible aux
héritiers du légataire20; on avait ainsi séparé cet effet de
l’acquisition définitive du droit au legs, afin d’enlever
aux héritiers la possibilité de faire tomber les legs, en
retardant l’adition d’hérédité jusqu’à la mort des léga¬
taires21. 2° En outre, on se plaçait au moment du dies
cedit pour déterminer la consistance du legs, lorsqu’il
portait sur un objet susceptible d’accroissement ou de
diminution22, comme un pécule [pecelium] ou un trou¬
peau, etc. Le dies cedit servait enfin à déterminer la
personne qui devait profiter du legs : il était acquis au
légataire sui juris à ce moment, ou à la personne sous
la puissance de laquelle le légataire alieni juris était
placé à cette époque23. Dans le cas de legs d’usufruit
ou d’usage, le dies cedit était retard? par exception
jusqu’au moment de l’adition, et même du terme ( dies
venit), s’il était postérieur24. De plus, quand le testateur
faisait un legs à son propre esclave en l’affranchissant,
ou en le léguant à un autre légataire, le dies cedit ne
précédait pas l’adition23.
Enfin, quand le testateur avait mis un legs à la charge
du substitué pupillaire* [substitutio], le dies cedit était
placé non à la mort de l’impubère, mais à celle du testa¬
teur26. Le dies cedit fut retardé pour les legs purs et
simples ou à terme par la loi Papia Poppaea jusqu’à
l’ouverture du testament27.
Un legs pouvait porLer sur une dation de choses, sur
un fait ou une abstention imposés à l’héritier. Dans le
premier cas, il était relatif à un ou plusieurs objets déter¬
minés, ou embrassait une quote-part de l’hérédité; ce
dernier legs se nommait legatum partitionis-* et le léga¬
taire, partiarius-9 . Dans la pensée du testateur, ce legs
comprenait une quote-part des objets corporels et des
créances héréditaires, diminuée d’une quote-part propor¬
tionnelle des dettes ; mais le droit civil ne considérant pas
le legs comme un mode d’acquérir per universitatem , le
légataire ne succédait point ipso jure à la personne du
testateur. Pour arriver à exécuter la volonté du défunt, il
fallait que l’héritier promit au légataire de lui communi¬
quer l’émolument de sa quote-part de créances, et que le
légataire s’engageât envers lui à l’indemniser de sa quote-
part des dettes. Cela se faisait au moyen de stipulations
— !6 Fr. 1 Dig. Dejur. codic. XXIX, 7 ; Théodose exigea une clause formelle, c. 8,
§ 1, Cod. Just. VI, 36. — 17 Gai. Il, 194, 195, 200 ; fr. 66, § 2; Dig. De leg. 10-50 ;
Démangeai, Cours élém. II, p. 712, 713. Le légataire acquiert à son insu d’après
les Sabiniens. — l8 Gai. Comm. II, 152, etc.; Ulp. Reg. XXII, 24, Qui heredes
institui poss. — 19 Fr. 5, § 2. Dig. Quando dies legati cédât, XXXVI, 2 ; V. de Van-
gerow, Lehrbuch , I, § 529, et II, 404, 529. — 20 Ulp. Reg. XXIV, 31 ; Démangeai,
Cours élém. de dr. rom. 2“ éd. I, p. 713, 743, etc. ; Accarias, Précis de dr. rom.
I, 110, § 81. — 21 Fr. 7 Dig. Quando dies , XXXVI, 2; Du Caurroy, Instit. expi.
v“ 744. — 22 Instit. Just. II, 20, §§ 18 à 20, De leg. — 23 Fr. 5, § 7 ; fr. 7, § 6, Dig.
Quando dies, XXXVI, 2. — 24 Fr. 2 D. Quando dies, XXXVI, 2; fr. 501, cod. lit.
Vatic. fragm. 60. — 25 Fr. 91 , § 6 D. De leg. 1°, XXX, 1 ; fr. 17 D. Quando dies.
— 26 Fr. 1, Dig. Quando dies. —27 Ulp. Reg. XXIV, 31, De leg. — 28 Gai. I. I.
II, 254 ; Ulp. Reg. XXV, 15, et XXIV, 25; cf. sur le legs partiaire, Marezoll, De
partitione legata, Leipzig, 1858; Ed. Cuq, Instit. jur. des Romains, t. I, p. 554,
n. 1. — 29 Fr. 22, § 5 D. Ad sénat. Trebell. XXXVI, 1. L’héritier avait le droit de
partager réellement les biens, ou de payer au légataire la valeur de la portion
léguée. Fr. 26, § 2 ; fr. 27 D. De leg. lu, XXX, 1 ; V. de Vangerow, Lehrbuch der
Pandekt. II, § 556, 6e éd. p. 640.
LEG
— 1040 —
LEG
réciproques appelées stipulntiones partis et pro parte 1 .
III. Formes des legs. — La nature et les effets du
legs dépendaient essentiellement de l'emploi d'une des
quatre formules consacrées par le droit civil et dont
l’analyse indiquait la portée juridique du legs2. Ces for¬
mules ont cela de commun qu’elles sont conçues legis
modo et impérativement3, c’est-à-dire au mode impé¬
ratif : par exemple : Titius Stichum servum meum
capito , sumito, sibi habeto , ou livres meus Titius Sti¬
chum damnas esto dure. Cependant le legs per vindica¬
tionem , dont nous allons parler, pouvait avoir lieu à
l'indicatif, en ces termes do, lego , mais l’usage qui auto¬
risait ce mode direct de translation de propriété ne pouvait
dans ce cas laisser confondre le legs avec un fidéicommis
dont l’exécution est toujours imposée à un fiduciaire *.
Quoi qu’il en soit, on distinguait, en droit romain
classique, quatre espèces de legs, savoir : les legs per vin-
dicationem, per damnationem , sinendi modo et per
praeceptionem 5, que nous allons analyser rapidement.
Le legs per vindicationem avait pour effet direct de
transférer, immédiatement au légataire, dès le moment
de l’adition (et*après la condition accomplie s’il y avait
lieu), la propriété romaine de la chose léguée6, et, par
conséquent, l’action en revendication, rei vindicatio
[vir. actio], qui avait donné son nom à cette espèce
de legs. 11 s’opéraitau moyen d’une des formules suivantes :
do lego , ou Titius rem sibi habeto, capito , sumito \
Pour que ce legs fût valable, il fallait que la chose fût
susceptible de propriété privée, *qu elle appartînt au tes¬
tateur ex jure Quiritium [voir dominium], lors du décès,
et, s'il s’agissait de corps certain et déterminé, en outre lors
de la confection du testament8, sans avoir égard toutefois
au temps intermédiaire.
Quant au moment de l’acquisition, il y avait eu dissi¬
dence entre les deux sectes de jurisconsultes. Suivant les
Proculiens, en cas de legs pur et simple, le légataire
acquérait, lors de son acceptation, sans effet rétroactif,
la chose qui jusque-là restait res nullius. Gaius 9 croit
que cet avis avait prévalu d’après un rescrit d’Antonin le
Pieux, qui ne paraît pas décisif10. Suivant les Sabiniens,
au contraire, le légataire acquérait la chose dès l’adition
d’hérédité par l’héritier, même avant d’avoir accepté le
legs; s’il répudiait, l'héritier était resté propriétaire du
jour de l'adition. Ainsi, jusqu’alors la propriété de la
chose serait restée in pendenti. Dans le Digeste, cette
doctrine semble avoir prévalu11.
Lorsque le legs était conditionnel, le legs de liberté
pendente conditione n’empêchait pas l’esclave statu
liber d’appartenir à l'héritier. Les Sabiniens généra¬
lisaient cette idée et décidaient que, jusqu’à l’adition,
l’objet légué sub conditione restait à Vheres, et ne lui
passait que lors de l’événement de la condition, sans
rétroactivité; opinion qui l’emporta12 contre celle des
l Instit. J- H, 27, 5, De fidei. hered. ; fiai. Il, 254. — 2 Au défaut
de ces verba civilia, il peut y avoir un fidéicommis, mais non un legs,
v. Instit. J. II, 24, 2. — 3 Ulp. Reg. XXIV, 1»; XXV, 1; Du Caurroy,
„„ 801. — 4 Cf. Édouard Cuq, Institutions juridiques, t. I", p. 302, n. 2.
— 5 Ulp. Reg. XXIV, 2, De leg. ; fiai. Comm. il, 192 et s. ; Instit. J. II, 20, § 2,
De leg. — « Fr. 80 Dig. De leg. 2”, XXXI; fr. G4 D. De perlis, XLVII, 2; Paul.
Sent. rec. III, fi, fi ; Ulp. Reg. XXIV, 3 à C ; Accarias, Précis de dr. rom. I, n» 379 ;
Du Caurroy, Inst. expi. 1, n”> G90 et s. ; de Yangerow, Lehrbuch, II, § 549. — 'Gai.
II, 193, 194 ; Ulp. Rey. XXIV, 2, 3. — » Gai. II, 196. — 9 Gai. II, 198. — 10 Gai.
Il 195; Demangeat, I, p. 712 et s. ; Accarias, I, n° 379 ; Éd. Cuq. t. Ior, p. 54o et
n’3 11 Fr. 8 D. XII, 1 ; fr. 15 D. XXXIV, 5; fr. 2, De manum. XL, 1;
fr 86, § 2 U. De leg. 1°, XXX; fr. 3C pr. ad leg. ; Aquil. X, 2; fr. 44 D .De leg.
lo ; fr.’ 19, § 1 D. VIII, 6, Quem servit. — 12 Fr. 66 D. De rei vind. VI, 1 ; fr. 13,
Proculiens, qui considéraient la chose, dans l’intervalle
comme res nullius'3.
Le legs per damnationem 14 était celui par lequel le
testateur condamnait son héritier à donner ou à faire
quelque chose au profit du légataire. Ce legs tirait son
nom de la formule suivante qu’on employait à cet effet :
lier es meus damnas esto dare facere'-' ou même hem
meus data facito , ou heredem meum dare facere
jubeo, qui avait été admise ensuite16. Il en résultait au
profit du légataire une créance contre l’héritier, garantie
par l’action personnelle extestamento, sorte decondictio n
par laquelle il était poursuivi, et condamné s’il y avait
lieu, in id quod interest', et la dénégation de l’héritier
( inficiatio ) entraînait sa condamnation au double ce
qui empêchait la répétition en cas de prestation de l’indû
par erreur19. Comme ce legs n’engendrait qu’une obli¬
gation à la charge de l’héritier, il pouvait avoir pour
objet un fait ou une dation, porter sur la chose du testa¬
teur, de l’héritier ou même une res aliéna 20, ou une chose
future; c’était donc la forme la plus avantageuse
optimum jus légat i 21 . Dans le cas de legs de la chose
d'autrui, le legs était valable, lorsque le testateur savait
qu’elle ne lui appartenait pas, et n’avait point reculé
devant l’onéreuse nécessité imposée à l’héritier. de se
procurer l’objet ou d’en payer la valeur au légataire22,
auquel incombait d’ailleurs la preuve de la scientia du
testateur23, à moins que celui-ci ne fût son conjoint ou
son proche parent24.
Le legs sinendi modo était celui par lequel le testateur
imposait à l’héritier l’obligation de laisser prendre
quelque chose par ce légataire ; il était ainsi conçu : Hem
meus damnos esto sinere Lucium Titiurn Stichum
sumere sibique habere 26 ; que mon héritier soitcondamné
à laisser L. Titius prendre (l’esclave Stichus par exemple),
et à le posséder comme sien. 11 semble au cas particulier du
legs per damnationem , car il crée, en forme de condam¬
nation, une dette spéciale, consistant à s’abstenir, sinere ,
et engendre au profit du légataire une action personnelle
ex testamento 26. Mais celui-ci pouvait se mettre en posses¬
sion et usucaper la chose, indépendamment de toute tra¬
dition21, et en outre il fallait que la chose appartint
d’une manière quelconque au testateur lors du décès
ou même à l’héritier28 ; ce legs était donc plus large
que le legs per vindicationem , et moins large que b
legs per damnationem. On admettait d’abord, dapn*
la rigueur des termes, que le légataire ne pouvait e\i
ger que l’héritier lui transférât la propriété de 1 obi
attendu qu’il n’était tenu qu’à une abstention-9; luU
tefois, d’après l’avis de Julien, les intérêts et les fruits
étaient dus ici, comme en matière de fidéicommis, '1
partir de la demeure (mora)30, avis qui avait d'J'1
prévalu au temps de Gaius.
Enfin, le legs per praeceptionem était un legs par p"
, De pign. XX, 1 ; fr. Il, § 1 D- VIII, fi ; fr. 12, § 2 D. X, 2, fam . ^ ^
13 Gai. II, 200. — 14 Id. Il, 201; Serv. ad Aen. XII, 227 ; Quintil. >
15 Gai. II, 201; Instit. J. II, 20, §§ 2 et 21 ; Paul. Sent, m, 6, 6; de va g
hrbucli, II, S 549. — 16 Gai. II, 201 ; Ulp. Reg. XXIV, 4; voir Husc î e, (
213-224; Mayer, Von den Légat, p. 11 et s. ; Accarias, Précis i e ( ioi ^ ^
379; Démangeai, I, p. 714. — 17 Gai. II, 204, 213. — 18 W- ll’ 28j' ^ peg.
I. — 20 Id. II, 202, 203; Ulp. Reg. XXIV, 8 et 9. — 21 Gai. H, L > ,, , pe
[V, H. —22 Gai. II, 202, 210; Instit. J. II, 20, § 4, De leg.', fr.
l’o. - 23 Fr. 21 D. De probat. XXII, 3. - 24 C. 10, Cod. Jusl. De leg. '
23 Gai. II, 209 ; Ulp. Reg. XXIV, 5, 10; Du Caurroy, I, n- 091 ’ X.
lin 379; Demangeat, 1, p. 715. — 26 Gai. U, 213. -1 Fr. 8 ‘ '° 3o Id.lt
, 8. - 28 Gai. II, 210, 211 ; Ulp. Reg. XXIV, 10. - 29 Gai. H, ?**•
LEG
— 1041 —
LEG
I. h ; n s i conçu : Lucius Titius hominem Stiehum
cipU . -/0. que Lucius Titius prélève l’esclave Stichus.
fr mrès une analyse rigoureuse faite par les Sabiniens,
I leas pouvait s’adresser à un des héritiers et porter sur
CS chose de la succession 2, mais il n’aurait pu être fait
nu profit d’un autre, ni porter sur d’autres objets \ et on
le pouvait agir pour le réclamer que par l’action en
Le d’hérédité [familiae erciscundae actio] *. Sui-
lanUes Proculiens, dont l’avis était confirmé, dit-on, par
Le constitution d’Hadrien 5, le mot praecipere était pris
pour synonyme de capere ; ce legs pouvait donc être fait
iTun étranger et produisait la revendication, mais sur
les choses seulement dont le testateur avait la propriété
quiritaire lors du décès. Cependant ils n’exigeaient pas
qu’il fût maître lors du testament, et, dans le cas où il
n’avait la chose qu’m bonis, ils permettaient à l’héritier
légataire de la réclamer par l’action en partage.
L’erreur dans le choix d’une des formules précédentes
pouvait entraîner la nullité du legs, par exemple si le
testateur avait légué per vindicationem une res aliéna
ou per praeceptionem à un non héritier, dans la doc¬
trine de Sabinus, etc. Le sénatus-consulte Néronien,
rendu sous Néron r', valida tout legs qui aurait été fait
au moyen d’une formule peu appropriée à la nature
de la chose léguée ou à la personne du légataire, minus
aptis verbis. Le legs devait valoir désormais, comme
s’il eût été fait per damnationem. Il en résulta la vali¬
dité: 1° du legs per vindicationem d’une chose simple¬
ment in bonis du testateur, ou dont il n’avait pas la
propriété quiritaire aux deux époques fixées, ou d’une
res aliéna 1 ; 2° du legs sinendi modo portant sur une
chose acquise par l’héritier depuis la mort du testateur 8;
3° du legs per praecept ion en) d’une chose non héréditaire ;
4° dans l’opinion Sabinienne, du legs per praeceptionem
fait a un extraneus 9, et dans l’opinion Proculienne du
legs per praeceptionem d’une res in bonis à un extra-
neus"'. Les jurisconsultes ont induit de l’assimilation
üun legs per damnationem d’un legs nul par emploi de
la formule per vindicationem , qu’on pouvait autoriser
àussi le légataire à transformer en legs per damnationem ,
s il y trouvait avantage, un legs valable fait sous une
autre forme. Ainsi le légataire per vindicationem put
agir ex testamento par action personnelle, et le légataire
sinrndi modo exiger la translation de la chose11.
On alla plus loin au Bas-Empire; en 339 de J.-C., une
constitution des fils de Constantin ayant abrogé toutes for-
es solennelles, on put faire une des quatre espèces de
If- m°yen de paroles quelconques 12. La base de la
rarnJ ' <Jlant ainsi écartée, Justinien déclara ensuite
p ner d une seide les quatre sortes de legs13, en
'' 7 093 ; Demangeat’ f P- 776 : Accarias, I, n» 379
tetjato I ter , enpraele9- ,énai 1850 ; de Vangerow, H, g 523 ; Degenkolb
M2;t. XL VII n r-'. Tm' ®ei'*ln’ l85S: Arndts, Glüctc's Fortsetzung, l, XLVI
Cherches hiltormne KrelS;Chmar’ Natur des prülegats, Leipzig, 1874; Ed. Cuq
Zei‘schnft der W S Sîlr e testamen‘per aes et lit, ram, 1887, p. 44 ; Bernstein
XXIV, G • pLT hbtunS> R -A. 1894, t. XV, p. “20 ; cf. Gai. II, 216 ; Ulp
XXX1I’2> 11; Pli,, p p- 80’ Müller; Val. Max. VII, 8, 4; Plin. ffist. nat
'2. — 2 Qa; ,, fl* ' ’ 7 ’ <7>re*li, 3461, 4800 ; Suet. Galba, V ; Sidon. Epist
22t- e. 12 L n ; " 3 ld’ "> 217’ 218- - 4 M. II, 219, 220. - 5 Id II
215, 222; Vat.VraffTOLS'fVI’ 37'~ 6 U1P- Pe9- XXIV, H a ; Gai. II, 197, 212
echtsgesch. I, § 47 ., ' ' 8i’ el tr. 108, De leg. I»; voir RudorlT, Itôm
mU".69C Accarias, ’l no osnS'ÂM“yer: den Let>aL >’ P- 17 •• ! Du Caurroy
«si, p 24 A ‘ > • Ferrini, Teoria generale dei legati e fedeeom
1889’P- 200. JT;L/,r,0?lUWrfiC0’ 1888> XL, P. 329; Ferrini, Md. t. XLI
reconnut qUe |a ’ 197; 8 Id- ù, 212. — 9 Malgré Sabinus, Julien
enait lci à l’impropriété de la formule ; Gai. II 218
donnant au légataire le choix entre trois actions, savoir
la revendication, l’action personnelle ex testamento çt
l’action quasi servienrte ou hypothécaire [voir pignus] ;
toutefois, l’action personnelle- reste seule applicable,
d’après la nature des choses, toutes les fois que le legs
porte sur un fait, une libération, une créance ou une res
aliéna, enfin sur des choses de genre quand il n’en existe
pas de cette espèce dans la succession. Du reste, l’inno¬
vation de Justinien permit au légataire d’écarter, sans
demander la séparation des patrimoines u, bonorum
separatio, le concours des créanciers personnels de l’héri¬
tier. Tout légataire peut désormais, sauf les exceptions
ci-dessus, et indépendamment de la forme du legs, se
présenter, à son choix, comme propriétaire ou comme
créancier de la chose du défunt à lui léguée, et même son
choix n’était pas définitif. Le légataire eut une hypothèque
sur tous les biens du défunt, non sujette aux causes d’ex¬
tension spéciales à la bonorum separatio , mais restreinte,
avant le partage, à la mesure de l’action personnelle
contre chaque héritier15.
Enfin Justinien, par une innovation plus large, assimila
entièrement les legs aux fidéicommis16. Les anciennes
formes de legs exerçaient également une grande influence
sur le droit d’accroissement et Justinien dut aussi réor¬
ganiser cette matière ”, pour laquelle nous renvoyons
aux articles accrescendi jus et caducariae leges.
Autrefois, les legs devaient être placés, sous peine de
nullité, avant l’institution d’héritier 18 qui étaitda base de
tout le testament; d’ailleurs, ils étaient à la charge d’un
ou de plusieurs des institués 19. De là des difficultés pour le
cas de legs compris entre deux institutions, et Justinien20
décida, en 528, que la place des legs serait désormais
indifférente21. Du reste, la désignation du légataire ou de
la chose léguée n’était soumise à aucune forme spéciale,
et l’erreur sur la désignation, falsa demonstratio , sur le
nom n’entraînait pas nullité, si l’individualité ne pouvait
faire doute22. Il n’était pas nécessaire d’indiquer le motif
du legs ( ratio v et causa legati ); et par conséquent la
falsa causa , l’expression d’un motif inexact,, n’annulait
pas la disposition, puisque la cause véritable était dans la
bienveillance du testateur'23; il en serait autrement si le
motif spécial avait été énoncé comme condition du legs 24.
On annulait tout legs2’, fait à titre de peine, poenae
nom me , c est-à-dire conçu de telle façon qu’il avait moins
pour but d’avantager ce légataire que de contraindre
l’héritier à faire ou à ne pas faire quelque chose ; et cela
s’agît-il même d’un legs de liberté ou d'un legs contenu
dans un testament militaire26. Mais Justinien valida avec
raison les legs faits poenae nomine, toutes les fois qu’ils
n’étaient pas subordonnés au non-accomplissement, par
— 10 Gai. II, 220, 222; Du Caurroy, Instit. expi. 691, 694; Démangeai, Cours elém.
1, p. 716 el s. — H Gai. II, 213, 214; fr. 64, § 13; fr. 85, fr. 106, § 2, De leg.
1»; fr. 70, § 6, De leg. I». — 12 C. 21, Cod. Just. De leg. VI, 37; Instit. J. II.
20, § 2. 13 C. I, Cod. Just. connu. De leg. VI, 43; Demangeat, Cours , I, p. 717.
— 14 Fr. 4, § I, D. De séparai. XLII, 0. — 1S Voir Accarias, Précis de dr. rom.
I, n» 980 ; Demangeat, I, p. 718, 719. — IG Instit. J. II, 2, § 3, De leg.
— 11 Instit. J. II, 20, § 8, De leg.- Gai. II, 199, 205, 206 à 208, 215, 223 ;
de Vangerow, Lelirbuch der Pand. II, § 496 ; Accarias, Précis, n» 494 ; Du Caurroy!
I, n0! 748 et s. ; Demangeat, p. 719 et s. — 18 A la différence de Vexheredatio et de la
tutoris datio qui ne sont pas des charges pour l’héritier. Fr. I, Dig. XXVIII 5 De
hered. instit. — 19 Gai. 11,229 , 230. — 20 Ulp. Heg. I, 21 ; Paul. Sent. III, 6, 2 ,
Demangeat, I, p. 75G. - 21 Instit. J. U, 20, § 34, De leg. c. 24, Cod. Just. De lat’.X 1.
23. — 22 Instit. J. II, 20, §§29 et 30, De leg. — 23 Instit. ]. II, 20, § 3), De leg;
7 24 Fr- 7“; § 6’ Ü- De cond- et dem- XXXV, 1. - 25 Ou toute institution d’héri¬
tier, révocation ou translation de legs, poenae nomme. — 26 Gai. Comm. II, 235 ;
Instit. J. II, 20, § 36 ; fr. 2, Dig. XXXIV, 6, De bis qttae poenae nomine.
LEG
— 1042 —
LEG
l’héritier grevé, d’an fait illicite ou impossible1 . Au con¬
traire, la condition de ce genre imposée au légataire est
réputée non écrite, et le legs traité comme pur et simple,
d'après la doctrine Sabinienne, qui avait prévalu et que
Justinien a confirmée2.
IV. A qui on pouvait léguer. — En règle générale,
pour être nommé légataire, il fallait avoir la même
capacité que pour être institué héritier3, factio testa-
menti 4. Or un testateur pouvait instituer un citoyen
romain ou son esclave du chef de son maître et même un
Latin-Junien [heres, testamentum], pourvu qu’il eût, avec
lui la factio /esta nient i lors du testament et de la délation
de l'hérédité. De même le légataire devait avoir cette fac¬
tio au moment de l'acte et du t lies cedit, sous peine de
nullité radicale. Cela excluait les personnes incertaines s,
personae incertae, celles sur l’individualité desquelles le
testateur ne pouvait avoir d'idée précise c, et parmi
elles les posthumes externes [voir heres] ', au moins
d’après le droit civil s, et les personnes purement civiles
comme les cités, civitat.es, oppida, les colonies, les vici,
les temples, etc. Cependant Nerva et Adrien permirent
par exception de léguer aux cités 9, notamment ad hono¬
rent ou ad ornatum 10, et Marc-Aurèle à une personne
morale autorisée, un rotlegium". Mais parmi les per¬
sonnes ayant la factio testamenti , des lois postérieures
aux Douze Tables introduisirent des restrictions à la
capacité. Ainsi la loi Voconia [lex voconia], rendue en
585 de Rome ou 169 av. J.-C., défendit à un testateur
ayant plus de cent mille as d’instituer une femme12 ou de
lui faire un legs.
La loi Junia Norbana ne permit pas aux Latins-J uniens
de profiter (jus capiendi ) des dispositions testamentaires
faites en leur faveur, s’ils n’étaient devenus citoyens
romains au décès du testateur ou dans les cent jours sui¬
vants13. Sous Auguste, la loi Julia de maritandis ordi-
nibus rendit les célibataires, coelibes , incapables de
recueillir des hérédités ou des legs, s’ils n avaient sa¬
tisfait à la loi en se mariant dans le même délai 14 ; enfin
la loi Pappia Poppaea ne permit aux gens mariés restés
sans enfants, orbi, de recevoir que la moitié des dispo¬
sitions testamentaires faites cà leur profit ls. Mais ces
prohibitions des lois caducaires [caducariae leges] furent
abrogées par Constantin et Théodose11', en revanche,
Théodose et Justinien rendirent les hérétiques, les apos¬
tats, incapables de rien recevoir par un testament ,
même militaire, ou par un fidéicommis.
Mais Justinien permit de disposer en faveur des per¬
sonnes incertaines 18 et des corporations, comme les villes,
les pauvres et les captifs19. Certains temples pouvaient
seuls jadis recevoir des legs et des institutions [voir boxa
templorum]20. Justinien confirma les dons et legs en faveur
de l’église et des établissements pieux21 ; mais les enfants
d C un Cod. De his quae pocnae nomme ; Ru Caurroy, I, n" 737, 738;
Accarias, n° 385; de Vangerow, II, §§ 432, 434. - 2 Gai. III, 98; Instit Just.
Il 14, § 10, De. hered. instit. - 3 Instit. J. II, 20, § 14, De leg. - 4 Ulp.
Dey. XXII, 1 et s. — 3 Ulp. Reg. XXII, 4; Cal. XXIV, 18; Gai. II, 238.
_ 6 A moins qu’elles ne fussent comprises dans une classe actuellement limi¬
tée, ex certis personis. - 7 Instit. J. II, 20, §§ 25 et 20 ; Gai. II, 242.
— 8 Car le préteur permettait de les instituer et leur donnait la honorum
possessio, Instit. J. III, 9, pr. ; Demangeat, I, p. 751. — 9 Ulp. Reg. XXIX,
28- Gai. II, 195; fr. 73, § 1, De leg. 1"; c. 12, Cod. Just. VI, 24, De hered. instit.
L’,o Fr. 122 pr. D. De leg. 1», XXX, 1. - « Fr. 20, Dig. XXXIV, 5. - 12 Gai.
II 274 ; Gell. XX. 1, 22. — 13 Gai. II, 110; Ulp. Reg. XVII, 1 ; XXII, 3. — 14 Gai.
h’ tu * Ulp. Reg. XVII. 1 ; XXII, 3. - 1» Gai. Il, 280. — ,G G. 1 et 2, Cod. Just.
De inf. poenis caelib. VIII, 58. - « C. 4, 5, Cod. Just. De hered. I, 5 ; C. 2,
ü ! 7 De Apost. — 18 Instit. J. II, 20, § 27. - *9 C. 12, Cod. Just. De hered.
des personnes condamnées pour crime de lèse-majesu
[MAJESTAs]22et la femme veuve qui s’était remariée avam
l’expiration d’une année furent frappés d’incapacité23.];^
ritier seul institué ne pouvait être appelé à un legs, dont
il aurait supporté la charge24; s’il y avait plusieurshéri-
tiers, l’un d’eux pouvait recevoir un legs de préciput
praelegatum, pour les parts qui grevaientses cohéritiers, I
Le legs conditionnel fait à l’esclave de l’héritier produit
son effet si, au moment du die s redit , c’est-à-dire de
l’événement de la condition, qui détermine à qui profite
lelegs, l’esclave n’est pas sous la puissance de l’héritier,
Il en est autrement si ce legs est pur et simple, à cause
de la règle Catonienne dont nous allons parler, régula
Catoniana 2C.
La règle Catonienne était une maxime due à Caton le
censeur ou à son fils, aux termes de laquelle un legs qui,
à moins d’un obstacle relatif au légataire ou à la chose
léguée, n’avait pu s’exécuter si le testateur était mort au
moment de la mutation du testament, n’aurait pu pré¬
valoir par cela seul que le testateur aurait survécu21, Ce
principe, inutile pour les legs nuis ipso jure, \mr exemple
pour défaut de factio testamenti , tendait à placer l’wi-
tium legati, quant aux nullités relatives, à l’époque de
la rédaction du testament ; la règle ne s appliquait pas
aux legs conditionnels, ni aux hérédités, pour lesquels
les principes ordinaires suffisaient28. Suivant la plupart
des auteurs29, c’est une interprétation de volonté d’après
laquelle le testateur était censé disposer pour l’époque
où il testait; suivant d’autres, c’est un principe rationnel,
qui exige les conditions de validité du legs, au moment
où, indépendamment de toute acceptation, le germe
d’un droit éventuel naît pour le légataire 30. Cette maxime
ne s’étendait pas aux legs dont le dies cedit n’avait pas
lieu lors du décès, car il eût été contradictoire de s'atta¬
cher à l’époque de la confection pour un acte qui ne pou¬
vait s’exécuter immédiatement.
D’après cette maxime, on ne pouvait léguer purement
et simplement à quelqu’un sa propre chose11, ni 1rs maté¬
riaux d’un édifice existant32, ni une servitude prédiale a
celui qui n’avait pas de fonds, ni une créance non exh
tant actuellement contre un tiers33, ni la libération d une
somme qui n’était pas due34 actuellement, ni une hiw a
l’esclave de l’héritier. Dans ce dernier cas, le juriscon- 1
suite Servius pensait que la règle Catonienne ne ^app
quait point, peut-être parce qu il séparait la pei*"nm
l’esclave de celle du maître au point de vue de lelleUn ]
legs33. Les Proculiens annulaient le legs a priotij^
fait sans condition, parce qu’on ne peut devoir ;» ^
esclave; mais les Sabiniens le déclaraient nul, s ’
pur et simple, par application de la règle Catonienne,^
leur avis a été confirmé par Justinien36, qui admet a m*
oue le legs peut valoir s’il est conditionnel, et q111
inst. VI, 24. - 20 Ulp. Reg. XXII, 6. - 21 C. 20, Cod. Just. De sacr. ad. h ^ ^
Vangerow, Lehrbuch, II, § 538. - 22 C. 5, § I, Cod. Just. ad ^ § u;
— 23 Accarias, Précis, I, nos 97, 339. — 24 Ulp. Reg. XXI\ , £aurr°y, I»
fr. H0, § 1 ,De leg. t» ; Dig. XXX, I; Accarias, Précis, n» 880 ;UU jfl
n» 72G; do Vangerow, II, § 523. — 26 Instit. J. II, 20, g 32. Voir a, ’fclttA.
rationnel de la règle Catonienne, 1870; de Vangerow, Lehrbuch der ^ ^ ^
§ 95; II, §§ 525 et 540. — 27 Fr. 1, Dig. De reg. caton. XXXIV, t. - . ,
Dig. eod. - 29 Ortolan, Expi. liist. II, 800 ; Maclielard, Eludes sur tar a < ^ |(
p. 2; cr. Mittermaier, Arcliiv f. civ. Prax. XIV, p. 278 ; de \ angero\s (fJ
525, 540. — 30 Voir Mossol, Op. cit. p. 9 et s. — 31 Instit. J ■ U, 2II> s iej.l»
— 32 Fr. 4, § 2, De leg. 1“ D. XXX, 1 . — 33 Fr. 75, §§ t et 2, ■ ^ ^
— 34 Fr. 25 D. De liber, leg. XXXIV, 3. - 35 Gai. II, 244; fr. 02, § -< '
2° ; conip. Ir. 5 D. De serv. légat. XXXIII, 3; Pellat, Rev. histor. de «
p , 224 et s. - 36 Instit. J. II, 20, § 32; Ulp. Reg. XXIV, 23, De leg ■
LEG
— 1043 —
LEG
clave soit sor
ti de
la puissance de l’héritier à l'événement
de la condition. ^ on instituait un esclave en faisant
An contraire, « • i
,t soll maître, ce legs, pur et simple, pouvait
présence de la règle Catonienne, le tes¬
tateur fût- d
rait le legs sur-
d’hérédité pendant lequel 1 esclave
un legs
valoir, nu 1"^ortiimmédialement, car si le maître acqué-
le-champ, il restait un délai pour l’adition
pouvait sortir de la
iîissance de son maître, et faire acquérir à un autre le
bénéfice de l’hérédité1, incompatible avec le profit du
(L dans la personne du légataire. Justinien ne paraît
ms avoir supprimé la règle Catonienne ; peut-être meme
l’a-t-il étendue aux hérédités testamentaires * ?
V. Des choses qui pouvaient être léguées. — On
des choses corporelles ou incorporelles,
pouvait léguer
ou imposer un
fait ou une abstention à son héritier
Léguer une chose corporelle, c’est léguer la propriété
[vtfir res] ; mais on pouvait le faire directement comme
on l’a vu par les legs per vindicationem ou per praecep-
tionem, ou seulement imposera l’héritier perdamnatio-
nem l’obligation de dure. Les choses futures ne pouvaient
régulièrement se léguer que per damnationem '% avant
lejlénatus-consulte Néronien. Le legs pur d’une chose non
existante était nul ipso jure , comme le legs d’une chose
hors du commerce à l’égard de tous 8, fût-il conditionnel.
On ne peut léguer purement à quelqu’un la chose qui
n’est pas in commercio par rapport à lui spécialement,
cujus commercium non habet 6, ainsi son propre
esclave; mais on pouvait le lui léguer sous condition,
parce que la règle Catonienne ne s’y appliquait pas. On
a vu dans quels cas le legs delà chose d’autrui était vala¬
ble1; celui de la chose du testateur valait en général
même s’il l’avait crue à autrui ou au légataire 8. Quand
le testateur avait légué une chose hypothéquée à un tiers,
le légataire pouvait exiger de l’héritier qu’il libérât la
chose, si le testateur connaissait la charge hypo¬
thécaire, sauf à rechercher, dans tous les cas, l’intention
réelle du disposant9. Le légataire de la chose d’autrui,
qui avait acquis depuis l’objet (et non son estimation), en
vertu d une autre cause lucrative, ne pouvait plus rien
demander à l’héritier 10 ; si, au contraire, il avait fait
quelque dépense pour acquérir la chose, il obtenait
indemnité par l’action ex testamento. Ainsi le légataire
du fonds d’autrui, qui en avait acheté la nue-propriété
et acquis 1 usufruit par extinction, demandait fundum
ex testamento 1 1 , mais ne recevait, en vertu de l’office du
juge, que la valeur du prix payé par lui.
Un testateur pouvait léguer à un débiteur ce qu’il lui
evait {legatum libération ) sf- ; ce legs était valable, bien
qui semblât un legs de la chose du légataire quod debet ,
»
%G«1V n ! JTmL 20) § 33> De le9- 1 fr- 9 1 ü- De kg. 1», XXX, I ; Ulp.
Sent lit r « . SS° ’ 0p * ciL P- 39 cl s- ~3 Instit. J. U, 20, § 21 ; voir Paul.
Rossbirt,’ II’ 'L8,9,1.’. ratm!. Dastuuii, I, 1. 59 et s; de Vangerow, II, § 525;
de i|L„ , ’ ' ’ l'em> fias Privatrecht der R. p. 807 ; ainsi on léguait
CaeS. L T dCS ,mmeubles <Di0 Cass. XLIV, 35 ; App. Bell. civ. II, 143 ; Suet.
XXXUI 8) Q|c ll'l'. S JUg. XXXIII, 10), des instruments d’exploitation (Dig.
'Rliou tacite (V <»« ! H’ 203 ’ Instit- J- lL 20, § 7, De leg. 11 y avait con-
II, 20 sa - in 8 ’ Ul^' XXXVI, 2, Quando dies leg. ced. — 5 Instit. J.
"■ '.-hi ï;5;f ?■ - • »• «• **«». * %- ». •%. xxxi, , ,
gerow, nt s g.>5 'à ’ ' — 7 Distit. J. II, 20, § 4, De leg.; de Van-
§ 5. De iLj ïr sTn J’ 11 - 20, § U, De leg. — 0 Instit. J. 11,20,
§ i -U h\n, ' r De le'h 10 ; c- 6> De fideic. VI, 42. — 10 Instit. J. II, 20,
1 Usufruit est lacilom ■ M ’ ^ D ^ avait I,as 011 Plus pétition, parce que
Ùescrip. signif p V* dans la demande, comme toute servitude, fr. 25 D.
Accarias, no 3go . j ... *" l*emangeat, I, p. 737 ; Du Caurroy, I, nos 704, 709 ;
fuient, ou sinendi „ *°W’ Dehrbuch, II, § 555. — 13 Bien qu'il ail lieu direc-
1 m0d°-’ Paal- Sent. 111, 0, 11. - U Paul. Sent. 111, G, 10 ; fr. 1,
car il avait réellement pour objet la libération de la
dette13. On pouvait d’ailleurs condamner 1 héritier a
libérer le débiteur n du testateur ou d’un tiers. Même
dans le premier cas, le legs ne figurant pas parmi les
causes d’extinction des dettes d’après le droit civil, le
débiteur n’était pas libéré ipso jure 15 ; mais il était pro¬
tégé par une exception de dol contre la poursuite dq
l’héritier, et pouvait même agir contre lui ex testamento
pour obtenir sa libération par un mode approprié à la
nature de la dette et à l’intention du testateur10, à moins
que celui-ci n’ait voulu lui procurer qu’un délai, exceptio
temporalis11, ou un avantage personnel. Il était permis
à un débiteur, àl’inverse, de léguer àson créancier ce qu il
lui devait, legatum déb it i 18.
Ce legs était valable, d’abord quand il n’y avait pas
concours de deux causes lucratives, c’est-à-dire quand la
créance ne résultait pas également d’une cause onéreuse,
ou que le legs contenait des charges; alors le légataire
annulait le bénéfice du legs et de la créance pour tout
ce qu’il y avait d’onéreux dans l’un ou dans l’autre ' En
outre, lorsque le legs et la créance étaient également
lucratifs, le legs pouvait valoir dans la limite de l’avan¬
tage qu’il présenterait à raison d’une exigibilité anticipée
sur celle de la créance à terme ou sous condition, propter
repraesentationem 20. Mais quid si, dans ce cas, la créance
devenait exigible du vivant du testateur ? Suivant Paul21,
le legs s’éteignait, mais Papinien le maintenait, soit à
raison de la duplicatio per inficiationem 22, soit par
application de la règle Catonienne23 ; d’ailleurs, le créan¬
cier avait le choix entre les deux actions, et il pouvait
avoir l’action réelle dans le cas de legs per vindicatio¬
nem , ou une action au lieu d’une obligation simplement
naturelle, ou d’une action perpétuelle au lieu d’une action
temporaire.
Le legs de la dot fait par le mari à la femme valait
toujours ( relegatio dotis) 2l, parce que la légataire obte¬
nait une restitution plus prochaine des choses fon-
gibles25, et ne subissait pas, en agissant ex testamento ,
les retenues pour les dépenses utiles26. La femme était
d’ailleurs obligée, par l’édit prétorien de alterutro 27 ,
d’opter entre l’action rei uxoriae et Yactio ex testa¬
mento ; mais Justinien admit le cumul, sauf déclaration
contraire du testateur de donner specialiter pro dote 28.
Le legatum debiti. était nul, quand il n’y avait pas dette,
à moins que le testateur n’eût indiqué un objet, car la
falsa demonstratio n’annulait pas un legs 20.
On considérait comme legs de chose incorporelle,
non seulement le legs de libération, le legs d’une ser¬
vitude soit prédiale soit personnelle, qui pouvait se faire
per vindicationem ou per damnationem30 [voir sehvitus],
3 et 8 D. De liber.’ leg. XXXIV, 3. — 15 Gai. III, 168 ; Instit. J. 111, 29. Quib.
mod. obi. tolli, Instit. J. 11. 20, § 13, De leg. — 16 Fr. 3, § 3, D. De liber leg.
fr. 5, § I eod. tantôt ou recourt à 1 ’acceplilatio, tantôt à un pacte do non petendo.
— 17 Instit. J. IV, 13, 10, De except. — 18 Instit. J. IV, 20, § 14, De leg. ; de
Vangerow, II, § 555. — 19 Fr. 108, §§ 4 et 5, De leg. 1°, Dig. XXX, 1 ; Du Caurroy,
I, n» 710 ; Accarias, I, n° 391 ; Deinangeat, I, p. 740. — 20 Instit. J. II, 20, 14 ;
fr. 29 L). De leg. 1» ; fr. 14 D. De liber, leg. XXXIV, 3. — 21 Fr. 82 D. De leg.
2», XXXI, 1. — 22 Gai. II, 280; IV, 171. — 23 papin. fr. 5 D. ad leg. Falcid.
XXXV, 2 ; Massol, Reg. Caton, p. 25 et s. — 24 Instit. J. II, 20, § 15 ; cf. sur le
legatum dotis et le legalum pro dote, Czyhlarz, Das rômische Dotalrecht, 1870,
p. 465 ; Esinein, Nouv. revue historique de droit, 1884, t. VIII, p. 5 ; Éd. Cuq,
Instit. jur. des Romains, t. I, p. 498, u. 3. — > 25 Fr. 1, g 2, D. De dot. prael.
XXXriI, 4. — 26 Fr. 5 D. XXXIII, 4. — 27 Fr. 6, § 1 It. Quando dies, XXXVI, 2.
— 28 C. un. § 3, Cod. Just. De rei üxor. act. V, 13. — 29 Fr. 75, § 1, De leg. I";
fr. 25 D. De liber, leg. XXXIV, 3; voir le motif donné par M. Massol, Reg.
Cat. p. 27, note 1. — 30 Paul. Sent. 111, 6, 17 ; Dig. XXXIII, 3; de Vangerow,
II, § 554.
— 10Ü —
LEG
LEG
le legs qui obligeait l’héritier à un fait ou une abstention
licite au profit du légataire \ mais encore le legs d’option
legatum optionis et le legs de créance légation nominis.
Ce dernier suppose le legs d’une créance existante2 au
profit du testateur, qui veut en attribuer le bénéfice au
légataire. Avant le sénatus-consulte Néronien,ce legs ne
pouvait se faire que per damnationem , car une créance
n'est pas susceptible de revendication, et les Romains la
regardaient comme intransmissible en droit pur 3; pour
en procurer l’émolument au cessionnaire, il fallait que le
titulaire lui cédât ses actions en le constituant procu-
rator in rem suarn, ou en lui déléguant la créance par
novation faite avec le débiteur, ce qui entraînait la perte
des accessoires de la dette ( novatio ). En conséquence, au
cas de legatum nominis , le légataire demandait à l’hé¬
ritier la cession d actions, et, s’il s’y refusait, pouvait agir
contre lui en dommages-intérêts extestamento ; plus tard,
on admit même le légataire, en vertu d’une cession future,
à poursuivre le débiteur par une action utile4. Quand la
créance léguée n’existait pas, le legs était nul, et il
s’évanouissait si elle venait à s’éteindre du vivant du
testateur5.
Il ne faut pas confondre le legs d’option avec le legs
d’une chose de genre, legatum generis. Celui-ci est un legs
d’une ou plusieurs choses comprises dans une catégorie
déterminée; il valait comme legs de chose corporelle 6;
primitivement, il était possible per vindicationem , si
l’hérédité renfermait des choses de cette classe, et le léga¬
taire avait le choix, à raison de la nature même de cette
action, qui impliquait une désignation individuelle. Si le
legs avait eu lieu per damnationem , le débiteur obtenait
le choix même en dehors de lasuccession 7, ce qui rendait
le legs nul, lorsque le genre indiqué était trop indéter¬
miné 8. Dans aucun cas, le choix ne s’étendait pas d’une
manière illimitée sur tous les objets du genre ; le légataire
ne pouvait prendre le meilleur, ni être forcé de recevoir le
plus mauvais 9. Sous Justinien, le choix est conféré au
légataire, sauf volonté contraire du testateur, puisque le
légataire peut revendiquer, à moins que le genre ne
manque dans la succession.
Le legatum optionis ouelectionisl0eslle legs de la faculté,
pour le légataire personnellement ou pour un tiers désigné,
de choisir une chose de genre parmi les biens de la succes¬
sion, fût-ce la plus précieuse 11 . Le légataire pouvait agir
ad exhibendum pour se faire représenter les objets sur
lesquels devait porter l’option, et l’héritier ne pouvait en
disposer au préjudice de l’option, mais le légataire devait
choisir avant son décès, et, cette condition manquant, il
ne transmettait rien à ses héritiers 12, car dies cedit
optione tantum ; il en était de même en cas de dissen¬
timent entre les légataires. Justinien modifia ces règles 13
en décidant que les héritiers du légataire pourraient
choisir à sa place, et qu’au cas de dissentiment entre
1 Jnstit. J. Il, 20, § 21, De Ier/. — 2 Instit. J. II, 20, § 21 ; Accarias,
Précis y 1, n° 390; Du Caurroy, I, nos 712, 713; Demangeat, I, p. 740 et 747;
de Vangerow, Lehrbucli , II, § 555. — 3 Gai. II, 38, 39. — 4 Fr. 105 1). De letj.
1°, c. 18, 1. 7, De leg. VI, 37. — 5 Fr. "5, §§ 1 et 2, D. De leg. 1°; Instit. J.
II, 20, § 21, De leg. — 0 Instit. J. 11, 20, § 22, De leg. ; Du Caurroy, I, n°* 714 à
710 ; Accarias, 1, n° 388 ; Demangeat, I, p. 747 ; de Vangerow, Lehrbuch, II, § 549.
— 7 Ulp. Reg. XXIV, 14. — 8 Paul. Sent. 111, 0, 13. — « Fr. 37 et 110 D. De
leg. 1°. Ce legs était réputé pur et simple, et après le dies cedit , le légataire trans¬
mettait le choix à ses héritiers, fr. 12, § 7 D. XXXVI, 2. — 10 Instit. J. II, 20,
§ 23; de Vangerow, II, § 549; Bernstein, Zur Lehre des legatum optionis , dans
Zeitschrift der Savigny-Stiftung, K. -A., 1880, I. I, p. 151 ; C. Ferrini, Sul lega¬
tum optionis dans Mernorie del R. Istit. Lomb . (cl. di lett. c sc. mor. e pol.)
le SOrl déci
cas de refUi
à un étranger ou à
le léguant lu
colégataires ou héritiers du légataire,
derait celui qui choisirait; enfin qu’au
ou de décès du tiers désigné, le droit d’opter p;tSs,
au légataire lui-même, mais en ce cas parmi les chose
de qualité moyenne.
Le legs peut porter sur un corps certain et déterminé
species u,et, dans ce cas, il s’éteint par la perte de l'objet
arrivée par cas fortuit, sans le fait de l’héritier15 p,,
reste, la chose doit être délivrée dans l’état où elle se
trouvait lors du dies cedit, sauf les accroissements on
décroissements naturels qu’elle pouvait subir ensuite
Ainsi le legs d'une chose comprend les embellisse¬
ments et annexions qu’elle a reçus du vivant du testa.
teur16: le legs d’un troupeau par exemple (université
facti ) renferme les bêtes qui s’y trouvaient lors du
décès17, sans distinguer si elles étaient les mêmes qu’au
moment de la disposition, etc. 18.
Un legs a quelquefois pour objet un ensemble de
choses corporelles ou incorporelles (universitas jurhy
nous avons mentionné déjà le legs partiaire (partiliop
disons un mot du legs du pécule ( légation peculiï)-\ On
appelait peculium un petit patrimoine, dont le père de
famille confiait l’administration à un fils de famille ou
même à un esclave. Or le maître pouvait léguer ce pécule
'esclave, soit en l’affranchissant, ou eu
même à un tiers21. Dans ces deux derniers
cas, le dies cedit n’avait lieu qu’à l’adition d’hérédité, pour
ne pas rendre le legs inutile ; dans le premier cas, il avait
lieu au décès. Or le peculium comprenait non seulement
tous les accroissements antérieurs au décès, mais ceux qui
résultaient ensuite naturellement des objets, ex rebuspem-
liaribus22. Quant aux acquisitions postérieures de l’es¬
clave, ellesfaisaient partiedu pécule légué danslescasoùle
dies cedit était retardé jusqu’à l’adition d’hérédité ; au con¬
traire, le légataire étranger du pécule ne profitait pas de
ces acquisitions. Au reste, le legs du pécule ne résultait
pas au profit de l’esclave de son affranchissement par
testament; mais il étaitsous-entendu quand le maître décla¬
rait l’esclave libre, après avoir rendu ses comptes et payé
le reliquat23. Le legs du peculium ne transmettait pas les
créances ou les dettes du pécule au légataire, niais il
donnait lieu à des engagements réciproques tendant à en
répartir l’émolument et la charge entre l’héritier et le i
légataire24; fait à un tiers, ce legs l’obligeait à payer les
dettes naturelles de l’esclave envers le maître ( oblige ttio
naturalis ), sauf à recouvrer les dettes de celui-ci envers
l’esclave ; si ce dernier était le légataire, il n’était pas
cependant autorisé à intenter action pour ces créances
naturelles23 [peculium].
Quant à l’étendue des legs, elle pouvait être illimitée
dans l’origine; il en résultait que l'héritier institué sur
chargé de legs, n’ayant plus d’intérêt à accepter 1 1""
dité, la répudiait souvent, ce qui rendait les legs inutdes’
_ , ynleleci'
1881, I. XV, p. 179 ; Ed. Cuq, Op. cit. I. I, p. 303. — n Fr. 2 D- De opt- «
kg. XXXIII, S ; fr. 14, eod. tit. — 12 Fr. 12, § 8, D. Quando dies leg. eed • ^ ^
II, 09 1). l)e cond. et dem. XXXV, 1. — 13 C. 3, Cod. Just. Comm. de leg-
— 1 Instit. J. Il, 20, §§ 1 6 et 17 ; de Vangerow, Lehrbuch, II, § 048 ; H" ( ^
I, n“* 740, 741. — 13 Fr. 35, De leg. 10 I). XXX, 1 ; fr. 112, § 1 eod. ; fl' / |,
Ad Sen. Treb. XXXVI, I. — io Instit. J. II, 20, § 19, De leg.-, Du 1
n°‘ 742 et s. ; de Vangerow, II, § 553. — 17 Instit. J. 11, 20, § 18. — 15 ^
Précis, I, no 389. — 19 Gai. II, 254, 257. — 20 Instit. J. Il, 2°, § *°’ ^,1,
l'r. 1 et 18 D. De pec. leg. XXXIII, 8; Du Caurroy, Loc. cil. ; Accarias» 1
n° 392; Demangeat, I, p. 745; de* Vangerow,' II, § 853. — 21 C. 4, C"<1 pc pec-
leg. VI, 37. — 22 Fr. 8, § 8, D. De pec. leg. XXXIII, 8. — 23 Fr. 8, § 7 D
leg. XXX11I, 8. — 24 Fr. 5 et 18 D. cod. — 25 Fr. 6, § 4, D. cod.
— 1 045 —
LEG
LEG
](1 disposant intestat Dans l'inlérèt même des lesta-
** s autant que des légataires, il fallut restreindre la
liberté accordée au testateur par la loi des XII Tables, et
ce fut l’objet de trois lois successives, dont la dernière
seule atteignit le but.
La première fut une loi Farta testamentaria , placée
‘conjecture en 571 de Rome ou 185 av. J.-C.2 qui
défendit en général, et sauf certaines personnes excep¬
tées de recevoir à titre de legs ou de mortis causa capio
Imortis causa capio] plus de 1000 as du même disposant;
mais cela ne l’empêchait pas d’épuiser son patrimoine en
léguant à un certain nombre d’individus [lex furia tes¬
tamentaria]. Ensuite la loi Voconia, portée sous l’in¬
fluence de Caton le censeur, en 585 de Rome ou 169
av. J.-C. 3, interdit à toute personne de prendre comme
légataire, ou mortis causa captais, plus que les héritiers
institués. C’était assurer quelque chose à ceux-ci ; mais,
en multipliant le nombre des légataires, on arrivait
encore à n’assurer aux institués qu’un intérêt minime à
faire adition d’hérédité, en leur laissant le risque des
charges [lex voconia]. Enfin, la loi Falcidie (Lex Fal-
cidia )4, rendue en 714 de Rome ou 40 av. J.-C., décida
qu’on ne pourrait léguer plus des Lrois quarts de la
masse héréditaire, plus quant dodrantem, en sorte que
les institués conservaient au moins le quart, qui fut
appelé ensuite quarta Falcidia [lex falcidia]. On sait
que la loi Fufia Caninia 8 restreignit, en 761 de Rome
ou 8 de J.-C., le nombre des affranchissements testamen¬
taires ou legs de liberté, mais qu’elle fut abrogée par
Justinien 6 [lex fufia caninia]. Cet empereur modifia
d ailleurs le système de la loi Falcidie, en permettant au
testateur d’en exclure l’application, et déclara l’héritier
même qui exerce le jus deliberandi , déchu, à défaut
d inventaire, du droit d’invoquer la quarte, et tenu de
payer les legs ultra vires successionis 7.
M. Modalites des legs.— Un legs pouvait être fait, de
même qu une institution d’héritier, à terme ou sous con¬
dition suspensive ; on a vu que dans ce dernier cas le dies
™d!' \ etait rePorté à l’événement de la condition.
ec uance du terme suspensif (dies quo ) 9 n’avait trait
qu,i exigibilité et non à l’acquisition du droit au
GhS, un même à la transmissibilité. Toute condition
i e impossible ou immorale était réputée non écrit
„. feS U' 's Hui avait prévalu, et le legs valait alo
[exfin a' f1'1 ' * S!mple * COn traire, l’addition d’un teru
conl/tr 0U, dmie condition extinctive (ad dies qua
ce mu. i V'am} cn train ait la nullité du legs, jusqu
cas le |US"!ien eùt abrogé cette rigueur “.Dans certaii
devait *' ltuiae cachait une véritable condition q
ges héribpCOmP- ” dU vivant du légataire pour profiter
entiers; ainsi, quand le legs était fait sub incer
rom- 247, éd 1U po il t ^ T.2 Gai- 225 1 Vavr- 9, Se vita p,
~ 3 °ai. II, 226, 274 • p’. o X’ 83 1 Kudorff- Rüm- Ilecht. I, § 23, p.
M Foie. II, 22 : T) - ient- IV> 8- 22; Collât, leg. Mos. XVI, 3; Inst.
* Voconia,1! ieiJbim Tr ^ ’’ § **’ P' 36 el s‘ = de Vangcro
8; huit. J. I, • n ’ 227 ; UIIK XXIV, 32 ; Paul. 5e
Dell. Civ. v ’c; . n. a,g- Cod- a.st. VI, 20, ad leg.Falcü
f Vaagerow, le hr bue h R° «r l',XLVUI’ 33 ; Rudorff> Rôm. Jtccht. I, § 25, p. î
[aw'r°y. I, 11». 763 et . ’ ’ s§ 53* et s- > Accarias, Précis, I, n« 400 et s. ;
'■ ’ rau,. sei jv p- 764 et s- - 3 ■■
v Cod- Just. vil 3 n 7 bUet' 0ctav • i0’ l,iouys- IV, 24; Instit. J. I,
,,°VcU- '19. C. u . ’ ’ fus- Can. tollenda. - 7 Novell. I, c. 2, §
’ ,'4’ 9 ^ «ai. II, 200 ' 9 p C°0d- Just Vl- 30- Me de lib. - 8 lnslu
A «. H 10 9 J’- 2‘3 D- eerb. sign. L, 10. - 10 Gai. III, c
VI’ ' 12 75 D I *’ §§ * et 2. — H C. 20, Cod. Just. Z>e /t
V. ■ ' ’ 6 COnd- et dem- ! tr. I, g 2 ; tr. 79, § I c<
die'1, ou pour le moment où l’héritier serait mourant,
quum Itérés morietur13, ou lorsque le légataire aura
atteint un certain âge14, ou lorsque le legs portait sui¬
des prestations périodiques payables par jour, par mois
ou par année, in singulos dies , menses vel annos, qui
supposaitla vie du légataire au début de chaque période13.
Les legs, même de liberté, laissés pour une époque
postérieure à la mort de l’héritier ou du légataire, ou
pour la veille de cette mort, étaient nuis, parce que les
anciens n’admettaient pas que l’objet pût naître activement
ou passivement dans la personne de l’héritier16. Mais
Justinien abrogea cette prohibition n. On a vu qu’il abolit
aussi la nullité des legs faits poenae no mine 18. Il ne
faut pas confondre avec une condition le modus ou le
but du legs, par exemple l’indication qu’il est fait pour
construire un tombeau ou un édifice, ou à charge de
remettre une partie de l’objet à un tiers19. Le legs reste
pur et simple; le légataire peut ici exiger le legs en
garantissant qu’il exécutera la charge20, mais il est tenu
de restituer, si l’exécution a dépendu de lui21.
Au contraire, la condition suspend le dies cedit el
a fortiori l’exigibilité du legs. Ainsi, en général, le léga¬
taire conditionnel ne pouvait exiger l’exécution du legs
avant l’adition d’hérédité et l’échéance de la condition et
du terme, s’il y en avait un22. Seulement, en attendant cette
double échéance, le légataire qui courait le risque de
voir contester ultérieurement la validité du legs, ou
s’évanouir la solvabilité de l’héritier, pouvait exiger de
lui une promesse personnelle avec garantie, satisdation23
(cautio legatorum) [voir cautio], et en cas de refus obtenir
du préteur un envoi en possession purement conserva¬
toire des biens héréditaires24.
Bien plus, lorsque la condition d'un legs consistait de
la part du légataire à ne pas accomplir un acte qui dépen¬
dait de sa volonté, ou qu’il aurait la possibilité de faire
jusqu’à sa mort, par exemple de ne point affranchir tel
esclave, le jurisconsulte Mucius Scaevola23 avait fait
admettre que, la condition ne pouvant s’accomplir qu’au
décès de manière que le légataire ne put profiter du
legs, il lui serait permis de réclamer l’exécution immé¬
diate, à charge de promettre avec caution à l’héritier de
lui restituer, en cas de contravention, la chose avec les
fruits (cautio Muciana). Le legs fait sous la condition
qu’un tiers le voudra bien, si Maevius voluerit, est nul 26.
VIL Extinction ou révocation des legs. — Un legs
s’éteignait : 1° quand l’exécution en devenait impossible
sans le fait de l’héritier, sine facto heredis ; car son fait,
même sans faute, ne pouvait le libérer, par exemple s’il
avait affranchi l’esclave légué à son insu 27 . La perte fortuite
arrivée avant le dies cedens empêchait les accessoires
d’être dus, par exemple au cas de l’esclave légué avec
tit. ; fr. 811). QUando dies leg. ced. XXXVI, 2. — 13 Fr. 4 pr. Ilig. Quando dies
leg. ced. XXXVI, 2. — 14 Fr. 49 pr. cl § 2 D. Se leg. 1», XXX. — 15 Fr. 10, II,
12 D. Quando dies , XXXVI, 2. — 16 Paul. Seul. VI, 5; Gai. II. 232, 233 ; Ulp.
Jleg. XXIV, 16; Instit. J. II, 20, 35. — 1* C. unie. Ut. actiones , IV, 1 1 ; c. 11.
Se cont. et comm. stip. VIII, 38. — 18 Gai. II, 235, n. 36 ; Instit. J. II, 20,
36; c. I, Cod. Just. VI, 41. — 19 Fr. 17, § 4 I). Se cond. et dem. XXXV, 1;
de Vangerovv, II, §438. — 20 Fr. 40, § o, eod. — 21 Fr. 21, § 3 D. Se ann. leg.
XXXIII, 1. — 22 Fl-, 72, § 2; fr. 101, § 3 ; fr. 106 D. Se coud et dem. XXXV, 1.
— 23 Fr. I, De ut kg. XXXVI, 3 ; e. 7, Cod. Just. Ut in poss. leg. VI, 54. _ at Fr. 1,
§ 2 ; fr. 5, §§ 3 et 4 D. XXXVI, 4, Ut in poss. leg. ; Accarias, Précis, I, 40, 384.
_ 23 Fr. 7, fr. 67, fr. 79, § 2 D. Se cond. et dem. XXXV, 1 ; fr. 76, § 2, Se leg. 2», Dig.
XXXI, l ; Du Caurroy, n» 733 ; Accarias, u«s 324, 384 ; de Vangerow, II; § 436 ; Déman¬
geât, 1, p. 758. — 26 Fr. 52 D. Se coud. XXXV, t ; voir cependant fr. t pr. D. Se leg.
2» et fr. 46, § 2 D. XL, 5, Se fideic. lib.; Bufnoir, Théorie de la condition, p. 196
ot s. — 27 Fr. 47, §§4 et 5, Se leg. 1° ; Instit. J. II, 20, 16 ; Accarias, Précis, n» 399.
132
— 1046 —
LEG
LEG
son pécule *. 2° Un legs devenait encore inutile quand le
légataire acquérait gratuitement la chose léguée2. Mais
il n’est pas exact de dire, avec certains textes3, qu’un legs
s’éteint toujours par l’événement de circonstances qui
l’eussent empêché de naître. 3° Un legs s’éteignait encore
ou plutôt ne se réalisait pas au cas de défaillance de la
condition. 4° Enfin il tombait par la mort ou l’incapacité
du légataire survenue avant le dies ceclil.
Tout legs s’évanouit quand le testament ne produit pas
ses effets; par exemple s’il est irritum ou destitutum
[voir testamentum] ; mais en supposant que le testament
ait son effet, un legs pouvait encore être révoqué soit
directement , soit par translatio. La révocation directe
(i ademtio légat ï) 4 profitait à l’héritier dégrevé, à moins
qu’il n'y eût lieu à accroissement au profit d’un coléga¬
taire. En droit civil pur, la révocation directe devait être
expresse et faite au moyen d’une formule contraire àcelle
du legs, et insérée dans un testament ou dans un codicille
confirmé5, exemple non do, non lego, heres meus non dam¬
nas esto. Justinien a abrogé ces conditions. S’il y avait
■ révocation expresse sous condition, le legs pur et simple
devenait subordonné à la condition inverse6.
La révocation tacite n’opérait pas ipso jure avant Jus¬
tinien et donnait seulement à l’héritier une exception de
dol, lorsque le testateur avait manifesté, d’une manière
quelconque, son intention de révoquer'1. Ainsi quand le
testateur avait rayé volontairement la disposition que
renfermait le legs 8, ou quand il était sui'venu une inimitié
grave et non suivie de réconciliation entre le testateur
et le légataire 9. La plupart des jurisconsultes admettaient
aussi, au temps de Gaius, que toute aliénation par le tes¬
tateur de sa propre chose par lui léguée entraînait
révocation tacite10; mais, d’après l’avis de Celsus, con¬
firmé par Septime Sévère et Antonin Caracalla, on dis¬
tingua si le testateur avait aliéné avec ou sans l’intention
de révoquer11 ; et, dans le premier cas, la révocation sub¬
sistait, malgré la nullité de l’aliénation, ou une nouvelle
acquisitioû ultérieure 12. L’aliénation de l’objet principal
(fundus instructus ou cum instrumenta 13) emportait
révocation même pour les accessoires ( accessiones ), ainsi
pour Y instrumentum placé pour l’exploitation des fonds14.
Une volonté contraire faisait d’ailleurs revivre le legs para¬
lysé par une volonté tacite en excluant l’exception de dol 15.
La translation d'un legs, translatio legati16, pouvait
avoir lieu de quatre manières différentes: par changement
du légataire, de l’héritier grevé du legs, de l'objet ou de la
modalité17. La translatio renfermait deux actes distincts
l Fr. 1, 2, 12 L>. De pcc. leg. XXXIII, 8; Jnstit. J. II, 20, 17. — 2 Inst U.
J. II, 20, §§ 6 et 9; fr. 8 a, §§ 2 et 3 I). De leg. 1». — 3 Voir Instit. J.
11, 20, § li; fr. 3, § 2 I). XXXIV, 8. — * Instit. J. II, 21 pr. De ademt. et
transi, leg. ; von Vangerow, Lehrbuch, II, § 541 ; Du Caurroy, I, n0! 756
it 760 ; Accarias, I, n“ 398 ; Demangeat, I, p. 702 et s. — 5 Ulp. Reg. XXIV,
29. — G Fr. 107 D. De cond. et dem. XXXV, 1 ; fr. 10 D. De adim. tel. transf.
XXXIV, 4. — 7 Gai. Il, 198. — 8 Fr. 153 D. De his quae intest. del. XXVIII, 4.
— 9 Fr. 3, g 1 1 D. De adim. XXXIV, 4. Voir cependant un cas de legs perpraecep-
tionern, fr. 22 h. lit. — 10 Gai. II, 198. — n Fr. 18, Dig. XXXIV, 4; Instit. J.
II, 20, g 12, De leg. — ri Fr. 15 ; fr. 24, § 1 D. XXXIV, 4. — 13 Le legs du fundus
instructus comprenait tous les objets qui se trouvaient sur le fonds même pour
l'agrément personnel; fr. 8, fr. 12, g 27 1). XXXI11, 7, De instr. — 14 Instit. J.
II, 20, g 17 in fine. — 15 Fr. 15 D. De adim. leg. XXXIV, 4. — 10 De Vangerow,
Lehrbuch, II, gg 434 et 541 ; Du Caurroy, II, n” 761, 762. — 17 Jnstit. J. II, 21,
§ 1 ; fr. 60, De adim. et transf. leg. XXXIV, 4. — 18 Fr. 8 et 20, Dig. eod. lit.
— 19 Fr. 24, eod. — 20 Instit. J. II, 20, g 36, De leg. — Bibliographie. Kirsten,
Bistoria legatorum, Leipzig, 1731; Saney, De legatis, Gand, 1823; Goslinga, De
legatis, Lugd. Batav. 1823 ; W. v. Swinderen, De legatis, Groning. 1824;
De Quertenmondt, De legatis, Lugd. Batav. 1827; A. D. Lublink, Observationes
juris romani, Amsterdam, 1827 , Rosshirt, Lchre von den Vermüchlnissen nach
rüm . Recht. Heidelbung, 1835 ; Marezoli, Zeitschrift für Civilrccht und Prozess,
et indépendants, savoir la révocation du premier legs q
l’établissement du second, et la première subsistait alor
même que la nouvelle disposition devenait inefficace1*
Cependant la modalité d’un premier legs est tacitemem
transportée au second, s’il a son effet dans le cas (je
changement de légataire19. La révocation ou la translation
de legs opérée poenae tiomine était nulle avant les inno¬
vations de Justinien'20. G. Humbert. Edouard Cuq.
LEGATUS (ripsffSeuç, tz peffêsurrjç). Personnage chargé»
d’une mission, d’une ambassade [legatio].
A l’époque romaine, le mot legatus sert à désigner
non seulement une charge temporaire, mais aussi toute
une série de fonctions de plus ou moins longue durée.
On le rencontre employé dans les différents sens suivants :
1° Envoyé du sénat et plus tard de l’empereur aux
puissances étrangères [legatio].
2° Délégué temporaire du sénat auprès d’un général
vainqueur au moment où il organise la province [legatio .
3° Délégué permanent envoyé par le sénat pour secon¬
der un gouverneur de province ( legatus pro praetore ),
ou pour le remplacer par intérim [legatio, provincia],
4° Délégué envoyé au sénat avec une mission officielle
par un magistrat séjournant dans les provinces et choisi
par lui dans son entourage. C’est par légats qu’on
demandait des envois de fonds1, des vivres ou des vête¬
ments pour les troupes en campagne 2, des renforts, etc.3.
5° Personnage chargé de fonction spéciale par un gou¬
verneur ou un chef militaire. Ainsi, celui qui prend le
commandement de la cavalerie dans la bataille ou celui
qui est mis à la tête de la réserve est dit legatus , en tant
qu’il n’exerce cette attribution que par délégation et
pour un temps4. Le légat légionnaire n’a d’abord été
qu’un officier chargé temporairement de commander
une légion. De même un gouverneur qui veut se faire
remplacer pendant une absence a recours à un légat
{legatus pro praetore, pro quaestore). Sous l’Empire, on
donne ce nom à des officiers généraux commandant plu¬
sieurs légions, des détachements importants, des armées
[exercitus, vexillatio].
6° Chef d’une légion à l’époque impériale {legatus
legionis) [legio].
7° Gouverneur d’une province impériale {legatus Au-
gusti ou Augustorum pro praetore) [provincia].
8° Directeur du recensement dans les provinces impé¬
riales {legatus Augusti pro praetore ad census acci-
piendos) [census].
9° Juge auxiliaire envoyé dans les provinces et pouvant
1836, t. IX, p. 61 ; Mayer, Von den Legaten und Fideicommisscn, Tiibiiigcn. IS' *'
Arndts, Gluck’ s Fortselzung, t. XL VI à XLVIII ; G. Hartmann, Begriff und M»
der Vermüchtnisse, Braunschweig, 1872 ; Puchta, Cursus der Institutions» C y
Leipzig, 1875, t. II, § 321 ; von Vangerow, Lehrbuch der Pandekten, 7e éd. O ‘1 '
1876, t. II, p. 399; Maynz, Cours de droit romain, 4e éd. Bruxelles, 18", J
p. 525; Hôlder, Reitrâge zur Geschichte der rôm. Erbrechts, 1881; Ortoan^
J.-E. Labbé, Explication historique des Instituts de Justinien, 12' éd. Paris’ ^
t. II, p. 567; Fadda, Dell' origine dei legati dans Hindi giurid. e stor- P"
pel V VIII centenario dell' Università di Rologna, 1888 ; C. Ferrim, Su ^
dei legati dans Bull, dell' Istituto di diritto Romano, 1888, t. I, P- 111 ’ ^
generale dei legati e fede commissi, Milano, 1889; Wiudscheid, Lehi ^
Pandekten, 7' éd. 1890, t. III, § 623 ; Accarias, Précis de droit r0™ain’ ins,
Paris, 1886, t. I, p. 1023; Édouard Cuq, Les institutions juridiques des , ^
1891, Paris, t. 1, p. 300 et 544; Karlowa, Rôm. Redits geschichte, I»e*Pa8' )g93i
t. II, p. 914; Van Wetter, Cours élémentaire de droit romain, 3° éd. • ajlS
t. Il, p. 544 ; Moritz Voigt, Rôm. Rechtsgeschichte, Leipzig, 1892-1899. I I1
t. Il, p. 829 ; Dernburg, Pandekten, 0' éd. Berlin, 1900, t. III, §§ 98-1 b',
LEGATUS. 1 Liv. XXIII, 21, 48; XLIV, 20; Sali. Hist. III ( Ep . Cn. •
Sen. 2) ; Plut. Sert. 21 ; Cic. ad Eam. XII, 30, 3.-2 Liv. XXIII, 2*. 4 ’ ( § 5.
. Polyb. III, 106. — 3 Sali. Hist. III {Or. C. Catl. § 6) ; Cic. ad Eam. ■
— 4 Mommsen, Droit public romain , IV, p. 446.
1047
LEG
t
LEG
doubler ou suppléer le gouverneur ( legalus jurridicus)
'"p (“Envoyé de l’empereur pour rétablir l’ordre dans
r0Vinces [legatus adcorrigendum staturn civitatium
Uberarum) [corrector].
11» Personnage charge de régulariser les finances des
cités ( legatus ad rationes putandas civitatium ) [curator] .
C 190 péputé envoyé par l’assemblée provinciale à Rome
ou vers des particuliers [legatio].
13° Député envoyé par des municipalités soit à 1 as¬
semblée provinciale, soit à l’empereur, soit à des
i gouverneurs, soit à des particuliers [legatio].
° 1 4.. Député de corporations, de groupes religieux [lega-
TI0]. R. Cagnat.
LEGIO. — Corps de troupes, le plus considérable de
tous ceux qui composaient l’armée romaine. Les auteurs
grecs traduisen t le mot par différentes expressions comme
cxpaTÔTtE oov1, Tcdjc; 2, téXo; 3, (paXayS4, Tayga 0 ; dans les
inscriptions on trouve surtout Àeyuov6 ou Àeyscév 1 .
I. Développement de la légion romaine. - — Il est oiseux
de chercher, en s’appuyant sur le témoignage d’écrivains
qui 11e le savaient pas eux-mêmes, à quelle date on doit
faire remonter l’établissement de la légion. Peu importe
que Tite Live en parle seulement à propos de la guerre
des Antenmates 8, quatre ans après la fondation de Rome,
ou que Plutarque nous apprenne que ce fut la première
institution de Romulus9. Si, comme le dit Varron 10,
comme on l’admet, le terme legio vient de legere et signifie
la « levée », la légion est aussi ancienne que Rome même :
c’est l’ensemble des citoyens-soldats. La cité patricienne
étaitcomposée de quelques centaines de familles groupées
en curies et en tribus ; leur réunion les armes à la main
constituait la légion. A en croire la tradition n, ces tribus
étaient au nombre de trois [tribus], les curies au nombre
de trente [curia]. Chaque curie fournissait cent hommes
de pied et dix cavaliers ( centuria ), chaque tribu comptait
mille soldats et cent cavaliers [équités] ; par suite, la
légion comprenait un effectif de 3 000 hommes 12. Fausses
ou exactes, ce sont là des données qu’il n’y a pas lieu de
discuter. Ce qu’il importe de noter, c’est qu’à l’époque
intérieure a Servius Tullius, la légion n’est autre chose
raue 1 assemblage des diverses gentes patriciennes, s’unis¬
sant entre elles pour la défense de la cité, sur la convo¬
cation du roi 13.
C est au roi Servius Tullius que les auteurs rapportent
a modification de cet état de choses : ce fut une véritable
revo ution. Les anciens cadres de la légion patricienne
turent basés et remplacés par des cadres nouveaux. La
partition par tribus, curies, gentes , fit place à la répar-
0°U ,Pai C01ps et compagnies, la base de cette nouvelle
Tous"^ lllün etant n°n ^US naassance’ mais la fortune.
LT* citoyens propriétaires de biens-fonds furent
b an seivice militaire à partir de la dix-septième
Pesai,1,0'! I'°lyb' X’ 16, 4; Dio’ XXVIII, 47; LV, 24. - 2 Cf. H.
gr j-n/ s ■ . . ! ^ - ua. U. Estienne,
3U‘o, LXXI 9 c'r '[ Uid, s. v. — 4 Arrian. "EjtTaàs 'Aioiv. 15, 22.
40:u, Arch.Hc ■ • * C°rP' insC’- • 9r- 1128> 2941, 3192, 4011, 4023, 4029, 4033,
Ann . épigr. 1890 r'! A*llth' 1885> P- 144, n° 6 ; Bull, de corr. hell. 1893, 99 ;
c4- Dio, l c ST-' 7 'C' inscr- 9r- 41°h 4238 c, 4452 , 4460 , 4639 , 4766, etc. ;
... > ; Varr. De l. I. 4 et 9. — 10 Ibid. V, 16
P- 266. _ 12 Var7 jC(I’ ManUel deS InSL rom- p. 5 et 6 avec les notes ; cf.
fostel de Coulanges' / „ Y' ■' 7 89 1 ,)ion-vs- U> 2- 10 ; Plut. Rom. 13. - 13 Cf.
iwKÎes, 1870^ n \ militaires de la Répub. romaine (Rev.
~~ 14 Liv. I 43 . T.’, 7 ] et suiv'); Mommsen, Droit public romain, VI
P. sus -, ,UIl30;Aul. Gell. X. 98 - m _ _
Loulang
. des Deux
. -, VI, p. 115.
p' et suiv. 7 i5 f11,1 X’ 28 ’ cf- Mommsen, Droit public romain, VI,
P- 10 et les notes - J i \i"n GeI1' X’ 28 > cf- Marquardt, Organis. militaire,
’ Muller, Die Et '
Entheilung des servianiichen Heeres (Philo¬
année, les autres n’étant appelés que dans des cas urgents
[tumultus]. Les propriétaires étaient répartis en cinq
bans ou classes suivant leur fortune [classis] ; les plus
riches formaient la cavalerie [équités], les autres l’infan¬
terie et les services auxiliaires 14. De plus, chaque classe
se partageait, suivant l’àge, en deux divisions : les plus
jeunes formaient l’armée active, les plus âgés constituaient
la réserve affectée à la défende de la ville ( legiones
urbanae ) 13 [exercitus]. «On sait peu de chose, dit M. Bou-
ché-Leclercq 10, de la légion au temps de Servius Tullius.
Les auteurs qui en parlent (Tite Live, Denys d’Halicar-
nasse) confondent des termes et des méthodes appartenant
à différentes époques. Ils assimilent la légion de Servius
à la phalange macédonienne11, et le groupement qu’ils
décrivent, assemblage de miliciens de différentes classes
et différemment armés, est loin de rappeler la masse
compacte et homogène de la phalange. Enfin, on ne sait
quel rôle assigner dans cette « phalange » romaine à la
centurie qui est cependant l’unité tactique instituée par
Servius Tullius [centuria]. Aussi, les systèmes abondent
et chaque érudit explique à sa manière la transition de
l’ordre compact usité au temps de Servius Tullius à l’ordre
fractionné introduit par Camille et de là à l’ordre mixte
du temps de Polybe 18. » A en croire les auteurs anciens 19,
la légion servienne présentait six rangs de profondeur.
Au premier et au second rang se tenaient les citoyens de
la première classe, avec armure complète (casque, cui¬
rasse, bouclier rond d’airain et jambières); le troisième
et le quatrième renfermaient les citoyens de la deuxième
classe, sans cuirasse, mais avec casque, jambières et
bouclier carré ; le cinquième et le sixième rang étaient
formés par les citoyens de la troisième classe, armés de
mèrtie, mais privés de jambières. Les citoyens de la qua¬
trième classe, pesamment armés, suivant Denys d’Hali-
carnasse 20, n’ayant qu’un javelot et une lance, suivant
Tite Live21, étaient en dehors de la phalange, avec les
gens de trait, constitués par ceux de la cinquième classe 22
[rorarii]. A la légion étaient réunies cinq centuries sup¬
plémentaires : deux de fabri (adjoints à la première et
à la deuxième classe), une de cornicines, une de tubi-
cines et une d’ACCENSi velati. La cavalerie était disposée
de chaque côté de la légion dont elle faisait partie
[équités].
Une troisième transformation de la légion eut lieu vers
l’époque de Camille, disent les uns 2î, entre la mort de
Camille et la guerre de Pyrrhus, pensent les autres24. Il
est fort possible que les deux assertions soient vraies, si
les innovations militaires de ce temps se sont produites,
non d’un seul coup, mais par degrés et séparément. 11
parait certain que les guerres du Samnium avaient révélé
les inconvénients du système de Servius Tullius: l’imi¬
tation romaine de la phalange n’était plus assez mobile
pour faire face aux ennemis nouveaux de Rome, ni la
logus, 1876, p. 126 et suiv.) ; Steinwender, Die legiones urbanae ( Philologus ,
1880, p. 527 et suiv.). — 16 Man. des Inst. rom. p. 275. — 17 M. Frülich ( Beitrâge
zur Geschichte der Kriegführung und Kriegskunst der Rômer zur Zeit der
Republik, Berl. 1886, p. 17) fait observer que la phalange romaine n'était pas
la phalange macédonienne, comme le pensent les auteurs romains, mais la pha¬
lange italique. — *8 L auteur, Op. cit. p. 275, note 4, résume l'argumentation de
M. Bruncke ( Philol . 1881, p. 357 et suiv.). — 19 Üionys. IV, 16 et suiv.; Liv. I, 43 ;
cf. Marquardt, Organis. milit. p. 11. — 20 IV, 17. —21 l, 43) 6 ; cf. Mommsen,
ROm. Tribus, p. 138, note 135. — 22 Nonius, p. 552, 31, Il ; Varr. De Vit. pop.
rom. 3; Liv. I, 43, 7 ; Mommsen, Droit pub. rom., VI, p. 299. — 23 Marquardt,
O. kl. p. 20. ■ 2+ Fr. Frôlich, O. I p. 19 et suiv. U rapproche ces transfor¬
mations des réformes démocratiques opérées lors de la censure d’Ap. Claudius
Caecus en 312/311 av. J.-C.
— 1048
LLSG
lhi;
composition des cadres en harmonie avec les progrès de
l'art militaire; déplus, l'armement devait être modifié afin
de permettre aux légionnaires de tenir tête à des adver¬
saires auxquels ils n'étaient point encore habitués. De
tout cela résulta une organisation bien différente de la
précédente *.
Ce n est plus la fortune, mais 1 âge qui dorénavant assi¬
gnera aux soldats leur place sur le champ de bataille. Les
jeunes sont mis en première ligne (/ lastati ), les hommes
faits (principes) au second, les plus âgés (triarii ou
pilant) en troisième ligne2. En même temps, on renonce
a la formation par masses compactes qui caractérisait le
système de Servius Tullius ; on divise l’infanterie en
manipules, séparés les uns des autres par îles intervalles
qui facilitent la manœuvre : ce sera désormais la base de
toute l’organisation légionnaire romaine 3. Comment se fit
le changement et par quels intermédiaires arriva-t-on à
l’organisation que l’on nomme manipulaire? C’est ce que
nous ignorons absolument. Ceux mêmes qui ont tenté
d éclaircir l’origine de la formation par manipules recon¬
naissent que les renseignements fondamentaux fournis
par lite Live 4, sur lesquels on s’appuie pour élucider la
question, sont pleins d'incertitudes et d’obscurités. Dans
ces conditions, il suffit de renvoyer aux dissertations
parues sur ce sujet, et à l’exposé de la question tel que
l’a résumé Marquardt5.
Autre question. Le manipule créé à cette époque est-il
le même que celui dont Polybe nous a laissé la définition?
Les avis sont partagés c ; c’est encore là un détail sur
lequel nous ne pouvons insister ici. Nous nous contente¬
rons, au sujet de cette réforme capitale, de transcrire ce
que l'auteur grec nous a dit 7 et d’indiquer par là quelle
était, à son époque, l’économie de la légion romaine :
« Quand les légions se sont réunies, les plus jeunes et
les plus pauvres sont désignés comme vélites, ceux qui
suivent sont hastats, les plus vigoureux forment les
princes et les plus anciens les Lriaires 8. Telles sont chez
les Romains, pour chaque légion, les différences de noms,
d’âges et même d’armes qu’on observe. La division
s'opère de manière que les plus anciens, que l’on
nomme triaires, soient au nombre de six cents, les
princes de douze cents, les hastats en nombre égal ; le
reste est composé des plus jeunes, des vélites. Si la légion
renferme plus de quatre mille hommes, chacun de ces
corps augmente en proportion, excepté celui des triaires,
qui demeure invariable. » Polybe décrit ensuite l’arme¬
ment de chacune des parties de la légion et il ajoute :
« ... Après cela, les différents corps sont divisés en dix
parties : chacune de ces sections reçoit pour chefs deux
capitaines et deux officiers d’arrière-garde. Les vélites
sont répartis en nombre égal entre toutes. Ces différents
corps se nomment -ayaa, aTis-pa, <rt igata. » Le principe de
la division légionnaire est donc tout à fait différent de
ce qui avait lieu antérieurement. La légion se com,
dès lors de trois corps qui prenaient part successive!)!!*!
à la lutte dans des conditions différentes : après qi1(, |"
troupes légères avaient engagé le combat, les hast-^p
étaient appelés à supporter le premier choc de l’enneuij'
S’ils ne suffisaient pas à l’œuvre, ils trouvaient des aux!
liaires dans les princes, qui venaient remplir les vide
laissés entre leurs compagnies. Ceux-ci, à leur tour, étaient
soutenus par les triaires, sorte de réserve ou d’élite l (.
rorarii et les accensi de l’époque antérieure ont ôté
remplacés par les vélites, une infanterie légère propre aux
escarmouches et aux opérations irrégulières (milita
expediti , quasi velites, i. e. volantes) \ Ils ne formen!
pas une division spéciale, mais sont répartis également
entre les différents manipules [velites]. La cavalerie occu¬
pait les ailes de l’armée [équités!.
Cette organisation subsista pendant 150 ans ; durant
toute cette période, la classe moyenne continua à donner
i l'État ses légionnaires. Mais il vint un temps où cette
classe 10, « épuisée par la conquête, rongée d’ailleurs par
la misère, ne fournissait plus assez d’hommes pour rem¬
plir les légions. Marins y appela les pauvres et les ouvrit
aux prolétaires. Les anciennes conditions de fortune
furent supprimées. Plus de cens pour être cavalier, plus de
cens pour être légionnaire. Tout homme peut être, suivant
son aptitude, vélite, légionnaire ou cavalier. Les distinc¬
tions fondées sur la richesse ou la pauvreté disparurent,
L armée devint un corps absolument démocratique. «
Assurément, cette réforme n’aurait pas été possible si
elle n avait été préparée par une lente transformation des
mœurs. On avait été successivement amené à abaisser le
chiffre minimum du cens [census] ; on devait finir par ne
plus en tenir compte ; les capite censi devinrent, au point
de vue militaire, les égaux des autres citoyens Cette
réforme, qui peuplait l’armée de soldats besoigneux, prêts
a tout entreprendre pour gagner leur solde et pour l’aug¬
menter par le butin, disposés à suivre partout le général
qui les payait12, eut les plus graves conséquences pour la
destinée de la République ; elle modifia profondément,
et ceci seul peut nous occuper ici, l’organisation de la
légion 13.
Dès lors, il n’est plus question de distinctions parmi les
légionnaires : lesquatre sortes d’armes (hastati, principes,
triarii , velites) sont confondues en une seule n. Même
armement, même dignité pour tous : les légions forment
des corps homogènes où les anciennes classifications ne
se retrouvent plus que dans la hiérarchie des centurions.
A la même époque s’introduisait une autre nouveauté ;
si le manipule continua à constituer l’unité tactique de b
légion, celle-ci fut désormais divisée en dix cohortes,
placées sous le commandement du premier des centurions
qui s’y rencontrent. Ces cohortes n’avaient pas, comme
on l’a dit18, d’enseignes propres; mais la légion elle-
1 Frôlich, Ibid. p. 23. — 2 Varr. De l. I. V, 80 : Pilani triarii quoque
dicti. — 3 Steinwender, Entwicklung des Manipularwesens im rôm. Heere
( Zeitschrift fûr Gymnas. 1878, p. 705 et suiv.) ; Frôlich, Die Bedeutuny
des zweiten punischen Krieges für die Entwicklung des rôm. Jfeercwesens
1881 ; Uclbriick, Die rôm. Manipulai- taktik ( Histor . Zeitschrift, 1884, p. 239
et suiv.); Soltau, Die il anipular taktik (Hernies, 1885, p, 262); Fr. Frôlich,
Beitrüge zur Geschichte der Kriegführ. ; les dissertations sont indiquées
par Marquardt, p. 16 et suiv. — 4 Liv. VIII, 8. — B Or g an. milit. p. 54,
note 1 ; cf. note 3, ci-dessus. — 6 M. Soltau est pour l'affirmative (Enstehung der
altrômischen Volksversammlungen, p. 310 et suiv.); M. Frôlich (Beitrâge, etc.
p. 23) pour la négative. — 7 Pelyb. VI, 21 et suiv. — 8 Sur ces différentes appel¬
lations dont nous saisissons difficilement l'origine, puisque les principes, par
les
exemple, ne combattent pas au premier rang, et que les hasla i ne sont pas
seuls à porter la haste, cf. Marquardt, Or ganis. milit. p. 51. — 9 Feslus, *• ^
— 10 Fustel de Coulanges, Bev. des Deux Mandes, 1875 (II), p- 307. 1-
ajoute : « Rien ne prouve que Marius ait eu en cela des vues politiques et il est 1
bable qu'il ne fut déterminé que par des raisons toutes militaires ».
_ li Sali. J«i-
classibus, sed.- ' aP[
26. Ipse milites scribere... non more majorum , ncque ex , _ . .
censos plerosque -, Plut. Mar. 9; Val. Max. II, 3, 1. — 12 Sali. Jug. 86 ; App- L“ '*
V, 17; Plut. Lucul. li; Syl. 12. — 13 Lange, Hist. mutationum rei »>’ 1 ^
Romanorum, p. 3 et suiv. ; Votsch, Caius Marius als reformata’ ^
H cenve s ms. — 14 II est question pour la dernière fois des vélites ' _ , ,
guerre de Jugurtha (Sali. Jug. 46, 105). — 15 Marquardt, Org. ’diil. P-
153.
— 1049 —
LKG
LEG
, ^tée par Marins d’un signum spécial, l'aigle
inènir a duque] commença à se développer
(1'arge" corpS et l’amour du régiment.
leSpI‘ itimpnts de cette sorte n’avaient pu prendre
’ ce à une époque antérieure, puisque, apres chaque
nâissan^- ^ légionnaires étaient licenciés et rentraient
?mPlews foyers. Mais ce qui était possible au moment
■Rome' n’avait à combattre que des voisins en Italie,
0U ' de pètre lorsque les expéditions devinrent plus
f SSaues et qu’il fallut porter les armes au delà de la mer.
I sîue-là, comme l’a dit Lebeau 2 « chaque année voyait
de nouvelles légions sans voir de nouveaux soldats » ; à la
(i„ de la République, la multiplicité des guerres et leur
éloignement engendra, sinon la permanence, au moins
la stabilité des légions; en droit, on aurait dù, si la paix
était intervenue, renvoyer les hommes 3 ; mais la paix
n’intervenait pas ou était de très courte durée et peu à
peu les légions tendaient à la perpétuité. Les gens sans
fortune qui les peuplaient n’avaient aucun désir d’obtenir
leur congé et acceptaient volontiers, quand ils ne la
réclamaient pas, la prolongation du service ; les géné¬
raux, tout à leur ambition personnelle, ne demandaient
qu’à voir leurs armées composées d’effectifs solidement
organisés. Ainsi se préparait le changement capital
qui caractérise les réformes militaires d’Auguste.
J'ai eu l’occasion d’expliquer ailleurs que pendant
cette période de l’histoire militaire de Rome la cavalerie
légionnaire n’existait plus ou du moins avait été si profon¬
dément modifiée qu’on a pu nier son existence [équités].
C’est au fondateur de l’Empire, à Octavien vainqueur,
qu’il était réservé de décider et d’organiser la permanence
des cadres légionnaires. Après Actium, la réorganisation
militaire de l’Empire fut son premier souci. Le principe
fondamental du nouveau système fut la persistance du
service : il fit de ses soldats, suivant le mot de Dion, urpa-
TiwTaç àôavâxouî 4, de son armée un organisme indépen¬
dant se suffisant à lui-même. D’où les grandes réformes
qui s’attachent à son nom :i et dont les effets se firent
sentir jusqu'à la chute du principal .
Tout d’abord, il lui fallait arrêter le total des forces néces¬
saires à la sécurité de Rome. S’il avait gardé toutes les
légions ou tous les corps décorés de ce nom qui s’étaient
formés pendant les guerres civiles G, la dépense eût de
I beaucoup excédé les besoins. 11 en licencia un certain
nombre et envoya les soldats qui les composaient dans
| ^es c°lonies ' ; les autres entrèrent dans les cadres de
I son armée, avec une numérotation spéciale, désormais
invariable.
I ^es légions ne devaient plus servir qu’à la garde des
I lontières ; Auguste les répartit, suivant les besoins, dans
I es provinces dont il s’était réservé l’administration
■ Uecle> coinme autant de divisions ou de corps d’armée ;
i, es orSanisa pour leur permettre de suffire à leur tâche.
Chacune d’elles
d’infanter
îe
un rôm. Beere, p. 23 et notes. — 2 Mém. de
tarin „ . !’• *69. — 3 Suet. Caes. 28 : quoniam confecto bello pax
- vT, “ nm dBbmt viclor 4 Dio, LU, 27, t ;
s se composa dorénavant, comme autrefois,
et de cavalerie ; elle fut placée sous les
Die Faehnen i
Acad, des Inscr. XXV, p
— yQcr | , ^ leberet Victor exercitus. — 4 Dio, LU, 27, t; LVI, 40, 2.
des Auqusti S’ îï ’ *®, 12, § i ; cl’. W. Strcit, Die Heeresreorganisation
— 7 Morams ' /l *n’ U De legionibus reipublicae romande,
l’empire romain i * </eStne’ p' 02 et suiv., p. U9etsuiv. ; Marquardt, Organis.de
deductis liai' "q ’ P 1 J<> ’ Oollaender, De militum coloniis ab Augusto in ltalia
24;Tib.s. Di ‘ v]<]num’ 1880- — 8 C. inscr. lat. VIH, 2582, 2741.— 9 Suet. Oct.
l'ancienne F f' ^ 1 ’ > c*- Fustel de Coulanges, Institut, publiques de
aWe' F’ 182 cl »“*'•. — 10 Herod. Il, 11 ; Dio, LU, 27 : Suet. Oct. 83 :
ordres d’un chef unique et permanent, le Icgutus legionis,
qui commandait en même temps les troupes auxiliaires*,
cohortes de fantassins on ailes de cavalerie [exercitus,
couors, ala] adjointes 'à la légion et représentant un
effectif aussi élevé, c’est-à-dire à peu près 6000 hommes.
Mais cette dispersion des corps d’armée loin de 1 Italie
et des pays déjà gagnés à la civilisation romaine offrait
pour le renouvellement des cadres légionnaires un
certain inconvénient; il rendait difficile le recrutement,
tandis que d’autre part les Italiens témoignaient un éloi¬
gnement de plus en plus marqué pour la carrière des
armes °. Auguste fit du service un métier lucratif capable
d’attirer et de retenir les provinciaux 10 : il décida que
l’entrée dans les légions procurerait le droit de cité aux
pérégrins11; il assura aux hommes une solde régulière
assez élevée; il offrit aux vétérans à la sortie de leui
corps des avantages pécuniaires ( praemia militiae). Ces
mesures habiles réussirent pleinement. Le service lé¬
gionnaire resta, en principe, obligatoire pour tous les
citoyens, ce qui permettait, dans les cas difficiles, des
levées exceptionnelles ; en fait, les engagements volon¬
taires suffisaient à compléter chaque année les vides et
à maintenir les légions au complet [dilectus].
L’organisation intime, elle-même, de la légion ne fut
pas modifiée : elle demeura telle qu elle avait été établie
à l’époque de Marius et perfectionnée par César, avec sa
division en cohortes et en centuries.
Les règlements édictés par Auguste restèrent en
vigueur à peu près sans changement pendant un siècle.
Le premier empereur à qui l’on fasse, dans la suite, hon¬
neur de modifications sérieuses est Hadrien. Les auteurs ’’
le considèrent comme un grand réformateur de 1 armée13.
En fait, il se préoccupa surtout de mettre les institutions
militaires d’accord avec les besoins de son temps. L’énu¬
mération de ses réformes, qui touchèrent à l’armée tout
entière, ne saurait trouver place dans une étude restreinte
aux légions ; il suffit d’indiquer en deux mots que son
activité se porta sur tous les points : discipline, armement,
ordre de bataille, recrutement, organisation des fron¬
tières ; ainsi il rendit plus effective la responsabilité des
tribuns, diminuant par là le pouvoir exagéré des centu¬
rions14; il modifia les armes des cavaliers légionnaires
pour leur permettre de tenir tête avec succès aux peuples
contre lesquels Rome avait alors à guerroyer (Bretons,
Sarmates, Arméniens, Scythes) 1S, et aussi quelque peu
celui des fantassins10 ; il prescrivit, sur le champ de
bataille, de revenir à la disposition en phalange11, etc.
Les légions se recrutèrent régulièrement et exclusive¬
ment sur place, parmi les indigènes de la province
qu’elles étaient chargées d’occuper [dilectus]18.
Si les écrivains font l’éloge des règlements d’Hadrien
et le considèrent comme le restaurateur de l’antique dis¬
cipline, ils déclarent au contraire que Septime Sévère lui
porta un coup terrible par ses réformes 19. Ce prince fut,
en effet, l’auteur d’un certain nombre de mesures qui
Senec. Epist. 30 ; Tac. Hist. I, 11. — 11 Cf. le travail de M. Mommsen sur la cons¬
cription sous l'Empire ( Hernies . 1884, p. t et suiv. ; et l'article dii.ectos). — 12 Dio,
LXIX.9; Vit. Had. 10 cl suiv.: cf. Plew, Quellenuntersucliungen zur Geschichte
des Kaisers Badrian, Strasbourg, 1890, p. 61 et suiv. — 13 Sur ces réformes,
voir outre les écrivains qui se sont occupés de l'empereur Hadrien en général :
W. Scburz, Die Mililaerreorganisation Hadrians , Leipzig, 1897 et 1898 (2 pro¬
grammes du gymnase de Oladbach). — U Scburz, Op. cit. 1, p. 13. — 15 Ibid .
j[ p ii 1 6 Ibid. p. 24. — O Arrian. "Ex-rot;!? xtv "AXavSl* ; Marquardt,
Org. mil. p. 350. — 18 Mommsen, Hermes, XIX, p. 21. — 19 Herod. III,
8, 5.
' Herod. Loc. cit.-, Mommsen, C. inter, lat. III, p. 2011; R. Cagnat, Armée d'A-
frique, p. -ial etsuiv. 2 Oig. L, 5, 7. — 3 Waltzin, Corporations professionnelles
chez les Itomains , I, p. 309. — 4 Hirschfeld, Rôm. Verwaltungsgeschichte, p. 249.
— a Schiller, Gesch. der rôm. Kaiserzeit, I, p. 727. — 6 Aur. Vict. Caes.
33, 34. — 1 c. i. lat. VI, 3367 et suiv. ; Annali, 1867, p. 73 et suiv.
— « Naudet, Changements introduits dans ladministr. par Dioclétien et ses
successeurs, II, p. 157 etsuiv.; Mommsen, Dermes, 1889, p. 195 etsuiv. ; Kuhn,
Die staedt. und bürgerl. Verfassung des rôm. Reichs, I, p. 134. 9 f)p.
cit. p. 201 et suiv. — 10 Mommsen, Op. cit. p. 225; Kuhn, Op. cit. p. 137.
— 11 Mommsen, Op. cit. p. 209. — 12 Ibid. p. 210 et 230. — 13 Bull. com. 1889
p. 88. - 14 Mommsen, Op. cit. p. 241. - lë Marquardt, Organ. mil. p. 361 et
les auteurs cités à la note 2. Végèce est le premier à dire « nihil auctoritatis
assurait, sed horum quos supra rettulit, quae dispersa sunl, velut in ordinem epi-
tomala conscribit (I, 8). — 16 Ibid. p. 215 et 254 ; Zosim. V, 45 ; Ammian. XVIII,
9, 3 ; XIX, 2, 14; XXVII, 12, 16. — 17 Ibid. p. 215 et 268. — 18 Le Beau, Atém. de
LEG — 1030
'levaient, choquer les partisans du passé. Mais il semble
Uen qu 11 ait eu P°"r Ie* Pendre des raisons très
semeuses : il lui fallait rendre la carrière plus attrayante
pour les soldats comme pour les officiers inférieurs. Il
eleva donc la solde des légionnaires, il leur donna la
permission de porter Panneau d’or, réservé longtemps
aux chevaliers ; il leur facilita la vie des camps en leur
permettant d y prendre des compagnes, sinon des femmes
légalement reconnues1 ; il accorda de nouveaux privilèges
aux vétérans2; il autorisa les sous-officiers à former des
co eges militaires 3. En même temps, il faisait du grade
de centurion le premier échelon de la carrière équestre * ■
surtout il transformait le préfet du camp en préfet de là
légion et lui attribuait une part d’autorité plus grande
aux dépens de celle du légat». C’est le premier pas vers
la suppression de ce haut commandement qui devait
être l’œuvre d'un de ses successeurs, Gallien6.
Une autre réforme de Septime Sévère, non moins
importante pour 1 avenir, fut la création de trois légions
dont l’une fut établie aux portes de Rome 7. Cette mesure
annonce déjà la suppression de la garde prétorienne et
I affectation de certaines légions à la défense, non plus
de l’empire, mais de l’empereur
Tel est précisément le caractère de l’armée au ive siècle,
à la suite des changements apportés par Dioclétien et
Constantin U Les garnisons des frontières cessèrent d’être
composées surtout de légionnaires, et l’on fit largement
appel pour les former aux populations barbares. Les
légions qui y séjournaient antérieurement n’en furent
pas rappelées cependant; mais une partie importante en
fut détachée et ramenée dans l’intérieur du pays pour la
garde du souverain 9. Ainsi la légion XIe Claudia occupe
toujours la Mésie, mais un détachement est en Orient,
I au tre en Occident ; la VIIe Gemina n’a pas quitté l’Espagne,
mais deux ou trois détachements sont campés dans l’in¬
térieur, a la disposition de l’empereur. D’une façon
générale, on peut dire qu’un détachement est affecté à
1 Orient, sous le nom de junior es, un autre à l'Occidenl,
sous le nom de seniores. Ces divisions de la légion,
qui portent, elles aussi, le nom de légions, reçurent
le titre de palatinae ou comitatenses, c’est-à-dire atta¬
chées a la défense de l’empereur ou à son escorte10.
Les légions de 1 intérieur étaient, ce qui est encore une
nouveauté, supérieures en dignité à celles de la frontière,
dénommées pseudo-comitatenses11 ; elles pouvaient, en
cas d expédition, s unir à ces dernières pour faire cam¬
pagne et revenaient, la guerre terminée, reprendre leurs
emplacements dans les provinces du centre.
La légion de Constantin ne comprend plus de cava¬
lerie1-; sous Dioclétien, elle renferme encore les deux
armes13. Elle se compose de citoyens romains, comme
LEG
par le passé14; mais on ignore le détail de son ,
sation : les monuments épigraphiques sontexcessi -'^*1''
rares, et les données des auteurs contemporains ' "len*
Végèce, sont sujettes à caution, car elles se rappàrl0?*
grande partie à des époques antérieures 18. nten
A cette époque, l’effectif des différentes légions
sidérablement réduit, ce qui se comprend aisé
puisqu’elles ne représentent plus que des fragments d*"1,
même légion. La légion mère compte encore 6000 h""
mes; mais chacune des légions en lesquelles elle v'
décomposée ne contienL plus que \ 000 fantassins 18 * ^
Cette organisation eut aussi, pour le commandement
une conséquence importante : une direction uni,,, ’
n’étant plus possible, le légat légionnaire ou son rem
plaçant, le préfet de légion, disparurent; c’est un tribun
qui est devenu le chef suprême de chacun des tronçons de
la légion morcelée17.
La Notice des Dignités est le dernier document qui
nous parle des légions; il n’en est plus question à propos
des guerres de Justinien18.
Effectif de la légion™. — L’effectif de la légion n’est
pas toujours resté le même : il a varié suivant les
époques. Sous le régime établi par Servius Tullius, le
chiffre normal des légionnaires était de 4200 hommes;
c’est celui que donnent Polybe20 et Tite Live21 en plu¬
sieurs circonstances, ce que l’on exprime en chiffres
ronds par le nombre de 4000 22. 11 faut, y ajouter les
300 cavaliers réglementaires23.
L’effectif de la légion ne cessa dès lors d'augmenter,
bien qu’il soit assez difficile de tirer des auteurs des ren¬
seignements tout à fait précis; car, dans la plupart des
cas, on ignore si les cadres des légions dont ils nous
parlent étaient complets ou avaient subi des réductions.
En 216, le nombre des légionnaires fut porté à 3000 21 ou
même o 200 2o, qui resta le chiffre normal pendant quelque
temps -6. Néanmoins, lorsque le besoin s’en faisait sentir,
on n hésitait pas à l’élever encore et à atteindre le chiffrede
6000- 7 ; mais ce sont là des cas tout à fait exceptionnels.
D ordinaire, le nombre des cavaliers était de 300 par
légion, quel que fut l’effectif de l’infanterie28.
A 1 époque de Polybe29. cet effectif se décomposait de
la façon suivante :
r Hastati .
infanterie ) PrinciPes .
1 200
) Triarii .
( Velites .
Cavalerie .
Total .
Mari us est le premier qui ait porté le total des légion¬
naires jusqu’à 6200 hommes 30 ; mais on revint, comme
VAcad. des laser. XXV, p. 473 et suiv. — 19 Cf. Th. Steinwender, Ueber du
Staerkc der rôm. Legionen und die Ursache ilires allmaehlicliem Wachsens-
Marienburg, 1877. — 20 Polyb. VI, 20. — 21 Liv. VII, 25; XXI, 17. — 22 JW1'
III, 107 ; Dionys. VI, 42 ; Liv. VI, 22 ; Epit. XV et XXVIII, 28 ; Fest. Epit. P- 336 Ml
— 22 Polyb. 1,16; II, 24 ; VI, 20. — 24 polyb. III, 107. — 25 Polyb. II, 24, 3 ;
Liv. XL, 1, 18, 36; XLI, 9; XLII, 31 : Quina milia et duceni pedites, upM
instituto. — 26 Liv. XXII, 36; XXVI, 28; XXXIX, 38; XL, 1, 18, 36; XLI, 21 :
XLI1I, 12; Polyb. VI, 20. — 27 Liv. XLII, 31; XLIII, 12; XLIV, 21. — 28 Pol>b'
1, 16; VI, 20, 25; Liv. III, 62; XXI, 17 ; XXXV, il (légion de 4200 hommes) ;
XXVI, 28; XXXIX, 38 (légion de 5 000 hommes); Liv. XL, 1, 18; XLII, 31- 1 )
12 (légion de 5200 hommes); Liv. XLII, 31; XLIII, 12; Serv. Ad Aen. VII,2'1
(légion de 6 000 hommes); Liv. XXIX, 24; XXXV, 2 (légion de 6 200 horomcV
— 29 Polyb. VI, 21. Le nombre des véliles se déduit de la somme totale >1,
légionnaires; Polybe ne le donne pas expressémenl. — 30 Festus, /'
p. 336 M.
— 1051 —
LEG
LEG
rc
èglo
- celui de <>000, C’était l’effectif normal des légions
> bien qu’on trouve chez lui et chez les écrivains
de-C<on't parlé de ses guerres des renseignements très
différents sur
dispar
cette question 2; mais toutes les difficultés
•aissent si l’on considère les chiffres donnés comme
, tant le nombre des soldats présents au corps et
non pas celui des inscrits sur le papier 3. C’est aussi
l'effectif que les auteurs ont indiqué d’une façon générale
our l’armée impériale : « La légion, dit Isidore4, ren¬
ferme six mille soldats », eton lit dans Suidas3; « Asyewv
à Pwtiatocç éijaxiff/i'Xioi ffTpaTitSrat. » EL pourtant ces asséc¬
hons si nettes sont contredites par d’autres témoignages G.
Suétone dit: « Legio dicitur virorum electio fortium vel
vertus militum numerus id est VDC ». D’autre part, Hy-
uin, dont les écrits, d’après les travaux les plus récents,
représenteraient l’état de l’armée au début du 11e siècle,
avant les réformes de l’empereur Hadrien 7, indique pour
chaque cohorte le total de 480 hommes, soit S 280 pour la
légion tout entière 8 , la première cohorte ayant un effectif
double de celui des autres. Par contre, au temps de
Septime Sévère, Dion compte pour chaque cohorte ,J
550 soldats, c’est-à-dire 6050 pour toute la légion, ce qui
nous ramène au chiffre théorique de 6000. C’est, en
somme, celui qu’il faut adopter10, du moins pour l'époque
postérieure à Hadrien et antérieure à Dioclétien.
J’ai expliqué plus haut, d’après M. Mommsen, comment
le chiffre de 6000, tout en restant en principe celui de
l’effectif légionnaire, fut fractionné en six parties, et com¬
ment le personnel des légions du ive siècle ne s’élevait pas
au-dessus de 1000 hommes11.
Cet effectif se composait de fantassins et de cavaliers,
du moins aux époques où la légion comprenait de la
cavalerie. On verra à l’article équités quel fut le nombre
des cavaliers aux différentes périodes de l’histoire mili¬
taire de Rome. Je rappellerai seulement que, sous
1 Empire, il s’élevait à 120 au Ier siècle et peut-être à 300
a partir d’Hadrien. Yégèce donne le total de 730, qui
semble considérable12.
Divisions de la légion. — A l’origine, la légion était
divisée en centuries, la centurie étant une division de. la
classe 13 [centuria]. Plus tard, à la suite de la réforme
attribuée à Camille (voir p. 1047), l’unité tactique
evient le manipule, ainsi nommé de l’enseigne qui le
istinguait et qui était primitivement, dit-on, une poignée
e oin attachée au haut d’une perche u. Il paraît résulter
c certains textes lu que l’on distingua d’abord par ce
enne la compagnie de 100 hommes : centurie et
manipule auraient été alors, théoriquement du moins, la
jQJ. 6 chose- * Uls’ les mots .perdant leur valeur étymo-
h que, e manipule fut, pour des raisons militaires.
Se en ^eux centuries, placées chacune sous la direc¬
tion d’un centurion : celui de droite (prior) commandait
tout le manipule et avait, par conséquent, sous ses ordres,
comme lieutenant, le centurion de gauche (posterior).
C’est l’état que nous décrit Polybe16.
L’effectif légionnaire étant variable et le nombre des
manipules étant constant, trente par légions 17, leureffectif
variait naturellement, lui aussi, suivant le nombre des
légionnaires. Pour la légion de 4200 hommes on comptait :
Hastati... 10 manipules de 120 hommes = 20 centuries de 60 hom.
Principes. — — = — —
Triarii.... — 60 = — 30
Les vélites n’avaient pas de divisions propres : « ils
étaient, nous dit Polybe 18, répartis en nombre égal, entre
tous les manipules » à raison de 20 par centuries.
Marquardt 19 admet que les hommes dans le manipule
étaient rangés sur huit rangs de profondeur, sauf les
triaires qui étaient disposés sur cinq rangs. [Pour l’ordre
de combat, voir acies]. Sur une même ligne ou dans une
même file, les soldats étaient à trois pieds romains l’un
de l’autre (Om,887); mais on modifiait cette distance si
l’on voulait donner plus de mobilité ( ordines laxare )20.
Nous avons indiqué ailleurs que les 300 cavaliers
légionnaires étaient répartis, de leur côté, en dix turmes
de 30 hommes chacune [équités].
Peut-être rencontre-t-on déjà à cette époque la trace
d’une autre division. Suivant certains auteurs, on pour¬
rait conclure de quelques textes que parfois des fractions
de légions étaient groupées ensemble sous le nom de
cohorte, par exemple un manipule d’hastats, un manipule
de princes et un manipule de triaires21. En tout cas, il
est certain que c’est là la base même de la répartition des
légionnaires en dix cohortes attribuée à Marius. Comme
la légion comptait alors à peu près 6 000 hommes22,
la cohorte était forte de 600, du moins en principe, et ce
chiffre resta l’effectif réglementaire dans la suite; en fait,
il variait suivant l’importance des cadres légionnaires
[COUOBS] .
Naturellement, l’ordre de combat de la légion, à la suile
de ces changements, fut complément modifié [acies].
Ainsi, dans le nouvel état de choses militaires qui
caractérise le début du Ier siècle av. J.-C., la légion
était divisée en 10 cohortes, chacune de ces cohortes en
3 manipules, et chaque manipule en 2 centuries, soit
6 centuries par cohorte ou 60 par légion.
Rien ne fut changé par César. Cincius, son contem¬
porain, le dit23, et différents passages de ses écrits le prou¬
vent24. On y voit très nettement, en particulier, que le
manipule continua, de son temps, à être l’unité tactique25,
la centurie l’unité administrative 2fi.
La même organisation persista sous tout l’Empire,
P’ «) et Cnn' T’’ Il1,4’ K Lange ( Hist. mutât . rei mil.
U'api-ès Plutarnm. ri, ’U ' ^neg. *h P- 213) admettent le nombre de 5 000
Caesars, 1, p g _ 2 p COIHlus'ou osl combattue par M. FrSlich, Das Kriegwesen
Ca esars, p. 3 __ , 1 p 1Cl!’ ^oc' cl7- ’ ^ustow, Heerwesen und Kriegführung
~ 5 Suidas H Kio,-, r ‘Ch’ °P ’ CiL p> 11 et 12- — 4 Orig. IX, 3, 46.
VU, 274. J 6 Bernlla«iy) ; cl. Veget. I, 17; il, 2; Serv. Ad Aen.
castra,' f/J n reli(D'iae, p. 315, 29 (Éd. Rotti). - 7 Lib. de
LXXV, 12, 5. 1 10 mmm Z6WSki’ P- 69 et suiv>-~ *Ibid- P- 69- - 9 Dio,
Permanent de la p,,; ommsen et R. Bôckh ne croient pas que l’effectif réel
eP'gr. iruth. VU, ^83 ^S0lt élevé jamais plus haut que 5 000 hommes (Arch.
" 12 Voir l'articte’ ’ ~ 11 Mommsen, Hermes , 1889, p. 215 et 254.
fés au mot cENT„R,AL.S’rP' 784 Ct sulv', noles t>20 à 627. — 13Cf. outre les articles
■'U Muller, Bie Entl -, Cm' ^‘e serv’an. Centurienverfassung , Sorau, 1874;
“~14,uc. auct. Oria l™9 de* Servian- Beeres (Philol. 1876, p. 126 et suiv.).
. » . rom. 22, 3 ; Plut. rt0m. 8 ; Or. Fast. 111, 115 ; Isid. Orig.
IX, 3, 50; XVIII, 3, 3. — 13 Non. p. 520 M; Varr. De l. I. V, 88; Liv. I, 52.
_ 16 Polyb. VI, 24. — 17 Polyb. Loc. cit. ; Cincius cité par Aul. Gell.iV. att. XVI, 4,0 ;
In legione sunt centuriae sexaginta, manipuli triginta ; Serv. Ad Aen. XI, 463 :
Dionys. IX, 10 ; Liv. XLU, 34. — ISPolyb. VI, 24, 4. — i s Org. mil. p. 37 ; cf.
Schneider, Der Botten-und Gliederabstandin der Légion ( Philolog . Wochensclir.
VI, p. 609 et suiv). — 20 Polyb. XVIII, 30, 6 ; Liv. XXII, 47 ; Caes. Bell. civ. II, 25, 2 ;
Veget. III, 14. — 21 Polyb. XI, 23 ; cf. Marquardt, Org. mil. p. 149 et les
notes 2 et 3. Cette opinion est vivement combattue et avec d’excellents arguments
par M.von Domaszewski (Die Fahnen im rôm. Heere, p. 16 et suiv.). Voir aussi
Mommsen, Die Bildung der Legioncohorte dans les Arch. epigr. Millh. X, 1886,
p. 7 et suiv.— 22 Cf. les notes 1 à 3, ci-dessus. — 23 Aul. Gell. N. al. XVI, 4, 6. — 24 Par
exemple : Bel. gai. VII, 60, 2, 3; Bel. civ. I, 11, 4; I, 83, 2; Bel. Alex. 63, 1 ;
Bel. Afr. 11, 3; 12, 3; Bel. hisp. 30, 1. — 25 Caes. Bel. gai. II, 25, 2; VI, 34,
6; Bel. civ. I, 76, 1 ; H, 28, 1. — 26 Caes. Bel. civ. I, 64, 4; 76, 3; cf. Friihlich,
Das Kriegwesen Caesars, 1,- p. 13 et suiv.
LEG
— 1052 —
comme le démontrent de nombreux textes d’auteurs et
plus d’une inscription. Il suffit, pour s’en convaincre, de
se reporter aux listes militaires qui nous ont été conser¬
vées. Les soldats y sont classés, non par manipules, mais
par centuries et par cohortes, chacune renfermant des
principales aussi bien que des soldats1. Par contre, la
centurie ne possède aucune enseigne propre; les signa
continuent à être attribués aux manipules2.
De bonne heure, cependant, le nombre des soldats de
la première cohorte fut doublé; si cette modification de
détail ne remonte pas à César, elle a été attribuée par
certains à Auguste ;); en tout cas, la légion dont Hygin
décrit le camp, c’est-à-dire celle du début du 11e siècle,
offre cette particularité 4. On la retrouve aussi signalée
par Yégèce 5. A partir d’une certaine époque, également,
le nombre des centuries de la première cohorte fut
ramené de six à cinq : il était encore de six sous Tibère 11
et au temps d’Hygin’; il n’est plus que de cinq sous
Septime Sévère 8. On a rapporté ce changement à l’empe¬
reur Hadrien avec vraisemblance, mais sans une certitude
absolue9. Rien n’est modifié à cet égard dans la légion
que décrit Yégèce : cet auteur compte pour la première
cohorte dix centuries10, soit cinq centuries renforcées.
A l’époque impériale on rencontre une autre subdivi¬
sion de la centurie dont il n'était pas question auparavant, le
contubernium ou groupe de 10 hommes, avec un deçà nus
pour chef. Yégèce 11 nous en parle, mais nous n’en trou¬
vons pas trace sur les monuments officiels.
Chaque cohorte comprenait un certain nombre de cava¬
liers ; nous en trouvons la preuve sur les inscriptions et
en particulier dans les listes légionnaires qui nous pré¬
sentent l’effectif de la légion divisé par cohortes12. Cette
répartition pourrait remonter à l’empereur Hadrien;
auparavant, la cavalerie légionnaire aurait été divisée en
turmes, suivant quelques-uns; mais le fait est très incer¬
tain13 [équités].
II. Composition de i,a légion. — A. Le commandant en
chef. — Pendant toute la période républicaine, la légion
n’eut pas de chef propre. Le commandement était tour à
tour exercé par les tribuns. Deux d’entre eux prenaient
en commun pendant deux mois la direction des soldats1' ,
soit qu’ils alternassent l’un avec l’autre chaque jour 13 ou
chaque mois16, soit qu’ils se partageassent les devoirs de
la charge11. On ignore tout à fait quels étaient, dans le
détail, leurs rapports entre eux et la situation des autres
tribuns à leur égard.
C’est César qui le premier comprit la nécessité de
réunir en une seule main les fonctions de commandant
supérieur; il lui arriva plus d’une fois de choisir un offi¬
cier et de le placer à la tète d’une légion soit un jour de
1 C. i. I. III, 0380, 66 27, 7449 ; VIII, 2567, 2568, 2569. Pour la division
en dix cohortes, cf. aussi II, p. 335 (Index, s. v. Legiones). — 2 Domas-
zewski, Die Fahnen im rôm. Hetn'e , p. 23. — 3 Marrpiardt, Or g. mil. p. 362.
— 4 Lib. de mun. castr. 3. — 3 Veget. II, 8. — 6 Tac. Ann. I, 32;
cf. Cincius (contemporain d'Auguste) ap. Aul. Gell. XVI, 4, 6. — ’ Lib. de
mun. castr. (éd. Domaszewski), p. 45 et 46. — 8 Corp. inscr. lat. VIII, 2555,
18072. - — 9 Nous avons un autre document qui nous fait connaître sous Marc-
Aurèle le nom des centurions de la légion IIP Augusta; malheureusement, pour
ce détail, il n’est pas probant (C. i. I. VIII, 18065). — 10 Veget. II, 8. — U Ibid.
_ 12 C. i. I. III, 6178 ; VIII, 2576. — 13 Ce que j'ai dit à ce sujet à l’article équités
est à corriger; cf. Domaszewski, C. i. I. III, 7459, et Yerhandlungen der
42 Philologenversamml. p. 339; Mommsen, Korrespondenzblatl der Westd.
Zcitschr. V, p. 568; Arch. epigr. Mitth. X, 1880, p. 29. — 14 Polyb. VI, 34, 3.
_ 13 Polyb. III, lto, 4; Liv. XXII, 41, 3. — 10 Liv. XL, 41, 8. — 17 Mommsen,
Droit public rom. I, p. 54, note 1. — 18 Cacs. Bel. gai. I, 52; II, 20; Bel. Civ.
III _ 19 Id. V, 1, 24, 25, 47 ; cf. Frôlich, Bas Krieguiesen Cacsars, I, p. 19.
_ 20 Dio, LU, 22; Tac. Ann. I, 44. — 21 Bor^hcsi, Œuvr. IV, p. 138 et suh.
LEG
bataille18, soit pour un temps plus long19; majs rii||
combinaison n’offrait aucun caractère de stabilité • p
légats légionnaires de César ne sont que des officie,.'
détachés de l’état-major et chargés d’une mission temp0
mire : tel est d’ailleurs le sens propre du mot legatus
[legatus].
Avec Auguste, au contraire, l’institution devint défini
tive. Chaque légion fut mise sous les ordres d’un com¬
mandant unique et permanent qui, étant le délégué du
chef suprême de l'armée, l’empereur [imperator], i-ecoii
le titre de legatus legionis 20. Les légats légionnaires
appartenaient àl’ordre sénatorial21 ; en principe, ils étaient
pris parmi les anciens préteurs (on a pourtant quelques
exemples de personnages appelés au commandement
d’une légion avant la préture 22), de préférence parmi
les préteurs sortant de charge23. Ceux qui ne remplissent
pas ces conditions portent dans les textes le titre de prn
legato ou de praepositus 24.
On trouve même au 111e siècle des chefs de légion qui
prennent le titre de dux, pour indiquer, sans doute,
qu’ils avaient le commandement du corps dans une expé¬
dition, par opposition au praepositus qui a un sens
surtout administratif 2B.
Le légat avait sous ses ordres, non seulement la 'légion
dont il portait le nom, mais encore tous les auxiliaires qui
y étaient rattachés 26 . Il possédait, naturellement, toutes
les prérogatives d’un commandant en chef. A partir du
règne de l’empereur Gallien, qui interdit aux sénateurs
la carrière militaire, les légions cessèrent d’être com¬
mandées par des légats. Ces officiers généraux furent rem¬
placés par des préfets appartenant à l’ordre équestre2’.
A l’état-major d’un légat légionnaire étaient attachés
un certain nombre de sous-officiers : des bénéficiant,
employés à des missions spéciales, de confiance 29 , benefi-
ciarii] , des stratores ou écuyers30, un comment ariensis",
qui devait tenir au courant les registres où I on relatait
chaque jour les faits intéressant la légion et conserveries
archives32 ; u n corn iculari us 33 , sans doute le chef des libra-
rii ou comptables34; un actarius avec des exacte pl;ices
sous ses ordres, pour rédiger les différentsactes adminis¬
tratifs relatifs au corps36; peut-être un cerarius qui était
un librarius d’un genre particulier (la différence nous
échappe, l’origine du nom étant d’ailleurs évidente )«
enfin peut-être aussi un ou plusieurs quaeslionarii, P0111
informer les affaires disciplinaires de la légion 1
Les papiers delalégion étaientconservés dans des cnllres
confiés à la surveillance de capsarii 38.
B. Les officiers supérieurs. — Tribuns ". -
qu’à l’époque antéhistoriqye où la légion se comptai1
de trois contingents de mille hommes empruntés o u x
. . ( y | y
- 22 Tac. Ann. Il, 36 : XIV, 28 ; Suct. Ner. 15 ; Corp. inscr. lat. X. fi<W_ [ ^
1608. — 23 Corp. inscr. lat. II, 4509; III, 4013, 6819; V, 531, 6974, 69
2456, 3364; XI, 3004, 5210 et 5211 (praet. design.) ; Inscr. Helv. 17’’; 1 .J,
1036; Tac. Hist. I, 48. — 24 C. i. I. III, 605; Tac. Ann. XV, 28; Hu.
jrenfell et Hunt, Oxyr. papyr. I, n» un, recto, col. 2, n» 4, 6. — ■ • ’
2034; III, 4855 : P.p. leg. Il liai, duci leg. III liai, duci et praep. ley-^ ^ (
- 26 Corp. inscr. lat. Vlll, 2582 , 2744. — 27 Aur. Vict. Caes. 33. — - ’ ^
[II, 1050, 3412, 4318, 4321; VI, 3335; Brambach, 500, 999; Arch. epuj'^
1892, p. 209. — 29 R. Cagnat, Armée d'Afrique, p. 127. — 30 C. »• ■ ’ ^3.
1317; Ann. épigr. 1888, 50. - 31 C. i. I. III, 4452. - 32 Arm.d'. ^
- 33 Corp. inscr. lat. III, 4363 ; Brambach, 149. — 34 Cf. ' .([ 387.
' Acad, des Inscr. 1898, p. 384 et suiv. - 33 Ibid. p. 386 et 387. ‘‘ÿ ’ wj
il faut en rapprocher les notarii ou exceptores, secrétaires (Eph. ep‘!l' ' Jionarii
;t suiv.). — 37 M. Mommsen, Eph. epigr. IV, p. 421, regarde les ^
:onimc attachés plutôt aux chefs de corps d armée. 38 Diy. J’ 1 r0nim^''
user. lat. VIII, 25 53. — 39 p. Geppert, De tribunis militum in légion ^ s||iv,
tladvig, Die rôm. Officiere, dans les Kleine philol. Scriften , P-
LEG
— 1053 —
LEG
u-énétiques de Rome, chacun de ces contingents
tro^11’1 ,Ui,« , ar un tribun: soit trois tribuns pour
était cominc tard, le nombre fut doublé, on
toute ‘l“and e't comment2, et le chiffre de six tribuns
ignore fl, J ^ chiffre réglementaire pour toute la
Par la République. Ceux-ci furent d'abord désignés
dU1,|7 consuls ou les dictateurs, héritiers du pouvoir
Pai'. 7" mais à partir de l’année 392 = 362, le peuple
™ Vlxi’-ea le droit de nommer dans les comices par tribus
I tribuns sur les 24 que comportaient, chaque année, les
! dres normaux de l’armée»; puis, en 443 = 311, il
nleva aux consuls dix autres nominations et prit l’habi¬
tude de désigner 16 tribuns 4 ; enfin, en 547 = 207, il
se réserva la totalité des nominations, ou tout au
moins le choix des tribuns des quatre premières
légions, les autres continuant à être nommés par les
consuls5. Ces tribuns désignés par les généraux se
nommaient rufuli 8, les autres comitiati 7. Les uns et
les autres étaient considérés comme égaux. Us entraient
en' fonction, comme tous les magistrats, au 1er janvier 8
et restaient en charge une année 9.
y Les tribuns étaient généralement choisis parmi les
jeunes gens de la classe sénatoriale, ou les chevaliers
qui voulaient commencer leur carrière ( nobiles adoles¬
centes)10] ils n’avaient point, d’habitude, servi antérieu¬
rement en qualité de soldats ou d’officiers subalternes,
mais avaient fait leurs premières campagnes dans la
cavalerie, ou dans l’état-major d’un général [comes, con-
ïubernalis] 11 . Mais on sait, d’autre part, qu’à l’époque de
Polybe, sur les 24 tribuns des quatre premières légions,
14 devaient être choisis parmi les citoyens ayant fait
3 campagnes et 10 parmi ceux qui avaient dix ans de
service12. M. Geppert suppose que cette obligation fut
imposée par la loi Yillia de 574=180; elle aurait été
ensuite abolie par Sylla 13.
Du temps de César, les tribuns légionnaires étaient des
jeunes gens1'", quelques-uns assez peu habitués aux
choses de la guerre; c’est ce qui explique pourquoi il
les faisait remplacer à la tète des légions, dans les
circonstances graves, par des officiers éprouvés {légat i).
I A 1 époque impériale, le tribunat militaire continua à
èüe accordé aux jeunes gens de la classe sénatoriale, qui
faisaient ainsi, assez aisément, leur temps de service obli-
j gatoire pour entrer au sénat 1S. On exigeait, avant de leur
louMii les légions, 1 âge minimum de dix-huit ans16. Au
■commencement de l’Empire, ils géraient parfois, avant
I arriver au tribunat, une des charges du vigintivirat 17 ;
, aUtl‘es fois_le b’ibunat précédait 18 ; à partir des Flaviens,
■ a camère sénatoriale n’a jamais débuté par le tribunat 19.
2 Gcp-
3 Liv. VII, 5.
m o!WtC!Wq; Manud dcS dilutions romaine s, 260
- 4 ij, P- ' ; Mommsen, Droit publ. rom. lit, p. 213 - 3
cf. Oepnert Cir -, ’ AAlNI1' 36 (l)our llû système un peu différent,
HlM; S,; ^ «! Ç- <■ '■ 1. I»., L *, Cic. Pr'o
Mbuns, Ch. Giraud I n’ B 1 eslus’ Bpit. p. 260 s. v. — 7 Voir sur ces
Da«s cette brochure r . r0nze* d'0suna> remarques nouvelles , p. 23 et suiv.
Wbuns nommés pai. j’ 11 aUC a souteau’ contre certains savants, l'opinion que les
opinion adoptée nu- mm °i|UCCS S°nt *6S tribuni militum a populo des inscriptions,
- 6 Cic. Ad Z V-; ^omnisen et Marquardt. — 8 Cic ./„ Verr. act. I, 10,30.
Marquardt ’ ~ 10 Liv‘ XIV' R XX"- «b 1 ; Plut. Flam. 1.
vh 10, i. _ 13’ , miL P- 62 i Geppert, Op. cit. p. 15 et suiv. — 12 p0lyb.
39> 2 i V, 30, 1. J j3 1* ' P„21' ~ U Caes- Bel. afr. 28, 2 ; 54, 1 ; Bel. gai. \,
«vil, u. __ 1B 0 I®"- Ep,st- 47- 10; Suet. Tib. 9; Plin. Epist. VI, 31; Dio,
P* -03, note \ ’ ,, ’ -8.; *)l0’ 20 J cf. Mommsen, Droit publ.
V. 35 jo-ir- * 1 1 • ^ III, 551 : V. 531 : cf _ 18 r
l0t V> 35, 3375 ; VI, Km “..jV ; V' 531 i <*• 36. - 18 Corp. inscr.
■ Mommsen (On ru u ’ 19 Cf. toute la liste d’inscriptions citée par
mmsen, Op. cit. p. 204, note 3,
■“Oiumscn (On ni ir " loute 1
el Cours aL p- ,!03; ,110tc *). - 20 Mo
v.
ePif/ranhip n o / r. x - ’ I’* 11016
(• dit.), p. 99 ; cf. Ccnterwal, Quae publica officia
Les tribuns de cette sorte se nommaient tribuns lati-
c laves. On en rencontre .jusqu’à l’époque de l’empereur
Sévère Alexandre'20; il est certain qu’ils disparurent en
même temps que les légats au temps de Gallien.
Les tribuns militaires, sous la République, avaient,
par le fait même de leur grade, rang de chevaliers et
droit à l’anneau d’or. Il en fut de même sous les empe¬
reurs pour les tribuns laticlaves 21 .
Mais à côté de ces jeunes sénateurs, on rencontre
comme tribuns des personnages qui avaient déjà accompli
un certain nombre d’années de service au titre de sous-
officiers ou d’officiers. C’est, là encore, le résultat des
réformes d’Auguste. Il voulut ainsi fournir à la légion
des chefs éprouvés. Il établit donc que, pour être admis
dans la carrière équestre, les jeunes gens de famille ou
de cens équestre et ceux qui pouvaient prétendre au rang
de chevalier par des services antérieurs devraient com¬
mencer par faire leur service militaire comme officiers
[eques]. II leur imposa, entre autres, la charge de tribun
légionnaire [a milites]. Au début de l’Empire, le tribunat
était le dernier degré de cette carrière22 ; il devint ensuite
l’avant-dernier23. Par opposition aux premiers, les tribuns
militaires de rang équestre s’appelaient ailgusticlaves.
Le rôle des tribuns était à la fois celui d’officiers et
d’administrateurs, ou plutôt une partie des tribuns d’une
légion, les laticlaves généralement, s’occupaient d'admi¬
nistration, les autres, les angusticlaves, étant plus spécia¬
lement chargés d’attributions militaires 21 ; distinction
qui n’est pas faite par ceux des auteurs qui nous ont parlé
des fonctions réservées aux tribuns 25. Ces fonctions sont :
1° Pour la partie purement militaire : conduire la légion et
ses différentes parties dans les marches et sur le champ
de bataille26 ; inspecter les postes qui ont la garde du
camp et surveiller les rondes27; former les recrues28,
présider aux exercices 29, faire partie du conseil de
guerre 30 et du tribunal légionnaire 31 . 2° Pour la partie
administrative : tenir au courant les listes des soldats
présents au corps32; donner leur congé aux libérés33;
distribuer les permissions3'*; avoir soin des approvi¬
sionnements 35 et surveiller l’hôpital 3G. C’est surtout
comme administrateurs que les tribuns avaient besoin
d’auxiliaires et de commis aux écritures. A l’état-major
des tribuns étaient affectés des benefteiarii 37, un com¬
ment ariensis™ et un comicularius 39 , chef de librarii t0.
Préfet du camp'11. — Le règlement impérial qui ren¬
dit les légions permanentes et assigna à chacune d’elles
un camp fixe eut pour conséquence la création d’un per¬
sonnage spécial chargé du commandement de ce camp.
Cette fonction demandait non point un brillant officier.
ante quaesturam geri solda sint, p. 39 ut suiv. — 21 Appian. Bell. pnn. 104 ; Cacs.
Bd. gall. III, 10 ; VII, 05; Bel. civ. I, 77. — 22 Suet. Claud. 25. — 23 Geppert,
Op. cit. p. 27 et 28 et les noies; Hirschfeld, U ntersuchungen , p. 247; cf. mon
Cours d'épigraphie , p. 110. — 24 Mommsen, Etude sur Pline le Jeune , p. 52:
Eph. epigr. IV, p. 394, note 1. — 23 Macer, Dig. XL1X, 16, 12, § 2; Veget. II, 12;
Tac. Ann. 1, 37. — 26 Caes. Bel. gai. VI, 36 et 39 ; Bel. civ. II, 20 ; 111, 93 ; Bel. afr.
77 ■ Vit. Alex. 57 ; Plin. Hist. nat. XXII, 11 ; Vit. Aureliani, 7. — 27 Polyb. VI,
35 el 36. Sous l’Empire, cette charge a passé en partie entre les mains du préfet du
camp (Tac. Ann. I, 32). — 28 Vit. Maximin. duor. 5. — 29 Dig. I. c. ; Veget. II,
12 ; Vit. Maximin. I. c. ; cf. Geppert, Op. cit. p. 47 et suiv. — 30 Caes. Bel. gai.
V, 28; VI, 7. - 31 Tac. Ann. I, 44; Quint, üecl. III, 9 ; Veget. II, 9; Isid. Orig.
IX, 3, 29. — 32 Marquardt, Op. cit. p. 181. — 33 Tac. Ann. I, 37. — 34 Cgd. Just.
XII, 36, 13. — 3o Caes. Bel. gai. III, 7; VI, 39; Dig. I. c. — 36 Liv. VIII, 36;
Dig. I. c.; Veget. III, 2. — 37 C. i. I. III, 101, 190, 1584; V, 7366 ; VIII, 2551,
2564, 2567, 2774; Grenfell et Hunt, Oxyr. papyr. I, u» 32; Ann. èpigr. 1891,
149.’— 38 Corp. inscr. lat. VIII, 2586. — 39 C. i. I. III, 4322, 4558, 59741
VIII, 2930 ; Ann. épigr. 1891, 149. — 40 C. i. I. VIII, 2626. — 41 VVilmanns,
Eph. epigr. I, p. 8 1 cl suiv.
133
LEG
— 1054 —
LEG
mais un homme très expérimenté et parfaitement au cou¬
rant des détails du service ; aussi ne choisissait-on pas le
préfet parmi les jeunes nobles ou les futurs procurateurs
de rang équestre, mais parmi d'anciens centurions, géné¬
ralement même d'anciens primipiles 1 . Au icr siècle,
où plusieurs légions occupaient le même camp, il y avait
autant de préfets légionnaires 2 dans une province que de
castra siativa. Mais au u° siècle, les choses changèrent :
Domitien ayant décidé que désormais chaque légion
aurait son lieu de campement particulier, il fut créé un
praefectus castrorum par légion3 : c'est à partir de cette
date que ce genre d'officiers prit le titre de praefectus
castrorum legionis, ou, par abréviation, depuis Septime
Sévère, praefectus legionis'4’ .
Un texte de Yégèce 5, confirmé par des allusions
éparses chez les auteurs et par des inscriptions, nous
apprend que le praefectus castrorum était à la tête de
tous les services intérieurs destinés à assurer l’entretien
du camp, des édifices et des baraquements qu’il conte¬
nait, et du matériel légionnaire : il décidait de la position
du camp, de la hauteur du valfum et de la largeur du
fossé ; il s’occupait des casernements des soldats et de
leurs bagages ; des malades et des médecins attachés à
l’hôpital ; des voitures, des outils, des bois et des maté¬
riaux de construction ; de l’alimentation en eau de la
place, des machines de guerre, etc. Ce sont là ses fonc¬
tions administratives. On le. voit aussi chargé de main¬
tenir la discipline dans le camp 0 ; et, à ce titre, il jouis¬
sait d'une certaine juridiction, pourtant assez limitée7.
On le trouve à la tête des détachements légionnaires
envoyés dans la campagne pour établir des routes ou
construire des ponts8. Rarement il prenait part aux
opérations militaires; d’habitude, pendant le combat, il
demeurait au camp avec la réserve 9, prêt à marcher à
sa tête au secours de la légion, si sa présence devenait
nécessaire 10.
Le préfet du camp pouvait en certains cas remplacer
le légat absent11. C'était la règle, en Égypte, d’où les
personnages d'ordre sénatorial étaient exclus par un
règlement formel 12 : les légions cantonnées dans ce pays
n'ont jamais eu à leur tète qu'un préfet l3. Ce fut aussi la
règle pour les légions Parthiques créées par Septime
Sévère 14 et pour toutes les autres après le règne de Gallien
qui décida, ainsi qu'il a été dit plus haut, la suppression
des légats légionnaires. Les praefecti castrorum , ou
mieux les praefecti legionis , prirent alors le titre, que
l’on rencontre sur les inscriptions entre Gallien et
Dioclétien, de vice-legatorum 1 ;.
Les bureaux d'état-major [officium) du préfet du camp
se composaient de beneficiarii 1G, d’un commenlariensis 1 ‘
et d’un corniculariusiS , chef du bureau des librarii 19.
C. Officiers inférieurs. — Centurions 20. — J’ai expli-
1 Tac. Ann. I, 20 ; Vcget. II, 10; Corp. inscr. lcd. III, 6809; IX, 2687;
X, 4868 ; XI, 5215. — 2 Tac. Ann. I, 16 ; Hist. I, 56; IV, 24. — 3 Suel.
Boni. 7. — 4 M. Hirschfeld ( Verwaltungsgesch . p. 249, note 5) pense que
Septime Sévère augmenta les attributions du préfet de la légion aux dépens
de celles du légat. — G Veget. II, 10. Un deuxième passage (II, 9) s applique
au préfet de la légion d’époque postérieure et contient, par conséquent, ré¬
numération des fonctions réservées à îa fois au major de la place et au chef de
la légion. — G Tac. Ann. 1, 20 ; Hist. III, 7. — 7 Tac. Ann. I, 38. — 8 Ibid. I, 20;
XII, 38. — 9 Tac. Hist. II, 26. — 10 Ibid. II, 29; Vell. II, 119, 120. — H Tac.
Ann. XIV, 37 ; Hist. II, 29. — 12 Dio. LI, 17 ; Tac. Ann. II, 59. — 13 Mommsen,
Arch. Zeit. 1869, p. 124 et suiv. ; Wilmanns, Eph. epigr. I, p. 90 et 91. Les
inscriptions militaires ne mentionnent jamais que le préfet du camp; cf. par ex.
Ann. épigr. 1897, 40, 41, 42, 129. — 14 Hirschfeld, Sitzungsberichte derBerl. Akad.
1889, p. 434. — 13 Corp. inscr. lat. III, 3424, 3469, 4289. — IG Corp. inscr. ht.
qué plus haut que la centurie était une division i|(. ]
légion primitive aussi bien que de la légion servienn,,
L’officier qui commandait la centurie portait, comme i|
est naturel, le nom de centurio. Quand le manipule l'm
devenu l’unité tactique, la centurie persista comme divi
sion du manipule et chaque manipule compta deux cen
Lirions, celui de l’aile droite étant le prior , celui de
l’aile gauche le posterior. Mais d’autre part les soldats
comprenaient trois catégories : triarii ou pilf pr^
cipes et hastati ; il y avait donc 20 centurions de/n/,'
10 priores et 10 posteriores, qui se distinguaient entré
eux par le numéro du manipule : un pilus prior
prioris centuriae , et un pilus posterior prions cen¬
turiae, un pilus prior secundae centuriae et un pHUs
posterior secundae centuriae , etc. De même pour les
autres sortes de manipules21.
La hiérarchie des centurions était déterminée à la
fois par celui de la classe à laquelle ils appartenaient
(pili, principes , hastati) et par le rang qu’ils occupaient
dans chacune d’elles 22 ; mais on n’est pas d’accord sur la
façon dont l’avancement se faisait. Les uns 23 veulent que
les centurions aient dû franchir successivement ou, du
moins, par échelons, les dix grades, des centurions
posteriores des hastats, puis ceux des centurions poste¬
riores des princi pes, puis ceux des centurions posterions
des pili, pour recommencer ensuite avec le rang de
centurion prior la même ascension à travers les divers
manipules de hastats, de princes et de pili jusqu’au litre
de primus pilus. D’autres21 sont d’avis qu’il fallait par¬
courir les différents degrés hiérarchiques de la classe
des hastats ( decimus hastatus prioris centuriae , ded-
mus hastatus posterions centuriae , nonus hastatus
prioris centuriae , nonus hastatus posterions centu¬
riae, etc.), puis ceux de la classe des princes et enfin
ceux de la classe des pili.
La division en cohortes qui s’introduisit vers la fin de
la République amena un nouveau changement dans la
classification des centurions. Ceux-ci continuèrent à être
divisés en priores et en posteriores, à être qualifies de
hastati , principes et pili, bien que la distinction entre
ces différentes sortes de légionnaires eût perdu toute
signification; mais on les classa d’après la dignité de la
cohorte à laquelle ils appartenaient, et dans cette
cohorte suivant le rang qu’ils occupaient, conformément
aux anciennes coutumes 2:;. La dernière cohorte était
naturellement la dixième, et la première était la pli|S
honorable ; ainsi, pour prendre les expressions mêmes de
César, les octavi ordines 2\ par exemple, ou centurions
de la huitième cohorte, appartenaient à la catégorie des
inferiores ordines 27, les superiores ordines se composant
des centurions des cinq premières cohortes 28 . Quant a
ceux de la première, qui contenait le primipile, ils P01
7 , III II) 1*1*1
111, 3559, 5071. -- 17 Corp. inscr. lat. V, 7004. — 18 Corp. inscr. lat. >
3565, 6023. — 19 Brambacli, 146; Comptes rendus de l’Acad. des Inset. 1
p. 58. — 20 Marquardt, Organis. milit. p. 65. — 21 H faut noter aussi q>‘
de dire par exemple : Centurio decimi ordinis, on appliquait le mot ordo a o
lui-même et on l'appelait ordo decimus (Caes. Bel. gall. V, 30; VI, 7,0 ;one
II, 112). — 22 Liv. XLII, 34. — 23 Marquardt, Loc. cit. ; Schneider, De 6" ' (
hastaria, p. 45 et suiv. — 2t A. Millier, Die Bangordnung und das A' ""^ '^
der Centurionen in der rôm. Légion ( Pkilologus , 1879, p. 126 et su‘vd ’.*) weten
Brunke, Bangordnung der Centurionen, 1884. — 25 Frôlich, Das K"1- !C ^
Caesars , I, p. 23 et suiv. ; Rüstow, Heerwesen und Kricgführung ^aeSa'fortlre
et suiv. ; Gôlcr, Caesars Gall. Krieg. II, p. 223 à 228 ; Belin de Launay,^ jg{
en bataille et les centurions à l'époque de Jules César ; A. Muller, Loc. a ■ ^
et siiiv. - 26 Cacs. Bel. gai. III, 53. - 27 Ibid. VI, 40. - 2» Millier, OP-
p. 133.
LEG
— 1055 —
LEG
nom de primi ordines 1 ; ces centurions
«aient le n légion une place tout à fait excep-
0CCUPnpnt Panaient part au conseil de guerre2 et
ti0nnplus d'un cas recevaient du général des missions
deCette Mérâichie des centurions se retrouve sous l'Em¬
pire Le seul changement qui s’introduisit fut le résultat
de l’importance numérique donnée à la première cohorte.
Sous ce nouveau régime, le nombre des centurions fut
réduit à cinq, le pilus posterior ayant été absorbé par le
primus pilus. Dès lors, la légion comprit 59 centurions,
conformément au tableau suivant 5 :
COHORS I.
Primus pilus 6.
Centurio princeps pnor 7-
Centurio hastatus pnor 8.
Centurio I princeps pos¬
terior 9.
_ hastatus pos¬
terior 10.
Cohors 11.
Centurio 11 poilus prior.
— princeps prior 11 .
— hastatus prior i 2.
_ pilus posterior.
— princeps poste¬
rior 13.
— hastatus poste¬
rior.
Cohors III.
Centurio III pilus prior u.
princeps
prior 13.
— hastatus prior.
— pilus poste¬
rior.
— princeps pos¬
terior.
— hastatus pos¬
terior 16.
Cohors IV.
Centurio IV pilus pjrior.
— princeps prior.
— hastatus
prior 17 .
— pilus posterior.
— princeps pos¬
terior.
— hastatus pos¬
terior.
Cohors V.
Centurio V pilus prior.
— princeps prior.
— hastatus prior.
— pilus posterior.
— princeps poste¬
rior 18.
— hastatus poste¬
rior 19.
Cohors VI.
Centurio VI pilus prior 20.
_ princeps prior.
— hastatus
prior 21 .
_ pilus posterior.
— princeps pos¬
terior 22.
— hastatus pos¬
terior.
Cohors VII.
Centurio VII pilus prior.
— princeps
prior.
— hastatus
prior.
— pilus poste¬
rior.
— princeps pos¬
terior.
— hastatus pos¬
terior.
Cohors VIII.
Centurio VIII pilus prior 23 .
— princeps
prior.
— hastatus
prior.
— pilus poste¬
rior.
— princeps 'pos¬
terior.
— hastatus pos¬
terior.
Cohors IX.
Centurio IX pilus prior.
— princeps
prior 2*.
— hastatus prior.
— pilus poste-
— rior 2S.
— princeps pos¬
terior.
— hastatus pos¬
terior 26.
Cohors X.
Centurio X pilus prior 27.
— princeps prior.
— hastatus prior.
— pilus posterior.
— princeps poste-
’rior.
— hastatus poste¬
rior.
‘ A effectif complet, ce qui n’arrivait pas toujours,
chacun de ces centurions commandait 80 hommes 2S,
excepté ceux de la première cohorte qui constituaient,
comme auparavant, les primi ordines 29. Parmi eux,
d’après Végèce30, leprimipile était à la tête de 400 hommes,
le princeps prior ou princeps praetorii , de 150 ; le
primus hastatus, de 200, le primus princeps posterior ,
de 150; le. primus hastatus posterior , de 100.
Outre les 59 centurions réglementaires, il est probable
que la légion en comptait un certain nombre d’autres,
répartis, d’après leur grade, dans les différentes cohortes31,
h qui le général confiait des fonctions administratives
spéciales ( centuriones supernumerarii ) 32.
[ A 1 époque républicaine, les centurions sortaient du
jang, on choisissait pour capitaines ceux que leur valeur,
cuis qualités militaires avaient, dans des campagnes
precedentes, désignés à l’attention du général33. Sous
Empire, la plus grande partie des postes de centurions
étaient encore donnés de cette façon ; l’empereur appelait
à ce grade ceux qui avaient fait leurs preuves dans les
différentes fonctions inférieures des légions31-, ou même
d’autres corps de troupes35. Mais un certain nombre de
centurions appartenaient à une classe sociale plus élevée,
à des familles de l’ordre équestre. Au lieu de commencer
leur carrière, comme il était de règle, par le grade de
préfet de cohorte auxiliaire, ils préféraient entrer dans
l’armée à titre de centurions légionnaires, attirés par les
bénéfices de l’emploi: ce sont les centuriones ex équité
romano des inscriptions36.
L’avancement ne se faisait que rarement sur place3'.
Pour l’ordinaire, les centurions passaient par un grand
nombre de légions, chaque changement correspondant à
une promotion dans un grade supérieur d.e la hiérarchie 38 .
Les centurions avaient d’abord et surtout un rôle mili¬
taire : ils commandaient et administraient leur com¬
pagnie. C’est pour cela que Végèce nous apprend dans
milii ' .'Ia .Clt‘ P' 26’ comljat *es opinions de Marquardt ( Organ
’ tC <JÔler (P- 288), de Belin de Launay [Op. cit. p. 71) et d'auti
- 3 ICI jl0mmseu’ EPh- V, p. 238. — 2 Caes. Bel. Gai. V, 28; VI,
Nominal f 5 44’ 37 ’ Vil, 17; Cît’- h 64. — 4 Moramst
Poe. cit. ■ R cdUS Centurionmn ( EPP ■ épigr. IV, p. 226 et suiv.) - 6 Mommsc
- c p,! aSnat, dans le Dizionario épigr. deM. de Ruggiero, s.v. Centur
4461 446v nf* T 011 PrirniPilus '■ Corp. inscr. lat. II, 1)72, 1207, 2424, 32’
VI, 326 1?*9, 2917’ 4835’ 8224 i V> 533, 534> SOS. 807, 030, 6513, 86(
inscr. ht m’ „ J ’ VlU’ 1322’ 2555> 2624> 2634, 7050, 18065, etc. — 7 Coi
^482, 2676 9x41 !n!‘80’ 159°’ 29‘7’ 350l> 3846’ 5293 i VI, 3628 ; VU, 168; VI
; T, ! *■ “5,“ Xl' 3*5- *“• - • ^ ~
III, 2883 ; VIII i8û79 ; , 1574, 2G4°’ 2825> 18072’ etc- - 9 CorP- inscr- 1
18072. 1 U F L 10 CorP- inscr • lat- III, 2883, 3846,4454; Vil, 597; V
- 13 Ibid 195 PvrfT.‘ H’ 33S- ~ 42 Ihid- 327 ; Corp. inscr. lat. III, 263, 65
1480. - 17 Ibi'd ’ 11; - UIbid: III, 6611. - 13 Ibid. X, 2770. - 16 Ibid.
~ 19 Corp. inscr ht vr’aT™* IM' IU’ 502 ; VIII> 14698 : Ann' iPi9r- 1898>
- ®lbid. VI saq, ‘ • ~ 20 Dessau, 2361. — 21 Corp. inscr. lat. VII, 1
Ibid. V, 7004. — l'+Ibid. III, 8047 ; VIII, 2938. — 23/4
III, 187. — 26 Ibid. VIII, 28 7 7. — 27 Ibid. 189, 23; Arm. épigr. 1899, p. 190.
— 28 Ilygin. De mun. castror. 1. — 29 Corp. inscr. lat. VIII, 2532, 18042, 18065
M. Mommsen {Epk. epigr. IV, p. 239) limite les primi ordines aux trois premiers
centurions de la première cohorte. On les nomme aussi ordinarii [Corp. inscr. lat.
V, 942, 8275 ; XI, 388 ; Veget. II, 8, etc.) ou ordinati [Corp. inscr. lat. VIII, 830).
— 30 Veget. II, 8; cf. Mommsen, Loc. cit. p. 228, et Corp. inscr. lat. III, 830.
31 Corp. inscr. lat. VIII, 18065. — 32 Ibid. VI, 1110; cf. R. Cagnat, Armée
d'Afrique, p. 196, et von Domaszewski, dans Pauly, Bealencyclopaedie, s. v. Cen-
turio, p. 1963, col. 1, 1. 41 et suiv. — 33 Polyb. VI, 24; Liv. XLII, 34. — 31 Les
exemples épigraphiques sont innombrables : C. i. I. III, 2035; V, 942; VI, 3603;
VIII, 217 : cf. 11301 ; XI, 390; Ann. épigr. 1892, 106. — 36 C. i. I. II, 4147 [ex
sing. Imp.); III, 3846 [ex cornicul. pr. praet.); 7334 [evocat. Aug.); X, 3733
evocat. in foro ab actis) ; XI, 395 [exercit. equit. specul.) ; Ann. épigr. 1899, 190.
evocatus), etc. — 36 Dio, LU, 25; C. i. I. III, 1480, 758 add. ; V, 7865, 7866;
III, 1647, 14698; IX, 951 ; X, 1127; C. i. gr. 2803, etc.; Stat. Silv. V, t, 94.
— 37 C. i. I. III, 186; VIII, 2627; XI, 390 et 391. — 38 C. i. 1.11, 4147,4162,
4461, 4463; III, 1480, 7334, 7397 ; VlU, 2938, 3001, 14854, 14698; IX, 4122; X,
1202, etc.
LEG
— 1056 —
LEG
un passage 1 qu'ils étaient occupés à faire respecter
la discipline et à diriger les exercices ; à surveiller les
vêlements et les chaussures de leurs hommes; à exiger
que les armes fussent bien fourbies et brillantes ; dans
un autre -, qu ils présidaient à l’établissement du fossé
du camp et punissaient les soldats qui travaillaient avec
négligence. D'après Juvénal, ils rendaient Injustice 3 : le
cep de vigne, signe de leur grade, indique, d’ailleurs,
suffisamment leur pouvoir coercitif 4. Mais, outre les
fonctions propres à leur situation, les centurions étaient
hien souvent chargés de missions spéciales soit auprès
du commandant en chef, soit à Rome, soit même dans
les provinces. Les inscriptions nous les montrent à la
tète de l'écurie du légat [strator] 5, ou de sa garde par¬
ticulière [airain agens peditum singularium 6, exerci-
tntor‘, praepositus equitum singularium 8), directeurs
de fabriques d’armes [curator opificum 9), ou d’exploi¬
tations minières10, occupés à faire tracer des routes11,
ou a régler des contestations de frontières12, remplaçant
le préfet légionnaire13, commandant des cohortes14, des
ailes lü, des troupes irrégulières 16, des détachements sou¬
vent importants17, etc.18.
Parmi les différents centurions, deux méritent une
mention spéciale: le primipile et le princeps practorii .
Le premier, nous 1 avons vu, commandait un nombre
d’hommes plus considérable que ses collègues; mais de
plus, il avait, à certains égards, autorité sur eux; c’était à
lui qu’était confiée la garde de l’aigle10 et l'aigle était
comme le centre de ralliement de la légion [signa mili-
taria]; il donnait le signal du départ, se portait, en
marche, à la tète de l'armée, pendant le combat, à la pre¬
mière ligne; c'était lui qui faisait exécuter les sonneries
intéressant l’ensemble des cohortes 20. Aussi Denys d’IIa-
licarnasse a-t-il pu dire que le primipile conduisait les
<>Ü centuries [primipilus] 21 .
Quant au princcps practorii , son activité s’exercait
surtout, semble-t-il, sur l’administration « ad quem propc
oninta quae ni legione ordinata sunt pertinent 22 ».
Aussi est-ce le seul des centurions auprès duquel on
trouve des employés aux écritures ( librarii ) au nombre
de deuxJi. J ai fait remarquer, ailleurs, que son nom
figurait, pour la même raison, sur le matériel légionnaire
à côté de celui du légat 24.
On sait que les fonctions de centurion et surtout de
primipile étaient tenues pour fort lucratives ; les béné¬
fices plus ou moins licites qu’on en pouvait retirer
(exemptions de corvées à prix d’argent)23, la part qu’on
avait au butin26, la grasse retraite que ce grade assu¬
rait2', en faisaient un objet d’émulation pour la petite
bourgeoisie à l’époque impériale.
Options. — Le lieutenant d’infanterie, auxiliaire du
1 \eget. Il, 14. — 2 Id. I, 25. — 3 Juv. Sat. XVI, 17. — '* Marquardt, Ory.
mil. j). 73, avec les noies. — '•> C. i. I. II, 4114; VIII, 7050; Foueart-Waddinglon,
2225. — « Ann. épigr. J89I, 140. — 7 C. i. I. Il, 4083; III, 7904. — 8 Ann.
rpigr. 1891, 62. — '■> C. i. I. XIII, 2828. — 10/A. III, 25; XIV, 125; Brambaeli,
062, 064, 071, 672, 674, 075, 679, 680, 685, 1982. — U C. i. I. III, 8663;
V, 098. — 12 lb. 2882, 2883 ; 111, 9832, 98G4. — 13 Orclli-Hcnzen, 0747. — 14 C. i. I.
III, 1918, 0025, 0302 ; Vil, 1084, 1092 ; Brambaeli, 787, 1583. — 15 C. i. I. V, 7007,
VII, 587. — 16 Ibid. VIII, 2491, 18008; Brambaeli, 1548, 1732, 1751. — 17 C. i. I.
11, 484; III, 0745; VII, 914; VIII, 10990 ; X, 1202, 5829, 6657 ; Brambach, 1283, 1554,
— 18 Cf. tous les exemples que j'ai rassemblés dans le Dizionavio de M. de Ruggiero,
s. v. Cenlurio. — 19 Val. Max. I, G, il ; Tac. Uist. III, 22; Plin. Hisl. nat. XIV,
19; \eget. Il, 8; C. i. I. VIII, 2034. — 20 Marquardt, d'ap. Just. Lips. (Org. mil.
p. 1 30, note I). 21 Dionys. IX, 10. — -- Vegct. II, 8 ; cf. Mommsen, Eph. epigr. IV,
p. 233. — 23 C. i. I. \ III, 18072. — 24 Rev. arcli. 1887, XI, p. 29 ; Armée d’Afrique
p. 198. — 20 Tac. Ann. I, 17 ; lïist. I, 58. — 26 Asconius, Ad. oral, in tog. cand.
p. 81 (éd. Kiessling). - 27 Plin. Uist. nat. XIV. 19; Suet. C'ait y. 44; Mari. I, 31
ueniuriun,
- ^ ^mporc ,IU
quem vclint centurionibus permission est optare f>r
nomen ex facto sortitus est » 28, dit Festus. Auparay.^
ils étaient nommés par les tribuns militaires dît la „ n1,
auteur 2 J ; ce qui ne prouve pas, ni qu ils aient cessé d
l’être après que le centurion eut reçu le droit de ]e!
désigner, ni qu’auparavant le centurion n’ait pas été
sulté officieusement par les tribuns. Sous l’Enipiro°]
nomination appartient naturellement à l’empereur^
[imperator].
Il est admis d’habitude que le nombre des options m
moins des options ordinaires, était égal à celui des cen¬
turions, soit fit) avant l’Empire, 59 dans la suite31.
On arrivait au grade d’option en quittant un antre
poste de principalis 32 ;’ cette fonction menait assez sou¬
vent au centurionat 33.
A côté des options réguliers, ou de combat, on en ren¬
contre un certain nombre, chargés de fonctions purement
administratives ( optio valetudinarii 34, optio navalio-
rum 33, optio custodiarum 3G, etc.).
Officiers de cavalerie. — Décurions. — A l’époque
antérieure à la guerre sociale, les cavaliers légionnaires
divisés en trente turmes, étaient commandés par des dé¬
curions : chaque décurion était à la tête de neuf de ses
compagnons, et le premier décurion nommé conduisait
la turme [eques, p. 775]. En fut-il de même à l’époque
impériale? J’ai admis ailleurs, suivant en cela l’opinion
d’un certain nombre d’auteurs 31, qu’à cette époque la
cavalerie était encore commandée par des décurions, un
par turme [eques, p. 784]. Mais ce système a été combattu
récemment par M. von Domaszewski, qui ne croit pas à
l’existence des turmes en dehors des troupes auxiliaires
et place les cavaliers légionnaires sous le commande¬
ment d’un centurion 3S.
Options. — S’il existait des décurions, c’est à eux
qu’étaient attachés les optiones equitum dont l’existence
est certifiée par des textes épigraphiques 30. Dans le cas
contraire, ceux-ci étaient, comme les autres options, sous
les ordres des centurions, évidemment des centurions
chargés de la cavalerie.
D. Sous-officiers. — Au-dessous des centurions, se
place toute la série des sous-officiers ou spécialistes que
l’on désignait par le titre de principales 40 : en tête les
options dont il a déjà été question et, à côté d’eux :
1° Le tesserarius 41, qui faisait l’office de notre sergent-
major. Il y en avait un par centurie. Il recevait des chefs
les ordres et les transmettait aux intéressés; le mot de
passe lui était remis, inscrit sur une tessère qu’il faisait
circuler, d’où son nom [tessera].
2° Les porte-drapeaux et porte-enseignes ; en prenne1
lieu X aquilifer , qui ava i L l’aigle légionnaire ; les signifiera
3 ; M y. XXXIV, 4, 23. — 28 Fcslus, p. 198 ; cf. Epit. p. 184 ; Vegct. II, 7. ' "
— 30 C. i. I. VIII, 2554 « ad spem suai» confirmandam ». L’option porté au
est dit optio spei (C. i. I. III, 3445; V, G423 ; cf. Cauer, Eph. epitjv. IV, P-
Ann. épigr. 1892, 100 {optio ad spem ordinis). — 31 Mommsen, Eph. epW-
p. 227 et suiv. ; cf. Hall, des Antiq. africaines , 1884, p. 282 et suiv. !"
Eph. epigr. IV, p. 480. — 33 C. i. I. VIII, 2824, 2894? Par contre, on a de om¬
breux exemples d oplions nommés par exemple signiferi (Cauer, Loc. cit- P-
— 34 C. i. I. VIII, 2553, 25G3 ; Brambaeli, 462. — 35 Id. 1301, 1302. — ,l ^ ^ ^
Katalog der rom. Inschr. der Stadl Mainz (2 Nachlrag), p. 2G et 27. ^
quardt, Org.mil. p. 176 et les notes; cf. p. 3G5. — 38 Verhandl. de i 4$ ^
logenversammlung , p. 339 ; cf. Dessau, Inscr. select. 2324. Le texte de V égèec o ^
pendanl formel (II, 14) : et habetuna turma équités XXXI 1 ; lime quipraeesl i
nominalur. — 39 C. i. I. VIII, 25G8 ; cf. V, 895, où au-dessus de 1 épitaphe d 1111 0| ^
de la légion XI0 Claudia se voit un homme qu’accompagnent un cheval et son u
— 40 Yeget. II, 7 ; Dig. L, G, 7 (G) ; cf. Cauer, De muneribus militaribus cenlm
infer ioribus dans Y Eph. epigr. IV, p. 355 et suiv. — 41 Op. cil. p. 45-.
LEG
— 1057 —
LEG
signa manipulaires ; Yimaginifer ,
q,li confiées dans la première cohorte les images
auqUe 1 r lirs • le ÿexillarius, chargé du vexillum attribué
(jesemprieu^u aux détachements légionnaires [signa].
aux Ca'‘l offlciers étaient en même temps des comptables,
GeS.f" ” !,nt la gestion des économies déposées par les
[légionnaires sous la protection des enseignes ; d’où la
fîence auprès d'eux d'élèves-enseignes, ducmta'.
| 3» Les instructeurs ( campidoctor ) 2 et les chefs de ma¬
nèges (basilica equestris) 3.
I 4. Le chef de musique {optio) 1 et les diirérents genres
de musiciens [tübicines, cornicines, bucinatores] 8.
3° Les médecins, medicus ordinarius [medicus].
6. Les spécialistes attachés au génie : Yarchitectus 6,
[chargé de l’aménagement et de la construction des bâti¬
ments militaires; le librator ou géomètre arpenteur
[liiirator] \ les mensores ou metatores , dont le rôle
n’était pas très différent [mensoresj 8.
7° Les gardiens d’armement [armorum cüstos] u, les
chefs-ouvriers, poliones 10, et l’administrateur de l’arsenal
[optio naval iorum) 11 .
8° Les speculatores , au nombre de dix par légion 12,
qui étaient préposés à l’accomplissement ou à la sur¬
veillance des exécutions capitales 13.
9° Les ministres eL auxiliaires du culte, haruspices et
victîmaires u.
, 10° Les commis aux vivres, principalement les pecua-
m15, dont la mission était de surveiller l’entretien, l’ac¬
croissement et l’administration des troupeaux légion¬
naires, et les venatores 10 qui, auprès de certaines légions
et surtout en cas de détachement n, fournissaient par la
chasse aux besoins de leurs camarades.
11° L 'evocatus; il n’y en avait qu’un par légion qui
devait avoir un rôle administratif 1S, mais dont la fonction
na pas encore été nettement définie 19 [evocati].
> 12° Les ma ni , spéciaux à l'armée d’Afrique 20.
L’avancement entre ces différents grades ou fonctions,
sans être strictement établi, était néanmoins soumis à
certaines règles résultant de l’importance même de ces
fonctions. Le tableau suivant donnera une idée de la
hiérarchie de chacune d’elles21.
De adjutor offtcü rationum 22 on devient
— aquilifer _
~ architectus ’ _
— armorum custos __
commentariensis legionis —
— praef. le g. —
cornicularius legionis _
~ evocatus Augusti _
~~ librarius
r optio
~~ signifer
cornicularius praèf. cas-
trorum.
curât or veteranorum.
tesserarius.
signifer.
quaestionarius.
optio.
centurio.
centurio.
tesserarius.
centurio.
signifer.
aquilifer.
légions dans 1 ’ — 2 Ce mot ne se rencontre pas p
bacli, 1131- r "r"1"1-’- ’ ,nais D est donné par Végcce (I, 13). —
' Vin 965--t/6- VliI’ - Veget. m, 5. -
-128, A s 1 1,101 1 Bonn. Jahrbücher , 1865, p. 146 et suiv. —
P- 183. n y en , - ^ SUr lcmP*°i des deux mots mon Armée d'j
O- i. m, g|, ai1 [u ''eux l,oul' la première cohorte, un pour les
23G1. — n g " ' ~ 9 VIII, 25fl7 . Brambach, 1024. — 10 C. i.
Mns 180]aC’’ 13C"’ 1302' ~ 12 C. i. I. III, 3524, 4452.- 13 Uomr
VIH, 2567 ’ I?90'.1'- 211 1 cf. Bull.
, 2507, v,38g »*" “• ,JulL corr. 1895, p. 237 et suiv. — 14
«w- IV, p. loi __ ’ 433. _ 15 C. i. I. VIII, 2568, 2569;
BPh- epigr. V .A’ L’ 6’ 7 (6)- — 17 C. i. I. III, 7449. — 18 M
P- - 21 ci n ° SUIV- — 19 Cf. mou Armée d'Afrique, p. 394. -
- unl>runte à l'article de M. Cauer déjà cité, p. 479, ,
on devient centurio.
— optio navaliorum.
— comment, cos.
— cornicularius leg.
— optio.
E. Soldats. — J’ai longuement expliqué ailleurs com¬
ment se recrutaient les légions romaines à toutes les pé¬
riodes de l’histoire de l’armée [dilectus]. Je rappellerai
seulement ici que le légionnaire romain est par nature
un citoyen. Sous la République jusqu’à Marins, c’est un
citoyen possesseur d’une certaine fortune ; après Marius,
ce peut être un prolétaire. Plus tard, si, pour une raison
quelconque, on avait besoin d’enrôler des non-citoyens,
le général qui en faisait des légionnaires commençait par
leur concéder la cité romaine. C’est un procédé que
Pompée mit ie premier en application lors de la guerre
de Mithridate 23 : il arriva même à créer ainsi des légions
entières de pérégrins changés subitement en citoyens
(, legiones vernaculae, c’est-à-dire levées sur place et non
en Italie) 2'\ Le principe subsista sous l’Empire, mais on
le tourna, comme avaient fait les généraux de la fin de
la République. Quand on n’avait pas assez de citoyens
pour suffire à la conscription, on recrutait des pérégrins,
pourvu qu’ils fussent nés dans une cité et de parents
libres; et il était admis que l’entrée dans les légions con¬
férait le droit de cité23. D’habitude, on n’y incorporait
de la sorte qu’un certain nombre d’unités. Deux fois,
cependant, on forma ainsi deux légions complètes : la
légion 7a Adjutrix et la II& Adjutrix, toutes deux com¬
posées de soldats de la flotte 26 ; encore, pour comprendre
une telle irrégularité, faut-il tenir compte des circons¬
tances qui amenèrent à recourir à cet expédient.
J’ai aussi examiné dans l’article dilectus quel était l’âge
auquel on enrôlait les conscrits. J’ai admis que l’âge
inférieur était de treize ans, l’âge supérieur de trente-six
et l’âge moyen de vingt ans 27 .
La taille exigée en vue du service légionnaire était de
cinq pieds dix pouces : Végèce indique cette mesure poul¬
ies cavaliers légionnaires et les soldats des premières
cohortes28. D’autres ne font pas la même distinction 29.
Une fois levées, les recrues prêtaient le serment mili¬
taire : ils portaient alors, jusqu’à ce qu’ils fussent attribués
à une légion spéciale, le nom de tirones 30. On les cons¬
tituait en corps spéciaux [vexillatio] pour les amener à
destination ou pour leur apprendre les premiers prin¬
cipes de leur métier [vexilla tironum) 31. Après quoi on
leur assignait leur place dans la légion, en inscrivant
leur nom sur les registres matricules de l’armée 32 et plus
tard en les marquant au fer rouge 33 . Par là ils acquéraient
le droit au titre de milites. On les soumettait alors à
toutes sortes d’exercices destinés à les préparer à la
guerre. Végèce nous en parle avec détail34. Je les ai
résumés ailleurs 3o.
élimine tout ce qui n'a pas trait aux légions. — 22 Sorte de commis aux écri¬
tes, _ 23 Caes. Bel. cio. III, 4. — 24 Ibid. II, 20; Bel. hisp. 7 ; Bel. Alex. 53.
_ 25 Pour tout ceci, voir Mommsen, Hernies , XIX, p. 14 et suiv. — 26 Cf.
plus bas l'histoire de ces légions. — 27 Cf. Fôrster, Bliein. AIus. XXXVI,
p. 158 et 159. — 28 Veget. I, 5. — 29 Ruinard, Ad. martyr, (éd. 1713),
p. 300; Symphosii aenigma 93; Cod Tlieod. VII, 1,5; 22, 8; VII, 13, 3. —
30 Plia. Epist. X, 39 ; Dig. XXIX, 1, 42. — 3' Tac. An». II, 78; Plin. Ep. X, 39,
40; Corp. inscr. lat. V, 4138; Borghesi, Œuv. III, p. 543 et suiv. — 32 Suid.
s. v. xorcdAoyo; ; Isid. Orig. I, 23. D'après lui, le T indiquait le nom des vivants,
le 0 celui des morts, et pour indiquer que le conscrit n’avait que 17 ans on mettait
un A devant son nom. Cf. Wessely, Schrifttafeln zür ülteren latein. Palâographie,
pl. V, n“ 8. — 33 Veget. I, 8. — 34 Ibid. I, 9 cl suiv. — 35 Armée d'Afrique ,
p. 427 et suiv.
De signifier
— speculator
— tesserarius
— 1058
LEG
LEG
Quand il était parvenu, par un travail spécial, à une
grande expérience, le soldat était dit armatura ; on a éta¬
bli que ce mot, qui signifie aussi l’ensemble des exercices
nécessaires pour -se perfectionner dans l'art de la guerre *,
appliqué à un homme, indique un soldat d’élite 2.
11 y avait encore une autre sorte de recrues destinées
à alimenter les légions : on les trouve désignées sous le
nom de supernumerarii, adscriptitii , accrescentes,
jeunes gens propres au service et exercés qui recevaient
une solde moindre que les soldats et étaient prêts à
remplir les vides des cadres réguliers, une sorte de com¬
pagnie de dépôt 3. On en fait monter le nombre à cent
ou cinquante (par cohorte?) G Quand les légions com¬
mencèrent à se recruter sur place, il est bien probable que
ces remplaçants étaient fournis, pour la plupart, par les
enfants des légionnaires, nés dans les villes issues du
camp lui-même (voir plus haut). Godefroid les rapproche
des familiae militum, cités par les codes 5.
Parmi les milites , il y avait aussi des catégories. On
distinguait les munifices et les immunes.
Par muni f ex, on entendaitcelui qui était soumis à toutes
les corvées, à tous les menus services de détail ( mimera
militiae) 6 ; Y immunis, au contraire, était celui qui en
était exempt en totalité ou en partie1. Cette exemption
s’achetait souvent et c’était là une des sources de revenus
les plus importantes pour les centurions 8. Une autre
division existait encore entre les hommes. Les uns tou¬
chaient comme faveur spéciale une double paye, c’étaient
les duplarii ou duplicarii 9, ou une paye égale à une
fois et demie celle des soldats ordinaires ( sesquipfi -
carii ) 10. Ces faveurs étaient réservées, pense-t-on11, en
grande partie aux réengagés [emehiti], ou à ceux qui
reprenaient du service après avoir reçu leur congé (evo-
cati). Sous la République, il arriva, en effet, fréquemment,
que les généraux rappelaient des vétérans12 et les versaient
dans des légions déjà existantes pour les renforcer ; le
cas se présenta sous Marius13, Pompée14, César15 et
ensuite pendant les luttes des triumvirs 10 [evocati].
Naturellement, on leur offrait, en échange de ce service
supplémentaire, des avantages importants17. Sous l’Em¬
pire, cela se fit encore quelquefois18. Par contre, il n’était
pas rare qu’on gardât à l’armée, après leur temps de ser¬
vice accompli, des soldats et des sous-officiers19. Quand
on ne leur avait pas encore accordé leur congé, on les
maintenait dans leur ancienne situation ; mais s’ils
avaient reçu leur missio [veterani], comme, en droit, ils
n’étaient plus et ne pouvaient plus être soldats, on en
formait des corps spéciaux avec un vexillum pour
enseigne 20 et des officiers spéciaux 21. Ils constituaient
des troupes d’élite auxquelles on avait recours dans les
circonstances délicates 22 .
1 Veget. I, 13. — 2 Ibid.; cf. 23; C. i. I. III, 10435 ; VII, 138 ; Mommsen dans les
Bonn. Jahrbücher, LXVIII, p. 53. — 3 Godefroid, ad Cod. T/ieod. VII, 1, il;
13, 6; Veg. II, 19 ; J. Nicole et C. Morel, Archives militaires du 1" siècle, Genève,
1900, verso, pièce IV. — '* Inc. auct. De reb. bell. 5. — S Cod. Theod.
Vil, 4, 17 et 28 ; Mommsen, Hernies, XIX, p. 422. — 6 Fest. Epit. p. 33; Veget.
II, 7, 19; Ammian. XVI, 5. — 7 Dig. L, 6, 7 (6); cf. Eph. epigr. IV, p. 409.
— * Tac. Ann. I, 17 ; Hist. I, 58. — 9 Varr. De ling. lat. V, 90 ; Liv. II, 59 ; VII,
37 ; Caes. Bel. civ. III, 53 ; Veget. II, 7; C. i. L VII, 1090; VIII, 2564; Brambacb,
475. — 10 Veget. Loc. cit. ; Corp. inscr. lat. III, 3164. — 11 Marquardt, Org. mil.,
p. 285. — 12 Mommsen, Eph. epigr. V, p. 142 et suiv. — 13 Sali. Jug. 84.
— 14 Caes. Bel. civ. III, 88; Suet. Vesp. 1. — 15 Caes. Bel. civ. I, 3, 17; III, 53,
91 ; C. i. I. x, 3886. — 16 Appian. Bel. civ. III, 40;Dio, XLV, 12 ; Cic. Ad
fam. XV, 4. — l~ Appian. Bel. civ. III, 40; Caes. Bel. cio. I, 3. — 18 Tac. Hist.
II, 82; Inscr. Helv. 179. — 19 C. i. I. III, p. 2014. — 20 Tac. Ann. 1, 17, 39, 44;
III, 21. — 21 C. i. I. V, 4903 (t •exillarius veteranorum)-, III, 2817 ( centurio vete-
III. Organisation et administration i»e la lio n,v
A. Durée du service. — Les légats légionnaires «v ,
nommés par l’empereur pour un temps indéfini do " nl
était seul juge. Ainsi Larcins Lepidus, contemporai^ i*
Vespasien, ne resta sans doute pas à la tête de la p;!!-" “
Xe Fretensis plus de neuf ou dix mois23, durée du sh4'?
Jérusalem; Hadrien commanda la légion I Minerve*'
dant un peu moins de deux ans21 ; le légat de la lé!'"
IIIe Auguste, qui était, en même temps, gouverneur"]!!
Numidie, conservait son commandement, un, deux ur
et même jusqu’à cinq ans de suite 2B.
Les tribuns étaient tenus par la loi à un an de service
militaire au moins26, mais par faveur spéciale l’empereur
autorisait certaines personnes à ne rester à l’armée que
six mois ( tribunatus semestris) 21 . Plus d’un tribun, par
contre, demeurait deux ou trois années attaché à mi(,
ou plusieurs légions 28, par exemple Hadrien, qui fui
tribun dans trois légions successivement, pendant les an¬
nées 95, 96, 97 29 ; quant aux tribuns d’ordre équestre, on en
trouve qui ont conservé leur poste cinq ou même neuf ans 30
Pour les simples soldats et les officiers au-dessous des
tribuns, la durée légale du service était de vingt ans31,
l’année militaire commençant au 1er mars qui suivait
l’entrée au service32. Mais d’ordinaire et surtout pendant’
le Ier siècle, il était d’usage de garder plus longtemps les
légionnaires 33 ; on trouve des exemples de légionnaires
qui ont servi vingt-trois 34, vingt-quatre 33, vingt-six 3(,
vingt-huit37, trente-deux 38 années ou même davantage3*.
La moyenne est de vingt-cinq ans 40. Hadrien parait
avoir agi, à cet égard, tout à fait arbitrairement ; Antonin
le Pieux revint aux traditions et à la légalité41.
Naturellement, les sous-officiers et les centurions, en
particulier, qui trouvaient au service un grand avantage
et au réengagement un bénéfice, restaient plus longtemps
encore sous les armes. On peut citer le nom de centurions
qui ont servi dix-neuf42, trente-sept43, quarante-cinq M,
voire même quarante-huit ans 4S.
B. Praemia militiae. — Retraite. — Tant qu’il n y
eut pas d’armée permanente, il était inutile de s’occuper
de la condition faite aux soldats, une fois leur temps de
service achevé ; mais du jour où les généraux de la lin de
la République eurent créé un métier militaire auquel les
hommes durent se consacrer à l'exclusion de tout autre,
il leur fallut songer à assurer leur existence dans leur
vieillesse. Marius, César les avaient récompensés par des
concessions de terre [colonia, deductio] ; Auguste agit de
même. Il avait à pourvoir les vétérans de son armée e
ceux d’Antoine et de Lépide. Les plus jeunes, au cas où
n'entrèrent pas dans les légions reconstituées, reçurent
une indemnité pécuniaire ; les autres une assignation de
terres en province ou en Italie46. Il procéda ainsi à deux
ranorum). — 22 Tac. Ann. III, 21. — 23 Voir ce que dit au sujet de, ce |«' jjj
L. Renier, Journal des Savants, 1867, p. 95 et suiv. — 24 Vit. Had. ■'
’ 1 . Th'nit VllDlu
550. — 2.; Cf. mon Armée d’Afrique, p. 118 et suiv. — 26 Mommsen, ^
rom. VI, p. 158. — 27 Plin. Epist. IV, 4 ; Juv. Sut. VII, 88 ; cf. Mommsen, l ^ ^
der Sachs. Gesellsch. 1852, p. 219 et suiv. ; Droit public romain, loc. cil
— 28 c. i. I. II, 1262, 4509; VI, 332, 1333, 1450; IX, 2457; XI, 376, 3 ' ' j,’omme
3599, 3602, etc. — 29 Vit. Had. 3; C. i. I. III, 550. Trajan servit dix ans ^
tribun (Plin. Paneg. 15). — 30 C. i. I. III, 399. — 31 Dio, LV, 23; lac. • ^
17, 78 ; Dig. XXVII, I, 8, § 2 ; Corp. inscr. lat. III, p. 849. - 32 Mo,nnjf]) i'||,
I. III, p. 2029. — 33 Ibid. p. 282. — 34 Jb. III, 2709; VIII, 2744. - j, /j,
2839; VIII, 2744. — 36 Jb. III, 1172; VIII, 27 47, 18 067. — 37 lb. Ht 4858, ^
III, 2048. — 39 [b. III, 2014, 2818; Brambach, 1212. — 40 C. i. I ■ VI». 'Moro’msen,
2961, 3049, 18067, 18068; Ann. épigr. 1887, 11; 1890, 7, 26, etc. — * îgîî,
Loc. cit. p. 2029. — 42 C. i. I. III, 1480. — 43 Jb. VIII, 2891. — 4
— 45 Ibid. 3001. — 46 £)io. LI, 3,4 ; lies gestae, 16 ; cf. Mommsen, p. 0- O
LEG
— 1059 —
LEG
déductions
740
la première
en 724=30, la seconde en
14 *.
sur
ai'
a
pionnier:
système
Il décida, de plus, qu’à l’avenir les légion-
leur temps de service achevé, recevraient une
naires, d ils arriveraient à obtenir Yhonesta missio
'.gtrade, ^ ‘ 3000 deniers2 ; Caligula la réduisit
rSSIUL3 mais Caracalla la releva 4. Elle était prise
de 111 une caisse particulière, I’aerarium miliïare. Il
• a aussi pendant la suite de l’époque impériale,
Ton donna des terres aux vétérans, comme par le
| . en Italie et surtout en province 5 ; tantôt on les
envoyait dans des villes qui existaient déjà, tantôt on for-
itavec eux des colonies sur les frontières 6, les chargeant
1 la fois de défendre le territoire soumis et de servir de
s à la civilisation romaine. On sait combien ce
fut en faveur après Dioclétien 7 [veterani].
C Solde des légionnaires. — L’établissement d’une
solde pour la légion remonte au siège de Yéies par
Camille (348 de Rome = 406 av. J.-C.) s. Au temps de
Poiybe 9, elle était de deux oboles par jour, c’est-à-dire de
-120U as ou 120 deniers par an i0. César le premier apporta
des modifications à cette loi : il doubla la solde u, ou plus
exactement il paya trois stipendia au lieu d’un, ce qui
porte le total de la solde à 225 deniers. Auguste régle¬
menta dans le même sens la question 12. Domitien ajouta
un quatrième stipendium , c’est-à-dire qu’il éleva la paye
d’un légionnaire à 300 deniers par an 13. Elle était payée
en trois termes 14 .
Sur cette somme on prélevait à l’époque républicaine
les fournitures faites par l’État, en habillements 15, en
armes10 et en vivres ”. Sous l’Empire, il en était encore
ainsi au ier siècle48. Postérieurement, il est possible que le
règlement ait été modifié 19.
[ Naturellement, la solde des sous-officiers et celle des
officiers était supérieure à la solde des soldats. Nous
avons parlé plus haut (p. 1058) des duplarii et des sesqui-
piicarii. D’après Polybe, les centurions recevaient une
allocation double de celle des soldats 20 ; nous n’avons
aucune autre donnée à ce sujet.
Les auteurs ne disent pas quelle était la solde d’un
tribun aux deux premiers siècles, mais ils laissent sup¬
poser quelle atteignait un chiffre assez élevé21. Le
hnarbre de Thorigny donne celui de 25000 sesterces
pour un tribunat semestris22. Au me siècle, on trouve
comme chillre 250 aurei 1/3; mais tout porte à croire que
è était la un taux extraordinaire23. •
l°m les légats légionnaires, nous ne possédons aucun
renseignement.
[leur S *'IC*ers ava*enl d’autres bénéfices pécuniaires que
gur so de. Les centurions se faisaient de gros revenus
ÏPu a'.h,Ul1 Pa.ver les exemptions de corvée ou la levée des
j "."IS -Qnantaux tribuns, les soldats leur faisaient
’a-uaux [stillaturae)n. L’usage fut d’abord regardé
Voir
avec les f10(cs ° ^arquardt, Or g. de l'Empire rom. I, p. 156 et suiv
**■ - 0 Marquerai / Di°'.#LV’ 23' ~ 3 Suet. Calig. 44. - 4 Dio, LXXV11
C. i. I. VIII 8473. ’boc.cit. p. 163 et suiv. — 6 Tac. Ann. I, 17; XIV, 27, 31
h{J H Adi. d', ygm-.Gl'oni- P- 121 (éd. Lachmann) ; C. i. I. III, 4057 : vei
Theod. VII, 20 3 'jf ** ”llss,9n(e) agr(aria) secundo. (sous Trajan). — 7 Coa
Zonai’- m\, 20 ; Flo e 41i‘ ~~ 8LiV‘ 1V’ 59 ; V’ 4; YI11’ 8; Diod* Sic* XIV’ 16
10 Sur ces faits „uis S’ ! 12;. Lyd- De ma9- b 46. — 9 Polyb. VI, 3S
Mdm. de l’Acad des dans lm ar^cle spécial [stipendium], cf. Le Beau
Iloninins, q p 13)SW ' P- 181 et suiv. ; Dureau de la Malle, Écon. poli,
I auteurs qu’il cj^e __ 4, SU1V- > Marquardt, Organis. financière, p. 118, et le
lloref Archives militai» ï f”*' 26' ~ 12 Au9' 49 • ~ 13 Domit ■ 7- ~ 14 Nicole e
~16Uv-I,43; Dionvs *sdu recto, pièce I. - 13 Liv. XXVII, 10;XLIV,lf
y ’ IV’ 46 i Polyb- VI, 39. - 17 Ibid. ; cf. Tac., A nn. I, 17. - 18 ar
comme abusif et condamné par les empereurs26; plus
tard, on le toléra en le réglementant21 [stillatura].
A la solde, il faut ajouter les gratifications que les
officiers et les soldats recevaient de l’État sous la Répu¬
blique comme sous l’Empire, à l'occasion des triomphes,
de l’avènement des souverains, d’événements intéres¬
sant la famille impériale, de révoltes même qu il fallait
faire cesser à prix d’or [donativum]. Les légionnaires
arrivaient ainsi à se constituer un capital si élevé que
Domitien, par prudence, limita à mille nummi la somme
que chacun d’eux pouvait avoir avec lui au camp i8. On
sait, en effet, que César donna à ses soldats 500 deniers
par tète, en 70829; Auguste 2500 en 711 30 ; Tibère, au
début de son règne, 62 deniers 1/2 31 , etc.
Enfin, bien que le butin, en droit, fût propriété exclu¬
sive de l’État32, il arrivait souvent qu’une partie en fût
distribuée entre les soldats et les officiers après la vic¬
toire. En pareil cas, la part accordée était d’autant plus
importante que le grade était plus élevé : dans le partage
du butin, comme dans les distributions d’argent, les cen¬
turions recevaient le double des soldats, les tribuns le
double des centurions33 [praeda].
Service de la solde. — Trésorerie militaire. — - Sous la
République, où l’argent nécessaire à la solde et aux achats
de vivres était fourni par le trésor public, le trésorier en
chef de l’armée était le questeur34. Le quaeslor ad exer-
citum missus était custos pecuniae 35. C’est donc à lui
qu’il revenait de payer la solde des légions. On sait
qu’une place spéciale lui était réservée
dans le camp [quaestor, quaestorium].
Sous l’Empire, où la caisse impériale
faisait les frais de l’entretien de l’ar¬
mée, le trésorier de l’armée et de la
légion, quand il fut établi que chaque
légion occuperait un camp distinct
[castra], ne pouvait être qu’un délégué
de l’empereur. J’ai admis ailleurs que le maniement des
fonds était entre les mains d’esclaves et d’affranchis de
l’empereur [familia castrensis )36 ; castrenses]. Ils for¬
maient Yofficium rationum 37 : un tabularius était à la
tête du bureau38; un ou plusieurs dispensatores rece¬
vaient les mandats, les vérifiaient, en autorisaient le
paiement39; un arkarius l’effectuait à des officiers tré¬
soriers de la légion 40. Quant à l’émission des mandats,
à la comptabilité légionnaire, elle était confiée aux
bureaux du légat, des tribuns, du princeps praetorii , et
spécialement aux librarii (voir plus haut). L’argent était
fourni par le procurateur de la province ou d’une pro¬
vince voisine. Quand on en manquait, le général en faisait
frapper [castrenses nummi], ou simplement faisait apposer
sur du numéraire existant des contremarques destinées
à donner provisoirement à la monnaie une valeur fidu-
Fig. 4405. — Monnaie
avec contremarque.
chives militaires du Ier siècle, loc. cit. — 19 Vit. Alex. 53, 9 ; cf. mou Armée d’Afri¬
que, p. 377. — 20 Polyb. VI, 39. — 21 Plin. Hist.nat. XXXIV, 6 ; Juv. Sat. III, 132;
cf. Mommsen, Berichte der SSchs. Gcsellsch. 1852, p. 251. — 22 C. i.l. XIII, 3162
(II, 13). — 23 Vit. Claud. 14; cf. Mommsen, Loc. cit. — 24 Tac. Ann. 1, 17 ; Hisl. I, 46.
— 23 Cf. Godefroid au Cod. Theod. VII, 4, 28. — 2G Vit. Hadr. 10 ; Vif. Pèse. 3; Alex.
Sev. 17. — 27 Cod. Theod. VII, 4, 28, 29 ; cf. à propos de cadeaux analogues,
Waddington, lnscr. de Syrie, 1906 (a). — 28 Suet. Domit. 7. — 29 Dio, XLIII, 21.
— 30 Id. XL VI, 47. — 31 Tac. Ann. I, 8; Dio, LVÏ, 32. — 32 Dig. XL VIII, 13, 15;
Polyb. X, 16; Aul. Gell. XVI, 4, 2. — 33 Liv. XXXV, 1 ; Polyb. X, 16 ; XIV, 7.
— 34 Mommsen, Droit publ. rom. IV, p. 266 et suiv. — 33 Cic. Verr. I, 15, 40.
_ 36 Armée d' Afrique, p. 408 et suiv. ; cf. Mommsen, Eph. epigr. V, p. 117 ; Mar-
quardt, Or g . mil. p. 398 et les textes en note. — 37 C. i. /.VIII, 3292. — 38 Ibid.
3290. — 39 Ibid. 3288 , 3289 , 3291. — 40 Ibid. 3288.
LEG
1060
LEG
ciaire suffisante pour pouvoir effectuer le paiement de la
légion 1 (fig. 4406
D. Vivres et vêtements. — Service (te l’intendance. —
Il a été question dans un article spécial des vivres du
soldat romain, et en particulier du légionnaire [cibaria
miutum]. Je rappellerai seulement 3 que la ration d’un
soldat était de 4 boisseaux (00 livres par mois, soit
27 kilogrammes environ) ;le cavalier qui avait deux valets à
nourrir en recevait soixante-douze, ainsi que de l’orge
destiné aux trois chevaux qu’il devait entretenir4. Du
temps de Sylla, la ration parait avoir été augmentée au
moins temporairement, et cela dura sans changement
sous l’Empire jusqu’à Septime Sévère, auquel on attribue
un nouveau relèvement de la ration légionnaire.
Les officiers et sous-officiers avaient droit à des vivres
plus abondants, en proportion de leur grade B. Outre du
blé, on fournissait encore aux légions du sel, du vin, du
vinaigre pour la posta, de la viande fraîche ou salée 6.
Ces vivres étaient distribués à certaines dates et pour un
temps limité. Quand on était en station, la distribution
se faisait pour une période assez longue (dix-sept 7,
vingt8, trente9 jours). On rangeait la légion dans l'ordre
de bataille et chaque soldat, à l’appel de son nom, sortait
du rang pour re¬
cevoir ce qui lui
était dû. Plus tard,
il semble qu’on ait
à peu près renoncé
aux distributions
à long terme 10.
Ces distributions
étaient surveillées
par les généraux
qui tenaient à se
rendre compte de
tout par eux-
mêmes11; mais c’était surtout l’affaire des tribuns char¬
gés spécialement du service des vivres12. On comprend
par là pourquoi on a recueilli
dans les camps légionnaires
ou aux environs des poids
portant le nom d’une lé¬
gion 13 (fig. 4406) ou certains
cachets, comme celui qui a
été trouvé assez récemment
a Mayence, et que l’on pense
avoir servi à marquer les
pains d’une centurie de la
légion XIV14 (fig. 4407).
La nourriture des troupes
était assurée, en temps de
paix, par l’existence de dé¬
pôts de subsistance horrea
militaria] . Avant César, sem-
ble-t-il, les généraux en cam-
pagne taisaient choix de certaines villes pour servir de
centre de ravitaillement; mais il n’existait pas fi,.
sins militaires ; il est le premier qui ait songé à
niser15. Sous l'Empire, au contraire, on en trou"'^'
nombreux exemples18. C’est de là que les lésion* r"
biui|s liraient
011 pour
leurs approvisionnements 17 . En cas de marche
les détachements légionnaires, on avait recours
réquisitions ; on demandait aux autorités locales <v ]d"X
on avait besoin et on leur donnait, en échange (|"1
reçus18. En temps de guerre, on créait des dépôts da-
le voisinage du terrain de combat, et au besoin les trou ?
vivaient sur le pays 19.
Le système adopté pour la fourniture des vêtement
était à peu .près le même : ils étaient réunis dans de-
magasins où les légions venaient s’approvisionner'20
On ne sait à peu près rien sur la façon dont les chevaux
et les bêtes de somme étaient fournis aux légions 21
E. Armes. — Machines de guerre. — Service de Vartil-
terie légionnaire. — Il sera question plus loin de l’arme¬
ment des légionnaires. L’artillerie romaine donnera lieu
à un article spécial [tormenta], comme aussi les différentes
enseignes [signa militaria]. Il faut noter seulement que
la légion, étant une division complète, avait avec elle ses
machines de guerre et ses provisions d’armes. Nous en
avons la preuve dès l’époque de César22 et pour toute la
durée de l’Empire. C’est ainsi que nous voyons, lors de
la guerre d’Alexandrie, la légion XXXVIIe venir débar¬
quer devant la ville avec ses armes et machines de guerre.
Ailleurs, nous lisons que César envoya au secours des
habitants deThabena un tribun avec une cohorte légion¬
naire et des machines 23 . Tacit e, dans la deuxième bataille
de Bédriac, fait mention d’une balistedela légion XVe qui
lit merveille contre l’ennemi24 ; Josèphe nous parle des ma¬
chines des différentes légions qui assiégèrent Jérusalem*5.
Enfin, et pour ne point citer d’autres exemples, Végèce
nous apprend que de son temps chaque centurie avait
une carroballiste traînée par des mules et servie par
Il hommes; il ajoute qu’il y a dans chaque légion
55 carroballistes, 10 onagres, un par cohorte, et tout le
matériel nécessaire aux travaux du génie; « car, dit-il, la
légion doit porter avec elle tout ce qui est nécessaire à la
guerre pour que, à quelque endroit qu’elle établisse son
camp, elle puisse former une cité tout armée20 ».
Armes, machines, outils, tout cela était fabriqué dans
des ateliers spéciaux répartis entre les différentes villas
de l’Empire [fabrica] 27 ; mais, de plus, chaque légion
possédait des ateliers propres pour l’entretien, la répa¬
ration, et au besoin la fabrication des armes. Ces ateliers,
appelés fahricae également, étaient peuplés d un p1'1'
sonnel d’ouvriers de toute sorte, civils et milifaires l
sous les ordres d’un optio fahricae et avec des conlu-
maîtres instructeurs29.
En outre, dans chaque cohorte, il y avait des gardt»
d’artillerie ( custodes armorum ) et des fourbissei»s
( poliones ) pour l’entretien journalier et la conservilio'1
des armes et des machines30. .(
Le dépôt d’armes, le magasin légionnaire se nom|lU
* Lcuormant, La monnaie dans l'antiquité, II, p. 3G3 et note 2.— 2 De Saiilcv,
Rev. arch., 1869 (XX), p. 251.- 3 Polyb. VI, 39. - 4 Gauldrée-Boilcau, L'admi-
nistr. militaire dans l'antiquité, p. 239. — S Veget. III, 3. — 6 Cf. outre l’article
r .BAiiiA, Langen, Die Heeresverpflegung der Rômer- Frolich, Bas Kriegswesen
Cüsars, II, p. 125 et suiv. - 7 Vit. Sev. Alex. 46; Ammian. XVII, 9. - 8 Cad.
Theod. VII, 4, 5. — » Liv. XLIII, 1 ; Suet. Ner. 10. C’est la durée la plus usuelle.
— 10 Cod. Theod. Vil, 4, 6. — u Caes. Bel. gai. VI. 33. — 12 Big. XLIX, 16, 12,
§ 2. — 13 C. i. I. III, 784. — H Wéstd. Zeitschrift, 1897, p. 344 et pl. xvii. — 15 Bel.
17 El. il ^
civ. III, 42. — Ui yn. ffad. Il; Vit. Alex. 45; Vit. Gordiani, 28. — ^ ^
sujet R. Cagnat, Armée d’Afrique , p. 39 1 et suiv. — 18 Sic. Flac. Be ^ ^
p. 165 (éd. I.achmann) ; Cod. Theod. VII, 9, 1, 2, 3; Oxyrinch. pat'!/1
suiv. ; p. 119 et suiv. ; p. 121 et suiv. ; cf. R. Cagnat, Op. cit. p. 397. -
l P- ..
19 Op- c,l‘
n iki-
p. 399 et suiv. — 20 Op. cit. p. 464 et suiv. — 21 Op. cit. p. 411 et suiv. ^ *
Alex. X, 9. — 23 Bel. Alex. 77. — 24 Tac. Hist. III, 23. — 23 Joseph- • ‘
V, 6, 3. — 26 Veget. II, 25. — 27 Vcgct. II, Il ; Big. L, 0, 7. - ) '
cit. ; C. i. I. III, 2043; VII, 49. — 29 Big. Loc. cit. — 30 C. i. M11-
LEG
— 1061
«ikaditim II était placé sous la surveillance d’un
RjIAMBMAt'lu • ....
r (curator armamentarny responsable, avec un
ARM Aï
officier P» .
Lsonnel de scribes sous ses ordres',
f j’ai montré ailleurs quel’ armamentarium d’une légion,
Icomme sa fabrica, étaient soumis au préfet du camp3, le¬
quel avait aussi à surveiller le train des équipages
[impedimenta] L
F Baraquements , casernes , camps. — Les armées en
marche se retranchaient, on le sait, chaque soir dans un
camp construit suivant des règles fixes et propres à
assurer la sécurité absolue des soldats. Ce qu’étaient ces
camps et comment les différentes troupes y étaient
réparties, c’est ce qui a été expliqué à l’article castra.
Ils contenaient d’habitude plusieurs légions. Il en était
de même des camps permanents au début de l’Empire ;
à la mort d’Auguste, trois légions étaient établies, sous
Blaesus, dans le même camp en Pannonie 5, tandis qu’à
Vetera deux légions étaient réunies6. Sous Domitien, on
agissait encore ainsi1, et ce fut là, dans l’opinion de
l’empereur, ce qui facilita la révol te d’ An ton i us Satura inus.
Aussi défendit-il désormais d’admettre dans un même
camp plus d’une légion. Dès lors, l’histoire des camps se
confond avec celle des légions. Et comme, d’autre part,
à partir du début du 11e siècle, les changements de gar¬
nison se firent très rares, les anciens camps avec tentes et
baraquements firent place à de véritables places fortes
avec casernes, contenant tout ce qui était nécessaire à la
vie des soldats en temps de paix. On en a retrouvé des
restes importants dans plusieurs pays. Les plus célèbres
et les mieux conservés que l’on connaisse encore sont
ceux de Lambèse 51 en Algérie, et de Carnuntum 9 en
làutriche, auxquels il fautcomparér tousles camps du limes
«n Angleterre l0, sur le Rhin “, ou ailleurs [limes, vallum].
K , Ces forteresses légionnaires, dont on peut considérer
le camp de Lambèse comme le type le plus parfait
(fi0. i (0<S), étaient conçues sur le plan des anciens camps
provisoires. Comme eux, elles étaient entourées de
retranchements; mais au lieu de défenses en terre ou en
petites pierres, c’étaient de solides murailles, flanquées
e tours et capables de résister à des assauts répétés12;
jcomn" e ux elles étaient divisées en quatre parties par deux
i . D( 1 P* n<l i< ulaires,la via prmcipalis allant de la porte
mm''! gauche à la P°rte latérale droite, la via prae-
mJin fa COntlnuati°n, la via decumana, rejoignant la
lues ;i h\ïJOrta decumana. A la rencontre de
ses ,^ran GS^0ies s (devad 1g praetorium avec tous
9meSlZZZVeV ei’rière 16 Pra<Horium était situé le
constructif’ ° !°Ut autour 011 disposait les différentes
ces divers fiT CeSSaireS aUX besoins de la légion. Mais
grandes nm *.!CeS °taient conÇus dans de bien plus
I " poi ions, comme il convient à des bâtiments
■ ^ c ? /
fj186 etsuiv. d’après Véjèc/f '-'1’ " ~ ? Cf’ RlCagnat’ Armée d' Afrique
\P- 37 ct su‘v- - 9 Arch.
8 ~ * Ibid. — B Tac. Ann. I, 16. — C Ihid
v, -> I «h suiv _ o ’ Armée d' Afrique, p. 519 et suiv. ; Id. Guid
^fp. 146 et s. ; XX, p m . K. i'?h:TSr‘ MittheiL X’ P- 12 ^ s. ; XI, p. 1 et s.
Ltnes m Oesterreich Vienn» If,'1’ Führer durch Carnuntum, 1894 ; Der rom
quantité de monographie, „ ,’ 19°°’ ’P’ 19 et suiv. — 10 Bruce, The roman wall e
‘J6®8 membres de la sociéff descriPtion du Hardknott-Castle par plu
°rland Antiquarian and A 'T* ransactions °f the Cumberland and West
°kr^<mùàh' Z r T ^ Societ,J ’ XII> P- 375 suiv. - u fl;
les nombreuses monlTS’i °n Cohausel1’ Der rom. Grenswall in Deutsch
as rom.Kôtn, 1885- ld n„.gr.aP “S Parues en Allemagne, par exemple : Von Veitli
Z ™lbWS bei Homhurn vo^de ZVn ^ im ’ L' Jacobi’^ **»«*«
T R> Armée dAM ,899’ ~ 12 C- «’• L VIII, 2546, 2548
59,nbun(/en in Aquincum igof’ li, 536 ; Kubitschek, Op. cit .; Kuzscinsky, Di
V. ’ ’ 0berO*rm. raet. Limes (Castelle bei Oehringen
LEG
qui sont destinés à avoir une certaine durée. Nous
reviendrons sur ce sujet aux mots praetorium et quaesto-
RIüm. Il suffira de rappeler ici qu’un camp légionnaire
contenait, outre les casernes mêmes, des bains spéciale¬
ment affectés à l’usage des soldats13, des salles de réunion
pour les sous-officiers [soûla]14, des chapelles pour le
culte (voir plus loin), des bureaux pour les services admi¬
nistratifs (tabularium)1* , un hôpital [valet udinarium) lfi,
une prison17, un arsenal ( armamentarium ) 18, un mar¬
ché19, des magasins ( horrea ) 20, etc. On doit signaler aussi
un monument qui parait avoir été comme une annexe du
camp, bien qu’il fût situé en dehors de l’enceinte, l’amphi¬
théâtre 21 . Des quatre portes de la forteresse partaient des
voies, prolongement des voies intérieures, qui étaient
bordées à droite et à gauche de cimetières militaires22.
Le camp et les édifices qui s’y élevaient étaient sous le
commandement du préfet de la légion, praefectus castro-
rum legionis (voir plus haut, p. 1053).
La présence de ces camps attirait naturellement une
grande quantité de marchands de toute sorte; ceux-ci
s’établissaient d’abord sous des cabanes ; puis la brique
et la pierre succédaient à la toile et aux planches, et peu à
peu un village se fondait, embryon d’une ville future
[canabae]. Ces villes, nées des camps légionnaires23, ont
joué un grand rôle dans l’histoire des légions impériales ;
elles leur ont fourni la plupart de leurs recrues à partir de
l’empereur Hadrien, ainsi qu’il sera expliqué plus bas, et
p. 7 et pl. u; C. i. I. III, 3525. — 14 R. Cagnat, Op. cit. p. 540. _ 45 C. i ! III
2555 ; Besnier, MCI. de Home, 1898, p. 452. — 16 C. i. i. VIII, 2553, 2563. _ 17 Tac
Ann. I, 16; C. i. I. III, 433; Relier, Katalog. der rôm. Inschriften der Stadt
Mainz (2' Nachtrag), p. 26 el 27. — 18 Ibid. III, 1121; cf. 1138; VII, 446; VIII,
2563. — 19 Kuzcinsky, Op. cit. ; C. i. I. VIII, 18224. — 20 Ann. épigr. 1898 75 —
21 De la Mare, Mém. des Antiq. 1852, p. 34; R. Cagnat, Guide à Lambèse, p. 48 ;
Kubitschek, Führer durch Carnuntum ; Arch. epigr. Mitth. XII, p. 151 e[ suiv ■
Schulten, Hernies, XXIX, p. 496 ct 497 ; Kuzcinsky, Op. cit. A rapprocher dé
l'amphitheatrum castrense de Rome, voisin du camp prétorien. _ 22 l{ Ca°uat
Lambèse, p. 45 et suiv.; Arch. epigr. Mitth. XVIII, p. 208 et suiv.; Der rôm
Limes im Oesterreich, p. 101 ct 130; Von Vciili, Das rôm. Lager in Bonn (carte) ;
Kubitschek, Op. cit. (id.). — 23 Jôrgenseu, De municipiis et coloniis aetate
imperat. roman, ex canabis ortis, Berolini, 1871; Mommsen, Die rôm. Lagerstàdte
(Hernies, 1873, p. 299 ct suiv.) ; Wilmanns Étude sur le camp et la ville de
Lambèse (trad. Thédenat), Paris, 1884.
134
LEG
— 1062
LEG
elles n ont pas été sans influence sur la propagation de
la civilisation romaine dans les provinces.
G. Territorium legionis — Le camp d’une légion
était, a 1 époque impériale, le centre d'un vaste territoire
dont elle avait lajouissance. On le trouve mentionné sur les
monuments épigraphiques ( territorium legionis 2, prata
legionis) Toute 1 étendue de ce terrain, qui couvrait
souvent un espace considérable, était réservé aux besoins
de la légion : c est là qu’elle trouvait le foin nécessaire à
ses bêtes de somme *, les herbages pour faire paître les
troupeaux 5 confiés à la garde des pecuarii , le bois de
construction et de chauftage6, bref tout ce qu’une grande
propriété fournit à des familles ou à des collectivités.
Dans ce territorium legionis 7, il n’y avait pas de villes
établies, en dehors de celles qui émanaient de la légion
même et dont je vais parler ; le territoire de la légion était,
par rapport a celle-ci, ce qu’était le territoire d’une muni¬
cipalité par rapport à cette municipalité : le légat y était
maître, comme les quatuorvirs ailleurs.
On conçoit, dès lors, aisément, comment se consti¬
tuaient ces grandes cités voisines des camps auxquelles
j ai fait allusion. Le commandant de la légion attribuait
aux marchands et autres qui en étaient l’origine et les
premiers habitants un terrain pris sur les dépendances
du camp légionnaire, en ayant soin de le choisir à une
certaine distance de ce camp afin de ne pas gêner la
défense et de réserver les servitudes militaires8.
On comprend aussi par là comment on pouvait concéder
aux vétérans, sans aucune difticulté et sans léser aucun
habitant du pays, des terres à cultiver et des emplacements
pour des villes. L histoire de la légion d’Afrique nous
fournit à cet égard des renseignements très précis. Le
territoire qui lui était réservé était absolument désert au
début du ne siècle, quand les soldats vinrent l’occuper;
il se peupla peu à peu de cités dont quelques-unes devin¬
rent florissantes : Verecunda, qui est toujours resté un
viens dépendant de la municipalité de Lambèse, Ksar-el-
Ghennaia, qui n’arriva pas non plus à une grande fortune,
El-Mader et Seriana, agglomérations plus importantes,
enfin Zana ( Diana veteranorum ), dont le nom seul
témoigne de la qualité des habitants, et qui atteignit une
véritable prospérité9. Dans ces cités, certains monu¬
ments étaient faits par la légion même10, ce qui prouve,
mieux que tout, les rapports étroits qui les unissaient au
corps d’armée sur le territoire duquel elles s’élevaient.
M. Schulten admet que, même lorsque ces agglomé¬
rations avaient obtenu de la faveur impériale une admi¬
nistration civile autonome, elles restaient soumises
à la surveillance du commandant légionnaire11.
H. Service médical de la légion 12. — Il n’y eut point
de médecine militaire organisée pendant la durée de la
République. Les consuls, les préteurs ou même des
officiers moins élevés en grade emmenaient avec eux des
1 Schulten, Las territorium legionis ( Hernies , XXIX, p. 481 et suiv.).
— 2 C. i. I. III, 10488. — 3 lb. II, 2910 ; III, 13250; cf. Tac. Ann. XIII,
• — 4 C. i. I. VIII, 4322. — 6 Tac. Loc. cit. — o Ann. èpigr. 1899,
194. " Schulten, Loc. cit. p. 502. — 8 Mommsen, tiennes , VII, p. 305;
R. Cagnat, Armée d’Afr. p. 545; Tac. Hist. IV, 22; Kuzscinsky, Loc.
cit. Kubitschek, Loc. cit. — 9 Sur tout ceci voir mon Armée d’Afr. p. 482
et suiv. — 10 C. i. I. VIII, 4590 (Zana); 2355 (Timgad). — 11 Loc. cit. p. 502.
— i’2 brian, Luservice de santé militaire chez lesBomains, Paris, 1866; Id. L’assis¬
tance médicale chez les Tlomains , Paris, 1869; Gaupp, Las Sanitâtswesen in den
Heeren der Allen, Blaubeuren, 1869. — 13 Plut. Cat. min. 70; Cic. Ep. ad Brutus,
I, 6, 2; Suet. Aug. 11. — H Cic. Tusc. II, 16, 38. — 15 Frôlich, Las Kriegwesen
Caesars, II, p. 131 et suiv. — 16 Vell. Il, 114, 1 ; Tac. Ann. I, 65. — n Plin.
Paneg. 13; Vit. Alexandri n. — 18 Eph. epigr. IV, p. 530; C. i. I. III, 3537,
esclaves, médecins ou chirurgiens13, qu’ils aelici
pour leurs usages personnels et qu’ils prêtaient r i" "1
de besoin, pour donner leurs soins aux légion ir
blessés ou malades u Les armées de César n’étaient ' "
mieux organisées à cet égard16. Sous l’Empire seiilrj,^
les choses changèrent16; à partir de cette époque i]
avait, pour chaque légion, un service sanitaire 'h’J
conçu. Des médecins de corps étaient chargés de passc
la visite des malades dans les tentes et de les y traiter
quand la maladie était légère17 ( medici ordinarii) ,8 • \ \s
accompagnaient aussi les soldats dans leurs marches et
leurs expéditions pour donner leurs premiers soins aux
malades et aux blessés 10. Lorsque la maladie était .rrave
on transportait les hommes dans l’hôpital légionnaire
( valetudinarium )20 qui était sous les ordres du préfet
du camp21 qui avait ses administrateurs particuliers
[optio valet udinarii)**, ses médecins distincts ( medicus
castrensis )23 et ses infirmiers {qui aegris praesto sunt)u
Les blessés qu’on laissait en arrière dans un hôpital
étaient rangés, comme tous les soldats détachés, sous un
vexillum 25.
Des médecins, il convient de rapprocher les vétéri¬
naires, chargés de soigner les bêtes de somme, parti¬
culièrement les chevaux [veterinarium]26.
I. Occupations des légions en temps de paix. —
D’après les principes des généraux romains, qui sont
ceux de tous les hommes de guerre, un soldat doit tou¬
jours s’exercer s’il veut rester à la hauteur de sa tâche.
« Un bon soldat qui ne s’exerce plus, dit Yégèce, quelque
âge qu’il ait, reste toujours un conscrit27. » Soit en pré¬
sence de l’ennemi, soit en temps de paix, le légionnaire
était soumis à des travaux réguliers28. Outre les exer¬
cices imposés aux recrues, il faut citer: les marches
( ambulatio ) et promenades qui se répétaient trois fois
par mois : les fantassins parcouraient dix milles
(15 kilom.) au pas militaire, avec armes et bagages29;
les manœuvres [decursio 30, exercitatio 31) ;les travaux de
fortification et de terrassement 32 ; le saut 33, la nage 3\ etc.
Les grands chefs militaires de la République s’intéres¬
saient tout particulièrement à ces exercices35 et certains
empereurs y apportèrent toute leur attention. On sait que
Hadrien, dans son voyage en Afrique, fit évoluer devant
lui les fantassins et les cavaliers de la légion IIIe Auguste,
et leur adressa, à la suite de ces manœuvres, un ordre du
jour qui nous a été conservé en partie 3G.
Mais, de plus, afin de fournir à l’activité des légion¬
naires des occupations que les exercices même répétés
n’auraient pas suffi à leur procurer, l’autorité ne se
faisait pas faute d’employer les hommes à des travaux
intéressant les provinces, qu’ils eussent ou non un but
militaire. En 567 de Itome, le consul Flaminius fit tracer
par ses troupes la route de Bologne à Arretium37 ; Scipion
Nasica occupa ses soldats à construire des navires, « bien
4279, 5959; V, 4367; VIII, 2872, 2874, 2951; Bramb. H27; C. i. gr. 4766, 50!’S'i
— 19 C. i. I. III, 7449. — 20 Lig. L, 6, 7; Veget. II, 10; Ilygiu. Lemun.cast. ,
Bramb. 462. — 21 Veget. II, 10. — 22 C. i. I. VIII, 2553, 2563; IX, 1617 I
462; Lig. loc. cit. — 23 Allmer, Inscr. de Lyon, I, p. 437 et suiv. ; Brian, Op.
p. 28 et s. — 24 Lig. Loc. cit. — 23 Cacs. Bel. gai. VI, 36 et 40. ' !(’ ||
mun. cast. 4; Lig. L, 6, 7 ; C. i. I. V, 2183 ; C. i. gr. 1953, 5117. 7 lu|
23. — 28 Polyb. X, 20, 1 et s. ; Joseph. Bel. Jud. III, 5, 1 ; Senec. Epist • ,s
ad Martyr. 3 ; Onosand. Strat. 9, 10 ; Léo, Tact. 7. — 29 Veget. I, 27. — 30 ^ ^
35; XXVI, 51 ; Veget. III, 4; Suet. Ner. 7. — 31 C. i. I. VIII, 18242 ; Bull- ar^
du Comité (extrait des procès-verbaux, 1899, p. H). — 32 Senec. Epist . Ç ’• _
lull. ad Mari. 3 ; C. i. I. VIII, 18242. — 33 Veget. I, 9; II, 23 ; III, V - ' ^ ^
C. i. I. III, 3076. — 35 Polyb. X, 20. — 36 C. i. I. VIII, 18242. - ;
XXXIX, 2.
LEG
— 1063 —
LEG
I v ' U aucun besoin d une flotte et simplement pour
qUlh|'.U l’oisiveté de corrompre les mœurs1 » ; Marius
Cmpr' Jereuser le canal du Rhône2 et Sylla détourner
fit anlj’l .,e 3 . eésar ordonna à une de ses légions de relier
16 Cl ||'l! 'muraille fortifiée le Jura au lac de Genève4. Sous
par U.^iereurS) les mêmes traditions se perpétuèrent et
déci(ià que les troupes pouvaient être employées
à des travaux publics3, mais non à des entreprises
6 Qrâce aux inscriptions, nous connaissons un
grand nombre de ces constructions militaires 7.
privées
^Établissement de routes stratégiques 8 : en Dalmatie
(route de Salone à Andetrium tracée par la VIIe légion) 9 ;
' en Pannonie (route d’Aquincum 10 à Mursa tracée par
la légion //° Adjutrix ) ; én Syrie (voie établie par la
lésion IIP Gallica) 11 ; en Afrique (route de Carthage à
Theveste établie par la légion IIP Augusta 12 ; route de
Theveste à Tacape faite dans les mêmes conditions13;
voie stratégique à travers l’Aurès ouverte par un déta¬
chement de la légion VP Fer rata) 14 [via].
b) Ponts sur ces routes : à Nauportus, en l’an 14 13 ; à
Chemtou, sous Trajan 10.
c) Tunnels : le grand tunnel de Séleucie de Piérie11.
d) Citernes sur les routes : les réservoirs de la route de
Coptos à la mer Rouge, pour la construction desquels
128 hommes des légions IIP Cyrenaica et XXIIe Dejo-
tariana furent détachés18.
t e ) Camps, places fortes : en Bretagne, sur lé vallum
d’Hadrien 19 et sur celui d’Antonin le Pieux20 [vallum];
en Germanie, sur le limes du Rhin [limes] 21 ; en Illyri-
cum sur le Danube22 ; en Afrique, au camp central de
Lambèse23 et à la frontière même la plus extrême de la
province24; en Asie jusque dans les pays situés en dehors
de la domination romaine immédiate 23 .
Mais les légions n’étaient pas seulement occupées à des
travaux d’intérêt défensif ou stratégique ; pour ne pas
laisser les hommes inactifs ou pour venir en aide aux
provinces, on les employait à élever des édifices de toutes
sortes: elles traçaient le plan de colonies et en bâtissaient
les grands monuments, les villes de Timgad en Afrique20
et de Sarmizegetusa en Dacie 21 ont été créées de la sorte ;
elles construisaient des temples28, des amphithéâtres29,
des aqueducs et des fontaines 30 ; elles étaient employées
à 1 exploitation des mines31, etc.
Rmn ne permet, d’ailleurs, d’affirmer que, en pareil
cas, les légionnaires aient fait vraiment l’office d’ouvriers.
0llt iK" ,J<! 71 croire, au contraire, qu’il n’en était ainsi
qUe 1 ennemi et pour des travaux militaires
urb' u's. I our lesautres, ils jouaient plutôt le rôle de nos
sJqUeui* 0U conducteurs du génie et des ponts etchaus-
sohï't T ®rosses kes°gnes étaient laissées soit aux
gens1 î eS C0^0I^es auxiliaires, soit aux esclaves et aux
1 11 Pays mis en réquisition. La preuve en est fournie
^ Froutin. Sh'nl iv • .y
Bell. r/al. I s r* r ■ ’ 1 2 Mar. J5. — 3 Id. Syl. 16. — 4 Caes.
- 7 W. Harster *6’ 12, § ' ; cf’ 16’ 7- § i- - 6 Cf. Liv. Epit. II.
Spcier, U73, _ s gj* "")en der rôm. Soldaten zum ôffentlichen Nutsen ,
inscr. ht. m 3200°' ^C1 ' ^C^er ^îe dleerstrassen der rôm. Ileichs. — 9 Corp.
et suiv. 1 13’ ~ ° Ibid- 3708. — 11 Ibid. 20S. — 12 Ibid. VIII, 10048
- 16 C. 1.7. y IIImoii7°018’ 10023 • ~ 14 nid. 10230. — 15 Tac. Ann. I, 20.
6015. — Ig yj i| ' 11 ^a<ldmgton, Inscr. de Syrie, 2714, 2717 ; C. i. I.
()-3 (Pfocolitia). __ 20// w”" ~~ 19 ^ai* exemP^e g ^ VII, 401 (Uxelloduiium),
fortins de ce limes c • . ‘ (Netherby), 1117 (Auchindavy). — 21 Voir sur les
^alt et le travail inlHul '.°/ * ^ ^ ou entretenus par des légions, le Limes-
~ 22 C. i. /, ]| [^ f ei ® berffer>nanisch-Iiaetische Limes des Rômerreiches .
Mxlth • VI (1882, ’ ■ ’ 1980’ G324> «55, 4659, 4660, 4661, 6000; Arch. epiqr.
2572. 2652, 2054;cPf n ’ 90 ; X (188Gh P- <2 et suiv. - 23 C. i. I. VIII, 2532,
agnat, Année d Afr. p. 431 et suiv. — 21 C. i. I. VIII, 3 et 4
par la part faite, dans les inscriptions mentionnant les
travaux, aux légionnaires et aux soldats auxiliaires : le
nombre des premiers est tout à fait minime à côté de
celui des seconds. Ainsi, pour construire les citernes sur
la voie de Coptos à la mer Rouge, on détacha 128 hommes
sur les 10 ou 12 000 que comptaient les deux légions
d’Égypte, et 1273 sur les 7 ou 8 000 que comportaient
les ailes et les cohortes du pays32.
On peut juger du nombre de ces constructions mili¬
taires par celui des tuiles et briques estampillées que l’on
a recueillies dans toutes les parties du monde romain [fig-
linum opus, p. 1120], Comme les légions les faisaient elles-
mêmes, elles y inscrivaient, à l’exemple des industriels,
leur nom et leur numéro, en les faisant suivre quelquefois
d’indications secondaires et de la désignation du spécia¬
liste attaché à la fabrication33. Par cela même, ces monu¬
ments sont fort importants, puisque leur présence sur un
point du monde romain permet de conclure à celle d’une
légion, ou, tout au moins, d’un détachement légionnaire
à cet endroit 34.
L’officier chargé de surveiller l’atelier des briques était
Yoptio navaliorum , cité plus haut35.
J. La discipline dans la légion. — Pour maintenir la
discipline dans une armée, il faut des punitions et des
récompenses. Chez les Romains, les unes-et les autres ont
toujours été les mêmes, à peu près, sous la République
aussi bien que sous l’Empire. C’était aux tribuns qu'il
appartenait de se prononcer sur les cas les moins graves 30 ;
ceux qui entraînaient la peine capitale revenaient aux
généraux 37 ; ils avaient aussi à informer sur les délits
commis par les officiers38. Les punitions infligées aux
légionnaires étaient la privation de solde ; la dégradation ;
le renvoi de l’armée; les peines ignominieuses; les châ¬
timents corporels et même la peine de mort. Tout cela
sera étudié à l’article poenae militum.
Les récompenses se composaient d'avantages pécu¬
niaires, augmentation de solde 39 ou gratifications
[donativa] ; de décorations pour les officiers comme pour
les soldats [dona militaria].
Il y avait aussi, pour soutenir les légionnaires dans
l’accomplissement, de leur tâche de chaque jour, l’espoir
de la retraite. D’après les règlements d’Auguste, celle-ci
consistait dans une somme d’argent payée une fois pour
toutes à ceux qui étaient honorés de Yhonesta missio
[missio]. Nous en avons parlé brièvement plus haut.
K. État civil des légionnaires. — La création de l’ar¬
mée permanente qui obligeait les légionnaires à rester
au service de dix-sept ans à quarante ans pour le moins
devait entraîner, sous le rapport de leur état civil, de
graves modifications. Si le soldat était marié avant d’en¬
trer dans l’armée, il pouvait garder sa femme40, sauf à
ne pas vivre avec elle, mais aussi il lui était loisible de
(Boudjem); 10990 (Ghadamès). — 25 Ibid. III, 6052 (Arménie). — 26 Ibid. VIII,
2 3 5 5. — 27 Ibid. III, 1443. — 28 Ibid. VIII, 2579 , 2630 , 2654, 2671. — 29 Tac.
Eût. II, 26; C. i. I. VIII, 2488. — 30 Ibid. 2572, 2657, 2658. — 31 Ch. Robert,
Inscript, laissées dans une carrière de la Haute-Moselle par les légions romaines
(Mélanges Graux, p. 329 et suiv.); Ann. épigr. 1889, 182; Arch. epigr. Mitth.
IX. — 32 c. i. I. III, p. 1210. — 33 Voir, par exemple, pour la Pannonie, Ib. III,
p. 578 ; pour l’Afrique, R. Cagnat, Armée d’Afr. p. 432 (pi.). Sur plusieurs briques
trouvées en Pannonie, on lit le nom des Figlinae Vensianae legljonis ) I Noricorum
(C. i. I. RI, 6489). — 34 Voir mon Manuel d'épigraphie, p. 309 et suiv. — 3S Sur
le sens de navale (fabrique de tuiles), cf. Mommsen, C. i. I. III, 11382. — 36 polyb.
VI, 37; Liv. XXVIII, 24; Dig. XLIX, 10, 12, § 2; Veget. II, 7. — 37 Dionys. XI,
43; Dio. LU, 22. — 38 Florus, I, 18; Val. Max. II, 7, 4 et 8; Dio. LU, 22;
Suet. Tib. 30. — 39 Voir plus haut, p. 1058. — 40 Dig. XXIV, 1, 32, § 8 ;
XLIX, 176 et 8.
leg
— 1064 —
LEG
divorcer. « Il arrive souvent, lit-on au Digeste1, que
pour cause de service militaire, le mariage ne peut être
utilement maintenu , en ce cas, bona gratia dissolvitur ».
S'il n’était point marié avant son enrôlement, il lui était
interdit de le faire pendant son service 2. C'est ce que
certains textes prouvent surabondamment 3, en parti¬
culier une lettre du préfet d'Égypte Lupus en 116/117
011 011 lit en toutes lettres : CG yàp ’ÉÇEffTtv <rrpauu)T7]v yagstv
Si donc il leur plaisait de s’unir à des femmes pendant
le temps qu ils passaient a 1 armée, cette union, con¬
tractée en dehors de la loi, n’avait pas le caractère d’un
justum matrimonium , d’un conubium ; la femme n’était
en droit qu'une concubine et les enfants que des enfants
dlégitimes. Mais comme ces fds de soldats, ces enfants de
troupe, pouvaient fournir à la légion d'excellentes
recrues, imbues par tradition de l’esprit militaire, l’em¬
pereur avait trouvé moyen d’effacer à peu près pour eux
I inconvénient qui résultait de leur naissance, lorsqu’il
les employait a son service. Il leur donnait, lors de leur
entrée dans la légion qui leur conférait le droit de cité
[dilectus], non pas son gentilice, mais celui de leur père,
a\ec le prénom paternel : pourtant la faveur impériale
n allait pas jusqu à les autoriser à faire suivre leur nom
de la tribu paternelle, ce qui les aurait assimilés entière¬
ment à des enfants légitimes. Ils n'étaient pas davantage
inscrits dans la tribu de l’empereur, sous qui ils prenaient
place dans la légion, mais bien dans la tribu Pollia, dont
le nom, de bon augure par sa racine même, semblait pro¬
mettre à ceux qui y figuraient la force et le courage 5.
II y avait donc, en somme, entre la loi et la pratique
une sorte de désaccord, les empereurs faisant tout ce qui
était en leur pouvoir pour créer une famille au légion¬
naire, sans modifier les règlements militaires qui le
défendaient. L empereur Septime Sévère poussa plus loin
encore la tolérance : d’après Hérodien 6, il autorisa les
légionnaires à habiter avec leurs femmes. La réforme fut
capitale : elle modifia entièrement la vie des soldats. Le
camp cessa d’être pour eux une cité commune où la plus
grande partie de leur vie se passait ; il devint simplement
un lieu d’exercices où ils se retrouvaient quelques heures
par jour. Leur demeure véritable se transporta dans la
ville voisine où ils retrouvèrent femme et enfants 7. Le
service légionnaire se change dès lors en une sorte de
milice territoriale. Cette tolérance devait amener un rema¬
niement dans l'état civil du légionnaire; on croit qu’elle
se produisit au ive siècle8.
La défense de contracter mariage ne pouvait s’appli¬
quer aux officiers supérieurs, légats ou tribuns, qui
appartenaient à l’ordre sénatorial ou à l’ordre équestre 9.
Pour les officiers inférieurs et les sous-officiers, la solu¬
tion est beaucoup moins claire. J’ai émis, ailleurs,
1 opinion qu ils étaient soumis à la condition des soldats 10.
M. P. Meyer11 est d'un avis contraire. Pour lui, les offi¬
ciers, comme les centurions et les évocats m ■
de Septime Sévère, avaient rang équestre ’ *
contracter mariage au service. Quant aux n ?°UVaien‘
la même facilité leur aurait été donnée - [\ Tjal^
comme preuve le fait que, suivant Végèce12 1 “ °l'rnil
cipales privilegiis
muniuntur » et la façon dont •
rédigées les épitaphes de ces sous-officiers
(la fem
prin.
sont
s’y appelle conjux , les enfants portent le
pere) Mais ni l'un ni l'autre de ces argume”,, 4
semble probant14. ° n s ne me
L. L’épargne des légionnaires et les collée, es mi);, ■
- Ce serait une erreur que de considérer tous les J/*’
narres, même les simples soldats, comme réduits
solde. Ils avaient le droit de posséder et quell ^
en usaient largement. Les codes contiennent toute ,
sérié de dispositions relatives cà leur avoir à ce U"e
appelait leur peculium castrense. Celui-ci se composa!
d abord des sommes d’argent qu’ils tenaient de leur fa
nulle « quod proficiscenti ad militiam datur 18, guodarm
rentibus vel cognatis in militia agenti donatum est 16 » • i
a cela s ajoutaient les héritages qu’ils recueillaient de
leurs compagnons d’armes et dont les inscriptions nous
parlent pus dune fois17, le produit de la solde et sur¬
tout les libéralités impériales (, donativa ). Cette petite
fortune était reconnue par la loi et protégée: le 1(~
naire en disposait librement, même lorsqu’il était en
puissance paternelle [peculium castrensej.
Elle lui servait en partie à s’assurer certaines aises, i
en particulier à acheter et à entretenir auprès d’eux des
esclaves hommes ou femmes 18, sur qui ils se déchar¬
geaient de toutes les besognes serviles, du soin des
bagages 10 et de celui des armes20.
Mais d’autres notaient point aussi fortunés; pour
eux l’argent que leur donnait l’État formait leur seul
avoir, jusqu’au jour où ils touchaient leur prime de
retraite. Or tous n’étaient point assurés d’y arriver: les
maladies, les accidents pouvaient les arrêter. L’État
avait donc dû envisager le cas où le légionnaire serait
obligé de quitter l’armée avant sa libération. De là des
mesures de prévoyance dont Végèce nous a conservé le
souvenir-1. Il nous apprend que, pour empêcher les
hommes de dépenser tout l’argent qu’ils recevaient, pour
les obliger a 1 économie, on faisait sur les donativa des
retenues qu on mettait en dépôt au nom de chaque I
légionnaire, entre les mains des signiferi et sous la
protection des enseignes. La retenue était égale à la
moitié du donativum. Cette réserve était rendue aux
intéressés, une fois le service achevé; elle pouvait s’éle¬
ver assez haut, puisque Domitien, craignant de voir se
former ainsi un trésor de guerre à la disposition dun
chef ambitieux et infidèle au souverain, limita à 1000 de- j
niers la somme que chaque soldat pouvait déposer - •
Quand il mourait au service, le dépôt, faisant partie du
1 Ibid. XXIV, 1, 60 et suiv. — 2 Mommsen C. i. I. III, p. 903 et suiv. ; p. 2011
et suiv. ; Wilmanns, Étude sur le camp et la ville de Lambèse, p. 21 ; Mispoulet, Iiev.
de philologie, 1884, p. I13et suiv.; R. Gagnai, Armée d' Afrique, p. 441 et suiv. ;
P. Meyer, Ber rôm. Konkubinat , p. 100 et suiv. — 3 Tac. Ann. XIV, 27; Dio,
LX, 24; Tertull. /Je exhortatione castitatis, 12; Brunns, Fontes (6e édit.), p. 381.
— 4 Wilcken, Griech. Urkunden aus Museen zu Berlin, 114. — 3 Pour tout ceci,
voir Mommsen, Hernies, 1884, p. 11 ; C.i. I. III. p. 1212; Wilmanns ,Op. cit. p. 23
et suiv. ; R. Cagnat, Op.cit. p. 368 ; P. Meyer, Op. cit. p. 111.— 6 Ilerod. III, 8.
— 7 Wilmanns, Loc. cit. ; R. Cagnat, Op. cit. p. 431 el suiv. - 8 Cod. Theod. VII,
1, 3; 13, 6; Cod. Just. II, 32, 2; V, 4, 21 ; C. i. I. III, p. 909, note I ; P. Meyer, Op.
cit. p. 123 et note 248. — 9 R. Cagnat, Op. cit. p. 441. — 10 Op. cit. p. 444.
C'est aussi l'avis de M. 0. Secck, Ber Untergang der antiken Wclt, 1893, p. 533
et suiv. — il Op. cit. p. 103 et suiv. — 12 Veget. II, 7. — 13 C.i. 1 VIH. 25i8,
275a, 2798, 2862, 3324, 3325, etc. — 1 4 Je n’insiste pas sur le premier, dont I®
peu de solidité est évidente. Pour infirmer le second, il suffit de faire remarquer
que sur quantité de tonifies de simples soldats, la femme est appelée C0"./IU' '
fils porte le gentilice du père et, lorsque la mère est seule nommée, il ne pe,l: I1
son gentilice, ce qui caractérise les enfants naturels. En conclura- t-on que les k g011
naires ont eu le droit de se marier au service ? — 15 Paul..Se»f. III, 4,§ 3- —
XI. IX, 17, 11. 1. Juv. Sut. XVI, 51 et suiv. ; Biq. loc. cit. — 18 Veget. I [
Big. XLIX, G; Cod. Theod. VII, I, 3; C. i. I. III, P- 989: X- 60 ,
— lJ Veget. III, G. — 20 On appelait galearii les valets qui /' [ ^
dans les marches le casque de leur maître. — 21 Veget. II, 20. — 22
Domit . 7.
LEG
1065 —
LEG
castrense , passait à son père 1 ou aux héritiers
pl!CU ' 1 institués par testament2
ix soldats de former des colleges dans le camp % ce qui
■comprend aisément : le contraire eût été incompatible
^ec les règles les plus élémentaires de la discipline ; ils
uliuni
?U Celte caisse n’était pas la seule. Il en existait une autre,
I . , . r.rnrnrer une sépulture honorable aux soldats
destmee a pi urux ci * . ,
■p au service. « Dans cette caisse, dit Vegece 3, tous
^^légionnaires mettaient quelque argent, de façon que
. j,un (|e ieurs camarades venait à mourir on trouvât là
d uoi faire face aux dépenses de sa sépulture. » C’est
une organisation qui rappelle celle des collèges funéraires.
Elle se comprend d’autant mieux que la loi interdisait
aux soldats de former des collèges dans le camp 4, ce qui
[se
avec Mi * - *
„„ r„_vaient donc pas', comme le plus humble des habi¬
tants de l’Empire, prendre les mesures nécessaires pour
s’assurer à peu de frais une sépulture honorable. L’État,
pour y remédier, avait fait des légions autant de sociétés
d’assurances en cas de décès.
11 n’en était pas de même des sous-officiers. Ceux-ci,
du moins à partir de Septime Sévère, se constituèrent
directement en associations, en cercles 5. Nous avons
conservé le souvenir d’une vingtaine de ces associations 6,
et, ce qui est mieux, le règlement d’un certain nombre
1 d’entre elles1. Nous y voyons que, à son entrée dans le
: collège, chaque membre doit verser entre les mains du
trésorier une certaine somme ( scamnarium ) qui donne
droit de prendre place sur les bancs delà société, soit qu’il
la payât en une fois, soit plutôt qu’elle fût répartie en
une série de contributions mensuelles. Avec les fonds
ainsi réunis, le collège assurait aux participants certaines
primes. Ainsi, chez les cornicines de Lambèse 8, l’associé
promu à un grade supérieur dans la légion avait droit à
500 deniers; celui qui passait dans une autre légion
recevait la même somme augmentée de frais de voyage ;
les vétérans touchaient aussi 500 deniers, tandis que
ceux qui quittaient le service par punition n’avaient
dmit qu à 250 deniers ; enfin celui qui mourait au service
était enterré aux frais de la caisse, qui versait 500 de¬
niers entre les mains de l’héritier ou du procurateur du
efunt. Dans tous les cas, la prime donnée à la sortie du
c° ège ( anularium ) était inférieure à la somme versée à
enliu par les intéressés. J’ai montré longuement
6U1S’ alH4‘sM- Boissier, que les collèges avaient comme
u principal d assurer la sépulture à leurs membres.
. u 1 sous-officier mourait au service, la prime ser-
S^>U^Ure ’ ma*s’ comme la plupart du temps il
,ai a soc*^ au bout de quelques années ; comme,
fruit d Ü ne Allait pas qu’il perdit, pour cela, le
luive,.:r;ilCe fait en vue de sassurer une tombe, on
droit s’il* 'u ■ S°n ' ^vard’ lu somme à laquelle il aurait eu
chose qu moi t ’ a*nsL « l 'anularium n’était autre
du’un an! 6 *X de séPuEure payé d’avance à quel¬
le sommT r°U.^ pas l attendre sur place10 ». Avec
collège pr.ii' assurase disait inscrire dans un nouveau
collège dp C 6 SOus'°f6ciers s’il restait au service
se ue vétérans
cette mise de
1 Dit
s il avait atteint la limite de temps
fonds qu il avait faite lors de sa récep
" • XLlx, i7 »
!T'S do Genève (Nicole m" Ib>d' 2°' ~ 3 Loc- cit- • cf- aussi un Pa
r° !)- - * Dig; XJ vn r1’ Archives Maires du 1™ siècle, recto
!’• a> et 02; R. *• — 5 Boissier, Rev. arch. 1872 (XXUI)
sch>chte und 0 * ‘ ’ A^née d' Afrique, p. 457 et suiv.; Liehenam, Zu
Wa"|| -- ' ' e* rom- Vereinswesens, Leipzig, 1890, p. 297 c
s,n les corporations professionnelles chez le
p. 308. — g R. Gagnai, Op. cit. p. 4G3 et suiv.
"'•5 Wali2ino. fi. j y 1
Romn°’ ^C?mî!tor- SHr les
tion dans une première association, augmentée de sous¬
criptions supplémentaires à mesure qu’il montait en
grade, le suivait sans aucun risque pendant toute sa
carrière. De la sorte, il assurait sa sépulture presque en
entrant au corps etse gardait contre tous les accidents pos¬
sibles. D’autre part, ces collèges ne pouvaient pas avoir un
caractère aussi exclusif que les collèges funéraires ordi¬
naires ; ils mettaient aussi les membres à même de faire
face à certaines dépenses attachées à la carrière des sous-
officiers, par exemple les changements de garnison.
Le surplus de l’avoir du collège servait à pourvoir aux
dépenses et aux fêtes de l’association.
Il est remarquable que le lieu de réunion de ces asso¬
ciations était le camp lui-même et que leurs salles de
cercles ont été retrouvées dans la partie postérieure du
praetoriumil . Ils recevaient donc de l’autorité impériale
un accueil bienveillant; on faisait plus que les tolérer,
on les encourageait et on les protégeait.
Ainsi, qu’il s’agit de simples soldats ou de sous-offi¬
ciers, l’autorité faisait en sorte que les légionnaires
pussent s’assurer un tombeau honorable, par des moyens
très semblables. Grâce à la caisse de sépulture légion¬
naire, les simples soldats étaient certains d’être enterrés
avec les égards convenables; grâce à la retenue sur les
donativa , ils avaient de quoi se faire inscrire, à leur
libération, dans un collège funéraire civil, et grâce aux
associations de sous-officiers, ceux-ci pouvaient envisager,
sans crainte, soit la fin de leur service, soit même les
hasards de l’existence militaire.
M. Culte des légions. — Le principe qui faisait de la
légion un ensemble complet et qui l’avait pourvue de tout
ce qui lui était nécessaire s’appliquait aussi à la religion ;
elle transportait son culte avec elle, comme elle transpor¬
tait son artillerie ou ses ateliers. Il fallait donc qu’elle
adorât des dieux mobiles, ce qui était contraire àl’essence
même de la religion romaine 12, où les dieux ne pouvaient
être enlevés ni déplacés sans des cérémonies minutieuses.
De là la nécessité de limiter le culte légionnaire à un petit
nombre de divinités, facilement transportables.
Sous la République, d’après les recherches très intéres¬
santes de M. Domaszewski, ces divinités militaires étaient
au nombre de cinq. Au temps où les anciens Latins
représentaient leurs dieux sous la forme d’animaux, on
les avait assimilées à certains oiseaux ou quadrupèdes,
et, pour pouvoir les avoir toujours avec eux, les légion¬
naires en avaient fait des enseignes. Pline 13 nous apprend
qu’avant Marius, « crut aquila prima cum quatuor aliis ;
lupi , minotauri , equi, aprique singulos ordines antei-
bant. » Dans ces emblèmes, M. Domaszewski a reconnu
Jupiter (aigle), Mars (loup), Quirinus (sanglier), — ces trois
divinités forment la triade primitive du culte romain, —
Jupiter Feretrius (minotaure), le dieu de l’offensive, et
Jupiter Stator (cheval), le dieu de la défensive 14. L’origine
de ces signa explique pourquoi, même transformés, ils
restèrent toujours un objet de culte pour les soldats. Ils
étaient, en effet, à l’époque impériale, suivant le mot de
Tacite, les propria legionum numina 1S. Qu’il s’agit de
Liebenam, Loc. cit. — 7 R. Cagnat, Op. cit. p. 4G7 et suiv. — 8 c. i.
I. Mil, 2557. — 9 Op. cit. p. 471 et suiv. — 10 Boissier, Loc. cit. — il Besnier,
Les scholae de sous-officiers dans le camp romain de Lambèse ( Mélanges de
Rome, XIX). — ^ Die Relir/ion des rôm. Heeres, Trier, 1895 (Forme la première
partie du 11e volume de la Westdeutsche Zeitschrift). — 13 Pli,,, ffist. nat. X, 6.
— U Pour les preuves, cf. Domaszewski, Op. cit. p. 115 et suiv. — 15 Tac. Ann. Il,
17.
LEG
1066 —
LEG
l'aigle, enseigne de toute la légion des signa manipu¬
lâmes 2 ou des animaux servant d’emblèmes aux diffé¬
rentes légions 3, la piété des troupes les entourait de la
même vénération. L'aigle
lui-même, au dire de
Dion, était porté au haut
d'une hampe terminée en
pointe par le bas, dans
une sorte de châsse affec¬
tant la forme d’un tem¬
ple (veto; (juxpdç) *. En ou¬
tre, chaque camp avait sa
chapelle des enseignes où l’on déposait l’aigle avec les
autres signa légionnaires 8.
On voit une représentation très nette de ces édifices sur
l'épée de Tibère 6 (fig. 4409) et sur un bas-relief de Vimi-
nacium (fig. 4410) 7 ;
on y distingue nette¬
ment au centre l’ai¬
gle, et de chaque côté
les signa et les em¬
blèmes. Une pierre
votive de la légion Xe
Gemina nous montre
aussi un emblème, le
taureau, dans une
édicule 8 (fig. 4411).
Pareille place était ré¬
servée aux images des empereurs portés sur les signa
et aux vexilla des détachements 9. C’est dans ces temples
qu’aux jours de fête et, en particulier, au jour anniver¬
saire de la création de la
légion (natalis aquilaë) 10,
on ; venait offrir 11 des sa¬
crifices et célébrer les cé¬
rémonies du culte. Nous
dirons ailleurs quels rap¬
ports unissaient cette cha¬
pelle avec le quaestorium
des camps [quaestorium].
A côté desenseignes, les
légionnaires honoraient
d’un culte spécial l’empe¬
reur et sa famille. En ex¬
pédition et dans les camps
de marche, les hommages
ne pouvaient s’adresser
qu’aux images du prince représentées sur des médail¬
lons pendus aux enseignes ou cousues sur les vexilla
[imago]12 ; mais dans les camps permanents il en était
autrement. On élevait aux empereurs des statues de
pierre ou de métal précieux et on les disposait sur des
piédestaux ou dans des édicules, au praetorium ou
1 Tac. Ann. 1, 39; Suet. Calig. 14; Plin. Hist. nat. XIII, 23; C. i. I. Il,
6183; III, 7591. — 2 Tac. Ann. I, 39; Hist. I, 3G ; Hcrod. IV, 4, 5; Suet. Calig.
14; Pim. Hist. nat. XIII, 23; Tcrtul. Apol. 16; C. i. I. II, 2552-2556; III, 3526;
XIV . 3608 . — 3 Arch. epigr. Mitth. XV, p. 184 et suiv. — l Dio, XL, 18.
— 5 Herod. IX, 4, 5; C. i. I. III, 3526 : excubitorium ad tutel(am) signor(um) et
imagm(um) saerar(um). — 6 Domaszewski, Op. cit. p. 11. Voir celte épée à
gladius, fig. 3619. — 7 Arch. epigr. Mitth. XV, p. 192. — 874, rf. p. 185. — 9 Suet.
Cahg. 14; C. i. I. III, 3526. — 10 74. R, 6183. — U Joseph. Del. Jud. VI, 6, 1 ; Plin.
Hist. nat. XIII, 23. — 12 Tac. Hist. I, 55; Plut. Galb. 22. — 13 Tac. Ann. I, 43;
V, 2; Suet. Tib. 48. — H C. i. I. III, 1371, 5G54, 5906, 5912, 6168, 6658; VIII, 25331,
2535, 18065. etc.; cl. Domaszewski, Op. cit. p. 08 et suiv. — 15 C. i. I. III, 3472.
3473, 759) . — lc Tac. Hist. III, 10 ; cf. Domaszewski, Op. cit. p. 1 et suiv. _ 17 C. i.
Fig. 4409.
ailleurs13. Il n’est pas de garnison légionnaire où l’on ’ •
point trouvé des bases de statues ou même des shi' "l
impériales, en grand nombre1*. '' UOs
Puis venaient certains des grands dieux de Toi
{diimilitaresu, bellorumdei™), Jupiter, JunonetMinl'i'yJ
soit seuls, soit associés17; Mars, le dieu militaire 0 ’
excellence, Mars ultor 18, Mars militarisé , Mars miij
tiae potens 20, Mars campes ter 21 ; la Victoire, sa com'
pagne22, Victoria Aeterna 23, Victoria ReduxVt ; et a
111e siècle, dans certaines parties de l’empire, Hercule2® ■
quelques-unes de ces entités auxquelles les Romains dé
l’Empire accordaient tant de place dans leur religion •
Fortuna 2G, Honos 27, Virtus 2\ Pietas 29, Bonus Eventus s°-
et enfin la Disciplina militaris 3I, sans laquelle il n'y a
pas d’armée digne de ce nom.
Ces divinités diverses avaient aussi, dans les camps
permanents, leurs chapelles et leurs autels, devant ou
Fig. 4412. — Les dieux de la légion.
dans le praetorium [praetorium]. On les trouve sculp¬
tées sur les monuments élevés par les légionnaires
(fig. 4412) 32.
On ne s’étonnera pas de voir figurer également, parmi
les divinitéshonorées dans les camps, les dieux protecteurs
du lieu où ils étaient établis, des corps qui y étaient fixés,
des édifices qui s’y élevaient, Genius legionis 33, Genius
castrorum 3\ Genius praetorii 38, Genius valet udinariP\
Genius centuriae31 , beneficiariorum 38, scholae ,0; et des
divinités qui réunissaient toutes les précédentes sous un
seul vocable, les Lares militares *° .
Il ne s’est agi dans l’énumération précédente que fies
dieux adorés par la légion dans l’intérieur du camp, filie
du culte officiel de l’armée. On comprend que la piété ou
la superstition des soldats ne s’en contentât pas en temps
de paix. Ils s’étaient habitués, avant leur entrée au s«
vice, à révérer d’autres divinités, chères à leurs compa
triotes, à leur cité, à leur famille ; ils en conservaient <■
culte sous les drapeaux. De plus, ils trouvaient dans ^
pays où le sort leur désignait une garnison des dix iml
l. III, 10435,10437, 13443; VIII, 2636, 1839, 16499, 18060; Brambach-
— t» C. i. I. III, 12467. — 19 Ibid. VII, 390, 391 ; Brambach, 467. — 30 1
2034. — 21 Ibid. II, 4083. — & Ibid. III, 11082; VII, 217 ; Brambach, ■**> ^
respondenzblatt, 1899, p. 196. — 23 C. i. I. XIV, 2257. j* 1^59;
— 25 Domaszewski, Op. cit. p. 49. — 26 C. i. I. III, 1008, 10992, ]îcn-ski,
Brambach, 1033. -*-27 Brambach, Ibid. ; Westd. Zeitschrift, XI, p. 298 , Doa ,ç)S(
Op. cit. p. 41. - 28 c. i. I. III, 7591, 10285. — 29 Westd. Zeitschrift , X < ^
— 30 C. i. I. III, 6223 ; Brambach, 983, 1034. — 3' C. i. I. VIL 896 i ' ’ c;(,
— 32 C. i. I. VII, 1050: Bruce, Roman Wall. p. 327; Domaszewski, U ^
pi. III, fig. 3. — 33 C. i. I. III, 6577, 6638 ; VIII, 2527. — 34 Corp. "iscr ^ ^
2634, VII, 703 et 704. — 33 [b. VIII, 2529. — 36 74. III, 10403. -- ^ jW0,
11017; VIII, 2331. — 38 Brambach, 1791. — 39 C. i. L VIII, 2603. - w 1 '
LEG
— 1067 —
LEG
ifils apprenaient à connaître et à vénérer. Ils
l0Cf C>, ion t pouvoir s’adonner à ces dévotions toutes pri-
ruha| ^tat n’avait aucun motif pour y mettre obstacle : il
Vt ^ , -i ii Libre aux officiers etaux soldats de se créer en
PeS lër"°du cainp des sanctuaires où, dans leurs moments
liberté, ils allaient porter leurs hommages au dieu de
1 ur'choix. Cette tolérance religieuse n’était point, d’ail¬
leurs une neutralité absolue; les légionnaires élevaient
ces temples annexes sur le territoire de la légion, ce qui
I pose une concession de terrain par l’autorité. A Lam-
bège ie temple de Jupiter Optimus Maximus Dolichenus
était situé aux portes mêmes du camp1 ; celui d’Isis et
Sérapis, ce qui est plus caractéristique encore, fut
construit grâce à la main-d’œuvre légionnaire par toute
une série de légats2. A Carnuntum, on a déblayé récem¬
ment, tout à côté de l’amphithéâtre, un sanctuaire dédié
à Némésis3. Il était rempli d’ex-voto consacrés par les
soldats. La statue de la déesse avait été offerte par un
primipile de la légion XIVe Gemina.
N. Armement et costume des légionnaires. — Nous
avons déjà dit, en parlant des différentes phases par
.lesquelles a passé la légion romaine, que l’armement des
soldats s’était modifié suivant les époques et suivant les
besoins de la tactique. En consultant pour la période répu¬
blicaine les textes des auteurs, pour l’Empire les écrivains
et les monuments figurés4, on peut arriver à des con¬
clusions assez précises. Il ne sera point question ici des
cavaliers dont l’équipement a déjà été étudié [équités].
Sous le régime de la constitution servienne, le légion¬
naire de la première classe était revêtu d’une armure
complète, constituée par le casque [galea], la cuirasse
[lorica], un bouclier rond [clipeus] en airain et des jam¬
bières [• ocreae ); il avait de plus un glaive [gladius], une
haste [hasta] et des javelots [telum]8. Aux soldats de la
! deuxième classe étaient attribuées les mêmes armes,
moins la cuirasse ; le clipeus était remplacé, pour eux, par
! h scutum (bouclier de forme rectangulaire) ; l’armement
de ceux de la troisième classe était semblable, à l’exception
des jambières. Enfin, ceux de la quatrième étaient
dépourvus de toute arme défensive et réduits à la haste et
la la pique [verutum].
I Pour la période suivante, qui correspond à l’introduc-
!°n u la tactique manipulaire, Polybe 6 nous a conservé
I e pu ci eux renseignements. D’après lui, les trois genres
e cbionnaires, hastats, princes, triaires, portaient une
aj UU n ne ^ffère que par les détails. Il s’exprime
énpp i' 6S ^US ^eunes son^ tenus d’avoir pour arme une
ro t ^ JaVe^°tS et la par ma. C’est un bouclier d’une
ü so^e et assez grand pour couvrir le corps ;
outre T!aire et a.trois Pieds de diamètre. Ils ont, en
recoii'vmu "1 ^arn’e ^ un casque sans crinière, mais
animal -n due[°ls de la peau d’un loup ou d’un autre
distinctiw UTr SeTr,à ^ f°is de Protection et de marque
naître cen • °S C 1<?fs Peuvent ainsi plus facilement recon-
de leurs S°nt Slgnalés Par leur courage. Le bois
( o s a généralement deux coudées de long et
’ U ■ VIII, 2680 18-1-20 „t ■
" C- »• l Vin <»630 _ 1SU]V' cf' R' Ca=nat’ Armée d’Afrique , p. 422, note 2.
défensives du ,nW , \'ePiar’ Mitth- XX- P- 205 et suiv. - 4 Lc Beau,
r*\37etsuiv,);-°e«an; tesHw lcgwnmtre (Mêm- de l’Acad. des Inscv. XXXIX,
^follement du fantassin l /enmes du soldat légionnaire (Ibid. p. 478 et suiv.) ; De
T. D^a/fnung des ' égwnnaire (Ibid. p. 50G et suiv.) ; A. Muller, Ausrüstung
C P- 221 et suiv,' • Die ' eeres '> Sepuicratmonumente rôm. Kriege (Philol.
tf'e' *« der Kaiser-lit ' el' A’ beiten über Traclit und Bewaffnung des rôm.
eit {rb,d ■ XLV1I, p. 514 et suiv.; 721 et suiv.);
un doigt d’épaisseur. La pointe, qui a une palme, est tel¬
lement acérée, effilée, que dès le premier coup elle se
recourbe et que les ennemis ne peuvent la renvoyer...
Les soldats qui viennent au second rang pour l’âge, et
que l’on nomme hastaires, doivent porter une armure
complète. Cette armure se compose, chez les Romains,
d’un bouclier convexe, large de deux pieds et demi, long
de quatre. Les plus longs ont une palme de plus... Les
hastaires ont aussi une épée qu’ils portent suspendue au
côté droit : ils l’appellent ibérique. Excellente pour percer,
elle est tranchante des deux côtés. La lame en est forte et
solide. Ajoutons à cela deux javelots, un casque d’airain
et des jambières. De ces javelots, les uns sont épais, les
autres minces. Parmi ceux qui sont épais, plusieurs sont
ronds et ont une palme de diamètre ; d’autres sont carrés
et ont une palme sur chacun de leurs côtés. Les minces
sont semblables aux épieux de médiocre grandeur que les
hastaires portent avec le reste. La longueur de la hampe
et de tous ces traits est d’environ trois coudées : le fer qui
y est adapté a la forme d’un hameçon et une longueur
égale à celle du bois; on l’attache si fortement, pour en
assurer l’effet, par des liens et de nombreuses agrafes
jusqu’au milieu du bois, que le lien ne manque jamais
avant que le fer soit brisé. Or, à son extrémité et à l’en¬
droit où il s’unit au bois, ce fer a une épaisseur d’un doigt
et demi, tant les Romains apportent de soin et d’attention
à consolider cette jointure. Déplus, leur casque est sur¬
monté d’une aigrette ou de trois plumes rouges ou noires,
droites, d’une coudée environ Ces ornements placés au
sommet de l’armure semblent doubler la taille des
soldats... La plupart ajoutent à cela une plaque d’airain,
de la largeur d’une palme en tous sens, qu’ils mettent sur
leur poitrine et qu’ils nomment xapotocpuXa^ : c’est le com¬
plément de l’armure. Ceux qui possèdent plus de mille
drachmes, au lieu de cette défense, se ceignent la poitrine
d'une cuirasse. Les princes et les triaires portent les
mêmes armures, si ce n’est que les triaires ont des lances
au lieu de javelots. » De ce passage il résulte que tous les
légionnaires étaient armés d’un casque, d’un bouclier,
de jambières, et d’une cuirasse. Sous cette cuirasse, faite
de cuir, vers la région du cœur, était une plaque de fer
haute et large de trois quarts de pied. Les hastats seuls
étaient vêtus d’une cuirasse composée d'anneaux ou de
plaques de métal. Comme armes offensives, les soldats
de cette époque portaient tous le glaive espagnol qui
semble avoir été introduit par Scipion au cours de la
deuxième guerre punique ; les hastats et les princes étaient
munis du pilum, les triaires de la hasta. Mais, assez
rapidement, le pilum fut donné à tous les soldats sans
distinction : il devint l’arme caractéristique de la légion
romaine [pilum]1.
Les vélites ne portaient pas de cuirasse ; leur casque
était de cuir, leur bouclier rond et léger; ils étaient armés
de l’épée espagnole et de hastes ( hasta velitaris j 8.
Les écrits de César ou de ses lieutenants et les fouilles
faites autrefois sur l’initiative de Napoléon III à Alise 9
Hiibner, Zur Bewaffnung der rôm. Legionare ( Hermes , XVI, p. 302 et suiv.) ;
Lindenschmidt, Traclit und Bewaffnung des rôm. Heeres waehrend der Kaiser-
-eit, 1882 ; Schiller, Kriegsaltertümer (dans le Handbuch d’hvan Muller), IV,
p. 737 et suiv. — 5 Liv. I, 43 ; Dionys. IV, 16, 17. — 6 Polyb. VI, 22 et s.'
- 7 Sur tout ceci, voir Marquardt, Organis. milit. p. 25 et suiv.; Lindenschmidt,
Op. cit. p. 3. — 8 Outre le passage de Polybe, voir ; Id. VI, 22 ; Liv. XXXVIII, 21 ;
Varro ap. Non., p. 552, 29 M. - 9 Verchère de RefTye, Les armes d' Alise (Rev.
arch. X [1864], p. 337 et suiv.).
LEG
1068 —
LEG
et ailleurs, nous donnent sur l’armement et le costume
«les légionnaires dans les dernières années de la Répu¬
blique des renseignements assez précis L Ils étaient
armés du glaive espagnol et du pilum comme à la période
précédente2; mais il n’est plus question des deux pila,
un long et un court, dont parle Polybe : chaque soldat ne
portait avec lui qu’un seul pilum*. Il n’est pas fait
mention non plus, parmi les armes des légionnaires,
d une petite épée ( pugio ) que l’on trouve figurée sur les
monuments de l’époque impériale : cette arme n’était pas
réglementaire. D’ailleurs, le pugio paraît plutôt avoir été
icserxe aux officiers \ Les armes défensives se compo¬
saient d un bouclier, d’un casque et d’une cuirasse. Le
bouclier des fantassins était le scutum rectangulaire B,
le casque, la galea G. Pour la cuirasse, la question est un
peu plus compliquée 7. Les officiers, depuis les tribuns
jusqu au général, cela est certain, portaient une cuirasse
de fer 8 ; pour les soldats, le doute s’impose. De certains
passages on peut déduire que leur cuirasse était assez
pesante et quelle brillait au soleil10, toutes données
qui obligent à supposer, dans sa composition, l’emploi
du métal. Mais, comme, d'autre part, les soldats étaient
astreints à des travaux qui nécessitaient une souplesse de
mouvement incompatible avec la rigidité d’une cuirasse
laite tout dune pièce11, on peut supposer que la lorica
des légionnaires de César était ou une cotte de cuir ren¬
forcée de pièces de métal, ou la cotte de mailles, ou la
lorica segmentata, telle qu’on la voit figurée sur la co¬
lonne Trajane 12. Pour les centurions, on possède un texte
assez embarrassant 15 : il y est fait mention d’un centurion
de l’armée de César qui traversa un bras de mer « duabus
loricis onustus ». Les uns ont vu dans ces deux loricae
les deux moitiés d’une cuirasse de métal, les autres une
cuirasse de cuir recouverte d’une lorica de fer. On ne
trouve pas, dans les écrivains militaires de cette époque,
la mention de jambières, comme dans Polybe. Sous la cui¬
rasse, les soldats portaient une tunique; comme manteau,
ils avaient un sagum u. Nous ne possédons malheureuse¬
ment pas, pour cette période de l’histoire romaine, de
représentations figurées relatives à des légionnaires : le
monument de saint Rémy, qu’on a souvent interrogé à
cet égard, et l’arc d’Orange, ne présentent aucune
gaiantie de fidélité dans 1 exécution des costumes mili¬
taires 15.
Les légionnaires ne se servaient d’habitude ni d’arcs ni
de fi ondes . ils en laissaient 1 usage aux auxiliaires [fun-
ditores, sagittarii] . Exceptionnellement pourtant, au
siège de certaines villes, ils usèrent eux-mêmes de ces
sortes de projectiles. Parmi les balles de fronde [glandes]
qui ont ctë recueillies à Ascoli et qui remontent au temps
de la guerre des Marses, quelques-unes portent inscrits les
noms des légions XI et XV 16 ; sur celles qui proviennent
du siège de Pérouse de 713-714 (de Rome), on a lu le nom
des légions II, IX, XI et XII 11 .
L’armement et le costume des légionnaires sous l’Em¬
pire nous sont connus par certains passages d’auteurs
latins ou giecs, comme Tacite ou Josèphe, par des repré¬
sentations itinéraires qui, Ou moins jusqu’à la fj,
Ier siècle, ont une certaine importance, les soldats "r lu
rant avec leurs armes, ce qui ne se rencontre pl us ’8U'
périodes suivantes 18 ; enfin par les sculptures des colon^
et des arcs triomphaux élevés pendant le ne siècle "r^
documents nous permettent d’arriver à quelque précisi ^
On peut dire, d’une façon absolue, que le vêtement^
composait d’une tunique et d’un sagum. La tunimie —
paraît sur les mo- ’ 1,111
numents funérai¬
res aussi bien que
sur les bas-reliefs
militaires, était
peut-être de cou¬
leur rougeâtre
( r ussa ta ) 19; le
sagum est très vi¬
sible sur un mo¬
nument du musée
de Strasbourg re¬
produit ici (fig.
4413) 20.
Pour l’arme -
ment, il faut tenir
compte des diffé¬
rentes époques.
Les armes défen¬
sives consistaient
en un casque, une
cuirasse, un bou¬
clier, un cingu-
lum. Le casque,
de métal, était
garni de deux piè¬
ces latérales, cou¬
vrant les oreilles
et se reliant sous
le menton. La
forme en a été
nettement indiquée à l’article galea. Le sommet était
surmonté d’un panache, comme on le voit sur la tombe
du légionnaire C. Valerius Crispus à Wiesbaden
(fig. 4414) 21 , et sur la colonne de Marc Aurèle (fig. 4415),
Fig. 4413. — Légionnaire, np siècle ap. J.-C.
ou d une sorte d’anneau comme sur la colonne de Trajan
et sur l’arc de Septime Sévère (fig. 4416). Au début de
l’Empire, la cuirasse fut probablement en cuir, consolidé
sans doute intérieurement de plaques de fer : le légion¬
naire de Wiesbaden en est revêtu et aucun monument de
cette date, relatif à un simple soldat, n’en présente
d’autre22. On la complétait par deux pièces {humcralw)
protégeant les épaules. Le bouclier réglementaire était le
scutum, muni à sa partie antérieure d’un umbo saillant,
au milieu d’une pièce rectangulaire qui formait la part'1
centrale du bouclier. On en a trouvé plusieurs spécimens,
dont l’un, découvert en Angleterre [clipeus], est particule*
rement intéressant (fig. 4417). Un texte de Végèce nous
apprend que cette partie centrale, sinon le bouclier l°ul
i FriSIich, Op. cit. I, p. 60 et s. - 2 Caes. Bel. gai. 1, 25- II 23- V
44; Bel. civ. III, 93, etc. - « Ibid. - 4 Bel. hisp. 18, 2; Frôntin. Strat.
II, 7, 5; cf. Mommsen, Droit public romain , II, p. 73. y j}ei qai
H, 21, 25, elc. — «i lb. II, 21 ; Bel. civ. III, 62, 03; Bel. afr. 12. — 7 Frôlicli
Op. cit. p. 68 et suiv. - 8 Plut. Lucul. 28 ; Pomp. 35; Crois. 35 - 9 Caes’
Bel. gai. V, 16; Bel. afr. 71. - 10 Bel. hisp. 9; Plut. Brut. 38; Anton
74. - U Bel. gai. II, 21. — 12 Frôlich, Op. cit. p. 72. — 13 Val. Max. III
2, 23. — 14 Frôlich, Op. cit. p. 73. — - 13 Caes. Bel. civ. I, 75; Bel. ?«*(• ' ^
— 10 C. inscr. I. IX, p. 633. — 17 Ibid. I, 693 à 706. — 18 Domaszewski, y ’
epigr. Mitth. V, p. 200; A. Muller, Philologue , XLVII. p. 551. — 19 Isl)1, 'VJ)
XIX, 22, 10 ; Mart. XIV, 131 ; Terlull. De coron, mil. 1 . — 20 Bonn. Jahr*’. ^
p. 74el pi. ii. — 21 Lindenschmidt, Tracht uiul Bewaffn. pl. iv, fig. I î D°«liasZ^ ^
Wien sur Z ait der Rômer (extrait du tome Ier de l’Histoire de Vienne), p*'-
denschmidt. Op. cit. p. G et suiv. ; A. Muller Philologus, /. C. p. 550 cl
LEG
1069
en tic'’
(,|ait peinte et constituait un épisème qui permet-
m ' différentes cohortes de se reconnaître : Ne milites
h1'1 i"1'' 1 aliquando in tu-
multu proelii a
suis contuber-
nalibus aberra-
rent , diversis
cohortibus di-
versa in scutis
signa pinge -
bant, ut ipsi no¬
mmant, dig -
mata ; et, en
effet, le bouclier
était la seule par¬
tie de l’armure
qui différenciât
les légions entre
elles L Le reste
de l’arme était,
d’ailleurs, égale¬
ment ornementé,
ainsi qu’il res¬
sort des repré¬
sentations des
colonnes Tra -
jane et Auré-
lienne. Les cuis¬
ses, sur le mo¬
nument de Wies-
baden, sont dé¬
fendues par des
bandelettes de cuir formant comme une sorte de culotte
hès courte. Une ceinture [cingulum] entourait la taille,
A VGA N X h S T ' P, X X l t ' F vC
Fig. 4H4.
Légionnaire (u« siècle).
If;' *Oo. Légionnaires (n* siècle). Fig. 4416.
blées^de j \î'd.aptai.t un tablier formé de lanières dou-
ventre poip'u ’ re^om^a^ sur Ie ventre et le bas-
caliqa ) ^ 0r°téger. Les pieds étaient chaussés de la
soldats et J tbSenl‘e^ement la chaussure des simples
du cou s’en^ °i ('.e‘ers grade inférieur [caliga]. Autour
Ju ait une cravate, utile surtout aux légion-
‘ 1 "lac' ®isl. il, 23 __
^ a A. MüUcr miiilolonus X ! Vrr0'1"?’ U C°L TraJane <éd' 186S)> P- 71
c‘ fte puis i)as ’ * P’ 4 Petersen, Die Marcussâule , p. 4’
C avcc T°C'lcsco que les soldats vêtus de la eu
LEG
naires dans les pays froids [focale] ; on la distingue
très nettement sur le relief de Wiesbaden (fig. 4414).
Comme armes défensives, les soldats portaient, ainsi
qu’à l’époque républicaine, un large glaive, maintenu au
côté droit par un baudrier suspendu à l’épaule gauche
[balteus] ou par une ceinture, et le pilum. Parfois, on
voit, sur les monuments, un poignard ou une petite épée
supplémentaire attachés au flanc gauche.
Au 11e siècle, quelques détails de cet armement ont
changé. La cuirasse de cuir a fait place à la cuirasse, dite
segmentata , faite de plusieurs pièces. Celle-ci se compose
essentiellement de deux carapaces de bronze réunies sur
le dos par deux charnières et par des boucles sur la poi¬
trine ; la taille et les épaules sont garnies de bandes de
cuir, suivant les uns 2, de lamelles de métal, suivant
certains3, juxtaposées et se recouvrant l’une l’autre
[lorica, cingulum]. C’est la cuirasse qui caractérise les
légionnaires sur la colonne de Marc Aurèle * et sur l’arc
de Septime Sévère ; on la verra aussi sur le groupe de
soldats de la figure 4418, empruntée à la colonne Tra-
jane : elle montre une troupe de légionnaires en marche,
qui portent leur casque suspendu à l’épaule droite, leurs
provisions et ustensiles au haut d’une perche [sarcina]5.
Le bouclier rectangulaire semble ne plus être à cette
époque le seul dont on fit usage régulièrement ; le bou¬
clier oblong se remarque au bras des légionnaires sur la
colonne de Marc Aurèle et sur l’arc de Sévère ; sur la
colonne Trajane, il est réservé aux prétoriens et aux
auxiliaires. Sur toutes ces représentations (fig. 4415,
4416), la tunique descend jusqu’au genou; les jambes
sont nues et chaussées de la caliga.
Pour le iii° siècle et la période suivante, nous n’avons
plus de documents figurés concluants. Les dessins que
l’on possède des colonnes de Théodose et d’Arcadius nous
^offrent peu de garanties pour l’exactitude des détails;
et, en tout cas, il n’est pas possible d’y distinguer les
rasse squamata, avec les manches bardées de fer, qui se voient sur le monument
d’Adam-Klissi, soient des légionnaires (Beundor, Niemann et Tocilesco, Das Monu¬
ment von Adam Kiwi, p. 75).
135
LEG
1070
LEG
légions des autres troupes. Tout ce que l'on peut dire,
c’est que l'armement général ne semble point avoir
éprouvé de grandes modifications. C’est aussi ce qui res¬
sort d'un passage de
Végèce. D’après lui1,
les soldats légionnaires,
qu’il divise encore en
principes , hastati ,
triarii, portaient des
casques ( cassides ), des
eu i russes (cata fra ctae),
des jambières (ocreae),
deux épées [spatha et
semispathium ), un scu¬
tum, dans lequel ils
dissimulaient cinq ja¬
velots ( plumbatae ); et
enfin, au lieu du pi-
lum , deux lances, l'une
assez grande ( spicu -
lum ), l'autre plus pe¬
tite ( verutum ). La na¬
ture de la cuirasse
désignée dans ce texte
par catafracta est dif¬
ficile à reconnaître ;
car Végèce se sert la
plupart du temps de ce mot pour indiquer une cuirasse
quelconque2. Peut-être, cependant, faut-il y voir la cui¬
rasse s (j un mat n ou
hamata , la cotte de
mailles [cataphrao-
ta]. Dans un autre
passage, d'ailleurs 3,
il ajoute un rensei¬
gnement contradic¬
toire ; à partir de
Gratien, la plupart
des soldats, par mol¬
lesse, auraient de¬
mandé à l’empereur
la permission d'aban¬
donner les armes tra¬
ditionnelles, primo
cala fra etas , deincle
cassides ; celui-ci au¬
rait eu la faiblesse
d'y consentir. Les
Romains, désormais
sans défense, au¬
raient été de ce fait
très éprouvés par les
flèches des Gotlis,
« nec post. tôt cla-
des... cuiquam eu-
rig. 4410. — Option légionnaire. ,
rae fuit , vel cata-
f raclas vel galeas pedestribus reddere ».
Le costume distinctif des divers sous-officiers
cialistes de la légion ne nous est pas connu 4 • '
probable, d’ailleurs, qu’il ne différait de celui des ■ "
légionnaires que
détails. Pour ies
spé-
est
s'mple&
Fig. 4418. — Soldats légionnaires.
les
particularités relatives
à l’armement des mu
siciens, à l’uniforme des
porte -enseignes, voir
CORNU et SIGNA MILITARI \
Nous possédons pour
les options légionnaires
deux monuments : le
plus important a été
trouvé à Aquincum et
appartient au musée
de Pesth8 (fig. 44m
On y voit un homme
revêtu d’une tunique
serrée à la taille par
une ceinture à laquelle
est attachée une épée.
11 est couvert d’un
sagum dont les pans
retombent par devant,
présentantune suite de
festons. La main droite
s’appuie sur une lance; de la gauche il tient des ta'
blettes, indices de ses fonctions administratives
Les pieds sont chaussés de caligae.
prend qu’il appartenait à la légion II
nument remonte donc au m° siècle6,
récemment publié 7,
vient d’Angleterre :
il est conservé dans
le Grosvenor Mu¬
séum à Chester. Le
défunt y porte les
mêmes insignes : sa¬
gum retombant en
pointe sur le devant
du corps, épée, lance,
tablettes; il servait
dans la légion XX 0
Valeria Victrix.
Nous sommes assez
bien informés poul¬
ie costume des cen¬
turions, grâce à qua¬
tre représentations que nous possédons : le tombeau dt
M. Caelius, tué lors de la défaite de Varus (fig. 4420 -
celui de Q. Sertorius Festus (fig. 4421) 9, celui di
T. Calidius Severus (fig. 4422) )0, et enfin celui de
M. Favonius Facilis11 (fig. 4423), morts tous vers la Prt
mière moitié du 1er siècle.
Les centurions portaient, comme les légionnaires, UIU
cuirasse : mais il semble que la nature en ait varié eu
L’inscription ap
Adjutrix ; le mo
Le second, tou
Fig. 4420. — Centurion.
1 \ eget. II, 15. 2 Id. I, 20 : « ab urbe condita usque ad tempus Divi Gratiani
et cata f radis et galeis muniebantur pedestres exercitus ; cf. 11, 14, loricas suas
vel catafractas. 3 Ibid. + Les documents manquent, ou, quand ils existent
par exception, il n'en existe pas de représentations ; par exemple C. i. I. III, 190.
— 6 Desjardins, Musée national hongrois , pl. xxiv, 138; C. i. I. III, 3530. La
figure 4119 a été exécutée d’après une photographie. — G Cf. l’histoire de la lé¬
gion pour la date de son séjour à Aquincum. — 7 Haverfield, Catalogue of Lhe
roman inscribedand scii ptured stones in the Grosvernor Muséum, Chester, 1900,
, l’oi-jcinal.
p. 108, no 38. — 8 Brambach, 209; Lindenschmidt, pl. i, 1, “1Prt>
— 9 C. i. I. V, 3374 ; Lindenschmidt, Ibid. I, 6, d'après Orti, GU an^c "
alla Gente Scrtoria Veronese spettanti, pl. i. — 10 C. i. I- UL O- ’ morl
epigr. Mitth. V, p. 206 et s. — U Corp. insc. lat. VII, 90 ; B. lj0l'fC’ln„rapliie
se
d’après laquelle _ _ --- -
M. le professeur Haverfield). Autres représentations de centurion : C. i.
4315.
W/Cy' * - ...... », j 1. -uu a. ..... ...» 1 otOlU,ilf
scpulchral monument foand at Colchester, Colchester, 1868 pa P 11 y ^|ar
d’après laquelle le dessina été exécuté nous a été aimablement connu"1 I
LEG
— 1071
LEG
. ceue de M. Caelius est de cuir avec trois
[ ''"q,! 'lambrequins retombant sur le ventre et autant
^"^liaque bras; celle de Favonius est analogue; les
s,Uf oli;T,pq ont une cuirasse du genre dit squamata.
M Domaszewski a supposé que Claude avait eu la pensee
pP ffenre de cuirasses à toute l’armée romaine,
mais qu’il y avait renonce assez rapidement1. Et, en
I ffet nous n’en trouvons plus trace sur les monuments
li curés du iic siècle, en particulier sur les colonnes, où
I on a certainement représenté des centurions, sans que
I n0us puissions, d’ailleurs, les reconnaître. On y revint
I peut-être plus tard : car Végèce leur assigne des cata-
I fractae comme aux autres légionnaires 2.
Leur grande tenue comportait, en outre, une riche
[ tunique (fig. 4421), des
jambières ornementées (fig.
4421, 4422 et 4423), et peut-
être des c.alcei (fig. 4421 et
4423). En temps ordinaire,
ils portaient la caliga 3.
Leur casque, comme l’in¬
dique Végèce, n’offrait au-
TÏÏAÛmvS)
P-CAM-SEVEK
E O ! T F M’OPT 10
DEC V RC 0HTAIP1N
ITFM-'L EG'XV-APOLL'
ANNOP I viipsiipxxxtin
QCAL1D1VS FPA^I
POSVIT
Fig. 4421 . Costumes de
centurions. Fig1. 4422.
;'Ulle l)arlicularité, sinon d’être
transversal
couronné d’un panache
* h figure uZÙT tramver°™) parfaitement visible
«M acjnoscermuJT^ ^ d’arëent’ Ut cde-
et s**?*'' LeU1’ manteau était le
l’épitaphe de CiV v J' Le 1>eIief sculPlé au-dessous de
tés % 44221 S™We Pr0llver qu'ils
moins; c’est Ü' ?uelques“uns d’entre eux, tout au
bi°n Chacuii^U °n *n^rer aussi d’un texte de
du c°mniandpm, 'Sc!il qu ds Portaient comme insignes
caractérise sur Tu, 1° ^ ^ ^ ^ qui les
Sur un de pp . es monuments. Comme on le voit
ment ^glaive.^l'fi^; 4423)’ ÜS avaient certaine-
aut aussL si l’on en croit Végèce,
comme dernier
c>r complément au costume, un ,<
scu-
aJouter,
tum \
k( 'ètenient pi p.,_,
mement des officiers supérieurs de
3 V?rhandl- der 4S p,..'
ri /°Sepl‘- Sel. jud ,, ltlolo^rsammlung, p. 337. -
L W.-^Veg. U, lfl. _
2 Vegel. Il, 16.
«Mui de’|f" ~ 1 Cf- suc Je co,t„m’U;j ~ * Ves' 16- - 5 Dio, LXXI, 27.
B^/rnunaTeW’ m°'ns 10 ^ °ificiei,s supérieurs (qui, en somme, est
.xecres P^amentum) : A. Millier, Ausrüstung und
aiserzeiti p. 30 et s. ; Id. Das cingulum
la légion 7 présente de grandes différences avec tous ceux
que nous venons de décrire. Sans parler de leur bouclier,
qu i était sans do u te plus orné, et de le ur casque don t le pana¬
che devait être plus fourni et plus brillant, mais dont nous
n’avons pas conservé d’exemples certains, leur cuirasse
était le corselet plein et droit (Ooipy.; <7x7.010 ç) à lambrequins
et à épaulières ; leur
MFA/ONMfPÔI-FÂCI
US>LEGXXVERE£tO
VSETNO VI£\Sl!BP05
ERVNT HSE
£ S’-
Fig. 4423. — Centurion.
épée, le gladius ou
plus proprement le
j ougio* , pendu à
l’épaule par un bau¬
drier ou supporté
par une ceinture;
leur manteau consis¬
tait en un sagum
plus riche que celui
de leurs subordon¬
nés. M. Mommsen
croit que, sous la
République, les tri¬
buns se distin -
guaient par le cla-
vus , comme les
généraux par le pa-
ludamentum et les
centurions par le cep
de vigne ; d'où serait
venu le diminutif de
rufulus appliqué au
tribun par opposi¬
tion avec la pourpre
du général 9 [cla-
vüs]. S’il en est ainsi,
on peut croire que
sous l’Empire le lé¬
gat et le tribun se
reconnaissaient à la
largeur du clavus
et, sans doute aussi,
les tribuns laticlaves et les angusticlaves. Les officiers
n’avaient point de cingulum , sinon ce petit ceinturon
souple noué sur l’estomac10 dont il a été question à l’ar¬
ticle cingulum. Il faut enfin signaler qu’ils portaient des
braies qui tombaient jusqu’au genou et que leur chaus¬
sure était le calceus. Malheureusement, les représenta¬
tions précises de légats et de tribuns manquent complè¬
tement sur les monuments funéraires et sont très
rares sur les bas-reliefs des colonnes, ou, du moins, très
difficiles à reconnaître. Nous possédons pourtant certai¬
nement, sur la colonne Trajane, le portrait de deux légats
dh légions : leur présence à la tête du groupe de légion¬
naires cité plus haut et en avant des porte-enseignes ne
laisse aucun doute à cet égard (fig. 4424) 11 ; ils sont cui¬
rassés et couverts d’un sagum retenu à l’épaule par une
fibule; de la main gauche ils tenaient un bâton de com¬
mandement ou un rouleau très détérioré aujourd'hui.
Ailleurs, derrière 1 empereur, et à côté d’un autre légat,
figure un jeune officier, dont les braies et les calcei indi-
militiae , p. 19 et suiv. — 8 Val. Max. III, 5, 3; Suet. Galb. 11 ; Slat. Sjlv. V, 2,
154, 173; Mart. XIV, 32. — 9 Droit public ro)nainr II, p. 74, note; çf. Liv.
XX' M, 24. • 10 Cf. p. H81,fîg. 1301, et A. Muller, Das cingulum militiae, p. 19
et suiv. — U Frôhner, La colonne Trajane, éd. in-Sf, p. 71 et 73; Cichorius, Die
Reliefs der Trajansaeule, p. 29, 33, 37.
LEG
— 1072 —
LEG
0 Lient la dignité ; sa cuirasse est île peau et il n’a pas d’épau-
lières. M. Cichorius pense que ce pourrait être un tribun,
à moins qu'il ne faille y voir un préfet de cohortes auxi¬
liaires, ou même un tribun de cohorte prétorienne. Dans
le doute, il convient de s’abstenir
de toute affirmation1.
IV. Légions jusqu’à Dioclétien.
— Nombre des légions. — Le
nombre des légions romaines a
varié suivant les époques et sui¬
vant l’importance des guerres
que l'État a eu à soutenir. En
principe, et pendant les deux
premiers siècles de la Républi¬
que, l'armée se composait chaque
année de quatre légions, réparties
en deux divisions commandées
chacune par un consul. Le consul
recrutait les deux légions dont il
avait la direction 2. Mais la durée
et l’extension des guerres néces¬
sitèrent un déploiement de forces
plus considérables, et les quatre
légions annuelles furent assez
rapidement remplacées par six légions3 et même davan¬
tage. L’histoire de la seconde guerre punique, pour la¬
quelle nous avons beaucoup de renseignements, est à
cet égard très instructive. J’emprunte à un travail de
M. Schemann 4 les indications suivantes qui sont le ré¬
sumé de ses recherches.
y* ^
Fig. 4424. — Legal de légion.
Année.
Nombre de légions.
Année.
Nombre de légions.
53G — 218 .. .
S
— 209. . .
21
537 — 217...
546
— 208 .. .
.... 21
— 12
538 — 216...
. 19 —
547
= 207...
. . . . 23
— 13
539 — 215...
5
548
— 206...
.... 19
— 14
VfH
II
O
. 21 —
6
549
— 205...
... 19
— 15
541 — 213...
. 23 —
7
550
= 204.. .
... 18
— 16
542 — 212 .. .
. 26 —
8
551
— 203.
20
17
543 — 211 ...
. 27 —
9
552
— 202 . . .
... 16
— 18
544 — 210...
.... 21 —
10
553
— 201 .. .
— 19
En fait, chaque année, par le sénatus-consulte de exer-
citibus , le sénat arrêtait le nombre des légions20, ainsi
que celui des socii , et les répartissait en autant d’armées
qu’on créait de provinces militaires italiques et extra-ita¬
liques21. Il décidait, en outre, si les légions déjà formées
seraient licenciées22 ou maintenues23, s’il y avait lieu de
procéder à des levées24 pour compléter les armées exis¬
tantes25 ou pour en former d’autres26. En règle générale,
il décrétait annuellementle recrutement de deux nouvelles
légions27 ; mais il pouvait augmenter sensiblement ce
nombre qui alla jusqu'à H au moment de la guerre de
Persée 28 .
I Op. cil. p. 57 cl pl. XI. — 2 Polyb. I, IC : VI, 19 ; Liv. VIII, 8.-3 Liv. X, 27.
■ — 4 L. Scliemann, De legionum per ait erurn bellum Punicum historia, Bonnae, 1875.
— ■> Liv. XXIV, 11. Sur ce nombre, 3 légions en Espagne. — 3 Liv. XXIV, 11;
Id. — < Dont 3 en Espagne. - — 8 Id. — 9 Dont 4 en Espagne. — 1 0 Id. ; cf.
Liv. XXVI, 28. — 11 Id. — 12 Id. ; cf. Liv. XXVII, 22. — 13 Id. ; cf. Liv. XXVII, 36.
— 14 Id. — 13 Id. — 16 Id. — 17 Dont 3 en Espagne ; cf. Liv. XXX, 30. — 18 Id.;
cf. Liv. XXX, 27. — 19 Dont 1 en Espagne (Liv. XXX, 41). — 20 Liv. XXI, 17 ;
XXII, 36; XXIII, 25; XXIV, 11 ; XXV, 3; XXVI, 1 ; XXVII, 7; XXVIII, 10, etc. ;
Polyb. III, 107. — 21 Liv. XXVII, 7. — 22 Liv. XXVI, 28; XXVIII, 10; XXXI, 8;
XLV, 2. - 23 Id. XXIV, 44; XXVI, 1. - 24 Id. XXIV, 44; XXVI, 1 ; XXVIII, 45;
XXIX, 13 ; XXXIV, 56, etc. — 25 id. XXXII, 8 ; XXXIII, 43 ; XXXIV, 56 ; XXXV, 20 ;
XXXVI, 1 et 2, etc. — 26 Id. XXVII, 22; XL, 36; XLI, 8; XLII, 1; XLIU, 12.
— 27 Id. XXIV, 44; XXV, 3; XXVI, 28; XXVII, 36; XXIX, 13; XXX, 2, etc.
A partir du début delà deuxième guerre puniqU(. |
a, en principe, à côté de l’armée active, une arin,-.,. ' '
réserve composée de deux29 et même de quatre légim, t
ce sont les legiones urbanae3i .
Ce qui caractérise les armées légionnaires dans tout
cette période, antérieure à Marins, c’est qu’elles étaien
formées d’un nombre de légions tout à fait variable |
que leur existence n’avait aucune durée fixe. Les réforme
introduites par Marius apportèrent à cet égard de g'rands
changements, ainsi qu’il a été expliqué plus haut.
Du jour où, contrairement à l’ancienne coutume W
citoyens des classes ne furent plus seuls admis dans
l’armée, où les capite censi purent être enrôlés, ceu\-H
restant au service pendant de longues années, les légions
acquirent une sorte de permanence, et on commença à
les distinguer entre elles par un numéro qui leur était
propre. Ce n’est pas à dire qu’on ignorât jusque-là toute
numérotation: on trouve dans Tite Live des exemples de
légions spécifiées par des chiffres de classement32, et l’on
sait que le numéro d’un certain nombre de celles qui
prirent part au siège d’Asculum pendant la guerre sociale
figure sur des balles de fronde recueillies aux environs
de cette ville33. Mais cette numérotation, qui comprenait
la série de toutes les légions de la République, se renou¬
velait chaque année, si bien qu’une légion/sans voir son
personnel complètement modifié, pouvait recevoir un
numéro différent de celui qu’elle portait dans la campagne
précédente, si le rang qui lui était attribué dans l’ensemble
de l’armée n’était plus le même. C’est précisément là ce
qui commence à changer vers l’époque de César. Ainsi,
pour n’en citer qu’un exemple, la légion Ve qu’il recruta
en Gaule 34 se trouve citée plusieurs fois avec le même
chiffre dans la suite de ses guerres35. Cette persistance
de la numérotation initiale n’est point encore une règle
établie, mais elle a tendance à s’établir.
De ces légions numérotées et quelquefois même carac¬
térisées par un surnom, nous connaissons un certain
nombre, non seulement par les auteurs, mais encore par
des monuments épigraphiques : une legio II de Pom¬
pée36, une legio II Sabina 37, une legio II II Sorana au
temps des triumvirs38, une legio V Urbnna 39, une legio
VI Gemella , qui est une légion de César40, une legio
VII , une des plus célèbres de son armée41, une legio
VIII Mutinensis +2, une Vil IN Triumphali* 'b um‘ ;
X Veneria u, une XII Paterna 45, une XI IX de Cornélius
Spinter46, une XXX Classica 41, une XXXIII '8, line
XXXXN\ etc.
En même temps, le nombre des légions se mullip i>u
d’une façon excessive, chaque compétiteur levant u-
corps nouveaux pour grossir l’armée sur laquelle il 111 ,J 1
ses espérances. César, qui en 58, en partant p,ml ^
Gaule, avait 6 légions50, était à la tète de 11
51 51 ; c’est avec le même nombre qu’il combattit a I kU
— 28 Id. XLII, 31 cl 35. - 29 id. XXIV, 14; XXV, 3’ XX!/cf Kinder! I
XXVIII, 46; XXX, 2, etc. — 30 Id. XLII, 35; XL11I, 12. — 31 x, I*. I
Die legiones urbanae, dans le Philologue, XXXIX, p. 527 et s. — v XXI-V, 33 I
XXII, 53, XXXIII, 56, XXXIV, 46 (n« I, II, III); X, 18, XXVI, 48 (IV) ^ ^ I
(V); XXVI, 5 (VI), etc. - 33 C. inscr. lat. IX, 633, 693 et suiv. ^ I|[ 8i
Cites. 24. — 35 Cic. Ad fam. X, 33; Ad Att. XVI, 8; App. Bel. cm. 1 . ^ I
40, 45; Del. afr. I, 5, 47, 60, 80, 84; Bel. hisp. 30. — 36 C. t. J- ’ W; cf. I
— 37 Ibid. X, 4876.— 38 Ibid. 57 1 3. — 39 Ibid. 2514. — w Ibid- ' ' I
Caes. Bel. gall. III, 4. — 41 Ibid. I, 624 ; cf. Caes. Ibid. VIII, 8. — 42 ^ k I
— 43 lb. V, 397. — 44 lb. 4191. — 45 Ib. XI, 10 58. — 46 Ib. HÉ 6:, t ' j.owano«» I
X, 18. — 48 Ib. 1, 1278. — 49 Dessau, 2229. — 50 Krohl, De legionibus " m far j
Dorpati, 1841, p. 15. —51 Domaszewski, Die Heere der Bütgei p. Iï*)‘ I
Jahren 49 bis 4Î vor Cliristus (dans les N eue Heidelberg. Jaht büc 11
LEG
1073
LEG
I i \ sa mort) le total de scs légions se montait à. 37 2.
Sale ' , , avait avec lui à Pharsale 11 légions 3 ; le reste de
P°®P^e ge composait de 7 autres légions, 6 en Espagne
s0“ ^Afrique*. Brutus et Cassius alignèrent à Philippes
19 légions 3, tandis que leurs adversaires,
qui n'en engagèrent qu’un nombre égal,
en possédaient plus d’une quarantaine G.
Au moment de la bataille d’Actium, An¬
toine pouvait mettre en ligne 30 légions,
19 formant l’armée de terre 7, 8 étant sur
Fi». 442o. — Won- ja fi0t,te s et 4 autres se trouvant en
Rnaieiégionnnuc. ggypj.e 9_ Les monnaies de ce général
nousles mentionnent avecleurs numéros10. La figure 4423
reproduit, comme spécimen, une de ces monnaies.
I L’armée d’Octavien comprenait quarante à quarante-
cinq légions11. La bataille gagnée, les troupes du vaincu
venaient grossir l’armée du vainqueur. Celui-ci en licen¬
ciait une partie et gardait le reste. Ainsi, après la bataille
de Philippes et la mort de Cassius et Brutus, quarante
mille de leurs soldats furent incorporés dans la légion
d’Antoine et d’Octave 12. Il en fut de même après Actium :
Octavien vainqueur se trouva à la tête de plus de cin¬
quante-sept légions, suivant Marquardt13, d’une cinquan¬
taine suivant M. Mommsen11.
! C’était beaucoup plus qu’il n’en fallait pour la sécurité
de l’empire. Il en supprima un grand nombre et envoya
les soldats qui les composaient dans des colonies13.
Quant aux autres, il les conserva et leur donna une
organisation définitive, sans créer, d’ailleurs, de cadres
nouveaux ni de dénominations nouvelles.
11 leur garda les numéros et les surnoms qu’elles por¬
taient, soit dans son armée, soit dans celle de son compéti¬
teur, ce qui explique qu’on trouve plusieurs fois 7e même
numéro dans la liste des légions impériales 16. Voici,
d’après M. Mommsen, comment les choses se passèrent11.
Lorsqu’il organisa l’armée permanente en 725 = 29, Octa¬
vien, craignant de froisser les susceptibilités du peuple
romain, déclara publiquement que son armée ne compte¬
rait plus que douze légions ; il licencia donc celles dont le
■chiffre distinctif dépassait le nombre douze. A ces troupes
il ajouta seulement six légions, enipr un tées à l’armée d’ An¬
toine, ou plutôt cinq légions d’Antoine et une de Lépide, qui
avaitpasséantérieurement à Antoine18, légions qui, d’après
lune observation assez récente, auraient été celles qui
■vaient déjà servi sous César19. Mais les guerres qui éclatè-
en sur le Rhin en 737 = 4 et en Iilyricum dix ans plus tard
. !?Ul 111,1 augmenter l’effectif de l’armée impériale. Il
<n °ac p0ui - Gire lace huit nouvelles légions, qu’il can-
■ - ae n!,uile en Germanie et sur le Danube et auxquelles
il donna
U‘le numérotation supérieure à douze. Cela por-
m VHA .1 ,
des léc.0m >ie S6S ^§10ns à 26. Mais, d’autre part, trois
etravpo10l?S en8agées avec Varus ayant été détruites
1 es cadres de 1 armée, il les remplaça par deux
■ 1 Florus, Enit, iv -i . i?
■^0f. cit. p, _ 3 a l°P.' V’ ”9, cP ^rolil, Op. cit. p. 20. — - Domaszewski
5?i<- IV> 5: cf. Krnl,l PP',, ' C,V: 49 1 cf- Krohl- °P- cit ■ P- 40. — 4 Fl or u s
foohl- P- la et 73. _’oPr ' ° VeU- PaL «8; App. Bel. cio. IV, 88; cf
10 Cohen xf Plt" GXXIL ~ 1 Plllt- Anf. 68. — 8 Oros. VI, 10
eC cio. IV, 135_ j/ xrnP- h P- 41- — 11 App. Bel. civ. V, 127. — 12 App
’’ h 0r0s. VI, Ig. Hvainÿ<TV”MW' P' 161 • “ 14 Res 9«stae, p. 75. - 15 Dio
• ü commentaire de M & P' 1/7 Lachmann) ; Iles qestae, 111, üG
(f!°ns portant le num 'r! r;SCn; P’ °* 6t S' ; cf' 74’ nole *■ - « Ainsi il y a trois
bdeL^e,PaSsta ttIIAl:rlade 1 armée d’Octavien, la III Cyre-
S;re"' cl>a ^ Gallica d’Antoine ;
"■* wstae, n 69 n n -, 1
rtszewski Ard, 1 • J} C,L P- 69 et suiv. - 18 Voir la note 16.
■ ^ Mm- X- P- 184 et suiv. - 20 Ch. Robert, Les lé-
seulement; de sorte qu'en somme le total des légions
d’Auguste, tant de celles qu’il conserva après Actium que
de celles qu’il établit dans la suite, se monta à 25.
Cette théorie a trouvé des contradicteurs. Ch. Robert,
le plus ardent d’entre eux, l’a combattue dans une note
assez développée 20. Pour lui, rien ne justifie l’adoption du
chiffre de dix-huit légions après Actium ; toutes les pro¬
babilités historiques sont, au contraire, en faveur de la
conservation par Octavien vainqueur d’un pied militaire
plus considérable. En conséquence, les huit légions numé¬
rotées de XIII à XX doivent remonter beaucoup plus haut
quel’année 6, sans doute à l’organisation de l’armée perma¬
nente21. Quant au nombre des légions à la mort d’Auguste,
personne ne conteste qu’il se soit élevé à vingt-cinq22.
Dès le règne de Claude, on constate la création de deux
nouvelles légions par dédoublement de légions déjà
existantes23, la XV Primigenia et la XXII Primigenia.
Néron constitua la / Italica et la/ Adjutrix ; Galba, la
VII Gemina. Sous les Flaviens, le nombre total des
légions ne fut pas modifié, mais quatre des anciennes dis¬
parurent et furent remplacées par quatre nouvelles :
II Adjutrix , IV Flavia, XVI Flavia et / Miner via ;
sous Domitien, deux légions sont supprimées à la suite de
défaites; Trajan en crée deux autres, la II Trajana et la
XXX Ulpia ; le numéro donné à cette dernière nous
montre qu’à cette époque le nombre total des légions
romaines était de trente. Au temps de Marc Aurèle, la for¬
mation des deux légions Italica vint combler le vide
résultant de la suppression de deux autres sous Hadrien,
mais sans changer la somme des légions existantes. Nous
possédons, en effet, un document officiel de ce temps, un
laterculus legionum rédigé entre 120 et 170 ap. J.-C. et
gravé sur une colonne conservée au musée du Vatican24.
On y lit le nom de trente légions, celles qui existaient à la
fin du IIe siècle, énumérées dans l’ordre géographique.
A la suite, et rajoutées après coup, figurent trois légions
créées par Septime Sévère (/ Parthica , II Part h ica et
III Parthica ), ce qui porta le total des légions romaines à
trente-trois : c’est le chiffre donné par Dion Cassius23. Il
se maintint jusqu’à Dioclétien.
Numéros et surnoms des légions26. — Nous avons
déjà indiqué que la plupart des numéros portés par les
légions impériales sont ceux qui leur étaient attribués
soit dans l’armée d’Octavien, soit dans celles d’Antoine.
Il en est de même d’un certain nombre de surnoms, en
particulier de ceux qui provenaient du nom des pro¬
vinces où les légions avaient combattu ou avaient été
levées (. Macédonien , Gallica, Cgrenaica , Hispana , etc.).
D’autres furent tirés de noms de divinités comme .1 pot-
lin ari s ou Minervia ; d’autres de particularités relatives
à leur formation ( Adjutrix , Primigenia , c’est-à-dire
obtenue par voie de dédoublement, la Primigenia étant
l’ancienne légion ; Gemella, c’est-à-dire obtenue par
gions d’Auguste {C. rendus de V Acad, des Inscr. 1808, p. 94 el suiv.). _ 21 Cf. l'ar¬
gumentation de Ch. Robert qui suit pas à pas celle de M. Mommsen. Ce dernier lui a
répondu (Bes gestae, 2' édit. p. 73, note I) en maintenant son opinion. Voir aussi
Domaszewski {Iiorrespondenzblatt, 1891, p. 59 et suiv.) qui est du même avis que
M. Mommsen, et G. Hardy {The Journal of Philologrj, XXIII, p. 29 et suiv )
qui est d'une opinion contraire. — 22 Tac. Ann. IV, 23 ; Dio, LV. 23
— 23 F*our tout ce qui va être dit, voir l'histoire de ces différentes légions ; cf. aussi
Marquardt, Organis. milit. p. 166 et suiv.; Ch. Robert, Les légions du Rhin : In¬
troduction: Coup d’œil sur les légions romaines , Paris, 1867 ; Pützner, Geschichte
der rom. Kaiserlegionen. — 2t C. i. I. VI, 3492; cf. Borghesi, Œuv. IV, p. 259:
Domaszewski, Wiener Sludien, VII, p. 297. — 23 Uio, LV, 24. — 2f> Marquardt.
Organis. milit. p. 171 ; Pfttzner, Gesch. der Kaiserlegion., p. 3 et suiv.
— 1074
LEG
LEG
voie de fusion). Certaines légions portèrent le nom de
l’empereur qui les créa : Aurjusta, Claudio , Ulpia, Tra-
jana . Il est impossible d’insister ici sur tous ces surnoms ;
I origine d un grand nombre d entre eux sera expliquée
à propos de l’histoire particulière de chaque légion.
A côté de ce surnom
meme représentation
numéro des légions soit i
res monnaies
dation,
ndiqué
s. vl. 4430) 7. Enfin, toutes les monnaies milj.
qaractéristique, on en
rencontre d’autres que les
légions recevaient comme
récompense de leur dé¬
vouement à l’empereur :
ce sont les épithètes Pia,
Fidelis, Cotisions , Firmo ,
Victrix , etc.
De plus, à partir de Ca-
racalla, l’usage s’établit
de donner à toutes les
légions un surnom sup¬
plémentaire tiré du nom
du souverain régnant,
pour bien affirmer l’union
du prince et de l’armée,
jtour marquer nettement
la soumission de celle-ci
a celui-la. On voit alors apparaître les épithètes de
Antonimana (Caracalla), Severiona , Alexandriono
(Sévère Alexandre) Maximiana (Maximin), Gordiano
(Gordien), Philippiana (Philippe), Gollieno (Gal-
lien , etc., qui fournissent des données chronologiques
fort utiles sur les inscriptions.
Insignes des légions. — - On a reconnu depuis long¬
temps que chaque légion avait un ou plusieurs insignes,
généralement des animaux, qui la caractérisaient; ces
insignes se rencontrent soit à côté du nom de la légion,
soit même seuls, et à la place de ce nom, sur des monu¬
ments figurés et sur des monnaies. Par exemple, sur une
pierre trouvée à Benwell ( Condercum ), on lit les mots
Leg. II Aug., sur une enseigne accostée d’un Capri¬
corne et d un Pégase 1 (fig. 4426) ; sur une plaque de
bronze découverte à Crémone, l’indication Leg. II II Mac.
ligure entre deux disques supportés par une haste
où l’on voit un taureau et une chèvre 2 (fig. 4427).
1 Corp. inter, lat. VII, 517 ; Bruce, Roman Wall, p. 115. - 2 JVotizie cl. scavi,
mll P1' lv; J{er' arch- ,888> XI, p. 29 et suiv. -3 Der obergermanisch.
raetische Urnes (k'astell Bulzbach, pl. m, 30). — » lire. Bibl. 1899, p. 101 et
suiv. — •> Ilev. Arch., 1869, XX, p. 251 ; cf. Numismatique de la Terre Sainte ,
p. 84. — 6 Eckliel, Docl. num. II, p. 8; cf. Numismat. Zeitschrift, 1891,
p. 30, pour la Dacie. 7 Blanchet, Monnaies inédites de la Chersonèse Tau-
rique, 1892, p. 6 et pl. n° 2. -8 Kolb, dans la Wiener Num. Zeitschr. V, p. 53 et
Une brique découverte dans le Castelluni de it
montre à côté des mots Leg. XXII Pr. p p
corne3, et d’autres, recueillies à Jérusalem, pj” r^'
Leg. X Fret., accompagnée d’une galère * et'd’u ^ "
(fig. 4428). C’est ce qu’on voit aussi sur une moim^8'^
tremarquée 8 de la même légion (fig. 4405). Des 1 C°n'
de Viminacium portent6 une femme tenant un l'.'!"lnaies
de chaque main ; sur celui de droite se voit le chiir ^
sur celui de gauche le chiffre IY ; à droite de la JJ*'11’
est un taureau, à gauche un lion. D’autr
de la même ville offrent la
mais sans que le
(fig. 4429 et
taires émises par Gallien 8, Carausius 9 et Viol ,
(fig. 4431, 4432, 4433), présentent les noms et 1 '
insignes des légions pour la solde desquelles J*
étaient frappées. es
On est d’accord aussi pour admettre que ces insv
figuraient sur les enseignes légionnaires11. Leur'C'
gine et leur nature n’avaient point été déterminées. c°esî
à M. Domaszewski que
revient l’honneur de les
avoir fixées. Il a établi
très ingénieusement12 que
la plupart de ces animaux
n’étaient autres que des
signes du zodiaque et in¬
diquaient des dates en
rapport avec l’origine de
la légion. Ainsi le tau¬
reau est le signe du zo¬
diaque du mois auquel
préside Vénus13; Vénus
est, d’autre part, la divi¬
nité protectrice de la gens
Julia. Le taureau, dans
les armes d’une légion,
signifie donc qu’elle doit
sa création à César. Le
capricorne correspond à la dernière quinzaine de dé- ,
cembre et à la première semaine de janvier. Or, c’est
au début de janvier qu’Octave déposa son pouvoir reipv-
It/icoe eonstituendoe pour le changer contre la puissance
impériale1'. Les légions que caractérise le capricorne
seront donc des légions d’Auguste. Si elles ont à la fois
comme insigne le taureau et le capricorne, c’est po®
rappeler que leur origine remonte à César qt que le®'
introduction dans l’armée impériale est le fait d’Auguste '•
De même pour la légion Minervia de Domitien. Ladéesse
Minerve présidait au mois que le bélier caractérisai1
comme signe du Zodiaque16 ; il est tout naturel que la
légion ail pour emblème à la fois Minerve et le Délie1,
Ces observations ne suffisent pas à expliquer tous les
insignes légionnaires. Ainsi la cigogne de la///'
n est pas un signe du zodiaque, le Pégase eles dt®
légions Adjutrix et de la IP Augusta non plus- U laU
donc chercher, dans certains cas, d’autres interprétati°ns
•
suiv. — 9 Colien, Mon. imp. V, p. 519 cl suiv. — 10 De Witte, Jler- nu»- ^
]). 293 et suiv. — n Domaszewski, Die Tahnen im rôm. Hecre, p- 38 cl "inl)CS,
nu'me auteur admet que l’image de ces insignes pouvait être figurée sui U
par exemple sur les casques ( Die Marcus- Saule, p. 113). — 12 4^*
Milth. XV, p. 182 et suiv. — 13 Mommsen, /lom. Chronol. p. 305. — j|onl.
Chronologie de l’Empire romain, p. fi. — 15 Domaszewski, P- 1 s ' '
msen; Rôm. Chronol. p. 305.
LEG
— 1075 —
LEG
is sont évidentes ; ainsi le dauphin de la^Y" Fre-
Un:L certainement un souvenir de son origine,
lensU et,(i |e taureau que lui attribuent les monnaies la
lan(-''s <l'" signale comme une légion
de César. Les autres sont
encore incertaines. S’il est
possible que la cigogne ait
été assignée à la légion
IJ Ie Ilalica, nommée aussi
Concordia *, parce que
cet oiseau est le symbole
de la concorde 2, il parait
bien moins probable que
Pégase ait été donné à cer¬
taines troupes parce que
Pégase, d’aprèsles résultats
des recherches assyriolo-
giques, était, chez les Chal-
déens, une constellation
sacrée 3 . De même est-il
bien certain 4 que le san¬
glier, qui caractérise, par
exemple, la légion XX
Valeria Victrix et aussi
la Xe Fretensis , n’ait pas d’autre raison d’être que d’avoir
figuré sur les enseignes de l’armée romaine antérieure à
Marius5 ?I1 subsiste encore, dans ces questions, quelque
obscurité.
V. Histoire som¬
maire DES DIFFɬ
RENTES LÉGIONS. —
L’histoire des diffé¬
rentes légions im¬
périales a été écrite
plusieurs fois, soit
pour leur ensem-
le, soit dans le détail®. Elle est assez aisée à fixer pour
période antérieure au n° siècle, grâce aux récits de
facile et d autres historiens de cette époque. Il devient
eau co ii p plug malaisé de la préciser pour la période
Fig. 443u.
Fl,- 4431. — Monnaie
de Gai lien.
Ednnm’ N°tre S6llle ressource 011 à Peu Près réside
donnent 1.^ msw‘ipUons’ surtout dans celles qui men-
b ''xP('ditions ou des décorations militaires,
T 6 Surtout toJCdl r, T f™’ P‘ 12- - 5 Pli“- »<“■ X, 16.
QSuv. IV 18.| ^tealencyclopMie de Pauly, 1™ édit. s. v. Legio ;
!°ria le9‘°num auxiliorumoueinih h™™’ °eSCh ’ de>' Kaiserl«Sionen ; Stille, Bis-
;.P™P0S de Chaque légion 1 r ? P““ Divi A»9«sti. Cl. notre bibliographie
;;6“ nkh‘ "on Nerïc «rrichJT ’ ^ P’ 869 : Le<>io 1 AdJutrix
^ Adjutrix dans les Sit-lZ’ , 1% *8W ; Asbach- Dier°m- Legionen Iund
^ ^:iï9X ;firen- nkad- (phil- iiisior- xx, X
“S'^idansl eW.-i0Bori”’P: :04’ Pfitïner’ Op.cit. p. 218; Stille, Op. cit. p. 120-
''«b'ici, Rome, 1887 ; A.' jâne^^n ‘ deRugsiero’ L P- 86;Id. Le due légion}
Nuove iscrizi’oni ed ."lanU’. e le9ione I Adfutrice , Lipsiae, 1894- II
Z*' lm' P- 32 et suiv 1 8 uTIl0ni int0rn° aW 0rdiname’'t° d»lle armate,
°DS sans nombre, les . .f„“Sa"Ce deJa 1 a donné lieu à des discus-
10;Dio, LV, 24; Tac. Hist. I,
, — ao la lé
S extes desauteurs (Suet. Galb.
et dans les monnaies légionnaires de Septime Sévère el
de quelques-uns de ses successeurs.
Il faut y ajouter l’étude des différents camps dont les
ruines existent encore sur toute l’étendue de l’empire
romain. Je présenterai les faits relatifs à chaque légion,
en me bornant au strict nécessaire. Pour le reste, le
lecteur devra se reporter aux ouvrages cités en note.
Legio I Adjutrix \ Insignes : Capricorne, Pégase. —
Suivant toute vraisemblance, la légion fut constituée
par Néron en 68, un peu avant sa mort; elle était formée
de soldats de la flotte 8, probablement de la flotte de
Misène 9. Son surnom d 'Adjutrix indique un corps de
troupes créé dans un moment difficile pour venir en aide
à des troupes régulières. Il lui fut conservé; nous le
trouvons mentionné dès l’année 68 dans un diplôme mi¬
litaire10. A la mort de Néron, elle resta à Rome avec
quelques troupes de Germanie11. Elle se déclara presque
aussitôt pour Othon 12. Elle combattit pour lui à Bé-
driac avec acharnement « ferox et novi decoris avida »,
mais n’en fut pas moins vaincue13. La guerre terminée,
Vitellius l’envoya en Espagne « ut pace et otio mites-
eeret 14 ». Cette combinaison ne réussit pas: dès qu’elle
vit la possibilité de se déclarer pour le nouveau compé¬
titeur Vespasien, elle n’hésita pas et son adhésion
entraîna celle des deux autres légions espagnoles, la
VIe Victrix et la Xe Geminci. Quelques auteurs ont pensé 13,
ajuste titre, qu’elle avait pris part, l’année suivante, à la
guerre contre Civilis et ses Bataves 16 ; d’autres admettent,
au contraire, qu’elle ne quitta pas l’Espagne jusqu’en
l’année 8817. En cette année, sous l’empereur Domitien,
éclata la sédition d’Antonius Saturninus18. La légion, qui
avait alors sans doute pour légat Trajan, fut appelée
sur le Rhin pour combattre les rebelles 19. Elle y resta et
occupa le camp de Mayence20. C’est delà qu’elle partit ou
envoya des détachements à la guerre de Domitien contre
les Chatti21 età l’expédition de Nerva contre lesSuèveset
les Germains 22. Elle prit vraisemblablement aussi part à la
guerre Dacique de Trajan. D’après M. Jünemann23, elle
aurait quitté la Germanie dès le début de la campagne,
puis, entre les deux expéditions, aurait été cantonnée à
Apulum2l,oùelle serait revenue après la fin de la seconde
guerre et la réduction de la Dacie en province23. Elle n’y
resta pas longtemps. Lorsque, en 114, la légion XVe Apol-
linaris partit avec Trajan pour l’Asie, elle fut appelée
en Pannonie à sa place26 et s’établit à Bregetio, dans
la province supérieure21. On y a trouvé des preuves
épigraphiques très nombreuses de son existence28.
Elle y resta campée jusqu’à la fin de l’Empire. Comme
toutes les légions de Pannonie, elle dut participer aux
luttes qui se livrèrent sur le Danube pendant la deuxième
moitié du ne siècle et la première moitié du me siècle ;
nous n’avons de preuves ou de présomptions que pour
23; Plut. Galb. 13, etc.) étant assez difficiles à conciliée ; cf. Vaglieri, Op.cit. p. 7
et s. ; Jünemann, p. 5 et s. — 9 Jünemann, p. 19. — 10 C. i.l. III ; Dipl. IV, V. p. 847
el suiv. — U Tac. Hist. I, 26, 31. — 12 Ibid. I, 44. — 13 Ib. II, 43. _ H Ib. 66, 67.
— 15/4. III, 34. — 16 Pfilzner, Loc. cit. ; Westd. Zeitschr. 1893, p. 105 et suiv. ■
Asbach, Loc. cit. p. 317; Ritterling, De leg. X gemina, p. 70; Vaglieri, Op. cit.
p. 14 (d’après Tac. Hist. IV, 68 : Sexta ac prima ex Hispania accitae, où l’on a
introduit sans raison la correction décima ; cf. R. Cagnat, De l’utilité de l'épigr
latine pour l' établissement de certains textes, Douai, 1884, p. 8 et s.) _ 17 Jünemann
p. 35 et s. — 18 Donner Jahrbuch, 1876, p. 134 et s. — 19 Jünemann, Op. cit. p. 40
et s. - 20Bramhach, 1666 ; Jünemann, p. 64, avec renvoi aux inscriptions. — 21 Jüne¬
mann, p. 65. —22 C. i. I. V, 7425. — 23 Op. cit. p. 67 et s. — 2V C. i. I. III, 1004
1628. — 2j Cf. Mommsen, Ib. p. 256. — 26 Jünemann, p. 72. — 27 C. i. I. VI, 3492 •
Ptolcm. II, 14, § 3, p. 292 (Müller) ; [tin. Anton, p. 246 ; Dio, LV, 24. — 28 Corp.
inscr. lat. III, p. 539.
LEG
1070 —
1ÆG
les suivantes : expédition germanique de Marc Aurèle et
L. Verus 1 ; guerre contre les Marcomans2; guerre
■contre les Germains et lesChattiJ; expédition Parthique
de Septime Sévère4; guerre de Maximin contre les
Daces 5. Elle figure sur les monnaies de l’empereur Sep¬
time Sévère6 et de 1 empereur Gallien 7. Elle existait
encore au v siècle 8, et continuait à occuper le camp de
Bregetio. Elle porte sur les monuments les surnoms de
Jii(t Fidelis, qu’elle n'avait pas encore reçus en 98. On ne
peut donc pas admettre, ainsi qu’on l'a fait, qu’elle les
acquit a la suite de la révolte d’Antonius Saturninus 9 ;
on ne sait pas davantage à quelle occasion elle fut appelée
iterum Pia Fidelis10. Au début du iue siècle, une ins¬
cription lui donne le titre de Constant u.
Legio I Germanica12. — L'origine de ce corps est
mal connue : M. Mommsen 13 à émis l’hypothèse que la
légion existait à l’époque de la réorganisation de l’armée
romaine par Auguste ; que celui-ci la licencia ensuite,
après la défaite de Varus, mais pour la reconstituer immé¬
diatement, comme fit par exemple Vespasien plus tard
pour les légions IVe Macédonien et XVIe Gallica. Tacite
dit simplement qu'elle reçut ses enseignes de Tibère u.
A la fin du règne d’Auguste, elle campait en Germanie
inférieure avec les légions Ve, XXe et XXL, chez les
Ubiens, où Cécina les avait réunies en vue d’une expé¬
dition contre les Germains. C'est là que la nouvelle de
la mort du prince les surprit 13. Elle se révolta aussitôt16.
11 résulte du récit de Tacite qu'à cette époque le camp de
la légion était à Ara Ubiorum. En l’année 15, elle prit
part à une expédition contre les Chatti et contre les Bruc-
ières1'. L’année suivante, elle fit de nouveau campagne
en Germanie 18 et assista à la bataille d’Idistavise i9. Les
historiens ne mentionnent plus son nom avant l’année (38 ;
à cette époque, son camp était à Bonna20. Elle fut la
première à reconnaître Vitellius et son exemple entraîna
l’adhésion de toutes les autres légions de Germanie Infé¬
rieure21. Une moitié de l'effectif partit pour l’Italie sous
les ordres du légat Fabius Valons et se fit battre à Cré¬
mone22. On ne sait pas ce qu’elle devint ensuite; peut-
être fut-elle dispersée, avec les autres troupes de Vitellius,
en Illyricum23. Quant à l’autre moitié de la légion restée
en Germanie, elle n’eut point une destinée meilleure : obli¬
gée de tenir tète à la révolte de Civilis, elle commença par
se laisser vaincre par les Bataves rebelles 24, puis marcha
avec Hordeonius, son chef, contre Civilis 25 et sur Mayence,
avec Vocula26. Après le meurtre de celui-ci, elle se déclara
pour l'empire gaulois et jura fidélité à l’usurpateur27:
•courte fidélité d’ailleurs, car, prise de remords presque
aussitôt, elle se retira chez les Mediomatrici 2S, et de là
rejoignit l’armée de Petilius Cerialis, avec laquelle elle
marcha contre celui qu’elle saluait empereur quelques
U Ann. épigr. 1891, p. 151. — i C. i. I. XIV, 3900. — 3 Vit. Pertin. 2. — 4C.
i. I . VIII, 217. — 5 Jünemanu, p. 91; cf. uue inscription du temps de Gordien, trou¬
vée en Syrie et qui semble indiquer la présence d'un détachement de la légion en
Asie, en 243 (C. i. I. III, 190). — 0 Eckhel, VII, 108 ; Cohen, Monn. imp. IV, p. 31, 256.
— 7 Ibid. V, p. 387 , 443, 446, 451, 452. — 8 Not. Dign. Oc. XXXIII, 51. — 9 Rit-
■terling, De leg. X , p. 10 ; Schilling, De leg. X Min. p. 6. — 10 C. i. I. 111,4300 ; cf.
les monnaies de Gallien où on lit à côté de son nom : V P, V F, VI P, VI F (Kolb,
Wiener Num. Zeit. V, p. 53 et suiv.). — U C. i. L III, l. c. — 12 Grolefend, Op.
cil. p. 870 ; Borghesi, Loc.cit. p. 201; Pfitzner, Op. cit. p. 214; Stille, Op. cil.
f>. 9; Brambach, lnscr. Ithen. p. 12. — 13 Des gestae, p. 68, note 1. — 14 Tac.
Ann. I, 42. — 15 lb. I, 31, 39. — 16 Ib. 31 et suiv. — 17 Ib. 1, 64. — 18 Ib. II, 16.
— 19 lb. 17. — 20 Bi st. I, 57 ; IV, 19, 25. - 21 Ib. I, 57. — 22 Ib. III, 22. — 23 Stille,
Op. cit. p. 17 et 122. — 24 Tac. Hist. IV, 20. — 25 lb, 25. — 26 Ib. 38. — 27 Ib. 59.
— 28 Ib. 70 et suiv. — 29 //;. 77, — 30 Schilling, De legionibus XXX Ulpia et II
Trajana, p. 31 et suiv. — 31 Grotefend, Loc.cit. p. 871 ; Pfitzner ,Op. cit. p. 220;
jours avant. Mais une troupe ainsi démoralisée est
d’avance ; dans la bataille de Trêves, elle se mm,!!
nn "1 au.
, , „ se montra
dessous de tout29. Elle disparut des cadres de L
avec la réorganisation de Vespasien 30. ,u 111(1,1
Legio I Italica 31 . Insigne: sanglier, taureau r
par Néron32 le 20 septembre de l’année (37 33 • sa J|et'e
fut d’abord la ville de Lyon34. Vitellius Temmen.M "!'?’!
35 . „lù — J! ,• ' ' '-‘Gui
dans sa marche vers l’Italie 33 ; elle se distingua à |.
taille de Bédriac 30. Dans la campagne suivante, elle f* ^
à la bataille de Crémone et fut vaincue a
XXIe Hapax
37
avec la
A la fin de la guerre, elle fut env.
°yée en
Mésie, qui resta sa province jusqu’à la fin de l’Empire
Une inscription nous apprend qu’elle prit
part à la g
uerre
de Dacie, sans doute sous Trajan 38 ; une autre qu’elle
envoya un détachement sous Marc Aurèle pour une exn'
dition, sans doute la guerre contre les Marcomans 39 • une
troisième qu’à la même époque elle fournissait la’ gar¬
nison de la Chersonèse Taurique40.
Son camp était au ier siècle établi à Durostorum41' M
iic, peut-être depuis Hadrien, elle occupait Novae42, H
semble aussi qu’elle ait eu une partie de son effectif
pendant quelque temps du moins, campé à Troesrais11!
A l’époque de la Notice des Dignités, elle occupait encore
le camp de Novae 44 avec des détachements dans le resle
de la province43.
Son nom figure sur les monnaies de Septime Sévère*
et sur celles de Gallien47.
Legio I Macriana48. — Quand le légat de h
IIIe Auguste, Clodius Macer, à la fin du règne de Néron]
tenta de se soulever contre le gouvernement centrale!
de se créer en Afrique un royaume indépendant49, il
leva une nouvelle légion et, à l’exemple des
généraux de la fin de la République, qui
donnaient aux troupes qu’ils commandaient
une numérotation spéciale sans considérer
le rang qu’elles tenaient dans l’ensemble de
l’armée romaine, il l’appela Legio I Ma¬
criana Liberatrix (fig. 4434). Elle est con¬
nue par les monnaies de Clodius Macer30
Fig. 443 1.— Mou-
naic de Cio* 1
diiis Macer, I
On a voulu faire de cette légion une transformation de
la légion IIIe Auguste31;
mais
il est beaucoup
simple d’admettre, en interprétant à la lettre le texte
de Tacite32: « In Africa legio cohortesque dclectM
a Clodio Macro », que la légion Macriana fut h'iet
par Clodius Macer et est par conséquent distincte J*
la légion IIIe Auguste. A la mort du prétendant, celte
nouvelle légion fut licenciée par Galba83- N itellius,
ayant eu besoin de compléter la légion d’Afrique ou
d’autres corps d’armée, rappela ses effectifs sous
drapeaux et les versa dans des cadres déjà |XIS
tants 54 .
les
Stille, Op. cit. p. 22. — 32 Dio, LV, 24. — 33 Domaszewski, Die Iteligi1111 I
Heeres, p. 19 cl 20. — 34 Tac. Hist. 1, 59. — 33 lb. 64. — 36 lb. II, 1 ' , ^
100; III, 14, 18,22.-3» C. i. I. VI, 3584. — 39 C. i. I. VIII, 2582, 274b - M
VIII, 619. — 41 Ptolem. III, 10, 10. — 42 Itin. Ant. p. 221; Anon. Han'»- IJ
189; Epk. epigr. IV, p. 528 et C. i. I. III, p. 13 49. — 43 C.i. I ■ M,
C. rendus de l' Acad, des lnscr. 1865, p. 273. — 44 Not. Dign. Or. XL,11-
31, 32. — 46 Cohen, Monn. imp. IV, p. 31, 255. — 47 74. \ ^ jf;, ,/ff, I
— 48 Grotefend, Loe. cit. p. 871; Pfilzncr, Op. cit. p. 48 ; Schillu, ^ jallsli
rom. Kaiserzeit, I, p. 367; Mommsen, C. i. I. VIII, p- 20; 1,1 , . ( jjiut I
Da.Het. d. commiss. archeol. comunale di Itoma , 1886, p. 11' et sun' ’
Armée d" Afrique, p. 150 et suiv. — 49 R. Cagnat, Op. cit. p. 30 et si"' I
Numism. de l'Afrique ancienne, II, p. 171, n0! 383 et 384; feydlQ
impériales , I, p. 317, n“ 8. — 31 Mommsen, Loc. cit.', Ficge'^ yr,oi;, ciG |
Aug. p. 10. — 52 Tac. Hist. I, 11.
p. 122; R. Cagnat, Op. cit. p. 153.
53 Tac. Loc. cit .
LEG
— 1077 —
LegioiMinervia'. Insigne : Minerve, bélier. — Créée
Domitien, antérieurement à l’année 88 2, peut-être
! Elle fut tout d’abord occupée à combattre la
gn
révolte d’Antonius Saturninus Elle prit part ensuite
aüx deux guerres de Dacie ; son légat était à cette
époque le futur empereur Hadrien 5. Des soldats de la
légion avec un imaginifer portant une enseigne en
forme de bélier sont représentés sur la colonne Trajane G.
A la fin de la deuxième campagne, elle revint en Ger¬
manie Inférieure où elle occupait le camp de Bonna \
Elle prit part à l’expédition Parthique de Marc Aurèle
et de L. Verus 8, et à la lutte de Septime Sévère contre
Pescennius Niger9.
' Les Minervii sont indiqués, par la Notice des Dignités,
comme formant une légion comitatensû d’Illyricum 10.
La légion porta d’abord les noms de Flavia Pki Fidelis
Domitiana 11 : elle les reçut en récompense de la fidélité
qu’elle avait montrée lors du soulèvement d’Antonius
Saturninus12. A la mort de Domitien, elle ne garda que
ceux de Fia Fidelis. Son nom figure sur les monnaies
de Septime Sévère 13 et de Gallien u.
Legio I Parthica15. — Etablie par Septime Sévère au
moment où éclatait la guerre contre les Parthes16. Elle
avait son camp en Mésopotamie 11 . En 360, sous l’empereur
Julien, elle prit part a l’expédition contre Sapor, défendit
l^i ville de Singara et fut faite prisonnière18. Au temps de
la Notice, elle était encore en Mésopotamie, àNisibena19.
Legio II Adjutrix20. Insigne : Sanglier, Pégase. —
I Constituée en 70, de soldats de la flotte de Ravenne qui
avaient pris le parti de Yespasien 21 , elle fut armée par
Antonius Primus 22. On la voit marcher tout d’abord, par
ordre de Mucien, contre Civilis révolté23 ; elle fit toute la
guerre sous les ordres de Petilius Cerialis24 ; puis l'expé¬
dition terminée, en 71, suivant M. Gündel, il semble
quelle ait été envoyée en Bretagne où l’on a recueilli des
races de sa présence dans la partie orientale de l’ile, à
indum-'. On la retrouve ensuite sur le Danube ; elle y
était certainement arrivée à l’époque de Domitien : nous
possédons la tombe d’un de ses centurions, mort pendant
. 5Ueiretde cet empereur contre les Daces26. Elle prit
Sir i'1, * 1,1 1 1 d 1 expédition de Domitien contre les
suivant1’ .>tei Sarmates 2?- Au commencement du ne siècle,
s’phhl'i 0 emée) son camp était à Acumincum28; elle
peut vn ■ ,IIMIll<. <l Aquincum, à une époque qu’on ne
P lxer, a peu près vers le milieu du ne siècle5
87
>29
1 Grotefend, Loc. cit n «71 o , . .
01. Schilling De tenir, „ v ’ l ’ BorSheS1’ loc ■ «'*• p. 202 ; Pfltzner, Op. cit. p.
^ 1 »<%, o, T , f’ "T,r '**—«< «r mr„, Li,,;.’
C. U. Il, 2424; m 556 VI n P' I3‘ ~ * lbid' P- «• “ ? Vil. lia,
Mitlh- XV, p. ,83 f Urambacli, 405. - 6 Domaszewski, Arch. ej
~ ‘Bonn erJahrbücher V i î 'Cl' <9rius’ Dle Reliefs der Trajansaeule , p.
U. p. 147 ; Von Veith n ■■ 1 P ' 1 ’ CXXXII, pl. m ; Klein, KorrespondenzL
"*W. De relus lmp M 1 T-' ^ “ B°nn' B°"'h 1888. - 8 C. U V1? ,
1890, no 82 ; SchillL ’0nUrehf° ln 0nente geslis’ P- 69 el suiv. - 9 Ann. q
Mrliiich. LVI1, n 7n. m Cl ' P’ GE>‘ ~ i0 N°t. Dign. Or. IX, 15. — il B
L12' V2 XU™? epigr' V’ p- 202;SchillillS’ Op.
. 1 14 Ibid. V n 387 ;’nP ' Ct SUU' — 13 Cohen, Monn. imp. IV, p
LV'24- - n ,d. 1P;8337- 459 01 suiv. - Grotefend, loc. cit. p. 872. _ «
f 20 Ufotefend, Loc. „“CCl' XX’ G- ~ 19 NoL DiSn- Or. XXXVI,
' «WMler. der Wiener Akad y y Boi'shesi’ Loc- cü- P- 205 ; Asbach, dan
t,lle.Op. eu. p. ,22 n v , XX’ P' 290 ct suiv. ; Pfltzner, Op. cit. p.
Il'0' P- 89; Gündel De b Dizionario epigraf. de M. de i
<\t9° AdMrtx (Jih'ein Leipzig, 1895; Domaszei
Z ° ^ « y a ies XLVI’ P’ 602 el suiv.).. - 2* Sur les cri,
»piniUonSIn,rapporteni la ci ^ “““ dU'à propos do la P“ AdD
<nscr i . es autres en v a VesPasien - nous avons admis
1895," p/j. 1U’ P- 907), à O thon m"1 ^ i0rmation a Vitellius (Mommsen, C
l IVl'aison), et |’6tal|. (Domaszewski, Atcue Heildelberger Jahrbüc
V. soment définitif à Vespasien ; cf. Giiudel, Op.
LEG
Sous Marc Aurèle, elle prit part à la guerre contre les
Parthes 30. Elle se rallia sans difficulté à la candidal tire de
Septime Sévère et le reconnut empereur en 193 31. Sous
Garacalla, elle envoya un détachement en Asie pour la
guerre Parthique32. Elle figura aussi dans la guerre de
Maximin contre les Daces33. A l’époque de la Notice des
Dignités, elle campait encore à Aquincum34; mais elle
était répartie dans différents autres postes de la province
de Valérie: Alisca35, Florentia36, Contra Tautantum 37,
Cirpi38, Lussonium39.
La légion reçut dès les premiers temps de son existence
les titres de Fia Fidelis : elle les porte déjà sur un
diplôme militaire de mars de l’an 70 40 ; plus tard elle prit,
on ne sait àquelle occasion, celui de iterum Pia Fidelis 41 .
Sous Claude le Gothique, elleavait le titre de Constans 42.
Legio II Augusta 43. Insigne : Capricorne. — C’est
naturellement une légion d’Auguste ; on l’a identifiée à
la seconde légion que César avait en Espagne44 ; elle
serait passée de là en Germanie, suivant les uns45, en
Égypte suivant les autres46; mais ce ne sont là que des
suppositions sans aucun fondement. Ce que l’on sait, c’est
qu elle était à la mort d’Auguste en Germanie Supérieure47;
elle prit part à l’expédition de Germanicus en l’année 13,
où l’on donna la sépulture aux soldats de Varus48. Elle
y perdit même ses bagages et faillit périr dans une tem¬
pête49. On a peu de souvenirs épigraphiques de son pas¬
sage en Germanie80. Elle passa en Bretagne sous l’em¬
pereur Claude et prit part aux batailles qui amenèrent la
conquête de l’ile; elle avait alors pour légat le futur
empereur Vespasien01. Elle s’établit presque aussitôt
dans le camp d’Isca52, qu’elle occupa dans la suite et où
elle a laissé de nombreuses traces de sa présence 53 . Au
moment des guerres civiles qui suivirent la mort de
Néron, la légion fournit à Vitellius un détachement de
2600 hommes contre Vespasien54; il se montra dans la
bataille de Crémone, où il formait le centre de l’armée
vitellienne", mais le reste de la légion demeuré en
Bretagne se prononça sans hésitation pour Vespasien 56.
Un autre détachement fut peut-être envoyé en 70 sur les
frontières de Germanie 51. On sait fort peu de choses de
son histoire jusqu a 1 époque de Dioclétien : on peut dire
seulement qu elle ne quitta pas la Bretagne et sa vie est
celle de la province 58. A la fin du ne siècle, son camp
était toujours à Isca 59. Elle prit parti pour Carausius sur
les monnaies duquel son nom ligure00. La Notice des
1 Cl SUIV.
- IclL. ÎIISL. 111, DU ; Cl. Luo, LV, z4.
l de » xi tô L .
- 24 Ibid. V, 16, 20, 21, 22. - 25 C. i. I. VII, 185 à 188 ; cf. Arch. Journal ,
XXXIX, p. 248; Gündel, Op. cit. p. 25. — 26 C. i. I. III, 10224; cf. 3336. M. Gündel
l’y fait venir en 87 (Op. cit. p. 41). — 27 C. i. L X, 135. — 28 ptol. II, 15, 3;
Domaszewski, Loc. cit. p. 603 et suiv. — 29 c. i. I. lit, p. 4,6 et 439; p. 1138
(en 120 suivant M. Gündel, Op. cit. p. 47). — 30 Ann. épigr. 1893, 88. -31 Cohen,
Monn. imp. IV, p. 31, 260. — 32 C. i. I. III, 3344; cf. Gündel, Op. cit. p. 61 et5-’
note 3. — 33 C. i. I. 111, 3336. — 34 Pfot. Dign. Oc. XXXIII, 54. _ 35 JH d. 52.
36 Ibtd' 53. — 37 Ibid. 55. — 38 Ibid. 56. — 39 Jbid. 57. — 40 C. i. I. 111, Dipl.
VI. — 41 Ibid. 3217; cf. sur les monnaies de Gallien ( Wiener Num. Zeitsch. V,
p. 53 et suiv.) : VI F. — 42 C. i. I. 3521. — 43 Grotefend, Loc. cit. p. 873 ; Pfltzner,
Op. cit. p. 220; Stille, Op. cit. p. 24 ; Allmer, Inscr. de Vienne , I, p. 463 et s. ;
Hübner, Hernies , XVI, p. 530; D. Vaglieri dans le Dizionario de M. de Ruggiero!
I, p. 814. —41 Bel. Alex. 53; Hübner, C. i. I. Il, suppl. p. 88.— 43 Brambach!
p. 10. - 46 Pfltzner, Op. cit. p. 16 ct 190. — 47 Tac. Ann. I, 37. - 48 55
et suiv. - 49 md. 70. - 50 Brambach, 946, 976, 1892 \ Korrespondenzblatt , 1884
p. 130, no H. _ bt Tac. Ann. XIV, 37 ; Hist. III, 44; Agr. XIII ; Suet. Vespas.
4; C. 1. I. III, 6809. - 52 Tac. Ann. XII, 32 et 38 ; cf. Hübner, Hermes, XVI
p. 531 et s. - 53 C. i. I. VU, 90 et s. - 54 Tac. Hist. I, 01. - 55 md. III, 22!
— 56 U. III, 44. — 57 Mommsen, Hermes , XIX, p. 441. — 58 C. i. I. VI, 3492 ;
Dio, LV, 23 ; ltin. Ant. p. 484; C. i. L VII, p. 335. - 59 pt0lem.’ II, 3’,
30; ltin. Ant. p. 484; C. i. I. VII, p. 37. — 60 Colien, Mon. imp. VII.
p. 10, 132.
196
LEG
1078
LEG
Dignilés nous la montre encore campée en Bretagne avec
la ville de Rutupiae comme dépôt1.
Legio II Italica Insignes : Louve allaitant les
jumeaux, Capricorne. — Établie par Marc Aurèle avant
I/O', on la trouve d’abord désignée par les noms de
11 Pin G M. Mommsen suppose qu’elle occupa en pre¬
mier lieu la Pannonie, où la guerre contre les Marcomans
nécessitait un grand nombre de troupes. Elle fut, peu
après, assignée comme garnison à la province de Nori-
cum, qu elle occupa pendant tout l’Empire. Les inscrip¬
tions qui la mentionnent y sont très abondantes5. On
connaît deux épitaphes de légionnaires de la II Italica
qui moururent dans une expédition en Dacie : malheu¬
reusement la date de ces textes est incertaine6.
Le camp de la légion, d’après l'Itinéraire d’Antonin,
était a Lauriacum1; on a trouvé des inscriptions et des
tuiles estampillées au nom de la légion dans toute la
province. Au temps de la Notice, elle était divisée en
plusieurs parties, campées l'une à Lauriacum8, l’autre à
Lentia9, la troisième à Joviacum10; une autre portion
était en Afrique 11 .
Elle avait reçu, antérieurement à l’année 214 t2, les
surnoms de Pia Fidelis. Sur deux inscriptions 13, on la
trouve désignée par la qualification de legio secunda
Divitensium Italica , dont le sens précis échappe; il est
probable, pourtant, que quelque partie de la légion était
à cette époque campée à Divitia (Deutz).
Elle figure sur les monnaies de Gallien u.
Legio II Parthica15. Insigne : Centaure. — C’est une
création de Septime Sévère, comme les deux autres de
même nom. Contrairement à tous les précédents, il l’éta¬
blit aux portes mêmes de Rome, sur le mont Albain16.
Caracalla en emmena une partie avec lui en Asie17. Elle
prit part aux différentes conspirations militaires qui
amenèrent successivement l’avènement de Macrin et celui
d’Elagabal. Au moment ou elle se déclara pour ce dernier,
elle était à Apamée18. De retour dans son camp d’Albano,
elle y resta jusqu’à l’époque de Constantin, non sans
prendre part à différentes campagnes hors de l’Italie19.
Celui-ci l’établit en Orient20. Sous Julien, elle campait en
Mésopotamie, où elle subit un grave échec à Singara21.
Nous la retrouvons, à l’époque de la Notice des Dignités,
à Céfa, en Mésopotamie22.
Elle portait déjà les noms de Pia Fidelis Aeterna à
l'époque de Septime Sévère23. Son nom figure sur les mon¬
naies de Gallien24 (elle y porte les noms de V, VI et VII
Pia , V, VI et VII Fidelis) et sur celles de Carausius28.
Legio II Trajana26. Insigne : Hercule. — Fondée par
Trajan27 après la XXXe Ulpia 28, vers 108, quand la légion
IIIe Cyrenaïca eût été expédiée en Arabie29. Elle reçut
i Not. Dign. Oc. XXVIII, 19. — 2 Grolefend, Loc. cit. p. 874. — 3 Dio. LV, 24;
Oros. VII, 15; C. i. I. III, n° 1980 et p. 1030. — 4 //>. Le. — 5 lb. III, p. 1139.
— 6 lb. 4857, 5218, etc. — 7 Itin. Ant. p. 100; cf. C. i. I. III, p. 089. — 8 Not.
Dign. Oc. XXXIV, 39. — 9/6. 38. — 10 lb. 37. — H Oc. V, 80-235; VII, 144.
— 12 C. i. I. III, 5187. — 13 Orelli, 3391 ; C. i. I. VI, 3037. — 14 Cohen, Mon. imp.
V, p. 388, n° 471 (VI P, VI F). — l» Grolefend, Loc. cit. p. 874; Henzen, La
legione II Partica et la sua stazione in Albano ( Annali , 1807, p. 73 et suiv.).
— 16 Dio. LV, 24 ; LXXV1ÏI, 13 ; Herod. VIII, 5, 8 ; Vit. Caracallae , 0 ; C. i. I. III,
3307 et suiv. — 17 Dio, LXIX, 2. — 18 Dio, LXXVIII, 34. — 19 C. i. L III,
p. 909; add. ad n. 113. — 20 De Rossi, Bullett. 1884, p. 84. — 21 Amm. Marc.
XX, 7, 1. — 22 Not. Dign. Or. XXXVI, 30. — 23 C. i. I. III, 187. —24 Cohen,
Mon. imp. V, p. 388, 478 et s. — 25 Ibid. VIII, p. 50, 134 et s. — 26 Grotefend,
Loc. cit. p. 874 ; Borghesi, Œuv. IV, p. 206 ; Pfitzner, Op. cit. p. 225 ; P. Trommsdorlf,
(Juaestiones ad historiam legionum spcctantes, Lipsiae, 1890, p. 9 à 00. — 27 Dio,
LV, 24. — 28 Trommsdorff, Op. cit. p. 9 et suiv. ; Mommsen, Bull, des Ant. Afr.
1884, p. 278. — 29 Voir l’histoire de la légion IIIe Cyrenaïca. — 30 C. i. I. III, 79.
— 31 R n’y en a pas de preuve certaine : c’est une conjecture vraisemblable
l’Égypte pour garnison30. Nous en trouvons la m* ,•
pour la première fois dans une inscription du ‘
vrier 109. On l’envoya presque aussitôt, sembleVl
grossir, au moins par un détachement, l’armée dV '
dition dirigée par Trajàn contre les Parthes31. '
années plus Lard, sous Hadrien, elle prit part à la
de Judée32; puis, peut-être, à la guerre Parthique J*
Marc Aurèle et de L. Verus 33. Enfin en 213, Caracalla IV
mena avec lui dans sa campagne contre les Germains11
Elle était, d’ailleurs, suffisamment occupée à maintenir
la paix en Égypte et à défendre le pays soit contre les
ennemis du dehors, soit contre ceux du dedans.
Le camp de la légion fut, pendant le 11e et le ni* siècle
établi à Alexandrie. A l’époque de la Notice35, elle était
divisée entre plusieurs campements : on cite Parembole
et Apollo Superior36.
Elle porte sur les inscriptions et les papyrus le surnom
de Fortis (Gyypâ) : on le lit déjà sur une inscription de
l’an 109 37, soit qu’elle l’ait obtenu avant cette date par
quelque action d’éclat, soit qu’elle en ait été dotée dès sa
formation comme d’un surnom de bon augure38. On lui
donna aussi le surnom de Germanica qu’elle dut prendre,
suivant M. Trommsdorff39, à l’occasion de la guerre de
Caracalla contre les Germains en 21 i. Quant aux surnoms
de Pia Fidelis , qui lui sont attribués sur les monnaies
de VicLorin, et jamais sur les inscriptions, on ne saurait
dire à quelle occasion ils lui ont été accordés40.
Son nom figure sur des monnaies de Numérien41, de
Carin42 et de Victorin43.
Legio III Augusta4'". — La légion IIIe Augusta est
une légion d’Auguste. M. Mommsen la regarde comme
établie par César pendant les guerres civiles". Lors
de la réorganisation de l’armée impériale, Octave garda
les trois légions désignées par le numéro III qu’il avait
trouvées constituées à son avènement (IIIe Augusta,
IIIe Cyrenaïca, IIIe Gallica) et les distingua par des sur¬
noms différents 4G. Elle fut établie tout d’abord en
Afrique suivant les vraisemblances; on l’y trouve à la
mort même d’Auguste47 ; sous Tibère elle lutte vigoureu¬
sement contre Tacfarinas48. A la fin du règne de Néron,
elle était commandée par le légat Clodius Macer li ;
entraînée par l’influence de son chef, elle se souleva
contre le gouvernement central50, mais après la morl
violente de celui-ci elle rentra dans le devoir. File prit
part à toutes les guerres qui agitèrent l’Afrique pondant
les trois premiers siècles. On connaît quelques-uns dus
événements les plus importants de son existence. A I ou
nement de Vespasien, le légat Valerius Festus, parent e
Vitellius, tout en gardant l’apparence de la fidélité cnvn>
celui-ci, se déclara en secret pour le nouvel empereui
(Trommsdorff, Op. cit. p. 32 el s.). — 32 C. i. I. X, 3733 ; cf. Dio, I-X'A ^
Euseb. ad an. 132/3; Trommsdorff, Op. cil. p. 39 cl s. — 33 Ibid, p- ^ ^
— 84 Ibid. p. 24 et s. — 33 Trommsdorff, Op. cit. p. 31 ; Néroulsos l"V
cicnne Alexandrie, 1888, p. 85. — 36 j\T0t. Dign. Oc. XXVIII, 19 ; XXXI, ^ ^
i. I. III, 79. — 38 Trommsdorff, Op. cit. p. 24 (cf. 14, note 4), d api ' -- V"
— 39 Op. cit. p. 25. — 40 Ibid. p. 20. — 41 Eckliel, Doct. mm. cet. . ^
— 42 Ibid. 515. — 43 Cohen, Mon. imp. VI, p. 75, 59. — 44 Grolefend, ‘ ^
p. 875, Pfitzner, Op. cit. .p. 22G; Mommsen, C. i. I. VIII, p. 19 I F‘eBc • ^
legionis III Augustae (Berlin, 1882); R. Cagnat, Armée rom. dA/n'lÇ ( G( ;
et s. ; C. H. Baale, De provinciis Africanis aetate imperatoria, p- 1 ^ -j
D. Vaglieri dans le Dizion. de M. de Ruggiero, I, p. 815. — 45 Res y sl ^ ^jg,
et C. i. I. loc. cit. — 46 Mommsen, Loc. cit. ; Fiegel, Op. cil. p. t- gyet.
100 23. — 48 Tac. Ann. Il, 52 ; cf. R. Cagnat, Armée d'Afrique, p. J et 'occl$t
Galb. H. — 50 Cagnat, Armée d’Afrique , p. 149 et s. C’est à
ipie furent frappées les monnaies au revers desquelles on lit : U ' 1 , //».
(Muller, Numism. de l’Afrique anc. Il, p. 171, il01 385 à 392). —
U, 98.
— 1079 —
LEG
LETG
Dès qu'il apF
consu
suspectait la fidélité et emmena ses troupes
r amantes 1 • Sous Domitien, elle fit une
r LL Nouions2. En l’année 128, sous
,rit la défaite de Crémone, il fit tuer le pro-
d’ Afrique Pison, châtia les légionnaires dont il
troupes contre les
expédition
J trc les Nasamons- un ibuucc i^u, le consulat
I de Torquatus et de Libon, comme le prouve une inscrip-
Ition récemment découverte3, elle reçut, à Lambèse, la
l 'site de l’empereur Hadrien qui la fit manœuvrer devant
■lui ‘ et le l"r juillet eut lieu une revue d’honneur où l’em-
Iper’eur lui adressa une allocution aujourd’hui' célèbre4.
Pendant le courant du ne siècle, elle envoya quelques déta¬
chements dans les différentes parties du monde romain.
■ C’est ainsi qu elle aurait pris part à la gueiie de Lucius
Verus contre Vologèse5, et à l’expédition de Marc Aurèle
contre les Quades et les Marcomans 6. Lorsque l’Africain
Seplime Sévère arriva au pouvoir, la légion d’Afrique ne
pouvait que soutenir la cause de son compatriote. Il est
très probable que la légion combattit vigoureusement
dans son armée contre Pescennius Niger7; ce serait à
l’occasion de ces événements qu’elle aurait reçu les titres
de Pia V index qu’elle porte sur les monuments depuis
• l’année 191 ou 195 8. Pendant le règne de Septime Sévère,
en même temps qu’elle élevait à Lambèse et dans le reste
de l’Afrique ces grandes constructions d’utilité publique
dont les restes subsistent encore aujourd’hui, elle envoyait
un détachement pour l’expédition mésopotamique 9 .
En 216, un autre détachement prenait part à la guerre
deCaracalla contre les Parthes10 et se déclarait en faveur
d’Ehigabal vainqueur de Macrin n. La révolution qui mit
l’empereur Gordien à la tète de l’État fut faite en dehors
de la légion, mais elle ne se soumit point au nouvel état
de choses, et se déclara pour Maximin, rival heureux de
Gordien. Celui-ci ayant été définitivement écarté et rem¬
placé par Gordien III, la légion paya chèrement sa con¬
duite : elle fut licenciée et son nom fut martelé sur tous les
monuments où il était gravé 12. Les soldats furent versés
sans doute dans des légions de Germanie 13; ils auraient été
du nombre des troupes rassemblées en ltétie par Yalé-
rien * , pour exciter leur zèle, celui-ci leur aurait promis de
les rendre àleur ancien campementsi elle le débarrassait de
[son rival Emilien. La mort de ce dernier, survenue à la fin
[ del année 253, entraîna la reconstitution de la légion : dès
afin d octobre, elle reprenait possession du camp de Lam-
. est cl de ses dépendances15; elle reprit aussi ses anciens
Biirnoms, ce qui la fait appeler sur une inscription16 :
e°l° 111 AuO- iterum Pin , iterum Vindex. Elle y
ttV/n °n ne Sa^‘ a 9üe^e époque, ceux de Construis'1
Et 6 r ' L ' 11111 * ’ on D’ouve ceux de Pia Fidelis employés
1 r '! *. ' Dioclétien10. La dernière trace de sa présence
ï C * Aiuès se trouve sur deux bases honorifiques
■ 1 Tac. Bist. III, 4n „
(exlrai I, Jcs ’ “ tonar. Ann. XI, 10. — 3 Bull. arch. du Comité
n0V- 189°- »)• - 4 C. i. I. VIII, „0 l8242;
inédits de ce discours (Tl // *' °U & Ll°UVl5 récemmeut do nombreux fragments
nov- et déc. 18091 -1 v, r ■ arcb‘ d u Comité-, extr. des procès-verbaux, juillet,
f19; * Arch. ep'inr. Lûh Ll'"' "1 ^ '' ^ FicgeI’ °P' dt |K 17' “ 6 Ibid-
h P- 709; I( Caenat n ■ ’ P’ 8i’ u° 28‘ — 7 Schiller, Boni. Kaisergesch.
*>•* r-m-, 7'c-‘- <• ™. om - *
P "R- Gagnai, Armée d' ’ ’ P‘ 38 et Suiv' “ 10 C' 1 1 VIU> 25e4-
Mommsen, C. / yiii ^ 'Que, P- — 12Henzen, Annali, 1800, p. 58 et s.;
P- i74 et s. ; ’ P' 7°’ üonior, Archives des Missions, ir" série, t. II,
Victor. pe çaes ^ ((; Cl1- P- Ififiels. — 13 Mommsen, Ibid. p. 21. — U Aurel.
" 11 «Ad. 10474 Y _ ,» , ’• 1 VU1’ 2482> i807-- - 16 Ibid. 2482; cf. 17970.
o°39. — 19£, ; __ ,!SCÎ ' édites extr. des papiers de Léon Renier,
Cl U- VIII,p..21.'R ’ 2577- ~20Xot. dign. Oc. VII, 151. — 21 Mommsen,
~2',Lc camP provisoire T n ~ ™ Ibid ' P' 499' ~ 23 P- «00.
aPPellc vulgairemen, , ° 8 ébftblil tout d abord paraît bien être celui que l'on
P es auxiliaires; cf. Wilmanns, É tu.de sur Lambèse,
élevées en l’honneur de l’empereur Maximien et du César
Constance. Elle était cependant encore en Afrique où la
Notice des Dignités20 mentionne les Tertioaugustani
parmi les légions comitatenses aux ordres du comte
d’Afrique.
Son camp était au Ier siècle à Theveste21 (Tébessa).
Elle abandonna ce point vers l’époque des Flaviens ou
peut-être seulement sous Trajan 22, pour se porter plus à
l’ouest du côté de Khenchela23. Vers 123, elle s’établit à
l’extrémité occidentale de l’Aurès, à Lambèse 24, où elle a
laissé des traces d’un camp monumental extrêmement
riche en antiquités de toutes sortes 25 (plus haut, fig. 4408).
Elle envoyait naturellement des détachements dans
tous les endroits où des légionnaires étaient nécessaires
pour les besoins du service26 ou la défense du pays27.
Legio III Cyrenaïca28. — Appartenait sans doute
à l’armée de Lépide et fut ensuite comprise dans la
réorganisation des légions d’Auguste29. Son nom vien¬
drait de ce qu’elle aurait campé quelque temps en Cyré¬
naïque avant de s’établir en Égypte 30, ce qui eut lieu
à l’époque d’Auguste 31. On ne sait pas exactement où
était son campa cette première période de son existence.
Sous Caligula, elle se fixa à Alexandrie, avec la légion
XXIIe32, d’où elle envoyait des détachements sur diffé¬
rents points de la province33. En 63, elle-etit à apaiser
le soulèvement des juifs d’Alexandrie 34, puis à aider
Corbulon dans sa seconde campagne contre les Parthes 3S.
Six ans plus tard, à peine avait-elle prêté à Vespasien
le serment de fidélité, qu’elle dut envoyer en Judée, à
l’armée de Titus, un détachement de 1000 hommes,
sous les ordres de Liternius Fronto et du préfet d’Égypte
Ti. Julius Alexander36. Elle se distingua au siège de
Jérusalem. Puis elle revint en Égypte. L’année 107/108
marque une date importante dans l’histoire de la légion.
En 106, A. Cornélius Palma avait soumis les districts de
Bostra et de Petra en Arabie ; il fallait organiser l'occu¬
pation de la nouvelle province : on y envoya la légion IIIe
Cyrenaïca. Cette organisation est assurément postérieure
à l'année 107 ou tout au plus contemporaine de la fin de
cette année ; car le 4 août 107 la légion IIIe était encore à
Alexandrie37. Bostra lui fut assignée comme lieu de cam¬
pement38. Peu après (114-115), elle envoya un détache¬
ment pour combattre le soulèvement des Juifs qui venait
d’éclater39. Cette opération militaire achevée, il semble
qu’elle ail reçu mission d’aller avec la IIe Trajana jus¬
qu’en Mésopotamie pour quelque expédition40. Elle dut
fournir d’autres détachements encore : en 132, quand
les Juifs se révoltèrent de nouveau sous Hadrien41, peut-
être sous Antonin le Pieux, lors du grand soulèvement des
Maures 42, vraisemblablement aussi, au moment de la
p. fl et suiv. On vient d'y faire des fouilles qui semblent confirmer cette identifi¬
cation (Bail. arch. du Comité, extr. des procès-verbaux, nov. 1899, p. in).
— 25 Wilmanns, Étude sur Lambèse-, R. Cagnat, Armée d'Afrique, p. 519 et
s. avec vues et plans. — 28 C. i. I. VIII, 432 2. — 27 Ibid. 3, G, 2465, 2482, 8796,
107 1 7. — 28 Grotefend, Loc. cit. p. 875; Pfitzner, Op. cit. p. 227; Stille, Op. cit.
p. 30 ; P. Meyer, Die Aegyptische legio XX LL, und die legio III Cyrenaica
dans les Neue Jahrbücher für Philologie, 1897, p. 577 et suiv.' cf. Bas Heeru-e-
sen der Ptolemaeer und Rômer in Aegyptien, 1900, p. 158 et s. _ 29 Mommsen,
Res nestae, p. 48 et 74. — 30 Ibid. p. 170 et 171. — 31 C i l III 6627- X lf.8'1
C. i. r. *«- -» c. i. '■ III. XV, M. .c,
18, etc. — 33 C. i. I. III, 33, 34, 13580; C. i. gr. 4713 d, 4843. — 34 Joseph. Bel.
Jud. Il, 18. — 33 Tac. Ann. XV, 26. — 38 Joseph. Bel. Jud. IV, 10; V, 1 ; VI, 4
Tac. Bist. V, 1 ; Eph. epigr. I, p. 84 et suiv. ; V, p. 577 ; Wiener Studien, 1892,
p. 26 2. — 37 Berlin. Griech. Urkunden, 140. — 38 Plolem. V, 17, 7; cf. Meyer',
Op. cit. p. 587 ; Corp. inscr. lat. III, p. 17. — 39 Ann. épigr. 1895, 25. — 40 c\
i. I. XIII, 1802. — 41 Ibid. X, 3733 ; XIV, 3610. — 42 C. i. I. VIII, 5678; cf. mon
Armée d'Afrique, p. 104.
— 1080 —
LEG
îiuerre des Marcomans •*. Lors de la lutte entre Septime
Sévère et ses compétiteurs, la légion se déclara, comme
toutes les légions d’Orient, contre le premier 2. Sous
Caracalla, elle prit part à l’expédition de l’empereur
contre les Partl.es 3. La Notice nous la montre toujours
campée à Bostra l.
Ln papyrus du Favoum, daté de la troisième année
du règne de Néron, donne à la légion IIP le surnom
de Claudia '-'.
Legio III Gallica. Insigne : Taureau6. — C’est une
légion d’Antoine, avec qui elle combattit contre les
Parthes ' . Il est probable qu’elle reçut dès cette époque la
S\rie comme lieu de garnison. On ignore entièrement
son histoire jusqu’en 58 où elle fut appelée à servir sous
les ordres de Corbulon dans sa campagne contre les
Arméniens. Elle prit part à la conquête d’Artaxata et de
Tigranocerle 8 et aux autres coups de force qui obli¬
gèrent Tiridate à demander la paix 9. Sous le règne de
Néron, elle passa en Mésie, son dépôt restant pourtant
Peut-être en Syrie10, où elle trouva bientôt l’occasion de
se distinguer contre les Roxolans u. La guerre civile
ayant éclaté, elle se déclara pour Othon et marcha à son
secours; elle ne rejoignit néanmoins ses troupes à
Aquilée qu’après la bataille de Bédriac 12. Malgré la
défaite de leur empereur favori, ses soldats ne purent se
résoudre à se soumettre à Vitellius 13. Aussi, à la pre¬
mière nouvelle de l’avènement de Vespasien, salué em¬
pereur par les légions d’Orient, ils l’acclamèrent et se
déclarèrent nettement contre son compétiteur, entraînant
avec eux toutes les troupes de Mésie11'. Sous la conduite
de son légat Dillius Aponianus, la légion entra en cam¬
pagne 1 ’ ; à Crémone, elle occupait l’aile droite et eut une
Part importante à la victoire 10. L’un de ses soldats, C. Vo-
lusius, pénétra le premier dans la ville n. Après la victoire
et la mort de Vitellius, elle fut envoyée à Capoue, où elle
prit ses quartiers d’hiver18 (déc. 69). Mucien, jaloux du
pouvoir et de l’influence d’Arrius Varus, auquel la légion
était particulièrement attachée, la renvoya en Syrie au
début de 1 an /O 19. Elle y était au temps où Pline le Jeune
la commandait en qualité de tribun20. On croit que sous
Hadrien elle s’établit en Phénicie ; on l’y trouve fixée
sous Marc Aurèle21; elle y séjourna dans la suite 22.
Sous Elagabal, son légat, Verus ou Severus, eut la pré¬
tention de se faire reconnaître empereur, et entraîna les
soldats dans sa révolte; il échoua et fut mis à mort 23.
Quant à la légion, elle lut rayée des cadres légionnaires
et son nom martelé sur les monuments21. Une partie de
ses effectifs fut alors dépaysée et versée dans la légion
IIIe Auguste d’Afrique 2S. Elle fut réhabilitée quelques
années plus tard. On la rencontre sous Aurélien, engagée
dans la guerre contre Zénobie26, et pillant le temple du
Soleil lors de la prise de Palmyre 27. Il semble qu’à
l’époque de Licinius elle ait envoyé en Es'vnt* „
lation qui opérait avec un détachement de L i • ex '
Ulyrica 2». Qe la légion I
La Notice des Dignités lui assigne comme lieu d
peinent la localité de Danaba, entre Damas et p.,|,' ^
Sur une inscription d’Espagne, elle porte le sur nlT/
Félix ". D’après une trouvaille assez récente SOn 'n
aurait figuré sur les monnaies de Victoria 31
Legio III Italica. Insigne: Cigogne 32
nom
_ _ Qj*i' '
Marc Aurèle, à l’occasion de la guerre contre les M ^
mans, entre 166 et 170 33. Elle porta d’abord le n0mî
/// Concordia , comme la légion II Italica sWi,î
Il P ui 34 . Elle formait la garnison de la Rétie • son ni'"
était à Reginum 3S, d’où elle envoyait des détachement!
sur la frontière du Danube36.
On sait fort peu de chose sur son histoire ; une inscrip¬
tion nous la montre revenant d’une expédition contre les
Bures37 ; mais on ne connaît ni le motif ni la date de cette
campagne. A l’époque de la Notice, elle était divisée en un
certain nombre de parties sous des préfets. Le dépôt de
Reginum avait été transporté à Vallatum (Manchingj38 •
les autres parties étaient cantonnées à Submunto-
rium 30, entre Vimania et Cassiliacum, à Cambidunum
(Kempten) 40, à Fœtus 41 et à Terioli (Tirol) 42.
Son nom figure sur les monnaies de Septime Sévère 41
et de Gallien 44.
Legio III Parthica 4S. — Créée par Septime Sévère en
même temps que les deux légions de même surnom
(,lr et IL) et établie en Mésopotamie46. Son nom se trouve
sur des monnaies de Sidon, sous Elagabal47, et sur des
monnaies de Rhesaenae, sous Sévère Alexandre et
sous Trajan Dèce48. On ne sait rien de particulier à
son sujet.
Suivant une conjecture de M. O. Seeck, elle aurait été
campée, au temps delà Notice, à Apadna en OsrhoèneL
Legio IIII Flavia 50 . Insigne : Lion. - — Elle remplaça
la légion IV Macedonica licenciée par Vespasien, et
reçut pour garnison la Mésie Supérieure81. Quelques-uns
ont pensé, à cause du nombre d’inscriptions relatives a
cette légion découvertes en Pannonie, qu’elle avait d’abord
été envoyée dans cette province 82. Elle parait avoir
pris part à la guerre de Domitien contre les Sarmatesf,
peut-être à l’expédition de ce prince contre les Races "
et à celle de Marc Aurèle contre les Germains38. On sait
fort peu de chose de son histoire. On a trouvé des
inscriptions qui la mentionnent et des tuiles marquées
de son nom dans toute l’étendue de la Mésie, surtout a
Viminacium86 et à Singidunum 87, même en Dacie • I
Maison ne saurait indiquer exactement où était son camp’
Il estpossible qu’il ait été à Singidunum. Un détachenn id
de la légion accompagna l’empereur Dioclétien en l 0
dans son expédition en Égypte89.
* C. i. I. III, 2038. 2003; cf. Meyer, Op. cil. p. 589. — 2 Vit. Severi, 9 et 12.
-- 3 c. i. yr. 4610, 4G51 . — 4 Mot. Dign. Or. XXXVII, 21. — t Bull. de Vlnst.
égyptien, 1896, p. 123. — C Grotefend, Loc. cit. p. 876; Pfilzncr, Op. cit. p. 228'
Slillc, Op. cit. p. 32. - 7 Tac. Hist. III, 24. - 8 Id. Ann. XIII, 38, 40; XIV, 40.’
— 9 Ibid. XV, 26 et suiv.; C. i. LUI, 6741, 6742, - 10 Tac. Hist. 11,74; Suet. Vesp.
6. U Tac. Hist. 1, 79; III, 24. — 12 Ibid. 11,46.— 13 Ibid. II, 74, 85 — 14 Ibid. II,
85, 90 ; Joseph. Bel. Jud. IV, 11 ; Suet. Vesp. 6.— 13 Tac. Hist. I, 10. — 16 Ibid.
III, 21, 25 ; Dio, LXV, 14. — 17 Tac. Hist. III, 27 et suiv. — 18 Ibid. IV, 3. _ 19 Tac.
Hist. IV, 39, — 20piin. Epist. I, 10; III, il; VII, 16,31; VIII, 14.— 21 C.i.gr. 4544
— 22 Ibid. 4348, 4571 ; Dio, LV, 23. — 23 Dio, LXXIX, 7. — 24 C. i. I. III, 186 et 206.
' "G' *'■ G 2904, 3049, 3113, 3157, 4310 ; cf. Henzen, Bullett. 1865, p 58
— 26 Zosim. I, 52. - 27 Vit. Aurel. 31.- 28 Ann. épigr. 1894, 163- 1900
n» 29. - 29 Mot. Dign. Or. XXXII, 31. - 30 C. i. I. II, 2103 ; ci. Vit. Aurel’.U, 31 ’
Vit. Probi, 5 (s’il est bien question de cette légion dans le passage). — 31 Bull.de
Antiquaires, 1889, p. 271 ; Rev. num. 1889, p. 514 et suiv. — 32 Grotefend,
p. 877; F. Olilensclilager, Die rom. Truppen im Bechtsrheinischen Bayeun-
chen, 1884, p. 29 et s. — 33 Dio, LV, 24. — 34 C. i. I. III, 1980; cf. le comme"
— 33 Ibid. p. 730; Limesblatt. 1899, p. 883. — 36 Ibid. n° 6000; Ann-épiy’- ^
195.— 37 Ibid. 5937. — 38 Mot. Dign. Oc. XXXV, 17. —39 Ibid- *8- "
— 41 Ibid. 21. — 42 Ibid. 22. — 43 Cohen, Mon. imp. IV, p. 31, -6- ^
— 44 Ibid. V, p. 389, 487 et suiv. — 45 Grotefend, Loc. cit. p. 8//._— ^
24. — 47 Eckhel, Doct. num. III, p. 371; VIII, p. 489. — w ^bid. 1
— 49 Mot. Dign. Or. XXXV, 25. — 50 Grotefend, Loc. cit. p. 878 ; Borglp'j ^
IV, p. 207; Pfitzner, Op. cit. p. 234. - 51 Dio, LV, 24. — 52 Grotefcn^ #
cit.; Borghesi, Loc. cit. — 53 Wilmanns, 1589. — 54 Muratori , P- ^
— 55 c. i. I. VIII, 2582 , 2745. — 56 Ibid. III, p. 264 et 1471 ; cf. surtou n ^
— 57 Ibid. p. 265 et 1454. — 58 Ibid. p. 1019 ad no 1631. — 63 Grcil
Oxyrinch. papyr. I, 43.
LEG
— 1081
LEG
|FHe portait le surnom de Félix , qu’on rencontre déjà
ur une inscription du règne de Trajan 1
I A l’époque
gingidunum
de la Notice , elle occupait certainement
Son nom figure sur les monnaies de
Septime Severe
3 de Gallien4, de Victorin s et de
S Carausius . . .
Legio IIII Macedonica 7. Insigne: Taureau, Caprt-
■orne _ Légion formée sans doute par M. Brutus en
■ Macédoine, d’où lui vint son surnom de Macedonica 8.
Elle prit part à la bataille de Philippes. Auguste, après la
V réorganisation de l’armée, l’envoya en Espagne, où elle a
■laissé quelques traces de sa présence 9 Son camp devait
I être quelque part dans les environs de Burgos 10. C’est de
l]à qu’elle fut envoyée en Maurétanie pour procéder à
l’occupation du pays à la mort de Ptolémée11. Peu après,
I sous Claude, les légions de Germanie ayant été affaiblies
■ pour alimenter le corps d’expédition de Bretagne, la
légion passa sur les bords du Rhin et s’établit à Mayence ;
on l’y retrouve sous Galba 12. Elle fit quelque difficulté à
* se déclarer pour cet empereur13; et bientôt, sa soumis-
r sion n’étant qu’apparente, elle se révolta contre lui et
arracha ses images des enseignes u. Vitellius reconnu 1B,
la moitié de la légion partit avec Cécina pour l’Italie 16.
On ne sait si elle prit part à la bataille de Bédriac, mais
elle assista assurément à celle de Crémone17, où elle fut
défaite. Elle laissa ses bagages sur le champ de bataille :
on a retrouvé les ferrures d’une des caisses militaires
qu’elle abandonna dans le désastre18. L’autre moitié,
restée en Germanie, quitta Mayence avec Hordeonius
Flaccus pour marcher contre Civilis19. Son histoire
se confond dès lors avec celle de la légion I Ger-
manica qui a été racontée plus haut; comme elle, elle
reconnut 1 empire gaulois, puis rentra dans le devoir,
et participa aux dernières opérations conduites par Peti-
lius Cerialis 20.
I ^espasien, lors de la réorganisation de l’armée, la raya
des cadres légionnaires.
Legio IIII Scythica21. — On ignore où Auguste plaça
I a égion I\ Scythique ; quelques-uns ont avancé qu’elle
■campait en Syrie, mais sans preuves 22. On peut seule¬
ment dire qu’en l’année 33-34 elle était établie en Mésie
I avec la. \ Macédonique 23, détail qui est confirmé par une
mscription athénienne 24. En 62, elle était fixée en Syrie :
■ e aisaü partie des troupes que Paetus emmena contre
, 11 ' ,,n sai^ combien cette expédition fut mal-
rai'iu'i ^ ^atlre en retraite et la légion fut
iîtiphnf 2? S‘Vlie l3^06 clue parum habilis praelio
& \L°rSdela^0lte des Juifs, en 67, on lui
oui in! f°Urnir un détachement de 2000 hommes,
•part qGÏa reC le s°uverneur de Syrie Cestius et prit.
Ce nniiv ")nteuse retraite à laquelle il fut contraint28.
< Cltc n était pas fait pour relever sa réputa-
I*. 1 Wi|manns, 1580 _
P. 3], %i _ , Dyn- IV> Or. XLI, 30. - 3 Coben, Mon.
et Vl‘ Fidelis) s t, p- 390' 499 et suiv- (Vi et VII Pia, VI
sui'^ (Ph Fiddü) '?1! P' 751- eo- - 6 Ibid. VII, p. 16, 141
Pfitzner ni Gl'°tcfend’ Loc- cit. p. 878 ; Borghesi, Loc.
*s °es‘ae, p. 69, note 4 nV ^ Stlll°’ °P ’ cit' p’ 42’ ~ 8 Mommsen,
l **«- 11 Inù eolf L '■ 1 1681 : m> 399 ■’ X‘b «66. - 10 Ibid.
’’ - « Ibid I 5 mon Armée d’Afrique, p. 26. - U Tac.
~ 6 Cf. Stille, Op. J _ Ibld ' 55 ^ Plut- Galb. 22. _ IB Tac. ffist. I, 67.
ct ’. p- 20fl; Pev. arch 1888 «p ” TaC' HlSt' I!I’ 2“’ ~~ 18 Notizie de scavi,
l l,IV;~21 Grotefend J ^ P' *9' ~ 19 Tac' ***. IV, 24. _ 20 Ibid. 70
~23C. i. j,,’ ’ ' P' 879 ; stille, Op.cit. p. 47. - 22 Grotefend,
T’ v'v~'n"', ■' aH‘ ÜI’ C3° ("ET *' h SW*b
• XV’ 11 cl BUV. - 27 Ibid. 17. -28 Joseph. Bel.
tion ; néanmoins, elle fut appelée par Trajan à marcher
avec lui contre les Parthes29. Lorsque les Juifs se soule¬
vèrent de nouveau à l’époque d’Hadrien, elle nequitta pas
le pays; son légat fut chargé de l’administration de la
province pendant l’absence du gouverneur Publicius
Marcellus30. Sous Marc Aurèle, elle avait pour légat le
futur empereur Septime Sévère31. Sous le règne d’Ela-
gabal, un autre de ses légats, Gellius Maximus, se révolta
contre le prince32 ; mais son entreprise échoua et il fut
mis à mort ; les noms de la légion n’ayant pas été mar¬
telés à la suite de cette aventure, comme il arriva pour
la III Gallica dans un cas analogue, il est probable qu’elle
ne prit pas une part active à la tentative de son chef.
On ne sait rien de plus sur son histoire. Dion nous
apprend que de son temps son camp était en Syrie, mais
il ne nous indique pas l’emplacement exact33. A l’époque
delà Notice, il était établi à Oresa34.
Legio V Alandae 3S. — Formée par César, pendant
la guerre des Gaules, de Transalpins auxquels il donna
ensuite le droit de cité romaine 36. Elle se distingua dans
la guerre d’Afrique, et en particulier contre les éléphants
de Juba, ce qui lui fit accorder par César l’autorisation
de surmonter ses enseignes d’un éléphant 37. Elle prit
aussi part à la bataille de Munda38. La guerre finie, César
l’envoya avec cinq autres légions en Macédoine pour y
attendre qu’il les emmenât contre les Parthes39. Elle
passa ensuite à Antoine dont elle embrassa chaleureuse¬
ment la cause40. Depuis la bataille de Mutina jusqu’à
l’époque d’Auguste, elle campait en Espagne41 ; ce prince
l’envoya en Germanie, où en 738 = 16 elle perdit son
aigle dans une expédition contre les Germains 42. A la
mort de ce prince, elle campait à Vetera43 ; elle fut une
des premières à se révolter. Ce soulèvement calmé, Ger-
manicus l’emmena contre les Germains u. Elle prit part
aussi aux autres expéditions de Germanicus el à celle
que L. Apronius dirigea en 28 contre les Frisons : sa con¬
duite y fut remarquable45. A la mort de Néron, elle
reconnut Galba, mais à contre-cœur 46, et bientôt après
Vitellius. Elle partit aussitôt avec son légat Fabius
Valens pour l’Italie47, traversa la Gaule au milieu d’inci¬
dents de toute nature 48 et finit par rejoindre l’armée de
Caecina 49. Elle combattit à Bédriac, puis vint à Rome 50.
Elle prit part à la bataille de Crémone51.
Une partie de la légion, le dépôt, était restée en Ger
manie, à Vetera. Là, les soldats furent assiégés par Civilis
et obligés de se rendre; on leur imposa comme condition
de reconnaître l’empire gaulois, ce qu’ils firent. Ils
purent, à ce prix, sortir du camp. Mais à peine étaient-ils
à cinq milles que les Germains, qui leur servaient d’es¬
corte, se jetèrent sur eux et les menacèrent 62. On ne sait
pas ce que devint ensuite lalégion. Les uns veulent qu’elle
ait été rayée par Vespasien des cadres de l’armée ; d’autres
Jud. II, 18. - 20 c. i. I. III, 1033G. — 30 C. i. gr. 4033, 4034. — 31 Vit. Severi , 3
— 32 Dio, LXXIX, 7. — 33 Dio. LV, 23. — 31 JVot. Dign. Or. XXXIII, 23.
— 35 Grotefend, Loc. cil. p. 880; Borghesi, Loc. cit. p. 216; Pfitzner, Op. cit.
p. 235 ; Miller, Op. cit. p. 50. — 36 guet. Caes. 24. — 37 Bel. Afr. I. 47, 60, 80
84; App. Bel. civ. II, 96. — 38 Bel. hisp. 30. — 39 Cic. Ad Att. XIV, ,5 ; Àpp
Bel. civ. III, 8, 24. — 40 Cic. Phil. V, 19; XIII, 2; Ad fain. X, 33 et 34.
— 41 Hübner, C. i. I. II, Suppl, p. LXXXVIII. — 42 Vell. II, 97. — 43 Ann. I,
31, 44. — 'A Ibid. 64. — 4b [üd. 73; cf. l’inscription de Novellius Torqualus
(C. i. I. XIV, 3602). Dans une inscription du temps de Claude (Ibid. IX, 3380),
il est question d’un tribun de la légion qui a reçu des dons militaires, on ignore à
quelle occasion. — 46 Tac. Hist. I, 55 et s. — 47 Ibid. 61 ct s. — 48 Ibid. 64 et s. :
II, 28 et 29. — 49 Ibid. 30, 17. — 50 Stille, Op. cit. p. 54. _ B1 Ibid. III, 22.
— 52 Ibid. IV, 60 et s.
— 1082 —
LEG
qu elle ait. disparu a la suite d’une grosse défaite soit en
ST dans la guerre contre les Daces', soit en 92 dans
l’expédition contre les Sarmates2.
Ce serait cette légion qu’on trouverait désignée sur des
inscriptions du début de l’Empire sous le nom de leqio V
G a II ica 3. J
Legio V Macedonica* Insigne: Taureau. _ Pro¬
bablement formée par Brutus ; elle aurait pris part à
la bataille de Philippes, d’où elle tirerait son surnom,
comme les autres légions Macédoniens 5. Auguste l’en¬
voya en Mésie: en 33-34 elle traçait une route stratégique
dans le pays avec la IVe Scythique 6. Dix ans plus tard,
elle prenait part aux opérations qui se terminèrent par la
réduction de la 1 lirace en province romaine1. Elle resta
en Europe jusqu’en 62: à cette époque, elle partit en
Syrie et fut placée sous les ordres de Caesennius Paetus,
gouverneur d Arménie 8 ; elle reçut pour garnison le
l’ont 9- Peu après commençait la guerre contre les Juifs ;
la légion fut envoyée à Alexandrie, et Titus reçut de Ves-
pasien l’ordre de l’amener sur le terrain de la lutte en
même temps que la X" légion »«. Elle attaqua successive¬
ment les villes de Gadara, de Jotapata, de Taricheae, de
Gamala, et pendant trois ans tint la campagne, luttant
sans répit avec les Juifs ”, jusqu’au jour où, en 69, elle
\ int avec les autres troupes de l’armée romaine mettre le
siège devant Jérusalem12, fîlle y joua un rôle important :
c’est elle qui s’empara de la tour Antonia, et assura par
la la prise de la ville13. Nous avons gardé l’épitaphe d’un
de ses centurions, qui reçut à l'occasion de ce succès des
décorations militaires1'. A la suite de la victoire, elle
suivit Titus en Égypte 13 et jusque sur l’Euphrate 16, non
sans laisser peut-être un détachement dans son ancien
camp d’Emmaüs 17 . De là elle revint en Mésie. Nous la
retrouvons dans la suite engagée contre les Daces, sous
Domitien18, puis de nouveau sous Trajan 19 ; contre les
Parthes, à l’époque de L. Verus, et pendant l’expédition
que commandait M. Statius Priscus 20 ; enfin contre les
Marcomans sous Marc Aurèle 21.
D’Hadrien à Marc Aurèle, le camp de la V° Macédonique
était à Troesmis22. On y a trouvé des traces du séjour
de la légion à cette époque, inscriptions 23 ou briques
estampillées2*. C’est ce que nous indique le laterculus
legionum du Musée du Vatican23. Quand Septime Sévère
voulut augmenter les garnisons de la Dacie, elle fut
transportée à Torda (Potaissa), où elle demeura pendant
une partie du iiic siècle26. Lors de l’abandon de la pro¬
vince par Aurélien, elle revint en Mésie Inférieure. L’Iti¬
néraire d’Antonin place son camp à Oescus27, ce qui est
confirmé par l’épigraphie28. Au temps de la Notice, une
l Grolefend, Loc. cit . ; Schilling, Op. cil. p. 24; cf. Sud. Domit. G ; Eulrop. VII,
ta. — a Trommsdorf, Op. cit. p. 82 et suiv. — 3 C. i. I. III, 294; cf. Wilmanns,
1431 ; Sittlington Sterret, The Wolfe expédition, I, p. 275, no 393. — 4 Grolefend
Op. cit. p. 881; Boi'ghesi, Loc. cit. p. 210; Stille, Op. cit. p. 57; Hübner, dans le
Bullett. 1862, p. 185 et suiv. On a parfois confondu les débuts de la légion V
Macedonica avec ceux de la légion V Alaudae, par exemple Borghesi, Loc. cit.
— B Mommsen, B es r/estae, p. G9, note 4. — 6 C: i. I. III, 1698. _ 7 Ibid.
Il, 3272. — 8 Tac. Ann. XV, G ; cf. Annali, 1859, p. 5 et s. — 9 Ibid. 9 et 2G.
— 10 Joseph. Bel. Jud. III, 1 et suiv. Nous avons une inscription de Pales lino où
elle est mentionnée avec la XI Claudia {Ann. épiyr. 1890, 53). — il Ibid. III, 7 et
s.; IV, 1 et s.; V, 1. — 12 Ibid. V, 2. — 13 Ibid. V, 11; VI, 1. — 14(7. i. I. VI, 3580.
— 15 Joseph. Bel. Jud. VII, 1. — IG Ibid. VII, 3 et suiv. — 17 Mommsen, Eph.
epigr. V, p. 620. — 18 C. i. I. XII, 3617 ; cf. le commentaire, Ann. épiyr. 1892, 106.
A la fin du règne de ce prince, elle eut pour tribun le futur empereur Hadrien ( Vit.
/lad. 2; C. i. I. III, 55). — 19 C. i. I. III, 1443; X, 6321 ; Arch. epiyr. Mitth.
1884, p. 219. — 20 C. i. I. III, 6189, 7505. — 21 J/,. 6189. — 22 Ib. JH, p. 999.
— 23 Ib. n°s 6166, 6168, 6169, 6178. — 24 lb. 6240. — 25 Ib. VI, 3492; cf. IX, 5363
(leg V Mac. in Moesia). — 26Dio, LV, 23 ; C. i. I. p. 161 ; Ibid. n«! 875,905, etc.
LEG
partie de la légion occupait encore Oescus29- ,p
parties se trouvaient à Cebrum 30, Variniana31
dava 32, sans compter celle qui était en Égypte à Mem’nh
On trouve différents surnoms attribués à L, i US
Pia3'\ Pin Fi dtdis 33 , Pin Constants :
autres
i Suci-
bués à la légion i
antérieur au règne de Septime Sévère. '
Son nom ligure sur les monnaies de Sentimr -
et de Gallien38. Suivant certains auteurs, cetlù r "
serait la même que la légion V Urbana] citée s,??
inscriptions d’Ateste39. des
Legio VI Ferrata*6.- C’est une légion d’Antoi„eu I
Elle a toujours été campée en Syrie. A la mort de Gen .
meus, en 19, Pison. chassé de Syrie, envoya son ami Domi
ti ns Celer pour lui concilier les esprits des soldats 12 Celui
ci se mit en devoir de gagner le camp de la légion L"!
il y fut prévenu par le légat Pacuvius qui maintint se
troupes dans le devoir*3. Pison se retira dans un fortin
de Cilicie ou le légat de Syrie le vainquit : la légion
VI Ferrata faisait partie du corps expéditionnaire1* ||
faut aller jusqu’à l’année 59 pour trouver une nouvelle
mention de la légion. A cette date, Corbulon l’emmena
contre les Arméniens et les Parthes*3. Son Histoire se
confond pendant cette période avec celle de la 111 Gallka.
La paix faite, elle ne jouit pas longtemps du repos.
L’année 67 fut signalée par un terrible soulèvement dei
Juifs ; un détachement de la légion VI Ferrata faisait
partie de 1 armée de Cestius ; son légat fut tué dans le
désastre de ce général*6. Après l’avènement de Vespasieii]
elle partit avec Mucien en Italie; mais le sort de l’empire
était décidé à Crémone avant qu’elle fût arrivée à destina¬
tion ", Mais, les Daces 18 ayant profité des désordres civils
pour menacer la frontière, elle fut chargée de leur tenir
tète et sa fermeté tint les ennemis en respect. Après
quoi, elle alla rejoindre son dépôt en Syrie*9. La qua¬
trième année du règne de Vespasien, Caesennius Paetus
1 emmena en Commagène et soumit avec elle lu pays.
A 1 époque de Trajan, elle prit part à l’expédition de cet
empereur contre les Parthes30. En 145/150, elle envoyait
une vexillation en Afrique, pour soutenir l’effort de
l’armée de Maurétanie que les Maures soulevés serraient
de près et qui ne suffisait pas à les contenir 3I. Enfin elle
marchait contre les Arméniens et les Parthes, sous Marc
Aurèle et L. Verus 32.
On ne sait pas au juste où était son camp: pour le (
début de l’Empire, on a prononcé les noms de Raphaneae ;
ou d Apamée. Après la seconde guerre contre les Juifs,
peut-être, elle se fixa en Palestine. C’est l’emplacement
que lui attribue le laterculus legionum. du Vatican . 1111
texte épigraphique3* et l’historien Dion33. M. von Rohden
Ann. épiyr. 18 94, 99. — 27 Ant. p. 220; C. i. I. III, P- 302 <L® ,
MOES). — 28 Ib. III, 6241 ; Eph. epigr. Il, 46 2. — 29 Not. Dign. Or. XLU, | I
— 30 Ibid. 32. — 31 Ibid. 31. —32 Ibid. 39. — 33 Ibid. Or. XXVIII, J
4, 39 ; cf. aussi Oc. V, 7, 150 ; VII, 8, où les Moesiaci Seniores, légion Pala('"<’j/i'1'!
cités inlra Italiam. — 34(7. i. I. VIII, 5349 (Septime Sévère). — 35 Ann. épW-
99 (Septime Sévère et ses fils); C. i. I. III, 875 ( Tertium Pia Fidelis)- y 1
i. I. III, 8 78,881, 1077. — 37 Cohen, Mon. imp. IV, p. 31, 265. — 3» Ibid V, 1'- ^’ .
504 et suiv. ( VI et VII Pia , VI et VII Fidelis). — 39 Corp. inscr. lut- ■
et suiv. ; cf. Wilmanns, 1430. — 40 Grolefend, Loc. cit. p. 883 ; Pfitznev, ^ I
p. 240 ; Stille, Op. cit. p. 62. — 41 Cf. Domaszewski, Arch. epigr. Mitth ■ V' ' ^ ,
— 42 Tac. Ann. II, 77. — 43 Ibid. 79. — 44 Stille, Op. cit ■ P- li2’/_‘”,Tac. I
— 45 Tac. Ann. XIII, 38, 40; XV, 10, 26.— 4(i Joseph. Bel. Jud. 11,1* et 1 l'^. ; / I
Hist. Il, 83. — 48 Ibid. III, 46. — 49 Joseph. Bel. Jud. VII, 3 et 7. - ^ I
X, 5829. — 51 Ib. Vin, 2440, 10230; cf. mon Armée d'Afrique, P- 1
— 02 C. i. I. V, 955 ; Cohen, I, p. 46, n. 83 ; cf. Domaszewski, Arch. 'Y''/' I
XV, p. 188; Ann. épigr. 1893, 88. — 53 C. i. I. VI, 3492. —tbllnd. ' J j, I
“ date en»'
— 55 Dio, LV, 23. M. Mommsen (C. i. I. III, 6641) suppose qu'à cette
peut-être en Batanée.
LEG
— 1083 —
LEG
1 ce changement dans la période de 109/140 \
■jlCen,es( pius question de la légion dans la suite : la
Notice des Dignités n'en parle plus
Elle portait les surnoms de Fidelis Constans qu on
■rencontre sur des inscriptions
■ Legio VI Victrix 3. Emblème : Taureau. — Elle appar-
Iteinil à l’armée de César/ puis servit dans celle des
Itriumvirs et prit part à la bataille de Pbilippes, d’où le
■surnom de Macédonien , qu’elle porta quelque temps.
■Lors de la réorganisation de l’armée par Auguste, elle
■reçut de lui celui de Victrix 8. Il l’établit en Espagne :
I en 749 = 5, un de ses tribuns fut honoré d’une inscrip¬
tion par les centuriones leg VI exHispania 6. Elle yresta
jusqu’au temps de Néron : en 60, elle prenait part à une
campagne contre les Astures1. De cette époque datenL
quelques inscriptions espagnoles 8. M. Hübner pense que
son camp était peut-être auprès d’Asturica 9. Elle fut la
première à reconnaître Galba comme empereur 10 : celui-ci
ne l’emmena pourtant pas avec lui en Italie. Vitellius
vaincu, elle se déclara aussitôt, comme les autres légions
espagnoles, pour Vespasien 11 . Peu de temps après, la
guerre ayant éclaté entre Civilis et les Romains, elle fut
appelée en Germanie pour porter secours à l’armée de
Petilius Cerialis12 et combattit à la bataille de Vetera,
qui décida de l’issue des événements u.
Le calme revenu, elle resta en Germanie, à Vetera
même14 ; à cette période remontent les inscriptions, trou¬
vées en Allemagne, où elle est mentionnée 18. Sous
Hadrien, elle passa en Bretagne, pour remplacer la
IX 'Hispana anéantie par les Brigantes16 : elle y resta
pendant tout le reste de l’Empire n, prenant part à des
expéditions contre les Bretons dë l’ile 18 ou du continent19.
I Son camp étaita Eburacum, ainsi que nous l’apprennent
Ptolémée20, l’Itinéraire d’Antonin 21 et de nombreuses
inscriptions ou tuiles estampillées22. Au temps de la
Notice, elle était encore établie en Angleterre23.
T ^0r l;|d les surnoms de Fia Fidelis , au moins depuis
Trajan On pense qu’elle dut cet honneur à la fidélité
oui . ]|( ni preuve lors de la révolte d’Antonius Satur-
jjnnus, in 89 \ Il est possible qu’elle ait porté, pendant
« à cause de son séjour en Espagne, le surnom d 'Hispana
qui se lit sur des briques 26 .
Legio vil Claudia21. Insigne: Taureau. — C’est
p, ■ ; 1111 ll(‘ ces logions qui prirent part à la bataille de
rfo/i/?'1" km 1 ^Ul re-urent’ Par suite, le surnom de Mace-
anu • " e ,e P01*-6 sur un certain nombre d’inscriptions
Illvricn"1 * i ' <ilau<le''!'- Elle campait à cette époque en
t>onian,m JÜIS'Iüe> en 42 ap. J.-C., Furiiis Camillus Scri-
pii" onsul de Dalmatie, s’insurgea sur l’inspi-
j réorganisation dp la "Cna, p. .11. Lui aussi attribue ce changement à la
X’532' - 3 Grotcfend°VI/Ce ^ Had‘'ien' “ 2 C’ ’ VI, 2,0 (an. 208);
°1K CÜ ■ | 04; Hiibner, ’VrLt XVl' "Vj’ P ' ^ StÜ‘e’
4 C. î. I, X u r i’ , V ’ p- 54G’ et c- l- L II, Suppl
P- t.xxxix.
Anh- Instituts 11 » XI1’ P‘ 77 ’ üomasze\vski, Jahr
P- 83- - p. 82 = .
cr- a“ssi IX, 4L» '■ yi>‘d. 395. - 8 c. i. I. II, 490,
-« Tac. But m ■ P- 89’ ~ 10 Tac- Büt. V, IG;
“Cfde.inscrinii i!’, T ** "■ IV’ C8I V, 14 et 19. -
66°’ «12, 064 etc8 °“c 'a loCalité- ~ 13
77; Domaszewski, Jahreshefte des Oesten
Ann. épigr. 1899, 73
, 491, 1442, 2374, etc.
89- - 10 Tac. Hisf Vj 10; cf i_ 16. guel_ Galb
Ib. V, 16 et suiv
-, etc. - ,o c ;7vr ~ Brambach- ~33’ 2fii- 330
trunsiit) <7 „ . , ' v1’ lj49 (“’Éfr VI cum qua ex Germania v
I 4510 ; VIII, 2401 ; vil, 1095, 1121, 1131, 1 132
Oui
il,,,,,
1614, etc. _ 18 y/ ■ ""
’ 1,119 (contre les Armn . B’. 940 ■ res trans vallum prospéré gestas. — 19 /fri
c- 1 «■ h, Î - 20 <*. 3, <«. - * /«». P. 466,
Xaï 8UIV— 2tc.i. l „ hgn- 0c- XL- 18 ; Cf. Ciaudian. Bel. Gel;
■ »C7' P- 16 el Wes/rf 7 7 *a“bach> 1892- ~ 23 Ritterling, De leg. Borna
• cit. p. 885 ; Roi- hesi O .. cit. p. 219 ; Pfitznc
ration d’Annius Vinicianus contre l’empereur, il voulut
s’assurer l’appui des légions qu’il commandait, la VIL et
la IXe29. Leur obéissance à leur général ne dura que
quatre jours ; le cinquième elles rentrèrent dans le devoir,
et tuèrentle gouverneur rebelle30. Pour les récompenser,
Claude leur donna le surnom de Claudia Fia Fidelis.
Nous possédons quelques inscriptions contemporaines 31
du séjour de cette légion en Dalmatie32, qui, d’ailleurs,
ne nous apprennent rien sur l’histoire de ce corps. Peut-
être fut-elle appelée en Mésie par Néron lorsqu’il prépa¬
rait son expédition contre les*Albani. En tout cas, elle
était dans ce pays en 69. Galba mort, la légion, qui
'était du parti d’Othon, envoya 2000 hommes pour le
soutenir33. Ils arrivèrent trop tard pour pouvoir assister
a la bataille de Bédriac. Sa destinée est ensuite la même
que celle de la IIP Gallica (voir ce qui a été dit plus
haut); elle figura honorablement à la bataille de Cré¬
mone34. On ignore entièrement le détail de son histoire
pour la suite. Auteurs et inscriptions sont à peu près
muets. On sait seulement qu’à l’époque de Dioclétien
elle envoya un détachement en Égypte avec l’empereur
(295) 38.
Son camp était à Viminacium 3C. A l’époque de la
Notice, une des préfectures de la légion y avait encore
son siège37, l’autre était établie à Cuppi38.
Son nom figure sur les monnaies de Septime Sévère39,
de Gallien 40 et de Carausius 41 .
Legio VII Gemma 42. — Quand Galba entreprit la
lutte contre Néron, il n’avait en Espagne qu’une légion
la VI Victrix 43. Aussi, voulant augmenter ses troupes,
il leva dans le pays une autre légion, la VIIe qu’on
nomme quelquefois, à cause de cela, Galbiana 44. Le jour
de sa fondation est exactement connu : c’est le 11 janvier
de 1 an 68'". On ignore pourquoi elle porta le nom de
Gemma , peut-être parce qu’elle était formée de la réunion
de deux corps déjà existants. Elle fut établie quelque
temps en Pannonie46. C’est de là que, sur l’ordre
d’Othon, elle vint en Italie 41. Elle prit part à la bataille
de Bédriac48, puis retourna en Pannonie49. Là elle se
déclara pour Vespasien u0 et reprit bientôt la campagne.
Elle assistait à la bataille de Crémone 51 , où elle déploya
la plus grande bravoure 82. Elle ne retourna en Pannonie 83
que pour passer en Espagne. Elle devait y séjourner
jusqu’à la fin de l’Empire S4. Elle ne combattit que rare¬
ment hors de ce pays. Nous la trouvons pourtant en
Germanie sous le règne d’Hadrien 88 ; à la même époque,
une vexillation faisait en Bretagne une expédition86;
enfin elle semble aussi avoir envoyé un détachement en
Numidie, on ne sait à quelle date ni à quelle occasion81.
tpiy/ . ue in. ae
up. CU. p. 2^; oLine, up. cit. p. 07; Yaglieri, dans le Dxzionario
Ruggiero, II, p. 281. — 28 C. i. I. X, 1711, 3890, 4723, 6321, elc. ; Epii. epigr. V,
229. — 29 Suet. Claud. 13; Dio, LX, 15; Oros. VII, G. — 30 Suet. Oth. I • Tac
Hist.W, 75. — 31 Dio, LV, 23; LX, 15. - 32 C. i. I. III, 2908 (a. 18/19); Arch
epigr. Mitth. 1884, p. 159, n» 235; C. i. I. III, 2882 (a. 37/41). _ 33 Tac Hist II
40 et 83. - 34/6. m, 21 et suiv. - 35 Grenfell et Hunt, Oxyr. pap. I, 43'
- 36 Ptolem. III, 9; Itin. Ant.1 p. 133; Corp. inscr. lat. III, p. 204; cf 1701
[Legio Vim(inacensis )}. — 37 jyot. Dign. Or. XLI, 31. — 38 Ibid. 32. — 39 Cohen
Mon. imp. IV, p. 31, 26G. - 40 Jbkl V, p. 391, 510 et suiv. ( VI et VII P VI
et VII I). — 41 Ibid. VII, p. 17144. — 42 Grolefend, Loc. cit. p. 88G- Pfilzner
°p. cit. p. 243 ; stille, Op. cit. p. 71 ; Hübner, C. i. I. II, Suppl, p. 89 ; Boissevain
De re militari prouinciarum Mispaniarum, Amstelodami, 1879, p. 31. _ 43 Tac’
Hist. I, 16; V, 16; Suet. Galb. 10. - 44 Ibid. II, 11, 8G ; III, 7, 25- Dio LV «4
- 45 C. i. I. II, 2553, - 46 Tac. Hist. II, 86. - 47 Ibid. II, il. L uî Ibid H
80. - 49 Ibid. II, 67. - 50 Ibid. II, 86. - 51 Ib. III, 21. _ 52 Ib III 25 et suiv’
- 53 lb. IV, 39. - 54 C. i. I. VI, 3492. - 55 Ib. 3588. - 56 Ib. X, 5829. - 57 Ib.
VIII, 3075, 3226, 3245, 3208 ; cf. mon Armée d’Afrique , p. 102 el suiv., et p 43-’
(pl.).
— 1084 —
L emPlacement de son camp à l’époque de sa création
est inconnu. Depuis Vespasien, elle occupait certainement
la localité d’Asturie qui tirait son nom du mot Legio (auj
Uon1). Le plus ancien souvenir de la légion qui y ait
ete trouvé remonte à Nerva2. Elle fut envoyée vers 172,
pendant quelque temps, du moins en grande partie, à
,ca3 i ^ changement était nécessité par les incursions
des Maures, qui rendaient nécessaire l’occupation des
parties voisines de la Tingitane * ; mais, le péril passé,
elle retourna tout entière dans son ancien camp. La Notice
des Dignités y place encore une des préfectures de la
légion 5. Uneautreétaiten Orient G. Ailleurs il estquestion
des Seplt ma ni seniores, qui appartiennent peut-être au-
meme corps, et dont les uns étaient en Espagne \ les
autres en Tingitane8.
Sous \espasien 9, la légion reçut le surnom de Félix,
nous ne savons à quel propos; à partir de Caracalla, on
lui donne sur les monuments les surnoms de Gemina
Félix '".Dans une inscription en vers, elleest nommée
legio Hibera 1 1 .
Legio VIII Augusta12. Insigne: Taureau. — Sans
doute une des légions de César 13 ; on sait par une médaille
qu’en /23 = 31 elle occupait la Cyrénaïque sous le
commandement de Pinarius Carpus 14 ; de là elle passa en
Syrie, où ses vétérans furent établis à Beyrouth18. Elle
semble avoir porté à cette époque le surnom de Gallica
Sous Auguste, après un court séjour en Dalmatie17, elle
se fixa en Pannonie, à Poetovio (Pettau) 18. Elle fut du
nombre des légions qui se révoltèrent à la mort d’Au¬
guste10; mais elle rentra la première dans le devoir.
I n détachement fut envoyé en Bretagne sous l’empereur
Claude avec mission de coopérer à la conquête de l’ile20
Vers l’année 46, elle se transporta en Mésie prendre
part aux luttes qui se terminèrent par la réduction de la
Thrace en province romaine 21 . A l’occasion de ses
exploits, elle aurait reçu le titre de bis Augusta 22. Elle
était encore en Mésie sous Othon 23. Envoyée en Italie
avec les deux autres légions de Mésie, la III Gallica et la
4 II Claudia,, elle n arriva pas à temps pour figurer à la
bataille de Bédriac. Elle ne rejoignit les troupes d’Othon
q u après sa défaite, à Aquilée24. Lanouvelle de sa mort
ji-ta les soldats de la légion dans une telle surexcitation
qu ils se prononcèrent immédiatement pour Vespasien
et écrivirent une lettre aux légions de Pannonie pour les
engager à suivre leur exemple25. Ils firent plus : ils se
mirent sous les ordres d’Antonius Primus 26 et prirent
part à la bataille de Crémone et à l’assaut de la ville27.
La légion ne revint pas en Mésie : Mucien l’établit en
70 en Germanie Supérieure28. Tout d’abord elle n’occupa
1 C. i. I. II, p. 369. — 2 Ibid. 5074. — 3 y*. H25, 0252, 2. — 4 Hübner,
Ibid. p. XXC. — 5 JVo<. Dign. Oc. XLII, 26.— G Ib. Or. VII, 41. — 7 Jb. Oc V
79, 228; VII, 132. _ 8/6. V, 93, 242; VII, 139. - 9 Hübner, Loc. cit. ; C. i’.
I. II, 2477 (an. 79); IX, 247 (antérieurement à Anlonin le Pieux); III, 72C (an 108).
— ‘0 Ibid. Indices, p. 1121. — il Ibid, no 2000 6. — 12 Grotefend, Loc. cil.
p. 885; Borghesi, Op. cit. p. 223; Pfitzner, Op. cit. p. 245; Stille, Op. cit. p. 73;
VagÜeri dans le Dizionario de M. de Ruggiero, I, p. 819. — 13 Bulletin du Comité
(extrait des procès-verbaux, mars 1899, p. 3). — 14 Cohen, Méd. cons. Pinaria IV.
!■’ Rio, IJ, 9; Strab. XVI, 2, 9; Eckliel, Doct. num. III, p. 350. — 16 Bulletin
du Comité , loc. cit.-, cf. Dio, LIV, 11. — 17 C. i. I. III, 2863, 3051, 8375,
10181, 2. 18 Ibid. III, p. 482; cf. Arch. epigr. Mitth. 1892, p. 123. — 19 Tac.
Ann. I, 23. — 20 C. i. I. V, 7003; Hübner, Hermes, XVI, p. 521. — 21 C. i. I. II,
32, 72, et XIV, 3608. — 22/6. XI, 3004; Domaszewski, lihein. Mus. 1892,
p. 211 etsuiv. — 23 Tac. Hist. I, 79; II, 85; III, 10. — 24 Tac. Bist. II, 40 et
suiv. — 23 Ibid. 85; Suet. Vesp. 0. — 26 Tac. Hist. III, 10. — 27 Jbid. II, 27.
— 28 Jbid. IV, 68; Dio. LV, 23; C. inscr. lat. VI, 2492. — 29 Tac. Hist. III, 78-
Mommsen, Hermes , 1884 (XIX), p. 437 et suiv. ; Mowal, Bull, épigr. 1883, p! 221
et suiv.; p. 303 et suiv.; 1884, p. 22 et suiv.; p. 65 et suiv. _ 30 ptol. H, 9
LEG
dans la Gaule que des posilions qui lui perinen
tenir en respect les cités soumises à l’empire (,..a'|Cnt de
ce n’est que plus tard, lorsque la Gaule fut calmée
occupa le camp de Strasbourg30. Une partie de | ’ T ^
prit part à l’expédition d’Hadrien en Bretagne3'' ^
guerres qui marquèrent l’avènement de Septime Séy
Elle est mentionnée sur les monnaies de Septime Sé
de Carausius34 et de Gallien35. On croit qu’elle ren T*
185 les surnoms de Fia Fidelis 36 . Une inscription?
temps de Septime Sévère lui donne les noms ,| A-
Fidelis Constans Commoda 37. ' H>
La Notice fait des Octavani une légion palatine d’1 i-dipii
Legio IX Hispana39. - Légion qui a peut-être été
formée par César, mais qui, en tout cas, figurait à h
bataille de Philippes, d’où le surnom de Macedmù
qu’elle porta d’abord /f0.
Elle eut aussi celui de Triumphalis 41 qui rappelle
1 entrée triomphale des triumvirs à Rome en 43 |>ost(;_
rieurementelle prit le titre d’ H ispaniensisi3 ou Hispana
qui est courant. Sous Auguste, elle était en Pannonie
avec la légion VIIIe et la légion XVe ; à la mort de ce ’
prince, elle se révolta comme les autres: on connaît tous
les détails de cette sédition **. En l’année 20, l’Afrique
étant déchirée par le soulèvement de Tacfarinas et la
lutte qui en résulta, on fut obligé d’expédier des renforts: j
la légion IX Hispana s’y rendit de Pannonie15. Elle y I
resta quatre ans et revint dans cette province en 21, sans j
que la guerre d’Afrique fût, d’ailleurs, terminée46. Il est
probable qu elle y resta fort peu de temps et que, sous
Claude, elle fut envoyée en Bretagne. Là, en 61, elle
prit part à une expédition contre les Bretons et se laissa j
tailler en pièces ", si bien que son effectif dut être I
complété par 2 000 légionnaires empruntés aux troupes I
de Germanie48. En 69, elle fournit des renforts à farinée I
de \ itellius 49 ; ils furent vaincus avec les autres partisans j
de 1 empereur, à Crémone50. Sous Domitien, des vexil- I
larii de la légion prirent part à une expédition germa- I
nique51, soit la guerre de 83 contre les Chatti, soit la I
campagne contre les Suèves et les Sarmates de 88. Elle I
disparut, au début du règne d’Hadrien, détruite parles I
Brigantes 52.
Son camp était peut-être, à l’origine, près de Calleva, I
et ensuite à Lindum 53 ; sous Agricola, elle s’établit dans I
la nouvelle capitale de la province, Eburacum54, où elle
resta jusqu’à sa disparition.
Legio X Fretensis 55. Insigne : Taureau, sanglier I
(galère). — Aurait combattu, d’après M. Mommsen \ I
dans la guerre de Sicile contre Sextus Pompée et aurait I
tiré son nom de Fretensis du fait qu’elle aurait eu son
— 3i C. i. I. X, 5829. O il a trouvé en Angleterre le bouclier d’un soldai dr ) I
légion, perdu à cette époque (Hübner, Arch. epigr. Mitth. 1878, p. 109).— B
guat, Ann. épigr. 1890, p. 82. — 33 Cohen, Mon. imp. IV, p. 31,2m-
VII, p. 17, 145. — 33 /b. V, p. 39), 521 et suiv. — 36 Rillerling, De leg. hom"- I
-Y Gemina, p. 123; cf. Wilmanns, 1459. — 37 C. i. I. XII, 2587; cl. lfl'al"l'3lJ’ I
7030, et Ann. épigr. 18 98, 1 19. — 38 Not. Dign. Oc. V, 153 ; VII, 28. - 39 I
Loc. cit. p. 888 ; Pfitzner, Op. cit. p. 247 ; Stille, Op. cit. p. 77 ; Hübner, H" 1 I
XVI, p. 535. — 40 C. i. I. III, 551 ; cf. Domaszewski, Jahreshefte dis 7 ^ I
Arch. Instituts, 1899 ( Beiblatt ), p. 83. — 41 C. i. I. V, 397. — 42 App- I
IV, 7 ; cf. Domaszewski, Loc. cit. — 43 C. i. I. V, 7443. — 44 Tac. An«- ’ ^ I
s. ; Dio, LVII, 4. - 45 Tac. Ann. III, 9. - 46 /6. IV, 23. - 47
— 48 /6 . 38. — 49Tac. Hist. H, 57. — 50 /6. III, 22. — 51 Wilmanns, Ucl- "( 's(._ I
ghesi, Œuv. IV, p. 115; Trommsdorf, Quaest. ad histor. legionum specl«>d< ^
— 53 Hübner, Loc. cit. p. 536. — 54 C. i. I. VII, p. 61, n« 241, 243, 244 y ■ ■
— 55 Grotefend, Loc. cit. p. 889 ; Borghesi, Loc. cit. p. 224; Pfitzner, Op- 1 ^
Slille, Op. cit. p. 78; Clermont-Ganneau, Trois inscriptions de la léillu‘ I
tensis, Paris, 1872. — 56 Bes gestae, p. G9 ; Ritterling, De leg. Hom.
p. 7.
LEG
— 1085 —
LEG
i ou d’une galère2. Elle fut envoyée par Auguste en
18, son camp était à Cyrrhus3. Son
I . rnp pendant plusieurs années sur le rivage du Freturri
WtSiculum : c’esl pour cela que certains monuments
li-uirés relatifs à cette légion portent l’image d’un Nep
tune ,
Syrie. Sous Tibère, en
■ histoire jusqu’en 59 se confond avec celle de la VI Fer-
I ra1a\ A cette date, Corbulon l’emmena contre les Par thés
I et jeg Arméniens, d’où elle revint à Cyrrhus 5. Après avoir
I caimt; la révolte des Juifs d’Alexandrie, unie à la légion
y Macédonien °, elle allait avoir à se mesurer de nouveau
avec eux, dans leur pays même, en Judée. Titus l’amena,
en effet, en 67 à son père Vespasien7; le légat de la
| légion était alors Trajan, le futur empereur8. Elle prit
part à la plupart des opérations qui marquèrent la guerre
(prise de Japhta9, de Tibériade, de Taricheae10, de Ga-
mala11), jusqu’au jour où Titus l’emmena faire le siège
de Jérusalem12 ; elle établit son camp sur la montagne
des Oliviers 13. Elle commença par plier par deux fois
devant l’attaque des Juifs 14 ; mais elle se ressaisit bientôt
et déploya une grande valeur dans l’attaque même de la
place15. Quelques-uns de ses officiers, et en particulier
son légat Larcius Lepidus, reçurent à l’occasion de cette
guerre des décorations militaires 16 . Le siège terminé,
elle demeura campée aux portes de Jérusalem17. De là
elle fit encore quelques opérations, sous Lucilius Bassus,
contre la ville de Machaerus 18, sous Flavius Silva, contre
Masada19. Mais son siège était toujours Jérusalem,
comme le prouvent les briques estampillées que l’on a
découvertes autour de cette ville20, et des inscriptions
du ii" et du me siècle, de même provenance 21 . C’est de
Judée que partit le détachement qu’elle envoya, sous le
règne de Trajan, contre les Parthes22. Elle prit natu¬
rellement une grande part à la guerre de l’empereur
; adnen contre lesJuifs; nous avons, sur une inscription,
enom d’un de ses centurions qui reçut, à la suite de la
victoire, des récompenses honorifiques23.
Dion Cassius lui donne pour province la Palestine 24 .
Ly-fTU'Tf enC°re au temPs de la Notice; son
“1 était a Alla (Elath, sur la mer Rouge25).
on nom figure sur les monnaies de Victorin 20
est nfui m G1emina27’ InsiSQe : Taureau. - Légion qui
qui en to n ^ qUe la X‘ léSion de César, mais
cl’ \nfni -, - CaS’ a aPPartenu à l’armée de Lépide ou
des deux'efie'senmR b°SS'^e de décider sous lequel
en Espagn^'mWfie ^ °n ^ AugUSte’ elle fut établie
d’années 50 Fn ro eüa.demeura Pédant une centaine
I 8 ’En 69, an dire de Tacite
une
i 31, elle fut sur le point
I, ap.
II, 57.
p '7^' orientale ’ 11 > P- ^1 Cf-
6 plus haut.-- 8 Ibid et SU1V- et P1- «• - 3 Tac. Ann. ..,
I1’ 18' ~ 7 Ib- III, 1 • Tac Hi’f v 1 XV’ J° ; J°S01)h- BeL Jud ■ V», 1. -
~ ,IU etl°- 11 nid. IV ‘i- f ’/o * JosePh- Bel- Jud. III, 7. — 9 74
* 4-V, 3. — 15 yj y i l o’ ’ c • -, 8- — 12 Joseph. 5e I. Juct. v, 2. _ 13/4
„n/er’ Mm. de VAcad de, r ^ ^ “u siège Par cctte «gion, voi
BeL ** w , lT;/w 7ù,p- 209 et su,v- - “C-ugx,M
-OanDoaUi Troü I- lbtd- Vlf C. - 19/i. VII, 8. _ 20 Cler
IVr’ !896’30 d ic ; C. “V , tTi i:’etensis; Ann- é™r- 188y- 173
l)jQ ' 1 * [' 1838. __ 23 Ann y ° ‘ 1 0641 î Ann. épigr. J 888, 50
J ■ Or. XXXIV 30 xi r, * ■ ePlf/r' 1888, 105. — 21 J)j0 J y «3 25 ly, ,
c» AeUne ^ C1*m?aW anneau, Op. cit. °’ ^ '3' “ A°‘
Capit0lina^ niais Euscbê {On
tefe»d, On ftotlce- - 20 Coh [
9, propose de corrigei
- *>* xi u uce _ _ 9p, r 1 , x-.iOî72 s. v. AîXau, p. 2^1
lingot CiL P' 890 1 Pfltaer eu imp- VI’ p- 75> 62‘ - 27 Gro-
el*>iv.; i-f !°d- Bornan- X Gemina, I.ipsiacj 1883 Stl“C’ cit ■ P- 82 1 RRter.
X P.
[ 21 et suiv. ; Co>
:t Brb-'i, «i iTxpTi mr Riueriing- -g p.
P- "«o-. lat. IX, 36io. -1 3o'nübne”a “ ~ ** R‘Ilerling, Op. cit.
V.
Corp. inscr. lat. II, Suppl
de passer en Maurétanie pour combattre la révolte du
procurateur Lucceius Albinus; mais la mort de ce gou¬
verneur rendit son intervention inutile. Après Crémone,
de même que les autres légions d’Espagne, elle reconnut
sans retard Vespasien 32. On ne sait pas au juste où elle
était fixée pendant cette période; peut-être partageait-elle
le camp de la légion \ I Victrix33 . En 70, elle fut appelée
en Germanie pour servir sous les ordres de Cerialis et
s’établit en Germanie Inférieure34. Elle y figure sur des
inscriptions qui datent de la fin du ier siècle ou du com¬
mencement du ne35. Il semble qu elle ait campé d’abord à
Arenacum 30 ; mais bientôt elle se transporta à Novio-
magum, où elle remplaça la IIe légion. On y a trouvé de
nombreux témoins de son séjour, inscriptions ou briques
estampillées37. Sauflapart qu’elle pritaux combats livrés
par Cerialis33, on ne peut pas affirmer qu’elle ait, pen¬
dant son séjour en Germanie, fait quelque expédition sur
les confins du Rhin ou ailleurs. Au moment des guerres
Daciques de Trajan, elle était encore dans la province 39.
Elle passa de là en Pannonie, sous Trajan, et se fixa dans
le camp de Vindobona, abandonné par la légion XIIIe Ge-
mina 40. Elle y resta jusqu’à la fin de l’Empire41. C’est de
là qu’elle envoya des détachements pour la guerre Par-
thique de L. Verus en Asie 42 et pour celle des Marco-
mans43. Plus tard elle défendit la cause de Gallien44.,On
sait également qu elle se conduisit valeureusement pen¬
dant la guerre Gothique de l’empereur Claude43.
La Notice des Dignités nous montre la légion TtGemina
divisée en trois parties: le dépôt à Vindobona46, des
liburnarii à Arrabona41, et un détachement devenu legio
comitatensis en Orient48.
Cette légion reçut les surnoms de Fia Fidelis, en
récompense de la fidélité dont elle fit preuve lors de la
révolte d’Antonius Saturninus en 89 49.
On n’a point rencontré son nom sur les monnaies de
Septime Sévère ; M. Ritterling admet, cependant, qu’elle
fut des premières à saluer le nouvel empereur et à com¬
battre pour lui : il n y aurait, dans cette absence de docu¬
ments, qu’un effet du hasard50.
Legio XI Claudia51. Insigne : Neptune. — Levée par
César pour la guerre des Gaules 52; elle figura dans la
guerre civile 53, puis jxassa dans l’armée d’Octavien 54.
Après Actium, ses vétérans furent établis à Ateste55.
Sous les premiers empereurs, elle stationnait en Dal-
matie56. Son camp était à Burnum57 ; mais elle avait des
détachements dans le reste du pays 58. Elle envoya d’abord
une partie de son effectif au secours d’Othon, et s’y porta
bientôt tout entière59; on croit, bien que Tacite n’en
parle pas, qu’elle prit part à la bataille de Bédriac 00.
p. f-xxxix. — 31 Tac. Hist. II, 58. — 32 Ibid. III, 44. — 33 Ritterling, Op. cit. '
p. 26. — 34 Tac. Hist. V, 19. — 33 Brambach, 660, 662, 680. — 36 Tac. Hist. V.
20. — 37 Ritterling, Op. cit. p. 44. — 38 Tac. Hist. V, 20. — 39 Ritterling. Op.
cit. p. 42. — 40 Ptolem. II, 14, 3; Ritterling, Op. cit. p. 51 et 55. _ 41 ç. i. I
III, 4042 (an. 198), 4560, 4659, 2 ; X, 1836 (an. 253-259); Dio, LV, 23; Wilmanns
1639; Itin. Ant. p. 248. — 42 .Ritterling, Op. cit. p. 59.— 43 Ibid, p On’
— 44 Cohen, Mon. imp. V, p. 392, 529 et suiv. ; ( VI et VI Pia, VI et VU Fidelis )
— 45 Vit. Aurel. 17; Vit. Probi , 6. — 46 Mot. Dii/n. Oc. XXXIV, 25. — 47 Ibid
27. - 48 Ibid. Or. VII, 42. - 49 Ritterling, Op. cit. p. 15 et suiv.’— 50 /6. p 62‘
— 51 Grotefend, Op. cit. p. 891; Borghesi, Loc. cit. p. 225; Pfilzner. Op cit
p. 252 ; Stille, Op. cit. p. 83 ; Vaglieri, dans le Dision. epigr. de M de Ru-giero
II, p. 284. - 52 Bel. gall. I, 10; II, 23; VIII, 6, 8; cf, Domaszeushi, N eue
Hmdelb. Jahrb. IV, p. 160. — u3 Bel. civ. III, 34. — 54 Eph. epigr. VI 77
— 55 C. i. !.. V, 2501, 2503, 2512.— iü Ibid. III, 10158 (Tibère); 2883, 9973
(Caligula) ; 9832 (Claude); Dio, LX, 65. — .57 c. i. I. IR, p. 282. — 58 Salonae
(C. i. I. III, 2031 et suiv. ; Dclminium, 2708 et suiv.); cf. aussi Jahreshefte des
Oesterr. arch. Instituts, II ( Beiblatt ), p. 121 et s. — 59 Tac. Hist. II, 11
— 00 Vaglieri, Loc. cit. p. 285; A. Muller, Philolog. 1881, p. 221.
137
LEG
— 1086 —
EEG
Après cet échec, elle revint dans sa province1 pour
embrasser le parti de Vespasien et marcher, de nouveau,
vers l'Italie2. On l’envoya en Germanie pour tenir tète à
Civilis et à ses Bataves 3. Elle était alors ou fut peu après
établie dans le camp de VindonissaE Elle occupait encore
la Germanie à l’époque de Trajan6. C’est probablement
à 1 occasion des guerres de Dacie qu’elle reçut l’ordre de
se porter sur le Danube6. Elle a laissé des traces de son
passage à Brigetio 7, à Carnuntum8 et à Aquincum9.
En loo, sous Antonin le Pieux, elle était établie en Mésie
Supérieure10. Son camp, quoi qu’en aitditM. Mommsen11,
était déjà, à cette époque, à Durostorum12 où le place
1 Itinéraire d Antonin13. Il ne semble pas qu’elle ait pris
part à beaucoup d’expéditions en dehors du pays.
Pourtant, son nom figure à côté de celui de la V Mace -
donica sur une inscription trouvée près de Jérusalem ; on
ignore la date de ce monument u. De même elle paraît
avoir envoyé, à une époque indéterminée, peut-être assez
basse, un détachement en Maurétanie16. Enfin, sous
Dioclétien, en 29516, elle prit part à l’expédition d’Egypte
conduite par cet empereur.
A 1 époque de la Notice des Dignités, le camp de Duros¬
torum était encore occupé par la légion11; ses effectifs
étaient répartis en outre à Transmarica18, quelque part
en Orient (légion palatine) 19 et en Espagne20.
Son nom figure sur les monnaies de Septime Sévère21
et de Gallien22.
'Elle reçut sans doute de Claude en 42, à l’occasion de
la révolte de Camillus Scribonianus dont elle ne voulut
pas appuyer la tentative 23, les surnoms de Claudia Pia
Fidelis 2t.
Legio XII Fulminata25. — On ignore où était cette
légion à l’époque d’Auguste. Grotefend et Stille lui attri¬
buent comme province la Syrie, avec la plus grande
vraisemblance. Borghesi la place en Germanie20 ; Pfitzner
en Egypte-'. En tout cas, il est plus que probable qu’elle
y fut établie de très bonne heure. En 62, elle combattit
sur l’Euphrate avec Corbulon28, mais cette même année
ce général la renvoya en Syrie, comme incapable de lui
rendre service 29. Peu après éclatait la révolte des Juifs;
Eestius Gallus, légat de Syrie, lui donna l’ordre de mar¬
cher avec lui contre les rebelles. On sait que l’expédition
commença par des succès et finit en un désastre30. La
réputation de la légion était si mauvaise que Vespasien
ne l’employa pas quand il commença à son tour la guerre
contre les Juifs : elle resta tranquillement dans son camp
de Raphaneae31. Ce n’est que lorsque Titus prit le com¬
mandement des troupes et sentit le besoin d’augmenter
1 Tac. Hist. II, 60, 67. - 2 Ibid. III, 50. - 3 Ibid. IV, 68 ; cf. Hermes, XIX,
p. 439. —* lnscr. Conf. Helv. 251 et suiv. ; 344. - B Brambach, 1066; cf. Ham-
meram, Die A / und XXII Légion am Mittelrhein ( Korrespondenzblatt, VI, p. 80
et suiv.). — 0 Eph. epigr. IV, 528. — 7 c. i. I. III, 11351. _ 8 Ibid. 11239.
— 9 Ibid. 11351. — 10 Ibid. 7449, 7474; cf. lb. VI, 3492. — 11 Cf Mommsen
Eph. epigr. IV, 528. - 12 C. i. I. III, 7474. - 13 Itin. Ant. p. 223. - 14 Ann
ép>gr. 1890, 53. - 15 C. i. I. V, 893 ; VIII, 9761 ; cf. mon Armée d'Afrique , p. 712
et 735. — 10 Grenfell et Hunt, Oxyr. pap. I, 43. — 17 A ot. Dign. Or. XL, 33 ; cf. 35
avec la note de M. Seeck. — 18 Ibid. 34. — 19 Ibid. VI, 46. — 20 Ibid. Oc. VII,
134; cf. C. i. I. III, 6194. — 21 Cohen, Mon. imp. IV, p. 32, n° 268. — 22 Ibid. V
P' 392, o33 ( VI Pia, VI Fidelis). — 23 Suet. Claud. 13; Oth. 1 ; Tac. Ilist. II, 75;
Dio, LX, 15. - 21 Voir l'histoire de la légion VII Claudia. - 25 Grotefend, ' Loc
cit. p. 891 ; Borghesi, Œur. IV, p. 228 ; Pfitzner, Op. cit. p. 253; Stille, Op. ait.
P’ 87, 20 ^oc- Clt • 21 L°c- c‘t- — 28 Tac. Ann. XV, 7, 10, 1. _ 29 Ibid
XV, 26. - 30 Joseph. Bel. Jud. II, 18 et suiv. - 31 Ibid. VII, 1.-32 Ibid. V, 1 •
cf. Tac. Hist. V, 1. - 33 Joseph. Bel. Jud. V, 11 ; C. i. I. III, 2917 (tombe d’un
primipile décoré pendant la guerre Judaïque). — 34 Joseph. Bel. Jud. VII 1
- 35 Arriau. Contra Atanos, 6 ; cf. C. i. I. VIII, 7079 (trib. mil. leg. X II Faim
in Kappadocia\ — 36 Dio, LXXI, 9; cf. Tertul. Apol. 5 ; Euseb. Hist. eecl V 5
l’armée expéditionnaire qu’il fit appel à la léoq0ll Yl
« avide, dit Josèphe, de venger la honte qu^ll,, \ .
subie sous Cestius32». Nous savons fort peu de .i^
sur son rôle pendant le siège de Jérusalem33 _\ * 1'°Ses
prise de la ville, elle reçut une nouvelle destination
fut envoyée par Titus à Melitène, sur l’Euphrate34 r
de là qu’elle partit, sous Hadrien, pour marcher corn
les Alani3j, et sous Marc Aurèle contre les Quades36 n I
faut ajouter foi au récit de Xiphilin. On sait comté I
la question « du miracle de la légion Fulminante j
divisé et divise encore les savants37. Elle demeura # *
bord de l’Euphrate, au temps de Dion38, à l’époque dek
Notice des Dignités 39 et jusque sous Justinien 40.
Le surnom de Fulminata (en grec Keoowvocpdpoç) fut
donné à la légion de bonne heure, certainement avant I
l’année 6o41. Sur une inscription du débutdu me siècle on I
lit ceux de Certa Constans'* 2.
Legio XIII Gemina43. Insigne : Lion. — Elle aurait été
créée, suivant M. Mommsen44, par Auguste, ainsique les I
sept autres légions de XIII à XX, en 7o9, à l’occasion de I
la guerre de Pannonie. Le nom de Gemina indique une
fusion de deux ou plusieurs légions en une seule. Sui- I
vaut M. Schultze, elle daterait, comme la légion XIV, de I
l’an 739 = 45 av. J.-C., et aurait reçu pour mission de
défendre la Germanie43.
Elle eut d’abord son camp à Mayence 46 ; puis, quelques I
années après l’expédition de Bretagne, s’établit à Vin-
donissa (vers l’an oO)4'. Plus tard, on ignore à quelle
époque48, elle passa en Pannonie. C’est de là qu’elle
marcha au secours d’Othon contre Vitellius, sous son
légat Vedius Aquila 49. Vaincue à la bataille de Bédriac, I
elle s’employa à construire les amphithéâtres de Crémone
et de Bononia 60. A peine revenue en Pannonie, elle
repartit en Italie pour soutenir Vespasien, et pril part à
la victoire de Crémone51. D’où elle retourna en Pannonie. J
Son camp, d’après Tacite, était établi à cette époque à
Poetovio62. Les inscriptions confirment cette assertion1'. I
En 84, elle prit part à la guerre de Domitien contre les I
Suèves et les Sarmates54. C’est à cette occasion, suivant
M. Schultze °5, que son camp aurait été porté à Vin-
dobona 50, qu’elle occupa jusqu’à l’époque de Trajan.
Acette date, elle quitta la Pannonie pour la Dacie. G est I
que, dès le début des hostilités contre Décébale, 1 empe¬
reur lui donna l’ordre d’entrer en campagne67; après la
victoire, elle resta dans le pays conquis 38 et occupa
Apulum sur la Marisia °9. On a retrouvé dans cette loca- I
lité de la Dacie, etdans une infinité d’autres, des traces de I
son passage ou de son séjour60. Après la perte de la I
Zonar. XII, 2. — 37 Cf. parmi les derniers travaux publiés à ce sujet, 1 I
Bullfitt. 1894, p. 78 et suiv.; Harnach, Sitzungsberichte (1er Acad. dt> ' ^
schaft, 1894, p. 833 el suiv. ; Domaszcwski, Rhein. Mas. 1891, p. 012 et s. , ^ j
Hermes, 1895, p. 90 et suiv. — 38 Dio, LV, 23. — 39 Not. Dign. Or. \ n 0. I
— 40 Procop. De aedif. I, 7. - 41 C. i. I. III, 30 (anno XI Neronis , X ^
A pril). —42 Notiz. d. scavi, 1888, p. 236. — 43 Grotefend, Loo. cit . P- I
Borghesi, Loc. cit. p. 234; Pfitzner, Op. cit. p. 255; Stille, Op. ^ ^ I
Em. Schultze, De légions Romanorum XIII Gemina, 1887. 41 ‘ aj|]Si I
p. 70 et suiv. Ce système a été combattu par plusieurs oulcui ^ ^ 1
que je l'ai dit plus haut. — 45 Op. cit. p. 19. — 46 Ibid. p. 21 el s. ^ ^ 1
p. 27. — 43 /bid. p. 34 et s. — 49 Tac. Hist. II, it ; Suet,„2 U, I
— 50 Tac. Hist. II, 47; III, 32. — 51 Ibid. III, I, 21, 27, 32. {i(> j
il; III, 1. — 53 lb. II, 4058, 4061 ; cf. p. 482. — 64 lb. IU, 291- _ I
p. 44. — 56 C. i. I. III, p. 565 et 4660 ; cf. Donmszewski, Wian» sw ^ I
Ilômer, Wienn, 1897, p. 3 et 4. — 57 C. i. I. II, 4401. — 68 .. ’r glrouvée*
— 59 C. i. I. III, p. 182 (au moins depuis 142) et toutes les insciip 1 Quilès I
à cet endroit, n»> 990, 1012, 1017, 1019, 10GJ , 1070, 1171, elc' ’ , lu"telI,ps dc I
estampillées). — 60 Schultze, Op. cit. p. 93 et suiv.; C. i. I- XI»
Gallien).
LEG
— 1087
LEG
, elle passa sur la rive droite du Danube et se
P1-"-; ce qu’on appelle la Dacia Ripensis. On la
■ •fixa '<■ la Notice des Dignités, répartie entre difïe-
[ l^campements, Aegeta *, Transdrobeta 2, Burgum
r6D a '/mil * Ratiaria3. Un autre détachement de
• Novmtt ? U1 ’
la légion était en Égypte 6, un autre enfin en Thrace 7.
Il Elle reçut à une date qu’on ne peut déterminer les
I urnoms de Pia Fidelis ; ils apparaissent sur les inscrip¬
tions à partir d’Hadrien8, peut-être plus tôt sur les
briques estampillées
Son nom figure sur les monnaies de Septime Sévère10,
de Gallien 11 et de Victoria12.
Legio XIIII Gemina Martia Vietrix13. Insigne:
Capricorne. — C’est encore une légion créée par Au¬
guste1''. Sous ce prince, elle campait en Germanie Supé¬
rieure15. Au temps de Claude, en 43, elle fut conduite
en Bretagne16; là elle se distingua en 62 sous Suetonius
Paullinus11. Sa réputation fut telle, à la suite de cette
campagne, que, lorsque Néron prépara sa marche contre
les Albani, il la choisit pour faire partie du corps expé¬
ditionnaire. Elle vint ainsi sur le continent. Au moment
où Othon s’arma contre Vitellius 1S, elle étai t en Dalmatie :
il l’appela en Italie19. Elle prit part à la bataille de
Bëdriac20. Mais, quoique vaincue, elle ne voulait pas se
soumettre sans arrière-pensée au nouvel empereur : il la
renvoya en Bretagne21. Son retour fut marqué par une
grave dissension avec des cohortes bataves qui l’accom¬
pagnaient22. Naturellement elle embrassa avec ardeur
le parti de Vespasien qui lui écrivit une lettre pour
s’assurer de sa lidélité23. En 70, elle passa de nouveau
en Gaule pour augmenter les forces de Petilius Cerialis24 ;
elle combattit à Vetera et ne fut pas étrangère au succès
de la bataille28. Le lendemain même, elle reçut l’ordre de
se fixer en Germanie Supérieure26. Son premier quartier
en Bretagne avait été Camalodunum 21 ;
en Germanie elle s’établit à Mayence28.
Elle passa de là en Pannonie Supérieure,
vers la fin du rr siècle ou, suivant d’au¬
tres, à l’occasion des guerres de Dacie ;
Pi , , et vint occuper le camp de Carnuntum 29
Je Septime sévère'11 qu’elle habita pendant tout EEmpire 30.
C’est par erreur que Ptolémée l’a placée
à ad Flexum 31 . Elle ne semble pas avoir été appelée
souvent a prendre part à des guerres extérieures : un
Seu lexte fait mention d’un de ses soldats mort Partia ,
r//o, sans doute à l’époque de Caracalla32. Mais elle
0i" 101 plus d une fois, sur le Danube, contre les Bar-
L rtS’ c'e ses légats reçut des décorations militaires
■ propos de la guerre contre les Marcomans, en 180 33.
“ -Ibid, 35. — % Ibid. 30. — Ibid. 37. — & Ibid.
38- NJLDi!'n- °r- XLII, 43.
i- t III ,, j(y:m 011 a ^Cl *t par erreur Al V Gem. pour XIII Gem. iMommsen, C.
m (Hadrien)?! iMo JÎÏ ^ *XV,U’ ^ ~ 7 Jbid' V111’ 38‘ ~ 8 C' <• VI,
Auprès M. Scliult ■ ommode). 9 Brambach, 707. Ces briques remonteraient,
IV, P- 32, 209 JC’,,a ”ne date aillériew'e à 50 ap. J.-. — 10 Cohen, Mon. imp.
P- 75, 63. — 13 r„„. . Jbld- P- 392> 337 (VI Pia , VI Fidelis). - 12 Ibid. VI,
°P- cil. p, 257 . s...,C ™ ’ Loc' cit • P- 893 i Borghesi, Loc. cit. p. 235; Pfilzner,
pMol. 1887, p. 053e’ , p' Clt- P- 91 Hübner, Hernies , XVI, p. 533; M. Meyer,
*° Tac. Ann 1 a» 7nS'l,',V’ *' ce clu‘ a dit P°nr la XUI“ Gemina.
XlV. 34, 37. - 18 „ ; , yev’ Loc- cit ■ P- «58. - 10 Ibid. p. 659. - « Ibid.
~22 nid. -23 . “*• n* U- - ™lbid. - 20 Ibid. II, 43. - 21 Ibid. II, 06.
V’ 10- - 27 Hübner T ’ v ~ ^ Ibid ' IV’ 68‘ ~ 23 lbid ■ v> i4> 16- — 26 Md.
29 C- i. I. m ~ 23 Brambach, 989, 1051, 1119, 1170 à 1183, etc.
.ePuis quinze ans loti;»/ i el°1’. ^°C' cd' P’ 6G-- — 30 Ou sait que ce camp fait
ln «ides documents rehir 6 OUI"es lrès importantes; on y a trouvé en nombre
Ul" ( Arch . epinr, Mitth v °L^e lc§'°n- ^oir en particulier les fouilles du praeto-
| Sln du camp (/^-j YY ’ P' 13 el suiv-'> XI, p. f et suiv.) et du Nemeseum ,
’ U’ P- 203 et s-v.); ef. Kubilschek, Führer durch Car-
A l’époque de la Notice des Dignités, elle avait son
camp à Carnuntum34, et un détachement à Arrabona ij ;
une partie de la légion était en Orient (legio comita-
■ tensis)36.
Elle porte sur les monuments les noms de Martia Vic-
trix, qu’elle reçut sans doute à la suite de ses succès en
Bretagne l’an 62 31.
Son nom figure sur les monnaies de Septime Sévère38
(fig. 4435) et de Victorin39.
Legio XV Apollinaris40. — Créée par Auguste, pro¬
bablement en 759 = 6 ap. J. -C., à l’occasion de la guerre
de Pannonie41. A sa mort elle campait en Pannonie avec
les légions VIII Augusta et IX Hispana et se révolta avec
elles42. On ignore quel était exactement son lieu de cam¬
pement : les uns43 pensent à Emona, où l’on a trouvé des
inscriptions relatives à la légion, d’époque ancienne44;
les autres, avec beaucoup plus de raison, à Carnuntum45.
En 63, Marius Celsus l’emmena en Orient pour la guerre
que Corbulon préparait contre les Parthes 46: en 67, sous
la conduite de Titus41, elle fut dirigée contre les Juifs.
Elle prit à cette guerre une part importante : elle s'empara
de Jotapata48, enleva d’assaut Gamala 49 et assista au
siège de Jérusalem50. La guerre achevée, elle accompagna
Titus à Alexandrie81 et retourna avec lui en Pannonie82;
le camp de Carnuntum fut reconstruit par elle à cette
occasion83. Elle n’y resta point, d’ailleurs, fort longtemps ;
elle retourna en Orient, probablement à l’occasion de la
guerre Parthique de Trajan ; sous Hadrien elle formait,
avec la légion XII Fulminata , la garnison de la Cappa-
doce, son camp étant à Sattala84. On la voit, à l’époque
d’Hadrien, occupée à guerroyer contre les Alani38, sous
Commode contre les Arméniens86. Elle dut se déclarer,
comme les autres légions d'Orient, pour Pescennius Niger
contre Septime Sévère, sur les monnaies duquel elle ne
figure pas. A l’époque de la Notice, elle occupait encore
son camp de Sattala87.
Elle porte sur une inscription contemporaine de Sep¬
time Sévère et de Caracalla 38 les noms de Pia Fidelis.
On ne sait pas à quelle date exacte elle les avait reçus.
Legio XV Primigenia89. — Créée par Claude pour
remplacer les légions du Rhin appelées à former l’armée
d’occupation de la Bretagne nouvellement conquise 60.
Son nom indique qu’elle sortit d'un dédoublement de la
XV Apollinaris qui reçut, à ce moment, une aigle nou¬
velle tout en gardant l’ancien nom de la légion61. Elle
était en Germanie Inférieure à la mort de Néron62. Aux
Calendes de janvier 69, comme les autres corps de Ger¬
manie Inférieure, elle reconnut Galba à contre-cœur63,
mais pour se déclarer bientôt en faveur de Vitellius. La
nuntum, 1894, II, 15, 3. — 31 Plolem. et Der rôm. Limes in Oesterreich, lr" livraison.
— 32 C. i. I. 111, 4480. — 33 Ibid. V, 2112: cf. Klein Verwaltungsbeamten,
p. 266. — 34 iVof. Dign. Oc. XXXIV, 26. — 35 Ibid. 27. — 36 Ibid. Or. VIII, 39.
— 37 Pfitzner, Op. cit. p. 7 ; Stille, Op. cit. p. 93 ; M. Meyer, Loc. cit. p. 657.
— 38 Cohen, Mon. imp. IV, p. 31, 270 et suiv. — 39 Ibid. VI, p. 393, 64 et suiv.
— 40 Grotefend, Loc. cit. p. 894; Pfilzner, Op. cit. p. 259 et suiv.; Stille, Op.cit.
p. 90; D. Vaglieri, dans le bizion. de M. de Ruggiero, I, p. 514. — 41 Mommsen,
Res gestae, p. 70 et suiv. — 42 Tac. Ann. I, 16; Hist. I, 30. — 43 Arch. epigr.
Mitth. V, p. 210. — 44 C. i. I. III, 3835, 3845, 3847. — 45 Arch. epigr. Mitth. V,
p. 20S ; X, p. 14 et suiv.; XVIII, p. 298 et suiv. — 46 Tac. Ann. XV, 25, ®6.
— 47 Joseph. Bel. Jud. III, 5, 2. — 48 Id. Ul, 7, 34. — 40 Id. IV, 1, 9. — 10 Tac.
Hist. V, 1 ; Joseph. Bel. Jud. V, 2, 3 ; 3, 12; 6, 4; 11, 4. — tl ld. VII, l, 3.
— 52 Id. VU, 5, 3. — 53 c. i. I. 111, 4662, 11194, 11195 et 11196. — 54 C. i. I.
VI, 3492 ; Dio, LV, 23; ltin. Ant. p. 183. — 55 Arrian, 'Ex-a;. ’AXav. 3.
— 56 C. i. I. III, 6052. — 57 Not. Dign. Or. XXXVIII, 5 et 13. — 58 C. i. I. XIII,
1680. — 59 Grotefend, Loc. cit. p. 895; Borghesi, Loc. cit. p. 237; Pfitzner, Op.
cit. p. 261 ; Stille, Op. cit. p. 97. — 00 Schilling, De leg. 1 Min. et XXX
Ulpia, p. 17. — “I Grotefend, Loc. cil. — 62 Tac. Hist. I, 55, — 63 Ibid.
LEG
— 1088 —
moitié de la légion partit pour l’Italie avec Fabius Valens’ •
elle Partagea à Bédriac et à Crémone le sort des autres
lv?claSV 1/ f iUS/;L’aUtre Partie’ resté° - Germanie
a ec la\ Alaudae, fut comme elle, engagée contre Civilis
-anisation XT &°^ ’ U légl°n disparut avec la réor¬
ganisation de larmee par Vespasien4
,’r™P'-a‘-A la place delà légion XVI
' P;,sl''n constitua la legio X VI F/avin‘ 11 est
probable qu'il l’envoya aussitôt eu Cappadoce’. Elle prù
Dalla" à0 f6"6 Parlhique de Traian *■ Plus lard elle
I assa en byrie, ainsi que le prouvent la place qu’elle
occupe sur la colonnette Mafféienne*, le témoignage de
Dion ■ et celui des inscriptions". On ignore son lieu de
campement dans cette province.
elleaé,Na°,liC,e nS indi<I“è qU’au débul du * siècle
, ciai1 Oublie a Sura, dans la Sgria Eufratensis
lp. ,a. eg‘,0n P°rte Sur un cerlain nombre d’inscriptions
les titres de Flama Flrma ; ils apparaissent sur les docu¬
ments contemporains de l'empereur Trajan ", Un teste
du temps d Antonin lePienx la nomme Flavia Fidelis".
gioxvi Gallica ". - Légion qui était établie sous
t'ZT e” G™nie Supérieure" et avait ses quartiers
. nce ' b'.au contraire, elle occupait laGermanie
Inferieure, peut-etre depuis le règne de Claude où elle
aurait permuté avec la légion XXI Hapax". Aux Calendes
de janv 1er de 69, elle prêta serment à Galba, mais pour
se retourner bientôt vers Vitellius". Une grande partie
i e a légion partit avec cet empereur pour l’Italie20. Elle
combattit parmi ses partisans à Bédriac, mais fut ensuite
yincue a Cremone par l’armée de Vespasien21. Le reste
des effectifs, resté en Germanie, était campé àNovesium.
II marcha, sous les ordres de Vocula, contre Civilis
auquel il se rendit bientôt après22 ; mais, pris de remords,
.1 se réfugia chez les Mediomatrici d’où il rejoignù
Cerialis - . Il assista a la bataille de Trêves ; il y fut hon¬
teusement battu. Vespasien raya cette légion des cadres
de 1 armee lors de la réorganisation de 70 24.
Elle porte sur une inscription le surnom de Gallica 25 •
partout ailleurs elle n’est désignée que par son numéro20’
Legio XVII, XVIII, XIX ». - Légions qui périrent
lors de là défaite de Varus. Nul n’ignore- qu’en souvenir
de ce desastre ces nombres furent désormais rayés à tout
jamais de la série des numéros légionnaires28. Elles
étaient, au temps d’Auguste, campées en Germanie Infé¬
rieure. La XVIIe légion n’est citée nulle part; la XVIIIe
est connue par trois inscriptions dont l’une provient du
camp de Vetera20; la XIX* est mentionnée par Tacite80.
l Tac. Ann. I, 61; II, 100. - 2 7/,,'rf. . cf m> 22 _
v Cf. sur ce point Trommsdorff, Quaesl. ad hist. legiormm rom. Ipectanles
p. Oo ct s. (qui combat les assertions de Schilling, Op. eit. p. 33 et « G?
tefend, Loc. et t. p. 890. - 6 Dio, LV, 24. - 7 Suel Ven 8 • n
Korrespondenzblatt, 1892, p. 115.-8 C. i. I. X, 120* - 9 VI Ih “n ’
Cph. epigi. Y, -a et 26; C. x. gr. 4240, 4001. — 12 ffotm Di( Q ÿ„y.|f’
-Üc f'l'lx r‘ T Heh' *7S ! ArCk- epirjr- MlWl- «S*. !>• H9
pUl-PMnro'p ci] 7 262 Snî n ^ ^ P' H%; B°^hesi- ^ cit.
I V ■ , p U ; v ’ StlUe’ °P ■ c,t ■ P- 98--)G Tae- Ann. I, 37 _ il c
’■ L V’ 5747 ^ Brambach, 1079, 1080, 1197, etc.; cf Cil lit envi vr o- 7
Vï r t1’
ieg^man. X GelJnal 7 65 Tll’. ^ ‘V ", ? ^ *
sr p- ^ <*• c-, Jr,v tiïvr.
Pfitzner, Op. cit. p. 263. - 2S Mommsen, fies gestae, p 69 -'art, V
2499; VI, 3530; Brambach, 209 (ceeidit belle Variano). - 3^ Tac ïnn l rl'-
XIX legioms aquilam cum Varo amissam. — 31 GrntefenH r ’ ’ '
Borghcsi, IV, p, ^
LEG
Legio XX Valeria Victrix31. Insigne • c
— Formée pendant la guerre de Pannonie32 «1 ba“glier-
définitivement par Tibère33. En 6 an J r , Stllu«e
lllyriciim». Là, sous le commandement' d’ vf
Messalinus, elle commença par éprouver unèdéhîi “
ensuite lit un grand carnage d'ennemis»
reçut a cette occasion les insignes consulaires » ""f
désastre de Varus, elle fut envoyée eu Germant
d rurit:1 dansie î
légions du Rhin 38 et ensuile aux campagnï T q“ ^
nicus contre les Germains30. Sous Claude, elle ^
loi die de passer en Bretagne. Là, elle combattit avo
succès en 00 sous les ordres de Suetonius Paulinus«
En 69, elle envoya un détachement, comme les 01,1,7
légions d’Angleterre, à Vitellius 4‘ ; celui-ci prit part !
bataille de Crémone et y fut vaincu 42. Après fa bataille fl
regagna le depot de la légion en Bretagne. La légion XX*
resta dans le pays jusqu’à la fin de l’Empire». Dès le
tebut, elle eut sans doute son camp à Chester- on IV
trouve assurément déjà, aveclall ° Adjutrïx au temps des
Fia viens ', seule ensuile à partir du ne siècle. Ptolémée
1 y place ainsi que l’Itinéraire d’Antonin40, et on va
trouve un certain nombre d’inscriptions relatives à la
légion ". Naturellement, elle fut employée à toutes sortes
de travaux sur le vallum et dans la province*8. Au
moment ou Gallien renforça les garnisons du Rhin
pour tenir tète aux Germains, il appela en Gaule des
détachements des légions de Bretagne40. Des soldats de
la légion XXe furent dirigés sur le camp de Mayence”,
C’est pour cela quelle figure sur les monnaies de cet
empereur01.
Elle portait les noms de Valeria Victrix. Le premier
ne serait, d après M. Domaszewski, que la traduction
latine du nom sabin Nero °2, surnom de Tibère, le véri¬
table fondateur de la légion53; d’autres voient dans ces
deux épithètes des surnoms honorifiques attribués à la
légion à la suite de ses victoires en Illyricum54.
Cette légion figure sur les monnaies de Victorin 1 . Il est
a remarquer qu on ne la trouve pas sur celles de
Carausius.
La Notice des Dignités ne fait pas mention de cette
troupe66.
Legio XXI Hapax. Insigne : Capricorne 57. — Légion
formée par Auguste, à la suite de la défaite de Varus”'
A la mort de ce prince elle campait à Vetera '9. Elle
fut a la tète de 1 insurrection militaire qui éclata alors
p. loi; Hübner, Hernies , XVI, p. 537. — 32 Cf. plus haut ce qui a iHé ® à
propos de la légion XIIIe. — 33 Domaszewski, Korrespomlenzblatt, 1893, p- I
— 34 Vel. Patère. II, 112; C. i. I. 1[I, 2830. 3ü Dio, LV, 30. — 35 Tac. I
38 Cf. l’histoire de la légion I Germanica. — 3!) Tac.
40 Ib. XIV, 34. — 41 ld. Hist. H, T
31. — 37 Ibid. 39
1, 50 et suiv. ; C. i. I. V, 4365.
sui\. 42 Jb. III, 22. — 4.1 Cf. une plaque de bronze où le nom et les insigf
la légion sont représentés à côté de ceux de la légion IIe Auguste (Babelon, Br>
antiques de la Biblioth. nationale , n» 1303).— 44 Domaszewski, fihein. Mus- X1
p. 342.- 45 ptolem. II, 3, 19. — 46 2tin. Ant. p. 469, 2 ; cf. Rav. V, 31. - 4U'
VU, p. 47 ; Eph. epigr. VII, p. 287 ; cf. C. i. I. VII, 2080. — 48 C. i. I VII, 3I--
943, 1122, 1133, 1137, 1139, etc. — 49 Ibid. II[, 3228. — 50 KorrespondenzblaU,
p. 219 (an. 255). - 51 Cohen, Mon. imp. V, n» 548 (VI Pia, VI Fidelis ), si la lc
de cette pièce n'est pas mauvaise, comme le prétend M. Kolb. — 82 Au!. Gell. XU1
JVeria Sabinum verbum est eoque significaturvirtus et fortitudo.— Doniasze’
KorrespondenzblaU , 1893, p. 266. — S4Grotefend, Loc. cit. ; Stille, Loc. ct-
Tac. Ann. I, 42 : tôt praemiis aucta. — 55 Cohen, Mon. imp. VI, p- 76. G01’1'
— 86 Les Victores Britanniciani sont classés parmi les auxilia, non parmi les U
( Not . Dign. Oc. VII, 154). — 57 Grotefend, Loc. cit. p. 898 ; Borghesi,
p. 247 ; Pfitzner, Op. cit. p. 266; Stille, Op. cit. p. 103. —58 Ann. épior- "
— 59 Tac. Ann. I, 31 ; Suet. Oct. 25 ; Dio. LVII, 5 ; cf. Stille, Op- cit .
LEG
1089 —
LEG
I Ja eiie j’ai déjà fait souvent allusion L Puis
II "prit part aux campagnes de Germanicus en Ger-
e 0 ■ 2 A la mort de Néron, elle était fixée à Vindonissa
Germanie Supérieure 3. Elle suivit Yitellius en Italie
combattit à Bédriac *. Vaincue à Crémone, elle regagna
I C camp B, mais pour repartir presque aussitôt et
Larcher contre Civilis 6. C’est grâce à sa valeur que les
Romains furent vainqueurs à Trêves et purent triompher
du soulèvement 7. Après cette brillante victoire, elle resta
sur le Rhin et fut cantonnée à Mayence8. Nous igno¬
rons ensuite ce qu’elle devint. Il est certain qu’elle
n’existait plus au moment où fut gravé le laterculus
legionum du Musée du Vatican 0 ; quelques-uns la font
disparaître en 89 à la suite de la révolte d’Antonius Satur-
ninus10; d’autres dans la guerre contre les Sarmates
en92n; d’autres enfin sont d’avis qu’elle fut rayée des
cadres de l’armée sous le règne de Trajan ou même au
début de celui d’Hadrien, mais sans pouvoir expliquer la
cause de sa disgrâce12.
Son surnom de Rapax lui aurait été donné à cause de
sa vaillance, de son élan dans le combat 13.
Legio XXII Dejotariana ' \ — Cette légion semble
avoir été formée d’abord par le tétrarque Galate Dejo-
tarus, à l imitation des troupes romaines18. Quand la
Galatie devint province romaine, en 25 av. J.-C., elle
ne fut pas supprimée et continua à subsister comme
corps auxiliaire; après la défaite de Varus et l’anéan¬
tissement des troupes qui y succombèrent, elle fut
inscrite avec le nombre XXII sur la liste des légions
impériales16. Elle ne porta pas d’abord de surnom : on
nen sentit, d’ailleurs, la nécessité qu’à la suite de son
dédoublement sous Claude et de la création de la légion
XAII Primigenia. Le surnom de Dejotariana ne lui
appartient officiellement que depuis le règne de Trajan n.
Auguste 1 établit en Égypte18, à Alexandrie19. Comme
la III Cyrenaïca, elle prit part à la soumission de la ré-
\olte des Juifs sous Néron20; en 63, elle fournit un con¬
tingent à l'expédition de Corbulon contre les Parthes21;
elle fut la première à reconnaître Vespasien 22 ; puis elle
envoya un détachement de 100U hommes avec Ti. Julius
A exander au siège de Jérusalem où elle se distingua 23.
e disparut des cadres de l’armée au commencement
a n siècle, dans la guerre Parthique de Trajan suivant
pes uns, suivant les autres2'", qui semblent avoir raison,
prit . 1 xlir ^Uion d Hadrien contre les Juifs. On sait que
utU fut difficile et coûta beaucoup de pertes aux
B 'Tac. Ann. I, 3i _ o ri KO „
61 ct suiv.; II, 43- Plut n,/ À ’ ~ Id" BisL IV- 70’ “ * Jt
- 1 Ibid. 78 _ s t- 0tk°' 12- ~ lb- HI> 18’ 22. — 6 Ib. IV,
VI, 3492. io T" U“emaUn’ °ie Le°io 1 Adjutrix, p. 48. — 9 C. i
toinenia. et XXxZ/Z’ °P Ci<' P' 58’ ~ 11 SclliIling> De lef) ■ Ron
spect. p. 91 • Unm» . P\a’ J1.' 24’ 12 Tronirasdorff, Quaest. ad hist.
Bist. n, 43’. , pSiC"s ’’ Dle -Religion des Hôm. Heeres , p. 25. — 13 r
®orShesi, Loc. cit VTsa °pnU' V'n' ~ U Grotcfend- Loc ■ ciL P- f
Meyer, Die AemmtZ'l r ’ Pfitnier’ °P- cit • P- 268 ; Slillc, Op. cit. p.
Cyrenaïca , dans
Rklemtier und Hômer 1897’ P- 578 et suiv. ; cf. Das Heerwesen
39’ 69’ 77 ; Cic ad L VIe : 1900, p- 149 et suiv- - 15 D° Bel. Alex.
P- U, note 1. m, • ’ ' Mommson. Res gestae, p. 70 ; Hernies, )
de la légion donné ïe 28 i °cu™ent daté que l'on possède est un reçu d’un so
7 GrieseZZnnl "d ^ ^ W*’ °f ^ BHL ^ *>> P-
C ' tlomaszewslii Korre* d f™’ U0, *' 5 ct suiv. ; Meyer, Op. cit. p. 5
Tr a 1891’ p- 59 ct ™
,cL]C- i- lat. in 6597- n ‘ XV ’ 12 et 30 ! Tac- Ann. IV, 6. — 19 Sti
inn~ XL 26. - 22 Tac « f?,"’ 2274 ~ 20 JosePh- Be l . Jud. II, 18. - 2r
’ p- ,l77 ; Tac. Hist V i6. i ’ ’ n”04 VCSp' 6’ — 23 EPh' ePirJr- I, p.
ad hist. kg' ' ’ °7ph' Bel Jnd • V, 1 et 14. _ 24 Trommsdi
un de ses tribuns en 104 . P' 92 ct SUIV' 0u Possède encore la men
’ °US Hadncn (C- <■ or. 4724). -26 Front. De Bel. Pa,
Romains : Avo vestro Hadriano imperium obtinente,
dit Frontin 2S, quantum militum a Judaeis caesum 26.
Elle est peut-être désignée sur une inscription par les
noms de XXII Cyrenaïca 21.
Legio XXII Primigenia 28. Insigne : Capricorne.
— Créée par Claude 29, par suite de la conquête de la Bre¬
tagne et par dédoublement de la légion Dejotariana 30.
Elle fut envoyée en Germanie Supérieure pour remplacer
une autre légion destinée à occuper l’ile nouvellement
soumise31. Son camp était à Mayence32. Aux Calendes de
janvier de 69, elle ne voulut pas prêter serment à Galba,
mais seulement au sénat et au peuple romain 33 . Deux
jours après elle saluait empereur Vitellius, et une moitié
de son effectif partait avec Caecina pour l'Italie 3'\ Cette
fraction de la légion partagea le sort et l’insuccès final
des troupes de Vitellius. L’autre moitié restée en Ger¬
manie marcha avec Hordeonius Flaccus contre Civilis
révolté35. Elle commença par délivrer Mayence assiégé36;
puis, après la mort de Vocula, son légat37, elle se laissa
aller à reconnaître l’Empire gaulois 38 ; mais bientôt elle
rentra dans le devoir et aida Petilius Cerialis à mener à
bien la lutte contre les rebelles 39. Elle revint ensuite à
Mayence où elle demeura pendant toute la durée de l’Em¬
pire40 ; le nombre des inscriptions relatives* à ce corps
qu’on a trouvé soit dans le camp de Mayence 41 , soit sur
le limes 42, soit ailleurs, est incalculable. Quelques-unes
d’entre elles sont instructives pour l’histoire même de la
légion. On y voit qu’elle envoya, à l’époque d’Hadrien,
un détachement en Bretagne 43 , qui a laissé des traces de
son séjour à Ambloglanna, sur le vallum de cet empe¬
reur 44. A l’avènement de Septime Sévère, elle prit parti
pour le nouveau souverain 45 et marcha contre ses compé¬
titeurs 46. Après la défaite d’Albinus, elle revint dans son
camp, mais fut presque aussitôt appelée à défendre Trêves
assiégée par l’ennemi 1 '. Il est possible qu’elle ait pris part
aussi à l’expédition de Caracalla contre les Germains 48.
Au moment du règne de Gordien, une partie de la légion
fut sans doute envoyée en Afrique, pour remplacer, avec
des auxiliaires et d’autres détachements légionnaires, la
légion III Augusta licenciée49.
Elle dut ses surnoms de Pia Fidelis à la fidélité dont
elle fit preuve à l’occasion de la révolte d’Antonius Satur-
ninus en 89 50.
Son nom figure sur les monnaies de Gallien81, de Vic-
torin 82 et de Carausius83.
Legio XXX Ulpia84. Insigne: Neptune ; Capricorne. —
p. 144, <5d. Mai. — 26 Cf. Dio, Epit. LX1X, 14; Zonar. XI, 23. — 27 C. i. I. X.4862 ; cf.
Korrespondenzblatt, 1893, p. 148. — 28 Grotefend, Loc. cit. p. 899; Borghesi, Loc.
cit. p. 254; F’fitzner, Op. cit. p. 270; Slille, Op.cit.p. 108. — 29 M. Ùomaszcw ski
veut en faire remonter l’origine jusqu'à Auguste {Korrespondenzblatt, 1894, p. 17,
Arch.epigr. AJitth. X,p. 188).— 30 Schilling, De kg. I Min. et XXX U Ip. p. 59;
cf. la leg. XV Primig. — 31 Ann. des Etudes gr. 1875, p. 272. — 32 Tac. Hist. I,
12, 16, 18, 26, 55; IV, 37. — 33 Ibid. I, 55; Plut. Galb. 22. — 34 Grotefend, Loc.
cit. ; Stille, Loc. cit. — 36Tac. Hist. IV, 24 et s. — 36 Ibid. 28. — 37 C. i. I. VI, 1402.
— 38 Tac. Hist. IV, 59. — 39 Ibid. 71, 72, 77. — 40 Au début du règne de IXerva elle
avait pour tribuu le futur empereur Hadrien (Vif. Hadr. 2; C. i. I. III, 550).
— 41 Brambach, 972, 979, 1024, 1025, 1027, 1034, 1052, 1076, 1095, 1135, etc.:Korres-
pondenzblatt , 1S83, p. 65; 1887, p. 148, etc. — 42 Limesblalt, 1892, p. 24,
42; 1894, p. 269; Der Obergerm. Raet. Limes (Oehringen), pl. iv ; (Markobel),
pi. m ; (Niedenbergt, pl. n; (Osterburken), pl. v; (Butzbach), pl. m, etc. — 43 Corp.
inscr. lat. X, 5829. — 44 Ibid. VII, 840. — 4o Cohen, Mon. imp. IV, p. 32, 276,
277. — 46 Ann. épigr. 1890 , 82. — 47 Korrespondenzblatt, 1888, p. 51.
— 48 C. i. I. X, 5 1 78, 5 3 98. — 49 Mommsen, C. i. I. VIII, p. 21 ; cf. mon Armée
d'Afrique, p. 273 et suiv. — 30 Ritterling, De leg. Rom. X Gem. p. 122;
cf. lia 16. — SI Cohen, Mon. imp. V, p. 394, 542 et s. {VI et VII Pia, VI et
VII Fidelis). — 62 lb. VI, p. 76, 67. — S3 lb. VII, p. 17, 147. — 54 Grote¬
fend, Loc. cit. p. 901; Pfitzner, Op. cit. p. 272; Borghesi, Loc. cit. p. 258;
0. Schilling, De legionibus Romanorum I Minervia [et XXX Ulpia, Lipsiae, 1893.
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Constituée par Trajan, dès le début de son règne,
98 peut-être1, elle aurait campé d'abord, a-t-on avai
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A l’époque de Ptolémée 3, elle occupait le camp de Vetera,
où l'on a recueilli de nombreuses traces de son séjour4.
Elle prit part sans doute à la guerre Dacique de Trajan 3,
certainement à celle de Septime Sévère contre ses com-
l Schilling, Op. cit. p. 31 et suiv. — 2 lb. p. 38, noie 2 (briques estam¬
pillées trouvées à Brigelio, Carnuntum, Vindobona). La présence du surnom
Victrix sur ces briques rend très difficile de les attribuer à une époque aussi élevée.
pétiteurs6, ce qui explique la présence du nom d< , l
légion sur les monnaies de Septime Sévère; et, >HM"1
plus tard, à l’expédition de Constantin II contre Sap° ^
Elle garda pendant tout l’Empire son campent 11
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- 3 Ptol. II, 9, 15. — 4 Bramb. 1?1, 202, 211, 219, 220, etc.; Sonner #1 s2;
XXXI, p. 80 et s. — 3 Schilling, Op. cit. p. 41. — 6 Ann. dpigr.
Schilling, Op. cit. p. 65. — 7 Arum. Marc. XVIII 9, 3.
LEG
1091
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, nn 1» trouve, dans la Notice des dignités, parmi
TZ^euiocommensesieG^e*.
l6S n ortaLt le surnom de Victrix, qu’elle reçut sans
1 p -fia suite de succès obtenus pendant la guerre de
d0l‘ e3d leg surnoms de Pia Fidelis qui lui sont attribués
P^1 ■'■'laines inscriptions du m° siècle lui auraient été
décernés par Septime Sévère *.
Son nom figure non seulement sur les monnaies de Sep-
Le Sévère S mais sur celles de Gallien6, de Victoria 7
et de Carausius 8.
Pour permettre d’embrasser d’un coup d’œil les chan¬
gements apportés dans le nombre des légions d’Auguste
à Dioclétien, les créations et les suppressions effectuées
.par les différents empereurs des trois premiers siècles,
j'ai dressé le tableau précédent9.
VI Légions après Dioclétien. — Telle est, dans ses
traits principaux, l’histoire des légions créées par Auguste
et par ses successeurs jusqu’à Septime Sévère. L’époque
de Dioclétien et les temps qui suivirent apportèrent dans
la liste des légions impériales de grandes modifications ;
on établit une multitude de nouvelles légions, la plupart
du temps en scindant des troupes déjà existantes ou en
élevant à cette dignité des troupes auxiliaires 10. L’histoire
de ces nouveaux corps ne saurait être tracée dans le
détail, faute de documents. Mais on peut en dresser une
liste, et, grâce à la Notice des Dignités, indiquer où
chacun était campé au début du ve siècle. J’exclus, natu¬
rellement, de cette énumération les légions du Haut-
Empire qui subsistaient encore à cette date.
Legio I (Primani seniores, légion palatine)11. —
On a émis l’opinion que c’était la même que la légion
d e primani, citée par Ammien sous Constance et Julien
etqui, d’après lui, se serait vaillamment comportée contre
les Mamans 12. 11 se pourrait encore qu’il s’agît dans
Ammien de la légion des Primani Juniores (légion comi-
tatensis de Bretagne) 13.
Legiol Julia,Alpma.(pseudocomitatensis), en Italie u.
LegioIArmeniaca(psewc?ocomïta£enm),enOrient 13.
Legio I Flavia Const&ntiSL (pseudocomi tatens is) , en
Orient 10 .
Legio I Flavia Gallicana Constantia (id.), en
Oaule 17.
Legio i Flavia Gemma, (comitatensis), en Thrace 18.
Legio I Flavia Métis [= Martis?] (pseudocomita-
en Gaule 10.
Legio i Flavia Pacis ( comitalensis ), en Afriqu
egio I Flavia Theodosiana (id.), en Orient21.
donf?î° I IUyriCOrUm’ à Palmyre22. - C’est s
m’émis ‘‘"T qUe Celle qui %ure sur une inscript
iciniiKb°US 6 n°m d’ ’IÀXu?t)iavTi 23> et qui, à l’époque
temnsn’ en ÉgyPte un détachement en mé
temPs que la IIP Gallique 24.
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P' 41" ’> 'il. p 43 7 2 iVOi' mOn- 0c- VIL 108. - 3 Schilli
SW.-W4. Vlp. 7 ° )e“’ Alon-imP- IV, p. 32, 278. — 6 Ibi,
G’quêes par des traits h'ori» Vl*’ P' 17’ 149. — 9 Les suppression
7 10 On compte alors ' Z°“.auX donl Ia Iongueur indique la durée du li
K Coup d'œi; «JT'?* 'égi0ns plarquardt, Organis. milit.
^ «* anciens cadrT ^ V ' 30 Ct s0 = vingt-huit seule,
^re.-iliY Or’vie SA-qUl!S s étaient constitués d'Auguste
?■ ~ w ^ v S Ammian- XV1- l2- - 13
(Ammian. XX, 8) _ n ù V ™dlt Singara et fut faite prisonnière
7 !' ÙO, 269; VII 05 M C ; 1U’ 264 1 V11’ 90- - )s '*• Or. VIII,
jj,’ 'i9; ML 146. - 2i 7à.Ce“k pr0p0se de corriger Métis en Marti
1 - 24 *». rpig t°V11’ ^ 47' ~ 22 Ib- XXX*L 30. -
P9K lm’m’ «99, 29. — 23 nia. Ant. p. 22
Legio I Jovia. — Créée par Dioclétien qui lui donna
son surnom de Jovius. 11 l’établit sur le Danube, dont il
voulait renforcer les garnisons, à Troesmis 23. Au iv° siècle,
elle permuta avec la légion II Ilerculia et vint camper à
Noviodunum , oùla place la Notice 2G. Les J oviani Seniores
(palatini) d’Italie 21 elles Joviani Juniores (id.) d'Orient 2S
sont des divisions de cette légion.
Legio I Isauria sagittaria ( pseudocomitatensis ),
d’Orient 29.
Legio I Martiorum. — Mentionnée sur une inscrip¬
tion de 371 30, et peut-être dans la Notice où les Martii
d’Illyricum figurent comme légion comitalensis 31.
Legio I Maximiana, d’Égypte, campée àPhilae32. —
Peut-être une division de la suivante.
Legio I Maximiana Thebaeorum ( comitatensis ),
en Thrace 33. — C’est peut-être à cette légion qu’appar¬
tenait le martyr saint Maurice 34.
Legio I Norica. — Citée par des inscriptions 33 et
sur des tuiles trouvées dans le Noricum 36 ; la Notice
la divise en deux parties campées l’une à Adjuvense 37,
l’autre à Fafianae (— Favianis ) 38.
Legio I Pontica, d’Arménie, campée à Trébizonde 39.
— Un de ses préfets figure sur une inscription contempo¬
raine de Dioclétien 40.
Legio I Valentiniana, de Coptos 41 .
Legio II ( comitatensis ), en Illyricum42.
Legio II Armeniaca (pseudocomitatensis), d’Orient43,
Fut vaincue et taillée en pièces par Sapor à Bezabde 44 ,
LegioII Félix Valentis Thebaeorum (comitatensis),
d’Orient 43 .
Legio II Flavia Constantia Thebaeorum (id.) 4Û.
Legio II Flavia Constantiniana (id.), d’Afrique47.
Legio II Flavia Gemina (id.), d’Orient48.
Legio II Flavia Virtutis (id.), d'Afrique49.
Legio II Hereulia. — Créée par Dioclétien qui lui
donna le nom de son collègue Maximien Hercule. Elle fut,
comme la Jovia, établie sur le Danube pour en renforcer
les garnisons, à Noviodunum 30 ; dans la suite, elle
permuta avec celle-ci et occupa le camp de Troesmis51,
où nous la trouvons au iv° siècle s2. Deux cohortes de la
légion étaient en Maurétanie, à Sétif, à une date qui nous
échappe : ils élevèrent un monument Mithriaque 33. La
Notice nous fait connaître plusieurs divisions de cette
légion, l’une à Axiupolis 34, l’autre à Inplateypegii S5.
Les Herculani Seniores d’Italie 56 et les Herculani
Juniores 37 d’Orient sont également des corps issus de
la légion.
Legio II Isauria, en Isaurie58.
Legio II Julia Alpina ( pseudocomitatensis ), d’Illy¬
ricum 39 .
Legio II Valentiniana d’Hermunthus, en Thé-
baïde 60 .
III, 0139. — 26 Not. Dign. Or. XXXIX, 33 ; C. i. I. III, p. 999 ; ef. d'autres divisions
de la légion; Not. Dign. Ib. 3 1 et 35. — 27 Not . Dign. Oc. V, 2, 143. — 28 lb. Or.
V, 3, 43. — 29 Ib. VII, 20, 5G. — 30 C.i. I. III, 3653. - 31 Not. Dign. Or. IX.
10. — 32 Ib. XXXI, 37. — 33 Ib. VIII, 4 et 36. — 34 Ruinart, Act. martyr, p. 276
(éd. 1713); Greg. Tur. De glor. martyr. I, 73. Voir aussi la l”g. 1 II Diocletiana
Thebaeorum. — 36 C. i. I. III, 4803, 6489. — 36 /*. 4033 (a)t 5750 . H847. — ^ 37 Not.
Dign. Oc. XXXIV, 40. — 38 lb. 41. — 39 Ib. Or. XXXVIII, 16. — 40 c. i. I. III, 236.
— 'A Not. Dign. Or. XXXI, 36. — 42 761(1. IX, 35. — 43 Ib. VII, 14,50. — 44 Ammian.
XX, 7, i. — 46 Not. Dign. Or. VII, 11, 40. — 46 /h. 10 et 43. - 47 lb. Oc. V,
253; VII, 149. — 48 Ib. Or. VIII, 9 et 41. — 49 lb. Oc. 101 et 250; Ann. épigr.
1890, 127. — 60 ltin. Ant. p. 226. — 61 C. i. I. III, 6194; cf. p. 999. — 62 Not.
Dign. Or. XXXIX,. 29. — 63 C. i. I. VIII, 8840. — 64 Not. Dign. Or. XXXIX, 30.
— 86 lb. 35. — 66 lb. Oc. V, 3 , 44. — 87 //,. Or. V, 4, 146. — 88 lb. Or. XXIX, 7
— 69 Ib. Oc. V, 108,258; VII, 70. — 60 Ib. Or. XXXI, 39.
«
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1092 —
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Legio III Diocletiana, en Égypte. — Une partie était
campée à Ombos1, une autre à Thèbes2, une troisième à
Praesentia3.
Legio III Diocletiana Thebaeorum {comitatensis)
de Thrace \ - Peut-être celle à laquelle appartenaient
saint Maurice et ses compagnons 5.
Legio III Flavia Salutis (id.), d'Occident6.
Legio III Herculia (id.), dlllyricum7.
Legio III Isaura, en Isaurie8.
Legio III Julia Alpina ( comitatensis ), en Italie9.
Legio IIII Italica (pseudocomitatensis), en Orient10.
Legio IIII Martia, campée à Betthorus, en Arabie
— De cette légion viennent les Martenses Seniores
d Orient 12 et les Martenses Juniores de Gaule 13.
Legio IIII Parthica. — Campée à Circesium, en
Osrhoène, à l’époque delà Notice14.
Legio V Jovia. — Créée par Dioclétien pour la défense
de la Pannonie ; on en trouve trois divisions, l’une à
Bononia15 ; l’autre à Burgenae16 et l’autre dans le castel-
lum Onagrinum17.
Legio V Martia. — Citée par Trebellius Pollion18.
Inconnue d’ailleurs.
Legio V Scythica11, d Arménie. — Citée par une
inscription.
Legio V Parthica. — Tenait, au temps des empe¬
reurs Constance et Julien, garnison à Amide 20 ; elle y fut
taillée en pièces, ainsi que les autres troupes assiégées
dans la ville par Sapor 21. Elle ne figure plus dans laNotice
des Dignités.
Legio VI Gallicana 22 . — Citée par Vopiscus.
Legio VI Gemella. — Figure sur une inscription
mutilée 23 .
Legio VI Herculia. — Au temps de la Notice, une
partie campait au Mons Aureus 24, une autre à Teuti-
bargium 2S, une troisième dans le castellum Onagri¬
num 26.
Legio VI Parthica {pseudocomitatensis), en Orient 21.
Legio VIII ( palatina ), en Italie28.
Legio XI \ palatina) 29 et comitatensis, en Espagne30.
A ces légions, qui se distinguent les unes des autres par
des numéros et des surnoms, il faut joindre les suivantes
qui ne portent aucun numéro.
1° Légions palatines.
Armigeri propugnatores Juniores31.
— — Seniores32.
Britones Seniores, en Illyricum33.
Cimbriani 34.
Daci 3S.
Divitenses Seniores, en Italie36.
Fortenses 37.
Lanciarii Juniores 38.
— Seniores39.
Sabarienses 40.
Mattiarii Seniores41.
Juniores 42.
Moesiani Seniores43.
Nervii. — Ils prirent part à l’expédition de
contre Gildon44.
Stilichon
Pannoniciani Seniores 45 .
Scythae 46.
Thebaei 41.
Tungraecani Seniores 48.
Undecimani.
2° Légions comitatenses.
Armigeri defensores Seniores, en Gaule 4!l.
Augustenses defensores, en Thrace 30.
Balistarii Dafnenses, en Thrace61.
Juniores, en Thrace62.
— Seniores, en Orient63.
Constantini Dafnenses, en Thrace 84.
— Seniores, en Thrace 6S.
Cortoriacenses, en Gaule 6G.
Dianenses, en Illyricum 57.
Divitenses Gallicani, en Thrace68.
Flavia Victrix Constantiana, en Afrique69.
Fortenses, en Espagne 00 et en Afrique61.
Geminiacenses, en Gaule62.
Gernianiciani Juniores, en Italie63.
— Seniores, en Illyricum °4.
Gratianenses, en Thrace03.
Honoriani Félix Gallicani, en Gaule66.
Julia Aïexandria, en Thrace 67.
Lanciarii Augustenses, en Illyricum68.
Gallicani Honoriani, en Gaule69.
— Juniores, en Illyricum70.
— Stobenses, en Thrace 71 .
Martenses Seniores, en Orient72.
Martii, en Illyricum73.
Mattiarii Constantes, en Illyricum74.
Juniores, en Italie78.
Mauri cetrati, en Illyricum76.
Menapii, en Thrace 7\
— Seniores, en Gaule 78.
Minervii, en Illyricum 79.
Pacatianenses, en Illyricum80.
Pannoniciani Juniores, en Thrace81.
Praesidienses, en Gaule 82.
Propugnatores Juniores, en Illyricum83.
l Not. Dign. Or. XXXI, 31. — 2 lb. 38.-3 Ib. 33. — 4 Ib. VIII, 5, 37. — 8 Voir
plu? haut la legio Maximiana Tlæbaeorum.— 6 Not. Dign. Y, 102, 251 ; Vil. 148.
— 7 Ib. Oc. V, 89, 238; VII, 54. — 8 /6. Or. XXIX, 8. — 9 Ib. Oc. V, 99, 248;
VII, 35. — 10 Ib. Or. VII, 18, 54. — il/6. XXXVII, 22. — 12 Ib. VII, 5, 40. — 13 lb.
Oc. V, 115, 265; VII, 91.— H lb. Or. XXXV, 24.— 18 lb. Oc. XXXII, 44. — 16 Ib.
40.— n/4. 48. — 18 Vit. Claudii. 14.— 19 C.i. I. IX, 3427.— 20 Amin. Marcel. XVIII,
9. — 21 lb. XIX, 8. — 22 Vit. Aurel. 7. — 23 C. inscr. lat. IX, 2648 ; cf. Eph. ep.
IV, 942. — 24 Rot. Dign. Oc. XXXII, 45. — 25 lb. 47. _ 2G lb. 48. — 27 Ib. Or. VII,
55. — 28 Ib. Oc. V, 153; VII, 28. — 29 Ib. Or. VI, 6 , 46. — 30 /6. Oc. V, 85, 234;
\1I, 134. 31 Not. Dign. Oc. V, 13, 156 f=z VII, 143, où la légion est comitatensis
in Africa). — 32 lb. V, 8, 151 (= VII, 142 ; id.). —33/6. Or. IX, 2, 22. — 34 Ib.
Oc.V, 12, 155 = VII, 145, où la légion est comitatensis in Africa). — 35/6. Or. VI, 3.
— 36 Ib. Oc. V, 4, 147 =: VII, 5. —37/6. Or. V, 5, 45. —38/6. Or. VI, 7 , 47. — 39 /6.
V, 2, 42. +0/6. Oc. V, 9, 152 (— \ II, 82, où la légion est donnée comme comi¬
tatensis in Gallia ). — 41 Ib. Or. VI, 2, 42. — 42 /6. V, 7, 47. — 43 lb. Oc. V
7, 150; VII, 8. — 44 Ib. Or. V, 6, 46; Claud. Bel. Gild. 422 et suiv. - 4’ ^
Dign. Oc. V, 6, 149; VII, 7. — 40 Ib. Or. VI, 4, 44. — 47 Ib. Oc. V, H, 18 ' ’
29, où la légion est donnée comme comitatensis in Gallia). — 48
VII, 6. — 49 Ib. v, 78, 227 ; VII, 80. — 50 Ib. Or. VIII, 20, 52. - 61 V>- ' ^
46. — 52 lb. 15, 47. — 53 lb. VII, 8, 43. — 54 /6. VIII, 13 , 45. — 66 Ib- ' J'
— 56 Ib. Oc. V, 96, 245; VII, 88. — 57 /6. Or. IX, 11, 33. - 68 tb. Vllj' ' ’0c'
— 59 lb. Oc. V, 252 ; Vil, 150. — 60 Ib. Oc. V, 76, 225; VII, 130. - ’ ^ Jj6.
V, 106, 255 ; VII, 152. — 62 Ib. Oc. V, 97, 246 ; VII, 87. — 63 Ib. Oc. ' ’ jj',’
VII, 33. — 64/6. Or. IX, 12, 34. —05 Ib. Or. VIII, 22. — 00 lb. Oc. V, #*. -
89. — 67 Ib. Or. VIII, 19, 51. — 08 lb. Or. IX, 14, 36. — 69 Ib. Oc. - ^
VII, 89. - 70 Ib. Or. IX, 16, 38. — 71 y*. Or. VIII, 12 , 44. — 72 /i. ÿ^'30,
— 73 ib. Or. IX, 10, 32. — 74 Ib. Or. IX, 9, 31. — 75 lb Oc. V, «3> ” ÿ’7s,
— 76 Ib. Oc. V, 84, 233; VII, 56. — 77 Ib. Or. VIII, 3, 35. — 18 lb' °.C'„ Vllt
Vil, 83. — 79/6. Or. IX, 15, 37.
16, 48. — 82 Ib. Oc. V, 94, 243; VII
80/6. Oc. V, 81, 230; VII, 55. — 81 74 '
86
— 8.3/6. Oc. V, 91, 240; VU, '
LEG
LEG
— 1093 —
Propugnatores Seniores, en Espagne*.
Rpffiii 1 1 cili o •
Solenses Gallicani, en Thrace3.
Seniores, en Thrace4.
Tzanni, en Thrace5.
Valentinianenses, en Thrace6.
Vesontes, en Espagne7.
Ursarienses, en Gaule .
3° Légions pseudocomitatenses .
Abrincateni9, en Gaule.
Antianenses 10.
Balistarii Theodosiaci 11 , en Orient
Constantiaci n, en Tingitane.
Corniacenses 13, en Gaule.
Defensores Seniores 14, en Gaule.
Funditores 1S, en Orient.
Lanciarii Comaningenses l6, en Illyricum.
Lanciarii Lauriacenses 17, en Illyricum.
Martenses18, en Gaule.
Mauri Osismiaci 19, en Gaule.
Pontinenses 20, en Italie.
Romanenses 21, en Gaule.
Superventores Juniores22, en Gaule.
Tauvenenses23.
Transtigritani24.
I Insignes des légions après Dioclétien. — La Notice
ne se contente pas de nous donner ainsi la liste de toutes
les légions existant au début du v° siècle ; elle indique
Également, à côté du nom de chacune d'elles, l'insigne qui
^servait, à la distinguer. Ces insignes se présentent sous la
lorme de cercles dans l'intérieur desquels sont dessinés
soitd'autrescercles concentriques, soit des dessins géomé¬
triques, soit des animaux, le tout peint de couleurs
diverses. Oq a admis depuis longtemps que c’étaient les
boucliers des différents corps ; et, en effet, il semble,
ainsi qu’il a été dit plus haut, que les légionnaires por¬
taient, aux premiers siècles, des boucliers sur Yumbo
desquels il était d’usage de peindre certaines figures
destinées à différencier les cohortes entre elles 25. Cette
coutume persista après Dioclétien26. Les figures de la
Notice seraient donc la reproduction de la partie distinc¬
tive des boucliers de chaque légion, dont l’importance
numérique ne dépassait pas de beaucoup, on le sait, celle
d’une cohorte du Haut-Empire. On a remarqué aussi que
ces emblèmes étaient les mêmes, comme dessin, pour les
corps qui avaient entre eux quelque similitude27, et ne
différaient que par les couleurs. C’est ainsi que les
Joviani Seniores ont pour insigne un aigle (?) rouge,
sur fond bleu, entouré d’une double zone circulaire rouge
et jaune ; tandis que pour les Herculiani Seniores , l’oi¬
seau est vert sur fond rouge et la double zone circulaire
de l’encadrement jaune et rouge. De même pour les
Joviani Juniores et les Joviani Seniores d’Orient.
On voit, d’après M. Mommsen, sur la partie supérieure
d’une base de Troesmis28, l’image des insignes de la
légion XI Claudia après Dioclétien : ils rappellent beau¬
coup ceux que la Notice indique pour les Undecimani ;
si le rapprochement est exact, ce serait une preuve de plus
qu’il faut bien tenir ces représentations pour des épisèmes
légionnaires 29 . R. Cagnat.
LEGIS ACTIO. — L’expression legis actio comporte
une double acception. Dans un sens large, lege agere,
c’est entreprendre un acte conformément à la loi :
tel le licteur qui applique la peine prononcée par le
juge1, l’accusateur qui intente une action crimi-
J/4: °C' V ' 77’ 220 ; VI1> 13 '• — 2 Not. Dign. Oc. V, S0, 229 ; VII, 32. — 3 lb. O
l ’ ’ a0- ~ 4 "■ 0r- VI‘É 2, 34. - B Ib. Or. VIII, 17, 49. - 0 /*. 0r. VII
7 rl ^ ' °C- V* 82’ 231 1 VII> 133' - *Ih- Oc. V, 95, 244; VII, 8!
Zn n ' T °C- V* 260 : VII> 9â- - 10 Ib- Oc. v, 262. - 11 Ib. Or. VII, 21, 5'
VII n -Vm vîl 138‘ " 13 Ib- 0c- v’ 272; VII> 102- - 14 Ib- Oc. v, 207
&■ VII -is 16’ 52' ~ 18 lb • 0c- V’ 260 : VII> "• — 17 lb- Oc. V
0e V ‘>n vu i/4' °C' V,265; VII> 91- — 19ü. Oc. V, 268 ; VII, 94. — 20 /,
K'3i™' $ »..»t va, m. - » » o,. v, va, ,
dipit. utriusm, • 7 h' 0r‘ ' ü’ 22, 58, ~ Bôcking, Ueber die Notiti
14; Aur Prudent P' 93' ~ 26 Veget. Il, 18; Procop. De bel. Goth.
4 eoaûeariZÏuZ ï 1 488 et suiv’ ’ «aud. Bel. Gild. 425
p. 19 et suiv. - 7 r e°n7 ’ Cf’ pluS haut- — 27 °- Seeck, Not. Dign. Praefath
ii«cr. 1865, p. 302. _ 29 v ; 1111 0104 > L- Renier> C. rendus de l'Acad. d(
(lc détail, Voir, au cours 1* r ,r ^ V' Bibliographie. Pour tous les travail
'*u sujet. J. Linso T) > .?* *C Ouvraoes cités à propos de chaque divisio
11,0 partie ; Le Beau a/T / °™ana ^VL ^ dans ses Œuvres complètes
XXV et suiv. : | },e \ . Ce lAcad • des Inscrijitions et Belles-Lettrei
quel temps cette milire '7- ”0MÎ Bt de Ponl5f!ne de la légion et jusqu'
4 Pied dûnt hl 7 Zt ' (XXV’ P- 462 et “iv.) ; H, Du nombre de gen
TZatT- r 480 et s°; m- De V°ri°™ * 1
G>'wyues (XX VIII, ,, j et s , at dans lequel elle subsista jusqu'au temps de
Graeques (Ibid, p 35 ei 1 létat de la cavallerie légion aire aprè
FTOfn* soldais vesantJ \ ^ diverses esfèces de soldats et premü
^nxpxdc et de. *U partie» fTv\ n ? C°hoHe {Ihid' 392 et s-)l VIII, D
I Wj*aderie tigionaire (Ibid ^ S’^ 5 ^ es divers^s parties d
7 soldats pour composer l ■ 6t S'^ ’ X’ De la ™anière dont on levai
tT*01"' -nC L SWn {md ■ p- 318 et xi, Des qualité
s ')! Y, 7 1 ,hid ■ p. 224 et b v'vili ^XXV’ p' 189 et suiv-)l XII, Du sermen
,:V V’ D"S enseignes tnr,, exercices militaires (Ibid. p. 246 e
i ir (XXXV". P U2 ;P;..vv,el S'); XV> orfieL générante d
""tps parties de la lénion 'dl- i ’ °ffic'Lers Çui commandaient le
ïr/rCH#« des { Z P- 140 et S-)=XV». ^ dénomination.
L'„; J21’ ûes différentes sortel de Z C°mp0mient la lé»ion Jbid' P- i7'
p. 407 ''P* *22); XIX Do sonnes attachées au service de lt
' . ; r:1' ». * ■°u“ %<»«■■« («xix
Cillement du 2 T, *oWn' ^onaire (Ibid. p. 471
cavalier ^ P- "6 et s.); XXII, D.
y. 1 < e la fourniture des habits (XL, p. 291
et s.); XXIII, Z>e la nourriture du soldat légionaire (XLI, p. 129 et s.); XXIV,
De la paye du soldat légionaire (Ibid. p. 181) ; XXV, Discipline de la légion
(Ibid. p. 206) ; Lange, Historia mutationum rei militaris Bomanorum inde ab
interitu reipublicae usque ad Constantinum magnum, Goetting., 1846; Marquardt
et Domaszewski, De V organisation militaire chez les Romains (trad. Brissaud),
Paris, 1891; H. Schiller, Die Kriegsaltertümer, dans le Handbuch d’hvan Millier,
t. IV, p. 707 et s.; Grotefend, Pauly’s Beal-Encyclopüdie . s. v. Legio (IV,
p. 868 et s.); J. J. Millier, Die Eintheilung des servianischy ffeeres und die
sex suffragia, dans le Philologue, XXXIV (1876), p. 126 et s.; Id. Die
Aushebutig unddas Verlidltniss der Legionen su dem Tribus, dans le Philologus,
XXXIV (1876), p. 104 et s. ; Bruncke, Ueber die servianische Phalanx und die
altère Manipularlegion, dans le Philologus, XL (1881), p. 357 et s.;
Th. Steimvender, Die Stâr/ce der rôm. Légion und die Ursache ihres allmühl.
At aclistums, Marienburg, 1873; Id. Die Entwickelung des Alanipularwesens im
rôm. Hcere, dans le Zeitschr. für .Gymnote, 1878, p. 705 et s.; Id. AUer-
klassen und regulüre Dientsze.it des Legionars, dans le Philologus, XLVIII.
1889; H. Delbrück, Die rôm. Manipulartaktik dans la Histor. Zeitschrift, XV
(1884), p. 239 et s.;Sottau, Die Manipulartaktik, dans le Dermes, XX, 1885,
P- 262 et suiv. ; Fr. Giesing, Rottenabstaende in der Phalanx und der Manipular¬
legion, dans les Neuc Jahrbücher für Klassische Philologie, 1889, p. 161 et s.;
Fr. Frôlich, Die Bedeutung des zweiten punischen Erieges für die Entwikelung
des rôm. Eeerwesens, Leipzig, 1884; Id. Beitrâge zur Geschichte der Kriegfüli-
rung und Kriegskunst der Rômer zurZeit der Republik, Berlin, 1886 ; Delbrück.
Die Manipularlegion und die Schlacht bei Cannae, dans le Dermes, 1886, p. 65 et s. ;
Fr. Lnterbacher, Die rôm. Legionen und Kriegsschi/fe wührend des zweiten punis¬
chen Erieges, 1 894 ; Schemann, De legionum per bellum punicum secundum his¬
toria, Bonnae, 1875; F. Gessler, De legionum romanarum apud Livium numeris
Berolini, 1866 ; Krohl, De legionibus reip. romanae, Dorpat, 1841 ; Domaszewski
Die Deere der Bürgerkriege, in den Jahren 49 bis 42 v. Christus, dans les Neue
Deidelberger Jahrbücher, IV, p. 157 et s. ; Rüslow, Deenvesen und Eriegführung
Casars, Nordhauseu, 1862 ; F. Krauer, L'armée romaine au temps de César ftrad.
Baldy et Larroumet), Paris, 1884; Fr. Frôlich, Das Eriegwesen Caesars, 1, II, Zurich,
1889 et I S90 ; Ch. Robert, Coup d'œil général sur les légions romaines, Paris, 1867 ■
Id. Les légions romaines et leur emplacement sous l’Empire (Mélanges d'archéo¬
logie et dhist., p. 37 et s.); Stille, Distoria legionum auxiliorumque inde ab
excesiüdivi Augusti usque ad Vespasiani tempera, Kiliae, 1877 ; Pützner, Geschichte
der rôm. Kaiser legionen von Augustus bis Dadrianus, Leipzig, 1881 ; Mommsen,
Das rom. Militàrwesen seit Diocletian, dans le Dermes, XXII. p. 195 et s
LEGIS ACTIO. t Cf. Édouard Cuq. Institutions juridiques des Romains, p. 407, 1. 1,
138
LEG
— 1094 —
LEG
neUe1, le plaideur qui agit au civil en une forme quel¬
conque de procédure2. Celui-là même qui accomplit un
acte juridique solennel fait un actus legitimus\ une
civilis actio \ aussi bien que celui qui intente un procès.
Le plus souvent, on donne à la legis actio une accep¬
tion plus étroite, celle d’une forme de procédure. La
logis actio est la plus ancienne forme de procédure usitée
à Rome. Elle a pour but, non pas, comme la procédure
moderne, de fournir au juge les moyens de découvrir
plus sûrement la vérité, mais de subordonner l’exercice
de la justice privée à l’existence d’un droit incontestable
et publiquement affirmé 5.
La legis actio tire son nom des solennités à accomplir
pour affirmer le droit que l’on prétend avoir et pour le
rendre incontestable. Ces solennités ne pouvaient être
accomplies d'une manière efficace que dans les cas pré¬
vus par la loi. « Les actions qui étaient autrefois en
usage s appelaient, dit Gaius, legis actiones , soit parce
qu’elles avaient été créées par la loi,... soit parce que les
formules de ces actions étaient calquées sur les termes
de la loi. Elles étaient par suite immuables comme la loi
elle-même6. »
Les solennités, à observer variaient suivant les cas.
Gaius distingue cinq modes de procéder qui tirent leur
nom de 1 un des éléments de la solennité : ils ont lieu per
sacramentum , per judicis postulationem , per manus
injectionem , per pignoris capionem , per condictio-
nem '. Ces cinq modes de procéder seront étudiés
ailleurs [sacramentum, per judicis postulationem actio,
MANUS INJECTIO, PIGNORIS CAPIO, PER CONDITIONEM ACTIO].
Chacun de ces modes de procéder comprend un nom¬
bre plus ou moins grand de formules applicables aux
divers cas où la loi permet de les employer. Ces formules,
adaptées aux termes de chaque loi créant une action en
justice, avaient été composées par les pontifes. Deinde
ex lus legibus ( XII Tabularum ) eodem tempore fere
actiones compositae sunt, quibus inter se hommes dis-
ceptarent; quas actiones ne populus , prout vellet , insti¬
tuent, certas solemnesque esse voluerunt; et appellatur
haec parsjuris legis actiones , id est legitimae actiones...
Omnium tarnen harum et interpretandi scientia et ac¬
tiones apud collegium Pontificum erant 8. Immuables
comme les règlements des pontifes, ces formules devaient
être observées à la lettre. On n’y pouvait rien changer à
peine de nullité5.
La legis actio consiste essentiellement dans ces rites
minutieusement réglés par les pontifes; mais par exten¬
sion on donne le nom d actions de la loi aux modes de
procéder et à la procédure elle-même. C’est dans ce sens
large qu’on va l’étudier. On peut ramener à six les carac¬
tères distinctifs de la procédure des actions de la loi.
1° Elle exige la présence du magistrat. Dans le principe,
la legis actio fut une procédure extrajudiciaire. Celui
qui prétendait avoir un droit pouvait se faire justice à
lui-même, à la seule condition d’accomplir certains rites,
de prononcer certaines paroles pour affirmer l’existence
de son droit. On trouve encore la trace de cette
li
- Haut? üe cette p
tion à l’époque historique dans certaines applj ■eP*
la manus injectio et dans la pignoris capio'*
bonne heure l’action de la loi donna lieu à Un
lcation$
• Mais de
l’on recherchait qui avait tort et qui avait rai 01
être autorisé à se faire justice, il ne suffit'plus I>0l"‘
solennellement son droit, il fallut en outre p. •
judiciairement reconnaître. Seule la pignoris ^
serva son caractère primitif, ce qui détermina e!?0"'
auteurs, dit Gaius, à lui refuser le caractère dm, !DS
de la loi11. e act'on.
Le premier acte de la procédure consiste donc -,
le défendeur in jure par-devant le magistrat • c’est l’ '' ''' r
vocatio [jus, t. V, p. 743], C’est en sa présence J,,!!
solennités prescrites doivent être accomplies, qued,
des plaideurs doit prononcer les paroles consacrées T
rôle du magistrat consiste à présider à l’action de Idni
et à prononcer, le cas échéant, les paroles sacramentelle
[carmeny-. Il ne peut en principe refuser son concoure
( denegare legis actionem ), à moins que la loi ne l’y
autorise. Mais le magistrat n’a pas à décider si le demain
deur a tort ou raison : il ne juge pas le procès. C’est un
principe fondamental de la procédure des actions de la loi
comme de la procédure formulaire, que tout procès doit
subir deux phases, l’une injure, l’autre in judicio; il doit
être successivement soumis à deux autorités différentes,
le magistrat et le juge. Ces deux phases sont séparées par
un entracte : la litis contestatio [litis contestatio].
On n’a pas à rechercher ici quels étaient les magistrats
compétents, ni quels étaient les juges : il suffit de ren¬
voyer aux articles jurisdictio et judex. Mais il est utilede
remarquer que 1 instruction de l'affaire par le juge est
étrangère à la notion de la legis actio : la loi n'a pas
posé de règle sur la direction des débats in judidon.
2° La legis actio exige la présence des parties. Nem
o lien o nomme lege agere potest u. Cette règle souffre
quelques exceptions : a) on peut lege agere pouruneper-
sonne dont on est chargé de protéger les intérêts [pro
tutela agereio ) ; (3) pro libertale, dans les procès relatifs
à la liberté [assertor] 16 ; y) pro populo , vraisemblable¬
ment en cas d’action populaire 17 [popularis actio] ; 8) pour
la victime d’un vol lorsqu’elle est absente pour le ser¬
vice de l’État, ou retenue en captivité chez l’ennemi
[lex uostilia].
3° La legis actio ne peut avoir lieu qu’à des jours,
heures et lieu déterminés.
Pour les jours où l’on peut lege agere , il faut tenir
compte de la distinction des jours fastes et néfastes,
intercisi , comitiales [dies, p. 175], fériés ou non fériés
[feriae, p. 1047], du justitium [justitium, p. 779].
L’audience du magistrat était ouverte, d’après la^j
des Douze Tables, jusqu’au coucher du soleil 18 ; c était a|
suprema (empestas19. La loi Plaetoria de jurisdicbom
confirma cette règle [lex plaetoria] 20. Le Préteur b ',l^
la séance en rendant grâces aux dieux; il prononça'1 I
formule Diis honorent dico 21 . Aussitôt le pra&‘° Pr0 1
1 Gai. IV, II. — 2 Ibid. 12. — 3 Pompon. Eochirid. Dig. I, 2, 2, 6.
- 4 Cf. Ed. Cuq, Op. eit. t. I, p. 150. - 5 Tit. Liv. XXVI, 15, 9; 10, 3 : Fulvius
praeconi imperavit ut lictorem lege agere juberet; Val. Mas. 111, 8, 1. — 6 Cic. in
Caecil. 5, 19; 20, 65; Sueton, Tit. 8; Utgue etiam similia quandoque ausuros
(delatores) perpetuo coerceret, vetuit inter cetera, de eadera re pluribus legibus
agi; Quintil. Decl. 352. — 7 Cic. 2 in Verr. II, 10, 39; Tac. Ann. XII, 00 ; XIII,
28 ; Quintil. Inst. Orat. VII, 4, 9. _ 8 papin. 28 Quaest. Dig. L, 17, 77.- 9 Cf.
Éd. Cuq, Op. cit., I. I, p. 150. — 10 Ibid. p. 429. — 11 Ibid. p. 422, —12 Ibid.
p. 11, n. 4 in fine. — 13 Ibid. p. 407. — 14 Ibid.
n. 4. — 10 Ibid. p. 182. — 17 Inst. IV, 10 pr. —
XII tabulis ortus tantum et occasus nominantur
In XII
die nat
VI, 2, 5. — 21 Scrv. in Aen. I, G32 : Apud majores
,An q _ JO jota, r
p. 408, n. 3. a,
18 Plin. Hist. nat- ' "y .
Varr. De Ung ■ laL ' ’ ’
_ ,9 Censoi1"’
’ i 19 Censoi,|n
tabulis dicunt solis occasu die suprema tempestas esto. ’
. 24, 3 ; Fest. s. v. Supp[remum]. — 20 Ccnsorin. Loc. cit. ; \ arl • ^
. — 21 Scrv. in Aen. I, G32 : Apud majores nostros inos fuit , "l^..sjl0nA
post res sérias, quae consulto peraqebantur in fine actus adderent .
dico.
LEG
1095 —
LEI
fczistrat doit siéger pro tribunali -, c
«aglblra • . . i0 tribunal 3 [TRIBUNE
oies consacrées : Actum est : ilicet!1 Le
est-à-dire sur
JT;’,. ,]e nui forme le tribunal 3 [tribunal]. A Iiome,
l 6S 'a , Jp était ordinairement 4 élevée au comitium G
rpftG GStl clClC Glcl . . i
UM P 1279 et 1285]‘ Le IliaSlStraL eSt aSS1S SUF la
jjpru curul^s •
n, La procédure de la teÿ** actio est orale et solen-
elle La prononciation de paroles solennelles par le ma-
FLrat et par les plaideurs est l’un des éléments essen-
dels de la legis actio. En cela elle diffère de la procédure
formulaire qui est une procédure écrite.
5» On ne peut soumettre au juge dans chaque instance
qu’une seule demande. Celui qui a plusieurs prétentions
à faire valoir contre un même adversaire doit intenter
autant de legis actiones distinctes. ,
6» Il est défendu d’accomplir deux fois pour une même
affaire les solennités d’une action delà loi. Qua de re
actum semel erat , de ea postea ipso jure agi non po-
terat\ Cicéron fait allusion à cette défense lorsqu’il dit:
Acta agimus, quod vetamur vetere proverbio 8. Cette
règle très rigoureuse paraît avoir été introduite par la
jurisprudence pontificale : elle se rattache très étroitement
à une autre règle que Gaius attribue à la trop grande sub¬
tilité des veteres qui tune jura condiderunt , c’est-à-dire
des pontifes, celle qui entraîne la perte du procès pour
la plus petite erreur commise dans une action de la loi.
| eût été trop facile d’éluder'cette règle, s'il eût été per¬
mis de recommencer la legis actio
L’exercice de la legis actio est en principe réservé aux
citoyens romains. La question de savoir si et dans quelle
mesure elle a été étendue aux pérégrins est discutée lu
[PEREGRINUS, LEX CALPURNIA REPETUNDARUM] .
[ Sur l’emploi de la legis actio en matière gracieuse,
voir l’article jurisdictio, p. 7i28.
La procédure des actions de la loi présentait de nom¬
breux inconvénients, les uns d’un caractère général, les
autres propres à chacun des cinq modes de procéder11.
Elle lut supprimée, dit Gaius, par la loi Aebutia et par les
legesJuliae [lex aebutia, lex julia judiciorum privatorum
ei publicorum]. Elle fit place à la procédure formulaire,
armi les causes de défaveur de la procédure antique,
aius signale l’extrême rigueur avec laquelle on s’atta-
c ait à 1 emploi des termes consacrés : Istae omnes legis
actiones paulatim in odium vénérant : namque... eo res
pei diu ta est ut ve! qui minimum errasset litern perderet.
a 1 gis actio a continué cependant à être appliquée en
matière gracieuse, et même en matière contentieuse
dans deux cas signalés par Gaius, notamment dans les
procès soumis au tribunal des centumvirs. Ën. Cuq.
LEITOURGIA. — Le mot liturgie *, pris dans son
sens général, désigne toute prestation, tout service qu’on
acquitte envers l’État ou qui est imposé par la loi. Ainsi
l’hoplite qui s’arme à ses frais et va combattre pour la
patrie acquitte une liturgie 2 ; il en est de même du
citoyen qui exerce une magistrature3, de l’éphèbe qui
remplit les devoirs de son état4.
Mais ce mot avait encore un sens plus restreint ; il ser¬
vait à désigner un certain nombre de prestations ou de
contributions bien déterminées, qui avaient une organi¬
sation propre et à l’aide desquelles fonctionnait une
partie des services publics.
Le système des liturgies est un des traits les plus cu¬
rieux de l’organisation financière des États helléniques.
Il répugnait au sentiment des Grecs de demander à l’im¬
pôt tout l’argent nécessaire pour les besoins publics.
Il existait bien un système fiscal : des droits de douane,
des droits de mutation, une taxe personnelle sur les
esclaves et les métèques; mais tous ces impôts, avec les
revenus que l’État retirait des domaines publics, comme
les mines, etc., avec l’appoint important que donnaient
les amendes et les confiscations, ne suffisaient pas à
couvrir toutes les dépenses. L’État rejetait donc sur les
citoyens riches une partie des charges publiques. C’étaient
eux qui étaient chargés non seulement de faire les frais
de tel service, mais d’en assurer, par leur soin et leur
activité, le bon fonctionnement.
Les anciens, distinguaient deux sortes de liturgies.
1. Les liturgies extraordinaires ont pour objet la dé¬
fense de 'État ; elles ne sont exigées qu’en temps de
guerre. La plus importante est la triérarchia. Son orga¬
nisation se rattache à l’institution des naucraries et des
trittyes 5. Elle était primitivement réservée aux citoyens
de la première classe, les pentacosiomédimnes, qui de¬
vaient équiper une flotte de 48 vaisseaux, tandis que les
citoyens de la deuxième classe devaient fournir un corps
de 96 cavaliers ; le corps des hoplites était formé par les
citoyens des trois premières classes. Ces trois façons de
servir, comme triérarque, comme cavalier, comme ho¬
plite, étaient autant de liturgies. La division des citoyens
de l’Attique en quatre classes, instituée par Solon, n’a
eu d’autre objet que l’organisation de la défense mili¬
taire du pays au moyen des liturgies G. Nous n’avons pas
■tignificat uM /’ '’ 9 ’ ^,0uat' *Q Phorm. I, 4, 31 : Semper ilicet finem re
amer» w ‘ ?-Hm c®1"' ^Judice» de eonsilio dimittebantur suprema dicta eu»
K "• - « "■ p-
94; Tacit Ann j - ’ ,P m' Hut' naL X’ iS’ 31- — 3 Cic. in Verr. II, 38
en imperia e< , - r°' ~ ' ^‘v' XXXL ^99 : Praetor romanus conventm agit
stipntum licto a'1 ‘ C°*lven*unt ’ excelso in suggestu superba jura reddentem
V en . iv 4Q J[S lUint’ virgae tergo, secures cervicibus imminent ; Cic. il
#rrum jùrUd-cr ' De l0C° suPeriore >' Tu- Liv- XXIII, 32, 4: Praetores
Deling, iai y tr‘t>unalia adpiscinam publicam posuerunt. — 3 Vari
iitium causa ’ _j' ab eo, quod coibant ex comitiis curiatis e
— Gai. iv log Caliiei el Martin, Mélanges dt archéologie, t. I, p. I fit
lions juridiaup * ^'c' ^ e amic- — 9 Cf. Édouard Cuq, Institu
«*«■ ^ T jf- -, 10 lbid-j- L P- - 11 «. Wlassal
Civilpro ~ess ’ P* ^3 suiv. — Bibliographie. Keller, De
Prozess des lat'' Capmas, Paris, 1870; Belhniann-Hollweg, Per Civil
fcuiowa, per ' r^meZ Rechts in geschiclitl. Entwickelung, t; I, 1864
Aktioncn der jlRP,0~ess zur Zeit der Legisactionen, 1872; Bekke:
Rro~ess, 1 88a ; Bar ^uva^rechl. 1871-1873; Schullze, Privatrecht un
della Procedura èhei /,ÎSW‘ Und CivilPro=ess, 1884; Buonamici, La S ton
*ra<E franc. pi r°rnana, 1886 ; R. von Iheriug, Geist des rôm. Recht
'fyslein des Civil ] ^01'lz Voigt, Pie XII Tafcln. Geschichte un
"'o Criminal-rechtes, wie-Processes der XII Tafeln neb.
deren Fragmentent 1883-1884; Wlassak, Rôm. Processgesetze , 1888-1891 ; Hugo
Krüger, Geschichte der capitis deminatio zugleich eine neue Bearbeitung des
Legisactionsrechtes , t. I, 1887 ; Edouard Cuq, Institutions juridiques des Ro¬
mains, 1891, t. I, p. 400; Jobbé-Duval, Etudes sur l'histoire de la procédure civile ,
t. I, 1896.
LEITOURGIA. 1 L'orthographe de ce mot, à la bonne époque, est X^-ou^ta ;
P. Foucart, Rev. de Philol. I, p. 37. A partir de l’an 300, on ne trouve plus que la
forme XeiToupY‘« ï Meisterhans, Grammatik der attischen Tnsch. p. 28-30; Kühuer-
Blass, Ausführl. Gramm. der gr. Spr. I, p. 185; le mot serait composé de XVjïTo;
= Sy)(aô<tioç (Xq'tToç viendrait de 7»yjoç = Xaôç, Xeoiç ; cf. Herod. VII, 197 : X^itov Sè
xaXIouiri xb icçuTotv^tov ol ’Ayatot) et de tçvov. — 2 Lys. XXXI, 15; XIX, 58 ; [Demj. IX,
28 ; Scliol. à Dcm. XXI, 95 : XeiToupyia Si icIvyjtpç q 3t àtoî uwp.a-roç elrrooçâ.. — 3 Andoc.
DeMyst. 132; Corp. inscr. att. II, 331 (Ch. Michel, Recueil d'inscr. gr. 129, 60) ;
454, 20; Michel, 24, 35; 694 (Insc. des myst. d’Andanie), 48, 74, 97; dans Corp.
inscr. ail. IV, 2, 623 b (Dittenb. 2e éd. 731 ; Michel, 971), il est question d’un
T*{uaç et d’un yça|A[xaT£Ûç d’un Ihiase. — 4 Corp. inscr. att. II, 467, 28; 48 i , 22 et
54; 482, 4b; cf. olb (Michel, 107), 10 : SteTtXscav tov Ivcoiutov tcxç te ou Xaxà-î
XeiTouoyoijvTE; "at aitavxa Tà Tcaça^yeXXô^eva uirb tou a-çiaTrjo-j. — 5 Poil. VIII, 108.
— 6 Aristote ( A.th . vesp. 4) le dit pour Dracon ; iitaScSoTo jxlv iroXtTeta toï^ otcXoc
itao£xo[i.évotç. Cette appréciation s applique aussi à l’œuvre de Solon. C’est là aussi
un des points essentiels que nous nous sommes efforcé de montrer dans les C avait.
Ath p. 105 eu particulier.
LEI
— 1096 —
LEI
à nous occuper ici de montrer comment fonctionnait ce
service ; rappelons seulement que, lorsque Athènes fut
devenue la première puissance maritime de la Grèce la
nerarchie resta toujours un impôt qui ne frappait que
es riches; 1 expression « fortune triérarchique » était
synonyme de « grande fortune ». 11 n’y avait d’abord
qu un seul triérarque pour un vaisseau ; à partir de 411,
on rouvedes <n>vTPn,'p«pXoi, deux ou trois citoyens s’unis-
S0n pour se Partager la dépense; en 357, la loi de Pé-
riandre applique à la triérarchie le système des symmo-
nes [eisphora]; enfin ce dernier système est modifié en
• d par Demosthène. La durée de cette liturgie était d’un
an ; la dépense pouvait varier entre 40 mines et un talent 2
L impôt sur le revenu, lYexçopà, n’était pas une liturgie !
H irappait sans aucune exception tous les citoyens qui
axaient le revenu imposable. Mais une liturgie nouvelle
fut creée, quand fut institué le système des symmories
en .G / ; cette nouvelle liturgie était la wpociroopà [eis-
puoraJ. Dans chacune des vingt symmories, les quinze
plus riches citoyens faisaient l’avance de la prestation
< n nie , ils se faisaient ensuite rembourser par les autres
membres de la symmorie3. C’est cette avance qui cons-
i ua a liturgie; mais jusqu'à la réforme opérée par Dé-
mosthene en 340, cette charge n’était pas bien lourde ;
car es 300 citoyens riches, qui avançaient la 7rpoeiffœopa,
s entendaient pour répartir ensuite l'impôt de façon à
en rejeter la plus lourde part sur les autres symmorites ;
c est cet abus que voulut corriger Démosthène.
Lutin la cavalerie, c’est-à-dire le service dans le corps
militaire des cavaliers, peut être comptée parmi les litur¬
gies militaires ; mais cette liturgie avait un caractère
particulier a cause de la nature même du service qu’avait
a remplir le cavalier L
II. Les liturgies ordinaires ont pour objet les fêtes
religieuses; elles reviennent régulièrement tous les ans;
c est pour cela qu'on les désigne sous le nom de éyxéxXiot.
La chorégie [choregia] était la plus importante des li¬
turgies ordinaires ; aussi ce mot est-il souvent employé
comme terme général pour désigner toutes les liturgies5.
Il y avait, dans Athènes, des chorégies pour un grand
nombre de fêtes; nous en connaissons pour les Grandes
Dionysies, les Lénécnnes, les Thargélies, les Grandes et
les Petites Panathénées, les fêtes d’Athéna Skiras, de
Prométhée, d Héphaistos. Pour chacune de ces fêtes il y
avait plusieurs chorégies ; ainsi aux fêtes de Dionysos,
il y avait des chœurs tragiques, comiques et cycliques,
des concours de joueurs de flûte, de danseurs de
pyrrhique, etc. La dépense pour un chœur cyclique pou¬
vait n’être que de 300 drachmes ; pour un chœur tragique,
elle pouvait s’élever à 3 000 «.
Les autres liturgies étaient généralement moins coû¬
teuses ; nous indiquerons les principales.
La gymnasiarchie [gymnasiarchia, lampadedromia] avait
surtout pour objet la préparation des courses aux flam-
ipour la triérarchie, cf. Boeckh, Staalsh. der Ath. I, p. 628; Schoemann,
t ' Tlmmser- D* eiv. Ath. num. p. 38. - 2 Schoemann, Op.
UUd'' tn «*’ -~ B°eCkh‘ Staats'1- h P* 535i Thumser, Op. laud. 35.
7 * Mar "’’ Ca"- Ath- P- 205. - 5 Tlmmser, Op. laud. 53; Dcm. C.
tept 19, avec la note de H. WeU; Lys. XIX, 57 ; Isae. V, 4; VU, 35 Sur la
chorégie, cf. Boeckh, Op. laud, I, 539. - c Lys. XX1, 1 et 2 - Un
Ibid. 3; Boeckh, Op. laud. I, 548. — 8 Boeckh Staatsh I „ Qi
„ ~AJ m ’ oucLKiij btaatsh, J, p. bo 4; Schoemann,
so. J Tt!'’ P‘ ~ 9,!0CCkh’ Staatsh- P- 271 ; Schumann, Grieck. Alt.
I 5°1 ; II, 53 ; Thumser p. 95 ; Lys, XXI, 5. - lo Tlmmser, p. 99 ; Aug. Mommsen,
ûie J uste de, St. Ath. p. 107,509; Jane Ilarrisou, Mythology and Monuments
of Ancient Athens, p. 33.— H Equités giiaeci. — 12 Canephobae; cf. Corp.
beaux ; nous connaissons de ces courses aux p ln. , , .
aux fêtes de Prométhée, d’Héphaistos, de Pan g '0n(iesi
aux Bendidies, aux Lénéennes. La dépense "
lampadédromie est évaluée à 1 200 drachmes 1 P°1"' "ne
L’hestiasis [hestiasis] consistait en banquet
liturge offrait aux membres de son dème ou de ^ k
à 1 occasion de certaines solennités8. ' Sd ll'^u
L’archithéorie consistait à faire les frais d’une il
envoyée pour représenter l’Etat aux grands jeux 7?
Grèce, pour consulter les oracles, etc. 9. 0 la
L’arrhéphorie [arrhephoria] constituait une lihlr,
était a la charge des parents des quatre jeunes Iil7 i"
signées pour être arrhéphores 10? dt!'
_ L’hippotrophie est aussi une liturgie ; elle a pour oh.
jet d elever des chevaux pour concourir aux 'Jfinds '
d’Olympie, de Delphes, de l’Isthme et deNéméVouT*
Athènes, aux Panathénées et aux Théséia, par exemnl?
mais seulement pour les courses désignées sous la ru’
brique Ix Ttivxtov ou lx tûv icoXitwv. Cette liturgie pèsel
sur tous les citoyens qui ont de la fortune. Quant aux
cavaliers, s’ils sont riches, ils ont un devoir d’honneur
de prendre part à ces courses; mais en réalité il semble
qu ils n onl été astreints qu’aux concours réservés exclu¬
sivement à la cavalerie, c’est-à-dire les concours b xùv j
C7T7C£COV et SX TWV ÇtuXâp^CüV 1 1 .
t E*lfin on Peut encore citer les liturgies xav/joWaç » I
sûavSpiaç, sûoTcXtaç, eùxa^aç13*, àpuXXaç Twvtvsûv u.
telles étaient les liturgies ordinaires qui avaient été I
instituées pour relever l’éclat des fêtes religieuses et qui,
comme ces fêtes, revenaient régulièrement chaque an-
née. Ce n était pas seulement la capitale qui honorait I
ses dieux par des cérémonies et des sacrifices ; les dèmes I
avaient aussi des cultes particuliers qu’ils célébraient I
par des fêtes lj. Ces solennités étaient assurément moins
nombreuses et moins brillantes que celles de la ville; I
mais elles faisaient aussi l’objet de liturgies qui impo- I
saient de nouvelles dépenses aux citoyens riches. Les I
dèmes avaient deux sortes de fêtes; les unes étaient corn- I
munes a tous les dèmes, par exemple les Dionysies
champêtres, les Thalysia, les Epicleidia, les Haloa, fêtes
qui marquaient le retour des saisons et des occupations
qui s’ensuivaient; d’autres fêtes étaient particulières à
tel ou tel dème, comme les Kybernesia pour Phalère ,s.
Le divertissement le plus goûté paraît avoir été les repré¬
sentations dramatiques, qui fonctionnaient la aussi par
des chorégies ; nous connaissons des théâtres à Collytos,
Eleusis, Aixoné, Thoricos, Phlya, Myrrhinonte; il y en
avait deux au Pirée I7. Dans certains dèmes, nous voyons
célébrer des lampadédromies i8, quelquefois même des
lampadédromies à cheval 19.
Les citoyens athéniens n’étaient pas seuls soumis aux
liturgies ; les métèques aussi avaient à en acquitter un
certain nombre. Il y avait d’abord des liturgies qu>
étaient uniquement réservées aux métèques, par exempt
iriser, ait. II, 1G2 c, 10; Thumser, p. 99. — 13 Alb. Martin, Car. Alh. I’- ' ^
riiumser, p. 97; en particulier l’insc. Corp. inscr. ait. II, 172. 11
XI, 87; Lys. XXI, 5; Corp. inscr. att. II, 905; [Plularch.] Vit. -X oi ■
A. Mommsen, Die Feste der St. Ath. p. 145. — U Sur la disliucliou Ç1 ^
les O*; froTcAff Uo «, sacrifices qui se faisaient aux frais de l’Etat, et les Sv0"1"'
qui se faisaient aux frais des dèmes, cf. Thuc. II, 15; Harpocr. s. v.
xa! î»ipoxtx& Up«; Boeckh, Op. laud. I, 269 ; Schumann, Gr. Alt. IL
tout ce qui touche aux dèmes, voir surtout Haussoullier, La vie
en Altique , p. 145, 162. — 16 Plut. Tlies, 17 fin. — 17 Ilaussoullier, Op ■ • J
Thumser, 105; Alb. Muller, Die griech. Bühnenalt. 317. — *8 Isac’ '
m Notamment à la fête des Bendidies au Pirée, Plat. Rep. au début.
LEI
1097 —
laskaphéphorie et
a skiadéphorie *. Les skaphéphores
- ^tpmips qui, à la procession des Panathénées,
sont des nieitquLn i > .
.|,,nt des bassins de bronze ou d argent qui conte-
P'iiViil pr0bablement du miel ou des gâteaux ; les skiadé-
KaiCn. sont des femmes ou des filles de métèques qui
ï '[aient des ombrelles à cette même procession. On a
I prouvé aujourd’hui qu’il n’y avait dans ces deux presta¬
tions rien d’humiliant pour les métèques ; que c’était là,
lau contraire, un moyen de les faire participer au culte
t iblie. Les métèques étaient aussi soumis à quelques-unes
Ides liturgies qui frappaient les citoyens, mais le fardeau
Iqu’ils avaient à supporter de cè fait était beaucoup moins
lourd. Ils étaient exempts de la triérarchie, et il semble
bien que, pour les liturgies ordinaires, ils n, 'avaient à
prendre part qu’aux concours d’sùavopia et d’sôoicXfa et à
la chorégie, et encore pour la chorégie seulement aux
Lénéennes; nous savons qu’ils ne présentaient pas de
chœur aux Grandes Dionysies ; et rien ne prouve qu’ils
aient dû préparer des lampadédromies 2.
Si l’on compare les liturgies extraordinaires avec les
liturgies ordinaires, on voit que, pour les premières, la
prestation porte à la fois sur les biens et sur les per¬
sonnes; le triérarque équipe un vaisseau et il est tenu de
le commander et de le conduire lui-même devant l’en¬
nemi : ï'^ioDoyeX ypvjp.a'jt xat ceo ixax i . Les liturgies ordi¬
naires ne portent que sur les biens : le chorège est tenu
de faire instruire un chœur, de l’entretenir et de l’habil¬
ler richement le jour du concours; c’est sa fortune seule
qui est atteinte par la liturgie : XyjToupysî ^ p.oc<j' .
L’impôt sur le revenu, lYtffœocà, n’est pas une liturgie ;
il frappe, sans aucune exception, tous les citoyens qui
ont le revenu imposable. Les liturgies, au contraire, ad¬
mettent des immunités 3. Sont exempts des liturgies
tant ordinaires qu’extraordinaires : les neuf archontes \
les orphelines non mariées, les orphelins mineurs3, les
Iclerouques c ; si l’on assimile, comme c’est naturel, le
senii c militaire à une liturgie, il y avait des exemptions
pour les invalides7, pour les sénateurs8, les fermiers
publics9, les choreutes10 et les marchands11. Nul n’était
enu ,i deux liturgies a la fois 12, ou à la même liturgie
eux an, s de suite Y II s’ensuit que ceux qui acquittaient
■me durgie soit ordinaire, soit extraordinaire, étaient
uupls du service militaire11'. Il y avait enfin, mais
i j.en!1 nl p0LU ' ^es liturgies ordinaires, des exemptions
namdueHes qu’on avait accordées comme des témoi-
Dipun n 10U°rifiqueS' Ces exemptions étaient assez rares ;
c0nn„; ,t b uto^ens qui ont joui de cette faveur, nous ne
d’ApLf^'-!^ <’Uère t-lue ^es descendants d’Harmodius et
de Zoibr^'p Conon> Chabrias* Aristophon, Miltiade fils
lituro-ip'î - bnhn étaient exempts de plein droit de toute
santé pour ^ - n’avaierit Pas une fortune suffi-
dans Afehèr ! * ace . a de telles dépenses. Y a-t-il eu,
Pouvait être^mr116,101 flXant Cens à parlir ducIuel on
nulle nari m , "iS comme üturge? Nous ne trouvons
‘un ion de cette loi. Il est probable que le
1 Al. Cleri
''•'tiriaphoria atkC'niens> P- 154, 162 ;
rie comme litu» • . y. 102; on trouve aussi mentionnée
P- +-4 g Clerc, Ç)p iouc ? métècIuesi Her m an n-T h u mser , Staatsalterth.
v,^ Staat8alterth. p ’ ^5 ITl dMrépenle8 dans K-F- Hermann-
Vva-. lUttlSei’i p. 108 / , 111 *y0u^e cette question des cas d’exemption,
n ; *i XXIX, sÆ'vvv81"- XX’ 28- - 5 Uem' XIV, 16 ; XXVII, 7;
‘ ’ 1,8> 131. __ e’jj"'’' ' XH’ 24 ; Boeckh, Staatsh. I, 534, 539; Tliumser,
C ,Lïc- C. Lcocr 37 ' j 1Gl ~ 1 Byc. C. Leocr. 40; Lys. XXXI, 15.
| °C’' Tllum J; 7 Dem- L'X, 27. - 10 Don, XXI, 15. - H Lyc.
tlue l10111' ces derniers cas l’exemption n’était
LEI
capital fixé devait varier selon la liturgie 10 ; ce capital
devait être au moins de deux talents n.
D’après Démosthène 18, le nombre des liturgies ordi¬
naires était chaque année de soixante; il est très pro¬
bable, comme le dit Boeckh 19, qu’il y en avait davantage
et que l’orateur a diminué ce chiffre pour les besoins de
sa cause. Nous avons d’autre part une indication qui
porte à 1 200 le nombre des citoyens athéniens en état de
participer aux dépenses publiques 20. Pour nous rendre
compte du fardeau qu’un tel système imposait aux classes
riches, il suffit de citer quelques exemples. Le person¬
nage pour lequel Lysias a écrit le discours XXI fait le
compte de l’argent qu’il a dépensé pour l’État dans l’in¬
tervalle de neuf ans, de l’ol. 92,2 à fol. 94-2, de 411 à 403.
En 411, Chorégie d’un chœur tragique . 3000 drachmes.
Chœur d’hommes, aux Thargélies, victoire. 2000 —
En 410, Concours de pyrrhique aux Grandes Pana¬
thénées . 800 —
Chœur d’hommes aux Dionysies, victoire. 5000
En 409, Petites Panathénées, chœur cyclique.... 300
En 405, Prométhéia, gymnasiarchie, victoire . 1200 —
? Chœur d’enfants . 1500 —
En 403, Chorège, comédie, victoire . 1000 —
Petites Panathénées, pyrrhique de jeunes
gens . 700 —
Victoire aux régates de Sunium . 1500 —
Archithéorie, arrhéphorie, etc . 3000 —
20600 drachmes.
Dans cet espace de neuf années, il a été triérarque pen¬
dant sept ans et a dépensé six talents ; il a pris part deux
fois à une eisphora et a dépensé 7 000 drachmes. Le total
des dépenses est 63 600 drachmes ou 10 talents 3 600 drach¬
mes21 ; cela fait une moyenne de 7 000 drachmes par an.
Cet Aristophane pour lequel Lysias a écrit un discours
a dans quatre ou cinq années dépensé pour lui ou pour
son père, dans deux chorégies, la somme de 5 000 drachmes;
il a de plus été trois ans triérarque 22 .
Ou peut dire assurément que ces deux Athéniens ont
bien fait les choses ; ils n’ont pas voulu profiter des im¬
munités dont nous avons parlé ; ils ont acquitté plus
d’une liturgie à la fois ; ils n’ont pas usé du droit qu’ils
avaient de ne contribuer aux liturgies que de deux ans
l’un. Un des deux citoyens, dont nous venons d’indiquer
les libéralités envers l’État, dit que s’il s’en était tenu à
ce que la loi exigeait il n’aurait pas eu à faire le quart
des dépenses qu’il énumère23. Pour expliquer de telles
dépenses et un tel entraînement, il faut tenir compte du
caractère agonistique de l’institution. La liturgie est une
prestation publique imposée aux citoyens riches en vue
d un concours. Il y a des prix pour les triérarques qui
ont le mieux équipé leur galère, comme pour le chorège
qui a présenté le plus beau chœur : la couronne triérar-
chique pour les premiers, un trépied pour le second. Les
fêtes religieuses sont autant de concours et ce sont les
citoyens les plus riches qui se disputent les prix. Une
pas de droit, qu’il fallait do plus l’assentiment du stratège ; cf. p. 133, — 12 Aristol.
Rép. des Ath. 50, 3; Dcm. XX, 19, 20; XXI, 155; L, 9; [Plut.] Vit Hyper. 6.
— 13 Aristot. Ibid. ; Dem. XX, 8. — H Dem. XXI, 165. - lü Voir Tliumser,
p. 137-1 43 avec les textes cités. — 16 Isocr. XV, 154; Isée, III, 80. — 17 Dem.
XXVIII, 64; Isae. III, 80; Boeckh, Staatsh. I, 537, 672, et II, la note 756 de
Frankel; K. -F. Hermann-Thumser, Staatsalterth. p. 697; Tliumser, p. 54.
— 18 Dem? XX, 21.-19 Boeckh, Staatsh. 1, 538. —20 Philochoros, fr. 126, éd. Millier;
d'après Lécrivain, eisphoba, p. 506, ce chiffre devrait être plus grand. — 21 Boeckh)
Staatsh. I, p. 543. — 22 Lys. XIX; 29, 42; cf. encore 57. —23 Lys. XXI, 5,
LEI
— 1098
LEI
vive émulation les anime tous; c’est à qui éclipsera ses
concurrents par son luxe et par l’étalage de ses richesses.
Les dépenses que lit Alcibiade quand il concourut aux
jeux équestres d’Olympie paraissent incroyables ; les gens
raisonnables criaient à la folie; lui, prétendait avoir ainsi
rendu un grand service à la patrie 1 , en montrant aux
étrangers que les ressources d’Athènes, qu’on croyait
ruinée par la guerre, étaient inépuisables. Aussi arri¬
vait-il très souvent que ces prodigalités entraînaient des
désastres et des ruines2 ; le comique Antiphane nous
montre un chorège qui avait couvert d’or les vêtements
de ses choreutes, le jour du concours, et qui ensuite
n avait plus que des haillons pour se couvrir lui-même 3.
A côté du citoyen zélé et prodigue, fier de dépenser et
d’éblouir par son opulence, il n’e^t pas étonnant de
trouver l’honnne froid, qui calcule, qui voit où peuvent
mener ces folles dépenses et qui, sans souci de ses de¬
voirs civiques, essaie d’y échapper. Il y avait un mot
dans la langue pour désigner ceux qui cherchaient à se
dérober à cette charge des liturgies : le otaSpaanroX-'TYii; 4
nous est connu par les comiques. D’ailleurs, les citoyens
qui veulent éblouir le peuple et gagner ses faveurs se
préoccupent de plus en plus des liturgies ordinaires qui
ont pour objet l’amusement et le plaisir de la foule ; ils
négligent les liturgies de la guerre qui ont pour objet le
salut de la patrie. L’orateur Lycurgue s’indigne contre
ces abus" ; mais est-il bien sûr que le peuple fût de son
avis? La loi de Démade sur le thëoricon suffirait pour
attester le contraire.
En somme, les liturgies ont été instituées sous
l'influence de cette idée que la patrie est tout pour le
citoyen, qu’elle seule lui assure la liberté et la vie, et
qu’en retour elle peut tout exiger de lui. Cette idée est
juste et en somme pratique, quand la concorde règne dans
la cité, ou quand les citoyens, qui ont à supporter les
charges, ont la direction de l’État. C’est ce que Solon
avait fait dans Athènes6; les premières classes avaient
à acquitter les liturgies, mais elles avaient des privi¬
lèges en compensation de ces charges. Le progrès de la
démocratie a consisté, dans Athènes, à enlever aux classes
riches leurs privilèges en leur laissant ces charges qui
étaient devenues exorbitantes ; la triérarchie, au temps de
Solon, n’avait à équiper que 48 vaisseaux ; au vc et au
ivc siècle, Athènes aune flotte de 300 et même de 400 ga¬
lères ; les liturgies ordinaires sont devenues très coû¬
teuses par le développement de la richesse et la rivalité
des citoyens entre eux. Le fardeau finit par devenir trop
lourd. Les classes riches voyaient parfaitement que le
peuple ne regardait les liturgies que comme un moyen
pour les ruiner 7 ; la situation devint encore plus diffi¬
cile, quand, à l’époque de Démosthène, le peuple athé¬
nien, pris de lassitude et devenu indifférent pour la chose
publique, répugna de plus en plus au service militaire ;
alors les aristocrates pouvaient lui adresser ces paroles
1 Tliuc. VI, 16. — 2 Boeckli, Staatsh. 1, 53G, 544, 6G9 ; IC. -F. Herniaun-
Thumser, Staatsalterth. p. G88 ; Dcm. XXI, G1 ; Xen. Econ. II, G; cf. les expres¬
sions xata^T.-oujYéTv, Isac. fr. 29 de Scheibe; xaTajropïiyeYv, Lys. XIX, -42; Plut.
De glor. Ath. 6. — 3 Fr. 204 de Kock. — 4 Bekkcr, Anecd. 34, 20 ; Arislopli.
Dan. 1014; cf. I0G5; Acharn. 601 ; Lys. XXI, 12 : toT^ StaSuopiÉvots xàç /./jTojpy’a?.
Eschine (I, 101) reproche à T i marque d’avoir vendu ses biens pour échapper aux
liturgies. Il était naturellement plus difficile d’atteindre la propriété mobilière.
— » C. Leocr. 139. — 6 Les liturgies sont au moins aussi anciennes que Solon et
Hippias, Aristot. Econ. Il, 2,42= 1347 a, H ; Dem. XLII, 1 ; cf. Boeckh, Staatsh. I,
p. 534; Thumser, p. 52. — 7 [Xen.], Desp. Atli. I, 13; Xen. Oecon. Il, G. — 8 Dcm.
C. Mid. 203; cf. encore 153. — 9 Boeckh, Staatsh. I, p. 343, dit que le taux élevé
que Démosthène met dans la bouche de Midhs
Voiij
comme vous êtes, Athéniens ; vous ne marchez •
mêmes, et vous ne voyez pas la nécessité de conh'K°US'
Après cela, vous êtes surpris si vos affaires vo ’"er'
Croyez-vous que les choses puissent durer ainsi' ^
de contribuer, à vous de recevoir ? à moi d’êt™ t,/' ' a
a vous de ne pas vous embarquer 8 ?
a Ulfli
'De,
A Rome, sous la République, l’aristocratie avait •
faire face à de grandes dépenses ; elle avait
après les Gracques, à acheter le peuple aux élet-t ' t0Ut
mais le patricien, qui s’était ruiné pour se faire nom
consul ou préteur, avait la ressource d’aller gouvi''^
une province où il refaisait sa fortune. Athènes a''!o
ses défaites en Sicile, doit ménager ses alliés • après?
guerre du Péloponnèse, elle n’en a plus ; le riche, qui.
ruine en liturgies, n’a plus de chances de refaire sa for*
tune. Mais à l’époque de Périclès, Athènes est la „andj
cité industrielle et commerciale de la Grèce ; elle esta la
tète d’un grand empire; les vieilles familles riches ont
encore une place importante dans l’État ; il leur est pos¬
sible de suffire aux dépenses que le sentiment publie
leur impose 9. C’est le grand moment de la puissance
d’Athènes et le système des liturgies a été l’élément or¬
ganisateur de cette puissance. C est par des liturgies que
les Athéniens ont armé ces flottes qui ont été si long¬
temps les maîtresses de la mer ; c’est par des liturgies
qu’ont été formés ces chœurs qui, sur le théâtre- de Dio¬
nysos, venaient exécuter les danses, réciter les chants
que leur avait appris l’art d’un Eschyle, d’un Sophocle,
d un Euripide, d’un Aristophane. Peu d’institutions ont
exercé une influence aussi décisive sur le développement
de la grandeur militaire et artistique d’Athènes.
La pratique des liturgies se trouve naturellement dans
les colonies athéniennes, ainsi à Potidée 10, à Amphipo-
11
, à Siphnos l2, à Céos 13, à Délosu, à Byzance16 dont
la population était en partie athénienne. Ce serait d’ail¬
leurs une erreur de croire que l’institution des liturgies
est propre à Athènes; c’est une institution hellénique;
on en constate l’existence à Ëgine 16 avant les guerres
Médiques ; à Mytilène 17 à l’époque de la guerre du Pélo¬
ponnèse; cà Corinthe18, h Delphes 19, à Orchomène 20 ; à
Rhodes 21 fonctionnait la triérarchie avec une ehorégie
ordinaire dans le genre de la Trposisœopà. Une inscription
importante, qui contient la décision du roi Antigone re¬
lative au synoikismos de Téos et de Lébédos, renferme
une clause qui règle la question des liturgies entre les
deux cités22. On peut dire, d’une façon générale, qne
partout où se célèbrent des jeux, ces jeux fonctionnent'
l’aide des liturgies; or chaque cité a des jeux ph|S 01
moins importants pour des causes qui ne tiennent p
toujours à l’importance de la ville. Il n’entre pas dans *
nature de notre sujet de faire une enquête complet s
les cités pour lesquelles l’existence des liturgies
constatée par des textes positifs 23. Albert Martin.
t j|S sll|,issaiel11
de l’intérêt permettait aux riches de réparer facilement les portes flu as cel®<lui
par le fait des liturgies. A Rome, le taux était encore plus élevé et ce n ^ ceiu
a sauvé de la ruine l’aristocratie romaine. — 10 Boeckh, Staatsh. 1, ‘^s/tn. Il,
question, cf. Boeckh, Ibid. p. 368 ; G. Gilbert, Handbuch der griec >■ * ^ ,350 ea
p. 372. - — H Lampadedkomia. — 12 Isocr. XIX, 36. — 13 Corp. ,MS j 203*
2363 = Michel, 834. — U Bull. corr. hell. IX, 147. — 13 Corp. "'s ^ '^sü.
— 16 Hcrod. V, 83. — 17 Antiph. V, 77. — 1» Schol. ad P^„ '
— m Ditlenb. S y II. 313. — 20 Larfeld, Insc. Boeot. 24, 25. " Michel. ^ ^
1579, 1580 ; Aristot. Polit. 1304 6,27.-22 Dittenb. Syll. 126, 668tI'1’^ jU-lHi
— 23 H nous suffira de renvoyer à A. Krebs, choregia; voir Thumser, p- jjij.jtÜ'
E. Reisch, art. jro^yfa, dans la Real-Encyclopaedie de Pauly-W*S30'
LEM
— 1099 —
I 11?K4 NÉ ( AexàvYj). - Le type particulier de vase que
il désigne est souvent mentionné par les auteurs
C<3 n°!".', ((iii ne veut pas dire que nous sachions exacte-
I ’(r (jn’il était*. Des rares définitions qui en sont
a^'néeSj comme des allusions à ses usages qui en sont
r,R n’ous pouvons cependant conclure que la lékané
'tiiUne sorte de grand bassin, très évasé, plus ou moins
6 ofond probablement muni d’anses; un texte compare
f lékané à la kélébé ; un autre au cratère [crater] 2. En
_e la vie domestique, la lékané servait à des
Lages très divers, suivant qu’elle était plus ou moins
grande. Ainsi, nous voyons qu’elle servait, comme le
podanipter, de bassin pour se laver les pieds3 ; comme le
psvivTER, on l’employait pour rafraîchir le vin ou le lait ;
on pouvait aussi y laver le linge et les vêtements4, y
rincer les verres et les coupes après les repas5, y faire
boire les bêtes6. Nous voyons, dans Aristophane, que les
oiseaux, bâtissant leur cité aérienne, se servent de lexiv ou
comme de récipients à mortier1. Comme le louter et le
podanipter, la lékané servait de but aux joueurs de cot-
tabe [kottabos]. Enfin on peut supposer que, comme le
icoôctviTiTijp, au dire d’Hérodote, la lékané servait acciden¬
tellement à des usages tout à fait intimes 8.
Les textes mentionnentdes Àexdvai de bois, de terre cuite,
de bronze, d’argent et d’or9. On y trouve aussi les dimi¬
nutifs Xexocvia, Aexavîaxat, Xexaviosç *°. Le mot Xexavi'Seç parait
quelquefois désigner des espèces d’assiettes profondes
(ratÊXXai, XoTcotSeç), qui figuraient dans les cérémonies
nuptiales, comme cadeaux de noces aux jeunes mariés11.
Il serait vain de prétendre retrouver, dans la masse des
vases grecs conservés, en bronze ou en terre cuite, le type
exact de la lékané ; car aucun indice ne nous permet de dis¬
tinguer ce vase des autres vases analogues, comme le
xoSavt7TT7]p, le CHEIRONIPTRON, le CRATER, le LOUTER, etc.
Iles hypothèses de quelques archéologues à ce sujet
n’offrent aucun caractère de certitude12. On peut, par
B commodité, appeler lékané tel type particulier de vase,
Benfomiede bassin, avec deux anses et un couvercle13,
Imais à la condition de n’attacher à cette désignation
aucune valeur scientifique. L. Couve.
I LEMBULüs 1 et LEIVUiMCULUS, par corruption du
I diminutif lembuncul us . ^-Lembus de petite taille; barque
■ a ant sui mer et servant à la pêche2. César 3 emploie le
I ^ Pnuncutt c°mme synonyme de scaphae , pour dési-
f.1' ! 6S chaloupes chargées d’amener les troupes de la
I an dux vaisseaux ; celles-ci n’étaient peut-être d’ailleurs,
tinm ,MUs, , n f'O'tie, que des barques de pèche réquisi-
I s a a hâte. De même, Prudence 4 donne au mot
'oyons aux arlii-io n indiquons guère que des ouvrages généraux ; uo
Fr. Aug Wolf n A'TID0SIS’ CHOnEGIAi gvmnasiarchia, hestiasis, lampadi
r- .i7o°’ p- a0*.
Alterth. t.I u . . 11 ' l)ai Frankel, 1880; G. -F. Scilômann,
tert. G» éd. par V Tl 'PS1US’ K-‘F-Hermann, Lehrb. der gr.Ant. I, St
’’2’ éd. p. 401, 4|'g . I]l|"lsel'’ 1892 ; a. Gilbert, Handbuch der griech. Staat
e«rumi]ue immimiféf,. ' ' ^llUmscP’ "°e civ‘um Atheniensium mu
1885 ; du même artirl' ™ ^eiscB’ musicis graecorum certain
LÉKa^É. l Lctmnnt dans Ia Real-Encyclopacdie de Pauly-W
h'j< P- 285; Ugsino. n’ Sei?‘ sur les noms de vases, p. 38; Krause, .
" 3Fliot. et Suid °s „* Vasorum’ P ■ 118.-2 Phot. s. v. ; Sui
BoecWb Corn ins: ; • 0n°m ■ X’ 70- - 4 Schol. Aristoph. Plut
’ 45> P- 583 b. _ 3071 ’ 8 ; cf. C. i. att. II, 855. — G
‘bcf- Aristoph. AV, 907* p?1'/’ fV' 1144-1146 i cf- VesP- 60°- — 8 He
; 10; Athen. v 07 jn7 ! °ral p- 801 b> r°u- X, 70. - 9 Polyl
H1’ Vl’86: Athèn V, „ ’ X’ 78’ - 19 Phot. Hesyl
„ l0'~11Cf. poll P hot H C! Xen’ Cyrop ■ ‘>3>4; Schol. Aristoph. J
,.j C1' ■ 12 Panofka, necheJ^ 'in ° Jalln’ ^asens- zu München,
0.j’aSC J 42 ; K*'ause’ P1- «v, 9; Gerhard,
Pl’ *'*• vase po ù n°a,” P- 1 üssi»g. Op. ait. p. 119. Cf. Ga:. arc ,
P 6 Pai ,m b.hèhe nu, type possible de - 1
lembulus le sensde petitbateaudetransport. P. Gauckler.
LEMBCJS (AÉptêoç). — Petit navire à rames, léger et
rapide, rentrant dans la catégorie de ces bâtiments que
les Romains appelaient naves actuariat ?, généralement
réservés à la navigation maritime : seuls, les lembi de
faibles dimensions étaient utilisés pour la navigation flu¬
viale1. Pline 2 attribue aux Cyrénéens l’invention du
lembus, qui semble avoir été perfectionné par les pirates
d’Illyrie, et être devenu, dès le ni0 siècle avant notre ère,
leur type préféré d’embarcation 3. Les lembi servaient de
croiseurs et d’éclaireurs dans les flottes de guerre ; leur
présence est signalée par Diodore4 au siège de Rhodes,
en 304 av. J.-C. ; par Polybe 5 et Tite Live 0 dans la flotte
macédonienne, à diverses reprises, entre les années 234
et 168; et, à la même époque, par Tite Live7 dans les
flottes Spartiate et syrienne, par Polybe 8 dans la flotte
romaine. Les lembi servirent également de bonne heure
à la navigation privée. Plaute 9, traduisant dans le Mer-
cator l”E|A7topo; de Philémon, qui vivait au temps d’Aris¬
tote, emploie déjà ce mot pour désigner des chaloupes
allant et venant, pour le service des voyageurs, entre la
côte et les gros vaisseaux mouillés au large. Ils étaient
aussi employés pour la pêche 10 au filet.
Nous ne connaissons pas la forme exacte du lembus ,
dont nous ne possédons encore aucu-ne représentation
figurée bien certaine11. Nous en sommes réduits, sur ce
point, aux renseignements assez vagues que fournissent
les textes. D’une façon générale, le lembus s’oppose tou¬
jours, dans une flotte, aux vaisseaux de haut bord12:
c’est un bâtiment léger, peut-être non ponté, toujours
sans éperon 13. Il pouvait avoir jusqu’à cinquante hommes
d’équipage*4, et atteignait parfois une taille suffisante
pour pouvoir transporter, en outre, à l’occasion, vingt
prisonniers et deux chevaux *5. Dans le traité conclu en
195 av. J.-C. entre Rome et Sparte, il est encore question
de lembi qui étaient munis de seize rames 1S. Les lembi
fluviaux, beaucoup plus petits, se maniaient ordinaire¬
ment avec une simple paire d’avirons *7. Sidoine Apolli¬
naire en mentionne un à plusieurs rameurs, qui conte¬
nait un lit18. P. Gauckler.
LEMNISCUS (A-qptffxoç). — Bandelette qui s’enroule
autour d’une couronne de fleurs et de feuillage et en
maintient les tiges, et dont les extrémités flottent sur le
cou et les épaules de celui qui la porte [corona, p. 1523,
fig. 1978], Le mot ne se rencontre que chez les auteurs
latins1 et chez des auteurs grecs qui ont écrit au temps
des Romains 2. Tatvia, fr-iépaa sont en grec les noms du
bandeau à la fois emblème d’une supériorité ou d’une
gnon, Vases de la Soc. arch. d’Athènes, fig. 79, n“ 497-499 ; Furlwaengler,
Vasens. im Antiq. fig. 218, nos 2571-2579.
LEMBULUS et LENUNCULUS. 1 Prudent. Peristeph. 5, 455. — 2 Sallust.
ap. Non. 13, 8; Amm. Marc. XIV, 2, 10, et XVI, 10, 3; Tac. Ann. XIV, 5. _
3 Caes. De bel. civ. II, 43. — 4 L. I.
LEMBUS. 1 Tit. Liv. XXIV, 40 : « lembis hiremibus ceutum viginti flumine
adverso subvectum » ; Virg. Georg. I, 201, 202 : « qui adverso vix flumine lembum
remigiis subigit ». — 2 Plin. VII, 57. — 3 Polyb. II, 3, G, 8-12 ; IV, 16, 19 29 • V
4, 95, 101 ; Tit. Liv. XXXI, 45 ; XXXII, 21 ; XXXVIII, 7 ; XLII, 48; XLIV, 30 ;
XLV, 43 ; Appian. De reb. lllyr. 7.-4 Diodor. XX, 85. — o XVI, 2 4-7 • XVII 1
— 0 XXXII, 32; XLIV, 28 ; XLV, 10, 31.- 7 TU. Liv. XXXIII, ’l9, XXXIV 35 •
XXXV, 20. - s Polyb. I, 20, 53. - 9 Merc. I, 2, 81-82 et II, 1, 35. - 10 Tlicocr’
XXI, 12 ; Accius, ap. Non. 13, 5. — H Peut-être était-il représenté dans lune
des parties aujourd'hui détruites de la mosaïque découverte en 1895 àMedeïnaeu
Tunisie. — 12 Polyb. I, 20; XVI, 2 ; Tit. Liv. XXXII, 21 ; XXXIII, 19; XXXV, 26.
— 13 Tit. Liv. XXXII, 32. — 14 Polyb. II, 3; Strab. II, 3,4. —15 Tit. Liv.
XLIV, 28. le Id. XXXIV, 35. — 17 Id. XXIV, 40 ; Virg. Georg. 1, 201, 202.
— 18 Ep. II, 12.
LEMNISCUS. l Pour la première fois chez Plaute, Pseud.V, 1. 21. — 2 Polyb.
XVIII, 29, 12; Plut. Sylla, 27. De même pour les inscriptions, Corp. inscr. gr. III,
5361 ; Corp. inscr. att. III, /4. D après Hesychius, s. v. le mot serait syracusain.
— 1100 —
LEM
LEM
victoire quelconque et signe de consécration [taenia,
vitta, diadema, coNSECRATio], Chez les Grecs comme chez
les Romains, le bandeau ajouté àla couronne lui donnait
Plus prix1. Pour la même raison, on l’attachait aussi
à la palme décernée au vainqueur ; dans ce cas encore
les latins l’appellent lemnisque2. Le lemnisque et la
couronne sont ordinairement nommés ensemble ; quel¬
quefois ils sont mentionnés comme séparés \ Dans une
peinture de
tombeau *, une
Victoire tient,
d’une main la
couronne, de
l’autre le lem¬
nisque (fig.
4436).
D’après le
témoignage de
Pline 3, les
lemnisques
auraient été
faits de l’é¬
corce inté -
Fig. 4436. — Lemnisque. 1 ieure du til¬
leul, appelée
philyra, avant de l’être de laine teinte en pourpre ou en
d’autres couleurs brillantes ; puis on y employa de min¬
ces feuilles d’or ( bracteae ) uni ou estampé6.
Les lemnisques comme les couronnes ont passé dans
l’usage des banquets {corona, p. 1527], Ici encore les lem¬
nisques sont nommés comme liés aux couronnes ou indé¬
pendants 7.
Dans le langage de la médecine, le lemnisque est
un bandage et une compresse 8. E. Saglio.
LEMURES. — Esprits des morts dans la religion
romaine, apparentés aux mânes et aux larvae, moins
proches de la nature divine que les premiers, de carac¬
tère moins terrifiant que les secondes, mais partageant
avec celles-ci le pouvoir de revenir sur la terre à certains
jours et de tourmenter les vivants *. Leur nom même n’a
jamais été expliqué d’une manière satisfaisante ; les
lettrés en avaient pris occasion pour les rattacher à la
légende de Remus tué par son frère Romulus et pour
interpréter Lemures par Remures , parce que l’ombre de
Remus serait venue tourmenter Acca Larentia et Faustu-
lus après le meurtre Romulus, pour l’apaiser, aurait
institué les Lemuria, fête analogue à celle des Paren-
taha [feralia], avec cette différence que celle-là n’avait
aucun caractère public et qu’elle se célébrait au sein de
chaque famille, en l’honneur des morts qui lui appar¬
tenaient en propre 3. Elle était fixée aux 9, 11 et 13 mai;
pieds nus et vêtements flottants \ le père se levait à
1 Varr. ap. Serv. Ad Aen. V, «69; Pliu. Hist. nat. XVI, 25 (14); XXI, 4;
Tertull. De anima, 1. — 2 Cic. Dose. Am. 35, 100; Auson. Ep. V, 20*.
~ 3 T. Liv. XXXIII; 33, 2; Suet. Ner. 25; cf. ceutamina, p. 1084. — 4 Pyramide
de Cestius à Rome; S. Bartoli, Anticlli sepolcri, pl. j.xix. _ 5 L. I. _ _ 6 //A ct
Fest. p. 115, Muller; Serv. I. I. — 7 Plaute, dans .e passage cité note 1, p. 1099 ;
Capitol. Ve»-. 5, 3. — 8 Cels. VII, 28; Aelius, XIV, 7; Paul. Aeg. VI, 24; Publ.
Veget. Art. veter. III, 14, 2; III, 48, 6, et 11.
LEMURES, l Varr. ap. Non. p. 135; S. August. Civ. D. IX, il ; cf. Ilor. Ep.
II. 2, 208; Ov. Fast. V, 483 ; Pers. V, 185 avec le Schol. ; cf. i.arvae, p. 950.
— 2 Ov. Loc. cit. 445 sq. ; cf. Porph. Hor. Ep. II, 2, 209; Serv. Ad Aen.
I, 276, 792. 3 Ov. Loc. cit. V, 419-492. Mommsen, Corp. inscr. lat. I, p. 393,
suppose que les Lemuria sont la plus ancienne fête des morts à Rome et que les
Feralia de février \ ont été ajoutés en même temps que ce mois fut ajouté au
calendrier. — 4 Ov. Loc. cit. 432; cf. pour ce détail du costume, Met. I. 382; VII,
minuit, faisait claquer le pouce contre les t]0'u.
d’empêcher les fantômes de lui apparaître ; pu'pS’ af'n
s être purifié, jetait derrière lui des fèves noires'^ ^
tant neuf fois : Je jette ces fèves et par ell,T^ 1
rachète, moi et les miens ; on supposait que les nf, %
suivaient sans être vues et ramassaient ]es p, 8
père se purifiait à nouveau, faisait résonner ^
d’airain5 et prononçait, neuf fois encore, la forinV'T
conjuration : Mânes de la famille, sortes ! 6 de
La signification funèbre du nombre neuf se rein
dans le sacrifice appelé novemdiale qui terminâuT
période des neuf jours suivant chaque décès, pjj
durant laquelle la maison restait souillée par la hioh'
Quant aux fèves, elles figurent également dans les liistn
fions mortuaires des Grecs 1 ; chez les Romains dk
sont employées encore dans les Feralia et les vivants
en jetaient sur les sépultures pour se garantir contre
l’action funeste des ombres 8 ; la vieille femme qui chez
Ovide conjure Tacita, personnification du silence de la
tombe, roule dans sa bouche sept fèves noires8, Les
fèves étaient employées à titre de remède contre les
striges ou vampires, dans les cérémonies que l’on
accomplissait aux Calendes de juin en l’honneur de la
déesse Corna ; l’importance de cette pratique a même
fait donner à ces Calendes le qualificatif populaire de
fabariae10. On peut remarquer d’autre part que le fla-
mine de Jupiter ne devait ni toucher des fèves ni même
en prononcer le nom11; c’est qu’on les disait ou issues
du sang humain, ou incarnant l’âme des hommes, et la
philosophie pythagoricienne donnait à ce sujet la réplique
aux superstitions du vulgaire12 [faba]. Le rachat parles
fèves aux Lemuria des vivants auprès des morts, dans
chaquefamille, s’explique à la lumière de ces croyances et
de ces pratiques. Ajoutons que les trois jours durant les¬
quels on les célèbre sont néfastes comme ceux des Feralia
en février; les temples sont fermés et les mariages inter- J
dits13. Ovide cite un proverbe caractéristique : H il y a que
des malheureuses (malas) qui se marient en mai ; ce qui
prouve que l’action funeste des ombres s’étendait dans
l’opinion au mois tout entier14. Faut-il expliquer par
une tradition du paganisme romain la vive répugnance
des populations rurales, en Poitou notamment, pour les
mariages contractés en mai? La coïncidence en tout cas
mérite d’être notée.
Un latiniste contemporain a essayé de démontrer, en
se fondant sur la transformation de l’écriture cursive I
des Romains en capitales lapidaires15, que le Chant des I
Frères Arvales, généralement considéré comme une
invocation aux divinités champêtres des Lares, ll|S I
Semones et de Mars, n’est pas autre chose que le vieux
chant Lémural reproduit par Ovide dans le tableau q11 I
trace des Lemuria ; ce chant débutant par une forniuh I
182 ; Hor. Sat. I, 8, 24, etc. et Serv. ad Aen. IV, 518. — « Sur la voix do 1 on ^
sa signification religieuse, voir Porph. Vit. Pyth. 41 ; son utilité contre le- 1 1"^
Juv. VI, 442; T. Liv. XXVI, 5; Tac. Ann. I, 28; cf. Klausen, Aencns im<
Penaten, p. 1005 sq. — 6 Porph. ad Hor. Ep. 17, 48. — 7 Lobeck,
p. 252. Sur les superstitions relatives aux fèves chez les Grecs et lo- ‘ ^ .
voir Crusius, Dhein. Mus. XXXIX (1884), p. 164 sq. — 8 Calp. Ed. 1 ^ ^
lupini feralcs ; Plin. Hist. nat. XVIII, 12, 117 sq. ; Joan. Lyd. De we"s^j[ 3(i
— 9 Ov. Fast. II, 571 sq. — 10 Ov. Fast. VI, 169 sq. ; Fest. p. 314; Mai ■ • ■ ^
— n Fest. p. 187. — 12 Hor. Sat. II, 6, 63 avec les commentateurs, 619 ^
SchiiLz, ii_ce passage; Juv. XV, 173 sq. elle Schol. Porplt. Vit. Pytlo
Fast. V, 485 sq. ; cf. II, 563. — 14 Ov. Loc. cit. ; Plut. Quacst. Dont. ^
Ovide, celles qui se marient ainsi ne le sont pas pour longtemps. — ,gggt'
Écriture et prononciation du latin savant et du latin populaire, I a
p. 293-321 : cf. lares, p. 938.
LEN
1101
LEO
tère rituel : Lumemulia acceperunf , qui n’a pu
dC Ca' 'lire expliquée, l’auteur propose de lire « lemu-
enCt)" C i , l'entendre par là1 : ce dont on se sert pour
... |rs Lémures; or lemuralia na jamais sigmlie
rC0,y ïî fôte des Lémures. Cette objection, sans compter
tq!lll('<iup d’autres soulevées par l’interprétation en ques-
Hon suffit pour que nous l’écartions. J. A. IIild.
| LEiMOCINIüM. — Le lenocinium (de lenire) (a deux
|ens un peu différents l’un de l’autre],
1 T C’est d’abord le délit qui consiste dans l’excitation
■ l’adultère ou à tout autre commerce illicite, stuprum ,
J,, même dans la tolérance intéressée de l’un de ces
délits. Avant la lex Julia, qui établit un judicium publi-
hum contre l’adultèreet le stuprum , le lenocinium n’était
Kii prévu ni puni par aucune loi pénale ; mais la lex J ulia
détermina et punit les actes qui constituaient ce délit1 et
les empereurs conservèrent cette législation en en accrois¬
sant constamment la sévérité.
f On considérait comme lenocinium : 1° Le fait du mari,
de toute condition, qui prostituait sa femme à prix d’ar¬
gent et qui tolérait son adultère pour en tirer protit2;
(la loi s’appliquait également à la femme qui avait reçu
del’argent à l’occasion de l’adultère de son mari, pour ne
pas intenter l’action de moribus 3]. Justinien autorisa la
femme, que son époux avait voulu prostituer, à divorcer,
en reprenant sa dot et la donation propter nuptias A 2° Le
fait du mari qui gardait sa femme surprise en flagrant délit
d’adultère, ou qui la reprenait après l’avoir répudiée et qui
laissait échapper ou n’accusait pas son complice 8. (Mais la
loi ëpargnaitle mari crédule, débonnaire, négligent, quifer-
maitlesyeux; elle n’avait pas voulu établir une inquisition
desmœurs0; d’ailleurs, ce mari tombait souventsous l’ap¬
plication du premier cas. 3° Le fait de tout individu qui pra¬
tiquait ce qu’on appelle aujourd’hui le chantage , c’est-à-
dire qui, ayant découvert un adultère, se faisait payer son
silence. La loi atteignait surtout le mari, mais aussi ses
complices etles étrangers des deux sexes et le préteur don¬
nait à la victime l’action ou l’exception quod metus causa
pour se faire rembourser7.] 4° Le fait de celui qui épousait
-une femme condamnée pour adultère, ou qui laissait tom-
er 1 accusation d’adultère après l’avoir intentée8; [mais
on pouvait prendre impunément la femme adultère comme
concubine9. 5° Le lait de l’entremetteur, soit ami complai¬
sant, soit logeur, qui avait fourni un asile quelconque,
soit pour préparer, soit pour consommer l’adultère ou le
stupnnn de tierces personnes. Les jurisconsultes frap¬
pent même celui qui avait simplement conseillé l’adul-
T?rti ’ ' * ce f'd de plus en plus sévèrement puni 11.
L .S *0üS ^cs cas) la lex J ulia établissait contre le leno-
RinLU! a nume Peine que contre l’adultère [adulte-
J ' ’ cePendant, il est probable que la femme
1 Edon, O;,. cAt. p. :u9 G«
lENOCIiMUM. 1 ûin ;,Q „ n.
*M, § 2- Ouinl/r ' ~ " °lf/ ■ 48’ 5’ 2- ^ 8 Pr- 29. § 3-4. - [3 Dig
5 Sud. Dom^.ol “ 2!5; Auson’ Epigr. 9*3. - 4 Xov. 117, 9, § 3
P, 8. - [6 Dja ,’s 8’ § 2, 29 pr. 33, § 1 ; C. Just. 9, 9, 17 ; Paul. 2
[Nom. Rev J ■ , , ’ ’ 7 § 3> 29- § 4- Voir Esmein, Le délit d'adultère à Rom,
b 7, § O Tct T* 1878’ P- 24f - ’ Di«- «. 1* pr. 10, § 1, 29 pr. g 2
§2 - 1° Di,, 4li 1 ' ’ ’ 29, § L c. Just. 9, 9, 10 ; 2, 4, 18. - [9 Di g. 25, 7, 1
VJ\ïny%: 4’ 4’ 37’ « 4- - 11 ** ». * ^
48, 5 2 \ f C. Just. 9, 9, 9. — 13 Dig. 48, 5, 29', g 6
48, E 2 k ^ 7" ’ 9’ 20’ 28- Voir Esmein, Loc. cit. p. 423-424
?*’ i0' « («8). ,yg- 24, 3’ 47 • ~ 17 Eig. 48, S, 14, § 1.] - 18 C. Just
e quartier do Subura ■ Li- [20 KUe s’exercait à Rome surtout dans
{’ *' § ; 23, 2 43 g 3’ 13 ; Mart- 68 ; Pers. Sat. 5, 32. — 21 Dig. 3, 2,
• C- n. lu, g ’ Mos' et rom- leg. coll. 4, 12, 3. — 22 Quintil. 5, 10,
Y. ’ ’ 1‘ a<" *’ 2’ 94 ; EP°d- 14- - 23 Tac. Ann. 2, 83; Liv.
condamnée gardait sa dot. Le lenocinium du mari pou¬
vait toujours être poursuivi durante matrimonio ; pour
les autres cas, il y avait la prescription de cinq ans u. Le
mari qui avait commis le lenocinium perdait le droit
d’intenter aucune action touchant l’adultère de sa
femme; il était repoussé primitivement par une praes-
criptio que pouvaient invoquer les deux accusés 14 ; mais
dans la suite cette praesçriptio disparut et, avec le pro¬
grès de la procédure inquisitoire, on admit que le juge,
statuant sur la plainte d’adultère, pourrait d’office appli¬
quer au mari la peine du lenocinium. 1;1. Le mari, cou¬
pable de lenocin ium , nepouvait exercer aucune rétention
sur la dot de la femme adultère16. Un sénatus-consulte
déclara punissables la femme et le mari dans le cas où le
mari poussait sa femme à l’adultère pour la surprendre et
la répudier n.] Une loi de Théodose II et de Valentinien III
défendit aux maîtres et aux pères de prostituer leurs
esclaves ou leurs filles, sous peine de perdre tous leurs
droits sur elles 'et d’être condamnés aux mines l8. Justi¬
nien confirma les dispositions de la lex Julia et soumit
à la même peine les entremetteurs et les complices 19.
IL [Le mot lenocinium désigne aussi l’exercice de là
prostitution20. Elle fut très longtemps tolérée et ne com¬
portait d’autre peine légale que l’infamie21. Les femmes,
la plupart esclaves ou affranchies 22, devaient faire leur
déclaration auprès des édiles, payaient un impôt spécial 23
et portaient un costume spécial 24. Les hommes (ou les
femmes) qui exploitaient la prostitution, les lenones ,
avaient la même condition juridique et payaient aussi un
impôt spécial28. Sous Tibère, un sénatus-consulte permit
de frapper de la peine de l’adultère les matrones qui se
faisaient prostituées ( lenae ) ou actrices pour éviter les
peines de la lex Julia sur le stuprum [stuprum] 2i!.
Hadrien défendit de vendre des esclaves au leno sans
raison valable27. On a vu la loi de Théodose II et de
Valentinien III. En Orient, Théodose II abolit à Constan¬
tinople et Léon dans tout l’empire le métier des lenones ,
en rendant la liberté aux esclaves prostituées 28. Justinien
maintint cette interdiction29.] G. Humbert. [Ch. Lécrivain.
LENUJYCULARII. — Bateliers, dont nous ignorons les
attributions exactes. Il existait à Ostie, à l’embouchure
du Tibre, une corporation de lenuncularii\ lesquels se
distinguaient expressément des scapharii. P. Gauckler.
LEONIDEIA (Aea'vfoei#). — Fête annuelle, célébrée à
Sparte, en commémoration de la bataille des Thermo-
pyles et en l’honneur de Léonidas. Pausanias, général
des Platéens, qui avait son monument à Sparte, à côté de
celai de Léonidas, était associé aussi aux honneurs ren¬
dus au héros lacédémonien. Seuls les citoyens de Sparte
avaient le droit de prendre part aux fêtes, qui consistaient
en Xoy&i et en àywvsç 1 Louis Couve.
23, 2 ; 10, 31 ; Suct. Calig. 40 ; Vil a Alex. Sev. 24. On trouve aussi l’impôt sur
les courtisanes, établi d’après leurs prix, dans le tarif des douanes de Palmvre
Hernies , 1884, p. 486-323). — 2t Dig. 47, 10, ta, § 13 ; Suct. Tib. 35. - 23 Vita
'Alex. Sev. 24; Nov. Theodos. 18 ; Tertult. De fuga, 13 ; Paul. 2, 20, 11. 20 Dig.
48, 5, 10, § 2; Suel. Tib. 35 ; Tac. Ann. 2, 85. — 27 Vita Hadr. 18. — 28 A’or.
Theodos. 18 (439); C. Just. 11, 40, 7. — 29 jYov. 14.] -— Bibuoghapuic. Rein,
Das Criminal Rccht, Leipzig, 1844, p. 880-883 ; Walter, Geschichle des
rom. Rechts, Bonn, 1861, II, § 811 ; [Esmein, Le délit d'adultère à Rome (IV oui'
Rev. Iiist. de droit, 1878, p. 1-33, 397-412); Mommsen, Strafrcdit, Leipz. 1899
p. 699-701.]
LENUNCULARII. 1 Corp. inscr. lat. XIV, 250, 251, 252 : patronus corporato-
rum scaphariorum et lenunculariorum.
LEONIDEIA. l Paus. III, 14, 1; Hermann, Lehrbuch der griech. Antiq. g 53,
43; Corp. inscr. gr. n° 1-U7 . eTuxàaioç A&wvt8ou xat IIaurj«vîou «*pôv ; no [421
AtoivlSeta itàXrjv, TicqxçciTtov.
139
LEP
LEOïVTICA (Asovrixâ). — Ce mot, qui se rencontre
dans deux textes de Porphyre* et dans quelques inscrip¬
tions latines-, désigne un des degrés de l’initiation aux
mystères mithriaques. L’initiation eomportaitsept degrés
qui répondent au nombre des planètes : les trois pre¬
miers forment une sorte de noviciat, qui ne donne
' ‘-oit qua la qualité d’Ü7n|peTo3vT«ç ; les quatre degrés
supérieurs comprennent les initiés proprement dits ou
us-reyovTeç, dont la hiérarchie est la suivante : leo, perses
heliodromus, pater3. Tous ces litres se rencontrent dans
« es inscriptions \ Les leontica constituent donc le qua¬
trième degré de l’initiation totale, ou le premier de
1 initiation proprement dite : de là leur importance parti¬
culière [mituriaca]. F. Durrbach.
LÉPASTÈ (AsTtcÛTTT], XsTtatmj). — Nom de vase1. Ce mot
était un adjectif qu’on joignait aux mots xéXi£ ou (paX-q,
pour désigner une variété de coupe à boire2; souvent
aussi l’adjectif s’employait seul, substantivement3. Suivant
leur habitude, les lexicographes et scholiastes anciens
ont donné de ce mot des étymologies fantaisistes4; la
seule vraisemblable est celle qui rattache Xettoottï) à Xstuxç
sorte de coquille3. Ce n’est pas assez, d’ailleurs, pour
nous faire connaître la forme exacte du vase communé¬
ment appelé XsTratffTTi . Ce que nous savons de certain, c’est
que la lépastè était un vase d’assez grandes dimensions,
plus large et plus profond que la kylix ordinaire 6. La
lépastè était surtout en usage dans les banquets de fête ;
on la faisait circuler autour de la table, et chaque convive
y h vivait à son tour7. Avec la lépastè , dit un texte, on
pouvait boire de grandes gorgées à la fois, au contraire
du pogguXto; qui ne permet de boire que lentement et
goutte à goutte8. Beaucoup de vases de nos musées
peuvent répondre à la définition assez vague que nous
venons de donner; mais le nom de lépastè ne s’impose
avec certitude a aucun type connu. Certains archéologues
ont désigné, sous ce nom, un type intermédiaire entre
la kylix proprement dite et le skypuos9.
Lépastè est devenu en latin lepesta 10. C’était, ditVarron,
un vase servant spécialement dans certaines fêtes reli¬
gieuses des Sabins ; on y mettait le vin sacré11. L. Couve.
LEPORARIUM. — Parc à lièvres, garenne et plus
généralement enclos pour l’élevage des animaux. Varron,
qui dans le livre troisième de ses Rerum rusticarum
s'occupe des conditions où doit être installé le lepora-
t'ium , déclare qu’il a en vue, non plus le leporarium tel
que l’entendaient leurs aïeux, où il n’y avait que des
lièvres, mais tous les enclos attenant à la villa qui ren¬
ferment des animaux à l’élevage 1 . Il répète ailleurs que
le nom ancien du leporarium lui a été donné d’après
une partie de son contenu, mais que maintenant on n’y
renferme plus uniquement des lièvres 2. La fécondité de
ces animaux est d’ailleurs telle qu’avec quatre individus
seulement le parc est bientôt peuplé3. Mais de son temps
LEONTICA. 1 Porphyr. De antro Nympharum, c. la; De abstinentia, IV, 10;
Fr. Cumont, Textes et mon. fiy. relatifs au culte de Mithra, p. 40 b, p. 42 g.
— 2 Cumont, Ibid. Inscr. gr. et lat. nos 7, 11 a, 11 b, 12 = Corp. inscr. lat. VI,
I. 749, 751 a, 751 b, 753. — 3 Hieronvm. Epist. CVII ad Laetam-, Cumont, art.
Mithras in Rosclicr's Lexikon, II, 3002 sq. — 4 Cumont, Textes et mon. n°» 45,
10, 140, etc. (leo); art. cité, 3063.
LÉPASTÈ. l Ussing, De nominibus vasorum, p. 152; Lelronne, Observ. sur
les noms de vases, p. 50; Krause, Angeiologie, p. 342. — 2 Alhen. Deipnos.
IV, p. 131 c; XI, p. 485. — 3 Alhen. Ibid.— 4 Alhen. XI, p. 485 ; Schol.
Clem. Alex. Paedag. II, 3. — 0 Cf. Ussing, Op. cit. p. 152. — 0 Athen. Loc. cit.;
Poli. VI, 95; X, 75; Hesych. s. v. ; Schol, Aristoph. Pax, 910. — 7 Athen.
XI, 485. — 8 Ibid. — 9 Cf. Panofka, Recherches, IV, 30; Gerhard, Ultime
ricerche, n° 30; 0. Jahn, Vasens. zu München , Einleitung, p. xeix ; Krause,
1102 —
LER
on est loin de l’époque où dans tel leporarium
voyait guère qu’un méchant 1
on
1CVre pris à la chass(ll
ne
se *, ||
y faut de grands espaces où puissent vivre U(>
et des daims s : l’enclos de Q. Hortensias, pa/anj§liei's
s’étendait sur plus de cinquante jugera , de tolb- '
qu on ne 1 appelait plus leporar
N oir vivarium. E. Micron.
pie,
sorte
non, mais therotrojnu,n<
LEPTOIV (Astcto'v). — Suivant les temps et W
le mot Xetctov, qui désignait, d’une manière général
très petite monnaie, a été appliqué à des espèces r
variées. Ae™ dicuntur xepgcmoc (petites monnaies! n
en résumé M. Hultsch1. En effet, d’après certains auL
le Xetttov est la 20* partie du trias sicilien2 ou la 10, ,
du denier et la 80* partie de l’once 3. On l’identifie parf •!
au sicle, au clinique, au xoopivrrjç, à l’as, à robolel
ailleurs, il n’est que la G0C partie de l’as. Priscien l’,sSi'
mile à la si ligua ou xsp&aov L Le xôXXuSo,- est aussi délili
Xe
7TTOV
T . , délini
vo|M<r{i.a". La monnaie de fer des Byzantins es]
appelée elle-même Xettt bv vogicga °. On a enfin appliqué
occasionnellement le nom de Xetttôv à une petite monnaie
d’argent7. D’après tous ces témoignages, on peut clone
dire que Xeîrrdv était, dans le langage courant, un terme
vague désignant une petite monnaie, le plus souvent une
petite monnaie de bronze. Mais dans le système métrolo-
gique altique, ce terme était spécialement réservé à la plus
petite taille du bronze qui valait seulement le 7e du
chalque [cualcus]. E Babelon.
LERNAIA (Aspvata). — Mystères célébrés à Lerneen
1 honneur de Démëter Lernaia1. On les a souvent com¬
parés à ceux d’Eleusis, sur lesquels ils semblent en effet
s être modelés, au moins à partir d’une certaine époque;
mais le culte de Lerne avait, à ses origines, une physio- |
nomie locale et particulière. Pausanias nous apprend
que la tradition attribuait à Philammon l’établissement
de ces mystères. Toutefois les paroles que Ton prononçait
pendant les cérémonies lui semblent d’une origine plus
récente. De plus, certaines formules sacrées, mêlées de
prose et de vers, et que l’on avait gravées sur une plaque
d’orichalque en forme de cœur, étaient en dialecte dorien:
Pausanias en conclut également qu’elles ne sauraient
remonter jusqu’au poète tlirace Philammon, l’introduc- I
teur supposé de ce culte2. Nous savons encore par Inique
pour la célébration des mystères, les Argiens allaient
anciennement emprunter du feu au sanctuaire d’Artémis ,
Iluptovîx sur Icinont Kralhis, près du Pellène, en Arcadie .
preuve d’une relation étroite entre les deux cultes, mais I
que nous ne savons comment expliquer.
Deux divinités paraissent avoir tenu le rôle principal I
dans ces mystères : Déméter et Dionysos. Toutes deux )
avaient leurs images sacrées dans un bois de plalants I
qui s’étendait jusqu’à la mer. Déméter y était inv|[|,,,1‘ I
sous l’épithète de Ilpdirupa 4. Il convient de rapp111'1
Prosymna est également le nom d’une des trois n.Val
Angeiologie, pl. iv, fig. 27. — 10 Varro, De ling. lat. V, § 123; Non"'11 I
547-
— il Varro, Loc. cit.
LEPORARIUM. l Varro, De re rust. III, 3, 2. — 2 Ibid. W, m
12, 4. — 4 Ibid. III, 3, 8. — 5 Ibid. I. c ; III, 13, 1 . — 6 Ibid. III, l3- -
__ 3 Jbii-
2 Ilesycb.
LEPTON. 1 Fr. Hultsch, Metrol. scriptores, l. II, Index, v" ^ „e
dans Hultsch, Script. I, p. 327. — 3 Hultsch, Script. I, P' 303^ _ ||u||sC|i
quod dicunt Graeci xepàttov vel \11zz6i (Hultsch, Script. H, P- ^ 325, 340.
Script. I, p. 288. — 0 Poli., Ilcsych., Suid. dans Hultsch, Script. U P- - rapporl8
— 7 ’Apyuptov Sè zb Xizz bv vôjjuo’p.o: xaXotfffiv, wS AçtffTêfav'W
Suidas (Hultsch, Script. I, p. 334; cl. p. 308 et 309). 0 Ai?,ïT‘’
LERNAIA. 1 Paus. II, 30, 7; tSv Aiçvaûüv Ti;v zzXtzw, Ibid. If 3(’ ^ 37, I.
Ibid. \ III, 15, 8.-2 Ibid. II, 37, 1-3. — 3 Ibid, VIII, 15, —
nço<rü[tva ta ap. Kaibel, Epigr'. gr. 821, sq.
LER
— 1103 —
LES
on<
tl'Iléra,
P Nous avons,
I 'ut liera, et qui ne sont manifestement que des
qUUk'' représentatives de la déesse, car Héra porte elle-
^""Tcclte épithète de üpeiaupet1. Il serait hasardeux d’en
nll "l„'ir qu’elle avait sa place dans les mystères2 ; mais
^do'itnoter tout au moins que la légende d’Io, la prêtresse
K0 était entre autres contrées, localisée à Lerne3.
malgré les réticences de Pausanias4, des
■enseignements un peu plus circonstanciés sur le carac-
■ edu Dionysos Lernéen et sur le culte qui lui est rendu.
CVst à Lerne, à travers le petit lac d’Alcyonia, qui pas-
■ sait pour être sans fond, qu’il était descendu aux Enfers
pour y chercher sa mère Sémélé5. Dans ce voyage, il
avait été guidé par un personnage du nom de Prosymnos,
qui lui aurait rendu ce service en retour d’une èomplai-
sance honteuse6. On remarquera ce nom de Prosymnos,
qui est précisément l’épithète de Déméter; ce personnage
bourrait être aussi bien la personnification d’un surnom
primitif de Dionysos : par où se marquerait la parenté
primitive des deux divinités lernéennes 7. Mais Dionysos
est en outre conçu, à Lerne, comme résidant réellement
aux Enfers, dans le monde des esprits. Cette croyance
se fait jour dans un des rites des mystères. Aux céré-
monies nocturnes qui revenaient chaque année8, on évo¬
quait le dieu du sein des eaux au moyen de trompettes
cachées dans des thyrses, après avoir jeté dans le lac un
agneau destiné au « portier » d’IIadès 9. Ce rite, qui a
son analogue à Kios en Bithynie dans le culte d’Hylas,
traduit la croyance en un dieu mort, cherché, pleuré,
finalement rappelé à la vie10. Puis un mythe s’était formé
pour expliquer la présence de Dionysos dans le monde
infernal à cet endroit. On racontait que le dieu, arrivant
dans la contrée avec son escorte de femmes, avait été
vaincu par Pensée et précipité par lui dans la source
Alcyonia11. D’après quelques textes, on jetait dans le
même lac des offrandes purificatoires12 : étaient-elles
destinées aux âmes des morts13 ? avaient-elles pour objet
de purifier le pays de l’attentat commis contre Dionysos ?
ou bien étaient-elles motivées par un autre crime, qui
avait eu pour théâtre les bords du même lac, le meurtre
des fils d’Ægyptos par les danaides? Nous ne savons.
Dans le même bois de platanes, Dionysos avait un autre
sanctuaire avec sa statue assise : il y était adoré sous le
nom de Lawrq;, c’est-à-dire de Sauveur14. Il y a une
re atioim identeentre ce culte et les mystères, le surnom
Kl Se raPP°rtant) comme il est vraisemblable, au
IL U, es dînes1-. Enfin iaccuos, dont on constate égale-
H a présence à Lerne 10, doit être très probablement
L *l( °'ec Dionysos Saotès 17 : l’introduction de ce
pi -, UXd^e serait un des traits où se reconnaîtrait
T? L Jn des mystères éleusiniens 18.
Goréd-i i * * 1>osymnaefàDionysos-Iacchosest associée
c cube des mystères. On montrait près de Lerne
Myù'l roll®r"Rob6rt. Griech. Myth. I, p. 101, n. 2. - 2 0. Gruppe,
n’ 37. 5. Voir les text, - -i f °SChy1’ Prom" 052 S(M- — 4 Paus. II, 37, 0. — B Ibid.
C‘U’ P- 886, n | ' ,SD 5 art BA00H°8. P- 609, n. 593; cf. Preller-Robert, Op.
il. 8-lj - ’ — ° nAr.r.mrc « cnn .. _ . . .. ’ 1
Ct tJs- 33 p 3Cm , ' '
!|3’”ote; 0. Oropi' fC0M'iv- IV’ «- 2- - 10 Rohdc, Psyché, » éd. t. II,
319 ;cf- 0. Grupp(, On cü T" PaUS'n> 20>4! 2"2’ 1 1 Schol. Victor, ad II. XIV,
3 j H-ïch. ' ? 2; C' • P- 1C9- “• 9 ; P. 180, n. 10. — 12 Zcnob. IV, 80 ; Blog!
p' 1 H, 37, 2 l '***■ - 13 RoMc, Psyché, 2» éd. II, p. 79, n. 1.
Pai,s- '1. 31, 8. _ 16 A y avait «gaiement un culte de Dionysos Saotés à Trézène,
7 0 Grunn liACL.™s’ «O9, il- 580-591, et 0. Gruppe, Op. cit. p. 180,
luppe> md- p- «0.181. - 8 Paus. 37;‘. Plut^e u\
bai
in
Pau]
°-Orul. XIV, i. J p 4 de la Grèce ant. II, p. 370, n. 1. — IG Li-
■ stllPrs Lexilcon, n „ p ‘‘ !<a'ce7-wv — 11 Hofer, art. Jakchos
h faal-Encycl. Il ,, ’ Preller’ Dcmeter und Perseph. p. 210 sqq. ;
’ Ut)G: Regard, Abhandl. 406.
19 Paus. II, 36, 7.
l’endroit même où Coré avait été enlevée par Pluton ,9.
La dédicace d’un autel mentionne un oxooîyoç Kop-qç de
Lerne20. On connaît par un autre texte un hiérophante
de Déo et de Coré21. Enfin, dans une inscription datant
du ivG siècle de notre ère, une pieuse Romaine, Aconia
Paulina, énumérant les différents cultes auxquels elle
s’est affiliée, nomme celui de Lerne 22 : cette inscription a
pour nous le double intérêt de réunir les trois noms de
la triade adorée dans les mystères, Liber , Cérès et Coré,
et de nous montrer ce culte survivant jusqu’aux derniers-
temps du paganisme.
Outre les rapports de Lerne avec Eleusis, il faut signaler
ceux qu’elle parait avoir entretenus avec un autre sanc¬
tuaire mystique, celui de Déméter Muffta, aux portes
d’Argos23. On a trouvé en effet, au sanctuaire lernéen de
Déméter, un bas-relief votif qui se rapporte précisément
à ces derniers mystères, et qui représente la déesse, avec
Mysios, le fondateur mythique de son culte, et son épouse
Chrysanthis 24.
Nous avons rappelé que Lerne était la scène de la
tragique histoire- des Danaides. On sait que, sous l’in¬
fluence de l’orphisme, le supplice des Danaides fut conçu,
dans certains mystères, comme la peine des non initiés
[inferi, p. 500, et n. 14-18; cf. p. 508 . Il est naturel
d’imaginer que ce trait se retrouvait en particulier dans
le credo de Lerne 25 ; mais nous n’en avons pas la preuve
directe. F. Durrbach.
LESBION (Ascêtov). — Sorte de vase à boire qui n’est
connu que par une mention d’ Athénée, citant un poète1.
C’était sans doute un type de vase cher aux habitants de
Lesbos 2. L. Couve.
LESCHÉ (Aéa-^-q). — Des deux sens que les anciens
donnaient au mot, le premier est celui d’édifice public,
de lieu couvert dont l’accès était libre. On y trouvait un
refuge contre le froid et les intempéries. La nuit, les
mendiants en faisaient volontiers leur asile, et les oisifs
s’y rencontraient pendant le jour pour causer. Pausanias 1
dit expressément que l’on y parlait aussi quelquefois
d’affaires sérieuses. De cette acception matérielle est venue
l’autre, qui se retrouve dans tous les dérivés et com¬
posés, celle de conversation et de bavardage. L’étymolo¬
gie que donnaient presque tous les lexicographes en ratta¬
chant le motauverbeAéyw 2 estaujourd’hui abandonnée :on
préfère y reconnaître la même racine que dans \ly oç3.
Un autre sens, qui est vraiment le sens primitif du
mot, confirme cette origine ; il n’est attesté que par
une inscription de Rhodes4 : EùQutîogc tjjjù Xényot io
üpaijfftôoo, etc., où Alffya est un équivalent (lit funéraire,
dalle de tombe) de xAiVq 3 ou de TpcbisÇa que l’on trouve
dans des cas analogues. F. Dümmler rappelle6 à ce pro¬
pos l’ancienne coutume d’enterrer les morts dans la
maison auprès du foyer et de se réunir auprès de leur
— 20 Colize, Arch. Zeit. 1863, p. 75 ; cf. G. Wolff, Rhein. Mus. XIX (1864), p. 301.
— 21 Anthol. Pal. App. epigr. 145. — 22 Gorp. inscr. lat. VI, I, 1780, 1. 5.
— Preller, Demeter, p. 213, et Orelli, Inscr. lat. u° 2301 ; cf. O. Jalm, Berichte der
saechs. Gescllsch. 1851, p. 338 sqq.; Notizie degli Scavi, 1888, p. 389. — 23 faus.
Il, 1S, 3 ; 35, 4. — 24 Bursian, Arch. An:. 1855, p. 57 ; Osaim, Arch. Zeit. 1855,
p.' 142; Milchhœfer, Athen. Mittheil. IV, p. 152. — 23 o. Jalm, Loc. cit. n. 10.
LESUION. 1 Athen. Deipnos. XI, p. 486 a~b. — 2 Krause, Angeiologie , p. 370.
LESCHE. 1 X, 25, 1. — 2 Voir par ex. Etym. M. s. v. : ylve-at tzuoO. -zb Xéyeiv, 6
rançaimnEvos èî «Jtoj Xés/y;, xaxit -A£^vctT:i.àv toJ a. Eustathe (p. 1849) môle
ensemble les deux étymologies : <ruyayd|ievoi û; kéy.oç xb aùx'o U/o-v xat è/.e'u/iuvov Si,
o l<m liqjuXouv. — 9 Pott, Kuhn s Zeitschrift , XXVI, p. 188; Meister, Griech. Dia-
lekte, II, p. 50 ; Wackcrnagel, Zeitschr. f. vergleich. Sprachforschung, XIII, p. 39.
— 4 Inscr. gr. insul. I, 709. — G Inscr. gr. Sic. et Ital. 871. — G Delphika,
Bâle, 1894, p. 25.
LES
— 1104 —
sépulture pour les délibérations en commun. L’habitude
subsista après le transport des nécropoles à l’extérieur et
le nom de Xéc/cc a pu passer en même temps aux lieux de
réunion, aux salles que l’on construisit pour se mettre à
couvert. Ces traditions du ysvo; ne sont pas purement
hypothétiques: on en doit rapprocher ce que nous
>a\ons par Proclus 1 des trois cent soixante leschés qui,
à Athènes, correspondaient à autant de yévY|2. D’autre
part, 1 organisation de la famille primitive avait reçu, à
Athènes et ailleurs, la sanction du dieu de Delphes qui
n est pas simplement le dieu Troxpipcç, mais qui est aussi,
au témoignage de Plutarque3 et de Cléanthe *, Apollon
ÀsxyiqvGptoç Enfin, le fait qu’à Delphes la lesché des
Cnidiens s’élève dans le voisinage du tombeau deNéopto-
lème qu elle domine peut ne pas être une simple coïn¬
cidence, mais témoigner encore que l’inscription de
Rhodes donne réellement la meilleure indication sur
l'origine lointaine de cette sorte d’édifice.
Homère et Hésiode emploient le motdans deux passages
très analogues : dans les deux cas fi, le poète renvoie à
la lesché ou a 1 atelier du forgeron les vauriens qui ne
■veulent pas travailler, mais qui désirent se chauffer et
perdre leur temps en bavardages. Ce n’est pas un en¬
droit recommandable, c’est le rendez-vous des mendiants
qui y passent la nuit. De cette indication que donnaient
les textes poétiques, scholiastes et lexicographes ont tiré
leurs définitions et leurs commentaires : ils ne les ont
malheureusement pas assez complétés par ce qu’ils
connaissaient des leschés réellement existantes.
Aucun ne donne de détails précis sur la forme du bâti¬
ment. Quelques-uns se contentent de l’expression
vague oïjgôfftoç tcttoç 7, mais d’autres l’appellent o’ixia ou
oVxYjgx 8 ; ce qui parait interdire par avance toute
confusion avec l’exèdre, malgré le texte de Cléanthe9
qui désigne les deux sortes d’édifices comme sem¬
blables lune .a l’autre : êÇsopactç ogotoeç yivsaéai. Le
rapprochement ne porte que sur la destination pres¬
que identique des deux bâtiments. Et de même la lesché
doit être distinguée du portique. Eustathe a beau
expliquer le mot qu’il trouvait dans YOdyssée par
àOûpojTov oixyga, et quelques-uns des archéologues,
même parmi les plus récents, qui ont tenté de res¬
taurer la lesché des Cnidiens à Delphes, ont eu beau
la représenter comme un portique à colonnades ouvert
sur un côté10; deux textes qui se rapportent précisément
à la lesché delphique devaient, semble-t-il, mettre en
garde contre cette identification. Plutarque parle11
expressément des portes de l’édifice et Pline, rappelant
les peintures dont Polygnote l’avait décoré, appelle12 le
monument aedes , tandis qu’il réserve tout aussitôt le
mot porticus pour la Pœcile. La fouille a d’ailleurs donné
raison à Pline et à Plutarque, ainsi qu’à Pausanias, qui
entendait évidemment par o’ixYjgx un bâtiment fermé.
Il est aisé de discerner d’où provient la glose
d’Eustathe: elle aussi, c’est le contexte qui l’a fournie.
1 Scholia ad Besiodwm, éd. Gaisford, Leipzig, 1823 : scholie relative au passage
des Travaux qui sera rappelé plus loin. — 2 Harpocr. s. v. rewijTai; Schol.
Patin. Bull. corr. hell. I, p. 152. — 3 De E apud Delplios, 2, p. 385 c.
— * IL JL ôsuîv, cité par Harpocr. et Suid. : cf. Cormitus, De nat. deor. 32.
— 3 Cf. le mois Asirxavôçtoç en Thessalie, Leipz. Stud. Vil, p. 319, et à
Gortyne, Mon. dei Lincei, I, p. 40. — 6 Od. XVIII, 329; Hes. Op. et D. 491, 499.
— 7 Harpocr. Suid. Hesycli. s. v. — » Etym. M. Iv tscTç olxtatç tkùtsci; (éd. Gaisford,
cod. Havn. Sï^offtov ouïjjxa) ; cf. Pausan. I. I. ; Schol. Odyss. XVIII, 329. — 9 Ap.
Harpocr. ; cf. Suid. — 10 Schreiber et Weizslicker (cf. infra). Voir au contraire
C. Robert, Pie Marathonschlacht , p. 107-108. — 11 De def. orac. 0, p. 412 d.
Le rapprochement qui est fait par Homère et \u -
la lesché avec l’atelier du forgeron a suggéré .T01*6 de
mentateurs une confusion à peu près complète8'!! f,0®'
avec l’autre. Tzetzès annotant Hésiode va jusqu'à (r U”e
« autrefois les ateliers de forge et tous les ateHc'- V
y a du feu n’avaient pas de porte et on les appelai ^
aussi, des liayju parce que les pauvres, surtout en l ’ ^
y entraient pour se chauffer et y entrelaçaient i'^’
bavardages ». Sans parler de l’étymologie popj^
qui est, ici encore, sous-entendue, on voit comLin
serait dangereux de prendre ces assimilations au sérieu I
et d’en tirer une conclusion précise pour la formeT
l’aménagement de la lesché. Aussi bien que la question
des portes, celle du chauffage intérieur n’est pas résolue
définitivement par les scholiastes. L’expression 2
Proclus attribue à Néoptolémos de Parion, ovop- aÙXï„- U
fl 011 le mot de Suidas, rcao ’ ‘Hmrôw x^-voç! ^
sont, comme le passage de Tzetzès et les articles de
quelques lexicographes u, qu’une interprétation du texte
poétique. On peut volontiers admettre, par analogie avec
celle de Delphes, que le bâtiment donnait en général sur
une terrasse au midi, bien exposée, et imaginer que,
l’hiver, des réchauds y étaient disposés. Mais cela né
suffirait pas à faire distinguer la lesché d’une salle de
réunion quelconque ou même d’une maison particulière.*
Il est du moins un point où les textes sont précise!
tous d’accord : c’est sur la question de savoir à quoi
servaient les leschés. Pausanias n’est pas seul à dire
que, 1 accès en étant permis à tous, si les mendiants
y venaient coucher la nuit, les paresseux trouvaient
nombreuse compagnie pour y bavarder le jour. Des
personnes plus recommandables s’y reposaient de leurs
travaux en causant16 et des maîtres de philosophie y
instruisaient leurs disciples16. Plutarque a placé dans la
lesché de Delphes la scène d’un dialogue11. Les interlo¬
cuteurs s’asseyaient 18 sur des bancs, les mêmes évidem¬
ment qui servaient de lit aux hôtes nocturnes. Diviser
en effet les leschés en deux catégories i9, admettre que
les riches et les gens du bel air, les philosophes et les
rhéteurs n’auraient pas voulu se rencontrer dans h
salle commune où les pauvres trouvaient un refuge, ce
n’est pas seulement forcer l’interprétation d’un texte-,
c’est ne pas tenir compte du mot oYigocto? qui revient chez
tous les auteurs et c’est même ne pas se faire une idée
exacte de la vie antique. Les Grecs ne pensaient guère a
des distinctions de cette sorte, quand ils étaient assuies 1
de trouver toujours dans leurs monuments publics et en
particulier à la lesché, comme à un rendez-vous, des
compagnons de flânerie et de longs entretiens.
C’est ce qui explique que le mot soit si vite de\en,lJ"
simple synonyme de ôgtXia et même de »Xua?ta. I
tragiques s’en servent ainsi21, et les dérives 1 js
composés Xsff/aÇco, Xsc^âpa, Xe<7_7|V6ur rjç, àocX^Z/é |
attestent tous, en même temps que l’étymologie h" ^
de Xéyw, l’emploi plus fréquent du mot au sens al>> 1
cités, noie I •
U Par
— 12 XXXV, 59. — 13 Dans les Scholia ad Hesiodum déjà ,‘u‘; Epu]r-
CX.. Etym. AI. S. iSo'Xea^tcc... h 5 icuçxa ïd.ç icoiouvxeç. 1 ’ a V.
Wilam. ; Suid. Harpocr. s. v. : pgoXi jv ayovxe; exaOéÇov-co «oXXot , c • £?Jî*«v
— 16 Suidas et Pholius, s. v., citant Hiéroclès, «ïnXoffooo ^ ^ Suid*
aOooiÇcqjiEvoi ©iXo<ro©eïv ; cf. Diog. Lacrt. II, 4, 5. ^L/‘ . 14-9, ?’
Ilarpocr. I. I. — 19 Cf. Dragoumis, Athcn. Alitth. XV > P* ^ ^0w/}a'
— 20 Ce sont les mots totcov eT/ov àicoxexwçurjAévov, Etym. AI. 9 ^ 101*
— 21 Sopli. Oed. Col. 167; Anlig. ICO; Eurip. Hipp . 384 1 iP. xh »*«T ïW
— 22 Thésaurus , s. vv. Voir surtout Etym. AI. Tto'/kç ^
ù)[AtXoi>V.
LES
— 1105 —
LES
K , uire indication est ajoutée par VEtymologicum
■ Une .1" ^ ^ Bq[wto?, TJC XO[Vi ôeiTrvrjTTjpioc, et elle se
Mdijiuiin ■ Hésychius à peu près dans les mêmes
reLr0UVI |11oins la mention de la Béotie. Il semble qu’il
tC!mp impossible d’amplifier à ce point et sans raison
iU ll'les données des textes poétiques. Tout au plus
Bf . nil-on penser que le souvenir d’Hésiode, se confon-
hnl avec une notion précise et tirée de renseignements
■Tacts a amené l’auteur de VEtymologicum àrestreindre
KLaphiquement Sà définition. Un passage deCratinus,
Ké par Athénée1, vante les mets que l’on mangeait
dans lès leschés et rappelle tout auprès le repas Spartiate
qu’on appelait x.cuîç. D’autre part, si 1 on admet les rap¬
ports signalés plus haut entre la lesché primitive et la
vie des yévt,, il est naturel de croire que les repas en
commun, aux jours de fête, avaient lieu dans la lesché.
Une inscription, le contrat de louage d’Aixoné 2, nous
apprend encore que les actes qui intéressaient les
démotes pouvaient être portés à leur connaissance dans
la lesché du dème : il est spécifié, 1. 23, qu’un exem¬
plaire de ce contrat y sera déposé.
Enfin il est permis de supposer, bien qu’aucun texte ne
le prouve formellement et que le plan de la lesché
delphique ne donne aucune indication de cette nature,
qu’un autel était en général dressé dans les leschés en
l’honneur du dieu auquel elles étaient consacrées,
Apollon Ae'rrqvdpioç 3.
On trouve chez les anciens peu de monuments qui
soient expressément désignés par eux comme des leschés.
Pour Sparte, nous en connaissons trois, à moins que
celle dont parle Plutarque4 ne se confonde avec l’une
des deux que cite Pausanias5 : le texte de Cratinus qui
a été rappelé plus haut prouve que le mot y était em¬
ployé couramment, mais non pas qu’il y ait eu plus de
trois édifices de ce nom. Plutarque encore cite 6 à Chalcis
la Xeuy-q àxgalwv. S’il fallait admettre le témoignage de
Proclus déjà mentionné, il y aurait eu en Attique trois
cent soixante leschés : Bœckh avait raison de faire remar-
quer qu on ne devait pas y compter celle du dème
; dAixoné.Au contraire, ce serait probablement l’une d’elles
[quel on serait autorisé à reconnaître dans celle quel’Insti-
tut allemand a mise au jour entre l’aréopage et la Pnyx 8.
[ nfin, pour Delphes, la lesché que les peintures de Poly-
bUoli axaient rendue célèbre était connue avant les
p, ' -M1 ^a description de Pausanias9, le dialogue de
1 marque et un passage de Lucien10.
[assez ^'r' °'1’ ^CS ^exp3s fournissent des données de valeur
[sont2 ,UUSe' sur ^a destination de ces édifices, ils
.fornieM a î ' a^0n^ants’ ceux fiui désignent en termes
rpn • S ° <l fuient comme une lesché sont rares : le
ces „:rmCnt d<? Proclus Provient peut-être d’une de
et le nom10'18 °n raPPelait plus haut, entre la lesché
nonunémo^t" p,lrexemPle- S’il n’y a pas plus de leschés
rLllerneui11 ! °Crites’ c est sans doute qu’il n’y en avait
pus davantage, et si l’examen des textes ne
f 1 P* ^38 e. — 2
3 Cleanth. ap. Harpocr. et Suid.
• 4 V. Lvc \ n ’ ?,?■ inscr- attAl’ U>55.
XVII
la
Quaest.
» P. 91,
(/raec. 33. — 7 A a rn, ■
». «i.v.; AdCo^-î:
r- 154 ; XIX
a'/y\ xgoxotvàiv, et III, 15,8: ^éo-ÿrv) xaAoupiÉvv] IIotxGiY],
inscr. gr. 93, I, p. 133. — 8 Athen. Mitlh.
r.r°ul6 S“i traverse Ja foi flL147’ Pr’XIV; XX’ p1’ lv' 0n n a Pu dégager, à cause de
13 f identifier : Hdooc cx^r(-‘mdc du bâtiment que deux bornes ont per-
**|.Ua inSCT' aU' 1V’ *• 1074e- - 9 X’ du début'du cliap.
■' " " ini'iil du sac dc T ‘ ’ Cf' cn 0Hli'e,au sujet des peinlures, et parti-
1’- 448 i - ti,. . lro,ci Plnloslr. V ArniMnn VI j i a/t c 1 i ui i /-•
> Uieimstius nr Yvviii , Aponon. VI, 11, G4,; bchol. Plat. Gorg.
"s propres de Pape- Bons ] \ * cst é*,snné de trouver dans le Dict. des
1 ’ ' -a mention dune losclié à Cnide : c'est une
donne à propos de la forme des leschés, comme on l’a vu,
que des résultats négatifs, c’est que le nom, jusqu’au
11e siècle après J.-C. au moins, suffisait à rappeler tel
édifice particulier. Puisque les scholies et les articles de
lexique, complétés par quelques mots épars chez les
auteurs littéraires, laissent du moins entrevoir ce que la
lesché n’était pas, il semble que l’on doive s’y tenir, et se
garder de toute identification arbitraire. Si l’on voulait
en effet étendre le mot à toute salle, ouverte ou non,
dclns laquelle les oisifs pouvaient converser à l’aise, il
faudrait faire rentrer dans cette étude, outre les exèdres
et les portiques, la Schola Romanorum et le « passage
sacré » de Délos, tous les locaux où se réunissaient les
associations religieuses, toutes les salles voisines d une
palestre 11 ou en bordure sur une agora, comme la patr-q
et l’exèdre d’Épigoné à Mantinée. Quand on était obligé
de s’arrêter au point où nous sommes arrivé maintenant,
il était naturel et peut-être légitime de donner au mot
cette extension. Schubart disait12 que Xe^/'q désigne le
but et l’usage bien plus que la forme du monument. La
restauration de Lenormant, qui supposait une salle ellip¬
tique13, était improbable, mais elle n’avait en soi et
a priori rien d’absurde. Maintenant que l’on connaît la
lesché de Delphes, c’est-à-dire un bâtiment rectangulaire
à murs pleins, communiquant par une porte unique,
ouverte sur un des longs côtés, avec une terrasse qui
s’étend au-devant de lui, on a quelque peine à ne pas
restituer sur un plan analogue les autres leschés. Il est
sans doute téméraire d’affirmer que celle de Delphes a
été un modèle unique, que l’une quelconque des leschés
proprement désignées plus haut comme telles était de
tout point semblable, sauf pour la décoration murale (et
encore y avait-il une Xsuy-q notxtX-q à Sparte), à la lesché
des Cnidiens. Il semble pourtant, quand on rapproche
des textes l’unique lesché dont on ait retrouvé les dispo¬
sitions essentielles, que l’on ne soit pas autorisé, pour
supprimer la difficulté, à ramener à des types déjà
connus un édifice qui devait avoir ses caractères propres.
Ou bien il faut rester dans le vague, se contenter de
répéter avec Hésychius tôttgç àXssivôç, avec d’autres lexi¬
cographes simplement tôttoç ti; ; ou bien il faut admettre
jusqu’à des découvertes nouvelles que la lesché de
Delphes nous donne vraiment la plus complète idée de
ce qu’ont été les autres.
La lesché que les Cnidiens avaient dédiée au dieu de
Delphes dans la première moitié du v° siècle 14 a été décou¬
verte en 1895 (fi g. 4437) 18 . Elle est dans la partie la plus éle¬
vée du sanctuaire, près de l’angle N.-E., et appuyée contre
le mur qui ferme au N. le téménos d’Apollon La terrassé
sur laquelle elle se dressait était soutenue par un très
beau mur, bâti lui aussi par les habitants de Cnide10.
Après le Trésor si brillant et si riche qu’ils avaient offert
à Apollon, cet édifice avec sa décoration complétait un
ensemble d’offrandes dignes de leur prétention à s’iden¬
tifier avec les prêtres crétois de l’hymne homérique ; ils
oonfusion née du De clef. orac. 1. 1. où il n‘cst question que de la lesché des Cnidiens
à Delphes. — El Dragoumis l. Z., rapprochant le passage du De def. orac. des quel¬
ques mots de Vitruve, admet presque cette identification de la lesché et de la palestre.
— 12 Zeitschr. f. Alterthiunswissenschaft, 1855, p. 395 ; cf. Neue Jahr bûcher, 187^,
p. 174. — 13 Cf. Neue Jahr bûcher } 1865, p. 031 sqq., et Roulez, Bull, de VAcad.
des Sc. de Bruxelles , 1863, p. 110-115. — l'** Avant 447 : Wilamowitz, Homcr.
Untersuch. p. 223, note ; cf. C. Robert, Nckyia , p. 76. — 15 D’après ün croquis
obligeamment communiqué par M. Tournaire, architecte des fouilles de Delphes.
— 16 L’inscription qui dédie r«vâ>,ajx[i.« au dieu a été publiée, Bull corr. hell. XX,
p. 636.
LES
1106 —
LES
affirmaient ains. les rapports étroits qu’ils devaient avoir
entretenus avec Delphes, comme membres de la noblesse
donenne, depuis la plus haute antiquité
Il ne reste que les fondations des quatre murailles :
lis long* «ôtes N. et S. ont près de 19 mètres, les
iiu\ petits cotes ont plus de 9 mètres et demi. Les
aces E. et O. sont bordées elles-mêmes sur presque
toute leur longueur par deux murailles parallèles qui
Mennent a la lois comme murs de protection et comme
lefons, jusqu’à 1 enceinte du sanctuaire. La lesché ne
pouvait donc avoir de porte que sur le long côté du sud
et ouvrant sur la terrasse étroite (moins de 3 -,
s’étend parallèlement à ce côté. ' UU‘tres) qui
C’était une salle rectangulaire, qui recevait h
une ouverture pratiquée dans le toit. Quatre dés |J°Urpar
formant un carré de 4“,S0 de côté, ont été r.q,* ° pn>,'re'
place dans la moitié E. du monument • q
évidemment quatre autres à l’O., et comme ^ ^ ^
restent portent sur la face supérieure un trou d’ ^ ^
ment étroit et profond, il est certain que
supportaient autant de piliers en bois oui qnilf dé*
eux-mêmes le toit. 0utenai«
L une au nioins des questions qui se posaient au sujet
de la lesché delphique est donc résolue. La forme et les
cléments essentiels en sont indiqués par le plan de l’état
aeluel1. Mais sur une autre question, de beaucoup la
plus importante pour l’histoire de l’art, celle de la déco¬
ration murale, les fouilles n’ont donné, elles aussi, que des
résultats négatifs. Il ne reste rien des murs en tuf recou¬
vert de stuc que Polygnote avait décorés de deux grands
sujets. La connaissance du plan ne résout même pas
d une manière définitive la difficulté relative à la dispo¬
sition des peintures. Il est impossible qu’elles aient
couvert seulement les deux petites faces de l’édifice,
impossible encore qu’elles ne se soient étendues, l’une
faisant suite à 1 autre, que sur le mur du fond. Pausanias
dit que le commencement des deux compositions était
immédiatement a’ l’entrée, à droite et à gauche de
la porte. M. Homolle2, qui a le premier décrit la lesché
de Delphes, ajoute : « Los peintures se prolongeaient sur
les deux parois latérales, elles se retournaient sur K1
mur du fond. Il ne serait pas impossible de découvrir
dans Pausanias cette division ternaire ». Ce n’est pas lu
lieu d’insister sur cette indication qui sera sans doute
développée, et dont il est assez aisé, du moins pour lu
Nekyia, de vérifier la vraisemblance.
Le problème des peintures de Polygnote a été traité
souvent depuis un siècle et demi. A chaque progrès d*
1 archéologie a répondu un nouvel essai de restitution.
Aussi, parmi ces très nombreuses tentatives 3, la plulial 1
n ont-elles aujourd’hui d’intérêt que pour l’historien d
1 archéologie. Mais quelques-unes des plus récentes o11
conservé et garderont longtemps toute leur valeur pai a
science et aussi le goût avec lesquels les éléments n< 1 °
saires, de plus en plus abondants chaque jour, ont C
mis en œuvre : il faut citer au premier rang les
5 On trouvera les principales énumérées en note
la fin de cet article.
1 Bull. corr. hell. XXI, pl.
XVII.
— 2 Bull. corr. hell. XX, p. 637-639.
LES
— 1107
LEX
berl- Lc point de départ est la description com-
deM' )r”cise qUe Pausanias a donnée des deux compo-
Pîè'leC En étudiant jusque dansle détail leplus minutieux
SlUOnS.|i Uns chapitres, onarrive à reconstituer l’ensemble
’qU< ' mais il faut constamment recourir à des
ces
des peintures ;
œuvres
s d’art conservées
et surtout aux chefs-d’œuvre de
industriel, aux peintures de vases qui sont comme un
ITfjeUk' la grande Peinlure décorative. Ainsi la décou¬
verte du cratère à figures rouges d’Orviéto et du cratère
L Bologne1 a fait beaucoup mieux connaître l’art de
Polyouote. La plastique, elle aussi, a subi l’influence d’un
K maître et M. Benndorf, en étudiant les frises de l’hé-
roon de Gjœlbachi, a montré quel parti on pouvait tirer
des sculptures pour la restitution des peintures clel-
pliiques. Vases et reliefs sont les guides dont on ne peut
Se passer dès qu’on veut tenter cette restitution, la
réaliser en une image concrète 2, et non pas seulement
dessiner les détails de telle ou telle figure, mais
faire comprendre et voir la manière même dont tous
ces nombreux personnages étaient représentés et
groupés.
Les figures que Pausanias a énumérées étaient repré¬
sentées à peu près en grandeur naturelle et groupées,
sans souci des lois de la perspective, les unes au-dessus
des autres. Il est difficile d’admettre, comme dans toute
une série d’essais antérieurs, deux registres superposés,
deux zones de personnages. Ce qui est plus vraisemblable,
c’est que quelques figures de l’arrière-plan n’étaient pas
vues tout entières, que des plis de terrain en cachaient la
partie inférieure. Les accidents du terrain étaient indi¬
qués par des lignes ondulées, montantes et descendantes.
Le fond était blanc, et les tons employés paraissent avoir
été surtout le noir et le blanc, le rouge et le jaune
comme couleurs fondamentales, avec du vert et une cer¬
taine espèce de bleu comme couleurs mêlées. Voilà les
éléments avec lesquels on peut imaginer, sur le stuc qui
recouvrait les murs en tuf de la lesché, les deux compo¬
sitions qui rappelaient à l’esprit des Grecs leurs tradi¬
tions poétiques les plus connues, l’une, les Enfers, le
plus célèbre épisode de V Odyssée ; l’autre, le sac de
Troie, toute l'Iliade. Le champ reste encore ouvert aux
hypothèses et aux nouveaux essais de restitution : il
est seulement un peu plus circonscrit. Émile Bourguet.
iKnltcs vases où l'influence de Polygnotc estvisiblc : Robert, Nekyia, p. 43-44.
planches jointes aux deux mémoires de M. Robert ont été reproduites,
P 300^1^ ^ dans 1 édition anglaise de Pausanias par M. Frazer, t. V,
. ~ Bibliographie (restitution des peintures). Comte de Caylus,
l'Arti i î 7 l^eUX ^a^eaux de Polygnote , donnée par Pausanias ( Hist . de
Mmée d P? et D"L • XXV"’ 1757’ B- 34 «N-; F. et J. Riepenhausen,
dans les wT ° ^!/n0t ^ er Lesche zu Delphi, 1805 (prise d'Ilion; reproduite
les Amis des Th « 1888’ P'' XI’ 2b Eil 1,<5Ponso’ Projet de restitution par
^ncrVorkn^m1°TV(!eraer ZeitunO> 1805’ reProduiL dans les
à Delphes 18 >r r ’P1- x, 2) : F. et J. Riepenhausen, Peintures de Polygnote
Mmdh’nnen ri- TT*1"1’ ?ielcr Phil°k S Indien, 1841, p. 81 sqq. ; Welcker,
1850, p. 4iq s-, w m‘ ^ P- 81 sqq. ; Overbeck, Rliein. Muséum,
p.44’sqq. p 103 T, ' .a"'*ss Muséum of classical antiquities , I, 1851,
Ch. Lenormant lié ‘ 1 liubarl, Zeitschrift fur Alterthumswissenschaft, 1855-56 ;
fasché de Delphes "ÿ" 6 W ^es^ntures Que Polygnote avait exécutées dans la
Scliubarl, Neue J '/ 4834 ’ Blümner, Rhein. Muséum, 1871, p. 354 sqq. ;
Qfn ühle des Potu il '/Cle> ’ 487”’ P' 173 sqq. ; Gebbardt, Die 1 Composition der
P- 815 sqq. | Bennd ' f ^escke zu Pe^pki, 1872; Neue Jahrbücher, 1873,
P' 137 sqq,; q Ilnbci.'i v ener 4 °vlegebl. 1888 ; P. Girard, La peinture antique,
Hall. Wnckelmann '' ’ " , Winckelmannsprogr. Nekyia, 1892; XVI I
^aralhonschlacht 7°^ P^er5‘s' 1893; XVIII Hall. Winckelmannsprogr.
|,;t87sqq.;SchrcibeTV,t'eWem Pol'M/not- 1895 1 SchOne, Jahrbucli, 1893,
^er k. saechs Geseli esjsc7i' “A fUr Overbeck, 1893, p. 184 sqq. ; Abhandlungcn
GL:LtZwTeTh9en’ xvn- 1897’ p- 1 sqq. ; P. Weiz-
189jl Bharmakoyvski ÂT 7 ™ ^er Pescke ^ er dCnidier in Delphi, Stuttgart,
esche des Cnidiens à Delphes (en russe), dans le
LEUCATIIEA (AsuxâQea). — Fêtes célébrées, dans la
ville de Téos en Lydie, en l’honneur d’Ino-Leucothéa.
On a vu, aux articles inacuia et ino-leucothea (p. 526-527),
l’énumération des différentes fêtes en l’honneur de la
même déesse, célébrées dans un grand nombre de villes
grecques sous différents noms ; celui de As-jxaôea n’est
attesté que pour Téos, dans un décret de la symmorie
des Échinades, qui honore ses bienfaiteurs et ordonne la
proclamation d’une couronne lors de la célébration de la
fête1, sur laquelle nous n’avons d’ailleurs aucun détail
particulier. Le calendrier de Chios comprenait un mois
AsuxaOeoiv 2, celui de Lampsaque un mois Aeuxa 9unv3,
qui permettent de supposer dans ces deux villes une fête
du même nom. F. Durrbach.
LEUCOTIIEA [ino-leucotuea].
LEUGA, LEUCA. — Mesure itinéraire en usage en
Gaule, et que l’on trouve marquée jusqu’en Germanie
sur des milliaires [milliaricm].
LEX. — Dans son acception la plus générale, le mot
lex1 désigne un engagement pris soit par les citoyens
romains les uns envers les autres, sur la proposition
d’un magistrat, soit par un citoyen envers un autre.
Dans le premier cas, la lex est publica ; dans le second, elle
est privata. L’emploi du mot lex pour les contrats comme
pour les lois prouve que dans la pensée des Romains la
lex a son fondement dans un accord de volontés ; mais
dans la lex publica elle oblige tous les citoyens, dans la
lex privata seulement ceux qui y ont pris part.
Le mot lex a d’autres acceptions. Dans un sens très
large, il désigne toute décision imposée par l’autorité
compétente dans les limites de ses attributions, les dis¬
positions contenues dans l’édit du Préteur '2, aussi bien
que les règles introduites par la jurisprudence ( legum
auctores)3. Dans un sens plus étroit, lex désigne le droit
civil par opposition au droit prétorien. Le droit civil com¬
prend ici non seulement la loi ou le plébiscite*, mais aussi
les sénatus-consultes R et les constitutions impériales6.
Très souvent la lex est une clause spéciale d’un
acte juridique ( mancipium , venditio, locatio ), ou de
certains actes religieux ( augurium \ foedera 8). Au
Bas-Empire, lex désigne £oit des préceptes de la religion
chrétienne 9 ou juive f0, soit le corps des doctrines
juridiques 11 .
Journal de l'Institut russe d’archéologie à Constantinople, IV, 1899.
LEUCATIIEA. 1 Corp. inscr. gr. 3066 = Cb. Michel, Recueil d'inscr. yr.
n° 1007, 1. 25-26 ; cf. Schefflcr, De rebus Teiorum, p. 40 sq. — 2 Bull, de corr.
hell. III (1879), p. 244, 1. 25. — 3 Corp. inscr. gr. 3640 b, add. 1. 7 ; BischolT, De
fastis Graec. antiq. p. 398 sq.
LEX. 1 Les philologues discutent sur l'étymologie du mot lex : d'après Brcal
[Dictionnaire ètymol. latin, lex est avec legere, au sens de lire, dans le meme
rapport que rex avec regere, de sorte que lex, c’est la lecture. Mommsen, au con¬
traire, rapproche lex de legare, douuer maudat. Cf. J. Schmidt cité par Monnnscu,
Rom. Staatsrecht, t. III, p. 310, Irad. I. VI, 1, p. 351, n. 2; Teichmüller, Neue Studien
zur Geschichte der Begri/fe, p. 171. — 2 Ulpien (46 ad Ed. Dig. XXXVIII, 8, 1,2),
parlant de l’édit sur la bonorum possessio unde cognati, dit : Pertinel haec lex ad
cognationes non serviles. — 3 Just. Cod. Just. I, 17, 2, 10 et 20 ; 111, 28, 33, 1 ; VI,
26, 10 ; VI, 30, 19. — 4 Ulp. 18 ad Ed. Dig. IX, 2, 1, 1 : Lex Aquilia plebiscitum
est. — s Ulpien (29 ad Ed. Dig. XIV, 6, 9, $) appelle lex le sénatus-consulte Macé¬
donien et 1 ’oratio Severi (35 ad Ed. Dig. IV, 4, 49); Papinicn (2 de adult. Dig.
XLVI1I, 16, 10 pr.), le sénatus-consulte Turpillien. — 6 Ulp. 1 Inst. Dig. 1, 4, | pr.,
1. — 7 Serv. Aen. III, 89 : ( Augurium ) tune peti débet, cum id quod animo agita-
mus, per augurium a diis volumus impetratum... et est species ista augurii, quae
legum dictio appellatur : legum dictio autem est, cum certa nuncupatione verbo-
rum dicitur, quali condicione augurium peracturus sit. — 8 fit. Liv. I, 24: Foe¬
dera alia aliis legibus, ceterum eodern modo omnia, fiant... Illis legibus populus
romanus prior non deficiet. Ibid. IX, 5, 3. — 0 Lex catholica : Constantin. Cod.
Just. 1,5, 1 ; cf. Constant, et Julian, cod. I, 7,1. — 10 Lex judaïca : Valentin. Cod.
Just. I, 9, 4 ; Gratian. eod. 5. — U Just. Cod. Just. Vit, 25, 1,3; I, 17, 2, 29; 22
eod.; VIII, 25,11.
LEX
LEX ALEAHIA. — Voir ALEA, LEX OHCHIÀ, LEX CORNELIA,
lex publicia, lex titia . Cf. les lois de alcatoribus.
lex aliénations. — On réunit sous ce titre les
divers cas où l’on peut legem dicere en aliénant la pro¬
priété: addictio , adjudication adsiffnatio , dedicatio,
mancijmtio , traditio. Dans les quatre premiers cas, la
lex émane d un magistrat du peuple romain où d’un de
ses délégués; dans les deux derniers, la lex est l’œuvre
d’un particulier.
Lorsqu’un magistrat transfère à titre gratuit la pro¬
priété d’une terre publique soit à une divinité [dedicatio),
soit à un citoyen [ adsignatio ), lorsqu’un questeur
attribue au plus offrant la propriété de biens vendus aux
enchères ( adclictio ) ou qu’un citoyen investi par le pré¬
teur du munus judicancli procède à une adjudication,
la lex dicta puise sa force directement ou indirectement
dans une loi votée dans les comices. Les clauses de
1 aliénation sont fixées tantôt par le peuple lui-même,
tantôt par le magistrat en vertu du pouvoir qu’il a reçu
du peuple1.
Ces leges, lorsqu’elles s’appliquent, comme c’est l’ordi¬
naire, à des terres publiques, déterminent les conditions
sous lesquelles elles pourront être utilisées par l’acqué¬
reur et les droits établis au profit ou à la charge des
fonds voisins. On les appelle leges agrorum 2 ou leges
condicionibus agrorum dictae 3 *. Elles ont pour objet
tantôt la constitution d’une servitude \ tantôt certaines
charges foncières comme le paiement d’un vectigal ",
tantôt une défense d’aliéner, comme celle qui fut imposée
par la loi agraire de Tib. Sempronius Gracchus0.
Les questions relatives aux leges dedicationis ont été
traitées au mot dedicatio (t. III, p. 41); celles qui con¬
cernent Yadjudicatio , l 'addictio et l 'adsignatio, aux
mots adjudicatio et ager PüBLicus (t. Ie1', p. (37 et 133). On
ne s occupera ici que des leges • mancipii , in jure
ce s s ion is , tradition is .
I. Leges mancipii. — Il est souvent question dans les
textes des dires de l’aliénateur par mancipation : il dit
par exemple la mesure du champ qu’il aliène 7, les ser¬
vitudes qu’il concède 8 ou qu’il retient ", la manière dont
elles seront exercées10, la largeur du chemin affecté à
une servitude de passage11; il dit si les accessoires de
l Le juge ne peul procéder à une adjudication qu'eu vertu d'un pouvoir
spécial conféré par le magistrat. Gai. IV, 42. — 2 Venul. Saturn. 3 jud.
publ. Dig. XLVRI, 13, 10 [8] pr. ; — 3 Lab. ap. Ulp. 53 ad Ed. Dia. XXXIX,
3, t, 23; cf. Paul. 49 ad Ed. eod. 2 pr. ; 16 ad Sali. eod. 23 pr. — 4 Servitude
constituée eu cas d' adjudicatio : Ulp. 19 ad Ed. Di y. X, 2, 22 3; Javol. 2
Epist. Dig. X, 3, 18; Ner. ap. Ulp. 20 ad Ed. eod. 7, 1. En cas d' adsignatio :
Lab. ap. Ulp. loc. cil.: Ait condicionibus agrorum guasdam leges esse dictas,
ut quibus agris magna sint flumina, liceat mihi scilicet in agro tuo aggeres
net fossas habere. — 5 Plut. C. Gracch. 9.-6 Appian. De bel. civ. I, 10, 27.
— 7 Paul. I, 19, 1; II, 17, 4; Cic. De off. III, 16. — 8 Ulp. 28 ad Sab. Dig.
VIH- L e Pr- ; Varr. De ling. lat. V, 4, 27 : Lege praediorum urbanorum
scribitur : Stillicidia , flumina uti mine sunt, ut ita sint, Cic. De Oral. 1, 39,
179 ; Alfen. Var. 5 Dig. Ep. Dig. VIII, 2, 33. — 9 Alfen. Var. 4 Dig. Ep. Dig.
VIII, 3, 30; Javol. 3 Ep. Dig. VII, 1, 54 ; Gai. II, 33; Paul. 1 Man. Valic. fr. 50.
— 10 Gai. 7 ad Ed. prov. Dig. VIII, 1, 5, 1 ; Papin. 7 Quaest. eod. 4, 1 et 2.
— Il Javol. 10 ex Cass. Dig. VIII, 3, 13, 2. - 12 Varr. De re rust. II, 10, 5; Lab.
ap. Paul. 33 ad Ed. Dig. XXI, 2, 5; Corp. inscr. lat. VI, 10239 : T. Flavius Syn-
troplius... hortulos Epagathianos... cum aedificio et vineis maceria clusis, ita
uti instructi sunt... Ailhale liberlo suo mancipio daret. — 13 Aquil. Gall., Mêla
ap. Ulp. 32 ad Ed. Dig. XIX, 1, 17, 6 ; Varr. De ling. lat. IX, 60, 104 ; Cic. Top. 26,
110 ; Part. orat. 31, 107 : Ex lege praedii guaeritur, quae sint ruta caesa ; Varr.
De re rust. II, 10, 5. — 14 Corp. inscr. lat. II, 5042, I. 1 : Dama... fundum... uti
optumus maxumusq(ue) essel... mancipio accepit. Q. Mue., Sabin. ap. Venul- 16
Slip. Dig. XXI, 2, 75; Proc. 6 Epist. Dig. L, 10, 126; Ulp. 27 ad Sab. eod. 90; Paul.
5 ad Sab. eod. 169. - 15 Cic. De Orat. I, 39, 178 : In mancipii lege dicere. De
offic. III, 16, 165 : In mancipio dicere. Varr. De ling. lat. VI, 8, 74. — 16 proc. 6
Epist. Dig. L, 10, 126. - 17 Ulp. 2 ad 1. Ael. Sent. Dig. XL, 2, 10, 1 ; cf. Gord. Cod.
1108 — LEX
l’objet aliéné (pécule, instrumentüm) sont c
non 13 dans l’aliénation, si le fonds est lifirn i T‘S * “ %
n ji.v .. „ _ üe toute son
vitude u. Ces déclarations forment la Içx mm •
lex mancipio dicta *«, ou data 17 ; on l’appdL 011
suivant les cas, lex m18, fundi 10,‘ aedLn^
ciorum -1, praedii 22 ou praediorum 23. ’ ae<^
La lex mancipii ne doit pas être confondue o , . i.
venditionis , bien que d’ordinaire ces leoe? or "
entre elles. La lex mancipii est nécessaire
ce qui a été convenu dans la lex venditionis * a-
exemple l’aliénateur n’avait pas soin de dicere in ^
cipio la servitude qu’il a promise, l’acheteur pouinoî
contraindre judiciairement à constituer la servitnd^ '
La logis dictio avait lieu vraisemblablement1
l'accomplissement. dcs «*»>»»* de la mMcipl^
L alienateur faisait sa déclaration devant témoins26 „i
l’acquéreur s’y référait dans la nuncupation onsécuüJi
Le mot nuncupatio, dans un sens large, s’applique à là
déclaration de l’aliénateur aussi bien qu’à celle
l’acquéreur 28. c
La lex mancipii puise sa force dans la mancipation*
laquelle elle se rattache. Aussi peut-on, par un clexman-
cipto dicta , faire naître des droits qu’on ne pourrait
établir par une lex traditionis, par exemple un droit
d’usufruit29. Le jurisconsulte Paul attribue l’efficacité de
la lex mancipii à ce fait que la mancipation a été con¬
firmée par la loi des Douze Tables30. Cette remarque est
importante, car les textes du Digeste ne parlent plus* de I
lex mancipii, mais de lex traditionis: cela tient à ce
que, la mancipation n’existant plus sous Justinien, les
compilateurs de ce recueil ont substitué le mot tradilh
au mot mancipium.
Ce n est pas à dire que toute lex in mancipio dicta
soit valable. La liberté de l’aliénateur est renfermée dans
des limites assez étroites. Sont efficaces uniquement les J
clauses qui sont compatibles avec le caractère primitif
de la mancipation : telles sont les clauses qui déterminent
1 étendue du droit conféré, ou qui tendent à créer un
droit réel.
On peut aussi imposer au propriétaire d’un fonds, grevé I
de la servitude oneris ferendi , la charge d’entretenir le I
mur en bon état31. On peut même insérer dans la toi
Just. III, 41, 2 : lex saltui data. — 18 Paul. 35 ad Ed. Dig. XXIII, 4, 20. I.
— 19 Paul. 4 Ep. Alfen. Dig. D. XVIII, 1, 40, I . — 20 plin. Misé. ml. XXXVI, 23,1
170; Alf.5 Dig. Ep. Dig. VIII, 2, 33. — 21 Varr. De ling. lat. V, 5, 42 : Quodpost I
aedem Saturni in aedificiorum le gibus privatis parictes postici mûri 0 sciipl1, I
— 22 Cic. Part. orat. 31, 107. — 23 Varr. De ling. lat. V, 4, 27. - ** La dislinc- I
ti°ii de la lex mancipii et de la lex venditionis ressort nettement de Paul, o ad Sab. S
Dtg. L, 10, 109 : Non tantum in traditionibus (lisez mancipalionibus), sed du I
emptionibus et stipulationibus et testamentis adjectio haec , « ut uph"lils l"(l'cl fl
musqué est » hoc significat, ut liberum praestetur praedium, non ut eticvi^ fl
vitutes ei debeantur. — 23 Marcian. 3 Reg. Dig. VIII, 2, 35 : Si binarm acdtumM
dominas dixisset cas quas venderet servas fore , sed in traditions (I,sez ,ll<l ^ |
pio) non fecisset mentionem servitutis , vel ex vendito agere potest vel ùico ^
condicere, ut servitus imponatur. — 2f> Corp. inscr. lat. VI, 10239 : 'J- 1
Syntrophus, priusquam hortulos Epagathianos... Ait haie mancipio
l[alus est se in hanc condi]cionem mancipare , ut infra, scriptum est. — ^
I Man. Vatic. fr. 50 : Emptus mihi est[o ) pretio , deducl(o) usufructu ( ^ ^
illts. — 28 Santra y comprend môme les promesses sur stipulation. Ecst. ' ^
pata : ...At Santra Lib. Il de verborum Antiquitate salis multis
conligit non decreto nominata significare, sed promissa et quasi 0 ^
circurnscripta, recepta; cf. Bechmann, Gescliichte des Kaufs im i"" ■ .
1876, t. I, p. 259. - 29 Paul. 1 Man. Vatic.fr. 47: ln re m ^
per traditioncm deduci usas fructus non polesl nec in homine , si p ^ jliri$
tradatur ; civili enim actions constitui potest, non tradition» (l' • ^ ,
gentium est. — M Ibid. 50. — 31 Paul. 5 Ep. Alfen. Dig. Dig- v
...Cum in lege aedium ita scriptum esset... Paries oneri ferund"^ cf,
est, ita sil , satis aperte significari , in perpetuum paneteni esse
Serv. Lab. ap. Ulp. 17 ad Ed. Dig. VIII, 5, 0, 2.
,* 4
ÆX
— 1109 —
LEX
. •• mc défense d’aliéner; mais elle n'engendre
^^bli'ation personnelle Un seul cas est excepté:
qll'UnC ° ^affranchir un esclave 2, mais cette exception,
T dékn^ contradiction avec les tendances de là juris-
ïUi fL 11 classique, favorable à la liberté, s’explique
prudent’6 1 disposition de la loi Ælia Sentia sur les
ncut-ètre pa1 u 1 . ,
Prhves qui ont commis un crime • .
eb ' . oa ne peut, à peine de nullité, apposer a une
K, aijt).1Lion un terme ou une condition 4 : ce serait con-
caractère de la mancipation qui est un actus
Meailimus On ne pourrait non plus, dans une vente à
Edit imposer à l’acquéreur l’obligation de payer le
prix -la mancipation est, en Informe, une vente au comp¬
tant. Cela prouve qu'il faut bien se garder de prendre à
la lettre cette phrase de Gains qui, inscrite isolément au
DUeste, semble avoir une portée générale: ln traditio¬
ns (lisez mancipationibus) rerum, quodcumque,
Ypaclum sit id valere manif estissimum est 3.
Toutes les fois que l’on voulait imposer à l’acquéreur
une clause ne rentrant pas dans la catégorie ci-dessus
définie, il était nécessaire de la confirmer par une stipu¬
lation °. L’aliénateur stipulait de l’acquéreur l'accomplis¬
sement de cette clause ; et pour prévenir toute difficulté
sur la valeur de cette stipulation au cas oii l’intérêt pécu¬
niaire de l’aliénateur n’apparaitrait pas clairement, il
devait avoir la précaution de stipuler une peine. Bien
entendu, cette stipulation ne ui procurait qu’un droit de
créance contre l’acquéreur et ses ayants cause à titre
universel : elle était sans effet à l’égard des sous-acqué¬
reurs.
L’usage de joindre à la mancipation une stipulation de
peine pour les clauses de ce genre est attesté par l’acte
de donation de Syntrophus qui stipule certaines charges
au profit de tiers. La stipulation pour autrui est nulle, et
il ne servirait de rien de la joindre à une mancipation
sous la forme d’une legis dictio. La règle a été formulée
parQ. Mucius Scaevola dans son liber singularis 'Opwv :
Nec paciscendo , nec legem dicendo , nec stipulando
quisquam alteri cavere potest b Mais si l’on ne peut
demander en justice l’exécution d’une pareille stipu¬
lation, on peut indirectement forcer l’acquéreur à l’exé-
[eutcr en lui faisant promettre une somme très élevée à
titre de peine \ C’est ce que fit Syntrophus: Ab hac re
Wfomissioneque dolus malus cujus vestrum , de quibus
AgdM>\ [ absit . Si advenus ea f(actum) erit q[uanti )
> [es) e[rit )] tanta m pecuniam dari , et amplius
poenar nomme -HS- L m[ilia ) njimmum), stipulatus
Flavius Syntrophus ], spopondit T. Flavius
AiUades liber lusÿ.
co 1 lj'\ m JUrG cessionis- ~ L’m jure cessio a été,
T,r:ic d manc'Pa*'i°ni confirmée par la loi des Douze
■ es loges qui s’y rattachent doivent en principe
CorP- inscr. 21’ 5’ Herm°g- 2 l"r' CPH- D,(J- XV
4- 9; Marcian j r " j°’ J,'.88’ ~ 2 PauL ReO' ûiO- XL- L 9 1 Ü1P-
buaest. Di,,, p _ nsL Dl,J- XL, 9, 9, 2. — 3 Gai. I, 13, 15. — 4
%. XLV, i j .’> -, à p’ T 6 Gai' 3 acl X11 Tab- Dig. IL 14, 48. — g Seac
49 Id'if ! naU ; 27 ad E(1- Di9- XL L 11. — 7 Q. Mue. Dig. L,
" 10 Paul. 1 M™ r y *’ 38’ 17- — 9 Cor jj. inscr. lai. VI, 1023C
Mil, 4, n : Defecti ^ ^ ' ~ 11 ^ai' 23‘ — 12 Pompon. ad ‘
L'iJuid eSf 15 5" atia accedendi ad ca loca, quae non serviant
,Un '» cessione’s^ Scnilus debetur, qua tamen accedere iis sit
!M-i1%.ep.eod sit, qua accédé, -etu
r/, 47- - « M#j' Paul- 1 Man. Valic. fr. 50. - H Paul. 1 Ma
' XII, i || CSl’' Rl/I- XXII, 1, 41, l, — 16 Proc. ap. U
VOlest obligati’ coL-S- ” P.Ml- 3 ad EtI- Dig. II, 14, 17 pr. : Re «
y ' 11 n?SÎ* Qua^nus datum sit. — 18 Sev. Cai
être efficaces comme les loges mancipii Ln fait, Vin
jure cessio était, dit Gai us, très peu usitée comme mode
de transfert de la propriété11. Aussi les textes qui s’y
réfèrent sont-ils très peu nombreux. Ceux qui ont été
insérés au Digeste ont été retouchés: Vin jure cessio
ayant disparu comme la mancipation sous Justinien, les
compilateurs ont partout supprimé les mots in jure'-.
Ces textes prouvent l’efficacité des leges jointes à une
in jure cessio, soit pour régler le mode d’exercice de la
servitude qui va être établie, soit pour réserver une ser¬
vitude à l’aliénateur 13.
III. Leges traditionis. — Pendant longtemps la lex in
traditione dicta est restée inefficace: l’acte auquel elle
se rattachait n’était pas consacré par le droit civil u. Sous
l’Empire, on abandonna ce point de vue trop étroit, et
l’on admit dans certains cas la validité de la lex jointe à
une tradition translative de propriété.
1° Lex jointe à un mutuum ou plus généralement à ane
pecuniae datio en vue d’en régler la restitution. Telle est
la clause qui autorise des paiements partiels : Si... hac
loge mutua pecunia data est , uli liceret et particula-
tim , quod acceptant est, ex solvere16. Telle est aussi la
clause qui permet de rendre moins que l’on n’a reçu16.
Mais la lex serait sans valeur si elle imposait à l’acqué¬
reur l’obligation de rendre plus 17 [mutuum j.
2° Lex dotis dandae. — La règle qui précède a été appli¬
quée à la constitution de dot faite par un tiers à charge
de restitution : Legem quant dixisti, cum dotent pro
alumna dares, servari oportel 18 . La lex est sanctionnée
par une utilis condictio, lorsque la dot a eu pour objet
une somme d’argent19.
La même décision fut admise lorsque la dot avait tout
autre objet 20 : le juge chargé de statuer sur la restitution
de la dot avait des pouvoirs très larges et suffisants pour
tenir compte de la lex rei suae dicta imposée par le
constituant 21 . L’action rei uxoriae est une action in
bonum et aequutn concepta ; elle contient dans sa formule
la clause aequius melius 22 .
3° Lex donationi dicta. — L’efficacité des leges jointes
à une donation a été moins facilement admise que pour
la dot. Il fallait pour les rendre valables les confirmer par
une stipulation.
Dans un cas spécial, la donation d’un esclave à charge
de l’affranchir, la lex donationis fut déclarée obligatoire
parla jurisprudence 23 : on appliqua par analogie la cons¬
titution de Marc-Aurèle relative à l'esclave vendu à
charge d’affranchissement24. Les magistrats furent invi¬
tés à assurer l’exécution de la lex donationis r\
On admit ensuite, au temps de Dioclétien, que la lex
donationis, jointe à une tradition faite en vue d’obte¬
nir l’exécution d’une charge, serait traitée non comme
un simple pacte, mais comme un contrat innomé, et
Just. Il, 3, 10 =V, 14, I. — 19 Ibid. Ncc obesse tibi poterit, quod dici solet, ex
pacto actioncm non nasci. Tune enim hoc jure utimur, cum pactum nudum
est. Alioquin cum pecunia datur, et aliquid de reddenda ca convenu utilis est
condictio, — 20 Paul. 35 acl Ed. Dig. XXIII, 4, 20, I : Si extraneus de suo
daturus sit dotera, quidquid vult pacisci, et ignorante muliere, sicut et stipulari
potest : legem enim suae rei dicit. — 2i Cf. Pompon. 15 ad Sab. eod. 7, qui
prouve le rapport existant entre l'efficacité de ce pacte et l’exercice de l'action rei
uxoriae. — 2? Cf. Éd. Citq, Institutions juridiques , t. I, p. 490, n. 5. — 23 papin.
9 Resp. Dig. XL, 8, 8 : ...Cum donationis legi non esset obtemperatum , ex senten-
tia constitutionis divi Marci libertales obtingere matre consenliente, respondi.
— 21- (Jlp. 38 ad Sab. Dig. XXVI, 4, 3, 2. — 23 UIp. 2 De off. cons. Dig. XL, 2, 20,
l : Sed et si hac lege ei serves fuerit donatus, ut manumittatur, permittendum
erit manumittere, ne constilutio divi Marci superveniens cunctationem consulte
dirimat. ,
140
LEX
1110
sanctionnée par i action pracscriptis verbis * [prae-
scriptio]. Ce fut l’application d’une règle générale désor¬
mais consacrée pour la lex traditionis : Rebus certa lege
traditis , si huic non pareatur, praescriplis verbis
incertain civilem dandam actionem , juris auctoritas
demonstrat
lex a 1. 1 m e x ta u i a . — Voir l’article lex scribonia ali¬
ment aria.
LEX AMN’CJA. — Voir EDICTUM, HONORARIUM JUS.
lex collegii. — Parmi les lege s privatae , celles
qui, par leur mode deformation, ressemblent le plus aux
leges rogatae , ce sont les leges collegiorum. On donne ce
nom aux statuts des collèges funéraires ou professionnels
si nombreux à Rome sous la République et sous l’Empire
[funus, t. IV, p. 1402]. De même que la lex pub/ica oblige
tous les citoyens, la lex collegii est obligatoire pour tous
les membres du collège. Chaque collège avait la sienne.
La loi des Douze Tables laissait aux associés toute lati¬
tude pour la rédaction des statuts, sous la seule réserve
de ne porter aucune atteinte aux lois de la cité. Sodales
sunt, gai ejusdem collegii sunt. I/is autem potestatem
facit lex pactionem quamvelint sibi ferre dum ne quid
ex pub l ica lege corrumpant 3. Cette règle fut maintenue
même sous l’Empire, lorsque la liberté d’association eut
été restreinte par la loi Julia 4. Elle perdit en partie sa
portée pratique lorsqu’au cours du 111e siècle les collèges
professionnels reçurent le caractère d’institutions pu¬
bliques 5. Au ive siècle, leur autonomie devint presque
illusoire, alors qu'ils furent tenus de se conformer aux
règles et aux conditions imposées par l’État 6. Il était bien
diflicile de parler de liberté à une époque où les membres
d’un collège n'avaient plus le droit de le quitter 7, où
leurs biens étaient affectés au service de la corporation 8,
où le fils devait suivre la profession de son père, où
1 on enrôlait de force dans chaque corporation les tra¬
vailleurs dont on avait besoin9. Ce qui va être dit sur
les leges collegiorum s’applique donc spécialement à la
période comprise entre la loi des Douze Tables et le
iiic siècle de notre ère. Les renseignements qui nous sont
fournis par les monuments épigraphiques se rapportent
pour la plupart aux premiers siècles de l’Empire 10 :
1° Confection de la lex collegii. — Les usages suivis
pour la confection de la lex collegii s’expliquent aisé¬
ment lorsqu’on se rappelle comment les collèges étaient
1 Diocl. Cod. Just. IV, 38, 3 : Sicut perfecta donatio facile rescindi non potest,
ita legi, quam luis rebus donans dixisli, parère convenit. — 2 Diocl. eod. IV, 04,
0; cf. 8, eod : Cum hujusmodi conventio non nudi pacti nomine censeatur, sed
rebus propriis diclae legis substantia muniatur, ad implendum placitum tibi prae¬
scriptis verbis competit actio. Celte doctrine est énoncée dans un fragment de
Papinien (27 puaest. Big. XIX, 5, 8) que certains auteurs croient interpolé ; ef.
Pernice, Labeo, t. III, p. 90, n. 3. — 3 Gai. 4 ad XII Tab. Dig. XLVII, 22, 4; cf. Éd.
Cuq, Institutions juridiques, l. I, p. 50 et 133. — 4 Corp. inscr. lat. VI, 2193, 4416.
— 3 Lamprid. Vita Alex. Sev. 33 ; Vopisc. Aurelian. 47. — 0 Diocl. Cod. Theod.
VIII, 4, 11. — 7 Cod. Theod. XIII, 5, 14 et 19; XIV, 3, 8 :Neillud quidem cuiquam
concedi oportet, ut ab officina ad alium possit transitum facere. — 8 Ibid. XIII, 5,
2, XIV, 4, 7 : Dona omnia ac patrimonia requiruntur. — 9 Ibid. XIV, 3, 5 ; XIV,
4, 5. — 10 Voir la liste des collèges antérieurs à l’Empire dans VValtzing, Etude
historique sur les corporations romaines, l. I, p. 87-89. — il Gai. 3 ad ed. prov.
Dig. III, 4, 1, 1. — H Corp. inscr. lat. VI, 10234, 1. 4; XIV, 2112, 3, 1. 27;
29G71. — 13 Ibid. VI, 7801-7804; 9254; XI, 120, 133, 5054; XIV, 128, 100, 330,
370, etc. — H Ibid. V, 5012, 5701, 5738, 5809, 5888; VI, 9404. — 13 Ibid. VI,
9405. — 10 Ibid. V, 5738. — 17 Ibid. VI, 148. Les décréta decurionum sont
cités dans Bull, de la Soc. des Antiquaires, 1891, p. 03; Corp. inscr. lat. VI,
10317; 10350. — 18 Ibid. XIV, 252, 256. — 18 Ibid. Ce patron était parfois
celui de la cité : Ibid. XI, 5054, 6070. — 20 Ibid. XI, 970; III, 1212; VI, 29700,
29702. — 21 Ibid. XI, 2702. — 22 Ibid. VI, 10234, I. 8 cl 9; 10294; XIV, 2113,
1. 1, 2. — 23 Ibid. XII, 2112; XIV, 10234; Ephem. epigr. VIII, 210. — 2'- Ibid.
VI, 1930; X, 1888; XIV, 285, etc. — 23 Ibid. V, 3411; VI, 10333, 10319; XII,
7, 33; Allmer et Dissard, Musée de Lyon, II, 1G9. — 26 Décréta collegii: Corp.
LEX
organisés. Tous les documents sont d’accord p0|
que l’organisation des collèges est modelée
cités {ad exemplum reipublicae)11. (el1e des
Les membres du collège forment le populus 12 • -\
répartis en décuries13, parfois en centuries 14 Cr ^
dées par un décurion13 ou un centurion16. | "min;"''
des décurions forme le sénat ou conseil du col] JT'01
decurionum) 17. La masse des associés forme h t/ T*
Comme la cité, le collège a pour protecteurs /
patrons 19 dont il escompte la générosité 29 et qu’il reni S
en lui érigeant des statues 21 . Comme la cité le ron^'6
ses assemblées (. conventus )22, qu’il tient parfois danf ”
temple public en vertu d’une autorisation spéciale23 T
plus souvent dans un local qui lui appartient en protiJ
la sc/io/a2'1'. 1 1 e'
Ces assemblées, comme les comices, ont des attribu
tions électorales25, législatives *•, judiciaires27. Le collé»
a pareillement ses magistrats élus pour un an28 ou pour
un lustre29 (magistri, quinquennales ), et qui prêtent. ser¬
ment, comme les magistrats du peuple romain, à leur
entrée en charge30 et à leur sortie31 [jusjurandum, t, Y,
p. 770]. 11 a aussi ses hommes d’affaires ( curatores)n
ses secrétaires ( scribae 33, tabularii 34, notarii) et gens de*
services (viatores, appari tores, aeditui , etc.). Enfin le
collège a sa caisse ( area collegii )35 avec un trésorier
(quaestor 36,arcarius 37), chargé d’encaisser les recettes el
d’acquitter les dépenses, sous la surveillance du ma-
gister 38 .
Si à tous ces points de vue le collège ressemble it une
cité, il en diffère quant au caractère de \nlex qui le régit.
Ce n’est pas, comme la. lex municipal is , une lex data,
imposée par l’autorité compétente, mais un règlement
librement accepté par les membres du collège: lex ah
ipsis constituta 39. L’initiative est prise ordinairement
par le fondateur ( constitutor 40). Ceux qui désirent s'asso¬
cier s’assemblent, parfois dans un temple41, pour délibé¬
rer sur le projet de statuts. Contrairement à la règle
observée dans les comices, tout membre de l’assemblée
peut prendre la parole et faire une proposition42. Puis on
procède au vote, soit par acclamation43, soit par écrit”.
Tout en restant libres de fixer à leur gré les statuts,
les membres du collège devaient se conformer aux con¬
ditions imposées soit par les bienfaiteurs de l’association,
soit par l’État. Le statut du collège d’Esculape et d Hygie>
inscr. lat. V, 5272; VI, 0000; Bull, delta comm. archeol. corn, di Sortie, M ii
p. 110, n. 1. — 27 Cic. ad. Quint, fr. Il, 5, 2. Lex du IJm/.swv à Athènes, s
milieu du m" siècle; cf. Wide, Mittheil. der deutsch. archaeol.
Athen, 1894, t. XIX, p. 248. — 28 Corp. inscr. lat. X, 444. - 29 ],]
321, 990, 9400, 10299. — 30 Ibid. VI, 10298, c. ix. — 31 Ibid. c. 2,MPPor^.
formule du serment que devait prêter le magister du collegium aquae U
pal]am in conlegio aquae intra paticabulum , quo die mag[isterio) [au11 ^
verit se hoc conlegium re\mque hoiusce conlegi, qnod quidquid pênes sis ^
[ recte administrasse, neque se adverses h.] I. fecisse scientem d(ol«) "'i ^
suo magisterio, suosque prohibuisse... — 32 Cf. Corp. inscr. lat. X , 1
res negotiaque eorum intégré administret ; V, 5305 : Ob curam intip ^
raliier gestam. Élus pour un an : Ibid. XII, 3801 ; Bruns, p. 357, b 1 ^
do questeurs, ils sont aussi trésoriers. — 33 Corp. inscr. lat. V, ,Sl’ |
— 34 Robert, Epigr.de la Moselle, II, 115. — 33 Gai. 3 ad ed. proi. Dig- ^ ^ 34,
Corp. inscr. lat. VI, 9254. — 36 Ibid. VIII, 255 4. — 37 Ibid. VIII, I ]’ C(J
— 38 Ibid. III, 7437. — 39 Ibid. XIV, 2112, I. 0-7. — « Ibid. VI, U'~). "c'f j|V,
titutor collcgi Numinis dominorum quod est sup templo divi - al ^
3059. — 41 Ibid. VI, 10234, 1. 23 : Hoc decrelum ordini n(ostro) plae^ ^ ^
ventu pleno, quod gestum est in templo divorum in aede divi > ■ ,^1,
XIV, 2H2; II, 1. 24 : Si quis quid queri aut referre volet, in con|4y y|t ) o234.
— 43 [,a formule est ; Placuit universis ou universi censuèrunt . ^ nonS111^1
— 44 C’est ce que l’on peut induire d'une inscription qui mentionne
ad subfrag(ia ) {Corp. inscr. lat. XIV, 2030). Mommsen rapproche de ce
sage de Pline ( Hist . nat. XXX, 2, 31): Praeterhos etiamnum nonjen
ex omnibus electi ad custodiendas su/fragioritrn cistas in comitns.
LEX
— 1111
LEX
I , •;■{ offre un exemple des premières : la donatrice
dC raI1 p ulmettre plus de soixante membres et détermine
dlifen£ 'niions sous lesquelles il sera pourvu à leur rem-
-l6SC0nent en cas de décès L De même sous l’Empire,
ST t' pouvait n’autoriser la fondation d’un collège que
W deg conditions déterminées. Une lettre de Pline à
rTn Trouve qu’on se préoccupait de limiter le nombre
K membres et d’exclure d’un collège professionnel les
ouvriers exerçant un autre métier-. _
Depuis la loi Julia decollegus , le college n avait d exis-
Itince légale qu’après avoir obtenu l’autorisation de
l’État Cette autorisation devait, suivant Mommsen, être
demandée au sénat pour l’Italie3 et les provinces séna¬
toriales4 ( quibus senatus c{oire) c{ogi) c[onvocari) per¬
mit e lege Julia 5), à l’empereur pour les provinces
impériales.
Mais cette distinction n’a pas été rigoureusement
observée. Il y a, au uc siècle, des exemples d’autorisations
•données par l’empereur à des collèges d’Italie 6 ; et un
jurisconsulte du commencement du me siècle met sur la
même ligne l’empereur et le sénat, quant au droit d’au¬
toriser Information des collèges 7. On trouve cependant,
au milieu du m° siècle, un exemple d’une autorisation
donnée par le -sénat dans une province impériale 8. Je
serais porté à croire que, régulièrement, la demande
d’autorisation était adressée au sénat qui prenait l’agré¬
ment du prince ( concedente imperatore). Dans certaines
inscriptions, on a omis la mention soit du sénat, soit du
prince, alors que l’un et l’autre ont dû être consultés °.
Une inscription de Cyzique distingue nettement la confir¬
mât, io du sénat et la concessio de l’empereur 10.
I 2° Rédaction de la lex collegii. — Les monuments
épigraphiques nous ont conservé un certain nombre de
le g es collegiorurn qui donnent une idée suffisante de leur
rédaction. Ce sont d’abord les statuts de trois collèges
funéraires, le collège d’Esculape et d’IIygie à Rome11,
celui de Diane et d’Antinoüs à Lanuvium12, celui de
Bacchus à Athènes13; puis ceux de la curia Jovis de
Simitllms, organisée en collège funéraire l'*. Ce sont
ensuite les fragments des statuts de deux collèges pro-
I issionnels, le collège des foulons 15 et celui des ivoiriens
jet ébénistes romains16. Ce sont enfin les règlements de
B) «sieurs collèges militaires de Lambèse, le collège des
j eutenants ( optiones ), celui des sonneurs de cor ( corni -
P ,' .’ ^es *-esS(b'aires, des optiones valetudinarii 17, etc.
I es reglements portent parfois le nom de lex scholae 18.
I statuts déterminent: 1° les conditions d’entrée 19 ;
I
t dédit donavitave V’ f ' 1 SalmaC- f • Marcellina... collcgio slupra) s[cript<.
ut ne pures adbn , nl'uminum ) * «minibus n(umero)LX sub hac condiciom
l'umloca reniant et \ih j? numerus s(uP™)s{criptus), et ut in locurn defuncU
mtrivel liberto du \ ^ efantur ’ vel Sl 1uis locurn suum legare volet filio vi
cf- Karlowa Hnm ' j""1, ut inférât arkae n(ostrae) partent dimidiam funeralic-,
^X,U:E00l ait T JeSCh' ‘‘ *’ P' 8I4- Waltzing, t. I, p. 524.
, yo attendant ne miis »{.< _
Ep- X’ 33 : Eao attend» *’ P' Sl4; WaItziüS’ ». I, P- 524. - 2 PU;
T f?ber recipiat ur neve jure concesso
~ 3 c<>rp. inscr ' c 'll'cüe__cu^odire tara paucos ( Corp . inscr. lat. II, 110
Anloniu 10 pieuij , j ’ 83’ 187^ 441 G, 29671. — 4 Ibid. III, 7060. Se
^ur néon et habent '' "lan^s c'c Cyïkpie demandent ut corpus quod app
[ pu,, p ln cmtato sua, auctoritate [amplissimi o]rdinis ce
’ /‘i-8 : Pietati Hostil' *rr~- ° — 6 Corp. inscr. I
ex Pnmiss(u) divi pn W<( Hostilianae, (sex) vir(i ) Aug(ustales) soci, quib(
[ 1 Marcian. 2 ,■»,/ - *la*>ere permiss[um est), primaa benemerer.
senalusconsulto mirt ; 3, I : In summa autem, n
c"rPus coierit, contre, vl"' Cacsaris collegium , vel quodeumque b
célébrât ; cf. m %<l "seonaultum et mandata et constitutiones c
7 Cf- ''inscription T’ S-taatsr- H, S80, trad. t. V, p. 164, n.
£***-, Corp. inscrl'j jemenelmn'>> chef-lieu de la province e
I °nsullo) c(oire) permission) est ’ TCf 9^(us) ex s(e,
1 ‘ u- Waltzmg, Op. cit. t. 1, p. 118 et 12
2° les charges imposées aux membres du collège (droit
d’entrée (. kapitularium 20, scamnarium 21); cotisation
mensuelle ( stips menstrua 22 ), prestations diverses
( mimera 23) ; 3° les dates des assemblées 2t, des banquets 23,
des sacrifices 26 ; 4° l’emploi des revenus : honoraires des
chefs 27, parts dans les distributions de sportules 28,
salaires des gens de service 2D, primes accordées en'certai ns
cas aux militaires ( anularium )30, frais des obsèques des
membres décédés (funeraticium)2i ; 3° les droits et obliga¬
tions des membres des collèges funéraires [tonus, t. IV,
p. 1403] ; 6° les amendes en cas de contravention.
Aucune de ces loges ne contient le règlement complet
du collège. C’esl là une particularité de leur rédaction et
une différence avec les statuts de nos associations mo¬
dernes. Les Romains ne jugeaient pas utile de graver sur
pierre, marbre ou bronze, les clauses d’usage : la lex ne
comprend en principe que les dispositions spéciales au
collège.
Une autre particularité, c’est qu’on ne trouve dans les
leges des collèges professionnels aucune clause relative
aux procédés techniques. On a parfois invoqué en sens
contraire la lex Met ilia de fullonibus 32, mais ce n’est
pas une lex collegii , c’est un plébiscite33.
3° Publication de la lex collegii. — • Les statuts du
collège sont affichés dans la schola. Il était essentiel de
les porter.à la connaissance de ceux qui demandaient leur
admission dans le collège. La lex du collège des adorateurs
de Diane et d’Antinoüs à Lanuvium recommande aux
nouveaux adhérents de lire d’avance le règlement: Tu,
qui novos in hoc collegio intrare vole[s, p]rius legem
per lege et sic intra , ne postmodum queraris aut licre-
dibus controver[si]am relinquas 3L Pour donner une
plus large publicité aux statuts, le collège obtenait par¬
fois l’autorisation de les afficher dans un temple : c’est ce
qui eut lieu à Lanuvium. L. Caesennius Bu fus [dict[a-
tor) III et patronu]s municipi... praëcepit legem ab
ipsis constitutam sub tetra[stylo A]ntinoi parte inte
riori perscribi 33.
4° Désignation de la loi. — La loi emprunte au collège
sa dénomination. Les collèges funéraires sont souvent
désignés par le nom d’une divinité dont ses membres se
disent les adorateurs : tel est le collegium salutare
Dianae et Atitinoi36, Æsculapi et Hggiae3', Jovis Cer-
neni 38, Silvani 39. Les collèges professionnels portent
le nom du métier exercé par les membres, et de la cité
où ils sont établis. Sur le premier point, la règle n’est pas
absolue : on rencontre fréquemment dans ces collèges
Moritz Voigt, Rom. Rechtsgeschiclite, t. II, p. 318, u. 21. — 10 Corp. inscr. lat. III,
7060 : [ S(enatus)c(onsultum ) de p]ostulatione Ky zicenor{um) ex Asia, qui dicunt
ut corpus, quod appellatur néon et habent in civitate sua, auctoritate [ amplissi¬
mi o]rdinis confimietur... Sententia dicta ab Appio Gallo, co(n)s(ule) desig{nato),
relatione 1111, concedente imp(eratore ) Caes[are ] T[ite A]elio Hadriano Anto-
[: nino Aug.] — U Ibid. VI, 10234. — 12 Ibid. XIV, 2112. — 13 Inscription du
Uaxyeiov : Mittheil. d. deutsch. archaeol. Inst, in Athen, 1894, XIX, 248.
— 14 Corp. inscr. lat. VIII, 14683. — 18 Ibid. VI, 10298. — 16 Bruns, 356-357.
— 17 Corp. inscr. lat. VIII, 2552-2554; 2556-2557, etc.; cf. Besnier, Mélanges
d’archéol. et d’Iiist. de l'École française de Rome, 1899, p. 199. — 18 Mém.
de la Soc. des Antiquaires, 1894, t. LIV, p. 7. — 19 Corp. inscr. lat. VI,
10234, 1. 5-7 ; 10298, 1. 14-16 ; XIV, 2112; I, 1. 20-21; Bruns, p. 356, I, 4-0.
— 20 Ibid. XIV, 2112, 1. 20-21. — 21 Ibid. VIII, 2553. — 22 Ibid. XIV, 2112, I,
1. 11 ; Marciau. 3 Inst. Dig. XLV1I, 22, 1 pr. — 23 Corp. inscr. lat. VIII, 14683 a.
— 21 Ibid. III, p. 924; II, I. 5 ; II, 4468. — 25 Ibid. VI, 10234. — 26 Ibid. XIV,
2112; II, 1. 29-30. — 27 Ibid. VI, 10234. — 28 Ibid. XIV, 2112, 1. 25-2s'.
— 29 Ibid. 1. 19-20. — 30 Ibid. VIII, 2552, 2553, 2556. — 31 Ibid. XIV, 2112,
I. 29-31. — 32 Plin. Hist. nat. XXXV, 17, 197. - 33 C.f. Willems, Le Sénat, t. l’
p. 343. — 34 Corp. inscr. lat. XIV, 2112, 1. 17-19. — 35 Ibid. 1. 6. — 36 Ibid
XIV, 2112. — 37 Ibid. VI, 10234. — 38 Ibid. 111, p. 924. — 39 Ibid. III, 633 ;
X, 444.
LEX
— 1112 —
LEX
des personnes exerçant un métier différent. A Lyon, par
exemple, il y a dans le collège des fabri tignuarii un
potier \ un forgeron 2, un marchand de saumure 3 ;
dans le collège des fabricants d’outres, un marchand de
toile 4 et un peigne ur de laines 5. Certains collèges com¬
prennent des ouvriers -de deux métiers différents à
1 exclusion de tous autres 6 ; tel le collège des ivoiriers et
ébénistes de Rome7.
I n trait caractéristique des collèges professionnels,
c est 1 indication de la cité où ils sont établis. C est une
conséquence de leur caractère municipal. Ils n’étaient
autorisés que dans les limites du territoire d’une cité. On
les désigne ordinairement par un adjectif dérivant du
nom de la ville: corpus dendrophorum Ostiensium 8.
Parfois le nom de la ville est au génitif : collegium fa-
brum coloniae Apul{ensis) ; parfois aussi il est accom¬
pagné du mot consi st ere : Lugduni consistentes, et
désigne des personnes résidant dans cette cité alors
même qu’elles n’en seraient pas originaires 9.
5° Modification de la lex collegii. — Les statuts des
collèges ne sont pas immuables. Œuvre de la volonté
commune, ils peuvent être modifiés par l’assemblée
générale. Une inscription de Pompéi en offre un
exemple: la lex du collège des ministri Fortunae Au-
gustae obligeait certains membres à fournir une statue ;
une décision de l’assemblée, prise sur le rapport du
questeur, autorisa le débiteur à donner à la place deux
socles de marbre. Pro signo quod e loge Fortunae Au-
gustae ministrorum ponere debebat... basis duasmar-
moreas decreverunt pro signo poniret 10 .
6° Sanction de la lex collegii. — La lex collegii n’a
par elle-même aucune valeur juridique : c’est un acte non
solennel, pactio H. Mais le fonctionnement du collège eût
été impossible si l’on n’eût trouvé le moyen de rendre
obligatoires les clauses inscrites dans les statuts. Il était
d usage de confirmer la lex par un serment, ou une
stipulation 12 ( conjurare et convovere ; conspondere et
compromittere).
Chacun des membres jurait de se conformer aux
statuts et faisait un vœu pour le cas où il ne tiendrait pas
son serment ; ou bien il faisait une promesse en forme
de stipulation. Les membres du collège étaient dès lors
enchaînés par un lien religieux ou civil. Grâce à cette
précaution, on pouvait exiger l’accomplissement des
obligations imposées par les statuts et punir les contra¬
ventions.
La procédure à suivre pour exiger les prestations fixées
1 Allrncr et Dissard, Inscr . antiques du Musée de Lyon , t. II, 170.
— 2 Ibid. 184. — ^ Ibid. 166. — 4 Ibid. 181. — 6 Ibid. 182. — G Bruns,
p. 356 : [Item] placere ut si alius quam negotiator eborarius aut citriarius per
[fr]audem curatorum in hoc collegium adlectus esset , uti curatores ejus c[au]sa
ex albo ra[d]e[r]entur ab ordine. — 7 Bruns, p. 356 ; cf. Callistr. 1 De cognit. Dig.
L, 6, 5, 12 : Ncc omnibus promiscue qui assumpti sunt in his collegiis immuni-
tas datur , sed artificibus duntaxat. — % Ibid. XIV, 33, 67, 71, 97, 280, 324.
— 9 Cf. Mommsen, Hermes , VII, 309, et sur le rôle des collèges dans la
cité, Waltzing, t. II, p. 183. — 10 Corp. inscr. lat. X, 825. — li Gai. 4- ad
XII Tab. Dig. XLVII, 22, 4. Une inscription de Pouzzoles mentionne la lex
et conventio corporis Heliopolitanorum [Corp. inscr. lat. X, 1579). — 12 Corp.
inscr. lat. V, 196,1. 13 : Neve post hac inter sed conjoura [se nev]e comvovise
neve conspondise neve conpromesise velet, neve quisquam / idem inter sed
dedise velet ; cf. Tit. Liv. XXXIX, 18, 3; Plin. Ep. X, 96, 7 : Se sacramenlo
obstringerc. — 13 Corp. inscr. lat. III, p. 925, 1. 13 : Cautionem suam , in
qua eis caverat , recepisset... Idcirco per hune libellum publiée testantur ,
ut... ne putet se... ab eis aliquem petitioncm funeris abiturum. — 1* Ibid.
XIV, 2112; 1,20: Plaçait , ut , quisquis in hoc collegium intrare voluerit ,
dabit kapitularii nomine IIS C n{umos) et vint boni amphoram; cf. Ibid. VIII,
2557, 1.30. — IG Ibid. XIV, 2112; I, 21 : Dabit... in menses sing(ulos) a(sses) V;
cf. Ibid. VI, 10234, 1. 6; XIV, 2112, II, 1. 7. — 16 Ibid. XIV, 2112, I, 27:
par les statuts variait suivant qu’on avait ou non
les formes ordinaires des contrats13. Dans lo * m^°$J
cas, le droit commun était applicable; dans le 1
ii 1 H
plus fréquent, il appartenait au magister dYv, r-
cution de l’obligation: c’est ce qui avait lieT',!,,! "T
paiement du capitularium ‘\ de la cotisation ' 6
suelle 15, etc. men'
Les peines prévues par les statuts en cas de n)|
vention sont de quatre sortes: peine pécuniaire r!|
du jus honorum ou du jus suffragii , privation' ï
avantages assurés aux membres du collège, exclusion
La première peine est de beaucoup la plus ordinaire
elle consiste presque toujours en une somme fixe- d uis
un cas cependant elle est portée au quadruple 1C. p]](,
encourue par les membres du collège en cas d’injure
verbale 17 ou de tumulte pendant les banquets 18 ; par ]e
président, lorsqu’il emploie l’argent social contrairement
aux statuts 10, ou refuse, en sortant de charge, de jurer
qu’il a fidèlement rempli ses fonctions20. Dans ce dernier
cas, la déchéance du jus honorum et du jus suffragii
s’ajoute à la peine pécuniaire 21 .
La privation des avantages assurés aux membres du
collège est la conséquence foute naturelle de f inobserva¬
tion des statuts. Elle est spécialement mentionnée dans
la lex corporis Heliopolitanorum'12.
Quant â l’exclusion du collège, c’est la seule ressource
que l’on ait vis-à-vis du membre du collège qui se rond
coupable d’un manquement grave aux statuts, ou refuse
d’acquitter les amendes prononcées contre lui 2 .
La procédure à suivre pour réprimer les contraventions
aux statuts varie suivant la nature de la peine: pour les j
contraventions qui entraînent une peine pécuniaire, on
suit une procédure analogue à la procédure civile. Le
magister est investi d’un droit de jurisdictio : c’est
devant lui que l’action doit être intentée24, c’est lui qui
organisera une instance et nommera des juges pour
trancher le différend. \In eum , gui contra h. I. fulloni '•
cum fecerit cretulentumgue exeg]erit, ex h. I. magister
magistrive judicium danto 2C.
Y avait-il pour le collège, comme pour la cité, un album
de juges? Cela semble résulter d’une inscription relative
à un collège de fabri de Tusculum ou d’Ostie : elle ]
retrace, lustre par lustre, la carrière de l’affranchi L La-
vius Hilario, qui, après avoir été décurion du collège*®
lustre XV, puis deux lustres de suite magister quinguen-
nalis et censor bis ad magistratus creandos , début
judex inter eleclos [ lustro ] XXI26.
(loto
Qui funeris ejus curam ayant, efrationem populo reddere debebunt sj" ^
m[alo ] ; et si ijuit in eis fraudis causa invent um fuerit eis, .
quadruplum. — 17 Ibid. XIV, 2112; II, 28 : Si quis quinquennali '"[f j
obprobrium aut quid contumeliose dxxerit, ei multa eslo HS XX n. , ^
Quisquis seditionis causa de loco in alium locum transierit, eiwullo- ^ ^
IV n. Si quis autem in obprobrium aller alterius dixerit aut tu[rnul\ltH-'n‘ ^
ei multa esto IIS XII n. — 19 Ibid. VI, 1U234 : Quod si ea pecunia 011,1 ^ ^
s[upra) s[cripta ) est... in altos usas convertere voluerint quam in eos
(supra) s(cripli) sjint)... q(uin)q(uennalis) et curatores yi,
uti poenae nomine arkae n(oslrae) inférant IIS XX m. n. — ^
10298, I. 1-6. - 21 Ibid. 1.7: [qui magister ita non jurarerd^ ^ ^
ma]g(ister) ni esto nioe su/fragium inito. — 22 Ibid. X, 1379 : H" " -j
possessorum juris est qui in cullu corporis Heliopolitanorum .
atque ita is accessits jusque esto per januas itincraque ejus
adversus lecem et conventionen ejus corporis faccrc persévérât'11 |S9l,
ad Quint, fr. II, 5, 2. Mittheil. d. deutsch. archaeol. Inet. 111 ■■ ^
t. XIX, p. 248. — 24 Corp. inscr. lat. VI, 10298, 1. '■ all proffl11-
pecuniae quantae quis ita multatus erit, ex hac\ le/je actio est",0 ^ j|\,
g(ister) jure dicundo, Ibid. VI, 9289. — 25 Ibid. 1. 1*- "" y
2630 ; cf. pour l'interprétation de cc texte, MoriU Voigt, Oie
t, LI, p. 757, n. 28.
un
• soription delà Gaule Cisalpine, rédigée dans
[ lIne. '^incorrect, mentionne une décision rendue par
"slyle lri?„!i du collège des fabri : ex judicato Aquili
deu' ^iiern Taciti secularis ex collegio fabrum *. Ces
r;î?U: ne doivent pas, croyons-nous, être confondus
iUliiaL nuaglatores 2 qui, suivant l'opinion commune,
aVW t deS arbitres chargés de trancher les différends qui
Avaient entre confrères, et non de juger les contra¬
ventions à la lex collegü 3 .
I D'après les statuts du çollegium aquae, tout jugement
Rendu contrairement aux statuts entraîne pour le juge
une amende 4; il en est de même s’il refuse de juger h
Les décisions rendues parles juges du collège n’etaient
IL comme les sentences des juges institués par les
magistrats du peuple romain, susceptibles d’exécution
forcée : contre les récalcitrants, on n’avait d’autre
ressource que la peine de l’exclusion.
I Les contraventions aux statuts étaient parfois direc¬
tement réprimées par le magister. Comme les magistrats
du peuple romain, il avait la coercitio sanctionnée par le
Iroit d’infliger une amende (mulctae dictio) 0 [mulcta].
| Indépendamment de cette procédure analogue à la pro¬
cédure civile, on trouve la trace d’une procédure analogue
au judicium p.opuli admis en matière criminelle sous la
République. C’est ce qui résulte d’une inscription récem¬
ment découverte à Athènes h
On vient de voir comment et dans quelle mesure
la lex collegü oblige les membres du collège. On s’est
demandé si cette lex peut obliger les personnes qui
n’en font pas partie 8. La question n’en est pas. une.
La lex collegü n’est qu’une convention privée : elle est
pour les tiers res inter altos acta , on ne saurait la leur
opposer. Les fragments du çollegium aquae qui ont
fourni une raison de douter n’ont rien de décisif: si l’on
donne action, en vertu de la lex collegü , contre le mes¬
sager chargé par le magister d’annoncer qu’il était
empêché de prêter serment et qui n’a pas rempli sa
mission J, rien ne prouve qu’il ne soit pas lui-même
Inembre du collège. Quant aux foulons qui veulent
Exercer leur métier sans avoir acheté le droit d’utiliser
es fontaines publiques, si l’on donne action contre eux 10,
au< faculté d appel au préteur n, c’est pour protéger un
monopole concédé par l’État à ceux qui paient le vectigal 12 .
ur un point cependant, une dérogation au droit commun
l e e admise en faveur des membres des collèges funé-
aneb. leurs créanciers ne peuvent réclamer le funera-
ulla'1 U ^eUI> t^)'®eiir- Neque creditori ex hoc collegio
P « pttitio esta. Ce funeraticium a reçu une affectation
spéciale: il doit servir à procurer au membre du collège
une sépulture convenable. On a fait prévaloir ici I in¬
térêt moral du débiteur sur l’intérêt pécuniaire de ses
créanciers.
lex coxsulaius. — Loi proposée par un consul. On
oppose la lex consularis à la lex tribuniciau [lex tki-
bunicia],
lex conthactus. — Le mot lex a été de bonne
heure usité pour désigner les contrats conclus par les
magistrats du peuple romain avec les particuliers. Les
clauses de ces contrats, rédigées d’avance par le magis¬
trat et portées à la connaissance du public, formaient le
cahier des charges de l’adjudication. Elles devenaient
obligatoires dès l’instant de leur acceptation par celui qui
se rendait adjudicataire.
Cette acception du mot lex a passé du droit public au
droit privé : elle y a reçu des applications nouvelles. En
droit privé, la lex contractas , c’est tantôt le contrat
conclu entre deux ou plusieurs personnes, tantôt une
clause de ce contrat, tantôt enfin une clause accessoire
jointe à ce contrat14.
1. Droit public. — Les contrats conclus par les magis¬
trats du peuple romain avec des particuliers sont le plus
souvent des contrats de vente ou de louage. Il y a pour¬
tant des exemples de prêt et de dépôt15. Les magistrats
compétents étaient: pour la vente, les censeurs et les ques¬
teurs ; pour le louage, les censeurs et, dans les intervalles
de la censure, les magistrats supérieurs (consul iG ou
préteur17) et, à défaut, les questeurs18; pour les dépôts,
les questeurs ; pour les prêts consentis par l’État ou poul¬
ies emprunts qu’il contracte, des magistrats extraordi¬
naires quinque ou très viri. mensarii 19.
A. Loges venditionis. — Les ventes sont, en principe,
consenties par les questeurs tant pour les meubles que
pour les immeubles. Qu’il s’agisse des terres conquises
[ctgri quaestorii 20), du butin21, ou des biens confisqués
par l’État22, ce sont d’ordinaire les questeurs qui pro¬
cèdent à la vente sub hasta en vertu d’une décision du
peuple ou du sénat [hasta, t. Y, p. 42]. Il y a cependant
des exemples de ventes consenties par les censeurs23. Ces
ventes devaient même être fréquentes à l’époque antique,
parce qu’elles s’appliquaient à des hypothèses que l'on a
plus tard fait rentrer dans le louage : l'État vendait le
profit à retirer d’une terre en culture24. Venditiones , di L
Festus, olim dicebantur censorum locationes , quocl velut
fructus tocorum publicorum venibant 2B.
L’existence de loges contractas en matière de ventes
faites au nom de l’État est confirmée par divers textes:
1 Corp. inscr. lat. V, 8143. _ 2
Ibid. X, 3910; XIV, 25. — 3 Ibid. X, 240;
WpMylati êentnr.r , „ - "*> a, s*u
I P»er la, vi ,n °s; cf- Hirschfeld, Gallische Studien, III, 17.— 4 Cor
I liceto «Z - ü • • Juagister, si cui fulloni ex h. I. multam dice
Bu em magùter et ** $aepiuS volet ; dictio est° a(ssis) L- — 0 Ibid- >• 2<
■ Mo recuperator '' ^ Iudlcare jnsserit, is si] judicassit ita uti s. s. e. mul
— G Ibid. 1. [°> ,IU0^(Iue ' rn consilio ci erunt in singulos a(ssium) 1
I deutsch. arch~nZi~, ' USchrlft der Iobakchen, publié par Wide dans Mitthcil.
\ ? AthT' lm’ X1X’ P- 21*. L *3-89 : -E*. Si Tlî £.
j. fyltw 0» ‘ tï]v tepéa i| tov àvOteoéa ô Si iTcàvavxeç àyoç
■ üçôvov |xvj 'àar ^" Y]^TW(rav o^oujaévoü to-j Lpéojç, xat TCçoffTso[J.à.ir(jw t:;
f 4 If 1>. 409, __ j r, ‘ !Ict‘ «ÇTuçiou |sexp‘ * xe\ — 8 CL Waltzing, Op. c
I Co»o ni quis fuiy.' mscr\ lal '■ V1> 10298, L 11-13. — 10 Ibid. 1. 13-17 : [P
I is plppuli) RlomaïC) . iSS(^ niKe cretl<lentum exeqissevelit, nisi in dual
B’”'1 c°nkgiij cjcrne y. *US emet ’ Üui contra fecerit, adversus eum qui vo,
■ [ei . ’ °’ ma0<stnsve denantiamino in biduo continua ;
e*io. — n j ‘"tpendwnt qui ad fonte]m venerit, milita a(ssiu
» T" ~~ 12 Éd. L' d® Mommsen dans Bruus- Fontes juris, 8* i
B Clc' De lege agr _ j, Revue histor. de droit , 1899, p. 039, n. 4 et
’ ' lHes sunt veteres neque eae consulares... s
iribuniciae ; Tit. Liv. III, 50, 12. — 14 Liv. VII, 21; Tac. Ann. VI, 17. —
13 Ibid. XXIV, 18. — 10 Locations faites par un consul. 1° Locatio rei : Tit.
Liv. XXXI, 13, 7 (cf. XXVII, 3, 1); Corp. inscr. lat. I, 200, I. 89; 2 0 Lex operi
faciundo : Cic. ad Att. IV, 1, 7; Catilin. III, 8, 20; De divin. II, 21, 47 ; Philip.
XIV, 14, 30; Suet. Claud. 9. — n Locations faites par le préteur urbain : entre¬
prise de fournitures pour l'armée d'Espagne eu 539 : Tit. Liv. XXIII, 48; en 585,
pour l’armée de Macédoine ; Ibid. XL1Y, 10 ; construction de l'ai|ueduc Marcieu en
100 : Fronliu. De aquis, 7. — 18 Locations faites par les questeurs par ordre du
sénat : Cic. Philip. IX, 7, 16; Denys d’Halic. VI, 96; Val. Max. V, 1, I; Corp.
inscr. lat. VI, 358. — m Tit. Liv. XXIII, 21 ; XXIV, 18. — 20 Hygin. p. 115, L 15 :
Quaestorii dicuntur ayri quos populus Romanus devictis pulsisque hostibus pos¬
séda , mandavitquc quaestoribus ut eos venderent. Sic. Flac. p. 130, 1. 14; p. 152,
1. 19; Tit. Liv. U, 17, 0 ; XXVIII, 0, 4. • — 21 Plaut. Capt. 11, 3, 387 : Edcpol, rem
meam Constabilivi , quom illos emi de praeda a quaestoribus. Varr. De re rust. II,
10, 4. — 22 Tit. Liv. IV, 15 : Jubere ituquc quaestores vendere ea bona , atque in
publicum redigere. Ibid. XXXVIII, 60; Denys d’Halic. XI, 40. — 23 Tit. Liv.
XXXII, 7, 3 : Censores sub Tifatis Capuae agrum vendiderunt. Ibid. XLI, 27, 10.
— 24 Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques des Romains, t. I, p. 028, u. 4. —25 Fest.
v« Venditiones.
LEX
1U4 —
LEX
Hyg'») parlant de la vente des a;/ ri quaestorii, dit : Quibus
agris sunt condiciones uti p{opulus) Il(omanus)... quod
etiam pracstitutum observant...; non tamen universos
Pelisse legibus , quas a venditoribus suis acceperant 1 *
Cicéron rappelle que les Romains, après la conquête de
la Sicile, ont montré tant de sollicitude pour cette pro¬
vince qu’ils n’ont pas voulu changer la lex vendit ionis
decumarum ; ils ont conservé le règlement des dîmes
établi par la lex Hieronica -. Le chapitre 64 de la lex
Malacitana nous fait connaître une lex praedibus
praedisque vendundis qu’on appelait aussi lex praedia-
toria . elle avait trait a la vente des garanties affectées à
la sûreté des créances de l’État [praes] 3 *. Les duumvirs
sont autorisés à faire vendre les praedes , les praedia et
les cognitores avec l’autorisation de la curie et de fixer
les conditions de la vente. Mais il leur est prescrit de se
conformer aux clauses insérées par les agents du trésor
à Rome dans le cahier des charges des ventes ex lege
praediatoria : Dum eam lege/n in rebus vendundis
dicant , quant legem eos. qui lioniae aerario praeerant
e lege praediatoria praedibus praedisque vendundis
dice-re oporterct. Que si, lors de cette première mise en
vente, il ne se présente aucun acheteur, ils devront faire
procéder à la vente in vacuum en obligeant l’adjudica¬
taire à payer le prix au municipe de Malaga U
Un autre exemple de lex contractas est cité par
Tite Live a propos des trientabula. Le contrat était
soumis a cette clause ut si quis , cum solvere posset
populus, pecuniam habere quant agrum mallet, resti-
tueret agrum populo " . Cette lex peut être rapprochée
des précédentes, parce qu’elle s’applique sinon à une
vente, du moins à une dation en paiement qui est
analogue à la vente.
Il n’existe pas, à notre connaissance, d’exemple d’une
lex bonorum vendendorum : mais il n’est pas douteux
que la bonorum sectio était régie par une lex spéciale.
Cette lex devait se rapprocher de celle qui était admise
en droit privé pour la bonorum venditio 6 * , et dont parle
Théophile dans sa paraphrase des Institutes de Justinien.
Cette conclusion est confirmée par un passage de Cicéron
où il est dit que, dans les ventes publiques, il était d’usage
constant d accorder à un créancier la préférence sur
tout autre adjudicataire \ Le même usage était suivi
dans la bonorum venditio 8 * *.
R. Leges locationis. — Bien plus nombreuses „
leges locationis. Qu’il s’agisse de concéder h i N'nl' ies
des terres publiques », l’exploitation des minl"S1S0ance
carrières 11 , des salines12 ou de la pêche13 * * de r ' S 011
les impôts, d’entretenir les édifices, aquedu.C '
et cours d’eau publics, ou de faire des construction^
velles, de procurer cà l’État les fournitures dont il , t
pour ses armées, c’est sous forme de loui-o i’°'n
marché est conclu. Tantôt il y a locatio rei
focatio operis faciendi [locatio]. Les conditions
contrat étaient hxees par le censeur dans le ■ “
des charges publié avant l’adjudication : c’était f T
contractas, appelée aussi lex censoria du ' no,,, 7
“ftoesT1’ rtgulièremenl- 011 élail l’auteur [ce,,,,'
Les textes font souvent allusion à ces leges censoriar
elles ont trait les unes aux veçtigalia, les autres aux
ultrotributa **. aux
a) Veçtigalia. — La loi agraire de 643 cite la lex des
censeurs de l’an 639 et de l’un des consuls de l’an 611
®U.ya m/se à ferme des veçtigalia de la province
cl Alrique Le sénatus-consulte de Oropiis de l’an 681
tranche une difficulté soulevée par les publicains sur
interprétation d’une lex locationis 16 . Cicéron mentionne
a lex censoria qui autorise les publicains à recouvrer
les impôts dans la province d’Asie17 * et en Béotie u,
celle qui fixe la redevance imposée à ceux qui cul¬
tivent les terres publiques19 * * ; Varron, une clause de
la lex censoria sur la ferme du droit de pâture 80 ;
Pline, une clause de la lex censoria sur l’exploitation
d une mine dor-1. Alfenus Varus nous a conservé le
texte de deux fragments de leges censoriae , l’une rela-
tive au portorium de Sicile: In lege censoria portus
Siciliae , ita scriptutn erat : « Servos quos domum
quis ducet suo usu, pro his portorium ne dato31 »;
1 autre, a 1 exploitation des carrières de file de Crète:
Caesar, cum insulae Cretae colorias locasset , legem Uct
dixerat : « A e quis praeter redemptorem post idus
Martias cotent ex insula Creta fodito neve eximito
neve avellito 23 ».
p) Ultrotributa. — Des leges locationis relatives à des
entreprises de fournitures sont mentionnées par Tite
Live et par la loi municipale de la colonie de de-
_ 1* _ O K ta 1
netiva D autres concernent l’entretien de temple
oa».
i IlygiQ. p. 110. - 2 Cic. 2* iu Verr. III, 0, H et 13 : ltaque decumas lege
Hieronica semper vendundas censuerunt ; cf. cod. 7, 18; Dcgenkolb, Die lex
Hieronica, p. 78-94, a démontré que cette lex Hieronica est une lex decumis
vendundis. Cicéron {Verr. III, 49, 117), rapportant le nouveau règlement que
Verrès avait substitue à la lec Hieronica et qu’il appelle lex Verria, dit qu’il
débutait par ces mois : lex decumis vendundis C. Verre pr. (Ibid. III, 30, 83).
3 Corp. inscr. hit. II, 1904. — 4 Ibid. : Aut si lege praediatoria emptorem
non inveniet quam legem in vacuum vendendis dicere oporteret... ; cf. Suet.
Claud. 9.-5 Tit. Liv. XXXI, 13, 7. — 6 Theoph. IV, 12 pr. ; cf. Cic. P.
Quinct. 15 : Cui magistri fiant et domini constituuntur ; gui gua lege et qua
conditione pereat, pronuntient. — 7 Cic. 2“ in Verr. I, 54, 142 : Ubi ilia con-
suetudo in bonis praedibus praediisque vendundis , omnium consulum , censorum
praetorum, guaestorum denique, ut optima conditione sit, is cuja res sit, cujum
periculum ? ef. sur ce texte, Mommsen, Jiôm. Staalsrecht, trad. t. IV, p. 129,
n. 1. — 8 Gai. 24 ad Ed. prov. Di g. XLII, 5, 10 : Cum bona veneunt débitons in
comparationc exlranei et ejus, qui creditor cognalusve sit, potior habetur cre-
ditor cognalusve, magis tamen creditor quam cognatus, et inter creditores is,
cui major pecunia debebitur. — 9 Tit. Liv. XX VII, 3, 1. - 10 pi;n. Hist. nat.
XXXIII, 4, 78. - 11 Alfeu. Var. 7 Dig. Dig. XXXIX, 4, 15. — U Corp. inscr. lat.
III, 1209, 1303 : Conductores salinarum. — 13 Dessau, Inscr. lat. I, 1401 : Con-
ductores piscatus. - H Corp. inscr. lat. I, 200, I. 73 : Quibus loceis ex lege loca-
l ionis, quam censor aliusve quis mog(istratus) publiceis vecligalibus ultrove tri-
buteis fruendeis tuendeisve dixit dixeril... ; cf. Ibid. II, 1904, c. 03. — 15 Ibid. I,
200, I. 85 : ...Ex l(cge ) dicta q[uam L. Caecilius Cn. Domitius cen)s(ores) agri
aedificii loci vectigalibusvc publiceis fruendeis locandeis venclundeis legem deixe- I
runt, publicano dare oportere... L. 88 : Neive quod in eis agreispequs jms'ft-
tur, scripturae pccoris lege[m] de[i]citur. — lii Bruns, Fontes juris. - 11 Gic'
Ad Quint, fr. I, 1, 35 : Graeci... possunt in pactionibus faciendis, non
spectare censoriam , sed potius commoditatem conficiendi negotii et liberatio ■
nem molestiae. — 18 Cic. De nat. deor. III, 19, 49 : Nostri quideni publicMb
cum essent agri in Beotia deorum immortalium excepti lege censoria negnbnnt
immortales esse ullos qui aliquando homincs fuissent. — 10 Cic. 2» in Verr. V
21, 53; Hygin. p. 110; cf. sur l’inlerprétalion de ces textes, Mommsen,
Staalsrecht, Irad. t. IV, p. 117, n. 1 ; p. 149, n. 2. — 20 Varr. De re rusl
II, 1, 10: Greges ovium... ad publicanum profitentur ne, si inscriptwn Pecus
paverint, lege censoria committant. — 21 Plin. Hist. nat. XXXIII, 4, 7S : t?'®"'1
lex censoria Victumalarum aurifodinae in Vercellcnsi agro, qua cavebatur,
plus quinque millibus hominum in opéré publicani haberent. — 22 Atfen. ‘
Dig. Dig. L, 10, 203. — 23 Ibid. Dig. XXXIX, 4, 15. - * Tit- Ll’]
XXIII, 48 : Prodeundum in concionem Fulvio praetori esse, indices-0
populo publicas nécessitâtes, cohorlamlosque, qui redemturis auxissent t"'
trimonia ut... conducerent ea lege praebenda, quae ad exercitum i ^
niensem opus essent , ut , cum pecunia ex aerario esset , Us primis
veretur-, cf. Ibid. XLIV, 10. — 25 Corp. inscr. lat. II, 5439, c. '"'j
Ilviri... ad decuriones referunto... uti redcmplori redemploribusque, 1 «> ^
redempta habebunt quae ad sacra resq(ue) divinas opus érunt pcctu,lfl
lege ocalionis attribuatur solvaturq(uc). — 20 Cic. 2» in Verr. I, sl>.
Habonius qui legem nosset, qua in lege numerus tantum cotow,i'",sî
traditur, perpendiculi nulla fil mentio... negat oportere exigi ; cl.
v» Produit.
LEX
— 1115 —
LEX
, . ou aqueducs 3, le nettoiement d’un cours
r0ul,'S| Qn possède en outre le texte de deux loges loca-
'eri faciundo , l’une rapportée par Cicéron dans
^Teeonde action contre Verrès *, l’autre gravée sur
Sl1 woblo de marbre trouvée à Pouzzoles s (lex parieli
TriundoPuteolana), elle texte d’une lexagris limitan-
dis rnetiundis conservée dans le liber coloniarum 6.
*c rédaction des leges contractas. — Les loges con¬
tracta sont rédigées par le magistrat compétent : c’est
ce que prouve la qualification donnée aux plus impor¬
tantes d’entre elles, les leges censoriae. Elles contenaient,
au temps de Cicéron, à côté de dispositions particulières
à l’affaire à conclure, des clauses de style qui se retrou¬
vaient dans toutes les leges analogues et qui formaient
une consuetudo \ Les innovations introduites étaient
considérées comme des additions au contrat-type et
conservaient le nom de leurs auteurs. Corriguntur leges
censoriae, dit Cicéron. Video in multis veteribus legibus :
« Cn.Domitius L. Metellus censores addiderunt. L. Cas-
sius Cn. Servilius censores addiderunt 8. On sait par
exemple que la clause qui exonère des risques de guerre
ou de mer les entrepreneurs de fournitures pour l’armée
fut introduite comme une faveur en 539et figuraitcomme
clause de style en 5'42 9.
Les magistrats ne devaient en principe rien changer
au formulaire consacré par la coutume, sans la permis¬
sion du sénat10. Cicéron reproche à Verrès d’avoir de sa
propre initiative modifié la lex decumis vendundis pour
la Sicile11.
Lorsqu’il y avait une situation nouvelle à régler, une
nouvelle lex contractas à proposer, les magistrats pre¬
naient, suivant l'usage romain, l’avis d’un conseil com¬
posé des principaux personnages de la cité12.
B D. Caractère contractuel des leges censoriae. — On
a envisagé jusqu’ici la lex contractas comme un contrat.
A parler exactement, c’est plutôt un projet de contrat.
Un contrat suppose un accord de volontés entre deux
ou plusieurs personnes : or la lex contractas est un
acte unilatéral ; elle ne se transforme en contrat que par
1 acceptation de l’adjudicataire13. La disti nction de la
ex locationis et de la locatio ressort nettement de la
lubrique du chapitre 63 de la loi municipale de Malaga:
. e locationibus legibusque locationum proponendis et
m tabulas munie i pi referendisu. Le chapitre 64 fait la
memo extinction entre le contrat de vente et les leges
venditionis u.
Bien que la /ex contractas soit l’œuvre du magistrat,
con L ( aUdl>aiî pas croire qu’il imposât absolument ses
mns a 1 adjudicataire. Lorsque le cahier des charges
B 1 Corp. inscr. lat 1 9nn i n
(ledfüis) ounm » ’ ' 46 : 0uam viam h. I. tuendam locari oportcb,
***... QZrjn‘rdam we oportebit, is eam viam... tuenda
instar) ur, Ua 1uaeilue vi“ ' ocata erit, t(antam ) p(ecuniai
btredeive ejus ,/ ’ J redemPtorei quoi e tege locationis dari oportel
''aqueduc d/véuaf, ” T adtnbuendam c^ato. - 2 L’édit d’Auguste s>
cf- Frontin. De a„„; ^ C.'me*ex a<1Uae tuendae (CorP- inscr. lat. X, 4842, 1. 4;
rcdempta habent »; „ ■ %P mven*mus •' « Qui flumina retanda publi
lefJ? locationis facovT 601 a<* me e^uctus fuerit, qui dicatur, quod eum t
~ c c°rp. viser lat ' °P°!'Utcrit’ non fuisse ». — 4 Cic. in Verr. I, 55-5
C2’ U- : Ostendi istum’dl, ~ ° Lachn,ann' P- - 1 Cic. 2» in Verr. Il
«Mifctfa vendidisse // ■ , j'™as noî’a leae contra omnium consuetudinem atq\
’ :i5’ U3' - 0 Tit Liv Yvm ' 15 ; 7’ 10 Cl 17 ; 8’ 19 el 20 «*. 13°- - 8 «A
]!" dni publico non ont ;i ’ ,4° ’ XXV’ 10 > cf- Poul> Ia clause relative à cel
err- Ul, r]) 18 ; q 1 PeV i0stem> Cic. De prov. cons. 5, 12. — 10 Cic. 2a
olei deci rnias Homae <'otta c°nsulibus senatus permisit ut vini
ent> cf- e°d. 8, (g. ... e>j^d egemque hit rebus quam ipsis videretur die
1 ■ L 7, 1/ : QU0li tua sponte injussu populi sii
était publié, ceux qui avaient l’intention de prendre part
aux enchères pouvaient demander au magistrat de chan¬
ger les clauses qu’il leur paraissait difficile d’accepter,
ou d’en ajouter de nouvelles dans leur intérêt10. La lex
contractas ne devenait définitive qu’au moment de
l’adjudication [censoria locatio, t. II, p. 1001]; dès lors,
elle se confondait avec le contrat.
Le caractère contractuel des leges censoriae a été
contesté. Certains auteurs ont émis l’avis qu’on devrait
plutôt les considérer comme des règlements analogues
aux édits des Préteurs, et par suite comme ayant force
de loi17. Cette opinion n’a pas été favorablement accueillie.
Entre l’édit des magistrats et la lex censoria , il y a tout
au moins deux différences qui ne permettent pas de
les identifier : 1° L’édit puise sa force dans le pouvoir du
magistrat ; il s’impose bon gré mal gré à tous les
citoyens. La lex censoria resLe à l’état de projet tant
qu’il ne se trouve pas un citoyen pour en accepter les
conditions: en cela se manifeste son caractère contractuel.
*2o L’édit du magistrat n’est obligatoire que pendant la
durée des fonctions de celui qui l’a rendu. La lex censoria
conserve sa valeur pendant le temps fixé, alors mèmeque
les censeurs qui l'ont rédigée ne sont plus en charge.
Ici encore la lex censoria est traitée comme un contrat.
Mais si la lex censoria ne peut être comparée à un édit
quant aux relations de l’État avec l’adjudicataire, il ne
faut pas en conclure que ce soit un contrat de tout point
identique à un contrat du droit privé. Ce serait perdre
de vue que l’une des parties contractantes, le censeur,
agit au nom du peuple romain, et par suite jouit d’un
pouvoir qui dépasse celui d’un particulier. Aussi peut-on
signaler plusieurs différences entre les contrats publics
et les contrats privés :
1° D’abord quant à la forme. Le droit public a admis
que les contrats de vente et de louage se formeraient solo
consensu à une époque où le droit privé ne connaissait
pas encore de contrats synallagmatiques non solennels 18.
2° La lex censoria , acceptée par l’adjudicataire, n’est
pas irrévocable comme un contrat : on peut se pourvoir
devant le sénat19. C’est la conséquence du pouvoir de
surveillance qui lui appartient sur les actes des magis¬
trats. Le sénat peut résilier le contrat conclu par les
censeurs ( locationem inducere ) et leur donner l’ordre de
procéder à une nouvelle adjudication [ex integro focare).
C’est ce qui eut lieu par exemple en 570 20 et en 693 21 .
3° Les autres différences sont spéciales à la location
des vectigalia. Les leges locationis contiennent parfois
des clauses dans l’intérêt des tiers. Le censeur fixe,
suivant les instructions du sénat, les limites dans les-
senatus auctoritate jura provinciae Siciliae mutaris, id reprehendo, id accusa.
— r2 Ibid. III, 7, 18. — 13 Cf. Éd. Cuq, Nouv. Rev. histor. de droit, 1890,
l. XXIII, p. 627. — U Corp. inscr. lat. II, 1964. — 13 Ibid. : Eosque praedes
eaque praedia eosque cognitores... Il viris... vendere legemque hit vendundis
dicere jus potestasque esto. - 16 Tit. Liv. XXIII, 49 : Ubi ea diesvenit, ad con-
ducendum très socictates adorant hominum undeviginti, quorum duo postulata
fuere : unum , ut militia vacarent, dum in eo publico estent; alterum, ut quac
in naves imposuissent, ab hostium ternpestatisque vi publico periculo essent
Utraque imperata, conduxerant. — n Heyrovsky, U cher die rechtliche Grund-
lage der leges contractes bei Rechtsgeschaeften swischen dem Rôm. Staat und
Privaten, 1881, p. 14 et 82. —18 Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. I, p.59G.
— 19 Polyb. VI, 7 : "E^t St itsjî itâvrwv t5y xf,mwÉvo7 t^v xupîav tS o-uvlSpiov... ’H
•fàç àvatpopànôv itpoEtçY||xtvuv yivETai rpôs Taiitïiv. — 26 Tit. Liv. XXXIX, 44 : ( Censo¬
res) i vectigalia summis pretiis, ultrotributa infimis locaverunt : quas iocationes eum
senatus, precibus et lacrimis publicanorum victus, induci et de integro locari jus-
sisset... —21 Cic. ad AU. I, 17, 9 : Asiani qui de censoribus conduxerunt questi
nuit in senatu se cupiditate prolapsos nimiummagno conduxisse : ut induceretur
locatio postulaverunt ...Invidiosa res , turpis postulatio , et confcssio temeritatis.
LEX
1116 —
LEX
quelles les publicains feront valoir les droits de l’État
contre les contribuables. Ceux-ci peuvent invoquer la
lex censoria pour se défendre contre les exigences des
publicains. La /ex censoria joue ici le rôle d'un acte à
double fin: vis-à-vis des publicains, c'est un contrat;
vis-à-vis des contribuables, c’est une sorte d’édit 1 qui
leur fait connaître l’étendue de leurs obligations, ou les
dispenses qui leur sont accordées.
Cicéron reproche à Verrès d’avoir réclamé à ceux qui
publicos agros arant plus que ne le permet la /ex censo¬
ria , d’avoir même demandé 60 000 mesures de blé à des
cités exemptes de toute redevance 2. De même, lorsque
la lex censoria portas Sici/iae interdit aux publicains
d’exiger le portorium pour les esclaves quos domum
gais (lacet sao usa 3, il n’est pas douteux qu’elle puisse
être invoquée, le cas échéant, par le propriétaire à qui
l'on réclamerait indûment le portorium. Les leges cen-
soriae , relatives à la ferme des salines 4 ou à l’exploita¬
tion du minium de la mine de Sisapo en Bétique G,
fixaient un prix de vente qui ne pouvait être dépassé. Ici
encore les acheteurs devaient invoquer la lex contractas
pour se soustraire aux exigences des publicains.
Cette assertion est confirmée par un sénatus-consulte
de l’an 681 dont le texte a été découvert en 1884 en
Béotie, le senatusconsultum de Oropiis °. Un décret
de Sylla avait affecté Yager Oropius à l’entretien du
temple d’Amphiaraus. Or, dans la lex locationis par
laquelle les censeurs avaient affermé le vectigal des
terres de la province, on avait excepté les terres affectées
à l’entretien des temples des dieux 1 . Les publicains
élevèrent néanmoinsla prétention de faire payer le vectigal
aux possesseurs de Yager Oropius sous le prétexte qu’Am-
phiaraus n’était pas un dieu 8. Les Oropii envoyèrent
des députés au sénat pour protester contre cette
exigence contraire au texte de la lex locationis. Leurs
conclusions étaient ainsi conçues : cum in lege loca¬
tionis ii agri , quos L. Sulla deorum immortalium
aedium sacrarum tuendarum causa concessit, excepti
sint , eosque reditus , qua de re agitur , L. Sulla deo
Amphiarao attribuerit, ut pro iis agris reditum publi-
cano ne pendant 9. Les consuls, sur l’avis conforme
du sénat, donnèrent tort aux publicains 10 * *.
4° Les leges locationis concèdent parfois aux publicains
des monopoles que les tiers sont tenus de respecter. Le
jurisconsulte Alfenus Varus en cite un exemple : il est in¬
terdit à toutepersonne autre que l’adjudicataire d’extraire
ou d’exporter de l’ile de Crète des pierres à aiguiser
5° Les leges censoriae confèrent aux publicains, pour
assurer le recouvrement des vectigalia et prévenir toute
1 Cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht, Irad. t. IV, p. 117, n. 3. — 2 [Cic.
2a in Verr. V, 21, 53 : Qui publicos agros arant, certum est quid ex
lege censoria (lare debcant : cur iis quidquam praettrca ex alio genere
imperavisti? quid? decumani nnm quid praeter singulas decumas ex lege
Hieronica debent ?... qui sunt immunes, ii certe nihil debent ; al his non modo,
imperasti, verum etiam, quo plus darent, quam poterant... addidisti. — 3 Allen.
Var. 7 Dig. Dig. L, IG, 202. — 4 Tit. Liv. Il, 9 : Salis quoque vendendi arbitrivm
quia impenso prelio venibat, in publicum omni sumptu susceplo, adernptum priva-
lis. Ibid. XXIX, 37 : Vectigal etiam novum ex salaria annona statuerunt.
Sexlante sal, et ftomae, et per totam Italiam, erat. Romae prelio eodem, pluris
in foris et conciliabulis , et alio alibi pretio praebenclum locaverunt. Cf. sur l'in¬
terprétation de ces textes, Marquardt, Rôm. Staatsverwaltung, trad. t. X, p. 204;
Max Colin, Zum rüm. Vereinsrecht, 1873, p. 1G2 et suiv. ; R. Cagnat, Étude his¬
torique sur les impôts indirects chez les Romains, p. 237 ; Mommsen, Rôm.
Staatsrecht, Irad. t. IV, p. 127, n. 2; t. VII, p. 327, n. 5. — G Clin. Hist.
nat. XXXIII, 7, 118 : Celeberrimum ex Sisaponensi regione in Daetica ,
mmiario 'métallo vectigalibus populi Romani, nullius rei diligentiore custodia.
.Von licet id ibi perpeere excoquique. Romam perfertur venu signata, ad
fraude, deux droits très énergiques, la pignorp
et le droit de confiscation ( commissum ). Ai ç ^!0
l’autre ne peuvent résulter d’un contrat entre parlirup ***
Le premier confère aux publicains la faculté de n • "
sans jugement préalable à un acte d’exécution réc]],! ''
les biens des contribuables qui ne paient pas l’im ^
Loge censoria, dit Gaius 13 *, data est pignoris capu, I
blicûnis vectigalium publicorum populi Romani a, g,!'
sus eos qui aligna lege vectigalia deberent. Le si mili
droit consiste à obtenir, sans jugement préalable la
propriété des objets soumis à l’impôt et non déclà-i
[commissum, t. II, p. 1408]. Ce droit leur est attribué par
la lex censoria. Varron en cite un exemple : tjreijn
ovium... ad publicanum profitent ur , ne si inscripiUm
pecus paverint , lege censoria commiltanl u. Les publi
cains acquièrent la propriété de plein droit, sans
aucune tradition : Quocl commissum est , dit Varron
statim desinit ejus esse qui crimen contraxit, domini-t
unique rei vectigali adquiritur. C’est là encore un
effet qui dépasse la portée ordinaire des contrats15
On s’explique d’ailleurs aisément que l’État ait conféré
aux publicains, surqui ilse décharge du soin de recouvrer
les impôts, des pouvoirs exceptionnels analogues à
certains égards à ceux qui appartiennent aux magistrats.
6° Dans les leges relatives aux ultrùtributa, il y a un
exemple d’une clause qui ne pourrait figurer dans un
contrat entre particuliers: en 639, les entrepreneurs de
fournitures pour l’armée d’Espagne obtinrent l’insertion
dans la lex locationis d’une clause qui les dispensait du
service militaire pendant la durée de leur contrat : ut
militia vacarent , dum in eo publico essent16.
IL Droit privé. — A l’exemple de l’État, les particuliers
prirent de bonne heure l’habitude de rédiger des leges
pour les objets qu’ils voulaient vendre ou louer. Ces i
leges, préparées à loisir par le vendeur ou par le loca¬
teur, devaient être conçues en termes clairs et non
équivoques. Il était de principe que les clauses obscures
ou ambiguës s’interprétaient contre lui. Veteribiis
jilacet, dit Papinien, pactionem obscuram vel ambi-
guam venditori et qui locavit , nocere ; in quorum fuit
potestate legem aperlius conscribere n.
Pour prévenir toute difficulté, on les empruntait à dw
formulaires que les Prudents avaient composés aiecle
plus grand soin [jurisconsulte t. V, p. 7 171. f'1-'1]1-"
affirme qu’ils étaient très nombreux et très détailles •
A. Leges venditionis. — 1° L’existence de formulant
pour les leges en matière de vente est attestée pai
et surtout par Varron. Caton rapporte la lex de l;i
des olives sur pied, vente qui avait lieu aux em 111
dena milia fere pondo annua. Romae autem lavatur; in
statuto lege, ne modum excederet LXX in libras. — 0 Hermès , ‘ M
Bruns, Fontes juris, Gs éd. — 1 Ibid. 1. 35-42 (traduction de V "ni' «»-
i
locationis sic videtur exceptum esse : « Et extra quam (?) si
sultum imperator imperatoresque nostri honoris deorum imtnoi " 1
que sacrarum tuendarum [causa] fruendum dederunt reliq>" ' "" '
quae L. Cornélius Sulla imperator de consilii sententia deoi uni confr
aedium sacrorumque luendorum causa fruenda dédit, quod naf j
mavit neque postea senatus consulto irritum factum est. ' yal. : Pif
III, 18, 49. - 9 Ibid. 20-24. — 10 Ibid. I. 32-34, G8-G9. — 11 A __)tyjrr-
Dig. XXXIX, 4, 15. — 12 Éd. Cuq, Op. cit. I. I, p. 430. - 13 Gal- p. «[
De rerust. II, I, IG. — « Cf. Éd. Cuq, Nouv. Rev. hist. de droi : , ^^1, cité
— 16 Tit. Liv. XXIII, 49. — 17 Papin. 5 Quaest. Dig. U, 1*. ® 1 JurfH
par Pompon. 33 ad Sab. Dig. XVIII, 1, 33. — 13 Cic. De leg ■ L ’ ^ a
ris ?... Ut slipulationum... formulas componam ? quae et scrip a su ^ ^ vjtios0i
genter. Cic. Topic. 8,33 : Si slipulationum... formulas partia, <e, n0 L
inre in finit a praelcnnittere aliquid; cf. Éd. Cuq, Institut10 J
p. 466,
LEX
1117
LEX
lle8 que faisaient les- questeurs '. Les leges
conime inntn et vint indoliis étaient, sauf quelques
H'SS, Vaquées Su,- te précédente.
Pm "1 ,mP DOur l’achat des brebis, on doit se
I aux clauses de la lex conclue entre les parties,
■ C,°" rnui sont plus ou moins restrictives suivant les
Clil" Pour le surplus, on fait usage d’une antique formule
if stipulation ainsi conçue3: lllasce oves , gua de
| a -lur, semas recte esse , uti pecus ovillum, quod
wL-tesanum est , extra luscam, surdam, minant neque
Wgpecore morboso esse, habereque recte licere ; haec
lie recte fieri spondesne?
Varron rapporte ensuite les formules usitées pour
rachat des chèvres \ des porcs 9, des bœufs \ des
ânes \ des chevaux 8, des mulets 9, des chiens10 et des
esclaves11. Les unes sont empruntées à Manilius12, vrai¬
semblablement aux Manilianae venalium vendendorum
leffeSi dont parle Cicéron13, les autres à un formulaire
plus récent14.
L’usage des formulaires s’est maintenu sous l’Empire.
En lisant les actes de vente qui sont parvenus jusqu’à
nous, on constate parfois que les rédacteurs ont oublié
de modifier le formulaire qu’ils avaient sous les yeux ;
ils en ont reproduit textuellement certains mots, sans
s’apercevoir qu’ils ne convenaient pas à l’acte où on les
insérait. Par exemple, dans le titre sur la vente d’une
pue/la, ils ont employé le masculin qui était dans le
formulaire 15 ; dans le titre relatif à la vente d’une moitié
de maison, ils ont écrit: si guis earn domum , au lieu de
si pris domas partem dimidiam 10.
I Comme les censeurs, les vendeurs portaient à la con¬
naissance du public les conditions de la vente : venalium
vendendorum loges, lex fundi vendendi 11 , lex praedio-
rum vendendorum 18, vénditionis lex fundi™.
D’assez nombreux exemples de loges vénditionis nous
ont été conservés 20. En les parcourant, il est facile de
reconnaître les clauses de style qui se retrouvent unifor¬
mément dans les ventes de même espèce : telles sont les
; clauses relatives. à la garantie contre l’éviction; dans les
Iventes d animaux ou d’esclaves, les clauses sur la garan¬
tie contre les vices rédhibitoires ; dans les ventes de
ponds de terre, la clause déclarant le fonds libre de toute
Iseniiude, réservant au vendeur le droit d’accès aux
■épulcies situés dans le fonds, ou conférant à l’acheteur
1 1 mit aux servitudes qui peuvent exister au profit du
fonds.
a) Clause contre l’éviction : Si guis eu/n puerum g[uo )
d(e) a(gitur) partemve quam'quis ex eo evicerit , q(uo)
m(inus) emptorem s{upra) s(criptum), eumve ad g(uem)
ea res pertinebit, uti frui habere possidereq(ue) recte
liceat , tune quantum kl erit quod ita ex eo evictum
fuerit , l(antam) p(ecuniam) dupla/n p(robam) r(ecte)
d(ari) f(ide) r(ogavil) Dasius Brencus , d(ari) f(ide)
p{romisit) Bellicus 21 .
(3) Clause contre les vices rédhibitoires : Eu/n puerum
sanum traditum esse, furtis noxague solution, erronetn,
fugitium (sic), caducum non esse praeslari 22 .
y) Clause contre l’existence d’une servitude : Ita uti...
o plu/nus maxumusque est 23 .
8) Clause réservant un droit d’accès aux sépulcres
situés dans un fonds: Ut ad sepulcra, guae in fandis
sint, iter iis, aditus, ambitus funeri faciendi sit 24 .
s) Clause réservant à l’acheteur les servitudes qui
peuvent exister au profit du fonds : Servitutes, si
guae debentur, debebuntur1* .
Ç) Clause excluant de la vente les choses hors du com¬
merce: Si guid sacri a, ut religiosi aut pub/ici est, ejus
nihil venit26.
2° L’expression lex vénditionis est souvent employée
pour désigner non plus l’ensemble des clauses renfermées
dans la vente, mais uneclause isolée de la vente27. Telle est
la lex commissoria [commissoria lex]. Ces clauses isolées
doivent, comme le contrat lui-même, être clairement
rédigées, sinon on les interprète de la manière la plus
favorable à l’acheteur 2S.
B. Leges locationis. — Pour le louage, comme pour la
vente, les Prudents rédigèrent de bonne heure des for¬
mulaires. Caton et Varron, dans leur De re rustica, les
ont utilisés. Ils citent intégralement ou en les résumant
un certain nombre de leges locationis. On a dit parfois
qu’ils les avaient eux-mêmes composées ; s’il en était
ainsi, on ne s’expliquerait pas pourquoi toutes les leges
ne sont pas rapportées in extenso, par exemple dans
Caton la lex villae aedifteandae novae ab solo, la lex
macerias aedificandi ex calce, caementis , silice™.
Caton cite huit leges operi faciundo : ce sont, outre
les deux qui viennent d’être indiquées, les leges parietes
villae aedificandi, calcem coquendam dandi, agri poli -
tioni dandi, vineae curandae, oleae legendae, oleae
faciundae 30 . Il faut en rapprocher la lex uvas legendi
rapportée par Pline l’Ancien et qui a été peut-être em¬
pruntée à Caton 31 .
Il ^ ’? r.U.St; c- i4C- — 2Ibid- c. 147 et 148. - 3 Varr. De re r.
- W 11 o 3 ^ \ f ~ * Ibid- b 5- - 0 ‘b 8,
H11 m. h, 4 : 12 lhfd\ ’ 7’ - 9 ■ *b s- - 10 U**, ii. »
Wnorum fnmtl ’>■ i , . ü’ 6 : Emti° e?um<l similis fere ac boum
nibus sunt inr-r-' i "iljUS ‘n enlb‘one dominum mutant, ut in Manilii aci
do ce que les mau ^ U’ 3’ 5' ~ 13 Cic- De 0raL b 58> 240. Le doute vi
de Mamiüus Cf S ^ arron donnent à l’auteur de la prisca formula le n
’Clicift, 185g _ question, Sanio, Zur Geschichte (1er rom. Rechtsiois.se
Weschichte der O, ’ /;U'd°r£f’ Mm- R echlsgeschichle , t. 1, p. 264; Krue{
fttm.Jtec htsaeschirbtT LUeraUlr dcs rôm ■ ledits, p. 56 ; Morilz Vo
Puloverbosius haec nui Ù ^ “ Cf’ Ibid‘ "• b S ; 9,-7 ; 5,
p. 937. — le Uid if, ManUn adiones sequuntur. — 13 Corp. inscr. lat.
la tac dans lmscriniiA ‘ Une meur analogue commise par les rédacteurs
1899’ XXÜI, P 640 " Deneliir^ Mctlicb : Éd. Cuq, Nouv. lier. Inst, de dr
'’77-- «Pompon i p°v 2; ~ ” Tubero aP- Javol. ex Poster. Lab. Dig. XV
r 20 Cf. Bruns, FonZ XLV“’ l2’ 5’ ~ 19 Varr. De Ung. lat. IX, 10
f 758: cf. une variant Romnni an hî“» . P- 588 et suiv. ; Girard, Tex.
Wi,ckcn [Bermes, Xix° pai>ïru8 gl'éco-égyptien de l’an 359 publié
Berlin, Gr. ur’k j .’ P' H7’ L 22 : Aegyptische Urkunden aus den Mus
do Pl-esle cl Egger' ' ’ 310)l raPFus grecs du Musée du Louvre, éd. Br"
archéol‘ 1896, t! XXVl'iI n PaPypus du British Muséum dans R
v,
’P‘ ‘‘L Pa-Pyrus Public par Nicole, Revue de philolo ,
1896, t. XX, p. 49 ; Papyrus de Genève, par Nicole, 1896, n° 8. — 21 Cf. la collec¬
tion des triptyques do Transylvanie, Corp. inscr. lat. III, p. 941, 1. 9-12; p. 937,
1. 8 ; p. 939, 1. 13; p. 943, 1. 12 ; p. 945, 1. 8; p. 947, 1. 16. Uu papyrus du Bristish
Muséum ( Revue archéol. 1896, t. XXVI 1 1 , p. 271, 1. 13) fournit un exemple de la
clause de garantie du simple : Si quis eum puerum partemve quam ejus evicerit ,
simplam pecuniam sine denuntiatione recte dare stipulatus est Fabellius Macer,
spopondit Qu. Julius Priscus. — 22 Corp. inscr. lat. III, p. 941, I. 5-G ; p. 937,
I. 6; p. 939, 1. 10 ; p. 943, 1. 8. Pour les vices des esclaves, cf. la variante du
papyrus de l’an 359 ( Loc . cit. 1. 27-33). Pour les vices des bœufs, ânes et chevaux,
cf. la clause citée par Ulpien, 32 ad Ed. Dig. XIX, 1,11,4; lisse, bibere ut oportet.
— 23 Proc. 6 Rpist. D. L, 16, 126; Ulp. 27 ad Sab. eod. 90; Q. Mue. ap. Gels.
8 Dig. D. XVill, 1, 59; Paul. 5 ad Sab. cod. 169; Corp. inscr. lat. Il, 5042, 1. 1 ;
III, p. 944, 1. 7. — 24 Pompon. 6 ex Plaut. Dig. XLV1I, 12, 5; cf. Éd. Cuq,
Loc. cit. p. 63 0. — 23 Vetercs ap. Modest. 5 Resp. Lig. XIX, 1, 39. — 2G Papin.
10 Quaest. Dig. XVIII, 1, 72, 1. — 27 Aquiî. Gall., Mêla ap. Ulp. 32 ad Ed. Dig.
XIX, 1, 17, 6, signalent la clause sur les ruta cacsa. Papin. 10 Quaest. Dig. XVIII,
1, 72, 1, Ulp. 28 ad Sab. eod. 22, la clause si quid sacri, aut religiosi, aut publici
est, ejus nihil venit; cf. Marcel. 6 Dig. eod. 60; Paul. 4 epit. Alfen. eod. 40 pr. ;
Sabin. ap. Papin. 27 Quaest. Dig. XVIII, 7, 6. — 28 Lab. 1 Pithan. D. XIX, 1, 53, 2 ;
Pompon. 33 ad Sab. D. XVIII, J, 33. — 29 Lat. De re rust. c. xiv-xv ; cf. c. xvi,
cxxxvi, cxxxvii. — 30 Ibid. c. xvi, cxxxvi, cxxxvu, exuv, cxlv. — 31 Plin, Hist. nat.
XVIII, 31.
lit
LEX
— 1118 —
LEX
On trouve également dans Caton deux fer/es vendi-
tionis qui plus tard ont été classées parmi les leges
locationis, lorsque la jurisprudence eutnettement séparé
la vente du louage : ce sont la ter pabuli hiberni vendundi
et la lex fructus ovium vendundi' .
Les leges, en matière de locatio rei , apparaissent dans
Varron, qui parle des leges colonicae et cite la clause :
Colonus in agro surculario ne capra natum pascat2.
Ces leges colonicae ne sont autre chose que des leges
locationis fundi , comme Varron les appelle ailleurs3. Le
jurisconsulte Alfenus Varus, qui fut consul suffect en
/IL, s est également occupé des leges locationis. On
rencontre dans ses œuvres plusieurs exemples de
clauses relatives à la locatio silvae , villae. La première
est ainsi conçue: Rcdemtor si/ vain ne caedito, neve cin-
gito , neve deurito , neve quem cingere , caedere, urere ,
sinito U La seconde impose au colon qui a reçu une villa
l’obligation ut incorruptam redderet praeter vim ac
vetustatem s.
Sous l’Empire, on connaît quelques-unes des clauses
insérées dans la lex locationis d’un fonds de terre: ut,
si 7ion ex lege coleretur, relocare eam niihi liceret —
ne contra legem conductionis fundum ante tempus sine
justa ac probabili causa desei'at 1 ; — ut ( colonus )
opéra rustica suo quoque tempore faciat s ; — ut villas
incorruptas habeat 9 ; — ut ( dominas ) ex suis aliquos
exactores operi custodes fructïbus ponat (dans lecolonat
partiaire) ,0. L’édit du préteur admet l’insertion dans la
lex locationis d’une clause conférant un droit de super¬
ficie: Ut i ex lege locationis sive conductionis superficie
qua de agitur nec vi nec clam nec precario aller ab
altero fruemini 11 [superficies]. Gaius cite la clause
essentielle de la lex locationis praediorum municipum :
ut. quamdiu vectigai [praestetur, neque ipsi conductori
neque lieredi ejus praedium auferatur1- .
Les monuments épigraphiques n’ont pas jusqu’ici
fourni, comme pour la vente, le texte de leges de locatio
rei. On a du moins des annonces de location pour des
baux à loyer et quelques fragments de règlements impé¬
riaux pour des baux à ferme 13. Voici, à titre d’exemples,
deux affiches d’appartements à louer à Pompéi : Ilospi-
tium hic locatur triclinium cum tribus lectis u. —
Insula Arriana Polliana Cn.Al[le]i Nigidi Mai locantur
ex i[dibus) Julis primis tcibernae cum pergulis suis et
caenacula equestria etdomus. Conductor convenito Pri-
mum Gn. Al[le}i Nigidi Mai ser(vum) 13. Bien plus
importants sont les renseignements que contiennent sur
les baux à ferme les inscriptions de Souk-el-Khmis 16,
I Cat. De re rust. c. cxlix-cl ; cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. I,
p — 2 Varr. De re rust. I, 2, 17 ; cf. 1, 2, 18 : In legibus etiam scribitur :
Pecus quoddam (pascere licet). — 3 Ibid. II, B, 7 : In lege locationis fundi
excipi solet, ne colonus capra natum in fundo pascal. — 4 Allen. 7 Dig. Di g.
XIX, 2, 29. — S Ibid. 5 Dig. a Paulo cpit. eod. 30, 4. — 6 Javol. 11 Epist. eod.
51 pr — 7 Paul. 2 Sent. eod. 55, 2. — 8 Gai. 10 ad Ed. prov. eod. 25, 3.
— 9 Ibid.-, cf. Scaev. 7 Dig. eod. 01 pr. : Colonus cum lege locationis non esset
comprehensum, ut vineas poneret ; Fest. v° Restibilis : liestibilis ager fit, qui
biennio conlinuo serilur ; farreo spico, id est aristato, quod ne fiat soient, qui
praedia locant, excipere : Hygin. p. 132, Il : Soient... modum quidam in loca-
tionibus agrorum comprehendere atque ita cavere : Fundum ilium, jugera tôt,
in singulis jugeribus tantum. — 10 Plin. Ep. IX, 37. — 11 UIp. 70 ad Ed. Dig.
XLIII, 18, 1 pr. — 12 Gai. III, 145. — 43 La collection des papyrus gréco-égyptiens
du musée de Berlin conlient divers exemples de Baux à ferme; cf. Ægypt.
Urkunden aus den Museen zu Berlin, Gr. U. n°s 39, 197, 227, 339, etc. Voir aussi
Nicole, Les papyrus de Genève, n° 10. — U Corp. inscr. lat. IV, 807. — 10 Ibid.
138 ; cf. la lex horreorum découverte à Rome en 1885, et les textes cités par Bruns,
p. 329, cl Girard, p. 762-767. — 1° Corp. inscr. lat. VIII, 10570 et 14464; cf.
Ibid. 14428; Mommsen, Hermes, XV, 1880, p. 385-411 ; 478-480; Esmein,
Mélanges, p. 293-321. — 17 Bruns, Fontes juris, p. 382-384; Girard, 16); Mis-
d’Aïn Ouassel n et d’Henchir Mettich18 rVoj
LOCATIO CONDUCTIO]. " a,'licle
Pour la locatio operarum, la collection des ir
de Transylvanie fournit plusieurs exemnlc* ' ?lyque&
locationis 19. te
Quant à la locatio operis , les leges sont frt;(
citées au Digeste. On y trouve plusieurs clauses us™?”'
pour le paiement de l’entrepreneur d’une constr ■
à la mesure, per aversionem 20 ou par jour21 • o,',"1'0'’
opus l api dis opus crû, pro lapide et mânu'T*
dominas redemtori in pedes singulos septem dabul
— pour la réception des travaux par le nronriéuv '
Ut arbitratu domini opus appt'obetur23 ■ ~ ,
ou les travaux ne seraient pas achevés dans le délai fi a
(lex commissoria ): Ut si ad diem effectuai non em
relocare id liceret 2L A ces clauses il faut joindre celle
que rapporte Plinesur lanaturedesmatériauxàemploye,
in antiquarum aedium legibus invenitur, ne mention
( calce ) trima ( harena ) uteretur rcdemptorK.
D’autres clauses, qui, dans le principe, furent insérées
dans les leges locationis, finirent par être considérées
comme étant de la nature du contrat. Telles sont 1rs
clauses usitées pour la location des dolia : le bailleur doit
garantir qu’ils sont en bon état (integra), sans défaut
(non vitiosa 26). Au contraire, dans la location d’un
sallus pascuus, il n’était pas d’usage de garantir qu'il
n'existait pas d’herbes dangereuses pour les animaux27,
Les règles sur la remissio mercedis paraissent aussi
avoir été d’usage dans les leges locationis avant d’être
consacrées par le droit civil28.
C. Clauses ajoutées in continenti aux contrats. — La
jurisprudence classique a élargi la notion de la lex con¬
tractas. Elle l’a étendue aux clauses accessoires ajoutées
aux contrats de bonne foi pour en modifier la portée
normale. Solemus dicere pacta conventa inesse bonne
fidei judiciis... Eu enitn pacta insu nt, quae legem con¬
tractai dont, id est quae in ingressu contractes facta
sunt 20.
Cette règle n’a pas été restreinte à la vente et au
louage : elle a été appliquée à tous les contrats de bonne
foi : Contractas enirn, dit Ulpien à propos du dépôt™,
leges ex conventione accipiunt. Les clauses ajoutées m
continenti sont considérées comme faisant corps avec le
contrat; elles sont, aussi bien que les clauses usuelles,
la loi du contrat.
31
Tels sont, en matière de vente, le pactumdispUccnliae ^
la lex commissoria 32, Vin diem addictio 33 ; en matière
de mandat, la lex custodiaen ; en matière de gage, a
poulet, Nouv. Revue hist. de droit, 1892, t. XVI, p. 1 17 ; Scialoja, Bull •
di diritto romano, t. V, 31 ; Schulteii, Hermès, XXIX, 20*. — " 3
Comptes rendus de l'Acad. des Inscr. 1897, XXV, p. 146; Toulain, Ai"u- ^
hist. de droit, t. XXI, p. 373; t. XXIII, p. 137; Éd. Cuq, Mém.^ prescs n ^
divers savants à l'Acad. des Inscr. 1897, t. XI, trc p., p. 83-146; Rom - C ^ ^
de droit, 1899, t. XXIII, p. 622-652; Schulten, Abh. d. Kôn. Gesellschafl
zu Gôttingen, Pliil. hist. Kl. 1897, t. Il, n» 3. Cf. le compte rendu d C"- ^ ^
Zeitschrift der Savigny-Stiftung, R. -A. 1899, t. XX. — 19 Corp. ^
p. 948, ix, x; 949, xi. — 20 Florent. 7 Inst. Dig. XIX, 2, 36. Uau’
eod. 51, 1 : Locavi opus faciendum ita ut pro opéré redernton cet h 3^3.
in dies singulos darcm. — 22 Alfen. 3 Dig. a Paulo cpit- Dig. V ,, ’ p0SU’r, a
— 23 Paul. 34 ad Ed. eod. 24 pr. ; 4 Quaest. Dig. XVII, 2, <7, La
Javol. Ep. Dig. XIX, 2, 60, 3. — 21 UIp. 32 ad Ed. eod. 13, 10. - ^ ?crV„
nat. XXXVI, 23, 176. — 26 Cass. ap. Ulp. 32 ad Ed. Dig. XIX, 2, 19- ■ ^ p 6tf.
Lab., Sab. ap. Ulp. eod. — 28 Cf. Karlowa, Rôm. Rechtsgeschxchte, • ■ ’ ^
1 . „ m qn rrin jü a(1 u
— 29 Marccll., Papin. ap. UIp. 4 ad Ed. Rig. U, 14, 7, 5. • 3 . Jul. »P
XVI, 3, 1, 6. — 3i Lab., Sab. ap. Ulp. 32 ad Ed. Dig. XIX\ U ^ ’33 Rescr,
Ulp. 38 ad Ed. Dig. XIII, 7, 13 pr. — 32 Alex. Sev. Cod. Just. 1V’5 ’ j Dig. 0,
Severi. ap. Ulp. 32 ad Sab. Dig. XVIII, 2, 16. — 3* ÉIp- a
3, 1, 12.
LEX
— 1119 —
EEX
gérant au créancier le droit de vente1. La
«K tlè'ne étendue à la stipulation par certains
^ ■ ltes 1
juriscon^'i^ie reçoiL aucune application lorsque la
MalS dehors delà nature du contrat : ici une stipu-
77 toujours nécessaire. Telle est la clause qui inter-
7 , îvauéreur d’un monument funéraire d y déposer
’oris ou les cendres des membres de sa famille 3.
k' n'x eu ri at a. — Voir les articles comitia, t. II, p. 1375,
1 187 1398; wterrex, t. V, p. 566.
\ |(VTA __ Tandis que la lex rogata est due a la
opération d’un magistrat supérieur et du peuple, la
fLxdata émane du magistrat seul. Il y a certains cas
où un magistrat est autorisé à imposer des règles qui
seront obligatoires comme si le peuple les avait approu¬
vées dans ses comices : 1° pour concéder le droit de
cité romaine à des étrangers, ou pour réglementer l’or¬
ganisation d’un municipe ou d’une province; 2° pour
réformer la constitution de la cité romaine. Dans les
deux cas, le magistrat agit au nom du peuple, en vertu
d’un pouvoir spécial qui lui est conféré par une loi ou
par un sénatus-consultc.
I _ jo « Ce qui a donné naissance,
dit Cicéron4, au
procès qu’on intente à Balbus, c’est la loi portée, sur l’avis
conforme du sénat, par L. Gellius et Cn. Cornélius, loi
qui ordonne clairement qu’on regardera comme citoyens
Romains ceux que Cn. Pompée, de l’avis de son conseil,
aura individuellement gratifiés de ce titre. »
I 2° Les statuts municipaux étaient pareillement établis
par des leges datae B. Chaque cité avait sa loi particu¬
lière qui lui avait été octroyée au nom du peuple romain
parun magistrat cum imperio, spécialement autorisé par
une loi oupar un plébiscite G. C’était la lex mun.icipal.is 1
qu’on appelle aussi lex municipii 8, lex civitatis 9, lex
lociu\ On en trouve un exemple dès l’an 436 11 ; l’un des
plus remarquables est celui de la loi de la colonie
Genetiva, loi octroyée en 710 sur l’ordre de César en
vertu de la loi Antonia et en exécution d’un sénatus-
consulte et d’un plébiscite 12. Tel est aussi le statut
municipal de Tarente dont un fragment a été découvert
en 1894 1 . Il ne faut pas confondre ces statuts muni¬
cipaux avec les lois municipales votées à Rome par les
j comices et qui ont édicté des règles générales applicables
dans les diverses cités de l’empire : telles sont la loi
Itubria de 705 u, la loi Julia municipalis de 710 u.
3° L’organisation des provinces avait lieu d’ordinaire
par les soins du magistrat qui avait fait la conquête, de
concert avec une commission de dix legati et suivant
les instructions données par le sénat [provincia] 16.
Le règlement ainsi établi formait la lex provinciae.
Paul-Émile donna des lois à la Macédoine n, Mummiusà
l’Achaïe 1S, P. Rutiliusà la Sicile après la guerre servile ,,J,
Q. Metellus à la Crète 20, P. Cornélius Lentulus Spinther
à Chypre 21 , Auguste à la Galatie et à la Lycaonie22. Cer¬
taines leges provinciae furent établies sans l’autorisation
du sénat en vertu d’un pouvoir spécialement conféré par
le peuple. Telle est la lex par laquelle Pompée compléta
en 691 l’organisation du Pont et de la Bithynie23 en
vertu de la loi Manilia24, et la lex par laquelle César
organisa la Gaule celtique25 en vertu de la loi Vatinia 26.
IL — Bien différentes sont les leges datae qui émanent
d’un magistrat investi du pouvoir constituant. Le pouvoir
de réformer la constitution de la cité a été attribué en 303
par une loi (p. 1169, n. 3) aux decemviri consulari imperio
legibus scribendis 27 , en 672 par la loi A^aleria à Sylla,
nommé dictateur legibus scribendis et reipublicae cons¬
tituendae 28, en 705 29 et 706 à J. César30, en 711 par la
loi Titia à Lépide, Antoine et César créés triumvirs'
reipublicae constituendae31 . Les lois octroyées par ces
magistrats ont une portée bien autrement étendue que
les précédentes ; mais elles ont presque toujours été
soumises à la ratification du peuple. Les magistrats
créés legibus scribendis ou reipublicae constituendae
n’ont pas cru devoir exercer leur droit d’une manière
absolue : c’est ce que firent les décemvirs pour les dix
premières tables32, et Sylla lui-même pour les leges
Corneliae33. H y a cependant des exemples de leges
datae qui n’ont pas été soumises aux comices: telle est
la loi de Sylla sur la vente des biens des proscrits34;
telles sont les leges datae des triumvirs 33
III. — Sous l’Empire, les leges datae subsistent, mais
les empereurs seuls sont autorisés à donner des
lois au nom du peuple. A l’exemple des triumvirs,
ils se sont abstenus de les soumettre à la ratification
des comices. Les leges datae impériales ont pour objet :
a) La concession du droit de cité à des étrangers 36 ; les
J S“0T37 HeSp' IH°- XXXI> S9’ *• - 2 Paul- 3 Quaest. DU,. XII,
le t ad P11’ fi‘9- XI, 7, il : Quoil si locus monumenti lu
ai[ , Ut’ ne % 'n eum inferrentur , quos jus est inferri, paclum quide
L‘7 sed sliP»latione id caveri oportet-, cf. Papin. 10, :
t i',,™ V “*■ 1 - ‘ 0*. * **.. .. ■»; H, ». - «
lat . |, 200 1 ’ GXXMI ’ 1 ost h(anc) l(egem) datam. — 6 Corp. insc
fctt» in mil ■ ’• • ’’ î ’ ®Uei leiJe Pl(ebei)ve sc{ito) permissus est [huit, ut
,«p. Modcsl iT p*0 %n° municiPihusve ejusmunicipi daret... — 7 M. Au
cd. praet D [Tt !!' U'P- 71 ad Ed- Mo- XLIH, 24, 3, 1; 23 ,
j,ff ’ i2’ 3’ 3; L- 6 25- - 8 Scaev. 1 Dig. Dig. L, 9, 0; Pau
Arc. Cliar. De mun n 9| 1>lm' Ep' 93 ! Pau1’ ‘ Retp' DUj' L’ *’ 1 et -L ’
6’ *• - « TH. Liv "ix ,18’ -7- ~ 10 Callistr- 1 De c°9nit ■ Di9- G
çoepli, leaibus r t ’ ' Lodem anno primum praefecti Capuam créa
-«flow Revi t fUn° Praet0n dütiS- ~ 12 CorP- inscr- lal- ». 5*3
r « Ibid. I, 206 dr0Ü ’ 1897’ '• XX' P- 1 13- - 14 C- »w. lat., I, 20
Sicnlis ex se mu, ^ ^eir' II, 2, 37; Cum... P. Rupilius postea leg
Liv- XLV, 39 ■ r.,n scons“lt0’ de £ lecem legatorum sententia, dedisset. — il Ti
XL’ ». I": Pau. VU îfi ld°Rniaededit; cE lbid ■ 30; Justin. XXXIII, 2. -18 Poly
franç. t. jx V ’ ’ 1J Marquardt, Die rom. Staatsverivaltun
P- '03. 20 j ’ 1 cms’ sénat de la République romaine, t. 1
id temms insulae lZ'P, t Q' MetMus> Perdomitis Cretensibus liberae
yigenti norum , CUlre da"S la lnême 0atBS0l'i« la lex Scipionis ,
£.*' I «I farn. ^ ^ Ve'T- 1[’ 5Û’ 123L - 21 de- ad A,
hB;paneg. S(| ’ ' " U,° Cass. LUI, 28. - 23 Di0 Cass. XXXVII, 2i
3’ Celsus ap. uij, /»’ ! PomPeia lege quae Bithynis data est ; Strab. XI
C|1 b)uJ ■ L, 1, 1, 2) nous fait connaître l’un des priv
lèges accordés au Pont par cette lex : Ut qui Pontica matre natus esset, Ponticus
esset. — 24 Appian. Mithrid. 97. — 25 Suet. Caes. 23 ; Dio Cass. XL, 43. — 2G Suet.
Caes. 22; Vetl. Pat. II, 40 , 5. — 27 Corp. inscr. lat. VI, 2011 ; Suet. Tib. 2;
A. Gell. XVII, 21, 15 ; Til. Liv. XXXIV, G, 8 ; Iliod. XII, 23. — 28 Cic. ad l. ayr.
III, 2, 5; Appian. De bel. civ. I, 98-99. — 29 Caes. De bel. civ. II, 21 ; Dio Cass.
XLI, 30. — 30 Cf. sur la dictature de l’an 706, Mommsen, Rom. Staatsrecht, trad.
t. IV, p. 428, n. 1. — 3* Varr. ap. Gell. XIV, 7, 5. Ces triumvirs étaient
investis de la puissance proconsulaire. Appian. De bel. civ. IV, 7. — 32 Tit.
Liv. III, 34: Centuriatis comit'iis decem tabularum leges perlât ae sunt. — 33 Cic.
P. domo, 30 : Populus Romanus, L. Sulla dictatore ferente, comitiis
centuriatis, municipiis civitatem ademit. Schol. in Cic. P. Rose. : Si quid ad
populum tulisset Sulla, valebat lege Cornelia, si quid voluisset facere et non
tulisset ad populum, hoc valebat lege Valeria. — 34 Cic. P. Se. r. Rose. 43 : Lex
quae de proscriplione est, sive Valeria est, sive Cornelia... ; cf. Mommsen Rom
Staatsr. trad. t, IV, p. 451, n. I, qui cite également la lex dictatoris Caesaris
mentionnée par Tacite {Ann. VI, 16) et qu’il identifie avec celle dont parle César
(De bel. civ. IV, 1). — 3B Dio Cass. XLVI, 55 : Tà te SU« ,àv pr.Sèv J
«ùtSv |Hte -t-ü S-iipo» pi|TE xvj pouVJj xoiviùiruiTi, Siotxeïv. Tac. Ann. III, 28 : Sexto
demurn consulatu Caesar Augnstus... dédit jura, quis pace et principe uteremur ;
cf. Monum. Ancyr. VI, 12 : Di consulatu meo sexto et septimo... rem publicam
ex meapotestate in senat[us populique Romani a]rbitrium transtuli. — 36 Auguste
civitatem romanam parcissime dédit (Suet. Aug. 40); cf. Tac Ann I 58-
Hist. I, 8. Claude accorde le droit de cité aux Anauni eo guident libentius quod
plerique ex eo genere hominum eliarn militarein praetorio meo dicuntur-, cf. Suet.
Ner. 12; Galb. 14; Pim. Ep. X, 5, 7, 10; Corp. inscr. att. III, 702 (sous Com¬
mode): Epistula iricertorum imperatorum de Tymandenis eu Pisidie. Bruns, 15o-
LEX
— 1120 —
LEX
leges de cette espèce ont été très souvent rendues en faveur
de soldats au moment de leur congé 1 ou après un cer¬
tain temps de service 2. Au dernier siècle de la Répu¬
blique, des lois spéciales 3 ont plusieurs fois autorisé
les généraux à accorder le droit de cité il des soldats, à
tilre de récompense militaire 4.
P) La concession de la cité romaine ou du jus Latii à
des cités pérégrines u; et d’une manière générale toute
modification apportée à la condition juridique d’une cité
de l'empire 6 .
y) La fondation d’une cité nouvelle 7.
3) La concession de statuts municipaux, comme ceux
de Salpensa et de Malaga donnés par Domitien 8.
s) La concession aux affranchis du droit de porter
l’anneau d'or 9 [ingenuus, t. V, p. 517].
Ç) La concession de la liberté et de la cité à un esclave in.
La lex t/a/a ressemble à la /ex rogata quant à son
efiet et quant à son mode de publication : comme elle,
elle a une durée illimitée; elle ne devient pas inefficace
à l’expiration des fonctions ou à la mort de celui qui l’a
rendue11. De même la /ex data est gravée sur une table
de bronze et fixée sur les murs des édifices publics du
Capitole ou du Forum 12. En cela, les leges datae diffèrent
des constitutions impériales.
Mais la /ex data n’est pas ordinairement désignée
par le nom gentilice de son auteur : les Siciliens, dit
Cicéron, donnent abusivement à la loi qui a réorganisé la
province de Sicile en 623 le nom de lex Rupilia 1S, On
trouve aussi dans Pline14 le nom de lex Pompeia appli¬
qué à la loi de la province de Bithynie: Gaius l’appelle
lex Bithynorum16 .
IV. — La notion de la lex data , telle qu’on vient de la
présenter, doit, suivant Mommsen19, être élargie: elle
s’applique, à son avis, à tous les actes de l’autorité qui
sont obligatoires pour les citoyens sans qu’ils aient été
consultés. Elle comprend, indépendamment de ceux qui
viennent d’être cités: 1° la législation de Romulus ; 2° les
édits des magistrats ; 3° les instructions rédigées par les
censeurs pour les citoyens soumis aux opérations du
cens ; 4° les instructions adressées par les magistrats à
leurs auxiliaires ou délégués. Cette opinion n’a pas été
favorablement accueillie17. On a fait remarquer qu’il est
impossible de traiter les édits des préteurs comme des
leges,. datae ; ils n’ont sûrement pas le même effet; on
ne leur a jamais attribué une valeur indéfinie. C’est par
abus de langage que Cicéron appelle l’édit prétorien lex
annua 18, et que Tite Live donne à la formula census le
nom de lex censui censendo 19. Ces objections, il est vrai,
ne s’appliquent pas à la législation de llomulus • ,.n
caractérisée par l’expression jura dure-0. Sur • * ' ^
l'opinion de Mommsen peut être admise, avec les
nécessaires lorsqu’on parle' d’une époque sur
nos renseignements sont loin d’être précis
aussi faut-il considérer avec Mommsen 21 comme luif1'6
data l'acte par lequel le roi Tullus Hostilius créa li's / *
viri perduellionis chargés déjuger le procès d’Horac<!«*
La distinction des leges datae et des constitué '
impériales s’est effacée mesure que le pouvoir |(J"S
latif des empereurs a grandi : les constitutions Ct
obtenu force de loi ; elles conservent leur effetmême i près
la mort de leur auteur23. Au Bas-Empire, les leges rfnu
relatives à l’organisation des provinces portent le nom de
pragmatica generalitas 2\ jussio 2ii, sanctio 26, iexn
[pragmatica].
LEX DE I QUASI PRAECEPIT DOMINES AI) ÎIIOYSEN
Titre donné par les manuscrits à la compilation aujour¬
d’hui désignée sous le nom de Collalio leguin Posai
carum et Romanarum [jurisconsulti, t. V, p. 721
LEX DE incensis. — Loi attribuée par Tite Live à Ser-J
vins28. CetLe loi, édictée contre les citoyens qui négligent
de se faire inscrire sur les registres du cens, les frappe
d’une cap i lis deminutio rnaxima et autorise les magis¬
trats à les vendre comme esclaves au profit du trésor s\
LEX DE JURE J E II AN DO IN PRINCIPE»! (a. 791 .17), --
11 s’agit ici non pas d’une loi romaine, mais d'une résolu¬
tion des citoyens d'Assi prise û l’occasion de l’avènement
de Caligula. Elle décide l’envoi à Rome d’une députation
chargée de féliciter l’empereur et se termine par la for¬
mule du jusjurandum in principem : "Opxoç ’Àussuv.
'Ogvugsv Ata cwxTÎpa xat Oeôv Rattrapa Seêatjxôv xat xrp
Ttaxptav âyvvjv TxapOÉvov sùvoTjO'sv ratio Kafcxpt SeSaoTip xai iji
ffijp/TtavTt oexto aùxou, xat cpiXouç xexptvetv, oüç av aûxoç xpMiprp
xat, xat lyOpoùç ou? av aùxô; TrpofiaXj XJy|xat EùopxouGtv p.sv v)[aïv
sù stT) ItpiopxoCfftv os xà Ivavxta. Le texte de cette résolution,
gravé sur une table de bronze, a été découvert en 1881 à
Assi 30. On doit rapprocher la formule du serment contenue
dans ce document de celle du jusjurandum Arilkn-
sium , gravée sur une table de bronze trouvée en 16.»9 en
Lusitanie 31 .
lex erratica sive FEGiTiVA. — Noms donnés perles
auteurs modernes aux fragments du Digeste insérés pur
erreur dans un titre et sous une rubrique qui ne lero
conviennent pas : tels sont nombre de fragments mseies
au titre de Rêgulis juris.
lex il i e ronica . — Voir p. 1114, n. 2, etp. 1126, n.
lex lenonia . — Loi relative aux lenones mentionner
i Voir les recueils de diplômes militaires, et Mommsen, Corp. inscr. lat.
III, p. 1951-2038. — 2 Gai. III, 72, 73 ; Ulp. III, 2.- — 3 Cic. P. Balbo, 8 : Legc
quant C. Gellius Cn. Cornélius ex senatus sententia. tulerunt ; cf. Savigny,
Vermischte Schriften, t. III, p. 3 4-9. — 4 L’exemple le plus ancien est de 053.
Plut. Mar. 28; Cic. P. Balbo , 20; Val. Max. V, 2, 8; cf. Mommsen, Dermes,
XIX, 11. — » Gai. I, 90. - 6 Tac. Ann. XIV, 27; A. Gell. XVI, 13, 3; Ulp. 1 de
cens- Big. L, 15, 1 pr., 4 ct 9. Paul. 2 de cens. eod. 8, 4, 7 et 11. — 7 Hygin.
ed. Laclimann, t. I, p. 177 : Augustus... noras urbes constituit. — 8 Corp. inscr.
lat. II, 1903 et 1904. 11 faul y joindre la lex metalli Vipascensis qui est un
règlement municipal pour un district minier (Corp. inscr. lat. II, 5181); cf. l’édit
d'Auguste cité par Pline (Bp. X, 83) et qui a modifié les règles établies par la loi
Pompeia sur làge requis pour exercer les magistratures; cf. Mommsen, Rom.
Staatsr. trad. t. V, p. 1G8, n. 3; Kriiger, Gesch. der Quellen, 82. — 9 Corp. inscr.
lat. VI, 1847 ; Herod. III, 8-4; cf. Mommsen, Op. cit. t. V, p. 171 ; t. VI, 1,
p. 121. — 1° Paul. 15 ad Plant. Dig. XL, I, 14, 1 : Imperalor cum servum manu-
mittit , non vindictam imponil , sed cum volait , fit liber is qui manumittitur ex
lege Augusti. Krüger, Gesch. der Quellen , p. 82, considère cette lex Augusti
comme une lex data émanant d’un empereur. Lenel, Paling. jur. civ. t. I, col.
1171, n. 4, pense qu’il s’agit ici de la lex quae de imperio lata est. — H Cf.
Mommsen, Die Stadrcchlc der Latinischen Gemeinden Salpensa ^ ^
p. 395. — 12 Jbid. p. 392, n. 9. — 13 Cic. 2“ in Verr. Il, 13 : Praelorjw^f _
O JO . — ‘ “ JUlll. p. OiJZ, 11. J. - lu tilt, j III rUl . •>) ‘ J
P. Uupilii décréta , quod is de decem legatorum sententia statuit , V"""^ ^
U), if»'1
riilii/»1'1'
ilti (Siculi) liupiliam vacant , sortitur . — 1 1 Ep . 83, 84. — I^Gai. I,
Staatsrecht, trad. t. VI, 1 , p . 354. — n Krüger, Gesch. der Quelle», \
franc, p. 20. —
t. I, p. 478 ct 479.— 19 Tit. Liv. XUII, 14, 5. — 29 Ibid. I, ». 1 •
vocala ad conciliant multitudine, quac coalescere inpopuli unies coij p
praelerquam legibus posset, jura dédit. Virg. Aen. I, 292 : Lana " ^ ^ ^ ^
Itemo cum fratre Quirinus jura dabunt. — 21 B 6m. Slaatst . 1,1 ^ n 3.
p. 354, 11. 0; l. IV, p. 320, n. 2. — 22 Cf. Éd. Cur|, Op. cit. t. D P; ']' ] 337 el
— 23 Cf. Éd. Cur(, La Conseil des Empereurs d'Auguste à Dioch O _ og jjeO.
n. I. — 24 Tlieod. Valent. Cod. Just. XII, 10, 3. — 21. Ibid- X, t-. 5i I
Cod. Just. I, 23, 75; Just. eod. X, 32 , 07 , 0. — 27 Juslinus eod. ■ '.j0trd
28 Tit. Liv. I, 44, t: Censu perfedo, quem -
Just. eod. XII, 17, 4.
edixil--
.29 liai.
me ht legis de incensis latae cum vinculorum minis mortisque 30 La" too,
I, 100; cf. Iîd. Cuq, Institutions juridiques, l. I, p. ^ cl
Papers of the arch. Institute of America. Classical Séries 1
31 Corp. inscr. lat. Il, 172.
Boston, 188-' f
.133.'
LEX
— 1121
LEX
, côté de la loi muneralis 1 [lex titia].
par Pl»ute ^ Très ancien règlement de police
LEX MicE'tn tr0uVée sur l’emplacement de la
gl'aVéST|-H' de Luceria en Apulie. In hoce loucarid
colonie lau» ^ ,/ndatid) neve cadaver projecitad, neve
mrcusne<fusJd nrvor8U hac faxit, ceivium guis
parentciU' • ; J ,mum^ L manum injectio estod.
volet pr° L'eratus volet malt are , UcetodK Ce document
de la première moitié du vb siècle de Rome,
parait eu l / 9\ _ Cette lex est mentionnée
_ (o a — Cette lex est mentionnée
dans une inscription découverte en 1897
pl"Sie • Mcttich en Tunisie 3. On n’a pu jusqu’ici déter-
nlnei*1 avec certitude s’il s’agit d’un acte de l’autorité
législative ou d’une lex locationis \
W.ES MILITAIIES 5. — Voir MILES.
TEV muneralis. -Voir lex cincia.
iec.es municipii. — Voir municipium, lex data.
I EX pbaediatoria. - Voir praes et plus haut, p. 1114,
lex praepositionis. — L’armateur qui confie à un
ma gis ter l’exploitation d’un navire, le citoyen sui juris
qui prépose un institor à la direction d’une taberna ou
de tout autre établissement, sont responsables des obli¬
gations contractées par leur préposé 6. Le premier peut-
être poursuivi par l’action exercitoire [exercitorta actio],
le second par l’action institoire [institoria actio]. Mais
l’un et l’autre peuvent limiter leur responsabilité par la
lex praepositionis.
} Le magister navis peut êLre autorisé soit à affréter le
navire, soit à transporter des voyageurs ou des mar¬
chandises, soit vendre ou acheter des marchandises '■
L’armateur n’est tenu que des engagements contractés
par le magisler dans les limites fixées par la lex prae¬
positionis. Cette règle est formulée par Ulpien en ces
termes : Praepositio certam legem dat contrahentibus.
Il cite comme très usuelles les clauses ut certa regione
et certo mari negotientur, ne vectores recipiant. Les
navires affectés au service des voyageurs de Cassiopa ou
de Dyrrachium à Brundusium n’étaient pas aménagés
pour le transport des marchandises 8.
Il en est de même pour Vinstitor 9 : tout engagement-
contracté en dehors des termes de la lex praepositionis ,
s il y en a une, est sans valeur à l’égard du préposant.
Celui-ci peut défendre de traiter avec Vinstitor sans l’in¬
tervention d’une certaine personne, ou sans la remise d’un
gage; il peut n’autoriser que les contrats relatifs à une
affaire déterminée. Dans tous ces cas où la praepositio
a lieu certa lege, on applique la règle d’équité formulée
par Ulpien: Conditio praepositionis servanda est
Lepréposanf jouit à cet égard d’une latitude plus grande
que V exercitor : il peut défendre absolument de contracter
avec Vinstitor 11 . Celui-ci est alors un gardien plutôt qu un
préposé 12. Le maître de la taberna ne peut se prévaloir de
cette défense et décliner toute responsabilité que s il a
averti les tiers, soit par un avis individuel ( neinstitori cre-
deret )13, soit par une affiche apposée d’une manière per¬
manente, devantla taberna, en un endroitoù toutle monde
peut la lire facilement14 : cum Januario servo meo geri
negotium vetoVi. A défaut d’avertissement, les tiers qui ont
traité avec Vinstitor ont un recours contre le préposant,
par cela seul qu’ils ont cru traiter avec son préposé10.
lex pragmatica. — Voir les articles sanctio, rescriptum .
lex plrlica. — La lex publica, qui émane toujours
du peuple11, se distingue, par son mode de formation,
des autres dispositions qui ont force de loi, comme
les sénatus-consultes et les constitutions impériales ’V
Gaius définit la loi quod populus jubet atque consti-
tuit 1!). Papinien précise le caractère de la loi en disant :
Lex est... commuais reipublicae sponsio20. Les citoyens
s’engagent réciproquement les uns envers les autres.
Il ne faut pas en conclure que les Romains ont admis le
principe de la souveraineté populaire. Le peuple ne peut
prendre aucune résolution de sa propre initiative : la
coopération d’un magistrat est nécessaire ; la lex résulte
d’un acte bilatéral. Atteins Capito, publici privatique
juris peritissimus , quid lex esset, liisce verbis de/i-
nivit : « Lex, inquit , est generale jussum populi
aut plebis, rogante magistratu21 . »
Si les jurisconsultes des ne et me siècles de l’Empire
n’ont pas mis en relief la rogatio qui doit être adressée
par un magistrat, c’est que de leur temps le peuple n’était
plus appelé à faire usage de son droit : après Auguste
et Tibère, on cite comme une exception les empereurs
qui ont proposé des lois aux comices, tels que Caligula
ou Claude22. Mais tant que le pouvoir du peuple a été
effectif, les comices n’ont pu s’assembler que sur l’invi¬
tation du magistrat et légiférer sans une proposition
formelle de sa part23. La souveraineté populaire a été
limitée dans son exercice par la nécessité de l’action
commune du peuple et d’un magistrat supérieur organe
du sénat; elle l’a été aussi pendant un certain temps par
Vauctoritas patrum.
De plus, malgré la réforme opérée dans l’organisation
des comices centuriates, en vue de la rendre plus démo¬
cratique, il s’en faut de beaucoup que les citoyens soient
égaux quant au droit de suffrage24. Ceux des dernières
l"L ;iP- Fust. v» muneralis : Neque muneralem neque lenoniam rogata
inl mené, flocci existimo ; cf. Mommsen, Strafrecht. p. G90, n. 3. — 2 Corp.
F mer. lat ]x 7 g o oi i , 1
«P0ji^ . i,7 jC cn a été publié par MM. Gagnai, Gauckler et
! p li(i T": 1 ,omP^es rendus de l’Académie des Inscriptions, 1897, t. XXV,
[Ablull g y S<]"lllon’ Vie lex Manciana, eine Afrikanisclie Domaineordun g
N || - Ul11' Vesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen, Pliil. Ilist. Kl,
noires de 'ri* ' ^ eolonat partiaire dans l’Afrique romaine [Mé-
Nomeùe H, , .des In,criPtion‘, A'ob. Étr. t. XI, I” partie, 1897, p. 141);
32i 77 dstorique de droit, t. XXIII, 1899, p. 641. — 6 Cic. Pro Flacco,
pnuttare cui *' "*S ^ ^ *’ L * : Omnia enim facta magistri débet
in raagistro ,m P1 aeP°suit, ahoquin contrahentes decipiuntur ; et faciliùs hoc
du manistj 1 *ns^ore admittendum propter utilitatem. Pour les attributions
: ~"ZXn:0 Cf: U> *• SS. b 3] 7 et 12). _ 7 UIp. «rf. 1, 3 et 7.
non ut locet mo ^ ^ ^ PraeP0Suit navi ad hoc solum, ut vecturas exigat ,
^nrcibus eam /ocn^?,C">^Ur exerc^ori magister locaverit... Sed et si ut certis
Vcl alii matériau / ' ^ ae^os^us es^> putâ legumina cannabae , ille marmoribus,
tyriac, quaedam Cni <^cen^,um er^ non teneri; quaedam enim naves oncs
tamen omne, U^,psi dicunt, sunt. — 9 Ibid. XIV, 3, 5,11 : Non
cjusret grutia cui 'ns^tore 9erUur, obligat eum, qui praeposuit, sed ita, si
I aepositus / uerit , contractuel est, id est duntaxat ad id quod
eum praeposuit ; cf. Cass. ap. Ulp. eod. 5, 12. — i0 Ibid. 11,5. — U Ibid. 11,2.
_ 12 Ibid. 11, G. — 13 Paul. 30, ad Ed. Dig. XIV, 3, 17, 4. — U Ibid. 11, 3-4.
— 13 Paul 4 ad Plaut. Dig. XV, 1, 47, pr. — 16 Quelques auteurs pensent que les
tiers ont un recours contre le préposant lors même qu'ils n’auraient pas su qu'ils
contractaient avec un préposé (cf. Schlossmann, Das contrahiren mit offenen
Vollmacht, 1892) ; cette opinion a été réfutée par Lenel, lhering's Jahrbùcher,
1890, XXXVI, 131. — 11 Jul. 94 Dig. Dig. 1, 3, 32, t ; ...Ipsae leges nulla alia ex
causa nos tenent, quam quod judicio populi rcceptae sunt. — 18 Papin. I Quaest.
Dig. I, 21, 1 pr. — 19 Gai. I, 3. — a|i Pap. 1 Defin. Dig. I, 3, 1 ; cf. R. von Jhering,
Geist des rôm. Rechts, trad. franc, t. I, p. 217; Ed. Cuq, Les institutions juri¬
diques des Romains, t. I, p. 103. — 21 Aul. Gell. X, 20, 2. — 22 nio. Cass. L1X,
9 : T&î àç/ aïoecîa^ Ti!* te Sruxw xod tw tcXtuÔee àitoSÉSoixE Xü<ra; oara teeçi aÙTwv ô TiSs'çto;
ùçôcei. Ibid. LX, 11.-23 Inst. I, 2, 4 ; Lex est, quod populus Romanus, senatore
magistratu interrogante, veluti consule, constituebat. — 24 Cic. De Rep. II, 22
Nec prohibebatur quisquam jure suffragii, et is valebat plurimum in suffragios
cujus plurimum intererat esse in optimo statu civitatem. Liv. I, 43 : Non enim,
ut ab Romulo traditum ceteri servaverant reges, viritim su/fragium eadem
ci eodemque jure promiscue omnibus datum est : sed gradus facti, ut neque
exclusus quisquam suffragio vkleretur, et vis omnis pen'es primores civitatis
esset.
LEX
1122 —
LEX
classes sont rarement appelés à l’exercer, car il est de
principe qu’on arrête les opérations du vote lorsque la
majorité est acquise *. Dans les comices par tribus, toutes
les tribus votent en même temps, et par suite tous les
citoyens prennent part au vote. Pourtant leur suffrage
n'a pas toujours la même valeur. L’unité de vote étant
la tribu, plus une tribu est nombreuse, moins le suffrage
de chacun de ses membres a de valeur. Aussi les tribus
urbaines qui comprenaient la masse des affranchis
étaient-elles les moins considérées.
Les esprits éclairés n’étaient d’ailleurs pas favorables
au principe de la souveraineté du peuple. Cicéron le qua¬
lifie irrévérencieusement de stultorum sententiae. « Si,
dit-il -, les volontés de la multitude, les décrets des
chefs de 1 État, les sentences des juges fondaient le droit,
le vol, l’adultère, la supposition d’un testament seraient
légitimes dès qu'on aurait les suffrages du peuple... Il est
évident que nous avons une règle supérieure à la volonté
du peuple pour distinguer une bonne loi d’une mauvaise:
c’est la nature et la raison... Il appartient aux magistrats,
par leur prudence et leur activité, de diriger la multitude,
de prescrire et de faire exécuter ce qui est juste et utile,
ce qui est conforme aux lois. Comme les lois sont au-
dessus du magistrat, le magistrat est au-dessus de la
multitude. »
Les restrictions au principe de la souveraineté popu¬
laire ont été notablement atténuées dans les conciles delà
plèbe. S’ils ne peuvent se réunir sans être convoqués par un
tribun, celui-ci a toute liberté pour prendre l’initiative des
propositions qu’il juge utile aux intérêts de la plèbe : il n’a
pas le devoir de consulter le sénat. Les tribuns sont les
organes de la volonté de la plèbe qui est toujours sûre
de trouver en eux un interprète de ses sentiments et de
ses passions. Aussi, lorsque la loi Hortensia eut donné
aux plébiscites force de loi [lex hortensia], les tribuns
usèrent largement de leur droit d’initiative : la plupart
des lois des deux derniers siècles de la République sont
des plébiscites3.
1. Confection de In loi. — Il y a deux moments à
considérer dans la confection de la loi : 1° la préparation
et la proposition de la loi ; 2° le vote de la loi. Il faut y
joindre, pour la lex consularis, Yaucloritas patrum.
1° Le projet de loi est préparé par l’un des consuls, par¬
fois par le préteur urbain, mais toujours sur l’avis con¬
forme du sénat. Le magistrat qui néglige de le consulter
est blâmé sévèrement1. Le sénat peut d’ailleurs empê¬
cher le projet d’aboutir en invitant un autre magistrat ou
un tribun à faire usage du droit d’intercession [inter-
cessio] . L’intervention du sénat dans la préparation des
projets de lois est une garantie contre les propositions
téméraires ou précipitées. D'ordinaire, c’est le sénat qui
invite un magistrat supérieur à prendre l’initiative de
la proposition qu'on désire soumettre aii peuple.
Le projet de loi doit être porté à la connaissance du
public dans la forme habituelle des édits des magistrats :
annonce verbale par le ministère des crieurs
(praecones), affichage dans un lieu public {promut
Le projet est écrit sur des tables de bois blanc c
même, à la fin de la République, sur des tables de lu !," '
Cette formalité n’avait pas seulement pour but de don'
au projet la publicité nécessaire et une publicité n .
ncnte : c’était une garantie contre tout changernT
introduit après coup par l’auteur du projet. Au d,»,. ■"*
siècle de la République, cette garantie devint insuflis;'?
Pour prévenir les abus; la loi Licinia Junia dèï
obligea le magistrat à déposer au Trésor, au mornenL de
la promulgation 8, une copie de son projet.
L’édit rendu par le magistrat doit contenir l’indication
du magistrat qui présidera les comices et du jour où I,.
vote aura lieu. Le délai minimum entre la publication
et le vote est de trois nundina 9 ou vingt-quatre jours
Mais le sénat a souvent prescrit au magistrat de convo¬
quer les comices sans délai l0, et parfois un magistral a
pris sur lui de déroger à la règle sans y être autorisé**.
La lex tribunicia , à la différence de la lex consularis
n’est pas préparée de concert avec le sénat. Depuis la loi
Hortensia, les tribuns ne sont pas tenus d’obtenir son
assentiment12. En GG6, Sylla rétablit, suivant Appien1!
l’obligation pour les tribuns de soumettre leurs projets
de loi û l’approbation du sénat, mais en G83 la lui Pom-
peia rendit aux tribuns le libre exercice de leur droit.
2° Le projet de loi est soumis au peuple réuni dans ses
comices. Les règles relatives à la réunion et au fonc¬
tionnement des diverses sortes de comices ont été
exposées au motcoMiTiA. Il nous suffira de rappeler ici que
Je projet de loi était discuté dans des assemblées spéciales11
[contiones, t. 11, p. 1485], qui avaient lieu l’un dos jours
précédant le vote des comices par centuries 1S, ou le jour
même du vole pour les comices par tribus et les conciles
de la plèbe 1C. Les orateurs qui soutenaient le pirojet con¬
cluaient par la formule : Ego liane legem, quod bonum
faustum felixque sit vobis ne reipublicae , uli rotjas
jubendam censeo11-, ceux qui le combattaient concluaient:
Ego nullo modo legem abrogandam censeo1*.
Le vote eut lieu verbalement jusqu’au vu0 siècle de
Rome. En G23, pour assurer le secret du vote, la loi
Papiria étendit aux comices législatifs la règle du vote
écrit, introduite par la loi Gabinia pour les comices
électoraux. Les citoyens qui prenaient part au vole rece¬
vaient deux tablettes sur lesquelles étaient écrites d avance
les lettres U(ti) R(ogas) ou A(nliquo) ; ils en déposaient
une dans la corbeille ( cisla ) placée à la sortie de I»
section de vote (voir t. II, p. 1395).
La loi votée par les comices curiales ou - cent urialcs
était soumise au contrôle des paires. En était-il de mena
pour les lois votées dans les comices par tribus ? GclU
question, ainsi que celle de savoir quels étaient les pat,es
appelés à donner leur auctoritas, est très discutée,
a été traitée au mot auctoritas patrum in. La loi Pnbhl1"
Philonis réduisit cette auctoritas à une simple
i Dion d’Ilalic. IV, 20 ; VII, 59 ;X, 17. — 2 Cic. De leg. I, 10 ; III, I. — 3 Lael. Félix
ap. Gell. XV, 27 ; Plin. Hist. nat. XVI, 10, 37 ; cf. Ed. Cuq, Op. cit. 1, 457. — 4 Liv.
XLV, 21 : Praetor novo maloque exemplo rem ingressus erat , quod non ante
consulto senatu... de sua unius sententia rogationem ferrel. — 0 Fest. v° Pro-
mulgari : Promulgari leges dicuntur cum primum in vulgus eduntur, quasi provul-
gari. — 6 Dio Cass. XLII, 32. — 1 Cic. P. Mil. 32, 87 ; Suet. Cacs. 28. 8 Cic. P.
Sest. 04. — 9 Sc. De Ilacchan. in Corp. inscr. lat. X, 104, 1. 22. — 10 Liv. IV,
58, 8; XXVII, 33, 9. — 11 Cic. Phil. V, 3; Appiair De D. cio. IV, 7. — 12 La
question de savoir si, avant la loi Hortensia, les tribuns devaient soumettre à
l’approbation du sénat les projets de plébiscites, est discutée; cf. t. II, p. 1382;
Mommsen, Rom. Staatsr. t. III, p. 15G. Le passage d’Appion, cité dan |
suivante, paraît confirmer l’opinion indiquée au texte. — 19 Appian, lh
59. Le plébiscite De Termessibus contient la mention De senatus senti1»1 1"
inscr. lat. I, 204). — 14 Quintil. Inst. orat. II, 4, 33 : Romanis p1 0 ^
suadere ac dissuadere moris fuit. — lî> Gic. P. Sest. 50; Tn P>s j rjns
reditum , in senatu, 10 ; Postero die. — Liv. XLIII, 10, 8 : Did» ^ ^
rogationem concilio tribunus plebis dixit : qui postquam venit , ut ri11 ^ ^ ^
dissuadendum processcmnt, Graccho dicente, silentium fuit. — u ^37;
- l« Ibid. XXXIV, 4, 20. — 19 Cf. Mommsen, Rom. Staatsr. t. W, I’
Willems, Le Sénat , t. II, p. 33.
LEX
— 1123 —
LEX
I s , Pn décidant qu’elle précéderait le vote des
I T Rédaction de la loi. - Le libellé de la loi comprend
■ s deux parties et souvent quatre : l 'index, la
au L'a, la rogatio , la sanctio.
Pr(l°Vin(li‘*s contient régulièrement les noms gentilices
BT magistrats qui ont proposé la loi et l’indication de
F objet par exemple, lex Valeria Iloratia de provo-
s°" “j, lexFuria testamentaria. C’est l’en-tête de la loi
tune manière abrégée de la désigner. Parfois, V index
■e contient que l’indication sommaire de l’objet de la loi :
iex de XX quaestoribus L
L 9» La praescriptio contient: a) les noms de celui ou de
ceux qui ont proposé la loi ( rogalores ) 5 ; p) l’indication
■u jour et du lieu où la loi a été votée 6 ; y) le nom de la
tribu ou de la centurie dont on a fait connaître le vote en
premier lieu; 8) le nom du citoyen qui a voté le premier.
Iùontiu nous a conservé la praescriptio de la loi Quinctia
votée par les comices tributes en 745 : T. Quinctius
Crispinus consul populum jure rogavit populusque
jure scivit in f'oro pro rostris aedis divi Juli pr(idie)
li. Julias. Tribus Sergia principium fuit , pro tribu
Sex... L. f. Virro [primus fuit } \
3° Le mot rogatio désigne à la fois la proposition sou¬
mise au peuple et la loi par lui votée 8. Le texte en est
parfois divisé en chapitres ( caput ). Lorsque ces chapitres
ont trait à des matières différentes, on l’indique ordinai¬
rement dans l'index : telle est la loi Julia de adulteriis
et defundo dotait ; telle aussi la loi Voconia de mulierum
hereditatibus et delegatis . Mais il est interdit de soumettre
au peuple dans un même projet des questions qui n’ont
pas de rapport entre elles (lex satura ) 9. Ce serait une
entrave à la liberté du vote : on n’a pas voulu que les
citoyens fussent contraints à accepter une disposition
qui leur déplaît pour faire passer celle qui leur agrée.
Cette prohibition, qui existait au temps des Grecques 10,
fut confirmée, en 656, par la loi Caec.ilia Didia11. Elle n’a
guère été observée: laloi Julia de maritandis ordinibus ,
par exemple, contient des dispositions très diverses.
4" La sanctio est la clause destinée à assurer l’exécu¬
tion de la loi. On distingue à ce point de vue les lois
impératives ou prohibitives et les lois déclaratives : Legis
virtus hoc est imperare , vetare ,permittere, punire l2. Les
lois déclaratives sont en général des lois interprétatives de
a volonté des parties: il est permis d’y déroger13. Il en
est autrement des lois impératives etdes lois prohibitives :
L°ut citoyen est tenu de s’y conformer. Il doit faire ce
qu’elles commandent, s’abstenir de ce qu’elles défendent.
Sont impératives les lois qui ont traita l’ordre public ' ■
et aux bonnes mœurs15, ou qui découlent, comme une
conséquence nécessaire, de la nature propre d’une insti¬
tution juridique “h Tout acte fait contrairement à une loi
impérative est nul.
Il n’en est pas toujours de même pour les lois prohi¬
bitives : leur sanctio varie suivant les cas1'. Il faut
distinguer ici entre les lois qui défendent un acte maté¬
riel, tel qu’un crime ou un délit, et celles qui défendent
un acte juridique. Les premières ont pour sanction
une peine18. C’est tantôt une peine sacrée : tout citoyen
peut tuer impunément le contrevenant 19 ; tantôt une peine
morale : le contrevenant est déclaré improbus et intesta-
bilis 20 ; tantôt une peine corporelle ou pécuniaire.
Les lois qui défendent un acte juridique sont, au point
de vue de leur sanction, de trois sortes : perfectae ,
minus quam perfectae , imper fectae 21 .
La lex est perfecta , lorsqu’elle a pour sanction la
nullité de l’acte fait en contravention ; minus quam
perfecta , lorsqu’elle entraîne simplement une amende
pour celui qui l’a violée22; imper fecta, lorsqu’elle n’a
aucune de ces deux sanctions23.
Telle est la distinction faite par la jurisprudence clas¬
sique. Elle paraît étrangère à l’ancien droit. Aux pre¬
miers siècles de la République, celui qui contrevient à
une défense édictée par la loi.est toujours traité comme
un délinquant: l’acte juridique que la loi a voulu empê¬
cher n’en reste pas moins valable. Ainsi, la loi défend de
prêter à intérêt au delà d’un certain taux: si ce taux est
dépassé, l’usurier encourt la peine du quadruple, mais
le nexum n’en conserve pas moins sa valeur. La loi est
minus quam perfecta-1* . Il en est de même de la loi Furia
testamentaria qui défend d’exiger un legs supérieur
à 1000 as25.
Il y a pourtant à cette époque des lois prohibitives qui
n’ont pour sanction ni une amende, ni, comme dans le
droit postérieur, la nullité de l’acte juridique accompli :
ce sont les leges imper fectae. L’exemple le plus célèbre est
celui de la loi Cincia, qui défend de recevoir des dona¬
tions supérieures à un certain chiffre26. Est-ce à dire que
ces lois n’aient aucune espèce de sanction? Ce ne serait
pas vraisemblable. 11 est possible que ces lois prohibi¬
tives dans le fond ne le fussent pas en la forme27. Elles
se contentaient peut-être d’inviter le magistrat à refuser
son concours, lorsqu’il serait nécessaire pour parachever
l’acte conclu au mépris de la loi ; tout au moins fournis-
lw'ofT P,‘anc' 3’ 8’ Uv’ ’’ 17 • - 2Liv- V,U. ‘2. - 3 La distinct;
avait C..a PraescrtPtio ressort de Cic. De lege aqr. II, 9, 22. Mais 1
in.se,-. lat r£ C°vuln vv praeScriPtio ■ lc "0™ de. rogator. - 4
dîis) rnnilfj V , XX î!taesto’*'S“s ; Cf. I, 204 : / de Termesfibus)
Li est ni ' ' >US '■ L° chlffr° qui Précède l'index est le numéro de la table de
membu VrUejUSflUil n0US' ~ 8 Cf' la praescriptio de la loi Antonia d
éd. Mommsen^ *'/• *’ ~ 8 ^alerius Probus, De legibus et plebi
D. P -lit ■ Gramm- lat ■ IV- 265 : f- 1- R. P. Q. I. S. I. F. P. R.
diempridie — /p"' 1 °Joxit populusque jure scivit kin foro pro rostris a
X, 20 : /„ ' 0ntü\fle *29 (Bruns, Fontes juris, p. 115). -
an’r»advertimus N SC>^ll‘s non ma3n<wi vocabulorum istorum differentiat
Wnmt, eademnu» " ' 1 ^e4isctfa et privilégia translato nomine leges ar,
~ 9 Fcst. v satm°mniQ COnfuso et indistincto vocabulo rogationes dix,
f*» alis '' eatma et cibi 0emis ex varüs rebus condition est,
Liv- VI, 39. _ 10 T COn[er‘a ■ La loi Licinia Sextia est un exemple de lex si
20 : Quae estnuaem ~r U“' 72 : CorP‘ inscr' laL L l9s- - 11 de- P.
ne Populo necesse si t • ' 'S’ <buae senlentia Caeciliae legis et Didiae nisi
m ’d quod velu , m conJmotis rebus compluribus aut id quod nolit ac
UMadEdJt TuTr ~ 12 M0dCSt- ‘ ^ Di°- h 3, 7. - 13 Lai
’ ’ * ' paciscar, ne operis noci nuntiatione exsi
quidam putant non valere pactionem, quasi in ea re praetoris imperium verse,
lur. Labco aulem distinguit ut, si ex re familiari operis novi nuntiatio sit facta,
liceat pacisci, si de re publica, non liceat, quae distinctio vera est ; cf. Paul. 35
ad Ed. Dig. XXUI, 4, 12, 1 ; Pompon. 10 ad Sab. Dig. L. 17,27 : obligationum causac
pactione possunt immutari. — 14 Paul. 3 ad Ed. Dig. II, 14, 27, 4; Papiu. 2 Quaest.
eod. 38 : Jus publieum pr'ivatorum pactis mutari non potest. — 13 Ulp. 42 ad
Sab. Dig. XLV, 1,26: Generaliter novimus turpes stipulationes nullius esse
momenti. Consul!, vet. joli, IV, 1. — 10 Cf. Ulp. 41 ad Sab. Dig. XIII, 7, •
4 in fine. — *7 Cf. sur la sanction des lois prohibi lives, Éd. Cuit, Jnstitutions
juridiques des Romains, t. I, p. 462. — 18 Papin. 2 Defîn. Dig. XLVIII, 19,
41 : Sanctio legurn, quae novissime certain poenam irrogat his, qui praeceptis
legis non obtemperaverint... — 19 Cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. I, p. H4, 158, n. I. _
20 Ibid. t. 1, p. 255, 11. 10. — 21 Ulp. Rag. I. — 22 Ibid. 2: Minus quam
perfecta lex est quae vetat aliquid fieri et si factum sit, non rescinda, sed
poenam injungit ei qui contra legem fecit. — 23 Le commencement du texte
d’Ulpien (Reg. t) manque; on lit seulement : ...prohxbet, exceptis quibusdam
cognatis, et si plus donation sit, non rescinda. 11 est certain, d'autre part, que la
loi Cincia dont parle Ulpien ne donnait lieu à aucune peine pécuniaire. — 24 Cf. Éd.
Cuq, Op. cit. t. 1, p. 350. — 23 Ibid. t. I, p. 53t. — 20 Ibid. t. I, p. 557. —
27 Ibid. t. I, p. 463.
LEX
1124 —
LEX
saient-elles aux tribuns de la plèbe un motif légitime
d’intercéder.
Les loges per f (‘clac appartiennent à une période ulté¬
rieure de l’histoire du droit romain L’existence de ces
lois n’est pas douteuse sous l’Empire: la loi Fufia Cani-
nia 2 et la loi Ælia Sentia 3 du temps d’Auguste
rescindent les affranchissements frauduleux. Sous la
République, on ne trouve pas d’exemple aussi net: la loi
ne rescinde pas les actes juridiques régulièrement accom¬
plis, elle ne les met pas à néant ; elle se contente de
libérer le débiteur de son obligation en tout ou en partie,
ou de réduire l’étendue d’un acte générateur de droit.
La loi Furia desponsu décide qu’au bout de deux ans les
sponsores seront libérés4. La loi Voconia de legatis
retire au légataire le jus capiendi 5. La loi Falcidie elle-
même, qui est de la lin de la République, ne prononce
pas la nullité des legs qui dépassent les trois quarts de la
succession : elleen diminue le montant: Pro rata port ione
per legem ipso jure minuuntur G. Mais déjà apparaît ici
l'idée que l’acte juridique doit être inefficace danslamesure
où il a été fait au mépris de la loi. Cette idée avait été,
vers Ja même époque, appliquée par la coutume à la
prohibition des donations entre époux7; elle fut géné¬
ralisée sous l’Empire8.
Les actes laits en fraude de la loi sont en principe 8
traités comme de véritables contraventions10. L’acte est
fait en fraude de la loi lorsqu’il a pour but d’en tourner
la disposit ion tout en respectant la lettre de la loi : Contra
legem facit , gui id facit quod lex prohibet, in fraudera
vero, qui suivis verbis legis sententiam ejus circumve-
nil 1 1 . Mais la question de savoir quand un acte était fait
en fraude de la loi était parfois délicate 12 ; le sénat fut
plusieurs fois consulté pour la résoudre13.
Il est une autre sorte de sanctio qu’on rencontre assez
souvent dans les lois romaines : elle tend à prévenir
1 abrogation, toLale ou partielle, directe ou indirecte, de la
loi. Nous en parlerons à propos de l’abrogation des lois.
lit. Désignation de la loi. — Les lois consulaires sont
d’ordinaire désignées par deux adjecLifs formés avec les
noms des consuls en exercice. On met en tète celui qui
a présidé les comices : lex Caecilia Didia , lex Ælia
Sentia.
Les lois prétoriennes n’ont qu’un seul nom14; les pré¬
teurs ayant des attributions séparées, il n’y a pas de motif
pour qu’ils présentent collectivement un projet de loi.
Les plébiscites n’ont habituellement qu’un seul nom13,
bien que le projet émane le plus souvent du collège des
tribuns: il y a là sans doute une abréviation. Cicéron
distingue le tribun qui a fait la proposition ( rogaton ) et
les collègues qui l’ont signée avec lui ( adscriptores ) l0.
Pareille abréviation se rencontre même pour
double gentilice : telle la loi Papia Poppaea
appelée Papia17.
les lois à»
souvent
Sous l’Empire, on désigne parfois les lois parle sur, ,
de leur auteur, en le mettant au génitif ( (ex \Ut "I’1'1
Vespasiani 19.) ou en lui donnantla forme d’un adjecUi /
Craccana , Sullana , Caesariana , Augustiana )20 "
Il n’y a pas d’exemple certain de loi portant piUs d
deux noms: l’expression lexllubria , Livia , Sempn,ü
mentionnée dans la loi agraire de 643 ai, désigne la li' ^'
lation résultant de trois lois distinctes. Il en est m
être île même de la lex Mamilia , Roscia , Peducm
Alliena , Rabin22, si l’on n’y voit pas un règlement
émanant d’une commission spéciale. D’ordinaire on cite
les lois différentes ayant un même objet en réunissant
leurs noms par la conjonction et : lex S ilia et CalmT .
nia22, Aelia Sentia et Juniar\ Mais on trouve aussi des
exemples d’une seule et même loi désignée par un double
gentilice réuni par la conjonction et : telle la loi Caecilia
et Didia, Va loi Cassia et Tcrentia 25.
Très souvent les lois sont désignées par un mot indi¬
quant leur objet principal: lex agraria, annàlis, cadu-
caria, frumentaria, judiciorum publicorum, judi-
ciaria, sumtuaria, vicesima her éditât iutn.
Parfois on désigne de la même manière un chapitre
d une loi : la IcxJulia de fundo dotali 20 est un chapitre
de la loi Julia de adulleriis. De même la loi Gornclia
testamentaria et la loi Cornelia nummaria 21 sont des
chapitres de la loi Cornelia de fa/sis 28.
IV. Publication de la loi2'3. — Les Romains no se sont
pas préoccupés d’une manière générale de la publica¬
tion des lois30. Le vote du peuple constituait par lui-
même une publicité suffisante ; et l’on se contentait d’en
proclamer le résultat ( renunliatio ). La loi était dès cet
instant exécutoire. Cependant, comme l’effet de la loi pou¬
vait se prolonger pendant plusieurs générations, il était
utile dans certains cas d’en prescrire l’exposition per¬
manente (figere)31. C’est ce qui eut lieu pour les Douze
Tables32 et pour bien d’autres lois : sous Vespasien, le
sénat nomma des commissaires chargés de rechercher
et de remettre en place les tables des lois tombées de
vétusté 33 .
On inscrivait la loi sur des tables de bois blanchi ou
de cuivre34, que l’on fixait en un lieu où tout citoyen
pouvait commodément en prendre connaissance : unde
de piano recte legi possit 33. Ce lieu variait suivant 1 objet
de la loi : les Douze Tables étaient fixées dans \'atrknl
Libertatis 30 près du tribunal des magistrats ; la loi h'ihn
dans le temple de Diane37 ; la loi de XX quaestoril) us
dans le temple de Saturne38.
1 Ibid. p. 463, n. 3. — 2 Gai. I, 46 : Lex Fufia Caninia quae in fraudera ejus
facta sunt rescindit. — 3 Jul. 64 Dig. Dig. XL, 9, 5, 2 : Liber tas per legem Aeliam
Sentiam rescinditur. — 4 Gai. III, 121. — 5 Ibid. II, 226. — 6 Gai. 18 ad Ed.
prov. Dig. XXXV, 2, 73, 5.-7 Ulp. 32 ad Sab. Dig. XXIV, 1, 1 pr. — 8 Carac.
Cod. Just. II, 3, 6 ; Theod. Valent, eod. I, 14,3. — 9 Voir une exception dans mes
Institutions juridiques, 1. 1, p. 464, n. 4. — 10 Gai. I, 46. — U Paul. lib. sing. ad 1.
Cinc. Dig. I, 3, 29. — 12 Cf. Éd. Cuq, Op. cil. t. I, p. 464, 11. 3. — 13 Gai. I, 46,
47. — n Le plus ancien exemple connu d’une loi prétorienne est celui dé la lex
Bapiria de 1 an 422. Liv. VIII, 17, 12. — 13 Cf. Mommsen, Op. cit. trad. t. Vil,
p. 339. — 16 Cic. De lege agr. H, 9, 22: Quis legem tulit ? Dullus... Et videlicet
coltegas suos, adscriptores legis agrariae non repudiabit, a quibus ei locus primus
in indice et in praescriptione legis concessus est. — n Gai. H, 206, 286 ; Ulp. XIV,
1 ; XVI, 1. — 18 Hygin. éd. Lachmann, 201,7 ; 203, 15 ; 224, 12. — 19 Ibid. 261, 22.
_ 20 Ibid. 233, 10; 231, il ; 232, 1 ; 234, 15; 237, 5.— 21 Corp. inscr. lat. 1, 200,
1. 81. — 22 Gromat. vet. I. 1, 263. - 23 Gai. IV, 19. - 24 Gai. I, 80. — 25 C’est
l’usage de Cicéron; cf. Baiter, Onom. Tull. III, 145, 149, 182, 198, 210; Huschke,
Zcits. f. geschichtlieher Rechtswiss. V, 65. — 26 Paul. 36 ad Ed. Dig ■ '
1 pr. — 27 Cic. in Verr. II, 1, 42.- 28 Paul. Sent. IV, 7, 1 ; V, 2o, L - ’ ’
cette question Mommsen, Su i modi usali da Romani nel conservare cp»» " ‘
. 1 I tli / lÙ/fKb'
leggi edi senatusconsulti dans Annali dell' Istituto di corr. arcneoi. ^
1858, p. 193. — 30 U y a quelques exceptions, par exemple pour la loi Oe A / ^
toribus. Corp. inscr. lat. I, 202, 2, 1.40 : Quorum vialorum praeconum nom1» ^
decurieis ad aedem Saturni in pariete inlra cau[l\as proxsume ante h»"1
scHpta erunt ]. — 31 Horat. ad Pis. v. 396 : Fuit hacc sapientia quand»"'-
incidere ligna. Porph. in h. 1. : Aeneis . .. tabulis antiqui non sunt usi, set- ^ ^
legs*
setl roi '»reil
, 1 . 1 0) _ . l)d 1°
in has incidebant leges. — 32 Cf. Ed. Cuq, Op. cit. t. I, p. H. n- 1 ey' ^ pi
Eist. IV, 40. — 34 cic. ad AU. XIV, 12, 1 ; ad fam. XII, i, 1- - 38 ^jjrigle:
notis antiq . 10. Ou a reproché à Caligula do 110 pas s’étre conformé •> c'
L)io. Cass. LIX, 28. — 36Zonar. VII, 18. D'autres lois étaient affichées <la,,s
Libertatis. Cat. ap. P. Üiac. v° Probrum : Lex fixa in atrio Liberdii -^
aliis legibus incendia consumpta est, ut ait Calo in eaoratione quae de ^
inscribitur, — 37 Denys d’ilalic. X, 32. — 38 Corp. inscr. lat. h -11"’ ’
LEX
— 1125 —
Si toutes les lois n’étaient pas l’objet d’une publication
, je jj était d’usage d’en conserver le texte dans
Ucrarium. On a déjà dit que la loi Junia Licinia
obligea l’auteur de Lout projet de loi à en déposer à
l 'aerarium une copie ne varietur.
V. Abrogation de la loi. — La loi peut toujours être
abrogée. Ce principe a été consacré par les Douze Tables 1 ,
mais0 ne fut tout d’abord appliqué qu’en droit public.
On l’écarta en fait pour les lois confirmées par un serment
des magistrats comme les traités d’alliance (foedera) 2
ou par un serment de la plèbe (Ier/ es sacratae)3. On
l’écarta également pour les droits privés fondés sur les
Douze Tables, à cause du caractère de cette loi4. Sous
l’Empire, ces restrictions ont disparu, et le principe a
reçu une portée générale ".
Pourtant, on trouve assez souvent dans les lois ro¬
maines une clause tendant à prévenir, sous la menace
d’une peine, l’abrogation de la loi. Cette clause ne pou¬
vait avoir qu’un effet moral, car rien n’empêchait la loi
nouvelle d’abroger la loi antérieure et la sanction pénale
qu’elle contenait6. Il en était autrement si la loi nouvelle
n’était que partiellement ou indirectement en opposition
'avec la loi ancienne: ici la sanction conservait son effica¬
cité, èt pouvait être appliquée à l’auteur du projet de loi.
Aussi ceux qui proposaient des lois nouvelles avaient-
ils soin de se couvrir au moyen de la clause : Si quid
jus non est rogarier , e jus ea lege nihilum rogalur 7.
L’abrogation d’une loi peut résulter soit d’une loi nou¬
velle, soit du non-usage 8. Dans le premier cas, l’abro¬
gation peut être expresse ou tacite. L’abrogation expresse
peut être totale ( abrogare ) ou partielle ( derogare ) 9.
L’abrogation est tacite (obrogare) 10, lorsque la loi nouvelle
contient des dispositions contraires à celles de la loi
ancienne
La loi nouvelle, qui abroge une disposition antérieure,
n’a pas en principe d’effet rétroactif11. Mais ce principe
peut être écarté par une clause spéciale ; c’est ce que fit
Justinien lorsqu’il réduisit de 12 à G p. 100 le taux des
intérêts12.
AT .Annulation de la loi. — Le vote d’une loi peut être
entaché d’un vice de fond ou de forme : on n’a pas tenu
compte de 1 intercession d’un magistrat 13 [intercessio,
L A , p. 548] ; on a eu recours à la violence 14 ; on n’a pas
pris les auspices ls, ou bien l’assemblée n’était pas com¬
pétente lc. Dans ces divers cas, la loi est nulle17.
Anciennement les patres refusaient leur auctoritas.
Mais depuis la loi Publilia, qui fit de cette auctoritas
12 ' Tabularum legern esse, ut quodcumque postre-
m popu usjussisset, id jus ratumque essef ; cf. Liv. IX, 34, C; Cic. P. Balbo.
_ ’ ^ .... ~ *v* 3 Éd. Cuq, Institutions juridiques , t. I, p. 113.
sen i R 1 2 Excus. Dig. I, 4, 4. — G Cic. Post red. in
sut. 4, 8. — 7 Cic. P. C
C'est le
fnct
Laec. 33, 95 ; P. domo, 40, 106; ad Att. III, 23, 3: 22, 2.
caput ttalaàcium de impunitate : si quid contra leges ejus legis ergn
la sanctio. — 8 JUI. 84 l)ig.
est. v° Derogare. — 10 Fesl.
ad I. Falc T)in y v vu - - “1" 11 20 ' — JJ Cic- Verr ■ b 109 ! Paul. 1
^■CÔd.L I 12 ^ Sab' Di,J- XXXV'"’ l7’ *’ 121 Thcod-
evocari, nisi nominatim et de praeterito tem-
13 Suet.
«cù.*A« v.*. ‘O; xi, «, xn, 5, 12.
« Cic. De leg. III, 19, 45. — 17 Cic.
Quatuor onmino il Uracch- 10* ~ 19 Cic- p- Corn. ap. Ascon. p. 07 :
Din i /ld0nt Parle Cic6r011 Ad Att. III, 23, 2), ou la
v„ 7 ’ ’ ,“’u 7 9 Modes!. 7 Reg. Dig. L, 10, 102; Fest.
ad 1 p!,!™; aUi'.S.a.d *' Jul' ct PaP- D- L 3> -8- — 11 Cic
Ulp. 12 ad Sab. Dig. X!
n euotiis nnn n,i t , et constitutiones futur is certain est date formant
pore et ’al ^ praeterita ocari , nisi nominatim et de praet
Caes T CPTtentibUS nea°tUs Cautum sit- ~ 12 Cod. Just. IV, 32,27.
~16Pie n?., Clc' P- domo . 20- 33; PMI
w.Plul. eod ; Suet. Caes. 20, 23, 30. -
• domo, 2G, 68 _ 18 pi„i n v/ r ,
Quatuor omnin 1 Gl'acch. 10. . _ _ ^ _
aliquid de leaibé ** rr *!m* V* ^u‘/jus Per senatum, more majorant, statuatur
M. Junio consttlioii ejusmodi’ placere legem abrogari : ut Q. Cecilio
Alleram, quae lex l t ^epes rem mititarem impedirent , ut abrogarentur.
s«*to Julio eomniu " CSje dlcatur' ea non videri populum teneri, ut L. Marcio,
Y W ' de leSib"s *«>«•- - 29 Cic. De leg. Il, 0, 14. Voir plus
LEX
une simple formalité, il appartint aux magistrats chargés
d’assurer l’exécution delà loi de refuser leur concours18.
Pour dégager leur responsabilité, ils avaient soin de
prendre l’avis du sénat qui décidait, s’il y avait lieu,
ea (lege) non videri populum teneri 19. Aux vn° et
via0 siècles de Rome, le sénat a plusieurs fois déclaré
nuis des plébiscites, comme ceux d’Appuleius en 65420, de
Titius en 655 21, de Livius Drusus en 663 22, de Manilius
en 688 23, des lois consulaires, comme celles d’Antoine 24.
Certaines lois essayèrent d’exclure le contrôle du sénat
en obligeant les magistrats, présents et futurs, et les
sénateurs à jurer individuellement d’observer la dispo¬
sition votée par le peuple [jus juiiandum, t. V, p. 770-77 1 j .
Parfois aussi elles défendirent de parler au sénat ou »d’y
faire un rapport sur l’annulation de la loi29.
ATI. Dispense d’une loi. — Le droit de dispenser
un citoyen de l’application d’une loi ( legibus solvere ) a
successivement appartenu au peuple, au sénat, à l’em¬
pereur. De très bonne heure des lois ou plébiscites accor¬
dèrent fréquemment ces dispenses. La loi Horatia attri¬
bua divers privilèges (jus exaugurandi , nubendi ,
testimonii dicendi ) à la Vestale Tarratia pour la récom¬
penser d’avoir donné au peuple Romain le Champ de
Mars26. L. Metellus, consul en 503 et 507, qui avait perdu
la vue dans un incendie en sauvant le Palladium du
temple de Aresta, obtint le privilège de se rendre au sénat
en voiture27. C. Valerius Flaccus, élu édile curulc en 554,
alors qu’il était flamine de Jupiter, fut dispensé de prêter
serment en personne 28 .
En cas d’urgence, le sénat accordait parfois la dispense
sous réserve de la ratification du peuple21. Cette, règle
fut observée jusqu’au temps des Gracques; elle s’appli¬
quait auxlois relatives à l’élection des magistrats, spécia¬
lement des consuls30 ou des préteurs31. Mais au vne siècle
de Rome, le sénat cessa d’inviter le magistrat à sou¬
mettre la question au peuple32 : il estimait que l’élection
du candidat qui avait obtenu la dispense contenait impli¬
citement la ratification populaire. Le tribun de la plèbe
C. Cornélius s’éleva très vivement contre cet abus de
pouvoir; il proposa en 687 une loi qui rendait au peuple
le droit d’accorder les dispenses33, mais, en présence des
résistances qu’on lui opposa, il dut modifier son projet.
La loi reconnut le droit du sénat, mais en subordonna
l’exercice à une double condition : la présence d’au
moins 200 sénateurs, et la onvocation du peuple qui
était d’ailleurs tenu de confirmer la décision du sénat,
sans qu’aucune intercession fût possible 34.
bas, p. 1130, n. 4. — 21 Ibid. — 22 Cic. P. Corn.; Diod. Sic. XXXVII, 10, 3.
— 23 Dio Cass. XXXVI, 42. Voir plus bas, p. 1155, n. 2. — 24 Cic. Phil. V, 4, 10 ;
XI, G, 13 ; XII, 5, 12; XIU, 3, 5. — 25 Cic. Ad Att. III, 12, 1 ; 15, 0. — 26 A. Gcll.
VI, 7 : Et Tarratiam quidem virginem Vestae fuisse le x Horatia testis est,
quae super ea ad populum lata, qua lege ei plurimi honores fiunt... muni-
ficentiae et beneftcii gratta, quoi Campum Tiberinum sive Martium populo
rtomano condonassel. — 27 Plin. Hist. nat. VII, 43, 141 : Is Metellus orbam
luminibus exegit senectam, amissis incendia, cum Palladium raperet ex aedc
Vestae... Tribu.it ei populus Domanus qttod nunquam ulli alii ab condito aevo,
ut quoties in senatum iret, curru veherctur ad curiam. — 28 Liv. XXXIX, 50 :
Tribuni ad plebem tulerunt plebsque scivit ut perinde csset ac si ipse aedilis
jurasset. — 29 Ascon. In Cornel. p. 50 : lu omnibus scnatusconsullis, quibus
aliquem legibus solvi placebat adjici erat solitum, ut de ea re ad populum
ferretur. — 30 Cf. Liv. X, 13; Ep. 50 et 56 ; Cic. Brut. 62; p. lege Manil. 21.
— 31 Dio Cass. XXXIX, 23; Val. Mas. IV, 1. — 32 Ascon. Loc. cil. : Sed pau-
latim ferri erat desitum, resque jam in eam consuetudinem venerat, ut postremo
ne adjiceretur quidem in sénat usconsultis de rogatione ad populum ferenda, eaque
ipsa senatusconsulta per pauculos fichant. — 33 Ibid. : C. Cornélius... tribunus
plebis... promulgavit legem, qua [ auctoritatem ] sénat us minuebat, ne qui nisi per
populum legibus solveretur. Quod antiquo quoque jure erat cautum. — 34 Ibid, in
fine; cf. Dio Cass. XXXVI, 39.
142
LEX
112G —
LEX
Telle fut la règle suivie désormais à la lin de la Répu¬
blique et au commencement de l'Empire. L’un des
principaux exemples est celui du sénatus-consulte qui,
en *02, dispensa J. César de se rendre à Rome pour
informer de sa candidature au consulat le président des
comices1 [professio].
Mais de bonne heure les empereurs ont empiété sui-
les pouvoirs du sénat, et lui ont enlevé cette attribution
dans des cas de plus en plus nombreux : par exemple
pour la dispense des lois caducaires 8 [liberorum jus].
VIII. Sphère d'application des lois romaines. — En
principe, la loi romaine régit les citoyens romains "en
quelque lieu qu'ils se trouvent3; elle ne s'applique pas
aux non-citoyens, alors même qu'ils résident sur un ter¬
ritoire soumis à la domination romaine ou compris dans
sa sphère d'influence. Tel est le cas des lois Atilia4, Furia
testa mentaria - , \ oconia6 , Falcidia, Julia vicesitnaria 7 ,
Aelia Sentia 8, Junia Norbana9.
Ce principe soutire un certain nombre d'exceptions:
1° II y a des lois qui ne peuvent être invoquées que par
les citoyens résidant en Italie 10. Telle est la loi Julia sur
la cession de biens11; tel aussi le chapitre de la loi
Julia de maritandis ordinibus qui autorise la nomina¬
tion d un tuteur ad hoc pour constituer une dot à
1 affranchie dont le patron est impubère 12.
-u D autres lois ne protègent que les biens situés en
Italie : telle est la loi Julia de fundo dotali 13.
.5° Les Romains ont permis aux peuples soumis à leur
autorité d invoquer leurs lois et coutumes locales, mais
dans une mesure plus ou moins large suivant les époques
et suivant la condition des cités.
Sous la République, les cités alliées sont autorisées
à- suis legibus uti ll. Les cités latines, par exemple, ont
conservé leur législation sur les fiançailles jusqu'à la fin
de la guerre sociale11. Les lois romaines ne sont appli¬
cables dans les cités alliées que du consentement de ces
cités : Nequeulla populi Romani lege' adstricti nisi in
quam populus eorum fundus factus css<?£16[fundus, t. IV,
p. 1367]. Mais depuis la dissolution delà ligue nationale
latine en 416, Rome se réserva le droit derendre certaines
lois obligatoires pour les villes. Latines, toutes les fois
qu'elle y aurait intérêt: telles furent la loi Furia de
sponsu *\qui limiteà deux ans le droit du créancier même
pérégrin contre le sponsor , la loi Sempronia de 561 sur
les dettes d’argent18, la loi Didia qui, en 611, étendit à
Tltalie la loi somptuaire proposée par Fannius en 593 19.
Quant aux cités alliées extra-italiques avec lesquelles
les relations étaient moins fréquentes, Rome n’avait pas
le même intérêt à établir l’unité de législation. Pourtant
elle n’a pas hésité en certains cas à restreindre leur
indépendance. Une loi Clodia accorda au gouverneur
de Macédoine Calpurnius Piso un
droit de juridicti0n
sur les cités alliées, en matière de dettes d’argent*
clodia de jurisdictione]. b
Les cités sujettes jouissent également de l’auton., ■
c’est une tolérance. En Sicile, les lois de Diodes, réili!!'' '
en l’an de Rome 339, par une commission nommé^''^
les habitants de Syracuse, sont restées en vieuem. ' Par
1 't • 1 ÔUL/Ui ctnpün
la conquête jusqu au moment où la Sicile obtint |a r v
Romaine21. Il en est de même de la lex Hieronica établi'!
par le roi Iliéron, et qui fixe le montant et le mode T
perception des impôts à payer parles Siciliens22 ,\|. •'
dans les cités sujettes comme dans les cités alliées ei"
plus forte raison, Rome a pu imposer ses lois, lorsqu’elle
y eut intérêt. Telle est la loi qui régla la constitution
des provinces du Pont et de Bithynie après la guerre
de Mithridate23. Le plus souvent ce sont les gouver¬
neurs qui, par leurs édits, ont appliqué aux cités
sujettes les règles qu’ils jugeaient utiles24.
Sous l’Empire, le maintien des lois et coutumes locales
dans les citées alliées ou sujettes est un fait attesté par
des documents nombreux25. Mais les empereurs se sont
efforcés d’étendre l’application de la législation romaine
à toutes les cités20, soit par des sénatus-consultes, soit
par des rescrits [senatus consultum, rescriptum .
leues publicae. — La liste ci-après comprend les lois
votées par le peuple romain dans ses comices, ainsi que
les plébiscites votés dans les conciles de la plèbe. On y
a joint les principaux projets de loi ( rogationes ) dont le
souvenir a été conservé. Les uns et les autres sont
classés par ordre alphabétique d’après les noms des
magistrats ou des tribuns qui les ont proposés21. Les
lois dont les auteurs ne sont pas connus seront indi¬
quées à part dans une liste subséquente (p. 1168). Il ne
faut pas chercher dans ces listes un tableau complet de
la législation des Romains. Ce qu’on appelle « les lois
romaines » est en grande partie l’œuvre du préteur, delà
jurisprudence et des empereurs, et se trouve exclu de
notre travail. — La plupart des lois qui vont être énu¬
mérées n’ont eu qu’un intérêt politique et de circons¬
tance : on se contentera d’en indiquer l’objet.
Lex acilia de coloniis deducendis (a. 557 = 107), —
Plébiscite présenté par C. Acilius, tribun de la plèbe, et
proposant d’établir cinq colonies maritimes, deux à
l’embouchure du Vulturnum et du Liternum, une à
Puteoli, une au castrum Salerni et la dernière àBuxen-
tum. Trois cents familles durent être envoyées dans ^
chacune. Les triumvirs chargés de les conduire furent
nommés pour trois ans28. La deductio n’eut lieu qu en
560 =19i29.
Lex Acilia de intercalatione (a. 563 = 1911. — Loi P1’0'
posée par le consul Manius Acilius Glabrio
sur l’inter-
1 Caes. De bel. civ. I, 9, 32; Dio Cass. XL, 51. Ce privilège lui fut retiré par
la loi de Pompée. Dio Cass. XL, 56; Suet. Caes. 28; cf. Mommsen, Die
Rechtsfrage zwischen Caesar and dem Sénat, p. 53. — 2 Mart. Ep. II, 91,
92; III, 95; IX, 97; Slat. IV, 8, 20; Plin. Ep. II, 13, 8; Corp. inscr. lat. VI,
1877; V, 4392; cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. trad. t. V, p. 160, t. VI, I,
365, t. VII, p. 459. — 3 Telle est la loi Porcia, p. 1161, n. 3. — 4 Ulp'. XI, 18.
— ° Cic. D. Dalbo , 8, 21. — G Ibid, — 7 Paul. lib. sing. ad 1. Falc. Dig,
XXXV, 2, 1 pr. : Qui cives Romani sunt. — 8 Dio Cass. LXXIII, 9; Plin.
Paneg. 37-39. — 9 Gai. I, 47. — 10 Octaven. in Fr. Dositli. 12. — 11 Diocl.
Cod. Just. VII, 71, 4. — 12 Gai. I, 178; Ulp. XI, 20. — 13 Gai. II, 63; Frg.
Sinaïl. 5. — 14 Cf. le plébiscite de 683 relatif à Tcrmcssos en Pisidie, Corp.
inscr. lat. I, 204. — 15 Serv. ap. Gell. IV, 4 : Hoc jus sponsaliorum obser-
vatum dicit Servius ad idtempus t/uo civitas universo Latio lege Julia data est.
— 1G.4. Gell. XVI, 13; Cic. P. Dalbo , 8 : Tulit apud majores nostros legem C. Eu -
riusde testamentis, tulit Q. Voconius de mulierum hereditatibus innumerabiles aliae
leges de jure civili latae sunt : qua , Latini voluerunt adsciverunt. — 11 |,lU’ |
121 a. — 18 Liv. XXXV, 7; cf. Éd. Cu<[, Institutions juridiques des Romai"s- ^
p. 404 et 580. — 19 Macrob. Sat. III, 17 : Legis Didiae ferundae... fuit canSd'\^uS
unie ers a Italia , non sola urbs , lege sumptuaria teneretur , Italicis exist 1,11111 ^ ^
Fanniam legem non in se, sed in solos urbanos cives esse conscriptam . - ^
Deprov. cons. 4, 7. — 21 Diod. XIII, 35. — 22 Cic. Verr. III, 0, 14. " “ ^
Paneg. 79. — 24 Plin. Ep. X, 92, 93 : Legibus ipsorum quibus benefid u / ^
utuntur. Pap. 10 Resp. Dig. XLII, 5, 37 ; Dion. Oral. 3. — 23 Oai. I, ( ’ j7j.
96; Ulp. XX, 14; Lex Salpens. c. xxii (Corp. inscr. lat. II, 1064). — '
Cuq, Op. cit., I. I, p. xxii, n. 1 ; Le Conseil des Empereurs d,' Auguste à
p. 440. — 27 La nomenclature des lois romaines a été plusieurs lois 'l‘Ja |eS
On consultera utilement V index legum de Baiter, de Lange et de L. f'11'*'11 (jcS
listes qui suivent, nous nous sommes appuyé principalement sur les 11 ^
travaux de Mommsen pour les lois relatives au droit public. — 2»Tit. L,v* * ' ^ 357,
— 29 Ibid. XXXIV, 45; cf. Mommsen, Corp. inscr. lat. X, 58, 61, I8--
LEX
— 1127 —
LEX
, Macrobe, qui Cite cette loi d’après Fulvius,
Platl°" n,endque les anciens n’étaient pas d’accord sur
"°"S -Tde savoir à quelle époque on commença à faire
10 P°"i Tcalations dans le calendrier : les uns attribuent
cette innovation aux décemvirs, les autres à la loi Pinaria
1 1't r\'2 acilia repetundarum (a. 631 ou 632=123 ou 122).
r plébiscite proposé par le tribun M. Acilius Glabrm,
réprimer les exactions des magistrats provinciaux 3.
Uaclion civile en répétition établie par les lois Calpur-
■•i rl junia, la loi Acilia a substitué une action pénale
au' double, analogue à celle qui est donnée contre les
lcurs \ En même temps elle a posé des règles sur la for¬
mation de la liste annuelle des juges, l’organisation de
l’instance, la procédure à suivre devant le jury, le juge¬
ment du procès.
Le texte de la loi est en partie conservé » : il est grave
sur plusieurs fragments d’une table de bronze qui portait
sur l’une des faces le texte d’une loi agraire. On a cru
d’abord que la lex repetundarum était la loi Servilia de
643 6. Mommsen a établi que c’est une loi antérieure,
car elle ne limite pas, comme la loi Servilia, le nombre
des comperendinationes ; et il a émis l’avis que c’était la
loi Acilia mentionnée par Cicéron 7.
Lex Acilia MiNUCiA(a. 553= 201). —Plébiscite proposé
par les tribuns M. Acilius et Q. Minucius pour « autoriser
le sénat à faire la paix avec Carthage et nommer celui
qui serait chargé de la conclure et celui qui ramènerait
l’armée d’Afrique. Toutes les tribus votèrent pour la paix
et chargèrent Scipion de la donner aux Carthaginois et
de ramener les troupes 8 ».
Lex Acilia Rubria de cultu Jovis Capitolini (a. 632 =
122). — Plébiciste proposé par les tribuns Acilius et Ru-
brius et relatif aux sacrifices offerts au Capitole par les
députés des nations étrangères. Ce plébiscite, mentionné
dans le sénatus-consulte d’Astypalée de 649°, est un des
très rares exemples de plébiscites désignés par un dou¬
ble nom10.
Lex Aebutia de legis actionibus (a...?). — L’une des lois
qui, d’après Gaius, ont supprimé les actions de la loi:
Per legem Aebutiam et duas Julias sublatae sunt istae
logis actiones u. Aulu-Gelle cite également la loi Aebutia
comme le point de départ d’un nouvel ordre de choses
qui a eu pour effet l’abandon des actions de la loi, sauf
dans les causes contumvirales : Omnisque ilia duodecim
Tabularum antiquitas, nisi in legis actionibus centum-
viralium causarum , lege Aebutia lata , consopita sit 12.
e résultat de cette suppression des actions de la loi est
indiqué par Gaius : Eff ectumque est ut per concepta verba,
"[ est per formulas litigemus 13. Ce fut la substitution
m la procédure formulaire à celle des actions de la loi.
Cci tains auteurs présentent ce résultat comme l’objet
principal de la loi Aebutia. Ils pensent que cette loi con¬
nu piéteur urbain la faculté de délivrer des for¬
mules dans les procès entre citoyens. Les plaideurs
auraient eu dès lors le choix entre la procédure des
actions de la loi et la procédure formulaire “. Cette
hypothèse, fort ingénieuse, paraît bien hardie en pré¬
sence du texte de Gaius. Il est d’ailleurs à remarquer
qu’on ne trouve plus trace, au dernier siècle de la Répu¬
blique, de l’action de la loi per condictionem, ce qui
donne lieu de croire qu’elle a été supprimée par la loi
Aebutia18.
La date de cette loi ne peut être déterminée avec certi¬
tude. On admet généralement qu’elle n’est pas anté¬
rieure au milieu du vie siècle de Rome. On a même
soutenu qu’elle n’est pas antérieure au premier tiers du
vu0 siècle16, mais les raisons que l’on a invoquées
supposent, ce qui n’est pas démontré, que le préteur
a reçu de la loi Aebutia le pouvoir de délivrer des for¬
mules, et que ce droit lui a fait défaut jusque-là, même
pour les procès entre pérégrins11.
Lex Aebutia de magistratibus (a....?). — Ce plébiscite,
de date incertaine, est mentionné par Cicéron. Comme
la loi Licinia, la loi Aebutia déclare inéligible à une
magistrature extraordinaire celui qui a proposé au
peuple de l’établir. Cette incapacité s’étend à ses col¬
lègues, parents ou alliés18. Mommsen19 pense que ce
plébiscite a peut-être été provoqué par le mouvement
des Gracques20.
Lex Aelia (a. 560= 194). — « Sur la fin de cette année,
dit Tite Live, le tribun Q. Aelius Tubero, autorisé par
un sénatus-consulte, proposa à la plèbe et lui fit adopter
un plébiscite portant création de deux colonies latines,
l’une dans le pays des Bruttii (à Valentia), l’autre dans
le territoire de Thurium (à Copia, en Lucanie) 21 . Ces deux
colonies furent effectivement fondées, celle de Copia
en 561 par les triumvirs Cn. Manlius Vulso, L. Apustius
Fullo, Q. Aelius Tubero22, celle de Valentia en 562, sous
la conduite des triumvirs E. Nœvius, M. Minucius,
M.Furius Crassipes23. Dans l’une on envoya3000 fantas¬
sins et 300 cavaliers; dans l’autre 3 700 fantassins et
300 cavaliers. A Copia, chaque fantassin eut 20 arpents;
chaque cavalier 40; à Valentia, ces chiffres furent réduits
à 15 et 30.
Lex Aelia. — Voir le mot auspicia, t. I. p. 58 2 24.
Lex Aelia Sentia de manumissionibus (a. 757 = 4). —
Loi proposée par les consuls S. Aelius Catus et C. Sentius
Saturninus et contenant un règlement général destiné
à prévenir les abus auxquels avaient donné lieu les
affranchissements
1° Il est interdit, à peine de nullité, d’affranchir un
esclave en fraude des droits des créanciers ou du patron
du manumissor^ .
2° Il est interdit, à peine de nullité, au maître mineur
de vingt ans d’affranchir un esclave. S’il existe une juste
cause et que la preuve en soit faite devant un consilium
manumissionis, l’affranchissement doit être fait par la
f Macroli. Sut 1 , o g, , r. , .
dicit ab urh 21 ' ■''uftuiis uutem i d egisse Manium consul
l’intercalalioî " anno 9uingentesimo sexagesimo secundo ; cf. s
Hunaardt n ^ ClU|’ Institutions juridiques, t. I, p. 130, n. 1. — 2 i
Verr.U:, 5,**' ^‘^rwaltung, tvad. I. I, p. 342. - 3 Cic.
optimis iudir" ■ {Acilia) populus Romanus de pecuniis repetuni
1.5!). __ s "s^n^'lssimisque judicibus unis* est. — * Corp. inscr. lut. I, V,
— 7 Ad Corn ' 6 ^*enZe’ Frafl’menta legis Serviliae repetundarum. , 18;
Liv. XXX, i/' p 7T' laL l’ *’ p' 54 ’ ItÔm' Slrnfrecht’ P- 7 18, n. 6. — 8 1
t. II, n. 2485 1_ 1 0 ivi ' ^ ’ *’ 4’ 8’ 18-19 ’ ^onar' IX, 14. — !) Corp. inscr. r/ra
~ 11 Gai. IV 3ft Staatsr- t- Nl,p. 313, n. 2, trad. t. VI, 1" p., p. 3,
- Aul. Gell. XVI, 10. — 13 Gai. IV, 30. - H Wlassak, Rô
Processgesetce, t. I, p. 172 et 188; Girard, Nouv. Revue hist. de droit, 1897,
t. XXI, p. 249. — 13 Éd. Cuq, Institutions juridiques des Romains , t. I, p. 7Î2.
— 16 Girard, Loc. cit. — 17 Cf. Moritz Voigt, Rôm. Rechtsg., t. II, p. 420, n. 54
— 18 Cic. De lege agr. II, 8, 21 : Licinia est lex atque altéra Aebutia; quae
non modo eum qui tulerit de aligna curatione ac polestate, sed etiam collegas
ejus, cognatos , affines excipit, ne eis potestas curatiove mandetur. — 10 Rôm.
Staatsr. I, 501, 11. 2, trad. t. II, p. 151, n. 2. — 20 PUit. C. Graccli 10; Appian. De
bel. civ. I, 24. — 21 Tit. I.iv. XXXIV, 53. — 22 Ibid. XXXV, 9; cf. Mommsen, ad
Corp. inscr. lat. X, p. 17. — 23 Ibid. XXXV, 40; cf. Mommsen, Loc. cit. p. 7.
— 24 Cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. t. I, 83, 111, trad. p. 94 et 127. — 25 Gai.
1,37, 47:Ulp. I, 15; Aristo ap. Paul. 3 ad 1. Ael. Sent. Dig. XL, 9, IG, 3.
1128 —
LEX
LEX
vindicte, sinon l'esclave n'aura qu'une liberté de fait
3° Il est interdit d’affranchir un esclave mineur de
trente ans. S'il existe une juste cause et que la preuve en
soit faite devant le consilium, l'affranchissement doit
être fait par la vindicte, sinon l'esclave n’aura qu’une
liberté de fait 2.
4J L’esclave, qui a encouru des peines graves, nc peut,
lorsqu’il est affranchi, devenir citoyen romain : il est mis
au rang des déditices3.
5° Par exception, l’esclave, affranchi par testament et
institué seul héritier par un maître insolvable, devient
libre, quel que soit son âge, et héritier nécessaire4
6° La loi institue un consilium manumissionis et en
détermine l’organisation \
7° La loi contient enfin plusieurs dispositions soit
contre les affranchis qui se montrent ingrats envers leurs
patrons, soit contre les patrons qui manquent à leurs
devoirs envers leurs affranchis 6 [libertus, manumissio,
PATRONUS].
Lex AEMiLiA(a. 320 = 434). — Sur cette loi, qui a limité
à dix-huit mois la durée maximum des fonctions des
censeurs, voir le mot censor, t. II, p. 992 7.
Lex Aemilia (a. 639 = 115). — Aurelius Victor rapporte
que le consul M. Aemilius Scaurus 8 proposa une loi de
sumptibus et libertinorum suffragiis 9. Le premier cha¬
pitre de cette loi détermine, non pas la somme que l'on
peut dépenser pour un repas, mais ciborum genus 10 et
modumil.
Du second chapitre on ne connaît que l’objet: il est
vraisemblable que la disposition de cette loi accentua
l’infériorité des affranchis quant au droit de vote12.
C’est probablement cette loi que Cicéron a en vue dans
salettreàGallus : « Lexsumptuaria quae videtur XiTÔT-q-ra
attulisse, ea mihi fraudi fuit. Nam dum volant isti
lauti terra nata quae lege excepta sunt, in honorem
adducere , fungos , helvellas , herbus omnes, ita condiunt-
ut nihil possit esse suavitis 13.
Lex Aemilia frumentaria (a. 676 = 78). — Cette loi
est mentionnée par Granius Licinius : ( Lepidus ) legem
frumentariam nullo resistente adeptus est ut annonae
quinque modii populo darentur 11 [voir frumentariae
leges, t. IV, p. 1347].
Lex Aemilia (a. 705 = 49). — Proposée par le préteur
M. Aemilius Lepidus lu, cette loi créa une dictature, ana¬
logue sans doute à celle que Sylla avait obtenue en 672.
En exécution de cette loi, le préteur nomma dictateur
Jules César16.
Lex Ampia (a. 691=63). — Loi proposée par les tribu
T. Ampius Balbus et T. Attius Labicnus pour attribiu*' ]
à Pompée le droit de porter les ornements trionipir,,,!
dans les jeux du cirque, la toge prétexte et la couronne I
laurée au théâtre 17 .
Lex Antia sumptuaria (a. 683 = 71). — Proposée pilf
le tribun delà plèbe C. Antius Restio18, cette loi soinp I
tuaire fixe la somme que l’on pourra consacrer à un rep.(s I
et défend aux magistrats et à ceux qui vont entrer en
charge d’accepter une invitation à dîner, sinon chez
certaines personnes19. Cette loi, dit Macrobe, fut rendue
inutile par la ténacité du luxe et le concours puissant
des autres vices. On rapporte néanmoins ce trait remar¬
quable de Restion qui la présenta: de toute sa vie, il ne <
soupa plus hors de chez lui afin de ne pas être témoin de 1
la violation d’une loi qu’il avait proposée pour le bien
public20.
Lex Antistia (a. 435 = 319). — Proposé par le tribun
de la plèbe M. Antistius, ce plébiscite confère au sénat
le droit de juger le cas des habitants de Satricum qui
avaient fait cause commune avec les Samnites 21. Le sénat
les priva du droit de cité et de 1 autonomie".
Lex Antonta de Termessibus (a. 683 = 71). -*- Plébiscite
proposé par les tribuns C. Antonius, Cn. Cornélius.,.,
C. Fundanius et conférant la qualité de cité libre à la ville
de Termessus Major en Pisidie. Le texte de cette loi a été
en partie conservé : une table de bronze, qui en contenait
le commencement, a été trouvée à Rome au xvi° siècle. La
loi a été votée après la première guerre contre Mithridate.
Elle s’applique aux citoyens de Termessus Major existant
ante K. April. quae fuerunt L. Gellio Cn. Lentulo cos,
(682) 23 .
Lex Antonia (a. 705 = 49). — Le tribun de la plèbe
M. Antonius proposa, à l’instigation de J. César2*, une
loi destinée à rendre aux enfants des proscrits le droit
d’aspirer aux honneurs23 (jus petendorum honoruin),
droit qui leur avait été enlevé par Sylla en G / •>
Lex Antonia agraria (a. 710 = 44). — Loi agraiio Pr0
posée vers le 5 juin21, par le tribun de la plèbe L. n-
tonius M. f. M. n., frère de Marc Antoine, en vue <1 attri¬
buer aux vétérans 28 et au peuple un grand nombre de
terres propres à l’agriculture et situées particulien mi n
dans les marais Pontins29 dont Jules César avait proje^
le dessèchement30. Cette loi fut abrogée pai un
consulte du 4 janvier 711 31 . ,
Lex Antonia (a. 710 = 44). - Au commencement
l’année 710, au moment de l’expédition contre les 1 m
1 Gai I 38; Ulp. I, 13. — 2 Gai. I, 18, 38 ; Ulp. I, 12. — 3 Gai. I, 12,
lo, 25. 67 ; III, 74; Ulp. 1, II; VII, 4; XX, 14; XXII, 2. Fr. Berlin, 2. - 4 Gai.
I, 21 ; Ulp. I, 14. — 5 Gai. I, 20 ; Ulp. I, 13 a. — G Paul. 73 ad Ed. Dig. L, 10,
70 pr. Ter. Clem. ad 1. Jul. et Pap. Dig. XL, 9, 32, 1 ; XL, 10, 31. — ■ Ibid.
t II, p. 349, trad. t. IV, p. 22; Karlowa, Rôm. Rechtsgeschichle, t. I, p. 231.
Herzog Gesch. itnd System der rôm. Staatsrerfassung. t. I, p. 203, n. C. — 8 Le
coqnomen d'Aemilius est fourni par Plin. Hist. nat. VIII, 57, 82 ; cf. sur ce per¬
sonnage, Cic. p. Mur. 7, 10; Val. Max. IV, 4, 11. - 8 De Viris illustr. n.
_ io piin. Loc. cit. : Sorices et ipsos hieme condi, auctor est Nigidius, sicut
glires: qûos censoriae leges , princepsque M. Scaurus in consulats non alio
modo coetiis ademere , quam conchilia , aul ex alto orbe convectas ares.
_ il ^ Oeil. II, 24, 12. — 12 Mommsen, Boni. Staatsrecht, trad. t. VI, 2, p. 23 ,
Herzog, Op. cit. t. I,p. 478 el 995. — 13 Cic. ad fam. VII, 20, 2. — U Caes. De
bel. civ. II, 21 ; Dio Cass. XLI, 30 ; Cic. Ad Att. IX, 15, 2. - 13 Le récit d Appien
[De bel. civ. II, 48) qui attribue la nomination du dictateur au peuple, et celui de
Plutarque (Caes. 37) qui l'attribue au sénat, sont en contradiction avec celui de
César lui-même ; cf. Mommsen, Mm. Staatsrecht, trad. t. IV, p. 427, n. 4.
_ 10 Gran. Licin. p. 43 B. — U Vell. Pat. II, 40, 4 : Absente Gn. Pompeio, T.
Ampius et T. Labienus tribuni plebis legem tulerunt ut is ludis circensibus
corona laurea et omni cultu triumphantium uteretur, scenicis autem praetexta
coronaque laurea ; cf. Dio Cass. XXXVII, 21 ; XLIII, 43. - « Til. Liv.
1 1 4 et 171. - 19 A. Gell. II, 24, 13. - 20 Macrob. Sat. Il, 13, ' ' * H
XXVI, 33; cf. IX, 10. - 22 Cf. Tit. Liv. XXVI, 34; Mommsen, M ^ ^ ^
monnaie romaine, t. III, p. 185 ; Rôm. Staatsrecht , tia» . t. Il, p. G®*’
n. 1 ; t. VII, p. 433 ; Willems, Le Sénat de la République «>»“' ’nMÜe% 1833,
_ 23 Corp. inscr.lat. 1,204; cf. Divcksen, Versuche sur KritiK a - s;cf.
p. 137. — 2'i-Suet. Caes. 41 : Admisit ad honores et proscrip ^ ^ Cltes.
Vell. Pat. H, 28, 4 ; Plin. Hist. nat. VU, 30, 1 10 ; Cic. in Pts. 2, *• ^^prcssion
37: KalvSv lit! SOU* «Ù; nejSa; guélo»
iiCLTtpouç *0UT«««1 est peu exacte. Le sens de la loi Antonia es P ^taatsreM,
et les auteurs cités à la note précédente; cf. Mommsen, I om. lilif11
t. Il, p. 142, n. 2. - 20 Tit. Liv. Ep. 89 : Sulla... P>’os ^ ^ibus
jus petendorum honorum eripuit. — 27 Cf. Lange, Comnicn ^ fj posé
Antoniis a Cicerone, Phil. V, 4, 10, commemoratis parttcuia / __ jjf.ic.
rior, Lipsiao, 1871, p. 14 (= Kleine Schriften, 1887, t. 1, P- conS„«o s"sl“'
Phil. XIII, 15, 31 : Vetcraiiorum cotonias deductas lege etsena ■ ^ jjarqu*rj| '
listis. Cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. I. IV, p. 338, "• 'g. cf. OU'
Rôm. S.taatsveru>altung, trad. t. I, p. 154. 20 Rio ["'5 çaes. liSi®':
Phil. XIII, 18, 37. — 30 Suet. Caes. 44; Dio Cass. LIV, 5; 11 •
Phil. V, 3, 7. — 31 Cic. Phil. VI, 5, 14; XI, 0, 13.
LEX
— 1129 —
LEX
Iules César se lit attribuer par un plébiscite
*°tlKl ' ' '! .Je tribun L. Antonius \ en vertu d’unsénatus-
propej’1 PaI]c droit de désigner des candidats officiels
I Moitié des places de chaque collège de magistrats,
R°l" . ? moitié devant être librement élue par les comices3.
Km Pii s’appliquait-elle au consulat? La question est
Il traversée. Tandis que Willems pense que César eut le
■Toit exclusif de désigner les consuls X Mommsen est
■ d'avis que le peuple conserva ce droit sans partage5; il
■estime également que les textes ne sont pas explicites
pour les charges plébéiennes 6.
m LEX Antonia (a. 710=44). — Loi proposée par Marc
B Antoine, et portant qu’un cinquième jour serait ajouté
eaux jeux du cirque en l’honneur de César7.
Lex Antonia (a. 710 = 44). — Loi proposée parle consul
Marc Antoine en l’honneur du dictateur Jules César, etpor-
tant que le mois quintilis s’appellerait Julius , parce que
,1. César était né le quatrième jour des ides de ce mois 8.
Lex Antonia de dictature, in perpetuum tollenda
(a. 710=44). — Loi proposée par Marc Antoine pour pros¬
crire à l’avenir la dictature9. Il est interdit de la deman¬
der ou de la revêtir sous peine de mort et de confiscation
du patrimoine10.
Lex Antonia de actis Caesaris confirmandis (a. 710
— 44). — Loi proposée par Marc Antoine pour confirmer
les actes de César11. Cette loi vise certainement toutes
les mesures prises par César pendant sa dictature, et
qui avaient reçu un commencement d’exécution. S’ap-
plique-l-elle également aux actes simplement projetés?
C’est l’opinion de Lange12; elle est repoussée par Wil¬
lems15.
Lex Antonia de coloniis in agros deducendis (a. 710 =
44). — Loi proposée au mois d’avril 14 par le consul Marc
Antoine, et décidant la deductio d’une nouvelle colonie
càCasilinum18. Cicéron, dans sa cinquième Philippique ,
conteste la validité de cette loi et des deux précédentes :
(jwibus de causis cas leges , quas M. Antonius tulisse
dicitur, omnes censeo per vim et contra auspicia latas
iisrjue legdms populum non teneri 16.
Lex Antonia (a. 710=44). — Loi proposée par Marc
Antoine sur l'ordre du dictateur J. César et ordonnant la
déduction de la colonie Genetiva Julia11.
i Lex Antonia judiciaria (a. 710=44). — Loi proposée
par M. Antoine sur le recrutement de la troisième décurie
e juges parmi les ex-centurions18: tout citoyen ayant
X\\ i ,i ^ ’ 8 1 10 : Unmnabitur Lucius: est enim patronus V
su/rra ■ "m ymnm sua ler/e, qua cumC. Caesare magistratum parti tus <
suiïmn iUs^u^^ patronus centuriarum equitum Romanorum , quas items
irr t- -■ 20. _3S l cm,.*
[numéro camrT" ° part,t,a est’ nt exceptis consulatus competitoribus de cet
Pronnrtath alounn Pro Pinte dimidia quos populus vellet [re]nuntiarenl
u tfer:r »pse edidisset. Dio Cass. XLIII, SI. - * Willems, Le Sér
n. 2.-1 Cic p/,;'0mm,SOn’ Rôm- Staatsrechl, trad. t. IV, p. *88, n. 3. —6 1,
non m, fuisse te ' ' : ^escis, heri quartum in Circo diern ludorum Ro ,
tritmeretur ’ r "i™ *P3Um adpopulum tulisse, ut quintuspraetereadiesCa.es
Sat, I, 12 34 ■ p 10110 [ 6m ^ aesar‘ tua le!le datum deseri patimur ? — 8 Maci
tonioM. filio ostl a ‘n honorent Julii Caesaris dicta, t or is legem ferente M. ,
mintiles ^ ' ' ^ll^'us aPpellatus est quod hoc mense a. d. quartum 1
Censor, De die naVxxu'T ***’ °f' Suet' Caes' 70 ; APPian- De bel ■ civ- U, I
IV, 2, 91. — 8 Appian. De bel. civ. III, 25: 'i
*='*] Mte l„,,ù ;t D? T“J *“Ti Mm tcsç'i 4fZ!!« [(
huvivrav A. " Si8o|«vy,v 5) t'ov t* tSv Si vives SneoiSovra vr|ltoivEi i
“"G ~ 10Dio Cass- XLIV, 51 : ot Sm toi vô,aov
<J:i r: Tîoiïio-àjj.éyoi xai ôdvavov vprmiriïvTeç, Tts
Staatsrccht i ? kv-cixçuç vvtî; . Cf. Momnis
inam le,/em ({g ^ 1-a«- l- IV, p. 428, n. 4. — U Cic. Phil. V, 4, 10 :
~ 12 Lange, De i,, i "esaris confirmandis... tulisse M. Antonius dicitu
p. 740-741. _ nJ.‘u‘ An^üs, 1871, U, 3-11. — 13 Willems, Le Sénat , 1.
'Uge’ °p ■ cit‘ U- P- H = Kleine Schriften, 1. Il, p. I
conduit une cohorte y sera admis sans égard à sa fortune.
Cicéron apprécie cette loi dans sa première Philippique :
Hic enim est legis index , ut ii in tertia decuria judi-
cent , qui libéré judicare non audeant 10.
Lex Antonia de permutatione provinciarum (a. 710
= 44). — Loi proposée par M. Antoine pour modifier la
répartition des provinces entre les consuls et les préteurs
sortis de charge20.
Lex Antonia (?) de pontijice maximo (a. 710 = 44). —
Loi proposée par M. Antoine pour enlever au peuple
l’élection du grand pontife, et pour l’attribuer au collège
des pontifes21.
Lex Antonia de provocatione (a. 710 = 44). — Loi pro¬
posée par M. Antoine et permettant aux citoyens, con¬
damnés pour crime de lèse-majesté, de provocare ad
populum 22, contrairement à la règle qui exclut l’appel
contre les jugements rendus dans une quaestio per¬
pétua2 3. Cicéron qualifie cette loi legum omnium dis-
solutio. Quel -sera, dit-il, l’accusateur assez insensé pour
vouloir, après la condamnation de l’accusé, affronter une
multitude salariée? Autant vaut supprimer les deux lois
de vi et de majestateu [provocatio].
Lex Appuleia (a... ?). — Loi établissant entre les divers
sponsores ou fidepromissores d’un même débiteur une
sorte de société et assurant à celui qui a payé plus que
sa part un recours contre les autres [intercessio, t. V,
p. 552, n. 8]. Cette loi qui, d’après Gaius25, s’applique
aux provinces, est postérieure à 513. Elle est d’autre
part antérieure à la loi Furia 26 dont la date est inconnue,
mais qui, accordant la manus injectio pura [manus
injectio], ne doit pas être d’une époque trop basse27. 11
est donc vraisemblable que la loi Appuleia estdu vi° siècle.
Lex Appuleia de majestate minuta (a. 651 = 103?). —
Plébiscite proposé par le tribun L. Appuleius Saturninus
pour instituer une quaestio perpétua chargée de con¬
naître des crimes de haute trahison et des malversations
commises pendant la guerre des Cimbres28. La quaestio
auri Tolosani eut lieu en vertu de cette loi29. La date
exacte de la loi Appuleia est douteuse: L. Appuleius
Saturninus fut en effet deux fois tribun de la plèbe en
651 30 et en 654. Mommsen considère la première date
comme la plus vraisemblable : elle est la plus rapprochée
des faits qui motivèrent la proposition du tribun31.
Lex Appuleia agraria (a 654=100). — Loi agraire
proposée par le tribun de la plèbe L. Appuleius Satur-
— 13 Cic. Phil. V, 4, 10 : Si quant legem... de coloniis in agros deducendis...
tulisse M. Antonius dicitur. 1b. III, 40, 102; cf. Mommsen, ad Corp. inscr. lat.
X, p. 3G9, 2. — lf> Ibid. — n Corp. inscr. lat. II, 5181, c. civ : Qui jussu C.
Caesaris dictlatoris) imp(eratoris) et lege Antonia senat(us)que c(onsultis)
pl(ebi)que s(citis) ager datas adsignatus crit. — 48 Cic. Phil. I, 8, 19 : Quid ? ca
loge quae promulgata est de tertia decuria judieum, nonne omnes judiciariae
leges Caesaris dissolvuntur. — 19 Ibid. ; cf. Mommsen, Rôm. Staatsrccht,' trad.
t. VI, 1, p. 216, n. 4. — 20 Tit. Liv. Ep. 117 : M. Antonius consul , quant... legem
de permutatione provinciarum per vim tulisset... ; cf. Vell. Pat.. II, 60 ; Appian.
De bel. civ. III, 27. — 21 Dio Cass. XLIV. 53 : ”E; tétoC.; îsjs'ct; aùOi; lest, TOî
Tr,v aïçefftv Toij ào/'iEpfuç isayôyKyt. Cf. \ell. Pat. II, 63; Tit. Liv. Epit. 117 ; Momm¬
sen {Rôm. Staatsrecht, trad. t. III, p. 34, n. 5) a ('■mis des doutes sur l'existence
de cette loi. Velleius et Tite Live disent r|ue Lapide fut un grand pontife furto
creatus ; et il n’y a pas trace de l'abrogation de cette loi, bien que les successeurs
de LGpide aient été élus par le peuple. — 22 Cic. Phil. I, 9, 21 : Altéra promul-
gata lex est, ut de vi et de majestate damnait ad populum provocant. — 23 cf.
Mommsen, Rôm. Strafrecht, p. 476. — St Cic. eod. — 23 Gai. III, 122. — 20 Ibid.
— 27 Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. I, p. 704, n. 3. — 28 Grâce.
Licinianus, p. 21 : Cn. Manilius ob eamdetn causant quant et Caepio L. Saturnin i
rogatione civitate est cito ejectus ; Cic. De oral. II, 25,107 : ...Ab illo majestatem
minutant negabam-, ex quo verbo, lege Appuleia, tota ilia causa pendebat. Ibid.
II, 49, 211 ; Partit, orat. 30, 105. — 29 Cic. De nat. deor. III, 30, 74. — 39 Plut,
Mar. H; Appian. De bel. civ. I, 28. — 31 Mommsen, Rôm. Geschichte, t. Il,
p. 179 ; Rôm. Strafrcclü, p. 198.
LEX
1130 —
lex
ninus Cette loi, dont les détails ont été indiqués au mot
agrakiae leges (t. I, p. 164), introduit un système nou¬
veau en attribuant à l’un des consuls personnellement la
création des colonies, en étendant la colonisation aux
territoires d'outre-mer, en affectant à l’achat de terres
de nouvelles ressources de l’État 2. Elle oblige en outre
les sénateurs à prêter dans les cinq jours le serment
d’observer la loi [jesjurandum], sous peine de déchéance
et d’une amende de vingt talents 3.
Lex Appuleia frumentaria (a. 654=100). — Loi fru¬
mentaire proposée par le tribun L. Appuleius Saturninus
et votée malgré le sénat 4 [frumentariae leges, t. IV,
p. 1346].
Lex Aquilia de damno in \juria data (circa 467 = 287). —
Plébiscite proposé par le tribun Aquilius5 et visant un
certain nombre de torts consistant à détruire ou à dété¬
riorer la chose d’autrui. La loi Aquilia est divisée en trois
chapitres. Le premier comprend : le meurtre de l'es¬
clave d'autrui ou d’un quadrupède de l'espèce de ceux
qui paissent en troupeaux Le troisième comprend :
1° l'incendie, en dehors des deux cas prévus parles Douze
Tables ; 2° la destruction de la chose d’autrui ; 3° la dété¬
rioration de toutes sortes de choses appartenant à autrui
Le second s’applique à l'acceptilation consentie par un
adstipulator au préjudice du stipulant principal 8
[STIPELATIO].
La sanction de la loi consiste dans une peine pécu¬
niaire égale à la valeur vénale de la chose détruite ou
détériorée, ou au montant de la créance dont il a été fait
remise. L’estimation est faite d'après la plus haute valeur
que la chose a pu avoir dans l’année ou dans les trente
jours qui ont précédé le délit, suivant que ce délit rentre
dans le premier ou dans le troisième chapitre9. Cette
estimation est portée au double lorsque l’auteur du tort
nie le fait qui lui est reproché10. Cicéron signale une
autre sanction de la loi Aquilia : elle consiste en une
amende qui donne lieu à une poursuite criminelle11.
Mommsen a conjecturé qu’elle réprimait certains dom¬
mages causés à l’État l2, ou peut-être qu’elle était édictée
dans une loi différente de la nôtre 13. Peut-être aussi
cette disposition a-t-elle eu pour objet d’assurer l’exécu¬
tion d’une loi rendue très peu de temps après la loi
Hortensia et que les magistrats patriciens auraient pu
être tentés de ne pas observer14.
La loi Aquilia a reçu de la jurisprudence de nota¬
bles extensions. Le mode d’estimation a aussi été mo¬
difié : on tient compte de la valeur particulière que la
chose avait pour la victime du délit ( quanti interest) lo
[litis aestimatio].
D’après l’auteur de la paraphrase grecque des Insti-
Lutes 16, dont le témoignage est confirmé par un scoliaste
des Basiliques11, la loi Aquilia fut votée à l’occasion d’une
des sécessions de la plèbe ; on admet généralement qu’il
l Appian. De bel. civ. I, 29. — 2 Cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. I. II, 028, 039,
trad. t. IV, p. 340 et 333 ; Marquardt, Rôm. Staatsverwaltung, trad. t. I, p. 146 ;
Zumpt, Comment ationes epigraphicae, t. I, p. 222. — 3 Appian. De bel. civ. I, 29-
31. — 4 Cic. Ad Heren. 1, 12, 21 : Cum L. Saturninus legem frumentariam de
semissibus et trientibus laturus esset , Q. Caepio, qui id temporis quaeslor urba-
nus crut, docuit senatum aerarium pati non posse largilionem tantam. Scnatus
decrevit si eam legem ad populum ferai, adverses rempublicam videri eum facere ;
cf. Cic. De leg. II, 6, 14. — 5 Ulp. 18 ad Ed. Dig. IX, 2, 1, 1. — 6 Gai. III, 210.
— 7 Gai. III, 215. — 8 Ulp. 18 ad Ed. Dig. IX, 2, 27, 5.-9 Gai. III, 210;, Ulp.
jMC cn_ _ lOGai. IV, 9. — n Cic. Brut. 34, 131. — 12 Rôm. Staatsrecht, trad.
1. 1, p. 210. — 13 Rôm. Strafrecht, p. 826, n. 4. — 14 Karlowa, Rôm. Rcchtsges-
chichte, l. II, P- 794. — *5 Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques des Romains, t.l,p,584.
_ 16 Tlieophil. IV, 3, 15. — nÉd.Heimbacli, lib. LX, 3, 1. — 18 Girard, Manuel ,
s'agit de la troisième, celle qui eut lieu sur le
en 467. On a contesté la valeur des tëmoie'naua,.
, , qyj
viennent d’être cités ; la loi Aquilia n'a, dit-on an..,,.
1 Ullin rjjn.
port de fond avec la sécession de la plèbe ; elle date dm'
époque voisine du vu® siècle de Rome **. Mais cette assc 1
tion est en contradiction avec ce que Cicéron nous ■
prend sur l’état social de Rome à l’époque où fut rondin,
la loi Aquilia 19.
Lex (Asinia Antistia ?) de flaminica diali (a. 777 — w
— Loi relative au mariage de la flamine de Jupiter çc I
mariage, qui doit avoir lieu par confarreatio , ne produit
plus les anciens effets du mariage cum manu : la femme
ne tombe sous la puissance de son mari que sucrorum
causa ; à tous autres égards, elle est soumise au droit
commun. Cette loi, citée par Tacite'20, est, suivant certains
auteurs, celle que visait Gains dans un passage mutilé
de ses commentaires 21.
Lex Aternia Tarpeia de inulta maxima (a. 300 = 454),
— Loi proposée par les consuls A. Aternius Varus et
Sp. Tarpeius Montanus et fixant le maximum des amen¬
des : Cum ejusmodi multa pecoris armentique a magis-
tratibus dicta erat , adigebantur boves ovesque, alias
pretii parvi , alias majoris, eaque res faciebat inae-
qualem multae poenitionem. Idcirco postea lege Ater¬
nia constituti sunt in oves singulas aeris dent: in baves
aeris centeni 22. Festus attribue cette innovation à la loi
Menenia Sextia23 [lex menenia sextia, multa].
Lex Atia (a. 691 =83). — Plébiscite proposé parle
tribun T. Atius Labienus, abrogeant la loi Cornelia de
sacerdotiis et rétablissant le régime inauguré par la loi
Domitia pour confier aux comices des dix-sept tribus
l’élection aux fonctions sacerdotales 24 [augures, t. 1er,
p. 552].
Lex Atilia (a. 344 = 210). — Plébiscite proposé par
L. Atilius, tribun de la plèbe, et autorisant le sénatà juger
les municipes de Campanie qui avaient abandonné les
Romains pendant la guerre contre Hannibal25.
Lex Atilia de tutore dando (ante 568 = 186) — toi
conférant. au préteur urbain, de concert avec la majorité
des tribuns de la plèbe, le droit de nommer un tuteur
aux impubères ou aux femmes nubiles qui n’en avaient
point. Si cui nullus omnino tutor sit, ei datur in urbe
Iloma ex lege Atilia a praetore urbano et majore parle
tribunorum plebis, qui Atilianus tutor vocatur • ta
date de cette loi n’est pas connue, mais elle est ante¬
rieure à 568 21.
Lex Atilia Marcia (a. 443= 311) — Plébiscite propose
par les tribuns L. Atilius etC. Marciuset fixant le nom ire
des tribuns militaires, créés par le peuple, a seize P"111
quatre légions 28 . j
Lex Atini v de rebus fur tivis (ante 605 = 149)- — /
prohibant l’usucapion des choses volées -9, a
qu’elles ne soient rentrées au pouvoir de celui a 'l111
- < < ( fl l/fl
p. 402, n. 5. - 19 Cic. P. Tullio, 2. - 20 Tacit. Ann. IV, 16 : Sed lal arim
flaminica Dialis sacrorum causa in potestate viri, cetera protniscuo ^
jure agerct. — 21 Gai. I, 136. D’autres auteurs pensent que Gaius pal ^ ^ |0j,
tus-consulte proposé par les consuls de l'an 743. Cf. sur la poilu ' ^ ^ ^ j;
Morilz Voigt, Rôm. Rechtsgeschichte, t. II, p. 546, n. 69. qirafred>b
Üionys. Ualic. X, 48-50. — 23 Fest. v» Peculatus ; cf. Mommsen, - l.g^
p. 50, n. 3. — 24 Rio Cass. XXXVII, 37; Ovid. Fast. III, 415; PI»1- Gai.
. 2ü Tit. Liv. XXVI, 33 ; cf. Willems,Xe Sénat , t. II, P- ’
lust. Cat. 40. ■
t. I P-
taor
562.
I, 185; Ulp. XI, 18. — 27 Tit. Liv. XXXIX, 9 ; cf. Éd. Cuq, Op. c,<'’
— 28 Tit. Liv. IX, 30 : ... Unum , ut tribuni militum sent deni in quu ^■pIISi C.
a populo crearentur... Tulere eam rogationem tribuni pi ^ /firHm d ^
Alarcius. — 29 Inst. II, 6, 2 : Furtivarum rerum lex duodecim " "
Atinia inhibet usucapionem ; cf. Éd. Cuq, Op. cil ., t. I, p. S0a.
LEX
— H 31
LEX
, i La loi décide également que le recours
aPParlen;'!^“ ontre l’éviction sera, dans ce cas, perpé-
en garai) ^ Ja loi Atinia n’est pas connue, mais
luel ^ l ' mtérieure au va0 siècle de Rome. Aulu-Gelle
■ Italie Brutus, Manilius, P. Scaevola doutaient si
rapp'." ancemait seulement les vols à venir, ou si elle
la nijauaît aussi aux vols déjà commis 3.
STr! Atinia (intra 632 = 124 et 652 = 102). - Ce plé-
hî,,ite n’est connu que par un texte de Varron cite par
a i, (JeJle- Nam et tribunis plebis senatus habendijus
ftn't ' (luamquam senatores non essent ante Atinium
\lebdcitum. L L’interprétation de ce texte n’est pas sans
difficulté 6. Dans l’opinion qui prévaut, la loi Atinia
aurait conféré aux tribuns de la plèbe le jus senlentiae
dicendae et l’exercice des droits sénatoriaux B. — La date
de cette loi a été fixée approximativement par Willems 7. Il
a démontré qu’elle était postérieure à la loi Acilia repe-
mdarum qui est de 631 ou 632 et qu’elle est sûre¬
ment antérieure à 652. Un passage d’Appien prouve
qu’en cette année le tribun L. Appuleius Saturninus
arable jus sententiae dicendae 8. Mommsen s’est rallié à
cette conclusion9.
Lex Affeia (a. 631 — 123). — On ne connaît cette loi
que par un fragment du discours prononcé par C. Grac-
chus pour la combattre. Elle a trait à un différend entre
Nicomède et Mithridate 10.
Lex ÂûFiDiA(a....?). — Plébiscite proposé par le tribun
Cn. Aulidius et dérogeant à un ancien sénatus-consulte 11
qui défendait l’importation des panthères d’Afrique en
Italie. L’importation fut permise pour les jeuxdu cirque12.
Lex Aufidia de ambitu (a. 693 = 61). — Plébiscite
contrôla brigue proposé par le tribun M. Aufldius Lurco,
après avoir obtenu du sénat la dispense d’observer les
lois Aelia et Fufîa13. Ce qu’il y a de nouveau dans cette
loi, dit Cicéron, c’est qu’elle n’édicte aucune peine contre
celui qui a promis de l’argent, aux tribus, mais ne l’a
pas donné. Elle vise celui qui a donné de l’argent et le
condamne à payer, sa vie durant, à chaque tribu, trois
cent mille sesterces par an u.
I Lex Aurélia tribunicia (a. 679 = 75). — Loi proposée
par le consul C. AureliusCotta pour autoriser les ex-tribuns
de la plèbe à revêtir d’autres magistratures u. Ce fut une
dérogation a la loi Cornelia de 673 qui avait déclaré les
tribuns incapables d’aspirer aux magistratures patri¬
ciennes ,G [tribunus].
Lex Ai relia de judiciis privatis (a. 679 = 75). — Loi
proposée par le consul C. Aurelius Colla. On n’en connaît
que le nom et l’objet 17 .
erit eius ■ 4, G. — 2 Aul. Gell. XVII, 7 : Quod subreptum
«jjj;::T\auctor^ est° ■ - 3 im- - m*. scLHoir-
0 Rubino I) L“" ' *!' *** ’ '^aGcr> Gesclnchte des rom. Redits, § 140, n° 128-
b,258. M e tnj,mic>a potestate , 1825, p. 43. — 7 Willems, Le Sénat, 1. I,
De liel cm. |"’S™.’ **"' Staatsr- <" NI, P- 802, Irad. t. VII, p. 33, n. 1. - 8 Appian.
2«-, ) ’’ 1 '' ’ Roivxio; KcuxÎXloç MlteXXoç rXauxIav Te pouXeûovTa xaï
Itw»,. *q J ^f,[Aa=!^TixoTa t,$t\ tvj'ç à;uû(TEa,ç najéXjev, aîff^çuîç ptoffvTaç, où ur(v
Loc.eit.-i0 A. Gell. XI, 10: C. Gracchus
acc'll"itis, pehmi / lde^am^‘ssuasU... Qui prodeunt dissuasuri, ne liane legem
acc'liinlis , iiqifo, |( 0,i l0llo,em n cobis, sed a Nieomede pecuniam. Qui suadent ut
[«miliuri suite n -1" t"n, non n l'°bis bonam existimationem , verum a Mithridate
“• *. —12 Plin gll™1 et - Il Cf. Willems, Le Sénat , t. II, p. 116,
atricanas (panthère \ "1’ Ci' : Senotusconsultum fuit vêtus ne liceret
A'Wùs tribunus rhi • !" Italiam ttdwhere. Contra hoc tulit ad populum Cn.
A “■ >, 16 : Lurco ânt P?rmi*itQue circensium gratia importare. — 13 Cic. Ad
b‘le U Aelia et lbunus Ptebis, qui magistratum simul iniit , solutus est
11 ll8’ n, 4. - v,r' r k°em de ambihl ferret. Cf. Willems, Le Sénat, l. Il,
vyimn tribunis ni °C' Clt' ~ Clc‘ P- Co™el. p. 79 : Cotta... consul
lcfott<i,u tputo ief e"°n P°^es^aÜs sed dignitatis addidit. Ascon. ad li. I. :
■i tulit, ut tribunis plebis liceret postea alios magistratus
Lex Aurélia (a. 680 = 74). — Loi proposée parM. Aure¬
lius Cotta et abrogeant la loi proposée l’année précédente
par son frère C. Aurelius Colta18.
Lex Aurélia judiciaria (a. 684=70). — Loi proposée
par le préteur L. Aurelius Cotta. Elle établit trois décuries
de juges, choisis parmi les sénateurs, les chevaliers et
les tribuni aerarii 19. Chacune de ces trois décuries
fournit un tiers des membres des jurys institués pour les
quaestiones perpetuae. Pourtant Velleius Paterculus
présente la loi Aurélia comme ayant partagé également
le munus judicandi entre les chevaliers et les sénateurs 20 :
c’est que les tribuni aerarii ayant le cens équestre pou¬
vaient, dans une conception un peu large, être considérés
comme des chevaliers 21. Tite Live va plus loin encore,
et voit, dans cette loi, un transfert du munus judicandi
aux chevaliers 22. En réalité, les chevaliers furent désor¬
mais en majorité, et par suite ils eurent la prépondé¬
rance dans les tribunaux criminels.
Lex Aurélia (a....?). — Cicéron, dans une lettre à son
frère Quintus, parle d’une lex Aurélia qui ne paraît pas
identique à la loi Aurélia judiciaria. Illud caveto , dit-il,
et eo puto , per Pomponium fovendum tibi esse ipsum Hor¬
tensia,))), ne ille versus , qui in te erat collatus , cum aedi-
litatem petebas de lecje A urélia , falso- tùstimonio confir-
metur 23 . Manuce et Ernesti ont conjecturé qu'il s’agil
d’une loi de ambitu.
Lex Baebia (a. 560=194). — Plébiscite proposé par le
tribun de la plèbe M. Baebius Tamphilus24 et portant
création d’une colonie à Sipontum et dans un territoire
qui avait appartenu aux Arpinii 2:;.
Lex Baebia (a. 573=181 [?]). — Loi proposée par le
consul M. Baebius Tamphilus et décidant que le nombre
des préteurs serait alternativement de quatre ou de six26
[praetor]. Mommsen conjecture que cette loi n’est qu’un
chapitre de la loi Cornelia Baebia de ambitu : elle serait,
par suite, de 573, bien que le fait rapporté par Tite Live
appartienne à l’année 574 27. La loi Baebia ne resta pas
longtemps en vigueur : Caton prononça un discours ne
lex Baebia derogaretur 28 .
Lex Bantina (intra 621 = 133 et 636 = 118).— Fragment
d’un plébiscite gravé sur une table de bronze qui portait
une inscription osque sur l’autre face 29. L’objet de ce
plébiscite n’a pu être déterminé. Les uns y voient une loi
judiciaire30, d’autres une lex repetundarum qui se con¬
fondrait peut-être avec la loi Junia31. La date se place
entre les années 621 et 636 : cela résulte, suivant
Mommsen, de la mention des très viri agris dandis
adsignandis créés par la loi Sempronia en 621 et sup-
capere, quod lege Sullae iis erat ademptwm. — 16 Cf. Mommsen, Rom . Staatsr.
Iratl. I. II, p. 134, n. 2, p. 213. — n Cic. P. Cornet. 1, 9 : Possum etiam ejusdem
Cottae legem de judiciis privatis anno postquam lata sit a fratre ejus abro-
gatam. Ascon. p. 59. — 18 Ibid. — l& Ascon. p. 16 : Legem judieiariam...
tulit L. Aurelius Cotta praetor, qua communicata sunt judicia senatui et equi-
tibus Romanis et tribunis aerariis. — 20 Vell. Pat. II, 32 : Cotta judicandi
munus aequaliter inter utrumque ordincm partitus est. — 21 Cf. Mommsen
Rôm. Staatsr. t. III, p. 532, Irad. t. VI, 2, p. 136. — 22 lit. Liv. Ep. 97 : Judicia
per M. Aurelimn Cottam praetorem ad équités Romanos translata sunt. _ 23 Cic.
ad Quint, fr. I, 3. — 24 Corp. inscr. lat. I, 200, 1. 43 : [Ex lege ] pl(ebeive )
sc(ito), quod M. Raebius tr[ib.) pl(eb.) III vir colonie deducend[ae rogavit\.
— 23 Tit. Liv. XXXIV, 45 : Sipontum item in agrurn, qui Arpinorum fuerat
coloniam civium Romanorum alii triumviri D. Junius Brutus, M. Baebius Tam¬
philus, M. Ilelvius deduxerunt. Cf. Mommsen, ad Corp. inscr. lat. I, p. 95 •
Willems, Le Sénat, l. Il, p. 680. — 20 Tit. Liv. XL, 44, 2 : Praetores quattuor
post multos annos lege Baebia creati quae alternis quaternos jubebat creari ; cf.
Ibhl. XXXII, 27. — 27 Mommsen, Rom. Staatsrecht, trad. I. III, p. 227, n. 3.
_ 28 Fest. v° Rogat : Cato in dissuasions, ne lex Baebia derogaretur , ait: Hoc
■ potius agam, quod hic rogat. —29 Corp. inscr. lat. 1, 197. —30 KirchhofT, Stadtrecht
von Bantia, 1853, p. 90.— 31 Karlowa, Rom. Rechtsgeschichte, t, I, p. 431.
LEX
— 1132 —
primés en 030. — Lu loi osqne de Bantia parait être un
statut municipal donné à la ville fédérée île Bantia par
les délégués du peuple romain1. Elle n’est pas antérieure
à 370 et doit vraisemblablement dater de la première
moitié du vu'' siècle.
Llx Caecilia (a. 691 — 63). — Projet de plébiscite
déposé par le tribun de la plèbe L. Caecilius Rufus, et
accordant à P. Autronius Paetus et à P. Cornélius Sylla,
condamnés pour crime de brigue, le droit d’aspirer aux
magistratures et de faire partie de l’ordre sénatorial 2.
Cicéron, dans son plaidoyer pour P. Sylla, soutient que
L. Caecilius voulait seulement adoucir la rigueur de la
loi en faveur de son beau-frère, P. Cornélius Sylla, le
neveu du dictateur. Son projet ne touchait en rien à l’au¬
torité delà sentence que les juges venaient de prononcer;
il n avait trait qu a la peine ordonnée contre la brigue
par des lois toutes récentes. Se plaindre de la peine, ce
n’est pas attaquer un jugement, mais la loi 3. La loi est
d ailleurs restée à l’état de projet. Lex (lies fuit pro-
posita paucos , ferri coopta nuiu/uam : posita est in
senatu L
Lex Caecilia (a. 692 = 62). — Projet de plébiscite
déposé par le tribun de la plèbe Q. Caecilius Metellus
Nepos, pour permettre de nommer consul Cn. Pompée
malgré son absence \ Ce projet, présenté sans l’appro¬
bation préalable du sénat, n’eut aucun succès : l’opposi¬
tion de Caton et de Cicéron le fit échouer G.
Lex Caecilia (a. 692=62). — Projet du même tribun
pour rappeler d’Asie Pompée7. Ce projet, comme le
précédent, n’a pas abouti 8.
Lex Caecilia de portoriis (a. 694 = 60). — Loi propo¬
sée par le préteur Q. Caecilius Metellus Nepos et suppri¬
mant les portoria à Rome et en Italie 9.
Lex Caecilia de censura (a. 702 = 52). — Loi proposée
par le consul Q. Caecilius Metellus Pi us Scipio, pour rendre
aux censeurs les pouvoirs que Clodius leur avait enlevés
en 696 10 [censor, lex clodia, p. 1136, n 7 .
Lex Caecilia de urbe augenda (a. 709 = 45). — Cicéron
parle dans ses lettres à Atticus d’une loi tendant à l’agran¬
dissement delà ville de Rome11. Cette loi eut pour auteur
un gentilis d’Atticus 12, donc un personnage ayant pour
nom gentilice Caecilius. Atticus fut en effet adopté par
Q. Caecilius13. Cicéron s’indigne qu’un homme qui n’a
vu Rome que depuis deux ans veuille agrandir son
enceinte. « Comment, dit-il, lui parait-elle trop petite,
puisqu’il a bien pu y trouver place14. » Mais César était
favorable à la loi 13. D’après les informations de Cicéron,
1 Kirchhoff, Op. cil. Bréal, Mémoires de la Société de linguistique, 1881,
t. IV, p. 399 ; Mommsen, Staatsr. trad. t. VI, 2, p. 333. — 2 Dio Cass. XXXVII, 25:
O $s tw te II utTbi tw IIou7r)uw xai tw S û Wo. tw Kopvr.Mw t£> jaet’ aÙTou àXÔvTl TO te
PouAcûetv xai Tb a^ÿretv IceTvai è$i$ou. — 3 Cic. P. Sylla , 22. — ■'•'Ibid. 23. — 5 Schol.
Bol», p. 302 Or. : Ut. (Cn. Pompeius) praesidio Italiae veniret adversus arma
Catilinàe. — 6 Dio Cass. XXXVII, 43; Plut. Cato min. 26. — 7 Schol. Bop.
p. 302 Or. : Ut absens consul Cn. Pompeius fieret. — 3 Dio Cass. XXXVII, 43;
cf. Willems, Le Sénat , t. II, p. 118, n. 4. — 9 Dio Cass. XXXVII, 51 Kcù êzeiSï)
Tà tea»i Setvwç t /jv te «ôXiy xai xr,v 'IxaXtav eXûicEt, o jaèv vôjxoç o xaTaXûaa; ccjt&
Tîàertv à^Eirrb; evcveto, tw Si ffTpaTYjfw tw IffEvsyxovTi aux bv à/GôjxEVOt o: poûXtUTai, o j yàp
MeteXXo; o Neiîwç r.v, lôlXr.irav xo te ovojxa, aÛTotf à-aXcYiat b.-b t off vojaou xaï etkçov
àvTEYvpâliat, xac oùx Èrpâ/Orj jxiv toîto. Cic. Ad Att. II, 16, 1 ; ad Quint fr. I, 1,11
et 33; cf. Willems, Le Sénat , t. II, p. 342; Caguat, Étude historique sur les
impôts indirects chez les Romains , 1882, p. 8. — 10 Dio Cass. XL, 57 : 'O Si Srj
_xi7ttwv o 'j te evojaoOettto': Tt, xat t à irpbç tou KXwSiou te pi twv ti|at)twv yoKoévxoc xaTÉAuirE...
aùcoTç, rtv xaUplv eI/ov, àicÉSuxE. Cf. Mommsen, Rom. Staatsrecht , trad. t. IV,
p. 66. — il Cic. ad Att. XIII, 20. — 12 Ibid. XII, 35. — 13 Ibid. III, 20; Val.
Max. Vil, 8, 5; Varr. De re ruit. II, 2. — H Oie. Ad Att. XIII, 35.— 15 Jàid. XIII,
33. — 10 Ibid. — *7 \ al. Max. VI, 9, 10 : Casuum nunc contemplamur varietatera.
L. Lentulus consuluris , lege Caecilia repetundarum crimine oppression censor
EX
on devait détourner le Tibre depuis le pont mu|u
faire passer au pied du mont Vatican ; le chaiai' (i "S ^
devait être bâti, et le champ du Vatican transi,,.* ^
une sorte de champ de Mars18. "Uül 011
Lex Caecilia (?) (a. 600 = 154). - D’après v J
Maxime, le consul de l’an 598, L. Lentulus, futconl
repetundarum crimine en vertu d’une loi Caecilia u?
admet généralement que le texte doit être corrigé
qu’il faut lire Calpurnia au lieu de Caecilia18 pou^!” 6t
W illems a fait remarquer que cette correction n’usi ^
sans difticulté. L. Lentulus lut élu censeur en 607 ■ s’jp ^
condamné en vertu de la loi Calpurnia de 605, son élec
tion aurait eu lieu pour ainsi dire au lendemain de saco '
damnation, ce qui est peu vraisemblable. 11 est nlu'
probable que les faits qui motivèrent la poursuite se
rapportent à son consulat, et que le jugement eut lji>u
en 599 ou 600, en vertu de la loi Caecilia. Cette loi ne
serait pas une lex repetundarum , mais une loi insü-
tuant un tribunal spécial19.
Lex Caecilia Didia (a. 656 = 98). — Loi proposée par
les consuls Q. Caecilius Nepos, T. Didius, et contenant
une double prescription : 1° obligation de laisser entre le
jour de la publication d’une loi et le jour clu vole un
intervalle de trois nundina 20 [nundinum] ; 2° défense de
réunir dans un même vote des dispositions disparates 2,|
La première prescription était depuis longtemps consa¬
crée par l’usage : elle existait au temps des Douze Tables a|
La seconde est moins ancienne : les lois Liciniennes, par
exemple, contiennent des dispositions très différentes
par leur objet. Mais au vu® siècle, divers faits semblent
établir l’illégalité des propositions faites per satuninN.
Cette règle, comme la précédente, fut confirmée par notre
loi. Cicéron en donne la raison: Ne populo necesse sit
in conjunctis rebus compluribus aut id quod nolit am-
pere aut id quod relit repudiare-' .
Lex Caelia tabellaria (a. 647 = 107). — Plébiscite
proposé par le tribun C. Caelius Caldus ’23 et appliquant
aux procès de perduellio [rerduellio] la règle du vote
écrit28, introduite en 615 par la loi Gabinia pour les élec¬
tions des magistrats.
La loi Caelia est la quatrième des lois tabellaires. Sur
un denier d’argent delà gens Coelia à l’effigie du triumvir
Caldus (caldus. iii. vir), on voit derrière la tête une
tablette portant les leLtres L(ibero) D[amno) 27 (fig- 4438).!
C’est une allusion à la loi proposée par le tribun!
C. Caelius Caldus, grand-père du monétaire.
Lex Caelia (a. 706 = 48). — Projet de loi déposé par 'e
cum L. Censorino creatus est. — 18 Mommsen, Iiôm. Strafrecht , p. 1 ■
— l9Willems, LeSénat, t. 11, p. 277, n. 5. — 23 Cic. P. s est. GL 135, s - 1 !
Caecilia et Didia jubebat inpromulgandis legibus trinundinum tempes ^
Sur la sanction de la loi, cf. Cic. P. domo, 16, 4-1 : ...Sin eadem obseï 111,11 ^ ^
judicavit sénat us M . Drusi legibus , quae contra legem Caecdiam et " j
essent, populum non teneri. Cic. Phil. V, 3, 8 ; Ad Att. IL U, I • cl-
Annali dell" Ist. di corrisp. archeol. di Itoma , 1838, t. XXX, p. .
Zur lex Caecilia Didia , Ilevmcs, 1874, l. IX, p. 303 ; Lange, Die I Cic)
num nundinum dans Rliein. Mus. 1875, I. XXX, p. 350 ; Ialin, Ibid, p ll ■ ^
P. Domo, 20, 53. — 22 Tit. Liv. III, 33, t : Comilia decemviris créai; i» ^ ^
nundinum indicta sunt. — 23 Corp. inscr. lat. I, 200, L 72 ; Cic. D' l y|_ y
11; Fest. p. 314 ; cf. Mommsen, Rom. Staatsr. t. III, p. 330 et 3n ■ ^ figure
p. 384 et 432. — 2V Cic. P. Domo , 20. — 23 Le nom de ce O'i >' ^
dans un fragment des Fastes Capitolins : E plient, epigr. • ^ in
lems, Le Sénat , t. I, p. 699, n. 4. — 26 Cic. De leg. DI» Dd *
genere relinqui vocis suffragium, quod ipse Cassius excepout, l ^ ut
dédit huic quoque judicio C. Caelius tabellam doluitque qu* )|TllllScn, ^ ,tlS
opprimeret C. Popilium , nocuisse rei publicae. — C011S pi. xl11»
rôm. Miinzwesen , p. 636, trad. t. II, p. 05; Cohen, M1,
Coelia , n » 4.
LEX
1133 —
LEX
Fig. 4438.
\l Caelius Rufus pour dispenser les débiteurs de
Iir' l( "|(1-i intérêts pendant un certain délai '. Velleius
Pa ' 1 1 , , (ll.,pp mi portrait de l’auteur de ce projet
Paterculus uace uu i , 1
■ les raisons qui le déterminèrent a proposer
et indique icc
les deux lois ci-apres .
C iELiA (a. 706 = 48). — Projet de loi déposé par
le même préteur pour faire remise
aux locataires du prix de leurs
loyers a.
Lex Caelta (a. 706 = 48). — Pro¬
jet de loi du même préteur pour
abolir les dettes 4.
Lex Calidia (a. 656 = 96). — Plé¬
biscite proposé par le tribun Q. Cali-
dius pour rappeler à Rome et res-
I tituer dans ses droits de citoyen le consul Q. Caecilius
Metellus 6. Deux ans auparavant, ce consul avait
encouru la peine de l’interdiction de l’eau et du feu
[pour avoir refusé de prêter le serment exigé par la loi
Xppuleia6 [p. 1130, n. 3].
Lex Calpurnia de legisactioneper condictionem (a.... ?).
— Loi qui a étendu la legis actio per condictionem aux
créances ayant pour objet une res certa autre que de
l’argent7 [legis actio, per condictionem actio]. On ignore la
date de cette loi : Gaius nous apprend simplement qu’elle
est postérieure à la loi Silia dont la date n’est pas mieux
connue. Certains auteurs pensent que cette loi Calpurnia
se confond avec la loi Calpurnia repet undarum 8; mais il
est bien difficile d’identifier deux lois si différentes, soit
quant aux personnes admises aies invoquer, soit quant
aux faits qui donnent lieu à l’exercice de l’action. Tout
ce que Ion peut dire, c’est qu’il est vraisemblable que
notre loi Calpurnia n’est pas antérieure au vi° siècle de
Rome.
Lex Calpurnia repetundarum (a. 605 = 149). — Plé¬
biscite proposé par le tribun L. Calpurnius Piso Frugi,
et donnant aux pérégrins, qui ont eu à souffrir des
exactions des magistrats provinciaux, le droit d’agir en
justice pour se faire restituer les sommes qu’on leur a
indûment extorquées (pecunias repetere). L’action doit
ntic intentée a Rome devant le préteur pérégrin. La
0rme de Procéder paraît être celle de l’action de la loi
F ? m mmenturn rendue exceptionnellement accessible
| ®.s ?eregnns; C’estce qui semble résulter d’un passage
Il 1 * " la loi Acilia repetundarum qui n’est décisif
nnii aloiJunia: [Quel pecuniae captae condem-
IS <!'1 Ult aut (lu°d cum eo lege Calpu}rnia aut lege
1 Cacs. De bel. cm III 90 • t a ,
mditae pecuniap w ’/ ’Legem Pro^Ldgamt ut sexies sent (lies sine usuris
«U. AnT.ll “ viTTl * CaSS- XUI’ 29 ; Tit U' ' 111 1 VI, 15 ;
’fefimw, serf ut a ■ - 68 • M. Coelius, vir eloquio animoque Curioni si-
fùteservarinon .pe,/eotlor’ nec niiiius ingeniose nequam, cum in modica
tUn nocarum tabulam ^Utppep^or_1jli res familiaris, qttam mens erat) inprae-
'leterreri . _ 3 çaes ™ aut‘°’ exstitit nequiitque senatus et auctoritate consulis
.TrCedes hMtationum'
I nomntm. - s yal • v'77 “
.P^eturae candidat L. ‘ : Metellus— non dubitavit consul pro Q. Ca-
ck 'itatem restituer P ‘°are popul°’ 1uod tribunus plebis legemqua pater
$ 09 : P. red. in Sen . , 5 *“?***' Aur- Vict- De vir. illustr. 62 ; Cic. P. Plane.
. ■ _s“r la date, l’objet et’ lo 1^ WlUems’ Le Sénat> L P- 224. — 1 Gai. IV,
2'dmeSt t p I conséquences de ceUe lQi) cf_ Éd Cu[j> Ins(ituHons
^■ Strufrecht, p 7ÔS * Pernice. Labeo, t. III, p. 233; Mommsen,
L i]lCw"‘ fut y , CorP- raser, lat. I, 198, 1. 74 (81) : [quibusquom
x a - oins OtS/COUKCf
Cl°- III, 21 : Puas leges promulgavit : unam qua
cond“ctoribus donavit. - 4 Ibid. : Alteram tabu-
Ft fuerit , - 1. : L quiousquom
10 Ibid. 1. 23 . f ,. îuam L- Calpurnius L. f. tr(ibunus) pl(ebei) roga-
t ï *»"****., (. ,, t. XXI, p. 284; Moritz Voigt, Rô ni.
250 : nSm- SirarreP,, .. . ’ „ 0mmSeU’ Rôm ' Staat*ï- *• L P- 2^3, trad.
Brut. 27 ; De off. II, 21
V.
v sdu ; ç. AUU,uinseu, uo)
Wun ***** eidecTaT- P‘ 190 Ct 7°8- “ 12 Cic- . -
« 11 sunt cum de pecuniis repetundis a L. Phone lata
LEX
Junia sacramento aclum siet 10. Si ceLLe restitution est
exacte, l’action intentée en vertu de la loi Calpurnia avait
le caractère d’une action civile et non d’une poursuite
criminelle. Aucune peine n’est édictée contre le magis¬
trat contrevenant : il est simplement condamné à restituer
ce qu’il a pris indûment.
La loi Calpurnia est la première loi portée contre les
magistrats qui ont pris de l’argent. Les éléments consti¬
tutifs de ce délit seront indiqués au mot repetundarum
crimen. La date de la loi est fixée par un passage de
Cicéron: L. enim Piso tribunus plebis legem primus
de pecuniis repetundis , Censorino et Manilio consulibus ,
tulit11. Le consulat de Censorinus et Manilius est de
l’an 605.
C’est aussi la loi Calpurnia qui a, d’après Cicéron,
introduit le système des quaestiones perpetuae. Ce
système a reçu dans la suite une large application
en matière criminelle [quaestiones perpetuae] : Quaes¬
tiones perpetuae... constitutae sunt quae antea nullae
fuerunt 12 . Il consiste à substituer au judicium populi
qui avait lieu dans l’assemblée du peuple un jugement
rendu par une commission composée d’un certain
nombre de citoyens et dirigée par un préteur. La loi
Calpurnia est ainsi devenue le point de départ d’une
phase nouvelle dans l’histoire delà procédure criminelle,
bien qu’elle n’ait créé qu’une poursuite civile 13.
Lex Calpurnia (a. 634 = 120?). - — Plébiscite proposé
par le tribun L. Calpurnius Restia pour rétablir dans ses
droits P. Popillius Laenas, qui avait été expulsé par la
violence de C. Gracchus14.
Lex Calpurnia (a. 665 = 89). — Plébiscite proposé par
le tribun L. Calpurnius Piso et autorisant les généraux
à accorder le droit de cité à des soldats étrangers à titre
de récompense 1B.
Lex Calpurnia de ambitu (a. 687 = 67). — - L’une des
nombreuses lois édictées contre la brigue. Proposée par
les consuls C. Calpurnius Piso et M. Acilius Glabrio, elle
prononce une double peine : une peine pécuniaire et
1 exclusion de la carrière des honneurs16 [ambitus, t. I,
p. 224].
Lex Caninia (a. 698 = 56). — Plébiscite proposé par le
tribun L. Caninius Gallus pour autoriser Pompée à
réconcilier les Alexandrins avec leur roi17.
Lex Canuleia (a. 309= 415) 18 . — Plébiscite proposé par
le tribun C. Canuleius pour accorder aux plébéiens le
conubium avec les patriciens 19. Il est vraisemblable que
pour donner à ce plébiscite force de loi, le tribun fit
est lex, milia autem cum fuisset. A t vero postea tôt leges , et proximae quaeque
duriores ; tôt rei , tôt damnati tantum italicum bellum propter judiciorum metum
excitation ; tanta , sublatis legibus et judiciis , expilatio direptioque sociorum ,
ut imbccillitate aliorum, non nostra virtute, valeamus. — 13 Cic. Brut. 27 106
ncie. Brut. 34 : L. Bestia C. Popillium vi C. Gracchi expulsion sua ro gu'
tione restituit ; cf. P. domo, 32; P. redit in Sen. 15 ; Ad quir. 4. _ 13 Sisenna
1. un (fr. 120, éd. Peter) : Milites ut lex Calpurnia concesserat virtutis ergo cantate
donari. Cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. t. III, p. 133, n. I ; Irad. t. VI 1 151 n G
— IG Dio Cass. XXXVI, 38; Schol. Bob. p. 3G1 : Piso... cum legem de ambitu ex
senatus çonsulto graviorem quam fuerat antea ferret ct propter multitudinem
divisorum qui per vim adversabantur e foro ejectus esset, edixerat. Ascon. p. G1 •
Pecuniaria quoque poena ...adjecta in perpetuum honoribus jussit carere
damnatos. Cf. Willems, Le Sénat, I, 220; Mommsen, Rôm. Straf recht, p. 874
- n Plut. Pomp. 49 : 03 pr.v 4U* «1 KocvISto, v0>v, îvel]
(TTfotTEta? nop.itviïov Ltovta faSSoO>uç Sûo, SimUàraiv •AXtÇ«vSçtff1ri xbv K«i
no|M,poî piv SSoxS! Tùl voprj. pi, WxtçalvEtv, -f, Si «vpXVjx O? SÎESaPEV E-lupETtS?
trzvJ.apÉvri SeSiIvcu ieejÏ xàvSpoç. Le nom du tribun doit être rectifié conformément
à Cic. Ad. Quint fr. III, 2. — 18 La date est fixée par la tradition des annalistes,
mais les moyens de contrôle font défaut; cf. Mommsen, ROm. Staatsr t III
p. 80, trad. t. VI, 1, p. 88, n. 2. - 19 Tit. Liv. IV, t : De conubio patrum et
plebis C. Canuleius tribunus plebis rogationem promulgavit.
143
— 1134 —
LEX
LEX
approuver son projetpar le sénat avant d’en saisir la plèbe 1 .
Tilo Live a conservé le souvenir de la résistance opiniâtre
opposée par les patriciens à celte dérogation à la loi des
Douze Tables -, ne conubium patribus eu ni plebe essel a.
Lex Carvilia (a. 542 = 212). — Plébiscite proposé par
les tribuns Spurius et Lucius Carvilius pour confirmer
l’exil volontaire d’un publicain M. Postumius, qui,
après avoir encouru une amende pour prévarication, était
sous le coup d’une accusation capitale pour attentat à la
liberté des votes5. La loi décide que s’il ne se représente
pas dans un certain délai, ou ne se fait pas excuser,
il sera considéré comme un exilé, 'ses biens seront
vendus et on lui interdira l’eau et le feu c [exsilium,
t. IV, p. 943].
Lex Cassia agraria (a. 268 = 486). — Projet de loi
agraire déposé par le consul 7 Sp. Cassius Viscellinus 8
pour attribuer partie aux Latins, partie à la plèbe, les deux
tiers des terres enlevées aux Herniques. On devait par¬
faire ce qui manquait pour donner une part à chacun, en
retirant aux patriciens une portion des terres qu’ils
avaient occupées 9 agrariae leges, t. Ier, p. 158]. Le
projet rencontra une vive résistance. Son auteur paya de
sa vie sa tentative audacieuse; mais, dit Tite Live, dulcedo
legis agrariae ipsa per se, dempto auctore , subibat
animos 10. Pendant trois ans la lutte continua entre les
consuls et les tribuns qui avaient repris sans succès la
proposition de Cassius: vana lex , vanique legis aucto-
res, jactando irritum munus, facti
Lex Cassia tabellaria (a. 617 r=137). — Plébiscite pro¬
posé par le tribun L. Cassius Longinus Ravilla pour
étendre aux comices judiciaires l’usage du vote écrit
admis deux ans auparavant par la loi Gabinia pour les
comices électoraux : Hanc ( legem ) L. Cassius tulit, ut
non voce suffragium pronuntiarent , sed tabella inscri-
berent1-. C’est la seconde des leges tabellariae. La date
en est fixée par Cicéron: Secuta biennio post Cassia est
de populi judiciis 13... Lepido et Mancino consulibus u.
La loi Cassia n’admettait qu’une seule
exception au vote écrit : en cas
de perduellio. Trente ans plus tard,
la loi Caelia fit disparaître cette
exception15.
Sur un denier du monétaire Q.
Cassius, on voit au revers, à gauche
d’un siège curule, une tablette avec
les lettres A(bsolvo) C(ondemno),
dans le champ l’urne des votes (fig. 4439).
On a conjecturé que cette monnaie se rapporte à
l’innovation introduite par L. Cassius, le grand-père de
* Éd. Cuq, Institutions juridiques des Romains , t. I, p. 4-58. — 2 Ibid. t. I,
p. 214. — 3 Tit. Liv. IV, n. 5; Cic. De Rep. II, 37, 63. — 4 Tit. Liv. XXV, 3.
— 5 Ibid. 4. — c Ibid. : Tribuni plebem rogaverunt , plebsque ita scivit : Si
AI. Postumius ante K. maias non prodisset . citatusque eo die non respondisset,
neque excusatus esset , videri eum in exilio esse , bonaque ejus ventre , ipsi aqua
et igni placer e interdici. Cf. Mommsen, Rom. Staatsrecht , trad. t. VI, 1,
p. 57; Rom. Strafr. p. 71, n. 2. — 7 D’après Val. Max. V, 8, 2, Sp. Cassius
serait un tribun. — 3 Sur le cognomen , cf. Borghesî, Œuvres, t. III, p. 203;
Mommsen, Loc. cit. — 9 Tit. Liv. II, 41 : Hernici... agri partes duae ademptae ;
unde dimidium Latinis , dimidium plebi divisurus consul Cassius erat. Adjiciebat
Unie muneri agri aliquantum , quem publicum possideri a privatis criminabatur .
Dionys. Halic. VIII, 72; Flor. I, 2G, 7; cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. I, p. 244,
n. 3; Stahl, De Spurii Cassii lege agraria , Colon. 1818; Mommsen, Hermes,
t. V, p. 228; Rôm. Forschungen , t. II, p. 152; ad Corp. inscr. lat. I, p. 88.
— 10 Tit. Liv. II, 42. — H Ibid. ; cf. 44 et 48. — 12 Schol. Bob. p. 310 Or.
— 13 Cic. De leg. III, 10, 35. — 14 Cic. Brut . 27, 100. — 45 Cic. De leg. III, 16, 35.
_ IG Riccio, Monete d elle antiche f ami glie romane , XXXV, 6-9 ; Cavedoni, Osser-
vazioni , dans Annali delV Ist. di corrisp. archeol. di Roma, t. XXI, 191.
Q. Cassius16. Mommsen croit cependant que
se rapporte non pas au judicium populi mais . ^
quaestio, au procès intenté en 641 par C. Cassius * "ne
les vestales dans l’intérêt de la démocratie i
curule représente le siégé du juge. La tablette liKm.(,
sitella et la sorticula employées dans les tribunaux 'l #
quaestiones 17 . Cette tablette était déposée dans rlu. °S
non pas dans des cistes, comme cela avait lieu dansY
comices. Les lettres A. C. prouvent qu’il ne sVil a
d’un vote populaire: les bulletins dévote portaient^
lettres A(ntiquo) ou V(ti rogas ).
Lex Cassia (a. 650 = 104). — Plébiscite proposé par le
tribun L. Cassius Longinus pour exclure du sénat le
citoyen condamné par le peuple dans un procès non
capital ou celui à qui Y imperium a été retiré18. La date
est fixée par Asconius. C’est la première loi qui ait attaché
à la condamnation populaire une pareille déchéance. Lin-
capacité de siéger au sénat a dû avoir pour conséquence
l’inéligibilité : au vne siècle, le droit de revêtir une magis¬
trature et celui de siéger au sénat sont corrélatifs19.
Lex Cassia de plebeiis in patricios adlegendis (a. 709
= 45). — Plébiscite proposé par le tribun L. Cassius Lon¬
ginus pour autoriser le dictateur J. César à conférer le
patriciat à des familles plébéiennes. Le nom de la loi est
indiqué par Tacite20. Le fait est rapporté par Suétone
et Dion Cassius21.
Lex Cicereia (a....?). — Loi obligeant le créancier qui
reçoit des sponsores ou des fidepromissores à déclarer
d’avance et publiquement l’objet delà créance et le nombre
des cautions [intercessio, t. V, p. 552]. En cas d’inobser¬
vation de la loi, il est permis aux cautions de demander,
dans le délaide trente jours, un praejudicium pour faire
établir qu’il n’y a pas eu praedictio. S’ils obtiennent
gain de cause, ils sont libérés22 [praejudicium].
On ne sait rien sur l’auteur de cette loi23. Quanta la
date, elle ne peut être fixée que d’une manière approxi¬
mative. Gaius dit que notre loi ne parle pas des lhh‘-
jusseurs2'' ; elle est donc antérieure à l’époque où cette
forme de cautionnement s’est introduite, c est-a-dire aul
milieu du vil* siècle25. D’autre part, elle est postérieim a
la loi Furia, puisqu’elle a pour but de taire di spai aitre
l’un des inconvénients auxquels donnait lieu 1 upplica
tion de cette loi. La loi Cicereia est vrais emblablemen
du vi° siècle de Rome20.
Lex Cincia de donis et muneribus (a. j50=
Plébiscite proposé par le tribun M. Cincius Ahn" lllu^J
et restreignant dans des limites assez étroites 1,1
de recevoir des donations ou même des près' 11 ^ ^
Cincia contient trois dispositions principale
50 i n. 2 ;
— 47 Mommsen, Das rôm. Münzwesen , p. 635, trad. t. IL P* J ’ 0pUh
,1. X,, Cassia, n. 7. - 18 Cic. P . Corn. 24 : Altéra Cassia ^ ^
udicia firmavit-, Ascon. p. 69 : Est autem haec : L. Cassius ^ ll0H-
nains plebis C. Mario C. Flavio consulibus places leges < " 1 ^mmssel cuite
itatis potentiam tulit, in quibiis banc etiam , ut quem popii cf’
mperium abrogasset, in senatu non esset. Sur 1 altiogatio ,yj||CDis, LeSi^'
ommsen, Bôm. StaatsrA. 1, p. 029, Irad. I. II, P- 303, n. ; ]|[.p.«A
- . i II ^ 4.1,11, 11. - , * .
I, p. 219. — m Cf. Mommsen, l. I, p. 492, trad. II, P- 1 ai, " ’,,amniis) 1“llS
rad . t. VII, p. 57. - 20 Tac. Ann. XI, 25 : Exhaustis etvam^U ^
ad. t. VU, p. 57. — 20 Tac. Ann. XI, ... . - . Cas^W"’
ctator Caesar lege Cassia... sublegit. — 21 Suet. Caes. * , Slllllisr.
f. Willems, Le Sénat, t. 1, p. 017; t. II, p. 730; Moj"m g(L C«<h 0f‘
II, p. 1046, trad. t. V, p. 410. - 22 Gai. III, -• • ' ‘ dll nom *
if. t. I, p. 703. — 23 On ne connaît qu'un seul ,pe fijt L^ur c» C°”j
icereius qui ait rempli une fonction publique . c est c.c. ut | ^ ^ gtj. (,u<|* ^
t. L p- oi5l'L cf,
Il 58 1 {Corp. inscr. lat. I, p. 459). — 24 Gai. Loc. cit.
U. p. 100. - 20 Cf. MoriU Voigt, Rôm. RechtsgeschicMe, - m ^ |
arlowa, Rôm. Rechtsgeschiclite, t. II, P- '30.
1135 —
LEX
LEX
avocats de recevoir de l’argent ou une valeur
^ mie* pour prix de leurs plaidoiries, ou à titre de
4“," j. a>o ene défend à toute
à litre
h un taux
connu
• 3- elle défend à toute personne de recevoir
d°"t X donation ou de présent une valeur supérieure
déterminé, qui d’ailleurs ne nous est pas
3o ene admet un certain nombre d’exceptions,
h m ment au prolit des cognats, conjoints et alliés 3.
f. loi cincia n’a pas de sanction directe; mais le
durüeur peut toujours invoquer Yauxilium des tribuns
r se dispenser d’exécuter une promesse excédant le
modus legitmus \ Dans la suite, la jurisprudence elle
réleur se Sont efforcés d’assurer indirectement l’obser-
vation de la loi, soit au moyen d’exceptions ou de répli¬
ques fondées sur la loi Cincia, soit même au moyen
d’une condictio ou de l’interdit utrubi \
| La date delà loi est fixée par Cicéron : elle est du con¬
sulat de Tuditanus et Céthégus 6.
Lex CLAUMA(paulo an te 836 = 218) . — Plébisci te proposé
par le tribun Q. Claudius, avec le concours de C. Flami-
nius, consul désigné, mais contrairementà l’avis du sénat.
Défense est faite aux sénateurs et aux fils de sénateurs
d’armer des navires destinés aux transports maritimes et
d’une capacité supérieure à trois cents amphores '.
Lex Claudia de sociis (a. 577 = 177). — Loi proposée
en vertu d’un sénatus-consulte par le consul C. Claudius
Pulcher pour restreindre le droit des Latins d'émigrer
à Rome 8. En exécution de cette loi, le consul Claudius
rendit un édit annulant les émigrations postérieures à
l’an 565 et invitant les Latins, qui depuis cette date
s’étaient fixés à Rome, à retourner dans leurs cités
avant les calendes de novembre 9.
1 Lex Claudia (à. 795 = 42?). — Parmi les nombreuses lois
proposées par l’empereur Claude, Dion Cassius cite une loi
obligeant les gouverneurs de province, quirestaient long¬
temps en ville après le tirage au sort, à se rendre avant
les calendes d’avril dans leurs provinces ; défendant à ceux
qui venaient d’être élus de le remercier dans le sénat10.
Lex (?) Claudia (a. 800= 47). — Loi proposée par
1 empereur Claude et défendant de prêter aux fils de
famine des sommes remboursables à la mort de leur
pèic . Certains auteurs pensent que cette loi se confond
axecb sénatus-consulte Macédonien12. Mais il est diffi-
p!e tl0're clue Tacite se soit trompé en attribuant à
auce une règle établie sous Vespasien13. De plus, le
sena us-consulte a une portée plus large que la loi; la
Mtiquitus ' Çonsur9unt Patres legemque Cinciam flagitant, qua cavetu
XV, 20. ^ lTSOrbCaUSam.°randampecuniamdomimveaccipiat;cf. XIII, 42
y Mmeraiis •' ^ U<î’ lnstitutions juridiques, t. I, p. 560, n. 4.-2 Fest
«uni «activera '"l"," ‘S lex vocala esti qua Cincius cavit, ne cid licere
el*. 3. J\lh~ ( \aHc- 298-309. - * Cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. I, p. S6<
ffessi consultâtes ^ ~ 6 ^ e senec *0 : Quem magistratun
lejis Cindae ,ln ) 1 ct Cethego, cum quidemille admodum senex suaso ,
Ses'i Tnatorum alter il /* ' 1 muner^us fuit. — 7 Tit. Liv. XXI, 63 : Consulun
Clan dius tribunu '"!’ni.lus"' inir,sus etiam patribus ob novam legem, quan
nil»0, tulerat: ne ‘ ■ *’ adversus senatum, uno patrum adjuvante C. Fia
nave>n quant plus senator' cuive senatorius pater fuisset, maritiman
Cautions juridique* ? !'eCentarum umphorarum esset, liaberet. Cf. Éd. Cuq, Ins
Uv‘Xli^--LeaZd - V' 503-“-DWiUems, Le Sénat, l. I, p. 202. - 8 Tit
9 Cf. Mommsen n soc,iS C- Claudius tülit ex senatusconsulto , et edixit..
- L" : d 2 .""T* >• "■ - r- tü. - » Dio Cass
***! -xa'lTàS. _ °,J/ aUa T,Vtt wv |x.a aUï, àvâ>OYj |avk||aov efface
W *«H l, w **!"■»*< tfi; to-3 ’Awj.ttîou vouMvîac
tS Priùnw CrTf’ fc?°çl‘“9ai ' *K’1 ^ ulferoùt ?
’ 1); 8^,n. 1 5 trad t V r GS e^eS Claudiae, Mommsen, Rôm. Staatsr
Creditonim cnpll,' 11 ^ac* ^-nn*XI, 13 : Claudius... lege latc.
_ tarent. ~~ 12 Manj ' ' UL ,n mm'tem parentum pecunias filiisf amiliarun
7 ' Suel- Vespas. n I'5 ’ klS aemeine Familiengüterrecht, 1871, t. I, p. 433,
"Curi4i,s exigent icreP r - Scnntu’ fuit decernendi... ne filiorumfamilias
'.P'S unquam esset, hoc est, ne post patrum quiderr.
i lex Claudia vise uniquement les prêts remboursables à
la morl du père; le sénatus-consulte s’applique à tout
prêt d’argent consenti à un fils de famille, quelle que
soit la date fixée pour le remboursement11. 11 n’est donc
guère contestable qu’il y ait eu deux dispositions dis¬
tinctes, l’une sous Claude, l’aulre sous Vespasien.
Ce qui est moins certain, c’est que la lex dont parle
Tacite soit une loi comitiale. Si elle avait eu ce carac¬
tère, elle aorait frappé de nullité ou d’amende les actes faits
en contravention, et cette sanction aurait dît subsister
même après le sénatus-consulte, dans le cas prévu par la
loi. Or on n’en trouve aucune trace. La seule sanction
mentionnée par les textes consiste dans l’exception sena-
tusconsulti Macedoniani 16 ou, si la contravention est
manifeste, la denegatio actionis 16. On remarquera
d’ailleurs que Tacite mentionne cette lex à propos des
actes accomplis par Claude à titre de censeur ( mania cen-
soria usurpans) 17.
Lex Claudia de tutela mulierum (a. 802=49?). — Loi
proposée par Claude et supprimant la tutelle agnatique
des femmes18. C’est peut-être le mariage de Claude avec
sa nièce Agrippine qui fournit à l’empereur l’occasion
de soumettre au peuple ce projet de loi. Agrippine était
en effet, lors de son mariage, sous la tutelle agnatique 19.
Si cette conjecture est exacte, la loi serait de l’an 492>°.
Lex Clodia (a. 650= 104 ?) — Loi autorisant la frappe
d’une pièce de monnaie d’argent au type du victoriatus 21
(fig. 2324), mais ayant la valeur du quinaire ou de
8 as22. Cette pièce, qui porte au droit la tête de Jupiter
et au revers une Victoire élex’ant un trophée, fut désor¬
mais équivalente à un demi-denier [denarius, t. III,
p. 98]. Borghesi a émis l’avis que la loi Clodia fut pro¬
posée vers l’an 650 par un tribun de la plèbe, probable¬
ment par M. Claudius Marcellus23.
Lex Clodia (a. 696 = 58). — Plébiscite proposé par le
tribun P. Clodius Pulcher et prononçant la peine de
l’interdiction de l’eau et du feu contre quiconque aurait
fait périr un citoyen romain sans jugement 2t. Les termes
dn projet ne désignaient pas Cicéron, mais, dit Velleius,
c’était évidemment contre lui qu’il était dirigé 2s.t L’exil
devint le prix des services qu’il avait rendus: il fut puni
d’avoir sauvé la patrie23.
Lex Clodia (a. 696 = 58). — Plébiscite proposé par le
même tribun pour envoyer Caton dans l’ile de Chypre en
qualité de propréteur, en lui adjoignant un questeur21.
mortem. — U Cf. Moritz Voigt, Rôm. Rechtsgeschichte, t. Il, p. 44, n. 16.
— 13 lui. 12 Dig. ap. Ulp. 29 ad Ed. Dit). XIV, 6, 7, IX. — 16 Ulp. eod. X, 1.
— 17 Tac. Loc. cit. : At Claudius, matrimonii sut ignarus, et muni a censoria
usurpans, theatralem populi lasciviam severis edictis increpuit. — 18 Gai. I, 157 :
Lex Claudia lata est, quae quod ad feminas atlinet, agnatorum] tutelas sustulit.
Ulp. XI, 28. — 19 Burchardi, Lehrb. des rôm. Rechts, I, § 99, 6. — 20 Moritz
Voigt, Rôm. Rechtsg. t. II, p. 599. — 21 piin. Hist. nat. XXXIII, 3, 4G : Qui
nune victoriatus appellatur lege Clodia perçusses est. Antea enim hic nummus
ex Illyrico advectus , mercis loco habebatur. Est autern signatus Victoria
et inde nomen. — 22 Marcian. 45 : Victoriatus nunc tantumdem valet quam tum
quinarius. — 23 Borghesi, Œuvres, t. II, p. 208 ; Mommsen, Gescliichte des rôm.
Münzwesens, p. 391, Irad. t. Il, p. 101 ; Marquardt, Rôm. Staatsverumltung,
trad. t. X, p. 25, n. 8. — 21 Vell. Pat. II, 45 : P. Clodius... legem in tribunalu
tulit : Qui civem romanum interemisset, ei aqua et igni interdiceretur .
Dio Cass. XXXVIU, 13; Appian. De bel. civ. II, 15; Plut. Cic. 30, 31. _ 23 Qic.
P. Sext. 24 : F. rat autem expulsas sine judicio, ci... Lex erat lata, vastato ac
relicto foro , et sicariis servisque tradito, et ea lex, quae ut ne ferretur,
senatus fuerat veste mutata. Cic. P. domo, 18. — 26 Cf. en sens divers sur
l’exil do Cicéron, Lange, Rôm. Altertliümer, t. II, p. 701; Willems, Le Sénat,
t. Il, p. 257; Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. t. VII, p. 47 3. — 27 Vell.
Pat. II, 45 : Idem P. Clodius... legem tulit ut is quaestor {?), cum jure
praetorio, adjecto etiam quaestore, mitteretur in insulam Cyprum. ad
spoliandum regno Ptolemaeum, omnibus morum vitiis eam contumeliain
meritum.
136
LEX
LEX _
Il fut chargé de détrôner le roi Ptolémée, de mettre ses
biens aux enchères 1 et d’organiser la province2. C’était,
dit Velleius, un prétexte honorable pour éloigner Caton
de Rome 3. Cicéron qualifie cette loi lex nef aria \
Lex Clodia (a. 696 = 58). — Plébiscite proposé par le
même tribun. Il ordonne de chasser le prêtre de la
Mater Magna à Pessinonte, de le dépouiller de son sacer¬
doce, et de vendre le temple consacré à la déesse 3 ; il
prescrit enfin au roi Dejotarus de partager la royauté avec
Brogitarus 6.
Lex Clodia (a. 696=58). — Plébiscite proposé par le
même tribun et décidant que nul ne pourra être l’objet
d une nota censoria s'il n’a été régulièrement accusé
suivant les formes ordinaires de la procédure et con¬
damné par les deux censeurs : Diximus L. Pisone et
A- Gabinio consulibus P. Clodium tribunum plebis
tulisse... ne quem censores in seiîatu legendi praeterirent
neve qua ignominia af fixèrent , nisi qui apud eos accu-
satus et utriusque censoris sententia damnatus esset1.
Cette loi avait l’avantage d’éviter les décisions contra¬
dictoires ou insuffisamment motivées, mais elle enlevait
toute initiative aux censeurs: ils restaient désarmés tant
qu’il ne se troux'ait personne pour se porter accusateur.
La loi Clodia fut abrogée six ans plus tard par la loi
Caecilia [censor],
Lex Clodia de auspiciis (a. G96 = 58). — Plébiscite
proposé par le même tribun et supprimant Vobnuntiatio.
Lata lex est ne auspicia vaferent, ne quis obnuntiaret ,
ne quis legi intercederet , ut omnibus fastis diebus
legem ferri liceret , ut lex Aelja lex Fit fia ne valerent 8
[auspicia, t. I, p. 582).
Lex Clodia de cotlegiis (a. 696 = 58). — Plébiscite
proposé par le même tribun 0 et permettant de rétablir
les collèges supprimés par le sénat 10 et d’en instituer de
nouveaux 11 . C’est la première loi qui consacra la liberté
d’association. Cicéron nous apprend quel usage en fit
P. Clodius12.
Lex Clodia frumentaria (a. 696 = 58). — Plébiscite
proposé par le même tribun et décrétant des distributions
gratuites de blé. Diximus L. Pisone et A. Gabinio con¬
sulibus P. Clodium tribunum plebis quattuor leges
perniciosissimas populo Romano tulisse : annonariam...
ut frumentum populo quod antea senis aeris ac trien-
1 Cic. P . Sext. 20 : Est rogatum ut ( rex Ptoleniaeus) sedens cum purpura , et
sceptro , et illis insignibus regiis, praeconi publico subjiceretur , et imper ante po¬
pulo Bomano , qui etiain bello victis regibus régna reddere consuevit , rex amicus ,
nulla injuria commemorata , nul lis repetitis rebus, cum bonis omnibus publi car etur.
— 2 Tit. Liv. Epit. 104: Lege lata de redigenda in provinciae formam Cyprum
administratio ejus rei mandata est; cf. Dio Cass. XXXVIII, 30; Cic. P. Domo , 9;
Appian. De bel. civ. II, 23. — 3 Vell. Pat. Loc. cit. — 4 Cic. P. Domo , 8.
— 3 Cic. P. Sext . 20 : Lege tribunitia Matris Magnae Pessinontius illesacerdos
expulsus, et spoliatus sacerdotio est, fanumque sanctissimum atque antiquissi-
marum religionum venditum pecunia grandi Drogitaro, impur o homini... Appellati
reges a populo , qui id nunquam ne a senatu quidem postulasset. — « Cic. De
harusp. 13 : Sed alter est rex judicio sénat us per nos ; pecunia Brogitarus per
te appellatus... Nam cum multa regia sunt in Dejotaro , tum ilia maxime , quod
t ibi nummum nullum dédit, quod eam partem legis tuae , quae congruebat cum
judicio senatus , ut ipse rex esset non repudiavit . — 7 Ascon. In Pis. 4, p. 9
(Orelli) ; Cic. P. Sext. 25, 55; Schol. Bob. p. 360; Dio Cass.1 XXXVIII, 13.
— 8 Cic. P. Sext. 15, 33; cf. Mommsen, Bôm. Staatsrecht, trad. t. I>
p. 128, n. 1. — 9 Ascon. In Pis. p. 8 : Tertiam (legem) de collegiis restituendis
nomsque instituendis , quae ait ( Cicero ) ex servitiorum faece constituta.
— 10 Ibid. p. 6-7 ; cf. Waltzing, Étude sur les corporations professionnelles chez
les Bomains , 1895, t. I, p. 94. — n Cic. In Pis. 4, 9 : Collegia.. innumerabilia.
— 12 Cic. P . Sext. 15, 34 : Isdem consulibus inspectanlibus servorum dilectus
habebatur pro tribunali, Aurelio nomme collegiorum cum vicatim homines cons-
criberentur , decuriarentur , ad vim , ad manus , ad caedem , ad direptionem inci-
tarentur. — 1*3 Ascon. In Pis. 9, p. 7. — 14 Cic. P . Sext. 25, 55 : Ut quinta prope
pars vectigalium tolleretur. — 15 Cic. P. Domo , 30 : At tu etiam... legem de injuriis
tibus in singulos modios dabatur gratis
[frumentariae leges, t. IV, p. 1347]. Cettsfioi dit r ■ 1
ron, réduisit d’un cinquième les revenus de l’Épqiv ^
Lex Clodia de injuriis publicis (a. 696 = 5^ ’
biscite proposé par le même tribun en faveur d’Un 7 ^
Menula d’Anagni18. La conduite de Clodius h,"!11"'
affaire affligea beaucoup plus, dit Cicéron, les hnliii"^
les plus distingués d’Anagni que tous les fo’rfa " <llUs
chez eux par ce gladiateur.
:aits commis
Lex Clodia de jurisdictione ( a. 696 = 58). _ \
proposé par le même tribun et conférant
au gouverneur
de Macédoine, L. Calpurnius Piso, la juridiction sur les
cités libres en matière de pecunia crédita 10 [lex itrup *
p. 1126, n. 20]. ‘ ’
Lex Clodia de permutatione provinciarum (a. 696=
58). — Parmi les nombreuses lois proposées par Clodius
Cicéron cite, en dehors des précédentes, celle qui permet
à un gouverneur de permuter sa province: Ut uni bel-
luoni bis de eadem re deliberandi , et rogata lege, potentat
fieret provinciae commutandae11. Cette loi fut faite pour
permettre à Gabinius d’obtenir la province de Syrie au
lieu de la Cilicie qu’il avait d’abord demandée18.
Lex Clodia de provinciis consul aribus (a. 696 = 58).—
Plébiscite proposé par le même tribun et abrogeant la loi
Sempronia qui avait conféré au sénat le droit de déter¬
miner chaque année les provinces consulaires. Désor¬
mais, les provinces furent attribuées nominativement par
le peuple à des consuls, à des préteurs ou à de simples
particuliers 19.
Lex Clodia (a. 696 — 58?). — Loi défendant aux
scribae quaestorii de faire le commerce20. Cette loi est.
attribuée par Lange au tribun Clodius21. Elle fut sans
doute motivée par une raison analogue à celle qui avait
fait interdire aux magistrats d’acheter dans les provinces
où ils exerçaient leurs fonctions22.
Lex Clodia (a. 696 = 58). — Projet de loi préparé par
le tribun Clodius et tendant à accorder aux esclaves,
affranchis de fait par leurs maîtres, la liberté de droit et
la cité romaine, ainsi que le droit de vote dans les tribus
rurales 23 . Ce projet n’a pas abouti24.
Lex Cocceia agraria (inlraa. 849 = 96 et 851 =98).—
Loi agraire proposée par Nerva. C’est une des dernières j
lois qui, à notre connaissance, aient été proposées auxi
publicis tulisti Ananigno nescio cui Menulae per gratiam qui
tibi ob eam legM j
statuam in meis aedib us posuit , ut locus ipse , in tua tanta injuria, legem )(
tionem statuae refelleret. Cf. Moritz Voigt, Bôm. Bechtsgeschichte. t. b P-
— 10 Cic. De prov. cons. 4, 7 : Emisti a fœdissimo tribuno plebis , h"1
naufragio hujus urbis , quam tu idem gubernare débiteras, e ver 1er as, tum,1 ,
emisti grandi pecunia ut tibi de pecuniis crcditis jus in tiberos p°p ^ ^ ^
senatus consultum, et contra legem generi lui , dicere liceret. |
Sext. 25, 55; cf. Mommsen, Bôm. Staatsrecht, trad. t. I, p- 06. — 1 1 1 ü j
9 : Cui quidem cum Ciliciam dédisses , mutas pactionem et Cilicmni
rem item extra ordinem transtulisti : Gabinio , pretio ampli fieu to , // . j
natim dedisti. Ailleurs Cicéron indique l’intérêt de Gabinius à < < 41 ' I
Emisti a tribuno plebis ut tibi de pecuniis creditis jus *n Jafiag per
dicere liceret ( De prov. cons. 4). Cf. Godt, Quomodo provincia' ^ jg;6. j
decennium bello civili Caesariano antecedens administratae su , senaft0
— 19 Cic. P. Domo , 9 : Tu provincias consulares... lege Sempt onia. 1
décrétas, rescidisti . Extra ordinem sine sorte nominatim __ 20 Suet.
bus , sed reipublicae pestibus. Cf. Willems, Le Sénat , t. H, P- 0 .H(pne} sed j
Domit. 9: Dornitianus... scribas quaestorios negotiantes ex cou 1 H,
donavit.-* üôm.AU^^^.
il! >'“S‘
contra Clodiam legem, venia in praeteritum
p. 673 ; t. III, p. 308. — 23 Cic. 2* In Verr. IV, 5
_ 23 Cic .P- Milan- >-■
oluntate nuffl
llle enim constituerai ut servis, gui privata dominorum vo >
in libertate morabantur, justa libertas ac civitas Romana c""1 p çlodü
iaretur.-K Ascon. in Mil. Si ■ Faisse mter tfibM \
ticis tribubus ipso jure daretur.
quas ferre proposuerat eam quoque qua libertini, quinon pl"'< I qm
urbanis III1] suffragium ferebant, possent in rusticis t. VI, ^ '^1
proprie ingenuorumsunt, ferre-, cf. Mommsen, Horn. Staatsrec t
LEX
1137 —
LEX
pour se faire bien venir du peuple, Ncrva, qui
C°m".!ll'l comme le restaurateur de l'ancienne liberté *,
aPPal‘ linP distribution de terres aux plus pauvres
fii ordonner ui
ITn certain nombre de personnages de 1 ordre
C "i j il furent chargés d'acheter les terres et d’en faire
®na ' 2. Une clause de cette loi nous a été conser-
traité de cognitionibus: elle
la répartition
vée par Callistrate dans son tr
I Licte une peine capitale contre l’esclave qui aurait par
Kl mais à l’insu de son maître, déplacé l’une des bornes
[servant à limiter les lots assignés : Lege agraria quant
mlivus Nerva tulit, cavetur ut si servus servave ins-
\cknte domino dolo malo fecerit, ei capital esse , nisi
dominas dominave mulctam sufferre maluerit 3.
I Lex Cornelia Baebia de ambitu (a. 573 = 181). — Loi
proposée par les consuls P. Cornélius Cetliegus et
i\|. Baebius Tamphilus 4. On a conjecturé que c’est cette
loi qui déclara les citoyens, condamnés pour ambitus ,
inéligibles pendant dix ans 5. Mais il est peu probable,
comme l’a fait remarquer Mommsen, que la peine de
Y ambitus n’ait pas été modifiée pendant l’intervalle de
plus d’un siècle qui sépare notre loi Cornelia de la loi
Calpurnia 6.
[ Leues Corneliae. — En commençant la série des leges
Corneliae , deux observations sont nécessaires : 1° la date
de ces lois n’est pas toujours connue 7. La plupart
peuvent être attribuées à P. Cornélius Sylla Félix : les
unes ont été proposées par lui pendant son consulat en
666 ; les autres ont été rendues en exécution de la loi
Valeria de 672 qui lui a conféré la dictature legibus
mibmdis 5. Ce n’est pas à dire qu’elles n’aient pas été
soumises aux comices : Sylla n’a pas usé de son droit d’une
manière absolue ; il a souvent demandé pour ses projets
la ratification du peuple, même lorsqu’ils avaient un
■objet spécial comme le retrait du droit de cité romaine 9.
I Les autres leges Corneliae ont été proposées soit en
1 667 par le consul L. Cornélius Cinna, ou en (382 par le
■consul Cn. Cornélius Lentulus, ou bien encore en 687 par
I e tribun C. Cornélius, soit en 707 par le tribun P. Corne-
■ws Doldhella. L attribution des leges Corneliae h l’un de
| es quai i < personnages ou à tout autre personnage por-
1*1 j 1111,11 '*e Cornélius n’est pas toujours possible. De
I 9! />uLe sur c*a*,e de certaines lois.
I Lm J' 111 J,e,Ut pas toujours affirmer que ces lois soient
! chaniir"1' *r 1Stinctes; d en est qui sont peut-être des
disnantp ■' s "il Uleme loi> bien qu’elles aient des objets
Iclassp J', ' a a ProPosé des lois qui rentrent dans la
'd's lH> saturant : telle est la loi Cornelia de
1 Corp .
,ivi‘*tvi|(7iTSvx”VI; 472 ’ Plln' EP- lx- 13, 4.— 2 Dio Cass. LXVIII, 2 : Tôt; St
"Z,»,' ,auWt
! , > n^aiavonJjvitfOTtàUî. — 3 Dig. XLVII, 21, 3, 1. — 4-Tit.
~ ■' Schol. Bob. in 0 . Ü" c°,lsules e% auctoritate senatus adpopulum tnlerunt.
lege Cornelia 1 ’’ ^ Orelli : Superioribus temporibus,
■Ce,n <ui nos abstinerent S"ms Poenae ferebant ut magistratuum petitione per
h Herzog, Geschichte w “om,"sen' Strafrecld , p. 867, n. 2.
8 Cic. De len ,,, , ystem der rôm. Staatsverfassung, t. I, p. 510,
if'1®'', Lugd. Bat isifi H' M- Vockestaert, De L. Cornelia Sulla
-w- Zun,pt ,Das Criminel, L' Cornelius Sulla, Heidelberg, 1834;
Set:sebun9i Esseû e derX°mer, Berlin, 1805 ; Fritzche, Die Sullanische
In ... ,s,ecll6 ti'ad. l [y 0*c' Domo, 30, 79; cf. Mommsen, Rôm.
K 7',W,'ire dans /lèricht d Z ", M°rUz V°igt’ Ueber die lex Cor-
Ral i|HlSl' Kl,)> l830 1 XI II' d\komyL Saeclis. Gesells. d. Wiss ., Leipzig
irai. 19. , _ •> XLII, p. 244. - n Macrob. Sat. III, 17, 11.
12 Vell.
» -i ia, j . ’ 1
C0ntract0 exercitu ad urbem rediit eamque armis
'•UCtov v ou il au il i
Sulnirin a\ i"m Pess^marumÇue rerum, inter quos Marium
raeJcn, • Dum ex ’cons, /> eXtUrbamt ae< lefJe lata, exules fecit.
Cnit C n tr*l>uum aliosaup r * 0 senatus adversariis hostibus judicatis, in
1:Ex^qacSx r'Sae raCti°nis’ ^re saevitum est; TU. Liv.
i senatu liostes, inter quos C. Marins pater et
f'alsis. Ce qui est vrai de cette loi peut l’être, suivant cer¬
tains auteurs10, de la loi Cornelia surntuaria citée par
Macrobe11, et à laquelle on devrait rattacher plusieurs
des leges Corneliae.
Lex Cornelia (a. 666 = 88). — Loi proposée par Sylla
et confirmant l’exil de Marius, de son fils, de 1*. Sul-
picius et de neuf de ses partisans 12. Sylla avait, au
préalable, obtenu du sénat un décret les déclarant enne¬
mis de la patrie 13.
Lex Cornelia Pompeia de tribunicia poteslale (a. 666
= 88). — Loi proposée par les consuls P. Cornélius
Sylla et Q. Pompeius ILufus, et décidant qu’aucune roga-
tio ne pourrait être soumise par les tribuns à la plèbe
sans l’assentiment du sénat14. C’élait le rétablissement
du système antérieur à la loi Hortensia10. Cicéron approuve
cette innovation : Sullatn probo qui tribunis plebis sua
lege injuriae faciendae potestatem ademerit , auxilii
ferendi reliquerit 16.
Lex Cornelia Pompeia unciaria (a. 666 = 88). — Loi
proposée par les mêmes consuls et dont le texte a été en
partie conservé dans un fragment mutilé de Festus :
Unciaria lex appellari cœpta est quant L. Sylla et
Q. Pom, [peins Iiufus\ tulerunt , qua sanction est ut debi-
tores décimant partent11 .... Le reste manque, mais on
s’accorde à accepter la restitution de Niebuhr: sortis
annuis usuris penderent. Le taux légal de l’intérêt de
l’argent fut fixé à la dixième partie du capital 18 [foenus].
Lex Cornelia (a. 667 = 87). — Projet de loi du consul
L. Cornélius Cinna pour ordonner le rappel de Marius et
des exilés 19. L’opposition de l’autre consul Cn. Octavius
empêcha le projet d’aboutir : Cinna dut s’enfuir de
Rome 20. D'après certains auteurs, il y eut deux projets
distincts : l’un de revocandis exulibus , l’autre de reci-
piendo Mario.
Lex Cornelia (?) (a. 667 = 87). — Divers textes
signalent les démarches et les promesses faites par le
consul L. Cornélius Cinna pour que les affranchis soient
inscrits dans la tribu de leur patron, conformément à la
loi Sulpicia 21 , etles nouveaux citoyens répartis dans toutes
les tribus-2. Certains auteurs ont conclu à lexislencc
d’une loi Cornelia sur cette matière. Les textes ne sont
pas assez explicites pour qu’on puisse accepter comme
certaine cette manière de voir23. Tout s’est borné pro¬
bablement à un projet de loi24.
Lex Cornelia de proscriptione (a. 672 = 82). — Loi du
dictateur Sylla sur les proscriptions25. Elle ordonne la
mise en vente des biens des proscrits et de ceux qui ont
films judicati sunt; cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. t. VII, p. 476,
n. 4. - H Appian. De bel. civ. I, 59 : •E^oiïvTo T£ MS5v ?« 4K(,o6oùXEUt«v t4 T-0)
IffiÉçEffSai, vevo|ii<r;j.£vov p!v oûtu V, -kVi, TuapaXeXupévov S'ix itoXXoff... vomW/Tt;.
o6VE vo>ov oûSéva itpà ïî;; PouXJj;I;T& uXijBo; l^epdpevov... Sù<rtiv ?n «àT£M» à?0f(làs.
lo Cf. Willems, Le Sénat, t. II, p. 104; cf. Mommsen, Rôm. Saatsr. t. III, p. 158
trad. L VI, 1, p. 177. — HSCic. De leg. III, 9, 22; cf. Tit. Liv. Epit. 79. —
17 Fcst- v° Unciaria lex. =- 18 Cf. Morilz Voigl, Rôm. Rechtsg. t. I, p. 7io-
Mommsen, Rôm. Geschichte, t. Il, p. 258 ; Billeler, Geschichte des Zins 'fusses
1898, p. 155. - 19 Aur. Vict. De vir. ill. 89 : Primo consulatu legem de
exsulibus revocandis ferens...; Vell. Pat. II, 21 : Cinna de recipiendo Mario
legem tulit. 20 Flor. III, 21, 9. — 21 Schol. Gronov. in Cic. Cat. II, 10, 21
(Orelli), p. 410 : Coepit Cinna de libertinorum sxcffragiis agere. - 22 Vell Pa't,
II, 20, 2 : Cum ita civitas Italiae data esset ut in octo tribus contribuèrent ur
nom cives... Cinna in omnibus tribubus eos se distributurum pollicitus est-
- 23 Cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. t. VI, 2, 24, n. 5; Morilz Voigl Rom
Rechtsg eschichte, I. I, p. 262, n. 23. - 24 Exuperantius, 4: Cinna' legem
tulit ut nom cives... cum veteribus nulla discretione suffragiurn ferrent.
- 25 Cic. p. Rose. Amer. 43 : Hoc ego quaero qui potueéunt ista ipsà
lege, quae de proscriptione est, sive Valeria est, sive Cornelia (non enim
novi, nec scio) verum ista ipsa lege, bona Sexti Roscii venire gui potue-
runt ? 11
LEX
1 138 —
été tués dans les rangs du parti adverse1. Elle défend de
prêter assistance aux proscrits2. Elle exclut leurs enfants
de la succession paternelle, et leur retire le jus honorum.
Elle enlève lous leurs droits aux fils des sénateurs sans
les exonérer de leurs charges 3.
Lex Cornelia de adpromissoribus (a. 673 = 81 ?) —
P après Gains, une loi Cornelia avait fixé le taux maximum
des cautionnements à vingt mille sesterces''. 11 était
interdit à toute caution, en quelque forme qu’elle se fût
obligée ( sponsio , fidepromissio, fidejussio) de garantir
les dettes d’un même débiteur envers un même créancier
dans le courant d’une année, pour une somme supé¬
rieure au taux légal 5 [intercessio, t. Y, p. 333], La loi
Cornelia est une des lois rendues sous la République pour
protéger les cautions contre leur propre entrainement. Le
cautionnement était pour les grands personnages un ser-
vicequ’ilsne pouvaientrefuser aux petites gens qui étaient
dans leur clientèle 6, etee servicepouvait devenir très oné¬
reux. Grâce à la loi Cornelia, le risque que court la caution
est limité. Le juge ne peut la condamner à une somme
supérieure au'taux fixé, sous peine de faire le procès sien7.
Cette loi est vraisemblablement un chapitre de la loi
somptuaire de Sylla . Elle procède de la même pensée : con¬
tenir dans de justes limites les dépenses des citoyens. Aussi
ne s’applique-t-elle pas au cautionnement d’une dot, d’un
legs ou d’une promesse imposéé par l’ordre du juge8.
Lex Cornelia agraria (a. 673 = 81). — Loi agraire
proposée par le dictateur Sylla et ordonnant de partager
entre quarante-sept légions 9 les terres enlevées aux
proscrits10 [agrariae leges, t. I, p. 164].
Lex Cornelia de aleatoribus (a. 673 = 81?). — Cette
loi est mentionnée dans un seul texte, extrait du cinquième
livre des Regulae de Marcien. Elle refuse toute valeur juri¬
dique à la stipulation faite à l'occasion d’une dette de
jeu. Exception est faite pour les jeux qui ont lieu virtutis
causa 11 : ce sont ceux où on lutte hasta vel pilojaciendo
l'el currendo , saliendo, luctando , pugnando 12. On n’a
aucun autre renseignement sur cette loi. Est-ce un nou¬
veau chapitre de la loi Cornelia sumptuaria ? On l’a
soutenu, sans apporter de preuve décisive à l’appui de
cette manière de voir. On a simplement fait remarquer
l'analogie qui existe entre l'objet de cette loi et celui de
la loi Cornelia de adpromissoribus : l’interdiction de la
sponsio peut s’entendre du cautionnement aussi bien que
de la promesse faite par le débiteur 13
i Ibid. Scriptum enini ita dicunt esse, ut eorum bona veneant , qui poscripti sunt...
aut eorum, qui in adversariorum praesidiis occisi sunt. — 2 Cic. In Verr. I, 47,
i 23 : Lex Cornelia... quae proscript um juvari vetaret. — 3 Vell. Pat. II, 28, 4 :
Adjectum etiam ut bona proscriptorum venirent, exclusique pa ternis opibus
liberi etiam petendorum honorum jure prohiber entur, simulque... senatorum filii
et onera ordinis sustinerent juraque perderent. — 4 Au lieu de XX milia, Moritz
Voigt (Loc. cit.), lit VA milia. Le maximum fixé par la loi serait de deux millions
de sesterces. Nous nous en tenons à la leçon du manuscrit d'après Studemund et
Krueger. — 3 Gai. III, 124: Beneficium leqis Corncliae omnibus (adpromissoribus)
commune est. Qua lerje idem pro eodem apud eumdem eodem anno vetatur in
ampliorem summam obligari creditae pecuniae quam in XX milia. Et quamvis
sponsor es vel fidepromissores in ampliorem summum, veluti si sestertium C. mi¬
lium [se obligaverint , tamen dumtaxat XX tenentur ]. — G Cic. P. Muren. 34 :
Ipsi ( tenuiores ) non spondere pro nobis possunt , atque haec a nobis petunt
omnia. — 1 Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques des Romains , t. I, p. 464, n. 2.
— 8 (Jai. III, 125 : Ex quibusdam tamen causis permit tit ea lex in ih finit um
satis accipere, veluti si dotis nomine , vel ejus quod ex testamento tibi
debeatur , aut jussu judicis satis accipiatur. — 9 Tit. Liv. Epit. 89 : Sylla...
quadraginta septem legiones in agros captos deduxit et eos iis divisit. D’après
Appien (De bel. civ. 1, 100), le nombre des légions ne serait que de vingt-trois. Cf. sur
cette deductio, Moritz Voigt, Dus jus naturale unddasjus gentium der Itômer, t. II,
p. 719. — 1° Cic. De lege agr. 111,3, 12: Sunt enim multi agri lege Cornelia
publicati nec cuiquam assignati neque vendit i. — il Marc. 5 Reg. Dig. XI, 5, 3 :
Jn qui bus rebus ex lege Titia et Publicia et Cornelia etiam sponsionem facere
LEX
IÆX L. ORNE LIA UC ClVltUte a. 673:
Ol .
aux comices centuriates par le dictateur Syl]H
le droit de cité à certaines villes étrusques l"lr
quelles Arretium et Yolaterrae u. On leur Ji'q,!" liS"
même temps leurs terres13, mais on leur laissa ],» ^
commercn et la testamenti factio lc. Jllx
Lex Cornelia de falsis (a. 673— 81). — Loi
par le dictateur Sylla et punissant un certain nom)
de crimes relatifs aux testaments et aux monnaie v '
y-, (1 fjjj
son nom de Lex Cornelia testamentarian lova
i « El/,
fia nummaria1*. Cette loi a, sous l’Empire, reçu une
large extension et a été appliquée à diverses ;
sortes de
faux, d’où son nom de lex Cornelia de falsis.
On peut ranger les dispositions de cette loi en quatre
groupes suivant que le crime est relatif : l8 aux actes ins¬
trumentaires ; 2° aux métaux précieux et aux monnaies-
3° à l’administration de la justice; 4° à l’état et au rang
des personnes. On y a joint, sous l’Empire19, les délits
relatifs aux poids et mesures. Les détails sur ces diver¬
ses dispositions sont dus en grande partie au juriscon¬
sulte Paul. Quelques extraits ont été insérés au Digeste •
le plus grand nombre a été recueilli par les compila¬
teurs du Bréviaire d’Alaric. Il nous suffira, à titre
d’exemple, d’indiquer les principales de ces dispositions.
A. Crimes relatifs aux actes instrumentaires : la des¬
truction d’un testament, si elle a eu lieu en connais¬
sance de cause et par dol : Qui testamentmn... sciais
dolo malo... suppresserit, amoverit... deleverün\ la
falsification d’un testament dans les mêmes conditions:
Qui... subjecerit , scripserit... quodve signurn adulte-
rinum scripserit , fecerit, expresserit, amoverit, reseru-
verit 81 . On traite de même la divulgation frauduleuse
d’un testament du vivant du testateur : qui aperuerit,
recitaverit , resignaverit 22. Sous l’Empire, un sénatus-
consulte a étendu l’application de la loi Cornelia à lous
les actes instrumentaires publics ou privés23. Le sénatus-
consulte Libonien l’appliqua également au cas où celui
qui a été chargé de rédiger un testament aurait abuse
de la confiance du testateur pour inscrire une disposi¬
tion à son profit ou au profit de son puter faillit ms
ou d’une personne placée sous sa puissance 24 •
B. Les crimes relatifs aux métaux précieux et aux
monnaies sont l’altération d’un lingot 25 ou d’une mon
naie d’or ou d’argent26, la fabrication 27 et l’émissiond u»e
fausse monnaie28. On y a joint sous l’Empire b' K llS
... j » ( ' |" |c sciwlu®"
licct, sed ex aliis ubi pro rirtute cer tamen non fit , non Licet. - ^ .
consulte cité par Paul. 19 ad Ed. Dig. XI, 5, 2, t. — 13 Moritz Voigt, Loc- < 11 ■ I ^
cf. J. V. Wcstrilc , Ad locum Gaii de sponsoribus, Lugd. Batav. IS-1', I ^
— U Cic. P. Domo , 30 : Populus Rornanus, L. Sulla dictatore ferenU - y ^ ^
turiatis, municipiis civitatem ademit. — n> Ibkl. Ademit iisdem ,l!i "
ratum est : fuit enim populi potestns. — 1® Cic. P. Cnes. 35 : Sull" 7 ^ ^{I|
de civitate ut non sustulerit horurn nexa atque hereditates. JiiIh 1 1
jure esse quo fuerint Ariminenses ; quos quis ignoret duod- ' ^ ^
fuisse et a civibus romanis hereditates eapere potuisse ; cf. f0']"
Staatsrecht , trad. t. VI, t . p. ISO ; t. VI, 2. p. 243 ; Savigny, 1 et nàst ^ ,jür(^
t. 1, 1, p. 20; t. III, p. 301; Karlowa, Rôm. Reehtsgeschichte, t. I- l>- ^ Rm
Voigt, Das jus naturale und das jus gentium der Rômer. t. m l’’^ Ai du
y»»-—— — 1 08 - pap1"- 1
Reehtsgeschichte, t. I, p. 262. n. 23. — 17 Cic. 2“ In Verr. I, _ ' y H
adult. Dig. XLVIII, 2, 2 pr. — 18 Cic. Ibid. — 19 Paul. Sent. IV, G ,9i »
— 20 Paul. Sent. V, 25, I. —21 Ibid. — 22 Ibid. V, 25, 7 ; cf .Dur ■ js(J'IieDsea
0. — 23 Ulp. 8 De off. proc. ( Collât . VIII, 7, 1). Cujas, Pitliou et 0Jlt
38.
.cul
_.r _ n . r _ . ____ , „ J P été
que ce séuatus-consultc est lc même que le suivant. Les noms di s \XVI> 2,
corrompus ; il faut lire : Libone et Tauro. — 24 Papin. 15 Resp. *'o ^
cf. Dig. XLVIII, 10. — 25 Ulp. 8 De off. proc. Dig. XLVIII, „ui0 j
Cornelia eavetur ut qui in aurum vitii quid addiderit, qui ^ au Paul- '' |
adulterinos flaverit, falsi crimine tèneatur ; Paul. V, -■>, ^ , Hat*"1
25, 1. — 27 Ibid. — 28 Ulp. 8 De off. proc. Dig. XLVIII,
lege exprimitur ne quis nummos stanneos plumbeos ente n
vellet.
LEX
— 1139 —
LEX
. inc pièces cle monnaie ;\ l’effigie des empe-
J (ii (
l/ni vultu principum signalant monetam pr acier
adulldinam reproba ver il ).
Hf „ crimes relatifs à l’administration de la justice : pré-
I j'cati0n ", corruption à prix d’argent des magistrats
I ^es juges3, subornation de témoins4. Ici encore
I des dispositions ultérieures ont notablement élargi la
• portée primitive de la loi
1 D Crimes relatifs à l’état et au rang des personnes:
supposition de part6, usurpation de nom, de parenté, de
race en vue de s’approprier certains biens7, usurpation
d’une charge publique ou d'un rang qu’on n’a pas en vue
d’effrayer quelqu’un 8.
| Sur la peine édictée par la loi Cornelia, voir les
articles exsilium, falsum, honestiores, humiliores 9.
Lex Cornelia f mmentaria (?) (a. 673 = 81). —
L’existence de cette loi, contestée par certains auteurs,
repose sur ces mots du discours du tribun Macer Lici-
nius, conservés dans les fragments de Salluste : JVisi
forte repentina ista fvumentaria lege munia veslra
pensantur10. Voir l’article frumentariae leges, t. IV,
p. 1346, n. 12, et 1347, n. 1.
j Lex Cornelia de injuriis (a. 673 = 81). — Voir l’article
injuria, t. V, p. 520 et 523-524.
| Lex Cornelia judiciaria (a. 673 = 81). — Loi du dicta¬
teur Sylla qui restitue au sénat le munus judicandi 11 .
Cette loi dispose en même temps que l’on ne pourra
récuser plus de trois juges12; elle prescrit au président
du jury [quaestio perpétua) de demander à l’accusé s’il
veut que 1 on prononce sur son sort de vive voix ou au
Scrutin secret13.
Lex Cornelia de ludis Victoriae (a. 673 = 81). —
|Loi du dictateur Sylla14 établissant des jeux en l’honneur
de la victoire qu’il gagna à la porto Colline 18. Ces
jeux furent célébrés pour la pre¬
mière fois en 673 par les soins du
neveu de Sylla, le préteur Sex.
Nonius. Sur le revers d’un denier,
où l’on a représenté Rome sous les
armes et couronnée par la Victoire,
on lit : Sex. JVon(ius) pr[aelor ) l(u-
dos) V(ictoriae) pirimus ) f(ecit) 16
(fig. 4440).
Iposéc rnrmT, yje*tatis (a- «73 = 81). - Loi pro-
«’après Ciré- 1C atuUr Sylla sur le crime de lèse-majesté.
| 11 on, elle défend educere exercitum, bellum
■ 1 Paul. 9^ | y
- 4 m V, ; 7iid- V- 4- - 3 Ibid. V, 25, 2 et 13.
H G Macer. 2 de n„K • j 7 PauI' ad lcS- Jul- de adul‘- Collât. VIII, 2.
- 8 «'•'(. V, 25, ,2 P"b9'r)U;'- y- XLVIII, 2, 11, 1. _ 7 Paul. v, 25,11.
I, 41, n.' _ H 'J n p *DeP°en- IH«- XLVIII, 10, 33. _ 10 Sallust.
f1 * senatum transtulemt t ’ f' H’ 32 : Judicandi munus Sylla ab illis
les résultats æ ^1“°' ^ 22 • Cicél'011 0“ Jn Verr. 13, 37),
decem onnos, postea nova. ; •■•Expositis certis rebus, agentur , quae
”‘</‘Cmlis nefarie fUininJ™1 ï' ad senatum translata sunt , in rebus
f“d. su Wod... Q. Calidius T aCt" SUnt Co°noscet ex me populus Romanus
°""r non ; t e Ï S diXerit' min0ris /1S Mci™ praetorium
h”* VMm ampliS', l ' ~ “ Cic‘ ** V«r. II, 31, 77 : Ne reji-
ldrïafem; Cf. Wil„ ^nns'Zil?Um,iUdiCUm praeelare leges Corneliae faciunt
... ci. Wilmanns ni ■ ,, 1 une tare leges Corneliae faciunt
Irad. t. y ™- t- XIX, p. 528 ; Mommsen, Rôm.
twn'è‘ °p0l'lerel gnaesivit ab eo C J • P' Cluent‘ 20 > 55 : Cum in consi-
(1,. M( " ’ d"m nn palam de se sèntTr *’ quaesttor’ ex ill« Cornelia quae
Staai " a 1ue' titre ccs jeux f e" ia,n ferri vellet. — H Sur la question
L T *' trad- '• L n 4 J”8"? *BBtitué3 P»r Sylla, voir Mommsen, Rom.
*ntùTTl,'monLti‘ mmortal ‘‘'''li e*"cilus’ Sulla perpet.a ludor.m
Ua-I ’ Cf' CorP ■ mser lat ’ i?“! n?6W° Cjus nomine Sullanae Victoriae cele -
ZWeSens’ P. 025; trad, „r ~ “"-Mommsen, Gesckichte des rôm.
- lll> !>• 744, n. 5. _ 17 Cic. Jn Pis. 21, 50.
sua sponle gerere , in regnum injus.su populi au!
senatus accéder e^ ‘ . Une autre disposition réprimait les
déclamations dirigées contre un citoyen : ne in quernvis
impune declarnare liceret 18.
Lex Cornelia (?) depeculatu (a. 673 = 81 ?). — Zumpt lv
et Lange admettent l’existence d’une loi de Sylla sur
le péculat. Le texte de Cicéron 21 sur lequel ils s’appuient
n est pas décisif. Mommsen22 pense qu’il s’agit plutôt
d une loi antérieure, car dans un autre passage Cicéron
oppose la quaestio peculatus àla quaestio lestamentaria
introduite lege nova 23.
Lex Cornelia (a. 673=81). — Loi du dictateur Sylla
fixant l’ordre de succession des magistratures ( certus
ordo magistratuum ), et dont l’idée première se trouvait
vraisemblablement dans la loi Villia24. La questure doit
être exercée avant la préture ; la préture ax'ant le consulat.
Mommsen pense que cette loi fixa également l’àge mini¬
mum requis pour la questure 25 [quaestor]. La même loi
rétablit la règle posée par . un plébiscite du commence¬
ment du ve siècle 26 et décidant qu’on ne pourrait revêtir
la même magistrature avant un délai de dix ans21. Enfin
elle déclare les tribuns de la plèbe incapables d’aspirer
aux magistratures patriciennes 28, et restreint notable¬
ment leurs pouvoirs en leur enlevant le droit de proposer
des lois Ces deux dernières dispositions furent abro¬
gées, l’une en 679 par la loi Aurélia, l’autre en 684 par la
loi Pompeia Licinia.
Lex Lornelia de pontificum augurumque co/legiis*0
(a. 673 = 81). — Loi du dictateur Sylla portant à quinze
le nombre des membres du collège des pontifes et du
collège des augures31, abrogeant la loi Domitia et ren¬
dant à ces collèges leur autonomie pour le recrutement
de leurs membres par voie de cooptation. La dernière
disposition a été supprimée en 691 par la loi Atia
Labiena qui a rétabli le régime antérieur à Sylla32
[augures, t. Ier, p. 552].
Lex Cornelia (a. 673 = 81). — Loi proposée par le
dictateur Sylla pour créer de nouveaux préteurs. D’après
Pomponius, Sylla aurait fait créer quatre nouveaux pré¬
teurs J \ Il y aurait eu dès lors dix préteurs au lieu de
six. Mais le témoignage de Pomponius est en contradic¬
tion avec celui de Dion Cassius. Dion affirme que César
fut le premier à élever a dix le nombre des préteurs 34 .
Il est donc vraisemblable que la loi de Sylla proposa
seulement la création de deux nouveaux préteurs, ce qui
porta leur nombre à huit38 [praetor].
ls Lie. Ad die. III, H, 2. — 13 Ras Criminalrecht , t. II, 2, p. 78.
— 20 Rôm. Alterthümer, t. III, p. 106. — 21 Cic. P. Cluent. 53, u: .
~ 22 Rômisches Strafrecht , p. 761, n. 2.- 23 Cic. Ibid. - 24 Cf. Mommsen’ Rôm.
Staatsr. t. I, p. 567, Irad. t. II, p. 228. — 25 Ibid, t: I, p. 538, trad.
t. II, p. 193. — 20 Tit. Liv. VII, 42. — 27 Appian. üe bel. civ. 100 :
NoliOUî TE ISeXuE ETÉOOU; ItIOetO • Xüù (TTÇOCTÏjyEÏV fouÏTEE Itfîv TCt |AtE’JfTECt X«l ÜltCtTSUElV
7EJÎV OTpETOlTilMtE-Md T*]V àf/> T>,V «JtŸ|V «50C; ixùW TCÇtV ETE Six® 5 l^EïÉ^ t .
— 28 Appian. eod. : T>iv OE tSv Sr)nàfZwv ifrtv ira xal ivslAtv EVEirri t>]v tiT.oafyu;
xa! vojxoi xwWtoç [«iSEnlav toù Svjuapfcou à?z>iV fTs «py.Eiv. — 29 Tit. Liv
Epit. 89 : Tribunorumplebispotestatemminv.it et omne jus ferendarum legum
«•démit ; cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht , trad. I. [R, p 333 _ 3ol jc j,
Corne l. p. 79;Ascon. Ibid. -31 Tit. Liv. Epit. 89 : Pontificum augurumque
collegium ampliavit ut essent quindeeim ; Serv. ad Aen. VI, 73 ; Aurel Vict
De mr. M. 75; cf. Banlt, Die Priester der vier grossen Collégien. 1871
p. 10 et 21. — 32 D10 Cass. XXXVII, 37. Voir plus haut, p. 1130 u «4’
— 33 Pompon. Enchirid. Dig. I, 2, 2, 32: Deinde Cornélius Sylla quaesiiones
publions constitua, veluti de falso, de parricidio, de sicariis et praetores
quattuor adjecit. - 34 Rio Cass. XLU, 51 : St^.ù, Six* l? tô U.4, fc.
àTE-Ss.^E. — 36 Cette conclusion est d’accord avec le récit de Vell Pat II 89 •
A^tus... imperium magistratuum ad prxstinum rédaction modiim, tantum -
modo octo praetoribus adlecti duo. Cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht Irad
t. III, p. 229.
— 1U0
LEX
LEX
Lex Cohnkua de provinciis ordinandis (a. 673 = 81).
— Loi proposée par le dictateur Sylla, sur la répartition
des provinces. Les dispositions de cette loi ne sont pas
toutes connues d’une façon directe. On admet comme
vraisemblable qu elle contenait les règles suivantes : les
huit prêteurs resteront pendant l’année de leur charge à
Rome pour y exercer la jurisdictio 1 ; immédiatement
après, ils seront appelés pendant un an au gouverne-
• ment d'une province à titre de proconsuls2. De plus,
tout gouverneur conservera ses fonctions de plein droit et
sans prorogation 3 jusqu’à l’arrivée de son successeur *
ou du légat de celui-ci 8 : il conservera même l 'imperium
pendant les trente jours qui lui sont accordés pour
quitter la province6, et jusqu’à sa rentrée à Rome1,
ce qui lui permettra d’obtenir les honneurs du triomphe8.
Enfin les consuls ne pourront plus exercer le comman¬
dement militaire en Italie9.
La question de savoir si la loi Cornelia a étendu aux
provinces consulaires l'innovation introduite pour les
provinces prétoriennes est controversée 10.
Lex Cornelia repetundarum (a. 673 = 81). — Loi pro¬
posée par le dictateur Sylla contre les exactions des ma-
• gistrats provinciaux. L’existence de cette loi ressort d’un
passage de Cicéron11. On n’en connaît pas les détails.
Lex Cornelia de sicariis et veneficis (a. 673 = 81). —
Loi proposée par le dictateur Sylla pour assurer la
répression d’une série de faits criminels :
1° Le port d’armes, en vue d’attaquer les personnes ou
les propriétés. Le sicarius est celui qui cum telo est 12
ou ambulat 13, mais occidendi hotninis causa 11 ou fur U
faciendi causa15, ou bien encor e apiscendae, reciperan-
dae possessionis causa 1G. Le vol à main armée sur les
chemins publics17, le pillage d’un navire naufragé 18
tombent sous l’application de la loi.
2° Le meurtre19 ou la tentative de meurtre 20 .
l Cf. WiUems, Le Sénat, t. II, p. 571, n. 4; Mommsen, Rôm. Staatsrccht ,
Irad. t. III, p. 229. — 2 WiUems, Ibid. p. 571, n. 5; Mommsen, Ibid. trad.
I. III, p. 246. — 3 Cic. Phil. X, 11,26: Senatuique placere Q. Hortensium
pro consule cum quaestove prove quaestore et legatis suis provinciam Mace-
doniam obtinere, quoad ei ex senatusconsulto concession sit. — 4 Cf. Ascon.
ad Cic. In Pis. 30, 88 ; Plut. Luc. 35. Il est vraisemblable nue le gouverneur devait
attendre l'arrivée de son successeur. — 5 Dio Cass. XXXVI, 37 ; XXXIX, 39 et 00.
Cf. Codt, Quomodo provincial Romanae per decennium bello civili Caesariano
antecedens administratae sint. Kiel, 1876. — 8 Cic. Ad famil. 111, 6, 1 : Non
modo ibi non faisti ubi nie quant primum videre posses , sed eo discessisti quo ego
te ne pevsequi quideni qjossern triginta diebus qui ibi ad decedendnrn lege {ut
optnor) Cornelia constituti essent. — 7 Ibid. I, 9, 13 : Appius in sermonibus
antea dictitabat, postea dixit etiam in senatu palam : sese si licitum, esset
legem curiatam ferre , sortituruni esse cum collège, provinciam : si curiata lex
non esset se paraturum tibique successurum : legem curiatam consuli ( ferri )
opus esse necesse non esse .* se quoniam ex senatus consulte provinciam
liaberet lege Cornelia imperium habiturum quoad in Urbem introisset. 8 Cf.
Marquardt, Rôm. Staatsverwaltung, trad. t. IX, p. 540. — 9 Cf. Mommsen, Ilôm.
Staatsrecht, trad. t. III, p. 108. — 1° Mommsen, Die Rechtsfrage zwischen
Caesar und dem Sénat , p. 29, soutient l’affirmative. En sens contraire,
Willems, Le Sénat, t. Il, p. 578. — H Cic. P. Rabir. Post. 4, 8 et 9 : Sin
hoc totidem verbis translatum caput est quod fuit non modo in Cornelia sed
etiam ante in lege Servilia. — >2 Cic. P. Mil. 4, 11 : Lex... non hominem
occidi, sed esse cum telo hominis occidendi causa vetat. Saturnin. De
poeni 's pagan. Dig. XLVIII, 19, 16, 8. — 13 Ulp. 7 De ojf. procons. ( Collât .
I, 3, 2); Marcian. 14 Inst. Dig. XLVIII, 8, 1 pr. — 14 Cic. Loc. cit. — l8 Paul.
Sent. V, 23, 1. _ )G Marcian. eod. 3, 4. — 17 Le grassator est assimilé au
latro (Callistr. 6 De cognit. Dig. XLVIII, 19, 28, 15). — 18 Callistr. 2 Quaest.
D. XLVII, 9, 7 : De his autem, quos diripuisse probatum sit, praesidem
ut de latronibus gravem sententiam dicere. — 19 Ulp. Loc. cit. : Compescit
item eum qui hominem occidit, nec adjecit cujus condicionis hominem, ut et
ad servutn et peregrinum pertinere haec lex videatur. — 20 Cic. De invent.
II, 20; cf. Ulp. 57 ad Ed. Dig. XLVII, 10, 7, 1. — 21 Ulp. 7 de off. procons. Dig.
XLVII, 8, 4 pr. : Lege Cornelia de sicariis tenetur, qui cum in magistratu est
esset eorum quid fecerit contra hominis necem, quod legibus permissum non est.
_ 22 Cicéron (P. Cluent. 54) rapporte les termes de la loi : Qui tribunus militum
legionibus quatuor primis, quive quaestor , tribunus plebis (Ucinceps omnes
3° Tout acte non autorisé par les lois et COUUll-.
par un magistrat21, soit par celui qui préside * ^
judicium publicum 22, si cet acte a eu pour résuh ""
condamnation à mort d’un citoyen. Le nvod i . > '
•n • . P . , . (lui
accueille sciemment un faux témoignage 23, celui
laisse corrompre à prix d’argent24, tombent sous
([ui se
appli-
.)ugc de l'ordre
cation de la loi. Il en est de même du
sénatorial 2S.
4° Le faux témoignage lorsqu’il a pour résultat UJ I
condamnation capitale dans un judicium publicum «
5° L’empoisonnement ( venenurn malum). La loi juinit
non seulement celui qui a administré le poisou unis
encore celui qui l’a préparé, celui qui a vendu, acheté
ou détenu des substances vénéneuses. Quicumque [vem,
num) fecerit, vendiderit, emerit, habuerit , dederit 21 La
loi a rangé dans une même catégorie l’attentat contre la
vie d’une personne et les mesures de police prises pour
prévenir les imprudences que pourraient commettre les
détenteurs de substances vénéneuses28.
On a par la suite appliqué la loi Cornelia de veneficis
à une série d’attentats contre le corps humain, tels que
l’avortement volontaire 29 [abigere partum, t. Ier, p. 7],
les remèdes contre la stérilité 30, la castration cas- |
tratio, t. II, p. 959], la circoncision, sauf pour les Juifs31. ,
Quant à la magie32 [magia], il n’est pas certain qu'on fait
soumise à notre loi Cornelia33.
6° L’incendie34 [incendium, t. Y, p. 448 . Enfin uu
sénatus-consulte a étendu l’application de la loi Cornelia
de sicariis aux délits commis à l’occasion d’un naufrage311.
Le rapprochement des naufragi et des incentliarii esl
attesté par le titre d’un chapitre d’Ulpien dans son sep¬
tième livre de offteio proconsulis 3G.
La loi Cornelia a établi une quaestio perpétua pour
connaître des crimes qu’elle prévoit ; elle en a confie la
direction à un préteur ou à un judex quaestionU. C est
magislratus nominavit). Quive in senatu sententia dixit, dixerit. ■ U111
coiit, coierit, convenit, convenerit, quo quis judicio publico conilemniuetui...
— 23 Marcian. 14 Tnstit. Dig. XLVIII, 8, 1 pr. : Qui cum rti<ug:‘
publicove judicio praeesset, operam dedisset, quo quis falsurnjudicium pi /
ut quis innocens conveniretur, condemnaretur. — 24 Ibid. I, 1 ■ 'J"1 11111 j
judexve quaestionis ob capitalem causant pecuniam accepeiit. ut , ^ ^
reus fieret. — 23 La loi dit : Qui in senatu sententiam dixit. Elle ' >s' '"j
les jurés de l’ordre sénatorial, parce qu’au temps de Sylla ils étaûid u ^ if
sur l’album. La règle a été maintenue môme à l’époque où 1rs ciieia a
munus judicandi. Cic. P. Rab. Post. 7, 16; P. Cluent. 36, lji - testi'110'
Rôm. Strafrecht, p. 635, n. 1. — 26 Marcian. Loc. cit. ■ Qui /" jalllliantir.'
nium dolo malo dixerit quo quis publico judicio rei capdt /l0, niais
— 27 Cic. P. Cluent. 54, 148; Paul. Sent. V, 23, 1 • Qui ' • ■ xlVUL
necandi causa habuerit vendiderit paraverit; Marcian. 14 Inst. ^ ^
8, 1, I. — 28 Le droit moderne distingue le crime dempoi sur
par l’article 301 du Code pénal et les contraventions aux or. ^ ^ Ju
la vente, l'achat cl l'emploi des substances vénéneuses, piénus 1^ ^ |j;iO.
19 juillet 1845, l'ordonnance du 29 octobre 1846 et le décict ^
— 29 Paul, ad leg. Cornel. de venef. Sent. 23, Iv . -“Ç
amatorium poculum dant, etsi ul dolo non faciant, lumen . qu
res est, humiliores in metalluin, honestiores in ^ Sed **
bonorum relegantur. — 30 Marcian. 14 Inst. Dig. XL • all[„,o. sd
senatusconsulto relegari jussa est ea, quae non qu'u cm ' ( «ccefe,'“(
malo exemplo medicamentum ad conçeptionem dédit, cj. quo ^ ucuv pal’îru5
decesserit. — 31 Rescr. Divi Pii ap. Modcst. 6 Reg. eod. 1 1 ' ’’ jen
gréco-égyptiens des années 171 et 185 ( Aegyptische Uthun en ^ carinin(i
Berlin, Gr. U. 347 et 82). - 32 Quintil. Inst. Orat. VII, . ■ ^ c/ir,W»>
gorum, veneficium ? Cf. Éd. Cuq, De la nature des crimes wp ^ conSi®*
d’après Tacite, p. 19 et suiv. — 33 Mommsen, Rôm. Strf!m ‘f]nst_Di(j .XtVw
l’assimilation comme simplement vraisemblable. Mai cia Cltj,isce d°l°01
8, 1 pr. : Lege Cornelia de sicariis et veneficis tenetur qu ^ jnceniü,lT“s j
incendium factum erit ; Ulp. 7 De off. procons. Collât. ^ ^ ^ j
quideni Cornelia aqua et igni interdici jussit. — 3 ’ P‘ consd’° f
9, 3, 8 : Item alio senatusconsulto cavetur eos, quorum t" ^ 0pititle’ttur "4
fragi suppressi per vim fuissent, ne navi vel ibi perte 1 ^ ^ (Jollat. ^S' '* j
Corneliae, quae de sicariis lata est,poenis udficiendos.
Roman. XII, 5.
LEX
1141
LEX
..(■suite du chapitre premier de la loi : Capite
cc ’ql" ,e is Corneliae de sicariis cavetur ut is praetor
,/uaéstionis, cul sorte obvenerit quaestio de
/ " - ~ mille
fp !T( n . ...
.. fjuod in urbe Roma propiusve nulle
factum sit, uti quaerat cum judictbus, qui
s()rle obvenerint de capite ejus , «m lelo
primo
judexve
sicai
pass<»~ ,
• leqe, sorte obven
bularerit hominis necandi furtive faciendi causa ,
lominemve occident, cujusve id dolo malo factum erit 1
foUAESTIONES PERPETüAE].
La peine édictée par la loi Cornelia est qualifiée
R qa]e 2 Lien qu’elle consiste seulement dans l’inter¬
diction de l’eau et du feu 3 .
Quelques textes attribuent à notre loi Cornelia une
disposition sur le parricide. D’après Pomponius, Sylla
quaestiones publions constituit veluti de falsis, de par-
ricidio , de sicariis 4. Si cette assertion est exacte, la loi
Cornelia s’est bornée à maintenir le droit antérieur soit
quant à la peine 3, soit quant à la procédure 6. La
législation sur le parricide a d’ailleurs été bientôt après
modifiée par la loi Pompeia [parricidium].
Lex Cornelia sumptuaria (a. 673 = 81). — Loi pro¬
posée par le dictateur Sylla contre le luxe de la table 7.
Elle fixe la somme que l’on ne peut dépasser pour le
prix d’un repas. Aux calendes, aux ides, aux nones, pen-
dantles jeux et à certaines fêtes solennelles : 300 sesterces;
les autres jours: 30 sesterces8. Elle détermine le
prix maximum de certains mets recherchés9. Les lois
antérieures sur le luxe de la table sont implicite¬
ment abrogées 10. La sanction de la loi Cornelia n’est
pas connue: elle consistait vraisemblablement en une
amende11.
Certains auteurs attribuent à la loi Cornelia sumptua¬
ria la disposition d’une loi de Sylla qui restreignit le
luxe des funérailles [funus, t. IV, p. 1409] et des monu¬
ments funéraires. Sur le premier point, Plutarque atteste
l’existence de la loi proposée par Sylla 12. Sur le second,
Cicéron fait allusion à une loi dont il ne dit pas le nom
et qui limite la somme que l’on peut dépenser pour un
monument funéraire. En cas de contravention, on paie
Bm Trésor une amende dont le montant est égal à l’excé¬
dent de la dépense permise par la loi13. Cette loi est
certainement une loi somptuaire : on a proposé de
identilier avec la loi Julia sumptuaria présentée par
Jules César en 708 14 ; mais la lettre de Cicéron à Atticus
étant de 709, il ne serait guère vraisemblable que Cicéron
ignorât le taux fixé par une loi aussi récente15. Il est plus
~3Vm\0y^°!lnt' 4 P 1)'~2Cic- p ■ Cluent ■ 54> 148 : Deve ejxu capite
Theod. IX 19 4 _ ~ P0m>)0n- Enchirid- Dig- 1, 2, 2, 32 ; cf. Valens. Cad.
Roscio % • g, ' uo ' ' lac™sation portée contre Ses. Roscius en 674: Cic. P. S ex.
-7 Cf. surir,’ ~ ClC' ad Herenn- H, 19, 53; P. Sex. Roscio, 23, 64.
His . Traj. ad Rhen“ ml' PlXei- ^Ual' De le9^ romanis sumptua-
A-Eoxman Del • h ’ alnei> De legibus romanis sumptuariis, Leipzig, 1751;
De romanis lenilZ ™”W'î.iS sumP‘‘iarüs, Lugdv. Balav. 1816; J. F. Houwing,
Cornelia sumtuaria U'"plUa'lls' LuSdv- Oalav. 1883; Morilz Voigt, Ueber die lex
«'«*» Gesellschnft ,mLBertchte über die Verhandlungen der kônigl. Süch-
p. s«. - IZ: fGï n iss:nschaften m Le *** <phii- hist- «•>. «»». t. m,
*i(" Uquesenio obliter r ’ “î ** ’ Postea L- Sulla dictator, cum, legibus istis
Uaui pccimiamaite su ‘ ^ L'.‘^Ue in Patrimoniis amplis belluarentur, et fami-
î«a cautum est ! 1" ""l‘oru,n purgitibus proluissent, legem ad populum
îpiwsda n solemnibus s / l" "id's, ùlibus, nonis diebusque ludorum et feriis
Ctteris autcm diebu - Lll‘f trecenos in cenam insumerejas potestasque esse,
~ 9 Macrol). '<s non amPUus tricenos ; Plut. Sylla, 35, A.
,ul,t £. Cornélius Salin r ',‘S set'utur lex Cornelia, et ipsa sumtuaria quant
l^ibus rebus, D'd boni ' “ "l01’ *n 1ua--- minora pretia rebus imposita ; et
Um! Quos illic ni sce ex1uisitis et paene incognitis generibus delicia-
(l'"dituit ; cf. Cic. ad /,• °Hu^as nominat, et tamen pretia illis minora
■W maSn’fiCentia nrohih't ' ’ ”lj’ 10 Macrob. Ibid. In qua non convivio-
X 1 h,bXta est voulue modes factus. - il Cf. Voigt, Op. ci,.
probable qu'il s’agit de la loi Cornelia volée vingt-cinq
ans auparavant ,G.
C’est aussi sans doute à notre loi Cornelia sumptuaria
qu’il faut rattacher la loi proposée par Sylla pour répri¬
mer l’adultère et le stuprum. ‘O SdXXaç... x où; nefi yctp-wv
xat (Touppocu vqç £!i7Y|y£?xo vojj.ouç Toi; TtoXixouç, auxôç âpÆv xxi
[jiot^£ua)v, tôç ©yjiTt SaXouaxtoç 17. L association dans un même
projet de loi de dispositions contre le luxe et contre les
mœurs dépravées des citoyens s’explique aisément18; elle
prouve que l’adultère n’était pas encore traité comme un
délit criminel 19, mais donnait lieu seulement à une
amende, comme les infractions aux lois somptuaires.
Lex Cornelia de XX quaestoribus , de scribis , de via-
toribus et de praeconibus (a. 673 = 81). — Loi proposée
aux comices par tribus20 par le dictateur Sylla et portant
à vingt le nombre des questeurs, supplendo senatui , dit
Tacite21. La huitième table de cette loi, découverte à
Rome au xvie siècle, est aujourd’hui conservée au musée
de Naples22 ; elle est relative aux appariteurs des ques¬
teurs. Ces appariteurs, dont le nombre est augmenté en
même temps que celui des questeurs, sont nommés à
Rome, non pas par les magistrats qui les ont à leur ser¬
vice, mais par leurs prédécesseurs des trois années anté¬
rieures. Chaque décurie comprend désormais douze
appariteurs au lieu de neuf 23.
Lex Cornelia de reditu Cn. Pompeii (a. 674 = 80). —
Loi proposée par Sylla pendant sou second consulat
pour obtenir le retour de Pompée. Le projet fut arrêté
par l’opposition du tribun de la plèbe C. Herennius.
Àulu-Gelle fait remarquer à cette occasion que le mot loi
était employé anciennement (in veteribus scriptis) dans
un sens plus large que celui que lui donnait le juriscon¬
sulte Ateius Capito : il désignait non seulement les déci¬
sions générales votées par le peuple ou par la plèbe,
mais aussi les privilèges concédés à des particuliers. Il
cite à l’appui cette phrase empruntée à l’histoire de
Salluste : Nam Sullam consulem , de reditu ejus legem
ferentem, ex composito tribunus plebis C. Herennius
prohibuerat 24 .
Lex Cornelia (a. 682 = 72). — Loi proposée par le
consul Cn. Cornélius Lentulus Clodianus pour exiger le
paiement des sommes dont Sylla avait fait remise aux
bonorum emptores 23.
Lex Cornelia de ambitu (a. 687=67). — Projet de loi
mentionné par Dion Cassius et dont l’auteur fut le tribun
de la plèbe Caius Cornélius26. Le sénat, redoutant la
p. 252, il. 27. — 12 Plut. Syll. 35, 3 : Tbv Tîfç Taçîjç ôptÇovta tt.v Saitâvr,v vôjaov aÙToç
TCOo£i<TEvv]voyuio; napÉSïi jj.7]8evbç àv a7.w[xaxo; çEtfràjjiEvo:. — 13 (Jic. ad Att. XIII, 35, 2 :
Antequam a te proximi discessi, numquam mihi venit in mentem quo plus
insumptum in monumentum esset quant nescio quid, quod lege conceditur tantum-
dem populo dandum esse. Ibid. XII, 36, 1 : Sepulcri similitudinem effugere non
tam propter poenam legis studeo quant ut maxime assequar àitoOÉwmv. — H Cf.
Hübner, Historia legum romanarum ad sepulturas pertinentium, Leipzig, 1795,
p. 40. — 13 Cic. ad Att. XII, 36 : Si tibi res, si locus, si institutum plucel, lege
quaeso legem mihique eam mille. Si quid in mentem venit, quo modo eam e/fu-
gere possimus, utemur. — IG Cf. Morilz Voigt, Loc. cit. p. 261. — • 17 Plut,
Comp. Lys. et Syll. 3. — 18 Cf. Suet. Aug . 34 : Leges retractavit... ut sump-
tuariam et de adulteriis et pudicitia. — 19 Cf. Morilz Voigt, Op. cit. p. 279 ;
Mommsen, Rom. Straf redit, p. 691. — 20 Cf. Karlowa, Rom. Recltlsge-
schichte, t. I, p. 437. — 21 Tac. Ann. XI, 22 : Lege Syllae viginti creati sup¬
plendo senatui, cui judicia tradiderat. — 22 Corp. inscr. lut. I, 202 ; cf. Rilsclil,
Mon. epigr. tab. XXIX. — 23 Mommsen, Ad legem de scribis et viatoribus,
lie, 8143 ; Rôm. Staatsrecht, trad. t. I, p. 387. — 24Aul. Gell. X, 20, 10. — 23 Sal-
lust. ap. Aul. Gell. XVIII, 4, 4: Cn. Lentulus, patriciae gentis, collega ejus, cui
cognomentum Clodiano fuit... legem de pecunia quant Sulla emptoribus bonorum
remiserat, exigenda promulgavit. — 2G Dio Cass. XXXVI, 38: Amov Xè oti l'iio?
TiçKopv^Xioç SYinaoyùiv 7tixpôx«T« ItcitI p.tcc xâ;at xat'aûxùiv ETtEyEtçïjaE *at a ùxà xcd o Jjuî.c:
■JlpeÏTo.
144
LEX
— 1 1 42 —
LEX
sévérité des peines édictées dans ce projet, en til déposer
nn autre qui fut voté : ce fut la loi Calpurnia de ambitu
[ambitus, t. Ier, p. 224],
Lex Cornelia (a. 687 = 67). — Plébiscite proposé par
le tribun C. Cornélius, après 1 échec de son projet de
ambitu , pour retirer au sénat le droit qu’il s’était arrogé
de dispenser des lois aux lieu et place des comices1. Il
fut simplement décidé, à litre de transaction, que le
sénat ne pourrait valablement délibérer sur ces questions
sans la présence de 200 membres, et que les comices
devraient confirmer sa résolution2 Sans qu'une inter¬
cession fût possible: ne quis in senatu legibus solvere-
tur nîsi CC affaissent ; neve quis cum solutus esset
intercederet cum de eadem re ad populum ferretur
[INTERCESSIO] 3.
Lf.x Cornelia de jurisdictione (a. 687= 67). — Plé¬
biscite proposé par le tribun Cornélius pour obliger les
préteurs à dire le droit conformément à leur édit perpé¬
tuel : Aliam deinde legem Cornélius, etsi nemo repu-
gnare ausus est, multis tamen invitis, tulit ut praetores
ex edictis suis perpetuis jus dicerent*.
Lex Cornelia (a. 687 =67). — Projet de plébiscite pré¬
senté par le tribun Cornélius ne quis legatis exterarum
nationum pecuniam expensam ferret. Ce projet fut
écarté par le sénat3.
Lex Cornelia de novis tabulis (a. 707= 47). — Projet
de plébiscite proposé par le tribun P. Cornélius Dolabella
et accordant remise des dettes G et des loyers 7. Ce pro¬
jet ne put aboutir.
Lex Cornelia de confirmandis eorurn testamentis qui
in hostium potestate decessisseht (a....?). — Loi de date
inconnue mentionnée par le jurisconsulte Javolenus. Elle
confirme les institutions d’héritier et les nominations de
tuteur contenues dans le testament fait par un captif
avant de tomber au pouvoir de l’ennemi8. C’est ce qu’on
a appelé plus tard fictio legis Corneliae °. Le captif est
présumé mort au moment où il a été fait prisonnier. Les
conséquences de cette fiction ont été par la suite déve¬
loppées par la jurisprudence 10. On l’a appliquée notam¬
ment aux successions ab intestat et aux tutelles légi¬
times 11 .
Certains auteurs considèrent cette loi comme un
chapitre de la loi Cornelia de falsisi2. C’est une conjec¬
ture.
Lex Cornelia (a. 710 = 44). — Loi proposée à l'instiga¬
tion d’Antoine par le consul P. Cornélius Lentulus
Dolabella pour demander, à la place de Cassius, la province
de Syrie et la conduite de la guerre contre les Parthes 13.
Lex Cornelia Caecilia (a. 697 = 47). __ | •
par les consuls P. Cornélius Lentulus Spinther >i
cilius Melellus Nepos et conférant à Pompée s' ^
territoire romain et pour cinq ans, le soin de rà(.|!'i l°ut l|!
répartition des céréales u. C’est à celte occasio^ ttdela
l’a établi Borghesi 13, que fut frappé un denier ül 7^
i ,i _ u i„ ,, laop,
Cornelia portant au droit la tête d'
un jeune ho:
rame
couverte d’une
peau de lion,
les lettres
SC et le
monogramme
FAUST , au
revers un
globe, quatre
couronnes de
laurier et un épi de blé10
Lex Cornelia Caecilia (a. 697 =47). — Loi proposée
aux comices centuriates par les mêmes consuls pour
demander le rappel de Cicéron exilé17. Un projet sem¬
blable avait été présenté sans succès le 22 janvier précé¬
dent par le tribun Fabricius18.
Lex Crepeiieia (a....?). — Loi de date inconnue fixant
à 125 sesterces le montant de la sponsio dans l’action de
la loi par serment intentée devant le tribunal descen-
tumvirs 19 [per sacramentum actio].
Lex Decia (a. 443 = 311). — Plébiscite proposé par le
tribun M. Decius et conférant au peuple la nomination
des chefs de la Hotte consulaire: duoviri navales™.
Lex Decia (?) (a. 459 =295). — Loi proposée aux
comices par tribus par le consul P. Decius Mus pour que
le commandement de l’Étrurie fut attribué par le sort à
l’un des consuls et non à Fabius individuellement, comme
le voulait le sénat21. Tite Live reconnaît que ce fait n’est
pas admis par tous les annalistes : suivant plusieurs
d’entre eux, les deux consuls seraient partis pour l’Étru-
rie ; il n’y aurait eu ni tirage au sort ni discussion entre
les collègues 22. L’existence de la loi n’est donc rien
moins que certaine23.
Lex Didia sumptuaria (a. 611 = 143). — Plébiscité
proposé par le tribun C. Didius Quirinus pour étendre a
l’Italie tout entière les dispositions de la loi Fannia, d
pour appliquer aux convives les peines prévues par h
loi **.
Lex Dümitia de sacerdotiis (a. 651 = 193). — blol'is
cite proposé par le tribun Cn. Domitius Àhenobarbuse I
décidant que les prêtres seraient élus par les comité118
dix-sept tribus sur une liste de candidats présenta a
1 Ascon. In Cornel. p. 57 : Cornélius... promulgavit... legem... ne qui nisi per
populum legibus solueretur : quod antiquo quoque jure ercit cautum; itaque in om¬
nibus sénat uscousultis, quibus aliquem legibus solvi placebat, adjici erat soli-
tum , ut de ea re ad populum ferretur ; sed paulatim fei'ri erat desitum resque
jam in eam consuetudinem venerat, ut postremo ne adjiceretur quidem in
senatusconsultis de rogatione ad jwpulum ferenda. — 2 Dio Cass. XXXVI,
39 : Sè Tzçotjiyçoi'lt tÇ vojaw t/jv te £ouXr,v icavT(i>5 Tzi'f. ajTwv Tp oSouAeueiv
xai tbv StJjjlov litàvaYxtç ettixuçoOv tî> TçoSoùXEjpia. — 3 AsCOll. P. CoTliel. p. 51.
— 4 Ibid. p. 52. — 5 Ibid. p. 50. — 6 Tit. Liv. Epit. 113 : Cum sedition.es
Homae a P. Dolabella tribuno plebis legem fer ente de noms tabulis exercitae
sunt. — 7 Dio Cass. XL1I, 32 : Kal toùç vôjxou;... xbv iceçi tujv Ivouawv, ev ç. yjty^ Tivt
’/j|x£ç>a ôqaciv uiïEff/tTo... u>; ouv tqutô te TîooEitEYYÉXXETo, xai ô oy\o$... etoijxoç “Rave c
tw lyay-ci<i)6 Y} (rofAÉv u (T9iai Ezi/^Etçrjirai lylvExo, EvraoOa o ’Avxumoç trroaTuÔTaç aj-ia
t7, T.aVko'j^ in tou KaîctTwAiou xatayaviov, Tâç te iravtSaç xwv vojjlwv xaTexoJ/e\
— 8 Javol. 4 Epist. Dig. XXVIII, 3, 15. — 9 Papin. 29 et 31 Quaest. Dig. XLIX,
15, 10, 1 et 11, 1 ; Tryphon. 4 Disput. eod. 12, 1. — 10 Cf. Éd. Cuq, Institutions
juridiques des Romains, t. I, p. 573, n. 2. — il Jul. 62 Dig. Dig. XLIX, 15, 22 pr.
— 12 Rudorff, Rom. Rechtsgeschichte , t. I, p. 92 ; Moritz Voigt y Rom. Rechtsgcs-
chichte , t. I. p. 271. — 13 Appian. De bel. ciu. III, 7 et 8; cf. Willems, Le Sénat ,
t. Il, p. 745. — 14 Cic. Ad Att. IV, 1,7: Legem consules conscripSl’'jjf0
Pompeio per quinquennium omnis potestas rei f rumentariae toto «' "
daretur ; cf. Mommsen, Jtôm. Staatsr. trad. t. IV, p. 300. — y,,
t. I, p. 449. — 16 Colien, Méd. cons. pi. XV, Cornelia, -1 -- ■ 1,01 ■" ') ^(Bi
— n Cic. In Pis. 15, 36 : De me cum omnes magistrat us promulgua1-'1 • ^
cornitiis centuriatis , tulit P. Lentulus consul de collègue Q- 7 iiuliois,
— 18 Cic. P. Sext. 35, 75. — 19 Gai. IV, 95 ; cf. sur le nom de colle i(
Institutes de Gains, n. 381. — 20 Tit. Liv. IX, 30: Duo imp
coeptaper populum... alterum, ut duumviros navales classis omunc ^iaius plebfa
que causa... populus juberet : lator liujus plebisciti fuit M. Dtcivs ^ tpad*
Cf. Willems, Le Sénat, t. II, p. 530; Mommsen, Rôm. Staatsr. f j O ^ fl.
t. IV, p. 284. — 21 Tit. Liv. X, 24. — 22 Ibid. X, 26‘ lef *
Icms, Le Sénat, t. II, p. 531. — 24 Macrob. Sat. U, 13 : j* s est*
post annos decem et octo lex Didia consecuta est: ejus fumt ^ ^ J|Jjn(Usri*
fuit : prima et potissima, ut unieersa Italia , non sola n /,s J
teneretur... Deinde, ut non soli, qui prandia coenasve majoi t- poeié1
sed etiam, qui ad cas vocitati essent atque omnino int*-1 ^ P01^
legis tenerentur. Cf. Wolfhard, De leyibus veteribus Romançai
Fanniam, 1747.
pe par le collège intéressé. Le collège était
' aqUj 'Procéder à la cooptation du candidat élu1.
tellU d'\ '""line 2 la loi serait de 650 ; d’après Velleius,
D’après Ascomus ,
elle est ' 1 — .449) . — Plébiscite proposé par le
LEX 'v/' ouilius pour le rétablissement du consulat
flblin,,w \nratione 3 [ provocatio] .
C7Fv DuiriA de provocatione (a. 305 = 449). - Plébis-
r0 p0Sé par le même tribun et portant que quiconque
a 'sseraiL le peuple sans tribuns, ou créerait une magis¬
trature «me provocatione, serait puni par les verges et
la hache \ . ,,
Lex Duilia Menenia de unciario fenore (a. 397 — 3o7).
__ plébiscite proposé par les tribuns M. Duilius et
l Menenius et fixant le taux de l’intérêt de l’argent à
F unciarium. fenus s. La portée de cette loi a donné lieu à
des difficultés: Tacite dit en effet que la loi des Douze
Tables avait déjà défendu de prêter à un taux supérieur
àl 'unciarium fenus 6. Comment expliquer une nouvelle
loi rendue moins d’un siècle après et contenant une
disposition identique? On a conjecturé qu’on avait auto¬
risé une élévation du taux légal après l’incendie de Rome
en 365. Peut-être aussi la disposition des Douze Tables
était-elle tombée en désuétude 1 [foenus, t. IV, p. 1225].
Lex Düronia sumptuaria (a. 656 = 98?). — Plébis¬
cite proposé par le tribun M. Duronius et abrogeant la
loi Licinia8.
Lex Fabia de plagiariis (a....?). — Loi de date incon¬
nue, mais du temps de la République ; elle est mention¬
née par Cicéron 9. Elle prévoit le délit de plagium, le
cas où l’on a privé un maître de la possession de son
esclave, soit en séquestrant cet esclave, soit en lui per¬
suadant de s’enfuir de chez son maître. La loi s’applique
également à la séquestration d’un fils de famille placé
sous la puissance d’autrui, et même d’un chef de famille.
La loi Fabia parait avoir eu trois chapitres. Voici,
d après un fragment du livre IX de offteio proconsulis
d Ulpien, la substance des deux premiers 10.
1° Lege... Fabia tenetur qui civem Romanum eum[ve\ ,
pii in ltalia liberatus sit , celaverit vinxerit vinctum-
vehabuerit, vendiderit , emerit, quive in ecim rem socius
fiiaii . oui capite primo ejusdem legis poena injungi-
tui . Si servus quis sciente domino fecerit , dominus ejus
seVy/q.s quinquaginta milibus eodem capite punitur.
- Ejusdem legis capite secundo tenetur qui alieno
SCr 1 °1H 1 suaserit ut dominum fugiat quive alienurn sér¬
um iniito domino celaverit vendiderit emerit dolo
L^/1’ 'V1*1 0 *n ea re socius fuerit : jubeturque populo
t ^ m duinquaginta milia dure. Et reliqua
anb-p11 i-S"n d.Vre I01 a ^ Edictum , Ulpien signale une
'^position de la loi Fabia qui appartenait vrai-
I 1 Vell. pa|. ix j 3 , . „
sfterdo tes ouos’n t ” U° anno en. Domitius tribunus plebis legem tulit ,
18 : Hoc idem de / COlIf^ae sufficiebant, populus erearet. Cic. De leg.agr.il
mù‘°rparspo puli ^ & sacer^°^s Cn. Domitius tribunus plebis... tulit...
Siieli. j Yero. 2 • rf M ,ab ea parte qui esset factus, is a collegio cooptareti
C°rnd. p. 81.’— 3 !j,n!mjien’ Jlômf St<tatsr. t. II, p. 29, trad. t. III, p. 32.— 2
Vlebem rogavit plcbs 4 Lbid. : A/. Duilius... tribunus plel
noj)istratum sine , ^ _sc'l't ■ lui. plebem sine tribunis reliquisset, quiq
Liv' Vll> 16, |. ™°oatione créasse t, tergo ac capite puniretur. - 5 T
Cuil> institutions VI’ 16 ; Cato’ De re rust. praef. — 7 Cf. 1
^chtsSeschichte \ "]"?Wes des Romains, t. I, p. 379 ; Moritz Voigt, Rô
illeter, Geschichte de' ^ ’ ^arlowai Dôm. Rechtsgeschichte, t. Il, p. 55
If’^isconvivorum >nS/'Usses< P- »«• - 8 Val. Max. II, 9, 5 : Legem
°ht Berichtc a ber die * al°m tribunus plebis abrogaverat. Cf. Mor
'-"■Leipzig, i890 p 25j ffundl. d. kônigl. Sachs. Gesellschaft der Wisscnst
Cic. P. Tiabir . 3, 8 ; j)e servis alienis coni
semblablement à un troisième chapitre. Parlant d un
sénatus-consulte qui permettait de faire des perquisi¬
tions pour retrouver l’esclave fugitif, et de s’adresser au
magistrat pour obtenir le concours de la force publique,
Ulpien ajoute : Cui rei etiam lex Fabia prospexerat ,2.
On a fait remarquer que Plaute, dans une de ses comé¬
dies13, fait allusion à une procédure qui semble se rap¬
porter à cette disposition de la loi Fabia :
Certum'st praeconum jubere jam quantum’st conducier,
Qui illam investirent, qui inveniant ; post ad praetorem inlico
Ibo, orabo ut conquisitores det mita in vicis omnibus.
Si ce rapprochement est exact, la loi Fabia serait ante¬
rieure à l’année 570.
Lex Fabia de numéro seciatorum (a....?). — Loi men¬
tionnée par Cicéron et limitant le nombre des personnes
dont les candidats pouvaient se faire accompagner à leur
entrée à Rome14. Mommsen la classe parmi les lois de
ambitu )S.
Lex (?) Fabia Ogulnia (a. 485 = 269). — D’après
Fr. Lenormant [as, t. Ier, p. 463], la fabrication de la
monnaie d’argent aurait été introduite à Rome par une
loi Fabia Ogulnia. Le texte qu’il cite à l’appui [denarius,
t. III, p. 94] dit seulement que cette fabrication fut com¬
mencée sous le consulat de C. Fabius et de Q. Ogulnius 16.
L’innovation doit être attribuée au sénat et non au
peuple : c’est le sénat qui, la même année, décida la
création de l’as sextantarius ll.
Lex Fabricia (a. 697 =57). -- Projet du tribun Q. Fa-
bricius pour obtenir le rappel de Cicéron 18 .
Lex Falcidia de legatis (a. 714=40). — Loi proposée par
le tribun P. Falcidius, en l’année 714 19, pour réglementer
la liberté de léguer. Elle contient deux chapitres, dont le
texte a été conservé.
Ee premier reconnaît aux citoyens romains, qui feront
leur testament, le droit et le pouvoir de donner, déléguer
leurs biens dans la mesure fixée par le chapitre suivant :
Qui cives Romani sunt, qui eorum post liane legem ro-
gatam testamentum facere volet, ut eam pecuniam cas¬
que res quibusque dare /égaré volet jus potestasque esta
ut hac lege sequenti licebit.
Le chapitre second décide que les légataires pourront
recueillir, sans courir aucun risque, les libéralités qui
leur sont faites, pourvu que les héritiers obtiennent, en
vertu du testament, un quart au moins des biens du
défunt : Quicumque civis romanus post hanc legem
rogatam testamentum faciet, is quantum cuique civi
romano pecuniam jure publico dure legare volet, jus
potestasque esto, dum ita detur legatum ne minus quant
partent quartam hereditatis eo testamento heredes ca¬
ptant. Eis quibus quid ita datum legatumvc erit, eam
legem Fabiam retentis. D'après Moritz Voigt, Ueber die lex Fabia de plagiariis
(1885), cette loi aurait pour auteur le consul rie l'an 545. D'après Wlassak,
Roem. Processgesetze, t. U, 1891, p. 167, la loi serait du vr ou du vu" siècle;
Mommsen, Rôm. Strafrecht, p. 780, n. 4, peuse qu’elle fut rendue après la
guerre sociale. — 10 Collât, leg. Mosai'c. et Rom. XIV, 3, 4. — n Ibid. 5. — t2(Jlp.
Dig.X I, 4,1, 2. — 13 Plaut. JMerc. v. C57-G59. — H Cic. P. Mur. 34, 72. — 1 S Rôm.
Strafrecht, p. 871. — 16 Plin. Hist. nat. XXX11I, 3, 44 : Argentum signatum est
anno urbis CCCCLXX XV, Q. Ogulnio, C. Fabio coss. quinque annis ante pri-
murn bellum Pnnicnm. — 11 Fcst. 347 a, 15 : Decreverunt patres, ut ex assibus,
qui tum erant librarii, fièrent sextantarii ; Plin. Loc. cit. ; et. Hultsch, Métro¬
logie, 2' éd. § 35, 1 ; Samwer, Geschichte des ùlteren rôm. Münzwesens, p. 66.
I _ 18 Cic. P. Mil., 14. — 19 Dio Cass. X L V III, 33 : K ai 5 vô;xoç t
wvopa<r;Uvo;, 'icksldTYiv xctt vGfv eti 1; T'i; twv x).Vi9wv SiaSo;rà;, oiexe ttvà vî> té-gcotov
TÎj; xaTakeioôeltTïiç oî oOcnaç, &v XaSôvta to Xoutôv àosTvat ejrov uno flou^ktou
«PodixiSlou SYipaç/.ojvo; ÈT’Sî. Cf. Euscb. Chron. éd. Schône, t. II, p. 29.
LEX
LEX
144 —
pecuniam sine fraude sua capere liceto isque heres qui
eam pecuniam dure jussus damnatus erit , eam pecu¬
niam debeto dore , quam damnatus est 1 2 * 4. ; Voir l’article
lecatüm de G. Humbert, t. V, p. 1038 et 1045].
Lex Fannia sumptuaria (a. 593 = 161). - Loi somp¬
tuaire proposée par le consul C. Fannius Strabo0-. Elle
contient trois dispositions : 1° par dérogation à la loi
Orehia de 1 an 572, elle fixe le nombre maximum des
convives a trois en temps ordinaire, à cinq aux nun-
i mes , - elle fixe le maximum de la dépense permise
pour un repas à cent as d’une livre pour certains jours
de tete, a trente as pour dix autres jours par mois, à dix
as pour tous les autres jours*; 3° elle défend l’usage de
certains mets 5.
Cette loi fut votée, suivant Sammonicus Serenus, parce
que le luxe des festins nuisait à la République plus qu’on
ne pourrait se l’imaginer, car la chose était venue à un
tel point que plusieurs jeunes gens de naissance ingénue
trafiquaient de leur liberté et de leur vertu pour satisfaire
leur gourmandise, et que beaucoup de citoyens romains
venaient au comitium gorgés de vin et décidaient, ivres,
du sort de la République 6 *.
Lex Flamima àgraria (a. 522 = 224, ou 526= 228). _
Plébiscite proposé par le tribun C. Flaminius, portant
assignation de terres publiques dans le Picenum et le
Gallicum Polybe signale les effets déplorables de cette
loi, qui fut cause de la guerre contre les Gaulois Roii8.
D’après Cicéron, cette loi date du second consulat de
Q. Fabius Maximus, c’est-à-dire de l’an 526 9. Polybe, au
contraire, dit que la division de Yager Gallicus et Pice-
nus eut lieu sous le consulat de M. Lepidus, c’est-à-dire
en 522 10.
Lex [/7o]minia minus solvendi (a. 537 = 217?). _ Loi
pioposée par le consul Flaminius et portant réduction de
la valeur du denier11 [denarius, t. III, p. 96].
Lex Flavia de Tuscufanis (a. 431 = 323). — Projet de
plébiscite proposé par le tribun M. Flavius, pour sévir
contre les habitants de Tusculum qui avaient aidé les
Veliternes et les Privernates à faire la guerre aux Ro¬
mains12. Le projet fut repoussé 13.
Lex Flavia agraria (a, 694 = 60). — Projet de plé¬
biscite présenté par le tribun L. Flavius, dans l’intérêt
des vétérans de Pompée 14 * * [agrariae leges, t. I, p. 224].
Lex Fufia de religione (a. 693 = 61).— Plébiscite pro¬
posé par le tribun Q. Fufius Calenus, pantin
projet de loi des consuls M. Pupius Piso I
. . t !,nent Uu
Messalla, au sujet de l’inceste commis par r^er‘Us
différence entre les deux projets consistait ' U
position du jury, ce qui,. dit Cicéron, était m. ,COni'
Le projet du tribun fut seul adopté. ’ ' ^Sentlel“.
Lex Fufia judiciaria (a. 695 = 59) . >
par le préteur Q. Fufius Calenus et décidant auVr^6
sections déjugés (sénateurs, chevaliers, tribun i ^ ^
voteraient séparément, ut appareret guis ontoZ?
absolvisset , guis damnasset 17. LU,n
LEXFuFIA18 *CANINIA(a....?). - Loi du tpmncA’*
quia limité le nombre d'esclaves que l'on peut .iïnn'l”'
par testament. II n'est permis d'affranchir
( e ceux que 1 on possédé et au maximum cent 20. Lamêmn
loi prescrit au testateur d’affranchir nominativement se
esclaves21.
Lex Fulvia de civil ate danda (a. 629 = 126) — [ 0j ,ir
posée par le consul M. Fulvius Flaccus et portant conces-
srnn du droit de cité à tous les Italiens 22.
Lex Fulvia de provocatione (a. 629= 126). — Loi pro¬
posée par le même consul et autorisant l’appel au peuple"
pour ceux qui voulaient changer de cité. Valère Maxime
qualifie cette loi et la précédente perniciosissimae m-
publicae leges23,
Lex (?) Furia de aedilibus curulibus (a. 387 = 367).-
Suivant Tite Live, un sénatus-consulte invita le dictateur
M. furius Camillus à demander au peuple la création de
deux édiles choisis parmi les patriciens24. Bien que Tite
Lixe ne dise pas que la loi ait été votée, il ne parait pas
douteux qu’elle l’ait été25.
Leges Furiae de praefectis (a. 436 = 318). — Lois
proposées par le préteur L. Furius pour instituer à
Capoue des praefecti jure dicundo 26.
Lex Furia de sponsu (a....?). — Loi de date inconnue,
mais vraisemblablement du vie siècle de Rome27. Elle
restreint les droits des créanciers contre les cautions,
mais n’est applicable qu’en Italie : elle libère les cautions
au bout de deux ans ; elle force le créancier à diviser sa
poursuite contre les cautions d’un même débiteur-’
[intercessio, t. Y, p. 552].
Lex Furia testcimentaria 29 (a _ ?). — Plébiscite pro- i
posé par le tribun C. Furius en vue de prévenir la déser-1
lion de l’héritier : la valeur maximum de chaque legs est!
1 Paul, ad leg. Falcid. Dig. XXXV, 2, I pr. ; cl. sur quelques lacunes du
texte, Gradenwilz, Zeitschr. der Savigny-Stiftung, 1893, XIV, R. A, 110. _
2 Macrob. Sat. II, 13 : Post annum vicesimum secundum legis Orchiae Fannia
lex lata est, anno post Honiam conditam, secundum Gcllii opinionem , quin-
gentesimo nonagesimo secundo... Neque eam praetores, aut tribuni , ut ple-
rasque alias, sed ex omni bonorum consilio et sententia ipsi consules pertulerunt,
cum respublica ex luxuria conviviorum majora quam credi potest , detrimenta
pateretur. — 3 Athen. Deipn. VI, 108 : ’E*aIut ; vip o; xÇ..7v plv a£fova5 w,
otxtaç pi ûroïi/SffOoti, xaxà àyopàv SI xCv r.i-rez •xoùxi Si xpiç xoï Iqhno.
4 Aul. Gell. II, 24, 3 : Lex Fannia lata est quae ludis romanis, item ludis
plebeis et saturnalibus et aliis quibusdam diebus in singulos dies centenos écris
insumi concessit decemque aliis diebus in singulis mensibus tricenos, ceteris
autem diebus omnibus denos. — 5 Plin. Hist. nat. X, 50, 139: Exception invenio
jam lege C. banni... ne quid volucre poneretur praeter unam gallinam, quae non
esset ait. 'dis, quod deinde caput translatum per omnes leges ambulavit. Atben.
Deipn. VI, 108: Kçiu? Si «muToî S£*a-£vx£ t àTavxa Sa-avàv t!; x’ov iviaux&v Imywçct
*«“ Th V.i/avEE xat iiqpaxa. — 0 Macrob. Loc. cit. — 7 Cic. De
senect. 4, 1 1 . tj. I abius Maximus... C. Flaminio tribuno plebis, quoad potuit res¬
tait, agi uni Picenum et Gallicum vintim contra senatus auctoritatem dividenti.
Polvb. II, -I, 8 . I «tou 'I'/.xee '.v : o j xaûxr.v xr,v Svi(xaywytav £ï<xr,yï]ffap£vou xat
r^ETElav, ï,v S>, xaï •Pu^alo,;, fit,, «tmlv, çnttov [*iv TEvéff6«. xîj; Lui xà jreTf oy
xou Svijiou Siaffxçoçîjç atxtav St xat xou p£xà xauxoc icEAipou ffUffxâvxoç auxoTç -repbç xoù;
xpoîipjjiiÉvoj;. Cf. Mommsen, Itôm. Staatsrecht, trad. I. VI, I, p. 118. 9 Cic.
Loc. cit. : Q. Flavius Maximus... consul iterum, Sp. Carvilio collega quies¬
cente... — lOPolyb. Il, 21, 7. - u Fest. v» Sestertii. L’existence de cette loi
est contestée par Willems, Le Sénat, t. II, p. 438, il. 3. Mais voir Mommsen,
Geschichte des rom. Mùnzwesens , p. 379, n. 39. — J2 Tit. Liv. VIII, 37. — 17 1 '
— U Cic. Ad Att. I, 19, 4; Dio Cass. XXXVII, 50. — l;i Vcll. Pal. IL 43 ; Scll°'l
Bob. p. 329 et 33G. — 16 Cic. Ad. Att. I, 10, 2 ; cf. Willems, Le Sénat,'- ’
p. 324. — 17 Schol. Bob. p. 235 ; Dio Cass. XXttVIIl, 8. — t» Les premiers
de Caius avaient lu Furia. La dernière recension du manuscrit de nain: !" ^ ^
qu'il faut lire Fufia. — 19 Suet. Aug. 40. Morilz Voigt conjecture que la lo1 01
742 (Roern. Rechtsgeschichte, t. II, p. 1 00, n. 8). — 20 Gai. I, 42-43 : D'P ^
Caninia certus modus constitutus est in servis testamento manunl‘tf' 'f rS(jUg
ei qui plures quam duos neque plures quam decem servos ludi'b'1' ^ 1
ad part em dimidiam ejus numeri manumittere permittitur ; ci veto |
quam X neque plures quam XXX servos habebit , usque ad tertiani p,n ^
numeri manumittere permittitur. At ei qui plures quam XXX neque pb'1 1 ^
Centura habebit , usque ad partent, quartam potestas manumittendi 11 ^
vissime ci qui plures quam C nec plures quam D habebit , non pi"" s jia^\tiis
tere permittitur quam quintam partem ; neque plures [quam D su 10
mentio in ea leqe habet ] ur : sed praescribit lex , ne cui plures manumi p0gm j
quam C. — 21 UIp. I, 25. — 22 Val. Max. IX, 5, 1 ; cf. Marqué ^ ^
StaatsverwaUung , trad. t. I, p. 80, n. 5. — 23 Ibid. — Tltl j1,); Liv. 1
— 2° Cf. Mommsen, Tioem. Staatsrecht, trad. t. I V, p. 172, n. -• ^ ^/p/o j
IX, 20 : Eodem anno primum praefecti Capuam crcari coeptt leqib"s ■ j
praetore datis, cum utrumque ipsi pro remedio aegris rebus > sc m ^ jjislitw j
petissent ; cf. Mommsen, Op. cit t, trad. t. IV, p. 318. — 27 ^ ‘ J." 09 fiai. ^ I
tions juridiques des Homains , t. 1, p. 703. — 23 Cai* ^
23; UIp. 1,2; Cic. P. Balbo, 8, 21 ; cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. I, P- ;,;'1
LEX
H 43
... ;lS Sont exceptés de cette limite les legs faits
et aux personnes placées sous leur
à certains ^ pUI.ja est, d’après Gaius, antérieure
paiSliin Voconia de 585. Elle doit être postérieure à la loi
à ^ 111 ! car epe étend la faveur accordée par cette
Cinc!a,11 Tinrenté naturelle : tandis que la loi Cincia
lnl il lil pal de germains, la loi Furia
a. 618 = 136). — Loi proposée par
Philus et Séx. ALilius Serranus et
exempte les cousins issus
I excepte le» enfants de ces cousins*. .
a j0i püria a pour sanction une peine pecumaire égalé
I uadruple de la somme excédant le maximum fixé par
K'ioi'i Elle donne lieu à une manus injectio pur a h
[manus injectio].
I Lcx FURIA ÂTILIA
\ les consuls P. Furius
■décidant qu’on livrerait aux habitants de Numance C. Hos
I tilius Mancinus qui avait traité avec eux sans l’autori-
I sation du sénat '.
Lux Gabinia tabellaria (a. 615 = 139). — C’est la pre¬
mière loi qui ait établi le vote secret {per tabellam). Elle
s’appliquait aux élections des magistrats G. Son auteur
est le tribun de la plèbe Q. Gabinius.
Lex Gabinia (?) (a. 615 = 139). — Plébiscite proposé par
le même tribun et édictant la peine capitale more ma-
[ ! forum contre ceux qui auront tenu à Rome des réunions
' clandestines7. Mommsen considère comme douteuse
l’existence de cette loi que l’on ne connaît que par des
[ témoignages suspects 8.
Lex Gabinia (a. 687 = 67). — Plébiscite proposé par le
tribun Aulus Gabinius et conférant pour trois ans à
Pompée le commandement de la guerre contre les pirates 9 .
Pompée, bien que simple particulier, fut investi d’un
imperium égal à celui des gouverneurs de provinces. Cet
imperium dut s’exercer sur toutes les côtes maritimes et
jusqu’à une distance de cinquante milles dans l’intérieur
des terres10.
I Lex Gabinia (a. 687 = 67). — Plébiscite proposé par le
! même tribun et accordant au consul Acilius le gouver¬
nement de la Bithynie et du Pont H.
Lex Gabinia (a. 687 = 67). — Projet de plébiscite pro¬
pose par le même tribun pour retirer le consulat à C. Cal-
Purnins Piso 12 ; un projet analogue fut présenté par Gabi-
“ms contre le tribun de la plèbe Trebellius 13.
I Lex Gabinia de senatu legatis dando (a. 687 = 67). —
• ,e ,1S| 111 proposé par le même tribun pour inviter le
j6na COnsacrer tout le mois de février à la réception
Y ambassadeurs u.
I Ev Gamnia de versura Romae provincialibus non
^ Gai. 20. — 2 f’f A'T/-v«'i u *
— - 3 Gai. J y . n °rUZ Voigt’ R°em- Rechtsgescliiclite, t. I, p. 502, n. GO.
C. Manciiiusi’ ut*' * ' 'X’ ~ 4 Gai- 1V- 23- ~ 6 Cic. De off. III, 30, 109 :
^eretu.r,roqatin U"‘U" ' Hls ’ Quibuscum sine senatus auctoritate foedus fecerat,
sflto ferebaiit ■ mm * S"as'f eam 1uam L. Furius et Sex. Attiliusex senatuscon-
mtuor lege’s *** ^ostibus deditus. — 0 Cic. De leg. III, 16, 35: Sunt
iata : , uar[ ' Iuaruni prima de magistratibus mandandis ; ea est
I Gabini^ promuluntuin'’' UJ"0t° et sordldo • — 7 Dore. I.atro, In Catil. 19 : Lege
I wa/orum canitali „ Y co,tlones uMas clandestinas in urbe con/lavisset more
A «>. ». t.
A- Gal>mius tribunes ni v 7 ^ °e leg‘ U* 17> 40- ~10 Vell. Pat. II, 31 :
* mn>bus provinciis m C®em tu^1 wt--- esset ( Pompeio ) imperium aequum
I t#ari ; cf. Mommsen U 7 oc°nsulibus usque ad quinquagesimum miliarium a
-“Sallust .Bist.f’ y T! STtaatsrecht’ fad- t. II, p. 263 et 319 ; t. IV, p. 370,
ZPontum c°nsuli datàrn ' egi0nes Valerianae > comperto lege Gabinia Bithyniam
Y. 5 "*'«» lls“l7SS0S T b*0' CaSS- XXXVI’ 7. - «• Plut. Pomp. 27 :
[)|0 q yyv,,. "aT£'“V A®aipE0î|v«i r«Siv!oU vo(lov e/ovtoç vj Stj
;HCi0- Ad rMntr;, ”• - 13 *-on. p. 64; Dio Cass. XXXVI, 43
SîV- co ?i ex K ’r ApmS interPrelat> "'■■■ se... quod (lege) Gabi-
" 1:1 Cic' Ad Au. ye 21 «To ^ K- M<lrtiaS leff<t“S senatum 1uot~
011 poterant nuorl i ’ „ ’ ■ ùataminii cum Romae versuram (acere
lex Gabinia vetabat. - te Cic. P. Balb. S, 19 : Ea
LEX
/
facienda (a. 687 = 67). — Plébiscite proposé par le même
tribun et refusant toute valeur juridique aux prêts conclus
à Rome avec les députés des cités provinciales15.
Lex Geuja Cornelia (a. 682 = 72). — Loi proposée par
les consuls L. Gellius Poplicola et Cri. Cornélius Lentulus
Clodianus, sur l’avis conforme du sénat, pour autoriser
Pompée à concéder le droit de cité à titre de récompense
militaire lr’.
Lex Genucia (a. 412 = 342). — Plébiscite proposé par
le tribun L. Genucius, et prohibant le prêt à intérêt
. [foenus] 17.
Lex Glitia (a....?). — Cette loi n’est connue que par
l’inscription d’un fragment du Digeste qui nous apprend
l’existence d’un commentaire de Gaius adlegemGlitiam1*.
Ce fragment est relatif à l’exhérédation injuste et par suite
au testament inofficieux : Non est consentiendum paren-
tibus , qui injuriam adversus liberos suos testarnento
inducunt. Quod plerumque faciunt maligne circa san-
guinem suum inferentes judicium novercalibus deli-
nimentis instigationibusve corrupti. La date de cette
loi Glitia n’est pas connue ; mais, comme le fragment
de Gaius a trait au testament inofficieux, elle ne saurait
être antérieure à l’époque où l’on a commencé à régle¬
menter la liberté de tester19, c’est-à-dire aux derniers
siècles de la République; peut-être même est-elle du
début de l’Empire.
Lex IIelvia (a. 710 = 44). — Plébiscite proposé par le
tribun C. Ilelvius Cinna et dépouillant de leur fonction
les tribuns de la plèbe Epidius Marullus et Caesetius
Flavus, qui faisaient de l’opposition à J. César 20.
Lex Herennia (a. 694 = 60). — Plébiscite proposé par
le tribun C. Ilerennius et portant que le peuple entier
sera convoqué au Champ de Mars pour statuer sur le cas
de Clodius 21 .
Lex IIirtia (a. 706 = 48 ou 708 = 46). — Plébiscite pro¬
posé par le tribun A. Hirtius, pour régler le sort des par¬
tisans de Pompée22. Mommsen 23 et Lange21 placent cette
loi en 708, Willems en 706, parce qu’en cette année
César reçut le pouvoir de disposer de la vie et des
dignités des partisans de Pompée 25. Ce serait la loi
IIirtia qui le lui aurait conféré25.
Lex IIoratia (a. 245 = 49). — Loi accordant à la vestale
Gaia Taracia, entre autres privilèges, le droit de figurer
comme témoin dans un acte solennel : Qua lege ei plurimi
honores fiunt, inter quos jus quoque testimonii dicendi
tribuitur testabilisque una omnium feminarum ut sit '
datur: id verbum est ipsius legis Horatiae 21 .
lege quant L. Gellius Cn. Cornélius ex senatus sententia tulerunt... vilemus satis
esse sanction, uti cives Romani tint ii quos Cn. Pompeius de eonsilii sen¬
tentia singillatim civitate donaverit ; cf. Mommsen, Rom. Staatsrecht,- trad.
t. VI, 1, p. 151. — n Tit. Liv. VII, 42 : Invenio apnd quosdam L. Genucium
tribunum plebis tulisse adpopulum ne fenerare lieeret ; cf. Éd. Cuq, Institutions
juridiques, t. I, p. 031. — 18 Dig. V, 2, 4 ; cf. sur la portée de celle loi les diverses
conjeclures émises par Moritz Voigl, Rôm. Rechtsgeschichte, 1. I, p. 362, n. 14 ;
Eisele, Zeitschrift der ■Savigny-Stiftung, R. A., 1894, p. 283 ; Girard, Manuel de
droit romain, p. 840, n. 2. — 19 Cf. Ed. Cuq, Institutions juridiques des Romains,
t. I, p. 538. — 20 Tit. Liv. Epit. 116 : Et quod Epidio Marullo et Caesetio Flavo
tribunis plebis invidiam ei tanqnam regnum affectanti moventibus, potestas abro-
gata est-, Dio Cass. XLIV, 10; cf. Willems, Le Sénat, t. II, p. 731 ; Mommsen
Rôm. Staatsrecht, trad. t. II, p. 304, n. 2. — 21 Cic. Ad Att. I 18 6 •
C. Ilerennius... ad plebem P. Clodium traducit, idemque fert ut universus
populus in campo Martio suffragium de re Clodii ferat. — 22 Cic. Philip. XIII
16, 32 : Neminem Pompeianum qui vivat tenere lege Hirtia dignitates! Quis-
quam jarn legis Hirtiae mentionem facit. La lex Hirtia est mentionnée dans une
inscription de Rome : Corp. inscr. lat. I, 627 cl 628. — 23 Ad Corp. inscr. lut
loc. cit. — 24 Rôm. Allerth. t. Il, p. 687. — 25 Dio Cass. XLII, 20. — 26 Willems,
Le Sénat, t. I, p. 592. — 27 Aul. Gell. VII, 7, 2; cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. 6
p. 255.
LEX
— 1146 —
LEX
Li:x Hortensia de plébiscité (intra 465 =289 et 468 =
286)- — Loi proposée par le dictateur Q. Hortensius et
accordant force de loi aux plébiscites 1 : Ut eo jure ,
quod plebs statuisset, omhes Quirites tenerentur.
Lex Hortensia de nundinis (a....?). — Loi déclarant
fastes les nundinae. Le but de la loi est indiqué par
Macrobe: uti rustici qui nundinandi causa inurbem
veniebant fîtes comportèrent, nefasto enitn die praetori
fari non licebat Cette loi doit être d’une époque
assez voisine de la précédente, si elle ne se confond pas
avec elle.
Lex Hostilia (a.... ?). — Loi permettant d’exercer
1 action de vol au nom des personnes absentes pour le
service de 1 État, ou retenues en captivité, ou des person¬
nes placées sous leur tutelle3. La loi Hostilia appartient
à la période où la procédure des actions de la loi était
en xigueur : elle a pour but d’écarter dans certains cas
la règle Nemo alieno nomine lege agere potest. Elle
est donc antérieure à la fin de la République*.
Lex Icilia (a. 262 = .492). — Plébiscite proposé par
Sp. Icilius au concile de la plèbe et punissant toute
personne qui, d’une manière quelconque, empêche
une réunion de la plèbe \ C'est une des leges sacratae , la
seconde depuis la constitution de la plèbe 6.
Lex Icilia de Aventino publicando 1 (a. 298= 456).
Denys d Halicarnasse présente cette loi comme une
loi centuriate proposée par les consuls en vertu d’un
senatus-consulte8. Mais on ne s’expliquerait pas qu’elle
portât le nom d un tribun 9. Ce fut donc un plébiscite ;
il fut voté malgré l'opposition du sénat10.
Lex Icilia de secessione (a. 305=449). — Plébiscite
proposé par le tribun L. Icilius pour qu’on ne repro¬
chât à personne la sécession motivée par la conduite des
décemvirs 1 1 .
Lex Icilia de triumplio consulum (a. 305 = 449). _
Plébiscite proposé par le tribun L. Icilius et accordant
le triomphe aux consuls 12.
Lex Icilia agraria (a. 342 = 412). — Projet de loi
agraire présenté par le tribun L. Icilius13 [aorariae
leges].
Lex Julia de civitate sociis et La Unis danda (a. 664
= 90). — Loi proposée par le consul J. César et
accordant le droit de cité aux alliés et aux Latins qui
voudraient l’accepter : Julia... lege civitas est sociis et
Latinis data, ut qui fundi populi facti non essent civi-
tatem non haberent ll.
Lex Julia (a. 692=62). — Projet de loi présenté par
J . César au début de sa préture 15 pour retirer à Q. Lutatius
1 Aul. Gell. XV, 27, 4 ; Plin. Hist. nat. XVI, 15, 37 : Q. Hortensius , dictator}
cum plebs secessisset in Janiculum , legem in Aesculeto talit , ut quod ea jussisset,
omîtes quirites teneret ; Gai. I, 3 ; Pompon. Encbirid. Dig. I, 2, 2, 8 : cf. Éd. Cuq.
Op. cit. t, J, p. 457. — 2 Macrob. Sat. I, 16. — 3 Instit. IV, 10 pr. : Lege Hos¬
tilia permissum est furti agere eorum nomine qui apud hostes essent aut reipu-
blicac causa abessent , quive in eorum cujus tutcla essent; cf. Éd. Cuq. Op. cit.
t. I, p. 575. — 4 Moritz Voigt (Rom. Recbtsgeschichte, I, 282, n. 14) la place en 545
ou 547. Les raisons données à l’appui ne sont pas décisives. — 3 Dion. Halic.
\ II, 17 : Hv S- TotôaSt ô vôj, aoç* Avjixào^oy yviojavjv àYooeûovTOÇ ev 3q|Jiip |av}3e'iç Xeyéxw
jav^ev Ivavxiov ;ay|ù i jAEaoXa^Etxio xôv Aoyov. *Eàv 3i xtç Tcapà xaffxa izov^rr,, 3e3oxw toï;
*r.W. olS a?T»jOeïç tic, ixrurty rj; av ÈnOCJaiv aùxôi ÇyqAt'a;. 'O 3i jxrj
£j'Yur(Tr|v fiavaxo» £r(jAtoû<x6w, *ai x à /.Ç'^H-axa aùxou îepà e<xi coi. Tùîv 3’à[Atpi<76y)xoüvxwv npb;
xaû.açxàç ,Tj|i.taî at yçtaEi; torwirav I"i to? SrjjAou. Toùrov xqv vôfAov eici'J/ïjçtfTavTeç ot
^^jAapyoi SilXu-rav tt.v ïy.x\rtir'i<*.v . Cic. P. Sex. 37, 79. Cf. Mommsen, Rom. Staatsr.
trad. t. III, p. 332 ; l. III, p. 153, 155, trad. t. VI, 1, p. 171 et 174. — 6 Cf.
Éd. Cuq, Op. cit. t. I, p. 114. — 7 Dion. Halic. X, 32 : ''Oxa jxiv Ifakai
•.tve; lï'/w e* 3txa:ou x?Y)<râ]Aevot, ~u.j~.rj. xo£»ç xaxÉyEiv fo<xa 32 ptaaàjAévot xtvs; r(,
xXottî] AaSovTtç 6>xodojAr,<Tavxo, xojAiirajAÉvouç xàç Saravaç aç av ot 3taixYjxat vy3«ri xôî SqjAw
irapa^t^ôvai * Tà 3e aXXa, oaa tjv 3y)jA«><na, ywçtç <î>vîj; xbv 3ff(Aov itaçaXaSôvxa 5uXe<r0at. '
Catulluset transférer à un autre la curatelle
la reconstruction du temple du Capitole himi ■' ' " pour
LEx tau avaria (a. 695 = 59). L yj?** •»».
RIAE LEGES, t, I«, p. 165. D’après Dion Cassiusn '
loi excepta de sa disposition l’oser Campanm ,1 ’ mie
dès lors qu’il y eut deux lois distinctes, l’un(,' ir.hemble
l’autre spéciale à la Campanie. La question est 2^’
controversée. uaülews
Lex Julia agraria (intra 790 = 37 et 794 = \\ r, ___
agraire ordinairement attribuée à Caligula 18 nni
confond peut-être avec la précédente [lex mImiluT “
peducaea alliena fabiaJ. On n’en connaît qu’une soT
clause rapportée par Callistrate dans son traité rf
cognitionibus. Elle édicte une peine pécuniaire J!!
forte contre quiconque aura déplacé les bornes établi
par les magistrats chargés de la distribution des terres^
Lege agraria quant Caius Caesar tulit adversns m !
qui terminos statutos extra suum gradum finesvemove-
rint dolo malo pecuniaria poena constituta est. nm \
in terminos singulos, quos ejecerint locove moverint
quinquaginta aureos in publicum dari jubet et ejus \
actionem petit ionem, et qui volet, esse jubet1*. La peine -
est prononcée au profit du Trésor, mais tout citoyen est
autorisé à en poursuivre l’application [populams actio,
TERMINl].
Lex Julia (a. 695 = 59). — Loi consulaire proposée par
J. César pour confirmer les actes de Pompée20.
Lex Julia de publicanis (a. 695 = 59). — Loi proposée I
par J. César pendant son consulat pour faire remise I
aux publicains du tiers de leur dette envers l’Etat21.
Lex Julia (a. 695=59). — Loi curiate proposée pari
J. César grand pontife et consul pour autoriser l’adroga-
tion du patricien P. Clodius par un plébéien22.
Lex Julia (a. 635 = 59). — Loi proposée par J. César I
et portant reconnaissance de Ptolémée comme roi
d’Égypte23. César et Pompée reçurent six mille talents
pour prix de leurs services 2\
Lex Julia repetundarum (a. 695 = 59). — Loi consu¬
laire proposée par J. César25 et aggravant la peine édictée
pour le crimen repetundarum. Cette loi est restée en
vigueur sous l’Empire. Plusieurs chapitres de cette loi
ont été conservés : 1° Ne quis ob judicem arbitrunm
dandum mutandum jubendumque ut judicet, neve ob
non dandum non mutandum non jubendum ut judicet,
neve ob hominem in vincula publica conjiciendum
vinciendum vincirive jubendum exvc vinculis
tendum neve quis ob hominem condemnanduni absol
vendumve, neve ob (item aestimatidamjudiciutnvecup1
— S Ibid. 31. — - 9 Tit. Liv. III, 32 : Lex Icilia. de Aventino. — 111 1 ' i.j.n!
Le Sénat, t. Il, p. 349, n. 4. — H Tit. Liv. III, 54 : Tribunatu inito, L CH
extemplo plebcm rogavit , et plebs scivit , ne cui fraudi esset secessio « 1 _ ^
vins facta. — 12 Tit. Liv. III, 63: L. Icilius tribunus plebis tuht ad
triumplio consulum... Omnes tribus eam ror/ationem acceperunt. T 1 ^
sine auctoritate senatus , populi jussu triumphatum est: c L Moi'"'1 ' ^
Staatsr. t. III, p. 1233, n. 4, trad. t. VII, p. 462, n. 3. - 13 ™- s,jd
— 14 Cic. P. Dalbo. 8, 21 ; Appian. De bel. civ. I, 49 ; cf. Marqiardl, "'J'"’) ( vl|(
verwaltung , trad. t. I, p. 81 ; Mommsen, Mm. Staatsr. t. HC P- 1 11 ' ’’ ^jyil,
p. 201. — lô Suet. Caes. 15 : Primo praeturae die. — 18 Jbid. Dio ^ £sSjj
44 ; cf. Mommsen, Mm. Staatsrecht, trad. t. IV, p- 388. " , 1 1 3 pr.
XXXVIII, 1. — !8RudorfT, Gromat.vet. 11, 244. — 19 Callistr- bL:'i- pehel.t fa
— 20 Dio Cass. XXXVIII, 7 ; Appian. De bel. civ. II, 13. - 21 APPia“^ ^
II. 13: 'O 3è Kaïffaç, èç où3lv tÔtc 3s ô^levo;, \lo •. ‘ , 35 ; Di®
. Suet.
xà xpira xîov [jitaOwtrÉwv aûxoï; icaç^ev. Cic. Ad Att. II, I » ï*‘ ^ ^ viX II :
Cass. XXXVIII, 7. — 22 Dio Cass. XXXVII, 51 ; XXXVIII, 12 ï XXX \ p. M
Caes. 20; cf. Mommsen, Rom. Staatsr. t. III, p. 138, trail. L ^ Jl(ip0gtle9e^
— 23 Caes. De bel. civ. III, 107: Super iore consulat u cum patn J ' f ^ ^
senatus consulto societas crat facta. — 2t Suet. Caes. 54, -
LEX
— 1147 —
LEX
I iaeve faciendum vel non faciendum aliquid
__ 2° Ne in acception feratur opus pu-
I iCepC' ' faciendum, frumentum publiée dandum, prae-
bltCUJn ' . nrpliendendum, sarta tecta tuenda antequam
ben::a lobata, praestita lege erunt - 3° Ne guis
P,lj/i/m legendum mittendumve aes accipiat neve
\in, b sentenliam in senatu consiliove publico dicen-
C "necuniam accipiat, vel ob accusandum vel non
\ ccusniidum : utque urbani magistratus ab omni sorde
I abstineant neve plus doni muneris inanno accipiant
\nuain qttod sit aureorum centum 3 [repetundarum
BbIMENj- .
I Lex Julia de civitate Gaditanorum (a. ;0o=49). —
Loi (lu dictateur César conférant le droit de cité aux
! Gaditani. Cette concession fut approuvée par le peuple4.
Lex Julia de civitate Transpadanorum (a. 705 = 49).
_ Loi du dictateur César conférant le droit de cité
aux habitants de la Gaule transpadane 3.
Lex Julia de pecuniis mutais (a. 705 = 49). — Loi du
dictateur César autorisant les débiteurs à donner leurs
terres en paiement à leurs créanciers et pour la valeur
qu’elles avaient avant la guerre civile, décidant en
outre que l’on imputerait sur le capital les intérêts
déjà payés c
Lex Julia (a. 705 = 49). — Loi du dictateur César réta¬
blissant dans leurs droits (in integrum restituera) un
1 certain nombre de citoyens condamnés pour ambitus en
vertu de la loi Pompeia7 [restitutio in integrum].
Lex Julia de X praetoribus creandis (a. 708 =46). —
Loi du dictateur César élevant à dix le nombre des pré-
[ teurs 8.
Lex Julia de his qui pecuarium faciunt (a. 708 = 46).
— D après Suétone, César décida que ceux qui se
livraient à l’élevage devraient choisir leurs pâtres dans
la proportion d au moins un tiers parmi les hommes
pubères de naissance ingénue 9.
Lex Julia deliberis legationibus( a. 708 = 46). — Loi du
dictateur César limitant la durée des légat iones liberae 10.
Lex jIulia de mercede habitat ionum remittenda
la. 08 46). Loi du dictateur César portant remise
6S °'ei s tl Lmme et en Italie jusqu’à concurrence d’une
somme déterminée 11 .
»7Eft8-Lïfive m0d° credendi Possidendique in Italiam
cp , •' • ^oi (*u dictateur César établissant une
I De Pr°P°rtion entre la valeur des fonds de terre
ewpecitnia quant ' ' •Post. 4, 8 : Jubet ,
XLVIll, H, l i .‘«J-epen/ gui damnatus sit pervenerit ; Marcian. 14 lust. Dit
ÎJv g t- , _ ’ XLL “ 4 • Ual TaSeipiila-t ieoXiteiocv corao
ivrt; t5v'''!!‘,7'V Tïf°V — 0 Dio Cass. XU, 36: K«i to
4kU»«e. Cf. BorehesT rJ9 ^ o!*oî'” *oWt«v, «te **ï
««Wÿ, trad. t. I j,.0 », ’ ®*vres’ t. VII, 566 ; Marquardt, Rôm. Staatsvei
tabularum Suet' Caes ' 42 : De pecuniis mutuis , disject
latlsHcerent per aestimnr a l°ne " decrevit tandem ut débitons creditoribi
comlmnissent, deducto mm™™ possessionum’ quanti quoique ante civile bellui
""'l >ierscriptum fuisset ■ alieni’ si 9uid usurae nomine numeratui
r W- III, 1 ; Dio Cal t°yf ,tlone i“arta pars fere crediti deperibat. Cae
kL «” 111 ' - XLI’ 37 ; Appian. De bel. civ. II, 48. - 1
3 Venul. Satura
persequi ab iis ad quoi
, 1 i Suel. Caes 4i • L PP1“’ ®et Cfa ' 48‘ “ 7 Caes' D
1,10 Cass. XLII Si ’ o , Mornmseu, nom. Strafrecht, p. 483, n.
■T'ZîXt, vninim x ^uet. Caes. 42 : Sn.nmit h.; _ ,•
buet Caes. 42 : Sanxit... neve hi.
’j’ fdnus tertia nnrt „ ~T *z : aanxlt-- neve hi, qui pecuarian
Lk- M Att. XV, Hit ™ierum in9enuorum inter pastores haberenl
® W ’ t • 709) : Et habent; opinor , liberae legationes défi
JJ P' ***, n. 2. _ u IZ!7U addiP°test ! «f- Mommsen, Staatsrecht, trad
t)c I . ' ll.lil'a uutnnntm in Tt r<U’' Annuam... habitationem Bomae asqu
Caes r!"' ***’ — (2 Tac j” "°\ %dtra quingenos sestertios remisit. Caes
Cna\ei”- "L 1 ; Apln ’ 16 ; Di0 Cass- XL!' 38 ; Suet. Cae, 42
hldi^s, 9. 13 r ’ Z"’ 48’ “ 13 SuCt- CaeS' 43‘ ^ U Cl
am re V^blica saenius fl ^ 8> 19 ’ ®Uae lex me^or> utilior
pagitata, quam ne praetoriae provinciae plu
qu’on possédait en Italie et la somme qu’on pouvait
prêter à intérêt. 11 fut interdit de prêter une somme
supérieure. Mais, dit Tacite, cette loi ne fut pas observée
parce que le bien public est toujours sacrifié à l’intérêt
privé12.
Lex (?) Julia de portoriis (a. 708 = 46). — Parmi les
mesures prises par César pendant sa dictature, Suétone
cite l’établissement d’un portorium sur les marchandises
étrangères13. Bien qu’il ne soit pas dit qu’il s’agisse
d’une loi, il est probable que tel fut le caractère de cette
disposition u.
Lex Julia de provinciis (a. 708= 46). — Loi du dicta¬
teur César fixant à deux ans la durée du gouvernement
des provinces consulaires 16.
Lex Julia de sacerdotiis (a. 708 = 46). — Loi du dicta¬
teur César sur le mode de nomination et d’élection des
membres des collèges sacerdotaux l6. Elle permet à tous
les membres du collège intéressé de présenter le même
candidat 17.
Lex Julia frumentaria 18 (a. 708 = 46). — Voir l’ar¬
ticle FRUMENTARIAE LEGES, t. IV, p. 1347.
Lex Julia sumptuaria (a. 708= 46). — D’après Sué¬
tone, Jules César défendit l’usage des litières, de la
pourpre et des perles, excepté à certaines personnes,
à certains âges et pour certains jours. Il veilla surtout à
l’observation de la loi somptuaire 19 .
Lex Julia de majestale (?) (a. 708 = 46?). — D’après
Cicéron, des lois de J. César ont édicté la peine de l’in¬
terdiction de l’eau et du feu contre celui qui a été con¬
damné pour crime de lèse-majesté. Quid, quod abroga-
tur legibus Caesaris quae jubent, ei...qui majestatis
damnatus sit, aqua et igni interdici 20 ? S’agit-il d’une
loi spéciale de majestate , ou bien d’un chapitre de
certaines lois de César visant accessoirement le crime
de majesté ? Les avis sont partagés21. En tout cas, la
loi Julia de majestate , appliquée sous l’Empire, est une
loi d’Auguste et non de César ; Tacite atteste que la
lex majestatis vise le prince22.
Lex (?) Julia (a. 708 = 46). — Suétone attribue à
.J. César une disposition contenant défense à tout citoyen
non militaire, majeur de vingt ans ou mineur de qua¬
rante, de s’absenter d’Italie plus de trois ans continus23.
Il est également défendu aux fils de sénateurs d’aller à
l’étranger, sauf pour accompagner un magistrat24. On
ignore si cette disposition a reçu force de loi.
quam annwn neve plus quam bienniurn consulares obtinerentur ? Dio Cass.
XLIII, 25 ; cf. Mommsen, Rom. Staatsrecht, ti-ad. t. III, p. 293. — 16 Cic. A d
Brut. I, 5 : Est etiam in lege Julia quae lex est de sacerdotiis proxima his
verbis : qui petit cujusve ratio habebitur, aperte indicat passe rationern haberi
etiam non praesentis. — U Cic. Pkil. II, 2, 4 : Mc augurem a loto collegio
répétition Cn. Pompeius et Q. Hortensius nominaverunt : nec enim licebat a
pluribus nominari. Cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. t. III, p. 33. — 18 Ibid.-.
Ex viginti trecentisque millibus accipientium frumentum e publico ad centum
quinquaginta retraxit. — 19 Suet. Caes. 43 : Lecticarum usum, item conchyliatae
vestis et margaritarum, nisi certis personis et aetatibus, perque certos dies
ademit. Legem praecipue sumptuariam exereuit, dispositis circa macellum custo-
dibus qui obsonia contra vetitum retinerent deportarentque ad se, summissis
nonmmquam lictoribus atque militibus qui, si qua custodes fefellissent, jam
apposita e triclinio auferrent. — 20 Cic. Philip. I, 9, 23. _ 21 Cf. Zumpl, Dus
Criminalrecht, t. II, 2, p. 476 ; Mommsen, Rôm. Strafrecht, p. 541, n. 2.
— 22 Tac. Anu. IV, 34 : Verba mca arguuntur... sed neque haec in principem aut
principis parentem, quos lex majestatis amplectitur. Cf. Mommsen Ibid n 3
23 Suet. Caes. 41 ; Dio Cass. XLIII, 25. - 2t Suet. Caes. 42 : Octoginta autem
civium millibus m transmarinas colonias distribuas, ut exhaustae quoque urbi
frequentia suppeteret, sanxit, ne quis civis major annis viginti minorve
quadraginta, qui sacramento non teneretur, plus triennio continuo Italia
abesset; neu guis senatoris filius, nisi contubernalis aut cornes magistratus
peregre proficisceretur ; cf. Marquardt, Rôm. Staatsverwaltung, trad. t. l’
p. 154.
LEX
— 1148 —
Lex J uli a judiciaria
par le dictateur César
curie de juges, celle de
luges].
(a. 708 = 46). — Coi proposée
cl supprimant la troisième dé-
s tribuni acrarii 1 |judiciariae
Lex Julia de vi privata (a. 708 = 46 ou 737 = 17 ?).
Lex Julia de vi publica (a. 708 = 46 ?). — Cette loi
et la précédente ont pour objet de réprimer par une
peine criminelle les actes de violence. Ces actes se
manifestent de diverses manières : port d’armes dans
les mes et places publiques2; attroupement, réu¬
nion séditieuse, bandes organisées 3; le fait même
de réunir une quantité d’armes dans sa maison de
■v ille ou de campagne, s il y a lieu de penser qu’on en
fera un mauvais usage 4 [Vis].
La peine édictée par la loi est plus ou moins sévère
suivant que la violence est publique ou privée; la vis
publica est punie de l’interdiction de l’eau et du feu 5,
la vis privata entraîne seulement la confiscation d’un
tiers du patrimoine et l’infamie 6. 11 est de plus inter¬
dit d usucaper les biens dont on s’est emparé.
Sans entrer dans des détails qui trouveront leur place
a 1 article vis, il suffira de dire ici que l’on considère
comme une vis publica les actes de violence qui ont
pour but de troubler 1 administration de la justice 1 ou
les comices électoraux8. On traite de même l’abus de
pouvoir commis par un magistrat qui fait mettre à mort,
battre de verges, torturer un citoyen romain sans tenir
compte de 1 appel au peuple ,J ; pareillement celui qui
exige de nouveaux impôts10.
Tous autres actes constituent une vis privata. Celui
qui a été expulsé de chez lui par un groupe d’hommes
armés J1, celui qui a reçu des coups hominibus coactis
celui qui a été empêché de se rendre en justice par un
rassemblement provoqué à cet effet13, peuvent invoquer
la loi Julia de vi privata.
Les leges Juliae de vi publica et privata ne conte¬
naient pas seulement des dispositions destinées à répri¬
mer la violence : on y trouve aussi des règles générales
sur la jurisdictio et sur la procédure, et à ce titre elles
rentrent dans la catégorie des leges judiciariae. Lege -
Julia de vi nominatim cavetur ut is, cui obtigerit
pu(blici judicii) exercitio , possit eam , si proficis-
catur , mandare u. Un autre article détermine les per¬
sonnes dont le témoignage ne sera pas reçu dans une
accusation de vi ls.
Les leges Juliae de vi publica et privata sont-elles de
César ou d'Auguste? La question est douteuse. Les dis-
1 Suet. Cotes. 41 : Judicia ad duo généra judicum redegit, equestris ordinis ac
senatorii : tribunos aerarios , quod erat tertium, sustulit; Dio Cass. XLIII, 25.
— 2 Paul. Sent. V, 2G, 3 : Qui cum telo in publico fuerit , tcmpla portas aliudve
quid publicum armatis obséder it, cinxerit, clauserit , occupaverit ; Marcian. 14 Inst.
Dig. XLVIII, 6, 3, 1. — 3 Marcian. eod. 5, 1 : Qui coetu , concursu, turba, seditione
incendium fecerit-, Ulp. G8 ad Ecl. eod. 10, 1 ; Scaev. 4 Rcg. D. XLVIII, 7, 2; Qui
convocatis hominibus vim fecerit, quo quis verberetur , pulsaretur, nequc liomo
occisus erit. — 4 Marcian. eod. 1 : Qui arma, tela domi suae agrove , in villa
praeter usurn venationis, vel itineris , vel navigationis coegerit. — 5 Ulp. eod.
10, 2. — 6 Marcian. Dig. XLVIII, 7, 1 pr. — 7 Gai. II, 45 : Furtivam lex XII
Tabularum usucapi prohibet, vi posscssam lex Julia et Plautia. — 8 Ulp. Dig.
XLVIII, 6, 10 pr. : Qui dolo malo fecerit , quoniam judicia tuto exerceantur , aut
judices ut oportet judicent... Qui cum telo dolo malo in concione fuerit aut ubi
judicium publice exercebitur.... Marcian. 5 Public, eod. 8 : Lege Julia de vi publica
cavetur ne quis rcum vinciat , impediatve quominus lîomae intra certum tempus
adsit. — 9 Paul. Sent. V, 30 a: Petiturus magistratus vel provinciae sacerdotium,
si t urbain suffragiorum causa conduxerit , servos advocaverit aliamve quam
conduxerit multitudinern convictus ut vis publicae reus in insulam deportatur.
Ulp. eod. 10 pr. : Is qui potestatem imperiumve habebit aliter quam ei jus
erit , décernât, imperet , faciat ; 8 De ofT. proc. eod. 7. —10 Paul, ad Sc. Turpil
LEX
positions générales que contiennent ces lois |
lion de la vis publica et de la vis privata iJ! d‘Slinc'
l’idée que ces lois feraient partie l’une de h
publicorum judiciorum, l’autre de la lex jJ- '' Juli(l
torum judiciorum16. Si cette conjecture étail 7^'^'
faudrait en conclure que nos lois sont d'Au-us'h " ^
ce n’est qu’une conjecture. Il semble plus probjl
ce sont des lois distinctes et que les lois de vi 0nt é! •! 1116
posées par César. Cicéron, dans sa première P/ii/i , 7'°'
fait allusion à une loi de César quae jubet ei tjuiZT]
damnatus sit, aqua et igni interdici C’est J,'.?"'
ment la peine édictée par la loi Julia de vi pJbUa
D’autre part, cette même loi punit celui qui, cum 77
rium potestatemve haberet , civem Romanilm advenu,
provocationem necaverit verberaverit 18. Une parodie
disposition ne se conçoit guère sous l’Empire 19 ; auss'
Paul fait-il remarquer qu’on doit entendre par lV non
plus la provocatio ad populum , comme au temps où la
loi fut votée, mais l’appel à l’empereur 20.
Lex Julia municipal i s (a. 709 = 43). - Loi proposée
par le dictateur César et réglementant l’administration
de la ville de Rome et des municipes. Le texte en a été en
partie conservé : il est gravé sur trois tables de bronze
trouvées en I/o- a Iléraclée 21 . La loi est postérieure à
Sylla, car elle exclut du décurionat celui qui ob caput
c(ivis) fi(omani) referundum pecuniam praernhm aliiid-
ve guid cepit ceperit 22. Elle est antérieure à 711, car
le mois qui, à cette date, reçut le nom de Julius, est en¬
core appelé Quintilis23. Savigny a établi24 que la loi
est de l’an 709, car une des dispositions qu’elle contient
est visée par Cicéron dans une leLtre à Lepta du mois
de janvier de cette année. Cicéron communique à son
correspondant les renseignements qu’il a reçus sur un
article d’un projet de loi 23. Or cet article se retrouve
dans notre loi Julia20.
Si l’opinion de Savigny a prévalu quant à la date de
la loi Julia municipalis , il subsisLe des doutes sur la
portée véritable de cette loi. On s’est demandé s'il fallait
y voir une loi générale réglant d’une manière Uniforme
la condition des cités de citoyens, et dans ce cas com¬
ment on peut en concilier les dispositions avec les leges
municipii propres à chaque nmnicipe 27. Ces questions
seront examinées à l’article municipium.
Lex Julia de exulibus (a. 710 = 44). — Loi attribuée
à César par Antoine pour ordonner le rappel des exiles.
Cicéron reproche à Antoine d’avoir introduit dans la l01
des distinctions non motivées et d’avoir assimilé aux
od. 12 : qui nova vectigalia exercent, lege Julia de vi publier / ^
- h Paul. V, 2C, 3. — 12 Diocl. Cod. Just. IX, 12, 4. — U Paul. » *
XVIII, 7, 4 pr. : Cum coetum aliquis et concursum fecisse dicitw , ^
uis in jus produceretur. — U Papin. 1 Quaesl. Dig. I, 21, 1 pr- — A
le cognit. Dig. XXII, 5, 3, 5 : Lege Julia de vi cavetur ne hue h g
estimoniam dicere liceret, qui ne ah eo parentece ejus liberaveut. / ^ reiti- \
eres erunt, quique judicio publico damnatus erit , qui eorum in ul
utus non erit, quive in vinculis custodiave publica erit, quin ^ •
epugnaret, se locaverit, quaeve palam quaestum faeiet fecu i ' rci ton-
istimonium dicendum vel non dicendum pecuniam accepissep"1 ^ 4,
ictus erit-, Papin. 1 De adult. eod. 13; Paul. 2 De adull. Dig- X ^ ^ j ne
- 16 Mommsen, Strafrecht, p. 128, n. 1. — 11 Cic. PMI. L , f.'jt
IL proc. Dig. XLVIII, 0, 7. —la Dio Cass. LVI, 40. — 2° Paul- Se1,t\Jn' jioinaniM
ulia de vi qmblica damnai ur, qui aliqua potestate praedilus U,, (-0,-p. i»ser’
itea ad populum, mine imperatorem appellantem necaverit ... SchoP1*'
.t. I, 206. — 22 Ibid. 1. 121. — 23 Ibid. 1. 98. — 24 Savigny, Verm‘SCme 'rlls,stJ'«
III, p. 3 3 7. — 25 Cic. ad Fam. VI, 1 8 : Simul accepi a Seleuco tuo ^ ^cert)j
laesivi e Balbo per codicillos, quid esset in loge. Rescripsit ■ 01; Cuep- ll‘scr'
•aeconium, vetariessein deewionibus ; qui fecissent, non vetai 1 | j,. 139. |
t. I, 200, 1. 94 et 104. — 27 Cf. Karlowa, R6m. RechtsgescMc 1 ' .
— 1149
LEX
LEX
César des citoyens dont la situation était
exilés vises p<
(litière nie '■ .
1 1 jlJUA de insula Cretu (a
)ar Antoine et dispensant d impôt les cites
710= il)
Loi attri-
Lex
tée à César pu
les plus riches de la Crete
Lex Julia de rege Dejotar
o (a. 710= 44). — Loi attri-
, à César par Antoine en faveur du roi Dejotarus .
lorsuu’on l’afficha au Capitole, il n’y eut, dit Cicéron,
personne qui, au milieu même de sa douleur, pût s’em¬
pêcher de rire, tant on savait combien César avait etc
hostile à Dejotarus. . ....
Lex Julia de Siculis, (a. 710 = 44). — Loi attribuée a
César par Antoine et accordant le droit de cité aux Sici¬
liens. Ecce autem Antonius, accepta grandi pecunia ,
fixit legem, a dictatore comitiis latam , qua Siculi
cives Romani : eu, jus rei , vivo illo , mentio mdla 4.
Lex Julia de tutoris datione (a...?). — Loi confé¬
rant aux gouverneurs des provinces le droit de nommer
des tuteurs datifs 5. C’est peut-être un chapitre de la loi
Julia de provinciis mentionnée par Cicéron 6.
Lex Julia de arnbitu (a. 736 = 18). — Loi proposée
par Auguste contre le crime d 'ambitus et motivée sans
doute par les troubles provoqués par l’élection des consuls
de l’année précédente 7 [ambitus].
Lex Julia de maritandis ordinibus (a. 736 = 18). —
Loiproposée par Auguste et tendant : 1° à encourager les
citoyens au mariage et à la procréation des enfants ;
2° à maintenir la pureté de la race tout au moins dans
l’ordre sénatorial. Pour atteindre le premier but, la loi
supprime les entraves au mariage résultant de la puis¬
sance paternelle ou du patronat [patria potestas, patro-
natus]; elle accorde des privilèges aux personnes mariées
et surtout à celles qui ont des enfants ; elle frappe
d’incapacité les célibataires [voir l’article caducariae
legesJ. Pour atteindre le second but, la loi établit de
nouveaux empêchements à mariage, destinés à prévenir
toute mésalliance : elle interdit aux sénateurs et à leurs
descendants par les mâles jusqu’au troisième degré
d épouser des affranchies ou des femmes de mœurs ou
de profession honteuses 8 [matrimonium].
La date de la loi Julia de maritandis ordinibus est
fixée par Dion Cassius. Son témoignage est confirmé
far une inscription trouvée à Rome en 1890, et contenant
B procès-verbal des actes des jeux séculaires de l’an 737.
armi ces actes figure un sénatus-consulte du 23 mai
qui permet aux citoyens qui nondum sunt maritati ,
qui le r/ e de maritandis ordinibus [, tenentur ], d’assister,
Sans ' 111 0ui’’r aucune peine, à des jeux institués religio¬
ns causa \
Lex Julia de adulteriis et de pudicitia (a. 736 = 18 ?).
g01 ProP0i,Ée par Auguste pour réprimer l’adultère ( lex
tulit ? Nullius • ’ 'S' ' ^ de exsulibus legem quant fixisti, Caesar
teqmtos, quor ? ^ ' ca^am^a^em ■ tantum queror , ‘primant eorum redites
l'eliguis Hem non Ca".mm dissimilem Caesar judicarit, deinde nescio, cur
rnt. — 2 qjc p !.'.Ml.aS' Neque enim plus quant très aut quatuor reliqui
'nnuneraljüia ciunp ~ 1 Cic. Phil. II, 37: Sunt ea. quidem
Il *u,n de rege lie' lle,s‘s emebantur, non insciente te: sed unum egrc
— IJ0 nro’ populo Romano amicissimo, decretum in Capitoli
Gio nri 1,. V„r " aecretum xn Capitolio
finaï- 20 ; /njf , t0ADr' J, ' ^ 7* GaL >’ *83’ 193 > «P- X>’ 18 ; Frg. d»
01 n? faisait qu'une nvl u iÜT. j: *d '.\loc- üuelrtues auleurs ont pensé que cette
deus 'ois aislind'eT aTr 1fa'°iTiUa(P- 22). Il est plus probable que ce soûl
'' d. Morilz Voie-i n- 1 a-"UÎI|0 du binai mentionnent uniquement la loi Titia.
^^sgescluckt^ t. I, p. 840. _ 7 Zonar. X, 34 : "EOsxcm
,.!° *'ass. El V, 10. g.. , ( t'<i'70'"T“5 TtvK4 Elu Aç/.aï?, U xévte txi\ uûxm
UV|>t H, , «; Tac. Ann. I, 2, 15 ; Modestin (2 De poenis. Dig..
y ’ miUllUCI rll>e : Uaec lex in Urbe hodie cessât, quia
de adulteriis coercendis lû) et l’impudicité (stuprum), cl
pour rendre les divorces plus difficiles [nivoimuM, mathi-
monium. Voir l’article adulterium, t. Ier, p. 85J. Un chapi-
tre de cette loi a pour but d’assurer la conservation du
fonds dotal {lex Julia de fundo dolah l) : il est interdit
au mari de l’aliéner sans le consentement de sa femme
[Voir l’article nos, t. III, p. 395. !
La loi Julia de adulteriis est postérieure à la loi Julia
de maritandis ordinibus dont elle complète à certains
égards les dispositions. Elle est sûrement du temps
d’Auguste, comme le prouve un passage de Sénèque11.
Elle est antérieure à 746, date de la mort d’IIorace, qui
parle dans une de ses Odes des peines de la loi Julia
contre le stuprum 12. Elle a été vraisemblablement ren¬
due très peu de temps après la loi Julia de maritandis
ordinibus 13.
Lex Julia judiciorum privatorum (a. 737 = 17 ?).
Lex Julia judiciorum publicorum (a. 737 = 17 ?). —
Cette loi et la précédente ont eu pour objet de réformer
l’administration de la justice et de réglementer la procé¬
dure civile et criminelle. Elles sont souvent citées ensem¬
ble ou séparément, et contiennent des dispositions pa¬
rallèles, l’une pour les judicia privata, l’autre pour les
judicia publica. Ces dispositions ont trait : 1° à la ju-
risdictio ; 2° à la procédure in jure ; 3° à l’organisation
de l’instance; 4“ à la procédure in judicio [voir les
articles judicium, judicia publica, judiciariae leges].
Ces lois ont-elles été proposées par César ou par Au¬
guste? L’un et l’autre ont soumis aux comices des lois
judiciaires, mais il est peu probable que César, qui vivait
à une époque de troubles, au milieu des guerres cixdles,
ait pu élaborer un projet de loi d’une portée aussi large
que celui qui fut consacré par nos lois judiciorum pri¬
vatorum et publicorum. Divers textes donnent lieu de
penser que ces lois doivent être attribuées à Auguste :
1° l’un des points réglés par ces lois concerne les fériés
judiciaires. Or Macrobe dit : Augustus... in legibus ju-
diciariis triduo servari ferias jussit. 2° Suétone dit
qu’Auguste ajouta trente jours à l’année judiciaire pour
ne pas retarder le jugement des crimes ou des affaires
civiles14. Bien qu’il ne soit pas fait allusion içi aux lois
judiciaires d’Auguste, le rapprochement établi par Sué¬
tone entre les maleficia et les negotia permet de croire
qu’il songeait aux lois Juliae judiciorum publicorum et
privatorum. 3° Dion Cassius, dans un passage relatif à
l’année 737, atteste qu’Auguste défendit aiix juges, que
le sort avait désignés, d’aller en visite chez des tiers15.
Or un fragment de Modestin attribue à la loi J ulia judi-
ciaria une règle qui.est la réciproque de la précédente lc.
Il y a lieu de penser que les deux dispositions étaient
écrites dans la même loi 17.
ad curant principis magistratuum creatio pertinet, non ad populi favorem. Cf.
Mommsen, Rôm. Straf redit, p. 867. — 8 Ulp. XIII. — 9 Ephemeris epigraphica,
1892, t. VIII, p. 248. — 10 C’esl le nom que lui donne Paul. De adult., Collât.
IV, 2, 1. — n Senec. De benef. VI, 32 : Diras Augustus... flagitia principalis
domus in publicum emisit... forum ipsum ac rosira, ex quibus pater legem de
adulteriis tulerat, filiae in stupra placuissc. — 12 Hor. Carm. IV, 5, 21 :
Nullis poltuitur casta domus stupris ;
Mos et lex maculosum edomuit nefas :
Laudantur simili proie puerperae ;
Culpam poena premit cornes.
— 13 Cf. Mommsen, Strafreclit. p. 091, n. 1. — 14 Suel. Aug. 32. — 13 Rio Cass.
LIV, 18. — lGModost. % De poenis, Dig. XLVIII, 14, i, 4. — 17 Cf. Wlassak, Rôm.
Processgcsetze, t. I, p. 184; Moi-itz Voigt, Abhdl. d. kôn. Sachs. Gesellschaft
d. 1 Visa, zu Leipzig, l. XIII, p. 488.
145
IÆX
— 1150 —
IÆX
l'Ex Ji lia de magistratibus (a. 742 = 12). — Loi pro¬
posée par Auguste et réservant le droit de briguer les
magistratures aux chevaliers ayant une fortune d’au
moins un million de sesterces \
Le\ J i lia de Vicesima hereditatium (a. 759 = (î). _
l.oi d Auguste établissant un impôt du vingtième sur les
successions et les legs 2 [vicesima hereditatium]. Les
heritiers domestiques et les pauvres en étaient exempts 3.
pour faciliter la perception de l’impôt, la loi posa des
réglés sur 1 ouverture des testaments (apertura tabula¬
nt m) 4 [testamentum |.
D’après le monument d’Ancyre s, l’impôt du vingtième
fut établi sur le conseil d’Auguste : Quod ex consilio
wLe°] [eojnstitutum est. D’après Dion Cassius, Au¬
guste aurait invoqué l’autorité législative des acta Cas¬
sa ris G.
Lex Julia de agris adsignandis et de coloniis dedu-
rendts (a...?). — Loi d’Auguste mentionnée par Hygin 7 et
Suetone 8. Cette loi se réfère sans doute aux deductiones
de colonies militaires qui, d’après le monument d’An¬
cyre9, eurent lieu en 724 = 30 et 740=14 10.
Lex Julia de annona (a...?). — Loi proposée par César
ou par Auguste et édictant une peine contre ceux qui,
par leurs manœuvres, font renchérir le prix de l’annoné
[annona] 11 . Ulpien, au livre IX de son traité De officia
pi oionsulis, a conservé quelques-unes des dispositions
de cette loi : Lege Julia de annona poena statuitur ad-
versus eu/n gui contra annonam fecerit societatemve
coierit , quo annona carior fiat. — Eadem lege cavetur
ne guis navem nautamve retineat aut dolo rnalo faciat
guo magis detineatur. Et poena viginti aureorum sta¬
tuitur 12.
Lex Julia de collegns (sous Auguste). — Loi proposée
par Auguste et ordonnant que toutes les associations
existantes seraient dissoutes et qu’on ne pourrait désor¬
mais en former de nouvelles sans l’autorisation du sénat
[collegia] . Cette loi, à laquelle Suétone fait allusion 13,
n’est connue que par une inscription de Rome relative
au collegium symphoniacorum gui sacris pub/icis
praesto sunt, guibus senatus c(oire) c(ogi) c(onvocari)
permisit e lege Julia ex auctoritate Aug(usti) ludorum
causa u.
Lex Julia de majestate (sous Auguste). — Loi pro¬
posée par Auguste contre le crime de majesté15 [majestas,
perduellio, seditio]. Le texte de plusieurs dispositions
de cette loi a été conservé par Marcien et Scaevola :
Lex ...Julia majestatis praecipit eum gui majes-
tatem publicam laeserit, teneri : gualis est i/le gui
in bellis cesserit , aut arce/n tenuerit (?) aut castra con-
cesserit.
Eadem lege tenetur et gui injussu principis bellum
gesserit dilectumve habuerit, exercitum comparaverit,
— guive, cum ei in provincia successum esset, exercitum
successori non tradidit; - guive imperium u
tumve populi romani deseruerit ; _ , -, j
pro potestate magistrature g uid sciens dol! ' ^>ivatUs
rit:-— guive guid eorum quae supra serin! 'n"l° (J^t\
curaverit 11 . lptasurdfw:,n
[Eadem lege tenetur ] cujusgue dolo rnalo •
guis adactus est guo ad versus rempublicam frdo
cujusve dolo rnalo exercitus populi Romani h!"".-'
deductus hostibusve proditus erit : _ farta ^
rnalo eu jus dicitur guominus hostes in pot!'.!!'! ^
puli romani reniant; - cujusve opéra dolo w!?°'
tes populi romani commeatu armis telis en ni ^
nia a!.iave qua re adJ'uti utve ex amie! Cl
populi romani fiant ; - cujusve dolo rnalo factum
guo rex externe nationis populo rornano minas l
peret : — cujusve opéra dolo rnalo factum erit I
magis obsides pecunia jumenta hostibus populi Ho!!!'! I
dentur adversus rempublicam ; - Item gui confesmi
m judtcio reum et propler hoc in vincula conieclum
emiserit 18.
Lex Julia peculatus cl de sacrilegis (a...?). — Loi pro- ]
posée par César ou par Auguste 19 pour réprimer le V j
tournement des biens appartenant aux dieux ou à l’État I
[peculatus, sacrilegium I. Quelques dispositions de cette I
loi ont été conservées par Ulpien au livre XL1V de son I
commentaire sur Sabinus : Lege Julia peculatus cavetw ’
ne guis ex pecunia sacra , religiosa, publicace uuferat, I
neve intercipiat, neve in rem suam vert ut;— neve facial I
guo guis uu ferai, intercipiat , vel in rem suarnvertat , I
nisi cui utigue lege licebit ; — neve guis in aurum. ar- I
gentum , aes publicum, guid. indet , neve immiscent ; neve I
guo guid indatur , immisceatur , faciat sciens dolo malo |
quo id pejus fiat20.
D autres dispositions sont encore mentionnées par les
jurisconsultes classiques : Qui tabulant aereum legis,
formamve agrorum aut guid aliud continente/n re/ixe-
ril, vel guid inde irnmutaverit lege Julia peculatus
tenetur 21 . — Eadem lege tenetur gui guid in tabulis
publicis deleverit vel induxerit 22 ; — gui praedamab
hostibus captam surripuit 23, — qui perforaverit muras
vel incle (?) aliguid abstulerit 2\
Lex Julia de residuis (a...?). — Cette loi n’est vrai¬
semblablement qu’un chapitre de la précédente. Le titre
du Digeste qui s’y réfère a pour rubrique : ud legM
J uliarn peculatus et de sacrilegis et de residuis. Quelques
textes, il est vrai, visent exclusivement la loi Julia *
résidais20. Mais le fait n’est pas sans exemple : certains
textes parlent de la loi Julia de fundo dotali qui n cal
qu’un chapitre de la loi Julia de adultérais. Cette loi Punlt
les comptables de deniers publics qui se sont appi‘0PIie
tout ou partie de l’argent qu’ils avaient reçu poui uni
usage déterminé. Lege Julia de residuis tenetm <lu' I
pecuniam publicam delegatam in usum alignent n'1 11111 j
I Dio Cass. L I \ , 30 : Evojiodsx)]a£y Ex xwv iïcxéuv xûiv [J-Tj tXaxxov ice'vte xcct EÎxotrt 'xopfa Saç
XExTiintvwv moScnWBai x5v èv ta!; àpyaï; Eva Exaaxav. Kàx xoùxcov xà lâSjdo; xoff.; Iv&Éovxa;
alpEÏaOat ti x i a i v , e! |xev xat [ioyXE’jEiv [xExà tout' èOeZoiev, eî Si [x^, tç xïjv txxaSa aüôtç ÈitavtÉvat
ÈÏEïvai. Cf. Mommsen, /loin. Staatsrecht , Irad. t. H, p. 148. — 2 Dio Cass. LV, 25 :
Tijv EÎxOdtîjv X'.jv xe ov xat xwv StupEiùv, a; av ot xeXeucùîvxe; xtat (rî.rv Xiuv xàvy
CTupyEvujv, Tj xat teev'ôxuv xaxa).Etittiia-i, xaxEaxx.aaxo. Gai, III, 125. — 3 D'autres exceptions
furent admises par la suite. Piin. Puneg. 37. — 4 Paul. Sent. IV, 6, 3 ; cf. Aegijpt.
Urkunden au s den Museen zu Berlin, Gr. U. n» 3G1. — 5 lies Gestae divi Augnsti.
G Dio Cass. L\ , 25 . Q; xat EV xoï; xo-j Kaitrapoç uicopvy)pxi7t xî) xé>.o; xatTxo YEypaft[EÉvov
EÎptüv. Cf. Mommsen, Boni. Staatsrecht, trad. t. IV, p. 308. — 7 Gromat. vet.
faix et arater ierit. Lib. colon, p. 224 : Ager Amerinus lege imperatoris
p. 112 : Mensura territorii usquefieri débet secundum legem 1 J. Augusli guo
Augusti est assignatus ; cf. Hygin. p. 197. — 8 Suct. Aug. S6. — ciaaU-
Mommsen, J)es gestae divi Augusti, p. 02 et 119. — 10 Cf. Marquant /•"«
verwaltung, trad. t. I, P- 150. — n Mommsen, Bôm. Strafrecht, l>- h '-’ ^
•- .. - . . _ 14 Corp
. Xi. U IJ-
r les corporations rom""’ < ’
verwaltung , _ , , _ _
à César. — 12 Dig. XL VIII, 12, 2. — n Suet. Aug. 32
VI, 2193 ; cf. Waltzing, Étude historique sur les t .
— 18 Tac. Ann. I, 72 : Primus Augustus cognitionem de famosis
legis ejus ( majestatis ) tractavit. — f0 Cf. Paul. Sent. V, 29, 1
imperatorem. — 17 Marcian. 14 Instit. Dig. XL VIII. A, 3.- a||usion,
eod. 4. — 19 Suétone dans sa vie d'Auguste, n y fait aucun' ^ ^ yenj|.
Mommsen, Jlôm. Strafrecht, p. 702, n. 1. — 20 Dig. XLVIII, IL - ^ ^ lil,
Saturn. 3 jud. publ. eod. 8. — 22 Ibid. 8, 1. — 23Modest. 2 De pot"
— 21 Ulp. 08 ad Ed. eod. 11. — 25 Paul. Il ad Sab. eod. 2.
libellé Vtal
(hli Jesentet'l
. is Scaov. 4 Ucg'
cl.
— 1151 —
LEX
LEX
■ , in usum consumsit 1 ; — is apud quem ex loca-
rqiœ tatinnP alimentaria ratione, ex pecunia quant
r,it aliave qua causa pecunia publica resedit.
sumntuaria (sous Auguste). — Loi somp-
at
1/ u w -*■
Iex Julia sumptuaria (sous Auguste).
Kt aire proposée par Auguste et fixant à deux cents ses-
g la dépense des jours ordinaires ; à trois cents, celle
lefcalendes, des ides, des nones et des autres jours
■L . à mine, celle des jour et lendemain de noces 2.
11 faut sans doute rattacher à cette loi une disposition
Le Suétone fait connaître, sur le costume et la parure
des femmes 3.
Lkx Julia theatralis (a ..?). — Loi proposée par Au-
| „us te sur la police des théâtres. Des places sont assignées
aux diverses classes dé spectateurs [theatrum]. Cette loi
est mentionnée par Pline : Ne eut jus id esset nisi qui
ingenuus ipse pâtre avo paterno,-ff£ CCCC census fuisset
et lege Julia theatrali in XIIII ordinibus sedisset L
Lex Julia de vectigalibus (a. 793 = 40). — Loi de
Caligula établissant un impôt sur les comestibles et un
impôt du quarantième sur les procès [aerarium, t. I,
p, 1151. Dion Cassius donne de curieux détails sur la
publication de cette loi 5.
Lex Julia (intra 790 = 37 et 794 = 41). — Loi de
Caligula autorisant les esclaves à dénoncer les crimes
commis contre leurs maîtres 6.
Lex Julia miscella. — Loi citée dans deux constitu¬
tions de Justinien de l’an 531 7 et dans une Novelle de
l’an 536 8, toutes trois adressées au préfet d’Orient Jo¬
hannes Cappadox. Elle vise le cas d’un legs fait par un
mari à sa lemme sous la condition de rester veuve. Elle
autorise la femme à réclamer le legs à la condition de se
marier dans 1 année ou de fournir la caution Mucienne.
Cette loi est attribuée par la Novelle à un personnage
appelé Julius Miscellus. On reconnaît aujourd’hui que
c est un personnage imaginaire dû à l’erreur d’un co¬
piste. Le mot miscella n’est pas un nom d’homme : c’est
un adjectif, synonyme de satura. Il exprime que la loi
j ulia a laquelle on a- emprunté la clause précitée conte¬
nait des dispositions de toute sorte. Il n’y a d’ailleurs
aucune difficulté à déterminer quelle est cette loi Julia ;
la manié ie dont s exprime Justinien dans la Novelle ne
Pisse aucun doute sur son identité avec la loi Julia de
fwntandis ordinibus : 'o yàp xaXoûaevoç Julios miscel-
/ JP'°'s aPXat°Ç to xrg iratoo7to(a ; 7rooëocXXôu.svoç
uS(X(TfAa ^éTP£7t£ Taîç vuvaiÇtv.
^Lex .Il LIA Papiria de multarum aestimatione (a. 3-24 =
J’U PIOPOsee par les consuls L. Julius et Papi-
430).
■ j
I HPtdum penenit C : P°stremo lex Julia ad
\Aucenti flniuntur ■ i/T'a- UJUSto w’Pe,'a”te, qua profestis quidem diebus
centi, nuptUs 1S’ noms et aliis quibusdam festivis tre-
^ ■k^haCZ j Jep0tiU HS mÜle- Di° Cass. LIV, 2. - 3 guet. Aug.
\ dédit ne quem posthnr "jltdue P1 ’sjinum reducere studuit... Negotium aedilibus
c°n sistere. Di0 Cass ^af>entur foro circove, nisi positis lacernis togatum
JF'44; cf. Mommsen ï PH"’ Biit' naL XXXIII< 3. *2; Suet.
KDuardt, Hôm. StaaL , S aatsr- L Ul> P- S00, trad. i. VI, 2, p. 122 ;
0,0 Ca«- LIX, trSnroal^ *«*• <• XIII, p. 311. - 3 Suet. Calig. M \
i1) ^ iortow-, ' af“at’ lmpôts ^directs, p. 147 et 235. — 6 Suid.
'jw!5 *‘»>innUi|l«(. - 7 E’!,Tî',f'E *«T>iY0feïv TOV Seuteotov eV -i £y eISeïev
7 fTiL Lu. IV 30 . 5°rf- JufL VI- «, 2 et 3. - 8 2Vm, Just. XXII,, e. xu,
ifcCiirt . .
1\ 0 30 : Lent* rl ~,w w* ami
J e multarum aeslimatione, pergratam populi
T„ e r‘ CS n"mus ex coU*9i° proditione excepissent
tulj. ""‘in. i, __ 10Tj| j'!0’ n '' IieP- *L 35; cf. Mommsen, Rôm. Stra
Lit vl°m,ies Tarquiniao „ ’ ~ ‘ ^rutus ex senatusconsulto àd populun
,AXXVI- 2. <b VTUleS “ ■ DC114S- d™‘c. V- '• - “ Tit
I la p CSt' v° Pnrsus Cnil , °'!t’ Aôm ■ Rec^sgeschichte, t. I, p. 714
j est- v° Res publicae : C 0°- ^neraHone tegis Juniae. Cato, Orat. VI
racchus in ea, quam conscripsit de lege Penn
ri us Crassus et fixant, la valeur en numéraire des amen¬
des consistant en un certain nombre de têtes de bétail ”
[multaj.
Lex Jünia (a. 243 = 509). — Loi proposée par le consul
L. Junius Brutus, sur l’avis conforme du sénat, pour
exiler tous les membres de la gens Tarquinia 10.
Lex Junia de feneratione (a. 563 = 191). — Projet de
loi présenté par le préteur urbain M. Junius Brutus 11 sur
le prêt à intérêt. Ce projet n’est connu que par la dis-
suasio prononcée par Caton 12.
Lex Junia de peregrinis (a. 628 = 126). — Plébiscite
proposé par le tribun M. Junius Pennus contre les péré-
grins qui usurpent le droit de cité romaine 13 [peregrinus].
Lex Junia repetundarum (intra 605 = 149 et 631 = 123).
— Loi mentionnée dans la lex Acilia repetundarum et
dont on ne connaît que le nom : Exve lege quant M.
Junius D.f. Ir(ibunus) pl(ebei) rogavit 14. [repetundarum
crimen, lex calpurnia repetundarum .
Lex Junia de militiae stipendiis (a. 645 = 109). — Loi
proposée par le consul M. Junius Silanus et abrogeant
plusieurs lois qui avaient diminué la solde de l’armée 13
[militia, stipendium.]
Lex Junia (a. 671 =83). — • Plébiscite proposé par le
tribun M. Junius Brutus et portant deductio d’une colo¬
nie à Capoue 16. - ‘
Lex Junia Licinia (a. 692 = 62). — Loi proposée par
les consuls Dec. Junius Silanus et L. Licinius Murena et
prescrivant de déposer à X aerarium une copie des projets
de loi17. Lex Licinia et Junia, consulibus auctoribus,
Licinio Murena et Junio Silano , per/ata illud cavebat
ne clam aerario legem ferre liceret. Celui qui violait la
loi s’exposait à un judicium publicum 18.
Lex Junia Petronia (a. 772 = 19). — Loi proposée par
les consuls M. Junius Silanus et P. Petronius 19 et déci¬
dant que, dans un procès de libertate , s’il y a partage
entre les juges, on doit se prononcer en faveur de la
liberté. Lege Junia Petronia, si dissonantes pares ja-
dicum existant sententiae pro libertate pronuntiari
jussum 20 . Cette loi visait, non pas les procès soumis au
tribunal des centumvirs, mais ceux qui étaient portés
devant les gouverneurs de provinces et jugés par des
récupérateurs21. Une constitution d’Antonin le Pieux
lui donna plus tard une portée générale22. Peut-être
s’appliqua-t-elle dans le principe aux Latins Juniens ;
elle serait venue compléter la loi Junia Norbana rendue
dans le premier semestre de la même année 23 .
Lex Junia Norbana de manumissionibus (a. 772 = 19?).
et peregrinis. Cic. De off. III, II, 47 : Male etiam qui peregrinos urbibus uti pro¬
hibent eosque exterminant , uti Pennus apud patres nostros, Cic. Brut. 28, 108 :
cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. t. III, p. 200, trad. t. VI, 1, p.225, n. i. — 14 Corp.
iliscr. lat. I, 198, I. 74 et 81. — IB Ascon. a. G0 : Idem ( Junius ) postea plures
leges quae per eos annos ab iis qui gratificabantur populo latac erant quibus
militiae stipendia minuebantur, abrogavit. — ifi Cic. De lege agr. II, 34 92 :
Nam et ipse (M. Brutus) qui deduxit , ef qui magistratum Capuae, ex lege creati,
ceperunt , et qui aliquam partent illius deductionis honoris muneris attigerunt,
omnes acerbissimas impiorum poenas pertulerunt . La colonie de Capoue fut fondée
par les partisans de Marins : colonia deducta L. Considio et Sex. Saltio , dit
Cicéron ( loc . cit.). Cf. Marquardt, Rôm. Staatsverwaltung, trad. t. I, p. 207,
n. 2. — U Cf. Mommsen, Op. cit. t. III, p. 371, trad. t. VI, 1, p. 426, n. I.
18 Scliol. Bob. p. 310 in Cic. p. SextiOj 64 : ...Se statuit omnino consularem
legem nullam putare... Liciniam Juniam contempsit. Cf. Kriiger, Geschichle
der Quellen und Literatur des rôm. Rechts , p. 17, trad. p. 22. Mommsen
Rôm. Staatsr. t. II, p. 546, 586, trad. t. IV, p. 246 et 292, n. 2. _ 19 Cf. Kar-
lowa, Rôm. Rechtsgeschichte, t. I, p. 624; Morilz Voigt, Rôm. Rechtsgeschich, t. II,
p. 447. — 20 Hermog. I Jur. Epit. Dig. XL, t, 24 pr. — 21 Cf. Plin. Dp.
X, 72 (66). — 22 Paul. 17 ad Ed. Dig. XLU, 1, 38 pr. - 23 Moritz Voigt,
Loc. cit.
LEX
1152 —
LEX
— Loi déterminant la condition des esclaves voluntate
domini in Ubertate moralités. Elle les assimile, sauf en
quelques points, aux Latins coloniaires 1 [libertini,
latim juniani, manumissio]. Les Institutes de Justinien
donnent à cette loi le nom de Junia Norbana 2 ; elle doit
par conséquent avoir été proposée par les consuls de
l'an 772= 19, M. Junius Silanus et L. Norbanus Balbus.
Cette conclusion a été contestée. On a fait remarquer qu’il
était bien diflicile d’admettre que cette loi, qui favorise
les affranchissements, soitpostérieure de quelques années
seulement à la loi Aelia Sentia qui leur est défavorable.
On ajoute que les jurisconsultes classiques appellent
notre loi Junia 3, et non Junia Norbana, ce qui permet
de la reporter à une date antérieure au consulat de
l’an 772, entre l’année 710 et l’avènement d’Auguste.
D’ailleurs, un fragment attribué à Dosithée dit : Lex
Junia quae Latinorum genus introduxit *. Cette pro¬
position serait inexacte, si notre loi était postérieure
à la loi Aelia Sentia, car un chapitre de cette dernière
loi vise les affranchis Latins 5. Ce dernier argument
n’est pas décisif, car on peut dire que Gaius a employé
ici ce mot brevitatis causa. Ulpien dit en effet, à propos
de la loi Aelia Sentia : testamento vero manumissum
perinde haberi jubet atque si domini voluntate in
Ubertate esset , ideoque Latinus fit 6. On peut donc con¬
sidérer la loi Junia Norbana comme ayant eu pour objet
de régulariser la situation des servi in Ubertate ma¬
rantes , situation qui n’avait pas été définie par la loi
Aelia Sentia La question est très controversée 7.
Lex Junia Vellaea (circa a. 780 = 27). — Loi proposée
par les consuls L. Junius Silanus et C. Vellaeus Tutor et
permettant d’instituer ou d'exhéréder soit l’enfant du tes¬
tateur né du vivant de son père, mais après la confection
du testament, soit le petit-fils du testateur qui n’était pas
sous sa puissance immédiate lors de la confection du tes¬
tament, mais qui s’y trouve au décès de son grand-père.
Les deux chapitres de la loi sont visés dans un frag¬
ment des Quaestiones de Scaevola. I. Videtur primum
caput eos spectare qui , cum nascerentur , sui heredes
futuri essent. Ita verba sunt : qui testamentum faciet.
is omneis virilis sexus , qui ei suus heres futurus erit ,
et cetera 8. — IL Sequenti parte succedentes in focum
liberorurn non vult rumpere testamentum . .. Verba
sunt : Si quis ex suis heredibus suus heres esse desierit,
liberi ejus , et cetera , in locum suorum sui heredes succé¬
dant 9.
La date de la loi Junia Vellaea ne peut être fixée avec
certitude. Diverses inscriptions prouvent que L. Junius
Silanus et C. Vellaeus Tutor furent consuls suffects pr.
non. Dec.10 et non. Dec.11 , donc à la fin dune année.
1 Gai. I, 22-23; Julian. 42 Dig. Dig. XL, 2, 4 pr.’, 1. Pompon. 12 ad Q. Mue.
Dig. XL, 12, 28. — 2 Inst. I, 5, 3 ; Theophil. in h. L — 3 Gai. III, 50; Ulp.
XI, 19. — 4 Dosith. §7.-5 Gai. I, 16, 28, 31, 41, 74, 70. - 6 Ulp. I, 12; cf.
Suet. De Claris rhet. 1 : Petitur puer, quod domini voluntate fuerit liber, in
libertatem. — 7 Ou citera seulement les travaux les plus récents : Cantarclli, dans
A rcllivio giuridico, 1882, l. XXIX, 3 ; t. XXX, 40 ; Romanet du Caillaud, dans
Comptes rendus de l' Académie des lnscr. 1883, p. 431 ; Schneider, Zeitschrift der
Savigny-Stiftung, R.-A. 1884, t. V, p. 225; Hôlder, Ibid. 1885, t. VI, p. 205; Le-
monnier, Condition privée des affranchis, 1887, p. 64; Karlowa, Rom. Rechtsges -
chichte, t. 1/621 ; Girard, Manuel, p. 187 ; Morilz Voigt, Rom. R’echtsgeschichte,
t. II, p. 100. — 8 Scaev. 6 Quaesl. Dig. XXVIII, 2, 29, 12. — 9 Ibid. 29, 13 et 14.
— 10 Corp. inscr. lat. V, 4921. — U Ibid. 4922. — 12 Borghesi, Œuvres, t. \,
p. 209; cf. Marini, Atti dei frat. Ârvali. — 13 Fast. Arval. Corp. inscr. lat. I,
p. 71 (2e éd.); cf. Henzen, Arval. p. 97. — H T. II, p. 240 ; cf. en sens divers,
Romanet du Caillaud, De la date de la loi Julia Velleia, 1882 ; Cantarelli, Archi-
no giuridico, t. XXIX, p. 10 ; Karlowa, Rom . Rechtsg. t. I, p. 020; Morilz Voigl,
Rôm. Rechtsg. t. II, p. 101. — I» Ulp. XXII, 19. — 16 Scaev. 0 Quaesl. Dig.
Borghesi a établi que cette année devait être V( '
Tannée 780 = 27. Il a même conclu que c’était ^
ment cette année12, parce qu’à
Précisé-
époque où il écrivait o,
ne connaissait pas les consuls en charge à la |jn (| -
Cette conclusion ne peut plus être acceptée aujourd’l ^
les consuls de décembre 780 13 et même de “ 'U1,
781
ne sont
pas les auteurs de notre loi. M. Dessau, uans sa Pr ■
pographia imperii romani , propose l’année 779 = <.)pî
Le nom de la loi présente des variantes • Julîqu
Vellea16, Vellaea17, Julia Vellea18-, J una Vellea19 jllnj’
Vellea20, Junia Velleia21. Julia n’est donc qu’une exc
tion ; Velleia, Vellea sont des modifications de l’ortho
graphe primitive.
Lex Juventia (a. 587 = 167). — Projet de loi présenté
par le préteur pérégrin M. Juventius Thalna et tendant
à déclarer la guerre aux Rhodiens, et à désigner les
magistrats chargés de diriger les opérations et de com¬
mander la Hotte22. Ce projet n’a pas abouti.
Lex Labiena (a. 691 = 63). — Voir Lex ampia.
Lex(?) Laelia agraria (a. 609 = 145). — Projet de loi
agraire de C. Laelius 23 [agrariae leges, t. pq p. 1621. n
n’est pas certain que ce projet ait été l’objet d’une
promulgatio .
Lex Licinia de magistratibus (a...?). — Voir lex
aebutia de magistratibus.
Lex Licinia de ludis Apollinaribus (a. 542=: 212). -
Loi proposée par le préteur urbain P. Licinius Varuset
instituant d’une manière permanente les jeux Àpolli-
naires : Eo anno, pestilentiel gravis incidil in urbm
agros que : quae tamen mugis in longos morbos quamin \
perniciales evasit . Ejus pestilentiae causa et supplm-l
tum per compila tota urbe est , et P. Licinius FarttfJ
praetor urbis , legem ferre ad populum jussus ut hiludi
in perpetuum in statum diern voverentur 2\
Lex Licinia de creandis triumviris epulonibus (a.
558 = 196). — Plébiscite proposé par le tribun C. Lici¬
nius Lucullus et portant création du collège des triumvin
epulones 25 [epulones, t. III, p. 738f.
Lex Licinia sumptuaria (intra 611 = 113 et 657 = 9/).|
— - Loi réglementant le luxe de la table. Cette loi diltn,
sur quelques points seulement, de la loi Fannia . Lexi
deinde Licinia rogata est quae cum certis diebus. oi/dil
Fannia , centenos aeris impendi permisisset,
ducenos induisit ceterisque diebus statuit ,"l's l
cenos ; cum et carnis autem et salsamenti cei ta J 10,1(1 I
in singulos dies constituisset, quidquid esse/
terra , vite, arbore promiscue atque indéfini11 "U t
pef 27 I
' , . , ini Fannia
La loi Licinia est postérieure a la
de 593. Elle doit aussi être postérieure à la
XXVIII, 2, 59, 5 ; Ulp. 3 ad Sali. Dig. XXVIII, 3,3, L - ^ ^‘'35 ad Sab.l
Just. VI, 28, 2. — 1» Theophil. Paraphe. II, 13, 2. — fit. Lit- 1
Dig. XXVI, 2, 10, 2. — 20 Gai. II, 34. — 21 Inst. IL ^ pcrepÆ
XLV, 21 : M. Juventius Thalna praetor, cujus inter
jurisdictio crat... rogalionem promulgaverat ut Rlioiliis ^ clim cla sst j
et ex magistratibus ejus anni deligerent qui ad id Ae "" ^ ifXVII.
retur ; Polyb. XXX, 4. — 23 Plut. Tib. Gracch. 8. - ‘ ' Man|jiar(|t,
cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht. ü'ad. t. I, P- ^ ^ j :
Staatsverwaltung, trad. t. XIII, p. 270. Tit. Li'- - ^^Uus
eo primum anno triumviri epulones facti C. ^j,‘Vfnnus et P- ^ orC '5
ptebis, qui legem de creandis iis tulerat, et P- a" prsel'*1*
laeca; iis triumviris, item ut pontificibus, lege dation : iea- P'll'e,*i
babendae jus. Cic. De orat. III, 19, 73. — 26Maciob. ^ ^ »4, ' ’ j
mutatis in plerisque cum fannia congruit. 1 . <Jlias h‘(je pP J
v° Cenlenariae coenae : Cenlenariae coenae dicebantui 1, 1 . ceniwn ass>/"is’
plus centussibus praeter terra nata impendebatur , û
eranl brèves nummi ex acre.
— 1158 —
LEX
LEX
celle-ci eut pour objet principal d’étendre à
dl' f'i ‘ '' dispositions de la loi Fannia : la loi Fannia
I IIn U] ‘ "encore en vigueur en 611. D’autre part, elle est
étal! d0'K \ la loiDuronia qui l’a abrogée. On ne connaît
*ltprieUrtement la date de cette dernière; on sait seule-
Pas J'V'|e ]’ex-tribun Duronius, qui l’avait proposée, fut,
®('nq!'tif exclu du sénat par les censeurs de l’an 657,
u vMerius Flaccus et M. Antonius *. La date de la loi
l icinia doit donc être placée entre 611 et 657 2.
Ev Licinia de sacerdotiis (a. 609 = 145). - Projet de
,ni Drésenté par le tribun C. Licinius Crassus pour con¬
ter au peuple l’élection des membres des collèges
sacerdotaux h Ce projet n’a pas abouti.
I Lex Licinia de sodaliciis 4 (a. 699 = 55). -Loi proposée
ar le consul M. Licinius Crassus contre le crirnen
lodaliciorum qui n’est qu’une variété du crirnen arnbi-
L [AMBitus, t. Ier, p. 224] Le texte suivant explique
l’objet de la loi : M. Licinius Crassus pertulit , ut seve-
rissime quaereretur in eos candidatos, qui ( alios ?)
sibi conciliassent , ut per illos pecuniam tribulibus dis-
pertirent ac sibi mutuo eadem suffragationis emptae
praesidia communicarent 5.
■ Lex Licinia de actione communi dividundo (a...?).
— Cette loi n’est connue que par un texte de Marcien : Si
quis judicii communi dividundo evitandi causa rem
alienaverit ex lege Licinia ci interdicitur ne communi
dividundo judicio experiatur 6. La loi déclare que le
communiste, qui a aliéné sa part au profit d’un
potentiorf est déchu du droit d’intenter l’action com¬
muni dividundo. Elle le place dans une situation
analogue à celle où se trouve l’acheteur en vertu de l’édit
du préteur de aliénai ione judicii mutandi causa facta.
La loi a voulu prévenir une fraude consistant, dit Mar¬
cien, ut potentior emtor per licitationem vilius eam
àccipial, et per hoc iterum ipse recipiat. On a conjecturé
que cette loi n'est qu’un chapitre de la loi Licinia de so¬
daliciis 8.
Lex Licinia Cassia (a. 582= 172). — Loi proposée par
les consuls P. Licinius Crassus et C. Cassius Longinus
pour qu il ne soit pas procédé en cette année à l’élection
de tribuns militaires, et pour qu’on s’en remette aux
consuls et aux préteurs du soin de les créer s’ils le
jugent utile \
Lex Licinia Mucia de civitate (a. 659 = 95). — Loi
établissant, une quaestio perpétua contre les pérégrins
qui usurpent le droit de cité romaine 10.
Lex Licinia Papihia (a. 576 = 178). — Projet de plébis¬
cite présenté par les tribuns A. Licinius Nerva et C.
Papirius Turdus pour retirer à Manlius son imperium à
partir des ides de mars. Ce projet fut arrêté par 1 inter¬
cession de leur collègue Q. Aelius11.
Lex Licinia Sextia? (a. 387 = 367). — Plébiscite proposé
par les tribuns C. Licinius Stolo et L. Sextius Lateranus
ut si M. Furius pro dictature quid egisset, quingen-
tum miliium ei malt a esset 12 . Tite Live émet des doutes
sur l’existence de cette loi13.
Lex Licinia Sextia de consule plebeio et de praetore
ex patribus creando (a. 387 = 367). — Plébiscite pro¬
posé par les mêmes tribuns en 377 et qui aboutit dix ans
plus tard. L’un des consuls sera désormais plébéien,
mais l’on créera un nouveau magistrat patricien, le pré¬
teur, chargé de dire le droit à Rome 14 [praetor].
Lex Licinia Sextia de decemviris sacris faciundis
(a. 387=367). — Plébiscite proposé par les mêmes tri¬
buns pour remplacer les duumvirs sacris faciundis par
des décemvirs choisis moitié parmi les plébéiens, moitié
parmi les patriciens15.
Lex Licinia Sextia de aere alieno (a. 38/ = 367). —
Plébiscite proposé par les mêmes tribuns en 377 et qui
aboutit seulement en 387. Il est prescrit aux créanciers
d’imputer sur le capital les intérêts reçus ; les débiteurs
sont autorisés à payer le reste en trois annuités16.
Lex Licinia Sextia de modo agrorum (a. 387= 367). —
Plébiscite proposé par les mêmes tribuns en 377 et qui
aboutit seulement en 387. Il défend de posséder plus de
cinq cents arpents de terres dépendant du domaine
public; il limite à cent le nombre des têtes de gros bétail,
à cinq cents le nombre de tètes de petit bétail qu un
citoyen peut envoyer dans les pâturages publics; il
défend de convertir en prairies artificielles les terres de
labour ; il prescrit aux propriétaires d’employer, à
côté de leurs esclaves, un certain nombre d’ouvriers
libres (?)17. La date et le contenu de cette loi ont été con¬
testés par certains auteurs18.
Lex Livia (ante 643 = 411). Cette loi n’est connue que
par la mention qui en est faite dans la loi agraire de 643 :
[Quando Xvirei, quei ex] lege Livia factei createive
sunt fueruntve , eis hominibus agrum in Africa dede-
runt adsignaveru[ntve] 19. — [Extraque] eum agrum
locum , quem Xvirei , quei ex [lege] Livia factei crea¬
teive fuerunt, Uticensibus reliquerunt adsignaverunt 20.
Lex Livia frumentaria (a. 632= 122). — Projet de
I VolwfiM ''Z8 CenSeUrS de 657 = 97’ Willems, Le Sénat , t. I, p. 933. - 2 Mori
p. 2b n r i KÔn' ?1'. SÜChS' Ge>- d' Wiss' su LeiPzi0, PMI. hist. Kl. I89i
L fra{rr (.J'1 a )<M kieinia en 820. — 3 Cic. De Amicitia , 25 : Meministis Q. Maxin,
■ Licinii Cri ^ tUan cino consulibus quant popularis lex de sacerdotiis (
■ ferebalur il cooptatio enim collegiorum ad populi beneficium tran
I R dm Sir, / JS Pr*"lus i-nstituit, in forum agere cum populo... Cf. Mommseï
»>, P. 32. _ 4 Cic. mJ: r», 36 : y™*™* «
BçompferKj flH 1 “veine legis Liciniae quae est de sodaliciis, omnes ambitus legi
I Strafrecht n «79 ’ P' > ®'° Cass. XXXIX, 37 ; cf. Mommsen, lion
I nist lie ri ‘j ~ ° Marcian - 14 lnst- Diff- IV, 7, 12. — 7 Cf. Monnier, xYou
■ P- 806, n. 5 _ 9 XXIV, p. 78. — 8 Cf. Moritz Voigt, liôm. Dechtsg. t.
, RP Macedonicum 1 il " ' : ln tribunis militum novatum eo anno proj
I ne tribuni militum ^uodconsu^es ex senatusconsulto ad populum tuleran
I ‘,l lis faciendis j, . 60 anno su/fragiis crearentur, sed consulum praetorumqi
I i ,0 Cic plulllb ajbitrium1ueesset I «f- Willems,- Le Sénat, t. II, p. H!
■ ace>'rima de civitat * °’ "”*• Paucis annis post hanc civitatis donation®
P- 67 : Cum summa i'""' S“°’ !n,a et Mucia lege, venisset... Ascon. in Corne
1(! ™<igna pars eoriJn civitatis Domanae Italici populi tenerentur et c
11 suae quisque 7* ° P°rnams se gereret , necessaria lex visa es
1,8 " OiUis jus redigeretur. Cf. Mommsen, /loin. Strafrech
n ii,
P- v*
H rpit [• y " y», mvmmseu, xiuru. airu/rtiCf
I ■ Papirius Turdus - ’ f> ' Cum... tribuni jrlebis, A. Licinius Nerva
■ ’ rocjahonem promulguant, ne Manlius post idus Martias
uti causam cxtemplo dicere, cum abisset magistratu, posset, huic rogationi Q.
Aelius collega intercessit, magnisque contentionibus obtinuit, ne perferretur.
_ 12 TU. Liv. VI, 38. — 13 Ibid. — 14 Tit. Liv. VI, 35 : Tribuni C. Licinius et
L. Sextius promulgavit ( legem ) ne tribunorum militum comitia fièrent, consu-
lumque utique alter ex plcbe crearetur. Ibid. 42 : Concessumque ab nobilitate
plebi de consule plebeio ; a jilebe nobilitati de praetore uho qui jus in urbe
diceret ex Patribus creando. Aul. Gell. XVII, 21, 27 : In urbe Iloma lege
Licinii Stolonis consules creari etiam ex plebe coepti, cum antea jus non esset
nisi ex patriciis gentibus fieri consulem. Cf. Mommsen, Ltôm. Staatsrecht ,
trad. t. III, p. 90 et 221. — 13 Tit. Liv. VI, 42 : lidem tribuni, Sextius et
Licinius, de decemviris sacrorum ex parte de plebe creandis legem pertulere :
creati quinque patrum, quinque plebis ; graduque eojam via facta ad consulatum
videbatur. Ibid. 37. Cf. Marquavdt, Rôm. Staatsverwaltung, Irad. t. XIII, p. 83.
— 16 Tit. Liv. VI, 35 : Tribuni C. Licinius et L. Sextius promulgavere leges
omnes adverses opes patriciorum, et pro commodis plebis : unam de aéré alieno,
ut deducto eo de capite, quod u suris pernumeratum esset, id quod superesset,
triennio aequis portionibus persolveretur. Cf. Ed. Cuq, Institutions juridi¬
ques des Domains, t. I, p. 378, n. 0. — 17 Tit. Liv. VI, 35 ; Appian. De bel.
cio, 1,8; Cat. in Gell. VI, 3; Varr. De re rust. praef. 4. — 18 Cf. Niesc, Her¬
mès. 1888, t. XXIII, p. 410; Sollau, Hernies, 1895, t. XXX, p. 024; Éd.
Cuq, Op. cit. t. I, p. 502, 11. 1. - 19 Corp. inscr. lat. I, 200, 1. 77. — 20 Ibid.
L 81.
1ÆX
H 54 -
LEX
plébiscite présenté par le tribun L. Livius Drusus l’An¬
cien 1 [frumentariae leges],
Lex Livia de coloniis deducendis (a. 032 = 122). _
I cojet de plébiscite présenté par le même tribun 2
[agrariae leges, t. I, p. 163].
Lex Livia de provocatione (a. 632 = 122). — Projet de
plébiscite présenté par le même tribun et accordant aux
Latins le droit d appel au peuple 3 [provocatio],
Lex Lima agraria (a. 663 = 91). — Plébiscite proposé
par le tribun M. Livius Drusus 4 [agrariae leges].
Lex Livia frumentaria (a. 663 = 91). — Plébiscite
proposé par le même tribun [frumentariae leges].
Lex Livia judiciaria (a. 663 = 91).— Plébiscite pro¬
pose pai le meme tribun pour rendre le niunus judicandi
au sénat augmenté de trois cents chevaliers6, et pour
instituer une quaestio contre les juges équestres qui
s’étaient laissé corrompre cà prix d'argent : si quis ob
rem judicatam pecuniam cepit G.
Lex Livia nummaria (a. 663 = 91). — Plébiscite pro¬
posé par le même tribun et permettant de porter
jusqu au huitième le nombre des pièces fourrées lors
de chaque émission monétaire 7 [denarius, t. IV. p. 99],
Lex Lucilia Caelia (a. 701 =53). — Plébiscite proposé
par les tribùns C. Lucilius Hirrus et M. Caelius Rufus
pour nommer Pompée consul sans collègue 8.
Lex Lucretia (a. 582=172). — Plébiscite proposé par
le tribun M. Lucretius pour autoriser les censeurs à
affermer Yager Campanus ,J.
Lex Maelia (a. 318 = 436). — Projet de plébiscite
présenté par le tribun Sp. Maelius pour ordonner la
confiscation des biens de Servilius Ahala10. Ce projet
n’eut aucun succès.
Lex Maenia agraria (a. 344 = 410). — Projet de loi
agraire présenté par le tribun de la plèbe M. Maenius
[agrariae leges].
Lex Maenia (a. 416=338?). — Loi ajoutant aux jeux
du Cirque le jour appelé die s instauraticius 11 [ludi cir-
censes]. On a conjecturé que l’auteur de la loi était le
consul C. Maenius12.
Lex Maenia de patrum auctoritate (milieu du ve siècle).
— Loi invitant les patres à donner leur auctoritas en
matière d'élection avant le vote du peuple 13. Cette loi
est probablement un plébiscite ; on n’en connaît pas exac¬
tement la date u.
Lex (Maenia?) de dote (a....?). — Parmi les règles sur
la restitution delà dot, il en est qui remontent au temps de
la Répûblique et qui paraissent avoir été établies par la loi
i Schol. Bob. p. 301 : Frumentariam legem tulit ut gratuito populus acciperet.
Cf. sur les leges Liviae, Mommsen, Rom. Geschichte , t. II, p. 120. — 2 Appian.
De bel. civ. I, 23 ; cf. Marquardt, Rom. Staatsverwaltung , Irad. t. III, p. 143;
— 3 Plut. C. Grâce h . 9 :Toj § oimuç |xr,3 i-\ orpaTeiaç èçvjTtvà ÀaTtvwv ab/iiraOa1
Yçà-I/avToç, Eoor.Oo'Jv tçî — 4 Cf. sur les loges Liviae de M. Livius Drusus,
qui ne sont peut-être que des cliapilres d’une même loi per saturnin, Mommsen,
Rom. Geschichte , t. II, p. 212. Toutes ces lois ont été cassées par le sénat.
— 5 Appian. De bel. civ. I, 35 ; Vcll. Pat. II, 13 : Senatui jiriscum restituerc...
decus et judicia ab equitibus ad eum transferre ordinem. Aur. Yict. De vir.
ill. \j'Epitome de TileLivc(71) va trop loin lorsqu’il parle d’un partage entre le
sénat et l’ordre équestre. Cf. Mommsen, Rom. Staatsr. trad. t. VI, 2, p. 13G.
— 6 Cic. P. Rabir. Post. 1, 16. — 7 Plin. Hist. nat. XXXII, 13: Livius Drusus
intribunatu plebis octavam parlem aeris argento miscuit. — 3 Ascon. in Mil.
p. 37; cf. Mommsen, Op. cit ., trad. t. IV, p. 433. — 9 Tit. Liv. XLII, 19 :
M. Lucretius tribunus plebis promulgavit ut agrum Campanum censores fruen-
tlum locarent. 10 Tit. Liv. IV, 21. — il Macrob. Sat. I, 11, 5 : Ex sénat us -
consulto et Maenia loge , ad propitiandum Jovem additus est illis Circensibus
dies is, qui instauratitius die tus est. — 12 (if. sur la date de la loi et sur la qualité
de son auteur, Willems, Le Sénat, t. II, p. 71. — 13 Cic. Brut. 14, 55 : M. Curius...
tribunus plebis interrege Appio Caeco... comitia contra leges habente cum deplebe
consulem non accipiebat, patres ante auctores fieri ( coegit ), quod fuit permag -
plutôt que par la jurisprudence. On peuL , .
vraisemblable l’existence d’une loi dedotemü p0llr
lois Julia et Papia Poppaea iS. .La disposition . . . .
peut le plus sûrement attribuer û cette loi ^ ’0n
- esl cL‘lle qui
accorde au mari la faculté de restituer les c.|l( ,
gibles comprises dans la dot en tr ’
bonua trima die). Les jurisconsultes
ls«s f0n.
r01s “""te («».„
, qualifient CP ,lo
tempus légitimant 16 , legibus datum ou statut,, e
Polybe atteste l’existence de ce délai en 592 ,l(u= °r
meratio dotis. Kerrà... to5ç PgWo.v vdaouc"V™U' ^
v ’ o \ , P s tJv £v TQlffiv
6T£<nv a7tooouvai Ta 7rpoffocf£tXogeva ^pyjfiaTa tÿ|Ç r
yuvaiijt 18 D’autre part Cicéron écrit en 709, à pronLT
divorce de P. Cornélius Dolabella et de Tullia |,ujh . U
lieu en 708 : a Dolabellae procuratoribus exigam 5
mam pensionem 19. Or, rien n’indique qu’il s’airUw ■
un terme conventionnel.
On fait généralement remonter la loi dont s’agit au
temps de Caton, à cause de son oratio de dote citée par
Aulu-Gelle 20 . Morilz Voigt a cru pouvoir affirmer qu’elle
eut pour auteur, I. Maenius, préteur urbain en 568 21
mais les raisons données à l’appui ne sont pas décisives'
Lex Mamilia (a. 644 = 110). — Plébiscite proposé par
le tribun C. Mamilius pour qu’on ouvre une instruction,
contre ceux qui avaient encouragé Jugurtha à ne pîis
tenir compte du décret du sénat22: quaestio conjura¬
tion i. s Jugurthinae23 .
Lex (?) Mamilia Roscia Peducaea Alliena Fabia (fin du
vu0 siècle). — Les avis sont très partagés sur cette loi
dont trois chapitres ont été conservés24. Certains auteurs
y voient un plébiscite proposé par cinq tribuns 35 ;
d’autres pensent qu’il y a cinq lois distinctes26. Les uns y
voient une loi destinée à compléter la loi Julia agraria As
6952,,les autres un règlement préparé par une sous-co®-
mission des viginti viri institués par cette loi Julia28.
Cette dernière opinion est rendue vraisemblable par le
rapprochement de l’un des chapitres de cette loi et d’un
fragment du traité de cognitionibus de Caliistrate A
Celui-ci attribue à la lex agraria quam C. Caesar tulit
une disposition qui, d’après les Gromatici velern , hg'ure
dans la loi Mamilia Roscia Peducaea Alliena Fabia. I n
autre chapitre de cette loi est reproduit presque textuelle¬
ment dans le chapitre 104 de la lex coloniae Genctivai I
Juliae30. — L’une des principales dispositions de la lfll
Mamilia est relative à la eontroversia de fine 1 : e^e j
bitres chargés de
réduit de trois à un le nombre des ar
statuer sur ces différends32.
Lex Manilia de libertinorum su/fragits (a. fiiR
: 67).
t. III,
nuni nondum lei/e Maenia lata. — U Cf. Mommsen, Boni. .
p. 1012, Irad. t. VII, p. 232, n. 3. — 15 Karlowa, Rôm. Bechtsgi (| 7
p. 217. — 16 uip. 33 ad Ed. üig. XXIV, 3, 24, 3. — 11 Paul- 3 atl ®'i: ’9U '
27, 2 ; Proc. 2 Epist. Dig. XXIlï, 4, 17. — « Polyb. XXXII, 13. - 1 ^
VI, 18, 5; cf. ad. Att. XII, 8. - 20 Gell. X, 23. — 21 Die lex Maeni
rom. Jalir. 508 d. SI., Weimar, 1860; cf. Bôm. Bechtsgeschichte ■
— 22 Sallust. Jug. 40: C. Mamilius Limetanus tribunus pki"' 1
populum promulgat : uti quaereretur in eos quorum consiho ■ ^ ^
décréta neglexisset ; quique ab eo in legationibus aut impeiu* / ^ e tVd
pissent, qui elephantos, quique perfugas tradidissent ; item q"‘^ g, tut.
bello cum hostibus pactiones fecissent ; Cic. Brut. 33, 1-'- — „ q,
trad. t. IV, P- 38-«
deor. 3, 20, 74; cf. Mommsen, Rom. Staatsr. Iran. t. i > i r- ~ ^ 4.98,
r et. 1, 263; cf. Cic. De leg. I, 21, 55. — 23 Willems, Le M ^ cj,
— 26 Moritz Voigt, Bôm. Bechtsgeschichte, t. 1. P- l'3- __
— 28 Mommsen, Die Schriften der rôm. Feldmesser, t. H, P -' il, 3 i"1
trad. t. IV, p. 341, n. I. — 29 Callistr. 5 De cognit. Dig. ' J[s/l7„/io»i
— 30 Cf. Bruns, Fontes juris, p. 94. — 31 Cf. Édouard uq, ^ p *il;
juridiques, I. I, p. 270. — 32 Karlowa, Bôm. Rechtsgeschic i ^ acti°
Moritz Voigt, Ueber die agrimensorischen généra contro'eisia^ P'7,
finium regundorum (Ber. der sàchs. Ges. d. V issenseh.
t. XXV, p. 70)
ICI
LEX
— 4155 —
LEX
, • ;,p proposé en décembre (587 par le tribun
- pItïSC1 nmir rendre aux affranchis le droit de voter
c Manille iribug ! |LEX sulpjcia]. Ce plébiscite, s’il a
■ nS r 'i été aussitôt cassé 2.
été vote, d _ 66\ __ plébiscite proposé par le
r py MaNILIA (a. , ,
I L ih„n pour conférer à Pompée un commandement
r» chef exlraordinaire lors de ta guerre contre Tigrnne
contre Mithridate 3 . . .
, v MANLIA de vicesima manumissionum (a. 3J7 —
Loi proposée par le consul Cn. Manlius Capito-
Eus et votée dans le camp de Sutriumpar une assemblée
comprenant les soldats groupés en tribus. Cette loi
Etablit un impôt du vingtième sur les affranchissements L
Lex Manlia de bello Jugurthino (a. 646= 168). — Plé¬
biscité proposé par C. Manlius Mancinus et attribuant à
Marins le commandement de la guerre contre J ugurtha L
I Lex Manlia (a. 696 = 58). — Plébiscite proposé sans
succès par C. Manlius pour donner aux affranchis le droit
de voter dans toutes les tribus °. Certains auteurs con¬
fondent cette loi avec la loi Manilia de 687 : au lieu de
Manlius, ils lisent Manilius; au lieu de in praetura L.
Domitii , ils lisent in quaestura 7.
LExMARCiA(a. 398=356). — Loi proposée par le pre¬
mier dictateur plébéien C. Marcius Rutilus et lui accordant
tout ce qu’il jugerait nécessaire pour la guerre contre
les Étrusques 8.
LexMarcia adversus feneratores (a ..?). — Loi accor¬
dant à l’emprunteur qui a payé des intérêts usuraires une
menus injectio pura pour se les faire rendre9 [manus
injectio] La date de cette loi n’est pas connue : on dis¬
cute le point de savoir si elle est antérieure ou posté¬
rieure à la loi Genucia de 412 10. Elle est sûrement du
temps de la République.
LexMarcia de Liguribus (a. 582=172). — Plébiscite
proposé par les tribuns M. Marcius Sermo et Q. Marcius
Scylla. Le texte de la rogatio est ainsi rapporté par Tite
Lire: Ut qui ex Statiellis deditis in libertatemrestitutus
inûe halendas sextiles primas non esset, cujus dolo
h in servit ut em venisset, ut juratus senatus decer-
ftcrei qui eam rem quaereret animadverteretque 11 .
■ pFA Marcu de M. Popillio Laenate consuls (a. 582 =
jj ~ Plébiscite proposé par les mêmes tribuns : Ut si
pon ann ulus novembres ( M . Popillius ) in urbem Ro-
nmw inhoisset, de absente eo C. Licinius statueret ac
judicaret li.
I Lex Marcia de tribunis militum (a. 631 = 123) — Loi
1 it^M ,,ai' ^ Préteu1’ ^n- Marcius Censorinus 13.
oit» n, - AKI JA (ldraria (a- 650 = 104). — Projet de plébis-
I nlt par L. Marcius Philippus, mais qui, soutenu
I Ascon. p, 4o • j\f(t)ii[ '
i, ^Sem—commtnlii„ 1 lUS\ " P°St Paucul°s statim dies quam inierat tribunatum
■ Ni* oJSZiïr V Di°CaSS- XXXVI, 25; Ascon. In Mil. p. 40 : Ut liber-
(le lüertinorum afjium esset ; Cic-P- Cornet, ap. Ascon. p. 64 : Legem
fn,,nA1 JÎZ9ns Corndh‘° c- Manilio dédit. _ 2 Ascon. p. 05 ; Cic .P.
XXXVI; 43 ; Appia,,. 'ZTT'urTi StaaUrecht - trad- VI, 2, p. 25. — 3 Dio Cass.
*lû(l. l. iVï p ^ ,p.j ^ 1/1 ü i^' ’•> Ascon. p. 58 ; cf. Mommsen, Rom. Staatsr.
I trtbutini de vicesima eor ^ ^ " Legem novo exemplo ad Sutrium in castris
I P* 153. — b Sallusl. J ari -1 U r'*anum*tterentur tulit ; cf. Cagnat, Impôts indirects,
vellet cum Junurii; / n °Luflls a ^ribuno plebis Manlio Mancino roqatus
’,2; * Corp. inZ gerere’ frequens M~ Aul. Gell. VII,
1 CM feslii P' 290 Ct 29L - ° Ascon.
Y'^tore. nt,a Eaitcr-OrcUi. - 8 Tit. Li-
In Mil., p. 40. — 7 Cf.
1 ÿ/ us» s
' Popul.us jussit. ,'v , Tit- Liv' V11’ 17 : Cuncta, ferente
"as exet/issfirit j.. , . . ■ Item lex Marcia adversus feneratores
Li, v!’1' Cl"L institutions ' re^enr^s Per manus injectionem cum eis agetur. -
"■ U|L 21. ^:TUUn^ues des Romains, I. I, p. 379, n. 4. - Il Tit.
Gliaiisius, p. 208 : C. Gracchus in ro.gatione
pi obati essent homines adulcscentes, tamen
<«res veteres faciundi essent. — 14 Cic. De o/f. II,
Mar • 2Î -
*ece^"'^7?:.Si "obi‘ V^bati
Uibun, muila
mollement par son auteur, fut aisément écarté14 [agra-
RIAE LEGES, t. 1er, p. 163].
Lex Marcia Atinia de pace cum rege Philippe
(a. 559 = 196). — Plébiscite proposé par les tribuns
Q. Marcius Rex et C. Alinius Labeo pour conclure la paix
avec le roi Philippe13.
Lex Maria Porcia de triumphis (a. 692 = 62). — Plé¬
biscite proposé par les tribuns L. Marius et M. Porcius
Cato Uticensis pour empêcher les généraux qui sollicitent
l’honneur du triomphe d’envoyer des bulletins de victoire
mensongers. Poenam enim imperatoribus minai ur qui
aut hostium occisorum in praelio aut amissorum civium
falsum numerum literis senatui ausi essent referre.
Jubetque eos , cum primum urbem mirassent, apud
quaestores urbanos ejurare de utroque numéro vere ab
his senatui esse scriptum 16.
Lex Maria de suffragiis (a. 635 = 119). — Plébiscite
proposé par le tribun C. Marius pour mieux assurer de
secret des votes11. Pour empêcher qu’on ne regarde les
tablettes de ceux qui allaient voter, la loi de Marius a,
dit Cicéron, rétréci les ponts18.
Lex Mecilia Metilia agraria (a. 337 = 417). — Projet
de loi agraire des tribuns Mecilius et Metilius [agra-
RIAE LEGES, t. Ier, p. 159].
Lex Memmia (a. 643 = 111). — Plébiscite proposé par C.
Memmius et défendant d’accueillir les accusations dirigées
contre ceux qui sont absents pour le service de l’État19.
Lex Memmia (a. 643 = 111). — Plébiscite proposé par
le même tribun et ordonnant au préteur L. Cassius de se
rendre auprès de J ugurtha et de le ramener à Rome20.
Lex Menenia Sestia (a. 302 =452). — Loi proposée par
les consuls T. Menenius Lanatus et P. Sestius Capito-
linus. D’après Festus, ce serait cette loi qui aurait fixé le
taux maximum des amendes en numéraire21. Suivant
Denys d’Halicarnasse et Aulu-Gelle, cette fixation serait
due à la lex aternia tarpeia de l’an 300.
Lex Messia (a. 697 =57). — Plébiscite proposé par le
tribun C. Messius pour ordonner le retour de Cicéron22.
Lex Messia (a. 697 = 57) — Projet de plébiscite pré¬
senté sans succès par le même tribun pour conférer à
Pompée la cura annonae2* . Le peuple vota la loi consu¬
laire de Cornélius et Caecilius [lex cornelia caecilia].
Lex Metilia (a. 537 = 217). — Plébiscite proposé par le
tribun M. Metilius24 avec l’appui du préteur C. Terentius
Varro 28 et conférant au magister equitum Minucius un
pouvoir égal à celui du dictateur Fabius 2G.
Lex Metilia de fullonibus (a. 537 = 217). — Plébis¬
cite proposé par le même tribun et contenant des pres¬
criptions sur les procédés techniques que devaient
21-73. — 15 Tit. Liv. XXXIII, 25 : Omnes quinque et Iriginta tribus , uti royatae
jusserunt ; Polyb. XVIII, 25. — IG Val. Max. II, 8, l; cf. Mommsen, Rom.
Staatsr. ti'ad. t. I, p. 153.— U Plut. Mar. 4. — 18 Cic. De leg. III, 17, 38 ; cf. Mom¬
msen, Rom. Staatsr. trad. t. VI, 2, p. 462, n, 3. — 19 Val. Max. III, 7, 9 M. Anto-
niits... se postulatum apud L. Cassium praetorem cujus tribunal propter nimiam
severitatem scopulus reorum dicebatur, cum id vitare beneficio leyis Memmiae
liceret, quae eorum qui reipublicae causa abessent recipi nomina vetabat, in urbem
tamen recurrit. — 20Sallust. Jug. 32. — 21 Fesl. v“ Pecxdatus : Ante aes aut argen-
tum signatum ob delicta poena gravissima erat duarum ovium ct triginta boum ;
ita lege sanxerunt J. Menenius Lanatus R. Scxtps Capitolinus consules, quae
pecudes postquam aere signato uti coepit populus romanus, Tarpeia lege cautum
est , ut bos centusibus, ovis decussibus aestimaretur . Cf. Mommsen, Rôm. Straf recht,
p. 50, n. 3. —22 Cic. P. red. in sen. 8, 21. — 2.1 Cic. Arf Alt. IV, 1, 7 : Legem
conscripsit... alteram Messius qui ontnis pecuniae (Cn. Pompeio) dat potestatem
et adjungit classem et exercitum et majus imperium in provinciis quam sit eorum
qui eos obtineant. — 24 Tit. Liv. XXII, 25. — 23 Jbid. in line. _ 20 Val. Max. V 2.
4 : Dictatori ei magister equitum Alinucius scito plebis , quod nunquam antca
factum fuerat, acquatur. Corp. inscr. lat. 1, p. 285, elog. xxix.
LEX
— 1156 —
employer les foulons Cette loi fut, d’après Pline
l’Ancien, soumise au peuple à l’instigation des censeurs
de 534 C. Flaminius et L. Æmilius: d’où une difficulté
pour fixer la date de la loi, Metilius ayant été tribun seule¬
ment en 337. Deux solutions sont possibles: ou bien ad¬
mettre avec Borghesi 1 existence en 534 d’un autre tribun
Metilius 2, ou dire avec Willems que le tribun de 537 trans¬
forma en plébiscite un règlement censorien antérieur 3.
Lex Minicia (a..,.?). — Loi décidant que l’enfant, né de
parents qui n ont pas entre eux le conubiutn , suit la con¬
dition la moins favorable. Lex Minicia ex altevutvo
peregrino natum deterioris paren t is conditionem sequi-
tur \ La décision n’a d’ailleurs d’intérêt pratique,
comme le remarque Gaius, que si la mère est citoyenne
romaine, le père étant pérégrin ou latin s.
La date de la loi est inconnue, mais comme elle s’appli¬
quait, dit Gaius, aux Latins qui pvoprios populos pro-
priasque civitates habebant et erant peregrinorum
numéro °, elle doit être antérieure à la guerre sociale 7.
Lex Mini cia de triumviris mensariis (a 538=216).
— Plébiscite proposé par le tribun M. Minucius Rufus et
portant création de triunwiri mensarii 8.
Lex Minucia (a. 633 = 121). — Plébiscite proposé par
le tribun M. Minucius Rufus et supprimant la colonie de
Carthage 9.
Lex Minucia de legibus Semproniis abrogandis (a. 633
= 121). — Plébiscite proposé par le même tribun pour
abroger les lois de Sempronius Gracchus10.
Lex Mucia (a. 613 = 141). — Plébiscite proposé par le
tribun P. Mucius Scaevola pour ouvrir une instruction
contre le préteur C. llostilius Tubulus qui, présidant la
quaestio inter sicarios , avait ouvertement reçu de l’argent
pour juger une affaire11.
Lex Munatia de proscript is restituendis (a. 712 = 42). —
Loi proposée parle consul L. Munatius Plancus pour rayer
de la liste des proscrits L. Julius Caesar et Sergius12
Lex Norbana de auri Tolosani quaestione (a. 650 =
104). — Plébiscite proposé par le tribun C. Norbanus et
instituant une quaestio 13 contre le consul Q. Caepio
accusé d’avoir autorisé le pillage de la ville de Toulouse
et d’avoir enlevé beaucoup d’or conservé dans les
temples de cette ville u.
Lex Octavia frumentaria (a...?). — Loi frumentaire
proposée par le tribun M. Octavius frumentariae leges,
t. IV, p. 1347].
Lex (?) Octavia (a. 667 = 87). — Loi proposée par le
consul M. Octavius, pour retirer la charge de consul à son
collègue L. Cornélius Cinna, cum perniciosas leges per
1 Plin. Hist. nat. XXXV, 57 : Cum lex Metiliaexstet fullonibus dicta quam C.
Flaminius et Aemilius censores dedere ad populum ferendam. Cf. Dirksen, Civilis-
tische Abhandluntjen, t. Il, p. 75. — 2 Borghesi, Œ uvres, t. I, 305. — 3 Willems,
Le Sénat , t. I, p. 343. — 4 Ulp. V, 8. — 3 Gai. I, 78. — S Ibid. I, 79. — 7 Karlovva,
Rôm. jRechtsgeschichte, t. II, p. 182. — 8 Tit. Liv. XXIII, 21 : Et Romae quoque
propter penariam aryenli iriumvrri mensarii, royatione AI . Minuciitribuni plebis
facti... ; Flor. II, 6. Cf. sur la fonction de ces triumvirs : Mommsen, Rom. Staatsr .
trad. t. IV, p. 355, n. 2 ; Willems, Le Sénat , t. II, p. 455. — 9 Appian. P un.
cxxxvi ; De bel. civ. I, 24; Flor. II, 3 ; Oros. V, II ; cf. Marquardt, Staatsverwal-
tung, trad. t. VIII, p. 144. — 10 Aur. Vict. De viris ill. 65 ; Flor. III, 15.
— Cic. De finib. II, 16, 54 ; IV, 28, 77 ; cf. Mommsen, Rom. Strafrecht ,
p. 197, n. 2. — 12 App. De bel. civ. IV, 37 ; IIapE<xxtjafftv oji un;, ITXàyxov ÛTCaTEÙovTa
xàOoSov -ràî Aeuxcoi }r,ot(T«ff0at. Ibid. 45 : £%,<>; Si Ixçijs 0>j nap * aÙTffl ’AvTumw, (xéjrçt
DXàyxov üicareüovTa ô ’Avxwvioç neuve xàôoSov aÛTCî tj>ï;ot<xa<y0ai. — 13 Cic. De nat. deor.
III, 30, 74 ; Licinianus, p. 10. — 14 Aul. Gell. III, 9, 7 ; cf. Herzog. Geschichte der
rom. Staatsverfassung , I. I, p. 485 ; Mommsen, Rom. Strafrecht, p. 198, n. 1.
— 13 Tit. Liv. Epit. 79. — 16 Vell. Pat. II, 20. — 17 Appian. De bel. civ. I, 63 ; cf.
Mommsen, Rom. Staatsr. trad. t. II, p. 304, 2,1. — i» Tit. Liv. X, 6 ; cf. Bardt
Die Priester der vier yrossen Collégien , p. 10; Mommsen, Op. cit. trad. t. III,
p. 24, n° 1. — 19 Gai, IV, 109. — 20 Édit. Dubois, p. 473. — 21 La loi Oppia
LEX
vint algue arma ferret
, . , L existence de celle i •
fort douteuse. Velleius Paterculus dit : p . 01
sénat us, consulat us is abrogatus est *«. \S- (Ulcloritat e
Cinna considéra cette abrogation comme'
parce que le sénat lui avait enlevé sp* 'U's. Valeui',
pouvoirs SilDs
consulter le peuple17.
U:x Oculni» (,. 154 = 300). _ Plébiscite pr0DM
les tribuns Q. etCn. OgulniusetportanUhuitl? ï*
des places du collège des pontifes18, à neuf (.,J.
places du collège des augures. Les quatre pontifes"', t*
cinq augures qu’on voulait ajouter devaient être ri ?
parmi les plébéiens [augur, t. I, p. 532]_ ' lll|fi‘s
Lex Ollinia? (a...?). — Loi citée par Gains et dont J
ne connaît ni l’objet ni la date : Ceterum potesl ex lJ
quidem esse judicium sed legitimum non esse- nain]
verbi gratia ex lege Aquilia, vel Ollinia , cet Furk J
provincia agatur , imper io continebitur judicium
Peut-être le copiste du manuscrit de Gaius a-t-il fait
erreur, car Gaius devait citer une loi bien connue et dont
il avait déjà parlé 20.
Lex Oppia sumptuaria (a. 539 = 215). — Plébiscite
contre le luxe des femmes proposé un an après le désastre
de Cannes, par le tribun C. Oppius, sous le consulat de
Q. Fabius et de Ti. Sempronius, et défendant ne qua
mulier plus semiunciam auri haberet; neu vestimenti
versicolor 21 uteretur ; neu juncto vehiculo in urbe-oÀ
pidove, aut propius inde mille passas nisi mrorum
publicorum causa 22. Cette loi fut abrogée vingt ans après
par la loi Valeria Fundania.
Lex Orguia sumptuaria (a. 572 = 82). — Plébiscite
contre le luxe de la table, proposé parle tribun C. Orchius,
sur l’avis conforme du sénat, et limitant le nombre des
convives23. La loi fut votée, d’après Macrobe, la troisième
année de la censure de Caton qui entra en fondions en
570 : la loi Orchia est donc de 572. Cette date concorde
avec celle de la loi Fannia qui, suivant Macrobe, fut
rendue post annum vicesimum secundum legis Orchiat,
donc vingt et un ans plus tard, soit en 593. Macrobe!
ajoute, il est vrai, qu’Aulu-Gelle place la loi Fannia en
588, mais il faut tenir compte de la différence qui sépare
1ère de Varron de celle de Fabius Pictor 2'\
On a conjecturé que la loi Orchia serait la lex alearin
mentionnée par Plaute23.
Lex Ovinia de senatus lectione (a. 442 = 312?!. —
biscite proposé par le tribun Ovinius pour supprime! e
caractère viager des fonctions sénatoriales et, trans ererj
aux censeurs la nomination aux places devenues
cantes 26. La date de cette loi n’est pas déterminée, e e j
prohibe le porl des vêtements de couleur. Le sens de 1 expression ^ ^ tcs,
est fixé par un texte célèbre de Paul (2 ad Vitellium) contenant un ^
tamenl de Labéon en faveur de son épouse Neratia {Dig. XXXI\ , -,
eod. 32, 7). — 22 Tit. Liv. XXXIV, 1, 3; Val. Max. IX, 1. 3 : "r0f'ja)il ,736;
IV, 20, 8 ; cf. Tit. Liv. XXXIV, 3, 9, 4, 10 ; Hoffmann, Ad legetn prim
Restelius, Dissertatio ad legem Oppiam, 1700. — 23 Macrob. S "G tri"
omnium de coenis lex ad populum Orchia pervenit , quant lu 1 . .pj-ai, Cuj111
bunus plebis de senatus sententia tertio anno quam Cato ; „„«iernnl
verba quae prolixa sunt praelereo ; summa autern ejus pi aesf fl'isi.
Konigl. Sachs.
zu Leipzig, 1890, p. 248, n. 9. — Cf. Émilio Costa, ll < 256.
Jloritz Voigt,
2'*- Morilz Voigt, Derichte d.
248, n. 9. — *3 Cf
romano nelle comedie di Plauto , 1890, p. 50, 44. Moritz \oi0^ oppi'0^0 n0^
n. 35. — 26 Fest, v° Praeteriti : Praeteriti senatorcs quoudam feie-l
erant, quod ut reges sibi leqebant subligebantque quos i " c0"s
. . H
0
Ovinia tribunicia intervenit qua sanctum est ut censores e.i °n raeterM e,tf\
quemque curiatim in sénat um legerent : quo factum est, ut ^ jjloch, oriÿ,wC* I
et loco moti, haberentur ignominiosi. Cf. sur le mol curialt"1-
du Sénat romain, p. 290.
fÿi U.11V y tyttuu Lit, / ctyjo oti/i vcyui/uin - 7 i
rent , ita post exactos eos consules quoque et tribuni militai LS^t —
conjunctissimos sibi quosque patriciorum et deinde plebeto' ,1; or(li”e
LEX
\ • ,n i. comprise enlre l’année 319 et l’année 178.
csl ,, ‘J4 9 excluent le consulaire Mamercus
censeurs de 319 excluent
jns tribus, mais non du sénat1. En 478, au
/u . _ p Q0rnelius Rufinus est exclu du sénat par
^"'trnse'urs C. Fabricius et Q. Æmilius 2. Mommsen
|eS mlfi le plébiscite Ovinien fut rendu en 442 ou
1157 — LEX
date de cette loi n’est pas déterminée. Mommsen la place
ijecture que le plébiscite C
P1'"
111 C '1»*^ l
de temps auparavant3 [senatusJ.
("7ir7\ T4l a rv i n n i
I Le7pacuvia (a. 727= 27). — Plébiscite proposé par le
Bribun Sex. Pacuvius Taurus pour donner au mois Sex-
tilis le nom d’Auguste '.
Lex Papia de Vestalium lectione (a...?). — Loi de
date incertaine sur le choix des vestales par le grand
l.pontife, Papiam legem invenimus, dit Aulu-Gelle, qua
Mcavetu/' ut ponti/icis maxirni arbitrant virgules e
Mpupulo viginti legantur sortitioque in concione ex eo
numéro fiat et cujus virginis ducta erit ut eam pontifex
Mmaximus capiat eaque Vestae fiat'0 [vestalis].
Lex Papia de peregrinis (a. 689 = 65). — Plébiscite
proposé par le tribun C. Papius contre les pérégrins qui
ï usurpaient le droit de cité. Ce plébiscite établi L une
Wquaestio et ordonne l’expulsion des pérégrins résidant à
Rome 6.
Lex Papia Poppaea (a. 762= 9). — Loi proposée par
1 les consuls M. Papius Mutilus, C. Poppaeus Sabinus pour
I amender la loi Julia de maritandis ordinibus. Voir
■'article caduc ariae leges.
■ Lex Psi'iria de civitate Acerranorum (a. 422 = 332).
— Loi proposée par le préteur L. Papirius Cursor et
■ accordant aux habitants d’Acerrae la cité sine suffragio \
Lex Papiria de dedicatione (a...?). — Plébiscite pro¬
posé par le tribun Q. Papirius et défendant de faire aucune
consécration sans l’ordre de la plèbe 8. Lange 9 et Wil-
■lems ,IJ pensent que cette loi est la même que celle de
■50=: 304 d111 exige, pour la dédicace d’un temple ou
■dune chapelle, l’approbation du sénat ou de la majorité
■des tribuns de la plèbe11. Mommsen les distingue12
■dedicatio, t. III, p. 44].
■ Lex Papiria de viatoribus aedilis plebis (a...?). —
■ n neconn<dt cette loi que par une inscription de Rome
! ai,nsi C0I1'Ue • Q- Considius. Q. L. Eros viator aed.
( Plmege Papiria 13.
■ Lex PmRiAdetriumviris capital ibus (a...?). — Plébis-
BL Pl(ll,aM Par le tribun L. Papirius et décidant que les
■du seraient élus par le peuple et chargés
H; ec0uvrement des sacramenta" [sacramentum]. La
1 Tit. Eiy. iv 2) _ 2 , , „ „ „
E IV, p. 102. u „.. u.‘ c ' ^ VU, 21, 39. — 3 liÿm. Staatsrecht, trad.
mik, 1847 wmlm f P'.53 ’ cf' Hofmann- °er rôm. Sénat zur Zeit der Re-
Atmio disputatio Loin/ P' 153 ’ Lange, De plébiscita Ovinio et
•»J, t. I, p. m[ L 9’ p' 3; Hei,zog, Gesch. der rôm. Staatsverfas-
anlea vocabatur donec I Sat' 12, 35 • Augustus deinde est qui sextilis
f{“® fnctum oh ram,/* ,0"°’ ‘ Augush daretur ex senatus consulto... item plebis-
ptt L iî, U • cj- ,, n 'em S<-‘xto Pacuvio tribuno plebem rogante. — B a.
C*m. XXXVII, 9 ;Cic /JrVll f0m' Staatsverwa,t; trad. t. II, p. 23. — 6 Dio
Tit. Liv vin \°- ' 11 ’ 47 ; cf- Mommsen, Rôm. Strafrecht, p. 204 et
k,n’ m ciri,', f liomani facti Acer,
ac
tosen, 0.
"> ?"« eieitas sine , faetl Acerrani lege al L. Papirio praetore
V Postumio Pkilnne T*aL I, 14: Insequentibus consulibus
_ tn’ «■, trad. t. IV a “ 10 censorib"s Acerranis data civitas ; cf. Mom-
l^^veterem 'tribùnLÎn. 18°' ~ 8 C‘c’ Pro domo’ 49> 127 : vide0 eni ™
tum hoc J/’ VîatLmet. mJussu plebis, acdes , terram , aram
°"l'Altert. lu n r«. v' aPtr*U8, qui hanc legem rogavit , sensit...
t J»- - auctoritate l ^ 1 »■ P- »• 7- - 11 T. Liv. .X, 46 :
l,U|SSU sennUis aut tribunarun V;"”- poPutum est’ ne quis templum aramve
■ 11>; l030> trad. t. Vu n ‘plebet Part>s majoris dedicaret . — 12 Rôm . Staatsr.
| X1: Vl’ 1033 ; cf. "• 3b0i- l- P'619' ni, P. 330. - 13 Corp.
■^'4is'oV"S"Crawe”Io;Q1(rt’S('"’ S‘a“tsr: L L P- 3C°: trad- L Lp. 414,
K ' "'Cm1uePraetor imiH ,■ ' ^ PaPiri tribuni plebis sanctum est bis
Wmk°V0Plll . rogZXTaY^userit qui inter cires jas dicet, très viras
V. ’ ',Ue res mn ^mtales] quicumque [posthao fa]cti
entre 512 et 633
13
expression praelor qui inter rives
Fig. 4442.
Fig. 4Ü3.
jus dicet prouve qu’elle csl postérieure à l’institution du
préteur pérégrin ; d’autre part, elle est antérieure à la loi
de Rantia et à la loi repetundarurn de 631 ou 632 qui,
l’une et l’autre, présentent les triumviri capitales comme
des magistrats.
Lex Papiria tabellaria (a. 623 = 131). — Plébiscite
proposé par le tribun C. Papirius Carbo et appliquant
aux comices législatifs l’usage du vote
écrit16. C’est la troisième loi tabellaria
[lex gabinia, lex cassiaj. Une monnaie
de T. Nerva représente l’acte du vote17.
Lex Papiria de tribunis plebis (a.
623 = 131). — Projet de plébiscite pré¬
senté sans succès par le tribun C. Papirius
Carbo et permettant de réélire indéfiniment le même
tribun 18.
Lex Papiria semiunciaria (a. 665 = 89). — Plébiscite
proposé par le tribun C. Papirius Carbo Arvina et déci¬
dant la création de l’as semoncial [as,
t. I, p. 564] : Mox lege Papiriana semun-
ciales asses facti... Ce renseignement,
fourni par Pline l’Ancien19 est confirmé
par diverses monnaies portant l’inscriptipn :
E L(ege) (P)apiria 20. La figure 4443, en
donne un exemple d’après une monnaie d’argent de
la gens Calpurnia.
La loi Papiria semiunciaria est, suivant Mommsen21,
la même que la loi Plautia Papiria, qui conféra le
droit de citoyen romain à tous les confédérés italiotes
en masse. Cette loi dut prendre des mesures au sujet
des monnaies émises par les cités incorporées dans
l’état romain. Quelques-unes de ces cités, entre autres
Valentia, avaient des as taillés sur le pied d’une demi-
once. Ainsi s’explique la loi Papiria.
Lex Pedia (a. 711 =43). — Loi proposée par le consul
Q. Pedius et prononçant la peine de l’interdiction de l’eau
et du feu contre tous ceux qui avaient pris part au meurtre
de César22.
Lex Peducaea de incestu virginum Vestalium (a. 640 =
114). — Plébiscite proposé par le tribun Sex. Peducaeus
et instituant une quaestio pour juger deux vestales
accusées d’inceste et qui avaient été absoutes à tort par
le collège des pontifes23.
erant sacramenta exi[gunto]judicantoque eodem jure sunto, utiex legibus plebeique
scitis exigerejudicareque esse oportet.— 13 Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. t.IV,
p. 302. — 16 Cic. De leg. III, 16, 33 : Carbonis est tertia lex de jubendis legibus ac
vetandis. — U Mommsen, Münzwesen, p. 544, trad. II, 350; Iiabclon, Mann, de la
Rép. II, p. 129 ; Helbig. et Mau, Bull. d. Inst. 1874, p. 283 ; Friedtander, Zeitschr. f.
Numism. II, 86. Sur les difficultés que présente l’explication de cette figure, cf.
Mommsen, Staatsrecht, trad. VI, 2, p.46l, n. 4. — 18 Tit. Liv. Epit. 59 : Cum Carbo
tribunvs plebis rogationem tulisset ut eumdem tribunum plebis quoties vellet creare
liceret, rogationem ejus P. Africanus...dissuasit. Cic .De amicit. 25 : Lex popula-
ris suffragüs populi repudiata est. — 19 Hist. nat. XXXIII, 13. — 20 Borghesi.
Œuvres, V, 171 ; Mommsen, Münzwesen, trad. t. II, p. 407; Cohen, pl. ix, Calpurnia ,
no 6. — 21 Mommsen, t. II, p. 73, n. I ; cf. Babelon, La loi Plautia Papiria et la
réforme monétaire de l’an S. R. 665 (Rev. mon., 3e série, 1884, t. Il, p. 3G-GG).
— 22 Vell. Pat. II 69, 5: Et lege Pedia, quam consul Pedius, colle g a Caesaris
tulerat, omnibus qui Caesarem pa.trem inter fecerant, aqua ignique damnatis inter-
dictum erat-, Appian. B. civ. III, 93; Dio Cass. XLV1. 48; Monum. Ancyr. I, 10 •
Quiparentem meum [ inter fecer]un[t , eo> in exilium expulijudiciis legitimis ’ultu 's
eorum[fa]cin\us ]; cf. Mommsen, Rôm. Strafrecht, p. 159 et 199, 3. — 23 Ascon.
p. 40 ; Sex. Peducaeus tribunus plebis criminatus est L. Metellum pontificem
maximum totumque collegium pontificum male judicasse de incestu Virginum
Vestalium, quod unam modo Aemiliam damnaverat, absolverat autem duas
Marciam et Liciniam, populus hune Cassium creavit qui de eisdem Virgi-
nibus quaereret. Cf. Mommsen, Rôm. Strafrecht, p. 197. n. 3.
14G
Lkx Pesolania 1 (a . ?). — Loi de date inconnue 2,
qui a étendu aux dommages causés par les chiens la
disposition de la loi des Douze Tables sur les dommages
causés par un quadrupes pecus 3.
Lex Petillia depecunia regis A ntiochi (a. 567 = 187).
Plébiscite proposé par les tribuns Q. Pet i 1 1 i us Spurinus
et Q. Petillius, avec l’appui de M. Caton, et dirigé contre
les Scipions. Le texte en a été conservé par Tite Live :
I e/itis jubeatis quaeratur quae pecunia capta ablata
coacta ah rege Antiocho est , quique sub ejus imper io
f aérant; quod ejus in publicum relatum non est, uti
de ea re Ser. Sulpicius praetor urbanus ad sénat um ré¬
férât qaem ea/n rem velit senatus guaerere de iis qui
praetores nunc sunt \
Lex Petronia de praefectis jure dicundo (ante 722 =
32). Loi relative à l’interrègne dans les municipes.
Lorsque la magistrature supérieure n'a plus de titulaire,
le sénat municipal doit, en vertu de cette loi, élire des
praefecti chargés de l’intérim jusqu’à l’élection des titu¬
laires définitifs. Ces préfets portent les titres de praef.
jure dicundo ex decurionum decreto lege Petronia ; —
//// vir praef ectus lege Petronia, etc. [praefectus]. Ils
sont pour la première fois mentionnés dans les fastes
de Yenusia de 722 ". La loi Petronia ne saurait donc
avoir pour auteur le consul sutïect de 778, C. Petronius
l mbrinus, comme l’avait cru Borghesi °. Mommsen pense
que cette loi est de la fin de la République et fut appli¬
quée d’abord dans les colonies des triumvirs. Auguste
en aurait étendu la disposition à toutes les cités1.
Lex Petronia (a. 814 = 61 ?). - — Loi proposée vraisem¬
blablement par le consul Q. Petronius Turpillianus pour
compléter le sénatus-consulte Turpillien. Elle défend au
mari qui s’est désisté de l’accusation d’adultère qu’il a
dirigée contre sa femme jure viri , de renouveler ulté¬
rieurement cette accusation : Et decreto patrum et lege
Petronia ei qui jure viri delatum adulterium non per-
egit,nunquam postea hoc crimen deferre permittitur 8.
Lex Pinaria (a...?). — Loi relative à la judicis datio
dans la procédure des actions de la loi. Tandis qu’aupa-
ravant le juge était immédiatement désigné, il ne le fut
désormais qu’au bout de trente jours: Ut autern {die) tri-
cesimo judex daretur, per fegem Pinariam factum est;
ante ea/n aute/n legem statim dabatur juclex 9. La loi
est du temps de la République, mais la date n’en est pas
déterminée 10.
Lex Pinaria Furia de mense interkalari (a. 282 = 472).
— Loi proposée parles consuls L. Pinarius Mamercinus
Rufius et P. Furius Medullinus Fusus au sujet du mois
1 Le nom de la loi varie suivant les manuscrits : Pesulaniaou Pesolania. Cujas lit :
Solania. — 2 Moritz Voigt Rechtsgeschichte, 1. 1, p. 39, n. 18) reporte cette loi
à la période qui a suivi les Douze Tables. — 3 Paul. Sent. I, 15, 1 ; cf. Ed. Cuq,
Institutions juridiques, t. I, p. 358, n. 7. — 4 Tit. Liv. XXXVIII, 54; Cat. Orat.
15. — 5 Corp. inscr . lat. X, 858, 5405, 1205 ; IX, 20G0 ; II. 1731. — 6 Œuvres , t. III.
p. 36G. — 7 Die Stadtrechte der latinischen Gemeinden Salpensa und Malaca,
]). 417; Staatsr. trad. t. II. p. 32G, n. 2 ; cf. Henzen, Annali delV Ist. di corrisp.
archeol. di Borna , 1859, p. 213 ; Zumpt, Comment, epigr. I, 60 ; Marquardt, Rom.
Staatsverw. trad. I. I, p. 237. — 8 Yaler., Gallien Cod. Just. IX, 9, IG. Cf. Karlowa,
Rom. Rechts geschichte, t. I, p. G24 ; Moritz Voigt, Rom. Reditsgeschichle , t. II,
p. 162. — 9 Gai. IV, 15. Pr. Ascon. in Verr. p. 164 :Cum in rem aliquam agerent
litigatores et poena se sacramenti ftëterent, poscebant judiâem, qui dabatur post
trigesimum diem. — 10 Cf. Ed. Cuq, Institutions juridiques des Romains, t. I,
p. 419 et 420. n. 1. — U Macrob. Sat. I, 13; cf. Cat. ap. Cols. 39 Dig. Dig. L,
1 G, 98, 1. — 12 Cic. De orat. II, 65, 261 : Olim Rusca cum legem ferret annalem
dissuasor M. Servilius. « Die mihi », inquit. « M. Pinari : num , si contra te
dixero , mihi male dicturus es, ut ceteris fecisti ? » — « Ut sementem feceris ,
ita meteSy » inquit. — 13 Cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecfit, trad. t. II, p. 183’
n. 2. — 14 Nipperdey, Die leges annales , 18G5, p. G. — 1» Censorin. De die nat.
intercalaire. Varro [scribit] antiquissimani le,
incisa m in columma aenea a L. Pinari f ^!sse
consulibus , cui mentio interkalaris adscribit '
Lex Pinaria annali s (a. 572 = 182?). _ p ' ’
présenté par M. Pinarius Rusca et fixant l’inUu' 1 1/6 loi
doit séparer les magistratures12. Il est probabl qU‘
projet n’a pas abouti, car Tite Live dit que laloMr J
de 574 est la première loi annalis 13. Nipperdev h 'llla
au contraire que la loi Pinaria est postérieure
Villia [annales leges, t. I, p. 570]. ' ll °‘
Lex Plaetoria de jurisdictione (a. 388 = 366?) n, I
biscite proposé par le tribun M. Plaetorius et attribu '
deux licteurs au préteur urbain. Le texte en -,
serve par Censorinus : Praetor urbanus , qui nunc J
quique posthac fiat , duo lictores apud se habetojuml
inter cives dicito 1B. Cette loi paraît contemporaine de la
création de la préture 10.
Lex Plaetoria de circumscriptione minorum annis
AA I (circa 563= 191). — Plébiscite proposé par le tri¬
bun Plaetorius pour protéger les mineurs de vingt-cinq
ans qui se laissaient circonvenir par des tiers, p/e dolus
malus, dit Cicéron, etiam legibus erat vindicatus,m.\
circumscriptio adolescentium lege Plaetoria n. La loi
Plaetoria autorise, contre celui qui abuse de l'inexpérience
du mineur, une poursuite publique {judiciutn publicum
rei privatae )18, puis une action civile qui se donne à
litre d’action noxale lorsque l’auteur delà circumscriptio
est une personne alieni juris 19. Enfin, s’il faut en croire
le biographe de Marc Aurèle 20, la loi Plaetoria aurai
autorisé le mineur à solliciter la nomination d'un cura¬
teur 21 .
La date exacte de la loi Plaetoria n'est pas connue;raais
cette loi est citée, sous le nom de lex quinavicenaml
dans une comédie de Plaute22, représentée vers 563. Ofl
peut donc affirmer qu’elle existait au moins en .163, et il
est probable, à la façon dont s’exprime Plaute, qu’elle
avait été votée peu de temps auparavant23.
Lex Plaetoria (a. 603 = 151?). — Loi mentionnée dans
une inscription de Rome et instituant des duuravirs,
probablement aedi dedicandae. L’inscription est ainsu
conçue : Vermino A. Postumius A. f. A. n. Albi(nf) I
duovir lege Plaetoria 24 .
Lex Plautia jadiciaria (a. 665 = 89). — Plébiscite!
proposé par le tribun M. Plautius Silvanus et instituant,
pour les procès de haute trahison, une liste de jnneS
comprenant quinze membres de chaque tribu -
Lex Plautia agraria (a. 665 = 89). — Plébiscite dgnlire I
proposé par le même tribun20 [agrariae leges].
| 1 | [[ |L I3! I
24 ; cf. Plaut. Epid. I, 2, 41. — 10 Le doute omis par Mommsen, ' I
et foudé uniquement sur le qualificatif urbanus donné au pi) lou1^ ^ |a prrlurc 1
suffisant pour reporter cette loi à une dalc postérieure à 1 111 s 11 ^ | j„faniic I
pérégrinc. — 17 Cic. De. ojf. III, 15. La condamnalion 011 q^.-urionat- 1
et d’après la loi municipale de J. César (1. 1H) I cxrlnd en
— 1* Cic. De nat. deor. III, 30, 74: Inde judicium publicum >’«
Laetoria. — 19 Frg. De formula Fabiana (dans Alittheil. ans t | a loi
Papyrus Erzherzogs Dainer, 1888), 4: ... Laetoriae n0J" ^ \iU I
Plaetoria est citée dans le papyrus de Berlin, n» 3,8. jfomuM '’l
Marci , 10. — 21 Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques p,,,,*!
p. 500-571. — 22 Plaut. Pseudol. I, 3, 09, Dud. V, 3, 25. ^ Vtl
p. 204; Moritz Voigt, Rôm. Rechtsg. I, p. 744, n. 2- “f ^ _ 26 Asc»11’
3732 ; cf. Mommsen, Rôm. Staatsrecht, trad. t. IV, P- fa^oae b. f**
p. 70 : Al. Plautius Silvanus tribunus plebis, Cn. Pompt 10 • judiciisdrf'
Catone consulibus, secundo anno belli Italici , cum equesti > singid'ie eJ
naretur, legem tulil adjuvantibus nobilibus... ex ea lege, 1 ^ co
numéro quinos denos suffragio creabant qui eo annojm ,e exipsa ' [
est ut senatores quoque in eo numéro essent et quidam e ^ tISl
Mommsen, Rôm. Staatsrecht , trad. I. VI, 2, p. 134, ri. 3.
LEX
— 1159 —
LEX
LEX PAPI-
Plébiscite insti-
I p Al TiA Papiria de civitate sociis danda (a. 656 =
LE^ plébiscite proposé par les tribuns M. Plautius
8!):' >( c papirius Carbo, et décidant que tous les
SllTnls des cités confédérées, ayant leur domicile en
har .'‘'ai iour de la promulgation, recevraient le droit de
- m 'inc à la condition de faire leur déclaration
dans Tes Soixante jours au préteur urbain
rIASEMIUNC1ARIA'].
Lex Plautia de vi (a. 677 = 77 ?)
tant une procédure criminelle contre ceux qui se sont
rendus coupables de violence 2 et interdisant l’acquisition,
par longi temporis possessio , des choses dont on s’est
Eiparé par violence 3. C’est en vertu de cette loi que
furent accusés Catilina en 691 \ puis ses complices 3,
en 702 un complice de Milon 6, en 703 M. Tuccius
Mais d’autre part Cicéron dit que la loi de vi en vertu
de laquelle Caelius fut poursuivi en 698 est celle quarn
kgm Q. Catulus armata dissensione civium rei
publicae paene extremis ternporibus tulit 8. Il parait
difficile d’admettre pour la même quaestio la coexistence
de deux lois qui auraient été simultanément en vigueur.
Aussi Mommsen a-t-il émis l’avis que la loi attribuée par
Cicéron à Catulus n’est autre que la loi Plautia. Catulus,
qui, en sa qualité de proconsul, n’auraitpu présenter lui-
même le projet de loi, l’aurait, fait proposer par le tri¬
bun Plautius. Mommsen croit en effet que la loi Plautia
remonte à l’époque où Catulus venait de réprimer en
qualité de proconsul l’insurrection des partisans de Le-
pidus, c’est-à-dire en 677 = 77. Ce serait vraisemblable¬
ment la même loi Plautia qui, après la mort de Lepidus,
accorda l’amnistie à ses partisans 9. En même temps que
la loi déclarait amnistier le passé, elle aurait pris des
mesures pour que la paix publique ne fût pas troublée
dans l’avenir10.
Lex Poetelia de ambitu (a. 396 = 358). — Premier
plébiscite de ambitu proposé par le tribun C. Poetelius.
Il est interdit de nundinas et conciliabula obire n, d’où
le nom d ambire,ambitus qui est resté, bien que les élé¬
ments constitutifs du délit aient varié [ambitus, t. Ier, p. 223],
Lex Poetelia Papiria de noxis (a. 428 = 326). — Loi
proposée par les consuls C. Poetelius Libo et L. Papi-
pus Cuisor et défendant ne quis nisi qui noxam me-
\nima donec poenam lueret in compedibus aut in
dierin teneretur, pecuniae creditae bona débitons
i coi pus obnoxium esset 12 . La loi Poetelia contenait
|]U et(1( i 11116 au^re disposition, si l’on admet avec la
Y J','" ,°s “leurs qu’un fragment un peu altéré de
liberté d ?. 1 d^?rte * * : e^e auraif ordonné la mise en
M s n,'u rlUi bonam copiam jurarent [nexum].
foederatis civi taUbu.' ‘ l *4< civitas Silvani lege et Carbonis si qi
\^om'cüium habnissen' '"Sn,^^-^U'SSen^’ S* cum ^ ex ferebatur in Ital
'R- fam. X||i M c / spinyinta diebus apud praetorem essent professi ; C
* foi-rtil. IX, 3 „ 3 01;: 353 ; VelL Pat- U, 16, 20. - -2 Sallust. Catil. ■
[ vet>dt longapo'-' Julmn’ 44 Dig’ Di »' XL1> 3, 33- 2 : Lex Plautia etJui
vi possessam I /T ** Possessa ™nt ; Gai. Il, 45 : Rem... usuca
loi'itj Voigt, Rôm. n " ‘a ^ Cf. sur l’objet propre de la loi Plaut:
Plautia interronnt ' * E 3 îIj' 4 Sallust. Catil. 31: Ipse ( Catilin
■' P- 3G8’ - « ZTÏ r Paul°- ~ G Schol. Bob. in Cic p. Sylla, 3
“«tofKorem smim ' " 1 ,lon ■ P- S3. - 7 Cœlius ad Cic. VIII, S : M. Tucciul
A Cœiio, 29, 70 fPÿ s udo° Komanos reum loge Plotia de vi fecit. - 8 C
I ”l Co cwili discordin r • a<*s' '* ' Liicio etiam Cinnae uxoris fratri, et q
**m’ nditum f» cW. secuti Post necem consulis ad Sertorium conf
J1 ' "l >’e coneioneni • A i l°',ft^one P^tia confecit, habuitque et ipse (Caesc
fc ^freckt. ' Z'' X,U’ 3’ S 1 Di° <*». XL IV, 47. - 10 Mommsc
t "’ P’ 86«- - 12 îa *■ - 11 Liv. IV, ,5 ; cf. Mommsen, Rom. Str
I ,ons iwidique d ;1V • IU- 28 ; cf. sur la portée de celle loi, Éd. Cuq, Ir
Romans, t. I,. p. S88.590. _ „ VarI, D’ u v
D’après Lite Live, la loi Poetelia Papiria est de 428,
D’après Varron, elle serait de 441. La première date est
la plus sûre.
Lex Pompeia de Gallia transpadana (a. 665=89). —
Loi proposée par le consul Cn. Pompeius Strabo et confé¬
rant aux habitants de la Gaule Transpadane le jus Latii ,
c’est-à-dire les privilèges reconnus aux colonies Lati¬
nes : ut possent habere jus quod ceterae Latinae co-
loniae, id est ut gerendo magistratus civitatem Roma-
nam adipiscerentur 14
Lex Pompeia de parricidiis (post a. 673=81). — Loi
proposée par le consul Cn. Pompeius et posant des règles
nouvelles sur le parricide et, d’une manière plus géné¬
rale, sur le meurtre commis par un proche parent de la
victime [parricidium].
L’innovation essentielle introduite par cette loi con¬
siste dans la suppression de la peine du sac et dans
l’extension au parricide de la peine ordinaire infligée
aux meurtriers : le bannissement.
Le texte de la loi Pompeia a été en partie conservé
par Marcien : Lege Pompeia cavetur ut si guis patrern
matrem avion aviam fratrem sororem patruelem ma-
truelem patruum avunculum amitam consobrinum con-
sobrinam uxorem virum generum socrum vitricum
privignum privignam patronum patronam occident ,
cujusve dolo malo id factum erit , ut poena ea teneatur
quae est legis Corneliae de sicariis. Sed et mater guae
filium filiamve occident ejus legis poena adficitur et
avus qui nepotem occident : et praeterea qui émit
venenum ut pcitri daret , quamvis non potuerit dure 10.
La date de la loi Pompeia ne peut être fixée avec cer¬
titude : on sait seulement qu’elle est postérieure à la loi
Cornelia dont elle étend la disposition 16 [infanticidium] .
Lex Pompeia judiciaria (a. 699 = 55). — Loi consu¬
laire proposée par Pompée pour réglementer le choix
des juges pris dans les diverses centuries et pour res¬
treindre l’arbitraire du magistrat qui y procédait17.
Les détails manquent; on sait seulement que la loi n’at¬
teignit pas son but 18.
Lex Pompeia de vi (a. 702 = 52). — Loi proposée par
le consul Cn. Pompeius Magnus pour réprimer certains
actes de violence qui avaient été commis aux environs
de Rome et dans la ville 19 : de vi , quae nominatim
caedem in Appia via factum et incendium curiae et
domum M Lepidi interregis oppugnatam compre-
hendit 20. La loi contenait en même temps des règles
sur le nombre et le tirage au sort des juges, sur le droit
de récusation des parties, sur l’audition des témoins et
sur la durée des plaidoiries 21 .
105. — H Ascon. p. 3; Plin. Hist. nat. III, 24 : cf. Marquardt, Rôm. Staatsver-
waltung, trad. t. I, p. 83. — 15 Marcian. 14 Instit. Di g. XLVIII, 9, 1 ; Paul.
Sent. V, 24; Pompon. Enchirid. Dig. I, 2, 2, 32. — 16 Cf. Mommsen, Rôm.
Strafrecht, p. 644. — 17 Cic. In Pison , 36, 94 ; Ascon. p. 16. — 18 Ps.
Sallust. De re pub. 2, 3 ; cf. Mommsen, Rôm. Staalsr. t. 111, p. 534, n. I ;
trad. t. VI, 2, p. 138, n. 4. — 19 Cic. P. Milon. G, la : Cn. Pompeius ro-
gatione sua et de re et de causa judicauit. Tulit enim de caede quae in
Appia via facta esset : in quaP. Clodius occisus fuit. Quid ergo tulit? Nempe
ut quaereretur. — 20 Ascon. In Milon. p. 31 ; cf. Mommsen, Rôm. Stra¬
frecht, p. 199, n. 2 et 216. — 21 Ascon. p. 34: Lex Pompeia... jubebat ut
priusquam causa ageretur testes per triduum audirentur, dicta eorum judices
confirmarent, quarta die adesse omnes in diem posterum juberentur ac coram
accusatore ac reo pilae in quibus nomina judicum fieret uniuset LXXX; qui
mmerus cum sorte contigissct ci protinus sessum irent ; tum ad dicendum
accusator duas horas, reus très haberet, resque eodem die illo judicarelur ; prius
aulem quam sententiae ferretur quinos ex singxilis ordinibus accusator tolidem
reus rejiceret, ita ut numéro iudicum relinquerentur qui sententiae ferrent
quinquaginta et unus.
Lf PoMPEIA de ambitu (a. 702 = 52), - Loi proposée
par le même consul pour réprimer le crime d 'ambitus.
Lette loi fut promulguée en même temps que la précé¬
dente : Deinde post diem tertium de legibus novis
ferendis rettulit : duas exsenatus consulto promulgavit,
altérant de ci... alteramde ambitu :poena graviore et
forma judiciorum breviore. Utraque enim lex prias
testes dari, deinde uno die atque eodem et ab accusa-
tore et a reo perorari jubebat... In qua id guoque
scriptum erat ut quaesitor suffragio populi ex iis qui
cousu les rueront crearetur... Album quoque judicum
qui de en re judicarent Pompeius taie proposait ut
numquam neque clariores viros neque sanctiores pro¬
pos itos esse constaret L
Lex Pompeia de jure magislratuum (a. 702 = 52). _
Loi proposée par Pompée et obligeant les candidats
aux magistratures à faire leur déclaration en per¬
sonne 2.
Lex Pompeia (?) de provinciis (a. 702 = 52?). — Loi
proposée par Pompée et modifiant larépartition annuelle
des provinces conformément au sénatus-consulte de
"01- L'innovation principale consiste à établir un inter¬
valle de cinq ans entre le consulat ou la préture et le
gouvernement d’une province.
L attribution de cette loi à Pompée paraît confirmée
par un passage de Dion Cassius3. Mommsen croit cepen¬
dant que Pompée fît seulement renouveler en 702 le
sénatus-consulte de 701 et que la loi consulaire est de
l’an 703 4 ; cette interprétation a été combattue par
Willems s.
Lex Pompeia Licinia de tribunicia potestate (a.
684 = 70). — Loi proposée par les consuls Cn. Pom¬
peius Magnus et M. Licinius Crassus et restituant
aux tribuns l’autorité que leur avait enlevée la loi
Cornelia 6.
Lex Pompeia Licinia de provinciis C. Juin Caesaris
prorogandis (a. 699 = 55). — Loi proposée par les
consuls Cn. Pompeius Magnus et M. Licinius Crassus
pour proroger César dans le gouvernement des provinces
gauloises '. Cette loi a donné lieu à une vive controverse
sur le point de savoir quel fut le terme assigné à Y im¬
perium de J. César, et par suite sur qui retombe la
responsabilité de la guerre civile8.
Lex Pompeia Licinia (a. 699=55). — Projet de loi
somptuaire présenté par les mêmes consuls, mais
qui n’a pas abouti9.
Lex Popillia (?) de nexis (a. 673=81?) — Un texte
de Varron signale une disposition en faveur des nexi,
disposition prise C. Popillio rogante Su/la dictatore.
I Ascon. p. 31 et 34. — 2 D i o Cass. XL, 56: Kal t8v ” : cl -olv àç^aiçsiriwv vôjjlov
*t}.EÜovTa toùç ào/ïjv Ttv« IitayylVftovTaç I; Tr,v ix xXi} <rt a . itàvTw; àisavTav, w<rrs [Arriva
àïîôvTa atoeTafiai, iza^ri\t.t).r,\xé.ov — <u ; àvEvcwffato. Suet. Caes. 28 r Aecidevat autcm lit
is (Pompeius) legem de jure magistratunm ferens , eo capite quo a petitione hono-
rum absentes summovebat ne Caesarem quidem exciperet per oblivionem ac mox
loge jam in aes incisa et in aerarium condita corrigeret errorem. — 3 Dio Cass.
XL, 56 : Te! -te 8ôy[jl« zb Èp.iïpoffflEv ysvôjJiEvov, <o(jte toù? apçavtaç ly TÎj tcÔXéi [xr,
EEOÔEEJOV È; Tà; E ;.!> Ÿ,yE(XO VIKÇ, ICÇtV TlÉVTE ETÏJ —ay éXO cTv, xXlripûffffôOït, ÉlEEXUÇbKTEV. — 4 Pont.
Staatsr., Irad. I. III, p. 277. — $ Le Sénat, t. II, p.' 588, n. 2. — 6 Tit. Liv. Epit. 97 :
M. Crassuset Cn. Pompeius consules facti... tribuniciam potestatem restituerunt.
Vel! Pat. II, 30 : H oc consulat u Pompeius tribuniciam potestatem restituit cujus
Sglla imaginem sine re reliqueratj Caes. De bel. civ. I, 7. — 7 Vell. Pat. IL 46, 2 :
Caesari, lege quam Pompeius ad populum tulit, prorogatae in idem spatium tem-
poris provinciae ; Appian. De bel. civ. II, 18 ; Caes. De bel. civ. VIII, 53 ; Suet.
Caes. 24. — 8 Fr. Uofmann, De origine belli civilis Caesariani, 1857 ; Mommsen,
Die Declitsfrage zwischen Caesar und dem Sénat, 1857 ; P. Guiraud, Le différend
entre César et le Sétiat, 1878 ; Willems, Le Sénat, l. II, p. 596, n. 2. — 9 Dio
Cass. XXXIX, 37. — 10 Éd. Cuq, Institutions juridiques des Domains, l. I, p. 590,
I I 69 —
LEX
On s’accorde à reconnaître que ce texte a ,q(;
et que l’adoucissement apporté à la sii' '0rrornPu
nexi remonte à la loi Poetelia19 _ Vni,.' UaU°n des
PAPIKIA. 0H LEX P0ETElu
Lex Porcia de tergo civium (circa 559
Loi proposée par Caton l’Ancien 11 et ,lùf. , "
battre de verges un citoyen romain *> n'U de
sévère était édictée contre le magistrat onni? PC'ne
Porcia... lex sola pro tergo ciLni lZ
quod gravi poena, si guis verberasset J '
civem romanum, sanxit ‘3. L’attribution de TT
à M. Porcins Cato ressort d’un passage de pi*
Pn scapulis cum dicit Cato. significat ,1:
verberum ; nam complures loges erant in cives m,'/"
quibus sanciebatur poena verberum ; his s Jnul
prohibasse multos suos cives in ea oratione Lac
contra M. Caelium u. 1
Lex Porcia de provocatione (ante 646 = 108). _ L •
autorisant l’appel au peuple sur le territoire imlitkè
par conséquent contre les décisions des magistrats exer'
çant leurs fonctions hors de Rome et de la première'
borne milliaire.
Cette loi est antérieure à 646; un passage de Sallusle
prouve qu’à cette date le chef d’armée n’avait plus le
droit de mettre à mort un citoyen romain ; il ne gardait
ce droit que vis-à-vis des Latins 15.
L identité de cette loi avec une des trois leges Por-
ciae résulte d’un denier de P. Porcius
Laeca qui contient une allusion ma¬
nifeste à cette disposition. Elle représente
un guerrier armé d’une cuirasse et d’une
épée et accompagné d’un licteur portant
les faisceaux et étendant la main sur Fig. un.
la tête d’un citoyen revêtu de la toge.
La légende porte le mot provoco 16 (lîg. 4444).
Lex Porcia de provocatione (a...?). — L'existence 1
dune troisième loi Porcia est attestée par Cicéron. I
Après avoir rappelé la loi consulaire qui a 'décidé I
ne qui magistratus sine provocatione crearetur, d
ajoute : Neque vero leges Porcine, quae 1res sunt I
trium Porciorum, ut scitis , quidquam practer sanc- I
tionern attulerunt novi 17 [provocatio) . Les autres textes I
ne parlenL que d’une loi Porcia On a conjecture que I
l’une de ces lois défendit aux officiers de battre de ■
verges les soldats qui avaient le droit de cité romaine. I
Tite Live dit que, pendant le siège de Numance en ■
620, Scipion Emilien quem militent extra ordinon I
deprehendisset, si Romanus esset , vitibus, si exti^
neus virgis , cecidit 18. Les leges Porcine furent app 1 I
, I. Voir cependant Moritz. Voigl, Ueberdic Geschichte des Rom
Execution sreeldi,
V Herzog, Geschichte der >»'«■
htsg. 1. 1- P-
pour auteur le Pf**
n.
p. 109. — 11 Voir cependant le doute émis par
Staatsverfassung, t. I, p. 1086. Moritz Voigt, Rüm. Rechtsg.
place cette loi et la suivante en 559; la première aurait eu pour — ^ ^ |ange
P. Porcius Laeca, la seconde le consul M. Porcius Calo. C est a 101 aallée,
(Rom. Alterthümer , t. II, a fixé pour l’une d’elles la date de 556, cai . ' 11
Caton était préteur de Sardaigne. — 12 Plin. (Hist. nat. \ IL ^L I ll) I P ^ ^Vi
satio de jure virgarum le procès de Balbus relatif au droit de Cl^‘ ' . utiyriM
X, 9, 4 ; Sallust. Catil. 51, 21 : Quam ob rem in sententia non 'çc(ieoM I
in cos verberibus anima dvert ere t itr ? an quia lex Porcia vetat ...» " svmi0n
illo tempore... Verberibus animadvertebant in cires , de co,i( (l^aequeleS^
supplicium sumebant ; poslquam respublica adolevitjtum lex 1 01 1 ' ^ Scnp,l^s' I
paratae sunt, quibus legibus exilium permissum est. — ^ j-g pi 18L I
— I5 Sallust. Juq. 46 ; cf. Mommsen, Rom. Staatsrecht , trad. L des iï,lU I
Gescli
ijo 3.
De
t. III, p. 134 ;Rdm. Strafrecht , p. 31 et 47. — l® Cf. Mommsen
Mïinswesens , p. 552 ; trad. I. Il, p. 365 ; Cohen, pl. xxxiv, P°* c "
Repub. 11,31 ; cf. Lange, De legibus Porciis libertatis civium vind'u ^ ^ ^ /Jÿih
Zumpt, Das Criminalrecht de h rom. RepubliJc , t. I, 2,p*
LEX
1161
LEX
dulce libertatis,
Cette idée est exprimée par
Fig. 4445.
■ non seulement à Rome, mais encore en Italie1
Télns les provinces2. Les citoyens romains peuvent
W or en tout lieu : Porcin lex libertatem civium
IktoTeripuit \ dit Cicéron, et ailleurs : O nomen
o lex Porcin legesque Semproniae 4 .
un denier d’argent de la
famille des Porcii
Laecae, portant
au droit le mot
roma, au revers le
nom M. Porcius
Laeca, un qua¬
drige avec la Li¬
berté 5 (fig. 4445).
Lex Porcia nd-
versus feneratores (ante 636 = 118). — Loi proposée
■ par M. Cato Porcius et qui paraît relative au droit des
dettes. On ne la connaît que par un fragment du
discours prononcé par Caton en 636 : Ne lex sun
abrogetur 6.
Lex Porcia de imperio P. Lentuli nbrogando (a.
698= 56). — Plébiscite proposé par le tribun C. Porcius
Cato pour retirer Y imperium à P. Lentulus Spinther,
proconsul de Cilicie 7.
i Lex Porcia (a. 698= 56) — Projet de plébiscite pré¬
senté par le même tribun pour mettre en accusation Milon
et Lentulus8.
Lex Porcia (a... ?). — Loi mentionnée dans la lex A n-
tonia de Termessibus, et limitant le droit de réquisition
des magistrats romains à l’égard des cités libres : Neive
pus magistratus prove magistratu legntus neive guis
alius facito neive impernto, quo quid mugis iei dent
praebeant ab ieisve auferatur , nisei quod eos ex lege
Porcia dure praebere oportet oportebit -9.
Lex Porcia Pomfeia (a. 655 = 99). — Projet de loi pré¬
senté par les consuls L. Porcius Cato et Cn. Pompeius
Strabo pour obtenir le retour de Q. Caecilius Metellus
Numidicus 10.
Lex Publicia de alentoribus
(a... ?). — Loi de date indéterminée
et qui n’est connue que par un
fragment de Marcien : elle permet
de sponsionem fncere pour les jeux
qui virtulis causa fiant, et l’inter¬
dit pour le cas ubi pro virtute cer-
tronvp,. ,, n • tamen non fit u. Borghesi a cru
de la f-i vii a. US10n d ce^e ^°* ^ans une médaille d’argent
f113 Maiieoi"s" s“ ,e »
1 ixee a un clou et divisée en deux
1 Aul. Gcll. x 3
<%*»'* Jtalicis viros vi mi C Gracchus— M- Marium et quosdam ex muni-
Wfleritur. _ 2 ci/ 37 ™f‘riam caesos a magistratibus populi romani...
B omnium civium Roman ” ^ V ’ 1153 ’ ^abir. 12 : Porcia lex virgas
COrp0re - 3 Cic. n. Rabir. 12.
B' S26> "■ 113. - S pr’j Mommsen, Geschichte des rom. Mïmzwesens,
ma bogetur pncil ’ ’ : Cato neVos de actionibus ad populum ne lex
(« ** ™ ^ QuiriteS ’ » hac civi-
11'.! °ritz Vo'gt, Rôm. Rechtsae ’f' fque fenus saepissimam discordiam fuisse.
i : fm. I, \ T TT: te L ’’ P- 715’ n- 70- - 1 Cic. Ad Quint, fr.
201 '3 p' îotn. 1 L ' ’i i G9’ 144 ’ Cf Mommsen’ nom. Staatsrecht,
iPpi Jiti s u* ü - 9 co- >•
*»«*.,'* lSut’ ŒUVreS’ C IL p! 271 L 1370 T3 5 ROgUl’ DUj- XI’
l> 557, n ; ~ ; Ma«'0b. Sat. I, 7 P33. : Coh°n' Mii* ComuL P1- xxx"'-
mlhttrr.'. ■ ~ ° Tit- Liv. xxvn «< ’ „ ' ld' ,Uf!’ Instltutions juridiques, t. I,
Hnd0 Wmmorat'one rerum su’ ' irlbum orationem ita obruit Mar¬
is r?— ■ ut non ro(jati° s°ium de imPeri° *■« ^o-
“ re,u ■ " *6 Tit. Uv H ‘ ’ cf nfle>n cum ingenti consensu centuriae
} °^ero Publilius... rogationem tulit ad
% 4446.
®W»rs
colonnes : dans la première, on a gravé sur deux lignes
C. Mal., dans la seconde, la lettre P de forme archaï¬
que13 (fig. 4446).
Lex Publicia (a...?). — Plébiscite proposé parle tribun
Publicius et défendant d’envoyer aux riches, à l’occasion
des Saturnales, autre chose que des flambeaux de cire u.
Ce plébiscite paraît inspiré par une pensée analogue à
celle qui a motivé laloiCincia: il est vraisemblablement
du vie siècle de Rome.
Lex Publicia de imperio M. Marcelli nbrogando (a.
545 = 210). — Projet de plébiscite présenté sans succès
par le tribun C. Publicius Bibulus pour retirer Yimpe-
rium à Marcellus 15.
Lex Publilia (a. 283 = 471). — Plébiscite proposé par
le tribun Publilius Volero et décidant que les magistrats
plébéiens seraient élus par tribus et non par curies 16.
Lex Publilia de plebiscitis (a. 415 = 339). — Loi pro¬
posée par le dictateur Q. Publilius Philo et attribuant
force de loi aux plébiscites: Ut plébiscita omnes Quirites
tenerentin .
Lex Publilia de patrum auctoritate (a. 415 = 339). —
Loi proposée par le même dictateur et décidant que poul¬
ies lois soumises aux comices- centuriates Yauctoritas
patrum précéderait le vote18
Lex Publilia decensore plebeio creando (a. 415 = 339).
— Loi proposée par le même dictateur et décidant que
l’un des censeurs devrait être plébéien19.
Lex Publilia de sponsu (a...?). — Loi de date inconnue
mais remontant à une époque assez ancienne. Elle
accorde au sponsor qui a payé pour le débiteur principal
une action depensi qui se donne au double en cas (Yin-
fitiatio 20. En outre, si dans les six mois la caution n’a
pas obtenu son remboursement, elle a contre le débiteur
la manus injectio pro judicato 21 [wtercessio, t. Y,
p. 552, manus injectio].
Lex Pupia de senatu diebus comitialibus non habendo
(circa a. 600 = 154?). — Loi défendant de convoquer le
sénat aux jours affectés aux assemblées du peuple 22 . On
n’a pas de^ renseignements précis sur la sanction ni sur
la date de cette loi : aussi ces deux questions sont-elles
très controversées23. En fait, le sénat a plus d’une fois
tenu séance pendant les dies comitiales2'*. Mais proba¬
blement ces jours avaient perdu leur caractère comitial,
soiL parce que c’étaient des jours de marché ou de fête
extraordinaires, soit parce que le sénat avait interdit la
réunion des comices 2:i. Dans tout autre cas, la décision
prise par le sénat contrairement à la loi Pupia ne vaut
pas comme sénatus-consulte, mais comme senatus auc-
toritas 26 Mommsen conjecture que la loi Pupia doit
populum utplebci magistratus tributis comitiis fièrent ; Denys d’Halic. IX, 41, 49 .
cf. Mommsen, Rom. Staatsr. t. III, p. 1.42, 155, trad. t. VI, 1, p. 170, 174
— 17 Tit. Liv. VIII, 12, 14 ; cf. Mommsen, eod. p. 157 =176 ; Willems, Le Sénat ,
t. II, p. 82 ; Karlowa, Rôm. Rechtsgeschichte, t. I, p. 120. — 1S Tit. Liv. VIII, 12
43 : Tulit... ut legum, quae comitiis centuriatis ferrentur, ante initum
suffragium patres auctores fièrent ; cf. Mommsen, eod. I. III, p. 1042. _ 19 Tit
Liv. VIII, 12, 16: Ut alter utique ex plebe , cum eo ventum sit ut utrumquc
plebeium fieri liceret, censor creatur. — 20 Gai, III, 127; IV 9 et 171
— 21 Gai. IV, 22 ; cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. I, p. 7 03. — 22 Cic. Ad
Fa.rn. I, 4, 1 : Senatus haberi non polest ante k. Febr., per legem Pupiam... non
potest ; Cic. Ad Quint, fr. II, 2, 3 : Consecuti sunt dies comitiales per quos senatus
haberi non poterat. — 23 Hofmann, Der rôm. Sénat , 1847 ; Lange, Die lex Pupia
und die an dies comitiales gehaltene Senatssitzungen der spâteren Republik
dans R hein. Muséum, 1874, t. XXIX, p. 321 ; 1875, t. XXX, p. 388 ; Bardl, Die Se¬
natssitzungen der spâteren Republik, dans Hernies, 1873, t. VII, p. 14 ; 1875
t. IX, p. 312 ; Willems, Le Sénat, t. II, p. 151. — 24 Caes. De bel civ. 1, 5 ; cf!
Willems, 1. Il, p. 154. — 2-> Cf. Mommsen, t. VII, p 102 _ 20 D|0 Gass
LV, 3.
LEX
avoir été votée vers l’an 600 L Elle
mière fois en 698 2.
est citée pour la pre-
I ,rV. oLEB,A (a' 093 = 0*). - Loi proposée par
os consuls M. Pupius Piso Frugi Calpurnianus et M Va-
omis Messalla Niger et décidant d’ouvrir une instruc¬
tion sur 1 inceste de Clodius ». Cicéron rapporte que l’un
des consuls, Pison, lit son possible pour faire rejeter le
projet de loi qu’il avait été chargé de présenter h
Lex Quinctia de aquaeductibus (a. 745=9). — Loi
proposée par le consul Q. Quinctius Crispinus Sulpicia-
nus Pour assurer la protection des aqueducs servant à
alimenter la ville de Rome. Le texte en a été presque
intégralement conservé par Frontin 5.
Lex Remmia de calurnnicitoribus (a...?1). — Voir l’ar
ticle calomnia, t. Il, p. 853.
Lex Roscia theatralis (a. 687 = 67). — Plébiscite pro¬
posé par le tribun L. Roscius Otho et ordonnant de réser-
Yer aux chevaliers les quatorze rangées de bancs les plus
rapprochées de la scène du théâtre c. Le cens équestre
fut en même temps, fixé à 400000 sesterces L
Lex Roscia (a. 705 = 49?). — Plébiscite proposé par le
tribun L. Roscius et mentionné dans les fragments d’une
table de bronze trouvée en 1880 près d’Este en Italie : Ante
legem seive ilfud pl\ebi) sc(itum) est, quod L. Roscius a.
d. V. eid. Mart.populum plebemve rogavit,quod priva-
tim ambigetur ?. La date et la portée de cette loi sont con¬
troversées. D'après Mommsen, cette loi serait de l’an 705 ;
Ce serait celle qui aurait donné le droit de cité à la Gaule
Cisalpine; elle aurait été proposée par le préteur L. Ros¬
cius Fabatus 9. D’autres auteurs pensent que cette loi s’ap¬
pliqua à toute l’Italie et qu’elle eut pour objet de poser les
règles sur la juridiction des magistrats municipaux10
Elle aurait pour auteur le tribun de 687 L. Roscius Otho.
Lex Ri bria de colonia Carthaginem deducendn (a.
631 = 193). — Plébiscite proposé par le tribun Rubrius
et ordonnant l’envoi d’une colonie à Carthage 11 . Ce plé¬
biscite est mentionné dans la loi Acilia repetundarum
qui nous apprend l’existence de triumviri agris dandis
adsignandis à propos de la loi Rubria 12 ; dans la loi
agraire de 613 qui parle de III Viri coloniae dedu ]-
cendae in Africa en vertu de la loi Rubria13.
Lex Rubria de Gallia Ci salpina (a. 705 = 49?) — Plébis¬
cite proposé par le tribun Rubrius pour régler l’adminis¬
tration judiciaire dans la Gaule Cisalpine14. Elle est par
suite postérieure à la concession du droit de cité à la Gaule
Cisalpine en 705. On discute le point de savoir si l’on n’en
devrait pas reporter la date à une époque postérieure à la
réunion de la Gaule Cisalpine à l’Italie en 712 15. Le texte
1 Itôm. Staatsr. t, III, p. 922, trad. t. VII, p. 103. — 2 Cic. Ad Fam. I, 4, 1.
— 3 Cic. Ad Att. I, 13 : Ex senatusconsulto consules rof/ationem promulgasse.
— 4 Cic. eod. In hac causa Piso, amicitia P. Clodii duc tus, operam dat, ut ea
rogatxo, quam ipse fert, et fert ex s. c. et de religione, antiquetur. — 6 Front.
De aquis urbis Domae, c. 129; Bruns, Fontes juris, p. 112. — 0 Til. Liv. Epxt.
99 : L. Roscius tribunus plebis legem tulit ut equitibus romanis in theatro Xllll
gradue proximi adsignarentur ; Vcll. Pat. II, 32 ; Cic. P. Mur. 19, 40 ; Ascon .In
Cornel. p. 79; Dio Cass. XXXVI, 25 ; cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. t. III, p. 499 et
520, trad. t. VI, 2, p. 97 et 122. • — 7 Juven. XIV, 323 : Effice summum bis septem
ordinibus quarn lex dignatur Othonis ; cf. Ibid. III, 159. — 3 Bruns, Fontes juris,
p. 102. — 9 Mommsen, Hermes, 1882, t. XVI, p. 24. — 10 Esnieiu, Mélanges ,
p. 209; Alibrandi, Studi e documenti di storia e diritlo, 1881, t. II, p. 1 ; cf. Kar-
lowa, Rôm. Rechtsgeschichte t. I, p. 441 ; Krueger, Geschichte der Quellen, trad.
P* M. — U Plut. C. Gracch. 10, 11, 14; Appian. De bel. civ. I, 24; Pun.
136; Vell. Pat. I, 15. — 12 Corp. inscr. lat. I. 198, 1. 22. — 13 Ibid. I, 200,1. 59 et61.
— 14 Corp. inscr. lat. I, 205; XI, 1146. — 15 Savigny, Vermiscbte Schriften, t. III,
p. 319 et 377 ; Iluscbke, Gaius, Reitrâge,p. 203; Karlowa. Rô/n. Rechtsgeschichte
1. 1, p. 440 ; Mommsen, /fermes, 1881, t. XVI, p. 24. — 16Cf. Mommsen, Rôm. Staatsr.,
trad. t. VI, 2. p. 466 à 469 ; Demelius, Die Con fessio im rôm. Civilprocess , 1880, p. 127.
_ 17 Corp. inscr. lat. I, 626. — 18 Ibid. IX, 2628. — 19 Ad Corp. inscr. lat. I,
de cette loi a été
en partie conser
bronze découverte près de Plaisance
rvé SU1‘ une i;i]
en 1760. Cette
L de
qui porte le numéro 4, contient la fin du chaniiT tal ■:
chapitres XXàXXII et le commencement du dm! u '3’ ,el
C’est un document des plus importants pour n,;'^111'
1 organisation judiciaire et de. la procédur
«toire de
fin de la Républiqu
romaine à la
Lex Rufrena de Caesaris defuncti
711 =43 ou 712 = 42). — Plébisnii
nornine nutm u0
• i . * lébibcite pronom rm 1
tribun Rufrenus après la mort de César. Ce plr 6
connu par une inscription ainsi conçue ‘ Divo 1 ?
jussu populi Romani statulum est 'loge j{ufn> A
Mommsen explique cette inscription en la rapproch-mi i'
celle d’Æserninum : Genio deivi Juli parenlis ImlriA
quern senatus populusque Romanus in deorum nu5
rum rettulit 18. Il en conclut que le dictateur César fut"
après sa mort, inscrit sous le nom de divus Julius I
parmi les dieux de l’État romain, en vertu d’une résolu' j
tion du sénat et du peuple 19 La loi Rufrena paraît dire
de la fm de 711 ou de 712. D’après Dion Cassius, c’est
en 712 qu’on décida d’élever un temple à César;’ celte
décision a dû coïncider avec sa consécration officielle2".
Lex Rutilia de locationecensoria (a. 585= 169).— Projei
de plébiscite présenté sans succès par le tribun I*. ltulilius
en vue d’annuler les adjudications faites par les censeur!
C.-ClaudiusetTi. Sempronius, et de procéder ci de nouvelles
mises aux enchères dont personne ne serait exclu21.
Lex Rutilia de tribunis militum (a. 585 = 169). -
Plébiscite proposé par le tribun P. Rutilius liufus et
transférant des consuls au peuple le droit de nommer les
tribuns militaires22.
Lex Saenia de plebeiis in patricios ad legendh
(a. 724 = 30). — Loi proposée par le consul L. Saenins
et autorisant Octave à créer des patriciens : Exhaustii
( familiis ) quas dictator Caesar lege Gassin et princm
Augustus lege Saenia sublegere 23. L. Saenins fut consul
suffect à partir du 1er novembre 7 2 4 24 ; la date de la loi
se trouve ainsi fixée aux derniers mois de cette année,
Lex Saufeia agraria (a. 663 = 91). — Plébiscite pro¬
posé par le tribun Saufeius et mentionné dans un texte
unique, Yelogium de Livius Drusus: M. Livius M
n. Drusus pontif ex tr. mil. X vir stlit. judie lr.pl' -
vir a. d. a. lege sua et eodem anno V vir " '!■ a-
Saufeia in magistratu occisus est 2S. Cette loi a instituej
des quinque viri agris dandis adsignandis.
Lex Scantinia 20 de nefanda venere (a.,
antérieure à Cicéron et punissant d’une peine de dix nu J
sesterces27 l’attentat aux mœurs commis sur un Iminn*
Lit. XLIII- 10
Loi
626.
20 Rôm. Staatsr. trad. t. V, p. 13, n. 3.
P- ». »• - 21 Tû- . ^pro» » I
Quae publica vectigalia aut ultro tributa C. Claudius < - ^
locassent , ea rata locatio ne esset ; ab integvo locarentuu p0iyb. VI, ^
redimendi et conducendi promis eue jus esset; Cic. De Bep- M» 1
Val. Max. VI, 5, 3. - 22 Tit. Liv. XLIII, 12 ; Fest. v<> Rufuli : 1 I
quos)consid facicbat n[on populus, de quorum jure quod) Rutih" ^ y|, t
tulerat qua eis cavebatur niultis modis. — 2! Tac. Ann. XI, - < jussu |
42 ; Monum. Ancxjr. II, l : Patriciorum numerum auxt
-t< éd. P'
populi et senatus. — 24 Cf. Mommsen, Res gestae dii'i Aug ^ ’
Rôm. Staatsrecht, trad. t. V, p
34;
199; 1
410. — 25 Corp. inscr. lat ^ ^ |0 non, de I
cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. trad. t. IV, p- 341, n. 1- ^ jello 1
la loi Scatinia ou Scantinia, voir G. Slroppolalini. Anm 27 (locl-
VII, 1900, P- f-
di Storia] di diritto Rotnano di Catania, t. vu, ^ c mHn
Cic. ad Fam. VIII, 12 : Quibus cum parum procederet, ut u a lJ pottri>nt.
dicu< a
accusatorem , compellari ea lege , me voluerunt qua ipst ' ' »ie
lnsolentissimi hommes summis circensibus ludis nieis p
Scantinia curant. Ibid. VIII, 14: Haec risum veni, l<(/
Scii'it'"'11 I
i > /cf/f *-* ' "J
apud Drusum fteri; Saet. Domit. 8 : Quosdam ex utiaquc ^ ^ ^ll ° ^
condemnavit ; Tertull. De monogam. 12; Prudent, lu l
Epigr . 91, 4; Juven. Il, 44; Scliol. in h. 1-
LEX
— 1 163
LEX
• <r(Snnp 1 . D’après Moritz Voigt2, cette loi
de naissance n _ ^ aurait élé proposée par P. Scan-
se'aiUk'f suite" «la procès intenté à l’édile plébéien
liniuS • • "canitolinus et pour venger l’honneur de la
P- Scanlnnns -• en tout cas antérieure à la loi
JisScantinia • “ue "
de Lusitanie (a. 003 = 149). - Projet
[ thÏÏdte présenté parle tribun L. Scribomus Libo
dC P ‘ -w h liberté aux Lusitani qui, après s en etre
pourrem • romain, avaient dû se réfugier
remis a ta in' r 1 , r„ihn B
n cnnprimé l’usucapion des servitudes prediales .
î date de la loi n’est pas connue \ et la portée qu’il faut
attribuer à cette disposition est discutée ! » [servîtes].
Iev Scribonia alimentaria (a. 70-4 = 50). - Plébiscite
urriDOsé par le tribun L. Scribomus Curio et décidant
Lue autres choses que les édiles seraient chargés de
(esurer leblé destiné aux distributions publiques : Legem
alikentariam, quae jubet aediles metiri jactavit*.
Lex Scribonia de regno Jubae publicando (a. 704 =
50). - Plébiscite proposé par le même tribun et ordon¬
nant la confiscation du royaume de Juba10.
Lex Scribonia viaria (a. 704= 50). — Projet de plébis¬
cite présenté par le tribun L. Scribonius Curio, et relatil
à la construction et à l’entretien des voies publiques11.
Pour couvrir les frais, il établissait une taxe sur les chars
et autres moyens de transport. Cicéron écrit à Atticus
que P. Veclius est venu au-devant de lui, cum duobus
médis, et rlieda equis juncta , et lectica et familia
magna: pro qua si Curio legem pertulerit, IIS centena
jkndat necesse estn. De son côté, Cœlius écrit à Cicéron
que ce projet n’est pas sans analogie avec la loi agraire
de Rullus. Curio... legem viariam non dissimilem
agrariae Rulli... jactavit13. Appien ajoute que Curion
demandait à être chargé des routes pendant cinq ans. Le
projet n’a pas abouti u.
I Lex Sempronia de duoviris aedis dedicandae (a.
§39=215). — Loi proposée par le consul Ti. Sempronius
Gracchus et autorisant la dédication d’un temple par des
duumvirs spécialement désignés13.
Lex Sempronia de pecuniis creditis (a. 561 = 93). —
plébiscite proposé par le tribun M. Sempronius Tudi-
| tan us et décidant que les règles sur les dettes d’argent
{Seraient appliquées aux pérégrins par les tribunaux
romains10.
■ Lex Sempronia detriumpho (a. 587 =167). — Plébis-
toiliti m, !nSt' °rat' 69 : in9enmm stupravit... stuprata... decem
ilie 1>d°ima stupratori constituta est dabit. — 2 Phil. Hist. Berichte über
Leip-i„ Lrmdtr ^Sn' Sàchsischen Gesselschaft der Wissenschaften zu
-t'uin xi \ ' XLlt’ p- m- ~ 3 Plllt- Marc. 2. Val. Max. VI, 1, 7.
fat ut guia j 1 ' Sammonicus Serenus ap. Macrob. Sat. II, 13: Eo res redie-
Krenf. _ pueri pudicitiam et libertatem suam vendi-
XII, q ‘ ; AjRpiL 49 ; Val- Max. VIII, 1, 2; Cic. Brut. 23, 89; ad Att.
riâijues, t | „ î- ( " a ' 3, 4, 29; cf. Éd. Cuq, Institutions ju-
W celle loi ~i ^ovllz Voigt, Bôm. Bechtsg. I. I, p. 442, n. 7, pense
- » Cic Z C‘ Serih°niusC'1"'>- - 8 Cf. Paul. Sent. I, 17, 2.
Stuats,r”xkt. !r;,r] ’ 9 ’ c1, Uirschfeld, Annona, p. 41; Mommsen, Bôm.
lcliescs»i àriae n j P' 18®’ ~ 10 Caes. De bel. civ. II, 25. — n Cf. sur
b ** — 13 Cic Ad "d™ RedlU!jeschichte 1. I, p. 44.-12 Cic. Ad Att. VI,
H'*» îmu.4to. .jT' L 9’ ~ 14 Appian. De bel. civ. Il, 27 : 'O Si Knupîuv...
î;#,--15fu.Uv l,tlaxiviî T: *«’> «*»*
Eî’icris Bruni»** ’ ’ 13 : Q* Fabius Maximus a
)'■ Semproni us cos\ d ' ,1" tator vovisset dedicare liceret; sénat us decrevit. ut
“ffcnndae Caus„ tT m femt’ ut <?• Fabium Ilvirum esse juberent aedis
;,v- XXXV, 7: M[ J- Op. cil. trad. t. IV, p. 333, n. 1. - « TU.
scfoj[ j/f0"1118 tr^unus plebis ex auctoritate Patrum plebcm
Cimi 50nîs ac nomme latino pecuniae credilae jus idem
aù-riov eut ’rcevTou'câ^
senatu postulavit ut aedem
cite proposé par le tribun Ti. Sempronius Gracchus et
accordant les honneurs du triomphe à L. Aemilius Pau II us,
L. Anicius Gallus et Cn. Octavius, en prolongeant leur
imperium jusqu’à la fin du jour de leur entrée triomphale
dans la ville 11 .
Lex Sempronia agraria (a. 621 = 133). — Voir l’article
AGRARIAE LEGES, t. Ier, p. 162.
Lex Sempronia de civitate sociis danda (a. 621 = 133).
— Projet de plébiscite présenté par Ti. Sempronius
Gracchus pour accorder le droit de cité romaine à toute
l’Italie 18.
Lex Sempronia judiciaria (a. 621 = 133). — Projet de
plébiscite du même tribun partageant le munus judicandi
entre les chevaliers et les sénateurs19.
Lex Sempronia militaris (a. 621 =133). — Projet de
plébiscite présenté par le même tribun et diminuant la
durée du service militaire20.
Lex Sempronia de pecunia regis Attali (a. 621 = 133).
— Projet de plébiscite présenté par le même tribun et
attribuant les biens du roi Attale à ceux qui devaient
recevoir des terres en vertu de la loi Sempronia agraria31 .
Lex Sempronia de provocatione (à. 621 = 133). — Projet
de plébiscite présenté par le même tribun et accordant le
droit d’appel au peuple contre les sentences des juges22
[PROVOCATIO].
Lex Sempronia de tribunatu M. Octavii abrogando
(a. 621 = 133).— Plébiscite proposé par le même tribun
et dépouillant de ses fonctions son collègue M. Octavius23.
Lex Sempronia agraria (a. 631 = 123). — Loi agraire,
proposée par le tribun C. Sempronius Gracchus. Voir l’ar¬
ticle AGRARIAE LEGES.
Lex Sempronia de abactis magistratuu (a. 631 = 123).
— Plébiscite proposé par le même tribun et décidant que
le magistrat, dépouillé de ses fonctions par le peuple;
sera désormais inéligible 25.
Lex Sempronia de censoria locatione vectigalium pro-
vinciae Asiae (a. 631 = 123) — Plébiscite proposé par
le même tribun et ordonnant que l’adjudication publique
des impôts de la province d’Asie serait faite à Home par
les soins des censeurs26.
Lex Sempronia de coloniis deducendis (a 631 = 123).
— Plébiscite présenté par le même tribun et ordonnant
la deductio de colonies à Tarente et à Capoue27.
Lex Sempronia frumentaria (a. 631 = 123). — Voir
l’article frumentariae leges.
Lex Sempronia judiciaria (a. 631 = 123) — Projet de
plébiscite proposé par le même tribun et tendant à
quod cum civibus Romanis esset. Cf. Éd. Ciu[, Institutions juridiques, 1. I, p. GSO
— n Tit. Liv. XLV, 35 : Tribus iis omnibus décrétas est ab senatu triumphus manda-
tumque Q. Cassio praetori, cum tribunis plebis ageret ex auctoritate patrum roga-
tionem ad plebem ferrent, ut iis, quo die in nrbem triumphantes inveherentur,
imperium esset ; cf. Mommsen, Bôm. Forschungen, t. Il, p. 494, n. 159 ; Bôm. Staatrs.
t. I, p. 129, trad. t. I, p. 14G, n. 2, et 147, n. 4. — 18 Vell. Pat, II, 2, 3 : Pollicitus
toti Italiae civitatem ; Appian. De bel. civ. I, 23. — 19 Plut. Ti. Craccli. IG.
Koti -roT; xjtvo u<xt Tore, auyxXrjTixoïç ouffi, xaTa[Aiyvo; sx tùSv tov uxov Ilio
Cass. fr. 83, 7 ; cf. Mommsen, Bôm. Staatsr. trad. t. VI, 2, p. 133, n. 2. — 20 Plut.
eod. 16 : Aùli; aA).ot; vô|Aûi; 4veAà[xSav£ to itXîjfloç, T0C15 TE yçovou; ïwv cfTpaTEÏwv «çaiçàTv.
— 21 Tit. Liv. Epit. 58 : Ut iis qui Sempronia lege agrum accipere deberent,
pecunia quae regis Attali fuissent, dividerelur ; Plut. Ti. Gracch. 14. — 22 plut.
Ti. Gracch. 16 : K al SiSoù; l-ixal :taOai -b: 5 à, ptov à-È tuv 6-.xkttù>v. — 23 Tit Liv.
Epit. 58 : Ut M. Octavio collegae... potestatem lege lata abrogaret ; Appian. De
bel. civ. 1,12; Cic. De leg. III, 10, ïi ; Ascon. in Cornet, p. G4 ; Vell. Pat. II, 2, 3 ;
Plut. Ti. Gracch. 12 ; cf. Mommsen, Boni. Staatsr. trad. t. Il, p. 303, n. 4.
— 24 Fesl. \° Abacti. — 2.1 Plut. C. Gracch. 4 : A jo eî<xétePe tov ;xèv, eT xtvoî
SçpvTo? is> ijxiTo tïjv &oy_i]v 5 SjjiiB;, oùx ISvTa toùto Seutéjo:; àçyîiî (estouui'kv Eivat.
— 26 Cic. 2“ in Verr. III, G, 12 : Censoria locatio constituta est, ut Asiae, lege
Sempronia-, cf. Willems, Le Sénat, t. II, p. 304, n. 7. — 21 plut. C. Gracch. 8;
Appian, De bel. civ. I, 23 et 24; Til. Liv. Epit. GO.
— 1164 -
LEX
augmenter le sénat de 300 chevaliers pour réformer ainsi
l’organisation judiciaire1. Le projet, amendé par son
auteur, fut voté en 632.
Lex Sempronia militari* (a. 631 = R23). — Plébiscite
proposé par le même consul et décidant que les soldats
seraient habillés aux frais du trésor et que nul ne serait
tenu de répondre à l’appel avant 1 âge de dix-sept ans 2.
Lex Sempronia de novis portoriis (a. 631 = 123). _
Plébiscite proposé par le même tribun et ordonnant
l’établissement de nouveaux portoria 3.
Lex Sempronia de P. Popillio Laenate (a. 631 = 123).
— 1 lébiscite proposé par le même tribun pour interdire
l'eau et le feu à P. Popillius Laenas \
Lex Sempronia de provinciis consularibus (a. 631 =
Plébiscite proposé par le même tribun et con-
térant au sénat le droit de déterminer chaque année les
Prox inces consulaires “, en interdisant d’intercéder contre
ces sénatus-consultes 6.
Lex Sempronia de provocatione (a 631 = 123). — Plé¬
biscite proposé par le même tribun et défendant de dis¬
poser de la vie d’un citoyen romain sans l’ordre du
peuple '. Cette loi eut pour but principal d’empêcher
qu on n éludât les lois antérieures sur la provocatio 8 en
présentant certains crimes comme des actes de per¬
due// io 9 [perduellio] .
Lex. Sempronia viaria (a 631 z= 123). — Plébiscite pro¬
posé par le même tribun pour la construction des routes 10
[via vicinalis, viarii vicani].
Lex Sempronia de civitate sociis danda (a. 632 = 122).
— Projet de plébiscite présenté par C. Sempronius
Gracchus pendant son second tribunal et accordant le
droit de cité romaine à tous les confédérés d’Italie11.
Lex Sempronia judiciaria (a. 632= 122). — Plébiscite
proposé par le même tribun et décidant que les juges
devront être pris sur la liste des citoyens qui avaient
obtenu le cheval public 12.
Lex Servilia repetundarum (circa 613 = 111). — Plé¬
biscite proposé par le tribun C. Servilius Glaucia sur le
crimen repetundarum™ . Mommsen conjecture que cette
loi a été rendue peu de temps avant 643 et qu’elle eut
pour objet d’aggraver la peine édictée par la loi Acilia14
[repetundarum crimen].
Lex Servilia judiciaria (a. 648= 106). — Loi proposée
1 Plut. C. Gracch. 6. D après Tit. Liv. Epit. 60. C. Gracchus aurait proposé d'in¬
troduire au sénat 600 chevaliers : Qua equestrem ordinem tune cum senatu consen-
tientem eorrumperet, ut sexcenti exequitibus in curiam subleyerentur, et quia illis
temporibus trecenti tantum senatores essent, sexcenti équités trecentis senatoribus
admiscerentur, ici est ut equester ordo bis tantum virium in senatu haberet. Cf.
Mommsen, Zeitschrift fier Alterthumswissenschaft, 1843, p. 817. — 2 Plut. C.
Gracch. 5 : ’() <rroaTtwTtx3; (vojj 105) l<rrî;6a te xAeûuv &ï)jAo<rta XK: javjÆèv
Eï; 70UTO TÏ)Ç JEtdOosOçàç ’j ; K : E T 7 0 X CT pXTE'J 7 ;A£ VU 7 , xaï VEÛTEJOV i~7V. Xttt §£*«
xazaï.tqaQui <rtf«TiiÔTr,v. Ascon. p. 60; cf. Willems, Le Sénat , t. II, p. 409, n. 5 et 6.
— 3 Vcll. Pat. II, 6, 3 : Nova constituebat portoria. — 4 Cic. De domo, 31, 82.
— 4 Cic. p. Domo, 9, 24 : Provincias considares... C. Gracchus... non modo non
abstulit a senatu, sed etiam, ut necesse esset quotannis constitui per senatum
leqe sanxit. — 6 Cic. De prov. consular. 7, 8, 17; cf. Mommsen, Rom. Staatsr.
t. I, p. 54, 283; t. 111, p. 1101, trad. t. I, p. 61, 324; t. VII, p. 310. — 7 Cic. P.
Rabir. 4, 12 : C. Gracchus legem tulil, ne de capite civium Romanorum injussu
vestrum judicaretur. — 8 Cic. P. Cluent. 5c, 151 : flanc ipsam legem ne guis
judicio circumveniretur, C. Gracchus tulit ; Plut. C. Gracch. 4.-9 Cic. Jn
Catil. IV, 5, 10: C. Caesar intellegit legem Seniproniam esse de civibus Romanis
constitutam, qui autem rei publicae sit hostis, eum civem nullo modo esse passe-,
cf. Mommsen, Rôm. Strafrecht. p. 258. — 10 Appian. De bel. civ. I, 23; Plut.
C. Gracch. 6. Plut. C. Gracch. 6. Cf. Morin Voigt, Rer. der süchs. Gesellschaft
der Wiss. zu Leipzig (Phil. f/ist. Kl.) t. XXIV, p. 72. — n Vcll. Pat. II, 6 :
Rabat civitatem omnibus Italicis ; Appian. De bel. civ. I, 23, 34; Plut. C. Gracch.
5; cf. Marquardt, Rôm. Staatsverwaltung, trad. t. I, p. 80, n. 6. — 12 Appian. De
bel. civ. II, 22 . Tv. StxsEffTrççta àOoçouvTa Elti Swço$oxtGciç Eç toù; ItutcÉceç 4teô Ttüv
PouXeutûv (EETE'œspE... t b S ixàÇüv oeûtoùî 'Pu|Ea:'oiç -/ai ‘haXiâTait linuin x«î atÎToï;
par le consul Q. Servilius Caepio cl restitua,,, .
tnunus judicandi ls. * 1,11 sénat 1(.
Lex Servilia agraria (691 = 63). _ •
par le tribun P. Servilius Rullus f Voir Jlh< lle Proposé
Lex Sestia (a. 606 = 58)— Projet Ou
tendant au rappel de Cicéron16, ^xtius,
Lex Sextia agraria (339 = 415). - projet , .
présenté par le tribun L. Sextius [agrariae li J i6
Lex Sextia de co/onia Bo/am deducenda il'**
uL>). - Projet de plébiscité présenté par le mêL
pour envoyer une colonie à Bola 17 . m,Un
Lex Sicinia (a. 359 = 395). - Projet de plôbiscim -
sente sans succès par le tribun T. Sicinius ei „'„i P'e
le transfert à Yéies d’une partie des habitants de Iw?
Lex Silia de publiais ponderibus (a...?)
de date inconnue proposé par deux tribuns, P. ct\f Sil
Le texte en a été conservé par Festus: Ex ponde'rZ
publias, quibus bac tempestate populus oetier solet J
coaequatur se dolo malo , uti quadruplai vini LX\\
pondo siet; congius vini X p(ondo) siet ; VI sextan
rang tus siet vini; duodequinquaginta sextan qm-
drantal siet vini; sextarius acquits aequo cum librario
siet; sex decemque librari in modio sient. Si quis magis -
t rat us adversus /tac d{olo) m{alo) pondéra modmm
vasaque publica modica minora majorave/axit jussitve
/ieri, dolumve adduit, quo ea fiant , eum quis volet
ma g istratus multare, dum minore parti fa mi lins luxât
liceto; sive quis in sacrum judicare , liceto 1:|.
Lex Silia de legis actione per condictionem (a...?)—
Loi du temps de la République, mais de date inconnue,
qui a introduit l’action de la loi per condictionem en
matière de pecunia certa 20 [legis actio, per condictionem
actio]. Elle a été complétée par la loi Calpurnia qui a
accordé cette action de omni certa re.
Lex Sulpicia de acre alieno senatorum (a. 666
— Plébiscite proposé par le tribun P. Sulpicius Rufuse
défendant aux sénateurs de contracter des engagement;
d une valeur supérieure à deux mille deniers 21. Celle loi
ainsi que les autres loges Su/piciae fut bientôt aprèi
abrogée par Sylla22.
Lex Sulpicia de reducendis vi ejectis (a. 666 =
Plébiscite proposé par le même tribun et or
rappel des citoyens chassés par violence23
donnant le
PouAeuxaT; etci navTt uetow yoraàxwv t i t.zqi xai àxtnua; xat auvif; t0-g f'- * .. J
v „ „ f * .. ‘ n , , , Vcll. P^*
xtvaç ap^ovxa; auxwv urcepeTt^pe, toù<; Sè pouAeuxàç tca xat utcyixoous eiro:t1,
6; Plin. Hist. nat. XXXIII, 2, 34; Tac. Ann. XII, 60; Vavr. ap. Non. p.fP
cf. Mommsen, Rôm. Staatsr. trad. t. VI, 2, p. 133. — 13 Ascon. p-
vilius Caepio, Scaurum ob legationis Asiaticae invidiam et advenus ^
pecuniarum captarum réuni fecit repetundarum leqe quant tulit , 1
Glaucia. Cicéron {Brut. 02, 224) trace le portrait suivant de 1 autrui <e
Longe autem post natos /tontines improbissimus, C. Servilius Glaucia . ‘ ^
cutus et callidus, cumprimisque ridiculus. ls... equestrem ordinem ^
devinxerat ; Cic. P. Rabir. Post. 4, 9 ; p. Balbo, 24, 54; Verr. I. 1 ■ ^ ' ^|||S
VIII, 1,8. — 14 Rôm. Strafrecht, p. 709. — 13 Tac. Ann. XII, 60 ■ 1 ' " ^ gerfiliiie
rogationibus equester ordo in possessione judiciorum loearetur ■■■ " , VI,
leges senatui judicia redderunt ; cf. Mommsen, Rôm. StaatsrecU,
2, p. 130, n. 1 . — 16 Cic. ad AH. III, 20 et 23. — U Tit. Liv. U ç.f;
V, 24, 25 : Parte plebis, parte sénat us destinabant habitandos I pmiis,
ex tribunis plebis rogationis ejus lator erat. — ir| Fest. v° Publica /' ^ plut.
p. 44. — 20 Gai. IV, 19 ; cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. L P- a-_4e fiiEÉXi**
Syll.S: Nôptov Slxupwïra; nySivot or-jyxXr,Tixî>y ùiclç Sia-^iXtaç 8pa/.p4, ‘t ^ . [ ( 59 ; Lia* 1
[iETÈt tIjv teXéutt;v o'çXÿ][AKT«ç guptâ^K; Tpiaxoffia;. — 32 Appian. I ,,,, ,
Phil. VIII, 2, 7. — 23 Cic. Ad Herenn. II, 28 : Sulpicius, qui interceSSf's ; ,„»ikWw
quibus causant dicere non licuisset, reducerentur, idem, p°s IIO00"1
volnntate, cum eamdem legem ferret, aliam se ferre dicebat p ^ pfi
commutationem : nam non exsuies, sed vi ejectos se reducci ^
quasi id. fuisset in controversia, quo illi nomine appellurenti" a ^ etsultl j
aut perinde quasi non omîtes, quibus aqua et iynt ai '
appellcntur.
— 1163 —
LEX
LEX
Smi'iciA de Syllae imper io abrogando (a. 666 =
^plébiscite proposé par le même tribun et retirant
l g y Ha son imperium pour confiera Marius le comman¬
dement de la guerre contre Mitliridate 1
Lfx guLpiciA de novorum civium suffragns (a. 666 =
88) — Plébiscite proposé par le même tribun et ordonnant
la répartition des nouveaux citoyens dans les trente-cinq
tribus2. Cette loi, abrogée comme les autres, fut ap¬
prouvée parle sénat en 667 et remise en vigueur en 670 3.
Lex Sülpicia rivalicia (a....?). - Loi proposée par
Ser. Sulpicius et mentionnée par Festus: St fus sumptum
ex [le\ge rivalicia lata [rogant]e populum Ser. Sulpi-
do : [Mon\tani paganive si[fis aquam dividunto] : donec
eam inter se [diviser int]... judicatio eslof
Lex Sülpicia de triumpho C. Pomptini (a. 700 = 54).
— Loi proposée parle préteur Ser. Sulpicius Galba pour
accorder les honneurs du triomphe à C. Pomptinus. Dion
Cassius signale l’irrégularité commise pour obtenir le
vole de la loi 8.
Lex Terentia de libertinorum liberis (a. 565= 189).
— Plébiscite proposé par le tribun Q. Terentius Culleo et
obligeant les censeurs à inscrire les fils d’affranchis sur
les registres du cens d’après leur fortune6.
Lex Terentia Cassia frumentaria (a. 681 = 73). —
Voir l’article frumentariae leges, t. Ier, p. 1347.
Lex Terentilia de quinqueviris legibus scribundis
(a. 292 = 462). — Projet de plébiscite présenté par le
tribun C.Terentilius Harsa ut quinqueviri créent, ur legi¬
bus de consulari imperio scribendis 7. Ce projet échoua
devant l’opposition du sénat. Renouvelé de 293 à 298, il
n’eut pas plus de succès.
Lex Tuoria agraria (a ...?). — Voir agrariae leges.
Lex Titia de aleatoribus (a.. . ?). — Loi de date inconnue
permettant de sponsionem facere à l’occasion des jeux
qui virtutis causa fiant , prohibant ces engagements dans
les jeux ubi pro virtute certamen non fit*.
■ Lex Titia agraria (a. 655 = 99). — Plébiscite proposé
par le tribun Sex. Titius 9 [agrariae leges].
Lex Titia (a....?). — Loi mentionnée par Ausone10:
Jurisconsulto cui nubil adultéra conjux
Papia lex plaçait, Julia displicuit.
Quaeritis ande haec sit distantia ? Semivir ipse
Scaliniam metuit , non metuit Tiliam.
56; DioJ.Sic. XXXVII, 29, 3 ; Plut. Syll.
4 n «-»■; >■ P. «*. M. .. IP. P- 369. — UTit. L.
t- III, p. 170 tn.t i y, ’ PPlan-°e bel. civ. I, 59.— 3 Cf.Mommsen, Rôm. Staatsr.
P- 1 15, 'trad. t VI l ’ wq' 20 1 ’ n- 3- - 4 Fest. v» Si fus ; cf. Mommsen, Ibid. t. III,
p. 416. — B Di0 Cass P'xXXIX ' Arehivio 0‘>‘r‘dico, 1887, t. XXXVIII,
i» TS! Si . > f|j ■ Ktuitîji oùx l;ôv iv. .xSv vopov, rptv xpùxï|V Kpav
*• d- IV non. novemh^TrT"’^' ClC' AdAtL 1V’ 16’ 6 : Pomptinus vult
hercule insulse l'in ; ' “"'"P me... Neijant enim latum de imperio, et est latum
([' 6 Fini. Flam. 18 : npoasSxÇavxo ito/.txa;
L'hjMuVO;, S; = i r°]£“V t’£,'Ej0£e“'' >iT«V, àv«YXK(r61vTES ÛltîlT0Ù’Sr,!l'iÇ-40ü TEÇlVTttJU
étions juridiques^l ? nZT*? rnT- ** ^ “• Éd' Cm<’
*■«*• - 8 Marcian. Roe m \ ’ ° ; ^ Ed‘ Cuc‘’ °P‘ ciL ^
pu:, if-,',, f X ’ d5’ 3- — 9 Voir plus haut, p. 1125, n. 21.
Ge«ellSchaft lier w: ' ". ' erichteAberd>eVerhandlungen der Kôn.Süchsischen
^ Leipzi!>" ,890’ l- XUI.P. 276. - .2 Ap. Paul.
Jam.hercle '■ ’ 3° : IV’ 2’ 19 ; R,ld- m> 2> 38- — 14 Truc. IV, 2, 40 :
Quae advorsi,l° f ir'dece,Jra’ h‘dos faciam clamore in via :
Jam> her Je ZZr ?eC“niam-
Post id ecw , ,, 0lnnes rnagistratus faxo erit nomen tuum ;
°° te manum injiciam quadrupli.
Cf. M
Staatsr. n-ad. t. IV, p.
Ï87, n. 2. — 15 Asin. I, 2, 5
Iho e<Jo ad tv»; o * • Nam Jam ex hoc loco
? r°*' vostraque ibi nomi™
l‘erlecebraeJTUS ^ Perdam eS° et füiam,
y Mcies, adulescentium exitium.
Morilz Voigt11 pense que cette loi n'est autre que la loi
lenonia citée par Plaute 12 et à laquelle il fait plusieurs
fois allusion lorsqu’il donne à certains de ses person¬
nages le nom de legirupa 1:i. La loi Titia aurait été rendue
peu de temps avanl Ja représentation de l’ Asinaire, vers
560. Elle édicterait la peine du quadruple contre la femme
qui accipit a p/urtmis pecuniam'* . Elle donnerait lieu
a une manus injeetio para par-devant les tresviri
capitales l \
Lex Titia de provinciis quaestoriis (a....?). — Loi
relative à l’attribution des provinces questoriennes l6,
mentionnée par Cicéron, et Willems pense que cette loi
rétablit l’ancienne provincia classica ou la surveillance
des côtes de l’Italie 1 ' . Mommsen croit au contraire que
la provincia aquaria dont parle Cicéron18 ne peut être
que la surveillance des aqueducs de la capitale 19.
Lex Titia de P. Servilio Casca (a. 711 = 43). — Plébis¬
cite proposé par le tribun P. Titius pour mettre en
accusation son collègue P. Servilius Casca qui élait sorti
de Rome contrairement à la loi20.
Lex Titia de triumviris reipublicae constituendae
(a. 711 = 43). — Plébiscite proposé par le tribun P. Ti¬
tius et décidant la création pour cinq ans de triumvirs
reipublicae constituendae, Lépide, Antoine et César91. La
loi leur confère le droit de nommer les magistrats22.
Lex Titia de tutorum dations (a... ?). — Loi qui
accorde à certains gouverneurs de provinces le droit de
nommer des tuteurs23. Cette loi, dont on ne connaît pas
la date, est vraisemblablement antérieure au milieu du
viic siècle, caria tutoris datin appartenait au gouverneur
de Sicile dans la seconde moitié de ce siècle24.
Lex Trebonia de tri b unis plebis creandis (a. 306 = 448).
— Plébiscite proposé par le tribun L. Trebonius et qui
enleva aux tribuns de la plèbe le droit de combler les
vides de leur collège par voie de cooptation 23.
Lex Trebonia de provinciis consularibus (a. 699 = 55).
— Plébiscite proposé par le tribun C. Trebonius et accor¬
dant a Pompée, Crassus et César, chargés respectivement
pour cinq ans des provinces d’Espagne, de Syrie, des
Gaules et de Germanie 26, de faire à leur gré la guerre ou la
paix 27.
Lex Tullia de ambitu (a. 691 = 63). — Loi consulaire
proposée par M. Tullius Cicero sur le crimen ambitus
M. \ oigl rapporte aussi à la loi Titia la disposition législative citée par Plaute,
Aul. IV, 10, 61. — t6 Cic. P. Mur. 8, 18 : Quaestura utriusque propemodum pari
momento sortis fuit. Habuit hic lege Titia provinciam tacitam et quietam, tu
illarn cui, cum quaestores sortiuntur, etiam acclamari solet. Cf. Mommsen,
Staatsr. t. il, p. 532, 571, trad. t. IV, p. 231, 275, n. 1. — il Le Sénat , t. II, p. 602.
18 Cic. In Vatin. 5, 12 : In eo magistratu, cum tibi magno clamore aquaria
provincia sorte obtigisset... Schol. Bob. p. 316 : Quaestor e lege Titia provinciam
tacitam et quietam. — iû Loc. cit. p. 277, n. 1. — 20 Dio Cass. XLVI, 49: -Ev
Tuiiroi; toï; Uïtccuiot; xat 5 Kà<rxa; o IïoyTtVio; ô EeçouiLtoç ô lyin-o * xat
lïtstoîj TrpotjiroToxviffaç xbv Kaiirapa 5txe;î]X0e xxpiv xal È; xr.y xô>.tv ctùtov ÈxY/.Ûeïv, Tjj- -,
Xi jxàxpta â^oSr,pYi<Ti; Èitaù0T), xoj itÀv-8olj{ Jxxô nouuLiou Tixiou
(ruvàp/.ovxoç aixcs àOpourOÉvxo;, xat oSTxwç ÊàLw. — 21 Appian. De bel . civ. IV, 7 :
A'Jxtxcc Si Iv [eeV»i xotixtuv ïîyexo Exx^aiot, xat Siipap'/oç notiixAioî Tixto; evo|xo8Éxei, xotvi)v
àpj(È)V £7Et xaxaaxàtrEi xffiv itapdvxov I? ixEvxaexî; EÎvat] xptiïv àvSpSv AeieiSou xe xat
'Avxtuviou xai Kataapo;, Taov leyj jouaav uûâcot;. — 22 Dio Cass. XLVI, 55 ; XLVII 19 ;
cf. Mommsen, Staatsr. t. II, p. 707, 732, trad. t. IV, p. 431 et 459. — 23 Gai. I,
185: Si cui nullus omnino tutor sit, ei datur... in provinciis... a praesiilibus
provinciarum ex lege Julia et Titia. Fr. Sinai, 20. [Voir p. 1 149, n. 5. J _ 24 Diod
Sic. XXXV 11, b, 4 ; Cic. In \ err. I, 56,146 ; cf. Moritz V oigL, Hôm. Rechtsgeschichte
t. l,p. 841 . — 26 Tlt. Liv. 111,65 : L. Trebonius, tribunus plebis, infestus patribus,
quod se ab iis in cooptandis tribunis fraude captum, proditum a collegio, aiebat,
rogationem tulit, ut qui plebem romanam tribunos plebi rogaret, is usque eo
rogaret, dum deeem tribunos plebi faceret. Ibid. V, 10; cf. Mommsen, Staatsr.
trad. t. I, p. 249 ; l. III, p. 321. — 26 Tit. Liv. Epit. 105. — 27 Dio Cass. XXXIX, 33 ;
XL, 12; Flul. Cal. min. 43; Crass. 16; cf. Mommsen, eod. t. RI, p îlOo trad
L. VII, ' p. 316, n. I.
147
1166 —
LEX
LEX
(voir l’article ambitus, t. Ier, p. 224). Deux clauses de
celle loi sont rapportées l’une par Cicéron, l’autre par
Dion Cassius. Mea lex dilucide vetat biennio quo qui s
pelât petiturusve sit gladiatores dure nisi extestamento
praestitUta die *. — ESo^e t?, (3ouAy|... oÉxaèxcSv <puyi]v,Tou
Iv.xépwvoç èç rà piâXiGTa evaYovToç, toÏç èniTtfiiot; toTç in\
TCO TETaypLÉvOtÇ T,pO5VO[Xo0£TT|aai 2.
Lex Tullia de liberis legationibus (a. 691 = 63). —
Projet de loi présenté au sénat par Cicéron pendant son
consulat pour supprimer les legationes liberae. Ce projet
échoua par suite de l'intercession d’un tribun. Cicéron
obtint du moins que si l’absence durait plus d’un an le
légat n'aurait plus les droits des ambassadeurs 3.
Lex Valeria sacrata (a. 245 = 509). — Loi proposée
par le consul P. Valerius Pulitus et déclarant sucer qui¬
conque tenterait de rétablir la royauté: lex de sacrando
ciun bonis capite ejus qui regni occupandi consilia
inisset l.
Lex Valeria sacrata (a. 245 = 509). — Loi proposée
par le même consul et déclarant sacer quiconque aurait
revêtu le consulat sans être élu par le peuple 5.
Lex Valeria de prococatione (a. 245 = 509). — Loi
proposée par le même consul et donnant à tout citoyen le
droit d'appel au peuple contre les peines capitales pro¬
noncées par les magistrats à Home et dans le rayon d’un
mille autour de la ville 6 [provocatio].
Lex Valeria de mulctae dictione (a. 245= 509). — Loi
proposée par le même consul et édictant une amende
contre ceux qui n’obéiraient pas aux consuls1.
Lex Valeria (?) de quaestoribus aerarii (a. 245 = 509).
— Loi citée uniquement par Plutarque et qui aurait créé
les questeurs enmême temps que Y aerarium 8 [quaestor].
Lex Valeria militaris (a. 412 = 342). — Loi proposée
par le dictateur M. Valerius Maximus Corvus et décidant
que le nom d’un soldat, une fois inscrit, ne pourrait
être rayé que de son consentement. On ajouta dans la loi
que nul, après avoir été tribun militaire, ne pourrait être
ordinum ductor 9.
Lex Valeria de provocatione (a. 454 = 300). — Loi
proposée par le consul M. Valerius Corvus et défendant
de battre de verges, ou de frapper de la hache, celui qui
a fait appel au peuple, sous peine d’être déclaré imprp-
bus 10 [provocatio]
Lex Valeria de civitate cum suffraqio danda (a. 566 =
188). — Plébiscite proposé par le tribun C. Valerius
Tappo et accordant la cité cum su/fragio aux Fundani
et aux Arpinates u.
Lex Valeria de civitate Calliphanae Veliensi danda
(a. 656 = 98). — Loi proposée par le préteur urbain C. Va¬
lerius Flaccus sur l’avis conforme du sénat pour accorder
1 Cic. In Vatin. 15, 37. — 2 Dio. Cass. XXXVII, 20. — 3 Cic. De leg. III, 8,
18. Willems, Le Sénat, I, 150, n. 2, croit qu’il y eut simplement un sénatus-con-
sullc et non une loi. Cf. en sens conlrairc Mommsen, Staatsr. , trad. L. VII,
p. 413, n. 2. — 4 Tit. Liv. II, 8, 2; cf. Mommsen, Staatsr. t. II, p. IG, trad.
t. III, p. IG, n. 3. — G Plut. Poplic. 2 : Aeûteçoç o -îoù; AaSovTaç, $jv ô 8î
aùv. eSojzev, &T:o6vqiTXEtv zeXeûwv. — G Cic. De rep. II, 31, 55 ; Publicola lege de
provocatione perlata statim secures de fascibus sumi jussit. Pompon. Enchir.
Di g. I, 2, 2, IG; cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. I, p. 110. — 7 Plut.
Poplic. 11 : rO yçacEiç v.v.’zà. tJJv àicEiOoûvTwv toïç uitaTot^ où/ 3;ttov ISoçe
etvat... Çyipuav yètç àicEtOca; ETaçE, (iiiov tevte xai 3uoïv itpoSà-rwv &£cav. Cf. He, Avclliv.
giuridico, t. XVI, p. 15. — 8 plut. Poplic. 12; cf. Mommsen, Staatsr. trad. t. IV,
j). 223, n. 1. — 9 Tit. Liv. VII, 41 : Lex quoque sacrata militaris lata est , ne
cujus militis script i nomen , nisi ipso volente, delerctur : additumque legi , ne
guis ubi tribunus militum fuisset, postea ordinum ductor esset. — 10 Tit. Liv. X,
9 : Valeria lex, cum eum qui provocasset virgis caedi securique necari vetuisset ,
si quis adversus ea fecisset , nihil ultra quam improbe factum adjecit. Id... visum,
credo, vinculum satis validum legis. — n Tit. Liv. XXXVIII, 36; cf. Mommsen,
la cité romaine à une femme de Velia (’• ir
Lex Valeria de aere aliéna (a. 668=86)
posée par le consul L. Valerius Flaccus et auloF ^
débiteurs à ne payer à leurs créanciers au’..*
leur dette13. s CIU u» quart de
Lex Valeria de Sglla dictatore (a. 672 = h>1
proposée par Vinterrex L. Valerius Flaccus et 7n 'r
rant à Sylla la dictature legibus scribendis et »,■
constituendae 14. etr*publicw
(a. 559 = 195). — Plébiscite proposé par- le tribun 0 4 °
1er i us Fundanius et abrogeant la loi somptuaire (V
votée vingt ans auparavant13. ^Ia
Lex Valeria IIoratia de plébiscité (a. 305 = 449) -
Loi proposée aux comices cenluriates par les consuls
L. Valerius Poplicola Potitus et M. Horatius Turrinus
Barbatus16 et donnant force de loi aux plébiscites ' Ut
quod tributim plebs jussisset, populum teneret n.
Lex Valeria IIoratia de provocatione (a. 305=449)
— Loi proposée par les mêmes consuls et défendant de
créer aucune magistrature sans appel : Ne quis uïïum
magétratum sine provocatione crearet. Qui creasset
eum jus fasque esset occidi ; neve ea caedes capitalis
noxae haberetur [provocatio]18.
Lex Valeria IIoratia de tribunicia potestate (a. 305=
449). — Loi proposée par les mêmes consuls et consacrant
l’inviolabilité des tribuns de la plèbe : Ut qui tribum
plebis, aedilibus , judicibus , decemviris, nocuisset, ejui
caput Jovi sacrum esset : familia ad aedem Cereris
Liberi Liberaeque venum iret 19 [tribunus].
Lex (?) Valeria IIoratia de senatusconsultorum eus-
todia (a. 305 = 449). — Tite Live rapporte que les mêmes
consuls décidèrent que les sénatus-consultes seraient en¬
registrés au temple de Cérès par les soins des éd des plé¬
béiens20. S’agit-il d’un simple décret? Il paraît plus pro¬
bable qu’il y a ici une clause de la loi Valeria IIoratia
de plébiscité : on prescrivit l’enregistrement, non pas de
tous les sénatus-consultes, mais seulement de ceux aux-,
quels était subordonnée la validité des plébiscites21.
Lex Vallia (a.... ?). — Loi qui a généralisé 1 application
de la manus injectio pura , déjà admise par la loi bir|a
testamentaria et par la loi Marcia adversus feneratores •
Désormais tout débiteur exposé à la manus injectio eu
le droit de se défendre en personne sans constituer un
v index (manum sibi depellere et pro se agere I
injectio, vindex]23. Deux cas seulement furent exoep M
ceux du judicatum et du depensum [judicatum, • 1
p. 643; intercessio, t. V, p. 552, n. 6].
La loi Vallia, très favorable aux pauvres cpii 1,1 ^ ^
vaient pas facilement de vindex, est vraisemblu 11
12 (]jc, P •
Slaatsrecht, Irad. t. VI, 1, p. 149, n. I; t. M, -, P- | s ' tl/llS scnW^1
Dalbo , 24,5: Proxime... ante civitatem Veliensibus datant, <0 Sl ^ fofflpl I
C. Valerium Flaccum praetorem urbanum nominatim ad pop" 11 |, VI. I
Veliense ut ea civis Bomana esset, tulisse. Cf. Mommsen, Slnu ^ ;(jij I
1, p. 150, n. 3. — 13 Vcll. Pat. H, 23, 2 : Valerius Flaccus ^ ciCi p.
auctor qua creditoribus quadrantem solvi jusserat ; Sallusl. ^ i»'"
Font. I, 1 ; P. Quinct. 4, 17. — 14 Cic. De lege agr. III, 3, •> ^ jfpiccus int'irrlt
quissimam dissimillimamque legis esse arbitror eam, quant • ^ pt kll
de Sylla tulit, ut omnia quaecumque ille fecisset, essent ta ^ _ _ _ ,5 TiL
civ. I, 99 ; cf. Mommsen, Staatsr. t. II, p. 704, trad. t. IV, P- ^ . ni Cf- s“r
XXXIV, 8 ; Val. Max. IX, I, 3; Aur. Vict. De viris illustr. X ^ _ U Til¬
les noms de ce consul, De Rossi, Ephem. epigt ■ *• .j-jt Lix- tU ) I
Liv. III, 55, 3; cf. Éd. Cuq, Op. cit., t. I, p- 458. - senS du I
— 19 Tit. Liv. III, 55 ; cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. 1, P- 115> et s“ trad. C ’ I
cemviri, p. 404. - 20 Tit. Liv. cod. - 21 Cf. Mommsen, Sta ■ ^ i.i,
p. 205— 22 Gai. IV, 23.-23 Ibid. 25 ; cf. Éd. Cuq, Institution
p. 591.
I
1107 —
LEX
LEX
I uhiscite Elle est, d’après Gains1, postérieure à la
un l’U lcstamentaria dont la date est comprise entre
• l0‘ ' • f'so et 585. Elle est antérieure à la suppression
• Thmnm injectio par les Usa Juliae [m Ftmu tes-
tC , r pv 1UUA JUDICIORUM PRIVATOKUM ET PUBLI-
TAMENTARIA, LBA
I C°irxVARiA de majestate (a. 063 = 91). -Plébiscite pro-
V vir le tribun Q. Yarius Hybrida, et instituant une
P“eJ/0 pour connaître du crime de haute trahison commis
'L un certain nombre de citoyens qui avaient encouragé
L socii à prendre les armes contre le peuple romain 2.
[ Lex Vatinia de alternis consiliis rejiciendis (a. 693 =
s();: _ projet de plébiscite présenté par le tribun P. Va-
tinius sur le droit de récusation des juges3. Ce droit,
d’ordinaire exercé alternativement par chacun des plai¬
deurs pour chaque juge ( rejectio judicum alterno-
rum !>), est appliqué ici aux comilia judicum , ce qui
suppose que la liste des juges était divisée en un certain
nombre de cons ilia :: [judex].
Le.v Vatima de imperio Caesaris (a. 695 = 59). — Plé¬
biscite proposé par le même tribun et conférant à César
pour cinq ans Y imperium proconsulaire dans la Gaule
Cisalpine et l’Illyrie 6, avec une indemnité fixe d’équi¬
pement payable par le Trésor public b Ce plébiscite lui
conféra en même temps le droit de nommer des légats 8.
I Lex Vatinia de foederibus (a. 695 = 59). — Dans son
plaidoyer contre Vatinius, Cicéron lui reproche d’avoir,
en qualité de tribun, conclu des traités avec des cités, des
rois, des tétrarques 9. On en a conclu à l’existence d’une
loi de foederibus proposée par ce tribun 10.
Lex Vatinia de quaestione, indici Vettio , habeiula
(a. 695 = 59). — Projet de plébiscite présenté par le
même tribun pour instituer une quaestio contre les per¬
sonnes accusées par Vettius d’avoir comploté le meurtre
de Pompée 1 1 .
Lex \ eturia Postumia de colonia Cales deducenda
K 420=334). — Loi proposée par les consuls T. Vetu-
rius Cdhiuus et Sp. Postumius Albinus et ordonnant
1 établissement d’une colonie latine à Calés12.
.^Ex ^EiTI Eirici (?) de servorum publicorum manumis-
iMone (a....?). — Loi citée dans un rescrit de Dioclétien
6 aximien et relative à l’affranchissement des esclaves
ppai U mini aux cités 13 . Le nom de la loi est certainement
llm inférées,,- Val,„Max' V111, C’ 4 : Varius... tribunus plebis legem ai
I malo socii mi 'n co e9arum perrogavit , qua jubebat quaeri quorum do
Appiau . De lre coacti ^ent. Ascan inSeaur. p. 22 ; in Cornel. p. 75
Vatin, H 97,n. V ’ f ! cl- Mommsen, Strafreclit, p. 198, n. 2. - 3 Cic. 1
Mommsen, Strafre i °’' P’ 321 el 323- — 4 Cic. P. Plancio, 15, 3fl. — SC
nir’ico adiecto leln U' V ~ 6 ®uet' Caes- 22 ! Galliam Cisalpina
! in Qtinquennium r n ■ ""'f acce^t ’ Pat- If 44> S : Tum Caesari decreti
trad. t. M) 319‘^;fWmems, Le Sénat, t. II, p. 587 ; Mommsen, Staats
l- VII, p. 344 _ g p. 10 • dn l ‘Uin. 15,36; cf. Mommsen, Staatsr. tra<
*ha,tsT. trac), t lv'C ') ls> 35 : Ee prou. consul. 17, 41 ; cf. Mommseï
féra o César lm ’ ?'■ 4°°’ La question de savoir si la loi Vatinia co:
^cillée (Suet. cJs 1°"’, SUfflSanl P0111' m’éer la colonie do Novum Comum f,
C“es- â9); cr. Mommsen ^ 26 ; Cic' Ad AU- V- «. 2i PI»
" ÜCi«- Ai Val. 12 29 SlTtSr\ L ,U’ P' 1236’ trad- t- VII, p. 405, n.
C,ljreHil>us,cum tetmrri ■ cfu ‘sne 'loedera tribunus plebis cum civitatibu
n,flhabuit nisi renrphe"S' lc‘ ad fam- ',9,7 : Totavero interrogatio mt
j '"'Ote animoque maxim ■f'/'!' \,l‘as triljunatus : in quo omnia dicta su i
_ ' d> I : hnprobitate ■ / 6 ai!SP!Cî,'s> de donatione regnorum. Cic. A
r LailS0, Uôm. Altertl, r ?UÎ"’ re,jna’ Pr^dia tetrarchis... dederun
1 Lüv ” “",'L *■’. vu " ; p; J": 11 w. ™. ™
du» i yuneri soient • ’ ’ . ltuo non Pr&ecedente, qùibus domin
s dficitur. Si itaque seca
'ivn<u7°?arce^con‘uliLrarf ,tem senatuseonsulto Juventio Cclso iteru
■ 1,1 fonanam. conseeuh ° ” P*'0**Be,'a* porrectam constitit ,manumissi
-s,post vero ut libertus tabularium administrant
corrompu : les uns proposent de lire Vetli Bolani , ce qui
désignerait le consul de l’an 67, ou plutôt celui de 111 u;
d’autres considèrent comme plus problable que Dioclétien
invoque une loi veteris rei publicaeis. En tout cas, la loi
est antérieure à l’an 129, car Dioclétien déclare qu’un
sénatus-consulte, rendu Juventio Celso ïterum et Neratio
Marcello consulibus , a étendu aux provinces la disposition
de cette loi.
Lex Viria de actis Caesaris coiifîrmandis (a. 71 1 = 43).
— Loi proposée aux comices centuriates par le consul
C. Vibius Pansa et confirmant les actes de César 10.
Lex Yibia de coloniis deducendis (a. 711 = 43). — Loi
proposée aux comices centuriates par le même consul en
remplacement de la lex Antonia11 .
Lex Vibia de dictatura tollenda (a. 711 = 43). — Loi
proposée par le même consul en remplacement de la lex
Antonia sur le même objet18.
Lex Villia annalis (a. 574=180). — Plébiscite pro¬
posé par le tribun L. Villius et fixant l’intervalle à ob¬
server entre les magistratures 19 [voir l’article annales
leges, t. I, p. 270].
Lex Visellia de cura viarum (ante 683 = 71). — Cette
loi, qui est mentionnée dans une inscription de Rome 20,
paraît avoir institué une cura viarum 21.
Lex Visellia de libertinis (a. 777 = 24). — Loi proposée
par le consul L. Visellius Varro et accordant la cité et la
tribu rurale aux affranchis non citoyens qui avaient servi
pendant six ans dans le corps des vigiles 22 . Cette loi pres¬
crit, en outre, une poursuite criminelle contre les affran¬
chis qui usurpent la qualité d’ingénus et portent sans
droit l’anneau d’or 23 .
Lex Voconia testamentaria (a. 585 = 169). — Plébiscite
proposé par le tribun Q. Voconius Saxa et contenant
deux chapitres. Le premier défend à tout citoyen inscrit
sur les registres du cens pour une fortune d’au moins
cent mille as, d’instituer pour héritier une femme ou une
jeune fille24. En cas de contravention, la part d’héritier
caduque est attribuée aux cohéritiers ou, à défaut, au
Trésor public 2S. Le second chapitre décide qu’on ne peut
recevoir, à titre de legs ou de mortis causa capio. une
valeur supérieure à celle que recueille l’héritier-26 [lex
furia testamentaria ]. La date de la loi Voconia est fixée
par Cicéron 27 .
libertatem quam f lieras consecutus non amisisti, nec aclus tuus filio ex liberis
ingenuo suscepto quominus decurio esse possit,obfuit. — W De la Berge, Essai sur
l’histoire de Trajan, p. 135 ; Moritz Voigt, Uôm. Rechlsgeschichte, t. II, p. 162, n. 17.
— *5 Kriicger, ad h. loc. ; cf. Lemonnier, Etude historique sur la condition privée
des affranchis, p. 89. — l'i Cic. Phil. X, 8, 17 : De quibus (actis) confirmandis et
sanciendis legem comitiis centuriatis ex auctoritate nostra Vibius consul laturus
est ; cf. Willems, Le Sénat, t. Il, p. 757, n. C. n Cic. Phil. XIII, 15, 31 : Vetc-
ranorum colonias deductas lege et senatuseonsulto, sustulistis... iVos sustulimus,
an contra, lege comitiis centuriatis lata, sanximust — 18 Cic. Phil. V, 4, 10: Si
quam legem de actis Caesaris confirmandis, deve dictatura in perpetuum tollenda,
deve coloniis in agros deducendis tulisse M. Antonius dicitur ; easdem leges de
intégra, ut populum teneant, suivis auspiciis ferri placet. — 19 Cf. Mommsen,
Staatsr. t. 1, p. 529, trad. t. Il, p. 183. — 20 Corp. inscr. lat. I, 593. — 21 Cf.
Mommsen, Comment, in legem Viselliam, Antoniam, Corneliam (Bekkers und
Muthers Jahrb. des gemeinen deutsclien Rechls, 1858, l. II, p. 335); Staatsr. t. II,
p. 668, trad. t. IV, p. 386 ; Willems, Le Sénat, l. II, p. 401 ; Ritsclil, In leges
Viselliam, Antoniam, Corneliam observationes epigraphicae (opusc. phil. t. IV,
p. 427, Leipzig, 1878). — 22 Ulp. III, 5; Militia jus Quiritium accipit Latinus si
inter vigiles Romae sex annos militaverit lege Visellia ; Gai. I, 32 b. Cf. Mommsen,
Staatsr. t. II, p. 893 ; t. III, p. 786, Irad. t. V, p. 170, n. 2, et 171, u. 1, t. VI, i,
p. 432. — 23 Ulp. III, 5: Cum libertus se dicit ingenuum... lege Visellia crimina-
liter poterit perurgeri. Cod. Tlieod. IX, 2, 1; Diocl. Cod. Just. X, 32,1. Cf.
Mommsen, Strafrecht, p. 858, n. 1 ; Staatsr., trad. t. VI, 2, p. 6. — ** Tit. Liv.
Epit. XLI, 29 ; Cic. 2” in Verr. II, 42 ; cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques des
Romains, t. I, p. 540. — 23 Plin. Paneg. 42. — 26 Gai. Il, 226 ; cf. Éd. Cuq.
Op. cit. t. I, p. 552. — 27 Cf. Édouard Cuq, t. I, p. 540, n. 4.
LEX
— 1168 —
La liste suivante comprend, classées d’après leur objet,
les lois dont on ne connaît pas le nom ou qu’on n’a pas
l’habitude de désigner par le nom de leurs auteurs,
comme la loi des Douze Tables.
Lex Atestina (intra a. 705 = 49 et 712=42). — Frag¬
ment d’une loi gravée sur une table de bronze découverte
en 1880 à Este, dans la Gaule Cisalpine ». Deux cha-
pitu* seulement ont été conservés: le premier autorise
les plaideurs à proroger d’un commun accord la juridic¬
tion des magistrats municipaux pour les actions infa¬
mantes, si la valeur du litige n’excède pas 10000
sesterces, le second défend la Romae revocatio pour les
procès qui, jusqu’à la loi Roscia, étaient de la compétence
des magistrats municipaux.
A quelle occasion cette loi fut-elle votée? C’est un
Point sur lequel on n’est pas d’accord. Les uns y voient
un fragment de la loi Rubria2; les autres un fragment
de la loi Roscia d autres enfin la considèrent comme
une_ loi distincte qui aurait régi la Gaule Cisalpine
de 705 à 712 \ Quant à la date de la loi, Mommsen
pense qu’elle se place entre l’année 705, où le droit
de cité fut conféré à la Gaule Cisalpine, et l’année 712,
où cette province fut réunie à l'Italie.
Lex de actis Caesoris cognoscendis (a. 710 = 44). _
Loi ou plutôt plébiscite conférant aux consuls, assistés
d un conseil composé des principaux sénateurs 8, la
mission de prendre connaissance des résolutions, décrets
et actes de César1'. Cette loi, qui à l’égard d’Antoine était
une mesure de défiance, ne paraît pas avoir eu de suites 7.
Elle fut votée le 3 juin.
Lex de P. Æbutii praemio (a. 568= 186). — Plébis¬
cite proposé par les tribuns, sur l’avis conforme du sénat,
et accordant des récompenses à P. Æbutius pour avoir
dénoncé la conjuration des Bacchanales8.
Lex de Ægypti provincia Caesari danda (a. 689 = 95).
— Projet de plébiscite présenté sans succès par quelques
tribuns pour attribuer à César la province d’Égypte9.
Lex agrarin. — Plébiscites agraires proposés par les tri¬
buns en 353 = 400 10 et en 643 = 111 11 [agrariae leges].
Lex de agro Campano (a. 544 = 210). — Plébiscite
autorisant les censeurs à louer Yager Campanus 12.
Lex de agro Coriolano (a. 308= 446). — Loi décidant
que le territoire de Corioles ferait partie de Vaqer pu¬
bliais
Lex de ambitu (a. 322 = 432). — Loi décidant ne cui
album in vestimentum addere petitionis liceret causan
[ambitusJ.
Leges de aquaeductibus (a.... 3). — Lois anciennes sur
les aqueducs, mentionnées par Frontin15.
Lex de auctoratis (ante a. 929 = 176 et 930=177). _
Loi mentionnée dans un sénatus-consulte sur les frais
1 Bruns, Fontes juris, p. 102. — 2 Mommsen, Fermes, XVI, p. 2 U
- 3 Esmein, Mélanges, p. 269 ; cf. Alibrandi, Studi e document i di storia e
diritto, 1881, p. I. — 4 Karlowa, Rom. Rechtsgcschichte, t. I, p. 442; Kriiger,
Geschichte der Quellen, p. 73. — 5 Cic. Ph.il. II, 39,100; Dio Cass. XL1V, 53.'
G Cic. Ad Alt. XVI, 10, Il : Deinde, quemadmodum lu sois ( interfuisti
enim, cum consules oporteret ex senatusconsulto de actis Caesaris coynosccre),
res ab iis in liai, J un. dilata est. Accessit ad senatusconsultum lex quae
lata est ante diem III Non. Jun. quae lex earum rerum quas Caesar statuisset,
decrevisset egisset, consulibus coynitionem dédit. — 7 Cic. Phil. II, 39, 100;
cf. Willems, Le Sénat, t. II, p. 743. — 8 Tit. Liv. XXXIX, 19. 1 9 Sud’
Caes. 11. —10 Tit. Liv. V, 12. — Il Corp. inscr. lat. I, 200. . — 12 Tit. Liv. XXVII,
II. — 13 Ibid. III, 72; cf. Mommsen, Rôm. Staatsr., trad. t. VI, 1, p. 391,
n. 2. — 14 Ibid. IV, 25 ; cf. Mommsen, Strafrecht, p. 866. — 1S Frontin!
De aquis, 94 et 97 : Dum altius repeto leges... apud veteres caution ita fuit... Ne
guis privalus aliam (aqitam ducat quam quae ex lacu humum accidit... Baec
LEX
des jeux publics. Cette loi fixe à ^000
maximum du salaire que peut exiger un le
[ auctoramentum, t. I», p. 545] : /, autem clJm°mus
bu num plebei c{larissimum) v(irum) sponte "nTjH'
candum pro/itebitur, cum habeat ex le,,e
milia, liberatus si discrimen instauraverü^ du°
Om pou hac (sestertium) XI 1 ( milia) non 'eZT’,‘n“
Lex de auxilto Mamertinis praebendo (a. 40,, 77/
— Plébiscite autorisant le consul Appius Claudin • ■ '
ter secours aux Mamerlins contre les CarthagjnnU nP°r'
Lex de bello in Africa gerendo (a. 552 = k>>\
ordonnant 4P. Sripio do dirigor la guerre en A"L “
Lex de bello cum Ar.istonico gerendo (a 6^3 = vL '
Loi chargeant le consul Crassus de la conduite d 7
guerre contre Aristonicus 19. Ia
Leges de bello indicendo. - Lois portant déclara J
de guerre aux habitants de Véies (a. 274 — '•130 397
42 7) 20 ; de Veliternes (a. 372 = 382) 21 • de p7',n"l7
(a. 373 = 381) 22 ; de Cères (a. 107 =353) » ; auxSammite
(a «1 = 343, 428 = 326, 456 = 298) ; au* habitant,*
1 alaepolis (a. 427= 187) 2b ; aux Vestini (a. 429 = 3^)«.
aux Èques (a. 454= 300) 27 ; aux Falisques (a. 46lJ
293)28; à Philippe, roi de Macédoine (a. 554=200)28- /
Persée (a. 583 = 161) 30
Lex de Capitolio aedificando (a. 676 = 78). — Loi
autorisant le consul Q. Lutatius Catulus à réédifier le
Capitole 31 .
Lex de censoribus creandis (a. 311 = 443). - Loi
instituant la censure32 [censor1.
Lex de censoribus (a. 489 = 265). — Loi défendant
1 itération de la censure 33 .
Lex de civibus Veios deducendis (a. 363 389 . -
Projet de loi tendant à transférer à Véies les citoyens
romains après l’incendie de Rome par les Gaulois84.
Lex de civitate Anagninis danda (a. 448 = 316). —Loi
conférant aux habitants d’Anagni la cité sine suffragio 1!.
Lex de civitate equitibus Campanis danda (a. 539=
215). — Loi conférant le droit de cité à trois cents che¬
valiers de Campanie36.
Lex de civitate Latinis danda (ante a. 577 = 177). -
Loi accordant le droit de cité romaine aux socit et aux
membres du nomen Latinum qui laissaient un fils dans
leur patrie 37.
Lex de civitate Mutini danda (a. 544=210) •
Lex de civitate Sosidi Syracusano et Merico Hispnn0
danda (a. 543 = 211). — Lois accordant le droit de cité à
divers étrangers qui avaient bien mérité des Romains
Lex de civitate Privernatibus dancla (a. 425 = 529;*
— Loi conférant le droit de cité aux Privernates '■
Lex de clavo pangendo (a. 291 = 463). — Voir 1 ai tic e
CLAVUS, t. II, p. 1241.
V' unis
cnim sunt verba legis. — In isdem legibus adjectinn est ita... * 1
oletato dolo malo ubi publiée saliet ; si quis oletarit sestertiorum A nu ^
esto... Agri... qui aqua publica contra legem essent irrigah pt" ^ ^
— 1 Lin. 62, 63 ; Ephem. epigr. t. VII, p. 410. — 17 Polyb. 6 **' jt-Tit.
Liv. XXX, 27. — 19 Cic. Phil. XI, 8, 18. — 2<> Denys d’Habc- \ ' lf>
Liv. IV, 30. - si Tit.. Liv. VI, 21. — 22 Ibid. VI, 22. — 23 TiL '/]' ^ »s.
— 24 Ibid. VII, 32; VIII, 25; X, 12. — 23 Ibid. VIII, 22. - 26 7 xU|’, 30.
— 27 Til. Liv. IX, 45. — 28 Ibid. X, 45. — 29 Ibid. XXXI, G et7. — 3" A
- 31 Cic. 2» in Verr ., IV, 31, 69. — 32 Tit. Liv. IV, 8 ; cf. Mommsc»^ ^
trad. t. IV, p. 5 et n. 4. — 33 Plut. Coriol. I ; Val. Ma*; ^ ^ et’ 55.
Mommsen, Staatsr., trad. t. II, p. 173, n. 2. — 34 Til. Liv. ' s0(üt tt
— 33 Ibid. IX, 43. — 36 Ibid. XXIII, 31. — 37 Tit. Liv. XL!, 8, «j ^ J
nominis Latini , qui stirpem ex sese domi relinquerent, dabat n lit.
fièrent. Cf. Mommse Op. cit., trad. t. VI, 2, p. 262, n- *•
XXVII, 5; Ascon. In Pis. 52.- 39 Tit. Liv. XXVI, 21. - 40 Ibid" VU’"
— m»9 —
LEX
LEX
a. 518 = 236). — Lois
L decotonia Fngellas deiucmda (a 420 = 328). -
H, TdZnuims Plebeiis creandis (a. 412 = 342). -
là“éaùon de deux consuls plébéiens: uti
1“ îcmmla ambos plebeios creari «
V de decemviris consulan impeno legibus scnbun-
K cnandis (a. 363 = 451). - Loi portant création de
!r' emvirs investis de l'imperium consulaire et chargés
Sprédijçer des lois 3 [lex duodecim tabularum] .
Leges dedicationis (a. 317 = 437, 696 — 58). — Lois
portant dedicatio d’une couronne d’or4, d’une statue de
Minerve 5. Voir l’article dedicatio.
[ Lex (?) DED1TI0NIS M. ClaudH
autorisant l’extradition deM. Claudius Clineas qui, étant
légat probablement du consul Licinius Varus, avait fait
la guerre aux Liguriens malgré le traité qui les unissait
aux Romains6.
Lex deditionis Q. Pompeii (a. 613 = 141). — Projet de
loi soumis au peuple pour autoriser) 1 extradition du
consul Pompée qui avait conclu avec les Numantins un
traité de paix non ratifié par le sénat7. Ce projet ne fut
(pas adopté 8.
[ Lex deditionis G. Mancini (a. 614=140). — Loi
ordonnant l’extradition du consul C. Mancinus qui avait
'conclu avec les Numantins un traité de paix non ratifié
par le sénat 9.
Lex (?) de dictatore creando lata (a. 249 = 505?). —
Loi qui a institué la dictature10. L’existence de cette loi,
dont parle Tite Live, est contestable 11 .
Leges de prodictatore creando (a. 537 = 217,538 =
216). — Lois nommant un codictateur (M. Minucius,
M. Fabius Buteo) 12 .
Lex de dictatore creando (a. 544 = 210). — Plébiscite
créant dictateur Q. Fulvius13.
Lex de dilectu mililum (a. 542= 112). — Plébiscite
autorisant les citoyens, qui s’étaient enrôlés avant l’âge
de dix-sept ans, à compter leurs services du jour de leur
engagement14.
Lex* donis regis Ptolemaei (a. 481 =273). — Loi
attribuant aux députés envoyés au roi Ptolémée les pré-
flls du ds en avaient reçus et qu’ils avaient déposés au
hesor public16.
I Lex* Fecenniae Hispalae praemio (a. 568 = 186). —
, ensuh accordant divers privilèges à l’affranchie Fecen-
|F . lsP(ila P°ur avoir dénoncé la conjuration des
««ho'"1''' -S ' 1 ll(lve Fecenniae Hispalae datio, demi-
vir ti's'i <nllS enuPtl0' lutoris optio item esset, quasi ei
m - n ' Ull,ll,(> ^^'disset ; utique ei ingenuo nubere lice-
Uniaeve 9 met» ^ ““ duxisset> ob id fraudi i9no~
1 M. VIII, _ 2 .
~ 3 Tit. Liv. III :u . V‘ ’ 42 ; cf' Mommsen, Staatsr. trad. t. III, p. 91.
m,Ualur forma cmiarnTh T*™!-, ?simo altcro, quant condita Borna erat, iterurn
pon- Encliiriu. bUj ] l c°nsullb,p ad decem viros... translalo impeno. Pom-
■ >' P' 1-0. __ /, n , ’ ' <:P' 7j|E Ouq, Institutions juridiques des Romains,
, ’ t ~lCic- AdFam ■ X1L 25, 1 ; Dio Cass. XXXVIIL
é"aL Willenis [Le Sén t ' *3’ ' S'' 3’ 3’ attribuent cette extradition an
!°u""s 4 L ratification ,! 2* 11t,nse clue *e sénatus-consulte devait être
P- 387. _ 7 Tit Lh PeuP e- Voir cependant Mommsen, Staatsr., trad. t. VI,
>11,30, ,09 s u - , ’ Appian. Hisp. 79 ; Veli. Pat. 11,90, 3. - 8 Cic.
10 Til j :b‘d\!'AC; 1)6 ReP- >». ‘S- 28 ; cf. Willems, Le Sénat,
■ n, 18 ; Denys d’Halic. V, 70 ; cf. Willems, Le
mmsen, Staatsr., trad. t. III, p. 160.- Il Mom-
“■ 2- ~ 12 po>yG. m, 103 ; Tit. Liv. XXII, 2 i
’ S; 'pleins ' A P' T ~ 13 Tit' Liv’ XXV11’ 5- “ 14 TU.
k populum ferrent, ut qui minores septem et
l' “> P- 473
SHl.lI,p,,, .. -
o0(i. ,, et 770 ; Mo
tl25 ; cf !’■ 103,
liv. XXV ' flMlmsei1, co d,
Lex de fenore semiunciario (a. 407 = 347). — Plébis¬
cite réduisant de moitié le taux maximum de l’intérêt de
l’argent et autorisant le paiement des dettes par quart, le
premier comptant, les trois autres d’année en année17.
Lex (?) de feriis vovendis (a. 580 = 174). — Certains
auteurs considèrent comme une loi la résolution prise
par le peuple en 580 sur la proposition du décemvir sa-
crorum Q. Marcios Philippus : Q. Marcio Philippo verba
praeeunte , popùlus in foro votum concepit si morbus
pestilentiaque ex agro Romano emota essent, biduum
ferlas ac supplicationem se habiturum 18. Mommsen
pense au contraire que ce vœu oblige individuellement
chaque citoyen : ce n’est pas une loi au sens propre du
mot ,9.
Leges de honoribus Q. Minucii (a. 315 = 439). — Plé¬
biscite accordant à L. Minucius des honneurs exception¬
nels 20.
Leges de imperio. — La notion de la lex de imperio a
été présentée au mot comitia (t. II, p. 1388 et 1391). Ou
se contentera d’indiquer ici les principales leges de im¬
perio dont le souvenir a été conservé. Ces lois sont fré¬
quemment citées dans les textes, particulièrement dans
Tite Live : loi prorogeant Y imperium de L. Volumnius
(a. 459 = 295) 21 ; — loi conférant Yimperium proconsu¬
laire à M. Claudius Marcellus 22 (a. 539 = 215) ; — à
P. Cornélius Scipio (a. 543 = 211) 23 ; — loi prorogeant
Yimperium de C. Aurunculeius (a. 546 = 208) 24 ; — loi
prorogeant Yimperium de L. Cornélius Lentulus et de
L. Manlius Acidinus (a. 550= 204) 25 ; — projet de plé-
b i s c il e r e t i r a n t l’i mp eriu m à P. Cornélius Scipio (a. 550 =
204) 20 ; — plébiscite sur la collation de Yimperium en
Espagne (a. 553 =201) 27 ; — plébiscite conférant Yimpe¬
rium proconsulaire àCn. Cornélius Lentulus et à L. Ster-
tinius (a. 554 = 200) 28 ; — plébiscite retirant Y imperium
à Appius Claudius Pulcher (a. 667 = 87)20 ; — plébiscite
accordant à Crassus la Syrie et la direction de la guerre
contre les Parthes, à Pompée, l’Afrique et l’Espagne
(a. 702 = 52) 30 ; — loi conférant Yimperium proconsu¬
laire à Cicéron (a. 702 = 52) 31 .
Parmi les leges de* imperio, l’une des plus célèbres est
celle dont le texte a été en partie conservé sur une table
de bronze découverte à Rome: c’est la lex de imperio
Vespasiani 32 (a. 823-824=69-70). On a, il est vrai, con¬
testé à ce document le caractère de loi; on y a vu un
sénatus-consulte. Il est en effet rédigé, non pas d’une
façon impérative comme une loi, mais d’une manière
consultative, comme les décisions du sénat. Cette par¬
ticularité lient à ce que l’on a soumis au peuple le sénatus-
consulte déterminant les attributions de l’empereur, et
qu’on l’a incorporé dans le texte de la loi. Le caractère du
document ressort d’ailleurs du texte lui-même qui le
decem annis sacramento dixissent, iis perinde stipendia procédèrent, ac si septem
et decem annorum aut majores, milites facti essent. — IB Val. Max. IV, 3, 9.
— 16 Tit. Liv. XXXIX, 19. — U Tac. Ann. VI, 16: Bogatione tribunicia ad
semuncias redactum ; cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques, t. I, p. 379, n. 3.
— 18 Tit. Liv. VII, 27 : Semiunciarium tantum ex unciario factum fenus, et in
pensiones aequas triennii, itaut quarta praesens esset, solutio aeris alieni dispen¬
sai a esset. — 19 Staatsr. t. I, p. 244, trad. I. I, p. 278, n. 2. _ 20 x;t. Liv. IV,
16 : Q. Caecilius, Q. Junius, Sex. Titinius soli ex collegio tribunorum neque
tulerant de honoribus Minucii legem... ; Plia. Hist. nat. XXXIV, Il ; Denys
d'Halic. XII, 4. — 21 Tit. Liv. X, 22. — 22 Ibid. XXIII, 30. — 23 Ibid. XXVI, 18.
— 24 Ibid. XXVII, 22. — 25 Ibid. XXIX, 13. — 26 Ibid. XXIX, 19. — 27 Ibid. XXX,
41. — 28 Ibid. XXXI, 50. — 29 Cîc. p . Ltomo, 31, 83. — 30 Plut. Pomp. 52.
— 31 Cic. Ad Fam. XV, 14, 5 ; 9, 2. Cf. Willems, Le Sénat, t. II, p. 590, n. 2 ;
Mommsen pense qu’il s’agit ici d’une lex curiata (Staatsr., trad. I . III, p. 277, n. 4.
— 32 Corp. inscr. lat. VI, 930.
LEX
1170 —
LEX
qualifie de lex rogata et qui se -termine par une sanctio
en forme impérative Pour le détail des attributions
conférées 1 empereur par la lex de imperio , A7oir les
articles imperium, imperator, princeps.
Lex de jurejurando (a. 554= 200). — Plébiscite auto-
îisant L. \ alerius Flaccus à prêter le serment in leges
aux lieu et place de son frère qui avait été élu édile
[jus jurandum, t. V, p. 770, n. 30],
Lex de lege solvendis consularibus (a. 537 = 217). —
I lebiscite rendu en vertu d’un sénatus-consulte et per¬
mettant de réélire les anciens consuls sans aucune res¬
triction tant qu’il y aurait la guerre en Italie : C. Servilio
consul e, cum C . Flaminius altev consul ad Trasimenum
cecidisset, ex ciuctoritute patrum ad plebe/n latum , plc-
be nique scivisse ut quoad bellum in Italia esset , ex iis
qui consules fuissent , quos et quoties vellet, reficiendi
consules populo jus esset2.
Lex de lege solcendo L. Caecilio Metello (a. 513 = 241).
— Loi accordant à L. Caecilius Metellus, qui, dans l’in¬
cendie du temple de Vesta, avait été aveuglé par les
flammes en sauvant le palladium, le droit d’aller au sénat
en voiture 3.
Lex de lege solcendo C. Servilio (a. 551 = 203). —
Plébiscite -décidant ne C. Servilio fraudi esset quod
pâtre qui sella curuli sedisset vivo cum id ignoraret
tribunus plebis atque aedilis plebis fuisset contra quant
sancitum legibus erat 4. Le texte de ce plébiscite, tel
qu’il est rapporté par Tite Live, donne lieu à des diffi¬
cultés d’interprétation sur lesquelles les auteurs mo¬
dernes sont divisés 5.
Lex de lege sofvendo P. Cornelio Scipione (a. 607 =
147). — Plébiscite dispensant P. Scipion Emilien de
l’àge requis par la loi pour le consulat 6.
Lex de lictoribus virginum Véstalium (a. 712 = 42).
— Loi accordant aux Vestales, lorsqu’elles allaient sur
la voie publique, le droit de se faire précéder d’un
licteur7.
Lex de magistratibus (a. 412 = 342). — Plébiscite
défendant d’exercer simultanément deux magistratures
patriciennes annales ordinaires : Ne quis duos magistra-
tus codent anno gereret 8.
Lex de magistratibus (a. 412 = 342?). — Plébiscite
défendant l’itération de la même magistrature avant
l’expiration d’un délai de dix ans: Ne quis eurndem ma-
gistratum intra decem annos caperet 9.
Lex de ovatione L. Marcelli (a. 543 = 211). — Loi
accordant à L. Marcellus Y imperium pour le jour de
son ovation 10.
Leges de pace. — Lois confirmant la paix conclue avec
Carthage (a. 513 = 241) 11 ; — avec Philippe, roi de Ma¬
cédoine
(a. 550 = 204) 12 ; avec le roi Antiorl
= 189) 13 . nUocl'us (a. 3g.
Lex de patriciorum habitatione (a 371 =
défendant aux patriciens d’habiter dans la cil-, n, ~
Capitole 14. cnadelle om„
Lex de permutatione provinciarum (a. 56-,
1 lébiscite autorisant deux gouverneurs dr
M. Baebius Tamphilus et A.' Atiliuï'serranuTl'^”
Per
we au
■Plét
dis
muter18.
Lex de petitione secundi consulatus (a 702 = “o
Plébiscite autorisant César à poser sa candïdain' "
consulat malgré son absence 1G.
Lex de populo non sevocando (a. 397 — 357
cite édictant une peine capitale contre tout maWsiM
qui convoquerait les comices en dehors de la tw
borne milliaire17. ^ première
Leges de provincia extra sortent danda. - Loi altri
huant à Paul Emile la province de Macédoine sanspm
cédera un tirage au sort 13 (a. 586 = 168) ; -loi attribuant
a P. Cornélius Scipio Æmilianus la province d’Afrim.e
(a. 607 = 147) 19 ; — loi attribuant l’Italie à Q. Pompe us
Rufus (a. 666 = 88)20. 1
Lex de provinciis consularibus (a. 710 = 44). —Loi
conférant exceptionnellement aux consuls de l'année
certaines provinces pour cinq ans21. La portée de celte
loi est discutée 22.
Lex de Publilio Philone proconsule creando[ a. 427 =
.12/). — Loi prorogeant les pouvoirs du consul Q, Publi
lins Philo ~3. C’est le premier exemple de prorogation que
l’on connaisse [prorogatio].
Lex (?) de quaestione Postumianae caedis (a. 341=
*113). — Plébiscite conférant aux consuls la mission
d’ouvrir une instruction sur le meurtre de Postumius21
L’authenticitéde cette loi est contestée23.
Lex de quinqueviris et triumviris (a. 542 =212). —
Plébiscite nommant des quinquevirs chargés, faute de
censeurs, de l’entretien des murs et des tours de Rome,
et des triumvirs chargés de la reconstruction de deux
temples incendiés26.
Lex reddendorum equorum (a. 625= 1-9;. — Cicéron
parle d’un projet de plébiscite qui obligerait les sénateurs
à restituer le cheval équestre et qui, par suite, les empê¬
cherait de voter dans les centuries de chevaliers I
Lex cle rege Attalo et vectigalibus A sine (ante 605 —
149). — Projet de loi combattu par Caton. On ne le conj
naît que par un passage de Festus : Portisculus es-»,
maliens cujus meminit Cato in dissuasione de l(,f
Attalo et vectigalibus Asiae 28. __
Lex (?) de regibus Romain non admittendis (a. 58
------ - - • à Rome, p®
166). — Loi défendant à aucun roi de venir à
1 Cf. Mommsen, Staatsr. t. II, p. 877, trad. t. V, p. 154 ; Mispotdel, Insti¬
tutions politiques des Romains , t. II, p. 3G7 ; Karlowa, Ilôm. Rechtsgeschichte,
t. I, p. 635 ; Krueger, Geschichte der Quellen des rôm. Rechts , trad. p. 304.
— 2 Tit. Liv. XXVII, 6 ; cf. Mommsen, Staatsr ., trad. t. II, p. 150, n. 1 cl 179.
— 3 Plin. Hist. nat. VII, 43, 141 ; Polyb. VI, 16, 3 ; cf. Mommsen, Staatsr.,
trad. t. II, p. 27, n. 6. — 4 Tit. Liv. XXX, 19. — 5 Cf. Hofmann, Rom. Sénat ,
p. 127 ; Mommsen, Staatsr., trad. t. II, p. 135, n. 2. — C Tit. Liv. Epit.
50 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. II, p. 226, n. 2. — 7 Dio Cass. XL VII, 9 :
Tai; Si &Euta?6Évotç paSSo-j/u évl txâ<rtr| yp9jo-6at, urt -rtç o-ùtüv getcô Seuevou t.'j'jç cvxépav
oîxaSe LravtoOva te xat uSptvôt. Cf. Mommsen, Staatsr ., trad. t. II, p. 23, n. 4.
— 8 Tit. Liv. VII, 42 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. II, p. 165. — 9 Ibid. ; cf.
sur la date de cette loi, Mommsen, Staatsr., trad. t. II, p. 172, n. 4 in fine.
— 10 Tit. Liv. XXVI, 21 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. I, p. 147, n. 4. _ 11 Tit.
Liv. Epit. 19; Polyb. I, 62 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. VI, 1, p. 390.
— 12 Tit. Liv. XXIX, 12. — 13 Tit. Liv. XXXVII, 55 ; Polyb. XXII, 7. — 14 Tit.
Liv. VI, 20. — 1 $ Ibid. XXXV, 20. — m Caes. De bel. eiv. I, 9, 32; Suet.
Caes. 26 ; Dio Cass. XL, 51 ; Cic. Ad Att. VII, 3, 4 ; cf. Momrose".
trad. t. II, p. 155, n. 1.— 17 Tit. Liv. VII, 10 ; cf. Mommsen, Sim n-
t. VI, 1, p. 437, n. 2. — 18 Plut. Acm. 10. — 1» Appiau. £,i- 112 __20Appi*4
51 ; Val. Max. VIII, 15, 4 ; cf. Mommsen, eod., trad. t. I, p- C'6- n- ~ Cf. M®®*
De bel. civ. 1, 63 ; cf. Mommsen, eod. n. 3. — 21 Cic. Phit. X , 3, 7 - g^nai, I. Il
msen, Staatsr. t. II, p. 255, trad. t. III, p. 293, n. 3; Willems, ' - - ^ ( »,
p. 745. — 23 Tit. Liv. VIII, 23; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t, L|V’ jffV,
— 24 Tit. Liv. IV, 51. — 25(jf. Mommsen, Strafrecht, p. 172, n. L mscilo
7, 5: Comitia... a praetore urbano de senatus sententia p 1 '
habita : quibus creati sunt quinqueviri mûris turribusque re pe 11 ? âalild
bini : uni sacris conquirendis donisque persignaniis, alten ^ . peliep-^’
fortunae etmatris Matutae. Cf. Mommsen, trad. t. IV, p. 388. — ^
2 : Quam commode ordines descripti, aetates, classes, équité"
sunt etiam senatus : nimis multis jam stulte hanc utilitate Cf.Mo>nig
novam largitionem quaerunt aliquo pleibeiscilo reddendorum^ V ^ ^ p^lisc^'
sen, Staatsr. t. III, p. 505, trad. t. VI, 2, p. 104, n. 2.
LEX
— 1171
LEX
• rpni Jiomam ventre licerel1. Polybe attri-
"“CdSsion au sénat*. •
l»ace‘ , Masinissae (a. 853 =201). - Lo, ren-
> LEX V Ja ri 11 sénat et déclarant le roi Masimssa libre
(hm sm ll du peuple romain 3.
npetuniis (a. 693 = 01). - Projet de loi
l’iniprression d’un tribun, ut de us qui ob
^iicandun^pMunwM accepissent, quaereretur* .
ffL renetundarum. - On a réuni au Corpus inscnp-
L. Latinarum, t. I”, ». 207-211, divers fragments
B lois de date incertaine qui paraissent relatives aux
TmZwnes perpetuae et au crimen repetundarum. Il
lut v joindre sans doute un plébiscite mentionné par
Eodestin au livre 5 de ses Regulae: Plébiscita contine-
tur uti ne quis praesidium munus donum caperet , nisi
L ulentum potulentumve, quod Ultra dies proximos
[ prodigutur '•
Lex de mtituendo P. Cornelio Dolabella (a. 711 =
43) __ Loi restituant tous ses droits à Dolabella qui
avait été condamné comme ennemi du peuple romain G.
I Lex de reditu M. Tullii Ciceronis (a. 696 = 58). —
Projet de plébiscite pour ordonner le retour de Cicéron L
LÉx(?)«?e senatu habendo (a. 745 = 9). — Plinele Jeune 8
et Aulu-Gelle 9 désignent sous le nom de lex de senatu
habendo le règlement général des séances du sénat.
D’après Dion Cassius, ce règlement fut établi sous Au¬
guste l’an 745 i0. On ignore s’il a été soumis au peuple
réuni dans ses comices ; il n’est jamais désigné par le
nom de celui qui l’a proposé : Sénèque l’appelle lex “.Ce
règlement a reçu diverses additions ou modifications, soit
sous Auguste lui-même, soit sous ses successeurs12. Les
clauses de ce règlement seront indiquées au mot senatus.
—Le traité d’Ateius Capito de officio senatorio 13 et celui
de Nicostratus de senatu habendo 14 sont vraisemblable¬
ment des commentaires de la lex de senatu habendo.
Lex de stipendia equitum (a. 502 = 252). — - Plébiscite
défendant de payer l’arriéré de la solde aux chevaliers
qui n’ont pas obéi à l’ordre du consul 1S.
I Lex (?) de stupro matronae. — • Il y a dans Tite Live
plusieurs exemples d’amendes infligées par les édiles en
[raison d un stuprum commis par une femme 16 ou par un
■tomme ' \ Rein18 et Mommsen pensent que les édiles
«ont agi dans cette circonstance en vertu de leur droit de
I surveillance sur les lieux de débauche10. Mais Mommsen
Becon riait que lorsque les édiles font usage de leur droit
Pe prononcer des amendes en dehors de la compétence
I mP U'"" Par ^eurs fonctions elles-mêmes (ce qui est le
■“Pou* 'es Pr°cès contre les femmes), la raison juri¬
dique paraît être que les lois pénales en jeu invitaient
à agir tout magistrat ayant le droit d’amende. En pareil
cas les édiles, étant les moins élevés des magistrats
pourvus de ce droit, auront probablement été considé¬
rés par l’usage comme les premiers appelés à exécuter
la loi20. En conséquence, Moritz Voigt pense que les
édiles ont cité les personnes accusées de stuprum de¬
vant les comices par tribus en vertu d’une loi, dont le
nom n’est pas connu, et qui aurait été rendue entre
423=331 et 425 = 333 21 .
Lex de tacito judicio (a. 700 = 54). — Projet de loi
ordonnant une enquête secrète sur les agissements des
candidats au consulat22.
Leges de tribunicia potestate Caesaris. — Loi confé¬
rant à César la dictature à vie 23 (a. 706 = 48) ; — loi
lui conférant l’inviolabilité tribunicienne (a. 709 = 45) 2L
Lex (?)tf<? tribunis militum consulari potestate crean-
dis (a. 309 = 445?). — Loi autorisant l’attribution de la
puissance consulaire aux tribuns militaires. L’existence
de cette loi est probable, sans être expressément confir¬
mée par les textes28.
Lex de triumphali veste L. Æmiiii Pauli (a. 587 =
167). — Loi autorisant Paul-Emile à porter le costume
triomphal dans les jeux du cirque26.
Leges de triumpho (a ....?). — Yalère Maxime cite une
loi, de date indéterminée, décidant que pour obtenir les
honneurs du triomphe il faudrait quecinqmille ennemis
au moins eussent succombé dans une seule bataille :
leqe cautum est , ne quis triumpharet , nisi qui quin-
que milia hostium una acie cecidisset21 .
On a divers exemples de lois ou plébiscites autorisant
le triomphe d’un général, soit d’accord avec le sénat, soit
contre sa volonté : pour le triomphe de L. Quinctius Cin-
cinnatus en 347 = 425 28 ; pour celui de M. Furius en
388 = 366 29 ; pour celui de C. Mareius Rutilius en
398 = 356 30 .
Lex de triumviris coloniae deducendae (a. 458=296).
— Plébiscite chargeant le préteur P. Sempronius de
nommer des triumvirs coloniis deducendis3i.
Lex de vere sacro vovendo (a. 537 = 217). — Projet de
loi autorisant un ver sacrum32.
Lex duodecim Tabularum (a. 303 =451 et 304 = 450).
— Suivant la tradition, la loi des Douze Tables se com¬
pose : 1° de dix tables de bois de chêne sur lesquelles
furent gravées les lois rédigées par les décemvirs de
l’an 303 et approuvées par les comices centuriates 33 ; 2° de
deux tables supplémentaires comprenant les lois rédigées
par les décemvirs de l’an 304 et qui furent soumises
Matin' XXX’ 17 ' ~ 3 VaL MaX- VU- 2- 0 : Let>e
tribuent. _ 4 r- . nlssae a* lmperio populi Romani solutam libertati
Str*frecht, p. vor r/"’,!’ I7’ 3 ’ U’ G‘ Di9- L 18’ 18 ! cf- Mommse
idAtt. 111,23. p 's ■ * °! lj’ n’ ~ G APP‘an- De bel. civ. Il, 95.— 7 Ci
diversion c ^ ^ ~ * P'ln‘ • V, 13, 5: Quin etiam Dextrum , q
Tepublica esse nu d SUC,a!’ Pl0Cta lege de senatu habendo, jurare coegil
Plino l'apporte ccrlai CU>l‘"IS5et' ^ans sa lettre au jurisconsulte Titius Arisl
jt‘nem fierijubet de ce règlement (Ep. VIII, 14) : Lex... ita disct
r'itemite, jua sentitis ‘OU! Sent,t’s’ ,n 1 lanc partent; qui alia omnia , in illc
RWentiu observatur 10, 1 • ^nte legem, quae nunc de sena
P*'4 w «rùï ° ro9andi sententias varius fuit. — 10 Dio' Cass. LV, -
Itçly '°[«0.TïJiTev £Ç — s tb o-uvéS^iov iv Xeuxt6(j.a<ri ysypafrui
, f*» ^ K':tSv- ~ 11 Scn- 20 : Lex!.. a sea
'^•Lllor Z llr0! CitaL ~ 12 Cf‘ on, Staatsr. trad. t. V
... ’lS ' ^‘llcrns, Ze c.j Ue u"'l System <ler rôm. Staatsverfassung, t.
stTn ' ■ P- U.4- - 13 Ap. Gell. Loc. cit. - U Ap.
hiil "!*'1' memor’ae nrad'd-t ^“!sse •^on,aei ™ quibus senatus habt
r emi0- ~ ' Front .7 T in libre qui inscribitur de sena
[ycm‘ 22: Aureliuë Cotta consul... a patrib
obtinuit ne eis praeterita aéra procédèrent. Tribuni quoque plcbis de eadem
re.... Cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. IV, p. 55, n. 3. — 16 Tit. Liv. X, 31, 9;
Ibid. XXV, 2, 9 ; Val. Max. VI, 1, 8. — 17 Tit. Riv. VIII, 22, 3 ; Val. Max. VIII, 2,
7. — 18 Rein, Das Criminalrecht, p. 8G0. — 19 Staatsr. t. II, p. 493, Irad. t. IV, p. 187.
— 20 Ibid. p. 189. — 21 Morilz Voigt, Phil. hist. Berichte ilber die Verhandlun-
gen der Kôn. Sachsischen Gesellschaft der Wissenschaften eu Leipzig, 1890,
t. XLII, p. 271. — 22 Cic. Ad Att. IV, 16,6 : Senatus decrevit ut tacitum ju-
dicium ante comitia fieret... Comitia dilata ex senatusconsulto dam lex de tacito
judicio ferretur. Venit legis dies, Terentius intercessit. — 23 Dio Cass. XLII
20 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. I, IV, p. 427, n. 5. — 24 Dio Cass. LXIV, 5 ; Suel.
Caes. 76. — 25 Cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. III, p. 209. — 26 Aurel. Vict.
De vir. illust. 56, 4; cf. Mommsen, eod. t. II, p. 79, u. 4. — 27 Val. Max. II 8
1 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. I, p. 152. — 28 Tit. Liv. IV, 20, 1 ; cf. III, 63,
pour lo triomphe des consuls vainqueurs des Sabins. —29 Ibid. VI, 42, 8. _ 30 Ibid.
VII, 17, 9 ; cf. Mommsen, Staatsr., trad. t. I, p. 154, 11. 2. — 31 Tit. Liv. X, 21.
— 32 Ibid. XX, 10 ; cf. Mommsen, [t. III, p. 340, 1058, trad. t. VI, 1, p. 388, t. VII,
p. 260. — 33 Tit. Liv. III, 34 : Centuriatis comitiis decem tabularum leges per-
latae sunt ; Zouar. VII, 18 ; Dion Halic. X, 55 et 57. — 34 Cic. De Rep. II, 37,
64; Tit. Liv. III, 37, 51; IV, 4; IX, 34; Dion Halic. X, 60; Zonar. VII, 1.
LEX
— 1172 —
LEX
aux centuries par les consuls nommés après la chute des
décemvirs1 [decemviri, t. III, p.- 31].
Les dispositions de la loi des Douze Tables nous sont
connues en partie seulement, soit par les travaux des
jurisconsultes romains qui ont eu fréquemment l’occa¬
sion de les citer, soit par les écrits des grammairiens et
des philologues qui, en vue de perpétuer le souvenir de
1 ancienne langue latine, ont recueilli ce qui subsistait de
l'un de ses monuments les plus importants. On ne saurait
cependant prétendre qu ils nous ont transmis le texte
oi iginal , la même disposition est 'souvent rapportée
d’une manière différente. Il y a des variantes par substi¬
tution et des variantes par omission : tantôt on a donné
une forme moderne à un terme antique ; tantôt on n’a
reproduit qu'une partie de la disposition. Plus d’une fois
on a attribué aux Douze Tables un développement dû aux
interprètes de la loi 2.
Toutes les dispositions des Douze Tables peuvent être
rangées sous trois chefs que Tite Live indique comme
étant le but de la loi : 1° les unes ont pour objet d’établir
l’égalité de droit entre patriciens et plébéiens; 2° les
autres, d’assurer la protection de la loi aux plus humbles
citoyens; 3° d autres, enfin, de poser des limites au pou¬
voir arbitraire des magistrats.
L’idée générale qui se dégage de l’œuvre des décem¬
virs, c’est celle d’un droit applicable à tous les membres
de la cité sans distinction de classe, et qui, en principe,
ne doit pas être modifié parce qu'il est le résultat d’un
accord entre le patriciat et la plèbe. Les décemvirs, dit
Pomponius, furent chargés de civitatem fundare légi-
bus 3. Aussi la loi des Douze Tables est-elle restée pen¬
dant plusieurs siècles, suivant le mot de Tite Live, la
source de tout droit public et privé, forts ornnis pub/ici
privatique juris 4.
Pour apprécier la portée de la loi des Douze Tables, il
faut d’ailleurs remarquer que les décemvirs n’ont, pas eu
à s’occuper de l’ensemble des rapports de droit public ou
privé, mais seulement de ceux qu'il était urgent de régler
pour maintenir l’ordre dans la cité. Les autres sont
restés soumis aux coutumes et aux lois royales. 11 ne faut
donc pas se représenter les Douze Tables comme un
recueil analogue à nos Codes modernes.
S il fallait en croire certains auteurs d’une époque
assez basse, la loi des Douze Tables ne serait qu’une
copie des lois de Solon. Il y a là une exagération. Cicé¬
ron, qui connaissait mieux l’œuvre des décemvirs, puis¬
que dans sa jeunesse on faisait encore apprendre le texte
de la loi aux enfants, en donne une idée différente et
sans doute plus exacte. Fremant omnes licet, dicam
quod sentio : bibliothecas mehercule omnium philoso-
phorum tenus mihi videtur XII Tabularum libellus , si
quis legum fontes et capita viderit , et auctoritatis
pondéré , et utilitatis uberlate superare... Percipietis
etiam ilium ex cognitione juris laetitiam et volup-
tatem, quod quantum praestiterint nostri majores céleris
1 Diod. Sic. XII, 24 et 26. — - 2 Cf. Kd. Cuq, Institutions juridiques des Romains,
t. I, p. 9-12. — 3 Pompon. Enchir. Dig. I, 2, 2, 4. — '♦ Tit. Liv. III, 34. — 3 Cic.
De oral. I, 44. — o Cf. sur les emprunts faits aux lois grecques, Éd. Cuq, Op. cit. t. I,
p. 131. — ï Dirksen, Uebersichtder bisherigen Versuche zur Kritik and fferstcllung
des Textes der Zwôlf-lafel-Fragmente, 1824; Scliôll, Logis Kl I Tabularum réli-
quiae , 1866 ; Morilz Voigt (Die Zwôlf Tafeln-Geschichte und System des civil und
criminal-Rechtes wie Processes der XII Tafeln nebst deren Fragmentent, Leipzig,
1883) suit un ordre différent en tenant compte de l'ordre des matières dans les com¬
mentaires sur Sabinus ou dans l'édit du préteur. F. Goodwin, The XII Tables, Lon¬
don, 1886 ;E. VVolff, Iemfàrande râttshistorika sludier till de Tolf Taflornas, Lag.
gentibus, tum facillime intelligetis,
cargo , et Dracone, et Sofone no
°etlS’ si CHl» illorum ,
ritis. lncredibile est enim quant, sit otnnejus chu,
, / . u J «O Cil) J In
ter hoc nostrum, inconditum ac paene ridicu,Um’!
, Sl,les décemvirs se sont inspirés à plusieurs /
yo hi(.
e<Prot J
des lois grecques, s ils ont mis à profit les
égards
acquises dans leur voyage dans la Grande-Grè'UUSSanCe®
leurs entretiens avec Hermodore «, üs ^ 1 ce 0u <tos
pris à tâche de fixer par écrit les coutumes desT* ^
en les appropriant aux besoins des plébéiens
Les éditeurs modernes classent généralement W f
ments des Douze Tables dans l’ordre suivant 1 • S"
I et 2. Procédure civile.
3. Procédure contre le débiteur insolvable.
4. Puissance paternelle.
5 et 6. Tutelle, hérédité, propriété.
7 et 8. Obligations.
9 et 10. Droit public et droit sacré.
II et 12. Tables supplémentaires.
Cette classification est purement arbitraire: elle repose
sur cette remarque de J. Godefroy, c’est que l’ordre des
matières doit être celui que Gaius a suivi dans son com¬
mentaire des Douze Tables, puis que chacun des six livres
de ce commentaire correspond à deux tables. Ce dernier
point est fort douteux: il n’est pas certain que chaque
table formât un tout complet. Ceux qui étaient chargé]
de graver les lois romaines ne se faisaient aucun scru¬
pule de reporter à une autre table ce qu’ils n’avaient pu
faire entrer dans la précédente. Il y en a des exemples
sous la République et même sous l’Empire8. D’autre
part, Gaius n’a pas suivi rigoureusement l’ordre de laloi
tel que Godefroy l’a défini: dans son livre second, qui
devrait correspondre aux tables 3 et 4, il explique le mot
hostis 9 qui, d’après Festus, appartient à la seconde
table 10. On ne peut donc espérer connaître d’une manière
sûre l’ordre des dispositions contenues dans les Douze
Tables : on n’a de renseignements précis que pour un
très petit nombre de règles que les auteurs anciens assi- j
gnent à une table déterminée 11 .
LEX quinavicenaria. — Loi des vingt-cinq ans, nom
donné par Plaute à la lex Plaetoria 12.
lex kegia. — Quelques textes du vie siècle de notre
ère13 et un fragment d’Ulpien u donnent le nom de régis
à la lex de imperio qui confère à chaque empereur le
pouvoir souverain. Cette dénomination de lex régie est
étrange. Si elle se conçoit à la rigueur dans le langag 1
des byzantins, elle semble dans le texte d t lpi(’n e
résultat d’une interpolation, à moins qu’on n’y voie une
façon de parler usitée dans les pays de civilisation g] I
que, où l’on donnait à l’empereur le titre de I
Peut-être même y a-t-il là simplement le résultat t un
confusion analogue à celle qui a été commise Pal I
ponius lorsqu'il présente les leges regiae conmu ^
leges curiatae : Ulpien a cru pouvoir appeler Ici 1 j
la lex curiata de imperio IB.
; |c„a, 1889.
Gôtel). 1888 ; G. Gfitz, Ad legem XII Tabularum adnotatt. gloss™" ' fj( ti |,
Nikolski, XI! TARflJIffTr, Saint-Pétersbourg, 1897. — s Uf. Éd- 1 ■” j' ||, j, 9 ;
p. 128, n. 3. — 9 Dig. L, 16, 23i pr. — «> Fest. v“Reus. — !1 Cic- ' 12 plauC
Fest. v« Reus ; Ulp. 40 aü Ed. Dig. XXXVIII, 6, I pr. : Denys. .
Psend. I, 3, 69. — 13 Inst. I, 2, 0 ; Theoplnl. ad h. I. ; Cod. Ju^ • ,.0„,«ni
antiqua , quae regia nuncupabatur, omnejus omnisque P°mes' [ ^ i : Qu0*
in imperatoriarn translata sunt potestatem. — 14 Ulp. 1 ^ imperi°QHt
principiplacu.it legis habet vigorem , ut pote cum lege regia <p çonf6r^'
lata est , populus ei et in eum omne suum imperium
et potestatem
15 Cf. Mommsen, Staatsr. t. II, p. 87G, trad. t. V, p- *
LEX
— 1173 —
LEX
- ,I VK _Les règles, désignées par les auteurs
’ LEf,,îS !!!le nom de lois royales1, n’ont rien de com-
anCiens sous ^ ^ geng ordinaire du mot. Il suffit
mUn aV6C ' a vaincre d’en examiner l’objet. Les unes
p0l“' SiT' as'à l’exercice du culte2. D’autres ont pour but
g°nt relatm ^ hommes et des choses consacrées
ou dos dieux eux-mêmes*. D’autres encore
par ; j pc aptes considérés comme des crimes commis
fes dieux protecteurs de la -cité, ou de nature à
“1, omettre la perpétuité des cultes domesl.ques •
Toutes en un motont un caractère spec.al, exclusivement
ll°fiut donc bien se garder de les confondre avec les lois
Icuriates. Pomponius, il est vrai, a commis cette confli¬
ts mais on s’accorde à tenir son assertion pour
' Lgxacte. Le peuple n’avait pas qualité pour régler les
questions qui sont du ressort de la religion.
I gj jes i0is royales ne sont pas des lois curiates, sont-
' elles tout au moins l’œuvre personnelle des rois aux¬
quels on les attribue? On peut conjecturer que les rois,
en leur qualité de grands prêtres de la cité, en ont rédigé
un certain nombre avec l’assistance du collège des pon¬
tifes, mais il est difficile de l’affirmer. Nous ne connais-
' sons, en effet, les lois royales que par des travaux de
seconde main dont les auteurs vivaient plusieurs siècles
après l’époque des rois. Notre source principale est le
livre publié par un contemporain de J. César, C. Gra-
nius Flaccus. Flaccus a commenté le recueil de ces lois
dû à un certain Papirius [jus papirianum, t. Y, p. 745],
qui, suivant les uns, serait un contemporain de Tarquin
le Superbe5, suivant les autres un grand pontife du temps
. de la République 7.
’ La question d'origine reste donc fort douteuse; aussi
peut-on dire que, si les lois royales ne sont pas l’œuvre
des rois, ce sont tout au moins de très anciennes règles
qui furent conservées sans doute dans les archives des
pontifes. Elles révèlent une époque où le droit était con¬
sidéré comme un précepte divin ; la sanction la plus
•ordinaire consiste en une sorte d’excommunication 8.
■ Plusieurs de ces lois ont été modifiées ou abrogées par
Bes Douze Tables9. D’autres ont été appliquées sous la
■République et même sous l’Empire; telle est la règle
relative aux Vestales10.
1 es fragments qui subsistent des lois royales ont été
■ unis et commentés par divers auteurs, dont les plus
récents sont Dirksen et Moritz Yoigt11 .
■ ex rhodia dk jactu. — Loi contenant les règles sur
■comir 'l con^rip)u*'’on> Ce n’est pas une loi votée dans les
a |Ces’ inais un règlement emprunté par les Romains
3lS °u coutumes de file de Rhodes. Ce règlement
I •«."'iuT-'t' D’0nyS‘ I1,5’ 227 ; lü; 22, Macrob. Sat. I, 13, 20; Varr. De
10 ai' Ju'l. et p XII> 8 ! Scrv. in Ecl. IV, 43 ; Georg. III, 387 ; Paul,
ï > Pest. s. 0m-ap' h°: L’ lr’’ 1G> 144- - 2 Plin. Hist. nat. XIV, 12; XXXII,
31. — 3 pjut jy 1 cceisi<m. ; Aul. Gell. IV, 3 ; Plut. Num. 12 ; Lyd. De mens , I,
, v- Parricidii • Van. n ’ ^l0nyS' ^ 78 ï H» 27 î P. Diac. y0 Termini. — P. Diac.
51 ~ 6 Pompon F i™ VUSt 5’ 4 ; Diol,ys- II, 15, 25. — B Enchir. Dig. I, 2, 2,
' * Cnn 2’ 2* §§ L 2 et 30. - 7 Dionys. Il, 73 ; 111, 30.
p; 9 H. 5. _ Jj Dj ' lltwns Juridiques, t. I, p. 55. — 9 Ibid. p. 8. — 10 Ibid.
Redits, I823. m los!,cAe ~ur Kritik und Auslegung cler Quellen des
1 “eWsc/ia/’z der !_' L °'®1’ ^'el}er die leges regiae, dans Ber. der Sachs.
p.ad ^ Dig. xiv „ ‘ LejP:i0 ( PMI . hist. ci.) 1876-1877. - 12 Serv. ap. Paul.
ISid-°^’d7-"AP- Volus- Maec- ex *• Hhotlia,
__ ' ' ' l- XXXV, p. 36 ot ' . 1 ; cf- Goldsclimidt, Zeitschrift fur Handelsrecht,
■L. ^aul- 34 ad Ed. eod ~ Papin' 19 Rcsp. eud. 3 ; cf. Jul. 86 Dig. eod. 6.
1 l’1 . Aequissimum enim est, commune detrimentum
| erent- — n Serv 0(11 !'S.SaS res a^ori‘m consecuti sunt , ut merces suas salras
V. ' S J" ap- Paul eod ■ 2, 3 — 18 Paul. eod. 2 pr. : Si labo -
était déjà appliqué à Rome par la jurisprudence au temps
de Cicéron12. 11 fuL confirmé expressément par un juge¬
ment d’Auguste et par un rescrit d’Anlonin le Pieux.
Celui-ci répond à la requête d’un habitant de Nicomédie :
’Eyw p.sv tou xô<7(Jiou xûpio;, b oà vojxoç tt|; 0aXa<7<77);. Toi vôp. oj
twv 'Pootwv xptvéaOw tco vauTixw, év oiç p.7) Tt; tcov Vj [AîTEpoiv
auTco vop.oç, IvavTtouTai. Touto oà auTÔ xat b OstoTaTo;
AuyoutiTo; ’sxptvsv13.
Le principe contenu dans la loi Rliodia est ainsi for¬
mulé par le jurisconsulte Paul: Lege Rhodia cavetur , ut
si levandae navis gratia jaclus mercium factus est ,
omnium contributions sarciatur quod pro omnibus
datum est u. Lorsque, pour le salut d’un navire, le
capitaine a dû jeter à la mer une partie du chargement,
couper les mâts ou sacrifier des agrès15, le dommage
subi doit être réparti proportionnellement entre tous les
propriétaires des objets sauvés15. Il en est de même de
la rançon qui a dû être payée, lorsque le navire a été cap¬
turé par les pirates17
La sanction de la loi était assurée à lepoque classique
par les actions résultant du contrat de louage conclu
entre l’armateur du navire et les chargeurs 18. La réparti¬
tion des pertes et des dommages ne se faisait pas, comme
de nos jours, directement entre les intéressés. Mais le
capitaine n’était pas responsable de ' l’insolvabilité des
chargeurs soumis à la contribution 19. Il n’était tenu qu’à
faire usage du droit de rétention sur les objets leur
appartenant qui se trouvaient entre ses mains20.
leges romanae. — Après l’édit de Caracalla, le jus
civile devint la loi générale de l’Empire, applicable en
principe à tous les citoyens. On le désigna désormais
par l’expression jus Romanum ou leges Romanae21.
leges s vcratae22. — Les auteurs sont très divisés sur
le caractère des lois sacrées23. D’après l’opinion qui nous
paraît la plus plausible, la loi sacrée est un plébiscite
contenant l’engagement solennel, confirmé par un ser¬
ment, de vouer aux dieux la tête et les biens de quiconque
porterait atteinte à la personne et. à la dignité d'un
tribun. Sacrcitae leges, dit Festus, sunt quibus sanctum
est, qui quidadversus eas fecerit, sac.er alicui deorum sil
cum familia pecuniaque. Ce plébiscite n’a pas force de
loi générale : le serment qui le confirme n’a d'autre but
que de colorer d’un prétexte religieux la prétention de la
plèbe à se faire justice v*.
La première loi sacrée consacre l’inviolabilité des
tribuns de la plèbe: Ut plebi sui magistratus essent
sacro sancti quibus auxilii latio ad versus consules
esset2*. La seconde loi sacrée défend aux patriciens
l’accès du tribunat : ne... cui patrum capere eum ma-
gistratum liceret 26. Ces deux lois sont attribuées à
rante navejactus factus est, amissarum mercium domini, si merces vehendas toca-
verant, ex localo cummagistro navis agere debent ; isdeinde cum reliquis, quorum
merces salvassunt, excondueto, ut detrimentum pro portione communicetur, agere
pot est. — 19 Paul. eod. 2, G. — 20 Ibid. 2 pr. Cf. Kluegmaun, Discursus de lege
Ithodia de jactu, Gôtlingen, 1817 ; Schryver, Commentaire sur la loi Bhodiade jactu,
Bruxelles, 1844; Lerano, Lex Rhodia de jactu dans Casaregis, t. III, 1877 ; Negri
di L amp or o, Archieio giuridico, 1887, t. XXVII ; Scialoja, Ibid. 1882, t. XXVIII;
Goldschmidt, Zeitschrift für Handelsreclits , 1888"; Gabriello Carnazza, Il diritto
commerciale dei Romani, 1891, p. 155. — 21 Diocl. Cod. Greg. V, 2, § 1, 3, 4. Cod.
Just. VIII, 47, G. Constantin. Cod. Theod. IV, G, 3. Julian, eod. II, 29, 1. Aread.
Houor. eod. II, 1, 10. Tlieod. Valent. No v. Theod. III, 1, 2. Inst. eod. V, 23, 1.
_ 22 Les types relatifs à ces lois sont cités par Bailer (Onom. Tull., p. 257).
_ 23 Herzog, Die lex sacrata und dus sacrosanctum, 187G (Jahrbuch fur Philo¬
logie, p. 139); Lange, Rôm. Alterthilmer, t. I, p. 592 ; Schwegler, Rôm. Geschichte,
l. II, p. 249; Mommsen, Staatsr., trad. t. III, p. 347 ; Karlowa, Rôm. Rechtsges-
chichte, t. I, p. 99. — 24 Ed. Cuq, Institutions juridiques des Romains, t. I,
p. 113-114. — 23 Til. Liv. II, 33. - 20 T. Liv. II, 33G.
1-48
LIB
— 1174 —
LIB
l'an 260 = 494. Sur la troisième loi sacrée, voir lex icilia.
LEX satura. — Voir les articles lex publica, § 2, et
LEX CAECILIA DIDIA.
LEGES SUMPTUAUIAE. _ Voir LEX AemILIA, LEX ARITIA,
CORNELIA, DIDIA, FANMA, julia (de César et d’Auguste),
LICINIA, OPPIA, ORC1IIA.
leges tare ll a ri ae . — Les lois qui ont introduit le
vote secret ou par écrit ( tobella , tesseru la) sont au nombre
de quatre 1 : la loi Gabinia de 615 pour les élections des
magistrats, la loi Cassia de 617 pour les comices judi¬
ciaires, sauf pour les procès de perduellio , la loi Papiria
de 623 pour les comices législatifs, la loi Cœlia de 647
pour les procès de perduellio [lex gabinia, lex cassia,
lex papiria, lex coelia]. D autres lois furent rendues pour
empêcher certaines pratiques qui tendaient à éluder le
secret du vote: telle fut la loi Maria de 635 [lex maria]2.
Sui la lorme et la distribution des tablettes, voir tabella.
lex TRIBUN1C1A. — Cette expression désigne ordinaire¬
ment un plébiscite [p. 1122], par opposition à la lex con-
sularis . Pomponius 1 emploie, semble-t-il, dans un sens
différent, pour désigner la loi qui a décidé l’expulsion des
rois, loi qui fut proposée par le tribun des célères J . Brutus4
inïerrex, t. 4 , p. 566]. Cicéron appelle lex tribunicia la
loi consulaire de Pompée sur les tribuns5. Édouard Cuq.
L1BATIO [sacrificium].
LIBELLA ( AiaêVj-rriî, cTacpüXvi ). — Le niveau, dont le
nom corrompu vient, par lireou, de libella *, a été dès
un temps très ancien 2, chez les Grecs et chez les Romains,
à l’usage des maçons, charpentiers et autres ouvriers
ayant besoin de s’assurer si un plan est parfaitement
horizontal. L instrument qu'ils ont connu était notre
niveau commun ou à perpendicule, fait de deux barres
réunies par un de leurs bouts comme un A majuscule,
et d’une troisième barre transversale devant laquelle
tombe un fil aplomb [perpendiculum] fixé au point de réu¬
nion des deux premières : quand le niveau est placé
debout sur ses deux pieds sur un plan horizontal, le fil à
plomb doit tomber exactement au centre; le plus petit
écart à droite ou à gauche fait voir quelle portion de la
surface mesurée est trop élevée ou trop basse3.
Le nom de 01x67^,1; (de o'.aëatvcD) a été donné parles Grecs 4
à cet instrument comme au compas, à cause de l’écarte¬
ment des deux jambages ; celui de
une grappe pendante, est le nom du ^l0n .IU‘ Veul(lil
niveau tout entier5. Le niveau à liquide n'^’ .<>tendu a
plus inconnu à la fin de l’antiquité : il * a,t pas "o
est figuré avec un ciseau et une pointe
(fig. 4447) sur une pierre employée
dans le pavé de l’église Sainte-Agnès
hors des murs de Rome 6 à la fin du
siècle.
dire
au
non
IV
Le niveau a été quelquefois groupé ainsi
tombeaux avec d’autres outils caractérisant
la profession du défunt. On l’a vu sur
celui d’un architecte (fig. 464), d’un lapicido
(fig. 4067) ; il est (fig. 4448) représenté à côté
d’une ascia sur un monument d’Aix en
Provence 7 [Voir encore fig. 1512]. E. Saglio
LIBELLA. Nom par lequel on désignait
entre l’an 269 et l’an 217 av. J.-C. une
quantité d’argent, 1/10 du poids du denier
laquelle avait la valeur d’un as de bronze
4H7.
sur des
- . - - [UENARICS ,
, Dans les Premiers temps byzantins, le nom ,1e libella
s’appliquait quelquefois au denier de comnte rie 1
t U.. ri . 1 5780 “
-fhô du solidus d’or'
F. Lenormant.
L1BELLIS (A), ’Etù ra?ç P'êAotç. — L’expression a libellis
désignait à la fois un des bureaux de la chancellerie
impériale et le fonctionnaire placé à la. tête de ce bureau.
Il est évident que les nombreux libelli que recevait
l’empereur et auxquels il donnait suite [libelles, II
exigeaient une administration considérable. Tant que
1 empereur administra la partie de l’empire qui lui était
confiée, comme un particulier administre son patrimoine,
il y employa ses esclaves ou ses affranchis1. Sous Claude,
ces employés sont organisés en bureaux ayant leurs
attributions distinctes. C’est alors que se crée, avec les
bureaux a cognitionibus et ab epistulis, le bureau a udel-
lis. Les a libellis de Claude sont des affranchis2; il en est
de même sous Néron 3, sous Domitien 1 et sous les Fla-
viens0. Peu à peu, l’idée monarchique continuant son
évolution, les employés de ces services deviennent des
fonctionnaires et les citoyens d’un certain rang ne
craignent plus de briguer ces charges autrefois réservées
aux esclaves et aux affranchis impériaux 6. Vitellius
1 Cic. De le g. III, 17, 38 : Postea latae sunt [leges) quae tegunt omni ralione
suffragium, ne quis inspiciat tabellam, ne roget , ne appellcl ; pontes etiam lex
Maria fecit angustos. — 2 Cf. J.-L. Conradi, De legibus tabellariis, Leipz. 175G.
— 3 Cic. De lege agr. II, 8, 21 ; Fcst. v» Sacer nions. ; Tit. Liv. III, 56, 12. — V Cf.
Éd. Cuq, Institutions juridiques , t. I, p. 123, n. I. — 5 Cic. in Yerr. I, 16, 46.
— Bibliographie. Aut. Augustini, De legibus et sénat usconsultis liber , adjecli
legum antiquarum fragmentis cum nolis Fulvii Ursini, 1583 ; Ernesti, Index legums
quarum in libris Ciceronis nominatim fit mentio, 1777; Bailer, Index legumt
romanarum quarum apud Ciceronem ejusque scholiastas, item apud Livium,
Velleium, Gellium nominatim mentio fit (Orelli, Onomasticon Tullianum, p. III,
117-305; Pauly, Real-Ency/clopâdie, 1841, v° Le x (cet article n'a pas encore paru
dans la 2° édition dirigée par Wissowa) ; Rudorff, Rôm. Itechtsgeschickte, 1859, t. I,
p. 14; Walter, Geschichte des rômischcn liech ts , 3° éd. 1860; Hiibner, Jahrbuch
des Vereins der Alterthumsfr. im Rheinlande, 1870, t, XLIX ; Lange, Rôm.
Alterthüm. 3e éd. 187G-1879; Heyrovsky, Ueber die rechtliehe Grundlage der
leges contractas bei Rcchtsgesc/uiften zwischen dem roemischen Slaat nnd
Privaten , 1881; Willcms, Le Sénat de la République romaine , 1882-1883; Ortolan
et J.-E. Labbé, Histoire de la législation romaine et Explication historique
des Instituts de Justinien , 12e éd, 1883-1884; E. Ferriui, Storia délie font i
del diritto romano e délia giurisprudensa romana, 1885; karlowa, Itoem.
Reclit sgeschichte, t. I, 1885; t. II, 1892; Accarias, Précis de droit romain , t. I,
4* éd. 1886; Padeletti-Cogliolo, Storia del diritto romano , 2“ éd. 1886; Luiggi
Gaddi, Cronologia dette leggi comiziali romane dans Monnaie delle fonti
del diritto romano di P. Coglolio, 1886, parte II, p. 516; Mommsen, Roem.
Staatsrecht , 3' éd. 1887; P. Krüger, Geschichte der Literatur und der Quellmx
der roem. Rechts, 1888 ; Willems, Le droit public romain depuis la fonda-
ion de Rome jusqu’à Justinien. 5« éd. 1888 ; Bruns, Geschichte und Quellen
dos roemischen Rechts dans Holtzcndorif, Eucgclopüdie der RechlsirisseuscW1
in systematischer Bearbeitung, 5' éd. 1889; Édouard Cuq, les Institutif
juridiques des Romains , t. I, 1891 ; Landucci, Storia del diritto romano dajt
originifino a Giustiniano, 2“ éd. 1894; Girard, Manuel de droit romain,-' •,
1898; Moritz Voigt, Roemische Rechtsgeschichte, t. I, 1892; t. II, 1899* j
LIBELLA . 1 Du Cangc, Gloss, med. et inf. latin, s. v. liveilum el 0” *
— 2 Pline ( Hist . nat. VII, 57) en attribue l'invention au premier Théodore de 1
sans fondement sérieux. — 3 Lucrct. IV, 515 ; Vitruv. I, 66 ; VU, L a 1 [ ' 1 (
Hist, nat. XXXVI, 51 et 63; Varr. R. rust. I, 66; Colum. III, 13, 1- • I
fabrilis. — 4 Plat. Phileb. p. 568 ; Plut. Praec. ger. reip. 6 ; Hesycli. s.
de Lébadée, Koumanoudis, Athenaion, 1875, p. 369 et
graeca Comment, epigraph. Berl. 1881. — s Hesycli. s. ». u-.o-As
Hom. 11. 765 ; Schol.
n. 433. — 7 Congrès archéol. de France, Aix, 1866, p.
lilells
Inscr.
Fabricius, * «***;
■ gchol. Von.®
188,
Arist. Ran. 800; Callim. ap. Etym. M. — 6 De I
246, 257. Voir eneon
p -rot fnlaeomtltb
Grivaud de la Vincelle, Arts et métiers des anciens, pl. xxm; ren > ||||(|
I, pi. xxxi, xlvii, lxxiii; O. Bliimner, Technologie und. Terminal, dei
Künste, II, p. 236; III, p. 91.
LIBELLA, l Cod. Theodos. IX, 3, 7 ; ef. Mommsen, Geschichte des roi
Münzwesens, p. 807. , . oD ?ail
affranchi est acceptor (i subsciipl u
LIBELLIS. 1 Sous Tibère, un
II, RESCHIPTU'i),
__ 2 $encC’
que la subscriptio était la réponse au libellas (libelles, 11, REB(J,urit \n|j0niié Par
Consol. ad Polyb. XXVI; Zonar. XI, 9 ; le a libellis CaUislus :
Zonaras est le même dont Josèphe dit la richesse cL 1 influence, . ^
100, s. fin. — 3 Dio, LXI, V ; Suet. Nero, XLIX. — '* Dio, LXVII, 1'^
XIV. — o Corp. inscr . lat. VI, 8G14. — 6 Cf. Otto Hirschfeld, L
d. Geb. der roem. Verwaltung sgeschichte, p. 203 et s.; MispoukA-
tiques des Rom. t. I, p. 279, n. I ; p. 292.
uchutiH^
Lesin^m
LIB
scruter une partie de ce personnel parmi
commence a i tientia balance à peu près égale
les chevaliers • hevalierg* . enfin, au temps d’Hadrien,
e^treaffranc ^ c iète!), ^ Jeg hautes fonctions de la
la réforme es ^ occupées par des personnages
bWrati f ordre équestre, sous cet empereur* et
importants ^ „
S'ïS|SfinSd» iiTsiècle,' les différents bureaux de la chan-
* 1 «.nt placés, chacun, sous la direction d’un ma-
! ‘ Quoique nous n’ayons pas de texte qu, nous
KL'e pour cette époque, nous pouvons croire que le
Lu a mdlis suivit le sort commun.
I Un texte épigraphique, non daté, mentionne un ma0
libellis qui fut aussi magister a censibus . Une
inscription de l’an 376 nous fait connaître un magister
libellorum et cognitionum sacrarum 8 ; ce qui prouve
nue à cette époque, il y avait eu fusion entre les bureaux
I liMiis et A cogmtiomibus. Ce fait est d’ailleurs con-
jîrmé par la Notifia d’Orient9 et d’Occident 10 où on lit :
magister libellorum cognitiones et preces tractat et
par le Digeste : magister scrinii libellorum sacrarum-
me cognitionum 12.
Mais, à cette même époque, le bureau a memoria ,
qui apparaît pour la première fois sous Caracalla, a pris
une grande importance, et a attiré à lui les affaires du
bureau a libellis et a cognitionibus , dont le magister
ne semble plus travailler que pour le compte du magister
memoriae 13 [a memoria].
Comme employés inférieurs du bureau a libellis ,
nous voyons, aux différentes époques, un adjutor a
libellis sous Marc Aurèle u, un proximus a libellis sous
Caracalla et Géta18 et plus tard16, tous affranchis; deux
esclaves exerçant les fonctions, l’un de custos a libellis l\
l'autre de scriniarius a libellis 1S, et des scribes désignés
par le terme général de libellenses 19, sous lequel étaient
sans doute compris des employés de rangs divers.
On devine facilement la somme considérable de travail
qui se faisait dans ces bureaux. 11 fallait examiner et
classer les innombrables libelli adressés à l’empereur 20.
Mais la ne devaient pas se borner les attributions de ce
bureau. Beaucoup de libelli soulevaient des questions
délicates, relatives aux impôts, au cens, au droit public et
privé, etc., et les réponses devaient souvent avoir force
Le loi et entrer, à ce titre, dans les recueils [libellus, II].
I est évident que l’empereur ne pouvait pas avoir la
pcience universelle ; des financiers éminents, des juris-
I consulte^ devaient étudier les questions, et, au libellus,
joinut un rapport. C’est pour ce motif que nous voyons
a Magister a censibus devenir magister a libellis 21, des
Wpsconsultes comme Papinien 22 et Ulpien 23 exercer les
! 10ns a libellis. C’est bien d’ailleurs ce genre de
B Tact. Bist, l x g ., 0
tf- Mommsen St '/ ~ bUeL D°mU ‘ V11‘ ~ 3 Spart. Hadnan, XXII:
tiiies à ï admit i <*. ** P- 800' n- 3; Cu((, De quelques inscriptions rela-
, p. ss»"11'0'* fS ^oc^tien, p. 362, 115; Id. Le conseil des
- 5 Corp. insc/'r ?’ ()l'elli_Henzcn. n« 6947 ; Corp. inter. Ut. XII, 1808.
ilUCr- ,<l1- VI, b8'j3 XX' 5’ 12 : Spart. Pèse. Niger , VU; Corp.
lac VI, lois. __ 8 r , 6 Bumen- ■P’*-0 instaur. schol. V. — 7 Corp. inter.
f; a»- - 10 Occ. c XVt mSCI ' l<lt' VI’ 510’ “ 9 0r' c' XVI1’ <5d’ BocckinS> L b
Vieillis [i.iBELms in P' 11 O11 sait que preces est synonyme de
Just: t 30, t ; cf. Olto H- ^ Conlrrl- DirJ- IX. — 13 Cod. Theod. 1, 8, 2; Cod.
latioiu, t, q p _ Jiscifeid, Untersuchungen, p. 210, s. ; Mispoulct, Les insti-
I , c- XXII, S, 10 * CorP- insor. lat. VI, 8615. — 15 y OUI. 180. — 16 Amm.
r-"b -b 3; VII f., Zp' UlSCr' laL VI> 861C- — 18 Ibid. 8617. — 19 Cod.
Corp * a ’ X'b 1P> l^i I. — 20 Senec. Consol. ad Polyb.
'Ver, VII _ • lat- Vb 1028. - ;
Ni
1 ' f' ~ 23 Amm- Marc. XX, 9. 8.
Dig. XX, 5, 12. — 23 Spartian. Pèse.
travail qu’indiquent les expressions suivantes appliquées
parles auteurs aux a libellis'. libellas agere libellis
respondere-1 . Henry Tiiédenat.
LIBELLUS. — I. En droit civil: 1° Libellas *, libellus
accusatorius 2, libellus accusatoris 3, libellus inscrip-
tionum ou inscriptionis 5, libellus conventionis \
libellus criminum 1 . Tous ces noms désignaient un écrit
dont le dépôt entre les mains du magistrat compétent
introduisait, en vertu de la loi Julia Judiciorum \ une
action judiciaire.
Ulpien, à propos d’une plainte en adultère, nous a
laissé la formule d’un de ces libelli. Il fallait indiquer
l’année, le jour du dépôt ; le nom du magistrat auquel
devait être remis le libellus , laloisur laquelle s’appuyaient
les poursuites, le lieu, le jour, l’heure, les circonstances
du délit. Enfin la signature du plaignant était requise,
ou, s’il ne savait pas écrire, celle d’un autre. Tout
libellus irrégulièrement rédigé entraînait la nullité de la
plainte, qui, toutefois, pouvait être reprise 9.
Une constitution de Valentinien interdisait au magis¬
trat de recevoir un libellus en secret et en dehors du
temps et du lieu où il exerçait sa charge 10.
L’action introduite par le dépôt du libellus suivait la
procédure ordinaire qui varia aux ‘différentes époques
[açtio, ordo judiciorum].
2° Libellus appellationis. — Document par lequel
celui qui avait perdu un procès devait, dans un délai de
deux ou trois jours, signifier, si telle était son intention,
qu’il en appelait 11 .
3° Libellus dimissorius. — Le plaideur qui en appe¬
lait devait, dans un délai de cinq jours, se faire délivrer,
par le magistrat dont il n’acceptait pas le jugement, des
lettres de renvoi au juge d’appel. Ces lettres, que l’on
appelait apostoli et libelli dimissorii12, étaient remises
au nouveau juge qui se trouvait ainsi saisi de 1 affaire,
et procédait d’après les règles de la cognitio 13 .
4° Libellus conlradictorius u,. refutatorius 1S. — Ré¬
ponse au libellus déposé par la partie adverse.
Au temps du Bas-Empire, le libellus refutatorius était
aussi un mémoire que le premier juge adressait à l’em¬
pereur pour défendre son jugement frappé d’appel16.
5° Libelli contestarii. — Demande de dispense d’une
tutèle [excusatio] 17. Un texte de droit nous a conservé
la formule de ces libelli1*.
Les particuliers chargeaient les hommes de loi, à qui
leurs fonctions n’interdisaient pas ce travail, de prépa¬
rer les libelli qu’ils avaient à déposer19.
IL Libellus , preces , supplicatio. — Placet, supplique
adressée à l’empereur. Ces suppliques avaient les causes
les plus diverses: appel à la générosité ou a la protection
impériales20; transfert d’une action judiciaire au tribunal
LIBELLUS. 1 Codex Just. IX, 2, 8 ; Dig. XLVII, 2, 73 ; Juv. VI, 244 ;
Quintil. Inst. or. XII, 8,5; Plin. Epist. I, 10, 9; VU, 27, 14; Apul. De
mag. II, LVII, LIX, Cil. — 2 Dig. XLV1II, 5, 18, I ; 30, 9.-3 Tac.
Ann. III, 44; S. Ambros. De obit. Valent. — I Dig. XLVIII, 5, 2, 8.
— B Ibid. XLVIII, 2, 3. — 6 Inttit. IV, 6, 24. — 7 S. Augustin. Epist.
XCIII (XLVIII), 13. — 8 Cf. Mispoulct, Les institutions politiques des Do¬
mains, II, p. 523. — 9 Dig. XLVIII, 2, 3. — 10 Cod. Tlieod. I, 7, 8. — U Dig.
XLIX, t, 5, 4; cf. Ibid. 1, 4. — 12 Ibid. XLIX, 6 ; Paul. Sent. V, 34. — 13 Cf.
Mispoulct, Op. l- t. U, p. 523. — 14 Cod. Theod. II, 14, 11, et Comment.
a(j i, _ 13 Cod. Just. VII, 68, 19 : refutatoriae litterae ; cf. Comment, ad cod.
Theod. L. I. — 1° Cf. Mispoulct, O. I. II, p. 504. — 17 Fragm. vat. 156, 167.
_ 18 Ibid. 166. — 19 Dig. XLVIII, 19, 9, 1 et s. ; Quintil. Inst. or. XII, 8. 5.
_ 20 Queruli libelli, Mari. VIII, 82. I ; Supplices libelli, id. VIII, 31, 3 ; XI, I ;
Quintil. Inst. or. VI, 3. 59 ; Juv. XIV, 193 : Suet. Caes. LXXXI ; August. L. ;
Lampi'id. Comtnod. XIII.
LIB
— 1176 —
LIB
de l’empereur 1 [cognitio extraordinaria ], demande en
réhabilitation2; quelquefois c'était une cité entière qui
réclamait un dégrèvement d’impôt3, une révision des
rôles du cens4, l’immunité3, la conservation de quelque
privilège °, ou décrétait une adresse à l’empereur 7 ;
souvent, par un libellus , on demandait à l’empereur,
comme on 1 aurait fait a un homme de loi, une consulta¬
tion juridique3. Avec l'aide des bureaux spéciaux de la
chancellerie °a cognitionibus, ab epistulis, a libellis,
scrinium], l’empereur donnait à ces libelli divers la suite
qu ils comportaient. Les hauts fonctionnaires étaient avi¬
sés par une lettre, epistola, les particuliers par un rescrip-
tum, c’est-à-dire par une simple adnotatio ou subscriptio
écrite sur le libellus lui-même 9, libellus rescriptus.
Quand la réponse impériale faisait loi, elle était exposée
sous les portiques des thermes de Trajan à Rome. 11 exis¬
tait, au moins au temps de Gordien III, un recueil des res-
crits impériaux intitulé : liber libellorum rescriptorumi0.
III. Libellus famosus , carmen famosum. — Ces
noms désignaient les libelles, pamphlets, satires, épi-
grammes, chansons propres à nuire à l’honneur ou à la
réputation des citoyens11.
De bonne heure la loi s'est préoccupée de réprimer ce
genre d’attentat, et la loi des Douze Tables n’édictait rien
moins que la peine capitale contre les auteurs de ces
écrits 12. Sylla renouvela la législation par le crimen
majestatis 13. Mais cette répression tomba sans doute très
rapidement en désuétude, car Tacite14 dit qu’Auguste, le
premier, punit les auteurs de ces libelli. En effet, cet
empereur, dédaignant d’abord les libelli famosi répan¬
dus à profusion dans le sénat contre lui-même18, crut
plus tard qu'il était nécessaire de protéger, contre les
indécentes diffamations de Cassius Severus et de ses
semblables, des hommes et des femmes du rang le plus
illustre 16. 11 fît donc rechercher ces livres pour les
brûler, et leurs auteurs, interdits de l’eau et du feu,
furent condamnés à être déportés dans des îles éloignées
du continent d’au moins 500 milles17; Tibère maintint la
même législation18. Paul prononce encore la relégation
dans une île19, Ulpien déclare le diffamateur intesta-
bi/is20. Plus tard, quiconque trouve un libellus famosus
doit le brûler 21 ; Constantin ordonne que l’auteur du
libellus , quand même il démontrerait la vérité du fait,
soit puni pour avoir préféré la diffamation à l’accusa¬
tion22. Revenant à la sévérité de la loi des Douze Tables,
Valentinien et Valens rétablissent la peine capitale 23.
Celui qui, ayant trouvé un libellus , au lieu de le brûler,
le fait connaître, est puni comme l’auteur, d’après un édit
de Valentinien, Théodose et Arcadius24. En justice, le
libellus famosus ne devait avoir aucune autorité23.
IV. Affiche. — 1° Affiche de vente que l’on apposait
1 Dig. XLVI, 8, 21 ; XLIX, 5, 4; Cod. Just. I, 20 ; Plin. Epist. VI,
31 ; Tac. Ann. III, 44 ; Cod. Theod. I, 2, 8. — 2 plin. Epist. X, 06, 3.
— 3 Tac. Ann. II, 42. — 4 Dig. L, 15, 4, 10. — 5 Dig. L, 15, 3. — 0 Plin.
Epist. X, 56. — 4 Corp. inscr. lat. III, n» 1421, 1. 45, p. 278. — 8 Mosaïc. leg.
vet. collât. III, 3, 5; Capitol. Macrin. XIII. — 9 Mispoulet, Les institutions , II,
p. 443; P. Krueger, Gescliichte der Quellen und Litter. des roein. Rechts , p. 04
et s. ; trad. M. Brissaud, p. 127. — 10 Voir le décret de Skatoparcn, dans Zeitschrift
der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, t. XII, 1892, roman. Abthcil. p.,245.
— n Paul. Sent. V, 4, 1 et 15; Gai. Inst. III, 220 ; Arnob. Adv. Gent. IV', 34.
— 12 Cic. De rcp. IV, 12 ; Tuscul. IV, 2; S. August. De civ. Dei, II, 9 ; Bruns,
Fontes jur. roman. (4e édit.), p. 26, t 6. — 13 Cic. Ad. fam. III, 11. — 14 Tac.
Ann. I, 72. — 13 Suet. Aug. LV. — 16 Id. Ibid. ; cf. Horat. Sat. II, 1, 81-83; Epist.
II, 1 , 152. — 17 Dio, LVII, 27. — 18 Tac. Ann. I, 72 ; cf. Suet. Tib. LXVI. — 19 Paul.
Sent. V, 4, 15-17. — 20 Dig. XLVII, 10, 5, 9. — 21 Cod. Theod. IX, 34, 5.
— 22 Cod. Theod. IX, 34, 1. — 23 Cod. Just. IX, 36, 2. - 24 Cod. Theod. IX, 34,
sur les biens des proscrits ou des débiteurs ,
2° Placards séditieux27. ‘ S01vabM
3° Annonces et programmes, destinés à êtr
ou distribués, d’une séance de lecture28 d,!' 'fllC^s
combats de gladiateurs, libellus munerarius 29 de
gladiatorum 30. Ces programmes donnaient le’df?*
jeu et les noms des gladiateurs qui devaient èi™ ° du
dans le combat31. ' en8a8j
4° Celui qui trouvait un objet de valeur était COni- •
sous peine d’encourir l’accusation de vol, à annonn!
une affiche ou libellus qu’il tenait cet objet à PM
sition du propriétaire. Ulpien, qui nous a transmis '<3
loi, ajoute que le détenteur peut demander une ré J
pense (eüpsxpa) sans commettre un vol, mais non
manquer à la délicatesse 32.
De leur côté, ceux qui avaient perdu un objet précieux
faisaient placarder des affiches promettant récompense à
qui rapporterait l’objet à l’adresse indiquée 3:|. Quoj.
qu’aucun texte ne l’indique, il est certain que, comme les
précédentes, ces affiches s’appelaient libelli.
Souvent, afin d’attirer l’attention, on écrivait ces
affiches en gros caractères34.
V. Nous énumérerons rapidement quelques autres
sens du mot libellus.
1° Communication écrite du prince au sénat ou même
à des particuliers 3S. •
2° Ordres écrits d’un commandant d’armée, en cam¬
pagne38.
3° Assignation pour comparaître en justice 37.
-4° Dénonciation écrite. César négligea de lire celle qui
lui dévoilait le complot tramé contre lui 38. Caligula,
après avoir dit qu’il avait brûlé toutes les dénonciations,
en usa cependant pour faire des poursuites39.
5° Mémoire, exposé de situation, état, rapport40.
6° Carnet de notes où l’on inscrit les choses à retenir
ou à faire41.
7° Dossier d’avocat, papiers d’affaires 42.
8° Livret. Les frères Arvales recevaient, au moment
utile, un libellus sur lequel était écrit leur chant tradi¬
tionnel43.
9° Attestation 44. En temps de persécution, des chrétiens
qui ne se sentaient pas le courage d’affronter le martyre,
obtenaient quelquefois d’un magistrat la fausse attesta¬
tion qu’ils avaient sacrifié. De là le nom de libellatici Qp
leur fut donné45.
40° Livres de compte du trésor40.
11° Lettre privée47.
42° Petit volume, opuscule48.
43° Traité scientifique ou autre49. ,
4 4° Livre frivole, léger *°,jocularis libellus”' e
ineptiarum, jocorum 52.
7, 9. — 23 Ibid. IX, 34, 2 cl 3. — 20 cic. Pro Quint. XV, XIX ;
IV, 12 ; cf. Rein, Rom. Privatrecht, p. 499. — 2, Suet. Caes. IV • j|_ 3g.
— 28 Tac. Dial, de orat. IX. — 29 Trcbell. Poil. Claud. V. - 30 ('c- j' '
— 31 Trebcll. Poil. L. I. — 32 Dig. XLII, 2, 43. — 33 Propcrt. -
— 34 plant. Rudens, V, 2, 7. — 35 Suet. Caes. LVI ; August. GX\ pai. Il,
Tib. XVIII. — 37 piaut. Curcul. I, 5-6. — 38 Suet. Caes. LXXXI ; y ^
2. - 39 Suet. Calig. XXX. - 40 Cic. Ad Alt. VI, t, 2 et 5 ; S. Aogu»"»-
VIII, 20.- 41 Cic. Phil.l, 8 ; Ad fam. XI, 11 ; Suet. Calig-XM-- Mart. V.Sl.j
LXIX; Horat. Satir. I, 4, 66 ; Quintil. Inst. Or. VI, 2, 5 ; Juv. VII, ^ __ 4» S.
1. — 43 Corp. inscr. lut. VI, p. 509, n° 2104, 1.32. — /f' Bl(.h ^ ‘ ’ jyf 1 i , 44
Cyprian. Epist. ad Anton. X, 3, 13, 14, p. 764, 780, 781. — \rt.o’n '
— 47 Piaut. Pseudol. II, 4, 16 ; Ovid. Heroïd. XI. 2 : XVII, 143. - " j3. | ;
III, 206 ; Mai l. X, 1, 2. — 49 Cic. De Orat. I, 21 ; Plin- Hist. »« • y ^ 9; III,
Quinlil, II. 13. 5; Suet. Domit. XVIII. — 50 Uv. XXIX, 19 , X nl XÛ-
86, I ; XI, 15, 3. — 51 Quinlil. Inst. Or. VIII, 6, 73. j-. uiI
LIB
— 1177 —
LIB
l3o Partie d’un
ouvrage, ce que nous appelons un
livre1. extension, on a donné à une librairie
16» Enfin, par
le nom de libellus 2. Henry Thédenat.
p«6Xfov, livre.
L1B ■ in nrrhaïaue. - Les Egyptiens ont connu, des
[°Pl'ZL plus reculée, l’art de fabriquer des feuillets
ra qU us et de les rassembler pour en former des livres ;
certainement parmi eux d’une pratique courante
V de trois mille ans av. J.-CA Pourtant les Grecs n ont
P fité mi’assez tard de cette invention étrangère. Comme
beaucoup d’autres peuples, ils ont commencé par écrire
sur des matériaux '
lourds et épais; dans les premiers
siècles de leur histoire
ils ne se servaient guère de l’écri-
lureque pour assurer la conservation des documents ne¬
cessaires à la vie publique ou privée ; les ouvrages litté¬
raires se transmettaient surtout par la tradition orale : les
poèmes d’Hésiode, par exemple, ont été d’abord gravés
sur des tables de plomb, qui ne pouvaient circuler de
main en main 1
Les Doriens, il est vrai, employèrent de
■ très bonne heure des peaux de chèvre et de mouton4;
’mab en général, on dut surtout faire usage de tablettes
de bois enduites de cire (7tfvaxsç, caviSs;, oéAtoi), que l’on
réunissait en nombre variable par une ficelle ou par une
courroie [pugillares, tabula]. Parmi les matériaux pri¬
mitifs de l’écriture, on cite encore les feuilles de palmier
et les écorces de certains arbres8; ce témoignage s’appli¬
que également bien aux premiers siècles de Rome, puis¬
que le mot même qui désigne le livre (liber) a d’aborcl eu
le sens d’écorce0. On fit, pour recueillir les actes publics,
des rouleaux de feuilles de plomb1. Enfin, on écrivit sur
des bandes de toile8; c’est ainsi que furent formés ces
libvi lintei de l’ancienne Rome, que l’on conservait au
Capitole dans le temple de Moneta, et où on avait tracé,
année par année, la liste des magistrats9; tels étaient
«coreleslivres sibyllins [libri] 10. LesSamnites, et d’autres
peuples d’Italie, pratiquèrent ce procédé pour conserver
le souvenir de leurs antiquités civiles et religieuses11.
I 2° Le livre de papyrus. — Ce fut, à ce qu’il semble,
1 apparition de la littérature en prose qui rendit néces¬
saire, au commencement du vie siècle av. J.-C., l’emploi
I dune autre matière. Les ouvrages des premiers logogra-
jhes et des premiers philosophes n’étaient pas faits pour
■_tre u-cités, mais pour être lus ; à supposer que des rou-
I eaux de peau ou des tablettes de bois aient suffi encore
jpen anl quelque temps à ces écrivains, il est clair qu’on
U "1,n 1 ot sent*r quels avantages présentait le papyrus.
En tout
Cds, ce^e marchandise importée d’Égypte était
tdhn ment, répandue dans les pays grecs, au moins au
mencement du ve siècle. La fibre (p(6Xoç) du papyrus
(lïdfotupoi;), transformée en papier (yâpTVjç, charta), devint
à partir de ce moment, la matière la plus généralement
usitée pour les besoins de la littérature12, quoique jus¬
qu’au bout les Romains, aussi bien que les Grecs, aient
continué à la tirer de l’Égypte. Après la fondation
d’Alexandrie, la fabrication du papyrus, centralisée dans
cette ville, fut pour l’Égypte une source de richesse 13.
On trouvera à l’article papyrus tout ce qui concerne la
préparation et la vente de cette sorte de papier.
La forme ordinaire du livre de papyrus était le rouleau
(Togo?, xuXivopo; u, volumen ). Les papetiers vendaient des
feuilles séparées (o-eXtoeç, paginae, plagulae , schedae ),
dont les dimensions variaient suivant les prix [papyrus].
Une fois qu’on les avait recouvertes d’écriture, on les
mettait bout à bout, en collant légèrement la marge
gauche de chaque nouvelle feuille à la marge droite de
la précédente; faire cette opération se disait xoXXîv, Sia-
xoXXav, glutinare, adglulinare , conglut inare 1!l ; la feuille
collée s’appelait xôXX7)g.a i6, la première du rouleau ttooitô-
xoXXov11, la dernière layaTÔxoXXov 18. Naturellement, la
grosseur du volumen dépendait du total des feuilles qu'on
avait ainsi juxtaposées, et par conséquent du bon plaisir
de l’auteur ou du copiste. La fantaisie des particuliers, en
cette matière, s’exercait sans limites. Mais on conçoit
qu’on dut éprouver de bonne heure la nécessité de fixer
de justes proportions aux exemplaires des ouvrages clas¬
siques entrés dans le commerce; sinon, ils auraient pesé
d’un poids trop lourd sur les bras du lecteur. A l’époque
où les grammairiens d’Alexandrie et de Pergame entre¬
prirent de reviser et de cataloguer les chefs-d’œuvre de
la littérature grecque, ils cherchèrent à introduire dans
l’usage un type courant de volumen. Ce type, adopté pai
les libraires, aurait comporté par rouleau ( scapus ) 19 vingt
feuillets seulement, s’il faut en croire Pline l'Ancien :
« Nunquam plures scapo quarn vicenae (plagulae)10 ». Ce
chiffre a paru à M. Birt tout à fait invraisemblable, parce
que nous connaissons des exemplaires d'auteurs anciens
beaucoup plus volumineux, qui cependant n’ont pas pu
être exceptionnels; le même savant a proposé de lire
ducenae , deux cents feuillets; mais on ne saurait ad¬
mettre un chiffre aussi élevé. Les fabricants dont parle
Pline établissaient des rouleaux de papier blanc tout faits
(fhêXta aypaipa) 21 , non seulement pour les libraires, mais
encore pour les auteurs et pour quiconque en avait be¬
soin ; même un auteur célèbre n’avait pas toujours de la
copie toute prête pour remplir entièrement un seul de ces
rouleaux22. Il est donc probable que le maximum de vingt
feuillets était suffisant pour la moyenne des demandes;
ce serait là, sauf erreur, le modus voluminis 23. On était
toujours libre d’ajouter ensuite au rouleau maximum du
1 1 °"d' ** "■ “• ■ 1
; elle s'est n • A'''10 esI plus ancienne que Torthographi
Lutie se rencontrent ' cuue longlernps dans les îles et en Asie Mineure
cPcs alternent dans I ai'-' °S manuscrits d'un même teste et qn
p. 12, n. 3 ll'lc niîu|uscrit. De là byhliotheca ( inscriptions
p- 40c> Ct Bybùs, „ Yma™8 Paub_Wissowa, Real Encxjcl. articles Bibl
ell'e x BUton of F,,,, 7'°*' 2 Ermann, Gesch. Aegyptens.
1!ul <Wo«S, ti jA' ', ’ 8i; Keny°n, Palaeogr. p. 14; Wilkinson,
'Vl, p. 3 8 C 1878)' l,t’ PL. «.X, Lxvm, p. 150; Maspéro
- 1 Herodot, y *i ^ *** b >- PL 1 i Birt, p 48. - 3 PL. I
É • . J 7». n,*t. nat. XIII, G9. - 0 Serv. ad A en.
ÏV". «, ttXll,Y Ho ü ap- 13°;Cassiod. Yar. XI, 38, 3 ; ]
v,;,' 8 P1< Symm M 7 T' U excess‘ div- Marti, 1, 17. _ 7 Plin.
Xl"’ L XXI, |, î"™”*»1' W- L «. - 9 TU. Liv. IV, 7, 12 et 20, 8 ;
and. De Ml. Gel. 232 ; Symm. c. - U Til
38 ; Fronto, Ep. ad. Caes. IV, 4, p. 67, Naber. — t2 Ilerodot. I, 123, 4; V, 58, 3 ;
Corp. laser, att. I, 324 (an 407); Dzialzko, Bucli, col. 942-943 ; Thompson, p. 28;
Kenydn, p. 14. — 13 Pliu. ffist. nat. XIII, 69 ; « (Charlam) Alexandri Magui Vic¬
toria repertam auclor est M. Varro, condita in Aegypto Alexaudria, antea non
fuisse chartarum usum. » D'après ce témoignage, l'invention du papyrus serait pos¬
térieure à la fondation d‘ Alexandrie; mais, même en supposant que Varrou n'a entendu
parler que des pays grecs, ce qui précède suffit à démontrer son erreur. — 14 Aristot.
noire. 'A0ï]v., to|c. y; Diog. Laert. X, 26 ; Birt, p. 24-23. — 1» Cic .Ad. Attic. XVI,
0, 4; Lucian. Adv. indoct. 16 ; Pliot. Bibl. p. 61 a, 8; Ulp. Dig. XXXII, 52, 3.
— 16 Scott, Fragm. ffcrculan., Oxford, 1885, il» 1414. — 17 Justinian. Nov. 44, 2.
_ 18 Mart. II, 6, 3. — 16 Sur ce sens du mot, voir Birt, p. 238. — 20 Plin. Hist.
nat. XIII, 77 ; Birt, p. 341. — 21 poil. VII, 211 ; Etym. Magn. p. 260, 41 ; libri
nondum perscripti, Ulp. Dig. XXXII, 52, a; Birt, p. 33, 2 et 241. — 22 M art. 1,16 ;
VU, 81 et 85. — 23 Quiutil. V et IX sub fin. ; Augusl. Civ. Dei. Il, IV et V, sub fin. On
possède des rouleaux égyptiens où le nombre 20 est inscrit à la fin de chaque ving¬
tième feuillet, Keuyon, p. 18.
LIB
— 1178 —
LIB
commerce autant de feuillets qu’on voulait1, sauf à ne
pas imposer au lecteur un trop lourd fardeau 2.
Les Égyptiens ont eu des rouleaux d’une étendue con¬
sidérable ; ils nous ont laissé un papyrus qui ne mesure
pas moins de 43 mètres et demi; M. Birt a calculé qu'il
suffirait très bien pour contenir l 'Odyssée tout entière3.
Cependant il est douteux que les Grecs, même avant
l’époque alexandrine, aient jamais imité cet exemple et
enfermé autant de matière dans un seul volume4. On
incline plutôt à croire que les copistes, dès les premiers
temps, répartissaient en deux ou plusieurs volumes tout
ouvrage qui dépassait une juste mesure, mais sans faire
correspondre la division par volumes aux grandes divi¬
sions du sujet, de telle sorte qu un même ouvrage che¬
vauchait sur deux ou plusieurs volumes et pouvait même
y être précédé ou suivi par des ouvrages différents;
c étaient des livres mélangés, ffuguiYet; (h'êAoi ( volumina
commixta). La critique alexandrine mit fin à cette cou¬
tume, au moins pour les ouvrages de bibliothèque ; dans
sa révision de la littérature antérieure, elle fit correspon¬
dre une fois pour toutes la division des volumes à la divi¬
sion des matières : un chant d’Homère ou un livre de
l’histoire de Thucydide, par exemple, forma désormais
un rouleau5. Il semble bien, du reste, qu’Aristote avait
déjà entrepris cette réforme ; car nous savons que chaque
livre de ses traités exotériques était précédé d’une pré¬
face particulière6. La réforme s’imposa à la littérature
nouvelle; ces rouleaux simples et sans mélange (àgtysïç
jh'Qot, volumina simplicia) 1 furent adoptés communé¬
ment pour tousles écrits destinés à une grande publicité,
et non à l’usage privé. 11 arriva même quelquefois, dans
les ouvrages de vaste étendue, qu’une seule division
occupât deux rouleaux; c’était le cas, par exemple, pour
le premier livre de Diodore 8. D’autre part, on en vint
naturellement à mettre le format du volume en rapport
avec le genre de l’ouvrage : à la poésie, à la littérature
légère, on affecta des rouleaux de dimensions modestes ;
un livre d’un ouvrage d’histoire formait en moyenne,
suivant M. Birt, un rouleau quatre ou cinq fois plus gros
qu’un livre d’une épopée9.
Généralement, on n’écrivait que sur la partie interne
du papyrus, c’est-à-dire sur celle où les libres de la plante
étaient disposées horizontalement [papyrus] 10. Ce n’était
jamais que par exception que l’on écrivait aussi sur le
verso [inversa charta)11. Ainsi, on abandonnait aux
enfants les vieux papiers de rebut déjà noircis au recto;
sur l’autre côté, resté vierge, ils faisaient leurs exercices
d’écriture et leurs brouillons 12. Mais il était contraire
aux convenances, autant qu’aux habitudes, d’envoyer à
un ami, ou de mettre en circulation, un manuscrit opis-
thographe (o7u<7ÔÔYpa«o<;) )3. Il est vrai qu’un de nos pa¬
pyrus les plus précieux, contenant la Politique des Athé¬
niens d’Aristote, est opisthographe ; l’ouvrage du grand
philosophe est écrit sur le verso; quelques années aupa-
i Hor. Sat. I, 10, 92 ; Dig. XXXII, 52, 5. — 2 C'est tout ce que veulent dire Corn.
Ncp .praef. 8 ; Hhet. ad Herenn. I, 17, II, 31 ; Mart. II, 1, 3; IV, 89 ; August. Civ. Dei ,
I, II, sub fin. — 3 Le papyrus Harris; Chabas, Pap. mag . Harris , p. 2; Partliey,
Abhandl. d. Berlin. Alcad. 1865, p. 110 ; Birt, p. 131. — 4 L’opinion de Birt sur ce
point, p. 443, estdifficilemcntacceplable.Rohde, Gôtting.Gel. Anzeigen, 1882, p. 1554;
Landwelir, dans le Philologue, philolog. Anzeiger (1884), XIV, 338 ; Blass, p. 338.
— 5 Tzetz. Prolegom. in Aristoph. ; Schol. ad Plaut. ap. Keil, Rhein. Mus. VI, 117 ;
Rilschl, Op. I, 206 ; Susemihl. Alexandrin. Litt. I, 335, 33. — G Cic. Ad. Att. IV, 1 6,2.
— 7 Tzclz., Schol ad. Plaut. l.c. — 8 Diod. I, 41-42 ; Rhet. ad Herenn. I, 17, 27 ;
Cic. 7Wc.HI, 3, 6 ; Plin. Epist. III, 5,5; autres enemples dans Birt, p. 316. — 9Isid.
Or. VI, 12, 1 ; Rulil.Nam. II, 1 ; Birt. p. 286-301. —10 C’est du moins la règle pour
ravant (78-79 ap. J.-C.), un fermier s’était dô
recto pour écrire ses comptes; mais on s’ac r' T'' du
mettre que cet exemplaire du traité d’Aristote'6 ^
fait pour la vente14. Les lignes d’écriture étai"'1^
sées par colonnes («reAfSsç, paginae ), de telle" "l d'Spo'
chaque feuillet collé (xdXX-^a) à l’ensemble (li’°I'te q,le
recevait une colonne, et toutes ces colonnes
placées à la droite les unes des autres, défilaient ' ' ^
sivement sous les yeux du lecteur à partir de la
Seuls les documents officiels de la République
furent écrits sans colonnes [transversa charte,
toute la largeur du rouleau15. Nous avons des
d’époque byzantine dans lesquels les lignes, toutesm!
pendiculaires aux longs côtés du rouleau, ne forment"
du haut en bas, qu’une seule et même colonne' raai’
cette disposition n’apparaît jamais dans les nànv,',r
littéraires 16. P Pyius
Les colonnes étaient parfois numérotées; on inscri¬
vait les numéros dans la marge du haut ou dans celle du
bas Le total était inscrit soit sur le premier, soit sur
le dernier feuillet18. En pareil cas, le total des colonnes
était aussi celui des feuillets ; les bords latéraux des
feuillets, par lesquels ils étaient collés les uns aux autres,
formaient les entre-colonnemenls. Mais il pouvait arri¬
ver que l’on écrivit même sur les bords rapprochés par
la colle, ou que l’on fit tenir deux colonnes sur un même
feuillet ; dans ce cas, le total des feuillets n’étant plus
celui des colonnes, on avait soin de les indiquer tous
les deux au commencement ou à la fin du volume l9. Le
nombre et la disposition des colonnes restaient identi¬
ques dans tous les exemplaires d’une même édition 20,
afin que le contrôle du travail des copistes pût toujours
se faire d’une manière rapide et sûre. Lorsqu’un certain
nombre de lignes (<myoç, versas) avait été arrêté pour
une colonne, le copiste s’y tenait dans toutes les colon¬
nes du même manuscrit, mais non point cependant d’une
manière absolue; nous voyons dans nos papyrus que le
nombre des lignes oscille légèrement d’une colonne à
l’autre.
Enfin, pour faciliter les comptes des éditeurs, on en
vint à instituer une ligne-type, composée d’un nombre
invariable de lettres ou de syllabes. Les savants moder¬
nes ont cherché à déterminer la stiehométrie des manus¬
crits grecs et latins ; cette question, qui est du plus haut
intérêt pour la critique verbale, parait aujourd’hui reso-j !
lue d’une manière satisfaisante. Il était facile davoirl
une commune mesure pour évaluer rapidement le h’a]a
du copiste quand il avait à reproduire des vers d uni
mètre uniforme, tels par exemple que des liexaim1h'esl
dactyliques. On convint donc une fois pour t°utes qu ■
la longueur de la ligne de prose serait ramenée à a I
gueur de l’hexamètre dactylique, en le consl U^.j.
comme composé en moyenne de 35 lettres, ou 'b
labes 21. Sur ce principe, le nombre des 14’"'^
les papyrus littéraires, Kenyon, p. 20,
U Mart. IV, 8Ü, 11.
12 Hor. Vf'*1' ''
'rirtf'ql i
m-
20, 17. Voles d'écolier au revers d’un discours d’Hypéride ; ^
Àôjoç citiTÔLaeiç (1848) ; Thompson, p. 60 ; cf. Reuvcns, Lettres. 1, P- J ucja„. lit
— 13 Mart.' VIII, 02; Plin. Ep. III, 5, 17; Ulp. Dig. XXXVII, H, ^
auct. 9 ; Mai, Auet. class. V (1833), p. 356-30 1 . — Arist. AOyo _ j^enyO»,
London (1891), préface et pl. xxii ; Kenyon, p. 20. — Suct. Ca.es. . ^ y, 33, U |
p. 21. — H Hercul. volum. XI, 1855; Anthol. Pal. VII, ; ■ ' BercA
Mart. VIII, 44; Juv. VII, 100. — 18 Birt, p. 159.- — 19 Scot1, CraUX. *
n. 1414. — 20 Mart. X, 1, 3. — 21 Plin, Ep. IV, 11 ; Birt, p. 161 i L , jtfl, |lil
phil. n. s. II (1878), 97-143; Diels, Hernies, XVII, 377 ; Momniscn, gj(S8i p. 31®’ j
XXV, 636 ; Schocne, Rhein. Mus. LU, 133. Bibliographie complète
LIB
— 1179 —
LIB
icent) ou de cinquante en cinquante, puis
’Cen)At,l noté encore, quelquefois par l'auteur lui-
]enOff>t>re 1 , n:»«i«ion fï y a le nrix de la coDie à
lotédecenten ^
^T’ÉclH de Dioclétien fixe le prix de la copie
mê®e • L j. neS) manière de régler les comptes qui
lant •'têirT usuelle et suppose nécessairement une ligne-
lîîne autre division, qui a sans aucun doute une ori-
• C ienne se rencontre aussi dans quelques manus-
g'ne ^^est celle où chaque phrase, ou membre de
crlls ’ forme un alinéa distinct ; la colométrie,
«bablmenl issue de 1» poésie lyrique a dù être de
Knne heure appliquée, pour la commodité de lensoi-
enement, aux ouvrages destinés à être lus et expliques
J haute voix, notamment aux ouvrages des orateurs ;
nous savons que les textes de Démosthène et de Cicé¬
ron furent souvent publiés sous cette forme ; de là la
tradition passa plus tard dans les exemplaires des
livres saints 3.
Au bas de la dernière colonne on inscrivait le titre de
F ouvrage, le nombre des feuillets, des colonnes et des
lignes, etc. ; ces indications finales (xoXo<p<Av) n’étaient
pas utiles seulement pour les copistes et les libraires ;
elles servaient aussi à renseigner l’acheteur et à déter¬
miner la valeur marchande de l’exemplaire4.
A l’aide d’une règle (xavwv, régula) et d’un petit dis¬
que de plomb (pioltêôoç, plumbus ), on traçait les lignes
pour l’écriture et les limites des colonnes5. Le titre et
lestâtes de chapitres étaient écrits à l’encre rouge (mi¬
nium), d’où le nom de rubrica, par lequel on les dési¬
gnait0. Quand on voulait effacer l’écriture sur des
tablettes de cire [tabula], on n’avait qu’à gratter (<j/5cv)
la surface avec un canif et on récrivait par-dessus ; la ta¬
blette était alors zâXtv ^TjCT-q ; c’était un palimpseste
(palimpsestus). Ce procédé était impossible, ou au
moins très difficile, avec le papyrus, matière beau¬
coup trop fragile et trop mince ; pour effacer l’écri¬
ture, à condition qu’elle ne fût pas trop ancienne,
on se servait d’une éponge mouillée 1. Cependant,
par une extension du mot usuel, on continua à ap¬
peler palimpsestes les papyrus lavés et corrigés, quoi-
•fuà proprement parler on n’eût pas eu recours au
grattage 8.
Pour donner plus de consistance à l’extrémité du rou-
eau, on fixait le bord de la dernière feuille sur un petit
jymdie.de bois ou d’os (ojAtpotXôç, umbilicus )9 ; dérou-
ùsr un livre jusqu’à l’ombilic (devolvere, adducere ad
* lnun)'i c était donc le lire jusqu’au bout10. Cepen-
, on ne conBidérait pas cet appendice comme indis-
; sa e . les papyrus d’Herculanum en sont dépourvus
■ ■ ’ 40 Bekker; mslinian. De confirm. Dig. 1; Polyl
fljimej, XV[ nggi, e’ nz • *882, p. 1557 ; BÛT. p. 103, 175 ; Sclian:
[Birt, p. 17g . Qij.'içj ? ~~ 1 C°rP' inscr.'lat, III, p. 831. — 3 Graux, p. 124
Mommsen, fferm/ ''Palé°9r' des classiques lat. pl. 44. —4 Mart. II, 8, 3
~ 8 Anthol. pa[S' y, lkî ’ XXV> 636 ^ Dzialzko, Bach. col. 950, 51 ; 959, 5:
" G Oviil. Trist I , 0_-(>8 ; Gardlhausen, p. 67; Wattenbach, p. 211
ty-cdfam. VII. is' 'p~ ' Mapt- IV' *0 ; Suet. Aug. 85. — 8 Cat. 22,5
Pincip. 4, ^ 951'n ’ , B e 9nrnd- S. P- 010 D ; philosophandum esse eu,
T^nch. p. j20 'n l *’m- MarccU- XV, 5, 12 ; Thompson, p. 53 et 75 ; Dziatzk,
P J1'!0 ad Hor. Bu ml \ C' ° UQ palimpseste du musée de Levde. — 9 Po
. con<l- 41. _ « IJor ' J j ^art. ■*. 0. 10 ; Lucian. Aclo. indoct. 7 et 16 ; Mer
' °r- IV, p. 29(j ’ Mart- IV> 89, 1-2 ; Sidon. Apoll. Ep. 8, 16 ; An
J’‘Wrai^do qud ’as'J- ’ï’en- ^-0,27,p. 38, 23, Bursian. — 11 On a trouvé
31,1 lieu d'umbilicus m * L ''°S llaP5TUS un roseau ou un agglomérat de papyru
? °IC°Plions; K n ;nMarC1r''dUMal'’ »'8IC’ "• L mais ce sont là de tr,
fc°: Ut », 7; ,V 8oPv3; - 12 Bini Stat. Sile. IV, 0, 7; Mar
,0v,ïv»*I. I. 1 a ’ 6 : 15î vi", 61. — 13 Tibull. III, 1, 13. Mart.
1, 8, _U[ v,,n 01. — 13 Tibull. III, 1, 13. Mart.
ocian. Ado. indoct. 7 ; Merc. cond. 41 ; Tibull, l.
et il n’apparaît pas davantage sur les monuments figurés
qui représentent des manuscrits ; il est vraisemblable
qu’on le réservait pour les exemplaires les plus soi¬
gnés11. Sous l’Empire, on en vint même à fixer le
premier feuillet sur un autre ombilic; mais à plus forte
raison ces rouleaux ornés de deux ombilics, l’un au
commencement, l’autre à la fin, durent toujours être une
exception 12. Les deux extrémités de Y umbilicus , en
haut et en bas du rouleau, se terminaient quelquefois
par deux « cornes (cornua) », c’est-à-dire vraisemblable¬
ment par deux boutons ou deux pointes dépassant les
bases du rouleau 13. Ces « cornes » étaient parfois pein¬
tes ou dorées u. On rognait (circumcidere) et on polis¬
sait à la pierre ponce ( pumicare ) 15 le haut et le bas
(front es, fastigia) 10 du volume enroulé et on y passait
une couleur, du noir par exemple17. C’était aussi, à ce
qu’il semble, une pratique assez ordinaire d’enduire les
papyrus avec de l’huile de cèdre qui leur donnait une
couleur jaune 18 ; cette opération avait pour but d’en éloi¬
gner les mites, les vers et autres insectes nuisibles. Le
titre était inscrit sur une étiquette de parchemin (<nXXuêoç,
index, titulus ), qu’on suspendait à une des bases du
rouleau 19 ; de cette manière, quand une quantité de
rouleaux fermés étaient empilés sur défrayons, ou ser¬
rés dans une boite, on pouvait d’un coup d’œil s’assurer
du contenu de chacun d’eux avant de les tirer de leur place.
La figure 4449 représente d’après une peinture de Pom-
péi un manuscrit muni d’une
étiquette ovale, qui parait
bien n’ètre autre chose que le
titulus 20. Du reste, cette éti¬
quette pendue extérieurement
ne faisait sans doute que
répéter le titre tracé sur le
premier ou sur le dernier
feuillet21. On a retrouvé récemment en Égypte un petit
fragment de papyrus, mesurant O1”, 028 sur 0m,125, qui a
peut-être servi à cet usage; il provient d’un rouleau
ayant contenu les Mimes
féminins de Sophron,
comme l’atteste l’inscrip¬
tion SQ<ï>PONOS MI MOI
P YNAIKEIOI 22. Les vo¬
lumes auxquels on atta- Fig. 4450. - — Boîte à manuscrits,
chait du prix étaient enrou¬
lés dans une couverture en peau (oupSéoa, çaivoX-qç,
membrana , paenula) coloriée en jaune ou en rouge23;
une simple feuille de papyrus, restée vierge d’écriture,
devait souvent en tenir lieu 24. Ceux à qui «es précau-
Mart. III, 2, 9 ; V, 6, 15. — 13 Isid. Orig. VI, 12, 3 ; Lucian. Adv. indoct. 16 ;
Mart. 1, 66, 10 ; 117, 16; VIII, 72; Cat. I, 22 et 22, 8 ; Ov. Trist. I, 1, H.
— 10 Tibull. III, 1, 13 ; Ov. Trist. I. I, 8 ; Mart. I, 66, 10. — 17 Ov. Trist. I. 1, 8.
— 18 Vitruv. II, 9, 13 ; Ov. Trist. I, 1, 7 ; III, t, 13; Mart. III, 2, 7 ; V, 6, 14 ;
Luciau. Arfr. indoct. IG ; Plin. Hist. nat. XIII, 86 ; Pers. I, 42 et Schol. ad h. I. ;
Hor. Ars poet. 331 ; Auson. Epigr. 34, 13; Mart. Cap. H, 136. — 19 Cic. ad
Alt. IV, 46. 1 et 8 a, 2 ; Hesych. s. V. ; Mart. III, 2, 11 ; Ov. Trist. I, 1,7; Sen.
De tranqu. an. 9, 6 ; Ov. Pont. IV, 13, 7 ; Tibull. III, 1, 12. — 20 Pi t tare di Erco-
lano, V, p. 375 ; Winckelmann, W erlce, taf. 3; Museo Borbonico , I, 12, 2 ; de
Jorio, Guide pour la galerie des peintures, p. 85, u. 1391 = Hclbig, Wandgem.
Campaniens , u. 172G. — 21 Exemples de l'un el de l'autre d’après nos pa¬
pyrus dans Dzialzko, Bucll, col. 959, 7.- 22 Grenfell et lîunt, Oxyrrhynchus
papyri, t. II, n. ceci. On en a peut-être un second exemple dans le n° ccclxxxi.
— 23 Mart. I, 66, 1 1 ; III, 2, 10 ; X, 93, 4 ; Ov'. Trist. I, 1,5, 9 ; Lucian. Adv.
indoct. 7; Merc. cond. 41; Tibull. III, 1, 9; Cat. 22, 7 (?), discuté dans Birt,
p. G7 ; Poslgate, Journ. of plrilol. 1888, p. 230, et Dziatzko, Untersuch. p. 120
— 24 Comme on le voit dans les rouleaux d’Herculanum, de Jorio. Offîcina dei
pafiri, p. 20.
étiquette.
LTB
— 1180 —
LIB
tions ne suffisaient pas avaient encore le monnaie
(àv aXoyeïov), c’est-à-dire un étui en bois'. 11 est douteux
que des courroies ou des cordons fussent passés autour
du rouleau pour le tenir fermé. Il est bien question dans
Catulle de courroies rouges qui faisaient partie des
accessoires d’un volumen; ceux qui n’admettent pas
qu’elles servissent à le fermer supposent qu’elles por¬
taient l’étiquette du titre2. Il importe en tout cas de
remarquer les petits appendices qu’on voit représentés
au bout de cha¬
que rouleau sur
la figure 4450 3.
Certains ou¬
vrages compor¬
taient un grand
nombre de rou¬
leaux; il pouvait
y en avoir qua¬
rante-huit dans
un Homère com¬
plet. Pour les
empêcher de se
disperser, on les
liàit ensemble en
faisceaux (Sécrgat,
fasces ) 4 ; ils ne
formaient désor¬
mais qu’un seul
et même recueil
^<ruvTa;iç, ffuvTocyga, crtotxa, ffooptotTlOV, COrpUS , COrpuSCU-
lum) 5, qu’on ne divisait plus dans la bibliothèque ou
dans la capsa. Tels sont ceux qui figurent parmi les attri ¬
buts des magistri scriniorum dans la Notitia dignita-
tum (fig. 4451 °).
Beaucoup d’écrivains et de magistrats ont été repré¬
sentés par l’art antique tenant un rouleau de papyrus à
la main ; c’est un des attributs les plus ordinaires des
personnages en toge, avocats, patrons de municipes et
autres, auxquels on a élevé des statues à l’époque
romaine7. Souvent aussi on le voit dans la main de
Mnémosyne et des Muses, notamment de Clio, de Mel-
pomène et de Calliope8.
Pour lire un volumen , le lecteur le prenait dans la
main droite, puis avec la main gauche il tirait l’extré¬
mité gauche de la bande de papyrus et il continuait ainsi
en le déroulant (àveXâxt retv, àvaXsïv, evolvere, explicare)
au fur et à mesure de droite à gauche9. La figure 4452,
empruntée à une peinture de Pompéi, montre de la
manière la plus nette quelle était l’attitude ordinaire
d’une personne occupée à lire10. On en pourrait rappro¬
cher un très grand nombre de monuments, dont plusieurs
sont reproduits dans d’autres articles de cet ouvrage11.
Quand on avait fini de lire, il fallait enrouler de nouveau
l Mari. XIV, 84 ; Boucherie, Notices et extraits des mss. XX11I. 2,
P- 447. — 2 Lova rubra, Cat. 22, 7 ; Birt, Poslgate et Dziatzko, l. c. ad
h. 1. — 3 Peinture de Pompéi, Mv.s. Borbon. I, 12, 3 = Helbig, 1725. Voir aussi
la figure de Clio, Ib. 859. — 4 Aristot. Fragm. 134 Rose = Dion. liai. De Isocr. 18 ;
Aul. Gell. IX, 4 ; Pctron. 102. — 3 Cic. ad Att. XVI, 3, 1 ; ad Qu. II, 13 ; Suid.
s. V. Aiuv 5 Kâffffio; ; Polyb. I, 3, 2; Diod. I, 3 ; XIV, 117 ; XV, 95 ; Dig. XXXII, 52;
Birt, p. 34 et suiv. — 9 Mèm. de la Soc. des Antiquaires de France, 1890 ( L I ) ,
p. 231 ; cf. Not. dign. Seeck, p. 34, 42, 43, 147, 160, 161. — 7 Nombreux exemples
Salom. Reinach, Bépert. de la statuaire gr: et r. t. I, p. 509 à 515, 546 à 558 ;
t. II, p. 609 à 622 ; mais dans ces statues les mains et leurs attributs sont très souvent
des restaurations modernes. Voir aussi Visconti (C. L.), Il sepolcro di Q. Sulpizio
Massimo (1871) la pl. ; Bull, de la Soc. des Antiquaires de France, 1899, p. 407, etc.
— 8 S. Reinach, l. c. t. I, p. 256 à 283 ; l. H, p. 301 à 308 ; Nécropole de Myrina ,
Fig. 4451. — Rouleaux de manuscrits réunis en
faisceaux.
le volume de telle sorte que le commencement
toujours au-dessus, prêt à être déroulé ver . L
pour une autre lecture. Cette nécessité avait
geste qui avait
fini par devenir
familier à beau¬
coup de per¬
sonnes ; on em¬
prisonnait le
commencement
de la bande en¬
tre son menton
et sa poitrine,
et on enroulait
à deux mains à
partir de la fin
en serrant for¬
tement jusqu’à
ce qu’on arrivât
au bout; il pa-
raîtquelesvieux
tr°uvât
gauche
un
livres, qui avaient beaucoup servi, se reconnaissaient à
la trace qu y avait laissée le menton des lecteurs12.
Si la feuille de papyrus a été pliée, c’était surtout
quand on s’en servait pour écrire des lettres [epistola, ;
nous avons des papyrus qui ont été pliés dans l’an ti
quité. Mais en réalité la fibre du verso se prêtait mal à,
recevoir 1 écriture; aussi n’y avait-il pas grand avan¬
tage, avec cette matière, à abandonner la forme du rou¬
leau pour celle du cahier [codex), autrement dit pour celle
de nos livres actuels. Il n’est pas probable que l’on ait
commencé à former des codices chartacei avant le temps
de Dioclétien; les fragments de livres de ce genre qui
sont parvenus jusqu’à nous datent d’une période com¬
prise entre le ive et le vmc siècle13.
La collection de papyrus la plus importante par la
quantité est celle des rouleaux carbonisés qui ont été
retrouvés en 1752 sous la lave d’Herculanum; d’après
1 inventaire le plus récent, elle comprend 1805 numéros,
dont un très grand nombre réduits à l’état de fragments;
on en a déchiffré à peine 350; la bibliothèque devait
contenir à peu près 800 rouleaux entiers. Ce sont pour
la plupart des ouvrages de philosophie épicurienne d un
intérêt médiocre copiés au temps d’Auguste1’'. Dans ce
siècle les tombeaux de l’Égypte nous ont rendu des
textes beaucoup plus précieux : les Odes de Bacchyli'-Iç,
la Politique des Athéniens d’Aristote, les Mimes dllé
rondas, pour ne citer que les principaux, comptent pari*11
les dernières acquisitions de la science. Nos papy
grecs les plus anciens remontent à peu près au comme0
cernent du m0 siècle av. J.-C.16. Nous donnons c>'c01^
deux spécimens de rouleaux développés, l’un du tpl
format, l’autre du petit. La figure 4453 reproduit
p. 420. — 9 Birt, p. 18. — 10 Pitt. d'Ercolano, V, 55. p. 24o = Hem o
1828. — U Voy. B1BUOTHF.CA, fig. 852 ; cathedra fig. 1255 ; ceres, fig. j- ’ , ” jjg. Î97î.
fig. 2295 à 2297 ; educatio, fig. 2599, 2600, 2605, 2608, 2609, 261 i, 2«la : IM“ ^°p|, 17,
Voir en outre Panofka, Bilder Ant. Lebens , IV, 2 ; Gerhard, 7’1" ^ j 867,1
18; Helbig, Wandgem. 858, 859, 861, 1099, 1 157, 1158, 1721, I JX, 34>
1868; Ann. dell. Ist. 1855, tav. 15, 16 et 1856, tav. 20 ; Mus. Bar ‘‘ ’afeiÆ
24 ; XI, 47 ; Soc. archéol. de Bordeaux, t. XI, p. 89, et t. XIII, pL 1 ' ^ ^ . ,)« tm I
1898, 1, pl. V et p. 164, 1900, 1, p. 169, etc. — 12 Mart. I, 06, 7 ; ■ p»r
gr. III, p. 79, n. 50; Reuvens, Lettres, p. 4. — 13 La lisle 011 ^ ErC<è,l,tl>
Dziatzko, Untersuch. p. 143 ; cf. Kenyon, p. 24. — 14 CompaicUu s(0rics, *• '’
dei Pisoni, p. G3 (A tti dell’ Accademia dei Lincei, Mem. dell ■ b ^ |V, siècle.
1880, p. 145). — 15 L’Imprécation d’Artemisia est peut-être de a pl. I®1, j
Palaeographical society, II, pl. 141 ; fragment du Phédon de
L1B
1181
L1B
, la Politique des Athéniens ; le papyrus date
ifPrceau ' ' ^ siècic de notre ère ; dans son ensemble, il
de la fm “ de 37 colonnes, ayant en moyenne de 45 à
! se compas ieg en quatre rouleaux de longueur
50llgneSl pius long mesure 2”, 20 et comprend 11 co-
iaega i’PnluscourtmesureOm,9l4etcomprend6colonnes.
,l0nüCS’,hc rouleaux ont tous également 0»,275 de haut;
Les quant
on y a reconnu quatre mains différentes !. Dans la
figure 4454, on voit une partie du papyrus d’IIcrondas ;
il date à peu près de la même époque que le précédent.
A l’origine ilformaitun rouleau unique de 4m,42 delong;
sa hauteur est de 0M,125 ; il comprend 41 colonnes ; mais
il n’est pas complet; il faut y ajouter quelques fragments
en mauvais état. La colonne se compose en moyenne de
‘j*rj Kivv;
iOHO-V 10
'K : lin',»
-ÿ~zK- 0» 7
’ojiipx'
[ggüië
-rrr ,,, p„f.r -tr_ — if"
ÿsstiæ
y— —
* ‘Filf
ifcwftg ||j|l| l^ej:
Fig. 4453. — Manuscrit d'Aristote sur papyrus.
vers • Les papyrus latins jusqu'ici sont infiniment
J?: us raies que les grecs ; tout ce que nous pouvons citer
°ine à quelques pages mutilées : un fragment de
papyrus CXXV ^Tlst°Ue on the constitution of Athens, facsimile of
— 2 Herodas ir' MHseum, Londres, 1891, f°, pl, X, col, 13 à la.
Kunyon, pl VIII ,nlî?m^’ ^ac"s‘m*'c °f aie papyrus in Llie Britisli Muséum, by
wnnfe par Cou ' '* ^es listes des papyrus grecs littéraires ont été
ffo Bikliothebnr'ï 111 ' ;^eV' P^ilol. 1896, p. 105, et par Haebcrlin, Centralblatt
^Hplite est celle de* F ^ ’ *’ ^ ldus r<^ceule *a plus
i1' 119, une billion T‘y0n' ^a^aeoUraP^V °f greek papyri, p. 129 ; il donne aussi,
l,al>yvus gi'CC • ji, " .1 110 latérale des papyrus grecs non littéraires. Le plus beau
CellÜ d'fl«mère, Od. III, 267-278, etc. (Brit. Mus.
^ le ? aPyruakund f soc'et'J’ U, 182. Voir aussi Gradcnwitz, Einfülirung in
l10111' 1 élude ilo ces i ^'1ZCL ^®U0. On vient de fonder une revue spéciale
^ l'ei'uxindte Gebiçi ! Ulrich Wilckcn, Archio für Papyrusforschung
diuin, Vo ton. fferculai ! ' i(l" '' Leipzig, Tcubner. — 3 Fragments du poème sur
’1' (PaP- N. 8171 • , V P' vn'XXVI ! Zangemeister-Wattenbach, Palaeogr. lat.,
j’r°'p (Herculanunp il ludt'^auSh Schvifttafeln , II, laf. 31 l. Fragments do
| " °“ (18^1), 1, p. ’19l U”P Uy’ PlUlosoph. transactions of the royal society ,
y ’ P • XUI, xvi, xvii, XVIII a; Zangemeister-Waltenbacb, taf. 1
poème du temps d’Auguste sur la guerre d’Actium, des
lambeaux de discours en prose, des bribes de Virgile,
des papiers d’affaires, etc.3.
(pap. N. 1475, fr. 5); taf. II, 1 (pap. N. 1067, fr. Il) et 2 (pap. N. 457, fr. 1).
Il y a encore dans le fonds des papyrus d'Herculanum une cinquantaine de fragments
latins indéchiffrés et peut-être indéchiffrables : Comparelti, Villa Ercolanese dei
Pisont, p. 77. 11 faut y ajouter un fragment trouvé à Herculanum en 1870 : Ibid.
Catalogue de Martini, n° 1806. Vente d'esclave au British Muséum, n° 229 (au 166
ap. J.-C .) ; Arndt-Taugl, II, taf. 32. Lettre mettant lin au commandement d’Abinnius
(344 ap. J.-C.), Nicole dans la Rev. de philol. 1896, p. 46 ; Nicole et Morel, Archives
militaires du 1" siècle, Genève (1900). De nouveaux fragments latins viennent
d'ètrc trouvés récemment en Égypte, parmi lesquels des vers de Virgile, et d’autres
que l'on croit d'Enuius : Grcnfell et Hunt, Oxyrrhynchus papyri ( London
office of the Egypt exploration fond), 1899, t. I, n“s xxx-xxxn ; Diels, Site.
Ber. der Berlin. Akad. 7 juillet ,1898. La plus grande partie de nos papyrus
latins est cataloguée dans Wessely, Schrifttafeln zur aelteren lat. Palaeo-
graphie, n” 1, 2, 6, 7, 8, 9, 10, 1 1, 12, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24,
25, 20, 27, 28, 29, 30, 31, 44, 49, 50. Voir encore Wilcken, Krebsel Viereck, Aegypt.
Urkttndtsn au/ den Kôiugl. Museen zu Berlin, Gr. Urkunden, II, nos 610, 611,
628.
149
— 1182 —
LIB
LIB
Le livre de parchemin. — Tandis qu'Eumène II
régnait à Pergame (197-159 av. J. -G.), on trouva dans
cette ville un nouveau moyen de préparer les peaux d’a¬
nimaux pour l’écriture; la rivalité entre les savants
d Alexandrie, protégés par les Ptolémées, et ceux de
Pergame, protégés par les Attales, aurait été, suivant
^ arron, la principale cause de ce perfectionnement; les
Ptolémées auraient interdit d’expédier du papyrus à Per¬
game et les savants de la cour d’Eumène auraient été
mis dans la nécessité d’y suppléer par une matière nou-
\elle , ce serait un épisode de la querelle qui s’éleva no¬
tamment entre Aristarque et Cratès de Malles1. Cette
tradition n'est acceptable qu’en partie. On i ,]■
l’usage des peaux (SicpQlpat) pour l’écriture rem! ' f|lle
Asie Mineure, à une bien plus liante antiquiip^"’ e&
possible cependant qu’on ait trouvé en effet à ]>,’ " °sl
sous Eumène II, un moyen de perfectionner la L?^’
et l’emploi de cette matière; autrement on s’cx'1)!1 1CaUon
mal que l’antiquité l’ait appelée d’un nom parti! ;upUeiaiî
lui est resté, la peau de Pergame, membrana Pen '^ ^
le parchemin 3. On suppose qu’auparavant
. comme le papyrus, ne recevait d’écriture que Sur u/?]
le coté du poil, qui en était la partie externe
inemployé; on devait aussi coudre les peaux 6!>ai1
1 ieï) unes au
bout des autres et en former des rouleaux. Le progrès
aurait consisté à les préparer de telle sorte que l’on pût
écrire sur les deux faces, et en former ensuite des cahiers.
On y gagnait d’avoir des livres beaucoup plus faciles à
manier, où la surface à couvrir d’écriture était, à volume
égal, augmentée du double. Il y avait encore un autre
avantage: c’est que le parchemin était infiniment plus
solide et plus durable que le papyrus ; les anciens citent
comme une rareté des rouleaux de papyrus vieux de deux
ou trois cents ans4 : nous avons encore des livres de
parchemin qui remontent au iv° siècle. Enfin on ne pou¬
vait qu’à grand’peine gratter l’écriture sur le papyrus ;
le parchemin souffre beaucoup moins d’un travail de
correction. '
Quand on commença à se servir de la peau de Pergame
pour les besoins de la littérature, ce fut évidemment la
forme des tablettes enduites de cire (tabula, diptychon]
que l’on prit pour modèle ; les polyptyques de bois cou¬
ramment employés dans les affaires en guise de calepins
ou de registres durent donner la première idée des
cahiers de parchemin ; de là vient que ceux-ci furent
quelquefois appelés j oug illares membranci quand ils
étaient de petit format^ les uns et les autres étaient égale¬
ment des coclices (xsuyot). S’il faut en croire la tradition,
le parchemin aurait été importé à Rome dès l’époque de
l’invention par les soins de Cratès de Malles8; on ne peut
guère douter en tout cas qu’il y fût en usage au temps
de Cicéron 6. C’est cependant un fait digne de remarque
que, malgré sa supériorité sur lepapyrus, il noie remplaça
que très lentement dans le commerce de la librairie,
n'a point de témoignages positifs sur des manuscrits
parchemin, contenant des ouvrages classiques, aun
temps de Martial; cet auteur mentionne un Homère,1
Virgile, un Cicéron, un Tite Live, un Ovide , enj:0^
semble-t-il qu’à cette époque le parchemin lui unPj.j
surtout pour les exemplaires de fatigue et pour 1
Ions. Le papyrus gardait toujours les préférences ^
qui voulaient avoir les œuvres des grands écrivain
des exemplaires soignés. Il en fut ainsi encan P( ^ J
assez longtemps. A quelle date le parchemin l111^^
dessus? D’après les recherches les plus récent ^ ^
plus approfondies, il paraît probable que ce 1 *l,u’t’aVOllj
se produisit à peu près sous Dioclétien. 5 1111 ^
encore il est vrai des papyrus '1" rrmvpn
du moyen
1 Varr. ap. Plin. Uist. nat. XIII, 70 ; Isid. Orig. VI, il, 1 ; Lydus, p. Il, Bonn;
Hicron. Ep.oud Chromât. Jovin. et Euseb. (7, 2, Vallars); Boissonade, Anecd. I, p. 4-20;
Tzetz. Chiliad . XII, 347. — 2 HerodoL V, 58; Ctes. ap. Diod. II, 32, 4.-3 Cepcn-
dant pergamena dans cette acception ne se trouve pas avaul YEdict » Dioclet, (304
p. Clir.), VII, 38; Hieron. Epist. Vil, 2. — 4 Plin. Hist. nat . XIII, 83; Galon,
oublié D0S
cf. Dziatzko, Buch , col. 944, 38. Il ne f;lll( ^un ensevebs5elBCjjj
es n’ont été préservés de la destruction que Pal^ ^ ^ XI M
nzc siècles. — b Boissonade, Anecd. I, cf. XB» h
, nat. VII, 85. — 7 Mart. XIV, 184, 186, 188, U »
H ; Hor. Sat. II, 3.
— 1183
L1B
IJ B
mvant qui a spécialement étudié cette caté-
(j’aprèsun ^ ^ Kenyon, il n’y a point de papyrus
Fi(’ de (mi soit postérieur au m° siècle ; tous les
Fec llUera-JiCg t-,crits depuis le ive siècle seraient uni-
PrrllS gdes papiers d’affaires, des actes adminis-
Buemen , 1 Ce qui est certain, c’est que nous avons des
tralllS’ ! parchemin écrits entre le ni0 et le ive siècle et
F68 n‘en avons pas de plus anciens. L’enquête que
f6 11 ait faire sur les monuments figurés ne contredit
FOn!es' conclusions; au iv° siècle, le codex y apparaît à
Pr lu rouleau et quelquefois sur le même monument,
■L i„ mnntrfi la figure 4455 2 ; à partir du v° siècle, il
devient plus
commun que
son rival. En
résumé , le
succès défini¬
tif du parche¬
min coïncide
à peu près
avec le triom¬
phe de l’ɬ
glise ; comme
on l’a remar¬
qué, il y a
peut-être là
plus qu’une
simple coïn¬
cidence 3 ;
Fig. 4455. — Volumen et Codex. Cette matière
étant plus du¬
rable et se prêtant mieux à la formation des recueils
de vaste étendue, il est possible que les écrivains
ecclésiastiques lui aient volontiers donné la préférence
pour la multiplication des livres saints et en général de
tous les livres nécessaires à l’enseignement chrétien.
Constantin lit exécuter cinquante copies des Écritures sur
parchemin pour les églises de Constantinople4. Une fois
1 exemple donné et l 'épreuve faite, on se hâta de trans¬
crire sur parchemin les ouvrages des siècles passés aux¬
quels on voulait assurer une plus longue durée ; ainsi,
'ers la fin du ive siècle, deux prêtres de Césarée, Acacius
U P‘uzo*us’ ayant entrepris de renouveler la belle biblio¬
thèque qu y avait formée saint Pamphile, remplacèrent par
copies sur parchemin tous les livrés de papyrus
îuils trouvèrent en mauvais état3. C’est à des restau-
P 10nS(Éce genre, poursuivies surtout du iveau \T siècle,
litér I10US deVOns ce cIue Pe moyen âge a sauvé de la
plu6' ! 11 ' an^ue‘ N°us en aurions conservé une bien
llée- p^1 F)ait S* °n ava*p eu PPus tôt cette heureuse
pajw rouleau de papyrus est une des princi-
oxercé^m S P'0Ur Pescluelles les injures du temps se sont
œuvrent p*16 manp®re S1 capricieuse sur les plus belles
fut pend- * classique ; c’est que chacune d’elles
<lnl "rtStemPs transmise par morceaux détachés
connu»? ic . .
■ 1 Kenyon, pa[
es^ contesté. Si V ^ ^le transition to vélum , et p. lli. Ce p
I *ficulev beaucoup | a(^mc^ théorie de Kenyon, il faut, naturellem
°‘p liste de r ^ ^ Pass<^ date de certains papyrus grecs littérai
,W- Sur ces ^e:2V,'0UI\ * PhUol. I. e.n«l, 2,0,28, 42, 57,
■ , s’ '°ir surtout. Dziatziio, Untersuch. Kap. V, Buchr
' lo>'1" iell’ arte erilr l0,l*men c,es ^'irgament codex, p. 115-149. — 2 Gam
"“‘«uments, princ:.. 1 'W’ bjav- 105 A. Birt, p. 122, n. 1, donne une liste di
K IV, 3G LTir1 daprèS Garrucci- — 3 Thompson, p. 37. — 4 Eu
■mon. Ep. CXL1. — 6 Kenyon, Pal. p. 122. — 7 Dzial
sur une matière très fragile6. Les grandes compilations
législatives de Théodose et de Justinien ont pris tout de suite
la forme de codires ; il est douteux que ces codes eussent
été seulement possibles avec l’ancienne forme du livre7.
Par un abus naturel du langage, le nom de jîtêAo;, liber,
qui avait servi pendant des siècles à désigner le livre en
fibre de papyrus, fut appliqué au livre de parchemin et
perdit ainsi tout à fait son sens étymologique.
Ce serait sortir de notre sujet que de descendre trop
bas dans l’histoire du livre de parchemin; mais sans
toucher à la paléographie du moyen âge, nous résume¬
rons les notions générales auxquelles conduit l’étude des
manuscrits qui remontent aux derniers temps de l’anti¬
quité classique8. Quand le parchemin avait reçu du fabri¬
cant l’apprêt nécessaire [membrana] etqu’il avait été coupé
en feuilles (^apxia, <j>ûXXa, folia. ), on les réglait, mais non
pas avec le disque de plomb comme le papyrus; pour cette
opération exécutée sur le côté poil, on se servait d’une
pointe mousse qui marquait la peau assez profondément
pour que sa trace fût aussi visible au revers ; le réglage
était donc identique des deux côtés; on traçait par le
même procédé les limites des marges à droite et à
gauche. Ensuite on prenait quatre feuilles et on les pliait
en deux; chacune d’elles devenait alors un diploma
(oiTtXüqaa) 9 ; les quatre feuilles pliées et assemblées for¬
maient un cahier, qualernio (xexpâç, Ts-rpaotov), qui
comptait par conséquent huit feuillets plus petits appelés
paginae , comme les feuillets de papyrus dans le rou¬
leau 10. C’était là le nombre ordinaire ; cependant on a fait
aussi des cahiers de cinq feuilles. En assemblant les
feuilles d’un même cahier, on les disposait de telle sorte
que le côté chair fit toujours face au côté chair et le côté
poil au côté poil, soit pour assortir les couleurs, l’une
étant plus claire que l’autre, soit pour permettre de
vérifier plus facilement que les feuilles se suivaient bien
dans l’ordre voulu11. Le format le plus usité pour les textes
littéraires, si nous en jugeons par les exemplaires con¬
servés, était un grand in-quarto, dans lequel la largeur
égalait à peu près la hauteur ; plus un manuscrit se
rapproche de la forme carrée, et plus il est voisin des
temps antiques. Les colonnes formées par l’écriture
étaient souvent, comme dans les papyrus, groupées au
nombre de deux12, de trois et même de quatre par page
(fig. 4156), de telle sorte qu’un codex ouvert ressemblait
beaucoup à une section de volumen déroulé. Tous les
cahiers étaient numérotés ; on inscrivait le numéro
d’ordre dans la marge en tète du premier feuillet, ou plus
souvent à la fin du dernier. On a même dû d’assez bonne
heure numéroter les feuillets 13, bien qu’il n’y ait pas
d’exemple de cet usage dans les manuscrits les plus
anciens. Enfin les cahiers étaient cousus ensemble pour
former le livre. On fit des exemplaires de luxe avec des
parchemins teints en pourpre, sur lesquels le texte était
écrit en lettres d’or ou d’argent ; Maximin le Jeune en eut
un en sa possession qui contenait les poèmes d'Homère 14 ;
Ilitch, col. 9 48, 23. — 8 Pour ce qui suit, voir les traités de paléographie qui
résument les observations faites sur nos mss., par exemple celui de Thompson,
p. GO et suiv. — 9 De SutXoSv, doubler. — 10 Par conséquent la pagina, à l'ori¬
gine, comprend à la fois le recto et le verso. — U Thompson, p. 62; Dziatzko,
Centralblatt f. Bibliothekwesen, IX (1892), p. 342. — 12 Châtelain, Paléogr. des
class. lat. Sallust. pl. u. — 13 C'est ce qui semble résulter de Corp. inscr. lat.
XI, 3614, 1. 9, 15, 18. — 14 Capitol. Maximin. Jun. 30, 4; cf. Joseph. Antiqu.
Jud. XII, 7, 10; Isid. Orig. VI, 11, 5; Hieron. praef. ad Joh ; Ep. XVIII; Optatian.
Porphyr. Panegyr. ad Constantin, praef.
— 1184 —
LIB
LIB
quelques copies des livres saints exécutées dans le haut
moyen âge peuvent nous donner une idée de ces livres
somptueux1. Quant aux codices plus modestes usuelle¬
ment répandus dans le public, nous n’en avons qu’un
petit nombre qui remontent au ive et au ve siècle; nous
citerons parmi les grecs un Homère (Ambrosiatius, à
Milan) et trois exemplaires de la Bible ( Vaticanus ,
Smaïticus et Alexandrinus), parmi les latins plusieurs
Virgile (. Sangallensis , Romanus, Palatinus, Mediceus,
Vaticanusetschedae Vaticanae), unTérence (. Bembinus ),
des fragments de Salluste et deux Tite Live2.
Il faut y ajouter quelques palimpsestes I ,
avons-nous dit, avait sur le papyrus un ava
qu’on pouvait plus facilement le gratter ay 881 Cest
[scalprum], pour en faire disparaître rï,1"1 Canif
mitive et pour récrire à sa surface un *<!!, pri'
Malheureusement, on a’busa beaucoup de en teXte’
après la chute de l’Empire; le parchemin étucT^
plus rare et plus coûteux, on gratta les exemnlv ■
auteurs profanes pour y copier surtout les livre PeS ■
et les ouvrages des Pères de l’Église. Un inC ?‘ntS
nombre de textes classiques ont dû être ainsi perdl,.^11
Fig. 4450. — Manuscrit sur parchemin.
le viie et le ixc siècle. Mais parfois ces parchemins grattés
et couverts d'une seconde écriture portent encore des
traces de la première : grâce à des réactifs chimiques, on
peut les faire reparaître et déchiffrer plus ou moins com¬
plètement l’ancien texte3. C’est ainsi qu’on a retrouvé
un exemplaire du de Republica de Cicéron, qui date
du ive siècle, sous un ouvrage de saint Augustin copié par¬
dessus au vne 4 (fig. 4457), et que dans un manuscrit
de Milan des morceaux de la Bible cachaient un précieux
texte de Plaute remontant à la fin des temps antiques 5.
De même que l’on fit par exception des codices de
papyrus, on fitaussi des rouleaux de parchemin qu’on ne
couvrit d’écriture que sur le recto ; cette forme du livre
de parchemin, qui semble bien même en avoir été la
1 Voir les codices purpitrei du vi° siècle énumérés par Thompson, p. 40 ; ils
sont tous copiés en lettres d argent. Toul récemment on vient de découvrir un Évan¬
gile selon saint Mathieu (ms. pourpré du vie siècle) copié en lettres d’ôr. Omont,
Journ. des savants , mai 1900. — 2 Pour les mss. grecs de cette époque, voir
Thompson, p. 149-152; pour les latins, Ibid., p. 183-193, et surtout Dziatzko,
Untersuch. p. 189-198, qui en donne une liste très copieuse. V oir aussi Fragm. de
formula Fabiana , Papyrus Rainer , IV, 1, taf. I. — 3 Thompson, p. 75-77.
forme primitive, ne disparut jamais complètement. Elle
était en usage au temps de Cicéron et dura pendant tout
l’Empire 6. Dans les exemplaires de luxe, le verso était
teint en jaune 7.
4° Autres matériaux. — Pareillement on ne renonça
jamais tout à fait, même quand le papyrus fut 'fflfore
par grandes masses, aux matériaux dont on s était su ’
faute de mieux, dans la période archaïque: telle eludp^
exemple l’enveloppe fibreuse qui se trouve dan- I' ['
(cptXdea, tilia) entre l’écorce et le bois; on en fai a‘^ ^
feuilles de papier qui, collées en rouleaux '
papyrus, perpétuèrent assez longtemps la Preni" ''(in(,ore
du liber ; même avec le bois du tilleul on Pa‘Nlll.jjpn g
des tablettes à écrire [tabula] 8. Jusque sous A"1
— 4 Châtelain, Pal. des class. lat. pi. xxxix, 2. — ■’ Châtelain, ^ _ û Oie. aP'.
dos palimpsestes de cette période dans Dziatzko, Untersuch, p. [ ^
Plin. Hist. nat. VIII, 85 -ad Attic. XIII, 24; Ulp. Dig. XXXI1, " ' , , _ - * f,|in’
col. 947, 13, et Untersuch. p. 129. — 7PcrsF III, I0;lsid. Oing „ .’Tegtani. I,aS"n''
Hist. nat. XVI, 14, G5; Mart. Cap. II, 136; Ulp. Dig. XXX11' ’ M, Bon" i 1,10
Corp. inscr. lat. VI, 1349, n. 10229, 1. 39; Symm. I\, 34, 3, . \|\, U'
TYVII •) . mil 1 l ■ llnrodian I. 17. 1 ; Aoliaii. “i ■
LIB
— WM —
LIB
lin on confectionna des livres de toile
sous Cons air primitive, pour recueillir les actes
Linme d»ns ‘ répandre dans le public les textes de
des princes récemment un curieux échantillon
loiS‘' °r pgs sur une momie égyptienne conservée au
dC C6S luLm- c’était à l’origine un rouleau de toile, qui
Hfusee cl Agraui ,
devait avoir une longueur de 3m,50sur 0m,36à0",, 40de hau¬
teur. Il est couvertd’un texte en langue étrusque, emprunté
sans doute à un rituel funéraire et disposé par colonnes
de 0m,25 à 0m,26 de large. Ce livre a dû être copié au
temps des Ptolémées. 11 a été découpé ensuite en bande¬
lettes qui ont servi à envelopper la momie ; la ligure 4438
-r 5?*
LÎÛ
s ûpep^hs amenée ay^cUb Rl CAueRaAu:
w poauema vnc^i ter ^gi^etntT
_1 pRÔjnea^peRSe^a^d^g'evun*
pOaOBiUUÇOT-
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ÔSîAïuften weujAjuaaeop ÆwasetUS çrLAueesff ^ SA.iun v xcoeAi^Bises^ç l
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l,i ïi—y coNsnrms' ïa&eoeqoat AKue osrs ucm uUoo '
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;OS*j i ^P1 ^^AU4l\à>ÇV>peii 'M :
^juL-tqdibCuooob isse coepenr i^opri uet
dJo^ÿ^pe*^as|a.<>sfi.cepTa-<Ç'pyieLLepe&suS'pjcvj
\
slT
Fig. 4457. — Manuscrit palimpseste.
resto!'1"!'"'1 Un morceau- Le texte, dont l’interprétation
tlas douleuse> est un des principaux monu-
®^tede la langue étrusque L
f&rmikT.'l'n a^eurs tout °e qui concerne les livres
n’avons . d ' otles de bois ou de métal [tabula] et nous
teguu r.V1 dJaider ici de la terre cuite [ostrakon,
riaux pPij,1 acilleüe on remplaçait quelquefois des matë-
lement de r!'I°^1CS U recev°ir l’écriture. Il importe seu-
du tout le v 6nU ^Ue d antdcluilë classique n’a pas connu
I ldpitI Libriqué avec des chiffons de lin et de
I VOpigQ 1
I I1 uislè jusqu’au xvi» 1 ’ *~ocl’ Tlieodos. XI, 27, t. Cet usage de la toile a
5"c<‘. Marquardt-Mau, Hôm. Privatleb. p. 800, n. 3.
chanvre ; employé d’abord par les Arabes au ixe siècle, il
ne s’est répandu en Europe qu’au xne. Quant au papier de
coton, c’est une question de savoir à quelle date il a fait
son apparition ; mais il n’est sûrement pas plus ancien.
3° Correction et annotât ion. — Que le livre fût grec
ou latin et quelles qu’en fussent la forme et l’écriture
[alphabetum, scriptura], l’œuvre du copiste une fois ter¬
minée pouvait laisser à désirer. Souvent même elle était
très incorrecte ; quand on avait hâte de faire reproduire
un texte en très peu de temps à un grand nombre
— 2 J. Krall, Dcnkschr. d. Akad. d. Wisscnsch. zu Wien , philos, hist. classe,
XLI (11192), 3, notamment p. 20, laf. X, 4, c.
U R
— 1180 —
L1B
d’exemplaires, il est probable qu’il devait être dicté à
toute une équipe de copistes travaillant ensemble1;
d autres fois, au contraire, un même exemplaire était
l'œuvre de plusieurs mains différentes; ces procédés
multipliaient les chances d’erreur. Cicéron se plaignait
que les manuscrits latins fussent criblés de fautes et il ne
savait où s adresser pour en trouver de corrects ; même
ceux des marchands ne valaient pas mieux que les
autres '. De là la nécessité de faire revoir et corriger
(àxptêouv, Stopôouv, emendare) par un homme plus cultivé
et plus compétent queles copistes les livres qu’on voulait
acheter ; du reste, les libraires soucieux de leurs inté¬
rêts avaient eux-mêmes dans leurs officines des lec¬
teurs (àvoi yvwGTai, anagnostae ) et des correcteurs
(SiopOcoxai), dont la fonction propre consistait à reviser
tous les manuscrits
destinés àla vente3.
Pour que le correc¬
teur lui-même s’ac¬
quittât convenable¬
ment de sa tâche, il
fallait qu’il eût sous
les yeux un texte
auquel il pût' se fier.
S’il s’agissait d’un
ouvrage nouveau ou au moins de date récente, la chose
était encore assez facile ; l’auteur avait intérêt à ne pas
laisser répandre sous son nom des copies incorrectes ;
aussi prenait-il parfois la peine de surveiller lui-même
les premières qui paraissaient ; il faisait établir un
exemplaire type, ou il corrigeait de sa main quelques
exemplaires qu’il adressait à ses amis. Il suffisait ensuite
que le correcteur d’une librairie eût à sa disposition l’un
de ceux-là, ou au moins une copie voisine de la source
pour qu’il pût établir à son tour une bonne édition Sa
tâche était beaucoup plus délicate s’il s’agissait de re¬
produire des ouvrages anciens dont les auteurs étaient
morts depuis longtemps et dont les premières copies
étaient détruites ou perdues. Il fallait alors choisir entre
les diverses leçons ou retrouver sous des formes barbares
les leçons primitives ; de là naquit dans l’antiquité même
la critique verbale avec toutes les nouvelles chances d’er¬
reur que comporte l’interprétation personnelle du critique.
Il fallait enfin dévoiler les altérations et les falsifications
préméditées qu’on n’épargnait pas même aux plus grands
écrivains. Bref on s’explique aisément quele soin de reviser
la besogne des copistes fût parfois confié à un grammai¬
rien de profession, à un grammaticus , et qu’un exem¬
plaire eût d’autant plus de prix que le travail de correction
avait été fait par un homme plus instruit5
Sans entrer dans les questions épineuses, le correc¬
teur avait au moins à redresser l’orthographe et à resti-
1 Le procédé de la dictée dans l'antiquité est rendu très probable par PI in. Ep. IV,
7, 2. Voir sur cette question Dziatzko, Untersuch. p. 164. — 2 Cic. Ad Qu. fr. III, 5,
6 ; ad Att. XIII, 23, 2; Hor. Ep. II, 3, 354 ; Strab. XIII, p. G09; Tit. Liv. XXXVIII, 55,
8; Lucian. Adv. indoct. 4; Aul. Gell. VI, 20, 6; Symm. I, 24. — 3 Cic. Ad Att.
XII, 5, 3 ; XIII, 23, 2 ; Mart. X, 78, 12 ; Aul. Gell. V, 4, 1 ; VI, 20, 6. — 4 Cic. Ad
Att. XIII, 44, 3; ad fam. XVI, 22 ; Mart. II, 8 ; VII, Il et 17 ; Hieron. De vir. M.
35. — 5 Sen. Controv. I, pr. il, p. 50, 4 Bursian ; Mart. VII, 12, 5, 8 ; X, 3 et 33 ;
Fronto, Ep. ad M. Caes. VII, p. 20 Naber ; Aul. Gell. XVIII, 5, 11 ; Suet. De
gramm. 2, 13, 24; Quintil. VII, 2, 24; IX, 4, 39 ; Serv. Ad Aen. VI, 289;
Hieron. Ep. 71, 5 Vallars... etc. Pour le surplus, voir Marquardt-Mau, Privatleb.
p. 831-833 ; Dziatzko, Buch. col. 961-962. — 6 Traité de Suet. r.ip.
ev p'.SXtotç o-T]jAeiwv dans les Suet. Iieliqu. p. 137-141 ; Reiffersclieid = Keil, Gramm.
lut. VII. 533 ; Macé, Essai sur Suétone (1900), p. 265. — 7 Pierron, écî. de
tuer les leçons du modèle là où le copist,*
écarté; c’était proprement Yemendatio. En
sen
•Hait
mots n’étaient pas séparés les uns des auin' *es
correcteur s’assurait que les paragraphes p,-*’ ma's*e
les divers signes de ponctuation [scriptur'a1 <h
à leur place ; autrement dit il contrôlait la " nl
Manuscrit sur toile.
Dans ses attributions rentrait encore Yadnoian
Alexandrins, particulièrement Aristarque, avaienr ’ ^
duit dans l’usage un certain nombre de signes 0/^°'
tionnels (arrêta, notae) pour éclairer le lecteurTT
mettre en garde contre les fautes de copie, les lernns°" ?
pectes,etc.Suétone comptait vingt et un signes de ce «eiinî
Ainsi dans le système d’ Aristarque la SitcXtj (y-,
ou ligne bifurquée (>) renvoyait à un commentai^
rôëeXoç ou broche (— ) désignait un vers suspect d’in¬
terpolation, l’asté¬
risque ($£) une ré¬
pétition, 1 antisigma
(D) une interver¬
sion,... etc. Quel-
ques-uns de ces si¬
gnes se retrouvent
en effet dans nos
papyrus homéri¬
ques ; mais en
somme ils sont rares 7. D’autres, qui sont devenus
d’un usage plus général, remontent certainement aussi ï
l’antiquité classique : les deux points (■•) sur h et
lu pour indiquer la diérèse ou séparation des lettres, le
point sur une lettre parasite (|î), le trait horizontal bar¬
rant les mots à rejeter ou à remplacer, le signe > ou =
pour remplir un blanc à la fin d'une ligne, l'hyphen (u) j
sous les mots réunis à tort.,... etc. Les bonnes leçons à
substituer aux mauvaises étaient récrites dans l'interligne
au-dessus des mots raturés ; une ligne omise était ajoutée
avec un signe de renvoi dans la marge du haut ou dans celle
du bas 8. Ce n’était poi nt la coutume de charger les marges
de commentaires (Ô7rop.v7][jtaTa, commenta ); on les recueillait
plutôt dans des livres spéciaux. Pourtant nous avons des
exemples de gloses et de scolies sur des papyrusdel époque
alexandrine D. Lecorrecteurmettaitsonnomcommeunega
rantie au bas du manuscri t en le faisant suivre de la foi 11111 e
legi,emendavi , contuli , relegi ; les copies exécutées p<w
térieurement ont quelquefois respecté ces attestations^
nous en ont transmis des exemples dans la subacriptio ^ ^
plus ancien que nous connaissions remonte au n ■'ll
notre ère ; c’est la subscriptio d’un grammairien, noi ^
Statilius Maximus, qui avaiL donné une ' n.
de loge agraria de Cicéron; parmi sess ources, 1
premier rang l’édition procurée par Tiron, 1 •' ld'
Cicéron : « Statilius Maximus rursus emendm 1 ^ ^ ^
nem et Lactatianum et Dom{itium ) et alios 1 d11
lf5 irailfc *
Y Iliade, I, p. xxxvi et II, p. 522. — 8 Liste de ces s'Sncj’ . 'flion'P80111 P‘
paléographie; voir notamment Kcnyon, Pal. p- 50-31 cl I
— 0 Dziatzko, Bach, col. 903, 17. — 10 Omont, Vet. Test, gr. e '
(1897), pracf. IX ; Dziatzko, Bach, col. 901 , 38. — 11 C'c- n J , y. Saecjj^^
U eber die Subscript ionen in den Handschr. rôm
Classik. ( Ber
d. Wissensch., phil. Iiist. Ci. 1851, p. 327-372 (Ilaase, Bi I ' , ^ grcslMd®5-'
scriptionibus, Ind. scliol. Brcslau, 1800-1801 ; Reifferschod, IM • , eol01,t de
r. d.kd
■11)11 CO'1
■À
p. 123. L ’explicit des inss. du moyen âge vient pi Ç1 ,c„|ionnM“r
Mart. XIV, l B. « ,t|lW4.Sj
Virgile Medic. pl I- 3‘ ’ ’ n-cCS$ai!'C,,lCl1 1
1873 ; Birt, r. - - £ - .
mule explicitais est liber) ; cf. notamment Mart. Xl\ ,
saint Jérôme (Epist. 138) ofcse trouve dans le
il suppôt
n'en avons pas d’exemples plus anciens; mais comme ^juité ;
l'usage du rouleau, il y a des chances pour qu >1
20.
LIB
H 87
LIB
„ ()rnmentation. - L’art d’orner les livres de dessins
ipnrs remonte à une très haute antiquité; car
el dC possédons des papyrus hiéroglyphiques de l’an-
n0l‘i’ p’,vpte qui en offrent des exemples'. A ne con-
^”ne e les textes, il semble que cet art se serait
S" l'iil assez lentement et assez tard chez les peuples
mlroiu C'T médecins grecs, Crateuas, Dionysios
classiques-
etMetrodoros,
publièrent un
ouvrage sur
les plantes, où
chacune était
figurée en cou¬
leurs au-des¬
sus d’un texte
qui en décri¬
vait les effets ;
.Crateuas est
un contempo¬
rain de Cicé¬
ron 2. Nous
savons aussi
que Varron,
dans ses Ima¬
gines, publia
les portraits
de sept cents
hommes illus¬
tres ; Pline,
qui rapporte
le fait, félicite
Varron de
cette très libé¬
rale invention
.« bénir/ ni ssi-
Vium inven-
tum » ; mais
il ne nous dit
rien du pro¬
cédé, il ajoute
[ seulement que
■ces portraits,
exécutés par
un certain
m°yen, « ali-
(JUo modo
fin I '
« wJWn(!US a Un ®rand nombre d’exemplaires,
dieux 1 Un h)enfait n rendre jaloux même les
seulement muneris etiam dits invidiosi), non
plais encore in 0nnc‘ 1 '“mortalité à ces personnages,
partout on t T d envoyés Par toute la terre afin que
hypothèses chim Cr°lre présents3- » Sans parler des
peux éloop t -i ncpJes auxquelles a donné lieu ce pom¬
pes eu de^dev-' résulterah de là que Yarron n’aurait
la foi de Plin anCleiS ’ 011 1 a cru longtemps en effet sur
e 1 mais son témoignage est aujourd’hui
B tcenians un„
\ pl' 246 ' Cllaba3’ lmp, mag. Harris, \
„ "|MM. m»t. de v mo (1882b n. 2031-2041 ; Papyr. Rainer, 03 ; F
BUt. nat kïxv 7,9°’ 97 Ct 184' ~ 2 PMn. Hist. nat.
C , " a c,'i voir là ‘ j. ’ . 1 ’{ Rltscbi> Opusc. 111, p. 452, 508 ct
— 5 ti cboso comme la n-nn llslon ® un procédé mécanique de reproduction,
J':1' chère surtout ™ele- °* ^r. pic . p. 22-23
f C'10n' ^ aii8t lÏ), 'J?'1™- *“*■ XLVIH (1893),
jvicmojumhona'
Î'Y-t'5"'
K.
*T'
Fig. 4459. — Peinture sur manuscrit.
‘S, p. 2 ;
ervot
XXV,
530.
quoique les preuves qu’il a cru tr
p. 91 ; Index
ouver ne paraissent
contesté; on tend de plus en plus à admettre qu'il ne
s’applique qu’aux livres des Romains et, à défaut de
preuves positives, on considère au moins comme très
vraisemblable que bien avant Varron les Alexandrins
avaient eu l’idée de peindre des portraits sur les manus¬
crits5. En tout cas, on ne saurait douter qu’ils eussent
déjà emprunté à l’antique Égypte l’art d’y tracer des
dessins et des
figures colo¬
riées 6. Sous
l’Empire, ce
fut un usage
très commun
de donner en
tète des ou¬
vrages classi¬
ques le por¬
trait de l’au¬
teur ; les plus
grands écri¬
vains deRome
furent sou¬
vent repré¬
sentés^ par¬
tir du temps
d’Auguste
sur la pre¬
mière feuille
des rouleaux
de papyrus
qui conte -
naient leurs
œuvres 7.
Parmi les
papyrus grecs
et latins que
l’on a trou¬
vés jusqu’ici,
un petit nom¬
bre seule -
ment portent
des figures
tracées à l’en¬
cre et au ca-
lame ; elles se
rencontrent
principalement dans les papyrus magiques8 ; un traité
d’astronomie de l'époque alexandrine, mis sous le nom
d’Eudoxe, contient aussi des figures géométriques
rehaussées de couleur rouge9. Les papyrus proprement
littéraires sont dépourvus de toute illustration. Mais nous
avons des manuscrits sur parchemin, généralement
attribués au ivc et au vc siècle, qui sont ornés de pein¬
tures comme les livres de l'àge classique, et même les
savants qui ont étudié ces peintures en dernier lieu sont
très portés à croire qu’elles ne font qu’en reproduire
V l NV VJ JUIMüAJU a t J ÇjlteX £ A l HU.
i [a \ f u sam' mvmccHH vjs’cvj ■
XNUfOMSSVJBlt'û^OMVJVjLlV) Sfio NTCOlO XV) \) y $ ■
MCSJCOMaMA\AM5lPviCOMAl$rDa^VJ5ADmlVV»;
R.ACOA M I VJ I MMOACÊt|l VJ1 DI iy • *
AÎA£ J
yV .g
# ' J
y
pas très solides ; Tliielc, p. 29, et de nouveau Betho, Wochensehr. (.
Klass. Philol. 14 déc. 1898. — 6 Ms. du ps. Eudoxe (vers 190 av. J.-C.),
Brunet de Prcsle, Notices et extraits , XVIII, 25; Atlas, pl. i-x. — 1 Coru.
Ncp. Alt. XIII, 3 ; Son. de tranqu. an. x, 7 ; Mari. XIV, 186 ; Plin. Hist. nat.
XXXV, 8 ; Juv. IX, 145. Voir encore Suet. Rom. 10 ; Thiele, p. 30. — 8 Pa¬
pyr. of the Brit. Mus. XLVI, col. 2 recto, 5 verso; CXXI, col. 6, 9, 17, 27;
CXXÜ; Lccmans, Papyr. gr. Lugd. Batav. t. I, pap. magique U, col. 5.
— 9 Brunet de Presles, Loc. cit.
LIB
— 1188
d'autres plus anciennes, tracées sur papyrus au u% et
peut-être au i" siècle1. Comme exemple,' nous citerons
tout d abord un Virgile ( Vatican. 3225) qui ne peut guère
être postérieur a Théodose ; il nous en reste 76 feuillets
ornés de 50 peint ures à la gouache ; elles occupent le bas,
le haut ou le milieu de la page, quelquefois une page
tout entière ; elles sont encadrées par un filet noir et par
un second filet
extérieur de cou¬
leur rouge, sur
lequel ont été
posés au pinceau
des losanges
d'or. Quelque¬
fois comme sur
les bas-reliefs an¬
tiques, on voit re¬
présentées dans
le même tableau
deux actions suc¬
cessives où pa¬
raissent les mê¬
mes personna¬
ges2. La figure
4459 montre
Enée et Acliate
conduits par la
Sibylle de Cumes
au temple d’A¬
pollon; des lé¬
gendes tracées
dans le champ
désignent par
leur nom les
trois personna¬
ges et le temple.
A en juger d’a¬
près les costu¬
mes, les armes
et le style de ces
morceaux , il
— LIB
Romanus ; d’après une hypothèse séduisante -,
rait fort bien que ces trois exemplair ’ Se Par¬
viennent de trois rouleaux de bonne époou^ ldenli(îUe8
cédaient les trois parties de l’œuvre vi \°ÙilsPr<i*
copistes intermédiaires les ont déplacés m-!b' , nne; les
sans leur faire perdre tout à fait leur caract '"llement.
qui tranche sur celui des autres peint, iro.'!
du manus-
IllAM-SVMMA-rivOCVLviiLAAVM-CVlAAlNA'fvMANI
M M OU 5CIV I-Ç \ DV M T-A IT l $-Q [ MO N 1 1 b V SV M 5 AA £ :
Fig. 4460. — Portrait de Virgile.
n est pas impossible que nous ayons là des copies
d'un volumen qui remonterait au temps des Antonins3.
Le Codex Romanus de Virgile ( Vatican . 3867) est du
vr siècle ; les 19 peintures qui subsistent encore appar¬
tiennent à un art plus barbare que les précédentes
et ne peuvent provenir d un original antérieur à Cons¬
tantin; mais dans le nombre se trouve un portrait de
Virgile, échantillon curieux de ces portraits d’auteur
qu on mettait en tête des livres (fîg. 4460) ; le poète,
tenant lui-même un volumen, est assis entre un pupitre
et une capsa ’. Ce qui est surtout digne de remarque,
c est que ce portrait est répété trois fois dans le Codex
1 Tliiele, p. 17 et suiv. — 2 Les procédés techniques de ces peintures sont étudiés
et décrits arec beaucoup de soin par P. de Nolhac, Les peintures des manuscrits de
Virgile, Mélanges de l’École française de Home, 1884, p. 305. — 3 Codices e Vati-
canis selecti phototypice expressi, 1 (1899), pict. 31 ; cf. Tliiele, p. 21; Dzialzko ,Un-
tersuch. p. 181, n. 2. 4 De Nolhac, l. c. pl. xi. Comp. lamosaïque de Sousse, re¬
présentant \ irgile (imago, fig. 3973J. — 3 De Nolhac, l. c. p. 320, n°! 2, 4et 0, elp. 327 ;
Tluele, p. 20. — G Séroux d'Agincourt, Hist. de l’art (1823), t. V, pl. lxiii ; Mai, Virg .
picturae antiq. ex Cod. Vatican. (1835); De Nolhac, l. c. p. 319, pl. xii, L. Trauba,
Ailes das Codex Homanus d. Virgil. in Siiena Belbiqiana, 1900, p. 307.
— ' Jhadis fragm. antiq. cumpicturis, éd. Ang.Mai, Mediol. 1819; Palaeograph.
society, pl. 39, et suiv.; Thiele, p. 23.-8 Hartel et Wickhoff, Jahrb. d. kuns-
thist.Samml.zu Wien, Erganz.Band 15/16 ; Tliiele, p.26.- 9 Léo, mernJtfua.XXXVIH
(1883), p. 317; Crusius, Philologue, 1897, fasc.HIjThiele.p. 21. Ces peintures n'ont été
cri l
11 fa«t faire
rentrer dans ia
même catégo-
rie UI1e Iliade,
conservée à Mi-
lan, ouvrage du
ve siècle, qui de-
va‘f contenir
dans son état pù
niitif, environ
130 peintures
et une Bible de
la même époque,
dite la Genèse de
Vienne8. On est
même de plus en
plus disposé à
admettre que les
dessins et les
peintures, qui
ornent plusieurs
manuscrits de
Trencée copiés
en plein moyen
âge, du ixe au
xic siècle, procè
dent d’un exem
plaire sur papy
rus datant de
premiers temps
de notre ère9
Comme il est
naturel, les ou
vrages antiques qui touchent aux sciences sont aussi
illustrés dans quelques-uns de nos manuscrits en par¬
chemin ; tel est un exemplaire du traité du médecin
Dioscoride sur les plantes10; il peut donner une idée
de la Botanique illustrée de Crateuas dont pade
Pline H. Tels sont encore un Nicandre13 et un mu
nuscrit des Àratea de Germanicus 13, conservés llDl
à Paris et l’autre à Leyde ; il y a de fortes ..
tions pour que les enlumineurs qui les ont ornés aie
travaillé d’après des modèles remontant par une ?l'n®
d’intermédiaires jusqu’au temps même de Nicandr-e
d’Aratus. Georges Lafaye.
publiées qu'en partie; Séroux d’Agincourt, V, pl. 35, 36; WicseN î , ^ sonj
Bühnenwesens. Gôtting. 1851, laf. X ; Mai, Plauti fragm. Milan, I'1 |UCi,|Ues
mss. de Châtelain, Pcilêogr. des class. lat. Térencc, pl. vit, 'Il,! ' ^ri„cl)i Die
autres cités par Thiele, p. 22. — 10 A Vienne (an 500 environ). ,u^|n)aI10
Vornehmsten Kunstdenkmaeler in Oesterreich , p. 510; Thiele» P* ^
prépare une étude sur ce mss. ; Ibid, note 1. — 11 Plin. Hist. ; ^ lia»
— 12 Paris, Bibl. Nat. suppl. gr. 247 (x° siècle); Gaz. arclu ’ul- 1
ion A. COATOON
101 1 OA AVON! SVAl’COATDON-f AAI O AAIDE BAÎ’AI E XiN
DtLîCl A S'DOMl N i-N I GQV l D5 ü A AAI XHA b E 5 AT
1 A N XVM1 M X f A D I R$7\$VM B i\OS AC ACV AAI N A fAGQA
ADSl OVAEVt N i î BAH A L-tfAE 01 N COM DIX A\SOl^$ f
lui in
- - - j 3 Vossia»* ‘
pl. xvm, xxxu; 187G, p. 34, 37, pl. xi, xxiv; Thiele, p. 31.- . !,.ailés d*
- B.BLIOGRAPH.E. La P1"?^ ^1. «
paléographie grecque et latine depuis Montfaucon (1708) Ipuchu^ ^ j{cuyon>
ce qui concerne spécialement les papyrus, voir la bibliographie < < ^ ^ j-jjjgloi^
l.c. Appendix , II et III, p. 129-153. Nous mentionnerons eU partie ^erllA I
du livre : C. G. Schwartz, De ornamentis libronu» et varia >"
LIB
— 1189 —
tFR __ Liber ou Liber pater était un dieu
I,BFR VAimie dont le caractère et le sens primitifs
|d'orig'ne l l1 , lrè’g bonne heure sous l’influence de la
[ s’altérèreu <> plusieurs savants modernes ont
'myth0l02sf d’admettre l’existence d’un Liber pater
inêmC b n’ont voulu voir dans le Liber de la religion
jtahque , i t> _ ^ . imp0rté en Italie, dont le nom
romaine q>' Aéottoç, ’EXsuôs'pioç, données
rfrlu zeus ou au Dionysos hellénique ■. Celle
pa. "lb 0a inexacte. Il est possible en effet, d’une part,
Tdémontrer la très haute antiquité du culte de Liber
Lr et de sa parèdre Libéra à Rome même ; d autre
Z de mettre en lumière la physionomie très originale
l Ce dieu physionomie réellement différente de celle
L divinités grecques auxquelles plus tard il fut assimilé.
Du dieu lui-même, nous ne connaissons guère que le
nom Le plus souvent il est appelé Liber ou Liber pater ;
Quelquefois Liber apparaît comme une épithète de Jupi¬
ter: le temple de Jupiter Liber à Furfo, chez les Vestins 2,
est bien connu; des inscriptions dédiées J obi Libero ont
été trouvées sur le territoire des Frentans3, en Sabine4,
etàCapoue8; la même mention se lit à Rome sur le
Calendrier des Arvales à la date du 1er 'septembre6. Les
plus anciennes formes du mot Liber furent Loebasius
ou Loebesus \ Leiber\ Leber'L Les anciens s’efforcèrent
de retrouver le sens originel de ce mot. Varron, cité pai
saint Augustin, Sénèque, Paul, ont pris pour base de leur
exégèse le sens ordinaire et courant de 1 adjectif liber.
Saint Augustin dit : « a liberamento , quod mares in
coeundo per ejus beneficium emissis seminibus liberen-
tur\ hoc idem in feminis agere Libéra m 10 » ; Sénèque :
« Liber ... non ob licentiam linguae dictas est inventor
tiini,sedquia libérât servitio curarum animum, et asse¬
oit vegetatgue et audaciorem in omnes conatus fac.it 11 » ;
Paul : « Liber... ideo sic appellatur, quod vino nimio
usi omnia libéré loquantur 12 . » Au contraire, Cicéron
rapproche le nom du dieu du mot liberi , enfants : « Quod
ex nobis natoè libéras appellamus, idcirco Cerere nati
nominal. i sunt Liber et Libéra 13 ». Ainsi les Romains du
dernier siècle de la République ne connaissaient plus
avec certitude le sens ni l’étymologie du mot Liber ; cette
incertitude et ces divergences d’opinion nous indiquent
déjà la haute antiquité du culte de ce dieu en Italie. La
plupart des savants* modernes rattachent le mot Liber
Leiber , Leber, Loebesus) à la racine indo-européenne
îb' do(l sont dérivés les mots libare , Xetêstv, etc. u.
| lbu ou Liber pater était donc le dieu qui répand, qui
Veise l’abondance et la fécondité.
L Paim‘ l®s cérémonies du culte de Liber , il en est deux
fUl nous paraissent propres au Liber italique. C’est
iwi AufsaH ' ' °u bips. 1758, 4» ; C. F. Mausci. Vennischte Abhandlungei
Mlhe; les jl ■ 1 x - * ) • P • 27-1; Géraud, Essai sur les livres, part iculièremen.
m (issu Paiis’ 18i° ’ B^fcw-Goell, Charikles, H* (1877), p. 133 ; Galles
livre, Paris! isso'- Tl' 'ajj|^lau3en’ Grieeh. Palaeogr. (1879); Em. Egger, Hist. di
gtkhrte An-r ' 11 h Das antike Buchwesen, Berlin, 1882 ;E.Rohde, Gôtting
L ) ' ' ' 33^ ' C. Uaeberlin, Beitraeqe sur Kenntniss d. ant
bl, S7i;CJ.;frtMpWe,e'ii' CeMralblatt für Bibliothekwesen, VI, 481 ; VII, 1
!>■ 107; F B|as's "fyri’Ibid. XIV, 1; Marquardt-Mau, Rom. Privatleben (1886)
vt|n Minier, }]n 1 "P^ie, Buchwesen u. Handschriftkunde, dans Iwai
8- Lndweln. Slu r ^ass‘ Alterth. Wissenscliaft, 12 (1892), p. 297
119; p. j] !,Iju d"s pntilee Buchwesen, Archiv für lat. Lcxicogr. VI
[ J- ScliuluCj nolle 0n’!’sou’ Èandboolc of gr. and lat. palaeography (1893)
feitmw. studie\Codex' ein archaeol°e- Beitrag s. Geseh. d. Ar. Test.
Sth*ft nesenim fT' GrCmer dar8ebr- C893)- 1'- 1*7; W. Waltenbach, Da
I Mappurei \m-' ' *b899) ; G. Thicle, De antiquorum libris pictis capih
I x9>td (1899) ; Daia ùko ( i ' G. Kcnjon, Tlic palaeography of greetc papxjri
y ’ 01 ' dans Pauly-W issowa, Realeneyclopaedie d. klass
LIB
d’abord la fête romaine des Libéra lia , qui se célébrait
le 17 mars, et qui n’avait rien de commun soit avec les
Diongsia , soit avec les Ludi Liberales de création posté¬
rieure. Cette fête des Liberalia était très ancienne a
Rome; elle est inscrite sur l’un des plus anciens calen¬
driers, le calendrier dit de Numa, et elle y figure en
grandes majuscules, ce qui est une preuve de sa haute
antiquité ls. Malheureusement, nous ne possédons sur
cette fête que des renseignements peu nombreux et peu
explicites : le plus curieux assurément est celui qui nous
a été transmis par Ovide16. Le jour des Liberalia, c esl-
à-dire le 17 mars, on rencontrait partout dans Rome des
vieilles femmes, que Varron appelle des prêtresses de
Liber ( sacerdotes Liberi ), couronnées de lierre; elles
vendaient aux passants des gâteaux, faits avec de la
farine, du miel et de l’huile [l'bum] ; elles portaient en
outre avec elles un petit autel, et de chaque gâteau
qu’elles vendaient elles détachaient un morceau, qu elles
offraient au dieu sur cet autel, au nom de 1 acheteur.
Nous savons en outre que, le même jour, les jeunes gens
quittaient la toge prétexte pour revêtir la toge virile1,
(, loga virilis. libéra , para), c'est-à-dire abandonnaient
le vêtement des enfants pour prendre celui des hommes.
Tertullien ajoute enfin que, le jour des Liberalia, chaque
famille avait l’habitude de dîner dans la. rue, devant la
porte de sa maison18.
Ces rites sont pour nous assez obscurs. En tout cas, la
date du 17 mars exclut toute relation entre le Liber pater
romain et les vendanges. Nous n’avons point affaire ici
à un dieu de la vigne. Il est plus vraisemblable que Liber
était un dieu qui présidait à la fertilité des champs ; on
célébrait sa fête au début de labelle saison ; pour invoquer
sa protection en faveur des récoltes futures, on lui offrait
des gâteaux dans la composition desquels entraient les
principales productions agricoles de 1 Italie, le blé,
l’huile, le miel. Quant à la coutume qu’avaient les jeunes
Romains de revêtir, pour la première fois le jour des
Liberalia, leur toge virile, on n’en connaît point l’origine.
Liber protégeait peut-être la croissance des hommes et
le développement de la vie humaine, comme il présidait a
la vie productrice des champs.
Outre les Liberalia , nous connaissons, par saint
Augustin 19, qui cite sans aucun doute Varron, une autre
cérémonie en l’honneur de Liber. Cette cérémonie, qui
semble avoir été d’abord purement rurale et qui plus tard
seulement se célébra dans certaines cités, comme Lavi-
nium, avait un caractère nettement phallique; le phallus,
en effet, y jouait le rôle principal: Hoc turpe membrum
per Liberi (lies festos cumr honore magna plostellis
imposition prias rare in compitis et asque in urbem
Alterth. Wissens'ch. et Untersucliungen ueber ausgewaehlte Kapitel des antiken
Buchwesens, Leipzig (1900).
LIBER PATER, l Helm, Kulturpflansen und Hausthiere, 3' éd. p. GO;
Grafsmann, Dieital. Gôtternamen, in Kulm's Zeitschrift für rergleich. Sprachf.
t. XVI, p. 107; 0. Gilbert , Geschichte and Topogr. der Stadt Rom in Alterthum,
II, p. 209 et suiv. — 2 Corp. inscr. lat. IX, 3313. — 3 Zvelaicff, Syll. inscriptio-
num Oscarum, 3. — 4 H. Joedan, Analecta epigr. lat. p. 3. — B Corp. inscr. lat.
X 3780. _ 6 Corp. inscr. lat. t. I, 2e éd. pars prim. p. 214. —7 Servius, ad Georg.
I 7 • Paul. p. 121. _ 8 Ephcm. Epigr. I, 21 ; Corp. inscr. lat. I, 1409 ; III, 1784.
_ 9 Corp. inscr. lat. I, 174. — io De civ. Dei , VU, 21. — H De tranq. an. XV,
_ 12 Paul. p. 113; cf. Ovid. East. III, v. 771 : Sire, quod es Liber , vestis
quoque libéra per te Sumitur et vitae libérions iter. — 13 De nat. deor.
K go _ u par ex. Curtius, Grieeh. Etym. 5e éd. p. 363 ; Buecheler, Lex liai.
p. xvi ; Vanicek, Etymol. Wôrterb. der latein. Sprache, 2" éd. p. 237. — 15 Fouler,
The Roman Festivals of lhe period of the Republic , p. 20. — 16 Ovid. Fast. III,
725 et sq. ; cf. Varr. De l. I. VI, 14. — 17 Cic. Ad Att. VI, 1, 12. — ISTerlulI.
Apol. §42. — 19 De civ. Dei, VII, 21.
150
LIB
1190 — •
postea vectabatur. In oppido autem Lavinio unus
Libero talus moisis tribuebatur , eu jus diebus on, nés
verbis fïagitiosissimis uterentur, donec illud membrum
per forum transvectum esset atque in loco suo quiesce-
ret. Cui membro inhonesto matrem familias honestissi-
mnm palan i coronam necesse erat imponere: sic vide-
hcet Liber deus placandus fuerat pro eventibus
seminum, sic ab agris fascinatio repellenda. » On pour¬
rait être tenté de rapprocher ces fêtes italiques des
phallophories grecques ; mais ce rapprochement, fondé
sur une ressemblance purement superficielle, serait
inexact. Car les phallophories grecques étaient en rapport
étroit avec les vendanges et la fabrication du vin [dionysia,
p. L232 et suiv.]. Il n’y a rien de tel dans les phallo¬
phories italiques. En outre, bien que nous ne sachions
pas avec précision quel était le mois de l’année consacré
a ces fêtes, nous pouvons croire qu'ellesse célébraient au
printemps : le printemps est, en effet, la saison pendant
laquelle il est naturel d’invoquer la protection divine pro
ei entibus seminum , et de détourner des champs le mau¬
vais œil (ab agris fascinatio repellenda). A l’époque des
vendanges, de telles cérémonies n’ont plus de raison
d être. Ajoutons d ailleurs que Pline l’Ancien signale le
culte du phallus ou fascinas , comme un culte propre¬
ment romain : «... fascinas,... qui deus infer sacra Bo-
mana Vestalibus colitur
Autant donc que nous pouvons l’induire soit du sens
primitif de son nom, soit des fêtes proprement romaines
ou italiques qui étaient célébrées en son honneur, Liber
ou Liber pater nous apparaît comme un dieu de la fécon¬
dité; le phallus était son symbole; il était invoqué
comme protecteur de la fertilité agricole; il présidait
peut-être aussi à la génération animale.
Ce caractère originel de Liber nous permet de com¬
prendre comment se fit la première assimilation de ce
dieu italique à une divinité grecque. Dès le début de la
République romaine, sur l’ordre des livres Sibyllins con¬
sultés pendant une famine terrible, fut institué à Rome le
culte de la triade Ceres, Liber et Libéra - , qui n’est autre
que la triade éleusinienne Démèter, Iacchos-Dionysos
et Koré-Persèphone [ceres, p. 1078], Liber correspond
dans le groupe latinisé au dieu Iacchos d’Eleusis. Or les.
plus récents travaux ont démontré que le culte éleusinien
était, du moins à l’origine, un culte essentiellement
agraire, dont « les rites et les symboles exprimaient sur¬
tout l‘idée de la fécondité universelle » [iaccuos, p. 369].
Bien que Iacchos ait été plus tard confondu avec Dionysos,
ce jeune dieu n’est en rien le dieu de la vigne ou dee
vendanges; comme la plupart des autres génies ou héros
locaux d’Eleusis, tels qu’Eubouleus, Ploutos ou Pluton,
Triptolème, Iacchos est essentiellement une personni¬
fication de la fécondité. Qu’il ait pris dans la triade
latinisée le nom de Liber, cela nous prouve encore que
Liber pater, lui aussi, était primitivement pour les
Romains un dieu de la fécondité. D’ailleurs, dans ce culte
nouveau, Liber ne joua qu’un rôle très effacé: c’était
surtout en l'honneur de Cérès-Démèter que le sanctuaire
voué par le dictateur A. Postumius fut construit, et que
1 Hist. nat. XXVIII, 39. — 2 Dion. Haï. VI, 17 et 94; Tacil. Ann. Il, 49.
— 3 Colum. III, 21, 3 et pas sim; Arnob. II, G5 ; Augusl. De civ. Dei, IV, Il et 22.
t— 4 Corp. inscr • lat. V, 5543. — 3 Corp. inser. lat. I, 2° éd. pars prim. p. 281 et
332. — 6 Colum. XII, 18, 4. — 7 Fcst. p. 250 Lindémann, p. 319. — 8 Corp.
inscr. lat. VI, 467. — 9 Ibid. 8826; cf. 879G. — 10 p»ar ex. Corp. inscr. lat. VI.
LIB
se célébrèrent les Cerealia [cerealia, p j ().M)
La confusion d’iacchos et de Dionysos ame,ïa Ju¬
ment l’assimilation postérieure de Liber ni,/,!'" ■ ’
Dionysos. Car Liber pater ne tarda pas à devi^ ^ ^
les Romains et les Italiens, le dieu de la vimCï
que Cérès était révérée surtout comme la dées; >
trice de la culture des céréales, Liber pater fut ' P"°te<^
comme le dieu de la viticulture. C’est la le rôle"'0^
attribuent les Script ores rei rusticae, entre aiin!"V‘
lamelle, et les Pères de l'Eglise, par exemple Arnl
saint Augustin3. Une inscription l’appelle vint,, ^
conservator *. Les vignerons l’adoraient en même J""1
que Libéra au moment des vendanges. Dans plusi!!f
rus t ica \ le mois d’octobre lui est consacré. On r
offrait, comme prémices de la vendange, et pour
sous sa protection toutes les opérations que comporte la
fabrication du vin6, une libation de moût frais, appelée
sacrima ‘ ; c’était là le pendant du praemetiùm offert
a Cérès au début de la moisson. Outre les vignerons les
marchands de vin honoraient Liber pater : ainsi à Rmnc
des documents épigraphiques nous font connaître le
culte que rendaient à ce dieu le collège des négociants
en vin du Vélabre, Coll(egium) Velabrensium* , et les
N egot ianteê cellarum vinariarum Novae et Amintïa-
nae\ Les vignerons associaient son nom et son culte
à ceux de Silvain et d’Ifercule 10, protecteurs des champs;
les marchands de vin Punissaient, dans leurs invoca¬
tions, à Mercure, le dieu du commerce1’.
Mais en Grèce Dionysos n’était pas seulement le dieu
rustique de la vigne, des vendanges, du vin et des vigne¬
rons ; il était le centre d’un thiase; son culte avait un
caractère mystérieux, dans lequel se mêlaient des in¬
fluences thraces, phrygiennes, lydiennes, orientales
[bacchus, p. 391 et suiv.]. C’est à ce culte que se rat¬
tachent étroitement les fêtes orgiastiques connues sous
le nom de Bacchanalia (t. I, p. 390-391). Ce culte se
répandit de bonne heure dans la Grande-Grèce; il péné¬
tra à Rome vers la fin du mn siècle av. J.-C. Dès l'année
186, le sénat romain interdit les Bacchanales par un
sénatus-consulte fameux.
Sous cette forme, Dionysos prit aussi le nom d t Liber
ou Liber pater. De même que certains souverains de ;
l’époque hellénistique s’étaient fait honorer comme de*.
véo; A'.ôvutg'., plusieurs Romains tout-puissants, Marins ,
pompée ’
Marc Antoine u, et des empereurs
comme
Elagabal 13 voulurent qu’on leur décernât le titre de Li ba
et qu’on les honorât sous ce nom. Ce culte, puremen
oriental, de Liber pater se propagea et prit une fÇ|JIU
lire; à Rome, des inscriptions limh
ris
Empi
un
extension sous
font connaître un Hiérophantes Liberi pair
Archibucolus dei Liberi/11 ; ailleurs, par exemple en ,k|a 1
les prêtres de Liber assistaient aux tauroboles eu jl
neur de la Grande Mère des dieux18. Souscrite 101
Liber pater subit, comme d’autres divinités, latlmn
p siècle «
c et au in
syncrétisme qui se manifesta au n
notre ère dans la religion païenne : une inscription
tionne un signum Liberi patris Panthei, à l)|(,|M
En tant qu’il est simplement Iacchos ou i)1"n-
mer
>ste *'•
SOS,
i; cf. Corp. inscr. lat. VI, 4G2, 707; III, 3923, 3937; IX, ' \\Ht
H Corp. inscr. lat. VI, 882G. — 12 Val. Max. III, 0, 0; f|in- ' ,Ii6i Aug->
h — 13 RI in. Hist. nat. VIII, 4. — U Vell. Pat. il, 82, *- y l] !'orjlJ> _ I* *
agab. XXVIII, 2. — 1 11 Corp. inscr. lat. VI, 307. — Ibid. ’
I 1^07 _ 19 f'ni', i inscr Int YIV. 2865.
LIB
— dl 91
LIB
. , citer ne- présente aucun caractère original, et ne
/y/ riirr ne en rien des dieux grecs auxquels il a été
80 prend tous leurs mythes et adopte même
fSSim‘ ,’noms Le mot Liber n’est plus qu’une simple
aduction de A«ivU<w ou de [bacchanalia, bacchus,
fgB.Eg: niONYSIA, ELEUSINIA, IACCUOS].
' A R’ome inême, le culte proprement dit de Liber n avait
as une importance considérable. Liber jouait un rôle
fout à fait secondaire dans VAedes Cereris , Liberi cl
Liberae, qui fut vouée par le dictateur A. Postumius en
496 av J.-C., et dédiée trois ans plus tard par le consul
Sp Gassius; ce temple était situé près du Circus Maxi¬
mum. Le Calendrier des Arvales nous apprend que le
septembre on célébrait une fête sur l’Aventin en
l’honneur de Jupiter Liber ; un sanctuaire du dieu se
trouvait donc là. Nous savons, d’autre part, qu’un temple
je liber et de Libéra existait sur le Capitole1.
Pour la célébration des mystères dionysiaques et leur
vogue à Rome, voir bacchanalia, bacchus.
En Italie, Liber pater fut toujours très honoré; le culte
deDionysos avait été de bonne heure populaire dans le sud
de la péninsule; plus tard, il se répandit jusque dans la
vallée du Pô2. Hors de l’Italie, dans les provinces de
l’empire, le culte du dieu se répandit en Espagne3, en
Gaule 4, dans l’Afrique du Nord B, et surtout dans les
provinces voisines du Danube, en Pannonie particulière¬
ment et en Dacie ’3. Là le couple Liber et Libéra , que l’on
rencontre très rarement ailleurs, apparaît fréquemment
dans les dédicaces ; aussi est-il vraisemblable, comme l’a
supposé Wisso.wa \ qu’il y avait dans ces pays, avant
l’occupation romaine, un
couple de divinités indi¬
gènes, qui furent assimi¬
lées à Liber et à Libéra.
Du Liber pater propre¬
ment italique ou romain
nous ne possédons au¬
cune image, aucune re¬
présentation. Toutes les
statues de Liber, tous les
bas-reliefs, toutes les
peintures ou mosaïques,
toutes les effigies moné¬
taires où le dieu est figuré
nous montrent, sans ex¬
ception, le Dionysos grec,
ieUn p in-H „ i , presque toujours du type
ronne de ^ ^ ^ aUributs habituels sont la cou-
panthère Sui'T ' °i' d|* I,erre’ le thyrse, le canthare, la
nom Se aS ' rî ^ Pl^este (fl* «61), où se lit le
attribut mm i. ’ 6 Ieu est l>ePrésenté barbu, sans autre
du tvpe le ni ' '^Ue ' C esL tlonc héjà le Dionysos grec,
récit de Vairon* anCi*en 11 semljle d’ailleurs, d’après le
saient soit in J <*U? . dnS les cérémonies qui s’accomplis-
représenté sYiuhr lUlltae' soit àLaviniumJe dieu fût
L ' hohquementparlephallus.Les Romains ont
ü!£' 1 uf =jii> p.siT~2vni 2“„éd-’ ?r* **"•«» p- 312 ; c°^ w.
, p. 849 _ 2 y • r 1 l *‘ " 1,1 l,n”> olz 1
3 C> mer. lut. n j, p- rr,- tat- V’ Ix’ X' XI- Passim et In-
: CurP- ^ 4 Id- XH, Ind. ” r",
tb** ^/xC:^%È,1Rr,,cr’8 uxikonder ’
’ 1 ' -u-l et SUIV
gr.
« Liberi
:ilel' s Lexitcon dur gr. and rom.
purement et simplement emprunté à l’art grec le type de
Dionysos pour représenter leur dieu Liber. J. rI ’OCTAIN.
LIBERA. — Libéra était une ancienne déesse italique,
parèdre du dieu Liber ou liber pater, et honorée en
même temps que lui le jour des Liberalia. Comme
Liber , elle fut de très bonne heure assimilée à une divi¬
nité grecque. Le nom de Libéra fut employé pour dési¬
gner la seconde divinité féminine de la triade Éleusi-
nienne, lorsque cette triade fut transportée à Rome, sur
1 ordre des livres Sibyllins, au début de la République.
Libéra fut alors assimilée à la déesse grecque Korè-Per-
séphone ; elle entra ainsi d'abord dans le cycle propre¬
ment éleusinien, puis plus tard dans le thiase dionysiaque.
Les vignerons l’associaient à Liber dans le culte qu’ils
rendaient à ce dieu au moment des vendanges1. Ovide 2
et Pline3 l’assimilent quelquefois à Ariane. Dans une
inscription d’Apulum4, dédiée à Libéra triformis , il
s’agit évidemment d’Hécate.
Libéra lut toujours à Rome une divinité très secon¬
daire. Elle n’v a pour ainsi dire pas de culte propre ; aux
Liberalia du 17 mars, elle est la compagne de Liber ;
dans le temple de Cérès , Liber et Libéra , elle occupe un
rang tout a fait inférieur à Cérès. Elle est très rarement
mentionnée dans les provinces de l’Empire, sauf en
Dacie iJ où elle forme avec Liber un couple, qui est pro¬
bablement d’origine locale [liber pater].
Des rares images de Libéra qui sont parvenues
jusqu’à nous, aucune ne se rapporte à la déesse italique
primitive. Libéra est représentée sur quelques bas-reliefs
de Pannonie et de Dacie 6 avec une physionomie
purement dionysiaque ; ses attributs sont la couronne
de pampres ou de lierre et le thyrse ; une panthère est
figurée à ses pieds. De même, sur les deniers de
L. Cassius de l’an 79 av. J.-C., la tête de Libéra est
ornée de pampres et de grappes de raisins7. J. Toutain.
LIBERALIA. — Les Liberalia étaient une fête romaine
très ancienne, qui se célébrait, en l’honneur de liber
pater et de libéra, le 17 mars de chaque année. Elle
est inscrite sur l’un des plus anciens calendriers romains
connus, le calendrier dit de Numa. D’autres calen¬
driers portent pour le même jour la mention Ago-
n{ium) ou Agonium Martiale ; mais ilfaut nevoirlàqu’une
coïncidence. D ailleurs, le nom de Liberalia était, pour
le 17 mars, le seul nom couramment employé; les pon¬
tifes savaient que le même jour pouvait être désigné par
les mots Agonium Martiale1 ; mais cette désignation
n était pas populaire ni courante. Nous ne savons que
très imparfaitement en quoi consistait la fête des
Liberalia [voir liber]. Elle était nettement distincte
des autres fêtes et cérémonies qui se célébraient en l’hon¬
neur du Liber pater hellénisé [cerealia, liber, bacchus,
bacchanalia]. Ce n’est pas aux Liberalia , mais aux
Cerealia , que se rapportent les jeux scéniques, quelque¬
fois appelés ludi Liberales. Cicéron2, Servius3, saint
Cyprien 4 nous donnent sur ce point les détails les plus
explicites et les plus formels. J. Toutain.
LIBERA. 1 Colum. XII, 18, 4. — 2 Ov. Fast. III, 512. — 3 piin. jpist_ nat
XXXVI, 29. — 4 Corp. inscr. lat. III, 1095. — 3 Corp. inscr. lat. III, pass. et
Indic. — 6 Corp. inscr. lat. III, 4927, 7916. — 7 Balielon, Alonn. de la République
romaine , I, p. 329, n. 6. — Bibi.iogbaphie. Preller-Jordan, Jlomische Mythologie
Berlin, 1881-1883.
LIBERALIA. i Macro!). Saturn. 1,4, 15; cf. Fasl. Caere!, et Yatic. in Corp.
inscr. lat. T, 2' éd. pars prim. p. 212 et 242. — 2 Cic. Verrin. V, 36. — 3 Servius.
Ad Georg. I, 7. — 4 Cyprian. De spectacul. 4. - Bibliographie. Mommsen et Mar¬
quait, Manuel des antiquités romaines, trad. franc. I. XII, Paris, 1889. Le Culte
L1B
— H 92 —
L1B
LIBER ALITAS. — On peut considérer comme une
forme de YAnnona cette personnification dont le nom
parait sur une tessère en plomb, avec la tête d’Antonia,
qui porte au revers en cinqlignes, l'inscription : Ex libe-
rahtate fi. Claudi(i) Coe[soris ) Aug[usti ), monument
particulièrement précieux, puisqu'il démontre le rapport
de beaucoup de tessères en plomb avec l’Annone1. Sous
les premiers empereurs, les distributions portent le nom de
congiaria [congiarium] 2. A partir du règne d'Hadrien, la
Libéralité est désignée spécialement sur les monnaies et
accompagnée d'un chiffre qui indique le nombre des dis¬
tributions, par exemple: liberalitas avg vii (Hadrien).
Ces distributions étaient fréquentes ; ainsi, on compte
neuf libéralités pour Antonin 3, sept pour Marc Aurèle,
trois pour L. Yerus, neuf pour Commode, une pour Per-
tinax, six pour Septime Sévère, neuf pour Caracalla et
Gela, une pour Macrin, quatre pour Elagabale, cinq pour
Alexandre Sévère, une pour Maximin, Balbin et Pupien,
cinq pour Gordien III, trois pour Philippe père, quatre
pour Philippe fils, une pour Trajan Dèce, trois pour Tré-
bonien Galle, une pour Yolusien, trois pour Valérien,
trois pour Gallieh, une pour Salonin, Postume, Tetricus
père, Claude II, Quintille, Carin, Carausius. La dernière
monnaie portant le nom de la Libéralité
est un sou d'or de Constantin le Grand
avec la légende liberalitas xi imp iiii
cos PP.
Les types monétaires les plus fré¬
quents sont les suivants : 1° la Libéralité
debout à gauche tenant une tessère et
une corne d’abondance (fig. ; 2° la Libéralité de¬
bout sur une estrade, où figure l’empereur (ou les empe¬
reurs), accompagné quelquefois du préfet du prétoire et
de soldats ; un homme monte les degrés pour recevoir
les pièces de monnaies, que la Libéralité répand (voir
fig. 1894 à 1896). La Libéralité, coiffée du modius, paraît
exceptionnellement sur un denier de Julia Domna, car
les monnaies des impératrices ne portent pas cette per¬
sonnification. Adrien Blanciiet.
LIBERATIO. — I. Aux premiers siècles de Rome, la
liberatio est un acte solennel destiné à constater qu'un
débiteur a donné satisfaction à son créancier et n’est plus
obligé envers lui. A cette époque, le paiement ne suffit
pas: le débiteur reste obligé tant qu’il n’est pas libéré1.
L'emploi d’une solennité se justifie par une règle ainsi
formulée par les jurisconsultes classiques : pour étein¬
dre un droit, il faut observer des formes analogues à
celles qui ont servi à le faire naître, et procéder en sens
inverse 2.
La solennité requise pour la libération d’un débiteur
s’accomplit de trois manières : per nés et llbrnm, verbis
ou litteris. L’emploi de l’une de ces trois formes dépend
de la nature de l'obligation.
chez les Ro?nains, t. I ; Wissowa, De feriis anni Romani vetustiss. ; Fowler, The
roman festivals of the Period of the Republic, 1899.
LI 15 EK ALITAS. 1 Rev. Numism. 1898, p. 81, 91 et 98. — 2 On trouvera une
liste des congiaires dans J. Marquardt, Organis. financ. chez les Rom. trad.
A. Yigié, 1888, p. 174. Mais cette liste donne seulement les indications fournies
par les textes, et il convient d’y ajouter les nombreux renseignements que procurent
les monnaies. — 3 Une monnaie d’Alexandrie d'Égypte révèle, pour la vingtième
année du règne d’ Antonin, une libéralité distincte des neuf autres men¬
tionnées par les monnaies romaines. R. Stuart Poole, Catalogue of the
coins of Alexandrin and the nomes , 1892, p. Ixxxviii, pl. xxvu, no 1007.
— 4 Exemplaire du cabinet de France. — Bibliographie. Roschcr, Lexikon der
Mythologie , s. v. ; Stevenson, Diction, of rom. coins , s. v. ; R. Engelhard, De
personificatio7iibus quae in poesi atque arte Rnmanorum inveniuntur, 1881,
Fig. 4462.
1° La libération per nés et libram ex iKe
i rvr» e •
lions
* do
ux
condji
a) Une déclaration verbale faite par le débit,,
sence d’au moins cinq témoins citoyens r(Mn. ^ 6n ^r<1'
bères et d’un libripens [libripens]. Les t,T|,!' e^)u'
déclaration ont été conservés par Gains • z^8 5e
tnt milibus condemnatus
Quod
e,Jo tiii
s s su/n, me eo noinine (l
liberoque hoc aere ■aenenque libra. Hanc tib • ■
primnrn postremamque expendo lege jure 'dhr'^"
Le débiteur constate solennellement qu’il
liberatus , et qu’il a pesé, de la première à, fu 61
les livres de métal qu’il avait promis de Payer * ermere'
P) La Pesée de la somme remise à titre de paiera I
La pesée, réelle à l’origine, devint fictive lorsqu’c 'fi
usage de la monnaie4 et qu’on appliqua ce mode de JJ
ration à des choses qui n’étaient pas susceptibles dêtre
évaluées d’après leur poids. Dès lors, l’emploi de l’airain
et de la balance n’eut lieu que pour la forme5.
La libération per nés et libre m est nécessaire mi
toute obligation impliquant une damnatio. La darnmtÛ
confère en effet au créancier un pouvoir analogue à celui
d’un maître : elle donne lieu à la mnnus in jectio 5 mars
i.xjectio). On ne peut s'y soustraire que par un mode
solennel, celui qui était usité dans l’ancienne Rome]
placer un acte sous la garantie de l’État h • ‘
Les obligations impliquant une dnmnatio sont celles
qui résultent du nexum 8 [nexum], du legs per damna-
tionem> lorsqu’il a pour objet des choses qui se comptent
ou qui se pèsent, ou même qui se mesurent, d'après
certains jurisconsultes ®. Ce sont aussi les obligations qui
résultent de la loi10, d'une déclaration des pontifes en
cas d'inaccomplissement d’un vœu11 [vomC, d'une con¬
damnation au civil ou au criminel12.
2° La libération verbis est d’une époque plus récente.
Elle consiste en une interrogation suivie d’une réponse
concordante. Le débiteur demande au créancier : Quod ego
tibi promis i, hnbesne acceptum ? Le créancier répond :
Hnbeo 13. C’est une acceptilation [acceptilatio, 1. 1, p.57].
Au troisième siècle de notre ère, on admet des formules
équivalentes en latin ou en grec
Accepta facis decenU
i Aj.6oüv Y
Fado 14. — "Eystç a oYjvapix rosa; Eyw
Ce mode de libération est spécial aux obligations toi-
mées par stipulation i6. On l’a employé, non sans hésita I
tion, pour l’obligation résultant du jusjurandum ‘ j
berti11 ; quant à celle qui résulte d’une dotisdicti o, i
en a pas de preuve certaine 18. On pouvait d ailleuis aPP*
quer Facceptilation à toute espèce d’obligation, < 11
soin de la transformer au préalable en une
verbale, par une stipulation novatoire 11 [novah" •
1 1 composa
ne i
L’acceptilation est un actus legitimus qui ^
aucune modalité expresse20. On discuta la qn* ^ 1
1 rrait être par
des parti*5*
savoir si la libération par acceptilation pounn
tielle21. L’acceptilation exige la présence
p. 58 ; M. Rostovtscw, Étude stn'les plombs antiques , dans U
à 1899; Cohen, Descr. Monn. Emp. romain, pas sim. iain$, t. •• P
LIBERATIO. l Cf. Éd. Cuq, Institutions juridiques des orna > ^nt,rS
; Cf. Senec. De benef. Vd ^ ^
, Mil» in*-
oblif/atus es, hoc fxdem exsolve. -- 3 Gai. HL „e th\l ei "
p. -200. —8 Gai. III, 174: Deinde asse pereutit libram^cn ^ ^ 333 et L'
liberatur, veluti solvendi causa. — 0 Éd. Cuq, Op- cl p, 34'.
— 7 Ibid. n. 256. — 8 Ibid. t. I, p. 370. — Olbid. p. -J‘" l3 /jaj, III- 1
— 2 ülp. 48 ad Sab. Uig. L, 17, 35
obligatus es, hoc fidem exsolve.
P
liber
— 7 Ibid. p. 256. — 8 Ibid. t. J, p. - — - .
12 Ibid. p. 424-425, p. 583, n.
. ^ 1 C n
t, Ed. Cuq.
U Ibid. p. 423. n. 2.
i:i lia1-
j , ntl®
- n Ulp. 50 ad Sab. Diq. XLVI, 4, 7. - m ülp. 48 ad Sab. <’» ^ |3 pr-
eod. 8, 3 ; cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. I, p. 578-579. - » JJ. ® ( ^ __ » W*
- 18 Cf. Éd. Cuq, Op. cit. t, I, p. 232, n. 5 et G. - a ■ . XLV1. *• 1 ' I
Quaest. -Di g. L. 17, 77. — 21 Gai. III, 172. — 22 Ulp. 30 ac t-a 1
LIB
— 1193 —
LIB
*
,(re fajte par mandataire1 : le créancier et
Wne PR!"(ioivent y prendre part en personne, pourvu
f rblteaU Capables. Seul le débiteur peut être rem-
q"'iIS S°!une des personnes placées sous sa puissance2,
plaf 'l'bérdion est un acte qui rend sa condition meil-
car 1:1 ‘atiqlie avait d’ailleurs imaginé un moyen de
leu;6' J.i'de la présence de l’une des parties : on avait
gfl ülSp“I1&UA 1
recours à une novation .
1 libération litters est spéciale aux obligations
B 7 îvm'ture 4 L’existencedecemodedelibéra-
ffïuees par t uuuu „
■ es| rertaine mais on a peu de details sur la forme
I lobserver. Gaius n’en parle pas; de son temps, Yexpen-
Wkatio n’avait qu’une application restreinte6. Il n’en est
I as davantage question dans les compilations de Justi-
1 Pjen . l'expensilalio n’était plus en usage 7. Seul un
Ipàssage de Pline le Jeune donne une indication impor¬
tante sur l’accepl dation littérale : il en signale une appli¬
cation en matière de remise de dette et prouve qu’il y avait,
conformément au principe ci-dessus énoncé, concor¬
dance entre la forme suivie pour la libération du débiteur
et; celle qui était observée pour créer l’obligation. Pline
engage Calvina à accepter la succession de son père sans
se préoccuper des créanciers. Il a désintéressé les plus
pressés, et, en ce qui le concerne, il l’informe qu’elle n’a
rien à craindre : il lui fait, à Litre gracieux, remise de tout
ce que son père lui devait. Ne te verbis magis quarn rebus
horler , quidquid mihi pater tuus debuit, acceptum
tibi ferri jubeo 8. On retrouve ici l’inscription sur le
codex accepti et expensi [codex accepti et expensi, t. II,
p. 1267] et le jnssus du créancier, correspondant au
jusm donné par le débiteur pour la formation de l’obli¬
gation9.
II. Aux derniers siècles de la République, on voit ap¬
paraître des modes non solennels de libération du débi¬
teur : tel le contrarias consensus pour les obligations
formées par le seul consentement des parties I0, et sur¬
tout le paiement [solutio] qui devint, peu à peu, le mode
régulier d’extinction de toute espèce d’obligation ; ce fut
imohtio naturalisa par opposition à la resolutio ci-
WM Jusqu’alors exigée11. Dès lors, le mot liberatio prit
un srim arge équivalent à celui de solutio : Liberationis
niiw earndem vim habet quarn solutionis 12. Solu-
2l7rPertinet ad omnem Merationem quoquo
rtferhn' lnarjis<lue ftfl substantiam obligations
in '\ Hain nd numorum solutionem 13 .
Wïalrdamment ^ C6S m°deS dG “dation, il en
cier (novin'"1"1 °nt deU S0lt avec l’assentiment du créan-
pacte de reinD .Mn ATI°]’ datl0n en paiement [solutio],
lonté (décès rintiL-i>A, rUMj1’ transacti°n), soit sans sa vo-
sibles canith '/ ".teUr P0ur les obligations intransmis-
f *»>">«;<> [CAPUT, t. H. p. 912], confusion.
1 Ibid.
K 6 Lois, 1 v • ^ ,
.. 3 % Loc. cit. __ 4p’f 3> 71 1 Paul. 9 ad Plaut. eod. 63.
7;I>36’ heUo À,- ^ Op. cit. t. 1, p. 071. - 5 Cic. 2" m
Ouutun^rz/Tir ; PIin- Ep- n’ 4’ 2 ; cf- El'mau’ Ges-
plÏT; Bue hfüJnnn vnd Solutlonsal^ P- 67 ; Morilz Voigt, Ueber dit
13 „ S;.cl ier Kôniqi. Socl IS r'e L>Uteralobhflation (1er Rômer (Abh. der
- 9 (■', I?' ~ 6 Gai. lu l30 ' w'ssenschaften, 1887, p. 535 et suiv
“u. I1(|. c,,„ «, 1U' ~ 7 Inst. III, 2]
XLV|
tel
3, ;
iU(I’ °P- cit. t ]
1Y. ’ 1 1
1 Prout guida ne Y “• l* — iu romp. 4 ad Qu
lW L°:traCtUm eSt’ ita et soivi ^bet, ut
pr- — 8 PIin. Ep. II, 4, 2.
J1' ’ “• — 40 Pomp. 4 ad Quint. Mue. Din
I.Vnoftinnn •. 'f
fCSlT1 >0cati° contracta TJ"' “ *oM debet’ uL" cum emPtio
> 12 Paul %^rari° dissolvi Pote^^up C0nsensw nudo eontrahi pot est,
4ri^sr'!'.%' L. 1c- '17 - 13 /W v, rp' 2 Enc,lil'- mo- XLVJ, 3,107.
ld ed' s il 7; V’ 110 ; Paul. « ad £ . ' ' XU ’ 3’ ’*• — 14 Cf- pour les annales
% IXXIV , ' " 4- - >6 Ibid " Praet‘ Di°- XLIV> 7- 35 pr. - 15 Ulp. 4
“ ’ ' 3- - Marcel' ’ 7 ~ Dl° ‘ XXXI V’ 3- - 18 Ulp. 23 ad Sab.
• “P- Paul. 3 Quaest. Dig. XLIX. 14, 21 ; Ulp. 6
compensation [compensatio], concours de deux causes
lucratives, perte de la chose due pour les obligations de
coips certain, déchéance du créancier, expiration d'un
certain délai [lex furia, de sponsu] u).
Ces modes de libération n’ont pas tous la même effi¬
cacité : les uns libèrent le débiteur ipso jure et peuvent
être invoqués par toute personne intéressée; les autres
fournissent seulement au débiteur, ou à certaines per¬
sonnes déterminées, le moyen d’écarter la poursuite du
créancier par une exception.
Au temps de la procédure formulaire, le juge n’était pas
autorisé à tenir compte des modes de libération excep¬
tions ope, si l’on n’avait eu soin de faire insérer par le
préteur une clause spéciale dans la formule. Dans les
actions de bonne foi, cette précaution était inutile.
Le paiement, la novation, l’acceptilationlibèrent le débi¬
teur ipso jure. Le pacte de remise le libère exceplionis
ope lo, sauf dans les deux cas prévus par la loi des Douze
Tables (vol et injure)16.
On trouve souvent dans les textes juridiques relatifs
aux testaments des clauses par lesquelles un créancier
lègue à son débiteur sa libération ( legatum libératio¬
ns) ,7. Ce legs ne procurait pas directement au débiteur
sa libération, car le legs n’a pas été reconnu comme un
mode d’extinction des obligations. Mais il conférait au
débiteur, soit une exception pour repousser la demande
que l’héritier formerait contre lui au mépris du testament,
soit une action pour exiger de l’héritier la remise régu¬
lière de sa dette 18.
I\ . Par extension, le mot libération sert à désigner
1 extinction d un droit autre que le droit de créance :
liberatio pignons 19, servitutis 20, patriae potestatis 21,
tutelae 22. Édouard Cuq.
LIBERORUM JUS. — L’expression liberorum jus
désigne des privilèges de diverses sortes attachés par la loi
au fait de la maternité ou delà paternité, ou concédés par
le bienfait du prince aux hommes et aux femmes qui n’ont
pas d enfants ou qui n ont pas le nombre fixé par la loi.
La pensée d’accorder des privilèges aux citoyens ayant
des enfants apparaît à la fin du vu" siècle de Rome dans
la loi agraire de Jules César. La diminution de la natalité
commençait à préoccuper les hommes politiques ; le
mariage n’était plus, comme autrefois, contracté libero-
rupi quaerendorum causa . On songea à concéder quelques
faveurs aux chefs de famille qui avaient des enfants1.
Jules César proposa en 695 d’attribuer le territoire si
fertile de Capoue et de Stellata à vingt mille citoyens qui
avaient au moins trois enfants 2 [lex julïa agraria].
D après la loi Julia de provinciis de l’an 708, lorsque
plusieurs magistrats sont appelés à gouverner des pro¬
vinces, celui d’entre eux qui est marié ou qui a le plus
0 p i o . Dig. X, 4, 18. — 20 Maec. 8 Fideic. Dig. XXXV, 2, 30 pr. — 21 Ulp. 23 ad
Sab. Dig. XXXII, 50, 4. — 22 Ulp. De off. praet. tut. Vatic. fr. 195. - Biblio¬
graphie. Loist, Ueber die Wechselbeziehungen mischen dem Rechtsbegründungs
und dem Iiechtsaufhebungsakte, 1876; Erman, Zur Geschichte der rômisclien
Quittungen und Solutionsakte, 1883; Karlowa, Bômische Rechtsgeschichle, t. 11
1892, p. 810; Éd. Cuq, Institutions juridiques des Romains, t. I, 1891, p. 384 ;
Morilz Voigt, Rômische Rechtsgeschichte, t. I, 1892, p. 507; t. H. 1099. p. 334.
Dernburg, Pandekten, G" éd. 1900, t.. 11, §54.
L11ÎERORUM JUS. l Le censeur P. Scipion, dans son discours au peuple De
moribus, se plaint de plusieurs infractions aux coutumes antiques et notamment
quod filius adoptivus patri adoptatori inter praemia patrurn prodesset (Aul. Gell
XV, 19). - 2 Suet. Jul. 20: Campum Stellatem, majoribus consécration agmmque
Campanum, ad subsidia reipublicae vecligalem relietmn, divisit e.r tra sorte m
ad viginti millia cicium, quibus terni pluresve liberi essent ■ cf Dio Cass
XLIII, 25.
IJ H
— 1194 —
un
d’enfants a le droit de choisir la province qu’il voudra
Ilex julia de pi'ovinciis].
C’étaient là des mesures exceptionnelles, d’un carac¬
tère temporaire ou n’intéressant qu’un petit nombre de
personnes. Les lois d’Auguste, conçues dans le même
esprit, eurent une portée bien plus large : elles eurent pour
luit d encourager les citoyens au mariage et de favoriser le
développement de la population. Le jus liberorum fut l’un
des moyens consacrés par la loi pour accroître la natalité1.
I. Jus liberorum attaché au fait de la maternité. _ La
loi Julia de rnaritandis ordinibus et la loi Papia Poppaea
accordent 1 e jus liberorum aux ingénues mères de trois
entants, aux affranchies mères de quatre enfants2. C’est
une prime à la fécondité3. Le législateur voulait inté¬
resser les citoyens à la procréation des enfants: aux
hommes, il donna les praemia patrum ; .aux femmes, le
jus liberorum .
L’obtention de ces privilèges est d’ailleurs subordonnée
à des conditions différentes : 1° pour l’homme, un seul
enfant suffit1; pour la femme, la loi, plus exigeante,
demande trois enfants si elle est ingénue, quatre si elle
tst affranchie 1 ; 2° 1 homme n’a droit au x praemia pa¬
trum 6 que s'il a un enfant encore vivant ( incolumis ,
supers/es) ; la femme a le jus liberorum par cela seul
qu’elle a mis au monde trois ou quatre enfants, pourvu
qu ils soient nés vivants et à terme7.
Le jus liberorum conférait à la femme : 1° la libération
de la tutelle8. La femme peut agir seule sans Yauctoritas
d un tuteur. Aussi dans plusieurs documents qui nous
ont été conservés et qui rapportent des actes juridiques
conclus par une femme, a-t-on eu soin de mentionner
qu’elle avait le jus liberorum. Telle est cette inscription
de la voie Appia: Satimbia Marciana j(us ) /{ iberorum )
h{abens.) donavit Aeliae Cassiae itu(m) ambitu(m) et
posteriscfue) eorum \ Dans un papyrus égyptien de la
collection de l’archiduc ftegnier, on lit: ywptç xupt'ou
tsxvojv otxoctip xarx Piopiaiwv s 0 t io.
2° La liberté de tester. C’était un avantage fort précieux,
car même à une époque où la tutelle des femmes n’était
plus guère prise au sérieux, parce que le magistrat pou¬
vait contraindre le tuteur à donner son auctoritas , le
testament était un des actes pour lesquels le tuteur con¬
servait son indépendance11. Il est vrai que la femme
ingénue pouvait recourir à l’expédient de la coerntio
fiduciaire, mais c’était là, jusqu’au temps d’Hadrien12,
une complication que rendait inutile le jus liberorum.
.'1° L exemption de la loi Yoconia 13 [lex voconia]. La
1 Te,-ent CIein- 5 ad leg- Jul. et Pap. Dig. XXXV, t, 64, t : Legem enim utile m
reipublicae, sobolis scilicet procreandae causa lût am, adjuvandam interpreta-
tione. — 2 Gains, I, 145, atlribue la libération de la tutelle, conséquence du jus
liberorum, aux deux lois Julia et Papia Poppaea. Il cite seulement la loi Papia pour
le jus liberorum des femmes affranchies. Du rapprochement de ces deux textes, il
faut vraisemblablement conclure que la loi Julia concéda le jus liberorum aux
ingénues, la loi Papia aux affranchies. — 3 La possession du jus III ou IV liberorum
est considérée comme un titre honorifique que l’on a soin de mentionner dans les
inscriptions t Corp . inscr. lat. VIII, 4573; VI, 1877, 10246 et 10217). — 4 Gai. 8 et
10 ad leg. Jul. et Pap. Dig. L, 16, 148 et 149: Non est sine liberis cui vel unies
films unave filia est r haec enim enuntiatio, habet liberos, non habet liberos,
semper pluratiro numéro praefertur ; sicut etpugillares et codieilli. — Nam quem
sine liberis esse , dicere non possumus : hune necesse est dicamus liberos habere.
— !> Gai. I, 194 ; III, 1, 4. — 6 Ulp. 2 Opin. Dig. L, 5, 1 pr. 3 ; Inst. I, 25 pr. Par
exception les enfants morts in acie sont considérés comme superstites pour l cx-
cuse de la tutelle. Cette exception fut introduite par la jurisprudence par analogie
de la règle admise par la loi Julia judiciorum publicorum, chap. xxvi, et par la loi
Julia j u dicior uni privatorum, chap. xxvu, pour le mumts judicandi, par la loi Julia
de rnaritandis ordinibus dans son chapitre de fascibus sumendis (Ulp. De off.
praet. tutel. Vatic.fr. 197;. i Paul. Sent. IV, 9, 1 : Matres tam ingenuae quant
femme peut être instituée héritièi
dont la fortune est supérieure à 100 000 ■,su" Un c*l°yen
40 La *°lMi capacitas. mais non la cad, '■
catio. La femme qui a le jus liberorum IT
rAf’llPllllI* lu fAloliîA' Jn lr» _ I . (
l,i « WW.**
KttUiii'o. E||
recueillir la totalité de la part qui
tament soit comme héritière, soit comme ]
est relevée de la déchéance infligée aux rèelS~7
pas privée de la moitié de sa part comme U , sl
elle a droit à la totalité (, solidum ). C’est ce ■ *U;
de deux constitutions de Théodose au bréftÏÏn,!* l,le|
Eutrope (an. 380) : elles règlent les droits de 1, 1 ^
ies biens des enfants condamnés à mort ou j ]'. , ‘"'Sur
lion, suivant qu’elle a lé' jus liberorum , hfèntnh
privilegium , ou qu’elle est Papiae legis privileauT.
tituta, neque trino partit, fecunditati publicae oratkSt
La femme qui a eu trois enfants est donc placée nw|1
loi Papia dans une situation privilégiée ; elle n , '
pas les déchéances qui frappent les coelibes et les "X
Mais le jus liberorum ne donne pas à la femme 1*
caducorum vindicatio qui est un privilège réservé au*,
hommes, au x patres. On a cru longtemps le contraire, J
suite d’une confusion commise par les anciens commen¬
tateurs entre la solidi capacitas et la caducorum virée
catio. Ce sont là deux prérogatives différentes, lime
attribuée à diverses classes de personnes, l’autre réservée
aux patres. La distinction de ces deux prérogatives per¬
met seule de comprendre l’utilité de la substitution
réciproque des héritiers, qui fut l’un des moyens usités
pour éluder les lois caducaires [substitutio] n. On a, il esl
vrai, allégué en sens contraire un passage de Dion
Cassius. D’après ce texte, les hommes et les femmes, qui
n’ont pas été assez heureux pour avoir trois enfants,
peuvent obtenir du prince le jus liberorum , ce qui leur
procure l’avantage d’éviter les peines de Y orbites (ùiÿ
àucuota ; lumpu'a) et de recueillir les privilèges accordés à
ceux qui ont plusieurs enfants (ràç tt|ç zohmair, «-
GXa) 18. Mais ce texte ne peut s’entendre de la caducorw
vindicatio, car Gains déclare formellement que pour y
avoir droit il n’est pas nécessaire d’avoir plusieurs
enfants: un seul suffit19.
5° Le jus liberorum confère aux femmes des droite!
spéciaux sur la succession des affranchis:
a) La fille et les autres descendantes du patron ont dioit 1
à une part virile de la succession de l’affranchi qui, ayaa I
moins de trois enfants, a laissé une fortune égale o*®
supérieure à 100000 sesterces20.
S) Elles ont le même droit que le patron et ses desceuj
1er et <i
»■ I
libertinae cives romanae, ut jus liberorum consecutae rideauhn . ^11
peperisse sufficiet, dummodo vivos et pleni lemporis pariant ^ SupiruÆ
rorum mater quae très filios a ut habet, aut habuit... HahU.
habuit , quae amisit. Les jurisconsultes discutèrent la question i < ^ ^ poaüj
1 ^ * i du
de trois jumeaux serait réputée ter enixa, si un monstrosus pui
un enfant. Il semble qu’on se soit montré plus rigoureux I1'") /„|ia et P*!**
l’applioaH»" ‘
sénatus-consulte Tertullien (Paul. IV, 9, 2) que pour colle des coi. I®i j
(Paul. 2 ad leg. Jul. et Pap. Dig. L, 16, 137). Ulpien (4 ad leg.
dit : N ce enim estquod iis imputetur quae , qualiter potuei uni ^Jef ; &
verunt; neque id quod fataliter accessit , matri dammun '"j'1’ 11, p.
Cujas, ad Paul. Sent. ; Savigny, System des heutigen rûin
Er
Urk
■ 8 Gai. I, 194. — il Orelli-Henzen, 6198. — Mittheilungen «**’)' Berii,é
rsherzogs Rainer, IV, 59 ; ct.Aegypt. Urk. ans den kôn. - ^ 1 4 Éd-
rk, no 96. — il Gai. I, 192. — U Ibid. 115. — 13 Pi» Ca9S’ , ’ :'se„, cil, [>■ 11
:4
llüil
Op. cit. t. I, p. 540. — li> Cf. Machelard, Dissertation sm oc les eon^*110 )
Accarias, Précis de droit romain, t. I, p. 1007, incline à peM ^ llcrfonnc
Vorbitas et du célibat étaient identiques pour lesdeux 8 e* [(ln
argument précis en faveur de celle opinion. — 1® Cad. / " 01 • ^ ' flq , t.I.P- j
Cass. LV, 2 ; LVI, 10. — 17 Cf. Machelard, Op. cit. p. û3 1 Acca)‘aSj^ HHiaO11'
— lBDioCass. LV, 2. — l9Gai. Sadleg. Julet. Pap./Lÿ- L’
aiici®
cl l'i#
t
LIB
— 1195 —
ja succession de l’affranchie qui n’avait
dards ina Z( ,rorurn. Si la défunte avait eu quatre enfants,
pask/"' '^sconsuites refusaient tout droit à la fille du
Cel'l;l""(iaius n’est pas de cet avis : s’il n’y a pas de tes-
P81"1"' ii j|ti donne une part virile d’après les termes de
tanren , a un testament, il lui accorde le même
1 ii 1 / 1 1 p (1 19 1 a j * v ai
• ntUron et à ses enfants maies contra tabulas
rlpûit Cf U T, . i i
nhprti Gaius constate d ailleurs que cette
eslanientt tmu ■
o la loi était rédigée avec quelque négligence l.
le.
par
lie de
y) La femme qui a -
I à la bonorum possessi o dimidiae partis comme le patron.
HL, par une faveur spéciale, on n’exige d’elle que deux
enfants, si elle est ingénue, trois si elle est affranchie. De
plus, la patronne ingénue, qui a trois enfants, a droit,
comme le patron, à une part virile dans la succession de
son affranchi, lorsqu ayant un ou deux enfants seulement
il a laissé une fortune d’au moins cent mille sesterces2.
3) Si l’esclave affranchi est une femme, la patronne
qui a le jus liberorunj peut demander la bonorum
possmio dimidiae partis contre le testament de son
affranchie 3.
6“ Sous le règne d’Iladrien, le sénatus-consulte Ter-
tullien accorda un nouveau privilège aux femmes qui
avaient le jus Hberorum : le droit à la succession légi¬
time de leurs enfants morts sui juris sans postérité. Peu
importe que l’enfant soit légitime ou naturel5, citoyen
romain ou Latin6,; que la mère soit alieni juris1 ou
notée d’infamie8.
I Pour que le droit de la mère s’ouvre, il faut que son
enfant soit mort sans postérité °, ou qu’il ne laisse pas
de frères consanguins10. Mais si les enfants du de eu jus
s’abstiennent de l’hérédité, la mère pourra demander le
Rpéfice du sénatus-consulte ". En présence de sœurs
consanguines, la mère a droit à une part virile12. Si le
pere de l’enfant vit encore, il exclut la mère lorsqu’il a
émancipé son fils avec pacte de fiducie ; dans le cas con-
We;‘l lie Pouvait venir à la succession du fils qu’à
* ,, ( U'r'nal' ^ 11 Sl‘natus-consulte du temps de Marc
. f ' ' on a au ppre un droit de succession ah intestat
|„5Ue’imaiS «"Périeur à celui de la mère13. Le droit
< a a mere par le sénatus-consulte Tertullien sur-
_al àcamns deminutio minium".
(Jl" ont eLl trois enfants ont le jus
de Festus ')/ V!" <le Ce dr(dt est «testée par Yepitome
\bendi aPPe,labant fere qui bus s/o/as
des femmes marü Plu“eura inscriptions relatives à
mUae feminae if 6Ur donnent le lill'e honorifique de
^hs-stolae ét i ’ n passage de Pnoperce prouve que
■ üe etait un P"vilège de la maternité :
affranchi un esclave peut prétendre
Ans
^clZVe'T Uil.!,e"erosos honores
détend facla rapina do, no U.
nssi est-on d’n
fUlh tribut duTVrU1> admettre cIue ]o jus slolae
Sans doute, sinon " fe/orum '*■ Ce droit fut consacré
°nparlaloi Juüa demaritandisordini-
1 n,,, i
111, g
Stnl- IV II ,
fod,
,Ul_ 30 Dig.ap. Wp. °* 7> Gai; HL 31 et 52. - * I„st.
I -j t)ig. XXXVIII, 17, 2, 1. — 6 Paul.
t. 2, X'*~] Paul, ad Se. Ter tu 11 Z ^ XXXVI11’ 17' *.!•-« Paul.
11 Afiif. p ' Ul|)- e°d. 2, 6. __ jo p°',P ‘‘î' ûl,J ' XXXVI1’ IL C pr. - 8 Ulp.
mi! ’c- ,P- L'Ip. ûin VYYvm ' ' 1V’ 9 n • U1P- xxvl- 8.
% ton 'citZ Sententia aequior est’ Ul’ nomen heredis
«Pt. - 13 Ulp. eod j P’ j *’ XXVI , 8;
m. I||” À J.”’ v* hfalronae. / Z Z ! UIP- 12 ad Sab. eod. 1, 8.
mu
Cf. Djf , > 7“ne
Jo '
,IUCr- kl- lu. mj' lualr°nae. _ io o,.„n; ,, ‘
°’a283, 5ç,93 Ui elU-Henzen, 3030, 7190; Corp.
‘ f'rop. IV, u, fi|. _ |8 Hiibner,
LIB
bus, du moins par la loi Julia sumpluaria qui fut votée
à la même époque19.
II. dus liberorum conséquence de la paternité. — Ce
jus liberorum ne se confond pas avec le jus patrum. La
distinction ressort d un passage de Juvénal: pour avoir
le jus patrum, un seul enfant suffit; il en faut trois pour
le jus liberorum.
Nullum ego merilum est, ingrate ac perfide, nullutn,
Quod tibi füiolus, quod fi/ia nascitur ex me?...
Jam pater es: declimus quod famae opponere possis :
Jura parent is habes...
Commoda praetevea jungentur multa caducis,
Si numerum, si très impleve? o 20,
Le jus patrum confère en droit public divers privilèges
quant à la préséance entre magistrats 21, à l’intervalle
entre les magistratures 22 , au choix des provinces 23 ; en
droit privé, il donne la solidi capacitas et le droit de
revendiquer les parts caduques.
Propter me scriberis heres ;
Legatum omne capis, nec non et dutee caducum
Le jus trium liberorum conséquence de la paternité
confère donc, suivant Juvénal, bien d’autres avantages,
tout d’abord ceux dont il vient de parler :
1° La solidi capacitas ;
La caducorum vindicatio.
•1 Confère-t-il également l’exemption des déchéances
attachées au célibat? Le père de trois enfants, s’il est veuf
ou divorcé, est-il désormais dispensé de se remarier?
Pour résoudre la question avec certitude, il faudrait
savoir ce qu’est le pater solitarius mentionné dans la
rubrique d un litre des Règles d’Ulpien28. On peut dire
toutefois avec Hugo26, Machelard27, Moritz Voigt28, qu’il
est vraisemblable que le père de trois enfants était consi¬
déré comme ayant satisfait au vœu de la loi et exempté
des peines du célibat. La manière dont s’exprime Juvénal
prouve que le nombre de trois enfants avait été fixé par
la loi, et en visant une tout autre hypothèse que celle de
la caducorum vindicatio. Or on concevrait difficilement
que les praemia patrum lussent accordés à un citoyen
frappé de déchéance parce qu’il n’est pas actuellement
marié.
4° L exemption du munit s judicandi. A Sparte, le père
de trois enfants était exempt du service militaire; celui
qui avait quatre enfants était dispensé des autres mu-
nera . A Rome, un passage d Ulpien conservé dans les
Vaticana fragmenta prouve que les lois judiciaires
d Auguste avaient déchargé des fonctions de juges les
citoyens qui avaient un certain nombre d’enfants30. Il
nous apprend que cette disposition se trouvait au cha¬
pitre AXA I de la loi judiciorum publicorum et au cha¬
pitre XXVII de la loi judiciorum privatorum.
Suétone, dans sa vie de Claude, parle d'un citoyen qui
fut rayé des listes de juges, bien qu’il eût dissimulé la
vacalio quam bene/icio liberorum lxabebat 31 Aucun de
• ommaïuiuwitos m nonorem Mommseni, 1877. p. 98; Morilz VoM Ilhein
Muséum, 1878, l. XXXIII. p. 48G ; Marquardt, Jlôm. Privatalterth. Uad. t. II
p. 217. — 19 Aul. Gcll. II, 24, 14; Suet. Aug. 34. — S0 Juv. IX, 82. — 21 Loi
Julia de maritandis ordinibus, cap. vu de fascibus sumendis (Vatic. fr. 197 ; Aul.
Gcll. Il, 15). — 22 Ulp. 19 ad Icg. .lui. et Pap. Dig. IV, 4, 2. — 23 p;0 Qass LUI
13; Tac. Ann. XV, 19. - 21 j„v. IX, 87. - 23 Ulp. XIII. - 26 nu„o Mm'
Jîechtsgesehichle, 9» Aufl. 1824, p. G27. - 27 Bachelard, Dissertation sur iZccrois -
sement, p. 110. - ï# Voigt, Mm. fiechtsgeschichte, t. Il, p. 718, n. 16. - 29 Arlis.
Polit. II 6. 13 ; Aolian. Var. VI, G. — ôu Vatic. fr. 197. — 31 Suet. Claud. 13.
LIB
— \ 196 —
LIB
ces textes n'indique le nombre d’enfants exigé pour être
déchargé du mutins judicandi, mais il est vraisemblable
que ce privilège était l’un de ceux dont parle Juvénal et
qui appartenaient au père de trois enfants.
5" La dispense des autres mimera personarum. Cette
dispense est de droit nouveau. Godefroy 1 et Heineccius 2
ont soutenu que l’exemption des mimera était inscrite
dans la loi Julia de mari tandis ord imbus . Cette opinion
est depuis longtemps abandonnée 3. Elle est, en elle-
même, peu vraisemblable, car la règle sur la dispense
des mimera s’applique à tout l’empire, tandis que les
dispositions de la loi Julia visaient uniquement les
citoyens romains. Puis elle est contraire aux documents
qui nous sont parvenus : tous s’accordent à attribuer
cette exemption aux constitutions impériales quae
de liberis loquuntur. La dispense des mimera fut intro¬
duite sans doute par extension de la disposition des le g es
Juliae judiciariae, qui exemptaient du mutins judi¬
candi les citoyens pères d'un certain nombre d’enfants.
Dans la deuxième édition de' son traité de jurisdictione
tutelari, le jurisconsulte Paul cite un rescrit de Marc
Aurèle et Verus qui dispense de la tutelle Pontius Mar-
cellus, père de trois enfants 4 . Un autre rescrit des mêmes
empereurs à Apronius Saturninus subordonna le droit à
ce privilège à la condition que les trois enfants fussent
justi , c’est-à-dire secundum jus civile quàesiti B. Ce
rescrit trancha une controverse qui s’était élevée sur le
point de savoir si les enfants devaient être justi secun¬
dum leges notas, c’est-à-dire issus d’un mariage con¬
forme aux prescriptions de la loi Julia de mari tandis
ordihlbus. Moins exigeant que pour la caducorum vin-
dicatio, Marc Aurèle se contente pour l’excuse de tutelle
d'un mariage conforme aux règles de l’ancien droit civil e.
Les enfants donnés en adoption comptent comme s’ils
étaient encore dans la famille de leur père naturel 7 .
Ulpien admet également que les nepotes ex filio doivent
être comptés à leur grand-père 8.
La dispense accordée par Marc Aurèle et Verus ne
pouvait être invoquée qu’en Italie. Sévère et Caracalla
en étendirent le bénéfice aux provinces, mais en imposant
des conditions plus rigoureuses. D’abord il fut prescrit
de ne compter que les enfants vivants, incolumes 9, au
moment où la tutelle est déférée10. Cette condition avait
été imposée par les leges Juliae judiciariae pour
l’exemption du munus judicandi , et par la loi Julia de
maritandis ordinibus au chapitre de fascibus sumendis.
Ces deux lois, en effet, avaient fait une exception poul¬
ies enfants morts à la guerre (bello aniissi)". Certains
jurisconsultes, comme Titius Aristo, le contemporain et
l’ami de Trajan, soutinrent qu’on devait entendre par là
les enfants morts sur le champ de bataille (in acte). Ulpien
1 J. Godefroy, Fontes quatuor juris civilis , Genève, 1053, p. 28 2.
— 2 Heineccius, Commentatio ad legein Juliam et Papiam Poppaeam, Leipzig,
1778, p. G6 et 155. — 3 Rudorff, Zeitschrift f tir (jeschichtliche Recht swissens-
chaft , t. VI. p. 411; Recht der Vormundschaft, t. JI, p. 133; E. Kuhn, Die
stüdlische und bilrgerliche Verfassuny des rômisclien Reichs bis auf die Zeitcn
Justinians , 1864, t. I, p. 71. — 4 Vatic. fr. 247. — » Vatic. fr. 168. — G Cf.
Papin. 5 Quaest. in Vatic. fr. 194. — 7 Ibid. 169. — 8 Ibid. 198 ; Modest.
2 Excusât. Dig. XXVII, 1, 2, 7 ; Philip. Cod. Just. X, 52, 3. — 9 Le mot se
trouve pour la première fois dans le rescrit cité dans Vatic. fr. 247 ; cf. Ulp. 2 et
3 üpin. Dig. L, 5, 2,5; L, 4, 3, 6 ; 4 pr. ; Gord. Cod. Just. X, 69, 1; Val. Gall. Cod.
Just. X, 65, 1 ; Modest. 7 Reg. Dig. L, 5, 14 pr. — 10 Ulp. 3 Opin. Dig. L, 5, 2, 3.
— H Vatic. fr. 197. — 12 Ibid. 199. — 13 Inst. I, 25 pr. — 14 Ap. Paul, in
Vatic. fr. 247. Cod. Just. V, 66, 1 : Qui ad tutelam vel curarn vocantur , Romae
quidem trium liberorum incolumium numéro , quorum etiam status non ambi-
gitur , in Italia vero quatuor , in provinciis autem quinque habeat excusât ionem.
— 13 Ulp. 3 Opin, Dig. L, 5, 2, 5 ; Modest. 1 Excusât. Dig. XXVII, 1, 2, 3.
fut d’avis qu’on devait y comprendre les enf
temps deguerre (per tempusbelli)'*. La mèn S m°ris
s’éleva pour l’application de
résolue dans le sens le plus rigoureux : f[j ,, ■ e fül
re public a ceciderunl in perpetuutn per ah!"' ^
intelleguntur 13 . Par un rescrit à Claudius iT*?
du o avril203, Sévère et Caracalla modifié, v ^
règle relative au nombre des enf;
suivant le domicile. Tandis que Marc Aurèle
pr o
«■{ J
erodiai
0,1 1 ensuite la
lants : ce nombre varia
avaient accordé l’excuse de tutelle à tous 1m ! , crus|
d’Italie qui avaient trois enfants, Sévère et Caracalh
une distinction entre Rome, l’Italie et les provj‘nC£ 7
règle ne fut maintenue que pour les citoyens domiciii !
a Rome; pour les habitants de l’Italie, on exige qU!J
enfants ; il en faut cinq lorsqu’on est dans une wJ
vince u. On n’a pas d’ailleurs à rechercher si les enfants
sont ou non sous la puissance de leur pèrel I
L’excuse des mimera en raison du nombre des enfants!
n’est pas générale: elle s’applique aux minora pmA
narum , tels que la tutelle, la curatelle, la cura annonn,
praediorum publicorum , f ruinent i comparandi , «qui
d uct us , etc. 16. Elle ne peut être invoquée pour les munm I
patrimonii 11 [munus], ni pour les honores u. Toutefois '
Septime Sévère accorda aux pères de cinq enfants
l’exemption du sacerdotium provinciac en Asie, et il
étendit cette faveur aux autres provinces l9. Un de ses
prédécesseurs, Pertinax, avait, par une faveur spéciale,
dispensé de toute espèce de mimera un citoyen père de
seize enfants 20.
0° D’après le jurisconsulte Atteius Capito, le père de
trois enfants a le droit d’excusêr sa tille lorsqu’elle esl
prise par le grand pontife pour le service de Vesla'21.
7° L’affranchi qui a une fortune de 100000 sesterces
peut, s’il est père de trois enfants, leur laisser tousses
biens à l’exclusion de son patron. Ce privilège fut établi
par la loi Papia22.
8° La loi Julia de maritandis ordinibus'1' avait été
moins exigeante pour libérer l’affranchi de l’obligation ,
de fournir des services à son patron : il suffisait qu il euj
deux enfants sous sa puissance. Le texte de ce chapitre u
la loi Julia a été conservé par Paul dans son comme®
taire des lois caducaires u. .
III . Concession du jus liberorum par le b 'wiifad J
prince. — Les déchéances attachées par les lois Jui®j
Papia Poppaea au célibat et à Yorbitas souh'ièreiHB
nombreuses protestations. Parmi les intéresses, csia ^
scrupuleux inventèrent des expédients poui ‘ 11
■•lente une
sénat
loi; d’autres demandèrent à l’autorité compi
dispense pour échapper à l’appnixii,. ^-est à
seul, dans le principe, avait qualité à cet c j
lui que s’adressa Livia26, Auguste-' lui-oe m
l Epit. Dig. L, 4, 1,
implication de
et Cali
4
uni' Hcvmog'
et 4. - 17 Vfp. 3
,1» I
— 10 Hermoi,- - — , _ _ ,
Paul. 1 Senl. eod. 10 pi1. Sur la caufe de celle distiuOiou. ^ jg. — l!^' ]
Dig. L, 4, I, 3 ; Arcad. Charis. De mimer, civil, cod j ‘ • ’ 10 Cal|'sJl
Opin. Dig. L, 3, 2, 1 : Papin. I Resp. eod. 8 pr. ' ' ^ M’*0' pleins c ':!
1 De cognit. Dig. L, 6, 6, 2. — 21 Aul. Oeil • U O, - f 22 Ciai. 1 _ .
religuit... excusandam ejuslfiliam), qui liberos très ha eic ^ jut[. VI, 3-
Si très relinquat , repellitur patronus. — Alex. St ' ■ sc genitos ^
— 2'iDig. XXX VIII, 1, 37 pr. : Qui libertinus duos Phn'^'neris ’^ite f- • a
in sua potestate habebit... ne guis eorum opéras doni , « ms
libertatis causa patrono palronae liberisve eoi uni. * gïC(jption ^,l1
promiserit, obligatusve erit, dare, facere praestim [(,s SPrvices lie01' con
pour celui qui exerçait arteni ludicrani ou qui louai irnipoi''1 1 p,o
dans l'arène contre les bêles. La loi ajoute: et si non eot ^ g/jli/jeti01"1,
taie habuerit , vel unum quinquennem, liberabitui oju’ ~ 51 T
, Sta tt,; pouXf;s. ^ LVI, 35, 1
27 Dio uss’
Cass. LV, 2 : Toùtwv tioλ ô von»? ujo-rejov piv
iù. tw’/ vgYEvqxÔTwv StxauojxaTK /ap
2f» Ibid.
H 97 —
>
LIB
IJ B
i„ i Sous Tibère, les (
demandes de dispense furent si
ne le sénat dut nommer une commission
„ ies examiner
La tcx de imper io Vespasiarii
, Vespasien ta dispense des lois comme à ses
gula
nombreuses q
pour
aCC0,rcl<l 'mûr1 Auguste, Tibère et Claude 3. Cette clause
i reproduite dans les leges regiae subséquentes, car
E 'en dans son commentaire sur les lois Julia et Papia,
dil'que Princeps legibus solut us est \
: Mais de bonne heure l’empereur joue un rôle prépon¬
dérant dans les questions d’application des lois cadu-
caires. D’après Suétone, Claude accorda de grands
avantages aux constructeurs de navires destinés à l’ap¬
provisionnement de Rome : à ceux qui étaient citoyens,
la vacatio lerjis Papiae Poppaeae ; aux Latins, le jus
quiritium ; aux femmes, le jus quatuor liberorum*. Ce
règlement émane-t-il de l’empereur seul, ou fut-il
ratifié parle sénat? On l’ignore. En tout, cas, dès le règne de
Galba6, sinon avant, c’est à l’empereur que les particuliers
demandent la remise des déchéances légales, consé¬
quences des lois caducaires. Lorsqu'il est fait droit à
la requête, ce n’est pas sous forme de dispense : l’empe¬
reur concède un privilège, le jus Hberorum. Les agents
du Trésor sont invités à considérer comme jouissant des
prérogatives de la maternité ou de la paternité des per¬
sonnes sans enfants ou n’ayant pas le nombre d’enfants
requis par la loi . Au premier rang des personnes gratifiées
de ce privilège par la faveur du prince, figure l’impéra¬
trice : Aiajusta autem licet legibus sol ut a non est.
Principes tain en eadein i/h privilégia tribuunt quae
ipsi. habent1.
I La concession du jus liberorum par le bienfait du
prince est attestée par les épigrammes de Martial. Le
poète écrit ad Cuesareni Dont itian u ni 8 :
Quod foriuna velat fieri, permiUe videri,
Natorum genitor credar ut esse Irium.
Puis, quand il a obtenu cette faveur, il écrit ad uxorenp:
hatorum mihi jus triton roganti
Musarum pretium dédit mearum ,
Solus qui polerat.
■a concession par le bienfait du prince est égalen
r ' |Mr une inscription du temps de Domiti
i(r >([l ^0sl,nne^ntri ejus , habent i jus quattuor li
me ’ }e/iCi0 CoesarM et par d’autres d.
obtint V’n emP°rains 12 ou postérieurs 13. Pline le Je
Julius su raJan C< tle faveur sur la recommandatioi
Voconiu ' pl,mUh 6t °^tenir a deux de ses ai
■otonius Romanus 15 et Suétone ,G.
i’afordîe DCe/ve PHnC D°US aPPrenddeux cho
! accordée. "quoTuZ"' ^ dOT
fyhptu (tarer /■ 'JUf> rPian quant parce et
Pour être >U " l<n>,en’ lanfjuam eligeret , induis
I m'eUX en rae^re de résister aux sollicitati
I >Ibid- I IX, I I. _ o t
Matuendo remTi • ^ : Terror omnibus intenti
; Z 1 * ectl!ro «natu r rinquc considari<™ quinque e prae
L : qïZl Z-u levamentum fuere. - 3 Corp. inscr
|Î “S ,î- T^iuSqVZ ef:S Pehe<Ve SCUi* ^iptum fuit, ne
•i?? . • "■ Z‘47:‘r
Valba |, ■ - 4 Ulp. Din [ 3 ; lS mPe™t°r Caesar Vespa
I Kemkij ‘ UlP. L°c. oit ’8 ~ ° Suet' Claud • - 0
«a»,. ,r"‘,in‘0 tr>buit r . MarL H- U1- - 9 Ibid. Il, 92; Il
■L In’e.. as- — )o r„ ■ utenI"e Natorumque dédit jura pi
J>‘* quatuor liberorum accordé à une il
'S avanl ,c sénalus consullo Tertulliei
' Normal p. 10 Ce
' * cUt-6tre fut.;,
Trajan avait d’avance fixé le nombre de concessions qu’il
se proposait de faire, et déclaré au sénat qu’il ne dépas¬
serait pas ce chiffre: Quant parce haec bénéficia tri-
buarn, a tique... haeret tibi , cuin etiam in senatu affir-
niare soleam. non excessisse me muneru/n, que/n a /nul
ampltssimum ordinem suffecturam inihi professas
sumls. Ensuite la concession du jus liberorum n’était
pas un encouragement à ne pas répondre au vœu de la
loi: en remerciant Trajan, Pline exprime le vœu que son
second mariage ne soit pas stérile, et il assure l'empereur
qu il souhaite d’autant plus d’être père, maintenant qu’il
peut vivre en sécurité: Eoque mugis libéras concupisco ,
quos habere... volai, sicut potes duobus malrimoniis
meis credere... Malui hoc potins tempore me patrem
fieri , quo futurus essem et securus et felix1 9. De même,
en demandant le jus liberorum pour Suétone, Pline
donne pour raison que son mariage n’a pas été heureux :
parum felix malrimonium expertus est. Il sollicite de
la bonté de l’empereur ce que lui a refusé l’injustice de
la forjune: Quod illi fortunae malignitas de ne <g a vit. 211 .
Galba s’était montré plus rigoureux : il n’accordait le jus
trium liberorum que pour un temps limité'21.
Dion Cassius signale une application fort curieuse de la
concession du jus liberorum : les constitutions impériales
qui permirent d’instituer pour héritier certaines divinités
leur donnèrent, en même temps que la testament i factio ,
le jus liberorum 22. C’était le seul moyen de leur assurer
le jus capiendi.
Le jus liberorum , concédé par le prince, confère plu¬
sieurs privilèges :
1° La sot tdi capacitas , le droit de recueillir intégrale¬
ment la part de succession ouïe legs laissé par un tes¬
tateur, sans subir les déchéances édictées par les lois
caducaires23.
2° La liberté de disposer par testament au profit de son
conjoint24'.
Ces deux privilèges sont communs à l’homme et à la
femme. Les suivants sont spéciaux à l’homme.
3° La caducorum vindicatio. ITeineccius l’a contesté23,
par suite d une confusion entre les dispenses accordées
par le sénat et le droit conféré par l’empereur. Nous avons
déjà signalé la différence qui existe entre la vacatio tegis
Juliae et Papiae et le jus liberorum : dispenser une
personne des" lois caducaires, c’est la soustraire à l’appli¬
cation de ces lois; c’est lui permettre d’éviter les
déchéances qu’elles ont édictées, et rien de plus. Concéder
le jus liberorum , c’est, au contraire, assimiler à un pater
celui qui n’a pas d’enfants, et par suite le faire bénéficier
des primes attachées à la paternité. On objectera qu’il
était inutile d’accorder ley«.s- trium liberorum , puisqu’un
seul enfant suffit pour donner droit à la caducorum vin¬
dicatio. Mais on pourrait en dire autant pour la liberté de
disposer par testament entre conjoints : la présence d’un
le cas où l'on donnait h la mère la succession légitime de ses enfants ad
solatium liberorum amissorum ; cf. Morilz Yoigt, Itôm. Rechtsgeschickte, t. Il
p. 75C, n. H. — U Corp. viser, lat. VI, 1877 ; cf. Stal. IV, 8, 20. _ 12 PHu.
Ep. II, 13, 8. — 13 Oî'clli. 82; Corp. inscr. tut. V, 4392 (p. 1079) ; XI, 6358.
— 14 f’lin. Ep. X, 2. — 13 Ibid. II, 13. — 10 Ibid. X, 95. — n p||n. p/p
13. — 18 Ibid, X, 93. — 19 Ibid. X, 2. — 20 x, 95. — 21 Suet. Galba ,
14 : Jura trium liberorum vix uni atque alteri, ac ne his quidam, nisi ad
certum pracfinitumqne tempus. — 22 Dio Cass. LV, 2. — 2) Cf. Juv. IX, 82 et
suiv. — 21 Ulp. XVI, 1 a : Libéra inter eus testament i factio est, si jas liberorum
a principe impetraverint. - 25 Lib. II, c. 15, n» 8. L'opinion d’Uciueccius est
repoussée par Schneider, p. 226, et par Machelard, Dissertation sur l'accrois¬
sement, p. 102.
151
— 1198 —
L1R
Lin
enfant commun suffit, et cependant Ulpien dit qu’on ne
peut y suppléer sans demander au prince le jus libe-
rorum '. Le témoignage d’Ulpien est confirmé par une
inscription de Pisaurum dédiée à une flaminica Pisauri
et Arimini , patrona municipii... oui imp{erator)...
jus commune liberorum concessit -. Si l’empereur accor¬
dait le jus trium liberorum , c’est que dans la plupart des
cas tel était le nombre d’enfants requis par la loi.
4° Le jus liberorum concédé par le prince ne confère
pas l'excuse des mimera personarum 3 . Toutefois, Marc
Aurèle accorda cette faveur au père d’une fille qui avait eu
trois enfants de son mariage avec un vétéran de la garde
prétorienne L Tel fut l’objet d’une oratio quam in cas-
tris praetoriis recitavit le 6 janvier 168: Quo facilius
veterani nostri soceros reperiant , ilfos quoque novo pri-
vilegio sollicitabimus , ut avus nepotum ex veterano
praetoriano natorum iisdem commodis nomine eorum
fruatur, quibus frueretur, si eos liaberet ex filio. C’est
une dérogation à la règle que les nepotes ex filia ne
comptent pas pour l’excuse de tutelle 6.
Une inscription de Pisaurum semble indiquer une
autre exception à la règle. Elle est dédiée L{ucio) Apu-
leio Brasitae habenti II II lib(erorum) jus dal(utn) ab
imp(eratore ) \M(arco) Aurel(io)\ Aug(usto), VI vir(o)
Aug(ustali), ornament(is) decurional(ibus) honor(ato),
et Aug(ustali) mun(icipii) Ael(ii) Karn(unti) 6. Mais
il est possible qu'il y ait une erreur du lapicide qui
aurait gravé 1111 pour III.
Le jurisconsulte Callistrate, dans son traité de Cogni-
tionibus rédigé au temps de Sévère et Caracalla, dit
que les constitutions impériales avaient accordé l’excuse
de la tutelle aux membres de certaines corporations 1,
telles que les coüegia pistorum 8, fabrorum 9, navicu-
lariorum l0, mensorum frumentariorum 1 1 , suariorum 12 .
Peut-être est-ce sous la forme d’une concession du jus
liberorum que ce privilège leur était accordé.
IV. Le jus liberorum au Bas-Empire. — Le jus libe-
rorum a subsisté au Bas-Empire, malgré l’abrogation par
Constantin, en 320, des peines du célibat et de Yorbitas 13
et la concession aux femmes de la solidi capacitas sans
égard au nombre de leurs enfants u. Le système des lois
caducaires n'a pas été en effet /lu même coup supprimé.
On fit disparaître les dispositionsqui étaient en opposition
avec les principes du christianisme ; on ne toucha pas
aux autres 15. Il n’y avait aucune contradiction à main¬
tenir les privilèges de la paternité alors qu’on refusait de
punir les citoyens sans enfants. La caducorum vindi-
catio était d’ailleurs pour le fisc une source de revenus
qu’on ne songea pas à tarir immédiatement16.
La décision prise par Constantin eut pour effet d’accor¬
der à tous le jus capiendi , la solidi capacitas ; elle n’a
supprimé ni les praemia palrum , ni le jus antiquum des
ascendants et descendants jusqu’au troisième degré. Il a
i Ulp. XVI, 1 a. — - 2 Orelli, 82. — 3 Vatic. fr. I/O : Jus liberorum a
principe impetratum nec ad hanc causant, nec ad mimera prodest. — 4 Ulp.
1 De ofT. praet. tutcl. Vatic. fr. 195. — » Ibid. — 6 Corp. inscr. lat. XI,
6358; cf. Bormann, ad h. I. et Corp. inscr. lat. III, 4392 (p. 1079). — 7 Cal-
lislr. Dig. XXVII, 1, 17, 2. — 8 Rescr. Trajani Hadriani ap. Ulp. De off.
praet. tutel. in Vatic. fr. 233, 235. — 9 Callislr. Loc. cit. — 10 Ibid. Dig.
L, 0, 5, 9. — il Rcscr. Marci et Commodi ap. Paul. De exusat. Dig. XXVII,
1, 2G. — 12 Sev. et Carac. ap. Vatic. fr. 23G. — 13 Cod. Thcod. VIII, IG, 1;
Cod. Just. VIII, 58, i. — 14 Cod. Theod. VIII, IG. 1, 1. — 13 Ibid. 1, 2. Cons¬
tantin refuse expressément de rendre aux époux la capacité de disposer à cause
de mort l’un au profit de l’autre : Verum hujus beneficii maritis et uxoribus inter
se usurpât io non patebit , quorum fallaces plerumque blanditiae vix etiam
toujours été utile de solliciter le jus liberorum
ce droit fût désormais moins avantageux Jî»
passé. Cette conclusion est confirmée par lUl(, Pdl' e
tion rendue après la division de l’Empire le R ’ 0nsl‘tu-
adressée par l’empereur d’Orient ArcadiusàTu^V111'’61
fets d’Orient, Fl. Caesarius ,7. Elle décide qu’ont^
demander le jus liberorum sans condition d’à»/0"”1
délai, comme cela avait lieuautrefois sert ' b-'" ^
poscendum auxihum sufficiat desperatio'liberorn,, ,u
Quelques années plus tard, le 4 septembre 410 ie ” '
cesseur d’Arcadius, Théodose le Jeune, par une consUtl
tion adressée au préfet de Constantinople, Fl. Anthmniu'
Isidorus, porta une nouvelle atteinte au système des lof
caducaires et fit disparaître l’un des avantages qu’offrait
encore le jus liberorum. Théodose abolit les restrictions
apportées par les le g es decimariae à la capacité de dis¬
poser à cause de mort entre époux. Alors même qu'il n'y
aurait pas d’enfants, les conjoints seront pleinement
capables 19 .
Théodose a-t-il été plus loin? A-t-il aboli, dans tous
autres cas, le jus liberorum ? Certains auteurs l’ont
pensé; ils ont invoqué une constitution qui figure au
Code Théodosien à la suite de la précédente et qui est
ainsi conçue : Nemo post haec a nobis jus liberorum
pelât quod simul bac lege detuli mus 20. Cette opinion est
fausse. On n'a pas remarqué que cette constitution est de
la même date que la précédente et adressée au même pré¬
fet. Elle formule tout simplement la conclusion pratique
de la constitution à laquelle elle renvoie. Les conjoints
n’ont plus besoin désormais de demander le jus comniu-
nium liberorum , puisqu’on leur rend le jus solidun
capiendi ex suis testament is alors même qu'ils n'auraient
pas d’enfants. Cette interprétation très simple est celle de
Cujas et de Godefroy; elle est généralement acceptée1.
L’innovation introduite par Tbéodose le Jeune pour
l’empire d’Orient ne fut pas accueillie au moins immé¬
diatement dans l’empire d’Occident. Une constitution
d’Honorius, postérieure de deux ans à la précédente et
adressée au préfet d’Italie Johannes, suppose encore en,
vigueur le jus communium liberorum
Le jus liberorum conserva encore son utilité, tout ai*
moins dans l’empire d'Occident, pour donner a L ,lier j
le droit de succéder à ses enfants, en vertu de " tul
consulte Tertullien. Deux constitutions de 1 au < -() tl B
sées par Valentinien, l’une au préfet de Roim' 4 mU ’
l’autre au sénat de cette ville2', parlent du 1 ' ^
succession de la mère liberorum, jure subni.i".
jus liberorum . uaJ
Justinien compléta l’œuvre de ses prédécess' ^
à l’abrogation des lois caducaires. Le jus iV’xompti011
plus guère conservé son application que Poul mUnera
de la tutelle et de la curatelle 23, et des autres
personarum 26. Édouakd Cuq.
opposito juris rirjore cohibentur, sed maneat inter I* ^ ^ 11
auctoritas. — 16 Justinien y a renoncé. Cod. Just. _ q0(i Theod- i I
ce personnage ma note sur Borghesi, Œuvres, t. X. P- - , 1034 ;
17, 1. - .9 Ibid. 2. _ 20 Ibid. 3. - 2* Cujas, Opéra, t. M - ^ taea«Æ
ad h. Scliradcr, ad Inst. III, 3, 4 ; Macbelard, Dm J •
ment, p. 275. - 92 Cad. Theod. VIII, >7. 4. - 23 Cod. da„sl| <*
- 23 Inst. I, 25 pr. - 26 Cf. les textes déjà cites rpu quatll0rj»r“
pilations de Justinien. — Bibliographie. J. GoLliofi ce us, ^ papiaffl ,nl‘ ^
Genève, 1053 ; Hcineccius, Commentatio ad le0L’jl " n^Mswis>enScha .'-«J
Leipzig, 1778; RudoHT, Zeitschrift für geschichthch ^
t. VI ; Maclielard, Dissertation sur l'accroissemen " ( rotnain, P3"’'
taires et lès colégalaircs aux diverses époques
■rhti^Ê
mil i
— 1199 —
Lin
mn
r|nS •EX«ü8«PIa. - La plus ancienne représen
LlBElU r'iainement celle fournie par un statère en
tation esl ceI '^i^cyzique, au commencement du ive siè-
électrum, ()n y voit une figure de femme portant
cLavanl "°“eLet iê péploSj assise à gauche et tenant une
lf chlloû * la main droite; la gauche repose sur le
“"'““nortel'msmplion EAEY @EPI(«)' (fig. 4103).
siège qiu I" Bjen que le gentiment de la Liberté fût très
vif dans les cités grecques, on n’éleva pas
de statues à cette divinité. A Platées, où l’on
célébrait tous les cinq ans des jeux nommés
’EXsuQsf'.a, il y avait seulement une statue
de Zeus Eleuthérios en marbre blanc2
iîleutueria]. Il faut descendre jusqu’au
dernier siècle de la République romaine
[pour trouver d’autres représentations de la Liberté. On
voit sa tête ou son buste sur des deniers des monétaires
C. Cassius Longinus, 0- Cassius Longinus, Q. Caepio
Fis. 4163
Brutus, C. Vibius Pansa, M. Lollius.Palicanus, L. Earsu-
leius Mensor3. La tête est diadémée ou laurée, quelquefois
voilée*, désignée généralement par l’inscription LIBER-
TAS (la forme LEIBERTAS, qui se lit sur un denier de
C. Cassius Longinus5, se trouve encore sur un aureus de
Néron6) ou IJBERTATIS. Mais, sur d’autres pièces, la
Liberté est désignée simplement par le bonnet de forme
ronde qui est son emblème1. Citons le denier de L. Far-
suleius Mensor 8 et celui de C. Egnatius Maximus ; ce der¬
nier montre le temple de Jupiter et de la Liberté, appelé
aedes Jovis Libertatis9 , dans lequel on voit deux divi¬
nités dont l’une est désignée par le foudre et l’autre par
le bonnet. Cette pièce paraît démontrer que certains
auteurs ont eu tort de faire du nom Libertas une épi¬
thète de Jupiter10. Si la Liberté a été associée à Jupiter,
c est sans doute par souvenir de Zeus Eleuthérios ; aussi
bien, une tragédie anonyme, peut-être de Sophocle,
donne à la Liberté l’épithète de téxoç Aiôç 1 1 .
I Sous les empereurs romains, la Liberté est figurée
généralement debout, tenant un bonnet rond de la main
[ droite et un sceptre de la main gauche (lig. 4464; aureus
Ke Commode). Cependant, ce type n’est pas immuable;
fcequetois, la Liberté tient seulement le bonnet (m. de
J- 0U ^*en e^e esI figurée assise, tenant une bran-
■ 6 ü 1 (ou laurier?) et un sceptre (m. de Nerva et
[ bit suf die 7 S tlsclle und bùrgerliche Verfassung des rômischen
t. Il »' m! 1801 ; Mommsen, Bômisches Staatsrecht.
I luis de Justin: ’ ltolan et J- E- Labbé, Explication historique de
b P; m ; 1. .1, p. 684 ; aL
Bc/uc/t/^ t. H( j8ci9 aMS’ 88l>’ P- 5 Morilz Voigt, Rômische lie
MIJErtas I J)
I les cabinets de tV’ ^en^plaii es de cette précieuse monnaie sont consen
R.stalère avec les lettres^ ^ ^aint‘^éters^ourg- On connaît aussi un douz
■ ^gende complète. V<V . Vv ^ ° * UnG monnaic de bronze, aussi de Cyzique
f P- "6 et 77. p0ui. , 11 ’ jreen'vcll, The electrum coinage of Cyzicu
I Numi*’n. chou. iS7lia ° Pr°P°Sée (ve,'S 394 av. J.-C.), voir B.-V. Iload.
A©pQAe|c _ J1' Des monnaies d'Aphrodisias de Carie pt
IPalère cl lra scep|re tAer0epiAi accompagnant une figure debout le
■■'V. Head, Cal. Br ' Sagltbien P'utôt d'une représentation d'Af
|Paus- IX, ii, "5 !voi' “*■ Caria’ Cos. Modes, 1897, p. 30, no 24, p
I ®V8'”t <-t en bronze fr,nil ,laut’ s' v- O.euthehia). On connaît des mon
CUB E'cuUierios (Hca,l")r b,y,'acilso et à Métaponte et portant la tôt.
fl'’ 35' «t pl. x«,v t ^ P’ «*• 13C «t 157 ; British. Mus.
I 33- 4î00' ~ 3 E. fi’abell ‘°°f Blumer> Monn. tjr. pl. n, 17 à 20). \
I p • "• !’■ m, 148 49} Aes monn ■ de ta Mpubl. rom. t. I,
K , ’ n» ,5.1 « ’ b “ lbid ' 1 *■ P' 33«> Cassia, no ,7. _ 5 7
I S ?""' -''ique, 1897 r’;:édU- ““ tâ3. - 7 Cf. A. de Bar
I mo„nuc°e,CrS 'l0 Brul«. Col, en ! LT' L° b°nnet paraît entrc flc”x P
I C aP^ la m ‘ * J *■ P- », »• 13. On le retrouve
L ‘Severius Severi ' ° ^eron’ Ooben, ibid. p. 340, n» 394. Sm
S’ COUServé Musée de Nîmes, on voit trois
Fig. 4464. — La
Liberté.
d’Hadrien); une monnaie d’Elagabale lui donne pour
attribut une corne d’abondance en place du sceptre. Sui¬
des monnaies du me siècle (Trébonien Galle et Volu-
sien), la Liberté debout, les jambes croisées, est appuyée
contre une colonne, et elle tient le bonnet et le sceptre.
Ces représentations diverses sont accompagnées des
légendes LIBERTAS A VG. (ou AVGVSTI) et LIBERTAS
PVBLICA. Avec l’inscription LIBERTAS RESTITVTA on
trouve, soit la tète seule de la Liberté
(sur les monnaies frappées après la
mort de Néron), soit une scène repré¬
sentant l’empereur relevant la Liberté
qui lui est présentée par Rome armée
(m. de Vespasien et d’LIadrien). Une
monnaie de Thessalonique présente la
tête de la Liberté personnifiée sous les
traits d’Octavie i2. Une monnaie de Nerva, frappée pro¬
bablement à Césarée de Cappadoce, montre la Liberté
tenant un bonnet et un sceptre, comme sur les monnaies
romaines, et désignée par la légende CAGT0 AHMOT,
correspondant à Libertns publica 13. Sur des monnaies
de Galba et d'Othon, frappées à Alexandrie d’Égypte, la
Liberté, désignée par la légende EAEY0EPIA, est debout
à gauche, tenant une couronne de la main droite et un
sceptre de la gauche ; le coude gauche est appuyé sur
une colonne u.
Outre le temple de Juppiter Libertas sur l’Aventin15,
les textes signalent aussi l'atrium Libertatis qui de¬
vint plus lard une bibliothèque, et se trouvait au nord
du Forum, à l’époque de Vespasien17. Au vi° siècle,
l 'atrium Libertatis était attenant à la Curie 18. Un certain
nombre de sanctuaires ou de statues de la Liberté sont
signalés à Rome : le monument construit sur l’emplace¬
ment de la maison de Cicéron 19 ; le monument élevé en
46 av. J.-C. en l’honneur de César, libérateur du peuple20;
celui qui fut élevé après la chute de Néron21; celui en
l’honneur de l’avènement de Nerva22 ; celui qui fut élevé
à la place de la statue renversée de Commode23.
Citons encore une inscription d’Espagne : Libertatis
aug . signum cum sua basi C. Fabius C. f. Quir. Fabianm
pecunia sua d. (t. 2L Sardes possédait un téixevoç de la
Liberté 25, qui appartient sans doute à l’époque romaine20.
Adrien Blanciiet.
qui font sans doute allusion à des esclaves affranchis par le défini! ; K. et F. Ger-
mer-Durand et A. Allmer, Musée de IVimes, Collection épigraphique, p. 341.
— 8 p). Babelon, Op. laud. 1. 1, p. 493. — 9 Cavedoni, Ilipostiqli, p. 81 ; E. Babelon,
Op. laud. t. 1, p. 473 et 474, Egnatia, n° 3. — 10 J. Marquardt, Le culte chez les
Jlomains, trad. Brissaud, 1889, t. I, p. 27. — U Voir C. F. U. Brncliniann, Epi-
theta deorum quae apiul poetas graecos leguntur, 1893, p. 99 (dans Lcxiktm de
Boschcr). — Uead, Macedonia (Cal. du British Muséum), p. ! la, n" G2.
— 13 Ad. Blanchet, dans la /fer. Nivnism. 1895, n» 5, pl. ni, 3; p. 70, n« 13, m.
de Trajan; cf. Warwick Wroth, Catal. of the greelc coins of Galatia, Cappadocia
and Syria, 1899, p. xxxvi et 52. — 14 F. Fcuardent, Egypte ancienne, 2e partie,
n°* 741, 753 et 766; R. Stuart Foole, Catal. of the coins of Alexandrin and the
nomes, 1892, p. i.u et 23, n” 192, pl. vm. — 13 Monum. Ancyr. 4, 6; Becker,
Topogr. p. 457, 721. Autres temples à Tusculum ( Corp . inscr. lat. 1, 1124) et
ailleurs (Orelli, 1249). — 16 Serv. Ad. Aen. I, 720; Corp. inscr. lat. VI, 10025 ;
Jordan, Topogr. I, 2, p. 207 et s. — 17 Suet. Aug. 29; M. lhm, dans Centralbl. f.
Bibliothekswesen, X, 1893, p. 515; cf. Cic. Ad Atl. 4, 10, 14; Tac. fJist. I, 31;
Suet. Galba, 20. — )s T. Mommsen, dans Hernies, XX11I, p. 031; C. Hülsen,
Mitth. d. arch. Inst. Jtom. IV, 240. — *o Plut. C/c. 33; llio Cass. 38, 17, 0; Cic.
De domo , 108 et s. ; cf. Cic. De leg. 2, 42. — 20 Dio Cass. 43, 44, 1. — 21 Corp.
inscr. lat. VI, 471. — 22 Corp. inscr. lat. VI, 742. — 23 Herod. I, 1 4, 9. — 24 Corp.
inscr. lat. II, 2033. — 2'* Kailicl, Epigramm. gr. 303. — 2G Cf. une inscr. de Cyane
cil Lycie, Corp. inscr. gr. Add. 4303, h. 1 : Oüô *Ao«i xcù •Eî.iuOijy. àjjrr.y-TiSt
Uieavtï Bîÿ. On a dit que ce texte se rapportait plutôt à Artémis; B. V. Uead, Cat. Dr.
Mus. Caria, Cos, Rhodes, 1897, p. 30 ; cf. G. F. Hill, Cat. Br. Mus. Lycia, Pamphy-
lia and Pisidia, 1897, p. i.vi, — Bibliographie. Rosclier, Lexdcon , s. r. (Wissowa)
Stevenson, Diction, of rom. coins ; Cohen, Bcscr. Monn. Eirip. rom. passim.
— 1200 —
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L1B
LIBERTES, LIBERTINES [Voir pour les Grecs,
APELEl'THEROT, ARRETAI). — 1. DÉFINITIONS. — NOUS laissons
de côté le fils de famille, émancipé, qui peut aussi porter
ce nom, et les esclaves affranchis par des étrangers ;
ceux-ci, affranchis d après les modes pérégrins, prennent
le droit personnel de leurs maîtres et deviennent péré¬
grins 1 ; les Latins eux-mêmes ne font de leurs affranchis
que des Latins2. Nous ne nous occupons ici que des
esclaves affranchis par des citoyens romains. Le véri¬
table affranchi est celui qui est sorti d'un esclavage légal
ex jus ta servitute 3 ; l'ingénu qui a été affranchi ne
devient pas libertinus ; la loi le remet dans son premier
état*. Il n'y a que deux exceptions à ce principe: la
libertinité est infligée comme déchéance dans deux cas:
quand un homme libre qui s’était laissé vendre par un
complice, pour toucher le prix de vente, revendiquait sa
liberté, on décida qu’il resterait esclave, ou affranchi, s’il
avait été affranchi"; d’après un sénatus-consulte rendu
sous Claude, la femme ingénue qui avait commerce avec un
esclave devenait l’esclave deson propriétaire si lofait s’était
produit à son insu et malgré son avertissement légal ; ou
son affranchie, s’il acceptait ce pacte6. Outre le mot manu-
inissus qui indique l'affranchissement, il y a deux expres¬
sions qui désignent l’affranchi, libertinus e t libertus. Le
mot libertinus s’oppose kingenuus1 ; il désigne la condi¬
tion sociale de l'affranchi qui, par rapport au patron, s’ap¬
pelle libertus 8 ; mais, le mot libertus a prévalu eta souvent
été employé improprement à la place de libertinus 9. Les
Grecs emploient dans les deux sens âTieAeuOepoîetüUXeuOe-
coç 1 0 . Le mot libertinus a-t-il désigné le fils de l’affranchi?
Aux deux derniers siècles de la République 11 et à. l’époque
impériale 12, il est absolument certain quele fils de l'affran¬
chi ne porte pas ce nom et qu’il est ingénu13. Pour l’époque
primitive il ya doute1*; il se peut que les fils d'affranchis
n’aient été distingués des fibertini que par la mesure prise
en 189 av. J.-C.i:;. En toutcas, les petits-fils d’affranchis ont
toujours été ingénus. Le mot libertinitas désigne à la fois
la condition juridique et la classe des affranchis. L’ex¬
pression ordo libertinus, rare à la bonne époque16, fré¬
quente à l’époque impériale 17, est incorrecte, car les
affranchis n’ont jamais constitué une corporation.
IL Situation générale. — Nous ignorons à quelle
époque remonte l’affranchissement légal. Il se peut que
pendant longtemps le maître n’ait pu donner de forme
légale à sa volonté d'affranchir et qu’elle n'ait produit que
les effets qui résulteront à l’époque historique de l’affran¬
chissement sans formes. Mais de bonne heure, proba-
LIBEBTUS. 1 Cic. In Verr. 3, 20, 50 ; 3, 22, 55 ; 3, 39, 89 ; 3, 41, 92-93; Pro
Chient. 15, 43; Dig. 40, 12, 35; Plin. Ep. 10, 11 ; Niemann und Petersen, Stâdte
Pamphy liens, und Pisidiens, 1, p. 17, où sont distingués les ivïkti «!?»■. pérégrins
et les oûivSot-àjioi ; Dositli. De manutn. 14. —2 Lex Salpens. c. 28. — 3 Gai. 1, 11;
cf. Liv. 40, 18, 7 ; 45, 15, 5; Quintil. 7, 2, 2G. — '* Co l. Just. 7, 14; Instit. I, 4, 1 ;
Dig. 37, 12, 2. — 3 Dig. 1, 5, 5, § 1 ; I, 5, 21 ; 40, 14, 2. — G Gai. 1, 84, 91, 100;
Paul. Sent. 4. 10, 2 ; Ulp. Ileg. 11, 11 ; Tac. Ann. 12, 53. — 7 Gai. I, 10-11 ; Dig.
I, 5, 5. — 8 Dig. 40, 14, 0; Gai. 3, 51 ; Sali. Cat. 59; Suel. De gramm. 5, JVer.
28; et les inscriptions. — « Dig. 1, 1, 4. Voir I.emonnier, Étude historique sur la
condition privée des affranchis , p. 9-10.— 1» Plutarque traduit aussi libertinus
par Igt'At-jtrçixs; (Suit. 8, 33; Anton. 58) et aejOzj'.-xô; (Suit. 1 ; Cic. 7). — U Plaut,
Mil. glor. 4, 1, 15 ; Varr. De ling. lat. 8, 82, 33; Cic. In Verr. 2, 1, 47; Ilorat. Sat.
1, 0. 0 et 38; Liv. 9, 46 ; 10, 21 ; 22, Il ; 39, 9, 10, 12 ; 40, 18: 42, 27 ; 45, 15.
— 12 Seuec. De vita beat. 24; Epist. 31, 41; De benef. 3, 28; Suet. Aug. 25;
Claud. 24; Quintil. Declam. 311; Tac. Ann. 12, 24, 53; 15, 57; Gai. 1, 10-12;
Dig. 1, 5, 27; 1, 7, 40 ; 40, 11, 5. § 1 ; 38, 2, 28 ; 1, 5, 15-10, 22; C. Just. 0, 3, 11 ;
Paul. Sent. 4, 9, 1. — 13 Le terme de colonia liber tinorum, appliqué à la colonie
de droit latin, fondée en 171 av. J.-C. à Carteia, pour les enfants des soldats
romains et des femmes espagnoles (Liv. 43, 3), est impropre, car cc sont des péré¬
grins et non des affranchis. —14 Suet. Claud. 24. — 13 Conjecture de Mommsen
\ Droit public, trad. fr. 0, 1, p. 81) d'après Plat. Fiant. 18. Les tilles d’affranchis
blement dès l’époque royale, la communauté
intervenir dans cet acte; c’est arbitrairement * dù
raison que la légende rattache l'affranchissement p! ^ '
début de la République 18, ou qu’elle l'attribue " ^au
vins, le prétendu créateur du cens 19. Les jurisconsuh' S*
mains ont considéréavec raison l’affranchissement".
une des principales origines de la plèbe 20 ; ies a|,^°Ul11!8 '
ont certainement formé au début la plus grande nq'i'^*118
clients 21 et ont eu les mêmes devoirs et les mêmes u • !
qu’eux à l’égard du patronus ; c’est seulement dans la sf!* 1
que des différences se sont établies entre ces deux nm"" 6
[cliens]. Les affranchis n’ont sans doute eu au début'118
la liberté, mais dès l’époque la plus ancienne ils ontT
tenu dans l’État romain, plus libéral que l’Etat grec lè
droit de cité, en restant cependant dans une situation^
ciale et politique inférieure à celle des citoyens romains
nés libres ; car rien ne peut effacer la tache originelle de
l’esclavage; le maître ne peut même pas donner l’ingé¬
nuité à son ancien esclave en l’adoptant22; seul l'empn-
reur pourra plus tard donner à l’affranchi les privilèges
de l’ingénuité par une fiction, la natalium restitutio.
III. Costume. — L’affranchi porte le même costume
que le citoyen, la toge23; au début les deux classes por¬
taient les cheveux courts et la tète couverte; plus tard,
quand les ingénus ne portèrent plus le chapeau en public,
l’ancien esclave dut porter le pileûs sur la tête, rasée à
sa première sortie [manumissio] 2V. La toga praetexta des
enfants d’ingénus a été interdite pendant quelque temps
aux enfants des affranchis23.
IV. Noms. — Dès la fin de la République, l’affranchi a
les trois noms romains, les tria nominal] ils appar¬
tiennent aussi plus tard aux Latins J unions 27 et sans doute
également aux déditices. A l’époque la plus ancienne
connue (154-100 av. J.-C.), au lieu des prénoms officiels
il y a encore les noms serviles individuels, arbitraires,
ou tirés de l’origine, du caractère, tels que Cratea, Ck\
sippus , Cal en us 2S ; mais dès l’époque des Gracques on
trouve les quinze prénoms usuels; à partir d’Auguste,
probablement par suite d’une loi, le prénom est toujours,
sauf de rares exceptions29, celui du citoyen qui a afiran-
chi, ou, si c’est une femme, celui de son père, ou, si elle
est affranchie, celui de son ancien maître. Passons au
nom gentilice. L’atfranchi, appartenant à la gens, p^
son nom ; il n’y a jamais eu ici de distinction en re
l’ingénu et le libertinus et la règle ne comporte (llie ■
& tentihee
très rares exceptions30; si le patron change de gc*1 ^
par l’adoption, son affranchi en change aussi , si )■
restent incapables détre Veslales (Gell. 1, 12, 15)
_ 16 Cic.
Cal.
4. 8.
— 17 Liv. 42, 27, 3 ; 43, 12, 9 ; 45, 15, 3; 45, 49, 19; Suel. De gr««‘
i *7 lit Dionp-
19, 12; De vir. illustr. 73, 3. — i* Liv. 2, 5; Plut. Popl.i.
Zonar. 7, 9. — 20 Dionys. 2, 8 ; Fcstus, p. 241. s. v. patricios :
Q. Scacvola définit les gentiles « qui ab ingenuis or
nemo servitutem servivit, gui capite non sunt deniinuh . »■
Liv. 43, IG, 4 ( cliens libertinus). — 2- Dig. 2, 4, 10, § |
— 23 Polyb. 30, 19; Appian. Mithr. 2. —
.18; Ocll- »i
i. 8î
JO. oit
G, fi’
21 Dionys. -
3, 27; .23. 2. *■
45,44,19; ^ *15
— 23 Macroh . 1,0, 12. — 20 Voir à cc sujet Mommsen. Op- ^.^304,
Cagnat. Épigraphie latine , 2c éd. p. 79-85; Lemonnier, Op- C : ^ ^ cn& to*
314. _ Ti Plin. Ep. 10, 105. L’opinion contraire de Michel (Diot y#jr au«>
— 23 Corp. inscr. lat. I, nrts 840, 80" if,.rn03'.
p. 347) est erronée. — 23 Corp. inscr. lat. l, n-- ffranchii1- "
exemples dans l'index d'Hiibner, p. 042. Sur une liste de s‘l> ^ cc|uj du lial11"
tai, de Délos, de 74 av. J.-C., cinq ont un prénom différé" ^ Ml
[Bull, de corr. hell. 1884, p. 140-147); cf. Henzcn, n« 638 > ‘ ’ ^unesd"**
10, 3772. — 29 C. i. I. I, 1000; 9, 1085; 10, 2021 : Hcnzen, uG8 ■ “ , croonnier, 1
il él»il
exceptions peuvent s’expliquer par des hypothèses juridique- ^ ^u-onarc:
p. 310). — 30 Suel. De gramm. 12. D'après Mommsen, c est a ^ Cicéron" ■■ i
Pomponius Dionysius (Cic. Ad Att. 4, 45, 1) comme un “l'j' |(jUcs wdi'esCÏ ^
affranchi d'Atticus. mais avait pris le prénom do Cicéion. . 11 ^ ^ .U1, ' ’j
lions, voir Cagnat, l. c. et Lemonnier, /. c. p. -G* 313‘
LIB
1201
LIB
plusieurs patrous et qu
■ . . n mil. 1 affran
cas
panièv1
'ils aient le même genlilice et le
i affranchi prend les deux noms com-
|mei P'":11;;"1 patrons ont le même nom gentilice et un
imins ' ’ JL'nt il prend le gentilice commun et le pré-
ppénuin <1 ^ deg’deuxl; si ies patrons n’ont ni le même
"0li;;;p ni le même prénom, il choisit librement entre
gC” ’11S i • l’affranchi d’une femme prend le gentilice
vtlronne L Le cognomen n’était au début ni usuel,
dC ré-ulier • ainsi, sur les inscriptions des magistri de
gnie s ’ de la lin du ii° siècle av. J .-C., le cognomen
nvliue dans presque la moitié des cas ; dans les autres
il est écrit en caractères plus peLits et abrégé d’une
très irrégulière 6 ; il ne servait donc, à côté du
prénom et du gentilice, qu’à déterminer l’individu d une
manière un peu plus précise ; mais ensuite, soit par
besoin, soit par l’effet de lois, à partir d’une époque que
Mommsen place entre 104 et 94 av. J.-C., les affranchis
: p0rteni régulièrement un cognomen simple et se dis¬
tinguent ainsi des plébéiens ordinaires qui ne l’ont pas
encore7. Ce cognomen est généralement l’ancien nom de
l’esclave8; aussi la liste des cognomina présente une
variété infinie; les noms grecs et orientaux dominent9; les
noms tirés de noms de pays avaient réellement au début
indiqué la provenance, mais ils ont fini par perdre leur
sens ; il y a un grand nombre de cognomina qui appar¬
tiennent à la fois aux ingénus et aux affranchis 10.
^■L’esclave qui a eu deux noms peut les garder comme
surnoms après son affranchissement “.Le second surnom
est souvent un sobriquet non précédé des mots qui et 12 .
On interdit aux affranchis les surnoms des familles
nobles et équestres, les cognomina equestria , sous la
République et sousl’Empire. Quelquefois ils portentaprès
le surnom un nom annexe en ianus ou eanus qui
rappelle un premier maître autre que celui qui a donné
la liberté 13 . Sous l’Empire, les fils d’affranchis peuvent
prendre les surnoms équestres et quitter ceux de leurs
■pères. Beaucoup d’affranchis remplacent leur ancien
d esclave par un surnom d’allure romaine u. Les
K ancliis des municipes ou des colonies prennent tantôt
■feentilice Publicius formé de publiais 13, tantôt un
gentilice qui se trouvait parmi les surnoms de la ville 10,
Br0'' 1111 ëen t i lice tiré du nom de la ville17. Les affran-
( u pcujde romain s’appelaient sans doute d’abord
t plus tard ils prennent le nom du magistrat
„1,p,:S r,ll;,ncllis- ^es a^ranchis des collèges prennent
ffieJ 1 ‘ é1 ml ilice Publicius 19, mais plus habituelle-
"" 110111 dérivé de la. m-nfpooinn a..
colWe 20
o- , lies lumniop « _ . , • i • .• ,
gentilice tire
i ceux des temples ont souvent ui
-I Cornélius Saturnin,,!’ ^ c- P- : Q. Cornélius. Q. Q. l(ibertus ), Saturninus.
Cornélius. -2
Amustart ’ 1 IU0- -Wfcîrf. fi, 3939 . J, Liv
li*wL ■Menophilus)- 11
«brév
Hcnzcn, 6251, 6389.
ius Aug. I. Menophilus (.1/.
le père élail \i r *\nuP‘*llU8)9 11 s agit d un affranchi de l’impératrice
allons : n , , lus rusus- — b Ibid. 10, 3772 et suiv. - 6 On a les
* 37837 o, 3779).
•jj1 affranchis, de ]a t,c0x ccllls inscriptions de petites gens, soit plébicns,
-7 C. i. I. 10,
t 5 = 8211 et suiv.) "C ni0lW‘ du septième siècle de Rome (Ibid, t, 822-
“ 85û, 888, 909, 9W 10 °U2ainc cnviron a le cognomen (Corp. inscr. lat. 1,
1034 ~ S n 9 a‘ns‘ QuinliPOr,
jUlu|l"1 (H. d. ,
■*®ron|s
~ — -r~, Marcipor, Olipor,
1057). 9 XoUS renvoyons aux tables des
"■'o. at. — 10 Piste (jaus Lemonnier, O. c. p. 317-
Bn VT “ 0r°lli-Ilènien 2993 ’ 0,'clli-Hunzcn’ 88L 6251 i <■ >■
“| MarL n ,Voir .Mommsen,^ ' Her W‘Imam,s’ 3Cl> 390’ C86> “30, 2059;
10, 0219
.feti
T *• >073, 1034 ;
;?’U7 Corp.
L-hl «.443: 5.5a,
, * «• >7. - « c77“’ 2. P- 156-159. - H Suet. De granuk.
- 10 Ibid. 3, 5227 - n Ibid.
115 ’ « a 4' "°le Ô; Civ 4 fii e U“C «, 83 (texte reconstitué par Mommsen,
~ 20 ■ T. vil- ; ~.19 Bol)ei't-Cagnat, Épigr. de la Moselle,
lUS Ganyn>edes (air. des accensi velati
i) ; C. i. I.
du nom du dieu 21. La femme affranchie manque du pré¬
nom, comme les ingénues; elle a le gentilice du patron
et comme prénom son nom servile22. Quelquefois les
inscriptions laissent de côté tantôt le prénom23, tantôt
le surnom21, tantôt le prénom et le gentilice23 Outre les
trois noms, il y a un quatrième élément indispensable
pour indiquer l’état social de l’affranchi et son rapport
avec le patron ; à l’époque ancienne, cet élément était sans
doute pour l’affranchi comme pour l’ingénu le nom du
maître au génitif ; puis, quand on voulut distinguer l’in¬
génu du liber/inus, on ajouta au génitif, pour le premier,
le mot filius, pour l’autre le mot servus. Mommsen a
prouvé qu’il en a été ainsi jusqu’au ir siècle av. J.-C. 26 ;
le mot servus comprend encore l’affranchi dans la lex
C incia de donis de 204 av. J.-C.27 ; Cicéron appelle encore
servus un de ses affranchis28. A l’époque classique, on
fait suivre le gentilice du mot libertus , précédé du pré¬
nom du patron au génitif 29 ; par exception, la désignation
du patron est quelquefois rejetée après le surnom30;
quelquefois le patron est désigné non par son prénom,
mais par son surnom31; pour les affranchis de l’empe¬
reur, le prénom du patron est remplacé par ,1a formule :
Aug(usti) ou Caes[aris) n(ostri) lib(ertus) ; pour l'affran¬
chi d’une femme on emploie souvent les sigles DT:
G(aiae ) l(ibertus) ou f(iberta) 32 ; le sigle O équivalait au
mot mulieris et remplaçait ainsi le gentilice de la
patronne33; elle pouvait d’ailleurs être remplacée par le
mot mulieris écrit en entier ou en abrégé (. Mul . Mol.
j^)3i. Quant à l’indication de la tribu, il n’y a pas de
différence entre l’ingénu et l’affranchi, pourvu que
l’affranchi ait la tribu; il en est ainsi jusqu’à Auguste à
partir duquel l’indication de la tribu disparaît pour la
raison qu’on verra.
Y. Formes d’affranchissement. — Sous la République, il
y a trois formes légales d’affranchissement et pour toutes
le consentement de l’esclave est indifférent: per vindic-
tam , censu , testamento 33 ; dans les deux premiers modes
l’intervention des magistrats, et au début, pour le troi¬
sième, de l’assemblée du peuple, était nécessaire ; il n’y a
pas eu d’affranchissement par adoption, comme on l’a
cru quelquefois; en cas d’adoption, il devait y avoir em¬
ploi de la vindicta ; il est sous-entendu dans les textes30.
Les divers modes d’affranchissement seront expliqués
ailleurs [manumissio] ; notons ici qu’il y a deux diffé¬
rences essentielles entre les affranchissements entre
vifs (per vindictam et censu) et les affranchissements
testamentaires : dans le premier cas, l’ancien esclave
garde son pécule si on ne le lui retire pas expres-
5, 4422 : Fabricius Centonius Cresimus (alT. des fabri et centonarii) ; 6, 9034 :
C. Miniarius (a(T. des socii miniariarum); 6, 9953. — 21 Ibid . 3, 1079 : Septim(ius)
Ascl(epius) Hernies. — -- Orelli, 2010 : Licinia AI. C rassi lib. Selene (affranchie
de Crassus). — 23 C. i. I. 0, 1492; 10, 2400. — 24 Ibid, t, 1000. — 2S Ibid. G, 1580,
1877, 772; 10, 1079, 1740. — 2fi L. c. 0, 2, p. 10, noie 4 : d'après les anciens
noms des affranchis, tels que Gaipor, et les inscriptions suivantes : Ephem.
epigr. 4, 240; C. Sextio V. s. (C. Sextios V. s.); C. i. I. 10, 8054, 8 : Servio
Gabinio T. s. fecit (Servios Gabinios servos) ; 10, 8054, 7 : Detus Gabinio C. s.
fecit ( Retus Gnbinius Caii semis); 2,. 3495 : Plotia L. et Eufiae l. Prune haec
vocitast ancilla. — 27 Yatic. Fragm. 307. — 28 A d. fam. 5, 20, 1-2.
_ 29 Exemple : C. Julius, C. libertus, Hernies. — 30 C. i. I. 3, 001,
2101, 2295; 5, 071. Sur la liste d'affranchis de Dclos. en grec, de 74 av.
J.-C., après le gentilice, il n'y a que le prénom du patron au génitif (Bull de
corr. hell. I. c.). — 31 Orelli, 2459.— 32 C. t. I. 9, 2029; 10, 1042, 4153;
Wilmanns, 1729. — 33 Ouintil. 1, 7, 28; Plut. Quaest. rom. 30; Vclius l.on-
gus,.p. 53, G K. — ■ 34 C. i. I. 2, 1485, 2138; 5, 701"; 12, 4304. Voir les
différentes abréviations de mulieris dans Cagnat, l. c. p. 83. — 33 Plaut. Casin. 2,
8, 08; Boeth. ad Top. I, 2. 10; Schol. Cruq. ad Horat. Sat. 2 , 7 7 0. — 86 Gell.
5, 19 ; Instit. 1, 11, 12.
LIB
— 1202 —
sèment, dans le second cas, il ne peut le réclamer qu'en
vertu d’un legs formel 1 ; dans le premier cas, il y a
exclusion de tout terme et de toute condition2; dans le
second cas, l'affranchissement peut être accordé ex die
ou sub conditione ; 1 esclave est alors statuliber et
passe sous la puissance de l’héritier 3 ; mais la
liberté, étant par principe irrévocable v , ne peut être
laissée « ad diem », c’est-à-dire jusqu’à une certaine
époque, ni « ad conditionem » pour cesser dans tel ou
tel cas.
Le statut personnel de l’esclave affranchi légalement
est protégé par le préteur, sous la République ; il y a
d’abord la publicité de l'acte d’affranchissement; puis les
importants privilèges accordés aux procès de liberté : le
droit qu'a celui qui plaide pour sa liberté de se faire
représenter, le taux modique du sacramentum qui n’est
que de .'iü as le règlement de la possession inté¬
rimaire en faveur de la liberté vindiciae, secundum
libertatem 6, l’attribution de ces procès, jusqu’à l’Em¬
pire, au tribunal spécial des decemviri litibus judican-
dis. Les trois modes légaux d’affranchissement étaient
dans la pratique assez incommodes, puisque le cens
îvavait lieu que tous les cinq ans, que l’accès auprès du
magistrat n’était facile qu’à Rome et que le testament
ne produisait ses effets qu’à longue échéance. Aussi, dès
la tin de la République, se multiplient les affranchisse¬
ments sans forme légale, que le maître concède par
accord tacite, par une lettre, par une déclaration faite
devant des amis ( inter amicos)1 ; ces affranchissements
sont entièrement nids d’après la loi civile, le propriétaire
peut revenir sur sa libéralité ; mais, sans doute d’assez
bonne heure, les préteurs sont intervenus pour main¬
tenir les affranchis en liberté 8, en laissant subsister
toutes les autres conséquences légales de cette situation.
VI. Situation politique. — 1° Sous la République et
sous l’Empire jusqu’à une très basse époque, les affran¬
chis et fils d'affranchis ont été légalement exclus des
magistratures et du sénat ; la tentative du censeur Appius
Claudius d’introduire au sénat des fils d’affranchis a été
considérée comme illégale9 ; d’autres admissions de fils
d’affranchis dans le sénat ont été considérées aussi
comme abusives10 ; des sénateurs de ce genre ont été sou¬
vent expulsés du sénat ou au moins exclus des magis¬
tratures11. On a quelques exemples de fils d’affranchis
devenus illégalement magistrats sous la République 12 ;
sous l’Empire, on ne trouve d’affranchis magistrats et
sénateurs que très tard, le plus souvent peut-être avec la
concession de l'ingénuité fictive et sous des empereurs
tels que Commode, Caracalla, Elagabal 13. C’est seule-
l Frag. Vat. 261; Instit. 2, 20, 20; Di g. 15, 1, 53; Aug. Serrn. 21, 6.
_ 2 Cependant il peut y avoir terme tacite dans l'aiTrancliisscment per vin-
dietam, mortis causa ( Dig . 40, I, 15). — 3 Voir Trayer, De la condition en
matière d' affranchissement , Paris, 1887. — 4 Le droit grec comportait des clauses
résolutoires ; cela explique la quantité de rescrils impériaux contre celle fausse idée
que la liberté peut être révoquée (C. Just. 7, 9, 1 ; 7, 10, 30; 6, 3, 12; 7, 14, 9).
— 5 Gai. 4, 14. — 6 Quinlil. 5, 2, 1 ; 11, 1, 78; Liv. 3, 4t. — 7 Cic. ad Att. 7,
8; cf. Plin. Ep. 7, 10, 32. — 8 Gai. 1, 22; 3, 50. — 9 Liv. 9, 40, 1 et 10; Diod.
20, 36; cf. Tac. Ann. Il, 24; Plut. Pomp. 13. C’est par erreur que Suétone parle
ici des petits-fils d'affranchis (Gland. 24). — 10 Dio. Cass. 43, 47; 48, 34; Suet.
Claud. 24. — n Cic. Pro Cluent. 47, 132; Ilorat. Sat. I, 0, 20; Diô. Cass. 40, 03;
78, 11; Suet. Ner. 15; Vita Macr. 4. - — 12 Glicia dictateur en 249 av. J.-C. (Liv.
Epit. 19); des tribuns en 100 et 25 av. J.-C. (Appian. Dell. civ. 1, 33; Dio. Cass.
53, 27). César employa des affranchis à la monnaie et à la levée des impôts (Suet.
Jul. 70). — 13 Vita Comm. fl; Elagah. 11 ; Dio Cass. 78, 13. Par exception, Claude
donne à Narcisse, Domitien à Parlhenius le droit de porter l’épée (Tac. Ann. Il,
33; Dio. Cass. 07, 17). — H C. Just. 12, 1,9. — 18 Plin. Ep. 7, 29 ; 8, 0; Suet.
Claud. 28; Plin. ffist. nat. 35, 18, 201 ; Tac. Ann. H, 38 ; 12, 53; Dio. Cass. 00,
ment Valentinien
au clarissimat
LIB
inien et Valens qui admettent ,
at les fils d’affranchis14. Mais i|r ? Cmetl1
duprincipat, les affranchis peuvent avoir les/" ' dél)ul
ainsi, sous Claude, Pallas a les ornement/
Narcisse les questoriens 13 avec le droit ff ,•/'/' '!°rieng'
séances du sénat. 1 Sls er aux
2° Quant à l’équestrat, les affranchis en sont r 1
ment exclus, sauf de nombreuses exceptions
jusqu’à la fin 16 ; les fils d’affranchis en sont en,./. ' d
en 23 après J.-C. sous Tibère”; mais il y a J/Xdus
eux des dérogations sous Auguste18 et ensuite ellesT
viennent si nombreuses qu’elles détruisent la règle»
3° Mais sous l’Empire il y a deux moyens détour I
la loi, le jus aureorum anulorum et la natalium ruM
tutio 2o. La concession de l’anneau d’or apparaît dès kfl
de la République ; le comédien Roscius le reçoit sou I
Sylla21. Nous ne savons pas si les concessions de ce
genre faites par Balbus à des Romains de Gadès étaient
valables, ni quel était le cas de l’affranchi devenu cheva¬
lier qu’invective Horace22. Sous l’Empire, le jus anulÆ
ruw aureorum donne la plénitude des droits de cheva¬
lier, le cognomen équestre, la capacité d’occuper les
fonctions équestres23 et municipales 24, anéantitles droits
du patron 23. Les premiers empereurs sont économes de
cette concession, répriment énergiquement par des
poursuites judiciaires le port illégal des anneaux d'or11.
Il en est ainsi jusque sous Commode ; à ce moment, le
titre de chevalier a perdu toute importance ; beaucoup
d’affranchis ont obtenu l’anneau d'or à l’insu ou contre
la volonté de leurs patrons 27 ; on commence à le donner
sans le rang équestre 28, et dès lors il indique simple¬
ment une transformation de la condition privée, l'acqui¬
sition de l’ingénuité fictive29. Sévère l’accorde à tous les
soldats 30. Ce nouveau droit est même accessible aux
femmes31. Les affranchis qui l’obtiennent oecupen! de
petites fonctions au-dessous de l’équestrat, ne sont plus
éligibles, au moins jusqu’à Dioclétien, aux charges
municipales 32 ; pour le droit civil, ils sont assimilés aux
ingénus33, sont dispensés de la tutelle dans les mêmes
cas que ces derniers, sont obligés inversement de 1 accep¬
ter à l’égard des enfants du patron
34 ; mais ils restent!
ils doivent
de-1
ersem«
soumis à l’égard du patron à ïobsequium et a
avec toutes leurs conséquences33, aux peines spécia ei
qui frappent les affranchis pour l’adultère avec la fil e!|
la femme du maître36 ; nous ne saxrons pas s
encore les operae\ le droit de succession dupaboij
meure intact, si l’affranchi n’a pas obtenu, 011,11
neau d’or, la libéra testamenti factio 1 ' ; 1111
il garde le bénéfice des dons et legs du patron
-c i 1 Ti!11'1’,’ llon]lc
10. — te Suet. Claud. 25; Vita Alex. 19; Dio. Cass. ,8, igj 17 Plin-I
exception le commandement de l’Égypte à un affranchi (Dio i a ^ CatpÀnlt>'
Hist. nat. 33, 2, 32. — 1» Plin. Bist. nat. 9, 23, 72 ; Dio. Cass, o- , < î2g.!Sj;
lat. 14, 2298. — 19 Cf. Tac. Ann. 13, 27. - 20 Voir Lcmonnier, J
Mommsen, Droit public, V, p. 170-173. — 21 Macrob. hj 1 ^ . jj j0 Cass.'
10, 32, 2; Horat. Epod. 4. - 23 Tac. Hist. 1, 13; 2, 37; 4, j ’p|jn Ef.l ,
21; Stat. Silv. 3, 3, 143; Suel. Aug. 27; Galb. U; V'te 9,
— 23 Plin. Ep. 8, 0,
— 27 Dig. 40, 12, 3.
Vitell ■ IJ
C. inscr. lat. 5, 4392. — 24 D’après la lex Msellia 1 " ? j(; 9, «o "I
.. — 26 Plin. Hist. nat. 33, 32, 2; C- ’ . fyiet. h 1
28 C. i. I. 5,*39i;C,18«.-»Arn«^c.M
37) indique encore l’ancienne forme; il y a la nouvelle jal parai1 c,lC°«
0, 8; Vatic. fragm. 220; Dio Cass. 48, 45. Cependant ^ _ 30 Jlerod. - ^
donner ia dignité équestre sous Caracalla dans 1//"- 1 ,• just. - .
4; Vit. Aurel. 7. _ 3. Dig. 40, 10, 4. - 32 C. i. I. ■ <J
10, 32, 1. - 33 Dig. 2, 4, 10, 3; 27, 1, 44, 3; 38, 2, P • > _ 31 JM- \
C. Just. 9, 21, 1. un. et Vatic. frag. 220 sont moins p (ij 2; 48. ” J
44 pr. (rescrit de Sévère), § 7. — 35 Dig. 2, 4, H'* > ^ g8 j){g. 33, a
10, 6. — 36 Dig. 48 , 5 , 43. — 37 Dig. 38, 2, 3 pr. e
— 1203 —
LIB
L1B
restitutio accordée par l’empereur
4* nn,0!HLn (jui donne l’ingénuité complète1,
seul; est une 0 £ le dès ]a fin de la République,
11 y en « ( ' gja forme d'une adsertio in liberta-
jnais sans < "» 0 re à l’époque de Néron, il faut un
W» sir"',7pt’de faux témoins pour rendre l’ingénuité
Pr0f ! l l’affranchie Acté3; c’est seulement au
à Pth'lS 6 r c que l’institution est établie 1 ; l’empe-
n. siècle ap. • • \atülium restïtutio qu’avec le con-
rei"’ "Tl patron ou de son fils; cependant, à la
S'nl'mP" ) „e„lVen passer : l'affranchi est alors corn-
nguinu, F l’ingénu, peut épouser une per-
ferS —U^tronperrlsnr loi tons
''"lits ‘même successoraux ». Justinien fera rentrer
lanneau d’or et la natalium restitutio dans l’a fl ranci ns-
SC ordinaire, en maintenant les droits du patron •
% Les magistratures et les charges municipales sont
fermées aux affranchis » ; elles ne leur ont été ouvertes
nue momentanément dans les colonies fondées par César
où ils constituaient la grande majorité des colons . En
revanche, Auguste leura laissé la direction des compila
Arum [lares] à Rome et dans toutes les villes le rôle
principal dans l’institution des aîJGijstales qui leur
permet de jouer le rôle d’une chevalerie municipale.
C’est surtout, et dans l’Italie du Sud exclusivement, parmi
eux que se recrutent les augustales j. D autre part, ils
exercent toutes les fonctions impériales que nous verrons.
G» Sous la République, ils ont été exclus, plutôt par
l usage que par des lois précises, des adjudications de
travaux publics et des fermages d impôts, réserv és a
l'ordre équestre. 11 est probable qu’au moins jusqu a
l’époque des Grecques ils n’ont pas pris partaux distribu¬
tions de terres publiques. Pour les impôts, leur situa¬
tion n’a rien eu de spécial ; cependant, quand on rétablit
momentanément le tri but um pendantles guerres civiles,
on demanda aux affranchis qui avaient plus de 5000 de¬
niers le huitième du capital et aux ingénus seulement le
huitième de leur revenu i0.
: 7° Pour le vote, sous la République, la situation des
affranchis a subi de nombreuses variations que nous
connaissons fort mal et elle a été un perpétuel sujet de
luttes politiques D’abord dans les curies les affranchis
°nt la même place que les plébéiens [curia]. Ils ont été
■dmis dès le début dans les tribus et par suite dans les
jfcnUines des classes s’ils étaient propriétaires fonciers ;
■jus comme ils constituaient surtout une plèbe urbaine,
1 < Giient parqués dans les tribus urbaines et par suite
«ans la centurie de:
les cnpite censi et dans les centuries
■ ~ lut ainsi jusqu'à la réforme du censeur
iPpius Claudii
a artisans. 11 en
\ppi
fortn
. Bus en 312 av. J.-C.; Appius, prenant la
t De 11011 plus seulement la propriété foncière
qass( ' ll"l*'t'on du droit de vote dans les centuries des
| ’ ,un| d les tribus rustiques aux affranchis qui
B S. l, lu, 3; 4n II . r r . n
™>wcc au dcl)Ui ■ ’ ’ Just. 0, 8. La natalium restitutio n'a peut-être été
Mwtus pom|1.(, nés ingénus. - 2 Pour Mena, chef de la flotte
aurait eu w, l\'1' ^ Apptan. Bell. civ. o, 80) ; d'après Dio Cass. 18,
|« U. 3 (Scaevol'al"'!ÜU d ~ 3 Tac' Ann- l3> 27 l Dio. Cass. GL, 7. — 4 Dirj.
1 l;.CK*«f. 5, 4, 23, *\DT W,’ î*3;40> 5« 1 i 2. A »0, § 3 ; 38, 2, 3,
^ sioii de ,’2 2. On a deux inscriptions qui mentionnent la con-
* J"' s»'t pas s'ils ont'l"S j] 'lcs aflrailcl‘is impériaux (C. i. I. fi, 1598, 3856) : mais
J ^ ^ anneau d or ou la natalium restitutio. — S Nov. 78.
'77 (“ Julia ,®8 insci'iptions. - 8 Lex Col. Jul. Genetiv , 5, 21 ; C. i. I.
’ i 6104 Clupea) ; Strab. 8, 6, 23; 17, 3, 15. Voir
| 58 ^ «io Cass 5ft 3‘‘ 33, ~ 0 Mommsen, l. c. 6, 2, p. 40-46. — 10 Elut.
’ *’ 3- ~ 11 Mommsen, l. c. 6, 2, p. 18-30. — 12 Diod.
eurent ainsi pendant un certain temps le droit de vote
complet12. En 304 les censeurs Fabius Maximus etDecius
paraissent avoir refoulé de nouveau les affranchis dans
les tribus rustiques, mais eu gardant le principe du
classement dans les centuries d’après la fortune totale13.
Un peu avant la deuxième guerre punique, entre 234 et
220, le censeur C. Flaminius frappa les affranchis et fils
d’affranchis, même propriétaires, d’une infériorité notable
en les classant, dans les quatre tribus urbaines, parmi
les citoyens qui n’avaient pas de propriétés1’. Cette
déchéance fut supprimée en 189 pour les fils d affranchis
par une loi que fit voter le tribun Terentius Culleo, mais
maintenue pour les affranchis 15. Il est vraisemblable
que la lutte des partis a continué à s’exercer sur ce
terrain, mais nous n’en connaissons pas tous les épiso¬
des. Avant 168, la situation des affranchis fut améliorée
en ce sens qu’on assimila aux ingénus propriétaires
fonciers les affranchis propriétaires fonciers ayant un
fils âgé de cinq ans ou une fortune de plus de 30 000 ses¬
terces ; mais en 168 les censeurs ne maintinrent que le
privilège attaché à la paternité et refoulèrent tous les
autres affranchis dans une des quatre tribus urbaines,
tirée au sort, probablement pour la durée du lustrum,
pour cinq ans16. Nous ne savons pas si 1 avantage de la
paternité et le tirage au sort de la tribu urbaine ont
subsisté plus tard ; nous ignorons le contenu dune loi
proposée sur le vote des affranchis par M. Aemilius
Scaurus, consul en 115 n. Après la guerre sociale, les
affranchis restent parqués dans les quatre tribus urbai¬
nes et leur infériorité est aggravée de ce fait que les in¬
génus, même non propriétaires, sont répartis dans toutes
les tribus18. Aussi 1 assimilation des affranchis aux
ingénus est maintenant une des revendications du parti
populaire ; en 88, la loi du tribun Sulpicius portant que
l’affranchi aurait la tribu de son patron et par suite, le
cas échéant, la tribu rustique, fut adoptée, mais cassée
immédiatement 19 ; redemandée par le consul Cinua en
87, elle fut appliquée pendant quelque temps en 84,
mais supprimée de nouveau après la victoire de Sylla ,
un plébiscite analogue de C. Manilius, tribun en 77, ne
put être appliqué et le tribun Clodius en 59 ne put môme
faire une proposition en ce sens 21 . Peut-être les affran¬
chis propriétaires fonciers avaient-ils obtenu quelque
amélioration 22 ; mais il n’y a pas de texte concluant.
Sous Auguste, le droit de vote paraît avoir été enlevé
aux affranchis, puisque, tout en restant pour la plupart
dans les tribus urbaines, ils ne portent plus dans leur
nom l’indication de la tribu 23. Auguste a donc sans
doute réalisé la pensée de Scipion Emilien2*. D'ailleurs,
le droit de vote n’a plus d’importance et va disparaître.
Mommsen signale encore quelques particularités 20 :
ainsi les fils d’affranchis ont souvent la tribu rustique du
patron du père26, très souvent la tribu urbaine Palatina*1.
0 46- Liv. 9, 46 ; Val. Max. 2. 2, 9 ; Plut. Popl. 7. - U De vir. illustr. 32 ; Liv.9,
o! _ H Mommsen le conclut de Liv. Epit. 20.-13 Plut. Flam. 18.-16 Liv.45, 15,
• Cic. De orat. 1, 9, 38 ; De vir. ill. 57. - 17 De vir. ill. 72. - 1» Cic. De oral.
' <K 38 ; Ascon. in Mil. 52; Dionys. 4, 22. - 19 Liv. Ep. 77 ; Ascon. in Corn. 04 ;
jio Cass. 36, 25. — 20 Schot. Gronov. in Cic. Cat. 2, 10, 24, p. 410 ; Liv. Ep. 84,
- 21 Dio Cass. 36, 25 ; Cic. Pro Mur. 23, 47 ; Ascon. Pro Corn. p. 64-65; In Mil.
I 46, 52; Cic. Pro Mil. 33, 89 et Schol. Dob. p. 346. — Î2 Conjecture de Mommsen
f après Cic. De lecj. ar/r. 2, 29, 79. — 23 Les inscriptions d'affranchis qui portent par
xception la tribu, soit ruslif|ue, soit urbaine, sont réunies dans Mommsen, l. c. 6,
:, p. 20, note 2, 27, note 1. — 21 Val. Max. 6, 3; Vell. 2, 4; De vir. illustr. 58.
25 L c. 6, 2. p. 28-29. — 20 Corp. inscr. lat. 3, 2097 ; C, 1818. — 27 C. i. I. 2, 4527 ;
i, 1000 ; 0, 1851, 15 131, 15.232, 15 595; 9, 1018, 3184, 3524; 10, 1807 ; 14, 412, 415.
I
— 1204 —
L1B
L1B
8° Sous la République, les affranchis participent déjà
aux distributions gratuites et c’est déjà un des motifs
qui provoquent les affranchissements1. Sous l’Empire,
les affranchis inscrits à Home dans les tribus urbaines
qui deviennent des corporations frumentaires constituent
la plus grande partie de la plebs frumentaria [tribus] ;
les citoyens inscrits sur les listes sont surtout des
affranchis qui fournissent quelques-uns des chefs des
centuries des tribus, des curât ores L’inscription dans
une tribu frumentaire ( tribus , fessera frumentaria)
constitue une sorte de titre aliénable, transmissible, que
souvent les patrons achètent ou font acheter par testa¬
ment à leurs affranchis pour assurer leur subsistance3.
9° Pour le service militaire, les affranchis ont sans
doute suivi le régime commun pendant les premiers
siècles de la République ; puis, lorsque les plébéiens non
propriétaires furent admis dans les légions dans le cou¬
rant du ivc siècle av. J.-C., il fallut établir une ligne
de démarcation ; les affranchis furent alors exclus des
légions, sauf peut-être les propriétaires qui avaient un
fils âgé de cinq ans ou une fortune de 30 000 sesterces.
On ne les trouve plus dans les légions qu’en cas d’ex¬
trême nécessité 4 * * * ; pendant la deuxième guerre punique,
on affranchit des esclaves pour en former des légions 11 ;
les affranchis servent surtout sur la flotte0; pendant la
guerre sociale, ils forment des cohortes spéciales de
volontaires1. Sous le principat, ils restent encore réguliè¬
rement en dehors des légions; ils constituent sans doute,
en cas de besoin, ces cohortes Italicae civium Romano-
rum voluntariorum qui ont été levées à différentes re¬
prises 8 ; pendant la guerre des Marcomans, Marc Aurèle
affranchit, pour les armer, des esclaves qu’il appelle vo¬
la ntarii °. Au début de l’Empire, les soldats de marine,
les rfassiarii, sont des esclaves ou des affranchis et jusqu’à
Néron les chefs des flottes, les praefecti c/assis, sont des
affranchis 10 ; à partir de Claude, les classiarii sont sur¬
tout des pérégrins, quelques-uns seulement paraissent
être des affranchis gratifiés de l’ingénuité fictive11. Le
corps des vigiles de Rome a été recruté au début exclu¬
sivement, plus tard principalement parmi les affranchis
soit ordinaires, soit Latins Juniens [vigiles] 12. Nous ne
savons pas le sens précis de la militia souvent citée
dans les textes juridiques du IIe siècle comme une fonc¬
tion aliénable, transmissible, salariée, souvent léguée à
des affranchis 13. Mommsen 14 a conjecturé qu'il s’agis¬
sait de places dans le corps des vigiles ou de corps où les
affranchis pourvus de l’ingénuité fictive auraient pu
entrer ; il s’agit plutôt à notre avis de fonctions civiles,
comme celles des décuries, pour la désignation desquelles
le mot militia , usuel au Bas-Empire, a été interpolé16.
VII. Condition civile et sociale sous la République. —
1“ On a vu que primitivement il n'y avait pas de diffé¬
rence essentielle entre les affranchis d un côté, les clients
1 Dio Cass. 39, 24 ; Dionys. 4, 24. — 2 Suct. Aug. 42 ; Pliil. Ley. ad Cai. 23;
Schol. Pers. 5, 73; C. i. 1.6 , 190-200; Tac. Ann. 13, 27; Symmacli. Or. pro paire,
c. 7 ; voir Mommsen, l. c. G, 2, p. 30-34-. — 3 Dig. 5, 1, 52, i ; 31, 49, \ ; 31, 87 pr. ;
32, 35 pr. ; Terlull. De resurr. carnis , 57 ; Vatic. frag. 272, où la lecture scribis
ou tribus est incertaine. — 4 En 29G av. J.-C. Liv. 10, 21, 4 ; en 217, Ibid. 22, 1 1,
K. — « Liv. 24, 14 ; 22, 57, 11. — 6 Liv. 22, 11, 8; 30, 2, 15 ; 40, 18, 7 ; 42, 27,
3 ; 43, 12, 9. — 7 Liv. Ep. 74; Macrob. S rit. I, 11, 32 ; Appian. Dell. GW. i, 49.
— 8 Voir Ephem. epigr. 5, p. 248-249. — 9 Vit a Marci, 21, G. — 10 C. i. I. 3,
l ; Tac. Ann. 14, 3, G2 ; Hist. 1, 87 ; voir Hirschfeld, Untersuchungen, p. 123-124.
Otlion laisse encore un affranchi à la tôle d'une flotte (Tac. Hist. 1, 87j. — 11 \oir
Mommsen, Hernies , 1884(19), p. 17 ; C. i. I. 10, 3531. — 12 Dio Cass. 55, 20 ; Strab.
3 2, 3, p. 235; Suet. Aug. 25 ; Tac. Ann. 13, 27 ; Ulp. 3, 5. — 19 Dig. 32, 102,
et les plébéiens de l’autre. Jusqu’à Auguste il
de conubium , droit de mariage entre affranchis '
gémis; le sénatus-consulte de 186 av. J.
et in-
accorde \
l’affranchie 11 ispalla Fecenia le droit d’épouser un • . 1
i ai il ingénu,
les unions entre affranchis et ingénues et réci . 1
ment ne sont que des çoncubinats ; cependant la |>m! p
lion légale du mariage commence à tomber en dé-
tude à la fin de la République16. A l’égard des enla^'l
d’affranchis il n’y a jamais eu de limitation - pPno i b
1 opinion publique reprouve toujours le mariage d'
noble avec la fille d’un affranchi ou d’un client11
2° Le mot patronus est avec pu ter dans le même ra 1
port que matrona avec mater 18 ; l’affranchi est donc S0J
la dépendance du patron comme le fils sous celle du pi.re
et cette dépendance a été, au début, extrêmement étroite !
Elle comporte des devoirs et des droits qui ont été pen¬
dant longtemps les mêmes que ceux du client et qui ont!
reposé d’abord sur la coutume avant d’être sanctionnés
par la loi. Il est probable qu’aux premiers siècles l’af¬
franchi reste le plus souvent dans la maison du patron'
il fait partie de sa famille 1 9 et aussi, dans une certaine
mesure, de sa gens , aux sacrifices de laquelle il parti¬
cipe20; c’est pour cette raison que les affranchies ne
peuvent se marier en dehors de la gens, sans un décret
des gentiles ou une loi conférant la gentis enuptio11,
L’affranchi est soumis à la juridiction domestique du
patron [judicium domesticum].
Primitivement, le patron donnait peut-être un lot de
terre à l’affranchi comme au client, sous forme d’une
possession précaire; cet usage a dû disparaître de bonne
heure, mais le patron a sans doute dû continuer à assurer
la subsistance de l’affranchi22. Il doit sans doute le dé¬
fendre en justice, comme le client dans les procès civils11.
L’interdiction réciproque de témoigner l’un contre 1 autre,
de secourir en justice leur adversaire, attestée à 1 égard,
du patron et du client, doit certainement s’appliquer aussi
à l’affranchi comme ces deux autres règles que le client
ne peut intenter une action en justice contre son patron,
et que le patron, qui lèse les intérêts de son client
s’expose à une poursuite criminelle devant le peuple .1
jusqu’à quel point l’obligation quale
ses dépenses extraordf
Nous ignorons
client de soutenir le patron dans
naires
26
s’étend à l’affranchi ; en tout cas, il doit des pré¬
sents 21 ( donum , munus), comme plus tard a
impériale. Mommsen applique avec raison a 1 atliane^
la règle que le patron ne doit pas s’enrichir pm
sents du client28; et la /ex Cincia de 2(H a' -
interdisait les donations et présents au delà du
légitimas, paraît ne pas s’être appliquée aux alhom ' ^
il est tout naturel que cette loi, destinée a l11"1'^ ^
clients30, n’ait pas compris les affranchis, ah'1' 1 J
patron par des liens plus étroits. Lobligaù"11 1 1
franchi de se charger de la tutelle des enfants
. ., ,7 .Vor. 53. »■
-3; 34, 1, 18, 2 ; 19, 1, 32, 2 ; 31, 49, § 1, 22 ; cf. C. J ntl- *>. * \ !»■
-14 L. c. 6, 2, p. 37-38. — 15 Cf. Kiilin, Stadt. ü. bürg. LJ pu.
- 10 Liv. 39, 19. 5; C, 40 ; Colum. I, 3, 3; Sali. Jnrj. 0 i ' " ■ ; ' p(1r. )»<!/•&
- 17 Cic. PMI. 2, 2, 3 ; 3, 6, 17 ; 13, 10,23 ; ad Alt. 10, <'« '' r, .-*<*[*
- 18 Cf. Feslus, p. 253. — ni Kl. p. 233 : numerari inter dojne.^ * ^ »
'exclut de certains sacrifices que .< Iiostis, vinctus, malin, 1 <J u.CO.11'1''
- s. l.iv. - »F„,. ,, »,
onnait de l'argent^ ses affranchis; Liv, 2, 5; 4, 4a, oi. n. 198, 1 ’
S>. 2, 1, 104.— 24 Dioilys. 2, 10; Gell. 5, 13; C. i. ■ ’ . l3( 3; Plu1'
- 23 Dionys. 2, 10; Scrv. Ad Acn. G, G09. — 2G Dionys.^ a"L)ionys. 2. GcU"
3; Liv. 3, 32; 38, 00. — 27 Fcst. p. 34, s. v. Cercos. — “
, 40. — 29 Vatic. frag. 307. — 30 Liv. 34, 4.
— 1205 —
lui
UB
, ivnoaue primitive'. Jusqu’à Auguste, le
remonte a , l’affranchie malgré elle2. Elle est
soumise a .* si0n de l’affranchi avait été réglé
Do^TaWes* de la manière suivante : en
par loi ne venaient les héritiers testamentaires, na-
premien n» , e
^ls et adoptifs, et la femme .
,.e t .tumni nnneles le patr
manu de l’affranchi ; à
J " i étaient appelés ie pairon et ses descendants ;
fronstil .aient un ordre de successibles qui remplaçait
l.llsC0 ... „ussi ü n’y avait aucune différence entre le
■ agn!t la natrinne, entre le fils et la fille du patron ;
I K^cliaiTles héritiers externes, les descendants de
lamnc, les petits-enfants et arrière-petits-enfants du
I atron par les filles, les descendants qu il avait eman-
■ donnés en adoption, mais non les enfants
était toujours déférée au plus
ou
cipes
Uérédés ; la succession <
proche, et le partage se
, faisait par têtes. Mais le préteur
était intervenu pour
améliorer la condition du patron.
Il continuait à être exclu par les descendants naturels de
l’affranchi, non exhérédés, et même par ceux qui avaient
été émancipés et donnés en adoption, pourvu qu ils figu-
' lassent comme héritiers sur le testament à défaut de ces
héritiers, le patron devait être institué héritier de la
moitié des biens par le testament de 1 affranchi; sinon,
il obtenait cette part en vertu d’une bonorum possessio
contra tabulas ; il avait aussi droit à cette part, à défaut
de testament, en présence d’un fils adoptif, d’une femme
qui avait été in manu, d’une belle-fille qui avait été in
manu du fils. Ces droits étaient accordés aussi aux fils
et aux descendants mâles par les mâles ; mais l’ancien
droit était maintenu pour la patronne, pour les filles et
les descendantes du patron5.
4° En tout cas, l’affranchi était propriétaire de ses
biens pendant sa vie; mais le patron avait trouvé le
moyen de conserver, après l’affranchissement, des préro¬
gatives utiles et des droits financiers. L’esclave n’ayant
pas de personnalité juridique ne pouvait s’engager vala¬
blement; on tourna la difficulté en lui imposant avant
l'affranchissement un serment comportant certaines obli¬
gations et prestations qu’il devait renouveler immédiate¬
ment après l’affranchissement. 11 n’y avait pas, primiti¬
vement, de limite légale à ces promesses; l’affranchi
pouvait ainsi promettre des operae , té partage de tous
Bs bénéfices, se reconnaître débiteur de sommes dont il
ne pourrait jamais payer le capital, renoncer au droit de
so marier. Il en résulta de graves abus; d’autre part, il
• y a\ait pas de sanction positive au serment de l’esclave ;
■es pâleurs intervinrent donc, à la fois pour protéger
C fanf I'1 I)0ur l’obliger à exécuter ses engagements.
lCffr°n C'te une décision du préteur Drusus, annulant
Kranc llsseineiù quand l’affranchi refusait de renou-
lvaiu°n?riïle*t; avant 105 av’ le Préteur Rutilius
( c" 1 qu d n accorderait au patron que les actions
Il * Gcll. 5, 13 ___ 2 ry
~~ 1 Gai. 3, 46-49 ■ / '?■' 2’ 2.8'29 ( J “squ’en 4 ap. — 3 Liv. 39, 19, 5.
m,'in: 4* £d. p p '"jj’ 7 ’ 2, 23, 1. Voir Accavias, Précis de droit ro-
jt'O-). — 1 Dig. js. ° 3, 45, 46, 49. — 6 Ad Att. 7, 2 (avant 114 av.
I |*~G. (cf. Cic. Brut io 1 i ^ Pr^eup Rutilius est sans doule le consul de 105 av.
§2,G:26i 3, 2, 5,§5.’37 8 Gai* 3’ 51 ’ 83 ! Tac- BUt. 2, 92; Dig. 2, 4, 10,
™'se au hatin devenu cit *’ § Cependant la loi municipale de Salpensa(c. 23)
’ cons. 5 17 . , ' 0lna‘11 capacité tic succéder à ses alTranchis. — 9 Cf.
I JAtt- h 12. - lu 1 ’ 1C' Adfa™- 3, 1; 13, 21, 23, 27, 46,60, 69, 70; 16, 16 ;
I fc,'; ^ *' 6’ 2211 : n,„ ''cl ’ ^ c. p. 92-100. — n Suet. Vesp. 13 ; Tac. Ann. 15,
• tcSw. Bpitt. 6 j, "> ’> 3* 7 » Mariai, Papiri, n» 76, p. 119 et 261 b, n°7 ;
csi3- 10 ; Sencc. En gn • pu *’ 3> Pctl'Ou. Sat. 57; Suet.
v. ' ’ “• nat ■ 7, 39 ; Orelli, 2983; D10. Clirys. 14,
operarum et pro socio , c’est-à-dire qu’il ne pourrait
réclamer que les operae et le partage des bénéfices 7.
Nous verrons plus lard le droit de tutelle des patrons.
Faisons remarquer ici que la deminutio capitis, soit du
patron, soit de l’affranchi, éteint les droits de patronat,
en laissant subsister cependant la reverentia à l’égard du
patron qui garde sa liberté et son droit de cité. L’affranchi
ne peut donc se donner en adrogation à un tiers sans
l’autorisation du patron; sinon, l'adrogation ne lèse pas
les. droits de ce dernier8.
5° Telle était la situation légale des affranchis à la fin
de la République ; il est assez difficile de déterminer leur
situation de fait à cette époque de guerres civiles où ils
faisaient partie de la clientèle qui aidait les patrons dans
les luttes politiques. Les lettres de Cicéron, où il y a un
mélange d’affection et de dureté, ou de dédain à l’égard
des affranchis, paraissent refléter assez exactement 1 Opi¬
nion publique9. Le nombre des affranchis s était consi¬
dérablement multiplié à la suite des conquêtes qui avaient
amené à Rome une foule d’esclaves [servus].
On a vu que l’affranchissement, qui au premier abord
paraît en désaccord avec les intérêts du maître, lui laissa.!
les plus importants, les plus lucratifs de ses droits et une
partie de la succession de l’affranchi, qu’il avait presque
autant d’intérêt à posséder des affranchis que des ésclaves
dans une société où le nombre des serviteurs dépassait
les besoins 10. L’affranchissement était quelquefois gra¬
tuit11, mais le plus souvent l’esclave achetait sa liberté, sur
son pécule amassé péniblement, à un prix qui variait
selon sa valeur, son éducation, ses qualités et aussi selon
le caractère du maître 12. De nombreux mobiles pouvaient
pousser le maître à affranchir ; l’affranchissement pouvait
être la récompense de longs services, de dévouement13,
un encouragement à la bonne conduite, à la fécondité14,
la conséquence naturelle de rapports entre le maître et
la femme esclave13; une des causes les plus fréquentes
d’affranchissement était évidemment 1 affection, par
exemple, de l’affranchi à l’égard de ses parents, femme,
enfants, que le maître lui avait légués 1G, du maître à
l’égard de son père nourricier, de son pédagogue, de son
grammairien 17, des esclaves nés dans la maison, vernae ,
alumni 18. On affranchissait souvent aussi l’esclave qui
allait mourir19. Enfin, il était surtout de mode, pour faire
étalage de générosité et avoir à ses funérailles un nom¬
breux cortège d’affranchis coiffés du pileus, d’affranchir
par testament un grand nombre d’esclaves20.
VIII. La législation du Haut-Empire. — A l’arrivée
d’Auguste au pouvoir, celte multiplication du nombre des
affranchis, gratifiés immédiatement du droit de cité, avait
profondément altéré la composition du corps des citoyens ;
la classe des ingénus était noyée dans ce Ilot toujours
montant; d’autre part, la législation n était pas fixée.
Auguste va donc appliquer ici les principes généraux de
p. 440 R. — 13 Déjà dans Tcrcnt. Andr. I, I, 10. — ‘4 Colum. De re rust. 1,
g 19 _ 15 Dig. 40, 2, 19. — 16 Pctron. Sat. 37 ; Orelli, 3003. — 17 Orclli-
Henzen, 2314, 6007; C. i. I. 10, 3125, 3466; Suet. Gramm. 3, 15, 13, 21.
— 18 Valumnus est proprement l'enfant libre exposé et recueilli ; mais le plus sou¬
vent ce mot n'exprime que des rapports affectueux entre l'affranchi, l'esclave et le
patron. Voir Ruggiero, Dis. epigraf. s. h. v. — 19 Mart. 1, 102. — 20 Petron. Sat.
42, 71 ; Dionys. 4, 24. Voir, outre les textes du Digeste et du Code, le testament de
Dasumius de 108 ap. J.-C. (C. i. I. C, 10 229) où le testateur donne la
liberté sous toutes les formes, par legs direct (l. 40), mais après reddition de
comptes (1. 49-50), par fidéicommis (1. 77), conditionnelle (1. 45), interdit qu'elle
soit jamais donnée à certains esclaves (1. 80-81 ; cf. Dig. 18, 7) ; le testament du
Gaulois (Wilroanus, n» 315), la donatio Syntrophi (C. i. I. 6, 10239, I. 5-10).
152
LIB
— 1206 —
LIB
sa politique; sa législation, favorable aux affranchis,
défavorable aux esclaves, a pour but, d’une part, d’établir
l’ordre et la mesure dans les relations des affranchis et
des patrons ; d’autre part, de refouler l’esclave dans la
servitude, d’élever la situation sociale de l'affranchi en
maintenant son infériorité politique, et d’utiliser cette
nouvelle classe de citoyens pour repeupler l’empire. Après
lui, le progrès général de la civilisation et l’amélioration
des mœurs battent en brèche la partie restrictive de ses
mesures et développent tout ce qu’elles renferment de
favorable à l’affranchissement et aux affranchis. Après la
réaction momentanée qu’amène, au milieu du ier siècle,
l'insolence des affranchis impériaux, nous assistons
à des progrès continus sous l’influence de la philo¬
sophie stoïcienne, qui affirme le principe de l’égalité,
avec l'aide des Antonins et de leurs successeurs, jusqu’à
Sévère Alexandre, et des jurisconsultes des ne et me siècles
ap. J.-C. En évitant les innovations d'ensemble, en main¬
tenant les anciens cadres, ils font une œuvre analogue à
celle des préteurs, mais inspirée par un esprit plus vif de
bonté et de sympathie à l’égard des affranchis. Nous
constatons dans les sénatus-consultes, dans les édits et
les rescrits impériaux, dans les réponses et les interpré¬
tations des jurisconsultes, la même tendance à faciliter
l’affranchissement, l’acquisition du droit de cité, à inter¬
préter les lois, les contrats, les actes juridiques dans le
sens le plus favorable à la liberté, qu’on considère comme
étant de droit public1, à adoucir les relations entre les
patrons et les affranchis, à modérer, tout en les garan¬
tissant, les droits des maîtres, à simplifier les formalités.
H IX. Extension et limitations de la faculté d’affrancuik.
— Les trois formes d'affranchissement se maintiennent
sous l'Empire. Ajoutons que l’empereur affranchit sans for¬
mes. par une simple manifestation de sa volonté2; qu’on
affranchit per vindictam devant les magistrats municipaux
qui ont la legis aetio dans les municipes 3. L’affranchisse¬
ment au théâtre, pendant les célébrations de jeux, généra¬
lement imposé par la populace, avait commencé à être pra¬
tiqué à Rome sous les premiers empereurs i ; mais c’était
un abus qui fut supprimé défînitivementsous Marc Aurèle5.
Une loi, dont on ignore le nom exact et la date, autorisa
les villes à affranchir leurs esclaves6; nous ne savons
pas quelle était la portée de cette loi, car il semble bien
que beaucoup de villes avaient ce droit depuis long¬
temps1, sans parler des villes de droit pérégrin. Cette loi
aurait été étendue en 129 aux provinces. Il est certain
qu'il fallait un décret de la curie municipale, confirmé
par le gouverneur8. Les villes eurent donc dès lors sur
leurs affranchis les droits des patrons, purent être insti¬
tuées héritières par eux, réclamer la bonorum possessio
quand les affranchis n’avaient pas d’héritiers légitimes,
pir l’intermédiaire d'un actor ou d’un mandataire, ou
l'obtenir d’office par les soins du magistrat9. Marc Aurèle
accorda aussi à toutes les associations autorisées le droit
d'affranchir leurs esclaves10, et elles eurent également les
droits de patronat. On voit s’établir quelques cas d’affran-
1 Dig. 50, 17, 20; 40, 5, 53. Voir des espèces curieuses ap. Dig. 50, 5,
U, et sur tout ce chapitre, Lemonnier, l. c. p. 20-39. — 2 Dig. 40, 1, 14, 1.
- 3 Paul. 2, 25, 4; C. Just. 7, 1, 4. — 4 Suet. Tib. 47; Calig. 35. — 5 C. Just.
**’ 3! Dig. 40, 9, 17 pr. Hadrien s'y était déjà opposé (Dio. Cass. 69, 16).
6 Le mot \ ectibulici de C. Just. 7, 9, 3, ost altéré; Mommsen propose veteris
reipublieae ; De la Berge ( Essai sur Trajan, p. 135) le nom d'un consul de 111,
Vetlius Bolanus. — 7 Varr. De ling. lat. 8, 83. — 8 C. Just. 7, 9, 1-2. La confir¬
mation du gouverneur n'est pas mentionnée dans C. Just. 11, 36, 1. — 9 Dig. 38,
chissementsans la participation du maître • d,.v
bres par l’eff et de la loi, l’esclave qui dénonce la "nenl*''
maître assassiné etqui est alors censé affrancliM01* ^8011
ôrcinus , et l’esclave qui a été prostituée malgré l'{!
de vente 11 ; l’esclave malade, abandonné par SOn ' nalrat
devient, par une décision de Claude, Latin Junien'M111'6’
les procès si fréquents de liberal i causa , l’affranchi ^
prouver sa liberté par tous les moyens; la loi i'avn.-
revendication; le doute finit par tourner à son , Sa
y a favor libertatis ; le père peut réclamer la liberté' ’ li.
son fils, le patron pour son affranchi, même malgré lu^l
au moins au ni0 siècle, il est d’usage que le maître
mette à l’affranchi une pièce prouvant l’a-tïranchissomÜu î
( instrumentant manumissionis ), mais elle n’est pas néces
saire. L’affranchi peut aussi revendiquer l'ingénuité . ,
par la procedure extraordinaire, soit extra ordinenrW
même par une action préjudicielle, à Rome devant le ml
tor de liberalibus causis et le consul. Il est actor et doit
faire la preuve. Un sénatus-consulte, sans doute sous
Marc Aurèle, n’admet cette revendication que cinq ans
après l’affranchissement; si l’affranchi triomphe, il con¬
serve les acquisitions faites après son affranchissement
et laisse le reste à la famille du patron. Une sentence
rendue en faveur de l’ingénuité, par collusion du patron,
peut être attaquée pendant cinq ans, même par des tiers13.
La faculté d’affranchir est bornée par des limitations
naturelles u. 1° Un esclave, indivisentre plusieurs maîtres,
est affranchi par un seul; s’il n’eùt dû devenir que Latin
Junien, il n’y a rien de changé à sa situation; sinon le
manumissor perd sa part de propriété qui revient aux
autres. Sévère décide d’abord que si un soldat copro¬
priétaire affranchit l’esclave par testament, son héritier
doit acheter les autres parts de propriété et affranchir,
puis que le magistrat doit obliger les copropriétaires à
céder leur part moyennant une indemnité. Justinien,
généralisant ces dispositions, décidera que l’esclave doit
être libre, et avoir pour patron le manumissor , et éta¬
blira le tarif général des indemnités 13. 2° Un esclave est
soumis à un droit d’usufruit ou d’usage; l’affranchisse¬
ment, fait par le nu-propriétaire, rend l’esclave « sine
domino » ; fait par l’usufruitier, il rend la propriété com¬
plète au nu-propriétaire. Justinien décidera que dans e
premier cas l’esclave reste « in servitute », au service de 1
l’usufruitier jusqu’à sa mort, que dans le second cas i
reste esclave, mais libre de fait jusqu’au jour où lusa I
fruit se fût éteint16. 3° L’esclave est grevé d un «b oit oj
gage ou d’hypothèque; si la constitution de ga»e I
d’hypothèque est générale, la solvabilité du débiteur es I
la condition suffisante de l’affranchissement; si 1 1 ^
spéciale, l’autorisation du créancier est néce^an^
4° L’esclave est affranchi par un propriétaire dont < U ^
de propriété est résoluble jusqu’à l’arrivée d um 11
tion; si elle arrive, l’affranchissement est censé av
nul ; si elle fait défaut, l’esclave garde sa liberté, nnii-
effet rétroactif18. _
droit daffranclur,
A ces limitations naturelles du
37, 1, 3, 4; 40, 3, 1-2 ; Ulp. 22, 5. — 10 Dig. 40, 3, 1
;3*|
13 Dig
i 7 Q H ■ i *i u * ;/ * , (
4 pr. ; 37, 14, 7 pr. — 12 Dio. Cass. 00, 29 ; Suet. Claud. g ■ 40, 3" 1 *
165 c
Cl. r , ej •
4, 7, § 5; 22, 3, 14; 40, 14. 1, 2, § 1-2, 3; 40, 16, 2, §3 1 et/’_ ’ , r,5 cl su‘v
S o; t.-, o, i»; m, i», i, i, s »■ — » ' — ( - .
Hit. 4, 6, 13; C. Just. 7, 16, 24-26. — « Voir Accarias, L. ■ ^ s0;«,»-
13 Ulp. 1, 18; Paul. 4, 12, 1; Dosilh. De manum. 10; Dig- 1 ’ 111
; 28, 6, 18 pr.; C. Just. 7, 7, l. un. — 18 Ulp. 1, 1»! Dos‘ ^ g, 1, 3' ,
Just. 7, 15, 1. — 17 Dig. 40, 1, 3; Dosilh. I. c. 16; C. us '
18 Dig. 33, 5, 14; 40, 1, 11; 40, 9, 29, § 1.
LIB
— 1207 —
uté des limitations légales qui constituent
. Auguste ca uJ0^^eg réformes politiques et sociales. Elles
* une de ses S1- ^ MUa Sentia et Fufia Caninia.
sont r«uvr0 : caninia appartient sûrement au règne
1- LJ fTL place en général en H ap. J.-C. Elle a
d’AUgU i d’arrêter les excès de libéralité des mourants
Leu pour 'J'1 ^ ^ droU de cité à un nombre excessif
♦d11' Jon”a'"!! en outre, lésaient les intérêts des héritiers.
ï’ifTl, lirait les restrictions suivantes: on ne pouvait
■*£lk' t ar testament, même sous la forme du fidéi-
•aflnUU 11 de ' deux à dix esclaves, que la moitié, de dix à
| Pn3;,v le tiers, de trente à cent que le quart, de cent
cents que le cinquième; et le nombre total ne
I * J jamais dépasser cent; le maître de deux esclaves
■LaiJ les affranchir tous les deux ; dans chaque catégorie
Kn avait droit au moins au minimum concédé à la caté-
gie1 inférieure ; le bénéficiaire devait être désigné
nominativement ou au moins, d’après le sénatus-consulte
fcrphitien, d’une manière assez précise 2. On essaya de
tourner la loi par divers procédés, par exemple en inscri¬
vant en rond les noms des esclaves ; en ce cas l'affran¬
chissement était annulé. Cette loi, encore appliquée a la
fin du iiic siècle, ne sera supprimée que par Justinien3,
t II. La loi Aelia Sentia (ainsi appelée des noms des con¬
suls Sextus Aelius Catus et Gaius Sentius Saturninusj
de Jap. J.-C. établit les restrictions et modifications sui¬
vantes4. i° Elle interdit jusqu’à un certain délai l’affran¬
chissement de l’esclave, placé sous le coup de la question.
-2° Elle frappe de nullité l’affranchissement opéré en
fraude des créanciers ou du patron ou des villes ou du
fisc', à la double condition qu’il y ait un préjudice réel
et que le débiteur ait agi en connaissance de cause6; le
fisc a un délai de dix ans pour faire valoir sa récla¬
mation ; pour les autres personnes, nous ne savons pas
exactement quel il est1. 11 n’y a qu’une dérogation ap¬
portée à cette règle : l’affranchissement vaut pour l’es¬
clave institué héritier par le testament d'un maître
insolvable; il est heres necessarius; mais il ne doit y
avoir qu’un seul esclave institué héritier ; s’il y en a
plusieurs, le premier seul devient libre; il n’est libre que
si aucune des personnes instituées avec lui ou à son défaut
pc peut ou ne veut faire adition ; ce privilège est appli-
faile, même à l’égard du maître mineur de vingt ans et
Pe relave mineur de trente ans ou en condition de
•venir dédilice \ — 3» Elle interdit au mineur de vingt
rS’ 11,1 1110 s°ldat, de donner la liberté par le cens et par
■sanient, pour affranchir complètement ou pour ne
■onnu que la liberté latine9, le mineur ne peut employer
smV l l aPrès avoir prouvé devant un conseil
comrio !1]1 *^a de -iustes m°Bfs. A Rome, ce conseil se
il ps( ' ' ' ' 'n<ï sénateurs et de cinq chevaliers pubères ;
• certain "IN 1>'IU^ et Présidé par le consul et se réunit à
de l’enir,!'.'"1 ^ a lahn de l’Empire surtout le jour
111 c*iar8e des consuls11 ; dans les provinces, il
'Gai. jjj.
!* § Ù-V’ 12’ J,'2i"22S i Suet- Aug. 40; Paul. 4, 14; Gai. Epit.
Ht' l0’ h 24 (ij q f/' 2 Pau|. b 14, 1; Ulp. 1, 25; Gai. 2, 239;
4??' h 7i C. ^ ‘ Pllitien prieur à Gaius). - 3 Vita Tacit. 10;
I j ’’ ll',2; Gai. 1,:;: ri ~ -7°“' Lcmolln‘er, l. c. p. 45-53. — 6 Di g.
poini jn* P'à’égrins ^ ^ ^ette ^«clause de la loi était appli-
\Ul!l • 40, |q. , 1 >' y avait controverse sur ce dernier
- 's n CCarias’ 1 c. 1, p !-l°’ !0; Instit- b G, 3). — 7 Dig. 40, 9, 45, 3.
60 en 1,1 h 'b Gai | i. 9‘ô admet généralement le délai d'un au.
I L; ï*’ fv W*:,; 6; ï c- 16 : Di°- 28’ »• «. 55’ 57’
l’eut donner i, n ' G est par erreur que Justinien dit que le
‘berté laliDe dnstit. i, 0, 4; ef. Gai. I, 41). - 10 Corp.
LIB
comprend vingt récupérateurs, citoyens romains, et il est
convoqué par le gouverneur, le dernier jour des assises
du conventus 12 ; dans les villes où les magistrats muni¬
cipaux ont le droit d’affranchir, on peut conclure, de ce
qui a lieu dans les villes de droit latin 13, qu’ils ont pour
conseil la curie entière. Les justes motifs, les justav
causae, sont en nombre illimité et laissés à l’appréciation
du magistrat u; ce sont en général, d'après l’interpréta¬
tion très large des jurisconsultes, les sentiments légitimes
d’affection, de reconnaissance, l’intérêt du mineur,
l’exécution d’une condition mise à une vente, à une
donation, à un legs. Ainsi le mineur affranchit valable¬
ment ses parents naturels, père, mère, frère, sœur, fils,
fille, son pupille, son frère ou sa sœur de lait, sa nourrice,
son père nourricier, son précepteur, soit le sien, soit celui
de ses enfants, l’esclave qui lui porte ses livres (capsa-
rius ), l’esclave dont il veut faire son procurator,
pourvu qu’il ait dix-huit ans accomplis, celui qui la
sauvé de la mort, d’un péril, d’une maladie, de l'infamie,
la femme qu’il veut épouser en jurant de l’épouser dans
les six mois, l’esclave dont il veut faire son tuteur. Le
mineur peut affranchir s’il a recueilli un héritage, si on
lui a donné ou vendu l’esclave à cette condition ; la femme
fut autorisée à affranchir pour cause de mariage si son
conservus lui a été légué à cette condition.; le pupille qui
a dépassé Vinfantia peut affranchir avec l’autorisation
de son tuteur, mais alors l’affranchi ne doit pas garder
son pécule; l’approbation d’une justa causa fut déclarée
irrévocable sous Antonin 15. L’inobservation de ces règles
entraîne la nullité radicale de l’acte. Ajoutons que le
mineur qui n’a sur l’esclave qu’un droit d’usufruit,
d’usage, de gage ou d’hypothèque, peut y renoncer pour
permettre au propriétaire d’affranchir10 ; mais il viole la
loi en aliénant un esclave sous la condition qu’il serait
affranchi ou quand, possesseur d’une créance dont l’objet
est un esclave, il impose au débiteur l’obligation d’affran¬
chir11. On décida qu’il pourrait affranchir dès la veille de
son vingtième anniversaire18. — 4° La loi Aelia Sentia
décida en outre 19 que l’esclave affranchi avant l’âge de
trente ans ne serait pas citoyen, mais seulement Latin, si
l’affranchissement n'avait été opéré après l’avis du conseil,
d’après un juste motif. Ulpien20 est en désaccord sur ce
point avec Gaius; il parait dire que cet esclave demeure
dans la servitude, à moins qu’il n’ait reçu la liberté par
testament et ne soit devenu ainsi Latin ; mais le texte
d’Ulpien est altéré21 ; d’autre part il donnerait plus d'effet
à l’affranchissement testamentaire qu’à l’affranchissement
per vindictam, et surtout il est contradictoire, puisque
Ulpien parle aussi de droit latin a propos de la loi Aelia
Sentia. Il vaut donc mieux accepter l’assertion de Gaius
et admettre, comme on va le voir, que la loi Aelia Sentia-
avait créé la situation intermédiaire des Latins. En tout
cas, à partir de cette époque, l’âge de trente ans est con¬
sidéré comme l’âge normal des affranchissements22.
inscr. lat. 0, 1877; 14, 1437; Dig. 1, 10, l pr. — U Ammian. 22, 7, 1 ; Libanius,
1, p. 403, éd. lteiske; Claudian. De IV cos. Honor. v. 012; C. Th. 15, 14, 13;
Sidon. Pan. Anthem. 4G8, Carm. 2, 543 ; Cassiod. Var. 6, 1. —12 Gai. 1, 20, 38 ;
ülp. 1, 13; Suet. Galb. 10; Dig. 40, 2, 15. — 13 Lex Salpens. c. 28. — 14 Dig.
40 2 9 1. _ 13 Dig. 40, 2,9, 13, 15, 10 pr. et § 1, 24, 25; 40, 5, 35 ; Gai. 1, 19, 38,
39- C. Jusl. 7 1,1; Instit. 1, 0,5; C. i. I. G, 1877; Suet. De gramm. 3, 15, 13-21.
— 10 Dig. 40, 2, 2, 4, § 2. — U Dig. 40, 9, 7, § 1 ; 45, 1, 60. — 18 Dig. 40, 1, 1.
_ 19 pjai, 10-18, 31. — 20 Heg. 1, 12. — 21 Voir les conjectures faites
sur ce texte et les essais d'explication dans Cantarclli, I latini juniani, p. 49-52.
_ 22 Dig. 10, 2, 39, 2 ; 34, 5, 29 ; 40, 4, 38, 46 ; 40, 7, 13, 5 ; Slat. Silv. 3, 3,
108-9.
LIB
— 1208 —
LIB
_ 3° La loi Aelia Sentia créa la classe des dediticii pour
parer au danger que faisait courir à la société l’affran¬
chissement d’esclaves vicieux et criminels. Les esclaves
dont la conduite pendant la servitude avait été coupable
ou criminelle et avait été châtiée par des peines graves
devenaient par l’affranchissement non pas citoyens, mais
déditices. C’étaient, d’après Gaius et Ulpien1, ceux qui
avaient été enchaînés, marqués, soumis à la question
pour une faute dont ils avaient été reconnus coupables,
emprisonnés, condamnés au métier de gladiateurs pour
lutter contre des hommes ou des bêtes. Leur condition
était la plus mauvaise de toutes ; ils ne pouvaient jamais
être affranchis complètement d’aucune manière; ils ne
pouvaient séjourner à Rome, ni en deçà du centième mille
de Rome ; en cas d'infraction à cette défense, ils étaient
vendus avec leurs biens, sans que le nouveau maître pût
jamais les affranchir: si ce maître les affranchissait, ils
devenaient esclaves publics. Pour le droit civil, ils étaient
assimilés à des pérégrins, ne pouvaient bénéficier d’aucune
disposition testamentaire, étaient probablement privés
du droit de tester; pour leur succession, si l’affranchis¬
sement avait eu lieu par un mode légal, on appliquait les
mêmes règles que pour l’affranchi citoyen ; s’il avait été
simplement consensuel, on traitait son héritage comme
celui du Latin2. Si une citoyenne romaine épousait par
erreur un déditice, le fils était citoyen, mais n’était pas
sous la puissance du père. Les déditices n’ont jamais dû
être très nombreux; ils avaient disparu longtemps avant
la loi de Justinien qui les supprima officiellement3.
Ajoutons ici quelques limitations spéciales à l’affran¬
chissement. Iladrien déclara nul l’affranchissement fait
pour soustraire un esclave à des poursuites ; les maîtres
accusés d’un crime capital et en particulier, d’après des
rescrits d'Antonin, ceux qui avaient été déportés, ou qui
avaient été condamnés ou qui étaient sur le point de
l'être en vertu de la lex Cornelia , ne pouvaient affranchir ;
la lex Favia de plagiariis, de date inconnue, défendit
d'affranchir avant dix ans après la mort du maître l’es¬
clave complice d’un plagium pour lequel le maître avait
été condamné ; enfin l’interdiction d’affranchir un esclave,
inscrite dans une vente ou dans un testament ou pro¬
noncée par le Préfet de la Ville ou le gouverneur à la
suite d’un délit de l’esclave, empêche l’affranchissement4.
X. Modifications des formes et effets de l'affranchisse¬
ment1. — A. Création des Latins J uniens. — L’affranchi sse-
mentsans formelégale, quijusqu’àla fin de la République
n’avait donné à l’esclave qu’une liberté de fait, lui conféra
dès le début de l’Empire une condition intermédiaire
inférieure à celle de l’affranchi ordinaire, analogue à cer¬
tains égards à celle des Latini coloniarii : il devint
Latinus Junianus , Latin Junien. A quelle loi et à quelle
date remonte cette condition ? C’est un point très contro¬
versé. Toutes les règles relatives à la Latinité junienne
1 Gai. I, 13-15; 3, 75-70 ; Ulp. i, U; Paul. 4, 12, G-7 ; Suct. Aug. 40.
— 2 Un passage des fragments du Musée de Berlin se rapporte peut-être à cette
succession (Bcricht. d. Berlin. Akad. 1879, p. 501, 518; Schneider, Die Latini
Juniani, Zeitschr. d. Savigny-Stift. 1885, p. 203). — 3 C. Just. 7, 5; Instit. 1,
5, 3; Gai. 1, 68. — 4 Dig. 40, 1, 8, § 1-3, 12, 9; 48, 22, 2. — 5 Voir Lemonnicr,
l. c. p. 59-92. — <i C. Just. 7, 6; Nov. 78; Gai. 1, 167; Ulp. 1, 10; 20, 14; 11,
19; Instit. 1, 5, 3; Dosith. fr. 12. Voir la liste des différentes opinions dans
Lemonnier, l. c. p. 64-67 ; 25-24 av. J.-C. d'après M. Romand du Caillaud ( Sur
la date de la loi Junia Norbana , C. rendus de l' Acad, des Inscr. août
1882, octobre 1883) qui croit que la loi aurait été présentée en 25 par le consul
M. Junius Silanus, reprise en 24 par le consul C. Norbanus Flaccus ; 25 av. J.-C.
d’après Schneider qui l'appelle seulement lex Junia ( Zeitschr . d. Savigny-Stift.
dérivent d'une loi que la plupart des textes
simplement lex Junia et les Institutiones du
Junia Norbana 6. L’appellation de Junia ySl'n'en
paraît certaine; de toutes les dates qu’on a ('rl)aH
plus vraisemblable est l’année 19 ap. j._r , ‘^‘Ma
précisément les deux consuls M. Junius 8ila ^ d eu
L. Norbanus Balbus, sous le règne de TibèV'^3 et
outre qu’aucun historien du règne ,de Tibère n’a ’ ,mai3{
cette loi, cette date se heurte à une grave 01 \ .
d’après Gains8, la loi Aelia Sentia de 4 ap. J -(; . '°n;
déjà l’existence des Latins, et le texte de Suétone^?9?
réformes d’Auguste9 parait bien faire aussi allusif ^
deux catégories précises de liberté, la liberia a e°M
libertas justa ; on ne peut soutenir, comme onl'af^
souvent, que Gaius confond dans son exposition les deux
lois Aelia Sentia et Junia Norbana ; il les distingue a
contraire très nettement10 et Ulpien lui-même, en atür
buant à la loi Aelia Sentia la création des déditices
reconnaît qu’il y avait dès cette époque deux
grandes
catégories d’affranchis. Il est donc difficile de se pro¬
noncer. L'hypothèse la plus vraisemblable est que la loi
Aelia Sentia a bien créé les affranchis Latins, et que sous
Tibère la loi Junia Norbana en a étendu et complété les
dispositions, en donnant aux affranchis le nom de Latins
Juniens pour les distinguer des Latini coloniarii.
Enumérons les différentes catégories de Latins Juniens
créées par les deux lois qu’on vient de voir et postérieu¬
rement par d’autres règlements. Sont Latins Juniens:
1° Les esclaves affranchis, de la manière qu’on a vue,
avant trente ans. — 2° Les esclaves affranchis par une
manifestation quelconque de la volonté ; la jurisprudence
reconnut comme valables les procédés les plus divers11:
outre la déclaration faite devant des amis, des témoins,
inter amicos1 2, ou par lettre, l’acte de faire asseoir 1 es¬
clave à sa table13, de lui donner à signer des tablettes, de
l’appeler du nom de fils, d’habiller une femme en ma¬
trone14, de remettre à l’esclave ou de déchirer, mais en
présence de cinq témoins, les pièces qui établissaient sa
qualité d’esclave, l’autorisation donnée par les héritiers
de suivre le convoi du maître défunt avec le pileus sur la
tête ou en éventant son image en cire sur le char funè¬
bre, le fait de marier une esclave avec un homme libre
en lui constituant une dot16; il suffisait que la volonté
du maître fût libre et formelle, que l’intention d alhanchir
fût évidente16. Après que Caracalla eut conféré le droil
de cité à tous les habitants du monde romain, les mo es
d’affranchissement non solennels, employés encon 1res
fréquemment17 dans la partie grecque de 1 Empiie, Pa
héraut au théâtre, dans un
exemple la proclamation par - inl
lieu religieux, au tribunal, l’emploi de lettres,
aussi conférer la Latinité Junienne18. — 3°D afI,\Sponi-
Junia Norbana , l’esclave affranchi par le m‘lll^i[)(jeur
taire, c’est-à-dire qui n’a que la possession, 1 v
I accepté
T C, C't
1884, p. 225; 1885, p. 186; 1886, p. 31). - 7 La dale tic 19 ap. Droit
par Vangerow, Ueber die Latini Juniani-, Cantarclli, l. c- P- ■ ’ reitschr- &-
vec tics réserves). Voir Hôl cr 1 “ ^ 9 .!»}■
public, 6, 2, p. 248, note 1 (mais av<
Savigny-Stift. 1885, p. 205-226.
40. _ 10 1, 31 ; 3, 74-76. — U C. Just. 7, 6, l. un. pr. o • ge™..
Theophil. Inst. 1, 5, 4. — 12 Donat. ad Tercnt. Pliorm. 2, I. f.;
beat. 24; Plin. Ep. 7, 16; Gai. 1, 41, 44; Ulp. 18- ~ ^ 7, 6, l
o 1 .,7 ix 2. 275; . «4;
s 12 ; 0a.. #
44; Ulp. 1, I», H
Tac. Ann. 15, 54 - « Plin. Ep. 7, 16; Quintil. Déclara. 34:
§ 10. — 13 Instit. 7, 6, l. un. § 5, 9, 10, 11, 13. La veni
De manum. 7 ; Suet. Rhet.
La v enlilatio esl
Dio Cass. 74, 4, 2. — 13 Dosith
54 ; Mart. 9, 87
ap. J.-C.). — m Voir
17 Cf. Foucart-Lc Bas, Voyage arch. 3o-’ n
r Mittcis, Reichsrecht und Volksrecht, p-
par
pclroii-
0.(261 **
et
— 1209 —
LIB
L1B
I lé le dominium, dans le cas d’une vente où la
ayant gardée ■ , ne g.egt pas opérée ex jure qui-
*translati°n de P l claud6) resclave malade chassé de
ritium '■ ~~ 1 1 , 2 __ g» Depuis Vespasien, la femme
Jmaison ou expose • ntrat de vente et, depuis
esclave ”s „fle vendeur, qui s’est réservé le
Hadrien, «an ^ ^ ^ prostiluej n’use pas de son
— 6° L’esclave statu-
jr(1it de la reprendre
d i« nrostitue lui-meme3.
droit ou la 1 ' un héritier externe pendente con-
jiber, aflran ^ 1,^^ qui a été battu par le maître
didone ' lequel une tierce personne
c^UTeÏ d"‘. - *• La femme affranchie
aulredevenue esclave de son patron pour s’être urne a
qU ’inSU avec l’esclave d’un autre, a ete affranchie une
s0 ‘ is r. _ g» Depuis Constantin, l’esclave qui a
SES l” rapt d’une vierge V - 10- Depuis Constantin
les enfants nés d’un père esclave du fisc et d une ingenue8.
La condition du Latin Junien n’était qu un état transi¬
toire une sorte de stage et d’épreuve avant d’arriver au
droit’ de cité complet0. Le Latin Junien pouvait en effet
devenir citoyen par les moyens suivants : 1° Iteratione ,
c’est-à-dire par un nouvel affranchissement avec un mode
légal10. C’était le moyen le plus fréquent, surtout pour
les affranchis Latins âgés de plus de trente ans “. 11 était
évidemment applicable après trente ans au Latin devenu
tel parce qu’il n’avait pas trente ans. Le Latin, affranchi
par le maître bonitaire, devenait citoyen quand le pro¬
priétaire quiritaire l’affranchissait aussi par un mode
solennel 12. — "2° Liberis , c’est-à-dire par un véritable
mariage et par la présentation d’un enfant, garçon ou fille,
âgé d’un an {causae probatio). Ce privilège, créé d’après
Ulpien par la loi Junia Norbana , plus probablement,
comme le dit Gaius, par la loi Aelia Sentia 13, fut d’a¬
bord réservé au Latin affranchi avant trente ans, puis
étendu sous Vespasien par le sénatus-consulte Pégasien
aux Latins de tout âge. Le Latin devait faire constater
son mariage devant le magistrat, avec l’assistance de
sept témoins citoyens et pubères ; il pouvait épouser une
citoyenne ou une Latine juniana ou eoloniarier, il fai¬
sait constater de la même manière qu’il avait un enfant
dun an; il acquérait ainsi la cité pour lui et aussi, s'il y
avait lieu, pour sa femme et son enfant14. S’il mourait
avant la causae probatio , sa femme ou son fils assisté
( de son tuteur pouvait l’obtenir du magistrat. — 3° Bene-
■fcio prmcipali, c’est-à-dire par concession impériale 1:’.
impétrant adressait aux bureaux impériaux une re¬
quête indiquant son âge, sa fortune; un édit de Trajan
B^gea 1 autorisation du patron 16 ; alors, en cas de fraude
e, cdo'en redevenait fictivement Latin à sa mort et
P0m ^r*^er clue son patron ; il pouvait simple-
ui substituer par testament un autre héritier en
lclus de sa part ; il ne couvrait même pas la
c pm la causae probatio', cependant sous Hadrien
■ nafus-consulte rendit en ce cas tous ses droits à
l’affranchi 17. — 4° Militia 18, par le service dans le corps
des Vigiles de Rome, au bout de six ans, d’après la loi
Visellia de 24 après J.-C., de trois ans d’après un séna-
lus-consulte antérieur à 130. — 5° NaveV) ; Claude favo¬
rise les arrivages de blé destinés à l’alimentation de
Rome en accordant des privilèges aux négociants, au
citoyen la dispense de la loi Papia Poppaea, à la femme
le jus quatuor liberorum, au Latin le droit de cité. Le
Latin devait avoir fait construire un navire contenant
au moins 10 000 modii et avoir amené du blé à Rome
pendant six ans ; Gaius ajoute que le navire pouvait
être changé. — 6° Pistrino. Ce mode procède de la
même préoccupation d’alimenter Rome. Trajan, qui avait
restauré la corporation des boulangers, pistores 20,
donna la cité au Latin qui avait exercé cette profession
pendant trois ans, en faisant cuire chaque jour au moins
cent modii de blé21. — 7° Aedificio. Probablement de¬
puis Néron22, par la construction à Rome d’une maison
ayant une valeur de 100 000 sesterces, c’est-à-dire de la
moitié du patrimoine du Latin possesseur d’au moins
200 000 sesterces. — 8° Millier ter enixa. La femme
Latine qui a trois enfants devient citoyenne. On ignore
la date de ce privilège 23. — 9° Un sénatus-consulte, anté¬
rieur à Hadrien, favorisa singulièrement l’acquisition
du droit de cité par le système de Verrons probatio 2*.
Les cas suivants nous intéressent : si un citoyen épouse
par erreur, la croyant citoyenne, une femme Latine ou
pérégrine, il est autorisé à démontrer son erreur ( causant
erroris probare ) et alors la mère et le fils, qui devrait
être Latin ou pérégrin, sont citoyens ; si la femme est
déditice, il n’y a que le fils qui devienne citoyen. Si une
citoyenne épouse un pérégrin, le croyant citoyen ou
Latin, pourvu que dans ce dernier cas elle l'épouse
« ex lege Aelia Sentia », le mari et l’enfant deviennent
citoyens par l’ erroris probatio ; si elle a épousé un dédi¬
tice, le croyant citoyen ou Latin, le père reste déditice,
et le fils quoique citoyen n’est pas sous sa puissance. Si
une Latine épouse « ex lege Aelia Sentia » un pérégrin
le croyant Latin, le mari et le fils sont citoyens. Il en
est de même quand le Latin a épousé dans les mêmes
conditions une pérégrine qu'il croyait Latine. Si un
citoyen se croyant Latin épouse une Latine, la femme et
l’enfant sont citoyens. Pour l’âge du fils, il est probable
que si c’est un citoyen ou une citoyenne qui pçouve
l’erreur, il suffit qu’il soit né; que si c est un Latin ou
une Latine il doit avoir un an. — 10° Une loi de Cons¬
tantin donne la cité au Latin qui dénonce le rapt d’une
jeune fille28. Les Latins Juniens paraissent avoir été très
nombreux aux deux premiers siècles, à en juger surtout
par le nombre des inscriptions qui citent des affranchis
âgés de moins de trente ans. Puis leur nombre est allé
en diminuant jusqu’à l’époque de Justinien qui suppri¬
mera cette classe 26 .
Examinons quelle était leur condition juridique. Elle
^ 1 , i 6 * (', ■
KtoiJ,».. ni, „'ai‘ ’ 1Ci- ~ 2 Suet. Claud. 25; Dio. Cass. GO, 29; Suid. s. V.
Jm- 7> n, i m. §7 ’n ' ~ ülg' 2’ 4’ 10’ 1 1 37> 14- 7 ; c ■ Just- v 36, i. — i c.
pas. — 6 ; u “pendant doute sur ce point, car le Digeste n'en parle
14. i §4. - 8V fl, ;Cela Paraît résuller de Paul. 2, 21, 7. — 7 Cod. Theod. 9,
signifier ,|X,-Un aj '' 4’ 3; u“e loi do Constantin (C. Th. 2, 22, 1) paraît
lous ignorons dan " ^°U' ait descendre au rang de Latin par punition, mais
10 Oni. t 35 ((■ 1U< s oas' 9 Tac. Ann. 13, 27; Dosilli. De manum. 14.
SanS,M" èeqùe veürdl .; %-.3’ 4; Gai' b «ta. 7, 16, 32. - n C’est
^PVangcTOW i c "C ^picii dans un passage très confus (3, 4; cl. I, 31).
tai. 1, 29-32 « ; lns,H j‘’/‘Prè* Gai- 0 167, Frag. Vatic. 221. — 13 Ulp. 3, 3-4;
’ ' ' 14 Quand la femme était citoyenne, l'enfant
naissait citoyen, en vertu d’un sénatus-consulte sous Hadrien (Ulp. 3, 3). — 15 Ulp.
3, 2 ; Plin. Ep. ; 10, 22, 105, 106. — 1° Gai. 3, 72. — 17 Gai. 3, 73. — 18 Ulp. 3, 5 ;
Gai. 1, 32 b. C. i. I. 6, 220 (liste de vigiles de 203 ap. J.-C.). — 19 Suet. Claud.
19 ; Gai. 1, 32 c ; Ulp. 3, G. — 20 Voir De la Berge, Essai sur Trajan , p. 91. — 21 Le
texte de Gaius, l, 34, est altéré ; mais ces lectures sont presque certaines. — 22 Gai.
1, 33 (le texte est altéré, mais il s'agit probablement d'une mesure de Néron pour
liiter la reconstruction des quartiers détruits par l'incendie) ; Ulp. 3, 1. — 23 Ulpien
seul en parle (3, 1) ; mais il en était peut-être question dans la lacune du texte de
Gaius (t, 35). Ou l'attribue souvent au sénatus-consulte TcrtuUien. — 24 Gai. 2,
142-143; î, GG-73; Ulp. 7, 4. — 25 C. Tli. 9, 24, 1. — 26 Exemples : C. i. I. 9,
2715; 10, 60 ; 3, 575 ; 2, 2138; Mart. 6, 28 ; C. Just. 7, 6, l. un. pr.
LIB
— 1210 —
LIB
a emprunté certains traits à celle des Latini coloniarii
et à celle des affranchis ; elle repose d’autre part sur une
fiction; on suppose au Latin Junien pendant sa vie un
état juridique qu’il n'a pas. Il est exclu de tous les droits
et honneurs politiques. À-t-il le conubium ? C’est peu
probable; ce point était déjà controversé chez les an¬
ciens1. Hadrien décida que l’enfant d’un Latin et d’une
citoyenne serait toujours citoyen2, que l’enfant d’un
Latin et d’une pérégrine ou d’un pérégrin et d’une La¬
tine suivrait la condition de la mère. Il appliquait d’ail¬
leurs la règle générale ; l’enfant d’un citoyen et d’une
Latine était Latin. L’empereur pouvait octroyer le conu¬
bium : les vétérans des cohortes urbaines et prétorien¬
nes et peut-être aussi les légionnaires l’obtenaient à leur
retraite avec la femme Latine ou pérégrine qu’ils épou¬
seraient3; les enfants issus de ce mariage devaient être
citoyens et sous la puissance de leur père.
Le Latin Junien a le commercium, mais pas la factio
testamenti complète ; il peut être témoin dans un acte
testamentaire, mais il ne peut ni faire un testament ni
être institué héritier ou légataire; les dispositions testa-
mentairès ne sont valables à son égard que sous Informe
du fidéicommis *. 11 peut être soumis à la tutelle et
l’exercer, mais ne peut être nommé tuteur par testa¬
ment 5. Il a pour tuteur la personne qui avait sur lui le
dominium ex jure quirilium à la fin de sa servitude; à
la mort du patron, la tutelle passe à ses héritiers quels
qu'ils soient6. Ses rapports avec le patron sont les
mêmes que ceux de l’affranchi ordinaire, sauf pour sa
succession, réglée par la fiction d’après laquelle il est
censé être resté esclave ‘. C'est ce que Salvien appelle
le jugum Latinae libertatis 8. En vertu de ce système
que Justinien trouvera inique 9, les biens du Latin re¬
viennent au patron comme une sorte de pécule; le Latin
peut en disposer pendant sa vie, mais pourvu que ce ne
soit pas pour frustrer le maître; aussi les textes parlent
avec raison dujws Latinorum, du droit à la succession
du Latin, qu’on peut céder ou transmettre à titre de do¬
nation10. Cette succession comporte des règles particu¬
lières : en cas du prédécès du patron, ses droits font
partie de sa succession ; il ne les transmet pas à ses des¬
cendants cohérédés, mais les transmet à ses héritiers
externes ; le plus proche parent n’exclut pas le plus
éloigné; le partage des biens entre plusieurs patrons est
proportionnel à leur part de propriété ; le partage ne se
fait pas par tètes, mais par souches ; la part d’un patron
qui meurt avant d’avoir fait l’adition ou qui refuse
l'héritage devient caduque “. Ces règles furent modifiées
par le senatus consultum Largianum qui donna un
droit de préférence sur les héritiers externes aux enfants
non exhérédés nominativement, par exemple aux fils
émancipés et passés sous silence 12.
B. Affranchissement testamentaire. — Auguste recon-
naitle fidéicommis ; dès lors, l’affranchissement testamen¬
taire peut être accompli directement par legs13 ou indi¬
rectement par fidéicommis. Il y a legs direct par l’emploi
1 G®*. 30, 56, 57, 80. Ces passages et ceux d'Ulpien (5, 4 et 9) s'appliquent aux
Latini coloniarii et aux Latins Juniens. — 2 Gai. 1, 80; Ulp. 3, 3. — 3 Gai. 1,5.7.
Voir Mommsen, C. i. I. 3, 2, p. 905. — 4 Gai, 1, 23, 24; 2, 110. 275; Ulp.
20, 14; 22, 3; 25, 7 ; Dig. 39, 6, 5 pr. ; Vat. frag. 259. — 5 Ulp. 1, 10;
Gai. 1, 23, 167; Vat. frag. 193. — 6 Gai. 1, 167; Ulp. 11, 19. — 7 Gai. 3, 56.
— 8 Deavarit. 3, 7; cf. Tac. Ann. 13, 27. — 9 C. Just. 7, 6 pr. — 10 pljn. Ep.
10, 104; Gai. 2, 195. — U Gai. 3, 60-64; 3, 18, 58; Ulp. 27, 2, 3 ; Paul. 3, 2, 1 ;
C. Just. 6, 4, 4, § 19. — 12 Gai. 3, 63; 4, 65-67; Instit. 3, 7, 4. 11 y avait en celle
de formules du genre suivant : Stichus .
liber esto ; Stichum servum tneum liberum >■
fidéicommis par l’emploi d’autres expressions •
libertatem do ; Stichum liberum esse cupùX Stich°
mule ordonnant à l’héritier d’affranchir « /ln. a fop' !
damnas esto » fut plus tard assimilée au #news
Il y a quatre différences principales entre rafirl<l"!|""1'S'
ment direct et l’affranchissement fidéicominissà'J
1° dans le premier cas la liberté est acquise dèsTV
tion d’hérédité; dans le second cas la disposition 1
réalise que par la volonté de l’héritier qui enuj6?
vindicta ou le cens; 2° dans le premier cas l’affianct'*!
pour patron le défunt, il est orcinus et les droits '/I
patronat passent aux enfants du patron, mais amoindri’<-l
dans le second cas il a pour patron l’héritier13- 3° jan. !'
premier cas la liberté ne peut être laissée que paHes-l
tament ou codicilles confirmés dans un testament- ]e|
fidéicommis est valable par codicilles quelconques1 “■ I
4° dans le premier cas le testateur ne peut laisser là
liberté qu’à l’esclave dont il avait la propriété quiritaire
au jour de la confection du testament et aussi au jour
de sa mort17; dans le second cas il peut affranchir même
l’esclave d’autrui ; si l’héritier ne peut l’acheter, le
fidéicommis est éteint ; mais au moins depuis Alexandre i
Sévère et dans le droit de Justinien l’effet en est reculé
jusqu’à ce qu’il se présente une occasion favorable pour
l’acheter 18. Ajoutons que le fidéicommis est susceptible
des mêmes modalités que le legs direct.
Dès lors rien ne favorise plus l’affranchissement que
l’emploi et l’interprétation du fidéicommis. De Trajan à
Alexandre Sévère on trouve vingt-cinq sénatus-consultes
ou rescrits, sans compter les réponses des juriscon¬
sultes, tous favorables à la liberLé. Il fallut en parti** |
culier créer des moyens de coercition contre l’héri- I
tier fiduciaire qui avait intérêt à retarder l’exécution
du fidéicommis, puisque dans cet intervalle les biens
acquis par l’esclave, les enfants nés delà femme esclave-
lui appartenaient. Beaucoup d’esclaves n'osaient agir
contre le fiduciaire par paresse, par timidité, ou par
ignorance de leur droit19. Il y eut à ce sujet trois séna¬
tus-consultes sous Trajan et Hadrien. Le senatus con - j
sultum Rubrianum donna au magistrat le droit de I
proclamer la liberté, au cas où l’héritier fiduciaire s J I
refuserait ; la jurisprudence autorisa la même procédure!
contre le fiduciaire qui mettait obstacle à l’avènement de
la condition qui suspendait l’affranchissement; quelque I
fois il fallait recourir directement à l’empereur, dnns|
tous ces cas, le fiduciaire perdait la plupart de ses droi I
de patronat20. Le senatus consultum
laissa les droits de patronat à l’héritier fiducian e qu |
avait un motif légitime d’empêchement et assimila au ■
héritiers les personnes autres qui pouvaient 'iUlU^.|
chargées du fidéicommis21. Le senatus consul!1111' -
culeianum étendit ces règles aux provinces et h’ h"1 ^
neur put les appliquer même quand l’héritier n a'111*
domicile dans son gouvernement22. On attribue à 1 un
I i 1 1 s7, i,olc *'
matière beaucoup de points controversés; voir Accarias, l. c- > 1 plaquer
On met ce senalus-consulte en 44, mais sans raison suffisante. ; issemeutt Pal'
lion de savoir si c'est bien un legs, voir Teissier, Des a/fi<in ^ ^ i. /■
acte de dernière volonté, p. 17-19. — 14 Gai. 2, 267 ; PUn- ' ^4,$
10, 7457. — 16 Dig. 26, 4, 3 ; Gai. 2, 266-267 ; C. Just. 7, 4. 7. - h
— 17 Dig. 40, 4, 35. — 18 Gai. 2, 265; Instit
40 , 5 , 26, 1. —20 Dig. 40, 5, 20, § H, 27, 28. _
5, 13 pr.— 21 Dig. 40. 5, 36 pr. 51, §§ 4 et 6.— 22/)iÿ.40,5, 5fi
C.Just. 7,4,7.- ‘ fif'
2 24, 2; C. Just- 7, '■ ■ (
; 1, 30, § 12, SM1! **; 'lr;c»i^
. 22/H,, 40.5.51, 7 (pe"1'
L1B
— 1211 —
■ultiiin Juncianum qui, tout en autorisant le
«»«/«< «jn* nir contre l’héritier qui, chargé d’affran-
magistrata‘ ge cache) iui laisse cependant ses
i Le Senatusconsultum Vitrasianum ,
rmi
air' l'esclave d'aulrui.sc
tH11 i J
droits do P«l^,nJl38- gous Hadrien, décida que si pan
saDS, ih’ers fiduciaires il se trouvait un infans , héritier,
dCS Ton fiduciaire, incapable de céder sa part de pro-
maT l’affranchissement aurait lieu tout de même, et
Prlt ’. ! _ — rait une juste indemnité 2. Antonin
que
l 'in fans recev.
l’intervention du magistrat quand il
“ Tait un héritier bénéficiaire fou, sourd, muet3. Il
Vlio-ea le fils chargé d’un affranchissement fidé.com-
à l’exécuter, même s’il renonçait à la succes¬
sion- Il détermina dans le sens de l’ingénuité la situa¬
tion des enfants de la femme esclave nés entre la mort
du testateur et l’exécution du fidéicommis 5. Marc Aurèle
formula en cette matière le principe général qui était
défavoriser dans tous les cas l’affranchissement fidéi¬
commissaire0. Hadrien avait déclaré qu’il serait exé¬
cuté même s’il ne se présentait pas de sous-héritier poui
recueillir la succession 7. Mais le legs direct de liberté
tombait encore avec le testament ; c’est pour remédier à cet
inconvénient que Marc Aurèle créa un nouveau droit
de succession8 ; au lieu de laisser les créanciers vendre
les biens de la succession délaissée, il autorisa le magis¬
trat à attribuer les biens à celui des esclaves affranchis
par testament qui en ferait la demande. Ce fut la bono¬
rum addictio libertatis causa. Elle comportait trois
conditions : il fallait d’abord qu’aucun successeur ab
intestat ne se présentât ; quand le fisc acceptait la suc¬
cession vacante, il est probable qu’il devait respecter les
affranchissements9. En second lieu il fallait garantir
par les modes usuels le paiement des dettes. En troi¬
sième lieu Y addictio bonorum ne pouvait être demandée
rigoureusement que par un esclave gratifié de la liberté
dans le testament; mais on en étendit le bénéfice aux
esclaves gratifiés de la liberté par des codicilles testa¬
mentaires ou même par des codicilles ab intestat, puis
aux esclaves affranchis soit entre vifs, soit mortis causa ,
c est-à-dire dont la liberté était révocable jusqu’au
' décès du maître 10, puis aux étrangers eux-mêmes 11 .
jjLaddirtio bonorum maintient tous les affranchissements
[ sans exception ; les esclaves affranchis directement sont
, par fidéicommis ils ont comme patron l’esclave
■ma obtenu 1 addictio. Justinien élargira et réglemen-
es ( ^els 1 addictio 12, en particulier en l’accor-
sin h. IUUS ^es esc^aves si plusieurs la demandent
uniment, en l’autorisant encore pendant un an,
ljeu '' u 11 le ^es biens, contrairement à ce qui avait
ûéerssv'."'1'^’ ^ coatüBon de fournir les garanties
tjer Ulx CI 'éanciers ; en autorisant l’esclave héri-
simple dividTndeaUX CréanCierS’ s’ils l’acceptent, qu’un
féclame,. î. TT es°lave a plaider contre son maître pour
1 ,(|h‘ fidéicommissaire; un rescrit de date
• 1 %• 40, 28 ç ,
Smlus-coasulle ap n- ’ ' 47, s *> § S. Extension et application de ce
Î30, R? « ^ ' 07- 40, 5, 31, S 4 _ 2 TY,n m K an a n a n-
,s — 4 0 3J ’ 8 v>8- 40’ 30, §6.-3 Dig. 40,
tiaiis le
,T “«">0 sens de Sévâ," ’ t°A S’ 3°’ § 10‘ ~ 5 Dig. 40, 5, 26, § 2-5 (décisioi
f ». SI; 50, ,7 ?2Ière C«a). - 6 Dig. 40, 5, 30, § ,6 ; cf. 40, 5
.! ' l2’ 15, 16. __ J ‘ Û,U- 40> 5, 5.-8 lnstit. 3, U, 1 ; Dig. 40, 5
c dfg. 40, 5, 4 a i, ,„Un U°int controversé, mais l'affirmative est plu
n>lf- 3, 0, 6; Di,. ’ *°’ 4’ 50)- Voir Accarias, l. c. 1, p. 1300, note 1
•*«(.7, 2, 13 ’ 15- — 11 Dig. 40, 4, 50, § 1 ; C. Just. 7, 2, fi
'II- 0, 5, 44; 5, 1, 53; 40, 5, 30, § 3. —l’.Dig. 35
Miahl,
-W hsht
-lie
LIB
inconnue, entre Gaius et Ulpien, autorise l’affran¬
chissement quand le tuteur refuse son autorisation à
l’impubère chargé d’affranchir. Un rescrit de Sévère et de
Caracalla oblige l’héritier à affranchir quand la liberté
fidéicommissaire a été donnée par des codicilles nuis,
mais qu’il a exécutés en partie13.
D'après Pomponius, on autorise le statuliber à payer
sur son pécule, même quand la propriété ne lui en a pas
été léguée, la somme que le testament l’oblige à payer
soit à l’héritier, soit à l’étranger. D’après Pomponius,
quand un affranchissement est accordé sous plusieurs
conditions, il faut faire exécuter celle qui le réalise u.
Ulpien déclare que le fidéicommis de liberté n’est éteint
ni par usucapion ni par aliénation15. Dans le droit clas¬
sique, la nomination de l’esclave comme tuteur équivaut à
un fidéicommis de liberté ; dansle droit de Justinien à un
affranchissement direct 16. Enfin, d’après Justinien, si au
bout d’un an l’héritier n’a pas rempli ses obligations,
touchant les legs et fidéicommis, on appelle les personnes
gratifiées dans le testament et en dernier lieu les esclaves
affranchis, dans l’ordre où le testateur les a nommés17.
Antonin et Marc Aurèle décident en faveur de la liberté
quand l’esclave ne l’a reçue qu’en vertu d’une substitu¬
tion qui n’a pas lieu 18.
C. Autres modes d'affranchissement. — Nous retrouvons
partout le même esprit favorable à la liberté. Ainsi l’in¬
térêt de l’esclave l'emporte sur certaines règles restric¬
tives; il fait reconnaître comme valable la donation faite
par le mari à la femme à la condition d’affranchir. Dans
l’emploi de la vindicta , le sourd-muet peut être remplacé
par son fils19; Marc Aurèle dispense le mineur de la
causae probatio pour affranchir l’esclave reçu en don
avec la clause d’affranchissement20. Il établit sans doute
contre l’acheteur, mis en possession d'un esclave sous la
condition de l’affranchir, une procédure analogue à celle
qui avait été établie contre l’héritier fiduciaire; mais
l’acheteur reste le patron de l'esclave et, le cas échéant,
son tuteur, à moins qu'il n’ait reçu de l’argent pour l’af¬
franchir, en violation du contrat21. Cette procédure s’ap¬
pliqua au cas où l’acheteur et le vendeur mouraient avant
l’affranchissement, sans laisser d’héritiers22; l’esclave
acquérait sa liberté, même dans le cas où l’acheteur avait
hypothéqué à l’avance tout ce qu'il pourrait posséder23 ;
ces règles s’appliquaient même quand le fisc était en
cause24. On a vu les lois autorisant les villes et les cor¬
porations à affranchir. Ajoutons ici que dans l’estimation
de la quarte Falcidie on déduit de l'actif la valeur des
esclaves affranchis, soit directement, soit par fidéicommis;
que l’empereur seul peut dans des cas graves rescinder,
en faveur d’un mineur, un affranchissement25.
XI. Conubium. — Auguste autorisa les justae nuptiae
entre les ingénus et les affranchis 2li. Il interdit seulement
les mariages entre les membres des familles sénatoriales
et les affranchis et affranchies 27 . Ce système subsista pen¬
dant tout l’Empire. Depuis Marc Aurèle le mariage, et
1,35; 40, 5, 30, § 17; 40, 7, 3, § 1. — 15 Dig. 40, 5, 24, § 21. — 10 C. Just. 7, 4,
10; 6, 27, 5; Distit. 1, 14, 1. — 17 Nov. 1, c. 1. — 1* Dig. 40, 4, 26. — 19 Dig.
30, 109 pr. ; 24, 1, 7, § 9 ; 40, 2, 10 ; Paul. 4, 12, 2. — 20 Dig. 40, 1, 20 pr. ; 40,
2, 20. — 21 Dig. 40, 9, 3 pr. ; 2, 4, 10 pr. ; 26, 4, 3, § 2. — 22 Dig. 40, 8, 1.
_ 23 Dig. 40, 8, 6. — 21 Dig. 40, 1, 10 ; 40, 8, 3. — 23 lnstit. 2, 22, 3 ; Dig. 4, 4,
10. — 26 Les textes citent tantôt la lex Julia de maritandis ordinibus [Dig. 23, 2,
44 pr.; Ulp. 13, 1), tantôt la lex Papia Poppaea [Dig. 23, 2, 23; C. Just. 5, 4,
28), tantôt les deux lois (Ulp. 10, 2); Dio. Cass. 54, 16. — 27 Dig. 23, 2, 44 pr.;
C. Just. 5,4, 28, cf. Monum. Ancyr. 2, 12.
LIB
— 1212 —
LIB
même les fiançailles contraires à la loi forent déclarées
radicalement nulles* ; pour l’époque antérieure, nous ne
savons pas exactement quelle était la sanction; c’était
déjà probablement la nullité ; le mariage était nul, même
si le père de la femme était chassé du sénat2; Ulpien
paraît même soutenir que l'union doit être rompue quand
le mari entre au sénat après son mariage, mais Justinien
se prononce en sens inverse. Naturellement la tille d’un
sénateur, prostituée ou condamnée à une peine infa¬
mante, pouvait épouser un affranchi3. Le mariage était
possible avec une dispense de l’empereur 4.
XII. Famille de l'affranchi 5 . — L’union de l’esclave
n’est qu’un contubernium sans effets légaux; l’homme et
la femme ne sont, l'un par rapport à l’autre, que des
contubernciles ; cependant la loi avait dû reconnaître, au
point de vue moral, qu'il se créait des familles dans
l’esclavage, que la parenté servile était un obstacle au
mariage6. Les maîtres encourageaient et régularisaient
la formation de la famille servile, léguaient souvent la
liberté à deux contubernciles , au père et à la mère avec
leurs enfants 7; de nombreuses inscriptions montrent un
des conjoints affranchi, l’autre esclave 8. L’esclave n'a de
personnalité juridique qu’à partir de son affranchisse¬
ment9; par conséquent, affranchi avant sa famille, il n’a
ni puissance paternelle, ni puissance conjugale, quoique
la loi constate la parenté entre la mère et le fils, et même
la filiation par rapport au père 10 et que la loi Aelia Sentia
admette la parenté parmi les causes légales d’affranchis¬
sement. Supposons maintenant que des membres de la
famille servile aient été affranchis; quels sont leurs rap¬
ports légaux? À l’époque d’Auguste, l’assimilation du fils
affranchi avec le fds ingénu n’était pas encore universel¬
lement admise 11 ; mais elle l’est à l’époque des Anton ins12;
on applique peu à peu à ces parents naturels les règles
appliquées aux citoyens contre l'inceste, contre le ma¬
riage et le concubinat entre parents à un degré prohibé,
au sujet du respect et des égards dus aux ascendants 13 ;
la mère bénéficie du sénatus-consulte Trebellien et
recueille, en pareil cas, la succession de ses enfants nés
dans la servitude et affranchis avec ou après elle11. Mais
le père n’exerce, sur les enfants nés dans l’esclavage,
qu’une autorité morale; ils sont sous la tutelle de leur
ancien maître, qui est leur patron, et qui recueille
leur succession s'ils meurent sans descendants; ils ne
recueillent pas l'héritage paternel; c'est pour cette raison
que beaucoup de testateurs, en affranchissant leurs escla¬
ves, leur lèguent en même temps leurs fils ou filles 13 ; le
père les affranchit et devient alors leur patron. Si la
femme épouse en justes noces son collibertus après
l'affranchissement, les droits du patron subsistent à son
égard, mais l’effet en est suspendu pendant la durée du
mariage; le maître n'a droit ni aux operae ni à Yofficium.
Naturellement la famille de l’affranchi, formée après l’af-
1 Dig. 23, 2, IG pr. ; 23, i, 16. — 2 Dig. 23, 2, 34, §3.-3 Dig. 23, 2, 47 ;
C. Just. 5, 4, 28. - — 4 Dig. 23, 2, 3. C’est sans doute ainsi que s'expliquent plu¬
sieurs mariages d'affranchis impériaux, Tac. Hist. 5, 9; Vita Veri, 9; C. i. I. 5,
1, 34; Stat. Silv. 3, 3, 11; 5, 1, 53. — 3 Voir Lemonnier, l. c. p. 186-198.
— 6 Dig. 23, 2, § 8, 14, § 2 ; Instit. 1, 10, 10. — 1 Dig. 35, 1, 81 ; 40, 7, 31 ; C.
i. I. 6, 10229. — 8 Ibid. 3, 729; 10, 2514, 1495; 9, 888. — 9 Dig. 41, 5, 4-
— 10 Dig. 31, 88, 12. — 11 Dig. 28, 8, 11. — 12 Dig. 40, 12, 3 pr. ; 31, 77, 13.
— 13 Dig. 23, 2, 50 ; 23, 2, 14, §2; 37, 15, 1, § 1. — 14 Sauf dans un cas particu¬
lier (Dig. 38, 17, 2, § 2). — 1 s Dig. 32,41, 2. — le C. i. I. 9, 1097 ; 10, 4300, 545;
Inscr. Neap. 7079. — 17 Le titre Ae conjux ne prouve pas toujours le mariage régu¬
lier; voir Meyer, Dcr rom. Konkubinat,p. G9. — 18 C. i. I. 9, 2681, 5753; 10, 5491,
6114, 9443; 11, 3751, 3990. Voir Meyer, l. c. p. 75. — 19 C. i. I. 11, 218, 993,
franchissement, a la même condition que ]a
citoyen. Mais les inscriptions montrent que l ( a"ul'e du
familles serviles se reconstituaient après l’anj. U|MI'1 Jes
ment; l’atfranchi rachète souvent sa femme si's"" l''SSe’
le fils rachète le père, le frère ; on a tous les
nables 16 ; l’union des colliberti subsiste sous L i,
mariage régulier11, mais surtout du concubinat Ju
femme s’appelle concubina , quelquefois contuberiitilbul
quelquefois, au moins pendant quelque temps y - '
l’affranchissement, sous la forme de leur am.i»n
, ■ -i 20 ancien contu¬
bernium servile .
XIII. Devoirs légaux envers le patron21- iVm™
, T . . . ’ LUBSEQITU|
ET l officium. — Les principes qui régissent les rapports
du patron et de l’affranchi sont les mêmes sous l’Empire
que sous la République, mais il faut tenir compte natu¬
rellement, du relâchement des liens de la famille- par
exemple, la juridiction domestique du patron ne larde
pas à s’évanouir, quoiqu’il y en ait encore des débris au
ne siècle; ainsi, d’après Marcien, le père de famille ne
peut accuser devant les tribunaux les esclaves ou affran¬
chis, qui habitent avec lui, pour de petits larcins, puis¬
qu’il peut les châtier lui-même22; la situation de l'af¬
franchi diffère d’ailleurs selon qu'il habite dans la maison
du patron ou qu’il l’a quittée, il a encore le même domicile
légal que le patron23. Habitant avec lui, chargé le plus
souvent, comme on le verra, de services domestiques, il
est toujours soumis en fait à son pouvoir discrétionnaire
et le maître en abuse plus d’une fois24.
Parmi les prérogatives du patron, qui résultent simple¬
ment de l’affranchissement, il y a Yofficium et l’ote-
quium. — A. L 'officium, difficile à définir, parait être
une obligation attachée à la condition de l’affranchi, qui
consiste en services variés, fixés plutôt par la tradition
que par la loi23. — B. L 'obsequium, qui comprend la
reverentia , est en général un devoir de fidélité, de res¬
pect, de déférence ; il repose sur la reconnaissance due
au patron par l’affranchi26, et sur l’assimilation qu on a
vue entre le libertus et le filius21. Il est maintenant
sanctionné par la loi, depuis l’époque d’Auguste. Les
règles suivantes sont des applications indirectes delà
sequium : 1° le patron peut révoquer une donation fai c
à un affranchi28; 2° il n’est pas toujours obligé doe
cuterle fidéicommis en vertu du testament de lalh.incu i
3° la femme peut intenter une accusation pour 'eU(,.el
mort du patron30; 4° le patron, tuteur de 1 atli une 41^3l.
doit pas nécessairement la caution rem salve111 jo >
le magistral peut l’en dispenser. Les application^
sont beaucoup plus nombreuses. En vertu de L' ^
de judiciis publicis, le patron ni l’affranchi m R^sî,
être forcés à déposer au criminel l’un conU1 J
déjà sous la République, le préteur n’autorm ^
à plaider contre le patron (ou ses descendante ou ^
et mère) qu’à certaines conditions33; sous 1 -1 I
, l’esclave
112; 6, 15304, 15963. - 20 Ibid. 11, 1037. - 21 Notons “‘non du l’ire:
franchi par le filius familial soldat est l’affranchi do CL 111 f ; ^ jjaus Sp»r1,
ig. 37, 14, 8; 38, 2, 3, § 28. — 22 Dig. 48, 19, H, § ‘ 1 cK _ ’ff et fl4erW“*j
ita Hadrian. 18, 10, il faut sans doute lire « ergastula sa i c Just, 1 ,
" ” . 3039=9-2
Von
. jilsl. «, wï - |Tranc,lls J
imonnier, l. c. p. 101-110. - 28 Exemples d'attachement des » ^
_ __ . . . : ergastula senorm^
. lieu de liberorum). — 23 Dig. 50, 1, 6, § 3; Vatic. frl J
L lieu de Liberorum). — 23 Dig. 50, 1, o, g o ; vue / . ^ 9,505»^
,2.-24 Dig. 40, 5, ïô, § 1 ; Plaut. Menaechm. 5, 7, 949 ; • ^ 3> 40. Vo1
ig. 67; Ner. 5. — 25 Dionys. 2, 10; C. Just. G, 0, 20 ’ a|rralicliis a ll'"
lier, t. C. p. - JJ,
aitres ; Vell. Pat. 2, 67; Suct. Au, 27 ; «, 2,
, 15, 9. — 28 Faite, frag. 2/2. — 29 Dig. 31, -8. „ 7%. 9,
,5, 13 ; 26, 4, 5, § 1. — 32 Dig. 22, 5, 4 C. Just. 9, 41, G,
15, 3. — 33 Dig. 2, 4, 4, § 1-3, 10.
LIB
— 1213
LIB
,ron a contre l’affranchi qui contrevient à
Auguste, le Pa .Qn énale comportant une amende de
cette règle lin , *tard de 50 aurai, ou, s’il est pauvre,
,0000 seslerc^;.i1)0relle infligée par le préfet de la ville1.
^epun'Uûn P ^ autorisatj0n quand la poursuite
I siffler contre le patron une condamnation infa-
peilt amen t une atteinte quelconque à sa considé-
man Ml interdit donc les actions de dolo, les excep-
mu ou tnetus quand l’affranchi est défendeur,
ES "Lent, ,«* l’action injurnrum. sauf s,
l’injure a été très grave ( atrox , servihs ).
! .uaitre et ses descendants, s’ils sont condamnes, ne
[ont tenus que dans la limite de leurs ressources L On
li euhitsi l’affranchi pouvait demander la restitutio in
ttearum contre le patron ; Justinien lui enlèvera défini¬
rent ce droit8. Au criminel, l’affranchi ne peut
accuser le patron que pour lèse-majesté'6, et même sous
plusieurs empereurs, tels que Nerva, Trajan et Pertinax,
dans aucun cash L’affranchi qui ne demande pas la
nomination d’un tuteur pour le fils du patron s’expose
à une peine corporelle 8 .
L'injure de l’affranchi à l’égard du patron est toujours
considérée connue grave; il s’expose a la relégation s il
épouse ou fait épouser à son fils sa pupille, fille du
patron5. Tandis que le patron surpris en flagrant délit
d’adultère ne peut être mis àmort et que, encore à l’époque
de Papinien, il ne peut être poursuivi en justice que par
suite de l’assimilation de ce délit d’adultère à une injure
grave, au contraire, d’après la législation d’Auguste, le
patron peut tuer l’affranchi surpris en flagrant délit d’adul¬
tère avec sa femme, même s’il a l’anneau d’01*. Depuis la
ter Pompeia de la fin de la République, le meurtre du
patron par l’affranchi emporte la peine du parricide ,0.
Nous trouvons aussi quelques applications de Yobse-
quium par rapport aux affranchies unies aux patrons.
Sousl’Empire, les unions entre les patrons et leurs affran¬
chies ont été extrêmement fréquentes sous la forme soit
des justae nuptiaeil, soit du concubinat. C’est le concu-
binat qui a été l’union par excellence ; la loi l’a encouragé
et favorisé autant que possible; seule
concubines la liberta propria garde le nom et la consi
dération de la matrona , est considérée comme une
Rpouse'-; les inscriptions ne l’appellent jamais arnica
pa hospita, mais toujours concubina 13 ou conjux 1
quelquefois contubernalis 15.
Bavant Auguste, P3'3’011 pouvait épouser son affranchi
■ gié elle u ; depuis Auguste son consentement es
| cessaire, à moins que le mariage n’ait été la conditio
P a uni Pissement. L’affranchie, épouse ou concubine
» peut quitter le patron par divorce ou séparation, san
(jaus | ' "ls Premier cas, le droit de recouvrer sa do
pai, ' llx cas droit de s’unir à une autre personn
E *luabe ou concubinat, sans le consentement d
patron17. La folie et la captivité de ce dernier laissent
subsister le mariage18. Les droits du patron sur l’affran¬
chie passent à Son fils13. Le patron ne les possède pas
s’il a affranchi en vertu d’un fidéicommis 20. L’affranchie,
concubine du patron, peut être accusée d’adultère21; les
donations du patron sont valables à son égard et irré¬
vocables ; elle peut recueillir son héritage par testament
si elle est capax 22. C’est surtout sous la forme du concu¬
binat que les soldats s’unissent avec leurs affranchies23.
Septime Sévère prohiba les mariages des affranchis avec
leurs patronnes et «avec les filles, épouses, petites-filles
et arrière-petites-filles des patrons, sous des peines
sévères, condamnation aux mines ou aux travaux publics,
selon la qualité de la personne 24 ; le mariage ne fut plus
autorisé que quand la patronne était de rang tout à fait
inférieur25. Les mariages entre patrons et affranchies
pouvaient amener des difficultés juridiques, en mettant
en présence le droit du mariage et le droit du patronat;
ainsi Caracalla, d’accord «avec les jurisconsultes, décide
encore que le patron n’exigera pas les operae de son
affranchie, son épouse26.
C. On peut rattacher à Yobsequium et à Yofficium les
deux obligations suivantes : 1° L’affranchi doit se char¬
ger de la tutelle et de la curatelle des enfants du patron ;
cette obligation fut réglementée par Marc Aurèle ;
l’affranchi ne peut invoquer les excuses ordinaires des
ingénus, même s’il a l’anneau d’or, à moins que son
patron ne l’ait affranchi en exécution d’un fidéicommis2'.
Dans le crimen suspecti , il est exposé à des peines
corporelles28. Cette tutelle est à la fois une charge et une
marque de confiance; c’est pourquoi figure sur tant
d’inscriptions la formule tutor et libertus. 2° L affranchi
et l’affranchie sont tenus, au moins dès le itc siècle, de
fournir des aliments au patron pauvre et même à ses
enfants et à ses père et mère, selon leurs moyens ; Paul
paraît dire que c’est à la condition qu’ils ne doivent ni les
doua , ni les munera , ni les operae 29.
De nombreuses lois s’opposèrent aux abus de 1 obse-
quium. On réprima par exemple la prétention du patron
d’empêcher l’affranchi d’exercer le même commerce que
lui dans la même ville30. Les lois Julia de maritandis
ordinibus et Aelia Sentia défendirent sous des peines
sévères, en particulier sous celle de la perte de 1 héritage,
d’imposer à l’esclave au moment de l’affranchissement le
serment de ne point se marier ou de ne se marier qu’à telle
date, avec telle femme 31 . Légalement l’affranchi n’avait
pas besoin de l’autorisation du patron pour se marier.
D. Pour la sanction des devoirs de l’affranchi, la légis¬
lation paraît avoir beaucoup varié et n’avoir été fixée que
très tard. On a vu, chemin faisant, quelques sanctions
pénales particulières. La privation de la sépulture dans
le tombeau patronal est une peine fréquente, mais seu¬
lement morale 32 .
13,24, 25;
1 1 % 2, 4. 1
*¥%«,*, 4- 37 ... . „ . - . ■"<
, § ■
C. Just. 2, 2, 2; Gai. 4, 40 ; Instit. 4, 26, 3 et 12.
une cite 11’a pas besoin d’autorisation
10, 7, dC la cité ( DiS- 2, 4, 10, § 4). — 3 Dig. 37, 15, 2, 7,
2’ 4-, 2. - B#;’ ’ L§ î2;47’ 10>U, §7.— 4 Dig. 37, 15, 7, § 1. —S C.Just.
40,34- Plin à’ ,48’ Ml C. Th. 9, 6, 1 (376). — 7 D'io. Cass. 68,
tanliu P<sndant’au„i, Vita Pertin. 9; il en fut ainsi ég
L P-'iidant (uipliM.n , . ‘ '■> i n en lut ainsi également sous Cons-
f. «■ Ml, «2,54 L5 £ Tl‘- 9> *)• - 8 D*. «-6, 6, 2 pr. §1.-9 Dig.
Lpi Paul. 5, U)1 DhJ- 48' 5> 26, 38, § 9, 42 ; 48, 9, 1 ; Coll. leg. Mos. 4
L/ 1873,952;fli0 3g ■*■ *. «, 9683 ; 14, 2523; 12, 3446, 3801 ;5, 1916, 7606;
10 et 11 ; 23, 2, 28 et 29 ; 23, 2, 45 pr. 46, 48,
I e Kieria et uxor ; ]es j'.' <J‘ ^ur 'es inscriptions la femme légitime s'ap-
V> °S i^erto. et conjux désignent souvent une concubine.
_ 12 Dig. 25, 7, l pr. ; 48, 5, 14 pr. ; 23, 2, 41, 1. — 13 C. i. I. 8, 9100 ; 5, 5172 ;
H, 3777 ; 6, 9692, 28 431. — 4 4 lh. 7, 53 ; 14, 1654, 564; 5, 7554 ; 10, 2819. — 45 lb.
6 15 598’ 16 048. — 16 Dig. 23. 2, 28-29. — 47 Dig. 23, 2, 5 pr. ; 24, 2, 10-11 ; 25, 7,
4 ’pr. _ 4» Dig. 23, 2, 45, 6; 25, 7, 2. - 19 Dig. 23,2, 48 pr. - 20 Dig. 24, 2, 10; 23,
2) 50. — 21 Dig. 48, 5, 14 pr. — 22 Dig. 24, 1, 3, § 1 ; 34, 9, 16, § 1. — 23 C. i. I.
j’ 930; 9> ^oo, 1502; 14, 218; 8, 3079; 6, 2470, 2584, 3309, 2896, 2907, 3190.
— 21 C. Just. 5, 4, 3 ; Dig. 23, 2, 62, § 1 ; Paul. 2, 19, 9. — 26 Dig. 23, 2, 13.
— 26 c. Just. 5, 3, 9; cf. Dig. 38, I, 28, 46. — 27 V'atic. fragm. 160, 152, 220;
C. Just. 5, 02, 5; Dig. 27, 1, 14, § 2, 24; VitaMarci , 11, 8; C. i.l. 6 , 2210. — 28 Dig.
26, 10, 1, § 8; Jnstit. 1, 26, 11. - 29 Dig. 25, 3, 5, § 18-26; 25, 3, 9; Paul. 2, 32.
— 30 Dig. 37, 14, 18 ; 37, 15, 11 ; Hadrian. Sent. 8. — 31 Dig. 37, 14, 6, § 4; 38,
16 3 I g _ 32 Orelli, 1175, 3032-3034, 6404; Testant. Dasum. 1 .105-110.
153
&
L1 B
— 1214 —
L1B
Au début de l'Empire, sans doute d’après la loi Aelia
Sentia qui ne faisait ici que limiter le droit de justice
domestique du patron, ce dernier pouvaiL obtenir contre
l’affranchi ingrat (; inr/ratus ) la relégation dans la Cam¬
panie au delà du vingtième mille de Rome ou, d’après une
sentence d’Hadrien, l’envoi dans les carrières « in lautu-
mias »*’. Claude, qui voulait rétablir l’autorité des patrons,
punit un affranchi qui avait cité son maître devant les
tribuns, en condamna à mort ou en remit d’autres en
servitude pour avoir nui politiquement ou d’autre ma¬
nière à leurs patrons2. Sous Néron, une longue discus¬
sion au sénat sur l’ingratitude des affranchis n’aboutit
pas a faire donner aux patrons le droit de révoquer la
liberté que demandaient plusieurs sénateurs3. On ne posa
pas de règle générale ; le sénat fut un des tribunaux
appelés à statuer sur les cas particuliers. Ce fut seule¬
ment une loi de Commode qui fixa les pénalités, en lais¬
sant aux juges, le préfet de la ville à Rome, les gouver¬
neurs dans les provinces, une grande latitude b Contre
l’affranchi inof/ïciosus ou inobsequens, il y avait la
réprimande et même les verges, surtout pour la récidive ;
pour 1 injure il y avait l’exil temporaire 5 ; pour les coups,
dénonciations, manœuvres. nuisibles, il y avait les travaux
publics '* ; telles sont les pénalités qu’indique Ulpien.
D après Modestin, au contraire, l’affranchi qui injurie,
frappe son patron, l’abandonne dans le besoin et la ma¬
ladie, doit être remis entre ses mains et travailler pour
lui; si cette peine ne suffit pas, il doit être vendu et le
prix remis au maître b En tout cas, la législation devint
de plus en plus sévère. Constantin applique la revocatio
in servitutem directe pour ingratitude et légère offense8,
mais en laissant la liberté aux enfants déjà nés ; deux
lois de 423 et de 426 frappent l’ingratitude de l’affranchi
à l’égard des héritiers du patron ou des enfants de
l’affranchi envers le patron ; cependant Théodose II et
Valentinien III enlèvent aux héritiers le droit de révoquer
la liberté et il en est sans doute encore ainsi dans le droit
de Justinien9. Le patron ne peut accuser d’ingratitude
l’esclave affranchi en exécution d’un fidéicommis10.
XIV. Droit a la tutelle de l’affranchi11. — Il résulte
de l'affranchissement et constitue à la fois une obligation
et un privilège; il n’appartient pas à la patronne. Les
règles principales en avaient été déduites des dispositions
de la loi des Douze Tables sur le droit à la succession.
La tutelle légitime exercée par le patron passe à ses
descendants, mais seulement aux plus proches et même
aux enfants exhérédés ; elle se partage entre les patrons
quand il y en a plusieurs ; à la mort de l’un d’eux, ses
enfants ne lui succèdent pas dans la tutelle ; en cas
d’excuse ou de destitution du patron, elle ne revient pas
à ses enfants12. On a vu qu’à l’égard de l’affranchi, la
tutelle, ne cessant pas avec la puberté, est dite perpé¬
tuelle13; elle passe même au fils impubère du patron11.
Auguste en dispense par les lois Julia elPapia Poppaea
les affranchies mères de quatre enfants15; c’est le jus
1 Dig. 50, 16, 70; Tac. Ann. 13, 26; Hadrian. Sent. 3. — 2 Dio. Cass.
0°, 13, 28, 20; Suct. Claud. 25; Di g. 37, 14, 5. Il vendit comme esclaves
des affranchis pour avoir usurpé la dignité équestre. — 3 Tac. Ann. 13, 20,
27. - 4 Dig. 25, 3, 0, § 1 ; l, 12, 1, § 10; 1, 16, 9, § 3 ; 37, 14, 1. 1 & Dig.
L 16, 9, § 3; 37, 14, 1. — 0 Dig, i, g 10 . 37) 14) , _ 7
25, 3, 6, § 1. * C. Just. 6, 7, 2; cf. Ambros. De Jacob, et vit. beat. 1, 3.
— 9 C. Just. 6, 7, 3-4; lnslit. 1, 16, 1; No v. Valent. III, tit. XXIV, § 1 (447).
— « C. Just. 6, 7, 1. — U Voir Lemonnier, l. c. p. 115119. — 12 Gai. 1, 165; 3,
58; Ulp. 11,3; Dig. 26, 4, 1 et 3 ; Instit. 1, 17. — 13 Gai. 1, 165, 175; UIp. 11,3;
— U Gai. 1, 179. 192. — 15 Ulp. 29, 3; Gai. 1, 194; 3, 44; Dosith. Frag. 17;
quatuor liberorum que les empereurs accorde
titre de faveur particulière16, que Claude f|!, a'1Ss‘à
femmes qui construisent un navire pour l’appr °!\-e aux
ment de Rome, dans les mêmes conditions
Latins 17. L’affranchie qui a été affranchie nar nul fqu a"x
” 11 femme
0u a subi
ou dont le tuteur est mort sans enfants mâles
lui ou son fils, une deminutio capitis en se donn . ’
adoption, doit demander un tuteur au préteur uf ^
d’après la loi Atilia, en province au gouverneur' \'T
les lois Julia et Titia 18. Pour les effets de la tutelle?!^
time des patrons, nous renvoyons au mot tutei \
XV. Droit a la succession de l’affranchi. — on f
pour la République. Sous Auguste, la loi Papi'aPopil!
améliora la situation des patrons qui avaient de ri, ,
affranchis en créant un droit très compliqué : 1° pour un^
fortune moindre de 100000 sesterces, il y avait les mêles
règles qu’auparavant. Au-dessus de ce chiffre19, le patron
de l’affranchi n’était exclu ab intestat ou par testament
que quand il y avait trois enfants; il avait tout quand il
n’y avait pas d’enfant, une part virile quand il y en avait
un ou deux. 2° L’affranchie mère de quatre enfants pou¬
vait tester sans tuteur, mais la loi réservait encore une
part virile au patron; si elle mourait ab intestat, il avait
tout; si elle testait en faveur d’héritiers étrangers, il
avait la moitié par une bonorum possessio contra
tabulas 20. Il en était de même pour les fils du patron et
ses descendants mâles par les mâles. Pour les descen¬
dantes, il y avait controverse. Elles étaient sans doute
exclues comme précédemment, si elles n’avaient pas le
jus trium liberorum ; si elles l’avaient, elles étaient
assimilées au patron, à moins que l’affranchie n’eût elle
aussi le jus quatuor liberorum ; dans ce cas Gaius dis¬
tingue deux hypothèses : si l’affranchie mourait ab intes¬
tat, la descendante du patron avait droit à une part
virile; en présence d’un testament, elle avait le même droit
que les enfants mâles contra tabulas 21 . 3° La patronne
de l’affranchi obtenait le bénéfice du droit prétorien
quand elle avait, affranchie elle-même trois enfants,
ingénue deux enfants; ingénue et mère de trois enfants,
elle était assimilée au patron22. 4° A l’égard de la patronne
de l’affranchie, le droit des Douze Tables était maintenu
si l’affranchie mourait ab intestat, que la patronne eût ou
n’eût pas le jus liberorum ; cette dernière excluait les
enfanLs de l’affranchie, à moins que l’une ou l’autre n eût
subi une capitis deminutio ; si l’affranchie avait testé, le
testament pouvait exclure la patronne, à moins quelle
n’eût le jus liberorum , auquel cas elle avait la moitié des
biens contra tabulas-'3.
Celte législation d’Auguste, qui montre l’importance e I
la succession des affranchis, subsista sans changement 1
essentiels jusqu’à Justinien. L’affranchi était considéu |
_ _ 1 .1 •. ci t • i . . . fr
comme un débiteur 21 ; il ne pouvait rien aliéner frau u
leusement de ses biens sans s’exposer à Yactio Ful>ia’ ^
dont l’application était exli'ciu'11’^
(ou Faviana),
large, qui atteignait la plupart des actes par
I 4 S'
Henzcn, 6178; C. i. I. 6, 2, 10247. — 16 Dio. Cass. 55, 2; liu^ J,.,,,,
— 17 Suet. Claud. 19. — 18 Gai. 1, 185, 195. -- 19 Gai, 3, 42-54; Lll’- ^
affranchi se dit centenarius ap. C. i. I. 10, 6122. On ne sait au ju ue j<6ron
catégorie d'affranchis il s'agit dans un texte obscur de Suétone di'a" i|||,1llc|iis
prit les dix douzièmes au lieu de la moitié des biens de ceux de H |a sienne
décédés qui avaient porté sans raison valable le nom de familles ®nius ^ |,
[Fer. 32). — 20 Cela parait ressortir du texte mutilé de Gai. L 4ug
47-48. — 22 Gai. 3 , 49-53. — 23 Gai. 3, 51-52. — 24 Par abus de P011' "'
obligea les affranchis d'Icelus à lui abandonner de suite ce qui h'i
leur mort (Dio. Cass. 55, 13).
venait «P1*'
LIB
— 1215 —
LIB
hi avait diminué sa fortune frauduleusement
raf’ra,i:;‘ au détriment du patron ou de ses héritiers',
[f ' confiscations, le droit du patron était en général
R^cté ■ il recueillait la part dont l’affranchi ne pou¬
vait le dépouiller 2.
privilège du patron fut diminué dans une certaine
Cul!e par le sénatus-consulte Tertullien, de l’époque
d’iPulrien, qui donna à l’affranchie, mère de quatre
enfants, lé droit d’hériter d’eux3, et par le sénatus-con-
sulte Orphitien de 178, sous Marc Aurèle, qui admit les
enfants (et petits-enfants) àl’héritage de la mère, ingénue
ou affranchie, morte ab intestat 4 [senatus consultum
ORPHITIANUM, TERTULLIANÜm] ,
Jusqu’à Claude les droits du patron se transmettaient
également à ses descendants les plus proches ; entre 41
et 47, sous Claude, un sénatus-consulte permit au patron
d attribuer ses droits sur un ou plusieurs affranchis, par
une manifestation quelconque de sa volonté, à un ou à
quelques-uns de ses enfants et petits-enfants des deux
sexes. C’était Yadsignatio libertorum. Elle était admise
même en faveur d’un enfant déjà exhérédé et émancipé,
mais l’enfant émancipé postérieurement à l’assignation
ne pouvait plus en bénéficier6.
, Ajoutons ici que pour les successions des affranchis
ab intestat, les patrons et leurs familles pouvaient obte-
nir du magistrat plusieurs bonorum possessiones 0 :
1° Bonorum possessio unde legitimi ; le préteur appelait
tous ceux à qui la loi des Douze Tables ou le droit civil
donnait l’hérédité légitime, non seulement les agnats et
les gentiles, mais aussi le patron et ses descendants ;
2° Zl. P. tum (picm ex familia ; le préteur appelait le
patron ou ses enfants, s’ils avaient négligé ou refusé de
demander la bonorum possessio précédente, et en outre
ses agnats1 ; 3° Lnde patronus patrona liberique et pa-
rentes patroni patronaeve 8. Cette matière est très
•obscure. Le préteur appelait sans doute d’abord le patron
et la patronne quand ils avaient perdu par une capitii
wdeminutio le bénéfice des bonorum possessiones undi
legitimi et tum quem ex familia ; à leur défaut les des-
Èen ants du patron quand ils étaient sortis de sa famille
^apres 1 aflranchissement ou n’en avaient jamais faii
rrit;’ Pu’s ^Gs descendants de la patronne dans presque
^ * C1S ’ ^eS ascendants du patron et de le
E r°nne 1uand ds ne pouvaient pas utiliser la bonorun
( lln>* (lue,n ^x familia ; 4° Unde cognati manu
Ia SlK! . , L ' lauL d autres personnes, le préteur donnaii
pa( 1011 ’"lx ldus proches cognats du manumissor
n’annebm ,iatl0nne’ jusqu’au sixième degré inclus, ei
iobrinuc IM,Uni ceux du septième que les enfants di
ou de la sobrina\
ïéglemenh La ^§'s^ation d’Auguste adopta e
Nous no sv,1 ,*urisPrudence de la fin de la République
interprétation118 1 PaS Sil y eut d'autres lois outre les
s°eietat'm S °S jur‘SC0nsultes. On supprime Vactü
1 maintient 1 actio operarum [exactio, peti
I ^ 3, 3 • jj-
conr |IOUr dissin"iîér p™10 2’ 9) 9i8nale les l'uses ,
O* 199 biens de. Il CnS' ~ 2 ’Ji»- «. M, ", § 2, 8
H 32). ^ Ws dans leur testament envers
cm,,,. 'U.Ujn,ltio' Sur la î, ’ Voir Accarias. l- 0. p. 1192-1195 poi
7 T ‘«Position à Ï ' V0‘r «d Di g. 38f 4, 1. -
ï ’’ ”• Ortolan, *
■ - 8 ''bcophii 'd;;,!;86- - 7 ^ 38-D c. J**. o,
JnSUl- 3- 8- - « Ulp. 28, 7; Inst,
ho, persecutio operarum ). Elle repose sur le serment ou
la stipulation, par lequel ou laquelle l’affranchi s’engage
après l’affranchissement à fournir « opéras, donum ,
rnunus ». Il en résulte une obligation analogue à une
obligatio ex credito, qui admet même l’emploi d’une
caution. Le créancier peut en outre employer l’interdit « de
liberto exhibendo »'°. La loi Aelia Sentia et la jurispru¬
dence interdisent les « stipulationes onerandae libertatis
causa », c’est à-dire les stipulations qui mettraient
1 affranchi à la discrétion du patron, par exemple l’enga¬
gement de payer une somme excessive. Dans Yactio
operarum, le créancier réclame la valeur en argent des
operac non fournies" ; sa demande peut être écartée par
Vexceptio onerandae libertatis causa. Outre les doua et
les munera qui doivent être modérés'2, le patron ou la
patronne ne peut donc se faire promettre que les operae,
c’est-à-dire les services conformes au droit [probe, jure
licito) et qui varient selon la position sociale et les apti¬
tudes de l’affranchi. Les operae s’évaluent en journées
de travail, de douze heures consécutives et de jour. On
les divisa en deux catégories, les officiales et les fabriles
ou artificielles. Les operae officiales sont les services
domestiques et personnels, souvent la continuation des
anciennes fonctions de l’esclave ; à ce titre elles ne
passent pas à l’héritier étranger, mais seulement aux fils
non exhérédés ; elles amènent beaucoup de difficultés
pratiques ; on admet par exemple que l’affranchi doit se
déplacer, mais aux frais du patron, pour rendre ses ser¬
vices à Rome, mais qu’il ne doit pas le suivre en voyage'3.
Les operae fabriles ont un caractère un peu différent;
ce sont les prestations spéciales de l’affranchi pourvu
d’un métier, par exemple artiste, médecin ; ces operae,
que le patron ne peut utiliser tout seul, peuvent natu¬
rellement être cédées, louées à d’autres personnes et
passent à l’héritier externe; la cession complète de ces
operac à une autre personne, notamment à un créancier,
en guise de remboursement, s’appelle la delegatio
liberh u. La fex Julia de maritandis ordinibus dispense
des operae et des cadeaux les affranchis qui ont un enfant
de cinq ans ou deux enfants en leur puissance ou qui les
ont eus même non simultanément, sauf les affranchis qui
exercent des métiers infamants, tels que ceux de comé¬
dien et de gladiateur 13. On ne peut réclamer les operae
à l’esclave affranchi en vertu d’un fidéicommis ou des
conditions d’une vente16. En cette matière, la jurispru¬
dence fut de plus en plus favorable à l’affranchi ; ainsi elle
dispensa des operae la femme âgée de plus de cinquante
ans, la femme mariée avec le consentement du patron,
tant que son mariage durait'7. L’exécution des operae ne
devait rien avoir de périlleux ni de déshonorant, ni de
contraire à la dignité du sujet; elles devaient être en
rapport avec l’àge, la santé, les besoins des deux parties;
l’ancienne opinion de Sabinus, qui mettait les dépenses
de nourriture et de vêtement à la charge de l’affranchi
pendant son service, fut adoucie en ce sens qu’on dut lui
- 10 Dig. 38, 1, 4, 7, § 3, 8, § 1, 36, 44; 43, 1, 2, § 1 ; Gai. 4, 162. — 11 Dig. 44,
5, 1, § 5, 6, 8 ; 44, 5, 2, § 2; 38, 1, 32, 36; 40, *1, 32, § 1-2; 37, 14, 15 ; C. Jusi. G;
4; 6, 3, 6. — 12 Dig. 38, 1, 7, § 3; Paul. 2, 32; Sen. Controv. IV, 8, p. 389;
Front. De diff. verb. p. 473; Isid. Differ. 1, 360, p. 47. — 13 Dig. 38, 1, 1, 3, (j,
18, 20, § 1, 21, 39 pr. - H Dig. 38, 1, 6, 23-27, 37, § 4; 44, 5, 1, § l’o. Fournies
par erreur, elles peuvent être répétées par la condictio indebiti. — 15 Dig. 38, 1,
37 ; C. Just. 6, 3, 6 (7). 16 Dig. 38, 1, 7, § 4, 13 pr. 47. — 17 Mais elles étaient
maintenues à 1 égard de la patronne et des descendantes du patron, qui avaient con¬
senti au mariage (Dig. 38, 1, 48, 2).
UB
LIB
— 1216 —
laisser le temps nécessaire pour gagner sa nourriture ou
le nourrir1.
Les operae pouvaient-elles être remplacées par le
paiement d une somme d’argent? On n’alla pas jusque-là.
On n autorisa que dans certains cas le patron à louer les
operae, comme on l'a vu, ou à accepter en échange une
indemnité2; mais on interdit l’évaluation des operae en
argent et le marché réel, sous la peine de la perte des
prérogatives patronales : ainsi, quand le patron vendait
la libération totale des operae , l’affranchi recouvrait la
libre disposition de ses biens par testament3.
XVII. Les devoirs du patron. — Sous la République,
l’obligation de nourrir l’affranchi n’avait pas été formulée "
juridiquement; sons l’Empire, depuis la loi Aelia Sentia,
le patron doit fournir à l’affranchi pauvre les aliments
nécessaires {alimenta) sous peine de perdre les operae
et les droits successoraux4, et les mœurs sont ici d’accord
avec la loi. De bonne heure, peut-être dès Auguste, le
patron, majeur de vingt-cinq ans, qui intente à son
affranchi une accusation capitale, perd ses droits succes¬
soraux. Le maître qui n’a pas vengé la mort de l’affranchi
ne jouit pas de la bonorum possessio contra tabulas h
XVIII. Rapports sociaux entre patrons et affranchis 6.
— 1° Les affranchis ont le droit d’habiter où ils veulent7.
Ceux qui se séparent du maître ne lui sont plus attachés
que par un lien très faible; mais la plupart restent
volontairement avec lui soit dans la même maison, soit
dans un corps de logis distinct8 ; ils sont toujours con¬
sidérés comme faisant partie de la famille, sont généra¬
lement domestiques, souvent avec les mêmes fonctions
qu’avant l’affranchissement 9 ; mais souvent aussi ils
sont chargés de services plus relevés, sont par exemple
chef des esclaves, pédagogues, précepteurs, nomencla-
tores , intendants ( procuratores ), scribes, gérants de
maison de commerce ( praepositus ) pour le compte du
patron ou pour leur compte, moyennant une redevance,
voyageurs de commerce10. 2° Les inscriptions, les textes
juridiques et littéraires, surtout 'les lettres de Pline le
Jeune11, nous montrent beaucoup d’humanité, de dou¬
ceur, d’affection dans les rapports des patrons avec les
affranchis. L’affranchi ligure avec les sept témoins dans
l’acte de divorce12. Il est souvent chargé de missions
délicates, par exemple de l’exécution de fidéicommis n,
de la protection des enfants du patron, conjointement
avec les tuteurs14; il doit lui-même, comme on l’a vu,
être leur tuteur, le cas échéant; il est souvent choisi
comme héritier, comme exécuteur testamentaire 1S, sou¬
vent chargé de l’érection, de la garde et de l’entretien du
tombeau et gratifié pour cela de la jouissance d’une mai¬
sonnette y attenant ou de la propriété du domaine où il
se trouve ou d’un autre revenu16. 3° Rien ne prouve
1 Dig. 38, 1, 14, 15 pr. 16, § I, 17, 19, 33, 34, 48, 50; C. Just. 6, 3, H ; 6, 6, 2.
— 2 C. Just. 6, 3, 1 el 6 (7). — 3 C. Just. 6, 3, 4: Dig. 38, 1, 41 ; 38, 2, 37 pr.
— ^ Dig. 38; 2, 33 ; 25, 3, G pr. ; 37, 14, 5, § 1. — 5 Dig . 37, 14, 9, § i, 10; 38, 2, 37,
§ 1. — G Voir Lemonnier, l. c. p. 150-167. — 7 C’est ce que dit un rcscrit de Dio¬
clétien (C. Just. 6, 3, 12) dirigé sans doule contre l'habitude contraire, enracinée dans
les pays grecs. — 8 Dig. 7, 8, 2, § 1 ; 9, 3, 5, § 1 ; 21, 1, 17, § 15 ; Paul. 2, 21 n, 11 ;
Plin. Ep. 2, 17,9. — 9 Tac. Ann. 2, 31 ; 15, 64 ; Hist. 2, 53 ; Germ. 25; Dio. Cass.
50, 27 ; Mart. 3, 46 ; Juv. Sat. 7, 43 ; Dig. 37, 14, 18 ; C. inscr. I. 6, 5038. — 10 Vita
Alex. Sevcr. 3 ; Mart. 11, 39 ; Wilmanns, 1199 ; Cic. ad Fam. 5, 20, 2; Dosilh. Dadr.
sent. 8 ; Dig. 14, 3, 20 ; 34, 2, 4 ; Quintil. 1,2,5; Tac. Ann. 15, 35 ; C. i. I. 0,4421 ,
4487, 2210, 9743, 9744, 9740, 9753, 4718, 6327-0330, 7001, 7057, 9833, 9830, 9834,
9836, 1577, 7370, 9827, 9828. — il Ep. 2, 6, 12, 17; 5, 19; 8, 16; 9, 21, 24, 34.
._ 12 Dig. 24, 2, 9. — » Dig. 32,39 pr. ; 31, 29 pr. ; 48,22, 10. — n Dig. 35, 1,84;
31, 34, 4; 34, 1, 18, § 2. — d Dig. 32, 37, §2, 38, § 1 ; Epliem. epigr. 4, p. 111,
n» 358 ; Jullian, Inscr. de Bordeaux , 1, n° 42 ; Test. Galïi, 11, 1. 17-22 ; C. i. I. 0, 4582, |
mieux la sollicitude des patrons à leganj
juridiques et d
affranchit
sufruit, d’habitation l9. Mais le plus fréquentdet .
gs viager d’aliments {alimenta, cibaria) » • n ,
que le nombre énorme de textes
tiens mentionnant des legs et des donatii, " U'SCfjf
affranchis, surtout de maisons, de terres •tV(!""S & ^
modalités possibles, soit à un seul, Soù V l'!ulesles
collectivement pour qu’ils en jouissent en coimm "?Urs
patron fait une donation à une ville à la condn ! ' Ü”
ses affranchis, devenus sévirs augustaux soicni T ^
sés des charges18. On trouve très fréquemment où?!'
legs d’usufruit, d’hahitat.inn u> . ’ 1,81
est le le
prend la nourriture, l’habillement elmèmc l'habitation»
il est viager à moins qu’il n’y ait une disposition Ton
traire dans le’testament, qu’il n’y ait par exemple comni'
limite l’âge de la puberté qu’Hadrien lixe dans ce cas
pour les garçons à dix-huit ans, pour les filles à quatorze •
il est acquitté soit sur l’héritage entier, soit sur les inté¬
rêts d’un capital légué ou sur les revenus de fonds con¬
sacrés à cet effet, par arrérages en général mensuels’ le
legs d’aliments peut d’ailleurs se combiner avec un lerç
d’argent; quand il y a plusieurs héritiers, on divise
entre eux les affranchis, ou bien un des héritiers est
chargé par les autres de réunir et de répartir les fonds
le fisc paie aussi les aliments sur les biens qui en sont
grevés 22. 4° La tradition assignait à l’affranchi une place
dans letombeau du patron. C’est ce qu’indique la formule,
devenue banale et de style, le plus souvent gravée à
l’avance sur les inscriptions funéraires « libertis liberia-
busqué » 23 ; mais la jurisprudence, appuyée sur les
rescrits, décida que l’affranchi n’aurait réellement le droit
d’être enseveli avec le patron que s’il était en même
temps son héritier, ou s'il y avait une disposition testa¬
mentaire à ce sujet ou une autre présomption de la
volonté du défunt24. En tout cas, il y a an nopibre
incalculable d’affranchis à qui les maîtres élèvent des
tombeaux ou qu’ils admettent dans les leurs
les columbaria , les patrons fournissent souvent des
fonds à l’association, acquittent les versements pour des
membres, donnent une ou plusieurs ollae [coloibaricm
Inversement les affranchis élèvent souvent des tombeaux
à leurs patrons à leurs frais ou contribuent aux fuis t
la construction'26. Les formules des inscriptions un
raires montrent avec surabondance les mai q ni* '
m’échangent les patrMj
les pms
et le
d’affection, de reconnaissance q
et les affranchis ; il suffit de citer les épitln . n ■ ^
usuelles, carissimus, optimus , bene )ii< i 1 1 -■
mot alumnus appliqué à l’affranchi. Enfin, on a ' 1
quence des unions entre les deux classes. ^ _L’ia-
XIX. Situation des affranchis dans la socit^,,^ ^
fériorité politique des affranchis a P0^' ,t|01 . ] J
infériorité sociale analogue: l°pour le droi <
Çdf.îl ; Oreliy
9897. - 16 Dig. 34, 1, 18, § 5 ; 38, I, 71, §2:33.^, (jalli, f
4300; C. i. I. G, 7803, 9832, 2204, 1396, 10245, 1°-* > DUj. 35, h l88’ ?
Voir Wilmanns, Index, p. 689. — 11 c- i. I- 6. - ’ § 5, 91; :U- *’
77, §§ lo, 27, 28, 87, § 2, 88, §§ G et 14; 32, «.6-^ U„! J-
Marini, Papiri, p. 305; Ennodius, PeMorium ( D, _ « Ç- ^ ()
C. i. I. 2, 2265 (avec l’interprétalion douteus _ il Zl/J- y
4514. - 19 Dig. 33, 2, 18, 32, 33, § 1-2, 34. - 2 D+* 2 f» >||
-22 Dig. 34, 1, 14 pr. § 1, 13 Pr’ Q„.'cU.
10-17 ; C. i
■ ios»’
Affranchis e. de llùA
l; 0,2, 8450, 8436,
G pr. ; C. Just. 3, 44, G ; C. i
n'admettait clans son tombeau cpie ceux de ses
porteraient le môme nom que lu
7457, 7803 ; Wilmanns, 198, noie et Index, p- 0 ■ 3,131; ; fi, "
C.i. I. 10, 5211. - 26 Ibid. 3, 1312; 6, 9235; 10,—
11 895, 11 915. — 21 Voir Lemonnier, U c. p- - ’
;8li
lui • (C. i. I. 3, 381 ; fi, - \Vilina>"ls'
1111,1 --- __ 2ô Exempt - ^ ; 1 fiel
— 1217 —
Lffranch
,i font en g9
U B
ande majorité partie des hu mi-
derniers ; la police impériale,
01, les frappent souvent avec rigueur.
'*#**'. “ ,„is à I» question pour les crimes dont
Os peuvent a ® pour les crimes des autres .
ils son! s0“5.;'il“‘nopitoies concernant les patrons, le
Baut a« f ° Si[anianum, rendu en 57 sous Néron,
rF1!’"'-’,,,. découvrir l’assassin du patron,
la mise à
autorise, P''1" ^ves affranchis par son testament- : a
1:1 tortUrC T Assassinat d'un préfet de la ville, le sénat
S6685!,0" Néron mais sans l’obtenir, la déportation de
H «flrwbis qui habitaient sous son toit»; Trajan,
“T ï effets du sénatus-consülte Silanien, fait sou-
Pfr ,1 gestion même les esclaves affranchis entre
Cvta le “rime, meme ceux qui ont l’anneau d'or*;
t h il emprisonner les affranchis d’un patron accuse
SZrni** : *”is rUls lard* au lu;slecle; 1 esl '"‘T
dit de torturer les affranchis dans ces affaires . Les affran
L peuvent accuser les citoyens autres que leur patron,
dans les conditions légales et s’ils sont lésés personnelle¬
ment' autrement ils n’ont ce droil que s’ils possèdent un
Blg0ù une fortune de 30000 sesterces (plus tard, cinquante
flurci6). 2° Au point de vue de la considération, 1 affran¬
chi reste toujours inférieur à l’ingénu. Malgré la bien¬
veillance qu’on a vue des patrons àl égard des atlianchis,
il est certain que les Romains de vieille race et surtout
la classe aristocratique ont longtemps nourri contre eux
un mépris, une hostilité et des préjugés très tenaces '.
Le luxe, la richesse, la puissance insolente des affranchis
impériaux du Ier siècle, des Narcisse, des Pallas, des
Icelus, justifient dans une certaine mesure l’indignation
de Sénèque, de Pline le Jeune, de Tacite, les satires de
Juvénal, de Martial, de Pétrone 8. Mais la classe
moyenne, surtout dans les provinces, a eu plus d’estime
pour les affranchis. On a vu leur rôle comme augustales ;
a Narbonne on a adjoint trois affranchis à trois chevaliers
pour faire des sacrifices en l’honneur d’Auguste9; ils
obtiennent souvent les ornamentci des décurions [orna-
| mextv, une place réservée au théâtre, des funérailles
publiques"1. Ils occupent une place prépondérante dans
^corporations et les associations de tout genre11 où ils
■^plissent souvent les fonctions principales, celles de
de curator-, ils constituent la grande majorité
»? CO loges funéraires [collegia, columbarium]12.
a ^ République, beaucoup d’affranchis,
F C!."x 1 empereur, ont eu de grandes fortunes13,
d* , 11 Th" romain, qui avait un nombre énorme
mont non^)Pe c*es affranchis a dû être extrème-
K onsu l 'aille1’. Ce sont les affranchis qui, comme le
^J^Tcic. .■) ^ j , jj.
I % «, 18, I *C n. IS,L *’ 46 ’ 4> H; Dio- Cass. GO, 13 cl 29 ; Sucl. Claud. 25 ;
rÏT«e. Ann. 14, Vis"!!.’ *’ 4.'’ 6,~2 Tac' Ann- J3> 32 ; Di0- 29> s- 3, § IG.
t® la procès raconta nn.pr " 10’ § R ' ' ■ C'est la solution qui prévaut
Jr r I Momn)s0i1 (Étude .■ ^ ^ : rescr^ de Trajan est sans doute posté-
5' 11,1 1® jugemeiu _ jt" h Jeune, trad. Morel, p. 23) le met au contraire
ri~s%48,2, ,0 u nrf; 35; DifJ- 48’ 18> b§ 9; C.Juet. 9, 41,6 (Go.-
11 ; Sun. mil l. ’Sï>,Mos- *• 4’ 5- - 7 1, «, b 45,
' • vv*$at. 1 -27 iqv In* Ep, 7, 29 ; 8, C ; Tac. Hist. 1,76 ; Scn. Ep.
’■ -y ù n «3 " !„0’ 27 : U- 22 ’ 3- 20 Potron. Sa*. 38, «, 32, 54,
JL e..lllsL «'»' ks corner,,- ’ lbul t0’ 4760 : 14’ 2043- — 11 Voir Waltzing,
Professionnelles chez les Romain*, Louvain,
eoni‘’s "3> 10 M*. IG7, iM.''.: °! ,tl7’ 108 ; G> 10 «b 10 323, 10326, 10 329,
V,?;- C^- 40, l . , 47 'b *26; 14, 409, 2877. _ 13 Cic. De petit.
C"'-4’ 341 Sc"' «P- 80,7:17.5; /te
». 1:1 ; u, 37;Ta c’î9'10; Plin- m«- nat- 30. 12; 33, 135; Martial.
Lmonai^0"' 38’ 70 ' Plut. PomT'i *■' C/ *' 1 3’ 450 ; Juvcu' 4> 1°4-10G !
'J1, 261. is . l' ull. Apol. G. — H Voir les calculs de
• , 20 - 10 C. i. I. G, 975, 2219-2229 ; 1018 ;
UB
reconnaissait déjà Tacite111, ont constamment renouvelé
et entretenu le corps des citoyens. Énumérons leurs princi¬
pales fonctions, outre les fonctions militaires qu’on a vues.
A. Affranchis privés et des villes. — 1° Fonctions
municipales et administratives. Ils fournissent à Rome et
ailleurs, comme on l’a vu, la plupart des magistri vici et
une partie de leurs ministri16 ; à Rome le ou les deux
curatores de chaque région, sans doute institués par
Hadrien entre 109 et 13ü17 ; partout des caissiers (arcarii)
[arcarius] 18. Les decuriae, c’est-à-dire les corps d appa¬
riteurs des magistrats romains, sont essentiellement
composées d’affranchis19. C’est le cas des licteurs [lictor] ,
des viateurs [viator], deshérauts [praeco] ; dans les scribes
[scriba], il n’y a que quelques affranchis20; les accensi
sont généralement des affranchis personnels de magis¬
trats21 ; le nomenclator du censeur est aussi son affran¬
chi 22. Il y a des affranchis au service de ces différents
appariteurs23. Ils arrivent souvent à la présidence de
ces décuries, au titre de inagister 2i. On trouve des affran¬
chis dans les bureaux des magistrats ; leurs fonctions
s’appellent déjà souvent, comme on l’a vu, militia ; ils
font partie de Vofficiunr, les procurateurs choisissent
souvent une partie de leurs aides parmi leurs propres
affranchis et esclaves25.
’ 2° Offices ou emplois sacerdotaux. Dans les collèges
sacerdotaux, chaque membre a comme calator un de ses
affranchis26. Ils fournissent des viatores aux Sodales
Augustales , aux Septemviri epulonum , un sacerdos aux
vestales, la plupart des aeditui , des tibiciues, des sgm-
plioniaci 21. — 3° Professions et métiers 28. Beaucoup
d’affranchis, anciens esclaves ruraux, ont continué à
cultiver le sol29 ; mais nous avons peu de renseignements
sur la tenure d’affranchis [latifundia]. Nous trouvons des
affranchis dans les industries qui se rattachent à la cons-
Iruction 30, dans l’industrie et le commerce des produits
alimentaires, des tissus et des vêtements31, des esclaves
et des gladiateurs 32 ; dans l’orfèvrerie, la bijouterie et
les industries analogues33; ils fournissent des hérauts,
des scribes, des scriniarii , des coiffeurs34 ; un très grand
nombre d’acteurs, de pantomimes, de danseurs, de pres¬
tidigitateurs, de cochers du cirque, de gladiateurs 3:1 ;
beaucoup de banquiers ( argentarii , nummularii) 36 ;
c’est surtout parmi les affranchies que se recrutent les
courtisanes [lenocinium]. — 4° Professions libérales. Ils y
ont occupé une très grande place ; beaucoup d’esclaves
étaient médecins domestiques; il n'est pas étonnant que
tant d’affranchis aient exercé cette profession ou les
professions touchant de près ou de loin à la médecine :
on trouve des médecins proprement dits, des spécialistes,
10, 3790. — 11 Mommsen, Droit public, o, p. 335 ; C. i. L G, 973. — 18 Orelli-Henzen,
109, 1 18,vG039, G395. — 19 Voir Mommsen, Droit public, I, p. 37G-4IG. — 20 C. i. I.
6, 1815, 1852, 1855, 1856. — 21 Cic. Ad Quint. 1, i, 4, 12; Verr. 3, 61, 157 ; Ad
Alt. 4. 16, 12; C. i. I. 6, 1960-1901. Ils sont affranchis, mais pas du magistrat,
Ibid. 10, 7552 ; 6, 1903; Cic. Verr. 1, 28, 71. — 22 C. i. I. 6, 1967, 1968. — 23 Un
tabularius des viatores quaestorii [Ibid. 0, 1930). — 24 Ibid. 6, 1933, 1942, 1895.
— 25 Quelques exemples cités par Hirschfeld, Untersuchungen, p. 279, note 2.
— 26 C. i. I. 6, 2080; cf. 0, 2184; Suet. De gramm. 12. — 27 Orelli-Henzen, 2459,
6104, 1709, 2440; C. i . 1.0, 2150, 2202,2210; Varr. De re rust. 1, 2, 1. — 28 Voir
Lomouuier, L c. p. 273-284. — 29 C. i. I. 11, 600. — 30 loid. 6, 9952, 9634, 9852,
9853, 007, 877, 9034, 9794, 9933, 9957 ; 10, 1349, 3098. — M Ibid. 6, 9671, 9683,
9805, 9964, 9963-70,9142,9710, 9718, 9810, 9860, 9S07, 9808, 9871 , 9873, 9884, 9889,
9894, 9899, 9931, 9993, 9999 e, 4476; 10, 543; Hcnzen, 5087. — 32 Orclli, 2551;
C. i. I. 0, 10200. — 33 Ibid. 6,9419, 9933-57, 9434-36, 9208, 9664, 9221, 9222, 9133.
— 34 Ibid. 0, 1953, 1867, 9940, 9941 ; 10,4919 ; Orelli, 2950, 2953, — 33 Dj0. Cass.
68, 10; Vi ta Ver. 8; C. i. L 9, 344 ; 6, 10114, 10085-10101 ; Wilmanns, 2619, 2620,
2622, 2025, 2620; Orelli, 2160, 4140, 2630, 2012. — 36 Orelli-Henzen, 5094, 6424;
C. i. I. 6,9165-66, 9168, 9170, 9713, 9714.
LIB
— 1218 —
LIB
des oculistes, des médecins officiels ( archiatri ) ou atta¬
chés à des établissements publics ou privés, des iatra-
liptae, des unguentarii , des médecins femmes, des
accoucheuses1 [medicus, archiatrus]. Les affranchis ont eu
un rôle aussi important pour l'éducation et l’instruction
des enfants, comme pédagogues, précepteurs soit privés,
soit publics. Ils ont fourni un nombre considérable de
grammairiens et, d’après Suétone, presque tous ceux qui
se distinguèrent dans cette carrière étaient des affranchis 2.
On connaît les noms des affranchis littérateurs de toute
sorte, historiens, érudits, poètes: Livius Andronicus,
Caecilius Statius, Térence sous la République; Publius
Snius, Phèdre, Epictète sous l’Empire3. On trouve aussi
parmi les affranchis beaucoup d'artistes, architectes4,
peintres, statuaires®. On a vu d’autre part quelles fonc¬
tions les affranchis remplissent quand ils restent au ser¬
vice de leurs patrons.
B. Affranchis impériaux. Ils peuvent passer par héritage
d un empereur à l’autre ; souvent des affranchis de parti¬
culiers passent au prince à la suite d’héritages ou de
confiscations 6. Les affranchis impériaux n’ont pas de
privilèges juridiques, pas d’insignes spéciaux1. L’im¬
portance qu ils ont eue aux trois premiers siècles de
1 Empire a tenu soit à leur influence personnelle à la cour
auprès de l’empereur, soit aux fonctions qu’ils remplis¬
saient, et elle a varié selon le caractère des princes.
Auguste, tout en les employant, sait les contenir ; Tibère
agit de même dans la première partie de son règne; mais
dans la seconde il leur laisse beaucoup plus de puis¬
sance 8 ; ils sont les maîtres sous Caligula, sous Claude
que dominent Callistus, Pallas, Narcisse, sans compter
Posidès, Félix, Polybe, Ilarpocras, Thessalicus 9 ; sous
Néron, sous le règne duquel on peut citer les noms de
Polycletus, Helius, Pelago, Doryphorus, Epaphroditus 10.
Galba fait tuer plusieurs des affranchis de Néron, mais
laisse une grande autorité à ses affranchis, surtout à
Icelus11. Othon fait tuer Icelus, mais rétablit les affranchis
et les procurateurs de Néron12. Asiaticus est tout-puis¬
sant sous Vitellius 13. Vespasien et Titus paraissent avoir
traité sévèrement les affranchis 14, qui reprennent au
contraire leur crédit sous Domitien13. Nerva et Trajan
reviennent à la politique d’Auguste10. Hadrien traite très
sévèrement les affranchis et leur enlève, comme on va le
voir, les plus importantes de leurs fonctions au profit de
1 ordre équestre 1 \ Antonin se conduit d’après les mêmes
règles18; Marc Aurèle est trop tolérant à l’égard des
affranchis de Verus, surtout Geminus et Agaclytus, mais
il les éloigne après la mort de son collègue, sauf Eclec-
tus19 ; sous Commode, les affranchis
sont les
Cleander arrive à la préfecture du prétoire2»*
de Caracalla et d’Elagabal à l’égard des afli- 1 '
traste avec la rigueur de Pertinax, de Sei'r" COn‘
et d’Alexandre Sévère21. C’est surtout par j'!"0 Sévère
de tout genre, par le trafic des places, des di'., ■P.lll**l
faveurs impériales que tant d’affranchis 0nu^ des
fortunes énormes qui scandalisaient les contern*'^ ?
mais dont le caprice ou la cupidité de leurs in°qa'nSÏl’
une révolution politique pouvait à chaque in!,' ,°U
dépouiller». A chaque règne nouveau, le perso„ne “
affranchis se renouvelait en partie; mais nous avo *
nombreux exemples d’influences et de carrièresTj |
sont continuées sous plusieurs empereurs24 lesffj
chis étaient en général originaires des pays grecs eUrT J
taux. Les empereurs les ont utilisés dans un nombre incàt
culable d’emplois, échelonnés depuis les services dômes]
tiques delà cour jusqu’aux fonctions impériales propre"
ment dites. En bas, il est difficile d’établir une limite
précise entre les places d’esclaves et les places d’affranchis'
certains services ont été mixtes et l’affranchi a souvent
continué son métier d’esclave. En haut, la limite entre
les places de chevaliers et les places d’affranchis a été
mieux marquée, tout en comportant aussi de nombreuses
variations. Dès le début, Auguste a réservé aux chevaliers
le titre de procurator Augusti , aux affranchis celui de
procurator tout court, et cette règle a été maintenue sauf
quelques rares exceptions 23 [procuratorJ. 11 a réservé
aux chevaliers les places importantes de gouverneurs des
petites provinces impériales et de l’Égypte, et il en a été
ainsi sous ses successeurs, sauf quelques exceptions2'. lia
recruté parmi les affranchis les procuratores financiers,
les employés subalternes des procuratores ■Augusti,]®
fonctionnaires du trésor impérial à Rome, la plupart des
administrateurs des biens impériaux, les directeurs du
service des eaux, de la chancellerie, du secrétariat impé¬
rial. Mais dans la suite les plus importants de ces postes
sont devenus équestres, à la suite d’une réforme ébauchée
par Othon et Vitellius, complétée par Hadrien21. Les fonc¬
tionnaires ab epistulis et a libellis se recrutent après
Néron dans les deux classes; après Hadrien jusqu’à Dio¬
clétien, nous ne connaissons que deux exemples d affran¬
chis ab epistulis [epistulis (ab)] ; la charge a libeM
[libellis (a)] est mixte jusqu’à Hadrien; après lui on
n’y trouve plus que des chevaliers28. Les affranchis pos
sêdent la charge a rationibus jusqu’à Hadrien; elle passe
ensuite aux chevaliers, mais on y trouve encore quelque3
affranchis sous Antonin, Marc Aurèle et au inc siècle
1 Dig. 38, 1, 26; C. i. I. I, 1059 ; 6, 9568, 9576, 9583, 9594, 9598,9402, 9005, 90)5,
9617, 9723 ; Wilmanna, 2493 ; Orelli-Henzen, 2553, 2886. — 2 Suet. Gramm. 3, 4, 6, 7,
10, 13, 17, 18, 19, 21 ; C. i. I. 6, 9449. — 3 Autres noms cités par Lemonnier, /. c.
p. 282, notes 1-2. — 4 C. i. I. 9 , 4479 ; 6, 8725, 9151, 9152. — 6 Juv. Sat. 9, 145 ;
C. i. I. 10, 5352 ; 6, 9780, 9794. — 6 Henzen, 0341 ; Tac. Hist. 2, 65 ; Plin. Hist.
nat. 9, 62; 12, 12. Voir Hirschfeld, l. c. p. 275, note 10; C. i. I. 6,8432 ; Wilmanns,
1312. — 7 Par exception Claude accorda à Posidès une hasta pura pour le triomphe
britannique et Vespasien à un de ses affranchis le droit d’assister au triomphe juif
(Suet. Claud. 28 ; Stat. Silv. 3, 3, 140). - — 8 Tac. Ann. 4, 7 ; Joseph. A ni ic[ . dud.
18, 6, 1, 4; Plin. Hist. nat. 13, 94. — 8 Joseph. I. c. 19, 1, 10; Rio. Cass. 60, 19;
Suet. Claud. 27, 29; Sencc. Apokol. 13, 5; Plin. Hist. nat. 12, 12; C. i. I.
6, 9016. — 10 Suet. Ner. 37 ; Dio. Cass. 63, 12 ; Tac. Ann. 14, 39; II, 59 ; Hist.
1, 37 ; 2, 95; Plin. Ep. 6, 31 ; Hist. nat. 12, 12. — U Suet. Galb. 4, 14-10 ; Tac.
Ann. 12, 60; Hist. 1, 7, 13 ; Plut. Galb. il ; Dio. Cass. 64, 2. — 1 i Tac. Hist. 1,
13 ; Suet. Galb. 14; Oth. 7; Dio. Cass. 64, 8. — 13 Tac. Hist. 2, 57, 95 ; 4, 11;
Suet. Vitell. 12. - U Philostrat. Apollon. 5, 36, p. 101 (éd. Kayser) ; Suet. Vespas.
16. — la Suet. Dom. 7 ; Dio. Cass. 67, 15. — le Plin. Pan. 88 ; Ep. 6, 31. — 17 Vita
Hadr. 15, 21.— 18 Vita Anton. 6, H; Dio. Cass. 09,7. — 19 Vita Veri, 9,
M. Anton. 15. — 20 Vita Comm. 4, 6, 7, 14, 15. -21 Vita Pert. 12, 14, Elagab.
11; Dio. Cass. 73, 8-10 ; 70, 6 ; 77, 18 et 21; 78, 10; Vita 3°’ ^jodi'
Voir sur le rôle de quelques affranchies, Acte sous Néron, CaemS| . ^4
Vespasien (Dio. Cass. 61, 7 ; 66, 14; Suet. Ner. 28 ; Vespas. 3, l ■ ■ 'K ^ ^
12) ; Friedlander, l. c. p. 121-123. — 22 Joseph. Antiq. Jud. 18, 4’ 8 glSI,
Plin. Hist. nat. 13, 94; Juven. Sat. 14, 329 ; Tac. Ann. 12, 53, jV,jjcll[|c!
1, 20, Il ; Suet. Claud. 28; Martial. 4, 5, 7. Les mots fumus, fumi
fausses promesses vendues par les affranchis et autres gens de cou* ■ ^ cons|rui-
Vita Alex. Se v. 23, Elagab. 10. Sur le luxe des palais, des yesp,iti
lions des affranchis, voir Friedlander, l. c. I, p- 98-99. — - “ ^aCi ,im I
Ner. 35. — 24 Stat. Silv. 3, 3, 84 ; 3, 4 (carrière de Claudius ^
13, 47. — 25 Dio. Cass. 53, 15 ; C. i. I. 3, 536; 8, 12655. Voir »
public , t. V, p. 107-111; Hirschfeld, l. c. p. 241. Mais 1rs Ilom de rB|*nP®'J
ajouter au mot procurator les mots Aug. n. ou Augg. nn. 011 j0 sous Augus** J
reur (Wilmanns 1292, Orelli 4570). — 20 Licinus procuratcui 0,1 çass 5s, 19)' I
(Suet. Aug. 67); un affranchi préfet d’Égypte sous Tibère ( * ^,^0(jUC jtc»11
Félix procurateur de Judée sous Claude (Suet. Claud. 28), ‘^ca* ’ 9; T**'
nue, procurateur de Mauritanie (C. i. I • 10, 6081). 21 77.18O ; Hi*’sl!^ej
Hist. 1, 58 ; Vita Hadr. 22. - 28 Voir Friedlander, l. c ■ L P-
l. c. p. 207. — 29 Friedlander, l. c. p. 173-177 ; Hirschfeld, l P- ’ *
LIB
_ 1219 —
UB
;« W‘“r^ C
it avoir été
L
recruté parmi les
1 On connaît
... Septime Sévère \ On connaît un
affranchi® Ju[ ]jureau a memoria sous Caracalla 2. Le
affranchi ' 11 ^ dirigé régulièrement au nL siècle par
h*eauo ■ , yi pour les domaines impériaux,
dlaffrancln-’ 7 ^ mot latifündia. Les cubicularii,
nous re°V<^°/^ affranchis jusqu’à la fin et quelques-uns
aCl,b‘Cin „ rôle important, par exemple Parthenius et
onl j°u< >l . p0mitien 3, Saoteros, Cléandre et Eclectus
Sir rlmode Zoticus sous Elagabal * [cubicularius].
S°r carrière des affranchis n’a pas eu de règles fixes;
rtL port» » nombre énorme Je fonctions ; on passe
T“ L de cour proprement dits aux services publics
.versement! on peut avoir successivement le même
dans différents services 5 ou dans differentes pro¬
grade
î-dessous du grade supérieur de
vinces ” ; en général, au-uessuus uu &i
wLcmitor, il y a dans chaque bureau, par ordre decrois-
iLt, des proximi et des adjutatores procuratoris, des
tabulant qui ont eux-mêmes leurs proximi, leurs adju-
torcs et qui relèvent d’un praepositus tabulariorum
ou princeps tabulant#', des acfores, exactores , vilici,
icommentariis , commenta rieuses, librarii , a libellis, cib
instrument is, prétest gnutores ; ab auctoritatibus , contra-
scriptores. Presque tous ces employés sont nommés par
l’empereur. Nous manquons de données sur leur traite¬
ment; les charges de cour paraissent avoir été grassement
payées8 ; les proximi des grands bureaux ont 40000 ses¬
terces9. Quelques inscriptions nous donnent une idée
des carrières des affranchis10. Un affranchi est successi-
vmvùpraegustator, tricliniarcha, procurator a mune-
ribus, procurât or aquarum , procurator castrensisil.
Un autre12 est praeposttus mensae nummulariae /isci
frumentarii Ostiensis, decurialis gerulorum, decurialis
iecuriae viatoriae consularis , tribunicius collegii ma-
gni13 ( Larum ), procurator pugillationis et ad naves
pages H, procurator annonae Ostiensis. Un autre15 de-
dent cubicularius après avoir été procurator vinorum,
procurator munerum, procurator patrimonii, procu¬
rator thesaurorum. Un autre10 a été praepositus a
crystallinis ”, praepositus a fibulis 18, triclin ia relia,
procurator saltus Domitiani 19, procurator ad praedia
Bpd/wna, procurator a mcindatis 20, procurator ab
^Êhmeride-' , procurator rat(ionis) purpurarum 22 .
Principaux services impériaux où nous trouvons
| affianchis sont, outre ceux qu’on a vus, les suivants :
Ibu fe!?*CeS Pul}^cs> F1SC [FISCUS, res privata, ratio-
’ “ domaines impériaux [latifundia, patrimo-
f aiTp1 ’ i ■ ll,ritaSes hissés au prince; on y trouve des
IqIj , COinme procurateurs, tabularii, adjutores
rii J! 101 um\a^ auct°ritatibus, a commentariis , libra-
fvicrcuM 01 eS tPATRIMONiuM] ; 4° impôt sur les héritages
HP 1 ' iieredil’atium] ; ù° mines, carrières et salines [me-
1 Hirschfeld, l c „
M'bHirschfeld „ ' *’ Le con^tldes empereurs, p. 377.- 2 Hepodian.
FMI. Apol. 33 _Vn 7 Martia>- 4- 78 ; Suet. Boni. 10 ; Dio. Cass. 67, 15 ;
PT>: *’ 11 : Herodian. l' /*’ 12’ " ; 77' 21 i Vita C° ««• 8, 4, 5, 7 ;
~~ '* ». I. 2, 3235 7 n n’- ’ * ’ 6’ 20 10- ~ 5 Ephem. epigr. 3, p. 50, n° 48.
~ 90rclli,3l95._ 10 Voi V™ J) 2949 ’> Wümanns, 1389. — 8 Vit. Alex. Sev. 41.
H Relions am mois ... ° ant'C1’ ^ c • P- 132-200. Nous renvoyons pour le sens
- “ He”ZeU’ °337- - 12 C- <• ‘ • 14’ 2045.
is > lo^enzcn> C344 — 1+ ®ans doule chargé du contrôle des na¬
tion- 1 U'l'0Sé aux fibulae — 19 p1 \ 536’ ~~ il PréPosé a la verrerie impériale,
rù). ln;°/lCS,us fonctionnaires lP02fpàr U“- ~ 20 Préposé aux instruc-
_ 23 ^réPosé aux fabri • lLP°sô au journal de l’empereur (Epheine-
* Rnft L 6» 8432, 8433 lmP^p^es pourpre dans plusieurs provinces.
W' 9101^ >2, 4449 ; 3' fift3,8-’ ; VOil’ HirSchfeW- «■ O. p. 53-62. - 21 C. i. I.
“ ' 8' 1878' — 23 Ibid. 6, 8544-47, 8550, 8551,
talla, salinae] ; 6° monnaie [moneta]; 7° poste impériale
[cursus publicus] ; 8° routes [viae]; fio approvisionnement
de Rome -et assistance publique [cura annonae, ali.men-
tarii pueri] ; 10° travaux publics [portus, opéra publica,
AQUAEDÜCTUS, CURA AQUARUM].
B. Services domestiques24. 1° Jeux impériaux [ludi,
muneraj; 2Ü bibliothèques impériales [bibliothecae] ;
3° maison impériale [ratio castrensis]. Citons ici quel¬
ques catégories spéciales : les employés des différentes
garde-robes, vestis alba triumphalis, vestis castrensis,
vestis regia, vestis scaenica , vestis venatoria2i ; les em¬
ployés des Thermes20; le procurateur du Mausolée 21 ; les
procurateurs a loricata [loricata] 28 ; les ab actis 29 ; les
a cura amicorum 30 ; les aeditui des différents temples31 ;
les lecticarii, les cursores32 ; les a manu33', les minis¬
tratores, nomenclatores3i ; les médecins, les pédagogues
des pages, le chef des cuisiniers35, les préposés à la
vaisselle de tout genre30. Il y avait des services du même
genre auprès des impératrices37. Les acteurs, danseurs,
tragédiens, mimes de la cour ont quelquefois disposé
d’une influence politique considérable38.
On voit donc quelle place immense les affranchis privés
et impériaux ont occupée dans la société romaine; ils y
ont constitué une sorte de classe moyenne.
XX. Les affrancuis au Bas-Empire. — Ils constituent
encore une classe très considérable, malgré la diminution
relative du nombre des esclaves. On peut le conclure sur¬
tout de la place qu’ils occupent dans les lois barbares, à
l’époque mérovingienne. Les mêmes raisons que précé¬
demment, et de plus maintenant l’influence du christia¬
nisme, favorisent les affranchissements. Les textes ne
distinguent plus aussi nettement qu’auparavant les in¬
génus et les affranchis. En particulier, les affranchis qui
cultivent la terre sont presque assimilés aux colons et ont
dû avoir à peu près la même condition qu’eux39. Il est
probable que, comme le croit Fustel de Coulanges 40,
dans la société du Bas-Empire, divisée en castes, la con¬
dition d'affranchi est, en fait, héréditaire.
La législation du iv° et du commencement du ve siècle
présente une certaine dureté à l’égard des affranchis.
Dioclétien assure la liberté à l’homme qui a été de bonne
foi pendant vingt ans en possession de la liberté41.
Constantin reconnaît une nouvelle forme d affranchisse¬
ment, qui prend de suite une extension considérable, la
« manumissio in ecclesia »42, évidemment analogue à
l’ancien affranchissement grec par vente à une divinité 43j
l’affranchissement dans l’église, applicable aux esclaves
de tout âge, a lieu les dimanches et les jours de fêtes,
surtout à Pâques, en présence du peuple et des prêtres
qui signent l’acte comme témoins ; en outre, quel que soit
le mode employé par les membres du clergé, ils confèrent
toujours à leurs esclaves la liberté directe44. Une loi de
8 5 5 3 , 8 5 5 5. — 20 Ibid. 6, 8677, 8678. — 27 Ibid. G, 8686. — 28 Ibid. 6, 8691,
92.- 29 Ibid. 6, 8694-95. — 30 Ibid. 6, 8797-8799.— 31 Ibid. 6, 8704-8710; 4305.
— 32 Ibid. 6, 8800, 8872, 8875. — 33 Ibid. 6, 8886. — 31 Ibid. 6, 8920, 8930,
8931, 8935, 8938. — 33 Ibid. 0, 8504, 8902, 8907, 8909, 8750, 8751, 8908-69, 8972,
8981. — 30 Ibid. 6 , 87 2 8-8 7 3 7. — 37 Voir les inscriptions dn Columbarium des
esclaves et affranchis de Livie (Ibid. 6, 3949, 3960, 3970, 3986, 3993, 3994,
4008 , 4012 , 4222 , 4250). — 38 Epictel. Diss. 4, 6, 31 ; Dio. Cass. 69, 5; 77, 21 ;
Martial. 9, 28; Suet. Calig. 33; Dom. 15; Joseph. Vit. 3; Phil. leg. ad.
Cai. 5G7. Voir Friedlander, l. c. p. 118. — 39 C. Th. 4, 10, 3; C. Just. 11.
53, l. un. § 3. — 40 Institutions politiques, p. 241. — 41 C. Just. 7, 22, 2.
— 42 C. Just. i, 13, 1-2 ; 7, 15, 2. — 43 R y en a encore des exemples au ne siècle
■ ap. J.-C. (Collitz, Dialekt-lnschrift, 1555 b). — 44 Qn a une formule d'affran¬
chissement à l'église dans Ennodius, Petitorium (Migne, Patrol. lat. LXIII,
p. 258).
L1B
— 1220 —
L1B
Valentinien III, applicable au moins à l’Occident, main¬
tient les droits successoraux du patron ; mais, en cas de
prédécès de ce dernier, ses enfants mâles n’ont qu’une
réserve d un tiers sur les biens de l’affranchi qui a testé
en faveur de son ou de ses enfants ; si l’affranchi meurt
intestat, ses enfants excluent entièrement les descendants
du patron ; ses père, mère, frère et sœur les excluent pour
moitié1. Mais nous avons d’autre part des dispositions
défavorables. Ainsi le frère obtient la querela inofficiosi
testamenti contre le testament du frère qui a institué
ses affranchis comme héritiers. On a vu les lois de cette
époque sur la revocatio in servitutem* ; toute donation
faite par un patron à son affranchi, à une époque où il
n’avait pas d'enfants, est révoquée par la survenance
d’enfants3. Les lils des affranchis ne peuvent arriver
dans les troupes palatines qu’au grade de protector U
L’esclave qui, ayant été affranchi pubère, a vécu comme
esclave jusqu’à sa majorité, ne peut plus réclamer sa
liberté Une loi de 423 paraît défendre absolument aux
affranchis de traduire leurs patrons en justice6. Deux
lois de Valentinien Ier et de Valens enrôlent dans la cor¬
poration peu considérée des catabolenses, rattachée à
Yannona, les affranchis possesseurs d’au moins 30 livres
d’argent ou d’une terre qu'ils ont reçue de patrons de la
classe sénatoriale 7. Les affranchis sont encore théori¬
quement exclus de l’armée8; mais il est probable qu’ils
y entrent tout de même, fournis par les propriétaires
comme colons.
La législation de Justinien est en général favorable aux
affranchis. Ajoutons, à ce que nous en avons déjà vu, les
dispositions suivantes : il supprime les principales prohi¬
bitions d’affranchissement en abrogeant la loi Fufia Ca-
ninia 9,’le senatus consultum Claudianum10 , la clause de
la loi Aelia Sentia annulant les affranchissements faits
en fraude du patron". Il supprime la classe des dedi-
ticii 12. Il interdit encore les affranchissements entre vifs
au mineur de vingt ans, mais il permet les affranchisse¬
ments testamentaires au mineur de dix-septans, et même,
plus tard, au pubère âgé de quatorze ans13. 11 maintient
dans les conditions qu’on a vues l’interdiction d’affran¬
chir en fraude des créanciers. Il maintient les cinq prohi¬
bitions suivantes : la défense d’affranchir, imposée par
le magistrat au maîLre, comme punition d’un délit de
l’esclave ; la défense d’affranchir l’esclave condamné à la
prison perpétuelle; l'interdiction au maître, placé sous le
coup d’une accusation capitale, d’affranchir avant son
acquittement; l’interdiction à la femme, poursuivie pour
adultère avec son esclave, de l’affranchir avant son ac¬
quittement; l'interdiction à la femme qui divorce sans
consentement mutuel d’affranchir aucun esclave pendant
soixante jours u. Il supprime la classe des Latins Juniens,
la condition d’âge de trente ans, et fixe les modes d’af¬
franchissement qui confèrent la liberté. Les modes publics
sont : l’affranchissement vindicta qui n’est plus qu’une
simple déclaration devant le magistrat, l’affranchissement
dans les églises et l’affranchissement testamentaire, vala-
1 Nov. Valentin. III, tit. 24 (447). — 2 C. Th. 2, 19, 3 (332); C. Just.
Ü, 7, 34. — 3 C. Th. 8, 18, 3 (355). — 4 C. Th. 4, 10, 3 . — 5 C.
Th. 4, 8, 2. — G C. Th. 9, G, 4. — 7 C. Th. 14, 3, 9-10. Voir Waltzing,
l. c. II, p. 277. - 8 C. Th. 4, 11, 3 (420). — 9 C. Just. 7, 3, 1 ; Inst. 1, 7.
— 10 C . Just. 7, 24, — ü C’est au moins probable. — 12 C. Just. 7. 15, 1 ;
Instit. 1, 5, 3. — 13 Instit. 1, 6, 7 ; Nov. 119, 1-2. — 14 Di g. 40, 9, 9, § 2;
48, 19, 33; C. Just. 7, 22, 2; 40, 1, 8, § 1; Instit. 2, 14 pr. ; 40, 9, 12,
§§ 1-6, 14 pr. § 4. — 13 C. Just. 7, 6, 1 ; 12, 35 6-7 ; 7, 15, 2 Nov. 78, 3-4;
;S0Uneserattacllan|
blemême par codicilles non confirmés
à aucun testament. Les modes privés sont
vus à propos des Latins Juniens, augmentés il"*
modes nouveaux : ainsi deviennent libres^
abandonnés par les maîtres, les femmes eschv
tuées dans les conditions déjà
eja vues, les esclaves
Prosti. I
que ]
0rdres ou dans
maître laisse entrer à l’armée ou dans les
les fonctions publiques, les enfants issus de F
maître avec son esclave, quand il y a eu mari i '!"0" dU
quent et à la condition que le père n’ait ras à dt
légitimes 1S. On facilite les' affranchissements en'I ■
compte de plus en plus des intentions du testateur T"1
tous les cas où l’héritier est en retard pour exécuter?
fidéicommis, la sentence du magistrat suffit pour affra 1
chir; l’affranchi est orcinus ; toutes les distinctions del
sénatus-consultes Rubrien, Dasumicn, YiLrasien dis
missent. Il n’y a plus d’ordre légal dans les dispositions
testamentaires; il n’est plus besoin de termes impératifs!
on peut laisser la liberté à un servus incertus ; l’institu¬
tion d’un esclave comme héritier par son maître équivaut
à un affranchissement, sauf quand il s'agit d’un simple
legs ; la querela inofficiosi testamenti ne porte plus
atteinte aux legs et autres dispositions testamentaires11,
En 539, Justinien assimile complètement les affranchis
aux ingénus ; tout affranchissement confère kjus auno-
rum anulorum et la natalium restitution tout patron, I
quelle que soit sa dignité, peut épouser son affranchie,
en faisant un contrat de mariage17. Tous les droits de
patronat subsistent. Pour la succession de l’affranchi, les
bonorum possessiones disparaissent; si l’affranchi a lesta
on distingue deux cas, selon qu’il possédait moins ou
plus de cent sous d’or ; dans le premier cas, il teste libre¬
ment; dans le second cas, les descendants, institués ou
admis à la querela inofficiosi , excluent le patron; sil
n’y a pas de descendants, ou s’ils ont été dépouillés par
exhérédation ou omission régulière, le patron a droit au
tiers des biens, franc de charges; si l'affranchi meurt
intestat, le nouveau système est obscur; il paraît appeler
les descendants libres, à leur défaut le patron et ses des-j
cendants, puis ses collatéraux jusqu’au cinquième degié,
avec dévolution d’un degré à un autre, partage par teles,
et exclusion du plus éloigné par le plus proche . - j
XXL La Vicesima libertatis 19. — L’impôt des affran¬
chissements a été établi par le consul Cn. Manliu- au
camp de Sutrium, dans des comices par tribus en «
av. J.-C. et confirmé ensuite par le sénat. Cet impôt, pa^j
en or dès le début, constituait, sous la Républ"lu^^^
fonds de réserve gardé dans Yaerariumsanctuod
de cinq pour cent de la valeur de 1 esclave. ^
le doubla, Macrin le ramena à son ancien taux ■ | ^
plus cité depuis cette époque et a dû disparaît 1 1
de Dioclétien. Sous l’Empire, il revenait d 'il»11! ‘
du peuple, à Yaerarium Saturnin ce lu* ^ JB
dans la seconde moitié du ne siècle ap. b-C- ^]oDjajre,
au fisc et qu’il y eut des procurateurs, de ijur>-
et des employés subalternes, la plupart ah"111
llt affB»cllirj
18, 11. Les enfants, môme émancipés ou dans les ol<^ ’ ^ $),— ,(i
entre vifs sur le mandat des parents [C. Just. 7, ^ _ iVov* j|
2, 24, 2; 2, 20, 27 ; C. Just. 6, 48, 1 ; 7, 6 ; Nov. ll-D ' Ma0*1
- 18 Instit. 3, 7, 3; C. Just. 6, 4, 4. - 18 Mommsen-Man[
antig. rom. trad. fr. t. X, p. 355-330; Cagnat, Les impo ^
172; Hirschfeld, l. c. p. 68-71. On trouve fréquemment M. ^ AtL S, 4 • I
vicesimae libertatis ». — 20 Liv. 7, 16, 7 ; 27, 10, H>
— 21 Dio. Cass. 77, 9; 78, 12.
— 1221
U B
LIB
fisrus liber tatis et peculiorum spécial *;
[aux, avec un levée directe dut remplacer le fermage.
riauX juvsu _ _
à cette éPoq^6’ ôt élait affermé à des publicains, appelés
jusque-lu " " ; ni)er tatis, vicensimarii ou vicensu-
s°cii fmZec qui avaient un personnel
mrir' en Imrii vilici , et qui étaient répartis en dis-
fcla;eS; chef-lieu était le siège de la perception. Les
triClS , S étaient répartis en Italie par régions, ailleurs
procurateur ■ . blicains prélevaient sans doute un
F-: „ chaque affranchissement. L’impôt était
l" / selon les conventions, soit par l'affranchi -, soit
'Tel dans !» affranchissements testamentaires par le
cdc héritiers 5. Ch. Léceuvain.
""IbtTMA - Vieille divinité romaine dont le nom est
1, rapport avec libitum, désir et qui, pour des raisons
“ „„„s ignorons, est devenue la deesse des funérailles • .
I est possible qu’elle fût redevable de cette qualité a
■âge établi par le roi Servius Tullius d’acquitter au
trésor de son temple une pièce de monnaie à chaque
décès2 comme on en versait une à celui de JunoLucina
pour lès nouveau-nés et à celui de Juventas pour les
jeunes gens qui quittaient la robe prétexte3. Dès lors, elle
fut considérée comme la gardienne des prescriptions
rituelles qui concernent les morts quant à la contra¬
diction qui existe entre sa fonction et son nom, elle
s’explique, ou par une antiphrase ou par 1 association,
fréquente dans la religion romaine, qui fond l’idée de la
joie de vivre dans celle de la nécessité de mourir3. Les
Romains eux-mêmes paraissent l’avoir entendu ainsi en
identifiant Libitina avec une Vénus Lubentina , déesse
du jardinage, que l’on vénérait, de concert avec Vénus
Mur cia, à la fête des Vinalia rustica , le 19 août. Les
sanctuaires de ces divinités étaient voisins, ce qui, avec
la ressemblance des vocables, dut acheminer vers la con¬
fusion de leurs personnalités, sans doute distinctes à
l’origine6. Les hellénisants tantôt faisaient de Libitina
I, E- E h 249 ; 4827 ; G, 772, 8450. Hirschfcld rapporte les peculia aux
liions des esclaves qui revenaient à l’empereur (cf. Wilmanns, 235). — 2 Petron.
s«t. 03; C. i. I. 10, 3875 ; 2, 1742, 4180 ; 3, 555, 908; 5, 3351, 164; 6, 915,
8451; 12, 2396; 13, 1, 1130; 8, 7099 (sens probable). — 3 Epictct.
, m: *’ '• 33- “ ; Epictct. Diss. 2, 1, 20; Petron. 58. — 5 Petron. 71;
^ E 53-55, 110-119, où les héritiers sont priés de restituer la
, J feux qui 1 auraient payée. — Bibliographie. Vangerow, Ueber die
lpdm Juniani, Marbourg, 1833 ; Madai, Die statuliberi, Halle, 1834;
erneyev De mammissionc testamentaria, Gfitting. 1852; Pauly, Real-Ency-
186(> i lCl-(,~^034 ; Walter, Geschichte des rôm. Redits, Bonn,
fa /r 353-355, 421, 478-500, G55-G59 ; Mommsen,
Paris is'h "v' }i> ^)CI Bu, 1804, I, p. 355-390 ; Wallon, Histoire de l’esclavage ,
rùmi&rho r> ^ c^er die Clientel and Libcrlinitdt , Leipzig, 1878; Leist, Ras
s«iv. ; Hirscbr dd ”/7eC/<< ’ Alllll'antli’ Studi c document i di storia , 1872, p. 112 et
no/;(, ,, ’ , nte,suchu ngen, Berlin, 1876 ; Fustel de Coulanges, Institutions
*>, p. Paris’ i8?7’ "• -3°-241 -
du Caillaud, Sur ta ^ ^ romam’ trad- Morel, 1882, I, p. 204-218 ; Komanet
■rend. (882) ; Canlai' ll^ ^ ^ °‘ Norbana (Acad. d. Inscript. Compt.
1 8«iv. ; XXX, p * Lntini Juniani (Archivio giuridico, XXIX, p. 30 et
fl Ortolan, Instituies ^ '■ * 0I'*<d’ ^cs Mutins Juniens, thèse doct. Evreux, 1882;
v i p® AeliaSentia Fidb US,'n‘en’ ad- 1S83-S4 ; Brinz, Die Freigelassenen der
Wai*ei, Pari. ioL Eouehé-Lcclerq, Manuel des Institutions ro-
acte
des
m^'nes, Paris, 1886 3- i'',-.. * ' Bouc“®-Lcclerq, Manuel des Institutions r
dernière t'oionhM] ■ ” 3ll5'3(i8 ; Teissier, Des affranchissements par ac
«iTronc/iis, thèse doct p * aris> 1886 ! Pagès, De L'infériorité sociale d
^flr*s, 1880; Trayer h i ' ' ' Xagre, Condition des affranchis , thèse doct.
l^ris, 1887; Lemonnier C"'n^lt‘on en matière d’affranchissement , thèse doct.
■y*r'si 1887 ; Fricdlündoi. ’ r! ' ^'slor‘1ue sur la condition privée des affranchis ,
R888’ c' M- 1, p. 82-132 \na2telhm°en aUS rfe’’ Sittengescliichte Roms , Leipzig,
I romaine, par;s jg^.. " 3'U-397 ; Fei'rcro, Dei libertini ; Michel, Du droit
j 8 ’ ’ Rallier, Condir ' a^naE Cours d’épigraphie latine. 3» éd. Paris, 1S98,
■ tc»ias, Précis de drotl °" Jurid'1ue des affranchis, thèse doct. Paris, 1890;
r‘"’ 5* éd- Louv^T""1’ 4“ éd’ Paris- i Willems, Le droit public
B laT8,"11' des n ]■' *12 c8 suiv-’ 646 et suiv. ; Mommsen et
Mai
P- 11)7-11, ; v|
’ h P- W-ill 'vï'1'!,11™ romain es> Uad. fr. Paris, 1889-95, t. V,
V, ’ ’ P- 1-’s'8 1 X, 355-350; XIV, 1, p. 25-27, 192, 222,
une Persephoné latine, tantôt rappelaient qu’à Delphes
on honorait une Aphrodité avec le surnom de ’Eirrn>p.6toia,
déesse de la mort en même temps que de l’amour Des
modernes ont même cru que des statuettes de caractère
archaïque, prises par d’autres pour des représentations de
Spes, nous restituaient l’image de Libitina en réunissant
dans un même type les traits de Vénus et de Proserpine.
Wissowa a démontré qu’il n’existe de cette déesse
aucune représentation certaine, ni sous les traits com¬
binés de Vénus et de Proserpine, ni autrement8.
Le seul monument connu de son culte est le sanctuaire
où, depuis la fin de la royauté romaine, se faisait, pour
des raisons de statistique plus que de religion, le verse¬
ment d’une pièce de monnaie à chaque décès3. Et même
au déclin delà République, il n’est plus fait mention que
d’un lucus Libitinae qui paraîtavoir été situé sur l’Esqui-
lin, plus exactement dans la dépression de terrain entre
cette colline et le Caelius ; cette localisation même est
douteuse et une inscription où il est question du lucus
en question a été trouvée assez loin de là, près du tom¬
beau de Bibulus10.
A la même époque, le nom de Libitina garde à peine,
et chez les poètes seulement, la signification- religieuse 11 ;
ailleurs il est presque synonyme de funus. Dans la Lex
Julia Municipalis , libitinam facere signifie: célébrer
des funérailles; ailleurs il désigne l’appareil même de
ces funérailles et tout ce qui concerne leur organisation
matérielle. Le registre des décès est appelé: ratio Libi¬
tinae 12, les revenus qui y sont consignés: Libitinae
quaestus ; un déclamateur appelle le lit de mort: tori
Libitinae ; un grammairien dit que Libitina est ou le lieu
où les morts sont ensevelis ou le lit de parade13. Les
croque-morts, ceux que le poète Horace désigne par la
périphrase poétique de lictores atri , sont les libitinarii,
qui libitinam exercent u ; d’où ces constatations faites
par Tite Live pour des épidémies de peste : que Libitina
237-239, 433-430; Ed. Cuq, Institutions juridiques des Domains, Paris, 1891,
1, p. 170-171, 492; Girard, Manuel de droit romain, 2" éd. Paris, 1898, p. 111-
122.
LIIïITIXA. 1 Varr. Ling. lat. VI, 47 ; Aug. Civ. D. IV, 8 ; Aruob. IV, 19 ; cf.
Bréal et Bailly, Diction, étymol. lat. p. 101. — 2 Dion. Hal. IV, 15; Ascon. pro
Mit. 34 ; Plut. Quaest. Rom. 23 ; Num. 12 ; Val. Max. V, 2, 10 ; Suet. Ner. 39. 11
existe une inscription de Bergame, Corp. inscr. lat. 5128, où est nommé un-lucar
Libitinae, expression qui ne se rencontre nulle part pour Rome; voir le commen¬
taire de Mommsen et Roem. Staatsrecht, II, 1, p. 59, noie 4. Le rachat de ce droit
par un riche citoyen pour la ville entière prouve que les raisons de statistique qui
l'avaient fait instituer n'exislenl plus. — 3 Voir juno, p. 082, et juventas, p. 785.
_ 4 plut. jVnm. 12 : i- ' rr* ro; vwv ictçi toù; ovtkç o-tiwv. — 5 Uartung, Rclig.
der Roem. Il, p. 89; Preller-Jordan. Roem. Mythol. I, 440; la première interpré¬
tation doit êlre rejetée. — 6 Venus Lubentina, chez Cic. Nat. Deor. II, 23, 01 ;
Scrv. Aen. I, 720; Lubentia, chez Plaut. Asin. 268, et dans les Indigitamenta,
aussi appelée Labia et Volupia ; Aug. Civ. D. IV, 8 ; Fest. p. 205 ; Plut. Quaest.
Rom. 45 ; Cal. Vall. au 19 août ; Corp. inscr. lat. I, p. 392. Pour la confusion de
ces divinités avec Libitina, voir Peter, chez Roscher , Lexikon der Mythol., II, 210
(Indigitamenta). — 7 Plut. Num. 12; Quaest. rom. 23 ; cf. Plac. Corp. Glossar.
V, 30, 14 sq : Venerem infernalem. — 8 Bernouilli, Aphrodite, ein Raustein zur
griech. Mythol. Leipzig, 1873, p. 07 ; réfuté par Wissowa, De Veneris simulacris
romanis, Varsovie, 1882, p. 5 sq. et chez Roscher, Op.cit. Il, 2035. — » Jul. Obs.
12. Ce sanctuaire semblait faire pendant à celui de Nenia, situé près de la porte
Viminale ; voir Preller-Jordan, Roem. Mythol. p. 200. Pour la question topogra¬
phique, voir Becker, Topogr. p. 537, et Gilbert, Gescli. und Topogr. der Stadt
Rom, I, 175 sq. ; 238 sq. ; III, 91. Le passage de Plutarque, Quaest. rom. 23, prouve
que le lucus exislait encore de son temps. — 10 C. inscr. lat. VI, 9974; 10022 ;
cf. Orelli, i 378 ; Hcnzcn, 5083. — H Hor. Ep. 11, 1, 49 : Mirât ur que nihil nisi
quod Libitina sacravit-, Od. III, 30, 7 : Multaque pais mei vitabit Libitinam-, cf.
Juv. XII, 122 ; Mari. VIII, 43, 4. — 12 C. i. 1. 1, 206, ligne 94 ; Val. Max. V, 2, 10 ; Suet.
Ner. 39; Oros. VII, 7, 11. — ,3 Hor. Sat. 11, 6, 19; Quint. Decl. IX, 6 ; Plac. Op.
cit. : ledits mortuorum tel locus in quo mortui conduntur. — 14 Ep. I, 7, 5, et
Acron ad h. l. \ cf. Cic. Leg. II, 2i, 01 ; Senec. De benef. V, 38, 4, nommant
ensemble les dessignatores et les libitinarii-, Ulp. Dig. XIV, 35, 8 ; Marquardt,
Das Privatleben der Roevier, I, p. 351, n. 7.
loi
1222 _
LIB
L1B
ne suffisait plus à enlever les morts1. Enfin, la porte de
l'amphithéâtre des Flaviens, par laquelle on enlevait les
cadavres, était appelée porta Libitinensis 2 ; peut-être
reçut-elle cette destination à cause du voisinage avec le
quartier funèbre de l’Esquilin et du bois de la déesse.
Dans la Passion de sainte Perpétue elle est, par une ironie
populaire, nommée la porta sanavivaria 3. J. A. Hild.
LIBRA. — I. SxaO^ôî, xâXavTov 1 , balance. — L'invention
de la balance, au moins dans son principe essentiel,
remonte à une très
haute antiquité. L'é¬
change se trouve au
début de tout état
social, si rudimen¬
taire soit-il; mais si
l’échange ne va pas
sans la notion de
valeur, la valeur à
son tour suppose
comme l'un des élé¬
ments sur quoi elle
se fonde l’évaluation
du poids de la mar¬
chandise échangée.
De là la nécessité de
recourir à la pesée,
nécessité qui dut
amener de fort
bonne heure la dé¬
couverte de la ba¬
lance2.
La civilisation
égyptienne ne put
pas ignorer long¬
temps la balance 3.
Les peintures de
Beni-Hassan nous
en font voir un pre¬
mier modèle réduit
à sa plus simple expression, un pied vertical soutenant
une barre recourbée à ses extrémités et terminée par
deux crochets4; à ces crochets il suffisait de suspendre
l’or qu’on façonnait en anneaux pour établir la pesée.
D’autres peintures nous montrent la balance complète,
avec ses plateaux suspendus aux deux bouts d'un fléau
qui peut ou reposer sur un pied, ou être lui-même lixé à
un anneau5. Sur un papyrus de Thèbes6, où le support
en forme de colonne à base évasée est couronné par une
figure assise, deux fleurs de lotus terminent de part et
d’autre le fléau, et c’est de l'intérieur de ces fleurs que
sortent les fils qui soutiennent les deux cupules pro¬
fondes servant de plateaux : nous retrouverons le
même mode de suspension dans la coupe d’Arcésilas.
1 Tit. Liv. XL, 19, 3 ; XL1, 21, G. — 2 Script. Hist. Aug. Comm. IG ; Dio Cass.
LXXII, 11. — 3 Cap. 10 et 20; cf. Marquardt-Mommsen, Handbuch, etc. III,
p. 5G4, n. 3.
LÎIîUA. i L ' Etymologicum magnum donne aussi la forme <rrâ0jxv), en même Icmps
que 1‘élymologie suivante: <xyi[a ry.hv. Si Ti’XavTovrb Ç-jyôv -aoà t'o va ivw xâ^avcov
ouv fi (TTaè^Yj y.'/.\ tv.V/vt£vsiv tô (77a0 ;ju Xji'.v y. ai Çvyo<Tzu.zzXv ; voir encore Poil. Onom .,
IX, 51. — 2 11 est vain de chercher à déterminer plus précisément à qui revient le
mérite de la découverte. Voir en particulier la dissertation du comte L. Lorenzi,
Sopra le bilancic cl. antichi ( Saggio di dissent, d. Accad. etrusca di Cortona ,
t. I, 1742, dis. IX, p. 93-102, avec une pl .), p. 94-. — 3 Wilkinson, Manners and
customs of tlic anc. Egyptians, 2e éd. rcv. par E. Birch, t. II, p. 2k> ; Perrot et
Chipiez, Hist. de l'art , t. I, p. 744, fig. 501. — 4 Wilkinson, t. II, p. 234, fîg. -413.
_ n Ibid. t.I, p. 285, fig. 97. — G Donon, Voyage dans la haute et la basse Egypte ,
Le monde grec, aussi haut que nous pujSsil)|
ter, connaît, lui aussi, la balance. Dès l'épopée i'"* rem°n'
il y est fait plus d’une fois allusion. Le poêlo n, . '''r^Ue’
la balance entre les mains de Zeus, qui pj*0^ m°nlre
décider des destinées \ Il est à remarquer, i„ "J !U? p0ur
dans aucun passage il ne s’agit de déterminer in "S’ 1116
rapport d’un objet à un poids convenu 8, mai ,''"nentle
ablir l’équivalence de deux objets entre ^1," ('lnent
ériorité de l’un sur l’autre9. Mais avec le rln i"
nous ' Xl1
Fig. 4405. — La pesée du silphium
d’établir
supé
chez les mortels, ei
ü intervient la !10.
lion d’une pesée vé¬
ritable : « Les adver¬
saires, dit le poète,
ne se maintiennent
ainsi que quand une
femme juste et tra¬
vailleuse, prenant
le poids et lalaine10,
élève les plateaux et
les égalise de part
et d’autre »
L’une des tombes -
de Mvcènes a livré
deux paires de mi¬
nuscules balances
en or13. Les pla¬
teaux sont de sim¬
ples rondelles en or
ornées, deux d un
papillon, les deux
autres d’une rosace.
Ils étaient reliés au
fléau par de longs
rubans d'or . Les
deux fléaux sont
des tubes de même
métal très minces,
qui étaient sans doute traversés par un mou. i .m de 1'^
destiné à leur donner de la consistance 1 . L
ces balances n’ont jamais pu servir, non plus q"1 1
auxquelles appartenaient vraisemblablenu " ' 1
disques de métal trouvés dans le tumuhn <L ' 1 , ÿj.nl.
mais qu’on songe, comme Schliemann, aux l'*'"11"^^
boliques où se pesaient les bonnes et 1 ^ ^
actions13, ou qu’on voie simplement, dansu t ^ morte
pour accompagner dans une tombe de 1 1111 dans
qui y était ensevelie, un souvenir de set, o< 1 ",
la vie réelle10, nous n’y trouvons Pasm<""
réduit de balances véritables.
Les Grecs ont donc employé dès l'on*
telle que nous l’employons encore auj"1
... _8jalmrem“
pl. cxi.i. - -II. VIII, 09-72; XXII, 209-212; XVI, 223;
quedo môme ( Dnrst . d. Ilandw. und Handelvei U v s, rfoiil1' ffial !c
cl. Wisscnsc/, . 1SG7, p. 100) que, sur les trois vaM»^nt*,'^{ncncc de U
(ion plus loin, il n'y a pas de poids représentés. J' ]„ dit .
n'esl point marquée par la pesanteur ; la balance, e j , ,lcs deslu>^M
imd. t. 1, p. 38, n. 73), . sert à indiquer
tivement au ciel cl aux enfers, et non leur pou s , e , fniL al'als‘C .
](> modèle
,ri«ine
rd'hui; «m
ici cl aux enfers, et non leur pouls ; e ^ fail al»a,ssCl ^
leur supériorité » ; le peuple ou le liéros destiné à ^ 735). — 111 11 ^jôl I
teau, nam môriéntes in feras petunt (Scrv. « ( ^ genS de ^0,nilaS' I
egouffa «ai tlçto'j. 11 semble du moins que ce MucènBS, P- " *' , «t 302* "
que balance - « IL XII. 433. - >2 Schliemann ^ fi* 30 1 »
Manalt, The mycen. âge , p. 88 et 10a. 1,1 ’ ( 1 1U
l ' Tsonnlas-Manall, p. 145. — ,0 Mvcènes,
__ 13 Schliemann, '• '• a(|, p
___ leTsoim1^ ”
n. 2//-
U B
1223 —
LIB
nme trouvée à Corfou 2 semble plutôt d'épo
Les représentations des vases peints
une certaine mesure, à l’absence des
{(t,|TAP.XCiK&
cul des exemplaires parvenus jusqu'à
il »’esL paS Z\ "en droit de regarder comme d’époque
nous (Iu’°n h0 i • unc balance du Britisli Muséum
Uprement grecqi
K* “mr
que romaine ^
euppWen'i 1 ‘!”x-mômes. La célèbre coupe d’Arcésilas
,n°nU'!ie-n) " représente le roi cyrénéen présidant à un
(,ig , , silplnum. La partie supérieure à droite est
mal ‘0 une poutre à laquelle est suspendue une
‘‘T61’" dont le nom est écrit KOMQA.. (<ttA©MOS)*.
rjZ dont les dimensions excèdent celles de la pou-
L° t relié à celle-ci par une armature assez compli-
f’ebD’une part, des liens fixent à la poutre un anneau ;
T"l iiitre des liens aussi, semble-t-il, quoique les extré-
Ktés en soient figurées indépendantes, rattachent au
■L'une tige verticale rigide. L’extrémité supérieure de
se termine par une courte traverse horizontale
■Lée dans l’anneau. Non moins curieux est le mode
de suspension des pla¬
teaux chargés de sil-
pliium. H semblerait
qui:, les cordes, au nom¬
bre de quatre, qui les
, soutiennent et aboutis¬
sent à des rondelles,
sortent de l’intérieur
• même du fléau creusé
en forme de tube. Qua¬
tre anneaux qui garnis-
I sent le pourtour des
plateaux en reçoivent les
extrémités.
I La grande amphore de
Taleidès R, jadis dans la
collection Ilope nous
offre pour l’époque ar¬
chaïque un second exem¬
ple non moins intéressant (fig. 4406)
nages, assis aux extrémités, maintiennent les plateaux
dune grande balance déjà occupés l’un et l’autre par
une masse informe ; au milieu, un homme barbu dépose
■ dans le plateau de droite une seconde masse analogue
il la première. Les dimensions exceptionnelles données
■ la balance permettraient sans doute d’en distinguer
■neux qu’ailleurs la structure; mais, en l’absence d’un
■examen direct de l’original et avec les seules représenta-
■®ns anciennes dont on dispose9, il est difficile de don-
W COmme assurés tous les détails. Le fléau paraît
■spendu dune façon assez particulière et qui ne pouvait
in tdr!1S; Kl!in' Kunst u- industrie, p. 198.— 2H. B. Walters, Catal. Bronz.
c u ru, ish Mus. -
;Inilcx et un plat
T-AlElAEjfA,
SA/
Fig. 4406. — Balance grecque à plateaux.
deux person-
n« 2981. — 3 Voir encore une poignée de balance avec
minée, j " de l'a'ance trouvés à Chypre, mais dont l'époque est indéler-
p. 182, l! g , J,1 '' -'"ffalsch-Hichter, Cal. of the Cyprus Mus. n" 3695 et
I1*' Xl|i Millict Gi ’ Ae Cab. des antiques à la Bibl. nat. p. 37-40 et
■J»*' 1833, p ■’ '
' Xcv"’ 1 1 'le Wiltc
■ 1833 ““‘uu’ 4 ases d'1 Cab. des méd. pl. xxvn; de Luynes, Ann.
lünl. pl. XCV1I ! 'JCl ;Jfun- t. I, pl. xui; Micali, Storia d. ant. pop.
rond, i>. 158,
<■' uenlcm. t. 111, pl. xxiv ; Jalin, l. I., p. 94 el pl. iv, 3;
• de la céram. q
fig. 1729. —
céram. gr . p. 81 et fig. 43 ; Baumeister, Denkm. d.
• Alterth. p, « - - -o- — j — - - 1
Atonie (Jaliii, l i l ”t‘ 5 Panofka voulait lire ’E7turca8noç, nom
101 ti/.etvTa, balance ^ i i**' 11 6 Minervini voyait un rapport entre le
®44’ P- ISO), de ' "°m du Peintre Taleidès (. Bull . nap. 1843, p. 109;
*')*. <li)ule à Decpdcne'm (Jahn’ 1 L’ P- 92> 11 ■ «6)- - 7 Aujourd'hui
'■ II, p. 32, pl. lv . , ' p,nachï Pc'nt. de rases ant. p. 77). — 8 Millin, Mon.
7 ’ int. de vases ant. t. 11, p. 88, pl. i.xi ; Id. Gai. myth.
lui laisser qu’une mobilité fort défectueuse. La corde qui
le soutient, et qui devait elle-même être attachée à un
crochet ou à un anneau que l’artiste n’a pas figuré, se
bornant à tracer la corde jusqu’à la limite de son tableau,
ne forme pas une simple tige de suspension fixée au
milieu du fléau, ni même deux bouts assujettis des deux
côtés de celui-ci en face l’un de l’autre : double dans
toute sa longueur et rattachée par ses quatre extrémités
au support fixe qui servait de point d’appui a tout le sys¬
tème, ses deux branches passent sous le fléau, où elles
sont légèrement écartées de manière à assurer un certain
équilibre, et se rapprochent au-dessus grâce à un lien
qui les enserre 10.
Il faut citer aussi une œnochoé de Vienne11 représen¬
tant la pesée de barres rectangulaires, sans doute des
lingots de métal, scène qui met en éxddence une grande
balance. Les plateaux, qui portent déjà 1 un et 1 autre des
barres analogues à celles que deux personnages s ap¬
prêtent à y placer, sont suspendus à peu près comme sur
la coupe d’Arcésilas.
L’extrémité droite du
fléau, notamment, se
termine par une sorte de
rondelle qui semble lais¬
ser passer une tige d’un
diamètre plus petit por¬
tant les plateaux ; mais
l’autre bout ne montre
pas le même détail. Un
grand anneau est fixé
au centre du fléau, de
manière à pouvoir per¬
mettre aisément la sus¬
pension de l’appareil.
Les xrases peints d’é¬
poque moins ancienne
nous fournissent encore,
dans la scène de la psy-
eliostasie et dans celle de la rançon d’Hector, plusieurs
représentations de balances. Le premier en date est
un lécythe archaïque de Capoue, au British Muséum,
sur lequel se voit Hermès pesant deux figurines
ailées 12 ; mais on ne peut reconnaître d’une manière
précise comment le dieu tient le fléau. Sur un x’ase de
la collection de Luynes13, du style sévère14, Hermès
porte une balance, c’est bien entre ses doigts que
se fait l’inclinaison du fléau. Même scène sur un vase
du Louvre18, avec cette différence que le fléau est muni
d’un anneau visible qui sert au dieu à le tenir. La
même scène encore, sur une amphore de Nota au Musée
n. 490, pl. cxxxi ; GuigSiaut, Reliy. de l'ant. n. 704, pl. cic ; Lanzi, Vasiant.
dtp. p. 147, pl. III ; lnghiranai, Vas! fut. t. Il, pl. civ; Jahn, /. I. p. 92 et pl. îv, l ;
Baumeister, Denkm. p. 1905, fig. 2101 ; Duruy. Bist. des Grecs , t. II, p. 181 ;
Benndorf, Wien. VorleyebWter , 1889, pl. i. — 9 Toutes les reproductions,
sauf celle de Lanzi, sont faites d'après la gravure de Clouer insérée dans l'ouvrage
de Millin (S. Reinacli, O. I., p. 78, n. 2l.— *0 La balance qui se voit sur une lame
d'argent trouvée, dit-on, dans la Grande-Grèce (Minervini, Bull. Nap. 1843,
p. 109 ; Bull. d. Inst. 1843, p. 52; Gerhard, Arch. Zeit. i843, p. 137; Panofka,
Ibid. 1846, p. 241 ; C. inscr. gr. t. 1, n» 2419, 1), est l'œuvre d'un faussaire d'après
l'amphore de Taleidès (S. Reinach, C. I., p. 78). — U Sacken cl Kenncr, Samml.
d. ant. Cab. p. 237, C. 236 ; Jahn, l. L, p. 93, pl. iv, 2. — 12 Murray, Bist. o,
gr. sculpt. t- Il, p. 28; Roscher, Lcxik. f. gr. u. rôm. Mythol. t. Il, p. 1142,
fig. 1 [voir KEtiEs, tig. 4263], — 13 Ann. d. Inst. 1834, p. 296 ; Mon. ined. t. Il, pl. x B;
Ber. arch. 1844, t. Il, p. 652 ; Overbcck, Gallerie lier. Bildw. p. 527, n" 65, pl. xxn,
n» 9. _ 14 Harlxvig, Gr. Meistersclial., p. 413. — t'> Ann. d. Inst. 1857,
p. 118; Mon. ined. t. VI, pl. v; C. B. de Saint-Pétcrsb. 1873, p. 80.
UB
LÏB
1224 —
de Leyde1, ne donne pas plus de détails pour la balance
qui y est suspendue à un
tronc d’arbre ; mais sur
une amphore de Ruvo,
au Musée de l’Ermitage
(fig.4467)2, nous voyons
l’armature qui forme
le support de la ba¬
lance : elle se compose
de deux montants
droits, formant gra¬
dins a la base, réunis
par une traverse. Les
plateaux restent tou¬
jours les mêmes, sus¬
pendus par quatre fds,
qui, malgré les fautes
de dessin, doivent être
regardés comme fixés
analogue (fig. 4468), a
avec son support.
au pourtour. Un support
été trouvé à Pompéi 3. Il
consiste en deux pilastres
de bronze reposant sur une
base à degrés et reliés à leur
sommet par une pièce for¬
mant arcade dont la partie
inférieure porte un anneau.
Chez les Étrusques, nous
retrouvons encore la psy-
chostasie et par suite la
balance, sur une ciste de
Palestrina de la collection
Barberini* et sur le beau miroir gravé
Fig. 4i70. — Pesée des pains.
Fig. 4408. — Balance avec support.
connu sous le
nom de patère de Jenkins 5. La
forme est toujours la même,
avec les plateaux soutenus par
des fils aux extrémités d’un
fléau renflé à la partie cen¬
trale ; mais, le problème de la
suspension de l’appareil n’est
pas éclairci. Hermès tient la
balance entre le pouce et l’in¬
dex. L’inspiration de modèles
helléniques est ici manifeste.
Elle est non moins certaine
dans la scène de la rançon
d'IIector que l’on voit sur l’une
des aiguières en argent du trésor de Bernay 0 : la par-
i Janssen, Mon. van het. Mus. v. Oulh. te Leyden, n» 1814 ; Passer!, Pict. etrusc.
t. III, pl. cclxii; Millin, Peint, de vases ant. t. I, pl. xix ; Id. Gai. Myth. n“ 597,
pl. ci.xiv ; Guigniaut, Bel. de Vaut. n°812;de Wilte, Rev. arch. 1844, t. I, p. 298,
t. Il, p. 650; pl. ccxxxvi ; Gerhard, Akad. Abhandl. p. 350, pl. xn, 9 ; Overbeck,
Gall. lier. Bildiv. p. 526, n» 64, pl. xxu, n» 7; Baumeister, Denkm. p.92l, fig. 994.
— SStephani, Vases de l’Ermitage, t. I, n° 422 ; Ann. d. Inst. 1849, p. 240 ; Mon.
ined. t. V, pl. xi-xii. — 3 AIus . Borb . t. XVI, froutisp. ; Niccolini, Le case ed imonum.
d. Pompei , t. II, descr. gen., pl. n. — 4 Ann. d. Inst. 1861, p. 150 ; Mon. ined.
t. VI, pl. uv. — 8 Aujourd'hui à la bibliothèciue royale de Madrid. S. Reinach, Peint,
de vases ant. p. 15. Lanzi, Sag. dilingua etrusca, t. H, p. 224, pl.xu, 4; Winckel-
mann, Mon. inéd. t. II, p. 174, n" 133 ; Millin, Mon. inéd. t. II, p. 34 ; Id. Peint,
de vases ant. t. I, pl. lxxii, 1 ; Guigniaut, Bel. de Vaut. n° 803, pl. ccxlyiii bis ;
Gerhard, Etruslc. Spieg. t. Il, p. 218, pl. ccxxxv, 1 ; Rev. arch. 1844, t. I, p. 297;
Overbeck, Gall. her. Bildw. p. 529, n° 68, pl. xxu, 5. — 6 Babelon, Le Cab.des
ant. à la Bibl. nat. p. 133 et pl. xli ; Raoul-Rochette, Mon. inéd. p. 275, pl. cdxi ;
Chabouillet, Cat. du Cab. des méd. n° 2804; Baumeister, Denkm., p. 740, fig. 793.
— 7 Stuart et Revelt, Antiq. of Athens, t. IV, p. 151, 517. — 8 R n’y a pas à tenir
compte d'un bas-relief de la collection Montferrand (Kôhne, Mém. de la Soc. imp.
d’arch. t. VI, 1852, p. 71), œuvre d’un faussaire {Arch. Zeit. 1875, p. 8, pl. n, 1).
— 9 Ann. d. Inst. 1838, p. 231 ; Mon. ined. 1. 11, pl. lviii. — 10 Musée de Lalrau.Ann.
tie centrale du fléau, constituée par uu> ,
droite aux deux bouts de laquelle deux croche'1^ 1)arre
tent les plateaux, est d’ailleurs cachée s SuPp°r-
masque tragique. Dans un bas-relief de Turin i "n gran(1
sente le dieu Kairos tenant sur le tranchant ù'1'" repré’
effilée le fléau d’une balance, dont par un i'.,,'"" Iame
chement de l’autre main il fait pencher ru,f'i all°u‘
teaux [kairos, fig. 4251], la balance est réduite ^
et aux plateaux. Plus intéressant dans sa grossièrei'68"
un autre bas-relief [kairos, fig. 4252]' 'représentant? f
ment Kairos, conservé à Torcello près de Venise pt
lequel nous reviendrons : ici, pour la première fois J
apercevons, au-dessus du fléau, un appendice forméT i
deux tiges entre lesquelles le fléau se meut et (jUj e J
met de tenir la balance à la main tout en lui laissant6' 1
mobilité. Un autre bas-relief trouvé à Pola 8 f0urnj,
l’exemple unique d’un support en équerre sur lequel
s’appuie l’un des bras du fléau quand la balance est au
repos (fi g. 4469). Le bas-relief(fig.4-470) du tombeau dubou-
langer romain Eurysacès 9 contient aussi une balance sur
le plateau de laquelle sont
entassés des pains : il s’agit
de poids considérables et
la balance ne pouvait être
tenue en main; elle repose
donc sur un grand trépied
dont le sommet supporte
le fléau; mais, pour les
mêmes raisons de solidité,
il semble, si du moins nous
comprenons bien l'indica¬
tion qu’a voulu donner
l’auteur du bas-relief, que ce fléau ne soit pas une
simple tige comme à l’ordinaire, mais une plaque d’une
certaine largeur, dont la rotation se faisait autour
d’un axe contenu dans le couronnement du trépied et
qui traversait la plaque en
son milieu. Il faut enfin
citer un certain nombre de
représentations de balances,
dans des dimensions tout à fait
réduites, dans un petit compar¬
timent du monument funéraire
des Aterii10, sur un couvercle
de sarcophage du Musée du
12 sur une main pan--
Capitole “, sur un ex-voto d’Épidaure r , sur
thée de la Bibliothèque nationale13, au reverse
; de monnaies
consulaires 11 et autres15, sur despierres gf
ravées lfi, etc- i
d. Inst. 1849, p. 395 ; Mon. ined. I. V, pl. vm ; Helbig, Faim A ,(./(, mil
Rom., t. I, n» 667 Rrad. Toutain, n° G72). — 11 Hirt. Bilderb. /• - . 3g„
Kunst, pl. xxvii. — 12'Eo. 4p-/_. 1883, p. 28, 6 ; Atlien. Mitthei . ^ ga|>elon-Coliel1 1
lon-Blanchet, C. Bronz. de la Bibl. nat. n° 1064. î^boil s le pied do la
Monn.de la Rép. t. II, p. 7, n* 20, p. 403, n- 22, 83, 1*7 (<* p ,80;t.l[>
balance porté sur une base), p. 478; soit comme attributs, ^ zKekliel, nUB1,
p. 135 (cf. Bull. d. Inst. 1843, p. 7).- « Monnaie de Pythodoris ^ pa]m»re
t. II, p. 371 ; Mionnet, Mon. et méd. t. II, p- 304, n» M , " 140, n“ H- 'oit
(Éckhel, Doctr. num. t. III, p. 265 ; Mionnet, Mon. et med. ■ > ^ unc balance,
- ■sAcisMoncta^v >
aussi la série des monnaies impériales avec 1 image
Cohen-Fenardent, Mon. de VEvnp . rom. passi
. IG JlllS- 1
97 ; Grivaud c
et t. vm i--i09^:;::1dci»vi«-
pl. xxvii; Lorenzi, Dissert. d. Acc. ctr. di Cortona, t. antik-
celle, Arts etmét. des anciens
t. II, p. 207-208, pl. XLiiif 49-51
constellation sur les monuments suivants :au
acc. un • — ' . tüp anut-
, pl. xvi. 8, lxvi, 8 ; F“rt^]în®|c^|anc0 figur^e Cl
17 Voir en particulier la
Louvre, Frôhncr,sVct» A|1)^
ant. n°214; Clarac, Mus. desc. t. II, pl. *'l, 19,
248 bis, *1° ! a
i des p'
al»'5
Helbig, Fjlhrer, t. Il, n» 843 (trad. Toutain, n» 850) ; sur ^ 2236 et 30lfi)[
Mattéi et Barberini (Matz-Duhn, Ant . Bildw. in tcrnpie du Soleil à ll J
une statue d’Atlas du Musée de Naples, sur un sof il? 1 raVées, de? al*raxaSl
sur un diptyque d'ivoire, des monnaies, des pieires g
LIB
— 1225 —
LIB
1P r0maine quelques balances en nature
Ma* de ^P°'IU' ,pius ou moins complètes. Deux
nous sont parvenu ^ v ticuiièrement intéressantes
all British Mus* jndex analogue à celui des ba-
par la pres®»ce jadis possédé par Caylus
ances actuelles • (fig. 4471) en
fournit un
troisième
exemple très
remarqua¬
ble. Il a dis¬
paru et force
est de nous
en tenir au
témoignage
de Caylus :
« Sajustesse,
dit-il, parait
encore très
[ ande i\ ne diffère en rien des fléaux que nous employons
Ijourd’hui : il est orné de petits cercles dont les bronzes
‘de la plus haute antiquité se trouvent très souvent
décorés ; cependant, on peut assurer qu’il est romain4. »
î II est à remarquer, par contre, que sur aucune des repré¬
sentations jusqu’ici signalées il n’apparaît de trace d’un
index. On ne saurait décider, étant données les dimen¬
sions réduites et la grossièreté du travail, si sur le bas-
relief de Torcello [kairos, fig. 4252], il y a autre chose
que la double tige par laquelle Kairos tient le fléau sus¬
pendu et si entre les branches existe un accessoire. Il
serait téméraire d’en conclure qu’avant l’époque romaine
ce progrès n’ait pas été connu? Le peintre ou le sculpteur
n’était pas tenu d’entrer dans de tels détails. Il est donc
. permis de croire que la science grecque, si avancée
dans l’ensemble, et qui dans la Mécanique d’Aristote,
par exemple, établit le rapport de l’amplitude des angles
décrits par le fléau, et par suite de la précision obtenue,
avec la longueur même du fléau5, n’a pas dû ignorer le
perfectionnement qu’apporte l’index6. Notons seulement
que les témoignages écrits font défaut aussi bien que les
I témoignages figurés, alors que pour l’époque romaine ils
r viennent s’ajouter à la preuve directe fournie par les
■ exemplaires conservés. Juppiter ipse duos aequato
| Ffmine lances sustinet, dit Virgile1. Perse demande
B^oniquement si celui-là se mêle de peser l’hellébore
Bqui ne sait point arrêter au point fixé l 'examen 8.
c est précisément, ainsi que nous le dit
But SC.rf 'aStl' ** ProPos ^ un autre passage du même
■Feui , la languette qui occupe le centre du fléau de
djSfiniere, ^ ' fiuiPbrer les poids. Isidore de Séville le
deJ“u de la même manière ‘o.
Romains, d ailleurs, en possession de la balance
ainsi perfectionnée, lui ont souvent substitué un instru¬
ment moins exact dans les appréciations qu’il fournit,
mais d’un maniement plus simple et d’un usage plus
rapide, la balance connue sous le nom de statère ou
balance romaine. Ils continuèrent pourtant à se servir de
la balance à plateaux, et cela non seulement, comme on
l’a dit, pour les pesées de petites quantités, comme les mé¬
taux précieux, mais aussi pour des masses considérables.
L’existence des innombrables poids tant en métal qu’en
pierre, souvent fort volumineux, quelques-uns atteignant
jusqu’à cent livres11, qui nous sont parvenus, ne s’expli¬
querait pas sans cela. Isidore de Séville s’exprime ainsi12:
« La balance appelée trutina , où la pesée des poids
contenus dans les deux plateaux se fait grâce à l'index
vertical, sert pour les talents et les poids de cent livres,
comme la momentanea pour les petites sommes d’ar¬
gent. » Il ajoute : « Elle s’appelle aussi statera. » Le
nom de statera désignait donc aussi à l’occasion la
balance à plateaux 13. Suétone raconte que Vespasien
avait vu en rêve une statera en équilibre ayant dans
l’un de ses plateaux Claude et Néron, dans l’autre
lui-même et ses fils14. Trutina s’applique aussi aux
deux types de balances, puisque Vitrüve parle de la
classe des trutinae appelées statera e 15. Les deux
mots se prenaient également au sens générique et
figuré16, et Cicéron déclare par exemple, sans vouloir
établir une distinction de nature entre elles, que les
moyens de l’orateur sont de ceux qui s’examinent non
dans la statera de l’orfèvre, mais dans la trutina popu¬
laire11. Seuls ne pouvaient s’employer indifféremment les
termes qui, dérivés de la structure même de l’objet,
comme bilances, pour la balance à deux plateaux 18, ou
rappelant l’origine, comme campana pour la balance dite
romaine d’abord employée en Campanie19. Libra, par lui-
mème, reste une désignation indéterminée et générale20,
la désignation traditionnelle par exemple dans la formule
per aes et libram appliquée à certains actes juridiques
où devait figurer une balance [nexum, mancipatio, testa-
mentum]21 : c’est ce qui nous autorise à grouper ici tout ce
qui a trait à la balance en général.
Le pays d’origine de celle-ci, nous l’avons vu, passait
aux yeux des anciens pour être la Campanie 22, et rien
n’empêcherait de supposer que les Romains 1 aient em¬
pruntée aux Grecs de l’Italie méridionale. La décoration
artistique de certaines balances romaines a paru un indice
que les Romains auraient eu des prototypes leur servant
de modèles23. Mais nous n’y trouvons aucune allusion
chez les auteurs grecs. De plus, il nous en est parvenu, a
la différence des balances à plateaux dont le nombre est
trop restreint pour qu’on puisse en tirer aucune conclu¬
sion, un très grand nombre d’exemplaires ; aucun n est
antérieur à l’époque romaine. Il n’y a aucune raison pro-
K kcl|ev, |l'l<Uographie Alilla>’* n» 11261. Musée de Caris
K Aufui/rfe, noi 891-89') u " C,0‘ Berlin, Friedericlis, Klein.
K enc»to Grivaud de 1 \r ^ Wallers' C ■ British. Mus., n" 2981
!°ï‘“ AH°et ■* *• anciens , pl. lxx
'• «XVIII, 1860 ’,,1' ’’ P; 406> 18ce- 1. Xiv, p. 14G ; .1
H e Boscoreale, — 2 ii p ,*n a recueilli deux récemment dans
possède a,,. ' ”aUers’ CaL' n0' 2981 et 2985. - 3
■“^clMliel.ie,, Cat P°ignée de balance «ac index, J.-L
‘ n° 3695. — t Caylus,
I r es détails de ja ' ° Anst- Mec. , Œuvres , éd. Didot, t. I
H^*lnen1, P* 58 1UCt*011 ^cs conséquences mécaniques
CUm (L. J Jlyres cl ru ba P°*Snée de balance avec index
Olmefalsch-RicMer, l. c.) ne peut fournir
l'époque n'en étant pas déterminée. — 7 Aen. XII, 725. — 8 Sat. 5, 101
et Lucan. Bell. civ. VIII, 467. — 9 Pers. I, 6. — 10 Etym. XVI, 25, 6. — n Lo¬
renzi, O. L, Pausan. ldyll. XVI, 9, t. I, p. 98. — 12 Etym. XVI, 25, 4.
— 13 Montfaucon, Antiq. expliquée, t. III, 1” part. p. 169 ; Lorenzi, p. 96.
— H Suet. Vespas. 25. Voir encore Petron. Satyr. 35. — 15 Vitruv. X, 8, 4.
_ 16 Horat. Ep. II, 1, 29 ; Sat. I, 3,72; Pers. Sat. 1,6; Juv. Sat. 6, 435 ; Stat.-SiZw.
iy g 46 — n De oral. 2, 38. Noniusdit de mémo stateraauraria(6, 41), mais ailleurs
trutina argentaria (2, 861). - 18 Montfaucon, Ant. expi. t. III, P* partie, p. 169.
_ 19 lsid. Etym. XVI, 25, 6. — 20 Voir entre autres Cic. T use. V, 17, 51 : in alteram
tibrae lancem imponere. — 21 Pljn. Nat. hist. XXVIII, 13. Libra est quelquefois
remplacé par trutina : per trutinam solvi solitum (Varro, De ling. lat.\\, 183).
_ 22 lsid, I, — 23 Pernice, J lôm. Wage aus Chiusi, Jalirb. d. arch. Inst.
1898, p. 76.
Fig. 4472. — Balance à plateaux avec poids curseur.
LU) . _
ban te pour attribuer aux Étrusques une statère décou¬
verte a Chiusi 1 dans le fond d un puits2; de très ancienne
construction étrusque, elle peut fort bien n’y avoir été
jetée qu’à une date beaucoup moins reculée3.
La combinaison de l’une et l’autre variétés de balances
se trouve réa¬
lisée dans une
curieuse ba¬
lance de Pom-
péi conservée
au Musée de
Naples ( flg .
4472) *. Cons¬
truite comme
une balance
ordinaire à
plateaux, avec
une courte
chaîne ou tige servant à suspendre par le milieu le fléau,
elle porte en plus, sur 1 une des moitiés de celui-ci, un
poids curseur mobile en forme de gland. La même moitié
du fléau est marquée de divisions qui permettaient
d’apprécier la différence de poids entre deux objets placés
dans les deux plateaux. Une balance semblable est au
Musée de Berlin 3, qui possède aussi six fléaux gravés
sur l’un de leurs bras6; un autre, au British Muséum7,
présente encore la même disposition 8.
Mentionnons encore une petite balance de Florence
(fig. 4473) 9, dont le fléau, la tige de suspension, l’index
sont d’une balance à pla¬
teaux, mais dans laquelle il
n’y a de plateau qu’à l’une
des extrémités . L’autre
porte, suspendu par une
chaînette, un contrepoids
fixe en forme de tète. La ba¬
lance, ne pouvait pas servir
proprement à évaluer le
poids d’un objet, mais seu¬
lement à reconnaître s’il
était conforme à un étalon donné; on a supposé qu’elle
servait à vérifier l’exactitude des monnaies10.
L'usage de la balance romaine est encore courant ; il
n’est pas nécessaire de s’étendre longuement sur son
principe. « Elle n’a point deux plateaux, dit Isidore de
Séville, mais le fléau porte un poids curseur 11 . »
Vitruve formule ainsi la théorie du fonctionnement :
« L’anse est placée près du bout auquel est suspendu
le plateau; c’est là qu’est le centre du mouvement; sur
l’autre partie du fléau, vous promenez le contrepoids plus
ou moins loin, ou même jusqu’à l’extrémité, en lui faisant
franchir les divisions marquées; il peut ainsi, malgré la fai-
1 Not. d. scavi, 1883, p. 432 ; Bull. d. Inst. 1884, p. 0 ; Bev. arch.
1884, t. III, p. 113; Gamurrini, Délia libra etrusca, Mon. cuit. d. Lincei,
t. I, p. 138-166, avec planche. — 2 Ibid. p. 160. — 3 Furtwangler, . Olympia,
t. IV, Die Bronzen, p. 190. — 4 Mus. Borb. t. I, pl. lv, 3; Ibid. t. XVI,
frontespizio ; Baumeister, Denkm. p. 2078, fig. 2316. — 5 Fricderichs, Klein.
Kunst. und Industrie, n° 891. — 6 Ibid. n°s 892-97. — 7 H. B. Wal¬
ters, Cat. of the bronz., n° 2981. — 8 Voir encore une pierre gravée, Gri-
vaud de la Vincelle, Arts et met. des anciens , pl. lxvi, 8.-9 Lorenzi,
p. 9a. — 10 Ibid. 1. c. L'auteur suppose que la balance date du temps d'Ho-
norius et était destinée à peser les monnaies de cet empereur. — Il Etym.
XVI, 23, 5. — 12 Vitruv. X. 8. Voici le texte tel que le restitue M. Ilultsch
(Ep/iem. epigr. t. VIII, p. 482, n. 1); Cum enim ansa propius capul, unde lancula
pendet ibi ut centrum est conlocata et aeguipondwm in alteram partent scapi
1226 —
un
blesse et l’inégalité de sa masse, contri
les plus lourdes en établissant f équilibre r" ies peséei
uu fléau
1:1111 avoir
la para
pension. Telle est une; balance découverte' "dPOIntde N
rons de Vérone13, dans des constructions 'T p! J
républicaine et en même temps qu’
'^(balancer les
* ai libre d
Le premier modèle adopté semble pouri.
quelque peu différent du modèle ainsi d.V,'
mobile en était, non le contrepoids, mais l! " '1’ lapa4
nensinn TaIIp psI nno ImUnnn oz _ lM)int de sus.
‘nvi
-'un as ,| époW
système en vigueur vers la fin du m* sièpffav j7l? 1,11
se compose (fig. 4474) d’une lame métallicnieso „ ' Elle
librement dans l’ou- ' m'niVaI
verture rectangu¬
laire du support qui
servait à suspendre
l’appareil 13 ; son
bord inférieur porte
une série d’entailles dans son sui>po‘i
et des gradations inscrites au-dessus de chacune L
lame se relie par deux pièces coudées à une Baril
dont l’une des extrémités s'alourdit en contrepoids
tandis qu’à l’autre on suspendait par un crochet ou
sur un plateau l’objet à peser. Il suffisait, pour obtenir
le poids, de faire glisser la lame graduée dans le support
jusqu’à parfait équilibre et de lire le chiffre correspondant
à l'encoche. L’existence d’un second exemplaire analogue
découvert en 1773 à Carthagène est attestée par un
manuscrit de la Bibliothèque nationale 16 qui en donne
le dessin 11 , et ce n’est que faute de connaître la balance
précédente que M. Ilultsch a pu se méprendre sur sa
reconstitution18. Le Musée de Berlin, enfin, a acquis ré¬
cemment une troisième balance du même type f fig. 1173),
Fig. 4474, — Balance romaine
50 niouvant
. 4475.
Balance romaine se mouvant dan* sou -l,l I1
plus soignée et d’une conservation meilleure f|
y affecte la forme d’une colonne et le conli']"11 ^ ^
constitué par un avant-corps de panthère. 11 ' .
pointillé désigne le point initial de la grau.du'n. j
per puncta va gando lonr/ius aut etiam atl extremon ^rali o ne»1-
impari pondère amplissimam pensionem perficit
— 13 M. Pcrnice ( Jahrb . d. Inst. 1898, p. 73, n. 1) c1’01 ■ a(,i-ïlî ut F
au Musée de Palerme. — HGainurrini, Ann. d. Inst. 1 Vl‘ ■ 1 ^ . ,0| ios te iiPaelse
— 13 La disposition correspond à celle indiquée Pai ° est
(Sat. I, 6) comme constituant au sens propre la trutma . n'aurai* t
intra quod est lir/ula, de qua examinatio fit ■ Le 11111 ^ p0nds ospa"n“ ’ |
appliqué que par extension à l'ensemble de la balance. ^ la fi1' 11
n«* 525, 526 ; Morel-Falio, Lettres d’antiquaires espoy «" p «H-*
XVIIIe s., extr. de la Bibl. de l'École des chattes , l- ^ P' ^ 4
— 1 1 Ephem. epigr. t. VIH, p. 481, n» 250. ^ |vru'cC' ^ j
— 19 Jahrb. d. Inst. Arch. Anz. 1889, p- H~> l'S.U, I
d. Inst. 1898, p. 74-79.
L1 B
— 1227
IJB
• notions correspondant à I, 2, 3, 4, », G,
vLentte'^'f" v/ . l% *, *>/„ *•/„
». 9, I» ff ' 1; 10 14, 15, 20, 25, 30, 40 livres,
3, 4 5, ; q(|e sMe du début Je place,
Ac cette P»rticu . s‘esl inscrit, non à droite de celu.
n oHê ,e ajouté, mai» au-dessus Les divisions,
AH '!1d0‘; .rts rapprochées, plus rapprochées encore
te VO'I.S" dc V e r o , , e , qui porte 39 divisions au
r* 'X,TVt surtout dans celui do Carthagène qui,
lieu de iivres indique 38 divisions et
n’allant d’une livre, les onces once par once2,
(tonne, au-des ' offrent, il est facile de s’en
U balances de ce ^ ^ ^ ^ études métrolo-
^"irès grand intérêt de pouvoir servir à la
domination des poids anciens, recherche à laquelle se
nrèhnt mal les romaines ordinaires, pour lesquelles
l’afartenance des pesons est presque toujours dou
teuse.
ordinaires sont trop noin-
- Les balances romaines
Uses dans les musées et les collections 3, pour que
nous puissions faire autre chose qu’en signaler quelques
spécimens caractéristi¬
ques. La marchandise
à peser pouvait être
soit suspendue à un
crochet (fig. 4476), soit
placée sur un plateau :
les chaînettes qui sup¬
portent le plateau, et
dont une bague dimi¬
nuait l’écartement, sont
alors réunies à leur
sommet dans un anneau
et rattachées au fléau
grâce à un trou qui
en perce l’extrémité, ou
bien celle-ci, terminée
par un renflement, pré¬
sente une gorge où se place l’anneau de suspension :
dans ce cas, l’on comprend que le plateau ait pu aisé-
pnenl se perdre, et de fait il manque souvent. Il est
pre que crochet et plateau se trouvent réunis comme
ïdan> la belle balance de la Bibliothèque nationale prove-
Bk de Porto d Anzio (fig. 4477) où les chaînettes du
•teau ne se relient pas directement au fléau, mais
». Chent d abord à un disque mouluré. Du milieu de
■ ciiipiieau, comme l’appelle Caylus6, pend une qua-
■j e c,iaine P^us courte, terminée par un crochet, ce
sér>v’ "Ua ‘]ue_t“ilv « peut servir à peser ensemble ou
renies «Unl !^"h'eurs C01’ps de nature et de figures diffé-
ii,. " „°Utre’ ^'scIue, ajoute Caylus, a une
« pour placer de très petits poids
iKBo.,,., , issaires pour savoir avec précision
C ” précieuses 7 ». Sur la
I *"•*• *> Naples', c'est au contraire à tort
■rWaicc, Ibid. ,, 7g
SJ “,Tf" . -
7ml r"us« cn.’pîiUros'ind! ~ tlbUt- >■ c. - 3 \
|rcllc- Art, t.( , qués aux notes l et 7 de la
t?" « «.PL .«tu,) P1' '■*«■». l et 2, et lxxxv ; Mus. Gregor. I,
,, U; Bull J‘°mpei’ 4” P- **7, Cg. 245 ; Sclireibcr,
"» 1900^ar °l0n'B,ancbet’ cj ,t ,°C' des,ant- de Fr- 1807, p. CO ; 1884, p. 163,
■ ’ OnyHis, li,r . ,,.b’on~- de la ÜM. nat. ne» 1908-1914. — 4 Ibid.
• l' U > P' 004-307 et pl . xc,v. - 5 Bec. (Vant. t. IV,
profondeur suffisante
eti ’
la i
nt . r nes^ fait d’exception que pour la dernière
i ^ lUcs* 011 1° chiffre X doit cire retranché du
oir, outre les très
page 1228 : Grivaud de la
que M. Bliimner signale comme destiné à porter l’objet
à peser soit le plateau, soit un crochet, et qu’il explique
ainsi la double gradation ». Le crocliet en question,
comme l’autre, sur lequel
M. Bliimner ne s’est pas
mépris,* servait à sus¬
pendre, non l’objet à
peser, mais la balance
elle-même. Même erreur,
excusable par ce fait que
le plateau a disparu, a été
commise à propos d’une
balance trouvée à Bey¬
routh1 0 : les trois crochets,
dont un manque, étaient
des crochets de suspen¬
sion. Il faut donc prendre
garde de se méprendre
sur l’usage des crochets
qui se voient fixés aux
balances romaines. Ils
ont parfois servi à accro¬
cher la marchandise à
peser, et nous en avons
mentionné des exem¬
ples 11 : dans ce cas,
d’ailleurs, ils se trouvent
d’ordinaire à l’extrémité
d’une chaînette assez
longue. Le plus souvent
ils sont ce que Yitruve
appelle l’anse de la ba¬
lance 12, et leur nombre
correspond à celui des gradations. Il eût été impossible,
en effet, sous peine d’allonger outre mesure le fléau ou
de trop augmenter le contrepoids, d’obtenir, avec un
seul point de levier et en une gradation unique dont les
divisions restassent claires, une échelle allant jusqu’à
des pesées assez fortes. Supposez au contraire plu¬
sieurs crochets inégalement éloignés du point d’attache
de l’objet à peser, rien n’empêche d’en calculer l’éloi¬
gnement de manière que, le peson restant le même,
mais la balance étant successivement suspendue par les
différents crochets, la position du peson la plus rappro¬
chée en un cas corresponde précisément à un poids
immédiatement supérieur à celui qui équilibre dans
l’autre cas sa position la plus éloignée. Il suffira alors
de donner au fléau une section polygonale et d’utiliser
les différentes faces pour y inscrire les gradations cor¬
respondant aux pesées faites avec les différents cro¬
chets. Les Romains s’étaient prévalus de cet avantage
dans la construction de leurs balances romaines, et si
plusieurs d’entre elles n’ont qu’un seul crochet de
suspension et qu’une seule gradation 13 , la double
gradation avec deux crochets est non moins fré-
Fig. 4477. — Balance à plateau.
P 307. G Ibid. I. c. — 1 Ibid. p. 306. — 8 Mus, Borb. t. VIII, pl. xvi
Baumeisler, Denlcm.d. kl. Alterth. p. 2079, fig. 2318. — 9 Ibid. I. c. La même
fausse explication est donnée dans le manuel de Guld et Koncr, La vie an¬
tique, Irad. Traxvinski, 2r partie, p. 380. — 10 Bull, de la .Soc. des antiq.
de Fr. 1880, p. 278. — l* Caylus, Bec. d’ant. t. IV, pl. xc.vi, 3 ; Mus. Borb.
t. I, pl. I.v, 2, t. VIII, pl. XVI, 2 cl 4; Furlwanglcr, Olympia, t. IV, Die Bron¬
zai, p. 160, n° 1200, pl. i.xvii. — 12 Vite. X, 8. — 13 11 suffit de citer nn très
Bel exemplaire au Louvre, de grandes dimensions, provenant de la collection
' Purand.
LIB
1228
LIB
quente1. Une balance de lacolleclion Gréau, par exemple,
porte sur 1 une des faces les indications de 1 à 6 livres avec
les moitiés, sur 1 autre de 7 à 20‘2. De même les nombreux
exemplaires du Musée de Naples. Sur l’un sont, d’un
côté, les cliifTres I à X avec des points intermédiaires pour
les demies ; de l’autre, les dizaines de X à XXXX avec des
\ aux demi-dizaines (fig. 4478); en outre, aux arêtes des
Ly"*‘'“‘XV‘ . \? .
(Oj
Fig. 4478.
signes marquent les fractions 3. Sur deux autres balances
on lit, d’un côté les chiffres I à VII, de l’autre IV, X, V,XX,
V, XXX U ou les chiffres I à VIIII et III, V, X, V, XX, V,
XXX 5. La division plus complète des dizaines, donnant
toutes les unités, se voit sur une autre balance, dont la
première face est marquée, comme d’ordinaire, de I à
VIII et l’autre XIIIIVIIIIXXIIIIVIIIIXXXIIII 6. Nom¬
breuses enfin sont les balances à trois gradations1. La
gradation y est toujours faite suivant les principes que
nous venons d’exposer, des traits pour les unités et
quelquefois pour les demies, des V aux demi-dizaines,
et celles-ci marquées soit en entier, soit uniformément
du chiffre X, connue sur une balance de Chiusi graduée
de 2 à 183 livres et ou il n’est fait d’exception que pour les
chiffres initiaux de chaque face et pour 30 et 100 indiqués
respectivement par X et O8. Un autre exemplaire, trouvé
à Laodicée de Syrie et appartenant autrefois à Caylus, au
lieu des chiffres romains, portait suivant le système
grec les lettres EIK|KAMNS]NZOnqPIKA, soit 5, 10, 20,
30, 40, 50, 60, 70, 80, 90, 100, 110, 120, 130, avec des U
aux demi-dizaines9 ; de même un exemplaire au British
Muséum10, et un troisième au Louvre11.
Les fléaux présentent quelquefois, en dehors des
marques pondérales, des inscriptions. Le plus souvent,
ce sont des noms propres au génitif, rarement latins,
comme Hermetisi2, d’ordinaire grecs, tracés ou non au
pointillé, avec ou sans accompagnement de croix, et qui
témoignent d’une basse époque : 'HXtooôpou 13, ’Adp(i])-
Xîou Ne<rrxj3ou u , Tcpovriou -j- Mapéou 13 , Kupiaxou 16 ,
MapSoytou 17, ’Iwavvou SfxTjjffayôpa 18, 'Roj-rtvou 19. Il n’est
guère douteux que ce ne soient ceux des possesseurs,
quoique, dans un cas au moins, on ait proposé de
sous-entendre éîti et d’y voir la mention d’un con¬
trôle 20 . Rien ne justifie une telle hypothèse. Mais
qu’un tel contrôle ait existé dans l’empire romain, la
chose n’est pas douteuse. Il serait permis de l’affirmer
a priori, en présence du contrôle qui s’exercait sur les
poids et que mentionnent tant d’exemplaires, que nous
n’avons pas à rappeler ici [exagium, p. 87ij, portant
1 Friederichs la considérai L comme la normale [O. I. ,p. 198). \oir entre autres des
exemplaires au Musée de Rouen (Rev. de Normandie , 1863, p. 353-357 ; Rev. arch.
1870, t. XXI, p. 75-70) ; au Musée de Naples [Mus. Borb. t. I, pl. i.v, 1 el 2 ; I. VIII,
pl. xvi, 1-3 ; Baumcister, Denkm. p. 2078-2079, fig. 2316-2318); au British Muséum
(II. B. Walters, C. Bronz. n°*2979, 2980, 2986, 2988, 2994-2996); au Musée de Berlin
(Friederichs, nus 900-903) ; dans la collection Gréau ( Cat . des br. ant. n°312) ; dans la
collection Fouchcr à Reims [Bull, de la Soc. des ant. de F r. 1886, p. 167), et d autres
trouvés en Angleterre ( Archaeologia , t. X, 1792, p. J 3 4, pl. xtn), à Dallicim ( Publ .
de la Soc. de Luxembourg , 1851, pl. X, 13), à Paris [Rev. arch. 1890, t. XV,
p. 368), etc. — 2 Coll. Gréau , Cat. des br. ant. n° 312. — 3 Mus. Borb. t. I,
pl. i.v, 1 ; Corp. inscr. lat. t. x, pars. II, n° 8067, 3. — 4 Mus. Borb. t. VIII,
pl. xvi, 4. — 3 Ibid. t. VIII, pl. xvi, 5 ; cf. Friederichs, O. /., n° 902 ; Schuma¬
cher, Ant. Br. su Karlsruhe , nos 665, 668 ; Coll. Gréau, Cat. des br. ant. n° 312;
Ind. d'ant. suisses, 1872, p. 339. — Mus. Borb. t. VIII, pl. xvi, 1. — 7 Voir
entre autres, Caylus, Bec. d’ant. t. IV, pl. xciv, xcv, xevi ; Indicateur d’ant.
suisses , 1872, p. 338, pl. xxxi, 13 ; Bull, de la Soc. des ant. de Fr. 1886, p. 278 ;
Gamurrini, Mon. a. d. Lincei , t. I, p. 160 ; et des exemplaires au Louvre, à la
les noms du préfet de la ville, des consuls ,
dans les villes grecques, des agoranome ’ n ^
exacts n’eussent servi à rien avec des bal- ' ' 6S poi(ls
Deux balances du Musée de Naples l'attest^68 !nridèles-
d’une manière plus directe. L’inscription deu"1’
Fig. 4179.
— Balance romaine portant la marque de vérification au Capitole.
nous fait savoir que la balance a été vérifiée au Capitole
en l’année 77 de notre ère : Impferatore) Vesplasianà
Aug(usto) IIX T(ito) Imp(eratoris ) Aug[usti ) f[ilio)VÏ
co(n)s(ulibus) exacta i{n ) Capitolio 21 . On lit sur le
fléau de l’autre: Ti(berio) Claud(io) Caes(are) Aug(usto)
II II , L(ucio) Vitel(lio) III co(n)s(ulibus ) exacta ai
Artic(uleiana) cura aedil(ium)22. La mention exadaai
Articuleiana , qui se retrouve sur un poids de Rome-,
est expliquée par un poids portant lui-même, avec lamême
date consulaire, les mots pondéra exacta M. Articula o
Cn. Turranio aedilibus2*’ .Les édiles de l’année 47 ap. J -C-
avaient donc fait établir des poids étalons, dits d après e
nom de l’un d’eux articuleiana. D’après ces poid», °n
contrôlait et les poids du commerce et les balances. 1 0UJ
savons d’ailleurs qu’il y avait aussi à Rome, exP°seS J
lieu officiel, non seulement des poids, mais des Ui anc ea
une balance 23 était conservée au temple de Saurn*
ibliothècjue nationale (Babelon-Blanchet, Bronz. de la. nuseu® (H- 1
luséede Carlsruhe (Schumacher, O. I. n”s 005-068) ; au L" j|us,,c j'Olym-
Walters, C. Bronz. n"> 2987, 2990-2992) ; au Musée de Bolo°u<\“" , ISVII
ic (Furtwangler, Olympia , t. 1 V, Die Bronzen, p. 1^0» 11
dans
4ff.
e (Furtwiingler, Olympia , t. IV, nie nronzen, p. j-v'1 j / .[, d Ver
s collections Bourguignon, Mertens-Schaflausen à Bonn ( cxenilBa'rcl
iBheinl. 1839, t, XXVII, p. 94, pl. iv-v, 9), etc. H y aurait ni rnc^
-’.V’Vn ” ins) mais aucun
quatre gradations, au dire de Friederichs [O. c P- 1 j ^ ^
est mentionné. — 8 Gamurrini, Mon. ant. d. Lincei , L I
HIUUWVlllU/, * V.U,. . . j 999f. -
, Bec. d’ant. t. IV, p. 312, pl. xcvi. — *0 H. B. VVaUers, ' , CaVi,is.
9 c«r
Il Invts-
ircMNC. 970. — 12 Coll. Castellani , Cat. de vente, •>39 '■ ^ >r, iWjj
autre face du fléau porlc CFAAQN. — ^ Bull, de la ^oC_ 2986. — 17 ^ ’
278. — 13 Ibid. 1884, p. 103. — 1° H. B. Walters, ■ ■ ^ _i9Bal»"*
2990 ; Arch. Zeit. 1884, p. 140. - <« H. B. Walters, O. I. " - ^ Fr, IM
I Louvre, inventaire MNC. 970. — 20 Bail, de la Soc. u ^ „• 806'. '
104. - 21 Mus. Borb. t. I, pl. lv, t ; C. inscr. lat. t. > 1 ,( 943. -
22 Ibid. t. X, pars II, no 8007, 2. - J’1"
Ibid. I. X, pars II, n > 8007, 1. — 2i Varr. Ling. lat. ,
L1B
1229 —
LIB
H resterait, enli
fin à signaler l’ornementation qu’ont
, L balances. Des fléaux, il n’y a presque
reçue sou' l‘i mème interdisait presque toute
rieniU | eule l’extrémité a pu sur quelques exem-
décoratio" e en tête d’animal2. Il n’y a guère
paires être . la romaine d’un système tout parti-
d’eXCef ' M,Le de Berlin, où la partie du fléau formant
cullC1 ,„s contrepoids est un bel avant-corps de
en plus haut, fig. 4475) 3. Les plateaux eux
|anl , se prêtaient guère à recevoir d’embellisse-
fnpl ’• n’est celui des filets concentriques qui y
P®”1*’ "5>J Dans la balance du Cabinet des Médailles
’ S° niiminée plus haut, pourtant, trois colombes aux ailes
T rs sous les plateaux retiennent dans leurs becs les
extrémités des chaînettes L Le plateau d’un des exem-
■mres de Naples offre sur la face supérieure, légèrement
Rcave une véritable représentation, un Satyre luttant
Eecune chèvre8. Mais n’était-ce pas un contresens,
; risque cette face précisément devait recevoir la mar¬
chandise à peser. L’exemple aussi bien est isolé. Il était,
au contraire, une partie où l’ingéniosité des fabricants
pouvait à bon droit se donner libre cours et n’y a pas man-
Iqué : ce sont les pesons des romaines. Ici, grande est la
variété et c’est l’exception quand le peson se présente
sous l’aspect d’une simple masse géométrique, sans
■recevoir un aspect proprement ornemental : encore,
même dans ces cas, cherche-t-on, soit en le découpant en
■ losange6, soit en le façonnant en cône renversé1 ou en
■ pyramide8, ou en en faisant une sphère parfaite ', à lui
donner un aspect agréable. Un degré de plus est franchi
\ dans les exemplaires où le peson prend la forme d’un
| amphorisque10 ou d’un gland11, ou encore d un médail-
| Ion orné d’une tète de Méduse12, d’un vase orné de
Sirènes13. Une balance de la Bibliothèque nationale a
pour peson un colimaçon (fig. 4480) u ; d’autres pesons
I représentent des têtes de loups15, de béliers10. Mais la
; forme devenue traditionnelle, qui se rencontre de beau¬
coup le plus souvent, est celle de bustes 17, soit encore
■ attenant à la balance à laquelle ils appartenaient, soit
isolés. Il n’est presque pas de musée ou de collection
d’antiquités 18 qui n’en contienne: bustes d’enfants19, de
jeunes filles et de femmes20, bustes d’éphèbes21,
d’athlètes 22 et de guerriers 23, bustes iconographiques et
en particulier bustes d’empereurs, de princes et de prin¬
cesses 2i, bustes de genre tels que des bustes de négril¬
lons 25 ou d’acteurs comiques26, bustes de personnages
héroïques, d’une Amazone par exemple 21, bustes de Rome
casquée, bustes de Satyres et de bacchantes 2#, bustes de
divinités de toutes sortes29. Le Louvre en particulier
possède toute une série de pesons venant d’Égypte où se
répète à satiété l’image de Serapis ou d’Isis 30. Il ne sau-
Fig1. 4480.
Pesons de balances.
Fig. 4481.
rait être question d’en pousser plus loin l’énumération
et la description ; et sans doute suffira-t-il, pour en don¬
ner une idée plus complète, à côté des exemplaires déjà
reproduits, d’indiquer encore, comme exemples de
dimensions particulièrement considérables, une tète
d’Attys31 et une tète de Minerve (fig. 4481) 32, alourdie par
la masse de plomb qui en remplit l’intérieur, conservées
l’une et l’autre dans la salle des bronzes du Musée du
Louvre.
IL Z'jyôç, constellation de la Balance [zodiacus].
III. Lïbra aquaria. — Le mot de libra est très souvent
employé pour désigner le niveau d’un lieu et en parti-
I * Il faut pourtant mentionner ici une particularité que présentent quelques rares
|Kaiu. Fort courts, ils semblent au premier abord incomplets, et pourtant leur
PBction très nette ne permet pas de croire qu'ils aient été brisés. De plus, l’extrémité
ftnest eieuse. Il se pourrait donc qu’ils aient appartenu à des balances dont le fléau
t d lormédune lige divisée en plusieurs sections rentrant l'une dans l’autre do
■aaicie a occuper moins de développement. Voir Grivaud de la Yiucelle, Arts et
Ig.Q '' rn';' P', ixxxm, 2, et une balance du Musée de Rouen, lier. arch.
- XX(, p. 75-70. _ 2 Caylus, Hec. d'ant. t. IV, pl. xcv; H. B. Walters,
- i°D hr'Jn the Br- Mus- n“ 298fi- — 3 Pcrnice, Jalirb. d. Inst. 1898, p. 7.
k'!lnclleh Cat. des br. ant. de la Bibl. nat. n<> 1900; Caylus, Bec.
t y j-:| ! ■(' x lx ' ~ J Mus. Borb. t. VIII, pl. xvi, 5 g-h. — 9 Archaeologia,
JL., J,P; I1"’ 1,1 XlU' ' Fui'twi>ngler, Olympia, 1. IV, Die Bronzen, p. 160,
Mlerth iWlli C "l"1'"11'101'’ Besc^lr- d- ant. Br. zu Karlsruhe , n° 08 1 ; Lindenscbmidt,
L me ul 01 t ’ *1'' xv’ -• — 9 Grivaud de la Viucelle, Arts et met.
Publ de °,Ct 7’ *lLXXXV ; Mas- Borb- h P1- ' V, 2 ; t. VIII, pl. xvi, 4 ;
i torj. t. iv „i " Bvx' l’i- xi 19 ; Lindenscbmidt, Alterth. heidn.
pl. ni, 2 ; Sel, \ ' ^ °’’CA' 1890’ *' XVI> P- 368. — 10 las. Borb. t. VIII,
BorJ. i. ^ Iv'a| .IC.V Bescbr- d. ant. Br. zu Karlsruhe, n» 082. — a Mus.
■mâcher, Bescltr ,/ „ l 'r'icicbs, Klein. Kunsl und Industrie, n"s 931, 932 ; Schu-
P- 2078, fie- 'ti, Ba'dscuhe, n0 680 ; Baumeister, Denkm. d. kl. Alterth,
~ am. „« »90, __ ; ' VUltci-s. Cal. of the br. in the Br. Mus. n» 2993.
f1907| Caylus Be ’ V ’ Bal,clon'BlaDchot. Cal. des br. ant. de la Bibl. nat.
n‘ Mo. _ p; j, . , >inl- l’i- xciv. — 16 Friederichs, Klein. ICunst und Industrie,
-*oi(t. no 929 _ n n » ’
^P-iercs : empereur du 11 ' r 11 V a même quelques exemples de statuettes
JW *» 319-320) q'i- as,,'ni|"re assis, Nubien accroupi (Coll. Gréau, Cat. des br.
| mai» Ces, i tort qu’o 116 .'mdcnschmidh Alterth. heidn. Vorz. t. IV, pl. xv, 3) ;
p Arch. An:, isgo ,ndalu^ comme formant un peson de balance ( Jalirb . d.
^BMre (Coi(. Gréa ù r ' une ^laiuc-‘llG déjeuné vendangeur accroupi sur
^^^os-Schaatliauscn ( t, ^ ' an^' n° 38L Pi- IX)- — ls L’ancienne collection
H ubb. d. Ver. r. \n ■ Bai cxemplc, en contenait à elle seule une centaine
y 1 leinl, 1839, t. XXVII, p. 94). — 19 Friederichs, Klein.
Kunst und Industrie , n» 928 ; Coll. Gréau, Cat. des br.ant. n» 312 ; Coll. Hoffmann,
Cat. de vente, n» 57 ; Coll. J. de Bémusat, Cat. de vente, n° 170 ; Caylus, Bec.
d’ant. t. VI, pl. i.xxxix, 3. — 20 Mus. Borb. t. VIII, pl. xvi, t et 3 ,- S. Rcinach,
Musée de Saint-Germain, Br. fig. de la Gaule rom. ni 235 ; 11. B. Walters, Cat. of
the br. in the Br. Mus. u»s 1710-1716 ; Coll. Castellani, Cat. de vente, n° 339 ; Caylus,
Bec. d’ant. t. IV, pl. xcv, 4-0 ; xcvii, 3, 4; Lindenscbmidt, Alterth. heidn. Vorz.
t. IV, pl. xv, 4. — 21 Friederichs, Klein. Kunsl und Industrie , n° 924; Coll.
Hoffmann, Cat. de vente, pl. î; Schumacher, Beschr. d. ant. Br. zu Karlsruhe,
n"s 677-078. — 22 H. B. Walters, Cat. of the br. in the Br. Mus. n» 1023. — 23 Mus.
Borb. 1. 1, pl. lv, 1 ; H. B. Walters, Cat.of the br. in the Br. Mus. n“ 926 ; Bull, monum.
1877, p. 512 ; Baumeister, Denkm. d. kl. Alterth. p. 2078, fig. 2317. — 24 Long-
périer, Mot. des br. ant. du Louvre, n“s 040, 658, 059, 003 ; Babelon-Blancbet,
Cat. des br. ant. de la Bibl. nat. nM 841, 842, 840, 847, 953; II. B. Walters, Cat.
of the br. in the Br. Mus. n» 832; Coll. Gréau, Cat. des br. ant. n. 318 ;
Caylus, Bec. d’ant. t. IV, pl. xevi, 3 ;xcvu, 1. — 25 Friederichs, Klein. Kunst und
Industrie, n° 928 a ; Bahclou-BIanchet, Cat. de br. ant. de la Bibl, nat. n° 1025 ;
Coll, Hoffmann, Cal. de vente, n° 70; Jahrb. d. Inst. Arch, Anz. 1890, p. 157,
fig. 7. — 20 Babcion-Blanchet, Cat. des br. ant. de la Bibl. nat. n” 1000. Voir
aussi un buste grotesque : Grivaud de la Yinccllc, Arts et met. des anc. pl. i.xxxiv.
— 27 Babelon-Blanchct, Cat. des br. ant. de la Bibl. nat. u° 819. — 28 Mus. Borb.
t. VIII, pl. XVI, 5 ; Friederichs, Klein. Kunst und Industrie, nos 923, 923 b ; Coll.
Gréau, Cat. des br. ant. n“s 316-317; Baumeister, Denkm. d. kl. Alterth, p.2079,
fig. 23 1 8. — 29 Longpéricr, A'ot.des br. ant. du Louvre, n«* 44, 73, 187 ; Frie¬
derichs, Klein. Kunst und Industrie, n»' 923 a, 925; Sacken, Ant. Br. pl. xxxix,
4, 10, 12; Babcion-Blanchet, Cat. des br. ant. de la Bibl. nat. nos 124, 303, 472,
481, 070, 071 ; 11. B. Walters, Cat. of the br. in the Br. Mus. il»’ 930, 938, 1060,
1067, 1179, 1228; Coll. Gréau, Cat. des br. ant. n"> 313-313; Coll. J. de
Bémusat, Cat. de vente, n” 139 ; Bull, de la Soc. des ant. de Fr. 1881, p. IIS ;
Lindenscbmidt, Alterth. heidn. Vorz. t. IV, pl. xv, 5. — 30 Don de M. Stier.
— 31 Inventaire MNC. 044. — 32 Longpéricr, Not. des br. ant. du Louvre,
n« 44.
loo
LIB
1230 —
LIB
culier d’une nappe d’eau 1 ; mais dans un passage de
Vitruve le même mot, accompagné de l’adjectif aquaria,
désigne aussi 1 instrument qui sert à reconnaître le ni¬
veau 2. « Le niveau s’établit, écrit-il, soit avec la dioptre 3,
soit avec la Itbra aquaria (que l’on traduit d’ordinaire
par balance a eau), soit avec le chorobate, mais de la
manière la plus exacte au moyen du chorobate, étant
donné que la dioptre et la Vibra induisent en erreur. »
Suit la description du chorobate [chorobates], dont le
fonctionnement, d’une manière générale, repose sur
l’emploi du fil à plomb combiné avec des marques per¬
pendiculaires tracées sur le cadre de l’appareil 4. « Toute¬
fois, si le vent fait obstacle et que, par suite des mouve¬
ments, les lignes tracées ne puissent donner d’indications
certaines, alors, ajoute Vitruve, que le chorobate ait dans
sa partie supérieure un canal long de cinq pieds, large
d’un doigt, profond d’un doigt et demi, et qu’on y verse
de l’eau : si l'eau touche également le sommet des bords
du canal, on saura qu’on est de niveau s. » Le chorobate,
dans ce cas au moins, faisait donc intervenir le niveau
deau. Il n’est donc peut-être pas aussi certain qu'on l’a
dit 6 que la libra aquaria, qui est un autre instrument,
ne soit pas autre chose que notre niveau d’eau actuel.
L épithète d 'aquaria pourrait indiquer, non que l’eau
y jouait un rôle, mais que l'instrument servait à juger de
l’altitude de l’eau7. Il est difficile, en l’absence de tout
renseignement, de rien affirmer de positif. La seconde
hypothèse, même admise, n’entraîne d'ailleurs nullement
comme conséquence qu’on puisse, comme on l’a fait 8,
identifier la libra avec la libella, qui, servant à juger non
seulement de la parfaite planitude, mais encore de
l’horizontalité ou de la verticalité, était avant tout un
outil d’ouvrier maçon, charpentier ou autre. La libra
aquaria , au contraire, était un instrument employé prin¬
cipalement dans les levés hydrographiques.
IV. Livre, unité du système pondéral romain 9, ainsi
nommée d’après M. Mommsen parce que, quand l’homme
étendant le bras balance l’objet qu’il tient en main, il en
estime aussitôt le poids 10. D’après une explication quel¬
que peu différente, le mot de libra indiquerait l’équilibre
entre l’unité de poids et la marchandise qu’elle contre¬
balance : Àtrpx irapà 'PwjJiatotç lou.YjVeuETa; Xiêp a, 7]Ttç ÈTUgo-
Aoys frai Tiap’ àuToiç îffo'nj; Tjv ouv !<jox.avovtan. Isidore de Sé¬
ville propose aussi une autre étymologie d’après laquelle
la livre serait appelée libra parce qu’elle est libéra, c’est-
à-dire sans doute qu’elle est indépendante, qu’elle se suffit
à elle-même, qu’elle est en un mot l’unité, tandis qu’elle
1 Voir entre autres Colum. Ber. rustic. VIII, 17. — 2 Vilruv. De arch. VIII,
6, 1. — 3 Voir sur la dioptre l’étude toute récente de M. il. Scliône dans le
Jahrb. d. Inst. 1899, p. 92-103. — 4- Voir la restitution à l’article ceodesia,
t. II, p. 1519, fig. 3551. — 5 Vilruv. De arch. VIII, 6. — G Voir geodesia,
t. II, p. 1519. — 7 Voir par exemple dans l’édition de Vitruve de la collection
Panckoucke, trad. Maufras, t. II, p. 295, la restitution proposée et qui n’emprunte
rien au niveau d’eau : elle consiste essentiellement en une pièce munie d’un anneau
en haut et alourdie à la base par une masse pesante de manière que, suspendue,
elle reste toujours verticale, et qui porte une planchette fixée d’équerre, de manière
à indiquer le plan horizontal. L’édition de Vitruve de Rode avec commentaires et
figures (Berlin, 1800-1801) renvoie à une planche pour le chorobate (p. 195), mais
non pour la libra. M. Blümner, dans sa Technologie u. Terminol. d. Gewerbe u.
Künste, t. II, p. 237, n. 1, se borne à indiquer d’un mot que la di Optra, la libra
aquaria et le chorobates appartiennent plus à la géométrie qu’à la technique.
— 8 Forcellini-De Vit, Lexicon , s. v. libra , 7. La distinction est au contraire
faite à l’article fossa, t. II, p. 1321, mais, d’autre part, la libra y est confondue
avec la dioptra. — 9 Hultsch, Griech. u. rom. Metrol. 2e éd. p. 144 et suiv. ;
II. ISissen, Griech. u. rom. Metrol. ( Handb . d. kl. Altertumwissensch. d’hvan
Muller, t. I, G, p. 833-914), p. 870-871. — 10 Mommsen, Hist. rom. trad. Alexandre,
3e éd. t. I, p. 274. — il Fragm. kcçc T«>.àv-cwv, Metrologici script, éd. Hultsch,
t. I, p. 270. — 12 Etymol. XVI, 25, 20. Voir encore le tableau des poids contenu
renferme en elle tous les autres poids 12 „ j . ,•
t-il, comprend douze onces et est regardée c
du poids parfait parce qu’elle est composé !6t4
d’onces que l’année de mois13. » Il dévelo ^ .d'autant
même idée en montrant comment libra <r :ull°Urs h
plus générale s’applique à tout entier formlT i^l
parties. « L’année qui se compose de douze " .d°Uze
être dite libra. Le jour équinoxial sans la ni|p°1S peut
pondante, qui se compose de douze heures <j°rres'
être appelé libra. La livre en effet, dans l’évaluafi ^
poids, de la mesure des arbres, de la surface du"^ ^
la taille de l’homme, peut s’entendre des diverses i "° ’ ™
formées du nombre duodécimal u » il r(sa„i't nfures
i . . i 11 faillie de m
observations que le mot pondus lui-même pourra être
comme équivalent de libra , d’où dupondius pour le p? '
de deux livres 1S, et surtout qu’il y aura équivalence entre
libra et as'6, qui représente dans le système duodécimal
adopté par les Romains, l'unité supérieure par rapport
à l’unité inférieure ou douzième qui est l’once11 J
Les multiples de la livre, par suite de cette équivalence,
en dehors du dupondius dont nous avons déjà parlé sont
désignés par la combinaison du mot as avec les différents
noms de nombre, tressis jusqu’à nonussis, decussis, U-
cessis, tricessis jusqu’à centussis 18.
Les divisions, d’autre part, sont, avec l’once, lessui
vantes :
deunx
= 11/12
dextans
<3^1
-H
cT
II
dodrans
= 9/12
bes
= 8/12
septunx
= 7/12
semis
= 6/12
quincunx
= 5/12
triens
= 4/12
quadrans 1
19 = 3/12
sextans
— 2/1220
Il y faut ajouter la sescuncia, ou une once et demie,
soit le 1/8 de la livre21. De ces désignations, les unes,
comme semis, trions, quadrans , sextans, indiquent des*
fractions de la livre, la moitié, le tiers, le quart, lel
sixième; d’autres, comme bes, septunx , quincunx,
cuncia, des multiples, soit sans référence a une unitej
spéciale, comme bes qui est simplement pour bi-as, deuq
unités, en réalité deux fois le triens32. soit par iaPP^ I
à l’once, septunx, quincunx, sescuncia ; d autres, en M
une soustraction, deunx, soit la livre moins une °nC >1
dans un manuscrit de Modène ( Metrol . script ■ t- If P- 1 / u^ct 1
quasi libéra eo quod liberaliter pondéra cuncta contint ni - ^ 13 Varr.
— 13 Ibid. I. c. — r, Isid. Excerpta, Metrol. script A- H. P-
De ling. lut. 5, 169: dupondius a, duobus ponderibus, î«0( ^ même Isid.
assipondium dicebatur , id ideo quod as erat libia po" t 169) : mais
Etymol. XVI, 25, 3. — l« Varron fait venir as de aes ( De ling ^ p01ff ia
pour les métrologistcs l’as est avant tout, comme nous de w*4’ *'
livre, l'unité : quidquid unum est assim ratiocinatores vocan ^ p, 60),
Metrol. Script, t. II, p. 72) ; de même Volusius Maecianus,^ g (.1
Priscianus, 10 (Ibid. p. 83), Victorius, i (lbal. P- quadrans saPP8|l
p. 144. — 18 Varr. I. c. Hultsch, O. I. p. 145. — ° . jlaecianus, |J
aussi teruncius : Varron, De ling. lat. V, 169, cf. _ 20 V'oir lcs tableau*!
( Metrol . script, t. II, p. 70) et Cic. Ad Attic. 7, ^ $>«!.
donnés par Letronne, Préc. du syst. des mes. des rl ’ , Hullscb,
sér. III, Archiol. et philol. t. I, p. 118-134), P- * HW*!
p. 148; Nissen, Griech. u. rôm. Metrol. p. 848 ! _ “ suiv., Colum- »e I
par Hultsch, notamment à Varron, De ling. lat. V, h pL^janus, De & ' "L
rust. V, 1, Volusius Maecianus, I, Ulp. Digest. 28, , - ’ 144, n- **' J
10 et suiv., etc. - « Hultsch, O. I. p. 145, n. 2. ' “ /4$ £ expiai
11c rejeter l’explication do Varron, De ling . lai- »
Inc ancinnno nps nar
Jnran/n tfipilt.P.
LIB
— 1231
LIB
nur desextans, soit la livre moins un sextant,
f!,ant’ P,nr dequadrans , soit la livre moins un qua-
4°dranSr, ^subdivision peut être poussée plus loin en
drans ■ ^ ■ ponce ene.même pour unité, sub¬
prenant à son wl
division qui d°nne :
,emuncia=l/ï d'once=l/24 delivre
nclitus =1/1 d’once = l/48 de ivre
,alub =1/6 d'once = 1/72 delivre
I- "Tripîhm =1/24 d’once= 1/288 de livre-,
peutse compléter par les binae sextulae= 1/3 d'once
l livre et la dimidia ssxtula = 1/12 d'once =
1/144 de livre2.
I Les signes les plus ordinaires employés pour designer
ces poids sont :
deunx
s==-
d ex tans
s = =
dodrans
s= —
bes
s =
septunx
s —
semis
s
quincunx
# = —
triens
~ — :=
quadrans .
= —
sextans
—
sescuncia
2 —
uncia
—
semuncia
2
binae sexlulae
SS
sicilicus
3
sextula
S
dimidia sextula %
scripulum
3 3.
I aeQ es^ fuU notamment usage dans les marques pon¬
dérales qu on avait coutume d’inscrire sous la vaisselle
, daigent, comme le trésor d’IIildesheim par exemple 4 ou
celui de Boscoreale 5.
B Pa COnüex>on avec le système grec, enfin, introduit
encore sous l’Empire la drachme. = 1/96 de livre, l’obole
i inf/- su d>lllutn = 1/576 de livre, et comme division
nu e i- hait us = 1/8 d’obole, qui à partir de Constan-
Sn tmtplace à la siliqua = 1/3 d’obole 6.
Ko de ia !ivrc roinaine’ au p°int de yue
d'pïflmî*^ , s assez obscure, et ce n’est pas ici le lieu
rL'jW ! ' llieories fort abstraites qui ont été pro-
psqUl.uT°nS Seulement clu« POm- M. Ilultsch, qui
Ion avec l'i" U'IU S 6Sl occuPê de ces questions, le rap-
1;anciennetén,]r"<l atl.1,IUe ne Paraît Pas douteux, quoique
mettre ipi j] • ' lvre romaine ne permette pas d’ad-
®,îil Plutôt'' la moiUtf8 Te<> de ,.'m* * ra"lre ’• La livre
tienne proi,. „ .• , , ‘ K o une mine commerciale phéni-
pv 1 ce liés bonne heure en Italie comme en
J |W- P- 145. _ 2 j. . .
»! I, n II. “ Juict. I) 1 4.7 O ,T .
t Wvi ,8’ Pour in„i , ' 'oir e lobleau donné par Ilultsch,
ÏZ "'/P- YTianUiS’ m'- P- >«-.47. _ ! Philologue,
(i„ Cali fondation p. ’ ’ P' «9- — ■> Héron de Villcfosse, Le Trésor de
!' r,i"’ %' « ; 88, B l ;ô C et mém- V), p. 4.-83, lig. 6 ; 02, fig. .4 ; 84,
- .J®!, «• - » ViZ?- *>• ««• . »• %■ »
l- UI. p. l8f , 'lrb- r- d- kl. Allert r ,/ P; 151 ■ - *lbid- p- '52.
■oci/10i ’ l;’1' Voir aussi r „i ’ 'escb- tL Litt, u. für Paedagog. 1899,
"T '™ C1 Ci-‘U«nI P trnU’ Uu VIU° Congr. des Orient, é
" ' ~ « Hultsch, p. 157. — Il Ibid. p. 158.
Grèce et qui, à Athènes, aurait été dans la suite mise en
relation avec le système établi par Solon 8. M. Ilultsch
a même été plus loin et s’est efforcé de retrouver la
source d’où découle la livre dans de très anciens étalons
babyloniens et égyptiens 9.
Il résulte en revanche, d’une manière à peu près cer¬
taine, des pesées qui ont été faites, tant d’après des poids
les mieux conservés possible, comme des exemplaires en
serpentine'0, que surtout d’après des monnaies toujours
plus exactes11, que le poids delà libra était très approxi¬
mativement de 327 grammes et une fraction. Letronne,
en particulier, a eu le mérite de déduire cette évaluation
de la pesée comparée de 27 monnaies consulaires et de
27 solidi de Constantin12, et ce sont ses calculs, repris
avec une très légère modification par Büekh13, qui ont
conduit à la valeur proposée par le savant allemand14
et universellement adoptée de 327 gr. 45 pour la livre
romaine 1?.
Y. Mesure agraire usitée dans la Narbonnaise et dont
nous ne savons rien, sinon que dans cette province la
mesure de surface était appelée par les uns libra , par
les autres parallela 16.
VI. Mesure de capacité employée en particulier pour
l’huile. Suétone parle quelque part d’une distribution de
dix librae d’huile par personne que fit faire César17. Il
pourrait, sans doute, s'agir de dix livres en poids, et il est
bien certain que le nom de libra , donné à la mesure de
capacité, vint du rapport établi avec la livre; mais,
d’autre part, Horace, dans une de ses satires, fait allusion
à la coutume où l’on était à Rome de vendre l’huile dans
des mesures en corne18, et un passage d’un traité de
Galenus nous apprend précisément que ce sont elles qui
constituaient la XGpa, équivalent du latin libra , qu’elles
portaient tracée une division en douze parties du nom
d’onces, et il ajoute qu’il a voulu savoir quel en était le
poids19. La libra d’huile était équivalente en volume à
Yhemina 20 [hemina]. E. Michon.
LIRRARHJS. BiSXioypâcpo;, copiste; (}tëXio7ci6X7]ç, libraire.
— Pour bien comprendre ce que furent pendant toute l’an¬
tiquité classique la publication et le commerce des livres,
il faut commencer par oublier les habitudes et les lois aux¬
quelles la librairie a été soumise chez les peuples mo¬
dernes depuis l’invention de l’imprimerie. Le seul fait
de confier son ouvrage à un éditeur atteste de la part
d’un auteur la volonté formelle de le publier; elle est
constatée par un traité établissant entre l’un et l’autre des
obligations réciproques auxquelles sont attachés certains
droits; il y a donc une différence essentielle entre une
copie manuscrite et un livre imprimé; sauf de rares
exceptions, un imprimé est fait pour la vente, ou du
moins pour la publicité. Chez les anciens, une copie
destinée à rester la propriété d’un particulier pouvait ne
se distinguer en rien d’une copie destinée à être mise en
circulation, et il y avait dans la publicité tant de degrés
qu’on pouvait avoir de la peine à décider où, quand et
— 12 Letronne, Consul, g en. sur l’éval. des mon. gr. et rom. p. 4 et suiv
— 13 Letronne avait procédé dans chacune des deux classes de monnaies par
groupement d’un certain nombre d’exemplaires de même valeur ; Bockh fait inter¬
venir chaque exemplaire individuellement. — 14 Bôclsh, Metrol. Untersuch. iib.
Gewicht, Munzfüss. u. Masse d. Alterth. p. 105. — 15 Hultsch, O. I. p. 101.
— 10 Hygin. De condic. agr. p. 122 ( Metrologici Script, éd. Hultsch, t. Il, p. 60).
— 17 Suet. Caes. 38. — 18 Horat. Sat. II, 2, 61. — 19 Galenus, De compos. medic.
III, 13, VI, 13 (Metrol. script, t. I, p. 213, 217) ; cf. Ilultsch, p. lit, n. 1.
— 20 Ibid. p. 120.
IJ B
1232 —
LIB
comment elle avait commencé pour certains ouvrages. Il
est probable que dans les premiers temps de son histoire
le livre n était pas un article de commerce ; on copiait
soi-mètne ou on faisait copier dans sa demeure les
ouvrages qu on voulait avoir sous la main ; nous voyons
encore, chez Xénophon, Socrate s’étonner qu’Euthydème,
grand amateur de livres, possède un Homère complet1.
L esclavage fournissait du reste aux gens aisés un moyen
commode de monter leur bibliothèque sans bourse délier ;
une des principales tâches des esclaves lettrés ( servi
l itterati ), a toutes les époques, fut de reproduire des
manuscrits pour leur maître ; c’était là le procédé le plus
répandu et le plus simple. Lorsque le roi Antigone Gona-
tas voulut se tenir au courant de l’enseignement du
fameux stoïcien Zénon, son contemporain, il crut ne
pouvoir mieux faire que de lui envoyer à Athènes des
copistes chargés de recueillir ses leçons par écrit et de
les expédier aussitôt en Macédoine2.
Cependant un jour arriva où des gens habiles à repro¬
duire les manuscrits eurent l’idée d’en faire trafic. Dès
lors, il y eut des copistes ([hêAioypacpoi), qui furent en
même temps libraires ([LêAcoTraXai). C’est à peu près vers
la fin du gouvernement de Périclès que ces marchands
apparaissent à Athènes pour la première fois; ils avaient
leurs magasins surtout à l’agora; les lettrés y fréquen¬
taient volontiers ; on y faisait même des lectures à haute
voix, qui attiraient les curieux et achalandaient ce quar¬
tier savant3 : ce fut pour avoir entendu lire à la porte
d’un libraire le second livre des Mémorables de Xénophon
que Zénon sentit s’éveiller en lui sa vocation philoso¬
phique4. Athènes était à coup sûr le grand centre où on
venait depuis la fin du Ve siècle s’approvisionner de
livres; de là le commerce les portait dans les grandes
villes du monde hellénique, où ensuite on les multipliait
par la copie s. Pourtant ce mouvement d’exportation se
produisit avec une certaine lenteur; on sait comment,
après le désastre de l’expédition de Sicile, en 413, certains
Athéniens prisonniers à Syracuse durent leur liberté aux
vers d’Euripide qu’ils apprirent à leurs vainqueurs; le
grand poète était alors dans tout l’éclat de sa gloire et
cependant les Siciliens n’avaient pas encore pu lire tout
ce qu’il avait écrit, malgré l’admiration que leur inspirait
son génie e. La fondation d’Alexandrie et les travaux
critiques poursuivis par ses fameux bibliothécaires durent
avoir pour effet d’étendre et de régulariser le commerce
de la librairie; grâce aux Ptolémées, on eut désormais
dans cette ville un vaste dépôt de manuscrits bien établis
et bien classés, d’où l’on pouvait en tout temps tirer des
copies sûres des textes anciens: Alexandrie fut pendant
de longs siècles la métropole de la librairie hellénique.
A Rome, l’histoire du livre passa au début par les
mêmes phases qu’à Athènes. Même quand il y eut une
littérature latine, les ouvrages les plus estimés durent
être multipliés d’abord par l’initiative individuelle des
l innAIU US. 1 Xen. Mon. IV, 2. 10. — 2 Diog. Laert. VII, 36. Voir encore Plat.
Prot. 325 E; Phaedr. 67 c ; Apol. 26 D ; Aristopli. Av. 1288 ; Xen. Mem. I, 6, 14;
IV, 2, 10 ; lsocr. XIX, 5 ; Athen. IV, 164 b, c ; Plut. Aie. 7 ; Lucian. Adv. induct. 9 ;
Diog. Laert. V, 73; Boeckh, Staatshaush. d.. Athen. 12,08. — 3 Poli. VII, 211;
IX, 47 ; Athen. III, 126 E. — 4 Diog. Laert. VII, 2. — 5 Xen. Anab. VII, 5, 12;
Suit). Xofoi G".v 'EfniSujo; È^T:og£'j£Tai ; Cic. Ad Att. XIII, 21, 4; Diog. Laert. Vil, 31;
Dionys. Halie. De lsocr. 18. — 6 Plut. Nie. 29. — 7 Corn. Nep. Alt. 13 ; Birt,
p. 345 et suiv. — 8 Cic. Ad Att. IV, 8 a, 2 ; XIII, 44, 3 ; 30, 2. — 9 Cic. Ad Qu. fr.
IH, 4, 5 et 5, 6 ; Ad Att. V, 2, 8 ; 5, 3 ; XI, 2, 3. — 10 Donat. Vit. Verg. ap. Suet.
62 Reiff. — U Strab. XIII, 609. —12 Cic. Ad Qu. fr. III, 4, 5 ; 6, 6 ; Ad AU. Il, 1,
12; XIII, 23, 2; Hor. Ep. II, 3, 354 ; Strab. XIII, 609 . Tit. Liv. XXXVIII, 55, 8
lecteurs; le librarius n’était qu’un COpisle
sous les ordres et pour l’usage d’un pariic,,]- ,'aVaiIlant
plus souvent il était l’esclave. De grands ' ,'<:r’ d°ntle
des lettrés usaient encore largement de C(T' S°nnages,
reproduction au temps de Cicéron. « Altie"'^1116 de
biographe, avait beaucoup d’esclaves très j n's t ^ S°n
lecteurs (anagnostae) habiles et un grand m' deS
copistes ; il n’était pas jusqu’à ses valets de 7!'! . de
fussent en état de lire ou de copier au besoin ^ ^
’> La
plupart de ces copistes privés, à en juger parleur J
■ Jntaeus,
1Y,ns ou
étaient des Grecs, commeDionysius/Menophilusln"01118'
Pharnaces 8 ; tels encore le Chrysippus de Cicéro
l’Eros de Virgile10. Cependant certains librani avai tl
ouvert des magasins et vendaient les manuscrits coT '
par eux ou par leurs serviteurs; de là vient que le Ü
de librarius a gardé jusqu’au bout un double sens Au
temps d’Auguste, Rome était après Alexandrie le princp
pal marché pour le commerce des livres11. Mais W
amateurs n’étaient pas toujours satisfaits des textes qui
sortaient de ses officines12; ils préféraient beaucoup les
exemplaires établis sous la surveillance des particuliers
parce qu’ils avaient été copiés sur de meilleurs modèles et
corrigés avec plus de soin 13. Atticus eut l’idée d’exploiter I
pour en tirer profit la supériorité de ses esclaves, et on
vit alors ce riche personnage organiser chez lui, sous sa
direction, de véritables ateliers de copie; c’était une ma¬
nière comme une autre de faire valoir sa fortune, une des
nombreuses formes que pouvait prendre la main-d’œuvre
servile. Non seulement Atticus reproduisait les ouvragé
anciens, mais il en publiait de nouveaux; Cicéron le
choisit comme éditeur de plusieurs des siens; Atticus les
faisait reproduire chez lui à un grand nombre d’exem¬
plaires et s’occupait ensuite de les placer ; son ami le
félicite dans une lettre d’avoir très bien vendu le pm
Ligarioi'\ Il se chargeait enfin de faire acheter au loin
par ses correspondants les livres dont ses amis de Borne
pouvaient avoir besoin et de compléter leurs biblio¬
thèques ls. On ne saurait affirmer qu’ Atticus ait été le p J
mier ni le dernier, parmi les Romains de la haute classe,
qui ait exercé ce négoce; mais il est resté célèbre entre
tous ; il a dû contribuer beaucoup, par son exemple et paf
la concurrence qu’il a faite aux libraires de profession. J
à rendre le public plus difficile, les copistes plus atten |
tifs et plus soigneux. un
En général, quand un auteur venait de h Ylüim^ i
ouvrage et qu’il se proposait de le publia i - -j ^ ^
edere, emittere, vulgare , divulgare , pubhmu ^ 1
remettait entre les mains cl’un éditeur, ànudimi11
> maison.
les moyens de le faire reproduire dans sa lllol" ^ ne
C’était pour l’éditeur un devoir de consi " ]aU.
communiquer l’ouvrage à personne sans I >1' -j n’y
teur et avant le terme fixé par lui11 ; ‘ "..'jj-e, cette
avait aucune loi qui protégeât la propriété i ® ffleDt
' /ait trequc
garantie fut souvent illusoire; d arm
Hicron.
EP-
a, 4i
17, «i
l; A
Galen. XVIII, 2, 630; Mart. II, 8; Aul. Oeil. VI, 20, • ■■ ^
— 13 Cic. Ad Fam. XVI, 22, 1 ; Athen. XIV, 620 A ; ; cf j|,
Lucian. Adv. ind. 4. — 14 Cic. Ad Attic. XII i ’ . . Aiticv* ,
C, 3; 40, I; 44, I. Voir Boissier, Op. eit ■ P- c j3;
archéol. n. a. VII (««. *\\ 7i 10
134; Birt, p. 348. - «Cic. Ad AU. b t»,, à «U* J1*
2 — ic Sur les libraru de | y; le}- ' ,
*, /■•«-. XVI, «.«nïî*. . »S
— n Cic. Ad Att. XIII, 21, 4; XIV, 17, 6 ; XV, a, 5, * * _ pirm j|at. M1' j
or., Epist. ad Tryph. I, 2 ; Plin. Ep. I, 2, 1 et 5 .
p.eror.
de Cicéron, dans la Itev.
ses amis, p
1, 12; IV, 46; 5, 3, 8 a,
voir Cic. Ad Att. XIII, 21
LIB
— 1233 —
. (rétre mis en circulation par la
que l’ouvrage’eaJe l’auteur, recevait une demi-publicité,
^0DtéeSueureûtmanquédeloyauté;
X et de délicatesse,
soiique101"' - ,
s" L i» f»»ie v,nl
de quelques amis infidèles, soit
que 1 ème eût répandu autour de lui
enllnqUC nn s seulement pour tâter l’opinion *. H y a
quelque copies sont ainsi reslés connus par
des exemples de laireg pendant plusieurs années
uu petit ii°m u j»gCevoir définitivement une publicité
de suite avan • ■ raig()ns pour lesquelles il est si
Vî!ta! ^déterminer avec précision la date qu’il faut
dlll'C1 nremière édition de certains ouvrages
asslgnei> ;l2 ‘0n admet en général que les droits d’au-
I Sent point dans l’usage 3 ; par conséquent, si
t6U n écrivain était publiée sans son aveu, sa
‘^hüon pouvait en souffrir, mais non pas son intérêt.
■ endant il faut bien convenir aussi que la réglé devait
Ce^:';er de8 exceptions ; quoique la question soit pour
E pleine d’obscurité, certains faits nous porteraient
plutôt à croire que l’auteur en certains cas devait etre
Lé - bien souvent le possesseur d'un manuscrit exigeait
une redevance, quand on le lui demandait pour le copier - ;
I n’est-il pas naturel de supposer à plus forte raison que
l'auteur d’une œuvre inédite se faisait payer pour la com¬
muniquer 3 ? Quelquefois il avait contribué à la dé-
Bpense3; est-il vraisemblable qu’il ne fût pas intéressé
dans la vente ? En un mot, les conventions particulières
devaient jouer un grand rôle dans les rapports mutuels
entre l’auteur et l’éditeur. L’abse-nce d’une réglementation
fixe entraîna évidemment beaucoup d’abus : quelquefois
l’auteur, voyant circuler partout sous son nom des livres
où sa pensée était défigurée, fut obligé, beaucoup plus tôt
qu’il ne l’aurait voulu, d’en donner lui-même une
édition1. D’autres fois, comme la propriété n’en était pas
plus garantie à son éditeur qu’à lui-même, des copies
incorrectes, faites à la fois sur de mauvais modèles, sor¬
taient de plusieurs officines concurrentes 8 ; il faut y
ajouter les falsifications, très communes dans l’antiquité ;
la cupidité des libraires est certainement une des princi¬
pales causes qui nous ont valu tant d’œuvres apocry¬
phes3. On ne sait pas trop quels étaient les moyens
légaux de contenir et de réprimer la mauvaise foi 10. Mais
il faut dire aussi que la plupart du temps l’éditeur avait
intérêt à ne pas mécontenter l’auteur, celui-ci restant
■ toujours libre de porter ailleurs son œuvre revue et mo-
| ifiée, et par suite de déprécier du jour au lendemain la
Première édition11.
B-H nest pas aisé de distinguer parmi nos manuscrits
■jaques ceux qui ont été copiés pour l’usage privé12 ;
■pouitani on peut présumer que dans les exemplaires faits
la ;eilte, 1 écriture et tout l’appareil extérieur
vin ni eh e plus réguliers, plus soignés, plus conformes
| ne li adilion apprise par une longue pratique du
% 'LL P‘ DEîCic- Ad AtL HI> lâ, 2; 15, 3; XII, 1
1 :Galen; XIX>p- 10- KDhn- 2
de
Ma,
, 1 ; XIII, 21, 4 ; Hicron.
L 'Institutio oratorio,
ircellus (Qn iniu ' ' °ar'ul Ppès deseptans après avoir été dédiée à Victorius
essa!Ne prouver , ^ or''Ep.ad Tryph. 1,2); Dzialzko, Untersuch. p. 169, a
‘l»c morceau par !n0r"'''*U * ' 50 aV' ^es Poèmes d'Horace n'ont été connus
réunis cl publiés lui oau* oi tO'ace à des copies privées; à cette date, il les aurait
composée l'Epist \ jq ' C CS' 1>oup colle première édition collective qu'aurait été
B6 contraire. Voir P’n« . ,, "ar3' tH, 38; XI, 3, G; Gai Instit. Il, 77, ne prouventpas
"“cWandcI, p. R“° Mart- v’ 10 et 25 ; XI, 108 ; XIV, 219 ; Goell, Ueber den
P> 1 ; Au|. ; ^ H, P- 452 ; Birt, p. 354. — 4 gen. De benef.
7'‘ tk'A<lAtt, XIII o- 5’ U' ~ SSuet’ ûe gramm. 8 ; Plin. Ep. III, 5, 17.
i“inlitDsi.o,..'|i' 3- - 1 Diod. V,p. 186 Dind. ; Ovid. Trist. III, 14, 19;
■ 1 ’ u>6, 68; Galen. II 216 7c; Ilieron Ep. 49.— 8 Galen. II,
métier. A ne considérer que nos papyrus, il faut d’abord
mettre à part les papyrus non littéraires ; ceux-là évidem¬
ment ne viennent point du commerce. Parmi les papyrus
littéraires, il y a lieu aussi de distinguer ceux qui sont
opisthographes ou palimpsestes [liber] ; à supposer que
la première écriture ait été celle d’un copiste travaillant
pour le public, il ne saurait en être de même de la
seconde. Dans notre exemplaire de la Politique des Athé-
• tiiens par Aristote, le texte est écrit au revers des
comptes d’un fermier ; il est clair que le volumen , dans
son second emploi aussi bien que dans le premier, n’était
pas destiné à la vente13.
Lorsque l’auteur ne pouvait surveiller lui-même la
publication de son livre, il en chargeait un ami. Celui-ci,
d’accord avec l’éditeur, collationnait les copies sur le
manuscrit autographe et s’assurait de leur correction v\
Sans parler des ouvrages posthumes, dont VÉnéide est
le plus fameux exemple, il est arrivé souvent aussi que,
pour répondre aux demandes des libraires, des ouvrages
publiés séparément par un auteur fussent après sa mort
réunis pour la première fois et que l’édition complète
subît, à cette occasion, une recension nouvelle liJ.
La censure a existé à toutes les époques de l’antiquité
classique10 ; elle frappait aussi bien 1 auteur que le livre.
Le plus ancien exemple connu est celui du sophiste Pro¬
tagoras condamné en -411 à être banni d’Athènes pour
avoir professé l’athéisme ; tous les exemplaires de ses
écrits qu’on put retrouver furent confisqués et brûlés
sur la place publique11. Sous l’Empire romain, cette
institution est souvent mentionnée. Auguste, nommé
grand pontife, fit brûler plus de deux mille volumes de
prédictions, écrits en grec et en latin, dont les auteurs
étaient anonymes, dit Suétone, ou peu recommandables ;
il ne réserva que les oracles sibyllins, et encore en fit-il
un choix18. Caligula, dans sa démence, bannit des biblio¬
thèques publiques les œuvres de Virgile et de Tite Live,
et peu s’en fallut qu’il ne fit subir le même sort à
celles d’Homère19 . Mais ce furent surtout les écrits des
stoïciens qui excitèrent les colères des empereurs du
Ier siècle20. Il semble que d'ordinaire le livre était con¬
damné par sénatus-consulte à être détruit [aboli tus) ; on
le brûlait solennellement sur le forum devant les
triumviri capitales ; la peine appliquée à l’auteur
variait suivant la gravité du cas. Les copistes eux-mêmes
n’échappaient pas toujours; Domitien ayant fait périr
Hermogène de Tarse, auteur d’une histoire où on avait
vu des allusions satiriques, ses copistes furent mis en
croix21. Dans les premiers temps du christianisme, les
livres saints furent quelquefois condamnés au feu par
ordre des empereurs; l’Église triomphante exerça à son
tour les mêmes rigueurs contre les livres des païens et
des hérésiarques22.
Plusieurs écrivains nous ont conservé les noms des
216 ■ XIX, 9 ; Diod. I, 5, 2. — 9 Galen. XV, 9, 109 ; XVI, 1 ; XIX, 9 ; Lueian. Pseudol.
30 ; ' Adv. ind. 4; Schol. Aristot. p. 2S Brand; Son. Controv. pr. 11 ; Quintil. VII,
2 24- Mari. VII, 12, 5 ; 72, 12; X, 3, 5; 33, 5 ; Becker-Goell, Charikles, II, 172 ;
Peerlkainp, praef. ad Horat, p. vin. — 10 Une injuriarum actio d’après Dzialzko,
Ithein. Mus. XLIX, SCO, — 11 Cic. Ad AU. XII, 6, 3 ; XIII, 13, 1 ; 21, 3, 4; XVI, 6,
4; Quintil. Inst. or. 111, 6, G4 ; Diod. V, p. 186 Dind.; Polyb. XVI, 20, 7.
_ 12 Djiauko, Untersuch. p. 152 et suiv., a tenté le premier ce classement ; ce
sont ses conclusions que nous résumons ici. — 13 Voir d'autres exemples dans
Dzialzko, p. 153. — « Plin. Ep. I, 2, 1 ; 5, 8, 2 ; Ovid. Trist. III, 14, 5, 9, 15, 19.
— 13 Dzialzko, Buchhandel, col. 909, 7, et 979, 55. — 10 Birt, p. 367 et 507.
— 17 Diog. Laert. IX, 52. — 18 Suet. Ocl. 31. — 19 Suet. Calig. 34. — 20 Suet.
Tib. Cl ; Tac. Agric. 2 ; Plin. Ep. Vil, 19, 6. —21 Suet. Dom. 10. — 2‘2 Exemples
dans Birt, p. 369.
LIB
— 1234 —
LIB
libraires de Rome qui furent célèbres au temps de l'Em¬
pire ; ainsi, sous Auguste, les Sosie ; leur magasin se trou-
^ ait au vicus 7 uscus , a 1 endroit oii cette rue débouchait
sur le forum, près d’une statue de Vertumne 1 ; à la fin
du i" siècle, Tryphon, éditeur de Quintilien2; Atrectus,
au quartier d’Argiletum 3 ; Secundus, der rière le temple
de la Paix et le temple de Minerve 4 ; C. Pollius Valeria-
nus, éditeur de Martial 5. Un certain Dorus, qui vendait
les ouvrages de Cicéron et de Tite Live, est cité par •
Sénèque G. Comme cette énumération suffirait à le prou¬
ver, les principales librairies ( tabernae librariae) s’ou¬
vraient sur les places publiques ou sur les rues adjacentes ;
il y en avait au forum romain ‘, au forum de Jules
César8, au vicus Sandaliarius 9, aux Sigillaria10. Des
annonces et des exemplaires à vendre garnissaient du
haut en bas la devanture et les piliers voisins11 ; à l’in¬
térieur, les lettrés et les curieux se réunissaient pour
prendre connaissance des nouveautés, au milieu des
boites ( capsae ) et des cases ( nidus ) remplies de livres12.
La librairie avait déjà pris assez d’extension à Rome
a la fin. de la République, pour que les ouvrages en
langue latine fussent exportés au dehors ; Cicéron con¬
fiait à Atticus le soin de répandre ses écrits à Athènes et
dans les autres villes de la Grèce13. Ceux des grands
poètes du temps d’Auguste, aussitôt publiés, étaient lus
dans tout le monde civilisé14. Cependant on ne vitqu’assez
lentement les libraires s’établir à demeure dans les villes
de province; au temps de Trajan, Pline, informé par un
ami qu'il y en avait à Lyon, manifeste un certain éton¬
nement, et Lyon était la plus grande ville d’une province
depuis longtemps latinisée ls. La plupart des livres à
vendre étaient donc expédiés directement de Rome; les
libraires de la capitale ne se faisaient même pas faute
de réserver pour les clients de province les vieux exem¬
plaires maculés : un Horace défraîchi pouvait encore se
vendre en Afrique ou en Espagne16. Mais à partir du
ne siècle les provinces latines, devenues sans doute
plus difficiles, eurent aussi leurs librairies et les échanges
de l’une à l’autre devinrent plus actifs11.
Les prix des livres18 variaient, naturellement, suivant
le format, la qualité de la matière première, la beauté de
l’écriture, etc. Nous sommes embarrassés même pour
établir un prix moyen , car il a dû aussi varier beau¬
coup d’un âge à l’autre. Nous savons qu’en 407 av. J.-C.
deux feuilles de papyrus coûtaient à Athènes 2 drachmes
4 oboles, soit environ 1 fr. 25 la pièce [papyrus]19, ce
qui porterait à 26 drachmes 4 oboles (25 francs) le prix
d’un rouleau de vingt feuilles [liber]. Mais les calculs
l Hor. Epist. I, 20, 1, et Porphyr. ad h. I. ; Ars poet. 345; Jordan,
Topogr. d. St. Rom. J, 2, p. 217, n. 1. — 2 Quintil. Inst, or., Ep. ad
Tryph. 3; Mart. IV, 72, 2; XIII, 3, 43. — 3 Mart. I, 117, 8. — 4 Mart. I, 2.
— 6 Mart. T, 113. — 6 Scn. De benef. VII, 6, 1. — 7 Cic. Phil. II, 21. — 8 Mart.
I, 117, 10. — o Aul. Gell. XVIII, 4, 1 ; Galen. XIX, 9. — 10 Au). Gell. II, 3, 5 ; V,
4, 1. — H Hor, Sat. I, 4, 71 ; A rs poet. 372 ; Mart. I, 1 17, 11 ; Aul. Gell. V, 4, 1 ; IX,
4, 1. — 12 Aul. Gell. V, 4, 1 ; XIII, 30, 1 ; XVIII, 4, 1 ; Stat. Silv. IV, 9, il ;
Mart. I, 117, 15 ; VII, 17, a ; Birt, p. 356 et suiv. Fausses inscriptions de librarii ,
Corp. inscr. Int. VI falsae, 1501*, 3005 *, 3413 *. Prétendu magasin de libraire à
I'ompéi ; Fiorelli, Dcscriz. di Pompei , p. 40 et suiv. ; Mau, Bull, dell’ Ist. 1874,
p. 253; Egger, Journ. des savants, 1881, p. 404 et suiv. — 13 Cic. pro Sull. 42 ;
Cic. Ad Att. II, 1, 2; Calull. 95, 5. — 14 Hor. Ars poet. 345 ; Garni. II. 20, 13 ;
Ovid. Trist. IV, 9, 19; 10, 128 ; Mart. I, 1,2; III, 95, 7; V, 13, 3 ; VII, 18, 1 ;
VIII, 3, 4; 01, 3, 5; X, 9, 3 ; XI, 3, 5; XII, 4, 3. — 13 Plin. Ep. IX, 11, 2 ; cf. Aul.
Gell. IX, 4, 1 ; Sulp. Sev. Dial. I, 23, 3 ; Birt, p. 302. — 16 Hor. Ep. I, 20, 13 ; Cat.
95, 7; Mart. III, 2, 2; Auson. 34, 1. — 17 pijn. Sulp. Sev. I. c. — 18 Friedlaender,
Darstellung d. Sittengesch. Roms, 1115, p. 371 ; Birt, p. 83. — 19 Corp. inscr. ait.
I, 324. — 20 Stat. Silv. IV, 9, 7. —21 Mart. I, 117, 15. — 22 Mart. XIII, 3, 1. — 23 Cic.
De leg. açr. Plin. H ist. nat. VII, 91 ; Di g. L, 0, 7 (6) ; Mart. Cap. 1, 65 ; Corp. inscr.
lat. VI, 0314, 8435, 8450 b, 8882, 9301, 9523, 9524, 9525 ( falsae 3413*) ; X, 4919;
que l’on peut fonder sur ce renseignement
giles, et en tout cas, à supposer qu’jis SOnl lfès fru,
avec exactitude le prix moyen de l -ln 'm7°US d°nnent
certain qu’on n’en peut rien conclure pour y ■ Ü esl bin
térieure, et surtout pour l’époque romaine- p P?que
papyrus a dû subir dans la suite une baisse .J’' epr‘X(1i
Stace envoie à un ami, à l’occasion des ^?nSldéral)le'
petit livre (libellus) de sa composition • il pa f '""'lles’ UH
du papyrus neuf, orner d’un étui de pourpre
umbilici [liber]; ce petit exemplaire soigné
indépendamment du travail de l’auteur U’p,’,esente.
10 as (environ 0 fr. 70) Le premier’ livre L'If
grammes de Martial, « bien ébarbé à la pierre p0 ^
orné de pourpre », se vendait chez le libraire AGectn!
o deniers (près de 5 fr. 40) ; mais l’auteur déclare I
même que c’était trop cher21. On pouvait se proc J
pour 4 sesterces (1 fr. 10), chez le libraire Tryphon 1
livre NUI du même recueil; en le vendant p0ur 9
(0 fr. 55), il aurait encore réalisé un bénéfice21 Ces
exemples suffisent à montrer qu’à la fin du Ier siècle les
livres étaient d’un prix fort abordable, même pour les
bourses modestes.
Le nom de librarii a servi à désigner non seulement
les copistes et les libraires, mais encore les secrétaires
les teneurs de livres et les comptables 23 . Sur leur
condition à tous, on trouvera les renseignements néces¬
saires dans l’article scriba. Georges Lafaye.
LIBRATOR. — 1. Les libralores sont mentionnés deux
fois par Tacite à côté des funditores. Germanicus, dans
un combat contre les Germains, ordonne aux uns et aux
autres de lancer des traits et de mettre le trouble dans les
rangs ennemis1. De même Corbulon, dans la guerre
d’Arménie, place ses libralores et ses funditores sur une
éminence d’où ils puissent envoyer leurs balles2. 11 s'agit
donc, dans ces deux passages, de soldats qui, comme les
frondeurs, lançaient au loin des projectiles en leur im¬
primant un mouvement de balancement.
IL II est également faitmention de libralores militaires
dans une inscription de Rome et dans deux inscriptions
de Lambèse. La première, conservée au Musée du Capi¬
tole, est l’épitaphe d’un certain C. Aelius Aclianus, delai
deuxième cohorte prétorienne, librator^u'istesserarw <
c’est-à-dire chargé de recevoir et de transmettre aua
intéressés les instructions du commandant G
d’ordre qui lui était remis inscrit sur une Lesseï e • *1
avait d’abord supposé que ce librator était un niacliinis
une sorte de soldat d’artillerie de la cohorte4. Les.
inscriptions de Lambèse rendent beaucoup phm 'ialsljH
Il d J)t
XIII, 444. — Bibliographie. Voir celle de i.ibf.r et plus particulii n ni ^ ( |[|)j
librariis et bibliopolis antiquorum, Lipsiae, 1710; (Poleni (nl
J. Bendixen, De poteslate guam apud veteres exhibueunl ' ^ A4
Husum, 1843; De primis qui Athenis extiterunt Aiè/i'V'" (1847),
Schmidt, Geschichte der Denk-und Glaubensfreihei un l _ * g0js5jer,
p. 110; Fr. Schmitz, De bibliopolis Romanis, Saarbruckeu,
riprherr.hps sur la manière dont furent recueillies et pu , Itôsti
Recherches sur la manière dont furent recueillies il pn ^ Qf u,
Cicéron , Paris, 1863; (1. Goell, Lcber den Buchhanib / jAiis |Ulltles su!
Schleiz, 1865 ; Caillemer, La propriété littéraire à Ail" UI1 I
les antiquités juridiques d'Athènes); VV . Schmitz,
Ruchhândler in Athen und im übrigen Griechenlu’1 • rjecker-G0^ > j
Ri lier, Das litterarische Leben im ait en Rom, 1 a°r"jaonnv,
Gallus (1881), t. II, p. 445, Die Bùcherverkaüfer ; " /l/wn(/eI, d °"s
und Ruchhündler im alten Rom 2, 1885 ; Dziatzko, ai I-
s. AUerth. Wissensch
Wissoxxa, Real Encyclopaedie der class.
p. 149, Die Ven
•ôffentlichung
l'nter*
Bûcher «
der
ueber d. ant. Buc/nvesen (1900
Alterthum.
I.lltllATCll. ITac. Ann. Il, 20. — 2 Ibid. XIII, 89 ^ M
pars 1, n» 2454. — 4Marquardl, Alan, des ont. rom. G
saud, p.‘262, n. 5.
,, lat- 1
VI,
3 Corp- jjiil, Bfi*'
LIB
1235
LIB
, ,vait être un employé du génie1, faisant
llable . arpenteur et, comme tel, tirant des
office de geon . ' guiUî) devait son nom à l'emploi de la
/eaux, qUI> I’1 Dang j,une de ces inscriptions, nous
' du défunt, Ubraior de la III0 légion
niv
libre aquaria-
ie 1
Auguste2: mais.
naV0' TP? nais l’autre, qui constitue un document fort
r “gU nous montre dans le Ubraior un véritable
CUT’/des travaux d’aménagement des eaux3. Le
dr llir de Maurétanie avait demandé au légat de
procurater ^ ^ ^ Ubraior, afin de faire cons-
fe u„ aqueduc qui amenât à Bougie les eaux des
ÎL»« voisines ; le vétéran désigne dressa les plans
TSlales deux équipes, qui entreprirent le canal aux
L extrémités de manière à se rencontrer à nu-route ;
K étant tombé malade, il retourna à Lambese ; .1 fallut
bientôt le rappeler pour qu’il réparât les fautes commises
dans l’exécution des travaux maladroitement continués
après son départ4. Les libratores militaires ne se distin¬
guaient donc pas par leurs fonctions des libratores men¬
tionnés dans d’autres passages, comme les lettres de Pline
le Jeune à Trajan, par exemple, où Pline entretient à
maintes reprises l’empereur du désir qu’on lui envoie un
mirât or, pour reconnaître si l’altitude d’un lac de la pro¬
vince est supérieure ou non a celle de la mer et faire exé¬
cuter les travaux de communication3. Il ne semble pas,
non plus, qu’on doive ranger dans une classe différente
k librat or àonl parle Caton dans son traité d’agriculture
comme d’un ouvrier qui ajuste et équilibre bien les parties
d'un pressoir c ; là encore il s’agit d’obtenir le placement
vertical ou horizontal des différentes pièces et le rôle du
librator est toujours d’établir le niveau.
111. Les libratores attachés à l’administration des eaux
sous l’Empire [cura aquaria] semblent, au contraire, avoir
été chargés, moins de comparer les niveaux pour l’éta¬
blissement des conduites, que de surveiller la quantité
deau consommée. Lorsqu’une concession était accordée,
le procurateur des eaux les convoquait afin de leur indi¬
quer le module du calix propre à en assurer la distri¬
bution. Frontin ajoute même que le procurateur devait
^Rndre la précaution de poinçonner ce calix en leur
^Bsence, de peur que les libratores ne pussent arbi-
^w’ement, suivant le degré de faveur des impétrants,
^■prouu'i un calix d’un module plus ou moins élevé 1 .
Ë E. Michon.
■L ^ ~ Nom générique de documents écrits formant
v , 1 constituant les archives de corporations di-
leurs < 0nservaien*' ninsi leurs traditions rituelles,
V "" lds el leur jurisprudence; ou même archives
Lgistrau a ,Sen i1’ de mémoria] et de guides aux
tible d’êt ■ ' "and onveut délimiter la matière suscep-
qlellefuspp?”^ S0US cette rul>rique, on s’aperçoit
il faut r , _h tc aPPe SOus des noms divers, auxquels
'u l’0ur ^es recherches et définitions de
ï«y-c.p.296._.2Cmv
'>*2728. _ s
jtL'i 3; XLII LXn* r°™aine d’AfriQ P- 224. — 5 Plia. Ep. ad. Traj.
„a"n]ni' T°pog. di ’R ' jCat°. D>- re rust. 22. _ 7 Frontin. Aqmed. 105 ;
iJf11' epmr am * ’• fomentarii di Frontino intorno le aeque c gli
“ P- * ° aqUWla Wti d- r. Ace. d. Lincei , ser. 3, Memorie,
u»m. i La (i.f. . .
lai, ni es °u ^lats administràtiCs '* °ml’*ée lo,n° œuvre individuelle, et aussi les
1»clci ^ mais parfois i i . -'m' * ôles de contributions dits généralement
conmir, *U°S titteraru mallnt '' exac^‘0,l‘st censuum, les recueils ou dossiers
«, ! 1 15 Parti«"iers„ S TWm Ubri ■ Cic' rm'- lu- ■». Les « livres de
* nS,)0"^»'ae (,., mais codices (v. g. codex accepti
0me$ticarum). On trouve aussi liber au sens de
CorP- insc>'- tat . t. VIII, pars I, no 2934. — 9 Ibid.
détail. Nous nous servirons de ce mot comme d’une
étiquette historiquement constatée pour circonscrire le
sujet, borné ainsi aux documents de langue latine ou
mentionnés par les auteurs latins sous le titre de Ubri,
suivi d’un qualificatif.
Il convient d’éliminer tout d’abord les sources mal
connues, archives sacerdotales ou civiques, citées de
temps à autre sous le nom de àitoypatpat, àvx ypaoat, stu-
ypaœai, Tr.apoMnjyp.aTa, listes de rois, de magistrats, de
prêtres, de vainqueurs aux jeux panhelléniques, dont les
logographes et chronographes grecs sont censés s’ètre
servis pour restituer la préhistoire. On assure qu’tlella-
nicus de Mitylène fonda une chronologie universelle sur
les àvxypxcpou des prêtresses de liera à Argos ( 'Ilpeci'oeç),
listes qui remontaient, parait-il, jusqu’à l’œkiste Argos,
dont la petite-fille Callithoé aurait été la première prê¬
tresse de liera. Héraclide en avait trouvé l’original ou la
copie (xvxypxoYj) à Sicyone 2, et Thucydide les cite pour
établir des synchronismes3. Charon de Lampsaque avait
utilisé de même les listes de magistrats de sa ville natale 4.
Les listes des vainqueurs aux jeux panhelléniques étaient
aussi d’un grand secours : c’est sur celle des ’OXu!X7tio-
vTxa- qu’Ératosthène fonda sa chronologie.
Dans les documents latins répondant à la définition
donnée plus haut, on reconnaît à première vue deux caté¬
gories : les livres sacerdotaux et les livres concernant
les magistrats. Ces deux catégories ont été visées dans
des articles spéciaux [annales5, commentarium, fasti] : il
nous reste à voir s’il est possible de tracer une ligne de
démarcation qui sépare les Ubri des listes et chroniques,
règlements et statuts, recueils de procédure et de déci¬
sions, classés sous d’autres dénominations. Nous n’avons
pour faire ce triage que des textes sommaires qu’il est
aisé de mettre en contradiction entre eux et dont il faut
récuser arbitrairement un bon nombre pour asseoir une
classification sur le reliquat non moins arbitrairement
accepté. En fait, on établit ordinairement cette classifica¬
tion a priori, sur le sens connu des mots commentarii,
annales, fasti : on répartit entre ces rubriques les docu¬
ments supposés annalistiques et chronologiques, les
actes et décrets accumulés par la pratique des collèges
sacerdotaux, et on attribue aux Ubri exclusivement le
caractère de rituels pour les prêtres, de guides pratiques
pour les magistrats, comme si les annales n’étaient pas
des Ubri annales et les Ubri magistratuum des docu¬
ments chronologiques.
La simple énumération des documents qualifiés Ubri
remplacera avec avantage des discussions oiseuses. Bien
que les livres sacerdotaux aient dû être plus. anciens que
les autres, nous commencerons par la partie la moins
encombrée, par les Ubri magistratuum.
I. Tite Live, à la date de 44-4 av. J.-C., enregistre des
noms de consuls qui ne se trouvent neque in annalibus
libellas , mémoire ou rescrit (liber principis, Plia. Epist. V, 13). — 2 plut, Mus. 3.
— 3 Tliucyd. II, 2; IV, 133. — 4 Suidas, s. v. Il faudrait viser aussi les recueils
officiels d'oracles, comme il y en avait à Sparte (Herod. VI, 57), à Athènes (Ilerod,
V, 90) et sans doute dans bien d'autres villes ; ou même, comme guides profes¬
sionnels, les recueils cbrcsmologiqucs mis sous le nom de Bakis ou de Musée, les
livres orphiques, etc. — 5 Ajouter à la bibliographie de l'article annai.es : W. Nitzsch,
Die rômische Annalistik, Berlin, 1873; 0. Seeck, Die Kalendèrtafelder Pontiftces,
Berlin, 1885 ; B. Niese, De Annalibus Maximis obss. Marburgi, 1886 ; W. Soltau,
Die Entstehung der Annales Maximi (Zeilschr. f. klass. Allerth. LV [1896],
p. 257-276); C. Cichorius, Annales in Pauly-Wissowa, Deal Encycl. I [1894],
p. 2248-2255) ; A. G. Amalucci, Gli Annales Maximi (Riv. di Filolog. XXIV
.[1896], p. 208-233).
1236 —
U B
LIB
pnscis neque in hbris magistral uum , mais que Licinius
Macer certifie avoir rencontrés in linteis Hbris ad Mo-
netae à oici donc des libri inagistratuum qui, tout en
(‘tant de contenu annalistique, sont distingués à la fois
des annales - et des libri lintei. Plus loin, à propos d'un
cas analogue, afférent à l'année 138, le même Tite Livc
mentionne 1 opinion du même annaliste, conforme aux
ceteres annales et fondée sur les inagistratuum libri ,
quos linteos in aede repositos Monetae Macer Licinius
citât identidem auctores3. La distinction entre les libri
inagistratuum et les lintei , suggérée par le texte précé¬
dent, est effacée par celui-ci. Ces libri lintei sont cités à
diverses reprises par Tite Live, à des dates comprises
entre 444 et 431 av.J.-C., évidemment parce qu'il trouve
ces références dans Licinius Macer. Remarquons en pas¬
sant que ces listes de magistrats relataient même le nom
d'un praefectus annonae , qui aurait été institué par plé¬
biscite4, ce qui est singulier; et que, chose non moins
étrange, Macer et Tubero invoquaient également les libri
lintei 0 à l'appui d’opinions opposées sur les noms des
consuls de l’année 431. On a assez et trop disserté sur la
question de savoir si ces libri lintei étaient des extraits
des annales pontificales, s’ils avaient été ou non détruits
par 1 incendie de Rome en 390, s’ils avaient été reconstitués
ou avaient servi à reconstituer les annales, et si on doit
les reconnaître dans ces inagistratuum fasti 6 ou libri 1
que l’on rencontre encore çà et là dans Tite Live. Toute
donnée positive manque pour départager ces fastidieuses
discussions 8. L’épithète de lintei ne désigne que la
matière, et non pas le contenu : elle aurait pu s’appli¬
quer aussi bien, probablement, à d’autres documents
archaïques. On entend parler d’un vieux rituel samnite 9,
d’un rituel d’Anagnia10, et même de livres sibyllins11,
écrits sur toile de lin.
Faut-il classer parmi les libri magistratuum , au sens
de guides professionnels, les libri censorii 12 dans les¬
quels se trouvait l’expression favisae Capitolinae ? La
mention de ces récipients souterrains conviendrait mieux
à un inventaire des biens des temples, à des tabulae
censoriae, qu’à des libri et même à des « commentaires »
ou archives privées des familles censoriales [commentarii].
IL La confusion entre rubriques variées et arbitraires
va apparaître, rebelle à tout classement, dans les déno-
1 Liv. IV, 7. — 2 Ici cl plus loin, les annales priscî ou veleres désignent
vaguement les compilations des anciens annalistes, et non les annales Maximi.
— 3 Liv. IV, 20. On a proposé de lire magistral uum libri et quos ou
quosque , pour maintenir la distinction. Schvvegler (Rom. Gesch. 12, p. 17, 2).
ne voit pas là de difficulté. Pour lui, les magistratuum libri étaient des extraits
des libri lintei, extraits que Tite Live avait entre les mains, tandis qu’il n’a pas vu
lui-mômc les lintei. — 4 Liv. IV. 12-13. S’il était magistrat élu (ut L. Minucius
praefectus annonae crearetur ), il n’était pas praefectus. — 5 Liv. IV, 23.
— 6 Liv. IX, 18. — 7 Liv. XXXIX, 52. — 8 Tite Live dit d une façon générale que
la plupart des documents écrits ( lilerae ) ont péri (VT, 1). De môme, et aussi vague¬
ment, Plutarque (Xuma, 1 ; Camill. 22; De fort. Rom. 13). — 9 Jbi [Aquiloniae
in Samnio] eæ libro vetere linteo lecto sacrificatum sacerdotc Orio Paccio
(Liv. X, 38, ann. 293 av. J.-C.). — 10 M. Aurel. Ep. ad Fronton. IV, 4.
— il Symmacli. Ep. IV, 31. Cf. la bandelette avec texte étrusque, trouvée sur une
momie au Musée d’Agram en 1892, et qui a ranimé l'espoir de retrouver la langue
de VÉtrurie. — 12 Gell. II, 10. Les libri praetorum que Suétone avait, disait-on,
extraits des archives des préteurs, sont bien décidément des Prata ou libri prato-
rum, des «Variétés»; cf. A. Macé, Essai sur Suétone , Paris, 1900, p. 328.
— 13 Gell. XIII, 23, 1 ; cf. J. -A. Ambrosch, Obss. de sacris Romanorum libris ,
Part. I, Breslau, 1840 ; Ueber die Religionsbûcher der Rome*' , Bonn, 1843. — 14 Fest.
p. 141, s. v. Molucrum ; Scrv. Ecl. VU, 31 ; Aen. III, 287 ; IX, 408; cf. Val. Max.
I, 1, 3 (libri ad sacra populi pertinentes ) ; Laclanl. Inst. Div. I, 21 ( lilerae ad
sacra pertinentes). — 15 Scrv. Georg. I, 272; Aen. II, 143. — 16 Dion. X, l (= leges
regiae?). — 17 Dion. I, 73 (= album = annales). — 18 Cic. Pro domo 12, 54;
Hor. Ep. Il, 1, 2G ; Fest. p. 189, s. v. Opima ; Macr. Sat. I, 12, 21 ; Mar. Vic-
torin. 12, 20 Keil ; Aug. Civ. Dei, VII, 35 ( ponli/ices in libris suis). — 19 Varr.
minutions des livres
R. 13). Laissons de
sacerdotaux (nbH
coté les termes généri,.,,
sacrorum u, libri sacri 1S, Up«< jv:g)i0ln , hM
reportons-les à la masse principale, aux liv/- °s 'T0l<\ ou
1“ Livres pontificaux. — Ceux-ci, abs/'//'1' 1
des parties qualifiées expressément
(abri
Commentarii , sont appelés libri pontificum h
tificii13. pontificales 20, scripta pontificum s>
tüjv UpocpavToW 22, monumenta ?mni;/t . . . '
ou
1 p oïl-
iepocpavToiv monumenta pontificum 23 cvî J
ces titres vagues et applicables à tous les document ^
ti fi eaux que les érudits modernes prétendent étave/i"'
classifications précises, analytiques au point de'dLp
guer, par exemple, entre libri pontificum et libn 1
tificii on pontificales. Ils savent où placer le rituel J
mitif, les lois royales, les décisions qui ont fixé îe/j
litigieux, les formules diverses, comme les Indùàtï
menta et les actions de la loi, les fastes ou calendrier'
celui-ci associé ou non aux annales, celles-ci distinctes
ou non soit de l 'album pontificum , soit des libri Unid
D'autres, par contre, estiment que, depuis les lois dites
«royales », les pontifes n’ont rédigé officiellement que
des Commentaires, d’où ont été extraits ensuite, par des
pontifes érudits, agissant en leur privé nom, des recueils
systématisés, qui sont bien des « livres de pontifes » .
mais non pas des archives du collège pontifical. La même
théorie peut être appliquée aux libri augurâtes (y oir ci-
après), et même à plus forte raison, le droit augurai inté¬
ressant de très près les hommes politiques 21. On peut
aller plus loin encore et constater qu’il n’était pas né¬
cessaire d’être pontife ou augure pour écrire des liras
dits pontificaux ou auguraux. Une étude sommaire
comme celle-ci ne comporte pas l’historiographie de
questions aussi controversées 25 . Les divergences et
incompatibilités des systèmes proposés démontrent assez
bien que les compartiments tracés chevauchent les uns
sur les autres. Quand Horace écrit Pontificum libres,
le scoliaste ne sait s’il songe aux annales ou au droit pon-
tifical26. Si les pontificii ou pontificales libri atlestaieM
que l'appel au peuple existait du temps des rois , cesj
libri pouvaient être indifféremment des annales, es
commentaires, ou des recueils de formules rituelles oa
figurait la formule de l’ anquisitio 28. On se deman efl
que pouvaient bien être les pontifica
les libri « indiquant"
• lot. V, 98 ; Cic. Ilcp. II, 31 ; Nat. Deor. I, 30 ; Fest.p. • C03 ; A«g-
p. 108, 31 ; Serv. Ecl. V, 60 ; Georg. I, 21, 272 ; Aen. ^ ^ »i Lactant.
ivin. daemon. 5, 10; Lyd. Mens. IV, 20 (icovti?«â^i« P10*1*'’ . ^ 11,
iv. I. 21. — 22 Dion. VIII, 50 (= Commentarii ?) - 'al* discifl^
laisse de côté les textes visant les pontificum ou l)üt Qu a admis uuc
tus, preces, varia, et surtout le jus pontificale ou pont ' f' yai, Jlai.f
tégorie spéciale de libri recondili pontificaux (de jm 1 \-alî':n Mauq
2) cl auguraux (Cic. Pro domo , 15) sur la foi de textes nu ^ ^ ^’élail pas enc»?j
trie de livres « enterrés » ( recondili ) avec Numa ; Cicéron, M sait le puWic*
Igure en 57, déclare ne connaître, en fait d art augura , <Iue üJros, « f
non pas les livres spéciaux à l'usage des augures P/'1 '
\nt recondili, non scrutor) ; cf. les arcani (libii)o ja mort du Clu^B
sure qu’était consignée l’obscurité miraculeuse SUI ' Cqvncell. P' * |jfc
, res grecs suivant Eusèbe ('EHyivixoT; i*o|»v^p«vi»,al ; , ls 01i apocryl’ 1
rose ( aliquanti Graecorum libri, VU, 4)> li'res 1D ^ placr. jk
■ n Cf. Fabius Maximus Servilianus pont if ex »« ' "J Ful s. v. *'*■
I); Rutilius Geminius in libris pentificalibu* fLV'° . \ v 7 “L
500 M.); cf. Macr. S«f. I, 16, 33-34) ; C. JaUus Caesar^ j(.
bro (Macr. I, 10,29); Varro in Augarum hbnt [ ac . /W
udits qui ont dépecé la théologie pontificale en ' ' JteliS‘°m n's'
icrorum de feriis, de diis , de proprie tatib us deorm Voir iN1,|( ir^(eS |cl
mtificio , pontificalium ( quaestionum , vci bot (U) lgont visés
■ 23 Elle trouvera place à l'article pontifices. »s al|,|ition à 1 arll,l|C31 ;
sserlations signalées plus haut (p. 1233, noie J > f ^ Cic. BV'
■ 20 Ilor. Ep. II, i, 2G ; cf. Porphyrion. ad toc.
'p. 108, 31. — 28 Cf. ci-dessous, p. 1237, noie ..
— 1237 —
LIB
LIB
, lin aUeure et avait chez lui un pivert lui
quePicuseüul « qu ratlachant les frères Arvales à Acca
révélant 1 avenu ’ le commentarium sacro-
m 'Vql1 piaccus extrait une prescription
Larenlia
d’où Vernus
■|llO - , , , . . t
vieux mots liturgiques 4 n était pas un
'.fU»1
ritueüe3 et » lie des UbrH
rituel et ne fu 1 5> __ Aussi vaine est la prétention
I Livres leg Commentaires auguraux et les
* distinguei s ou uiri augurai es La mention de
r^nelaupeuple sous les rois figurait aussi dans les libri
UPP ,1* parce que la procédure de 1 anquisitio,
aug, traies , 1 Varr0n°, intéressait la pratique
reniées De même la mention du magister populi 10
dictateur nommé après consultation des auspices. Ces
°Iy fions au rituel de Romulus ou de Numa devaient être
enregistrées dans les décisions, c’est-à-dire les Com¬
mentaires, du collège, et il est probable que ceux qui
les citent les trouvaient non pas dans les archives, mais
dans des augurâtes libri rédigés à l'usage du public.
Varron a négligé de nous dire à quelle espèce de livres
auguraux il a emprunté la formule de l’inauguration de
l'arx du Capitole 11 . _
On ne trouve aucune mention d’archives qualifiées libri
pour le collège des Fétiaux [fetiales], bien que le jus
Miale eût une importance comparable à celle du droitpon-
tifical ou du droit augurai et qu il passât pour avoir été
importé à l’état de tradition écrite 12. Tite Live n’indique pas
où il a emprunté les formules qu’il insère dans son récit u,
et Aulu-Gelle se contente de transcrire les textes fournis
par Cincius14. Nous ne sommes pas mieux renseignés sur
les documents qui ont permis de reconstituer au temps
d'Auguste les rites des Luperques [luperci] et des frères
Arvales [arvales13]. Il ne nous reste plus à enregistrer,
en fait de « livres sacerdotaux » à l’usage de collèges
romains, que les livres des Saliens et les livres sibyllins.
3 “Livres des Saliens. — Du rituel des Saliens, désigné
assez rarement comme libri Saliorum 1G, la partie la plus
connue et la plus souvent citée était la cantate chantée et
dansée par les deux confréries du Palatin et de la Colline
1 ^cn. Ad A ni. V II, 190 ( quod pontificales indicant libri). — 2 l'ulg. s. v. Arvales.
| ^CS*‘* P* 163, s. v. Nectere. — Fest. p. 360, s. v. Tauri. — 8 Sur les livres
■guraux, ajouter à la bibliographie de l’article augures: F. -A. Brause, Librorum de
11 r d! ^ ÜUÿHratt an^e Augusti mortem scriptorum reliquicie, Part. I, Lips. 1 875 ;
corun / ,^l(l^men^a uuguralia, Ratibor. 1875; P. Rcgcll, De augurum jntbli-
Er 188^' ^ai' ^ 1878; Fragmenta auguralia , Gyran. Prog. Hirscli-
Commlt ’' ÀU!,Uralia(Ci0làm-in hon- A. Reifferscheidii, p. G1-C7. Vralisl. 1884);
- G Van / [ 1 ' ! [an{jura^ ^ a^men^asPecimen^ Gymn. Progr. Hirscliberg, 1893.
L \en ^ 61 5 Cic. Itep. I, 40 (in nostris hbris) ; Pro domo, 15 ;
11^31 / ‘ tj‘c' Livin. 1, 33 (rituales libri, vestri etiam augurâtes) ; Rep.
s. ▼. Sarte • '^C)l'nos^ e^iam augurâtes); Fest. p. 253, s. v. Paludati ; p. 322,
enV/0n’.Vi S<mmium } Serv- Ad Aen- IX' 20 lP- Rcgell corrige ici
llugureTj Sem ■ 1,®)‘ 4-os hbri emportés en Sardaigne par le consul
B^conquc comm'"1S kracc'lus (B'c- Nat. Deor. II, 3) devaient être un manuel
scr‘pserunt (Gell xi™ r[<"®aienl 4cs augures P. H. qui libros de auspiciis
[ nln libri [ Cic \q ' * *’ D' Par exemple, Appius Pulclier, auteur d'augu
du college, __ 8 r [ ' 1P’ et non des documents empruntés aux archives
108’ 31 Iffo dieque fj _ ’1'. 3l’ ~ 9 Varr- L • lal- VI, 90-92. — 10 Sen. Ep
par ouï-dire, d’anrè l LJSla * ni au!juralibus libris). Sénèque en parle sans doute
j 12 Ancus jm ai> af- a"9ui'tdes Hbri de seconde main. — U Varr. L. lat. VII, 8
r*!f (Liv, ], 32j . Aequicolis quod mine fetiales habent descri
(st (Cic. O/f. |t |[, [ jU.^am aeluilas sanctissime P. R. jure perscripti
N>ie de l’article ni ' 3~’ ~ 14 <7e"' XVI, 4. — 13 Ajouter à la biblio
| °uillcs récentes ^ Douve"es études linguistiques et les résultats A
n ‘îto ” . ) > M. Bréa1 7- -l — j ? * > ^
Ar> 'ttact:
in Roscli,,,
X1 ‘180s ,
-'al, Le chant des Arvales (Mém. Soc. ling
lirai : les frèr
das Arvalli
' J> P- 373-381). r \~! “r^al* Le chant des Arvales (Méi
AnjPS’ etc. Paris] 188' ° x N°UVelle Hurh s«'’ l« chant Lèmx
lul- 'de SalisChen ^‘n&* Altlatcinische Studien :
^alacto. „ , ; lra9'nente< PreSSW„ g>oc.. , -, „
VI, 2107, J
'en (lahrbh / vi"1,' ’ Pless'JUrg. 1882 ; J. Weisweiler, Zur ErkUirung
'■ Flnlol. CXVYTY r„«, _ ^
)
P’ U9-*001. Lcs f
p. . j. neiswei
’s 1 f,r;„CXXXIX [1889]- P- 37‘57); Th- Bh’t- ait- °ca
U.ia. P- 904
04-975; Das Arvallied (Arcb. f. lat. Lex
lagnients connus jusqu’en 1870 dans Corp. inscr. I
comm. arch. comm.di Roma (n
b 2023-2HQ . | 'ragments connus j:
y 19->es nouveaux dansez, j
(- carmen Saliare 17, carmina Saliaria 18, Saliorum car-
mina 19). Nous devons réserver pour un article spécial
[salii] tout ce qui concerne la composition de cettelitanie,
dans laquelle furent insérés de temps à autre, par séna-
tus-consulte, des noms de princes divinisés20.
■4° Livres sibyllins. — L’histoire compliquée de ces
libri sibyllini a été et sera suffisamment élucidée dans les
articles consacrés à leurs interprètes [duumviri, decemviri,
quindecimviri s. F.] et à leurs légendaires auteurs [sibyllae].
Remarquons seulement que, si les prophéties sibyllines
en général sont désignées par des vocables divers ( car -
mina , responsa, fata , OÉtr^ava, ^pr^g-ot), les livres officiels
confiés à la garde des XVviriS. F. se distinguent de tous
autres précisément par ce titre de libri sibyllini. C’est le
terme qu’emploie Tite Live toutes les fois qu’il est ques¬
tion de consultations officielles, sauf dans les péri¬
phrases oratoires21, et souvent même il l’abrège en libri
tout court, ces documents étant les « livres » par excel¬
lence. Denys d'Halicarnasse appelle aussi pûêAouç les ori¬
ginaux vendus àTarquin 22, et Tacite lui-même, si appli¬
qué à rajeunir le vocabulaire, n’ose pas employer d’autre
synonyme que libri Sibullae pour désigner les livres
restitués avec des carmina cosmopolites23.
Ce scrupule de l’usage ne nous aide guère à dégager
les livres sibyllins de la combinaison qui les incorpore
aux libri fatales, ceux-ci, en dépit d’une dénomination
aussi vague, paraissant appartenir aux traditions des
haruspices. Il est certain que les livres sibyllins passaient
pour contenir les destinées [fata) de Rome24; que Tite
Live les appelle libri fatales2*, et que, là où il fait con¬
sulter les libri26, l’épithète absente peut être aussi bien
fatales que Sibyllini. On nous dit, d’autre part, qu’un
haruspice véïen enseigna aux Romains la manière de
prendre Véïes, secret puisé dans « les livres fatals et la
science étrusque27 », et Varron disait avoir trouvé
Etruscis libris fatalibus des spéculations sur la durée
de la vie humaine en général 28. On a conclu de là que
les haruspices avaient des livres sacerdotaux ainsi
appelés, où étaient consignées des vues générales sur les
1886) ; Not. degli Scavi (1888 et 1898) ; C. R. de V Acad, des Inscr. 18 mars 1892, etc. ;
C. Lovatelli, I fratelli Arvalie il loro santuario e bosco sacro sulla via Campana
(JY. Antologia, déc. 1890); Chr. Huelsen, Additamenta ad Acta Fratrurn Arvalium
(Eph. Epigr. VIII, 1892, p. 316-350); E. Hula, Z. Gesch. des Colleg. der Arval-
brilder (Arcb. -Epigr. Miltbeil. XV, 1892, p. 23-28) ; E. Hula et E. Bormann, Reitr.
z. d. Arvalacten (ibid. XVII [1894], p. 67-80) ; G. Wissowa, art. Arvales ia Real,
Encyclop. Il (1894), p. 1463-1486. — 16 Varr. L. lat. VI, 14 (in libris Saliorum quorum
cognomen Agonensixim, chaque confrérie ayant son rituel distinct). — U Mou.
Ancyr. II, 21 ; Hor. Ep. II, 1, 85; Tac. Ann. II, 83 ; Capitot. AI. Ant. Phil. 21.
— 18 Varr. L. lat. VII, 3 ; IX, 61 ; Fest. Epit. p. 3, s. v. Axamenta ; Macr. Sat.
I 9 14 ■ Serv. Ad Aen. VIII, 285. — 49 Quintil. I, 6, 40; cf. Cic. De orat. III, 51 (Sa¬
liorum versus). — 20 Voir la collection de fragments par E. Egger, Lat in i sermonis
vetustioris reliquiae selectae, Paris, 1843 ; Th. Bergk, De carminum Saliorum
reliquiis, lnd. lect. Marburg, 1847 ; B. Maurenbrecher, Carminum Saliorum reli¬
quiae (Jabrbb. f. Philol. Supplbd. XXI [1894], p. 315-352). — 21 Liv. XXXVIII, 45
{ne carminibus Sibyllae praedictam superantibus terminos fatales [se. Taui-um]
cladem experiri vellet). — 22 Dion. IV, 62. — 23 R dit d'abord libri Sibullini
(Tac. Ann. I, 76), puis libri Sibullae (Tac. Ann. XV, 44). A propos d’un liber
Sibullae qu’il s'agit d’ajouter à la collection, il rappelle que celle-ci avait été
reconstituée quaesitis Samo, Ilio... carminibus Sibullae (Tac. Ann. VI, 12 ; cf.
Laclaut. De ira Del, 22, 6). De même Lactance ( Dist . Div. 1, C, 13) : omnium
Sibyllarum carmina et feruntur et habentur , praeterquam Cumaeae, cujus
libri a Romanis occuluntur. Servius (Aen. VI, 36, 72, 73, 321) emploie carmina,
responsa, fata au sens générique, libros pour les livres ofliciels. — 2 '‘■{Sibylla
Erythraea ) quae Romana fata conscripsit (Serv. Aen. VI, 321). — 23 Liv. V, 14;
XXII, 9 ( Decemviri libros S ibyllinos adiré jubentur. Qui, inspectis libris
fatalibus, etc.) ; XXII, 57 ; cf. Gran. Liciu. p. 23, 2 Bonn ( placuit ... pro collegio
quid in libris fatalibus scriptum esset palam recitare). — 20 Liv. 111, 10 ;
62. _ 27 Sic libris fatalibus, sic disciplina Etrusca traditum (Liv. V, 15) ;
ex fatis quae Veientes scripta liabent (Cic. Divin. I, 44). Ihne veut que les sortes
de Faléries (Liv. XXII, t) et de Caere (Liv. XXI, 62) aient été des libri fatales de
celle espèce. — 28 Varr. ap. Censorin. De die natali, 14, 6.
156
U B
— 1238
LIB
échéances à venir [saeculum], et que chaque ville toscane
avait aussi ses libri fatales. En outrant ce raisonnement
déjà aventureux, on en vient à soutenir que Rome s’était
en cela conformée à la mode étrusque et que les livres
sibyllins venus de Cumes avaient dû s’incorporer h des
libri fatales préexistants, composés de prophéties indi¬
gènes, desortequeles libri Sibyllini n’auraient été qu’une
partie des libri fatales romains, partie prise abusivement
pour le tout 1 . Toutes ces conjectures aboutissent à gros¬
sir encore le legs mal connu des traditions toscanes 2.
4 0 Livres des haruspices. — Les multiples aspects de
la compétence des devins toscans [haruspices] et la pré¬
tention qu ils avaient de conserver une science révélée
par Tagès supposent toute une « littérature » sacerdotale.
On rencontre en effet de nombreuses allusions à des
écrits désignés par des titres divers, les uns génériques,
comme Etrusci ou Etruscorum ou T a y et ici libri. libelli,
scripta, litterae , carmina, ou de sens indéterminé,
comme rituales, fatales, reconditi, Aclieruntici , et
d’autres plus précis, comme haruspicini ou artis harus-
picinae libri , fulgurales libri , ostentaria. Le triage et
le contenu probable de ces documents, avec les réfé¬
rences aux mentions qui nous les font connaître, ont été
suffisamment indiqués dans l'article haruspices, et il n’y
a pas lieu de revenir ici sur un sujet qui ne s’est pas
renouvelé 3. A. Bouché-Leclercq.
LIBUM. — Le mot libum ou liba servait à désigner
les gâteaux sacrés que l’on offrait aux dieux. Dans son
sens le plus général, il parait avoir été synonyme de
placenta1. L'étymologie du mot était obscure pour les
anciens eux-mêmes. S’il convient d’écarter l’opinion
d'Isidore de Séville 2, nous trouvons du moins deux
explications différentes chez Ovide3, pour qui les mots
liba et libamina viennent du mot liber, parce que ce
dieu fut l’inventeur des libations et des sacrifices, et chez
Varron qui rapporte que les liba étaient ainsi nommés
parce qu’ils étaient destinés aux libations : « Liba, quod
libandi causa fiant »L II est vraisemblable que le mot
libum, comme les mots libare et Liber pater, se rattache
à la racine indo-européenne lib, qui signifie verser,
répandre l’abondance, la richesse.
Les liba étaient fabriqués, sous la surveillance des
pontifes, par des fictores spécialement chargés de ce soin6.
On y employait la farine la plus fine et la meilleure,
fcir6, ador1, farina siliginea 8, similago 9 : on y mêlait
d’après Servies 10 de l’huile et du miel, d’après Ovide11
du miel, d'après Caton l’Ancien 12 du fromage et un œuf.
Les liba étaient, soit simplement déposés sur l’autel
pendant la cérémonie religieuse, soit brûlés par le feu.
Il yen avait plusieurs espèces, qui différaient sans doute
Ier siècle avant notr<
■sale 3 ; César s’en sert
Horace mentionne leur présence dans
en 31 6. Après la victoire d’Actium
l’une de l’autre par la forme (alobuc ri
scriblita, etc.)13. J. Toutain. ' J mm' SI%
LIBURNA ou LIBURNICA (NAVIS) _
guerre léger et rapide, dont l’invention est d„ . a‘SSeau
Liburniens d’Illyrie 1 . C’était, à l’origine
forme allongée qui s’effilait en pointe à’k ‘l(' 10lSeur ^
proue, et présentait deux rangs de rames *P°Ulle 6tàla
Les liburnes apparaissent dans la llottp •
le milieu du icr siècle avant notre ère i"" diis
signale à Pharsale 3 ; César s’en sert en W, J?? les
* J“— la flotte d’OctaJ
jouèrent un rôle décisif, en détruisant les lmu-îls
seaux grecs de la flotte d’Antoine et de Cléopâtre 'T'
emploi se généralise au point que le mot liburna i"
contrant à Rome une faveur égale à celle du mot trièreà
Grèce, perd peu à peu sa signification spéciale etprécisT
et désigne, d’une façon générale, tout navire de guerre*’
A la fin du ive siècle, Végèce oppose les liburnae aux
lusoriae , la flotte de guerre qui protège les côtes mari¬
times à celle qui sillonne les fleuves frontières Ml y a
désormais des liburnes de toutes les tailles, depuis unrang
jusqu’à cinq rangs de rames8. Pourtant le type delà
liburne primitive, à deux rangs de rames, semble s’être
conservé, car Zosime, contemporain de Végèce*, oppose
encore les TtAoïa Aiêsovoc aux pentécontères et aux trières’.
Nous ne possédons aucune représentation figurée cer¬
taine de la liburne. On a supposé que le bas-relief décou¬
vert dans le temple de la Fortune à Préneste, et aujour¬
d’hui conservé au musée du Vatican, représente une
liburne, mais ce n’est là qu’une simple hypothèse10.
Une mosaïque, trouvée en 1896 à Medeina, en Tunisie,
dans le triclinium d’une villa romaine u, montre, au
centre d’une grande composition marine où des Tritonset
des Néréides évoluent autour de l’Océan et d'Amphitrile,
un grand navire à deux rangs de rames, gréé d’une large
voile, au mât incliné, sur laquelle se lisent les mots sui¬
vants : apafona (ou apaeona) liburni 13. Le vaisseau a une
forme assez lourde, et il est chargé d’amphores. Malheu¬
reusement, la mosaïque est aujourd’hui très mutilée, e
plus, elle avait déjà subi des restaurations assez mala¬
droites dans l’antiquité : le milieu du navire a été iefaitj
et l’on peut se demander si l’ouvrier chargé de la réfec¬
tion du pavement a bien fidèlement restitué les pm Les
manquantes du dessin primitif. Donc, à supposai
mosaïque représente bien la liburne de guerre, h 0CUJ
ment n’aurait qu’une faible valeur; mais
l’artiste n’ait voulu figurer
voisines de la même villa13, qu’un
commerce servant au transport de 1 huile ou
3 il semble que
ici, comme dans les F'1^3
simple bateau e i
du blé, e|
l Voir W. lime, R. G. 12, p. 69, 3. Iline se fonde sur des arguments a priori , à
savoir qu’une sibylle grecque n’a pu ordonner ni l’enterrement de couples humains
vivants (Liv. XXII, 57), ni des cérémonies « italiques » comme le ver sacrum (Liv.
XXII, 9), les lectisternes [lectistkrnilm] et le novemcliale sacrum (Liv. XXXVI, 37);
autant d’affirmations gratuites. — 2 J’ajoute que, comme i! n’y avait pas de libri recon¬
diti romains (ci-dessus, p. 1236, note 23), il n’y avait pas non plus d’archives secrètes
chez les haruspices. Les libri reconditi cités par Servius sont des livres fulguraux
(Serv. Aen. II, 649) ou auguraux (Aen. I, 398) ornés d’un titre littéraire. Au surplus,
Servius ne dit pas qu’ils fussent toscans, ni de rédaction officielle ; ce pouvait être
quelque compilation d’érudit, éditeur de curiosités. — 3 E. Bormann {Denkmüler
etrushischer Schriftsteller , in Jahresb. d. Arch. Tnstit. Wicn, 1899, p. 129-136)
revient sur l’inscription de Corneto, concernant Tarquilius Priscus (cf. haruspices,
p. 18,7).
LIBUM. 1 Isidor. Etymol. XX, §§ 2, 17 : placentae sunt quae fiunt de farre ,
quas alii liba dicunt, eo quod libeant et placeant. — 2 Id. Ibid. — 3 Fast. III,
733 et suiv. — ^ De ling. lat. VIL 44; et ailleurs, Ibid. V, 106 : « Libum quid ut
12 Cal. üe
dans
1 ’iaretur , priusquam essetur erat coctum ». 0 ^au; rust.
C Serv. Ad Aen. VII. 109. — 1 Virg. Aen. VII, 109. — Sa- ^
9 Id. Ibid. - 10 Serv. Ad Aen. VII, 109. - H Ovid. Fast. ", ^
rust. LXXV. — 13 On trouvera l’énumération complète < e 01 ^ sUiv, 1
ibeck, Aylaophamus, p. I0G0 et suiv. ; cf. Cal. De re , est. — 2 /Aid-I
I.IBEUNA ou LI11URNICA (NA VIS). 1 Appian. De reO. J • ^
ican. III, v. 53 i ; cf. aussi Corp. inscr. lut. X , ^ .. |joral. j
3 Lucan. Ibid. v. 529-530. — 4 Cacs. Bel. civ. Ub a> j Ari6tjd ../l/iodW'
1. — 0 Emploi du mot tricre ap. Appian. praef. 10 ; c • ^ J7 . Sud-
341. Pour la liburne, cf. Tac. Gémi. 9 ; l'lin. IX, ■> . - y cq __ u1 Cf 6 I
; Calig. 37. - 7 Vegct. H, i. - » Id. IV, 37. - 9
rr, A noient ships, p. 138, pl. v, lîg. 25. - H U W«,1C ,è . t esl
Alaoui, p. 32, A, „• 108. - 12 La lecture du qU-fl .rjj
mmcnccment du premier mot est mutilé cl °n nc|,ôre et OftueWIer*
3 une autre lettre avant le premier A. 1 ^
musée Alaoui , A, n° 166.
UC
dont
le véritable nom
_ „ mot d’ailleurs
“f" ’,'. V||0 [UICTio].
S. - Use, cordon qui sert
sêjurer les «Us de la irame [TELA]-
serait peut-être apafona ou
inconnu. P- Gauckler.
dans le tissage,
■don, ruban, bandelette’.
lictores ’, une des
d'appariteurs qui étaient à la disposition des
1 . . . _ nnnr fîl.ivf
ile toute espèce de cor
lictou. - 0,1 aPPelalt hclcurs’
rég0neS v mTStra'ts romains pour faire exécuter leurs
^UappabitoresJ. La présence des licteurs était le
°U i nie du droit de commandement et de haute justice ,
■ S) a, toutes les étymologies qu’ont proposées les
aussi i èg lerôle du licteur dans la proce-
tlTperLL)\ Ucium ‘ (bord du vêtement)
BLi ^aoupyoç6, la plus vraisemblable est hcere (citer ) .
. J’wondes oui donnent aux licteurs une origine
'Les légendes qui
étrusque7, qui attribuent leur
ou tel roi, à Romulus8, à
l’Ancien1", n’ont
savons, c’est qu ils
insignes traditionnels
gine
introduction à Rome à tel
Tullus Hostilius9, à Tarquin
aucun fondement. Tout ce que nous
nous apparaissent comme un des
de la royauté11, puis de la plus
haute magistrature républicaine, et que, sauf quelques
exceptions qu’on verra, il n’y a que les magistrats qui
aientle droit d’en avoir *2.
| Le costume du licteur se règle sur celui du magistrat
qu’il accompagne ; à Rome il porte la
lorja ; non pas retroussée, comme le
disent à tort plusieurs textes13, mais
tombante (fig. 4482) 14 ; hors de Rome,
et à Rome pour le triomphe, le cos¬
tume militaire de couleur rouge 18, le
sagum (fig. 4483)16; dans les funé¬
railles, les vêtements de deuil11. Il
a pour principal insigne le faisceau,
et c’est pour cette raison que les
Grecs traduisent lictor par les mots
pafjooüÿ'oi;, paëôo&ôpoç, paêoo vogo;18. Il
y a la relation la plus étroite entre
le licteur et le faisceau ; les deux
expressions sont souvent synonymes.
Le faisceau ( fascis ) 19 se compose
d’une hache ( securis ) mise à l’exté¬
rieur et de plusieurs verges ou
hâtons20, réunis par une courroie
, les verges étaient en bois d’orme au témoi-
Pli 1 ldute’ en Lois de bouleau d’après celui de
''cleur P01'te le faisceau de la main
SUl épaulé gauche,
F'g. Ü82. •
■ Gicleur.
gauche
par le manche23 ; d’où vient l’expres-
Pud. C. Splac^lfj1"’ 73 ! Pli"' ^ mt' XX'"’ G3’ 8 ; ret,'°n’ Sat ■ 131 ;
r UCTOU. 1 Ep ,r .
<luor vorraplus loin f'"'' '^'orP- viser, lat. 3, 0078) et les autres traductions
PÙIffiFestus, p I,:' ‘^u(- Gell. 12, 3 ; Plut. Quaest. rom. 67 ; Rom. 26 ; Nonius,
-f Plut. Oui, ', ° ~ Clc- Pro flabir. 13 ; Liv. 1, 26, 8.-4- Aul. Gcll. I. c.
Dell. I. c. Voir limus. — 7 Liv. ), 8; Stat.
10 bioms q n ’ r'uu',s' ~ 9 ^'in- ^ist. nat. 9, 39 ; Cic. De rep.
L 5 ; Aelian. Var. 10, 23. — U L
t. V,
par. Uell. i
L 17, _ 10 ... '1V- * ’ 8 i rtiouvs. 2, 29. -
rN'Sc’r1”'
f "A' Aul-Oen’, p 33 e7r.2' 31'53
4 R 34-33, i ,| *\US' Pi°-Clement
Krtiicum. Vinq^0, > Ara pacis Augustae) ;
K) 11,9 (bronze d0 p .. ~ Coi’P- lat. t
S- lat, 7 , alor") i Clarac, Al
I1'-
IV. 7 :
12 Cacs. Bel. civ. 1, G. — 13 Plvit.
is. 23. L’exemple est tiré d’un bas-relief
tab. 32 = Monum. d. Inst. arch.
voir encore Monlfaucon,
1899 ; Ganipanari, l'Album , 1840,
au, A/us. (le sculpt. pl. -218, n. 310, — <5 Varr. De
10, 5 ; 45, 39, 1 1 ; Sil. Ital. 9, 419; Cic. in
Bartoli, Colunma Marc. Aur. Anton. f« 07 ;
Pomp. 24;
?tc’ U Horat. Ep. t, 715. — 18 Plut
* roi Ut Un denier
. ) dlslingue„|, le, verges 11’ lç) ~ 2° I)cnys t5’ 2) et Appicn (Bel', civ.
de C. Norbanus (Babelon, Monnaies
nys (5, 2) et Appien
21 D’après Lydus, De mag. 1, 32.
1239 — LIG
sion fusées attollercn pour désigner l’entrée en fonctions
du magistrat. Pour les funérailles, il porte le faisceau
renversé derrière le corps28. La marque de la victoire, le
laurier, s’attache aux faisceaux; sous la République, le
magistrat acclamé imperator et ho¬
noré du triomphe a les fasces lau-
reati 26 ; sous l’Empire, les faisceaux
ornés de lauriers sont attribués en
permanence,d’abord à César21, puis
aux empereurs à qui ils sont ré¬
servés comme le titre d 'imperator
[imperium] ; les faisceaux impériaux
se distinguent des autres par les lau¬
riers et les dorures28; à chaque vic¬
toire, au moins pendant quelque
temps, on y ajoute d’autres lau¬
riers29; sous l’Empire, les lauriers
font aussi partie des insignes triom¬
phaux accordés au consul pour son
entrée en fonctions | consul].
Sous la République, le rôle des lic¬
teurs et des faisceaux correspond
exactement aux rapports qu’ont les
magistrats entre eux et avec le peuple. La légende attribue
au début de la République l’obligation imposée au magis¬
trat d’abaisser ses faisceaux devant l’assemblée du peuple
pour en reconnaître la souveraineté 30. D’autre part, les
verges et la hache servent à l’exécution de la peine de
mort et des peines corporelles; aussi la hache figure
dans les faisceaux et est employée dans les procès crimi¬
nels de la période royale légendaire31 ; elle est conservée
ensuite à Rome pendant quelque temps par le seul ma¬
gistrat qui ne soit pas soumis à la provocatio ad popu-
lum , par le dictateur, et jusqu’à la fin de la République,
au jour du triomphe, par le général triomphateur32, qui
s’en sert pour faire exécuter les prisonniers de guerre 33.
Depuis la lex Valeria de provocatione , les autres ma¬
gistrats n’ont plus la hache dans leurs faisceaux à
Rome34; ils ne font plus exécuter régulièrement de
peines capitales qu’au moyen des verges, par la flagella¬
tion33; en dehors de Rome, sur le territoire militiae, la
hache figure toujours dans les faisceaux36.
Les faisceaux attribués à une magistrature ne sont
jamais partagés entre les magistrats collègues ; chacun
d’eux les a en totalité; cependant, à l’époque primitive,
à Rome, le roulement établi pour certains actes entre des
collègues avait eu pour conséquence l’alternative men-
37
suelle des faisceaux31, en ce sens que celui-là seul des
_ 2-2 Plant. A-Siiz. 2, 3, 74 ; 3, 2, 28 ; Plin. Bisl. nat . iC, i S, 75. — 23 Voir Malîei,
Mus. Ver. 117, 1 ; Babelon, I. c. Gens Junia, n» 31 ; Cobeu, Descript. gén. des
monn. pl. xxm, J un. 12; Jordan, Annali dell' Istit. 1SG3, p. 293. — 24 Virg.
Aen. 7, 173. — 25 Tac. Ann. 3, 2 ; Virg. Aen. 11, 93 et Scrv. ad h. I. ; Stat. Theb.
0, 214. C’est un mauvais présage que de rencontrer des fasces perversi (Obseq. 70).
— 26 Cic. Pro Lig. 3, 7 ; In Pis. 97 ; Pro Suit. 68 ; Phil. 2, 58; De div. t, 28;
Caes. Bel. civ. 3, 7 ; Dionys. 5, 30 ; Cassiodor. Var. 9 , 23. — 27 Dio. Cass. 44, 4.
— 28 Herodian. 7, 6 ; Martial. 10, 10 ; Vit. Maximin. 14; Claudian. De IV cons.
Bonor. 14, 15; De VI cous. Bonor. 04G. — 29 Tacit. Ann. 13, 9. — 30 Cic. De rep
2, 31, 53; Liv. 2, 7 ; Plut. Popl. 10; Dionys. 5, 19 ; Flor. 1, 9; Aur. Viet. 15; Val.
Max. 4, 1, 1 ; Quinlil. 3, 7, 18. C’est le consul Valerius Publicola qui aurait créé
cct usage. — 31 Procès d’Horace (Liv. 1, 20 ; Cic. Pro Itabir. 4), des fils de Brutus
(Liv. 2, 5, 8, Dionys. 2, 29). — 32 C’esl pour celte raison que la hache figure
encore sous l’Empire dans les faisceaux pour le processus du consul (Claudian. In
Prob. et Olybr. cons. 232). — 33 Liv. Ep. 11 ; 20, 3, 15. — 34 Cic. De rep. 2, 81.
55, — 35 Cic. De leg. 3, 3, 0 ; Suet. Ner. 49 ; Tacit. An. 2, 32. — 36 Liv. 8, 32 ;
8, 7, 19; 26, 15, 19 ; 26, 16, 3; Cic. Verr. 3, 67, 156; 5, 45, 118; 5, 54, 142.
_ 37 Cicéron (De rep. 2, 31, 55, d'où Val. Max. 4, 1, 1) la fait commencer à la
mort de Brutus ; Tite Live (2, 1) dès le consulat ; Denys ne fait alterner que la
hache (5, 2); cf. Festus, p. 161, 30.
UC
— 1240 —
LIG
magistrats qui était en fonctions en usait officiellement;
ce système fut pratiqué pendant quelque temps par les
consuls et, d après la légende, par les premiers décem¬
virs 1 ; c était, sauf des raisons spéciales, l’aîné des consuls
qui avait les faisceaux le premier mois 2 ; en dehors de
Rome, 1 alternance journalière des faisceaux entre les
consuls dure au moins jusqu’à la fin de la deuxième
guerre punique3 ; plus tard César, consul en 59 av. J.-C.,
revint au roulement 4, et à l’époque d’Auguste le roule¬
ment mensuel fut rétabli entre les consuls, dans l’ordre
de l’âge et aussi d'après les privilèges attachés au mariage
et a la paternité, mais sans aucune portée pratique 5.
Le magistrat inférieur qui rencontre un magistrat
supérieur doit faire retirer la hache de ses faisceaux et les
faire abaisser ( fasces summittere) 6. Il faut même se pré¬
senter à lui sans licteurs 7. Le magistrat romain doit
laisser ses faisceaux en entrant sur le territoire d’une
ville souveraine alliée de Rome, ou, ce qui revient à la
même chose, ne garder qu’un licteur 8.
La rupture des faisceaux indique la destitution d'un
magistrat9, ou des désordres, des émeutes10 ; dans les
défaites subies par des généraux romains, les faisceaux
figurent parmi les trophées pris par les ennemis11.
Les licteurs marchent un à un devant le magistrat12,
sauf dans les cas où, ne jouant pas de rôle officiel, ils le
suivent13; c’est pour cette raison que le mot adparere
désigne les fonctions du licteur 14 ; celui qui précède
immédiatement le magistrat est le lictor proximus 13, ou
primus 16, ou summus 11 \ à la fin de la République, il
occupe cette place en permanence et il a un rang supé¬
rieur aux autres18; il n’y a que les fils impubères du
magistrat qui peuvent s'interposer entre lui et le lictor
proximus 19. Quand le magistrat est dans sa maison, les
licteurs se tiennent dans le vestibulum 20 ; au dehors, ils
l’accompagnent dans toutes ses sorties, dans toutes ses
visites, au bain, à la promenade 21, au théâtre22, au tri¬
bunal23. Le consul, en particulier, ne doit pas se montrer
en public sans licteurs, même pour ses affaires privées21 ;
si le magistrat veut entrer dans sa maison ou dans une
maison étrangère, les licteurs frappent à la porte avec
leur faisceau23; ils suivent le général au camp28. Leur
principale fonction consiste à écarter la foule, summo-
vere (d'où la formule summoto)21 ; ils avertissent les
gens ( animadvertere ) par des formules consacrées {date
viam , de via discedite ) d’avoir à faire place au magistrat
et de lui rendre les honneurs qui lui sont dus, par
1 Liv. 3, 33, 8; Dionys. 10, 57. — 2 Liv. 2, 1,8; 2, 55, 31 ; 9,8; Cic. De rcp. 2,
31,55; Val. Max. 4, 1, 1 ; Plut. Popl. i2;Aul. Gcll. 2, 15,4.— 3 Liv. 4,4G;8, 12,
13; 22, 41; Polyb. 3,110, 4.— 4 Suet. Caes. 20. — 5 Aul. Gell. 2, 15, 4; Fragm.
Vatic. 197. — C Dionys. 8, 44; Plin. Hist. nat. 7, 30, 112; Appian. Bel.civ. 5, 55.
— ^ Liv. 22, 11 ; Plut. Fab. 4. — 8 Tacil. Ann. 2, 53; Dig. 50, 10, 239, 8. C'est sans
doute pour cetlc raison que le propréleur M. Calo, envoyé à Chypre pour détrôner le
jeune Ptolémée, est représenté sur une monnaie avec un seul faisceau (Babelon, l.c. 1 ,
p. 309, n» 1 ( gens Canidia). — 9 Dio. Cass. 59, 20. — 1° Liv. 2, 55, 9 ; 3, 49, 4; Cic.
In Pis. 28 ; De senec. 7 ; Ascon. in Cornet, p. 58. — n Liv. 25, 16, 24; Flor. 2, 17 ; cf.
Cic. De imp. Pomp. 12, 32 et Plut. Pomp. 24. — 12 Liv. 2, 18, 8 ; 24,44; Plin. Pan.
23.— 13 Suet. Caes. 20. — 14 Primitivement le mot adparere s'appliquait a» premier
licteur seul (Aul. Gell. 2, 2, 13). — 13 Cic. De div. 1, 28, 59 ; Verr. 5, 54, 142 ; Corp.
inscr. lat. 6, 1883, 1884. — 16 Cic. Ad Quint. 1, 1, 7, 21 ; Gloses d’Estienne ,
p. 398, citées par Mommsen ( Droit public, I, p. 5, note 4). — 17 Gloses, l. c. p. 131,
395, 207 : summus àpyiçaSooùyo; ; p. 599 ; itpwropaSSoCtyo; primivirgias. Dans
Appian. Del. civ. 5, 55, il y a : tSv ^«SSoéywv 6 tjyoéjxEvo;. — 18 Cic. In Verr. 5, 54,
142; Bel. Alex. 52; Tac. Hist. 3, 80; Corp. inscr. lat. 0, 1883-84. — 19 Val.
Max. 2, 2, 4. — 20 Liv. 39, 12. — 21 Plin. Hist. nat. 7, 30, 1)6; Juv. 3, 128.
— 22 Suet. Jul. 80. - 23 Dionys. 3, 62; Cic. Pro Cluent. 53, 147; Vit. Sev. 1.
— 24 Liv. 39 , 32, 10. — 23 Liv. 6, 34, 6 ; De vir. illust. 20; Plin. Hist. nat. 7, 30,
116; Stat. Silo. 1, i, 48 ; Marlial. 8, 66 ; Petron. Sat. 65. — 26 Liv. 25, 17, 1 ; 26,
3, 15; 28, 29, 10. — 27 Liv. 28, 27, 15; 3, 45, 5; 3, 48, 3; 6, 38, 8 ; 8, 33, 5; 33,
exemple en se découvrant, en descendant do
Le silens lictor indique un chef bienveillant» * rl
blâme la brutalité des licteurs de Verrès 30 \\ ’■ '^ro"
les épouses des citoyens et surtout les Vestales f & '1Ue
pas tenues de s’écarter pour le passage du
Contre toute insubordination, les licteurs c.- m 1
droit de coercition du magistrat par la " ent le
citation
rimi0\ I
ma-
l’ arrestation ( prensio ) 32, et les coups de verges33 l
gistrat ne fait citer par ses licteurs que les iudivid,,
sents; à l’égard des absents, il emploie plutôt le viaiopm
Les autres fonctions des licteurs consistent en p ■ j
à faire exécuter les ordres du magistrat par les m0ye '
qu’on vient de voir et sous la protection du chef qu^g
représentent; c’est ainsi qu’on voit les consuls menace!!
de précipiter de la roche Tarpéienne quiconque portera
la main sur un licteur33. Ce sont sûrement les licteurs
qui fouettent les affranchis cités devant le magistrat pour
manque de respect à l’égard des patrons38. En dehors de
Rome, au moins pendant la République, les licteurs pro- j
cèdent aux exécutions capitales par les verges et laj
hache 31 . A Rome, les consuls prêtent probablement leurs
licteurs pour les exécutions capitales aux qumtom !
parricidii et aux duoviri perduellioni ' judicandae, tant
que ces magistrats exercent la juridiction criminelle
[judicia publica]38; plus tard, à l’époque historique, ce
sont les agents des tribuns qui sont chargés de ces fonc¬
tions ; à la fin de la République et sous l’Empire, c’est un
bourreau, carnifex 39. Enfin la présence d’un licteur a été
nécessaire au moins jusqu’au me siècle ap. J.-C. pour
l’affranchissement des esclaves per vindiclam : le licteur
représentait ici l’ancien assertor libertatisi(t.
La tradition légendaire attribue douze licteurs au roi'1.
Sous la République, les magistrats plébéiens n en ont
jamais eu42. Les consuls et les magistrats pourvus de g
Y imperium consulaire, à savoir, d’après la légende, les!
décemvirs, les tribuns militaires43, tous les magistrats!
pro consule 44, en avaient aussi douze, ainsi que 1 intenoi
en exercice43. D’après la plupart des textes ", le dictai
teur en avait vingt-quatre ; cependant, d après Lie L'1 <
Sylla le premier se serait montré, étant die taie m, avec!
vingt-quatre licteurs; il faut peut-être admcüie avec!
Mommsen que jusqu’à Sylla le dictateur n avait qu^
douze licteurs à Rome et n’en prenait le 1 ll'11 ,
campagne. César dictateur obtint du sénat soixa ^
douze licteurs pour les journées de son h‘"mllU .
magister equitum en avait six40. Les pur/1-1
Fl) Ot, 60 J,
1,6; 45, 7, 4; 45, 29, 2; Horat. Carm. 2, 16, 9; Plut. Boni. 26, ï'llK</ i( p.
Appian. Bel. civ. i, 78. — 28 Suet. Jul. 80 ; Scncc. Ep. i -i ^ ^ ^ Quint.U l»
cri du licleur est le praenuntius clamor (Plin. Pan. 01). ^cucc. Couicor. i
7, 23 ; Plin. Pan. 23. — 30 Verr. 5, 54, 142.— 31 Festus, p. J' ^39; Cic.
p. 68, 408 (éd. Burs.). — 32 Liv. 2, 56, 13 ; Dionys. 10, 31. - -J J5 Di„„,s.
Verr. 5, 54, 142; Aul. Gcll. 13, 12. — 34 Cic. Verr. act. L _ > ^ (3 ct |6;ü,
9, 32. — 30 Dig. 1, 16, 9, § 3 ( f ostium castigatione). — 5< 53. ittj
29, 10 ; 8, 32; 8, 7 ; 28, 29, 10 ; Cic. Verr. 3, 67, 150 ; a, ‘s’’rec(jJsliluée (»■
— 38 II n’y a pas de textes historiques; cette procédure a^ ^ ^ ^ 4-5;
1, 26, 8 ; Varr. De ling. lat. 6, 91 ; Cic. Pro Bab. 4, 13). ^ ' |e comme
Suet. Claud. 34. - 40 Dig. 40, 2, 23; Ulpien (Dig. *0, ^ g : Dion?;
une innovation l’absence du licteur. — 41 De rep. -, > ’ ^ mq. h 1
2, 29; 3, 61-02; Appian. Sgr. 15 ; Aelian. Ve anim. H. c,v. 1, j3'’
Zonar. 7, 8. C’est par erreur qu’Appien lui en donne Jg a - 1 ’
— 42 piut. Quaesl. rom. 81; Cic. Phil. 2, 2*, 0 \aLn, . [
Plut- POi^’ ^ ' i| L
3, 33, 36 ; 4,7, 2; 6, 34,6; Dionys. 10, p’ ~ „ ’3. - w Lif’ !’ j!
Cass. 54, 10 ; Martial. 7, 62 ; 8, 66 ; 9, 43; O' ni. 0,î ’ ’ Jans Ie lo,n|1 pi0t
5. Pendant l'interrègne, les faisceaux étaient con jj{onys. *11’ ‘ [fM.
Libitina (Ascon. in Milon. p. 34). *6 Po y • < _ 47 £/). 89.
Fab. 4 ; Appian. Dell. civ. 1, 100; Dio. Cass. S . • I)e,mg. *• 1
Cass. 43, 1 4 et 19. — 49 Dio. Cass. 42, 47 ; 43, + ,
19.
LIC
— 1241 —
. 1 .
ceux
i , dictateur César, en eurent deux ,
no®®és pa!'J', lftS consuls n’en avaient sans doute pas
**** • ni lpc COIlîîWio ** — • •
que nommaient le ^ à Rome2 et six dans les
tes prêteurs en - même que ie préteur pourvu d’un
provinces ; se P ^ faisceaux à Rome, même avant
gouvernemen (a les donnait aussi à tous les propréteurs
son départ ■ de ]a puissance prétorienne b.
et aux magi' J'1 s é judex quaestionis, en avait sans
L'ancien édue, ^ de ^ République, les questeurs
doute deux • ‘ praetore et les légats de
r rtl jL caverne», s consulaires avaient des
f :a“gPa llais en nombre inconnu1. Les censeurs n’en
liceur:’..‘». pour les édiles curules, il n’y a pas de
fcedédsif- il est cependant probable qu’ils avaient des
fcur8 •; lis gouverneurs pouvaient dans leur province,
toms dès l’époque de Sylla10, concéder deux ais-
:;xaux sénateurs qui s’y trouvaient, a leur questeur
et à leurs légats 1 1 •
l'Empire, Auguste
Sous
eut vingt-quatre licteurs
eut les douze licteurs consu-
jusqu’en 29; jusqu’en 23, il
Us à Rome et jusqu’en 19 en dehors de Rome comme
, le droit d’avoir partout les
proconsul; à cette date, il eut
•s12. Domitien en eut vingt-quatre 13. Ensuite
douze licteurs1 - - ~ -
les empereurs s’en servirent de moins en moins, tout en
les conservant cependant14, comme on l’a vu. Les fonc¬
tionnaires impériaux de rang équestre n’en eurent pas, non
plus que les légats légionnaires. Les proconsuls, anciens
consuls, c’est-à-dire ceux d Asie et d Afrique, gardent les
douze faisceaux jusqu'à l’époque de Dioclétien ou de
Constantin 1 :i. Les proconsuls, anciens préteurs10, tous les
préteurs à Rome n, ainsi qu’au Bas-Empire le consularis
Numidiae 18, ont six faisceaux. Les gouverneurs des pro¬
vinces impériales ont cinq faisceaux et s’appellent sou¬
vent pour cette raison quinquefascales 13 ; il en est de
même des légats impériaux envoyés à titre extraordinaire
dans des provinces sénatoriales ou impériales20. Nous
ignorons le nombre des faisceaux qu’ont les questeurs
pro praetore et les légats des proconsuls consulaires ou
prétoriens21. Les curatores viarum et les curatores aqua-
rum, employés en dehors de Rome 22, les praefecti
merarii militaris jusqu’à une certaine époque23 en ont
B~eux> aux fonctions des curatores frumenti ne furent
Mâchés des licteurs que quand elles furent devenues
■consulaires-*; les curatores tabularum publicarum ,
Par Claude, eurent des faisceaux, en nombre
V Ca8S‘ 43, 48 ’ Suet- JuL 70 ; Babelon, l. c. 2, 143-144 (//en
I, r*:V' cf' Borgllesi’ °p- L 193- — 2 Ceusor. 2, 43 ; Plaut. Epidi,
I Sijr. 15.’ , [e,J' ayr' 34> 93> Stat. Silo. 1, 4, 80. — 3 Appiai
24,4; pa„i , nr^l‘rr- 84, 142; De imp. Pomp. 12, 32; Plut. Pomj
*’ ®’ B>‘°' O"*33- 53, 13; Babelon, l. c. 2, 14:
B*t«ür<r (o -i J , USS’ Pobbe appelle souvent le préteur provincial o-rçaTV/ô
i cette (lénnm’m i-’ ’ 3| *®' 10 ’ 3 , 100, 0; 33, 1, 5), mais il étend à to
,Cu ;;U Fréteur urbain (33, ,, 5; cf. Thcmistius, Or. 34, :
décemvirs , u i ■ * Mommsen le conclut de Val. Max. I, 1, 9. — » Ain
- «Pour la .Cva'1 cr6er la loi agraire de Rullus (Cic. De leg. agr. 2, 13, 32
' *• 5; lZ ‘‘°l,nter SiCa,'i0S' CÎC- P>'° 53' 117 • - 7 Cic. Ad A/
P_ Wnu puiifc || ^ ■ nil"i. 4, p. 127 (Pupius). — 8 Zonar. 7,19. — 2 Momtnsc
‘3 biaise curulc sonl ■ Psl Por lé à l’admettre parce que la juridiction i
1)3115 Suet. A’er. 4, |n)U! généraj lipes à la possession de licteurs; que, de plu
^Btocipaux ont dos 1; •- 1 °bbge un censeur à lui céder le pas et que les édib
B un '«gatades liclr,,^ 0t des vei'Ses (Apul. Metam. 1, 24). — 10 Dans Liv. 2
21 1 U, 30, 7 ■ prn rP,aiCe <lu 11 représente le gouverneur. — 11 Cic. Ad Fan
,l;34' '0- - 13 Difn”0- 41’ 98 ; Verr- b 20- 671 b 28, 72. — 12 Dio. Cas
y L*0'- 'a<- n, 1876, est nnsl 'a5S- °7’ 4; Su°b Dom- >4- - 14 Le fascalis de Cor;
‘ ' e lrxt3 d’Ulpien (Di„ 'i'Tr “ Dioclétien- — 13 Dio. Cass. 53, 10 ; Cyprian. E,
K'S"a 'Z* d°nC m°mné'au Bas K '1Ui natt"bue (luo six faisceaux à tous b
, ' flet J»d. 2, 16 ... a-Bmpire. — 10 Dio. Cass. 53, 10 ; Dig. 1 , 16, l
BPPl *. «229. J H - " Ü‘°- Cass. 53, 13 ; Mart. 1 1, 98, 15. - 18 C. i. .
- Ul°- Cass. 53, 13 r
i. I. G, 1540; 13, 1, 3162; 8, su]
inconnu, pendant leur courte existence2”. Le préfet de la
ville paraît aussi avoir eu des faisceaux20. L’usage des
faisceaux s’est maintenu jusqu’à une très basse époque2' ;
ils figurent encore à l’époque de Justinien parmi les
insignes de plusieurs gouverneurs 28. A la fin de ia Répu¬
blique et au début de l’Empire, le sénat pouvait accorder
des faisceaux à ses ambassadeurs29.
Nous arrivons à la seconde catégorie de licteurs, aux
licteurs des prêtres et de ceux qui donnent des jeux. On
a d’abord les lictores curiatii 30, affectés aux sacra populi
Romani quiritiumu ; ils formaient une décurie spéciale
qui était peut-être sous la direction du grand pontife32;
ils servaient surtout à convoquer les comices par curies
pontificaux33 ; nous ne savons pas s’il faut les identifier
avec les /lamines curiales des curies 34. Fournissaient-ils
les licteurs 33 qu’on voit figurer dans certains sacrifices,
et les trente licteurs 30 qui représentaient les curies dans
les comices curiates pour la /ex curiata de imper io ?
C’est vraisemblable pour la deuxième catégorie : alors ils
auraient été ait moins trente, peut-être plus. Le flamen
Dialis a un licteur, peut-être pris parmi les précédents37.
A partir de 42 av. J.-C., les Vestales eurent le droit de pa¬
raître en public avec un licteur38. Les licteurs des prêtres
les accompagnent dans les processions39. Sous 1 Empire,
on donna des licteurs aux épouses des empereurs divi¬
nisés, en tant que prêtresses de ces nouveaux dieux10.
On concédait des licteurs, pris peut-être parmi ceux
des magistrats, aux particuliers pour des jeux funèbres 41 ,
aux édiles plébéiens pour leurs jeux42, et probablement
aussi pour les représentations théâtrales dont ils avaient
la surveillance 43. Le prêtre qui donnait les jeux des
Arvales se rendait à sa place summoto 44 : mais on ne sait
pas s’il employait des licteurs ou d’autres appariteurs.
Pour les jeux, les magistri vicorum avaient, depuis leur
création en 7 av. J.-C., chacun deux licteurs43, pris dans
la décurie spéciale des lictores populaires denuntiatores ;
comme l’indique l’épithète denuntiatores , ces licteurs
étaient aussi chargés d’annoncer les jeux ; d'après
Mommsen46, le denuntiator cité sur une inscription pour
chacune des quatorze régions de Rome47 serait un de ces
licteurs et la décurie aurait donc compris au moins qua¬
torze personnes; elle en avait sûrement davantage,
puisqu’elle avait à sa tète un ordo de dix membres48.
Parmi les magistrats municipaux, les duumvirs avaient
chacun deux licteurs, avec des faisceaux, sans doute plus
2, 48270 [vice quinque fascium). — 21 Dio. Cass. 57, 17 ; C. i. t. 8, 7044; Tac.
Ann. 2, 47; C. i. gr. 4032, 4034. — 21 Vita Sever. 2; C. i. L 3, 6072. — 22 Dio.
Cass. 54, 8 ; Frontal. De aq. 100. — 23 Dio. Cass. 55, 25. Ils les ont perdus posté¬
rieurement. — 2t Dio. Cass. 55, 34. — 25 Dio. Cass. 60, 40. — 20 H n'y a pas de
raison de rejeter comme purement métaphoriques les textes de Cassiodor. }ar. 1,
42 ; Prudent. C. Symm. 4 , 56 4). — 27 Cassiod. Var. 6, 20 ; 7, 4 ; 8, 3 ; C. Th. 9, 26,
4; 8, 9, 4; Nov. Valentin. III, lit. 22, § 6. — 28 Nov. 24, 4; 25, 5. — *9 Les
députés du sénat envoyés à Auguste en 19 av. J.-C. ont chacun deux licteurs (Dio.
Cass. 54, 10). — 30 Curiatii est la véritable forme que donnent la plupart des
inscriptions (C. i. I. 6, 1, 1885-1892; 14, 200, 2522). On trouve cependant
curiatus sur quelques inscriptions et dans des manuscrits d’Aulu-Gelle. — 31 C. i. I.
6, 1, 1892 : liclor curia[t[ius) a sjacris publicis p(opuli) H{omani ) Quiritium ;
44 296 : lictor dec(uriae) auriatiae quae sacris publicis apparet. — 32 Hypotlièse
de Mommsen, l. c. p. 23. — 33 Aul. Gell. 15, 27. — 34 Cités par Festus, p. 64.
— 33 Ovid. Fast. 2, 23 ; Festus, p. 82. — 30 Cic. De leg. agr. 2, 13, 31. — 37 Festus,
p 93 ; piut. ( Juaest . rom. 113. — 38 Dio. Cass. 47, 19. Plutarque le leur donne à
tort dès les origines [JVum. 40). — 39 Val. Max. 1, 1, 9. — 40 Tac. Ann. 1, 14;
13, 2 (deux licteurs pour la seconde Agrippine) ; Dio. Cass. 50, 40. — 41 Cic. De
leg. 2, 24, 61 ; cf. Festus, p. 237. — 42 C'est probable d'après Dionys. 0, 95. C'est
ainsi qu'on peut expliquer la chaise curule et les deux faisceaux sur une monnaie
de L. Furius Brocchus, édile plébéien (Babelon, l. c. I, p. 528). — 43 plaut. Poen.
jJrol. _ 44 C. inscr. I. 6, i, 2105, p. 512, 1. 25 et 35. — 4» Dio. Cass. 55, 8.
_ 40 L. e. p. 25, n. 3. — 47 C. i. I. 6 , 97 5. — 48 Ibid. 6, 1869, 1894 10,
■ 15917.
LIG
— 1242 —
LIG
petits et sans la hache1; les édiles ne paraissent pas en
avoir eu ‘2; d’après le règlement de Narbonne3, le
flamen Augustalis avait un licteur, que lui prêtaient
sans doute les duumvirs à l’exemple du /Ionien Dinlis ;
les seviri augustales 4 avaient, mais uniquement poul¬
ies sacrifices, les jeux et les festins, deux faisceaux qui
n’avaient pas la hache 5, et qui sont souvent représentés
à côté des inscriptions de ces personnages6. Nous con¬
naissons à Puteoli (Pouzzoles) un corps de lictores popu-
lares denuntiatores , analogues à ceux de Rome 7.
A Rome, les licteurs se composaient en grande majorité
d’affranchis et étaient toujours citoyens 8 ; des esclaves
n’eussent pu remplir leur rôle dans l’affranchissement et
dans les comices curiates. Ils avaient la même condition
que les appariteurs en général, c’est-à-dire qu’ils étaient
salariés, nommés en théorie pour un an, mais en fait à vie
[apparitores]. Ils venaient hiérarchiquement au-dessous
des scribae et des occensi , mais au-dessus des viatores et
des praeco.nes *. Ils étaient exemptés du service militaire.
Les licteurs des magistrats supérieurs 10 composaient trois
decuriae ayant chacune à leur tète un or do de dix mem¬
bres, les decem primi 11 ; il est probable que la première
était réservée à l’empereur, la seconde aux consuls et la
troisième aux préteurs 12 ; chaque décurie devait avoir un
personnel assez considérable. Ces décuries étaient orga¬
nisées en corporations13; c'est sous cette forme qu’on
voit figurer les licteurs aux obsèques de Perlinax 14.
Dans les provinces, les licteurs des magistrats romains,
rarement cités, étaient de rang plus inférieur; la mention
sur plusieurs inscriptions 16 du magistrat qu’ils servaient
fait croire qu’ils étaient temporaires et choisis arbitrai¬
rement ; cependant, ailleurs, on les voit former une
décurie16 ; et au Bas-Empire ils ont certainement pris
aussi l’organisation corporative et ils jouent pour la juri¬
diction civile de leurs chefs le rôle d’huissiers1'. La /ex
coloniae Juliae Genetivae énumère les licteurs munici¬
paux les premiers parmi les appariteurs ; mais par leur
traitement, qui est de 600 sesterces, ils ne viennent
qu’après les scribes et Yaccensus ; ils sont citoyens et
exemptés du service militaire pendant leur année de
charge18. A Ostie, ils forment une décurie avec les scribes,
les cerarii, les librarii et les viatores19. Ch. Lécrivain.
LIGNA, ÇJXa, les bois. — Le terme lignum (£ôXov) ser¬
vait à désigner la substance solide plus ou moins com¬
pacte qui constitue la racine, le tronc et les branches des
1 Mart. 8, 72; C. Th. 12, 1, 174; Cic. De leg. agr. 2, 34, 93; Ad Alt. Il, 16, 2;
Auson. Mosell. 403; Lex colon. Jul. Genetiv. c. 62 (C. i. I. 2, suppl. 5439); Ibid.
12, 4428; Maffei, l. c. 117, 2, 3; Acta aposlol. 16, 33. — 2 Dans Apul. Mêlant.
1, p. 276 (éd. Nisard), l’édile a « lixas et virgas » ; mais il ne s'agil sans doute pas
dé licteurs. —3 C. i. I. 12, 6038, 1. 2. — 4 Voir Schmidt, De Seviris Augusta-
libus, p. 79 et s. — 3 C'est à tort que la hache ligure à C. i. I. 3, 6786, 7031, et par
ironie dans Petron. Sat. 30. - 0 C. i. I. 5, 3295, 3392, 5035, 5860, 4482, 5786,
5896, 6786, 6896, 7031, 7170, 7616, 7670, 7678; Maffei, L. c. 117, 1. Plusieurs
monuments portent à tort six faisceaux (C. i. I. 5, 3295, 3386, 3392, 7031, 7610).
— 1 Ibid. 10, 515. — 8 Liv. 2, 55 ; Cic. In Pis. 23; Verr. 1, 26, 67 ; 1, 29, 72.
Tac. Ann. 13, 27; Dio. Cass. 48, 43; C. i. I. 6, 1, 1869-1915; 14, 2520, 4239;
2522, 2840, 296. — 9 Cic. Verr. 3, 66, 154; 2, 10, 27 ; Ad Quint. 1, 1, 4, 13; De
leg. agr. 2, 32; C. i. I. 14, 409 (à Ostie). — 40 C. i. I. 6, 1, 1874 : lictor ex
III decuris qui magistrat ibus apparent. — n C. i. I. 6, 1, 1809, 1870; Jullian,
Inscr. de Bordeaux, I, n” 42. Mommsen croit qu'à 6, 435, les mots ordo lictorum
III decuriarum cos désignent aussi les dix premiers de la décurie consulaire parmi
les trois décuries. — 12 Je le conclus de C . i. I. G, 1878 : lictori Aug. III dccu-
riariiim) ; 1877 : excrcuit decurias duas viatoria et lictoria consularcs ; 18,1 .
lictor Caesaris ; 14, 4239 : dec(urialis) Caes[aruni) co[n)s(ulum) pr(aetoruni) ; 6,
1, 1869 ; 1887 : dcc(uriae) co(n)s(ulari) et pr(aetoriae). — 13 Tac. Ann. 13, 2, ,
Suet. Aug. 57; Tcrtull. Apol. 37; Dig. 29, 2, 25, 1 ; 46, 1, 22. — 14 Dio. Cass.
74, 4. — 15 C. i. I. 3, 6083, 272 ; Ephein. epigr. 5, 29. — 16 C. i. I. 3, 272.
— 17 C. Th. 8, 9, 1 (335) : ordines decuriarum scribarum librariorum et Uctoriae
consul aris. — <« C. i. I. 2, suppl. 5439, c. 62. — « Ibid. 14, 353, 409. — Bibi.io-
végétaux, c’est-à-dire le produit naturel qui n-.
été façonné ni modifié par le travail de l’|lm ' P''Senc0fe
me- L°vsque
rIlle l’on cn
le bois est considéré par rapport à
fait, il prend le nom de materies (üXv,)1.
Les anciens, compàrantles végétaux aux corps,],. ■
animés, ont souvent employé, pour en désigne,, ^
rentes parties, les noms des parties de l'organisme ■
qui leur paraissaient semblables ou analomiW- U!"mial
que les vaisseaux sont appelés venue (cpXÉ6s-), ],.s H]
nervi (Ivsç)2, le tissu cellulaire mro . 1)r®
dure du bois, nommee xapSîa par les Grecs est m
par Pline aux os des animaux 4 ; l'aubier [albuniunT'^
Théophraste n’a pas distingué du reste du bois, a été’assL
milé à la graisse ( adeps ) 6.
Le bois a été utilisé dès les premiers temps pour cons
truirc des abris, fabriquer des instruments et des usten¬
siles divers, pour se chauffer et faire du charbon. Nous
énumérerons simplement ici, par ordre alphabétique
les principaux arbres dont le bois a été employé à ces
divers usages.
Abies, IXarr), le sapin6. — Cet arbre croissait dans les
diverses régions de l’Europe ; en Grèce, il se trouvait
notamment sur le Parnasse et en Macédoine1-, et celui
de cette dernière contrée était le plus estimé; il y en avait
aussi en Arcadie, près de Krané8; ici les arbres, poussés
dans un lieu qui ne recevait jamais les rayons du soleil,
atteignaient, il est vrai, une grande hauteur, mais ils
fournissaient un bois moins solide que celui des arbres
venus dans des lieux ensoleillés. En Italie, les sapins des I
Apennins et des Alpes étaient les plus recherchés et, j
parmi les premiers, on préférait ceux du versant de la
mer Tvrrhénienne à ceux des versants du nord et de lest.
Le sapin des pentes occidentales était appelé abies infer- 1
nas , l’autre abies supernas ; le bois du premier passait I
pour meilleur". 11 y en avait aussi de très beaux en .
Corse10. L’Italie en tirait de la Gaule et prisait ceux du
Jura et des Vosges ; ensuite venaient les arbres de Corse,
de la Bitliynie et du Pont, puis ceux d'Arcadie ; quant I
aux sapins du Parnasse et de l’Eubée, ils étaient rameux
et noueux et passaient pour se pourrir facilement • I
Le sapin s’abattait au printemps, époque ou 1 ecorce si
détachait le mieux12. La partie inférieure du u'°"c’qJ
était exempte de nœuds, flottée et dépouiller ‘e ï
écorce, était appelée sappinus, la parl!e s"l'tUC |
noueuse et plus dure, fusterna i3. Le hum 1 !
Il i 87 suiv«ja
graphie. Spanheim, De praestant. et usu nunvu. ('!'y ^ J\r, art.
Paulu’s Beal-Encyclopaedie, art. Fasces, t. III, P- i-‘ Horomscn, l*
Fasces , Ticwi ,
p. 1082-1083 ; Forcellini-Dc Vit, Lextcon, s. v
droit public romain, Irad. fr. I, p. 376-404; II, P- q-jlUtvd. Pi 69' l'
LIGNA. 1 Hom. lliad. XXIII, 50 et 111; Herod. IV, • ( . Bill-
5; v- ’’ uiaom
ihküA
ologie der Gewerbe u.Künste, i. ", r- appelés °“ s'"ît
3. L’humidité des végétaux est comparée au sang et i s son ^ I, l, •
suivant qu’ils en ont plus ou moins;cf. Phn.XU, m • j;js «if*»!»*' ce0
Plin. Ibid. Les bois qui ont beaucoup de tissu cellulaire sont ^ ^
• xi ai in • j. mm" JW*»*», - , . j , y - [ :
Plat. Leg. IV, 705 c; Theophr. Mût. pl. IV. MiL ■ ^
nat. XIII, 61; XVI, 197, 204; Isid. Ong. XIX. 19, ^ ^
und Terminologie der Gewerbe u.Künste, t. U, P-
où domine le tissu libreux, ivùSeiç ; cf- Theophi . lbu ’ nl0CIIc Odu
184; XXIII, 98. 11 dit eu parlant d’un arbre qm n a p.
osse a
est ,
J-”V est donné P«r<"sJ
de . r|i|) XVI, ib;|
XVI, 186. Théophraste (I, 2, 6) rapporte que le nom HP
la moelle (pr,vǫ), que quelques-uns appelient aussi jf n, p
- C Theophr. V, 6, 1 et 2 ; P, in. XII, 134 ; XVI, 38 i BI»^
Lenz, Bolanikder altcn Griechen u. Jlonur.P- 38 i, 9,
Strâucher des allen Griechenlands, p- „,„nia‘-ncs; sc*<"1 n »,
Théophraste (III, 3, 1 ) le donne comme un arbre de ^ , Vjinff.-^ .
plaisait aussi dans les vallées (XX I, 74). 8 I 160I | — 11 * , neÿfl
17; II, 10, ! el 2; Plin. XVI, 196. - «6 Theophr. V, L ^ Que ^
- 12 Theophr. V, 1, 2; V, 5, I. - 13 Vilruy. IL Yarl.. fle rem »<• ’
voulaient faire du sappinus une espèce particu icie,
Plin. XVI, 61.
LIG
— 1243 —
LIG
„.pscible, qualité que le hasard avait fait
réputé impu^e® une inondation en Arcadie1, avait de
(fcouVrir 10' hlATERIES].
nombreux;.^ . . Xeïvo;, l'érable2. -Les Grecs en
Tr,^SV°t Tui oü trois espèces. L’une au bois fauve,
distinguaien croiggaitdans les montagnes humides 3
veiné et solide, ,u gembie, dans la région de
et botammen » ‘ ^ ^ Macédoine, était appelé ^yt'a par
r0lympe , L „avs- l’autre, au bois blanc, plus tendre
|ShabTvei.i était désignée dans cette même région
el moins - : dig qu’ailleurs elle paraît avoir
5; «ne troisième espèce, du côté
rel - 1 .i 1 1 appelée xXtvoTooyoç 6. L’érable blanc nais-
Et aussi au delà des Alpes; on l’appelait gaulois (galli-
, Ls l’Italie transpadane 1 où l’on s en servait pour
fearier^la vigne 8. L’Ualie tirait les érables de l’autre
iècc do rist.de et de la Rhétie; c’était de ces pays que
venait la plus belle sorte dénommée pavonine d apres la
disposition des veines ; on appelait la moins belle cr««-
jLenium 9. Ce que l’on prisait surtout dans 1 érable,
c’étaient des protubérances ou tubérosités appelées brus-
cum d molluscum '0.
K Alaternus, l’alaterne 11 . — Cet arbre ne naît que
dans les montagnes ; il se trouvait en Macédoine 12. Son bois
blanc était bon pour les ouvrages de tour 13 [tornatura].
mAlnus, xVïjûpa, l’aune14. — Les anciens connaissaient
une seule espèce d’aune 1,1 ; c’était un arbre au tronc droit,
au bois tendre qui croissait dans les plaines et dans les
lieux humides16. Enfoncé en terre dans les endroits
marécageux, son bois passait pour avoir une durée indé¬
finie ; aussi l’appréciait-on là où il fallait construire sur
pilotis11 [materies].
I Cet arbre, dans lequel la tradition voulait que les pre¬
mières barques eussent été creusées18, paraît avoir été
l’objet d’une culture particulière en Italie, où on le multi¬
pliait au moyen de scions fichés en terre19. Planté dans
Iran, il protégeaitles campagnes contre les inondations20 ;
son ombre passait pour favorable aux plantes21; on lui
connaissait des tubérosités, mais elles étaient loin
Bêtre prisées comme celles de l’érable et du citre 22 ; enfin
F feuilles étaient employées en médecine23.
Bpdrac/t/e, àvo pxjrXvi, espèce d’arbousier24. — On est
^pccord pour voir dans cette plante une variété d’arbou¬
sier commun. C’était, selon Théophraste, une plante de
montagne qui ne venait pas dans la plaine; on la trouvait
du côté de la Macédoine. Son bois était employé pour les
métiers à tisser23.
Aqui folium, agrifolium, aqui folia arbor 26, xqXac-
xpov 27, le houx. — Il parait très vraisemblable que les
anciens connaissaient le houx. Classé parmi les arbres
sauvages à feuilles persistantes qui résistaient a la cul¬
ture28, il poussait du côté de l’Olympe29 et se plaisait
dans la plaine et dans la montagne 30. Planté dans une
maison de ville ou de campagne, il avait la réputation
de préserver des maléfices31. Son peu de développement
à l’état sauvage ne permettant pas de tirer un grand
parti de son excellent bois, on n’en faisait guère que des
traverses 32 et des bâtons33 qui passaient pour avoir la sin¬
gulière propriété, lorsqu’on les lançait trop faiblement
contre un animal, de se relever d’eux-mêmes pour se
rapprocher de la bête34.
’Apta, l’alisier allouchier 3S. — Il est décrit comme un
r ’
arbre à bois dur36, incorruptible37, difficile à travailler38
et qui donnait un excellent charbon39 dont on se servait
dans la métallurgie de l’argent pour le premier grillage
du minerai.
Balanus , pâXavoç, la noix de ben40. — Ce mot désigne
un arbre d’Égypte qui fournissait un bois solide employé
dans les constructions navales et à d’autres usages sur
lesquels nous ne possédons aucun renseignement41. Son
fruit était utilisé dans la parfumerie [unguenta]42.
Betulla, le bouleau43. — Inconnu en Grèce41, le bou¬
leau est décrit par Pline comme un arbre de Gaule qui se
plaisait dans les lieux froids45. Les baguettes de bouleau
composaient les faisceaux des licteurs; elles servaient
aux ouvrages de vannerie, à faire des liens46. En Gaule,
on extrayait du bouleau une espèce de goudron.
Buxus , Ttù'o;, le buis47. — On le rencontrait dans la
Grèce septentrionale48, en Macédoine, au mont Olympe,
mais il y était de grandeur médiocre, noueux et pour
cela même inutilisé 49. C’était au Cytore, en Paphlagonie,
dans le Bérécynthe, en Phrygie, et dans les Pyrénées
qu’on en trouvait la plus grande quantité, mais le plus beau
et le plus développé venait de la Corse50. Le buis four¬
nissait un bois estimé pour sa couleur jaune clair51, qui
ne se pourrissait ni se fissurait 52. Impropre au chauffage
bien el à, * -, ’ ’’ C’ 4c saI’'n Gaule, suivant Palladius, se comj
». 3 i - a' unc Srantlc durée in operibus siceis ; cf. Blümncr, 11, p.
- 2 Plin yvi saP*n est aussi contestée par Vitruve, 11,
il. Lï » 1 TI",pbr"S''‘- f' m. >,l; H. Blümner, 11, p. •*>,
“■ - ‘"-t*. I», >1, * Plin. XVI, «.
III, 11, i ej o ’ ! ' | ' ’ la'1 lcs “bres poussés dans des lieux secs. — 4 Tlu
ïrbres différents (Tl ' UI1S regardaient la agvSajjivo; et la Çiqia Commt
*ïgia nue csncVe • , 3’ ,:'lcz les Latins, ceux qui voulaient faire
etVitruv. IL 0 jT y’eudantede ' érable l’appelaient carpinus ; cf. Plin. X\
lolcït« n’est pas ailérrU'fCeem0t?1USbaS' ~ n Theophr. 111, 11, 1, si loutef
'G- 246, n. 3. LTpi C \SC,lmeidcr’ ad Tbeophr. III, p. 201, cité par II. Blü
XIV'«5.- 10 P|in vVI .b'66'— 8 P' >n. XVU, 201.- 9 Plin. XVI, GG ;
~~ Tlieopl,,. //,,,. ’. . . / 1 1 1 l ee, Ind. Thcophr. (coll. Dklot) ; Lenz,
r'1. 31 ; Bliimne, Vf ~ ” TheoPhl’’ V, 0, 2. _ H Lenz, ,
0ll«re [Odyss. V, ci .VOcl‘ lle cl'oit Pas <lua l’arbre appelé xli:0
B“c AVI, 218) parle „„ . ' l’uisse être identifié avec l'aune. — 13 Cep<
! 1V’ 8’ 1 i Plin'. rST' d° laune noh’ "«!/>•«)• — 10 Theopl
~ 4VCC 'ns arbres qu; ’ “ ’ c4 ^^Xl, 4L. Théophraste cependant (I, 4
1>illpilv. H, 9,10- in * U'a‘tnl 'ivre dans les lieux dépourvus d'imr
’ 12>6; Plin' XVI, 2,8-219; Pallad. Aor.
L n,11’ 451 ! Lucan w, souvenl à désigner une barque ; cf. Virg. (
n «a L !'Z, ' "• «> « sa. lui. xit, su
— il , " 21 Plin. XVII on'3’ y1’ 10°’ etc' ~ 19 Plin- XVU, CS. - 2(
p.l,. v’2; E 554l Fée, fd T) ,2 Pli"‘ XV1, 69 ot 231- - 23 Plin- XX1
■ ’VlCUlcl,",Cu/( he0!lhr- Ml- Didol); Blümncr, 11, p. 249;
‘■en und ffausthiere in ihrem üebergang aus
(0" éd ), p. 396. — 23 Tbeophr. V, 7, G; Plin. XIII, 120; cf. Suid. s. e. àvSpà/xv; .
Unc autre espèce d’arbousier appelée en grec xop.afo;, en latin unedo (Tbeophr. I,
9 3; V, 9, 1 ; cf. Plin. XV, 99), avait un bois dense qui donnait un excellent char-
lion qui, à l’égal de celui du chêne et de l’alisier (ijin), servait dans la métallurgie
de l’argent pour le premier grillage du miuerai. — 26 Le terme aquifolium chez
Pline a paru répondre au houx (XVI, 80, 90 et 91), ainsi que aquifolia arbor (XXIV,
116), où sc lit la forme ayrifolia (plur.). D’après Lenz (Op. cit. p. G50), dans le
nord de l’Italie cet arbre est encore appelé aquifolio et ayrifolia. — 27 Sprengel
(cité par Blümncr, II, p. 285) pense que la plante appelée j-LW-roo» par Théophraste
(ij xjjXaoTfo;, fJist.pl. IV, 1, 3) est le houx;cf. Karl Koch, Op. cit. p. 133, qui fait
remarquer que ce que dit Théophraste de son bois (V, 7, 7) et de sa fructification
(III, 4, 5) convient bien au houx ; cf. Lenz, p. 650. — 28 Tbeophr. Hist. pl. I, 3,6.
_ 29 ld. I, 9, 3. _ 39 ld. III, 3, 1. — 31 Plin. XXIV, 116. — 32 Plin. XVI, 230.
_ 33 Tbeophr. Ibid. V, 7, 7 ; selon lui (V, 6, 2), ce bois se travaillait bieu au tour
l tornatura]. — 34 Plin. XXIV, 1 16. L 'aquifolium est aussi mis par Pline (XVI, 231)
au nombre des bois qui se débitaient en plaques minces pour en revêtir d’autres.
— 33 Fée, Ind. Thcophr. ; Lenz, p. 689; Blümner, p. 296. — 36 Tbeophr. Hist. pl.
V, 3, 3. — 37 LL V, 4, 2. — 38 1d. V, 5, 1. - 39 ld. V, 9, 1. —40 Fée, Ind. Thcophr.
Le nom scientifique est hyperanthera moringa ou moringa pterygosperma ; cf.
Blümner, II, p. 279. — 41 Thcophr. IV, 2, 1 et 6. Pline (XIII, 01) le croit utilisé
seulement dans les constructions navales. — 42 Tbeophr. IV, 2, 6. — 43 Lenz, p. 392.
_ 4t Koch, Op. cit. p. 59. — 43 Plin. XVI, 75. — 4G pljn. XVI, 176. — 47 Lenz,
p. 658; Koch, p. 70 ; Blümner, II, p. 252. — 48 Tbeophr. III, 3, i. — 49 Thcophr.
III, js, 5; V, 7, 7. — 30 Tbeophr. 111, 15, 5; cf. Eustath. ad Iliad. 1, 206; Plin.
XVI, 71 ; cf. Ovid. Metam. IV, 311 ; Virg. Georg. IV, 437 ; Catul. IV, 13. — 31 plin.
XVI, 70. — 52 Theophr. V, 3, l; V, 4, 2; Plin. XVI, 212.
LIG
— 1244
LIG
et à la fabrication du charbon, il se travaillait très bien 1
et était employé dans la menuiserie pour des pièces qui
exigeaient un bois d’une grande solidité, capable de
résister à la carie, à l’humidité et à l’influence du temps 2
[materies]. Les Romains, qui en distinguaient trois
espèces, aimaient le buis pour les jardins et appréciaient
celui de Gaule et celui d'Italie ; la troisième espèce,
appelée oleastrum , n’était d’aucun usage à cause de sa
mauvaise odeur3. On le multipliait par des boutures en
liant ensemble cinq ou six brins \
Carpinus, oarpé; et ôsTpua, le charme5. — Le charme
était connu comme arbre de montagne et de plaine qui se
plaisait dans les lieux humides G. Indigène dans l’Italie
transpadane 7, il était estimé pour son bois pâle, blan¬
châtre et dur [materies] ; mais en Grèce on lui attribuait une
influence fâcheuse sur la parturition8. Il fut beaucoup
employé pour faire des torches (faces) 9, et sa cendre avec
celle du hêtre entrait dans la préparation appelée sapo10.
Castanea , le châtaignier11. — Nous ne savons si cet arbre
était connu des Grecs, mais il était l’objet d’une culture
étudiée en Italie, où on l’avait amélioré par des greffes
renouvelées12. Il se plaisait, disait-on, dans les montagnes
et dans les vallées13, mais il aimait les terrains secsu.
Le châtaignier se multipliait de graine ou de provins et
se coupait à sept ans13. Son bois, classé parmi ceux que
la carie n’attaquait que très tard16, servait principale¬
ment à faire des échalas pour la vigne 11 ; un jugère de
châtaignier fournissait des échalas pour cinq jugères de
vigne. On employait encore ce bois à d’autres usages sur les¬
quels nous n’avons que des renseignements très vagues18.
Cedrus , xsôpo;, le cèdre. — Le cèdre dans l’antiquité a été
souvent confondu avecle genévrier (àpxEuOcç, j uniperus)1* .
Il est mentionné dans Homère où Calypso le fait brûler
avec d’autres bois odorants20, mais on ne peut savoir
exactement de quelle espèce d’arbre résineux il s’agit.
Théophraste, qui ne parait pas avoir vu l’arbre lui-même,
le classe parmi ceux qui se plaisent dans les lieux froids
et qui viennent dans les montagnes de Thrace et de
Phrygie21. La Syrie en produisait dont les dimensions
étaient remarquables; il y en avait notamment de foi t
beaux dans les jardins de ce pays22. Cet arbre dominait
en Cilicie23. Le grand cèdre ( cedrus magna , major),
i Plin. XVI, 71. — 2 Vilruv. VII, 3, I ; Plin. XVI, 212 et 221. — 3 Plin. XVI, 70.
_ 4 Plin XVIIv 163. — B Lenz, p. 393; Blümner, II, p. 294; Koch, p. 56.
_ 6 Theoplir. III, 3, 1 ; III, 40, 3; Plin. XVI, 73 et 74. - 7 Plia. XVII, 201.
— 8 Theophr. 111,10,3; cf. Plin. XIII, 117. — 9 Plin. XVI, 75. — 10 Plm.XXVIIl,
jgi _ li On ne fait si les Grecs ont connu le châtaignier; on a voulu 1 identifier avec
l’arbre appelé Aib;pà).avo; ou SioiCiAavo; (Theoplir. Hist. pl. III, 3, l ; 3, 8 ; 4, 4, 10,
1 etc.); cf. Fée, lnd. Theoplir. (coil. Didot), rpii cite Sprengel, et K. Koch, p. 48-49 ;
Lenz, p. 410. D'autre part, V. Hehn conteste que cet arbre, qui donne encore de
mauvais fruits en Grèce actuellement, y ait été cultivé dans l'antiquité; cf. V. Hehn,
Culturpflanzen (6' édit.), p. 385. Quant à la mention du fruit sous le nom de
„vai-,î>v Xàouov (Theophr. Ibid. I V,8, 1 1 ), elle se trouve dans un passage d une authen¬
ticité douteuse ; cf. Bliimner, II, p. 271, n. 7.- «Plin. XVII, 122; Ibid. 59. -13 Plin.
XVI, 74. — H Plin. XVI, 76. — «Plin. XVII, 59, puis 147-150. — «Plin. XVI, 212.
L 17 Plin. XVII, 167. — 18 Pallad. Nov. 15, 2. — « 11 est impossible, dans
nombre de passages de Théophraste, de démêler, d'après la description, s’il s’agit
du cèdre proprement dit ou de quelque espèce de genévrier; voir Lenz, p. 382 et
suiv. ; Blümner, II, p. 254. Du reste, Théophraste lui-même nous apprend que les
deux arbres avaient été désignés par le même nom de *s8?*î (IU, 12, 3); dans ce
passage, l’observation que le genévrier paraît être plus élevé montre bien qu il y a
eu confusion ; cf. Lenz, Op. cit. p. 357, n. 767. Une autre preuve de cette confusion
se trouve dans un passage de Vitruve (II, 9, 13) où il dit que la feuille du cèdre
ressemble à celle du cyprès. Voir Lenz, Op. cit. p. 9, et K. Koch, Op. cit. p. 39.
— 20 Hom. Odyss. V, 60. Chez Virgile (Aeneid. Vil, 13), Circé brûle des torches
de cèdre; cf. Plin. XIII, ÎOO,” où il y a une erreur au sujet d’Homère. - 21 Theophr.
Caits. Plant. I, 21, 6 ; Hist. pl. IV, 5, 2 ; Plin. XVI, 73. —22 Theophr. Hist. pl.
IV, 5, 5; V, 8, 1 ; cf. Plin. XVI. 137. — 23 Theophr. III, 2, 0. — 24 Plin. XIII, 52-53;
xxiv’ 17. L 23 plin. XVI, 203. — 20 plin. XVI, 197. — 27 Vitruv. Il, 9, 13; Plin.
ainsi appelé par opposition au petit cèdre (m/n
cedrus hjcia, phœnicia) qui est vraisemblable' ”lî'no'’’
genévrier, reçut aussi le nom de cedrelate 21 J,ment Un
plus considérable dont on fasse mention venait dû n dl° f
il avait été abattu pour la galère à onze ran^de T®'
de Démétrius Poliorcète et mesurait 130 pieds L?1168
il fallait trois hommes pour l’embrasser 23 \ . °n8î
cèdres de Syrie, ceux de Crète et d’Afrique ëtab'in f*
plus estimés25. Outre le bois qui était ree-i ^ es
elernel-', on appréciait 1 huile qui se tirait de la m
du cèdre comme préservatif contre les vers et h US*n.e
ture, aussi bien pour le bois que pour d’autres nuis I
On s en servait en Egypte pour embaumer les morts»
et elle avait grande réputation pour la conservation des
bois et des livres29.
Celtliis, voir Lotus.
Cerasus, xspGccoç, le cerisier . * 11 passe pour avoir été
introduit en Italie par Lucullus31; au temps de Pline sa I
culture s’était étendue jusque dans la Bretagne. 11 fut culJ
tivé surtout pour ses fruits; cependant son bois est!
décrit comme s’il avait été employé dans les construc¬
tions32, mais on ne saurait dire à quel usage.
» Citrus , Ou x, Ouov, le thuya articulé33. — La racine de
cet arbre a fourni un des bois les plus recherchés du
luxe romain. Il était peu connu des Grecs; ceux-ci,
pour qui son nom est indécis (Oua ou Ouov), savaient
seulement que c’était un arbre de Cyrénaïque semblable
au cyprès, dont le bois imputrescible avait servi jadis de
bois de charpente dans le pays d’origine 34 ; ils n’ignorent
pas que de celui de la racine on afait des ouvrages de prix.
A l’époque romaine, on le trouva dans la Mauritanie, où
ceux du mont Ancorarius ne tardèrent pas à être épuisés1’.
Comaros, voir Andrachle.
KoXotTia, le saule marceau30. — On le trouvait dans
l’Ida37, mais nous ne savons si c’est en Crète ou en Asie;
nous ignorons aussi l’usage de son bois dense et dur.
KoAouTÉa.le baguenaudier38. — Tout ce que nous savons
c’est que son bois fut employé pour faire des bâtons”. I
Cornus, xpdtvEta, le cornouiller*0. Arbre de monta8nee I
de plaine'*1, le cornouiller se trouvait en Truade e J
Macédoine où il poussait dans des lieux huinivh s ■ f
nommé dans Homère u.
xm
cf
53; XVI, 212 et 213. — 23 Herod. H, 87; cf. Dioscor. cf. H*
XVI, 52; Diod. Sic. I, 91, 6. — 29 Vitruv. Il, 9, 13; Blin. •_ ^ ^
Arspoet. 331; Ovid. Trist. 111, 1, 13; I, I, 7 I Mar]’ ^ nrail. franj-W
Ado. indoctum, c. 16 ; J. Marquardt, La vie pnvee des ,93 el 20#;
p. 485. _ 30 Fèe, lnd. Theophr .; Lenz, p. 270; hoc i, /• cst jécrit dans
Hehn, Op. cit. p. 390 et suiv., pense que c’est un «erisie I emel|e; cf. Scrvii*
Théophraste ( Hist.pl . III, 12, 1) comme un cornouiller xV| giOetSI»-
„d Virrj. Georg. .1, 18.-3. piïn. XII, 14; XV, 10 ’ “ être
_ 33 11 ne semble pas que l’arbre appelé Dn.V par Théop pclsisUnt |
au citrus des Latins, car il le classe parmi les arbres vers a ^ 1, 9, Si
naissent sur la cime des montagnes dans tes régions i ^ ;| KgirJe le *
1, 3) ; Sprengel voit dans cet arbre le genévrier < c gchn’eijeri lnd. ,
ou Ojov do Cyrénaïque comme le tliuia articulata, J I
p. 393 ; Lenz p. 302 ; Blümner, II, p. 273, et
tarifera. Quant au Oâov que Calypso (I om. J ^ floWespond. - (1J
bois odorants, nous ne pouvons savoir a que > 95. Lc bois
V, 3, 7 ; V, 4, 2 ; Pli». XI.., 400-102 -
figurait dans le triomphe de César sur la Gau , P conime 0„ en tr0"' eP6èï
T doit s’agir ici non du thuya, mais de bois ve ^ _ 36 Sali# '«frea}'L. Mt
Ligures ; cf. Strab. IV, p. 202, et Lenz, p. 303, 11. 790 ^ ^
selon Fraas, c’était la berberis cretica ou ép.nc ^ ^ tW"
cf. F*50
Theophr. — 37 Theophr. Hist.pl. IU, 3-
r _ , i» • z . / 1 1 1 I 4
ner
p. 295. — 39 Theophr. Hist. pl.
Blümner, p. — , — . ,
Plin. XVI, 74. — 42 Theophr. Ibid. IU, 12, ï
X, 242.
III, 14, 4. — 50 Lenz, p
590;
Koch, P
BIS®' |
149;
r. msi. pi- »■*, , ffist. pl’
270; Fée, lnd. Theophr. — *‘ ,:)‘[j°onl ///«<(. *'1’ ‘
37; irn
LIG
1245
LIG
mraisscnt en avoir distingué deux va-
I Les iinCienh V\ ig très dur qu’ils appelaient le cor-
riétés, l’one au ^ boig pluS tendre qui, à leurs
nouiUer wjle» 1 llei. Cet arbre, qui se reproduisait
yeux.éta't ^ outUres2, servait) dans l’Italie transpa-
de sciais e ' 1 . 3_ Qn appréciait aussi son fruit
|ane,àfflarier 1 . pavoir fait sécher au soleil4,
que !'«" conservait apres* k coudl,ier noiseUer. -
CCrt " 'rrûcSl dans les montagnes • ; on le trouvait
llvival i nl-iine7 ' son bois était employé dans la
lssidT one„ faisait des échalas*, des broches1»
gS’lM arbre se multipliait de boutures" ; et son
voisinage était censé nuire aux vignes • _
r*n,aM0S xpotTaiyoî ou xparaiy^v , 1 azarolier .
«naLsons pas l’usage de son bois qui est
«pendant mentionné comme solide .
Cupressus, xu*ipi™ç, xuTrap^o;, le cyprès • au
temps de Théophraste, on croyait que le cyprès était indi¬
gène en Crète ; c’est là qu’il trouvait, ce semble, les condi¬
tions de vie les plus favorables; car si, partout ailleurs,
on le reproduisait au moyeu de graine, en Crète il re¬
poussait du tronc, de la souche et même de la racine ; il
naissait spontanément, disait-on, dans la chaîne de 1 Ida et
sur les montagnes blanches aux sommets toujours couverts
de neige11. C’était d’ailleurs dans les climats chauds qu’il
se plaisait le mieux, en Lycie, à Rhodes, en Cyrénaïque18.
[ Il paraît avoir eu quelque peine à s’acclimater en
Italie19, où l’on cultiva surtout deux variétés, le cyprès
pyramidal, considéré comme l’arbre femelle, et le cyprès
étalé, appelé arbre mâle, auquel on mariait la vigne ;
l’autre servit d’abord à séparer les rangées de pins dans
les plantations, puis entra dans la décoration appelée
topiarium opusM [iiortusJ. Des deux variétés on tirait
des perches et des pieux, qui, à la treizième année, se
vendaient un denier ; les plantations de cyprès étaient
d’un bon rapport et on les appelait la dot d’une tille21.
Le cyprès se semait en avril dans un terrain meuble,
bien aplani, et on le transplantait au bout d’un an22. Sa
longévité était grande et l’on citait à Rome un cyprès
contemporain de la fondation de la ville qui périt à la lin
du règne de Néron23. Cet arbre était consacré à Pluton
■et ses branches se plantaient auprès des maisons où il
avait un mort24 [arbores sacrae, funus]. Son bois,
susceptible de prendre et de garder le poli, était très
“ ‘ ’ - 25 ° 1 7
; mais on recueillait aussi ses baies qui ser-
à la fabrication d’un vin artificiel 26 et fournissaient
huile employée dans la préparation des parfums21
■en médecine23. Sa résine était peu estimée29.
Welle de Th1 ^ * ’ P*‘n’ '«S- V. Ilehn croit que le cornouiller fe-
— 3 Piin jy,| ,astc cst,m “risier ; cf. cerasus. — 2 Theophr. Ibid. 111,12, 2.
. T/ieoa,. .y 7 ' ' ’ T Un. XV, 105. — 6 Lenz,p.394; Koch, p. 54; Fée, lnd.
XVI, U ’ à T.** ln’.P‘ 38°’ 389' ~ 6 Theophr. Hist.pl. I, 3, 3; 111, 15, I. — 1 Plin.
T. *— 8 Theophr. Ibid. 111 15 o __ . -----
estimé ;
voient à la
Gu I
%• 11, 390. - Il
hd n 7 - XV1|7(
iblaitZ T1VP‘ine(XXV11'
,PUn- XVH, 07. - 12 pim. XVII, 151
03) dit que cet arbr
9 Plin. XVII, 151. — lOServius, a<2 Virg.
13 Lenz, p. 091 ; Fée,
il a fait une confie i "'e ®3) dit que cet arbre s'appelle en Italie aqui folia ;
-16 Lenz, p aqui folium.— K Theophr. Hist.pl. III, 15, 0.
akt vl. III ?,, ,p- 34 ; Blümner, II, p. 257 ; V. Hehn, p. 276. — n Theophr.
j'I-ïheophr’, Hüi ji’ivî1 I1,2, 2i C“"s’ plant' h 2, 2;
l39' - 20 Pli„. xvj 1 ! IV- 5> 2; cf. Pliu. XVI, 142 sub fin. — « Plin. XVI,
•‘filial; cf ^ Les Grecs n’ont peut-être connu que le cyprès pyra-
XVh 230. _ 24 plitj xv 4, ~ 21 P1>n- Ibid. — 22 PHn. XVII, 73-74. — 23 PRn.
v llls’ *• b. eu ’ 130 ; cf- Servius ad Aeneid. III, 04 ; Hor. Od. Il, 14, 23 ;
V’ “*• ~ " Plin vT,, TI,e0Pllr- Bût. pl. V, 4, 2 ; Plin. XVI, 215. - 26 Pli„.
H * FH<\ lnd. Theo )/ir ; 9- — 28 Plin- XV, 28 ; XXIII, 88. — 29 Plin. XIV, 122.
2 Theophr . m/U''
ft JvT" ■ ; Le,‘*. p :,o .
I ' Lcni. li.40îi;Koc7’ V- lhe°Phr’ 1. 14, 2. — 33 Anlh. Palat. VI, 33, 5.
v ’ p Sa'a6 ; l!lünmer, II, p. 250. — Sü Theophr. Hist. pl. III,
lA J • ~ “ ‘“n. XV, 28 ; XXIII, 88. — 29 plin. XIV, 122.
7 ;;cm’ P- 718 ; Koch, p. 222; V. Hehn. Op. cil. p. 399.
P - < 3, 1; cf. 1, 0, 1; Plin. XVI, 186. — 32 Fée, lnd.
'■>3: cf Tl _ _ .. ... . ’
Cytisus, x’jtptoç, la luzerne arborescente30. — Nous ne
trouvons que la mention de la dureté du bois, sans
indication d’usage31.
Erica, êpstxv), la bruyère en arbre32. — Le bois paraît
avoir été employé à faire des socles 33.
Fayus , le hêtre34. — Les Grecs en connaissaient
deux espèces, l’une blanche, qui croissait sur les mon¬
tagnes et dont le bois était très estimé, l’autre noire,
qui poussait dans la plaine et était regardée comme
de moindre valeur 3:i. Les plaines du Latium produi¬
saient des hêtres admirables et de grandes dimensions ,lü.
L’écorce du hêtre servaità certains usages religieux3' ; son
fruit, la faîne {glansfagea), se récoltait pour les animaux 38,
enfin sa cendre entrait dans la préparation du sapo3'.
Ferula , vàp07|?40, la férule commune41. — On la regar¬
dait comme le plus léger des arbrisseaux et comme très
propre à faire des cannes pour les vieillards42.
Ficus, aux-?;, le figuier43. — Le figuier était plus re¬
cherché pour ses fruits que pour son bois ; présent des
divinités, il était sacré pour les Grecs et le figuier rumi¬
nai était l’objet de la vénération des Romains [arbores
sacrae]. Les Grecs le cultivèrent avec soin dans la plaine ;
le meilleur moyen de le reproduire était de planter en
terre, après l’avoir appointie, une branche un peu forte
que l’on enfonçait à coups de maillet jusqu à ce qu elle
ne dépassâL plus que très peu; on recouvrait ensuite de
sable ; ce procédé donnait les plus beaux plants **; on le
piquait aussi dans une scille pour le préserver des vers 4\
Pour donner de bons fruits, il ne lui fallait en général
que peu d’eau; le figuier de Laconie faisait exception*5.
On vantait les figuiers du Pont4', ceux de l’Ida en
Troade, au bois fort et souple, qui atteignaient les
dimensions de l’olivier48. Le figuier fut aussi 1 objet
d’une culture soignée en Italie où l’on acclimata dans la
campagne d’Albe des espèces syriennes49. Il était au
nombre des arbres que l’on plantait dans les vignobles 5U.
Dans les montagnes du côté de la Macédoine poussait le
figuier sauvage (âpiveôç, capri ficus) 31 dont on estimait le
bois pour sa souplesse52; il était entretenu aussi en
Italie pour la greffe et la caprification 53 [poma].
Fraxinus , gsXta, le frêne ou orne; bumelia , poupîXioç,
le frêne élevé54. — Les anciens avaient distingué deux
espèces de frênes ; l’une d’un beau port, très élevée, peu
noueuse, au bois relativement tendre, se plaisait surtout
dans les vallées et les lieux humides et était appelée en
Macédoine pougéXioç ( bumelia ); 1 autre espèce, moins
haute, au bois plus serré et plus dur, croissait sur les
montagnes58. D’après Théophraste, l’espèce appelée geXia
10 i-2. — 30 Id. V, 8, 3. Pline (XVI, 74) en fait mention parmi les arbres qui des¬
cendent aussi dans la plaine, ce qui fait supposer une omission dans les lignes
précédentes. Sur un hêtre consacré à Jupiter, cf. arbores sacrae, t. I, p. 361.
— 37 Plin. XVI, 35. - 38 Plin. XVI, 16, 18 , 25. — 39 plin. XXVIII, 191. —40 Theophr.
Hist.pl. 1, 2, 7; 6, 1-2. —41 Lenz, p. 563; Fée, lnd. Theophr. — 42 Plin. XIII,
123. _ 43 Lenz, p. 421; Koch, p. 71; V. Hehn, p. 94; Blümner, II, p. 269.
— 4t Theophr. Hist. pl. II, 5,7; II, 5, 4; Plin. VH, 123 et 154. Il y en avait de
très nombreuses variétés ; cf. Theophr. Hist. pl. Il, 6, 6; Cutis, pl. V, 1, 8 ; I Un.
XV, 68-83. — 48 Id. Il, 5, 5; Plin. XVII, 87. — 46 Id. II. 7, 1. — 47 Id. IV, 5, 3.
— 48 plin. XV, 68. — 49 Plin. XV, 83. — 80 Plin. XVII, 200. Théophraste ( Caus ■
pl m, io, 6) le déclarait nuisible à la vigne à cause de l'ombre qu'il répandait
— 81 Theophr. Hist.pl. 111, 3, 1. 11 était connu d’Homère ; cf. H. VI, 433 ; XI, 167 ;
XXI, 37. Dans YOdyssde (XII, 103) c'est un figuier sauvage qui est auprès de
Charybde. En ce temps on fait aussi mention d’un figuier cultivé (®ux£zi yT.uzîjr,):
cf. Odyss. VII, 116. — 82 Theophr. Ibid. V, 6, 2; Plin. XVI, 227. — 53 Plin. XVII,
112 254 et 256; XV, 79 et suiv. — 84 Lenz, p. 509; Koch, p. 129 et suiv. ;
Blümner, II, p. 268. — 65 Theophr. Hist.pl. 111,11, 3 et 4; Plin. XVI, 62-63
et 74. Ceux qui distinguaient les deux espèces seulement par l'habitat,
reconnaissaient un arbre de plaine au bois madré et un arbre de montagne au bois
serré.
157
LIG
— 1246 —
se trouvait dans le Pont1 et les deux étaient abondantes
dans la vallée du Nil2. Comme le bois de frêne était des
plus utiles et se prêtait à toute espèce de travail3, cet
arbre fut cultivé en Italie, où l’on préférait celui qui
avait poussé dans des endroits humides 4. II se multi¬
pliait au moyen de boutures que l’on transplantait vers
le milieu de février5 et on l’abattait en automne6. Il
fut aussi planté dans les vignobles7.
Hebenus, ’sSev&ç, l’ébénier, plaqueminier ébénier8. —
Les anciens n’ont sur l'ébénier que des renseignements
très incertains. Théophraste paraît croire que c’est un
arbrisseau particulier à l’Inde9; il n’en connaît que le
bois qui était dans le commerce dès une haute antiquité
et classé parmi les matières précieuses, puisque les
Éthiopiens en payaient tous les trois ans au roi de
Perse un tribut de deux cents troncs ou bûches10
(<fiXa yyEç) dont nous ignorons la mesure, et que Pau-
sanias dit avoir vu de très anciennes statues en ébène11.
A l’époque de ce dernier circulaient encore sur la nature
et la provenance de ce bois des récits fabuleux qui
tendaient à le faire passer pour une matière fossile12.
L’ébène avait figuré dans le triomphe de Pompée sur
Mithridate 13. On dirait qu’il y avait deux espèces d’ébé-
niers : l’un rare, dont le bois était beau et bon, l’autre
commun n’offrait qu’un bois sans valeur14. La poudre
d’ébène passait pour un excellent remède ophtalmique15.
Hedera , xitto;, xta^ôç, sXt;, le lierre16. — Au IVe siècle
avant notre ère, on connaissait de nombreuses espèces
de lierres, parmi lesquelles on distinguait trois princi¬
pales que l’on appelait le lierre blanc, le lierre noir et
l’hélix, faisant ainsi du lierre rampant une espèce
à part qui, selon quelques-uns, pouvait se changer en
lierre (à7roy.txTouffGai) proprement dit17. On savait aussi
que cette plante avec le temps pouvait prendre les pro¬
portions d’un arbre 18. Bacchus avait adopté le lierre pour
se couronner [corona] 19 ; c’était aussi 1 attribut de
Silène20; des peuples de Thrace en ornaient leurs
casques et leurs boucliers dans les fêtes religieuses21;
une variété de lierre noir, appelée par quelques-uns lierre
de Nysa, servait à tresser les couronnes des poètes22. Le
bois de cette plante [materies] passait pour avoir la pro¬
priété de séparer le mélange d’eau et de vin en laissant
passer ce dernier seulement23; on en faisait aussi des
briquets24 [igniaria].
Juglcins , xapua eùSoïxq, le noyer2’. — Les renseigne¬
ments font défaut sur la culture du noyer en Grèce.
1 Theophr. O. I. IV, 5, 3. — 2 Id. IV, 8,2.— 3 Plin. XVI, 62 et 228. — * Plin.
XVI, 74. - 6 Plin- XVI, 67 et 78. — 6 Theophr. V, 1, 2. — 7 Plin. XVII, 200.
— 8 Fée, lnd. Theophr. ; Blümner, II, p. 258. — » Theophr. Hist. pl. IV, 4, 6. Il
paraît savoir (V, 3, 1) que le cœur seul de cet arbre est noir ; cf. IX, 20, 4, où il dit qu’à
première vue le bois de l’ébénier est semblable au buis, mais qu’il devient noir après
avoir étéécorcé ; Théophraste confond ici l’aubier avec l’écorce. — 10 Ilerod. III, 97 ;
cf. Plin. XII, 17. — H Paus. I, 42, 5 ; VIII, 53, 11; VIII, 17, 2, etc. ; cf. Blümner, II,
p. 258 ; Schubart dans Rliein. Mus. N. S. t. XV, p. 105. — 12 Paus. I, 42, 5. 13 1 lin.
XII, 20. — 14 Theophr. Hist.pl. IV, 4, G; Plin. XII, 20. - 15 Theophr. Hist. pl.
IX, 20, 4; Plin. XXIV, 89. — 15 Lcnz, p. 576; Koch, p. 150 et suiv. ; Blümner,
II,’ 266. — ’n Theophr. Hist.pl. III, 18, 6; Plin. XVI, 145; cf. Koch, Op. cil. p. 152.
— ’ 18 Theophr. Ibid. I, 3, 2; III, 18, 9; Plin. XVI, 151. — 1» Plin. XVI, 9 ; cf. Arrian.
Anab. V, 2, 5. — 20 Plin. XVI, 155. — 21 Plin. Ibid. 144. — 22 Plin. Ibid. 147.
— 23 Plin. Ibid. 155. — 24 Plin. Ibid. 207. — 25 Fée, lnd. Theophr. (coll. Uidot);
cf. Blümner, II, 293. Koch {Op. cit. p. 50) pense que les anciens Grecs ne connais¬
saient pas le noyer; cependant Pline (XVI, 223) reproduisant Théophraste {Hist. pl.
V, 6, 1) rend «ajia lOSoixi par jugions-, cf. encore Plin. XVI, 218, et Theophr. Ibid.
v, 7, 7. — 26 Plin. XVI, 74 et 76. Il pense que cet arbre est originaire de la Perse
(XV, 87). — 27 Plin. XVII, 89. — 28 Plin. XVII, 89 et 91 ; cf. XXIII, 147, et Plut.
Moi’, p. 647 A. — 29 Plin. XVII, 59 et 136. — 3» Theophr. Hist. pl. V, 9, 2.
_ 31 pe genévrier est aussi désigné par les termes xiSjo? iîùxESpo;, «iSpo; ïuxlu,
,ii( oî (Theophr. Hist. pl. III, 12, 3; III, 9,2), oxycedrus, cedrus lycin,
LIG
Nous voyons qu en Italie on le donne comm
qui ne se plaisait pas sur les monta* J "" ^
l’humidité 26, résistait bien aux vents27 ot don Craignait
b Pays, on
|,sM Avec
était nuisible aux gens et aux plantes28. D,,| ^ l 0mbre
mis mi
recherché dans ^
le multipliait de graine semée du 1er au p; m,u ;.,3
son bois on préparait un charbon
métallurgie du fer30.
Juniperus, ccpxeuOoç 31 , le genévrier. _ i
cèdre ont été quelquefois confondus 32 - de cette!' "r ^ ’6
il ressort que les anciens connaissaient plusieurs «ÏÏ
de genevners. Il y en avait en Macédoine sur ]e
bagnes33, en Lycie et en Phénicie34, que l’on L”10”'
pour des cèdres ; on en trouvait de très gros en Espv^
surtout dans le pays des Vaccéens35. Son bois était?’
certains rapports mis au-dessus de celui du cèdre»
Avec ses baies on falsifiait le poivre37 et, en les faisant
bouillir dans du moût38, on fabriquait une espèce de
vin artificiel conseillé par les médecins contre la fatigue»
Larix, le mélèze40. — On n’a rien trouvé chez les
Grecs qui se rapporte à cet arbre 41 . Au temps de Vitrine
il n’était connu, depuis César seulement, que des habi¬
tants des rives du Pû et des bords de l’Adriatique comme
un arbre dont le bois était incombustible. Cette particu¬
larité aurait été découverte lors du siège d’un lieu, situé
dans les Alpes, appelé Larignum, d’où l’arbre tira son
nom42. Le bois de mélèze venait de là par le Pô à
Ravenne43. On pensait que le plus grand arbre qui eût
jamais existé était un mélèze dont Tibère avait fait
exposer sur le pont de la Naumachie une poutre de
120 pieds de long et d’une grosseur uniforme de
2 pieds44. Cet arbre fournissait une résine fluide couleur
de miel, d’une odeur assez forte, qui ne se concrétait
pas45; elle était employée en médecine46.
Laurus, Bà^v-q, le laurier47. — C’est un des arbres les
plus renommés du monde ancien et cela dès une haute
antiquité. S’il n’en est fait mention qu’une fois dans
P Odyssée**, où il ombrage la caverne de Polyphénie,
Hésiode dit qu’il l’a reçu comme un présent des Muses ,
et il a joué un rôle important dans les temps histo¬
riques, où il est l’arbre aimé d’Apollon, le symbole delà
victoire50 et celui de la paix31 [arbores sacrae, coroxa,
triumphus] ■ Probablement originaire delà ’lhessalie, d eù,
selon une ancienne légende, il fut apporte a h['Pies
[ apollo], il était très répandu dans le monde gre, ul ép°T J
de Théophraste ; on le trouvait au mont Ohmp'i P^ ^
blement sur le versant méridional, puisque 1
dioenicia (Plin. XIII, 52-54) ; mais en lisant les auteurs on ne
■spèce il s’agit; cf. Lcnz, Op. cit. p. 357; fl. Blümner, 'P ..j 3, 1
i. 38 et suiv. — 32 cf. ci-dessus cedrus. — 33 Theopir- • ’ __jepliié
:f . Plin. XVI, 73. — 34 Theophr. Ibid. III, 12, 3. — 3’ p ^ pljll XIL î9
S. I. ; cf. Theophr. III, 12, 3, et Blümner, II, p. 292, n. ■ y, 219, 378.
- 38 Plin. XIV, 112. — 39 Plin. XXIII, 52. - 40 Leuz, p- • ’ ^
-41 Blümner, II, p'. 272. - 42 Vitruv. 11,9, 14-16. Celte «bscr ^
îonlrouvée et le récit qui I accompagne paraît légendaire, . )1S était end81
ivec Lcnz (p. 9, n. 30) que le bois des ouvrages qui «e b* le mM
le quelque substance ignifuge. Pline rapporte aussi ’ loj„ (§ 58) e"
irùlait pas et ne donnait pas de charbon; mais il se c . _ ce passage Par i
lisant qu’on le brûlait en Macédoine pour en extraire a u g|.(C on '
imprunté à Théophraste {Hist. pl. IX, 2,3); or, ui ' par tonU c
,Lt. Ce n'est pas la seule fois que Pline ait rendu ce ^ ^ «
Uümner, II, p. 273, n. 4. -43 Vitruv. II, ». ’ . . la Rliétie (p»"- ’
nélèzes employés à la construction de ce pont y 28; XX'1 ’ ,
90). - 45 Pli„. XVI, 43; XXIV, 32. - « P J1’ ■- 1
— 47 Lenz, Op. cit. 450 ; Fée, lnd. Theophr. Blu™" •
ulturpflanzen (6e éd.), p. 210 et suiv. ; cl^P- " |(j
XX'V, Vi
II. p’ , 0.1X1
48 lloin- m v’
-,t Pans-
sa. — 49 Hesiod. Theog. —
9 ; cf. Schnedier, lnd. Theophr. p. 341 ,
. 311.
30. _ 50 Plin. XV, 1
133. -
219. Voif
APOlJ'f
t.
— 1247 —
Lki
, froid il venait dans les régions
pouvait suPP°r^r . de la Propontide, dans l’Ida en
>«ncUSCM,' d’Uéraclée de Pont3, et en Italie dans
[Xroade, J11 1 0 3_ L,eS efforts faits pour l’acclimater
la plainC du nanticapée, en vue des besoins du culte,
en Crimée, à Pa } En ce temps on le multipliait
avaient f iTctèns transplantés avec leurs racines %
fefrt°ul (IV , de b0uture et6, de graine, dégénérait
[car il venaü nu A ^'époque romaine, il fut introduit en
leplus souven • ^ cullure avait fait des progrès,
C°r5C aVï siècle de notre ère, on en connaissait de
car’ au u ac 9 oui toutes se reproduisaient de
nombreuses v ’ sauf ie laurier triomphal qui
*u” de bouture^)-. .
1 superstitions Otaient attachées au laurier ; on
Tau'il éloignait la foudre" et que des branches
KL clins un champ protégeaient les moissons contre
h *' "■ 7.1 dehors de son bois, qui n’est pas très
bon [mate ries, ICM.K.A], on utilisait ses ba.es pour faire
de l’huile et une espèce de vin13.
Liyustrum, le troène14. - Du bois de cet arbrisseau
dans les lieux humides, on faisait des
qui se
\ lo^s ou celthis'*, Wc, le micocoulier11. - Sous
le nom de lotus (Xwtôç) ont été confondus divers genres
d’arbres, d’arbustes et- de plantes18; notamment ce terme
M’applique à la fois à une espèce de jujubier et au mico¬
coulier. C’est de ce dernier seulement que nous avons à
nous occuper. Selon toute vraisemblance, il correspond
au lotus, grand arbre qui fournissait un bois noir,
dense, dur jusqu’au centre, incorruptible et indestruc¬
tible par le temps19. Cet arbre était regardé comme
originaire de Libye ; les plus beaux exemplaires se
trouvaient notamment dans la Cyrénaïque du côté des
Syrtes. On l’avait acclimaté en Italie, où, selon Pline, le
terrain l’avait modifié20. On citait à Rome trois de ces
arbres dont l’un avait au moins 450 ans, l’autre, appelé
kpillala parce qu’on y portait les chevelures des
vestales, peut-être davantage ; un troisième, dans le
Vulcanal, passait pour contemporain de la fondation de
Rome21. Il y en avait six dans la maison de L. Crassus,
dont il avait refusé six millions de sesterces ; ils périrent
lors de 1 incendie de Rome, sous Néron 22.
I Le fruit du lotus avait une grande réputation ; on le
■mangeait et on en faisait une espèce de vin ; tout ceci
Peut s’appliquer au fruit du jujubier23.
PU^vr'1' mL Pl 1V’ 5- 3 = Plin- XVI, 137. — 2 Id. IV, 5, 4;
- «IiM|,31’~ 3 Id' V’ 8> 3- — 4 Id- IV, 5, 3; Plin. XVI, 137.
I-dl ' ’ b 3’ - 6 Theophr. Caus. pl. 1, 3, 2. — 7 Theophr. Hist.
eo, 61 06- XV 8 PUn' XV’ 132-~ 9 Plin- XV. 127-132. — 10 Plin. XVII,
lù; Plin XV !' Plin'XV’ 134 ;I>, 116. - 12 Plin. XVIII, 161. — 13 Diosc.
H, igj e, ' Jl ; ’ "2. — H Le troène est appelé blanc par Virgile ( Bucol .
par 1» couleur 1 '-Oumelle [De re rust. X, 300); la première épithète s'explique
- 18 pijn eeul'i 1 autre par celle de la baie; cf. Lenz, p. 509; Koch,p. 129.
XIII, kij __ 1Ü boUhis est le nom qu’on lui donnait en Afrique; cf. Plin.
-«Theophr «JV’f TheoPhr- ! cf. Lenz, p. 418; Blümner, II, p. 256.
K1 10; XIV, toi. xxn :.5,3; VI1’ 8- 3 ; IV, 8, 9; Caus.pl. IV, 6, 9; Plin. XIII,
P- 549-550, 628 -J, . X ’ 55 ; cf’ Lenz. P- 15, n. 58 ; p. 418, n. 927 ; p. 419, n. 928 ;
- 15 Theophr ir i 1 lne*Uer, Ind. Theophr. p. 440-442 ; K. Koch, Op. cit. p. 259.
f*. I. Ht ; Pli! vn j 3’ 1 cl 2; IV, 2, 5 ; 1, 5, 3; I, 6, 1 ; V, 5, 4; V, 4, 2;
Plm- HUI. 101, _ n p ; XVl> 186 ct 212. - 20 Theophr. O. I. IV, 3, 1 et 4 ;
Pn’ XIII, 106 ; xiv 10!n' XV1, 235-236. - 22 pnn. XVII, 5. — 23 Theophr. L. I. ;
Bisl' PL IV, 5 8 jCi; Len*>P- 419, n. 928. — 21 Lenz, p. 635. — 2b Theophr.
728Tliéopl,rastc'(flis(" |lle°Pj»r- Ibid. III, 3, 2. — 27 plin. XVI, 211 ; XVII, 151
RVxtift ig figuiCTd.É ,p ’ V’ 2> *) appelle <ruxà|xivoç èvcotijOa le lliûricr el <ruxà|Atvoç
TUc lorsqu'il emploie i-!< ° ' paiait vra>scmb]ahle, d'après l’ensemble des passages,
LIG
Malus , f//qXïa, le pommier24. — Cet arbre prospérait
dans le Pont23 [poma]. Le bois du pommier de la plaine
passait pour meilleur que celui du pommier de mon¬
tagne26; on en faisait des échalas ~1 .
Morus , cuxxpuvoç, le mûrier28. — Nous n avons pas de
renseignement sur l’habitat de cet arbre en Grèce. En
Italie, où il ne se trouvait guère que dans la plaine -9, on
n’avait rien gagné sur lui par la culture ; on était seulement
parvenu à lui faire produire des fruits un peu plus
gros30. Son bois très dur était estimé 'Materies, igniaria].
Avec ses fruits desséchés, on faisait un vin artificiel31.
On l’appelait le plus sage des arbres parce qu’il no
bourgeonnait que tardivement82 et c’était une sorte de
proverbe campagnard que, quand on voyait le mûrier
pousser, il n’y avait plus rien à craindre de 1 hiver .
Myrica , le tamaris articulé 34. — Théophraste
distingue du tamaris de Grèce celui de l’ile de Tylos, en
Arabie ; le premier a un bois faible ; celui du second est
aussi fort que le bois de l’yeuse33. U y avait aussi en
£ crypte et en Syrie un tamaris cultivé qui ne différait pas
du tamaris sauvage36. Celui d’Europe, au moins en
Italie, n’était utilisé que pour faire des balais37.
Myrtus, gupptVr,, twpptvoç38, gupaiW) 39, txépxoç40,
aupxt; 41 , le myrte42. — Le myrte est consacré a Venus %
on en tresse diverses couronnes44 ■ [arbores sacrae,
corona, OVATIO, TRiuMPUüs] ; c’est aussi un arbre de deui
[funus]. Il fut cultivé avec grand soin en Grèce et en
Italie. Dans cette dernière contrée, c’était un arbre
importé ; la tradition voulait qu’il eût été planté pour la
première fois au promontoire de Circé sur le tombeau
d’Elpénor 43 . Il y en avait, disait-on, sur l’emplacement
de Rome au moment de sa fondation et il fut peut-être
le premier arbre planté dans les lieux publics 46. On en
citait un d’une grosseur extraordinaire à Liternum*'.
En Grèce, il ne pouvait vivre aussi haut que le laurier ,
mais il prospérait avec lui dans les régions monta¬
gneuses voisines de la Propontide48. Le plus odorant se
trouvait en Égypte49. Les Latins en ont d’abord distingue
trois espèces, puis deux seulement30, le myrte cultive et
le myrte sauvage, appelé par quelques-uns oxymyrsine,
mais ce dernier n’est pas un myrte31. Dans l’espèce cul¬
tivée, on faisait trois variétés, le myrte de Tarente et
celui de pays, tous deux utilisés dans Vopus topiarium ,
la troisième, appelée hexasticha , d’après la disposition
des feuilles, n’était d aucun usage.
En Grèce, on multipliait le myrte de boutures -, en
V Ilehn Op. cit. p. 376 ; Blümner, t. Il, p. 278. Sur le figuier d'Égypte, Théophraste
jY , « et Pline (XIII, 57), d'après lui, rapportent cette parUcular.té qne,
“ «|7, nZiï m, „. I. ». T. ». XVI.., «>. ->»*.
T 1 Theovhr • cf Lenz, p. 640, n. 182 ; Koch, p. 2ol. 2° Theophr. Bist. pl. V,
f i _ 36 Dios’c. 1, 116 - 03 plin- XVI. 108. - 38 Theophr. EM pl. IV, 5, 3 ;
' , , Plc _ 39 Muodivv, est la forme de la prose att.que du v et du .v- s. ; cf.
ù *tM 'Koch) P 242; Thom. Mag (éd. Ritschl), p. 432, 14; Phérécrat. ap.
y1.0.0" L',c9 b 'Aç^ioV. 1883, p. 83, 14 (époq. macéd.). Muçidvr, appar-
Athen. \ * i vap-i mies Œur Aie. 17 2; cf. 759), au dialecte ionien (Hcrod.
r «>. - 49 & ^ ^ »■ •»
; T-'Jllsistr 032. - U Hesych. s. ». ; Alhen. XIV, p. 651 D. - 42 Lenz, Op.
Cfj Ar* 678 ’^Koch p. 155; Hehn, p. 220 et suiv. ; Blümner, II, p. 279. - 43 Plm.
" . P; xv’,120 _ H Plin. XV, 125-126. - 4S Theophr. Bist. pl. V, 8, 3; Plin.
5 !’ ;9 _ 46 Plin. XV, 120. - 47 Plin. XVI, 23 4. - 48 Theophr. O. I. IV, 5 3
X ’ ' t37 _ 49 Theophr. Ibid. VI, 8,5; Caus. pl. Il, 13, 4 ; VI, 18, 4 ; Plin.
P ‘n' * .XXi' 69 - 50 Cat. De re rust. VIII, 2; ef. Plin. XV, 122. - 6' C’est le
Z'Jniruscusaculeatus, Linné), Plin. XV, 27 ; XX11I, 165; cf.Lcnz, Op.cit. p. 680.
1S52 Theophr. EM. pl. U, S, « 1 cf. p»u. XVU. 123 et 125.
LIG
1248 —
LIG
Italie, les diverses variétés venaient bien de graine dans
la Campanie; à Rome, on le provignait; à Tarente, il se
semait d'une façon particulière ; on brisait légèrement
les baies les plus grosses, en ayant soin de ne pas
endommager les graines, puis on en faisait une sorte de
pâte dont on enduisait une corde que l’on enfouissait.
Les boutures se transplantaient au bout de trois ans1.
11 fallait beaucoup fumer et arroser le myrte 2 et, pour le
maintenir à l’état d’arbre, l’éceper tous les deux ans3.
On lui attribuait diverses vertus, entre autres celle de
préserver de la fatigue; une baguette de myrte tenue
à la main était utile à qui faisait une longue marche \
Son bois avait été utilisé, ainsi que ses baies, dont
on faisait du vin et de l’huile employée en médecine,
et ses feuilles qui, séchées, fournissaient une poudre
astringente conseillée contre les ulcères 3.
Olea , IXaia, èXâa 6, l’olivier cultivé, oleaster , xôtivoç,
l’olivier sauvage7. — Très probablement originaire de
l’Asie 8, l’olivier passait en Grèce pour une création et
un présent d’Athéné à laquelle il était consacré 9
[arbores sacrae]. Des légendes locales nous montrent
l’olivier en Grèce à une époque très ancienne10; on con¬
servait religieusement à Olympie Yoleaster qu’Héraclès
était censé avoir rapporté des régions hyperboréennes 11 ;
Argos croyait posséder l’olivier auquel Argus avait
attaché Io changée en vache12. Cependant une tradition,
rapportée par Hérodote 13, voulait qu’à une époque qu’on
a cru pouvoir fixer approximativement vers la 60e olym¬
piade (540-536 av. J.-C.)14, il n’y eût pas d’olivier
cultivé en Grèce ailleurs qu’à Athènes. Quoi qu’il en soit,
dans les temps historiques, nous le voyons, protégé par
la loi13, prendre une importance considérable et, à partir
de Pisistrate, sa culture s’étend sur toute la Grèce et
dans les îles16. Lorsque le climat s’y prêtait, l’olivier se
reproduisait avec une grande facilité; il repousse du
tronc, de la souche, de la racine; on plantait le bois
sans racine après, l’avoir fendu et introduit une pierre
dans la fente17. Au temps de Tarquin l’Ancien, l’Italie,
l'Espagne, l’Afrique n’auraient pas possédé l’olivier; au
Ier siècle de notre ère, il était non seulement dans ces
contrées, mais aussi dans les Gaules. Sa culture avait
fait tant de progrès que cet arbre qui, dans l’antiquité,
avait la réputation de rapporter si tardivement, pris
nail une rô(
dans une pépinière et transplanté don
. . ’Pcolte
breuses espèces 19 ; en ce pays, oü il sêmbîeo.,^
de preference propagés de boutures c'J 1 leSail
printemps20 qu’on plantait les oliviers’ on" ?rl°ut
les fumait et la cendre des fours à chaux éhï °1
qui, disait-on, leur convenait bien21. Le bois
sauvage ou autre offrait au sculpteur, """
aifl
ie. on
engrais
de l’olivier
charpentier, une matière des plus soU<C[m ^1?’ i’ ’’ a“
fruit était recherché pour l’huile qu’on en tirv. °n'
la table 22, ses feuilles étaient utilisées en médedîl
la/ma, tpoivii-, le palmier, le dattier2* — jf, , .1
est en Grèce un arbre importé probablement par K?
niciens, comme semble l’indiquer son nom 2S. n r. -, * 'e'
des attributs d’Apollon [arbores sacrae] qui/leloH
légende, a vu le jour au pied d'un palmier à Délos26- 1
en voyait auprès du sanctuaire d’Artémis à àulis»’c!
arbre semble donc s’être répandu en Grèce çà et là à la
faveur du culte de ces deux divinités28. Son feuillage
dans les grands jeux est le signe de la victoire29. Sous le
climat de la Grèce, ses fruits ne mûrissaient pas, non
plus que sous celui de l’Italie et de l’Espagne30; mais
de nombreuses espèces de dattiers étaient l’objet d’une
culture méthodique, tant pour leurs fruits que pour leur
bois, en Assyrie, en Perse, en Syrie, en Phénicie, en
Égypte et en Libye31 ; ceux delà Judée étaient renommés
pour leurs dattes 32 ; il y en avait beaucoup aussi dans
quelques parties de l’Inde 33. On en cultivait àRhodes 34 et
à Chypre ; ici, les fruits ne venaient pas à maturité com¬
plète, mais ils étaient néanmoins assez doux33. Aprèsle
dattier, une espèce bien connue des anciens était le pal¬
mier nain ( chamaerops , yjjqAxtpptcpijç), commun en Crète
et surtout en Sicile, dont la feuille était utilisée pour
les ouvrages de vannerie36. On a reconnu aussi le pal¬
mier doum dans le xouxto^ôpov de Théophraste (cucif1
dont le bois était recherché et dont le fruit avait un noyau
dur qui, au moyen du tour, fournissait des anneaux.
Les feuilles de palmier servirent d’abord à écrire31;
plus tard on en fit des nattes, des parasols, des cordages M.
Son bois avait la réputation de donner beaucoup de
fumée ; il fournissait un charbon dont la combustion
était lente et qui ne s’éteignait pas facilement 0
Persea, Hepasa, le sébestenier ou sébestier *.
1 Plin. XVII, G2. — - Theophr. Hist. pl. II, 7, 3 ; Caus. pi. III, 9, 3.
— 3 Id. I, 3, 3 ; Plin. XVII, 257. — 4 Plin. XV, 124. - B Diosc. I, 48 ;
155-156 ; Plin. XV, 118, 123-124. — 6 Les deux formes IWa et Uàa sont
également attiques et du v" siècle; cf. Corp. inscr. ail. IV, 279 a 7 (av. 403)
et IV b, 53 a, 33 (418). Au îv" siècle on ne lit plus sur les inscriptions que
les formes sans diphtongue. — 7 Lcnz, Op. cil. p. 500 ; Koch, p. 124 ;
Blümner, II, p. 280. — 8 V. llehn, Op. cit. p. 101 et suiv. — 9 Plin. XII, 3 ;
XVI, 210. — 10 Une légende éphésienne plaçait un olivier auprès de l’antre où
I.alone avait mis au monde Apollon et Artémis (Tacit. Annal. III, 61 ; Strab. XIV,
p. 639); l'auteur de Y Hymne à Apollon, qui fait naître les deux divinités à Délos,
ne parle que d’un palmier; les traditions postérieures mettent à Délos, à côté du
palmier, l’olivier et aussi le laurier (Eurip. Iph. Aul. 1 102 ; Aelian. Var. hist. V, 4 ;
Ovid. Metam. VI, 335; Callim. Hymn. in Del. v. 210 et 262). Quoi qu’il en soit,
P olivier resta étranger au culte d’Apollon (cf. V. Hehn, Op. cit. p. 107).
— u Theophr. Hist. pl. IV, 13, 2; Plin. XVI, 240; Paus. V, 7, 7 ; Pind. O. I. III,
13. Un autre à Mégare remontait aussi aune époque ancienne ; l’écorce avait recou¬
vert des armes qui y avaient été suspendues; cf. Theophr. Ibid. V, 2, 4; Plin. XVI,
199. — 12 plin. XVI, 239. — 13 Herod. V, 82. — 14 C’est l'opinion d’Otfried Miiller
citée par V. Hehn (p. 108), qui pense qu’on peut rapporter ceci à la première moitié
du vi" s. av. J.-C. — 13 Plut. Sol. c. 23 et 24. — 16 V. Hehn, Op. cit. p. 106-108.
Solon Théophraste [Ibid. IV, 3, 1) il y en avait de fort beaux en Cyrénaïque; ceux
d’Egypte (IV, 2, 9) étaient renommés pour la dureté de leur bois. — 11 Theophr.
Ibid. II, 1, 2 ; II, 5, 4. D’après cet auteur (Ibid. VI, 2, 4), on croyait qu’il ne pouvait
pousser au delà de 300 stades de la mer; cette opinion est contredite par Pline
(XXI, 5; cf. XV, 1). — 18 Plin. XV, 1-3. L’assertion prêtée par Pline à Hésiode en
laraît nullement authentique ; cf. V. Hehn, p. 107. — 11 H‘11- 1 1 ^
- 20 Pli„. XVII, 128. - 21 Ibid. 127 et 53. - 22 Plin. XV, 16. - -;i ’J
-2t Lcnz, Op. cit. p. 332; Blümner II, p. A
I n’était pas non plus indigène en Italio; cl. Plin. Ain, p|jBe
'. 117. Il est question une fois dans YOdyssée (VI, 163) du pulm' ^ ^(ju-
XVI, 240) paraît croire que l’arbre contemporain de la naissance j u i ^ ^ |V
ours; Théophraste se contente de le citer comme un arbre i antique^
3, 2). Pour une autre tradition relative à la naissance d Apo on, ’ ^ j^que ccuï
- 27 Paus. IX, 19,8. Selon cet auteur, ils donnaient des fruits mom
le la Palestine, mais meilleurs que ceux d Ionie. Dans un. 1 a^"|,neide\vini P- -79)^
le Pindarc, il est question d’un palmier à Némée (Pindar. éd. • c 1 elsuiv.
:f. Dionys. Halic. De composit. verb. c. 22. — 28 V. Ilelin, l'-c j| s, 8 ; Ht
- 29 Plut. Thés. c. 21; Paus. VIII, 48, 2. - 30 The°phr; flfet qM lsS
1,5 ; Pline (XIII, 26) rapporte qu’en Italie les dattiers son 6
■ivages do l’Espagne leurs fruits sont âpres. 3t rheop p,;,, ylll,
3lin. XIII, 36-43 et 114; cf- Herod. I, 193; IV,
- 33 Theophr. O. I. IV, 4,8. -34Id. H, 6, 3. - a' Id
lattes étaient consommées parles hommes et par les a""”a . ,...
lu vin [PALM*]. - 36 Theophr. Il, 6, 1 1 ; Plin. XIII, 39 ; Ce ' ’ les I*H
f. Blümner, II, 281 ; Lenz, Op.cit. p. 331. Ha P^^ImÏ s nain' ; ***
lui, selon Pline, repoussaient de leur racine, étaicn ' C8I lcmf. 330; l’1"1'"
'«■ P- *>7- - 37 ^eophr. Ibid. IV, 2 7; Plin. .XIU, ^
». 282. — 38 Plin. XIII, 69. — 39 Plin. XIII, 30 ; X\ 1, 89. ^ lit aussi *
’lin.XVI, 39.-41 Fée, Ind. Theophr. ; ®“r’ ’ ’ f* ' ' J. (Pans- V- 1 ’ ' '
extes les formes iceoo-ia (Theophr. Hist.pl . i »
2.7 ; IV, 3,Si
.09 165 —32 Plin.
182-183. — ,M « Les
c 7. Pi n. XIH, .
0,1 r.luil »uss'
on en faisal , ,.
,.«st.ll|> Ii 1
, IL
LIG
.. ,nmme propre à l’Égypte', où il était
, arbre regan 1 u lc nome de Tlièbes a, et con-
HWtnrralaitinlroduitàRhodes;.aiineu-
sacré à Is* dc frUits 4. Son bois noir ressemblait
fcelui du . , êcher t. _ C’était un arbre im-
Fersic^Z, ’ lintroduit probablement à l’époque
porté enIlaliein’tre Mithridate 9 et cultivé pour ses fruits
de f guerrC "°on bois on faisait des échalas de médiocre
[posa] ; avec son bois o
qualité10' jn __ Le picea de Pline est un
picea ’ identifié tantôt avec l’arbre appelé *«i5xïi
COni!f° nhraste ‘‘tantôt avec l’épicéa »: L épicéa se plai-
FT r?c montagnes et au froid; il avait parfois une
T* Ï,J „„ funèbre, mais non constamment, pmsqu on
S'sni " -, 1 nu les iardins13. Son principal produit était
:r;àit wfa",o„d»„,epet d». ^ a ,
^altdt'sgaanalesblancs qui servaient à falsifier l’encens.
il bois était inférieur a celui de 1 abies .
■es botanistes sont d’accord aujourd’hui pour voir
dans l’arbre appelé «rà>«| et dans celui qui est désigné
Dar le terme irfruç, des espèces de pins 1 ' ; mais il est bien
Lisemblable que les écrivains, en se servant de ces
mots, ne se sont pas toujours astreints à designer 1 arbre
dont ils parlaient par celui qui lui convenait absolument
et que, aune époque où la valeur des termes n 'était pas
bien déterminée, plus d’une erreur a été commise ‘\
K Les Grecs reconnaissaient deux genres de pins, le pin
cultivé (iccux-q %epoç) et le pin sauvage («YPfa), et dans ce
dernier deux espèces, l’une appelée ’toata, l’autre iraoa-
lî«1T; en Macédoine, on faisait un troisième genre auquel
on donnait l’épithète de stérile (âxap7tov), dans lequel on
distinguait l’arbre mâle et l’arbre femelle18. En Arcadie,
ces distinctions n’existaient pas et l’on se servait du seul
terme tutu? pour désigner tous les genres de pins10.
Le pin (iteux-q) était propre aux montagnes, en Macé¬
doine20, et aimait le froid21; il y en avait dans la partie
montagneuse du Latium22; cet arbre, qui s’abattait au
printemps23, était exploité pour son bois [materies] et
sa résine21. Son charbon était recherché par les ouvriers
qui travaillaient les métaux28.
Pinus, rthvç 26, weuxT, T)gsfoç ou -1, le pin pinier
ou pin parasol 28. — S’U est hors de doute que ce pin était
connu des anciens, on ne saurait affirmer que les expres¬
sions pinus, 7utuç, désignent toujours le meme arbre ,
peut-être est-ce à lui qu’Homère a fait allusion 30. C est
un arbre qui ne poussait pas dans les régions un peu
septentrionales ; on ne le voyait pas dans le l’ont , en
revanche, il abondait dans l’Elide 32 ; il yen avait aussi
à Chypre, dont le bois passait pour supérieur à celui du
pin appelé Tteux-q 33 [materies]. Ce pin, en Italie, était 1 or¬
nement des jardins34, bien que son ombre fut réputée
nuisible aux gazons38; on le cultivait pour sa beauté et
pour ses pignons qui sont comestibles 36 et étaient utilisés
en médecine31. Son feuillage fournissait la couronne du
vainqueur aux jeux isthmiques 38 [corona 30,^ arbores
sacrae] ; son charbon était recherché dans la métallurgie
de l'argent ; enfin il était un attribut de Cybèle °.
Pirus silvestris , à^pâç, le poirier sauvage fl. Il crois¬
sait du côté de l’Olympe sur les montagnes et dans la
plaine où son bois était meilleur 42 ; ce bois était de ceux
que l’on teignait43 [materies].
Platanus , 7tXàxavoç, wX gctccvitto; 44, le platane ,J. Cet
arbre a été connu en Grèce dès la plus haute antiquité.
De divers côtés on en montrait que la traditioli faisait
remonter au temps de la guerre de Troie *6. Gortyne, en
Crète, prétendait posséder le platane qui avait abrité les
amours de Jupiter et d’Europe41; la Phrygie, celui où
avait été pendu Marsyas vaincu par Apollon48. C’était un
arbre qui croissait facilement t0, se plaisait dans les lieux
humides80, auprès des sources, au bord des fleuves81;
il atteignait en certains endroits, même jeune encore, des
dimensions extraordinaires52. Quelques-uns ont excité
une vive admiration, comme celui que Xerxès orna d une
parure d’or83 et celui sous lequel, en Lycie, le consul
Licinius Mucianus dîna avec dix-sept convives84. Les pla¬
tanes de l’Académie, à Athènes, étaient célèbres Jl. Si cet
arbre prospérait en Grèce sur le continent et dans les
• îütoplir. 0. I. III, 3, 5; IV, 2, 1; Plin. XIII, 60; Slrab. XVII, p. 822.
~ - Theophr. IV, 2, 8 ; Plin. XIII, 63. 11 y en avait aussi en Ethiopie
■îprès Slralion (XVII, p. 823), si toutefois le passage est authentique.
~ 3 i^0r- P- c. — 4 Theophr. III, 3, 5. Pline (XV, 45), parlant des per-
► **ca€(p^cheis), dit tju ils avaient été introduits de l’Égypte à Rhodes ou ils sont stériles ;
Ky a lu une erreur, il s'agit non du pécher, mais du persea; cf. Blümner, II,
J';83’ l' - 5 Theophr. IV, 2, 5; Plin. XIII, 61. - G Diosc. I, 164. — 7 Lenz,
xVn iq1'' P l93, ~ 8 plin- XII> I4- “ 9 Hehn, °P* ciL P* - 10 Plin-
dcux't ° ~ 11 ^mnep’ QP* °it. Il, 271 et 286; il remarque d’ailleurs que ces
Qp ril e^Plcea Paraissent quelquefois désigner le sapin épicéa. — 12 Lenz,
pjCÇn i ' ' * ''n* XVI, 40 et suiv. Cependant l’assertion du § 46, que lc
f épicéa -- 1 ! i- 'e <- P1G m^ze (fart*), ne permet pas de l’identifier avec
par , llU' 49, ^^ne> eû traduisant Théophraste, a rendu iceûxyi tantôt
Lncr 11 ^ Par cf. Thesaur. ling. gr. t. VI, col. 1024 et 1134;
Usante - dc ,*i Pa (*escr*ption qu’il donne de l’arbre est tout à fait insuf-
Tkop,,, p 47s . V paraît altéré. — 14 Plin. XVI, 42. — 16 Schneider, Iiul.
Op, cit.n ofi 9?* c^‘ P’ ^ su^v- 1 Helin, Op. cit. p. 291 ; K. Kocl
Hehn, Op. cit. p.
)0. -
1011 en^le ^ et la icapaXta est attribuée aux habitants de
5.PIci!adi5ti6„“:-Hehn’ °P: CiL P' m- ~ 11 Theophr. Sist. pl. III, 9, 1 ;
laré8'»" de l'|da. -
ce r 41lc0I>*lr' Ibid. 9, 2. — <9 Théophraste (Ibid. 9, 4 et 5),
celui r|uc désigne"1 ’^nUm^re 'CS carac*^res distinctifs de l’arbre appelé -îxu;
faraient qu'un jep B ° son texte on peut conclure que si les Arcadiens
ailleurs. _ jq XImo l'.0"/ ‘.°,,4es lcs cspèces de pins, il n’en était pas de même
r®1' b?i« (pin sylvestre r ^ . 3’ ‘ ’ Y trouvait aussi l’espèce appelée
H TlinA.,1 I
®€rvi
"^ld' V. t, l 1CI’ ’,£':'xr| par P'cea ■ — 22 Theophr. O. I. V, 8, 3.
pl®e traduit.;- ' ' 9’ 5; 1X' 2- 1 ; Plin. XVI, 42. — 25 Id. V, 9, 3.
■ ; cf. Theophr //;/ n!""' 228 ! cf- Theophr. IIist.pl. IV, 14, 8;
’ W; «t. Theophr. Il .1 9’ 4) et par P'cea (XVI, 46 ;cf. Theophr. III, 9, 5 ;
’ déclare lui-même (XVI, 48) que, les noms chan ,
f Theophr. /6„, , * d ®prè9 Fée- ^d. Theophr. et K
‘ de ce passa„0 ' ‘ , ’ 1 : cf- Pline (XVI, 40) qui s’<
Koch, Op. cit. p. 28).
40) qui s’est vraisemblablement
géant suivant les localités, non constat auctoribus quod cuique generi attribuant.
_ 27 11 a paru probable que chez Théophraste les expressions xeùxp et xeùxp
x<ovo,ùçoî désignent le pin pinier; cf. Hehn, Op. cit. p. 291 ; Blümner, II, p. 283.
_ 28 Pour les caractères de l’arbre, cf. Diosc. I, 86 et Lenz, Op. cit. p. 3,3.
_ 29 Hehn, Op. cit. p. 290; Blümner, L. I. — 30 Hom. 11. XIII, 390 ; XVI, 483.
C’était l’opinion dc Fraas et de Lenz; elle est combattue par V. Hehn (p. 291)
qui serait disposé à voir, ici, dans iütuî le pinus lartcio, à cause de 1 épithète
pXoïOçxi ; mais cette épithète, comme p.axç)jTiv (Od. IX, 186), peut ne s appliquer
qu’au seul tronc dc l’arbre et n'empêche pas, ce nous semble, la première interpré¬
tation. - 31 Theophr. O. I. IV, 5, 3 ; Plin. XVi, 138. - 3‘2 Id. III, 9, 4. - 33 Id. V, 7, I .
— 34 Virg. Bucol. VII, 05; Ovid. Art amat. III, 687; Petron. Sat. 131. - 3’ Plin.
XVII 89 _ 36 plin. XV, 35 et suiv.; XVI, 107. — 37 Plin. XXI11, 142; XXl\ , 104
et 106, etc. - 33 Plin. XV, 36; Paus. VIII, 48, 2. - 39 Theophr. Ibid. V, 9, 2.
D’après Pline (XXXIII, 94), son bois était excellent pour la fonte du fer et du cuivre.
— 40 Ovid. Met.X , 104. — 41 Leuz, Op. cit. p. 683, et Fraas ; cf. Fée, Ind. Theophr .;
Koch, p. 182; Blümner, II, p. 250. — 42 Theophr. Bist.pl. III, 11, 5; 3, 1; 3, 2;
Plin. XVI, 74, 77- Pline n’ajoute pas dans ces passages l’épithète silvestris , mais
il s’inspire visiblement de Théophraste. — « Plin. XV, 205. — 44 maxive™, est
la forme d’Homère (11. II, 307) et d'Hérodote (V, 1 19). - 43 Lenz, p. 434 ; Blümner,
II, p. 285 ; V. Hehn, p. 283 et suiv. Koch (Op. cit. p. 77) n’est pas certain que le
aaxiv'uxo; d’Homère soit le platane. - 46 Par exemple lc platane de Delphes planté,
disait-on, par Agamemnon (Theophr. Bist.pl. IV, 13,2; Plin. XVI, 138), celui
de Caphyes en Arcadie (Theophr. L. l.\ Plin. L. I. ; Paus. VIII, 23, 4). - 47 Theophr.
Ibid I 9 5' Plin. XII, 11; ce platane ne perdait pas ses feuilles l’hiver; il y en
avait de la même espèce à Chypre. - 48 Plin. XVI, 240. - 49 Theophr. Ibid. III,
Q 1_30 ld. I, 4, 2; IV, 8, 1. — 31 Hom. 11. II, 307. Pausanias (VII, 22, 1) cite
sur les bords du fleuve Pieros un bois (SWoç) de vieux platanes creux dans le tronc
desquels on pouvait prendre son repas et dormir. — 32 Par exemple celui du Lycée
à Athènes ; cf. Theophr. I, 7, f. — 33 Herod. VH, 31 ; cf. Aclian. Var. Bist. Il, 14,
_ 54 pi;n> XII, 9. — 33 Plin. !.. I. On sait que Cimon en fit planter sur l’agora;
cf. Plut. Cim. 13.
LIG
— 1250 —
LIG
îles *, il paraît avoir eu quelque peine à s’acclimater en
Italie. Au i\c siècle avant notre ère, il y en avait peu du
côté de 1 Adriatique, si ce n’est près du temple de Dio¬
mède, et ceux que Denys l’Ancien avait fait planter à
Rhegium étaient mal venus 2. Mais au temps de Pline,
sa culture avait fait des progrès et il s’était propagé en
Gaule jusque chez les Morins, où le sol qu’il occupait
était frappé d'impôt 3. On avait même introduit en Italie
la variété crétoise à feuilles persistantes 4. Le platane
était un arbre qu on soignait tout particulièrement; on
allait jusqu’à l'arroser avec du vin 5. En Grèce, il se mul¬
tipliait de semis 6 ; en Italie, de provins \ Dans ce pays,
c’est surtout pour son ombrage8 et comme porte-greffe 9
que 1 on lit cas du platane, car son bois paraît n’avoir eu
que peu d’emplois10.
Populus nigra, alyeiooç, le peuplier noir u \ populus
alba , XeuxT), le peuplier blanc12. — Les deux espèces
étaient connues des Grecs; ils les décrivent comme des
arbres qui se plaisent également dans les montagnes,
dans les plaines et auprès des cours d’eau 13. Le peu¬
plier noir était assez abondant en Crète, où il portait des
fruits; ailleurs il était stérile11. Chez les Latins, on dis¬
tingua en outre une espèce appelée libyque (peuplier
tremble)15. En Italie, le peuplier se multipliait de bou¬
tures 16 et était utilisé dans les vignobles ”. On attribuait
au peuplier noir, qui abondait sur les bords du Pô18, la
production de l’ambre19 [electrum]. Le blanc était con¬
sacré à Hercule 20 [arbores sacrae] qui, disait-on, l’avait
trouvé près du fleuve Achéron, dans la Thesprotide, et
introduit en Grèce21. De là venait que son bois seul était
admis pour les sacrifices dans le sanctuaire dédié par le
héros à Pélops22 et dans le temple de Zeus à Olympie 23.
Ce bois était aussi employé dans la construction et à
divers autres usages [materies]; les charbonniers en fai¬
saient peu de cas21.
Quercus , opüç, le chêne. — Ces termes sont les noms
génériques les plus fréquents; ils alternent souvent avec
les noms spécifiques et c’est en vain la plupart du temps
que l’on chercherait à déterminer chez les écrivains l’es¬
pèce dont ils veulent parler25. D’ailleurs, la nomenclature
antique était extrêmement confuse; on n’était d’accord
ni sur le nombre des espèces, ni sur leurs noms, ni même
l Theophr. Ibid. IV, 7, 4. — 2 Theophr. Ibid. IV, 5, 6 ; cf. Pline, XII, 7,
qui commet une méprise en parlant ici d’essais faits en Espagne; on lit cnom'av
dans le texte de Théophraste. — 3 Plin. XII, 6. — 4 Plin. XII, 12. — 6 Piin.
XII, 8. — 6 Theophr. O. I. 111, 1, 3. — 7 Plin. XVII, 96. — 8 pijn. XII, 6
et 11 ; son ombre était réputée favorable (XVII, 90). — 9 Plin. XV, 57;
XVI, 121 ; cf. Virg. Geory. II, 69. — 10 Esope, 313 (éd. Halm), le donne comme
sans utilité. Dans la fabrication du charbon, il produisait beaucoup de fumée
(Theophr. Ibid. V, 9, 4). Avec les baies, on lit de l’huile (Plin. XV, 29). — 11 Lenz,
p. 439; Koch, p. 61 ; Bliimner, II, p. 282; il est mentionné dans Homère, lliad. IV,
482 ; Odyss. V, 64, 239, etc. — 12 Lenz, L. I. ; Bliimner, L. I. L’à/spwî; d’Homère
(II. XIII, 389 = XVI, 482) a été identifié dans l'antiquité avec le peuplier blanc
(Paus. V, 14, 2); Sprengel (Geschich. der Botan. p. 40) et après lui Lenz adoptent
cette opinion; Bliimner fait remarquer que la qualité du bois, qui, dans Homère, est
mentionné comme servant à construire des vaisseaux, rend cette identification
douteuse; cf. Koch, p. 62. — 13 Theophr. Hist. pl. III, 3, 1 ; 6, 1 ; IV, 1, 1 ; Plin.
XVI, 73 et 77. — H Theophr. O. I. III, 3, 4; II, 2, 10; Plin. XVI, 108. Selon
Théophraste (III, 14, 2), les deux espèces ne portaient ni fleur, ni fruit; Lenz
(p. 440, n. 958) fait remarquer que les chatons du peuplier n’ont pas été reconnus
pour des fleurs. — 15 Plin. XVI, 85 ; Lenz, p. 440, n. 960. — 16 Plin. XVII, 68, 78,
143. — 17 Plin. XVI, 173; XVII, 200 ; XVIII, 266. — 18 Paus. V, 14, 3. — 19 Diosc.
I, 110. — 20 Virg. Bue. VII, 61 ; Geory. II, 66 ; Plin. XII, 3. — *1 Paus. V, 14, 2.
— 22 Id. v, 13, 3. — 23 Id. V, 14, 2. — 21 Theophr. O. I. V, 9, 4. - 2S La remarque
qui a été faite plus haut à propos du picea est applicable ici ; cf. Lenz, p. 397 ;
Koch,(p._ 44 et suiv. ; Bliimner, II, p. 260, dont ces lignes résument l’opinion.
— 26 Theophr. Hist. pl. III, 8, 2. — 27 Jd. III, 8, 2 et 7. Au sujet des espèces
énumérées, voici ce que dit Schneider (Ind. Theophr. p. 353) ; botanici nostri non
sine opinionum insiyni varietate distinyuere conati sunt. L'ampu n’était pas
estimée comme bois de chauflage; son charbon qui sautait et faisait des étincelles
sur leurs caractères26. Du côté de l’Ida
espèces de chênes, toutes fructifères ^ J
quatre seulement, dont une, appelée Macéd4el
était stérile, selon d’autres ne donnait , ? 0nle83|
vais glands 27. A ceci il faut ajouter les arh ^ forlnJ
phraste rapproche des chênes et qui *0 T® qUe ThéJ
regardés comme tels : l’yeuse etle chêne àl , ;uij°Urd’hjii|
puis une espèce de chêne-liège (çsUdSpuV*9
jourd’hui probable que les Latins ont dislin • J
fois le chêne rouvre (robur) du chêne pédonruU fH
eus), qui, chez les Grecs, paraissent avoir ét i 7/ “1
par le seul terme oPù;30. Ces deux espèces cr
peu près partout en Grèce et en Italie3* et mêm iT^
nord; on mentionne le chêne en Thrare3? a, V1.
en Germanie, ou les rouvres de la forêt W, ’
étaient, pensait-on, contemporains de l’oril’ Tl
monde34. Pline énumère en outre quatre autres"!!*
le chêne esculus (aesculus) 35, l’yeuse (Uex\
cerris ( cerrus ) et le chêne-liège (, suber )36.
L’esculus ( aesculus , epr^ôç) était l’arbre sacré de Juj
ter37 [arbores sacrae] ; c’était lui qui rendait des oracll
à Dodone38 ; à Rome, ses rameaux fournissaient les cou-1
ronnes civiques39 [coronae]. Il avait aussi de plus huml
blés destinations ; en Italie, où il était plus rare que les!
deux espèces précédentes40, on le cultivait pour en faj
des échalas41 ; ses glands étaient comestibles42. On citait'l
de très anciens arbres de cette espèce auprès d llion41, 1
L’yeuse (ilex, 7tpïvoç)44, auquel on avait emprunté les!
premières couronnes civiques 45 et dont le bois était I
très estimé, venait en Macédoine et en Arcadie16. On en
connaissait deux espèces en Italie47. Une variété appelée
ilex aqui folia parva est le chêne à kermès, qui pous¬
sait en Espagne, en Galatie, en Pisidie, en Cilicie, en
Afrique et en Sardaigne 48. Certains de ces arbres étaient
célèbres par leur antiquité; on montrait à Rome, sur le
Vatican, une yeuse plus ancienne que la ville même; trois
à Tibur, une autre à Tusculum qui avait 3i pieds de
tour49. Le bois de l’yeuse, d’une grande solidité, était
recherché pour la menuiserie [materies].
Le chêne cerris ( cerrus ) 50 était inconnu de la ptaj
grande partie de l’Italie51; son bois était peu estimé ,
son gland, amer53.
lit utilisé dans la métallurgie; cf. Theophr. 111, 8, 7. Pline, quiripi»^^ I
servation, l’applique au quercus latifolia. — 28 Id. I, 9, 3 : III, ’■ '■ 1 s#jeri|
9, 3; III, 16, 3; ceci est une dénomination arcadienne ; voil l'"5 ] ’
30 Bliimner, II, p. 261 ; robur chez Pline répond a Vî, ’ (Theophr .]
2); XVI, 218 (Theophr. V, 4,3); XVI, 212 (Theophr. V, 4, 2 ; XV , ~ ^ «
6, 1). — 31 Plin. XVI, 17; voir dans Théophraste (Hist. pl- ^ % , ]
forêts de chênes au promontoire de Circé. — 32 Theopln- t « ^ 3$ LeH I
33Theophr. Hist. pl. IV, 5, 3. — 34 plin. XVI, 0. — 3j 1 1"1, „arMtrc9
4C1, n. 888 ; Bliimner, p. 260 et 264. 11 arrive à Pline de ren rc clli|aj. j
Theophr. III, 8, 4; Plin. XVI, 22. On avait voulu identifier ^ ^ ,.
ier; celte opinion a été réfutée par V. Helin, Op. cit. P- .j, ap. Stral).
rg. Geory. II, 15. — 38 Hom. 11. V II 22 et 60 , \ , ,j13, ’ 1 g,/y«. XI'. I
I, p. 326; Soph. Trac h. 171 (mais 1168 on lit Sfuo5, comro |la]isanias(Val
7) ; Apoll. Rh. Aryon. IV, 583 ; Steph. Byz. p. 246 (éd. Mener J, ^ ^
, 5) et Strabon (VII, p. 328) se servent du terme StS(. L es ^ y a(„l
intagnes en Macédoine (Theophr. III, 3, 1). Dans les ' ^ j __ 39 plia. üRdJ'J
; chênes divers parmi lesquels des jir,!; et. l’aus. < , p]in. X'L - • I
40 Pli„. XVI, 17. - 41 Plin. XVII 151. - 42 Theophe; D ’ ’ ^ , W Fraa4
43 Theophr. Ibid. IV, 13, 2 ; cf. Plin. XVI, 238, qui tradui p ’ |, inlerp«f
près Fée, Ind. Theophr.-, cf. Hesych. s. «■ ii.ee, Bliimnc ’ ‘ t]'esculus, P01-
ix 1 x t k Di- vvi \ 1 Elles furent ens »
t’ chêne au kermès. — 45 Pim. XVI, U. Eiie glands. lvr I
mporte quel chônc, pourvu que la branche poit.it c e » dans les valh^» '
4 «• Scion Pline, Il ,UU1 ta» 1- , f.lt |- * H
- i Plin. XVI, - •« PU". XVI. « ***** JVI. * -*
n ; il dit (III, 7, 3) 4 ^çTvoî <,(,») xiv Tocvtxoïv ««««• Lcnz voulait voir Vt ^
50 Le nom grec est incertain ; cf. Bliimner, II, p. - C11 une 31111 ,,, 1
•ris dans le d’Arcadie dont les glands mun»-™ ^ , 53 M 1
ennlir. III. 4. 6. — 51 Plin. XVI, 17. — b2 rlin’
— 1251
LIG
ijige (subér, Wfi»*1, ?«***. ŸeXX6oPuÇ) 2
Le chén !!f rare en Grèce; il n’était pas non plus
paraît »v0ir , L àce qu’il semble 3. L’espèce d’Arcadie
comm'1» en 1 a _g un vrai chêne-liège; on en peut dire
Datait pe,lt'Jird,PEttrurie dont le feuillage n’était pas per-
autant de celle ^ ^ paraît tout d’abord avoir été
sistanG; *>“ fajre deg bouéeS, des flotteurs pour filets;
servit pour boucher des vases et pour
es de femmes l’hiver s. Le bois, de
Usdicm qualité, ..'était utilisé qu'à défaut d'autre,
, de celle d
éc
employée q*>afairf
plus tard on son
gar' ‘
très
mr des chaussurf
à Lacédémone et en Llide
i^le saule, l’osier \ - La Grèce en connais¬
sait deux espèces, l’une appelée blanche, 1 autre a ecorce
n,. e et rouge appelée noire ; dans l’une et 1 autre es-
Z il y avait une variété basse 8. En Italie on citait e
1 Le blanc d’Amérie, le saule viminale ou pourpre, le
Le gris (m’orna), plus mince que le précédent, le saule
gaulois le plus mince de tous». On le cultivait en arbres
et en buissons ; les branches des arbres se taillaient en
échalas, tandis que de l’écorce on faisait des liens ; les
buissons fournissaient des baguettes flexibles employées
parles vanniers10. C’était des arbres d’un bon revenu “,
qui se multipliaient de boutures ou de provins12. En
Vénétie, on s’en servait pour marier la vigne 11 .
■ Sambucus, àxrrq le sureau u. — Il vivait à peu près
partout, sauf sur les montagnes15 ; dans les endroits om¬
bragés et humides, sa vie était plus longue que dans les
lieux secs18. Sa propagation s’opérait au moyen de bou¬
tures 11 ; de son bois on faisait des bâtons légers et des
échalas 18 [materies]; sa moelle était utilisée pour la con¬
servation des fruits 1 9.
Sari , ffolft, le souehet en capitule ou le souchet en fais¬
ceau.— Cette plante herbacée se trouvait en Égypte20;
sa racine ligneuse et dure donnait un charbon estimé
dans la métallurgie du fer21.
I l’yèble22, ou le gainier, dit aussi arbre de
Judée- . — Cet arbre, assez mal déterminé, avait un bois
léger utilisé seulement pour faire des bâtons24.
I Smilax, 'ru.îÀa?, salsepareille d’Europe 25 . — Cet arbuste
Nui, selon Pline, venait de la Cilicie20, était assez répandu*
■ Grèce et notamment en Arcadie27. Son bois était légè-
sonore et doux à travailler.
plmlï,'!', S° conteDle de transcrire le mot grec (cf. Theophr, III, 8, 5) ;
|L ,[[ ’’ 1 rrnc0l'tre le même mot elle rend par suber (cf. Theophr. V, 1, 2).
imnor rar^- C°mme 1C <Iuercus PseUjdo-suber ; cf. Fée, Ind. Theophr.
p. 402 _ foit que ccst le chêne-liège; c'était aussi l’avis de Lenz.,
arcadicn ■ p|; , P 9’ 3; ***’ cf- Clin. XVI, 34; çtXXoSçuq est un terme
fferc.is suie) ■ u ' Pars"^eri Sprengel, dans sa 2* édition, l'a interprété par
p, 533. Pline '\\\T el ldenUfié avec <fOAo;; cf. Schneider, Ind. Theophr.
- sv Helu, n ' ’ rend aussi ce terme par suber ; cf. Theophr. IV, 15, 1.
|vt, 33. p' 5M- - 4 Thc°P'>r- HL 17, 1; cf. Helm, L. I. _• 5 PHn.
^tait sujet à sc rrc'.i! 3"’ 4>1'11' l. Le tronc de l’arbre appelé àXiçpXoïo;
c®ur oiî5’lw4p$lOT °n.dlsait mt'me que c’était le seul arbre qui n’avait pas de
employé pour les sacrifié (Theophr. III, 8, 5); son bois n’était même pas
foudre. on ne sailraj^e ’ Pai cc 1U il avait la réputation d’être souvent frappé delà
(Theophr. lu « ' 'a'mout affirmer que l’espèce appelée «lyîX ui, ocgilops
G- 266, — l' i m’ *’ 2-)> soit notre chêne
égilops [materies] ; cf. Blümner,
appelait (tKoJLu. 437 ’ ^oc*b P- 50; Blümner, II, p. 293. En Arcadie on
espèce d’osier asiatimL "j ’ P*‘ne (XVI, 177) donne l 'lielice comme une
F1.1”"- « Plin. W"(7 TI‘,e°Phr- W. 13, 7. _ 9 PH„. XVI, 177. - 10 Plin.
7jp*ts (cf. pqn ’ 11 jll8^re de saules suffisait pour vingt-cinq jugères
& Pl1"’ XVII, 141 • Cf ’s . ' ’ 0n couPait les branches tous les quatre ans environ.
W, p. M,'. k T 13 Plin’ XVl1- 20t- - «Sprengel, d’après Fée, Ind.
rstU- W’ *3, 2. I t’,p Ch* P’ *«■ - 15 Theophr. III, 13, 4; Plin. XVI, 74.
J&ï ; ,,j »*«. xv, «T/^îr 18 Jhrhv- 11,1 13’ 4; piin- xv,[
L t| .... '“'sceau selon s ’cs e s°uchct en capitule selon Fraas cl le
Lia *.«..! Cf- F6°- Ind- 7he°P'"-- et Lenz, p. 279.
^brm!d“Pap^us fournissait mln'XU!: S.e’°n Théo*,hrastc (Ibid- 1V. 8.
| 1 Wais pour f'a|)rjf USS1 un ’(‘a11 'j0's qu’on utilisait non seulement
I 1 es ustensiles de tout genre; il s’employait auss
LIG
Sorbus , Sa, ot], otr,28, le sorbier20. — Arbre au bois
solide et compact, le sorbier se plaisait dans les lieux
froids 30 ; on le multipliait en Italie de stolons arrachés avec
letalon31 ; avec ses fruits, on faisait une sorte de vin 32 ; ils
entraient aussi dans la préparation d’un fromage fort31.
Spina , axavOa, l’acacia vrai34. — C’était un arbre exo¬
tique dont on tirait du bois de construction [materies] et
des gommes-résines odorantes35. Il croissait dans la haute
Égypte, où l’on en trouvait de grandes forêts sur le ter¬
ritoire de Thèbes36. Il y en avait deux espèces principales,
l’une blanche31 et l’autre noire; le bois de celle-ci était
le plus estimé. Une autre espèce, sur les confins de l’Inde
et de la Perse, produisait une gomme semblable à la
myrrhe38 ; une quatrième assez rare, appelée axavôcc
[spina sitiens),se rencontrait dans les solitudes de l’Ara¬
bie39. Dans le Pont et dans la Cappadoce,on trouvait une
variété semblable à celle d’Égypte, mais plus petite, dont
le bois figura dans un des cinq triomphes de César40. Les
fleurs de l’acacia servaient à faire des couronnes; elles
avaient aussi des emplois médicaux41.
Styrax , ffrupalj, le styrax officinal42. — Cet arbre,
connu pour son bois odorant43, croissait en Pisidie, où
l’on en faisait des hampes de lances44.
Taxus, {ttXoç, l’if43. — L’if croissait en assez grande
quantité en Macédoine et en Arcadie. Dans l’Ida
(Troade), il y en avait moins ; là se trouvait une espèce
dont le bois de couleur fauve se vendait quelquefois
pour celui du cèdre46. Ses baies passaient pour véné¬
neuses, surtout celles de l’if d'Espagne, son bois pour
malsain; on racontait que du vin transporté dans des
récipients en bois d’if avait occasionné la mort. En
Arcadie même, le poison de eet arbre était si actif, disait-
on, qu’il tuait ceux qui dormaient ou mangeaient à son
ombre; mais on le rendait inoffensif en y enfonçant un
clou d’airain47, ce qui donne à penser que son influence
nocive a été fort exagérée.
Therebinthus , TépgtvQoç, le pistachier48. — Une seule
des espèces connues des anciens était recherchée pour
son bois ; c’était celle qui croissait du côté de Damas en
Syrie ; dans cette région, les arbres atteignaient de
grandes dimensions et couvraient, disait-on, des mon¬
tagnes entières49. En Macédoine et dans la contrée de
pour la foute du fer et du cuivre ; cf. Plin. XXXIII, 94. — 22 Sprengel, d’après Fée,
Ind. Theophr.-, et. Koch, p. 59, et Blümner, II, p. 27 t. — 23 Fraas d’après Fée, L. I.
Koch, p. 141, renonce à le déterminer. — 24 Theophr. Hist . pl. III, 14, 4; V, 7, ..
— 25 Lenz, p. 307; Fée, Ind. Theophr. Koch, p. 41, ne sait comment identifier
cette plante. — 26 Plin. XVI, 157. — 27 Theophr. Hist. pl. III, 10, 2. -3 Les
trois formes sont dans la tradition manuscrite de Théophraste ; cf. Hist. pl. Il, 7,
7 ; II, 2, 10 ; III, 15, 4. On lit aussi la forme où*, III, 6, 5; plus tard on trouve
(plur. neutre); cf. Galcu. XIII, p. 214 (éd. Kuhn). — 29 Schneider, Ind. Theophr
p. 458 ; Lenz, p. 688 ; Koch, p. 186; Blümner, II, p. 285. — 30 Theophr. Ibid. II, 2,
10; Plin. XVl, 74; XVII, 242. — 31 Plin. XVII, 67. — 32 plin. XIV, 103. — 33 Plin.
XXVIII, 132. _ 31 Fraas, ap. Fée, Ind. Theophr.-, mimosa du Nil selon Sprengel;
cf. Lenz, p. 735, et Blümner, II, p. 249. — 35 Theophr. IV, 2, 8 ; Plin. XIII, 66 ; cf.
XXIV, 109. — 36 Theophr. Ibid. ; Plin. XIII, 63. — 37 L’espèce blanche était aussi
appelée acanthe d’Hercule (Theophr. IV, 4, 12). 38 Theophr. IV, 4, 12 ; IX, 1,2;
Plin. XII, 33 ; cf. § 21. - 39 Theophr. IV, 7, 1 ; Plin. XIII, 139. — 40 Diosc. I, 133 ;
Vell. Pat. II, 56, 2. Lenz, avec Fraas, veut identifier l’espèce du Pont et la sorte
blanche d’Égypte avec l’acacia Farnesiana ; Blümner (p. 249, n. 4) fait remarquer
que celui-ci est originaire de l’Amérique du Sud. — 41 Theophr. IV, 2, 8 ; Plin. XIII,
03. — 42 Lenz, p. 55; Fée, Ind. Theophr. — 43 Plin. XII, 80 et 124. — 44 Slrab.
XII, p. 570. — 45 Fée, Ind. Theophr.-, Lenz.p. 388; Koch, p. 41. — 46 Theophr. III,
10 2. Celui d’Arcadie avait un bois très foncé xoci çoivixoyv. L’if se trouvait auss
en Gaule et en Germanie ;cf. Cacsar. Bell. Gall. VI, 31, et en Corse, cf. Virg. Bucol.
IX, 30. — 47 Plin. XVI, 50-51 ; cf. Virg. Georg. II, 257 ; LV, 47. Théophraste (L. I.)
affirme l'innocuité du fruit, mais il a eulendu dire que les feuilles sont une nourri¬
ture mortelle pour les bêtes de somme, mais non pour les ruminants. D'après Lenz
(p. 388, n. 852), les baies seraient réellement vénéneuses dans certaines régions, inoffen-
sives dans d'autres, — 48 Fée, Ind. Theophr. ; Lenz, p. 662; Koch, p. 261 ; Blümner
p. 290 ; Hehn, p. 405 et suiv. — 49 Theophr. III, 15, 3 ; V, 3, 2 ; Plin. XIII, 54.
l'Ida, le pistachier était petit; on n’exploitait celui-ci que
pour son fruit et sa résine
Ti/ia, cpiXupa, le tilleul®. — Il se trouvait dans les mon¬
tagnes de la Macédoine et généralement dans les régions
froides et humides, poussant mal sous les climats chauds 3.
Dans l’Italie transpadane, il servit à marier la vigne4.
Outre son bois facile à travailler, on utilisa aussi son
écorce, et notamment les tilles ( tiliae ) ou tuniques mem¬
braneuses de son liber, dont on faisait des liens, des
cordes5; les plus fines, appelées philyrae, avaient été
très recherchées pour les bandelettes ( lemnisci ) de cou¬
ronnes6. L’écorce du tilleul trouva de nombreux emplois
à la campagne pour des paniers, corbeilles, mannes à
transporter la vendange ; on en couvrait le toit des
cabanes ; fraîche, elle servait à l’occasion pour écrire 7.
Ulmus, TTTsXéa, l’orme8. — Il est connu dès une haute
antiquité; une tradition rapportait que les nymphes des
montagnes avaient planté des ormes autour du tombeau
d’Eétion, père d’Andromaque 9. Les botanistes grecs en
ont noté deux genres; l’un qui n’était qu’un arbrisseau10
et l’autre appelé ôpsnrcsXéx11 ; celui-ci était un grand et
bel arbre qui se plaisait dans les lieux élevés et humides;
il croissait en petite quantité dans l’Ida (Troade) 12 et
aussi, à ce qu’il semble, en Macédoine13. Au temps de
Pline, en Italie, on en énumère quatre espèces1'"; forme
de montagne appelé atinia , dont les bestiaux mangeaient
volontiers le feuillage15 ; il ne donnait graine que rare¬
ment et était même considéré par quelques-uns comme
stérile; l’orme gaulois16, l’orme italien à feuillage touffu
et l’orme sauvage. Toutes ces espèces se multipliaient
soit de rejetons (l 'atinia toujours), soit de semence11.
L’ombre de l’orme était réputée favorable 18, et, à l’excep¬
tion de Y atinia, il était au premier rang des arbres pour
marier la vigne 19 ; ceux qu’on utilisait ainsi et qu’on
appelait al/ni maritae 20, étaient l’objet de soins particu¬
liers; on recommandait de les planter en automne; à cinq
ans, ou plutôt quand ils avaient 20 pieds de hauteur,
on les transplantait dans les vignobles; là ils étaient
étêtés et leurs branches disposées en étages21.
Vitex, àyvoç ou Xuyoç ®2, le gatilier agneau-chaste23. —
Ceci est plutôt un arbrisseau, mais à l’occasion il pou¬
vait, comme le lierre, prendre les proportions d’un
arbre, et dans ce cas son bois trouva emploi dans la
bâtisse24. On en connaissait deux espèces, Lune arbores¬
cente appelée blanche, l’autre petite et rameuse appelée
l Thcophr. V, 7, 7; IX, 1, C ; IV, 16, 1; Blümner, L. I. On tirait
aussi de la résine de ceux de Syrie; cf. Plin. XIV, 122; XVI, 58 ; XXIV, 32
et 3t. _ 2 Lenz, p. 639; Koch, p. 234; Fée, Ind. Thcophr.-, Blümner,
II, p. 277. — 3 Theophr. Hist. pl. 111, 3, 1 ; IV, 5, 1 ; IV, 8, 1 ; Caus. pl. 2,3,3;
Plin. XVI, 74. — 4 Plin. XVII, 201. — 6 Theophr. Hist. pl. IV, 15, 1 ; Plin. XVI,
65.— 6 Plin. Ibid. — 7 Plin. XVI, 33. — 8 Schneider, Ind. Theophr. 491; Lenz,
p. 413; Koch, p. 82; Blümner, p. 290. — 9 Hom. 11. VI, 419. — 10 Cette espèce,
appelée simplement utea-k, n'a pas été identifiée ; cf. Schneider, L. I. — 11 Theophr.
Hist. pl. III, 14, 1 et 11, 5; Plin. XVI, 72 et 74. — 12 Id. III, 14, 1. — I3 ld. III,
3( 4. _ 14 Plin. XVI, 72. — 15 Colum. De re rust. V, 6, 2 ; Virg. Georg. Il, 446.
_ 16 Columelle (L. I.) appelle forme gaulois atinia et ne connaît que deux espèces,
celiii-ci et forme italien. - I7 Plin. XVI, 72, 108. - 1» Plin. XVII, 90. - ‘9 Pim.
XVII, 200; cf. Virg. Bucol. II, 70; Georg. I, 2; II, 367. — 20 Plin. XVII, il.
— 21 Plin. Ibid, et 201. D'après Pline (XV, 57), on aurait greffé le cerisier sur
forme. — 22 Diosc. I, 135; Nicand. Ther. 63 et 71. — 23 Fée, Ind. Theophr. ;
Schneid. Ind. Theophr. p. 296; Lenz, p. 531 ; Koch, p. 112. 2» Theophr. Hist.
pl. 1, 3, 2. — 23 Vitruv. II, 9, 9, etc. — 26 plin. XXIV, 59. — 27 Lenz, p. 578;
Koch, p. 246 ; Blümner, p. 294. — 28 Hom. 11. II, 561 ; IX, 152 ; cf. Ilehn, Op. cit.
p. 65 et suiv. — 29 Plin. XVIII, 24. — 30 Soph. Antig. 1119; cf. Ilehn, Op. cit.
p, 72. — 31 Virg. Georg. II, 104. — 32 Plin. XIV, 20. — 33 Theophr. Hist. pl. II,
1,3; Caus.pl. I, 3, 1 ; 12, 9 ; Colum. De arbor. c. 2 et 7 ; Plin. XVII, 59, 67 et 97 ;
XVIII, 243. —34 Plin. XIV, 9. — 38 Plin, Ibid. 11. — 36 Theophr. Hist. pl. V, 3, 4 ;
Plin. XIV, 9 ; il pense que les anciens ouvrages de sculptures doivent avoir été
exécutés en bois de vigne sauvage. — 37 Plin. XIV, 19. Ce bâton était appelé sim-
noire25. Ses graines étaient employées »,
Vitis, TtsXoç, la vigne 21 . — La culture
Grèce remonte à l’antiquité lapins loim. : " V.!ëne e»
Y Iliade, des localités comme Epidaure et dJ)' D^à(la
...... r c cl i edasos -
'ii
dans ’
vent une épithète (àgTrsXôetç)26 qui nous dit hT^ **4
en vignobles. En Italie, d’après Pline, cette cuit"' .'‘Clles96|
été très postérieure àcellesdes céréales 29. Quoi , J. 6 a'II'ail|
il paraît bien vraisemblable qu’au v° siècle '.l'"leilsoitl
ère elle était déjà très répandue dans cette conuÏ“?|
espèces de la vigne étaient innombrables31 • SOul rl
l’antiquité, Démocrite passait pour s’ètre vantH
naître toutes celles de la Grèce32. Nous ne pouvons!?!!
ici dans le détail de la culture de cette plante qui se JJ
tipliait de semis et surtout de boutures et de provins31!
Elle peut prendre un très grand développement et loi
cette raison les anciens l’avaient rangée parmi les arbre ■
c’est dans l’ile de Chypre que les vignes atteignaient j I
plus grande taille3'". On citait à Rome, au portique de I
Livie, un pied de vigne qui à lui seul formait une sorte de 1
berceau, où l’on pouvait se promener à l’ombre, et pro!
duisait douze amphores de vin 3S. Le bois de vigne, quoi- fl
qu’il fût solide et des plus durables36, n’avait qu’une |
médiocre importance à l’époque historique ; ce n’est quel
dans des temps très anciens et peu fréquemment, ce sem
ble, qu’il fut employé dans la construction et dans la.l
sculpture, notamment des statues de Baechus dont la I
vigne est un attribut essentiel [bacciius, materies . A Rome!
un bâton de cep de vigne était l’insigne de la dignité du I
centurion 37 .
Coupe des bois. — Les arbres étaient abattus [arbora I
caedere , sternere 38, ûXoT&psïv 39, SûXa ou uX-qv, SévSpii
TsgvEiv /"°, xouttsiv 41) par le bûcheron (uXotojao; ossoxu-l
7tgç 43 , opuTojAoç 4 ") qui les entaillait profondément au pied
avec la hache ( securis 48, 7téXexu;46) et dirigeait ensuite!
leur chute avec des cordes41. I
Parmi les arbres, les uns devaient être équarris48, Ml
autres seulement écorc.és [decorticare^, <■ fXoïihtv) .Lej
premiers s’abattaient vers l’automne, lorsque le mou»
ment de la sève se ralentissait ; ainsi procédait-on po
l’alisier (àpt'a), l’érable (acer), le chêne esculus («mM
le frêne (fraxmus), le hêtre ( fctyus ), lorme (ulnW),M
tilleul [tilia) ; le chêne ( robur , 8?0s) se coupait e P»
tard, au commencement de fliiver; sou bob 1 1,11
■ ■ vers61. Au (
printemps les
plement vitis ; Ovid. Ars amat. III, 5Î7 ; Liican.
57 ; Juv
les Romains, trad. franç. p. 73. — 38 Virg. - - , ...
Plin. XVI, 188-189. — 39 Hesiod. Oper. 422 ; Dion Ha . R. cf Hom, A a
Onom. VII, 109. - 40 Theophr. Hist. pl. V, 1, i-ii AcS°J' .. L {. VIII, 2- 6 °'
88. - 4. Xen. Il cil. V, 2, 39 et 43 ; Aesop. 90; Joseph. .AW ,, *
lit aussi dans Esope (308) ;u)»EÜ£ff$at, dont on peu . 807 : S°P '•
b„e.4.,e«l( Polyb. XXII, 22). - 42 Hom .II. XXIII, IM , ^ là le wJ
Elect. 98; Thcophr. Ibid. III, 9, 3 ; Corp. inscr. gr. »' «• „ . poll.ft«*
du bûcheron est appelé JXoTop.cct, Arist. Polit. , ’ m, ioO. — 13
VII, 101 ; Aelian. Nat. anim. III, 21 ; 5XoTO|«*ii, D,0&- ' forrncs 1
ms. *. ». t.iv. ». > i « .-«3
p. 349, 22; o’ooiT'iito!, Nicand. Ther. mit. ; ojeiTuito,, jgn8 Esope, 3 .
comme épithète de 4»* ; Hom. II. XI, 86. Commenta { ^ ,, ;l
S. v. puisV^;, Aesop. 114. - 45 Plin. XVb 1 8 ■ ^ .-«fl
Metam. IX, 374; Valer. Flacc. V, 436 ; Isid. Ong- 308 ; Ihad. x1, „
XXIII, 114, où la hache a pour épilhète iXo«po«i v VI, *’ f ‘ ‘Ai*
Odyss. V, 234. Elle reçoit l’épithète de ?uXo«««> 3. Le t«val1 “ ; à l«
VII, 113 ; puis celle de imXEy.r.Topo?, Anth. pa - ’ , ,, 2 et le bois arris
dense, dur, incorruptible et a l’abri des ul7 lnJ
traire, il était préférable de couper au
527; Lucan. Phars. VI, tlt:
, Sat. VIH, 247 ; Tac. Ann. I, 23 ; cf. Marquard1, 0^»"'^' ' R j;,;
g. Georg. I, i'3; jV) 4t;PoU.
s’appelait iceXÉxiq<Tt<;, Theop |
hache ?ûXa V, 5, 6. — 47 Ovid. lUetani^ ^ ^ XVI. |88'5|
sont appelés ÇûAa xeTçàywva, Tlieoplir. v, , • ,, y |, 1
Ibid. III, 16, 3; V, 4, 6; l’écorçagc s'appelle « ”l0r0”
1, 2; cf. Plin. XVI, 188-189.
, V,
LIG
— 1233 —
LIG
lSenipntdesl>qi''^seg régnaient au sujet de l’in-
»es itU'ei lnnL'SU.- les bois. La coupe ne devait avoir
11 la entième jour de la lunaison3,
On croyait unanimement
et après '
Alf. Jacob.
_ ] Ouvrier qui travaille le
in<4 et les sapins, parce qu’à cette
diverses sortes de P ^ ^ facilité ; de plus, le bois
■poque l'écorce : * ^ beIle teinte après la première
de sapin prRna1' ?chage du bois, on pratiquait quel¬
le1'- Po,irlia mie ‘circulaire assez profonde au tronc
q«ofois une en^lta ^ ^ afm de favoriser
dos arbres et
' Fée
■De
If*6 „df"ügtième au tr
^’Lte coud.erdelalune^ arbres da„s la
Jj" bois ™ devait être bien plus durable
s,;i ™ po“>‘ d« »*res abiiiius “u 4 unc ccrta‘ne ep0
fcjb partie dos privilèges des den&rophom
J^ntTï— • -»«W« f—»
KS’e bois, negotiator mcaeriariusl MarEuia]
,G0 !_ Instrument d'agriculture qm servait a remue
fl, sol1 Cet instrument avait un for largo , t t ai
L,bé-,.nuni d'un long manche-, grâce auquel on en
pouvait frapper le sol avec force-, Dickson le compare a
L bêche». Je croirais plus volontiers que le ligo n était
L sans ressemblance avec notre houe. Comme la houe,
en effet, le ligo servait à remuer profondément les ■ teires
dures ou en friche1, à extirper les mauvaises herbes et
tout ce qui pouvait nuire à la culture », à retourner et a
briser les glèbes10. C’étaitun véritable instrument de cul¬
ture, tandis que la bêche est plutôt un outil de jardinage.
I Existait-il des ligo dont, comme pour certaines de nos
houes, le fer était divisé en deux
dents [bidens]? La question reste
douteuse. On ne peut, en faveur
de cette opinion, alléguer qu’un
seul texte dont l’interprétation
est incertaine: fracti dente li-
gonis". Le fractus ligo , instru¬
ment certainement bien connu
_ h' 11 / ,,u de Columelle, mais que nous
ignorons, élait-il un ligo 'dont le fer, à son extré¬
mité, se divisait en deux dents? Faut-il au contraire,
commentateurs, traduire fractus par
métal imitant, pour l’œil,
lune cassure12, de telle sorte que cette épithète
que nous avons mentionnée
nvec certains
recourbé, l’inclinaison du
l’effet d’i
serait synonyme de celle
■ us haut : incurvas ligo 13 ? Peut-être doit-on voir l image
lu un ligo dans l’instrument que représente la figure 4484 u,
Ijlapiès une coupe ornée de bas-reliefs représentant les
K^|lux 'l Hercule ; la brusque courbure, à angle aigu,
F lns*1 ument, est certainement rendue avec exactitude
l’ 1"2et L P1'“- I I. — 2 Vitruv. Il, 4, 3-4 et U; Plin. XVI,
E- . - ' 1,lin'XVIt 190 ; Cat. De re rust.
î
*
Ainsi,
l'orni,.. ir | , , , , 190 ; Cat. De re rust. c. 31. 11 recommandait d'abattre
V, p 3 . noYer au décours de la lune ; cf. Plin. XVI, 193. — 4 Theophr.
[Bliimnep, 7’ec/i„ '/l" °'>1lr‘ T. t; Plin. XVI, 190491. — Bibliographie. Hugo
:n Ul‘d Italie - ",!C Un^ Terminologie der Gewerbe und Kïmste bei Grie-
Rerdam 1807 i * 874-1887 ; Sprengel, Historia rei herbariae ,
Golba tcuu Lenz, Botanik d.pr nlt.pn Clvipchpn und. Bnmpr.
1850. y û T”’ Lenz, Botanik der alten Griechen und Rômer ,
au> A«ien nack f ^"^urPftanzen und Hausthiere in ihrem Uebergang
d«, mil botaBisclic?'li .'e"fand md Italien' c' édit- ncu Uerausgeb, v. 0. Sclira-
“mbSlrâiirl,,,,. v. A. Engler, Berlin. 1894: Karl Koch, Die Baume
, La vie privée
"“Slrâu cher detail- ^°CUV' ^ug'cr, Berlin, 1894; Karl Koch,
iu Romains (|n,i" i" Griechcnla.nds, Stuttgart, 1879; J. Marquardt, L
i LlGNAmüs 1 isiq ^". ’ Par V' l,curY. 1892-93.
f' 2 H. BlumBor r"'i 1 : li<5nal’‘us generalitcr ligni opifex appclla-
i "'L U, p. [a(t r(i| i/,,X **■ Terminologie d. Gewerbe xmd Kiinste, Leipz.
y biijuei qu on ne trouve le mot avec cette acception qu'à
par l’épithète fractus. Ce sens, un peu détourné il est
vrai, est très admissible, car le texte est en vers et les
mots y peuvent être employés pour peindre une image ,
il n’est d’ailleurs pas plus hypothétique que le sens
à deux dents-, ajoutons que, sur notre ligure, Hercule
se livre à un de ces rudes travaux pour lesquels, d après
les textes, l’usage du ligo est tout indiqué, puisque, pour
nettoyer les écuries d’Augias, il détourne le cours de
l’Alphée. Henry Thédenat.
LIGULA, LINGULA. — Martial reproche aux gram¬
mairiens ignorants de s’obstiner à conserver la forme
Unguia , tandis que toute la bonne société de Rome,
equiiesque patresque , ne se servait que du mot ligula .
Ces grammairiens voulaient, sans aucun doute, rester
fidèles à l’étymologie traditionnelle qui fait de ce mot
un diminutif de lingua, parce que, par sa forme, le
cuilleron rappelle la langue humaine2. Mais il est des
cas où le mot ligula ne peut pas avoir cette étymo¬
logie, l’objet désigné n’ayant aucune ressemblance avec
la langue3. Pour sortir de cette difficulté, on a divise
en deux classes les mots Unguia ou ligula , faisant déri¬
ver les uns de lingua ou lingere , les autres de ligure ,
suivant leur sens. Ainsi, le mot ligula, quand il ale sens
de courroie de soulier, dériverait de ligure’'. Mais les
textes ne permettent pas d’attribuer au mot ligula le sens
de courroie de soulier ; il s’agit en effet d’une oreille de
soulier5, qui ne ressemble pas plus a une langue qu à un
cordon ; aussi Festus rattache la ligula du soulier, par son
étymologie, au mot lingua 6. Ceci prouve une fois de plus
qu’il faut rester très sceptique en ce qui concerne ces
étymologies à la manière de Varron, faites après coup et
reposant sur des ressemblances de mots. Ce qui reste
certain, ce dont d’ailleurs tout le monde convient, c est
que les mots ligula et Unguia sont, quel que soit leur
sens, employés à peu près indifféremment l'un pour
l’autre 7. Nous présenterons donc ici l’explication de
ces deux mots, chaque fois que, par leur sens, ils devront
trouver place dans ce dictionnaire. Lorsque les textes
cités donneront la forme Unguia , nous l’indiquerons
dans la note, après les références.
1° La ligula , cuillère, diffère du coculear ou cocu le are
et par son manche qui se rapproche de celui de nos
cuillères modernes, et par son cuilleron, généralement
plus large et plus allongé. Toutefois, il ne faut pas consi¬
dérer cette distinction comme sans exception. On connaît
en effet .des cuillères antiques, à manche orné et non
pointu, dontle cuilleron estpelitcomme celui des cochlcar,
et des cuillères à large cuilleron dontle manche est pointu.
La cuillère répond à une utilité si générale qu’il n’est
pas surprenant qu’ou la rencontre chez tous les peuples
civilisés. On en connaît en pierre, en métal, en bois, en
une basse époque; Vulgat. I, 9, 27 ; Hieron. Epist. 108, 8; Gloss, lut. gr. : ligna-
rius tiiAoxéiioç, o xôtctwv ;iiXa.
I.1GO. 1 Popma, De instrum. fundi , VIII : instrumentum fossarium. —2 Varr.
Linq l. V, 134. — 3 Stal. Thebaïd. 111, 587 : incurvi... ligones. — 4 Ovid. Pont.
1 s' 59 ; longis... ligonibus. — 3 Ovid. Amor. III, 10, 31 : cum benejaclati pul-
s'arènt arva ligones. - 3 On lhe husbandry of the ancients, t. I, p. 145 et trad.
fr De l'agriculture des anciens, t. I, p. 382. — 1 llor. Epod. V , 30 ; Epist. 1, 14,
27 ; Mari. IV, 04, 32. — 8 Colura. X, 88-89. — 9 Ovid. Pont. 1, 8, 59. — 10 Horat.
Od IU 0 38-39. _ n Colum. L. I. — 12 Lolum. not. Varior. ad l. I. 13 Stal,
l /. J U A. Klügmann, Annal. delC Istit. di Borna, 1864, p. 304, s. lav.
d'agg. U.
LIGULA, LINGULA. 1 Mari. XIV, 120 Ligula argentea. — 2 Cliaris. éd. Keil,
p. 104; Fcslus, s. v. éd. Muller, p. 116. - 3 Voir plus loiu, n-> 4. — 4 Cliaris, L. I.
_ 5 Voir plus loin, n» 9. — o Fcst. L. I. — 3 CL Cliaris, L. I. « Usus ligulam
sine n frcqucnlat ».
158
— 1254 —
LIG
os, en ivoire', en verre même2; les cuillerons affectent
les formes les plus diverses, circulaires, ovales, allongées,
en forme de gousse, en forme de fer de lance avec la
pointe dirigée vers le manche ou en
dehors. Les artistes, comme de nos
jours et peut-être plus encore, ont
donné, dans l’ornementation des
manches, carrière à toute leur fan¬
taisie3. Les dimensions étaient
aussi variées qu 'aujourd’hui ; on
rencontre la cuillère aussi petite
que celle qui accompagne nos
salières.
On a trouvé, en Égypte, des cuil¬
lères dont les manches sont très
variés : parfois ils sont formés d’un
cercle ou d’une tige droite, avec
une barre transversale en forme
de croix, à la naissance du cuil-
leron ; dans d’autres, le manche
représente une tête d’Isis, un pois¬
son, un quadrupède couché, une
divinité ' accroupie 4. Une cuillère en bois, trouvée à
Thèbes, rappelle par sa forme, aussi bien que par son
ornementation, le lotus5.
Les cuillères grecques n’offrent pas moins de variété
dans leur forme et leur ornementation °. 11
en est qui ont le manche pointu, comme le
cochlear des Romains, et devaient certaine¬
ment servir aux mêmes usages 7. D’autres
ont un manche plat, comme nos cuillères
actuelles 8 ; à Cyzique, on en a trouvé deux
en argent, dont le manche est travaillé en
pied de biche, avec une grande délicatesse
(fig. 4485) 9. Une cuillère grecque en bronze,
conservée au Musée britannique 10, est ornée
d’un manche très original, représentant un
dauphin enroulé autour d’une rame. Quel¬
quefois le point de jonction du manche et du
cuilleron est orné d’un motif gracieux".
Dans une tombe de Vulci, on a trouvé une
cuillère étrusque en os sculpté, d’une forme
et d’une ornementation agréables à l’œil12
(fig. 4486).
Ce que nousavons dit des cuillères grecques s’applique
aux cuillères romaines: même variété dans les formes,
même fantaisie dans l’ornementation13. On remarque
fréquemment dans les cuillères romaines 14 une structure
particulière qui apparaît déjà, quoique plus rare, dans
les cuillères grecques 15 : l’extrémité supérieure du cuil¬
leron est recourbée de manière à former un demi-cercle,
i Cf. C.-J. Jackson, The spoon and its history, dans Archaeologia, t. LUI,
p. 107 el s. — 2 Raoul-Rochette, Mihn. de V Acad, des inscript, t. XIII,
1838, p. 682. _ 3 Sur les formes et l'ornementation des cuillères, voir
J\ luseo Borbonico, t. X, pl. xi.vi ; Jackson, O.l. fig. 1-29; Grivaud de la \incelle,
Métiers des anciens , pl. xxxu et exxv ; Id. Antiquités recueillies dans les jardins
du Sénat , p. 118, pl. v, n»s 1-5; G. -B. de Rossi, Bull, di arcli. christ. 1808,
p. 83, pl. i; Catalogue de la collection Hoffmann , 1888, n°> 541-544; l’ filon,
Mémoire sur une découverte en Vendée, 1857, p. 13 ; Thédenat-Villefosse-, Gaz.
arcli. 1885, p. 110; Héron de Villefosse, Le trésor de Boscoreale, dans Mélanges
et monuments Piol, t. V, p. 114, n°» 61, 62, pl. xxxvui, n“* 2, 3, etc. — 4 C.-J.
Jackson, O. I. p. 108, n»s 1-8. — 3 Id. Ibid, n° 4. — G ld. n«s 9-15 et 24. —
7 Id. n«s 10, 13, 14, 15. — 3 ld. n» 12. — 9 ld. n° 24. — 10 Id. n« 9. — 1* Id.
n05 10, 15, 24. — 12 Dennis, Cities and cemeteries of Etruria, t. I, p. 461; C.-J.
Jackson, n° 19. Voir une autre cuillère trouvée à Cliiusi, Museo Chiusino, II,
pl cxlll] _ 13 C.-J. Jackson, u«* 16-23 et 25-29. — U ld. n« 16-18, 20-23, 25-29.
L1M
manche; de telle sorte que, si l’on lieni* °X^6nQilé du
un sens horizontal, le cuilleron est plus K- ,lère <|aj
Telle est la cuillère romaine en argent trm * -lUe la ^
bury en 1868 16 (fig. 4487). ’ IU>Ci ;i
Les Romains avaient aussi des cuillères de f
ticulière, dont le manche, à l’endroit
Ganter.
cuilleron, est recourbé en ' forme^de^iucü]'' n a<j!ple aiJ
ont le manche droit, mais le cuilleron est muni ’i’6*
lot 18. Les uns et les autres servaient ' ' Un g0u‘
par¬
ti puiser, dans un grand récipient,
le liquide destiné à être versé dans
une coupe. Leur nom spécial est
TRULLA.
Les indications des découvertes
archéologiques sont confirmées par
les textes des auteurs. Souvent la
ligula était en argent19 et elle avait
sa place parmi les pièces d’argen¬
terie que l’on offrait en présent20.
Il n’est donc pas surprenant qu’on
ait trouvé des cuillères sur les¬
quelles étaient gravées des formules
de souhaits comme ouaXs, transcrip¬
tion grecque de vale2' , ou utere
felix2'2, et aussi avec des inscrip¬
tions votives23. Quelquefois le cuil¬
leron était orné de sujets gravés24.
La cuillère avait son emploi dans le service de la table2*
et, dans les tombes, on a trouvé des cuillères à côté des
mets préparés pour l’usage du défunt20. Des cuillères,
sans doute d’une matière plus commune, servaient aux
préparations culinaires ou autres27.
2° Terme de mépris28.
3° Mesure de capacité évaluée au quart du ciathusm
4° Aiguille d’une balance, examen 30 [luira].
5° Extrémité amincie d’un levier31, spécialement du!
levier d’un pressoir [prelum] 32, d’une poulre ou d un
pieu vertical, destinée à être engagée dans une pièce
transversale33, comme dans les clôtures en Dois .
6° L’extrémité la plus étroite de tuyaux qui, amincis!
d’un seul côté, s’emboîtaient les uns dans les autres afin!
de former des conduits d’eau, tubuli lingulali ■
7° Épée ou lame d’épée35.
8° Partie courbe d’un strigile39.
9° Oreille d’un soulier en cuir31, en g!U iÂI,uT’
yXmTT tÇ 38 .
10° Biseau d’une flûte39; en grec flanvk
Henry Tuiîdenat. ^ 1
v • 1 •! 1 i me él&m i
LIMA ('Pivt)). — Comme de nos jours, - ,. eUuX
dans l’antiquité, un outil familier aux < h
Villefosse, Letw°r
1» Id. Ibid. p. il0’ 9
fiu-t. V, I».
-1S ld. nos 14-15. — 16 Id. n» 23. — U Héron de
eale, p. 108, n»! 51, 52, pl. xxvi, n"* I, 2.
I. xx vu, n» 1, 2. - 19 Mari. XIV, 120 Charisius, éd. kefi.p. . • sss, 5 *
I ; VIII, 33, 23; 71, 9. - 21 Antiquités du Bosphore l""" lnscr, UM
«te, t. I, p. 205. - 22 Corp. inscr. lut. V, 8122, J l ; 0 ^ ^ ,s83jP 35 .
» 343, 2. — 23 Catalogue Hoffmann , 1S88, il05 541, ot- , _ ■ ___ 2rt Cf. Ra0U
-24 Jackson, p. 111, n°* 20 , 21. — 23 Cal. B. nuit. L , xx |, 49, 2; c«
lie l le, L. I. ; Bull. corr. hell. 1885, p. 109. - 31 Pl*»- 1 « • ' CCXXX;
y 5. - 28 Plant. Poen. V, 5, 30. - 29 Plin. XX, 18, 1 f
111, G ; Colum. XII, 21, 2. — 3« Schol. ad Pers. 1,6.
-32 Gai. B. rust. XVIII
.337-338. — 33 Colum . . -- v - , ,, ..IP
II, 6; Gcll. X, 25 cl Navius, ap. Gell. L. I. (lmgu a). Jlüller t ' ^
i Juv.V, 20 et Schol. ad 1. ; Mari. II, 29, 7 ; Fest. s. v- • G(J 6 ; Fcsl- I- ■
ngula' . - 33 A Ih en. XV, 677 a. - 33 Plin- Nat. hist. xv ,
1 , 2. — 30 Schol . ad Pers. 1 , c • J Termi’l0,0f' .
II (Lingula) ; cf. H. Blümner, lechno r. _ Virr, m-
n. VIII, 1 1 (Lingula). — 34 Vilruv. - ' . flol.jl 1, »• '
r.„,i r L (lingula). - 30 AP“ , Millier (l'g»1*
LlM
— 1255
MM
792] aussi bien qu aux arlisans.
hKslCie7nom travailler l'or', l’argent-, le bronze1,
one’eo serv.u toines pierres précieuses .Ondeta-
r,er‘‘icrPl0a'°toè les perles qui adhéraient trop forte-
4 ‘tSfntalie fournissait une pierre à eau qui
|4ivan 1 Hl les mêmes services que la lime . Cet
” u dit aussi que la rouille produite par le
„ de bouc remplaçait avantageusement la
Urne pour polir les métaux9.
, .,4pe dont se servaient spécialement les
ouvriers qui travaillaient le bois s’appelait lima
I ii/naria 10. Mais cet outil est plus souvent désigné
sous le nom de scobina 1 1 .
U limaille obtenue par la lime était nommée
t,n grec ütvY.got », en latin scobis ou scobs".
Travailler à la lime se disait : lima avellere %
1
polire 15, proterere
IG, adradere '
Fig. 4'ibs
1 finies.
La lime était aussi employée par les médecins
pour la préparation de certains médicaments l8.
I a forme des limes antiques ne différait pas
ano des limes modernes. On connaît des
limes rondes, triangulaires, à quatre côtés, épaisses et
larges, ou minces et effilées19. Plusieurs se terminent,
comme les nôtres, par une tige qui servait a les fixer dans
un manche en bois. Telle est une de celles que nous repro-
duisons (tig- M88). Elles proviennent de Nocera et ont fait
partie de la collection Castellani IIenry Thédenat.
LIMBULARII ou LIMBOLARII. — Plaute nomme des
Imbolarii ou fabricants de limbus, avec d’autres artisans
du luxe des femmes; peut-être ce nom n’est-il qu une
invention comique ’. E. S.
LIMBUS. — 1. Bordure ornant un vêtement1 [chlamys,
I PALLIUM , TUNICA, etc.].
II. Ruban, bandeau placé autour de la tète2 ou servant
de ceinture3,
III. Zone obliquement tracée sur une sphère céleste et
portant les signes du zodiaque4 [balteus, lig. 779],
I IV . Partie d’un filet de chasse ou de pêche 5 [retis].
LIMENARCUA. — Ce mot désignait dans les provinces
orientales de l'Empire romain un fonctionnaire muni¬
cipal chargé de la surveillance des ports1. Celte fonction
[munus) était personnelle. Cn. Lécrivain.
r LIMES 1MPERII. — On sait que le mot limes était un
I orme technique employé dans la langue des arpenteurs
IIacti arius ager, agrimensores, centuria,colonia, templum].
K01" °P,Tei‘ la division des terres, on tirait d’abord deux
■^ncs’ ] une du nord au sud, l’autre de l’est à l’ouest,
^fessant toutes deux par le centre du territoire sur lequel
n "I" 'oit. La première se nommait cardo1, la seconde
. 1111 " 0,1 Mmes decumanus.
ïacfe parallèlement
Puis, par d’autres lignes,
à celles-ci, on fractionnait le reste
l':»ipir. |, n ,qq ."n,!’ ’ 1 VI, 92,2;Lamprid. Elag. XXXI. — 2 Sext.
N- IV, 178 • Pli A-"1 XXXIII, 49, 1. — 3 Vilruv. VII, H, 1 ; Ovid.
1 jPhaod. iv' s -‘.'viSl' XXXIV’ *9.33 et 26, 1. - 4 Plin. Nat. hist. XXVIII,
S#1,-h6 Pfin v / : X°n' Cyrop- VI> 33- ~ B Plin. Nat. hist. XXXIV,
XvIII|G7, 9ü. 7 a l(| vvvin XXVII’32,2'~ 1 Plin- lx> 54> 4- — 8 Plin- Nat. hist.
ki'J. I. Vil 08- Tn i n ’ 1 — 10Scrib. Larg. De comp. mcd. CXLI. — U Var.
■ j II V1 x«i Wd. Orig. XIX, 19, 15; Plia. Sot. hist. XI,
13 Lamprid. L. I. ; Plia. Nat. hist. XXXIV,
" r|îul, ap. varr r aX41"’ 4L I. — 10 Plaut. Alenech. I, 1, 9.
I J' ~ 19 drivai, ,) de ia'v&' V"’ °8' ~ 18 Marcel. Einpir. XXVIII ; Scrib. Larg.
! * 1X' n" ït 2'^ a Q H<]; ' Arts et métiers des anciens, pl. i.vm, n°s 3, 4,
1 tu _ _ Expos, de 1867, H ist. du travail, Italie, n° 101.
"EU. III, 5, 54. L'inscription de Dossi, VIII, 27 =
Os
26, 1
^ Horodian. Xenoph
Plant, IX’ 4'
f u uiacripiK
' 0ss~^ ^ox* « limkolarius, 0
lutravoicpàxTir;;
du territoire en un certain nombre de carrés limités
chacun par des cardo et des limes decumanus secondaires.
Mais ces limes n’étaient point de simples lignes destinées
à marquer une séparation entre les différentes propriétés,
privées ou publiques : ils constituaient des chemins de
communication entre les domaines voisins2. D’où l’em¬
ploi du mot via pour désigner le chemin constitue par
le cardo et celui du mot limes pour la voie trans¬
versale.
Celle signification resta, pendant toute la période répu¬
blicaine, restreinte aux possessions des particuliers et des
municipes; elle ne s’appliqua pas au domaine public ; le
mot n’était pas employé pour indiquer la limite du ter¬
ritoire romain, la frontière. D’ailleurs, il n’y avait pas
encore de frontière militairement gardée. On assurait la
sécurité des possessions de la république en les isolant des
peuples barbares par un cordon de pays a demi soumis.
Tout cela changea avec l’avènement du régime impérial
et l’organisation de l’armée permanente. Celle-ci avait
pour mission principale de surveiller la sécurité des
provinces-frontières, et tout particulièrement la partie de
ces provinces qui confinait aux populations barbares. On
vit alors apparaître le terme de limes imperii pour carac¬
tériser la frontière de l’empire, la ligne de séparation qui
délimitait les possessions de l’État romain et marquait le
commencement des terres encore indépendantes °.
La frontière était déterminée dans la plupart des cas
par des accidents naturels, en particulier par de grands -
fleuves comme le Rhin ou le Danube. Quand ceux-ci
faisaient défaut ou lorsqu’on avait quelque raison pour
ne pas les utiliser, on établissait un limes, c’est-à-dire
une ligne de fortifications 4 plus ou moins développées,
ainsi qu’on le verra par la suite de cet article. Tantôt
c’était un remblai de terre, une palissade, une muraille,
percée de loin en loin de passages gardés militairement;
tantôt un fossé; tantôt simplement une série de fortins
reliés les uns aux autres. Dans tous les cas, conformément
à son étymologie, le limes constituait à la fois une limite
séparative pour l’empire et un chemin de ronde 5, une voie
de défense pour le territoire romain ; c’est pour cela qu’on
désignait le tracé d’un limes par les mêmes termes que
ceux qu’on employait pour l’établissement d’une route
(aperire, munir e ) B.
La direction de ce limes, limite extrême de 1 État
romain, changea naturellement à mesure que la frontière
fut portée en avant ou que des pays précédemment
occupés furent évacués; c’est ce qui arriva, par exemple,
pour la Daeie. Il ne peut être question, dans cet article,
que des provinces qui firent partie constamment de
l’empire, et nous devons nous placer à une date moyenne,
au 11e et au me siècle.
Le limes1 le mieux connu est celui de Germanie : il a
1.1MUUS 1 Virg. Aen. IV, 137, et Serv. ad h. /.; id. ad Aen. IL 610 ; Ovid. Met. 11.
733; VI, 127; Isid. Or. XIX, 33, 7 et 8. — 2 Stat. Ach. Il, 170; Arnob. Il, 72.
— 3 Stat. Theb. VI, 637. — 4 Varr. H. rust. H, 3, 7. — B Oral. Cyn. 25.
1.1MENAUCIIA. I Dig. Il, 4, 4; 50, 4, 18; CW. Jusl. 7, 10, 38.
MMES IMPERII. 1 Froulin. De limit. ap. Groin, vet. éd. Lachmann, I, p, 27;
Hygin. De limit., ihid. p. 108. — 2 Front in. De controversiis, ibid. p. 24 : omnes
enim limites secundum legem colonicam itincri publico servire aebent ; cf. Sic.
Flac. ibid. p. 153, 158. — 3 Mommsen, Westdeulsch. Zeitschrift, IV, p. 44 et 45.
— 4 X'ita Hadr. 12: « Loci in quibus Barbari non fluminibus sed limilibus
dividuntur ». — ® Tac. Ann. i, 50. — O Vcll. Il, 12 1 ; Front. Strat. i, 3, 10.
_ ^ Voir la bibliographie. On peut consulter sur l'ensemble de la question :
von Cohauscn, Der rüm. Grenzwall in Deutschland, Wiesbadon, 1884, et
l'analyse donnée par le général delà Noë, dans la Rev. arcli. 1885 (I), p. 145
et suiv.
LIM
1250 —
LIM
donné lieu à de nombreux travaux et actuellement encore
une commission spéciale a reçu pour mission de l’étudier
dans tous ses détails et sur toute son étendue. Le tracé
en est fort bien établi.
Tacite nous parle d’un rempart-limite commencé par
Tibère sur le Rhin inférieur1, mais on n’en retrouve
aucune Irace sur le terrain. Parmi les remparts et les
fossés qui se rencontrent dans cette région, aucun ne
saurait être attribué aux Romains. A partir de l’empe¬
reur Claude, la frontière de la Germanie inférieure fut
constituée par l’Yssel et le Rhin; le limes suivait la rive
gauche, serrant de près le cours du fleuve2.
Celui de la Germanie supérieure ..
i . 1 e aPP>trtieni j,
époque un peu plus basse; les auteurs . "nc
Flaviens et les empereurs suivants 3 ry ' SOnl H
totale de 250 milles romains, il commenr'!;!’ '0ngUeur
■ - ’ " - , çau immédiaJ
de '
tement à la frontière septentrionale U(.
embrassant le Taunus et la plaine du u\- I'l'0vincel
Griiningen (fig. 4489) *, puis se dirigeait au'
Mein qu’il rejoignait à Gross-Krotzenburg "\\ J
ensuite le Mein jusqu’à Miltenberg, puis couvaii^1
lèlement au Neckar, en droite ligne, jusqu’à ] Para1'
trouvait la limite de la Germanie et de la Réli, ’ °llSe
Le limes de Germanie supérieure se composait, partoJ
Fig. 4189. — Tracé de la frontière romaine en Germanie et en Rétic.
où il n’empruntait pas le cours d’un fleuve, d’un retran¬
chement continu de hauteur moyenne, en avant duquel
était creusée une tranchée. Le profil ci-contre (fig. 4490)
peut donner une idée de sa disposition générale r>. Tout
Fig. 4490. — Frontière en remblai avec fossé.
le long de cette ligne de retranchements, que l’on nomme
aujourd’hui dans le pays Pfahlgraben , étaient répartis,
à quelques centaines de mètres en arrière, des foi lins
et des tours — ils sont indiqués sur la carte (fig. 4489)
— qui se succédaient à des distances variant de
8 à 10 kilomètres sur le Mein, et atteignant jusqu à
1 Ann. XIV, 37. — 2 Mommsen, Hist. rom. (trad.fr.) JX, p. 'G0. — 3 Frontin.
Strat. I, 3. 10; cf. à ce sujet, Gselt, Domitien , p. 194 et les notes. - b»
carte reproduite ici est la carte d’ensemble annexée à la publication intitulée Der
18 kilomètres sur le Rhin inférieur. La eon\h _ Jj
, récéder le trace du remp» I
aucune des néceM
sidera-
en consu
postes militaires dut même pr<
limite; car celui-ci ne répond a
de défense que l’on prendrait aujouul lnu jestiné |l
tion. Ce n’était guère qu’un obstacle ma 'j1^
interdire le passage de la frontière ; LeS lourS
daient les points où on pouvait la tr^vei i^vstème
dont la présence a été reconnue
complétai"»1
de surveillance, en faeililant 1 emploi de M i donner da|
Le limes rétique, pour lequel on ne n, sjècle L
date exacte, mais qui existait assuitme ^ordij
commençait là où finissait le limes &er ^ l’Allninh t
il courait parallèlement au Dan u )C’ C , e fois la r''('èr^
puis s’infléchissait, traversait une seco ^e EinlD
auprès de Kipfenberg et rejoignait le
,| K**111' .
, . 3 Von Coliauscn, Op ■ ( j 894, P'
obergerrnanisçh-râltsche Lunes. ^ Westd. Zeilschr'l*’
xl et suiv. Rev. arcli., loc. cit. pl IN- 07 ei suiv.
Hübner, Rom. Hcrrschaft in Westeuropa, p- “
IJM
— 1257 —
IJM
.. ,p COUrs jusqu’à Passau. Dans toute
il en S«ivait enS(!^ne trouve pas la trace d’un rempart
IL longueur on ne ^ ^ et du Mein, mais d un
„« U* fossé («g. MM)'*. n«» accompagné
,a„ta« pierres. ^ ■ .
Fi„ 4491. Frontière en mur de pierres.
(jj. beaucoup moins nombreux qu en
jjeiUement de Tortin^dent gans régularité eL à des
' 1V /fis- 4189). On y a relevé peu de traces
lA. \llP* '
contre
uelles
fort en
pan
Germanie
espaces inégaux qu»
del0T f.STdéfense de la frontière était organisée
différemment. On sait qu’Àgncola en 78-81
ü Bretons des guerres importantes a la su de
L limites du territoire romain furent portées
avant vers le noi d ,
l’empereur Hadrien,
au contraire, les
| ramena à 130 kilo¬
mètres plus au sud ;
mais Anton in le
Pieux s’avança de
nouveau jusqu’à
l’ancienne ligne oc-
Fig. 4492. — Mur d’Hadrien en Bretagne.
mur d’un côté et la ligne de défense en terre de l’autre :
il y reconnaît un chemin couvert par le nord et par e
sud. M. Haverfield a, au contraire, voit dans le mur a
construction militaire proprement dite; le vqllum aurait
été, suivant lui, une ligne de frontière civile.
Le rempart d’Antonin 6 s’étendait entre les l ritlis de
la Clyde et du Forth, entre Dumbarton et Carriden.
C’était un remblai de terre large de 5 mètres en moyenne
à la base, reposant sur un pavement de pierres, et Haut
de lm,2o ; en avant était un large fosse de 5 métrés e
profondeur; c’était lui qui formait l’obstacle principa .
Ce rempart était aussi protégé tous les 2 kilomètres
et demi par des fortins et de loin en loin par des tours de
guet. Une route militaire traversait les fortins d un bout
à l’autre de la frontière (fig. 4493) 7 .
Pour les autres parties de l’empire, on a moins de
renseignements que pour la Bretagne ;ou les provinces
germaniques; on va relevé cependant, à propos du
limes , quelques ren¬
seignements intéres¬
sants.
A l’est de la Hélie,
le Danube formait
presque sur tout son
parcours la limite de
l’empire. Cette fron¬
tière est, eu ce mo-
_ _ « — 1 ,1 « 1 r» rvml <1 U C
JO 771
cupée par Agricola.
Do ces variations dans l’occupation du pays, nous
avons comme preuve les restes des deux xcmpaits
dits d’Hadrien et d’Antonin le Pieux 2. Le mur d Ha¬
drien (fig. 4492) 3 mesure 110 kilomètres entre 1 em¬
bouchure de la Tyne et celle de la Solway, de Newcastle
à Carlisle. Il se compose d’un mur avec fossé, protegi
contre les attaques à revers par deux retranchements en
terre élevés de part et d’autre d’un même fosse. Le
mur était large de lm,50 environ et haut, en certains
endroits du moins, de près de' 5. Une berme de même
largeur le séparait du fossé, large de 11 mètres sur 4 de
profondeur. La ligne de défense en terre est tantôt à mille
pas, tantôt à dix seulement. Elle est formée d un fossé
moins profond que l’autre, gardé à droite et à gauche par
‘leux bourrelets de terre. Le long du mur sont répartis
cas tel la distants en moyenne de 6 kilomètres et de
' mêni(."r aPP*'1u<^s C0|Hre la muraille, quelques-i
foriu "s,ml légèrement saillie au dehors; entre
(n ava’l élevé d’autres plus petits à un m
le Hwl: "n <de^aulre- M- Mommsen 4 considère con:
P1 'finement dit l’espace plan compris entr
‘ v°n Cohausen
The roman w Rev- arch; loc- cit. pl. ix, 3. — 2 11
■ An tiqu. of Lur,i ‘ "[ P- 13; cf. Proccedings of tlie S,
| Ptxi.vm; ’ |S I-’ P* et suiv. — 3 Von Cohausen, Op
"! *■ ~ « The romL ’ *’ pl’. “* 3- ~ 4 WetUL Zeitschrift, XIII, p.
■ >U(TO;,ie ^ m Britain, p. 15. _ G Ibid. p. 17; cf.
®^scoi n : ’°"nl °f excavations made under the directit
nha™l°<^ Society. - -, Op. cit. pl. ,v 3. - «
savants autrichiens, l’objet de recherches spéciales. Des
premières constatations, il résulte 8 que de ce côté
n’existait ni rempart en terre, ni mur, ni palissades.
Mais le cours du fleuve ou plutôt les passages par où on
le franchissait étaient surveillés par toute une suite de
fortins et de postes de garde, qui se complétaient l’un
l’autre. Ainsi, entre les deux camps fortifiés de Vindo-
bona et de Carnuntum, distants l’un de l’autre de 40 kilo¬
mètres, on avait réparti de distance en distance des
postes qui en dépendaient.
Au début, il semble qu’on ait laissé en dehors de
l’empire le coude du fleuve formé par la Dobrudja et
qu’à partir de Rassowa on ait établi là une route fortifiée
qui gagnait directement Kustendjé (Tomi) sur la côté. Le
tracé de cette partie du limes a été signalé d’abord par
MM. J. Michel 9 et Schuchardt10, puis, tout récemment,
par M. Tocilesco u, auquel nous empruntons la carte
ci-jointe (fig. 1194). Il se composait de trois retranche¬
ments à peu près parallèles, un petit rempart de terre,
un grand rempart également en terre et enfin un mur
de pierres. Le second, qui est sans doute d’une date pos¬
térieure à celle où fut tracé le premier et le remplaça12,
consiste en une forte levée, large à son sommet de
2 mètres et comprise entre deux fossés profonds. De loin
en loin sont aménagées des brèches formant passage :
en ces endroits il n’a jamais existé de fossés. Le mur de
pierres, haut de 3 mètres, a été élevé à 3 kilomètres au
nord : il est précédé, lui aussi, du côté septentrional par
un fossé défensif. Mais son tracé n’est pas toujours
Iiôm. Limes in Oesterreich, T, p. 7. — 9 Mêm. des Antiquaires de France ,
XXV, p. 215 et suiv. — 10 Arcli. epigr. Mittheil. 1885, p. 87 et suiv.
_ il Tocilesco, Fouilles et recherches archéologiques en Roumanie, 1900,
P 145 et s. — 12 Schuchhardt, Loc. cit. p. 112 et 113. Tocilesco, Op. cit
p i82, en rapporte la construction à l'empereur Trajan, le petit vallum de
I erre étant l'œuvre d’un peuple barbare qui l'aurait élevé pour se défendre des
Romains.
LIM
— 1258 —
LIM
parallèle à celui de la levée de terre ; il est des points où
il la coupe, d’autres où il s’en éloigne de plusieurs kilo¬
mètres. M. Tocilesco le croit édifié par Constantin le Grand.
Gn arrière du rempart de terre, des fortins sont disposés
de distance en distance, comme en Germanie ou en
Bretagne. Depuis Hadrien, ce coude du Danube fut ratta¬
ché au système général des frontières de l’empire1.
On ne sait rien ou presque rien du limes asiatique.
Outre que la ligne-frontière a souvent- varié de ce côté,
on n’a pas encore eu la possibilité d’étudier le pays à
loisir. On connaît seulement le nom de quelques-unes
des forteresses qui gardaient l’empire de ce côté, soit
sur l’Euphrate, soit du côté de l’Arabie %
En Égypte, le limes, cité par certains auteurs 3, passait
à Syène, limite de l’Égypte et de l’Éthiopie, point occupé
par des forces militaires importantes*1.
Au sud des possessions romaines en AlVi
varié avec les différente
Au début de l’Empire, elle était
... ltn>sezi‘;
'T' H
ci»i« dt h
:i l’pro- !
de la frontière a
conquête
chée de la côte ; au 11e et au m« siècle elle r
arrière. A cette période, elle suivait uneli ' P°rtée fttl
Leptis-Magna à Tacape (Gabès) et à T, j°'gnai|
(Tclmin) G. A partir de Telmin, la frontière ét
pendant quelque temps par les çhotts tunis' iC°UVerie|
elle gagnait Negrin, enveloppait l’Aurès t'Tr'M
atteignait l’Oued-Djedi au sud-ouest de Biskr 6 SUd'
ensuite vers le nord-ouest, traversait les mornsdufj
coupait l’Oued-Chaïr à El-Gara, passait du côté de t
Saada, remontait vers Aumale qu’elle l-iwcu üu'|
pour suivre la ligne Boghar, Tiaret, Frenda, La, noria!
Tlemcen et Lalla-Marghnia. On n’a pas retrouvé suri I
terrain de traces certaines des fortifications qui dél'enl
daient le limes. Le Code Théodosien parle cependant
d’un fossé 7 et certains voyageurs ont relevé les traces
d’un mur qu’ils croient avoir appartenu au système
défensif de l’Afrique 8.
Après Constantin, le terme de limes continue à être
employé dans le même sens. D’après la nouvelle organi¬
sation militaire, que nous fait connaître la Notice des
Dignités s, les différentes frontières militaires forment
des commandements indépendants sous les ordres de
ducs et de comtes. C’est ainsi qu’on lit :
Comités limitum :
Italiae
Africae
Tingitaniae
Tractus A rgentoratensis
Britanniarum
etc.
Duces limitum :
Mauritaniae Caesariensis
Tripolitani
Pannoniae secundae
Valeriae ripensis
Pannoniae primae
etc.
l Mommsen, ffist. rom. (tr. fr.) IX, p. 289. — 2 Domaszewski, Die
Namen rom. Kastelle am Limes Arabicas dans le Festschrift en I honneur de
Kiepcrt, p. 65 et suiv. — 3 Vit a Pescennii, 12. — '• Lumbroso, L’Egillo dei Greci
e dei Romani, p. 51 et s. — 5 R. Cagnat, Armée d’Afrique, p. 549 et suiv,;
Gsell, L’Algérie dans l'antiquité, p. 27. — 6 lier quod limitem tripolitanum pér
Turrem Tamalleni a Tacapis Lepti magna ducit (Ilin. Anton, ed. Fortia, p. 21);
cf Toutain, Arotes sur quelques voies romaines de l'Afrique proconsulaire ( Mè -
D’autre part, on y trouve aussi désignées sous le nom!
de limes les divisions territoriales d une de ces pi ot ince*
militaires qualifiées elles-mêmes de lime :s. Louis coin®
mandants portent le titre de praepositi , qui M' ^tl0UJ
aussi sur les inscriptions10. La Notice ne n11»
le tableau de ces subdivisions que pour l , ^on
africaines ; mais là il est entièrement concln.uii.' I
trouve pour l’Afrique11, snb dispositione ru /" |
Comitis Africae, celui qui, plus haut, se n0lllllj . p I
limitis Africae, le praepositus limitis Tàamaü^. I
praepositus limitis Montensis, le pim/ etc. De ]
Basensis, le praepositus limitis . Gem\rl^ariensim
même le dux provinciae Mauritanien . '
nommé ailleurs dux limitis MaurUan ^ ^utnnaM
a sous ses ordres huit praepositi . . Hniitm
tensis , limitis Vidensis, limitis ml
Fortensis 12, etc. [limitanei]. B- Cagnat-
, M
1 1 Sdh'11'11
langes de Rome, 1895, p. 201 et
- ,01 * «*."3
pra[ep\ositus l{imï)t{is) B... — 11 Not’ ^ et suiv- - yejl- 1
p. 63). —7 Cod.Theod. Vil, 15,
et suiv. — 9 Not. Vign. Oc. V, 126
cf. R. Cagnat, Armée romaine d'Afrique, P
Mommsen, Histoire rorru
deutsche Zeitschrift fur Geschichle
154,
no U
Mommsen, Histoire romaine (trad. française), JX, P lJUjV.; Id
undKunst,lV, p-
illid.
XIII.
— 1259
LIN
LIM
6aitai»sl>_bU"^ et les terres qu’ils
les soldais établis à
cultivaient.
||TES, LIMITANEAE TERRAE. - On
a le Bas-Empire, 1
r'^ftonUèrcs,
demeure au. ,,
4W”^5r delra défricher; les lég
les cuUlVer plirent leurs prés et leurs pacages .
ou <TAfrMÇ? .1 x ,a fin de scs campagnes, donnait à
IJxandre Sévi V c ^ goklals ies terrains pris sur
umitanei mu
[pelait ainsi) s°llb
fleure îlllX .'l’01' l’usage s’était répandu d’assigner
Dès le lenlPs ( Al fLj.pg' déterminées, avec la mission de
u,x troupes d*» ,1(SWrher; les légions d’Espagne
ses go
l'ennemi
énéraux et à ses
à charge de service
3 militaire : si leurs héritiers
rmcs> 1g sol faisait retour a
ais devenir propriété privée et
renonçaient au métier des armes, le sol faisait retour à
1 ne Pmn,llt J',ma , méme cimse dans les mon-
..ivile. Probus fit' la
P‘‘PP , r, urie ; ce furent des vétérans qu il y
Tlla'aveck prescription que dès l’âge de dix-huit
fc fils virent rejoindre Tannée». Au iv* d an
v* siècle, 1rs textes juridiques nous font eonna, re eer-
les prescriptions relatives à ces terres de frontière et
aux soldats qui les cultivaient et les défendaient : elles
étaient exemptes de toute charge, tous les revenus en
appartenaient aux soldats,
mais nul autre qu’eux ne
pouvait les occuper, toute
vente de ces terres étail
illicite, il n’y avait point
de prescription qui pût
en légitimer l’aliénation3
[riparienses et veterani].
C. JüLLIAN.
LIMOURGOI. — Sur¬
nom de la plèbe, misé¬
rable et presque privée de
droits politiques, à Tarse,
sous l’Empire 1 .
Ch. Lécrivain.
LIMUS. — L’adjectif li¬
mus , qui signifie transver¬
sal ou oblique, est devenu
chez les Romains le nom
d’une sorte de cinctus ou
jupon couvrant le bas du
à partir delà ceinture et pouvant descendre jus-
^■14 ol suié. , Samwer, Die Grenzpolizei des rom. Deicbs {Ibid. V, p. 311 et
KO; Uubner, Jtômiscl te Herrschaft in Westeuropa, Berlin, 1890, in-8«, p. 39
' I"',m I Angleterre), p. 71 cl suiv. (pour lu Germanie et la Rélie) ; IJ. Bonn.
U™ (1878), p. 17 et suiv. ; LXXX, 1885, p. 23 et suiv. ; LXXXV1U
* Jsj ' lls“v-: Arcliüologisclier Anzeiger, 1892, p. 1 et suiv.; J. Jung,
H. * ' ' ^'0!l"lphie, p. 124 ct suiv. (pour la Bretague) ; p. 135 (pour la Do-
[i nes bllu 1/ 'a Ilacio^ ; P- 100 cl su'v- (pour la Rétie et la Germanie);
jioj \WKwi\n.1 ylu"!ien d er Streckenkommissare der Beicltslitnes Kommis-
P93i p»6& ct s wn'10'1 deT arch' lnsL ( Arch ■ Anzeiger), 1892, p. 147 et s. ;
'*4 1899, n 77 1| . *1, 1,1 c* s' ’ 18BS, P- 190 et s. ; 1890, p. 174 et s. ; 1898, p. 1
0. v. Sarwev ot F H ' ""'P' ,a cl s- (articles de MM. Fabricius, Ueltner, v. Sarwey);
l*U'J(en cours Je ml r "Cr’ 0^,er!/ermaiiisch-râtische Limes, Heidelberg, 1894-
fa/ipi, 1878, p i7 (.j 'P'011) > aiilj ner, Derrôm. Grenzwallin Deutschland {Donner
1,1 Hodgkin, The J'f'ii'i ' ^ ^ S"iv' ’ ,87B> P- i3 et suiv. i 1885, p. 23 et suiv.) ;
Pd'pmtan empire /» / ' 111 u^en’ an cssaî/ towards a description o[ the barrier of
Coliauscn. /)e), ,f' “ !^‘C ^)anube and the Ithone, Newcastle ouTync, 1882 ; von
Gren-vw'il"-U'~Wa^ ^eu^se^and, Wiesbaden, 1884; H. Haupt,
1885) ; J.-L.-G Mn " ^euls^an^ nach den neueren Forscliungcn (Würz-
I Witoni, ijgjj, a "ah ^ Hong the Teufelsmauer and Pfahlgraben
E P' Herzog, Kriu 1 ! rôoiischc Grensmark in Bayern (München,
pjoQ ” nia kungen zu der Chronologie des Limes {Donner
P- 19, ,t ^ suiv.); Hübner, dans le Corp. inscr. lat. Il, p. 99 et s. ;
1 . l:ngiami I n, 1 '"""n " alb a description of the mural barrier of
0; c- Schuchhardi " iSlj7, m_4° ’ Der Eômischc Limes in Oesterrcich,
tjl’ NiUhcU - ’ D,e r6m- Gren„„x, 7, n-a-...»—
k ^ruteh,,
41 “"les h\
IX, p ^ iôm, Grenswtille in der Dobrudgea {Arch.
(Mém dcs , Suivâ ’ Michel, Travaux de défense dans
' ««m fehôrés-, de Franee • XXV’ P- 2i5)’> K- forma,
’ “Uapesl, 1880; G. Tcglas, Ungarische Bévue,
(|u’aux pieds1, quand il n’était pas relevé à dessein par
celui qui le portait (succinctus) 2 . Le motif qui lui a fait
donner ce nom est indiqué par plusieurs auteurs: c est
que la bande de pourpre qui bordait la pièce d’étoffe se
présentait dans le sens transversal et non pas dans le
sens longitudinal comme les bandes de la tunique pur
exemple [clavus] 3.
Le limus était le vêtement des esclaves publics [servi
publici] dans l’exercice de leurs fonctions* ; on les trouve
même désignés dans les inscriptions par le nom de limo-
cincti 5 ou publici a cincto litno 6 .
Il est difficile de distinguer cette pièce caractéristique
des autres parties du costume dans la plupart des monu¬
ments ; elle n’est clairement visible que dans les repré¬
sentations de sacrifices, où les servants portent le limus
pour tout vêtement. Dans une peinture d’un célèbre
manuscrit de Virgile de la bibliothèque du Vatican \ la
bande de pourpre se détache nettement sur le fond
(fig. 4495); dans les sculptures, à défaut de couleur, elle
est quelquefois marquée par des traits gravés en creux
ou un dessin en relief, auquel peut s ajouler un orne¬
ment, le plus souvent une frange 8. E. Saglio.
LÜXARIUS [linum].
LINEA. — Fil de lin [linum] et, par extension, fil ou
corde même d’une autre matière1 ; ligne tracée sur une
matière quelconque ; ligne de démarcation.
I. Corde (g/oîvoç2, cxxOg-r,3), àl’ usage principalement des
charpentiers et des maçons; elle leur servait à tracer une
ligne droite sur le bois ou sur la pierre * ; pour cela, elle
était souvent frottée de rouge, de blanc ou de noir . d où
les noms qui lui étaient donnés de gtÀxet&v et de Xsuxtj
OTO.0 gT)3 .
II. Corde blanchie avec de la craie ou de la chaux,
linea alba , appelée aussi calx et creta , qui marquait à
la fois le point de départ et le terme de la course des
chars dans le cirque [circus, p. 1194, 1195j.
III. Corde de l’arc [arcus].
IV. Ligne à pêcher [piscatio] ; corde d’un filet [retis].
V. Corde garnie de plumes de différents oiseaux, que
le vent agitait, tendue par les chasseurs pour écarter le
gibier de son gîte G.
VI. Fil qui retient des perles ou des pierres en collier
1895, p. 210; Gr. G. Tocilesco, Fouilles archéologiques en Roumanie, Buca¬
rest, 1900, p. 145 ct suiv. ; R. Caguat, Armée romaine d'Afrique, p. 549 et suiv.
iÂmITANEI milites, LIMITANEAE TERRAE. 1 Corp. inscr. lat. II, 2916-
20; VIH, 2553, 2827 ; Tac. Ann. XIII, 55. — 2 Ilist. Aug. Alex. Sev. LUI ; Prob.
XVI; Nig. vu. - 3 c. Tlicod. VII, xv, lois de 409 et de 423; VIH, iv, 17, loi de
389 ; C. Just. I, xxvu, 2, g 8, loi de 534 ; XI, lis, 3, loi de 443. — Bibliographie.
Godefroy ad C. Theod. VII, xv; Boecking, Notitia, p. 515 et s. ; Kuhn, Verfassung
des rocmischen Rcichs, I, p. 139; Fustel de Coulanges, Les Origines du système
féodal, ch. i"r.
LIMOURGOI. 1 Dio Chrysost. Or. 34, t. Il, p. 43, éd. Rciskc.
LIMUS. 1 Serv. Ad Aen. XII, 120. — 2 Épithète ordinaire du popa qui relève
sou limus pour frapper la victime dans le sacrifice : Suet. Calig. 32 ; Ovid. Fast.
I 319 ; Prop. IV, 3, 62.— 3 Serv. L. I. ; A. Gell. XII, 33; Hygin. De.limit. constil.
p. 67 des Gromatici vct. éd. Lachmami; Isid. De finib. agr. p. 306, 11, al. - 4 A. Gell.
Isid. L. l.\ Mommsen, Rom. Staatsrecht, trad. fr. t. I, p. 366. — 5 Corp. inscr.
lat. V 3401. — 6 Lex coloniae Genetivae, LXII ; C. Giraud, Nouv. bronzes d’Os-
suna, 1877, p. 4; Eph. epigr. III, p. 91, 108. — 1 Cod. \atic. 3225, fol. 33;
Châtelain, Paléogr. des classiques latins, pl. lxiii. — » Voir par exemple Monum.
d. Inst. arch. IV, pl. îx ; Rossbach, ROm. Hochzeits Denbn. pl. i ; Labus, Musée de
Mantoue, I, pl. xlvii ; de Clarac, Mus. de sculpt. 310, u. 724; Barloli, Admi-
randaRom. 0. I. pl. ix; Brunn-Bruckmaun, Denkmüler, 268-269.
U1NEA. t Varr. R. rust. I, 23, 6 ; Isid. Or. XIX, 18, 3. — 2 Anth. pal. VI, 103, 6.
_ 3 Hom. Iliad. XV, 410; Od. V, 245; Soph. Fr. 205. — 4 Vitruv. VII, 3, 5; Cic.
Ad O. frat. III, I, 2. Voir aussi Pallad. III, 9, 10, pour la plantation de la vigne.
— 6 Anth. pal. L. I. ( cqsfv'.v ; cf. Ibid. 103, cl VI, 205, 3; Scliol. Hom.
H XV 410 : ffvàOix»; * effet &è xat ff//jiv;ov Xeittov eçuOçÇi r, pckavi xE/ptffjxévov.
— 6 Grat. Cyn. 83 ct s.; Nom. Cyn. 303; Seucc. Hippol. 46; De ira, II, 12; De
' clem. 1, 12; cf. Yirg. Gcorg. III, 372.
LIN
— 1260 —
LIN
et par suite le collier lui-même [monile, margaritae].
VIL Lignes tracées sur la pierre pour marquer les
places au théâtre, à l’amphithéâtre et au cirque [theatrum,
AM P1UTUEATRUM, p. 246, CIRCUS, p. 1188].
VIII. Lignes tracées sur un cadran solaire [uorolo-
gium].
IX. Note, marque de rappel1.
X. Ligne, contour dans une œuvre d’art [pi ctura].
XL Ligne de partage des propriétés ( linea consortalis ,
confinalis 2).
XII. Ligne géométrique3. E. Saglio.
L1NGULA [ligue a].
L1NTEAR1US [linum].
LINTER (Atvnrjp) ou lintris 1 , dimin. lintriculus2. —
I, Nacelle à faible tirant d'eau, sans quille, sans pont,
sans voiles, se maniant à l’aviron 3. Elle est faite souvent
d’un seul tronc d’arbre taillé et évidé 4 et généralement
réservée à la navigation tluviale ou lacustre. César signale
la présence de lintres sur la Saône8 et sur la Seine6 ; Tite
Live, sur le Rhône1 ; Ovide, sur le Tibre8; Cicéron, sur
le lac Prélius9. Seul, Pline parle de lintres faisant le
cabotage maritime sur la côte occidentale de l’Inde10.
Le linter servait au transport des voyageurs, du bétail,
des bagages, partout où la faible profondeur des eaux
interdisait l’emploi d’embarcations plus importantes. Il
était utilisé aussi pour la construction des ponts de ba¬
teaux 11 .
Il n’avait pas le fond plat comme le simple chaland :
sa coque était arrondie, ce qui le rendait très mobile,
mais aussi très instable. Cicéron 12, se moquant d’un
orateur qui balançait son corps de droite à gauche en
parlant, dit qu’il semblait parler dans un linter.
Il y avait, sans doute, diverses formes de lintres et le
terme doit pouvoir s’appliquer à nombre de barques et de
nacelles figurées sur les bas-reliefs et sur les mosaïques de
l’époque romaine, mais sans qu’on puisse jusqu’à pré¬
sent, en aucun cas, le faire d’une manière certaine.
IL Auge de bois13, ayant la forme d’une nacelle, d’où
son nom. Elle servait pendant la vendange à transporter
le raisin du vignoble au pressoir14. P. Gauckler.
LINTEUM et LINTEAMEN. — 1° Linge, mouchoir,
serviette, nappe [sudarium, orarium, mappa, mantele]1.
2° Filtre 2 épais {spissum) 3 ou peu serré ( rarum)K
suivant les préparations.
3° Tunique, vêtement de lin8 [vestis].
4° Petit tablier, caleçon6 [cinctus, subligaculum].
3° Toile 7 [tela].
6° Voiles de vaisseaux8 [navis, vélum]. IL Thédenat.
L1ATRARIUS. — Batelier qui conduit un linter1.
i A. Gell. Noct. Praef. 1 1 : alba linea; cf. Lucil. ap. Non. p. 282, 28. — 2 Grom.
vet. èd. Laclunann, I, 309, 11 ; 251, 19; 289, 19. - 3 Gell. I, 20, 7 ; Plin. Hist. nal.
II, 16, 13, et 65, 65.
LINTER. l Sillon. Carm. 5, 283; Not. Tir. p. 178, lembus, lintris. 2 C'c .Ad
Attic. X, 10, 5. — 3 Caesar, De bello Gallico , VII, 60. — 4 Tit. Liv. XXI, 26; Polyb.
III, 42 ; Plin. VI, 26, 10. — 6 Caes. Ibid. I, 12. — 6 Ibid. VII, 60. — 7 Tit. Liv. XXI, 26.
— 8 Ovid. Fast. V), 779. — 9 Cic. Pro Mil. 27. —.10 Pliu. VI, 2 ,passim. - « Caes.
I. I. 1,21; cf. Auson. Idyllia, 12; Grammaticomastix, 10. — 12 Cic. Br ut us, 60.
— 13 Virg. Georg. I, 262. — 14 Cat. De re rust. XI, 5; Tibul. I, 5, 23.
L1NTEUM. 1 Plaut. Mostel. I, 3, 109; Mart. XIV, 138; Catul. XII, 3; Lamprid.
Sever. Alex. XL, 10 ; Sid. Apol. Epist. V, 17. — 2 Plin. XXV, 103, 2. — 3 Id. XXI,
73, 1. — 4 Jd. XXXIV, 52, 1. — SSuet. Caliy. XXVI. — 6Gaius, Inst il. III, 192.
— 7 Liv. XXVIII, 45; Plin. Nat. hist. XII, 22. - 8 Virg. Aen. III, 686; Ovid.
Amor. 11, 11, 41.
LINTRARIUS. 1 Ulpian. Pandect. IV, 9, 14.
LINUM. 1 Xenoph. Ath. resp. Il, 12. — 2 llomcr. Iliad. III, 141; XVIII, 595;
dyss. VU, 1 07. - 3 Plin. Nat. hist. XIX, 2, 1. — 4 Isaias, XIX, 9 ; Vopisc. Saturn.
VIII. - 5 Plin. Nat. hist. VII, 57, 5. — . 6 Forrcr, Die Grüber und Texlilfunde
LINUM (Atvov 1 , ôOôvvj, ôOov.ov2). _ Moi,,
la laine, parce que le mouton avait une ul i lii ,* I>Und.U ,|Ue
prospérait dans des climats et sur des sols' |"!UlliPle«8
le lin fut cependant, dans l’antiquité et depuis
très ancienne, un objet recherché deculturo ’
et d’industrie. Dans beaucoup de pays oiuii', q .'""“H
la laine, on faisait aussi des étoffes de lin - i,,s !''Vaillâil
ries teignaient certainement en plus grande
laine, qui s’y prêtait davantage, mais aussi le lin j '
donc probable que, aux grandes teintureries d’Alï-i ^
et d’Asie Mineure [lana], en même temps que b iql
les caravanes et les vaisseaux de commerce apport- 'T'
du lin de l’intérieur des terres ou des rivages éloigné!
I. En Égypte, le lin était cultivé pour le commen-el
l’échange3 et, en même temps, fournissait à l’industrie
nationale un appoint considérable4. C’est même, d’aprè^
une antique tradition, l’Egypte qui aurait inventé le tis¬
sage 8 ; les momies, même d’époque très reculée, sont
enveloppées dans des bandelettes de lin. Beaucoup de
musées possèdent des fragments d’étoffes de lin trouvés
en Égypte; dans ces dernières années, on en a découvert
un grand nombre, dans des sépultures coptes*.
Ce n’étaient pas les femmes, mais les hommes, qui, en
ÉgypLe, travaillaient ce produit7, et la fabrication était
considérable, car le lin formait un des éléments habituels
du costume égyptien 8 : les prêtres d’Égypte \ leur déesse
même10 et aussi, pendant les cérémonies religieuses, les
fidèles initiés, portaient des vêtements de lin “J
L’Égypte fournissait quatre espèces de lin qui emprun¬
taient leur nom à la région d’où on les tirait : le linum
Taniticum , ou de Tanis12, le Pelusiacum, ou de I’élu-
sium
13, le Buticum , ou de Butos14, le Tentyricum, oa
deTentyris 18. A la culture très répandue du lin en Egypte,
correspondait une industrie. considérable, en rappoitavej
la production. La population delà ville de Panopolis était,
pour la moitié, composée de tisserands • Al( xan i|
fabriqua et exporta, jusque dans le moyen Agi - di sIissim
de lin17. Casium18, Arsinoë19, faisaient des vele“®i
de lin, Canope20 et Memphis21 des toiles 11 111 ^ - 11
polis des oreillers22. Presque tous les “'Jl
manufacturé, couvertures et draps , libt' > ^ ,
cordages26, etc., se fabriquaient en Lgypc- ’|
commerce d’exportation très eonsulei a > e . éle(1J
douanes romaines prélevaient des droits • - ^ ^ e
dait ce commerce de l’extrémité occident-1-*- , ï
3 reculés de 1 Inde , eu J
des Barbares cher qj
jusqu’aux marchés les plus
quait des vêtements dans le goût
elle les exportait 30. Des monuments .egyr ..njre et de
’ :s détails de U cum
diverses, nous représentent les
LVI; ür,u;
.IM- XI'1!
IV
Qn a copt'e
von Achmim, Panopolis , Strasb. 1891, p. 17 = ^ ^ ^33, 8- i A- Wf J1
Grave-shirt, dans Archaeoloyia, , ’Her0,tol. H- :,5 ; ^'sl
rec. à Anlinoé pendant les fouilles de ___ 8 llerotlol- • ’ .
Aristoph. Thesm . ad v. 935 ; Vopisc Satura^ ^ 271 ;
Ion. ap. Athen. X, 451 d-e, cl Cassaub ad. L. -, I».
— 9 Plutarcb. Is. et Os. IV; SU- Rai. > ' ’ J0 |j. De I
VI, 533 ; Suet. Ollio, XII ; Apul. Metam. IL -8 i ' ’ __ n Apul. -““J (
Fal. Cyn. 42. — 10 Ovid. Metam. L 747; Ars a'n' ' pün. I *
_ 12 pliu. XIX, 2, 6. — 13 Sil. UaL 111, 24-25 01 375,1
— 13 ld. Ibid
II. Blümmer, Die gewerbliche Thatigicen, r- pal Cyn. ■
— 19 Arrian. Peripl. mar. Entr. p- 4- i cr lat. HL su| pelCf, *
_ 23 Martial. II, 16, 3. - 24 Pollux, V, 2 . __27 Herotlot- ». t05,
V Égypte, Antiq.pl. i, 68 ; Yalcs, Textrvu p - '• , 2S Vopisc- jl
Post.XlW ; Bin. Nat. hist. XIX, 2, 5 ; Ca.nto • Gaü. V p li6 cl fa
Edict. Diocl. XX VIII. - 26 Arrian. Penpl. '
Blancard, 1687. — 30 Ibid. 145, 147.
- Il, J'
phoen R-
L 2, G. - -a su il». -, - ~ Movers, WT” t Ui,«
— 16 Strab. XVII, 1, »*• _ j8 Slcp11- ja. W
Oie gewerbliche Thâtigkeit , P- ‘ „ , cyn. 41 " |9iJ
— \ 2P>1
LIN
j Lrépai,al‘on des toiles à Rome
t’Arabie envoy ^ paleslinc 3, notamment sur les
I Le lin <Hal1 (‘u. t 0ten Galilée où des fabriques renom-
jordsdu Jourdain . @ ^ en faisaient un grand com-
léef le mettaien ^ femmes de ce pays le travail-
et surtout Scylliopolis 8 envoyaient
■T 'Z:, loties de lin et, au ïV siècle ap. J.-C., cette
WIoin vait une manufacture impériale ou liny-
dernifeTV' Palestine, d’ailleurs, cultivait et travaillait
"S ± son propre complexe lin, qui faisait parue
ail>> ’ m surtout du costume des prelres .
Sidon”, Sarapta’2, Bibles'2, Tyr'b Be-
1 I„ a étaient des centres de production ou de fobnea-
î et souvent l'un et l'autre. Dans cette région, on
S ’it étoile recliercltée et d’un grand pris, appelée
“ dont la réputation s'étendait dans tout le monde
ivjjjgé où le commerce la transportait. Les auteurs grecs
ei romains, interprétant souvent mal ce mot d’origine
étrangère, lui ont donné des sens divers ; mais il est
certain que, entre autres tissus, le bijssus désignait une
toile de lin d’une extrême finesse16 [byssus].
I Damas, de Syrie, était, au temps de l’Empire, renom¬
mée par ses fabriques d’étoffe de lin et de coton1' -,
Laodicée exportait des vêtements de lin 18 et la Cilicie, spé¬
cialement Tarse, tissait des toiles ’9. Dans cette dernièie
ville, saint Paul, pour gagner sa vie, fabriqua des tentes20.
I C’est, d’après une tradition, à la Lydienne Àrachné
qu’appartient l’invention du fil de lin et des filets 21 ; aussi
on en fabriquait à Sardes, capitale de la Lydie22, et des
tissus à Thyatire 23 .
I Par Xénoplion, nous savons que le lin était en usage
sur les bords de l’Euphrate 2\ et par Hérodote que, à une
époque ancienne, les Babyloniens portaient, comme vête¬
ment de dessous, des tuniques de lin23. A Borsipa, ville
de Babylonie, l’industrie du lin était très prospère26.
I Dans tout l’Orient, l’usage des cuirasses de lin était
très répandu. Les Assyriens qui marchaient avec Xerxès
contre les Grecs en portaient21, ainsi que les marins plié-,
piciens-* ; à Suse on en usait depuis les temps Iqs plus
Eanciens - ' ; elles faisaient partie de l’équipement des
Chalybes, peuple de l’Aï ■ménie 30 .
■ Pour le lin comme pour la laine, la région du Pont-
■ftin était un centre important de culture, de fabrication
■ e commerce. Les habitants de la Colchide traitaient
■préparaient le lin d’après une méthode toute spéciale
B*1 eui était commune avec l’Égypte seule 31 ; leur com-
^®rce était étendu ; ils exportaient au loin des toiles
■omméc s et, en grande quantité, du til pour fabriquer
L fig Anliij. pi. i, 68; Wilkinson, Manners and customs,
6. __ y ç|em ''' “ ^il. liai. 111, 373. — 3 Ose. II, 5. — * Josue.
I Lies, Textrin n , . ,* ^ 7 nedag. Il, 10. Cf. Movers, Pliocnis. p. 210;
tttXIV. _ s ’ Ss' 6 Proverb. XXXI, 13. — ^ Aethic. Cosmogr.
Justin, min III \ ^ ^ “***’ *°'aucb Eutrop. I, 357 ; Corripp.
~'° Eiod. XXVIII yv TOt °rb' DeSCr- XU- _ 9 Cod- Theod. X, 20, 8.
lXUv. U, 18. _ n 1 XXX1X' 23 i Levit. XIII, 47, 59 ; Jerem. XIII, 1 ; Ezech.
Vc„ Aurel XLVIH ~ “ Trob' Poll‘ Cla“d- XVII ; cf. Casaub.
fWI'o|. oW, 13 T°t. orb. Descr. XII; Edict. Diocl. XXVIII.
XXXV. — IS Ibid. — U* Aescli,
181 ; Yates, Textrin. p. 207, s,
U3, p. 209. — is Tôt. orb. Descr
20 Act. apost. XVIII
o- „ - — • •> -k. — 23 Corp. inser. gr. 3504
CTodol. I, 195; Strab. XVI, 1, 20. — 20 Strab. XVI
du b»
LIN
(voir plus loin, fig. 4496, 4497]
talion ;
Lrcod’exp"' ,
Lient6. Jérusalem
" w Tôt. o rl, n , ~ 0 Tot- orb. Det
V. «t Theb. vf.'F11'’ l','0C0P' llist- are.
Dioc[ yy’Vi vv' 100 ; lleroc,ot- VII,
ïl,ll"~>»Clcm. AI,., n X,VÜ ; Movers- Phoenix. uo,p. »
Sc* |j|iu' km X\ W EdicL DiocL XXVI’ s'
21 Cj/rop. VI, 4 , _ 7’ 5' ~ 22 Po11- V, 20. - S
* ’j cr. Yatos, £*
'■ VI, o __
* «lies / p ,i
VI. 4 ci I>- -M. 21 Hcrodol. VII, 03. — 28 Ibid. 89. — 29 Xeno
■ ». - »
30 1,1, , nciuuoi. V 11, 03. — 28 Ibid. 89. —
b. d„ ■„ V’ 7’.15' — 31 Herodot. II, 405. — 32 Strab. 1
34 Herodot. Il, 105; cf. Ue
y'#Ph- Deven*t. U, 4; Poil. V) 26;
les filets de pêche et de chasse33. Leur lin, très estimé en
Grèce, y était connu sous le nom de Xtvov Sapôovt xdv3".
La Thrace et quelques parties de la Macédoine, spé¬
cialement sur les rives du Strymon, cultivaient le lin, et
les femmes le filaient pour les besoins de la famille 3a.
La Grèce continentale ne cultivait guère le lin; son sol
aride s’y prêtait peu en effet. Mais elle 1 importait, brut
ou manufacturé, de Colcliis 36, de l’Asie Mineure et de
l’Égypte31. L’Attique, qui n’en produisait pas \ en avait
cependant besoin, car il entrait dans le costume ' '. Elle le
recevait de l’ile d’Amorgos, et les femmes le travaillaient
comme la laine40. Aussi, à Athènes, nous voyons des
marchands de lin41. Ajax et les Locriens portaient des
cuirasses de lin42. A une époque ancienne, Corinthe fabri¬
quait des couvertures et des vêtements de lin43. Aux
environs d’Élis en Acliaïe, croissait, si l’on en croit Dline,
un lin d’un grand prix appelé byssinum ''*■ Mais il n est
pas certain que ce ne soit pas du coton.
Une petite ile des Sporades, Amorgos, produisait un
lin célèbre, que l’on comparait au byssus dont on
faisait des vêtements d’une grande finesse Le lin de
Carpasia, en Cypre, servait à faire les mèclics des lampes
qui brûlaient sur l’Acropole d’Athènes4 ' . L ile de Crète, en
même temps que des teintureries48, avait peut-être des lu¬
briques de tissus delin 49 ; en toutcas,leliny était cultivé0 '.
La Sicile exportait des vêtements de lin a 1 usage des
femmes61 et nous connaissons un negotians linarius de
cette île62. Pausanias mentionne trois cuirasses de lin
offertes par Gélon et par les habitants de Syracuse, que
l’on conservait à Olympie dans le trésor des Carthagi¬
nois53. On en voyait encore dans le temple d’Apollon
Grynéen et dans d’autres temples de la Grèce \ Malte
aussi livrait au commerce des vêtements de lin 85 dont
elle importait la matière première36 qui, pour sa beauté
et sa finesse, était très estimée01. Les produits de la
Sardaigne, spécialement les filets, rivalisaient avec ceux
de Carthage 58.
Les découvertes archéologiques établissent que, aux
temps préhistoriques, le lin élait cultivé en Suisse, dans
l’Europe centrale et dans l’Europe méridionale "
L’Italie produisait relativement peu de lin, et celui
qu’elle récoltait était de qualité généralement médiocre.
Mais, après les conquêtes, c’est pour Rome que travaillait
tout l’univers. Rome tirait du lin de l’Asie Mineure et de la
Syrie, de l’Espagne et surtout de l’Égypte60. Il suffit
d’ailleurs de parcourir, dans l’édit de Dioclétien, les cha¬
pitres qui concernent les tissus et vêtements de lin 1 pour
comprendre combien, de toutes les parties de 1 empire,
ces produits affluaient sur le marché de Rome.
nier, De l'écon. pol. des Égyptiens, p. 25. — 38 Herodot, IV, 12 ; cf. II. \\ iske-
mann, Die antilc. Landwirthschaft , p. 25. — 38 Hcrodol. II, 405. 37 Cf. \\ iske-
maun, l. I. — 33 Xcnopli. Athen. resp. II, 41. — 39 Diog. Laert. VI, 90; Poil. VU,
71. _40 Aristoph. Lysistr. 735 ; Aeschin. Adv. Timacli. XCVII. — 41 Aristopb.
Dan. 3G4 ; Equit. 130. — 42 Homer. II. II, 529, 830. — 43 Athen. XII, 525 d , XIII, 582 ,
d, et comment, ad.l.— 44Plin. Nat. hist. XIX, 4, 2; Pausan. VI, 20,4; Poil. VII,
74. _ 45 Eustatli. ad. Dion. 525 jSchol. ad Arisloph. Lysistr. 735 ; Ps. Pial. Epist.
XIII, 303 A ; Clcm. Alex. Pacd. II, 10; Poil. Vil, 74. — 46 Aristoph. Lysistr. 150 ; Poil.
VII, 57 ; Athen. VI, 255; Yales, Textrin. p. 310, s. —47 Pausan. 1,20, 7. — 48 Herodot.
IV, 451. — 49 Poil. VII, 77 ; Aristoph. Thesm. 730, cl schol. ad I. ; Claud. Rapt. Pro-
serp. Il, 33; cf. H. Blümner, Die gewerb. Tliaet. p. 97. — 50 Oppian. Cyn. 11, 377.
— 51 Pseudo-Plat. XIII, 303 A.— 82 Corp. inscr. lat. X, n. 7330. — 83 Pausan. VI, 19,
7. _ 54 [d. 1, 21 . — 88 Varr. cité par Non. p. 539, 27; Lucret. IV, 1 129 ; Cic. Verr. Il, 72,
74; IV, 46 ; Isidor. Orig. XIX, 22,21. — 50 Cf. Yates, Textrin. p. 280. — 87 Diodor. Y,
\i. — 58 Poil. V, 20; VII, 77. — 89 Cf. llelbig. Die Jtalileer in der Poebene , p. 60,
07, n. 1 ; Pigorini, Bullettino delt' [stit. 1878, p. 3, 4. — 00 Cic. Pro Rab. Post. XIV ;
Vopisc. Aurel. XII, XLV; Carin. XIX; Trcbcll. Poil., Gallien. VI; Edict. Diocl.
XXVIII, 40. — 01 Edict. Diocl. XXVI ; Corp. inscr. lat. III, suppl. p. 4945 et s.
159
LIN
— 12G2 —
UN
Il no semble pas que l'Ilalie méridionale ait produit du
lin; tout au moins les textes sont muets. Dans la Cam-
panie, aux environs de Cumes, poussait un lin avec lequel
on fabriquait, pour la pèche et la chasse, des filets dont la
finesse n'avait d’égale que la solidité1.
Les Étrusques ont toujours cultivé et travaillé le lin 2.
A Tarquinies, dans une tombe très antique, on a
trouvé une cuirasse de lin3. A Cliiusi, des tombeaux ont
donné un morceau de toile de lin renfermé dans une
urne cinéraire 4 et une toile jetée sur un siège 3. Dans
le butin offert au temple de Jupiter Férétrien, après la
prise de Yeïes, se trouvait la cuirasse de lin du roi Tolum-
nius, qu Auguste vit encore dans le trésor quand il fit
reconstruire le temple6. Mais il est possible que ces tissus,
importés par le commerce de Carthage ou de Colchide,
ne soient pas de fabrication étrusque 7. La partie sud
de l’Étrurie, celle qui louche au Tibre, faisait des filets 8 ;
Tarquinies, de la toile à voile9; Faléries, de belles toiles
pour vêtements10.
A Rome, où on travaillait le lin dès l’époque préhisto¬
rique11, l'industrie et surtout le commerce subvenaient
aux besoins de la consommation 12.
Les Samnit'es paraissent avoir cultivé et travaillé le lin.
En 308 av. J.-C., on voit leurs soldats porter des tuniques
de lin13; ils emploient ce tissu comme tenture14 et se
servent d’un vieux rituel écrit sur de la toile 13. Et il
semble bien que ces produits proviennent d’une industrie
nationale et non de l’importation16.
Au sud du Picenum, dans le pays des Paeligni, poussait
un lin très blanc qui se rapprochait beaucoup de la
laine; il était très recherché par les foulons17.
Ravenne, à l’époque de la IVotitia, possédait une manu¬
facture impériale de lin, ou linyphium, administrée par un
procurator >18, et on connaît l’épitaphe d’un ouvrier en
lin mort dans cette ville 19.
Non moins que celle de la laine, la Gaule Cisalpine
exerçait l'industrie du lin. Dans la région d’Alia, entre le
Pô et le Tessin, croissait un lin qui, parmi les espèces
d'Europe, occupait le second rang après celui de Saetabis,
en Espagne. On le travaillait dans des souterrains20. Non
loin d’Alia, Retovium etFaventia, situées sur la voie Fla-
minienne, produisaient du lin que l’on plaçait au second
rang21. Celui de Faventia obtenait, à cause de sa blan¬
cheur, la préférence sur celui d’Alia dont la couleur
n’était jamais complètement pure. Le lin de Retovium,
très fin et très serré, manquait de moelleux ; mais le fil
qu’on en tirait, quoique fin comme les fils d’araignée,
était très fort, et, bien tendu, il rendait un son clair. Son
prix était double de celui des autres fils22. Le lin était
travaillé à Milan 23, à Vérone 2\ à Aquilée 25.
La culture du lin était très répandue dans la Gaule
Transalpine. Toutes les Gaules, écrit Pline, tissent des
voiles 26. Dans la Narbonnaise, nous trouvons en effet des
l Plin. Nat. hist. XIX, 2. — 2 Müiler-Deecke, JE truste , 1877. 1, p. 238, s. ; Helin,
Kulturpflansen und Hausthiere , 3» éd. p. 154. — 3 Annali dell Istit.
1874-, p. 237-258 ; Monumenti, t. X, pl. x b, fig. 3, et x d, fig. 6, 10. '*• Bul-
lettino dell ' Istit. 1374, p. 20G. — - 5 Ibid. 1877, p. 194, 195. G Iàv.
IV, 20. — 7 Cf. Helbig, Die Italiker, p. 68-09. — 8 Grat. Fal. Cyn. 30.
9 Liv. XXVIII, 45. — 10 Sil. liai. IV, 223; Ovid. Amor. III, 13, 27; Grat. Fal.
Cyn. 40. — il Pigorini, Ballet, dell' Istit. 1878, p. 3-4. — *2 Plaut. Aul. III, 5,
34; Serv. ad Aen. VII, 14; Dig. XIV, 4, 5 ; Cod. Theod. X, 20, 10; Cod. Just.
XI, 7, 13; Corp. inscr. lat. t. VI, n°! 7408, 9526. — 13 Liv. IX, 40. — H Id. X, 83.
_ 15 Ibid. — 10 Cf. Helbig, O. I. p. 70. — n PHd. Nat. hist. XIX, 2, 5. — 18 Not.
Dign. Occ. X, p. 49, édit. Boecking. — 19 C. inscr. I. V, 1041. — 20 Plin. Nat.
hist. XIX, 2, 2. - 21 Id. Ibid. — 22 Id. Ibid. 3. — 23 C. i. I. V, 5923, 5932.
linarii et des lintearii à Narbonne 27 el;\\j
Ravenne, Vienne possédait un /*nvDA»/»l,1”CsS''Co®I»e|
Lyon avait des linarii 30. En Belgique ’ 1
Morini faisaient des voiles31. lien était de Setles
bords du Rhin et les femmes de celte réein! ‘"eme SUf l('$
JLT*V**»
knGer- 1
- - V
aucune parure autant que les vêtements de lin 32
manie le lin se travaillait dans des s
d’Augusta Vindelicorum, en Rétie, avaU ua^., ,l.'p^ ^î11!
s coussins !
de negotiatores vestiariae et lintiàriae ».
C’est la Gaule qui a inventé les matelas et le
en bourre de lin33. Ces coussins étaient une snS r,,l
l’Aquitaine36 où les Cadurques avaient des fàbrinu ^
sidérables de lin37. Dans la même province, les jjjj
et les Rutènes faisaient aussi des voiles38. '' '8es 1
L Espagne était fertile en lin 3\ Mais c’est surtout J
l’Espagne citérieure, dans la province de Tarraco quel
lin poussait en abondance40. On admirait son éclat et la
pureté de sa couleur qu’il devait, disait-on, aux J
d’un torrent qui baignait les murs de Tarraco41. H n’était
~ - w • U il «au
pas moins recommandable par sa finesse; aussi est-ce là
que l'on commença à fabriquer la batiste appelée carb2
sum 42, nom qui, d’ailleurs, s’appliquait aussi au colon]
[carbasus]. Les habitants d’Emporiae étaient d’habiles i
tisserands et le plus grand nombre d’entre eux vivaient
de cette industrie43. Le lin de Saetabis était d’une qualité
supérieure 44 et servait à fabriquer des toiles très recher- 1
chées43. L’Espagne passait pour avoir inventé les bluteaux
et les tamis de lin46. Zoëla, dans la province de Galice,
cultivait un lin très recherché pour les filets de chasse 47. ]
En Afrique, Carthage surtout fabriquait ou centralisait, I
pour les expédier à Rome, des tissus et dos vêlements de ;
lin48 et aussi des filets49. Le lin qui poussait dans la
région des Syrtes, spécialement sur les bords des marais et
de la rivière deCinyps, servait à faire des filets de chasse50. J
Toutes les parties de l’empire romain, si l’on en excepte
la plus grande partie de la Grèce continentale, 1 Italie
méridionale et l’ile de Bretagne, produisaient donc le
lin ; avec moins d’abondance cependant que la laine, et]
ceci s’explique: outre sa toison, la brebis fournissait sal
chair et son lait ; en outre, elle vivait à peu près sous tousl
les climats et sur tous les terrains, tandis que le lin
peut pas se cultiver partout. Souvent aussi on bésitat aj
le semer dans les terres fertiles en grains, parce qui
épuise 31. Pendant tout le cours des siècles, depuis ap>*
haute antiquité, les lieux de production dciu' un u
peu près les mêmes, et aussi les centres d induslnt^. ^
même lieu de remarquer que les deux coule1' - 1
commerce tirait le meilleur lin étaient aussi u > ^
duisaient la meilleure laine : les côtes d Asu 1 ^ ^ jjJ
où les Phéniciens portèrent leur industi i< • ^ '"intant la
comme pour la laine, le luxe romain, en allsj^
consommation, développa l’industrie la ou nOIJ
déjà et rendit plus considérable 1 expoi tu i u 11
24 Ibid. 32 1 7.— 25 Ibid. 1041.
. 20 Plin. Nat. hist • XIX, 1
29 Not. Bill11
. il C. <■
Occ. Xi P
19,
,, 4475, 4476, 4484, 4486, 5969. — 2» Ibid. 3340. - - 0 ' /„•,(. XIX, J j
. Boecking. — 30 Corp. inscr. lat. XIII, 199S. ggoO. — 33 * ,,•
32 Ibid. 2. — 33 Ibid. ; Tacit. Germ. XVII. u & . Slr»b J •
U. XIX, 2, 5. - 36 Ibid. — 37 Ibid. 1 ; Iuve". V ’ Justin- XLI ’
2. - 38 Plin. XIX, 2, 1.-3» Polyb. III, 144 ; Liv. X? ' ‘ , t. |, p. Mi '
,1a, VI, 2. - 41 Plin. XIX, 2, 4. - 42 Ibid. Cf. Hubner^atl|, Xll. '4: y . _
l. - 43 Strab. III, 4, 9. - 44 Plin. XIX, 2, 2- Harül|. IV, ' p I
, 374; Grat. Fal. Cyn. 40. - « Püa. J™ . 'Carin. XIX i ^ J
Plin. XIX, 2, 4. — 48 Vopisc. Aurel. AU, « ' venaL il, 4 ' 3I
Mien. VI ; Edict. Diocl. XXVI'II, 46. — 49 Xenop i. . plin. M ’ 1
,1. Cyn. 34. _ 51 Virgil. Georg. I, 77 ; Colum. U, -
LIN
LIN
1263 —
nndes villes de l’empire; mais il créa peu
el vefs les g‘‘ de culture et d’industrie,
de nouveaux cen le lin> avant d’être filé, subis-
11 C° Main nombre de préparations.
sait un certain n ^ ^ était parvCnu a sa maturité
1 0„ reconnais^ » t J and sa graine se gonflait. Alors
quand il ^ . veUere, evellere), puis on le mettait
on l'arrachant» ^ que ]amain pût les contenir
°n faisait ensuite sécher au
soleil en plaçant
la racine tantôt en
L tantôt en
bas, afin de faci¬
liter la chute de
la graine b Une
peinture égyp -
tienne représente
la récolte du lin •
après avoir arra¬
ché la plante et
l’avoir mise en
Fig. 4496. — La récolte du tin on Égypte.
partie voisine de l’écorce s’appelait l’étoupe [stupa a,
Stuppa ", <rnjTT7rrj, dTuîrTreîov, çTU7r7t;ov) 7; on en faisait des
mèches de lampes. On la sérancait cependant ( pectere ,
depectere) avec-un séran en fer [ha mus ferreus 8, xteiç ’)
jusqu’à séparation complète de l’écorce, qui servait à
chauffer les fours. Les fibres intérieures donnaient les
fils les plus fins et les plus blancs que l’on devait classer
d’après leur blancheur et leur souplesse [digereré). Entre
les mains d’un bon ouvrier, cinquante livres de lin brut
devaient fournir
quinze livres de
lin peigné. Le lin
était alors prêt à
être filé, et c’était
un métier qui n’a¬
vait rien de désho¬
norant pour les
hommes10 [fiscs].
Les ouvriers qui
travaillaient le lin
s’appelaient lin-
mise eu
m on enlève la graine à l’aide d’une machine que le
|ed met en mouvement (fig. 4490) 2. Quand le lin était
Sché, on le faisait rouir dans une eau chauffée au soleil,
n le chargeant de poids afin qu il ne remontât pas à la
arface [linum rnacevarc). Quand 1 écorce devenait plus
iche, on reconnaissait que le rouissage était achevé,
près avoir de nouveau fait sécher le lin au soleil, on le
allait sur la pierre [linum lumière) avec un maillet spé-
ial [stuparius maliens)3 . Cette dernière opération est
sptésentée sur une peinture égyptienne (fig. 4497) 4. La
teoil,linteariusn, linarius13, faber linariusli[livooç'(6i *5,
ÀtvoTioio; 1G, ôQovouoidç17). A une basse époque, on trouve
les termes linyphio, linyphus, linypiiiarius1*, Xtvoô*oç l\
Le travail du lin était désigné par les mots XivoupYt*20,
^tvoupyetov 21, au Bas-Empire, linyphium.
La graine de lin était employée dans la médecine et,
dans les campagnes de la Haute Italie, au nord du Pô,
comme nourriture rustique22.
Pline faitmention d’un tissu incombustible qu’il appelle
linum asbestinum ; c’était un tissu d’amiante ou vaisseaux
dune autre substance minérale filamenteuse. Aux funé¬
railles des grands personnages, on en faisait des linceuls
qui maintenaient les cendres du défunt séparées de celles
du bûcher 23 [asbestus].
On appelait aussi linum des substances végétales qui
|n tenaient lieu : le linum Orchomenium que l’on tirait
p il tète dun roseau; on faisait, en Asie, des filets
,XCe ';Ills avec un linum que l’on lirait du genêt macéré
Pa|>s eau pendant plusieurs jours 2V.
Hb‘ haï extension, le nom linum était appliqué à des
K Ul s ,n(lustriels faits avec le lin : les toiles, les tissus
I les toiaents de lin [tela, vestis] 23 ; les voiles des
t'J'lf.'pi, Vl X'X’ *« ’• 2 Descr. de l'Égypte , Anliq. pi. i, 68; Yalcs,
Hf |). 138, ii„ ,, ' ~ 7 *'n- t t 1. — 4 Wilkinson, Manners and customs,
* — 6 Fcslus, 317 _ lümner> Technol. I, p. 181, fig. 24. — 6 Plin. I. I
12!)'; p0„’ vj. . , ' Dcm°sllicn. Jn Euerg. XLVli, 20 ; Scliol. ail Arislopli.
1 X’- 1 ; h’ 8 Flin. 1. 1. 3. — 9 Galon. Gloss. Hippocr.
|Stlv- >A Am. vu ,’,P'5l’.éd- Kühn- - 10 Plin. 1. 1.— U Plaut. Aul. 111, 5, 38 ;
m,cr- tat. V, 1041, 3217; XII, 5970; Cod. Just. X,
lintmriiù'.' , C.1 4’ 5’ 1Ri Co(L Theod.X, 20, IC ; C. i. I. XII, 3340,
I ’ 5523 : xil, 5969 V’lUtot iIl's mal'diands. _ 13 Plant. Aul. 111, 5, 34; C. i. lai.
ad Ari.top, , ’ L XI1' 447s- ~ 15 Poil. VII, 72; Strab. 111,4,9.
VnSl°,*d. Külin. __ 18 J ; Jllesm- 033. — n Diosc. De mat. mcd. V, 151, t. II,
I a Slrab. XI 9 1157 ' XI, 7, 13. — 19 Photius, s. n. irexueàvTai. — 20 Poil.
1 30. _ ài ~ 11 IV, 2, 2. - 22 p,in. Nat. hist. XIX, 3, 2;
’ IbUl. 2, 7. — 25 Virg. Aen. XII, 120; Ovid.
[navis, vélum] 20 ; les filets de pêche ou de chasse kete]
la ligne de pêche [piscatio] 28 ; le fil, (il um [fusus] 2 ".
On appelait aussi linum le fil qui traversait trois
fois, pour en garantir l’inviolabilité, les lettres, les
actes publics et privés, les testaments, et sur lesquels
on apposait des cachets de cire30 ; la mèche d’une lampe
[LUCERNAj 31 . Henry Tiiédenat.
L11VYPI11UM (Aivoucpeïov) L — Au temps où fut écrite la
Notitia dignitatum imperii. il existait, dans différentes
parties de l’empire romain, des fabriques impériales de
lainages, que l’on appelait gynaeceum. Les empereurs
avaient aussi établi des manufactures impériales, nom-
East. V, 519. — 20 Scncc. Irag Med. 370. — 27 Ovid. Met. Y 11, 768, 807. — 28 II,.
XIII 925. — 29 Gels. VII, 14. — 30 Cic. Catil. 111, 5; Plaut. Baccli. IV, 4, 06 ;
Suct. Ner. XVII; Paul. Sent. V, 25 ; Dig. XXXIV, 3, 28, 1 ; XXXVII, 11,1, Il ;
Instit. II, 16, 3. — 3‘ lsaï. XLII, 3 ; Maltli. XII, 20 ; cf. Paus. I, 26, 7 ; Plin. Nat.
hist. XIX, 3. — Bibliographie. Yalcs, Textrinum antiquorum, I, p. 252, s. Lond.
1843 ; H. Wiskemann, Die antike Landwirthschaft, p. 23, s. cl 64, s. ; Bücliscnchülz,
Die Hauptstütten der Gewcrb/teisses, p. 58, s. ; IL Blümner, Die gewerbl.
Thàtigkeit der Yôlker des klass. Allerthums ; O. Hcer, Ueber den
Flachs und (lie Flachscultur im Alterthum; Neujalirsbl. d. naturforsch.
Gesells. in Zurich, 1872 ; W. Hclbig, Die ltaliker in der Poebene, p. 60
cl s. ; Marquardt, Das Privatleben, p. 480, s. Iraduct. V. Henry, t. II,
p Si ; H. Blümner, Technologie und Terminal, der Geiverbc undKünste i
1. 1, p. 178, s.
LINYPHIUM, i Euscb. Vit Constant. II, 34.
‘
— 1 264
LIP
LIP
niées linyphium, où se fabriquaient des tissus et des
vêtements de lin. Elles étaient moins nombreuses que les
manufactures de laine. Comme celles-ci, elles étaient
administrées par des procurateurs, procurutoros liny-
phiormn , qui étaient sous l’autorité du magister sacra¬
nt in largitionum *. On en connaît à Ravenne en Italie2,
à Vienne en Narbonnaise 3, à Scythopolis en Palestine L
On recrutait, pour ces usines, des ouvriers involontaires
parmi les vagabonds et les condamnés, quelquefois
aussi, comme dans I’ergastulum, des gens arbitrairement
arrêtés s. II. Tiiédenat.
L1PONAGTIOU GRAPHE, LIPOSTRATIOU GRAPHE,
E1POTAXIOU GRAPHE (Anrovauti'ou ypa epr,, Xnroffxpaxtou
YpacpT), Xi7toTa;i'o'j 1 ypa<p7|). — Les principaux délits mili¬
taires sont énumérés ainsi par Pollux 2, dans la liste
des procès publics ou ypatpat : XiTroccrpaxtou, Xt7toxa^tou,
àffxpaxetaç, Xiirovauxiou, àvauga^tou, tou pïtj/ai xtjv à<nu'8a. Ces
délits faisaient l’objet d’une loi qu’Eschine 3 attribue à
Solon, le vieux nomothète, qui avait pensé qu’il fallait
soumettre aux mêmes peines le réfractaire (xbv àffxpàxstux&v),
le déserteur (xbv XeX&iTroxa xtjv xodjtv) et le lâche (xbv
oeiXov). C’est cette loi que cite et commente Lvsias, dans
un de ses discours contre Alcibiade le Jeune4 : « Elle
frappe, dit-il, ceux qui, le combat engagé, se retirent et
reculent, ainsi que ceux qui ne sont pas présents dans
l’armée de terre » ; et il ajoute : « Alcibiade, seul de tous
les citoyens, a commis tous les délits visés par la loi ;
il est réfractaire (àaxpaxetaç), car, enrôlé comme hoplite,
il a fait défaut; il est déserteur (XtTroxaçîou), car il n’est pas
parti avec vous pour faire campagne 5, et il ne s’est pas
présenté aux stratèges pour être mis en ligne avec les
autres soldats ; il est lâche (SstXi'aç), parce que, désigné
pour combattre dans les rangs des hoplites, il a préféré
se mettre avec les cavaliers. »
Ainsi, pour Lysias, comme pour Eschine, la loi de Solon
vise trois délits àffxpaxetaç, Xt7toxa;fou, BetXta; ; c’est cette
même catégorie de crimes que nous trouvons dans les
Lois de Platon 6, mais avec cette différence qu’au lieu de
la oEiXta, on trouve mentionnée 1’ à7toëoX7] tSv buXtov. Dans
Andocide7, deux nouveaux délits sont indiqués, celui
d’àvaupiay tou et l’à7to6oX7) x-qç à<77u'3oç. Ce dernier crime est
évidemment le même que l’à-jroêoXT) *rtov oirXwv de Platon ;
mais dans Platon cette àno^oXiq remplace la SsiXt'a, c’est-
à-dire qu’elle se confond avec la ostXta ; dans Ando¬
cide, au contraire, elle forme un délit distinct. On peut
admettre que rà7ToGcAq se confond avec la SitXt'a ; mais
les deux expressions, comme nous le verrons, devaient
se trouver toutes les deux dans la loi.
Les expressions Xt7ro<7xpotx!'oii et Xnrovauxtou se trouvaient-
elles dans la loi de Solon? Elles ne sont fournies que par
l Not. Dign. Occ. p. 49, éd. Boeckiug. — 2 Ibid. Occ. X. — 3 Ibid. — 4 Cotl.
Theod. X, 20, 8.-5 Euseb. L. I.
LIPONAUTIOU, l.IPOSTRATIOU, LIPOTAXIOU GRAPHE. 1 L or¬
thographe Xtitoxa^ou est attestée par Origène (Cramer, Anecd. Ox. Il, 239), par
Aristophane (fr. 808 de Kock, C’omic. atlic. fragm.). Dans Antiphane (Kock,
fr. 129, v. 9; t. Il, p. 63), la forme Xucotalifou est nécessaire, si l'on accepte la cor¬
rection de Porson, comme le font tous les éditeurs ; le ms. E de Démosthènc donne
XncoTa^tou, en particulier C.Alid. 103, et Xiïîota^tK, Ibid. IGG. Dindorf, dans la révi¬
sion du Thésaurus , a rejeté les formes en Xctit ; voir le mot X.iravSsÉw; cf. encore
l.entz, üérodien, t. II, note de la p. 543, 20, et surtout Cobct, Variae lectiones, p. 78.
— 2 Onom. VIII, 40. — 3 C. Ctes. 175. — 4 C. Alcib. XIV, 6 et 7. — G Dans ce pas¬
sage, les meilleurs mss. ne donnent pas les mots Xucotz^îc-j St Sti; ces mots ont été
rétablis dans le texte par Dobree. — 6 Lois, XII, p. 943. — 7 De myst. 74.
— 8 Poli. VI, 151 : SeiXô;, «orçà teuto;, XmoffrpotTuovïiç î et VIII, 40, passage cité en
tête de Part. ; dans Tliuc. I, 99, I, et VI, 76, 3, les mots XncoirrsâTioy et Xtrofftpavia
nesontpas pris dans un sens juridique. — 9 Lys. XII, 42. — 10 Nombreux exemples;
cf. en particulier : Dem. de Bhod. lib. 32; C. Mid. 110, 104; Acsch. C. Ctes.
croyons sans peine
des lexicographes 8. Nous
pression XtTtoffxpaxIou, n’étant pas utile V ^ ,iUl!
texte de la loi ; un orateur, un homme dS^1 ^
pu la créer pour avoir un synonyme „h,s o. H
xxçtou. Mais il nous semble que le mot) "'du de H
exister à côté d’àvaugayiou, comme Xuoxa^ ^ nou’a dl
àffxpaxetaç : nous trouvons pour ces dcux^-Ü^ ^
A-
phrases équivalentes Xnrdvxa xà
mots les pérj.
iv vauv y et X'-rr '
Nous croirions donc que Solon avait spéctf^l
loi, quatre ou peut-être cinq espèces de délit- pH
àffxpaxetaç, W«*fou, SetAtaç, àvaugaytou, H
Divers essais ont été faits pour reconstitue „
de Solon 11 . De telles restitutions sont toujours dm °'
et peu sûres. Nous croyons qu’il est plus prudent 1
tenir à marquer seulement les traits généraux de ce ,1?
juridique. Tout ce qu’on pourrait faire de plus CW?
relever quelques expressions qui sont indiquées exl?
sèment comme appartenant à la loi ou qui sont f0wnl
la fois par divers auteurs et peuvent aussi être reearcl
comme des expressions textuelles. Ainsi, d’après Lvsias “
un des articles disait en propres termes : ’Eiv X ’ ’
beBATjXEvat xqv a<nnoa, et non pùfat xqv àartSa. Les mots h»
xiç Xt7fY| x-qv vâÇiv eïç xoÙTtiffm sont attestés par Lysias ,s
et en partie par Platon 14. On peut admettre aussi que la
présence au corps au moment d’une levée était indiquée
par l’expression 7rapaffyE?v xb ffuga xâjjott to?ç ffxpax-qyoïç ls.
Du reste, il est permis de supposer que la loi, tout en
déterminant suffisamment ces divers délits, ne les avait
pas classés en catégories aussi rigoureuses. Ce qui auto¬
rise cette supposition, c’est que dans la pratique ces dé¬
lits sont souvent confondus et désignés les uns pour les
autres. Ainsi le poète Xénoclide, qui ne s’est pas présenté
lors d’une levée, a été sous le coup d’une ypGcpv, àffxpœ-
xeiaç ; le délit est ici très justement désigné10 ; mais Béotos
est exactement dans le même cas, et il est poursuivi pour
délit de Xnroxa^iou 17 ; bien plus, nous trouvons, dans
l’orateur Lycurgue, les deux expressions XutoTaüûw et
àffxpaxetaç employées à la fois pour désigner le même
délit 18. Il est certain d’autre part que c’est la ypaipii hra-
xaÇfou ou la y paep-rj àffxpaxetaç qui pouvait être intentée au
triérarque qui avai t abandonné son vaisseau, xmhmuvT-rp
vaùv 19, ou au cavalier qui avait abandonné son escadron .
Selon l’esprit de la législation athénienne, tout citoyen
pouvait intenter une action en justice pour ces divers
délits. C’est ainsi qu’Archestratidès intenta a A lcibia 1
le Jeune l’accusation pour laquelle Lysias écrivit euJ
discours21. Démosthène nous a conservé la l°rIlluj
même de ces accusations, ainsi que le mode de pu 1 1
tion. Sur l’instigation de Midias, un sycoplianh ., J10’1' 1
Euctémon, intenta à l’orateur une yp*pi
‘,40 B -“H
175, 17G ; Audoc. De myst. 74; Lys. XIV, 5, 15, 21; Mat. j,||a||iciffl, Hat
deux essais intéressants dans Rosenberg, Philologue, XX. ■ 1 ' |rojs jélils indi-
Jahrb. f. Phil. CXV, p. 209. Frohberger {Lys. Il, p. 3) admc ^ j
qués par Lysias et Andocide; Rosenberg rejette la **•*•*• « hJ
général qui sert à désigner tous les délits militaires; Meier e- ^ «lui
p. 462, n. 77G) en admettent quatre; ils ajoutent aux Irois 111 __ » XIV, M
d’àvaujia/joa, d’après And. I, 74. — 12 C. Theomn. X, M ■ „r< «(«S®
— 14 Menex. 24G B. — 18 Lvc. C.Leocr. 57 : pu conp»l>lc!j
cf. encore 147 et Lys. XIV, 7. — 1® Cela ne veut pas diu’ qo ^ ^ moins w*-
Xénoclide prétendait avoir un juste motif d exemption, i jjrp“T1W
damné. — 17 Dem. C. Beat. 16. — « byc. C. Leocr. 14 : *■*" ; o5 pari»!
10 T vs X 42 ’ l” in. 1 ■ , jjg
où t b CoijAa zv.'iv.i roTç aToai^YoT;. ) ^ ^ ^ cj(,oyeDS e
matelots qui ont déserte, -tout; *Ai7covew? ; la plupart ntlai nniirc0^1'
pouvaient être saisis par une accusation
à, |l faut otiserv.i' T" ■ I' ,
il n’y a pas de mot composé avec le mot œuXq, cscadion , ^ ^ pour lcS
le mot Tà;tç, régiment d’infanterie, XucoTaÇwu, qul SCI *,eS dise. XlV cl
commis par les fantassins et par les cavaliers. f (
LIS
LIS
— 1265 —
lhxnei fit cela tout Simplement parce
jlidias, Dein°" .lffiche fût placée aux pieds des Epo-
yeux et portant ceci : « Eucté-
««*>• “Se Lousia, a mis Dèmosthène du dème de
n du dème ue - ' J._neta-Env^lll,w
, ,iiv trmus, 'i”
*■* ÜM. 1 Bouleutérion et du Tholos. Nous avons
ligora, près c qui n0us montrent que
de nofflbreir . scrvait à recevoir des affiches
le Piédestal ^^Ires de l’État ou à des actes judiciaires 2.
relatiVî!inte était portée devant les magistrats militaires,
•’ j' t à leur défaut, les taxiarques ; ces ofi-
iSSl Produisaient l’instance et avaient 11 tou
** ' D,„s le procès intenté à Alcibiade le Jeune,
rr:, est présidé p«r ** stratèges - c'est le
Liài que Mantithée qui reçoit la plainte con tre Beolos
ï,Jait naturellement que pour les cavaliers 1 affaire
U portée devant les hipparques et les phjlarques. Le
Lll était composé des soldais qui avaient fait cam-
Lg«e avec l’accusé et qui avaient été témoins du délit .
I La peine était l’atimie avec interdiction d assister aux
[cérémonies religieuses de l’État : « Le législateur,, dit
K Eschine c, veut que le réfractaire, le lâche et le déser¬
teur soient éloignés des aspersions d’eau lustrale de
l'agora, qu’il ne puisse pas être couronné et qu’il n’ait
tas accès auprès des sacrifices publics. » Cette atimie
entraînait la confiscation des biens1. Albert Martin.
LIS. — Ce mot appartient à la très ancienne langue
[. latine1. On l’y trouve sous la forme stlis qui a subsisté
dans l’expression Decemviri stlitibus judicandis - . Dans
son acception la plus large, il désigne toute espèce de
' procès. 11 désigne également l’objet du procès : Quibus
I m mit in controversia , dit Varron, ea vocabatur lis ,!.
Tel est le sens qu’on lui donne dans les expressions :
1 litem addiceref aestimare 5, condicere 6, contestari ',
t dure*, dicerc6, litis cadere 10, in litem jurare H, litem
i mm f acere'2, exceptio litis dividuae 13 , et d’autres
I encore.
D’après Cicéron14, on discuta longtemps pour savoir
s’il iallait dire res ou fis ; dans la terminologie quia pré-
yalu, le mot res s’emploie de préférence pour désigner le
droit qui donne lieu au procès : rem in litem deducere 1B.
Le mot lis a une signification plus étroite lorsqu’on
1 oppose a jurrjium: il suppose une dissensio inter ini-
micos. Le sens de cette distinction a été expliqué au mot
jurgium. Lis s’applique à l’action de la loi par serment,
ea pecunia, dit Varron, (/une in judicium vend m ldi-
bus, sacramentum a sacra'6. Tel est le sens qu d reçoit
dans les expressions, praedes litis vindiciarum praesj,
decemviri stlitibus judicandis [decemviri, p. 33 ', bono-
rum possessio litis ordinandae gratin 11 . On a conjec¬
turé, bien que les textes manquent, que les procès qui
furent soumis à l’action de la loi per condictionem
constituent également des lites par opposition aux
jurgia.
Après l’introduction de la procédure formulaire, et
pendant la période transitoire où l’on continue à lege
agere , on trouve parfois rapprochés les mots lis et judi-
cium. Cicéron dit: persequi lite atque judicio'6 . U est
vraisemblable que le mot lis désigne ici les procès soumis
aux actions de la loi, judicium ceux qui donnaient lieu
à la délivrance d’une formule 1 '.
A l’époque classique, le mot lis désigne toute sorte
d’actions, tant réelles que personnelles 20. Il est usité
dans un certain nombre d’expressions techniques qu’il
suffit d’indiquer : litem praeparare **, inchoare22, dese-
rere2\ in alium transferre 2i, restituerez , redimere 2G,
donare 27, litis dominus-*, procurator **, consortes
sumptus 31 , liti se offerre 32, renuntiare 33 . D'autres
demandent une brève explication : lis crescit. lis moi i-
tur , litem suam facere. .
Certaines actions se donnent au double contre le défen¬
deur qui nie sa dette: lis adversus in /itiantem crescit ni
duplum 34 . Ce sont des actions qui, sous les actions de
la loi, donnaient lieu à la manus injectio , telles que .
l’action judicati (t. V, p. 644, n. 8) depensi, legis Aqui-
liae, ex testamento™.
Lis moritur se dit dans tous les cas où le judicium
s’éteint sans jugement, par exemple en cas de péremption
d’instance d’après laloi Julia judiciorum privatorum °.
Litem suam facere désigne un quasi-délit commis par
un juge : il suppose un dol ou une négligence dans
l’exercice des fonctions judiciaires. D’après la loi des
Douze Tables, le juge fait le procès sien, si, hors des cas
prévus par la loi, il ne se rend pas au jour fixé pour 1 ou¬
verture des débats. L’affaire était renvoyée devant un nou¬
veau juge, et l’ancien, mis aux lieu et place du défendeur,
encourait, le cas échéant, la condamnation. Le Préteur
modifia cette règle en créant une action spéciale qui
permet d’apprécier plus équitablement la responsabilité
du juge et de graduer la peine d’après la gravité de la
faute31. Ed. Cuq.
Mkl. lui , Nicodème d’Apliidna mit aussi son nom dans l'aclo d’accusalion ;
,|s ll J",s-tnO- Ci8;cf. A. Schacfer, Demosth. u. seine Zeil, 11, p. 102. —
L7d,’ ' 8;,Dcm' C- LeP(- M: Esch. C. Ctes. 31) ; I>aus. 1, 5. — 3 Lys. XV, 1 et 2.
Stl \ _ u - 3 Eys. XIV, 5: xoù; ffTpaxiwxaç StxàtcLv ; cf. Plat. XII,
XV, 7. xxw' Ctes- 170 ; cf- aussi C. Tim. 29 ; Lys. X, 1 ; Isocr. VUI, 143 ; Dcm.
tîMiv.-v M ■ -7‘ ‘ And. De rnyst. 74 : «npoi r.xav TV. v;.i [i-axa: , xv. Sè
v j 1 als EaiUemcr [atimia], s'appuyant sur Lys. XIV, 9 (ISouXrjOri
rcjellc aussi | ■ a,-lxo'1 S»i|uijtiivBi), rejette le témoignage d'Andocide; il
était Iransmissil I '^na^c^c Guidas disant que l’atimie, pour la ypatpt] Avaïqua^tov,
p. 1J3 . h,tii1 ' V lllaills* — Biblioghaphie. Meier, De bonis damnatorum,
Seden jJ' 1 1 "[‘l'crgcr, Ausgewülilte Reden des Lysias , t. 11, p. 1 ; Die
\ jflWra/pejgj, j ' ]’ ^inleitung ; Emil Rosenberg, Ueber das attische Mili-
ffftwc/ie itilitarsl ° ^ C XXXIV, 1870, p. 65 ; Tlieod. Thalheim, Das
mid paeii | qx^ und Lysias, XIV, 7, dans les Neue Jahrb. fur Phil.
-'tAdni eane, 1875 ' -ni P "(.’9 ’ TEonissen, Le droit pénal de la République
t’H. l.ipsius, p ' igfj Meier et Scliômann, Der attische Process , éd. revue par
jîeilaller (;e. . ’ us1, Gilbert, Beitrâge zur innern Geschichte Atlicns im
1877, p. 5i.
Caius, p. 168 ; Danz ^[’'ul1 Elymolog. Forschungen, II, 196; llusclike,
11 sociale Schutz, p. 313 ; Bréal et Bailly, üictionn, ity-
moloq. latin, p. 168. - 2 Voir les textes cités t. 111, p. 33, s. v. decemviri.
_ 3 Varr. De ling. lat. Vil, 5, 93. - 4 Aul. Gell. XVII, 2, 10. - - Vo.r uns
AESTIMATIO. - 6 Tit. Liv. I, 32, 11. — 7 Voir LITIS CONTESTATIO. — » ClC. P. ROSC.
com. 1, 3. — 9 Varro. L. cit. : Quant rem sive militent dicere oportet. — 10 Fcst.
Epit. 116. _ 11 Voir l'article josjukàndum. — 12 Gai. IV, 52. ,3 Gai. 1\, 121.
_ 14 Cic. P. Alurena, 12; cf. Varro. De ling. lat. VU, 5, 93. — \euul. 3 Slipul.
Diq. XLVI, 2, 31,1. — '» Varro. De ling. lat. V, 36, 100. — n Papin. 5 Quaest. ap.
Ulp. 14 adEd. Dig. V, 2, 8 pr. — l» Cic. 2* in Verr. 111, 13, 32; De oral. 11,
21 99; ad lieront. IV, 23, 33. — >9 Cf. Moriti Voigt, Das jus naturelle, l. IV,
p ’452.’ - 20 Ulp. 23 ad Ed. Dig. L, 10, 30. — 21 Paul, de sept. jud. Dig. V, 2,7.
_i 22 Papin. 2 Resp. Dig. V, I, 44 pr. — 23 Paul. 1 Sent. Dig. XLU, 1, 54, 1.
_ 2V Ulp. 13 ad Ed. Dig. IV, 7, 4, 3. - 23 Marcel. 3 Dig. Dig. IV, 1, 7, 1.
— 26 Diocl. Cod. Just. II, 12, 15 ; IV, 35, 20 pr. ; Anaslas. eod. 22. — 27 Anlou.
P. ap. Marcian.de delalor. Dig. XLlX,’ll, 22, 2; Gord. Cod. Just. Il, 17, 2.
— 28 Paul. 1 Sent. Dig. III, 3, 30. — 29 Paul. 8 ap Ed. Dig. XLVI, 3, 86. — 30 Cod.
Just. 111. 40. — 31 Ulp. 5 de off. proc. Dig. V, 1, 79. — 32 Gels. 4 Dig. ap. Ulp.
15 ad Ed. Dig. V, 3, 13, 13; 45 eod. — 33 Papin. 3 (Juaesl. Dig. IV, 4, 30; Ulp.
10 ad Ed. cod. 21. — 34 Gai. IV, 171; Paul. Sent. I, 19. — 33 Cf. Édouard Cuq.
Institutions juridiques, t. 1, p. 409, 427, 703, 11. 6. — 36 Gai. IV, 104; Venul. 1,
Stip. Dig. XLVI, 8, 8, 1. - 37 Ed. Cuq, Op. L, p. 438-439.
LIT
— 1266
LIT
LIT AT 10. — L’idée contenue dans ce mot abstrait
est dit lîcile à définir: elle reste vague même dans son
expression concrète, le verbe litare. Pris au sens intran¬
sitif qui est son acception ordinaire, litore signifie
faire agréer par les dieux et constater par l’aspect des
entrailles des victimes que les dieux agréent un sacrifice
sanglant. Dans cette acception précise, mais précisée par
1 usage et non par l’étymologie, qui reste incertaine1, il
correspond exactement au grec xxÀXtspsîv, où se trouve
définie la condition nécessaire, à savoir de « belles
entrailles» (xaXi lepâ, laeta exta). Litatio , qui n’a point
d équivalent en grec2, signifie donc également bien
« agrément, acceptation » des dieux, pour le fond ; pour
la forme, « constatation de cet agrément » par des signes
favorables (ou, ce qui revient au même, par l’absence
de signes défavorables) localisés dans les entrailles. On
n’employait guère ce substantif que dans des expressions
comme celles-ci : sacrifier sine litatione 3, ad litationem 4
ou nsque ad litationem 5, ou encore, dans une langue
moins correcte, hostiac litationem inspicere 6.
En revanche, le verbe était d’usage courant, et l’usage
lui a imposé quantité de sens analogiques dont il faut
laisser l’exégèse aux philologues. Nous n’avons à nous
occuper ici que de l’acception technique. Litare pour les
Latins, xaXXtepeîv pour les Grecs, est un terme de rituel,
qui signifie donner satisfaction aux dieux par le sacri¬
fice et constater leur agrément par l’aspect des entrailles.
Cette définition exclut les signes de toute autre sorte,
qui pouvaient apparaître avant ou pendant le sacrifice et
être utilisés'également soit à fin de divination, soit, d’une
manière générale, pour préjuger l’accueil fait par les
dieux à la prière du sacrificateur [sacrificium] . Nous
n’avons même pas à utiliser tous ceux que savait cher¬
cher dans les entrailles l’art des haruspices toscans
[haruspices]. Ceux-ci étaient des spécialistes à qui l’on
demandait l’exégèse détaillée des exta: leur assistance
était une garantie de plus, mais n’était nullement indis¬
pensable pour savoir s’il y avait ou non litatio. Certaines
règles sommaires, connues de tous, et, en tout cas, fami¬
lières aux victimarii, y suffisaient. Ces praticiens, que
l’on pouvait aussi appeler « haruspices », au sens banal
du mot, savaient très bien apprécier en gros l’aspect des
entrailles, s’assurer qu’aucun organe n’y manquait, ou
même se livrer, le cas échéant, à des expériences qui,
après avoir fait partie de l’extispicine savante, étaient
comme tombées dans le domaine public. En 176, c’est
un « victimaire » qui annonce au consul Cn. Cornélius
que le foie du bœuf immolé par lui s’est dissous dans la
LITATIO. l Les anciens dérivaient lilare de I itéré, qui aurait donné lutare, au
sens de solvere (Varr. ap. Non. s v. Litavi, p. 131 M. ; Serv. Aen. II, 118). Ce
sens actif motive les acceptions comme litare exta (Prop. V, 1, 21), victimas (Suet.
Otho, 8), sacra (Ovid. Fast. IV, 630), sacris lilatis (Virg. Aen. IV, 50), litatis
hostiis (Justin. XX, 2, 14). Une étymologie plus probable fait venir litare d'un
substantif perdu ‘lita, correspondant au grec lutij, prière (M. Bréal, Dict. Etym.
lat. s. v.) ; d'où l'acception proférée par les grammairiens. Servius (Aen. IV, 50)
trouve que Virgile aurait dû dire diis litatis. Non enini sacra, sed deos sacris
litamus. Ailleurs : litare, verbo pontifical!. . sacrificiis deos placare (Serv. Aer..
II, 118); litare siynificat sacrificio facto plaçasse numen (Macr. Sat. III, 5,4);
litare est propitiare et votum impetrare (Non. p. 421 M). Ce sens transparaît dans
des expressions comme litat ara Jovem (Mart. VIII, 15, 2), lilato numine (Amm.
Marc. XXIX, 1, 31), et même dans la construction inlransitivc, la plus correcte de
toutes, soit impersonnelle, lilare (forme intensive, perlitare, Liv. XXXVI, 1 ; XLI,
14 et 15), litatum est ( diis ), soit ayant pour sujet le sacrilicateur (Liv. VIII, 9;
XLI, 15) ou la victime (victima caesa litat, Mart. X, 73, G) on le sacrifice (sacrifi¬
cio non litante, Suet. Aug. 96). Litare a pris aussi le sens général de « sacrifier à »,
au propre et au figuré. Le mot ne contient en lui-même aucune allusion aux
entrailles, si bien que certains en transportaient l'efficacité de la victime à la
chaudière. L’autre consul n'arrive pas ,
lion, parce que le foie de ses victimes0" ^ à
tète b Dans le Poenulus de Plaute, Lycus pas de
« haruspice» quelconque: mais c’est à pr ?Slé d'u»
celui-ci déclare les entrailles défavorables
l’occasion de déployer tout son art, car j v’ .n’a Pa»
de les découper, se tenant pour suffisamment" défend
Un autre personnage, dans le Pseudolus '
pour sacrifier ad litationem , des victimes et I de’
moitié bouchers, moitié sacrificateurs9. pu V'! /anii»
constatations de cette sorte étaient d’autam m ICSte’ les
tes qu’elles se fondaientsurdes faits ££&.*">*
commun, et non sur des finesses de l’art, qui éclnn!8^
au contrôle et pouvaient être contestées. 'P ^
raconte tout au long, dans VAnabase, comment àCW
les généraux grecs sacrifièrent à maintes reprises un ’
savoir s’ils devaient partir; comment, les signes étJ
toujours défavorables, les soldats soupçonnèrent le devin
Arexion d’être de connivence avec Xénoplionetne furent
convaincus qu’en voyant de leurs propres yeux que «les
entrailles ne se faisaient pas 10 ».
Il y a ici une distinction délicate à faire, "ans laquelle
on risque de confondre la litatio avec les pratiques divi¬
natoires proprement dites. La litatio signifiait sim¬
plement-que les dieux agréaient le sacrifice, quelle que
fût l’intention du sacrificateur; et elle n’avait toute sa
valeur, elle ne se suffisait à elle-même que dans les
sacrifices non divinatoires, où l’on offrait la vie des
victimes ( hostiac animales) u. En effet, dans les sacri¬
fices divinatoires ( hostiac consultatoriae ), des entrailles
défavorables pommaient contenir un avertissement aussi
utile que des signes heureux : dans un cas comme
dans l’autre, l’opération atteignait son but, qui était
non pas de faire agréer la victime, mais de s’en servir
pour connaître la volonté des dieux. Mais, de même
qu’il n’y a pas de sacrifice sans prière12, de même tout
sacrifice était censé contenir une réponse à la prière, et,
par conséquent, une part de révélation divine. La litatio
indiquant que le sacrifice était agréé, on en concluait
légitimement que la prière était exaucée. Dans ce sens et
cette mesure seulement, le diagnostic sommaire de la
litatio fait partie de la divination13. Il suffisait donc
d’insérer dans la prière une question susceptible dêtrel
résolue par oui ou par non pour que la litat ion devin j
une réponse positive, et la non-litation une répons®
négative. C’était même un procédé familier aux généraux!
en campagne, un procédé que les Grecs avaient per <Jj
tionné de façon à en tirer au besoin des réponses con i|
• ■ ■> nui (Icos pi'ccülwW
formule. Leqimus quod Litare sola non possit oralio, nist ta 7 tcr lita-
•1 117* /iu C/tA III 9 7^ _ 2 KaMuf*)!4* ' ’ j
etiam aram mambus adprehendat (Macr. oar. m, -j . 7 'hesnw'^i
men, Stat. Theb. X, 610) a le sens concret de Ouqla ^ ^ T
s. y.). - 3 Liv. XXVII, 23. - 4 Plant. Pseudol. M°J' ‘ PoeMl. Il, b
— 6 Act. fr. Aimai, p. 164 Marini. — 1 Liv. XLI, 1>- , 'rasion teclmi<],>4>
— 9 riant. Pseudol. I, 3, 93-101. - *o Ta «J fyaw, [)'"[, [s,i„e a»'»'“,es
sept fois répétée dans le récit (Anab. VI, 4, 12-22). 11 ]m |cs vers d®
et consultatoriae, voir Macrobe (Sat. III, 5), qui cilc à e' ^virg.
Virgile : Sanguine quaerendi reditus, animaque litandum . './ deoif1
118). — 12 Quippe victimas caedi sine precatione non par la pri^re;
rite consuli (Plin. XVIII, § 10) ; cf. ci-dessu;
— 13 C'est
"“f, r-.-
u ce que xxi « - - / luart^9 ■
sacrificure hoc interest. Sacrificare est hoslias immo : aj Stat. '
immolationem hostiarum impetrare quod postules (Lu a ^ est rf»1""1
X, 610). Inter sacrificare et litare hoc interest : sfl' '4i4 ji). Ici l»,*J
pelere ; litare est propitiare et votum impôt) an. 01 j;vjnatoiros P3* “*
finition de sacrificare est inepte. Cf. les cas de saci i >C ju 3, 1 ; * j
dans Herod. VI, 76; VII, 113; IX, 19, 38; Xenoph.
III, 1.
dit ou veut dire le scoliaste de ■[lari rero 1*
I ost
LIT
— 1207 —
LIT
nl (je livrer la bataille de Platées, les
tionnelles. Au Testés du devin Tisamène, Mardonius
(jrecs d mi' lh ’ ^ ju jevin Hégésistrate, obtenaient
dWrC favorables pour l’offensive, favorables
: des entrais. 1 ()n ayait dû de part et d’autre répéter
Urladefen!’1' • k qiiesti0n pour obtenir la
Mes expérience jre à condition de ne pas attaquer. Paul
Klitde même, suivant Plutarque, au moment d’en-
Él"' i,,n contre Pcrsée. « Après avoir immole jusqu a
!g , L ns obtenir d’entrailles favorables, au vingt
Vil)g b P les signes apparurent et signifièrent victoire
^^«“''““"^etexperten divination ».ava,t
Eminent modifié sa question à la dermere epreuve.
\ [litalio contenait donc une certaine somme de révé¬
lation incorporée aux entrailles qui pouvait etre et a ete
Elisée à fin de divination. L’état des entrailles dune
Ictime sacrifiée était considéré comme un « signe », et
non comme un indice naturel de l’état physiologique de
la victime vivante. Les indices naturels de santé, de ma¬
ladie ou de malformation étaient constatés avant le sacri¬
fice, par une probatio qui écartait les animaux disqua¬
lifiés3. Cette précaution une foisjirise, la foi voulait que
|leS exta fussent ce que les faisait être sur le moment
l’intervention divine, ou, par concession extrême aux
raisonneurs, que le choix de la victime fût guidé
. par la même intervention et tombât précisément « sur
Icelle qui avait les entrailles accommodées à la situa¬
tion4 ». Une victime à qui manquait le cœur, par exem¬
ple, n’aurait pas pu vivre sans cet organe : il fallait
donc qu’il eût été anéanti pendant le sacrifice5. De
îême, le fait d’apporter un veau à l’autel au lieu de le
laisser s’approcher de lui-même ne pouvait pas modifier
naturellement l’état de ses entrailles: on avait cependant
remarqué que, dans ce cas, on n’obtenait presque jamais
la litation ". L'idée que l'autopsie des victimes ne ren¬
seignait pas sur leur état physiologique antérieur était si
couramment acceptée qu’elle était entrée dans la juris¬
prudence commerciale. Yarron remarque que les bou-
jcliers ordinaires n’achetaient que des bêtes garanties
Baines, tandis que les fournisseurs des autels n’exigeaient
Bas celte garantie du vendeur7. Ils pouvaient constater
■x mêmes les défauts apparents : pour le reste, ils lais¬
sent faim aux dieux. Si, dans l’hypothèse suggérée par
^ rri.iyiuts tièdes, qui ne voulaient pas croire à la mé-
■eorp iosi des entrailles, l’état de celles-ci était anté-
Chois 'U1 MUib.Ce’ éta^ b°n que les dieux pussent
n u-ini î'0"1 Icv^er ^eur pensée, même des animaux
“ayant de sain que l’apparence.
n’a qu’un '^‘^ode sommaire de divination, la litatio
posée EU, p',! q>lné’ étr°itement limité par la question
nu
lices simnirf CUU UUe lmP0l'Lance capitale dans les sacri-
®r(linaire ouvoti/ 't C6UX qui font partie du culte,
inquiétant ,,L (1- C!’ ianon_litation jirend un caractère
posées, elle "1^'ni''l‘fIUe : loin de résoudre des questions
^0nt il faut J® ' < S Pro^mes qu’elle ne résout pas et
US 1" ine de malheur, chercher la solution.
^M&rod. (Xj 3g_^g
0n exigeait (me ^cm^' li-— 3 Par exemple, lors cîc la pfiobatio
L 1ui- VIII, § i83) , ‘ queue du vcau atteignît le pli du jarret ; breoiore non
I r - —
« U
P» Cic.
■ ■* UU Veau n -
-pr{visi0ü exclut la1 lCUe ll'°P C0Urle- Dans
Cip<U.. .. u la (UVinali/vn # .
* niais on savait par expérience quo les dieux
trnn _ r\
ne VOU-
ÏOQ
(Oioin. ||
Uivination.
10-17). _
> ce cas, la non-lilalion est prévue,
V °'r ces théories exposées et réfutées
Cic. Divin. II, 16. — 6 piin. VIII, § 183.
Tout sacrifice non agréé devait être recommencé, soit
dans les mêmes conditions, avec des victimes de même
espèce et de mpme nombre, soit avec un j»I us grand nom¬
bre de victimes de même espèce, soit avec des victimes
d’autre espèce ou d’autre sexe 8, soit par une autre
main 9. On cherchait, en variant les conditions de l’ex¬
périence, à dégager l’inconnue du problème, l’obstacle,
qui pouvait provenir soit de l’oubli de quelque obser-
vancerituelle, soit de cequeles dieux trouvaient l’offrande
insuffisante ou en préféraient une autre ou ne l’accep¬
taient pas d’une personne disqualifiée à leurs yeux pour
une raison quelconque. Ces conjectures fournissaient des
réponses aux objections des sceptiques. « Quand on sa¬
crifie â plusieurs dieux, dit Cicéron10, d’où vient qu’on
réussit ( litetur ) avec les uns, et pas avec les autres?
Quelle est cette inconstance des dieux, qui menacent
par les premières entrailles et font de bonnes promesses
par îes secondes? Ou comment y a-t-il entre eux, souvent
même entre proches parents, un désaccord tel que les
entrailles sont bonnes pour Apollon, mauvaises pour
Diane? » Cicéron raisonne comme si tous les^ dieux
ensemble formaient une essence divine, immuable en ses
desseins. Qu’au sacrifice on substitue la prière, toutes les
religions sont comprises dans cette fin de non-recevoir
La réitération du sacrifice en cas de non-litation étant
l’application d’une règle générale, toute cérémonie man¬
quée devait être recommencée à nouveaux' frais. Comme
on l’a dit jilus haut, les sacrifices divinatoires n’aboutis¬
sant pas à la litation ne sont pas des sacrifices manqués :
si les consultants s’obstinent à les recommencer, c’est de
leur plein gré et parce qu’ils espèrent obtenir enfin la
réponse qu’ils souhaitent. Il n’en va pas de même des
hostiae animales. Le refus de les accepter n’est pas un
conseil, mais une menace qu’il faut détourner. Le motif
le plus ordinairement soupçonné était soit une irrégularité
dans le cérémonial, soit l’insuffisance de l’offrande. Les
autres raisons étaient plus difficiles à deviner, surtout
les raisons qui tenaient à la personne du sacrifiant et lui
rendaient lalitation impossible. En 337, le consul Décius
ne put aboutir : il était prédestiné aune mort prochaine ".
De même, en 176, le consul Petillius obtint litation avec
les autres dieux, mais non avec Salas 12 : il périt dans
le courant de l’année. En 208, à Rome, « durant quelques
jours, de grandes victimes furent égorgées sans litation,
et pendant longtemps on ne put obtenir la paix des
dieux. C’est sur la tête des consuls, la République étant
sauve, que se tourna l’effet funeste des prodiges13 ».
A Sparte aussi, au temps des guerres médiques, il fut
impossible, des années durant, d’obtenir des entrailles
favorables. C’était le héraut Talthybios qui voulait con¬
traindre ainsi les Spartiates à expier le meurtre des
envoyés de Darius14. Il arrivait encore que, suivant une
théorie dont on s’avisait surtout après l’événement,
on se trompait sur le sens de la litatio. Au dire de Sué¬
tone, Othon commença la guerre contre Vitellius « sous
des auspices des plus contraires, car une victime immo¬
lée à Dis Pater produisit litation, alors que, dans un
— '< Manilii actiones secuntur lanii gui ad cultrum bovem emunt : gui ad alta-
ria, hostiae sanitatem non soient stipulari (Varr. R. rust. II, 15, II). — % In
omnibus sacris feminei generis plus valent victimae (affirmation très contestable).
Denigue si per marem titare non possent, succidanea dabatur femina. Si autem
per feminam non litassent, succidanea adhiberi non poterat (Serv. Aen. VIII, 641).
' — 9 Nonguacumgue manu victima caesalitat, (Martial. X, 7, 36). — tOCic. toc. cit.
— 11 Liv. VIII, 9. — 12 Liv. XLI, 15. —13 Liv. XXVII, 23. — 14 Herod. VII, 133-134
LIT
— 1268 —
LIT
sacrifice semblable, les entrailles défavorables valent
mieux »l. Cette casuistique suspecte est contraire à l’es¬
sence même du sacrifice expiatoire ou propitiatoire, qui
est la substitution de la victime à la personne menacée,
laquelle se rachète par cette rançon acceptée. A ce
compte, les nombreux sacrifices offerts aux divinités sou¬
terraines durant les Jeux Séculaires (Tellus, Dis Pater,
Proserpine, les Mœres) auraient dû, pour être heureux,
présenter des entrailles défavorables, ce qui est absurde.
En résumé, les cas exceptionnels de non-litation pro¬
longée étaientdes « prodiges effrayants » ; la non-litation
momentanée, un accident généralement facile à réparer.
La litation était la conclusion ordinaire du sacrifice, si ordi¬
naire que le plus souvent on ne songeait pas à en dégager la
part de divination qui y est incluse. A. Boüché-Leclercq.
LITIIOBOLIA (A>0o6oX''a). Nom d’une cérémonie des
fêtes de Damia et Auxésia à Trézène, où les femmes se
battaient entre elles à coups de pierres 1 . Un combat de
même genre, également inspiré par une intention sym¬
bolique, avait lieu dans les Éleusinies sous l’appellation
de balletys. On en signale une autre à Rome, en l’hon¬
neur de Tutula, dans la fête des nonae gaprotinae2.
Il y avait des combats simulés entre les assistants dans
un certain nombre de fêtes grecques, par exemple dans
la d au lis d’Argos 3, dans les moleia de l’Arcadie4, et dans
la fête qui, à Sparte, rappelait un des incidents de la bataille
de Platées 5. Lobeck 6 a réuni tous les exemples de ce genre,
et les a rapprochés avec raison des fêtes dans lesquelles
ceux qui y prenaient part s’entre-fustigeaient, telles que
les danses des jeunes gens autour de l’autel d’Apollon à
Délos1 et les lupercalia de Rome. F. Lenormant.
LITIIOROLOS. — Machine à lancer des pierres [tor-
menta].
LITHOPIIOROS (Aiôocpo'poç). — L’inscription gravée
sur un des sièges d’honneur du théâtre de Bacchus à
Athènes 1 a fait connaître l’existence d’un prêtre portant
ce titre. Quoiqu’il eût un rang élevé dans la hiérarchie des
sacerdoces athéniens, on ignore tout de lui, et la nature
de ses fonctions et le culte même auquel il appartenait.
On a pensé que ce « porteur de pierre » pouvait avoir
un rôle dans la cérémonie symbolique de la balletys2
aux Eleusinies, ou qu’il avait la garde d’une pierre
sacrée (àpyo; X-'6oç)3. E. Saglio.
LITICEIY. — Musicien qui jouait du lituus *. Son nom
était dérivé de son instrument2. On n’a aucune men¬
tion antique de liticines appartenant à des légions3,
quoiqu’on connaisse par des textes les autres musiciens
légionnaires 4. Ce fait tendrait à confirmer le texte d’Acro,
d’après lequel le lituus aurait été propre à la cavalerie5.
La figure que nous reproduisons ici (fig. 4498) 6 repré¬
sente, comme l’indique d’ailleurs l’inscription, un membre
d’un collège de liticines et de cornicines. Cette corpora-
1 Swet. Otho , 8.
LITIIOBOLIA. 1 Paus. Il, 32, 3.-2 Plut. Romul. 29 ; Camill. 23. — 3 Hesych.
s.*v. AauVç. — 4Schol. ad Apoll. Rhod. Argon. I, v. 170. — 5 Plut. Aristid. 17.
— 6 Aglaophamus, t. I, p. G79 et suiv. — 7 Gallira. Hymn. in Del. v. 321. — Biblio¬
graphie. Lobeck, Aglaophamus, I, p. 079 et s. ; A. Maury, Relig. de la Grèce
antique . II, p. 377; K. -F. Hermann, Gottesdienst. Alterthiimer, §52, n. 17 et 18.
LITHOPIIOROS. 1 Corp. inscr. att. III, 290. — 2 Keil, Philologus, XXIII,. 242.
Ajouter aux ouvrages indiqués s. v. Balletys, O. Crusius, ReitrCige su gr. Reli-
gionsgesch. Leipz. 1886, p. 20. — 3 Reisch, ap. Pauly-Wissowa, Realencyclop.
s. V. àpyot Xtfiot, p. 724.
LITICEN. 1 Festus,- s. v. Lituus, p. 11G. — 2 Varr. Ling. lut. V, 91 ; Cato ap
Gell. XX, 2 : Nonius, I, 268. — 3 Deux inscriptions qui en mentionnent (Muratori,
p. 798, t; Doni. cl. VI, 118) sont fausses; Corp. inscr. lat. VI, 5" part. 1373*.
— 4<Jauer, De muneribus militaribus, IV, dans Ephem epigr., t. IV, p. 374. — 6 Ad.
lion, dont les emblèmes semblent avoir •
cornu et le lituus, le masque et la syrin.,/ °Ull'ele
tainement aucun ’ ^ > n avait cerll
caractère mili¬
taire; elle se com¬
posait de musi¬
ciens civils, em¬
ployés dans les
représentations ,
les fêtes ou les
funérailles. C'est
ainsi que l’on voit
des liticines dans
un défilé de gla¬
diateurs 1 [gladia-
tor, p. 1593, fig.
3593] et dans une
pompe funèbre
qui est du Ier siè¬
cle de notre ère8
[funus, p. 1392,
fig. 3301]. Un liticen figure aussi sur une peinture étrus-
-L1T1C I N VM - CQRNlcMg
Fig. 4198. — Liticen,
que9, dans le cortège d’un vainqueu
r aux courses.
IIenhy Tuédenat. I
LITIS AESTIMATIO. — La iitis aestimatio estl’évai
luation pécuniaire de l’objet d’un litige. Elle peut -êtrh
faite, soit d’accord entre les parties par suite d’une tran-l
saction, soit judiciairement *.
La loi des Douze Tables autorisait à pacisci de talioni 1
redimenda en cas de membri ruptio : c’était un moyen
d’échapper à la peine du talion ; elle permettait aussi de
transiger en cas de vol manifeste pour éviter la peine
capitale 2.
La iitis aestimatio a lieu judiciairement soit en matière ]
civile, soit en matière criminelle dans les quaestioneâ
perpetuae.
I. La Iitis aestimatio en matière civile. — La litm
aestimatio fut usitée de bonne heure dans le droit latin,
en cas de rupture du contrat de fiançailles !. A Home,
elle fut appliquée au temps des actions de la loi dansla|
procédure per judicis postulationem. C était, la, suivanjj
toute vraisemblance, l’objet principal de celte Pl0C^
dure : on demandait un juge lorsqu’il y avait uae^es j
mation à faire, une obligation à faire naître a la * bar^ «
défendeur 4. |)nuze :
La Iitis aestimatio était imposée par la loi tes j j
Tables dans l’action en revendication en cas
vindicia : celui qui a obtenu à tort la clame >'» 1
durant l’instance peut, si elle a péri, échapp* 1 j c , j
injectio en demandant trois arbitres pom <■ vl ,i0îs|
judice causé et en payant le double de. cette e» . aierius
C’est là sans doute la procédure design1 1 1
193,
, , ri(rman<H'nm' P’
Od. I, 1, 23. — g Bellori, Pictur. antig. cryp '"j, #„//.*«' w.
■ 7 Jalin, Ber. d. Sticks. Ges. 1861, p- 3*3. s- • c ’ __ 9
Bôm. Mittheilungen , V, 1390. p- ■
■ * uiP. * ^
. Gell. i, 2 : Pos_, JM
oral.
. VIII.
16, p. 89. — 8 Huclsen,
ilV, Jstit. V, pl. xv.
LITIS AESTIMATIO. 1 Aul. Gell. XX, 1, 34.
1; Diocl. Cad. Just. VI, 2, 13. - 3 Serv. ap. .T* *'b «* tf*4"
diones uxor non dabatur aut non ducebatut , qui s sei wcor '/"
tdices cognoseebant. Judex quant ob rem data . .
xt. Si nihil justae causae videbatur, litem pecuma aest ^ ^ slifutatui
œrat eam uxorem accipi aut dari, eum gui sP"/) rfss So"""n ’ . „
mdemnabat . - a Cf. Éd. Cuq, Institutions çUu «
4.6 ; Girard, Manuel, p. 965. - 3 Fest. s. v. V ^ fruc,us d¥
dit, si velit is {prae)tor arbitras très data. E 01 « ^
-ivnmrm tl prît/it.n : ef. Eli. Glltl, Op . Clt. L R P’
Lr
— 1269
ivi
. ,p nom d 'Airbitrium) Liiti) Ae.stiman-
Lbus s011'" ‘ . . re a-t-elle reçu une portée geneia e .
r|CetleCé Beaucoup d’auteurs pensent qu elle
On l’a conjeC ” touleS les fois que le jugement, rendu a
était nécfS®?'clion de la loi par serment, ne portait pas
lllS1“tede| sur une somme d’argent. Lorsque le juge
pïrectemen fondé de la prétention du deman-
m reconn" ]ieu à une procédure accessoire tendant a
\l rieiU l'objet du litige. Cette évaluation était
r'“ nf pour que le demandeur put exercer la
indispensa > <
L,«i»dVÇ«» ,e voh, œl conforme a ce que nous
I ““ “ h procédure de l'action de la loi par serment
BÏI'"S, r nersonnelic : on verra tout à l'heure que le
M“ ” fxtuniarum était suivi d'une lUUdnti-
El /est plus contestable en matière reelle, car
û wWn» citent qu'un seul cas où la revendication
|„ait donner lieu à une (Ma aestimatio en cas de
K mdicM. Pois l'exécution directe sur la chose est
en harmonie avec la conception antique du dioit de pro¬
priété ■ elle implique le droit de se faire justice lors-
Iquon a, au préalable, fait judiciairement reconnaître
l’existence de son droit L
Au temps de la procédure par formules, il est de
principe que toute condamnation est pécuniaire. Toutes
les fois que la demande a pour objet autre chose que de
l’argent, le juge doit estimer l’intérêt en litige \ La litis
i uestimatio est désormais la règle générale °.
| Le pouvoir du juge est à cet égard plus ou moins
■étendu suivant les cas :
1° Si la condemncitio, insérée dans la formule, est
|ce/7fl, il est interdit au juge de modifier le chiffre indiqué
I par le magistrat, sous peine de faire le procès sien ( litem
tuam far are)
I 2° Si la condemnatio est incerta, il faut examiner si
elle est infinita ou cum taxatione. Dans le premier cas,
aucune restriction n’est imposée à l’évaluation da juge8;
dans le second, il ne peut dépasser une certaine limite 9.
C est ce qui a lieu par exemple pour l’action d’injures :
si 1 injure est simple, le maximum est égal à la somme
iclamée par le demandeur10 ; si elle est atroce, à la
somme fixée par le magistrat pour le vadimonium
.''AMMONIUM, INJURIA].
I Si la condemnatio confère au juge le pouvoir de con-
femner a quanti en res est comme dans la condictio tri-
■jf/ ou a quanti ea res erit comme dans les actions
V itraires le juge doit limiter son estimation à la
■jeunenale delà chose ( vera 13 ou justa aestimatio )n .
werp m er>t' ^ Ulpien, ad pretium verum rei
I h* Civil pro-ess 5 ^e**eri Civilprozess, Irad. Capraas, p. 04; Karlow
UXl, P. 253 defLe9™ktionen, p. 154; Brini, Archivio giuridic
|leii fnni : ' hd- Cluli Op. Cit. t. I, p. 420, n. 2. — 4 Gai. IV, 48 : Omniu
| TOfannatio tune ClJndemna^onem habent, ad pecuniariam aestimatiom
r!mcot idnnnat ^‘a^ue c* si corpus aliquodpetamus... judex non ipse
rt Pw.uniam C"m 1U0 octum est , sicut olim fieri solebat, ( sed ) aestima
!’3" Pr. Au licu dC°nm"ftf- “ 5 Cf' Allcn' Vw. 3 «ig. a Paul. epit. Dig. XI
P' % 1X315 °n trouve aussi damni aestimatio : Ulp.
t 5l n
PiïncipiO' .1 Vr>. ° — 7 Gai. IV, 51 in fine. — *> Gai.
*P' Cli- » ad ed rE’ C°IL le°- Mos- H, 6, 1. — 10 Gai. III, 224. — U Cl
’71' ~ ls Javol < n • '?’ XUI’ 3’ 4- ~ 12 Gai. IV, 51 j-Paul. 13 ad Sali. Dig.
• » LDlst. VVVTr À - .
' javol A i?,,- i rx 1 ’ uni, h , oi ,'rdin. lu at
% XtV, 1, 72 XXXV’ â. Cl - - n Cols. 38 Dig. ap. Ulp. 2C
IJ- X||| 3, 8 : “ U1P- 56 a(i Ed. Dig. XLVII, 8, 4, i l ; Marcel. 8 :
l0us pi’ùtoriennp . , ", CSt Quanti res est litem aestimari. — *G Nombrci
1^. ,3l'i’eioiienncs . t , , ylu,ul rcs est litem aestimari. — 16 Nombrci
■ 1S, 10, 3. [y f " ^'9- Hi IC, 5 pr., 4 ; Gai. 1 et 4 ad Ed. p
\/ ’ ’ pr,> 3> 4! Ulp. 24 ad Ed. Dig. XI, 6, I pr. ; 3
4° Celte limite a été écartée à l’époque classique dans
toute une série d’hypothèses : au quanti ea res est on a
substitué le quod interest'6. Désormais le juge doit tenir
compte, non seulement de la valeur vénale de la chose,
mais de l’utilité qu’elle peut avoir pour le demandeur1, .
Les textes expriment cette différence en opposant Vutili-
tads aestimatio'* à la rei 19 ou corporis aestimatio
L ’utilitas résulte de faits très divers21 : l’esclave que je
réclame est mon fils naturel, ou il a été institué héri¬
tier22; le fonds de terre est contigu au mien23; il con¬
tient les tombeaux de mes ancêtres24, etc.
5° Certaines formules confèrent au juge le pouvoir de
fixer la litis aestimatio , soit quantum aequutn ei vide-
bitur 23, soit quod ejus ciequius melius erit26. L’action
d’injures est un exemple de la première formule; l’action
rei uxoriae de la seconde. Cette particularité, que présente
la rédaction de ces formules, a pour but d'élargir le pou¬
voir d’appréciation du juge. Dans l’action d’injures, par
exemple, même si le fait est certain, le juge pourra ne
prononcer aucune condamnation : Eurn qui nocentem
infamavit , non esse bonum et aequutn ob eam rem eon-
demnari 27 . De même, si le fait constitue à la fois une
injure et un injuria dation et que la victime
ail intenté l’action de la loi Aquilia, elle ne pourra
•ensuite obtenir condamnation pour l’injure, quoniam
desiit bonum et aequutn esse condemnari eum qui aesli-
mationem praestitit 28.
Dans l’action rei uxoriae, grâce à la clause quod ejus
aequius melius erit , le juge a un pouvoir plus étendu
que dans une action de bonne foi. Même s’il est certain
que le mari est tenu de rendre la dot, la litis aestimatio
sera modifiée suivant les exigences de l’équité. Si la
chose constituée en dot a été estimée et que la femme
ait été lésée par une estimation trop faible, ou le mari
par une estimation trop forte, le juge de l’action rei uxo¬
riae ne procédera pas comme le juge de l’action vendit i,
bien qu’il soit de principe que « estimation vaut vente »29.
11 modifiera en plus ou en moins le chiffre fixé par les
conjoints: le juge de l’action venditi n’a pas le droit de
changer les prix convenus30. De même, si celui qui a
promis une dot et ne l’a pas intégralement payée meurt
laissant la femme pour héritière, le mari ne sera pas tenu
de rendre ce qu’il n’a pas touché ; car la femme s’enri¬
chirait à ses dépens 31 .
6° L’estimation faite par le juge doit, dans certains cas,
être multipliée par 2, 3 ou i. Cette multiplication est fixée
parla loi ou par l’Édit à forfait et à titre de peine : l’action
furti inanifesti se donne au quadruple; l’action furti
concepti au triple; l’action furti nec manifesti au double.
L’unité est ici la vera rei aestimatio 32.
Ed. Dig. XXV, 5, 1, I; XXV, C, I, 4; cf. pour certaines stipulations prétoriennes, •
J,ab. ap. Ulp. 80 ad Ed. Dig. XXXIX, I, 27, 1 ; Venul. 8 Act. Dig. XLVI, 5, 11 ;
Papin. 11 Resp. Dig. XLVI, 8, 2. — U Ulp. 28 ad Sab. Dig. XIX, 1, 1 pr. : Quod
rem habere interest emtoris... interduin pretium egreditur, si pluris interest
quant res valet vel emta est. — 18 Paul. 10 ad Ed. Dig. XI, 3, 0 ; Papin. 12 Quaest.
Dig. XLVII, 2, 80, 2. — '9 Ulp. 38 ad Ed. Dig. L, IG, 103; 51 ad Sab. eod. 170.
_ 20 Papin. Loc. cit. 80, 1 ; Paui. 22 ad Sab. Dig. IX, 2, 22, 1. — 21 pcd. ap.
Paul. 2 ad Plant. Dig. IX, 2, 33 pr. - 22 Pompon, ap. Paul. 17 ad Ed. Dig. XL11I,
16, G. — 23 Jav. 8 Epist. Dig. XXXVIII, 2, 3G ; Ulp. 44 ad Ed. Dig. XXXVIII, 5, I,
15. — 21 Terent. C.lcm. 13 ad 1. Jul. et Pap. Dig. XXXI, 54. — 23 Mêla ap. Ulp. 57
ad Ed. Dig. XLVII, 10, 17, 2. — 20 Cic. Top. c. 17, GG; De off. III, 15, 61.
_ 27 Paul. 55 ad Ed. eod. 18 pr. — 28 |d. Dig. XLIV, 7, 34 pr. — 29 Ulp. 34 ad
Sab. Dig. XXIII, 3, 10, 4 el 5 ; Jul. ap. Afric. 8 Quaest. Dig. XX, 4, 0, 3.
— 30 Pompon. 14 ad Sab. Dig. XXIII, 3, 6, 2. — 31 Lab. ap. Jav. 6 ex Poster.
Dig. XXIV, 3, GO, 7 ; cf. Proc. 5 Epist. Dig. XLVI, 3, 82. — 32 Sur une taxatio
' que pouvait contenir la formule, cf. Lcnel, Dos Edictum perpetuum, p. 263.
160
JT
7° Dans 1 action de la loi Aquilia, la formule porte
quanti plurimi ea res fuerit : le juge doit rechercher la
plus haute valeur que la chose a eue dans l’année ou
dans les trente jours qui ont précédé le délit. Cette règle,
posée par la loi pour 1 estimation du délit prévu par le
premier chapitre *, fut étendue par la jurisprudence au
troisième chapitre2.
8" La litis aestimatio joue un rôle spécial dans les
actions noxales et dans les actions arbitraires.
Dans les actions noxales, la formule porte nul noxiam
sarcire aut in noxam dedere oportere. C’est du moins
ce qui est attesté pour l’action de pauperie par un frag¬
ment d Ulpien J sur lequel M. Moritz Yoigt a le premier
appelé l’attention L Le défendeur condamné peut, à son
choix, payer la litis aestimatio ou faire l’abandon noxal.
A première vue, il semble qu'il y ait là une alternative 5 :
mais cette manière de voir n'est pas d’accord avec les
conséquences déduites par Ulpien du principe qu’il a
posé. Si l’obligation était alternative, la mort de l’esclave
ne devrait pas faire obstacle à l’exercice du droit du
demandeur à la litis aestimatio. Or plusieurs textes dé¬
clarent que ^défendeur n’est tenu que propter sermon G,
et par suite que l’action est éteinte si l’esclave périt avant
la litis contestatio1 .
Dans les actions arbitraires, la condamnation à la
litis aestimatio est subordonnée au refus du défendeur
de fournir la satisfaction indiquée par le juge. Puis cette
estimation est ici faite par le demandeur lui-même sous
la foi du serment [jusjurandum, p. 771].
Les jurisconsultes classiques s’accordent à dire que la
litis aestimatio vaut vente8. Le demandeur en revendi¬
cation, qui en reçoit le montant, est réputé avoir vendu
la chose au défendeur. Celui-ci possédera désormais pro
emtore 9 ; il aura l'action Publicienne 10. S’il a perdu
la possession par sa faute, il a droit à la cession de l’action
réelle du demandeur pour pouvoir se procurer la chose
dont il a payé le prix11. Cette cession lui serait refusée
s’il avait perdu la possession par dol12. On lui refusera
également l’action Publicienne, afin, dit Pomponius, qu’il
ne soit pas au pouvoir de chacun d’arriver, par rapine, à
acheter du propriétaire, malgré lui, une chose à juste
prix 13. La règle : litis aestimatio vaut vente, n’est pas en
effet absolue : comme la vente n’est pas volontaire, le
demandeur n’est pas tenu de garantir le défendeur
contre l’éviction u.
Au Bas-Empire, le principe des condamnations pécu¬
niaires a disparu avec la procédure formulaire. Le juge
peut condamner le défendeur à restituer la chose même
qui est revendiquée. La litis aestimatio n’a plus ici d’ap¬
plication que lorsque le défendeur n’a plus lapossession '5.
1 Gai. III, 214. — 2 Sab. ap. Gai. III, 218. — 3 Ulp, .g ad Ed. Dig. IX, 1, I,
11. — '* Das jus naturelle, t. III, p. 798. — 6 Lenel, Edictum perpetuum,
p. 155; Girard, Manuel , p. CG2. — G Ulp. 37 ad Ed. Dig. IX, 4, 42, 1. — 7 Ulp.
Dig. IX, 1, 1, 13; cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. I, p. 370, n. 3. — 8 Jul. 19 Dig. Dig.
XXV, 2, 22 pr. : Qui litis aeslimationem sujfert cmtorie loco habendus est] Ulp.
10 ad Ed. Dig. VII, 2, 7, 1. — 9 Gai. 6 ad Ed. prov. Dig. XLI, 4, 1. — 10 Jul.
22 Dig. ap. Ulp. Loc. cit. — 11 Papin. 12 Ijuaest. eod. 03. — 12 Paul. 13 ad Sab.
eod. 69. — 13 Pompon. 29 ad Sab. eod. 70. — n Paul. 21 ad Ed. Dig. VI, 1,
35, 2. — 13 Inst. IV, 17,2. — 16 Cic. P. Mur. 20. — 17 Cic. 2a in Verr. I, 38 et 39.
— 18 Cic. P. Cluent. 41 : Hic profertur id quod judicium appellari non oportet,
P. Septimii Scaevolae litem eo nomine esse aestimatam. Cujus rei quae consuc-
tudo sit, quoniam apud hommes peritissimos d.ico, pluribus verbis docere non
debeo... Cum de reo judicarunt, negligentius ( judices ) attendant caetera.
— 19 Ibid. : Numquam ea diligentia, quae solet adhiberi in ceteris judiciis,
eadem reo damnato adhibita est. — M Ibid. ; Aestimationem litium non esse ju
dicium. — 21 Tac. Ann. I, 74. — Bibuoguaphie Kcller, Der rômische Civilprozess,
H- La lit18 aestimatio dans les quxesii
Ce n’est pas seulement en matière civi] SperPeluai
à. faire l’estimation du litige : il en était deZ ^ juge a'ait
laines quaestiones perpetuae, telles niio l dllnSfer-
latus et la quaestio repetundaruni. Dans
Cicéron dit, au sujet de la première • //, ro
ma tac1*. Dans un de ses plaidoyers con^T^
rapporte, au sujet de la quaestio repetuZT Verrf *
contre Cn. Dolabella, le début d’un 1)1, P ’"W1ilUentée
conçu : Ex litibus aestimatis Cn. DolaZu ^ ahlsi
niae redactae 1T. ae Pr- jieJ.
Les délits qui donnaient lieu à ces nrur ,
chaient beaucoup des délits privés nui J" ^ rapH
atteinte portée au patrimoine. La tninrlT^ m
darum présenta même au début une r< "
plus : d après les deux premières lois
ressemblance de
celte quaestio, la loi Calpm-n ia et laïoiJunta ÏÏ™"-?
doit être intentée dans la forme or.ilint.Ire’ ^ T '
privées l'action de la loi par serment. C'est «J
depuis la loi Acilia que la quaestio repetundarum&oM
lieu à un judicium publicum.
Les juges de cette quaestio avaient un double jugemeJt
à rendre : ils devaient se prononcer sur l’existence du
délit, puis sur le montant delà condamnation. Ce second
jugement n’était pas sans difficultés : il y avait souvent
un grand nombre d’accusateurs ; par suite, il fallait esti¬
mer l’intérêt du litige pour chacun d’eux. Ces litium
aestimationes étaient pour les juges un grand embarras]
Cicéron dit qu’ils mettaient peu d’empressement à les
régler 18 ; ils croyaient en avoir assez fait en se pronon¬
çant sur la culpabilité 19. Tous les jours, continue Cicé¬
ron , nous voyons les juges qui ont condamné un citoyen
de pecuniis repetundis absoudre, lors de l’estimation du
litige, ceux qui ont profité de l’argent. Il ne faut pas en
conclure que le jugement de condamnation est rescindé,
mais que l’ aestimatio litium est tout autre chose qu'un
judicium 20.
Sous l’Empire, lorsque le jugement du crimen repem
tundarum fut transféré au sénat, la litis aestimatio fut
confiée à des récupérateurs21. Edouard Cuq.
LITIS CONTIÎSTATIO. — Organisation d’un litige'!
L’expression litis contestatio vient de litem contestai') ,
constater par témoins le caractère du différend (jtinjwm j
ou conlroversia3) qui se transforme en un litige ou Pr0(jB
déterminé relativement aux parties en instance, alo J®
et au juge de la question.
Huschke croit voir l’origine de la hlu J
comme celle de plusieurs formalités de la PI l9C | B
solennelle des actions de la loi [legis adiones), dà n> ^
formes de la procédure antique suivie par lc^ l CM I
,1, |V, t,; Pdlat,^!
trad.Capmas, 1870; Rudorff, HOmische Ilechlsgeschichie, . > Bel|imann-HoU"',S<
des principes généraux du droit romai n sur lapropi n h .• ' 1864-188®
Der Civil prozess des gemeinen Rechts in geschichtlic ,/.(;0nett*! rôm '
l. I,p. .89 et suiv.; I. II, P. 023, 720; t. III, P- 293 î ^Irosess
Privatrechts, 1871, t. I, p. 79 et suiv. ; Karlowa, Del ro > • historigW ia H
der Legisactionen, 1872 ; Ortolan et J.-E. Labbé, Exp ( t. f
titut, de Justinien, t. III, 2* éd., 1883 ; Accarias
1891, 4. éd. ; Éd. Cuq, Us Institutions juridiques de ^
Moritz Voigt, Das jus nalurale, aequum et banm j°ôlllisches «f
t. III, 1875 ; Brini, Archivio giuridico, t. XXI , i 189j..899. JJ
1899 ; Moritz Voigt, Rômische Hechtsgeschichte, . ’ „„ coHoci ve, f0” J
LITIS COINTLSTATIO. 1 On dit aussi ordtnare J i uUnut ,1
Urne : Cic. part. orat. 28. -testas, Bp. *• y- eont^ ■ a(lecmM
dicit : testes estote. Contestari litem. dicuntui ’ ^ ^ - ' ■
ordinalo judicio utraque pars dicere soht ■ (S
fr. 11 D. De Jud. V, I. — 3 Nonnius, S; v. Jurgi
LIT
— 1271 —
i&re de réclamations in
ternationales1, appelées aussi
JUS FETIALE, FOEDUS]. La litÜ COÏi-
’lites 1 voir (;JA "com’mel 'indietio belli* en cas de litige
L'/fld«aural, ' J uoe g01.Le de déclaration solennelle de
du droit des ayec invocation des témoins,
guerre judlt'ia^ ’ u 'que L parties auraient pu récuser
lacceptau ^ • ja litis contestatio aurait été intro-
pt^'^ïr logis actio Per sacrammtum [Actio],
il.e unrovocatio sacramento quingenarie * ,
ri’S < ... _ lin ÎM.Q-P. Tmil? 1 P. t/T
au
aP'VS Ses parties recevaient un juge pour le tren-
"l0llien D’aUtres origines ont été attribuées à la litis
,tième miles interprètes auxquels nous renvoyons s.
rT^f^Uétait usitée dans le système an-
Lue de la procédure des actions de la loi. Les parties
liaient à témoin les personnes présentes in jure du
Ictère nouveau donné au litige, dès que le magis-
Ities aVait re nvoyées devant un judex, un arbiter ou
[devant un tribunal permanent comme les centumvirs.
partir de ce moment, le droit de lege agere était épuisé ;
il n« restait plus que le droit de poursuivre la solution du
lUige devant le juge dans l’instance in judicio. Ce droit
■primitif était éteint ipso jure, etnepouvait plus être l’objet
dune legis actio: ne bis de eadem re sit actio 6. Ainsi, la ,
litis contestatio avait alors, en général, l'effet qu’on
appelle consumtio actionis \ indépendamment des
[exceptions qui n’étaient pas directement pratiquées dans
■ ce système de procédure.
I Huschke et Rudorff 8 regardent la litis contestatio , à
l’époque des actions de la loi, comme un double acte uni¬
latéral promissoire, par lequel chacune des parties ( reus
ïuterque) était réputée s’obliger à respecter la sentence
I [mtentiae stari.) 9, et le défendeur notamment à subir
les suites de la condamnation éventuelle, condemnari
I hortere.
I 11. Lorsque la loi Aebutia eut supprimé en partie les
| solennités des actions de la loi, pour y substituer la pro-
■cédure par formules, elle dut rattacher les effets juri-
idiquesde la litis contestatio 10 à la dation du juge par le
■magistrat, c’est-à-dire à la délivrance de la formule,
jiiiicis addictio ou datio “.La litis contestatio fut donc
Béputée accomplie par le dernier acte de l’instance in
■pm, par celui où le préteur nommait le judex dans la
formule d’action et lui posait la question du litige, en
ses pouvoirs. Après cette litis contestatio
1 investissant de
■Jli'e, puisqu il ny avait plus de témoins à invoquer,
■mmnu.iii 1 instance in judicio, qui devait se terminer
a P1 n mpiion [judicium moritur , exspirat l?), ou
X pa SU1(1' UCe’ °U Par translatio judicii. Les inter-
de Gaius’ irompés par
i qui s applique a un cas de cognitio
’ÏÎuaeÎÏ’, !i34^ eïn..Z * Ti‘-.Li;; [’ 5-’ - 3 TiL Liv. I, 32 ; Dionys.
II, U
I ce sinsunc lacune de Gains' l V [Iluochke> Die Multa , p. 141, note 252, comble t„
| ^lil. des CMlpnc. p. ». V' P,uchta' C,lrs"s institut. II, § 172 ; Heffter,
r1 Eiselc, j InUrklumn^r K°ller’ CivilProc- § S9; Rudorff, H. Rechtsg. Il’
I L P- «7. - 0 Gains, IV. 108 ; Plant. Zens,
n rt,,ï' H, 678, p. 200 ‘ ' ’ ®:vQumta- V|L G, 4; Savignv, VI, 622; Rudorff,
Die Midta n u-S’ , l.'0irsup la consumtio actionis et scs motifs
t ,34;K<,|lcr. Civilproe s’c.?°0'54’ et lcs aut°urs cilés par Bckker, Aktionen
îv ? "l Sw’ -«Fr 3 Dn'v, ’ 269' UOl° 712- - 8 A *<*>“*«■ ». § 71
H^-UGaiu, , iV ’I^3 01 11 D’ XV’ 1 I Gai“3- 1». 4S0; Cic
J.V, 1
• y18 Gain., (y
lcs formules é
oir sur Y addictio iudicis, fr. 12. S 2 1)
■c ’ ‘H-~Ù7:.7r î“LGa.iu*> ,V> 34 et 36, 37, 46, 47, 136.
Utll ' j' m. Demandât r ' , S l'tB COnt' clc ®ePlime Sévère et Antonin
1 r"1'1'. Ciriljroe, » UJS de dr- ». P- 488.
■ G. f §§ 50 et 5q. q P’ 4S8‘ — 14 t)l‘ Caurroy, 11, n» 1175;
IL ,3S'V’ ‘LLL V‘SDy’ V1’ v. fr. 1, § 2 D. II, 12 ; fr. 28!
| ‘ fr' 3ü u- L. 10 ?’10;.48 ; fp’ 11 D- S. 1. - «6 Varr. VII, 93,
' Clc‘ P- Ouint. Rose. U, P. Flam. 11;
extraor dinaria, avaient cru que la litis contestatio
s’opérait devant le juge privé, in judicio. Cette erreur
est aujourd’hui universellement abandonnée u. En effet,
au point de vue du défendeur, les textes assimilent
la litis contestatio nu judicium acceptum , à la soumis¬
sion à •l’instance**. L’affaire, dès la délivrance de la
formule qui ne peut émaner que du préteur, prend le
nom de lis, litige10, ou de lis contes/ata 17, ou bien lis
inchoata 18, res constituta, in judicium, in condemna-
tionem deducta'9. On dit aussi de l’instance qu’elle est
organisée ou commencée, judicium factum-", coeptum,
acceptum , contestatum21 . Comme le mot judicium
signifie parfois aussi l’action elle-même, par exemple
quand le préteur dit judicium dabo 2-, il en résulte que
judicium acceptum , qui est synonyme de litis contes¬
tatio incontestablement23, est l’équivalent de la déli¬
vrance de la formule n, laquelle a lieu nécessairement
injure, devant le magistrat seulement.
D’ailleurs, lorsqu’un créancier ayant pour la même
dette plusieurs cautions ( fidejussores ) poursuivait l’un
d’eux pour le tout, un rescrit d’IIadrien permettait à celui-
ci de demander la division de l’action entre les fidéjus-
seurs solvables au moment de la litis contestatio 23
(benefteium divisionis ) [intercessio, t. Y, p. 553, n. 27^.
Or l’action ne pouvait être accordée pour partie que par le
magistrat qui la détenait et qui n’aurait pu lire dans l’ave¬
nir pour prévoir une insolvabilité future in judicio. Donc
la litis contestatio avait lieu devant le préteur injure 2B.
[L’opinion qui précède était, récemment encore, la plus
répandue27. Elle a été combattue par M. Wlassak2*.
D’après lui, elle est en contradiction : 1° avec les textes
qui présentent l’institution d’un juge comme indépen¬
dante de la litis contestatio29 ; 2° avec les textes qui
parlent de l’acceptation àu judicium par le défendeur30.
En réalité, le défendeur reçoit le judicium du deman¬
deur. La litis contestatio a lieu au moment où le défen¬
deur reçoit du demandeur la formule rédigée par le
magistrat. Les avis sont partagés sur le point de savoir
comment se fait la remise de la formule au défendeur?
M. Wlassak pense qu’elle peut avoir lieu de diverses
manières : en dictant la formule au défendeur, en lui
remettant une copie, en l’invitant à copier la formule sur
l’album31. M. Lenel croit au contraire que le premier
procédé était seul usité32. En somme, d’après cette nou¬
velle manière de voir33, la litis contestatio résulte d’un
accord de volontés des parties, de l’acceptation par le
défendeur de la formule proposée par le demandeur.
C’est pour cela que le jurisconsulte Marcellus a pu rappro¬
cher judicio contrahere9’' et contrahere in stipulatione,
de même que Gaius rapproche la novation résultant de la
Pi’isc. VIII, 4, 18; Gaius, III, 80; Huschke, Zeitschr. X, 339, 310. — 13 Val.
fi-agm. 263; fr. 41 pr. V, 1. — '9 Cic. P. Caecil. 3, 8; fr. 3, § 3 D. XIX, 1.
— M Cic. Verr. Il, 13; fr. 8, § 1 D. IV, 7 ; fr. 13, XUV, 1. — 21 Fr. 7, § 1 l).
V, 3; fr. 19 D. XXIV, 3 ; c. 1 cl 2, C. J. 111, 1. — 22 Fr. 1 D. VI, 2. Cic. P.
Caecil. 3; Verr. Il, 27. - 23 Fr. 25, §8 D. XXI, 1. — 2> Fr. 28, §1 D. V, I.
— 23 Gaius, III, 121; Instit. J. III, 20, § 4. — 2G Du Caurroy, Instit. expi.
Il, no> |075, note b, et 1331. — [27 Windscheid, Die Aklio der rôm. Civilrechts,
p. 4o cl 51; Rudorff, Rôm. Rechtsg. t. II, p. 234; P. Kriiger, Konsumtion ,
p. 17; Brinz, Pandckten, t. I, p. 323; A. Pernice, Zeitschrift für Rechtsg.
t. XVIII, p. 56 ; Accarias, t. II, p. 723-724. — 28 Wlassak, Die Liliskon-
leslation im Formularprozess . — 29 Paul. Dig. V, 1, 28, 4; Maccr. 1 , Dig. I,
18, iG. — 30 Cic, P. Quinctio , c. 20, 63 et 64; c. 26, 82-83; Gai. IV, 163, 165 et
170 ; cf. Wlassak, p. 34. — 31 Op. cil. p. 50 et suiv. — 32 Lenel, Zeitschrift der
Savigny-Stiftung, 1894, t. XV, p. 374 et suiv. — 33 Elle est critiquée par Moritz
Voigt, Rôm. Rechtsgeschiclite , t. 1", p. 134, n. 11. — 31 Ulp. Dig. XV, i, 3, 11 :
Cicéron (De leg. III, 3, 6) et Yalèrc Maxime (VIII, 3, 2) parlent également de Vîtes
contrahere.
LIT
— 1272 —
lit
litts contcstatio et celle qui s’opère par un contrat verbal1.]
III. Les effets de la litis contcstatio étaient considé¬
rables 2 à l’époque du système de procédure formulaire,
c’est-à-dire depuis la loi Aebutia jusqu’à Dioclétien [voir
ACTIO].
En effet : 1° le procès est organisé quant aux parties
en litige, et l’instance ( judicium ) peut se continuer,
même en l’absence du défendeur (rews),qui pouvait être
absous ou condamné3; seulement les effets de la sen¬
tence différaient à l’égard d’un défaillant4.
2° Le droit d’action du demandeur est éteint, soit ipso
jure, soit au moyen d’une exception, ex ceptionis ope.
En effet, avant la litis contestatio , le débiteur était tenu
de ( lare ou c/are f acere] après la délivrance de la formule,
il était considéré comme tenu de subir une condamnation
éventuelle, condemnari oportere, et, après la sentence, de
judicatum facere \ Mais l’extinction directe de l’action,
d’après le droit civil, ne s’opérait que sous les conditions
suivantes : il fallait que l’action fût in personam et in jus
concepta , et que l’instance fût de celles qu’on appelait
légitimes, judicium légitimant 6 [voir judex, judicium],
c’est-à-dire qu’elle eût lieu à Rome, ou dans le rayon du
premier mille, devant un seul juge, citoyen romain ainsi
que les parties; sinon le judicium était réputé imperio
continens , par l’absence d’une seule de ces conditions 7.
Peu importait du reste que l’action fût née d’une loi ou
du droit prétorien 8, pour que le judicium fût ou non
légitime. En conséquence, lorsque l’action était in rem ou
in factum, ou le judicium imperio continens, le droit de
Yactor n’était pas consommé ipso jure 9.
Néanmoins il avait été déduit en justice, et il pou¬
vait être écarté, en cas d’action nouvelle, par l’excep¬
tion de chose déduite en instance, rei in judicium
deductae 10, ou même s’il y avait eu jugement contre le
demandeur, par l’exception de chose jugée, rei judicatae
exceptio'1 [voir exceptio]. La première exception était
surtout utile lorsque l’instance avait fini par la péremption
de dix-huit mois établie par la loi Jnlia de judiciis pour
les instances légitimes, et pour les autres par l’expiration
de Y imperium du magistrat qui avait délivré l’action12.
L’effet consomptif de la litis contestatio peut-il per¬
mettre de dire qu’il y a ici novation judiciaireNsoit ipso
jure, soit par voie d’exception? Beaucoup d’interprètes13
l’admettent et voient ici une novatio necessaria par oppo¬
sition à la novatio voluntaria. Cette idée parait vraie dans
le droit de Justinien où l’expression novatio est claire¬
ment employée pour désigner l’effet de la litis contestatio
et du jugement14. Elle est bien plus douteuse auparavant
à cause du silence de Gaius13 et malgré certains textes
ambigus; car s’il est vrai qu’on peut utiliser volontaire-
1 Gai. III, 180. ] — 2 V. Bethmann-Hollneg, Civilproc. § 103; Demangeat, Cours
élém. II, p. 479 ets. ; Keller, Civilproc. §§ 60 et s. ; Rudorff, Rôm. Rechtsg. II, §§ 72,
75, 78, 80, 81 ; Burchardi, Lehrbuch, II, § 76, p. 166 et s. — 3 C. 1, C. J. \ II, 43.
4 Fr. 17, § lct fr. 18 D. V, 2; fr. 14, § 1 D. XLIX, \ ; Ortolan, Expi. hist.des Inst. III,
U0 2045. — 5 Gaius, III, 280, 281 ; Keller, Civilproc. §§G0, 71 ; Wachter, Eroerterung
111, 47 et s. ; Bekker, Consumpt. p. 301 et s. ; Rudorff, Rechtsg. II, § 81, p. 270 et s. ;
Ortolan, III, 2046. — 6 Gaius, III, 103, 104, 109. — 7 Gaius, IV, 105. — 8 Gaius, IV,
109. — 9 Gaius, IV, 106. — 1» Gaius, IV, 106, 107 ; Cic. De or. I, 37 ; Demangeat,
Cours élém. II, p. 674, note 3, et p. 682 et s. ; Rudorff, Rechtsg. II, § 79, p. 266 ;
Keller, Civilproc. § 71 ; Savigny, VI, § 881. — 11 Instit. J. IV, 13, § 5 ; fr. 1, 6 et
7, § 4 D. XLIV, 2. — 12 Gaius, IV, 104, 105, fr. 30, § 1 D. IX, 2; Demangeat, II,
p. 665 et s.; Ortolan, III, n« 2046. — 13 Fr. 60, Dig. XLVI, 1; fr. 11, § 1 D.
XL VI, 2. Voir en ce sens Keller, Civilproc. § 60, p. 265 ; Ortolan, III, n“‘ 1704 et
«046. — 14 Fr. 3, C. J. VII, 54. — 15 Gaius, III, 180, 181. Voir en ce sens Demangeat,
I, p. 495 et s.; Bekker, Consumpt. p. 283, 501 et s ; Wachter, Eroerterung, III,
p. 27 ; Rudorff, Roem. Rechtsg. II, § 81, p. 270 et s. — 16 Vat. fragm. 263, fr. 11,
l D. XLVI, 2, fr. 60 D. XLVI, I. — n Fr, 11 pr. et §1 D. XIII, 70. — 18 Keller,
ment la litis contestatio pour faire une déb •
novation par changement de créancier18 ],v !'Satl0n 011
exigent pas moins, en général, Yanimus noLT* “T
condition essentielle de la «ovation, qu-ii:::lC0N
1 effet nécessaire de la litis contestatio 17 D’-iilf ■ à
ne saurait nier que celle-ci ne produise des J!!. 0n
fort différentes de celles de la novation véritable??
effet, la première conserve les privilèges et accesBoLÏ
la creance et ne nuit pas en général au créancier»
outre, eUe n'arréte pas le cours des intérêts conwMi„„^
de la dette-0. Il y a un cas cependant où la luk
tatio nuit au créancier: c’est lorsqu’elle a lieu avecV*'
des débiteurs corréaux; les autres sont libérés par l'effJ
in rem de la litis contestatio 21, ce qui fut supprimé J]
lement par Justinien 22.
3° En général, le juge devait, pour apprécier le bien
fondé de la demande, se placer au moment de la lith
contestation. L’équité voulait, en effet, que la sentence
réglât les rapports des parties, comme si elle avait pu]
être rendue au moment où elles étaient présentes injure
devant le préteur24. L’estimation de la chose due sans
terme devait avoir lieu au moment de la litis contestatio
excepté dans les actions bonae fidei, où d’après la loi 3
§ 2, Dig. Commod. XIII, 6, elle avait lieu lors de la con¬
damnation. Les fruits sont dus ex mora dans les actions
stricti juris, à partir de la litis contestatio, mais elle ne
suffit pas pour faire courir les intérêts morutoires (usurae
ex mora) dans les actions stricti jurisn, sauf dans cer¬
tains cas, comme celui de la demande d’un legs sinendi
modo 20 . Le possesseur, en cas de revendication, devait
les fruits, s’il était de mauvaise foi ; et, dans tous les cas,
le possesseur de bonne foi, à partir de la mise en demeure
qui pouvait précéder la litis contestatio , devait compte
des fruits que par sa faute il n’avait pas perçus, et de ceux
qu’il avait perçus et consommés 21 ; s’il succombait, il
devait même, au temps de Paul, restituer le double des!
fruits perçus ou qu’il avait négligé de percevoir, ex die\
acepti judicii™. Une fois l’instance engagée, le défen¬
deur pouvait-il échapper à la condamnation en satisfais
sant le demandeur avant la chose jugée’29? Les Procu-
liens l’admettaient seulement dans les actions in mnofl
bonae fidei 30 ; les Sabiniens, au contraire, dcc.dmen
omnia judicia esse absolutoria n , solution "’iiir j
plus tard par Justinien32.
4° La litis contestatio assurait encore
actions en interrompant \e praescriptio longi ,m^.
en rendant perpétuel le droit qui n était q"1 1 11 .w
comme celui fondé en general sur 1 ctl , ^
transmissible aux héritiers le droit, qui iu ‘ ème
été de sa nature33, comme 1 action <i|nJul
19 Fr I
Civilproc. § 60, p. 267 de la trad. ; Ortolan, III, n- 1704. - ' ’ fl,ag.
fr. 86 87 D. L, 17. - Fr. 29 D. XLVI, 2, comparé au fr 35 ^ ){ *
Paul. _ 21 Paul. Sent. IL >7> 10 ' . ,, 23 Fr.
n i -«c. mc ./fc/w-viM'- 6I,
’ ; fr. 8 D. XLII, 1 î * SW***'
_ 24 Fr. 91, § ? ! D'g- ..A
eflicacité des
ris”,
aire.
ment s d’un môme texte de
duob. reis. XLV, 2 ; fr. 5, De fid. XLV
23 et 35, D. V, I ; fr. 38, § 7 D. XXII, f
146 et s. ; Rudorff, Rechtsg. II, § 80, p. 268 et s , . .
geat, II, p. 480 ; Savigny, System, VI, §§ 201 et s. ; ^ , : C.. I, < • J.
_ 25 Fr 30 D. XII, 1 ; fr. 32, § 2 et fr. 35, 38, 7 , D. X ^ % 4; ,
cond. indeb. ; Savigny, VI, S fr. — 20 f'al“s ’ ’ " j De off. ‘
. _ 27 Fr. 27, 8 7 D. V, 8 1 g 8«, p. . ?
Ç /!” p, Ov»l
Keller, CMlpr°‘-> De
Sent. III, § 4. ■
Coiii|,arer
5,.,. 1. 1, M, V, IX, 2. - S -
* « . «**?•. *• s? !. s «... ». «tv,;;
’ 11 vflVf
Paul. fr. 84 D. XLV, 1. - 31 Gaius, IV, 1
Civilproc. § 67, p,
... pfXU1
,2; C. f, C. J. VH, J r n u l7; fr.
7; Instit.- J. IV, 12 pr. ; Gaius, IV, 110, 11 1 - — 1 fr'
58 D. XLIV, 7 ; Gaius, IV, 112, 113.
308 et s. ; Puclita, § I72
et temp. actionibus. — 33 Fr. 9,§ 3 D. XII
LIT
lit
_ 1273
. lo nrjvée était transmise contre les hén-
Lion Pénal ^ après la litis contestatio, et meme
exceptionnels, après la simple demande,
. , i 'instance organisée donnai! un droit
il »<»” ' m,i passait aux héritiers avec le
i v a
j-ins certains cas
** L’inslance
, linp dette qui r
W* 01 , , j/funt activement ou passivement.
Patrim0i”e lisibilité des obligations délictuelles par
L IU rif ris conteMtio tut applii|uéc au !»• siècle
| lïffel ^ 4 ,7 - a 3 H y eut dès lors une litis con-
|»ux ;W'C!lqière criminelle comme en matière civile L]
Wtatl°Z h litis contestatio , aucun changement dans
I Aliments de l’instance 5 et dans la formule (formula
k5 ne pouvait s’opérer sans l’intervention du pre-
WülT\ k lieu de l’instance était fixé pour toute la
ile’ du procès h Cependant, le magistrat supérieur
K mil le droit de suspendre l’instance, par exemple
C prévenir un préjudice5 (vetare, sustinere , dtfferre
I L cium), d’ordonner aux juges de se réunir pour pro¬
noncer un jugement3, judicare jubere , jrronun tiare
wmi, d’éclairer un juge sur une question de droit qui
_|’embarrassait10, d’assurer l’exécution du jugement par des
t mesures provisoires 1 1 . Mais ce droit de contrôle et de sur¬
veillance du préteur n’allait pas jusqu’à détruire 1 indépen¬
dance de l’of II ce du juge, ou absorber le droit déjuger12.
En cas de mort du juge13 ou de l’une des parties14 ou de
constitution d’un procureur15, le magistrat ordonnait un
remplacement de personne, judicii vel litis translation
P qui pouvait s'opérer par un changement de nom fait par le
f prêteur dans l’institution du juge ou dans la condemnatio
I de la formule. Mais une translation de l’objet du litige
r ne pouvait s’opérer que par restitutio in integrum1'1 .
I Par la même raison, la chose litigieuse était frappée
d'inaliénabililé depuis la litis contestatio11 . Celui cpii
■avait acheté sciemment d’un non-possesseur un fonds
[ litigieux pouvait être repoussé en agissant contre
1 le possesseur par l’exception rei litigiosae 18. Sous Jus¬
tinien,! acquisition par un tiers de la chose disputée entre
! deux autres personnes est frappée de nullité13.
B C“ La nature quasi contractuelle de la litis contestatio
ne permet pas, en général, à un mandataire de repré¬
senter directement son mandant in judicio 20. De là ce
principe qui remontait au temps des actions de la loi, et
■ni ne permettait pas de lege agere aliéna nomine, si ce
■ est pour le peuple, c’est-à-dire pour une cité, ou dans
■ procès de liberté21, ou pour son pupille, ou en vertu
■ a °* H°stilia à raison d’un vol au préjudice d’un
1 fait, J. iv i3 < , . .
|u„.ni ’ l2’ ^ 1 m fine. - 2 Fr. 33 U. XL IV, 7: Démangeât,
■L„m’ J’,0"1"’ 11,1 20i5’ 2246. — [3 Modest. Di, J. XLVI1I, 2, 20 : Ex
^P°rut)i adendnl0nm a^m'ss's non tdiae transeunt adversus heredes poenae
f Bleris *’ 'l"am s> Rs contestata [nec] condemnatio fuerit secuta...
nota si/ j>uuia ’nc‘pere ab herede ita demum potest, si vivo reo
’>0n fuit condemnatio secuta. Paul. Dig. XL1V, 7, 33.
fmp S“^-echt, p. 392.] - Si Cic. Depost. 28; De inv. Il,
D- -XXXIX, C. _ VV r' ,JumL Rosc. U ; Auctor ad Héron., 1, 12 ; II, 12 ; fr. 42
l" *Fr- 3, § i • r,- Tn u*f‘ 107, h‘ 16, 17> 73 D' ni- 3- — 7 Fr- 30 D- v’ '■
riri“i 20, «0 ’r„ l; fr- 7I § * d. XL, 12; fr. 12 D. V, 1. — « Lex
I P. 247. — io p., u- ’ i 1 î v. Zimmern, II. Gesch. § 11; Rudorff, II,
U"* bat. 1,2, _ ® 1 D- V- 1 ; Oeil. XIV, 2. — Il Fr. 5 D. V, 3 ; Cic. ad
I ’ t; liel|cr, s os- 7 IC' err' l[’ 13> 33i fr- 7 pr. D. XLV11I, 11 ; fr. 79, § 1 D.
vrrv iib- - 13 5*, v, ü ^ «, xxv», 7.
fci": b fr. 29 D.’ XXXVIII l},' xn’ 5 ; fr- 17 à 27 ; fr- 4*’ § 7 i fr- 4C- - 13 ûe
■ P '*ras, IV, 37. fr 4G s ’ j R“dorff, Rüm. Reclitsg. II, § 75, p. 247 et s.
IV„ÎV 01 2- XI.IV, o-’c 1 V“’*J fl'- 7- § 4 D- IV. 4; fr- *.§ 5 D. XIV, 5.
l,p j.’ '' 1 b- XUX, j. n ’ 1 ' "n> 37 ! frag- De jure faci, §8. — i» Gaius,
„ , *• ",9 C. 4 j ' °'en' Ausgew. Lehren, no 2, p. 57, 1848; RudorfT,
I P °u Pr°meltpe nftl 37. — 20 pas pllls qu’on ne pouvait
PUt SUtrui-fr- un. XLVI, 7 ; fr. 10, g 10 D. XLVI, 4;
absent rei publicae causa22 [legis actio]. Dlus tard, et
sous le régime formulaire, il fut permis de plaider par
procureur ( procurator ) ou par cognitor. Ce dernier était
constitué par formule solennelle en présence de l’adver¬
saire, sans qu’il fût nécessaire que le cognitor lui-même
fût présent23. Le mandat du procureur pouvait s’établir
solo consensu, et même la gestion d'affaires être en ce
cas ratifiée après coup 2\
Voici le procédé qu’on employa sous le système formu¬
laire pour permettre de plaider pro alio2*. S’il s’agissait
du demandeur, on faisait figurer dans Yintentio le nom du
mandant, mais la condemnatio était rédigée au profit du
mandataire ; s’il s’agissait de plaider pour le défendeur, la
condemnatio portait le nom de celui-ci20. Ainsi, par la litis
contestatio , l'affaire devenait celle du procureur, et il agis¬
sait en quelque sorte en son nom 27 comme dominus litis.
Cela n’empêche pas le demandeur représenté d’être le
maître du droit ou de l’action 28 ; mais l’adversaire est lié,
depuis la litis contestatio , envers le représentant; les
exceptiones cognitor iae et le droit d exiger caution ces¬
sent29. Le dominus ou un autre mandataire ne peut plus
intervenir dans le litige sans une transformation de la
formule, translatio judicii , opérée en connaissance de
cause par décret du préteur 30. S’il y avait eu plusieurs
procureurs nommés in solidum , le premier qui avait fait
la litis contestatio était préféré aux autres31. La mort du
mandant ne faisait plus cesser 1 edominium litis 32 ; enfin
le procureur pouvait se substituer un autre mandataire33.
La sentence, en vertu de la formule, ne peut être rendue
que contre le représentant ou à son profit, puisqu’il
figure seul dans la condemnatio de la formule d'aclion34.
Toutefois, lorsque c’est un cognitor qui a été constitué
mandataire, l’action judicati compète au mandant ou
contre lui, parce qu’il est représenté légalement35. Il
en est autrement lorsqu’il s’agit d'un cognitor in rem
suam , c’est-à-dire d’un cessionnaire36.
Du reste, les jurisconsultes admirent que le maître était
également représenté par le procurator praesentis 3 ‘ , c’est-
à-dire par un mandataire constitué d’une manière certaine
par la partie présente, apud acta 38 ou per libellum 39,
per litte?'asM, et qui fut assimilé au cognitor. Il en fut de
même des représentants légaux tels que le tuteur, vents
tutor , le curateur, curator **, l’agent ou syndic d’une cité
ou d’une corporation, actor municipum vel universitatis.
Quand le mandat était ainsi légitimé, le droit du deman¬
deur élait déduit in judiciumi2, et se trouvait épuisé ipso
RudorlT, Reclitsg. H, § 72, p. 234 et s. - 21 Gaius, IV, 82; fr. 1, g l D. III, 4;
fr. 1, §§ 2 et 4 D. XXVI, 7. — 22 Instit. J. IV, 10 pr. ; fr. 123 Dig. L, 17 ; Keller,
Civilproc. § 54, p. 240 et s. de la Irad. ; Puclila, Cursus, § 156; Bckkcr, Con-
sumpt p. 149; Zimmern, § 155; Rudorff, Zeitschr. XIV, p. 386. — 23 Gaius,
IV 83, Vatic. fragm. 329. - 24 Gaius, IV, 84. - 23 V. Keller, Civilproc. § 52,
p 233 cl s. de la trad. française; Waller, Gesch. n» 732 ; Bekker, Constant, p. 141
ci s. • Puclila, Cursus, § 166; Zimmern, § 157 ; Rudorff, Rechtsg. § 17, p. 69 et s.
_ 20 Gaius, IV, 86, 87, fr. 58, § 7 D. XXVI, 7, fr. 5, § 1 D. XXXV I, 3. A Fr. 1 1
pr. D. XLIV, 4; fr. 4, § 5 D. XLIX, 1. — 28 Fr. 13, D. II, 14; Keller, Civil¬
proc. § 52, p! 234 et s.; § 61, p. 271; Walter, Gesch. der r. R. § 782; fr. 60, 73, D.
III 7- fr. 30 D. XLVI, 3; C. 7 e. II, 4; V. Rudorff, § 72, p. 254 et s. —23 Fr. 40,
S 3 fr. 8, § 2 et fr. 57, § 1 D. III, 3, c. 13, C. J. H, 13. — 30 Fr. 10-27 Ü. 111, 3;
c ôt> c H 13; fr. 45, § I, D. XVII, 1 ; fr. Val. 341. — 31 Fr. 32 I). III, 3.
-1 32 C.To C. J. II, 13; fr. 17, § 1 D. III, 3. - 33 Fr. 8, § 3 D. XVI, l ; fr. 45, 5,
XLIX, 1 ; c. 8, 11-23, c. 11,13, fr. Vat. 340 ; c. U, Th. II, 12. — 34 Fr. 01 D.
III, 3'; c. 1, C. VII, 45; Vat. fragm. 332. — 35 Cic. Pro Quint. Rosc. 16 ; Gaius,
IV 97-98 Vat. fragm. 317. — 30 Vat. fragm. 3 1 7 , 331, 3 32 , 3 39 . 37 V at. fragm.
317, 331, 333; fr. 5 à 7 D. III, 3 ; C. J. C. Th. II, 12. - 38 Vat. fragm. 317, 333,
c. l', C. I. II, 57. — 39 Fr. 21 D. XLVI, 7. — « Fr. 05 D. III, 3. — 41 Fr. 23 D.
XXVI, 7; Gaius, IV, 99; Keller, Civilproc. § 53, p. 239 et s. — 42 Fr. 56 D.
V 1 • fr. II. S 7 I). XLIV, 2,
LIT
— 1274
jure 1 ou cxceptionii s ope3, suivant les distinctions éta¬
blies plus haut sur l’effet de la litis contestatio. Si le
mandat n'avait pas les caractères de celui du cognitor ou
du procureur à lui assimilé, le procureur du demandeur
devait garantir que celui-ci ne renouvellerait pas la
demande, amplius nonpeti ( enutio de rato )3; car Vactio
judicati n'appartenait qu’au procurator *. Quant au
représentant du défendeur, au point de vue de Vin judi-
cium deductio, il se légitime toujours lui-même.
IV. Sous l’empire du système de procédure extra¬
ordinaire, inauguré par Dioclétien et Maximien5, la litis
contestatio change de caractère. Déjà antérieurement,
dans le cas oii le magistrat statuait extra ordinèm , il n’y
avait pas délivrance de formule6, mais il fallait rattacher
à un point quelconque du procès les effets dérivant
d'ordinaire de la litis contestatio. Une constitution de
Septime Sévère et Antonin Caracalla 1 avait décidé que
la litis contestatio serait réputée accomplie au moment
où les parties auraient exposé leurs prétentions devant
le magistrat, qui alors portait quelquefois déjà le nom
et jouait exceptionnellement le rôle de judex. Cette déci¬
sion devint la règle pour le système de procédure extra¬
ordinaire 8. Au cas où une demande était formée par
requête à l’empereur, preces oblatae , la remise du libellas
au prince valut la litis contestatio9 . Il y avait encore
intérêt, en effet, à connaître l’époque de la litis contes¬
tatio, qui perpétuait l’action, rendait la demande trans¬
missible aux héritiers ou contre eux10, faisait courir les
intérêts en certain cas, etc., et ne permettait plus d’op¬
poser des exceptions dilatoires 11 .
Mais, sous Justinien, la litis contestatio ne consomme
plus le droit d'agir ipso jure 12, et ne libère plus les autres
débiteurs corréaux13; de plus, le libellas conventionis
suffit pour interrompre la prescription u. Désormais, le
fait d'agir nonobstant une exception dilutoire n’entraînait
plus la perte de l’action, puisque la deductio in jadi-
cium n’opérait plus une quasi novation 1 3 ; il n’était pas
besoin non plus, dans une actio incerta, de restreindre
la portée de Yintentio au moyen d'une praescriptio a
parte actoris ,G, parce qu'il n’y avait plus ni délivrance
de formule, ni consumptio actionis par le seul effet de la
litis contestatio.
Certains effets, qui jadis se rattachaient directement à
la délivrance de la formule, dépendaient alors du seul fait
d’intenter l'action. Ainsi, le défendeur à l’action in rem
1 Yat. fragm. 263; c. 3, C. J. VllI, 42. — 2 Fr. 27 D. III, 3; Gaius,
IV, 1118. — 3 Cic. Brut. 5; Gaius, IV, 98, 99; Paul. Sent. I, 3, §§ 4, 5, C;
(r. 33, § 3 et fr. 39 D. III, 3 ; fr. 3, §4, XXV, 2 ; fr. 1, 3. 5, 8, 12, 10 D. Hat.
XLYI, 8. — 4 Yat. fragm. § 17 ; Rudorlf, Rechtsg. II, § 72, p. 236 et s. et § 71,
р. 244 et s. — 5 C. 12, C. J. III, 3 ; Instit. J. III, 12 pr. ; IV, 15, 8; Demangeat,
Cours élém. H, p. 483 et s. — 6 C. 1, C. J. II, 58. Vimpetratio actionis
fut abolie par Tliéodose, II, v. c. 2, C. J. De form. II, 58. — 7 C. un.
C. J. HI, 9; Orlolan, III, n“ 2065; Demangeat, II, p. 485 et s.; Rudorff,
Rôm. Rechtsg. II, § 71, p. 234. — 8 G. 2, C. J. II, 59 ; c. 3 C. ul intra certum,
IX, 44; c. 3 C. J. II, 1; c. un. C. Th. IV, 14; c. 14, § 1, C. J. De Jud. — 9C. 1
et 2, C. J. I, 20. — 10 Instit. J. II, 12 pr. et § 1 ; fr. 28, § 1 D. XXVII, 7. — U Voir
Gaius, IV, 123, 125. — 12 Le défendeur n'invoque la chose jugée qu'à litre d'excep¬
tion Instit. IV, 13, 5. — 13 C. 28, C. J. VIII, 41. - — 14 C. 3, C. J. VII, 40; com¬
parer c. 10, C. J. VII, 33. — 13 Instit. J. IV, 13, 10; c. 1, C. J. III, 10;
comparer Gaius, IV, 123; Demangeat, Cours élém. Il, p. 686 et s. — 16 Gaius, IV,
131, 133, 136. — 17 Fr. 25, § 7 D. V, 3; Instit. J. IV, 17, 2; fr. 20 D, VI, 1;
с. 22, C. J. III, 32. — 18 INov. 112, c. 1. — 19 C. 7, C. J. VII, 39; c. 3 C. J. De
annal, exe. — 20 C. 4, C. Th. II, 4; c. 1, C. J. 1, 20. —[2! C. Th. II, 4, 2;4à 0;
Symmacli, Rel. 32 et 39; Corp . inscr. lat. VIII, 17 890; Corp. papyr. Raineri,
19; Aegyplische Urkunden aus den Museen zu Berlin, Gr. U. n°» 226, 578, 614.
— 22 Cf. Baron, Der Denuntiations process, 1887; Kipp, Die Litisdenuntialion
als Prozesseinleitungsform im rôm. Civilprozess, 1887 ; Festgabe su Winds-
cheids DoctorjubiUium, 1889, p. 95; Milteis, Hernies , 1895, t. XXX, p. 574; 1897,
LIT
était considéré dès lors au moins comme .,ns.
mauvaise foi , quant aux fruits et à la , T'SS(Hl1' de
6 ue Qe la chosgjil
lion était interrompue19. La litis contestatio o,!"’0®?' 1
leurs réputée opérée, au cas de litis denruuhr d'ai.1'
que la demande avait été communiquée llès ■
la chose revendiquée devenait inaliénable1
[La litis denuntiatio est un mode de citation pKeUïl
qui paraît avoir été spécial à la procédure extra,'.
Elle consiste en une notification de la demandèT!
avec le concours d’un magistrat21. Ce mode de citaiin ‘ J
remplacé Vin jus vocatio 22 |jus, t. V, p. 743 (1, ('jma
son tour, remplacé sous Justinien par le libellusn
tionis, qu’il ne faut pas confondre avec le libellusalcuM
tionis usité en matière criminelle et réglementé parla
loi Julia judiciorum publicorum 23. Ici le magistrat joiï
un rôle plus actif : c’est à lui que la requête {libella) '1
adressée et, si elle lui parait justifiée, il la fait notifiai
(■ conventio ) par le ministère d’un huissier {exsccuuA
litium ) au défendeur, qui est tenu d’en donner un recul
et de s’engager à comparaître par-devant le magistrat111.!
G. Humbert.
LITRA (Aitûx). — Les colonies grecques de l'Italie
avaient apporté avec elles l’usage des monnaies de la
mère patrie. Mais elles trouvèrent parmi les indigènes
un système de poids et d’échanges métalliques d'une
nature différente de celui de la Grèce. Au lieu décompter
par drachmes, mines et talents, les peuples italiotes
employaient la livre, libra ou Xêrpa, dont le poids variait
suivant les pays,
mais qui se divi¬
sait constamment
en 12 onces. En
même temps, la
masse métallique
circulante se com¬
posait de cuivre,
que l’on ne mon¬
nayait pas encore, mais qui se donnait au poids m
échange des marchandises. La quantité d argent, ielatij
vement à celle du cuivre, était fort peu considérable, caa
le rapport des deux métaux était de 1 à 250'. I
Pour concilier les deux systèmes qui se trouvai*
ainsi en présence, les Grecs de Sicile combinèrent*
nouveau système dans lequel l’unité de la nionn*
d’argent fut le didrachme, divisé en 10 pieascor*
l. XXXII, p. 644. - 23 Di, J. XL VIH, 2 - 94 Nov.
cf. Wieding, Der Juslinianische Libellprozess, 180 .j , triidJ
Ueber Litiskontestation and Urtheil, 1827; Dei lômisi w t. Illj
Capmas, 1870 ; Zimmern, Geschichte des rôm. Rechts is .1830; Han1/'
1829 (Irai!. Etienne, 1846); S. Mayer, Die Litiskontesta ion, lieutilJin jwn.l
Der Sacralsehutz der Rômer, 1857; Von Savigny, >- ÿ* û _ puc],ta, InitiM
Rechts, t. VI, 1847 ; Rudorff, Rôm. Rechtsgeschiehte, l_n' ' '(ks ,.m.
tionen des rôm. Redits, 8» éd. 1875; Windschcid, Die au mshchw f»J
redits, 1857; Bekker, Die Proccssualische Consump ion, j^iger ' •Pl!
Recht. 1853; Belhmanu-Hollwog, Der rôm. Civilprozess, , ■ ' Pf0sm l883i
cessualische Consumption , 18C4 ; Schullze, P? un i
VVach, Handbuch des Civilprozess Redits, t. I l * [ , }udiciorum W
diritto romano, 2» éd. 1880 ; Hartmann-Ubbclohdc, üei J ronI(n'», *' “j
Judicia extraor dinar ia der Rômer, 188G; Maynz, oui p.90, ’. i
1876 ; J.-E. Kuntzc, Cursus des rôm. Rechts , *8'9’ ' jn et Unis de
■E. Labbé, sur Orlolan, Explication historique^ e^ jr^onteslaH^
l. Il, !>■
■ éd. 1883-1884, t. III, p. 908; [Moritz Wlassak, , Die ^ II, P- "îî| *!
i rmvlarprozess, 1889; Accarias, Précis de droi to ’ 189|, t. I,P-
9,; Édouard Cuq, Z« Institutions juridiçues des Rome .y p
Lenel, Zeitschrift der Savigny-Stiftung, U- • ,'klen> 6* éd. '• *’ ,
znuel de droit romain, 1898, p. 981; Deruburg, ^ Hullsch. Grit
l. ITIIA. l Mommsen, Gesch.des rôm. Münswesens , P ' ’ |u cabincld'
m. Metrolog. p. 275 et 661. Les figures reproduisent .
LIT
, pomme valeur à la livre de cuivre qui se divi-
Uda“ ", ur en 12 onces.
sait à son un> deg villeg oü nous trouvons ce système
I gyracnse es et le plus clairement constitué. Les
le plus ancien ^ y avaient établi l’usage du poids
colons venus ( i - congéquent le didrachme ou statère
Ptlique Trmlnml base du système mixte, s’y élevait au
isTAl1" -nntfiir 4499). On l’appelait decalitron, et
h, I1X de H 81, 1 - ' 0 1, _ ( lia H 0-1* 870
ta u n
on
T 'livi,, R en lOvoOggoi d’argent du poids de 0 gr. 8/0,
aient) chacun a une titra ou livre de cuivre'. Cette
R ;c divisait à son tour delà manière suivante:
— 8szmyxiov l')‘
n
G , o
— V,|J.lXtTf°V -.
i nevTdûYxiov 3.
12
4 - .
f2T£TP“; '
ïT^'
ü-
— oùyxta 7.
I Cent vingt lilrae constituaient un talent de bronze au
[poids attique 8. Vers le temps de Denys l’Ancien, le talent
de bronze et la litra furent réduits au cinquième. Au lieu
Ide s’échanger contre 120 nummi d’argent, le talent dimi¬
nué, des 4/5 s’échangea contre 24, et par conséquent le
nummus, au lieu d’une litra , en représenta 59. Ce n’était
Ls qu'un changement aussi considérable se fût opéré
dans le rapport des deux métaux, mais bien que le gou¬
vernement despotique voulait bénéficier par une opération
financière déplorable. Le régulateur véritable de la valeur
des choses à l’intérieur était toujours le bronze, car
I Aristote traite l’opération de Denys de véritable banque¬
route10. Bientôt après, une autre fut opérée. Le talent et
|1 & litra furent encore réduits de moitié. Le talent de
I cuivre s’échangea contre 14 nummi d’argent, et le num-
!■ «ms valut 10 lilrae ' 1 .
I Tels sont les faits que rapportent les auteurs. Ils sont
; pleinement confirmés par les mon naies mêmes de Syracuse
I où nous rencontrons, outre les multiples du decalitron ou
■drachme, la drachme ou pentelitron de 4- gr. 325, le
; mmmus de 0 gr. 865 (au type du poulpe) (tig. 4500), Vhé-
piMwi de 0 gr. 432, la pièce de 10 onces ou du
COuPe bizarre qui avait pour but d’offrir aux
négociants venant de Grèce,
avec des monnaies correspon-
clivi-
dant régulièrement
aux
4300. — r „
■ Svp.v„c C n,lmmus de
■P^wtvpedu poulpe.
focttlitn,,,'
sions du système indigène,
des oboles attiqu es exactes, des
douzièmes du didrachme ou
pièce de Kl" "U'e S Pent°ncia pesant 0 gr. 35, comme
«'Min, il ne °,UCl s Pesait 0 gr. 70. Au-dessous du penton-
l'origine du mon/ ''* ^"C ' on ^raPP^t d’argent12. Depuis
Püt suite de h inna-aëe syracusain jusqu’à sa cessation
[didrachme (jeY( i nqi" r°roaine, le mode de division du
J tente des monnaies demeura en usaSe' La Phls
TUl porte au reVP., e Syracuse est un nummus d’argent
f-'^lll13. Cette h-' guisede types, les signes numéraux
uPrès la soumis -V°f Li li aPP®e presque immédiatemenl
1 ( c la ville aux Romains, a encore lt
•ttue.'i**' °'1K *'°U«c. Iv |-i ....
*'l. - o // . * N»ni ]>cs Lit „ • ' N'' —2 e°Hux, IV, 174. — 3 Epicharnt. ap
‘ ,n - Mot 7 ' « BocëkhPa;VlnalOSie avCC^cl Iw. - s Poilu*, IV
msen’P. H. 10 , '^etro lotj, Unterauch. p. 294. — 9 pollux, IV
Afi- Polluc' IX, 79. *- 11 Pollux, IV, 174 ;
Mon
poids normal du nummus ; mais les signes qu elle porte, et
qui ne peuvent s’interpréter que par 13 1/3, montrent qu a
cette époque la valeur des monnaies avait encore subi une
dépréciation Le talent de cuivre, réduit au poids de 1/4,
correspondait à 9 nummi et le nummus à 13 1/3 lilrae ' '.
Le système monétaire que nous venons d’étudier à
Syracuse était également en usage à Agrigente, à Tauro-
menium et dans
un grand nombre
d’autres villes de la
Sicile. Dans ces ci¬
tés, le didrachme
se divisait comme
à Syracuse en
10 nummi cor¬
respondant origi¬
nairement à des
lilrae ; les multiples du didrachme ou decalitron étaient
le tétradrachme (fig. 4501), dont nous ne connaissons
pas l’appellation locale, et le décadrachme désigné sous
le nom de pente'contalitron1*.
L’or de ces différentes villes est aussi digne d’attention.
A côté des pièces du poids attique, parmi lesquelles on
trouve l’hémistatère, la trité, la tétarté, l’Hecté et l’hémi-
hecté [stater], toutes pièces de poids fort, comme les
monnaies d’argent des mêmes villes, nous y rencontrons
des espèces taillées sur d’autres unités monétaires
[drachma], mais pour celles-ci un peu au-dessous du
poids normal. Tels sont le statère phénicien à 6-gr. 98(1
en moyenne, l’hémistatère du même système à 3 gr. 493,
la trité à 2 gr. 329, l’hecté à ! gr. 164, et l’hémihecté à'"*
0 gr. 582, puis un hémistatère de poids éginétique à
5 gr. 821 16. Cette diversité de tailles dans l’or, quand tout
l’argent est coupé d’après un système uniforme, ne peut,
comme l’a très bien vu M. Mommsen 17, s’expliquer qu’au
moyen de la division du didrachme attique en 10 nummi
et en admettant entre les deux métaux un rapport de 15
à 1. En effet, ce rapport une fois admis, on trouve pour
toutes les monnaies d’or que nous venons d’énumérer
une équivalence exacte en nummi d’argent, comme le
lecteur s’en convaincra par le tableau suivant :
Or.
Poids.
Arfi eut.
Nummi .
Statère phénicien .
G gr. 98G = 24 drachmes attiques.
120
Hémistatère éginétique. .
5 gr. 821 =20
—
100
Hémistatère attique .
4 gr. 370 = 15
~
75
Hémistatère phénicien..
3 gr. 493 = 12
—
CO
Trité attique .
2 gr. 910= 10
—
50
Trité phénicienne .
2 gr. 329 = 8
—
40
Tétarté attique . . .
2 gr. 180 = 7 1 /2
—
371/;
Ilecté attique .
1 gr. 460 = 5
—
25
Ilecté phénicienne .
1 gr. 1G4= 4
—
20
Ilémihecté attique .
0 gr. 730= 2 1/2
—
121/;
Hémihecté phénicienne..
0 gr. 582 = 2
10
Dans les colonies chalcidiennes delà Sicile et de l’Italie
méridionale, telles que Himéra, Naxos, Zanclé-Messine,
Rhegium, les plus anciennes monnaies sont du poids égi¬
nétique apporté par les colons de l’ile d’Eubée et taillées
complètement d’après le système grec18. Mais à dater du
temps d’Anaxilaüs, tyran de Rhegium, c’est-à-dire du
msou, p. 84. — V. Mommsen, p. 80-83. — (3 Toi’remuïia, Sieil. tel. mon .
pl. i.xxi, n°* 0 el 8; British Muséum, Calai, of yreek Coins, Sicily, p. 223,
— IV Mommsen, p. 85-87. — 13 Diod. Sic. XI, 20. — 16 Mommsen, p. 131-134,
— 17 P. 95 et suiv. — 18 Mommsen, p. 90 et 91.
Fig. 4501. — Pièce de 20 lilrae ou tctradraclime
LIT
— l27(i —
commencement du vc siècle avant notre ère, nous voyons
apparaître dans les grosses pièces le poids attique et au-
dessous la division en nummi et en litrae, organisée
absolument de la même manière qu’à Syracuse, laquelle
se maintient jusqu'à la conquête romaine 1 . Seulement le
témoignage de Festus, disant que le talent de Rhegium
valait un victoriatus romain de 3 sesterces [victoriatus,
sestertIus], prouve qu’à celte époque à Rhegium et pro¬
bablement dans les villes voisines, le talent et la Vitra ou
livre de bronze avaient subi de bien plus fortes réductions
qu’à Syracuse. Au lieu que le talent de bronze équivalût
à 1:20 nummi d'argent et 1 e nummus h 1 titra, comme sur
le pied originaire du système, le talent n’équivalait
plus qu'à 2 nummi et le nummus se divisait en 00 litrae
ou en 720 onces2.
La numismatique de Tarente et d’Héraclée de Lucanie
nous présente également, avec une très grande clarté, le
système monétaire mixte, gréco-italique, mais avec quel¬
ques différences entre son organisation et celle du sys¬
tème de Syracuse. L’unité fondamentale est bien toujours
le didrachmq attique, mais, au lieu de s’appeler decalitron
ou stater , on lui donne le nom de nummus , écrit vougfxoç
par Aristote 3 etvdaoç dans les célèbres tables d’Héraclée \
C e nummus se divise en dix petites pièces appelées litrae
comme la valeur de bronze qu’elles représentent, les¬
quelles comprennent 12 onces et se subdivisent exacte¬
ment de la même manière que le nummus syracusain.
Les plus anciens nummi de Tarente (lig. 4502) pèsent de
8 gr. 100 à 7 gr. 500; plus tard on les trouve de 7 gr. 400
à 6 gr. 800; les
derniers enfin sont
de 6 gr. 000 à
0 gr. 100. Il n’y a
point dans la série
tarentine de pièces
supérieures au
nummus. Au-des¬
sous de cette valeur, nous rencontrons des pentelitra au
poids de la drachme attique, des litrae représentant
exactement le dixième du nummus , des hemiiitria bien
reconnaissables, des létroboles attiques frappés probable¬
ment pour le commerce avec les étrangers et qui, dans
la circulation intérieure, valaient 10 onces ou 3 1/3 litrae,
des dioboles valant 20 onces, des oboles ou deconces,
enfin des hémioboles ou pentonces , toutes pièces d’argent
qui présentent la même décroissance de poids que les
nummi depuis les plus anciennes émissions jusqu’aux
plus récentes 5 et qui fournissent l’échelle suivante de
valeurs, dans laquelle nous avons pris pour plus de clarté
la titra comme unité :
10 Nummus ou didrachme de poids attique.
5 Pentelitron ou drachme attique.
3 -V Tétrobole attique.
g
1 — Diobole attique.
1 Litra,
10 •
— Obole attique.
1 Mommsen, p. 92 el 93. — 2 y. Mommsen, p. 90 et suiv. — 3 A p.
Pollue. IX, 80. — 4 Bocckli, Corp. inscr. gr. n° 5774, 1. 123. — 3 Mommsen,
p. 101-106 et 135-142. — 6 Mommsen, p. 134 et 135. — 7 Mommsen, p. 100-113
et 143-158. — 8 Mommsen, p. 113-118 et 159-100. — Bibliographie. Th. Mommsen,
Geschichle des roem. Münzwesens , part. II; F. Lenormant, Essai sur l’organi¬
sation politique et économique de la monnaie dans V antiquité , cliap; mi ; Th.
~ Hémilitrion .
5
— Penlonce ou hémiobole attique.
L'or de Tarente est de poids attique et suit ]■ r •
grecque du statère en deux hémistatères oudn Z "V‘sion
3 trités, 4 tétartés, G hectés, 12 hémihectés 2î |
hectés [stater], avec cette seule particularité' q, '"1'1''
du 10» du sla-
l’hecté et l’hémihecté s’intercale une taille
tère, inconnue à la Grèce proprement dite et avant L •, l
de la litra d’argent 6. Nous manquons de données™*
déterminer quel était à Tarente le rapport de valeur drT
à l’argent et par conséquent combien chacune des piè 1
d’or de cette ville représentait de nummi et de litrae]
A Crotone, Locres, Métaponte, Pandosia, Posidonial
Sybaris, Thurium, Terina, Pyxus, Velia, depuis Poriginèl
du monnayage de ces villes jusqu’à ses derniers instant! !
on suivait exclusivement le système grec avec les déno¬
minations helléniques, sans trace des nummi et des]
litrae, comme le prouvent les poids des monnaies con¬
servées en grand nombre dans nos collections modernes :
et la pièce de Métaponte en bronze portant l’indication
de la valeur d’une obole. Le poids dominant était l’attique;
cependant on rencontre quelques pièces de poids phéni¬
cien et asiatique7. I
Dans le monnayage grec ou osque antérieur à l'in¬
fluence romaine des villes de la Campanie, nous ne ren¬
controns pas non plus la trace d’aucune influence ilaliote. I
Il n’y a ni litrae ni nummi', le système monétaire est
purement grec, ayant pour unité la drachme phénicienne,
généralement d’un taux fort et surpassant 3 gr. 700 à
l’origine, mais s’affaiblissant avec le temps et arrivant à
être inférieure à 3 gr. 400 dans des pièces bien conser-j
vées8. F. Lenormant.
LITTUS. — On appelait ainsi, en droit romain, lerivagi
de la mer1. D’après une définition attribuée par Cicéron
à Aquilius2 et accejffée par les jurisconsultes posté¬
rieurs 3, le littus comprenait tout l’espace que peut j
recouvrir le plus grand Ilot d’hiver. Dans quelle caté¬
gorie de choses devait-il être rangé? Il y avait sur cl
point désaccord entre les théoriciens. Marcien ", consa
dérant le littus comme un accessoire de la mer, le ian8»
comme elle, parmi les res communes dont 1 usage ea
commun à tous et que nul ne peut s’approprier uto®
1 i té. Cette théorie est peu satisfaisante. Au conluin , ■ erJ
lins 6 admet bien que le rivage est chose nu/liu^ }
sens qu’il ne figure pas dans le domaine pu/1 |(;(,]are
qu’il n’a pas reçu cette appropriation, mais d J
publiais, c’est-à-dire chose du peuple romain, s^ a
droit d’occupation temporaire réservé a 1 "1L t;gi
jurisconsulte proculien, comme Neratius, lKl”
lement6 que le rivage est public en ce sens q"( I
romain dans les limites duquel il est conipi i ■ ^ ^ J
souveraineté et qu’il doit en conséquence m ' ^ ja p«-
Cette doctrine, beaucoup plus vraisembla > 1^ ^arCjen
cédente, s’accorde avec le caractère pub " ^ 0Iqs ci
et Justinien1 reconnaissent eux-mêmes arajssei
avec le droit de souveraineté que les Romains - ■
le BI&cûSj ton* h
Mommsen, H ist. de la monnaie romaine, Irad. pat I* 1 ot ü. p. en e
eh. il ; Fr. Hullscb, Griecliische und rômische Atelro°aJJ'flig, 50,
LITTUS. 1 Aussi ora maritima, acta. — 2 Topic. ‘ ■ ^ 5 U, *’
Instit. 2, i , 3. Dit. 1 , 8 pr. § 1 I Instit. 2- *’ 1 7 Dig. I, *. * % 1
§ l; cf. 41, 1, 30, § i; 80, 16, 112. — 6 Dig. 43, >
Instit. 2, 1,2.
1277 —
di llé gui- les mers baignant leurs domaines,
aV°'"l '< lier sur la Méditerranée, mare nostrum.
CV-ïe!,< 'romain, qui affermait la pèche des lacs et «les
. i’a peut-être même affermée sur certaines
étangS dli'lHtoral lui-même; c’est ce que laisse entendre
HT d’Ulpien 1 ; une inscription trouvée sur les côtes
U" M-rise mentionne des conductores piscatus, des fer-
d( 'a dc'la pêche, mais on ne sait pas exactement s’ils
'‘"''"ni affermé le littoral ou des étangs2. On sait que
t' villes grecques, par exemple Athènes, Délos,
Priions de Crète 3 affermaient l’exploitation du
J ou la pêche dans certaines parties de leurs eaux
I rings. Quoi qu’il en soit, les jurisconsultes s’accor¬
daient pour admettre que l’usage des rivages de la mer
était commun à tous, et que chacun pouvait s’en servir,
auf la réserve qu’on vient de voir, pour les besoins de la
navigation ou de la pêche4. C’est ce qu’avait décidé en
particulier un rescrit d’Antonin qui constatait en même
temps «pie si4’accès du rivage était public, il fallait res¬
pecter les habitations et les édifices 8. Le droit de pêche
maritime sur le rivage ne pouvait donc pas plus être
monopolisé ou prescrit que l’usage de la mer G.
Chacun avait la faculté d’établir une cabane sur le
littoral pour la pèche 7 et même d’y acquérir une portion
de terrain par une construction 8 ; mais une fois l’édifice
écroulé ou abandonné, le sol retournait à son état natu¬
rel antérieur; la propriété n’avait duré qu’autant que la
construction9. L’État, représenté par le préteur ou le
gouverneur de la province, devait autoriser préalable¬
ment toute construction, afin qu’elle ne pût nuire à la
navigation ou à l’abordage ni léser les droits antérieu¬
rement acquis à des particuliers10. Il y avait là une
réglementation analogue à celle des choses publiques.
Au contraire, la propriété delà rive des fleuves, quoique
grevée d une sorte de servitude, appartenait aux rive¬
rains, comme les arbres nés sur ces bords 11 . L’usage des
rivages de la mer était protégé par des interdits [inter-
jDictum] ; celui qui construisait sans autorisation de
manière a nuire à autrui pouvait être écarté par voie de
fait, la personne empêchée de pêcher ou de naviguer
lavait que l’action d’injure [injuria]12. On peut
admettre que, comme toute construction faite sur la voie
P11 lique , le préteur aurait eu le droit de faire détruire
un édilice construit sans son autorisation sur le rivage.
I. a(lministration romaine avait à faire la police des
\ogos < t des ports, à protéger les naufragés contre le
la ^e,h épaves1* [naufragium], et surtout à réprimer
J!— ce ^au endémique de l’antiquité, surtout
, ' es cotes de la mer Noire et de l’Asie Mineure, prin-
illvri,1" Ul i,danS la ^ic*e et l’Isaurie16 et sur les côtes
pas r,llUS • ’ AUe ^es camPagnes de Pompée n’avaient
d s,1PPrimer n. La répression de la piraterie
1 Üig. 47. [f| |o ^ .. .
Mommsen’ ',S,l,rab,' U’ P- 642‘ ~ 2 Dessau, Inscr. latin, select.
; C'o,7j. „ls ’ ■ cdl- l«ht. di nom. 1880, p. 129. — 3 Phol. s. v.
At/jen. p. 2C7-8 ;[-i 7 !' ; V. Boockh-Fr'iinkel, Staatshaushalt .
huit V'n-; Arisl01’ 0ec° ”• 2, 2, 3. Ditlenberger, Su II. 427 (2' édit.)
- - U 3; Din. 1.8.4 lî c 1 . , , . . . ... ..
11 7 m _ V) JJ 11, - - ■ XJ I ’J . -ri .
b" ' 9> 2 ; Lacan g'Jo ’p ■ !,’*:Cic- Be 3>29: - lfi- Joseph. Bell.
, nal ■ 2. 45, 07 • 77/ ®p,Ct’ Dlss ' *.1,9; Acliill. Tnt. 2, 18 ; 5, 7, 17 ; Plin.
7 11 AppUn. MU,’ 1' 101 ; Pllil- Viin Apoll. 3, 24. — 10 Polyb. 2, 4-12.
b. ..-n. Mithr 9's ynn APolL 3. 24. - U, Polyb.
“■ Cas». 30, 3. _ j8 T ’ L‘C- Pro Man. ; Plut. Pomp. 24; Zonar. 10, 30;
y 1C- err. 5, 27; Pro Fine. 12; Suct. Caes. 4, 74; Voll. 2,
appartenait en temps ordinaire aux généraux et aux gou¬
verneurs de province extra ordinem ; ils pouvaient faire
décapiter ou mettre en croix les pirates18. Nous connais¬
sons, comme autres fonctionnaires pour la police des
ports et du littoral, les limenarchae municipaux ume-
narcua], le praef ectus orne Ponticae, le praefectus orae
maritimae , qui résidait à Tarraco, en Espagne12; au
Bas-Empire, des custodes littorum , chargés surtout de
vérifier la cargaison des navires et pris soit dans Voffi-
cium du gouverneur, soit parmi les protectorcs , ou les
agentes inrebus ou les curiosi, et qui abusaient souvent
de leur autorité pour rançonner les navigateurs et les
marchands20 [pip.atae, classis]. Ch. Lêcrivain.
LITUUS. — I .Bâton augurai. — On trouve aussi la forme
lituum *, au neutre, que les Grecs ont transcrite Xîruov2.
Pline emploie le mot scipio comme synonyme de lituus3.
Le lituus était un bâton sans nœud, dont l’extrémité
supérieure était recourbée : baculus sine nodo , aduncus 4 ;
incurvum et leviter a summo inflexum bacillum s. C’était
l’insigne des augures [aügur] qui s’en servaient pour
déterminer le templum , c’est-à-dire pour délimiter
l’espace céleste correspondant à l’espace terrestre qui
devait être auguré [templum].
L’origine du lituus augurai se perd dans la nuit des
temps. Nous le voyons intervenif dans les légendes qui
entourent le berceau de Rome. D’après la tradition,
Romulus, fondant Rome selon le rite étrusque®, se servit
du lituus pour partager les régions 7. Les Romains pré¬
tendaient même conserver dans la curie des Saliens
Palatins ce même lituus 8 qui, miraculeusement, avait
été préservé dans l’incendie de Rome par les Gaulois2.
Les Romains avaient donc reçu le
lituus des Étrusques 10 ; les traditions
que nous venons de rappeler tendent
à le démontrer et avec elles concor¬
dent les monuments archéologiques.
Un bas-relief étrusque, d’une haute
antiquité, représente un personnage,
un augure sans doute, tenant le lituus
droit11 (fig. 4503). Sur une autre stèle
étrusque, le personnage figuré tient
le lituus abaissé vers la, terre 12. Le
lituus apparaît souvent dans les
pompes funèbres étrusques, porté par
des suivants comme insigne de la
dignité du défunt. On le voit, entre
autres, ainsi porté, sur une peinture
de la tombe dite grotte du Typhon, à
Corneto 13, dans trois processions funéraires peintes,
provenant d’une tombe de la même ville et ayant lait
partie de la collection Bruschi14, sur un sarcophage de
Vulci15 [etrusci, p. 848, fig. 2844].
42; Val. Max. G, 9, la ; Plut. Caes. 1 ; Polyaen. S Irai. 8, 23, l. — 19 Corp. inscr.
lat. 2, 4138, 4217, 4224-4228, 4233, 42(14, 42G6. — 20 C. Th. 7, IG ; G, 29, 8, 10, 1 1 ,
12; Nov. Tlicodos. 23. — Bibliographie. Accarias, Précis de droit romain, Paris,
1882 3* éd. I, § 197; Girard, Manuel de droit romain, Paris. 1898, 2' éd. p. 233.
I.ITUUS. l Scrvius, Ad Aen. VII, 187. — 2 Plot. Bornai. XXII, Camill. XXXII.
— 3 Nat. lust. XXVIII, 4, 1. — 4 Liv. I, 18.— 5 Cic. Divin. I, 17. — 6 Varr.
Lini/. lat. V, 143; Liv. I, 44; Plut. Itomul. XI; Plin. Nat. Iiist. XXVIII, 4, 1.
_ 7 (7[c, /,. i , _ 8 Ibid. ; cf. Virg. Aen. VII, 187, et Serv. ad I. ; Ovid. Fast. VI, 375.
_ 9 ('iCi £. l. ; Plut. Bornai. XXII ; Camill. XXXII. — 19 O. Millier, Die
Etruslcer , II, p. 124 s.; Bouché- Leclercq, Hist. de la divination, IV, p. 104.
— Il Inghirami, Monum. etrusclii, VI, pl. pô, 1 et p. 52. — 12 ld. Ibid. pl. a®, 1
et p. 58 ; voir encore t. VI, pl. z2. — 13 Monum. dell' ht. arch. di Borna, II, pl. v ;
G. Dennis, Tlie cities and. cimeteries of Etruria, 2' éd. I, p. 333. — n Monum,
VIII pl xxxvi. — 15 Ibid. pl. xix ; Annali d. Ist. di Borna, 18G5, p. 249.
161
Fig
4503. — Lituus
étrusque.
— 1278 —
LIT.
Les représentations du lituus augurai ne sont pas
moins fréquentes sur les monuments romains. Un bas-
relief du Musée de Florence
représente Auguste tenant le li¬
tuus 1 (fig. 4504) dans la même
attitude que le personnage étrus¬
que représenté plus haut. Ana¬
logue est la pose de l’augure
couronné par Juno Sospita sur
des deniers de la
gens Cornuficia
(fig. 4505) 2 . Cette
pose est probable¬
ment hiératique et
représente l’au -
gure dans l’acte
même de son sacer-
sur des monnaies
et Minucia 6 . Le
Fig. 4504.
Le bâton augurai.
doce, car elle se rencontre encore
des familles Antistia 3 , Antonia 4
1
lituus est d'ailleurs très fréquent
sur les monnaies de la République
romaine 6. Parmi les bas-reliefs, nous
mentionnerons un autel de Pompéi
(ara, fig. 425) 7 et un marbre ayant
appartenu à Bartoli 8, sur lesquels le
lituus est sculpté au milieu d’autres
insignes sacerdotaux; on le voit encore
accompagnant une inscription du temps
d’Auguste9, sur une pierre gravée de
la collection Rhodes 10. Un médaillon
en terre cuite représente Auguste tenant
d’une main le globe, de l’autre le
lituus a. Tibère’2 et Germanicus13 le
portent également sur les célèbres ca¬
mées du Cabinet de France ou devienne.
Servius dit que le bâton du roi, sym¬
bole du droit de justice, s’appelait aussi
lituus u. 11 se peut que le lituus augurai
ait eu, comme origine, le sceptre royal.
II. Trompette. — La similitude du
nom entre le lituus bâton augurai et le
lituus trompette tient à leur ressem¬
blance. Cicéron, ou peut-être une glose
introduite dans son texte, le dit lü. Le
trait caractéristique de cet instrument
de musique est, en effet, la courbure de
son extrémité, c’est pourquoi les au¬
teurs lui appliquent, comme au bâton,
l’épithète uduncus 16. Aussi bien que le
lituus augurai, la trompette appelée du
même nom est d’origine étrusque. On
conserve au Musée étrusque du \Tatican un beau lituus en
bronze, long de 1 m. 60, trouvé dans une sépulture de
l Dütschke, Ant. Bildirerk. in Oberitalien , III, 218, cf. Corp.inscr. lat. VI, 44-8 ;
Jordan, Annali ci. Istit . 1802, p. 302. — 2 Babelon, Monnaies de la République, I,
p. 434, nos 1-4, II, p. 576, n^> 19. — 3 Ibid. I, p. 150, n° 19. — b Ibid. I, p. 188, n°79.
— « Ibid. II, p. 231, n° 3. — 6 Voir des représentations du lituus sur les mon¬
naies, Ibid, familles Acmilia, n®5 27-32, Antistia, 17, 18, 24, Antonia, 3, 5, 7,
55, 57, Caesia, 7, 14-18, Claudia, 20, Cornelia, 28, 03, 04, Hirtia, 1, Julia, 12, 15f 16,
24, 135, 140, Junia, 39, Livinia, 10, Maria, II, Minucia, 11-14, Pompcia, 5, 24-27,
Servilia, 7, Voconia, 2, 4. — 7 Mazois, Haines de Pompei , IV, pl. xv. — 8 La
Chausse, llornanum muséum , t. II, pl. n ; Montfaucon, L’antiquité expliquée , II,
pl. lxiv, 2. — 9 Corp. inscr. lat. VI, 876; Raoul-Rochette, Monum. inédits ,
p. 390, pl. i,xix4 ; Nibhy, Aluseo Chiaramonti , t. III, pl. xix. Voir encore un bas-
relief signalé par G. du Choul, Discours de la religion des anciens Ilomains ,
557, p. 230. — 10 King», Antiq. rjems , p. 27. — H Collect. Eugène Piot, An -
Fig. 4500. — Lituus ,
trompette étrusque.
Fig. 4507.
Cerverti, l’antique Cære 11 (tig. 4506). prés d(,
ville antique d’Étrurie, dans une tombe célci,'- '
rilievi , sur deux piliers, ou sont peints des ,|llle .dci"
et des armes de toutes sortes, s ' ns‘*e
figurent deux iitui (tig. 4507) 18.
Une peinture d’une tombe de
Cliiusi représente un cortège qui
précède un vainqueur dans une
course de chars et où figure un
joueur de lituus [liticen], dont
l’instrument est bien conservé
(fig. 4508); la partie recourbée
est soutenue par une tige en
forme de fourche, et l’extrémité
opposée à l’embouchure est mu¬
nie d’un petit anneau dans lequel
on pouvait, pour suspendre l’ins¬
trument, passer une corde ou
une courroie 19 .
Chez les Romains, le lituus ,
transmis par les Étrusques, con¬
serva sa forme recourbée qui le
distinguait de la tuba longue et
droite20; celle-ci était l’instru¬
ment de l’infanterie, tandis que
le lituus était particulier à la
cavalerie, si l’on en croit un texte d’Acro 21 dont le
témoignage a été contesté 22 sans preuves suffisantes.
L’origine étrusque du
lituus a conduit
O. Müller à l’identifier
avec la tuba Tyrrhena
mentionnée par les
auteurs23. Quoi qu’il
en soit de cette assi¬
milation , le lituus
avait conservé l’an¬
cienne forme. On peut
s’en convaincre par un bas-relief reproduit ( fig. 44981
au mot liticen, sur lequel l’instrument est liguréavec uns
inscription qui ne laisse subsister aucun doute. En J"*'E
en Angleterre, dan s la rivière de Withem, près lattersba <
Lincolnshire, on a trouvé un lituus de l’époque roniamj
très bien conservé 2L On connaît d’autres lituus p?1 68
monuments figurés représentant des musiciens luticenjj
Parmi les armes qui forment les trophées SCUP®|
sur la base de la colonne Trajane figurent des lum|P ^
qui ne se confondent pas avec le lituus ehnsiiuc *1
romain : c’est le carnyx, dont la partie ul 1,111
termine en tète de serpent à gueule ouverte • ^
Tandis que la tuba avait un son grave, le son 1 11
au contraire, était aigu et strident26; on s en s( IXl
donner le signal du combat21. Henry Théhe-yo-
Fig. 4508. — Lituus , trompellc étrusque.
de M
tiquités, 1890, n» 21a, fig.
12 E
Bafielou, Catalogue dis ,55;
_ 13 Ibid, r- ... .
•dit • »l5llrf’
. 17 iiiiseM
Divin. -h 17. - 10 Liv. I, 78; Scnec. CW ^ ^ . Baumci#*
’iregorianum, I, pl. xxi, 7; G. Dennis, O. L
III, p. 1000. — 18 Noël des Vergers, L’Elrurie < . a(l Ho»1 '
Bibliothèque nationale, p. 120, n" 2G4, pl. xxvm. fi
pl. XXIX. — 14 Ad Aen. VII, 187; cf. Fcslus, s. v. P- ’
- 15 Cic. Divin. -I, 17. - 10 Liv. I, 78; Scnec. Oedip- _ ■
etruscum Gr
Denlcm&ler, III, p
pl. ni et p. 2. — 10 Monum. d. Istit. V, pl. xv. ^ jaii,
Od. I, 1, 23; Fest. s. v. p. i 10. — 21 Ad Horat. L. <• — )0C1.
mcisler, L. I. — 23 Die Etrusker , II, p. 211; cf. Jan, ^ c,
ncys, A general history of Music, I, p.497, pl. ^ Horat. 0d- ’’
Trajane décrite, p. 61 et 85. — 20 Ennius, ap. lest. ^ Thel>\
Encan. Pliars. I, 237; Scnec. Oedip. 734, Thyest .
— 27 Ovid. Fast. III, 217.
> • ri- \cro-
,v - *0 Scnec. ,.„]S Bau-j
H Dur*
c/oiiuf
VI, *î#'
— 1279 —
LOG
LOG
__ M(it dont l’étymologie est obscure, mais dont le
U*A ’ douteux. On désignait ainsi des marchands
sens n’est llîl^riout ^ viande cuite; c’est dans cette
de V‘!l'eS’ fa est employé par Ammien Marcellin
aeeep110" ^ gurtout employé par les auteurs pour
Celel'mJp‘ eenS de basse condition qui suivaient les
dfe'gni1 l'estus et Suidas nous en donnent la défini-
artnéeS' premier2 dit à leur sujet : « Ils suivent les
ti011' , L,.r ^acner de l’argent, mais ne font pas partie
lr0"pi'* (1(,s soldats {extra ordinem sunt militiae )..» Le
• ’ • „ r.’élnil, une esnèce d’hommes.
Second 3 s’exprime
dlU ' r N prime ainsi : « C’était une espèce d’hommes,
)es de divers ouvrages et qui suivaient l’armée sans
| fïire partie. Ils ne tenaient compte ni du tribun, ni
h Général de qui ils n’étaient pas connus ; ils ne cher¬
chaient qu’à gagner, par toutes sortes de voies bonnes
on' mauvaises. Ces gens-là, la plupart du temps oisifs,
[passent leur loisir à imaginer des friponneries. Comme
ils sont sans armes, sans crédit et qu’ils n’ont pas plus
de courage pour faire un mauvais coup que pour atta¬
quer l’ennemi, ils corrompent les soldats. » Par les
termes dont se servent les différents auteurs qui parlent
d’eux, Sallusle S Valère Maxime 5, Suétone0, Tacite \ etc. 8,
onvoitqu'ils vendaient aux soldats des vivres supplémen¬
taires, du pain et de la viande cuite ; ce sont donc pro¬
prement des cantiniers, des vivandiers. Par là, ils se
distinguent nettement des calones, ou valets d’armée qui
servaient de domestiques particuliers aux soldats, et
auxquels on les oppose souvent9. Ils s’en différencient
aussi par leur condition ; bien que les lixae et les
calones appartiennent aux dernières classes de la
société, ceux-là étaient des hommes libres ou des affran¬
chis, tandis que ceux-ci étaient esclaves. D’ailleurs, ils
ont été pris quelquefois les uns pour les autres, et les
deuxexpressions finirent par signifier « valets d’armée 10 » .
Les lixae n’étaient point admis dans le camp; ils
Il devaient s’établir en dehors, dans le voisinage de la
prta decumana, du côté opposé à l’ennemi 11 . En marche,
leur place était à l’arrière-garde12.
D un passage d'Apulée on peut induire qu’on appc-
lait ainsi parfois des huissiers municipaux13. R. Cagnat.
LOC/V EXTRACLUSA [loca relicta].
LOCiV l'UltLICA. — Il y avait deux catégories de loca
\phhra, ceux del Etat romain [populi romani), ceux des
r os de droit romain, colonies, municipes. *
I A. Les loca publica populi romani, soit à l’intérieur,
Pt à 1 extérieur de Rome, font partie des res nullius et
Instituent ce qui formerait aujourd’hui le domaine
«em' ' 7' <doma‘ne public de l’État ; celui-ci en est réel-
■Fer|t ^ e propriétaire et c’est à tort qu’on l’a nié; l’ob-
appart7 ' ^Ue ^ ^ abandonné par le fleuve public aurait
pas 1 7 " Ulx 1*verains comme dédommagement, n’est
ttiéoîi,. l "1' Cai" S ^ en ainsi du113 lu pratique, en
ce t . . " ;lll( 0uP (le jurisconsultes maintenaient sur
j ain e droit imprescriptible de l’État2.
<5, t ~ 5 Val' 4' ~~ 2 Festus> s- Lixae. — 3 Suidas, s. ». — bjug.
V or«<. vu, ' 19; Galb. 20. — 7 Hist. 111, 3. — 8 Quint.
U; Gall, 2n *"r Juslln XXXV111’ 10, Auct. bel. Afric. 75, 3. — 9 Suet.
f^.vn r,; °..;0ros- v< >o. 8;
l’S, 3.
m. I, 24
v . 18, 3, etc. — 10 Tac. Hist. Il, 87; Cod.
13 Anul i?? ' *’ 10- ~ 11 Caes- Bel- Gai. VI, 37, 2. — 12 Bel. Afr.
Loc,v r cb Lie Metam' 2i-
n, 1. 12-20^ -î. 3 /?■ reruice’ £rtAeo> I, p. 273. — 2 Gram. vet. (bd. Lach-
[ % 39, 4 l8> 1. 6 pr. ; 43, 8, 2, § 5. — 4 Gai. 2, 8 ; Dig. 43, 6, 2.
Tr 18’ *’ UiCiC’ * a!)r- *’ *' 3'
| C.o, , • ~ 11 PeslU8 . ’ ’ *’ *■ - 9 Grom • 56, 1. t.5-24. - 10 Symmacl,.
’ - 13 y «il p * * Ubscum. — 12 Grom. vet. 162, 28-29; 117, 5-6; 235,
-, -a, lorp. inscr. lat. 10, 3828. — 14 Oros. 5, 18;
Les loca publica forment trois groupes principaux:
I. Les propriétés qui ne donnent aucun revenu et qui
sont laissées à l’usage public, telles que les rues, les
quais, les places publiques3. — IL Les res sanctae , telles
que les portes et les murs des villes L — III. Les proprié¬
tés qui fournissent des ressources pour des affectations
spéciales ou des recettes qui dérivent du droit de pro¬
priété, plutôt que du droit de souveraineté, et qui portent
les noms génériques de publica ", vectigalia , pascuac
[vectigalia].
On peut distinguer dans cette catégorie: 1° les loca
sacra qui rentrent dans les res nullius, t/irini juris • ;
la tradition les fait remonter jusqu’à la royauté8; ils font
partie du domaine de l’État 9 qui les a mis à la disposition
des différents collèges sacerdotaux, par exemple des
Pontifes10, des augures11, des Flamines, des Vestales12,
ou des temples13, mais qui peut toujours les reprendre
en cas de besoin11 [templum]. Il fallait une loi du peuple
romain pour consacrer des loca sacra 13 ou pour en chan¬
ger la destination ; aussi, en vertu de ce caractère public,
les revenus des temples étaient affermés à Rome par
les censeurs, dansles villes par les magistrats municipaux
[censor]10. — 2° Les emplacements à bâtir concédés par
l’État à des particuliers, sous la réserve de son droit de
propriété, et moyennant une redevance dite solarium1 ■ ;
ainsi sous la République le censeur assigne aux esclaves
publics des emplacements où ils se construisent des
logements18; sous l’Empire, cette attribution passe à
l’empereur et aux curatores locorum publicorum 19.
— 3° Les constructions publiques affectées à un service
particulier. — 4° Les constructions publiques qui rap¬
portent soit un loyer comme les boutiques, les maga¬
sins 20 ( tabernae , macellum ), les bains21, soit des rede¬
vances, telles que les concessions d’eaux22, le cloacarium
pour le droit de conduire les eaux des égouts privés
dans les égouts publics [cloacarium], les péages de
ponts23, de routes24, le portorium à l’entrée des ports
[portorium]. Tous ces droits sont affermés sous la Répu¬
blique par le censeur ou ses représentants [censor], plus
tard par les différents magistrats compétents. — 3° L oger
publiais proprement dit [ ager publicus, agrariae legesJ.
— 6° Les parties de l 'ager publicus que garde l’État, telles
que les forêts [silvae publicae], les mines [metalla], les
salines [salinae], les lacs, les lagunes, les fleuves où la
pêche est affermée23 [aquae, littus].
Sous la République, l’acquisition et l’aliénation des
loca publica sontsubordonnées àunvote du peuple, géné¬
ralement après consultation du sénat 20 [comitia, senatus] ;
puis cette prérogative passe à l’empereur : ainsi les béné¬
ficia impériaux sont surtout les concessions gratuites
de terres domaniales, révocables au gré du prince et qui
disparaissent avec lui, quoiqu’étant en général renouve¬
lées et confirmées par le successeur. En 27 av. J.-C.,
Auguste avait fait une révision générale de ces conces-
Appian. Bell. Mithr. 22. — 18 Cic. De dom. 49, 127; Gai. 2, 5; Fcstus, p. 321.
_ ir, Corp. inscr. lat. 6, 3924; 9, 3513. Voir Mommsen, Droit public, 111, p. 68-09.
— 17 Dig. 30, 1, 39, § 5 ; 43, 8, 2, § 17. — 18 L. Jul. municip. c. 82; Cic. Pro
Bab. 15. — 19 C. inscr. I. 6, 1585 b. L’inscription du musée Kircher qui attribue
un rôle au sénat en cette matière est suspecte (voir Ruggiero, Catalogo del Masco
Kircheriano, I, p. 136, n" 505). Les pe/isiones dont il est question dans le procès
des foulons de 244 ap. J.-C. (C. i. I. 6, 200) sont plutôt une redevance pour l'eau
qu’un solarium. — 20 Liv. 27, 11,6; 40, 51, 5 ; Dig. 18, 1 , 32 ; Val. Max. 3, 4, 4.
_ 21 Front. De aq. 107. — 22 Ibid. 94, 103-111 ; Dig. 30, 1, 39, §5,-23 Dig.
19, 2, 00, § 8; Scncc. Dialog. 2, 14, 2. — 24 Dig. 24, 1, 21. — 25 Fest. Ep. 121 ,
Polyb. 6, 17, 2 ; Dig. 1 , 8, 4, § 1 ; 43, 14, I, § 7. — 25 Cic. De leg. agr. 2, 30, 82 ;
Licinian. p. 15.
LOC
1280 —
LOC
sions et c’est à cette date que se réfèrent fréquemment
les empereurs postérieurs1.
La délimitation, la protection et la revendication des
loca publica, le règlement des contestations qui se pro¬
duisent à ce sujet entre l’État el des particuliers appar¬
tiennent essentiellement sous la République, à Rome,
aux censeurs 2 (ou à leurs représentants, consuls et
préteurs), quelquefois aux consuls 3, au préteur urbain1,
souvent sur l’invitation et d’après les prescriptions du
sénat5; pour Yager pub/icfis, il y a eu en général des
commissaires spéciaux [agrariae leges, triumviri agris
danois adsignandis] ; sous l’Empire, cette attribution a
passé parfois aux consuls B, aux praetores nerarii
généralement aux différents curateurs 8 [curatores
LOCORUM PUBLIGORUM, ALVEI TIBER1S, AQUARVM, VIARUM] et
aux empereurs, pourvus ou non de la qualité de cen¬
seurs 9 ; et le sénat invite encore quelquefois les pouvoirs
compétents à procéder à ces opérations10. En dehors de
Rome, ce sont les consuls, les préteurs et les gouverneurs
qui sont compétents 11 .
Le magistrat (le préteur) dispose, dans l’intérêt du
public et des particuliers, d’un interdit prohibitoire pour
défendre de bâtir sur les loca publica , d’y établir quoi
que ce soit qui pourrait nuire12 [interdictum, p. 5581 ;
on ne doit rien établir qui gêne la vue du voisin ; le fait
de supprimer, d’amoindrir un avantage, dont jouissait
autrui, constitue ici un dommage 13 ; la permission
accordée par une loi, un sénatus-consulte, un édit impé¬
rial d’établir quelque chose in publico suppose qu’il n’en
résultera de gène pour personne; cependant l’édit impé¬
rial peut à la rigueur supprimer cette restriction14.
L’interdit permet d’empècher la réfection d’une construc¬
tion établie sur un lieu public ; si un particulier a bâti
sans opposition in publico , il ne doit être contraint à
démolir que si la construction gêne la jouissance publi¬
que ; sinon, elle est tolérée, moyennant le paiement d’un
solarium ; le particulier, qui a bâti malgré l’édit du pré¬
teur, doit démolir; dans les lieux sacrés, non seulement
on ne doit rien faire, mais on doit toujours remettre les
choses en l’état antérieur15. Le particulier qu’on empê¬
che de jouer sur la place publique, de se baigner dans le
bain public, doit avoir recours non à l’interdit, mais à
Yactio injuriarum 16. Nous renvoyons aux mots inter¬
dictum (p. 558), viae, aquae, littus, pour l’étude des
autres interdits qui avaient trait aux autres catégories
de loca publica. C’est d’après ces règles juridiques que
l’édile doit, d’après la lex Julia 17, empêcher de clore les
lieux et les portiques où le public a accès, de bâtir sur le
sol public à Rome et sur un espace de mille pas en
dehors de Rome, que les censeurs ont souvent fait enlever
ce qui gênait la circulation, en particulier les baraques
et théâtres en bois provisoires, qu’ils ont fait supprimer
des constructions faites sur le sol public ou appuyées
i C. i. I. 10, 8038 (édit de Vespasien aux Vanacini de Corse) ; 2, 1423
(lettre do Vespasien aux Saborenses de Bétique); 6, 266; 10, 3828. Voir
Mommsen, L. c. V, p. 433-439. — 2 Liv. 4, 8, 2; 40, 51, 8 ; C. i. I. 6, 1231, 1232.
— 3 Ib. 6, 1235. — 4 Cic. De doni. 53, 136. — 5 Front. L. c. 127 ; C. i. I. 6,
1234. — C Ib. 6, 1263, 1264, 1235. — 7 1b. 6, 1265. — 8 Ib. 6, 1203, 1265-1267.
— "/i. 6, 919, 1202. — 10 Ib. 6, 1263, 1265-1207. — U Liv. 42, 1, 6; 42, 19, 1.
— 12 Dig. 43, 8, 1, 2 pr. §3.-13 43, 8, 2, §§ 6, 11, 14. — H Jb. §§ 10-10.
— 15 Jb. §§ 7, 17; 43, 8, 7. — 16 Ib. 43, 8, 2, § 9. — 17 C. i. I. I, 206, c. 17,
1 68. — 18 Plin. Hist. nat. 34, 6, 30; De vir. illust. 44; Nonius, p. 346;
Tertull. Ad nat. 1, 10; De spec. 10; Apol. 6; Liv. 43, IG, 4; 39, 44, 4; Plut. Cat.
19. Une loi de Constantin (C. Th. 15, 1,4, en 329) défend aux particuliers de bâtir
à moins de cent pieds des horrea publics, sans doule à Constantinople. — '9 Liv.
contre des édifices publics18. Pour la protec|i
aqueducs, il y a l’action concurrente des censeur1' J
édiles 19. Le magistrat emploie ordinairement I "" ' ^
extra ordinem entre l’État et les particulier'7?'0
citoyen peut soutenir les intérêts de l’État , p.u. p, °ut
novi nuntiatio™, ou par l’interdit « ne quid
publico vel i t hier e fiat » dont un des caractères esM".° J
populaire (popularis)*1 . Enfin les magistrats disn.,!,^
de l’interdit de loco publico fruendo qui est aussi d’un
lité publique pour assurer, selon les règles du fer ' *
libre jouissance des lieux publics aux fermiers qu'nés
ont loués [ACER publicus, vectigalia] 22. a Rome les
édiles concèdent l’usage momentané du sol public pou]
une fête23 ou pour une autre raison24 et, concurremment
avec les censeurs, l’autorisation d’élever des statues 25
B. Les loca publica des villes de droit romain ont à
peu près les mêmes caractères juridiques et le même
emploi que les précédents. Il y a d’une part les propriétés
qui sont laissées à l’usage public20 et d'autre part les
loca sacra , les constructions affectées à un service pu¬
blic 27, les constructions qui rapportent des loyers ou dos
redevances, telles que \e cloacarium , les péages, les rede¬
vances des eaux 28,lcs compascua 29, les mines, les salines,
les forêts, les étangs, les carrières30, les domaines f
ciers proprement dits qui sont affermés soit à la façon
ordinaire pour cinq ans, soit à long terme et à perpé¬
tuité 31 [ager vectigalis, arca]. Ce sont les magistrats
municipaux, les duumvirs, les édiles, et plus tard,
sous l’Empire, les curatores rei publicae et, au moins
dès Marc Aurèle, les gouverneurs, qui sont chargés de
la conservation et de la revendication des loca publican.
Ce sont les magistrats municipaux qui font les conces¬
sions temporaires ou permanentes, mais sous réserve
du droit de propriété33 [duumviri juridicundo, curatores
rei purucae, aediles, munera] ; ce son en particulier
les édiles qui répriment les empiètements des cons¬
tructions privées sur la voie publique34. Quelques lois
municipales donnaient au curator rei publicae le droit
d’accorder gratuitement à des particuliers la faculté
de faire des travaux sur le sol public; mais ce droij
dépassait les attributions ordinaires du curator et nu me
du gouverneur et était en principe réservé a 1 empereur
Les loca publica des cités étaient inaliénable* et poU|
vaient être repris aux possesseurs, même achetern^
bonne foi qui avaient alors recours contre les ' tn( 1 1
cependant ils étaient protégés par la prescripl i< >u -
de dix ou de vingt ans lorsqu'ils possédaient '•' /
causa et bona fide , à moins qu’ils n eussen aC^
propriété publique d’un mandataire de la cih, e
rant pas que c’était une res publica 3‘. nsidéra-
Au Bas-Empire, le patrimoine des villes . ^Com¬
blement amoindri parla cession que Constan rfC,
tance firent au clergé chrétien d une pailn
, F,a„ ,, 49 (éd.^
39, 44, 4; Front. De aq. 95, 97; Cic. Ep. 8, 6, 4 ; Cal- J- ^ n ^ 43
— 20 Dig. 39, I, 3, § 4. — 21 Dig. 43, 8 9. S 34; ■ , ’ - „„ - S5(*
• 23 L. Jul. mnnicip. 1. 77. — 2;
i. I. i, 803. — 26 Gram. vet. 17,
8Î
§ 34 ; 43, 7, f ^ ■_
Bull. comm. arch. ,
. . 3-18.- St Les col.
(Corp. inscr. lat. 2 Bupplem. 5439) ; Lex Anton, de 7m » ^ consi.
- 28 Dig. 7, 1 , 27, § 3 ; 19, 2, 60, § 8 ; Gram, vet, 349 ; ^ ^ ****<■
- 29 Gram. vet. 202, 3-4. — 3» Dig. 39, 4, 43 pr. § 1 . ,8 - -
82. _ 31 Dig. 6, 3, I pr. ; 39, 4, U, § 1 ; Gai. 3, ^ ’9(!, ,»«,*■
50, 10, 5, §§ 1 et 6 ; Lex col. Jul. Geneliv. c. 73. S6 Dig- 50’ s' '“i
10, 3822. — 34 Dig. 43, 10, I, § 2. — 35 Dig- *3, 24, , § • jme ,nuiu <1
- 37 Dig. 41, 4, 11; Paul. Sent. 5, 2, 4. Voir Houdox,
p. 422-427.
1281
LOC
LOC
i revint sur celte mesure, mais elle fui
Wli(l ’ JU1;;S empereurs suivants Julien s’efforça
reprit l»a1' d( recongtituer les domaines municipaux
d’autre par les donations antérieures d 'opéra
fn révoquan nt ^ redeyance (. pensia , canon , l’an-
Pblicaj \ ]ps constructions faites sur le sol public ou
boutiques municipales, des ergaHeriaK
(in je l’Empire, les praedia civilia furent
Jusqu 11 t inaliénables 3 ; une loi de Théodose 11
“"Lnulait encore les usurpations de biens publics,
i «. depuis moins de trente ans‘; en Or.ent, une lo,
I tSt maintenait la redevance due pour les locaux
„l,lics‘. I,c fermage des loca publica était en général
p ocv REUCTA. — Les arpenteurs romains appe¬
lant ainsi* les parcelles de terres qui, dans les assi-
ILions n’avaient été ni délimitées ni mesurées, par
Position aux loca terminis obligata*. Il y en avait de
1 deux catégories : les unes étaient en dehors des limites
et notaient bornées que par la frontière du territoire;
elles constituaient les loca extra clusa , ager extra du-
msi. p en était ainsi quand la frontière avait été portée
[ jusqu’à des montagnes ou qu’il y avait eu trop de terres
disponibles, de sorte que l’assignation n’avait pas été
I étendue jusqu’à l’extrémité du territoire. Les parcelles
de la seconde catégorie, les loca relicla au sens étroit,
I étaient enclavées dans les terres limitées 1 ; on n’avait pu
I les utiliser pour l’assignation soit à cause de leur mau-
I vaise qualité, soit parce qu’il y avait trop de terres.
\ On doit rapprocher des loca relicla les subseciva ou
I mbsiciva. On appelait ainsi les parcelles de terres restées
I en dehors de l’assignation, parce qu’elles n’avaient pas
I la surface d’une centurie, 200 jugera. Une centurie
I entière, même non assignée, n’était pas un subsecivum,
I mais une centurie vacua 8. Mais dès l’époque de Trajan
| on compte par abus pour une centurie la parcelle ayant
I plus de 100 jugera et pour une demi-centurie la parcelle
I ayant plus de 50 jugera °. Il y avait aussi deux catégories
I de subseciva : les parcelles qui se trouvaient aux extré-
| mités des terres assignées et qui, tout en ayant été mesu¬
rées, n’avaient pas la surface d’une centurie ; et les par-
I celles qui se trouvaient enclavées dans les assignations1.
B Les subseciva continuaient à appartenir en droit hYauctor
B dwisionis , c’est-à-dire au peuple romain, plus tard à
■ J empereur; ils figuraient sur les registres impériaux 8 ;
I ' at pouvait les donner par assignation à des particu-
. H'is, a des vétérans, ou les vendre, ou les abandonner
■ aux miinicipes et aux colonies sur le territoire desquels
lls se trouvaient, ou à des villes de droit étranger
I kmme compensation des terres qu’elles avaient perdues9.
■ parcelles étaient fréquemment usurpées, mais
I 'ra' ny avait pas d’usucapion qui garantît cette
I RerS<|SS'0n’ ^ P0uvait toujours les revendiquer, obli-
I ls Possesseurs à les racheter10; c’est ce que firent
I ?' |M V (302L C- Jlist ■ u- °9. 2; Amm. Marc. 25, 4; Lib. Ad
I il ô'i El> 7M M Ca'an ' Sozonl- 5, 5. — 2 C. Th. 13, 1, 9, 10;
I Jll,L U, 69 ~ 3 C- Just- U> 70, 2-4; 11, 00, 3. — 4 ArOV. 30. — 5 C.
I ®ommstn J j 6 d/>. U, 69, 3, 4, 5, G; 11, 70, 2, 3, 4. — Bibliographie.
I P- 191-205- Giiap î '^anue^ des antiquités romaines, Paris, 1888, t. X,
LOc* ÏUxLir'i- ’ Mjmuel de droit romain, Paris, 1890, p. 230-231.
fl 29 ; 7] | j ^ ,('4' l-l aussi loca soluta, insoluta. — - Grcm. vet. éd. Lacbmann,
I U‘1!l ; 341, 3». s’ i'9’ f'S- U; 21, 7; 22, 8 ; 53, 23 à 50, il ; 80; 87; 108,
I h- 22. J, JjiY J;.17 ! 398 > 13-15 ; 399, 1-2 ; 400, 10-20. — 4 Ibid. 21, 8 ; 22, 2 ;
I ■’ *‘,!‘> 20, 3.J. l3’ *'*■ ~ 0 Grom. vet. 213, 1-3; 110, 23. —7 Ibid. G, 5-7;
I ieL 20-27 ; ’y.,8'10’ 33’ 1Gl Si, 117; 110, 14-15; 111, 8; 132, 24 à 133, IG ;
■ 284, 1-8. — » ibi(l 202i 5_c. _ 9 lbid 21) u . 53> 20 . U7)
! Vespasien et Titus dans toute l’Italie “ ; mais cette reven¬
dication provoqua tant de plaintes et de mécontentement
que Domitien confirma les usurpations et attribua tous
les subseciva aux propriétaires voisins12. Il est question
des subseciva dans l’inscription d’Ifenchir-Mettich, rela¬
tive à un grand domaine d’Afrique, au fundus \ illae
Magnae Variani 13 ; des colons sont autorisés aies met¬
tre en culture, selon les dispositions delà /ex Manciana ,
ils acquièrent ainsi 1 usas proprius de la terre et par¬
tagent les fruits avec les propriétaires du domaine
[latifundia].
Les loca relicla ne paraissent donc différer des subse¬
civa qu’en ce que ces derniers avaient été mesurés. En
tout cas, les loca relicla sont soumis au même régime
que les subseciva ; ils restent à l’État qui peut les donner
à une communauté, à un temple14, qui a toujours le
droit de les revendiquer sur les usurpateurs1’. U est
probable qu’ils ont été compris dans la mesure prise par
Domitien en Italie16. Ch. Lécrivain.
LOCA.TIO. — Droit grec. — La théorie du droit grec
sur le contrat du louage concorde, dans ses grandes
lignes, avec celle du droit romain et du droit moderne.
On peut ainsi définir le louage ([aicOwitk;) \ un contrat par
lequel Tune des parties s'engage, moyennant une somme
d’argent convenue, à procurer à l’autre la jouissance
d’une chose déterminée et non fongible ou à exécuter
pour elle un fait. On distingue d'ailleurs trois espèces de
louages, le louage de choses, le louage d’ouvrage et le
louage de services.
A. Louage de choses. — Le contrat de louage de choses
est un de ceux sur lesquels nous avons le plus de rensei¬
gnements dans le droit grec, car nous possédons, du
moins en ce qui concerne les baux immobiliers, d’une
part, des lois qu énoncent les conditions générales des
baux, d’autre part, une série de contrats qui nous ont
été textuellement conservés. Il y a aussi une série d ins¬
criptions autres que des règlements et des baux qui four¬
nissent des indications précieuses sur les contrats de
louage2. La plupart de ces documents ont trait à des loca¬
tions de terres sacrées ou publiques, et on n’en rencontre
jusqu’à présent que deux qui soient d ordre privé ; mais
les baux conclus entre des particuliers devaient évidem¬
ment être établis d’après les mêmes principes que ceux
qui intervenaient entre un particulier et une personne
morale de droit public, comme un temple ou une cité.
Toute chose corporelle peut faire l’objet d’un contrat de
louage, pourvu qu’elle soit dans le commerce et qu'elle
soit envisagée comme corps certain. Les choses qui se
consomment par le premier usage forment plutôt 1 objet
du contrat de prêt de consommation (oaveia^oç). Les
meubles aussi bien que les immeubles peuvent figurer
dans un contrat de louage. Ainsi nous avons des exemples
de louage de bêtes de somme3, d'esclaves 1 ou de navires ’.
Démosthène parle aussi de la location d’une banque G.
21-24 ; 118, 4; 102, 20-21 ; 1G3, 5-7; 202, 10. — *0 Ibid. 52, 8. — U Ibid. 54, 3-12 ;
j I 7-8.— 12 Ibid. 54, 11-12; 133, 0-10 ; 284, 1-8 ; Suct. Dom. 9. — 1* 2Voui\ rev.
hist. de droit, 1897, p. 374-377, 1. 6-10, et le commentaire de Toutain, p. 378-415.
— 14 Grom. vet. S, 1-10 ; 22, 2 ; 220, 2; 233, IG; 239, 9. — 15 Ibid. 50,9; 52,7-10;
957 2( _ la Ibid. 163, 8-10. — Bibliographie. Bluhme, Lacbmann, Rudorff, Die
Schriften der rômischen Feldmesser, Berlin, 1852, p. 393-304.
LOCATIO. 1 Celte expression est toutefois également employée pour désigner la
merces. — 2 Voir pour l'indication des documents épigraphiques, Euler, De local ione,
conductione, etc.-, Reinach, Epig. gr. p. 398; Dareste, llaussoullier et Reiuacli,
Inscr. jurid. p. 23 1 et s. — 3 Aeschin. De mal. yest. le g., g lit, et C. Ctesiph., § 7G ;
Demoslh.C. Phoenip., § 7. — 4 Xenophon, De veclig., IV, §g 14 et 15. — 5 Pollux,
1, 75; X, 20. — G Demoslli. Pro Phorm., §§ 8 et s., et C.Steph., I, § 31.
LOC
— 1282 —
C’est toutefois en matière immobilière que le contrat de
louage présentait en Grèce le plus d’importance, et la
plupart des documents que nous possédons sur ce contrat
sont relatifs à des locations d’immeubles. C'est qu’en effet
il existait de nombreux domaines appartenant à des per¬
sonnes morales, temples, dèmes ou cités, et que l’on ne
pouvait guère faire valoir qu’en les affermant. D’autre
part, les baux d immeubles urbains étaient très nombreux
en raison de l’impossibilité où se trouvaient les étrangers
dans certaines villes, comme à Athènes, d’être proprié¬
taires d’immeubles. Les métèques domiciliés à Athènes
ne pouvaient se loger que dans des maisons de location.
Le contrat de location peut, au surplus, dans le droit
attique, s’appliquer non seulement à une ou plusieurs
choses déterminées, mais encore à la totalité ou à une
fraction du patrimoine. C’est à un contrat de ce genre
([i’70(o<7i; oVxou) que l'on recourt en cas de tutelle, lorsque
le tuteur n'administre point lui-même les biens du
pupille. Nous observerons aussi que le contrat de location
n’était point seulement usité dans les rapports de droit
privé. Il était également, à Athènes, d'un emploi très fré¬
quent dans le droit public au point de vue de laperception
des impôts qui étaient affermés1.
Le contrat de location se forme solo consensu, et il n’est
pas besoin que l’échange des consentements ait lieu dans
une forme solennelle ou soit confirmé par un serment
quelconque 2. Les parties pouvaient se contenter d’un
bail verbal, mais on préférait toujours, en raison de l’im¬
portance du contrat, en consigner les clauses par écrit 3.
Cet écrit (c uv^xat) était ensuite généralement déposé soit
entre les mains d’un particulier, soit dans un temple *.
Lorsqu’il s’agissait de la location de biens appartenant à
des personnes morales, temples, tribus, dèmes ou autres,
il était nécessaire de porter le contrat à la connaissance
de tous, et on le gravait d’une manière durable sur pierre
ou sur bronze.
La conclusion des baux passés par les personnes
morales se distingue, à un autre point de vue, de celle
des baux intervenant entre de simples particuliers, en ce
quelle est soumise à l'observation de certaines formalités.
Le contrat est habituellement passé par les représentants
de la personne morale, magistrats ou agents ordinaires
de la cité, de la corporation ou du dieu, ou bien par des
commissaires spécialement élus. Le contrat peut aussi
être passé par la corporation tout entière réunie ou assem¬
blée; tel est le contrat de bail consenti par le dème
d'Aixoné 5. Lorsque le'bail est conclu par les représentants
de la personne morale, ils doivent se conformer aux lois
ou décrets qui régissent la matière, en général, ou aux
règlements spéciaux qu’il plaisait au peuple d’édicter
pour un cas particulier. C’est ainsi qu’à Athènes il y avait
une loi, qui ne nous est point d’ailleurs parvenue, sur la
location des domaines sacrés6, mais nous possédons
celle de Délos, ordinairement appelée la Up« ffuyYpaœTj 7.
C'est aux enchères qu’avait lieu, en principe, la location
des biens sacrés ou publics 8.
1 Cf. sur 1 affermage des impôts : Boeckïi, t. I, p. 384; Schoemann-Galuski,
t. 1, p. 313; Gilbert, t. I, p. 394; Caillcmcr, Contrat de vente, p. 34.
— 2 Beauchet, Bist. du droit privé de la Jflép. athénienne , t. 1, p. 161. Voir
toutefois Haussoullier, Bull, de corr. Iiell. t. III, p. 253. — 3 Theophr. De
caus . plant. II, il, 3. — 4 Demostli . Pro Phorm ., 64. — 3 Dareste,
Haussoullier et Reinach, p. 238, 1. 1. — C Aristot. Constit. des Athén. c. 47.
— 7 Homolle, Archives de l’intendance sacrée à Délos, p. 119; Bulletin, VI
(1881), p. 63; XIV (1890), p. 421 et 430. - 8 Homolle, Bulletin, XIV, p. 430;
LOC
Le contrat de louage fait naître des oblitr r
proques à la charge soit du bailleur, soit q,, ‘°as Féci‘
ce qui concerne d’abord le bailleur! il doit 1,n'"eur’ E«
preneur la jouissance de la chose louée p,.n j’I0CUrer au
durée du bail, et livrer cette chose au p^oj,0'110 la
Uro de SOn obligation
tous ses accessoires. Comme corollaire avec
de faire jouir le preneur, le bailleur est tenu de r . ]
réparations dont la chose louée a besoin I .. aU'elos
déliens paraissent, à ce sujet, mettre à la charge tÜT?
leur toutes les réparations, sans distinction entre les
rations locatives et les réparations d’entretien» jp •l’1®'
doit conclure d’autres documents que les comptes déb
ne se réfèrent qu’aux grosses réparations et que les 'J'"8
rations locatives incombent, en principe, au preneJi
Une autre conséquence de l’obligation de faire jouir lêl
preneur est pour le bailleur de garantir celui-ci contre
toute éviction. Lorsque toutefois le bailleur aliène J
chose après l’avoir déjà louée, le preneur, n’ayant point
cle droit réel, ne peut se prévaloir de l’antériorité de son
titre vis-à-vis de l’acquéreur. Celui-ci peut donc expulser
le locataire, à moins que, par une clause formelle de son
acte d’acquisition, il ne se soit obligé à respecter le bail.
Pour se garantir contre ce danger, le preneur peut stipuler
dans le bail l’interdiction de vendre la chose louée avant
un certain délai ou avant l’expiration du bail “. Sans
doute, cette interdiction n’est pas opposable à l’acqué¬
reur, mais elle fournit une garantie au preneur en l'auto¬
risant à intenter une action pXaS-qç 12 contre le vendeur
en cas de contravention, et la crainte de subir une con¬
damnation au double sur cette action devra détourner le
bailleur de vendre la chose louée ou le porler, en cas
d’aliénation, à exiger de l’acquéreur le respect du bail
antérieur. En cas d’usurpation commise par des tiers,
notamment par des voisins sur les biens loués, le fermier
peut agir directement contre eux et, si ces tiers sont con¬
damnés à une amende à raison des dégâts qu’ils ont
commis, le fermier garde l’amende pour lui 1!.
Le preneur est, de son côté, tenu de certaines obliga- ,
fions. Il ne peut d’abord entrer en jouissance qu’aprèsj
avoir fourni les cautions dont nous parlerons ultérieure- j
ment. Une fois le bail en cours, sa principale obligation
consiste à payer le prix de location, gisOoç, [usûwsi?
ou Êvot'xiov, suivant qu’il s’agit d’un bien rural ou dune I
maison. L’obligation de payer le loyer a toutefois un I
caractère successif par cela que lajouissance de la ibose I
louée est fournie d’une manière successive. Il en résu e j
notamment que, comme le stipulent certains baux, i } a ,
lieu à réduction ou à remise du fermage, si ba jolIi^anC^ I
du fermier est entravée par des faits de guerre • 1
serait imprudent de généraliser et d’étendre .1 l0“s ni
cas fortuits ce qui est admis pour le cas de gi" 1" •
jgpc riai'n î 1 avoir été assez t
Le taux des fermages parait avoir -été as^z
Ainsi en Attique on voit des maisons rappoih1 1
9 pour 100. Les terres rapportaient naturellemen u^ ^
moins que les habitations. D’une manièie g1
loyer des immeubles était sensiblement inb 111
générale, le
437. - 10 cr>
Darcsle, Haussoullier et Keiuach, p. 263. 9 Homolle, . ^.glenic"1
conlrat de location d'Amorgos, Bulletin, XVI (1892), P- - ^ og-24. V°'r
dème du Pirée, in Dareste, Haussoullier et Reinach, !>• -■ ’ |[alissoulh<'r 'j
Beauchet, t. II, 4, p. 168. — il Bail du dème d'Aixoné, m » 11 Bal
Reinach, p. 238, 1. 9-12. — 12 Cf. le bail précité, Ibid. P- - ] ’ (jg'l30. - 1» N
d’Héraclée, in Dareste, Haussoullier et Reinach, p- 204, s • | 12-1* ; i>allJ e
des Aixonéens, in Dareste, Haussoullier et Reinach, p. ( ,, j,(int, flirt, !■ P 1 "
la phratrie des Dyaliens, in Corp. inscr. ait., II, 600.
— 1283 —
LOC
,allX ce qui s’explique par les risques moins
l^rèldes cJPj * le propriétaire ».
grands coin est, en principe, payable en argent.
Lel0)TI'Ti s'agit de biens ruraux, le fermage peut
MaiS’ qU r nnvable en nature2, ou bien encore partie en
être stipule IM- nature 3> La redevance est invariable
k’^liée du bail, sauf le cas de réduction précé-
1" : io-nulé Par contre, aussi, elle peut etre aug-
r' ü? r„â dôurième dans les années qu, ont un mois
“l, lu, ire, mais cet usage ne se rencontre que dans
JC emphytéotiques*. Dans le cas de métayage,
rince varie proportionnellement a 1 importance de
, réc„Ite. liais ce mode de location, qui, a Athènes,
hit iris usité à l'origine, à l'époque des «»TW.pu. do
tien lie semble plus pratiqué au temps des orateurs.
rt parties avaient toute latitude pour déterminer les
de paiement du loyer, et elles en usaient à leur
eré suivant les circonstances, stipulant, par exemple, que
Loyer serait payable en une fois, généralement au mois
d’Hécatombéon, ou bien en deux fois, aux mois d’IIéca-
tombéon et de Posidéon, ou même en trois fois, aux mois
d’Hécatombéon, de Gamélion et de Thargélion. AAlhènes,
le mois d'Hécatombéon figure dans presque tous les baux,
et c’était vraisemblablement un des termes habituels de
paiement pour l’année échue. Dans le reste de la Grèce,
I existait une assez grande variété d’usages à cet égard "•
La charge du loyer ne s’augmente point d’ailleurs du paie¬
ment des contributions publiques : celles-ci incombaient
au bailleur, à moins que le contraire n’eût été stipulé \
En dehors du paiement du loyer, le preneur est encore
tenu d’autres obligations spéciales. Il doit d’abord user
de la chose en bon père de famille. Quelquefois le contrat
entre à cet égard clans de nombreux détails, par exemple
sur la façon à donner aux vignes, les assolements, la
fumure des terres, etc. b Le fermier doit, à plus forte
raison, respecter la destination de la chose louée, de
façon que le bailleur la retrouve à la fin du bail telle qu’il
l’a livrée . Il ne peut, en conséquence, apporter aucune
modification à i’état du sol, par exemple ouvrir des car¬
rières, sang l’autorisation du propriétaire. De même, si
le domaine loué, renferme des arbres, il lui est interdit de
les couper; il a seulement le droit de se servir du bois
pour des constructions ou des ëchalas, ou de couper du
bois mort pour ses besoins domestiques 8. Dans les baux
à longue durée, abstraction faite même des baux emphy¬
téotiques, le fermier a pour devoir non seulement de con¬
server ] immeuble en l’état où il l’a reçu, mais encore de
Paméliorer. Ainsi, dans un bail athénien de vingt ans, le
fermier est tenu de clôturer le terrain avant telle date et
I ePantCT au moins deux cents boutures d’oliviers9.
L 6 Pu neur ne parait pas avoir eu la faculté de sous-
|ola enCdS ^ ^oca^on d’un immeuble rural. Cela résulte
bail ", 'ln nl ,^e ce <îue’ comme nous le verrons, un pareil
men| " lin Par la mort du fermier. Mais il en est autre-
étaii ni 1 '<JS*3aux d’immeubles urbains. Les maisons
princircj1 ,^ll" neS! généralement louées à un locataire
1 ’ ' vau*^qpoç, pour qu’il sous-louât lui-même à
| 1 Cf |
fr'W/(i* jUjh 011 'mmeuljlcs, Bücliscnscliütz, Besitz und Eru'erb iin
" 1 Bail je >ne’ el s. ; Boeckli, t. I, p. 178 ; Caillcmer, Luc. cit. p. 0.
, ‘■'NxWinglon, * EI°U8is> E?’U‘- «?/.•> 1883, p. 120, 1. 40. - 3 Le
§ 4. __ 5 y cl 15 . — 4 Dareste, Haussoullicr et Reinacli,
location des ,|un eaucIiot, t. IV, p. 176, 177, — G Comme dans le contrat
^•âo, » i 11 s ,lc Zeus 1 émènilès a Amorgos, Bulletin, XVI, p. 280,
!s*°i Haussoullior .i",? G aliens, C. inscr. att., Il, 600; contrat d’Héraclée,
'cinach, p. 204, 1, 120 et s. — 8 Dareste, Haussoullicr
LOC
d’autres personnes, principalement à des étrangers ou à
des métèques. La faculté de sous-louer devait donc appar¬
tenir au locataire, à moins de convention contraire10.
Le louage de choses finit régulièrement par l’arrivée
du terme convenu, terme qui est fixé soit par la loi, soit
par la convention. A Athènes et à Délos, les domaines
sacrés étaient tous loués pour dix ans. Ailleurs, ils étaient
quelquefois affermés pour un temps moins long. Sauf
pour les terrains sacrés, il n’y avait point à Athènes de
règle fixe pour la durée des baux. On rencontre des baux
de dix, même de quarante ans. Les baux consentis par les
personnes morales devaient naturellement avoir une durée
plus longue que ceux consentis par des particuliers". Le
fermier sortant peut d’ailleurs demander le renouvellement
ou la prorogation de son bail. A Délos, par une combinai¬
son avantageuse à toutes les parties, la fspi suy ysacfvj dis¬
posait que le bail pouvait être prorogé, au gré du preneur,
sans adjudication nouvelle, pour une nouvelle période
décennale, moyennantune augmentation de 10 pour 100 1 ’.
On ne peut savoir, en l’absence de renseignements précis,
si le droit grec admettait la tacite reconduction 13.
Le bail peut prendre fin exceptionnellement avant
l’arrivée du terme, d’abord par l’application des principes
généraux, comme en cas de perte forluite de la chose
louée ou d’inexécution des engagements du preneur. Il
est aussi résilié par la mort du locataire ; mais les docu¬
ments qui signalent cette cause de résolution concernent
des immeubles ruraux14, et il est probable qu elle n était
pas admise pour les immeubles urbains 13.
La cessation du bail entraîne pour le preneur l’obliga¬
tion de restituer au bailleur la chose louée telle qu’il l’a
reçue. Souvent, pour prévenir toute difficulté entre les
parties, on dressait un état des lieux au moment de l'en¬
trée en jouissance par le locataire 10. C’est également dans
ce but que l’on procédait quelquefois à une délimitation
exacte des terrains loués l7. Certains contrats renferment,
au surplus, des dispositions destinées à faciliter une nou¬
velle location et à assurer la transmission de l'immeuble
au nouveau fermier. C’est ainsi qu’un bail d'Amorgos
oblige le locataire, en quittant le domaine, à remettre la
provision de fumier au complet18.
Le plus souvent les parties ne se contentaient pas des
actions mises par la loi à leur disposition pour assurer
l’exécution des obligations réciproques nées du louage;
elles inséraient dans leur contrat diverses stipulations de
nature à leur procurer une garantie plus efficace. Ces
clauses spéciales visaient principalement le preneur et,
en ce qui concerne le bailleur, on ne rencontre guère que
la clause précédemment signalée et par laquelle celui-ci
s’engage à ne pas vendre ou louer l’immeuble affermé
avant l’expiration du bail. Quant au preneur, il est le plus
souvent tenu de fournir des cautions 19.
Les infractions aux clauses du bail relatives à la jouis¬
sance du locataire entraînent le paiement soit de dom¬
mages-intérêts, soit même d’une amende. Le montant
des dommages-intérêts est souvent fixé d’avance par le
contrat20. La principale obligation du locataire, celle de
cl Reinacli, p. 20G, 1. 137. — 3 C • i. (lit., 1\ , 113 a, 1. 30 cl s. — 10 Bcauchct,
t. IV, p. 181. — 11 Cf. Guiraud, La propriété foncière en Grèce, p. 426 ; Bcauclict,
t. IV, p. 183. — '2 Voir Homolle, Bulletin, XIV, p. 431. — 13 Cf. Bcauclict, t. IV,
p. 184. — u Voir noltftnmcnt bail de Dclos, Bulletin, XIV, p. 431. — 13 Beaucbel,
t. IV, p. 185. — ,c llomollc, Bulletin, XIV (1890), p. 422 et s. — 17 Dareste,
Haussoullicr et Reinach, p. 194 et s. — 18 Bulletin, XVI (1892), p. 288. — 19 Cf.
Bcauclict, t. IV, p. 187. — 20 Dareste, Haussoullicr et Rciuacli, p. 202, I,
113.
payer le prix, est sanctionnée de diverses manières, tantôt
par le doublement de la dette faute de paiement à
l’échéance, tantôt par une simple majoration de ôOpour 100,
tantôt par l’annulation du bail ipso faclo. L’annulation
peut même se cumuler avec le doublement de la dette.
Un autre moyen de contrainte, assuré quelquefois au bail¬
leur parle contrat, consiste dans le droit de pratiquer une
saisie sur les biens du fermier en retard (êve^upaata) et
cela sans avoir besoin de faire préalablement établir sa
créance par un jugement *. Outre les divers moyens que
nous venons de signaler et qui résultent des clauses du
contrat, la loi elle-même intervient quelquefois pour
assurer le paiement du loyer. Ainsi, à Athènes, d’après
une loi citée par Démosthène, ceux qui n’acquittent pas
les fermages des terrains sacrés sont frappés d’atimie, eux,
leurs enfants et leurs héritiers, jusqu’à parfait paiement2.
En ce qui concerne les actions judiciaires naissant du
contrat de louage, on a prétendu que, dans le droit
attique, il y avait une action, analogue à l’action locati du
droit romain, par laquelle le bailleur pouvait poursuivre
d’une manière générale l’exécution de toutes les obliga¬
tions imposées par le contrat au preneur. Cette action
générale aurait été la otx*q [xurOwüswç ou gtsOoü 3. Mais
celte affirmation ne repose sur aucune preuve et nous
croyons qu’il n’y avait en matière de louage que des
actions spéciales à certaines obligations du preneur,
abstraction faite d’ailleurs des actions dont l’application
est possible dans tous les contrats en général.
La première des actions particulières au louage des
choses est la 8t x-q Ivotxioo, action tendant au paiement du
loyer. Il est vrai que les grammairiens, et notamment
Harpocration, présentent cette action comme une des
phases de la procédure de revendication. Mais il est géné¬
ralement admis, même par ceux qui considèrent la 3 t'xvj
èvoixtoo comme une voie de revendication et non comme
une mesure d’exécution, que cette action est également
applicable au contrat de louage On admet d’ailleurs
qu’à côté de la oix-q Ivoixtou, réservée au louage des mai¬
sons, devait fonctionner la 3cV.-q xaprcou, appliquée au
louage des fonds de terre. Aucun texte toutefois ne signale
l’application de la oix-q xxjttou en matière de louage 5. Au
surplus, l’exercice des actions précitées devait être assez
rare de la part d’un bailleur contre le preneur. En effet,
lors de la conclusion de la plupart des baux, on dressait
un acte écrit ((ruvQîjxai) de la convention et de ses différentes
clauses, de sorte qu’en cas de contravention à ces clauses
soit de la part du preneur, soit même de la part du bail¬
leur, la partie intéressée pouvait exercer l’action générale
(T'jaëoXatwv ou <tuvÔy ,xà>v -aoxêàffetoî. Le propriétaire ne
recourait vraisemblablement à la Six-/) èvotxi'ou qu’en l’ab¬
sence d’un bail régulier. Il pouvait aussi y avoir lieu, le
cas échéant, à l’exercice de l’action générale pXàg-qç.
Les grammairiens mentionnent l’existence de deux
au très actions qui garantissent vraisemblablement certains
droits spéciaux du bailleur: ce sont les actions àp.sXiou et
àvEiupYiou. Nous avons précédemment indiqué la portée
probable de ces actions 6. On a voulu enfin rattacher à la
matière du louage certaines actions mentionnées par
* Dareslc. Haussoullicr et Keinacli, p. 238, § 2,1. a. — 2J)cmoslli. C. Macart
§ 53. — 3 Meier et Schfîm&nn, Attische Process , lrc éd. p. 533. — '* Voir l’art.
ENOïKiou dikè. — » Voir karpou dikè. — 6 Voir ameliou dikè, ageorgiou dikè.
— ~i Poil. VIII, 31. — 8 Cf. Beauchet, t. IV, p. 108. — 9 Voir aussi Beauchet,
t. III. p. 313 et s. et t. IV, p. 108 et s. — 10 Xcn» Ment. Socr., III, 1,2; Strab.
Poli u x et sur lesquelles tous autres reaseignou
défaut, à savoir les Si'xat cpopïç àtpavoaç et* ^ f°nl
Ces actions auraient été applicables en cas de^o^1^1,
esclaves. Mais, vu l’insuffisance des texte* „ "aëetles
faire à cet égard aucune conjecture sérieuse8' i" /' ^lul
relatives au louage rentraient vraisemblablement 'p8
l’hégémonie des thesmothètes, sauf celles u • .
trait à la location des biens des pupilles, qui étaient - P1
delà compétence de l’archonte éponyme
Les baux emphytéotiques, qui ont un caractère inle I
médiaire entre la vente et le louage, sont soumis à cl
laines règles spéciales que nous avons précédemment
exposées [empuyteusis] fl.
B. Louage d’ouvrage. — Le contrat de louage d’ou¬
vrage , correspondant à la localio operis du droit romain
s’applique, dans le droit grec, à des travaux de différents
genres. Abstraction faite de l’entreprise de transports sur
laquelle nous reviendrons, ce louage se rencontre d’abord
dans l’entreprise des bâtiments ou autres travaux publics.
Mais si c’est là son application la plus importante, et
même la plus fréquente, du moins d’après les documents
qui nous sont parvenus, il apparaît aussi dans d’autres
circonstances. Ainsi les anciens auteurs parlent à plusieurs
reprises de contrats de ce genre passés avec des artistes
pour la confection de tableaux ou de statues10. Le louage
d’ouvrage intervient également à l’occasion de 'travaux!
de cultures, de l’enlèvement des récoltes ", du dessèche¬
ment des marais ,2. Il y a encore louage d’ouvrage dans
les contrats par lesquels une personne s’engage à faire
certaines livraisons de couronnes, par exemple pour les
fêtes publiques13, ou à graver une inscription14.
Celui qui, dans ces différentes hypothèses, fournit un
travail pour de l’argent, le conductor du droit romain,
celui que nous nommons aujourd’hui l’entrepreneur, est
désigné par le mot IpyoXâëoç et l’entreprise par le mot
èpyoXaêsta [ERGOLABOS].
Le contrat d’entreprise, dans le droit grec, est considéra
comme ayant plus d’analogie avec le louage des choses
qu’avec tout autre contrat. L’entrepreneur est assimilé là,
un locataire, avec cette différence toutefois qu au lieu
payer un loyer, c’est lui qui reçoit l’argent du maitre. 1
faudrait dire, en conséquence, que si l’on admet eus,
tence d’une action générale p.t<r0w<Tewî enmatmu 1 <- J
de choses, c’est au moyen de cette action que 1
régler les contestations survenues entre le maiio '
trepreneur 1S. L’exercice de cette action di \ mt,
plus, être assez rare, car les contrats d eut'1 P” ^ ^
voyaient presque toutes les contraventions P1'’ ..
la part de l’un ou de l’autre des contractants ^
maientpar des clauses pénales qui rendue n
recours aux tribunaux- . _ uriu louage, en
Le louage d’ouvrage, comme tout con < nlgCt»
général, se conclut par l’échange des constii ^ ault,ursj
n’est pas besoin de la rédaction d un eLl1^ du louage
parlent, il est vrai, de ffuyypatp^ à 1 P'f Ptc n’est nulle*
d’ouvrage16. Mais l’existence d un puui ^ ^ (j'.llltre
ment nécessaire pour la validité du con r j.cg s0Dt
part, les contrats d’entreprises de travau
II. l‘ro Col'ol,“\
.C. *4
12 (JoiiU-at J b' ! Col1- '
'lit, p. 354; Mut. V. Pelop., c. 2o ; Andoc.
122. — U Dcmoslli. C. Nicostr., § 21- 12 'ï3(jo, 2058 ; 1 "" J,
Iaussoullier et Rcinacli, p. 143. — 13 C. iiisct ■ <J > 305.
00. - u C. inscr.att., I. 20, 38, 1. 23; Dilteuberger, 67
iv r» vm _ 16 hpiriostli. Pro coron § I - •
— 12 $5 —
LOC
nt gravés sur pierre, ainsi que les devis, c’est
régulièrement uegà celles que nous avons signa-
« ilnm’aisonb tiucuv©
p°u (i(1 louage des choses,
ées à Pr0Püi’ ; écédemment indiqué [ergolabos] les
N°Ub ‘IN' ' jes entreprises de travaux publics et
règ’!wuî' facile de dégager une théorie générale du
rlnn I I , , .. « r\ nnnnoît rPml-
dont il
louage
d'ouvrage dans le droit grec. On ne connaît d’ail-
gravées sur pierre. Mais on peut
'uniformité des règles formulées
" ‘ i rit d’entreprise privée , car les conventions
leUrSalIrticuliers n’étaient pas, comme celles où figurait
,une cité ou un temple,
I aacci’ <‘ii voyant
î; es contrats connus, <|uc les conventions entre par
EL, étaient régies par des principes analogues à ceux
formulés dans les contrats où une personne
I morale était partie. . 1 «
■les transports, qui jouent un s. grand rôle dans la vie
anomique des peuples modernes, avaient également
,mi, grande importance dans la société grecque, et la
prospérité de certaines villes, d’Athènes notamment,
était due aux opérations commerciales auxquelles elles
so livraient. Ces opérations nécessitaient de nombreux
transports qui alors, eu égard à la configuration des pays
et à la situation des villes, s’effectuaient principalement
par la voie maritime. Or, pour les réaliser, on pouvait
recourir à l’un des deux contrats suivants, ou bien à la
location d’un navire, ou bien au contrat de transport. Le
premier n’est qu’une application aux navires du contrat
de louage des choses ; le contrat de transport rentre, au
contraire, dans le louage d’ouvrage ; le voiturier est un
mductor , car il emporte avec lui ( conducit ) la chose dont
on lui a confié le transport.
Malgré la fréquence du contrat de transport, nous ne
possédons presque aucun renseignement concernant les
règles qui le gouvernaient 11 devait être régi par les prin¬
cipes combinés du louage et du mandat. L’entrepre¬
neur était manifestement responsable de la perte et des
avaries des choses qu’il s’était chargé de transporter,
à moins qu’il ne prouvât que la perte ou les avaries
avaient pour cause un cas de force majeure 1 . Les
anciens auteurs nous ont laissé toutefois quelques indi¬
cations sur le taux du fret (vaOXov); ils nous apprennent
qu il était généralement assez bas 2.
I C. Louage de services. — Le contrat de louage de ser¬
vices avait, dans le monde grec, et à Athènes notamment,
une importance beaucoup moindre que dans les sociétés
®odernes. C’est qu’en effet la plus grande partie des ser-
Vlces qui lont aujourd’hui l’objet de ce contrat étaient
rendus, dans les cités antiques, par des esclaves. Ceux-ci
baient employés presque exclusivement soit comme ser-
Vltei|rs, soit même comme ouvriers. 11 ne pouvait être
question d aucune relation juridique entre l’esclave ainsi
employé et son maître, puisque l’esclave n’avait, en droit,
auunii personnalité. Lorsque, d’autre part, un citoyen, ne
I naiti ' ^aS assez d’esclaves, louait ceux qui apparte-
ch'lenl d "ne au<re personne, il intervenait un louage de
nmis V U'1U ProPr’ûtaire de ces esclaves et le locataire,
11 1 luit point question d’un louage de services.
^ P‘dil|ciinj|. r* i
Zoc.oj/ ; l|(.|'„r 'al 'lp loua^ I’ ■ :)l; Beaucliel, t. IV, p. 220. — 2 Cf. Caillemev,
~ 3 Plat. CivU™ ' l,a"leim’ p' 97’ "Ote 7; Boockli, 1. 1, p. 150 ; Beauchet, t. IV, p. 221 .
s M. — , Xunnüi!’ I\M e’ *sao' Diexog. her. § 39. — V Demostb, C. Timot.,
, I, 1. . — G Cf. sur le laux des salaires: Büchsenschiitz,
7 Diog, Laert, IX, §§ 55, 56 ; cf. Beauchet, t. IV,
p 3i7 mien.
P 3i' '• Uoeckl., 1. 1 D
P* 224 — h i ’ P'
t. iv « ,, :ysias* Ad*- si
IV, p. 4.) C(‘s § 2-'> Aeschin. C. Timarch., § iGO. — 9 Beauchet,
§4: cf- hcauclicl T "1lvllauëabé’ Anti<I- lie II., II, n« 770 c. — U Plat. Eutyphr.
y ' P' — Bibliographie. Beauchet, Histoire du droit
LOC
Les services que l’on avait l’habitude de demander aux
esclaves pouvaient néanmoins être également rendus par
des hommes libres, citoyens ou métèques, qui, n’ayant
pas d’autres moyens d’existence, mettaient, comme le dit
Platon, leurs forces à la disposition d’autrui, moyennant
un salaire, [aktOôç, et que I on appelait en conséquence
ptt<70o>Tot 3. Si, en lait, il ne devait pas y avoir une grandi
différence entre la situation de ces pu<70wTot et celle des
esclaves, en droit, cependant, il existait entre eux toute
la différence qui sépare un homme libre d’un esclave, et
notamment les simples engagés ne pouvaient pas être mis
à la question comme les esclaves \ Le louage des ser¬
vices pouvait d’ailleurs être simplement un moyen tem¬
poraire de se procurer un supplément de revenus, comme
pour les soldats ou matelots athéniens qui, dans leurs
expéditions, occupaient leurs loisirs en se louant pour
des travaux de culture
Le louage de services peut, dans le droit attique, avoir
pour objet un service quelconque : travaux des champs,
travaux domestiques, transport de bagages, etc. Il y avait
une classe de mercenaires libres fort importante, et
recrutée de préférence parmi les métèques, à savoir ceux
qui servaient dans la flotte ou dans 1 armée. En général, le
taux des salaires était assez faible,’ soit en raison du bon
marché des choses de première nécessité, soit à raison de
la concurrence que le travail servile faisait au travail
libre6. Le louage de services pouvait d’ailleurs, dans le
droit grec, à la différence de ce qui avait lieu dans le droit
romain, s’appliquer à des services professionnels comme
ceux du professeur, de l’avocat, du médecin, en un mot
des personnes exerçant une profession libérale. Les
salaires des professeurs, notamment, salaires qui étaient
quelquefois considérables, pouvaient être réclamés par
une action p.i«jfJoO ou p.ta9c6<7e(uç 7. Il semble même que,
dans le droit attique, un service contraire à la loyauté ou
aux bonnes mœurs ait pu faire valablement 1 objet d un
louage, et les orateurs parlent à plusieurs reprises d’écrits
rédigés à l’occasion de louages honteux, Lraiov-^'.ç ou
Tiopveta xaxoc ffuYYpacpvjv 8. Mais on doit admettre que si 1 on
dressait des <ruyYpa<pat à l’occasion de semblables conven¬
tions, celles-ci ne pouvaient cependant servir de base a
une action judiciaire9.
Le louage de services, lorsqu'il s’appliquait a des
ouvriers, paraît avoir été l’objet d’un contrôle de la part de
l’État. Dans quelques localités, les agoranomes étaient in-
vestisà cet égard de certaines attributions de police. Ainsi un
décret de Paros félicite un agoranome d’avoir eu soin que
les journaliers et leurs patrons fussent équitables les uns
envers les autres, les premiers s’acquittant en conscience
de leur besogne, les seconds payant sans contestation
L’ouvrier peut se louer non seulement à la journée, mais
aussi pour une période plus ou moins longue. Le droit
attique n’a pas admis la prohibition de certaines législa¬
tions modernes, qui interdisent l’engagement des services
à vie. Ainsi le louage de services connu sous le nom de
6r,Tsia, pouvait vraisemblablement être contracté à vie ".
Beauchet.
privé de la République athénienne, t. IV, p. 156 el s. ; Caillemer, Études sur Us
antiquités juridiques d'Athènes, Le contrat de louage ; Dareste, Haussoullier el
Reinacli, Recueil des inscript, juridiques grecques, t. I, p. 235 et s. ; Euler, De loca-
tione conductione atque emphyteusi Graecorum, Giessen, 1882 ; Guiraud, La pro¬
priété foncière en Grèce jusqu'à, la conquête romaine, p. 421 et s. ; HefTter, Die
Athen. Gericlitscerfassung, Ktiln, 1822, p. 264 et s. ; Hermann-Thalheim, Reclilsal-
tertümer, p. 90 et s.; Meier, Schumann et Lipsifls, Der attische Process, passim;
Plalner Der Process und die Klageil bei de » Attikern, Darmstadt, 1824, t. Il, p. 3l".
162
— 1286 —
LOC
I.OC
LOCATIO CONDUCTIO. — Rome. — Le mol locare ex¬
prime le fait de placer une chose à la disposition d’autrui.
Il n’a pas par lui-même de valeur technique. D’assez bonne
heure, et tout au moins au temps de Plaute, on l'employa
pour désigner une convention par laquelle une personne
s’engage à procurer à une autre, moyennant une merces ,
l'usage temporaire d’une chose1. Pour caractériser cette
acception particulière du mot locatio , on prit l’habitude
de le faire suivre du mot conductio qui indiquait la
contre-partie de l'acte qu'on avait en vue. On en avait fait
autant pour la vente, emptio vend il io.
En même temps, la notion du louage a été élargie ; on
l'a étendue au bail à ferme. La notion antique du louage
était ici insuffisante; il fallait donner au fermier non
pas seulement l'usage, mais la jouissance delà chose, le
droit aux fruits qu’elle est susceptible de produire en
l’obligeant à faire le travail nécessaire pour préparer la
récolte. Jusqu’alors on ne connaissait d’autre manière de
disposer des fruits à venir que la vente, et elle ne se
concevait que pour les fruits naturels2. Pour les fruits
industriels, ce mode de disposition n’était guère possible :
l’acheteur acquiert sur la chose un droit de maître qui
se concilie mal avec une obligation de faire. Pourtant
telle fut la solution d’abord admise en droit public;
l’État, qui ne pouvait exploiter comme un particulier,
vendit la jouissance de ses terres à charge par l’adjudi¬
cataire de les cultiver3. Mais lorsque la jurisprudence
réussit à donner aux notions juridiques la précision qui
distingue l’époque classique, on renonça à traiter comme
un acheteur l’adjudicataire qui n’avait que la jouissance
temporaire de la chose : on le considéra comme un
locataire4. Cette conception avait d’ailleurs un grand
avantage pratique : le bailleur fut tenu de faire jouir le
locataire ( pvaestare frui licere)5 ; par suite, l’obligation
du fermier consistant à payer le prix du bail, au lieu
d’être en quelque sorte fixée à forfait comme celle
d'un acheteur, fut proportionnée à la durée de sa jouis¬
sance.
A la fin de la République et sous l’Empire, le louage
se présente à Rome sous trois formes : louage de choses
(, locatio rei) , louage de services (< locatio opérant m), louage
d’ouvrage (locatio operis faciendi).
Lelouage estun contrat synallagmatique usité endroit
public aussi bien qu’en droit privé. Il a reçu une large
application en droit public avant d’être consacré par le
droit privé comme contrat consensuel G. On vient de dire
que l’État mit en valeur les terres qu’il possédait sous la
forme d’un louage de chose ( agrum fruendum locare'1).
C’est au moyen de la locatio operarum que chaque ma¬
gistrat se procurait les services des auxiliaires libres
dont il avait besoin pour l’exercice de sa charge. Enfin
la locatio operis faciendi était d’un usage courant poul¬
ies travaux publics et les fournitures de l’armée8.
LOCATIO CONDUCTIO. I Cf. Édouard Cuq, Institutions juridiques des
Romains , t. I, p. 622, n. 1, 3 et 4. — 2 Ibid. p. 62G. — 3 Fest. v° Venditiones.
— 4 Cf. sur la période de transition, Édouard Cuq, Op. cit. I. I, p. 629, n. 1.
— 5 Pompon, ap. Ulp. 32 ad Ed. Dig. XIX, 2, 9 pr. — 6 Cf. pour l’influence exercée
par le droit public sur la formation des contrats consensuels, Edouard Cuq, Op.
cit. t. I, p. 601-602.— 1 Ibid. p. 628. — 8 Ibid. p. 621, n. 3. -9 Gai. IV, 28.
— 10 Cf. sur l’histoire du louage aux premiers siècles de Rome, Édouard Cuq, Op.
cit. t. I, p. 615 et suiv. — u Paul. 34 ad Ed. eod. 1. — 12 Gai. 2 rer. quotid. eod.
2 pr. — 13 Ulp. 32 ad Ed. eod. 9, 6; Tertull. 1 Quaesl. Dig. XLI, 2, 26. — Pomp.
8 ad Q. Mue. Dig. XXXIII, 3, 66 ad finem. — 15 Gai. 7 ad ed. prov. Dig. VII, 7, 3.
Pour le droit d’habitation, Ulp. 17 ad Sab. Dig. VII, 8, 4 pr.; 8 pr. ; cf. Édouard
Cuq, Op. cit. t. I, p. 623. — 10 Çaul. 3i ad Ed. Dig. XIX, 2, 22, 3 : Quemadmo,
dura in emendo et vendendo naturaliter concessum est guod pluris sit minori ,
Les questions relatives au louage en droit
été traitées aux mots
Public i
CENSORIA LOCATIO, APPAR1; . . 0111
locationis. On ne s’occupera ici qUe du l0URo. ,URES| LE*
t'n droit
prive.
I. LOCATIO RE.. - Des trois applications du
10 ret, mais elle n’eut
louage
Pendant
la plus ancienne est la locati
longtemps qu’une portée restreinte
Le louage de maison n’avait pas de raison d’être q J
que tout citoyen avait son domicile en ville sur' '
rain concédé par l’État. Il en était de même Tn
il ferme : chaque chef de maison cultivait lui-même I
terres ou faisait paître ses troupeaux avec l’aide' il
membres de sa famille et de ses clients. Seul le l,'luaeS]
des bêtes de trait ou de somme était pratiqué auten^
de la loi des Douze Tables9.
D’assez bonne heure, le louage de maison devint une
nécessité pour les clients qui n’avaient plus de patron
pour pourvoir il leurs besoins par des concessions à
précaire. Mais il ne commença guère à prendre un cer-1
tain développement avant le vie siècle de Rome. C’est
l’époque où les étrangers viennent en grand nombre
résider à Rome. Pour se loger, ils louent une mai¬
son, un appartement ou une chambre dans un de ces
grands corps de bâtiments que des spéculateurs faisaient
bâtir10.
Le droit privé a emprunté au droit public sa conception
nouvelle de la locatio rei. Le louage de choses est un
contrat par lequel une personne (, locator ) s’engage,
moyennant une redevance, â procurer à une autre [con-
ductor) la jouissance temporaire d’une chose.
Aucune solennité n’est requise pour la formation de
ce contrat11 ; il suffit que les parties soient d’accord sur
la chose et sur la redevance12.
Le louage peut avoir pour objet toute chose corporelle
dans le commerce13, pourvu qu’on puisse en jouir sans
la consommer par le premier usage. Parmi les choses
incorporelles, on ne peuL louer que l’usufruit14 et les
services d’un esclave15..
Les parties ont toute liberté pour fixer le montant de j
la merces. Bien que le louage soit un contrat de bonne
foi, on a toujours admis que chacune des parties a 'e
droit de traiter au mieux de ses intérêts 16.
A l’époque classique, la redevance consiste ordinaire
ment en argent, mais aucun texte ne présente cetk ton
dition comme essentielle 17. La règle contraire 1 Pu'aa
au Bas-Empire, par suite d’une fausse interpi clulion
deux passages de Gaius et d’Ulpien18. 6
redevance en nature a été surtout usité pom y
des fonds de terre. Cette redevance consiste 1 ^
quantité fixe prise sur la récolte 19, soit en um ^ ^
cette récolte 20. Dans ce dernier cas, le louagt 1 ’ 1 ’ 1 1 ,
.aussi comprend
de eolonat par tiaire 21 . La redevance peut
s accessoires ea
riberh
ils '»
un loyer en argent et des prestations
emere, quod minoris sit pluris vendere et ita invicem cd. pro'-^1
localionibus quoque et conductionibus juris est. - 1 3111 ,m colon parti3'”''
25, G) oppose le colon qui ad numeratam pecuniam com "" w . pline (l'-P-
Paul (9 ad Sali. Dig. XI. VII, 2, 26, 1) par!e du TOlonjW f&r ciM'stk
rÆ*! I
' locatahàel \
IX, 37), de celui qui nummo locavit. — 18 Cf. Fcrrini,
Praxis, t. LXXXI, p. 1 ; GradcnwiU, Interpolât toneii <
p. 132; Édouard Cuq, A ’ouv. Iievue historique te H
p. 631, n. 1. - » Varr. De re rust. III, 10, 1« = 7 . .0 ad «
quotannis quinis millibus pondo mellis. I lin. I 9,-34 ; cl- I-1'011'
prov. Dig. XIX, 2,25, 0. Inscription d’Henchir-Met ic , . Ucalf'
Cuq, Le eolonat paritaire dans l Afrique roniaii ^ ^ ^ prov. 0*9'
Inscriptions, Sav. étr. t. XI, 1" P-> P- 44 d-O- 1
22, 5, 6.
LOC
— iJ
Martial en donne le détail
De son côté, le locataire
nccessiones
nature ' geg ^grammes
dans pluslCU1 ^ 1 Le bailleur doit procurer
»"S"' "Ta1 utaace paisible do la chose et de ses
»“ PrcneU! ' da»t la durée du bail1. Il doit par con-
4®°!' ! . . ou bon état et faire les réparations
sé(|Ue" ,,.irantir le locataire contre l’évictioh. Il
rTi moule faute commise dans l’exécution de ses
«‘P0111 1 1 ' j| j0it de plus rembourser les dépenses
« util» faites par le preneur1.
Haïr* payer la redevance aux époques fixées par le
l a! Celle obligation cesse quand le bailleur ne mam-
X „as 1„ preneur en jouissance, par exemple s, la
chose a péri par cas fortuit *. Le locataire qui est tempo-
.imneiil privé de la jouissance a droit à une remise
proportionnelle du prix du bail Il en esl de meme s,
lo, étoile a péri par un cas de force majeure»; mais ici
l’a remise n’est pas définitive : si, les années suivantes, la
récolte esl abondante, le bailleur peut réclamer la rede¬
vance qui n’a pas été payée 9 .
Le preneur doit user de la chose en bon père de
famille10; il est responsable des fautes commises par les
personnes à son service
*. A la fin du bail, il doit rendre
en bon état la chose avec ses accessoires, sauf les cas de
vétusté ou de force majeure !2.
j Le louage prend fin à l’époque fixée par le contrat :
généralement au bout d'un an pour les maisons1’, de
cinq ans pour les fonds de terre 14. Il peut se renouveler
soit par convention expresse, soit tacitement, lorsque le
preneur conserve la jouissance sans opposition du bail¬
leur. La tacite reconduction est d’un an pour les fonds
de terre15. Adéfaut de convention, le bail cesse par la
volonté du bailleur ou du preneur16.
[ Le louage prend fin également lorsque la chose périt
par cas fortuit11, lorsque le preneur abuse de la jouis¬
sance1®, ou laisse passer deux ans sans payer son loyer19.
I Les obligations respectives des parties sont sanction¬
nées par les actions locati et conducti20 , qui appartien¬
nent à la classé des actions de bonne foi 21 .
Applied lions de la locatio rei. — Les deux applica¬
tions principales du louage, à la fin de la République et
sous 1 Empire, sont le louage des maisons et celui des
| onds de terre. Avant de rechercher les particularités qui
|es distinguent, il est utile de déterminer la situation du
j. "" '' ,e rusl- b * i - : Ncc dominus... tenax essejuris suidebet , sicut...
«ccessionibus exigendis. - 2 Martial. Epigr. VII, 31 : Raucae
ndnin 'h ' 1 0l a ma^rum' Et flavas medio vapore chias, Et fetum querulae
i Quyh ,Uli '^ecJam fvigoribus pares olivas, Etcanum gelidis otus pruinis...
rnittull , l" 1 'CUS Umber' aul colonus- mittunt ; Ibid. X III, 121 : Marsica Paeligni
cerfs 'ri r ; ^id. 111, 58 ; Nec venit inanis rusticus salutator : Fert
| (os jjjç . """ stll! meM&i Metamque lactis SassinatiS e silva Somniculo-
m #ma :A’,es< Hic vagientem matris hispidae fetum , Alius coactos
v‘rSi’Us colon' *' ^ (b°na ma^rum vimine offerunt texto grandes proborum
ap. Ulp. eo,i y1/"''' ~ ,3 Si ad ed. Dig. XIX, 2, 15, 1. Nerat. ad Aristonem
7 Dig. C0(i C| I 'p ~ 4 U1P- eod- 19. 5 ; Diocl. Cod. Just. IV, G5, 28. — 5 Scaev.
v>f. 3 aul’ 2 Scnt- eod. 55, 1 ; cf. Lab, ap. Ulp. eod. 19, 4. — 6 Alfen.
eod. 15, » j ' ,n’ '■ ‘ Mêla ap. Ulp. eod. 19, 6. — -8 Scrv. ap. Ulp.
1S| 3-i. _ i, | ‘ 1,CSP- ap. Ulp. eod. 15, 4. — tO Gai. 10 ad ed. prov. eod.
3 ; Alfen V •' eo<^' U Pompon. 03 ad ed. eod. Il pr. — 12 Gai.
~ 14 Marcel . ij Dj„ ' 3°’ *■ — 19 Cf. Édouard Cuq, Op. cit. t. I, p. 625, il. 3.
IV, 65, (g __ ,'g " d1, e°d- 9, 1. — to Ulp. eod. 13, Il ; 14 ; Valcr. Gallien. Cod.
2, 9, i _ i8 q , ' Sev. Cod. Just. eod. 6. — n Marcel, ap. Ulp. Dig.
;20|nst.IV,6, Jusl' IV’ °3’ 3- — 19 Paul- 3 Resp. Dfÿ.XIX,2, 54, 1.
^ot partiaire p 3- ' na deor- Rfi 30, 7. — 22 Cf. mou mémoire sur le
, ’ b Gai. ad ed 3 Le 8uP«ficiaireauujus in solo. Jul. 34 Dig. Dig. XXX,
’ '• ■■ ^ « I^t Oig. XXXII, 2, .9 pr. - 24 Paul. *, ad Ed. Dig. VI,
*P' UlP"l ad Ed. Dig xj lnscr'ption d'Henchir-Melticli, I, 9. — 27 Marcel.
1 -0, 0, 2 : Nam et fructuarius, inquit, et colonus, et
locataire et du fermier dans leurs rapports avec le bailleur
et avec les tiers.
Le locataire, quel qu’il soit (conductor, inquilinus, cola-
nus) n’a pas de droit réel sur la chose louée ; il n’a qu un
droit de créance contre le bailleur 22. Cette règle souffre
quelques exceptions au profit du superliciaire21, du con¬
cessionnaire de Yager vectigali. v2V, de l’emphytéote2", du
colon qui a défriché les subeisiva dans le cas prévu par
la lex Mandarin26 . Le locataire n’a pas même la pos¬
session : c’est un simple détenteur 2‘, qui garde la chose
pour le compte du propriétaire 28. De là plusieurs consé¬
quences :
1° Le propriétaire a le droit d’expulser le locataire.
Celui-ci n’a que la ressource de demander une indemnité
en raison du préjudice causé, si le bailleur a agi contrai¬
rement à la bonne foi ou à l’engagement qu'il a con¬
tracté29.
2° En cas de vente, l’acheteur peut expulser le loca¬
taire30. Il ace droit même si le vendeur a eu soin, comme
tel est son devoir, de réserver le droit du locataire de
conserver lajouissance jusqu’à la fin du bail 31. Mais dans
ce cas il doit une indemnité au- vendeur 32 qui est exposé
au recours de son locataire pour défaut de jouissance
En aucun cas, le locataire ne peut s’opposer à l’entrée en
possession de l’acheteur ; tout acte de violence de sa part
donnerait lieu à l’interdit unde ni J>.
3° Si le locataire est troublé dans sa jouissance par un
tiers, il ne peut recourir aux interdits possessoires \
11 n’a que la ressource de réclamer l’intervention du
bailleur qui seul a qualité pour agir36. Il en est de même
du sous-locataire ( colonus coloni)31.
Il en est autrement du cas où un tiers cause un dom¬
mage au locataire par des travaux effectués clandestine¬
ment ou par violence et malgré la défense qui lui en a été
faite; le'locataire ale droit d’exercer l'interdit quod vi
aut clam36.
A. Baux a loyer. — Le louage a ici pour objet soit une
maison 39 ou une partie de maison t0, soit l’étage supé¬
rieur de la maison ( coenaculum ) [coenaculum, domus,
insula]. La maison comprend parfois plusieurs coena-
cula 11 . Ulpien nous fait connaître en partie la composi¬
tion de certains coenacula : ils comprennent des cham¬
bres ( cubicula ), des exèdres [exedra, t. III, p. 880], un
medianum 42 ; ils ont un accès direct sur la voie publique 13 .
Souvent plusieurs personnes louaient ensemble un appar-
inquilinus sunt in praedio et tamen non possident. — 28 Pompon. 23 ad Q. Mue.
Dig. XLI, 2, 25, 1 ; Ulp. 09 ad Ed. Dig. XL1II, 16, !,.22. — 20 Paul. 5 Resp. Dig.
XXI, 2, 54, 1 : Inter locatorem fundi et conductorem commit ne intra tempora
locationis Seins conductor de fundo in citas repelleretur ; et si pulsatus esset,
poenam decem praestet Titius locator Seio conductori... Val. Gallien. Cod. Just.
IV, 05, 15. — 30 Alex. Scv. Cod. Just, IV, 05 : Emtori guident fundi necesse non
est stare colonum, cui prior dominus locavit, nisi ea lege émit. — 3i Gai. 10 ad
ed. prov. Dig. XIX, 2, 25, 1: Qui fundum fruendum vel habitationem alicui locavit,
si aliqua ex causa fundum vel aedes vendat, curare debet, ut apud emtoren quoque
eadem pactione et colono frui et inquilino habitare liceat. — 32 Serv. ap. Ulp. 32ad
Ed. Dig. XIX, I, 13,30: Si venditor habitationem exceperit, ut inquilino liceat
habitare vel colono ut perfrui liceat ad certum empus, magis esse Servi us pulabat.
ex vendilo esse actionem. — 33 Gai. Loc. cit. : Alioquin prohibitus is aget cum eo
ex conducto. — 34 Marcel. 19 Dig. Dig. XL1II, 10, 12; Papin. 20 Quaest. eod. 18.
Sur une réserve faile par Marcellus en cas Aejusta ac probabilis causa, cf. lheriug,
Der Besitzwille, trad. franc, p. 375. — 35 Ulp. 09 ad Ed. Dig. XLIII, 16, 1, 10.
_ 36 Ibid. 1, 22. — 37 Lab. 3 Pith. a Paul. epit. Dig. XLIII, 10, 20. — 38 Jul. ap.
Ulp. 71 ad Ed. Dig. XLIII, 24, 11, 12 et 14. — 39 Paul. 32 ad Ed. .Oiÿ.XlX, 2,7; Ulp.
32 ad ed. eod. 9 pr. — 40 Jul. ap. Ulp. 28 ad ed. Dig. XIII, 7, 11,5. — 4! Ulp. 18 ad
Sab. Dig. VII, 1, 15, 8 : Per coenacula dividere domum. — 42 Ulp. 23 ad ed. Dig.
IX. 3, 5, 2. — 43 Lab. ap. Ulp. 09 ad ed. Dig. XLIII, 17, 3, 7 : ...Plane si coenaculum
ex publico aditum liabcat... ; Tit. Liv. XXXIX, 14, 2 : Consul rogat socrum, ut ali-
quam parte maedium vacuam faccret, quo tlifpala immigrarel : coenaculum super
aedes datum est, scalis ferentibus inpublicum obseralis, adilu in aedes verso.
LOG
1288 —
tement \ se partageaient les chambres et les exèdres; le
medianum restait commun2. Les citoyens plus pauvres se
contentaient d’un grabat dans une boutique (taberna)* .
Les maisons qui avaient plusieurs appartements se
louaient à un locataire principal qui faisait métier de
sous-louer L Cela s'appelait coenaculariam exercer e \
La faculté de sous-louer était admise, sauf convention
contraire6. Le coenacularius occupait parfois la majeure
partie de l’appartement, plus ordinairement il ne se
réservait qu'une modeste chambre ( modicum hospi-
tium)
Les baux à loyer avaient aussi fréquemment pour ob jet
un horreum 8, ou un local dans un liorreum [horreum].
Une inscription de Rome donne le détail des locaux à
louer dans les horrea privata du consul de 158 : In his
horreis privatis Q. Tinei Sacerdotis, cl(a)rissi{m)i
i'(iri) loc[antur) horrea , apotheeae , compendiaria arma-
ria , intercolumnia et loca armaris 9
La location des horrea était soumise à des règles par¬
ticulières quant à la responsabilité du bailleur. En cas
de vol avec effraction, il n'est pas tenu à moins qu’il ne
se soit obligé à la custodia ,0. En l’absence de cette clause,
le locataire principal des horrea n’a aucun recours contre
lui, alors même qu'il se serait personnellement obligé à
la custodia vis-à-vis des sous-locataires11. Pour prévenir
toute difficulté relativement à la custodia de certains
objets précieux, le bailleur ou le locataire principal fai¬
sait parfois apposer une affiche dans laquelle il déclinait
toute responsabilité pour les objets d’or, d'argent et les
pierres précieuses12. Pouvait-il se prévaloir de cette
déclaration si, averti qu’on introduisait dans les lieux
loués des objets précieux, il n'élevait aucune protesta¬
tion ? La question fut discutée. Labéon la trancha dans
le sens de la responsabilité du bailleur : à son avis, le
défaut de protestation équivaut à une renonciation au
droit qu’il s’était réservé.
La lex horreorum , découverte à Rome en 1885, nous
fait connaître une clause relative au renouvellement du
bail par les sous-locataires : elle leur impose l’obligation
de notifier leur intention au bailleur avant les ides de
décembre : Qui non [reniait iaverit, si volet retinere et
cum horreario aliter pro i]nsequente anno non transe-
gerit, tanti habebit. quanti ejus gener[is) [armarium eo
anno ibi locari solebit, si modo alii locatum n]on erit.
Les baux à loyer étaient ordinairement conclus pour
un an, à dater des calendes de juillet13. Si le local était
vide, l'entrée en jouissance pouvait être immédiate.
Il y a des exemples de baux consentis pour plusieurs
années u, notamment pour cinq ans 15. Dans une inscrip¬
tion déjà citée, l'annonce porte que les locaux sont à louer
l Ulp. 23 ad ed. Dit/ . IX, 3, 1, 10 : Si plures in eodem coenaculo habitent...
Ibid. 5 pr. : Si cero plures diviso inter se coenaculo habitent... — 2 Ulp. eod. 5, 2:
Interdun... oportebit Praetorem... in eurnpotius dure actionem ex cujus cubiculo
vel exedra dejectum est, licet plures in eodem coenaculo habitent; quodsi ex me-
diano coenaculi quid dejectum sit, verius est omnes teneri. — 3 Hor. Od. I, 4, 13:
Pallida mors aequo puisât pede pauperum tabernas ; Tac. Hist. 1, 86 : Plures in ta-
bernis et cubilibus intercepti. - 4 Jul. ap. Ulp. Dig. XIII, 7, 1 1, 5 ; Alfen. Var. 3 Dig.
cpit. Dig. XIX, 2, 30 pr. : Qui insulam triginta conduxerat, singula, coenaculo
ita locavit, ut quadraginta ex omnibus colligerentur. J.ab. 4 Poster, a Javol. epit.
eod. 38 pr. — 8 Ulp. 23 ad ed. Dig. IX, 3, S, 1. — 6 Lab. eod. 28, 2; Alex. Sev.
Cod. Just. IV, 63, 6. La lex horreorum découverte à Rome en 1883, au delà de la
porte Salaria, contient, d'après la restitution de G. Gatti et de Mommsen, la défense
de sous-louer ou de céder le bail. — 7 Ulp. Loc. cit. — 8 Ulp. 73 adEd. Dig. XX,
2, 3. — 9 Bruns, Fontes juris, p. 329; G. Gatti, Mittheilungen des rôm. Inst.
1886, p. 76. —10 Paul. 2 Sent. Dig. XjX, 2, 55 pr. — U Lab. 5 Poster, a Jav. epit.
eod. 60, 9. — 12 Ibid. 60, 6 : Locator liorrei propositum habuit se aurum, argen-
LOG
présentement et aux calendes de juillet p0(u,
meilleures conditions16, les locataires avisés al]' à ^
campagne en attendantque le terme fût passé V "
de Pompéi fait connaître les locaux
juillet dans une insula [lex, t. V,
.\ ; . affiche
l'er au* ides de
, , P- H8, a. i31
ajoute : s adresser à Pnmus, esclave du pr0ppiln • 6
Conductor eonvenito Primum Cn. Allei y " a,rej
ser(vum). C’est lui qui était sans doute chargé !! * fUi
et de faire connaître les conditi 1
Le rapport de droit, résultant du louage ' "’S'
visiter ( ostendere ) 17
Le rapport de <
était assez précaire, lorsqu’on n’avait
d'' maisons, I
Pa^ Pl ls la précau
taon de le fortifier par une clause pénale, ou (|t. , 1
treindre la liberté des contractants par une conventioj
spéciale "h En principe, le bailleur pouvait congëdielfc
locataire, non seulement en cas d’abus de jouissance
mais aussi lorsqu’il avait besoin de l’appartement pour
son usage, ou lorsqu’il voulait restaurer la maison S'il
n’usait pas do son droit dans ce dernier cas, le locataire
avait droit à une remise du loyer lorsqu’il y avait ua
trouble grave apporté à sa jouissance20. De son côté le
locataire pouvait à son gré donner congé au bailleur1
Pour garantir le paiement des loyers, le bailleur se
faisait consentir un droit de gage sur tous les meubles
du locataire [uypotheca, t, V, p. 3621. Ces meubles, sur¬
tout pour les pauvres gens, n’avaient pas grande valeur
( frivola )22. Martial en fait l’inventaire dans une de ses
épigrammes 23. Le loyer était en rapport avec la situation
des locataires et se payait par semestre u. Au temps de
Trajan, la clause de gage sur les invecta et illata du loca¬
taire était de style 23. C'était au propriétaire de prendre ses
mesures pour empêcher un déménagement furtif26. Mais
pour éviter tout abus, le_ préteur accordait au locataire
qui justifiait avoir payé son loyer l’interdit prohibitoire27
de migrando 28. Il le lui accordait égalementpour enlever
les meubles qui n’étaient pas compris dans la convention
de gage. Au temps d’Ulpien, cet interdit était peu usité;
le magistrat préférait intervenir extra ordinem ]
D’autre part, sous l’Empire, pour que le bailleur ne
fût pas tenté de se faire justice, on donna une certaine
compétence au préfet des vigiles. On ne connaît pas exac¬
tement ses attributions à cet égard; mais on sait tout auj
moins qu’elles comprenaient certaines contestations îelaf
tives à la prise de possession des meubles du locataire-
Un fragment du traité de Paul de officio prit
lum examine la question de savoir si un localaiu Pe“|
affranchir son esclave bien qu’il soit tacitemuit a 'C |
au gage du bailleur. Le jurisconsulte déeL ' 1
être affranchi tant que le bailleur n’a pas 1 ^
droit faute de paiement du loyer 30. Un autre " 11
même traité est plus précis encore : le Prol"
13 Mari. XII, 32
_ H l.ab. ’
tum, margaritam non recipere suo periculo. 1J i!lal1' ' . - Corj>. i»4Cr-
Poster, a Jav. epit. Dig. XIX, 2, 60 pr.— 15 Paul. 34 ad Ed. *"/ ['m cosnos«<|
lut. IV, 1136. — 16 Suet. Tib. 35 : Senatori latum clavum ^ jH urJe **-
sub kalendas Julias demigrasse in hortos, quo vilius post ^ ^ |S papin. DW-
duceret. — « Lab. Poster. 5 a Javol. epit. Dig. XIX, -• 1,1 I’1' A,fe„. Var
XIX, 2, 54, I. — 19 Sorv. ap. Afric. 8 Quacst. eot ■ o0 Aifcn. Var- 2 D’F'
- ■ Just. IV. 05, 3. - ' ,, [
ad Ed. D>g. XLUI, ^ ^ /ice«l
3 Dig. epit. eod. 30 pr. ; Carac. Cod
Dig. XIX, 2, 27 pr. — 21 Lab. ap. Ulp. 73
uig. Al A, Z, Zi pr. — -Lau. dp. X91,». . dovius, Vf IJ
tamen si conventio specialis facta est in conduction. ^ ^ ^ Ulp*
„ .. i _ z . vninrare .
ante finitum annum vel certum tempus migrai c.
Ed
Dig. XIII, 7, il, 5. — 23 Mart . Epigr. XII, -3- ntfww
XXIII, 32, 1, 4. — 23 Nerat. 1 Membr. Dig. XX, 2, 4 pr. • „wsi
in praedia urbana inducla, illata sunt, pignori esse cre ' ^ __ « Ulp- ^
convenerit. — 26 Cf. Édouard Cuq, Op. cit ■ t. L P- ^ _ 30 Paul.
Ed. Dig. XLIII, 32, 1 pr. — 28 Ibid. 1, i. — 29 Jbld' ’ "
2, 9.
— 1289 —
LUC
LOC
j*une insula se plaintque depuis longtemps
horreu"1 0,1 g paru et n’a pas paye son loyei ,
»■ ‘“'TlUorisatiO'' de faire ouvrir les lieux loués
j demande 1 aul ^ obj(jts qui Irouvenl enfer-
retfXicil venons quorum Moral, uuiunii
p5' fU-\ (|ue le loyer n’ait pas ete paye depuis
sunt. Mais d faut que
» llloinS del!X; Zosées par le Préteur aux personnes
Obhgatwns i ^ par mesure de police et pour
hahil(in[ "ZunL'de la voie publique, le Préteur impose
Purer la "ions aux personnes habitant une maison :
ior ses'
1 , . i.icer sur un balcon ou sur une saillie qui
f^tvoie publique2 un objet susceptible de tomber
dûn;‘ sa;il lin dommage*. La règle s’applique aux pro-
•? 1 -mssi bien qu’aux locataires, alors meme qu ils
feraient pas actuellement la maison * ; ils sont rés¬
iliés non seulement de leur fait personnel, mais
L; du fait des personnes placées sous leui puissance .
Si cependant l’auteur de la contravention est un esclave
auiaagi à l’insu de son maître, celui-ci a la faculté de
recourir à l’abandon noxalL La règle s’applique egale¬
ment allocataire d’un horreum, d’un coenaculum ou de
toute autre construction7. La poursuite en justice peut
être exercée par tout citoyen [popularis actio] : elle ne
peut l’être contre l’héritier du contrevenant8.
2» Toute personne qui habite un appartement a un litic
ielconque (les voyageurs de passage exceptés) 9 est
responsable du dommage causé par un. objet jeté ou
tombé sur la voie publique10. Elle est passible dune
action au double11 en raison de son imprudence Elle a
d’ailleurs un recours contre l’auteur du dommage, si
c’est une personne étrangère à sa famille ou qui n est
pas sous sa dépendance (affranchi, client, élève) lu. Si plu¬
sieurs personnes habitent le même appartement, elles
sont tenues solidairement11, àmoins qu’on ne puisse établir
que l’objet a été jeté de la chambre occupée par 1 une
d’elles 1 .
La peine est aggravée s’il y a eu mort d’un homme
libre : elle s’élève à 50000 sesterces 16. La poursuite peut
ici être exercée par tout citoyen dans le délai d’un an 1
Si 1 homme libre n’a reçu que des blessures, on lui
donnera une indemnité fixée par le juge. L’action est
perpétuelle lorsqu’elle est exercée par la victime, annale
dans tout autre cas 18 [dejecti et effusi actio]. Il ne faut
pas confondre cette disposition de l’édit du préteur avec
Une disposition analogue, contenue dans l’édit des
ddiles1’ et relative au cas où un homme libre a été tué
Par un animal (chien, lion, loup, sanglier, etc.) conduit
1 ,b>d. xix, 2, SG,
Ed- IX, 3, 5
mi.,. C'oercetur
2 Ulp. 23 ad Ed. Dig. IX, 3, 5, 6. — 3 Ulp. 23 ad
• Arcc spectamus an noceat sed omnino si nocere>
aulem
,i0,i noc“>'f- - ->ibu. s, s. _
- 10 ' IV0,1 3’ 6 et 10- - 7 Ibid. 5, y. — 8 Ibid. 5, 13.
1M- -Pan
gui position habuit , sive noeuit id quod positum
7i.-| - - 5 paul 49 ad Ed eod, 6, 2.
.... _ 9 Ibid. 1, 9.
)rtw(l(s j autem intéresse debet, utrttm publiais locus sit, an vero
!od. i "l"”f°Per eum mlgo iterfiat. — U Voir le texte de l'édit dans Ulp.
lupliun g, lu * : ^cc adjicitvr culpae mentio vel infitiationis ut in
1, 4. Tr^i t'°’ rl,lamvis damni injuriae utrumque exigat. — 13 Lab. ap. Ulp.
)I0V, e0(, ,.apP' , p- :i- 1. cip. eod. 5, 3. — U Ulp. eod. 1, 10; 3; Gai. 6 ad ed.
tod. ô, 5 1V.Corf' *■ ~ Ulp. eod. 5, 2. — 16 Ulp. eod. 1, 5. — *7 Ulp.
fou Èdi ctum pe,ZÏ ~ 19 Ulp- 2 a<* ed. aedil. Dig. XXI, 1, 42. ■- 20 Cf. Lenel,
«lies ; Alfenus \" ‘Um' *' ***• — 21 servus coloni est mentionné dans divers
18 id Ed. /jj,( a *’aulo epit. Dig. XIX, 2, 30, 4; Procul. ap. Ulp.
1*1 4. Inscriptun,’ r' i1, Nei'atius aP- Ulp. eod. 27, 9; Diocl. Cod. Just. IV,
fc>. Hexur ' llenctui'-Mettich, IV; cf. mon article sur celte inscription
Pt0ï' % XlX.'i 25 ^ dr°U' lm’ xxlIl> P- 6*3, n- *)• — 22 Gai- 10 ad ed-
’ * ’ 3 ' eonductor omnia secundum legem conductionis facere
sur la voie publique : la peine est ici de 200 000 sesterces 0.
B. Baux a ferme. — Le bail à ferme présente une physio¬
nomie différente suivant qu’il s’applique à un petit ou a
un grand domaine. Le bail à ferme d un petit domaine
est soumis au droit commun en matière de louage. Le
propriétaire, qui ne peut exploiter lui-même avec 1 aide
de ses esclaves, loue sa terre en tout ou en partie à un
ou plusieurs fermiers qui cultivent eux-mêmes avec
l’aide des membres de leur famille et de quelques
esclaves21, et moyennant une redevance payée au bail¬
leur. Ces petits fermiers sont appelés indifféremment
conductores 22 ou coloni 23 , conductores à cause du con¬
trat qui les lie au bailleur, coloni à cause de 1 engage¬
ment qu’ils ont pris de cultiver la terre.
Plus compliquée est l’exploitation des grands domaines
lorsque le propriétaire renonce à la diriger lui-même, ou
par l’intermédiaire d’un procurator2'* ou d’un mlhcus1'.
Le fait devait être fréquent, quel que fût le nombre
d’esclaves dont on pouvait disposer. Le travail servile ne
donnait pas des résultats suffisamment rémunérateurs.
On ne pouvait compter sur l’activité d’un esclave qui n avait
pas d’intérêt direct à la prospérité du domaine 2j, surtout
lorsque le maître ne pouvait exercer sur lui une surveil¬
lance permanente. Coli rura ergastulis , dit Pline 1 ancien,
pessimum est , etquicquid agitur desperantibus* . Aussi
Columelle conseille-t-il, lorsqu’un domaine est assez
éloigné pour que le maître ne puisse s’y rendre souvent,
de le confier à des colons libres. L’exploitation est
divisée entre un nombre plus ou moins grand de petits
cultivateurs travaillant chacun pour son compte, avec
sa femme et ses enfants28. Ce système avait toutefois
l’inconvénient d’obliger le maître à entrer dans les nom¬
breux détails auxquels donne lieu entre propriétaire et
locataire l’application des règles du contrat de louage.
Il devait fournir tout ou partie des objets nécessaires
pour l’exploitation (instrument uni fundi29, dotes colono-
mm )30, veiller au paiement des fermages et au recouvre¬
ment de l’arriéré (reluqua colonorum) 31 . Aussi préférait-
il souvent se décharger de ce soin, éviter tout ennui en
traitant à forfait avec un fermier général. En cela il
suivait l’exemple de l’Etat qui adjugeait a un maneeps
la ferme de ses domaines dans une région déterminée K
Le fermier général, à qui l’on réserve ici le nom de
conductor , traitait à son tour avec des cultivateurs dis¬
posés iî sc charger de la culture d une parcelle du
domaine, moyennant une redevance qu’ils lui payaient.
Ces cultivateurs étaient désignés sous le nom de colons;
c’étaient des sous-locataires 33 (conductores), qu’il faut
bien se garder de confondre, soit avec les operarii rustici
debet, et ante omnia colonus a, rare debet ut opéra ruslicasuo quoquetempore faaat.
_23 Voir les textes que j'ai cilès N ouv. Revue liistor. de droit, XX 111, 0.11, n. 1.
_ 2t Plin. Ep. 111, 19.- 33 Horat. Epist. 1, 14.— 26 Colum. De re rust. I, 7: ...Maxime
vexant servi, quiboves elocant, cosdemqueet ceterapccora malepascunt, nec indus¬
trie terrain vertant, longcqite plus imputant seminit jacti, quant quod sevennt : sed
nec quod terrae mandaverit sic adjuvant ut recte proie, üat, idque cum in aream
contulerunt.per triturant- quotidic minuunt vel fraude vel negligentia. Eam et ipsi
diripiunt et ab aliis furibus non custodiunt. Sed nec condition cum fide rationibus
inférant.- 27 Plin. Hist. nat. XVHl, 6,19.- 28 Colum. Lac. cil. : Pejorem tamen ur-
banum colonum,qui per familiam mavult agrum quant per se colere Saserna dicebat
ab ejusmodi homine fere pro mercede litem reddi. Mart. Epigr. III, 38, v. 39-40.
_ 29 Voir les textes que j'ai cités, Noua Rev. hist .XX11I, p. 646, n. i ,-3« Scacv. 3 Resp.
Dig. XXXIII, 7,20, lot 3; Papin. 1 1 Resp. Dig. XLVI, 1,52, 2. — 31 Scacv. Loc. cil.
15 et 10. Dig. Dig. XXX11I, 2, 32, 7, et XXXII, 101, t; Paul. 9 Resp. Dig. XXVI, 7,
46 pr.; 2 ad Vilell. Dig. XXXII, 78, 3; 2 Decret, eod. 97; Papin. 1 et 7 Resp. D. L., 8,
5 pr.;et XXXII, 91 pr.; Javol. 2 Lab. Poster. Dig. XXXIV, 3,17. — 32 Papin. Il Resp.
Dig XIX, 2, 53. — 33 Ibid. : Qui fidejussor extitit apud mancipem pro colono
publicorum praediorum quae maneeps ei colono locavil, reipublicae non tenetur.
LOC
1290 —
(jui agrorum colendorun causa habentur 1 qui sont
tics mercenaires louant leurs services au propriétaire, soit
avec les colons du Bas-Empire qui sont à demi esclaves'.
Sous le Haut-Empire, les colons sont libres d'abandonner
la culture, sauf à payer une indemnité au bailleur s’il y a
pour lui préjudice 3. Aucune indemnité n’est due si le
colon a eu une juste cause de partir avant la fin du
bail l.
L intérêt du bailleur était de retenir le colon :i. Toute
une série de règles ou de clauses ( consuetudo donius0,
consuetudo praedii)1, usitées dans les rapports entre
propriétaires ou fermiers et colons, s’expliquent par le
désir de changer le moins possible de colons.
1° Les unes ont pour objet de favoriser le renouvelle¬
ment ou le maintien indéfini du bail. Le bail, conclu
pour un temps limité, se renouvelle d’année en année
par tacite reconduction 8. Le bail peut aussi être conclu
sans terme préfix ( conductio perpétua )\ et se continue
avec les héritiers du bailleur ou du colon, jusqu’à ce que
l'une des parties manifeste sa volonté de mettre fin au
contrat.
On s’est demandé si cette dernière sorte de bail
n’était pas contraire aux principes généraux du droit.
Marcellus et Ulpien disent que, dans le louage comme
dans le précaire, la mort ou la folie du concédant
empêchent le renouvellement du bail 10. Mais, d’une part,
ils supposent une concession faite pour un temps
limité11, ce qui n'est pas notre hypothèse; d’autre part,
même dans le bail ad tempus , la mort ou la folie ne sont
un obstacle que si le concédant est mort sans héritier ou
si le fou n'a pas de curateur12.
2° D'autres clauses ont pour but de diminuer pour le
colon l’aléa résultant de la culture, et de l’intéresser à la
prospérité du domaine. Au lieu d’exiger de lui une rede¬
vance fixe en argent, on lui demande seulement de livrer
une part des fruits.
Cette transformation du bail à prix d'argent en bail à
part de fruits ou colonat partiaire est fréquente dans
l’exploitation des grands domaines, tout au moins dans
certaines régions13. Le bail à prix d’argent aurait entraîné
une responsabilité pécuniaire trop lourde pour de pauvres
gens qui n'avaient pas d’avances, et qui, en cas de mau¬
vaise récolte, eussent été fort gênés pour payer leur loyer
Le droit commun leur permet, il est vrai, de demander
1 Alfen. Var. 7 Dig. Dig. L, 16, 203. — 2 Cf. mon article précité (Nouv. Revue
histor. 1899, 1. XXIII, p. 631). — 3 Cf. mon mémoire sur Le colonat partiaire dans
l'Afrique Romaine, p. 42. — 4 Gai. 10 ad ed. prov. Dig. XIX, 2,25, 2. — 5 Colum.
Loc. cil. : Jpse nostra memoria veterem consularem virumque opulentissimum
L. Volusium asseveranlem audivi, felicissimum fundum esse, qui colonos indige-
nas haberct, et tanquam in paterna possessione natosjam inde a cunabulis longa
familiaritate retineret. — c Scaev. 22 Dig. Dig. XXXIII, 1,21; cf. sur la consue-
ludo Manciana de l’inscription d’Hencliir-Metticli, mon article de la Nouv. Rev.
hist. t. XXIII, p. 641. — 7 Valent. Valeus. Cod. Just. XI, 48, 5. — 8 Ülp. 32 ad
Ed. Dig. XIX, 2, 13, Il : ...Quod autem diximus taciturnitate utriusque partis
colonum reconduxisse videri, ita accipiendum est, ut in ipso anno quo tacuerunt
videantur camdern locationem rénovasse, non etiam in sequentibus annis , et si lus-
trum forte ab initio fuerat conductioni praestitutum. Sed et si secundo quoque
annopost finitum lustrum nihil fuerit contrarium actum, eamdemvideri locationem
in illo anno permansisse : hoc enim ipso quod tacuerunt , consensisse videntur, et
hoc deinceps in unoquoqûe anno observandum est. — 9 Gord. Cod. Just. IV, 65,
10. -- 10 Marcel, ap. Ulp. 71 ad Ed. Dig. XL11I, 26, 6 pr. ; XIX, 2, 14. — U Ulp.
cod. XL1II, 26, 4, 4; cf. Lenel, Palingenesia, t. II, p. 843, n. 1. — 12 Cf. Ar carias,
Précis de droit romain, t. II, p. 326, n. 4. — 13 PI in. Ep. IX, 37 ; Gai. 10 ad Ed prov.
Dig. XIX, 2, 25, 6; Corp. inscr. lut. VIII, 10570 : ...Nedum conductori adverses
coionos ampliandi partes agrarias... ant opera(rum) praebitionem jugorumve.
Inscription d’Henchir-Metlicli, I, 20-28. — U Plin. Ep. IX, 37 : Priore lustro, post
magnas remissiones , rcliqua creverunt. Inde plerisque nulla jam cura minuendi
aeris alicui quod despcrant passe persolvi. Rapiunt etiam, consumuntquc quod
natum est, ut qui jam putant se non sibi parcere. — 13 Ibid. Et alioqui nullum
LOC
une remise, mais il faut, prouver qu’on est ,i.
cas où cette remise est possible 11 ; il v a j,( ' llQs 1111 'les
difficultés que l’on évite en partageant les 11111 I UUse('e
le bailleur et le colon 18. Partiarius co/o)ol!M|!",'V'ntre
quasi societatis jure et darnnum et lucrum "J, ‘ ,ius’
fundi partitur 16. 1111
Le colonat partiaire offre en même temps 1
d’encourager le colon à donner tous ses
culture; sa part sera d’autant plus élevée U la
sera plus abondante. Cette part était d'ailleurs^x f?
au gré des parties suivant les domaines et lanahj il
produits du fonds. En Égypte, sous Tibère, d'apri-s *
papyrus grec du musée de Berlin, les colons n’ol
droit qu’au tiers des récoltes”. En Afrique, d’a J
1 inscription d’Henchir Mettich, ils ont droit aux deux
tiers pour le blé, l’orge, le vin et l’huile18.
Le colonat partiaire suppose une grande confiance du
bailleur dans la probité du colon13, et c’est sans doute
pour ce motif qu’au temps d’Auguste on le considérait
comme contracté intuitu personne20. Il appartenait
d’ailleurs au bailleur de faire surveiller les colons parti¬
culièrement au moment de la récolte et du partage des
fruits21.
Comme compensation de tous les avantagés conférés
aux colons, le bailleur se réservait d’ordinaire quelques
petites prestations accessoires, du bois par exemple22, et
le droit à quelques journées de corvée23,
3° On trouve enfin dans les règlements applicables
a certains domaines des clauses plus favorables® encore
aux colons; on leur accorde sur certaines terres incultes
qu’ils mettent en valeur, soit une propriété de fait81,
soit un droit qui rappelle par quelques traits l’empliv-
téose du Bas-Empire 2S.
Aussi n’est-on pas étonné de constater que certains
colons se vantent d’être restés très longtemps sur le
même domaine26, et que sur leur tombeau on ait men¬
tionné leur qualité comme un titre honorifique2’.
Malgré tant d’avantages concédés par le propriétaire, la?
condition des colons fut souvent misérable. Plus (lune
fois, les fermiers généraux abusèrent de leur situation
pour exiger des redevances supérieures au taux lise,
des corvées qui n’étaient pas dues. Deux inscriptions!
récemment découvertes en fournissent la preux e . j
l’une relative aux colons du saltus Burunitanu* , .
justius genus reditus, quam quod terra, coelum, annus refert. — 1 ljd'- 1 1 I
prov. Dig. XIX, 2, 25, 0. — U Aegyptische Urkunden nus den /. 1 ^
Berlin, Gr. Urk. t. I, n» 197, 1. 12. Cf." mou mémoire sur Le colonat p"’ ;
p. 59. — 18 1, 1. 24-29. — 19 Plin. Loc. cit. : At hoc magnam fidem. J
numerosas manus poscit . Mart. Epigr. III, 58, v. 40 ; II, H, " ' ftaC. I
decoxit. — 20 Lab. Dig. XIX, 2, 60, 1. - 21 Plin. eod. : Demdeex mets « jîj * '• ^
fores operi, custodes fructibus ponam ; cf. l’inscription illleii'1"1
1. 29-30. — 22 Colum. De rerust. I, 7 : Sed nec dominus in un*î«“ï"^"
'colonum obligaverit, tenax esse juris sut debet... ut lignis il riis/i-l
accessionibus exigendis, quarum cura majorent molestiam qtt""f ,
cis offert-, Mart. Epigr. loc. cit. — 23 Corp. inscr. lut. 'III, . . ^ yebetuMs- j
annuas quam binas aratorias, binas sartorias, binas messont i» "i le'- I
Le nombre varie suivant les domaines. Ibid. VIII, 14428, cf. / ' ,|(M , ,,/m
Vlll, 8426, 8701, 8777. — 24 Inscription d’Henchir Mettich : sllt)C isici
fundo Villae Magnae Variani id est Mappalia Siga, cis eos ^ usim pro-
sunt excolcre permittitur lege Manciana , ita ut eas qui exi . n
’ , 'O
Revue histor. de droit
Lt
prium habeal. Sur le sens de l’expression usas proprius, \oii ^ ^ | XXIH,
•■moire sur
n
139 el 347, «5
colonat partiaire, p. 9-14 (cf. Nouv.
p. 034); Bcaudouiu, Les grands domaines dans lempirc > ornai ^ ^ \ \ . p. 2, L
l’article d'Hugo Kriiger, Zeitschrift der Savigny-Stiftungdi- ' u,9, — -1"5"
Morilz Yoigt, Rômische Rechtsgeschichte , t. II, 1899, p. 6 > '■ "• ’ ri
cription d’Henchir Mettich, IV, 10-15 ; cf. mon mémoiie p ' “ j ^0/onn
Revue histor. de droit, p. 635. — 2C Corp. inscr. lut- ■ ^ ^ \ V."’:
Tironiani quem coluit ann(os) n(umero) L; X, 1877 : coluit y|||, |0>,' •
— 21 Ibid. VI, 9273, 9275, 9276 ; IX, 888 , 50 59. — 28 Corp. i™cl •
— 1291 —
LOC
LOC
ruions d’un domaine impérial de Phrygie1.
• - récèdent sur les baux à ferme
l’Italie et à
!iüllU'm,)I.""'."sont les deux régions sur lesquelles on
f Afrique :_,cwnc dernièrCs années, le mieux renseigné.
des documents relatifs à
ce sont
éla'c jUS.q.U le régime du bail à ferme était sensiblement
Hn i ' ’i a collection des papyrus gréco-égyptiens des
dlll,!ren le vienne, Berlin, Londres et Genève, en cours
mUSt Uic-ition nous a fait connaître un certain nombre
J Lieularités du louage des terres dans cette partie de
1 ôire romain. La situation du fermier y était moins
to- la main-d’œuvre étant abondante, le proprié¬
té Lit plus exigeant. Pas de grandes fermes : un fonds
I 93 antres est affermé à 19 cultivateurs3. La durée
[du bail est de un an ou de trois ans \ Pas de tacite
reconduction. Pas de remise en cas de mauvaise récolte8.
Le lover est en argent, parfois en argent et en nature6.
Si la terre produit du blé, la redevance consiste en une
quantité fixe, un certain nombre d’artabes de blé par
arure 1 .
Il locatio operarum. — 1° Malgré la concurrence
du travail servile, le contrat de louage de services a
.reçu une application assez large. Bien des gens n’avaient
pas d'esclaves ou ne pouvaient entretenir tous ceux qui
> pouvaient leur être utiles dans un cas donné : les uns et
Iles autres avaient, en cas de besoin, recours aux ser¬
vices d’un mercenaire 8.
I Les services susceptibles d’être loués appartiennent à
[ la catégorie des artes illiberales ac sordidi quaestus
I par opposition aux artes liberales °. Ceux-ci sont d’une
nature plus relevée10, exigent des connaissances spé¬
ciales et sont rémunérés, non par un salaire, mais
| par des honoraires [honoiurium, t. V, p. 239]: Ils don¬
nent lieu, non pas aux actions locati conducti , mais à
une persecutio extra ordinem sur laquelle statue le
magistrat en personne.
D’après Cicéron11, les illiberales et sordidi quaestus
sont ceux des mercenaires : revendeurs, artisans travail-
[ lant dans une boutique, cuisiniers, bouchers, charcutiers,
pécheurs, parfumeurs, baladins et tout ce qui vit des
1 jeux de hasard.
■ Les artes illiberales et sordidi quaestus Se subdi¬
visent, d après Posidonius, en artes ludicrae et en artes
-ij dgnres et sordidae 12. Les artes ludicrae ont pour
■ jet le divertissement du public ou des particuliers :
Ws°nt, dit Sénèque, ceux qui tendent au plaisir des
■Ww ou des oreilles, ceux des histrions, danseurs,
Jlmes’ 'tuteurs, musiciens, jongleurs, prestidigita-
| - ürs. 1" "lüiibules, gymnastes, gladiateurs13, etc. [histrio.,
teslç y( ' ' Istituto archeol. gcrmanico , 1898, p. 221. — 2 Cf.
Biner,] ,!?”“* hütor- lle droi‘, 1894, p. 090. — 3 Corp. papyr.
‘ap, de Geu, . -4e9Wf- Urk. aus d. Museen su Berlin , 6*4; Nicole,
J- S Cf. Vienne r ~ * Bcrlin> 337 ’ 5SC> 003 1 39’ 22L 407> 487> 538- 033> 64k
8 Berlin. C03 Gn^ ’ *?.’ ®er'*n' 64i- Voie cependant Vienne, 39.
1 4,:»Suv„ ikcbu ' ' ’ 4 lonnu> 39. Le loyer doit être payé &vu rcoXopv xat
I Oreufoll ICI k papyri in the British Muséum, t. Il, 1898, n» 210;
Alexandri<
I bit, ,
J?' ^ ' 1000 I yVi jI0>s^0^ Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechlsg.
HlnSï'r*- 362; ~ 7 Berlin, 3t9, 538 ; Vienne, 32. - » Cf.
8 Eic. off.\ ; > ]J.,S ludiques -des Bomains , t. I. p. 619, n. 3 et p. 020.
ln s,1« potestnh I f iu Paul. Sent. 11, 18, 1 ; Homo liber qui statum
ML * °P«’ej j„ns . . Jl 1 ,f pejorem eum et meliorcm faccre polest : atque
i ' ~ 13 Paul. Collai "f noclurna “lue local. — 11 Loc. cil. — 12 Ap. Scnec. Kp.
pugnaret b,!- '"0$a7t’ *• 2 : Eei eliam ilium qui opéras suas, ut
°Cmt ~ 14 Sei>ec. Loc. cit. - 13 ibkl. : Vulaares opifi.
enlo|t An il,.,. 11 lne Bntish Muséum, t. II, 1898, n» 210;
'towioic, 189,; 7 er°l‘c fragment and other greck papyri chie/ly
“’l! xivSOvou *»: ; uBn’ °03, 604’ "G, CH ; Vienne, 240) ou bien ixfvSuvov
de ces clans.,, ““‘['“O'' ’tav'3; JnoXoyou (Vienne, 36, 37, 40, 41). Cf. sur le
CINAEDUS, MIMES, TIBICEN, CIRCÜLATOR, PILARIUS, PRAESTIC1A-
TOR, FUNAMHULUS, CERNUUS, PETAURISTA, GLAUIATORj.
Los artes Bulgares et sordidae sont, dit Sénèque14,
ceux des opi/ices ; ils consistent en un travail mécanique
et ont pour unique but les besoins de la vie15. Ce sont
aussi les services de nature très diverse rendus par des
mercenaires : appariteurs et autres auxiliaires des magis¬
trats [VIATORES, SCRIBAE, LICTORES, ACCENSI, PRAECONESj OU
des prêtres (calatores, viatores, fictores [fictor], stru-
fertariin , victimarii). Pour les travaux des champs,
on employait des messores 17, sa rri tores 18, faenisici 1 *,
strictores 20, leguli 21 , etc. ; en ville, des portefaix
[bajulus] 22, saccarius 23, cuisinier [coques], écrivains
( librarii)n , et bien d’autres operarii 23, travaillant à la
journée moyennant un salaire ( rnerccs ).
Ces mercenaires, particulièrement ceux qui étaient
employés aux travaux des champs, habitaient chez le
conductor et faisaient en quelque sorte partie de sa mai¬
son20. Le conductor avait sur eux un pouvoir discipli¬
naire analogue à celui qu’il avait sur ses clients ou
affranchis : le vol commis par eux à son préjudice ne
donnait pas lieu à l’action furti 27.
2° Le louage de services, comme le louage de choses,
est un contrat consensuel, synallagmatique et de bonne
foi. Le locator s’engage à fournir ses services moyen¬
nant un salaire ( merces ) que le conductor promet de
lui payer. Les triptyques de Transylvanie fournissent,
plusieurs exemples de contrats de louages de services28.
Le locator peut en général se faire remplacer par un
tiers20. Il en sera autrement toutes les fois que le con¬
ductor aura traité en considération de la personne30. Il
répond de son dol et de sa négligence ; il est en faute s’il
ne connaît pas son métier : à cet égard, on le traite
comme un artifex 31 .
Le conductor doit payer le salaire convenu, même si
le travail n'a pas été fait, sans qu'on puisse rien repro¬
cher au locator. L’ouvrier congédié sans motif a droit à
la réparation du préjudice qu’on lui cause; mais il doit
justifier de ce préjudice en démontrant qu’il n’a pu
trouver du travail ailleurs32.
III. locatio operis faciemh. — Le louage d’ou-
vrage a pour objet un travail à effectuer à l'entreprise33,
comme la construction d’une maison ou d’un navire34,
la célébration de funérailles [funus, t. IV, p. 1398j, la con¬
fection d’un objet d’art par un orfèvre [aurifexj 33, le net¬
toyage des vêtements de laine par un foulon [fullonica]30.
Ce contrat, dont l’usage a été emprunté au droit public,
s’est développé aux dépens de la locatio operarum. Bien
des travaux, qu’un propriétaire faisait faire ancienne-
cum, quac manu constant, et ad instruendam vitam occupatac sunt. — 111 Fesl.
Ep p. 85, v° Ferctum. — <7 Varr. Be re rust. I, 17, 2; Ephem. epigr. V, 277.
— 18 Ap. Non. Marcel. 8, 1. — 19 Varr. Loc. cit. — 20 Cat. De re rust. 144, 3.
— 21 Ibid. 146, 3. — 22 Fcst. Ep. 35, 8. — 21 Corp. inscr. lat. IV, 274, 497 ;
Paul. 4 epit. Alfen. Dig. Dig. XVIII, 1, 40, 3. — 24 Cic. Ad Alt. XII, 6, 3. — 25 Cat.
De re rust. 145, 1 ; operarios conducerc. — 25 Ulp. 17 ad Sab. Dig. VII, 8, 4 pr. :
...Sed et cum liis, quos loco servorum in operis habet , liabitabit, liccl liberi tint
vel servi alieni. — 27 Paul. De poon. pagan. Dig. XLV1I, 2, 90. — 28 Corp. inscr.
lat. 111, 948, X. — 29 Ulp. 34 ad Sab. Dig. XXXVIII, 1, 9, 1. F abrites ipperac)...
ejus generis sunt ut a quocumque cuicumque solvi possint. — 30 Cels. 0 Dig. ap.
Ulp. 43 ad Sab. Dig. XII, 6, 26, 12 : Eam esse causant operarum ut non sint
eaedem... Nam plerumque robur hominis, aelas... mutât causant operarum.
— 31 Cels. 18 Dig. ap. Ulp. 32 ad Ed. Dig. XIX, 2, 11,5. — 32Sev. Carac. ap. Ulp.
eod. 19, 9; Paul. eod. 38 pr. — 33 Lab. ap. Paul. 2 ad ed. Dig. L, 16, 5, 1 : Opère
locato coiulucto liis verbis Labeo significari ait id opus, quod graeci ànoir/.sap.*
vacant, non id est ex opéré facto corpus aliquid perfedum. — 34 Lab. Octavcn.
ap. Ulp. 17 ad Sab. Dig. VII, 6, 12, 6 in fine. — 33 Cass. Longin. ap. Gai. 111, 1 47.
— 35 Cf. Édouard Gnq, Op. cit. t. 1, p. 618, n. 5.
1292 —
LOC
ment sous sa direction par des mercenaires, ont été peu
à peu donnés à l’entreprise. Dans le principe, et particu¬
lièrement en droit public, l’entrepreneur était désigné
par le mot redemtor1.
La merces promise par le locator operis faciendi
était, en principe, fixée à forfait. Mais, connue dans la
locatio rei , elle ne consiste pas toujours en une somme
d’argent : au temps de Caton, certains travaux étaient
donnés à l’entreprise à des partiarii s.
Lorsque la merces est en numéraire, on peut convenir
qu’elle sera payée en une ou plusieurs fois, soit après
l’achèvement du travail, soit au fur et à mesure de son
exécution 3, lorsque telle ou telle partie sera terminée et
agréée par le propriétaire*. On remarquera que la merces
est ici payée parle locator, tandis que dans la locatio rei
et dans la locatio operarum elle est payée par le
conductor 5.
La merces était parfois lixéeaux enchères : à l’exemple
du censeur, les particuliers adjugeaient l’entreprise à
celui qui, pour 1 exécution du travail, demandait la
merces la moins élevée. Il semble résulter d’un passage
de Caton qifon prenait des mesures contre la fraude
qui aurait pu se produire. S'il y a lieu de craindre que
l'adjudicataire s’entende avec ses concurrents ut carius
locetur et les prenne pour associés, on pourra exiger
d’eux un serment6.
Le travail doit être fait dans le délai convenu 1 et
d'une manière irréprochable. L’entrepreneur ( conductor
operis faciendi) n’est pas obligé à l'exécuter personnel¬
lement8, mais il est responsable de ses auxiliaires9.
Régulièrement, il doit employer la matière fournie par le
locator : s'il est convenu qu'il la fournira lui-même, il y
a vente et non louage I0. Cette règle, qui n’a pas été admise
sans résistance", n'a pas été appliquée à la construction
des maisons12.
La réception totale ou partielle {probat io) de Yopus par
le locator décharge l’entrepreneur de la responsabilité
des risques pour la partie qui a été agréée ia. Jusque-là,
si la chose périt, sauf le cas de force majeure u, le
conductor est présumé en faute, à moins qu'il ne prouve
que la faute est imputable au locator16.
Le louage d'ouvrage présente deux variétés soumises
à certains égards à des règles particulières : la location
irrégulière et l’entreprise de transports maritimes.
l Fcst. p. 270. — 2 Cat. De re rust. c. 10 : Calcem coqucndam partiario
nui (tant ita dant , c. 137 : Vineam redemtori partiario quomodo des.
__ 3 Javol'. eod. 51, 1.- 4 Paul. 31 ad Ed. eod. 24 pr. - 8 Cf. sur la
raison de celle interversion, Mommsen, Zeitschrift der Sacigny-Stiftung,
R A t VI, p. 263-267. — 6 Ibid. 144, 4 : Ne guis concédât , quo olea
Uganda et fàeiunda carius locetur. Extra quam si quem socium in praesen-
tiarum dixerit. Si quis adversum ea fecerit, si dominus, si custos volent , jurent
omnes socii. Si non ita juraverint, pro ea olea legunda et faciunda nemo
dabit, neque debebitur ei, gui non ita juraverit ; cf. sur l'interprétation de ce
texte Karlowa, Rôm. Rechtgescliichte, t. H, p. 650. — ' Lab. 5 Poster, a
Javol! epit. Dig. XIX, 2, 60, 3. - » Marcel. 8 Dig. eod. 48 pr. - 9 Cf. Pompon.;
63 ad Ed. ap. Ulp. 32 ad EdTeorf. H pr. — ‘«Gai. 111, 147. — n Cass. ap. Gai. eod. ;
cf Javol 1 1 Epist. Dig. XVIII, 1, 65. — »2 Pompon. 9 ad Sab. eod. 20. — 13 Lab. 1 ,
Pilli. eod. 62. - 14 Sab. ap. Javol. 5 Lab. Poster, eod. 59. - <5 Florent. 7 Instit.
eod 36 • J E Labbé, Étude sur quelques difficultés relatives à la perte de la
chose due et à la confusion, 1870, p. 124. - 16 Cf. Pellat, Textes choisis des
Pandectes, ï‘ éd. 1866, p. 41. — 17 Pompon. 9 ad Q. Mue. Dig. XXXIV, 2, 34 pr.
- 18 Alfen. Var. 5 Dig. ep. Dig. XIX, 2, 31 pr. - 19 Cf. Édouard Cuq, Op. cit. I. I,
p. 581, n. 2. — 20 Paul. 2 Sent. Dig. XIV, 2, 1; 34 ad Ed. eod. 2, 2.
_ 21 Serv. ap. Paul, eod., 2 pr.; 2, 3. — Bibliographie. Haase, De opéré locato et
conducto Iiomanorum commentatio grammatica et historica, Leipzig, 1814,
Jacobi, Remission des Pachtzins, 1850; Bolzc, Ueber den Zufall bei der Werle
verdingung (Archiv fur civ. Praxis, t. LVU, n. 5) ; Degcnkolb, Platzrecht und
Miethe, Reitraege zur ilirer Gcschichte und Théorie, Berlin, 1867 ; Pfizer, Paclit
und Miethe ( Archiv fur civilistische Praxis, t. LXXI, p. 445); Von \angerow,
LOC
1° Dans la location irrégulière, le conduite»
matière qu’il doit façonner, mais sans être Ji
s’en servir18. 11 est autorisé *
onsé à en employer une • ^
équivalente. Tel est le cas où l’on remet un |jn,,(ll '. e
un orfèvre pour qu’il fasse des a""" — -- h ' ()r^
s anneaux d’un Cen,'
poids11. Tel est aussi le cas où plusieurs
chargent du blé sur un même navire ~~
le capitaine rendra à
ire* ea convenant
que
. , ' ' ■ “Ulll
ra à cuacune une quantité égale à cellJ
qu’on lui a confiée18. Ici le conductor devient Wt T
taire de l’or ou du blé comme s’il y avait mutuuin
suite, les risques sont à sa charge. Le contrat conservd
cependant le caractère de louage, à cause du travail o 1
le conductor a promis de faire et de la merces qui ljl
est payée.
2° L’entreprise de transports maritimes présente deux!
particularités : a) les détournements, autres que le vol
commis par le capitaine au préjudice des chargeur]
sont réprimés par une action spéciale, oneris mW
qui est vraisemblablement pénale 19. 13) Lorsque le natire
est en danger et que le capitaine a dû, pour le salut
commun, jeter à la mer une partie de la cargaison, la
perte se répartit entre tous les chargeurs et le proprié¬
taire du navire, proportionnellement à leur intérêt20]
Cette règle, qui existait au temps de Cicéron21, a été
empruntée par les Romains à la loi Rhodia de jactu
[lex ruodia de jactu]. Édouard Cuq.
LOCULUS, LOCULI, LOCELLUS, LOCULAMEiNTUj
— Le mot loculus désigne un petit espace réservé à un
objet, le compartiment d’une boite, et, par extension, la]
boite même, la caisse divisée en compartiments, dans un
sens plus étendu encore, toute espèce de caisse, decollret1.
I. Le mol loculi , au pluriel,
indique tout récipient monétaire.
1° Coffre-fort, caisse2 [arca,
arculaI.
Fig. 4509. - Cassette.
Y area d;: c, un texte!
2° Récipient monétaire porta¬
tif3. Les loculi , récipient mo¬
bile, sont nettement opposés à .
de Juvénal* ; notamment petite cassette ou on se*
rait l’argent. Martial en mentionne en boié ' e 1
ivoire6 et déclare ces dernières dignes d 111 11 CP
que de l’or \ Une peinture de Pompéi nous nio J
un de ces coffrets et, à côté, les pièces de
naie 8 (fi
O *
Lehrbuch der Pandekten, 7» éd. 1875, t. III, p-
440; Maywz, Cou «
de ifroil]
histodjm
7° CCI. 10/É», <<• !'■
Romain, 4“ éd. 1877, t. II, p. 236; Ortolan et J. E. Lab ’ rpntoljj
Itomain, v ea. icw/, i. u, — — , « - unmm. o, .
des Instituts de Justinien , 12e éd. 1884, t. III. P- - ’ 1 Sliflvnq, A.-b * %
Anfaenge von Kauf und Miethe [Zeitschrift der ■ Saviff J - ' ^ , jacobi
p. 260) ; C. Burckhard, Zur Geschiclite der locatio c operis ( IhenÆ
Miethe und Paclit, 1889; Dankwardt, Die locatio n 5 . Karlowa, j»
Jahrbücher, t. XIII, p. 7) ; Die locatio operarum, / i ■ ■ ‘ conrfuciio
Grünhuts Zeitschrift, t. XVI, p. .418; p- R®8*1’ “ fcll/ »»ii
irregularis ( Studi Senesi, t. VII, p. I81)> ' " f’buch des P«n,lekUl'"' ‘
(lherings Jahrbücher, t. XXV.., n. 4) ; Windscheid , Le J P «. J j
• éd. 1891, t. II, §§ 399-403 ; Accarias, Précis de ^ ,891, P-J'1
L 316 ; Édouard Cuq, Les Institutions juridiques i périma * ien
... . . . rtse avec , .. n, ),n\si
1. Erman, Les théories romaines sur l’entreprise «' ^ l0;Karlo":
JÎSfflt*
!«•]
SC^
le.ht.guch ichU, t. H, 1891, p. 6- ”
. . . «.»l
1892-1899, t. I, p. 657; ». », i- — > J l’empire
110-114; Beaudouin, Les grands domaines
.ravaux récents, 1899. mfNTUM. 1 'cs 1 "j u
LOCULUS, LOCULI, LOCELLUS, LOCULA - Quaest , «“'■
!>
Il, 31. 1
r;-,;', 17S ; sen*c. vXlli n,|
2 Hor. Sat. I, 3, 17; IL 3, 146; Epist. U, , 7; Digest. XXp Sali
52, 1; Apul . Met. IV, 16; Mart. Eptgr- ^ Sa,. XL 38 ; P'
*• 1 ; “■ i**
li Ibid. 14- " 1
^XL, locelli ; Apul. De mag. 61
(9. _ 0 XIV, 13 (loculi et locellus).
Ercolano, t. H, p. 43 et 213.
LOC
0°
CP pelit
• ce particulière de l’empereur est appelée
3° La iiaJ' ou simplement loculi\
local* PecuUa ' donne le nom de locuh aux lar-
p Par extensmm
gesses en ^ chcz leg Romains, le nom du
TirC nhle’ Aucun texte, à ma connaissance, ne
ineuble ' l’indique ou n’y fait
allusion, et le mot
loculi est, jusqu’à
nouvel ordre, celui
qui convient le mieux
pour le désigner.
L’usage en devait être
populaire, comme de
notre temps, et assez
répandu, car on a
, vé un certain nombre de tirelires antiques. Une
L découvertes les plus intéressantes en ce genre est
celle qui fut faite en 1812 aux thermes de Titus : on
trouva une tirelire ronde, en terre cuite rouge,
ornée des ligures de trois divinités, pleine encore des
nièces qu’on y avait introduites; elle contenait en effet
251 deniers, les plus anciens étant de la République,
Üs plus récents du commencement du règne de
Trajan1. Fea, qui nous fait connaître cette découverte,
ne nous a pas laissé le dessin de ce petit monument
aujourd’hui perdu. Ce qu’il en dit permet de supposeï
que cetle tirelire ressemblait à celle que nous repro¬
duisons ici d’après un dessin de Séroux d’Agincourt 1
(fig. 4510). Trouvée en 1809-1810, dans les fouilles
que le prince Frédéric de Saxe-Gotha lit exécutei sui
l’Aventin, cette deuxième tirelire porte en relief 1 image
d'un cocher vainqueur et, sur le côté opposé, le nom
Ael(ius) J lax(imus). Sa forme est celle d un cylindre,
terminé en cône, avec une ouverture horizontale à
la naissance du cône. Cette forme parait avoir été la plus
commune, car il en existe un cerlain nombre d’exem¬
plaires : Caylus en indique
une, de provenance incon¬
nue °, aujourd’hui au Cabi¬
net de France ; elle est ornée,
d’un côté, de l’image de la
Fortune, debout dans une
édicule ; de l’autre côté, de
deux palmes gravées en
creux. Une autre, également ornée de l’image de la For¬
tune el portant un nom au revers, faisaitpartie du cabinet
urand \ Deux tirelires, pareilles aux précédentes,
® cent 1 image de Mercure dans une édicule ; l’une a été
'ouht surlEsquilin en 18758, l’autre faisait partie de
P collection Alessandro Castellani9. La forme de ces
P® Us meubles était aussi variée que de nos jours ; les
LUS/CS c*e Naples et de Pompéi en possèdent plusieurs
Sgr "" (U‘*'e’ rï°nt deux imitant des coffrets dont la
I ruri il les clous sont figurés en relief10 (fig. -1511).
lit». XlU _ >1(. - Frout. /Je aq. CXV11I. - — 3 Auson. Grat. act. adGra-
AoteS. — î; ftrr)l ea’ ®sserv' intorno alla célébré statua cli Pompeo, 1812, p. 12,
— 6 écueil d'aiït efra^men^9 sculpt. antiques en terre cuite , p. 51,pl.xx,9.
iUnd, 1830 n« i P' P'- lxxxii, 3, 4. — 7 Vente du. cabinet Bu¬
ll- 135, picV|I| i, __ ~ " Urixio, Pitture. e sepolcri scop. suit' Esquilino, 1876,
liPowpjj . |, 1 ,Jlb‘ct. Al. Castellani, 1884, n° 561 el p. 77. — '6 Micolini, Case
' p- 24s- ~ 11 Rec- danL »• iv- p- *57' p'- u,,> *•
P- *76,pl. 1, 5 . j ’p ’ ~ 13 Uoldetli, Osseri). sopra i cimiteri de’ s. martir i, 1. Il,
err<!t' Catacombes de Home, t. IV, pl. vm, 1. — H Boldetli, O. I.
to® (& <3)
Hg. 4511. — Tirelire.
Caylus possédait deux tirelires, également en (erre cuile,
trouvées à Rome sur le Cœlius ; l une plate et ovale por¬
tait une tête d’Ilercule d’un bon travail" ; l’autre, de
même forme, mais d’une exécution très négligée, olTrait
Cérès assise entre deux figures debout12. Dans une des
catacombes de Rome, Boldetli a trouvé une tirelire en
terre cuite, en forme de bouteille, sans aucun orne¬
ment13, et une autre semblable avec cette différence que
la panse est tout entière occupée par une face humaine ".
Grignon, dans son recueil manuscrit1’, donne le dessin
d’un vase monté sur un pied élevé et orné de deux anses,
que l’on a transformé en tirelire en le perçant d une
fente verticale qui occupe le bas du col et le sommet de
la panse )C.
6° Tronc. Nous n’avons, jusqu’ici, parlé que de la tire¬
lire populaire, le récipient en terre cuite, destiné à rece¬
voir, pièce à pièce, les petites économies, et dont on ne
peut, sans le briser, retirer te contenu. Il existe d’autres
récipients monétaires, danslesquels on introduit les pièces
par le même procédé, mais quel onpeutvideràl aide d une
porte qui y a été ménagée. Ce dernier détail, leur forme,
leur ornementation plus soignée, la matière dont ils sont
faits, leurs dimensions aussi, les distinguent essentielle¬
ment des tirelires. C’est le tronc
destiné à recevoir les offrandes à
une divinité. Henri de Longpé-
rier 17 a démontré que les anciens
avaient recours à ce moyen de
recueillir des dons en espèces. Le
plus décisif des arguments qu’il
apporte est un texte de 1 historien
Josèpbe18 mentionnant rétablis¬
sement, dans le temple de Jérusa¬
lem, d’un tronc en bois (çôXivo;
0-qoraûpo;) muni d’une seule ouver¬
ture (ôtt/, fua), par laquelle le peu¬
ple introduisait ses offrandes pour
la reconstruction du temple. Il
semble, d’après le contexte, que
ce procédé était nouveau et fut
bien accueilli à cause de sa discré¬
tion. Un tronc creusé dans la pierre a été trouvé par Gri¬
gnon, dans un temple, au Châtelet19, et Grivaudde la Yin-
cellenousen aconservé le dessin20. Les fouilles deVertault
ont donné, en 1893, un tronc en pierre qui a la forme d’un
banc à dossier sur lequel sont assises deux divinités diffi¬
ciles à caractériser, dont la tète a disparu ; entre elles, au
centre du siège, s’ouvre l’ouverture du tronc 21. A la même
classe appartient un tronc en terre cuite, trouvé à Vichy
en 1858 et conservé au musée de Moulins (fig. 4512) 22 .
Il est surmonté d’un buste jeune, lauré et drapé ; une
porte placée en bas et en arrière du meuble permettait
de retirer les pièces de monnaies qui avaient été intro¬
duites par une ouverture ménagée à la partie supérieure.
Le Cabinet de France possède une statuette en bronze de
pl (ï. _ 15 Bull, de la Soc. des Antiq. de France, I87G, p. “4, s. ; 160, s. — 16 P. 79
,lu mss. — n Revue archéol. t. XIX (1869), p. 163, s.; p. 86 du tirage à part
(augmenté). _ i8 Antiq. Jud. IX. 8, 2. — 18 Second bulletin des fouilles faites
au Châtelet, 1775, p. 204. — 20 Arts et métiers des anciens, pl. ci, 1. — 21 F. Da-
guin, Mémoires de la Soc. des Antiq. de Erance, t. LVII, p. 334, s. — 22 Tudot,
Collect. de figurines en argile, p. 40, 41, fig. 62; p. 55, fig. 76, 78, cxplic. des
planches, n° 48, pl.xLvm; II. de Lougpérier, L. l. \ Catal. du Musée de Moulins,
p n» 1; A. Blancbet, Étude sur les figurines en terre cuite de la Gaule
romaine — Mém. de la Soc. des Antiq. de France, p. 195, s.
163
1 29i —
LOC
la déesse Epona, dont le cheval est monté sur un socle
élevé qui servait de tronc Il faut rapprocher de ce
monument une autre statuette en bronze du Génie des
ouvriers en cuivre de Diara, trouvée aux environs de
Lyon, et dont le socle faisait également l'usage d'un
tronc destiné à recevoir les offrandes au Genius2.
Des environs de Lyon provient également une statuette
en bronze de la Fortune, conservée au Musée de Saint-
Germain, qui servait également de tronc, grâce à une
ouverture ménagée entre les genoux de la déesse \
11. Boite de médecin. Ovide raconte que le dieu de la
médecine, Esculape, touché de la douleur de Diane,
résolut de rappeler llippolyte à la vie, et chercha les
simples propres à cet usage dans sa boite d’ivoire : loculis
depromit cbumisK De ce texte on peut conclure que les
médecins anciens avaient des boites à compartiments
dans lesquelles ils renfermaient leurs médicaments, lit
en effet, on conserve une boite de médecin en ivoire,
Fig. 4513. — Boilc de médecin.
ainsi divisée; elle est bien caractérisée par son cou¬
vercle sur lequel l'artiste a figuré en relief, dans une
édicule soutenue par des colonnes torses, Esculape et
Ilvgie avec leurs attributs ordinaires 5. Cette boite, dont
le style rappelle celui des diptyques consulaires, doit
être du ive siècle ap. J.-C. Conservée de temps immémo¬
rial comme reliquaire dans l’église Sainte-Valérie, elle
a été transportée au musée de Sion en Valais. Le dessin
que nous en donnons (fig. 4513) montre les compar¬
timents à l’intérieur; pour l’ouvrir, on faisait glisser
dans une rainure le couvercle qui était maintenu par
une cheville fixée dans un trou creusé sur le rebord
d’une des extrémités de la boite. Le musée de Berlin
possède deux autres boîtes de médecin, en bronze. La
première, trouvée entre Neuss et Xante, est ornée, sur le
couvercle, d’un Esculape incrusté d’argent6 ; l’autre,
qui porte également l’image d’Esculape, a été achetée à
Naples7. Le même musée possède les débris d’une
troisième boite semblable8. On a trouvé à Portici le
couvercle d’une boîte analogue 9. Le musée provincial
1 E. Babelon et Blanchet, Calai, des bronzes ant. de la Biblioth. nationale , p. 300,
n»G89; S. Reinach, Revue arch. 1895, p. 171, n<> 15. — ^Allmeret Dissard, Trion ,
I, j). 151. — 3 S. Reinach, Descript. raisonnée du Musée de Saint -Germain,
Bronzes , p. 99, n<> 95. — 4 Ovid. Fast. VI, 749. — 5 Bonner Jahrbuch, t. LII,
1872, p. 127, pl. i. — G Ibid. XIV, 1849, p. 33, pl. ii. — 1 Ibid. pl. i, 1.
— 8 Ibid. p!. i, 2-5, — 9 Antich. d’ Ercolano, l. V, p. 204, 3 et 271. — 10 Bonner
LOC
de Bonn possède aussi une boîte de méd ■ ■
lièrement curieuse10 ; elle est en bronze dh" Parlicu'
compartiments fermés par des couvercles i ^ dcux
petite poignée ; les parois sont doubles s'""11* d’Une
un écartement d’un centimètre environ, ’emT*?* par
sans doute pour préserver les médicaments ron h*. m®’
dité ou les changements de température- i,,'! ‘UQii'
est orné d’un rectangle formé par cinq ij!,n, '°UVercle
Iriques. Enfin, on conserve an musée de Napies^Tw!'
en bronze, divisée en cinq compartiments, dans D - '
restaient encore des médicaments 11 ; elle est |',,n ■Tels
sorte de gaine rectangulaire, d’où, à l’aide d’uneplï
on fait sortir la partie intérieure comme un tiroir * ’
IIL Boite de peintre. Varron12 dit que Pausias et 1
autres peintres se servaient de boites divisées en *
partiments(ar- (0ra'
culae locula-
(ae), pour y
maintenir sé¬
parées leurs
diverses cou¬
leurs. Or, en
1847, M. Fil¬
lon découvrit,
au cours de
fouilles qu’il
exécutait dans une villa romaine, à Saint-Médard-dés1*
Prés, en Vendée, tout l’attirail d’une femme peintre,
dans lequel figurait une boite en bronze, avec un cou¬
vercle glissant dans une rainure et divisée en quatre
c o m p a r t i -
ments fermés
chacun par
un couvercle
muni d’une
poignée (fig.
4514). Dans
les comparti¬
ments • res -
taient encore
des pains de
couleurs va¬
riées
Fig. 4514, — Boilc de peintre.
Fig. 4515. — Boîte de peintre.
La forme de cette boite semble indiquer q®
le peintre s’en servait pour renfermer, dans des locu .
séparés, ses pains de couleur; mais il ne s en sériai
pas pour peindre. 11 en est autrement du petit ineu <
en terre cuite vernissée que nous reproduisons 1C
fig. 4515) ; chacun de ses loculi forme un godet où 1' 1" 111
tre devait délayer ses peintures et tremper son pinceau
Ce curieux monument faisait partie de la collection || U^
à Hippone par M. Aubry, de Saint-Dié. M""1 1 ' uJ
tesse de Béarn possède, dans sa belle c0^" g
monument semblable, mais plus petit, trouve 1 1 ^
Un bas-relief publié par Bar toli 1 4 représente um
peintre et un autre personnage, avec 1 inscripoon ■ ^
Varro. Sous le chevalet qui porte un poi li e ' ‘ |(,ge,
d’exécution, on voit la boîte de l’artiste, ou'1 11 - ^ ^onU
trois loculi en forme de godets, comme ci un
• / ,i real muSlc
11 Carlo Ceci, Picoli bron:" \a et d‘
— )3 B. Fillon, Descript . " (j|ic juif
1849, p. 38, pl- "• 1 C,. ' ée dam'1
Jahrbuch, t. LXXI, 1881, p. 117.
pl. vu, 28. — 12 /f. rust. III, 17,
tombeau d'une femme artiste gallo-romaine, 1849, p. 38, P Couvée da
boîte eu bois, munie d'angles en fer et d'une poignée c..n 36 d p'
-- - - boîte de couleurs. Von i
môme sépulture, semble avoir été aussi une
— 15 Gli antichi sepolcri, 1G97, pl. i.
i2or> —
LOC
l.oc
If'lU ‘1 *
bas-relief, connu seulement par
int)one. Mstis cc
meui i ^ ne peut être présenté sans de fortes
!e des»111 ' ^ a disparu et la singularité de
réserves ; 1 ‘ . genlbje faire allusion à un texte bien
pDSCriirl'l'1 rendent suspect. Une peinture de Pompéi
con'Ul i.ne femme artiste trempant son pinceau dans
représente une
imite de couleurs •
Pa ", ( |io|n je locu/us doit certainement être attribué,
lV' /^ï'je avec les boîtes de médecins et avec les
K .jnires aux petits récipients dont nous don-
<""• «7). C, sont des
Fig. 451 G.
Boites de loilcttc.
Fig. 4517.
boites en bois, qui ont la forme, l’une d’un pigeon au
repos, l’autre d’un pied chaussé d’une sandale; toutes
deux sont divisées en cinq petits compartiments. On les
ouvrait en faisant pivoter le couvercle sur une cheville qui
le maintenait à l’extrémité de la boîte. Ces boites ont été
trouvées dans une ciste de PrénesteE Ces petits objets
faisaient certainement partie du mundus muliebris et
devaient contenir des fards et des collyres pour la beauté
des yeux. Dans les fouilles qu’il a exécutées à Préneste, le
prince Barberini a d’ailleurs trouvé des récipients sem¬
blables, dont l’un contenait encore différentes espèces de
fards s. À la même classe de monuments se rattache,
quoique bien différent par la forme et les dimensions,
le coffret en argent trouvé à Rome, dont l’intérieur était
divisé en loculi contenant chacun un flacon à parfum ou
■i essence, en argent [capsa, fig. 1176] G.
UÉcrin. Fréquemment, les auteurs anciens appellent
loculus 1 écrin dans lequel on renferme une bague, une
pierre précieuse ou un bijou1. IF était même dans la
coutume de conserver les pierres précieuses dans des
0CU^ 011 ocrins en ivoire 8. On mettait dans des coffrets
semblables des clefs 9, des vêtements i0, des papiers11.
! ;2Boite 0u sac que l’écolier portait suspendu à son
Lrréo Arehimedius. On appelait ainsi une boite
diVl, ' ' nllll'nant quatorze lamelles en ivoire, aux angles
ra _ "" 1,1 découpés, avec lesquelles on pouvait, en les
■ °C ldlB’ COmposer un nombre indéfini de figures :
P- 339, «. | ledivi Raoul Rochette, Peintures antiques inédites, 1830,
Ma/y>p|,i|o, -||jS| ^|SU^e< ^ !,c n*^me ^Hto Jahn, dans Bevichte... der stick. Gesel-
Sa,1s résilie ij0n t|a)) üï'^e’ *• Xm> 1861, p. 292, s. mais ce dernier cite le monument
^^Uverkehrs II °uvra®c postérieur, Ueber Darstell. des Handwersk und
1' ^pl.n ;oju||n ^ 399, s’ ^ v’ 8* — 2 Antich, di Ercolano , I. VII,
^a« H. urunn . * ' “ ' 3 Monument! , t. VIII, pl . vin, 5a, 5 b. — '* Ibid.
Élude $i(r pr(:ne f > >a ‘ d 1864, p. 372. Voir la description dans Ferniquc,
411 ^ ?(>ia antica ar\ ' 5 ** S *84, *88. — 6 Visconli, Leltcra
J' Xvn,i 9 ; cf. BoeU ^ scol)eria tn Roma , Œuvres de. Visconli, t. I. p. 219,
| ' 10 ; Jnv. Sat ^uabiae' ,v’ 2 [CAPSA> P- 91 2]. — 7 Ovid. Amo)\
Jl* Sch°|. ad Juven , ■ 139 > Val- Max. VII, 8, 9; Jul. Val. Epitom. III, 18.
'^‘Mart. X,88. J12 i7 9 PIin* NaL hùL Xlv> l4’ 2- — 10Isid- 0ri9- xx>
^or‘ ^8,74; E'fist. 1, 1, 5G. — 13 Marins Viclorin,
vaisseau, épée, arbre, colonne, etc. On donnait ce jeu aux
enfants, pour exercer leur mémoire et leur intelligence18.
Ausone l’appelle ossiculum eburneum u et Ennodius
stomatium eburneum I5. .
VIII. Niches d’nn colombier 10 [colfmbarii m, I .
IX. Ruche d’abeilles17 [ares].
X. Compartiment dans u ne sépulture1 8 ]coli mbarium, Il .
XI. Cercueil l9.
XII. Endroit ménagé dans une cave ou un cellier pour
poser les tonneaux, en français un chantier [cura,
fig. 2139] 20.
XIII. Civière sur laquelle on transportait les défunts de
basse condition 21 .
XIV. Urne de vote. Varron raconte que, pendant un
vote, il y eut un grand tumulte au champ de Mars parce
qu’on surprit un citoyen qui jetait frauduleusement des
bulletins dans le loculus22. Voir les urnes de votes
représentées aux articles cista, cistella (fig. 1511 ), suf-
FRAGIUM.
XV. Rayons d’une bibliothèque [bibliothecà] 23.
XVI. Boîtier d’un mécanisme21.
XVII. Mangeoire pour les chevaux. On faisait les man¬
geoires en bois, en pierre ou en marbre; elles devaient
être isolées pour que les chevaux puissent manger en paix
sans se voler l’un l’autre23 [equile, fig. 2710].
XVIII. Piscines divisées en compartiments [piscinae
loculataé) dans lesquelles on maintenait séparées
diverses espèces de poissons26.
XIX. Petite caisse pour mettre des figues sèches; ou,
peut-être, compartiment dans un grenier 21 appelé aussi
Inctts ou lacusculus [horreum, 1]. Hknry Thédenat.
LODIX. — Etoffe qui devait avoir l’apparence velue de
la G ausapa, si même elle ne se confondait avec elle1.
On en faisait des couvertures de lit2, des tapis de pied1.
D’après Suétone \ Auguste parfois se divertissait à
courir vêtu d’une lodicula 5.
Ces tissus paraissent avoir été particulièrement fabri¬
qués à Vérone6. E. S.
LOGISTAE (AoytffTaî). — C’était une règle à peu près
générale- dans les États grecs que les magistrats fussent
assujettis à une reddition de comptes, confiée le plus
souvent à des magistrats spéciaux. Cette responsabilité
des magistrats existait aussi bien dans les États aristo¬
cratiques comme Sparte, que dans les États démocra¬
tiques. Aristote1 énumère commefonctionnaires vérifica¬
teurs les Tioyiaiat, les eüOuvoi, les È;ETa<TTat, les ffuvvjyoco'..
I. A Athènes, la responsabilité des magistrats était très
rigoureuse; pendant leur charge, ils étaient tenus de
leurs biens et de leurs personnes pour tous les délits
qu’ils pouvaient commettre en tant que magistrats ; après
leur sortie déchargé, ils devaient rendre compte de leur
gestion; avant cette justification, étant Û7tsuOûvot, ils ne
devaient ni quitter le pays, ni passer par adoption dans
Art. gram. IR, U; Grammat. vet. éd. Kcil, t. VI, p. 100, 23 ; Cacs. Bass. (Alil.
Fortunal.), Demetris , IX, 15. — U Idyll. CCCL, 7. — *3 Cann. II, 133 (édit. Migne)
Patrol. Lut. t. LXlll. — 16 Col uni. It. rust. VIII, 8, 3 cl 9, 2 ( loculamentum ).
_ nColum. IX, 12, 2. — 18 Plin. Nat. hist. VII, 2, 12,oll6, 3. — M Justin. XXX1X,I.
_ 20 Plant. Mil. qlor. 111, 2, 18. — 21 Fah. Fulgent. Expos, sermon, au commence¬
ment, édit. Stavereu, 17 H. p. 767. — 22 Var. It. rust. 111, 5, 18; cf. Mamerl. Grat.
act. Juliano Aug. XIX. — 23 Scnec. Tranquil. anim. IX, 17 (loculamentum).
_ 2t Vitruv. X, 14 ( loculamentum ). — 25 Vcgct. Art. vet. I, 56, 4. — 20 Yarr.
It. rust. 111, 17, 4. — 27 Pallad. Mart. IV, 10, 35.
LOIJIX. 1 Marlial. XIV, 152. — 2 Id. XIV, 187 ; Juv. VI, 193. — 3 Rclron.
Sat. 20, 2. — t Suct. Aug. 83, cl Casaubon ad h. I. — » Voir l'usage fait pareil¬
lement de la g ausapa su bain, Pelron. 27; Senoc. Ep. 54. — 6 Mari. XIV, 152.
LOGISTAE. 1 Vol. 6,5, 10, 132? b; 4, 13, 1 (éd. Didot).
LO G
— 129G —
LOG
une autre famille, ni disposer d’aucune manière de heur
fortune, ni même par consécration, ni par dons aux tem¬
ples, ni par testament ; leurs biens servaient en quelque
sorte de gage à l’État 1 ; et il était défendu de leur décréter
une couronne, une récompense quelconque8. Seuls, le
peuple et les tribunaux populaires échappaient à cette
responsabilité3. Elle pesait sur tous les magistrats, ordi¬
naires et extraordinaires, sur les simples commissaires
[epimelktai], sur l’épimélète de l’emporium de Delos4,
sur les magistrats éphébiques, par exemple le sopbro-
nistc5, sur les triérarques, sur les députés [legatus], sur
les familles sacerdotales, chargées de l’exercice de cultes,
sur les prêtres, en un mot sur tous les détenteurs d’une
parcelle de l’autorité publique, même s'ils n'avaient pas
d’argent de l’État à manier f>. Pour les arbitres publics, le
texte d’Aristote a prouvé définitivement 7 qu’ils pouvaient
être soumis non à une reddition de comptes ordinaire,
mais à une eisaggelia comportant pour peine l’atimie. Il
y a doute sur le caractère de la responsabilité du sénat
des Cinq Cents. Celle dont parle Eschine8 s’applique
soit à la construction des navires, soit à d’autres fonc¬
tions spéciales et ne comporte que la privation de la
récompense de la couronne; les sénateurs chargés de
mandats spéciaux supportaient la responsabilité ordi¬
naire9 ; mais comme corps, le sénat n’avait sans doute
que la responsabilité morale dont parle Andocide10; c’est
à tort qu'on a supposé11 qu’il était responsable de la
gestion de sa caisse; en réalité, n’étaient responsables
que les sénateurs, chargés par le sénat de certaines
fonctions, par exemple son trésorier, son àv-tcycacpEu;12.
11 en était probablement de même de l’Aréopage.
A quelle époque remonte la responsabilité des magis¬
trats? Une tradition assez vraisemblable attribuait pour
l’époque primitive et celle de Dracon la surveillance des
magistrats à l'Aréopage, également chargé de recevoir
les eisaggélies 'intentées contre eux par des particuliers.
On doit au contraire rejeter la responsabilité des magis¬
trats, qui figure dans la constitution, presque certaine¬
ment apocryphe de Dracon13. La juridiction de l’Aréopage
subsiste encore dans la constitution de Solon; il peut
punir les actes illégitimes des magistrats et des particu¬
liers, en leur infligeant des peines et des amendes
remises à la caisse des trésoriers de la déesse, sans
indiquer les motifs de la punition u. Mais trouvons-nous
aussi, depuis Solon, une juridiction concurrente, celle
du peuple? D après Aristote, dans la Politique 1 ’, Solon
aurait donné au peuple les deux droits nécessaires démo¬
cratiques, le choix et le jugement des fonctionnaires
(eùOûve'.v); c& jugement aurait eu lieu évidemment dans
les tribunaux héliastiques ; mais dans la Politique des
Athéniens , Aristote ne cite pas cette prérogative de
l’héliée ; il est donc difficile de savoir si l'Aréopage exerce
1 Aesch. 3, 17-22 Schol. Arislopli. Eq. 825 ; lex. seg. 247, 10-15. Leprincipe que les
biens des magistrats sont hypothéqués à I État est encore appliqué formellement sous
Sept. Sévère, en 202, aux magistrats du nouvel emporium dePizosen Thrace (Bull,
decorr. Iiell. 1898, p. 491,1. 258-270). — * Aesch. 3, 9-12; Dem. 24, 150; Corp.inscr.
ait. 2, 114, 329. Pour le cas particulier des députés, voir l'article j-egatcs.
— 3 Aristoph. Vesp. 587 ; Andoc. 2, 19. Naturellement un juge particulier pouvait
être accusé de corruption. — 4 Bail, de corr. Itell. 1892, p. 375, 1. 8-11. Voir
sur ce personnage l’article epimeletai, p. 674, col. 2. — 5 C. i. ait- 4, 2, 563 b.
— 6 Lys. 24, 26; 30, 4; Aesch. 3, 17 ; Dem. 50, 48-50. — 1 Arislot. Ath. pot. 53,
6; Dem. 21, 8G; lex. seg. 235, 24, textes qui prévalent contre Schol. Dem. 542, 15.
Voir Pischinger, De arbitris Atheniensium publicis , diss. Mun. 1893. — 8 3, 20.
— 9 C'est sans doute le cas de Dem. 22, 38. — 10 2, 19. — n Wilamowitz-Moellen-
dorff. Aristoteles und Athen, II, p. 234. — U C'est sans doute de ce dernier
encore seul cette juridiction. D’après Arisl
oteu
aurait donné aux citoyens le droit d’obtenir ’ ^°^*n
de toute injustice: on ne voitpas sice texte s’a ||Ml;Uion
plaintes contre les fonctionnaires17. Cependant J!!"6111*
1ère archaïque de la procédure des sé'ôuvot et'in i^
qu’ils conserveront, ainsi que les archontes thesnii,'i |"°l1
d’arrêter les plaintes, permettent de supposer queV leS’
ment des fonctionnaires par les tribunaux ,)oi>iipUge"
remonte jusqu’à Solon et que par conséquent ila,.'",,81168
pendant quelque temps avec la juridiction del’Aréopa ]
En tout cas, la responsabilité des magistrnls existe eerlail
nement sous toutes ses. formes depuis Clisthène- 1 1
procès de Miltiade18, de Thémistocle 19, d’Arthmios del
Zeleia20 pendant les guerres médiques montrent lapplj.
cation de l’eisaggélie devant l’assemblée du peuple- il
présence des logistes dans les dèmes doit aussi faire
rattacher la création de ces magistrats aux réformes de
Clisthène ; les procès d’Aristide condamné à une amende
pour péculat21, de plusieurs magistrats poursuivis par
Cimon22, d’Aréopagites poursuivis par Épliialte”-3 mon¬
trent en vigueur au vu siècle la procédure des süOuvat.
En 462, à la suite des réformes d’Éphialte, l’Aréopage
perd en cette matière sa part de juridiction21.
Plaçons-nous à la fin du ve et au iv° siècle pour étu¬
dier la responsabilité des magistrats.
4° Ils peuvent être atteints par l’eisaggelia [eisaggelia].
Ajoutons ici que tout particulier peut poursuivre par
cette voie un magistrat devant le sénat; si le sénat
accepte l’accusation et prononce une xaTâyvcosiî, il y a
renvoi devant un tribunal hëliastique23.
2“ Chaque magistrat doit rendre compte au sénat, à
chaque prytanie, de son administration surtout finan¬
cière ; le sénat en confie l’examen à une commission de
dix Aoyiffxa f, tirés au sort parmi les sénateurs20; il est
probable que si leur rapport est favorable, I affaire est
close, que dans le cas contraire le sénat formule un
jugement préliminaire, une xaTàyvwffiî, qu il soumet a un,
tribunal héliastique27.
3° Après avoir fait la répartition entre les fonction j
naires, chefs des différents services, des sommes \er
sées au trésor, les apodektes soumettent 1< kmluna^
même les comptes de cette distribution au . m'I <
demandent s’il a constaté quelque versemm
sénat est appelé à voter28; il est probable que, s i 9
lieu, l’affaire est confiée aux logistes précédents.
4° Chaque magistrat subit, dans la séant < p
de l’assemblée populaire (xupta éxxXvpjia', <i . ’ au
tanie, la procédure dite êm^sipoxovia ~. On m
peuple si le magistrat lui paraît bien gcui ^jes sont
on peut formuler toutes sortes de plaintes, m 4 du
considérées comme suffisantes, le magistin o-ement
(«ro/cipOTovEïv) 30 et doit enlever sa couronnée s
, a. t, Voit
qu'il s'agit à C. i. ait. 2, 114 B, C. - « Aristot. A/A- 4, où I*
là-dessus Bu soit, Griech. Geschichte , 2° éd. H» P- — J /cf. filli- ’
mots toù$ àjAaoxàvovTaç ont certainement le sens e \ _ P0^
.0, 1135 6,.-« 2, 9, 4, 4274; 3, 6, 7, ; ^Sl i ^ niais ce *4
- n D’après Plutarque (Sol. 18, 5-6), il sagua.^ 6, i36. C'est
m en taire n'a peut-être pas une grande valeur. n- 138; Nep- ,
DM. H, SI-»; 0™. «1, «»» ««"• " »
2* éd. I. III, p. 124-139. — 2° Dem. 9, 42-43, 1 . - fi __ -22 D-oJ- ■■
Aristgg. 24; Plut. Them. 6. - 31 P'Ut; , lute d'Arislot. Atl>.P°\ ^
- 23 Arislot. Ath.pol. 25, 2. - « On peut le conclu. A ^ 5,
- 2-, Arislot. Ath. pol. 45, 2. - 36 Ibid. 48, 3, qui cxplu U ï ,7.,8.
45, 2. - 28 Ibid. 48, 2. - 39 Ibid. 43, 4. - 33 Dem. -0,
— 1297 —
LOG
LOG
sans doute sous
, .v „n tribunal héliaslique,
est soum's * u archontes thesmothètes1 ; le magistral
-igjdeiiCÊ M ■ • — :—!■
la prt‘:
acquitte
s reprend sa fonction ;
au moins au ive siècle,
reclure est aussi appliquée aux stratèges .
cette pro^'jti)| rexamen annuel de la gestion. Avant 1 ar-
le ( 403),nous avons peu de renseignements.
' . i InrviclûC Trj'l-
[.hofltatd’Eucb e^-^ntionnent trente logistes, ot xpti-
I LeS ‘"•"Toiventet étudient les comptes3 et aussi les
x'jVTÏ,qU1 p.urs nip«8pot*. On ne sait si le collège des
Irrites renfermait les trois groupes de magistrats
Wntetog^ M1 avait en outre des euthynes et
qU011 Vl ' ' ! Les logistes, qui ont leur scribe5, ont en
outre des attributions secondaires ; ils établissent, sur la
, silion «lu sénat, le compte des sommes dues aux
q . üs calculent la quote-part des tributs due a
i . i]s f0nt le compte des sommes empruntées
ors d’Athéna et des autres dieux pen-
dieux
Athéna
Dar l’État aux trésor
Haut plusieurs années de 433 à 426 .
I Les trésoriers d’Athéna, et ceux des autres dieux créés
ers 435-434 rendent aux logistes leurs comptes linan-
ciers tous les quatre ans, de Panathénées en Panathé¬
nées, mais subissent tous les ans les sauvât9 ; il est pro¬
bable qu’il en fut de même des fonctions quadriennales
liées postérieurement. Nous sommes mieux renseignés
pour la période postérieure à l’archontat d’Euclide. Les
[textes distinguent souvent avec raison le Aôyo; et l’euôuva
ou les euOuvca 10. Le Aôyoç est essentiellement le compte
financier; le mot euôuva , plus tard euôuvv), désigne au sens
large toute sorte de procédure juridique, avec 1 amende
qu elle implique11 ; au sens étroit, c’est la procédure juri¬
dique spéciale qui comporte l’examen de toute la gestion
du fonctionnaire *'2. On peut exiger le Xoyo; de citoyens
qui ne sont pas soumis à l’suôuva, par exemple à des Aréo-
pagites, à des triérarques et inversement il peut y avoir
EÛOuva contre un fonctionnaire qui n’a pas manié d ar¬
gent13; mais en général les deux procédures sont réunies
intimement14 et le mot euOuva a fini par les désigner sou-
| vent toutes les deux.
On distingue trois collèges, les Xoytcxon', les suôuvot et
| les cuvjyopoi. 11 y a dix logistes 15 et dix <runqyopoi ir’, élus
i Panni tous les citoyens ; les euthynes sont choisis par le
sénat, parmi les sénateurs, un de chaque tribu 1 1 ; chaque
301
membre de ces trois collèges a deux assesseurs, iripeop
Soyons d’abord la procédure devant les logistes. Ils se
répartissaient sans doute la besogne et siégeaient dans
les locaux dits Aoyionfjpta 19 ; le magistrat rédigeait ses
coimtes en double exemplapre, un pour les logistes, un
| Le levlr Ue 1 ollux (S, 87) qui t'attribue aux neuf arctioutcs réunis n’est, pas à sa
I , Aï istot. L. c. 61, 2; Dem. 23, 149 : àxo<rrçâtiïyov ieoleïv. ■ — 3 C.i.
UIm’to'’ 34' 189 ^ 22G’ 228’ ~73- ~ i76ld- 34; And0C- h 78‘ — 5 C- *•
C 13-U T ! m<l h 32’ •- 8- — 7 Ibid. 1, 226. — 8 Ibid. 1, 273, a b 1-2,
1 ’ » 4-13, f 29-40, Il i-3. — 9 Ibid. 1, 32 A, 1. 27-28. — '0 Ibid. 1,
f *2 A, 1. 27-28 ; -, 441, 20; Acsch.
Besych ’ iU> acsch. 3, 12; Gorgias, Palam. 28. — 11 Suid. Phot.
Eutot Vf’, Po11- 8, 21, 67; Lex. Seg. 187, 1 ; 355, 25; Andoc. t, 78;
'(Arisi ;■„/ 7 1,1 1 pial- Protag. 326 E. EùJimïv signifie généralement punir
; — 12 guid | ; j ^ ' S’ 4; Coll. 8, 21). Voir Ditlenberger, Syltoge , 2e éd. n° 570.
■ km. 717 19 T S' "■ él E:9uva ; Poil. 8, 45 ; Scliol. Aescli. 3, 9-10 ; Schol.
| **5; Antinl, ,■ 'if0*- Hal: Le9- «3, 23 (éd. Didol) ; Schol. Aristoph. Equit. 259,
1. 2 _ , . , Ando«- h "3,78; Lys. 10, 10; 9, 12; 25, 11 ; C. i. att. 2, 608,
... G*. 24, 26; 10, 16 _i
P-63,n«3i ___ iü ’ 1 u*
[Schol Aesch.
1 Aristol. I.
U C. i. att. 1 , 32 ; 2, 444, 446 ; 4, 2, 385 d ; 4,
e. 54, 2 ; Harpocr. Suid. s. v. XoytiTai ; Pliot. s. v. Xoyntél i
m, « •SrhJ'l’ LeXi Cantabr.61 2,20; Poil. 8,45; Le x. Seg. 245, 0; 257, 15;
FMliot.
30b 4; Etym ^ Cttntalr. 672, 20 ; Schol. Aristoph. Vesp. 691 ; Lex Seg.
107; 3, 15, 20,22, 23; Dem. 18, 117; 19,
ne peut utiliser Poil. 8, 99. — 16 Arislot. L. c. 54, 2 ;
I **’*; Le, r Se,rlv’ 391, 52 ; Corp ■ <nscr ■ alL -• C08> >• H- - 17 Arislot. L. c.
« dernier *5’ Sclwl- Plat. Le g. 483, 6; Poil. 8, 45, 100 (avec correction
lcxlob Andoc. 1, 78; Har
pocr. s. v.
■jfluv
( = Lys. fr. 192).
pour les archives conservées au Metroon ; les expressions
usuelles, qui indiquent les deux procédures, sont : Àoyov
Biôdvai OU Xôyou; ot7to:pépEiv (ou Ivcpepetv OU xaxaêxXXetv) etç xo
Mrjxpqjov xai 7cpbç xoù; Aoyinxàç, xxi xà; eùôuva; oiSovai (quel¬
quefois avec l’adjonction des mots èv x<ü otxa<rx-»)pf<*>, de¬
vant le tribunal)20. Les logistes comparaient les comptes
avec les pièces officielles conservées au Metroon et que
leur transmettait le scribe du sénat 21 . Le f onction nuire qui
n’avait pas eu d’argent à administrer en faisait la décla¬
ration écrite aux logistes22. Quiconque ne rendait pas
ses comptes s’exposait à laypafpr, àXoyt&u [alogiou graphe].
L’époque de la reddition des comptes n'était pas tout à
fait uniforme; les magistrats ordinaires annuels avaient
trente jours23 ; l’examen avait donc lieu au mois lleka-
tombaion. Pour les Cosmètes des éphèbes, 1 examen
avait lieu au mois Boedromion, car, au moins depuis le
iic siècle avant Jésus-Christ, l’année éphébique finissait
au mois Metageitnion 24. On a vu le cas particulier d«*>
fonctionnaires quadriennaux. On pouvait parlois éviter la
reddition de comptes par fraude, par exemple en corrom¬
pant les logistes ; inversement un logiste pouvait chercher
chicane à un bon fonctionnaire 2).
Nous ne savons pas comment Escliine put retarder
pendant trois ans l’examen de ses comptes d ambassade,
en subissant pendant cet intervalle les incapacités qu'on
a vues215. Il est probable que tout particulier pouvait
intervenir au cours de l’enquête27. Si les logistes ne trou¬
vaient rien à répondre, il y avait peut-être une décision
préliminaire des synégores pour renoncer a 1 accusation
et il y avait translation de l’affaire à un tribunal liélias-
tique présidé par les logistes et qui devait donnei
décharge28. Ici encore, tout particulier pouvait intervenir
quand le héraut demandait : « Qui veut accuser?» * , c est
alors que les sycophantes se donnaient libre carrière30.
Le magistrat recevait sans doute décharge par scellement
de son compte. Si au contraire 1 enquête des logistes
prouvait que le magistrat avait commis une soustraction,
reçu des présents, mésusé de l’argent de 1 État, les syné¬
gores se prononçaient sans doute en faveur de 1 accusa¬
tion et le procès allait devant un tribunal de 501 heliastes
présidé par les logistes31. D’après Aristote32, 1 accusation
évidemment soutenue par les synégores, revêtait une des
trois formes suivantes : vol de deniers publics, yp«f'q
xXoTt-qç B-rigochov Xpr,(i.àxwv [klope] , corruption , BxApwv
[dekasmou graphe], illégalité, àotxtou [adikiou graphe i. Cette
distinction des trois délits apparaît déjà dans le procès
de Périclès33. Le texte d’Aristote explique le sens jus-
— 18 Arislot. I. c. 48, 4; Corp. inscr. att. 2, 809 6, 1. 76-77; Poil. 8, lml; Andoc.
1, 78. — 19 Harpocr. a. v. Xoywrtai ; Pseudo-Plut. VU. Lgc. 26, p. 1027. C.
i'. att. 1, 32, 244, 246; 4, 2, 385 d, I. 27-31 ; Bull, de corr. hell. 1892, p. 37o,
1. 8-11. Dans Escliine 15), un des exemplaires est remis au scribe du sénat,
sans doute chargé de le remettre au Metroon. L'orateur Lycurgue se fait trans¬
porter mourant dans le Metroon et le sénat pour rendre ses comptes (Vit. Lyc.
84"’ c) Très souvent on trouve la formule simplifiée i.oyo» xat e407v«; ou simplement
.6»6,« S.Sdva, (C. i. att. 4, 2, 373 g , I. 21 ; 128 b, 1. 42-58 ; 169 6, 1. 18; 184 b,
1. 22, 35; 314, 1.47; 318 c, fr. d, 1. 18; 385 d, 1. 22). — 2‘ Harpocr. s. y. ixoScxTa,.
_ 22 Aescli 3, 22. — 23 Harpocr. Suid. s. v. loyuna! ; Poil. 8, 45. Ce délai de
trente jours' était usuel {Corp. inscr. att. t, 31, 57, fr. b). - 24 Ditlenberger, De
ephebia attira, p. 22. - 23 Lys. 25, 30; 30, 4-5; Aescli. i, 106. - 26 Dem. 19,
103 , 211. — 27 Aesch. 3, 23; Lex. Seg. 245, 6 ; Dem. 18, 117; 19, 2; Antiph. 6,
43; Lys. 9, 11. Dans Lysias ;20, 10), il est question du Xoyurr^çtov à propos des
accusateurs ; Lycurgue répond également à ses accusateurs dans le Metroon et le
sénat _ 2s’ C. i. att. 2, 469, I. 61; 470, 1. 42; 4, 2, 385 d, L 27-31 ; Lex Can-
tabr. 664, 15; Aesch. 3, 19. — 29 Voir note 3t.— SOAnliph.6, 43; Dem. 25, 37; Aris-
topli. Equit. 259, 824. — 3t Arislot. 54, 2 ; Lex. Cantabr. 672, 20. C’est à tort que
l'hotius attribue aux logistes le tirage au sort des juges (s. v. EvOuva). — 32 Ibid.
54 '2 • cf. 48,2. Dans Andoc. t, 78, on ne voit pas si les yja*ai itefl tïv t-jt-jvuv se rap¬
portent à la procédure devant les logistes ou à celle des euthynes. — 33 plut. Per. 32.
1298 —
LOCÏ
qu'alors obscur de la yoaîpY] àôtx.'o’j ; elle se rapporte vrai¬
semblablement en théorie à l’emploi illégal ou nuisible
des deniers publics ; c’était là le délit que les logistes
pouvaient signaler; mais peut-être les accusateurs privés
pouvaient-ils poursuivre d’autres actes blâmables du
magistrat ; seulement, on ne voit pas bien sur quelle
base ils pouvaient fixer l’amende, sauf pour les délits
qui comportaient des amendes lixes Dans les deux
premiers cas, vol ou corruption, la peine légale était
le remboursement au décuple des fonds détournés ou
reçus ; dans le troisième cas, il y avait le simple rembour¬
sement du dommage, mais qui était porté au double, si
l’amende n’était pas payée à la neuvième prytanie.
Même après la décharge, le magistrat pouvait encore
être attaqué pendant trois jours de la manière suivante,
pour tous les actes de son administration 2. Chaque
euthyne se tient avec ses deux assesseurs près de la
statue de l’éponyme de sa tribu, probablement aux
heures du marché3 ; tout particulier peut lui remettre
une plainte (eü8uva) soit publique soit privée, en inscri¬
vant sur une tablette blanchie à la craie son nom, celui
du délinquant, la plainte et l’estimation de la peine,
T''gy,u.x *. L’euthyne examine la plainte, sans doute dans
un des locaux dos logistes, et, s’il le juge à propos, la
transmet, quand elle est de nature privée, aux juges
des dèmes qui instruisent les procès de cette tribu ;
quand elle est de nature publique, aux thesmothètes, qui,
s’ils le jugent à propos, la soumettent à un tribunal
d’héliastes. On connaît comme délits poursuivis dans des
EiiOuvai le vol des deniers publics B, les atteintes à la cons¬
titution6, un meurtre politique7, la corruption d’un
ambassadeur [legatus] ; on pouvait poursuivre tout acte
illégal 8. Être condamné se disait : EÙOûvaç ocpXeïv9. Après
cette procédure, le magistrat ne pouvait plus être pour¬
suivi pour actes relatifs à sa gestion10. On n’a d’ailleurs
faitqu’assez rarement usage de l’eù'ôuva ; au iv° siècle, les
euthynes ne sont cités qu’une fois11; on préférait la
forme plus facile de l’eisaggélie. A cette même époque,
les euthynes eurent quelques attributions un peu diffé¬
rentes; ainsi en 325-324 12, l’enthyne et ses assesseurs
sont obligés expressément de proposer au tribunal une
amende de 10 000 drachmes contre tout particulier ou
magistrat qui n’exécuterait pas les prescriptions d un
décret ; ailleurs 13 des hiéropes sont aussi obligés, sous
peine d’amende, d’adresser en certains cas une plainte
écrite à l’euthyne contre les violateurs de la loi, et l’eu-
tbyne et ses parèdres doivent nécessairement demander
la condamnation sous peine d’amende. D après des scho-
liastes u, les euthynes seraient attachés aux archontes et
lèveraient les amendes infligées par ces magistrats : nous
l 11 y a des délits de ce genre à Plut. Sol. 24; Dem. 24, 22; 43, 58,
124. Le mot àStxt'a indique généralement une irrégularité financière. — 2 On
peut rapporter à des euOuvai les deux discours de Démosthène et d Escliine sur
l’ambassade, prononcés devant les thesmothètes, c'est-à-dire sans doute après une
plainte devant les eulhynes; le discours de Dinarquc contre Lycurgue (fi. ôl-3i-),
le discours qui lui est faussement attribué, eùOuvtixô; (n° 25, p. 450, éd. Didot) ; le
discours vingtième de Lysias; le discours de Lysias contre Eralosthène (no 12),.
prononcé dans un cas exceptionnel après les Trente : dans 1 accord qui termina la
guerre civile, ceux qui avaient fait partie des Trente, des Dix, des Onze et des chefs
du Piréc étaient admis à l'amnistie à la condition de rendre leurs comptes, soit
devant les citoyens des trois premières classes, soit devant les gens du Pirée (Arislot.
Ath. pol. 39, CL Les fragments de Démade SoiScxaETiaç sont une falsification
postérieure (p. 438-441, éd. Didot). Il faut plutôt rapporter à des eisaggélies les
discours 27 et 30 de Lysias. — 3 S'il faut lire tocïç dans Arislot. 48, 4.
_ 4 II y a les mêmes formalités pour la cacri; dans Poil. 8, 47. — & Aesch. 3, 10;
Plut. Aristid. 4; Dem. 24, 112. — 6 Lys. 20, 10. — 7 Lys. 12. — 8 Lys. 10, 10.
_ 9 Lvs. 10, 27; Aesch. 3, 10; Andoc. 1, 73. Le décret de Patroclidès (Andoc. 1,
1.0 G
ne savons ce que vaut celle assertion, ni ,
elle peut s’appliquer. *" e époque
Il y avait à l’égard des stratèges une sÙ0,y-,
présidée par les archontes thesmothètes16 o,/* s?éc‘a'e
doute voulu éviter la procédure des enthvnrs' ? Satts
l’affaire au peuple lui-même représenté m,. 1, i ! °nfler
Nous ne savons pas si les logistes intervenaient!'
quelque manière; le Xôyoç et l’efltGva se tenaiJni • ■ I
mement ; il y avait plainte écrite, comme devant r'!'
thyne, et interrogation par le héraut comme devant? i
logistes. On en a quelques exemples10 ; les Guêpes d’Ar'J
tophane en fournissent une parodie dans le procès dj
chien” qui représente le stratège Lâchés accusé de vol
aux dépens de l’État et des soldats de la flotte • ie |us
important de ces procès fut celui de Périclès18 Après!
avoir été quinze ans de suite stratège, il fut déposé en
430-29 et poursuivi en reddition de comptes ; ce ne fut
pas l’eisaggélie, car on ne connaît pas d’accusateur •
contre la proposition de Dracontidès portant que le sénat
examinerait les comptes et, le cas échéant, soumettrait
l’affaire à un jury sans doute de 501 membres, siégeant ■
sur l’Acropole et votant avec une solennité particulière
Hagnon obtint que l’affaire fût portée à un tribunal de
1501 héliastes qui aurait à se prononcer sur le vol, la-
corruption, ou l’illégalité ; Périclès fut condamné pour
vol à une amende de cinquante talents, sans doute le
décuple de la somme détournée. Ce fut donc un procès
essentiellement politique, mais qui cependant revêtit la
forme du procès en reddition de comptes. Les stratèges,
étant rééligibles, échappaient probablement, quand ils
étaient réélus, à la reddition de comptes annuelle ; ils ne
subissaient l’examen des thesmothètes qu après leup
sortie de charge ou lorsqu’ils étaient rappelés pendant
leur commandement et déposés 19, d’après la procédure
de l’épicheirotonie 20 ; d’ailleurs, au iv° siècle leurs procès
prirent surtout la forme de l’eisaggélie21. Les hipparques,
assujettis aussi à l’épicheirotonie, sont probablement
issimilés pour le reste aux stratèges.
La reddition de comptes était également obligatoire
jour les magistrats des tribus 22 et des dèmes , ms dèmes
ivaient sur ce point la même organisation qm l^aU
jossédaient chacun au moins un Jogiste et un > ullïjne
ivec leurs assesseurs ; on a un règlement n 1 ,
le Myrrhinus24: l’euthyne doit jurer de demande
:ondamnation légale contre le fonctionna I ^
mraît avoir commis une illégalité faotxetv) , c
loit jurer que les comptes lui ont bien fourni T
•ésultat; les dix synégores élus doivent jum i ^
es citoyens et le nouveau démarque qu iL 1 ^ . L
ement et qu’ils soutiendront devant le peupi
8) distingue deux cas : celui où les euthynes ont tlo>i ^ ics ilicsino-
orable sans avoir encore transmis aux thesmothètes, ^ ^ ^ g09 j |.
Iictcs ont reçu la plainte. — 10 Dem. 20, H‘- svùo/. Dial.
0-77. _ «2 llid. - 13 76 ici. 4, p. 03, „• 34. - *4 Poil. ^ MU*
2, p. 483, 6 (éd. Didot). - m Aristot. Ath. pol* . ’ maj5 dans P «g
- 1Ç Arislot. Ibid. 27, t (procès intenté par Pénc i • /phormio» ; 1,11 '
Am. 14, Pur. 1, c'est une irpoSoVr.) ; Schol. Al'‘®lop l' it du stratège Lad*'
Vie. G (Pachès). - 17 Vesp. 240-244, 894-807, 909 905. U s ag, ^ ,, « pial.
,’oir Wilamowitz, L. c. II, p. 244-24». - 18 wj,arooWitz, L c- !’• '
torg. 515 e ; Dem. 26, G ; Aristoph. Nab. 8a». '»» ^ ‘ 8te (»3, 1-1'1 app*, ,
- 19 Lys. 28, 5; 14,38; Plut. Nie. 5; Dem. 49, • , (Dio#ys. Ûl •
ort le procès de Timothée en 355 tuluvai ; ce fut p u o se rapport«r “
3). - 20 Arislot. L. c. 64, 4. - « C.
iggélie. - 22 Dem. 58, 14 ; C. i. au. *, *, — ’ -» " A en \WV '
— 24 Ibid. 2, 578. Voir Haussoullier, La ne mua ^ n0(e 30) l"°p
.56, 14 ;C. ». att. 4, 2, 565 c, 1. «•
p. 79-83. A .la ligne
Il iiauaouu..— »
25-20, Wilamowitz [L. c. > 1
I A r.
I
LO G
— il
• git des comptes annuels du démarque
I accusa1'0" ’ ü S Jnre est probablement la suivante : le
^tebrtant ; !■' I1' ", „nrnn(es et les transmet à leuthyne;
vérifie les comptes
log'ÿle
■ celui-ci ne l'eut
[ l'avis dr la
donner décharge au magistrat que sur
majorité des synégores, exprimé par un vole
l*»“î“ies aU,r-TompleS dans les mémos termes qu'à
montrent des décrets de Salamine,
Sam ne sans doute de la même maniéré ; si
I ""'e'.Tèù appelle aux gens du dème, c’est le non-
■ le fanagistrac n fftit jurer ct voter dans une
I''”1 SÎ moins trente personnes; s'il y a eondam-
►emb ,,,,,-ende est augmentée de la moitié. Dans les
mlll°n’ athéniennes, les magistrats étaient assujettis
là La reddition de comptes
Scosetdupelp16 athénien résidant à Délos'.
l . Pour les autres villes grecques, nous n avons que
dœ renseignements épars. - A. Nous connaissons des
f ■ ■ P a Délos où ils paraissent former une com-
C, de cinq membres, qni reçoit dans certains cas
une indemnité2 ; 2° à Éphèse 3, au Ier siècle avant Jesus-
Christ où on voit, à propos d’une amnistie et d une aboli¬
tion dis dettes, que les logistes,tant publics que sacrés,
étaient chargés d’inscrire les débiteurs publics sur la
liste des citoyens frappés d’atimie ; 3° à Gambréion * où
un trésorier' doit soumettre une dépense au premier
Jioyur^fiov, c’est-à-dire sans doute à la première réunion
des logistes ; -4° à Astypalaea 8 où ils reçoivent la dénon¬
ciation dite tpa-r-ç ; 5° à Érétrie6 ; 6° à Ténos où ils sont
trois1 ; 7° dans l’ile d’Issa sur la côte de Dalmatie et
à Corcyra Melàena 8 ; 8° probablement à Téos où les
trésoriers rendent leurs comptes tous les mois3. - B. Il
y a des eoôovoi : 1° à Magnésie du Méandre, à Téos ,0 où
ils sont chargés de lever les amendes infligées dans
les procès publics et en particulier à ceux qui contre¬
viendraient aux dispositions d’un décret réglant l’em¬
ploi d’une somme donnée à l’État; 2° près de l’Argolide,
àCalaurie 1 1 , où des épimélètes, chargés d’administrer de
l’argent, sacré, doivent rendre compte à un jour déter¬
miné. — C. It y a des auvijYopoi : 1° a Zeleia 12 où les
procès issus de la revendication des terres publiques
sont portés devant un tribunal de onze citoyens élus, où
les intérêts du trésor sont représentés par trois syné-
gores tirés au sort parmi les neuf commissaires enquê¬
teurs (àveupsTGu) et, assermentés ; 2° à Iasos 13 où parmi les
magistrats qui ont participé à la vente de biens confis¬
qués il y a quatre synégores. — On peut assimiler à ces
différents magistrats : D. Les è;exa<7xat [exetastai]. — E. Les
Jpwrpoî, de Delphes u, où tout citoyen qui contrevien-
I rail au décret réglant l’emploi d’une somme donnée à la
R* e est déclaré xaxxgaTxpoç, c’est-à-dire coupable, de
|° es ^en*ers sacrés et inscrit par les Mastroi parmi
Ps ébitours publies pour une somme huit fois plus con-
| era 1 e. Le texte correspond à la définition que donne
P fer 2’1,594- 593 ; D'dl. decorr. hell. 1883, p. t54-155, 1. 9-10 ; 1889,
- I Dillimi “ ’ * C°rr' heU ' l89°- P- 49°. "Ote 2; 1892. P- 25, 1. 202, p. 59, 84.
kl TT' S,jU°^ 329' >• *-9- - 4 Ih,d. 879, 36 - a C. iriser. insuU,
1834; Ditlenl.ti ,. hell- 089. — 7 Corp. inscr. gr. 203-205. — 8 Ibid.
~ Enc Inso F ^ C' °3:!' ~ 9 BM‘ de COrr‘ helt- 1880> P' 1. 48-53.
Ml) lUillcnboi,,.,,, I/*1'011 arc'lailluc ne cite qu'un eulhync (Koelil, Inscr. gr. antiq.
l- c. 131, 1 2Qy| , ’ C' ~ 11 Collitz, Dialekt. Inschrift. 3380. — 12 Ditlenberger.
4 Rhodes lcs . ^ 96, 1. U.— 14 Bull.de corr. hell. 1881, p. 162, 1.
de ■'
P, v
fcïneiros (/njJ S°n' 'es 8êl»leurs municipaux de Lindos, de lalysos
e"-16Corp mUl' *’ 677’ G94- 096,701, 762, 828). — 13 Harpocr.
#r- *rpl. I, juj ' * ' -101; Cauer, Deleclus , 2" cd. 527. — 17 Corp. ins
MU loi _ Ig V ' f,173, 3073' 3202’ 4130> 4131 i BlM- de corr. hell. 18!
liV||l.p. 50-55 | j "'ll- De Pythagor. vit. 35, 257. — 19 lier. arch. 18!
— an Cic. Pro Place. 18. —21 DiUcnbergcr, L. c. 053, 1.
Aristote des gaarripeç 13 chargés de rechercher 1 argent du
à l’État, et qui existaient aussi d’après lui à Pallène.
— K. Les à7tdXoyot de Tliasos, chargés de lever des amendes
— G. Les xaTÔ7tTai dans plusieurs villes de la Béotie,à Acrai-
pliion, Orchomène, Lebadea, Oropos, Thespies, a qui des
magistrats rendent compte de leurs dépenses 1 '. — A Sparte,
ce sont les éphores qui jugent les magistrats a leur sortie
de charge [epuoroï, p. 653j. Nous savons qu a Crotone la
constitution démocratique, après la chute du régime
pythagoricien, établit les eoôuvat des magistrats ls.Sur une
inscription archaïque d’Argos, relative au contrôle du
trésor d’Athéna, il est question de l’eùOdvT) d’un trésorier
devant le tribunal populaire13. ATemnos, un sénateur est
condamné pour péculat, mais on ne sait par qui ni com¬
ment20. D’après l’inscription relative aux mystères d’An-
daniede Messénie21, les cinq commissaires électifs, qui ont
recueilli le produit des cérémonies sacrées, doiventensuite
rendre leurs comptes à la première réunion ordinaire du
sénat, les remettre à l’épimélète, verser l’argent au tré¬
sorier; ils sont responsables (Û7rdp.aorpoï) de toute irrégu¬
larité el le tribunal doit, en cas de détournement, les con¬
damner à la restitution du double avec une amende de
1000 drachmes. A Gorcyre, ce sont les vogosùXaxeç qui
paraissent chargés de vérifier les comptes22.
III. On trouve aussi le principe de la responsabilité des
magistrats et leur reddition de comptes dans tous les
groupes politiques et sociaux, dans toutes les associations.
Ainsi il y a des comptes des commissaires élus par les
soldats athéniens cantonnés à Éleusis entre 294 et 283
pour élever une statue à un stratège 23 ; sous 1 Empire,
il y a des logistes relatifs aux jeux de conciles provin¬
ciaux, à une assemblée qui est peut-être le Panhellé-
nion 24 ; et dans plusieurs villes d Asie Mineure il y a un
logiste spécial, généralement choisi par le gouverneur ou
l’empereur, pour le sénat et la gérousie25. Tous les ma¬
gistrats importants des associations sont assujettis à la
reddition de comptes, généralement devant des logistes-9.
On sait que sous l’Empire le mot Xoy wx-qç traduit géné¬
ralement le mot curalor reipublicae. Gn. Lécrivain.
LOGOGltAPUOS (Aoyoyp â«oç). — I. La loi athénienne
exigeaitque, devant les tribunaux, les parties plaidassent
elles-mêmes leur cause. Le témoignage le plus formel à
ce sujet est celui de Quinlilien. Parlant d’un plaidoyer
que Lysias avait rédigé pour Socrate, et dont le philo¬
sophe refusa de faire usage, il poursuit : « et tum maxime
scribere litigatoribusquae i/li prose dicerent erat moris;
atque ita juri (pno non licebat pro altero agere fraus
adhibebatur 1 ». Bien que moins explicites, plusieurs
textes, de l’orateur Lycurgue2, deDinarque 3, de Platon4
font aussi allusion à ce règlement. Enfin Denys d Ilali-
carnasse5 et Cicéron6, à propos des plaidoyers civils
d’Isoc-rate, témoignent indirectement dans le même sens.
52.-22 Corp.inscr.gr. 1845, 1. 103. -23 C. i. ait. 4, 2, 614 b. - « C. i.gr. 2529,
2741 (cf 2912), 423. — Le Bas-Waddinglon, Yoy.arch. 1677 (Traianopolis) ;
C. i. gr. 2987 b (Ephèse) ; cf. Greck. Inscr. of Drit. Mus. 3, 486. - 26 Corp. inscr.
att. 4, 2, 615 6, 616. 623 c; C. i. insul. 1, 155-156 ; C. i. gr. 2933. Voir Ziebarlli, Das
griechïsche Vereinswesen, p. 36, 148. — Bibliographie. Boeckh, Pleine Schriften ,
VU, p. 262; Thonissen, Le droit pénal de la République athénienne, Bruxelles-
i’aris 1875, p. 222-232; Schoell, De synegoris atticis, léna, 1876; Meier-Schomann-
Lipsius, Der attische Process, Berlin, 1883-1887, 1, p. 112-117, 128, 2o7-262, 459-
462; Gilbert, Handbuch der grieeh. Staatsalterthûmer, 2' éd. (1893), 1, p. 238-
oa' ah u „ 336 (1885); WilamowiU-Moellendorff, Aristoteles und Athen
Berlin, 1883, II, 231-251.
I.OGOGRAPUOS. 1 II, 15, 30. — 2 Ado. Leocrat. 138. — 3 Adv.
Demosth. 141. — 4 Euthydem. 289 e. — 3 Dj Isocrat. 18. — 6 Brutus,
48.
LOG
— 1300
L'origine de cette loi doit sans doute être cherchée dans
l'esprit d'égalité démocratique qui animait la constitu¬
tion de Solon : ce législateur avait voulu que tout Athé¬
nien fût capable de remplir personnellement sa fonction
de citoyen, soit à l’armée, soit devant I’ekklesia, soit
devant les tribunaux1. Quoi qu'il en soit, line telle loi
était impraticable : combien de plaideurs, par timidité ou
par inexpérience, eussent été incapables d'exposer eux-
mêmes publiquement leur affaire. Il est vrai que dans
certains cas le tribunal autorisait un parent, un ami, un
membre de la même tribu à compléter les explications du
plaideur [synégoros, syndikos2]. Mais c'était là en somme
une exception assez rare. Ordinairement, le citoyen
craintif ou ignorant s’adressait à un Aoyoypdtpoç 3 ou
Xo yoiroio;1. (On disait aussi, semble-t-il, mais plus rare¬
ment, dans le même sens Sixoypdboç 5). Le rôle du logo-
graphe consistait à rédiger moyennant salaire un plai¬
doyer qu’il remettait tout fait à son client”. Celui-ci
l'apprenait par cœur et récitait ensuite sa leçon devant
ses juges. Le premier qui lit métier de logographe à
Athènes fut, dit-on, Antiphon 7 Mais probablement il
faut remonter plus haut : les inventeurs siciliens de la
rhétorique, Corax et Tisias, avaient, cela est certain,
composé tous les deux nombre de plaidoiries. Nous ne
savons au juste, il est vrai, si elles avaient été pronon¬
cées par l'auteur lui-même, en tant qu’avocat, ou par la
partie; toutefois, comme l’organisation de la justice en
Sicile, au début du ve siècle avant J.-C., paraît avoir été
calquée sur celle qui fonctionnait dès lors à Athènes, la
seconde hypothèse est la plus croyable8. Isocrate dit
que de son temps le nombre des logographes était consi¬
dérable9. Le fait se comprend, vu la multitude des procès
qui, non seulement de l’Attique, mais aussi des villes
alliées, aboutissaient devant les tribunaux athéniens 10.
C’était du reste, pour les plus achalandés des logo-
graphes, un métier fort lucratif. Tous les orateurs du
canon, sauf Andocide et sans doute Eschine11, l’ont
exercé; et plusieurs, comme Lysias, Isocrate, Démos-
thène, ruinés à un certain moment de leur carrière, y
ont trouvé un moyen de refaire leur fortune. Toutefois,
c’était une profession peu estimée. Aussi Isocrate, qui
l’avait pratiquée à ses débuts, en rougit-il plus tard12.
Et nous voyons presque tous les orateurs, en particulier
Eschine et Démosthène, se renvoyer comme une injure
l'épithète de « fabricant de discours13 ».
La fonction de logographe exigeait des connaissances
et des aptitudes particulières. Il y fallait, cela va sans
dire, une science approfondie du droit et de la procédure
attiques. Il importait également de bien connaître la
psychologie de la foule, ses préjugés, ses passions, par
i Sans doute aussi on craignait que l'intervention d’un tiers, c’est-à-dire en somme
d'un avocat , particulièrement versé dans l’art de la parole ou de la chicane, ne créât
un avantage inique à l’une des parties. La défiance de la foule athénienne àl égard de
l’éloquence date, comme on sait, de fort loin: c'est elle évidemment qui avait inspiré
cet autre reglement très ancien qui interdisait aux parties, plaidant devant l’aréo¬
page, de s’écarter du sujet et de faire appel aux passions. Arislot. Rhet. I, 1,
1354 A; Lycurg. Adv . Leocrat. 12; Quintil. II, 16. 4; VI. 1, 17; X, 1, 107; XII,
10, 26; cf. O. Navarre, Essai sur la rhétor. grecq. avant Aristote (1900), p. 226.
— 2 Meier-Schômann, Der attisch. Process, 2e éd. (1883-87), revue par Lipsius,
p. 920 sq. — 3 Plat. Pliaedr. 257 c \ Dcmoslh. Fais. leg. 246, 250; Aeschin. Adv.
Tim. 94; Ctesiph. 173; Dinarch. Adv. Demosth. 111, etc. — '+ Plat. Euthydcm.
289 d. — 5 Poil. VIII, 24; Diog. Laerl. VI, I, 15. Isocrate ( Antidos . 2) se sert
du mot Sixoyçaota dans le sens de Xoyoyçaota. Pollux, L. I. cite comme tiré d’Isocralc
l'adverbe Stxoyoastxwç. — (> Quintil. II, 15, 30 : scribcre litigatoribus quae illi pro
se dicerent erat moris. — 7 Vit. Antiphont. init. — « 0. Navarre, Op. I. p. 7.
Toutefois Antiphon reste incontestablement le premier qui ait publié les plaidoyers
qu'il avait composés pour des clients. — 9 Antidos. 41. — 10 [Xenoph.] Rep. Athen.
LOG
quels moyens on se la concilie ou on l’irriio
part des procès se plaidaient devant de ' r.' U‘' la
populaires [dikastai] . Mais la difficulté pmiriTi ^
réside presque tout l’art d’un Lysias par exenni?’ ^ .
tait à assortir adroitement à la condition \ |’,C°nsisj
caractère de chaque client le langage qu’on i H
(y,0o;). Le logographe, il est vrai, trouvait !oP"'lait
d’utiles ressources dans la rhétorique. Remarquo,' . 1
la plupart des logographes que nous connaissonstn'l
en même temps rhéteurs : cela est vrai non seule" J
de Corax et Tisias, les premiers inventeurs d'une*?1
fTiTop-.xvj, mais aussi d’Antiphon, Lysias, Isocrate u '
Démosthène : tous ont tenu école. Si bien qu’il nW J
exagéré de dire qu’à ses débuts, et même jusqu’à Arid
tote, la rhétorique grecque n’a été que la théorie de 1 J
de plaider. Fournir au plaideur, ou au logographe qj
le supplée, des conseils et des secours, voilà avant tout
ce qu’elle se propose. Aussi, dès le temps d’AntiphoJ
les logographes rhéteurs ont-ils ramené à un type uni¬
forme la division du plaidoyer : exorde, narration
preuves (quelques-uns distinguaient de la preuve pro
prement dite la réfutation ), épilogue. Mais ils ne s'en
étaient pas tenus là : ils avaient déterminé très nette¬
ment le but propre de chacune de ces parties, et, autant
que possible, les moyens de l’atteindre. Pour chaque
partie, en effet, les xsyvat fournissaient un répertoire
d’idées appropriées, entre lesquelles il ne restait plus
au plaideur ou au logographe qu’à choisir. De plus, il
exista de très bonne heure des recueils de lieux com¬
muns, particulièrement à usage d 'exorde et d'épilogue:
Les auteurs de ces recueils avaient réduit à quelques
types généraux toutes les espèces que la réalité peut
offrir, et pour chacun de ces types ils avaient rédigé
une formule. C’est ainsi que parmi les œuvres d Anti¬
phon nous voyons figurer déjà une collection de itpo-
ot pu a xa't sTitAoyot, malheureusement perdue u. Les rhéteurs
logographes avaient de même ramené a des formules
toutes faites une partie des preuves; celles qu ils app0jj
laient -kIgth'.ç, cirs yyoi n’étaient en effet que des thèses co*
tradictoires pour ou contre le témoignage, la tortuie, e
serment, les contrats, les lois. Grâce a tous ces secours!
la tâche du logographe était singulièrement t.u ilitée e
devenait, en grande partie, une routine
IL Pour le sens de Aoy oy pâcpoç = percepteur 'oirM
articles AERARIUM et DECEM PRIMI. O. Nayarki.
LOIDORIAS DIKÈ [kakegorias DIKÈJ.
LOMENTUM, farine de fèves1. — Cette farine,
avait essayé de faire du pain3, a été uni ( ^
moyen de nettoyage3 et comme cosmétique '^gaU
mélangée par parties égales à des escaig11
I, 10. — n Démosthène, Fais. Leg. 2*6, dit, h cst ^ «<*•
Xoyoyçdeoüç toivuv xa't ao&taTà? àroxaXùlv to'j; aXXou, *at ' __ |2 PaïUith^-
t;£AEy/ô^a£Ta: ToÛTotç wv evo/o;, mais ce témoignage ( | _0]1 fils adopijj
i; Antid. 2, 40, *8, Adv. sopk. 20. Entrant dans toiipo«r
Aphareus, alla même, dit-on, jusqu à nier qulsociale eu I ^ encort> liai'*
huuaux. A quoi Aristole répliquait malignement qu 1 ,.|SOCI.ate (Dionys- U '
boutiques des libraires nombre d’exemplaires des plaidoiri giC ; cf- ls0crS I
Isocrat. 18). — Aeschin. Fais. leg. 156 ; Demoslli- n ||ection cl''1'0'"
Antid. 1*. — H 11 nous reste un spécimen du genre tans ,33. _ [H«u
délibératifs, attribuée à Démosthène. — 13 0. Navarre, • rf.(I|,ocaf, dans
>r, Si les Athéniens ont connu la ...* éd. (l'ï
graphie. E. Egger, Si les Athéniens oru vu,... . . ■ prar^m
Mém. de littér. anc. p. 355 ; Meier-Schômann, Der « < f/l#ortyu Sre
87), rev. par Lipsius, p. 920 sq. ; 0. Navarre, Essai s J
avant Aristote, 1900. _ ,. nar ce fe0”0' rd
I.OMENTU1M. 1 Plin. Hist. nat. XVIII, il'- a 3 Caelius J
... _ 2 plin. />• £‘
aussi la farine de pois, voir plus bas, noie o.
ad famil. VIII, 14, 4; Becker-G6U, Gallus, 1H, 1e--
— 1301
LO P
i - Prisés un0 composition destinée à
soleil Cl P“ blanchir la peau 1 ; c’était aussi la base
adouci''/'1 ; ’ s.enduisaient les coquettes sur le retour
d une pâti j rg rides2.
pourdisMnj1 attribuaient à la farine de fèves la
P fa , Lolorer le vin et de lefaire passer du rquge
5I'°PreU'hns l’espace d’un jour*. Elle trouvait aussi em-
» '^ieci». contre les scrofules *, les tumeurs, les
P1011. , Ml ps brûlures 6 .
Pntusl° lmnP1ltum servit encore à désigner une sorte
Le,7,;;i. bleue6 (cendre bleue naturelle) 1 que l’on
de C°U i,vmt et en broyant le caeruleum (vraisem-
S,c“ tmO» »“ bleu de m»"lasnc),',Ce bhleu’
ï, suce plus claire que Tazurite, était aussi plus cher ;
5 avall cependant une sorte à très bas prix appelée
, ' i ri tu in 9. Alfred Jacou.
°LOPAS LOPADION (AoTriç, XoûiBtov, WBtcxoç). — Ce
vlseest le même que la patella, patina des Latins. C’est
surtout, semble-t-il, un plat à cuire le poisson, large e
ouvert, de forme oblongue. La comparaison que fait
Suidas’1 avec la aooôç, le cercueil ou sarcophage funé¬
raire, rend assez probable l’assimilation avec notre
moderne poissonnière. « Pour cuire le poisson, dit un
personnage de comédie2, la lopas n’est pas mauvaise,
quoique la poêle à frire vaille mieux encore. » Suidas,
d’ailleurs, dit qu’à Syracuse la XoTciç était identique a la
poêle, xïjavov (en latin sartago) 3. En effet, on l’agitait
aussi au-dessus du feu pendant la cuisson1. Elle pouvait
être munie d’un couvercle, car on y faisait cuire a
l’étouffée5. Elle servait à d’autres préparations de mets ;
on y mettait de la viande, des légumes6, et, comme à la
•patella , le sens général de plat creux lui convenait. Aris¬
tophane parle d’un chien qui vient la nuit « lécher les
plats » 1 (vuxTiop t5.; Xouioa; StaXefywv). Le même mot avait
servi à former le verbe XoTraocûw et les composés pitto¬
resques XonaBotY /'qç, Xo7taBocpTraY;B'q;, XoTta8otpu<rr|'r/)Ç1 étran¬
gleur, voleur, souffleur de plats8.
Le diminutif Xo7t<x8tov a pu désigner un vase plus petit et
d une autre forme, que l’on range avec les récipients à vinai¬
gre, avec la marmite, chytra, etc. 9. Pourtant dans certains
textes il parait encore s’appliquer aux plats à poisson10.
h faut, en outre, remarquer que les Grecs donnaient le
nonule XoTmia à certains coquillages comestibles 11 qui
doivent être les mêmes qu’on appelle aujourd’hui patelles.
E. Pottier.
LOI!
LOPÈ [pallium].
LO R A et LOREA 1 (Bsuréptov, Xàxup&ç, XocvvjOxç, oivo;
(7T6[i.<fuXta;, 7rÔTtpç) *. — Piquette, vin de qualité inférieure
[voir aussi acetum]. On le fabriquait exactement comme
aujourd’hui; quand on avait extrait le pur jus de raisin,
on versait de l’eau sur le marc et on taisait une seconde
foulée. On donnait ce vin à boire aux esclaves et aux
ouvriers de la ferme pendant les trois mois qui suivaient
la vendange3. En général, il ne se conservait pas au delà.
Cependant on avait cherché par différents moyens u h
rendre plus durable ; Pline décrit trois procédés en usage
de son temps* ; le troisième, qui consiste à presser la lie
du vin, produisait ce que Caton3 appelle vinumfaecatum ;
ces sortes de piquettes, assure Pline, pouvaient se conser¬
ver un an, mais pas davantage. Columelle recommande
une autre recette, qu’il tenait de son oncle, un agriculteur
distingué de Cadix6 ; on arrivait en la suivant à garder
sa piquette pendant plus de deux ans sans qu elle se gâtât.
Dans les âges primitifs de la société romaine, lorsque
la sévérité des mœurs nationales n’avait encore subi
aucune atteinte, il était interdit aux femmes de boire du
vin pur; mais on leur permettait la piquette et quelques
autres boissons qu’on jugeait moins dangereuses, telles
que le vin de raisins secs et le vin cuit [vinum L Les mé¬
decins conseillaient volontiers la piquette aux malades et
aux convalescents qui se seraient mal trouvés de l’usage
du vin pur 8. Georges Lafaye.
LORAMENTA.1. — Mot collectif, d’un sens plus étendu
que loea, il ne se rencontre qu’au pluriel, et à partir du
u» siècle ; il désigne tous les articles de la sellerie en
général. L’Édit de Dioclétien énumère sous ce nom les
porte-manteaux des cavaliers ( averta ), les selles ( scor-
discus ), les bâts ( paramma ), les fouets (/ lagelluni ), les
licous avec leurs musettes et leurs anneaux (capis-
trum , circulas ), les brides avec leurs mors (, frenum ,
salivarium ). Georges Lafaye.
LORARIUS *. — I. Esclave chargé de lier et de frapper
avec des courroies (cxûtoç, lorum 2) ses camarades pris en
faute3. Il avait sa place marquée dans toute maison qui
comprenait un nombreux domestique4; sa condition
n’était du reste ni plus relevée, ni plus heureuse que
celle des patients livrés à ses coups5. C’est surtout par
la comédie que ce personnage nous est connu ; il est pro¬
bable que Ménandre .et les autres poètes de la Comédie
Nouvelle s’en étaient beaucoup servis6; Plaute lui donne
1 Plm- XXX> 127.-2 Mart. IU, 42, 1 ; XIV, 60. — 3 Pallad. Oct. 14, 9 ; Apic. I,
Y’ 11 ' a"a‘lius [Ibid. 10), la farine de poix d’Afrique, qu’il appelle ex afra pisa
hmentum, était
encore pli^s active. — 4 Plin, XX, 127; XXIV, 15. — 5 Id. XXII, 141.
L XXX|U,162. — 1 John, Die Malerei d. Alten,p. 118 et 120, pense que ce
cendre hleuc ou l'outremer; cf. Gilbert, Annal, der Physite, 1. LII,
p 503 "' y ""lm,|er, Technologie and Terminol.der Gewerbe und Kilnste, t. IV,
cai,rul t l'Cnz, Minéralogie d. allen Griechen u. Rôm. p. 171, u. G3G. Le
|el js Y 1 1 'OP1-0 paraît à Jolm (Op. cil. I. I.) être l’azurite, et celui do Scythie,
lier E-'r'"!' Cf‘ t"1MTlnor. Op. cif.IV, p. 502. Beckmann, Beitrâge sur Geschichte
«eNIeu-ii v \ I"' P' *8", laisse la question indécise. — 9 Plin. L. I. 163. Le
U)P\s Z"/'1''1 deniers la livre; le lomentum, dix; la dernière sorte, cinq as.
cf, ;j Y|[[ 111 ^UON. 1 Suid. s. v. Unà;. — '2 Plat. Comic. cité par ALlien. I, 8 C ;
— 4 piU| 1 1 ' L- — 3 Suid. L. c. Le même auteur assimile la lopas à la elnjtra.
an. !X 4o- /' ^;‘rire. p. 182 F. — 6 Aristoph. Vesp. 511. — G Aristot. Uist.
Equit, io;pi '/ ^>ra^- P. 125 F; Scliol. Aristoph. Vesp. 062. — 7 Aristoph.
p. 338 |j 9 , . (l'"’as- P- 6a Mai; Bekker, Anecd. p. 105, 17; Athen. VIII,
Mscz ok, . .,n*l0|.’h’ ,Jlut ■ 8l2i Poil. O nom. VI, 90; X, 93, 106, 122. Le texte
dernier passage semble indiquer que les ).oîcàSta
iSia, w; ETtpov 2v icxpà Tqv ÀotrâStt
bût, r j', . \| ]0,m° 900 la Yoitâç : xal koicâSta, ,îi ; exeçov ëv uxç
p. Ià8ï. __ lo'V.l ,ilS V01r lcs Commentaires dans l'édition de VVelslenius, 1706,
hORA, t / 1X’P- '62 F; Poil. VI, 90. — H Geopon. XX, 18, 1.
"M) fait venir* 1 '* ’ U>t‘ ^ei' a,i G ; Aul. Gcll. X, 23, 2. Varron (11. r. I,
y 1,01 *'u Srec par une étymologie de fantaisie.* Le mot s’est
conservé au moyeu âge et a formé l’allemand Lauer. petile bière j Creuser dans
les Mém. de l’Acad. des inter, et b.-l. XIV 2, p. 27, noie. I esjcu s. 1 ,
Dioscor V, 13. A Chypre on disait xuvécwpsi Hesych. Làxjjoî. — ■ Ca . .1.1,
25, 57 ; Varr. fl. r. I, 54, 3; Isid. Orig. XX, 3, 12. -4 Pliu. Uist. nat.X IV, 12,
t 86 - cf 5, 2, 40. - 5 Cat. fl. r. 153; cf. 26. - « Colum. XII, 40. - ' A. Gell.
X 23' o- Varr, ap. Non. Marccll. XVII, 13, p. 551. Le texte de ce passage a élé
rétabli par Bücheler, Rhcin. Mus. XIV, 1859, p. 448. - « Dioscor. V, 13; Onb.
I p. 359, cap. 31. — Bibliographie. Hermann, Gr. Privât a terth. p. -3_, n.
Becker-Goell, Gallus, III, p. 417 ; Marquardt, Privatleben d. Rom. U, p. 88.
LORAMENTA. t Justin. XI, 7; Edict. Diocl. 8, 8 et 10, t à 7 (Corp. mser. »
lat. III, Supplem. III, 1893, p. 1938).
LORARIUS. 1 Plant. Capt. I, sc. 2; A. Gell. X, 3; Piac.d. Liber glossar.
[Corp. gloss, lat. éd. Loevve-Goctz, V, 1894, p. 81) s. r. - 2 Aristoph. Vesp. 643.
— 3 Ces courroies ne servaient pas moins à lier le coupable (Plaut. Capt. HI, 4.
t2C; 5, 9; Epid. V, t, 0 et 11 ; 2, 18; True. IV, 3, 9) qu’à le frapper (Plant. Merc.
Y 4 42 .' Pers, IV, 8, f ; Pseud. I, 2, f2). C'est ce qu’indique bien A. Gcll. X, 3 :
« 'loràrii, 'quos erant jussi, vinciebant aul verberabant. » — 4 Sur le châtiment par
les lora ou liabenae, voir encore Hor. Episl. 1, 16, 47 ; II, 2, 15 ; Becker-Goell,
Gallus, 11, p. 176, art. flAGbüm, fig. 3086. — 5 Plaut. Capt.l, sc. 2. — 6 A. Gell.
I. c. semble même dire qu’il était propre à la comédie : « tanquam in sccnicis
fabulis qui dicebantur lorarii. » Mais il faut entendre que dans la comédie, où les
esclaves jouaient un grand rôle, le maître dupé et irrité ne marchait jamais sans
être escorté du lorarius.
1 (Va
LOR
— 1302 —
LOU
des noms plaisants, tous grecs, qu’il avait dù emprunter
à ses modèles : Colaphos (soufllet), Cordalion (corde),
Corax (potence)1. Un bas-relief en marbre, provenant de
Rome, et aujourd'hui au musée de Naples, représente
une scène de comédie qui a été diversement expli¬
quée2; on y voit un des personnages, peut-être un
lorarius , tenant, prêt à frap-
per(fîg. 4518)3,une corde ou
courroie mise en double, qui
semble garnie de balles de
plomb [flagellum] 4.
II. (SxuXOTÔgOÇ, ÊgaVTOTOgûÇ,
XcopoTÔgoç), fabricant de cour¬
roies, sellier, bourrelier. Cet
ouvrier exerçait un métier
analogue à ceux du yaXivo-
•jrotôç et du capistrarius [ca-
pistrum]. Il façonnait parti¬
culièrement les articles en
cuir nécessaires pour brider,
seller et atteler les chevaux
TloramentaI 5.
L -I
III. Sous le nom de lorum
(Xwpov), on a désigné, à partir
du me siècle de notre ère, un
galon qu’on cousait en un
ou plusieurs rangs sur un vêtement de couleur différente
[lorum, § 11]. Il est possible que l’ouvrier qui fabriquait
des galons pour cet usage se soit appelé lorarius 6.
Il y avait à Rome un viens lorarius qui tirait son nom,
soit des selliers, soit des fabricants de galons qui habi¬
taient cette rue. On ne sait pas dans quel quartier de la
ville elle était située. Georges Lafaye.
LORICA (©wpa!;1, Gwpaxtov2). — Cuirasse, pièce d armure,
de cuir ou de métal, couvrant le dos et la poitrine et pro¬
tégeant la région thoracique. Les descriptions que les
anciens nous ont laissées de la cuirasse sont d ordinaire
fort confuses et les notices des lexicographes ont l’in¬
convénient d’avoir été rédigées à une époque où ces
formes anciennes étaient hors d usage, aussi s accordent-
elles mal avec les monuments. Ceux-ci, d’autre part, ne
sont ni assez nombreux, ni assez précis ou assez bien
conservés pour suffire à une étude d ensemble. Dans
l’état actuel de la science, tout essai en ce sens ne peut
être qu’hypothétique. Du moins essaierons-nous de nous
conformer, le plus strictement qu’il nous sera possible, a
l’ordre historique et à l’enseignement qui se dégage des
représentations figurées.
I. Les Grecs semblent avoir appris très tarda se servir
de la cuirasse. Nous tacherons d’en voir tout à 1 heure
les raisons, mais les représentations archaïques per¬
mettent de constater que l’armure nouvelle ne fut pas
acceptée sans résistance et que 1 ancienne coutume de
l Plaut. Capt. III, 4, 124. Scènes où paraît le lorarius : Plaut. Capt. I,
sc. 2 et III, sc. 5; Ter. Andr. 8G1. — 2 Voir les opinions résumées par
Wieseler, Benkmüler des Bühnenwesens , Gôtting, 1891, p. 81, p!. xr, 1-
- 3 Ficoroni, De larvis scenicis, tav. II ; Mus. Borbonico , t. IV, tav. xxiv.
- 4 Hor. Epod. IV, 3; Corp. inscr. lat. VI, 9528; Blümner, Technologie u.
Terminologie der Gewerbe u. Künste bei Griech. u . Borner, I, p. î.69-17-.
- 5 Vopisc. Aurelian. 46, 6, Bonos. 15 ; Saumaise ad h. I. ; Marquardt, Privatleb.
d. B. p. 544, n. 8 et 545, n. I. C’est peut-être dans ce sens, et non dans le sens
du§ II, qu’il faut prendre C. i. lat. VI, 9528; Blümner, I, p. 202, n. ). •’ C. i. I.
VI, 9796 ; Jordan, Topogr. d. Stadt Boni, II, p. 592; 0. Gilbert, Topogr. d. Stadt
Bom, III, p. 55, n. I.
LORICA. 1 Poil. On. I, 145, etc. — 2 Poil. 1, 91 ; 7, 155. — 3 Gerhard, Auserl.
Vasenbilder, I, pi. xxvi, 2, p. 93. — 4 Relief de Seti, Roscher, Lexikon, s. v. Isis,
combattre sans la cuirasse persista, une lui
inventée et définitivement adoptée. 11 n’est -•* Ce"°'c'
voir sur les vases peints corinthiens ou ati* ^ ' '"'e ^
ennemis lutter l’un contre l’autre, dont!’ s <'l‘Ux
1 un a la
fiue le bouclier.
poi¬
trine protégée et dont l’autre n’a
scènps d’armement, très fréquentes sur les im"'' LeS
archaïques, sont plus instructives encore. Nous
maintes fois apporter au héros des cnémides, un bo "u"* !
un casque, une ou deux lances, et point de cuirasse’
n’est pas oubli du peintre, mais persistance d’un vieü'
usage. En négligeant provisoirement les exceptions
homériques et mycéniennes, nous conclurons de ces
exemples que les Grecs n’ont pas inventé d’eux-niêmesla
cuirasse. Ils l’ont reçue toute faite du dehors et se sont!
bornés à la perfectionner et à l’adapter à leurs besoins
IL Parmi les peuples auxquels ils ont pu l’emprunter |
se présentent d’abord les Égyptiens. Nous trouvons
figurés, sur certains monuments égyptiens, de hauts
corselets écaillés retenus aux épaules par de larges bre¬
telles et dont la destination était, sans nul doute, de pro¬
téger la poi tr ine contre les coups de lance4 : l’idée première
de la cuirasse a pu venir de là, mais l’arme était très !
différente de la carapace de cuir ou d’écailles qui sera
plus tard en usage. Il semble d’ailleurs que les Égyptiens
se soient rarement servis de cette pièce d’armure; du
moins les représentations n’en sont-elles pas fréquentes. ;
Nous connaissons, par contre”, beaucoup de monuments
assyriens 6 où les combattants, à cheval ou en char,
paraissent couverts d’une lourde étoffe écaillée (Voir t. II,
fig. 2199). Les feuilles rivées sur ces cottes, quelles
fussent en métal ou en os, se recouvraient les unes les
autres de façon que la pointe de la lance ennemie dût
glisser sur leur assemblage : c’est le principe de la cui¬
rasse antique, ou du moins l’une de ses formes les plus
fréquentes. Sans doute l’attache de l’arme, sa disposition
et l’agencement des courroies diffèrent de ce qu ils seiont
plus tard, mais, si l’on réfléchit que l’Ionie paraît, sur ce
point comme sur beaucoup d’autres, avoir servi d inter
médiaire entre la Grèce propre et 1 Orient, on athi niera
àces modèles assyriens une importance tout .ni tu <IU 91
monuments plus éloignés et plus rares de 1 Égjplc
III. Chypre, rapprochée par sa position et pai b0n^
de ces civilisations orientales, sera par suit. ^
premières terres grecques où des cuirasses su
usage. Encore paraissent-elles sur des œuvres a
peut à peine qualifier d’helléniques. Sui - ins objets
d’ivoire du Musée Britannique, trouvée a\ « * ^ ^
de style mycénien, le conducteur du clnu » s ^ acon
sorte de cotte de mailles qui le protège e pal'ère
de même structure couvre son cheva • cava]iers
'argent trouvée à Larnaca certains e u „ J
ortent, non plus un caleçon ou un J11-- ,l ffUi s'arrête
usqu’aux hanches, mais une cotte croisi < ^
i. 369-370, fig. Les Schardana portent sur un JeuI
uirasse composée de bandes de métal supeiposées c^ ^ |
j i» 10” dynaslio u”8
mouum*"t d® ls - L
passe composée de bandes de métal superp sc couc tic w>al * „
t Chipiez, Hist. de l'Art, IV, fig. 4, p. f3. — ” ' ^ p, 463 fl'lh ''
rcliers sur le bas-relief de Scnnacherib, lbu ., ’ ° alternant avec ""
i. 467), avec bande de croisillé ou de croissants ici ^ ^ rqjn,,.0Ud (IblJ' j,
■échelons. Le justaucorps des archers sur le reie ...rf fig. I15’1' ] ,ja
. 105), la cotte écaillée du guerrier de Kouyoundjik (JM ^ ^ v«cl
obe chargée de bractées d'Assourbanipal ( » • ê[ne aidanl ,l'' "! s le*
oryphore du Louvre (Ibid. fig. 256, p. Jjl) s0" LiUites, où, "l4"’C , fjft
I y aurait lieu de rapprocher également les re ,pervot, Ü'sl ’ 'h jr3
cènes de chasse, paraissent des justaucoips “al fixcav nli°ns 111 1
JA rygie, fig. 279, p. 551). - 6 Murray, ///, pb »•
900, p. 12, fig. 19 et pl. i. — 7 Longpéricr, Mus.
1303 —
LOR
LOR
travail tout diffu
- il est difficile de voir autre chose qu’une
Uceinturce défend leg jambes est d’un
cuirasse t cal‘. Jrcnt> Une statuette de Chypre (fi g. 4319)
nous montre également un
prototype de la cuirasse a
épaulières où un anneau
demi-circulaire unit les extré¬
mités des lames rabattues 1 :
la grossièreté du modelé per¬
met d’y voir plutôt un original
que l’imitation d’une œuvre
grecque.
IV. Dans la Grèce propre,
deux monuments mycéniens
sont, jusqu’il ce jour, les seuls
sur lesquels on retrouve,
avant la période archaïque,
l’indication d’une cuirasse.
L’un est depuis longtemps
connu, c’est le vase des guer-
une
pj» 4519.— Cuirasse c hvpriote.
riers : on y voit (fq
longue file de combattants
passant à droite et vêtus d’un justaucorps frangé et serré
à la ceinture2. L’étrangeté du costume a surpris. C’est
l’une des raisons qui ont déterminé des érudits tels que
MM. Arndt3 et Pottier4 à faire descendre l’époque de
ce fragment jusqu’à la période du Dipylon ou même au
temps du vase d’Aristonophos. Quelle que soit la valeur de
Fig. 4520.
Cuirasses mycéniennes.
Fig. 4521.
eurs arguments, il semble que les faits aient décidé e
I senscon traire. M. Tsoundas a trouvé récemment dans un
e Mycènes0, une stèle peinte à fresque où soi
I (fî^10/'11) *S m®mes guerriers 6. On y voit nettemei
LJu 1 ’ ^assa sur lln chiton bigarré et frangé, u
decujU Ui ^ COmran*' buste et les bras : le vêtemen
noin' V' n SaUCUn ^oute’ semble faitde deux pièces, l’un
niiuirhi." I'nan^ 1 ailtre rouge derrière le corps. Que le
frf,s nt uduchées ou non à cette carapace, que '
ici ■ \'J<n[ 0U non anlérieure au vase, il n’importe pi
'leux inuin"' '* ' ^ue Ce S0‘t bien une cuirasse et qi
P'dce d’on'l"1 ntS mycéniens la montrent employée comn
1111,1 ■ 11 reste après cela que le cas fut excej
I 1 Perrot et Q,j ■
y^schcko, ifuk'S'y ,/lSt- de l‘Art< 111, fig. 406, p. 595. — 2 Furlwünglc
«ir/iro( [gnp, ^ ^ SUI1’ 3 St adieu sur Vnsenkunde, p. 4. — 1 Ih
I Pt I «H |[, ! ’ _ - ", Pl- dans ’EniS'fiS 4o/_. 1886! P- 3. fig- 2. — « ’Etp. 4,
eîarf,i- tpigr, Semin /°'S suivant Heichel, p. 101, note. — 8 Abhandlunq
( ' Univers. Wien. XI, 1894, chap. iv, p. 79-111. - 9 11. I
tionnel, car nous ne retrouvons rien de pareil sur les
intailles et les reliefs mycéniens. Même l’art du Dipylon,
qui est postérieur, n’a pas connu ces cuirasses. L’inno¬
vation dut être fortuite et n’a pas prévalu.
V. Cette rareté, ou, pour mieux dire, cette quasi-absence
de la cuirasse dans l’art primitif semblait s’accorder mal
avec la mention qui est faite assez fréquemment 1 du
0ojf7)<j dans les poèmes homériques. Il y a là une contra¬
diction qui mérite d’être expliquée. M. Reichel, qui a
étudié ce point dans les Ilomerische II affen 8, a résolu,
semble-t-il, la difficulté. Suivant lui il faut distinguer
entre les divers emplois du mot Ooïp rfc ou de ses dérivés :
ou bien le terme a vraiment le sens de cuirasse, et le
passage est récent et interpolé, ou bien le texte est ancien,
mais la signification du mot est toute différente. @wçti;
désigne en effet la cuirasse, mais par une extension du
sens primitif : c’est d’abord et surtout la poitrine ; puis,
et par suite, tout ce qui la recouvre, non seulement la
carapace double des temps classiques, mais tout vête¬
ment, tout bouclier et même toute ceinture. Par exemple,
la gérpa, ce ceinturon placé sous le chiton et directement
sur la peau, ne peut être définie ’Épuga ypoôç 9, si la cui¬
rasse était là pour remplir cet office. De même le o:-Xoûç
0c6p7]ç 10 ne serait autre chose 11 que l’ensemble du
et de la pu'irpa, l’une placée sur le corps, l’autre par¬
dessus le chiton, toutes deux formant un rempart double
contre les traits. De même encore Qwpvjcrcxw ne signifie
primitivement que se protéger le corps avec des armes
défensives, ou simplement s’armer. Pendant l’évolution
des poèmes homériques il arriva que les choses chan¬
gèrent et que la cuirasse véritable fut inventée. Dès lors
il ne pouvait être question de peindre les héros légen¬
daires sans le perfectionnement que les aèdes de l’Ionie
ou de l’Éolide voyaient employer autour d’eux; de là
les remaniements et les ajouts du poème, de là cette
cuirasse légendaire d’Agamemnon 12 avec son mélange
des trois métaux 13 et ses trois serpents dressés de chaque
côté à l’attache du cou. Toutes ces additions ne doivent
guère être antérieures à la rédaction la plus récente des
poèmes homériques, c’est-à-dire à 700 environ avant
notre ère. C’est à peu près le moment où la cuirasse fait
son entrée officielle dans la littérature et dans l’art grecs.
Jusque-là, sauf une exception isolée, elle paraît n’avoir
pas été connue des Hellènes.
VI. S’ils l’ont imaginée si tard, c’est que sans doute ils
n’en sentaient pas le besoin, la remplaçant par des cein¬
tures ou des peaux de diverses sortes. A 1 époque mycé¬
nienne, c’est le pagne enroulé et serré à la ceinture de
manière à protéger les parties molles du ventre : ce n’est
pas la cuirasse des temps postérieurs, ce n’en serait tout
au plus que le Çûga; mais le grand bouclier rectangulaire
attaché aux épaules suffisait bien à protéger le corps.
Cette ceinture appliquée sur la peau devient de métal
à l’époque du Dipylon14 et nous la retrouvons, souvent
comme seule pièce d’armure, sur des statuettes archaïques
de l’Acropole d’Athènes, d’Olympie et de Delphes [cingu-
lum]. A côté d’elle paraissent les peaux de diverses
espèces. L’égide de Zeus et d’Athéna est en réalité une
cuirasse 1S. La robe de 1’ « Artémis asiatique » sur un
134, 185, 213. — 1° 11. iv, 132; XX, *14.— U Reiclicl, p. 164. — 12/1. XI, 19-28.
— 13 Cf. Perrot, Hist. de l'Art, VII, p. 233, 278, 281. — 14 Collignon, Hist. de la
sculpture gr. I, p. 87, fig. 43. — >3 Cf. Gerhard, Auserl. Yasenb. 1, 69, 1-2
= FurtwSugler, Besclir. d. Vasens. I (961, p. 416); Ibid. 1, pl. lxxi ; voir
aegis, I, p. 104.
LO R
1301
vase de Milo1 est de même écaillée sur le buste, ce qui
indique, sinon un vêtement spécial, du moins une pro¬
tection particulière pour le haut du corps. Les peaux de
bêtes, de lions, de loups et d'autres animaux, que se
passent en écharpe Héraklès ou d’autres dieux et de
simples guerriers, remplissent, elles aussi, tant bien que
mal, l'office d'une cuirasse. Enfin le justaucorps «corin¬
thien»2, étroit et collant, serré à la ceinture et s’arrêtant
aux cuisses, est évidemment fait de cuir et sert, lui aussi,
de défense contre les traits 3. Ces différentes armes
auraient sans doute suffi, si le bouclier n’avait, depuis
l'époque mycénienne, changé à la fois de forme et de
dimension. Aux demi-tours primitives succéda d’abord
le grand bouclier échancré du Dipylon, puis l’arme devint
plus petite, plus mobile il est vrai, mais découvrant par
suite ou pouvant découvrir le haut du corps. Les Grecs
sentirent le besoin d'une protection plus efficace pour
le thorax et c’est la raison qui leur fit emprunter aux
Asiatiques l'arme que ceux-ci, nous l’avons vu, avaient
depuis longtemps inventée.
YII. Cette première cuirasse, qui apparaît dans l'art
vers l'an 700 avant notre ère, est la cuirasse dite à gout¬
tière. Elle se compose de deux lames convexes protégeant
l'une le dos, l'autre le devant du corps. On les appe¬
lait, à cause de leur forme convexe, yôaXx, et la cuirasse
Yua^oOojpx; 4 : ces plaques rigides, qui recouvraient le
buste sans se mouler sur lui, étaient généralement fixées
Fig. 4522.
J? J.
Fig. 4523.
Cuirasses grecques dites à gouttière.
sur le côté. Les représentations sont muettes sur ce point,
mais tous les exemplaires conservés, quoique d’une date
généralement postérieure, ont ce même mode de ferme¬
ture et certaines peintures à figures noires8 montrent
(fig. 4522) que les cuirasses à gouttière étaient échan-
crées sur le côté, ce qui fait croire qu’elles se fermaient
latéralement. Il est probable que les deux cuirasses
étaient réunies d’un côté d’une manière fixe, avec une
échancrure ménagée à l’épaule : le guerrier passait un
des bras dans l’ouverture ainsi préparée, rabattait sur
1 Conze, Melische Thongefüsse , pl. iv ; Collignon, Sculpt.gr. I, p. 93, fig. 47. — 2 II
faut entendre simplement par là qu’il est fréquemment représente sur les monuments
corinthiens. — 3 ’e?. à?/. 1885, pl. vu (sur le môme vase, cuirasse à gouttière ; les
deux vêtements de guerre étaient donc, jusqu’à un certain point, équivalents) ; Journ.
( lell.stud . 892-3, X1I-XIIÏ, p. 268, fig. 32 (justaucorps serré à la ceinture); Babelon-
Blanchet, Dr. du Cab. des médailles, p. 80, 176 (blouse de cuir fioltant), etc. — H’au-
san. X, 26, 6 ; Cf. llesych. s. u.; Hom., IL, XV, 530 et Scbol. — 5 Gerhard, Auserl.
Vus., III, pl. ccxix, 2. C’est sans doute par erreur que le bord inférieur a été pro¬
longé dans l'échancrure. — G Jahrbuch , 1893, pl. i. — 7 Arch. Zeit. 1882, pl. i, p. 45 ;
Collignon, Sculpt. gr. I, p. 328 ; Duruy, H ht, des Grecs , I, p. 333. — SCantharcà
figures noires du Brilish Muséum [Journ. hell, stud , 1898, XVIII, pl, xvn, 1, p. 290);
LOR
le buste la lame antérieure et
à la fermeture. Tel devait être
la fixait sur le côté
°Pposé
usage général mm -,
avait des exceptions. Sur une amphore « vieille ‘ y
de la collection Bourguignon (fig. 4523 1, Um,V' Il('ue"
diane et verticale, longée d’une ligne de pohu's"|!'|. i
partage en deux une cuirasse : l’arme se passait ' ’"'CS’ I
une veste sans manches, et les deux demi- V "'"mie
l’avant étaient ensuite rabattues sur le torse etlix,''!"^ ^
sur l’autre6. Dans les deux cas, dont le second *
avoir été beaucoup plus rare que le premier, le ])ls' d'-
plaques était retourné et relevé, sans doute
à la courbe des hanches, d’où le nom de
pour s’adapter
cuirasse à gout¬
tière. Un bronze de Dodone, conservé au Musée de Be
lin, montre (fig. 4524) comment était fait le rebord: la |ame
était repliée sur elle-même
pour éviter de blesser le corps
par une surface tranchante7.
Le plus souvent le même résul¬
tat était obtenu d’une manière
beaucoup plus simple On
voit très souvent sur les vases
peints, non seulement le bord
inférieur, mais le tour du cou
et le contour des aisselles,
cernés d’une ligne parallèle de petits points8 : ce sont
autant de clous qui fixaient la plaque métallique sur une
doublure de peau ou de cuir, rembourrage qui rendait la
cuirasse plus épaisse et l’empêchait de glisser sur le
corps. Quelquefois, pour assurer plus d’adhérence, on
la fixait par une ceinture appliquée sur la cuirasse®,
mais d’ordinaire l’arme tenait seule, retenue par la join¬
ture latérale, par l’échancrure des bras et par le rebord
inférieur.
VIII. Cette cuirasse est fréquemment représentée sur les
monuments archaïques. Un vase la représente isolée, à
côté des autres pièces de l’armure complète10. Le plus
souvent elle couvre des guerriers luttant et au repos. La
gigantomachie de Sélinonte11, un vase grec à reliefs du
Cabinet des Médailles un grand nombre de statuettes1
en donnent des exemples plastiques, et les vases peints
nous en fournissent d’innombrables. Les potiers
thiens 14 et les peintres attiques de vases à figures n°ires
en revêtent presque exclusivement leurs combattants, i s
en affublent même les Amazones au lieu du juslauco M
de cuir cjui les couvre d’ordinaire11'. Dans l|in
... -, . _ : - assezpeu. La
?1 est quelque-
présentations, le décor de la cuirasse varie assezpeu.
plaque antérieure, la plus souvent figurée, ^ llCSt
fois sans aucune espèce d’ornement1', ' ,(,nce de
pas fréquent et est dû, semble-t-il, à la ni0' ^ en
l’artiste. Sur un vase corinthien du Lou\i< , <l - ^
blanc sur le fond reproduisent un motif as.»' ^ ^
lignes courbes et de chevrons 1S. Le ^ ^ je jeux
quent n’est guère plus compliqué : il se C0l^l’a^ gu[, )eS
spirales venant s’enrouler à droite et a r--1
.. nr ,,]. cc«v'i
Gerhard, Ans. Vasenb ., II, pl. xcvn. — 9 Gerhard, Ans. ® • ' gndpt gr. L F-
pl. ex vm, exix. — 10 Arch. Ans. 1889, p.93, 8. — °Jf°3 Voir nole^S ot
fig. 167. - 12 Le Bas-Reinach, Mon. fin . P,-cv'p' / PoluUchneion,^.^
nus Olympia , V, pl. xxviii (Duruy, l. C. p. 3 * ), ,É 269-270, n” ,
(Bull. corr. hell. 1877, pl. x,u; J 2) ; Br. *'J*%*£ Ma**,
Jtfonui»
Vas-
fig. 248,249. — 14 Longpéricr, Mus. Napàléo
ant. Vax. 241, p. 31-2, fig. 17; 'E?. *n- *f5' L'n .'Gerhard, A'‘s- ,
_ 15 Journ. hell. Stud. XVIII. 1898, pl. xvn, 1, P- -9»; (J*
pl. cclxvi ; Ibid. Il, pl. cvii ; II, pl. xcvn; ; I, U J \ ■’ 17. -
p. 46,47). — 4G Masner, Samml. ant. Vas. 2 *1, P- ’IXVIl 2 (vase corl |
1889, p. 93, 8. — 18 Longpéricr, Mus. Map. U > P
O
LOR
demi-ellipse suivant à peu près le
1.1
niamnT i„ riee thoracique (tig- «a»; R Sur une hydrie de
contour de la » tournée yers le bas s’épanouit excep-
Cttré u'lC Pa ia,(intre les spirales 2 et sur un canthare à
fconnellemen ues roncles se superposent aux
figures noires ■ v
Vü‘f rmu cuirasse était passée sur les vêtements les
IX' ' n arrivait assez fréquemment que le guerrier
plusvarR" leC rembourrage de cuir: dans ce cas, le bas
fùl nU pt les parties étaient entièrement à découvert *.
duvent f .. J torCP était vêtu d’un chiton finement
D’autres fois le mi.
et s’arrêtant
plissé
le torse était vêtu
aux hanches3. Ce- n’était pas par
rait souvent devant les parties 1
piK ^uniquement pour éviter à l’épiderme le contact
direct de la lourde armure. Enfin, au lieu du chiton on
Ltait des justaucorps collants, simples ou brodes,
Lis tous épais et qui paraissent le plus souvent faits de
cuir\ 11 arrivait exceptionnellement que par-dessus ce
justaucorps et sous la cuirasse une peau de bête servît
d’une troisième défense au torse8. Sur la cuirasse même,
d'ordinaire on ne mettait rien, mais, lorsque la plaque
de métal n’avait pas de doublure à l’extérieur, les rayons
du soleil devaient la frapper directement et la chaleur
devenait alors insupportable. Pour remédier à cet incon¬
vénient, une chlamyde ou une draperie étaient passées
obliquement sur la cuirasse9.
X. Le défaut de cette armure était dans le manque de
protection du bas-ventre. Il semble que les Grecs l’aient
senti et qu’ils aient tenté divers moyens d’y obvier. L’un
des plus simples était d’attacher par
devant au bas delà cuirasse une sorte
de tablier, analogue à celui qui pen¬
dait des boucliers ioniens, mais plus
court et d’étoffe plus épaisse 10. Micali
a publié une statuette de bronze, de
style gréco-étrusque (fig. 4525), où ce
dispositif paraît très clair11. Sur un
vase, on voit sous le bouclier, devant
et derrière le corps, une étoffe écaillée,
échancrée sur le côté 12 : il n’est pas
sûr que ces deux pièces tombent de la
cuirasse; peut-être continuaient-elles
simplement un justaucorps de cuir.
Une solution nouvelle fut de franger
le rebord inférieur, de manière à offrir
au bas-ventre un rempart mobile contre les coups 13. Une
transition tout indiquée menait à l’invention des lambre-
iqums. Sous la ceinture, ou sous le rétrécissement de la
pirassc.i la taille, le rebord saillant de la cuirasse fut, non
P us simplement relevé, mais divisé en lames de cuir mo-
les , indépendantes les unes des autres, et qui, peu à
p;|R '' M ‘‘Hdirent assez bas pour protéger la région de
j|j ne' 1 ^ a vrai dire souvent difficile de savoir si les
| ' Us llldrquées verticalement dans cette partie de la
I * Voir ' E
pu*- Vas. Il ^ de l’Acropol, 741, p. 269, fig. 248; Gerhard,
A^phoren, |,cj )z V',’ ^XXI11 ’ ^nd. 1, pl. v, | et le pl. xxxvi ; cf. H. Thiersch, Tyrrhen.
PG «. B 59. _!P3 80°’ p- 123 et s- - 2 Cat. vas. in Brit. Mus. II, p. 68, fig. 41,
Polyt*chnèi^ \™rn' hdL Stud' XVIII> l898> P1* *▼«. P- 290 • — 4 Br- da
fo* p. 99, p| *cv , ’ P‘ 1,0 (guerrier de Sélinonte; ; Le Bas-Reinacb, Mon.
l Acropoie » - ,l lc^e0» Monum. X, pl. îv-v (vase corinthien). — B Br.
^rch- Zeit . iss2 ,| ’ 1 ' 1 ’ 248 î Masner, Samrnl. ant. vas. p. 31-2, 241, fig. 17 ;
$culpt.gr, ltp '* Br> de l’Acropole , p. 270, 742, fig. 249; Collignon,
3l15, Vq.s. ijj^ . ’ ■ Gerhard, Aus. Vas. II, pl. cxvii, cxvin. — 1 Gerhard,
L*xxiv, ,.xxxy . j Xlx* ^id. II, pl. cvn ; II, pl. xcxvn ; II, pl. xcv, xevi ; II,
A • 1 . 1, pl. xaxvi. — 8 Gerhard, Aus. Vas. I, pl. v. 1 ; cf. Gaz.
f'g- 4525. — Cuirasse
avec tablier.
cuirasse correspondent à des échancrures de l’étoffe ou ne
représentent que de simples ornements gravés; mais il
paraît certain que la cuirasse à gouttière se transforma
peu à peu, avec ou sans épaulières, en cuirasse a lambre¬
quins. 11 faudrait d’ailleurs se garder de croire que cette
armure, d’abord seule connue, puis bientôt négligée
pour la cuirasse à épaulières, ait jamais été entière¬
ment abandonnée. Non seulement on la retrouve sur
des vases à figures rouges de style sévère ou même de
beau style libre15, mais nous verrons que les exem¬
plaires de métal conservés jusqu’à nous sont généra¬
lement de ce type: seule la terminaison inférieure a
été modifiée et le rebord saillant est devenu moins
sensible. C’est aussi bien à très peu de chose près
la forme actuelle et, j’ajouterai, la forme nécessaire
de toute cuirasse faite de deux lames simples réunies
sur le côté.
XI. La nouvelle armure, dite cuirasse à épaulières,
diffère de la première par trois points essentiels. D abord,
ce qui est l’exception dans la cuirasse à gouttière, elle est
munie d’une pièce spéciale pour la protection du bas-
ventre, et ce tablier ou ÇSp.a16 est à lambrequins,
TrTspuysç11. Puis la fermeture est rendue à la fois plus fixe,
plus aisée et plus parfaite par l’intervention de pièces,
l7iw[xio£ç 18, se rabattant sur les épaules et se fixant sur le
devant. Enfin, au lieu d’une lame unique, la cuirasse est
ordinairement composée d’une série de plaques, lames ou
écailles, XeTtioEç, csoXi'oei; 19, dont le jeu très libre permet une
adhérence plus grande de l’arme sur le corps : la carapace
devient souple et le combattant, plus libre dans ses mouve¬
ments, est en même temps mieux protégé, les lamelles
superposées arrêtant mieux les coups violents. On a cou¬
tume d’ajouter une quatrième différence, de distinguer
les cuirasses à épaulières parle cuir dont elles seraient
exclusivement formées, au lieu que les cuirasses à gout¬
tière seraient faites de fer ou de bronze. Rien à mon avis
n’est plus inexact. L’une et Vautre forme s accommodaient
àlafois du métal et de la peau de bête ; j ajoute que, pour
toutes deux, la réunion des deux matières était presque
nécessaire. La cuirasse à gouttière était, comme nous
l’avons vu, rembourrée. Quant à la cuirasse à épaulières,
le dessous était bien en cuir, mais je ne connais pas
d’exemple d’une arme laissée en cet état: non seulement
les épaulières, mais les deux cuirasses’0 et les lambre¬
quins étaient revêtus d’une infinité de petites ou de
grandes plaques de métal. Tout au plus pourrait-on dire
que le cuir était ici plus apparent ou jouait un rôle plus
facile à constater.
XII. La date à laquelle apparaissent ces armures est
difficile à fixer avec exactitude: nous constatons qu’elles
sont déjà connues des peintres qui décorent les sarco¬
phages de Clazomènes21, mais ceux-ci étaient en avance
sur leurs confrères de la Grèce propre 22, qui ont évidem¬
ment emprunté aux Ioniens ce perfectionnement. Aussi
archéol. 1870, pl. x.xvi ; Roscher, Lexikon, s. v. Herakles , I, p. 2149. — 9 Gerhard,
^us. Vas. IV, pl. cclxvi ; Ibid. 11, pl. cxxn, exxm (Furtwïngler, Beschr. d. Vas.
1732) ; Ibid. 1, pl. xux (Jahu, 339, p. 105). — 10 Gerhard, Ans. Vas. IV, pl. cclxvi ;
Ibid. II, pl. cvn. — n Gerhard, A us. Vas. 1, pl. i. — ! * Mon. per lastoria de pop. ital.,
pl. xxxvim, 1. — 13 Collignon. Sculpt. gr. I, p. 331, fig. 167. — H Wiener Vorle-
gebl., 1888, pl. m (Vase François, Ajax) ; Gerhard, .lus. Vas. 111, pl. cci (Jahn,
421, p. 147) ; Ibid. II, pl. cxvn-cxvui. — 13 Gerhard, Aus. Vas. III, pl. cci (Jahn, 421,
p. 147 ; Ibid. II, pl. lxxxiv-lxxxv. — 10 Eust. p. 453, 40 (II. 4, 132) ; lit . Alagn.
p. 433, 1. — U Eust. p. 454. — 18 Diod. XVII, 20. — 19 Poil. On. I, 134. — 20 Re
mol cuirasse désigne soit l'une des deux plaques, soit leur ensemble. — 3* Jahr-
buch , 1, 1886, p. 145-7 (StudniciVa' . — 22 Bull. corr. hcll. 1892, p. 248 (Pottier).
LOR
__ 1306 —
LOR
est-ce sur îles monuments ioniens *, ou chez des peintres,
comme Exekias 2 et Amasis 3, dont l’origine paraît
étrangère, que nous voyons d’abord ces cuirasses. Vers
le milieu du vic siècle avant notre
ère, elles commencent à être d’un
usage courant4 et nous les re¬
trouvons sur la stèle d’Aristion
(fig. 4526)3.
XIII. Avant de passer en revue
les éléments dont se compose la
cuirasse, nous chercherons com¬
ment elle s'ajustait sur la poi¬
trine. Un assez grand nombre de
représentations sont conservées
qui permettent de le savoir avec
exactitude. Un petit bronze du
Louvre montre les épaulières déjà
rabattues et les deux mains oc¬
cupées à ramener par devant les
deux côtés de la cuirasse6. Le
motif est exceptionnel et ne se
comprendrait pas si le corselet
n’était très peu élevé, et si par
suite son bord supérieur n’était
pas, contre l’ordinaire, au-des¬
sous des deux épaulières. Celles-
Fig. 4520. _ Cuirasse à épau- • le pqus souvent, se rabattaient
licres et lambrequins. 1 . p
sur la cuirasse une fois fermee,
aussi les voyons-nous maintes fois (fig. 4527) se dresser
rigides sur chaque épaule, tandis que les deux mains,
ramenées devant la poi¬
trine, ferment l’armure par
devant1. Dionysos, sur un
vase du Cabinet des Mé¬
dailles 8, a déjà presque
rabattu les deux bords, le
petit doigt des deux mains
tombant le long de la join¬
ture, les trois autres repliés
sous la lame et se touchant
presque d'une main à l’au¬
tre : l’opération est termi¬
née, aussi tourne-t-il sim¬
plement la tête à droite,
sans se soucier du geste
de ses bras. Un éphèbe,
sur un vase de Munich °,
au contraire penche la tête
sur l’épaule droite, car le
seul côté gauche de la
Fig. 4327. — Ajustement de la cuirasse. CuiraSSe est en place . Un
léger effort est encore né¬
cessaire pour ajuster le bord de droite. Les choses
pouvaient aussi se passer d’une manière plus compli-
1 Gerhard, Aus. Vas. III, pl. cxciv.p. 91 (Würzbourg, peut-être étrusco-ionien).
— 2 Wien. Vorlegeblütt. 1888, pl. vu, le. — 3 Gerhard, Aus. Vos. III, pl.ccvni;
Arch. Zeit. 1884, pl. xv. — 4 Gerhard, Aus. Vas, I, pl. i-xiii (Furtwangler, Beschr.
1803, p. 355, 33G). - 5 Collignon, Sculpt. gr. I, p. 386, fig. 20t. - 0 S. Rciuaeh, Ré-
pertoire, p. 187. 3, n* 673.-7 Wien. Vorlegebl. VU, t (coupe de Douris); Heyde-
mann, Vasens. 3097, p. 468 ; Jahn, Vasens. 374, p. 120-1 (inscr. Oooaxtov). Amphore à
volutes inédite du musée étrusque de Florence. — 8 Froehner, Musées de France,
pl. vm = Milliet-Giraudon, II, pl. lxxvu-viii. Même mouvement, la tête à g., sur la
coupe de Douris. — 9 Gerhard, Aus. Vas. III, pl. CLXXXvtu=Jahn, Vasens. 378, p. 123-
4. _ 10 Millin-Reinach, I, pl. xxxix. — n Gerhard, Aus. Vas. I, pl. xxxvu, p. 148
— Furtwangler, Vasens. I, 1846, p. 340-1 . Voir Smith. Vas. Brit. Mus. III, E 60,
quée. Au lieu de rabattre successivement les é >■
les côtés de la cuirasse, on pouvait, pour aller "ù " res4
combiner les deux mouvements. Sur un vase !i -, v
Méridionale, un guerrier maintient en place d’une ' •°
le côté droit de sa cuirasse, tandis que l’autre nviiii i" "n
rabat l’épaulière gauche 10 ; l’armure est désormais fi 06 I
et ne peut glisser du corps ; le guerrier pourra don* I
loisir rabattre l’autre côté de la cuirasse, puis des ■ a
la seconde épaulière. Le même motif se retrouve en 1
inverse sur un assez grand nombre de vases peints'Tl
main droite à l’épaule, le bras gauche maintenant 1
cuirasse 11 . Il est à remarquer que ces diverses manières
de revêtir l’armure supposent toutes qu’elle s’ouvre par
devant et non sur les côtés. De fait, la fermeture sur le
milieu paraît, à la différence de ce que nous avons vu pourl
la cuirasse à gouttière, être de règle pour la cuirasse à
lambrequins. Il n’est même pas sûr qu’il y ait des excep- 1
tions. Sans doute nous voyons dans certains cas une
charnière ponctuée de clous sur le côté de l’arme sans
qu’il y ait au milieu aucune indication d’ouverture 1!,
mais les jointures pouvaient être perfectionnées et très
peu apparentes, l’une des lames recouvrant le bord de
l’autre au lieu de lui être fixée par des œillères ou des
lacets : dans ce cas le peintre a pu fort bien, pour ne pas
charger son dessin, négliger la simple ligne verticale qui
aurait partagé en deux la cuirasse. En tout cas, l’on dut
préférer le premier mode de fermeture, plus simple et
surtout plus pratique. La cuirasse ainsi ajustée était]
passée sur toute sorte de vêtement, mais jamais, semble-
t-il, sur le corps nu du guerrier : un justaucorps apparaît
parfois sous l’armure13, mais le chiton court et plissé
semble avoir été surtout employé. Sur 1 armure, on ne
mettait rien. C’esf tout à fait par exception, et seulement
sur des exemplaires récents, qu’on voit un himation oui
une draperie jetés sur la cuirasse u. Peut-être les Giecs
affectaient-ils de dédaigner une pratique qui, suivant
Hérodote, était en usage chez les Perses
d’ailleurs rendait moins nécessaire une armure pus
souple et où le métal était moins apparent.
XIV. La forme de la cuirasse proprement (hic oaj
sensiblement la même dans tous les exemplair 1
l’ornementation différait sensiblement. Lu s 11 1 IT\ .
cation introduite par la suite fut de rendu I •uiu
rigide eide l’adapter de plus près àla forme du 1
n’étudierons provisoirement que les cuii ass< “ Jj
est séparé du yuocXov par une ligne droit' < l 1 i
Le décor en est infiniment varié. Il peut an o ^
n’est pas le cas le plus fréquent, qu soUvent
vienne décorer le devant de la cuirasse • e cesont
des bandes horizontales en rompent 1 uni (*in ’
des ceintures unies, ou ornées des
rangées de points
tillés 19, méandres 20
motifs les plus ^
17, filets 18, losanges ou
■" H82a6ïbïï« -
rais de cœur
rent ces
lignes ondulées23, etc. Le plus souw
^ Il pi. m'*1)']
p. 82-3 ; E 59G, p. 330 ; Gerhard, Aus. Vas. IV, P*' CCI XIX' 1 ^ yrtS. lit P1’
- 12 Journ. Bell. Stud. XVII, 1897, pl. vr, Gerhard, ^|8:f„|l,P ««J
— 13 Wien. Vorlegebl. 1888, pl. vi, 1 (Exekias). w, - is Ile.»'1- '
p. 141,143 ; Inghirami, Vas. fUt. pl. euxtx. zél. 1883, pl- “j/jJ
‘2; cf. Arch. Zeit. 1802, p. 28G (Helbig). _ pl.xxxiv-
Journ. hell.stud. 1897, pl. v>. 11 ^ ^ j jrb. 1895. P>- IV’ " ,bid. II'.
Vas. Lamberg, vign. V, p. 17 (pl. *'<)■ cixK. - 21 °el' ’l ccXX*
Zeit. 1851, pl. xxv..; Gerhard, Aus. V “s> ^ Gcl.hard, Ibid. 1 ’ '
pl. clxxxiv (Mus. Greg. Il, pl. I V111)' ... _| exov» (J®
(Euphronios, coupe de Troïlos). — 23 Gerl.ar , /,(
890, p. 287,288).
— 1307 —
mit
LOR
Fig. *528. - Cuirasse
à plasiron.
r de la cuirasse : une sorte de plastron
font pas 10 0 devant) je forme généralement rectan-
est réserve pi étant plus en vue, est aussi '
gulaire et (IU ’ plu3 spécialement décoré. Ce plas¬
tron peut être bas et limité, sous
les épaulières, par une bande hori¬
zontale1. Il peut aussi, ce qui est
le cas le plus fréquent, être con¬
tinué jusqu’au cou, tantôt sous
la forme d une bande étroite , tan¬
tôt sous celle d’un large champ
rectangulaire 3 (fig. 4328). La sé¬
paration de la poitrine et des
parois latérales est quelquefois à
peine marquée \ mais elle peut être
nettement indiquée et soulignée
comme dans la figure 4528 par des
agrafes juxtaposées : il en était
ainsi lorsqu’une plaque métallique
couvrait le devant du corps et était
assujettie au rembourrage de cuir..
XV Entre les diverses bandes horizontales de la cui-
rasse, au dedans et au dehors du plastron rectangulaire
ou même sur la surface non divisée de l’arme5, les motifs
les plus divers remplissent le champ. Nous ne pouvons
songer à les indiquer tous. La plupart appartiennent
au système des écailles métalliques cousues ou rivées sur
le cuir et qui, juxtaposées ou souvent superposées,
devaient protéger efficacement
contre les coups. Elles sont de
plusieurs formes, mais toujours
attachées par le haut : les ex¬
ceptions à cet égard, et à toutes
les époques de l’art, sont infini¬
ment peu nombreuses G. Dans
la cuirasse à lambrequins, les
écailles sont souvent allongées
et rectangulaires (fig. 4529) 1 ;
d’autres fois allongées dans le
sens horizontal 8 et toute la
partie inférieure de la cuirasse
peut être faite de carrés décou¬
pés, posés l’un sur l’autre en
imbrication et mobiles comme
les lanières des lambrequins.
Il y en a de presque trian-
^gu aires et qui doublent, semble-t-il, d'autres feuilles
rectangulaires disposées verticalement9. Enfin un très
grand nombre sont de forme plus ou moins arrondie
l!erS *)as A côté des écailles, paraît le motif
F mllissage oblique ou des losanges (fig. 4530) u,
des •|ln ^ ^ central marqué souvent au centre
dans 1 MUI*,S ' ^am*er était aussi connu et employé
sdiêiinii"11 meS conc^i°ns l2- D’autres motifs sont moins
r nques, comme des lignes ondulées superposées 13
I1 fiei'liard, 41(Si y ... •
~ 3 Gerlurd jK / ’ P • cc- — 2 C. rendus, 1867, pl. vi, 2, p. 188.
1 Gerhard, ius V ' *)1‘ Cl xxxlv I Mus. Gregor. II, pl. lvim.
ksb Atlas ; /o, "S' P*' CLVm- — 5 C- rendus, 1874, pl. v, p. 189 ; Over-
lv! Millinecn ylrjCsc^'’ P*- v> 1 ; Froehner, Choix de vases peints,
pl. cxcvu' \\5\ l Pt xxl1 ; Gerhard, Aus.Vas. 111, pl. clxvi ;
r IV, fjg 3 ' ' ' ''cr' Me Denkmüler, 111, pl. xn. — 6 Voir supra ,
/ b *f. Slcphani n '^,num- 'b pl- lxxviu ; Overbeck, Atlas , pl. v, 3,
iHard, Aus y J ■ rendus, 1874, p. 186, 3. — 7 C. rendus, 1674, pl. v;
I 'B1"-'5 de points ol,|j, u’/ cl,vm: R- Rochette, Mon. inéd. pl. lxxi (avec des
8 Colleet, Tijslciewicz, pl. xxv, xxvi; Monum. XI,
ou des séries de petits cercles11. Dans tous ces cas, nous
avons évidemment affaire, non à des ornements brodés
ou poinçonnés sur le cuir, mais à des plaques rappor-
Fig. 4530. — Cuirasses à écailles.
lées et cousues. On peut remarquer que rien; dans le
décor, ne sort de l’ornementation linéaire. A l’époque de
ces cuirasses, qui est la période classique de l’art, la fin
du vic et le v° siècle, les motifs non continus ou empruntés
Fig. 4531. — Cuirasse d’Alexandre (mosaïque de Pompéi).
à la figure humaine sont des plus rares. C'est exception¬
nellement que nous voyons en haut du yûaXov une simple
étoile15 ou une tête de Méduse16. Puis l’armure se
modifiera. Sur la statue équestre qui passe pour celle
d’Alexandre, au Musée de Naples 17 et dans la figure qui le
représente dans lamosaïque de Pompéi (fig. 4531) 1S. appa¬
raît une ceinture véritable nouée au milieu du buste qui
sera désormais et jusqu’à la fin de l’empire romain un
insigne du commandement [Voir § XXVI]. Plus tard, des
rinceaux compliqués couvriront le torse, mais dans une
pl. xv. _ 9 Cecil Smith, Cat. vas. Brit. Mus. III, E 196, pl. vu, p. 165.
— 10 Gerhard, Aus. Vas. IV, pl. cclxviii ; Ibid. 111, pl. clxix (Jahn, Vasens. 283,
p 83) ; Ibid. III, pl. clxvi. — 11 Les losanges et les écailles sont réunis (fig. 4531)
sur la coupe de Sosias. Voir encore Monum. I, pl. xxv ( Ant . Denkm. I, pl. x).
Gerhard, PL, III, pL clxvi; Ibid. III, pl. cxcvii (Jahn, 890, p. 287-8).
— 12 Gerhard, Ibid. III, pl. cxcvu (Jahn, 890, p. 287-8) ; Wclcker, Alte
Denkm. III, pl. xu. — 13 Gerhard, Ibid. III, pl. cxcvu (Jahn, 890,
p 287-8). _ !* Même vase. — 16 Gerhard, Aus. Vas. III, pl. clxix (Jahn, 283,
p g3j. _ IG Voir la figure 4529. — 17 Voir equus, fig. 2762. — 18 Mus. Borbon.
VIII, pl. xxxvu ; Niccolini, Case di Pompéi, Casa del Fauno, I, pl. vu.
LOU
— 1308 —
peinture qui représente des personnages orientaux*. 11
faut attendre le ive siècle pour trouver, sur le vase de
Canosa2, l’arme surchargée et comme brodée, d ' emblemata
el d'ornements précieux, d’où procédera, avec quelques
modifications, letype des statuae loricatae [Voir S XXVI].
XVI. L’un de ces changements qui transforment
l'ancien modèle consiste à rendre courbe, de rigide qu il
était, le bas de la cuirasse à lambrequins, là où s attachent
les pteryges. C’était, par là même, lui faire épouser de
près la forme du corps. La modification ne se borne pas
là : la nouvelle armure reproduira sur sa surface exté¬
rieure les principaux détails anatomiques ; elle sera
plus souple à la fois et plus vivante. Sans discuter si
le perfectionnement était, ou non, plus esthétique, cons¬
tatons qu’il apparaît de bonne heure, dès les vases de beau
style libre et quelque peu avant le milieu du Ve siècle.
L’ornementation des nouvelles armures est, tout naturelle¬
ment, assezvariée. On en trouve qui sont toutes composées
d’écailles : le jeu des plaques glissant les unes sur les
autres rendait le corselet très souple et se prêtait a tous les
mouvements du corps3. Des volutes s enroulent fréquem-
mentautour des seins et surmon¬
tent l'indication sommaire de
la cage thoracique (fig. 4532) L
Dionysos, sur un beau vase a
Saint-Pétersbourg 6, est vêtu de
cette cuirasse -où l'on retrouve,
quelque peu transformé, le motif
de l'ancienne carapace à gout¬
tière. Les mêmes palmettes 0 et
les mêmes rinceaux ornent cer¬
tains bronzes d’un travail soigné
et qui représentent Arès 1 ou des
héros. Il ne faudrait pas croire
que le décor soit dû à la seule
fantaisie de l’artiste: nous retrou¬
verons la même indication des
muscles sur des stèles funéraires
attiques, où le mort est figuré tel
qu'il était pendant la vie, avec ses armes et son vêtement
habituels8. Sur des pièces de luxe, l’ornementation pou¬
vait être moins sévère. Des masques ou des protomes,
une tète de panthère9, un gorgoneion 10 étaient appliqués
sur le devant du torse. Exceptionnellement, des bandes
entières, ciselées ou repoussées, se déroulaient comme
des bas-reliefs superposés11 : si la petitesse des repié-
sentations empêche de bien voir les scènes figurées, nous
pouvons cependant nous faire une idée de la splendeui et
du luxe de ces armures.
XVII. Les épaulières, nous l’avons vu, fixaient le y^ov
sur le buste, mais il va sans dire qu’elles pouvaient aussi
le décorer : la forme et l’ornementation de ces pièces
l Gerhard, Aus. Vas. I, pl. l-i (Stephani, Vasens. Il, 1538, p. 201, 202).
— 2 Munum. IX, pl. xxxii {Mon. et mém. Piot, VI, 1, p. 37, fig. U).
— 3 Arch. Zeit. 1853, pl. lv (Heydemann, Vasens. 2200, p. 221-1), voir § XV.
— 4 Millingen-Reinach, Peint, de vas. pi. xn.v. — 5 C. rendus, 1807, pl. iv.
— 6 Millingen-Reinacli, pl. xlix, p. 118. — 1 Walters, Bronz. Prit. Mus.
1071, p. 191, pl. xxm. — s Collignon, Sculp. gr. II, p. 377, fig. 19G ; p. 378, fig. 19'
stèles d'Aristonautès et de Rrokleidès). — 9 Cratère de la coll. Tyskiewicz, pl. x\n.
— 10 Heydemann, Vasens. 3239, p. 540.— 11 Bull. Napolit. \ II, pl. i et n ;
Arch. Zeit. 184G, pl. xuv, 2 et xlv, 1. — Bull. corr. hell. 1892, p. 2o4, 10
(Annali. 18G3, pl. E). — 13 I.aborde, Vas. Lamherg, 1, pl. xxi ; Gerhard, Aus.
Vas. IV, pl. cci-xix , 2 {Mus. Greg. II, pl. lxxxi) ; R. Rochette, Mon. in. pl. i-xxi.
_ 14 Jahrb. 1895, pl. iv; Wien. Vorlegebl. VU, pl. î (Douris). — *“ Monurn. XI,
pl, xv ; Arch. Zeit. 1883, pl. ni, c (Douris, Vasens. II, 2287, p. 575-7);
C. rendus, 18GG, pl. vi. La pièce inférieure, isolée, est quelquefois de forme
Fig. 4532. — Cuirasse modelée
et à lambrequins.
LOR
ment
au be|
rabattues ne contribuaient pas médiocre
aspect de la cuirasse. Il n’y avait nullement u ,
‘dans la coupe de ces clapets mobiles Les . UlUll)rmité
étaient de simples pattes, assez larges ;"'CIOns
arrondies vers le bas 12. Ce premier type n’e el
donné par la suite, mais simplement affiné 1,.
devenant un angle aigu13. Une modification piUg ■l ro"d
tante fut la division de l’épaulière en deux pièces'!''^'
posées, l’une plus large et plus haut placée, l’autre "{'"T'
sous la première et qui servait à maintenir l'armure V
deux parties sont parfois l’une et l’autre rectangulaires u
mais, le plus souvent, l’inférieure a l’apparence d’un
triangle rectangle dont l’hypoténuse serait remplacée par'
une ligne courbe18. Enfin la figure compliquée résultant
de ces deux éléments combinés se rencontre aussi sans
que la ligne de séparation entre eux soit indiquée10.
XVIII. Le décor des épaulières est des plus variés
et généralement, à l’époque classique, plus riche que
celui du ydaXov. Il est assez rare que le champ n’en soit
pas orné1', mais un rectangle18 ou des lignes transver¬
sales 19 peuvent suffire à le remplir. Sur une hydrie de
Cæré paraissent des spirales20, sur le vase de Canosa une
rosette et des fleurons21, ailleurs des étoiles rayon¬
nantes22, surtout dans la partie supérieure, une fois
Fig. 4533. — Épaulières de cuirasse.
|
même une grenade et un serpent dressé - • I !
bole de la vaillance eL d'Arès, sert fréquemun ni 1 "P
paion. On le rencontre rampant 2 % mais phi-, 11
forme de simple masque Une belle t'l,aml
done, conservée dans sa partie inférieure, esL .u1"', ,, jaa
tète d’Omphale26, et les bronzes de Sins- aW0D11 ^
British Muséum, nous montrent (fig.
terrassant des Amazones 2‘. nlnsieurs
XIX. Il y avait, pour fixer les éPau pou-
procéclés que nous connaissons assez oglUJ';iis la partie
vaient ne tenir que par leur seul poùh , 11 1
• 4534, et Carapanos, Du'lou , P ^
vi; Monurn.
1897, XVH, pl- vl
(vase do Canosa). — “ sourn. >•*>- , xv
— 18 Jahrb. 1895, pl. îv. Quatre points dans Ÿbid. III, P1-01'"
un peu différente (bronzes de Siris, fi,
4, p. 191). — Vi Jour n. hell. stud. 1897, x\u, p
(vase do Canosab — U Journ. hell. stud.
IX, pl- SS1
(Kacneu*S
U C. rendstm
■ voir
l’.ard, Aus. Vas. III, pl. «-vm. écailles, Jbtt. 'B)>
Bull. corr. hell. 1892, p. 254, 10 (Annalt, j» figure
sydemann, Vasens. 32o4, p. o79'08*" L cxxxv. ('r0lS C
L. Ill ni. CLV.II ; Arch. Zed. 1860, PJ- pl. *
4800, pl. VI ; Gerhard, Ans. Vas. III, 1>1- CI-J"J
figure 4531 . — 20 Bail
IX, pl. xxxu (Heydemann, vasens. t- — ; ' 86Q pi
Gerhard, Aus. Vas. III, pl. olvii. ; Are ^ ÂJ^u. - ,e|nB«
tonnée, Gerhard, Ibid H, pl. cxlviii. xxVi
_ 24 Coll. Tyskiewicz, pl. xv„. - « Mdlm, Ij*- n ,91 ,071, P
Vasens. 2422, p. 298-301 ; Walters, Bronz. Brit^ DodoM,
Adamek, Unsignierte Vas. des Amasis, p • '• Walters, Br»»- ^31,
p 491.- 27 Brou.ted, The bronzes of Siris, Lond. 1830 , ^ «v p.
1 • fil .vl nl.VlX
285, pl. vin.
- - - ■ j., , CLXIX fjahii» V«sens'
28 Gerhard, Aus. Vas. HI, 1 •
— 1309 —
1.015
LOR
.. bat conservée clans un bel exemplaire de
inférieure du ' ’nt munie d’un anneau1 où passait la
Dodone, étai s d'allache. Ou, au lieu de la
cordelette ou étaiJ. raénagée dans un empiècement
l’épaisseur du cuir*. Dans ce cas un bon-
qui renlor.1 cJiirasse? entrait dans l'ouverture, ce qui
ton, rivt' sl!!. , ‘ à fixer l’épaulière, mais cette fermeture
P°UValt-Sp .lLensait rarement de la cordelette qui entrait
rallie la bélière. Généralement un bouton (rare-
'dan5( rpillère’) était fixé sur le devant de la cuirasse,
“Issous des épaulières et juste en leur milieu Les
aU i ■ nartant des deux bords des rabats, venaient
ferPr“e -illia du plastron = Comme ce
int était symétrique par rapport aux clape s mobiles,
îe noids était également réparti sur les épaulés et ar-
Lre se trouvait solidement assujettie. Pour mieux 1 as¬
surer encore, au lieu de deux cordelettes distinctes, on
pouvait n'en employer qu’une qui passait horizontale¬
ment entre les deux œillères et dessinait ainsi sur la
cuirasse un triangle équilatéral*. Ou bien les deux
lanières se croisaient en X sous les épaulières et s’atta¬
chaient à deux boutons ou œillères placés sur la même
ligne : les bouts étaient ensuite noués ou non l’un avec
l’autre5. Il arrivait aussi, surtout dans les exemplaires
! récents, qu’on fixât séparément les deux épaulières. Sur
une ciste de Palestrine, deux courroies verticales, descen¬
dant des œillères, s’accrochent à la ceinture, et, en pas¬
sant, à deux boutons à mi-hauteur et réunis entre eux °.
Ailleurs, la fermeture est beaucoup plus simple et les
lanières verticales ne sont aucunement reliées 7, quoi¬
qu'elles puissent être nouées autour de plusieurs bou¬
tons superposés 8. Sur un vase de beau style, une seule
attache fixe les courroies verticales, mais plusieurs
bandes horizontales, dont l’agencement reste peu clair,
assujettissent les épaulières9. Ou bien encore, au lieu
dune cordelette au bout des rabats, deux ou plusieurs en
pendent verticalement 10. La complication augmente quand
les épaulières, comme sur une peinture de Nicosthènes,
sont au nombre de quatre qui s’entre-croisent autour d’un
omphalos central “. Mais l’innovation ne dut pas être
adoptée, car l’exemple reste isolé.
XX. Les lambrequins complètent sur le devant le décor
de la cuirasse. Il y en a de diverses espèces. D’abord les
J°ogs, de forme rectangulaire. Ceux-ci peuvent former
| une série continue, juxtaposés sans transition apparente,
1 comme découpés dans un tablier de hauteur uniforme 12.
s peinent être profondément tranchés et nettement
s parés les uns des autres 13, ou un simple trait oblique,
1 1 ce près de 1 attache, indique la manière dont étaient
i xees ces lames, métalliques et mobiles14. 11 y en a de
Ùaut ' " 'n^ade’ edternativement longs et courts13.
tU ies sont en séries superposées, dont la plus haut
07; Do',one' ph XVII, 4, p. 191; Adamek, L. I. — 2 Gerhard,
MS,?) iv . Uochette, Mon. inéd. pl. lxxi. — 3 Mêmes vases, et
■tu. v«s 1[| "u ^ ^ 1897, pl. vi ; C. rendus , 18G6, pl. vi; G
'«sens. Il tiag-*' ,XXV’ *"*■ — 4 Arch. Zeit. 1883, pl. in, c ; Furtwi
.254, ioj’tïcV j’ 573'7' ~ b U- Rochette, O. I. pl. xx ; Bull. corr. hel
• 7 st • VIH ni ' ',,s' 1 ns- Rf ph clviii ; C. rendus, 187G, pl. v. — 6 j|
tu U’ Ph VU-VHl. — 7 7A. I Y „| - ...... , n _ _
Aus.
1897, pl. vi ; C. rendus , 18G6, pl. vi ; Gerhard,
twacngler,
■. hcll. 1892,
_ , . _ _ _ , r„ .. - 6 Monum.
pp. 579.50,, P'- xxxu (vase de Canosa = Ilcydcmann, Vasens.
•Mi. — io q j ’ ” Xo‘r 'a fig. 2726. — 9 Lahorde, Vas. Lamberg, 1,
■ll Vien. Vorleî'n’ ',<S' ^<îs' *V’ P1- cclxix, 2 (Mus. Greg. II, pl. i.xxxi).
S- *531 ; Jtfoi, ;189°-1>pLvi, 3. — 12 Voir les fig. 4531, 4533. — 13 Voir la
^nos). — 11^. ^ 7 ,0b ", 1897, pl. vu (Brit. Mus., sarcophage de Clazo-
sl cu bas Jans ■ . I8C7, P1- Vl, 1 i Cf. Monum. XI, pl. xv. Le trait oblique
' 16 pig. 4Ü2G 4s»T« *• 1883’ P'- «• - 13 Fig- Monum. XI, pl.
’w-8, 4534; Gerhard, '
V.
X1V-XV.
Aus. Vas. II, pl. cxxiv ; R. Rochelle, Mon.
placée masque en partie l’inférieure16. Enfin le motif peut
se combiner avec celui de la frange, que celle-ci soit au-
dessus11 ou au-dessous18 des lambrequins. Les lamelles
arrondies sont rares dans la première partie du vc siècle19,
mais elles apparaissent avant l’an -400 sur un certain
nombre de monuments. On les trouve arrondies ou de
forme ovale, surperposées en deux 20 ou même trois 11 ran¬
gées successives. Elles alternent avec des lames rectan¬
gulaires, de couleur différente, ou figurées comme telles
sur les vases peints22. On encore elles se combinent avec
elles et une suite de ptéryges carrés pend d’une rangée
de plaques foliolées 23 .
XXL Telle était l’armure prise de face. Nous avons déjà
vu que, sur les côtés, son aspect
était généi'alement différent et
nous en avons fait pressentir la
raison : il fallait que sur les
lianes l’armure fût tout particu¬
lièrement souple et se prêtât,
sans gène aucune, à tous les
mouvements du corps. C’est
pourquoi nous rencontrons sur
ce point des écailles24 ou de
grandes lamelles rectangulai¬
res23 ayant toute la hauteur des
cuirasses et jouant librement
les unes sur les autres. Les
charnières représentées sur une
peinture de vase étaient sans
doute .plus rigides26, mais la
série de rectangles incisés que nous trouvons à cet endroit
de la cuirasse sur l’une des statues d’Éginc (fi g. 4534) de¬
vait, sans doute, remplir le même office27 : des courroies
passaient par les orifices ainsi ménagés et fermaient l’ar¬
mure en lui permettant de suivre
les mouvements du torse.
XXII. Un assez grand nombre
de représentations qui montrent
la cuirasse de dos ou de profil, la
font voir pourvue d’un couvre-
nuque. Xénophon parle aussi d’un
hausse-col protégeant la gorge et
au besoin le bas du visage28. On
ne l’a reconnu sur aucun monu¬
ment29. Dans une peinture du
British Muséum30 (fig. 4535), le
yuaXov postérieur apparaît beau¬
coup plus court que la pièce d’a¬
vant : sa terminaison supérieure
est marquée par un bord poin¬
tillé entre les deux pointes du couvre-nuque. Celui-ci
est fixé par la base et seulement par sa partie médiane :
inéd. pl. XX. — 17 Collignon, Sculpt. gr. II, p. 40G, fig. 215 (sarcophage d'Alexamlre).
— 18 Gerhard, Aus. Vas. III, pl. clxvi; Carapanos, Dodone, pl. lix. — 19 Exceptions
signalées dans Benndorf, Gjôlbaschi, p. 11G-7, p. 237, note 4; Wien. Vorlegebl.
1888, pl. vi, 1, etc. — 20 Coll. Jacobsen, pl. xx, B, p. 31 (archaïstique) ; Gerhard,
Aus. Vas. II, pl. xi.vr, 1 (dans le premier rang alternent des motifs de damier) ; Gaz.
archéol. 188G, pl. xxxi. — 21 Collignon, Sculpt. gr. II, p. 377, fig. 196 (stèle d'Aris-
tonaulès). — 22 Masner, Samml. ant. Vas. p. 55, 346, fig. 29. — 23 Collignon,
Sculpt. gr. Il, p. 378, fig. 197 (stcle de Prokleidès et Proklès). — 24 Gerhard,
Auserl. Vas. III, pl. clviii. — 25 Gerhard, Ibid. IV, pl. cclxviu, 1 ; IV, pl. cclxix, 2
(.Vus. Greg. H, pl. lxxxi). — 20 Journ. hell. stml. XVII, 1897, pl. vi. — 27 Colli¬
gnon, Sculpt. gr. I, p. 292, fig. 144. — 28 Xcn. Equit. 12, 2. — 29 Le gorgerin de
forme lunaire publié par Stephani (C. rend., 1877, p. 20, pl. n, 2) est jusqu'à pré¬
sent un exemple unique ; voir cependant une statuette, Rev. archéol. 1897, pl. xvii,
xvm. — 30 Walters, Vas. Brit Mus. Il, fig. 35, p. 27 = B, 541, p. 254. Cf. la fig. 4530.
165
Fig
• J .c
4535. — Cuirasse
couvre-nuque.
1,0 R
1310 —
LO R
les deux ailes qui se rabattent à droite et à gauche
peuvent ainsi passer au-dessus du yûaXov, tandis que
l’attache médiane, cachée par la bande décorée, ne
se meut qu'avec la cuirasse. De cette manière, non
seulement la région placée sous les aisselles est défendue
par les deux rabats, mais les mouvements du haut du
corps et des bras ne sont nullement entravés. En haut, le
contour du couvre-nuque suit la ligne des épaules avec
une petite bordure en saillie en bas du cou. On a pré¬
tendu 1 que cette pièce était rarement employée. L'ar¬
mure, à dire vrai, était complète sans elle, mais, si nous
en constatons rarement la présence, cela tient, sans doute,
à ce que les combattants ne sont presque jamais figurés
de telle manière que leur nuque puisse être aperçue. Il
faut, pour cela, ou qu'ils soient accroupis, comme sur le
vase de Londres ou sur la coupe de Sosias (fig. 4530, 4535),
ou qu’ils soient en train de mettre leur armure 2, ou qu’ils
se présentent debout et de profil. Rarement ils sont vus de
dos3 ou dans des engagements de guerre qui découvrent
leur nuque *. Or, lorsqu'ils sont représentés dans ces
positions, les monuments de bonne époque les montrent
le plus souvent avec le couvre-nuque. On l’aperçoit
derrière l'épaule d’Achille dans la figure 4528, quoique
•le héros s’y présente de face; il est très visible dans une
statuette de bronze gréco-étrusque (fig. 4536)® et dans
une autre trouvée à Agrigente6.
On le retrouve sur les bas-reliefs
de Pergame 7 et 'jusque sur les
monnaies d’Euainetos 8. Son orne¬
mentation est des plus simples,
elle se compose d’une ou de deux
bandes avec pointillé 9. Celle de
la cuirasse, au-dessous de lui,
est semblable10. Elle est quelque¬
fois, on l’a vu (fig. 4530), mais
rarement, composée d’écailles
juxtaposées 11 .
XXIII. Les monuments figurés
nous ont permis d’étudier les
deux types principaux de l’armure grecque, la cuirasse
à gouttière et la cuirasse à lambrequins. Les textes
ajoutent peu à leurs renseignements. Ils nous parlent
à plusieurs reprises de la spolas, armure de cuir
attachée aux épaules12, qui ne se confond pas avec la
cuirasse de métal que portaient les cavaliers 13. C’est
peut-être celle qu’on remarque sur des stèles funé¬
raires attiques et sur quelques vases peints [équités,
p. 765] . Il est d’ailleurs possible que la spolas fût un
justaucorps de cuir, analogue à celui que nous ont déjà
fait connaître les peintures des 4rases corinthiens. Quant
aux hémithorakia (demi-cuirasses u) inventées par Jason
de Phères 13 et employées par Alexandre 16, nous ne
savons aucunement en quoi elles consistaient. Nous
l Jahrb. I, 205. — 2 Gerhard, Aus. Vas. IV, pl. cci.xi s (Mus. Greg. II, pl. lxxxi.)
■ — 3 Jahrb. 1892, p. 09; Gerhard, Aus. Vas. IV, pl.ccLXvm, 1 ; Ibicl. III, pl. ccxvu
(Jahn, Vasens. 903, p. 290, 291). — 4 Gerhard, Aus. Vas. II, pl. cxl\iii. — 6 Micali,
L’Italie avant les Romains , pl. xxx de l’édit, française; la statuette vue de face a
été donnée plus haut (fig. 1649, p. 1254). Voir aussi plus bas, la fig. 4541. — 6 Rev.
archéol. 1897. pl.xvn el xvm. — 7 Décadrachmes de Syracuse, cf. Svoronos, Jahrb.
1, 205. — 8 Ibid. — 9 Gerhard, Aus. Vas. IV, pl. cclxviii, 1 ; Ibid. II, pl. cxlviii
(le bord supérieur du pa^ov empiète sur les pointes latérales). — 10 Monum. XI,
pl. xiv, xv (oves). — il Gerhard, Aus. Vas. III, pl. clxxxvii ( Vas. Brit. Mus. E 258,
III, p. 195-6). — 12 Poil. On. 1, 434; 7, 70; Xen. An. 3, 3, 20. — 13 Xen. An. 3,
4, 48; Equit. 12; cf, Plutarch. Phil. 6. — 14 Poil. On. 1, 134; 7, 155; 10, 142.
— 15 Poil. On. 1, 134. —16 Polyaen. 4, 3, 13. —17 Poil. 4, 12; 10, 29; 11, 11.
— 18 Poil. On. 1, 134. — 19 Thuc. 4, 34, et schol. — 20 Jl. II, 529 ; II, 830; Alcae.
Fig. 4536. — Cuirasse avec
couvre nuque.
ignorons de même ce qu’étaient les thor r
Polybe17, corps d’armée intermédiaire entre la (le
les troupes légères. Les armures ijxtpaAmot ** son, ,n8eel
les plastrons garnis de rouelles que nous étudi "Uèlre '
loin (§XXXI). Les'cuirasses de feutre, connues seul SplUS
par un passage obscur de Thucydide, étaient portéT6"1
les Lacédémoniens à Sphactérie 19, mais nous ne c,T ^
sons ni la composition exacte du tissu [coactilia1 m"a,S' !
clant combien de temps il fut en usage. Les auteurs,', a T1'
de cuirasses de lin20. Celles des Argiens étaient renci!
mées. Les Carthaginois s’en servaient à la guerre, et C e î
peut-être par eux qu’elles furent introduites en ItalJa
Ces cuirasses furent, dit-on, employées pour la chasse S
On assure même que la dent des animaux s brisait
contre leurs plis serrés ; mais on ne voit guère comment
ces justaucorps d’étoffe pouvaient protéger contre les
bêtes fauves, et les essais tentés par les modernes22
semblent avoir été très peu concluants en ce sens. La cotte
de mailles, il àlù ueuv23, faites de chaînons entrelacés
est mieux connue et nous verrons que les Romains et
plusieurs peuples de l’antiquité en ont fait usage, mais
il n'est pas sûr que les Grecs l’aient connue, du moins à
l’époque classique : leurs monuments n’en offrent aucun
exemple certain et le <rrpe7TTbç ytrwv homérique u semble
avoir un tout autre sens2®.
XXIV. Ils connaissaient, en revanche, fort bien la cui¬
rasse écaillée, faite de plaquettes cousues et se couvrant
les unes les autres. Nous en avons déjà vu (fig. 4530, 4536)
de représentées sur les monuments : les textes et les
fragments conservés permettent de nous en faire une idée
plus précise. Les écailles pouvaient, nous le savons, être
de plusieurs sortes et faites de plusieurs matériaux. Pau-
sanias parle d’une cuirasse aaupcojjtaTixoç, consacrée sur
le versant de TAci’opole, près de l’Asklépieion, et com¬
posée avec l’écaille provenant de sabots de cheval Des
restes de ces armures sont venus jusqu’à nous. Telle est la
cuirasse Scythe de Romni 21 . Les Rarbares faisaient, nous
dit-on, grand usage de ces lamelles de corne-'. Les cottes
de fer venaient vraisemblablement des Assyriens . les
Perses29, et plus tard les Parthes30, durent les recevoir
de la vallée de l'Euphrate. Les plaques de métal étaient,
cousues sur du cuir 31 ou sur de la toile Les tonnes
de la Russie méridionale, le tertre des Sept-Here^ e
tumulus de Kertch, la nécropole de Nymphaeon, es en
virons deNicopol en ont livré un grand nonibr< <L l1
mens, dont la doublure était même conservée, n - ^
quités du Bosphore Gimmérien montrent 1 nl''^ ^
étaient fixées ces plaques : trois trous perces < n
rectangle permettaient de les attacher à 1 aùh n l ^
et vers le bas, du côté arrondi de la languette, un ^
empêchait de se relever sous le choc [caianiiia^ ^
têtes des clous étaient rabattues sur la lann ■
ques, ainsi maintenues, étaient rectangulaii < '
■ • • H H II Ànlh0'
fr. SC, I (Anthol. Borgk-Hillcr, 4” éd.) ; Paus. I, 21- 7 ! H“° j c.
gr. XIV, 73 = Suid. s. v. ’r,«..ç 5 M£T*9eU; Corp. inscr. a ■ - ^ «g. 3;
1874. p. 183. — 21 Annali d. Jst. 1874, p. 257 et s- ’ j0p0ulO'''roloS'
x d, fig. 6, 10; Ilelbig, Die Italiker in d, Pocbene, p. 08. - inn l)f"!sc"’
Mini, des savants étr. Acad, des Inscr. I, 1844, p. 337 c — ^ ^ Reic|,el,
p. 8. — 23 Poil. On. I, 134. — 24 [loin. II. V, 113; XXI, ■ • „n'.Tolstoï-R‘i"ach;
Waffen. p. 101 et sq. - 20 Pans. I, 21, 5-6. - 27 2 (O-***
Antiq. de la Russie mirid. p. 208. — 23 ' ^ ’ren^llS) )8'4.P# 1
Sar mates <
17,
en 358 ap. Autres exemples dans steP,,am’ l8-<bpJi3'
— 29 Her. 7, Gl. — 30 Kondakoff, l. c. p. 350.
1874, p. 22 2. — 32 Kondakoff, l. C- p. 208. — 33 _Kon “ ^ ’Rcjnacli)
Dosph. Cim. pl. xxvii, 4-C ; Ibid. pl. xxvn, 3 (p. .4, ‘ - ’ ^ q_c.
1874, p. 222 ; 1876, p. 113-5. — 34 Antiq. Dosph. C im. p ■ x
2G8 ;
A u''?.
Q yCIldltil
— 1311
LOR
LOR
• «rieurs généralement abattus. Elles pouvaient
lésant*111'' forme d’écaiHes de poisson, et se superpo-
avoir aussi < ^ _(]lernéeg5 Je cdté concave des ménisques
f en '.'“"nuCTS la droite et tantôt vers la gauche Le fer
tredoré comme chez les Perses2 et au tombeau
Pe Mwères où une lame d’or enveloppait le noyau
d6S V , » on’ a trouvé dans les nécropoles de la Russie
jnéUilliqu ■ d ces écailles doublées et dorées.
r ss- *— * «. de «*
Il étant à la fois plus souple et plue résistant.
XVV En dehors de ces fragments, un nombre limite de
pninssès entières est venu jusqu’à nous. Nous les avons
ipjvccs pour la fin, parce que, sauf une exception, elles
ne sont pas sûrement helléniques et qu’elles ne repro¬
duisent exactement aucune des deux armures que nous
wons distinguées. Si l’on devait les rattacher a 1 une
d’entre elles, ce serait de la cuirasse à gouttière qu elles
procéderaient, mais sans le relèvement du yuocÀov au bord
inférieur. C’est la preuve qu'il n’y eut pas abandon de
la première forme au profit du perfectionnement nou¬
veau, mais transformation insensible du type primitif.
Parmi ces cuirasses, les deux exemplaires archaïques
d’Olympie occupent le premier rang. Ce sont des plaques
dorsales, des sujets incisés y représentent une scène
1 ig. 4537. — Cuirasse grecque de bronze à sujets incisés.
y expliquée, mais sans grand rapport avec la forme de
armure et du corps, comme on le voit par celle qui est
ici reproduite (flg. 4537) 8 ; une bordure en relief y mar¬
que le contour des épaules. Un exemplaire de Cassel est
jecon '*e spirales simples, semblables à celles qui ornent
a surface, des cuirasses à gouttière0. Les autres, dont
cljaueoup de musées possèdent des exemplaires, seratta-
sir n - 'l ces m°dèles primitifs : elles sont généralement
djjpes et sans surcharge d’ornements (fig. 4538) 7 . Ces
rnariUi"! '■ ^ armures se ferment sur le côté et d’une
ou 1 ^3lU identique : sur les bords sont ménagés
h un certain nombre d’anneaux dans lesquels
J Q
1 '• P. 273 TcIS,r'/Pl' ll"2’ 15-c> 19-20. — 2 Her. 9, 22, 2. — 3 KonilakolT,
G rendus, )U7(; 1S7®> P'; "> 15-0, p. 113. — 4 Kondakoff, l. c. p. 273,
P- *2', Ouruy /JiJ ,*3’ 2’ BulL corr ■ helL 1883> P1- "! Anzeig. 1889,
dur). _ 7 Fig ’4H:js " 1 ! '* Grecs’ h P- 256, etc. — 6 Anzeig. 1889, p. 178, (ig. (Pin-
"lls- heidn. Yorzeit 1 musi^e de Karlsruhe, d'après Lindcnschmit, Alterth.
' lli p. 137-8; au Irè • p ®c*lumac*ier> ^r°nz. Karlsruhe, T II, pl. xni. 15, pl.xxm
iW6> P- 350 ; i, Pim-Jn” "j!’ au Louvre ; à Londres, Walters, Bronz. Brit. Mus.
^lelo, dorée) ; àp0In(, * nnis’ C'U. andeemet. of Etrur. II, p. 103 (cuirasse d’Or-
’Pt xxi) ; j, g ,. ’ 0 L'g-Toulain, Mus. de Home, II, p. 321-2) = Mus. Grcg.
’ ncder|c*>s, Klein. Kunst. II, 1023, 1024. — « Pans. 10,
passaient des lanières : la plaque correspondante étant
disposée de même et généralement de manière àce que les
anneaux alternent ou s’en-
tre-croisent, rien n’était
Fig. 4538. — Cuirasse grecque ou étrusque de bronze.
plus facile que d’assujettir solidement les deux yuaXa.
Des agrafes, Trepovat8, ou une charnière pouvaient d ail¬
leurs remplir le même office.
XXYI. Nous plaçons à la suite des cuirasses grecques
celles des statues dites loricatae ou thoracatae 0 qui en
sont dérivées et dont on voit revêtues les images des empe¬
reurs romains, celles de Mars et d’autres dieux guer¬
riers. Avant de les décrire en détail., notons brièvement
les caractères communs à tous les exemplaires. Sur la
plaque allongée, couvrant le corps jusqu’aux hanches,
était souvent nouée la ceinture souple ( cinctorium )
avec son Ilot relevé10. Les lambrequins s’attachaient
au bas de la ligne courbe qui terminait en bas 1 ar¬
mure, comme sur la cuirasse à musculature modelée
des Grecs. On distingue parfois, sous ces lambrequins,
une cotte de toile plissée adhérente à la cuirasse. Aux
deux épaules, un ou plusieurs rangs de languettes ou
lambrequins ou des manches très courtes, généralement
frangées, tenaient également au plastron de métal. Les
ornements les plus divers étaient prodigués sur la cui¬
rasse. Les statuettes de bronze qui en sont revêtues sont
fréquemment 11 incrustées d’argent ou de cuivre mat. Il
devait en être de même dans la réalité, car les statues
de pierre, revêtues du même costume, gardent les traces
d’une polychromie vive et variée 12. Ces différentes teintes
juxtaposées correspondaient à celles qui étaient obtenues
sur les exemplaires de luxe par les procédés de l'incrus¬
tation, de l’émail ou de la niellure [chrysographia]. Nous
étudierons successivement dans ces cuirasses les reliefs
du buste, les épaulières et les lambrequins.
XXVII. En haut du torse, le gorgoneion, que la cuirasse
grecque des temps classiques avait déjà connu, rappelle
presque invariablement l’égide13, devenue un emblème de
la puissance souveraine [aegis, p. 103etsuiv.]. Au-dessous
du gorgoneion, rien n’est plus fréquent que de rencontrer
des animaux fantastiques, affrontés ou groupés. Les
griffons, que l’art hellénistique représentait si volontiers,
26, 5 (Lesehè). — 9 Plin. H. nat. XXXIV, 10 (18); XXXVII 9, 3. — 10 Clarac,
pl. 912, 2318 a; 916, 2318 d; 933, 2374 ; 936 b, 2449 b; 936 i>, 2418 b;
949, 2441 et 2442, etc. Voy. aussi cingulum, (ig. 1502; il y en a deux sur
un relief de la Piazza di Pielra, Bull, arclt. comun. di Borna, VI, 1878,
pl. u-iu, p. 24 et suiv. — H Babelon-Blancliot, Bronz. Bibl. Nat. 192, p. 86 ;
Murray, Portfolio, p. 95, fig. 39 (= Walters, Bronz. Brit. Mus. 798, pl. xxm,
p 144). — 12 Statue d’Auguste, de Prima Porta, voir p. 1312, note 30 ; Notiz. d.
scavi, 1899. p. 255-6 (statue de Fano d’Ombrie). — 13 Sur un exemplaire, la
tète de Nepune entre deux dauphins remplace la tète do Méduse; Matz-Duhn,
Ant. Bildwrke in Bom. I, p. 388, 1349.
LOU
1312 —
s’opposent en paires, les tètes en arrière ou retournées
l’une vers l'autre, une patte de devant levée, la gueule
généralement ouverte et menaçante1. Ils sont séparés,
le plus souvent, par une palmette 2 ou une simple
fleur3, un candélabre ou un thymiaterion *. Au-dessous
paraît souvent un aigle, tenant la foudre dans ses serres,
et les ailes éployées 5. Parfois les légendes hyperbo-
réennes sont rappelées et illustrées. Deux Arimaspes
combattent deux griffons 8. D’autres êtres fantastiques,
tels que les pégases \ les dragons 8 et les hippocampes,
seuls ou montés par des Néréides 9, remplacent parfois
les griffons. D’autres représentations, plus rares, sont
mythologiques, voire même allégoriques. La centauro-
machie10, ou des légendes empruntées à l’enfance de
Jupiter11, en fournissent les sujets. Certains motifs sont
plus compliqués. La présence simultanée de Minerve, de
la Terre portant un fruit, et de l’Océan, sur une armure
du palais Colonna12, est moins une flatterie qu’un rébus
ingénieux, de même que le quadrige et le dieu couché
d’une statue de Naples13. Deux marbres d’Athènes, trouvés
dans le gymnase d’Hadrien, sont décorés d’allégories
relativès à l’Iliade et à l'Odyssée11. D’autres représentent
des divinités ou des per¬
sonnifications de villes,
telles 'que Cyrène15, ou
Dolichenus entre deux
taureaux ,e. Parfois des
animaux , spécialement
consacrés à certains
dieux, en remplacent l’i¬
mage, tels que le taureau
pour Dolichenus 17 et,
pour Jupiter, l'aigle l8.
La Victoire est très fré¬
quemment représentée
sur les cuirasses impé¬
riales. Elle apparaît quel¬
quefois seule, comme
motif central et entourée
d’emblèmes divers 19, ou comme Tauroctone, sacrifiant
le bœuf en signe de triomphe 20. Mais, le plus souvent,
les Victoires sont au nombre de deux, elles volent ou
s’avancent vers le milieu du buste. On les voit portant
une couronne et un candélabre, groupées autour
d'un thymiaterion21, portant un vexillum 22, ou elles
tiennent dans leurs bras des boucliers 23. D’autres fois
on les voit occupées à construire un trophée21, ou entou¬
rant Minerve ou le Palladium (fig. 4539 et voir imperium,
fig. 3988'25). Des allégories font allusion aux guerres impé-
i S. Reiuacli, Ripert . p. 586, 6; Ibid. p. 585, 1, etc. — 2 MatzPu lin,
1, p. 392, 1359. — 3 Id. I, p. 388, 1349 ; Clarac, pl. 2112, 839. — 4 Matz-
Duhn, I, p. 386, 1343; Helbig, Mus. Rom. 648; Ibid. 718 (II, p. 6 = Clarac,
pl. 936 e, 2449 b); S. Reinach, Ripert. p. 575, 4; Clarac, pi. 916, 2396 c; pl. 954,
2448 ; pl. 958, 2463; cf. C. rendus, 1864, p. 125-6. — 5 Matz-Dulm, I, p. 388, 1348 ;
p. 389-390, 1353 ; p. 390, 1354 ; S. Reinach, Ripert. p. 587, 4 ; p. 574, 8.- 6 Clarac,
pl. 924 (cf. Malz-Dulm, IV, 2); 2354 a ; pl. 936 a, 2420 b (Helbig-Toutain, II, 720,
p. 7; Zoega , Bassir. 109; Roscbcr, Lexik. s. v. Grijps , p. 1776; S. Reinach,
Iiépert. p. 585, 2. — 7 Bonncr Studien, pl. i, 2. — 8 S. Reinach, Ripert, p. 577, 8.
— 9 Arch. Zeit. 1873,29; S. Reinach, Iiépert. p. 586,4, p. 587, 1, p. 584, 4 (Mus.
Nan. pl. ccxxu). — 10 Expid . de Morée, 111, pl. xvm, 1. -- U Clarac, pl. 840c,
2112 (Curètes frappant du bouclier); Overbeck, Kunstmytli. pl. iv-v, p. 337, 20.
— 12 Matz-Duhn, I, p. 391, 1357. — 13 Clarac, pl. 933, 2374, — U Cawadias,
rpUxT4, p. 236-7, 311-2; Alh. Mitth. 1889. pl. xiv, p. 160; -E?. 'Açx- 1892,
p. 241. — 15 Sonner Sfud.pl. m, 2. — 16 S. Reinach, Ripert, p. 586. 1. — 17 Id.,
Br. figurés, n0 34, p. 53-5. — 18 Id. Ripert, p. 586, 585 ; p. 576, 6. — 1® Clarac,
pl. 944, 2420. — 20 Matz-Duhn, I, p. 392, 1361, — 21 Id. 1, p. 386, 387, 1345
(= S. Reinach, Ripert, p. 576, 4); Ibid. p. 584, 7 ; Clarac, pl. 356; pl. 973,
lou
riales. Sur une statue de Lucius Voru« i-, v , .
A ut v icioiro tn
la palme et la corne d’abondance se Hppcc ’ Lnanl !
trophées, auprès desquels un Barbare vaincu es| U* 1
nouille ; en bas, une femme couchée, portant (|(!s • ^ I
représente la Terre28. Sur une statue de Salone 'T*' I
Barbares sont enchaînés de part et d’autre du tr ’i • 1
Ou bien, au lieu des deux prisonniers, une femme r'"'' I
et un captif sont adossés au poteau triomphal28 \ 'i'!'1 'V°
une femme barbare à genoux porte la main à uV|MS
pliée qui se dresse au-dessus d’une tiee dVwJ0' I
au-dessous, un entant nu est accroupi29. L’allusion I
plus manifeste encore dans la statue d’Auguste trouvé I
cà Prima Porta. On y voit [imago, fig. 3974], entre aubes !
motifs, un Barbare remettant des enseignes à Mars Ultor30
C’est la représentation d’un fait historique récent la
victoire qui avait effacé la honte de la défaite de Crassus I
et rendu à Borne les aigles prises par les Parthes.
XXVIII. Les épaulières des cuirasses impériales ont
généralement la forme et le mode d’attache des armures
helléniques. Tout au plus peut-on relever deux ou trois
exceptions. Sur quelques bustes les pattes paraissent
fixées par devant et il semble qu’on les rabattait par
derrière31, mais ce peut être une illusion et un simple
motif ornemental. Ailleurs, le rabat se fixe, sans nœud
ni cordelette, à un bouton ou une saillie du plastron32:
nous avons déjà rencontré en Grèce ce mode d’attache, j
Sur un bas-relief de la Piazza di Pietra, les épaulières,
au lieu d’être éloignées l’une de l’autre et de former entre
elles un angle aigu, sont rapprochées, verticales et paral¬
lèles 33 ; elles descendent du cou, non des épaules, et
ne conservent plus que la forme, et non le rôle, des
anciens rabats rectangulaires. Le décor de ces pièces est
moins varié que celui des yûaXa, et à peine plus riche
que celui des armures grecques de l’époque classique.
On y trouve avec la tête de lion31 et le masque de
Gorgone, qui nous sont déjà connus, des foudres Jj, des
Victoires jouant de la trompette38.
XXIX. Les lambrequins sont disposés d’une manière
plus compliquée et plus richement décorés. Nous ne
pouvons songer à distinguer les différentes manières don I
ils s’attachaient au bas de la cuirasse. Le trophée dit e|
Marius qui est reproduit figure 4534, porte cinq ran^l
superposés, deux de lambrequins à coins arrondis, u“ el
languettes rectangulaires, et deux de cordelettes l'iane,:l^ J
Ailleurs, des lambrequins rectangulaires et a inilbCa’°„
surmontent deux épaisseurs de lamelles a bout
Ailleurs encore, les plaques sont suspendais ‘ ^
écailles arrondies et posées sur une sorte de tu 1 1(^.g
de toile ou d’étoffe38. Les écailles supérieures on P>
.. - . pl. 936 A, 2459 CJ i
2509 ; pl. 936 b, 2449 b (Helbig-Toutain, 11, p. __ 22 Malz-Dubn,
pl. 936 B, 2386 a (Ilelbig, II, p. 5, 713) ; pl. .964, 2‘M' 2447. ReiuA
I, p. 392, 1360. — 23 Id. I, p. 391, 1355. — 24 Clarac, p • ’ ’ 9l6 2504 a;
Ripert, p. 587, 2 et 5 ; p. 584, 3 (Mus. Nan. pl. ccxxi) ; C arai’g._s __ 2:, Clarac.
pl. 981, 2507 ; Babelon-Blanchet, Br. Bibl. Nat. 685, p. - ’ ^ pl, n, 2:
pl. 964, 2479 (Helbig-Toutain, I, p. 118, 184) 1 Hübncr » f|])l^ri
Bonnsr Studien, pl. ni, 2; Visconti, Mus.Pio. cl(-™w ’ . ’xoutain, P- l4,'!’
2" édit. 1899, p. 814, n. 49. — 26 Clarac, pl. 957, 246- ( o , 3Se ; Babclon-
217).- 27 Reinach, Ripert, p. 584, 2; cf. Clarac, pl. %4, (351 (= i:,ar,cJ
Blanchct, Br. Bibl. Nàt. 685, p. 297, 8. — 28 [^bie-Toutein, P- 59, ’ '
pl. 965 , 2480). — 29 Matz-Duhn, I, p. 391,
cf. I)on,a'
pl. 965, 2480). — 20 Matz-uunn, I, p. oui, . „1. 71 ; * ,
= Monam. VI- VII, pl. i.xxxiv, 3 ; Rayet, Mon. de l art an iq- - ■
zewski, dans Strena Belbigian. p. 52 ; Courbaud, Le -, 214. — 11 h0.
historiques, p. 67 ; E. Michon, Bull, de la Soc. des An ‘9 ■
Reinach, Pierres gravées, pl. vin, p. 18 (1, 0)- 1 i.e(, Bf- Ü'01' j.
corn, di Sonia, VI, t878, pl. u-„, p. 24. - 34 Babe on;Bknche ^ ^
, o !_ 33 flllM- “rcl''
_ 32 Ibid. 1, »• „ nul’
197.
Rom a
- 35 s. Reinach, Ripert, p. 585. — 36 Ibid, 23M- , ,,.
, VI, 1878, pl. P. 24 et suiv. - 38 Rev. archéol. , I
I
Lcm
1313
' double épaisseur
Un fragment de statue colossale
BV„. ' nt étaient disposées ces franges qui,
montre bien comi prochées, devaient bien défen¬
ds épaisses e ^ ^ infinité de motifs décorent les
*• coolr!,leSJles ornements, il faut citer les rosettes •,
plWoes; “ le," casques*, les boucliers*. Parmi les
les f®*®,/ „„ peut relever les tètes de lion',
|mas'lucs i ,l, J * ,Irophylactiques ou des.symboles, les
lepU'fTre8 de panthère*, de bouc-, de bélier-,
lèlCS ? ? de taureau13, d'aigle». D’autres sont allé-
d'élephant , comme les masques scem-
'g0rteie têTes d’Ammon-, de Pan barbu», deCha-
Kf! /s ou les gorgoneions ». A. de Ridder.
r' NXV En pâlie, nous trouvons d’abord l’armure de
|Cuir. En Étrurie, elle est
■ représentée sur des monu-
■ments très anciens (t. II,
f fi.r 18341 20. On y rencontre
I **h*
Fig. 4540. — Cuirasse étrusque.
Fig. 4544. — Cuirasse étrusque.
ensuite la cuirasse à gouttière 21 et toutes les variétés de
l’armure grecque, la cuirasse et la cotte couvertes d écailles
(Voir fig. 4336) 22, la cuirasse
de deux pièces ( Voir tîg. 4538)
reproduisant la musculature
du torse23, la cuirasse à
épaulières et à lambrequins
découpés dans le cuir et
couverts de plaques de mé¬
tal, sur plusieurs rangs,
quelquefois montant jus¬
qu’au milieu de la poitrine
(fig. 4540) 24 . La statue de
bronze connue sous le nom
de Mars de Todi23 offre le
■jr. u une cuirasse à épaulières, lambrequins et couvre-
entièrement faite der lanières serrées, cerclées de
nièr T1 leS maintiennent (fig. 4541). Toutes les ma-
élmp' ' " in^‘r ^es divisions de la cuirasse qui ont été
| Bes f*iez ^es Grecs ont été employées par les Étrus-
I * Gt. Clarac, ni oqp. . g,K(,
I p. 102 ■_ 3 1-459 0, — 2 Doublet-Gauckler, Mus. de Constantine, pl. x,
-5|d. j) ~ 1Z;, hn’ b P- 3", 1354; p. 390, 1354 a. - 4 ld. 1, p. 391, 1355.
1,48 ;p. 389 "ir, 34 ~ 6 ld- ’’ P- 391- «355. - 7 ld. I, p. 391, 1357; p. 388,
~ 8 Malz-Duhn V P T*' 1333 ; P' 300’ ‘3^4 ; p. 391, 1355; Clarac, p. 964, 2481.
ld' 1 1> 391 ’ f-'..390’ ’334' — 9 W. I, p- 388, 1348 (= Clarac, pl. 974, 2504).
~ 12 M. F p ' 39’, - 11 ld. I, p. 391, 1357; p. 389, 1353; p. 390, 1354.
'-'Md. I.V.3K9 “• r 13 ld- b P- 388, 1348 (= Clarac, pl. 974, 2504).
*)ulln. 1, p. 389 U n '2’ T 13 Bul1- corr ■ llel1- xv, 1891, p. 392, fig. 3. — 1» Malz-
lilis); Malz-Dul,,, I ' ~~ 17 W- b P' 39‘L 1361 a. — 18 'E*. 'Açx. 1892, p. 241 (Po-
— $ Ingliirami, mJ' 1335' ~~ 19 Walters, Bronz. Brit. Mus. 338, p. 52.
«o. lC3 fl !' wsc/ii, p. 0, pl. a; Micali, Mon. ant. pour l'hist. de
Ptzxn, — 22 U 0")"’!S' P1’ x,v> - de 1 édit, franc. 1824. — 21 Micali, O. I. 2» éd.
’ *r ‘ xx,« xx,x et xxxix. — 23 Les cuirasses citées p. 1311,
t.vr»a ri’
_ LOR
qaes 26 et ils paraissent les avoir encore compliquées. On
remarque quelquefois sur la poitrine des guerriers une
plaque carrée diversement ornée2', qui est peut-être le
KO’.pototpûXa^ dont il sera question plus loin(§§ XXXI, XXXII)
et, suspenduàla ceinture, un tablier en demi-cercle, le plus
souvent couvert d’écailles, pour la défense du ventre». La
figure 4542 reproduit un fragment en terre cuite trouve à
Chiusi 20 ; le tablier y est placé au-dessus d’un quadruple
rang de lamelles de cuir découpé; il est attaché a une
large ceinture sur laquelle une lame de métal semble
être fixée par des boulons. La ceinture des cuirasses
étrusques est souvent d’une très grande hauteur et ren¬
forcée par des plaques et des clous à tète plus ou moum
épaisse30. Sur une urne sculptée du musée de Chiusi 11
elle est ornée de personnages.
XXXI. Dans l’Italie du Sud, l’armure est moins compli¬
quée. Nous nous contenterons de rappeler d’abord un vète-
Fig. 4543. Fig- «44.
Cuirasses avec pectoral.
ment qu’on a pu voir ailleurs [barbari, tîg. 793), sorte de
justaucorps de cuir, orné de bandes verticales et serré par
une ceinture, qui n’est pas, à proprement parler, une cui¬
rasse32. Mais ce sontbien des cuirasses que portent (fig. 4543)
les guerriers, vrai¬
semblablement Sam-
nites , représentés
dans les peintures
d’un tombeau de
Paestum33, et dont
on retrouve les ana¬
logues sur des vases
peints de 1 Italie
méridionale 34 ; ces
cuirasses envelop¬
pent le torse et se
prolongent en avant Fig. 4545. — Pectoral de bronze.
de manière à proté¬
ger le ventre; elles paraissent faites de cuir ou d une
note 7, proviennent d’Étrurie ou do l'Italie méridionale. - 24 Micali, Monum. incd
Flor. 1844, pi. XII. — 23 Mus. etr. Gregor. I, pl.xuv. — 26 II suffit de rappeler
les nombreuses figures gravées sur les miroirs, les cisles, ou sculptées sur les
urnes cinéraires. — 27 Brunn, Bilievi d. urne etrusche, Rome, 1870, pl. uz, 26;
ixvi, 1; I.xviii, 1; Ingliirami, Mus. Cliius. II, pl. exu; Micali, O. I. pl. xxx.
1 28 Inghirami, L. I. ; Brunn, O. I. LVI, 18 et LXV, 35 [gikgulom, fig. 1487],
_ 29 Milani, Studi e materiali , 1900, I, p. 148. — 30 Micali, Ital. an. les Boni.,
pl. sxxiu. Sur une terre cuite de la collection Castellani, Rome, 1884, pl. ix, n® 488,
les plaques sont peintes en noir et les tètes des clous en rouge. — 31 Mus. Chius.
pl XM. _ 32 Millin, Peint, de rases , II, pl. l, p. 71-2 ; Arch. Zeit. 1877, pl. xx
(cratère de Vienne, coll. Lamberg). — 33 Monum. d. Istit. VIU, pl. xxi. — 34 Millin,
q i ii pi, JXX; Mus. Borbon. VI, pl. xxxix; Tiscbbcin, Coll, of engravings,
V, pl. i.x, i xix.
— 13U —
LOR
étoffe épaisse île couleur foncée, sur laquelle se détache
en clair un plastron carré modelant la poitrine. Celui-ci
est fixé aux épaules et sur les côtés par des courroies. La
même armure, un peu moins large et en forme de cœur, au
lieu d’être carrée, se voit (fig. 45-44) sur une statuette de
bronze trouvée en Sicile 1 ; le plastron est orné ou ren¬
forcé de trois disques en bosse. Une cuirasse semblable
(fig. 4545), venant d’Apulie, est conservée au Musée de
Karlsruhe 2 : le plastron, à peu près triangulaire, échan-
cré au cou, est orné de trois bossettes circulaires et bordé
de petits trous qui ont servi à la fixer sur un rembourrage.
Quatre plaquettes rectangulaires, reliées par des agrafes
au bord de l'arme, étaient rabattues sur les épaules et sur
les flancs. Les représentations d'armures semblables sont
fréquentes sur les vases peints de l’Italie méridionale3;
on ne les rencontre pas ailleurs, ni en Étrurie, ni sur les
monuments romains. On peut se demander cependant si
le pectoral (dont on doit aussi rapprocher des cuirasses
à plaque carrée centrale figurées sur des monuments
étrusques1) n’est pas le xapôiotpéXa; dont parle Polybe8,
qui fut adopté par l’armée romaine.
XXXII. Nous connaissons mal le costume le l’armée
romaine primitive. On sait que, d’après la constitution de
Servius Tullius, les citoyens de la première classe, à qui
leur fortune ne permettait pas d’entrer dans la cavalerie,
portaient, dans l’infanterie, une armure complète ; la
cuirasse en faisait nécessairement partie. Nous ne savons
comment elle était faite. Tite-Live dit0 qu’elle était de
bronze. Celle de cuir était d’ailleurs en usage chez les
Romains, le nom, lorica , commun à toutes les cuirasses,
l’atteste suffisamment, soit que celle-ci fût faite d’un assem¬
blage de lanières découpées se superposant l’une à l’autre,
comme l’indique Varron7, et pareille à quelques-unes des
cuirasses que nous avons vues en usage chez les Grecs et
chez les Étrusques (Voiries fig. 4540, 4541), soit qu’elle
enveloppât le
corps tout d’une
pièce comme
celles des guer¬
riers du tom¬
beau de Paes-
tum dont un est
plus haut dessi¬
né (fig. 4543) ; et
la plaque carrée
que l’on remar¬
que sur la poi¬
trine pourrait
être le xapoio^û-
Xafj que, d’après
Polybe 8,les hastati , les principes elles triarii ajoutèrent à
leur cuirasse : cette plaque était de bronze et de trois quarts
de pied en hauteur et en largeur. La cuirasse de cuir ne
parait pas avoir jamais été abandonnée : elle fait partie du
costume d’un légionnaire de la fin du Ier siècle ap. J.-C.,
dont l’effigie a été conservée [legio, fig. 4414] ; on l’y voit
' Au Louvre, Longpérier, Bronzes antiq. u. 93. — 2 Schumacher, Bronz. v.
Karlsruhe, pl. un, 1 4, p. 138, 713. Voir aussi Walters, Bronz. Brit. Mus. p. 350,
2845 (Ruvo). — 3 Fiorelli, Vasirinven. a Cuma, pl. xii ; Milliu, O. I. I, pl. xi.î ;
Tischbein, O. I. V, pl. i.xix et c; Walters, Vas. Brit. Mus. IV, F 197, p. 101 ;
F 241, p. 115, 116; F 242, pl. ne, 2, p. 116; cf. p. 20, préf. ; Boem. Mittheil.
1896, p. 266. — 4 v. p. 1312, note 1. — S VI, 23. — 6 I, «. — 7 Ling. lat. V, 116.
— 8Z. — 9 Sur ce point, cf. Hübner, Hermes 1881, p. 307. — 10 Frflbner, Col.
Iraj. pl. xxvii, xxxi, lxvii, etc. ; voir encore aeou-a, fig. 18; équités, fig. 2748, 2749.
— il Voir aussi le tombeau J un signifer au Musée de Bonn, Lindenschmit,
/ /.*•' s/\
Fig. 4546. — Cuirasse de cuir, u' siècle ap. J.-C.
LOR
munie d’épaulières, d’où deux rangs de lanj,.,.
descendent sur le haut des bras, des lanièr découpJ
couvrent aussi le haut des cuisses0. Au uoI^.S]eml)lill)1es
contre de nombreux exemples de la cuirassé]6’ 0nren’
les colonnes et les arcs triomphaux : elle ' ' CU'r’ %
des cavaliers (fig. 4546), par des troupes de pLprl?e'#Il
armées et par des officiers de différents grades^T
Mais ce n’est pas celle qu’on y observe le PU,
ment. La cuirasse de l’infanterie légionnaire est d -! e<ÏUem' '
celle que les antiquaires modernes ont appelée i m"'11'8
connaître le nom ancien, lorica segmentatà (v J
remarque d’abord dans cette armure, c’est une
lames de fer12, se superposant de telle façon qtie in ï
inférieur de l’une couvre le bord supérieur de l'autre 1
assez flexibles pour se prêter aux mouvements du cor J
Les unes, enserrant la taille et le bas de la poitrine peu-'
vent s’ouvrir à l’aide de charnières placées, au milieu da
dos (fig. 4547); les autres, couvrant les épaules, soi
fixées devant et derrière par des boutons. Mais ces lamesne
constituent pas à elles seulesla cuirasse, elles s’appliquent
sur un corselet de deux pièces, lesquelles se joignent sur la
Cuirasse de l’infanterie romaine, 11“ siècle ap. J.-C.
poitrine, où elles sont attachées par des boucles, et sont
munies de charnières, derrière le dos, qui leur permettent
de s’écarter. C’est ce qu’on voit nettement dans les figures!
4547, 4548, tirées des bas-reliefs de la colonne Trajane11.
On peut reconnaître qu’il s’agit de simples soldats, da-
près les travaux auxquels sont souvent occupés ceux
qu’on voit ainsi armés. On ne saurait dire, dans léta
actuel de nos connaissances, à quel moment précis cett
cuirasse fut adoptée pour le miles gregarius.
D’autres cuirasses continuaient à être portées dans I
même temps : d’abord la lorica de cuir, comme on ucu
de le voir (fig. 4546); puis des cuirasses tout en me j
ou en métal recouvrant une enveloppe do mir
d’étoffe résistante. ,
XXXIII. La cuirasse droite, de deux pièces, le ^
oioç des Grecs, à épaulières et lambrequins, ^
l'a vue figurée sur des monuments de la 1M put ré-
nistique14, s’est conservée chez les Romains,
servée aux officiers qui exerçaient un ^m-iout à
ment, aux tribuni , aux legati [legio, lig-11- ' ’ ^ poDl
l 'imperator : c’est celle que porte (fig- j’jmiau
tius Ahenobarbus, sur la frise de 1 autel, uuj
. ^ 3aiinids^,|
Alterth. unser. heiiln. Vorzeit, I, H> 6. 1 ,.ue |(- mél*'
Denkmaeler , p. 2055). - «2 M. A. Millier a bien aW I ^ p. 01*
être le fer, eu s'appuyant sur des lextes anciens ( rorl.eis conte*11*11’
suiv.). Ajoutez Isid. Or. XVIII, 13 : « Lorica solis c,rc , xn et
— 13 D’après la photographie : voir Cichorius, Traj. • , 2066. [ J
Frôhner, Col. Traj. p. 82, et A. Muller, dans Baumeis cr, _ ■ Naples K '
haut les fig. 1492, 4415, 4416, 4418. - » Statuette du Musée ^ ^
fig. 2762); mosaïque de Fompéi (fig. 43521), ^as IC
von Pergamon , II, pl. xliii, xlv, xlviî.
— 131 S —
LOR
1-%W
ï ... J*
I Fjg. 4549. - Cuirasse
d'un imperator, i" siè¬
cle av. J.-C.
LOR
aui fut dédié dans la deuxième moitié
Musée du Louvre: i . et nous la voyons se perpétuer
K r siècle av. • » la fin de l’Empire 2 (Voir
balteuSj fig. 775). Les statues des
empereurs dites loricatae nous
l’ont fait connaître dans tous ses
détails (Voir §§ XXVI et suiv.).
On la retrouve traitée avec plus
de simplicité dans les bas-reliefs des
colonnes de Trajan et de Marc-Au-
rèle et sur les autres monuments
où l’empereur est représenté en ac¬
tion, dans, son costume de guerre3 :
là sa cuirasse ne diffère en rien de
celles de l’état-major qui l’entoure.
Elle est unie. Les lambrequins con¬
sistent en lanières de cuir, plaquées
de métal et frangées; tous les offi¬
ciers, y compris les centurions, en
portaient de semblables, attachés
I « cuirasse de cuir ordinairement couverte «l'écailles.
II „ous reste à parler de ces cuirasses à écaillés ainsi que
des cottes de mailles.
Les unes et les autres
furent portées par les
Romains sous la Répu¬
blique et sous l’Empire.
XXXIV. La cuirasse
ou cotte de mailles, faite
de chaînons de fer ou de
bronze (ex anulis ferrea
tUllica \ Qwpaxeç i\ àXu-
(tscov6) engagés les uns
dans les autres, nous
est connue par quelques
Fragment d'une colle de mailles. déblÛS enCOl’C Subsis¬
tants et par d’assez
nombreux monuments où elle est représentée. La
Dgure 4550 reproduit un fragment trouvé à Mayence, avec
beaucoup d’objets ro¬
mains, et conservé au
musée de cette ville6;
la figure 4551, quel¬
ques maillons appar¬
tenant au Musée de
Kiel 7 ; on en remar¬
quera la rivure. Les
maillons s’appelaient
Kami 8. Leur enchaî-
- pas toujours simple comme dans l’exern-
Ln^ V ' 11 a S°US ^eS y°ux • ds pouvaient s’insérer l’un
C\ lre par un double ou triple anneau [cf. câtena,
r ” ■ dnfi. par analogie avec les lisses ( licia ) où
^ j
Fig. 4550. ■
( F'g. 455|.
Chaînons d'une cotte de mailles.
nement n’était
n a s
e pai
d’où.
I* Olarac. MUSl:„ »
Voit le dipi, ' *C' ccxx,i cccxtii; Furlwangler, Intermeasi , 1890, p. -40.
slaiiiç co|ossa^ ■ )"' 11 aonorius [cingulum, fig. 1502], C’est colle qu’on voit sur la
iVodosc ei „ « a' ° a’ (lans luqiielle on a reconnu successivement Constantin,
3 Voir par excm u *’iac''us' Voir Friedlander, Arch. Zeitvng, 1860, n. 136.
P'- 'ii; Frô]nu>r r ' ',as''’c*’ef du Musée du Capitole, Bartoli, Admiranda Rom.
Selon Varrôn dl ^ XXXVI> LYI, lxxxvi et s. — 4 Varr. Ling. lat. V,
Fergain(^ AhPrl, ' ' lUl lles Uaulois ; comp. les cottes de mailles des bas-reliefs
I circu<'s ferre!, J /' ,a"S Per9<™°n, II, 44, 46 ; cf. Isid. Or. XV11I, 13 : « Lorica
I fkidn v, ' ™lexl& ». " -
,!,i Vor;ei I \ i > 'V ' h 133. — 6 Lindenschmit, Alterth. uns.
«J'*"’ î), fragment e' i''’ V°lr enco,,e ^id. 2 (c= Bonstetten, Antig. Suiss.
I (l"a0'iiiinoi/ ""nxp trouvé à Avenches. — 1 Lindensclimit, Tracht und
l'O/H // , Li»vuu3. îmititusuimu, * '
eeres ■ “raunschw. 1882, pl. xit, 12. — 8 Serv. ad Virg. A en.
entre le fil, dans le tissage des étoffes [tela], les expres¬
sions bilix et trilix appliquées à la trame de métal
( loricam consertam hamis auroque trilicem 9). C’est une
cotte de ce genre que
portent, sur le monu¬
ment déjà cité10 du
Louvre, les cavaliers
(fig. 4552), probable¬
ment de la cohorte pré¬
torienne, qui assistent
à la cérémonie des
suovetaurilia ; leur
costume et leurs armes
sont ceuxque Polybe 11
décrivait déjà un siècle
auparavant. La lorica
hamis conserta se re¬
trouve sous l’Empire,
figurée sur le tom¬
beau d’un porte-ensei¬
gne t2, elle se rencontre
fréquemment sur les
bas-reliefs des colonnes et des arcs triomphaux u.
XXXV. La cuirasse à écailles ( lorica squamis con¬
serta ou concatenata^), était faite d’écailles de fer, de
bronze ou de corne ; des écailles en os sont conservées
au Musée de Naples is. Celles-ci sont liées les unes
aux autres au moyen de fils de métal passant par
des trous placés en
haut, de chaque
côté; cette attache
n’est pas visible
quand les lames
sont réunies, le
bord inférieur de
chaque rangée cou¬
vrant le bord supé¬
rieur de la rangée
suivante (fig. 4553).
On peut voir ail-
leiirs[CATAPHRACTA]
des écailles disposées d’une manière analogue, por-
venant des tombeaux de la Russie méridionale. Les
lames pouvaient être aussi cousues ou rivées sur du
cuir, ou sur une autre étoffe consistante, et toujours
posées en imbrication, comme les écailles d un reptile
ou celles d’un poisson. On a vu que les Grecs avaient
déjà des termes spéciaux, XetuSwtôç, cpoXiowTÔç, pour
distinguer les cuirasses, suivant que les écailles res¬
semblaient davantage à celles d un serpent1” ou à celles
d’un poisson17. Les Romains en avaient un autre, lorica
plumata , qu’un historien applique18 aux armures
d’écailles dont les Sarmates se couvraient tout entiers,
III, 466 : « hamis catenis vo circulis siguiûcat ». — 9 Virg. Acn. III, 467 ; de même
V, 231 ; XII, 375; Sil. Ttal. II, 401; V, 140. — 10 Voir note 1. — u VI, 23.-18 Lin-
dènschmit, Alterth. I, 4, 6, 1. - *3 FrOlmer, Col. Traj. pi. xeix et passim ; Peter¬
sen, Marcussaille ; Barloli, Arcus r et. p. 43 (voir galeà, fig. 3468). — H On
trouve l’épithète squamosa (Prudent. Bamart. 423), mais squamata, aussi bien que
hamata, n'a été appliquée à lorica que par les modernes. Isidore, Or. XVIII, 13, 2,
dil simplement « squama, ex laminis ferreis aul acreis concatcnata ». — 13 Mus.
Barbon. V, pl. xxix, 5. — m Cf. Prud. L. I.; Ovid. Met. III, 63. — n Isid. L. I. :
« in modum squamae piscis ». Lucullus portait une cuirasse ooIiSutoî à Tigrano-
certe Plut. Luc. 28. Voir pour celle de Flaminius à Trasimène, Sil. liai. V 140.
— 18 Justin . XLI, 2 ; de même Virg. Aon. XI, 770 : « pellis ahenis in plumam squamis
auro conserta »
Fig. 4552. — Cotte de mailles, ier siècle av. J.-C.
LO R
— 1316
LOU
Fig. 4554. — Cuirasse à écailles.
eux et leurs chevaux, et qui convient également à des
cuirasses figurées sur les monuments, dont les écailles,
ii nervure médiane, imitent les plumes d’un oiseau.
Nous en donnons pour exemple celle d’un des tro¬
phées dits de Marius, da¬
tant probablement du temps
de Domilien 1 (fig. 4554) ;
cette cuirasse est sans épau-
lières, mais garnie de lam¬
brequins très ornés comme
on en voit aux cuirasses im¬
périales. Du reste, dans
plusieurs de leurs portraits,
les empereurs sont revêtus
de la cuirasse à écailles 2.
11 semble qu’elle ait été
portée par des officiers de
tous grades ; car, tandis que
les monuments du n° siècle
montrent, comme on l’a dit
plus haut, la cuirasse qu’on
, est convenu d’appeler seg-
mentata, seule à l’usage des légionnaires, la cuirasse à
écailles fait partie de l'armure des centurions sur la
pierre de leurs tombeaux [legio, p. 1071] et sur d’autres
monuments 3 (fig. 4555) ; elle appartient aussi à des
signiferi , à des cavaliers, auxiliaires ou légionnaires
équités, fig. 2735, 2741] 4, en tout
cas aux cavaliers prétoriens; car on
sait, par le témoignage de Dion
Cassius 5, que les prétoriens eurent
la cuirasse à écailles (ôuipaxaç toù;
XeTuowToùç) jusqu’au règne de Ma-
crin, qui les en débarrassa sous pré¬
texte de les rendre plus légers dans
le combat. La cuirasse cependant
resta en usage au me et au ive siècle :
Végèce 6 semble l’appeler indifférem-
ment lorica eicataphractu. Le même
auteur dit 7 que les soldats amollis
du Bas-Empire'ne demandaient qu’à
être soulagés du poids de la cuirasse
et qu’ils ne la portèrent plus à
partir du règne de Gratien.
Les cuirasses écaillées que l’on voit longtemps après
sur des monuments du Bas-Empire et de Byzance ne sont
pas seulement un souvenir de l’ancienne armure romaine,
elles appartiennent aussi bien à l’armure des Barbares de
l’Orient et du Nord [cataphracti], que les Romains con¬
naissaient depuis longtemps pour l’avoir vu porter par
l Helbig, Führer, 2e éd. 1899, I, p. 259. — 2 Par exemple Septime Sévère,
Mus. du Capitole , n» 59 ; Gordien Pie, au Louvre, Mongez, conogr. pl. i.nr,
U. _ 3 s. Bartoli, Y et. arcus, p. 26 ; Frôlmer. Col. Traj.passim. — '* Pe¬
tersen, Marcussaüle, pl. xi, xv, ix, etc. — 5 LXXV1II, 37. — 6 II, 14 et la.
— 7 ], 20. — 8 On les voit déjà sur la colonne Trajane. — 9 Voir sur ce sujet
J. Bekker, Grabschrift eines rôm. Panzerreiteroffisiers, Francf. 1868, p. 20 et suiv.
— 10 Herodol. II, 47; Aeschyl. Sept. 32; Diod. Sic. XVII, 44; Caes. Bell. gall. V,
40; VII, 72; Tacit. Hist. IV, 37 ; Veg. IV, 23; cf. Hesycli. O.içat • itùçyoç.. 7-wptxtov ;
Etym. magn. et Suid. s. v. - 11 Ath. Math. éd. Wescher, p. 6. —12 Diod. Sic. XIV,.
51. — 13 Autour d'un terrain réservé, Amm. Marc. XXIV, p.32; autour d un tom¬
beau, Corp. inscr. lut. ; cf. Promis, Vocab. lat. di architettura, p. 124. 1 1 ■
8 cl 9. — 15 Poil. Onom. I, 145. — 1® Hesycli. ...a^a.pSo^ti'i.a.i. — Biblio¬
graphie. Demmin, Die Kriegswaffen in ihrer histor. Entwiclclung, 2e éd. 1885;
Hermann-Droysen, Heerwesen und Kriegsfürung d. Grieehen, 1889, p. 4 et suiv. ;
Hübner, Augustus Marmorstatue des Derliner Muséum (1868, 28' Winckelmanns-
programm); Donner Studien, Ayfsaetzc B. Kekulé gewidmet, 1890 (v. Rohden);
A Miiller Stud. : Lehre d. Bewaffnung rôm. Legionar. in Philologue, XL,p 221
Fig. 4555. — Cuirasse à
écaiUes.
des auxiliaires qui combattaient à côté d’
prirentdans l’armée une importance toujours * * 01
XXXVI. On a aussi appelé Qwpobuo^ ravinur’^ 1
donnée quelquefois aux éléphants [elepu as tut
Par extension, les mots ôwpodj, etopobeuv, . '
loricula ont été appliqués à toutes sortes d’ou\r ^
défense d’un lieu fortifié, murs, remparts, parapei^V6
sades ou mantelets qui protégeaient les machiiK-^ i
assiégeants 10 ou derrière lesquels manœuvraient J
gés 11 ; et aussi au pavoi de la gabie servant de posteàB
marins au haut d’un mât [carchesium, p. 92o n pujs 1
appela lorica tout mur, toute barrière formant clôture n*1
Vitruve 14 appelle lorica l’enduit dont une murailleest
revêtue.
©■/)p«î est le nom de la pièce circulaire du moyeu dans
laquelle s’engagent les rayons d’une roue15. C’est aùssila I
sertissure d’une pierre servant de cachet10. E. Saguo
LORICARIUS. @ojPaxo7tûiôç L Fabricant de cuirasses
La fabrication des cuirasses (OwpaxoTtoîa) 2 dans l’anti¬
quité formait une branche particulière de l’industrie • elli
était florissante à Athènes 3. On voit quelles en étaientles
règles et les difficultés par une conversation de Socrate
avec Pistias, ouvrier d’Athènes connu pour y exceller1,
Quoiqu’on vendit des cuirasses toutes faites, il était bon
de prendre mesure lorsqu’on voulait qu’elles fussent
parfaitement adaptées à la conformation du client, et
c’était justement par son habileté à saisir les proportions
du corps et à les rendre dans ses ouvrages que Pistias
surpassait ses confrères. Chez les Romains, il y avait des
fabricae loricariae attachées au service des armées*.
Sous le Bas-Empire, lorsqu’on créa les monopoles et les
fabriques impériales, il y eut des fabricae loricariae et
clibanariae , entre autres à Autun, à Crémone, à Man-
toue, à Antioche, à Nicomédie et à Césarée0. G. Lafaye.
LORUM. 'Ip-àç. Courroie. — Nous ne pouvons que ren¬
voyer aux articles où sont expliqués les usages auxquels
les courroies étaient employées chez les anciens (Voil
aussi corrigia]. Les principales acceptions du mot danj
les textes sont les suivantes :
1° Rênes, guides pour conduire les chevaux iiabenaej j
2° Laisse de chien5. Nous en avons des exemples assa
nombreux sur les monuments où sont i <']■■
chasseurs [copula]3. - ,
3° Bulle en cuir des enfants plébéiens [uullaJ •
4° Courroie adaptée aux bâtons d une ld" 11 11 au
5° Courroie qui servait à suspendre ^ '|‘l|)OTteur«
milieu, d’une perche reposant sur lépu'1
[phalangae]0. . timon et aux
6° Courroie pour assujettir le joug au
cornes des bœufs [jugum] '.
, S V. VTt*/i
et s. ; XL VII, p. 514, 721 et s. ; Id. dans Baumeister, Poil- !•
LORICARIUS. t Corp. inscr. lat. H, 33o9; Gloss. ^ ic|jaD. Yaf. I“sl-
Dio Chrys. Or. LXXVII, p. 653 M. - 2 Poil. VII, io»- ' , Xcnopl,
24; Poil. I, 149; Bull, de corr. liell. 1879, p. J > „ 3 ■ Orient
10, 9. — U Vcget. II, 11. — « Notit. dign ., Occid. . - ^ b. Gri* 11
26, 28 ; Bliimner, Technologie u. Terminologie < ■ ’fu ^es ts
u. BOmer, 1, 272, n.3; IV, 36. , n. 8 et 9 ; Bull, de la Soc. ^
5. Il; Virg. Geo. 1, 106;
IV#»1
France, 1877, p. 200.
LORUM. 1 Cic. Harusp. resp. H XViS .
Am. I, 13, 10; III, 2,72; Met. H, 127, Î00 ; B »■ •_' vl„, .11
— 2 Lucan. IV, 444; Senec. Thyest. 497; Pbo- 1 ' ^ gi; Rid1,
Gyneg. 213. 3 Santi Bartoli, *drrfTafda ' dei
antiq. s. v. ; Bellori, Pitture antiche del sepo
GraW
[lict- P!!l
Mus- 1
ire antiche dei sljju ■ ‘
chaeolog.Zeit. 1883, pl. 7, 3 et pl. 9, 2 ; Benndorf ^ ^ Àn't. DM»- in ^ 0X111,
i}ûW,,n.29il;Dut hk
Matz-Üuhn, Ant. Bildw. in - „l245,
III, p. 32, n. 09; Helbig, Wandgem. Campan. n. . ■ - - . et8.
4,10; Juvcn.V, 164. - B Mari. II, 57. -°VltrUV'A’
Viti'“T'
LOU
• rin reste [pugilatus] •
Courroie d.“° l„„a,„üS].
g- Éirivières
90^inlUîp (le'li^ou de chaise [lectus, sella]3.
lü° banf de cuir qui faisaient partie d'un vêtement ou
recevaient quelquefois une décoration art.s-
d',,“ “Slfe.. peut juger par la. figure «56‘. Elle «pré-
Uq ‘ment de courroie conservé au musee de Karls-
! sente.U! '0 vient d’une tombe étrusque et date à peu près
ruhe j it I11 1 1
— 1317 — LOU
du in0 siècle avant notre ère; il mesure (>“■,07 de largeur.
Si ce n’est pas un débris de ceinture, celte pièce a peut-être
orné une boite ou un meuble. Les dessins géométriques
et les figures dont la surface est couverte n y ont pas été
imprimés, mais incisés avec un instrument tranchant.
11° Au ni0 siècle de notre ère, on a commencé à désigner
sous le nom de lorum (Xoipov) ou de lorus les galons
( institu , limbus ) qu’on cousait sur les vêtements; on en
formait des bordures qui pouvaient avoir de un à cinq
'Kjfï'YfyQs.
m-
4\ " ^
mr
I 'y 'r
■
r>
. j.
Fi». 4556. — Cuir orné de dessins incisés.
rangs ;
, . (j’où les noms de yixt ove; Xiaptoxof, vestes, interulae
monolores, dilores, trilores,pentelores s.
i 12° Cordon de vignes6. Georges Lafaye.
LOUTER, LOÜTERION (Aooxvjp, Xouxijpiov). — On a déjà
vu aux articles balneum (p. 651, 656) et labrum fp. 881)
• que les larges vasques, généralement montées sur un pied
liant, dont on se servait pour les ablutions dans les bains
et dans les palestres des Grecs, portaient le nom de Àou-
tî,:eç ou XouTTjpia1. Athénée mentionne un de ces meubles,
| en marbre de Taormine, ayant une capacité de cinq
métrètes, environ 200 litres 2. L’Û7rcîffxaxov, dont il est
■ question dans certains textes, est le pied de la vasque3.
Pollux l’assimile à l’bXxaïov, grande bassine où on lavait
la vaisselle4. Le Xourqp et leXouxvjptov trouvent place dans
les inscriptions3 et l’expression àXeéj/a; èx ÀouxVjpojv carac-
I térise souvent le don de quantités d’huiles amenées dans
les vasques des palestres et offertes gracieusement par
! un particulier à la ville. Il est d’ailleurs possible que Xou-
I x-qp eUoimjptov ne s’appliquent pas toujours à de grands
I récipients comme ceux que nous venons de rappeler
I (fig. 718, 749, 4341, 4312). La large extension donnée à
I tous ces termes antiques permet sans doute de com-
| prendre sous les mêmes noms des vases de capacité
I médiocre, car Athénée compare le Xoimjptov au cotyle6,
I sorte de canthare ou decyathos [cotyla, fig. 2035], et le
mot latin labrum , qui correspond le mieux à Xoux-qp,
Bdésigno egalement une variété du canthare (fig. 4314).
I la baignoire parait avoir été réservé le mot 7tusXo;
| [pyélos] et au bain de pieds celui de ™8avnmqp [pellu-
'Uii . Dans une inscription chrétienne, les fonts baptis¬
maux sont appelés Xouxvjp \ E. Pottier .
L06TROPIIOROS(Aouxpo cpôpoç) . — Vase servant à porter
eau du bain. Ce vase était en usage dans les cérémonies
nuptial os et dans les rites funéraires. Il figurait parmi les
— 4 j/ **’ '■ ~ ' Mart. VI, 21. — 3 Cat. R. r. 10, 5; Hor. Epod. 12, 12.
Bvonzen laî”"01’ ^!e ® ’’oss • Vad. Alterth. Samml. in Karlsruhe, Antike
mâcher ^ ’ ^'(ani, jWi,s. Uni. di antich. class. 1, p. 327, note 3; Scllu-
Ciiie jm y '' ^ 1890, p. 7; Bronzencatalog. n. 1147; Eine Prünestin.
46, *7, Bonds \~U ^ar^sru^le> Heidelberg, 1891, p. 49. — 5 Vopisc. Aurelian.
— 8 Pi;n ii 1 S| ■' m a i = c , ad h. I. ; Artcrnid. Onirocr. 120;Anastas. Gregor. 4.
d’Anaxilas cd|f * 4>°a ' Onomast. VII, 167; Hesych. s. i\ louzr^ia.. Un
Clorait faire croir ^°^ux lv toï; {iaXavetoiç où -ctOe-cai AO-jTqçta, sem-
c°nunc le roman ?'• °U 110 ^a«a^ Pas de dans les salles de bains. Mais,
lc*te, quc MOus JJ!* *ustemcnt Becker ( Chariklès , édit. Goell, III, p. 103), le con-
I*eu*- pas être inn!, ^&S’ ^evait expliquer le sens exact de la phrase, qui ne
•‘bliitions dans les l"" ' °mme arSumcnt contre la présence si naturelle de vases à
^ endroit où Sonj ?lns" I^us> nc pourrait-on pas corriger, ou ti'ÔExai Xoucqpia, à
Placées les vas, pies? - 2 Athen. V, 42, p. 207 F. - 3 Poil. X,
cadeaux offerts à la fiancée, et c’était l’emblème que l’on
plaçait sur la tombe des jeunes gens morts avant le
mariage. Les définitions qu’en donnent les lexicographes
grecs trahissent une certaine contradiction, causée par
l’équivoque qui peut s’établir entre le vase et la personne
à qui était dévolu le rôle de le porter dans les céré¬
monies nuptiales ou funéraires1. Pour Pollux, le mot
loutrophore désigne lajeune fille qui portait l’eau du bain
de la fiancée (xai Xo’jxpà xiç xouîÇouaa Xouxpocpdpoç) 2 ; il inter¬
prète la loutrophore funéraire comme une statue de jeune
fille tenant un vase qu’on plaçait sur la sépulture des
morts non mariés (ayagot)3. Harpocration donne une dé¬
finition analogue, avec cette différence que la statue funé¬
raire aurait représenté un jeune garçon tenant une hydrie
(xoOxo os 'qv 7iocï<; ôooiocv ’éytov) 4. D autre part, Hésychius et
Eustathe entendent par ce mot le vase qu’on posait sur
la tombe des jeunes gens qui avaient été privés des
joies du mariage 5. Cette dernière explication est la vraie 4
et elle est justifiée par le témoignage des monuments.
Ceux-ci nous apprennent eux-mêmes que la loutrophore
était une grande amphore de terre cuite peinte, et qu’elle
avait un usage à la fois nuptial et funéraire.
I. Usage nuptial. — C’étaitla coutume, en Grèce, d’ap¬
porter aux fiancés, avec une certaine solennité, l’eau du
bain nuptial1. Les Athéniens employaient, pour cet
usage, l’eau de la fontaine Kallirhoé; ailleurs, on puisait
l’eau dans le fleuve qui arrosait le pays 8. La cérémonie
de la loutrophoric avait lieu sans doute la veille du
mariage ; le vase qui contenait l’eau du bain était
apporté soif par un jeune garçon appartenant à la parenté
la plus proche de l’un des deux fiancés, soit par une jeune
fille. Pai; suite, ce vase, c’est-à-dire la loutrophore, était
considéré comme un symbole du mariage. On connaît
aujourd’hui une série assez nombreuse de ces vases. Le
46- Pausan X, 26, 9. — * Corp. inscr. gr. 2820, 3616, 3617, add. 3847 6, 38/ 1 6;
Athen ische Alitthe i lungen, XVI, p. 145.-5 Poil. X, 78 ; voir gvmxas.im, fig. 1668.
- G Allicn. XI, p. 478 u ; cf. p. 486 c. — 7 Corp. inscr. gr. 8758.
LOUTROPHO llOS. l Pour la critique de ces textes, voir llerzog, A rch. Zeit.
1882, p. 137 et suiv. — 2 Poil. III, 43. — 3 Poil. VIH, 66. — 4 Harpocr. s. r.
Xout çoydjoî, Xiutçoçoçsïv. — 5 Hesych. s. v. Wfosifo; et Xt64«? ; Eustalh. Ilias, Ç,
121. _ « M. Furtwaengler admet cependant que le type de lajeune fille ou du
jeune garçon portant la loutrophore a pu exister dans la statuaire funéraire des
Grecs {Coll. Sabouroff , notice de la pi. Lviii-ux). Cette opinion a été combattue
par Wolters, Atli. Mittheil., XVI, 1891, p. 386. Pourtant, l'hypothèse n'est pas
inadmissible. II est certain, tout au moins, que le mot Xoutçoçoço; désignait quelque¬
fois une personne; plusieurs prêtresses portaient ce titre (Paus. I, 10, 4 ; cf.
Wolters, Jalirbuch des arch. Inst., 1899, p. 133). — 7 Blümucr, Griech. Pri-
mtalterth. p. 270; cf. P. Sticolti, Zu griech. Hochzeitsgebràuchen, Festschrift
fur Otto Benndorf, p. 187. - » Poil. III, 43 ; Hesych. p. 121, 25.
166
LOIT
— 1318 —
LOU
catalogue qu’en adressé M. Wolters, en 1891, ne compte
pas moins de trente-quatre numéros 1 .
L est une amphore d une forme spéciale. Dans la
seconde moitié du ve siècle, avec le progrès de la fabri¬
cation céramique, les caractères d’é¬
légance se sont accentués, et le vase est
remarquable par l’allongement de la
panse et la hauteur du col très effilé2.
Les sujets qui décorent les loutrophores
à figures rouges du type le plus récent,
sont en général des scènes représentant
les cérémonies du mariage : sur l’exem¬
plaire du musée de Berlin dont notre
figure 4557 reproduit la forme, c’est le
départ (usôoooç) de la jeune épousée et sa
réception dans la maison de son mari 3;
sur un fragment du musée d’Athènes, où
la scène se recommande par une grande
beauté de style, l’époux tend la main à
sa jeune femme, tandis qu’un Éros
jouant de la double flûte vole dans le
champ 4. Ces sujets finissent par sup¬
planter les scènes funéraires qui déco¬
rent exclusivement les loutrophores de
style plus ancien. On verra plus loin
quelles raisons ont déterminé ce chan-
phore.
gement.
Vases* de luxe, dépourvues de tout
caractère d'utilité quotidienne, les loutrophores figu¬
raient parmi les cadeaux offerts à la fiancée. Sur une
pyxis attique du British Muséum, où est représentée
la toilette de la fiancée, on
voit une loutrophore posée
près d’un coffret à bijoux ou
à vêtements5. Un joli frag¬
ment du musée d’Athènes
montre une jeune fille appor¬
tant à la fiancée une loutro¬
phore garnie d’un bouquet
de feuillage de myrte6. Il est
fort naturel que ce vase sym¬
bolique figure dans le cor¬
tège nuptial. Le voici, en
effet, porté par la jeune fille
qui remplit le rôle de Xouxpo-
cpopoç (fig. 4558) ; elle tient
à deux mains le vase nuptial,
et marche devant l’épousée,
toute pénétrée de l’impor¬
tance de sa mission 7. Sur
une pyxis d’Ërétrie, on voit
le cortège des jeunes filles apportant des cadeaux aux
époux le jour des ’E7:owXia8; par une gracieuse allégorie,
c’est un Éros qui porte la loutrophore. Ici la forme diffère
un peu de celleque nous fontconnaître les monuments con¬
servés. Le vase n'a qu’une grande anse 9, et, sur la panse,
1 Wolters, Ath. Mittheil. XVI, 1891, p. 378-384. — 2 Berlin, Coll. Sabouroff,
pi. lix. — 3 /ô., pi. lviii-lix. — > Heydemann, Griecli. Vasenb. pl. x, fig. 1;
cf. notre Catal. des vases d' Athènes, n° 500. Sujet analogue sur une loutrophore
de Berlin, n° 2372, Arch. Zeit., 1882, pl. v. — 3 Dumont et Chaplain, Les ce -
ramiques de la Grèce propre , pl. ix, p. 364, notice de E. Pottier. — 6 Ath.
Mittheil. XVI, 1891, p. 382, n° 21. — 7 Monum. ined. X, pl. xxxiv; Catal.
des vases d’Athènes , n® 503 ; Wiener Vorlegebl. 1888, pl. vm, n° 2. — 8 Deubner,
’Eiz'xjha, Jahrb. des arch. Inst. 1900, pl. u. p. 144 et suiv. — 9 Ce n’est pas
Fig. 4558. — Loutrophore portée dans
le cortège nuptial.
il est muni de deux petites anses qui rannol1
l’hydrie. Il est possible que la forme dès ]'nl celle de
ait varié avec le temps, et que l’ancien type (,U1U]lf0phor(*
ait été évincé par celui du vase à pied et à cou' "n|)ll0re
voit également figurer dans les cérémonies , qu’011
IL Usage funéraire. - D’après les textes "
et d’Eustathe qui ont déjà été mentionnés 11 |
phore était l’emblème funéraire placé sur le tdmh ^
jeunes gens morts avant le ma- audes
riage (ayagoi). Ce témoignage est
confirmé par un passage du plai¬
doyer de Démosthène contre Léo-
charès 12. L’orateur parle du jeune
Archiadès qui est mort célibataire.
« Et la preuve? Une loutrophore
était placée sur le tombeau d’Ar-
chiadès. » Il n’est pas douteux
qu’aux vp et v° siècles, les loutro¬
phores destinées à cet usage fus¬
sent vraiment des amphores en
terre cuite peinte, du même type
que celles qui figuraient dans les
cérémonies nuptiales. Notre figure
4559 en montre un spécimen ap¬
partenant au musée du Louvre, et
qu’on peut dater de la première
moitié du ve siècle, et si les scènes
principales sont à figures rouges,
une zone de figures noires rappelle
encore l’ancienne technique. Le
vase a des proportions élancées,
mais moins allongées que celles
des exemplaires à scènes nuptiales. Le col est plus large,
et il est réuni aux anses par une partie pleine. Sur le plat
des anses et autour de l’embouchure court un ornement
en forme de ruban ondulé; il est permis d’y reconnaître
comme une survivance d’un décor qui apparait souvent
dans les grandes amphores funéraires du Dipylon, où un
serpent modelé en relief semble ramper sur les anses et
autour des lèvres du vase. Les scènes qui décorent les lou¬
trophores à figures noires conservées dans nos musées en
attestent nettement le caractère funéraire i:î. Ce sont des
scènes de deuil, lamentation ou prothésis du mort. I ne
louLrophore de Berlin montre, sur le col, des hommes e
des femmes, faisant les gestes de la lamentation et, sur
la panse, l’exposition (7rpô0e<nç) du cadavre1' . Les sujets
funéraires conservent encore leur place sur les exem
plaires à figures rouges du style le plus sévère. La ou
trophore de Pikrodaphni, au musée d’Athènes, es! 1< < e
d’œuvre du genre13. La scène de l’exposition du niom
autour duquel se lamentent les pleureuses, 1 h ^ ^
avec une rare perfection de style. On peut en 1
la scène figurée sur la loutrophore du Louvre ' !'^
par notre gravure, qui ne le cède guère, poui L
du dessin, à celle d’Athènes 10. | clU.
L’idée qui avait conduit à faire de la louti "p-
Fig. 4559. — Loutrophore à
sujet funéraire.
ici une erreur
du peintre, comme il est permis de le suppose M 1900»
Pottier, dans Dumont et Chaplain, O. I , p. 365, note ^ j(oiini3,lolu^'
pl. u. — H Hesych. s. v. Wcj oeop.s ; Euslalli., Jlias, *•*- j ’ dialogue dresd
’ETtiypaeai p. 101. — 12 §§ 18 et 30. ^ H; Voit- l>:<^ /
par Wolters, Ath. Mittheil. XVI, 1891, p. 378, n“ I 1 ' , Vj 2; Cstol-
pl. i.x ; cf. Wolters, toc. cit. n“ 5-7. - U Mon. ined-, ’ 1 _lf'Co1'
des vases d'Athènes , n° 505. Le vase est très mutiL l ^ ^
lignon, Monum. et Mém. Fondation Piot, I, p'- ' P
LOU
— 1319 —
LOU
, -mire des jeunes gens morts avant le mariage
blême fa"' ‘ lication dans une des pratiques du cére-
trouve son e b ^ ^ bain du mort. Non seulement le
monial.fU!"' dire le lavage du corps, faisait partie de la
bain, c’esl a'( ( dont ies soins étaient dévolus aux
toibîttc Je bain du mort constituait une des
femme® 1 , apportait au tombeau (XÔdvta Xourpà • xi
0ffrfim ''l j^p^evx ' âxopÇov yip M xiç xacpàç Xouxpà) 2.
■flW”*p0 Vppt usage remontait au temps de la civilisation
,E"f 'ancienne. MM. Brückner et Pernice ont démontré
lap , ‘ ,, uids vases du Dipylon à sujets funéraires
T !f comme la forme primitive de la loutrophore 3.
Xcés sur la fosse, très apparents, ils rappelaient le bain
fnnptlrc offert au mort, ét constituaient véritablement le
. a ju tombeau. Il semble d’ailleurs qu’a cette date ce
2e d’emblème ne fût pas le privilège des 5y«|«i, mais
eût un caractère plus général. On offrait, en effet, a tous
les défunts, quels qu’ils fussent, l’eau du bain (Wpa).
Dans l’ancienne nécropole de Ménidi, on a trouvé des
vases montés sur un pied qui sont proprement des
XouT7)pta ’loüter], et les conditions de la découverte per¬
mettent de croire que ces vases étaient déposés, à titre
d’offrande, sur la tombe des ancêtres héroïsés L Les
textes sont d’accord avec les faits archéologiques.
Dans l 'Electre de Sophocle, il est fait allusion à cette
| coutume (Xouxpà irpocæ speiv Tvaxpf) 0 et un passage d Athénée
décrit le rituel usité pour l’offrande de l’aTtovigga 6.
L’habitude de placer sur la sépulture un vase con¬
tenant l’eau du bain (înit-elle, en Attique, par perdre
i son caractère général, et ne fut-elle conservée que pour
les jeunes gens non mariés? Il est possible de l’admettre,
sans que nous puissions dire avec certitude à quelle date
s’introduisit ce changement1. Ce qui est certain, c’est
que, pour les ayagoi, on employait à cet usage la loutro¬
phore, c’est-à-dire le
vase qui était par excel¬
lence le symbole du ma¬
riage. Il est facile de
comprendre quel senti¬
ment dictait ce choix.
Placée sur le tombeau
des jeunes morts, la lou¬
trophore évoquait le
souvenir des joies dont
ils avaient été privés, et
la piété des survivants
leur en donnait au
moins l’illusion.
La loutropliorie avait
sa place dans les céré¬
monies de funérailles,
celles , _ comme elle l’avait dans
par ], u 11,,u'age. Le rite funéraire qu’Hésychius désigne
la pn X|"li,s^n XouTpotpopetv nous est expliqué par
vre« || '" ,(lu' (Ucore le col d’une loutrophore du Lou-
* '^ll- vase est porté par rèyyuxpiffTpta,que
-•üd '"3A— ,/>a,’o
j u"- La loulrophorie dans une scène
funéraire.
’oemiographi graeci, éd. Leulscb, II, p. 51, 92.
eü., XVIII, 1893, p. 73-191. — 4 Wolters, Jahr *
Wolters / P’ 133etsuiv- — eSoph. Electr.,V, 431. — 6 Alhenae. IX,
"ji| h p. 55, pg a loc.cit.p. 133. — * Monum. et Mém. Fondation
jaSmcnts en ^ta|pnj . Furtwaengler pense qu'il était brisé, et que les
’ Wolters a eomb.ii ' ^ HU *°sso’ Coll. Sabouroff , notice de la pl. i.vi"-"v
°Pini°n’ A,k ■ mtth“iL P- 380-300. - >0 .......
« -desv asesrl’ Athènes, n° 200 bis -, Wolters, Ath. Mittlieil.,
—v.™,. - - ‘ aroemiograr.
i,T
'"gments
Fig. 4501. — Loulrophorp sur une tombe.
Mon.
suit une pleureuse faisant les gestes de la lamentation, et
il accompagne le mort jusqu’au lieu de la sépulture.
Après l’ensevelissement, il est placé sur la tombe". Une
loutrophore à
figures noires
du musée d’A-
thènés le mon¬
tre posé sur le
tertre du tom¬
beau, de cha¬
que côté du¬
quel se tien¬
nent des pleu¬
reuses 10 (fig.
4561). Sur unlé-
çythe du même
musée, trouvé
à Ërétrie on
voit une am¬
phore à deux
anses posée sur
un socle, et à
côté une femme
portant la cor¬
beille qui con¬
tient les offran¬
des funéraires. Il est permis d y reconnaître la lou¬
trophore marquant l’emplacement de la sépulture. Au
reste, les grandes dimensions de ces vases, le fait que
le pied est toujours creux et évidé 12, comme pour rece¬
voir un support, confirment l’hypothèse suivant laquelle
il convient de reconnaître dans la loutrophore le monu¬
ment funéraire qui décorait le tombeau.
Il est remarquable que, dans les loutrophores en terre
cuite peinte, les sujets funéraires disparaissent a une
certaine date pour céder la place aux scènes nuptiales13.
Ce n’est pas à dire quelles perdent leur caractère d’em¬
blème funèbre. Comme les plus anciens, les vases à scène
de mariage ont été trouvés dans les nécropoles attiques,
et il est probable que l’on continue à le déposer à titre
d’offrande, sur la tombe des ayagot, comme on déposedes
lécythes au pied de la stèle. Seulement la loutrophore
cesse d’être proprement le monument funèbre. Pour la
décoration des tombeaux, on emploie une matière plus
résistante et plus durable que la terre cuite, c’est-à-dire
le marbre. On s’explique ainsi que les potiers aban¬
donnent la fabrication des loutrophores funéraires, pour
exécuter surtout des vases destinés aux cadeaux de
mariage.’ Il semble que l’usage des loutrophores en
marbre, destinées aux sépultures, s'introduise dans le
courant du v° siècle. C’est certainement un monument de
cette nature que Démosthène signale sur la tombe du
jeune Archiadès.
Quelquefois le vase est sculpté en ronde bosse. Le
musée d’Athènes en possède plusieurs exemplaires. Celui
qui est reproduit par la figure ci-jointe offre un spécimen
XVI, p. 379; cf. art. i-umjs, fig. 3345. — U Wolters, loc. cil. p. 380. — 12 M. Erwin
Rhode (Psyché, § 292, note 1) rapproche ces vases sans fond des htiXilf JSjeïi! des
Danaïdes qui sont, elles aussi, des â-jagoi. 11 pense que l'acte qu' elles accomplissent
dans le monde infernal est en rapport avec les cérémonies du mariage; c'est comme
une loutrophorie éternelle; cf. Kuhnert, Jahrbuch des arch. Inst., 1893, p. 111.
— 13 Voir le catalogue de Wolters, Ath. M ittlieil.. XVI, p. 380 et s. La pro¬
portion des sujets funéraires relativement aux scènes nuptiales est très faible sur
les loutrophores à figures rouges de style récent.
LOU
1320 —
Fig. 4562. — Loulro-
phore t*a marbre.
très élégant de ce type, avec sa panse cannelée, son col
mince et élancé qui jaillit hardiment entre deux anses à
volutes ornées de feuillage d’acanthe 1
(fig. 4562). Par leur forme, par leur
aspect, ces vases se distinguent des
autres vases funéraires en marbre, des
léeythes, dont l'usage ne semble pas
avoir été limité à une catégorie spéciale
de sépultures. D'autres fois, la loutro-
phore est sculptée en relief sur la
stèle2. M. Milchhoefer a contesté que
cet emblème fût réservé aux jeunes
gens non mariés, en alléguant que les
inscriptions mentionnent parfois des
\ noms de personnes qui, manifeste¬
ment, étaient mariées, et que la lou-
trophore est souvent décorée de sujets
en relief appartenant aux types cou¬
rants, comme la scène de la poignée
de mains, ou la réunion de famille 3.
En réponse à ces objections, M. Wol-
ters a fait valoir des arguments très
plausibles 4. D’abord les inscriptions
des stèles ornées de loutrophores dési¬
gnent très fréquemment des jeunes gens
non mariés 3. Parmi les bas-reliefs qui
en décorent la panse, beaucoup font allusion aux occu¬
pations de la jeunesse : jeune homme jouant à la balle 6,
éphèbe debout auprès de son che¬
val et donnant à un vieillard la
poignée de main d’adieu, etc. 1
Si parfois elles portent plu¬
sieurs noms, si les noms des
parenls y figurent à côté de ce¬
lui d’un jeune homme mort
célibataire s, la raison en est
facile à comprendre. Le tom¬
beau est une sépulture de fa¬
mille. Or, le fils étant mort le
premier, les parents ont fait
sculpter sur la stèle l’emblème
des ayajAot ; et quand ils sont
morts à leur tour, leurs noms ont
été ajoutés sur la stèle. Au
reste, on observe quelquefois
un détail très caractéristique et
^ -lj qui achève de lever tous les
doutes. Il arrive que la loutro-
phore sculptée en relief a subi
Fig‘ 4563‘ stèie°attique!>re SUr ,mC des retouches ; une des anses a
été supprimée, laissant encore
sur le marbre la trace très apparente de ses contours
(fig. 4563). La loutrophore a été ainsi transformée en un
1 Collignon, Sculpt. grecque, II, p. 373, fig. 191 ; cf. Micliaelis, Zeitschrift
fur bild. Kunst, N. F. IV, p. 203, fig. 1-G. — 2 Cf. Att. Grabreliefs, pi. cxcv,
n° 1 006 ; pl. cxcvi, n"* 1003,1004; pl.cxcvii, n° 1009. — 3 Milchhoefer, Ath. Mittheil.
V, p. 176. — 4 Ath. Mittheil. XVI, p. 391, — S Corp. inscr. att. II, 3, 1994; 3, 2203,
2339 ; III, 2, 1339. — 6 Bull, de corr. hell. VII, pl. xix, p. 293. — 7 Percy Gardner,
Sculptured tombs of Hellas, pl. v; cf. Ibid. pl. iv. Stèlede Kalyvia, où le sujet est
une scène nuptiale. La loutrophore y ligure sculptée en relief sur la loutrophore
de marbre. — 8 Ainsi la stèle d’Archédémos, au Louvre. Corp. inscr. att., II, 3,
n“ 1718. — 9 Att. Grabreliefs , pl. ccxxiv, n° 1097; cf. Wolters, Ath. Mittheil.
XVIII, 1893, p. 66. — Bibliographie. Hermann-Blümner, Gr. Privatalterthümer,
p. 270 ; Milchhoefer, Athen. Mittheilungen, V, p. 1 76 et suiv. ; Pottier, dans Dumont
et Chaplain, Les céramiques de la Grèce propre, I, p. 365; Furlwaengler, Collec-
LUC
vase à une seule anse, qui rappelle à pcu rmè . ,
lécythe9. Cela signifie que la tombe a été r f°rme du
d’un ayagoç, puis qu’elle est devenue Ui ' , d cell«
famille. La retouche du marbrier n’a eu i- ^
que d’enlever à l’emblème de la stèle sa si,!., ^ obM
spéciale et trop restrictive. Max. CoLur^," "'lti0nlr°P
LUCAU [msTRio, p. 224 et lucus, p 13S'
LUCER1MA, LYCHMü8(A63fvôs‘, quelquefois^ ,
Le mot latin correspond exactement au mol
deux désignent l’ustensile dans, lequel la hm!^' Tou®
produite par la combustion d’une mèche imbibée d’i ^
ils s’opposent aux mots lampas, fax, candtic, ^7
Aag-Traç, oatç [lampas, fax, candela, ceraI, quiV , ’
quaient aux différents genres de torches ou de flamb PP
L’étymologie commune de lucerna et de doit êfJ
cherchée dans une racine lue , Xux, d’où sont immédiat?
ment dérivés le grec poétique Wtj, aube, crépuscule ct J
latin lux 3. ’ e
On a pu croire, pendant longtemps,
que les habitants de la Grèce primitive
n’avaient pas connu l’usage des lam¬
pes, car dans l’épopée homérique les
procédés d’éclairage au moyen des
torches résineuses et des réchauds
(oatSeç et Xap.7tT-?ip£;) 4, plus souvent en¬
core au moyen du feu allumé dans
l’àtre, paraissent bien rudimentaires,
et c’est avec beaucoup de lenteur qu’on
voit se former un luminaire plus savant.
Pourtant les fouilles de Mycènes ont
prouvé d’une façon irréfutable qu’avant Fi„. 45lil _ candélabre,
l’invasion des Doriens, la Grèce était
déjà en possession d’un système d’éclairage perfec¬
tionné, analogue à celui des temps classiques. Cet élé¬
ment de luxe et de confort sombra, avec tant d'autres,
dans la tourmente d’où de¬
vait sortir un monde nouveau.
Le musée d’Athènes possède
plusieurs grandes lampes de
pierre dont quelques-unes sont
posées sur un support comme
des candélabres (fig. 4364) s et
qui ont été trouvées dans les
tombeaux de l’acropole mycé¬
nienne : la forme est celle de
lampes à deux becs, disposés
aux deux extrémités de l’axe Fig- 45C3- _ u,":
le plus long et largement ou- «ink
verts pour recevoir une grosse meche , la 1 . ^ oante
est peu profonde et ornée sur le pourtour d u1" '
décoration de volutes et de perles (fig- 4365) • 1 " 1
sans doute de l’huile d’olive ou de la era'^' ' [n,nSque
D’après Clément d’Alexandrie, ce fut aux LgJ c
P-
Sabouroff, notice de la pl. lvui-lix ; A. Herzog, Aich. xVM l^*'
_ " . . . ..... « mi « vu et s. et ta w, p ,
131-
Woltcrs, Athen. Mittheil. XVI, 1891, P- 371 et s. et
Piot,
imcn. - - » . t jfondati0^
66 et suiv.; Max. Collignon, Monuments et Mt "w'ie ’ 1896, P-
1894, p. 49-60; Percy Gardner, Sculptured tombs o/ ’ C2et 133: J '
LUCERNA, LTCHNUS. 1 Varr. De ling. lut. V, 119. ' _ t Qiyss. Xvl11 '' 1
■ ; Varr. L. i.
nom. X, lio. 3 Macrob. Sat. 1, 17, §» 37 et n Mycenxan âge, 18 (huf
■ STsountas et Manatt, lhetny que M. *r
_ 7 Ibid., P- 79-80. Ajoutons , ,|«
suiv. Voir candelabrüm
;. 31. — 6 Ibid., p. 80, fig. 30. — 1 loiu., y- ^ gn gfjte,
ans, dans ses fouilles du palais de Minos, à ni
npes semblables, dont une surmonte un fût d une ^ ^
rmc, visiblement inspiré par quelque modèle iglP ^
édits et nrendronl nlace dans la publication sui '»
j trou'1 ,
do styl' loi'-
re élégance,
Ces objets »»
- 4321
LUC
LUC
nv mitèrent la lampe1. Hérodote nous ap-
les Grecs m ^ ^ gervait) comme lampes, d’écuel-
prendqu en'^. t ^ d’huile, et que la mèche était tout
-les remplies e surface de ce mélange2. Aucune
simple1111 11 h ‘ n’a été retrouvée sur les bords du Nil;
lampe dcce^ouverl une quantité considérable de lam-
kaisr0"le d’écuelles ou de coquilles dans la plupart
Pesen e leg phéniciens ont habités ou colonisés,
deS paylT(' en Phénicie3, à Chypre *, à Carthage5, en
pai'eXe"‘6 Des lampes de même forme étaient placées
: |’1T nécropoles juives de la Palestine’; selon Jo-
i 8 Ce seraient les Hébreux qui auraient enseigne
liv autres peuples l’usage d’allumer des lampes les jours
Ü fête ou pendant certaines cérémonies religieuses.
Pour indiquer l’heure du soir où l’obscurité commence,
Hérodote se sert de l’expression «cpl %vo>v (au
Lmenl où l’on allume les lampes) 9. Il est souvent
Question, dans les auteurs comiques, de lampes en bronze
ou en terre cuite 10 ; à la fin du v* siècle ou au commence¬
ment du ivc, une lampe d’or, garnie d’une mèche de lin
d’une finesse extraordinaire, brûlait nuit et jour dans le
sanctuaire' d’Athéna Polias, sur l’Acropole11. De plus en
I plus la lampe remplaça la torche ou le flambeau, sauf
peut-être dans quelques cérémonies religieuses très an¬
ciennes, dont l’origine était bien antérieure à l’introduc¬
tion du lychnos en Grèce, telles que les lampadédromies,
[les Éleusinies, les rites de l’hyménée. Jusqu’à la fin du
monde antique, l’usage de la lampe fut général en Grèce.
A Rome comme en Grèce, on commença assez tard à
se servir de la lampe. Les vieux Romains ne connaissaient
que la candela )2; le mot lucerna est, d’après Varron,
d’une invention postérieure au terme candelabtum ; peut-
être même fut-il formé à l’imitation du grecXuyvo? I3. Deux
vers de Lucilius14 permettent de croire que le mot lychnus
fut employé par les Latins avant le terme lucerna pour
désigner la lampe :
Port o clinopodas lychnosque
Diximus ers [av ü ç ante pedes lecti atque lucernas.
En tout cas, Ennius, Lucrèce, Virgile employèrent
souvent le mot grec de préférence au mot latin 15.
Les découvertes archéologiques confirment ces indica¬
tions. Les plus anciennes lampes qui aient été jusqu’à
I présent découvertes à Rome proviennent de la nécro-
®°le de lEsquilin; Dressel, qui en a fait une étude
■ approfondie u, pense qu’aucune d’entre elles n’est anté¬
rieure au milieu du ve siècle de Rome (environ 300 av.
i • -)i eu outre, elles lui paraissent être toutes de fabri-
I ca ion campanienne. Ainsi l’usage de la lampe fut em-
I runté assez tardivement par les Romains aux villes
IfcntMri ^ Méridionale. Il devint bientôt aussi
ü .a<l Uns Ie monde romain que dans les pays de civi-
,j(.s j ” ih truque. Sous l’Empire, on employa partout
lroiiv'(l,rilp('S ’ 11 esl Pas une seule région, où l’on n’ait
I "on t ité de lampes en terre cuite de l’époque im-
U Ale’i' Vf rom.
**«• <*« Plié,
I Üidoi
I *"■ 5
I ticulier
JMLie - 1’ 10' ~ 2 Herod- H» 62 ; cf- II. 130 et 133. —3 Renan,
Ion, p, 87 199 : Hamdy-bey et Th. Reinach, Une nécropole royale à
sDemacg|,t C 1 <ilmefa'scl'-Bichler, Kypros , p. 249, n. 2; p. 411, n. 1.
s iw im^»helVQ^Xed0ran\1’ P' “7: 3‘7’ PL '* fig' 2’ “ 6 EU Pa‘'-
JJ**'®), t. II, p 9| e| l'airos. — . V. Guérin, Descript. de la Palestine (la
~ »C.Àpion i, S.'’de Saillcy, Voyage autour de la mer Morte, t. II, p. 223-
Kl- 1; Coll, V|, 103 .’v * à a“r.vuv àvaxctùoEi;. — 9 Herod. VII, 215. — 10 Aristoph.
' 1 V. 119 : Candela'b ’ 121-11 Paus- L 26, §6. — 12 Mart. XIV, 5, 39. —13 De
931 ynod id vocanl „ 11/11(1 cnndela... • lucerna post inventa, quae dicta a luce,
1“' ~ ,e Ann. U*vov- ~ >4 Ap. Macrob. Sut. VI, 4, 18. — 1"> Ibid. 17,
sn p. 26.) et s.; C. inscr. lat. XV, 2' part. t. I, p. 782.
périale. L’usage de la lampe, adopté par le christianisme,
s’est perpétué jusqu’à nosjours; pendantde longs siècles,
aucun changement essentiel ne fut apporté ni au principe
ni même à la disposition générale de cet ustensile.
Abstraction faite des variétés de détail et des motifs si
divers de décoration, que nous examinerons plus loin, la
lampe antique, orientale, grecque ou romaine, était for¬
mée d’un récipient, destiné à contenir une quantité plus ou
moins grande d’huile, et d’un ou de plusieurs becs, d où
sortait la mèche unique ou les mèches multiples, qui s im¬
bibaient d’huile et que l’on allumait. Le plus souvent, le
bec ou les becs se trouvaient dans le même plan horizontal
que le récipient lui-même. Le récipient était tantôt à ail-
libre, tantôt couvert. Dans ce dernier cas, la face supé¬
rieure du récipient était percée d’un ou de plusieurs ori¬
fices, de dimensions variables, où l’huile était versée;
parfois cet orifice ou ces orifices étaient fermés par un
couvercle mobile. Souvent aussi un trou extrêmement fin
était ménagé dans la paroi supérieure du récipient; il est
probable que ce trou était destiné à laisser pénétrer dans
la lampe l’air nécessaire, quand l’orifice, par lequel on ver¬
sait l’huile, se trouvait fermé. A la lampe était souvent
adapté soit un manche, soit une anse en forme d anneau ' .
Nous connaissons quelques-uns des noms que les
anciens donnaient aux diverses parties de la lampe. Dans
son ensemble, la lampe portait en Grèce le nom de Àùyvoç ;
le bec s’appelait gé-o; ou gû:a; une lampe à deux becs,
Xû/vo? BffjwEo;, à trois becs, vpt'gu'o; 18 ; le nom général de
la mèche était âXXu^vtov ; les mots ipXôgoç, OpûaXXiç19 dési¬
gnaient plutôt la matière dont la mèche était faite. Chez
les Romains, la lampe s’appelait lucerna, quelquefois
lychnus 20 ; le bec, rostrum ou myxus11 ; la mèche,
ellychniunin . Les savants de la Renaissance et les érudits
modernes ont adopté encore d’autres noms pour les di¬
verses parties de la lampe 21 .
Les lampes antiques en terre cuite que 1 on possède
encore sont innombrables. Les lampes en bronze sont
moins nombreuses ; mais le bronze, comme 1 argile, a été
employé dès les premiers âges de la lampe ; une lampe en
bronze, de forme primitive, a été trouvée à Chypre24. Et
d’autre partie bronze était encore employé à l’époque chré¬
tienne25. Les lampes d’argile et de bronze étaient d un
usage également courant26. Mais l’on fabriquait aussi des
lampes en d’autres matières : nous avons parlé de la lampe
d’or du temple d’Athéna Polias27; une lampe à deux becs,
en or, a été trouvée à Pompéi28; une autre lampe, en
bronze incrusté d’or, a été découverte, il y a quelques
années, près de Domo d’Ossola, dans l’Italie septentrio¬
nale29. Plusieurs lampes en plomb sont sorties de la nécro¬
pole de l’Esquilin 3C. Des lampes en pierre, ayant la forme
d’une petite édicule ornée de colonnes et de chapiteaux
ioniques, ont été découvertes dans le sanctuaire de
Golgoï, à Chypre 31 . Des lampes en albâtre, en verre, en
ambre même ont été signalées 32.
— U Cf. Birch, Hist. of anc.pottery, 2" éd., p. 504 et s. ; Ch. Bigot, Les lampes en
terre cuite du Musée de la Soc. archéol. d'Athènes, dans Bull, de l'École franc.
d'Athènes, août 1868, p. 33-35. — 18 Poli. VI, 103; ou trouve chez Martial, XIV, 41,
polymyxus. — 19 Poil. I. I. — 20 Macrob. Sat. VI, 4, 17, 18. — 21 Mart. I. I.
— 22 Plin. Nat. hist. XXV11I, lt. 47; XXXV, 15, 50. — 23 Lucemae fict. Mus.
Passerii, p. 6 et sq. ; C. i. I. XV, 2' part. t. I, p. 782 et s. — 24 Ohncfalsch-
Richter, O. I. p. 370, noie 1. — 25 Voir plus loin, (Ig. 4599. — 2C p0ll. X, 122.
_ 27 Paus. I, 26, 6. — 28 Bull. d. Istit. 1863, p. 90-91. — 29 Motizie d.
scavi, 1894, p. 3. — 30 Ann. d. Istit. 1880, p 333; cf. Bull, coniun. di Borna,
1875, p. 53; Not. d. scavi, 1891, p. 299-302 (lampes trouvées en Sardaigne).
._ 31 Di Cesnola, Cyprus, p. 157. — 32 Millin, Mon. inéd. II, xvn ; Piranesi,
Les matières, avec lesquelles on fabriquantes mèches des
lampes, étaient aussi très variées. Les noms grecs <pXô|* oç,
OsuxU’.i sont fort expressifs. LeŸÀÔ|j.oç, en latin verbascum,
est une plante, que nous appelons la molène ou le bouillon-
l'Ianc; la 9pû*ÀXtç, en latin thryallis, n’en était qu’une
variété; c’étaient les feuilles (le cette plante que l’on
employait comme mèches ’. La mèche de la lampe d’or
du sanctuaire d'Athéna sur l’Acropole était en lin de
Carpasia (Chypre) 2. Les Romains se servaient, pour
fabriquer les mèches de leurs lampes, soit d’étoupe 3,
soit de plantes, par exemple de papyrus 4, de ricin 6 ;
le soufre était aussi employé dans la fabrication de ces
mèches 6. Quant au jonc ou scirpus , mentionné par Birch,
il servait plutôt à fabriquer les mèches de flambeaux où
de chandelles que les ellychnia proprement dits ’.
Le liquide dans lequel trempait la mèche était l’huile
_ / i _ 1 sr
LUC
ves
étale, ’sXatov, oleum , quelquefois mélangée de sel* ,
dans certains pays, en Sicile, à Babylone, on employait
des huiles minérales, que les anciens considéraient
comme des bitumes liquides, ou qu'ils appelaient des
eaux huileuses 9. On savait aussi, au moins à la fin de
1 antiquité, soutenir l’huile au moyen de l’eau et faire
plonger au fond du vase contenant les deux liquides un
petit trépied portant la mèche à la surface10.
La lampe proprement dite était souvent complétée par
une sorte de
tige en métal
munie d’un
crochet , avec
laquelle on
tirait la mè¬
che en dehors
du bec pour
en raviver la
Fig. 45G6. — Pince à lampe.
flamme. Quelques-unes de ces tiges ont été trouvées
attachées par des chaînettes aux lampes mêmes auxquelles
elles servaient11 (voir plus loin, fig. 4597). On se servait
aussi de petites pinces dont on voit (fig. 4566) un modèle12.
Soussaformelaplussimple etlaplus répandue, la lampe
antique se composait d’un récipient circulaire ou ovale,
prolongé par un bec et muni ou non d’une petite anse.
Mais cette forme elle-même s’est modifiée à travers les
âges. On rencontre d'abord des écuelles en terre cuite ou en
bronze, dont le bord est comme pincé de manière à for¬
mer un bec. Ces lampes n’étaient pas couvertes ; le fond en
était rarement plat, et elles devaient manquer de stabilité.
Elles n’avaient presque jamais d’anse. De très nombreux
spécimens de ce genre ont été recueillis à Chypre 13,
en Phénicie u (fig. 4567), et dans la plupart des régions
où les Phéniciens ont séjourné ; une lampe de cette forme,
munie d'une anse, se trouve au musée de Constantine 13 ;
plusieurs exemplaires analogues, mais sans anse, figu¬
rent dans la collection réunie au musée d’Athènes16.
Ant. vasi e candelabri, pl. i.xxi ; Mommsen el Marquardt, Manuel des antiq.
rom. trad. fr. t. XV, p. 297 ; en verre, cf. Prudent. Cathem. Y, 144; Paul.
Nol. Natal. XI, 4IC ; en ambre, Boldetti, Cimiter. p. 297, pl. i, 0. — 1 Poil. VI,
103; X, 113; Hesych. s. V. Plin. Nat. hist. XXV, 10, 4.-2 Paus. I,
26, G. — 3 Moretum, H; cf. Plin. Nat. hist. XIX, \, 3.-4 Plin. Nat.
hist. XXVIII, H, 47. — 5 XXIII, 4, 41. — 6 Ibid. XXXV, 15, 50.
— 7 Bireh, O. I. p. 50G; Plin. Nat. hist. XVI, 37, §70.-8 Herod. II, 62; cf
Plin. Nat. hist. XIII, 1, 2; XV, 3, 4; XV, 7; Dioscor. I, 53; IV, 164. — 9 Plin.
Aat. hist. XXXI, 7, 39; XXXV, 15, 51; XXXI, 2, § 14; Dioscor. I, 99; Vitruv.
VIII, 3. lu Paul. Nol. Natal. VII, 129 et s. — Il Voir encore La Blanchère et
Gauckler, Catal. du Mus. Alaoui, p. 193, n«! 487 et 488; Bull, archéol. du
Comité des trav. hist. 1897, p. 460, n. 306, etc. —12 Antich. d. Ercol. VIII, pl. i.n;
Cette forme, très primitive, correspond »,
des?pt.on qu Hérodote nous donne des ], » I.
ianipes é
eSyptien
w
- Lampe trouvé <
nés17; c’est elle aussi, sans
doute, qu il faut reconnaî¬
tre dans ce passage de Pol-
lux 18 ; otiXSt] 5è vjv xt àyysTov
yvjtvov, to àvxt Xûyyo u iypüv-
-ro.... Bientôt deux modifi¬
cations furent apportées à
cette forme de la lampe :
d’une part, le bec fut al¬
longé; d’autre part, on se
préoccupa de couvrir le ré¬
cipient, de protéger l’huile " "'onv6c " i-ta*
contre les poussières et les malpropretés de toutes
qui pouvaient y tomber. Quelques P 6
formes de transition sont curieuses
à observer, par exemple une sorte
de cornet en terre cuite à double
ouverture 10, trouvé en Tunisie, à
Lamta, dans une nécropole punique
(fig. 4568) ; des lampes de plomb re¬
cueillies sur 1 Esquilin 20 ; plusieurs
lampes qui présentent encore la
forme générale d’une écuelle ronde,
mais dont le bec est nettement déta¬
ché et dont les bords sont recourbés
à l’intérieur21. Enfin, l’orifice du ré¬
cipient devint de moins en moins large, le bec se déve
loppa de plus en plus, et les formes
courantes de la lampe grecque se dé¬
gagèrent des tâtonnements du début.
Elles peuvent être réparties en deux
variétés. principales :
A. Récipient circulaire, quelque¬
fois cylindrique; l’orifice occupe le
centre du disque supérieur; le bec,
bien détaché, est tantôt simplement
arrondi, tantôt élargi à son extré¬
mité ; il n’y a point d’anse ; parfois Fi(î. JHÜp»
le récipient est orné d’une petite
corne latérale. Souvent les lampes de cette forme son
recouvertes d’un vernis noir brillant, métallique ■
Celle qu’on voit (fig. 4569),
provenant de l'ile de Chy¬
pre 23, est décorée de quel¬
ques traits de peinture. La
lampereproduite (fig. 4570),
munie d’une anse, a été
trouvée à Rome sur l’Es-
quilin, et paraît avoir
été fabriquée en Campanie au n° siècle a'-
B. Récipient circulaire, plus aplati que daim " s a
-£y
45C8. — Lampe
punique.
Fig. 4570. — Lampe, n* s
;iccle av.
J,c.s
Mittheil. ( 1. antiq. Gesellsch. in Zurich, XV, pl. si, 39. — 1 ) 1 ,)IissJe
Kypros, p. 249, n. 2, p. 411, p. 370, n. I, pl. ccx, n. IG. — rot,a/e i SidouM
Phénicie, p. 489-490 ; Hantdy-bey et Tb. Reinaeb, Une néciop ^ ^ ,, [Irrod
p. 87, fig. 34, p. 88. — 16 Elle est encore inédite. - 10 1 '*'• ®lg“ ' ' ‘ Alaoui, p. I
II, 62. — 18 VI, 103. — 19 La Blanchère et Gauckler, Catal. du . et SIC
— 333-334, tav- ^
It. 1880, p- duM^eAUl
— 21 Nécropoles néo-puniques de Lamta et de Carthage, < Hylilaea,
n. 3, pl. xxxiv, n. 3. — 20 Ann. d. Istit. 1880, p.
les de Lamta et de Carlin „ ,, al.a "J""”
v, n»« 4, 5; nécropole sicilienne <e‘ _ 22 C'a/ si-
"irvakeion, Ch. Bigot, |j. |3.
H, 12, 13 ; pl- xxxix, n MJ- „ J6«
p. 147, n08 4, 5 ; pl. xxxiv, « - », - - , j r-
Monum. antichi t. I, p. 829; Musée du Varvakeion , Lli. q0J ^ j j,
du Musée Alaoui , p. 147, n° G; p. 148, n08 11» 12, LL P*- x ^ ‘ 'fstn, 1880, P-
— 23 Ohnefalsch-Richter, O. I. pl. ccx, n. 17. — - ' Ann.
et s. p. 325 el s. ; pl. O.
1323
LUC
LUC
édenti
Ihréci1
extrémité ; la lamP£
• bec long, presque toujours élargi à son
e est munie d’une anse assez large et
souvent cannelée; la corne laté¬
rale existe, parfois très prononcée
ilig. 4571). En raison de leur forme
allongée, ces lampes ont été dites
delphiniformes. Beaucoup de lam¬
pes de cette forme ont été trouvées
dans l’Afrique du Nord; mais elles
y ont été importées de l’Italie méri¬
dionale, et quelques-unes d’entre
elles portent, des marques grec¬
ques 1 . Les lampes grecques propre¬
ment dites, c’est-à-dire les lampes
trouvées en pays grecs et certaine-
établissement de la domination ro-
, sont d’ailleurs fort rares.
Nous pouvons sui-
vre avec plus de
précision et de sû¬
reté le développe¬
ment de la lampe
romaine à partir
de l’ère chrétienne.
Abstraction faite des
formes de transi¬
tion, trois types
principaux se suc¬
cédèrent 2 :
A. Lampe à réci¬
pient rond, sans
anse, muni d’un bec
très détaché, le plus
souvent orné de vo¬
lutes (fi g. A-
■fc K7 1. - lampe dite de!-
Eiiniforme, I" siècle av. J.-C.
meut antérieures à 1
niaine dans ces pays
% 4872'. - La
quelquefois deux
oreillettes latérales
■ampe romaine, i" siècle ap. J.-C.
Jécore ni le bord du récipient à droite et à gauche.
B. Lampe à récipient rond, muni d’une anse en forme
d’anneau ; le bec est
court et rond (fig.
4573).
C. Lampe de basse
époque, dite chré¬
tienne; le récipient
est de forme presque
ovale ; il est muni, à
la place de l’anse,
d’un petit manche
plein et pointu ; le
bec plus ou moins
allongé est arrondi
et sans ornement
(fig. 4574) 3.
A ces formes extrê¬
mement courantes de
la lampe commune à
un seul bec, il faut
‘ e- «73. _ |
Encore
"|H~ romai»«i il* siècle ap. J.-C.
e ajouter les
V1* eianclièro p| , ,
~!Cf. Lato 01 c,aucklor, (
.®*nch6re et Gauckle
lampes dont le récipient était sur-
i — “'«neffie et r=. i, C ' n<” lïetsuiv.; pl. xxxiv, n°! 17, 18.
'I"'! du Mmiie g . ‘ cr ’ P- 150-153, pl. xxxiv et xxxv ; Delattre, Les lampes
PWL P' cl s. TlT\de Carl'^ P- 7 et ; C. inscr. lat. XV, t. II,
* Marlio-nv .... . .
.y1-? i'* • a. , i nsev. i
arl,>y, Dict. des anliq. chrétiennes ,
2« èd \ 87
monté d’une sorte d’entonnoir adhérent (fig. 4575) ; il est
probable qu’elles sont de très basse époque ; en Afrique,
elles étaient sans doute contemporaines de l’invasion
arabe, puisque beaucoup d’entre elles sont décorées du
Fig. 4574. — Lampe chrétienne.
vernis vert brillant, caractéristique des poteries modernes
de Nabeul 4.
Ces lampes ordinaires, munies d’un bec unique, ne
pouvaient pas fournir une bien vive lumière. De
très bonne heure, on s’efforça de remédier à cet inconvé¬
nient; on doubla la lumière en donnant deux becs à la
lampe. La lampe primitive en forme d’écuelle témoigne
déjà de ce progrès. Au lieu de pincer le bord de l’écuelle en
un seul endroit, on le pinça
en deux points voisins, et
l’on obtint ainsi deux becs
au lieu d’un (fig. 4576).
Cette forme est même la
forme habituelle des lam¬
pes bornées dans les né- Fig. 4575. — Lampe à entonnoir,
cropoles puniques les plus
anciennes, en particulier à Carthage b. Le Xéyvoç 81'p.uljoç
îles Grecs, la bilychnis des Latins était dès lors inventée.
Elle se transforma progressivement comme la lampe à
un seul bec; on ferma d’abord le récipient, comme le
montre la fig. 4577 6 ; puis on en arriva à la bilychnis de
Fig. 4570.
Fig. 4577
Lampes puniques à deux becs.
l’époque romaine, dont le plus souvent les deux becs
étaient très allongés et quelquefois très ornés. La même
forme subsista pendant la période chrétienne; mais elle
fut moins décorée et perdit de son élégance. On ne s’arrêta
pas à la bilychnis ; on fit des lampes à trois, à quatre ou un
plus grand nombre de becs. Parfois les deux becs d’une
bilychnis, au lieu d’être voisins, étaient très écartés ou
même placés aux deux extrémités opposées de la lampe
(voir fig. 4593, 4594, 4610). Les lampes à deux ou plusieurs
p. 420; cf. p. 340, 400, 407, 771. — 4 La Blanchère et Gauckler, O. I. p. 153,
n“ 52 ; p. 154, il01 53, 54, 55. — 0 Delattre, O. I. p. 1-2. — 0 La Blanchère
et Gauckler, O. I. p. 140, u° 2; cf. Delattre, La nécropole punique voisine de la
colline de Sainte Monique, p. 8, fig. 11.
LUC
LUC
— 1324 —
becssonl parfois munies d'un ornement, que ne possèdent
pas les lampes communes
à un seul bec; au-dessus de
l’anse, s’élève un manche
tantôt triangulaire, tautôt
en forme de croissant (voir
lig. 4593 à 4593). Quand le
nombre des becs était con¬
sidérable, ils formaient
pour ainsi dire couronne
autour du récipient, soit
que ce récipient fût destiné
il être posé, soit qu’il fût
garni d’anneaux ou de cro¬
chets pour être suspendu.
Une lampe en bronze du
musée de Naples ‘, de style
très ancien et qui rappelle
les poteries noires étrus-
Fig. 4578. — Lampe circulaire à trois pieds. qu6S (flg. 4578), Se COmpOSO
d’une cuve cylindrique au¬
tour de laquelle les becs sont distribués; l’un deux, en
Fig. 4579. — Lampe circulaire suspendue.
avant, est modelé en tète humaine. Au milieu du bassin
1 Mils. Borb. XV, pl. xxu. — 2 Ant. d’Ercol. Y11I, p. 127. — 3 Musée du
Louvre, Salle des terres cuites (de Smyrnc) ; Mus. Britannique, Birch, O. I. Il, p. 275 ;
Mus. de Dresde, Jahrbuch d. arch. Inst. 1889, p. 170. — 4 Ant. d’Ercol. VIII,
pl. xm ; Coll. Sabouroff \ pl. lxxy. — 5 Overbeck, Pompci , 4e éd. fig. 231. — 6 Ant.
d'Erc. VIII, pl. v. — 7 Ch. Bigot, L. c. p. 3G. — 8 Au Louvre, terres cuites de
Tarse. — y Ibid. — 10 Monlfaucon L’antiq. expliquée , t. V, 2® part. pl. clxxvi;
une colonnette sert de manche; son chapiteau porte une
figure de Sirène, au-dessus de laquelle une lige à tète
de serpent se replie en crochet; le fond, plat, s'appuie
sur trois pieds à griffes. La plupart des lampes circu¬
laires à plusieurs becs devaient être suspendues et pour
cela étaient munies d’anneaux, de chaînettes ou de
tringles comme celle qu’on voit (lig. 4579) qui a neuf
lumières 2.
La forme générale des lampes dérivait donc de la
forme circulaire de l’écuelle primitive ; les lampes com¬
munes ne s’en écartent pas sensiblement; même les plus
grossières en gardent toujours quelque chose. Les
lampes de forme rectangulaire sont rares. Il en existe
pourtant qui sont carrées 3 ou oblongues, comme celle du
musée de Naples (lig. 4580) qui a seize becs rangés sur
les deux côtés d’une sorte de nacelle*; d’autres coniques,
allongées en biberon 5, contournées en croissant6. La fan¬
taisie des artisans grecs et romains ne s’en tint point là;
elle donna aux lampes de terre cuite et de bronze les
formes les plus variées, les plus originales sans doute,
ces formes sont exceptionnelles, mais elles témoi¬
gnent de la fertilité d’invention des ouvriers anciens, en
même temps que de l’habileté avec laquelle ils surent
adapter les types les plus
divers à la destination
propre et aux nécessités
pratiques de la lampe.
Quelques lampes sem¬
blent être de véritables
statuettes: cette divinité
assise à demi vêtue d’une
chlamyde ’, cette Vic¬
toire égorgeant un tau- mi .
reau 8, cet Éros moitié Fig. 458 1. — Lampe grecque U'argile.
assis moitié couché 9, ce
Silène sur son outre 10, ce Triton qui tient une rame de
la main gauche11, cet enfant endormi sur un lit de repos
(fig. 4581) 12, ce potier qui, de son
soufflet, ranime ou avive son feu 13
[follis, fig. 3133, 3134], ce sont des
lampes. Bien souvent aussi, les lampes
avaient la forme d’une tête ; tête de Ju¬
piter Ammon u, de Silène16, de Pan l6,
de Faune” ; tètes plus ou moins gro¬
tesques de nègres et d’esclaves 1S. Le
disque supérieur était parfois remplacé
par un masque comique (fig. 4582) 19.
Dans ces lampes, tantôt le bec est formé par la lèvre
inférieure proéminente, tantôt il est placé au bout du
Fig. 4582.
cf. pl. gui. — 11 Bull, com un. 1876, p. 228, n. 63. — 12 Stackclberg, Die Cracher
der Bellenen , pl. lu, n! 2. — 13 Monlfaucon, L. c. pl. cl. — u Corp. tnscr. « -,
XV, 2® pari. t. I, n° 6701. — 13 N. 6513. — 16 Bull, comun. 1878, p. 296, n. --
— i< Au Louvre (salle des bronzes). — 18 Mus. Borbon. t. MI» pl* x' > Montfauco
L. c. pl. cxlii, clxxvii. — 19 Au Louvre (salle des vases à reliefs trouvés en a ic ,
salle des terres cuites de Smyrnc).
LUC
— 1325 —
l'orifice, par lequel on versait l’huile, est
nienlc'|1', ;u sommet du crâne. Avec la tête, c’est le pied
t toutes les parties du corps, a été le plus sou-
l11" imité par les fabricants de lampes; plusieurs lampes
vent 11111 en terre cuite et en bronze ont la
forme d’un pied humain(fig. 4583)
chaussé de la crépide, ou san¬
dale à courroies [crepida] 1 ; par¬
fois deux pieds sont accolés 2 ;
le bec se trouve placé soit sur le
gros orteil, soit tout près de lui.
Les lampes en forme d’animaux
sont aussi très fréquentes : oiseau 3 (fig. 4584), chien \
cheval", chameau accroupi 6 (fig. 4585), éléphant \ tigre »,
Fig. 4584.
Lampes de bronze.
Fig. 4585.
rat9, grenouille10, tortue11, escargot 12 (fig. 4586);
tels furent les types empruntés par les fabricants au
règne animal. Nous pouvons
y joindre les lampes qui
représentent soit un mufle,
soit une tête entière de tau¬
reau13. Signalons enfin quel¬
ques lampes en forme de
barque 11 (fig- 4587 ), de
pomme de pinIB, de casque
de gladiateur 1 6, de croissant n, de corne d’abondance18,
;. 4586. — Lampe d’argile.
d'édicule ornée de colonnes
ioniques 19. 11 semble
Fig. 4587. — Lampe de bronze.
plin'l i 1 lorme’ s' ‘-■fi‘angc fût-elle, n’ait paru inap-
j.1 '! ll01h *orme même des lampes, la décoration
en f n 6S I'nr'®es- Déjà sur les lampes primitives
trani!"i ' mie^esi les potiers phéniciens ou puniques
noire ^ lJ'nceau <*es bandes de couleur brune ou
vée à ( î '"U lamPe en bronze de même forme, trou-
’lP'e, est ornée d’une palmelte 21. Les lampes
P'- c; Musée du |,o„ ! [ " de ^ Blbl. nnt., n. 1084; Caylus, Bec. d'ant., IV,
l; v.2- pari. pl csi'rc' 'ongP*fier, Notice des br., 749, 750; Montfaucon, O. c.
pnsUnlino, olc ; CJ- laL xv- 2' pari. t. 1. n. 6287; Musée de
y'iefs trouvés en ||a|- * c. p. 30. Au Louvre (salle des vases à
„'£p- 3C; Anl- diErcoT ,3 vn,L°:,Vre (Sa"C ‘leS bronzesb Ch-
i Ch. Bisrol n ’ ■’ ' ’ P' xxv"’ ”• 2; Motizie d. scavi, 1888,
11 iT' A“ '-ouvre (salle P' ~ “ Montfaucon’ °- «• l- v. ^ P*rt.
f ; ™°"Utuieon, O , § br0Dzes)- - 6 Au Louvre (salle des bronzes).
r. 507 T 8 mL 1,1 ■ — - 9 Birch, Bist. of anc.
' U ^enchère Pi p, ,7 '' at" XV’ ParL U n- e33i- — 11 Ibid. 6393.
. XXXV|. n. 485 ; A.nt 7"r 'ep’ Catal- du Musée Alaoni, p. 193. n. 485 ;
ï c36: Ü * Vm’ PK à la p- 29fi- - « Ch. Bigot. toc.
' 0n"n- * P ' XXXV,,,i C • fat- XV, 2* pari. t. I, n. 6739;
V. >n-1ls; Montfaucon, Op. vit. pl. cxr.v. — 14 De
LUC
grecques que l’on peut considérer comme les plus
anciennes se distinguent surtout par leur couverte noire,
d ,,n brillant métallique 22. Il semble que les ornements en
relief n aient apparu qu’assez tard. Dans l’Afrique du
Nord, où, grâce <\ des fouilles très méthodiques, nous pou¬
vons plus facilement peut-être qu’ailleurs suivre, dans son
évolution chronologique, le développement de la lampe,
les premiers reliefs ne se montrent que vers le milieu
du second siècle avant Père chrétienne. Des nécropoles
de Carthage et de Lamta sont en effet sorties deux séries
de lampes à reliefs, qui peuvent être datées approxima¬
tivement. La première série se compose de lampes ron¬
des, sans anse, à bec bien détaché, en terre jaunâtre non
vernissée; par leur forme, ces lampes rappellent exacte¬
ment les lampes grecques couverte noire très brillante.
Le disque est orné de reliefs représentant divers motifs
très simples, un cippe ou un autel torse, entre une
pomme de pin et une grenade
(fig. 4588), un caducée entre deux
palmes, une corbeille remplie de
fruits, une laie, une vache, une
œnochoé, etc. Ce qui caractérise ces
lampes, c’est qu’elles portent pres¬
que toutes l’image dite de Tanit,
soit en relief, soit gravée à la
pointe dans l’argile avant la cuis¬
son : le plus souvent cette image
décore le bec; quelquefois elle
occupe le centre du disque. Les
lampes de cette série ont été trou¬
vées, les unes dans un puits funé-
Fig. 4588. — Lampe de Car¬
thage. i;« siècle av. J.-C.
raire voisin de la nécropole punique de Bordj Djedid, les
autres au fond du cimetière des Officiales ; le P. De¬
lattre, qui les a toutes recueillies, estime qu elles « four¬
nissent de précieux points de contact entre la période
punique et la période romaine à Carthage 23 ». La se¬
conde série se compose surtout de lampes dites del-
phiniformes, qui proviennent des nécropoles de Lamta,
de Béjà, de Bulla Regia. Le disque est décoré d’un
cercle d’oves, de rameaux garnis de feuilles, de rin¬
ceaux (p. 1323, fig. 4572) ; à l’origine du bec, se voient
souvent deux tètes de cygne ou d’ibis adossées21. Les
lampes de cette série ne sont pas antérieures au Ier siècle
av. J.-C. Dressel assigne la même date aux lampes de
forme analogue, décorées, elles aussi, de rameaux (lierre,
pampres, etc.), qui ont été découvertes à Rome ou dans
les environs 26.
A partir de l’ère chrétienne et pendant toute la période
de l’Empire, les fabricants de lampes se plurent à décorer
de motifs en relief leurs produits, même les plus simples.
Ce fut le disque supérieur de la lampe qui leur servit sur¬
tout de champ; là, ils placèrent les sujets les plus variés.
Ridder, Catal. des bronzes trouvés sur V Acropole, I, p. 139, n» 425, fig. 95 ;
voir plus haut, fig. 4580 ; S. Bartoli, Ant. lucerne, III, pl. xxxi; Bull, comun.
1887, p. 362, n» 5; Not. d. scavi, 1887, p. 427. — 15 C. i. lat. XV, 2e part. t. I,
n. 6350 et 6387; Bull, comun. 1876, p. 228, n. 71. — 10 C. i. lat. XV, 2e part,
t. I, n. 0450; Bull. comu». 1875, p. 255, n. 03. — 17 Anti. di Ercol., t. VIII
pl. v, u. 4; T. ». lat. XV, 2e part. 1. 1, n. 6627 ; Bull, comun. 4877, p. 279, n. 35.
— 18 Bull, comun. I8S2, p. 203-204, pl. xxn. — 19 Di Cesuola, Cyprus, p. 157.
— 20 Delattre, Lampes ant. du Musée de Carthage , p. 2. — 21 Olmcfalscli-
Richter, Cyprus , p. 370, n. 1. — 22 ,4>m. rf. /Snt. 1880, p. 325-320. — 43 Delallrc,
Hernie arch. 1898, t. XXXIII, p. 80; cf. Musée Lavigerie de Saint-Louis de Car¬
thage, II, p. 58, pl. xv, il. 3; La Blan chère et Gauckler, Catal. du Musée Alaoui,
p. 148, n» 13. — 24 La Blanchère el Gauckler, O. c. p. 156, n0’ 74-81 ; pl. XXXIV,
n”5 17-18; Bull. arch. du Comité , 1897. p. 302-303. — 25 C. i. lat. XV, 2* pari,
t. I, p. 782-783.
167
LUC
Autour du sujet central, ils ménagèrent souvent, sur le
pourtour du disque, une zone qu'ils remplirent de feuil¬
lage ou de motifs décoratifs ; ils voulurent donner au bec
le plus d’élégance possible; ils traitèrent de même le
manche, et le petit couvercle en métal ou en argile des¬
tiné a couvrir 1 infundibulum : en un mot, ils appliquè¬
rent a tous les éléments de la lampe les ressources de
leur génie inventif.
Les sujets moulés en relief sur le disque des lampes
d argile sont d une infinie variété*. La mythologie y tient
une très grande place : il n'est pour ainsi dire aucune
des grandes divinités du monde gréco-romain qui ne s’y
trouve représentée : Jupiter, tantôt assis sur son trône,
le sceptre en main, tantôt accompagné de l’aigle, qui
tient le foudre dans ses serres; Junon; Apollon, sous
les traits du dieu citharède ; Diane chasseresse, avec
son arc et son carquois, ou montée sur son char traîné
par des cerfs ; Mercure, en pied ou en buste, entouré
de ses attributs, caducée, bourse, coq, bélier, tortue;
Minerve, casquée, la poitrine couverte de l’égide, armée
de la lance et du bouclier, ayant parfois la chouette au¬
près delle; Mars; Vénus et l'Amour; Cérès sur un char
attelé de deux dragons; les divinités marines, Neptune,
Amphitrite, avec leur cortège de Tritons et de Néréides,
Scylla ; les divinités infernales, Pluton, Proserpine et
le chien Cerbère ; Bacchus et son thiase, Satyres, Silènes
et Ménades; Esculape, Ilygie, Pan et Echo (fig. 2595);
puis, non moins fréquents, les demi-dieux et les héros,
Castor et Pollux, Hercule, Bellérophon, Persée, et ces
êtres légendaires, de nature mixte, inventés ou du moins
vivifiés par l’imagination des Grecs, Centaures, Ama¬
zones, etc.
A la religion proprement romaine, sont empruntées
d’abord la Triade Capitoline, puis quelques divinités
allégoriques qui jouèrent un grand rôle à l’époque impé¬
riale, la Victoire, la Fortune, la déesse Roma, le Génie de
Rome ou d’Auguste. L’Orient fournit aux fabricants de
lampes les images de Sérapis coiffé du modius, d’Isis au
front orné d’une fleur de lotus, d’Anubis cynocéphale,
d’IIarpocrate ; de Cybèle trônant entre deux lions, cou¬
ronnée de tours, ou encore traînée sur un char attelé de
lions; d'Attys, de Marsyas ; du dieu Sol, la tête radiée;
de la déesse Luna, posée sur un croissant de lune. Ce
ne fut pas seulement par leurs images que ces dieux, ces
déesses, ces héros figurèrent dans la décoration des lam¬
pes : ce fut aussi par leurs légendes, leurs emblèmes, leurs
attributs. Ganymède enlevé par l’aigle, Léda et le cygne,
Europe assise sur le taureau, rappellent les aventures
mythiques de Jupiter; le sommeil d’Endymion est un des
épisodes de la légende de Diane ; parmi les travaux
d'IIercule, la victoire du héros sur l’hydre de Lerne, la
capture du sanglier d’Ërymanthe, de la biche aux pieds
d’airain, de Cerbère ; dans le mythe de Persée, la délivrance
d'Andromède, la mort de la Gorgone, étaient quelques-
uns des sujets favoris que les potiers représentaient sur
les lampes. D’autre part, l’aigle posé sur le foudre, les
dauphins croisés sur une rame ou sur un trident, le
canthare d’où émergent des rameaux de vigne, la massue
1 La plupart de ces sujets se trouvant répétés sur de nombreuses lampes,
il ne nous paraît pas nécessaire d'indiquer pour chacun d'eux des références
spéciales. Voir les catalogues de lampes, en particulier dans Birch, Hist.
of anc. pottery, 2e éd, p. 510 et suiv. ; C. i. lat. XV, 2" part. t. I, p. 781
et s.; F. Kenner, Die ant. Thonlampen des Münz und Antik. Cabinets Wien.;
Wieseler, Ueber die Kestnersche Sammlung v. ant. Lampen ; La Blanchère et
326 -
LUC
et le vase à boire ou scyphos, ne peuvent A,
attributs ou des emblèmes de Junite.. i „ ^ des
— - , do j\0
^‘guerre de Troie
5plune, de
n’est
y VOlt 1(-‘ Jugement je'
Bacchus, d’IIercule. Le cycle de
pas absent de nos lampes : on
Paris, le rapt du Palladium par Ulysse m n
mort d’Hector, Achille traînant le cadavre d'n '(°mède’
de Troie, la fuite d’Enée ; VOdyssée y est °P aul0llf
par plusieurs épisodes : Ulysse et les Sirène
Circé, Ulysse chez Polyphème. Les légendes'l
ont fourni les deux motifs du Sphinx et d’Olùli , '<'!'Uennes
Sphinx, peut-être aussi celui du taureau de Dh-C eVanl b
Beaucoup plus rares sont les sujets (ritlD '• .
historique ou sP||,ation
purement litté¬
raire. Quelques
bustes, peu ca¬
ractérisés, re¬
présentent - ils
des empereurs
ou des impéra¬
trices? On ne
saurait l'affir¬
mer. Sur une
lampe, on re¬
connaît Dio -
gène et son pi-
tlios 2 ; sur une
autre, l’épisode
bien connu d’A¬
lexandre et de
Diogène3 ; sur
une autre en¬
core, Romulus
et Remus allai¬
tés par la Lou¬
ve4. Mais ce ne sont pas là des motifs proprement
historiques; les premiers sont anecdotiques ; le dernier
est plutôt mythologique, tout au moins légendaire. La
littérature semble de même avoir été une source bien
faible d’inspiration. L’inscription Tityrus, qui se lit sur
une lampe représentant une scène pastorale S indique
que le sujet moulé n’est que l’illustration de 1 églogue
virgilienne (fig. 4589) ; c’est peut-être la fable le Renard
et le Corbeau , déjà contée par Esope, qui se trouve
représentée sur une lampe trouvée en Suisse, à bn
donissa 6.
Avec la mythologie, c’est la vie el la nature qul
tiennent le plus de place dans la décoration des
Les sujets de genre ne sont pas moins nombreux qui
scènes mythologiques. Parfois des Amours ou des 1,1 nl
ailés remplacent les personnages réels ; niais
souvent les motifs sont copiés directement sm lu
Il faut citer en première ligne tout ce qui 1 ' ' * ' wX
à l’amphithéâtre, au cirque, au théâtre, aux ■* ' " ^ ’ jans
courses, aux combats : gladiateurs de toute
toutes les postures, luttes de bestiaires conin
maux sauvages, combats de bêtes féroces 1 n ,
vues du cirque [circus, fig. 1534], courses
ta i u es
Gaucklcr, Catal. du Musée Alaoui, p. 146 et s.; Delattre, t"" 1^
vées à Carthage (Extrait des Compt. rendus de lAcadnim ^ ^ ^ . /al. VU
M. Besnicr et P. Blanchet, Collect. Farges , p. I8 e* s’ clC.' j[usée d'1
2’ part. t. I, n» 6238. •— 3 Bircli, O. c. p. 135. — Ibid. — a„s l
vre ; cf. C. i. lat. XV, 2' pari. t. I, il. 6240. — G 0. Jal"1-
nissa. pl. iv, 9.
Lampe romaine d’argile.
LUC
— 1327 —
LUC
q.i
aciriges,
Fi:. 4590. — Lampe romaine d'argile.
,ochers ou chevaux vainqueurs; acteurs,
•omiques 011 tragiques, combats de coqs, coqs
®asqll,S " Fréquentes aussi sont les scènes de
^inqueur^ eg rurales, leg gc5nes de pèche, les repré-
cliasse, 1 * 1 sentations de ba¬
teaux, les scènes
de la vie domes¬
tique, qui nous
montrent des es¬
claves allant et ve¬
nant, des femmes
autour d’un bas¬
sin ; signalons en¬
core les motifs
suivants: un bou¬
cher dépeçant un
animal suspendu
à un arbre *, un
bateleur faisant
grimper un chien
à une échelle2 (t. I,
fi g. 45), un cha¬
melier conduisant
un chameau à
l’aide d’une longe 3, un paysan vendant un porc, etc.
Quelques sujets sont empruntés à la vie du soldat : sur
une lampe trouvée en Afrique, on voit un militaire fai¬
sant le salut à un officier qui passe devant lui à cheval et
qui parait lui donner un ordre4 (fig. 4590). Les scènes
érotiques et obscènes sont fréquentes 6.
t Les animaux, les plantes, les objets usuels ont été
figurés à l’envi : parmi les animaux, les éléphants, les
lions, les tigres, les béliers, les chèvres, les brebis, les
chiens, les sangliers, les oiseaux et les poissons de toutes
sortes; parmi les plantes, les palmes, les feuilles de
chêne, les rameaux de vigne; parmi les objets usuels, les
vases, en particulier les amphores et les canthares, les
corbeilles remplies de fruits. Les petits autels domes¬
tiques, les torches, les cornes d’abondance, les croissants
de lune accompagnés ou non d’étoiles sont aussi très
fréquents. Enfin, beaucoup de lampes sont simplement
décorées d’ornements géométriques, tels que rosaces,
stries en relief rectilignes ou courbes, cercles en relief. La
décoration de ces ustensiles communs embrassait ainsi
es sujets et les motifs les plus variés, depuis les scènes
plusieurs personnages et les vues d’édifices tels que les
cirques et les amphithéâtres jusqu’aux simples lignes
roites et courbes. Tantôt ces sujets et ces motifs rem-
f l'Shen1' disque supérieur tout entier ; c’est presque
toujours le
cas pour les lampes sans anse ; tantôt au con-
ra!re '*s SOnt comme enfermés dans une zone circulaire
ljU 0l.cuPe tout le pourtour de la lampe, et où le potier a
ennr *■'' ^es oves’ so*t des ornements décoratifs
guir! U"i' S aU r^ne V(%étal, pampres, branches de chêne,
pour i!' *] ^'nS °U Pa^mes: c est Ie cas très souvent
d’an 1 1 1 'i n ' UUPes munies d’une petite anse en forme
vérihl'l ! ’• < < t,e ZOne est toujours ménagée et prend une
"nportance dans les lampes chrétiennes.
~"1 C- '• Itf.'xv i,,.Pïrt' l' ',n- c718-— 2«e»>. arch. 1898, t. XXX1I1, p.233,n.95.
“"•Ul, pi. Vll „ *,!u '• C L n- 0221 . — 4 M. Besnier et P. Blanche), O. c. p. 34,
^Agincourt, Fracm '’lanc^re Gauckler, O. c. p. 171, n» 223. • — 5 Séroux
." 6 Af,„. Barbe,1,™', ‘ f SCUlpt- en terre cuit», Pi- xxvm ; Ch. Bigot, L. c. p. 41-42.
hucon, o. (jiV ’ pl- x; l- IV, pl. xiv ; Ant. di Ercol. t. VIII, pU otu; Mont-
’ - PWh pl. clxxv. — 7 A nt. di Ercol. t. VIII, pl. xxvi ; Mus. Dorb.
Fig. 4591. — Lampe romaine en bronze.
Il est assez rare que le disque supérieur des lampes en
bronze soit orné de motifs en relief, comme le disque des
lampes d’argile. Mais les bords ou les flancs du récipient
reçoivent une décoration souvent très soignée, constituée
soit par des palmettes ou des feuilles, soit par des têtes
humaines, des masques scéniques, des mufles d’animaux,
disposés autour du récipient0.
Non moins que le disque supérieur, le bec de la lampe
prête à l’ornementation. Ici des volutes, qui ne manquent
ni de tinesse ni d’élégance, rattachent F extrémité du bec
à la circonférence même du récipient; parfois ces volutes
se terminent en têtes
d’animaux, de loups,
de griffons, de coqs ou
de chevaux1. Là, entre
le disque et le trou du
bec, est posé soit un
masque scénique8, soit
un Amour, soit un vase,
soit un animal de pe¬
tite taille, comme un
rat. Dans quelques
lampes en bronze, le dessous du bec est décoré de feuilles
d’acanthe ou de palmettes9.
Plus encore que pourlebec,les fabricantsdes lampesanti-
ques se sont efforcés de donner aux anses et aux manches
des formes variées et artistiques. Si les anses des lampes
communes sont constituées simplement par un petit
anneau, dans les spécimens de choix l’anse prend un aspect
plus élégant. Elle se développe, s’élance et se recourbe
en avant, projetant jusqu’au-dessus delà lampe une tète
d’animal, de cheval (fig. 4591),
de bélier, de tigre, de coq, de
cygne, de dauphin, de lion, de
taureau, ou encore un masque
scénique10. Fréquemmentaussi,
l’anneau simple qui sert d’anse
se dissimule derrière un man¬
che de proportionsrelativement
considérables. Plusieurs lampes
en terre cuite, surtout des
lampes à deux ou plusieurs
becs, possèdent des manches
de forme triangulaire, que
décore une palmette(fig. 4592):
à la base de la palmette, se
trouvent parfois deux dauphins
affrontés, ou deux oiseaux qui
picorent des grains11. Sur un de
ces manches, on voit l’épisode
d’Ulysse et des Sirènes12. Ailleurs le manche a la forme
d’un croissant : la surface du croissant est ornée de mo¬
tifs en relief tels que Jupiter tenant la foudre (fig. 4593) 13,
ou encore trois images du char solaire, montant, de face, et
descendant14 ; il n’est pas rare qu’au-dessus du croissant
se détache soit un buste, par exemple celui de Sérapis, soit
un oiseau les ailes éployées, soit un véritable groupe. Ail¬
leurs le manche est constitué uniquement par un buste
t. XIV, pl. i.v. — 8 Ant. di Ercol. t. VIII, pl. xvi. — 9 Mus. Borbon. 1. 1, pl. x ; t. IV,
pl. xiv. — 10 Ib., VI, pl. xxx, Ant. di Ercol. t. VIII, pl. xxxvm, xxxix, xl, xli, xi.ii ;
au Louvre, salle des bronzes. — *1 Ibid. t. VIII, pl. n, ni, v; Mus. Borbon. t. XII,
pl. xlvii ; La Blanchère et Gauckler, O. c. p. 192, n## 473 et s. ; Musée Laid -
gerie de Saint-Louis de Carthage , II, p. 61 , pl. xv bis. — *2 Bull, comun ., 1 886,
p. 433, n. 36. — 13 Au Louvre. — 14 Passeri, Lucern. I, pl. lxxv.
4592. — Lampe
d’argile.
1328 —
ou par une figure isolée. Quelquefois enfin celle partie
de la lampe prend un développement anormal : à la place
Fig. 4593. — Lampe romaine d’argile.
ou en avant de l’anse s’élève une arcade, sous laquelle
une divinité, Jupiter (fig. 4594) \ Minerve, Cybèle, la For¬
tune (fig. 4595) 2 est assise ou debout 3. Une des lampes
publiées par S. Bartoli
présente, comme man¬
che, un appendice rec¬
tangulaire qui figure
un lectisternium [lecti-
sternium, p. 1011, fig.
4381 et 4382] : devant
une table à trois pieds
sont à demi couchées
sur un lit quatre divi¬
nités, Sérapis, Isis,
Luna et peut-être Sol4.
Le couvercle, que
l’on plaçait sur Vinfun-
dibulum, ne fut pas non
plus négligé. On a con-
Fig. 4594. — Lampe romaine d'argile. Servé peu de COUVerdeS
de ce genre en terre
cuite; ceux que l’on possède représentent en général
des masques scéniques e. Les lampes en bronze en ont
qui s enfoncent dans l’orifice comme un bouchon (plus
haut, fig. 4591) ou qui se rabattent pour le fermer comme
le couvercle en forme de coquille de la lampe repro¬
duite (fig. 4596) provenant d’Éleusis6; ils étaient parfois
surmontés de véritables statuettes souvent remarqua¬
bles et reproduisent des motifs sans doute empruntés à
la sculpture, par exemple un danseur (fig. 4597) ou le
groupe connu de l'Enfant à l’oie (fig. 4609) 7.
Nous avons jusqu’à présent laissé de côté avec in¬
tention les sujets qui ornent les lampes chrétiennes.
Ils forment une catégorie bien distincte et présentent
un caractère spécial. Ce sont eux qui justifient le mieux
1 épithète : chrétiennes. Les sujets sont empruntés soit
* Passeri, Lucem. I, pl. xxx. — 2 Au Louvre. — 3 Montfaucon, t. V,
"* part. pl. cliii, cliv, clxvii. — VS. Bartoli, Lucem. II, pl. xxxiv. — 6 Par
exemple, au Musée du Louvre, salle des vases à reliefs trouvés en Italie;
Bull, conutn. 1897, p. 335, n° 9. — 6 Le Bas, Voyage arch. Mon. figurés,
PL cvm- — 7 Mus. Borbon. t. I, pl. x; t. IV, pl. xiv et i.vui. — 8 Parenteau,
Essai sur les poteries ant. de l'ouest de la France, pi. v ; Martigny, liiet.
à la Vie du Christ, soit à l’Ancien TV.i
symbolique chrétienne. Ici le Christ tt ”1’ s&iU]a
le lion, le basilic ' ld'SSe 1(i serpenl
et le dragon; là
il se tient debout
entre deux anges;
ailleurs nous re¬
connaissons Da¬
niel au milieu des
lions, les trois jeu¬
nes Hébreux dans
la fournaise, l’épi¬
sode de la grappe
deChanaan, Jonas
et le monstre ma¬
rin, Lazare dans
son linceul; voici
l'agneau, la co¬
lombe, le vase, le
poisson, tous sym¬
boles chrétiens
(fig. 4598)8 ; voici
des croix latines, des croix grecques, des croix patte
souvent décorées de petits médaillons où l'on disting,
l’agneau portant la croix; voici des chrismes de divers
Fig. 4595. — Lampe romaiuc de bronze'
époques, monogrammes simples, monogrammes cruci¬
formes, monogrammes constantiniens. Le pourtour du
disque, dans les lampes chrétiennes, est toujours occupé
par une zone remplie d’orne¬
ments : tantôt ces ornements
sont purement géométriques,
disques, rosaces, fleurons ; tan¬
tôt ils sont nettement chrétiens
ou symboliques, comme les
têtes des douze Apôtres, les
colombes, les poissons, peut-
être aussi les cœurs9. La dé¬
coration des lampes chrétien¬
nes en bronze est de même
religieuse par l’inspiration; la
croix et le monogramme y
jouent un grand rôle ; l’on a
pu, sans témérité, voir dans un
manche de lampe qui représen
Fig. 4598
. — Lampe ornée d'emble®*
chrétiens.
Uc la tête d’un
tenant une boule dans son bec, une image du ") ^.ui_
infernal portant dans sa bouche la pomme du p1
, lit- i>-
des ant. chrét. 2' éd. p. 772. — 9 De Rossi, Borna Sotteriani . pe|atlre,
et s. ; La Blanclièrc et Ciauckler, O. c. p. 194 et s., n 4 Saint-Lo"11
Les lampes chrétiennes de Carthage-, Musée Lavigerte 1 ' Je>
Carthage, t. III, p. 32 et s., pl. vm-x. — 10 Bull, de la
France, 1899, p. 2(12 et
p. 209.
3., NI, >111-.*. —
; cf. Martin et Cahier, Mélanges
4 fol-
1. IV.
Fig. 451)9
59 _ Lampe chrétienne de
bronze.
[des croix ou
Fig. 4600. — Lampe
d’argile.
sous le nom de lampe du grand-duc
nc lampe c"“"jiiverle à Rome au siècle dernier, sym-
. Toscane, < ,M ];j forme d’une barque que conduit
saint Pierre ou peut-être Jé¬
sus lui-même, assis au gou¬
vernail ; un autre person¬
nage se tient debout à la
proue dans l’attitude de la
prière 1 . Comme les lampes
de l’époque proprement
païenne, les lampes chré¬
tiennes étaient parfois déco¬
rées, en avant de l’anse, d’un
ornement qui pouvait ser¬
vir de manche ; la forme
en était généralement cir-
I. re Les reliefs qui ornent plusieurs de ces disques
Egalement d’inspiration chrétienne : ils représentent
des monogrammes, l’agneau pascal, le pois¬
son, etc.2 Parfois ces disques sont
évidés (hg. 4599); la croix ou le
monogramme sont alors comme dé¬
coupés dans la terre cuite ou le
métal3. Enfin quelques lampes sont
ornées de l’image du chandelier à
sept branches (fig. 4600), motif
d’origine juive et qui devint chré¬
tien
De tout ce qui précède, il résulte
que les fabricants de lampes, pen¬
dant plusieurs siècles, eurent à leur
disposition un répertoire vraiment énorme de sujets, de
motifs, de ligures extrêmement variés. Comment ce réper-
tuireavail-ilété composé ?Dans quelle mine, à quelle source
fut-il puisé? Une conclusion scientifique ne pourra être
formulée cpie lorsqu’on aura retrouvé l’origine certaine
d un grand nombre de ces motifs. Jusque-là, il faut se
borner à signaler quelques ressemblances plus ou moins
accentuées. Par exemple, Bircli a déjà remarqué l’ana¬
logie frappante qui existe entre le sujet relevé sur
quelques lampes, cle la Ménade en furie portant un
[chevreau à demi déchiré, et plusieurs bas-reliefs néo-
ptiques, qui reproduisent un original attribué parfois à
Scopav’ ; la même observation a été faite à propos
une lampe trouvée à Rome 6. La Victoire debout sur
Pn globe, tenant une couronne d’une main et une palme
I c autre; la Fortune ayant comme attributs une corne
Bue 0.n^anCe et un gouvernail : ces deux motifs, si fré-
l^en s sur les lampes antiques, ont été certainement
ppas * après des œuvres de la statuaire. Il n’est pas non
reconnaître dans les motifs de Vénus
uneivi] d Une hydrie et de Vénus accroupie devant
des a""11' *le’ des C0P*es> lointaines sans doute, à cause
CPpt,n "S'0ns eb de l’imperfection du travail, mais
luYém " lM Pr°bables de la Vénus de Praxitèle et de
PPochor 1 louP*e Daedalos. Il est curieux de rap-
en faveur n°tifde ^'nerve déposant dans l’urneson vote
,leste 4601), traité sur plusieurs lampes,
. S’ Uailoli, O. i ni ,i
( 5 Rossi, Bull. ^ ’ P • Xxxu î Martin et Cahier, O. I. III , pl. i, p. 15;
-, 2 MUs : j le°l‘ C1 i8^' *^07 ; Martigny, Dict. des a nt. ohrét. au mot
«6linonle, Not. de aV!9erir' Ul> P- « et s.; pl. x (n« 8-13). — 3 Trouvés à
fc. Bari^u , ' 1882- § 32; Duruy, Hist. des Bomains, t. VII, p. 540;
«rloli, Le
a,llr /«cerne , III, pi.
xxm, xxiv'. — ’> De Kossi, Borna sot ter.
du même motif reproduit sur une gemme et sur plusieurs
bas-reliefs [l. I, p. 398-399] ; la ressemblance présuppose
un original commun. Les représentations si nombreuses
de gladiateurs ont pu
être empruntées par
les fabricants de lam¬
pes aux fresques ou
aux tableaux que les
riches magistrats fai¬
saient exécuter pour
conserver le souvenir
des jeux qu’ils avaient
offerts à leurs conci¬
toyens 7.
Il n’y a, au point de
vue artistique, aucun
parallèle à établir en¬
tre ces produits com¬
muns, souvent gros¬
siers, de l’industrie
romaine, et les œuvres de la céramique grecque.
Toute proportion gardée cependant, et sans oublier
les réserves nécessaires, nous pensons qu’on peut dire
de ces reliefs ce qu’on a dit des peintures de -vases
qui nous conservent l’image lointaine de chefs d’œuvre
disparus, qu’ils « sont à peu près pour nous ce que
serait l’imagerie de nos revues et de nos journaux illus¬
trés, si notre art périssait tout entier d’un seul coup... 8 ».
En second lieu, ces innombrables documents, recueillis
dans presque toutes les provinces du monde romain,
placent sous nos yeux, nous font connaître les sujets,
les motifs préférés, populaires, dont on aimait, aux pre¬
miers siècles de notre ère, chez les païens et chez les chré¬
tiens, à décorer le mobilier usuel. Avec eux et par eux,
nous pouvons pénétrer dans un domaine reculé, encore
un peu obscur, de l’histoire de la civilisation antique.
Outre les sujets figurés et les reliefs, les lampes
antiques portaient fréquemment des inscriptions, soit
imprimées à l’aide d’une matrice, d’un timbre, soit
gravées à la pointe avant la cuisson. Il est nécessaire de
répartir ces inscriptions en plusieurs catégories très dis¬
tinctes. Les unes sont destinées à rappeler les circons¬
tances dans lesquelles ou pour lesquelles la lampe a été
fabriquée. D’autres sont les légendes de l’image ; elles
indiquent avec précision à l’acheteur le sujet représenté
sur la lampe. D’autres sont des acclamations ou des for¬
mules par lesquelles soit le fabricant, soit la lampe elle-
même, s’adressaient au public. D’autres enfin, et ce sont
de beaucoup les plus nombreuses, sont des signatures de
potiers, de véritables marques de fabrique.
A la première catégorie appartiennent les lampes où
se lisent tantôt en toutes lettres, tantôt abrégées, cer¬
taines formules bien connues, telles que celles-ci :
Annum novum, faustum, felicem mihi(o\i tibi). — Genio
populi Romani féliciter , G. P. R. F. — Ob cives servatos ,
Ob. civ.Serv .° Souvent ces inscriptions sont gravées sur
un bouclier rond tenu par une Victoire. Les deux pre¬
mières formules expriment des souhaits; la troisième
p. 010 ; Cotai, du Musée d'Oran, I, p. 125, n“ 300 ; La Blanclièrc et Gauckler, O. c.
p. 201, n. 589-591. — s Bircli, O. e. 2' 6d. p. 131. — 6 Bull, comun. 1887, p. 300,
D. 8. — 1 Gladiator, p. 1599, xxiv. — 8 H. Potlicr, Calai, des vases antiques
de terre, cuite du Musée du Louvre , 1, p. 14-15. — 9 En particulier, C. inscr.
lut. XV, 2e part. t. I, ii"> 0195-6220.
LUC
1330 —
LUC
rappelle au contraire des services rendus. Sur d’autres
lampes, on lit Saeculi, Saeculo, Saecul ; ce mot est gravé
tantôt sur le liane du récipient, tantôt au revers de la
lampe. Diessel pense qu il fait allusion aux jeux sécu-
Ieiies . De même le terme Publica inscrit sur quelques
lampes à la suite d’un nom de potier : Clemenlis Pu-
ht ica, Hernioti(s) publicu , signifierait que la lampe a été
fabriquée spécialement pour une cérémonie ou une illu¬
mination publique.-. Sur d autres lampes sont inscrits
des noms de divinités, Pallas Victrix, Artémis Ephe-
siorum ; ces lampes étaient votives, et on les déposait
dans les sanctuaires de ces déesses 3.
Ailleurs les inscriptions se rapportent directement au
sujet représenté : ce sont, par exemple, des noms de
gladiateurs sur des lampes où l’on voit des gladiateurs
combattant Afer-Helenos, Sabinus-Popillius , etc. 4 ; ce
sont, à côté de scènes du cirque, des noms de chevaux
ou de cochers, probablement vainqueurs, quelquefois
précédés du mot ccilos, quelquefois suivis des lettres VA,
que l’on interprète va(de féliciter) 5 ; c’est le nom du ou
des principaux personnages de la scène figurée, ainsi sur
quelques lampes déjà citées : Ganymedes 6, Diogenes 7,
TU y rus 8 ; c’est encore Aen(eas), An(chises), Asc(anius),
sur une lampe qui représente la fuite d’Ënée2; c’est
enfin un mot ou une phrase qui illustre le sujet, comme
Adj uvale sodales, sous un groupe de petits Amours
s’essayant à manier les armes d’IIercule 10 ; Luyeo auprès
d'un Génie funèbre qui pleure11; Plus fecisses si plus
liceret, sur une lampe trouvée à Carthage, autour d’un
guerrier 12.
Parmi les acclamations ou les formules gravées sur les
lampes et qui s’adressent soit à l’acheteur, soit au public
en général, les plus curieuses ont été relevées d’une part
sur quelques lampes très anciennes trouvées à Rome, en
particulier dans la nécropole de l'Esquilin, d’autre part
sur une série de lampes africaines qui proviennent
presque toutes de Caesarea (Cherchell) et de la région
environnante. Les lampes de Rome, couvertes d’un vernis
noir brillant, portent en graffites sur le disque supérieur
ou sur le flanc, des phrases comme celles-ci : Porte, fur;
— Ne at/yas, non sum tua, M. sum ; — Sotae sum, noli
me tanyere ; — Nie) atiga(s) me, Gemuci sum; — Sum
Valeri; — Speri sum13. Sur une lampe grecque
d Athènes, on lit de même Mr, cctït-ou11. Ces inscriptions
ne se retrouvent pas sur les lampes de l’époque impériale ;
il est possible qu’elles soient spéciales aux lampes
grecques ou de fabrication grecque. Les inscriptions des 1
lampes africaines de Caesarea occupent le pourtour du
disque ; elles sont moulées. La formule générale est :
E mite (ou eme) lucernas ab asse colatas. On lit aussi
Lucernas colatas de officina asse ne, sans doute pour
asse eme, ou bien Lucernas colatas ex oficina Donati 15.
Sur un moule de lampe du musée d’Oran, on lit : Qui
fecerit vivat et q(ui) emerit. Les fabricants de lampes
chrétiennes imprimaient parfois sur leurs produits des
phrases du môme genre, par exemple : Bonn
Donm,.
-nr
mie
'l’.S
Omnia Bonn 16 ; peut-être aussi dest
des conseils, si l’on doit lire ûona/o
Vita(e), au lieu de Vita Donato Cor(o)
inscription moulée sur une lampe africaine do r
Ces deux premières catégories d’inscrimin , refl
du sujet représenté, formules diverse.
public, doivent être, selon nous, nettement dVTl
des signatures de potiers. Elles font partie d ngUéef
lion de la lampe. Les autres inscription, ni 7"
maintenant étudier, sont des marques de fal,„„ "
Les potiers antiques signaient leurs produits n ■
donc pas étonnant que les lampes portent très ^
ment des signatures. En général ces signatures rJ!"^
le centre du disque inférieur de la lampe. Tantôt élit J
été gravées à la pointe dans l’argile encore molle aj
la cuisson; ce sont alors de vrais graffites; tantôt' elk
ont été imprimées à l’aide d’un timbre; dans ce cas elle!
sont en creux ou en relief; les signatures en relief sont)
parfois encadrées d’un cartouche cà queues d'aronde ou
enfermées dans l’image d’une plante de pied [vestigium
planta pedis). Exceptionnellement dans les lampes mu¬
nies d’un manche triangulaire, la signature est parfois
aurevers du manche18. Très rarement, elle peut se lire sur
le. disque supérieur ou sur le flanc du récipient19.
Les lampes les plus anciennes, en forme d’écuelle à
un ou deux becs, ne sont jamais signées. Les lampes, que
nous avons cru pouvoir appeler lampes grecques, c'est-à-
dire les lampes rondes, sans anse, à vernis noir métal¬
lique, et les lampes delphiniformes, le sont rarement. Au
contraire, les lampes de l’époque impériale le sont très
souvent. Sur les lampes chrétiennes, les marques de
fabrique sont exceptionnelles. Les plus anciennes
marques que nous connaissions ont été relevées sur
quelques lampes trouvées dans la nécropole de l'Esqui¬
lin : l’une se lit PraeseQitis ?), l’autre est un monogramme
qui n’a pas été déchiffré 20. A Carthage, sur l’une des
lampes néo-puniques trouvées par le P. Delattre au fond
du cimetière des Officiales, se lit la marque Vibia ou
Elbial (FLBIA21)- Au revers d’une lampe delpluniforme
recueillie dans la nécropole de Bulla Regia, la signature du
potier grec est formée de deux lettres, un a et un * entre¬
lacés22. Sur un certain nombre de lampes, les signatures
sont réduites à une seule lettre : A, L H, R' etc. 21 ; parfojsj
plusieurs lettres sont groupées en un monogramme
Le plus souvent les signatures sont écrites en ;d,1,‘8ej
mais les noms sont en général reconnaissables, giace aa
quelques exemplaires qui les donnent entiers ou Pies^|
entiers. La formule complète de la signature était. Exof J
cina illius, par exemple : Ex officina Felicis , b-1 uPl 2 1
Kapitonis. Le mot officina est souvent réduit à que q>*
lettres ou même à une seule : Ex offici. Nundu'111
o fi. Germani ; ex of. Gargili ; ex o. Pullaeni . E» ^ j
était la fabrique d’où sortait la lampe, et b* jçja
qui suit au génitif désigne soit le propriétaire m
1 C. i. lat. I. I. 6221. — 2 Ibid. 6223-6229. — 3 Monlfaucon, O. c. t. V,
2e part. pl. clxvii; S. Bartoli, Lucern. Il, pl. xxxv. — 4 C. i. lat. XV, 2“ part,
t. I, 6241-6249. — 6 Ibid. 6250-6261 ; cl. Delattre, Marques céramiques ijr. et
romaines, p. 21, n. 95. — 6 C. i. lat. XV, 2' part. t. I, n. 6239. — 7 Ibid. 6238.
— 8 Musée du Louvre, salle des vases à reliefs trouvés en Italie; C. i. lat.
XV, 2' part. t. 1, n. 6240 ; X, 8053. 9.- 9 C. i. lat. XV, i‘ part. t. I, n. 6236.
— 10 Ibid. 6230; et X, 8053, n. 8. — H Q. i. lat. XV, 1« part. t. II, n. 6234.
— 12 Delattre, Marques céram. p. 15, n. 20. — 13 Ann. d. Istit. 1880, p. 266 et
s. C. i. lat. XV, 2« part. t. 1, n«» 6899 et s. - 14 Bull. d. Istit. 1868, p. 59,
/ \V, pal^‘
n. 37. — 13 I*. Gaucklcr, Musée de Cherchell, p. ^V/-/ de i École fri,ni-'
t. I, n. 6752, 6753. — n P. Gaucklcr, O. c. p. 71. — 18 "'"j XV, 2* Parl*
de Home, t. XII, 1892, p. 118, n. 31-33, pl. iv, n. 5. — 19 • (81, n-3®9'
t. I, n. 6520; La Blanchére et Gaucklcr, Catal. du Musu ■ ^ pc|aiire,
— 20 Ann. d. Istit. 1880, p. 91, n. 77 et p. 295, n» 86. - " ' 23 ç, i. W-
céram. p. 19. — 22 La Blanchère et Gaucklcr, O. c. p )■')'’ n‘ (jji l, 6433 , 6466,
8053, 209-214; XII, 5682, 131 ; XV, 2* part. 1. 1, 6266, 633 lat.SW - l,ar*
6569, 6570, 6598, 6651, 6702; cf. Delaltre, O. c. p. 17. —
1. I, p. 782 et n. 6535, 6541.
LUC
— 1331
LIC
j( M,ut-êlrc ce que nous appelons aujourd’hui
f;ibri'lue’fl)l l'i|(i Quelquefois le nom du fabricant est
!a iais0" S°' L.;/ par exemple P. Popilius Ri/us fecit.
i du mot ftcii, p . ,
Pullaeni, Pullaenorum, Phoetaspi,
Vibiani. Les nominatifs
suivi uu ' fecit esl écrit en toutes lettres : d’habi-
Harenm"1 ' on lit : Agilis f., Aprio f .. Lucius f.,
tude, |h'^‘ . SeXtUs f., Cleme(n)s fe., Crassus fe.
J«nU"rl"') /ot’ie'r ge contentait d’inscrire son nom ou ses
L°I’SqU' n.,!1e fond de la lampe, il employait le génitif ou
"^”S!,-inlif suivant qu’il sous-entendait la première
h‘ ^"""ôndè des deux formules précitées : par exemple
Lia// (pour Ex officina Aügendi), Atimeli , Erotis,
p i ,L jforati Hijlae, C. Juli Nicephori, G. Juh
BLi U i()iu Diadumeni, Marcelli, Maurici,
,) /. Nom Justi,
Poiitiani, Sexti, Slrobi/i,
■nt moins fréquents; on trouve cependant : Asprenas,
Linthus, Cresce(ns), Félix, Litogenes, Myro, Trophi-
vm> etc. Il est rare, toutefois, que le nom du potier
soit écrit en entier et que le cas employé apparaisse
aussi nettement. En général, le nom ou les noms sont
abrégés ; les abréviations ne sont pas constantes ni
uniformes. Pour ne citer que des marques très fréquentes,
la signature de L. Caecilius Sae(vus 9) se lit L. Caec.
Sai\,L. Gae. Sac., L. Ca. Scie 1 ; celle de C. Clodius
Surcmus serencontre sous les formes C. Clod. Suc.,
C. Cio. Suc., Clod. Suc. 2 ; celle de L. Fabricius Evel-
pistus est abrégée en L. Fabr. Eve!., L. Fabri Aevel.,
L. Fabri Ilevel. 3 ; celle de L. Fabricius Masculus, en
L. Fabric. Masc., L. Fabric. Mas., L. Fabr. Mascl.,
L. Fabr. Masc., L. Fa. Mas., Fabric. Mas. 4; celle de
L.Marius Mi(tis 9) en L. Mar. Mi., L. Ma. Mit., L. M.
Mil., Mar. Mi \ Nous pourrions multiplier les exemples
. de ces variantes. I)e plus, il n’est pas rare que les signa¬
tures les plus répandues soient accompagnées de petits
signes, lettres isolées ou vignettes, qui diffèrent suivant
les lampes : avec la marque L. Caec. Sac., on trouve une
palme, un pied, un phallus6 ; avec la marque C. Cio. Suc.,
un cercle, une croix, une roue, une étoile, une rosette, une
feuille, un pied, un phallus7 ; avec la marque L. Fabric.
Masc., un x, un H, une roue, un phallus, une étoile 8 ; avec
Ba marque Fords, un |, un N, un S, une couronne, une
I euille, une couronne et une palme9 ; les deux marques
| • Juli ire for i et C.Juli P h i l i ppi sont presque toujours
■accompagnées dun phallus sur les lampes qui ont été
recueillies à Rome10 ; avec la marque L. Alun. Phile se
P°uvent une rosette, une croix dans un cercle, un X, une
IU! un !)lmlllis 11 ; avec la marque/.. Mua. Trept ., une
Kn r 12 •' Ue *GU*^e’ lln P*e(U une palme, un trident,
|L ’ a'ec 'a marque C. Oppi Best., une feuille, un
cararir'1' ' '6S ^ettres A. N, O13- L’exemple le plus
une ’lsl"lue de ces signes additionnels est fourni par
L /Z,;1;;1""0 potier, localisée en Gaule, celle de
p, S;T v/7 ’ elle esl accompagnée des lettres G, I- L, M,
Ces ’sianpc ’Z’ AT’AI,delacroix+, des signes o, 4 u.
au-dessus '< 6 . reS 0u v'&neffes> sont placés tantôt
signature ' i'[l nt<lL au‘dessous, quelquefois à la fin de la
linguer j,,s L"* Pro^able qu'ils étaient destinés à dis-
même fabi*G S' 's différentes dans la production d’une
1U|-, mais nous ne possédons sur ce point
[ J c. i. ici. xv
. !‘4-38o. — i ç Ibid. 0377 ; La Blanchère et Gauckler, O. c. p. 184,
n (K,. ___'6 ■ " ■ XV, 2* part. t. 1,11. 0430. — 4 Ibid. n. G433. —
1H ' "• G35°- — 1 Ibid. n. 0377. — 8 Ibid. n. 6433. —
|;. 0493, 0496. — H Ibid. n 6562. — 12 Ibid. n. 6505.
Ibi.l
■ 11 • 0430. _
Ibid.
aucun renseignement de détail. Sur une lampe trouvée à
Rome, semble être inscrit le nom de l’ouvrier qui l’a
modelée : on lit en effet d’une part, près du bec, le nom
Pulcher, d’autre part la marque connue L. Fabric.
Masc. « Pulcher, dit Dressel, est certainement un des
ouvriers qui travaillaient dans la fabrique de L. Fabricius
Masculus15 »; c’est peut-être de la même façon qu’il
convient d’expliquer le nom Primi qui suit, sur une
lampe de Rome, la signature C. Oppi. Res. ,6.
Il faut remarquer que, parmi les marques les plus
répandues dans tout le monde romain, il y en a plusieurs
qui ne different que par le cognomen du potier, le genti-
lice et le prénom étant les mêmes ; ainsi C. Atil(ius )
Tro[phimus) et C. Atilius Vesti(nus ?) 17 ; L. Fabricius
Aga{tliopus ?), L. Fabricius Evelpistus , L. Fabricius
lleraclides , L. Fabricius Masculus, /.. Fabricius Satur-
ninus 18; C. Junius Alexis, C. .lundis Ri/us ou Ritalis,
C.Junius Draco 19 ; C. Lollius Cre(scens?), C. Lollius
Diadumenus, C. Lollius Finit . 20 ; L. Munalius Adjectus,
L. Munatius Amar[ant husf), L. Munalius Philemo 9,
L. Munatius Restutus, L. Munalius Successus, L. Mu¬
natius Threptus 21 . Beaucoup de ces cognomina sont
grecs; il n’est point téméraire de supposer qu’ils étaient
portés par des affranchis. N’y aurait-il pas lieu d'indi¬
quer alors, à titre d’hypothèse, que ces marques si
voisines désignent des fabriques apparentées entre
elles, ou encore diverses succursales d’une seule et
même grande fabrique? Par exemple, Adjectus, Ama-
ranthus, Philemo, Restutus, Successus, Threptus au¬
raient été des affranchis placés à la tète de chacune des
figlinae dérivées d’une fabrique mère fondée par un
certain L. Munatius.
Le nombre des signatures de potiers relevées sur les
lampes antiques est très élevé. Nous donnons ci-dessous
la liste de celles qui sont le plus fréquentes avec l’indi¬
cation des provinces de l’empire romain où elles ont été
surtout retrouvées22.
Anni Serapiodori, Anni Ser. : Rome, Ostie.
Atimeti : Toute l’Italie, la Narbonnaise, les Pannonies.
Au fl. Fron. : Italie méridionale, Sicile, Sardaigne,
Afrique.
L. Caec. Sac. : Rome, Italie méridionale, Sicile, Sar¬
daigne, Narbonnaise.
C. Clod. Suc. : Rome, Cisalpine, Narbonnaise, Sar¬
daigne, Afrique.
Commuais : Rome, Pompéi, Cisalpine, Pannonie.
C. Corn. Ursi : Rome, Campanie, Sicile, Afrique.
Cresce(n)s : Cisalpine, Narbonnaise, Pannonie.
L. Fabric. Masc. .-Rome, Cisalpine, Afrique.
Fords: Rome, toute l’Italie, Cisalpine, Narbonnaise,
Bretagne, Dalmatie, Pannonie, Dacie, Sicile.
Gabinia: Rome, Afrique.
L. Ifos. Cri. : Narbonnaise, Gaule.
C. J uni. Alexi. : Rome, Campanie, Sicile, Sardaigne,
Afrique.
C. J un. Drac. : Rome, toute l’Italie centrale et méri¬
dionale, Sicile, Sardaigne, Afrique, Narbonnaise.
Luccei, Luccei orum , Sex Luccei: Afrique.
L. Mar. Mit. : Rome, Campanie, Sicile.
— 13 Ibid. n. 6593. — *4 Ibid. XII, 5682, 57. — 13 Ibid. XV, 2” .pari. t. I, n. 6434.
— 19 Ibid. il. 6593. — 17 Ibid. n. 6318, 6319. — 18 Ibid. n. 6429-6435. _ 19 Ibid.
n. 6561-6503. —20 Ibid. n. 6519-6521. — 21 Ibid. U. 6560-6565. — 2 -2 Ibid. t. II, III, V,
VII, VIII, X, XII, XV, 2* part. U.
I.l t.
— 1.332 —
LUC
I
Rome et Afrique.
Sardaigne.
L. Mun. Adjec.
L. Mun. Philo.
L. Mun. lies.
L. Mun. Sur. \
L. Mun. Thrept.
Marcelli : Narbonnaise.
(J. Mem. Kar.
Q. Mem. Pud.
M. A ovi Justi : Rome, Naples, Sicile, Sardaigne,
Afrique, Narbonnaise.
G. Oppi Best. : Rome, toute l'Italie, Sicile, Sardaigne,
Afrique, Narbonnaise.
Pullaeni : Sardaigne, Afrique.
Phoetaspi : Italie, Cisalpine, Narbonnaise, Pannonie.
Strobili: Rome, toute l'Italie, Cisalpine, Narbonnaise,
Dalmatie, Pannonie.
C. Viciri Agat. Bic. Agat : Rome, Afrique.
Vibiani : Cisalpine, Narbonnaise, Pannonie.
De cette liste, que nous avons réduite aux signatures
les plus connues, il résulte que les diverses marques
n étaient pas également répandues dans les différentes
régions du monde romain. Si toutes ou presque toutes se
retrouvent à Rome, il n'en est pas une seule qui ait été
à la fois populaire au nord et au sud. La marque Fortis,
extrêmement abondante en Italie et dans toutes les pro¬
vinces européennes, est très rare en Afrique ; la marque
C. Clod. Suc, fréquente en Afrique, à Rome, en Narbon¬
naise, ne pénétra presque pas dans les provinces danu¬
biennes; il en fut de même pour les marques C. Jun.
Alexi , C. Jun. Drue., M. Novi Justi, C. Oppi Rest.
D'autres marques, au contraire, ne sortirent d’Italie que
vers le nord; hors d’Italie, la marque Commuais ne s’est
guère répandue qu'en Pannonie; de même les marques
Phoetaspi, Strobili, Vibiani , franchirent les Alpes à
l'ouest, au nord, à l’est, mais ne gagnèrent ni la Sicile et
la Sardaigne, ni l’Afrique. Enfin, certaines signatures
paraissent avoir été spéciales à une région, môme à une
province : ainsi la marque Anni Ser. est localisée à Rome
et à Ostie ; la marque L. Hos , Cri. est tout à fait localisée
dans les Gaules, ainsi que la signature Marcelli ; les
marques Q. Mem. Kar. et Q. Mem. Pud . n’ont été encore
rencontrées qu’en Sardaigne; la marque Pullaeni, Pul-
laenorum, est très nettement particulière à la Sardaigne
et à l’Afrique du Nord. Pouvons-nous tirer de ces
quelques faits des conclusions générales sur les centres
de fabrication des lampes, sur le commerce dont elles
étaient l’objet? Il semble bien que la plupart des lampes
signées qui ont été jusqu’à présent recueillies dans
les provinces proprement romaines de l’empire aient été
fabriquées en Italie ; il n’est pas invraisemblable qu’il y
ait eu en Italie trois centres de fabrication : Rome ou ses
environs, la Cisalpine, peut-être la région de Modène, où
se seraient trouvées, d’après Dressel, les fabriques dont
les marques sont : Commuais, Fortis , Strobili 1 ; enfin
la Campanie. Hors d'Italie, il y eut certainement des
fabriques importantes en Afrique et en Narbonnaise. Sur
une inscription découverte en Tunisie, non loin de
Dougga, sont mentionnés des Praedia Pullaenorum 2 ; il
n’est point impossible que les Pullaeni , propriétaires de
ces domaines, soient les mêmes que ceux dont le nom
i C. i. lat.. XV, 2e part. t. I, p. 783. — 2 Carton, Découvertes épigr. et archéol.
p. 254, n. 447. — 3 C. i. lat. XV, 2e part. t. I, G8G9 et s. ; Kaibel, Jnscr. gr. liai, cl
Sicil. n° 2405; Di Cesnola, Salamina , p. 284-285. — 4 C. i. lat. XV, 2° pari.
est inscrit sur beaucoup de lampes trouvée
et en Afrique. Les lampes signées L. f/os h u. I
bien avoir été fabriquées en Gaule Omni
locales, elles ont dû être très nombreuses""
produits sont en général grossiers et s-uv ’ I''llr3|
seule mérite d’être signalée, qui se trouvé" T' Unl
sarea (Cherchell), soit dans la région voisin,. - 1 i" H
de cette partie de l’Afrique du Nord sont J* M “"H1
par la formule Emile lucernas ab asse coh, b'
portent souvent autour du disque supérieur
Les signatures de potiers grecques sont beau*,
moins nombreuses. On en a recueilli un m hin
* K»™. ™ et dans las provinces
1 empire3. Elles présentent le même aspect génénl „
les marques latines. Elles se composent d’un'
d’homme au génitif, très rarement
iHun
au nominatif; souvent
ce nom grec n’est que la traduction ou la transcription
d’un nom latin. Voici les principales : ’AGwxmou, -J
Xto(u), IveXcsi (Celsi), KopvvjXiou, $Xa6fou, Aouxfou,
(Rome), ItauXou, IlXâxwv (Cypre), IlogmXi'ou (Naples),
IIpôxXou ’Ayuptou (Sicile), P-qyXou (Tarente).
Quant aux lampes chrétiennes, il est très rare qu’elles
portent, comme marques de fabriques, de véritables
signatures. Elles se distinguent par des lettres, plus
souvent encore par des signes empruntés presque
toujours à la symbolique chrétienne, des croix de toutes
formes, entourées de cercles ou cantonnées de points, des
ancres, des cœurs, des palmes, des grappes de raisins.
Lettres et signes sont gravés ou estampillés grossière¬
ment sur le fond de la lampe L
Fabrication des lampes. — Nous n’avons pas de
renseignements particuliers sur la fabrication des lampes
en métal. La lampe d’or de Callimachos, dans le sanc¬
tuaire d’Athéna Polias, était une œuvre d’art, sortie des
propres mains du sculpteur3. Les lampes de bronze,
qui furent très nombreuses, surtout en Grèceeten Italie,
se fabriquaient sans doute comme les autres vases et
ustensiles en métal ; il ne nous reste aucun document,
l’antiquité ne nous a transmis aucun indice, qui nous
permette de croire à l’existence d’un procédé ou d un
mode de fabrication spécial. Il semble impossible que les
lampes de bronze aient été fabriquées d’un seul morceau,
ou qu’on ait employé pour leurs diverses parties une seu e
et même technique. Le coulage, la ciselure, le lra\<n au
marteau, la soudure ont été sans doute mis en teuv^J
concurremment pour les lampes comme poui tou c J
vaisselle de métal [caelaturaJ. Nous placei on> 11 1 ^
dessin de la lampe de bronze du musée de bor|c^ '
chef-d’œuvre de la loreutique des Etrusques ' ^ ^
Elle mesure 0m, 84 de diamètre; ses seize becs s()nl('^iirJ
par des têtes cornues et barbues; au-dessous jg)
de Sirènes alternant avec celles de Silènt s ■> ^ ^ je
jouant delà flûte; un masque de Gorg°n< 1
milieu, entouré d’une première zone d animaux ^ ^
deuxième de flots et de poissons. Nousovoa ^
haut une lampe de bronze incrustée d oi l|,llo ^ jonc
Domo d'Ossola ; le fabricant de lump1 s ,raP0ia]|
quelquefois appel à l'art de l’incrustation A111^ coninient
Nous savons mieux et avec plus de ( (j,:c0rer Ie3-
les potiers s’y prenaient pour fabrique i
t. I, p. 858 et s. ; Delattre, Les lampes antiques du Musn > ^ ,8u, A 15
tliage, p. 18. — 5 Paus. 1, 20, § C.
à x, p. 72; Mon. d. Ist. III, pl. xi.i, xui
_ G Micali, Mon.
inei. FU*
Annal. 18*2, p- s3'
LUC
— 1333
LUC
„ p.-ito ' Les plus anciennes lampes, ces
lat»Pes c nl1 (ipnx becs qui ont été trouvées dans les
écuellos a g de ]’Afrique du Nord et à Chypre,
nécropoles p» 1
Unes don tse soi -
valent les Égyp¬
tiens, les
Ova mentionnés
humain, d’une partie du corps (tête ou pied), d’un ani¬
mal, etc. ; nous nous contenterons de renvoyer à l’article
figlinum(III. La Plastique en terre) et au livre de M. bot¬
tier : les Sta¬
tuettes de terre
cuite dans l'anti-
jtaient
par Polli>x,ot
certainementfaits
all tour8- Ce pro¬
cédé rudimen -
taire suffit, tant
que les lampes ne
Reçurent pas de
décoration. Mais
lorsque l’on se
mit soit à égayer
par des orne¬
ments la forme
couraqtedes lam¬
pes, soit a imagi¬
ner pour la lampe
les formes variées
etfantaisistes que
nous avons indi¬
quées plus haut,
il fallut recourir
à une technique
plus perfection-
née.Surplusieurs
lampes de la né¬
cropole de PEs-
quilin, des ins¬
criptions furent
gravées à la
pointe, dans la
pâte encore mol¬
le 3 voir iig.
4370) ; l’image de
Tanit et des pal¬
mes , obtenues
par le même pro¬
cédé, se voient
sur dos lampes
grecques qui pro¬
viennent de Car¬
nage4. Peut-être
aussi les potiers
essayèrent-ils de
modeler à la main
quelques motifs
lrès simples de
décoration , des
0V(ÎS- des rin-
Manx, des lêleg
el l’em a'1'8 ces tentatives furent abandonnées,
le ri,;,-., ' 01 <'n moule devint général. Il est inutile de
îlles f lu en ce qui concerne les lampes aux-
u»nnait la forme d’un groupe, d’un corps
«
ou
on
Fig. 4G02. — Lampe étrusque en bronze.
quile
trouvera toutes
les indications
nécessaires. Les
lampes de forme
ordinaire étaient
fabriquées à l’ai¬
de d’un moule
double. Le moule
d’une lampe se
composait en effet
de deux parties,
dont l’une servait
pour la face su¬
périeure (bec, dis¬
que, anse, ou
manche), l’autre
pour les flancs et
le fond du réci¬
pient proprement
dit. La première
partie du moule
comprenait en
creux le sujet ou
le motif d’orne¬
mentation qui de¬
vait décorer le dis¬
que de la lampe ;
la seconde partie,
quand il y avait
lieu, portait soit
en creux, soit eu
relief, l’estam¬
pille du potier.
Les deux parties
d’un même moule
s’adaptaientexac-
tement l’une à
l’autre, quelque¬
fois grâce à des
tenons qui fai¬
saient saillie sui-
le bord de l’une
ou de l’autre; sou¬
vent aussi, une
même marque,
signe convention¬
nel ou lettre, était
gravée sur les
deux parties, afin d’éviter toute erreur (Iig. 4603) 7 . Plu¬
sieurs moules de lampes ont été retrouvés en Grèce®,
en Italie, en Afrique9; ils sont en terre cuite très dure
ou en plâtre.
' Bircll> /I hist ne
'K*1- mut Terminal v°ttanJ> 2“ éd- P- 508 ct s- ! Blümner, Tecli-
9"c au n,ot vi P- '88 et s. — 2 Aristophane, Ecoles. 1, appli-
tl *■' p>. 0. P i'ji, , |mllète — 3 Ann , d. fstjt. 1880, p. 200
Lavigerie de Saint-Louis de Carthage, II, p. 38.
— G La Blanchére ct Gaiickler, Ù. c. pl. xxxiv, n“* 17, 18. — 8 Ch. xi, p. 217
ct s. — 7 Bii’di, O. I. II, fig. 189; Blümner, O. I. II, fig. 24. — 8 Ch. Bigot,
Bull, de l’École franc. d'Athènes, août 1808, p. 44 el s. — 9 La Blancliire et
Gaiickler, Calai, du Musée Alaoui, p. 253, n«* 390, 397.
108
UJC
— 1334 —
Comment ces moules étaient-ils fabriqués? Autant
que nous pouvons le savoir d’après les documents que
nous possédons, il y avait deux procédés pour obtenir
un moule de lampe. 1° Le potier fabriquait en terre
massive le modèle même de la lampe dont il voulait tirer
de nombreux exemplaires ; c’était sur ce modèle que le
moule était pris en deux parties. Deux modèles, deux
originaux de cette nature ont
été étudiés par Ch. Bigot, au
musée d’Athènes. « Le modèle,
écrit-il, massif, plein, est fait
d'une terre prodigieusement
fine ; le grain en est serré, sans
la moindre aspérité, doux au
Fig. 4G03. — Moule d’une lampe. , „ , , , ,.
* toucher comme du marbre poli ;
ilaacquisla dureté de la pierre...
N oilà l’œuvre même de l’ouvrier antique. Si les moules
venaient à s’user, on pouvait sur le modèle primitif les
renouveler incessamment ’... » 2° Le potier se servait,
pour obtenir en creux les sujets ou motifs d’ornementa¬
tion qu'il voulait reproduire sur les lampes, de poinçons
ou estampilles en relief [figlinum, p. 1129-1130]. Ces
estampilles devaient se trouver dans le commerce;
sans cela, on ne s’expliquerait pas que des reliefs, sortis,
sans aucun doute possible, du même moule, puissent
orner des lampes qui portent des signatures différentes.
Par exemple, le musée de Constantine possède deux
lampes dont le disque est orné de deux palmes et de
deux couronnes, dans un pourtour d’oves. La compa¬
raison des deux objets, réunis dans la même collection,
permet de constater que les deux reliefs reproduisent, le
même original; pourtant, les deux lampes sont signées de
deux marques différentes : l’une porte erotis, l’autre
mvn trept, deux signatures bien connues. L’identité
des deux motifs s’explique naturellement, si l’on admet
que les chefs d’ateliers pouvaient fabriquer leurs moules
avec des estampilles qui se trouvaient dans le commerce2.
Et le fait est loin d’être exceptionnel. En voici un autre
exemple. A Cherchell, à Saint-Leu près d’Arzeu (dépar¬
tement d'Oran), au sommet du Bou-Kourneïn, voisin de
Carthage, ailleurs encore, ont été découvertes des lampes
à deux becs, avec manche triangulaire : dans tous ces
exemplaires, les becs sont ornés de volutes ; sur le disque
est représenté un autel circulaire, entre deux arbres;
autour du tronc de chaque arbre, est enroulé un serpent,
qui avance la tête au-dessus de l’autel ; le manche est
orné d’une palmette, à la base de laquelle on distingue
deux dauphins affrontés. Il y a, dans toutes les parties de
la lampe, ressemblance absolue entre ces exemplaires
trouvés si loin les uns des autres. Or de ces lampes une
est signée C. Cio. Suc. ; une autre, C. Oppi. Res. ; une
troisième Successif d’autres ne portent au revers aucune
marque de fabrique. Quant aux motifs purement décora¬
tifs qui se répétaient uniformément soit sur le disque,
soit autour du disque (stries rectilignes ou curvilignes,
oves, etc.), ils étaient probablement obtenus en creux
dans le moule à l’aide de roulettes en terre cuite ou
en bronze [forma, p. 1243, fig. 3179-3181]. Lorsque le
potier voulait signer ses lampes, ou bien il imprimait
son nom en creux dans la partie inférieure du moule à
l Ch. Bigot, L. c. p. 44-45. — 2 Friedlaender, Mœurs romaines, trad. Ch. Vogel,
t. III, p. 302 et s. — 3 C. i, lat. XV, 2e part. t. I, n°B 0350, 0593, 0445, 0544.
_ 4 Ch. Bigot, L. c. p. 45; Delattre, Les lampes antiques du Musée de Saint -
LUC
1130> h- 30491
l’aide d’un timbre en relief [figlinum, p
et, dans ce cas, la signature de la lampe se tr, °U42J'
aussi, en relief; ou bien il appliquait direele"™1, ^
timbre sur la lampe, au sortir du moule, avani h* "■[ S°n
dans ce cas, la signature était en creux | ,.s '' '
importantes possédaient un jeu considérable de i
fabi'iqueg
A Rome seulement, il a été trouvé 91 sïije'ts^di'rj
sur les lampes signées L. Caec. Sae., 84 sur le ' |"'‘enls
signées C. Oppi. Iles.. 51 Sur celles sig„ées
43 sur les lampes signées L. Mar. Mi.3 o ’
possédons qu’une petite partie des produits Offl'v 1°
par chacune de ces officinae ; chacun des nombi'i-s?^
nous venons de citer représente donc une nronm-iT
relativement faible. ' 11
Pour fabriquer la lampe, le potier prenait deux
morceaux d’argile ; il en étalait un dans la partie infé¬
rieure du moule, et l’autre dans la partie supérieure |
Puis il rapprochait les deux parties du moule. L’aHle
étant encore humide, les deux moitiés de la lampe se
collaient l’une à l’autre dans le moule même. Quand la
terre commençait à sécher, la lampe se détachait facile¬
ment du moule. Alors le potier y mettait la dernière
main, avant de la porter au four. Il creusait dans l’argile
molle le trou du bec, et celui du disque ou infundi-
bulum ; il évidait l’anse en forme d’anneau; il enlevait
les bavures qui avaient dû se produire tout le long de la
suture des deux moitiés de la lampe; quelquefois il
enduisait la lampe d’un vernis ou d’une glaeure. Elle
était alors prête pour la cuisson et portée au four. Los
lampes n’étaient exposées, en général, qu’à une tempé¬
rature modérée4.
Usage des lampes. — Pour bien éclairer, les lampes de
bronze ou d’argile dont se servaient les anciens devaient
être placées à une assez grande hauteur. Dans les mai¬
sons modestes et dans les catacombes, elles occupaient
de petites niches ou cavités creusées dans les murs;
quelquefois elles étaient posées sur des tablettes en bois
fixées à la muraille 5 ; quelquefois aussi elles étaient ac-
rochées, sans doute à des clous. On a retrom * r|U ^
mnpes dont l’anse forée est disposée de h 111
ue la lampe était certainement accrochée . . r ^eS
iaroi verticale6 (fig. 4594). On a aussi conj'<^ ,
ampes de bronze, auxquelles s’adaptent, du "> ' ■ ^
u bec, des tiges s’articulant et s’enchaînan )au g e(.
erminées par un crochet \ Une lampe, trom h-1 ^ . jn_
ni a passé en Angleterre8, forme, par la nnu ‘ ^ ^
;énieuse de la tige à laquelle elle est allat’ u_'( effet) cette
le transport facile et à deux fins (fig- /<(,,| ‘ '^|r lesquels
ige est terminée d’un côté par trois Pie s endue
lie peut se tenir debout, la lampe est a °' ujen i’appa‘
ans la boucle placée à l’autre extrémité, ou
_ ii C. i. I XV’
ouis de Carthage , p. 18-19. - 5Virg. Morelum 19 e •
■ part. I. I, tav. m, n- 22, 23, 29. - 3 Piranes., Vas
\ Archaeologia , t. XXV, pl. 10. - » Piranes., IM., I ■
1335 —
LUC
LUC
trou \
(1 pt c’est la lampe, arrêtée sous la boucle,
re'j se I <.IJ')1.S de support, et les trois pieds portés en haut
qui sert*» 01 b]ableg aux plateaux d’un lampadaire. Un
rV‘[ ""de suspension y a été ajouté.
C limpes pouvaient aussi être suspendues au pla-
Ln celle que l’on voit (fi g. 4605) est en argile ; elle a été
f°n ■ ./.rnrhée au linteau d’une porte dans le tombeau
étrusque des Vo-
lumnii à Pérouse2.
L’anneau de suspen¬
sion est formé par
un serpent replié
au-dessus de la tête
d’un génie ailé. La
lampe est à huit
becs. Le dessous est
orné d’une tête de
Méduse. On peut en
rapprocher les figu¬
res 4579 et 4602.
Le plus souvent
on avait recours à
un support qui per¬
mettait de placer la
lampe à la hauteur
voulue. Ce support
était tantôt adhé¬
rent à la lampe elle-
même, tantôt indépendant. Dans le premier cas, la lampe
était munie d’un pied plus ou moins développé, plus
ou moins orné. Les lampes à pied sont, on l’a vu (p. 1320,
fig. 45(54), aussi anciennes que la lampe elle-même. On
a découvert dans la nécropole punique de Gouraïa, près
Cherchell (Algérie), une lampe en
forme d’écuelle à deux becs por¬
tée par un pied très haut. Le
musée de Carthage possède une
lampe de même forme, dont le
pied est brisé. La collection de
M. le commandant Farges ren¬
ferme une lampe de forme primi-
tive(écuelle à un seulbec), sous la¬
quelle on reconnaît l’attache d’un
pied; elle provient de la nécro¬
pole punique de Collo 3. Dans la
nécropole punique, voisine de la
colline de Sainte-Monique, le
P. Delattre a trouvé en 1898 deux
lampes grecques à pied (fig.
dg (. 4606) L Le musée de Saint-Louis
déco!!) ’ Possède quelques colonnettes et fragments
qui si!"111 ^ CS 6n terre cu*!e> surmontées de chapiteaux,
do lui," inl l lUle aPParencei étaient, de même, des pieds
len.(i (!|M ' ^ * époque romaine, les pieds des lampes en
nées h,.',' ll'(Plrenl des formes plus variées et plus or-
0n u il (|UX StVes m®r^ent d’être signalées spécialement,
tensilcs (]'*■ et aux environs de Naples des us-
Cmp(,s 11 rage , composés d’une ou de plusieurs
11 1 mies par un petit autel de forme quadran-
, ^**lv At’n, | 797 . n i „
J""’1'» pl. vin lx . ’ c;ron- Sat. 30. — 2 Vermiglioli, Sepolcra d. Vo-
■ Hlanchct, Coll r la(lile> &eP- d. Volumni, pl. xm. — 3 M. Besnicr cl
"J'sine de la collin,, " P’ ^1, n» ‘3. — 4 La nécropole punique
p' *6' fig. 31, L s ^amte- Monique, extr. du Cosmos, 1899, p. 13, fig. 25 ;
• - lat. XV, 2» part. t. I, u»* 6009, 0610, 6734;
Fig. 4600. _
Campe grecque
à pied.
Iulaire ; les faces latérales de l’autel sont souvent ornées
de bas-reliefs (fig. 4607)*. Plus nombreuses sont les
gampes, dont le
pied en forme de
balustre renversé,
est orné d’une ou
de plusieurs figures
debout en relief6,
telles que Minerve,
Vénus, Apollon ci-
tharède, la déesse
de la Nuit repré¬
sentée sous les
traits d’une femme
voilée qui tient une Fig. 4607. — Lampe en forme d’autel,
torche allumée dans
la main droite et trois pavots dans la main gauche
abaissée, ou la Victoire; un support de ce genre, re¬
produit dans le recueil de Passeri \ est décoré de
trois figures en pied, où l’on a reconnu Diane chasse¬
resse, Séléné la déesse de la lune,
et Hécate (fig. 4608). Enfin, mais
plus rarement, le pied de la lampe
fut complètement transformé en
une figure 8, par exemple un Amour
avec les attributs d’Hercule ; peut-
être aussi le motif d’Atlas portant
le monde fut-il adapté à cet usage 9.
Les lampes en bronze, comme
les lampes en terre cuite, étaient
parfois munies d’un pied adhé¬
rent; en général ces pieds s’élar¬
gissent à leur partie inférieure
pour donner à la lampe une base
plus large, et par suite plus de sta¬
bilité. Il n’est pas rare qu’ils aient
la forme de trois griffes de lion10.
Fig. 4G08.
Lampe eu forme de vase.
Les lampes dépourvues de pied
étaient soit posées sur des supports plats, soit suspendues
par des chaînettes à des supports de formes diverses. Les
lampes que l’on posait à
plat sur la tablette 11
(7UV7.X!0V OU 7tlVaXl<7XlOV 12),
du support ou du can¬
délabre (fig. 4609), ne
présentent aucune dis¬
position particulière. Les
lampes destinées à être
suspendues étaient mu¬
nies soit d’anneaux, soit,
quand elles étaient en
bronze, de tiges recour¬
bées, ornées souvent
avec beaucoup de soin,
par exemple de cols et
de têtes de cygne13. Cer¬
taines lampes, au lieu d’être posées à plat ou suspen¬
dues, étaient, pour ainsi dire, fichées sur l’extrémité
d’une tige pointue. En Sicile et dans l’Afrique du Nord
Fig. 4609. — Lampe de bronze sur son support.
Antich. di Ercolano, t. VIII, pl. xu, u» 2. — 6 Monlfaucon, O. c. t. V, 2* part,
pl. clxvu, clxxi, ci-xxxix; Passeri, Luc. I, pl. lxix, xevu; Bull, comun. 1890, p. 25.
— 7 1, pl. xxii. — » Ant. di Ercol. t. Vlll, pl. xxxiv, u° 3. — 9 Monlfaucon, O. c.
t. V, 2e part. pl. ci.xxit. — 10 Par exemple au Louvre (salle des bronzes)". — U Mus.
Borb. t. IV, p. 14. — 12 Poil. X, 115. — 13 Ant. di Ercol. t. VIII, pl. lu.
UTC
1336 —
LUC
(Carthage, Gouraïa, Khenchela), ont été trouvées en effet i
des lampes dont la forme serait inexplicable, si on n'ad¬
mettait pas qu'elles devaient être ainsi placées. De ces
lampes, les unes sont traversées dans le sens de la
hauteur par une sorte de tube, ce qui donne au réci¬
pient une forme annulaire (Gouraïa, peut-être Khen¬
chela) 1 ; les autres présentent, au centre du réci-
Fig. 4610 et 4611. — Lampes fixées sur un tube central.
pient, une sorte de rendement, qui s’élève parfois plus
haut que le niveau du bord supérieur (fig. 4610 et
4611) ; ce rendement, d’aspect tronconique ou pointu,
est creux et permettait de placer la lampe sur le sommet
d'une tige qui s’y emboîtait exactement (nécropole de
Megara Ilyblaea en Sicile ; Carthage) s. La disposition
exactement contraire était aussi
appliquée : la lampe était munie à
sa partie inférieure d’un appendice
en forme de tige, qui s’enfoncait
dans le fût du candélabre ou du
lampadaire (fig. 4612): Enfin la
lampe pouvait être garnie d’une
sorte de virole que l’on faisait glis¬
ser à volonté le long de la tige du
candélabre [candelabrum, fig. 1095].
Les lampes de bronze et de terre
cuite étaient d’un usage courant
dans la vie privée. Les nombreux
exemplaires trouvés à Herculanum et à Pompéi le prou¬
vent sans contestation possible. Comme il est naturel, les
lampes de bronze, surtout les spécimens de grandes
dimensions, ornés de bas-reliefs, même de figurines ou
de groupes en ronde bosse, ne se sont rencontrées que
dans les maisons riches ; dans les demeures modestes, les
lampes d'argile étaient seules employées. Il n’y a point
lieu de distinguer, comme ont cru devoir le faire quelques
érudits, les lampes qui servaient dans les salles de repas,
tricliniares, de celles qui éclairaient les chambres à
coucher, cubiculares. Il est évident que dans toutes les
maisons les plus belles lampes étaient d’habitude réser¬
vées pour les salles où les amis et les étrangers étaient
reçus, comme tout ce qui pouvait servir à orner la
demeure.
Les lampes n’étaient pas seulement employées pour
l’usage domestique. De bonne heure on alluma des
lampes soit dans les rues et les places, soit dans les édi¬
fices publics. Mais il importe de déterminer avec précision
dans quelle mesure les lampes proprement dites ( lucer -
nue , Xûyvoi) concoururent à l’éclairage public. Beaucoup
de textes, cités par quelques érudits comme mentionnant
des lampes, doivent être écartés, les uns parce qu’ils ren¬
ferment des mots d’un sens très général, <fu>- roc en grec,
lumina en latin3, les autres parce qu’ils signalent,
1 La laupc de Gouraïa est inédite ; je l’ai examinée moi-mème dans la collection J.
Frappa ; M. Bcsnier et P. Blanchct, Coll Farge* , p. 20, n° 7. — 2 Fig. 4610 d’après
Monum. an tic h. I, p. 829; la fig. 4611 dessinée au musée de Naples. La lampe de
Cartilage, encore inédite, fait partie du musée Lavigerie de Saint-Louis de Carthage;
cf. Nécrop. d. Myrina , t. II, p. 590. — 3 Dio. Cass. LXIII, 4 ; Plut. Cic. 22; [
non point des lucernae ou Xifyvot, niais | •
ches, Saos;, XàpraSsç 4 ou des bougies q,!" " l°N
xtGveç 6. Cette réserve faite, il est néanmoins
les lampes, en même temps que les torches et h* que
servaient, dans certaines circonstances, à illi^n •Cler^es'
rues, les places, les monuments publics l","ner ’es
pour l’époque romaine que nous sommes r
esl surtout
renseignés. Les
même un plein
maisons particulières étaient illuminées
jour au moyen de lampes allumées autour du h
d’entrée, à l’occasion de toute réjouissance imlü!
privée, telle que l’anniversaire ou le retour d iu,!" ' "
sonne de la famille, l’anniversaire de l'empereur^’"
gnant6. C’était de même avec des lampes que le
était illuminé sous la République pendant la célébrathT
des jeux romains L
Lorsque César célébra son triomphe sur les Gaulois il
monta au Capitole, ad lumina , quadraginta elephanth
dextra atque sinistra lychnuchos gestantibus 8. il (,S(
incontestable que les lampes furent assez souvent em¬
ployées dans des circonstances analogues, fûtes pu.|
bliques, triomphes, cérémonies diverses; mais c’étaient
là des cas exceptionnels, et nous ne pensons pas devoir
en conclure qu’il est forcément question de lampes dans
le texte d’Ammien Marcellin relatif à l’éclairage public
d’Antioche :... in urbe, ubi pernoctantium luminum
claritudo dierum solet imitari fulgorem 9.
Sous l’Empire romain, les amphithéâtres etles théâtres
furent parfois éclairés à l’aide de lampes. Domitien fit
représenter des combats de gladiateurs et des chasses
de bêtes fauves, ad lychnuchos 10 ; lors des Jeux Millé¬
naires, en 248, le théâtre de Pompée fut éclairé pen¬
dant trois nuits de suite à l’aide de torches et de lampes,
funalibus algue lychnis tenebras vincentibus1'. Pen¬
dant longtemps, les thermes ne s’étaient ouverts au
public que pendant le jour ; Alexandre Sévère permit
aux Romains d’en profiter même la nuit, en fournis¬
sant l’huile nécessaire à leur éclairage l2; ce détail
nous prouve que dès lors les thermes furent éclairés
à l’aide de lampes. Athénée cite un Xuyveïov donné a
la ville de Tarenle par le tyran Denys de Syracuse; a te
lampadaire pouvaient être suspendus autant de lara]
qu’il y avait de jours dans l’année; il fut placé dans e I
Prytanée de la ville13.
Les anciens ne se servaient pas des lampes uniquemen j
pour s’éclairer. A celles qu’ils plaçaient dan> cuiM
sanctuaires, ils attribuaient une signification ddh ien (b
un rôle religieux, rituel. Tantôt ces lampes ]>i ilI.1" n
plein jour, comme la lampe de Callimachos 1
sanctuaire d’Athéna Polias, sur l’Acropole1' ,
étaient allumées en plein air et dans des cio -1 ^ ^
bien caractéristiques. Pausanias rapporte M ■ ^
forum de la ville de Pharae, en Achaïe, 1 " ' ^ ||tlin
statue d’Hermès Agoraios ; devant cette statm i|a|ent
foyer en pierre, auquel des lampes de ku,nZI jt un
fixées à l’aide de soudures en plomb. La se 1 1 ^j^rse
oracle très fréquenté; ceux qui voulaient le gur
présentaient le soir, faisaient brûler de et les
le foyer, puis remplissaient les lampes 1 iU
•u
Anton. 26 ; Amm. Marc. XIV, 1. — * Plut- Cic. 22; . j0?. :0; c(- ^
.v ~ _ B p„„l. T. r — 6 J„v. XII. v. 89 et s. ; Tcrtull. Ap . cf.
, 22. — 6 Euseb. L. c. — 6 Juv. XII, v. 89
d uxor. II, 6. - 7 Lucil. Sat. 1, 23. - » Suel. Caet.
iban. I, p. 363. 10 Suet. Domit. 4. - “ Eutrop. IX, •
ev. 24, §6.-13 Athcn. XV, 19; cf. Theocr. XXI, 30. -
37.
__,9 XIV, 1
12 UmPr' iletf'
I 26, § 6-
H Pans
LUC
1337 —
, u esl évident que l’huile des lampes est ici
aijui™1"'" au même titre que l’encens, que le fait de
fane ofh'ant 1 , fover et celui d’allumer les lampes
j®ter 1 . )cles de mème nature et de même signification.
6°nt/ln?on, de calendrier, le Philocalus, mentionne pour
U“ des ides d’août (12 août), une fête nommée
la vel ‘ . gur laquelle, malheureusement, nous
^r.^i^aacun autre renseignement2. A Athènes, sous
naV°nb 1 mmain une femme s’intitule Àu^vxTrrota xaî
rRmoire rum»11 »
! r/r- d’une déesse3. Dans les campagnes, on sus-
iV£l?hiU certains arbres sacrés des lampes allumées4.
PU coutume de placer ou de suspendre des lampes
allumées dans les sanctuaires était donc un rite religieux ;
w ,U1X païens que les chrétiens l’ont empruntée. Les
cierges et les lampes qui brûlent aujourd’hui dans nos
églises n’ont fait que succéder aux lampes de métal pré¬
cieux de bronze ou d’argile, qui étaient allumées dans les
sanctuaires grecs et romains 5. Par là s’explique le nombre
considérable de lampes qui ont été trouvées dans des
ruines de temples ou sur l’emplacement de lieux con¬
sacrés. Ces lampes, qui ne portent pas toujours des
traces de combustion autour du bec, étaient apportées
dans les temples comme offrandes ou comme ex-voto8.
Dans les sanctuaires de Dali, à Chypre, ont été recueillis
des fragments très abondants de lampes en forme
d’écuelles ou de coquilles1. De même beaucoup de
lampes ont été découvertes par Newton dans un temenos
de Deméter et Persépbone, à Cnide ; l’auteur n’hésite pas
aies considérer comme des lampes votives 8 . A Sélinonte,
M. Salinas a ramassé de très nombreuses lampes sur les
gradins qui mènent à l’un des temples de cette ville, et
tout autour de la salle qui avoisinait l’entrée de la cella ;
ce sont des lampes d’argile grossières, de petites dimen¬
sions et sans vernis, ex-voto modestes apportés par la
population pauvre9. Plusieurs lampes en terre cuite ont
été retrouvées autour de l’autel de Saturnus Balcara-
nensis , qui s’élevait au sommet du Bou-Kournéin, près de
Carthage10. Parfois une inscription indiquait en termes
formels le caractère de la lampe : Palladi victrici J1, Jovi
Sereno sacrum12, ’Apôép(iSt) lepoç 13 , Dco qu[i est ) Maxi-
m[us), il s’agit ici d’Harpocrate u. Dans le culte d’Isis, les
lampes jouaient un rôle tout particulier. On lit, dans la
description qu’Apulée nous donne d’une procession
maque : « Ensuite paraissaient les ministres du culte.
Ces grands personnages portaient les attributs augustes
des dieux tout-puissants. Dans les mains du premier on
voyait une lampe qui répandait la clarté la plus vive;
mais elle ne ressemblait en rien à celles qui éclairent nos
repas du soir; c’était une nacelle en or jetant de sa
Partk> k l^us large une grande flamme15. » De cette des¬
cription il convient de rapprocher une lampe en forme de
®ace e, trouvée à Pouzzoles, où précisément les cultes
léra'11'1'1' mS ^a*en^ Zébrés : « A la proue de la nacelle,
1|,naat de la main droite un gouvernail, et Isis,
> s ' ' "x debout. Au-dessous, un des Dioscures avec
son cheval; plus bas encore un ouvrier nain, tout nu, les
jambes tordues, les cheveux disposés en forme de cornes,
va mettre au four un petit vase qu’il vient de terminer;
à ses pieds sont les instruments de son métier :
c’est Phtali démiurge. A l’extrémité de la nacelle, tête
radiée du Soleil. Dans un cartouche, au-dessous du
Dioscure, le mot EÛTrXota. Sous la nacelle 1 inscription
AaSé [AS tov 'HXio(ispa7tiv 16. » Il est vraisemblable que
cette lampe, déposée comme offrande ou comme ex-voto
dans un temple de Sérapis et d’Isis à Pouzzoles, repro¬
duisait la forme et la décoration de la nacelle d’or symbo¬
lique qu’Apulée nous décrit. Des lampes de forme ordi¬
naire ont été trouvées dans l’Isium de Pompéi 11 .
La présence de lampes soit votives soit symboliques
dans les temples antiques explique pourquoi l’on offrait
souvent aux divinités des candélabres. Pline rapporte
que l’on se plut à consacrer dans les sanctuaires des
lychnuehi à suspensions ou encore des lampadaires qui
portaient les lampes comme les arbres portent leurs
fruits [voy. candelabrum, lig. 1099, 1100] : Placuere et
lychnuehi pensiles in delubris aut arborum modo ma/a
ferentium lucentes 18. Comme spécimen de ces candé¬
labres, il cite celui que l’on pouvait admirer à Rome dans
le temple d’Apollon sur le Palatin ; ce candélabre avait
été pris par Alexandre à Thèbes et consacré par le vain¬
queur dans le temple d Apollon à Cymé ; de là il avait .
été transporté à Rome. Deux candélabres de bronze ont
été recueillis dans l’Isium de Pompéi19.
A l’époque chrétienne, les catacombes d abord, plus lard
les basiliques furent éclairées par des lampes, soit sus¬
pendues à la voûte 20 (quelques-unes des lampes qui ont
été conservées sont encore munies de leurs chaînes), soit
posées sur de petites tablettes de bois ou de marbre, soit
encore accrochées à la muraille 21 .
Dans les coutumes funéraires comme dans les rites
religieux, la lampe semble avoir joué un rôle important.
Mais il faut ici faire une distinction. Nous ne devons
pas nous étonner d’apprendre que les lampes étaient
employées pendant l’exposition du corps à l’entrée de la
maison mortuaire22, ni qu’on allumait souvent des lampes
près des stèles funéraires ou dans les mausolées. Dans
le premier cas, la lampe était employée comme ustensile
domestique dans la maison du défunt; dans le second,
elle jouait un rôle analogue à celui quelle jouait dans
les temples : un mausolée, était-ce d’ailleurs autre chose
qu’un temple ; une stèle funéraire, autre chose qu’un
autel? C’était là un rite essentiel, à en juger par quelques
textes épigraphiques et par un passage du Digeste.
Tantôt le défunt stipule dans son testament qu’une lampe
devra être allumée soit chaque jour 23, soit un mois sur
deux24, soil à certaines dates près de son tombeau25;
tantôt l’épitaphe promet quelque avantage au passant
qui placera près de la tombe une lampe allumée :
Quisqais huic tumulo posuit ardente(m) lucernam,
Illius cineres aurea terra légat 36 .
E faus. vil ->-> ce „
a». III, 66 - ct 3- — 2 C. i. lat. I, p. 348 et 309. —
1009 — s j, ' SSC1'> Mém, d’hist. ancienne, p. 412. — 4 C. Sy\
!3°;fcrtull sur les antiq. des catacomh
1 lll> 0. 2 cl s . vî 12 1 Uctaut- De vero cuit. VI, 7 ; Cahier, Mélanges
H, 22, j __ - ,,, ’ 1 alti8nï> Dict. des antiq. chrét. au mot Lampes.
Nùcoterie, n°ralsch-Richter, Kypros, p. 411. - 8 Newton, A
' 9 Aofiîïe / " lCa'nassus' Cnidus and Branclddae, t. Il, p.
Vlxi,,,.'-. 189*. P- 205 et s' - 10 Mél. de VÉcole
" ’ 1 10-09. — Il Montfaucon, O. c. t. V, 2» part.
_ 12 Lucernae fict. Mus. Passcrii , I, pl.xxxm. — 13 Ibid, pl xeix. — 14 Ibid. pi. i ;
cf. Lafayc, Hist. du culte des divinités d'Alexandrie, p. 302, u. 127. — 15 Apul.
Metam. XI; cf. Lafayc, O. c. p. 122-123. — 10 G. Lafayc, O. c. p. 303-304,
n» 132. — n Ibid. p. 193. — 1» Plin. Hist. nat. XXXIV, 3, 8. — 19 G. Lafayc,
O. c. p. 193. — 20 Prudent. Cathem. V, 141 ; Paul. Nol. Nat. XI, 412. — 21 pc
Rossi, Borna sotterr. 111, p. 259; Cahier, O. I. lit, p. 2 ct s.; Delattre, Les
lampes antiques du Musée de Saint-Louis de Carthage , p. 27. — 22 Voir funus.
p. 1389, fig. 3360. — 23 C. i. lat. II, 2102. — 2V Dig. XL, tit. 4, 44. - 25 Orclli,
4416. — ld. 20 4838.
LUC
— 1338 —
Toutefois l’importance funéraire de la lampe antique
vient d autre part. Dans la plupart des nécropoles
romaines qui ont été fouillées, et surtout dans les nécro¬
poles qui datent de l’époque impériale, de très nom¬
breuses lampes ont été retrouvées parmi le mobilier
funéraire. En règle générale, chaque tombe renfermait
une ou deux lampes. Les lampes que possèdent les
musées ou les collections particulières proviennent en
tiès grande partie de tombeaux romains. Cet usage de
placer une lampe auprès du mort, dans sa tombe même,
paraît être d'origine asiatique. Les Phéniciens l’obser¬
vaient. On en trouve des traces fréquentes en Phénicie *,
à Chypre 2 , à Carthage 3 , sur l’emplacement de plu¬
sieurs colonies phéniciennes de l’Afrique du Nord 4. Nul
■vestige, au contraire, n en a été jusqu’à présent relevé
en Égypte. En ce qui concerne les pays grecs, nous
avons vu que des lampes ont été recueillies dans les
ruines de l'époque mycénienne. Mais, après le bouleverse¬
ment qui anéantit cette première civilisation, on sait que
1 usage de la lampe se répandit relativement tard dans
le monde hellénique ; or ces petits objets d’argile ne
pouvaient être admis à figurer dans le mobilier des tombes
qu après être devenus d’un usage tout à fait courant
dans la vie domestique ; en outre, rien n’est plus difficile
ni plus délicat à modifier que les coutumes funéraires.
Dans la nécropole de Myrina il n’a pour ainsi dire
pas été trouvé de lampes 5. La même observation s’ap¬
plique soit aux nécropoles sicules, si consciencieusement
étudiées par M. P. Orsi, soit aux cimetières italiotes anté¬
rieurs a 1 établissement de la domination romaine dans la
péninsule . Abstraction faite des tombeaux phéniciens,
ce fut surtout dans les pays de civilisation romaine et
à l'époque impériale que cet usage fut général. Il subsista
jusqu’aux derniers temps du paganisme; mais on n’a dé¬
couvert aucune lampe dans les cimetières chrétiens;
toutes celles qui ont été trouvées dans les catacombes
étaient placées dans les niches des galeries ou des
arcosolia. Les tombes chrétiennes de Carthage, de Ta-
barka, de Sfax en Tunisie ne renfermaient non plus
aucune lampe 7.
Les lampes déposées dans les tombeaux ne semblent
pas avoir été allumées. Leur bec ne porte aucune trace
de combustion. Au contraire, parmi les lampes chrétiennes
trouvées soit dans les catacombes, soit sur l’emplace¬
ment des basiliques de Carthage, il en est beaucoup dont
le bec est tout noirci et quelquefois brisé. Les lampes
étaient donc placées auprès des corps inhumés ou des
urnes cinéraires pour la même raison que les autres
poteries ou verreries dont se composait en général le
mobilier funéraire des tombes communes. Comme on
se figurait que le défunt menait sous terre une existence
obscure, analogue à sa vie terrestre, on meublait son
tombeau de tous les ustensiles et objets nécessaires : la
lampe d’argile figurait parmi ces objets, au même titre
que les plats, les vases à verser la boisson, etc., qui ont
été recueillis en si grand nombre dans la plupart des
nécropoles romaines. Les chrétiens, dont les idées sur
la mort et sur la destinée future étaient si contraires à
1 Hamdy-bey et Th. Reinacli, Une nécropole royale à Sidon, p. 87 et 88 ;
Renan, Mission de Phénicie, p. 489-190. — 2 Ohnefalsch-Richter, Kypros,
p. +11. noie 1. ! Delattre, Les lampes ant. du Musée de Saint-Louis
de Carthage , p. 1-3. — 4 par exemple à Lcplis Minor, à Cliullu, à Gunugus
- » Nécrop. de Myrina . p. 223. _ 6 Cette conclusion ressort avec évidence
des procès-verbaux et comptes rendus de fouilles insérés dans les Notiz. d. scavi,
US
la8e et ie
LUC
une telle conception, rompirent avec
bannirent de leurs cimetières. <e
Tels étaient les trois usages princinn,, ,
dans l’antiquité. Elles servaient à éclair* Y®8 Scs
vent les maisons particulières, parfois 1! 6 phlSso»
ou des cortèges publics. Elles étaient
sanctuaires à titre d’offrandes ou J, tees da“»
faisaient partie du mobilier funéraire MaD T°'
les employait dans quelques circonstances n ,?• P'Us 0n
Sous l’Empire romain, on les donnait corn™
de nouvel an [strenae]. Plusieurs W., , °nnes
Rome 8, en Italie9, dans les provinces de r°UVt‘,is à
portent des inscriptions qui reproduisent en 7^"'
avec des variantes insignifiantes la formule T °U
novum faustum felicem mihi (ou tibi) Mnm
Dans un ordre d’idées bien différent, les lamKS .
façon dont se comportait leur flamme étaienl
observées avec la plus vive attention : ZC™
sonnes superstitieuses croyaient y voir des présages *’
premier livre des Géorgiques, Virgile montre des jeûne!
esclaves travaillant le soir à la lueur des lampes et
prévenues en quelque sorte par elles du mauvais temps
qui se prépare n. Apulée raconte un épisode où la lampe
donne un semblable pronostic 12. Jean Chrysostome
rapporte un autre usage superstitieux. Lorsque dans
une famille on voulait choisir un nom pour un enfant
qui devait bientôt venir au monde, on allumait plusieurs
lampes auxquelles au préalable on avait donné des
noms ; et on choisissait pour l’enfant le nom de la lampe
qui s’était éteinte la dernière 13. On voyait là un pré¬
sage de longue vie.
Quelques érudits se sont demandés si la forme ou la
décoration des lampes n’était pas en
rapport avec l’usage auquel on les
destinait. Dans une étude sur une
bilychnis en bronze du Masco Borbo-
nico u, dont la face supérieure repré¬
sente un mufle de bœuf orné de ban¬
delettes (fig. 4613), l’auteur affirme
qu’il y avait relation entre les sujets
reproduits sur les lampes et la desti¬
nation des lampes, que dans cette
lampe en particulier il convient de
reconnaître une image du bœuf Apis
et qu’il fautla rattacher au culte d’Isis.
Il est impossible de nier que dans certains
relation étroite entre la décoration des lampes cl 1
qu’on voulait en faire. Si la lampe d’or, qui figumit ^ an-
la procession isiaque décrite par Apulée, avait la or
d’une nacelle, c’était, suivant toute apparence, FmL q®j
la fête, qui se célébrait alors, portait le nom de A1" ''/j^
Isidis , et parce qu’elle marquait le moment où l1^1";1^
pouvaient remettre leurs vaisseaux àlamer sans' n
les tempêtes 1B. La lampe, en forme de barque, oi
bustes de Sérapis et d’Isis, qui a été trouvée a I ^
a le même caractère : la double inscription 1 ' c
Aa 6é p-etôv 'IlXtoffÉp«7rtv prouve nettement que 11 11 ^ ^ ^
avait un rapport étroit avec le culte ah"’"1
■irons 'if 5;liads)’
en particulier pour les années 1888 (nécropole préromaine des env ^ acugc), d0,
1889 (nécropole de Veies), 1893 (nécropole del Fusco, P'ès 1 lat. A
— 7 Voir en particulier Delattre, Les lampes antiques, p- -J c 1 s’ ye /l'raiice,
2' part. t. I, n. G19G-6205. — 9 Ibid. X, 8053, 5. — 10 Bull, des _ gom.\Wi
1899, p. 140. - il Georg. 1,390.— 12 Apul. Met. II. — 4 [,.120-6-
in Epist. ad Cor., 7. — 14 T. XIV, pl. xxxvm. — 1® U- Làfoyt >
Fig. 4613. — L»nlPc ‘
brome.
cas il y el1
— 1339 —
LUC
LUC
])e même, lorsqu’on voit Pallas en
lérapis el (1 ;une lampe ou se lit la dédicace Palladi
tonde bosse sui ’ cn relief sur Une lampe en terre
Victri<:i>' 4)11 che en croissant, porte l’inscription
, cuite dont le * - ’t 1)ieri d’admettre qu’il y a rapport
jori Sereno - ]1 re la décoration de ces deux lampes et
étroit et ^ les destinait. D’autre part, les lampes
'r86^ caractérisées par la formule Annum novum
r' frlicem étaient quelquefois ornées de reliefs
faUSlUI\L ntaien’tles cadeaux échangés en même temps
(ll"Thu^ elles-mêmes, à l’occasion du nouvel
H ‘ exemple des pièces de monnaie, des plats char-
'"'i fruits des guirlandes de fleurs3, etc. [strenae].
r,-„t donc pas permis d'affirmer qu’il n’y avait jamais
î Lcm, cas, rapport entre la décoration des lampes et
L, (,„i devait en être fait. Mais les exemples que
nous venons de citer sont exceptionnels; ce serait une
Irreur d’en tirer une conclusion générale. Ce qui est
vni c’est que les mêmes lampes, ornées des mêmes
sujets ou des mêmes motifs, étaient employées indis¬
tinctement dans les maisons, dans les édifices publics,
dans les sanctuaires, dans les tombeaux. Les lampes
[ trouvées à Herculanum et à Pompéi ressemblent tout à
fait à celles qui ont été recueillies dans les sanctuaiies ou
I dans les nécropoles4. A Rome, on a recueilli toute une
I série de lampes, sur le flanc ou le fond desquelles se lit
| le mot Saecul[i), Saecul{o), par allusion sans doute
faux jeux séculaires. Or les sujets qui sont moulés sur
| les disques de ces lampes ne se rapportent pas spéciale¬
ment aux jeux, ni à l’amphithéâtre, ni au cirque : ce
sont des images de divinités (Esculape, Hygie, Bacclius,
Diane, Apollon, Mars et Vénus, Sérapis, Isis, Harpocrate,
Plulon, etc.), des scènes empruntées à la mythologie
héroïque (Bellérophon et Pégase, Hercule assis, Ulysse
et les Sirènes, Orphée entouré d’animaux), des scènes
du cirque (courses, combats de gladiateurs), des motifs
de genre, des animaux, etc. 6 L’étude des lampes qui ont
été trouvées, au sommet du Bou-Kournein, tout autour
de l’autel de Saturnus Balcaranensis , suggère la même
remarque : on y voit des sujets mythologiques (Sérapis
et Isis, Léda et le cygne, un aigle les ailes éployées, le
groupe de l’étoile et du croissant), des scènes de genre,
des motifs purement décoratifs (feuilles, guirlandes,
ornements géométriques) °. D’autre part, il suffit de
jeler un coup d’œil sur les séries très nombreuses de
lampes funéraires exhumées soit en Italie, soit dans
Clique du Nord, pour reconnaître une fois de plus qu’il
I n5 aviit aucune relation entre la décoration des lampes
et l’usage auquel on les destinait. Sur les lampes
recueillies dans les columbaria de la campagne romaine,
dans les nécropoles voisines de Caesarea ou de Bulla
Begia, dans le cimetière des Officiales de Carthage, les
sujets sont d’une variété infinie, depuis les images des
divinités les plus vénérables jusqu’aux motifs les plus
obscènes1. On a même trouvé dans un tombeau, en
Italie, une lampe d’étrennes, avec la formule Annum
novum faustum felicem 8 .
Quant aux lampes chrétiennes, s’il est vrai qu’elles
sont décorées de scènes bibliques, de symboles et d’em¬
blèmes chrétiens, rien n’indique que les motifs dont
elles étaient ornées fussent différents suivant qu’elles
étaient destinées aux maisons particulières, aux basi¬
liques ou aux catacombes. Ici et là, c’étaient les mêmes
formes, les mêmes sujets, les mêmes ornements, 1 inspi¬
ration était partout identique. Ce qu’il faut dire, c est
que les scènes moulées sur les lampes antiques, qu’elles
fussent empruntées à la mythologie païenne, à la vie de
chaque jour, à la nature ou à la religion chrétienne,
constituent un ensemble des plus intéressants, parce que
nous y retrouvons aujourd’hui les motifs qui étaient le
plus populaires aux premiers siècles del’ère chrétienne.
Lorsque le citadin ou le campagnard allait chez le
marchand de lampes, il choisissait naturellement, dans
les limites de ses ressources, les lampes qui lui plaisaient
le mieux; les potiers connurent bien vite quels étaient
les échantillons le plus demandés; ils les fabriquèrent
en grande quantité ; c’est là ce qui nous explique pour¬
quoi l’on découvre tant d’exemplaires d’un seul et même
sujet, tantôt signés d’un même nom, tantôt au contraire
sortis d’ateliers différents.
Que valaient ces lampes comme ustensiles d'éclairage?
Il est bien certain qu’on ne saurait les comparer à nos
lampes modernes. Il ne faut pas toutefois exagérer en
sens contraire. Les lampes communes éclairaient bien
autant que les chandelles fumeuses dont, pendant de longs
siècles, les pauvres gens se sont partout servis. Dans les
maisons riches, les lampes à plusieurs becs, souvent
suspendues en grand nombre à des candélabres, pou¬
vaient fournir une lumière assez intense. N’oublions pas
enfin que la lampe antique, sous sa forme la plus simple,
c’est-à-dire sous la forme d’un récipient rempli d’huile
et dans lequel trempe une mèche, est restée en usage
jusqu’à nos jours, non seulement chez des peuples routi¬
niers et peu civilisés, comme ceux qui habitent 1 Orient
ou l’Afrique du Nord, mais même dans maintes régions
de l’Europe. J. Toutain.
2 Passcri, Luc. I, pl. xxxm.
Mus. Dorbon. t. XII, ad
J3Montfc.c°", 0. c. I. V, 2* part.pl. clxvm.
lav Mvin anlue de France, 1899, p. 140. — 4 Mus. Borbon. 1. XII, at
de »r„ V1, C ■ '■ lat- XV, 2» part. t. 1, n» 6221. — 6 MU. de l'École franc.
Lt i»', t- «. sv, ► „»«.«. i, ». «««,.;
C. rendus de r ” a,c''- du Comité, 1890, p. 149 et s.; Delattre, dans les
P0’"’ la ni, m Ca<^‘ d Hipponc, 1897. Les lampes trouvées à Caesarea sont
PW des ouvra», *• lat ■ IX, 0081, I. — Bibliographie. La plu-
R plusieurs roiin ar^c'cs ‘lu‘ traitent de la lampe anliquc ont été cités
les recueils de duc ' ^ *°S no,es Précédentes. Nous nous bornerons ici à indiquer
de documents • ] ln) n' ' 'cs Plus importants et les études modernes. A. Recueils
torloli et Bellori ^flus’ Iwtemis antiquorum reconditis, Utini, 1652; Santi
(jjftitç expliqué \ lucerne sepolcrali, Rome, 1691 ; Monlfaucon, L'an-
| Pisaur. 1739.173) ■ p ’ " j’ar*" 1722; Lucernae fictiles Musei Passera,
| jjrco!«n0, t_ ym ^ ) 1 1 1 s ' ' ' asi e candelabri , Rome, 1762 et s. ; Antichita di
| jUsracourt, Recueil ï ^eal J^"seo Borbonico, Naples, 1824 el suiv. ; Serons
lut" Thonl ' ' ^ ^iaQments de sculpt. antiques , Paris, 1814; F. Kenner,
I Wieseler, Üeb. die^T k'~k ' Mün~-Und Antik-Cabinets zu Wien, 1858;
I '"Vi'omon lati»aZ,"USC/,e SammlunB von n’>tiken Lampen , 1870; Corpus
m’ ^ans demies les parties sub v. Instrumentum ; cn parti¬
culier XV, 2e pari. t. 1, p. 782 et s. Pour l'Afrique du Nord, Catalogue du Musée
d'Oran , 1" part. 1895; M. Bcsnier et P. Blancliet, Collection Farges, 1900;
La Blanchére et Gauckler, Catal. du Musée Alaoui, 1897 ; Dclatlre. publications
nombreuses dans la Reçue archéolog., le Cosmos , les Comptes rendus de l'Académie
d’Hippone, etc. Beaucoup de lampes ont été publiées dans le Bulletin archéologique
du Comité des trac, historiq., surtout depuis 1890, dans le Bulletin et dans les
Mémoires de la Société des Antiquaires de France. — B. Ouvrages de critique :
Millin, Monum. antiq. inédits , II, Paris, 1806 ; Birch, History of ancien t pottery ,
2' éd. Londres, 1873 ; Blümner, Technologie und Terminologie d. Geirerbe, Lcipz.
1879, t. Il; Loriquet, L’éclairage chez les Romains ; F. de Cardaillac, Hist. de
la lampe antique en Afrique, 1891; E. Cactani Lovatelli, I lumi e le luminarie
nella Antichita, dans les Miscellanea archeologica , 1892 ; Ch. Bigot. Les lampes
en terre cuite du Musée de la Soc. archéol. d'Athènes, dans le Bulletin de
l'École française d’Athènes, août 18G8 ; Bccker-Gôll, Charikles, III, p. 86 et s.
Berl. 1878; Gallus, II, p. 390, 394; 111, p. 115, 541, Berl. 1881, 1882; De Rossi,
Borna Sotterranea, t. III, Rome, 1877 ; Raoul Rochette, 3’ Mémoire sur les
antiq. chrétiennes des Catacombes, Paris, 1838 ; Martigny, Dictionn. des an¬
tiquités chrétiennes, Paris, 1805 ; Kraus, Real. Encyclopaedie der christl.
Altherlhûmer , Fribourg-cn-Brisgau, 1882-1S8G.
LUC
— 1340 —
LUC
LUCTA. nocX-yj *, 7caXat<Jlu.ci<jév7fj 2, xaxaÇX-qxtxYj 3, lutte, l’un
des exercices du pentathle [quinquertiumJ. — C’était, par
opposition aux jeux « légers » 4, comme la course ou le
saut, un concours « lourd », ^xpüxspoç: des agonistes qui
y prenaient part on exigeait, entre autres conditions, la
vigueur physique et le poids. Pourtant, parmi les exer¬
cices de force, c'était encore le moins brutal. Défense
était faite de frapper l’adversaire à coups de pied et sur¬
tout à coups de poing: seuls la pression des membres et
1 entrelacement des corps devaient assurer la victoire.
C'est ce qui distingue la lutte du pancrace [pancration],
où l’usage des poings était permis, ce qui en faisait un
exercice intermédiaire entre lauàX-r, et le pugilat5. Comme,
dans le pancrace, aussi bien que dans la lutte, ce que
1 on se proposait d'abord était de renverser l’adversaire,
il va de soi que beaucoup de passes et de tours étaient
communs aux deux exercices : nous sommes exposés
ainsi à les confondre souvent sur les monuments figurés.
Pour les distinguer à coup sur, il faut que l’emploi
violent de la main fermée nous avertisse qu’il s’agit du
pancrace et non de la lutte simple. 11 importe de nous
mettre d’abord en garde contre cette chance d’erreur.
I. — L'origine de la lutte est très ancienne. Les Grecs,
selon leur habitude, en attribuaient l’invention à des
dieux ou à des personnages mythologiques. Apollon,
sous l'une de ses formes®, s’y serait, un des premiers,
distingué. Hermès, le grand dieu de la palestre, présidait
d'une manière particulière aux exercices de la lutte 7 :
son protégé 8, ou son fils9, Autolykos, aurait instruit
Iléraklès dans cet art ; suivant une autre légende ,0, Har-
palykos, également fils d’Hermès, aurait rempli le même
rôle 11 ; Palaistra, la personnification de la lutte, est aussi
bien la fille même du dieu12. Athéna, l’artificieuse,
aurait, directement 13 ou non 14, donné des leçons de riaX-q
à Thésée. Héraklès, fort de l’enseignement qu’il a reçu,
est vainqueur15 dans l’agôn légendaire où triomphent,
dans d'autres exercices, les Tyndarides : c’est par son
adresse à la lutte qu’il bat, non seulement Antée 16,
mais le géant de Sicile, Ervx ”, aussi le révère-t-on
comme maître en cet art 18. Thésée ne pouvait manquer
d’être, ici encore, son émule. Élève d'autres maîtres, il
lutte contre le Mégarien Kerkyon19 et reçoit les mêmes
honneurs20. A ces deux figures semblables, il faut ajouter
Atalante, l'Arcadienne, victorieuse de Pélée lui-même,
aux jeux célébrés en l’honneur de Pélias21, Pélée son
rival22, et les héros légendaires qui triomphèrent les
premiers à Némée, Polvnice 23 ou Tydée 24.
IL — A l’époque classique, les Grecs distinguaient deux
sortes de luttes, le combat debout, ôp6Y,7tiXT|25,etle combat
à terre, iXivo-r^t; 26, xûXkti? 21. Dans la première forme de
l’agôn, que connaissent déjà les poèmes hom -, .
s’agissait de renverser trois fois son advers- -‘y’"111082®, ü
loin) : c’est la lutte classique, celle que l’on m" i • ^°!r pIus
les grands jeux. Le corps à corps à terre était'1 da"s
également en usage dans les- palestres 29 nv S0l"blo't->1,
combats publics, c’était la forme propre"'!'^ lej
[pancration]. Nous ne l’étudierons plus loin LJT 1
mesure où en était exclu l’emploi des points îCrn
III. _ Les termes techniques employés par les\l
sont, sauf deux ou trois exceptions, très peu exùlirii"'8
U est difficile de les comprendre exactement plus dit, ?
encore peut-être de les rapprocher des monuments |j J! •
qui devraient les « illustrer ». On le comprendra Yl
peine, si l’on songe qu’aucun d’eux, ou presque aucul
ne désigné, à lui seul, une manœuvre déterminée. nss’
rapportent tous à des moments très fugitifs et très rapides
de la lutte. Il n’y a pas de combat, si court qu’on le sup.
pose, qui n’exige, de la part de chacun des deux adver¬
saires, l’emploi opposé, successif ou simultané, d’un
grand nombre de ces mouvements : les reconnaître'devait
être déjà difficile pour un artiste grec, à plus forte raison
l’est-il pour nous modernes. J’ai cependant cru devoir
réunir par ordre alphabétique les différents termes
techniques que j’ai pu retrouver dans les textes. La tra¬
duction que j’ai jointe à chacun ne prétend pas à une
précision impossible. ’AyxaXiÇsffOat, enserrer de ses
bras30, ayy'etv 31, étouffer, àxpoy_£tpt<jp.9ç 32 , forme de lutte
où l’on combat avec le bout des doigts, agi.
aggaia
34
entre¬
lacement en forme de nœuds, àvaSaüTàÇeiv sou¬
lever l’adversaire en l’air, àvaxpÉ7rstv 3S, renverser, à-
7râyeiv 30, emmener de force, àTtouxEpvtÇE'.v37, faire tomber
d’un croc-en-jambe, yupoxv 38, arrondir les épaules,
SpâsffEiv39, saisir, I'Xxeiv40, entraîner l’adversaire, ègSoV,
attaque, liteyxXivw 42, incliner vers le sol, ûémXov
TrâXaicga 43, manière de lutter propre aux Thessaliens,
x)igaxi'Ç£'.v u, donner une entorse (?), Xaê-q 4S, prise que
l’on a sur le corps adverse, XuytÇstv 4G, rendre flexible
comme l’osier, gscroTtÉpSEtv 47, saisir par le milieu du
corps, TrapaQéutç 48, attaque de flanc (?), 7tapaxpcme<T0«t *,
frapper de côté, 7rap£g6oX-/] 60, même sens, wepiSatvetv ,
entourer de ses jambes, 7t£p mXox-q 52, entrelacement,
7i£pt7rqSSv s3, sauter sur quelqu’un de manière à le serrera
entre ses jambes, 7rXayi6tÇsiv 54, attraper ou mettre de rote,
TipoffSôX-q 5S, attaque, TrrEpvîÇav 6®, donner un eioc en
jambes, «tixeXi'Çeiv 57, lutter comme les agonistes «j
J - - 7 - 7 - ' ù 09
Sicile, dTpéçEiv ®8, retourner l’adversaire, su |ut**wOT ’
’ “ * ’ , „ , ; go frapper
l’entrelacer, ffuvapâxxEtv toc p.eT<oirauo<nrep ci *?■ ’
l’enireiacer, (juvapaxTEiv ... r - , .
front contre front comme les béliers, • aml
i , qXt'Çetv ®2, prendre par Ie
Û7TO(7XsXiÇ£lV 1
et resserrer la taille, xpa^-qX.,... , , m
®3, frapper la jambe par-dessous, • 11111
I.UCTA. 1 llom. H. 23, 635, etc. — 2 Hom. 11. 23, 701 ; Nonn. Dion. 10, 332;
Eust. Ad II. p. 1325, 1. — 3 Plut. Praec. ger. reip. 5, p. 802 c. On peut ajouter
(?) fîçt; (=riA>i xat <mo8os, Hesycli. s. V.) . - 4 Phil. Gymn. 7, p. !62 (éd. Kayser).
— 6 Ibkl. — 6 Apollon Kejz-joveuî, C. i. ait. III, 1203; Jahrbuch, VII, 214
(Wernicke) ; Pauly-Wissowa, s. v. Apollon, p. 56. — 7 Paus. 4, 32, 1 ; Arnob. 3,
23; Jahrbuch, 1898, p. 178 et s. (Fœrster); cf. Luc. Dial. deo. 7, 3. — 8 Hom.
Od. 19, 395. — 9 Pauly-Wissowa, s. v., p. 2600 (I)ümmlcr). — 10 La différence des
ethniques empêche de confondre les deux héros. — H Theocr. 24, 1 13-4. — 12 Phil.
lm. 32, 102, p. 433-4; Et. Magn. s. v. ri air, ; cf. Vuncta Pales de Stace, Theb.
G, 827. — 13 Pind. Nem. 5, 89, schol., II, p. 465, Boeckli. — 14 Par Phorbas,
1 Athénien (Polémon, Ibid.). — 1® Paus. 5, 8, 4. — 16 Pind. Pyth. IX, p. 107-130;
III, p. 322, Boeckli. Le fils d'Héraklès et de la veuve d'Antée s'appelle Palaimon
dont le nom est peut-être significatif [Frag. hist. graec. 1, 80, Pherccyd. : fr. 33, e) ;
cf. Pauly-Wissowa, s. v. p. 2339-2343 (Wernicke). — 1” Paus. 4, 36, 4. — 18 Paus.
4, 32, 1. — 1» Paus. 1, 39, 3. — 20 paus. 4, 32, 1. — 21 Apol. 3, 9, 2. - 22 Phil.
Gym. 7, p. 263. — 23 Apol. 3, 6, 4. — 24 Stat. Tlieb. 6, 903. — 23 Plat. Leg. 7,
. , _ \ \i i- 1 . Aij/o
i, p. 796 A; Luc. Lexiph. 5. — 26 Hippocr. 3o8, ^ cl.
I, i, 6. — 21 Hom. II. 23, 708-734; Od. 4, 342; 8, . * F.
les. Sent. 302. — 29 V. infrà. — 30 Plut. Quaest. 3* Luc.
- 31 Pol. On. I, 155. - 32 Paus. 6, 4, 2. - 33 P'l,t/ A __ 38 Hol
Inach. 24.— 33 Pol. On. 1, 155. — 36 Ibid. |[mn. H- *3’
icth. X, 31. - 39 Pol. On. 1. 155. - 40 H es Seul
41 plut. Q. conv. II, 4. p- llesvch.
_ 44 Pol. On. U , U\i
il Aris-
- „ , r- -
4; Luc. Dial. deor. 7, 3.
pli. Eq. v. 273. — 43 Eust. ad II- P- ***■ "" ” v5 |. Arisl.
»■ -Ml-»*! SOP'1- Tmch- Sâ0’ SCht0L Hesycli- s. r. - 4S fi
r*. TtTTcto .) , p. 131 (413). - 46 Luc. Anach. -4. - n> 4, P- 538 ./
aach. 24. — 49 Et. Magn. s. v. — 50 1>lu • M Po|. On. L
51 Luc. Anach. 31. — 62 Ibid. 24. l3 • . , — S8 Pc'- 11
55 Hes. r. - 56 Phil. 1, 125. - 67 Acl. B. ^ X, 31. - “ J]
5. — 59 Pol. On. 3, 149. — 60 Luc. Anach. I. ^ Eusi. ad 01 p' ' j
isp. Lac. 5, 9 ; Luc. Lexiph. 5; Plut. \it. Ant.
>1. On. 1, 155.
LUC
1341
LUC
îyvu&v * , même sens (coupe-
tour de Phrynichos, wOeîv3,
7tâXaiciJ.a
l'adversaire.
P°u-SBfl les représentations figurées montrent assez
sur 1 a nnint de commencer le
croc-cn-jambe,
jarrets), «l>püvfZ0U
,0’jsser
IV‘ 7 les "agonistes sur le point de commencer
S0U7, le SOrte que nous connaissons assez bien ce
con”a ’ ait appeler la mise en garde des lutteurs. Une
qU0I11d,. Munich, attribuée à Euphronios [gymnastica,
i montre chacun des adversaires avec le
avant, le pied gauche en arrière et sur la
pointe:
coupe
fig. 3678j
nîed droit en ■ . . . ,
P le corps est penché, les épaulés courbées de ma¬
nière à offrir
le moins de
prise possible
à l’adversaire,
les bras pliés
plus ou moins
au coude, les
mains ouver¬
tes et prêtes à
saisir. Deuxcé-
lèbres statues
de bronze,
trouvées à
Herculanum,
représentent
de même des
1 ig. 4614. — Mise en garde.
lutteurs avant le combat 5. Sur une peinture de vase
(fig. 4614), la position est un peu différente et les bras sont
levés plus haut 6. Le schéma est le même lorsqu’au lieu
d’hommes faits ou d’éphèbes, les pugilistes sont des Ëros
ondes enfants: un assez grand nombre de monuments,
d’époque tardive, nous les montrent [athleta, lig. 598]
prenant la même mise en garde 1 .
V. — Parmi les manières dont les athlètes en viennent
l ig. 4615. — Pression sur les bras.
^UX ma'QS’ en est quatre que nous pouvons distinguer
r°'!1 jU'd'ord8. Un moyen très simple de vaincre était de
Il 'impuissance l’un des bras, de préférence le
^ucie, do 1 adversaire: pour ce faire, on le saisissait des
x mains au poignet et à l’épaule ; on pouvait ainsi
1 Hom. Q,i oq -c,«
Quae.it. conv (cf- EusL ad loc.). - 2 Hes. s. v. - 3 Ph
pt XI = Jahn 2' p'_ 639 F ; Luc. Anach. 24. — 4 Arch. Zeit. 18:
flmlrn, p g-7 ’ asens- '95, p. 248-9; cf. snr ce p0jnt Hartwig, Meiste î
r. i'Hamüton IV "7 ' GlaraC’ p1, 860’ 2190 B; 8G3- 2196 A- ~ 6 Tisschbe
p- % On a voulu ’ P ■ XUV ~ A"nna’ 1877> 2°5 (Stephani, C. rendus, 18'
^mbultaii, avec le I, 1 ^présentation de I'&xçoxt<(ur|i<>;, espèce de lutte où 1
MO; cf. 8U;,| " ' ' - Gcs d°igls, qu on pouvait aller jusqu’à briser ; Stat. Tli
Fior- ll- pl. ,.xxxi„%Ct r>lal' Alcib' h 1072 > Paus- 6, 4, 1. - 7 Gori, Gem. M
4i l'«s compris le"mo~i rCf .Stepllani’ C’ rend«*. 1867, p. 34, noies 1-4. — 8 Je
8“Mon.[nancjlej jj 1 couronne un assez grand nombre de cistes élrusqi
Pt i.viti, cjs^e , -<■«*• ^es Med. 1365, p. 560-2, ciste de Brflndslcd; Mom
cux «gonistes, pune j Heisbourg; Monum. X, pl. xxix, ciste de Préneste). I
y ^ 1X nia’lls seule occupée et placée sur la nuque de l'adv
tordre son bras (TtpÉcpetv) et l’amener à prendre une posi¬
tion plus favorable au corps à corps. Une amphore attico-
corinthienne de Londres 9 et le cratère dit d’Amphiaraos,
à Berlin (fig. 4015) ,0, en donnent des exemples : l’adver¬
saire essaie vainement de dénouer l’étreinte en faisant
usage du seul bras qui lui reste libre. Ailleurs “, c’est
le bras droit qui est fait prisonnier et le gauche qui
est libre. Enfin, sur une coupe à figures rouges de Ber¬
lin 12, l’engagement parait à peine commencé et le second
agoniste ne fait aucun effort pour desserrer l’étreinte.
Un second procédé consistait à saisir des deux mains les
deux poi -
gnets de l’ad¬
versaire : une
simple pres¬
sion exercée
sur les bras
les courbait
en arrière et
amenait, sans
résistance
possible, la
chute du
corps. Une
coupe à fi¬
gures rouges (fig. 4616) 1 3, une fresque de Corneto et peut-
être un vase àbucchero de l’ Antiquarium de Berlin 1V, nous
expliquent ce mouvement. Le schéma devient plus com¬
pliqué quand l’un des deux lutteurs, saisissant le second
d’une main au poignet et de l’autre à la nuque, en même
temps qu’il serre fortement un bras de l’adversaire, tente
de le culbuter en exerçant une pression sur son dos.
Les monuments, ici, sont très nombreux. Je citerai le
trépied de Tanagra «à Berlin15, une amphore de Nicos-
thènes au British Muséum16, une peinture à figures
rouges d’Oxford l7, un miroir étrusque [atalanta,
fig. 592], une fresque de Pompéi représentant la lutte
de Pan et d’Éros ,s. La riposte à cette attaque se faisait
en mettant la main libre sur la nuque du premier ago¬
niste 19 ou en essayant de faire fléchir l'un de ses bras,
celui qui serrait le poignet20 ou celui qui enlaçait le
cou 21 . Le corps à corps devient plus imminent, quand,
au lieu de se poser sur la nuque, les bras restés libres
essaient d’attraper les jambes de l’adversaire. Une coupe
à figures rouges du British Muséum 22 nous fait connaître
cette dernière manœuvre, moins usuelle, semble-t-il, que
les premières, mais dont l’effet devait être plus immédiat.
VI. — Pendant ces divers mouvements, les tètes des
agonistes, dont les corps étaient penchés en avant, se
trouvaient naturellement très rapprochées. Les fronts se
touchaient d’eux-mêmes et il n’y faut pas voir un simple
hasard, mais l’effet d’une tactique. Nous savons par les
textes (voir suprà) que l’une des manœuvres favorites
saire, n’engagent pas véritablement la lutte. Exception, le bronze de Luynes,
Babelon, Ibid. 935, p. 4H-2. — 9 Jahrbuck, 1890, p. 243, 35 (Holwerda) = Vas.
Drit. Mus. 11, B 48, p. G3. — 10 Monum. X, pl. îv = Furtwangler, Vasens. 1655, 1,
p. 205-9. — 11 Mon. d. Ist. II, pl. xxiv; de même Mus. Blacas, I, pl. u, 2; Krause,
Gymnast. u. Agon. pl. xii, 34 = Vas. Brit. Mus. Il, B 191, p. 127-8; et Furtwan¬
gler, Vasens. II, 3985, p. 1008-9. — <2 Anseiger, 1891, p. 118, 12 B, (ig.
_ 13 Gerhard, Atiserl. Vas. pl. 271. — 14 Martha, l'Art étrusq. (îg. 286, p. 431 ;
Furtwaengler, Vasens. I, 1558, p. 180-1. — 15 Arcli. Zeit. 1881, pl. m-iv = Furl-
xvaengler, l. I. I, 1727 p. 271-4. — 10 Musée Blacas, pl. n, p. 10-11 = Vas. Brit.
Mus. II, B 295, p. 171-2. — 17 Gai dner, Gr. Vas.inthe Ashmol. Mus. 288,pl.xiv. —
18 Monum-, X, pl. 35-6 ( Annali , 1876, p. 294). — 19 Trépied cité de Tanagra. Fresque
de Pompéi. — 20 Vase d'Oxford, Pélée et Alalanle. — 21 Amphore citée de Nicos-
lliénes. — 22 Vas. Brit. Mus. III . E 58 = Hartwig, Mcisterschalen, p. 138, (ig. 20 a.
169
«4
LUC
— 1342 —
LUC
était le heurt des fronts l'un contre l’autre, et, les deux
têtes une fois en contact, la pesée graduelle de la première
sur la seconde. L'adversaire le moins résistant était de la
sorte rejeté en arrière, et, s'il ne trouvait quelque riposte,
se trouvait rapidement renversé sur le dos. Cette tactique
« à coups de bélier» se trouve représentée sur de nom¬
breux monuments. Je citerai, parmi les vases à figures
noires ’, le trépied de Tanagra 2, deux amphores de
Nicosthènes, 1 une à Londres 3, l’autre à Vienne4, une
coupe du musée de Munich 5 ; parmi les vases à figures
rouges, la peinture déjà citée (fig. 4617) 6, deux coupes,
1 une de Londres \ l’autre d’Oxford 8, des sarco¬
phages9, des terres cuites10, des pierres gravées11 et des
monnaies 12.
VII. — Au lieu de s’en prendre aux bras et aux épaules,
les agonistes pouvaient attaquer l’adversaire par les pieds
et le vaincre en lui faisant perdre brusquement l'équi¬
libre. On a vu plus
haut le très grand
nombre de termes
techniques, dont
la traduction ap¬
proximative est
« renverser d’un
croc-en-jambe ».
La tactique était
donc familière aux
Grecs, et cela dès
les temps homéri¬
ques. A vrai dire,
il est malaisé de
descendre dans le
détail. L’on peut
du moins distinguer deux cas, l’un où les pieds s’eplacent
derrière les jambes du corps opposé, c’est le croc-en-
jambe à proprement parler, l'autre où la jambe est saisie
avec les mains et brusquement soulevée en l'air. Une
différence fondamentale sépare ces deux manœuvres :
tandis que la seconde exclut le corps à corps, la première
le suppose nécessairement. Aussi n’est-elle jamais em¬
ployée seule. Les agonistes y avaient recours pour des-
1 Stephani, C. rendus, 1 867, p. 29, 2. — 2 Arcli. Zeit. 1881, pl. iii-iv. — 3 Mu-
séeBlacas, pl. it, p. 10-11. — 4 Wien. Vorlegebl. 1890-1, pl. i, 4; iv, 3; vi,3.
— ù Jahn, Vasens. 310, p. 90. — 6 Stephani, C. rendus, 1867, p. 29, 3.
— ‘ Hartwig, O. I., p. 138, 1, fig. 20 a. — 8 Gardner, Gr. Vas. in Ashmol.
Mus. 288, pl. xiv. — 9 Zeit schr. f. a. Kunst. VI, 49 (Welcker) = Ja hrbuch,
( 1889, p. 135, sarcophage du Vatican (Pan et Eros). — 40 Terre cuite de la Cher-
sonèse, Stephani, C. rendus , 1867, p. 35, 2. — U Ibid. — 42 Ibid. p. 29, 4-6
Selge, Aspendos. Locride). — 13 Stephani, O. I. 1869, pl. j, 29, p. 144.— 4 4 Monum
f e dégage.- au-
serrer une etre.nte dont ils ne pouvaient se „■
trement. Par exemple, sur un miroir à relief n-
trouvé dans la Russie méridionale13, un '8' 4618)
l’air par son compagnon, essaie de faire ^ soulevé en
gauche ] der- passer «°n pied
rière la jam¬
be de même
sens du se¬
cond combat¬
tant : s’il y
réussit, il le
fera choir en
avant et sera
victorieux, à
supposer
même qu’il
n’ait pu dé¬
gager ses mains. La seconde tactique demandait plus de
rapidité dans l’attaque, mais obtenait un résultat plus
soudain. Les peintures de deux amphores panathénaïques
le montrent très clairement. Sur l’une (fig. 4619) a )e
premier agoniste tient de la main droite le pied gauche
Fig. 4G19. — Enlèvement par la jambe gauclio.
de son adver¬
saire : l’avant-
bras gauche
passé sous la
jambe en haut
du genou sou¬
lève très haut
le membre, les
bras s’agitent
en vain pour
reprendre l’é¬
quilibre , la Fig. 4620. — Enlèvement par la jambe droite.
chute paraît
prochaine. Sur le second vase (fig. 4620) 1S, la main gau¬
che seule attrape la jambe droite au genou : le résultat
paraît le même. La manœuvre devenait naturellement
moins efficace, quand les corps étaient entrelacés. Sur une
amphore du Louvre 10 et sur une hydrie du British
Muséum 17, Achéloos et Antée y ont vainement recours
contre Héraklès.
VIII. — Soulever' en l’air son adversaire, pour le ren¬
verser ensuite sur le sol, était un tour dun usage très
général18. Héraklès, suivant une tradition relamemen
récente19, étouffait ainsi Antée, le géant Libyen , P,; |1(‘
triomphait de Thétis20 etTityosessayaitde force. l|lP^
Le difficile, dans cette manœuvre, était de se gtlier e j
bras de l’ennemi qui, de face, empêchaient tout 1 1 p
fallait l’aborder par derrière, l’envelopper de 1
et, en même temps qu’on le serrait a la taille, eofi
ses mains de dénouer l’étreinte. Une freS(Uu ^ 22 pe
de Beni-Ilassan reproduit un motif un peu ditt< ‘
même, une amphore de Nicosthènes au musée c e ^ ^
montre les deux corps juxtaposés sur le nu ^ jieu
vaincu est attaqué de côté et non plus de n~
.11 Vas-
5. - 1S Ibid. I, pl. xx», 7. - <6 Arch. Zeit. 6-10. -1S1'’
r. II, B 322, p. 187 (bydrie). — Stephani, O. . ^ J r()bjccljon
dion de Stephani (Ibid. p. 14-15) est ^ _j dioboles de T***"to f*
gler (Roscher, Lexikon, s. v. Heracles, p. — 1 • 26, j, — ► '
iv« siècle). — 20 Stephani, C. rendus , 180 , P- - » ^ 22 perr0t, H* '
is. Vas. I, pl. XX» (amphore Bcugnot au Louv™,‘ ,, 4; lV> !'
I, p. 792, fig. 520. - 23 Wien. Vorlegebl. M» V P
LUC
— 1343 —
ri, ie vainqueur essaie simplement de le
16 . pouffer. Une peinture d'un vase de Cumes
3SSer,!\ , présente le schéma véritable : l'athlète
a saisi son adversaire de la main
gauche à la hanche, pendant que
son avant-bras droit serre à la fois
le haut de la cuisse et le poignet
droit; donc en même temps qu’il
soulève le second agoniste, il lui
fait perdre l’usage de son bras droit,
et ne le laisse libre que d’essayer,
avec sa main gauche, plus faible,
de dénouer l’étreinte. Nous avons
déjà cité (fig. 4618), à propos du
croc-en-jambe, le groupe reproduit
sur un miroir en bronze de l’Ermi¬
tage 2 : là les deux mains du vain-
— queur sont solidement jointes l’une
Fi MM. -Enlèvement par à l'autre et enlacées autour de la
lg' derrière. taille qu’elles enserrent, le second
Éros a les deux bras libres, et en même temps qu’il
essaie' de faire perdre l’équilibre au premier, il lui prend
les deux mains aux poignets pour les détacher s’il le
peut. Dans l’un et l’autre cas, c’est à peine si le corps
est soulevé de terre, mais il pouvait en être bien autre¬
ment, et parfois l’homme ceinturé est levé très haut3.
Sur un certain nombre de monuments, les adversaires
sont fort rapprochés, de sorte que la tête du premier,
comme écrasée par le corps du second, est plus ou moins
déprimée et rejetée sur l’épaule D’autres fois, surtout
dans les groupes de Thétis et de Pélée,
la tète est pressée contre le corps
qu’elle serre et dont elle contribue à
réduire la résistance. Enfin il arrive
que, au lieu de maintenir son adver¬
saire droit devant lui, le vainqueur le
fasse glisser de côté (fig. 4622), afin de
lui faire perdre plus facilement le con¬
tact et de le rejeter plus aisément sur le
Sol5. Je ne mentionnerai que pour
mémoire un bronze où un support per-
mel d asseoir à demi le premier des athlètes6. Nous
i aujns déjà vu comment on parait ces attaques. L’agoniste
vaincu sur ] amphore de Nicosthènes 7, au lieu de résis-
I eretd essayer de se défendre, lève les deux bras. Quand,
coinrno il arrive souvent sur les représentations de Thétis
et Pélec, un bras, laissé libre, est levé en l’air en signe
appel ou qe désespérance 8, c’est que la lutte est éro-
'i111 autant qu’agonistique, et la résistance plus appa¬
rie que réelle.
nom rI)(,'1X COUPes a fi§ures rouges du British Muséum
duiii r nl COnna^re un corps à corps tout différent, mais
Soit m®me de soulever le corps adverse,
décm!" ' U 86 ^ssard Pour attaquer, l’un des lutteurs ait
failn,,.' s0n dos, soit qu’une manœuvre savante l’ait
Fig. 4G il,— Enlèvement
de côté.
Pencher en
avant, le haut du corps de son adversaire
CK pUoMou V; pl X- 20- - 2 Note 13, p. 1342. - 3 Grc
*co". Graf) ; o’e R- 1 , ' ' Jahrbuck, 1890, fig. 2, p. 14); Anzeig
*i> er, 189o ,, '.'v Dronz- de l'Acropole, 747, p. 272-3, fig
^elon-Blanchoi n * ^coPl ®raD- — 5 Pierre gravée, Mus. i
thse|i\4nc T' Bibl Nat. 1*20, p. 574-5 (vase de Si
lv’ vi, 3 _ ^ ^ (Willonhouse). — 7 Wien. Yorlcgebl.
" Itrit 1/ ) 'aSe (P' Eatone su Louvre, Gerhard, Ans.
™f- "h E 36, p. 62-3, pl. ii. _ 10 Ibid., E 48, p
LUC
s'est abattu sur sa nuque: les bras noués le ceinturent,
comme tout à l’heure, mais en partant celte fois du cou
et en pressant obliquement ses flancs; la tète du vainqueur
appuyant de plus sur le dos, l'athlète perd forcément
l’équilibre. Kerkyon a beau entourer de son bras gauche
le haut du dos ennemi, ses pieds ont déjà perdu l’équi¬
libre et sa main droite essaie vainement de saisir l’une
des jambes de Thésée9. Sur l’autre vase l0, Kerkyon a
encore un pied à terre : son bras droit entoure Thésée,
tandis que sa main gauche est simplement levée, sans
avoir pu attraper le héros. Sur un troisième vase
(fig. 4623), Thésée tient enlacé Kerkyon, qui perd équi¬
libre et agite en vain ses deux bras 11 .
X. — Par l'un ou l’autre procédé, le corps était soulevé
de terre. Un
certain nom- ^
bre de pein¬
tures anti¬
ques le mon¬
trent avant
ou pendant
la chute. Une
fresque de
Béni -Hassan
nous le fait
voir horizon¬
tal, sur les
épaules du
vainqueur, qui se tient droit et debout12. Chez les Grecs,
le schéma est un peu différent. Le premier athlète s'est
courbé en avant et presque accroupi : il fait glisser le
corps du second sur ses épaules et tient des deux mains
son bras gauche prisonnier pour ressaisir l’équilibre. Le
Fig. 4624. — Enlèvement sur les épaules.
vaincu lève vainement son bras droit : il va infaillible¬
ment être projeté sur le sol13. Les peintures des tombes
étrusques représentent fréquemment ce moment du
combat. J’en citerai unedeCorneto 14 et quatre deChiusi15.
Sur l’une de ces dernières (fig. 4624), trouvée dans la tombe
« délia Scimia » 16, le corps soulevé a les jambes en l’air et
la tête déjà penchée vers le sol : le bras gauche, tenu à
deux mains, est dirigé vers la terre et le droit, resté libre,
essaie de se cramponner à la nuque du premier agoniste.
XI. — Au lieu de faire passer le corps sur le dos, il
Designs of yr. vases, fig. C, p. 13 ; Gerhard, Aus. Vas. III, 234. — U Annal, d.
Ist. 1870, tav. o. — 12 Perrot, Hist. del'Arl, 1, p. 792, fig. 520. — 13 Vas. Brit. Mus.
III, E 94, p. 116-7 r- Hartwig, Meisterschalen, p. 138, 1, fig. 20 B. — 14 Dennis,
Cil. and Cimet. 3« éd. I, p. 365 = Mus. Greg. I, pl. cm (Grotta d. Iscrizioni).
— 16 Dennis, II, p. 323 .= Inghirami, Mus. Chius., pl. clxxxii (t. d. colle Casuccini) ;
Dennis, p. 327, 7 = Gori, Mus. Etr., 3, 84-7, 11, pl. vi (Poggio Montolli); Dennis,
p. 333, fig. = Monum. V, pl. xiv-xvi (t. délia Scimia); Dennis, p. 342, 1 = Mus.
Cliius., 2, 122-3 (deposilo de’ dei). — 16 Dennis, II, p. 323.
— 1344 —
(■(ait plus simple, sinon plus facile, de le projeter direc¬
tement, surtout quand on le tenait par derrière et qu’en
le soulevant on pouvait l’empêcher de se retourner. Un
bronze de Florence
fait voir Antée déjà
culbutant et la tête
penchée en avant :
lléraklès l'a levé jus¬
qu'à la hauteur de
son épaule droite1.
Un bronze con¬
servé à Paris (fi g.
■4625) représente
un moment posté¬
rieur. L'un des lut¬
teurs est renversé,
les pieds en l’air, la
tète vers le sol, la
main gauche tendue
en avant pour res¬
saisir l’équilibre, la
Fig. 4625. 2 ^Renversement. mai il droite es¬
sayant de desserrer
le bras de son adversaire2. Le motif est évidemment
antérieur à la légende d’après laquelle Antée tenterait
de prendre contact avec Gè, sa mère. Nous le retrouvons
sur deux vases à relief, provenant l'un de Vichy 3, l’autre
de SisteronL
XII. — Le schéma est un peu plus compliqué sur la
coupe attribuée à Euphronios que possède le Cabinet des
Médailles5. La même scène est reproduite deux fois, sur
l’extérieur et au dedans du vase. Le premier lutteur qui
peut avoir frappé son adversaire en bas du dos l’a sou¬
levé du bras gauche et fait passer par-dessus son épaule :
sous l'effort, il s’est agenouillé et son bras droit rejeté en
arrière lui sert de balancier. Le deuxième agoniste, dont
la tète est en bas, passe le genou droit autour de la tête du
premier, et essaie de l’étouffer (voir XVI) en même temps
que de s’arrêter dans sa chute. Sur une métope du The-
seion6, Kerkyon, « ceinturé » et soulevé, essaiera de même
d’attraper de la main gauche le mollet droit de Thésée.
XIII. — L’une des ripostes, comme aussi l’une des'
attaques les plus efficaces consistait en l’action exercée
sur le cou. La pression pouvait dans certains cas être
mortelle 7, sans qu'il y eût là rien de contraire aux lois qui
régissaient les jeux publics. Un moyen si violent, et dont
l'action était si redoutable, dut être souvent employé 8 ;
nous le voyons sur les vases peints. Sur une amphore de
Nicosthènes °, l'un des lutteurs ayant passé la tète sous
le cou du second, il lui suffit de la relever simplement,
pour écraser les muscles cervicaux de son adversaire et
lui causer une douleur très forte. Sur un fragment du
Louvre, c’est avec les bras noués autour du cou que
Thésée étouffe Kerkyoneus 10. Enfin, nous avons vu que
sur la coupe de la Bibliothèque Nationale, l’agoniste pro¬
jeté en l'air entoure de sa jambe pliée au genou le cou
de l’athlète vainqueur11.
I Zannoni, Gai. Heal. 4' s. I. III, pl. cv. — 2 Clarac, pi. 802, 2014. Moulage à Sl-Ger-
roain (S. Reinach, Br. figurés, 124, p. 211 el s.). — 3 S. Reinach,/6. 396, p. 312.
— 4 Babelon-Blanclict, Br. Bibl. Nat., 1420, p. 574-5. — 3 De Witte (Dubois),
Catal. Canino, 1843, 219, p. 60-1 = Hartwig, Meisterschalen, pl. A v , 2, pl. xvi,
p. 137. — c Sauer, Bas sogen. Tlieseion, p. 160-7, Nordmetope, 3. — 7 Cf.
l'histoire d'Arrachion de Phigalie. Paus. 8, 40, 1; Phil. Im. 2, 6; Eus. Chron.
1, 202. — 8 Daus le Lexiphanés de Lucien, et op6oiti).r] sont
LUC
à l'époque alexandrine et que nous fai, ron™“
bronze d’Antioche (fig. 4026), Ultre un beau
conservé au musée de Constan¬
tinople 12. On y voitla lutte finie.
Hermès a passé son pied gaucho
derrière le jarret de son adver¬
saire qu’il a renversé d’un croc
en jambe : il le tient sous lui,
la main droite appliquée sur sa
nuque, la main gauche empê¬
chant l’effort du bras droit. Le
vaincu agenouillé appuie sa
main gauche à terre. Des répli¬
ques semblables, sauf quelques
détails, sont conservées à Pa¬
ris 13, à Londres u, à Florence 15,
à Saint-Pétersbourg16. Celle du
British Muséum provient d’É-
gypte, ce qui confirme l’origine
alexandrine du motif.
XV. — Nous ne pouvons in-
Fig. 4626. — Fin de la lutti
sister sur les autres sortes de luttes. On ' trouvera plus
loin, à propos de l’entraînement, l’énumération d’.un
certain nombre d’exercices qui ne sont pas des engage¬
ments à proprement parler, mais qui devaient y prépa¬
rer. Peut-être, cependant, faut-il mentionner ici une
forme de combat, pratiquée encore aujourd’hui, et que
nous fait connaître (fig. 4627) une fresque de Pompéi11.
L’agoniste le plus robuste a l’une des mains repliée
derrière le dos, et les adversaires combattent avec des
armes inégales : le plus faible, Éros dans 1 espèce, aura
pour tactique évidente de joindre son autre main, î estee
libre, à la première et de tordre le membre uniqm don
Pan ait la disposition. .
XVI. — Telle était l’ôpOr, ttocàt). LaxdXtcu;, nous l’avons ^
plus haut, ne nous intéresse ici que dans la 1111 ;'Mt)
elle faisait partie, non des engagements des 1 ^
où elle n’était pas pratiquée, mais des combats ui a ^
lestre. Dans les concours publics, l’àKvSiqffi? « 1 1,11 j
mise que dans le pancrace où l’usage des coups ^
était emprunté au pugilat. Nous n aurons 1 ' ^.g
étudier les règles propres à cette sorte de . gl
seulement quelques-unes des formes, les pl|J>
9 vVien \orWü- l800'1,
xlaposés comme des termes (l'égale valeur (5)- — Hartwig, O- (• P^'
..,4; IV, 3; VI, 3. — M Jahrbucli, 1892, p. 209, figure. - Rg^ Jfittl
- 12 Jahrbuch, 1898, p 178 et s , pl. xi, «g- P- 178 ^ ’s, Br., ->/ns
00, p. 158. — 13 Longpérier, Br. du Louvre , 361. ^ 35). — la ^an
3, pl. xxvii, p. 154 (symplegma nobile d'Hétiodore . c • ,1(J 1867, P1)
ni, Gai. Beat 4- sér. III, pl. en..., 2. - <6
tn tt.il;.. ti” _ 7, _ Aft.i
345
LUC
I
adversaii'1"
le combat 1
Ct'S
. lentes, sous lesquelles elle se présentait.
jeS moins'10 ' ’entes représentations est celle des
W d6S P f genou engageant ou sur le point d'engager
m • fP corps à corps à terre est inévitable avec
i,ses Nous le voyons réalisé (fig. 4628) dans le
célèbre groupe de la
tribune de Florence 2 :
le vainqueur 3 a ren¬
versé son adversaire
d’un croc-en-jambe, en
même temps qu’il le
ceinturait en haut du
corps. Il a déjà réduit à
l’impuissance le bras
gauche; il ne lui reste
qu’à saisir, de sa main
droite, la main gauche
posée à terre ; il aura
;insi prévenu toute parade possible. Les manœuvres que
no„s avons étudiées étaient également de mise avec
laxühîiç Non seulement le croc-en-jambe était permis,
mais le ««z^t^oç paraît avoir été d’un usage courant,
i Des pierres gravées montrent un lutteur étouflant ainsi
des deux bras son adversaire (fig. 4629) *. Sur une médaille
contorniate du Bas-Empire [contorniati nummi, fig. 1922],
L vainqueur assis semble écraser entre ses jambes la tête de
son adversaire,
dont les mem¬
bres sont tor¬
dus et disloqués
de la manière
la plus étrange.
Une fresque de
Béni - llassan
(fig. 4630) fait
voir le premier
agoniste penché
presque hori¬
zontalement sur
le second et appuyant sa tète sur son cou et son épaule
droite1 : le vaincu, renversé et sur le point de toucher
la terre du dos, essaie, en tombant, d’entraîner son
vainqueur que son bras gauche vient d’accrocher en haut
du jarret. Sur une hydrie de Munich à figures noires0,
Antée est déjà couché sur le sol : Héraklès le tient d’une
main en lias du genou gauche, de l’autre à la nuque, et
le géant s’eiforce en vain de saisir le pied gauche du
F héros. Eniin, un curieux bronze devienne nous révèle une
I forme mal connue de combat où les pieds et les mains
■ Paraissent avoir joué un rôle égal1. Je ne mentionnerai
^uc f0ur mémoire les groupes érotiques. L’un d’eux, qui
repi « sente le combat d’un Satyre avec une Nymphe ou
| Jjn IL i umphrodite, serait, suivant une opinion douteuse
6 ^'-‘l'iiani8, le symplegma du portique d’Octavie9.
I A/î ,1 fllj iù.n ,
p|, dccc1v||| ’ P ' VI ! Gori, Mus. Flor. 1, pl. lxxvi 3. — ï Clarac,
P- lis ((',!" ’ 2176 : Stepllani> C- rendus, 1867, p. 7-8 ; Jahrbuch, 1894,
p. 45.f, . j, ' '■ •' n~eiger , 1894, p. 192-3 (Amelung); Amelung, Führer, 66,
(P®lcrsi.n\ rUnn'Bn,ckmann, Denkm., 431; Roem. Mittheil. 1900, p. 152-160
l°utc diiïércnt • — 3 L'interprétation de Petersen (voir supra) est
sel°n lui , le C) ma*s ne résoiid pas, non plus, toutes les difficultés. Notons que,
par un croc mK * a^on‘s^° n’est pas sûrement victorieux et que le second essaie,
pl. i.xxvi 3 __ fpbG’ SOuLïver sur son épaule. — 4 Gori, Mus. Flor. I,
lli. p. 32-i T . , 'G1>rot] de l'Art, I, p. 793, fig. 521. — 6 Jahn, Vasens.
C°H. Graf _ 8 .C L ^ e*t. 1878, pl. x, p. 66 (Klein). — 1 Anzeigcr, 1890, p. 158,
larac, pl. 672, 1735 ; Stephani, O. I. 1867, p. 10-1. - 9 Plin. 36,
J
XVII. — Pour lutter dans les grands jeux, il fallait la
réunion d’un certain nombre de qualités physiques, que
les anciens avaient soigneusement déterminées. Le corps
devait être élancé, tout en étant bien proportionné, le cou
ni trop long ni trop court, mais droit comme celui d un
beau cheval, les épaules hautes et solides, les bras forts
et sains aux veines non saillantes, la poitrine sortante et
bombée, la cage thoracique bien dessinée, le ventre peu
développé, les hanches forles et résistantes, le dos légère-
ment courbé, les lianes souples, les cuisses robustes, les
jambes droites10. L’endurance était nécessaire, car les
passes duraient longtemps et la lutte olympique avait
lieu, non seulement en plein été, mais en plein soleil et
durant la forte chaleur du jour 11 . C’était, parmi les con¬
ditions physiques, la plus indispensable après la vigueur
physique, et, les corps une fois enlacés, la victoire restait
au plus solide et au plus lourd12. Pourtant, les qualités
corporelles n’étaient pas les seules. Entre les exercices
du pentathle, il n’y en avait pas qui exigeât plus d’habi¬
leté, de coup d’œil et de présence d’esprit; c'était le plus
savant et le plus fourbe, xe/vixu>xaxov xat TcavoupY^axov 1
L’art que les Grecs avaient de tromper était attribué par
certains à leur habitude de la lutte 1 ’, et c était son talent ,
(jo cp i'a, non sa force, qui passait pour avoir donné la vic¬
toire à Thésée i5. La souplesse du corps était certes néces¬
saire16, mais pour savoir en profiter, et pour découvrir du
premier coup d’œil le défaut de l’adversaire, l’ingéniosité
était indispensable. Chaque lutteur fameux avait sa
manière et ses passes favorites17: l’habileté suprême
consistait à se dérober à propos et à n’accepter l’enga¬
gement que sûr de sa manœuvre et à peu près certain de
vaincre.
XVIII. — Pour développer les dispositions naturelles
et mettre les agonistes en état de concourir avec avan¬
tage, l’entraînement devait être continu et sévère. Les
pédotribes étaient généralement d’anciens athlètes18,
auxquels leur âge ne permettait plus de descendre dans
le stade, mais que leur expérience mettait à même de
donner de fructueux conseils. Les anciens n’étaient pas
ingrats à leur égard et savaient fort bien apprécier leur
service19. Pindare rappelle avec insistance à Pythéas
d’Égine ce qu’il doit à son maître Ménandre20. Cratinos
d’Ægira, lutteur célèbre, a sa statue à Olvmpie : à côté de
son effigie, se dressent celles de ses fils et de son pédo-
tribe21. On a parlé ailleurs du régime des athlètes
335. _ 10 phil. Gym. 56-62, p. 279-281, Kayser. — U Pind. Nem. 7, 106, scliol. 1,
482, Bôckh. — «Plut. Vit. Cleo. 27. — 13 Plut. Qu. conv. 2, 4, p. 638 D; cf.
Ileliod. Aeth. X, p. 235. - U Xen. Cyr. 1, 6, 32. — « Paus. 1, 39, 3. — « plat.
Theae 16, p. 162 A. — 11 Sen. De ben. 7, 1. — « ’ Ais'o àOXr.-tou, v5v M.ecVmç.dil
le scltoliasle de la 8» Olympique, à propos de Milesios dont Pindare nous
donne le cursus honorum. Ses élèves auraient remporté trente victoires, v. 87.
A Rome les « pinnirapi juvenum .. sont de même d’anciens gladiateurs re¬
traités [Rôm. Mittheil., 1900, p. 226-7, Rostowscw). — « Sur les effets mer¬
veilleux de l’ entraînement, cf. l’histoire de Straton d’Alexandrie, Paus. 5,
«I, 9 ; Acl. H. var. 4, 15. — 20 Pind. Nem. 5, v. 85-90. — 21 Paus.
6, 3, 3.
1346 —
Fig. 4031. — Exercice de lutteurs.
LUC _
[athletae, p. 513). Pour la préparation des lutteurs, Phi-
lostrate nous apprend qu’il y eut deux écoles différentes-
qui se succédèrent. La première était ce qu’on pourrait
appeler l’école naturelle. Les lutteurs s’exercaient en
portant des fardeaux pesants, en courant contre des che¬
vaux rapides, en tordant des pièces de fer, en tirant
la charrue, en domptant de jeunes taureaux, en nageant
dans la tempête : la nourriture était des plus sobres, la
vie des plus sévères. De tels athlètes, non seulement
illustraient leur patrie, mais étaient, au besoin, capables
de la défendre1.
C’est en ce sens
que Platon prescrit
aux futurs guer¬
riers l’exercice de
la lutte, comme
« utile à tout » et
comme capable, au
plus haut point, de
donner la santé et
la force2. Les Béo¬
tiens aussi se van¬
taient d’avoir
vaincu les Spartiates à Leuctres parce qu’ils étaient, plus
qu'eux, habiles aux exercices de la palestre3. Philos¬
trate se plaint que, de son temps, cet entrainement na¬
turel et qui faisait des hommes ait à peu près complète¬
ment disparu. Le stade, dit-il, a été « énervé »4. Les
médecins sont intervenus et ont imposé un régime savant
et perfectionné3. Les professionnels ont pris le pas sur
les athlètes véritables et toutes sortes d’abus ont suivi 6.
XIX. — Un des moyens d’entraîner le corps était
d'exercer l'agoniste à se servir également des deux bras :
Platon recommande expressément que les deux mem¬
bres reçoivent les mêmes soins et veut qu’ils prennent le
même développement7. Parmi les exercices propres à la
palestre et qui préparaient aux luttes publiques, on peut
citer celui que nous fait connaître une pierre gravée de
Florence 8 : les adversaires y tirent sur une corde dont
les deux bouts sont fixés à des bcàtons (fig. 4631). Une
amphore de Munich9 met en
scène un exercice plus pratique:
sur le trône de Zeus sont figurés
deux lutteurs nus, les bras éga¬
lement pliés au coude et les
mains se serrant à la taille : l’un
d'eux a passé le bras sous celui
de l’adversaire et tous deux
tirent en sens contraire, chacun
essayant d’entraîner l’autre (fig.
4632). Enfin l’on peut citer ici
les légendes que l’on contait sur
Milon deCrotone.il se tenait, nous dit-on, debout sur un
disque frotté d'huile sans qu’aucune force put l’en déta¬
cher 10 : c’était, légèrement transformé, l’exercice bien
connu dans lequel on essayait de faire sortir quelqu’un
d’un cercle tracé autour de lui sur le sol 1 1 . L’autre prouesse
1 Phil. Gym. 71-3, p. 284-3. — 2 plat. Leg, VII, p. 796 A. — 3 Plut. Qu. conv. 2,
5,p. 639 F. Outre cetavantage pratique, les anciens aimaient la lutte pour la liberté
des mouvements, la souplesse et la beauté qu elle donnait au corps, Cic. Or. 68 ;
cf. Anthol. 1, 2, II, p. 625. — 4 Phil. Gym. 74, p. 285. — 5 Ibid. 74-5. — 6 Ibid.
77, sq. — 1 Plat. Leg , MI, 6, p. 795 B. — 8 Gori, II, pl. lxxxio. 5. — 9 Ge¬
rhard, Aus. Vas. I, pl. vit = Jahn, Vasens. 405, p. 137-8. — 10 Galien, de San. tu. 2,
— 11 Ael. H. var. 4, 15. — 12 Paus. 6, 14, 2; Ae. U. var. 2, 24. — 13 Plut. Vit.
LUC
Fig. 4632.— Exercice de lutteurs.
sans 1 y,
3F’ Une P0mm« ou une L6!
parait lui être propre : seul il tenait
sans qu’on pût la lui arrache
nade dans sa main fermée12
XX. — Nous n’ajouterons rien û ce nui • -,
coiffure et de la nudité des athlètes en général ^ de la
si ce n’est que la nudité complète rendait 1 , ETAE1
de frotter d’huile le corps entier, suivant u P°ssible
constante qu’il nous reste à examiner La ^ praliq,1('
9ue I'un et raulre »“*> sont relaUvemeTt'l'l?”'1
sans doute contemporains. De fait, les héros d’H S 61
se ceignaient pour la lutte, essuyaient simplenien S
1 engagement la poussière dont ils étaient couvert
A l’époque classique, l’onction comprenait deux
successives, l’onction du corps, WetWôa- et le T
ment avec de la terre en poudre, ûitoxovfÇeaOoB 13 r„
de Plutarque 14 distingue le t^Xôç, la xovtW et le
[ceroma], mais il faut rapprocher l’un de l’autre le pT
mier et le troisième terme : tous deux se rapportent à h
première série d’opérations. S’il en fallait une preuve
nous la trouverions dans 1’^ nac/mms où n’apparaisseat
que le Tr-qXoç et la xôvts1 ’ : le x^ptoga qui n’est pas men¬
tionné était l’ingrédient nécessaire à fixer le r.ÿM. De la
boue, vr-qXoç, de la terre délayée et rendue adhérente1
tel était donc le premier élément dont on couvrait et
frottait tous les membres : un mélange d’huile 17 et de
cire 18 facilitait l’onction. Son effet était de rendre le corps
glissant comme une anguille 19 et souple comme l’osier,
Xuy1'Çeffeai20- Non seulement la difficulté de la prise en
était augmentée, mais les chutes étaient rendues moins
pénibles21. Il importait seulement de ne pas s’oindre sous
le manteau 22 , car la pratique, au dire du Pseudo-Aristote,
était contraire à la santé, et avait le défaut de relâcher les
pores de la peau. Un passage de Jean Chrysostome-3 pour¬
rait paraître signifier qu’au lieu de frotter directement
le corps, on l'enveloppait d’un himation tout pénétré
d'huile : il faut sans doute l’entendre de la graisse qui
couvrait les membres préalablement enduits et qui tachait
et mouillait l’himation. Cette onction n’était pas seule¬
ment pratiquée avant le combat : elle pouvait se combiner
avec un véritable massage destiné à fortifier le thorax,
ou, d’une manière générale, tout le corps. Dans ce der¬
nier cas, elle était faite par les aliptes21.
La deuxième opération consistait à saupoudrer de pous- 1
sière l’épiderme rendu glissant et souple. On le faisait pour 1
rendre les corps à corps faciles ou même possibles, maisl
il s’y joignait aussi d’autres raisons. Cette couche épaisse!
dontle corps était revêtu arrêtait la sueur, abondante sousj
le soleil d’été; elle empêchait aussi les refroidissemen s,l
dangereux par les grands vents qui soufflent luqueni J
ment en Grèce, et qui pouvaient atteindre ni". 1 1111
la lutte23- La terre dont
, que Philostrate
nous énumère avec soin 11 n’en distingue pas n " '
cinq variétés, suivant qu’elle est argileuse ■ ‘ ^re
coquillière (ôaxpaxojo'q;), bitumineuse (âffcpaXTto ^ q- 1
ou blonde (géXatva, ÇavGi))26. La manière dont oi J
quait n’était pas indifférente : il fallait, non a
i3 Luc. Anach-
Potnp. 53.— U Plut. Qu. conv. 2, 4, p. 638 G. 414 B-
- 16 Kôv.{ Phil. Gym. 96, p.292.
— 18 Klipio,.* (Plut, supra). — l!) Luc. LL corroropu, ce '|U'"
Anach.V. - * Arist. Probl. 28-3, p. 966-7. Le texte est ‘ «r P{. _ 23 *
clique le contexte. Une raétathèse est évidente entre - » P*
stat. 1, 8.. — 24 pmi. De tu. san. 16, p. 130 B. 0 jlu'
Gym. 96, p. 222.
des corps nus et échauffés par
on se servait était de diverses espèces
— 1347 —
LUC
■ fajre couler en écartant légèrement les
le corps> malb croùte) faite de terre coagulée par la
doigts ‘•Lt,palr,i|lile était raclée avec un strigile2 et
• gueur
en
P1
* £ d’un bain , partiel ou tolal • [voy. str.g.lis
et aUPTESj- à la 18e olympiade, avec le pentathle,
Xf,7(p fait son entrée officielle dans les concours
q“elalU r hatès fut le premier vainqueur. Depuis
«£ conventionnelle (708 av. J-C.), elle fait partie,
f ipmentdes grands jeux5, mais des agons pro-
n°n hei comme les Herakleia de Lesbos6 et les Askle-
vuicianx, 0, ^ lutte des enfants fut introduite
£ fu» siècle plus tard, à la 37- Olympiade* (632 av.
r ' Elle ne fut pas moins en faveur que la première.
!; Éleusinies, les Theseia», tous les grands concours
l’adoptèrent comme la lutte virile, que généralement elle
précédait dans l'ordre des jeux 10. La huitième Olympique
Je pinJare est dédiée à un naXafexTiç, Alcimedon
d’Égine, et sa victoire n’est pas moins fêtée que celle des
agonistes plus âgés. Dans le pentathle, la lutte suivait la
course", comme intermédiaire entre les exercices légers
et ceux qui demandaient un corps vigoureux et pesant.
Des lois spéciales, tout un code très détaillé, la régis¬
saient12. Elles permettaient exceptionnellement d’accor¬
der la victoire quand aucun concurrent ne s’était pré¬
senté13. Elles prescrivaient le jeu de la flûte pendant les
concours, tout au moins durant le pentathle . Elles
arrêtaient que la couronne serait donnée à la troisième
chute, Tûiaygo; i6. Surtout elles réprimaient sévère¬
ment les fraudes, soit en punissant les concurrents eux-
mèmes, soit, quand ils étaient trop jeunes, leurs
parents10. 11 ne faut pas confondre ces lois avec ce
qu'Élien nous rapporte du « législateur » Orikadmos
de Sicile17 : ce que cet agoniste paraît avoir codifié,
c’est simplement xbv ctixeàov xpÔ7tov, c’est-à-dire, comme
nous l’avons vu plus haut, une passe célèbre d’a¬
gonistique, une manœuvre particulière où l’athlète
excellait.
XXII, — Les représentations de lutteurs étaient fré¬
quentes, mais les textes nous en apprennent peu de
chose. L’agôn du bouclier d’Héraklès 18 et du coffre de
Xjpsélos19, le symplegma nobile de Céphisodote 20, le
Iwtator anhelans de Naucéros21, les peintures d’ Anti¬
dotes-- et de Timainétos 23, même les effigies d’athlètes
connus comme les statues de Pythagoras de Rhegion 24
sontpour nous autant d’œuvres ignorées, qu’il faut renon-
|cer à identifier. Nous connaissons mieux, grâce aux
| tuteurs, les noms et les prouesses des athlètes. Nous
savons qu Argos25, Ëgine26, Athènes21 se disputaient la
^ 0lre (^es meilleurs maîtres et des victoires les plus
1 Phil. I. r _ 2 a i t> • ii
29 _ 4 p J ' ( e Br. Soc. Archéol. p. 104-111. — 3 Luc. Anach.
Panalhénaï, u ! S ?’ ^iL ^ym. P- 267. — 5 Aux trois amphores
fyrurée fç/ T l'ri Gemment connues où une représentation de la lutte est
r- 4>-2)> sajou
ffiiizoï, - 6 DnU ectlon v*glMsindi, Rôm. Mittheil. 1900, p.
257-260, fig. 3-4
ierrf. Th p ga C°rr' kelL l88°’ p- 447' 30' ~ 7 ,bid- 1886’ P’ 415’ 24 (Clerc»
p. 721-75Q _ s ’!( ' cP Tbid. 1899, p. 290 (Termessos), et Michel, Rec. d'inscr. gr.
®êes), 884 (Thesei aUS' 8’ — 9 M*cliel, Rec. d'inscr. gr. 880, 883 (Panathé-
-15, 1590, I5ç)| “'t 1U Plup Q"ae- nat. 2, 51, p. 639 A. — U Corp. inscr. gr.
I C{Uil le’ seul 12 Plat- LeS- 8» p- 834 AB. - 13 Phü. Gym. 18, p. 266
" 15 C’6tait le 13111 ce Privilège. — H Plut. De mus. 26, p. 1140 D
Aesch. Ar/ (-,C 1 U" ouvragc du philosophe Ion de Chios (I)iog. Laert. 8, 8);
ri8^A2i,,,'rsnaedr- 256 B; Euth- 277 CD ; Suid. s. v. Totajrô^vat
adul, a), -’ , ' 8’ur 'e relâchement des coutumes anciennes, voir Plut
'* V- Soi. - m'pj P;58’ el Phil- Gym. 74, p. 285. — 17 Ael. H. car. 11,1
10 ; 5, 18, 5. — 20 piin. 30, 24. — 21 Plin. 34, 80
-a Pli„ ,, , Paua- 5, 21
3a» 130. - 23 f
ails. h 22, 7. — 24 Paus. 6, 4, 1 ; cf. le papyrus
LUC
nombreuses. Il suffira de rappeler ici, d’après Pindare qui
lui consacre la neuvième Olympique, le cursus honorum
d’un agoniste, Épharmoste d’Oponle. Vainqueur à Del¬
phes, à l’Isthme, à Némée, il l’avait été aux Héraia d’Ar-
gos, aux Panathénées d’Athènes, aux Iléraklaea de Mara¬
thon 28. Comme on le voit, les agonistes faisaient le tour
de la Grèce et luttaient tour à tour dans tous les grands
jeux. Nous aurions sans doute à enregistrer bien d’au¬
tres victoires, si nous connaissions la carrière complète
d’un Léontiskos de Messine29, d’un Straton d'Alexan¬
drie30, d’un Milon de Crotone31, le plus fameux de
tous, qui vainquit six fois à Delphes et six fois a
Olympie.
XXIIi. — A l’époque hellénistique, et, plus tard, à
l’époque impériale, la lutte devient un exercice de théra¬
peutique. Ses effets fortifiants ont été observés de très
bonne heure32. Elle empêchait l’obésité33, fortifiait le
haut du corps31 ou, sous la forme de la xbXtff'.ç, les par¬
ties inférieures35. Enfin, nous avons vu plus haut que le
massage, indispensable à la lutte et qui en procédait,
possède une valeur thérapeutique que les anciens avaient
su reconnaître. A. de Ridder.
LUCTUS (7IÉV0O,-). — Le mot latin signifie propre¬
ment les pleurs et les lamentations, en grec xwx-jxqç,
ou les chants rythmés, Qpîjvoç, àotovj , accompagnant les
funérailles1. Les mots xo 7tév6o<;, 7t£v6îtv, usuels pour
désigner le deuil, signifient néanmoins, d’une façon
plus spéciale : douleur, affliction, chagrin, deuil moral.
L’ensemble des rites funéraires qui comprend le deuil
s’exprime par les mots : xi otxata, xi vogiga, xi vogtÇôgEvoc,
xi TrpoffVjxovxa. Les rites funéraires, les cérémonies ser¬
vant à perpétuer le souvenir des morts et la plupart
même des signes extérieurs qui attestent la douleur des
survivants ayant été traités ailleurs [coma, funus], on ne
s’occupera ici que de quelques dispositions principales
du deuil dans la personne des affligés.
Grèce. — Les restes de la période dite mycénienne
font connaître le mobilier funéraire, non les pratiques
postérieures aux funérailles, le costume et la tenue des
survivants. Pour la période homérique, les textes qui ont
inspiré nombre de monuments figurés d’époque plus
récente montrent déjà, dans leurs traits essentiels, avec
les trois actes des funérailles antiques, exposition du
mort, transport du corps, déposition au tombeau, les
manifestations très violentes de la douleur, les hommes
se couvrant la tête et les vêtements de cendres, se rou¬
lant par terre, s’arrachant les cheveux, les femmes s’égra¬
tignant les joues, se frappant la poitrine2. Plus tard et
sur des monuments plus récents, le geste traditionnel,
la main portée à la tète, n’est plus qu’un simula-
dOxyrrhinchos, Rev. archéol. 1899, II, p. 399-412. — 2o Theocr. 24, 109-110; Call.
Epigr. 66. _ 26 Pind. Ol. 8, etc. — 27 Paus. 1, 39, 3; Pind. Nem . 5, 90 (/{>) S’àr '
’A0avav tîxïov ’ 4MHjT<xtïiv — 28 Pind. Ol. 9, v. 120 sqq. — 29 paus. 6, 4, 1 ;
cf. le papyrus d'Oxyrrhinchos, Rev. arch. 1899, II, 399-412. — 30 Paus. 5, 21, 9 ;
Ael. H.Var. 4, 15. — 31 Her. 3, 137; Slrah. 6, 1, p. 262-3; Paus. 6, 14, 5.
— 32 Arist. De cael. II, 12, p. 292 B, 26. — 33 Cael. Aurel. Citron, morb. 5, 11.
_ 34 0rib. 6, 28. — 35 Ibid. — Bibliographie. Pour tous les ouvrages généraux, voir
quinquertium. 11 suffira de citer ici Burette, De la lutte des Anciens ( Mém . Acad.
Discr. IV, p. 318 cl s.); Krause, Gymnastik u. Agonistik d. Hellenen, 14-20,
p. 400-439 ; Stephani, Compt. rendus de St- Pétersbourg, 1867, p. 8-36; 1876, p. 89.
LUCTUS. 1 Cf .lessum ou lessus daus la Loi des Xll Tables (Cic. De leg. 23,
59) ou lausus (l’éloge du mort) dans Plaut. Trucul. 431. — 2 Remarquer (on l'a
fait souvent, notamment dans l’art, funus) la mesure apportée à ces actes au cours
dos âges. Par exemple, sur une hydrie à sujets funéraires de la collect. du Louvre
(E. Poltier, Vases ant. du Louvre, pl. xxi, salle A, 575), provenant de Thèbes en
Béotie et datant du vin’ ou vu* siècle, les pleureuses soulèvent leurs cheveux avec
les mains. Do même sur un vase du Dipylon (fig, 3342).
LUC
1348 —
LUC
cre *. On peut suivre la transformation. Pourtant la cou¬
tume antique n'a pascessëou a repris du temps de Lucien2,
traversant l’époque archaïque et les âges suivants, ainsi
que les gestes rituels, comme l’extension de la main sur
le cadavre ou l’usage des chants, ôp^vot, àotS-^ [funus,
p. 1373 . De même les offrandes sur le tombeau et les
jeux, remplaçant les antiques holocaustes, que le procédé
funéraire soit l’inhumation ou l’incinération.
A. 1 époque historique, ce sont, avec les monuments
figurés, des lois limitatives, réglant la dépense et l’ordre
des funérailles, qui nous renseignent sur le deuil quant
aux degrés de parenté intéressés, au costume porté, à la
durée observée. Les Convoi, du moins ce qui nous en
reste dans les fragments de Simonide ou de Pindare, ne
nous apprennent rien à ce sujet. Moins instructifs et
moins précis que les myrologues ou les voceri modernes,
ils ne nous donnent qu’une série de sentences rythmées
présentant une sorte de philosophie de la mort. Peut-être
est-ce ce caractère qui en a assuré la conservation.
Déjàles poèmes homériques indiquent les assistants de
droit dans la -pô0s<7tç. Auprès du corps d’Hector se tien¬
nent Andromaque, Hécube, Hélène, la femme, la mère
et la belle-sœur, qui, selon une conjecture plausible de
Leutsch 3, sont les directrices du chœur chantant les 0p^-
vo-. ; puis, d'autres femmes, en dehors du or^oç àîreipwv*.
Aux funérailles d’Achille assistent la mère, les Néréides,
comme parentes du mort et les aèdes (ici, les Muses) 6 ; à la
mort d’Érysichthon, il y a son père, sa mère, ses sœurs,
sa nourrice et dix femmes 6. Ces souvenirs antiques
concordent à la fois avec ce que l’on sait de la cons¬
titution de la famille hellénique et avec les dispositions
attribuées aux vieux législateurs sur la pratique du deuil.
En principe, doit le deuil celui qui, perpétuant la
famille, l’entretien du foyer et de l’héritage, doit aussi le
culte au défunt. Mais 7rocxptdÇstv et parentare chez les
Grecs et les Latins ont une acception plus étendue que
celle d'un devoir rendu par le fils au chef de famille défunt
et désignent d’une façon générale l’action d’assurer le
culte des morts7 [parentatio].
En fait, si parmi les assistants aux cérémonies funèbres
se trouvent, avec les parents et les amis invités, ceux
qui veulent rendre les derniers hommages au défunt5,
une préoccupation assez générale se marque, lorsqu’il
s’agit de fixer les degrés de parenté qui obligent au deuil
proprement dit. Et spécialement pour les femmes, les
réserves sont nettes. La loi de Solon défend de suivre en
gémissant le convoi d'un homme qui n’était pas un
parent9. Elle n’autorisait les femmes à accompagner le
mort que jusqu'au degré de cousines, èvxoç àvs'Uaôwv10.
On a remarqué avec raison qu’il y a identité entre la liste
des femmes admises à l’exposition du mort et la liste des
l Rayet, Monum. de l’Art ant. 1. 11,1, pl.x. Convoi funèbre, plaque estampée de terre
cuite. Là, pas de gestes violents.Le geste a, d'ailleurs, dû, de très bonne heure, devenir
rituel. Des statuettes de l’époque mycénienne le reproduisent déjà. Elles représentent
probablement des pleureuses se frappant le front de la main, (cf. Perrot et Chipiez,
Hist. de l'Art , VI, lig. 349, 350 ; A. Furtwaengler, Neue Denkmaeler ant. Kunst.
I, Myken. Bronze-Statuette nus Kleinasien (Müncli. Sitzungsb. 1899, II, p. 559-
560) et note de Léchât, Bev. des Études <jr. 1900, p. 373. — 2 Luc. Le
luct. 12. — 3 Leutsch, Pliilol. supplem. t. I, p. 72. — 4 II. XXIV, 719, sqq.
— 5 Od. XXIV, 58 sqq. — 6 Callim. In Cerer. 93. — 7 Fustel de Coulanges, Cité
antique, 11e édit. p. 32-33 et références; cf. le passage de Lucien, O. I. 9, très
significatif pour la persistance d’une idée primitive : « le mort qui n’a laissé ni ami
ni parent, est réduit à ne point manger et condamné à une faim perpétuelle. »
_ 8 Flnus, p. 1372, note 30, et E. Pottier, Étude sur leslècytkes blancs attiques,
p i6. — 9 Plut. Sol. 2t. — lû Demoslh. In Macart. 62-63. — U Funus, p. 1372 et
note 32; Dareste, Haussoullier, Th. Reinach, Bec. des Inscr. jurid. grecques; loi
parents au degré successible ab intentât. ( ’
sont évidemment là lesdeuillantes. Mais il ^l1, Ce
ces exemples, que de l’exposition, de h ^ S afÇit,dan|
transport du corps ou èxtpopi12; et la cond ^ 6t du
rail n’ètre pas rigoureuse pour le deuil pr0" ' " P°"N
Pourtantquelques documents semblenthcori''nenl(li1’
l’un, récemment découvert, appartient à la
rique, mais est d’une date encore ancienne CW?'
criplion de Delphes donnant des fragments de rètrli “'S'
qui concernent la phratrie des Labyades(f,n duv45f
Là, des désignations significatives : après la déni 't j
« sur les tombeaux des morts anciens, on ne fia nll
de thrêne, ni de lamentation, mais on se retirera chàT
chez soi, à 1 exception des compagnons du fover déni
oncles paternels, des beaux-parents, des enfants et
des beaux-enfants (s/Cko ôgeem'mv xat uocxçaS^v'
TrevQspwv XTjxydvcov [x]aî Y«g6ptov) ». La loi d’Iulis (jj
de Céos), plus ancienne (vie siècle), est moins expli-
cite, parce quelle ne vise que les pratiques des funé¬
railles et ne spécifie que pour les femmes les degrés de
parenté impliquant le deuil : « Dans la maison mortuaire
il n’entrera, après l’enlèvement du corps, d’autres femmes
que celles qui sont souillées, gtaivogÉvaç (par le voisinage
du défunt), à savoir : la mère, l’épouse, les sœurs, les
filles; en outre, au plus cinq femmes et' deux jeunes filles,
parmi les parentes jusqu’au degré d’enfants de cousins
germains; en dehors de celles-là, personne14. » La loi
est restrictive des dépenses et des exagérations tradition¬
nelles en matière de funérailles. On peut mettre en regard
les lois du même genre portées à Sparte15, à Syracuse1'’
et le code hypothétique de Charondas17. Plus certaines
sont les lois d’Athènes 18. Les lois d’Athènes furent
copiées par les Béotiens, comme par Céos, très rapprochée
d’Athènes. Les rédacteurs romains des XIÏ tables s’en
inspirèrent19, de même la législation idéale de Platon 80.
La loi de Gambréion (Mysie), plus récente (me siècle),
est consacrée aux pratiques du deuil, mais ne spécifie pas
les degrés de parenté qui en impliquent l’obligation ou
la permission.
Les costumes de deuil ne paraissent pas avoir eu de
forme particulière; leur couleur varie avec les coutume,,
qui sont parfois l’objet de prescriptions légales. Lent*
a pu être porté21, mais rarement, d’après les monuments
« XX-
i» »
des vases consacrés à la représentation de la -
On s’est fondé, pour faire ressortir 1 usage 1 noirj
une haute antiquité, sur un passage d Homen—
Xuu.ua... xuotVÊOV, xou o’ouxt ueXavxepov e,,X-Tj , , „
Est-il inutile de faire observer que le compara i 1 -J
p.sXdvxepov, n’indique pas un noir ^ ,
figurés. Un seul chiton noir se remarque dans la smej
très justement remarqué24 que « 1 é}
G
d’Iulis, II, p. 1 0.— 12 De même pour la plaquettearehaï^têep^;^
unrf S, cil. Vasenb. Taf. 1, U, S. 3, où sont désignés par des les Wre,
à côté des personnages, la grand mère, la mète e es pei„hes, in î
du défunt. — 13 Publié et commenté par Homol e, « • Reinach loi d'IsUt.
corr. hell. t. XIX (1895). - U Dareste, Haussoullier, • _ stob.
A C p 10 sqq. - 1» Plut. Lyc 27. - Diod. Sic. XI, • • „ Cic. V*
XL1V, 40. - » Plut. Sol. 12 et 21; Demoslh. « J%(4; //ç/. 1087; »
leg. II, 23. - 20 Leg. XII, p. 959-60. - Eur.p. ^ plut. Bi°ns#'
Aul. 1438 ; Phoenic. 383; Is. n.fï ^ I plut. Pend. »• ' “JJ.
lier, Lécytles, p. 12 et 17 ; Mus. de Berlin, el ro8ntea«
Antikensamml. S. 57, n° 1399 : une femme ^^gier, Vasensa’W^
homme vêtu d’un manteau lilas sombie, ■ jga). — 23 1 ' |7.
Mus. n» 2684 (publ. par P. Girard, La pem . « • ^ poltier) Léey e ’ 1
r, Griech. Privatalterth. p. 369.
Hermann-Blümner,
— 1349 —
L
LUC
anciens ne s’applique pas expressément à la
^auteurs a| e n0Us l’entendons ordinairement,
couleur noire, ^ ^ nqmplique pas d’autre sens
■express011 ,^olmbre du vétement opposée à la blancheur
que
les
v-
e la nuance
qu-- . , ï nn couvre le mort. Homère ne dit-il pas :
les étoffe® don ^ aî^x »? La loi de Gam-
;À« 0'-v0Ç’ lAe
, Les femmes en deuil porteront des vete-
bréi0U dl ' u,i ne devront pas être souillés (évidem-
®C'UrllLs vêtements que ceux qui ont servi pour la
nlCnl J i’îXBOpà ou bien les mêmes après purification) ;
elles enfants porteront également le deuil
1CS ll0‘nm moins qu’ils ne préfèrent les habits blancs1. »
e" brUn’ 1 ,• désigner le vêtement de couleur foncée,
Est-ce . . est-c. gris? Plutôt
Cm l'on se reporte à une définition de cette nuance
gI1S’M r1r Suidas 2 : XP“!xat <™vO£xov èx p-eXâvoç xx't Xeuxou
d°n"" La loi laisse donc aux hommes et aux enfants
le choix entre le gris et le blanc pour vêtements de deuil,
i Vros la loi autorise les vêtements blancs”. A Iulis,
les hommes ne portent pas de vêtements de deuil, si l’on
réfère à un fragment d’Héraclide de Pont, conserve
par Aristote et qui manque au texte retrouvé de la loi \
le façon générale, les vêtements foncés marquent 1 ex¬
pression du deuil: partout, quand il s’agit de scènes de
«iOWlç ou d’èxtpopà, et, dans la plupart des cas, apres
l'accomplissement de ces cérémonies, les monuments
figurés ne la marquent plus avec autant de netteté5.
Pour le port des cheveux et de la barbe [barba, coma,
I, p. 669, G70, 1362], il est à remarquer que le vieux
rite homérique, impliquant l’idée d’une offrande au
mort, le sacrifice des cheveux sur le tombeau, subsiste
à l’époque classique, malgré des défenses antérieures,
telles que les mentionne, par exemple, la loi d’iulis,
dans le fragment transmis par Héraclide de Pont5 : « Les
hommes ne portent le deuil ni sur leurs vêtements, ni
sur leur chevelure. » Ces survivances d’antiques usages
funéraires se modifient, naturellement, suivant la mode
encours. Un passage de Plutarque 1 montre, en Grèce,
les hommes se coupant les cheveux en signe de deuil,
tandis que le même auteur, en un autre endroit8, indique
la persistance de la vieille coutume chez les femmes et
signale au contraire, chez les hommes, l’habitude, en
cas semblable, de laisser croître barbe et cheveux. C’est
que le premier texte s’applique à une ancienne tradition
grecque : le second vise l’époque gréco-romaine où l’on
imite Rome et où le port de la barbe et des cheveux longs,
contraire à la mode alors usuelle, distingue les affligés.
Quant à la durée du deuil, elle varie selon les pays9,
b après un passage de Plutarque, à Sparte, elle est de
nzc jours, le sacrifice à Déméter, qui a lieu le douzième,
mettant tin au deuil (xy| Sà SwoExâxr Ouçavxaç eoei Anîfx-qxfi
“uv to tcîvOoç *°), sans que le texte permette d’ailleurs
'il'iimcr nettement que la prescription fût de rigueur
Po.u.i tl|US bes Spartiates. L’affirmation est pourtant plau-
,lM , mi lè caractère limitatif des lois funéraires attri-
Par l'ottier V UISS0ul'*er’ Th. Keinach, L. c. loi de Gambréion, I. — 2 Cité
— ü Pour lès * C ^ ^ut* row*. 26, p. 270 F. — 4 Heracl. Pont. fr. IX, 3.
B. l’oilier S 'U Pendant les cérémonies funéraires, voir encore dans
ta couverture du "y' ^ ^ *cs vas^s décrits : sur le lécythc n° 4, les bandelettes et
8omljrPj je c|)jlo ' fun^re sont peintes en violet; sur le n° 5, le linceul est vert
n° * homme °" ' UnG ^°S *®mmes verl sombre, et son manteau brun ; sur le
Ibid, j, ^ 11 'nanl°au lilas sombre, et la femme un manteau brun; cf. Id.
c Heracl. PoiV / °US lîar^ons P^us l,as des signes de deuil après les cérémonies,
y c' 1 Plot. Cons. ad uxor. 3-i; cf. Athen. 15, p. 675 A ;
buées à Lycurgue. A Argos ", à Athènes ", la période est
de trente jours. Dans la dernière ville, le deuil légal pre¬
nait fin, d’après des recherches de Schœmann13, au tren¬
tième jour à dater des funérailles, non a dater de la moi I •
Une définition d’Harpocration semble pourtant infirmer
cette conclusion. 11 s’agit là du mot -rpixxxç qui désigne
l’offrande présentée au mort le trentième jour après le
décès ", et qui amène la clôture de la période de deuil,
si l’on s’en réfère à toutes les analogies et au passage
connu de Pollux 1S. D’ailleurs, la durée du deuil semble
avoir aussi varié avec les catégories d affligés, puisqu a
Iulis, où les hommes ne mettent pas de vêtements de
deuil, la mère porte une année le deuil de son enfant"'.
La loi de Gambréion, très précise en la matière, fixe
la période obligatoire du deuil à trois mois pour les
hommes, à quatre pour les femmes. Mais, la même, le
texte, si précis qu’il soit, soulève un doute : le port du
deuil était-il lié à l’accomplissement des rites déter¬
minés qui perpétuaient la mémoire du mort? Devait-il
cesser à un moment rituel dans le cours de ces cérémo¬
nies? Le texte de la loi de Gambréion semole le dire ",
d’accord, pour le fait, non pour le laps de -temps, a\ ce
l’usage athénien qui, après les libations et les offrandes
du troisième jour (xx xotxx), du neuvième (xi evxxx), ter¬
minait le deuil à la cérémonie du trentième (xt xpiaxàoE?) .
D’autre part, la loi d’iulis interdit les sacrifices du tren¬
tième jour 19, sans qu’on puisse savoir, du reste, si elle
autorisait les deux premiers, et l’on y voit le deuil conti¬
nuer un an pour les femmes. Ainsi, à Iulis, la cessation
du deuil semble ne pas dépendre de la date d’une céré¬
monie déterminée, tandis que le contraire s observe a
Sparte, à Argos, à Athènes, peut-être à Gambréion.
Enfin, l’examen de la loi d’iulis suggère encore une
autre question. Il y avait là, comme à Athènes , 1 usage
d’un sacrifice annuel sur la tombe du défunt (èviaûcix)
qui se répétait tous les ans, à l’anniversaire du décès,
tant que la mémoire du mort restait vivante dans la
famille. « La loi décide que la souillure contractée par la
cérémonie du bout de Van disparaîtra d’elle-mème par
l’expiration d’un délai de trois jours, après le retoui
des parents qui sont allés sacrifier sur le tombeau31. »
Le costume de deuil, les vêtements de couleur sombre
. étaient-ils de règle pour ce laps de temps ? Les monu¬
ments figurés semblent répondre négativement, au moins
en ce qui concerne Athènes aux vû et ive siècles. « Dans
les scènes d’offrandes au tombeau, il arrive fréquem¬
ment de voir Yhimation avec des couleurs claires,
bleu ou rouge22. » C’est que, comme l’a fait remarquer
M. Pottier dans le passage cité, les phases diverses et
les rappels du culte des morts, une fois écoulée la courte
durée du deuil athénien, n’impliquaient pas le port du
deuil. En tous cas, les artistes ne se sont pas astreints à
les représenter. Moins positives encore sont les données
que fournissent les textes et les inscriptions sur les dis¬
positions adoptées en Grèce pour ce qu’on pourrait
Philostr. Vit. soph. 2, 8. — » Plut. Qu. rom. c. 14, p. 267 B. — 9 Voy. funcs,
p 1380, note 0, p. 1381 ; cf. Wachsmulli, Bhein. Mus. u. f. XVIII, 562. — *0 Plut .
Lyc. 27. — 11 Plut. Qu. gr. c. 21, p. 296 F. — 12 Lys. 1, 14. — 13 Schocmann,
Comment, sur lséc , p. 219. — U Harpocr. s. v. ijniii. — 15 Poil. I, 66.
_ 16 Heracl. Pont. L. c. — il Loi île Gambréion, L. c. : liîixeSeïv St xA vôptiia
iitoiyoplvon ÉV/atov !v xçtet |i*l®''v> xH Si xîxàçxe, Vitiv xà x É v t - xoùç âvSçu;, xà; Si
yuvarxoeç t? ixî|«!TV. — l* Is. De Menecl. heu 37 : Harpocr. s. v. xçtotxà;. — 1» Loi
d lulis, L. c. 9. — 20 1s. U, 46. — 21 Loi d’iulis, L. c. et comment. Texte B, p. 17.
_ -iî E. Potlicr, Lécytlies, p. 58 cl notes.
170
LUC
1350 —
appeler proprement le deuil public. Il y a des funérailles
publiques, des lois qui les règlent ; et le passage célèbre
de Thucydide 1 sur les honneurs rendus aux restes des
Athéniens morts pour la patrie suffirait, entre autres, à
nous les faire connaître. Mais la cérémonie ne semble
pas avoir été accompagnée, chez d’autres citoyens que
ceux des familles affligées, d’observances ou d’un port
de costume particuliers au deuil. La loi même ou la
coutume que vise l’historien, et dont les derniers mots
du discours prêté à Périclès reproduisent peut-être une
formule -, semble recommander simplementà l’assemblée
de se retirer, après l’accomplissement de ces obsèques
nationales. Elle ne parait spécifier rien de plus. D'autre
part, ni l’éloge funèbre, d’usage plus ancien en Grèce
qu'à Home, mais plus rare aussi et réservé à des groupes
d’hommes, non concédé à des particuliers 3, ni les
offrandes à la stèle, ni même le culte des morts héroïsés
ne sont, à proprement parler, une forme de deuil public.
Autant peut-on en diredes inscriptions collectives gravées
sur les monuments funéraires, avec ou sans épitaphe,
en l'honneur des soldats tués à l’ennemi, telles que celle
du marbre de Nointel aujourd’hui au Louvre 4. C’est un
hommage rendu par la cité à ses enfants, un souvenir
qui consacre un deuil public, ne nous en décrit pas les
dispositions. Et même quand la cité s’associe, par des
décrets de condoléance , à des douleurs privées, comme
on le voit, en particulier, sur des inscriptions d’A-
phrodisias et Àmorgos 5, il y a là encore plutôt la
consécration d’un souvenir honorable qu’un règlement
de deuil public.
Home. — Les pratiques et les effets légaux du deuil
romain ayant été traités en détail plus haut, au mot
funus, on devra se borner ici à résumer ou à compléter
sur certains points, très particuliers, les indications déjà
données.
Les monuments figurés des Étrusques nous ren¬
seignent à peu près exclusivement sur leurs rites
funéraires et le culte des morts [etrusci, funus]. Il
est permis de croire que les traditions suivies par
eux en matière de deuil ont passé, avec des modifica¬
tions plus ou moins profondes, dans la coutume ro¬
maine. Sur deux monuments, par exemple, des figures
de femmes voilées6, ou enveloppées d’une pièce d’é¬
toffe de couleur sombre, ramenée sur la tête et ana¬
logue au ricinium romain ou à la pulla palla1, peuvent
être considérées comme portant un costume de deuil '
funus, lig. 3350 .
La parenté et la proximité des civilisations grecque,
étrusque et romaine, semblent aussi expliquer les analo¬
gies qui se remarquent chez les trois peuples, dans la
succession des actes principaux des funérailles et des
manifestations de deuil qui les accompagnent. Comme
en Grèce, des lois restrictives des manifestations vio¬
lentes et des dépenses ou des exhibitions exagérées du
deuil pendant la toilette du mort, l’exposition du corps
et le cortège funéraire, sont portées à Home aux époques
anciennes, notamment dans le code décemviral, et les
usages interdits reparaissent plus tard, se perpétuant,
ainsi que l’emploi des sonneurs de trompette ( tibicines ),
1 II, 3t. — 2 H, 40. — 3 Dion. Halic. V, 17. — 4 Corp. inscr. att. I, 433.
— 3 Cf. S. Rcinach, Traité d’épigr. yr. p. 432-33. — 6 Concstabile, Mon. di
Perugia, pl. xxxix. — 7 Mon. d. Inst. V, pl. xv. — 8 Mommsen et Marquardt,
Man. des Antiq. rom. t. XIV, 6d. Mau, trad. fr. ; Vie privée , t. III, p. 443-445.
LUC
des pleureuses (praeficae) et des chants fUn>y
naenme, analogues aux Opijvoi et probablement d°S
structifs pour nous, si ces poèmes
ssent été conservés [funus]. d res
api’ès les
sacrifice du
De neuvième jour fj,
Uissi p(î()
-~*-res nous
Il est à peu près aussi malaisé pour Rome m,,.
Grèce, soit aux époques primitives soit ' ,P°"rla
périodes gréco-romaine et impériale, d’établir!! -
sion les degrés de parenté auxquels s’arrêtait finir .
du deuil proprement®, celui ,„,i SCJ proC^a '
cérémonies funèbres, mise au tombeau et
novemdial offert aux mânes du mort, le
Partir des obsèques8. Un passage de Cicéron nous montP
nettement que le deuil cessait pour les simples assJ
tants, amis et parents éloignés, après le sacrifice j
moment du repas funèbre9. L’orateur reproche à Vu!
nius de s’être présenté en habit de deuil à un renas
funèbre. Qui donc le gardait après? Les monuments
nous renseignent mal sur ce point. Le bas-relief du
musée de Vérone, qui marque par une inscription person-
nefie le degré de parenté des affligés groupés autour de
l’agonie d’une jeune fille10, n’indique celle qualité que
pour trois d’entre eux : le père, la mère eL l’oncle paterl
nel ; il ne représente, d’ailleurs, que la scène des adieux
suprêmes, antérieure à toute la série des rites funé¬
raires. Des textes, relatifs, la plupart, à la durée du deuil
(nous indiquons plus bas les références), permettent cer¬
taines précisions, marquent l’obligation du deuil pour la
mort d’un ascendant ou descendant direct, d’un époux ou
d’une épouse, d’un frère ou d’une sœur, d’un neveu ou
nièce par agnation. Celle obligation fut, sans doute, la
règle générale pour les cognats du degré le plus rappro¬
ché, vers la fin de la République et sous l’Empire, lors¬
que la parenté par cognatio prit de plus en plus d’im¬
portance11.
La tenue de deuil pendant les funérailles a été décrite
plus haut à l’article funus (p. 139, 199). Après l’ensemble
de ces cérémonies, elle implique, au moins pour le sexe
masculin, l’abstention de vêtements blancs ; etla coutume
s’est conservée longtemps, puisqu’elle fait l’objet d une
prescription des jurisconsultes impériaux
Dès le
Ier siècle de l’époque impériale, cette interdiction parait
no s’être pas appliquée aux femmes, que 1 on voit parfois!
même mener le deuil en vêtements blancs13. En généi al,
durant le deuil proprement dit, on devait ne point userj
dans le costume de couleurs éclatantes, comme lapotuprej
ou bariolées; s’abstenir d’ornements voyants, de toilettes
recherchées. La même réserve s’imposait pom i ^ris
tance aux festins et aux fêles. C’était d
bienséance plutôt qu’obligation légale, bien h"]-
certains cas, le contrevenant encourût la n< j
famie u. . imites'
Un caractère permanent, commun, semble-t i , ^ .
les époques de l’histoire de leurs mœurs, mal '
les Romains, le port de la barbe longue {bai ban> , ^
taré] comme signe de deuil. Cet usage con •’ ^
seulement le souvenir des malheurs privés, n1,11 a
celui des calamités publiques [barba]. jp.lUs
réuni les principaux textes et signalé h s 1 1 ^ c0(J.
monuments qui prouvent la perpétuité « 1
■ VV„ il" 3: Corp'
- » Cic. In Vatin. 12, 30. — JO MalTei, Mus. Véron- P- ‘ ^ J ^ p 2u, cl
inscr. lat. V, 3080. — U Cf. Éd. Cui|, Instit. J"i i' ■ ^ Quaest . rom' '6'
Voigt, Jus naturale , 151. — 12 Paul. Sent. É -1^1*-
— 14 Éd. Cuq, Instit. jurid . des Jtom. I» P*
LUC
— 1351
LUC
tui'ie
Ile s (
,st prolongée jusqu’à nos jours, dans les
un- notamment, et, en particulier, parmi les paysans
CiWc»D-|",;;„ iajssait aussi pousser ses cheveux dans ces
jpP°lesta" ^ pQlir jes femmes, dans les deuils privés
CirCOnSl|"inités publiques, la coutume de détacher leurs
elle* (':l ‘"“"de les laisser tomber a été signalée déjà
«hevellN J i„s rarement, et à l’époque gréco romaine,
[[c0MAi’ mi’ ja chevelure de cendre et de poussière, ou
<le C0II'i'k couper et de l’arracher avec les mains. Mais
011 '"nà a ifesta ti ons s’appliquent au moment des céré-
^ v' funèbres ou des supplications dans les temples.
n ' n'viil pas que le deuil proprement dit ait donné lieu
Ils lisais semblables. C’est par le costume et l’obser-
vance d’une retraite relative qu’il se marque.
| Sa durée, fixée par la tradition, est assez longue.
Indiquée déjà, avec les variétés qu’elle présente, pour des
cas divers [funus, p. 1401], elle doit pourtant être rap-
lée ici, ainsi que les références qui l’établissent et qui
s'appliquent aussi à la distinction des degrés de parenté
comportant la pratique du deuil : pour un ascendant 3,
un descendant adulte ou l’un des époux4, une année de
dix mois; pour les autres cognats du degré le plus
proche, huit mois3 ; pour un enfant de trois à dix ans,
autant de mois qu’il avait vécu d’années ; la perte d’un
enfant de un à trois ans donnait lieu à un petit deuil
(sublugere). On ne portait pas le deuil des enfants au-
I dessous d'un an c.
Dans certains cas, de nécessité publique, la durée
[ordinaire du deuil pouvait être abrégée. C’est ce que
, décréta le sénat après la bataille de Cannes 1 . Quelque¬
fois, au contraire, le deuil était prolongé au delà du
| terme fixé par l’usage {prolu gere)s.
t Pour les effets juridiques du deuil romain, voir funus,
p. 1401-1402; pour les dispositions du deuil public à
Home, voir ibid. p. 1406-1407. P. Gachon.
LUOUMJA (AouxouXXsta). — Jeux en l’honneur de
L. Licinius Lucullus, le vainqueur de Mitliridale. Après
avoir chassé Mithridate de toute la partie occidentale de
1 Asie Mineure, Lucullus s’efforça de réprimer les exac¬
tions commises par les publicains dans ces régions.
H promulgua de sages règlements sur la perception
des impôts et sur le paiement des dettes. 11 rétablit ainsi
a l)r°spérité dans ce pays naturellement riche, mais
! ors ruiné. En reconnaissance de cette œuvre, de nom-
jeus(l's c'fés d Asie instituèrent des jeux en son honneur,
uldrqua mentionne la fondation des Lucullia en géné-
? ’ Vpfli,‘n s'bnale en particulier les Lucullia de Cyzique,
esti nées a. rappeler que Lucullus avait obligé Mitliridale
! ■i "i siège de cette ville2. Les Lucullia de Cyzique
1 u aient encore au temps de Plutarque. J. Toutain.
1 Mommsen et Marquant t, L. c. II
ïrr promit tere), elle n’élail ’
p. 247 (Irad. fr.) : « Quant à la barbe
à leur exemple y """tcrcb c,lc ^ ùlait à la mode que pour les gens en deuil, et
Liv. XXvii h 5es acci,sés [barba reorum, Mart. Il, 30, 3), les condamnés (TU
pairie : ajnsj CS c*,c^s Pa,’tis vaincus qui tenaient à étaler le deuil de h
Oaules (Suet r ' défaite de son légat Titurius dans la guerre de:
*m. 53), lirulus * ",*on '' étique après la lialaille de Tliapsus (Plut. Cal
Sckhcl, boct fl ,'Jn 4,1 ■ U hors. Il, 372, confirmé par ses monnaies
but. 18), Octave il ’ P ^nlo'ne a *a suite de la lialaille de Modènc (Plut
^ 3" (Uorgliosi <]T *a ^"eirc conlrc Scxlus Pompée, du printemps de 38 à la fii
Vos , h P'
brus |Si„,| ^ ’ ’ *' P' 111 cl II, P- 07), et, plus tard, après le désastre d
I1 3ïl . 4 ynL. ~ 2 ^ucl- Caluj. 20, 24. - 3 Pompon, ap. Vatic. (\
Vail>. fr. 321 ,1 •/( " .3-2°' ~ 6 PaUl' ScnL fi 2i’ i3‘ — 0 Plut. Num. 12
^‘"bigerc Bimlc, * 7 Tit. Liv. XXII, 50, 5.-8 Fcslus, s. i
■ bulletin de ' M0l|ler à la bibliographie des articles barba, com
LabyÜtiCOr^,POndanee helu‘ni,lue ' L XIX (1895), Règlement* de .
("^Aiitoire£ /■ "‘Tl ^ ^' ^^'fSd'uhhée et commentée par Homolle; Perr
"il dans I antiquité, t. VII, La Grèce archaïque, Par
LUCUMO. — Le terme de lacumo (ou luc/no , lycmo ' ;
en grec Aoxôgwv 2 ou Aouxou|xojv 1 ) était la transcription
d’un mol étrusque *, dont le sens, d’après Servius ’, était
celui de roi ou de prince. Selon le même auteur, chacune
des curies, dont se composailla cité étrusque de Mantoue,
était administrée par un lucumo6 \ le même nom de
iucumo était donné au chef de chacune des douze cités
qui constituaient la confédération étrusque, ainsi qu’à
celui de ces do.uze chefs qui exerçait le pouvoir suprême
dans ce gouvernement fédératif7 [etrusci, p. 821 .
L’autorilé des lucumons était à la fois politique et reli¬
gieuse, comme l’était celle des rois dans la plupart des
sociétés antiques. En effet, d’une part, les textes nous
montrent des lucumons nouant des alliances avec Home
et conduisant des expéditions militaires8; d’autre part,
on les présente comme les dépositaires de la discipline
sacrée donL l’origine était attribuée aux révélations du
génie Tagès 9 : c’étaient eux, disait-on, qui l’avaient
recueillie et consignée dans des livres. Comme partout
dans l’antiquité l’héritage des traditions religieuses était
le privilège des citoyens de race noble, les lucumons
étaient sans doute choisis parmi les membres de certaines
grandes familles, parmi ces principes que Ti l e Live men¬
tionne si fréquemment10.
Dans certains textes, Iucumo est employé, non pas
comme un terme générique, mais comme un nom ou
un prénom d’individu : c’est ainsi que Tite Live attri¬
bue au Corinthien Démarate, émigré à Tarquinies, deux
fils, appelés l’un Lucumo , l’autre Arunsil. Bien que les
épitaphes étrusques fassent connaître quelques noms
qu’on peut rapprocher de lucumo 12, il est probable que
les Romains ont plus d’une fois transformé en un nom
d’individu un litre qu’ils ne comprenaient pas et appelé
Lucumo tel ou tel chef étrusque qu’ils avaient entendu
qualifier ainsi. En tous cas, il est certain, les inscriptions
le prouvent, qu’un prénom analogue à Lucumo n’a
jamais existé en Étrurie1*. Jules Martha.
LUCUS C'AÀffo ç). — Sénèque écrivait à Lucilius* : « Ces
bois sacrés, peuplés d’arbres antiques d’une hauteur inu¬
sitée, oùles rameaux épais, superposés à l’infini, dérobent
la vue du ciel, la puissance de la forêt cl son mystère, le
trouble que répand en nous cette ombre profonde qui se
prolonge dans les lointains, tout cela ne fait-il pas naître
l’idée que là réside un dieu ? » Cette pensée de Sénèque
est encore précisée par Pline : « Non moins que les
statues divines où resplendissent l’or et l’ivoire, nous
adorons les bois sacrés, et, dans ces bois, le silence
même...2 » Lucrèce met les bois au nombre des choses
propres à inspirer l’idée de la divinité3. Ce n’est pas, il
est vrai, dans les textes de ces auteurs, appartenant à
LUCULLIA. 1 Plut. Lucull. 23. — 2 Appian. De bello Mithrid. 76.
LUCUMO. 1 Propert. V (IV), 1, 29. — 2 Dion. Halic. passim. — 3 Strali.
V, C, 219. — 4 A ce mot paraissent apparentés divers noms propres qui figurent
dans les inscriptions étrusques : laujinc (Pabrelti, Corpus, 649); lau/umes (lliid.
650) ; lavupnes (Ibid. 2589); lucumu (Tbid. 2121); lu/umni {Ibid. 1674). — 5 Ail
Aen. II, 278 : « lucumones qui reges sunt lingua Tuscorum » ; cf. Ad -4en. VIII,
65 et 475; X, 202. — 6 Ad Aen. X, 202. — 7 Voir les textes cités note 5.
— 8 Tit. Liv. V, 33, 3; Dion. liai. II. 37. — 9 Ccnsorinus, De die natal),
4, 13; cf. art. etkusci, t. III, p. 827. — 10 Tit. Liv. Il, 44, 8; VI, 2, 2; IX,
36, 5; X, 13, 3; 16, 3. — H Tit. Liv. I, 34, 2; cf. Dion. H al. II, 37; III, 46;
Slrab. V, C, 219; Tit. Liv. V, 33, 3; Propert. V (iv), t, 29. — '2 Cf. plus
haut, note 4. — 13 Cf. O. Millier (éd. Deecke), 1. 1, p. 338-339; App. Il, p, 442 et
suiv.
LUCUS. 1 Ad. Lucil. XLI, 2.-2 Nat. kist. XII, 2, 1. — 3 V, 76. Voir aussi
Pomponius Mêla sur les bois sacrés et les anlres de Célicie : Tolus au loin augustus
et verc sacer, hahitarique a diis et dignus et creditus, nihil non venerabile et
quasi cum ali juo numiue se ostentat (I, 13).
LUC
une époque sceptique et civilisée, qu’il faut chercher le
témoignage historique de l’origine du culte des bois ;
niais leur esprit était traditionnellement pénétré des
antiques noyances aux forces de la nature divinisées.
Le milieu où ils vivaient, les formes extérieures du culte,
les survivances des anciens usages les y maintenaient;
aussi les passages que nous venons de citer sont bien
1 expression fidèle des sentiments qui, à une époque
ancienne, certainement antérieure aux temps historiques,
portèrent 1 homme à adorer les bois. Dans les plus loin¬
taines légendes mythologiques, l’arbre, isolé ou groupé,
apparaît presque comme un ancêtre des divinités à forme
humaine ; il n est guère de dieu ou de déesse dont la per¬
sonnalité ne soit accolée à un arbre, comme par une
identification postérieure à un culte primitif. De même
qu il doit le feu à Prométhée, l’homme doit à un dieu
bienfaisant le don de chaque arbre utile. Et aussi une
idée religieuse s attachait aux arbres dont les dimensions
exagérées, la forme extraordinaire frappaient les imagi¬
nations [arbores].
Mais si, à 1 origine, la profondeur des bois silencieux
et sombres évoquait naturellement l’idée de divinités
toujours entourées de terreur et de mystère, plus tard,
quand les dieux s’humanisèrent, les bois sacrés devin¬
rent, autour des temples, des jardins et des parcs ornés
de Heurs, de statues et d'œuvres d’art, arrosés par des
eaux vives. De leur antique horreur religieuse, il ne
resta trace que dans les légendes, dans les récits des
poètes et des littérateurs, qui continuèrent à les qualifier,
le plus souvent injustement, nigri ‘, atrp , vetusta re-
ligione truces 3, caligantes nigra formidine*. Nom¬
breuses aussi sont les allusions à leurs antiques origines :
ils sont vetusti:i, vetustate sacri 6, relligione patrum
sacri 1 ; Virgile attribue aux Pélages leur consécration 8,
etStace a trouvé cette jolie expression: venerabile... lu-
corum senium9 . Ils sont appelés vocales 10 parce que,
parfois, ils rendent des oracles11, et aussi parce que,
dans les temps antiques, des voix menaçantes12 ou pro¬
phétiques13 se sont fait entendre de leurs profondeurs :
... vox quoque per lucos audita silentes ingens 14 C’est du
bois de Vesta qu’une voix surhumaine annonça à M. Caeci-
dius la prochaine arrivée des Gaulois15. Lucain18 et
Sénèque le Tragique 17 nous ont laissé des peintures où les
bois sacrés revivent pleins d’horreur; la description par
Pomponius Mêla 18 des bois sacrés et des antres voisins de
Corycus, en Cilicie, ne le cède en rien à celles des poètes.
Il est naturel que, ayant de si antiques origines, le culte
des bois apparaisse dans les souvenirs les plus lointains
que nous aient conservés la mythologie et l’histoire. Il
était pratiqué par les peuples appartenant aux civilisations
anciennes, antérieures aux époques classiques19. Le
monde grec et le monde romain, les seuls dont nous
1 Ovid. Fast. Il, 165; III, 295; Scnec. Oedip. 530. — 2 Ovid. O. I. 801 ; Amor. III,
3, 55. — 3 Claudian. Land. Stil. I, 229-230.— 4 Virgil. Georg. IV, 468.— 5 Ovid. Met.
VIII, 741. — G (Juintil. Jnst. X, I, 88. — 7 Virg. Aen. VIII, 598. — 8 Ibid. 600.
— 9 Sut. Silv. I, 3, 39.— 10 Ibid. V, 3, 209.— U Ovid. Fast. II, 440; VI, 425.— 12 Id.
Met. XV, 793. — 13 Tibul. II, 5, 75 ; Dionvs. Hal. Antiq. I, 56. — U Virg. Georg. IV,
476. 1“ Cic. Divin. XLV; I.iv. V, 32.— 16 Pharsal. III, 399, s.— 17 Thyest. 650, s!
— 18 SU. orb. 1, 13.— 19 Cf. A. Maury, Les forêts de la France, dans Mémoires
pr. par divers savants, 2« série, l. IV, 1800, p. 7, s. ; Seidensticker, Waldgeschichte
des AUerthums, I, p. 128, s. — 20 Virg. Georg. II, 122, s.; Claudian. Idyl. I, 1,
s. ; Cariant. De Phoen. X. — 21 Virg. Ciris, 196 ; SUt. Theb. X, 85. — 22 Herod
II, 138. - 23 Strab. XVII, 1, 32. - 24 Ibid. 35. - 25 Mêla, I, 9 ; cf. Herod. Il,
,56- — 26 Herod. Il, 91. — 27 Strab. XVII, 1, 42. — 28 Curt.IV, 7 , 22. — 29 Strab.
X\I, 2, 22. -■• 30 Ibid. 2, 6. — 31 Mêla, I, 13. — 32 Appian. Del. Mithr.
XXMI. — 33 Herod. \, 119. — 34 Lucian. Amor. XII. — 35 Strab. XIV, t.
ayons à nous occuper ici, étaient couverts de i •
l’imagination des poètes en mettait au deH a acpés;
l’extrême Orient, là où le soleil sort f ^ à
l’extrême Occident21. L’Égypte avaitdes bois ! à
bastis” et à Memphis23 ; à Acanlluis, le bois d’n -'S, 4 B“'
bois d’Apollon dans l’île flottante de Chemmi 2oMnS t;un
dePersée*"; un autre bois d’Apollon à .’ P,10 1,ois
de Jupiter Hammon s’élevait au milieu de ’ etemPle
Entre Bérythus et Sidon, en Phénicie £ E*"
baignait un bois d’Esculape 29. près de Daphné nT**
un bois servant d’asyle entourait le temple d’Annli
de Diane39. Les bois de Corcyus en fili • “ 61
célèbres-' . Lalone avalise bois sacré à Paiera * ,3
Jupiter Pronaios à Labranda" et Vénus à Cnidc'iV
Carie. L Ionie était particulièrement riche en bois sacrés0
là étaient, près de Colophon et sur le territoire deMiln’
les célèbres oracles et les bois d’Apollon Clarios33 ri
d’Apollon Didyméen 39 ; le bois d’Ortygie, renommé par
la naissance d Apollon et de Diane, enfants de Latone31
au pied d’un olivier qui n’était pas encore mort au temps
de Tacite38; le bois de Pluton et de Proserpine, près
d Acharaca39 et, à Chalcides, le bois consacré à Alexandre
le Grand 40 . A Grynium, en Mysie, on voyait, à côté du
temple, le bois d’Apollon 11 ; en Troade, les bois de ce
même dieu avec les noms de Smintheus42 ét de Tym-
braeus43, le bois de Diane Astyrine44 et le bois d’Hector46.
Le mont Ida, sur les limites de la Troade et de la Phrygie,
était ombragé par les bois de Cybèle 40 et d’Apollon ”. Sur les
côtes du Pont, un bois était consacré aux Amazones48;
dans la Colchide, illustrée par l’expédition des Argonautes,
se trouvait le bois consacré à Mars qui avait recelé la
toison d’or 49. En Arménie aussi 00 et jusque dans l’Inde61,
les bois sacrés étaient en honneur, et Bacchus52, Satyre,
Pan et Silène 53 y avaient les leurs.
Si, traversant le Pont Euxin, nous passons en Europe,
nous rencontrons, en Thrace, dans la partie la plus reculée
de cette région, un bois consacré à Bacchus où (les pro¬
diges annoncèrent la grandeur d’Auguste 54, et, à Ismare,
un bois d’Apollon SB. Cette forme du culte existe chez
tous les peuples de la Grèce : en Ëpire, Apollon a des
bois à Actium58 et à Nicopolis 57. A la même contrée
appartenaient les arbres prophétiques de la forêt de
Dodone58. En Thessalie étaient les bois de Jupiter sur
l’Oeta59 et les bois sacrés de la vallée de Tempe5'1 ; en
Locride, chez les Myonenses, le bois des dieux
G1, de Vénus à Oeanthea près Naupacte et le
bois Aeaneus en l’honneur d’Ajax63 ; en Phocide, un bois
sacré gardait le tombeau de Néoptolème, à Delphes ,
près de Drymée, au croisement de deux routes était un
bois d’Apollon88. Nul peuple de la Grèce n avait autant
de bois sacrés que les Béotiens : bois de Diane ,
Mercure87, des Cabires68 et de Diane, près de 1 l m 1 > 1
TT ,. ,1 _ 37 sirab.
27; Vib. Scqucst. IVemor. — 3(1 Strab. XIV, I, 5; Curt. vl i J> ” ’w ^ g|_
XIV, I, 20. — 38 Tac. Ann. III, 01. — 39 Strab. XIV, I, 44' 0vi(|.
— 41 Virg. Egl. VI, 72, et Serv. ad l. ; Strab. XIII, 3, 5 ; P®us- ■ ; ’ ( j; c|
Fast. VI, 425 ; Paus. X, 12, 6. — 43 Vib. Sequest. Nemoi . ' ' U ^uson Jipisl.
65. — ^5 Ibid. 29. — 46 Virg. Aen. IX, 85; Sencc. Troad. I • ____ 49
XXV, 16. — 47 Paus. III, 13, 5. — 48 Amm. Marcell. XXII, S, ^ ^ v„
Dibliothec. I, 9, I ; 10, 23; Mêla, I, 19. - 60 Tac. Ann. XII, • Baccbus, VI.
5, 34; VIII, 9, 34. — 52 Près de Nysa, Curt. VIII, 10. - “ yq, 7, C.
— 64 Suet. Octav. XCIV. — 65 Hom. Od. IX, 200-201. HjctSchol.;
— 57 Ibid. — 58 Hom. Od. XIV, 329 et Scliol. ; Lucan. Pharsa . ^ ' ;;9 Sopl,ocl.
Stat. Theb. III, 106, 475; Paus. VII, 21, 22; Claud. BeL Ge .
Trach. 440. — 60 Mêla, II, 3, 28 ; Vib. Seq. Ncmor. — 01 l>a"S,__’M g(al- 77, et. '6i-
— 63 Strab. IX, 4, 2. — 64 Id. IX, 3, 9. — 68 Pa«9. X, 33,11.
— 67 Paus. IX, 24, 5. — 68 Herod. IX, 65.
— 1353 —
LUC
ou
One
. rnrise par Actéon 1 ; de Neptune, près
A elle fui PCupid0n à Leuctres8, d’Apollon Délies
S ’ • près d’Alalcomène, un bois de vieux
près de ’ d tie la Béolie5 ; bois sacrés de Cérès
ines, le p llb s *f ^ Bacchus7, d’Iolaus8, près de
che
el de Anthédon 5 ; des nymphes'°et de Diane
T,lèbC « h des Muses sur l’Hélicon12. de Trophonius à
/Altique avait
Tlièbe
à Cyrtoné
Lébadée
jes bois consacres
Hercu
Eumù11
les bois de Pyrée consacrés à Cérès Prostaia
des Euménides 23, d’Esculape24; à
de Trophonii
un bois de Minerve14 à
au héros Lacios15 et à
AthènLSi«Uleboisd’Anagyre11, et, à Colone, le bois des
G ' s Mégarc se voyait un bois de Jupiter
ei9. sur le territoire de Corinthe, des bois de
pjymjnen , et de Junon21; sur le territoire
jNeptun® i u |
deSicvone.
• ,, 22
Pl l'us le bois de Ganymède ou d’Hébé2'. En Argolide,
i un bois sacré de cyprès entourait le temple de Jupiter
Nénu'en 2Ü, et le souvenir du lion de Némée était encore
conservé parle bois consacré au berger Molorque21; un
bois était dédié au héros éponyme de la région28, à
Esculape29 et àDiane chasseresse à Epidaure 30, aux Grâces
près d’IIermione 31 , à Ilippolyte à Trézène32, à Cérès à
Lerne, là où Pluton descendit, avec Proserpine, dans les
enfers33. Près de Patras 34, Aegium 38, Pellène 30, Mysaeos 31,
villes d’Achaïe, étaient des bois d’Apollon et de Vénus,
de Junon, de Diane Sospita, de Cérès. Dans la même
f contrée, à Pharae, le Pierus baignait un bois de platanes
tellement gigantesques que leurs troncs rongés par le
temps étaient habitables38 etdansl’Homarium, bois sacré
de Jupiter, la ligue achécnne se réunissait39. Parmi les
bois sacrés du Lycée40, en Arcadie, le plus ancien, sans
doute, était celui de Pan41 ; Apollon avait son bois dans
les mêmes montagnes42, ainsi que Vénus à Trophaea43,
Diane à Condylée 44, Cérès à Mégalopolis45, Cérès et Pro¬
serpine dans la même ville46, Neptune à Tricolon4'.
Encore en Arcadie, un bois sacré dominait le Mégaron
où l’on célébrait les mystères de Cérès48; à Psophis, un
bois sacré de Cyprès abritait la tombe d’Alcméon49, el
une source et un bois sacré étaient voisins du temple de
Cérès à Phigalie60. L’Elide possédait à Olympie l’^AA-riç,
fameux bois sacré de Jupiter61 ; à Pylos un bois de Cérès52,
un bois de Neptune au bord de la mer à Samicum53, en
divers lieux des bois sacrés de Diane54, d’Ioneus55 et
(lEurycydeus. 00 Toute la région des bouches de l’Alphée
était couverte de bois sacrés, ornés de fleurs et d’eaux
'nés . Nous trouvons en Messénie les bois de Lycus58,
Apollon Carneus près de Phares89 et le boisCarnasius cn.
ïL)"i'n m' HI’ i7°' ~ 2 Homor- n- H, 506 ; Paus. IX, 2G, S ; cf.
IX, IV: 33' - 3 Paus. III, 26, 5.-4 Liv. XXXV, 51.— B Paus.
\lex | - _ 8’ P ~ 7 Senec. Herc. Fur. 1286. — 8 Arrian. Exp.
IX, 2, Paus- 1X> 22, 5. — 10 Id., IX, 24, 4. — U Ibid. — 12 Ibid.
X, ’ h’ ,5’ 3, ; 0vid- MeL V, 2G5. — 13 Paus. IX, 39, 4. — H Plin. Nat. Hist.
— *8 Soril.f, -.1 f f' ^ 16 P*v‘ XXXL 24. — U Suid. s. v. ’Avayuçàeio;.
| j!, 52. _ 21 ]M. CoL 39, s- l23> - 19 P“us- I, *0, 4 cl 6. — 20 Slrab. VIII,
rS5 ibid „ XXX"; 34- - 22 Paus. II, 11,3. — 23 Ibid. 3. — 24 Ibid. G.
Sc<|iiest. Ne'm .ImT.51’ Ibnl' 15, 2- ~ 27 Virg- Georg. III, 19 ; Scrv. ad l. ; Vib.
-SI liid 31 ,n ' ,0dot- VI> 78- — 29 Paus. II, 27, 1. — 30 Ibid. 29, 1, 30, 7.
-“liid.Vq Z32lbUL 32’ *• ~ 33 Ibid. 36, 7-8, 37, I. — 34 Ibid. VII, 21, 11.
I 5,5. 3. -31 Ibid. 27, 9. — 38 Ibid. 22, 1 . — 39 Strab. VIII,
25, 1. __ u Jb lrh' VI> 89- ~ 41 Paus. VIII, 38, 5. — 42 Ibid. 38, 2. — 43 Ibid.
~ « Ibid. 37 2 ' _ ’ , 7‘ 45 lbid- 38, 6. - « Ibid. 31, 5. — 47 Ibid. 35, 6.
Scl|ol. au i v' . Uitl U> 7- — 110 Ibid. 42, 12. — Cl Pind. Olymp. X, 55 cl
Hellen. VII, 4, 29; Strab. VIII, 3, 30; Paus. V, 101.
1 . 10. — M
! St” ^ 1 " XcnoP*1
Sl1*- VIII, 3i 12 ~ 53 ,bid- VIII, 3, 13 et 20. — 64 Xcnopli. Aimé. V, 3, 12 ;
~ » ïbîd r, vi11, 3’ 19- - 86 Ibid- — 87 Ibid. VI II, 3, 12. — 68 Paus.
63 p ' ’ - 60 lbid- 33, 2. — Cl Slat. Theb. I, 355. — 62 Slrab.
Il, 10, C. _ 64 Ibid. 20, 9. - os Ibid. 13, 7. — 66 Ibid.
'III, 3C3. _ C8 Cal . lîpithal. Pci. 96; Virg. A en. I, 093 ;
-5, 1
~ 1,1 Hora. oy
LUC
Sur le promontoire de Taenare, en Laconie, on honorai
plusieurs bois sacrés01, entre autres celui de Neptune1 2 et,
dans le même pays, les bois de Jupiter Scotitès63, d’Apol¬
lon près Sparte04, de Bacchus03, de Mars à Gérontbres ,0.
Dans les îles d’Asie Mineure et de Grèce, aussi bien que
sur le continent, les bois sacrés étaient en honneur.
Vénus qui, de Cypre, s’appelait Kûitpi;, y avait les bois
célèbres de Paphos 87 el d’Idalie 08 ; près d Arsinoë, dans
la même île, était un bois de Jupiter °9. Latone avait un
bois à Rhodes10, Esculape à Cos'1, Junon à Sanios -,
Apollon à Cliios13, Neptune à Ténos74, Cybèle et
Jupiter18 en Crète sur l’Ida, les Nymphes à Ithaque11,
Minerve dans Pile fabuleuse des Phéaciens
Si, pour aller de Grèce en Italie, nous passons par la
Sicile, nous rencontrons dans cette île des bois sacrés de
Minerve18, de Mars80, de Vénus81, le bois gardien du
tombeau d’Anchise82, celui où Pluton ravit Proserpine83,
et, sur les bords du fleuve Acis, le bois orné des dépouilles
des géants, trophée de la victoire des dieux s4.
Dans la péninsule, le Bruttium avait les bois sacrés de
Sila 8Ü, à Crotone le bois de Junon Lacinia88, à Temesa
le bois de Politès, compagnon d’Ulysse 8 ’, la Lucanie le bois
de Palinure88, l'Apulie un bois à Lucerie89, la Campanie
le bois de la triple Hécate, près Cumes90, le /unis sucer
Decidiorum91 , le bois de Junon à Nucérie92, et,, à la fron¬
tière du Latium, sur les bords du fleuve Liris, près Min-
turnes, le bois de Marica93 ; l’Ombrie, un bois àSpolète94
et, près du mont Fisccllus, le bois de Vacuna 1
Le Latium et Rome étaient fertiles en bois sacrés à
la plupart desquels se rattachaient des légendes relatives
aux origines du peuple romain. Ce sont les bois de
Feronia °°,deCircé91, de Pilumnus près Ardée98, de Jupiter
ludigète", de Junon Sospita à Lanuvium100, de Diana
Nemorensis 101 , de Mars près d’Albe 102, de Ferentina où se
réunirent les peuples latins103, de Diane à Anagnia104, de
Diane encore près de Tusculum 106, el, près delà frontière
du Latium, au pays des Marses, sur les bords du lac Fuci-
num, le bois d’Angitia108. Rentrant dans le Latium, nous
trouvons, àTibure, le bois de Tiburtus 107 et, entre Tibure
et Rome, les bois delà déesse ou nymphe Albula 108, dans
lesquels, vers le sud, était l’oracle de Faunus 109.
Les bois sacrés de Rome se rattachent presque tous
aux origines de cette ville ou aux époques légendaires de
son histoire; quelques-uns n’ont existé que dans les Ac¬
tions des poètes ; la plupart de ceux qui ont eu une exis¬
tence réelle avaient disparu au temps de l'Empire. Ces
bois sacrés étaient certainement des débris des anciennes
Vib. Seq. Nem. — 69 Slrab. XIV, 6, 3. - 70 Id. XIV, 2, 2. - 71 Dio, LI, 8; Val.
Max. I, 1, 19. — 72 Varr. R. rust. III, 62. — 73 Slrab. XIV, 1, 35. — C. Id. X, 3,
11. — 75 Virg. Acn. III, 105. — 76 lbid. IX, 673; Theophr. Hist. plant. III, 3, 4.
— 77 Hom. Od. XVII, 208. — 78 Ibid. VI, 291, 321. — 79 Pind. Olymp. V, 2V.
— 80 Virg. Acn. IX, 584. — Si Slat. Silo. III, 4, 21. — 82 Virg. Aen. V, 761.
— 83 Ovid. Met. V, 391. — 84 Claud. Rapt. Pros. III, 332, s. — 83 Vib. Seq.
Nem.; cf. Plin. Nat. hist. III, 10, 3. — 8» Liv. XXIV, 3. — 87 Strab. VI, I, 5.
_ 88 Serv. Ad. Aen. VI, 378. — 89 Corp. inscr. lat. IX, 782. — 90 Virg. Aen. VI,
13. _ 91 C. i. I. X, 4104. — 92 Plin. Nat. hist. XVI, 57, 2. — 93 Liv. XXVII, 37 ;
Vell. Pat. II, 10; Plut. Marins, XXXIX, 6; Vib. Seq. Non. — »4 lîormann,
Miscell. Capitol, p. 5, s. — 95 Plin. ATaf. hist. III, 17, 3. — 96 Virg. Aen. VU,
800; Serv. Ad Aen. I. I. ; R. de la Rlanchère, Rev. arch. 1881, 1, p. 370, s. — 97 Virg.
Aen. VII, H. — 98 lbid. IX, 34. — 99 Plin. Nat. Hist. III, 9, 4; Cic. Pro Mil.
XXL _ tW) Liv. VIII, 14, 2. — 101 Horat. Ad Pis. IC; Slrab. V, 3, 12; Plin. Nat.
Hist. XXXV, 33, 1 ; v. plus haut, s. ». diana, p. 154-155. — 102 Dion. liai. I, 77.
Sur les bois sacrés d’Albe, cf. Cic. L. I. — 103 Liv. I, 50, 52 ; VII, 25. — 104 Id. XXVII,
4, — 105 plin. iVaf. Hist. XVI, 91, 1. — 106 Virg. Aen. VU, 759; Vib. Seq. Nem. ; C. i.l.
X, 3883 et le commentaire ; les habitants du lieu (auj. Luco ) s’appelaient Lucenscs,
Plin. Nat. Hist. III, 17, I. — 107 Hor. Od. I, 7, 13; Porphyr. et Acr. ad Ilor. L. I. ;
— 108 Mart. I, 13, 3; Acr. ad Ilor. Carm. I, 7, 1. 12, 13. — 109 Virg. Aen. VII,
89; Acr. ad Hor. Carm. I, 7. 1, 12, 13.
— 1354 —
LUC
forêts au milieu desquelles Rome fut fondée 1 ; ils
restèrent en possession de l’ancien culte et il n’est pas
surprenant que, autour d’eux, se soient groupées les
légendes primitives. On attribua à Uomulus la création
.le plusieurs de ces bois2. Au / tiens Ifercufius au pied du
Palatin 3, au sacri ne mus Argileti', dans le quartier de
ce nom, les poètes avaient rattaché les plus antiques
traditions; le lucus Saxi , sur l’Aventin, conservait le
souvenir de la bonne déesse, de Faunus et de Ficus 6 ;
le bois de Pan et son antre, au-dessus du Yélabre,'
avaient vu les jumeaux allaités par la louve3; sur le
(.apitoie, inter duos lucos, était l’asile ouvert par Romu-
his \ le fucus asgli d’après Tacite 8. C’est dans un fucus
Sglvani, près il une source, queTarpeia avait rencontré,
au pied du Capitole, le chef Sabin", et, sur le Quirinal,
le nouveau dieu Quirinus avait son bois'0, tandis que le
bois de N esta, sur les pentes du Palatin, au-dessus du
Forum ", et surtout, hors de la porte Capène, le bois des
Muses et d'Égérie gardaient la mémoire du pieux roi
Numa12. Sur l’Avenlin, dans un bois de lauriers, le
foret um **, avait été enseveli Tatius". D’autres bois
portaient les noms d’antiques divinités : sur l’Esquilin,
les fucus Me fuis ,5, Libitinae Junonis Lucinae'f
Larum ? I8, Esquifinus Faq ut a Iis 20, Poetelinus 21 ; sur
le Cœlius, le lieu dit Y inter duos lucos*2-, sur les bords
du Tibre, le fucus Helerni 23 ; au delà du fleuve, les fucus
Furinae 2V, appelé par Plutarque «Xuo? ’Eptwéwv 23, Afbio-
narum ; a des emplacements inconnus, les fucus deae
Satrianue 2\ Streniae 2S, Bellonae23, Agrippae 30,
Pisonis !l ; la porte Querquetulana tirait son nom d’un
bois de chênes voisin32; hors des murs, les fucus Poelc-
finus33, Itob i ginis sur la via Claudia n, Lavernae sur la
via S al ara35, deae Diae sur la via Aurélia 3S, Semeles3'
près d’Ostie38, peut-être le même que le fucus Similae
célèbre ] ar les bachanales 39, ou Stimulae 40.
L Étrurie avait un bois de Sylvain à Caere", un bois
de Junon a Paieries 42, et, près de Capène, le célèbre bois
de béronie ‘ . En Cisalpine, on a trouvé, àBergomum, une
inscription faisant mention d’un bois sacré de Libitina44 ;
des bois sacrés aussi existaient près de Crémone, au lieu
dit (ms forum *’, et, sur les bords de l’Adriatique, en Vé¬
nétie, des bois à Diane Aetolica46, et à Junon Argiva4i se
rattachant a la légende de Diomède; en Ligurie, une ville
avait conservé le nom de lucus Bormani suivant les uns48,
1 I lin. rXat. hist. X\ I, 15, i : [ Huma J silvarum cerle distinguebalur
insignibus; cf. Dionys. Il, 50. — 2 Kl. Il, XVIII. Peut-être ne s'agit-il
que de lieu» sacrés. — 3 Virg. Aen. VIII, 271. — 4 Jbid. 345. — B Ovid.
J-'ast. III, 295 s. 329; V, 149, s.; cf. O. Richler, Topogr. Il, p. |55, s'
— 6 Dionys I, 31, 79 ; Ovid. Fast. VI, 410. — 7 Dionys. Il, 15; Liv.
I, 8; Vell. Pat. I, 8, 0; Vitruv. IV, 8, 4; Ov. Fast. III, 430; Lucan. VII, 438.
8 Hist. III, 71. — 9 Propert. i V, 4, 3, 5; Corp. viser, lat. VI, 010.
— 10 O» id . Met. XIV, 830. — Il Cic. Hiv. I, 45. — 12 Liv. I, 21 ; Virg. Aen. 703;
Juv. III, 13. — 13 Varr. Ling. I. V, 152 ; Dionys. III, 43; Plin. Nat. hist. XV, 40, 5;
Fesl. p. 300, s. v. Talium ; cf. Comm. diurn. id. Aug. dans Corp. iriser, lat. 12,
p. 325. — lt Varr. L. I. ; Fest. L. I. — 15 Varr. Ling. I. V, 49; Fest. p. 351.
— 1« Dionys. IV, 15; Plut. Qnaes. rom. XXIII; Ascon. Alilon. XXXIV; Jul. Obseq.
I. XI ; Corp. inscr. lat. VI, 9974, 10 022. Sur la localisation sur l'Esquilin, cf. Becker,
Topogr. p. 537; O. Gilbert, Topogr. p. 175 s. — 17 Varr. Ling. I. V, 49; Ovid.
T-ust. Il, 43a; Plin. Nat . Hist. XX I, 85, I ; Comm. diurn. Kal. Mari, dans C.i. I. 12,
p. 310. — 18 Varr. L. 1. ; c'est plus probablement un sacellum ? — 19 Id. V, 50.
Id. V, 152; Plin. X \ I, 15, I ; Solin. I, 26; Fest. ap. Paul. D. p. 87, s. v.
Fagutal. 21 \arr. Ling. I. V, 50; cf. Becker, Topogr. p. 150, n. 128; p. 537,
n. 1127. — 22 Trig. tyr. XXIV. — 23 Ovid. Fast. VI, 105; cf. 0. Gilbert, Topogr.
II. p. 19. s. U. I. — 21 \arr. L,ng. 1. VI, 19; Cic. Nat. Heor. III, 18; Appian.
Het. c IV. I. 26; Plut. C. Crac. XVII; Aur. Vict. Vir. ill. LXV. —25 L. I. — 26 Fest.
ap. Paul. II. p. 4,9.— 27 Corp. inscr. lal.Xl, 114.-28 Symm.Epist. X, 35.-29 Corp
inscr. lat. VI, 2232. - 30 Slrab. XIII, 1, 19; Ch. Meinecke, Vindic. Strab. p. 205.
— 31 Cic. Ad Quint, fr. Il, 37. — 32 plin. Nat. hist. XVI, 15, I. — 33 Liv. VI, 20;
VII, 41 ; Plut. Camitl. XXXVI. - 34 Ovid. Fast. IV, 907 Kal. Praen. dans Corp.
LUC
d o fucus Ver mon is su ivant d’autres 49 Cn
de Grèce, Apollon avait des bois sacrés Ip"68.0118 Soleil
En Gaule, où le culte se célébrait dans? "S Al|)es'".
bois sacrés étaient nombreux61. Lucai es loi*êts, los
bois sacré près de Marseille52; c’est à ui" |menlionnP un
doivent leurs noms le village du Luc ( V,T J*®* ‘|Ue
I ocontiorum 53. Ausone dit que les vin i • lum
sont la gloire des pagiu. x "J's S;icrés
Peut-être plus encore qu’en Gaule, la relieim,
sacrés paraît avoir été profonde chez les c ** ^
Tacite y revient sans cesse 55 et mentionne dZT“S''
région, les bois sacrés d’Hercule56, de la d,W. n le
d’Alci58, de Baduhena69. Le nom de ville Lun," \
en Germanie supérieure69, provient d’un bois sac
1 en est de même en Espagne pour Lucus AiumtUo
Galicie , et pour Lucus Aslurum C2. Près du ! a
Gadès était un fucus appelé Üleastrum 63.
En Numidie, on connaît le fucus Magnus™ et une ville
appelée lucus Augusti 66. Junon eut un lucus à rJ
lhage"1' et, en Cyrénaïque, le jardin des Hespërides était
dans un bois sacré67.
Cette longue nomenclature n’est certainement |Jas
complète; si l’on y ajoute les noms qui manquent et
en proportion avec les luci connus, ceux dont le souve¬
nir n’a été conservé par aucun texte, il faudra conclure
que tout l’univers habité fut couvert de bois sacrés
jusqu’à la lin du paganisme. Et cela. est assez naturel, car
il semble bien que les particuliers pouvaient, par dévo¬
tion, dans leurs terres, consacrer des bois68; ce qui est
sans limite. Si c’était ici le lieu de poursuivre cette étude
dans le moyen âge et jusqu’aux temps modernes, il serait
facile de noter de nombreuses survivances d’un culte si
répandu dans les campagnes où les croyances et les pra¬
tiques religieuses sont tenaces. A l’origine, le bois lui-
même était dieu et, dans des textes de l’époque classique,
on trouve des souvenirs de ce temps69. Plus tard, le bois
sacré ne fut plus que la demeure d’un être divin ou lui
fut simplement consacré. L’énumération qui précède
prouve que ce culte ne s’adressait pas aux seules divinités
des bois, Faunes10, Silvains71, Nymphes72, Dryades 'b |
Hamadryades 74, Pan 7S, Diane 76 ; toutes les divinités de
l’Olympe, de la terre ou des enfers, les demi-dieux, les
héros y avaient part. Il semble que la consécration a un
dieu n’excluait pas la divinité topique, car, dans le bois
inscr. lat. I, p. 392. — 35 Fest. ap. Paul. I). p. 117. - *# Ad. Ad- |,a^;
llenzen, Act. A rr. p. xx, 22. — 37 Ov. Fast. VI, 503 ; C. /■ l l
— 38 Cf. O. Gilbert, III, p. 451, n. 2. — 39 Liv. XXXIX, 12. - w 1,1 ^ ’ I
50.3. — 41 Virg. Aen. VIII, 59 7. — 42 Ov. Amor. III, 13, 7. — t! Lit. ' V
XXVII, 4; Ptolem. III, t, 43; Strab. V, 2, 9 ; Plill. Nat. hist. HI, S. - N “
XIII, 84; cf. Virg. Aen. VII, 687. - 44 C. i. I. V, 5128. - « Tac. // '■ ^
— 40 Strab. V, t, 9. — 47 Jb!d. — 43 Tab. Peut, segin. U. B, 2, p. U''|
éd. Desjardins. ■ — 49 Anonym. Haven. 270, 8, 338, 4, éd. Pinder. — g,.
I, 4, 59. —51 Caes. B. G. VI, 13; Luc. Phars. I, 453; Plin. Nat.
Mêla, III, 2. - 52 Phars. III, 399. - 53 Tac. Hist. I, «Ci Plin- Nat. Inst. ^
cf. Tab. Peut, et les Itinéraires ; Desjardins, Géog. (le la (rinth > I Qir.n I\-
— 54 Mosell. 478. — 53 Tac. Ann. I, 59, 61; II, 25; Hist. IV, ^ ^ j/iJJ.j
XXXIX ; voir aussi Scnec. Med. 713; Auson. L. I. ; Claudian. Latu . ^ / /.
— 56 II. 12. _ 57 Gerrn. XL. - 5» Ibid. XLIII. — 59 Ann. 11 - , ,;v
VI, 22 981. — cl Aujourd’hui Lugo, Corp. msn. bit. ^ j'j; Uorcclii,
— 6a Anonym. Ravcnn. p. 230, éd. Pindler. — 03 Mêla, III, L 3 ’• ^ ^crV ai
Afrik. Christ. I, p. 205. - — 05 Eckbel, Doct. num. IV, P' 156, 8 gs cic D*
Aen. I, 4*6. — 57 plin. Nat. Hist. V, 5, i ; Lucan. Phars. IV, ^ , :
h-g. II. 8; Tac. Ann. I, 79; Apul. De niag. B VI. — 69 * l'"’ " ,b Sall II, 181-
Quiul. Inst. X, I, 88. — 70 Hor. Carm. I, 4, I, s- : •U’ ' y-, gis t. I- 7
v«nui. insi. a, i, os. — iv no r. i, -r,
- 1' Horat. Carm. III, 29, 23; Lucan. Phars. III, 403 ; >»•
III,
r u 59- Oeorg »"•
l . — 73 Virg. k(J- V» ___ 75 Tjbul. H-
— • 72 Virg. Egl. VI, 55; Lucan. L. i. —
Ov. Heroid. IV, 49. — 74 Virg. Egl. X, 61 et Serv. Ad ^ Cd"1-
5,25; Virg. Georg. III, 391, s. - Catul. XXXIV,
22, 1.
LUC
1 355 —
LUC
|{iesse Dia, les Arvales s’adressent sive deo
piême <|C • '■nias tutela lucus locusve est *. Les arbres
Uvcrs formaient les bois sacrés
»•?%*>. «Mi-*.
yeuse
peupliers®, hêtres1, cor-
platanes 12,
arbres frui-
myrl<- ’ ^'""1 érable », cyprès “
n°i"i|e1'!’ ’ e *3, iaurjersi4, oliviers11
* pw»"'6"’ essences 7ié0S"r ,
1 ,2s n’était pas toujours un bois isolé; souvent
Le. ’ partie d’un nemusl\ d’où l’expression luci
f'éla't. / parfois même il portait lui-même le nom
nellWI" 'i (Uielquefois aussi les auteurs gi'ecs et latins
Irfôl't a«« »“ lucus un ljois non consafé: ce,qui
incertaines quelques attributions' quand rien dans
"’^'^tene vient préciser le sens du mot. Le bois sacré
[lit aussi une clairière dans un bois, s’il faut suivre
|.‘ui0re qui indique l’étymologie a collucendo1- ; mais
L autres grammairiens font dériver lucus de lucere par
antiphrase, à cause de son obscurité23.
I jp cqI te dos bois semble avoir clé lié ci celui des eaux ,
très souvent une source, d’origine parfois prodigieuse,
: est associée au bois 24 ; un antre aussi y est souvent uni,
inspirant! connue le bois lui-même, par son obscurité et
la profondeur, une terreur sacrée26. Dès la plus haute
antiquité, certains bois sacrés furent un asile inviolable
pour l’ennemi qui s’y réfugiait pendant le combat26, ou
pour les captifs et les esclaves fugitifs qui en sortaient
libres, laissant leurs fers suspendus aux arbres21.
Autour de beaucoup de bois sacrés, l’imagination
avait localisé des légendes : c’est dans un antre d’un bois
sacré de Corycos que Jupiter avait enfermé le géant
Typhon 28 ; un bois de Sicile conservait encore les tro¬
phées de la victoire des dieux sur les géants20. Dans le
bois d’Ortygie, en Ionie, étaient nés Diane et Apollon 30 ;
l’histoiro du lion de Némée restait attachée à un bois de
l Argolide31. C’est dans un bois de Sicile que Pluton avait
ravi Proserpine32, et, dans le bois de Cérès, à Lerne, en
Argolide, est l’endroit par où, avec elle, il retourna aux
liulors ’3. On connaissait le bois où Diane fut surprise par
Actéon \ Près du promontoire de Taenare, dans un bois
de Neptune, s’ouvrait l’antre par où Hercule avait ramené
Cerbère des enfers36. Dans le bois de Diane Nemorensis
sciait localisée la légende d’IIippolyte36, dans un bois
du pays des Marses la légende de Médée :)1, celle de Pali-
nure dans un bois de Lucanie 38, celle de Diomède dans
des bois de Vénétie30, et sur les bords du Pont40 et en
Colchide41 celles des Amazones et de la toison d’or.
Les bois sacrés étaient aussi l’objet de nombreuses
superstitions : il en était où les animaux féroces dépouil¬
laient toute cruauté42, où des troupeaux sans gardiens ren¬
traient deux-mêmes à l’étable43; on y attirait facilement
la foudre44; un bois sacré brûlé a subitement reverdi *
11 y avait dans les bois sacrés des temples, même con¬
sacrés à des divinités autres que celles du bois, des
autels, des œuvres d’art46. Souvent ils étaient entourés
d’un mur41; ils renfermaient aussi des arbres étranges
et pour cela sacrés 48 ; des oracles y étaient associés 40 ; ils
gardaient quelquefois des tombeaux vénérés °. L’entrée
de quelques-uns était interdite6', ou permise aux prêtres
seuls 62 ouaux seuls initiés 63, ou aux hommes à l’exclusion
des femmes34, ou réciproquement53. Dans le bois de Cérès
et de Proserpine, non loin de Sicyone, les hommes et
les femmes étaient séparés les jours de cérémonies"6.
Les troupeaux qui auraient pu ronger les pousses n y
avaient pas entrée61. On ne pouvait les couper, coinquere^ ,
ni même les émonder, collucare 50, sans un sacrifice expia¬
toire et une prière dont Caton nous a laissé la formule'".
Les Arvales, chaque fois que, dans le bois de Dia, ils
avaient usé d’un outil en fer, étaient obligés de faire un
sacrifice61. Dans ce même bois, et sans doute dans les
autres bois sacrés, quand des arbres tombaient de vétusté
ou étaient frappés de la foudre, il fallait célébrer des
piacula majora , arracher les arbres et les brûler dans
le bois même comme en un sacrifice62. 11 n’était pas con¬
venable d’en faire un lieu de passage63. Il ne fallait pas y
exercer de vendetta64, y déposer de cadavre66, y jeter
d’ordure 60. On devait respecter leur intégrité ; mais, dans
les villes, l’accroissement de la population et la nécessité
de bâtir les restreignaient sans cesse61. Les dieux punis¬
saient les profanateurs des bois sacrés 68 et J upiter frap¬
pait de la foudre les bois violés60.
Ces prescriptions ne s’appliquaient pas rigoureuse¬
ment à tous les bois sacrés. Ceux qui étaient des loca
sacra , la propriété des dieux, y étaient complètement
soumis. Ceux, au contraire, qui étaient productifs et
âîii ' V’ “°00’ 2 èv. Fast. II, 175; III, 195; A mor. 111,5, 3 ; Senec . Oedip.
j ' ~ " V"-g.Acn. III, 23; Lucian. Amor. XII. — 4 Herodot. II, 91 ; Slrab. XIV,
“ 1>aus' nb «b «1 IX, 3, 4; Pli,,. Nat. Hist. XIV, 95; XVI, 15, I.
; .. '' ll9,jss. VI, 291 ; XVII, 208 ; Theophr. Hist. pl. III, 3, 4 ; Paus. V, 13, 3.
|j[ ' C 15- 1 Clin, Nat. Hist. XVI, 15, i et 91, 1. — 8 Paus.
i,’ j'V ' '"'S- Aen. IX, 80; Slrab. VIII, 0, 22; Paus. X, 38, 9. — 10 Vi
Vlll' iW Slrab-X1V’b 20 : Senec. Oedip
îi, 7 ;x, 38, 9; Lucian. Amor. XII. -Il
’ i*7| 11 : VU’ 22’ 1 > Lucian. LA.
Eut. XV, 40, 5; L
— n p'1 Xcu"1’1'- Anal)-
Virg.
530; Paus. II, 13, 3; IV, 33, 4;
Herod. V, 119 ; Paus. II, 37, 1 ; IV,
13 Strab. XVII, I, 35 et 42. — H Pli».
*0,^5; Lucian. L. I. — 18 strab. VU, 3, 30; VIII, 3, 13; Mêla, III,
V’ 3, 12; Paus. I, 21, 7; IX, 24, 4; Lucian. L. I.
- 11 faus. i 7.i • , , ’ ’ -*> 1 > *"■> *> »•
Egl. V|, 72 ij n . uclau' L- I. — 18 Strab. XIV, 1, 20; Lucian. L. I. ; Serv. ad
Etre, Oet, 937 '°î' b 688 : Hb 113, s. ; Lucau. Phars. I, 453, s.; Sencc.
— 20 Auson E •/ y - S" ’ Troad. 173, s.; Lac Lan l. De Phoen. 9, s.
V‘lniv. IV, 8 /'ri' *’ °7' _ 21 Vil'e- Aen- VIII, 759; Ovid. Fast. 111, 261 ;
Eut. or. I. g’ NaL hist- XXXV, 35. - 22 Orig. XIV, 8. — 23 Quinlil.
Li 11 “i inutile r, a|>el’ IV’ 36°; D°nat' A,'S 9ram ln’ ®’ 2 [1778b lsid'
" 21 Hom. Od jy ,,, observer que ces étymologies n'ont aucune valeur.
Slrab. IX, ; v XV11, 208 '• Liv- b 21; Ovid. Fast. Il, 165; Juv. Sat. III,
JV‘ 3b 1, 33,4 ’vii 27 XVa’ b 42i Propert. IV, 4, 4, 7; Paus. III, 26, 5;
^«Aw.vi’.cûrt n!11: 49 ■ 12 ; IX- 24> *• 29’ s- 31 - 3- 2 ; x, 12, « ;
WcL h 13. - 2;; • _1V’ 7> 22 ; Serv. ad Egl. VI, 72 ; Aen. VU, 80 ; Pomp.
î;Mi Propert. IV ’J9' °Vid' Met- V- 266; Strab. VIII, 3, 19; 5, 1; XIV,
!’ 119i VI, 75- JV ’ ; raus- VIIb 42, 2; IX, 39, 2 ; Mêla, I, 13. — 26 Herodot.
. ' 1:1,3 î Serv.’ ad ' Eal XXXV« 5i ; Strab. XVI, 2, 6 ; Paus. III, 4, 1. — 27 Id.
I’ 338, s. - 30 Strab XI Vi ?*’ ~ 28 I’omp' Mel- b 13. — 29 Claud. Rapt. Pros.
1 b -0, Tac. Ann. III, 01. — 31 Serv, ad Georg. 111, 19.
— 32 Ovid. Met. V, 391 . — 33 paus. Il, 36, 7-8; Ovid. Met. V, 391. — 3V Ibid.
III, 170. — 35 Strab. VIII, 5, 1. — 30 Voir diana, p. 154. — 37 Sil. liai. \ III, 495, s. ;
Solin. Il, 29; Serv. ad Aen. VIII, 7 50. — 38 Serv. ad Aen. VI, 378. — 39 Slrab. V,
I, 9. — 40 Amm. Marc. XXII, 8, 17. — 41 Val. Place. Arg. V. 238, 252, 042 ; Pomp.
Mel. I, 19. — 42 Strab. V, 19. — 43 Liv. XXIV, 3. — U Plin. Nat liist. Il, 54, 1
— 45 Serv. ad Aen. VU, 800. Sur d'autres superstitions relatives à des bois
sacrés de la Grèce, voir Pausanias, III, 26, 5 ; VIII, 38. 2-3 ; IX, 3, 4; 8, t . — 40 (X
Paus. passim. Il faudrait recommencer l'énumération do presque tous les bois pour
indiquer ceux où se trouvaient des temples, des statues, des autels. Pour se faire
une idée d’un vaste bois sacré ainsi orné, lire la description de l'Allis, bois sacré de
•Jupiter à Olympie, dans Pausanias, V, 10-27 cl VI, 1-20. — 4. Oiid. Fast. III, V3I ;
Paus. II, 27, 1 ; VU, 27, 3; VIII, 31, 5, 37, 10 ; Corp. inscr. lat. VI, 610; X, 410*.
— 48 Ovid. Amor. III, 5, 3; Paus. VU, 22, I, 27, 3; VIII, 24, 7, 37, 10; IX, 3, 4.
_ 19 Virg. Georg. IV, 476 ; Aen. VIII, 81 ; Strab. XIV, I, 5 et 27 ; Propert. Il,
5, 74; Scncc. TUycst. 679, s.; Paus. IX, 39, 4, s.; Curt. IV, 7, 22; Serv. ad Egl.
VI, 72. — 50 paus. I, 37, 2; VIII, 24, 7 ; X, 12, 6; Slat. Silv. V , 3, 50; Serv.
ad Aen. VI, 378 ; Scncc. Med. 1379. — Ovid. Fast. IV, 751 ; Sial. Silv. V, 5, 6.
_ 52 Paus. VU, 27, 3. — 53 Virg. Aen. VI, 259; Paus. IX, 255. — 51 Propert. IV, 9,
53, s. —55 Paus. III, 22, 6-7; VIII, 31, 5 ; 36, 6. — 56 paus. II, 11, 3. — 57 Ovid.
Fast. 749, s. — 58 C . Henicn, Acta Fratr. Arv. p. 22. — 59 Cal. R. rust.
CXXXIX. On dit aussi sublucare, Fcst. p. 348, s. ». — 60 Cat. L. I. ; cf. Plin.
Nat. Hist. XVII, 47, 6. — 01 Henzen, O. I. p. 128, s. 132, 135. — 62 Ibid. p. 112.
— 63 Plut. Marins, XXXIX, 6. — 01 C. i. I. IX, 782. — 65 Ibid. ; cf. ICphem.
epigr. II, p. 205. — °o C. i. I. I. I. — 67 Varr. Ling. I. V, 49 ; Front. De controv.
agr. II, éd. Laclnnaun, I, p. 56; Agen. Urbic. Decontr. agr. Ibid. p. 87. — 68 Herod.
VI, 73; IX, 65; Ciç. Pro Milan. XXXI; Appian. Bel. Mithr. XXVII ; Ilio, Ll,
8; Scncc. Med. 608, s.; Val. Max. 1, I, 19. — 69 Horal. Garni. I, !-• 60.
Lun
1356 —
exploités, étaient affermés par les censeurs C’est
ainsi que le bois d’Égérie fut affermé à des juifs3. Le
produit des bois sacrés s’appelait lucar3. Quant aux
bois sacrés privés, leur grand nombre dans les cam¬
pagnes aurait par trop entravé l’exploitation et la vente
dis piopriétés, s ils avaient été soumis rigoureusement
aux mêmes lois que les bois sacrés publics. Il est pro¬
bable que l’exécution de ces lois relevait de la conscience
et de la volonté des propriétaires ou que les formalités
étaient très simplifiées.
Lu somme, les bois sacrés publics étaient soumis aux
mêmes règlements que les temples et que les autres loca
sacra ou religiosa L II en est au service desquels des
pi êtres étaient attachés Les bois sacrés du pays conquis
restaient sacrés au même titre que ceux du territoire 6.
Nous ignorons comment on procédait à la consécration
des bois, mais il y avait une consecratio7. L’expression
employée par Catulle8, lucurn dedico consecroque , est
sans doute empruntée à la liturgie 9.
Dans certains bois sacrés, à des époques périodiques,
on célébrait des sacrifices10, des fêtes", des mystères 12’
des jeux13; on y donnait des repas publics 14 ou privés13
et il y avait souvent des édifices affectés à cet usage16.
Lu i et onnaissance des bienfaits obtenus, on suspen¬
dait aux arbres des bois sacrés des dons17 et aussi les
dépouilles des ennemis vaincus ls.
Lutin, sans doute à cause de leur caractère religieux,
les bois sacrés furent, dans tous les temps, des lieux où
l'on convoquait le peuple et où l’on tenait des assemblées.
C’est dans un bois de Jupiter que les délégués de la
ligue achéenne tenaient leurs séances15; dans un bois
sacré de vieux chênes, à Alalcomène, se réunissaient les
assemblées des Platéens20; les Germains aussi délibé¬
raient dans des bois sacrés31. Les Latins se rassemblaient
dans les bois de Ferentina22; à Rome, le peuple fut con¬
voqué dans le bois de Poetelinus23. En même temps que
des centres religieux et politiques, les luci étaient quel¬
quefois aussi, comme celui de Feronia, des marchés très
fréquentés 3t. IIenry Thédenat.
LIJDI. — jeux privés. — Sur les jeux privés des
Grecs et des Romains nous devons renvoyer aux articles
spéciaux où il est traité de chacun d’eux en particulier1;
mais il importe de rassembler ici les notions générales
qui s’y rapportent et en même temps quelques détails qui
ne trouveraient point place ailleurs.
I. Ecrits (les anciens. — L'histoire, la nomenclature
et la description des jeux avaient fourni, dans l’antiquité
même, la matière de plusieurs ouvrages. Au ve siècle av.
I Mommsen, Slaatsrecht, 112, p. 57, 6. ; Trad. Girard, Droit publ. rom. 111,
p. 07, s. — 2Juv. S al. III, 12. — 3 Lucar appellatur aes guodtx lucis captatu’r,
Festus. p. 119, s. ». Lucar. — 4 Sur ces règlements, cf. Mommsen, L. I. _ 6 Virg.
Aen. V, 761; VII, 84; Slrab. V, 3, 12; cf. Paus. VIII, 27,3; Serv. ad Aen. III, 302.
— 6 Serv. ad Aen. XI, 3IG. —1 Cal. Orig. II, frag. LVIII, éd. Hermann- Peter ;
Serv. ad Aen. I, 441, 446; III, 302. - 8 XVIII, 1. — 9 Cf. Dicabo mille magnas
arbores, Anth. lut. II, 19, éd. Buecbcler. — 10 llorat. Carm. I, 4, 11 ; Slrab. XIV,
1, 20; Lucan. Phars. III, 404, s.; Paus. IV, 33, 4-5; IX, 8, 1; Fest. ap. Paul.
Diac. p. 4, 9.— 11 Virg. Aen. VIII, 601 ; Slrab. XIV, 1, 20; Ovid. Fast. IV, 901, s.;
VI. 105, s. ; Amor. III, 13, 70; Tac. Gérai. XL; Paus. III, 22, 7; VII, 27, 10 ; IX, 31,
3; Comment, dium. VIII Kal. Mai. dans C. inscr. lat. 12, p. 316; Acta Anal.
passim. — 12 Paus. Il, 1 1 , 4 ; 36, 7 ; IV, 33, 4-5; IX, 25, 5. — 13 Stràb. VII, 7, 6;
\lll, 3, 30; X, O, 11; XI\ , 1, 31; Paus. Mil, 38, 5; IX, 31, 3; Serv. ad Gcorg.
III, 19. — ■ 14 Slrab. X, 5, 1 1 ; XI V, 1, 20 ; Tac. Uist. IV, 14 ; Serv. ad Aen. XI, 740.
— 13 Lucian. Amor. XII. — 16 Slrab. L. I. ; Lucian. L. I. — 1’ Tibul. II, 5, 29;
Paus. II, 13, 4 ; Senec. Thyest. 659; Serv. ad Egl. VI, 72. — 18 Tac. Ann. I, 59’
61 ; Senec. Thyest. G60, s.; Claud. Rapt. Pros. III, 337, s. — 19 Slrab. VIII, 7, 5.
— 20 Paus. IX, 3, 4, s. — 21 Tac. Gérai. XXXIX. — 22 Liv. I, 50, 52; VII, 25.
— 23 Liv. VI, 20; VII, 41. — 24 Dionys. III, 32.
LUDI. 1 Voycz-cn la nomenclature aux Tables des matières du Dict., XV, Vieprivée. I
LUI)
J.-C. le poète comiq
plume, avai
oete comique Cratès, prédéc,^.
<t ‘lonné à la scène attique une T (1’Arislo-
, IlaiSia d : on Ignore quelle était
cnait imaginée sur ce sujet3. Suétone érri m
un livre sur les Jeux des Grecs ; nous en • Cn ^
des fragments3. Il est bien probable 0n'ii “ C0°H
profit des ouvrages antérieurs, en prose et' dV!Ul,nisà
vers, dus
7 ^ “ pi Ut
notamment à la plume des Alexandrins* r
de ces travaux a plus tard servi de source p "S('mbl«
r&umù qu'il nous en a laissé est encore le' le
1> us important dont nous puissions disp„ser “T'T
obscurités dont il est rempli 6. P ’ ma gré les
IL Les jouets (Tuxiyvtoi, àOûpaaxa). — „ i 1
hochets et des breloques du premier âge rcREmî' deS
crepundia] 7, les enfants, dans l’antiqudé classé '
eu a leur disposition un grand nombre de jouetsY'’'
peces très variées; de même qu’aujourd’hui, on vendaid
poui les filles des poupees avec leur toilette et leur mé
nage [pupa] ; la balle, le cerceau, la toupie et le sabot
[pila, TROCHUS, TURBO] ont été aussi en usage de très
bonne heure. A ces jouets bien connus il y a lien
d ajouter ceux qui n’ont pas d’histoire, parce qu’ils sont
f e tous les temps et de tous les pays. Lucien raconte
comment, dans son enfance, il s’amusait à façonner des
bœufs, des chevaux et des bonshommes avec de ladre
ou de l’argile, talent qui lui attira plus d’un soufflet de
ses maîtres, jusqu’au jour où sa famille s’avisa d’y voir
1 indice d une vocation particulière pour la sculpture*.
Cependant beaucoup de jeunes Grecs partageaient ce
goût précoce9; c’était pour eux, à ce qu’il semble, une
distraction assez ordinaire que de construire des bateaux,
de tailler des grenouilles dans des écorces de grenades10
ou de modeler des animaux de toute espèce avec de la
cire ou de la mie de pain 11 . Dcnys le Jeune, tyran de
Syracuse, séquestré par son père, charmait les tristes
loisirs de sa réclusion en se
fabriquant avec du bois des
petits chariots, des lampes,
des sièges et des tables 13.
Les monuments nous offrent
en assez grand nombre des
exemples de ces divers jouets,
qu’on devait naturellement
trouver tout faits chez les
marchands. Ainsi on peut voir
dans la figure 4633 13 un enfant
grec qui traîne derrière lui un
i"-. 4633. — Chariot d'enfant.
CH1RA-
nam» ucu ivi » lui u u
petit chariot à deux roues, àfzaljîç, plostellum ; cf.
— 2 Kock, Comic. attic. fragm. t. I, p. 137. — 3 ns pi w» ira? '] ^
Suivi. TfiyxuHo; ; Tzetz. Hist. var. VI, 874; Eustatli. ad Odyss. I, 10J, P-
39; Sorv. ad Aen. V, 602; Suct. Reliqu. éd. Rciffersckeid, p. 322, J I
Miller, Mélanges île litt. gr. Paris, 1808, p. 435; Macé, Essai sut ■v'/ ^
p. 280--S4. Il ne faut pas confondre cet ouvrage sur Jes jeuv P1^ jioinajns
des Grecs avec les deux livres du môme auteur sur les jeux Pll*J|lCS _ ^ gyr je,
Treçt -ÏIOV itaçà fPoi|j:aioi; ôewpiwv xat àytôvwv. — 4 Ov. Tlist. Il, 1 ^ goehin, $
rapports de ces ouvrages entre eux, voir notamment Kock, c' ^ ^ g jyau|.rc:
cottabo, diss. Bonn, 1893, p. 5-8 et 35, Appendices. — ° P°M* ^ sont jn
ouvrages, qui traitaient seulement d’un jeu ou dune catégone ?péciaul|
diqués par Bccq de Fouquières, préface p. 4-5, et ici dan* ks a^ ^ 1J0 prouven
voir pila, talus, tessera. — ? Des exemples comme \opisc. Aui Quant i
pas que crepundia ait jamais désigné autre chose dans le go, 9), ü
joculi , dont on n'aurait daus ce sens qu un exemple unique ,|U jl n'y a I)aî
vient d'une conjecture de Saumaise ; tous les mss. donnent j) jeg petits p0*5
lieu de corriger (pauculis, Rose, Tcubner, 1899); pocula , • ^ __ 8 huciao-
.... i. n,.„ Sam, ms. L J; -- ^ V,I,
de Plul. Sympos.
■ 10 Aristoph. Nub. 879-881. "jjj. stackelb*!
2. — 12 plut. Rio. 9. — 13 Élite des mon. céramogr. H, P1- I X
Grüberder Hellen. 17, 3.
d'un ménage de poupée, les IxitûpaT'x
Somn. 2. —9 Id Alcyon. 4.
LUD
— 1357 —
LUD
, auggi l'attribut d’Éros dans une scène fa-
Haxu») ; c eS.(1‘une dieu est représenté à côté d’Aphrodite
jüiPreoùfeJ ^ ^ pn vojl un (fjg. 4634) en terre
fcuPiD°i "8' " cuite qui appar¬
tient au Musée
britannique 3.
Celui de la fi¬
gure 4635 est en
bronze ; il a été
trouvé à Pom-
péi 3 . On faisait
même des chars
un peu plus
i ,„mmels l’enfant pouvait atteler des moutons ou
I uitres bêtes familières, et sur lesquels il prenait place
B ise de cocher [bestiae, fig. 529, educatio, fig. 2609 et
Pis-
4iî31. — Chariot de terre cuite.
en guise <
26111 Une autre série,
Fig. 4635. — Chariot de bronze.
dont nous avons de nom¬
breux échantillons, ce sont
les jouets représentant des
animaux ; si nous avons
perdu ceux qui étaient faits
d’une matière périssable
telle que le bois (et on de¬
vait l'employer souvent), on en a retrouvé une assez
grande quantité en métal et en terre cuite; le cheval que
reproduit la figure 4636 a été recueilli dans les fouilles
de Myrina ; il mesure 0 m. 26 de haut ; dans le bas
des jambes on observe des trous destinés à donner pas¬
sage à des chevilles qui maintenaient quatre roulettes de
terre cuite. Deux autres trous ont été percés dans le cou,
et deux dans la crinière, peut-être pour qu’on pùt y
passer une ficelle et traîner le cheval. Le harnachement
et la crinière sont figurés par des coups de pinceau
rouge brun:;. On pourrait encore citer dans le même
genre bien d’autres animaux: chiens, moutons, porcs,
singes, oies, coqs, etc. 6 II ne faut pas oublier que
les terres cuites de cette catégorie, comme toutes les
figurines de même matière et de même provenance,
étaient, rehaussées de couleurs très vives ; un porc,
trumé à home, a des yeux et divers ornements en
émail ’. Parmi les pièces d’une autre matière nous
1854*^ ' ’ ^cr, . d. Sachs. Gesellsch. d. Wissensch., philol. histor. classe, VI,
ces petits chariots, voir Aristoph. Nub. 864, <m iaa^'Sa; on
! Ml en cuir, ]l,id. 880; lior. Sat. Il, 3, 247; Poil. X, 108; Jahn, L. c. taf. xii,
• 1861* <iWllard Apul' Vasenb- P1- xiv ; Arc h. Zeit. 1861, p. 204 etpl. clv, 1;
fjr ]’ 1 ! Ml' 1 s - 9 - pl - vi, 4; Dodwell, Classical tour, 1, p.447; Gori, Inscr.
pl X(l 3 , *c Élite cêramograpli. II, 89; Heydemann, Griech. Vasenb.
v,4 p j^’t \i Stephani, Comptes rendus de St-Pétersbourg, 1877, pl.
— 3 Mus fi . In* \orn^‘ de Canosa, pl. m. — 2 Duruy, Hist. des Grecs, II, p.235.
der lZ;T\ T ; Gusman’ PomVt', 1900, p. 272. - 4 Panofka, Bil-
kreh. Zeit VU V i ' 0c ie^p’ Mon. ined. I, XXVI 1,2 ; Vases de Vienne, III, 23 ;
Ga=- snhéol. IV ,!!!’ P!' '' P' 10 1 StePhani- C. rend. 1803, pl. il, 5, p. 151 ;
cuile au Musée 1 V ^ VI1’ P* ^ > Heydemann, Gr. Vasenb. pl. xii. — S Terre
cf-P-%, no | o(jl U» >0uvre; S- Heinach et Pottier, Myrina, p. 570, n® 3G8 (197) ;
P- 26 et n’ 85 (2i7)1 llC— • ^^neS’ ^ar^a’ Catal. des figurines d’ Athènes ;
fondes routes • P ’ C1|n^le relevée en plumet sur la tête ; peint en blanc avec
Marllia, L c n,ls (dacombes de Itome , IV, pl. vin, 3. — 6 Voir entre autres
" S 68’ 172’ 173< 174 ; Athen. Alittheil. 1893, p. 172; cf. Suid.
14 rmS
e'-uOev - _ ,7 Tt a
"8 De Rossi - DuU- rf'
h _ ’
~0vTe’ ttSwAa Pça/Ja Ix TrqXou iîà
^lûoiv , ol? è;aiîaTacrOat
P ■ ~ commiss. commun, di Roma , 1874, p. 261.
P’ 392. Scorpion SOttinan- crist. III, p. 350 et 586, pl. xvn b , p. 305; pl. xvn,
^*n, Martha, Z c n° ^ïen‘ P- 246 E. — 9 Ainsi une figurine
Athen, Charl0ttei \ ^ ^ ^ ^r“8erï Charon und Thanatos , ein Spielwerk
l'aine Pesaresi e di 10 Larairc d’enfant (?) d’après Olivieri, Pelle
*v ; Caylus, flec n a ’-ario puérile, trov. in Pesaro, 1780, p. 1-22, tav. ni et
Îl'lf; n°l« 1 ; de RoJ J ’ P'' XLIV’ 2; IV' P1- L«'«. 3 ; *«»• d. Ist. arch. 1864,
» / ' IS7"’ P- PO à 07 ~°ma 50^err' P- 580-587; Bull, di arch. crist. ser.
°P‘ Getuerie, 1| \ , ’’ prouvé à Home sur l’Esquilin); BKinmer, Tccli-
y ' "* 11 Pvrs. ÜI, 50; enfants jouant avec des vases,
signalerons seulement un canard en verre bleu, un léo¬
pard en os, un cerf de bronze, que l’on considère, sans
doute avec raison, comme des jouets*. Les figurines de
forme humaine, elles
aussi, ont dû bien sou¬
vent servir à amuser les
enfants9, quoiqu’ilsoit
assez délicat de déter¬
miner quelles sont,
dans nos collections,
celles qui ont été faites
uniquement pour cette
destination. Mais on ne
peut guère assigner un
autre emploi, vu leurs
dimensions exiguës, à
diverses babioles en
plomb ou en étain, qui représentent des divinités et des
objets du culte, ou des miroirs, des boucliers, des roues,
etc. 10 II en faut dire autant des vases minuscules qui se
rencontrent un peu partout dans les fouilles11, et des tire¬
lires en terre cuite, évidemment faites pour contenir de
modestes économies d’enfants, dont il a été parlé ailleurs
[loculus]. Il faudrait prolonger outre mesure cette énumé¬
ration, si on voulait passer en revue tous les objets qui
ont pu amuser la jeunesse; c’étaient parfois des coquil¬
lages ( conchae ) ramassés au bord de la mer ’2, ou de
petits cailloux ronds et brillants ( lapilli teretes , ocellata ),
qui faisaient peut-être l’office de nos palets ou de nos
billes13. Quant aux jouets mécaniques, si l’on excepte
les pantins et les marionnettes [neurospast a], ils ne furent
jamais qu’une curiosité, d’autant plus remarquée qu'elle
était plusrare14. Mentionnons, pour finir, les lettres d'ivoire
qui servaient à instruire les enfants tout en les amusant13.
Les occasions dans lesquelles on faisait des cadeaux
aux enfants n’étaient pas moins fréquentes que chez nous.
A peine venu au monde, l’enfant recevait les cadeaux que
les Grecs appelaient « du premier regard » (SÆoct ô-Tr(-
pi«) 18 ; il en recevait le jour où ses parents lui donnaient
un nom (8ôc?eiç ysvéQÀtai) n, puis à chaque anniversaire
de sa naissance {(lies natalis ), au premier de l'an stke-
nae], et il est probable qu’on ne l’oubliait pas le 17 dé-
0. Jahn, L. c. pl. xn, 4 et 5 ; Heydemann, Griech. Vasenb. pl. xti, 1, 2, 4,5, C, 7, 8.
9, 10; Hilfstafel , 4, 8; Slackclberg, Graeber der ffellen. pl. xvn. Oenochoé
de 0 m. 09 de haut, à Athènes, Mittheil. d. deutsch. Inst, in Athen , XVIII, 1893,
p. 172. On en peut voir au Louvre. — 12 Lucr. II, 374; Ov. Met. X, 260; Callini.
ap. Athen. VII, p. 318 B. — 13 Cic. Or. II, 6; Ov. L. c. et Amor. II. Il, 13; Prop.
I, 2,13; Suet. Aug. 83 et Casaub. ad h. I. ; Becq de Fouquières, p. 122-123.
Certaines tables à jeu de l’époque romaiuc supposent nécessairement l'usage des
billes, LUsouiA tabula. Enfant jouant avec un fruit, Brôndsted, Voyage dans la
Grèce , I, pl. xxxtv, p. 129; avec un œuf, O. Jalm, L. c . pl. xii, 2. — 14 Colombe
volante d'Archylas, A. Gell. X, 12; Kock, Comic. attic. fragm. t. II, p. 172,Eubul.
fr. 22. De môme les sculplures microscopiques de certains artistes. Les serpents
artificiels n’ont peut-être jamais existé que dans l'imagination des savants modernes ;
Becq de Fouquières, p. 17, 20 et 25. — 1» Quiutil. I, 1, 20; Hieron. Epist. fam. 11,
15. Boldetti, Osservazioni sopra i cimiteri dei SS. martiri, p. 514, dit avoir vu des
lettres antiques en ivoire trouvées dans des tombeaux ; elles auraient, suivant lui,
servi à cet usage; c’est très douteux. On pourra voir encore beaucoup d'autres jouets
dans Igu. Pateruo, Castello, prince de Biscari, Ragionam. sopra gli antichi
trastulli de'bambini, Florence, 1781, 4°; Bull. d. Ist. arch. 1829, p. 20 ;
1878, p. 103; K. Rochctle, Mém. de l'Acad. des inscr. et b. I. XIII, 1838,
p. 622-633 et 726; Stackelberg, O. I. pl. vm, p. 43; de Witte, Catal. Durand ,
n05 1381, 1660, 1661 ; Catal. Beugnot , nos 205-223; Stephani, C. rendus , 1874,
p. 7; Bull. d. commiss. comun. di Roma , 1880, p. 299, n® 1; p. 300, n® 9;
Marquardl-Mau, Privatleb. d. Rom. p. 120, note 7 ; Martigny, Dict. des ant.
chrét. art. Jouets d'enfants , p. 347; Kraus, Christl. Alterth. I, p. 589;
II, p. 77irde Rossi, Roma sotterr. III, p. 585; J. Martha, Figurines d'Athènes ,
n08 139, 168, 172, 173, 174. — 16 Callim . Hymn. in Dian. 72; Plaut. Rud. IV,
4, H0; Epid. V, 1, 33; Ter. Phorm. I, 1, 12. — n Aesch. Eumen. 7; Suid.
171
LID
1 358 —
cembre, dans la fête dos Saturnales, où il était d’usage
do distribuer dos figurines coloriées et autres baga¬
telles S'il était admis à un culte mystérieux, le
jour de l'initiation lui valait encore d’autres présents 2.
Ajoutons les occasions extraordinaires où les amis, et
notamment les parasites, payaient ce tribut à la famille*.
Les jouets étaient généralement enfermés dans une
corbeille (xxXaOo;, cista , cistella )*. Les garçons leur
disaient adieu dans leur dix-septième année, au moment
de prendre la toge virile, lorsqu’ils suspendaient leur
bulle au-dessus du foyer domestique; chez les Grecs ils
consacraient même leurs jouets à une divinité5. Les
jeunes filles faisaient cette offrande la veille de leur ma¬
riage ; elles se mariaient, comme on sait, beaucoup plus
tôt qu’aujourd’hui, quelquefois à douze ans; c’est sur¬
tout à Diane et à Vénus qu’elles dédiaient ces souvenirs
de leur enfance 6 ; chez les Romains, à l’origine, elles les
déposaient près de l’autel des Lares; mais la coutume
grecque se généralisa partout pupa]1.
Quand un enfant mourait, on enfermait ses jouets
avec lui dans sa tombe, comme on enfermait dans celle
des grandes personnes leur parure et les objets très variés
qu’elles avaient eus à leur usage. C’est à cette coutume
que nous devons les jouets retrouvés sous terre, qui ont
été énumérés plus haut *. Le christianisme ne l’a point fait
disparaître d'un coup ; nos spécimens les plus curieux
et les mieux conservés sont peut-être ceux qui provien¬
nent des catacombes de Rome9.
Les jeux des enfants sont souvent représentés sur les
monuments figurés, notamment sur les vases peints,
même quand les personnages sont empruntés à la
mythologie. Comme la poésie, l’art, à partir d’une cer¬
taine époque, s'est complu à prêter aux divinités juvé¬
niles, dans des tableaux de genre imités de la vie réelle,
des amusements familiers à tout le monde10. C’est ainsi
qu'il nous fait assister aux ébats de l'Amour [cupido,
lig. 2164, 2175 , de Vénus, des Grâces, des Panisques et
des Satyres ; on voit même quelquefois le Jeu person¬
nifié sous la forme d'une jeune fille, Ilatôtâ, qui semble
présider à ces scènes aimables11.
III. Jeux d’imitation. — Par cela même qu’ils sont très
simples, très naturels et qu’ils peuvent varier à l’infini,
les jeux d'imitation échappent à toute classification. Il
est probable qu'ils ont souvent inspiré les bas-reliefs, les
peintures et autres monuments, où l’on voit de petits
Amours simuler les courses du cirque, les jeux sanglants
de l’amphithéâtre, les cérémonies du mariage, etc. 12.
Voici quelques-uns de ces jeux que nous connaissons
par des témoignages antiques :
Monter à cheval sur une canne (xaXagov Ttepif^vat,
equitare in arundiné). Agésilas ne dédaignait pas de se
livrer avec ses enfants à cet innocent exercice ; un jour,
surpris par un de ses amis, il eut un mot charmant :
1 Marquardl-Ma», Privatleb. p. 250, 251, 252. — 2 Ter. Phorm. L. c.
— 3 Theophr. Caract. 5 ; Juven. V, 114. — 4 Plaut. R ad. L. c. ; Vitruv.
IV, 86, 9; Nonn. Dionys. IX, 116; Clcm. Alex. Adm. ad gent. p. 9 c.
— R Anth. Pal. VI, 282, 309; Fers. II, 70; Bull, de corr. hell. VI, p. 430;
X, p. 466; S. Keiuach et Pottier, Myrina, p. 216. — 6 Sapho ap. Athen. IX,
p. 410 E; Anth. Pal. VI, 274, 280. — 7 pers. II, 70; Marquardt-Mau, Privatleb.
d. Rôm. p. 43, n. 12. — 8 PHn. Epist. IV, 2. Voir surtout la nomenclature
de R. Rochette, L. c. ; Marquardt-Mau, Privatleb. p. 367. — 9 De Rossi,
Kraus, L. c. Sur les jouets, voir encore Vopisc. Aurel. 4; Apoll. Rhod. III, 131 ;
Claudia». Rapt. Proserp. III, 162; Paus. Corinth. ; Elid. 20; Plut. Consol. ad
uxor. 2. — 10 Apoll. Rhod. III, 114, 131 ; Callim. Bymn. in Dian. 64; Furtwaengler,
Eros , dans Roscher, Lexikon d. Mythol. t. 1, col. 1365, 22; 1366, 53; 1367, 50;
LUD
« N’en parle à personne, lui dit-il, avant d’ètr
devenu père1*. » La figure 4637 représente, d ;,'
pe toi-
■OOOQOOSO000
Fig. 4637,
PI1E-
mème
peint, un jeune garçon, — apres un vase
qui, un fouet à la main,
un bâton entre les
jambes, se donne l’il¬
lusion d’une course à
cheval u. Dans la figure
4638 on voit un Amour
qu’une jeune femme
semble faire sauter sur
son pied15. Le jeu qui
consiste à monter à ca¬
lifourchon sur le dos
d’un camarade (7tspt-
^â8ï|V, nrjracTt xotOiÇav,
humeris vectari )16 n’était pas le moins populaire V
DRISMOS].
Les soldats (cxpa-rtèka'.). De même qu’ils jouaient aux
gladiateurs, les enfants jouaient aux soldats 11 ; c’est ce
qui explique l’utilité de petites armes, telles qu’un car¬
quois en bois qui a été
trouvé dans un tom¬
beau d’enfant près de
Kertch (Crimée) 18.
Les juges (8ixa<7Tou',
judices). Le jeu du roi
[basilinda] était, dans
les républiques de l’an¬
tiquité, un legs des an¬
ciens âges. Mais les
enfants n’avaient qu’à
assister aux débats
quotidiens de la place
publique pour avoir
l’idée de s’improviser
magistrats. Nous sa¬
vons, en effet, que les petits Romains aimaient à imagi¬
ner des procès dans lesquels ils se distribuaient les
rôles; le plus envié était évidemment celui du juge, qui
s’avançait, vêtu de la prétexte, précédé de licteurs et de
hérauts, pour prendre place sur son tribunal entre les
avocats et les plaideurs. Le condamné se voyait confis¬
quer ses jouets ou était mis en prison. Ce trait de mœurs
nous fait comprendre la précocité de certaines voca-J
tions; le goût des fonctions publiques, de 1 éloquence ■ e 1
de la chicane commençait de bonne heure. Parmi es
personnages connus chez qui il se manifesta dès en
fance, on cite Caton d’Utique et Septime Sévère • es
bien probable que le peuple d’Athènes, pour qui
tophane a écrit les Guêpes , pratiqua ce jeu au moi *1
autant que les Romains. j
Arts divers. — En somme, il n’y a point de im [l( 1
Drexler, Ganymcdes, col. 1399, 62. Catalogue descriptif de cesJ) (J j, . j tfan.
O. Jahn, L. c. p. 243-260. — U O. Jalin, L. C. p. 26» et P1- *’■ . (oir cn &
29, 3; cladiator, fîg. 3584; Ilelbig, Wandgem. Campan. n _ 13 plut. AçeS'
néral les n" 757 à 820 ; Collignon, Mythe de Psyché, Catal. y])!, 8 e,L
25 ; Apophtli. Lacon. 70, p. 213 L ; Aclian. Var. hist. XII, 1® > ‘ jg TisoMbein.
1 ; Ilor. Sat. II, 3, 248. — 14 Mon. d. lstit. arch. 1855, p . ^ p, *60,
Itec. de gravures d’après des vases ant. 1795, III, pl- x*vl" ’ ' __ n Hesyel'-
n. 88. — 10 Hesych. s. v. Imam'; Poil. IX, 119; Hoi. Dp0 • ’ ^ rendus. I®13'
s. v. puaMv&u ; Chrysost. Ad Corinth. I, 1- 19 •'SlÇ'P ^ -,
pl. ni, 8 et p. 54. - 19 Senec. De const. sap. 12; • „ Po||. 1
Spartian. Sept. Sec. 1 ; Ael. Aristid. Apell. Geneth • >
duo. 4.
— 13:19 —
LUD
LU U
,|ir jmité par les enfants; mais, comme le
ne puisse '' ' pjaton,^ dg lout temps on a cherché à
reco,11,nal" ^ijVrcnce leur instinct d’imitation vers ceux
^"''"‘" •'Ünt réellement exercer plus tard. L’ingénio-
(|1‘ ilS P°U!|i(, des Grecs dut se donner libre carrière dans
siléDatU" i ui formaient le premier apprentissage d’un
r-jfUoa d’un artisan (xe/.vo^a^vt*). On a vu comment
alllbU ',véla son goût pour la sculpture. D’autres
LUC'°!‘l Tl architecte; il est déjà question dans l’Iliade
j0UfU'i diras de sable que les enfants élèvent au bord de la
dl>S T ['après Horace, c’était un des passe-temps favoris
T'i’ènfance de construire des cabanes ( aedi/tcare
P s) 3 'et Sénèque a philosophé sur ces « simulacres de
I *?sons simulacra domuum 4 » (Ttatoeta olxoSog^axa)6.
B J es déguisements procuraient encore à 1 imagination
de l’enfant des plaisirs variés et peu coûteux : un petit
manteau (. paMolum ), une petite casaque ( thorax ) de
couleur voyante suffisaient pour faire un heureux 6. La
figure 4639 représente, d’après une peinture d’Hercula-
num \ un Amour qui cherche à effrayer deux de ses
compagnons en se cachant derrière un masque.
IV. jeux de force, de souplesse ou d’adresse. — OuLre
[ceux qui ont fait l’objet d’articles spéciaux ouqui rentrent
dans le domaine de la gymnastique [gymnastica], nous
mentionnerons les suivants :
f ’AxivTjTtvSa. Il s’agissait de rester immobile (àxtvqToç)
sous les poussées d’un ou de plusieurs adversaires8.
1 'EÀxuTTlvoa. Deux adversaires saisissaient chacun le
Pig. 4639. — Jeu d’enfanls.
| oui d une corde et tiraient (l'Xxstv) de toutes leurs force;
I jusqu ace que 1 un des deux eût réussi à entraîner l’autri
i c mire maître de la corde entière 9. On peut rap
proche! de ce jeu un exercice en usage chez les lutteur;
un.i, il-, î<»31 j 10, L’appareil appelé par les Grecs sca
perda en offre une autre variété.
enlr," l / J<7TlV°a’ ^6S j°ueurs) partagés en deux camps
forci' >'*U( 0n avait autant que possible égalisé le;
icamn '■ V u'*la'en*' a s’entraîner mutuellement dans h
i en se saisissant un par un. Les camp:
■ 1 Fiat T
!i7- — 4 Sen r„P 043 ; XI1’ p- 794. 2 Hom. II. XV, 363. - 3.Hor. Sat. Il, :
h'elian. i. 1 7p*. ' Sap' 11 “ 5 plat- Leg. 1, p. 643. — 6 Juv. V, 141 ; Vopis<
P«'i. n°754; cf Koss' f ^ l‘rco^ano' I, p . 181, pl. xxxiv = Helbig, Wandgem. Ccm
'««U. Monum 1 ^ f fis- 01, pl. xxi; Agoslini, Gemm. ant. I, pl.cxvxi
0"' Biliy, n ’ XLT|i, 1 ; Bcci| de Fouquières, p. 18 = Malz-Duln
ctp»Us. V!, U G" ’__n,q2755’ ~ 8 Po11- IX, 115; Galon. De sanit. tu. 11,9
Poen- prol, ù6 . ’T . Eustath. ad Hom.//. XVII, 389, p. 1111-22; Plan
Oorhard, ' y P"dic ' 2 1 Scaligcr ad Varr. II. rust. p. 240. — lû Vo
P ■ 'xxxvii, p. _ ’ «suii. I, p|. vu, p. 31; Zooga, Bassiriliev. ant. I
'“ll- Va r. hist X[| , >01' IX’ 112’ IIcsJ’ch- *• »•; Plat. Theaet. p. 181
II, 9). 1 n ’ J- ~ 12 Ar*stoph. pac. 69; Galen. t. VI, p. 140 k (Z
°nn- DionxJs- XII, 188. - 14 Plin. Hist. nat. XXXV
étaient séparés par une raie (Ypau-gq) tracée sur le sol. La
partie était gagnée quand tous les joueurs d’un camp
avaient été emmenés dans l’autre. On pouvait venir au
secours des prisonniers; car il arrivait quelquefois que l’un
d’eux était tiraillé en sens contraire par les deux partis1'.
Monter à la corde (àvapptyaaôa'StàiTyomciv) 12 et grimper
aux arbres (SevopoëaTsïv) ,3.
Le labyrinthe était moins un jeu qu’une distraction
hygiénique. Pline mentionne les labyrinthes qu’on voyait
de son temps tracés « sur les pavés ou dans des lieux
champêtres pour l’amusement des enfants [puerorum
ludicris campestribus), de telle sorte qu’on y trouvait,
sans sortir d’un espace étroit, de quoi parcourir en se
promenant plusieurs milliers de pas1* ». Des pavements
en mosaïque répondent à cette description A la cam¬
pagne, les allées du labyrinthe étaient sans aucun doute
limitées par des plantes formant des bordures ou des
charmilles comme on en voit encore quelquefois dans
les vieux jardins français, où la tradition a même main¬
tenu l’ancien nom [hortus, labyrinthus].
Marcher sur les mains n’était pas seulement le talent
des acrobates [cernuus], puisqu’on voyait en Grèce des
enfants qui savaient faire la roue (vp oybv puppeTo-Oai) 1 ’.
Pour avoir l’idée de jouer à la lutte (Tt-xX-q) ou à la ba¬
taille (gay/q) les enfants n’avaient qu’à suivre un de leurs
instincts les plus naturels11. Des simulacres de combats
ont même été quelquefois organisés entre grandes per¬
sonnes; dans une joute livrée sous les yeux de Cyrus le
Jeune on se battit à coups de baguettes (vxpOq;) et de
mottes de terre 18. Des pommes servirent de projectiles
dans un divertissement du même genre auquel assista
Alexandre : ce fut une mélomachie "L Les deux fils de
Lollius, ami d’Horace, engageaient l’un contre l’autre,
sur une pièce d’eau de la villa paternelle, des naumachies,
où ils imitaient la bataille d’Actium nacmachia]
Lancer des pierres est un jeu à la portée de tous, que
les gamins, comme nous le voyons par le Noyer d’Ovide,
pratiquaient avec ardeur en dépit des réprimandes21.
Faire tenir un bâton en équilibre sur son doigt. A cet
exercice, qui était peut-être celui du xovxo7ta;'xTq;22,
on a rapporté avec peu d’apparence de raison, une pein¬
ture de vase 23 .
KuvSaXtffgôç. Chaque joueur, muni d’un piquet (xuv-
SaXoç, TrâiïTaXoç), taillé en pointe, devait le lancer devant
lui avec force de manière à l’enfoncer dans la terre préa¬
lablement ameublie et mouillée. Mais ce n’était p;is tout ;
il fallait encore déloger le piquet de l’adversaire en le
frappant à la tète avec le sien ; de là le proverbe : « Au
piquet le piquet », TiaasxXto xbv TtâcaaXov, qui équivaut à
celui-ci : « Un clou chasse l’autre ». Le joueur s’appelait
xuvSaXoTcaixxqç 2’\
Dans les pays du Midi les enfants avaient rarement
l’occasion de faire des glissades (ôXtaôat'vstv). C’est un jeu
85; Becq de Fouquières, p. 74. — 13 Voir mcsivlm opls. — 16 Xen. Convie.
7. — 17 Nonn. Dionys. X, 325; Suel Aug. 98; Agostini, Gemm. ant. II
pl. xxi ; Rossi, Gemm. ant. IV, pl. un; Helbig, Wandgem. Campan. n”* 404-407;
cdpido, fig. 1282. — 18 Xeu. Cyr. II, 3. — 19 Athen. Vil, p. 277 A. — 20 Hor.
Epist. I, 18, 60. — 21 Anthof. Pal. IX, 3; Ov. iVnx ; Diog. Laert. ûiog. 45;
Plut. De sol. anim. 7. — 22 Bckker, Anecd. Il, p. 652, 8; ou l’équilikriste qui
marche sur la corde avec un balancier (xovio;) dans les mains, d’apres Hermann-
Bliimner, Gr. Priv. Alterth. p. 504, n. 2. — 23 Fiorelli, Vasi dip. rinvenuti a
Cumae possed. dal conte di Siracusa, Naples, 1856, pl. xvn, 2 = Hevdemann,
Vatensamml. su Neapel , 1872, p. 847, u® 117. — 24 Poil. IX, 120 ; Hcsych. s. v.
auvSàXr, ; Eustath. ad II. V, 212, 540, 23; I.eutsch-Schneidewiu, Paroemiogr. gr.
II, p. 445 ad n. 52.
LUD
qu ils connaissaient bien dans les contrées plus froides
de la Thraee, là où des rivières telles que l’Hèbre gelaient
quelquefois '.
V. Jeux arec les animaux. — On trouvera dans l’article
bestiae m a nsi’ et a e les renseignements nécessaires sur
les animaux familiers des anciens (voir aussi educatio,
lig. -<>09, -61 1 et sur les diverses bestioles capturées par
les enfants, hannetons, papillons ou autres. On voit sur
des vases peints des enfants (lig. 4640) ou des Amours
prenant des insectes pour
s’en amuser2. Les com¬
bats de coqs et de cailles
[alektryonon agones] ont
passionné les anciens ;
c’était, en réalité, une
forme des jeux de hasard;
les paris auxquels ils don¬
naient lieu expliquent
en grande partie la faveur extraordinaire dont ils jouis¬
saient. Dans ce genre de divertissements cruels nous
mentionnerons seulement celui qu’on appelait ôPtu-
yoxo7r’.a , le propriétaire de la caille (opxuH), après l’avoir
diessée pour les combats, au lieu de l’opposer à une
autre caille, la plaçait seule au centre d’un cercle;
un second joueur, adversaire du premier {o^oxonoç),
irappait 1 oiseau avec 1 index ou bien il lui arrachait des
Plumes sur le sommet de la tète. Si la caille reculait et
sortait du cercle, c'est qu’elle avait été mal dressée, et
son propriétaire avait perdu; sinon il gagnait l’enjeu3.
N I . Farces , facéties, grimaces (sannae), etc. — Quand on
voulait tourner une personne en dérision, on lui tirait la
langue, ou avec les deux mains rapprochées de la tête on
imitait les oreilles de l’âne, ou bien encore on lui faisait
« la cigogne » (< ciconia )*. Ce geste consistait peut-être
à étendre dans sa direction le bras droit allongé comme
le cou de 1 oiseau, pendant que de la main gauche on
se tapait 1 occiput à petits coups; tous les gamins
savent comment il faut s y prendre. Notre approbation
est acquise au grammairien qui affirme que donner à
quelqu un des coups de pied par derrière (pa0a7ruyiÇeiv,
(Txoagp^etv, yoyyûÇetv) est « un jeu malhonnête 5 » ; le
montrer du doigt en faisant la nique (ffxtpxXi'Çetv) ou lui
donner une chiquenaude sur le nez (<Txav0ap:Çetv, tali-
trum ) c ne valent guère mieux. Les polissons de Rome
prenaient aussi un malin plaisir à sceller un sou au pavé
des rueg, et ensuite, demeurant aux aguets, ils s’amu¬
saient de la déconvenue des passants qui se baissaient
pour le ramasser '. Ou bien encore ils leur suspendaient
dans le dos, à leur insu, un objet quelconque, formant
une queue ( cauda ), qui les rendait ridicules 8.
4 II. Rondes, jeux de sociétés , etc. — KuvqTtvoa, le jeu
du baiser. Il était en usage à Athènes au ve siècle et nous
devons admettre qu’à un certain moment les joueurs se
donnaient un baiser (x’jvêîv)9. Mais pour le reste quelle
en était la règle? Était-ce une ronde? On l’a supposé
1 AnthoL. Pal. VII, 542. — 2 Heydemann, Grieeh. Vasenb., Bilfstafel,
9; Jb. pl. x, 3, xii, 1 ; Arch. Zeit. 1867, p. 126. — 3 Poil. IX, 107; Schol.
Arisloph. Ai . 1297, [299; Suid. s. v. ; Albeu. XI, p. 506; Becker-Gocll, Charikles,
I. p. 135; Stephani, C. rendus, 1865, p. 155, noie 10. — 4 Pcrs. I. 158 el
Schol. ad h. I. • Mauus ciconiae roslrum imitans ». — 6 Arisloph. Equit. 790 et
Schol. ad h. I.; Coll. IX, 126; Eust. ad 11. XI, 535 (861, H), ad Odyss. XVII,
_-13 (ISIS, 50}, Hesych. s. v.: Suid. oxofxÇptVai « raiStàç ù.ai\ yojç tiSo; »; Gras-
berger. p. 33. - 6 Arisloph. Pac. 549; Schol. ad h. 1. et ad Aeharn. 444; Poli.
X, 126; Hesych. s. v.; Eustath. p. 861, 10; Suet. Tib. 68. — 7 Hor. Epist.
1360
LUI)
sans raisons bien plausibles. Dans un de
dernes, deux personnes placées face à IV ’ n>o-
alternativement et à toute vitesse leurs L‘nlrecll0quent
leurs mains gauches. Ce serait 1.5 ' . ains droi
gauches. Ce serait là, suivant
01 les et
nion, la xuvviTi'vSa ; le baiser aurait été u'" 4"1’ 6 0p^
gnant10. On ajoute même qu’il fallait s’emhT* ga
marmite » (yVpa), c’est-à-dire en tenant la tèteTi*0"
versaire par les deux oreilles comme par don ad'
Mais ces rapprochements sont purement hvn ,11' .(anses"'
çe qui ne t'est pas, c'est q./le j“u d "Cl""
beaucoup des nôtres, n’était « innocent » qu a h
d’être joué par des enfants 13. ' édition
Les gestes commandés (x£Xedag«TK). Dans les festins!
personne qu on avait choisie pour y présider et &
appelait le roi [comissatio] avait le droit de faire exeVi!”
ses ordres par les autres convives. Au nombre des inven
tions plaisantes qui se rattachent à cette coutume il fJ
citer le jeu des gestes commandés. On raconte’ qu’un
jour cette souveraineté éphémère étant échue à la célèbre
Phryné, elle trempa un linge dans une coupe d’eau el
s en frotta le visage ; toutes les femmes présentes durent
en faire autant; comme elles étaient peintes, leur fard
tomba et avec le fard une grande partie de leur charme.
Phryné, qui n’avait pas recours à ces artifices de toilette,
resta belle de sa seule beauté u. Il est fort probable que
le jeu, sous sa forme essentielle, était commun; car 011
le pratique encore aujourd’hui ls.
XeXty eXwv7), jeu de la tortue. Des jeunes filles cou¬
raient en rond autour d’une de leurs compagnes assise
et figurant la tortue (yeXcov-q). Alors s’engageait ce dia¬
logue en vers iambiques : « Torti-tortue (yeXtyyXüWïi),
que fais-tu là au milieu? — Je dévide la laine et le fil de
Milet. — Mais ton fils, comment a-t-il péri? — Du haut
des chevaux blancs il a sauté dans la mer16. » 11 est pro¬
bable que sur ces derniers mots la « tortue » sautait aussi
hors de sa place et s’élancait à la poursuite de la bande
joyeuse. Les vers, qui n’ont pas plus de suite que ceux
de nos rondes enfantines, peuvent avoir été inspirés par
quelque mythe très ancien11.
"Eljey ’, ch <p 1 X ’ 7) X 1 e , parais , 6 cher Soleil ! En hiver,
quand des nuages voilaient le soleil, les enfants lui adres¬
saient cette prière accompagnée d’un grand tapage; le
plaisir devait consister dans l'attente de l’elfet quelle
était censée produire ; elle pouvait facilement donner
lieu, par exemple, à des paris el devenir un jeu de ha ,
sard18. Au même ordre de coutumes se rattache la chanson
par laquelle on célébrait au printemps 1 app-'i i | i°n e
l’hirondelle [chelidonistat] 19. L’eiresionè comportait aussi
des chants et parfois une quête, auxquels 1 enfante 1 a^
associée. Le xopoSvinpoc au contraire, ou chan,- . ^
corneille, était chanté par des hommes; ils si n "
de maison en maison, portant sans doute a\<< 1 1 ^ ”
corneille et demandant des sous ou des (l11' ‘ iirS
nature; en échange ils appelaient sur leuts I"
toutes les bénédictions du ciel 20.
ail
K s 53 ; Porphyr- a»
I, 16, 63 ; Pers. V, 1 1 1 et Cornut. ad h. I. — s Hor. Sut. ’ ’ _ jj p0u. X, 100 >
h. I. — 9 Crat. ap. Poil. IX, 114. — 1» Becq de Fouquièrcs, p- ' rat. G
Theocr. V, 132 et XII, 28 ; Schol. ad A. I. ; Tibull. H, 5 ; «
Lucian. Dial. mer. 3. — *2 Grasberger, p. 136
_ 13 Crates, L. c.
H Hesych-
tcuoioui -i-T («.(/. hic/ . «x» - _ p — i I i nnrn (je lCU " "
v.- Galen. t. I, p. 25 Kuhn ( Adhortatio , 10). — C' ■S°IIS 11 __ 17 Grast“'lf>e,'
— 16 Poil. IX, 125; Eustath. ad Hom. Od. XXI, 411, P- ‘ , jolumcnt clunlér“|U81
p. 133. Les inductions de Beet[ de Fouquières, p. ,f0, so __ 19 Thcog»- * I
— 18 Poil. IX, 123 ; Suid. s. v. ; Eustath. ad 11- XI, 733 (p- ’ . . u-.«idi. s-*'
d’Ali-P'
acha.
Athen VIII, 360 B ; Aristopli. Equit. 419.
_ 20 Athen. VIII, P- c
Hesych.
LUD — 1361
(X Total, cpiTTa MeXtat, pst '
cpiT TOC 1 Y ’ / .
Roèie», pst! Méliéest Les jeunes filles,
^ s’excitaienl les unes les autres à accé-
dans leurs en poussant cette exclamation bizarre ;
poussan
sont, paraît-i
1, des noms de nym“
Lrer'eurco»^
les r,rSce que’ l’on en peut dire; les gram-
P,lW ' ’ ces • ns nui les ont recueillis n’en savaient pas
mairiens ancien» i
Ie“edam lccreux [de
«mines pas mieux renseignés sur ce jeu que sur
i!Trrc*nl. Il devait J avoir un moment où l'un dos
- tendait le creux de la main en invitant les
j0UeUI\ v mettre de l’argent ou un prix convenu. De
un dicton qu’on appliquait aux per¬
sonnes cupic
Fig. 4641.— Faune sau-
l tant à la corde.
autres
In s’était formé ,
ides et trop portées à mendier des cadeaux
ou des faveurs2.
’E^à-fco ^wXbv Tfâyiffxov, je chasse
un petit bouc boiteux. On suppose que
le petit bouc était un enfant, qui devait
courir à cloche-pied après ses cama¬
rades pour les attraper; celui qu’il
touchait le remplaçait. Si le bouc
posait le second pied à terre, on avait
le droit de le poursuivre à son tour
jusqu’à ce qu’il eût repris sa place. Mais
cette explication ne repose sur aucun
témoignage antique. Le jeu était parti¬
culier à Tarente3.
’EgiroSfÇeiv ’ta/âSaç. D’après les
scoliastes, qui hésitaient déjà beau¬
coup, il fallait lancer des figues
(w/mïç) en l’air et les rattraper dans sa bouche. Ce
qui n’est pas clair, c’est le sens donné au verbe. La
grande variété des expli¬
cations proposées par les
grammairiens anciens
prouve qu’ils ne l’enten¬
daient pas mieux que
nous 4.
Enfin nous en sommes
réduits à des conjectures
encore plus incertaines
pour les jeux appelés
ywvoç (l’angle) 6, s7taiTiv8a
(la quête?)6, Xrjxîv Sa (cla¬
quement des doigts ?)\
çiatvBa (danse de l’épée ?) \
go'i)'tvBa(lejeuduveau?)9
yth Jeux dont les noms anciens sont inconnus.
<Jl1 a cru voir le saut-cle-mouton représenté sur
p. K:;1”,011.; ,IX’ 117 \EusU ad °<ty**- XXIV, 340, p. 4903, 33 ; ad il. XI, 438,
t. f _ , Arisloph. Equ. 4082 ; cf. Thesmoph. 936; Hesycli. Pharorin.
Hesycli 1 cl», s. v. — 4 Arisloph. Equ.it. 735 et Schol. ad II. I .;
Hesycli 5 ,, ^rasberger, p. 154, 453. — 3 Jeu de force ou de souplesse,
Bekkar 1 i c'lcva' f°u|lu, d'après Grasberger, p. 453. — 0 Tlieognost. ap,
Hesycli s t ■ 'n **’ — 1 Gucian. Lexipli. 8; Bekker, L. c. p. 562, 48; cf.
■7, p. 1P9 • p Bekker, Z. c. p. 1353 ; cf. p. 432 ài.o!;ioi(Tao6ai ; Athcn. XIV,
Bccii de ?c s’ l’’ ûyiîttv. — 9 Cf. taurinda; Hesycli. s. v., Meursius, L. c. cl
îles sources s SUIV-’ donnent encore d’autres noms, mais d’après
Vincclle ftr 10 ^enon, Mon. des arts du dessin, pl. xxxw ; Grivaud de
*• Agonistik !■>' /i"n'nm' nnti1ues’ H, pl. XXIII, fig. 1-2, p. 208 ; Krause, Gxjmn.
Ktyet, ÉtudeJ'fi' C , pl’ lx b' xxv /l> P- 910 : Clara’, Musée , pl. 712, n» 1966 ;
240. — 11 P- 373 ; S. Reinach, Bronzes de St-Germain , p. 246,
c« llerie d. uj"' , 0 do N»P>es, Areh. Zeit. XXV, 186', p. 423. — 12 Levezow,
Vniilrf.’ p 871 (= Furtwaengler, n» 2549) ; Benndorf, Griech. u. Sicil.
^ ^ langue fr 13 Ee^ze> Jeux des adolescents, p. 140; Littré, Diction.
' Emi grette) Le Bas, lier. archéolASiS, IV, pl. lxxv. —
LUD
quelques monuments ; mais aucun texte n en fait men¬
tion [SALTUS].
Une statuette en bronze (fig. 4641) représente sous les
traits d’un jeune faune le saut à la
corde ; la corde a été restaurée
11 est difficile de ne pas reconnaître
le cerf-volant dans la figure 4642".
L’enfant représenté sur la figure
4643 d’après une coupe du Musée de
Berlin 12 s’amuse avec un objet de
forme circulaire suspendu au bouL
d’une ficelle ; on reconnaît là un cer¬
tain jouet un peu passé de mode au¬
jourd’hui, qui fut en grande faveur
après la Révolution ; il est connu sous
le nom d 'émigrant, émigré ou émi-
grette , qu’on lui donna à cette époque. Il se compose de
deux petits disques réunis au centre par un court
cylindre; sur ce cylindre on
fixe l’extrémité d’une ficelle
qu’on enroule tout autour;
puis on prend l’autre extré¬
mité entre les doigts et on
laisse tomber l’objet. Quand Fig. 4644.
la ficelle est entièrement dé¬
roulée, l'émigrant remonte aussitôt en vertu de la force
acquise et revient au point d’où il est parti,
enroulant la ficelle sur le cylindre. 11 des¬
cend une seconde fois, remonte encore « et
il continuerait incessamment ce manège, si
une partie de l’impulsion qu’il a d’abord
reçue n’était à chaque instant détruite par le
frottement de la ficelle et par la résistance de
l’air; aussi le joueur est-il obligé de seconder
le mouveiuent du jouet par le mouvement de
la main, qui en s’abaissant et en s’élevant
tour à tour lui communique une force nou¬
velle 13 ». On a découvert à Athènes de petits
objets en terre cuite qui semblent avoir
été faits précisément pour cet usage ; ils
mesurent environ 0m,12 de diamètre ; des sujets my¬
thologiques sont\peints sur les deux faces. L un d eux u
est reproduit (fig. 4644) et le profil d'un autre (fig.
I
Fig. 4645,
IX. Jeux inconnus. — A cette liste il y a lieu d’ajouter
les jeux dont l’existence nous est révélée par les monu¬
ments, et dont nous ne pouvons déterminer ni le nom,
ni la règle ; c’est le cas, par exemple, pour celui de la
figure 4646 1G. Les joueurs sont partagés en deux camps,
chacun attaquant ou défendant des sortes de quilles
H Musée d’Athènes; Ross, Arch. Zeit. 4843, p. 62; Le Bas, lier. arch. 1848, IV'
pl lxxxiv-lxxxv ; 1854, X, p. 753; Preller, Berichte d. Saechs. Gescllsch. d.
Wissensch. 1852, pl. v-vi ; Benndorf, L. c. pl. xxxu, 4. — 1» Tsouutas, Eyr.^to',;
•A97.a10-Aoy.x-4, 1885. p. 148, pl. v, 4. — 16 Sarcophage du Vaticau. Gerhard, Ant.
Bildw. pl. xc, 2; Platner et Bunsen, Beschreib. d. Stadt ftom , 1832, II, p. 441,
n. 52. Voir aussi lusobia tabula. — Bibliographie. Bulenger, De ludis Graecorum,
1627, dans le Thésaurus antiqu. de Gronovius, t. Vil, 1735, p. 934; Meursius,
4622, Ibid. p. 982; Souter, 1625, Ibid. p. 1038; Senflleben, 1667, Ibid. p. 1187;
CalcagninO, 4544, Ibid. p. 4229; K, -H. Papasliotis, Aôyo; mgi tw. naç.7 toTç àoyaim;
"F.XXt.oi xatSeiSv, Athènes, 1854; L. Grasbergcr, Erziehung u. Unterriclit
im Iclass. Altertli. 1, Abth. 1, Die Knabenspiete, 1864; Becq de Fouquièrcs, Les
Jeux des anciens 2, 1873; Beckcr-Goell, Cliarikles , 1878, IL p. 362; Gallus ,
1882, 111, p. 455 ; Herraann-Blümner, Lehrb. d. griech. Privataltertli. 3, 1882,
p. 291; Marquardt-Mau, Privatleben d. Borner, p. 834; Richtcr, Die Spiele d.
Gr. u. Bôm. Leipzig, 1888; Frankel, Die schônsten Lustspiele der Gr. u. II. Halle,
4888; Edw. Falkcner, Games ancient and oriental and liow to play them, London,
1829.
u\J
posées à terre. Ils tiennent à la main, à ce qu’il sem-
l»li', une courte crosse renflée du bout, ou peut-être
un objet souple, en étoffe ou en cuir. G. Lapai e.
Ll W PI HLICI ’Aywvs;). — Les concours et les jeux
de toute espèce ont tenu une très grande place dans
la Aie des anciens, à toutes les époques de leur his¬
toire, depuis les temps homériques jusqu’à la décadence
byzantine. La plupart des questions qui se rapportent soit
à la nature des concours, soit à l’organisation des jeux,
olant traitées dans des articles qui concernent chacun
d eux, nous nous contenterons ici d’exposer le dévelop¬
pement historique des jeux, de montrer quel en a été le
caractère prédominant aux diverses périodes de l’anti¬
quité. quels en ont été l’influence et le rôle dans la vie
publique et privée des anciens.
1. Grèce. — 1° Époque homérique. — Les plus anciens
ji ux giecs que nous connaissions avec quelque détail
sont les jeux funèbres que, dans l’Iliade, Achille fait
célébrer, après les funérailles de Patrocle *. Ces jeux ne
sont placés sous l’invocation d’aucune divinité; leur
caractère est nettement, exclusivement funéraire ; ils ne
sc rattachent au culte que dans la mesure où les funé¬
railles elles-mêmes s’v rattachent. Ils ne sont précédés ni
suivis d'aucune cérémonie religieuse; Achille seul les
oiganise et les préside sans le concours d’aucun prêtre ;
nul sanctuaire, nul autel n'est mentionné près du lieu où
lisse célèbrent. Ces jeux sont exclusivement physiques ;
ils se succèdent dans l’ordre suivant : course en chars
attelés de deux chevaux, combat du ceste, lutte, course
à pied, combat en armes, jet du disque, tir de l’arc, jet
du javelot. Les concurrents sont les héros de l’épopée
homérique, les chefs les plus illustres des Grecs. C’est
sur leurs chars de guerre qu’ils disputent le prix de la
course ; c’est avec leurs armes, leur arc, leurs javelots
qu'ils luttent entre eux. Ce ne sont point des athlètes;
ils ne se sont point préparés d’avance à ces jeux. Un
double sentiment les anime : la passion de la gloire
et le désir de remporter les prix qu’Achille propose aux
vainqueurs. Ces prix sont honorifiques, sans doute ;
mais ils ont aussi une grande valeur : ce sont de belles
esclaves, des coursiers et des cavales, des taureaux, des
armes, des vases précieux, des coupes artistement travail¬
lées, des trépieds, de l’or, du fer. Les autres jeux attribués
par les auteurs anciens à cette époque lointaine et légen¬
daire sont tous des jeux funèbres : tels sont les jeux
qu Acastos, le Thessalien, compagnon de Jason, célèbre
enl honneur de son pèrePélias 2 ; les combats gymniques
fondés, suivant Philochore, par le roi de Crète, Minos, en
1 honneur de son fils Androgée, tué par les habitants
de 1 Attique ' ; tels, les jeux cités dans l’Iliade, jeux
LÜDI PUBLICI. 1 II. XXIII, 257 et s<(. _ 2 Plut. Sympos. V, 2; Paus. III, 18, § 9.
— 3 Plut. Thés. XVI. — 4 II. XXIII, 630 et 680. — 5 paus. V, t, § 6: VIII, 4,
3. 8 f ind. Olymp. 1\ , Schol. ad v. 32 et sq. — 1 Krause, Vie Gymnastik und
d(>2 —
LUD
funèbres en 1 honneur d’Amaryncéc, ,eUv
des funérailles d’Œdipe * ; tels encore les i, brés lo«
lieu après la mort d’Azan, fils d’Arcas G i (,l“ Cn“'enl
des Arcadiens 3, et les jeux institués à Lemnol'
de Thoas, roi légendaire de l’île, par ,sa fin * ,? mémoi^
Les grands jeux nationaux de la Grèce ni PSi?y1^
Pythiques, Isthmiques et Néméens, passaient yinp"l"e's’
été à l’origine des jeux funéraires1.
Dans l’Odyssée, qui nous montre une soriétn 1
lisée que celle de l’Iliade, les jeux ont une I)hvP "" Clvi'
un peu différente. Ils font partie de la fête que 1 ITT
Phéaciens donne en l’honneur de son hôte ! ■ :i î®8
brentsur la place publiquede lacité (àvopaU Miisn! ,
que les jeux funèbres de Patrocle, ils ne sont àS
avec une cérémonie religieuse. Ils suivent le festin oITp Ï
par Alcinoüs à Ulysse ; lorsqu’ils ont pris fin, les dt
herus rentrent au palais, où les servantes préparent non,
Ulysse un bam hede et parfumé. Les luttes é„„mS
par le poète sont la course à pied, la lutte, le saut le
jet du disque, le ceste. Les jeunes gens des plus nobles
familles se mesurent entre eux; « pour eux, dit Laoda
mas, fils cl’ Alcinoüs, il n’est pas de plus grande gloire
que de vaincre à la course ou de triompher à ln lutte l0»
Ils s’y exercent; ce sont déjà des athlètes; du moins Eu-
ryale reproche à Ulysse de ne pas en être un". Après les
jeux physiques, l’aède Démodocos chante les aventures
d’Arès et d’Aphrodite; puis dans l’arène même ont lieu
des danses; mais il ne semble pas que ces chants ni ces
danses soient des jeux, des concours au sens précis
du mot; on ne voit point de rivaux luttant ensemble;
aucun vainqueur n’est désigné. Ces jeux sont présidés
par neuf citoyens, que le peuple a choisis1’. Il n’est pas
fait mention des prix qui sont accordés aux vain¬
queurs.
Ainsi, à l’époque homérique, les jeux se présentent à
nous d’abord sous la forme de jeux funèbres, puis
avec le caractère de réjouissances publiques; nulle part
nous ne voyons qu’ils se rattachent à un culte ou à un
sanctuaire particulier ; nulle part non plus il n’est dit
qu’ils soient célébrés périodiquement. Bien au contraire,
nous n'y assistons que dans des circonstances exception¬
nelles : funérailles d’un chef, réception d’un hôte par le
roi des Phéaciens. Les concurrents, qui se disputent la
victoire dans les divers jeux, appartiennent aux plus
nobles familles. Les concours sont surtout physiques ,
cependant les chants des aèdes et les danses commencent
peut-être à y jouer un rôle. Plus tard, on raconta que les
concours de poésie étaient aussi anciens que les juin
eux-mêmes ; selon Plutarque, Acastos le Thessalien nui ai -
déjà proposé un prix de poésie lors des jeux funei,i • ^Iul
accompagnèrent les funérailles de son père F- lllS
L’Iliade ni l’Odyssée ne nous montrent rien ch ,u^
De même, si dès cette époque les grands jeux O111 11
niques d’Olympie, de Delphes, de Némée et ch ^ ^
avaient existé, il est vraisemblable que des . ^
seraient faites dans l’Iliade et l’Odyssée, dont h s *
connaissaient fort bien la Grèce méridional!
a / /’ .4 1 ■ ■ -
des
IcUC* .
■:à la mort d' Alexandre *
vasion
2° Période historique, jusqu
Grand. — La période qui commence avec 1 l,n' ^ ]nort
Doriens dans le Péloponèse et qui Fini!
_9Orf.VItI.10Ȕ
AgonUtik der Hellenen, 1, p. 9, noie 3 .—%Od. VIII, I'1' G ^ , ^tîîe1
US.» »ï|uv I, 4Tofî|»... — 10 Ibid. v. 147-148.- » Od. VIH,
— 1 3 Ibid. v. 258. — 13 Plut. Sympos. V, 2.
1363 —
LUI)
LUI)
le Grand, est, dans l’histoire des jeux comme
^Alexandri' ' J ^ mon(je hellénique, la plus
di,ns plus caractéristique. Les jeux atteignent
briUante e ^'^gjoppement; ils occupent dans la vie
ators leur U , t Jang la yie nationale une place considé-
llU1"iCiPl Acquièrent et ils gardent longtemps une phy-
Fle ; , ‘ut empreinte de grandeur et de dignité ; pour
fionon ,,e ct pour la Grèce entière, ce sont de véritables
<h>que. ceux qui y prennent part, qui concourent à
solenm ' Aer l’éclat, sont partout acclamés ou vénérés. Il
enI'erpas ainsi à l’époque homérique; plus tard,
Jimi la période hellénistique, ces caractères s’effa-
^Les Grecs attribuaient à la plupart de leurs jeux une
nrieine très ancienne et mythologique : le fondateur des
Lx Olympiques était Héraclès; les jeux Isthmiques
avaient été institués par Poséidon, d’après les uns, par
Thésée, en l’honneur de Poséidon, d’après les autres;
Héraclès jouait encore un rôle important dans les ori¬
gines des jeux Néméens ; les Panathénées, antérieures à
Thésée, furent réorganisées par lui, si Ion en croit les
légendes athéhiennes [olympia, pythia, isthmia, nemea,
pakatuenaea]. En réalité, nous ne connaissons ni la date,
même approximative, à laquelle furent fondés ces jeux,
ni les circonstances de leur iondation. D autres jeux
furent créés à l’époque historique : par exemple, les
jeux que les Ghersonésiens instituèrent, en mémoire de
Miltiade, fondateur de leur ville1 ; les jeux des Éleu-
théries de Platées [eleutheria], et ceux que les habitants
d’Amphipolis établirent en l’honneur de Brasidas, après
j sa mort2. Quelle que fût d’ailleurs leur origine, qu ils
fussent très anciens ou de création récente, lesjeux étaient
très nombreux et très fréquents dans le monde grec,
non seulement dans la Grèce propre et les îles de la
mer Égée, mais même en Sicile3 et jusqu’à Chypre4.
Le caractère essentiel de tous ces jeux était d’être en
relations très étroites avec la religion et le culte. C’était
toujours en l’honneur d’une divinité ou d’un mort
héroïsé qu’ils étaient célébrés ; ils étaient toujours pré¬
cédés, suivis, accompagnés d’une procession solennelle
onde sacrifices. Les jeux Olympiques se donnaient en
1 honneur de Zeus Olympien : ils ne formaient qu’une
partie de la fête, les pratiques religieuses constituant
1 autre. Les jeux Pythiques se célébraient d’abord sous
h direction des prêtres d’Apollon Delphien ; ils furent
; Cujours consacrés au dieu. Lesjeux Néméens étaient un
hommage rendu à Zeus, les Isthmiques à Poséidon. Ce
|n étaient pas seulement les grands jeux panhelléniques
I qui avaient cette physionomie ; il en était de même pour
(> i‘ ux Pr°pres à chaque ville. La plupart d’entre eux
ipoilaient des noms, dérivés de noms de divinités ou de
I L r°SUl' tiques '•Panathenaea,Dionysia(Ethènes,Ëlide,
I n'e’ U^hos, Naxos,Chios, Tenedos), Iieraea (Élide,
I gra°S J^^ne’ Samos), Hermaea (Phéneus, Pellène, Tana-
(Épidaure, Céos), Heraclea (Thèbes,
°U Pythdea (Trézène, Sicyone, Mégare),
die iA A ‘^raarynthos d’Eubée, Ephèse), Lycaea (Arca-
l0n j)j(| 1,1 ^eus Lycaios), Didymea (Milet, culte d’Apol-
naeos ^amefa (Laconie, culte d’Apollon Kar-
Ithorrurt-, l^">uaea (Messénie, en l’honneur de Zeus
‘'N' Hyakinthia (Amyclées), Amphiaraea (Oro-
1 Ui'rod. V| 3s __
S- I. ^ r, ||p, llucy<'. v, H. — 3 Pind. Wj/mp.XIII.v. 111-112. — <• Isocr.
VI, 3g. _ 6 Tliucyd. V, 11. — 7 Olymp. Vil, v. 78-81.
pos), Trophonia (Lébadée), Alcathoea (Mégare, en 1 hon¬
neur du héros Alcathoüs), Aiakeia (Egine, en l’honneur
d’Éaque), etc. D’autres jeux étaient désignés par un
adjectif tiré du nom de la ville ou du lieu où ils étaient
célébrés ; néanmoins, il ne saurait y avoir de doute sur
leur véritable caractère : les jeux des Eleusinia, ceux
des Délia , les Actia sous leur forme la plus ancienne,
étaient des cérémonies religieuses, ou faisaient partie
intégrante de telles cérémonies. Lors même que les jeux
étaient institués en mémoire d’unmortel, d'un personnage
historique, tel que Miltiade, fils deCypsélos, le fondateur
de la colonie athénienne de la Chersonèse de Tlirace,
ou encore Brasidas, que les Amphipolitains voulurent
honorer comme le fondateur de leur ville, leur caractère re¬
ligieux subsistait : avec eux sont toujours cités des sacri¬
fices. « Après la mort de Miltiade, dit Hérodote, les Cherso-
nésiens lui sacrifièrent, comme c’est l'usage à l’égard d un
fondateur; ils instituèrent des jeux gymniques et éques¬
tres6. » — « Les Amphipolitains, écrit Thucydide, entou-
rèrentd’une enceinte le tombeau de Brasidas; ils lui immo¬
lèrent des victimes comme à un héros, et établirent en son
honneur des jeux et des sacrifices annuels6. » La même
idée est explicitement affirmée par Pindare, dans la
VIIe Olympique : « Là Tlépolème, prince des Tirynthiens •
(le fondateur légendaire des colonies grecques de Rhodes),
trouve une douce consolation à sa déplorable infortune
dans les honneurs qu’on lui rend comme à un dieu. C est
en son honneur que la graisse des troupeaux brûle sur
l’autel et que l’on célèbre ces jeux où deux fois Diagoras
a couronné son front des fleurs de la victoire1. » Ainsi les
jeux étaient célébrés en l'honneur soit de divinités ou
de héros, soit de mortels héroïsés8. Ce fut seulement
au début du iv° siècle que les Grecs, par flatterie, son¬
gèrent à rendre le même honneur à de grands person¬
nages vivants : ainsi, selon Plutarque, les Samiens, après
la victoire remportée par Lysandre à Aegos-Potamos,
donnèrent à leur fête nationale des Iieraea, qui compor¬
tait de grands jeux, le nom de Lysandria 9. Mais cette
pratique, qui fut si répandue pendant les périodes hellé¬
nistique et romaine, était alors inouïe ; d’ailleurs, dans le
même passage, Plutarque rapporte, d’après Duris de
Samos, que Lysandre fut le premier à qui les villes
grecques dressèrent des autels et offrirent des sacrifices
comme à un dieu 10. Sous quelque forme et dans quelques
circonstances que nous les rencontrions, les jeux nous
apparaissent à cette époque comme revêtus d'un caractère
religieux; ce sont des cérémonies du culte, dont le rôle
est tantôt essentiel comme à Olympie, à Delphes, à
Némée, tantôt secondaire et accessoire, comme à Eleusis.
De ce caractère en découlent forcément d'autres.
Puisque les jeux accompagnaient des fêtes célébrées en
l’honneur de divinités ou de héros, ils étaient publics au
même titre que ces fêtes elles-mêmes; comme elles aussi,
ils revenaient d’habitude à dates fixes ; normalement et
sauf exception, ils étaient périodiques. A l’époque histo¬
rique, il n’est fait jamais mention d'àyüjvs;; privés, célé¬
brés soit à l’occasion d’un culte domestique, soit en
l’honneur d’un mort ; il nous paraîtrait exagéré, même
inexact, de considérer comme des jeux privés les luttes
et les courses proposées par Clisthène, tyran de Sicyone,
à tous les prétendants qui recherchaient la main de sa
— 8 Cf. epitaphia, où sont cités la plupart des fêtes et (lesjeux funèbres de la Grèce,
en particulier les Epitaphia d’Athènes. — 9 Plut. Lysand. § 18. — 10 Ibid.
LUD
— 1364 —
LUD
fillo Agaristfe1, ou encore les jeux gymniques que le géné
ral athénien Démosthène donna sous les murs d’Épi-
daure, pour attirer hors de la place les troupes ennemies
qui y tenaient garnison 2. Attribuera-t-on d’autre part
le caractère de jeux privés aux concours de toute sorte
que Nicoclès fils d’Évagoras, faisait célébrer auprès du
tombeau de son père avec la magnificence et la pompe
qu Isocrate a louées3? Parmi les associations, corpora¬
tions et confréries que la Grèce connut alors, nous n'en
voyons aucune qui donnât des jeux ; en ce qui concerne
les diverses catégories ou divisions, soit génétiques,
soit politiques ou administratives qui existaient dans
les cités du monde hellénique, comme les phratries, les
tribus, les dèmes, seuls les dèmes attiques semblent
avoir célébré des jeux*; mais c’était là un souvenir
des temps lointains où chaque dème formait une cité
indépendante, et à l’époque historique, la plupart de
ces jeux, Dionysies du Pirée, Brauronies, Héraclées de
Marathon, étaient devenus des jeux officiels de l’État
athénien [dioxysia, braüronia, heraclea].
En réalité, les jeux grecs étaient tous, on peut le dire,
des jeux publics. Les uns étaient particuliers aune ville;
d autres étaient célébrés par une fédération ou amphic¬
tyonie; d’autres enfin, communs à tout le monde grec,
étaient nationaux ou panhelléniques. Dans chaque ciLé
grecque il y avait une divinité et un sanctuaire qui étaient
l'objet d'une grande vénération ; en l’honneur de cette
divinité, autour de ce sanctuaire étaient donnés des
jeux qui attiraient souvent beaucoup d’étrangers : tels
étaient les Panathenaia à Athènes, les Ileraea à Argos, les
Asclepiaea à Êpidaure, les Karneia à Sparte, les lleraclea
à Thèbes, les Artemisia à Éphèse, les Dionysia à Naxos,
les Didymea à Milet, etc. Parmi les jeux de caractère
fédéral ou amphictyonique, les plus fameux à l’époque
historique étaient les jeux qui accompagnaient les Délia
de Délos, fête amphictyonique à laquelle prenaient part
surtout les cités ioniennes de la mer Égée [délia] et les
jeux des Ephesia en l’honneur d’Artémis [ephesia] ;
d’autres jeux étaient célébrés en l'honneur d’Apollon
Triopien par les cinq villes doriennes de Lindos, Ialysos,
Camiros, Cos et Cnide 5 : citons encore les jeux des
Amarynthia ou Amarysia, qui se donnaient sur le terri¬
toire de la petite ville eubéenne d’Amarynthos, près du
sanctuaire d'Artémis, et qui étaient des jeux communs à
plusieurs cités d'Eubée ou des îles, Chalcis, Érétrie,
Carystos, Céos, Andros, Téos, etc. [amarynthia] ; les
jeux qui accompagnaient les fêtes de Poséidon à Oncheste,
ville béotienne qui était le centre de l'amphictyonie
peut-être la plus ancienne que nous connaissions 6 ; les
Pamboeotia de Coronée, où il y avait certainement des
jeux équestres 1. Il est probable, mais non prouvé par
des documents formels, que des jeux faisaient également
partie des fêtes amphictyoniques ou fédérales de Calaurie
en Argolide 8, de Samicum en Élide9, ainsi que des
Panionies de Mycale10. Enfin, le caractère national ou
panhellénique était réservé à quatre jeux seulement : les
Olympiques, les Pythiques, les Néméens, les Isthmiques
[OLYMPIA, PYTHIA, NEMEA, ISTIIMIA].
Tous ces jeux, même ceux qui avaient le caractère de
jeux funèbres, comme 1 ’ETuxd^toç àytùv d’Athènes, se célé-
1 Herod. VI, 13G. — 2 Tliucyd. V, 80. — 3 Isocr Evag. 1. — - Hans-
soullier, La vie municipale en A ttique. p. 109. — S Herod. I, 141. — 6 lliad.
I, 500; ffymn. in Apoll. Pyth. v. 53 (231) ; Strab. IX, 2, § 33. — Corp. inscr.
braient régulièrement à date fixe. Les uns étaient
d’autres ne revenaient que tous les deux p. anDUels:!
ans. Parmi les jeux annuels, nous citèron^ "U C*Ualre
accompagnaient les grandes Dionysies r “X qui
urbaines d’Athènes, les Éleusinies, les o J;"
lonies de Délos, les Ephesia en l’honneur"!!'! Ap01'
éphésienne, les Ilellotia de Corinthe, les //m', , 'ais
mos, les Heraclea de Thèbes, les Hermaea '
de Délos, de Sestos, les Gynmopédies, les HuakiJh^'
les Karneia de Laconie, enfin YEpitaphios aynn d m f
nés ; d’autres jeux étaient annuels, mais prenaient J
temps en temps un éclat particulier, par exemple ceux 1
Panathénées et ceux des Délia institués parles Uhén J
à Délos en 426. Ces jeux étaient célébrés tous les quatre
ans avec plus d’ampleur et de pompe. Les jeux Isth,ni.
ques [isthmia] et les jeux dédiés à Apollon Actios
actia
ne revenaient que tous les deux ans ; les jeux Néméens
se donnaient deux fois en quatre ans ; les jeux Olym¬
piques, les jeux Pythiques, les jeux des Ëleuthéries de
Platées, des Ileraea d’Argos, des Ileraea d’Éiide, des
Asklepiaea étaient quinquennaux, c’est-à-dire
suivant le comput antique, étaient célébrés chaque cin¬
quième année ou tous les quatre ans; enfin, il est vrai]
semblable que les jeux en l’honneur du Zeus Lycaios
d’Arcadie avaient lieu tous les neuf ans11. Les Grecs
réservaient le nom de jeux périodiques, c’est-à-dire déter¬
minant une période chronologique, aux quatre grands
jeux nationaux: ils appelèrent olympiade l’intervalle de
quatre années qui séparait deux fêtes olympiques suc¬
cessives ; pythiade, l’intervalle de quatre années qui sépa¬
rait de même deux fêtes pythiques ; isthmiade, l’inter¬
valle de deux ans qui séparait deux fêtes isthmiques;
néméade, le même intervalle entre deux fêtes néméennes.
La supputation par olympiades était générale en Grèce;
on comptait par pythiades à Delphes, par isthmiades à
Corinthe, par néméades en Argolide [chronograpuia].
Les jeux grecs comprenaient de nombreux exercices
et concours, que l’on répartit d’habitude en trois catégo¬
ries : jeux équestres (àywveç imcixot), jeux gymniques
(àyûveç yugvixoi), concours de musique, chant et dansel
(àywveç goucrixol). Les jeux équestres et les jeux gynini I
ques étaient les plus anciens ; ils comprenaient presque
tous les exercices de l’époque homérique, la couise à
pied, la course en chars, la lutte proprement dite, h pu
gilat avec le ceste, le jet du disque et celui du jav î lot, e
combat avec les armes de guerre; plusieurs de < --,lalX
furent combinés et ces combinaisons donnèrent naisj
sance à de nouveaux jeux : le pancrace, le peu " J
jet du javelot à cheval, le tir de l’arc à che\u- u
le saut, les régates, les
part, on voit alors apparaître ^ ^ — , -- - (jeg
courses avec torches ou lampadédromies, L v ’ ])ROj
apobates ou desultores [certamina, cursls, U1PI
MOS, LU CTA, PUGILATUS, DISCUS, JACULUM, ^ |(KI)r0-
PANCRATIUM, QUINQUERTIUM, SALTUS, REMIGIUM, LA^P
mia, desultores]. Ce furent surtout les ent
qui prirent à l’époque historique un c tAt jeg jeux
considérable; la place qu’ils tinrent dluls 1 ^'j^t fort
grecs devint de plus en plus importante. b conCOurs,
variés ; car on entendait sous ce nom p usieu de
.'appliquer le mot moder
. o Strab. 'fit, j
auxquels ne pourrait pas s’
r/r. 1588. — 8 Schoemaun, Antiq. (P
3, § 13. — 10 Herod. I, 148; Strab, XIV, I
p. 589.
II p 30 de la Irail. frani;. c.
’ S 20. — 11 Sch°eroann’
LlTD
Ouvres épique» *"é'die’ët comédie). Parmi les plus
tari dr^ina 1(1' r juof U faut citer le concours de cithare
ancien a7wV£Ç/ s ar[e créé probablement vers 676
h;Tle concours’ de flûte des jeux Pythiques
_ J'C-; , aui fut remplacé dès 558 par un con-
(5HI> :I\ il, ire1 les àyttWêç ^AOU<^l>tot, des Panathénées
fr; d!0C Pisistrate vers le milieu du vP siècle ; les
'nS de chœurs tragiques et de comédie n entrè-
rr T ."onistique qu’un peu plus tard ; toutefois ils
hpnt dans 1 agQl 1 , „ , Uoio inomi’A
LU
— 1365 —
iiuisiq1"1 •
des concours de musique instrumentale
[flûte, 'y1'0 °U ^^'‘d^danse et spécialement de danse en
), de chant ou de poésie accompa-
ü y avait des concours de poésie
[arnieéoO>“ ^ ou lyriques, éloges de la divinité) et
des
av.
P1 Tdéiàfondés avant la fin du vP siècle. Mais jusqu à
P laie les jeux équestres et les jeux gymniques
? ont, plus populaires que les àYüv£; jioumxof. A partir du
E£ au contraire, et, semble-t-il, sous l’influence
d'Athènes ces derniers concours furent entoures d un
Z sans cesse croissant. C’est d’ailleurs entre l’époque
des guerres médiques et celle d’Alexandre le Grand que
ies jeux grecs revêtent leur forme définitive.
Les jeux étant publics et formant presque toujours
partie intégrante d’une cérémonie religieuse, c’était en
principe soit à l’État, soit, dans le cas des jeux fédéraux,
à l'institution fédérale, amphictyonie ou association
d’États, qu’incombait la charge de leur préparation, de
leur organisation, des dépenses de toutes sortes qui en
résultaient. Mais souvent les États grecs rejetaient sur
| les citoyens les plus riches une partie au moins de ces
charges et de ces soucis. C’était la coutume des lituigics
[leitourgia ; à Athènes, la plus importante deslituigies
I était la chorégie [leitourgia, choregia]. L’intendance
et la direction des jeux Olympiques appartenaient aux
Éléens ; les jeux Pythiques étaient organisés pari amphic¬
tyonie de Delphes ; les deux villes de Cléones et d Argos
se disputèrcntlongtemps l’honneur de préparer et de pré¬
sider les jeux Néméens ; Corinthe avait la charge des jeux
Isthmiques ; Athènes, celle des délia, après 426 av. J.-C.
Les fonctionnaires, qui étaient spécialement désignés
pour cette tâche et qui étaient en même temps les juges
des concours, s’appelaient soit épimélètes [epimeletai,
B -°, p. 678], soit agonothètes ou athlotètes [agonotuè-
tes . A Olympie, ils portaient le titre d ' hellanodikai
; UELLANODiKAi] . Ils devaient, au nom de l’État ou de l’am¬
phictyonie dont ils étaient les représentants, prendre,
avant et pendant les jeux, toutes les mesures nécessaires
à leur célébration, à leur bonne tenue, à leur éclat. Le
détail de
ces mesures se trouve indiqué aux articles ago-
kotuètes, hellanodikai, Olympia, etc. D’une manière gé-
I l'lra'l‘, ces personnages avaient la présidence et la police
( Oc i rvn .. . * 1 i .
L e;
■*euxi ds décernaient les
prix aux vainqueurs.
.leux pouvaient durer un ou plusieurs jours. Les
grands p
Se: ;SjeUX’ lels CIUC les Panathénées, les Olympiques,
P ‘ .Chiques, les Néméens, les Isthmiques, occupaient
oUVh UrS •i°urnées. Un sacrifice solennel était d’abord
céliln ' ' ' l^v'a'd’î) en l’honneur de laquelle la fête était
d' Iniu ’ filu‘'quefois aussi une procession avait lieu. Le
Ihclc \'|S ,i0ux Proprement dits était donné par l’agono-
1,11 S1' de la présidence. Les diverses espèces
1 1
*41111, U
'ans. y , , .
5 i- - 2 a.
h!, XH; /. Jl' I'' J’1 • “Oi-oa. \ „ , . .
y ’ ’ UI> 1V> V, VI, IX, XII; Nem. I, IX ; Isthm. II ; C. inscr. gr.
Mommsen, Hcortologie , 2° éd. p. 148. — 3 Scboe-
Mlcrod.V, 22. - 5i pind. Olymp. I, II, III, IV, V,VI,
de concours ou de combats se succédaient d'habitude
dans l’ordre suivant : d’abord les àfwveç | aoucixoI, puis
les concours gymniques, enfin les jeux équestres. C’était
le cas, par exemple, pour les grandes Pahathonees .
Les prix étaient distribués après la fin des jeux; une
fois couronnés, les vainqueurs formaient une proces¬
sion, puis se rendaient au banquet qui leur était offert
par l’État ou par l’amphictyonie à qui incombait le soin
de célébrer les jeux.
Les athlètes qui prenaient part aux jeux gymniques et
équestres, les concurrents des p.ou<rtxoi devaient
être des hommes libres et des Grecs. Les esclaves et les
pâpSapoi étaient, pendant cette période, absolument exclus
des jeux. Aux grands jeux panhelléniques, tout homme
libre de race grecque était admis à concourir, quelle que
fût sa patrie, et pourvu qu’il n’eût pas été privé par une
condamnation infamante de ses droits de citoyen
l’admission aux jeux Olympiques équivalait à la recon¬
naissance de la nationalité grecque ; ce fut le cas, par
exemple, pour le roi de Macédoine, Alexandre, contem¬
porain des guerres médiquesL Des athlètes de Sicile,
de Cyrène, de Rhodes, furent souvent couronnés à Olym¬
pie, à Némée, à Delphes, à l’Isthme de Corinthe0.
Dans les jeux de caractère amphictyonique ou fédéral,
les concurrents devaient en principe être citoyens dq
l’une des villes de la fédération ou de 1 amphictyonie ;
dans les jeux particuliers à une cité, les concurrents
devaient en principe être des citoyens de la ville. Et cela
se comprend fort bien, puisque les jeux avaient un carac¬
tère et un sens religieux. Mais à mesure que les relations
amicales et les traités devinrent plus fréquents entre les
divers États et groupes d’États du monde hellénique, les
citoyens des États alliés furent admis à prendre part aux
jeux, comme d’ailleurs aux cérémonies religieuses.
Parmi les athlètes vainqueurs chantés par Pindare, il en
est plusieurs qui ont remporté de nombreuses couronnes
dans des jeux locaux : Diagoras de Rhodes fut vainqueur
non seulement dans sa patrie et à Olympie, mais encore
à Argos, à Thèbes, à Pellène, àÉgine, à Mégare 6 ; Éphar-
moste le Locridien, originaire d’Oponte, fut couronné a
Argos, à Marathon, à Athènes, à Éleusis, à Thèbes, a Pel¬
lène, en Arcadie1. La famille des Oligéthides de Corin¬
the comptait, parmi ses ancêtres, des athlètes qui avaient
remporté de nombreux prix à Argos, à Thèbes, en Arca¬
die, à Pellène, à Sicyone, à Mégare, à Égine, à Marathon,
à Éleusis, en Eubée, et jusque « dans les villes opulentes
qui s’élèvent près de l’Etna8 ». Télésicrate de Cyrène9
et Thiéus d’ Argos 10 furent vainqueurs dans les jeux
des Panathénées. D’autres jeux, au contraire, étaient
exclusivement réservés aux citoyens de la ville où ils
se célébraient : tel était le cas pour 1 ayfiv iirrràpioc de
Sparte “, et pour les Théoxénies de Pellène Enfin,
nous connaissons quelques cas particuliers d exclusion .
les athlètes d’Élide n’étaient pas admis à concourir aux
jeux Isthmiques 13 ; les citoyens d’Halicarnasse étaient
exclus, au temps d’Hérodote, des jeux qui se célébraient
en l’honneur d’Apollon Triopien, en Carie . I arfois, au
cours de la même fête, plusieurs jeux étaient réservés
aux seuls citoyens de la ville, tandis que d’autres étaient
accessibles à des étrangers [uippodromos, p. 204].
vassim - « Olymp. VII. - ’ /*• IX. - » lb. XIII - 9 Pyth. IX. - i« Nem. X.
_ il Paus. UI, 14, § I. - ‘2 ld. vil, 27, § 1. - ‘3 Id. V, 2, § 3 ; VI, 3, § 4, cl 16,
s» — H Herod. 1, 141.
172
Les athlètes étaient divisés en catégories distinctes,
d'après leur âge. Au ve et au ivc siècle, on distinguait
d'habitude les hommes faits, avopsç, âgés de plus de vingt
ans; les adolescents, àyÉvsioi, entre seize et vingt ans, et
les enfants, 7roù8sç, entre douze et seize ans. Quelques
textes épigraphiques signalent même des subdivisions :
ainsi une inscription attique mentionne, à propos des
jeux des T/teseia , des TrocïSEç x-qç 7rp(i)TT|<;, x-qc osuxÉpaç, x-qç
TûixYjÇ TjXixtaç1 ; dans une inscription de Béotie, on lit
■xaïosç O: vswTÉpoi, txxïBeç ol TtpsffSuxÉpo'. 2 ; dans une inscrip-
tion de Chios, sç/Vj 601 vEwxspot, p.é<7oi, itpEaêuxépot 3 [atuleta].
En principe, les femmes n’étaient pas admises à con¬
courir dans les jeux. Mais, d’une part, elles pouvaient y
participer indirectement, comme propriétaires de chars
et d’attelages de courses 4 ; d’autre part, elles pouvaient
figurer exceptionnellement dans certains concours ; ainsi
Plutarque nous apprend qu’une Érythréenne, Aristoma-
ehè, remporta le prix de poésie aux jeux Isthmiques5 ;
aux Délies, les prix des àytôvsi ; gouaixot étaient disputés
par des chœurs de jeunes filles [délia] ; les courses des
ii ek ai a d’Élide étaient des courses de vierges, et des
femmes remplissaient aussi les fonctions d’agonothètes.
Les récompenses décernées aux athlètes vainqueurs
étaient très variées : les unes avaient une valeur intrin¬
sèque, parfois considérable; les autres étaient purement
honorifiques. On distingue parfois les jeux grecs en àyw-
vs; Oîaaxïxxi et en àycovsç crreipavïxai, les premiers étant
ceux dont les prix avaient une valeur intrinsèque, les
seconds, au contraire, étant ceux qui ne procuraient aux
vainqueurs que des prix honorifiques [certamina]. Cette
division, déjà formulée dans l’antiquité, nous semble un
peu artificielle : car, dans beaucoup de jeux, les vain¬
queurs recevaient à la fois un prix de valeur réelle et un
prix purement honorifique ; par exemple, aux Hcraea
d’Argos, le vainqueur de la course de l’àcin'ç recevait à la
fois un bouclier d’airain et une couronne de myrte
[iieraia . Parfois des sommes d’argent étaient distribuées
aux vainqueurs. L’huile, que recevaient les vainqueurs
des Panathénées, était pour eux un prix de grande va¬
leur, puisqu’ils recevaient en même temps le droit exclu¬
sif de l’exporter librement [certamina]. A Pellène, dans
certains jeux, on donnait au vainqueur un chaud vête¬
ment 6. Les prix honorifiques consistaient surtout en
couronnes et en palmes [corona, p. 1529 et suiv.]. Sui¬
vant les jeux, les couronnes étaient de chêne, de laurier,
de myrte, d’ache, de pin; le rameau ou la palme était
d’olivier à Athènes, de palmier à Délos. Mais à cette
époque, comme nous le verrons plus loin, la récompense
véritable des athlètes vainqueurs était la gloire dont leur
nom était entouré, non seulement sur le lieu même de leur
triomphe, mais dans leur patrie, et pour les vainqueurs
des jeux panhelléniques, dans la Grèce tout entière.
On verra, dans les articles spéciaux consacrés aux
principaux jeux publics de la Grèce, quelle était l’af¬
fluence des spectateurs à Olympie, à Nérnée, à Delphes,
à l’Isthme de Corinthe. Pour assister à ces fêtes, ôn
accourait de tous les points de la Grèce ; des historiens
modernes ont pu dire avec raison que les quatre grandes
fêtes d’Olympie, de Némée, de Delphes et de l’Isthme,
étaient comme les assises nationales du peuple grec1.
* Corp. inscr. ait. II, n. 444 et suiv. — îCorp. inscr.gr. 1590. — *lb. 2214.
— * l’aus. III, 8, § 1, 15, § 1, 17, § 6 ; V, 8, § 3. 12, § 3. — 5 Sympos. V, 2.
— 6 Pind. Olymp. X 97-98. — 7 Schoemann, Antiq. gr. II, p. 74 ; Curlius,
es
Mais, en outre, les Panathénées, surtoutles er«n i
thénées,les Éleusinies, les //cm/t/endeThèh, >'s |* '* >ana’
les Ileraca d’Argos, les Lycaea d’Arcadie attirail?^’
grande foule; beaucoup de cités y étaient i„vi|(" “*•
envoyaient des délégations officielles [tiieoma' '» * T
places d’honneur dans les hippodromes, les sh i. L
théâtres, étaient occupées par les présidents eUr
leurs, par les prêtres et les magistrats de Pamphlet!'^
ou de l’État qui donnait les jeux, par les délégués d'¬
autres villes, par des hôtes d’honneur, auxquels avait été!
décernée comme un témoignage de très haute estime )à
TTpoEopia év TOÏÇ àycoctv [proedria]. Le spectacle des jeux
était gratuit. L’assistance à la plupart des jeux m.cs
était interdite aux femmes.
Les jeux tenaient une place importante dans la vie des
Grecs. Le rôle qu’ils jouaient dans la vie privée a peut!
être été exagéré; l’influence qu’ils pouvaient exercer sur
l’éducation des éphèbes ne semble pas avoir été aussi*
considérable qu’on l’a dit. On oppose souvent, à ce point
de vue, les temps qui ont précédé le règne d’Alexandre]
le Grand aux périodes hellénistique et romaine. On
est tenté de croire qu’aux vu0, vi° et v° siècles, il n’y
avait pas d’athlètes de profession, tandis que plus lard !
et jusqu’à la fin du monde antique l’athlétique, ou, dans]
un sens plus large, l’agonistique, devint un véritable
métier, un art qui avait ses virtuoses et auquel il fallait
se consacrer exclusivement. Ainsi formulée, cette oppo¬
sition n’est pas exacte. Sans doute, à l’époque ancienne,
on peut citer, parmi les vainqueurs des jeux grecs, soit
des personnages qui appartiennent à des familles très
distinguées et que seules l’émulation et la passion de la
gloire ont fait descendre dans l’arène; soit, au contraire,
des individus de naissance modeste, qui, dans la vie
courante, étaient ouvriers ou petits marchands [atuleta,
p. 515]. Mais, dès l’époque de Pindare, un double lait
apparaît nettement. D’une part, les athlètes vainqueurs
vont de ieux en jeux et collectionnent les prix,
si ion
peut ainsi parler : tel ce Diagoras de Rhodes, doux fois
vainqueur dans sa patrie aux Tlepolemeia , quaire fois
couronné aux jeux Isthmiques, deux fois aux A' micnsi
vainqueur encore à Athènes, à Argos où il einpmbi unsj
les Ileraea le bouclier d’airain, à Pellène, a 11.' as, ^
Égine où il lutta six fois avec un égal succès, à Mogarc.
enfin vainqueur au pugilat à Olympie5; ti 'j
moste d’Oponte, vainqueur à la lutte dans h s .)[ IIV •, J
piques et dont Pindare mentionne des victoires
Heures aux Isthmiques, à Némée,à Athènes, a ■ 1
chez les Parrhasiens, au sanctuaire de Zi us -J 1
Eleusis-'. H semble que dans c a
art héréditaire. Dans
à la
Hilare,
ait été
Pellène, à Thèbes, à
taines familles l’athlétique ait été un
l’ode consacrée à Xénophon
de Corinthe, vainqueur
course du stade et ou pentathle olympique
après avoir rappelé que ce meme
Xénophon avr
. jc Némée,
déjà couronné aux jeux de l’Isthme et a ceu ^ ^ gouvent
passe en revue les victoires de ses aïeux . sUP
de son père Thessalos aux pieds rapi es pavait vU
les bords de l’Alphée. A Delphes, un seu J‘ e m0jS,
vaincre au stade et à la double couise , e . sUf|jsait,
dans l’aride Athènes, une courte .j°UI‘ne neS.AuN
pour placer sur son front trois gloi ieus
P. Monceaux et Lalou*. ^ j°i /*•
/lis/, grecque, t. II, p. 37 et suiv
-8 Schoemanû, Op. c. II, P- 74-75. - • Olymp.
IX, v. 88-100.
VU, v.
80-8G*
— 1367 —
LUI)
. . Hellotis (à Corinthe), il triompha sept fois.
fêtes d’ALHona g prèg deg deux mers en l’honneur
Da"s leS eU X/ 1!!^ isthmiques), Pthodore, père de Thessa-
de P°seKlon , Terpsias etÉritime, méritèrent encore
los.eti»sPar',n ;iJ)Kes Combien de fois cette famille (la
deP!!,Srn0lVétbides) n’a-t-elle pas été couronnée à
famille du 8 ire du lion que vainquit Hercule (à
Delpl’ev7 One de victoires encore au pied du Parnasse
- '"kreosetAThèbes ! Que de glorieux témoignages
escarpé, a g auguste du Lycée qui domine
««f-X « Sicvono, et Mégare, et le bois
"ST*, bacilles » Égine, et la brillante Marathon,
r p u bée et les villes opulentes qui s élèvent au
* S sommets sourcilleux de l’Etna. ! » il nous parait
'difficile de ne pas voir dans D, agoras clans Ephar-
dans Xénophon et ses ancêtres, dans d autres
,*,c comme Téllicate de Cyrène-, Thiéns d’Argos-
‘ ligB0S de Thèbes *, des hommes qui se consacraient
entièrement à l’agonistique, sinon par profession, du
«noms par goût ou par vanité, peut-être dans certains cas
[par tradition de famille. Et d’autre part, il ressort avec
Évidence de plusieurs passages de Pindare, que l’on se
préparait, que l’on s’entraînait pour les jeux, qu il y
avaii des écoles et des maîtres particulièrement célèbres;
Pindare cite Orsias8, Ménandre l’ Athénien8, Milésias,
qui après avoir été athlète lui-même et avoir remporté
plusieurs victoires, forma de très nombreux disciples,
dont plus de trente furent couronnés1. « Il est plus facile,
ajoute le poète, d’enseigner ce que l’on sait soi-même ;
t celui qui n’a pas appris d’abord est toujours ignorant, et
l’esprit reste léger, s’il n’a pas affronté l’épreuve. Celui
qui sait, au contraire, pourra dire bien mieux qu un
autre, par quels travaux, par quel genre de vie doit se
préparer celui qui aspire à gagner dans les combats
i sacrés ces palmes si désirables8. » Il n’est donc pas dou¬
teux qu'il y avait déjà en Grèce, au commencement du
i v' siècle, des écoles d’athlctes et des professeurs d’agonis¬
tique. Nous ne prétendons pas que les concurrents fussent
tous sans exception des athlètes de métier ; mais de tels
athlètes existaient dès cette époque, en grand nombre.
Aussi ne peut-on guère voir dans l’agonistique une sim-
ple branche de, la gymnastique ordinaire ; c’était vraiment
une science à part. « Il serait téméraire, écrit excellem¬
ment M. Paul Girard, de prétendre que les couronnes des
Panathénées et celles des jeux Théséens n’étaient point
recherchées des jeunes Athéniens, élèves du pédotribe.
beaucoup, sans doute, les ambitionnaient. Ce n’était
pourtant pas en vue de ces succès que la majorité des
jeunes gens fréquentaient les palestres; c’était moins
muon. atin de briller plus tard dans les grands jeux de la
rece' heurs modestes travaux n’eussent pas suffi,
semble-t-il, pour les rendre capables de figurer avec
ral '' 01ymPie ou à Delphes. Ces rudes épreuves deman-
f;.;' un entraînement spécial ; elles exigeaient qu’on se
sou! Ml 'SUl '^e k°nnc heure avec le genre de lutte où l’on
pestr'r l de va'ncre’ et’ Pour ce^a’ qu’on négligeât le
0(l |t ' j'1 ce fui ne pouvait se faire chez le pédotribe,
en nili'i "l lnl's sc livraient â des exercices variés, sans
lcs 11 d,lcun nu détriment des autres. Ajoutez que
portii,,, ]ili nls a,lx ieux ne représentant qu’une infime
1 1 population athénienne, on a peine à concc-
1 XIII »
— 106-112. - 2 pyth. IX. — 3 Nem. X. — <■ Isthm. III.
Nem • V, 18 et suiv. — T Nem. VI, 72-73; Olymp. VIH, 55 et
IJJD
voir qu’un enseignement national comme celui de la
gymnastique eût pour unique but l'éducation de ces
rares sujets9. »
Tout ce qui précède s’applique spécialement aux jeux
gymniques. Pour la course de chars, le prix était décerné
non pas au cocher qui avait pris partà la course et dirige
l’attelage, mais au propriétaire des chevaux : c’est ainsi
qu’Hiéron de Syracuse, Alcibiade d’Athènes, le roi Philippe
de Macédoine furent vainqueurs à Olympie. Enfin, dans
les àywveç gousixof, les concurrents divers, rhapsodes, cilha-
ristes, joueurs de flûte, chanteurs, chorcutcs, acteurs de
tragédie et de comédie, furent de bonne heure des profes¬
sionnels, des virtuoses. Encore moins l’éducation ordinaire
pouvait-elle préparer les jeunes Grecs à la poésie tragique
ou comique. Il y avait plus loin encore d un Eschyle, d un
Sophocle, d’un Aristophane à un jeune Athénien d instruc¬
tion moyenne que d’un Diagoras ou d’un Xénophon de
Corinthe à un éplièbe de vigueur et de souplesse ordinaires.
A nos yeux, c’est beaucoup moins dans la vie privée
des Hellènes que dans la vie publique des cités grecques
que les jeux ont tenu une place considérable. C’étaient
en tout lieu des fêtes officielles, ou tout au moins ils fai¬
saient partie de fêtes officielles ; ils en étaient l’élément le
plus populaire. « En principe, ils n’étaient que 1 acces¬
soire des cérémonies religieuses ; en fait Cependant ils
tenaient la première place. Jamais les processions, les
chœurs et les sacrifices n’auraient, sans les jeux, attiré
de toutes les contrées de la Grèce un pareil concours de
pèlerins10. » Les organisateurs, les présidents des jeux
étaient de véritables fonctionnaires; les prix étaient dé¬
cernés au nom de la cité ou de l’amphictyonie qui don¬
nait les jeux. Pendant les jeux comme pendant les fêtes
solennelles, les affaires publiques chômaient, sauf les
cas d’extrême urgence A Athènes, aucun tribunal ne sié¬
geait durant les Panathénées11. Une loi, citée par Démos-
thène au début de la Midienne, stipule que « pendant les
Dionysies du Pirée, où se donnent des tragédies et des
comédies ; pendant les fêtes Lénécnnes, accompagnées
des mêmes jeux scéniques; pendant la célébration dos
Dionysies urbaines, auxquelles prennent part des troupes
de jeunes gens, et qui comportent des festins et des repré¬
sentations scéniques; pendant les jeux publics des Thar-
gélies, il ne sera pas permis de prendre des gages, de
rien exiger de personne, même de ceux dont les obliga¬
tions sont échues. » Et Démosthène ajoute : « Vous pous¬
sez tous l’humanité et le respect des Dieux jusqu à ditfé-
rer, pendant leurs fêtes, la réparation des injustices qui
ont été commises auparavant12. » 11 en était sans doute
de même pour tous les jeux qui avaient un caractère
officiel et public. Les Délies, qui comportaient des jeux
très brillants, suspendaient toute action judiciaire, toute
exécution capitale. Mais la conséquence la plus grave de
ces fêtes était l’établissement de trêves, qui avaient un
caractère sacré. La- plus célèbre et la mieux connue de
ces trêves sacrées était la trêve olympique [Olympia] ou
’Exeyetpfa [hif,romenia|. Une trêve analogue existait pen¬
dant les jeux Pythiques, Isthmiques, Néméens [pythia,
isthmia, nemea]. L’État, ou la fédération d’Ëtats qui faisait
célébrer les jeux envoyait, à l’approche de la fête, des
messagers dans toute la Grèce pour réclamer le bénéfice
de la trêve sacrée en faveur de la ville où se donnaient
su,v. _ 8 Olymp. VIII, 59-04. — 9 P. Girard, L’édite, athénienne , p. 217-218.
— 10 Schoemann, Ant. gr. t. lI,p.7S. — •* A Mien. III, 53. — 12 Dcmosth. C. Alid. 10-12.
LUD
— 1368 —
LUD
les jeux et de tous ceux qui s’y rendaient1. Toutes les
Ekécheiries n’étaient pas également respectées par les
États qui ne prenaient pas part aux jeux. Seuls les grands
jeux nationaux et surtout les jeux Olympiques avaient le
privilège d'arrêter à peu près complètement toute hostilité
entre Hellènes [olympia]. A Sparte, toute opération mili¬
taire était rigoureusement suspendue pendant les Kar-
neia, qui étaient accompagnées de jeux; les soldats
Spartiates ne pouvaient pas se mettre en campagne avant
la fin de cette fête [karneia].
Enfin l’importance publique des jeux est encore attestée
par les récompenses et les honneurs officiels que chaque
État accordait aux athlètes vainqueurs. Ces récompenses
et ces honneurs étaient surtout caractéristiques pour les
vainqueurs des grands jeux nationaux Cvtiileta, p. 515].
Dans ce cas, l'athlète était vraiment considéré et honoi'é
comme le représentant de la cité tout entière. Sa victoire
était celle de sa patrie. Il était reçu en triomphe, comme
un général vainqueur des ennemis. Il devenait, au moins
pour un temps, le premier citoyen de l’État. Ses conci¬
toyens s'enorgueillissaient, comme lui-même, de son
triomphe à la course, à la lutte, au pugilat. Son nom
était célèbre non seulement dans sa patrie, mais dans
toute la Grèce 2.
Les jeux ont peut-être été l’institution la plus natio¬
nale de la Grèce antique. « Il est bien vrai que les Grecs
pouvaient, en ces occasions, se sentir les enfants d’une
même patrie, unis malgré ses divisions par les liens du
culte, de la langue et des mœurs, recherchant les mêmes
biens, jouissant avec la même ardeur de ces belles et
grandes choses inconnues aux Barbares, et dont le germe
ne pouvait se développer en dehors du sol de l'Hellade.
Grâce à la trêve sacrée, les citoyens mêmes des États en
guerre les uns contre les autres entretenaient des rela¬
tions amicales ; les inimitiés s’apaisaient; les anciennes
atrections renaissaient, etils’en formait de nouvelles3. »
3° Période hellénistique et romaine. — Nous avons in¬
sisté longuement sur la nature et l’histoire des jeux
publics de la Grèce avant Alexandre, parce que c’est la
période de l’histoire hellénique pendant laquelle ils ont
revêtu le caractère le plus distinctif et le plus original.
Nous nous bornerons à indiquer, pour la période sui¬
vante, les modifications que ces jeux ont alors subies
et qui en ont altéré la physionomie primitive.
Jusqu’alors les jeux étaient restés, sous leurs diverses
formes, une institution purement grecque. Après
Alexandre, ils se répandirent dans toutes les conLrées où
pénétra la civilisation hellénique, surtout en Asie
Mineure, en Syrie, en Égypte. Alexandre, qui aimait
beaucoup les jeux, en avait fait célébrer à plusieurs
reprises pendant son expédition ; il se plaisait surtout
aux Dionysies 4. Les Diadoques suivirent son exemple ;
les diverses capitales hellénistiques rivalisèrent de fêtes
brillantes: à Alexandrie, à Antioche, à Pergame furent
donnés des jeux magnifiques et fréquents ; à côté des
1 Sclioemann, O. I. t. II, p. 74-75. — 2 p. Monceaux et Laloux, fleslaur.
d'Olympie , p. 215-218. — 3 Sclioemann, p. 79-80. — 4 Voir en particulier
Droysen, Hist. de l'hellénisme , I, p. 707. — 6 Corp. inscr. gr. t. IV, Indices,
p. 42-44; Ditlenberger, Sylloge 2, Indices, t. Il, p. 199-202 ; en partie. Corp. inscr.
gr. 4472. — * Corp. inscr. gr. 4472. — 7 Ditlenberger, Sylloge 2, n. 318 : décret
des Léféens, qui constitue un Ixit'.xo; &T5v xa0’ ’éto; en l’honneur du questeur
M. Annius P. f. (118 av. J.-C.). — 8 Corp. inscr. gr. Indices, p. 43 sub v. xoivov. —
» Ditlenberger, O./. 245; Plut. Cleom.W I; A rat. XI.V. — W Corp. inscr. gr. 2139
b, 2801.— n Ibid. 2347. — 12 Ibid. 1572. — 13 Dittenbcrger, Sylloge*, 250, 251.
capitales les anciens centres de population des m
quis par les Grecs, revêtus parfois de noni P ySc°n'
Sardes, Tarse, Aphrodisias, Tralles, Ancvr - n,°Uveaux>
Stratomcée, Apamée, Ascalon, Sidon TVr i
ques villes nouvelles ou relevées de leurs Yui "'’0lquel'
Ilion ou Alexandria Troas, s’efforcèrent
villes grecques5. De nationaux les jeux devin,
\ersels, œcuméniques (otxou[2.£vtxô; ayoîv) G
Des jeux nouveaux s’ajoutèrent aux anciens On
t.nua de célébrer en Grèce les jeux d’autrefois- moi
outre, des concours furent fondés en l’honneur desDin T
ques; un peu plus tard en l’honneurde Rome divin!
de ses plus illustres généraux, même de ses fonction’
naires 7 ; enfin en l’honneur de César, d’Auguste et des
empereurs. Ces derniers jeux ne furent qu’une forme du
culte provincial de Rome et d’Auguste; c’est pourquoi
les assemblées provinciales de Grèce et d'Asie les célébrè¬
rent souvent8. Les jeux se multiplièrent alors à l'infini-
il serait fastidieux de les énumérer tous ; citons du moins
les principaux : Antigoneia 9, Attaleia10, Demetreia ",
Ptolcmaia 12, Seleueeia 13, Philadelpheiau, Romaea'K
Lucullia 1G, etc. ; Caesareia ”, Augusteia ,s, Sebasteia ou
Sebasta 19, Trajaneia 20, Hadrianeia 21 , Anlonineia%
Commodeia 23, etc. D’autres jeux furent institués pour
rappeler le souvenir d’un événement heureux, par exem¬
ple les Soteria de Delphes, en l’honneur de la déroule
subie par les Gaulois en 27821. Mais les Grecs de l’époque
hellénistique et romaine ne se contentèrent pas d’allon¬
ger la liste de leurs jeux pour exprimer aux puissants du
jour leurs sentiments de flaLterie et de soumission. Ils
firent plus ; ils voulurent assigner en quelque sorte une
place à leurs idoles nouvelles dans leurs anciens jeux
nationaux. Les Athéniens donnent à leurs Dïonysia le
nom de Demetria [demetria] ; les habitants d’Oropos
appellent les Amphiaraea d’autrefois ’Agtpiapï# «1
‘Pcugafa 2S ; dans une inscription trouvée à Cos, on lit la
formule ’EXsusivtx xà xat Kanrap-qa21’. Ces jeux perdent le
caractère religieux, qui avait été jadis leur caractère
essentiel; désormais les Grecs se préoccupent moins de
rendre hommage à leurs vieilles divinités nationales que
d’honorer en toute circonstance et de toute manièu les
nouveaux maîtres dont ils subissent le joug, despotes
macédoniens, syriens, égyptiens ou empereurs m.n, mis.
Les grands jeux panhelléniques sont dépouilb s "
prééminence passée: les nomsd 'Olympia, de / // / '"
attribués à des jeux nouveaux. On rencontre des ^
ques à Alexandrie, à Athènes, à Cyzique, a 1 plu •
game, à Smyrne, à Tralles; des Pythiques a • " ’
Chalcédoine, à Hiérapolis, à Magnésie, à Mile , ’
à Périnthe, à Thessalonique, à Tralles; des s 11 ^
Ancyre21; pour donner plus d’éclat à dau r J (5 1 »f,
les déclare égaux aux jeux Olympiques, .
égaux aux jeux Pythiques, Iconothoi • — x an-
victoire d’Actium, Auguste donne un ic < , et st>
ciens Actia, qui devinrent Axtkx xa p-£Ya
r.'C, (178,199.
_ 17 Coi-?*]
m Corp.)
- « Corp. inscr. gr. 215, 216, 283. - ^Ibxd. 3902, 5805 , D^.rf_ %
009, 077; Liv. XLIII, 6- - ,c Plut, t.ucull. 23; *?P! ,:Mcnbcrger, 077.
inscr. gr. 381, 396, 1180, 1239, 1240, 1378, 10'’’ * U20, 1186, 3070, S3|;’;
inscr.gr. 3200, 3208, 3209, 5913. — 19 /*• tf2 > ' ’ 3*»08, 3428, 5013,^ '
- 20 J b. 3208, 3209, 3428. - 3. 1b. 240, 248, 283, .720, M8- ? _ * I
-22 lb. 240, 248, 4472. - * lb. 248, 1720, 3.08
berger, G7G. — 2 a Ib. 078; cf. Corp. inscr. gr. 1 s9,3: -A
'llpàxXsia Ko^iSeia; 1025 : |«r4*a nT*“ f j 9 « 3498.
- 27 lb. IV, Lie. P. 43. - 38 Ib. 4472, 5805. -
— 1369 —
LUD
tmlS les quatre ans le 2 septembre, jour
célébrèrent < ■ bataille; 0n compta par actiades,
anniversau-e a.t olympiades [actia]. Aussi les
comme on * la Grèce indépendante tombèrent-ils
anciens jeu* L de luS en plus marquée; quelqucs-
dansuncdew plus célébrés qu’irrégulière-
unS d’enUe e J rurent. Et p0urtant il n’y eut jamais
ment; à auu ^ et en 0rienl qu’à l’époque impériale,
plus dej' i‘x j*on(qaicnt dans leurs villes, quelque-
D6SP d ament. Chaque cité, même modeste, possé-
foispiU '"je son hippodrome, son théâtre.
d;ul S° ‘ nnic des jeux subit, lui aussi, quelques
Le pn’faLes jeux gymniques, si importants au vie et
passèrent au second plan; les courses h,p-
, les àvS.K rm«* occupèrent désormais la pre-
'T.’oIm Plusieurs documents épigraphiques nous
" Inné,. t' qu’au commencement du »• siècle a».
T jeux équestres des Panathénées se cele-
!;«nl avec un éclat vraiment extraordinaire [uireonao-
204-205] ; les courses de chars étaient les plus
brûlantes et les plus magnifiques de toutes. D’autre part,
les concours de musique elles jeux scéniques se répan¬
dirent partout ; à l’imitation d’Alexandre, les Diadoques
favorisèrent les Dionysies ; on en célébra désormais dans
la plupart des grandes villes grecques [dionysia, p. 24bj.
Il est probable que des àywve; p-outrixoi furent alors intro¬
duits pour la première fois dans les jeux Isthmiques et
les jeux Néméens. Dans ces concours, les chœurs subsis¬
tèrent, mais leur rôle devint accessoire. Au contraire, les
exécutants isolés prennent la première place : une ins¬
cription relative à une représentation des Soteria de
Delphes au me siècle av. J.-C. nomme des rhapsodes, des
citharistes, des citharèdes, des joueurs de flûte, des
maîtres de flûte, des auteurs tragiques, des auteurs
comiques, et trois chœurs dont les choreutes sont cités
chacun par leur nom, les itaïosç j^opeuxaf, les yopoi àvôpcov,
et les yo peinai xtogixoi1. Il n’y a laque des individus ; les
chœurs ne forment plus un ensemble en quelque sorte
anonyme, comme autrefois. Un nouveau concours
s’ajoute aux chants, aux danses, aux rhapsodies, aux
jeux scéniques : c’est le concours d’éloges2 ; les inscrip-
I tions mentionnent l’èyxcüpuov àirixôv, éloge en vers, et
lèyx(i[i.(ov X&Ytxdv, éloge en prose [laudatio, i]. Jadis les
hymnes, qui étaient des lyxoSpuot éirtxà, étaient exclusive¬
ment consacrés à l’éloge des dieux ou des cités ; à cette
I époque, les vivants, surtout les empereurs, furent loués
I comme les dieux. Jupiter Capitolin et la Dca Roma
■ acquirent, alors un grand prestige auprès des Èyxtopto-
K bïT,ou Les ayiôvsç gouirixot ont perdu leur caractère
Pet leur sens religieux primitifs. Les Dionysies n’ont
I pom a'ns' dire plus de rapports directs avec la légende
de Dionysos.
9nant aux concurrents, aux àywviffxat, ils sont devenus
[ Ain- excePli°n des professionnels de leur art [atrleta].
ci 'n'1' ” ProPrement dits, cochers de quadriges, musi-
| de ,'!'anteurs’ composileurs d’éloges, de tragédies ou
I lM1 ' ?ni '''cs’ aclenrs tragiques et comiques sont de plus
innm-.'r ’ pen,danl Us siècles qui précèdent et qui suivent
cent ' ' llcment p,“re chrétienne, des virtuoses. Ils exer-
jeux'n UU'lier el gagnent leur vie en prenant part aux
s 1,1 ment des associations puissantes, sous le nom
Üill(*nl, or 0 p i
Cirlnm inibus * 1 * 2 là. n» G71 ; v. Lafaye, De poetarum et orator.
I ■ ’eteres. — 3 Corp. inscr. gr. 5909; kaibel, Inscr. gr. Sic. et
LUD
de o’t 7tepi tov Aiôvjtov Teyvtxai [DIONYSIACI ARTIFICES, d(
oi Ttspî xôv 'HpâxXea [ATHLETA, SYNODOS, XYSTARCUA, XYSTOSj.
Ils se transportent de ville en ville, et donnent des repré¬
sentations presque quotidiennes. Plus que jamais ils
sont fêtés, acclamés, richement payés et récompenses. Si
les àywvei ; |j.oui7ixot et les jeux scéniques sont plus pr is< s
que les jeux gymniques, par contre les athlètes, les bu¬
teurs vigoureux et adroits sont plus populaiies que les
acteurs; les plus célèbres d’entre eux reçoivent des pen¬
sions d’honneur ; beaucoup de cités leur décernent h- titre
de citoyen honoraire, même de sénateur ! ; on leur cleve
des statues, on promulgue des décrets en leur honneur.
Les fils de famille se mettent à leur école et veulent
comme eux paraître dans l’arène; ils y réussissent par¬
fois et acquièrent une grande renommée. L’athletique
devient au iet et au ne siècle ap. J.-C., au moins dans les
provinces grecques de l’empire, un sport à la mode. Elle
pénètre aussi dans la société romaine, qui cependant
avait d’abord montré une véritable répugnance pour 1rs
jeux gymniques : l’une des plus belles salles des thermes
de Caracalla était ornée de très nombreux portraits en
mosaïque d’athlètes victorieux
Les jeux grecs, sous leur triple forme de jeux gym¬
niques, de courses équestres et d’àyÆvEç goocixof, durèrent
pendant tout l’Empire. Encore très brillants au i", au 11e et
même au début du me siècle de l’ère chrétienne; ils subirent,
plus tard, l’influence des maux de toutes sortes qui s’abat¬
tirent sur le monde romain au milieu du 111e siècle et au
ive siècle. Leur décadence fut progressive et irrémédiable.
Les plus célèbres d’entre eux résistèrent jusqu’à la lin du
ive siècle; l’empereur Julien essaya même de leur donner
un éclat nouveau ; mais ce fut en vain. Sous Theodose,
les jeux Olympiques furent abolis en 394. Cette date
marque, on peut le dire, la fin de l’agonistique grecque.
Nous avons montré plus haut quelle place les jeux
tenaient avant l’époque d’Alexandre dans la vie publique
des Grecs. Ils la conservèrent pendant la période hellé¬
nistique et la période romaine. Les jeux étaient les fetes
les plus brillantes qui se célébraient dans les cites
grecques. Les ruines innombrables de stades, d hippo¬
dromes et de théâtres, qui se rencontrent partout en
Grèce et dans les provinces orientales de 1 empire, subi¬
raient à attester la difïusion et la fréquence de ces jeux
jusque dans les villes les plus modestes. Les inscriptions
qui les mentionnent sont de même très abondantes. On
sait d’autre part quelle impulsion les jeux donnèrent a
tous les arts, en particulier à la sculpture : statues de
vainqueurs, ex-voto en ronde-bosse et en bas-relief,
monuments commémoratifs de victoires remportées dans
l’arène ou sur le théâtre, remplissaient les sanctuaires,
les places publiques, les thermes, tous les édifices où se
donnaient des jeux. La littérature dut beaucoup aux àyûvE;
aouffocoi : la poésie épique et lyrique, la tragédie, la comé¬
die trouvaient dans les jeux des occasions répétées de
produire des œuvres nombreuses.
IL ÉTRURIE. — L’Étrurie mérite une place à part dans
l’histoire des jeux antiques, parce que c’est à elle que
Rome a emprunté l’usage des courses équestres et des
combats de gladiateurs. Les jeux étrusques se présentent
dans les documents avec un double caractère, funéraire
et religieux; tantôt ils sont représentés dans les fresques
liai. 1105 ; Corp. inscr. gr. 5913; Kaibel, Ibid. 1102; Corp. inscr. gr. 24..
_ 4 Friedlaender, Sittengesck. Roms, G' édit. t. Il, p. 497.
LUD
— 1370 —
LUD
qui décoraient les parois des grands tombeaux1, sur les
bas-reliefs des sarcophages, sur les stèles qui marquaient
remplacement des tombes plus modestes2 ; tantôt, au
contraire, ils sont cités par les auteurs anciens comme
ayant une origine religieuse 3 ou comme ajoutant à l’éclat
de certaines cérémonies du culte, par exemple de la fête
fédérale annuelle, qui se célébrait à Vulsinies et qui
réunissait les douze principales cités de l’Ëtrurie*. Il n’y
a point lieu d opposer 1 une à l’autre ces deux catégories
de renseignements : chez tous les peuples de l’antiquité,
les rites des funérailles ont eu un sens religieux. D’après
une antique tradition, dont l’écho se retrouve dans Ter-
tullien, ce serait chez les Lydiens de l’Asie Mineure qu’il
faudrait chercher l'origine des jeux étrusques : mais cette
tradition n’est guère qu’un jeu de mots, fondé sur le rap¬
prochement du mot latin ludus et de l'ethnique grec
Aûooi 5. Hérodote, d'autre part, rapporte l’épisode suivant :
après qu'une flotte phocéenne eut été battue dans les
eaux de la Corse par les Étrusques et les Carthaginois
coalisés, beaucoup de prisonniers tombèrent entre les
mains des vainqueurs, qui les lapidèrent. Cette cruauté
fut punie; en particulier chez les Agylléens (‘habitants
d’Agylla ou de 'Caere), tout ce qui passait à l’endroit où
les Phocéens avaient été tués, devenait estropié et
difforme : moutons, bêtes de somme et humains étaient
également frappés. Les Agylléens s’adressèrent à l’oracle
de Delphes. « La Pythie leur prescrivit l'expiation qu’ils
pratiquent encore ; en effet, ils honorent ces victimes par
de grands sacrifices funèbres, et ils ont institué en leur
mémoire des jeux gymniques et équestres 6. » Ne pourrait-
on pas conclure de ce passage d'Hérodote que la Grèce a
été en cette matière l'initiatrice des Étrusques ?
- Les jeux étrusques ressemblaient beaucoup aux àyàjveç
grecs. Ils étaient peut-être moins variés; mais les trois
principales catégories de jeux grecs se retrouvent en
Étrurie : jeux gymniques, jeux équestres ‘, concours de
musique, de danse et de chant8. Parmi les jeux gym¬
niques, les Étrusques pratiquaient : la lutte, le pugilat
avec le ceste, la course à pied, le saut avec haltères, le
tir à l’arc, le jet du javelot, le jet du disque ; parmi les
jeux équestres, la course à cheval, la course en biges, la
course en quadriges, le tir de l’arc à cheval, le jet du
javelot à cheval ; parmi les àywvsç goutrixof, les concours
de lyre et de flûte, peut-être la pyrrhique ou danse en
armes9 ; nous avons moins de détails sur les ludi scaenici
proprement dits, qui ne sont représentés sur aucune
fresque, sur aucun bas-relief. A ces jeux, communs aux
Étrusques et aux Grecs, s’ajoutaient chez les premiers les
combats de gladiateurs ; les auteurs anciens sont una¬
nimes à rapporter que l’Étrurie a été la patrie de ces luttes
sanglantes et inhumaines [gladiator]. Enfin les jeux
étrusques comprenaient, outre les àyûveç et les concours
proprement dits, toutes sortes de représentations et de
distractions variées : des bateleurs, des mimes, des acro¬
bates, des musiciens égayaient le spectacle10.
Ces jeux étaient publics. Sur une fresque d’une tombe
découverte près de Chiusi, se voit une tribune ou estrade
1 Monum.d. Ist. t. V, pl. xv-xvi, xxxm ; Dennis, Cities and ccmcteries I, p. 325
et suiv. ; II, p. 3C3, 3G9, 379 et suiv. ; Marlha, L'Art étrusque, p. 410. — 2 Dennis,
Op. c. II, p. 186 et suiv. ; Martha, O. I. p. 34i. — 3 Terlull. De spect. 5.
«( In Ëtruria inter celeros nlus superslitionum suarum spcclacula quoque religionis
nomine instituunt »; cf. O. Muller, Die Etruskerl , p. 197 et suiv. — 4 Liv. V, 1.
— 6 Terlull. L. I. 5. — 6 Herod. I, 1G7. — 7 Liv. I, 35 : « equi pugilesque ex
Elruria maxime acciti ». — 8 Id. VII, 2 : « ludi quoque scenici... ludiones ex
remplie de spectateurs11 ; les jeux fédéraux v ,
attiraient une grande foule d’Étrusques et v ‘ S‘niei
[etrusci, p. 824]. Nous ne savons à peu près
organisation. Les vainqueurs recevaient des 6 Cur
et des palmes, qui sont figurées sur plusieursC?Ur°nnes
en particulier sur l’une des peintures de la Gm ?? n’ 1
Simia, à Chiusi12. Les jeux tenaient une della
dérable dans la vie des Étrusques ; ils étaient IT*'
comme en Grèce une institution nationale et nom, I n?"
dans la tradition romaine, la plupart des ienv ’
étaient d’origine étrusque. ”aains
III. Rome. - 1“ Depuis les débuts de l'histoire romain ,
jusqu a la fin de la République. - De toute antiquité^
y eut des jeux à Rome, puisque les historiens en men
tionnent dès l’époque de Romulus. Les plus anciens jeux
romains que nous connaissions avaient, à la différence
des jeux grecs de l’époque homérique, un caractère
nettement religieux ; les jeux pendant lesquels les com¬
pagnons de Romulus enlevèrent les Sabines, étaient des
courses données en l’honneur du dieu Consus13; les
Equi rria, qui passaient pour être les jeux les plus anciens
de Rome avec ceux des Gonsualia, étaient de même]
comme leur nom l’indique, des courses de chevaux ; elles
avaient lieu au Champ-de-Mars, en l’honneur de Mars 14
[consualia, equirria]. D'après Tertullien, qui cite ses
auteurs, Pison et Suétone, d’autres jeux furent institués
par les premiers rois de Rome en l’honneur de Jupiter
Feretrius,de Mars, de la déesse Robigo, d’autres divinités
encore 15 ; il insiste sur l’origine idolàtrique de ces jeux :
« rei causa idolatria est;... cuiidolo et cui superslitioni
ludi notarentur 16 . » Tarquin l’Ancien donna un grand
essor aux jeux romains. Ce fut lui, suivant la tradition,
qui fit construire le Circus Maximus dans la vallée située
entre le Palatin et l’Aventin ]circus]; il donna aux jeux
une organisation pour ainsi dire régulière et décréta qu’ils
seraient annuels; il fit venir d’Étrurie des chevaux de
course ; enfin il introduisit à Rome le pugilat 1 7. Les jeux
ainsi réorganisés par Tarquin l’Ancien furent ceux qui
portèrent plus tard le nom de ludi Romani ou magné* |
[ludi romani]. Sous la République, d’autres jeux annuels
furent créés : les ludi Plebeii au mc siècle av. J--L- lu,DI
plebeii] ; les ludi Ceriales vers la même époque [ceueaJ
lia] ; les ludi A poil inares en 212 [ludi apollinaiies , les
ludi Megalenses en 204 [megalesia] ; les ludi Un a e J
en 173 [floralia]. Au dernier siècle de la Républiqm , u’s
jeux d’un caractère différent furent fondés pour p< , lj^
le souvenir des victoires remportées par Sylla elLi s.ii .
ludi Victoriae Sullanae (82-81), les ludi I ici»)
saris ou Veneris Genetricis (46) [ludî victoriae ■ j ^
NAE, LUDI VICTORIAE CAESARIS]. Ce furent là, jUMp ' ^ ^
blissement de l’Empire, les seuls jeux à la fois al11
officiels de Rome. . ]eS
Mais d’autres jeux furent souvent celé ai ( s 1^ ^
magistrats romains en accomplissement d un '
apaiser la colère divine, lors d’un triomphe, c 1 ,uX
cace de temple ou d’édifice public. C étau n ^ euX
extraordinaires. Il est probable que la p L1P,H
Elruria acciti . . - 9 La plupart de ccs jeux sont rcr'*‘' | * p|. xv-*v 1,1
de deux lombes découvertes prés de Cliinsi . Alu" 379 et sli'' "
xxxm; cf. Dennis, Op. c. 1, I, p. 325 et suiv.; >’ _ u ]l)ld _ U M*»- *
Martha, l'Art étrusque, p. 390. - Marlha, L- «■ Varr. De ling- la ‘
Ist. V, pl. XV. - <3 Liv. I, 9; Plut. Romulus, H- __ „ Liv. U
VI, 13. — 15 Terlull. De spect. S. — ,e /b,d-
— 18 Ibid.
LUD
LUD
— 1371 —
l j'abord ce caractère .: nous le savons
aiunie's cur,'n lcs ludi Apollinares, qui furent
expre^emen F lapl.cmière fois en 212, mais qui
v0U,S 'Vii'linilivement organisés comme fête annuelle
j,e furent a pQur leg ludi Fiorales , qui parais-
d f'^ (IU C".;t.réé’g en 240 ou 238 », et qui ne devinrent
seot av°" 11 gn olltre, nous connaissons un assez
annuels qu en . extraordinaires, qui furent donnés
»J "ilement tel fut le cas des jeus tumulte,
gra
U,ie f°13 n^irir 'le dictateur A. Postumius Tubertus (431
causa vot ceux qui furent voués par le dictateur
Vunus Camillus en 396, et qui furent célébrés en 392
' , . mrK,ils L. Valerius Potitus et M. Manlius, apres la
p;U "i, véies5 • de ceux qui furent voués, lors du
Julius Gallictls de 360, par le dictateur Q. Servilius
Lia6 de ceux que le premier Africain avait voues en
Fsnatme pendant une mutinerie de ses troupes, et qu il
h Rome en 203, à la veille de partir pour la Sicile
et l’Afrique ' ; de ceux encore que P. Cornélius Scipio,
propréteur en Espagne, avait voués en l’honneur de
Jupiter pendant un combat indécis contre les Lusitaniens,
et qu’il célébra à Rome l’année de son consulat, en 194
av J.-C., etc. On donne parfois à ces jeux extraordi¬
naires le nom de ludi votivi 8. Les magistrats romains
promettaient des jeux à la divinité comme ils lui promet¬
taient un sacrifice extraordinaire ou l’érection d’un temple
nouveau. Dans d’autres circonstances, les jeux faisaient
l’office de véritables actions de grâces : ainsi, après que
les Gaulois se furent éloignés de Rome, le dictateur
M. Furius Camillus lit décréter par le Sénat que des ludi
Capitolini seraient célébrés, quod Jupiter Optimus
Maximus suarn sedem atque arcem populi Romani in
re trépida tutatus esset 9.
Outre les jeux publics soit ordinaires, soit extraor¬
dinaires, il y avait à Rome des jeux privés, c’est-à-dire des
jeux qui étaient célébrés par des particuliers. Ces jeux,
autant que nous pouvons le savoir pour l’époque républi¬
caine, étaient surtout des jeux funèbres ( ludi funèbres ),
qui tantôt suivaient de très près les funérailles du défunt
[FUNus,p. 1400-1401], tantôt étaient célébrés après un plus
long intervalle en l’honneur du défunt, ou même en l’hon¬
neur de deux défunts de la même famille. Par exemple,
en l’année 206, le premier Africain donna à Carthagène
des combats de gladiateurs et des jeux funèbres en mé¬
moire de son père et de son oncle, P. Cornélius Scipio et
( n. Cornélius Scipio, tués tous deux cinq ans aupara-
'anl Lorsqu’ils étaient célébrés à Rome, les jeux funè-
1,res pouvaient avoir lieu sur le Forum romain11 ou sur
b Forum Boarium 13. Vers la fin de la République, les ambi-
Deux qui briguaient les suffrages du peuple lui offraient des
JLux, en particulier des combats de gladiateurs : il fallut
rai‘me, à l’époque de Cicéron, promulguer des lois contre
C0 mo,*e de captation de l’opinion publique [ambitus,
1 ■ même, avant l’Empire, les riches Romains,
stM'dnl en cola l’exemple des Étrusques et des Campa-
^'j8’ iraient à leurs invités des jeux et des combats de
j'J' mleurs, en même temps que des repas d’un luxe
11 • Quelques-uns d’entre eux possédaient de véri-
ï^t. v 12 ; XXVI, 23; XXVII, 23. — 2 Vell. Pat. I, 14, §8.-3 OvkL
- -I j,j ’x 4 Liv. IV, 27. — S Id. v, 19 et 31. — 6 Liv. VII, H.
jeu, a,, m,' UM’ 38 cl i 3- - 8 Id. XXXV, 1 et XXXVI, 36; cf. pour d’autres
•>«C're’ L‘V' XXX1, 9 Ct 44 ’ XXX1, 49 ! XXXIX> 22’ clc- 1 Mommsen
avili 21 'M,mucl des antirl- t. XIII, p. 265, n. 5.-9 Liv. V, 50. — *0 Liv.
11 Liv. XXIII, 30; XXXI, 50; Plin. Bist. nat. XXXV, 33.
tables troupes de gladiateurs [gladiatoh, p. 1577]. Enfin
l’habitude était déjà prise d’ordonner par testament des
jeux du même genre14.
Les plus anciens jeux romains furent des courses de
chevaux et des courses en chars [gonsualia, equirkia,
circus]. Tarquin l’Ancien paraît y avoir ajouté des jeux
gymniques, puisqu’il fit venir d’Étrurie des pügiles en
même temps que des chevaux ; pourtant les exercices
athlétiques furent d’abord peu goûtés et peu populaires
chez les Romains. Pendant longtemps, les seuls jeux qui
se donnèrent à Rome furent ceux du cirque16. En 364,
des jeux scéniques, ludi scaenici , y furent pour la pre¬
mière fois célébrés. Par cette innovation les Romains se
flattaient d’apaiser la colère des dieux, à laquelle ils attn-
buaient une peste épouvantable qui désolait leur ville. Les
jeux scéniques furent d’abord de simples danses ou pan¬
tomimes avec accompagnement de flûte; puis on y joignit
des vers, jusqu’au moment où Livius Andronicus donna à
ces jeux une forme plus littéraire, et en fit de véi itables
représentations dramatiques n. Dès lors les jeux scéniques
acquirent une grande vogue : ils eurent leur place dans
la plupart des jeux ; ils furent ajoutés aux jeux dû cirque
dans les ludi Romani ; ils formèrent d’abord presque tous
les ludi Apollinares , peut-être aussi tous les ludi Mega-
lenses ; ils furent la partie essentielle des Floralia. On en
donnait aussi dans les jeux extraordinaires et dans les
jeux privés18 [atellanae fabulae, comoedia, tueatrum].
Les combats de gladiateurs, comme les jeux scéniques,
furent empruntés par les Romains à 1 Étrurie. Ils ne
figurèrent d’abord que dans les jeux funèbres , les pre¬
miers d’entre eux furent donnés à Rome en 264 av. J .-G.,
par Marcus et Decimus Brutus, à l’occasion des funérailles
de leur père Brutus Pera 19. Bientôt la foule y prit un très
vif plaisir, et ces combats devinrent de plus en plus fré¬
quents. Les candidats en donnèrent pour se concilier les
faveurs de la populace; en 1 an 103 av. J.-C., les deux
consuls P. Rutilius Rufus et C. Manlius les célébrèrent
pour la première fois officiellement. A la fin de la Répu¬
blique, la gladiature était déjà l’une des plaies de la
société romaine [gladiator, munera].
Des jeux à la mode grecque, des àywvc;, furent célébrés
à Rome pendant les deux derniers siècles de la llépu-
plique. Le premier qui offrit au peuple le spectacle de
luttes d’athlètes futM.FulviusNobilior, en 186av. J.-C.20.
Son exemple fut suivi par Sylla en 81**, par M. Aemilius
Scaurus en 58 22, par Pompée, quand il inaugura sou
théâtre en 55 23, par M. Curio en 53 2\ par César en 46 2S.
Enfin, pour compléter l’énumération des spectacles de
tout genre que l’on comprenait sous le nom de ludi, nous
citerons les chasses ou combats d animaux sain âges, qui
remontent au moins au début du iic siècle, puisqu une
venatio leonum et pantherarum est mentionnée par
Tite-Live parmi les jeux que M. Fulvius Nobilior offrit
au peuple [venatio] 26, les naumachies ou simulacres de
batailles navales [naumachia], les danses pyrrhiques, les
mimes, le ludus Trojae, exécuté par des enfants à che¬
val [trojae ludus]. Rien ne peut donner une idée plus
exacte de ce qu’étaient les jeux romains à la fin de la
_ ,2 yai jiax, nt 4, § 7. — 13 Nicol. Daraasc. ap. Athen. IV, 39. — H Ibid. ;
Cic. In Vatin. 15, 37. — 15 Liv. I, 35. — 16 Liv. Vil, 2 : nam circi modo specta-
culum fuerat (364 av. J.-C.). — n Liv. VU, 2; Val. Mas II, 4, § 4. — 18 Mommsen
cl Maniuardt, O. I. XIII, p. 266 ct s. p. 304-305. — 1» Val. Mai. II, 4, § 7. - M Liv.
XXXIX, 22. — 91 App. De bel. cic. I, 99. — 22 Val. Max. II, 4, 7. — 23 Plul. Pomp.
52. _ 24 Plia. Nat. hist. XXXVI, 120. — 25 Suet. Caes. 39. — 26 Liv. XXXIX, 22.
LUD
— 1372 —
République que la description, dans Suétone, tics
spectacles variés ofïerts par César au peuple romain
en 45 : combats de gladiateurs, jeux scéniques dans
toutes les langues, courses du cirque, luttes d'athlètes,
naumachie, pyrrhique, ludus Trojae, chasses1, etc.
Sous la République, les jeux publics de Rome étaient
organisés par des prêtres ou par des magistrats. C’était
a des prêtres qu'incombait tout naturellement le soin des
jeux qui faisaient partie intégrante du culte, du rituel :
ainsi les Consuafia, les Equirria étaient préparés et pré¬
sidés par le Collège des Pontifes2. Il était de même
logique que les jeux, ordinaires ou extraordinaires,
voués, institués et célébrés au nom de l’État, fussent
organisés par les représentants de l’État, c’est-à-dire par
les magistrats. Pendant les premiers siècles de la Répu¬
blique, ce furent les consuls ou, dans les circonstances
exceptionnelles, les dictateurs qui donnèrent des jeux ;
plus tard, l'organisation et la surveillance des jeux
annuels furent confiées aux édiles, soit aux édiles curules
{ludi Romani, Megalenses, Florales ), soit aux édiles
plébéiens {ludi Plebeii, ludi Cerialcs) ; le préteur
urbain Tut par exception chargé des ludi Apollinares ;
en 44 av. J.-C., César créa des aediles Ceriales auxquels
il contia le soin de célébrer les ludi Ceriales [aediles,
p. 99 et 100 . Quant aux jeux extraordinaires, voués au
nom de 1 État par un magistrat ou un général en cam¬
pagne, ils étaient d’habitude célébrés par ce magistrat
ou ce général, après son retour à Rome ; par exemple
P. Cornélius Scipio Nasica célébra à Rome en 191, pen¬
dant son consulat, les jeux qu'il avait promis à Jupiter,
alors que, propréteur en Espagne, il livrait une bataille
indécise aux Lusitaniens 3 ; de même M. Fulvius Nobilior
donna à Rome en 186 les jeux qu’il avait voués pendant
sa campagne contre les Ëtoliens, le jour de la prise
d’Ambracie par ses troupes en 189 *. Les jeux privés
étaient organisés et présidés par ceux qui les donnaient;
mais les édiles exerçaient sur ces jeux un droit de sur¬
veillance, d’autant plus légitime queces jeux avaient lieu
très souventen public, sur le Forum romain [aediles, p.99].
Primitivement, les jeux à Rome ne duraient qu’un
jour : ainsi les Equirria , qui se donnaient deux fois
chaque année, à quelques jours d’intervalle, le 27 février
et le 1 1 mars, se terminaient chaque fois en une journée
[equirria] ; il en était de même des Consualia , qui
avaient lieu également deux fois chaque année, le 21 août
et le 15 décembre [consus]. Mais peu à peu la durée des
jeux fut prolongée, et à la fin delà République, la durée
respective des grands jeux annuels était de quinze jours
pour les ludi Romani (4-19 septembre), de quatorze
jours pour les ludi Plebeii (4-17 novembre), de huit
jours pour les ludi Ceriales (12-19 avril), de huit jours
pour les ludi Apollinares (6-13 juillet), de sept jours
pour les ludi Megalenses (4-10 avril), de six jours pour
les ludi Florales (28 avril-3 mai), de Sept jours pour les
ludi Victoriae Sullanae (26 octobre-lcr novembre), de
onze jours pour les ludi Victoriae Caesaris (20-30 juil¬
let). Il y avait ainsi chaque année soixante-seize jours
consacrés à ces grands jeux publics : de ces soixante-seize
jours dix-sept se passaient en ludi circenses , cinquante-
I Suel. L.l. — 2 Mommsnn et Marquardl, O. I. t. XIII, p. 251. — 3 Liv. XXVIII,
38 et 45. — 4 Id. XXXIX, 5 et 22. — • 5 Corp. inscr. lat. I2, p. 289 et suiv. — 6 De
har. resp. II. — I Liv. II, 36 ; Plut. Coriol. 22. - 8 Liv. XXV, 2; XXX, 26.
— 3 Id XXV, 2 ; XXIX, 38. — 10 Id. XXIII, 30. — n Id. XXVIII, 10; XXIX, U ;
LUb
cinq en ludi scaenici , deux en equorum probati,
essais de chevaux qui accompagnaient W / es °«
et les luti Plebeii, et deux™
sacrés qui suivaient ces deux mêmes jeux* i ,rCpa*
ci-dessus représentent la durée normale de i "lîres
ces grands jeux ; mais il pouvait arriver r ^
l’autre fût prolongé de quelques jours Mr i, 0u
de Yinstauratio. Rien ne prouve mieux que lT/™6
ratio le caractère religieux de ces réjouissances mZ T
On sait combien il était important à Rome de se rr T'
mer strictement, dans les cérémonies du culte à p, . ?r,
détails rituels ; la plus légère omission, le moindre cL.!l
gement, le fait en apparence le plus insignifiant, avaient
ce résultat d’annuler la cérémonie, qu’il fallait ensuite
recommencer, si l’on ne voulait pas provoquer la colère
divine. Les mêmes scrupules se produisaient pour la
célébration des jeux : il était indispensable qu’ils fussent
rite facti, et Cicéron nous indique pour quelles raisons
insignifiantes on croyait parfois que les rites n’avaient
pas été observés : si ludius consista , aut tibicen repente
conticuit , aut puer si thensam non tenuit aut lomm
omisit , aut si aedilis verbo aut simpulo aberravit*.
Parfois même les jeux pouvaient être annulés en raison
d un fait qui s était passé quelque temps auparavant à
l’endroit où ils devaient être célébrés. Ce fut le cas en 491
cette année-là, au moment où les jeux allaient s’ouvrir, un
malheureux esclave avait été battu de verges dans le cirque,
par ordre de son maître, puis de là mené au supplice hj
Lorsque de tels événements se produisaient, il fallait
recommencer les jeux, sinon dans leur totalité, du moins
dans la partie pendant laquelle s’était produite l’omis¬
sion ou la faute. C’est pourquoi il est souvent question
dans Tite-Live de ludi in diern unutn instaurât i\ per
biduum instaurati 9, per triduum instaurait 10, loti
instaurai!11 . Il arriva que des jeux furent recommencés
plusieurs fois, ter'2, quater ,3, quinquies u, sept les1",
Dion Cassius semble même rapporter qu’on en recom¬
mença jusqu’à dix fois16. Au Ier siècle de 1ère chrétienne,
l’empereur Claude crut devoir prendre des mesures
contre cet abus de Yinstauratio11. Il édicta quen cas
c Yinstauratio les jeux équestres ne pourraient êtredon-l
nés la seconde fois que pendant un jour.
Depuis les débuts de l’histoire romaine jusqu a la fini
delà République, la durée des jeux ne fitqu augmenta ,
les dépenses nécessaires pour les donner suiv [n ni une
progression encore plus rapide. Tout d abord 1 1 1 1 lo^
nissait aux magistrats qui organisaient les jeux 1 K
les sommes dont ils avaient besoin : cet argent, qui; 11
du Trésor public, portait le nom de lucar, peut-' 6' 1 ■ ^
qu’il était prélevé sur les revenus des bois sacn» s j
aux environs de Rome 18 [lucus]. Jusqu en ann(
av. J.-C., le Sénat votait pour chacun des Jeux q^lipie,
naient une somme déterminée d’avance . P[u ' ^ujLc je
lorsque les ludi Romani devinrent annuels, a .g
la victoire remportée par le dictateur A. 1 os u
du lac Régine, le Sénat décréu, que CÉlat doanwdcha^
année, pour la célébration de ces .LüXy ^l’époque
terces 19 ; cette somme demeura invariable jusqu 1 ^ ^
des guerres puniques. Mais à partir de a 111
XXX, 39. - 12 Liv. XXIII, 30 ; XXX, 26 ; XXX(’ * ; XI'L*Ü X|0 ' Dii. &«• L*’
XXXII, 28. - 14 Id. XXXVIII, 35. - 15 U- XXXI y VII 71 ; Mommsen ol
_ 17 Ibid. - 18 Plut. Quat. rom. 88. - » Dion. Hal. VU,
((uardt, O. I. t. XIII, p. 254.
LUI)
— 1373 —
LUD
.penses de l’État pour les jeux devinrent
’b Considérables : en 217, il donna plus de
nr ies ludi Romani 1 ; en 51 av. J. -G,
. J.-C., Us
30000
, linndel’Étatatteignit760 000 sesterces. En 212
‘ait donné 12 000 as seulement au préteur pour
fccoi»
'État Tl^uïnares*) en 51, il fournit pour les mêmes
5 '“$0000 sesterces; la même année, il contribua pour
JT! Sesterces à la célébration des ludi Pleben . Et
60U u I (,u 900 av. J.-C., une innovation dangereuse
[‘^finances publiques avait été adoptée : dès lors les
PourltlL muent vouer des jeux elle Sénat les décréter
d’avance la somme nécessaire, pecunia in-
san;! De raves abus furentbientôt commis. Pour don-
0 ' jeux le plus d’éclat possible, les magistrats chargés
ü!des célébrer, en particulier les édiles, voulurent ajouter
la contribution officielle de l’État d’autres ressources,
obtenues par des moyens plus ou moins licites ; c’est du
moins ce que l’on peut induire d’un passage de Tite-Live,
oùnous lisons que les jeux donnés par l’édile Ti. Sempro-
nius pesèrent lourdement non seulement sur l’Italie et sur
les alliés latins, mais même sur les provinces. En 182, sous
le consulat de L. Aemilius et de Cn. Baebius, un sénatus-
consulte fut promulgué qui réglementait sans doute la
matière, mais nous n’en connaissons pas les dispositions.
Trois ans plus tard, en 179, lorsque le consul Q. Fulvius
voulut célébrer les jeux qu’il avait voués à Jupiter pen¬
dant sa campagne contre les Celtibériens et pour lesquels
il avait ramassé de l’argent en Espagne, le Sénat décida
que l’État ne dépenserait pas plus d’argent pour ces jeux
que pour ceux que M. Fulvius Nobilior avait donnés
après sa guerre contre les Étoliens ; ilrappela le sénatus-
consulte voté en 182 et défendit à Q. Fulvius nequid ad
mludos arcesseret, cogeret , acciperet,faceret adversus
id matas consultam"0. Mais, plus la populace romaine
montrait d’enthousiasme pour les jeux, plus les citoyens
ambitieux s’efforcaient, soit pendant leur édilité ou
leur préture, soit en toute circonstance, de les célébrer
avec éclat et avec luxe. Ils contractaient même des
dettes énormes, certains d’acquérir plus tard, quand ils
seraient envoyés comme gouverneurs dans les provinces,
des fortunes suffisantes non seulement pour se libérer
de leurs dettes, mais même pour donner de nouveaux
jeux avec plus de faste encore6. Quelquefois aussi ils
faisaient appel à la bourse de leurs amis1, ou même à
aue souscription publique 8 . Quant aux jeux privés, ils
restaient entièrement à la charge de ceux qui les don-
Mlenl .1 État ne s’en occupait que pour exercer sur eux
son droit de surveillance.
I ^d*'n U République, les jeux avaient pris àRome
larp -1 *' e‘ Une ’mportance considérables. Les plus
|les7ret leS ^US *mPortanfs d’entre eux, en particulier
proiv ^ ftll>nani et Us ludi Plebeii , s’ouvraient par une
le Foi i '"a so^enne^e, qui partait du Capitole, traversait
p jp"!' , °rna‘ri et gagnait 1 q Circus Maximus 9 [circus,
" ' a la fin des jeux, quand les courses
représentations scéniques étaient termi-
S°us |a utl rePas sacré, un epulurn [epula, p. 738].
ainsi qii;,1,Uhli,Iue- Us courses de chevaux et de chars,
jeux gymniques, quelquefois des combats
équestres et les
nées’ ü y avait uni
1 I.iv
'• Xlii,
s,
te.
XXII, io. _ 2 I . y
■p. 254 __ "■ XXV, 12. — 3 Mommsen et Marquardt, Op. c.
[ Caes, iqi __ ^ ''' XXXI,. 9. — B Liv. XL, 44. — 3 Plut. Caes. 5;
" ' 8 Dion.' na, Vj.enec- De be™f- H. 21. - » Plin. Nat. Hist. XXXIII,
y ’ O ; cf. Plut. Coriol. 21. — 10 Ritgchl, Parerga su
de gladiateurs, des chasses d’animaux sauvages (vena-
(iones), des danses ou exercices militaires iarmatuna,
pyrrhica) se donnaient soit dans le Circus Maximus
[circus, p, 1193 et p. 1200 et suiv.], soit au Circus /• la-
minius qui fut construit en220. Les jeux scéniques eurent
lieu d’abord sur des estrades en bois qui étaient dressées
pour la circonstance10; encore en 179 le théâtre qui avait
été construit pour les jeux Apollinaires ne fut que provi¬
soire; on le démolit après les jeux. La première scène en
pierre fut construite en 174; le premier théâtre complet
et permanent en pierre fut celui de Pompée, bâti en 55
[tueatrum]. Le Forum romain, le Forum Boarium ser¬
virent aussi sous la République d emplacements pour
les jeux. On a vu plus haut que les Equirria. se don¬
naient au Champ-de-Mars.
Primitivement tous les citoyens pouvaient assister aux
jeux ; seuls les esclaves et les étrangers en étaient
exclus11. Exception était faite naturellement pour ceux
des étrangers qui avaient été admis comme hôtes
publics et que l’on traitait avec les plus grands égards.
Des places d’honneur étaient réservées aux magistrats
en exercice et aux prêtres ; plus tard, on sépara de la
foule, en leur assignant des places privilégiées, les séna¬
teurs 12 et les chevaliers [theatrum, circus, p. 1188 . En
principe, au moins dans les jeux publics, le spectacle-
était gratuit; mais, vers la fin de la République, des
jeux privés furent donnés, pour lesquels une partie au
moins des places étaient payantes13.
Quant aux acteurs mêmes des jeux, conducteurs de
chars, athlètes, gladiateurs, chanteurs, mimes, danseurs,
c’étaient , en règle générale, des professionnels. Les jeunes
Romains ne paraissaient que dans quelques jeux parti¬
culiers, d’un caractère militaire, tels que la Pyrrhica ,
le ludus Trojae, les ludi Sevirales ‘L Aux premiers
temps de la République, quelques riches Romains avaient
fait courir leurs attelages dans le cirque ; mais cet
usage disparut de bonne heure, et, jusqu à 1 établisse¬
ment de l’Empire, on considéra comme une honte et une
humiliation le fait pour un citoyen de paraître dans le
cirque ou sur la scène pour l’amusement du public
[circus, atuleta, gladiator, mimus, pantomimus, histrio,
SALTATIO, etc.].
2° L'Empire. — Si brillants et si fréquents que fussent
les jeux dans les dernières années de la République, ils
le devinrent bien plus encore sous l’Empire. C’est pen¬
dant les quatre siècles qui s’écoulent depuis Auguste jus¬
qu’à Théodose que les jeux atteignirent dans tout le
monde romain leur apogée.
D’abord le nombre des jeux publics et le nombre des
jours de l’année qui leur étaient consacrés augmen¬
tèrent à Rome dans des proportions considérables. Des
huit jeux publics annuels qui existaient à la fin de la
République, six au moins se maintinrent jusqu'aux der¬
niers jours de l’Empife : les ludi Romani , Plebeii , Flo¬
rales. Megalenses , Apollinares, Ceria/es sont encore
mentionnés dans les Fasti Philocali ; seuls les ludi Vic¬
tor iae Sullanae et les ludi Yictoriae Caesaris dispa-
* rurent. sans que l’on sache exactement à quelle époque15.
D’autre part, beaucoup de jeux nouveaux furent insti¬
tuais and Terenz, p. 214 et suiv. - U Cic. De harusp. resp. XII, 26.
_ 12 ljv XXXIV, 41 et 54. — 13 Mommseu et Mar<iuardl, Op. c. t. XIII,
p. 260. - 14 Plin. Nat. Hist. XXI, 7. — 1*> Corp. inscr. lat. 13. p. 299-
300
173
LU)
— 1374 —
tués : sous Auguste, les liait Martiales , en l'honneur
de Mars, créés à l’occasion de la dédicace du temple de
Mars l ltor (2 av. J.-C.), ou d'une chapelle (aedicula) du
même dieu sur le Capitole 1 ; ces jeux se célébraient le
l'2 mai; ils existaient encore au iv° siècle; — les ludi
Augustales, donnés d'abord pour fêter le retour d'Au¬
guste de 1 Orient en 19 av. J.-C.2, puis annuels; ils
duraient du 3 au 12 octobre; on les célébrait encore au
IV siècle ; — les ludi pour l’anniversaire de la naissance
d Auguste (23 septembre), qui furent déclarés perpétuels
en S av. J.-C.3, et qui durèrent pendant tout l'Empire;
enfin les Actia de Rome, établis à l’imitation des Actia
de Nicopolis, quise célébraient tous les quatre ans, mais
qui ne paraissent pas, en tant que jeux de la capitale,
avoir survécu à Auguste actia . Après Auguste, les jeux
se multiplièrent à Rome : les uns furent créés en l'hon¬
neur de divinités, comme Hercule, Janus, Neptune, Sol,
Irbs Roma 4 ; d autres furent établis pour célébrer l’an¬
niversaire de la naissance de l’empereur vivant ; ils
duraient après sa mort, s'il avait reçu l'apothéose : les
empereurs qui furent ainsi honorés sont : Auguste, Ves-
pasien. Titus, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux,
Marc-Aurèle, Luc. Yerus, Pertinax, Septime Sévère,
Alexandre Sévère, Gordien III, Claude le Gothique, Auré-
lien. Probus, Constance Chlore, Constantin I, Constance II,
Julien, Honorius, .Théodose II, Valentinien III; à cette
liste il faut ajouter L. Aelius César, le frère de Marc-Au-
rèle, et Faustine, la femme d’Antonin le Pieux3. De ces
ludi natalicii, destinés à fêter l’anniversaire de la nais¬
sance des empereurs, il faut distinguer les jeux qui se
donnaient, sous chaque empereur, le jour anniversaire
de son avènement ( ludi natalis imperii). D'autres jeux
encore étaient fondés ob laetitias publicas , pour célébrer
des victoires remportées sur les ennemis de Rome ou les
rivaux de l'empereur : tels les ludi Parthici , institués
par Hadrien en souvenir de la dernière expédition de
Trajan6; les ludi Adiabenici, Alamannici, Francici,
Gotici, Persici, Sarmatici , créés au iv° siècle par les
successeurs de Constantin ; tels encore les ludi fugato
Licin io, établis sous Constantin pour commémorer sa vic¬
toire définitive sur son rival Licinius7.
Une mention spéciale doit être accordée aux jeux sécu¬
laires [saecülares ludi] qui furent célébrés sept fois sous
l'Empire, en 17 av. J.-C. par Auguste, en 47 ap. J.-C.
par Claude, en 88 par Domitien, en 147 ou 148 par
Antonin le Pieux, en 204 par Septime Sévère, en 248 par
Philippe avec un éclat particulier pour le millième anni¬
versaire de la fondation de Rome, enfin en 262.
Rome assista sous l’Empire à des jeux privés très fré¬
quents, dont les uns étaient, comme sous la République,
des jeux funèbres; dont les autres étaient des fêtes
offertes soit par de riches particuliers pour commémorer
un heureux événement (tels les jeux offerts en 93 par
L. Arruntius Stella en l’honneur des victoires rempor¬
tées par Domitien sur les Sarmates) 8, soit des réjouis¬
sances privées offertes par les empereurs à un cercle res¬
treint de privilégiés : à cette catégorie appartenaient les
ludi Palatini qui se célébraient du 17 au 22 janvier dans
* Ovid. fast. V, 545 et suiv. ; Dio Cass. LIV, 8. — 2 Dio Cass. LIV, 10. — 3 Dio
Cass. LV, 6. — 4 Corp. inscr. lat. 12, p. 300-301. — ô Ibid. p. 301-303. — 6 Dio
Cass. LXIX, 2. — " Corp. inscr. lat. 12, p. 301-303. — 8 Martial. VIII, 78. — 9 Momm¬
sen et Marquardt, Op. c. t. XIII, p. 219. — 10 Suet. Calig. 54. — il Tac. Ann.
XIV, 15. — 12 Script, hist. Aug. VII, 8; XVII. 23; Dio Cass. LXX1X, 10.
LUD
le palais impérial, et dont les calendriers
font encore mention 9
s du
iv«
siècle
1 ; ce fut dans des ienv ,
ble-t-il, que Caligula10, Néron 11 Comm " 1JI és, seo^j
Élagabal paru™, su,' U scène Tlf""*
1 arène du cirque et de l’amphithéâtre. ®’ (,ans
Enfin, des jeux grecs nouveaux, des à»
I i tués nar* TVéï-nn 1 3
titués par Néron ‘3, par Domitien, par GoE!11"*1
lien. L Agon Neroneus , qui fut abandonné apr l ,
de son fondateur, fut restauré par Gordien II! m°Pt
le nom à.' Agon Minervae'L L’Agon fondé
en 243
SOUS
lé par Domitienii
fui le plus fameux de tous; il se maintint!
en 86, sous le nom i'Agon Capüolinu, "m, ™ 0UM])
de l’Empire ; ,1 se célébrait tous
1 mutation des grands jeux de la Grèce, il comprenait i J
jeux gymniques, des jeux équestres, desàySmç u.GU(Ttiw(i<
Enfin en 274, Aurélien, pour donner plus d’éclat au
culte du soleil, créa un Agon Solis , dont nous ne savons
pour ainsi dire rien 17.
De ces jeux si nombreux, fondés par les empereurs, il
en est beaucoup qui n’eurent qu’une existence éphémère;
néanmoins, on se rend assez bien compte de la place que
les jeux tenaient dans la vie publique de la Rome impé¬
riale, et de l’accroissement constant que leur nombre
subit, lorsque l’on constate que dans les Fasti Philocali ,
175 jours de l'année, soit presque la moitié, étaientoccu-
pés par des jeux réguliers ( ludi stati ou statividL
De Rome, la passion des jeux se répandit en Italie et
dans les provinces occidentales de l'Empire, en -Afrique,
en Espagne, en Gaule. Les ruines si nombreuses de cir¬
ques, de théâtres, d’amphithéâtres qui se rencontrent
dans ces régions suffiraient à prouver combien les jeux
y étaient populaires à l’époque romaine. Mais, de plus,
beaucoup d’inscriptions nous apprennent que très sou¬
vent des magistrats municipaux ou de simples particu¬
liers donnaient à leurs concitoyens le spectacle de con¬
cours, de luttes, de combats de gladiateurs, de jeux
scéniques 19 ; quelquefois aussi, de tels jeux étaient londés
par testament, et une rente annuelle destinée à en faire
les frais était léguée par le défunt20. Et, de même, les
invectives éloquentes dirigées par Tertullien et pfl
d’autres Pères de l’Église contre les jeux et les spectacles
païens ne s’expliquent que si de tels jeux et spectacle®
étaient répandus partout et passionnément goûtés .
Pour la description des divers jeux nous reuvoyonl
aux articles : athleta, amphitueatrum. circis, ,LRSUSj
DESULTOR, GLADIATOR, HISTRIO, MIMUS, MENERA, _Y-u i'aCEIAI
ODEÜM, PANTOMIMUS, STADIUM, THEATRUM, VENATIO, '-tC. jk
Les jeux étaient les fêtes favorites de la P°1H‘‘"|
romaine. La foule aimait à s’asseoir pendant - ^
journées sur les gradins de pierre des cirques, ^ ^
phithéâtres et des théâtres; parfois elle > Pa . . x à la
nuits, lorsque les empereurs lui donnaient ces ,p ■ •
lueur des torches et des lampes22. Ces spectac - .
étaient pas moins nécessaires que le pain c e c ia i
on connaît la formule fameuse : panem et f eux-
Romains aimaient passionnément les Jeux et par-
mêmes ; ils prenaient parti avec un ent ousis
fois une violence extraordinaires, Poul
du
ac. Ann. XIV, 20. —
.X e,,pt Dot»'1' *■
14 Aur. Vict. Caes. xXVI1' cf Borghcsi. ®*J
.et .Ibid, -n Friedlaendei', Sittengesch H P- - J |1I, « |
I, p. 379 et suiv. - » Corp. inscr. lat. • , P; 3 ' ele. -« 1**»"
;il, XIV passim. - 20 1b. VIII, 967/.H9 , 905 j; Ix,
t. 13, et suiv. - 22 Suet. Domit. 4; Eutrop. IX,
LUD
— 1373 —
LUI)
,.n gladiateur, pour un pantomime ou un
cirq“c- P°,m acclamations ou les invectives retentis-
danseur. guivant que les favoris de la multitude
saieütaVec , in victoire ou se laissaient battre par leurs
remportaient lamasse, le cirque était à la fois un
concurren ->■ un iieu de rendez-vous et le but
tefflple> 11111 ^jrg partout on voyait des groupes s’entre-
del°Ui nnirses avec la plus grande animation; des
lenir r, protestant de leur longue expérience, y
llomme. ..'"l’urs rides et leurs cheveux gris que c’en
'"'“'lit de l'Empire, si tel cocher ne gagnait pas la
1 1 ,,g jours ou il y avait fête au cirque, le peuple
^miait avant l’aube ; bien des gens passaient même les
y t veiller dans l’attente de cet événement, l’esprit
Zi et Plein d’anxiété. Cette foule innombrable suivait
tes les Phases de ces luttes dans un état d’agitation
Lie1. » Les jeux de l’amphithéâtre, en particulier les
combats de gladiateurs et les chasses d’animaux sauvages,
n’étaient pas moins populaires que les courses du cirque.
Les gladiateurs vigoureux et hardis étaient acclamés; les
combattants malhabiles ou lâches étaient condamnés à
mourir par la foule impitoyable ; plus tard, cette foule
assista avec joie aux martyres des chrétiens livrés aux
bêtes dans l’amphithéâtre. Quant aux jeux scéniques, ils
étaient réduits presque uniquement, sous l’Empire, à la
farce atellane et au mime [atellanae, mimes, pantomimes],
dont le caractère prêtait souvent à l’obscénité. La passion
pour les pantomimes était un des fléaux de Rome . les
spectateurs se passionnaient au théâtre pour ou contre
tel acteur, comme au cirque pour ou contre tel cocher.
Mais ce n’était pas seulement le spectacle lui-même et
l’intérêt qu’il y prenait qui attirait le peuple de Rome au
cirque, à l’amphithéâtre, au théâtre. Il y trouvait encore
d’autres avantages : car souvent on lui donnait à manger
et on le comblait de cadeaux. De gigantesques banquets
étaient servis à la foule, au milieu des jeux, et quelque¬
fois l’empereur lui-même y assistait2. Toutes sortes de
fruits et de comestibles, des figues, des dattes, des noix,
des gâteaux, du gibier étaient distribués aux specta¬
teurs; enfin, on leur jetait des jetons, véritables billets
de loterie avec lesquels on pouvait gagner de l’or, de
1 argent, des pierres précieuses, et jusqu’à des immeu¬
bles en ville ou des maisons de campagne 3 [missilia,
«SSERAEl.
Enfin, depuis que le Forum avait été fermé aux luttes
politiques, les jeux étaient les seules occasions offertes
a la foule pour manifester ses sentiments à l'égard du
mailu‘ 1 Empire. Lorsque l’empereur paraissait aux
]eux’ *e Peuple l'acclamait [acclamatio] ; il n’était pas
uuf que 1 on profitât de sa présence et de sa bonne
Umenr P0ur lui présenter des requêtes et des suppli-
sent concernaient soit les jeux eux-mêmes4 (repré-
dan'ï™ ^ °U ted §enre spectacle, apparition
nicni r" nC 0U ^ B’ludiateur célèbre, affranchisse-
çe j, "n ncleur ou d’un cocher), soit tout autre sujet.
contre i',|-*a SU'te (d une dolente manifestation dirigée
cer i|,, 1" 11 1 E éâtre , que Tibère se résigna à faire repla-
anl p,s thermes d’Agrippa YApoxyomenos de
1 Frieillacii(]er o / ir
!,»._}» j ’ ’ p- 342 et suiv. — 2 Suet. Calig. 18 ; Domit. 4; Stal.
'V,C Bist. xx xiv , ‘ 1L ~ 4 Tac- BUt. I, 32; Suet. Calig. 30. — 8 Plin.
XIX, 4. o C^’ Pour d’autres épisodes analogues, Joseph, Antiq.
U ,l LXXIII.' 4. ,fUeV- D°mit- 13; Plul- Galba< 17- ^ 0 Dio Cass. LXX1I,
er0d,an- h 12. - 1 Suet. Calig. 27 ; Fer. 39 ; Galba , t2 ; Ves-
Lysippe, dont il avait orné son propre palais \ Parfois
aussi, des moqueries ou même de bruyantes démonstra¬
tions étaient dirigées par les spectateurs des jeux soit
contre l’empereur lui-même, soit contre ses favoris ;
au théâtre, il arriva souvent que des allusions aux
affaires publiques, à la vie privée des empereurs, a leur
personne, à leur entourage, furent soulignées et vive¬
ment applaudies par la foule7.
Ainsi, les divers jeux publics de Rome constituaient
l’une des manifestations les plus caractéristiques de la vie
sociale dans la capitale de l’Empire. Par leur nombre, par
leur éclat, par les spectacles dont ils se composaient, par
tous les événements dont ils se trouvaient être 1 occasion,
ils tenaient dans la Rome impériale une place très consi¬
dérable. Aussi n’est-il pas étonnant que le gouvernement
se soit occupé avec soin de leur organisation. De graves
changements furent apportés dès le début de 1 Empire à
la cura ludorum. Sous la*République, la charge de pré¬
parer et de célébrer les jeux publics annuels avait sur¬
tout pesé sur les édiles. Sous l’Empire, ils en furent com¬
plètement débarrassés [aediles, p. 100 . Auguste la
transféra aux préteurs : le préteur urbain dut & occuper
des ludi Megalenses , des ludi Florales ; le préteur péré-
grin, des ludi Augustales [praetor . Les consuls furent
chargés des Actia et des jeux destinés à célébrer 1 anni¬
versaire de la naissance d Auguste ; à partir du iic siècle,
ils donnèrent à leurs frais des combats de gladiateurs
avant leur entrée en charge ; ils offrirent d’autres jeux,
de plus en plus coûteux et brillants, le jour même ou ils
prenaient possession de leur dignité 8. Les questeurs ne
furent pas épargnés dans cette distribution des diverses
charges de la cura ludorum. En l'an 47, Claude leur
imposa l’obligation de donner tous les ans des jeux de
gladiateurs à leurs frais, pour fêter leur entrée en fonc¬
tions9. Entre l’année 34 et le règne de Domitien, l’obli¬
gation ne fut pas toujours strictement maintenue; mais
après Domitien, les ludi quaestorii se donnèrent réguliè¬
rement chaque année. Alexandre Sévère restreignit cette
charge aux seuls questeurs candidati Caesaris ; pour les
autres, il leur fournit, sur l’argent du Trésor public, les
sommes nécessaires aux jeux10 [gladiator, mènera, qeaes-
tor]. Quant aux jeux privés, ils étaient à la charge de celui
qui les donnait. Hors de Rome, la charge qui résultait
des divers jeux pesait tantôt sur des magistrats, tantôt
sur des particuliers. Les jeux qui accompagnaient les
fêtes provinciales du culte de Rome et d'Auguste étaient
célébrés, au nom de l’assemblée provinciale, par le
prêtre de la province, qui, le plus souvent, en assumait
les frais ; dans chaque cité, les jeux du même ordre
étaient organisés par le flamen Augusti ou flamen per-
petuus 11 . Dans les cités provinciales, la cura ludorum
continua d’être l’une des attributions des édiles et des
duumvirs [aediles coloniarem et menicipiorum, gladia¬
tor]. Enfin, comme nous l’avons indiqué plus haut, des
jeux fréquents furent offerts par de simples particuliers 12.
L’importance prise par les jeux de toutes sortes dans
le monde romain et la passion avec laquelle la foule y
assistait, expliquent la popularité vraiment extraordinaire
pas. 19 ; Domit. 10; Script, bist. Aitg. IV, 29 ; VII, 3; XIX, 9.-8 De Ruggiero,
Il consolato , ,p. 163. — 9 Suet. Claud. 24. — 10 Script, hist. Aug. XVIII, 43.
_ U P. Guiraud, Les Assemblées provinciales, p. 120 et suiv. ; E. Beurlier, Le
culte des empereurs, p. 112; Carrelle, Les Assemblées provinciales de ta Gaule,
| p gg ei i4i. 12 Liebenam, StSdteverwaltung im rôm. Seiche , p. 113 et suiv.
LUD
— 137G
<]ui s attacha sous 1 Empire aux athlètes, cochers du
cirque, gladiateurs, acteurs et mimes. Ce n’est pas ici le
lieu d insister sur la célébrité qui fut acquise alors par
ces diverses catégories de personnages ; on trouvera
aux articles spéciaux, athleta, circus, gladiator, uistrio,
mimus, etc., les détails les plus circonstanciés sur chacune
d elles. Mais, à côté de ces professionnels, des amateurs,
appartenant parfois à de très hautes familles, se produi¬
sirent, de gré ou de force, devant le public du cirque, de
1 amphithéâtre, du théâtre. Des empereurs eux-mêmes,
Néron, Commode, Caracalla, s'abaissèrent jusque-là;
Néron parcourut la Grèce comme un histrion; Commode
parut dans 1 amphithéâtre sous le costume et l’armure des
gladiateurs; Caracalla conduisit un char dans le cirque.
De tels exemples ne furent que trop suivis par des cheva¬
liers, par des sénateurs même. En vain quelques empe¬
reurs s’efforcèrent, au moins pendant le premier siècle de
l'Empire \ de mettre un terme* à ces exhibitions scanda¬
leuses : ils n’y réussirent pas. Ce goût irrésistible des
membres les plus élevés de la société romaine pour les
métiers d’acteur, d’athlète, de gladiateur, de cocher, est
un des témoignages les moins équivoques de la démora¬
lisation profonde et incurable dont souffrait alors le
monde antique3.
C’est au christianisme que revient l’honneur d’avoir
attaqué le plus énergiquement cette manie des jeux et
d'avoir dirigé contre elle les premiers coups. Deux rai¬
sons essentielles guidèrent les chrétiens dans cette œuvre
essentiellement humaine. D’abord, comme le dit Tertul-
lien, les jeux étaient, au moins dans leur origine, des
pratiques d'idolâtrie 3 ; en second lieu, ils éveillaient
dans le cœur de l’homme les plus mauvais sentiments,
ceux-ci par leurs obscénités et leurs turpitudes4, ceux-
là par leur sauvagerie et par la vue du sang5. Sous
l'influence de ces idées, Constantin le Grand, par un édit
de 326, supprima ce qu'on appelait la damnatio ad lu-
dum [gladiator, p. 1599 ; les combats de gladiateurs
subsistèrent encore jusqu’au début du ve siècle ; mais
ensuite ils disparurent. Les courses du cirque durèrent
beaucoup plus longtemps : on sait quel rôle le cirque
et ses factions ont joué dans l’empire byzantin [circus,
surtout hippodromus, p. 207 et suiv.]. La coutume des
venationes se maintint en Occident : on en trouve
des traces encore au moyen âge6. Quant aux jeux scé¬
niques, tels que l'Empire romain les avait connus et
aimés, ils disparurent complètement : lorsque au moyen
âge se produisit le premier réveil de l’art dramatique,
l’inspiration en fut toute chrétienne ; il n’y restait plus
rien de ce qui caractérisait la scène antique.
Les jeux romains ne le cédaient pas en importance aux
àyÆveç helléniques. Ils n’étaient ni moins fréquents, ni
moins brillants, ni moins populaires. Mais ils n’ont
jamais, à aucune époque de leur histoire, revêtu le carac¬
tère national qu’ont eu les jeux grecs, au moins du ne
au ive siècle av. J.-C. Ils n’ont été, sous leurs diverses
formes, que des réjouissances et des spectacles. Sous
l’Empire, leur influence a été néfaste, démoralisante.
Tandis que le souvenir des jeux Olympiques ou des Pana¬
thénées évoque quelques-uns des traits les plus nobles
• Suct. Tib. 35; Dio Cass. LVII, 14; LX, 7; Tac. Hist. II, G2. — 2 Frietl-
laendcr, O. I. t. II, p. 489. — 3 Tertull. Despect. 5, 13, 14. — '* Ibid. 17. — 3 Ibid.
19. — 6 P. Lacroix, Mœurs, usages et costumes au moyen âge, p. 236-237.
— 7 Liv. XXV, 12; Macrob. Sat. I, 17, § 28. — 8 Liv. Ibid..-, Macrob. Sat.
LUD
et les plus sympathiques de la civilisation
vue des cirques, des amphithéâtres et des la
mains rappelle au contraire ce qu’il y ava t !àlres «>•
plus immoral et de plus inhumain dans le
Ludi Actiaci [actia]. ldeanhque.
Ludi Apollinares. — Jeux institué* ô r,
neur d’Apollon pendant la seconde guenv T ^
Quelques années après le désastre de fann* PUnique>|
av. J.-C., le Sénat fit consulter un recueil
qui avait été récemment découvert à Rome les Z
Marciana [duumviri, p. 433]. Tite-Live et MacrobZ!?
ment, contre l’opinion d’autres historiens et annalkt!'
qu ils ne nomment point, que cette consultation eut I
non pas à l’occasion de quelque famine, épidémie Z
prodige, mais à cause des victoires d’Anniba! et de iJ
situation critique dans laquelle se trouvait l’État romaiï
La réponse des Carmina Marciana nous a été conservée!
par les deux auteurs en termes à peu près identiques •
« Ilostem, Romani , si expellere vultis, vomicamque,quae
gentium venit longe , Apollini vovendos censeo h, dos
gui quotannis comiter Apollini fiant , quüm populus
dederit ex publico partern , privati uti conférant pro te
suisque. Iis ludis faciendis praeerit praetor is, qui jus
populo plebique dabit summum. Decemviri Graeco ritu
hostiis sacra faciant. Haec si recte faxitis , gaudebitis
semper fietque res vestra melior ; nam is Divus extin-‘
guet perduelles vestros, qui vestros campos pascunt
placide1. » Les livres sibyllins furent consultés et don¬
nèrent la même réponse. Aussitôt le Sénat décida que des
jeux seraient voués et célébrés en l’honneur d’Apollon,
et que le préteur urbain recevrait pour ces jeux une
somme de 12000 as8. Ces jeux furent donnés par le
préteur P. Cornélius Rufus, surnommé Sibylla ou Sylla,
dans le Circus Maximus0 . Les spectateurs portaient des
couronnes de laurier; chacun d’eux dut verser une coti¬
sation, conformément aux prescriptions des Carmina
Marciana10. Pendant quelque temps, les ludi Apolli¬
nares furent de nouveau décrétés chaque année par le
Sénat, et le jour de leur célébration variait d une année
à l’autre11. En l’année 208, une épidémie dangereuse
ayant éclaté à Rome et dans les campagnes dalentoui,
le préteur urbain P. Licinius Varusfit voter par le peupla
une loi, d’après laquelle hi ludi in perpetuum in stataM
diem voverentur. Tite-Live ajoute que le jour choisi u J
le troisième jour avant les nones de juillet, et que ce jouiJ
ne fut pas changé depuis lors12. Il y a là une erreui niauB
feste, qui provient sans doute d’une faute de 11 V ls e ’M
faut lire : le troisième jour avant les ides de juif ■ •
effet, Tite-Live lui-même, dans un autre passage, G
que ces mêmes jeux, en l’année 190, se et < 11 1
cinquième jour avant les ides de juillet13. Primitivement,
les ludi Apollinares avaient lieu le 13 JU1 , j
duraient qu’un jour; mais bientôt /^Q^inquième
d’importance et d’éclat: si en 1 anne > millet,
jour avant les ides de juillet, cest-à- ue c ces jeux
était occupé par eux, c’est que, dès cette eP^c jana les
duraient au moins trois jours (du au ^ g aU
anciens calendriers, ils occupent hui J ’ • dale
13 juillet; dans le calendrier dit de Ph, locales, <1
. I, 17, § «. - 10 XXVH, 23.
XXVII, 23. - 13 Lj,„ 88-4>,
Macrob.
I, 17, §29.-9 Liv. Ibid.
v, Apollinares. — 11 Liv. XXVI, 23 , c
— 13 Liv. XXXVII, 4; cf. Mommsen et Marq ,
n. 270.
LCD
LUD
— 1377 —
i c ils en occupent neuf, du o au 13‘.
de 354 ap. ■' eQ 2l2 les ludi Apollinares furent
0 après ,inus Maximus : c’étaient donc des ludi
célébrés dans heUre des jeux scéniques y
“alSc„ Jm av .J ,-C., le Thyeste d’Ennius fut
furent j0inLS ’ jeux donnés par le préteur C. Sulpicius
'T'' en l'an 00 av. J.-C., une partie des jeux se
Gallus ’ lh^tre3 A la fin de la République, les ludi
'Tllinares comprenaient aussi une venatio'. Sous
‘ ] aae jeux gardèrent toute leur importance et
ï’l« éclat; ils se célébraient encore au milieu du
Kv’fanaée ‘>12, sur l’ordre des Carmina Marciana, le
Min d’orsaniser et de célébrer les ludi Apollinares avait
I confié au préteur urbain . Ce magistrat resta toujours
chargé de cette tache.
Si Wgustales. - Le nom d’Auguste fut donne a trois
ludi différents : 1° aux ludi natalitii de l’empereur, qui
•e célébraient le 23 septembre de chaque annee, date
anniversaire de sa naissance; ces jeux furent d’abord
donnés à titre privé par les préteurs, puis un senatus-
.consulte les institua officiellement en 8 av. J.-C.; ils
durèrent pendant tout l’Empire 6 ; 2° aux jeux annuels
qui accompagnaient les Augustalia, depuis 1 année
II av. J.-C. 7 ; 3° enfin à des ludi, qui furent institués,
d’après Tacite, Cannée de la mort d’Auguste, sur la pro¬
position des tribuns de la plèbe8. Friedlaencler croit que
ces derniers sont les mêmes que ceux des Augustalia ,
qui se célébraient du 3 au 12 octobre [augustalia] 9.
Ludi Gapitolini. — D’après Tertullien, le nom de ludi
Capitolini aurait été porté, dès les premiers temps de
Rome, par des jeux que Romulus aurait fondés en 1 hon-
neurdeJupiter Feretrius; les mêmes jeux se seraient aussi
appelés ludi Tarpeii i0. Nous ne connaissons rien d’eux.
D'autres ludi Capitolini furent institués en 389, après
que les Gaulois se furent éloignés de Rome. Ces jeux
étaientcêlébrés en l’honneur de Jupiter Optimus Maximus,
pour remercier le dieu d’avoir sauvé le Capitole, suam
sedem atque arcetn populi Romani*1 .Ils étaient annuels,
miennes. Le dictateur M. Furius Camillus reçut du Sénat
la mission de constituer un collège, qui devait être chargé
de les organiser et se recruter uniquement parmi les
Romains qui habitaient sur le Capitole12. Ce sont peut-
être les membres de ce collège que Cicéron mentionne,
dans une lettre à son frère Quintus, sous le nom de Capi-
i'>linil\ A ces jeux Capitolins, se rattache un proverbe
curieux, assez répandu à Rome, mais dont l’origine était
oubliée. D’après Plutarque 14 et Festus13, pendant les
' eux Capitolins, on amenait devant la foule un vieillard,
'obi de la robe prétexte et portant au cou une bulle d’or,
'lu* Ion promenait en criant : Sardi vénales ; alius alio
'^pnor. Suivant les uns, le mot Sardi signifiait :
rusques, parce que le peuple étrusque passait pour
^re originaire de la Lydie, dont la capitale était Sardes;
'Killard, avec sa toge prétexte et sa bulle d’or, repré-
dlt 1111 101 desVéiens, fait prisonnier par Romulus et
C ,Mr Publiquement. Suivant d’autres, le mot
1 ' ' s‘ Suait les habitants de la Sardaigne ; le consul
Ti. Sempronius Gracchus, après avoir conquis en 238
av. J.-C. la Sardaigne et la Corse, n'en rapporta comme
butin que des prisonniers qui se vendirent à très bas
prix. De là serait venu le proverbe : « Sardes à vendre;
ils ne valent pas plus les uns que les autres. » Aucune
autre mention n’est faite de ces ludi Capitolini.
Beaucoup plus connu est le concours Capitolin, institue
par Domitien en 86. A la vérité, c’était moins un ludus
romain qu’un aydiv grec, et le nom qu on lui donne d ha¬
bitude est celui A'Agon Capitol inus. Ce concours fut créé
à l’imitation des grands jeux grecs. Il comprenait des
ayiove; braixof, des iywvs; ytip-vixo!, des àywveç goucixo! ; parmi
ces derniers, il y avait primitivement des concours d’élo¬
quence grecque, d’éloquence latine, des concours de
chorocitharistae et de psallocitharistae , qui disparurent
de bonne heure ; au contraire, les concours de poésie
grecque et latine, de cithare et de flûte furent maintenus
pendant longtemps. Les jeux équestres et les jeux gym¬
niques étaient les jeux habituels de la Grèce. Domitien y
avait ajouté une course de jeunes filles; mais elle tomba
très vite en désuétude 16. Ces jeux Capitolins furent célé¬
brés jusqu’aux derniers temps de l’Empire. Les prix de
poésie étaient très recherchés ; en 1 année 110, le prix de
poésie latine fut remporté par un enfant de treize ans,
P. Yalerius Pudens d’Histonium 11 .
Le concours Capitolin avait lieu tous les quatre ans
[quinquennale certamen ), probablement en juin ou en
juillet. Domitien le présida lui-même, en costume grec,
le front ceint d’une couronne d’or où se voyaient les
images de Jupiter, Junon et Minerve; auprès de lui sié¬
geaient le flamine de Jupiter et les Sodales Fluviales .
Pour les jeux gymniques et équestres, il construisit au
Champ-de-Mars un stade immense, qui pouvait contenir
plus de trente mille spectateurs, et dont l’emplacement est
aujourd’hui occupé à Rome par la Piazza Navone; pour
les concours scéniques, il éleva 1 Odaeum [stadium,
odaeum19].
Ludi Ceriales [cerealiaj.
Ludi Compitales ou Compitalitii [compitalia].
Ludi Florales [floralia],
Ludi J uvenales, lusus Juvenum ou Juvenales [juvenalia,
JUVENES],
Ludi Magni [ludi romani].
Ludi Martiales. — Un texte formel de Dion Cassius
nous apprend qu’au début de l’Empire des jeux équestres
étaient célébrés tous les ans, le 1er août, en souvenir de la
dédicace du temple de Mars Ultor 20 . D'autre part, les Fasti
Maffeiani , que l’on suppose dater du temps d’Auguste
(entre 8 av. J ,-C. et 3 ap. J .-C.), signalent des ludi Martis
in circo le 12 mai. Mommsen pense que ces derniers
jeux furent institués pour commémorer l'érection d’une
aedicula Martis sur le Capitole en 20 av. J.-C.21.
Ludi Megalenses [megalesia].
Ludi Palatini, jeux privés institués par Livie pour ho¬
norer la mémoire d’Auguste22. Ces jeux se donnaient sur
le Palatin; à l’origine ils duraient trois jours. Tous les
empereurs se firent une loi de les célébrer ; à la fin de
l’Empire, ils occupaient cinq jours, du 17 au 22 janvier 2*.
| Qqj,
SIX, 6. !] laL l2’ p> 268‘ — 2 Cic. Brut- XX, 78. — 3 Plin. Nat. Hist.
P-300. _ 6D.! ’ V1,1) -® ! Lie. Ad Attic. XVI, 4. — 3 Corp. inscr. lat. I2,
-«Tac. U,;’, LV’ 6 ; Corp ’ inscr ■ lat- I2. P- 300. — 7 Dio, LIV, 10, 34.
P' 273-274 _ iQ I L 34. — 9 Mommsen et Marquardt, Op. c. t. XIII,
<Uull. De spect. 5. — il Liv. V, 50, 52. — 12 Id. Ibid.— 13 Cic.
Ad Quint, fratr. 11, 5. — U Plut. Quaest. Rom. 53. — 15 Fcst. s. v. Sardi vé¬
nales. — 10 Suet. Domit. 4. — U Corp. inscr. lat. IX, 2860. — 18 Suct. Domit. 4.
_ 19 Friedlaeader, Sittengesch. Il», 437 et suiv., 575 et suiv. — 29 Dio, LX, 5.
_ 21 Marquardt et Mommsen, Op. c. t. XIII, p. 273 et 365. — 22 Dio, LVI, 46.
_ 23 Fast Philoc., Fast. Polemii, Corp. inscr. lat. I2, p. 256 et 257.
LUD
— 1378 —
LUD
Ce fut pendant les ludi Palatini que Caligula fut tué par
Cheréas1. Il est possible que plus tard ces jeux aient été
consacrés à tous les Divi, r] pwsç2.
Ludi Piscatorii, jeux fort anciens, qu'Ovide 3 mentionne
dan> les fastes à la datedu 6 juin, mais surlesquels nous
n'avons d'autre renseignement que la phrase suivante de
1 estus . Piscatorii ludi vocantur , qui quotannis mense
• Junio trans Tiberim fieri soient a praetore urbano pro
piscatot'ibus T tberinis, quorum quaestus non inmacel-
lum pervenit, sedfere in aream Volcani , quodid genus
pisciculorum datur ei deo pro animis humanisé.
Ludi Plebeii, jeux très anciens, dont la véritable ori¬
gine était, semble-t-il, inconnue des Romains eux-
mêmes. 11 n'y a pas grand compte à tenir des renseigne¬
ments que le pseudo-Asconius nous donne sur la date
et les circonstances de leur fondation [epulones, p. 741].
D'autre part nous pensons qu'il ne faut pas établir une
relation trop étroite entre l'origine des ludi Plebeii et la
construction du Circus Flaminius. Sans doute c’est dans
le Circus Flaminius que les ludi Plebeii furent célébrés 11
à partir de l’année 220 av. J.-C., date de la cons¬
truction de cet édifice6. Mais nous savons qu’il y eut
à Rome des jeux scéniques bien avant qu’aucun théâtre
y existât, et des combats de gladiateurs bien avant qu’au¬
cun amphithéâtre y fût élevé. Nous pouvons admettre,
par analogie, que les ludi Plebeii furent institués avant
la création du Circus Flaminius. Toutefois il est difficile
de croire que ces ludi aient existé avant l'année 293, dont
1 histoire détaillée termine la première décade de Tite-
Live. Il n est pas question, en effet, des ludi Plebeii dans
les dix premiers livres de l'historien. C’est donc entre
293 et 220 que nous fixerions l’origine de ces jeux. Ils
étaient organisés et célébrés par les édiles plébéiens7.
Primitivement, sans doute, ils ne duraient qu’un jour ;
dès 1 année 207 av. J.-C., leur durée était augmen¬
tée6. A la fin de la République, ils occupaient qua¬
torze jours, du 4 au 17 novembre9. Au ive siècle de l’ère
chrétienne, ils avaient perdu de leur importance et de
leur éclat : dans les Fasti Philocali , quatre jours seu¬
lement leur sont attribués, du 12 au 16 novembre.
Ces ludi furent à l'origine des ludi circenses, puisqu’ils
se donnaient dans un cirque ; mais, de très bonne heure,
des jeux scéniques y furent représentés ; en 200 av.
J.-C., on y joua le Stichus de Plaute10. Ces ludi ,
comme les ludi Romani , étaient accompagnés d’une
equorum probatio ; dès l'année 213, ils étaient pré¬
cédés d'un repas sacré en l'honneur de Jupiter, Epulum
Jovis [epulones, p. 741]. Ce repas sacré avait lieu le
13 novembre.
Ludi Romani ou Magni, les plus anciens jeux romains
après les Consualia et les Equirria. Tile-Live en attribue
l'institution à Tarquin l’Ancien 11 : so/ennes deinde annui
mansere ludi. Romani magnique varie appellati. Pour¬
tant, pendant les premiers temps de la République, le
même historien mentionne presque exclusivement des
ludi votivi extraordinaires, et il y a lion Hn
Mommsen ”, que les ludi Romani ne devin™**’ Wec
des jeux annuels et perpétuels que vers \l il"*6"1
iv6 siècle. Célébrés d’abord par les consul ? leu du
tcurs, ils furent ensuite organisés et présidés" ''T'
ediles curules [aediles, p. 99]. A l’origine s-m 1 T 68
ne duraient qu’un jour; leur durée fut succès! ’ ÜS
portée à deux, trois, quatre, dix jours 19 •
République, ils occupaient quinze jours •’ après u ® k
?j César un seizième jour lui ajouté en «
tateur. Sous Auguste, ils se célébraient du 4 au
tembre14. Leur importance décrût sous l'Empire- u
lasti Philocali , qui les mentionnent sous le nom de
(udi Romanorum ou Romaniani , ne leur attribuent
plus, comme aux ludi Plebeii , que quatre jours du il
au 15 septembre16.
Les ludi Romani étaient consacrés, semble-t-il à
Jupiter. Ils étaient précédés d’une procession solennelle
qui partait du Capitole, traversait le Forum romain et|
par le Yélabre, gagnait le Circus Maximus [pompa] l5,
Ils comprenaient d’abord des courses, courses de chars
et courses de chevaux tenus en main; puis des luttes
gymniques17; plus tard, après 364, les jeux scéniquesy
turent introduits et y prirent un grand développement. En
161 av. J.-C., le Plxormion de Térence fut joué aux ludi
Romani. Un Epulum Jovis y fut adjoint on ne sait’ à
quelle époque : il n’est mentionné que sur les ca¬
lendriers, à la date du 13 septembre 18. Il y avait, pour
les ludi Romani comme pour les ludi Plebeii , une
equorum probatio , qui se faisait le 14 septembre13.
Ludi Saeculares [saeculares, saeculum],
LudiSevirales [équités, p. 779, seviri].
Ludi Taurii vel Terentini [saeculares, saeculum].
Ludi Yictoriae Caesaris, jeux institués par César en
46, lorsqu’il procéda à la dédicace du temple qu'il avait
élevé à Venus Genitrix. Pour célébrer ces jeux, qui con¬
sistèrent surtout en chasses de bêtes fauves et en combats
de gladiateurs, César construisit un amphithéâtre provi¬
soire en bois20. Les ludi Victoriae Caesaris , appelés
aussi ludi Veneris Genitricis 21 en raison des circons¬
tances dans lesquelles ils furent célébrés, lors de leur
fondation, furent organisés en l’an 34 av. J.-C. Par
les consuls22. On ne connaît point leur histoire ulté¬
rieure. Ils ne sont pas mentionnés sur les calendrier- du
ive siècle. D’abord célébrés le 24 ou le 25 septembie. ils
furent ensuite reportés du 20 au 30 juillet, api ^ a
réforme julienne du calendrier, suivantl hypothe 'ial
semblable de Mommsen23. „:)
Ludi Victoriae Sullanae, jeux institués par Sjlb - 1
pour célébrer la victoire décisive qu’il venait de hM1
ter à la porte Colline, sur le chef samnite Pontiu^ ^
sinus24. Sous Auguste, ils duraient sept jours,
26 octobre au 1er novembre. Ils n existaient i
ivc siècle de l’ère chrétienne26. J- Toutain. nnlUis-
LUDIO ou LUDIUS, au féminin LUDI A. — Les nn *
1 Suet. Calig. 58. — 2 Dio, LXXVI, 3.-3 Ovid. Fasl. VI, 235. — 4 S.
v. Piscatorii. — 5 Val. Max. I, 7, § 4. — 6 Liv. Epit. XX. — 7 Liv.
XXIII, 30; XXVIII, 10; XXXIX, 7. - 8 Liv. XXVIII, 10. — 9 Corp. inscr. lat. 12,
p. 299-300. — 10 Studemund, De actae Stichi Plautini tempore, in Comment,
philolog. in honor. Th. Mommseni ; Liv. XXV, 2. — H Liv. I, 35. — 12 Mommsen,
Bôm. Forsch. il, p. 42 et suiv. — 13 Mommsen, Ibid. p. 45, n. 4. — 14 Corp. inscr.
lat. 12, p. 299-300. — 15 Corp. inscr. lat. 12, p. 272. — 16 Dion. Hal. VII, 72.
— 17 Ibid. — 18 Mommsen, Bôm. Forsch. II, p. 45. — 19 Corp. inscr. lat. 12,
p. 299-300. — 20 Dio, XLIII, 22. — 21 piin. Nat. Hist. II, 93. — 22 Dio, XLIX, 42.
,, ,r n D . U 27 —25 Corp. inscr. l«‘-
>rp. inscr. lat. 12, p. 299-300. - 2. Vell. I al. II, * • l'indication
99-300. — Bibliographie. On trouvera aux ai i P t jC| ou tcl
les ouvrages, de toutes les études de détail qui cou^ ^ à 5;„na.
l'histoire des jeux dans l'antiquité. Ici nous no’ ^ QymnastiS
ouvrages d’ensemble, d'ailleurs peu nombreux, mu , ^ grecque*1
onistik der Hellenen , Leipzig, 1841 ; Schoeniaiin, (888-1890, t-
tris, 1887; Friedlaender, Sittengeschichte Boms, J ^ trad. franç*'
m _ xfnnt.oi fl ps Antiauités romaines , •
— 1379
I
LUD
t ..nssi l’orthographe lydio, lydius, lydiai.
t'rils 0llT:fférence d’orthographe tient à ce que l’étymo-
tl'"au mot était contestée.
Denys d’Ilalicarnasse
log>e Tt/^vUTus Ventre autres, le rattachent, en effet,
I ’ fl’fmrfts la tradition bien con-
ApPien l Zlius^lydien, d’après la tradition bien con-
à l’adjecti ./ ^ Lydiens les premiers inventeurs des
nue qui lalSl Grèce 6 A la vérité, ce n’était pas directe-
jeUX T r’Vens mais de ses voisins les Étrusques que
meDt V reçu nombre de ses jeux, fêtes et spectacles ».
revient de se rappeler que, dans toute l’antiquité,
u Étrusques ont passé pour une colonie lydienne ‘ : si
les (1, mot même lydius s’employait couramment
ÎHatin dans le sens d 'étrusque*. Par suite le ludio
aurait été à l’origine un bateleur étrusque et plus tard
façon toute générale, un bateleur quelconque. C est
... une dérivation à peu près semblable que chez nous
Lon, ethnique ,, tzigane » a Pmi par désigner un cer-
tain «enre d’exécution musicale plutôt que la nationalité
des exécutants. Cette première étymologie serait donc
assez plausible.Néanmoins, l’origine du mot est probable¬
ment beaucoup plus simple : c’est la racine lud, qui a
donné en latin le verbe ludo, le substantif Indus et
nombre d’autres mots, auxquels est commune l’idée de
„ jeu 0 ». Étymologiquement donc, le ludio est un joueur,
un amuseur, au. sens le plus général10. Mais ce sens peut
naturellement se préciser d’après le contexte. Dans cer¬
tains passages ludius signifie un comédien, un acteur
[histrio] u. Ailleurs, il désigne un danseur ou mime
[mdius, saltator] 12. Chez Juvénal, il s’applique quelque
part à un gladiateur [gladiator] 13. Le plus souvent il se
dit des bateleurs de bas étage 14. Il faut enfin signaler un
sens spécial, que nous font connaître Denys d Halicar-
nassel5et Varron 10 : selon ces deux auteurs, les ludiones
étaient des adolescents, qui dans toutes les processions
publiques, soit au cirque, soit au théâtre, marchaient en
tète du cortège, parés de tuniques brillantes, et portant
casque, épée et bouclier. Un trait commun à tous les
ludii, c’était d’avoir, comme nos comédiens modernes,
la face rase et épilée 17.
Le mot India est le féminin de ludius, et peut avoir
par conséquent tous les sens correspondants. Il désigne
aussi parfois la femme ou l’amante d’un ludius1*.
O. Navarre.
Ll’DUS, LUDIMAGISTER. — I. Ludus, école, établis¬
sement d'instruction.
1 Définitions. — Bien'que le terme schola ait donné
| notre mot français école, ce n’est pas lui qui est la véri¬
table expression employée en ce sens. D’abord, étant la
I «mple transcription du grec ayol-^, schola n’appar-
Lcm° ou LUDIUS. l Elle
AntUj. rom. 11, 71 4.
-2m.~ 3
est confirmée par le témoignage de Denys d’Halicar-
qui Iranscrit le mot en grec sous la forme XuStuv.
exemple Tlf . Pni',c‘ (VIII), 66. — 4 S. v. XuSoi. — -l Herod. I, 94. — 6 Voir par
L 1 _ j ' . U ' ' 'L 4 : ludiones ex Etruria acciti. — 7 Herod. L. I. ; cf. Appian,
tik'lm. Hii2; Aen\ 781 5 Stat SUlv- IV- L 6, etc. - 9 Bréal et Bailly,
* ludin- *’ Lud0- — 10 Le dictionnaire de Forcellini dit très bien :
circo, vei Ulctus est quicumque aliqua ratione faciebat ludos vel in
■Seif, | jg " :il.ys'. per compita oblectandi populi causa ». — H Cicer.
fréquenl ■ fit [ j ^estmêmece sens qui domine, semble-t-il, et est le plus
«m. I, iij . puni 4 : ludiones... ad tibicinis modos saltantes; Ovid. Ars
!erI>ede puisai 1" ’ rut*cm praebente modum tibicine Tusco, Ludius aequatam
des tnsuiae |U(jJ.1Umuni ’ tlesych. s. v. XuSiÇuv • yofsùoiv ; cf. encore ce que dit
fl‘n. Nat. Bist !!>0r'Um Varron, De re rust. III, c. 17 (choreusas insulas);
«9>. 11 ; Suet À 93 (96)’ 209’ ~ 13 V’ 8? cf• V1> 104 et 266> ~ 14 Cicer- Har‘
hUPlaut. Aul,.i"r !" 15 L- l. — 10 Non. 1. XII, p. 619, éd. Quicherat.
«t 266,
(J— B.
Aug. .... — 10 L l _
Aulul. II, 9, 6 ; Non. ï. ; _
‘“‘“'•■ograkue. Gronov
18 Mart. V, 24, 10; Juven. Sat. VI, 104
Casalius, De 1F* Uronov^U9i Thesaur. graecar. antiquit. 1735, t. VIII
çt comoedia , c. 2), D. 1015; Graevius, Thesaur. anti •
tient qu’à une époque relativement récente : il fallait,
pour le voir apparaître, que 1 hellénisme eut pris posses¬
sion de Home. Peut-être a-t-il été créé par Cicéron lui-
même; on ne le rencontre pas auparavant dans une
œuvre littéraire. De plus il a toujours retenu de son éty¬
mologie une signification spéciale et restreinte. I ne école
se disait en Grèce oioauxaÀeïov. La i/o c’est le loisir,
par suite l’occupation d’un homme de loisir; et quelle
occupation, pour un Grec du ve ou du ive siècle, est plus
noble, plus digne d’un homme bien né, que 1 entretien
philosophique1! Les disciples de Socrate, quand ils sont
de loisir, écoutent la parole du maître ou se racontent les
événements de sa vie2. Que bientôt 1 on en vint à expri¬
mer par là les hautes études en général, puis le lieu
même où elles s’enseignaient, la pente était naturelle.
Ainsi l’entend Cicéron3; ainsi l’a-t-on entendu après lui,
et jusque dans les derniers temps de 1 Empire. Le terme
ne s’est jamais appliqué à toutes les branches de 1 ins¬
truction, mais seulement aux plus élevées4; et comme
il y avait en Italie trois ordres d’enseignement représentés
par le primus magister , le grammaticus et le rhetor
[educatio], il a été réservé pour les degrés supérieurs de
la hiérarchie, les classes de grammaire et de rhétorique,
c’est-à-dire celles qui s’étaient constituéës précisément
sous l’influence de l’enseignement grec : en cela il demeu¬
rait fidèle à ses origines. Le mot ludus , au contraire, a
pour lui le caractère indigène de sa physionomie, 1 anti¬
quité de sa naissance et la généralité de sa signification.
Comme son rival schola, il pouvait désigner 1 école du
grammaticus ou celle du rhetor ; mais il était seul em¬
ployé quand il s’agissait de l’école primaire. C’est donc
bien, à n’en pas douter, le terme exact.
Comment l’avait-on choisi, lui qui évoque tout d’abord
une idée de jeu, de divertissement, pour indiquer un
endroit où la jeunesse prétend ne point se divertir ?
Était-ce justement par antiphrase5? Ou bien, comme le
veut Festus, espérait-on allécher les enfants avec ce nom
de bon augure 6? Était-ce enfin que les occupations sco¬
laires sont un jeu de l’intelligence, une gymnastique de
l’esprit? Ce qu’il y a de sûr, c’est que ludus appliqué à un
lieu signifie que dans ce lieu on se livre à quelque exer¬
cice. Une épithète jointe au substantif précise alors de
quel exercice particulier il est question. C’est ainsi que
nous trouvons le ludus gladiatorius1 , le ludus milita -
ris*, le ludus fidicinus*, le ludus saltatorius 10, où se
forment les gladiateurs, les soldats, les joueurs de lyre,
les danseurs. Le ludus litterarius 11 n’est qu’un ludus de
même nature que les précédents. Le genre de 1 exercice
seul diffère : on s’y exerce à lire, écrire et compter12.
quit. romanar. 1735, t. IX (J.-C. Bulengerus, De theatro, 1. I, c. XLVI : De ludus
seu ludionibus), p. 918.
LUDUS, LUDIMAGISTER. i Krause, Gesch. der Erziehung ira Alterthum,
p. 248, note 3; Grasberger, Erziehung und Unterricht , II, p. 20.-208; Jullien,
Les professeurs de littérature dans l'ancienne Rome, p. 113.-2 StoXvi, cr/oUi;».,
Plat. Phaed. p. 57 d. — 3 Tantôt au sens de dissertation : In Pison. 25, 60 ; De
Fin. II, I, 1; lusc. I, 4, 7 et 8; III, 34, 81. Tanlôt au sens d'école : In Pison.
25, 59; \»è o'rat. I, 22, 102 ; II, 7, 28. Tantôt même, le mot peut être pris simul¬
tanément dans Tune et l’autre acception, tant elles sont voisines : Tusc. I 47, 113.
— 4 Jullien [Op. I. p. 114) en donne une preuve curieuse tirée d’une lettre de
Pline le Jeune (Ep. VIII, 7, 1). Pline écrit à Tacite à propos d'un livre que son
ami lui a donné à corriger : « (me) tu in scholam revocas ». Or ce n'est pas à
l’école primaire qu'il peut le renvoyer pour juger et critiquer une œuvre littéraire,
mais à l’école du second degré, c’est-à-dire chez le grammairien. — » Festus,
s. u. Militent, p. 122 (éd. Muller). — « Id. Schola, p. 347. — 7 Suet. Caes. 31
_ g Liv. VII, 33. — 9 Plaut. Rudens, prol. v. 43. — 10 Macrob. Sat. III, 14, 4 et 7
_ H piaut. Mercat. II, 2, 32. On disait encore ludus litterarum (Liv. III, 44, 6j
VI, 25, 9)- — 12 Augustin. Confess. I, 13.
1380 —
LUD
LUD
Mais comme ces connaissances qu’on y reçoit sont indis¬
pensables à la vie, que chacun les recherche, homme ou
femme, il a dépassé en importance tous les autres; il est
devenu le Indus par excellence ou Indus tout court.
Le local. — L'installation d’une école, à l’ordinaire,
n’était guère luxueuse, surtout celle du maître élémen¬
taire. L'État ne se mêlant en rien de l’instruction, il y
avait cet avantage que tout le monde était libre d’ensei¬
gner, mais aussi cet inconvénient que personne, du moins
jusqu’à Yespasien, ne recevait ni traitement régulier ni
subvention extraordinaire. On comprend alors que le
maître, qui risquait l’aventure, fit modestement les
choses : il se contentait de louer, en bordure sur la rue,
un petit local appelé pergula1. C’était un industriel
comme un autre ; il tenait « boutique d’instruction 2 ».
La pergula cependant est moins encore qu’une bou¬
tique; ce n’en est qu’une partie. Conformément à l’étymo¬
logie3, c’est un prolongement d'édifice, une annexe, une
construction quelconque en saillie*. Entendez ici, atte¬
nant à une boutique, une sorte d’atelier ou d’échoppe
ouverte sur les côtés, un hangar en appentis. La pergula
ue doit donc pas être confondue avec la taberna. Dans
certaines inscriptions, qui contiennent des annonces de
logements à louer, les pergulae sont mentionnées à
côté destabernae et nettement distinguées de celles-ci s.
Faut-il ajouter maintenant que, dans le choix du local
comme en toute chose, il y avait des exceptions à l’habi¬
tude ordinaire? Tite-Live parle d’écoles installées dans
des boutiques 6. Or rien ne permet de supposer que dans
ces passages l’auteur s'est contenté d’un à-peu-près et
Fig. 4647. — Une école romaine.
a cru rendre suffisamment sa pensée en se servant de
taberna , le mot général, au lieu du terme particulier et
de l’expression propre pergula. Une fresque, trouvée
à Herculanum et placée aujourd’hui au musée de Naples,
nous montre cette fois une école établie sous un portique ;
ce portique est même soutenu par d’élégantes colonnes que
relient entre elles des guirlandes (fig. 4647) :. Voilà, si
l’imagination du peintre ne l’a pasembelli, un fortagréable
emplacement et dont le gracieux décor aurait charmé
1 Suet. De grammat. 18, 2; Vopisc. Saturn. 10; Juv. 11, 137. — 2 Plut.
Quae. rom. 59 : fpajxjAaToSiSa'TxaXeïov. — 3 Pergula, de pergere , continuer,
comme tegula de tegere. — 4 R s'ensuit qu’elle n’était pas nécessairement
une construction dénuée d’élégance : il y a d’autres annexes que des annexes de
magasins ou de boutiques. Voir pekccla. — 6 Corp. inscr. lat. IV, 1136 ;• Orelli,
4323-4324. — 6 Liv. III, 44, 6; cf. Id. VI, 25, 9. — 7 Pitt. di Ercolano , III,
lab. xli, n“ 1; O. Jahn, Ueber Darsteil. des Handwerks. etc., in Abhandl.
notre Montaigne, lui qui voulait pour les . r
classes riantes, au besoin « jonchées H» ,1 dnls des
feuillées8 ». Seulement, croyons-le bien ce-'U1S 6t de
étaient assez rares, et les écoles primaires ie.Teptions
breuses comme il est juste, recherchaient de préfér?
pergulae. Hangar ou portique, l’école était donc
munication avec la rue. On se bornait à tendre aZT'
toiles d un pilier à l’autre, pour qu’elle ne donnâ^68
directement sur la voie publique. Mais ces tentures1 nT*
le savons par Martial3, n’empêchaient guère les br,T
de la classe d’arriver aux passants, qui entendaient lP!
elèves répéter en chœur leur odieux refrain : « Un et
font deux; deux et deux font quatre 13. » Naturellement !
aussi, chose plus grave, semble-t-il, et qui devait favoriser
la dissipation des enfants, les bruits du dehors venaient
jusqu’aux élèves. Mais on ne paraît pas s’en être autre¬
ment préoccupé. Les premières écoles étaient établies
parmi les boutiques du Forum, c’est-à-dire dans l’endroit
le plus fréquenté de la ville1’. Parfois même l’enseigne¬
ment se poursuivait en dehors de la salle, et une peinture
de Pompéi nous fait assister aune leçon de lecture donnée
en plein air (fig. 2610). Du reste, sans sortir de la salle,
les élèves, ceux du moins des classes supérieures, ne
trouvaient-ils pas toujours autour d’eux quelque agitation?
C’étaient les parents qui venaient de temps à autre, attirés
par la réputation du maître ou de quelque brillant écolier
c’étaient des amis, des étrangers même qui pénétraient
au milieu de la jeunesse. Pline raconte dans une lettre
qu’il entra ainsi, un beau jour, pendant une discussion
animée; tout le monde aussitôt de s’interrompre et de se
tourner vers lui pour lui témoigner son respect12. C’est
là un manque de recueillement assez étrange. Mais, je le
répète, la chose ne déplaisait pas aux Romains, comme
nous serions d’abord tentés de le croire. Ils n’étaient pas
fâchés au contraire qu’un certain contact se trouvât
maintenu avec le public et que l’école fût déjà un petit
théâtre où l’enfant commençait à se donner en spectacle.
3° Le mobilier scolaire. — A. De même que le local,
le mobilier de l’établissement était le plus souvent fort
simple. On ne connaissait pas ce confort élémentaire!
que nous sommes habitués aujourd’hui à rencontrer
dans toute salle de travail. Il n’y avait pas de tables, ls
élèves écrivaient sur leurs genoux13. Quelque!^ un
tabouret placé sous leurs pieds leur permettait ,liie
moins courbés. Comme sièges, ils avaient des 1
bois, sans dossier1*, qui devaient leur paraître airs
la longue, étant donné le grand nombre d’heures ou
passaient assis15. Ajoutez une chaise pour le mai h-
était réduit à l’indispensable. Hâtons-nous e *nL
c’était là surtout le mobilier d’une école Pnma11^'
bas-relief en terre cuite, découvert il y a une vu o
d’années nous fait voir les élèves, sous les t tram^
singes habillés rangés sur des bancs superp ■> ’ Le
leurs tablettes dans 1 attitude que nous avons jg
maître, un grammaticus , aune tête ane, c,egt ja
la toge. Sa chaise est à dossier haut et carr ' ,ace les
cathedra , la chaire, où pouvaient seu s pre
... ,.870s p. 288, I'1
der saechs. Gesellsch. der Wissensoh. t. M l _ 9 Mari.
Helbig, Wandgem. Camp. n-| 1492 - » *«**•'• £ « ; VI, *5, 3- " 12 ^
10 Augustin. Confess. I, 13 peneile. 308 : ,
Epist. II, 18, 1-2. - 13 Apollon, rfo Synth IV, ^ ba3 „ . *
1*1 SiX tov tTr,ic«yoûva<Ti, Batrach. 2. Collect. Gréau, n
-iGHelbi g,Bullet. d. Ist. 1882, p. 34; Froeb ^ctueI|erocnt au Musée du l
Wissowa, Rom Mittheilungen , V, 1890, pl. *» P-
I, 3;
,7. 5.
— 1381
LCD
LUI)
l1lres qui avaient droit au
" : iu'i eu rs et les gri
tilre de professeurs, c’est-à-
imiuairiens et qui prenait
I fil.
dire tes 1 111 'i',.;1' M,Jt d’un "trône et en avait le nom; elle
(lue|q,|,‘lo,> . l5 sur une estrade qui l’exhaussait
[était élever ni l»‘
l’jtf. 4648. — Caricature de maître d’école.
encore davantage*. Dans les classes où était donné l’ensei¬
gnement du second degré, comprenant la lecture etl’expli-
calion des poètes, souvent les salles étaient ornées de
petites plaques de marbre appelées tables iliaques [iliacae
Iabulae]. Ces bas-reliefs, qui représentent les principaux
épisodes des fables homériques, véritables résumés et
sommaires illustrés du cycle troyen, ont bien pu servir,
en effet, à un usage scolaire. Leur commentaire figuré
frappait plus vivement l’imagination des enfants et ache¬
vait d'éclairer les leçons du grammaticus : c’était l’ensei¬
gnement par les yeux ajouté à l’enseignement par le livre3.
■ 11 y avait aussi parfois, suspendues aux murs, des
caries de géographie. Cependant, ici, il faut distinguer
les époques. Dans les derniers temps de la République, les
en r les é ta i en l dé j connues, puisque Sempronius Gracchus
avait tait représenter dans le temple de Mater Matuta 1
,a ^ai‘daigne qu’il venait de soumettre, et que Varron,
unaginaut un cadre pour ses entretiens sur l’agriculture,
Paçdil les interlocuteurs du dialogue dans le sanctuaire
l^e Tollus, en face d’une Italie peinte sur la muraille 5.
oannioins, et malgré le caractère pratique de cette
i J|Cnce’ *es Romains ne semblent pas jusque-là y avoir
aflîn" *l<aucouP d’importance6; nous ne pouvons
r 11111 1 '1'"' ^ôs ce moment les cartes servissent à l’ins-
d,, n ' " * valants. Plus tard il n’en fut plus tout à fait
a(.n ll1.' n (Iue la géographie soit restée toujours un
un i'Ii ii " 11,1 ÜS ^ enseiSnement du grammaticus1 , c’était
ni nécessaire pour l’explication des textes. Que
I ^ Ætjf. 5o, i3 | ,
[ 15, et 3o ( 3 ~ ' 1 D 6 ^ n If P- 431 ; Philostr. Bopli. I, 23, I,
I trad- h-ançaisc) w~. Man|"ardt ( Privatlcben der Borner, t. I, p. 129-130 de la
'*• MtaclJi'es (|yti llas> 3 cause do la petitesse des reliefs et de la finesse
'-coles . p |ca t ^ ]mi’ Uuc les (ailles iliaques aient été employées dans les
1 °>11’ lui, e||,., jro * 'iS instruments d’étude, non dans le mobilier scolaire.
Mais,,,. *’*ul“*; leur place dans l’éducation privée (voir iliacak
fixer
un détail ou JL adrueHI’(' fine le professeur, à certains moments, pour
t®. — :iyar|, De ü "" 6Plsode ldus clair, les montrait à scs élôvcs ? — * Liv.
8r*nmiairifns> vers la lii "L ' *’ — 6 Slrab. III, 4, 19. — 7 Cependant certains
y " ’ u la République, furent eu même temps géographes : pai¬
lle passages, chez les auteurs, ne peuvent être pleine¬
ment éclaircis, si l’on ne tient pas compte de la situation
des villes ou de la configuration des pays! Comme nous
savons, d’autre part, que l’usage des cartes se répandit à
partir d’Agrippaqui dressa dans le portique de sa sœur
Polla, sous forme de sphère en marbre, une représen¬
tation de l’empire romain 8, il n’est pas étonnant qu’elles
se soient introduites dans les écoles pour en orner les
parois. Décoration ulile à tous les points de vue, car elle
permettait encore d’exalter le sentiment national. « Dans
les années heureuses d’un Trajan, d'un Marc-Aurèle, d'un
Dioclétien, les élèves y suivaient le mouvement des
armées et l’on nous dit que le maître éprouvait un sen¬
timent de fierté patriotique à leur montrer que l’étendue
de l’empire égalait presque celle du monde9. »
Enfin, quand on connaît le rôle joué par le portrait
dans la vie des anciens et dans celle des Romains en par¬
ticulier, quand un se rappelle le nombre incroyable
d’images de toutes sortes, en toutes matières, placées en
tous lieux, publics ou privés, soit au nom de 1 État, soit
au nom des citoyens les plus divers [imago], on peut croire
que les écoles ne faisaient pas exception à celte coutume
presque générale. Notamment, dans les bibliothèques, on
mettait volontiers le portrait de chaque -éèrivain célèbre,
poète, philosophe, orateur, historien, au-dessus du recueil
de ses œuvres. C’était un exemple à suivre pour les
maîtres de l’enseignement public. Ceux qui en avaient les
moyens ne manquaient pas sans doule de s'y conformer.
Juvénal10 parle de Virgiles et d’Horaces tout noircis par
la fumée des lampes dont les élèves, se rendant de grand
matin à l’école11, se servaient pour éclairer le local
encore obscur, et qu’ils éteignaient seulement aux
premières lueurs du jour. On a souvent prétendu qu'il
s’agissait, dans le passage, d’exemplaires des deux poètes
placés entre les mains des enfants comme textes de lec¬
ture et d’explication. Mais le dommage causé ne peut
venir que de l’atmosphère momentanément enfumée de
la pièce : le terme fuligo employé par Juvénal interdit
un autre sens. Or les manuscrits, enfermés la plupart
du temps dans les capsae, ne pouvaient pas en subir
longuement les atteintes 12. Au contraire, on comprend
que des bustes exposés en permanence, sans rien poul¬
ies protéger, devaient perdre assez vite leur couleur
(, decolor ); ils devenaient, eux aussi, des fumosae ima¬
gines13, comme ces autres bustes14, portraits dos aïeux,
que chaque famille aristocratique conservait dans l’atrium
de sa maison etque noircissait peu à peu la fumée du foyer.
Voilà ce que telle ou telle école, suivant la nature
de l’instruction qu’on y venait chercher, offrait aux
élèves. Joignez-y, chez le primus magister , l’abaque
[abacus], table de pierre, de bois ou de métal, qui servait
avec les cailloux ou calculi aux exercices de calcul, etc.,
et chez le grammaticus, des sphères ou des cubes pour
l’enseignement de la géométrie, que ce fût d’ailleurs le
grammairien lui-même qui le donnât ou qu’il y eût un
exemple Asclépiade de Myrlée qui enseigna à Rome au temps de Pompée et qui
est l'auteur d'une Périégèse, ou Tyrannion qui donna des leçons dans la maison
de Cicéron (Cic. Ad Quint, frat. II, 4, 2). — * Plin. Nat. Hist. 3, 17; cf. Mar-
quardt, O. I. Organis. financière, p. 2fil. — 0 Boissier, La fin du paganisme, I,
p. 153 (in-12). — 10 Juv. Sut. 7, 226-227. — 11 Ovid. Am. 1, 13, 17; Mari. IX,
08, 3; XIV, 223; Juv. 7, 222 sq. — -12 Cf. Jullien, Op. I. p. 119, C'est aussi
l'opinion de Fricdlander, Sittengeschichte Bonis, 1, p. 238 (trad. Vogel). — 13 Cic.
/h Pison. I, I; Scnec. Epist. 44, 5. — 14 C’étaient, à proprement parler, des
masques en cire pris sur le visage même du défunt et montés ensuite sur des
formes de bois [imago].
174
LUD
— 1 382 —
LUD
géomètre spécialement chargé de ce soin. Tous ces objets
étaient, dans le mobilier scolaire, 1 apport du maître.
Mais il y avait aussi ce que les élèves apportaient avec
eux, leurs instruments de travail, leur bagage particulier.
D abord la capsa *, qui renfermait les livres des éco¬
liers [causa, liber]. Sous la République, quand les livres
étaient encore chers, chaque coffret devait en contenir
lorl peu ; le maître avait alors recours aux dictées pour
taire connaître les textes à son auditoire 2. Plus tard,
<i partir du i'r siècle de 1 Empire, les copies des œuvres
classiques se multiplient3 et par suite baissent de
prix \ Dès lors l’élève se procure aisément les manus¬
crits nécessaires, et, comme les livres une fois roulés
formaient un petit volume5, la capsa, sans atteindre de
bien grandes dimensions, put en recevoir un nombre
assez considérable. Tout d’abord, l’enfant portait lui-
même son bagage ci l'école, et, parmi le peuple ou même
chez les personnages importants des petites villes, il en
fut toujours ainsi 6. Mais ci Rome l’habitude s’établit
bientôt dans les bonnes familles de faire porter la capsa
par le pédagogue, l’esclave grec chargé d’accompagner
partout 1 enfant et de veiller sur lui [paedagogus], ou par
un autre esclave préposé particulièrement à cet office et
appelé, à cause de sa fonction, le capsarios.
Pour écrire, les élèves avaient des tablettes [tabulac
ceratae). Elles consistaient en de minces planches de bois,
réunies deux à deux (diptyques) et recouvertes au dedans
d une couche de cire [diptychon, tabula]. Celles de l’école
primaire avaient une grande dimension ; mais chez le
grammairien ou le rhéteur, sans les rendre aussi petites
que les pugillares qui tenaient dans la main, on en
diminuait les proportions, pour que les devoirs ne fussent
pas trop longs; c’est du moins ce que Quintilien recom¬
mande expressément'. Les caractères étaient tracés sur
la cire molle, à l'aide d’un poinçon ou stylet [stylus]8,
tige de fer très pointue d’un côté et aplatie à l’autre
extrémité. On avait encore le roseau [calamus, penna,
arundo], taillé à la manière de nos plumes9, que l’on
trempait dans l’encre [atramentum] )0et que l’on reportait
sur le papyrus ou le parchemin11. Cicéron12, llorace13,
les gens d’étude sous l'Empire14, recouraient très souvent
à ce procédé. En était-il de même. dans les écoles? 11 est
certain que le système des tablettes de cire, plus commode
et moins coûteux, devait être de beaucoup le plus usité.
Cependant un passage de Martial nous prouve que, à
lecolc primaire tout au moins, on employait la plume de
roseau et le papyrus. « Si Apollinaris te condamne, s’écrie
le poète en s’adressant à son ouvrage, tu peux aller tout
droit dans les coffres des marchands de sel, vil papier sur
le revers duquel écriront les enfants15. » Ainsi donc,
quand un ouvrage ne se vendait pas et tombait dans le
rebut, le primus magister se le procurait à bon compte
et distribuait le verso de chaque feuillet, laissé blanc, à ses
élèves qui l’utilisaient comme « page d’écriture ». L’enfant
avait besoin d’apprendre les deux manières d’écrire,
puisqu’il était appelé plus tard, dans la vie, à se servir
* Hor. Sat. I, 4, 22. On rappelait aussi scrinium, Ilorat. Sat. 1, 1, 120, cIloculus,
Hor. Sat. I, 0,74. — 2 Cic. Ad Quint, fr. III, 1, 4; De fin. IV, 4, 10; Denat. Deo-
rum, 1, I, 26, 72; Hor. Epist. I, 1, 55. — 3 Dès l'époque de Cicéron, avec Atticus,
G. Doissicr, Cicéron et ses amis, p. 134, in-12, 1879.— 4 Mart. 1 , 11 7 ; 1,66. — &Id.
14, 86 et 190. — 6 Hor. Sat. I, 6, 73-74. — 7 Quint. X, 3, 32. — » Mart. 14, 21.
— 9 Krause, Gesch. der Erzieh . p. 426 et note 9. — 10 Jd. p. 426-427 ; Grasberger,
Erzieh. und Unterricht. II, p. 312. — il Krause, Op. I. p. 424-427. - 12 Cic. Ad
Quint, frat. Il, 14(15 6), 1. — 13 Hor. Epist. II, 1, 113. — V* petr. Satyr. 102.
.le l'une ou de l'autre indistinctement Une ,
exerces a manier le roseau, on Iü,s lesdoi«
•gts
mer le roseau, on reyemii U'St'°
ment habituel. Néanmoins, chez le rh i'"* l i|lsll'U'
grammairien, le calamus n’était pas . 'T, ï"°" «H
Ion ne le conseil d’écrire de DPJ-, Ul
R pirp • _ ( IGllÇfi siu» Ji
Quintilien do
tablettes de cire
uce sur dej
> lct uuusbsite de trerni ulM
plume dans l’encre, dit-il, retarde la main^V- UWni k'
de la pensée. Mais le conseil n’était i, *S(i
il ajoute : « Dans les deux cas. il suivi, ca|
laisser
il ULlll avoir en; «
une marge, etc.- ». L'express™,
genere prouve donc qu'on usait encore de la
plète, si nous oubliions, dans le nombre des [„ î! 1
de travail, ceux qui contraignaient à la tâche les ïj
paresseux, inattentifs ou coupables de m,Pi„ Tl
faute. Ces instruments de punition jouaient „T JJ
rôle. L éducation romaine n’était pas tendre en ™ ér iT
et encore moins à l’école qu’à la maison paternelle
seulement les colères des maîtres”, leurs emportements!
leurs accès de fureur 19 accompagnés d’injures eide cris»
étaient chose fréquente ; mais ils en venaient promptement
aux coups et, selon les circonstances, lessoufflets, laférul!
les verges, le fouet, les lanières de cuir avaient leur' tour!
La férule (ferula, virga), la menaçante férule, «sceptre
des pédagogues21 », était la plus employée. Baguette
longue et souple, à la moindre incartade elle s’abattait
sur le coupable; elle le frappait d’ordinaire à la paume
si sensible des mains, qu’il était forcé de présenter au
maître22. Encore n’était-ce là qu’une punition réputée j
légère23, le premier degré dans l’échelle des châtiments.}
Il y avait d’autres traitements plus énergiques. Selon la
gravité croissante des cas, on employait le fouet de cuir!
tantôt simple 24 (scutica, lorum, lig. 2613), tantôt composé
de plusieurs courroies [flagellum]25, ou la peau d'an-j
guille, peau plus grossière que le cuir ordinaire et (pii
rendait la peine plus douloureuse26.
De quelle manière était souvent administrée la correc-J
lion, la fresque déjà mentionnée d’Herculanum (fig. (
nous le fait voir27. L’enfant y est dépouillé de ses
habits ; il ne garde qu’une ceinture autour du corps. ! n
de ses camarades l’a hissé sur son dos et l’y maintient
solidement par les deux mains, tandis qu’un auhe, j
agenouillé, lui a saisi les jambes et l’empêche de bougeij
Un homme encore jeune, debout, frappe sur les îeuj
avec des verges. Est-ce le maître lui-même, ou un des®
aides 28‘? Un personnage placé à la droite du m.iiiu.
la caricature reproduite plus haut (fig.4648), peut être
de ses aides chargé de l’exécution. Pendant ce h ml'”’ Jj
curieux de la rue regardent, entre les colonms,
indifférence, et les autres écoliers assis sur
un banc, lej
volumen déroulé sur leurs genoux, ne se dénuv 1 ^ ^
pas de leur lecture pour contempler un spect.u i 1 1
ont sans doute l’habitude. Parfois aussi, h ni." CQa;i
besoin de personne pour inlligef la punition, ^ le
tout simplement l’enfant par le milieu <- u •' ^ J
soutenant en l’air, le fouettait avec la main i
— « Mart. IV. 86, 9. — 15 OuinUI. X, 3, 3,-3, - 17 £3 I
— 18 Scncc. Epist. 94, 9. - U> C'est ce que disaient a ■ 84i 3 ; VIII. 3' '"‘j
instruits par Denys le Grec (Ad Attic. VI, t, !-)• «j-Jut. I<*;'
IX, 98, 4,-9. .d. X, 69, ,0; cf. XIV, 80. -22 F, Ut. Caes- 0i, 5„u-
Idyll. 4, 24. - 23 IIor. Sat. I, 3, 120; Juv. M7 • voir PIuL Po1^ jj
vent mots rapprochés et qui caractérisent le régime^ ^ Jahni c. t*1’’ ’ I
— 2(1 Mart. X, 62 , 8. — 26 Plin. Nat. Hist. 9, / ■ ‘
— 28 Grasberger, Op. I. II, P- I48' — 29 Julllcn’ p' '
LUD
— 1383 —
LUD
. i;lS seulement à l’école primaire, comme on
Cenll'l'l.,>(Toire, qu’étaient exercées de pareilles
P0"”’"! cii, 7. le grammaticus aussi régnait une sévère
|ri.g,U!l|"l,(. Rappelons-nous le plagosus Orbilius *,
■f- ' 'V Horace ne put jamais pardonner les coups qu’il
F Orbilius était un professeur de grammaire,
I am[
t reçu
[et, qu°i‘Iu 11
®îl'1 ÜS' s’adressât à des élèves déjà grands, il ma-
x la férule et la lanière de cuir avec aussi
•ment que s’il avait eu affaire à des gamins
Sans doute il était dur naturellement
niait contre eu
Udeménagem
en bas âge 2- S
| tura acerba)3 ] sans doute aussi, ancien soldat4, il
transportait dans son école les habitudes des camps;
lais son exemple n’était pas isolé. Juvénal euL le sort
■‘Horace ; il fut plus d’une fois, nous dit-il, obligé de
re à la baguette ses mains tremblantes 6. Or c’était le
donnant des conseils au dictateur Sylla, il
I tendre
temps où,
composait des suasoriae ; il était donc chez le rhéteur,
tout au moins chez le grammairien6.
■Ce qui est plus étonnant, c’est que personne, pas même
les parents, intéressés cependant des premiers, ne pro¬
testait beaucoup contre de pareils procédés7. A de rares
intervalles se faisait entendre la réclamation timide d’un
lérence8, la réclamation plus énergique d’un Quintilien
qui s’écriait : « Frapper les enfants, bien que ce soit
l’usage et que Chrysippe l’approuve, me paraît absolu¬
ment condamnable \ » Mais presque tout le monde
pensait comme Chrysippe. On trouvait naturel qu’un
jiuaitre habile s’indignât d’être lentement compris10.
Bien plus, il fallait lui savoir gré de cette ardeur qui em¬
ployait tous les moyens, même violents, pour inculquer la
science 1 1 . Et sur ce point, il ne semble pas que l’opinion
ail jamais varié. Aussi l’école, dans le cours des siècles,
ne changea-t-elle rien à ses traditions. A la lin du paga-
ipme comme a l’époque de Plaute, elle retentissait encore
des coups de fouet12. Ausone, lorsque son petit-fils fut
Tin âge d’aller suivre l’enseignement du dehors, essayait
fil encourager et de le fortifier contre la crainte de la
■ ue'“ Ses parents, lui écrivait-il, avaient passé par là,
aussi, et en étaient devenus des personnes accom-
pies . » Ouant à Saint- Augustin, il ne songeait pas sans
' 1 I M ' iode de son enfance et aurait préféré
dr 1 ,l' 1 'lUf> de la recommencer '4. Nous avons le
I e juger sévèrement ce triste système de l’antiquité;
|0n„, i '"us SOn8er qu’il fut aussi le nôtre pendant
ronminT’ 1““ ^ M°yen Age ra recueilli de l’héritage
eL,n,0n 1'" Ullla centans seulement que les punitions
P^PweUes onl cessé d’être en usage.
siuïraipm j ",ln/ M jours tle vacances. — Les écoles
4 Ovide r'\ matan’ au lever du jour. « C’est toi,
les bvres ; | 111 01 ' ’ (Iui arraches les enfants au sommeil et
"'attendait i T maî,re® impitoyables16. » En hiver, on
lisait encore" '!''lS * aul5e ll'°P lente à se montrer. Il
Ie cardeur dp t"11’ 6 C0C1 ne cliantait pas 16, le forgeron et
1 "Posaient l7, quedéjàélèves et insti-
Ho / “
2 SUOt' °e 9rammat. 9. — * Ibid. — b Ibid. —
de rli^tori.n,, es suasonae lll ra ienl dn Ainn _ _ _ x
É. sous
aussi it o
i Si r. scs ™oi
cnn,
f
5 Juv.
, » ‘"dori.inp u • . s"r,soi !ae auraient dû Cire un exercice réservé aux
■ ■ "ll"1 el> sous prélexl '"""la‘rien avait lini par empiéter sur les attributions
aussi, i, ... , p.clMte do préparer!
'' (Hilll's soûle
icrs dos an degré supérieur d’instruction, il donnait,
a des S l'!.ls '"sco"rs, des causes politiques à traiter.
111 "es (devenu vieux, il déchargea dans un livre sa
'lls''i|ilui ' ’ l.’Ll0unclle révollaii S ' laienl P'amls, Sucl. De grammat. fl), c'est que sa
3 ,, 'lu‘ 11 allaii poii,i : es autres maîtres on acceptait, sans rien dire, une
W Oe. Z TT* a brutalité. — s Tcrcnl. Andr. 5. sq.-» Quint.
h ‘2 A
:4ni. | • MÿU. 4, 24 _ ' f®”*' 1,1 :il- — 11 Sencc. De benef. VI, 16, 7.
' ' ' ’ cf- Mart. XiV ' *’ !2’ 25’ 33‘ ~ U AuS‘ Conf- F 9- — 16 Ovid.
, -j. - fo Mart. IX, 08, 3. — n Juv. VII, 222 sq.
tuteur élaient à leur poste. On lisait, on comptait à haute
voix. Le bruit de ce travail matinal venait réveiller le pa¬
resseux Martial, et c était un des inconvénients qui ren¬
daient au poète le séjour de Rome insupportable* ®. Les
exercices scolaires se poursuivaient ensuite pendant toute
la matinée jusqu aux environs de midi. L’enfant rentrait
alors chez lui pour prendre son repas; puis il retournait
a 1 école10. 11 y passait donc beaucoup de temps. Seulement
il faut savoir que toutes ces heures n’étaient pas ce que
nous appelons des heures de classe; il y avait aussi dans
le nombre des heures d'étude, c’est-à-dire que, après la
leçon du maître, l’élève faisait les devoirs écrits qui lui
étaient proposés, et cette variété même d’exercices lui
était déjà un certain délassement : il se reposait d’une
occupation par l’autre.
Mais il trouvait un repos plus réel, celui des vacances.
Car si chaque journée d’école était bien remplie, l’école
ne réclamait pas l’enfant tous les jours de l’année ; loin
de là. Les vacances étaient même plus nombreuses alors,
ou du moins plus longues, que de notre temps. 11 y
avait d’abord la grande période annuelle de congés qui
correspondait aux fortes chaleurs de l’été. La fièyre était
meurtrière pour les enfants20, et Martial disait avec
raison : « Ils apprennent assez pendant l’été, s’ils se
portent bien 21 . » Chacun était de son avis. Du reste, Rome
était à ce moment désertée par tous ceux qui pouvaient
échapper a ses miasmes. Le Sénat ne tenait presque plus
séance, les tribunaux vaquaient tout à fait22. Il allait de
soi que les écoles aussi fussent fermées. Combien de
temps se prolongeaient les vacances? Du 15 juin au
15 octobre, croit-on d’ordinaire23, et l’on s’appuie sur un
vers d Horace : ( pueri ) Ibant octonis refereutes fdibus
aéra 2i, où le satirique semble indiquer en effet huit mois
comme étant la durée des études annuelles. Mais l’inter¬
prétation du passage a été contestée25. Les scholiastes
lisent octonos... aeris (avec asses sous-entendu) et non
octonis... aéra. Dès lors il ne s’agirait plus de huit mois
de paiement dus à l’instituteur, mais de huit as, rétri¬
bution mensuelle apportée par les enfants. D’autre part,
un passage de Martial permet de conclure qu’en juillet le
ludimagister n’avait pas encore donné la liberté à ses
élèves26. Les vacances, dans cette hypothèse qui est la
plus vraisemblable, auraient donc été de trois mois au
lieu de quatre. C’était déjà uneassez belle période de répit :
ce n’était pas la seule. Aux Saturnales (17 décembre)27,
aux Quinquatries (19 mars)28, aux sept fêles ordinaires
(fériés romaines, fériés plébéiennes, fériés de la Mère des
Dieux Idéenne, de Cérès, d’Apollon, de Flore et de la
Victoire 29), les écoles chômaient, et pendant plusieurs
jours. Ajoutez chaque semaine le jour du marché ou
Nundines , jour de liesse30 et de congé pour les enfants 31 .
Ajoutez les fêtes extraordinaires, les jeux publics, jeux
du cirque et de l’amphithéâtre32, représentations théâ¬
trales33. Songez encore que le nombre des fêtes et la
— 18 Mart. XI, 157, 5. —15 Lucian. De parasit. Cl ; Suet. De grammat. 4. 20 H0,._
Epiât A , 7, 7. —21 Mail. X, <Î2, 12. —22 Flin. Ep. VIII, 21,2.-23 Ussing, Darstell.
(les Erzieh. p. 102 ; Jullien, Op. I. p. 128-129. — 2S Hor. Sut. I, 6 , 75 — 25 Mar-
quardt, Vie privée, 1, p. 112, note 2; Jullien, Op. I. p. 129, note 3. _ 20 Mari X
G2, fi. — 27 Plin. Ep. VIII, 7, 1 ; Mart. V, 84. — 28 Hor. Ep. II, 2, 197 ; Ovid. Faut.
III, 815; Juv. X, 115. — 29 Cependant il faut dire que, parmi les fêles ordinaires,
un certain nombre tombaient pendant les grandes vacances; pour celles-là le congé
se confondait avec le congé déjà existant. — 30 Plaul. Aulul. il, 4, 45 ; dUj 17 <
09; Fest. p. 173; Cic. Ad Attic. I, 14, 1. — 31 Varr. ap. Non. p. 231 (éd. Quiche-
rat). — 32 Suet. Octav. 44.-33 Dans les prologues de Plaute (qu’ils soient d’ailleurs
du poète lui-méme ou qu’ils datent d’une époque postérieure), l’acteur qui réclame
le silence parle du bruit que fout les enfants.
— 1384 —
LUD
LUI)
durée de chacune d’elles s’accrut prodigieusement au
cours de l'Empire et finit par encombrer le calendrier, à ce
point que Marc-Aurèle fut obligé d’ordonner que les jours
fériés ne pourraient pas dépasser le total de cent trente-
cinq *. On croira sans peine que les cent trente-cinq
jours fériés n’étaient pas tous des jours de vacances
pour les écoliers. Mais il y en avait assurément beau¬
coup. « Je ne veux pas, écrivait Sénèque, que l’on soit
toujours penché sur un livre ou sur des tablettes.2 » Le
conseil du philosophe était bien suivi, comme on voit.
Pour tout ce qui regarde les trois ordres d’enseigne¬
ment, les matières d’études, les exercices des élèves,
devoirs oraux et écrits, nous renvoyons à l’article educatio.
II. Ludimagister, maître d’école.
C’est le maître indispensable, celui qui apprend à lire,
écrire et compter3, qui donne des connaissances mo¬
destes, mais utiles entre toutes. Il correspond à notre
instituteur primaire. Du reste, il porte, lui aussi, le nom
de premier maître (primas magister ) b On l’appelle
encore (les appellations sont nombreuses et celle-ci est
plus archaïque, il est vrai6) le litteratorR , le maître qui
enseigne les lettres de l’alphabet. Enfin, dans une ville
qui a subi autant que Rome l’influence hellénique,
comment le terme grec grammatista n'aurait-il pas été
employé3? 11 le fut, moins souvent toutefois.
En principe, c’était le père de famille lui-même qui
servait d’instituteur : sans cuique parens pro magistro 8.
Le vieux Caton restait donc fidèle à la coutume des
ancêtres, au mos majorum , en donnant, lui seul, des
leçons à son fils9. Bientôt tous les pères ou ne voulurent
plus se charger de ce soin, ou ne le purent, à cause des
exigences sans cesse accrues de la vie politique. Ce fut
un esclave lettré ( litteratus ) ou le paedagogus qui
remplit alors les fonctions de maître élémentaire10; et
jusqu’à la fin de l’Empire cet usage persista dans la
plupart des maisons riches. Mais les familles riches sont
l’exception. Les gens de médiocre fortune et les pauvres,
qui forment la grande masse du peuple, sentirent le
besoin de confier leurs enfants à des maîtres dont chacun
grouperait autour de lui un certain nombre d’élèves en
vue d'un enseignement public. Les écoles furent créées,
et le ludimagister apparut. A quelle époque ? 11 est
impossible de le dire, mais l’institution doit remonter
assez haut. Sans ajouter foi au récit de Plutarque qui
nous parle d'une école de Gabies fréquentée par Romulus
et Rémus 11 , il faut bien admettre pourtant que, dès
le ve siècle avant notre ère, des maîtres élémentaires
enseignaient parmi les boutiques du Forum. L’histoire
de Virginie est là pour le prouver12 : elle se rendait pré¬
cisément à l’école quand Appius Claudius la rencontra et
conçut pour elle la violente passion que l’on sait. Un peu
plus tard, au temps de Camille, nous trouvons aussi des
maîtres instruisant la jeunesse de Faléries 13 et de Tus-
culum 11 : je rappelle seulement pour mémoire la trahison
bien connue de celui des Falisques. De ces faits il y a
deux conclusions à tirer: l’enseignement était commun
aux deux sexes, ce qu'il semble être resté, même sous
l’Empire, dans les écoles du premier degré ls, et d’autre
l Capilol. Marc. Ant. 10. — 2 Senec. Ep. 15, 0. — 3 Aug. Conf . I,
13. — 4 Ibid. — * Suet. Degrammat. ;4Mart. Capella, III, 229. — 6 Apul. Flor.
20. — 7 Ussing, O. I. p. 101. — 8 Plin. Ep. VIII, 14, 0. — 9 Plut. Cat. moj. 20.
_ 10 Ibid . ; Cic .Pro Rose. Am. 41, 120. — H Plut. Rornul. 6. — 12 Liv. 3, 44; Dion.
liai. 11, 28. — 13 Liv. 5, 27. — 14 Liv. 6, 25. — 15 Mart. VIII, 3, 16; IX, 68.
part cette instruction primaire fut de bonne 1
répandue, puisque au début du iv° siècle ,>11,/'^° ilsseî
usuelle dans de petites villes étrusques et h'u' ^ Choa®
Naturellement les écoles, dans la suite, se JuliL-
encore, et les ludimagisïri devinre-1 ’ ' " r|,||t
nombreux. Il ne faudrait donc pas croire que, "us fl
turc ef J s e*
fût restée très en arrière de
rapport de la lecture, de l’écriture et du calo.il 1 , .
, . uu, 1 antique ,
la civilisation moderrm ni
M. Mommsen proteste avec raison contre ce préjugé'» ’ii
détail, petit en apparence, mais qui a ici une très grajl
valeur, prouve l’étonnante diffusion des connaissance] !
élémentaires jusque dans les basses classes delà société'!
le mot d’ordre à l’armée, et cela dès l’époque de Pohbe
au lieu d’être donné de vive voix, était écrit sur des!
tablettes qui passaient de rang en rang11 ; il fallait <]onc
que chacun fût capable de le lire. On s’explique alors
comment tant d’affiches couvraient les murs des rues de
Pompéi, comment tant d’inscriptions gravées sur les
ruines révèlent, par leur grossièreté même, une main
populaire. En réalité, il devait y avoir fort peu d’illettrés
dans l’Empire. Au fur et à mesure que les légions faisaient
des conquêtes, l’instruction romaine pénétrait à leur
suite. Un ludimagister s’installait et ouvrait une école.
11 en ouvrait non seulement dans les villes ou les villages
anciens, mais partout où se formait quelque nouvelle
agglomération d’habitants. Ainsi, en Portugal, des mines
étaient exploitées dans la région montagneuse d’Aljuslrel;
une table de bronze qu’on y a découverte signale, parmi
d’autres marchands que les ouvriers attiraient, la pré¬
sence de plusieurs instituteurs18. Et notez que l’État ne
se mêlait en rien de l’enseignement, surtout de l’ensei¬
gnement primaire, ne s’occupait pas d’en favoriser l’essor,
de soutenir les maîtres, d’encourager les parents : il s en
remettait à l’initiative individuelle. U fallaitque laideur
de savoi r fût bien forte pour avoir développé ainsi I ins¬
truction. Mais cette instruction, on ne pouvait s en passée
dans l’usage de la vie. Et le sens pratique des Humains!
le goût de l’utile, qui leur a fai l faire tant dautrel
bonnes choses, les a, une fois de plus, bien sen U. il Ie®
a permis de suppléer à l’intervention du gou\einemenl
Ces maîtres si nécessaires n’étaient pourtam P ^ ' •
niés. 11 s’attachait d’abord à eux cette défaveur qui env®
loppait d’une façon générale les fonctions rétuluu - ^
enseignaient pour de l’argent. Sous quell* 11 Ij
recevaient ce salaire, nous le verrons loui
Mais tout salaire, quel qu’il fût, était dégrat a... 1
des Romains et leur semblait « un gage de . 1 n juS
On sait combien ils méprisaient le commerce • <
trie. « Une boutique, disait Cicéron, ne P1 11 _ mme
d’honorable an. » Or une école est une bon u _ ^ &
les autres, dès qu’on y paye la maie an _ _ j
droit aux mêmes dédains. Et Sénèque, ai au rang
refusait de mettre la profession d m> ( onViennent à
des professions libérales, de celles toujours
l’homme libre21. De plus, le ludimagis ei lernpS 0u
d’humble condition, étranger la p llPar . juj aussi
affranchi22. Sans doute le grammaticus ^ I
VP S* - lui aussi avait as
juflrir
du
souvent un ancien esclave-
_ a ibii- \ i|n'"ni5C“|
- 16 Mommsen, Bût. rom. trac!. Alexan.lre, l\ , P-J» ' „ (suppO-
Mar, mardi, Organn. milit. p. 130. - « Corp.mc^ __ „ Ibli I, «-
rjsrr ; .7, - « —
.. Senec, En B 8. 1. - « Marquardt, Vie privée,
op
21 Senec. Ep. 88, 1.
I. p. 166 et 184.
— 1385 —
LUD
Pis des Roma
LUD
ains pour tout métier rémunéré. Encore
un jaug,
rlietores
' L degrés dans le peu d’estime que l’on fait des
' , gnmmairiens, malgré tout et par suite de leur
v ' b nl plus élevé, arrivaient à un certain renom1.
' V ii uivre ludimagister, qui n’avait à transmettre
Mal H ambles connaissances, restait dans son obscurité.
5UC '0Ulon devenu sénateur est un exemple unique4;
J.UI,‘”L d’un caprice de Séjan et de Tibère, caprice qui
' point heureux, car l’ancien maître d école, grise
r J succès, usa mal de sa nouvelle fortune. Quant
Pal autres, ils'étaient maintenus par l’usage et la loi dans
llUN;an, ^ès inférieur à celui des grammatici et des
\ jis ne pouvaient prendre le titre de professeur
réservé aux maîtres de grammaire et de rhétorique ; le
rode est formel à cet égard3. Cela seul déjà créait, à leur
détriment, une inégalité fâcheuse.
Ajoutez qu’ils étaient beaucoup moins payés. Ce n’est
pas à dire que leurs confrères des classes supérieures
fussent dans une situation financière toujours brillante.
On connaît les doléances de Juvénal sur la misère des
gens de lettres et des professeurs4. Mais le satirique
semble avoir exagéré. Les faits que M. Jullien a rassem¬
blés conduisent à une conclusion assez différente8. Bien
souvent, si le grammairien se trouvait dans la gêne, il
n’avait à s’en prendre qu’à lui-même et à sa façon de se
conduire. Le maître d’école, au contraire, a beau s’éver¬
tuer : il est pauvre. Son métier ne lui suffit pas pour
vivre. 11 cherche au dehors des ressources accessoires.
Il fait, par exemple, comme cet instituteur de Capoue,
Philocalus, dont on a retrouvé la tombe il y a quelques
années, et qui se vante dans les vers de son épitaphe
d’avoir écrit des testaments avec probité6. Celte petite
industrie jointe à sa profession lui a permis à sa mort
d’orner d'un bas-relief son monument funéraire.
D’après Plutarque, ce serait assez lard seulement que
les maîtres auraient pris l’habitude d’enseigner pour un
salaire, et le premier qui tinl à Rome « une boutique
d instruction payante » aurait été Spurius Carvilius,
1 affranchi de ce Carvilius, consul en 235 av. J.-C., « qui
donna l’exemple du divorce1 ». Jusque-là les écoles, qui
existaient déjà nombreuses, comme le montrent les récits
de Tite-Live8, auraient donc été gratuites. La chose est
peu vraisemblable en elle-même, et encore moins con¬
tourne au caractère intéressé des Romains. Il faut entendre
pai le texte de Plutarque que Carvilius fut le premier à
ne pas craindre de demander ouvertement pour ses leçons
uni- rétribution lixe. Personnage plus important que ses
pudecesseurs, protégé par un puissant patron, le consul,
'h'uuail été son élève, il put braver un préjugé contre
'lue , sans doute, on n’avait pas encore osé s’élever,
j .Puis assurés cependant que d’une manière détournée
tnUr"1" ^ avan^ ^u'’ receva*ent aussi un salaire. La gra-
l l,nl apparente, ce qui sauvegardait le principe, et
lïmi 1 011110 (^e cadeaux, la reconnaissance des familles
pur 11"' .|U,yen ® 'exercer. Ces présents étaient apportés
Miru n ' < VeS a cer*,a‘nes dates, notamment aux fêles de
f Dr°feclrice des arts et la patronne des écoles
wrvale tnunus, le 19
mars)9, à celles de Saturne
Jullien, O» / ri
lil* 13, i. ___ 4 j'u ÿ s!ap v — 2 Tac. Ann. 111,66. — 3 Quint. XII, 11, 20; Dig. 5
P- 149; Cûm 1,1 — & Jullien, Op. I. n. 1 73 et suiv. — 6 Nissen, Bermes,
P* 1384, n0tes j., j., " / ** P* 3969- — 7 Plut. Qua. rom. 59. — # Voir plus liai
privée, n ’ U' ~ ° M°nnnseu et Marquardt, Culte, 11, p. 167. — lu 1
*’ aVec la note *• — 11 U. Culte, I, p. 153. — 12 Id. Culte, I, p. 23
( sportula Saturnalicia , le 17 décembre), du 1er janvier
(strena calendaria )10, de la car a cognatio (22 février) n,
du seplimontium 12. En quoi consistaient-ils? Etaient-ils
en argent ou en nature? Nous ne saurions le dire. Mais
Carvilius jugea prudent de ne pas compter uniquement
sur la générosité des pères; comme son école très fré¬
quentée attirait plus d’enfants qu’il ne voulait, il put
imposer ses conditions et convertit en appointements
fixes ce qui jusqu’alors était, en somme, toujours aléa¬
toire. On s’empressa naturellement de suivre cet exemple
et d’étendre cet usage. Les présents n’en furent pas sup¬
primés pour cela; ils subsistèrent, bien qu’ils n’eussent
plus la même raison d’être : au ivc siècle après J.-C.,
saint Jérôme les menlionne encore 13. Il semblerait donc
que les maîtres ne fussent pas trop à plaindre. Mais,
d’abord, les cadeaux se réduisaient évidemment, surtout
dans les écoles primaires, à fort peu de chose. Et quant
au salaire que l’usage avait établi, jamais la loi ne le
reconnut, fidèle aux traditions des anciens temps où la
gratuité était de règle. Même à la fin de l’Empire, il était
interdit de poursuivre en justice les élèves qui ne payaient
pas14. Aussi l’on peut croire qu’un certain nombre
d’entre eux, à la conscience large, ne se faisaient pas
faute de manquer aux engagements pris envers le maître.
Quels étaient ces engagements? Le père qui voulait
envoyer son enfant à l’école s’entendait avec l’instituteur
sur le chiffre de la rétribution. Ainsi faisait-on, du reste,
à tous les degrés de l’enseignement. Seulement, tandis
que le grammaticus touchait le montant de la somme en
une seule fois15, au mois de mars qui ouvrait l’ancienne
année romaine10, le primus magister recevait ce qui lui
était dû tous les mois à la date des ides 1 ’. Mais un élève
avait-il été absent pendant un mois, ses parents saisis¬
saient aussitôt l’occasion de ne rien payer. Ils ne payaient
pas non plus pendant les vacances, qui duraient trois,
peut-être quatre mois, du 15 juillet ou du 15 juin au
15 octobre18. La morte-saison était donc assez longue.
C’est alors que le besoin de ces petits métiers accessoires
dont j’ai parlé plus haut devait surtout se faire sentir.
Pauvres diables sous la République, les maîtres élé¬
mentaires le restèrent encore sous l’Empire, même en des
temps devenus meilleurs pour les instituteurs de la jeu¬
nesse. Les empereurs eurent un réel souci de venir en
aide à l’enseignement national. Droit de cité, exemptions
de charges, immunités, salaires fixes, de Jules César à
Constantin ces différents privilèges furent successivement
accordés ou maintenus19. Mais qui en jouissait? Ceux
qu’on appelait du titre de professeurs, les grammairiens
et les rhéteurs. Les ludimagistri n’étaient pas admis à y
participer. Cependant le prince a parfois pitié d’eux et
recommande aux gouverneurs de provinces de veiller,
par humanité, à ce qu’ils ne soient pas accablés d’impôts
trop lourds. Recommandation assez vague, comme on
voit, et qui peut être appliquée très diversement. Un
document des derniers temps de l’Empire, l’édit de
Dioclétien sur le maximum (301 ap. J.-C.), ne permet
pas au magister institutor litterarum de réclamer plus
de 50 deniers par mois pour chaque enfant20. On
— 13 llieron. Comment, in Epist. ad Eplies. VII, p. 540 (t. XXVI, collect. Migne).
— 14 Jullien, Op. I. p. 27. — 13 Juv. VII, 240. — 16 Macrob. Sat. 1,12, 5-8. — n Hor.
Sat. I, 6, 75. — 18 Mart. X, 62, 6 sq. ; cf. Marquardt, Vie privée, I, p. 112, noie 2.
— 19 G. Huissier, La fin du paganisme, I, p. 163-167 (in- 1 2). — -0 Corp. inscr.
lat. 111, p- 831; Ussing, Op. I. p. 103; Marquardt, Op. I. I, p. 112, note 1.
LUN
— 1386 —
ne connaît pas la valeur exacte du denier de Dioclé¬
tien ; mais elle était certainement beaucoup moindre
qu’aux époques antérieures ; on l'estime au huitième de
la valeur ancienne, qui était de 10 as. En tout cas, ce
qu il faut relever dans l’édit, c’est que le litterator y est
le plus mal rétribué de tous les maîtres; non seulement
il ne reçoit pas autant que le grammaticus graecus sive
la t inus et que le geometres ’, mais il est moins bien traité
qu'un autre maître, élémentaire lui aussi, le maître de
calcul (calculator), lequel touche 73 deniers 2.
Peu payé, peu estimé dans l’opinion publique, le ludi-
magister était encore peu aimé de ses élèves. Il n’avait
même pas cette consolation que des maîtres obscurs trou¬
vent souvent dans leurs humbles fonctions, l’affection du
petit monde qu'ils instruisent. Ce n'est pas assez de dire
qu'il était peu aimé; si l'on en croit Martial, il était détesté3.
Il est très vrai que les enfants, le plus souvent, ont tout
d’abord une certaine répugnance à l’endroit du travail et de
celui qui les fait travailler. Mais le litterator ne tâchait
guère de vaincre cette répugnance et de se rendre aimable.
Au contraire il était dur, exerçait avec une rigueur impi¬
toyable cette discipline dont on a vu les terribles ins¬
truments, et par sa violence devenait encore plus un
objet d horreur. Bien que le grammaticus eût un droit
égal à user des châtiments corporels, il est à croire qu’il
y recourait moins fréquemment. On cite toujours Orbilius
et la terreur qu’il inspirait par sa férule ; mais cela même
prouve, sinon qu’il était une exception, du moins qu’il
tranchait avec sa rudesse sur les habitudes, plus douces
en général, des autres grammatici. Comme dit très bien
M. Jullien, « il aurait soulevé moins de colères, si tous
ses collègues avaient été aussi brutaux que lui 1 ». Le
ludimagister, sorti du peuple et resté peuple davantage,
moins délicat, ne craignait pas d’employer tous les moyens
dont l’armait la sévérité des mœurs romaines.
Et avec tout cela ces maîtres exécrés, ces hommes à
l’existence misérable, en répandant partout l’instruction,
ont rendu de grands services à leur pays. Envisagés de la
sorte, dans les résultats de leur tâche, ils se relèvent,
font meilleure figure, et nous pouvons terminer sur une
impression moins défavorable. L’individu est peu de
chose, l’œuvre collective a été belle. Edmond Courbaud.
LUDUS TROJAE [trojae ludgs].
LUIVA. — Grèce. — L’astre ou la déesse ont pour
nom grec tantôt tantôt SsXvjvï). Le premier, qui
paraît le plus ancien et qu’on trouve surtout chez les
poètes, vient d.’une racine me = mesurer (skr. mû) qui se
retrouve dans gvjv (thème p.7jv;-, ion.gslç), mois. SeXïjv-/],
plus fréquent surtout en prose, a la même racine que
fféXaç, éclat , et csip ou o-sfpt o;, soleil1. Cette divinité
paraît n’avoir tenu dans les préoccupations religieuses
des Grecs qu’une place d’arrière-plan. Tandis qu’Artémis
ajoute à son origine lunaire une légende curieusement
élaborée diana, II, p. 130-154], Sélènè n’a guère d’his¬
toire ; c’est la planète satellite sous les traits d’une femme,
1 Ceux-là ont 200 deniers par mois. — 2 Le notarius ou sténographe reçoit èga-
ement 75 deniers; maison peut considérer ce qu'il enseigne comme étant déjà d'une
spécialité plus relevée. Four être juste, ajoutons que le calculator lui-même méritait
d’être un peu mieux payé que le litterator , en raison de la complication et de la diffi¬
culté assez grandes que présentait chez les Romains le système de numération.
— 3 Mari. IX, C8 ; XII, 57, 4-5. — 4 Jullien, Op. I. p. 103-194. — Bibliographie.
J. -H. Krausc, Geschichte der Erziehung , des Unterrichts und (1er liildung beiden
Griechen , Etruskern und Jiôrnern, Halle, 1851 ; Ussin %,Dar&tellung des Erziehung s
und Unten'ichlwesens bei den Griechen und llômern , Allona, 1870 (2f édit, en 1885,
à Berlin) ; Grasberger, Erziehung und Unterricht im klass. Alt ert hume, Würz-
LUN
mais sans personnalité humaine très man -
poèmes proprement homériques, il ne sm Th D;,ns les
la Lune soit jamais divinisée 2. Elle n’v > ? ' Pas qu°
céleste. C’est ainsi, dans sa plénitude ^
sans personnification aucune, qu'HéphaisLT’v”'*
paru,, d autres astres sur le bouclier qu'il tor '1 ‘A8,"™
sous la forme du simple croissant qu'on h JP '
bijoux mycéniens, notamment sur 1
de même à la surface d’un cyl i n dre représentant le ciel porté
par Hercule, sur un lécylhe à figures noires d’Érétrie6
(fig. 4G50). Cela n’empêche pas de croire que la Lune n’ait
été très anciennement déifiée. D’abord elle attire l’atten¬
tion religieuse de tout peuple enclin à diviniser la nature.
* ** Mr
Æ
Fig. 4650. — Hercule portant le ciel.
Puis nous voyons qu’on lui consacrait des grottes en
Arcadie avant qu’on eût commencé à bâtir des temples .
Et l’ Athénien des Lois de Platon, parlant de ces vieilles
croyances, transmises par les mères et les nourrices,
qu’on cherchait à ébranler de son temps, mentionne
avant tout la divinité de la Lune et d’autres corps
célestes7. Il n’est guère douteux qu’au temps (b ^
Pélasges on ait adoré Sélènè8. Pourtant c’est autoui
d’Artémis comme d’Apollon que les mythes à signifie4
tion morale ont poussé leur floraison. Cette déesse a
triple forme [hecatè, p. 44 et suiv.] a non pas absoi a
tout â fait, mais en un sens enclavé, dépassé Sélem M' 1 ^
qui dans les conceptions poétiques, dans les théogom* ■ ^
dans l’art ne fait que suivre, eide loin, les destine' s 1
frère Ilélios [sol].
btirg, 1804-1881 ; E. Jullien, Les professeurs de littérature dans I ^ Mo(nrM
Paris, 1885; G. Boissier, La fin dupaganisme, Paris, 189) , 1. 1, livi - m_
sen cl Marquardt, Vie privée des Romains (trad. Heniy),L * clique,
LUNA. 1 G. Curlius, ürundxüge, n»s47i ctG59-603; Bcrgaignc. ya)1>
I, p. 157. — 2 Nitzscli, ad llom. Od. IX, 1U. — 3 Hom. /f-XWI ’ ,* 350 (MilchhS-
1 155. — 4 Scldicmann, Afycènes, fig. 539, p. 437 ; Arc h . /t it. ] ’ I 1 ASThoNoMia •
fer). — B Journ. hell. stud. XIII, 1802, pl. III; cf. fil,'- ■’K‘ ,ggg> p. 341-
— 0 Porph. De unir, nymph. 20; Üsencr, Rhein. usn<" re|j,,jol, antiquc
— 7 plat. Le,/. 82 1 b , 880 d, 887 d. Il en parle encore comme mu J p 63
et traditionnelle, Apol. XIV, 26 d. — «Bérard, On 9- c" es
LUN
— 1387 —
LUN
etltoè-Mèni dans la poésie. — Quand les poètes
1 s' ‘ • son char, ce n’est souvent qu’une façon
font allusion a
|_
s cicux1. Quand ils précisent et détaillent la
de caractériser l’orbe lunaire roulant à
flirtai'!""'"!" .
travers
description
connue dans l’Hymne homérique ou la
,’ia îo | ai ne en son plein est associée à la
vi p m leur Lie j j x
• _ .In ,1e chevaux à la brillante crinière
ne
Lon saisissante de chevaux à
V1‘ . nl .I(, l’Océan 2, on peut voir là l’idée de donner
endant au char d’Hélios®. Dans ce meme hymne, les
ï* qu'une épithète semble attribuer à Sélènè,et qu’on
retrouve nulle part ailleurs, ne sont pas autre chose
ii’une allusion à la rapidité de son évolution1. Son
i re de beauté féminine à laquelle on compare, pour
l‘ J0(1(,r ceiie des mortelles ou même des déesses6, sa
couronne de rayons, même ses vêtements éclatants de
blancheur6 sont simplement des images du phénomène
physique. L’œil grand ouvert et qui voit tout, c’est à la fois
le disque lumineux et l’impression que la Lune assiste en
même temps à tous les spectacles terrestres; on trouve les
mêmes qualifications appliquées au Soleil \ Cet œil est
parfois l'œil d’une génisse8, et à ce trait s’associe dans
«ne poésie déjà tardive l’idée de cornes d’ailleurs suggérée
parles arts plastiques (voir § II). Une sorte de contagion
verbale créant une confusion fera même de la déesse une
génisse [io, p.568], ou attellera des taureaux à son char 9.
Dans Hésiode, Sélènè-Mènè est fille d’Hypérion et de
Théia, sans doute parce qu’Hypérion est père aussi
d’ilélios10. Dans un hymne homérique elle a pour père
l’allante (peut-être le héros éponyme de Pallantion en
Arcadie)11; dans les tragiques elle est non plus sœur,
mais fille d’ilélios *2. Les vers 14-17 de l’Hymne homé¬
rique à Sélènè13 disent qu’aimée de Zeus elle en a eu
Pandia, légende dont nous ne voyons aucune autre
mention ancienne, mais d’où Aug. Mommsen conclut
que la fête athénienne dite Pandia pourrait se rapporter
a cette lille de la Lune u. Un vers du poète Alcman dit
que la rosée, Hersa, est fille de Zeus et de la Lune16,
mais, comme Macrobe l’a déjà remarqué 16, c’est la simple
énonciation poétique d’un phénomène naturel : l’air frais
de la nuit condensant la rosée. La légende de Sélènc
aimée de Pan a un peu plus de consistance, bien que seul
Virgile nous la fasse connaître d’après Nicandre de Colo-
l'Imn Le dieu aux pieds de bouc séduit la Lune par la
dancheur des brebis ou des toisons qu’il lui offre (ou en se
tiauslormant en bouc) et l’entraîne dans les profondeurs
. . . . Simple interprétation poétique d’un spectacle
1101 llllllc Umilier aux pâtres, quand les dos de leurs mou-
hmiiiciiv III, 19. I. orbite parcouru l'ait songer à une piste, le disque
v. 0 ™ ® «n char d’or ou d’argent. - 2 XXXII, EU
I époque „<■„ , l'.",lle vnlgt vers est le texte le plus complet que nous ayons de
li, l’otticr cl "s'"0 SUr 'a Puue env>sagée comme divinité. — 3 Sopli. Ajax, 845 :
rique» llcln,s (XYV ma°h’ N6croPolB de Myrina, p. 401-2. C’est l’hymne homé-
pris ji .. i.. ^ (*u‘ Para^ ajnslé sur le modèle de celui de Sélènè. A un vers
IX, 40 0 élCMduc- - 1 H. h. XXXII, l.-s Theocr. Il, 104; Paus.
6,8 ■~ïii,lnn!y. !'yjm' T,1C0CI'- u> 79 ; II- h ■ in, do. — 6 a. h. XXXII,
389; Parnicnidr en °U|“’ ,'J|“ ’ Plut- /s • 0s- 52 1 Aesch. Pers- 428 I Sept.
Aescli. Pram ni ^ u"ach), 130 ; ; piul. Fac. in ore Lunae, 10;
SwhSoph \iar~KK, Nv0U' XVII,24°;XLIV, 217; U. orph. Ibid, 2. - 9 Ibid. ;
lv, 23, d. ,i ^0an’ Dion- XXIII, 309; XL1V, 210; Eus. Praep. Evang.
16 Iles. Thcoij '| x ° I 9 “99t ' Porphyr. Antr. Nymph. 18; Lactant. 1, 21.
^ii. 2,v. loo • pur- ° 1 • a. II. 31 où l'épouse d'Hypérion est appelée Eùçuoàtinra ;
4b 191. — u n A°en. 175 ct Schol.jSchol. ad Arat. Phæen. 455 ; Nonn. Dion.
'“vresacu 1rs ||(> 12 Eurip. Ibid. Ailleurs, elle est la femme cl de ses
Al,,e"rs rUC0re aiUcurs>de celles de Zeus, Néméo; Schol. A poil. Itkod. 498;
"'“sonie orphi,,,,'? s\!.' Cell0S ‘I liuM.oIpos, Schol. Aristoph. Ranae, 1033. Dans la
Nuit. Pas plus ( ’ ' ' "enl Peu "° place. Elle y est tantôt fille, tantôt sœur de
1 "Uc lui en ont don, T'' ' ^ ^ s-s^,m’ " Hésiode elle 11’a de descendance. Les légendes
une afin de se servir du mythe d’Endymion pour rattacher
tons paraissent éclairés d’une blancheur éclatante. Nous
retrouverons cette légende traduite par la plastique dans
une curieuse scène d’èyxoTuXf<7g.oî (voir plus loin, p. 1389. .
Quant au célèbre mythe d’Endymion, il est, en ce qui con¬
cerne Sélènè, d’origine récente. Avant l’époque alexan-
drine, Endymion n’est qu’un berger ou bien un fils du roi
d’Elide endormi dans une grotte du mont Latmos1*, per¬
sonnification du sommeil, du repos perpétuel (et, selon
quelques-uns, de la mort). Ainsi en parlent Hésiode,
Platon et Aristote, les seuls parmi les écrivains un peu
anciens qui le nomment19. Mais, dès qu’une personni¬
fication du sommeil était créée, elle devait nécessairement
se rencontrer et s’unir en une légende avec celle de la
Lune. De là Sélènè, amoureuse d’Endymion, se glissant
dans la caverne où il dort pour l’embrasser 20 et, quand
on complique les choses, obtenant des dieux son sommeil
prolongé pour le contempler à son aise21, puis ayant de
lui cinquante enfants (qui, selon Boeckh 22, sont les cin¬
quante lunaisons d’une période olympique). C’est encore
un effet pittoresque traduit d’abord sous forme drama¬
tique et simple, puis surchargé d’éléments nouveaux :
c’est la douceur avec laquelle les rayons lunaires cares¬
sent un corps nu23.
Toutes ces indications nous montrent que les Grecs
avaient le sentiment d’une Sélènè distincte d’Artémis, la
vierge lunaire et chasseresse, sans que la distinction
fût absolument tranchée dans le langage. Différents
textes disent bien qu’Artémis estaussi la Lune24 ; aucun,
que la Lune n’est autre qu’Artémis ou même qu’Hécate.
Devenue une des trois personnes de la trinité artémi-
dienne, elle est restée quelque chose d’autre, a gardé sa
personnalité astrale. Dans les mêmes passages, concur¬
remment Artémis et Sélènè sont nommées et pas du
tout comme les deux noms d’une même divinité. Dans
Hésiode 2S, les Muses invoquent d’abord Artémis parmi les
dix grands dieux olympiens, puis, quatre vers plus loin,
Sélènè la brillante, parmi les dieux de lumière, avant
les dieux chthoniens. L’amante délaissée de Théocrite26
s’adresse successivement à Sélènè la paisible qui x-eçoit
ses confidences et la protégera, puis à la souterraine
Hécate, à la puissante Artémis qui frapperont son amant.
On pensait à Sélènè vaguement femme, toujours calme et
débonnaire, sans la mêler nécessairement à la farouche et
bondissante Artémis. Pendant que le mythe de celle-ci se
développait et suivait son cours, celui de Sélènè était
toujours recommencé et renouvelé par la simple contem¬
plation du phénomène astral.
les rois du pays à la race divine ; cf. F. Lcnormant, Origines de l’ Hist., Appendice ;
Bouché-Leclercq, Atlas de l'Hist. grecque, p. 11-13,20-21. — 13 ff. h. XXXIl.Ccsder-
niers vers sont sans aucun lien apparent avec les treize premiers tout descriptifs ; cf.
Grosse, De dca Luna , p. 5, n. I. — U Heortolog. p. 60; Etym. magn. s. v.
nœvSu'a. Mais voir noie de 11. Wcil et Buttmann, Dcmosth. Mid. 517, éd . H. Weil.
p. 116. — 13 Ap. Plut. Symp. 111, 10, p. G59 b ; Bcrgk, Lyrici gracci , 111, p. 54,
fr. 48; Macroh. VII, 16, 31. — 16 Macr. Ibid. — O Nicaudr. Fragm. 24 et 115;
Virg. tieorg. 111, 391; Macr. V, 27, U; Ribbcck, Proleg. crit. ad Virg. p. 164;
Prellcr, Griech. Myth. I, 363 (Preller-Rob. I, 445). L’indication de Virgile est inter¬
prétée de façons très diverses, mais l'origine poétique eu est l’effet des rayons de
la lune caressant les toisons d’un troupeau de moulons. — 18 Slrab. XIV, 1, 8;
Paus. V, 1, 4; Hesych. s. e. — 19 Plat. Pliaedo, 72 b. c; Arstt. Nie. X, 8, 7.
— 20 Theocr. III, 44; XX, 37 ; Plut. Num. IV ; Cat. XVI, 5-6; Apoll. Rhod. Schol.
IV, 57 où sont nommés, mais non cités, Sappho et Nicandre ; Prop. III, XV, 15 ■
Apoll. I, 1 , 5. — 21 cic. Tuscul. 1, 38. — 22 Boeckh, Explic. Pindaricac , 138.
— 23 Selon Max-Müller, Essays, II, p. 72-77, Endymion est le soleil, envisagé aux
heures nocturnes où il semble disparu sous l’horizon, son nom est formé du verbe
Iv-Sùo qui signifie s'enfoncer el sa légende est très ancienne : son sommeil dans
la grotte do la Lune signifiait poétiquement la disparition du soleil dans la nuit ;
cf. Apoll. Rhod. Schol. L. I. — 24 plut. Symp. III, 10. — 25 Theog. 9-18.
— 26 Theocr. II, 11, 12, 14, 33 , 69, 142, 164.
LUN
— 1388 —
II. N élènè dans lart. — Ces esquisses des poètes ne
paraissent pas avoir expressément servi de données à
1 art. Il a plutôt suivi des voies indépendantes.
Sur 1 ftgora d Llis, la statue «.le la déesse ayant, selon
Pausanias, des cornes, c’est-à-dire un croissant sur la tête,
eUiit \ is-à-vis celle d Hélios 1 . Cette statue est sans doute le
plus ancien des souvenirs artistiques relatifs à la déesse.
Bientôt deux types différents de représentations se sont
créés : probablement la peinture les a préparés à la scul¬
pture. Le premier, c’est Sélènè sur un char à deux che¬
vaux, tandis qu’ordinairement celui d’IIélios en a quatre.
Nous la trouvons ainsi sur deux coupes du commence¬
ment du vc siècle, la tête surmontée d'un disque ou globe
qui la désigne et conduite par deux chevaux ailés qui
se présentent de face. Dans la première des deux, à
figure noire et de style sévère 2, le haut du char seul est
visible, s’avançant sous des branchages qui figurent
conventionnellement le jardin des Hespérides et ses
fruits. Dans la seconde, qui est à figures rouges, le détail
est d’une remarquable élégance, l’ensemble singulier et
séduisant3 (fig. 4651). Il est possible que le char de la
déesse ait figuré au fronton ouest du Théséion. Du moins
les traces des scellements laissées sur les marbres semblent
l’indiquer \ En ce qui concerne le fronton oriental du
Parthénon, la chose ne fait aucun doute. Il semble que
c’était une tradition de la peinture, acceptée par Phidias,
de figurer les dieux de lumière en pendant de part et
d’autre de diverses scènes divines5. Au Parthénon la
naissance d’Athéné était encadrée entre le Soleil et la
Lune qui représentaient la nature entière témoin de ce
prodige. Il paraît établi, par les traces visibles sur le
fond encore en place du fronton, que du côté opposé à
1 Paus. VI, 24, G. — 2 Lenormant et de VVitte, Elite céramogr . II,
p. 387, tab. ex vi , vase de Lamberg. — 3 Gerhard, Lichtgottheiten , tab.
iv, 3; Trinkschalen , Berlin, pl, vm, 2; Élite céram. tab. CXVII, p. 388;
Heydemann, Mitth. 91. Rapp y voit une Eos (Roscher, Ausfürl. Lex, I,
p. 1277). Mais Eos est le plus souvent ailée et n’est pas surmontée du globe.
— 4 Bruno Saucr, Jahrbuch d. deutscli. lnstit. 1897, p. 84. — 5 Compte
rendu de la Commission de Pétersbourg, Slephani, 1860, p. 53 sqq.
— 6 Athen. Mittheil. XVI, 1891, p. 83; Michaelis, Der Parthénon, p. 127;
Collignon, Sculpture gr . II, p. 32. Voir, pour une autre opinion, Eurtwangler,
Collection Sabouro/f, I, tab. lxiii. — 7 Fiorelli, Vasi dipinti di Cumei , pi. v;
LUN
celui d'IIélios il y avait deux chevaux d’où il
Sélènè était sur un char6. (Le torse de h (i ■ SUlt fIue
morceau très mutilé, retrouvé en isp) V.' beau
l’Acropole à Athènes.) Enfin un vase de la fi,,' I MuSéede
reproduit les deux chevaux ailés. Eos ailée v ‘7° S,ecl1
Sélènè, sur un char semblable1. Mais, ni dans' ? I>rèsde
sen tâtions décrites ci-dessus, ni dans la série nui' 'T
Sélènè n’a d’ailes. Cela ferait disparate avec l’allure
de ses chevaux qui ordinairement redescendent
l’Océan, tandis que ceux d’IIélios en sortent
Un second type, plus original peut-être en sà simpliciu
etad déjà créé depuis longtemps et avait été adopté ’
Phidias. La large base sur laquelle reposait le trône de
son Zeus d Olympie était revêtue d’un relief représentant
un groupe important de dieux et de déesses, encadré par
Hélios et Sélènè. Or, tandis que le dieu conduisait un
char, la déesse chevauchait; peut-être même elle montait
une simple mule, et Pausanias ajoute qu’on contait à ce
sujet une histoire trop ridicule pour être rapportée8.
Aucune indication de la poésie ne paraît avoir préparé
cette conception de Sélènè équestre ; dans l’art même,
les représentations de femmes à cheval sont rares 9. Sur
un vase de très beau style, le long d’une sorte d’arc-en-
ciel, Sélènè descend sur un cheval magnifique et à vives
allures et, à l’autre extrémité, le char d’IIélios monte
au-dessus d’une Gigantomachie10. Ailleurs l’aspect est
quelque peu différent : les dieux de lumière ne sont plus
figurés seulement pour encadrer une autre scène et en
fixer l’heure ou le théâtre, mais pour eux-mêmes; le
plus souvent, le spectacle offert est un lever de soleil et
la déesse, enveloppée d’un himation talaire, pieds nus,
sur un cheval d’allure calme, s’en va, précédant l’Aurore
qui arrive Une main tient les rênes ou s’appuie sur
Fig. 4C52. — Sélènè précédant le char du Soleil.
l’encolure, l’autre sur la croupe du cheval, acconipu^^
la direction de la tête qui se retourne Pal 1111
ment de curiosité ou de regret vers 1 apparition «f " ' 1 ‘ .
Nous la voyons ainsi, modeste et peut-clic^a^ 1
s’enfonçant derrière un coteau a la gamin ' j^g
belle composition (vase dit de Blacas) iePr0 ^ xjS
l’article aurora (fig. 666) 11 ; sur le cou\eu
„ g c'est une fiucs1*011
Heydemann, Ji accolta Cumana, 157. s ^ aus' ’ piédestal de la s*a*ll0|
de savoir si la naissance de Pandore, m "du1 sm |e c|iar d’Ilél'05 llj
d'Athéné, dans la colla du Parthénon, était encadrer t pma]1t (Collignon.
Sélènè à cheval. On a pensé que 1 analogio de la s • . ^eit. l®6*’ P'
Sculpture, I, p. 539) permettait de le supposer, on __ 10 yasc de H"'»-
9 Iî. Pottier et S. Reinach, Nécropole de Myrma, ^P- ( j.^rprélaho#
tapies ; Alonum. d. lnstit. IX, 0; voir Annali, ™-), P- Journ Hit.
■demain), Vaacna. 2883. Voir létu. £
à Napl
de 0. Jalin. ; Hey<
sludies, IX, 1888 , p. 9, pi. n. - - 11 Actuellement au
udc de t. ratahgMi
Musée Britannique, Cat J
LUN
1389
LUN
ii dt' la fi
n du v° siècle (fïg. 4650), qui représente
8Ui(,lU- "divinités de lumière au lever du soleil1 ; sur
‘leS E i ligures rouges du Brilisli Muséum2 qui pour-
e fabrique que le précédent; sur une
un vase a
Mre de la même ianrique
raltl ' . (1(> piorence où elle apparaît plus simple et plus
œB0,‘ • nar un mouvement qui va bien avec son
reM rl,sio uée, son cheval allonge la tête vers la terre 3.
#llllU(,l|l '.l les artistes aient voulu montrer la d i fié -
il semble ipic .. . .
dVclal avec le soleil, atténuer comme il convenait la
rem 'ml, lance d’une déesse plus modestement lumineuse.
la personnification d’une douceur tranquille. A côté
d’une figure éclatante, c’est une figure de parfaite simplicité.
I énumération complète des vases où l’on trouve ce type
de représenta-
bonne époque
au Musée de
l’Ermitage 4, l’un où Sélènè à cheval est précédée du
génie Pliosplioros et un autre où Sélènè à cheval monte
tandis que le char d’Ilélios descend, au-dessus d une
scène bachique (fig. 4653). La déesse, assise de côté, a
tout le buste décou¬
vert; son himation,
décrit, en s’envo¬
lant, un demi-cer¬
cle derrière les
épaules ; à côté, un
disque où est en¬
fermé un profil de
buste féminin, le
tout figurant la
pleine lune et sa
splendeur. C’est en¬
core sous l’aspect
d’une cavalière
presque fringante
avec le voile envolé
en demi-cercle que
Sélènè précède le
char d’Ilélios5 ou
celui de Médée
% «54. - Sélènè à cheval. poursuivie par J a-
son 5 sur un vase
aP|i lui do Naples. Puis les répliques prennent, dans la
I astiqm», des caractères originaux, si c’est bien Sélènè
I I 111 '"'I prèsd un cheval qu’elle va monter 7, et entre un
| ( ' 1 1 1111 chien8. C’est elle assurémentqui figure àl’ex-
(li"- UnC ^‘gan*'omachie sur la frise de Pergame9
1 M ')• La déesse, assise sur une mule où une peau
* Kuri ••
»eil. l884''p^r.’n“W|' Sabouroffi h lab. 03. -ZArch.'Zcit. 1875, p. 113. — 3 Arcli.
Pclcnl). | Mj.i '' t ,ntlnni Mitthcil. lab. 111,2. — 4Stephani, Compte rend. archéot.
~ 8 Arch. Z n( " cl ahp.53sqq. — 5 Gerhard, Lichtgottheiten , lab. Il, 1 .
'crrc cuite du | ,, 1 * cl P- 63 ; lleydemann, Vaseus. Neapel , 3221. —
MJl~ Sjlüljn * • * oUicret S. Rcinach, Nécropole de Myrina, lab. XII,
>^^:XnedUedM°num- iab-lSI. — 9 Journ. ofhell. stud. 1883,p.l28.
ri>>30ns données nà • T |M' * °^'Snon-I,onlronioli, Pcrgnme, p. 80; mais voy. les
<lcniann, M,uh ''r ''«ndel.cnbiirgap, Baumcister, Denkmâler, p. 1250. — 10 Hcy-
l8st,p. 9r, _[ ,cen*amml. in Ober und Alittel-ltalien, lab. 111,2; Arch. Zeit.
dev Berlin C°“' Sab™rofr, lab. 03. - 12 Furtwanglcr, Bes-
Y Su>samml. II, p. lu 2 . Sélènè ainsi désignée est encore
Fig. 4G53. — Sélcnc ît cheval, précédée du soleil.
de bête lui sert de housse, est vue de dos, mais son
visage sérieux et doux (malgré la mutilation), tourné du
côté où sa course l’emporte, s’offre de profil ; l’extrémité de
l’h inflation s’envole en arrière. Aucun attribut ne surcharge
cette figure traitée dans une manière large et souple.
Quelquefois, à côté de la figure, des étoiles sont répan¬
dues dans le champ pour suggérer l’idée du ciel La tête
de la déesse est parfois ceinte d’une couronne radiée 11 .
Plus souvent elle supporte un cercle ou un demi-cercle 12
qui désigne l’astre même et qu’on a vu aussi, plus haut,
figurer dans le champ. A ces simples traits se réduit la
conception vraiment hellénique de Sélènè. Ce n’est pas
la vierge svelte et marchant à grands pas qu’est Artémis ;
c’est une femme
aux formes plus
pleines , toute
vêtue, d’ordi -
naire, avec un
voile mais qui
presque tou¬
jours dégage la
tête, divinité pa¬
cifique 13 et bienveillante, Trpifyfwv u, simple 15, aimable,
tXasîpa, et rassurante 10.
La période hellénistico-romainea un peu compliqué les
choses. Lareprésentation de Sélènè y a emprunté différents
traits d’Artémis ; il ne sera plus aisé de distinguer les deux
types divins. Dès l’époque grecque un croissant était par¬
fois placé dans les cheveux ou à côté de Sélènè (statue
d’Élis et œnochoé de Florence).' Plus tard une très ingé¬
nieuse création de l’art a gracieusement adapté le crois¬
sant aux épaules [diana, fig. 2353-2357] et on peut indiffé¬
remment rapporter à Artémis ou à Sélènè ce type de
figures qui reproduit peut-être, avec un sens esthétique
très supérieur, la représentation habituelle du dieu Mèn
en Asie Mineure [lunus]. Plus tard, on mit toujours un
croissant sur la tête de la déesse ’7, même désignée déjà
par quelque autre symbole. Et, l’idée des cornes du crois¬
sant s’étant curieusement associée à celle de la monture
ou de l’attelage, on a représenté Sélènè montée sur un bouc
ou une génisse ou sur un char traîné par des génisses ou
des taureaux18. 11 est même arrivé qu’on a remis un crois¬
sant entre les cornes du taureau 19. Il est possible qu’en
ceci Artémis réagisse sur Sélènè par la
confusion tirée du mot TaupoTtôXoç
(Artémis de Tauride).
L’idée de la déesse emportée par un
bouc peut avoir été pour quelque chose
non pas dans la légende, mais dans la
représentation de Sélènè séduite par
Pan. En effet, un couvercle de miroir Fig. 4055.
venant de Corinthe 20 représente un
être humain à pieds de bouc, barbu, portant une femme
à grand voile, qui a le genou placé dans les mains de
nommée dans le champ, debout derrière le Irônc d' A lias. Voir Berlin, 2278
2293 cl 3245; Gerhard, Ges. Aie. Abliandl. I XIX, cl la lig. 5. — 13 Theocr. Il, II.
— U//, h. XXXU, 18. — l° * Ateeiooté^vijç, Eus. Praep. Evang. L. I. (leçon con¬
testée). — iODymn. orph. VIII, in fine ; l’Iularch. /'«c. in o. Lun. Il, p. 920.
n Hor. Carm. IV, 2, 56: Fronlo curvalos imitâtes ignés... Sxc. 35 : bicornis. _
18 Annali d. Inst. 1881, p. 87, pl. n; Arch. Zeit. 1850, lab. 152; O. Jalm, Arch.
Beitr. p. 58 ; Clarac, lab. 160 ; Mfillcr-Wicscler, Denkmâler a. K. 2, 16, 176 ; monnaies
de lagons Valeria ap. Babclon, 11, 519. — 19 Miillcr-Wicscler, Ibid. 176 a. C’est sur
celle seule gemme qu on voit a la déesse des ailes, sans doute parce qu elle y est
vunppôço;. Voir Corp. inscr. Sic. 1032. — 20 Guz. des B. -Arts, août 1866, p. 121 ;
Arch. Zeit. 1873, lab. VII, I.
175
LUN
— 1390 —
son porteur unies derrière son dos, et qui, de ses dix
doigts, se tient fortement à son front. Devant le couple
vole le génie Phosphoros, une torche allumée à la main.
Il semble qu’on doive voir là Pan qui enlève Sélènè con¬
sentante. Sur une monnaie de Patras ', Pan tenant un
lagobo/on pedum est debout devant Sélènè à cheval
(fig. 4655). ^
Le char, un bige d’ordinaire, rarement un quadrige,
reparaît plus fréquemment que la simple cavale de
l’époque grecque, mais les chevaux n’en sont plus jamais
ailés. Le contraste du bige donné à la déesse avec le qua¬
drige triomphal d’Hélios est bien marqué sur une agrafe
dargent trouvée à
llerculanum 2. De
plus, dans les re¬
présentations qui
groupent les diver¬
ses divinités de la
lumière, Sélènè a
toujours une place
très importante et
elle rejette Los à
l’arrière-plan. Elle
hérite des deux tor¬
ches aux mains ou
de la torche uni¬
que 3 que tenait en
courant l’Artémis
lunaire sous sa
forme propre ou
sous celle d’Hécate
[uecate]. Ce qui est
tout à fait propre à Sélènè et d’origine assez ancienne, c’est
le voile ou l’écharpe (c’était d’abord l’himation) envolé en
demi-cercle autour de la tète.Roscher y voit l’interprétation
du halo qui entoure parfois la Lune1 et non, ce qui est
pourtant plus simple, l’effet du vent, pendant une course
rapide, sur un voile retenu aux deux extrémités par les
bras. A l’époque romaine, nous trouverons, par exemple
dans le sarcophage d’Endymion5 et le diptyque du
Musée de Sens6 (fig. 4656), tous les éléments réunis en
une surcharge bien éloignée de la simplicité grecque :
char, taureaux, croissant, torches et voile tout ensemble.
111. Culte de Mènè-Sélènè. — Probablement parce que
parmi les cultes grecs celui de Sélènè était un des plus
anciens, nous le trouvons assez faiblement constitué en
Grèce à l’époque qui nous est connue. D’autres plus nou¬
veaux l’avaient plus ou moins remplacé ; il n’en restait
que des souvenirs et des traces éparses. On retrouvera
quelques-uns de ces rites 7 à propos du Soleil [sol], car
il semble que les deux cultes allaient à peu près de pair.
Ce sont des salutations à des moments choisis, des prières
et invocations trois fois répétées à voix haute8, des âge-
1 Gerhard, Akad. Abhandl. tab. VIII, 5; Müller-Wieseler, D. a. K. 2, IG,
174. — 2 Museo Borbonico, VII, pl. 48. — 3 Müller Wicselcr, 2, 174; Jalin,
Arch. Beilr. 56 ; Mus. Borb. L. c. — * Roschcr, Ausf. Lexik , t. II, col. 3141.
— ï» NV. Frochncr, Xotice de la sculpture antique du Louvre n« 42G, p. 3'J1 ;
427, p. 3%; 428, p. 308. — 6 Millin, Gai. Myth. XXXIV, 118. — 7 Plat
Leq. 887 e; Apoloq. 26 d (XIV). — 8 Lucian. Icaromen. 13. Il en parle en
dérision, mais s'inspire de quelque usage connu. — OA moins que dans le
texte des Lois ci-dessus il ne s’agisse de salutations aux dieux au lever et au
coucher du Soleil et de la Lune. — 10 plat. Epinom. 985 e\Leg., 821 d. — H Corp.
inscr gr. I, 1 102. Avec 1 inscr. LeAr,wi ico/u ovulai et à côté de quatre autres
consacrés par le même prêtre à Tclesphoros, llygicc, Apollon, Asclépios; ’E œr(,u.
àpjratoX. 1883, p. 148. Voir Bursian, Jahresbericht, XV, part. III. p. 452, — 13 pus.
£
Fig. 4656. — Sélcnc à l’époque romaine.
LUN
nouillements et des prosternements 9, enfir
lices et des fêtes, dont Platon parle plutôt emm SaCri'
devoir qui s’imposerait aux âmes pieuses ll u“
d’un usage généralement suivi 10. Une inscription TTl
nous parle d’un prêtre de /eus Boulaios à Gvih . ‘ .
l’était à la fois de Sélènè, d’Hélios, d’Asclépios J’h !"• q"i
Nous trouvons à Épidaure un autel en rnù,d, ,
deesse'-, et, dans les mystères d’Eleusis, tandis n
prêtre porteur de torche figurait le Soleil, un autre'1"
de l’autel, représentait la Lune ,3. Mais Sélènè était plu i '?
à l’époque que nous connaissons, l’objet de dévotion.’
discrètes et personnelles que d’un cidte public. Pindare u
dans des vers aujourd’hui perdus, disait qu elle était
invoquée par les amantes, tandis que les amants s’adres¬
saient à Hélios. Nous avons vu dans Théocrite une femme
abandonnée la prendre pour confidente et pour complice-
Phèdre l’implorait dans 1’ 'iTtxoXti-roç xaXraxogevoç d’Euri*
pide. Les libations dont à Athènes on l’honorait étaient
dites sobres, vTppàXim, parce qu’elles étaient composées
non de vin, mais d’eau pure15; on lui offrait aussi des
gâteaux en forme de galettes rondes
qu’on appelait
cfeXTjvat ou de croissants qu’on appelait [üoùç et qu’elle
partageait au reste avec Apollon, Artémis et Hécate l6.
Enfin, en certaines régions comme à Thalamai -(Élidé),
on a pu l’associer à ces oracles dont les réponses étaient
des songes apparus aux consultants et qui, comme on
le voit dans Virgile11, étaient voisins de sources. Or, à
Thalamai, une source sacrée avait pour nom Sélènè".
Tout auprès était le sanctuaire, avec les statues de bronze
d’Hélios et de Pasiphaé ; désigné sous le nom de cette
dernière héroïne, il pourrait bien être originairement un
temple de Sélènè 7rà<7t-cfaé<7<7a. On dit que les ëphores
de Sparte venaient y chercher des conseils19. Les
femmes thessaliennes se vantaient de faire par des in¬
cantations descendre Séléné sur terre. Mais ceci est du
domaine de la magie [magia], et sur ce point nous men¬
tionnerons seulement ici trois hymnes dits orphiques
récemment découverts20, dont deux adressés à Hélios
et à Hécate, le troisième à Sélènè, en vue de tout acte,
È7tt 7tâtfY| Trpiçet. Il contient cinquante-cinq vers où la Lune
est à la fois identifiée avec nombre de personnalités!
divines toutes redoutables et vengeresses, envisagéel
dans sa triplicité et1 présentée sous 1 aspect le plusl
effrayant. Cette invocation serait le complément :m un
d’une curieuse peinture de vase, où deux magieit nnesl
nues, tenant l’une une large épée, l’autre le in‘[ j
gique, lèvent la tète vers un disque où 1 on vil ^
d’un buste de femme et qui est attiré vers lu tl IU 1
une longue chaîne qui l’entoure21. Si 1 on pouviil u ^
confiance en l’authenticité de ce fragment, ‘lll-i'',Ui rJ
disparu et assez suspect, on croirait que les posun j
disent, en efi'et, l’invocation ixpoç SeXujvTjv ew 7C*5fl
qui est d’ailleurs d’une très basse époque. Daim
Praep. Evans/. III, 12; Mignc, p. 210 c. — u Parlhenia , ap. bcllt(J.a®^dj*iiii^
10. — 16 Sopliocl. Scliol. ad Oed. Col. 100; Suid. s. »• ^
recevaicnl ccs mêmes libations. — 16 l’oIL 'L ,0’ 1-1111 ^ aj £„rip. troj-
; Fragro. Eurip. Nauck, 352 ; Hesycli. s. ». ^ I, Hi
1075. - 17 Virg. Aen. VII, 83. - « Paus. UI, ». *; divination. Il, V™
Plut. Agis, 0; Cleom. 7. Voir Bouché-Lcclercq, üist. a é9cniêe 1"
un autre oracle d'Ino (c'est-à-dire d lo ou d Isis Iirlb n parait pouvoir aifil
vache blanche) que Pausanias, 111, 23, 8, signale à grecque ■ Tcxl's
rapporté à la Lune. -20 E. Miller, Mélanges de. LU U VI((j n. 8;
inédits (1868), p. 452. — 2t Gerhard, Akad. . g . Keinacb, Réfert0're I
Witte et Lcnormant, Élite céramogr. II, p. 389, l® • ’
des vases, II, p. 319.
— 1391 —
LUN
( (].mS i’^ge classique, la personnalité divine de
Sié semble étrangère à la magie et n'est pas surchargée
’plène S6*IlUiC ° —
'l uii'iils Poésie religieuse, art et cultes nous l’y présen
l< '-ommê la tranquille voyageuse du ciel, douée d’une
bienfaisante et douce comme la lueur
lont elle baigne la terre endormie.
d’Arténn
gnages ex
lent connut
dnie très simple,
des rayons dont - -
' |jn, __ par un instinct qui s est trouvé juste, le nom
de Luna y était rapporté à la même racine que lucere
et rapproché de Lucina1. Les poètes ont souvent em-
*lUl aux Grecs la forme Plioebe (féminin de «boîêoç) dont
ceux-ci n’ont guère fait usage. Une déesse italienne
de la Lune, antérieure à l’acceptation par les Romains
s et de Sélènè, n’est pas attestée par des témoi-
ieites. Mais, outre la généralité absolue du
culte lunaire, nous voyons que les Romains ont cru à
l’extrême ancienneté chez eux d’un tel culLe. Varron nous
apprend que le Sabin Tatius l’apporta à Rome2 (où, sans
[ doute, il en rejoignit un autre déjà ébauché). Même si cet
| écrivain, venu de Réate, a une tendance à tout sabiniser 3,
I on peut croire qu’il reproduit des traditions très anciennes:
il s’est servi surtout des indigitamenta où il n’y avait de
formules de prières que pour des divinités d’origine ita-
î lienne4. Il nous apprend encore que dans un temple de la
Lune Noctiluca, sur le Palatin, une lampe était toujours
allumée pendant la nuit 5, ce qui n’est pas un rite grec.
Nous connaissons mieux un autre temple de la Lune sur
les pentes du mont Aven tin, au-dessus du Circus Maxi¬
mes6. Tacite nous dit qu’on en devait la construction à
Servies Tullius1, ce qui indique au moins la croyance à son
ancienneté. Plus tard, la Lune s’est certainement confon¬
due avec Diane, elle-même absorbée par l’Artémis
grecque. Mais originairement la Diane italienne n’est
nullement lunaire : elle est uniquement une déesse des
bois et des montagnes, au nom de laquelle s’est attachée
une signification politique [diana]. Luna plus ou moins
longtemps a eu une existence distincte de cette déesse.
Varron et Denys les nomment concurremment dans le
même passage 8 : tout en sachant que la conception de
Diane enveloppe celle delà Lune, on continuera à honorer
'un Luna purement astrale et on aura pour elle plus de
dévotion même que pour le Soleil.
Di u i ulte nous savons peu de chose en dehors de ce
dm concerne le temple du Palatin. Selon Vitruve, les
mP ' s de la Lune étaient à ciel ouvert, comme ceux de
upitep, dda Foudre, du Ciel, du Soleil9. Les calendriers
i 11 des sacrifices en son honneur à des dates et en
sl(i^ 1 Ux ers ’ sur l’Aventin le 31 mars ; dans la Graeco-
rnv h'\. l,sL"d"<lil‘e Près du local réservé aux ambassadeurs
■ ' ,l Doine, le 24 août : c’était un de ces dies reli-
nai/, ", i' Du*J*'(lue était suspendue, où on s'imagi¬
ne,, ^ ' loonde infernal s’entr 'ouvrait sur le monde
Lune ' "lls' Le a°ût, c’étaient, pour le Soleil et la
trouvait"^1 "i^Ualre COurses de chars au cirque, où se
(avec ce ' SU1 [mrcus], un petitautel de la déesse10
' 1 1 1 1 1 grands dieux). On l’honorait des noms
comn'e lumen _ i ’ G. Curlius, Grundziïge : 88, l.una — ltic-na
~ 3 Roscher, ~ C‘men- ~ 2 Varr. -
rr. De ling. lat. V, 74; Dion. liai, il, go.
Mtm ’uü.'i"!.7' *• «■ «ol- 2159. - ‘ Marquardt, Handh.
*«*t.tat. V £ lî i-(C“''eeAK '« *■ >*• *- et 31. _ B Varr.
V| 5D Ov. Fast ... ’ ‘l- L,v- W, 22; Appian. Bell. civ. 1, 78; Vilruv.
i.Ce temple Iule ’ A 12, 8. 7 Tac. Ann. XV, 41 (velustissima reli-
'Lûion.Iiai i i 0"sumé PMlo grand incendie sous Néron.— 8 Varr. L. lat V
XII, p. iM; I’ Civ; ûei- IV, 23; Vit, 2. - 9 Vilruv . I, 2, 5; Marquardt!
°ip.inscr. lat. I, 315; Fcstus,p. 154, s. v. mundus; Corp.
LUN
de liegia, Augusta, Aeterna , Lu ci fera n. La Lune est
nommée seule dans la plupart des inscriptions qui nous
font connaître ces faits et dont aucune n’est antérieure à
Père chrétienne. Quelquefois avec elle sont nommés Sil-
vain, le Génie, Apollon etDiane, Isis (avec qui elle a été du
reste confondue, voir io)12, les planètes, et enfin, le plus
souvent, le Soleil13 [sol]. Comme il est naturel, certaines
cérémonies, dont au reste le détail nous échappe, leur
étaient communes. Par exemple, d’après un passage assez
obscur de Tertullien, les vainqueurs du cirque auraient
consacré leur char à la Lune et au Soleil u. Des monnaies
assez anciennes montrent 1 union des deux grandes divi¬
nités de lumière : au droit est le Soleil rayonnant; au
revers, un croissant et deux étoiles13. Quand les Romains
joignent les deux personnifications ensemble, ils parais¬
sent vouloir symboliser la permanence dans le temps,
l’Eternité. Des jeux séculaires avaient lieu pendant trois
jours en l’honneur du Soleil et de la Lune ; les nuits étaient
consacrées à la déesse10. S’ensuit-il que tout culte leur était
commun et que les temples connus de la Lune étaient aussi
ceux du Soleil? C’est ce que pense Mommsen ”. Mais
Tacite, comme Varron, spécifie quand il parle du temple
de la Lune, et il nomme à part un temple du Soleil apud
Circum 18, dans la région de i’Aventin comme celui de la
Lune, mais « attenant au Cirque ». C’est le sens de apud.
L autre en était distinct. 11 est vraisemblable que le’cûlte
du Soleil, s’étant de plus en plus uni à celui de la Lune,
s’est enfin célébré dans les mêmes temples, et que celui
qui fut incendié sous Néron 19 fut, une fois rebâti, dédié
aux deux divinités de lumière. C’est ainsi que nous le
trouvons désigné à l’époque de Constantin 20. L’empereur
Hélagabale avait fait venir de Carthage la statue de la
Lune Céleste pour célébrer à Rome son mariage avec le
dieu solaire dont il portail le nom21. Idée de fou; mais
plus on approche des derniers temps du paganisme, et
plus on voit que, d’une manière générale, le Soleil et la
Lune se dégagent d’Apollon et de Diane et même sont
juxtaposés, avec leur caractère plus concret de divinités
astronomiques, à ces personnifications morales. C’est
sans doute un effort pour rajeunir et renforcer les dieux
par le rappel de vieilles croyances dont le souvenir n’était
pas encore aboli. Une inscription nous a montré22 le
couple Soleil-Lune à côté du couple Apollon-Diane et un
relief sur une lampe nous l’a fait voir rapproché par un
parallélisme voulu, du couple Sérapis-Isis [lectisternium,
fig. 4381 , p. 1011].
Ni les poètes ni les artistes romains n’avaient trouvé
une personnification originale de la Lune qui, pour eux,
reste l’Artémis ou la Sélènè grecque. Cependant, quand
Horace invite la jeunesse romaine à chanter avec lui
crescentem face Noctilucam . celerem pronos volvere
memes , il semble bien qu’il fait allusion à la déesse pure¬
ment lunaire du Palatin, pour enrichir de cet élément
la figure poétique de sa Diane23. Sur un même piédestal
à Vérone nous trouvons d’un côté Diana Lucifera sous
inscr. lat. I, 400 (Solis cl Lunae circcnscs m issus, XXIV); J. I.yd. De mens. I 12.
— Il Corp. inscr. lat. H, 4438; 111, 1097, 3920, 4793 ; VIII, 8437 ; XII, 997; Oi'elli.
1929. — 12 E plient, epigr. 4, 759, sur un aulel offert à la fois à Apollou et au
Soleil, à Diane et à la Lune; Orelli, 5856. — 13 Corp. inscr. lat. I, p. 239, so[lis et
lun]ae ; 344, 412. — U Tertult. De spect. 9. — 15 Babelon, Monn. de la Bép. I, p. 20,
1»° 21 ; P- 356, 11° 16 ; PreUer, Bôm. Alyth. p. 328. — 16 Uor. Schol. ad Carm. Saec.
21.-17 Corp. inscr. lat. I, p. 400, 412. - 18 Tac. Ami. XV, 74; Tcrtull. De spect.
8. “ 10 Voir note 7. — 20 Jordan, Ephem. epigr. III, p. 70. — 21 Cf. Bouché-
Lcclercq, Hist. de la dit). 111, p. 270. — 22 Voir note 12.— 23 I(0r. Carm. IV, 6,38-40.
— 1392 —
LUN
LUN
l’aspect (1 uno chasseresse, de 1 autre la dédicace Lutine
sous une femme ayant un croissant sur la tète et tenant
une draperie envolée et cintrée en écharpe. Cette seconde
ligure re/i/icans est donc la déesse de la Lune bien dis¬
tinguée de Diane-Artémis La
Sélènè grecque, si simplement
assise sur sa cavale, n’a guère
inspiré les artistes ni les poètes,
ou du moins l’impératrice
Faustine ainsi déifiée2 en Lune
(lig. 4657) paraît une exception,
et elle est chargée d’une longue
torche. Sur un miroir étrusque 3
la déesse, désignée du nom de
Losna , figure, en une repré¬
sentation tout à fait hellénisée, debout et drapée, appuyée
sur un sceptre, ayant un croissant de Lune à côté de sa
tête, entre les Dioscures Castor et Pollux. Croissant,
écharpe nimbée, tunique talaire (quelquefois le sceptre)
désignent la Lune sur une série de monuments
tardifs représentant les
dieux éponymes des jours
de la semaine 4. Mais c’est
le char à deux chevaux,
qui, pour les poètes et les
artistes, est l’attribut prin¬
cipal. On le trouve par
exemple au revers d’une
monnaie de la gens Valeria dont la face présente une
tète diadéméede rayons, sans doute le Soleil5 (fi g. 4658).
On le retrouve au fronton du nouveau Capitole de Domi-
lien ; la déesse entièrement vêtue, avec le voile en cintre,
tient les rênes ; son char fait pendant à celui du
Soleil6 [capitolii'm, fîg. 1151 . Même représentation sur
un bas-relief de Silifis avec l’inscription Lunae
Augustae 7.
Ce sont les monnaies qui nous offrent le plus de per¬
sonnifications de la Lune. Les Dioscures qui, avec deux
étoiles dans le champ, y figuraient, comme héros pro¬
tecteurs de Rome, y sont
remplacés depuis 527 par la
Lune conduisant un bige8.
Sur les deniers de la gens
Petronia , qui était sabine,
le croissant accompagné
d’une étoile (lig. 4659)alterne
avec la figure de Tarpeia acca¬
blée a demi sous les boucliers des Sabins qui exploitent
et punissent sa trahison, ou même il est dans le champ
au-dessus de cette scène9 (fig. 4660). T. Mommsen rapproche
1 Corp. inscr. lat. V, 3224; Maflei, Muséum Veronense , 09, 4; cf. la reprfeen ta¬
lion delà Lune voilée sur un sarcophage : Gerhard, Antike Hildw. pl. sein, 4.-2 Mil-
liu, Caler. mytliol. lab. XXXIV, 4 18. — 3 Muller- Wieseler, Denkm. d. a.Kunst. J,
3I°; Gerhard, Etrusk. Spiegel , lab. 171. — 4 Gazette archcol. 1877, p. 50 cl 83.
Voir aussi oies, p. 172 3, lig. 2403-5. — 0 Babclon, Mon,,, de la Itép. H, 520.
— c Arehàolog. Zeit. 1873, tab. 57. — 7 Corp. inscr. lat. VIII, 8437. — 8 Babclon,
Mann, de la Itép. Introd. p. 21. — 9 y*;,/. ||, p. 499 ci 301, „•» 18-19. — 10 Prop.
IV, 4, 23; Mommsen, Iiüm. Mûnzw. p. 585, n» 303. — il Par ex. Virg. Aen. IX,
403-405. — 12 Ibid, vil, 7-8. — Bibliographie. W.-ll. Roscher, Ueber Selene und
Verwandtes (Stud. zur griech. JUylh. n» 4), résumé en 80 colonnes dans Ausfùrl.
Lex. art. Mondgôttin ; ibid. art .Lima ; Bruchman, Epitheta deorum quae ap. poetas
leyuntur ; Grosse, De Graecorum dea Luna, Lubeck, 1881; Schwartz, Sonne,
Mond, etc., Berlin, 1864 ; Slephani, dans Commission archéologique de Pétersbourg ,
Compte rendu pour 1800, p. 43 sqq. ; 53 sqq.; E. Gerhard, Lichtgottheiten (Gesam-
melteakad. Abhandlungen, I, p. 143-156), Berlin, 1800 ; Preller, Griech. Mytho -
logie, I, 301-364; Id. Itôm. Myth. I, 327-329; Gilbert, Gôtterlehre (Leipz. 1898),
p. 353-428 (cet auteur attribue le caractère luuaire à Alhènè, Perséphone, Hèra,
Monnaies de la Gens Petronia.
Fig. 4057. — Faustine en Lune.
de ce fait un vers où Properce dit que Tir™;
plaindre (?) de la Lune !«. 11 semble bien m, ?ClUse
se trouve associée à cette légende, sans que h J? ^
y prend soit très claire. En somme, des magistrat q“ ,,lle
d’origine sabine regardent comme un titre de 7°mamS
leurs ancêtres aient puni la cupidité de la m\JvT î!!!e
après en avoir tiré parti, et que, dans cette histoire u °
da.re, la Lune ait été de connivence avec eux r'^T
déesse astrale qui est en jeu ici, comme dans lanhunri , ‘
inventions populaires, tandis que, pour les poète!* l u
artistes romains, elle était moins distincte ne., i_-.?
d’Artémis " ou d’IIécate que pour les Grecs Lesnoètl!
toutefois ont aussi, comme il était naturel, créé et re ;•
d’instinct le type de la Lune femme et déesse, en le fin 'i
toujours directement du spectacle de l’astre même. Quand
Virgile dit, par exemple : nec cnndida cursumLuna
negat l\ en décrivant simplement ce qui se passe dans lo
ciel, il attribue presque une intention bienveillante à la
nocturne voyageuse, et, sans que la tradition mytholo¬
gique y soit pour rien, d’un mot il esquisse pour
elle l’ébauche d’une personnalité. Adrien Legrand.
LUIVUS. — Ce mot, qui ne se rencontre que dans un seul
texte latin et une seule fois 1 , n’est pas un nom sous lequel
une divinité quelconque ait été adorée ni à Rome ni en*
aucun autre point du monde antique. 11 n’apparaît que
dans 1 Histoire Auguste. Spartien y rapporte que Caracalla,
se trouvant à Edesse, eut l’idée d’aller à cheval jusqu’à
Carrhai pour y visiter un dieu lunaire mâle qui avait là
un temple, mais qu’en chemin il fut assassiné par son
écuyer. Les informateurs2 qui ont transmis ce fait à
l’historien, en y ajoutant un assez sot commentaire sur
les conséquences du genre masculin ou féminin attribué
à la Lune, ont donné à cette divinité de Mésopotamie le
nom latin de Lunus3. Et depuis, historiens, numismates,
épigraphistes ont trouvé le mot commode pour désigner
tout dieu lunaire mâle qui s’offrait à eux.
Dieu lunaire de Mésopotamie (dit Lunus). Min, dieu
lunaire de Phrggie. — Le vrai nom de celui de Carrhai
nous est inconnu Son temple existait encore au temps
de l’empereur Julien 5. On a pensé, étant donnée la race
dont la région était peuplée, que c’était un dieu sémite .
Sur les monnaies cette lune mâle esL figu¬
rée soit par un croissant et une étoile, sans
autre effigie (fig. 4661), soit par une tête
qui a un croissant vis-à-vis d’elle1, ou qui
est diadémée, avec deux croissants iné¬
gaux. Nous n’avons sur cette divinité que- Fig. 460u
ces notions vagues. en Mésopotamie.
Un autre dieu lunaire nous esL au con¬
traire très connu. C’estMên(Mvjv), dieu anatolien qui P,ual
Aphrodite, etc., à toutes les triades féminines de la mythologie g" c I .!
. .i . f il Wcil ap. Jouit""
les divinités dont le concept implique l’idée de mesure, etc.; c . • Rejnacb,
des Savants , mai 1S99, p. 288-93) ; pour les représentations sur lis w
Répertoire des vases peints. , . ....ihusaud
LUNUS. l Spartian. Carac. VI, 0; VIII, 3. — 2 Ibid. ...doclissm»^ ^ ^
id tradiliim. — 3 EtX/.vz, dans Herodicn, IV, 3, qui rapporte b (u ■ ^
vait être par exemple Aglibol (ef. Ilelbig, Guide de Itome, I, P* ^ ^ ^ .p" : |
gr. III, 0915) ou Jahribol (cf. Bouché-Leclercq, Hist. delà sllr les
de Vogué, Inscr. sem. p. G3). En Arabie, à Esbus, Mionnet (\ , u ^ p.293)
monnaies le type même de Mên, mais de Saulcy (A mnism. de ^ __ £f. per-
y a reconnu une divinité féminine, Astarté. — ü Amm. Man . - ' ^ et note 1*
drizet, Bull, decorr. hell. 1896, p. 95-96. — ? Mionnet, V, P- un ,emplc
Figure d'après l’exemplaire du Cal), des Médailles. On Oou ^ f,arnics et sur*
tétrastyle avec, entre les colonnes, des masses de formes l*'\ eu ^ j c n t de simp*l,s
montées de croissants. «< Les plus anciens simulaci es de | f,, Qrèce} M P
pierres ovules surmontées de croissants », dit Maury (Jtelit/. <
se référant à ces monnaies où il n’y a pas de figure humain
LUN
— 1393 —
■ '■cèdent*. Il est reconnaissable à ce que, dans
distinct d" 1’!^ représentations, il porte toujours, avec
les no®1"1'1 ' . lc costume, surtout le bonnet des
lal1 . 0 Sur ce dieu, dont Strabon nous désignera les
P^f' '| s plus connus, lesmythographes ni les poètes ne
jenlP'" '^menl ri en. Un vers d’un hymne orphique3 lc
°llS;l|Tu même temps que deux divinités phrygiennes,
h MÈre des dieux ; Lucien* le ridiculise comme
i livinilé orientale fastueuse et surchargée de dorures;
UnC,,|l' le croit confondu en Phrygie avec Sabazios sous
Pr°!n''me nom et dans les mêmes fêtes5. Tout cela est
"" ''"||()||S tromper sur la nature originaire du dieu. Il
P!!j“’jen do commun, si ce n’est le pays où il est honoré,
D‘m, (,os divinités délirantes et. farouches dont le culte
n’allait pas sans l’orgie et l’extase. Il est possible qu’à une
époque relativement tardive elles aient été unies ou con¬
fondues avec lui comme ayant le même pays d’origine,
presque le même costume, et en vertu de cette passion de
syncrétisme qui sévissait vers la lin de l’époque païenne.
Au centre même du culte de Mèn, en Lydie, près de Coloé,
trois niches ou arcades sont creusées et sculptées à
même le roc et contiennent trois bas-reliefs représentant
des scènes relatives' à Adonis confondu avec Attis c ; dans
l’une des trois, malheureusement très mutilée, Wadding-
tona cru reconnaître ou le croissant ou le bonnet phry¬
gien qui rappellerai tMên. Il est du reste certain qu’ailleurs
Al. lis prend non pas seulement le croissant7, mais le nom
même de Mon. Dans plusieurs inscriptions romaines du
ive siècle ap. J. -C. où il est invoqué en même temps que
In Mère des Dieux (et Hermès), le surnom assez mysté¬
rieux de Menotijrannus est joint à son nom (si ce n’est
pas Mèn Tyrannus qui est nommé avec lui). Les céra-
Inbl' s &recs 1 Asie Mineure s’empareront de ces confu-
1 ^ pour créer des types d’art hybrides et fort curieux.
^ lamentations de Mên. — Mais pour avoir été com-
ilii " 11 sorte avec ces dieux équivoques8,
i " ' sl bas moins parfaitement différent d’eux9
InIm plastique comme par les noms qu’on lui
^ 1 111,1 1 aii <V|ui donne à Mên desorigines sémites, cf. Guiguiaut,/îeiiÿ.
encline monn ii!. | a h note 8 ; Perdrizet, L. Z., 91 , combat celle opinion. —2 Sur
coilTni M.s, n u de (.arrliai n a ledit bonnet. Ce qu’on a pu prendre pour celle
«’’/ l/l. Proron, r"/'<’l,l,'nl ai'rivé l|ans le champ ; Mionnct, V, p. 593. — 3 ffymn.
Waddiugtoi \Jtlit~ ■[ J"P' tra,J' 8’ — “Procl. Ad Tim. IV, 251, p. 607. —G Le Bas-
h, VI, |iM1 Mineure, tah. i.v,éd. Reinach, p. 43.- -7 Corp. inscr.
*'<’n<>t. invicto A i.i 1 (Ondli, 1900, 1901,2264) : Attidi sancto Mcuolyranno... ,
LT" ! Mc"° Tyl'’ ; 0l'elli’ 23ï3 i L- Renier, Mélanges épigr.,
Iicl°s, dion oracul- 1 . ^ 113 Un Syrien associe dans sa reconnaissance
*"'<ï Mwisque ') yp, ^Mm^e Mén-Magister(faut-iI, comme lèvent Hirchsfeld,
s j V " encoie associé ou confondu avec Dionysos, A. Maury,
'"'ur * °pinion coni|. | )"T °UTln*'“ *tA? «SôXoi Oe-.î, Luc. Icaromenipp, p. 27. —9 Voir,»
* l’tn»c q,ic C0|ii;; i'llnsay, Ciliés of Phrygia ( Jottrn . of hell. stud. 1883).
abazios, comme Attis, est un dieu d’origine solaire appelé
donne, les formules sous lesquelles on l’invoque, les
qualités morales qu’on lui prête.
Un attribut qui nese rencontre qu’irrégulièrement dans
les représentations de ces autres dieux asiatiques, et qui se
retrouve constamment dans les siennes, c’est le croissant
de lune adapté non pas à la tête, mais aux épaules ,#. La
partie médiane de ce croissant est censée absente ou dissi¬
mulée derrière le cou ou le dos; les deux pointes seule¬
ment apparaissent de part et d’autre. C’est ainsi que nous
voyons Mèn : 1° dans un relief pro¬
venant de Coloé en Phrygie Ca-
takékaumène, où son buste accom¬
pagne celui d’un Zeus solaire, à
la tête radiée (lig. 4662)**; 2° sur
une très belle intaille de grenat du
Cabinet de France (Bibliothèque
nationale) (fig. 4663) 12 ; 3° sur un
très grand nombre de monnaies13.
Mais le relief, qui d’ailleurs a été
trouvé dans le foyer même du culte Fis- «63. — Type traditionnel
, A , . de Mèn.
de Men, date de l/d de notre
ère14; l’intaille n’est pas plus ancienne, et aucune
monnaie n’est antérieure au temps de Trajan . C’est
en Attiquc, où nous trouvons Mèn émigré, que se
rencontrent (outre une statuette de terre cuite curieuse
mais mutilée13) des reliefs dédicatoires qui datent
Fig. 4004. — Mèn sur le bélier.
du ive au n° siècle avant notre ère et nous font con¬
naître l’ancienneté de ce type de représentation. L’un
a été trouvé en 1894 encastré dans un mur entre la Pnvx
et l’Aréopage 16 ; l’autre est de la collection Lanckoronski
et se trouve dos à dos sur une même pierre avec le char
d’un dieu solaire17 (fig. 4661). Sur le second, qui est le
Mânes et en <|iii les traits caractéristiques de la Lune se seraient mêlés à ceux du
Soleil. Les Grecs d'Asie Mineure auraient transcrit Mânes par Mèn. Mais, comme le
remarque M. Perdrizet, on ne voit pas pourquoi, puisque Mèn n'était chez eux le nom
d'aucun dieu. — 1° Sur les monnaies de Carrhai (par ex. n° 20 de Mionnet, t. V) il
y a deux croissants dont un plus petit sur la tète sans bonnet phrygien, ce qui con¬
firmerait la distinction des deux divinités. — l*Le Bas-Waddington, Yoy. archèoV
Monum. pi. c.xxxvi, tig. 2; Explie, des inscr. p. 215. — 12 Catalogue C/ta -
bonillet , 2033 ; cf. le 2034. — >3 Par exemple, dans la collection Waddington ( Cata .
logue de Babelon) plus de 50 numéros. — 14 Le Bas-Waddington, Loc. laud. p. 215.
1» Musée central d’Ath. Bull. corr. hell. 1890, p. 72. — 19 Ibid. XX (t896)
tah. xiv. Au même endroit ont été trouvés des ex-voto à Cybèle. C'était sans doute un
sanctuaire de dieu national où on plaçait des ex-voto à des dieux étrangers. — 17 Col-
eclion Lanckoronski (Vienne); Bull. corr. hell. 1890, tab. xv ; Catal. der ar-
chueol. Ausstell.. Wien, 1813 (où Mèn est pris à tort pour Sélènè).
LUN
— 1394 —
plus ancien, le croissant n’est pas ajusté au corps du
personnage, mais placé derrière l’ensemble de la scène.
Dans l'un et l'autre le dieu est assis sur un bélier; près
de lui est une table garnie de gâteaux et de fruits1,
devant laquelle est un coq. Dans un autre relief trouvé à
Thorikos, port voisin du Laurion, c’est sur le coq qu’il
est assis2. Ces trois théophanies, où Mên apparaît à ses
fidèles en prière près de leurs offrandes, nous confirment
l’habitude fréquente des artistes anciens de donner
pour monture à un dieu l’animal même dont le sacrifice
passe pour lui plaire3 et nous montrent que plusieurs
des caractéristiques du dieu, constantes sur les monnaies
impériales, remontent très haut. Car le coq, le coq blanc
spécialement voué au dieu 4, figure sur nombre de
pièces de Parlais, d'Antioche de Pisidie, de Pros-
tanna, etc. ■' La haste a la main droite que nous offrent
des monnaies très nombreuses6 est sans doute ancienne
aussi, car nous la voyons à la main du dieu dans un
autre relief atlique du uc siècle avant notre ère, où il est
dans une grotte, nu-tête, tenant un coq sur son bras
gauche, entre Pan et une nymphe ou une Naïade 7.
Enfin tantôt la pomme de pin qui conjure les maléfices,
et qui peut être remplacée par une grosse grappe de
raisin, tantôt une patère (pour libation) entre les mains 8,
complètent la physionomie sans doute ancienne, tradi¬
tionnelle de Mên, car ces particularités se présentent
avec une fréquence remarquable et dominante sur les
monnaies. Ainsi se dessine la figure la plus ordinaire
du dieu, jeune, imberbe avec de longs cheveux, vêtu
d’une tunique haut ceinturée, souvent d’une chlamyde
par-dessus, et des anaxyrides phrygiennes.
Certains traits complémentaires, qui sont un peu plus
rares, ont pu répondre à l’intention de grandir ce dieu
modeste et familier. D’abord le sceptre; mais le sceptre
l Sur ce ri le habituel, sinon spécial à Mèn,cf. Foucarl, Assoc. reliy. en Grèce, p.220;
règlement du culte de Mèn en Altique, I. 20 de l'inscr. : làv Sé m T?à*eÇav r.r.i
6e5i, Xa(i6avÉTw to r/xurj. — -Musécd'Ath. 1406; Perdrizet, fig. 6 ; Corp. inscr. att. Il,
1593, MtTpaSâ-njçxat ^ yuvr, Mïjvi à... Ici le croissant manque, maison pense qu'il était
figuré en couleur sur le fond. — 3 Maury, Belig. de la Grèce, III, 125. Sur les
monnaies de Cypre, Aphrodite est montée sur le bélier qui lui sert de victime.
De Luynes, Aum. et inscr. cypriot. pl. v, 2. — 4 Diog. I.aert. VIII, 374; Jamblic.
De vit. Pyth. tS : « Ne touchez pas au coq blanc... ; il est voué à Mèn. » — 5 Mion-
net, lli, p. 492, n*» 4; Waddington, 3586-9, 7154, etc. ; liead, Hist. num. p. 591-
°^- c EUc est sur la plupart des monnaies où nous signalons d'autres
attributs et sur I intaille 2033 du Cab. des Médailles, Paris. V. Mionnet, tables , p. 261
et 263; Babelon- Waddington, p. 559. — 7 Musée central, Athènes, 1444; Smir-
noff, fig. 1 ; Bull. corr. hell. 1896, p. 78, fig. 5.-8 Mionnet, III,
p. 304, n° 3; IV, p. 298, n* 594 ; Suppl. VI, p. 251, no 415; Id. III, p. 365,
no 362, IV, p. 263, no 400 (Lég. KAMAPEITHE NFEAEQN) ; Suppl. VI, p. 620,
n° 411, etc.; Bull. corr. hell. 1896, p. 73, — 9 Le Bas-Wadd. Voyag. Monum.
figurés, tab. cxxxvi, n° 667. Stèle à Koulah, provenant de Menneh, Corp.
Fig. 4GGG. — Monnaie de Nysa,
LUN
ne se distingue pas toujours bien de h i
thyrse. Quoi qu’il en soit, Mên a le scentro ^ °ü d“
une seconde stèle de Coloé,J où il nK„,.0 , °nm;iin %
de Zeus aétophore (fig. 4665) (172 de nr / " fIed à côqt
un rocher de la ville haute de Philfppes où M 61 S|lr
reconnu, dominant de la taille tout un ' He"zeyt’a
divinités figurées sur les roches voisines *« Pï"!l,éon *
le pied posé sur un taureau terrassé, et s\ '° °é M
nombre de monnaies, il a aussi le Dièd Un Cerlail>
taureau, que l’effacement a pu faire prendre"! l"'(‘ de
petit rocher11 (fig. 4666). Mais la fierté du dieu ^ "n
telle que, sur d’autres pièces, il n esl m
ne garde en même temps au
poing son coq favori. Parfois,
tout pacifique qu’il est, il porte
une petite figure de Victoire ,2.
Quelquefois il se présente au
portail d’un sanctuaire distyle
comme en Galatie13 (fig. 46671
ou d’un fastueux temple ùsix co¬
lonnes comme à Nysa u. Enfin,
pour le grandir encore, le voici
à cheval. Cette allure équestre n’a rien de commun avec
la posture du dieu assis de côté sur une monture invrai¬
semblable dans les reliefs d’Athènes. Rien ne démontre
qu elle ne soit pas antérieure à
l’époque impériale; cependant il -\
est possible qu’en ceci l’imitation
de dieux d’autre nature ait été
déterminante. Par exemple il y
avait à Telmessos, en Syrie, un
dieu Sozon qui était figuré à che¬
val, qu’on a pu confondre avec
Sabazios parce qu’il y avait quel¬
que chose de commun entre cer¬
taines formes de leurs noms (Sauaz-
ios), qui était de nature solaire, et lunaire aussi parana
logie1’. D’autres divinités d’Asie Mineure étaient éques¬
tres. Voilà sans doute pourquoi on a voulu que Mèn le
fût à Olbasa (fig. 4668) en Pisidie, à
Allia (si c’est bien lui qui porte la
hache à deux tranchants), à Prusa
• en Bithynie, à Baris, à Sillyum, à
Sagalassus 1G, etc., et qu’il tînt un
cheval par la bride sur les pièces de
Laodicée du Liban17. Des reliefs
(de basse époque), d’une exécution
très grossière18, constateraient, à
défaut des monnaies, cette mar¬
que de puissance attribuée à Mèn. Même les pièces
inscr. gr. 34:18. — *0 Ileuzev. Mission en Macédoine, p. 83, Vit1 >'• 1
net, III, p. 493, n» 10 ett 1 ; IV, 298, n» 594, etc. ; Mead, Bist. numorum, ^ J
591 (Pappa Tibcria). — 12 Mionnet, IV, p. 310, n" 660, et lù. L"1 ■ ^ run
Doctrina, III, p. 19. La Victoire ligure sur des monnaies indù|tu ,neutJ té des
autre attribut et tous alternent et se doublent ainsi à la lois. ; ^ ^ travail
attributs n'est pas toujours parfaitement établie et il n existe pu- ) ^ i. prpscn-
ninnisniatii|uc i|ui classe toutes les monnaies connues de Mên par ^ !V11(V. Uare-
tation, en rapportant ces types aux régions où on les rcnconli* * I , . n,
inenl Mèn a la haste à serpents ou caducée, Mionnet, Suppl. , I jtléo est. sur
— 13 Cab. des Médailles, Paris, Ualalie, in généré, monnaie de ™Jal1^ son,roct du
une autre monnaie, à l'entrée d'un temple semblable où la"*11 ^ _ tiCab. <les
fronton, figure deux croissants superposés, Babelon-Waddinglon, p 185,
Médailles, Paris; Babelon-W'addington, 2504. 18 Revue ai __ Il Ibid.',
Art. Kadet ; Lahckoronski, Villes, II, 9. — 10 Paris, Cab. es ^ _ tg (Jn cava-
Ucad, Bist. num. p. 563, signale la légende MHN sous cette ^ gouldour, en
lier avec l'inscription ...MHNI EVXUN, copié par M. ùo note deriiiè|e- I
Pbrygie, Bull, de corr. hell. III, 334, et XX, p. 65; cf. Plus
Fig. 4667. — Monnaie de
Galalic.
Fig. 4668. — Monnaie
d'Olbasa (l'isidick
. Il Mion-
LUN
— 1395 —
LUN
vrai le montrent dans un char atteléde zébus
de Témcn" 4669). Mionnet, Waddington et
lancés au J ' ■ lrouver Mên équestre sur de
1"1""3 unies de Trapézos dans le Pont. Il est certain
belles m"""' , ière contrée Mên était fort popu-
jue dans ceuc
pja. 4669. — Monnaie
de Tôménolhyrai.
laire. Mais les représentations
équestres d’un dieu pontique
se rapportent à Mithra, dieu
solaire2. 11 faudrait donc sup¬
poser que nous avons affaire
ici à Mên-Mithra. Mais nous
trouvons partout Mên opposé
au dieu solaire et non pas
confondu avec lui. De plus,
sauf peut-être sur un exem¬
plaire qui est à Munich3, la
marque distinctive de notre
dieu, c’est-à-dire le croissant
aUx épaules, manque à ces effigies. Donc Mên a été cer¬
tainement adoré, mais non pas figuré à cheval dans les
villes du Pont.
D’autre part
les monnaies
nous le présen¬
tent non point
confondu ,
mais en société
avec d’autres
divinités:Zeus
assis, devant
qui il se tient
debout, Apol¬
lon, Arès, Ar¬
témis, qui est
aussi au droit
de monnaies
dont il occupe
le revers A
Quand il est
associé ainsi à
quelque autre
dieu,ilne sem¬
ble pas qu’il
garde ordinaD
rement pour
lui la préémi¬
nence ou la
place d’hon -
neur. Un cu¬
rieux monu¬
ment de Coloé
trp . nous le mon-
quj J" llls,ln*' char de Zcus Sabazios A Dans un autre
feiiinir " "lus®e de Tchinli-Kiosk à Stamboul, une
son,-, y" m< ^ SOn rnar* sous Ut protection d’Hécate
la tria,!,. "\ ' S°'n ^a'rc figurer par surcroît, à côté de
^nJ„D;UMk‘min?ne* Môn<i’ 9ui esta sa Place dans
011 es croissants ne manquent pas (fig. -4670).
' . . . dricch. Mo
Pendant, cf. Cunionl ’ B&belon-Waddinglon, 5330. — 2 Cc-
W’ 1- a'in I °Tm' (lu CU,le de Mithra, p. 189, 583 ; Arcli. Zeit. 1851,
*036, 5|84i 585.;,,;o;/j Oriech. Müns. p. 583. — * Babclon-Wadd. no" 2640-
'IUll,ll8 Hraïui n i J 7. .. Wagcncr ap. Acad. roy. de Belgique, Mèm. des
croissant, le bonnet phrygien, le caducée,
pwaav £■« S«5àÇio». — 6 S. Rcinacli, Catal.
s
1 "'"0. - Mèu réuni à la triple Hécate.
K : l- xxx- Mên a le
r>,“v «Monda, »a0t£-
Fig. 4671. — Masque de Mên avec les attributs de plusieurs
divinités.
Ils sont bien plus abondants encore sur un relief de
travail soigné, mais de « composition très lâche » ", et de
basse épo -
que, qui pa¬
rait provenir
d’Athènes ou
de l’Attique
(fig. 4671). Ce
monument
ressemble à
ceux que
nous venons
de passer en
revue par
l’intention,
qui est celle
d’augmenter
l’ importance
du dieu et
ses domaines
d’influence.
Il en diffère
tout à fait par
la physiono¬
mie géné-,
raie. Mên ,
dont nous n’avons ici que le masque, n’a pas le bonnet
phrygien. C’est la face traditionnelle du dieu Soleil, avec
un diadème et une sorte de couronne radiée au sommet
de laquelle est un globe entre deux croissants. Près
du masque une inscription mentionne Mên qui sauce
et qui enrichit s. Il est accompagné d’étoiles et placé
au-dessus d’un croissant de vastes dimensions. Vingt
autres croissants sont apposés comme une marque sur
la plupart des trente-trois objets arrangés avec une
recherche évidente de la symétrie, et dans un ordre
étudié pour qu’il en tienne le plus possible. De ces
attributs quelques-uns, comme la pomme de pin, les
pains, les gâteaux et les fruits, se rapportent directement
à Mên; les autres concernent diverses divinités à la
puissance desquelles on a voulu le faire participer. Le
centre de cette composition rappelle les formes d'une
balance, mais le fléau en est un serpent; une corne
d’abondance (marquée d’un serpent) et une massue sont
suspendues à la place des plateaux. La massue appelle
l’idée d’Hercule. La balance est un des signes du
zodiaque et dans le bas du tableau figurent des animaux
dont quelques-uns font partie de ces signes : lion, bélier,
taureau, capricorne. L’intention générale peut avoir été
de symboliser divers phénomènes astronomiques en les
rapportant au dieu lunaire. De plus, une paire de tenailles
rappelle Vuleain, une roue la Fortune, un miroir Vénus,
une syrinx Pan, un caducée Hermès; deux gouvernails
font penser à quelques divinités marines, peut-être les
Dioscures qu’on trouve ailleurs avec l’image de la Lune
[luna]. Les quatre torches placées de part et d’autre sont
celles de Démèter ou d’Hécate [fax]. La harpe est l’ins¬
trument habituel des sacrifices [harpk], Enfin un bucràne
du Musée de Constantinople u” 244, p. 36; Bull. corr. hell. 1896, pl.xvi. D'a¬
près Mordlmann, Atli. Mittheil. 1885, p. 16, l'inscription donne lieu de croire que
le monument vient de Cotyœum en Pbrygic (non de Salonique). Mên y tient uno
palme, ce qui ne se rencontre pas ailleurs. — 1 Bail, de corr. hell. 1899, p. 389
et pl. i. — 8 nXouToSQiT! (sic, ce qui indique un graveur peu familiarisé a\cc la
laugue grecque).
LUN
— 1396 —
occupe au centre un espace considérable. Est-ce un
souvenir de Bacchus? est-ce cette tète de taureau que
nombre de monnaies et un relief nous ont présentée sous
le pied droit de Mon ? Quoi qu il en soit , ce bucràne-cyclope
n a qu’un œil, pour signifier le regard unique de la Lune.
11 semble qu’à Nicée en Bithynie on ait d’assez singu-
lièie lacon cherché a rehausser a la fois le prestige de
notre dieu et celui de l’Empereur en créant un type
hybride qui mêlait bizarrement leurs deux personnalités.
Du moins, en ce pays où .Iules César était populaire, ou
s’est souvenu d’une statue de Rome qui représentait le
précurseur des empereurs à cheval, mais sur un cheval
dont les membres antérieurs se terminaient par des pieds
humains '. Le revers d’une monnaie de Nicée sous
Antonin le Pieux nous offre un personnage avec le
croissant de Mèn aux épaules, vu de face sur un cheval
de profil qui a comme membres antérieurs, à gauche un
pied humain, à droite un bras tenant un caducée, et pour
queue un serpent. Le personnage lient une couronne,
et sa tète est radiée Est-ce Mèn ? Est ce un César?
Est-ce l’un et l’autre et par surcroît un dieu solaire
comme Sabazios? La légende {lu cité toute d’or de
■ Virée consacre un cheval à pieds humains 3 ) ne parle
que du cheval fantastique. On pourrait se demander s’il
n y a pas là une dérivation d’un type ionien fort ancien,
celui du Centaure à jambes humaines que portent souvent
les vases à figures noires du vie siècle et que les Romains
auraient pu interpréter comme un cheval ayant des pieds
humains par devant et monté par un cavalier4 ?
S’il n’est pas de dieu qui semble avoir été pris plus
au sérieux que Mèn, plus respecté de ses fidèles,
cependant des artistes grecs établis en Asie Mineure ont
trouvé l’occasion d’interprétations libres et capricieuses
dans l’originalité de cette divinité lunaire et mâle. On ne
sait si c’est le dieu qu’il faut reconnaître dans ces créa¬
tions ou si ce n’est pas plutôt des jeux de l’art inspirés
par son souvenir. A Coloé même, où nous avons vu des
représentations si précises de Mèn, on a trouvé une
figurine5, représentant dans un style grossier un enfant
nu, au visage large et un peu vulgaire, assis par terre
les cuisses écartées et les talons réunis. Il tient un coq
d’une main, une grosse grappe de raisin de l’autre; un
grand croissant dont la concavité est presque remplie
monte très haut derrière ses épaules et son cou. Dans
la fabrique de Tarse on modelait, vers l’ère chrétienne,
de petits Atys parés du feuillage mystique comme
des Dionysos jeunes ou des Éros bachiques. Derrière leur
dos les ailes recoquevillées en guise de croissantfont penser
à MénG.Ce qu’étaient ces curieux petits êtres, dieux ou gra¬
cieux enfants qui évoquent des souvenirs divins, peut-êLre
les coroplastes eux-mêmes ne font-ils pas bien su.
Formes et extension du culte de Mèn. Caractères
* Pliu. Ilist. nat. VIII, 55; Sucl. J. Caes. 01 ; Slat. Silo. I, 1, 84. On avait con¬
sacré à Nicée une enceinte sacrée à Jules César héroïsé. Dio Cass. L 1 , 20. — 2 Cabinet
de France; Ilev.de numismat. l894(Klanchcl), p. 301 (lég. : mckov PpoToicoiSa Nixauùîv).
— 3 line monnaie de Gordien nous offre le meme quadrumembre cl le même type
équestre, couronné par une Victoire, mais sans le croissant. Cf. Koscher, Ueber die
Reiterstatue J. Caesars auf den Forum Julium u. den ïmeo; ûtcouç ; Ber. d.
Sachs. Ges. phil. Ilist. Kl. 43 (1801), p. 96-154, et, dans Y Ausfüfirl. Lexikon, II,
p. 2094, art. Mèn, une longue note additionnelle du même qui discute sur ce point
les idées de Ürcxler, auteur de l'art., insiste sur le lien qui unit la statue du Forum
Julium aux effigies de Nicée et produit une monnaie (inédite de La collection Imhoofj
représentant selon lui l’empereur Galba en Môn. Mais en l’absence du croissant, ou
s’il y a doute à son endroit, les identifications sont fort douteuses. — 4 Cf. Dürnmler,
Ttoem. Mittheil. 1888, p. 170 et suiv., fig. 3 de la planche (= K le in e Schriften, III,
p. 274). — :1 Gaz. archeol. 1880, pl.xxxu (art. Schlumberger) ; à Baycux, sur unpor-
■ les et de la Grèce, si bien qu’une format!
cale a décidé que la divinité lunai
LUN
moraux du dieu. — Cette divinité
y*- ”a,s •« noms-épithètes ou surnom ''“T
tort nombreux. Rien absolument n'iudi, “ J ""l «*
nom auquel les Grecs auraient substituétî;!^'?
et rien non plus ne permet de croire u, „ W’J
divinise. Les, bien la même racine „ , („' "»
prenant un élément formatif différent (, .l'i'H
I autre) a donné pour nom à la Lune ,,de
Pélasges du continent asiatique.
graaimati-
tolie. Parmi les surnoms, il en estm^iu’u!^
sont des désignations locales. Le plus frtq„„nl ^ 'j™
médaillés, AffX*,voç ou ’Acxvjvoç », est un très vieux nnl
géographique de la Phrygie, où il , servi *,
désigné longtemps un lac et diverses localités C’est 1
nom que Strabon transcrit mal quand il parle de M-/,
Aaxaîoç ou ’ApxxtV0 11 en est probablement de même
pour AGoxTTjvoç qui est mystérieux pour nous. C’est un
nom de localité qu’a porté aussi une g’/jx-qp ’AÇtotrqvy
et où peut-être se retrouve la racinede wA<na. Les surnoms]
plus rares : ToXyi<jswv, KauxX-qvoç, KapapsiT-qç12, MoxuXsitik,
I lExpasixqç, Aaêâvng désignent vraisemblablement le Mvjv
du x illage de lolésa, de Cavala, etc. Aucun embarras pour
M-qv Ivâpou qui se rencontre précisément du côté delà
Carie 13, si la terminaison ne nous arrêtait pas. Kàpou
n’est pas un génitif, mais semble indéclinable. Sans doute
ou est une désinence propre à la langue lydienne ou
phrygienne que nous retrouvons dans Mr,v <I>«pv«xiu,
Ttâgou. Le premier de ces deux noms désigne le Mqv du
Pont. C’est sans doute un nom géographique de la
région, qui a donné lieu à un nom d’homme. Cependant
J. Darmesteter a conjecturé qu’il pouvait venir de la
Perse et représenter farnahvaut, épithète de formel
zende qu’on trouve appliquée à la Lune, fuma étant
équivalent à T ü/-q u. On ne sait si Tiâgou est un nom de
lieu ou se rattache à la racine Ti, « honorer ». Quoi qu il
en soit, les désinences en afxoç sont très fréquentes dans
toutes ces régions15.
Restent les épi Lliètes qui honorent ou grandissent un
dieu si populaire ou qui désignent une particularité qui le
concerne. La plus répandue, Tupavvoç, est le mot lydien
d’origine qui signifie « seigneur et roi » «fcocœopsç,
’Oupâvioç s’expliquent d’eux-mêmes, KaxaxOovîoç s’applique
à toute divinité nocturne ou qui protège les tombe*
contre la violation 17.
Les inscriptions qui nous fournissent une partie de cesj
noms et celles qui accompagnent les monuments ligure*
ne sont pas en très grand nombre et pas toujours foi 1
ficatives. C'est souvent une brève dédicace aiM^' ll( ‘‘jl
gné par un surnom local ou bien une so/pi, c esl-a mu “I
slrononiiqiic était sculpté grossièrement un “k"1 " ’ S^M
le pin à la main, lien, archêol. (Ileuzey), O'1'- • v ' ' ite
. .. .. o . . .svaf«e«ei*‘<r'f .
tique à décoration aslro
à la tète, pomme de p... - . — -, ■■
des Beaux-Arts , nov. 1876, art. ileuzey, lig. 13; K. PoUier, « 1 1 croit que le !
p. 188. — 7 Ramsay ( Cities o( Plirygia, dans Joum. of te ■ s |lMliljrc à
nom a etc apporté par les Grecs qui substituèrent pir,v a ' aj|(,s rccoquevil
l'essence solaire et le croissant aux ailes recoquevillées. ; '"j! ^ conimc jnlcrpréln-
lécs n'apparaissent, au contraire, qu à une époque as 1 z )lia,.ait nulle pari. —
lion artistique et libre du croissant, cl le nom Ja/us n‘ 672 ; Hcad.p-
8 Bcrgaigne, Religion védique, l, p. ‘57- -9M,0""° ’ y‘ ï,'Mon’n. deSaillai, Hcad,
Journ. ofhell. stud. IV, 417. - •« Strab. XII, 557, 877. Mionnct, PhrygK
n" 282 ; Strab. XII, 570 ; Hcad, p. 550. - ' - V ou Pli. Roi ^ TImsos, en AlU
— 15 t’ergamos, Priamos, etc. — 16 Mi» Tiif. a o'1 11 ’ __nVoirp- 1398,notc-
que, etc. Équivalent de on Thrace, fueAiii eu 1 hrye •
LUN
1397
LIJN
,_.()(le ,ie dévotion établie en son honneur.
lc°urlP P"', jes stèles de Coloé 1 consacre à Mtjv Ttàpou
■ Colle 1ul ,ourg> Q-esl une association religieuse
l^1'1 l'dien), une sainte confrérie de dix-huit jeunes
l^dlnt nous avons les noms, qui l’offre a Mên et à
If". M-isphalaténos. C’est ce dieu lui-même qui en a
I v'i'iifîé ' f ordre dans un songe ou dans quelque appari-
K'du moins en Phrygie, la formule qui
fécifiê cette circonstance revient à plusieurs reprises2.
K Allia c’est non pas une confrérie, mais le groupe des
I colons ou la bourgade, xawxia, qui se met sous la garde
du dieu et lui dit : « Protège notre colonie3 ». Ailleurs
I rejjef représentant une orante est accompagné de ces
[mois : « A la déesse Anaïtis et à Mên Tiamou Meltinè et
Giycon ont offert cette image sacrée4 ». Mais il arrive qu’on
[spécifie ce qu’on demande au dieu ou ce dont on lui sait
[gré. Un groupe de dévots le remercie pour « leurs enfants
[et leur bétail5 », un particulier pour « la conservation
de ses pieds0 ». Des plaques votives de terre cuite repré¬
sentant la partie du corps qui a été guérie (ou qu’on veut
■réserver), les yeux, les seins, les pieds, la jambe, accom¬
pagnent les inscriptions de ce genre [donarium] 7. D’autres
■inscriptions sont des actes de contrition forcée et de
I réconciliation avec le dieu : « Artémidore, lésé dans une
■affaire de vins par Hermogène, s’en est plaint dans une
tablette votive au dieu qui a puni Hermogène. Celui-ci l’a
apaisé et à présent a la réputation d’un honnête homme 8.»
La tille d’un débiteur récalcitrant a payé ses créanciers après
la mort de son père voué par eux à Mên. Pour achever
d’apaiser le dieu, elle relate le fait sur une stèle9. Deux
orphelins protégés contre des gens malfaisants témoignent
| leur reconnaissance à Mên Pétraeitès et Labanès 10. Enfin
1 inscription latine qui est proche du dieu sur les rochers
I de Pliilippes" est gravée par les soins d’une mère pro filia.
I Ces documents épigraphiques proviennent tous, sauf le
dernier, d Asie Mineure. Si on excepte l’Attique, où nous
en si&nalerons un nombre relativement important, le
culte de Mên semble localisé dans cet ample domaine12.
I rayonne autour de la Phrygie qui a été son foyer ou son
! cenlh . Ai monnaies ni monuments ne se rencontrent au
j!" 11 ' 'Ucio, ni en Lycie, mais, dans la Pisidie et à
I elT i* d;uis les réSions qui s’ouvrent sur la mer Égée
I 1 mpontide, les souvenirs de Mên sont plus ou moins
! si!! T °n en trouve dans rîle de Délos13. Strabon
uj . 'u 18 temples du dieu, sans doute ceux qui par
|mod(1!"" '''h* attiraient l’attention, cardes sanctuaires
i rid]e h i" ' ' * '^l Se ^rouver un peu partout. L’un, très
Antioeh! i* .et. en esc^aves consacrés au dieu, était à
dans les ,! d’autres à Antioche du Méandre, et
qui popu'u"011*5 Ija°dicée ; un autre à côté d’un bourg
1 Près de s U°m L*U ^ieu et 9U’ Athénée nous signale
11118 thermales abondantes en nitre. Enfin,
co rr. heii ^ Sle Min. Inscr. CC8. Voir les Explications , p. 21
,cr ■ Mc Min fin- ’Jd 5°3, lnscr' de Lycaonie. - 2 Le Bas-Waddinglc
y hsl1- i lui. 188!) ’ "jj G80, °f*; 1878-80, p. 102, et Jour
*l0 pifs souvent rVi ~ ÊtttT&pnv M/.vi Tuçàvvu» xai... toï; <rùv ai
. ?’ 11,1 011 avoir suseéri autre l|ue celui auquel la dévotion est faite q
!*’ **• *«l» Voir lcs Explications, p. 214. — 3 M<jvï 0É,„ ,-J,
I '****■' 4 ciïZc'7»*’ **'' ^ *«««•«, Jlev. ét. 0r. III, p. ï
second comme ' ev*ew’ 1*1, 1889, p. 09. Remarquez que Mén t
")lo|oé,230 denol,.(,lV, w‘Ue louiours 'lua»<* il est question d’un autre die
. P- ioG. _ g » ... ' jfftTov, 1884-5, p. 54 ; Reinach, Chron. d’Orier
■••«tov, 1878-,- ,Aox^P,ei n*.it . » ,, .
doux
8°, p itoSfiv, Bull. corr. hell. 1880, p. 128 (Fouca
Voir TX 1884-5- P- «4i 1878-80, p. i
' ’ ' Wl|0 dp ce ’ 11,10 jambe : Mv|vi ’AEioTTTjvçi èiçl yaçéroç tù
V. ' * /!uî ou 5toî ff4"<rwî> trouvés à l.arnaca, Bull, a
beaucoup plus loin vers le nord-est, il nous signale un
culte lunaire en Albanie et il donne des détails sur le
temple de Mên Pharnakou à Ameria, près de Sébaste, l'an¬
cienne Cabira, dans le Pont, non loin de Trapèzes 14. Toute
la bourgade était peuplée des hiérodules et les rois de Tra¬
pèzes avaient un grand respect pour le dieu et son culte.
C’est par lui qu’ils juraient leur grand serment royal.
Des côtes d’Asie Mineure Mên a facilement émigré en
Attique. Affranchis, ouvriers mineurs, esclaves de tous
métiers affluaient au Pirée où les conditions de vie leur
étaient favorables13. Beaucoup débarquaient Mên avec
eux. Les Athéniens étaient si hospitaliers aux divinités
étrangères qu’au dire de Strabon16 la comédie leur en
faisait un ridicule. Pourtant la question se pose de savoir
si Mên a été pris au sérieux par les familles athéniennes
et est monté du Pirée aux environs de l’Acropole. Quoi
qu’il en soit, dès la fin du ive siècle nous trouvons
au Pirée une dédicace faite à Mên par deux affranchis,
Dionysios et Babylia17. Sur une margelle de puits
découverte aux environs de la ville, après les mots :
Pan, Mên, Salut belles Nymphes, on lit celte for¬
mule énigmatique : TE, KTE, TrTEP.KTE18- Les deux
premiers mots étaient employés dans les cérémonies
d’Eleusis. L’un se rattache au verbe qui signifie pleuvoir,
l'autre à celui qui signifie faire pousser. Le troisième
renforce l’effet du second. Sans doute un naïf dévot de
Mên l’a associé aux divinités attiques auxquelles il deman¬
dait la pluie pour son puits vide et la fertilité pour son
champ desséché. Dans une inscription du il9 siècle de
notre ère trouvée près des mines du Laurion, un esclave
lycien Xanthos, employé aux travaux, consacre à Mên
une édicule abandonnée et édicte un règlement pour ceux
qui voudront sacrifier dans ce temple. Ce règlement en
vingt-six lignes spécifie que toute victime sera partagée
entre le dieu, le temple et le donateur. « Si quelqu’un
garnit pour le dieu une table » (cette table couverte de
gâteaux que les reliefs nous ont présentée), « il prendra
pour lui moitié de l’offrande. » La prescription sur
laquelle il insiste le plus, c’est de ne pas approcher du
sanctuaire en état d’impureté. Les conditions et les rites
de purifications [lustratio, p. 1424] sont minutieusement
et gauchement indiqués par le dévot esclave qui parait
avoir sculpté lui-même, d’une main maladroite, son
règlement sur la pierre19. Enfin, dans une inscription
plus tardive (qui a fait partie de la Collection Sabouroff),
nous voyons un prêtre préposé au vestiaire, cToXêmriç,
des dieux égyptiens, nommé Epaphrodeitos, faire une
consécration à Mên Ouranios 20. Celte inscription est
surmontée d’un simple croissant avec une étoile.
En dehors del’Attique, Mên ne paraît avoir été accueilli
nulle part dans la Grèce propre. A part quelques fan¬
taisies artistiques nées dans les fabriques de Tarse ou de
liell. Ibid. p. 3G1 (Perdrizet). — 8 Mirçvt A;,ottïiv5*,. .. *EppoYÉvir(ç E’aâirEïo Ofov xat
M vïv E-jSoËEï, Corp. inscr. gr. 3442 ; S. Reinach, Epigr. 132. Un simple croissant
accompagne cetto inscription de Coloé. — 9 Fontrier, T h Tçxàvtov ieeS.'ov,
p. 83. — 10 MüuieIov, 1880, p. 158; Ath. Alittheil. VI, p. 273. — 11 Ileuzey,
Macédoine, p. 83. Une paire d'yeux indique pour quelle guérison le dieu est invoqué.
— 12 On ne peut songer à l'étendre partout où on trouve des noms dérivés de celui
du dieu, comme M^vdxiXo;, M^voS/Sjo;. Les noms so transporte»! et le domaine s'éten¬
drait indéfiniment. Cf. Robiou, Acad. Iuscr. Mémoires de savants , série 1, 10, p. 428 ;
Lelronne, Noms propres gr., p. 90. — 13 Inscr. : Tao<x, M Bull. corr. hell. Vl|
345. - 14 Strab. p. 557, 577, 580; Atben. Il, 43 (XVII). _ lBXenoph. De reput, I.
AtlienA, 10. — 16 Strab. p. 47t. — 17 Corp. inscr. att. II, 1587 ; Bull. corr. hell. IV,
129. - 18 Musée épigr. d’Alh. ; Lenormant, Voie sacrée, p. 86 ; cf. art. sieusin.a,
note 882. Voir plus haut, p. 1394, le relief qui réunit Mên à Panel à une nymphe.
- 19 P. Fonçait, Assoc. relig. p. 119-127, 219-221. - 20 Corp. inscr. ait. III, 140.
\ 76
LIIP
1398
Lydie, il semble que l;i Lune considérée comme dieu
masculin na pas ete hellénisée. Peut-être qu elle n'y
prêtait pas beaucoup.
L est un dieu sans poésie, auquel nous ne connaissons
pas même 1 ébauche d un mythe. D ailleurs, quoique son
origine lunaire absolument certaine soit toujours rappe¬
lée par le croissant qui est sa marque distinctive, il
n’avait, à 1 époque où nous pouvons le connaître, de la
Lune que le nom. On n’invoque et on n’évoque jamais ses
influences astrales. Malgré quelques efforts faits pour le
grandir, il apparaît surtout. comme un dieu de la vie bour¬
geoise, des affaires courantes, de la classe moyenne. Il n’a
rien d étrange et d’indéterminé, n'excite ni l’enthousiasme
ni 1 effroi. Il est bienveillant à qui l'honore avec une âme
simple : sùsîXaTOç roTç 0îpa7tsûou<7’v aiiX-Tj zv\ *. Les
femmes lui recommandent leur mari et les maris leur
lemme. 11 guérit les malades, défend les faibles contre les
injustices ordinaires de la vie, protège les villages, les
tombes des morts 2. Volontiers il apparaît familièrement
a ses dévots, près de la table garnie de modestes offrandes
devant laquelle on a placé le coq qu’il affectionne. Il est
la providence des humbles. Les esclaves, les affranchis,
les gens du peuple sont ses fidèles, caractère qui lui est
commun avec beaucoup de dieux de l'époque impériale;
on leur fait de véritables neuvaines ; on leur attribue un
pouvoir général sur toutes les petites affaires de la vie.
Mais jusqu'à cette époque Mèn laisse à peine trace de
son existence, ou tout au moins nous ne connaissons de
lui que des inscriptions, des ex-voto rares et émanant
de gens de petite condition. Au temps de l’empire romain,
son culte est tellement généralisé dans le peuple qu’il
devient, si nous en croyons les légendes des monnaies,
le patron officiel de plusieurs villes et qu’on l’unit à
des dieux honorés par des esprits plus raffinés. Le chris¬
tianisme l’a supplanté aisément dans les centres urbains,
mais il est possible qu’il ait survécu longtemps encore
dans les huttes, dans les bourgades secondaires3 d’Asie
Mineure. Adrien Legrand.
LUPATLL4I [FRENUM, p. 1339].
LUPERCALIA, LUPERCAL, LUPERCI. — La fête des
Lupercales, qu’une tradition garantie par des monuments
matériels fait remonter jusqu’aux temps où la ville de
Rome était bornée encore à l’enceinte du Palatin, est
aussi celle dont la popularité se défendit le mieux contre
le christianisme, puisque son abolition ne date que de
494 ap. J.-C. 1 C'est que, d’une part, son histoire est
inséparable des légendes sur la fondation de Rome, et
que, d’autre part, méconnue peu à peu comme cérémonie
1 Foucart, O. I. p. 220, 1. 12 et 26 de l’inscr. — 2 Bull. corr. hell. 1886, p. 503 : Inscr.
d Iconium ’E&y t.; Tîjv £TT r./.rL‘j à 5 : X r d £ I , ^tjroXuuévov tyo-.TD Mr./ï xa7ay.6ov.ov. 3 Archives
des Missions, 1895, p. 573 et 5S4(Radel). On voit qu'apres le ni' sièclede notre ère, une
main très inhabile sculptait encore très grossièrement l’image de Mèn à cheval et y
joignait un vœu. — Bibliographie. P. Perdrizet, article Mên dans le Bull, de corr.
hell. XX, 1890, p. 55-106, pl. xiv, xv, xvi ; Roscher, Lexikon der griech. und rom.
Mythologie, p. 2687-2770, article mên ; Le Bas- Waddington, Voyage , Explic. des
Inscr. III, n« 667-8, p. 214-6; Foucart, Assoc. religieuses en Grèce , p. 119-127;
Le Blond, Observations sur le prétendu dieu Lunus (il croyait que le Mois, non la
Lune, était représenté et adoré) apud Acad, des Inscr. XLII, p. 381 ; Guigniaut,
Religions, II, part. 3, p. 962 sqq. ; Maury, Religions de la Grèce, 1. 111, p. 123 sq. ;
Smyrnoff, ap. Etés avo; ~u Ehren d. Prof. Sokoloff (en langue russe), p. 81-135.
LUPERCALIA, LUPERCAL, LUPERCI. 1 Gelasius, Epist. ad Andromach.
(Annal, eccles. de Baronius, édit. d’Anvers, 1590, p. 514 et s.). — - Virg. Acn. VIII,
343 : gelida monstrat sub rupe Lupercal', Ovid. Fast. III, 411 sq. ; cf. Varr . Ling.
lat. V, 54; Plut. Rom. 3 ; Dion. Haï. 1, 79 et Serv. Aen. VIII, 90. — 3 Dion. Loc. cil.
— 4 Gori, Bull, di corr. arch. 1867, p. 104; Ibid. Cinconetti, p. 157 sq. ; Grego-
rovius, Geschichte der Stadt Rom, 111, 570, cherche le Lupercal sur 1 emplacement
de l’église Sla-Maria de inferno et renvoie aux Mirabilia, 23, 2. — ‘ Mon. Ancyr.
UJP
ac-
reHgieuae elle resta cl, Ère à l'opi„ion ..
sance profane, sans cesser pour cela de ] JOu
lion aux instincts superstitieux des* foules0"^ ^
Lcs ljUl)GI’cales tiraient leur nom d’une arotle i
Lupercal, ouverte dans les flancs du 7^
smvant la légende, le berceau où la Louve ■dfni T' fut’
Jumeaux apportés par un débordement dû Tibre i ^
placement de cette grotte était douteux déjà J û
d’Auguste, tant les constructions récentes aûJo
versé l’aspect des lieux ». Parmi les motLsTe !„ T
localisée à l’extrémité sud-ouest du Palatin. au b„ ?
temple de Jupiter Victor et de la maison de Tibère 4 • w i U
grand nombre, et ceux-là ont pour eux la tradition C
euse en meme temps que de rares données historiques h
placent sur la face ouest, au lieu dit Cermalus, là où s’élève
aujourd’hui l’église S. Teodoro, bâtie sur les fondations
d un ancien temple circulaire, qui fut probablement le
Lupercal restauré par l’empereur Auguste6. Tout auprès
on cherchait la casa Romuli , cabane en terre durcie cou
verte de chaume où le berger Faustulus éleva les Jumeaux:
là aussi était le figuier Ruminai transporté sur le forum,
au dire de la légende, par l’augure Attus Navius, puis le
cornouiller sacré, issu de la lance plantée en terre par
Romulus, et enfin une source qui paraît avoir été la plus
ancienne fontaine de la cité du Palatin G. Virgile appelle la
grotte : Mavortis antrum , en souvenir de Mars, l’amant de
Ithea Silvia1 ; quant à la Louve, elle portait le nom d edea
Luperca, élevée à cette dignité pour avoir nourri les fils
issus de ces amours 8. Tite-Livc parle de l’érection à cette
place en 296 av. J.-C., par les soins des Ogulnii, tribuns
du peuple, d’une image en airain qui représentait la
Louve avec les Jumeaux9. On a supposé que le groupe
du palais des Conservateurs au Capitole n’est autre que
cette vénérable relique ; l’érudition y verrait plutôt actuel-*
lement un produit d’ailleurs remanié de l’art grec du
vie siècle 10. Considérée dans l’ensemble de ses monu¬
ments et des souvenirs qui s’y rattachent, la pente du
Cermalus, avec la grotte du Lupercal, n’en doil pas j
moins être considérée comme le centre religieux etpoli’l
tique d’où sortit la fête des Lupercales u.
Le nom du lieu et celui de la fête semblent dériver 1 um
et l’autre des Luperci qui sont, à l’époque historique,
les membres d’un collège, ou sodalitas , analogue a ce «
des prêtres Saliens auquel il fournit un pendant • ^‘uSj
avant de désigner les ministres du culte dont le sl j»
était au Lupercal, le vocable de Lupercus pamii cm u 1
l’appellation d’une divinité13. Nous avons déjà 411 l1^
haut que la Louve divinisée était la dea Lupu
IV, 2. Pour la détermination de l’emplacement, cf. Becker, Roem^ nole3;
418; Prellcr, Regionen, p. 180, 188 ; Sclnvegler, Gesch. Roms. „ j^sj.
Gilbert, Gesch. und Topogr. III, p. 425, noie 4 ; I, p. 55, et Jordan Topog ^ ,
; textes déjà cités, voir Tit. Liv. I, 4 ; Virg. Aen. VIII, ,,
— 6 Outre les I
18;
« * p i ICO ; Solin- K ’
199; III, 184; Prop. V, 1, 9; Plin. Hist. nat. XV, 20; es \ • p. 185.
Curiosum Urbis, Reg. X, avec Prellcr, Regionen, p. « et •• ^ ^ n>,, 1238.
Pour la source, Dion. I, 32 et Jordan, Topogi . I, '.P- ’ — 1 V®?1
Pour l’ensemble, Sclnvegler, Op. cit. p. 390 sq. cl 342, n. L csP'Ùue]
via. «.-• ov. *«., r*;
8 Arnob. IV, 3; Lact. I, 20, l. — 9 ' ^ VIII G33, sans Uoutc I*
_ o . I différente do celle que décrit Virgi e, £ ^ g. cf. UH
môme quecclle dont parle Cicéron, Divin. H, - ] 1(J payet, Mon,,,lh " .
. . -
Mavortis lupam, qui ne s'accommode guère <
satisfaisant.
celte image est différente de celle que -... ...^ ^
. _ jQ Paycl, JuOflW” ■
lupaaènea Capitolina (Rhein. Mus. 1846, p. SPJsq.), - 5 sq> . Annali c
antique, I, 27 ; Detlefsen, De arle Rom. ’ ,flj . Helbig,
tit. 1877, p. 375 sq. ; Rôm. Mittheilung. IX, • ■ > ^ Gilbert, Op. C’I- ’ __
1899, I, p. 419 et 505.- H Jordan, Op. cit. b L P’ .
voir d’ailleurs Virg. zUm. V..I, 063 ; '^^Rhein. Mus. 1880). P- fl
extuderat. - *3 Just. 43, t ; cf. Unger, Die Lupe
— 1399 —
UIP
LIJP
. . à qUi Tite-Live et Ovide font honneur
lurs 'I1"' |l :('|'|'n(lcg Lupercales, était surnommé Luper-
de IinS! ll" Hre faut-il aller plus loin et, par analogie
p*1- PC"!',I(S' 'vocables usités dans la vieille religion
W tlau "l’, (|.ing lupercus une divinité spéciale dont
r°niai"e’ J'uiéconnu avec le temps2. Si l’identité origi-
PJf ' F nus et de Lupercus est douteuse, il convient
DC 1 \,ns hésitation celle que les hellénisants, dès
"avant r'époque" classique , avaient imaginée de l’un et de
le Pan des Arcadiens, dont Évandre aurait
’aU" Vil culte dans la région des sept collines3. L’éta-
îïP°emenld’Évandre n’a aucun fondement historique et
assimilation des Lupercales avec les pratiques de lareli-
ionde pan ne repose que sur des apparences fortuites 4.
Le nom môme de Lupercus a été diversement inter-
préir, aussi bien chez les modernes que dans l’antiquité ;
l’étymologie la plus en faveur est celle qui le fait dériver
le ilipus et de arceo ; le dieu serait le génie qui garde le
joupeau des loups 5. Ainsi Horace, chantant Faunus,
ïous dit qu’aux Faunalia de l’hiver le loup erre parmi
es agneaux qui n’en ont pas peur : inter audaces lupus
irrot ujiios Cette étymologie facile parait, elle aussi,
irovenir de l’assimilation de Faunus, dieu pastoral, avec
e Pan du mont Lycée, apparenté lui-même à Apollon
Vomios qui est vénéré à l’occasion sous le vocable de
kcoxTÔvoç, tueur de loups7. Mais dans la légende dont le
Lupercal est le berceau, rien ne désigne le loup comme
un animal fâcheux qu’il faille tenir à l’écart; tout au
contraire. Mars, le père de Romulus et de Remus, comme
il est celui de Faunus, a le loup pour symbole 8 ; la dea
Luperca est vénérée parce qu’elle a allaité les Jumeaux9;
et, d’autre part, dans la vieille religion romaine, Acca
Larentia et Flora Feronia sont représentées comme des
louves divinisées, ce qui plus tard donna lieu à des contes
populaires, manifestement absurdes 10, qui les représen¬
taient comme des courtisanes ( lupae ).
H n’y a pas davantage lieu d’accueillir l’explication
d Unger qui voit dans Lupercus un synonyme d 'aver-
rumis, préservateur, et décompose le mot en luain
| parco, ce dernier mot au sens de averto 11 . Si Lupercus
nosl pas simplement un synonyme de Lupus 12, le sens
e plus probable est celui qui, entrevu par Schwegler, a
P confirmé de la manière la plus plausible par les
pecherches de Mannhardt, lequel en a cherché les élé-
menL par tout le domaine des légendes agricoles et pas-
I _ 2 i '■ 1' ^v' V, 98 sq. ; 11, 267; cf. faunus, 11, 2, p. 1022 sq.
K Uu’il api„ i|,. ,|""'IJI1 U Unger qui n’a qu’un tort, celui de vouloir percer ce
I de se n. . " 'm ’1"10 cl d entasser des hypothèses ( Op . cit. p. 66 sq.) au lieu
I P' 1011 1 . y '0U*C- ®ur sa théorie de Lupercus-Inuus, voir faunus,
I «suite hem, [ "l-i t0US 'CS annahstes : Fabius Pictor, Cincius, Caton, Pison;
I Mil, 343 . fq | 'ln a‘te Tubero, un contemporain de Cicéron; cf. Virg. Aen.
lOctOv. Fnst \\ li- ’’ • dus*- 43, 1, et les notes de Servius, Ad. Aen. 343 ; Georg. I,
I romain, est !, i ' '' ' * '"tarque, Rom. 21, cite Acilius pour qui Faunus, dieu
I aussi semble distM" * pnc,,vales, mais sans l’identifier avec Evandre; Virgile
■Schwcgler, y, ^"'or9- L. c. — 4 Voir la question traitée à fond chez
fi'Jlierb, rôm Sht I ' ' 6CI' Gerhard, Ueber den Golt Faunus, dans les
■ ’oif l» réfutation ché,Lq' i" P‘ !'3’ "ole 7- — 0 Déjà chez Serv. Aen. VIII, 343;
P. 80 sq, _ c ^ 'G ‘"c’hr*er, Op. cit . p. 360 sq. et Mannhardt, Mythol. Forsch.
D'1; Suppi . s V Y'’ 13' 1 Soph. El. 6 ; ailleurs Aùxe-.o;, Aescli. Sept.
I Mtjth, i, p jdj 1 1 ■ b d .R. 203. Pour l'interprétation, cf. Preller, Griech.
'lui appartient p n°le *’ P’ 203’ Servius- Aen- VIII, 343, tire du vocable
* idcnlirication de F 1 a"’ sur le mont Lycée, un argument en faveur de
j b hist. i;j, , 1 ■ a'ec ce dieu. — 8 Plul. Rom. 4 ; Aur. Vict. De orig. 20,
I Ariiolj. iv 3 r * 273 > D, 355; Aug. Civ. Div. XVIII, 21, etc.
I 0c'11’’. 25 ; Sclioi. j’uv '^vj ' S, ■'Y'’1'011' _ 10 Lact’ L 20’ 5i Al’n°h. Ut 23; Min. Fel.
BP’'*11'’' équivaut à : „„ , ' 11 ®P' C|L P- 64 ; Lupercus comme dieu et comme
I ‘l’Iu.ition <(„c y Y"'5 011 luac ( celui qui écarte la peste, la souillure),
Op. cit. p. 439, n. 4, déclare impossible. — 12 Opinion
locales, non seulement de la latinité, mais de la Grèce et
des peuples occidentaux l3. Lupercus serait à interpréter
par lupus et hircus : le dieu serait un de ces génies de
la végétation, dont le culte est mêlé à toutes les pratiques
des semailles et de la moisson : daernon thériomorphique,
l’être du loup s’y fond avec celui du bouc, personnifiant
une force tour à tour bienfaisante et funeste, qu’on sup¬
plie pour obtenir de fertiles récoltes et des troupeaux
prospères. Sans parler davantage de Mars identifié avec
le loup, symbole de force brutale et mystérieuse, la reli¬
gion latine nous offre dans le culte de Diespiter au pied
du mont Soracle un collège de prêtres appelés llirjn
Sorani [hirpus synonyme archaïque de lupus qui sont
la représentation vivante, en même temps que les minis¬
tres d’un dieu purificateur et fécondant 14.
Que le Lupercus de Rome soit identique à Faunus ou
qu’il faille voir en lui une divinité distincte, ce qui parait
certain c’est qu’il est d’origine et d’appellation latine et
que son nom a passé aux membres du collège chargés
de l’administration de son culte, dans l’antique cité du
Palatin13. Les témoignages de la période classique les
nomment généralement au pluriel, sans d’ailleurs pré¬
ciser leur nombre ; par analogie avec les Saliens, on a
supposé qu’ils étaient douze10. Primitivement ils se
recrutaient parmi les membres de deux grandes familles,
originaires l’une d’Albe et l’autre de Rome, la famille des
Quinctilii et celle des Fabii11 ; à ce point de vue on peut
les comparer aux ministres du culte d’Hercule près de
Y Ara Maxima , lesquels appartenaient a la gens Potitia
et à la gens Pinariali. Ce sont des sodalitates gentiles ,
spécialement constituées pour l’exercice d’un culte qui,
à raison de son importance, passa du cercle des familles
dans l’organisme de la religion d’État19. Lorsque les liens
de la gentilité se relâchent en même temps que le culte
prend un caractère d’intérêt commun, les bases du recru¬
tement s’élargissent; comme Unger en a fait justement
la remarque, les appellations de Fabiani et de Quincti-
liani qui désignent les membres du collège impliquent,
par elles-mêmes, moins une origine étroite qu’une sorte
de dépendance morale20; il n’est même pas nécessaire
d’admettre que le magister de chaque section ait appar¬
tenu toujours ou à la gens Fabia ou à la gens Quinct ilia,
mais seulement que leur nom perpétua le souvenir d une
lointaine origine21. De même que dans la confrérie des
Saliens, on y distinguait des seniores et des jun iores 22 ,
de Mommsen, Roem. Gescli. I, p. 51, et de Jordan, Kritische Bcitraege, p. 164;
cf. Marquardt, p. 439, note 4. — 13 Schwegler, p. 361 sq. ; Mannhardt, Alyth. Forsch.
p. 86 sq. ; voir la conclusion, p. 153 sq. — U Varr. ap. Serv. Aen. XI, 787 ;
Plin. Hist. nat. VII, 2; Strab. V, p. 226. Voir feronia, II, 2. p. 1074. Le mot hirpus
pour lupus est sabin; cf. 0. Muller, Die Etrusker, II, 67. — 13 Serv. Aen. VIII,
343 et 663. La ressemblance est dans le nom à la fois et daus le costume; cf.
Prop. IV, I, 26 ; Unde licens Fabius sacra Lupercus habet. — 16 Preller, Roem.
yfyth. p. 343, n. 2, d’après Arnob. V, 1. Le nombre était fixe très probablement,
Fesl. p. 257. — I7 Fcst. Ep. 87, 257 ; cf. üv. Fast. II, 375; Prop. IV, 1, 26, où les
Fabii sont seuls nommés. Voir les inscriptions, Orclli, 2254; Corp. inscr. lat. VI,
1933 où il est question d’un lupercus Quinctialis vêtus (ce dernier terme à interpré¬
ter par : de l’année précédente, comme Tit. Liv. III, 64: tribuni veteres). Quinctia¬
lis semble une erreur; 011 trouve aussi Quinctilii. Voir Dion. liai. 111, 29 et Ov.
Fast. II, 378. Voir encore Aur. Vict. Up. cit. 22; Plut. Rom. 21 ; Val. Max. II, 2,
9 ; cf. Gilbert, Op. cit. 1, p. 83. — *8 Tit. Liv. IX, 29 ; Dion. I, 40 ; Fost. p. 257, etc.
Voir kfrcui.es, p. 126. — 19 Cf. Marquardt, Staatsverwalt. 111, 134 sq. — 20 Unger,
Op. cit. p. 54 sq. ; mais il 11c s’ensuit pas que le culte du Lupercal n’ait pas été à
l’origine la propriété de ces deux familles. Cicéron, Pro Cael. 11, 26, appelle le col¬
lège : fera quaedam sodalitas et pastoricia atque aqrestis germanorum Luper-
corum. Le mot germanus est caractéristique. — 21 Fcst. Ep. p. 87 : Fabiani
et Quinctiliani appcllabantur luperci a Fabio et Quinct ilio praepositis suis;
cf. Id. p. 257. — 22 Nie. Damasc. Vit. Caes. 21 ; Dion. I, 80; Plut. Caes.
61.
LUP
— 1400 —
LUP
sans qu on puisse affirmer quoi que ce soittantsur le mode
de recrutement que sur la proportion des éléments qui
composaient le collège. Une seule chose est certaine,
c est la dualité au sein d une même confrérie ; sans doute
qu elle exprimait celle de la population primitive du Pala¬
tin et du Cermalus, composées l’une de Latins, l’autre de
Sabins *. Toujours, dans les cérémonies où les Luperques
entrent en scène, il y a comme une action rivale, une
sorte de lutte pacifique entre les deux éléments, avec
l'idée d’une prééminence de l’un sur l’autre. La tradition
ne varie que sur l’attribution de cette prééminence : pour
les uns les Fabii auraient eu le rôle principal, puisqu’au
repas qui termine les Lupercales, c’est eux qui auraient
mangé la meilleure part; pour d’autres, au contraire, la
suprématie aurait appartenu aux Quinctilii considérés
comme les compagnons de Romulus.les Fabii étant ceux
de Remus2. A cette dernière opinion, Unger a apporté
un argument qui n’est pas sans valeur, en rattachant le
nom de Quinctilius au vieux verbe guinquare3 , syno¬
nyme de lustrare, lequel donne sa signification à toute
la fête. Comme d’autre part les Quinctilii sont originaires
d’Albe, alors que les Fabii sont de la tribu des Ramnes,
et que dans l'histoire postérieure l’illustration de la gens
Fabia l'emporte sur toute autre, ayant eu pour elle d’être
exaltée par les premiers annalistes dont deux sont sortis
de son sein, il est tout naturel de supposer que les
Quinctilii ont été par l'histoire savante relégués au
second plan, alors que primitivement ils étaient au pre¬
mier*. Dans tous les cas, la rivalité des deux familles
semble être celle de deux quartiers limitrophes, du Cer¬
malus et du Palatin; nous trouvons de ces compétitions
un autre exemple dans les traditions relatives au sacri¬
fice de I'october equus et à la lutte entre les habitants
de la Via sacra et du quartier de Subure5.
Un épisode particulièrement intéressant de l'histoire
des Luperques, c’est l'institution par César, en l’an 44,
d’une troisième section à laquelle il donna le nom de sa
propre gens, la section des Luperci Juliani, qui eut pour
premier magisler Marc Antoine, alors son collègue au
consulat6. Les raisons de cette innovation, qui, au dire
d’un historien contemporain, n’aurait été qu’un retour à
une antique tradition, ne sont pas claires : mais la seule
désignation d’un personnage aussi important pour un
sacerdoce qui, jusqu’alors, n’avait guère fait parler de
lui, et la circonstance qu’aux Lupercales de cette année,
un mois avant le meurtre du dictateur, Antoine offrit à
César la couronne des Luperques, symbole d’une royauté
effective, prouvent surabondamment que la politique
en eut tout l’honneur7. Cicéron nous apprend d’autre
part que les membres du collège reçurent alors une sorte
1 Ou doit le conclure de Denys, I, 80, citant Tubero, qui vil les Lupercales de 1 an
44; de Val. Max. 11, 2, 0: divisa pastorali turba ; d’Ovide, Fast. Il, 371 et 373; voir
plus bas les détails de la fêle; cf. Gilbert, Op. cit. I, p. 80, n. 2. — 2 Ov. Fast. II,
375; IV, 843; Diou. I, 87 ; Plut. Rom . 10; Fest. Ep. p. 55. — 3 Charis. p. 01 : Quin-
quatrus a quinquando id est lustrando ; le rapport peut fort bien n ôtre que for¬
tuit. — 4 V. Marquardt, Op. cit. p. 441. Les deux familles portaient le coguoracn
de Caeso que Mommsen ( Roem . Forsc/i. I, p. 17-99) et Mannhardt (Op. cit. p. 79)
ont rattaché à la flagellation ( caedere ) qui faisait partie des pratiques de cette fôte.
Unger rejette cette interprétation, avec raison semble- t-il (Op. cit. p. 52), car le
coynomcn se rencontre pour d’autres et un lexicographe, De praenom., l’interprète,
sans doute d’après Varron, ainsi : Kaesones appellati sunt qui e mortuis matribus
exsecti erant , les enfants qui sont venus au monde par l’opération césarienne.
— 5 FesL. Fraym. p. 178, édit. O. Muller; Plut. Quaest. rom. 97; voir octobek
equus. — OSuet. Caes. 70; Dio. Cass . 44, G; 45, 30. Tubero, ap. Dion. 1, 80, est le
seul à considérer ce collège comme ayant une origine ancienne; il traduit probable¬
ment une prétention de César ; cf. Gilbert, Op. cit. I, p. 158, n. 1. — 7 Cic.
de dotation (i vectigalia ), et que cette doluio i
retirée après la mort de César : l’institut enf CUr ful
discrédit pendant toute la période subséquen
retrouva la faveur officielle qu’avec Auguste
la fêle, restaura le Lupercal et réglementa le. Y-’
publiques auxquelles les Luperques présidahT
à partir de ce moment que les renseit
luient». C’est]
as, etc.,
, „ . . , ■ viatores,
quelquefois parmi les sénateurs 10. De bonne heure des
affranchis même y ont eu accès 1 1
rien» et les mentions du collège pur
u Rome que dans les municipes voisins, nous l'],™
quelque peu sur sa composition, tout en his-, ™
l’ombre son fonctionnement intérieur II se 1 ^
doute par cooptation comme les Pontifes, les Saliens
parmi les chevaliers, les tribuns militaires et les préfets I
des cohortes9, plus rarement parmi les. fonctionnaires
d ordre inférieur, comme les scribae et les
On ne sait au juste si la I
dignité de Luperque était ou permanente ou simplement '
annuelle; ce dernier cas est le plus probable, des ins- !
criptions parlant de personnages qui furent deux ou trois I
fois Luperques 12 ; il en était autrement des Arvales et des 1
Saliens qui, une fois nommés, l’étaient pour toujours. En I
principe, des Luperques n’existaient qu’à Rome et pour ]
Rome, en vue d’une cérémonie toute locale ; cependant '
on en signale à Préneste, à A^elitrae auprès de Rome, à
Pérouse et à Nepete en Étrurie, et même à Nemausum
dans la Narbonnaise 13 : il s’agit sans doute de person¬
nages qui continuent à se parer, dans leurs municipes, d’un
titre dont ils avaient naguère exercé la fonction à Rome ]
et dont le prestige avait encore son importance ailleurs. 1
De la qualité de magister, nous savons simplement qu’elle
a existé dans la section des' Juliani créée par César;
mais on peut logiquement supposer que les Fabiani et
les Quinctiliani eurent aussi les leurs; les Arvales et les '
Saliens avaient également un magister et les Arvales en
plus un promagisterH. La célébration des Lupercales
va nous fixer sur le rôle propre des magistri , tout au
moins le jour de la fête.
Les calendriers la fixent au lu février10; elle luisait j
partie d’un groupe, avec les Quirinalia célébrés U Uj
et les Terminalia qui tombent le 28 du même mois . 1
toutes ensemble ont le caractère d’une lustration qui, e
la communauté entière, s’étend par degré aux . . 11 1 j’’
Les Lupercalia pourvoient à la purification de la 1 lle *1
Palatin et, par extension, de la grande ville s0llR 'Y.
noyau; les Quirinalia sont la fête des Curies, e ' , j0 1
minalia, celle des maisons et des propiicfi s i
les pratiques qui les distinguent les unes et us'll‘ ^ ;
ramènent toutes à la FebrUatio qui a xu o r jnJ
mois entier ; et l’importance des Lupeica es,
V, 070 r>olir la couronne offerte à
34, 85 et 87 ; XIII, 15, 31; Non. Marc. P^J° , Annali, 186|
r Antoine, à la faveur des Lupercales, voir ^ ^ Ancyr, 4, 1. -
iq. ; cf. faumus, p. 1023. — 8 Sue . ci ■ ’ c inscr. M-1'
lenzen, Annali, 1863, p. 279 et les inscnpUonn cd^ . ^ ^ 1!lM:cf.
06 ; VI, 1851, 2*60 ; VIII, 9405, 9401,. ' 10 Co^ ,nsiffnis bipcU «.
;53 ; Corp. inscr. lat. VI, 1397 OÙ un sénateui est PP
rp. inscr. lat. 1, 805, où l'affranchi est magi ^ collège <1<*
nais le litre de magister n'est accolé au nom aussi bien a|«
es, ce qui laisse un doute sur le nombre des ,nag ^ leltc d
'aient ; le seul renseignement que nous a ons sur ^ ; ,f,„„ on
is. 44, 6, avec les inscriptions. - " . ’ , n9 et la lecture <te lal‘ r
treus. L'authenticité de l’une de ces rnjenp nS 4, 4; Val. Ma ■
sûres. - 13 Ibid. 2251-2250, 2543. - A* ^ * Cal. Malf.
rp. inscr. lat. VI, 2025, H, 2065 a, 70, et . cf Dion . L 3Î'
’ — *»«'■ y, Gilbert, Op- cit- t P’
Quaest. rom. 08 ; Ov. Fast U, 35.
— 1401
LIJ P
LUP
manifeste dans le vocable de Februarius
^ ;m dieu Faunus, ou à la divinité inconnue qui
(*onl" .|l(i |,qjc comportait trois actes : un sacrifice, une
yPrCS jrS LUperques et un repas solennel. Le sacrifice
^0,ll| offert devant l’image de la Louve, à l’entrée de la
*' du Lupercal 2 ; les victimes immolées étaient des
e;;,; ^des boucs3; on y égorgeait également des
CK'Uy le renseignement donné par Plutarque ne
Qu'lie pas d’une confusion avec le culte des Lares, où
l’immolation du chien avait sa place *. Un tout cas, le
choix de ces deux espèces de victimes indique que la fête
elle sacerdoce des Luperques avaient une origine pasto-
ra)e . ce qUi concorde avec les plus anciennes traditions
relatives à la cité du Palatin et aux pentes voisines, long¬
temps couvertes de pâturages ; il explique également
l’étymologie contestable de Lupercus par lupum arcens,
les victimes représentant le troupeau avec l’animal qui
en ii lu garde et la cérémonie affectant le caractère d’une
propitiation en l’honneur du génie rustique dont le ber¬
ger attend la protection8. A ces immolations présidait,
sans d’ailleurs y prendre une part directe, le Flamen
Dial h , dont nous savons qu’il lui était interdit de tou¬
cher ni chèvre, ni chien 6. Les Vestales aussi y figuraient,
pour offrir sur l’autel la viola salsa préparée avec les
premiers épis cueillis l’été précédent1. Ces offrandes, au
dire de Denys, étaient accompagnées d’hymnes en l’hon¬
neur de Faunus8. Puis venait un des épisodes distinc¬
tifs de la fête : on amenait devant l’autel deux jeunes
gens, sans doute les magistri des deux sections antiques
du collège; le prêtre touchait leur front avec le couteau
rougi du sang des victimes et essuyait aussitôt la marque
sanglante avec un flocon de laine trempé dans du lait ;
cela fait, les jeunes gens étaient tenus de rire9. 11 n’est
pas douteux que nous avons là tout d’abord un symbo¬
lisme rappelant d’anciens sacrifices humains, qui par le
progrès des mœurs étaient tombés en désuétude 10 ; ensuite
1 onction avec le lait est le signe de la purification, et le
rire des victimes simulées celui d’une joyeuse résur¬
rection : ainsi se terminait le premier acte de la céré¬
monie11.
Le second est celui de la course des Luperques, non
pas seulement de ceux qui avaient été marqués à l’autel,
mais de tous les membres du collège )2. La légende indi-
^ne’ rac°nLée par Plutarque d’après Butas, écrivain
ià" dont 1 époque précise est inconnue, et, avec des va-
imnies, par Ovide, qui parait avoir puisé à une autre
souice, fuit remonter cette course à Romulus et à Remus;
liii'"1 Premier , elle aurait suivi la victoire sur Amu-
en ;!0l,(1Albe’ a^orscIue pleins de joie ils seraient venus
IU1Hu 8rdces devant la grotte même où les avait
4, 20; Fesi p [ ^'7' lc "’ôme chez Nonius, p. 114, 19; Lyd. De mens
p. 512 : trfeo wfoWvô 85 ^*eU CSt aPPe^ Februarius par le pape Gélase, Op. cit
0‘r. Pour OviJe / * <ju*a da.em°nia non colantur et deo Februario non libe
ht. V. > , gcn j ' ®1:U1 ilicaliou est à la fois morale et physique. — 2 Varr. Ling
pmc Jc |,0U|,S e| ' "L — 3 Plut. Rom. 21 ; Ov. Fast. 11, 361. Servius scu
~ 4 Plut. 11,'ui , . e l"10 1 1 a<-lition qui identifie le deus /.aperçus avec Liber Pater
9cc'lu chien dans 1,. ° " *'UU avcc un usaoc semblable chez les Grecs ; pour le sacri
w“w, p. __ - Cua° Dobigo, voir Ov. Fast. IV, 907 ; pour le surplus, voii
V,l-Max. Il, 2, 9 olcC|J/V0 C0CL H’ 26; 0v-Fast- 365; Prop. V, 1,25; 1 sq.
Pastoral ; ses argu ine n *12 sq., conteste que la fête ail un caractèri
Plus nnW. (!l;1 011 contradiction non seulement avecles témoignages
8 Précis,
! 68
■I i Caet
, majs . . uuu seulement avec les témoignages i
1 68 ; cr. Dion I Ss(TVeC *° boa sens' ~ 6 0v- Fast ■ H. 282 ; Plut. Quaest. Ho,
"«es. 61 ; Val. Ma ,7 [ Serv\ EcL VIII> 8i- ~ 8 Dion. I, 80. — 9 Plut. Km
a,ec lcs noies p) E" c- — 10 Sclnvegler, Hoem. Gesch. p. 3
*• «J, n.
11.
■ UQv !,' Manullai'dl’ Op- cP. p. 96 sq. ; Marquardt, Op. .
i ' 'J sq., qui parait avoir suivi l'annaliste Acilius ; Di
allaités la Louve; pour l’autre, ellerappelleraitla poursuite
d’une bande de brigands qui, ayant profité de Ja fête
pour ravir aux deux frères leurs troupeaux, aurait été
rejointe par eux et massacrée. 11 n’y a rien à retenir de
ces subtilités que l’origine lointaine et rustique de la
cérémonie. Aux temps historiques, les Luperques cou¬
raient nus, vêtus seulement de la peau des chèvres immo¬
lées et portant en tête la couronne, semblables à l’image
de Faunus, le premier des Luperques, telle que nous l’ont
conservée les bronzes expliqués et reproduits ailleurs
[faunus, p. 1023] 13. Avec des lanières découpées, elles
aussi, dans la peau des victimes, ils frappaient en courant
tous ceux qui s’offraientàeux,particulièrementlesfemmes
qui leur présentaient les mains et le dos : on croyait que
ces coups devaient les rendre mères u : « Jeune mariée,
dit Ovide, qu’attends-tu ? ce n’est pas par des herbes au
pouvoir surnaturel, ni par la prière et les formules ma¬
giques que tu enfanteras. Reçois tranquillement les coups
de la main qui féconde et bientôt ton beau-père sera
grand-père. » Fin raison de cette action fécondante, le
même poète rattache la course des Luperques au lende¬
main duraptdesSabines, alors que, restées stériles, celles-
ci privaient les compagnons de Romulus des espérances
qui les leur avaient fait enlever ; et il rappelle la religion
du Faunus, surnommé Inuus, le bouc saéré dont l’action
mystérieuse devait procurer aux femmes la maternité 13.
Un passage oit Tacite délimite sommairement le tracé
du pomoerium primitif16, nous permet de dire quel fut
à peu près le parcours des Luperques dans la fête du
13 février : ils partaient du Lupercal , se dirigeaient vers le
Forum Boarium , contournaient les pentes sud du Pala¬
tin depuis 171m Maxima jusqu’à l’autel de Cousus, ga¬
gnaient de là les Curiae veteres , puis le sanctuaire des
Lares, pour revenir au point de départ 1 7 Certains textes
donnent à entendre que la course se faisait en même
temps dans deux sens opposés, l’une des troupes con¬
tournant la colline de l’ouest à l’est et l’autre de l’est à
l’ouest, pour se retrouver ensemble au Lupercal 1S. Ainsi
se justifierait, non pas seulement par les spectateurs de
la cérémonie, mais par ses acteurs traditionnels, la phrase
discutée où Varron montre le Palatin enveloppé, le jour
des Lupercales, par des troupeaux humains ( Palatinum
a gregibus humanis cinctum 19).Dece pourtour consacré
par la religion des Luperques, des monuments matériels
ont survécu ; on a retrouvé en effet quelques-uns des cippi
qui le délimitaient, datés des règnes de Claude, de Ves-
pasien et d’Hadrien 20. César ayant, en l’an 44, contemplé
la course des Luperques, de l’endroit ou s’élevaient alors
les Roslres et où l’on bâtit plus tard un temple en l’hon¬
neur de sa propre divinité21, on en a faussement conclu
I, 80 ; cf. Plut. Rom. 21. — 19 Tubero ap. Dion. I, 80; Jusl. 43, 1, 7 ; Fcsl. Ep. p. 59 ;
Nie. Daiuasc. Op. cit. 21. — 14 Ov. Fast. II, 379, 425, 445; Juv. II, 142. — 13 Ov.
Fast. II, 429 sq. Do vers 441 : Jtalidas matres... sacer lùrcus inito est une allu¬
sion à Faunus Inuus. Voir faunus, p. 1023, et Til. Liv. I, 5; Aruob. III, 30;Fcst.
Ep. p. 85; Virg. Aen. VIII, 776 ; Serv. Gcorg. I, 10. — 16 Annal. XII, 24 ; Aug. Ci v.
Die. 18, 12; cf. Jordan, Topoyr. I, 1, p. 163; Gilbert, Op. cit. p. 154. Sclnvegler
suppose que Tacite a tiré ses renseignements de quelque document pontifical. Op.
cit. p. 448, n. 1 . — 17 Tacite n’a délimité le parcours que jusqu'au Sacellum Larum.
Il faut admettre lo tour complet, tel qu'il se pratiquait dans la cérémonie des Ambar-
valia ou de l' Amburbium (cf. Gilbert, I, p. 145 et Buechcler, Jguvinae de lustrando
populo legis interprétation p. 11). — iS Dion. I, 80, citant Tubero : ix Siourni>*ato; ;
Val. Max. Il, 2, 9 ; divisa pastorali turba; Ov. Fast. Il, 373 : divertis exil uterque
partibus; cf. Gilbert, 1, p. 86, n. 2. — 19 Varr. Ling. lat. VI, '34, que Mommsen
corrigo à tort ( Corp . inscr. lat. I, p. 364 et Hernies, X, p. 49) en : a regibus moenibus
cinctum. Voir Jordan, Op. cit. I, 1, p. 162. — 20 Corp. inscr. lat. VI, 1, 1231-33.
— 21 plut. Ant. 12 ; Caes. 21 ; cf. Hermes, 1873, p. 276.
— 1402 —
que dès lors les Luperques ne se bornèrent pas à fournir
le parcours traditionnel, mais qu’ils se répandirent dans
d autres parties de la ville 1 : ces monuments sont assez
rapprochés de la pointe nord du Palatin pour que de là
la procession lut visible, entre la via Aura et le Cermalus.
11 va de soi que cette partie de la cérémonie n’avait rien
de la gravité religieuse habituelle aux Romains; nous
savons qu'elle donnait lieu à des chants dissolus, à des
plaisanteries salées, à des actes même d’une immoralité
notoire -, c’est-à-dire que la fête avait un caractère popu¬
laire, comme celle des A'ones Caprotines et du Poplifu-
Qin.ni. Auguste, qui remit en honneur le vieux culte en
restaurant le Lupercal,prit des mesures pour sauvegarder
la décence ; il interdit aux jeunes gens impubères d’y
jouer le rôle de Luperques 3, et, sous prétexte d’augmenter
la pompe de la cérémonie, en réalité pour y maintenir
l'ordre, il lit échelonner sur tout le parcours les chevaliers
en grand appareil \ Par là, la fête du 15 février fournit
un pendant à celle que célébrait l’ordre équestre le
15 juillet, sorte de revue connue sous le nom de Irans-
vectio equitum. Aux Lupercales, la cérémonie publique
se terminait par un repas de sacrifice entre les membres
du collège, repas sans doute analogue à ceux des Saliens
pendant les fêtes du mois de mars 5.
Prise dans son ensemble et dans sa signification ori¬
ginelle, la cérémonie des Lupercales est une purification
rustique qui rappelle, surtout par la procession autour
du Palatin, la cérémonie des ambarvalia, devenue dans
les centres urbains celle de Yamburbium 6. Le jour où
on la célébrait était appelé februatus (lies, comme la di¬
vinité qui en était l'objet était le dieu Februarius. Les
lanières avec lesquelles les Luperques frappaient les
assistants, tirées de la même matière que Yamiculum
Jnnonis , peau de chèvre que nous retrouvons sur les
épaules de Juno Lanuvina Sospita, étaient appelées
februa 7 ; dans ces moyens de lustration l’idée de la
purification se confond avec celle d’une fécondation mys¬
térieuse, laquelle s’exerce aussi bien sur la terre que sur
les hommes, les plantes et les animaux8. Par extension,
elle est un moyen de préservation contre les maladies et,
en général, contre tous les fléaux destructeurs de la vie.
C'est bien ainsi que l’entend Ovide qui a consacré un
long développement aux pratiques et aux croyances de
cette fête, en la rattachant aux Feriae sementinae du mois
précédent : « Avec les lanières de cuir, les Luperques
purifient tout le sol et considèrent cet acte comme une
expiation. » En se fondant sur un passage aujourd’hui
perdu deTite-Live et dont le pape Gélase nous a conservé
le sens, Unger a cru pouvoir démontrer que si la proces¬
sion des Luperques autour du Palatin est aussi ancienne
l Unger, Op. cit. p. 59 sq. ; Prellcr, Roem. Mxjth. p. 344. — 2 Gelasius,
Advers. Androm. (Baronii Annal, eccles. VI, p. 514) : cantilenarum turpium
defensores... quae obscoenitatum et flagitiorum vocibus celebratur... et la
suite; cf. Nie. Darr.asc. Loc. cit.; Lact. Inst. I, 21, 45. — 3 Suet. Octav. 31;
Mon. Ancyr. 4, 2. — 4 Val. Max. II, 2, 9; cf. Tit. Liv. IX, 46; Corp. inscr. lat. VI,
912; Marquardt, Op. cit. p. 445, n. 3. — S Ov. Fast. II, 362, 373. Le repas
suit la course et ne la précède pas, comme aux Paganalia: Mommsen, Inscr.
Nap. 1504; cf. Gilbert, Op. cit. I, p. 149. — G Ov. FomîA\% 32; Varr. Ling.
lat. VI, 34. — 7 Febuuus, II, 2; p. 1030; juno, III, 1, 686 sq. Outre les textes cités,
voir Macr. 1, 13, 3; Placid. Gloss, p. 54. Unger corrige Fest. Ep. p. 85, et au lieu
de amiculurn Junonis , écrit A. Inni. — & Ov. Fast. II, 32 : omne solum lus¬
trant , etc. ; Scrv. Aen. VIII, 343; Lyd. De mens. IV, 20, et Gelas. Loc. cit. p. 513
sq. — 9 Unger, Op. cit. p. 58 sq. Mannliardt, par des témoignages aussi précis
que variés, a fait voir ici une pratique presque universelle chez tous les peuples de race
indo-germanique. Voir Dion. liai. I, 32, où il dit des Romains : oùSèv twv tôte yevojaevwv
p.e-axivoi7vT6;. — 19 Op. cit. p. 512; cf. Mannliardt, p. 83 avec la iiote’3. — 11 Secunda
decade , ce qui place le fait entre 292 et 218 av. J.-C. (Gelas. Loc. cit. 513-514); cf.
LUP
IVUI11U,
uct^iiauon procéda de ciw.n
récentes, dont la première manifestation ne PluS
antérieure au nv siècle avant notre ère • > pas
occasion, dit-il, qu’une fête de quartier serai? ? Cetle
cefie de la ville tout entière. Rien ne confirme Unr' eVen"e
conjecture; tout démontre au contraire ,®parei!le
extension et une popularité toujours plus
eut dès 1 origine la signification complexe que n rl
voyons aux temps historiques lm
C’est par là qu’elle se maintint jusqu’à l’extrême déclin
du paganisme et que, même parmi les populations no
vellement converties à la religion du Christ, elle ne cess
pas de jouir d’une certaine faveur. Lorsque le pape Géhs
la condamna officiellement en 494, la remplaçant date
pour date par la fête de la Purification de la Vierge il s'en
expliqua dans une lettre à un sénateur qui, malgré son!
christianisme, ne répugnait pas à certaines fêtes païennes.
Aux yeux du pape, il y a pour un chrétien contradiction
coupable à croire que des maladies peuvent prendre
naissance, parce qu’on néglige d’honorer des démons en
faisant des sacrifices au dieu Februarius 10. Jamais les
anciens, et il s’appuie pour l’affirmer sur le témoignage
de lite-Live 1 1 , n ont vu autre chose dans les Lupercales
qu’une lustration destinée à procurer la fécondité univer¬
selle. Après avoir tonné contre le débordement licencieux
dont elle est l’occasion, il constate que récemment
encore, sous l’empereur Anthémius (vers 473), les Luper¬
cales avaient été publiquement célébrées à Rome et
qu’une peste terrible n’en éclata pas moins peu de semai¬
nes après. Cette discussion d’un caractère polémique, où
les faits actuels et les témoignages de l’histoire n’ont
d’autre but que de démontrer l’inutilité pratique des Luper¬
cales, ne prouve en aucun cas que la fête ait passé par des
phases diverses et que sa signification ait varié suivant
les époques. Tout au plus doit-on admettre que, selon les
circonstances, on la fit servir tour à tour à conjurer la
stérilité et la maladie, association d'idées qui domine
toutes les pratiques de la religion romaine12. J. -A. Hild.
LUPINUS. — Poids mentionné 1 comme valant un quart
du SCRIPULUM.
LUPUS. — I. — Mors de cheval [frenum, p. 1339).
IL — Sorte de scie [serra].
III. — Machine dont se servaient les assiégés pour la
défense d’une place. C’était une grifle ou un croc, au
moyen duquel on pouvait saisir et détourner la pmiin
du bélier ou les échelles dressées contre les murs par les
assiégeants1. Végèce parle d’instruments analogues m
forme de ciseaux ou de tenailles dentelées-. Piocopc
donne le même nom à des constructions hérissées
pointes élevées pour la défense en avant des poiùs.
nger, Op. cit. p. 59, qui date de cette époque une prétendue transformaUoutos
5 pratiques des Lupercales. — 12 Ov. Fast. II, 35 et Mannhar t, p. ,
rétienne
UC3 uupvj vuiv/o. ' * “ ' , . .p
, gardé avec obstination la fête des Lupercales, c es a ‘
Inc nu ICS
de la
uc a garue avec uusuuaimu »» — - — * ^ autres épidé-
oyance populaire que leur célébration empêchait la peste c L ramenait
ics, conservait la santé et la vie aux habitants et que un omi 1 t
> maux de toute espèce. » - B-uocraph*. Mitscherl.cl;, |S/0,
ritus, Goetting. 1843; G.-F. Unger, Die Lupercahen (Rhein.^ , ^
50 à 86); A. Schwegler, Roem. Geschichte im Zeita er ' ' is8t,
300 et 390 sq. ; VV. Mannliardt, Mytholog ■ Forsc mngen, - * 0 Gilbert,
72-155 ; Marquardt, Roem. Staatsverwaltung, HL <M* ' , „no r 53 sq-»
:sch. und Topographie der S tadl Rom im Alterthum, Leipz-
, '«/ II n. 88 Hultsch;
LUPINUS. 1 Carmen, De pond. 12, dans les Métro . sap- _ g3 . cod. I- 1,
îltsch, Gr. tend rijm. Métrologie , 7“ éd. p. 150 , cf. I ou l
: aleator. .... •_ 52. — 2 ',c®‘
LUPUS, l Tit. Liv. XXVIII, 3 ;Veg. De re mil. II, -5- Vo‘
23. — 3 Bell. Goth. I, 21.
LUS
1103 —
LUS
|j0Uves, tenailles servant à soulever des pierres
■ is il 1241].
[^"" ' ' îii ilFe ou croc au moyen duquel on peut retirer les
, V ; ' ys dans un puits ; on l’appelait aussi canicula 1 .
objets luiu" p e
üS0RIiV TABULA («PaÇ, àpâxtov, TtXtvOiov, -ra^Aa,
aïvr) 1 table à jeu (voir aussi abacus2 et alveus3).
TY'A[ es *G recs et les Romains ont connu plusieurs sortes de
se jouaient sur des tables, soit avec des pions,
soi? avec des dés; tels étaient ceux qu’on appelait dia-
CHAMMISMOS, duodecim scripta, latrunculi, pentegramma,
petteia On fabriquait des tables <à deux faces, dont l’une
pouvait servir par exemple pour les duodecim scripta et
1 autre pour les latrunculi, de telle sorte qu’on n’avait
qu’à les retourner quand on voulait changer de jeu4.
Certaines tables étaient faites de matériaux précieux; le
jour où Pompée célébra son troisième triomphe, il fit
porter solennellement à travers les rues de Rome une
table à jeu comprise dans le butin qu’il avait conquis
en Orient ; elle mesurait trois pieds de large sur quatre
de long (0m,90 X lm,20) et se composait de deux gemmes
assemblées; on y voyait « une lune d’or du poids de
trente livres6 ». Au nombre des objets de prix dont
s’entoure le fastueux Trimalcion, Pétrone place une
table à jeu en bois de térébinthe G.
On trouvera à l’article latrunculi des reproductions
de monuments antiques, où l’on voit des tablettes ana¬
logues à nos damiers, chargées de pions (fig. 4306,
43G7, 4368). Un spécimen de table à jeu très remar¬
quable et d’une conservation presque parfaite a été
retrouvé récemment dans Pile de Chypre (fig. 4672) 7.
Cette table est gravée à la surface d’une boîte en ivoire ;
elle est, divisée en vingt cases rectangulaires, dont cinq
sont remplies par des rosaces régulièrement espacées ;
1111 l]|oir intérieur servait à enfermer les pions. Les
pm ois latérales sont ornées de figures sculptées en relief,
un style archaïque; l’objet appartient à la période
C 'Irl inyc,,nien. A part l’élégance du décor, il offre
111 O Nsiunblance complète avec des tables à jeu décou-
f,S <Fns ^es tombeaux de l’Égypte; c’est le même
V" cases et la même disposition 8. Il est probable
lc • ^ "lf,aces indiquent des stations plus importantes ;
sures " ,U' P0uva't Y placer un pion remportait un
étaii i] Pr^parant le succès final. Mais le jeu
prétendu « 9UL de 1& Fz7/e [latrunculi], comme on l’a
Denvont ' s* une Ruestion sur laquelle les textes ne
P Venl "eus éclairer suffisamment.
'£oni' XX’ l3’ 4‘
l"lron' 33; ' Varr' L' 1 X> 22 I 0v- Arsam. III, 3G5; Trist. II, 48
V"’ 73 ‘De la„dr p 1'7'30; Mavt- ", 48; XIV, 17; Juv. I, 00; Schol. Jn
<jr- p. i2o, n q'w v ’ ae,lr°nS’ P°et- lat‘ min. n. 15, 192; Jacobs ad Anthi
; l’aul. 0( |.Vs]' p P- 23°) fl IV, p. G 2, n. 08; laid. Orig. XVIII, 04; Sui
J|V' 4’aP- Priscian yf’f ®''~ 2 Suct’ Ner ’ 22 ; Macrob. Saturn. I, 5. - 3 Luc
111 8’2; Plin //;[, ’ ü; Van’' aP- Gel>- b 20; Cic. De fin. V, 20, 56; Val. Ma
' * “ou. XIV, 17. XXXVI1’ 2’ 13 ’> Suel. ciuud. 33 ; Bekkcr, Anccd. p. 2ï
1 lail inexpliqué, malgré l’essai de Bccq de Fouquién
Nous devons aussi dire quelques mots de certaines
figures gravées sur la pierre, qui ont servi à des jeux
dont le nom est inconnu, ou au moins problématique.
1° Les fouilles d’Épidaure ont ramené à la lumière il y
a quelques années des blocs de pierre, qui imitent mani¬
festement des tables à jeu, en bois, de mêmes dimen¬
sions, portées sur quatre pieds; celle de la figure 4073
mesure lm, 15 sur 0m,G0; l’autre, dont la figure 4074 ne
reproduit que la surface, est un peu plus longue. Ces
monuments, et d’autres du même genre, ont été consa¬
crés à Esculape, au ivc siècle av. J.-C., par les liiéro-
mnémons du temple, pour servir à l’amusement des
malades, qui venaient y chercher la guérison de leurs
maux. Sur une de
ces tables, qui est
complète (fig. 4674),
on voit une série de
lignes parallèles,
dont quelques-unes
sont groupées en¬
semble par des li¬
gnes transversales.
Suivant M. Blin-
kenberg, ce serait
là le tablier du jeu
de pions appelé TTEvreypagga [LATRUNCULI, PENTEGRAMMA
mais le nombre des lignes, aussi bien que leur dispo-
Fig. 4674. — Tablier de jeu.
sition, ne paraît pas se prêter à cette conjecture. Sur
la table de la figure 4673 sont gravés entre les lignes
des chiffres indiquant en drachmes et oboles les sommes
à payer par les joueurs 10.
2° Nous connaissons une catégorie de tables de
l’époque romaine, qui se rapportent à un jeu certainement
très répandu. Elles sont toutes d’un type uniforme ;
chacune porte à sa surface des mots rangés sur trois
lignes et séparés en deux colonnes, formant dans leur
ensemble un total de trente-six lettres. L’intervalle entre
les deux colonnes est rempli par des signes variés. Que
chaque lettre marque une case, c’est ce que prouve par
exemple la figure 4675, où les lettres de la première et
de la troisième ligne11 sont remplacées par un nombre
égal de petits cercles. La plupart du temps chaque groupe
de six lettres forme un mot : les trois lignes forment
une ou plusieurs phrases, qui ont souvent un rapport
avec le jeu lui-même; c’est, par exemple, une apostrophe
p. 382, 383 ; Plin. Hist. nat. XXXVII, 6, 2. Pour cc qui est de la matière, com¬
parez les photographies de damiers orientaux dans Falkener, Games ancient and
oriental , Londres, 1892. — 6 Patron. 33. — ^ Ridgcway, Journ. of hellen. stud.
XVI (1896), p. 288 ; Murray, Smith, Walters, Excavations in Cyprus (1900), p. 12.
fig. 19 et pl. I. — 8 Ridgcway, L. c. p. 289, fig. 1 ; Falkener, Games ancient and
oriental, p. 91 . — 9 Ridgeway, L. c. — 10 Blinkenberg dans les Mittlwil. d. deutsch.
Instit.in Alltel t, XXIII, 1898, p. I h 23, fig. 1 cl 4. Voir aussi fig. 2, 3, 5 à 8. Table
en terre cuite, provenant d’Athènes, où sont figurés deux dés, Ibid. p. 8, fig. 9.
— n Mittheil. des deutsch. Jnstit., Dont. Abtlt., VI, 1891, p. 216, n. 71.
LUS
— 1404 —
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LATINA
©
CAVDES
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^ ,r
Fig. 407
15.
plaisante au joueur maladroit : « Ote-toi de là, donne ta
place ; tu ne sais pas jouer, imbécile ; va-t’en 1 ! » Ou bien
c'est un défi adressé par un des joueurs à son adversaire,
un compliment au vainqueur, une pensée morale ou un
conseil sur le jeu.
Quelques exemplaires
font allusion à des
victoires romaines
Un certain nombre
sont rédigés en vers
tout comme ceux qui
nous ont été conservés dans Y Anthologie latine sous le
nom des Duodecim sapientes, poètes du ivc ou du ve siè¬
cle de notre ère 3. En réunissant tous les exemplaires
connus jusqu à ce jour, tant par les manuscrits que
par les inscriptions, on arrive à un total de soixante et
dix-neuf. La grande majorité provient de Rome; quel¬
ques-uns cependant, trouvés à Trêves et en Afrique,
attestent que la popularité de ce jeu s’est étendue fort-
loin. Aucun exemplaire ne paraît antérieur à l’an 150
ap. J.-C.; il est peu probable qu’aucun soit postérieur à
l’an 400 4 . .
Parmi nos tabulae il y en a deux qui nous fournissent
un renseignement précieux ; la première fait dire àun des
joueurs : « Si le dé te favorise, moi je te battrai en m’appli¬
quant. Si tibi tessella fai'et, ego te studio vincam ».
On lit sur la seconde : « De mauvais points obligent le
joueur habile à bien jouer. Invida puncta jubent feliee
ludere doctum :1 ». Il en résulte : 1° que ce jeu était un
jeu de dés ; 2° que le joueur pouvait corriger par la ma¬
nœuvre de ses pions les effets d’un coup de dés mal¬
heureux. Il faut donc écarter l’hypothèse que nous avons
affaire là à un simple jeu de dames ou de marelle G. Ce
qui s’en rapproche le plus, c’est assurément notre tric¬
trac. Pourtant on ne saurait l’identifier avec les duodecim
scripta (voir aussi aléa et tessera). Peut-être faut-il y
voir une forme du trictrac brièvement décrite par Isi¬
dore; on y jouait avec trois dés sur une table, où étaient
tracées trois lignes ( ternae lineae ) et six compartiments
( senarii loci) 7, ce qui correspond bien au plan de nos
tabulae. On doit supposer que l’un des deux joueurs
avait à sa disposition les lignes de droite, l’autre celles
de gauche, et qu'après avoir jeté les dés, chacun d’eux
faisait avancer le pion de lettre en lettre jusqu’à ce qu’il
arrivât au bout. Le gagnant était celui qui avait fini le
premier, et le mérite consistait à finir promptement,
comme le prouve l’inscription : « Veloci lusori dicite
laudes 8 » .
Une des tabulae que l’on a découvertes à Rome était
gravée, avec quelques autres, sur le pavé de la basilique
Julia, au forum, où elle avait autrefois amusé les oi¬
sifs 9. Cicéron s’indignait fort qu'on osât venir jouer aux
* Corp. inscr. lat. XIV, 4125, 1. — 2 Sur ceux qui . rappellent les accla¬
mations du cirque, voir l'hypothèse de Movvat, Bull, des antiquaires de
France , 1895, p. 174 et 179. — 3 Rjese, Antholoyia latina , nos 495-506.
— 4 Soixante et seize numéros ont été catalogués, avec références aux ou¬
vrages antérieurs, par Max Ihm, L. c. Il faut y ajouter de Rossi, Bull, di arch.
ristiana , 1891, p. 33 = Comptesrendus de V Acad, des inscr. et b. I. 1893, p. 195 ;
Movvat, L. c. p. 180 ; Carton, Découv. épigr. en Tunisie , 1895, p. 84, n. 114.
— Max Ihm, n05 15 et 16. — 6 Comme le prétend Marquardt, Rôm. Privât -
ceb. p. 859, d'après Ov. Ars am. III, 365; Trist. II, 481. — 7 Isid. Etym.
XVIII, 64; Becq de Fouquières, p. 389; Max Ihm, p. 228. — 8 Max Ihm, nos 32 et
33. La table de Bruzza, Annali dell' lstit. arch. di Borna , 1877, tav. FG, n<> 29
(cf. Max Ihm, n° 23), appartient sans doute à une variété de ce jeu sur lettres. De
même celle des Notizie dey li Scavi , 1889, p. 160 (= Bull, délia commiss. arch.
municipale di Borna, 1886, p. 93). — 9 II. Jordan, Sylloye inscriptionum fori
des en plein forum, dans ce lieu auguste où «
justice ,0. Mais ce devait être un scandale n rfindail ,a
Une autre table a été relevée sur le in C°ramu».
Timgad, en Afrique (fig. 4676) ; elle occu^S J
trottoir, de telle sorte que les joueurs pouvaient jouer
assis comme sur un banc ".
3° Nous devons ensuite grouper ensemble, faute de
renseignements plus précis, un certain nombre de tablés
assez différentes les unes des autres par le dessin, mais
qui supposent soit
l’usage des pions,
soit celui des dés,
soit les deux réu¬
nis. Telle est celle
que représente la
figure 4677 12 ; on y
voit des cases pa¬
rallèles séparées par
des lignes horizon¬
tales, et dans cha¬
cune d’elles des
chiffres, dix, vingt,
soixante-dix, trois
mille, puis une
palme, à côté d’un
monogramme où les
lettres P et F paraissent être réunies et qui, d après 1 in
terprétation du P. Bruzza, signifierait p(alma) f(e/àiteij \
et marquerait le but à atteindre par les joueurs • 6' 'Iul
est particulièrement digne de remarque, c est qui 1( SIT
saïques maçonnées sur le sol ont quelquefois v I ^
des jeux du même genre ; ainsi celle delà figure | ^
véeàTebessa, en Afrique. Au centre navigue un
chargé de rameurs ; on lit au-dessus 1 um 1 I
t,- «! 41 à 4G. — 10 G*1
romani dans l 'Ephemeris epigraphica, III (1877), p- -'•> n _ Max Ihm, n0*®)*
Phil. Il, 23. — n Boeswilwald et Cagnat, Timgad, p. 20, bg. • ^ j3 Bniaa,
— ü Huit, délia commiss. arch. comun. di Borna, ,88b’. Annali dell
Interpretasione del monoyramma J? nei contorniati e m i j 'rin(i,,s de munis»11'
lstit. arch. di Borna, 1877, p. et suiv. iav. FG ; Blanche , ‘ ^ v#jr pnc()rc
tique, p. 49-50. Autre labié analogue, Corp. inscr. lat. . - " - ^ «7:
de Rossi, Borna sotterranea, III, p. 3~2 ; Bruzza, Anna | pner, Qames ancie"1
Bull, délia commiss. arch. municip. di Borna, 18/8, p - s's > ^ pjuiHot, dans AZdw-
and oriental, p. 304-365 ; Boeswilwald cl Cagnat, Ttmga' ■ I» - g,J83) donnée cornu11'
de la Soc. éduéenne, N. S. t. XXIX. La table du Corp.wsc i •( . scprocul- I L .
temple par plusieurs savants (Gruter, Inscr. un 1 , ,Sa'"' ' pou,iuitrrs, Bux ‘h’ •
oo
OO
00
on..
X
X
X X
X
X X
X X
X X
X //////
X X
XX
XXX
X X
X
X
— ......
Fig. 467
Hist. aug. Il, p. 751 ; Jacobs, Anthol. gr
anciens, p. 354; Ricli, Dict.des ant.s.v. Abacus ), c
Becker-Gooll, Gallus, III, p. 475 ; Marquardt, Bûm.
Sl fausse tFicorom,
Privatleben, p 8:,8>
LUS
— 1405
LUS
ftrmo redux
Jreux 1 ; PIus , .
hommes debout <
divers animaux. La
liosaïqoe , 101 '
(Telle était com-
Iplète, était entourée
d'une bordure di¬
visée en douze com¬
partiments
qUi indique évidemment un coup lieu-
bas, sur le rivage, sont représentés deux
dont
Iphat'im contenait un
animai; des chiffres,
qui ne sont nulle¬
ment des numéros
d’ordre, sont ins¬
crits à côté de cha¬
que figure ; on y
trouve en trois en¬
droits l’inscription
inexpliquée curis
et curis XI. Il est
bien probable que
| ce jeu avait des
rapports avec notre
jeu de l’oie, et,
comme la mosaïque
provient d’un éta¬
blissement debains,
on suppose qu'elle
y avait été placée
pour distraire les
■clients du lieu2.
I 4° Enfin mention-;
i nons les tables dont
la surface présente dans
O O O O
O o o
0 O
0
O O
O O
un ordre régulier une série de
petites cavités circulaires; il est
clair qu’elles ont été faites pour
un jeu semblable à notre jeu
de billes ; si l’on en juge par
le fragment reproduit dans la
figure 4679, il fallait probablement
avancer de trou en trou jusqu’au
but indiqué par le monogramme,
ou peut-être atteindre ce but sans
tomber dans les trous intermé¬
diaires 3. Nous ne savons pas si
les anciens ont connu les billes; du
moins ils n’avaient pas de terme qui
corresponde exactement au nôtre4;
ils jouaient à la Moquette (t poTca)
avec des glands, des noix ou des
pourtant. il f osselets [nuces, talus, tropa]3.
dni11 y a de fortes prés<
1 Coi"parez
F
% 41179.
résomptions que des tables comme
L ‘ Hecuell r C‘ 'e n° -U — 2 Héron de Villefosse
*îkSoc-<lesmtiuu .°nSl“ntlne> XXIV, 1889-1887, p. 240, pl. jji (= Bull.
■**«,. VI, i88/ *'£ de Fl'a™e, 1886, p. 205 et 268; Berné de l'Afrique
ll5<s (*a,»s le fi,,!! ffit , ’ * ( 1 P** In)- Autres mosaïques de jeu à Ostie et à Porto,
de lu lV UC' dn antiquaires de /■'rance, 1880, L. c. ; en Pales-
*swnni;,i„ ir_. ues antiquaires de Fn
t unce y 1899, p. 376. — 3 Bruzza dans
IL, '0ll,a' '884, p. 70 «t'c!,- * ' !°rna’ l877, lav- 1-0 ’ n" -c ; cf. Buil- tell’ 1 st . arcli.
■ “""'"ont analogue a mï oos'vil"al(1 et Cagnat, Timgad, p. 30, fig. 13 et 14.
Pc c,TIU<'<' “ la Diroction)"n'' 7'L" tC parMllp Harriet A- Bo>l1 (photographie
de Fa tl,,‘ ont Otv» ni , , 11 * 011 Prondre garde de confondre ecs cavités
Jeux des 'S'’I V ** SU1' d(‘s monuments mégalithiques. — 4 Becq
,coroni’ ^mu’77 p-.lss- - 3 Pollux. IX, 103. - BmuocJ
\ . ' strumenti lusori degli antichi Romani,
celle-ci nécessitaient l'usage des billes. G. La paye.
LUSTRATIO. KotOaptri;. — Purification sacramentelle
et symbol iqu e, e flec-
tut'*e par des moyens
matériels opérant à
la façon des charmes
magiques, laquelle
a pour effet d’effacer
les souillures mo¬
rales (c’est-à-dire
immatérielles) chez
l’homme, ou celles
qui leur sont assi-
miléeschez les êtres
inconscients.
11 est à peu près
impossible de défi¬
nir, c’est-à-dire de
ramener à une idée
plus simple, le con¬
cept de souillure ou
impureté qui en¬
gendre celui de
purification. On lui
applique métapho¬
riquement tout ce
qui peut être dit
de la souillure ou
malpropreté maté¬
rielle. La souillure
qu’efface la lustra¬
tion a, comme ca¬
ractère négatif, ce¬
lui d’être, une fois
acquise, à peu près indépendante de la volonté, qui peut
contribuer à la créer, mais non pas à la détruire ; comme
caractère positif, d’être un maléfice dont l'explication est
à chercher dans la démonologie animiste, maléfice
attaché à la personne, mais en même temps contagieux
à la façon des maladies 1 .
La lustration ou purification à la fois matérielle
et mystique, celle-ci symbolisée par celle-là, est
la raison d’être d’une foule de pratiques rituelles,
dispersées dans les cultes grecs et romains, com¬
pliquées par le conflit de deux points de vue opposés,
que l'on a l’habitude de confondre dans l'idée abs¬
traite d'expiation. Le sujet appartient à l'histoire
universelle des religions, car il n’est pas de religion
qui n’ait eu ses lustrations rituelles. Même restreint
à l’antiquité classique, il parait susceptible d’une
extension indéfinie, et, pour le limiter, il ne faut pas
trop compter sur le vocabulaire. Les Grecs expriment
l'idée de purification, plus ou moins mêlée à celle
Roma, 1734; Becq de Fouquières, Jeux des anciens, 2' éd . : Bruzza dans les
Annali dell' Instituto arclieologico di Huma, 1877, p. 58, lav. FG ; Rullet-
tino délia commissione arclieoloy. municipale di Borna, 1877, p. 81 ; Mar-
qnardt, Privatleben der Rôm. p. 859; Ma* lhm, Bômisclic Spieltafeln dans les
/ tonner Studien :u Kékuié, Berlin, 1890, p. 223 ; Belle tarole lusoric romane
Mitthcilungen des deutsch. arcli. Instituts, Rôm. Ablbeil., VI, 1891, p. 208-
Blinkenberg dans les AJittheil. des deutsch. arch. Instituts, Atlicn. Ablbeil., XXIII
1898, p. I.
I.USTBATIO. I Maléfice personnifié en Grèce dans r'Eçtvùç [flriae . le Samuv
4X4» TUO, «Ivriifio;, mxX«|*v«ïo,-, i^ùtrtwp, les ioai, etc. Théorie de l’àiiTiiçtuv Wpivtia
dans Antiphon ( Tetral . 1,3, 10 ; 3, 1, 3-4). L 4XiTqçio; à Félat de lutin domestique,
qui Tfàirststv hvcrifîr. si (Andoc. Mgst. 130). Hérédité du ;1,'aop.a (Paus. U, 18, 2), bien
connue par les tragiques.
4078. — Mosaïque de Tébessa.
177
d'expiation*, par une foule de termes dont la syno¬
nymie n'est qu’approximative, mais suffit à opérer des
confusions perpétuelles2. En grec, purifier se dit, au
sens le plus large, au propre et au figuré, xaOaîpetv
(xaÔaptÇsiv), d’où xx0ap<rt; (xa6apt<rp.o;), purification; xaOap-
u.ôî, moyen de purification considéré comme actif;
xdOaptxa, le même, soif dans le même sens, soit le plus
souvent considéré comme ayant agi et chargé des souil¬
lures qu'il a enlevées ; par conséquent, chose impure.
Les moyens de purification sont encore désignés par des
dérivés de la même racine, qui prennent indifféremment
I un ou 1 autre sens (xx xaôxp-rixâ, xaOipdtct, xaôapx^pia).
II en va de même avec les dérivés de xy veuoi (àyvi'Çto), où
1 idée mise en relief est celle de pureté morale, âyvtffjxôç,
àyvtcaa, Ta àyvsuxtxà, àyvumxâ, iyv.<mjpta, iyvoTtoià, âyvo-
-oÀa, et les dérivés de (Xoéw) Xûw, qui représentent soit
I idée de tache à laver (Xég-r,, Xuga, Xüôpov ; cf. lues )3,
soit 1 idée juridique de délivrance par le rachat ou ré¬
demption, Xiixpwffiç, ÀÛTpov, xà Xux'/jpta, Xuxtxâ. Tous ces
termes contiennent à l'état latent ou suggèrent des idées
complexes qui prédominent tour à tour suivant l’emploi
qu’on en fait : la purification symbolique, atteignant l’âme
par le corps, qui fait disparaître la souillure quasi maté¬
rielle (giasixa, puaxaôç, p.oXucp.a, p.oXu<7p.6ç) OU morale (ayoç,
gé<7oç) de l’être impur (giapôç) ou pécheur et maudit
(Évayrjç, àXix7;p!o;, TraXauLvaïo?) ; l'expiation par des actes
qui s ajoutent ou se substituent à la purification sacra¬
mentelle, prières, pénitences, vœux, offrandes et com¬
pensations de toute sorte (fjLsiXtxxpa, puiXq^ia) ; enfin,
comme résultat final, l'apaisement, la propitiation ou
réconciliation (îXaagoç, 'tXatrua) avec les dieux dont on a
ainsi détourné la colère ou la malveillance (à7toxpo7rta<jpô<;,
à-0TpG7ti'a<;u.x, àTroTroaTrrj), avec l’aide de dieux indulgents
par nature ou rendus tels par des supplications appro¬
priées (@eot aîroxpoTraioi, i7to7rop.7taTo[, Xûo’io'., xaOxpcioi,
iyvtxat, âXe^i'xaxot, çpûçiot, txéciot, (xstXty tôt ; cf. deus Aver-
runcus , dea Februa).
La terminologie latine, moins abondante que la
grecque, n'est pas plus précise. L’être impur est impius,
mais la souillure attachée à sa personne ( piaeulum ) est
considérée comme de nature morale ; c’est un péché ( pia -
euhim commissum) volontaire ou involontaire, qui doit
1 II s’agit uniquement ici de l’expiation religieuse ou satisfaction volontaire¬
ment offerte, et non d’un châtiment involontairement subi, que l’expiation a
pour but d’éviter. Le vague de ces mots : expier en français, sühnen en
allemand, perpétue l’équivoque. Le français expier a môme complètement perdu
le sens de purifier. On ne peut plus s'en servir pour traduire expiare en ce
sens (v. g. ap. Liv. V, 50). — 2 Voy. dans Pollux (I, 32) plus de quarante expressions
relatives au sujet.. — 3 Aûflpov, o èç ai|ACCTO; jac/Xu»t;a&5 ov yor\ &ico\oû<ra<r8at, ica ^ à tou
a où u, às oj Au®», il o Z y ai X j j* a xâOappa, xai XujAatvcu to àicoxaOatptu
(Eustalh. Schol. Odyss. XXII, 402). — 4 L’étymologie de pins est très incertaine, et
il est possible qu’elle ne donne aucunement le sens de « purifier » : mais ce sens
était considéré comme premier par les anciens. Sane pins potest esse purus et
innocens et omtii carens scelere. Piare enim antiqui pur gare dicebant : ïnde
etiam piamina , quibus expur gant liomines ; et qui purgati non sunt impii (Serv.
Aen. I, 378) : pii s manibus , i. e. puris (Serv. Aen. IV, 516). Quid enim est pium,
nisi castum [sens propre] : quoniam piare est propitiare [sens dérivé] (Serv.
Ecl. VIII, 82). Les mots piamina et piamenta ont été forgés pour traduire les
xaGaçjiot grecs, à la place du terme archaïque februa (voy. ci-après). — 5 Au sens
de médication par drogues dans Dig. XLVIII, 8, 3, § 3. — 6 Februare, id est
lustrare (Varr. L. lat. VI, 34) ; — februare , id est pura f acere (Varr. ap.
Non. p. 114), lustrare ac purgare (Fest. Epit. p. 85). Cf. Censorin. 22, 14;
Macr. I, 13, 3 ; Lyd. Mens. IV, 20. Februa Romani dixere piamina patres
(Ovid. Fast. II, 19) — quodcumque est quo corpora nostra piantur (II, 29).
— 7 L’étvmologie lustrare de luere (aoûecv et >.tleiv) n'est pas douteuse. Je laisse à de
plus compétents le soin de décider si l’on peut y ramener les dérivations qui ont
donné, d'une part, les composés comme illustris , sublustris, etc.; d’autre part,
lustrum (avec u bref) au sens de bourbier, bauge, repaire (lustra ferarum — mere-
tricum. Cf. Fest. Epit. p. 120, s. v.). Ce dernier sens, qui se rapproche de celui de
les , lutum , peut procéder du sens contraire, comme le sens péjoratif de et
HU>
LUS
être effacé par une offrande ou sacrifice’ «»**•
rufum). Dans les trois acceptions de *F'Ï °lreÜdf,-
initif de purification symbolique* snilo ' ’ esensPfi-
relégué au second plan, et il n’apparaît' pi! t*™' esl
ment dans les termes plus modernes de P Us nelt,s
qui suggèrent toujours l’idée d’une expiation!’
dite, d’une pénalité que subit ou s’inflL r/../^0pr®nienl
de purification agissant par le dehors no., ■ L ‘dée
mécaniquement, et pouvant ou même devant éTJ?
mstree par une personne étrangère _ rp„ ‘
dis-je, s’est réfugiée dans le mot lustrare et ses dé!i
h^trati0) lustrfmi lustramen , lustra mentit m «.avec S
adjectifs lustral", lustrions , lustri ficus. Ces mots 1
nymes usuels des termes archaïques februare,
fobruu (= purgare, purgatio , purgamentum ,
gamen), ont conservé le sens originel de leur racine I
hi-° (Xgùio), le sens de laver, nettoyer, purifier7 Mail
lustrare et lustratio en ont pris un autre, dérivé du
premier et qui s’est combiné avec lui. Comme la purifj ;
cation sacramentelle, administrée par le dehors, est appli- !
quée et promenée autour de la personne ou de l’objet à
purifier8, l'idée de mouvement, de parcours, se joint à
celle de purification, et l’ensemble offre à l’esprit l’ image!
d'une procession ou « pompe » rituelle, qui sème en j
marchant les aspersions, fumigations et bénédictions
purificatoires. C’est là le type complet de la lustratio , tel
que nous le retrouverons dans quantité de rites anciens,
on pourrait ajouter : et modernes.
En somme, l’exégèse philologique ne permet pas d’as¬
seoir sur tant de termes interchangeables une distinction
nette entre la purification ou lustration proprement dite
et l’expiation religieuse.' C’est que ces deux manières
d’échapper aux conséquences d’actes posés ont même 1
but, qu’elles ont été employées concurremment ou asso-1
ciées, et que les circonstances ne permettaient pas tou¬
jours de définir à laquelle des deux appartenaient les ]
mesures prises. C’est aussi que nous n’avons pas affaire
à des rituels sacerdotaux, mais au langage courant. I
Les Romains eux-mêmes, chez qui les pontifes s atta-fl
chaient à préciser le sens des termes techniques, le9
Romains confondent souvent la lustratio et le pan uliim ,
ou tout au moins ils conçoivent l’expiation par olfiande®
de xiGaçji». ( purgamentum ), le liquide qui lave se souillant par la 1 >•
ment, il faudrait admettre trois verbes luo, d’origine différente, poi" ^
sens de souiller (cf. polluere), laver (cf. abluere , eluere , ci t- |
m. «. m «... •. .. « - t1- "“cr; i:,;;:..* ,
•< purifier », pour expliquer le sens de pollnbrum, bassin P.rfical /«f, 1“
dériver illustrare de lustrare au sens d’ « éclairer », et cel lui-e. du ad
a donné lux , lumen , etc. ; mais il y a ou contamination avec e g corarae Sol j
Les sources naturelles de lumière sont en mouvement. ' s e* ^ indécis (lu*' 1
lustrât orbem , lamine ou lampade terras, laissent le sens u ^ ÿaJf.
t rabat; aut illustrabat; aut re vera lustraba , Varrona voulu faiw|
Nam nox quodammodo polluit mundum. Serv. Aut. suustitncr à l'idée de J
du lustrum non pas un iou-epov, mais un Xmpov, c 051 a 1 f ^ |e Insinuai
purification celle de libération par le paiement, en prenai P
censorial : Lustrum a luendo, i. e. pe, n o lve« d o, ^ ^
anno vectigalia et ultro tributa per censores petso ie s v. Z«fs) — 7l,e*l
Cf. les élucubrations de Verrius Flaccus (ap. Fest. ‘ p> ■ 1 • - 1 lustratio , <l«n
...a graeco Un». Hinc dictum lutum terra Immore ^ h bd.**
quid solvitur ac liberatur, d’où rapprochement entre ^ Aen, 11.^)-
à peser l’argent. Hoc est diis lustrart , offensa eoru ^ dé-4 dans le-
L’étymologie varronienne a parachevé la confusion, q ^ personnelle1’' ^ I
entré purification et expiation, entre l’effaceme jfeuire (Serv. F. cl- '- IM
radiation d’une dette contractée. - 8 viclimae in rihusd,f. I
Lustratio a circumlatione dicta est vel taeda , 1 ' r0 (TibulL 1 j J
sulpkuris (Serv. ^n. VI, 229). Te circum pur(landa
Lustraient sic rite facem... Circum *»>« '
(Claudian. VI Cons. Honor. 322 sqq.). Cf. t dos lastrabaV I
«1»«1„ les hostiae circumforaneae qu';;nJ,tUAw!A,„.4„i».,
111, 2), etc., et ci-après, Ambarvalta, a
les
(Apul. Met
LUS
1407 —
| compensa1.10"5
1 ]ustrati°n
■un prodige
et supplications, comme produisant la
0u purification. Par exemple, ils « expient »
considéré comme indice de fautes ignorées,
• ,.1(.rifjces et cérémonies diverses en qui se com-
Pal' 1,1 l'état indistinct, la purification et l’expiation1.
b‘nenL ' veut échapper à cette confusion, qui tend à en-
ip coiet le culte tout entier, car il n’est pas
f éroonie religieuse qui ne requiere des officiants
! pistants un certain degré de pureté et qui n’ait
011 a*ffct de les rendre plus agréables aux dieux, plus
r". pt nlus ours 2. il faut établir sur les faits
« pieux » et puis puis • ,
lino théorie assez indépendante des mots pour dominer
J" variations de la terminologie. L’idée qui a engendré
Iles pratiques lustrales, obscurcie dans le monde gréco-
romain par l’intrusion de la morale, apparaît très nette
dans les religions orientales et dans les « mystères » qui
en sont issus, mystères païens et mystères ou sacrements
|(psrôpi«, sacramenta ) chrétiens. Il se trouve qu’au, jour-
dïiui, avec nos habitudes de langage, la lustration appli¬
quée aux personnes ne peut être clairement définie et
distinguée de l’expiation que par assimilation aux rites
[sacramentels. Le caractère spécifique de ces rites, c’est
d’employer comme remedia anima, e des symboles ma¬
tériels ou signes sensibles, auxquels est incorporée une
efficacité secrète, « mystique », distincte de leurs pro¬
priétés naturelles et apparentes3. La lustration à la
mode antique est une opération non pas faite, mais subie
par la personne — individu ou collectivité — qui en ré¬
clame le bénéfice et qui est traitée comme un malade,
t’être impur ne peut pas s’administrer à lui-même la
purification sacramentelle 4 : il souille tout ce qu’il
louche; à plus forte raison ne saurait-il donner aux
cléments matériels dont il voudrait se- servir la vertu
mystique qu’ils n’ont pas par eux-mêmes. La lustration
doit être appliquée du dehors, par une main experte et
j autorisée : par le prêtre dans les religions qui ont réservé
ce privilège au sacerdoce ; en Grèce et à Rome, par
les i< purificateurs » (xaôapvai, àyviffTat', 7T£pt|jiâxTptai,
BiaMcn ou initiateurs (-reXeo-xat) plus ou moins qualifiés
pour cet office, s il s’agit de lustrations individuelles;
par e pere de famille, s’il s’agit cle lustrations domes-
îques par les prêtres officiels ou les magistrats, s’il
J.*8" Je lustrations intéressant la cité; et elle produit
. " eflet avec une sorte d’infaillibilité mécanique, si
ri es sont bien observés3. L’expiation,
Part de l'idée de
au contraire,
responsabilité morale ou culpabilité : elle
me de piaculares hostias signis ?ninacibus
■J1,1, ll; Prodi?«. les dieux ont coutu
P°»f«fare (Arnob. VI «i „nlo . . c
P'UferesAosfmen'è' - palse Iwtrahbus piamentis (Apul. Met. III, 2). Les
^■163):Mé„œcé1V?trSm0inSlUStraleS- 1PlliSénie est distraie caput (Seuec.
:53'h : Astyanax ,J/ “/ ,et devotum caPx,t . moenia lustrât (Stat. Theb. X, 777,
lusMcdevail are 6 llc^llum mûris (Sencc. Troad. 635), et cette victime
l'udoutilc sens j,, _ . , ' ntes’ ^x(l- (038). Les Luperques omne solum lustrant
tek>uidesJeus sécu|i! immcn habent (Ovid. Fast. 11,32). Dans les procès-
tmdi piandinue , C? ' \ *’ °n trouve ,es expressions accolées : fruges lustra-
Cecefcleenallrihuantun etrt lssnm’(U, 16). — 2 Aristote élargissait même encore
rrl®iUneeérémonjerejj 6 11 à la tragédie, qui n'était plus, à proprement
? ,u lp,,d sacré (sacra,» y 3 Le mot sacramentum, signifiant d'abord ce qui
‘""■là traduire le grcC|, milltare< actio sacramenta), a servi dans la basse la-
'"'bation mystif,ue mak S°!t a° SeUS s^n^^a, de secret, soit au sens restreint
Sr,lpétiens n’hésitent na' ? " scu^emenl aux « mystères » chrétiens. Les polé-
~ "" ",s el'rétiens, notam, * lcconna'lre 1 affinité des lustrations antiques avec les
lion r""1 rl'"'inori‘>n idoloru d'CC *C ,Japtèmc- Piabolus ipsas quoque res sacra-
Mruo. dans Ovide • "”Jsteriis aemulatur (TertuU. Praescr. 40). l.adéfini-
’i I lcs,|ucls ell'acent ml °' C,n'llJue est Vuo corpora nostra piantur, ou des pur-
St„. Uae fauche i m parl'l T omnem9ue mali... causant (Ovid. Fast. H, 29-
l"t"m est corporalc rot ’ ma's comParable, do la définition des sacrements :
acmJ ' ‘ ^ne rePraesentan* 'n" enale elementum foris sensibiliter proposition
"m,n ‘n 'isibiten ct ’■ ** t”-slltuü°ne signifiants, ex sanctificatione conti-
sP‘ntalem gratiam (Hugo S. Vict. De sacr. christ, fid. 1,
LUS
consiste en un acte ou une série d’actes voulus, dont lïn-
téressé prend l’initiative et dont la valeur, toujours aléatoire
et incertaine, dépend à la fois de l’intention de celui qui
expie et de l’appréciation faite de ses actes par les dieux.
En conséquence, nous renverrons à l’article piaculum
non seulement l’énumération des péchés à expier, et
notamment l’ample casuistique des pontifes romains sur
le sujet, mais encore les expiations ou parties d’expia¬
tions qui consistent en actes accomplis par la personne
intéressée, sacrifices et offrandes, vœux, prières ef pé¬
nitences diverses6. Seront, au contraire, considérées
comme lustrations toutes les cérémonies, expiatoires
c’est-à-dire appartenant aussi à la catégorie des piacula
— ou simplement propitiatoires, dans lesquelles l’offi¬
ciant vise à purifier, par contact effectif ou légalement
présumé de symboles matériels, d’autres personnes ou
objets que lui-même. Il suit de là que toute purification
appliquée à des animaux ou des objets inanimés est né¬
cessairement une lustration, et qu’il y a lustration des
personnes, avec ou sans expiation proprement dite, quand
la purification est passivement subie7.
Ces définitions, maintenues dans toute leur rigueur,
excluraient de notre sujet certaines pratiques généra¬
lement désignées comme lustrales, en particulier, l'usage
de l’eau lustrale et d'ablutions quelconques employées
par les intéressés dans un but de purification, sans as¬
sistance d’une autre personne. Mais il faut considérer
que ces pratiques ne sont que des imitations des lustra¬
tions sacramentelles, qu’elles constituent des expériences
sans garantie et n’ont chance d’être efficaces que si l’on
y emploie des substances déjà pourvues de propriétés
mystiques 8. Il n’y a pas une de ces lustrations qui ne put
être faite et mieux faite sur l’intéressé par une personne
compétente, et on peut croire que le droit de se passer
d’un secours étranger a été une usurpation due à l’ab¬
sence ou l’insuffisance du sacerdoce. 11 sera fait une
place à ces copies, à côté des modèles.
I. Instruments de purification. — Les symboles ma¬
tériels qui opèrent la lustration ont été choisis les uns
par association d’idées naturelle et de sens commun, les
autres au nom de propriétés occultes créées par les rai¬
sonnements obscurs de la foi.
Au premier rang figurent l’eau et le feu, l'élément qui
lave les souillures et celui qui les détruit. L'action natu¬
relle de l’eau se convertissait en une action mystique,
qui pouvait être accrue9 soit par la vertu spéciale à cer-
9,2). Bou nombre des instruments de lustration se retrouvent, soit dans les sacramenta,
soit dans les sacramentalia ou sacramenta minora (eau bénite, rameaux, encens,
cierges, cendres; objets bénits, indulgenciés, etc. Cf. Us rites de la dédicace des églises
et do leur purification en cas desouillure). — t Voir les exemples ci-après, notamment
la défense à l'homicide de loucher l'eau lustrale. — 5 La question qui a si longtemps
troublé l’Église, à savoir, si l'efficacité des sacrements dépend de la moralité de celui
qui les administre, ne parait pas avoir été soulevée dans l'antiquité. — fi Une expression
comme lustralia rota (Val. FL Argon. 111, 414) est une catachrèse. De même lustra
sacrificare (Liv. XLV, 41). — 7 Les textes ue se préoccupent guère de cette condi¬
tion importante. Tel dira que chaque myste[/_oïfov] ûrtp Eajtoff îtjiv (Schol. Aristoph.
Ac/inrn. 747), alors qu'il s’agit de lustrations. — 8 Ce sont les sacramentalia antiques.
— 9 L'eau pure ou eau courante est « lustrale » par elle-même ; les Romains n'en
employaient guère d'autre. Ablutions flumine riro (Virg. Aen. Il, 719). dans le Tibre
(Hor. Sat. II, 3, 290- 295 ; Pers. II, 15 sqq. ; Juven. VI, 523), para agua (Prop. IV, 8,
84), para lympha( III, 10, 13), lymphis a fonte petitis (111. 3, 31), fiuminea agua
(Ovid. Fast. II, 45), fontis agua (Tib. Il, 1, 14). Ovide a disserté une fois sur les
raisons qui font associer l'eau et le feu dans les lustrations ; il ne parle pas de l’eau
lustrale (Fast. IV, 783-800). 11 ne définit pas l'eau dont Ipbigéuic asperge Orestc et
Pylade : Spargit aqua captos lustral i Grain sacerdos. Cf. solenmis lympha (Virg.
Ciris, 14). Philon (De sacrif. p. 848 c) constate la diversité des usages : oî piv iUoi
oypSiiv ïmxvTSS àpiyct SSoui uiptppaivovrac, dodirrri ptv oi itoXî.ot, vtvi; St Kovipot;, ol St
xâXueffiv tx x x; vùj v àouôpEvoi. 11 omet 1 eau lustrale à la mode grecque, qui s'est cependant
conservée dans l'eau bénite (avec sel et infusion simulée du feu par le cierge pascal).
lus
— 1408 —
taines sources sacrées1, soit, par addition naturelle ou
artificielle de sel -, soit par une combinaison de l’eau et
du feu, réalisée en plongeant dans l’eau des torches (Sàoeç,
oaXo!, oxl!x, taedaé) allumées à l’autel. C’est en usant
de ces divers moyens à la fois qu'on obtenait l’eau dite
lustrale par excellence (xxGipct
-r
Fig. 4681 . — Labrum près d'un hermès de palestre.
tov üôtop, aqua lustralis)3,
destinée surtout
à l’ablution des
mains (yépvttj/) et
mise à la portée
des lidèles dans
des bassins ou bé¬
nitiers ( yspvtcU; ,
Ttcptp pavTTjpta , LA¬
BRUM) à l’entrée des
lieux consacrés au
culte (fîg. 4680) \
ou des lieux de
réunion, comme
l’agora (ci-après)
et peut-être les pa¬
lestres (fig.4681)5.
On l’employait
aussi en asper¬
sions au moyen
d'un rameau d’arbre (nsptppavrqptov, fb.XXoç : voir ci-après,
1 Voir ci-aprcs. — 2 Cf. Menand. ap. Clem. Strom. VII, p. 714; iïkujoi
p-Ep.typ.tvov... àoXaoè; uSup (Theocr. XaIV, 96). Pour l'eau de mer, ôàXatro-a
*Xû£ei irdvca TàvOpûz uv xaxà (Euripid. lphig. laur. 1167). L’armée pestiférée
des Achéens se baigne daDs la mer (Hom. lliad. I, 313 sqq.). Purification des
mystes : àXa St p.u<rrat (Hesycli. I, p. 216), etc. Les femmes de Tanagra se baignent
dans la mer, xa0a?<x?wv evcxa (Pausan. IX, 20, 4). Le superslilieux de Théophraste
[Char. 30) ne^tppavâ{xevo; àxb ôaXâxTTjç èict{AeAw$. Cf. Apul. Met. XI, 1. Sur l’emploi du
sel dans le culte romain, voir Klausen, A e ne as und die Penaten, p. 633-635.
Cf. Marc. 9, 49 (na.tr a Qu aî a àXt àX^rO-qaetai). — 3 Sur la confection de l’eau lustrale :
Euripid. Herc. fur. 928. Schol. Aristoph. Pac. 959. Athen. IX, p. 409 b. Cf. les
bacchantes romaines, cum ardentibus facibus decurrere ad Tiberim (Liv. XXXIX,
<3). Eau « de trois sources » additionnée de sel et de lentilles (Menand. ap. Clem.
Strom. VII, 4, 27. p. 303 Svlb.). On n’entrait pas dans une enceinte sacrée, etàw >.v
iuçt££avTYiçtttv (Pollux, I, 8), sans s’étre aspergé : àv uicspfaéyot e? jxr, àyveuot,
C-<TS0VTE5 nejtpjraivo'teeOa, *tX. (Hippocr. Morb. sacr. 2) : — |a*i dtriv/ai eîffw t*ùv
-tçi^av-cîj^tüv, oart; jx>( xaôapd; itrti yEtpaç (Lucian. Sacrif. 13). L’autel et les
assistants purifiés par aspersion (Hcsjch. s. v. $aXtov. Athen. Z. c.), vdpm 'EXXijvixÇî,
c’est-à-dire, usage païen (Sozom. VI, 6). T à. wpb TÙiv tepwv Tîept^&avTiQÇia xaOaçpot ‘/ta.
(Pollux, I, 32). A Rome, Catilina, après avoir tué M. Marius Gratidianus, se lave lc9
mains :.r, *Eptpç«v?y)çto> -où 'AicôXXwvoç (Plut. Suit. 32). Le delubrum romain a pu
être synonyme de yéçvt<!» ou iccpipfavTqçiov : sens oublié par les étymologistcs.
Sur l’installation des rcotôjavr/.ç-.a, voir K. Botticher, Tektonik , IV, p. 48 sqq.
LUS
Fig. 4681 - A&pcrsoip.j
tlg. 4685) doué d’une vertu analogue i, ■
vi.T". C’est de cette face,, qWb »» ,||
Rations qui purifiaient l’autel ],.s • aux ltisl
assistants. On sait qu’à Rome el N
des insignes des pontifes [pontifices ,,dlsail Wi
simple rameau, mais un instrument spéci -fi pll's ^
fréquemment représenté sur les monnaies '(!|n s°Upill°n,
reconnaître, parmi d’autres objets servant ■' qU °0 pe1
plusieurs bas-reliefs (fig. 4682) 1 <ni * "Re, dans 1
et, celte fois, à usage chrétien,
dans une peinture des Catacombes
(fig. 4683) 8. Il leur appartient surtout
comme symbole des purifications
accomplies sous leur surveillance
par les Vestales [vestales]. Les Ves¬
tales n’étaient pas seulement char¬
gées de purifier le temple de Vesta
et ses appartenances et de procéder en personne le
cas échéant, à d’autres lustrations solennelles8- c’est J
leurs mains pures qu’était confiée la préparation des
ingrédients dont l’usage était obligatoire dans un grand
nombre de lustrations rituelles. Telle était la mola misa
(ou mola cas/a su/sa , far pium), gâteau de farine salée,
dont les miettes, égrenées sur la tète des victimes « im’
molées » au nom de l’État,
leur conféraient la pureté
légale10. La confection de ce
charme magique avait lieu
seulement trois lois l’an (15 fé¬
vrier, 9 juin, 13 septembre),
mais les préparatifs en étaient
longs et minutieux. Le sel
brut devait être broyé dans un
mortier, puis cuit au four dans
un vase d’argile dont le cou¬
vercle était lu té au plâtre. La
masse fondue était alors découpée avec une scie de fer
et conservée, dans une grande jarre, au garde-manger
(penus) de Vesta. L’eau devait être puisée à une source,
et non amenée par des tuyaux. La farine provenait d épis
cueillis par les Vestales du 7 au 14 mai, dont le graijj
était torréfié, broyé au pilon et passé à la meule, toujours!
par les Vestales en personne11.
L’eau ne déterge que les surfaces : 1 action pendrant®
et irrésistible du feu faisait de lui le purificateur paj
excellence 12„ Ce dieu d’Héraclite et des Slo'ù i|,|is
Fig.
m »
4683. — Aspersoir.
avait
— 4 Bas-relief du Vatican ( Arch . Zeit. 1847, pl. iv). J 1 c*nlm' ^ iioi mani ct de j
à figures rouges (Gerhard, Akad. Abhandlungcn , pb LXl11’ 11 ‘ I
Witte, Élite céramogr. III, pl. lxxx; Monum. Inst. ^ /lUfnida
roratas laurea misit açMas(Ovid. Fast. IV, 728; cf. ^ (jc pesie, par d^ I
(Juven. II, 158). Cf. Plia. XV, § 135. Les Milésiens purifiés, e“ leï"pj?. ooo |
aspersions Sàsvr.ç y.XâS*nç (Clem. Al. Strom, V , 4, 48, p. -43 S> '• |ut.^ra|jon.s funé- ]
pas une exception (Serv. Aen. VI, 230), mais .réservé P0"1 ^ ^ _ s Perretfj I
raires. — 1 Clarac, Musée (Je sculpture , pl. 220, n° r,° ' . , ( nmilicatio0 f
Catacombes de Home, V, pl. ix, n° 18 bis. — 0 rac . Hist. • .,,.rc [ignre aussi ■
l'aire du T. de Jupiter Capitolin). — ,f) Dans les saciiliccs1 fa-.ji (0^JSS‘ j
la farine : ir.\ S’aXçixa Xtuxà wàXuvov (Hom. Odyss. XI, -s)> ^ pl. ."ü ; |
XIV, 429); rite emprunté à la cuisine luimaiue (Hom. I "a • .1
XIV, 77). — U Fest. et Fesl. Epit. s. vv. Ador, Costa mo a ^ sa I.
p. 3, 63, 110, 158-139; Serv. Ecl. VIII, 82; Non. p. \[|, 173). Le>pl ]
quibus rebus et cultri aspergebantur ct victimae ' ’<’1 mica
employé tout chaud aux Lupercales (Censorin. 2-L F3p ,.^unis dalis lcs
(Ovid. Fast. Il, 24). CL, pour l’emploi du far pi"'", lc,s Ilerc. j
de Klausen, Op. cil. p. 022, 632-034. - 12 ^ llmlm r»'Hj
927); -/o.0e/.oTix8v ,ào Tïàvxitiy tô rcyp (Scliol. AiiU. i.nncS et ast1*0^’^11 , ■
edax ignis (Ovid. Fast. IV, 785). Dans les docliincs
... . . . nar
la purification et régénération du xcIuiao; s operc p« ^ ^
Cf. Bouché-Leclercq, L' Astrologie grecque, Paris, 1-8 L, I
— 1409 -
LUS
LUS
H , Héraklès de son enveloppe mortelle pour en
déP01" l’être divin, et c’est du bûcher que s’envolaient
dégaf ' v„x les mortels divinisés [apotueosis] ou le fa-
VerSl >t'liénix. H purifiait moins à fond les vivants.
bU r'rrndü de Démophon passe au feu par Démêler 1 a
U w. , les imitations littéraires2, mais point d’appli-
®U5L pratiques. On employait le feu sous forme de fu-
c' dont l’effet dépendait de la vertu spécifique
des substances mises en
œuvre (suf'/imenta). La
plus active était lesoufre
(Oetov, sulfur), qui figure
dans une foule de lus¬
trations privées ou pu¬
bliques3, et notamment
dans la liste des suf pi¬
menta distribués au
peuple romain à l’occa¬
sion des Jeux séculaires
(ci-après). Puis venaient
la poix, le bitume, l’en¬
cens (fig. -468-4) \ et, en
général, toutes les sub¬
stances odoriférantes ,
soit jetées sur le foyer de
Fig-. 4684. — Purification par l'encens.
l’autel, soit incorporées à des torches (oaoeç, taedae, faces
dont les vapeurs ou exhalaisons (Ôu^tigaTa), promenées
avec lesdites torches, chassaient les mauvais esprits 3.
L’action du feu, qui, on l’a vu par la coction du sel
de la mola salsa, purifie même les substances puri¬
fiantes1'1, se mêle de bien des façons aux rites de lustra¬
tion. Son rôle dans le sacrilice est assez connu. C'est en¬
core le feu qui crée ou exalte la valeur lustrale des
cendres de certains végétaux, de certaines victimes ou
parties de victimes. A Rome, la cendre des veaux brûlés
aux Fordicidia, mélangée par les Vestales au sang de
fOctober equus (ci-après), constituait, avec une flambée
de paille de fèves, les februa casta utilisés aux Par ilia,
concurremment avec les fumigations de soufre, d’olivier
male, de laurier et d’ « herbes sabines 7 ».
Une vertu purifiante, indépendante de la combustion
ou de l’aspersion, était attachée à certaines espèces végé¬
tales, pour des raisons dont quelques-unes relèvent pro¬
bablement de la pharmacopée8. Le laurier, grâce à la
rehgion apollinienne, qui aspirait au monopole de la
purification aussi bien que de la révélation, était hors de
pair. Comme Apollon tuait les êtres malfaisants, le laurier
éloignait les influences pernicieuses; il passait même
pour préserver de la foudre, qui n osait le toucher. C est
probablement la raison pour laquelle d'aucuns croyaient
qu’il n’était pas permis de le brûler, et qu’il protestait
par ses crépitements contre un pareil outrage®. Il puri¬
fiait par lui-même, à l’état de rameaux, — Apollon ne
voulait pas d’autres balais pour son temple de Delphes
- et des casuistes ingénieux avaient imaginé que le
laurier triomphal purifiait les vainqueurs du sang versé ' ' .
Des branches de laurier fichées en terre dans un champ
de blé le préservaient de la « rouille » 12. On se servait
de rameaux comme de goupillons (fig. 4685 113. L'olivier
remplaçait le laurier dans le culte des divinités
chthoniennes et les rites funèbres. C’est une branche
d’olivier entourée de bandelettes (Tatviat, vittae ) qui
constituait lVtpEfftcuvT,, attachée aux portes des maisons a
Athènes en guise de phylactère [eiresioné, pyanepsia,
tuargelia]. La figue, sinon le figuier, jouait un rôle
analogue14. Parmi les espèces qui ont pu être choisies
en raison de leurs propriétés médicinales figurent
l’hellébore et surtout la scille15. On les employait soit
en nature, soit en décoction (iniofîptiypf.
Il est impossible et inutile de faire un dénombrement
complet de toutes les préparations de la pharmacopée
1 Hymn,
causte ?) ;
idola
IH, 13,
comù'11 * ‘ S ’ Mud. XVI, 37), Achille dans le feu ou dans l’eau bouillante,
cli i Ia'*<m *C 1 eau ^u lcu- De même, Ialivé purifie les lèvres d’Isaïe avec un
J--1- pris sur l'autel (Is. 6, 5-6). - 3 Cf. Hom. lliad. XVI, 228 ;
Mon ni | S* S,*f* ’ ^ ^eocr- XXIV, 95 (soufre, eau lustrale salée et sang de porc) ;
Clcm // /' * <^rom‘ P- 303 Sylb. (soufre, eau salée, lentilles); Diphil. ap.
tike II,. / sou^l,t'i bitume, scille, etc.). — 4 Bas-relief de la villa Ludovisi (An-
Hom. Jn Cerer. 234-267. Cf. le rite oriental (lustration ou holo-
Acliaz filium sinon consecravit, transferens per ignem secundum
fliutium (IV Reg. 16, 3). — i Vov. le thème repris pour Achille (Apollod.
A poil. Rhod. IV. 865-878; cf. Schol. Ap. Rh. IV, 816; Schol.
j p h y (ni's"^61 ' Vl0* — h Purification* des temples par les torches (Eurip.
liiphilo ’r i des personnes, voir les textes précités de Ménandre et de
Claudian v ^ ** {lustrare taedis)\ Trop. V, 8, 83 sqq; Ovid. Met. VII, 261 ;
avait dérid’1 '' SM,S* ^ 8), etc., elles taedae matrimoniales (ci-après). — 6 Nu ma
— 7 qvj(| jy "n" csse purum ad rem divinam nisi tostum (Pim. XVIII, § 8).
in aquam as ^ ^-0-640, 725-742. Cf. les cendres de la vache rousse employées
o/eas, t(i<>,ln>Cl S'°n*S ^um Il Y a contradiction entre l'usage : Ure marcs
(v. 74l.->). ’ ^cr^asQue Xabinas, Et crepel in mediis laurus adusta focis
sa cris cr(: ni ^ncende bituminc laurus (Virg. Ecl. VIII, 82) ; Et succensa
Pline (XV ^ \ [ nc ^ aure(l flammis (Tib. II, 5, 81), et l'assertion recueillie par
Adeoquc in jirofanis usibus pollui laurum et oleam fas non
est, ut ne propitiandis quidem numinibus accendi ex his altana araeve debeant.
Les torches de la deductio matrimoniale devaient être (sauf variantes, voir ci-aprcs)
en aubépine (ê<x;avo;, spina). Hcsych. s. v. ; PJiu. XVI, § 75 ; Schol. Nicand. Thcr. 861 .
_ 8 Sur le culte et les propriétés mystiques des végétaux, voir K. Bottichcr, Dcr
Baumkultus der Hellenen , Berlin, 1856. — 9 Plin. Loc. cit. — W Euripid. Ion ,
IH sqq. _ il Quia suffimentum sit caedis hostium et purgatio, ut tràdit Masu-
rius, opinion que Pline ne partage pas (XV, S 135), quoiqu il sache que eadem lau-
rus\ purifeationibus adhibetur (% 138), suffimentis purgationibusque (Serv. .4e».
I, 329). Fest. p. 117, s. v. Laureati (ut quasi purgati a caede humana intrarent
Urbem). _ 1- Plin. XVIIl,§ 161 (avec explication soi-disant scientifique). — 13 Pein¬
ture de Pompéi (Museo Dorbonico , VI, pl. m). — Suxôoto; 7.ij - 6 xa6âç<r.o;, tt,
yùç ffuxîj ÈypioVTo tv xaGaçxnoi; (Hcsych. S. V. nuxâ^ttv) — -à yà? <xjx« [uilr/'x xaXtTaôou
(Athen. III, p. 78 c). — 13 Aà'Sixat axfXXti -tçtayvt^ttv (Lucian. Necyoni. 7 ;cf. Alex. 47) ;
(lia axtX^Y! -e ;xta — 6cim T à<T5àXT«:» te (Diphil. ap. Clcm. Strom. VII, 4, 26,
p. 303 Sylb.). Le superstitieux de Théophraste ( Charact . 30) a soin de dxOtXr, r,
(TvûXaxt xeXeûhr ai auTov lîtptxaOajai contre le mauvais œil. L'hellébore noir, quo et
domos suffiunt purgantque , spargentes et pecora , cum precationc sollemni
(plin. XXV, § 49). Digitos ponds apioque lustrare (Petron. Satyr. 137). Cf.
lenumération des plantes (pii croissent dans làXiroç d'Artémis et avec lesquelles
Médéc fabrique des TéXîTà; xcù OûiyOXcr. xaOa^jAwv, xaOào|Aa-:a (Orph. Argon. 904*
932).
LUS
lustrale, livrée à l’imagination féconde des fabricants de
phylactères [cf. amuletum, fascinum] et de recettes pro¬
pitiatoires ou dépulsoires de toute sorte*. Un procédé
qu on dit avoir été employé dans les initiations mystiques
consistait à représenter la souillure avec de la boue et
du son, et à l’essuyer pour opérer la puritîcation 2. Les
amateurs de classifications, une fois la part faite à l’eau et
au feu, considéraient les ingrédients minéraux et végé¬
taux comme la part contributive de la terre. Pour mettre
en réquisition la nature entière, ils s’obligeaient à trou¬
ver l’emploi du quatrième élément, l’air. Celui-ci eut
pour lot les purifications symbolisées par le van bachique
^ci-après, fig. 4690) et par les figurines [aiora, oscilla,
pilae qui se balançaient aux souffles de l’atmosphère3.
Mais ces poupées, comme celles que nous retrouverons
dans la cérémonie des argei, n'étaient que des substituts
des victimes humaines, plus communément représentées
chez les peuples civilisés par des victimes animales L
Le sacrifice sanglant, devenu par consentement universel
le centre et point d’appui de tous les cultes 5, est l'ins¬
trument par excellence de la lustration « vm ■
vie, ou plutôt considéré comme étant la 1,cul(i de la
le sang était censé céder sa force vitale à Y T
“ entrait « ™nlacl « « charger, par ,«1?' Ie«
des erermes Hp _ î.-r. t Occulte
.les germes de mort et rnaléte que r eïd *
Mais le sacrifice était aussi, par application m CeIui'ci’
gible, Sln0n Plus morale, du même princin^ T "ltelli'
tution, le moyen le plus efficace d’expier les f , SUbstU
mises. Dans toutes les religions, le sacrifie* , Com'
un rachat en une monnaie dont la valeur ' Unl est
suivant le nombre, l’espèce, le sexe et l’à,e T gr,adllée
Le coupable, au lieu de payer avec sa vie éteint
en o tirant celle de ses semblables ou d’animaux recon ^
propres à ce rôle de substituts (hostiae animale* Tl
de la, de ce double emploi du sacrifice, lustral et expia
toire, qu est née la confusion d’idées dont on „e! !
plus sortir sans rompre avec des habitudes invétérées
Cette confusion, que Varron essayait de supprimer en
ramenant la lustration à n’ètre plus qu’un paiement1
s est perpétuée et vulgarisée au point de résister désor-
Fig. 4686. — Cérémonie du Dios Kodion.
mais à 1 analyse, par le fait de la doctrine chrétienne de
la Rédemption, celle-ci étant présentée à la fois, en thèse
générale, comme un rachat ( redemptio ), et, dans l’appli¬
cation sacramentelle, comme une purification, une rémis¬
sion des fautes « lavées » dans le sang du Rédempteur8.
Il nous faut retourner, pour comprendre les rites de la
lustration, au point de vue des primitifs. D’après les rites
connus, on peut distinguer deux façons de concevoir et de
pratiquer la lustration parle sacrifice. Dans tousles cas, la
victime sacrifiée devient un xâflxpgx, un récipient que l’on
charge, par le pouvoir des formules, de toutes les tares à
supprimer, de sorte que, en le détruisant, — le plus sou¬
vent, par le feu, — on anéantit les souillures avec leur
support matériel9. Mais la lustration par le sang exige que
la victime soit pure au moment de l’immolation, comme
dans les sacrifices ordinaires. C’est par la lustration même
1 En général, qu.aecumque purgamenti causa in quibusque sacrificiis (au sens géné¬
ral du mot) adhibentur, februa appellantur (Fcst. Epit. p. 85, s. v. Februarius ). Cf.
ilola salsa, Tus, Sanguis, Vérbenarum suffitio (Arnob.V, 3); verveine (veçuriefsiiv,
.'tfaSo-rùvr.), fougère (àSiVvvov), etc.(Eustatl). ad Odyss.XXll, 481. Plut. Sympos. 1, 1,4).
- Harpocr. s. v. 'Arojiàvruv. Demosth. Coron. 259. — 3 Omnis autem purgatio aut
peraquam fit, aut per ignem, autper aerem... ut nunc per oscilla (Serv. Georg. Il,
389). jXam triplex est omnis purgatio : aut enirn in terrapurgantur... et haec igni
dicuntur purgari. lgnis enim ex terra est... Nam aut taeda purgantur et sulphure
I lerrc ct feu], aut aqua abluuntur, aut aere ventilantur, quod erat in sacris Liberi
(Serv. Aen. VI, 741). C'est la théorie des éléments ramenée à la trichotomie stoï¬
cienne. * Le totémisme renverse, de l’animal à l’homme, ce processus de la
substitution. Cf. à Hiérapolis, les enfants sacrifiés comme « bœufs » (Lucian. Dea
Syr. 58). 6 Idée développée avec une logique féroce par J. de Maistre, Eclair¬
cissements sur les sacrifices. — 6 Cf. l'expression to S.y 05 (Herod. VI, 91).
que le sang se souille et que le corps exsangue se charge
des maléfices. Le sang des victimes a toujours un effet
utile, expiatoire ou propitiatoire ; mais il n’est réellement
un xa0app,ôç, un engin matériel de purification, que quand
il y a contact, réel ou présumé, du sang avec la personne
ou l’objetà purifier. Le contact peut être établi par onction
ou aspersion, ou encore par la peau de la victime,
endossée comme vêtement, prise comme masque, foulée
comme siège ou support quelconque10: rites du dios
kodion (fig. 4686) 1 *, des Lupercales et du mariage romain.
Il l’était pleinement dans le baptême du sang taurobo-
lium], importé d’Orient dans le monde gréco-romain,
cérémonie répugnante qui est restée confinée dan^
les cultes orientaux. Ce mode de lustration n est guère
applicable qu’aux individus ou à des objets définis d
présents. S’il s’agit de purifier des collectivités 'arlil?'
7 Voir ci-dessus, p. 1406, 7. — 8 Voir dans S. Paul ( Bebr . 9, 22) la
iv êv at>aTi icâvTa xaOapi-,*
Le sang de, l’Agneau de
oJxoufAiivrjç àiràirvjç xotvoç yéy ove xaûap|/.éi; (lo. Chrys.. De COTlSubst . o • Ai ^ ^
le prêtre immole tov Kûotov, dont le sang jaillit sur les assistants ^ 7 ^ pr0.
ocvt<r<ro{uvouç aV|xaTt. Io. Chrys. De Sacerd. III, 4) : excès de langage ,>
celui
lias
de J.-C. aux victimes de l’ancienne Loi : xat <x y
■rbv vojaov, xat ywp'tç aîptaTexyuata^ ou ytveTat aiea:
voqué par une comparaison latente avec le taurobolc. Lasaulx >ou
étudie « les sacrifices expiatoires des Grecs ct Romains, et leui 1 aPP
t, avec
du procédé, ut lues publia »>
du Golgotha ». — 9 Ou avait encore conscience du pro,-.-..-, -- ™ temps
hoslias verteretur (Serv. Aen. 11, 140), lorsqu'on immolait des vid"' ^ ^ jjjj
d’épidémie. Cf. la substitution volontaire par devotio. 10 ' 011 |,mjp Plioen.
et de sanglier et{ àviimuim vîlv Êsvwv dans la maison d’Adraste (»c 1 • coilection
410), et, ci-après, le A, b; xûSto». — 11 Peinture de vase : hydi ie '<
Dzialynski (de Witte, Antiquités de l'Hôtel Lambert, pF xxll)‘
LUS
— 1411
(,t eSpaces quelconques, ou l’air ambiant, le
deS x.ünics maléfices s’opère sur les victimes vivantes,
■ recueillir les « miasmes » et sacrifiées à
menées pour
P1 . r pe sacrifice peut même être eflicace sans
létal impur.
gtre consomme
des péchés à
donnée h son
avec le temps
à la rigueur
Il suffit que la victime, véhicule vivant
effacer, soit déportée hors du pays et aban-
destin Le sens des cérémonies s’oblitérant
cette logique ne fut pas toujours appliquée
: nous rencontrerons des lustrations collec-
■ q je caractère mixte, où, les victimes étant immolées
ures ieurs entrailles ou leur peau étaient promenées
ensuite, ou encore, inversement, exposées devant un
défilé dès personnes à purifier. Enfin, il est des sacrifices,
de rite mal connu, dont on ne saurait dire s’ils étaient
offerts à fin de lustration, ou comme rachat expiatoire.
C’est à l’étude spéciale du sacrifice [sacrificium] qu’il
faut renvoyer le détail des règles concernant le choix et
la purification préalable des victimes. Notons seulement
que le sacrifice humain estle plus efficace de tous, et que,
parmi les animaux, certaines espèces avaient à un degré
éminent la vertu lustrale. Tel le porc, surtout jeune
(pplsxo?, yoipioiov, oeX^alj, opOayopiffxoç), qui figure presque
seul dans les sacrifices expressément désignés comme
purificatoires (yoipoxrôvot xa6app.ot) 2. C’est au point que
Varron considère le sacrifice du porc comme le premier
en date et propose de dériver sus , uç, olim 93;, du verbe
ûikv, quod est immolare 3. On attribuait sans doute
à cet animal, avec une vitalité abondante et communi¬
cative , une apti¬
tude éminente à
devenir un xà9app.a
(fig. 4687) L Pour
certaines lustra¬
tions solennelles,
les Romains adjoi¬
gnaient au porc la
brebis et le taureau
( suovetaurilia ), à
la mode homé¬
rique 6 ; les Grecs
pratiquaient, avec
e Porc 0u verrat (xcbrpoç), le bélier, le bouc, le taureau,
es combinaisons diverses, mais toujours en raison
tcrn.ii ! . Cette triade animale constituait le sacrifice
parfait flvTeXvj;). Le chien, favori d’Hécate et nourri par
e avec les xa9ctpp.aTa des carrefours, avait aussi une
uirlu purifiante, utilisée dans les lustrations magiques
PP1 fieptffxuXaxnjp.oi A Rome, le sacrifice du chien
P" mi par le rituel aux lustrations des lupercalia,
de déportai ion ,m^9Sa'le r'es Hébreux (Levit. IG, 20-26), et, ci-après, les divers cas
— 2 Aeschyl E ' °ni-r'S 'PS ?*PI***“0' ordinairement terminés par noyade en mer.
Mntpuri adsacr T '' S<M- 3 Varr. B. rust. II, 4, 9. A dix mois, les porcelets
excipients dos Ap Cl aPPellant ur abantiquis sacres (II, 1 ,20; 4,16).Cf.les porcs,
ture de vaso • ]é™TS noyés in mare tMatUl- 8, 30-32 ; Luc. 8, 27-33). — 4 pein-
!)'. — 8 n0ni q] -^'isée d Athènes (Heydemann, Griech. Vasenbilder, pl. xi,
Arist. lqut .819 .r" *’ 1il; XX1II>27&. — 8 Demosth. In Arislocr. G8. Schol.
Mystique du nombreT"'**1*' ai'SS' 8uI'a ‘VTtX,i’ 1 hécatombe (Schol. ibid.). La vertu
“«•ijjio. vinsj 4 f’*us l°ylp raison de 3x3) s'ajoute à l’effet spécifique des
hl*trat (0,-id Me't vj|P“ri<,antEs?n- terque senem fl anima, ter aqua, ter sulfure
locateurs d'Oreste On '‘r^' VIII, 74-77, et (ci-après) les neuf puri-
hepties Submerso fl " ret,con^re aussi le nombre 7, recommandé par Pythagore
digitum U saunJn 5 ’ APuL MeL XI. »)• Cf. Levit. 4 , 6 (t cum intinxerit
Char • 30 (ci-dessus n 60 8eptiesî' ~ 1 Q ■ Rom. 68. Cf. Theophr.
t I; Catapl : (■ ’ ISh et<u-après, \nlustratio exercitus.— ULuciau. Dial.
i®uf : Et veniat ni, î<“^aé'T‘0lJ Seïtcvov tv tçiôSm xttfiivov). Usage
ae ustret anus lectumque locumque, Praeferat et tremula
LUS
des robigalia et à la cérémonie appelée augurium cona¬
rium. Le cheval était une victime de prix, réservée à un
très petit nombre de divinités et en de rares occasions.
Nous n avons à retenir ici que le sacrifice annuel de
I October equus (ci-après) à Rome, qui est bien une céré¬
monie lustrale, le sang de l’animal étant distillé sur le
foyer même de la cité.
C’est dans les cultes exotiques que l’on rencontre la
purification par les œufs, recette qui a pu s’introduire
avec les superstitions relatives au culte d’Hécate et être
justifiée après coup par les considérations à longue portée
dont les mystiques étaient abondamment approvisionnés.
II est certain que les œufs ayant servi aux lustrations
faisaient partie des « dîners » servis à Hécate dans les
carrefours8; il l’est moins que la vertu purifiante de l’œuf
tînt à ce qu’il était un microcosme, germe de vie et sym¬
bole de la vie universelle9. En tout cas, on croyait que
l’œuf, comme êLre virtuellement vivant, absorbait les
maléfices. Clément d’Alexandrie réfute cette opinion en
disant que les œufs employés à ces lustrations auraient
dû en être stérilisés, conséquence démentie par l’expé¬
rience 10.
Il suffira d’indiquer ici en passant la casuistique,
ébauchée par les anciens, allongée parles modernes, con¬
cernant les substances qui tireraient leur vertu de la
substitution symbolique à d’autres symboles. Des abstrac-
leurs de quintessence avaient trouvé que, pour purifier,
la pourpre, tirée de la mer, remplaçait l’eau de mer, et
le lin, l’eau courante11 ; ou bien, songeant que si le lin
aime à être arrosé et roui, le roseau croît en pleine eau,
ils assuraient que les roseaux purifient à merveille12.
Mais la pourpre représente bien mieux encore le sang13 :
de là l’idée que couvrir les morts 14 ou habiller les sol¬
dats de manteaux rouges1" est une façon de s’acquitter
envers les uns et de « dévouer » les autres aux puissances
infernales, ou que les bandes de pourpre cousues à la
trabée romaine sont une survivance de rites expiatoires16.
De même, si le lin est symbole de pureté, la laine repré¬
sente la peau de la victime, douée de vertus expiatoires
empruntées à la victime ; d’où explication des bandelettes
de laine qui entourent l’eipsffiwvT), du fil de laine qui attache
Y apex au bonnet des flamines 1 7 [flamen", ledit bonnet
étant en peau ( pileus ), ou de couleur rouge ( tuf u/us ), et
agglomérant ainsi quantité de propriétés lustrales ou
propitiatoires, y compris celle du végétal formant Yapex
ou tressé en couronne. La couronne aurait aussi par elle-
même une vertu symbolique, et de même le voile, qui,
rabattu sur la figure du sacrificateur, fait de lui une
manière de dévolus ; autant de formes d’expiation ou
sulfur et ova manu (Ovid. A. amat. II, 329). L'archigalle menace la femme supers¬
titieuse, nisi se centutn lustraverit ovis (Juven. VI, 318). Le grand prêtre d’Isis
purifie le navigium mystique taeda lucida et ovo et sulfure (Apul. Met. XI, 16).
— 9 Cf. l’œuf cosmogonhpie des Orphiques : l'œuf mundi simutacrum pour les
initiatas sacris Liberi Patris (Macr. Sat. VII, IG, 8). Abstinence pythagoricienne des
œufs, assimilés auxxu«tiot (Plut. Sympos. II. 3). — 10 Clem. AL Strorn. VII, 4, 26,
p. 303 Sylb. — U Serv. Aen. XII, 169. Cf. Bouché-Leclercq, Les Pontifes, p. 109.
— 12 Serv. Aen. VIII, 33. — 13 Serv. Aen. VI, 221. — 14 plut. Lyc. 27. Polyaen.
IV, 43. Clem, AL Protrept. p. 12 Sylb. Serv. Aen. III, 67. Cf., à Rome, le censorium
funus. — 16 Plut. Ibid. Cf. Isid. Origg. XIX, 22, 10, s. v. Jlussata. — 16 Idées
repoussées par Lobeck, Aglaopli. p. 1237 f ; reprises par 0. Grappe, De Cadmi
fabula (Berol. 1891), p. 12, et par Samler, BOm. Sühnriten (in Philol. LVI [1897",
p. 394-398). Cf. l'usage du ricinium chez les Arvales, et la « prætextc lustrale »
d’Iguvium. — O La laine et laper sont februa (Ovid, Fast. II, 21-26). Les fPia z-jiià
dans les xaOapjxot (Clem. AL Strom. VII, 4, 26, p. 303 Sylb.) ! eviot xçôxtn xaOat£0y?ae
(Phot. p. 133). Emploi de Içiou xoxxtvou avec « le sang des veaux et des boucs et
l'eau et l'hysopc » dans la lustration du peuple hébreu par Moïse (Paul. Bebr. 9, 10),
LUS
— U 12
d’ànorooitata *. Le prêtre ne marche que hérissé de
défenses contre les maléfices et comme en état do lus¬
tration perpétuelle.
Quel qu ait été 1 instrument de la lustration, il est lui-
même chargé des souillures qu'il a enlevées, et, comme
tel, on 1 a dit plus haut, chose impure. Leur office
rempli, les xaQapgoi, devenus des xaSdouara ou xaOâpa-ia,
doivent disparaître. La crémation est le mode préféré. Le
leu de 1 autel consume les chairs des victimes, qu'on ne
mange jamais dans les sacrifices cathartiques2 : elles
sont traitées comme les êtres ou objets dont le contact
ou la présence répand autour d'eux les maléfices3. Les
liquides employés en aspersion s’évaporent : les scru¬
pules ne viennent qu'à propos des liquides et mixtures
diverses ayant servi aux ablutions, onctions, fomenta¬
tions, embrocations rituelles, ou des objets qui ne peuvent
être aisément détruits. Ceux-ci, ainsi que les victimes
non consumées, étaient rejetés hors du domaine purifié
ou possédé par l’être purifié, de la maison, de la ville, du
territoire (l;opiÇsiv, ÛTtepopiÇetv)., et, en ce dernier cas, le
plus souvent noyés en mer4. Les Grecs n’ont pas abusé
de la logique qui avait conduit les Perses à chercher pour
les cadavres une sépulture qui ne souillât ni la terre, ni
1 eau, ni le feu, et qui aurait rendu les lustrations même
impossibles. Les eaux courantes n'étaient pas censées
contaminées par les baignades rituelles, et il n'y avait
même pas interdiction formelle d'y jeter les xaOâpcrtx. Un
affluent de la Néda, en Arcadie, s'appelait Aup.aç, parce
que les Nymphes qui avaient assisté Rhéa dans ses cou¬
ches y avaient jeté les xx0xpp.xTa ou Xégava employés à la
purifier 3 : légende née évidemment d’un usage qui
n'était point légendaire. On disait bien que l’odeur infecte
des eaux de l'Anigros (Triphylie) venait de ce que
Mélampus y avait jeté les xxSxpa’x avec lesquels il avait
guéri les Prœtides ; mais cette eau guérissait les maladies
de peauc. On retrouve la légende de Mélampus, avec les
xaôxpffta, à Clitor en Arcadie7, à propos d'une eau qui
guérissait de l'ivrognerie. Un autre moyen de faire dis¬
paraître les xaOàpfftcc était de les enterrer : c’est ce qu’on
avait fait, paraît-il, à Trœzène, après la lustration
d’Oreste8. On recommandait de creuser un trou pour y
verser les lotions qui avaient servi à laver des cadavres
ou à purifier des Èvaysïç9. La Circé d’Apollonius de Rhodes
fait simplement porter hors de son palais les Xégar* qui
ont servi à purifier Jason et Médée : le poète ne s’en
inquiète pas davantage10. Virgile nous renseigne mieux :
sa magicienne ordonne à Amaryllis de « porter dehors
les cendres et de les jeter par-dessus sa tète, sans se
retourner, dans une eau courante11 ». L’essentiel était
de tourner le dos à la direction dans laquelle on jetait
1 Voir H. Dicls, Sibyll. lilütter , p. 120-123; Sam ter, Der Pileus der rom *
P ri es ter (in Philol. LUI [1894], p. 535-543); S. Reinach, Le voile de l'oblation
( C . II. Acad. Inscr. 1897, p. G44-C58). Il faut se panier de vouloir réduire ce
symbolisme à l'unité. La couronne était portée non seulement par les sacrificateurs,
mais par les victimes ( coronata lustrari agna : Juven. XIII, 03); par les animaux
en fête [coronatis asellis : Prop. V, i, 21 ; cf. Plut. Qu. Boni. 40 ; boves coronato
capite: Tib. II, 1,8); par les orateurs à Athènes, les vainqueurs, etc. De plus, elles
représentent des capita de dieux ou de morts (cf. i.ectistfrxium). — 2 Holocauste
à Zeus Milichios, z*cptü> vôjMa (Xenoph. Anab. VII, 8, 4-5). Dans les sacrifices
« communiels », on ne brûlait que la part des dieux. Un scoliaste assure que
I on mangeait jusqu’à la peau des bœufs immolés à Y Ara maxima (Interp. Serv .
Aen. VIII, 183). Sur les rites des « Speiseopfer » et des « Sühnopfer », voir
P. Slengel, Die griech. Kultusaltert . (2° éd. 1898), p. 97-118. — 3 Les monstres
étaient brûlés avec des bois d'arbres « malheureux » (Macr. Sut. III, 20, 3) : -rà
TepaTwSr, et r’àyptotç exatov çôXotç (Anecd. Bekk. p. 10). De même, les mauvais livres,
infelicibus ustulanda lignis (Catull. 36, 8), t-ûW, ouxcvuv (Lucian. Alex. 47).
Ainsi furent brûlés les libri Numae, igné a victimariis facto (Liv. XL, 29), etc.
UJS
les xaOâpcta et de ne plus les regarder12 •
toute attache et obviait à toute fascination ' r°mPail
Toutes les substances précitées ont
magique, qui leur est incorporée par des « Jn
formules13. L’étude des lustrations n'es
n< puissance
est r ' a'meS ” 0u
de l'histoire de la magie. Ce qu’on appelle comm
magie n’est qu’un reliquat disqualifié, ‘"""‘ment
1 formes
mal famée et souvent proscrite des plus anciennes' i''1''06
du culte. Les cultes reconnus et ouvertement r i
se sont affinés peu à peu par l’introduction
morales et par une interprétation moins grossière i ?
vertu des symboles. Les formules se sont appelées Jf
vœux, supplications : on a cru que leur efficacité dé T'
dail de la miséricorde des dieux auxquels elles s’aX"'
saient14 et que ceux-ci tenaient compte de l’intention dêl
ceux qui les prononçaient, tandis que la magie gardait le
secret des incantations (èirojoat, carmina ), des formules
impératives, qu’on supposa dès lors adressées à des
génies mauvais, en vue d’œuvres malfaisantes. Il s’est
formé ainsi comme deux séries parallèles de divinités et
de rites, dont l’antagonisme apparent fit oublier l’origine
commune : la religion et la magie. A part Hécate, que la
religion n’avait pas tout à fait répudiée, les divinités
magiques sont ou réputées étrangères ou innomées.
La religion choisit, parmi ses dieux, les plus aimés pour
en faire des divinités secourables, celles auxquelles on.
s adressait pour infuser aux instruments de lustration
leur vertu purifiante. Celle-ci était vagueqient surchargée
de l’idée de pardon, d’absolution des fautes : mais cette
idée, il faut y insister, est restée accessoire. Lu plu¬
part des lustrations privées n’ont pas cessé d’être ma¬
giques, et celles mêmes qui faisaient partie des rites
religieux n’avaient pas dépouillé pour cela leur caractère
originel. Quand les Grecs racontaient que Zeus, le
MsiXfyioç par excellence* avait de ses propres mains
purifié Ixion, ils affirmaient par un exemple typique la
nécessité de la purification matérielle. L’IXaugd;, qui
éteint la responsabilité, ne suffit pas ou n’est pas obtenu
sans le xaOappwç, qui enlève la souillure contagieuse.
Ces observations préliminaires nous dispenseront
d’interpréter dans le détail lesriLes que nous allons ren¬
contrer. La distinction fondamentale entre la purification
et l’expiation étant bien établie, il n’y a pas d’inconvénient
à appeler « expiatoires » les rites de purification destinés j
à effacer une souillure connue, et « propitiatoires » 1 1 uX |
qu’on emploie d’uni1 façon préventive, pour écarter des
maléfices possibles, ou pour dissiper des maléfice» sup
posés actuels, mais de cause inconnue. Ritesexpi.il"11'-
et propitiatoires seront considérés comme appGca
tantôt aux individus, tantôt aux êtres collectifs.
Les cendres mêmes des xaôàçjxaTa. sont impures (Theocr. XXIV. Il ^ri/n/li \Wi
VIII, ICI. Lucian. Loc. cit.). — 4 Cf. Pausan. VIII, 41. 2 ; Val. F a< ■ ^
443, et les usages relatés ci-après. Les œufs (ci-dessus, p. ^ ]rs ' ù'.Aÿy-*
lîeourciap/oi (ci-après) étaient simplement jetés dans les carrofoms. *' ^ ^ solirro du
ou ’Ex«t«Z« (Harpocr. s. v.). — 3 Pausan. V^III, 41, -• ‘ m >
Ténare avait été polluée à jamais par un lavage non rituel ( f , (|ans une grotte
C0n,mP"L6fleuve
G Strab. V III, p. 346 ; Pausan. V, 5, 1 0-4 1. La cur
voisine, celle des « Nymphes Anigrides », s’achevait dans I < tg • 1 iti 9 /-
- ’ “1 o ri .. M Ot 4 1 — 9 Allirn- U\.
8 Pausan. II, 31, Il
XXIV,
— 7 Ovid. Met. XV, 325 sqq. — ° ruusuu. ••• ^
4I0Û. — 16 Apoll. Rh. IV, 708. — H Virg. ÆW.VIII, 101-1 02. - ^ Kmnénides.
95; Schol. Aeschyl. Choeph. 95. De même, il faut, pour le ^ ^ ^ c\ le
ixÉpzeiv u.q tpoœoç (Soph. Oed. Col. 490). Dans Claudien (1 ÇgQutn vapt^'afi ^
prêtre Trans caput aversis manibus jaculatur in Austmm ^ veyhu^ tl ^
tata piacula taedas. - 13 Cf., dans la théorie des sacrements ■ ___ H Quippe
elementum et fit sacramentum (Augustin. In Johann. L rl os ' rite cous"1' l1'1"1'
victimas caedi sine precatione non videtur referre , nee ‘ P -nCàI1tatioi>Pr"'n,'llt'
XXVIII, § 10). Celle precatio est la survivance du carmen ou
— 4413
LUS
B, . • expiatoires. - A. Lustrations individuelles
L 7 ■ /iule* ■ — Il faut partir du cas le plus concret, qui
oil (|.être historiquement le plus ancien, la purifi-
a C!"nïun meurtrier avéré. Celle-ci n’apparaît pas encore
fll0nlt(s p0èmes homériques1. Il n’en est pas question
WU ïiliade. Achille passe au soufre et à l’eau sa coupe
fc^ibations et se lave les mains, mais comme on procède
| 'dgs soinS de propreté 2. Dans Y Odyssée, Ulysse ne se
ent "aucunement souillé par les meurtres imaginaires
* ji s’accuse ou se vante3. Après le massacre des pré¬
tendants, il purifie au soufre sa maison, mais non pas sa
personne*. 11 expie la mutilation de Polyphème en offrant
à Poséidon un sacrifice qui est le plus ancien type des
suovetaurilia 6 ; il compense par des vœux le tort fait à
Hélios, dont on a tué les bœufs0 ; mais ces réparations
ne sont pas des lustrations. Tout pécheur peut apaiser
les dieux « par des sacrifices, des vœux, des libations et
la graisse des victimes7 ». Théoclymène, meurtrier d’un
de ses concitoyens, s’approche de l’autel où sacrifie Télé¬
maque sans que celui-ci crie au sacrilège ou fuie la con¬
tagion*, tandis que, plus tard, dieux et hommes tenaient
les évayetç à distance de leur foyer. Homère connaît
Oreste9, mais ne dit mot des purifications auxquelles le
soumettent les légendes postérieures. Il ne semble pas
avoir l’idée que le sang, même légitimement versé,
imprime à la main homicide une souillure indépendante
delà culpabilité et que peut seule effacer une purification
sacramentelle. Cette idée, immorale au fond10, doit avoir
été empruntée à l’Orient11 et répandue dans le monde
grec, avant la vogue des Mystères , par la religion apolli¬
nienne, la seule qui ait suscité un sacerdoce capable de
créer des dogmes et de les exploiter. Les prêLres d’Apollon
ont tente de réserver à leur dieu — de compte à demi
avec Zeus son père — le monopole de la révélation et
delà lustration. Apollon était l’èmoAucov, le libérateur des
excommuniés, coupables ou malhèureux lâ. Son rôle
grandit encore avec les progrès de la morale, qui ten-
jtttieiit a remplacer ou parachever la lustration par l’ex-
pmtiuu . Les rites purificatoires durent être bientôt connus
et mis ,i lu portée de tous ; mais nul ne savait, comme
| po on, ( Loisir les pénitences les plus propres à racheter
! es au i ( nnimiseè; Il est probable qu’au début les oracles
Rchoi VeniU //' ,I v?1’’’ 0Vîa * a ® a 1 ? 6 e Ev ovi bXK àvxmvovTa *«î <du-(«Seuû|jievov
Rira (, ^ Xl’ 680>- - 2 Uiod. XVI, 228-230. Cf. la toilette de
XIV, 171). - 3 Odyss. XIII, 259 s„q.
>«,5^ ^ “M; - 0 Odyss. XI, 131. XXIII, 277 «Sv
PMgara nliad , ^SS-X>L3« sqq. _ 7 Jliad. IX, 497-501. Le bain ordonné
opéran t par elle-même 8 ni P , 1 “ne préparation a,lx sacrifices qu’une «àOajaiç
deux épopées. Homère X\ , 256 sqq. — 9 Nommé dans huit passages des
[Odyss. 1,40,298 snc i °nna^ devante comme acte méritoire le meurtre d’Egislhe
| Pïtemneslre (n»Tpo- - * 1^,546 sqq.), peut-être même le meurtre de
lionsdes moralistes Aîï‘'<^°, III, 310). — 10 Cf. les protesla-
388 (substitution de la •’ l°eph' 71-74 5 SoPh- Oed. It. 1227 sqq. ; Eurip. Orest.
f: ; rw. », P. ï. u„.
" c eutmescere, nec i ’ ,lc' ù, 10 (animi labcs nec diuturni-
[ m cs> ?«i trhtin "* U’hs dui P°tes 0 i Ovid. Faut. Il, 35-40 (Ah ! nimium
indication : j, ^ Cae_ ls I P'Iuminea tolli posse putetii aqua). — HA titre
’5)' — 12 Plat Cratvl n aak A Toïfft A-uSoTtn xott xoïat "EXXvjen (Herod. I,
in ique à ce propos ieg n.' ° * sens sera*t analogue avec àicoTtoûwv. Platon
C“'"'ne faisa'it partie de loi"' ^ lcs et les XouTjà «ai iKj.$fàv«i4
r'^i'icalions se faSseir,aC0Pé.e,1UStrale- Aille- IX, 865), il veut
_ , SU,vanl le fie de Delphes. — 13 Apollon et Artémis,
C(i°iPUriliê 4 TeraP<5 (Plut ° a n* AIï‘W“*v evExa (Paus. II, 7, 7).
a A'ÿ- pVth. n 48«, ' " Graec- 1-)» en Crète par Chrysolhémis (Scbol.
A r. c,~ ». «.» i»
loiüe 1 4U) 011 0rsste (Eurin Or, t V’ B“1' - K (EdiPe (Soph.
■*>»lhei ?C0" : /.«faiSoî EraYE_e *>eS*' 160^) ne doit pas toucher l’eau lustrale (cf.
I 'r a qui '« touche ou 4’,Slf0.î,;vov' Demosth. In Lept. § 158) : Oreste porte
V. 01 0U U1 1)arl° (Eurip- Iph. Taur. 947-957, 1209-10,
LUS
firent surtout valoir la lustration sacramentelle, en indi¬
quant le procédé et désignant le xaûap-rqç. Pour imprimer
dans les esprits la doctrine sacerdotale, on disait
qu Apollon lui-même s’était fait purifier du meurtre du
serpent Python [apollo, daphnephoria, septeriox 13. Il fut
entendu que 1 Èvay-^ était un excommunié, qu’on devait
écarter des choses saintes et même de tout commerce avec
ses semblables, car sasouillure(âyoç) était communicative :
il portait malheur u. Il fallait, pour qu'il pût rentrer dans
la société, qu’il fût purifié, et il ne pouvait l’être qu’en
exil, loin du lieu où le crime avait été commis15. Ceux
qui lui rendaient ce service ne l’admettaient pas d’abord
sous leur toit, mais procédaient à l’opération en plein air1®.
La plus ancienne mention de xtxdxpmç sacramentelle -
apparaît dans des poèmes de date flottante : dans
Y Aethiopis attribuée à Arctinos de Milet, où l’on voit
Achille purifié du meurtre de Thersite par Ulysse, à
Lesbos 1 1 ; dans les KaxâXoyot hésiodiques, à propos du
meurtre d’Iphitos par Héraklès. Le héros assiège Pylos,
parce que Néleus a refusé de le purifier18. Cette légende
a été remaniée de bien des façons pour la rendre plus
morale. Héraklès était fou, ou il le devient par punition :
l’oracle lui ordonne de se vendre comme esclave19 et
d’indemniser les enfants d’Iphitos. La morale est satis¬
faite, mais rien ne vaut sans la xiH pon;. Cette purification
que, comme Néleus, le Spartiate Hippocoon lui a refusée,
Héraklès la trouve enfin à Amyclae, où Déiphobe lui
administre le sacrement 20. Le meurtre, pourtant justifié,
de Lycos vaut à Héraklès un accès de folie durant lequel
il tue ses enfants ; après quoi il est purifié par Thespios21,
à moins que ce ne soit par Sycalos22, ou par Thésée,
qui l’emmène avec lui à Athènes23, lieu où le patriotisme
industrieux des tragiques fait aboutir les légendes
d’Œdipe et d’Oreste. C’est à Athènes aussi, où Déméter
institue tout exprès les Petits Mystères, qu'il est purifié
du meurtre des Centaures24. A Cos, il ne se marie que
purifié du sang des Méropes 23. Proteus, dont il a tué les
fils, a la bonté de le purifier lui-même26.
La légende d’Oreste 27 a fourni aux tragiques l’occasion
de distinguer entre l’expiation morale et la lustration
sacramentelle. Ils ont déclaré celle-ci insuffisante28, mais
ils n’ont pu la supprimer. C’est Apollon lui-même qui
1226-1228). Hercule dit à Thésée : oe»7y', w TaXatitwç’, &vd?iov |uair|t’ tjxdv (Eurip.
Herc. fur. 1233). Aniiphon (De caed. Herod. 82) assure qu’un à bord fait iiau-
frager un navire. — 15 Nécessité de l’exil (Plat. Legy. IX, p. 865 D). Alcmæou ne
peut être purifié que sur une terre toute neuve (ci-après, p. 1414). — *6 Toi; x«to?|ioi;
èîttstxGîç navra; Iv uitatôpw TeXoi’irt (Plut. Q. Honi. 5). Cf. ci-après, Oreste campant sous
la tenle. Celte doctrine aurait dû interdire aux criminels l’accès des asvles asyi.ia].
Peut-être y avait-il pour eux lustration obligatoire à l’entrée. — 17 procl. in
Epic.gr. fragm. p. 33 Kinkel. — Scbol. Venet. A ad Iliad. 11, 336, in Epie. gr.
fr. p. 99 Kinkel. Apollod. II, 6, 2. — 19 Cf. Apollon berger chez Admète, en punition
du meurtre des Cyclopes; Poséidon et Apollon, chassés de l'Olympe, au service de
Laomédon. — Apollod. II, 6, 2. Diod. I V, 31 : sans doute par aspersion; cf. Yirg.
Cii'iSy 37C (Amyclaeo spargens altaria thallo). Apud veteres quisguis se homicidio
infecerat} purgatrices aquas explorabat (Tert. Praescr. 40). — 21 Apollod. II, 4, 12.
— 22 Scbol. Pind. lstlim. IV, 104. — 23 Euripid. Herc. fur. 1324 (IxtT y.«ça; <yà;
apura; [AiàajjiaTo;). L’accès l’avait pris au moment où il «a purifiait ses mains au
feu de l’autel » (Ibid. 1144), tentative vaine, l’impur ne pouvant se purifier lui-
même. — 24 Diod. IV, 14. — 23 plut. Q. Graec. 58. — 26 Conon, 32. — 27 Cf. J.
dc Wittc, L'expiation d’Oreste (Ann. d. Jnstit. 1850, p. 413-434). E. Lübbert,
Oreste corne tipo dell ’ espiazione (Ibid. 1865, p. 121-146). A. Olivieri, Il
mito di Oreste , etc. (Div. di Filol. class. XXV 1897 J, p. 570 sqq.; XXVI [1898 ,
p. 266-293). Th. Zielinski, Die Orestessage und die Ilechtfertigungsidee
(A\ Jahrbb. f. kl. Alt. II [1899], p. 82-100, 161-185). Hofer, art. Orestcs dans le
Lexicon dc Roscher, V, p. 955-1014. Le parricide est le meurtre par excellence :
c’est du sang d’Ouranos mutilé par son fils que naissent les Erinye9 (Hcsiod.
Theoy. 185). — 28 C’était bien l’opinion des contemporains. Le roi Pausanias ne
put àTîocûyEiv t b apo;, en dépit des xaOàoaiu zaviota et de Zeus Phvxios Paus. III.
17, 9). *
178
LUS
— 1414 —
purifie Oreste à Delphes (fig. 4688)', avec l’eau lustrale et le
sang d un porc D autres localités réclamaient l’honneur
d’avoir hébergé et purifié le parricide errant. A Trœzène,
on montrait la pierre blanche où il s’était assis, la tente
sous laquelle il avait séjourné devant le temple d’Apollon
Phéarios ; on savait qu’il avait été purifié par neuf
lrœzéniens (sans doute opérant successivement) avec
toute sorte d’ingrédients, parmi lesquels figure l’eau
d'une Hippocrène locale3. Ou bien, Oreste avait été guéri
de sa frénésie à Gythion en s’asseyant sur la pierre
blanche appelée Zeus Kappotas 4, à moins que ce ne fût
près de Mégalopolis en se mangeant un doigt de la main8,
ou aux bords de l'Hèbre, au lieu dit les Trois-Fleuves 6,
ou encore à Rhégion, par la vertu des eaux d’un fleuve
formé de sept ruisseaux '. Les tragiques athéniens ont
voulu qu’il y eût débat sur la responsabilité, et qu’Oreste,
même purifié et absous, achevât de se réhabiliter par la
pénitence librement acceptée8. La légende d’OEdipe, qui
accumulait sur une même tète le parricide et l’inceste,
1 un et 1 autre involontaires, différait jusqu’au dernier
moment la purification de cette victime de la destinée.
Créon dit à Œdipe de se cacher, car il souille la lumière,
la terre et l’eau9. C’est à Colone enfin, dans le bois sacré
des Euménides, où il entre après un sacrifice lustral
IxaÔapjjLÔv oai[AcJva>v), offert suivant un rite minutieusement
décrit, qu’il meurt purifié avec de l’eau de source, baigné
et paré « selon les règles » (y, voixt'ÇeTai) par ses filles, et
qu’une bénédiction s’attache aux restes du maudit 10.
Grâce à ces exemples typiques, la xâ0ap<7tç s’introduisit
1 Scène représentée sur un cratère de Lucanie, actuellement au Louvre, publié
par Feuerbach en 1841, et dans les Monum. ined. delV Instit. t. IV, pi. 48 ;
Overbeck, Galerie , pi. 29, 7 ; Duruv, Hist. des Grecs, II, p. 225 ; Roscliers
Lexicon , art. Orestes , t. V, p. 983, etc. — 2 Aeschyl. Eumen. 283,
458 sqq. — 3 Paus. II, 31, 4 et 8-11. — 4 Paus. III, 22, 1. — 5 Paus.
VIII, 34, 1-4. Un comique prétendait qu’il s’était guéri en mangeant des lentilles
(Athen. IV, p. 158 a), les lentilles étant cathartiques (Clem. Al. Strom. p. 303.
Sylb. Cf. ci-dessus, p. 1408, 3). De même la vesce noire (ô'ooSo;), irpôç -rà; à©o<nw<retç
xat va$a?|ioû; (Plut. Q. Graec. 46). — 6 Lamprid. Neliog. 7. — 7 Prob. in Virg. Bucol.
p. 348 Lion. On exploite ici la vertu mystique des nombres 3 et 7, comme celle du
nombre 9 (cf. les neuf Trœzéniens) pour attribuer une vertu purifiante à l’Eweàxpouvoç
athénienne (cf. H. Diels, Sibyll. Bliitter , p. 41, 3). Les Euménides exigent xpt <r<xà;
et tpîç twéa *Xu>va; (Soph. Oed. Col. 479-481). — # Oreste doit encore faire
un pèlerinage en Tauride, où Iphigénie prend pour prétexte de fuite le devoir
de le purifier avec le sang de jeunes agneaux (Eurip. Iph. Taur. 1223). De même,
Héraklès, purifié par Thespios, se soumet, par ordre de la Pythie, à une pénitence
dont l'excès lui vaudra l’immortalité (Apollod. II, 4, 12). — 9 Soph. Oed. B.
1424 sqq. Cf. Oreste voilé •q'Xtou irpô<r6ev cXopç (Eurip. Iph. Taur. 1207). — 10 Soph.
Oed. Col. 466-484, 1598-1603. — il Schol. Ap. Rhod. III, 62. Eustath. ad Iliad.
XX, pi. 1183. Cf. Ixion r.^nnox-côvoq (Aeschyl. Eumen. 718). — 12 Apollod. II, 1, 5.
LUS
dans foules les légendes. Phérécyde sav t
premier exemple de lustration avait été j d*jà W le
lui-mème, qui avait purifié (àri;„) ,xio„
comme auteur du premier meurtre vol.’, , • e de to«s
traîtreusement consommé sur un concitov" ',lroment el
faisant couler sur lui, goutte à gouttP 1!’ 61 Cela>en
porc11. Ce Zeus indulgent avait ordonné^, ?,?8 dun
Hermès de purifier les Danaïdes, que la wj^9 «
laire finit par damner*9. Amphitryon avait P°PU'
(%viff0y) par Créon du meurtre involontaire"
tryon 13 ; Pélée, fratricide involontaire, l’avait L ‘
Actor ou par Eurytion en Phthiotide « et un PaP
fois, toujours pour meurtre involontaire, par AcasS!
de meme Pœmandros par Eléphénor, p0Ur avoir L’
toujours involontairement, Leukippos*’. Ces exemol ’
servaient à montrer que la souillure est une conséquent
iatale du meurtre, indépendante de l’intention. Thésée
après 1 extermination utile des brigands, a recours aux
xccôâpc.a des Phytalides, qui le purifient aux bords du
Céphise, a 1 autel de Zeus Milichios18. Le même Thésée
va à Trœzène se faire purifier du meurtre des Pallan-
tides, commis à Athènes19. On voulut que Cadmos
comme Apollon, eût été purifié du meurtre du dragon (
l’eût été par les Cabires, après avoir fait pénitence (
demandé l’initiation aux mystères. 11 y avait là un enseï
gnement complet, moral et profitable à l’établissemei
de Samothrace 20. Alcmæon, parricide comme Oreste,
été, comme lui, un prétexte à épiloguer sur l’efficacité d
la xâôocpffi; par combinaison de légendes diverses. Iles
purifié par Phégeus à Psophis 21 ; mais, comme l’Eriny
le poursuit encore, Apollon l’envoie sur une terr
neuve, produite par les alluvions de l’Achéloos, et il
est purifié définitivement par le dieu-fleuve 22. Apolloniu
de Rhodes n’a pas de ces scrupules. Il décrit avec cou
plaisance les cérémonies par lesquelles, sans exiger r
pénitence ni repentir, Circé purifie Jason et Médée d
meurtre d’Apsyrtos, au nom de Zeus Ikésios et Katharsios
Elle y emploie le sang d’un cochon de lait, avec lequi
elle arrose la tête et frotte les mains de ses clients, et de
liquides divers; tout cela non en plein air, mais dan
son palais, qu’elle se contente de désinfecter ensuite ave
des drogues jetées sur le foyer23. Au contraire, d api è
les Orphiques, Circé interdit aux criminels l’entrée de s
demeure et les renvoie au cap Malée, où leur souillur
(p.ù(7oç) « sera lavée par les catharmes divins dus a
science d’Orphée 24 » et plus puissants que les sien>.
Dans toutes ces légendes, à part celles où le* tr‘
— *3 Apollod. II, 4, 6. — 14 Diod. IV, 72.
_ . « Apollod. H1'18, - ’x, ^ J
Nub. 1063. Schol. Lycophr. 176. — 16 Apollod. 111, 13, 3. Ovid. j ^
— n Plut. Q. Graec. 37. — 18 plut. Thés. 12. Paus. I, 37, 3. Ces un^ ^ ^
minable de xaOàpo-Ei; : de Bellérophon par Prœtos (Apollod. IL ^
Adraste (Pherec. ap. Schol. Iliad . XIV, 120), de Triopas par MehsseiM ^ (0vid-
de Pélée (à Péluse, in lacu , Amm. Marc. XXII, 10» 3), de Palioe 4.3 etc
Fast. Il, 41), d’Achille purifié à Milet avec l’eau d une source (Al ^ |ej sanctuaire*
C’est ce qu’on appellerait aujourd’hui des « réclames » pour ,f 0 _____ 20 II avait
telle famille possédant des recettes traditionnelles. 19 f au_. ’ ^ gr$c. L
d’abord été esclave d’Arès (Apollod. III, 4, 2, Uellan. /' • * ^ ^ Les Cabires
p. 47) et n’avait épousé Harmonia qu’après t eXtrq (Apollod. euX.mômcspouP
avaient des raisons particulières d’être indulgents, car ils pas 3 ^ KaGe?uv
fratricides (Lobeck, Afjlaoph. p. 1257). Il y avait là un 01 __*2i Apol'0^
r: yaôaîçwv oovéa (Hesych. s. v.), peut-être par le feu (Lobeck, p. -y ^ )a ,égende
III, 7, 5. -• 22 paus. VIII, 24. Ovid. Met. IX, 407 sqq. . j^'^’bêtes sauvage*
d’Athamas, fou meurtrier de ses enfants, qu Apollon oiiv oie .| p|, |\, A'-
; pestiférés qu’il faut isoler. - ’ ^ (y l363
(Apollod. I, 9, 2). Ce sont des pesmeres qu u *0»- — . cge
715. Schol. Ibid. — 2lOrph. Argonaut. 1230-1235. Plus 0,n: itoyablc Eri»ny«
les « îepà XÛTça xaOapptwv lavent les imprécations d .Ltlt ^qv' 1 £||L
Après le meurtre de ses enfants, Médée est purifiée PaI
LUS
— 1415
LUS
( introduit l'idée d'expiation morale, -le ca-
gifiues |t,.j(me de la lustration apparaît nettement.
raltèn ("simplement substituée ou ajoutée aux précau-
gHe s es ^ raigonnement barbare suggérait jadis aux
tionS -1" "( que les tragiques prêtent encore à Clytem-
8SSil^"(> île-ci avait mutilé le cadavre d’Agamemnon en
neSt" , nit les « extrémités « (xxpwTYipiâÇsiv), c’est-à-dire
,1UlC0>!lsct les mains, et les lui attachant aux épaules
l6S courroie pour qu’il ne pût se ven-
avt;(. iuis eiie avait essuyé Larme sanglante aux cheveux
f moH « en guise de lavage »,pour que la souillure
atériell'e disparût avec lui*. Jason avait traité de même
r cadavre d’Apsyrtos, en crachant trois fois pour rejeter
I maléfice 2, et c’est pour la même raison que Déiphobe
apparaît à Énée, les mains, les oreilles et le nez coupés3.
Quoique étrangère ou contraire au sens moral, la foi à
l'efficacité de la xâeapotç contribua à inspirer l'horreur du
meurtre. La purification fut jugée nécessaire en dépit de
toute excuse légitime et étendue même aux êtres irres¬
ponsables par nature. Les légendes ressassées par les
tragiques avaient pour but d’expliquer les rites religieux
incorporés à la procédure criminelle des Athéniens1. La
peine de mort infligée par l’Aréopage était une satisfac¬
tion offerte aux Euménides, une expiation qui purifiait
la cité, responsable des crimes impunis. Les meurtres
involontaires étaient jugés au Palladion, les meurtres
justifiés au Delphinion, où Thésée avait comparu jadis
pour le meurtre des Pallantides, c’est-à-dire dans les
sanctuaires des deux divinités qui avaient purifié et
réconcilié Oreste 5. Ceux qui avaient ainsi fait la paix
avec la société, et surtout ceux qui se sentaient coupables
de crimes impunis, n’étaient en règle avec les dieux et
les morts que convenablement purifiés, soit par les man¬
dataires d’Apollon Pythien, les èçr|yT|Tai IIu0ôyor|<7Toi [exe-
getaej “, soit par les prêtres d’Eleusis, préposés aux pu¬
rifications des néophytes (voir ci-après), soit par des
praticiens sans mandat officiel1. Le meurtrier excusé au
Palladion avait dù s’exiler d’abord pour un an (àirevtau-
Tïl(ItL MtEviauTicgôç), après une première purification
et en suivant un chemin déterminé; une fois rentré,
il devait se soumettre encore à une purification légale8.
Les animaux ou objets inanimés qui avaient causé mort
d’homme étaient apportés au Prytanée, au foyer de la
cité, pour y être maudits par les magistrats ayant charge
du culte (lîot'7'.Xeû;, ÿuXoêot'7'.Xstç) et être ensuite, comme
xxOxpgaT a, « exterminés » (è;opîÇs'70xi), c est-à-dire trans¬
portés hors frontières, et, pour ne pas gêner les voisins,
noyés en mer9. La mort du bœuf immolé tous les ans à
la fête des |3ou«dvta[DiPOLEiA] était assimilée à un meurtre:
le sacrificateur s’enfuyait, jetant sa hache qui était dé¬
clarée coupable et solennellement immergée1'1. Peut-être
cet usage bizarre conservait-il, à l’état inconscient, 1 idée
que la vie des animaux domestiques qui collaborent
aux travaux agricoles mérite quelque respect". L’Ajax
de Sophocle, après avoir égorgé des troupeaux, qu’il
prenait, il est vrai, pour des hommes, s’était « purifié de
ses souillures » afin d’échapper au courroux d’Athéna12.
Les végétariens pythagorisants ont dù s’efforcer de pro¬
téger la vie des animaux par des scrupules religieux.
Arrien semble considérer comme chose traditionnelle et
même légale la lustration des chiens et des chasseurs au
retour de la chasse13.
Après le meurtre, le sacrilège, sous forme de vol (éepo-
(juXta, sacrilegium) ou d’attentat quelconque àla majesté
des dieux (ào-éSet a). Il était bon de ne pas prévoir les formes
graves du sacrilège, et, en tout cas, de laisser croire
qu’elles étaient inexpiables. Les coupables n’avaient à
attendre que la vengeance des dieux, attestée par mainte
légende 14 [uierosylias graphe], et, par surcroît, les sé¬
vérités de la justice humaine. La loi des Eumolpides
punissait de mort les moindres contraventions com¬
mises à Eleusis1’, et Périclès proposait de l'appliquer à
tous les impies (àceêouvTE;) 16. La mort même ne mettait
pas à l’abri du châtiment. Les ossements des èvayetç qui
avaient massacré lesCyloniens au mépris du droit d’asile
furent déterrés et transportés comme xafiipgxTx hors de
l’Attique 1T.
Un sacrilège facile à commettre, volontairement ou
involontairement, était la dévastation de bois sacrés
[arbores sacrae, lucus]. 11 ne manquait pas, en Grèce
et ailleurs, d’arbres-fétiches que « le fer des mortels ne
doit pas émonder18 ». Athènes avait ses oliviers sacrés
1 Aescl|yl. Choeph. 439. Sopliocl. Electr. 445 (Agamemnou E|i.airy_aXi'ff0*i xàwï
Wpoïffiv xàpa I xrjXrSaç mpatÇtv). Cf. Suidas, S. W. àxpuixYiçiàÇn), p.a<rp’.WOfJvai,
iwrça^nata. Etym. M. s. v. *AicdWaTa. — 2 Apoll. Rh. IV, 476 sqq. L’Etym. M.
peosc que le meurtrier crachait le sang de la victime (oxi xat lytiovro -cou aïpitxToç
&»c«tuov, Ala/uAoç nap-ru^Et xai ’AicoXXwvioi;). — 3 Virg. Aen. VI, 494 sqq.
«erVlv,s a d expliquer ce détail. — 4 Appel aux souvenirs iauOiû&y) dans
* Aristocr. 65 sqq. — 5 Lysias, Orat. III (*Aico^oyia oovou Kxoutrîou).
jQc V' 1 ' Eausan. I, 28, 8. Cf. l’expiation du meurtre dont l’auteur est
VI tln-(|,U1S,^^eM^ronome (XXI* type complet de lustration. — 6 Plat. Leyg.
est 1 ' S V Athen. IX, p. 409 f (passage où la leçon
£ ^Uce 011 E’^«*pi$wv[0. Mfiller] ou en «fcu-raXi&wv [Lobeck]). Avec la correction
bir/Ei)- 1 ^ 0 concurrence entre l’exégète riuQôyçy|<TToç, qui purifie -roùç v.yn xtvi
(Athen ) q u ^ exégète l; EÙTtaTçtSuiv, qui. s’occupe xîjç xùiv îxexSv xaOdtpo-Eüx;
( lOmann (Gr. Alt. 112, p. 345) préfère imputer la lustration aux Phyta-
^ Athénée p p fpàwçcç, lesquels seraient 01 aXXot ot tnrXaYX, veûovxeç dans le texte
■‘fos, assistes d ® ,
■féserve lis | F°UCarl' t1** Grands Mystères d'Eleusis [Paris, 1900], p. 79-84)
Par l'oracle " llal'ons au premier des trois exégètes officiels, le mOoypriffTos, désigné
i,,. . , 1e[s ces naXot tivé; qui faisaient poser les pieds des tva*tTî sur le
(Hcsych SuiJ ' 'a Peau d’un bélier (?) immolé à Zeus Milichios ou lkésios
dont il sei,a ( APosl°'- VI, 10, in Paroem. gr. Il, p. 367), engin de lustration
Dtç Syr. 55,*U(C?l|°n eucore * plusieurs reprises. Môme rite à Hiérapolis (Lucian.
Peau de l1(1(l ,| n ' "" re^(lua1, rites archaïques, comme les égides, nébrides, la
allongé la ijsi:, ual'1‘’s’ les peaux des Luperques, etc., rites dont le folklore a
Iht S emites p ^ réplication au profit du totémisme (cf. R. Sinitli, Jtel. of
‘'‘Numae la ,7, ■ ’ ' ' ^ " sacrifice du bélier rançon de l'homicide involontaire
aPUd quo s rrrn j ' 'V, 43 ; Georg. lit, 387) pratiqué excmplo Atheniensium ,
S^bici aries p wigitur ab eo gui invitus scelus admisit (Fcst. s. v.
^*qioa®ai .. . ' i encontre des eyy.uTplffTpiai, ouai toùç Ivayeïî xaHaipouoiv aT(xat
f “ { at. Min. p. 315; Etym. M. p. 313) : autre sens dans SchoL.
Arist. Vesp. 289. 11 ne manquait pas de sorcières xa8âoTpi«i. Piatrix sacerdos dice-
batur quae expiare erat solita, quant quidam simpulatricem, alii sagam, ahi
expiatricem vocant (Fcst. p. 213, s. v.). C’est une besogne dont les Orphéotolestes
ambulants, stigmatisés par Platon (Rep. II, p. 364 B), tiraient bon parti. Le
superstitieux de Théophraste va les trouver une fois par mois. — 8 Demosth. In
Aristocr. 72-73 (xa't dJirat xat Xa0aip6ï;vott... xsù xadalçcirllat vo;xtpot; tôt:). — » Arist.
’A8. hoXit. 57. Demosth. In Aristocr. 76. Pollux, 1, 7; VIII, 120. Paus. I, 28, 10.
Cf. la statue de Théagène noyée par les Tliasiens, par application de la loi athénienne
(Paus. VI, 11, 6). Cf., à Kyme, la pierre maléficiée par contact de la femme adultère
(Plut. Q. Graec. 2). Le bœuf homicide lapidé et non mangé (Exod. xxi, 28). — *0 Paus.
I, 24, 4. Porphyr. Abst. Il, 29-30. Aelian. Vai\ Hist. VIII, 3. D'après Porphyre, la
hache rejetait la faute sur le couteau, qui était noyé (xarnévroffiv ti-.v (id/mjiiv).
A Rome, le Regifugium (24 févr.) et les Poplifugia (5 juill.) devaient être des
cérémonies analogues, dont le sens s était perdu. Le sacrificateur poursuivi et
conspué à Ténédos (Aelian. Hist. Anim. XII, 34) et à Liudos (Philostr. Jmagg.
II, 24, p. 850). Les femmes poursuivies par le prêtre de Dionysos aux Agrionia
(Plut. Q. Graec. 38). Collection de rites analogues dans l'antiquité (Lobeck, p. 676-
682) et dans le folklore (Mannhardt, R. Smith, Frazer, Lang, etc.). — H Explication
courante (Porphyr. Loc. eif.l, rejetée par les « totémistes », pour qui les foujivia
sont un argument capital. — 12 Soph. Ajax, 655. — '3 Arriau. Cyneg. 32 (xaxà
va uàTpia, ü,; vo|noî). — Folie des Prcetides, Siôti to Tr ; "Hçocç Eôavov ttr.jTiï’.ffa'/
(Apollod. Il, 2, 2), des Pandarides (SchoL Hom. Udyss. XIX, 518; XX, 66|, etc. La
triste fin des spoliateurs de temples est un thème banal. Cf. Val. Max. I, t (De ne-
glecta rcligione). Supplice de Sambichos (Plut. Q. Graec. 47). Erysiclilhon, Triopas,
Halirrholios, Lycurgue, sont des dévastateurs de bois sacrés, péché inexpiable.
_ 13 Cf. Liv. XXXI, 14. — 16 Lysias, In Andoc. 10. — 17 Thucyd. I, 126 ; Aristol.
’AD. tout. I. La loi dans Xenoph. Hell. I, 7, 22. — 18 Hymu. Hom. In Vener. 268.
Voir K. Botticher, Der Bauntkultus der Hellenen, Berlin, 1856. W. de Visser, De
Graccorum dits non referentibus speciem humanam, Leide, 1900.
LUS _
(tu.opiat), que protégeait la juridiction criminelle de l’Aréo¬
page1. On racontait que, au siège de Troie, les Grecs
avaient encouru la colère d'Apollon pour avoir abattu
des cornouillers lui appartenant, en vue de fabriquer le
cheval de bois 2. Ils l’avaient « apaisé par des sacrifices»,
sans doute en excipant de leur bonne foi ; mais Turul-
bus, lieutenant d’Antoine, ayant abattu les bois de l’As-
clëpiéon de Cos pour construire des navires, on remarqua
qu il fut tué plus tard sur le lieu même3. D'autre part,
les Grecs ne semblent pas avoir eu de scrupules au sujet
des amputations utiles. Les couronnes décernées aux jeux
panhelléniques et panathénaïqùes, les lauriers des
Daphnéphories, les siprt<7»évat, etc., étaient fournis par
des arbres sacrés, et il n’est pas question à ce propos de
i éiémonies lustrales ou expiatoires*. Du reste, toute mo¬
dification ou destruction justifiée de matériel consacré
pouvait être expiée par des àpen^pw \ En ce qui concerne
les bois sacrés, nous ne connaissons guère que les usages
romains. Caton enseigne les précautions à prendre pour
élaguer une iutaie de cette espèce ( lucum conlucare) 6.
Il faut immoler un porc (porcum piaculum) et demander
par une formule canonique à l’être divin (si cl eus , si dea
es) propriétaire du bois la permission de couper des
blanches ou de bêcher le sol. Si la besogne est inter¬
rompue et reprise, la cérémonie doit être recommencée.
Le rituel des frères Arvales ^arvales], où abondent les
lustrations, multiplie les observances quand il s’agit de
toucher aux arbres de leur lucus Deae Dicte, ne fùt-ce
que pour emporter ou briller du bois mort, pour faire
disparaître des arbres frappés de la foudre, pour arracher
un figuier poussé sur le toit de leur chapelle. Ce sont des
sacrifices de porca etd agna opiniez pour purifier avant,
éloigner après, les outils de fer qui servaient soit à
couper le bois, soit à graver sur le marbre les Actes du
college ; des invocations aux divinités étymologiques
Coinquenda, Commolenda , Deferunda , Adolenda , qui
étaient censées présider aux opérations commencées par
1 abatage et terminées par la crémation 7. On a trouvé
des règlements analogues pour les amputations prati¬
quées dans les bois sacrés de Spolète 8 et de Lucérie9.
Le caractère indécis de ces cérémonies participe de la
lustration et de l'expiation : expiation (piaculum),
c’est-à-dire satisfaction préventive ou consécutive, de la
part de l’acteur ; lustration des outils et du bois avec le
sang de porc, celle-ci à peine indiquée par les textes, et
destruction des parties amputées, devenues xaQoîpgxTa.
Si les Romains ont apporté tant de scrupule en cette
matière, ils se sont moins préoccupés que les Grecs des
souillures imprimées par le meurtre. Ovide est persuadé
que l’usage des lustrations de cette sorte est d’invention
et d’importation grecque l0. Ils considéraient que la
1 Lysias, Or. VII (m?l toî owl). — 2 Paus. III, 13, 3.-3 Val. Max.
1, 1, 19. Dio Casé. LI, 8. Lactant. Inst. Div. II, 7.-4 Bôtticher ( Op . cit.
p. 192) croit pouvoir affirmer que, avant de couper des branches au xotivo;
d Olympie, on offrait un sacrifice sur l’autel voisin. C’est une induction fondée
sur les rites romains. — « Cf. C. I. A. II, 403, 405 b. Ephem. Arch. 1894, p. 167.
Kfihler in Hermes, XXVI, p. 44 sqq. Stengel, Gr. Kultusalt. p. 119. — 6 Cal.
Agric. 139-140. Plin. XVII, § 267. — 7 H est à remarquer que les Arvales
ne connaissent pas Pilla, qui putationibus arborum praesto est (Arnob.
• ' , 7), présomption en faveur de l’opinion exprimée ailleurs sur le caractère
non officiel des ihdigitamenta. — 8 Bullett. d. Instit. 1879, p. 67 sqq. (Joui
bove piaclum). 9 Eph. Epigr. II, p. 205. — 10 Graecia principium moris
fuit : ilia nocentes, lmpia lustrato ponere facta putat (Ovid. Fast. Il, 37-
38). — U T. Live appelle sacrificium lustrale le supplice de Mettius (Liv. I, 28).
Plus tard, le parricide est traité comme un monstre, isolé de tout contact (folliculo
lupino os obvolutum, et soleae ligneae pedibus inductae. Aucl. Ad Herenn. I, 13),
déporté et noyé en mer. — 12 Des élymoiogistes avaient imaginé que Romulus avait
UK) -
LUS
société était dégagée de toute complicité -,
otlert aux dieux en supp]icalion [sUP p,?!^ elle avait
J consacré la lête » [consecratio, DEvonoU M] k vie o»
1 avait retranché de son sein parl’excon °Upable-fl»
haquae et ignis interdictio semble ^ Unication ».
qu ils entendaient soustraire chez eux -, mGme i,1(iicI«er
moyens de purification. Quant aux m™, ,Cr'minel8««
on ne voit pas que les Romains aient di i* jusliliés.
responsabilité et une souillure indénend ,%?enlr,!la
La légende n’impose ni pénitence ni' " ° ^ C6lle'cii
Romulus fratricide 12. L’idée que le J'"'"'1*1'011 à
excusé, exige une lustration apparaît ?’ méffle
traditions attachées au Tigillum m " r''
rapporte que le vieil Horace y avait « purilié ,'r n '"
frais de l’État », et que ces sacrifices expiatoires àvël
etc ensuite confiés à la gens Horatia 13 r)en • 1611
qu’Horace fut purifié par les Po„Ufes
le r, le us. té pour l'expiaüou des meurtres inroloatai,™
0n ebt.lcl en Présence de légendes obscures d’où l’on
pourrait inférer que la gens Horatia était dépositaire
dune mithode de lustration reconnue d’utilité nd
blique u. En tout cas, il n’en était resté qu’un souvenir"
atrophie, sans application pratique. On ne saurait dire
si cette legende est bien indigène, et non accommodée à
la grecque. Là où intervient le laurier, il n’y a plus de
doute. Des Grecs ou des Romains hellénisés ont seuls pu
imaginer que les soldats avaient besoin d’être purifiés
du sang versé sur les champs de bataille, et que le laurier
était prodigué dans ce but lors du triomphe16.
Nous passons des actes délictueux par nature, même
quand ils sont autorisés ou nécessaires, aux souillures
contractées sans acte ni responsabilité quelconque, no¬
tamment par contact ou voisinage d’objets impurs.
Si révérés que soient les morts, le cadavre est par
lui-même chose impure [funus]. Ceux qui le lavent loi-
trophoros], le parfument et l’entourent des soins rituels,
ceux aussi qui le regardent et assistent aux funérailles,
sont tenus de se purifier avant de reprendre contact avec
la société. C’est là la raison d’être du deuil (tcsvôoç, luctus),
destiné à isoler, jusqu’à disparition, l’influence « funeste»,
Pendant que le cadavre était encore dans la maison, un
grand vase d’eau lustrale (àpoâvtov, y/ip vrj/) était placé à
la porte, pour purifier ceux qui en sortaient ; et on
avait soin d’emprunter le vase lui-même à une autre mai¬
son n. Après les funérailles, la maison mortuaire devait
être soumise à une lustration qui dispensait de la dé¬
truire ou de l’abandonner, comme le faisaient ou le
encore certaines peuplades de civilisation rudimentaiie
Elle était impure (évayqç, funesta) durant un nom ire
de jours fixé par l’usage ou même par les lois
C’est dans ce laps de temps que l’on devait proté er
institué les Lemuria (= Remaria ) poux- apaiser les mânes de béni'1 C ^ qrnnc,
V, 479). Ou bien Romulus avait, fait placer une chaise curule à 111 ^ ^ icrs011ne de
et, sur ce siège, une couronne représentant la « tôte », cest-a- 11 , VPir
Rémus (Serv. Aen. I, 276. Cf. 292). Sur les couronnes (capta, s <
LECTISTERNI
xatapnoï;). xi n V a (race nune pan m »» - -u ndait-O»
bélier, ci-dessus, p. 1415, 7), ni de ce rôle des pontifes. le»1 ° nfns o/audi
(Serv. Aen. I, 276. Cf. 292). Sur les couronnes (capu . ■ ^
mirai. — 13 Liv. I, 26. — H Dion. III, 22 (oï« vdgo; w; ^J^Yacrilice i
OapixoTî). Il n’v a trace nulle part ni de cette « règle » I- ^ pen,|ail-oi> i
i-dessus, p. 1415, 7), ni de ce rôle des pontifes. le»1 1 ^ens Claudi
tigillum des oscilla représentant les coupables. — 18 Peut-ètie au plantent»
avec son porcus propudianus, gui in sacrificio gentts am. ,5 Voir ci-dess»
et exsolutio omnis conlractae religionis est (Fest. p. 218, s. ’ ^[cest. OS-I6
p. 1409. — 17 Pollux, VIII, 65-66. Hesych. s. v. ’AjSi tua. Cf. Eurip» y
A Rome, Acerra ara, ante mortuum poni solebat, m gw
(Fest. Epit. p. 18)
appartenu, usage dont « l’obole à Charon » sel
De Choreut. 37. Le chorège se plaint d'avoir été cité k?‘v
vopt^ogiva xotijaat.
adores
t tout ce i|i"
incend
lui <
18 peut-être enterrait-on avec le mort Antjpho
raituue.urviv.n^^..
LUS
— 1417 —
mer
soufre -Les
Hon générale de la maison et de la famille1.
i‘»e 1US |'1 loi d’iulis (Céos) 2, la maison mortuaire doit
D’aPrès ,j!(i(i (|èg ie lendemain, d’abord avec de l’eau de
être p‘" 1 ^ une aulre matière, probablement du
femines, mère, épouse, sœurs et tilles du défunt,
. , ,1 seules y rentrer avant l’opération . Toutes les per-
peUV." souillées doivent se laver tout le corps, et, jus-
S°nM|t s’abstenir d’entrer dans un lieu saint. La visite
qüe'ieile au tombeau produit les mêmes effets, sauf que
rCillure disparait d’elle-même le troisième jour. Les
terni avaient servi aux libations étaient généralement
enterrés avec le mort, entiers ou brisés. 11 n’est guère
possible ici do distinguer entre usages grecs et romains.
On sait qu’à Rome on sacrifiait dans la maison mortuaire,
le mort étant encore présent, une porca praesentanea \
Pour le reste, nos textes sont un peu cosmopolites.
L’abréviateur de Festus dit d’une manière générale :
« Ceux qui avaient suivi le convoi passaient au retour par¬
dessus le feu après s’être aspergés d’eau, et ce genre
de purification s’appelait suffitioK. » C’est une coutume
qui n’a rien de spécifiquement romain. On en peut dire
autant du mode de lustration décrit par Virgile à propos
des funérailles de Misène s. Énée asperge trois fois ses
compagnons avec un rameau d’olivier trempé dans une
onde pure, en récitant une formule ( novissima verbà).
C'est une lustration dans le double sens du mot, car
Énée parcourt les rangs ou fait le tour du groupe (. socios
puracircumtulit unda). A Rome, l’héritier du défuntétait
tenu de balayer la maison avec un balai d’une espèce
déterminée6. Toute dérogation au rite des funérailles ou
lustrations funéraires entraînait un piaculum, liquidé à
date fixe, avant la moisson, par le sacrifice d’une porca
praecidanea sacrifice qui, comme l’indique l’espèce
de la victime, est une survivance de lustration. L’esprit
méticuleux des Pontifes avait multiplié les mesures des¬
tinées à prévenir tout contact entre le culte des morts et
le culte public. Un homme en deuil ( funestatus ) ne pou¬
vait prendre aucune part aux sacrifices8. La simple vue
dun cadavre, indifférente pour un simple citoyen, en¬
traînait une souillure pour un pontife9, à plus forte rai¬
son pour un (lamine. Si la chose arrivait à un censeur
au moment où il allait célébrer le lustrum , il devenait
impur et incapable de purifier la cité10. Les temples
étaienl soigneusement fermés durant les fêtes des
orts (dj.es parentales , du 13 au 21 février, jour des
e>at)u) et les jours des Revenants privés ( Lemuria , 9,
1 *£|)0, ^
a ' 7 ° txxol*l9,^vat xb «rù)[x« xa0ap;A,ou yàptv àrcoXo jeryôat toùç otxetouç
(Schol. Aristoph. Nub.
sappelaU. familiam funestam ;
838; Suid. s. v. xaTa)oû*i). A Rome, cela
4684*0 ,, purgare (Getl. IV, 6, 7). — 2 Dittenberger, Sytl.
J. Oareste-Haussoullier-IIeinacli,
ttlnsrr inr- _ ’
Hâter, nr. 398'.i», v T - /lcc' d'tnscr- jurid. I, 2. Michel, Bec.
275. _ 3 |,-rs( au mer préférée pour cet usage : cf. Valer. Fl. Ai'goii. II,
Keil). - 4 pçS‘t P* 25°' s‘ v* Pr(Msentanea. Mar. Victor, p. 28 G (Gr. lat. VI, 25
VU» § 19) La lus/ ^ P\~’ S’ V# ^-Qua et Cf. le rite des Hirpi Sorani (Plin.
comme un / la^°n es* représentée par la crémation du cadavre, traite
tür quod fune ^ ^ CG r^e sP^c*aI * en cas, par les flambeaux (funera dicün-
VI, 229 sqq. Serv^// S0S mwtai* Praeferebant. Serv. A en. I, 727). — 5 Virg. Aen.
perrere) entre da 6 Epit. p. 77, s. v. Everriator . L’idée de balayer
d après Caton [A s ■ / aiei runcare, averrunci ( dii ) = àrcoTçÔTCaiot. — ^ Porca
el223, s. v ^ ^ ‘ 6, V) ; agna d’après Festus ( Epit . p. 219
Cas» les devoirs xnea)* ~~ 8 Cf. la rouerie imaginée pour, concilier, en pareil
A*n. 111, 64 pr TPlSés de l homme et du magistrat (Serv. Aen. XI, 2). — 9 Serv.
es 0pinioils sont n v.omme la rigueur des règlements avail été atténuée,
î110 iutfuni est nunt "'ICS. ^ al’*'és A. Celle (X, 15, 24), le flamine Dial locum in
non est relit in"\\ 'n®reddur< tnortvtum nunquam attingit : funus tamen
P^tinere y \ . 110 '^( va^ point toucher de fève, quia creditur ad mortuos
P'irt : olles n’ont plus ''i *7’ V ' ^a^am)- Les Vestales ne sont jamais en deuil
^sentait j ° Emilie. Pour les pontifes et les censeurs, la question se
1 Propos des funérailh
es d Agrippa (Dio Cass. LIV, 28), d’Auguste (Dio Cass.
LUS
11, 13 rmii) ou publics (Mandas palet, 24 août, 3 oct.,
S nov.)11. Les contraventions donnaient lieu à autant de
piacula, que nous pouvons éliminer de notre sujet, le
caractère sacramentel inhérent à la lustration n’y étant
pas formellement indiqué. Nous éliminerons de même
des cérémonies qui passaient pour une « lustration » du
bûcher, dans les funérailles publiques, notamment la
decursio en armes [apotueosis], qui eut probablement
pour but, à l’origine, de chasser les mauvais esprits et
de « purifier » ainsi le lieu funèbre, mais qui avait perdu
le caractère de lustration pour prendre celui d’hommage
exceptionnel i2.
En somme, la préoccupation dominante qui perce
dans tous ces rites, grecs ou romains, c’est celle de
localiser et supprimer le maléfice avant que ceux qui
l’ont contracté ne puissent le communiquer à d'autres, et
surtout le porter dans les lieux consacrés. Aussi les
légendes qui plaçaient des tombeaux dans les temples, à
plus forte raison, la doctrine évhémériste si bien exploitée
par les chrétiens, pour qui les temples païens n'étaient
que des sépulcres, tout cela est étranger à l’esprit des
religions antiques13.
On pouvait entrer en contact avec les morts autrement
que par l’attouchement matériel ou la vue. Le Romain
qui se levait la nuit, au mois de mai, pour expulser de
sa maison les revenants [lemures , se croyait bien exposé
à toucher ces êtres invisibles auxquels il jetait derrière
son dos14 des fèves noires mouillées de sa salive et qu’il
cherchait à effrayer en frappant sur un chaudron de
cuivre. Aussi se lavait-il les mains avec de l’eau de
source avant et après l’opération, qui était une lustra¬
tion du domicile 15. Le jour des Ferai la, clôture des
parentalia du mois de février, les vivants effaçaient les
traces de leur commerce prolongé avec les morts. Le rite
que décrit Ovide16 et qu’il croit destiné à « apaiser les
Mânes » contient probablement un fonds d’usages indi¬
gènes, surchargé de recettes magiques, telles que les
trois grains d’encens glissés sous le seuil et la toupie
lancée au moyen de cordons enchantés. Les sept fèves
noires que la sorcière « retourne dans sa bouche » se
retrouvent dans le rite précité des Lemuralia, et la tète
de sardine ( amena ) qu’elle grille sur le foyer après l’avoir
enduite de poix et traversée d’une aiguille, dans celui
des Volcanalia (ci-après). Les Athéniens pratiquaient
des rites analogues, suggérés par les mêmes idées, à la
fête des Anthestéries [dionysia], durant lesquelles l'accès
LVI, 31) et de Drusus Caesar (Sciiec. Cons. ad Marc. 15). L’augurai est aussi en
cause pour (Jermanicus (Tac. Ann. 1, 62). — 1* Cf. Ovid. Fast. Il, 563 sqq. ( D
quoque templorum foribus celentur operlis , etc.) — *2 K«t jap iiù tJIv xiiu», Sf
ori<7i Bippsiv, lupunpipovM’t (Plut. Q. Boni. 14). Cf. les funérailles des guerriers
troyens : Ter circum accensos cincti fulgéntibus armis | Decvrrere rogos, ter
maestum funeris ignem 1 Lustravere in equis (Virg. Aen. XI, 188 sqq.). Aux funé
railles d'Archemoros, sept escadrons entrechoquent leurs armes avec bruit, lustra nt-
que ex more smistro \ Orbe rogum (Stat. Theb. VI, 215). Cf. la danse armée des
Saliens, qui est une chasse aux maléfices. Lustrare a pris ici le sens de « faire le
tour ». Cf. Liv. XXV, 7. Tae. Ann. Il, 7. Suet. Claud. I. Les devoirs rendus
aux morts, après les funérailles, par commémoration, s'appellent IvayiViioitix, lus¬
trai» ina (v. g. Val. Fl. Argon. III, 409). Voir les honneurs fuuèbrcs aux morts de
Marathon à Athènes (l’aus. I, 32, 4), d’Artémision et de Salamine à Mégare (Simonid.
fr. 107), de Platées (Plut. Aristid. 21, 1). 11 y a ici lustration des pierres tombales,
par lavage, onction et sacrifice. — 13 Tombeau de Python ou de Dionysos à Delphes
(Philocli. p’. 22 ,Frag. bist. grtre. 1, p. 387. Hesych. s. v. T«£!ou fiouvo?. Tatian. Adr.
Graec. 8). Les Orphiques évhéméristes y mettaient même lo tombeau d’Apollon, soi-
disant fils de Silène et tué par Python (Porphyr. V. Pgthag. 16). Pyrrhus enterré
sous le seuil du naos (Schol. l’ind. A 'cm. VII, 46). Tout cela suggéré par la fantaisie
des exégètes et rtyxoqxnisi; nécromantique. — 14 C’est la façon traditionnelle de
rejeter les noiOàpm* (ci-dessus, p. 1412, 1 1). — 15 Ovid. Fast. V, 421-444. — 16 Ovid.
Fast. Il, 569-582.
LUS
LUS
— 1
des temples était barré par une corde et la porte des
maisons flottée a\cc de la poix Les deux premiers
jours étaient devenus jours de liesse, les libations funé¬
raires étant remplacées par des chopes [cuous] bues ; mais
le souci des morts reparaissait le troisième jour. On
faisait cuire à leur intention, dans des marmites [chytra],
des graines de toute sorte (Ttav<T7rep|jiia), parmi lesquelles
la fève devait évidemment avoir place, et on allait verser,
soi-disant en l’honneur des victimes du déluge, dans le
trou qui passait pour avoir absorbé les eaux, — le mun-
(/ns athénien, des libations d eau (ùSpocpôpia), de farine
et de miel -. Cet ensemble de cérémonies lustrales se
terminait le quatrième jour par les diasia, en l’honneur de
Zeus MstXt^ioç, qui avaient le même caractère mixte,
expiatoire et propitiatoire.
L idée de mettre des moyens de purification à la dispo¬
sition des morts eux-mêmes dans leur existence d’outre¬
tombe a peut-être commencé par la préoccupation naïve
de leur donner non seulement des aliments, mais
de quoi se laver et se parfumer. 11 est question d’un rite
d après lequel on versait de l’eau et des parfums à côté
du tombeau, en disant : « A oici un lavage (à7rdvtfji,p.a) pour
vous qui en avez besoin et y avez droit3 » [cf. loutro-
phoroSj. Les sacrifices offerts aux morts héroïsés s’appe¬
laient des èvaytTgaTa, mot qui contient l’idée de péché
à effacer et qui peut viser le mort aussi bien que le vivant.
Il suffit de donner un tour spiritualiste à ces idées pour
en faire une théorie rationnelle. Dans l’Enfer ou Purga¬
toire de Virgile, les âmes sont purifiées par des tourbil¬
lons aériens, des torrents d’eau ou des flammes, dont
1 action efface à la longue « la tache contractée » durant
la vie terrestre1. La théologie étrusque, combinant l’idée
de rachat avec celle de lustration posthume par le sacri¬
fice, enseignait que « par la vertu du sang de certains
animaux offert à certaines divinités, les âmes devenaient
divines et échappaient aux lois de la mortalité3 ». C’était
aussi la doctrine des Orphéotélestes, qui couraient le
monde, offrant à tout venant leurs Aôffstç xa't xa9app.ot, qui
purifiaient les vivants, et leurs rsXevai, qui soulageaient
les morts « des maux de là-bas6 ». Il s’agit bien de lus¬
trations, appliquées du dehors, où le contact matériel est
remplacé par une communication mystique, analogue à
la communion des fidèles maintenue par la théologie chré¬
tienne, à l’état de charité active, entre les vivants et les
morts 7. La nécromancie ou psychagogie aurait pu
fournir le moyen de purifier les âmes des défunts ; mais
elle avait trop mauvaise réputation pour être employée
à une œuvre pie. L'antiquité n’offre pas l’équivalent de
la légende de Trajan ressuscité un instant pour être
baptisé par le pape Grégoire 8.
1 Le jour des Xo'eç, puaçà 7)jAÉpa, ev f} pâ|i.vwv tioOev Ijact. ffùjvxo xai ittrrfl xàç Oûçaç
tjtçiov (Phot. p. 269). Le souvenir d’Oreste se mêlait aussi au rite des Xde;
(Eurip. Iph. Tour. 958-960). — 2 Schol. Aristoph. Ran. 218. Acharn. 1076. Le
trou du déluge (Pausan. I, 18, 7), comparé par 0. Müller ( Etrusker , II, p. 98) au
tnundus romain, où avaient été jetées àiçaç^at itâvTwv o<toiç vôjaw jxèv û>ç xaXoï; to,
«û«t $’d»; àvayxatoiç (Plut. Rom. 11). Cf. la distribution àXœtrtav xac geSçô* cwv à la
lustration novénairc de Delphes (Plut. Q. Graec. 12). — 3 Athcn. IX, p- 410 a. Texte
déjà visé plus haut (p. 1412,9) à un autre point de vue et assez vague pour supporter
plusieurs interprétations. — 4 Virg. Aen. VI, 740-747. — S Arnob. II, 62. Labeoap.
Scrv. Aen. III, 168 ( sacra quibus animae humanae vertantur in deos) ; IV, .518 ( reso -
lutoriasacrificia) : doctrine contenue dans les libri Acheruntici (voir haruspices). Ces
« animaux » ont été substitués aux victimes humaines, dont le souvenir est con¬
servé, quoique détourné de son sens, dans la définition : Humanum sacrificium
dicebant quod mortui causa fiebat (Fest. Epit. p. 113). — 6 plat. Rep. Il, p. 364 B.
Sur la AÛacç icfoyovwv &0c(j.t<rn>»v, voir P. Tannery, Orphica , et S. Reinach, Aû<n; xxX.
in Rev. de Philol. XXIII [1899], p. 126-129, 228-231. La déportation posthume des
Alcmæonides evayeT; (ci-dessus, p. 1415) montre qu’il n'y avait pas de lustration
418 —
En eiiet, ce n était, pas toujours à bo
les vivants frayaient avec les morts lTi l.ntenti°n que
saient les violateurs de tombeaux attei£n.,;7? qui Umis.
ment les magiciens qui troublaient les m°in8ai*H
leur repos. Sans entrer dans l’étude de la né meme8d«»*
prement dite [divinatio, magia], il suffit de ,Cr0manciePro-
les descriptions fictives d évocations ou de IT* "" PaSSant
fers pour y voir apparaître l’idée que l'inùT868^11'
domaine des morts est un péché dont l’effet d'T da”sle
venu au moment même où on le commet'
de l 'Odyssée, à côté du sang qui doit infuser un !
de vie aux ombres, figurent des substances
une triple libation de lait miellé, de vin et H J ^
saupoudré de fleur de farine9. Ce n’est
a 1 adresse des morts : le poète ne pense ,
qu Ulysse ait besoin d'être purifié, soit avant, s„ilapP®
1 évocation. Mais, plus tard, les nécromants prennent -
précautions. Dans la Nécyomancie de Lucien Ménm!
ne se risque aux Enfers que « purifié par la torche l3
sciUe et autres ingrédients », pour échapper à la J
des fantômes 10.
Les morts, sans être évoqués, apparaissaient aussi en
songe. Quand ce sont des ombres aimées, les poètes ne
manquent pas de dire que le dormeur a voulu les serrer
dans ses bras. Morts ou génies quelconques, revenants
(ordinairement des morts non ensevelis, non ‘purifiés
suivant les rites) ou lutins malfaisants, ces fantômes
nocturnes [larvae, lemüres] pouvaient avoir laissé
quelque souillure au corps qu’ils avaient frôlé. Aussi y
avait-il des lustrations recommandées en cas de songes
fâcheux, dans le double but de purifier la personne et de
détourner l’effet du présage. Seulement, par une déro¬
gation signalée plus haut à la méthode régulière, les
intéressés croyaient pouvoir se purifier eux-mémes et
« laver leur songe11 ». L’Atossa d’Eschyle se lave les
mains à l’eau de source et sacrifie12. La Clytemnestre de
Sophocle adresse des prières et des offrandes à Apollon
Lycien, le dieu lumineux devant qui fuient les hôtes des
ténèbres 13 ; le superstitieux de Théophraste consulte
pour savoir « quel dieu ou déesse il doit invoquer1'
la Circé d’Apollonius de Rhodes, après- une nuit hantée
par des songes, se lave la tête dans la mer 13 ; le Sosie de
Plaute 16, supposant qu’Alcnlène a rêvé ce quelle
raconte, lui dit : « Femme, une fois éveillée, tu aurais dù
invoquer le Jupiter des prodiges, avec de la mol a salsal
ou de l’encens. » C’est aussi avec ce gâteau sah‘ q>ie
Tibulle prétend avoir prévenu l’effet des cauchemars C
Délie, après l’avoir purifiée au soufre
Les morts et les fantômes ne sont pas les s< ni - < ties
dont le contact emporte souillure ou maléfice. H I'1
applicable aux restes matériels des impénitents. — 1 Ce n«l il l ^ quibus
courante. On disait Yale aux morts, non quod eis ôptemus salut '^^n-onenl
nulla esse potest, sed... ut ostendamus eos nunquam in nosfxu" w
esse venturos (Serv. Aen
106-117. — 9 Hom. Odyss
des sacrifices de victimes noires
„ y 7Q erpf ; Par&d' XV
v, 80). - 8 Dante, Purg. X, ' , V <.DvUe offrent
. XI, 25-28. L’Enée de Virgile et ,3^54);
. t . . lAen. Vl’ "
•anieau
10 Lu*
l’entrée des Enfers I ■ I
mais Enée a d’autant moins besoin de lustration personnelle pj ^
d’or, talisman et invitation du Destin (si te fata vocant , ^ ^ ] oracle d®
cian. Necyom. 7. Cf. ci-après (p. 1424) les lustrations des r 1 ^o||rcc chauffée
Lébadée. — H àv ôeïov oveipov àicoxXûuw, avec de 1 cau oV (Schol- Ibid-)'
(Aristoph. Ran. 1340); cela s’appelait aussi àwoSioieoi**6^®*1 j gieCtr, 634-659.
des
Cf. ci-dessous, p. 1427,3. — 12 Aeschyl. Pers. 201-204. — 13 S°P 1 ^ ^ frayeurs
— 14 Theophr. Loc. cit. Plutarque (De Superst. 3) se alIX
superstitieux qui recourent aux sorcières, aux bains ce ^mphitr. 735 ^ ’
xaTaêopSoçtôaeiç, etc. — 13 Apoll. Rh. IV, 661. * ^ 'néral Ocoïî à-K0T?015*'01^
Cf. prodigiali Jovi et àTCo$ioito(ATCtï<T0ai. On sacrifiait en ga
I (Xeuoph. Conviv. 4, 33). — I7 Tibull. I, 5, 11-14.
— 1419 —
LUS
LUS
séparée
ainsi
a passe
,lnPe encore pour une partie de l’humanité, où
'U" ' corp3 et, de l’âme [medicina] n’était qu’une
la met ' 1 ^ | ( jémonologie ; où tout traitement médical
bra" !l»t‘ xâOot:p<riç administrée par des sorciers, seuls
^lalt j11 (i’expulser les mauvais esprits, ceux-ci le plus
capil ’ 'Envoyés par d’autres sorciers’. La folie, qui tient
S°îa<n place dans les légendes bachiques — où elle n’est
1811 1 t|,, i’ « enthousiasme » que par une nuance2 —
■ • ue dans celles d’Iléraklès, d’Athamas et d’Oreste,
■nS 1 en tout pays pour une possession démoniaque.
La folie des Prœtides et leur gué¬
rison par Mélampus était un sujet
sur lequel les poètes, mythogra-
plies et artistes avaient exercé à
l’envi leurs talents (fi g. 4689) 3.
Mélampus avait exorcisé les Prœ¬
tides par « des drogues et des ca-
tharmes » dont il était l’inven¬
teur4, à Lousi (Aou«ro{) en Arca¬
die, dans le temple d’Artémis3, ou
à Sicyone, dans celui d’Apollon6,
ou sur les bords de l’Anigros,
dans les eaux duquel Mélampus
aurait jeté les /aOipp-axa1, ce qu’il avait fait, disait-on
encore, à la source d’Azenia8. Apollon ne pouvait man¬
quer de réclamer aussi cette spécialité. C’est lui qui
avait envoyé Bakis comme xaQapx-qç à Lacédémone, pour
guérir les femmes nymphomanes de la localité9.
L’amour tourné en obsession était une des formes de
la folie. Ses victimes avaient recours soit aux conjura¬
tions et aux philtres pour le satisfaire, soit aux exor¬
cismes pour le chasser. L’auteur de Ciris décrit l’opéra¬
tion qui doit guérir Scylla de sa folie amoureuse : soufre
broyé avec des plantes odoriférantes, salive trois fois
crachée, ligature à 27 tours (3 x 9) avec un fil tricolore,
aspersion d’eau lustrale, tous les charmes magiques,
même « inconnus des Grecs », sont employés, mais sans
succès"1, ribulle aussi fait exorciser son amour par une
sorcière qui le purifie avec des torches et le sang d’une
hostie noire Dans un ordre d’idées moins mystique,
ynthie passe à 1 eau et au soufre la maison et la per¬
sonne de Properce, souillées non par des génies invi-
S1 cs 1 1 *e Poison d’amour, mais par des filles de joie ’2.
Fig. 4689. — Mélampus et les
Prœtides.
Nous devons
renoncer à entrer plus avant dans cet
JSérisondes usllal'on et d intervention de génies bienfaisants (ixeiXlxioi) dans la
20; j J*' ’ s Persiste en pleine civilisation. Cf. les actions de grâces d'Hygin,
1014 = y* / '>A‘ ^ Aïvê XoEtpo/otüv xocpavé NatiSuv (friser, gr. Sic. et ltal.
antique („u ,ve. ,PS rom' Pertm • I [Cagnat], n» 91). — 2 Dionysos, l’Alcool
L’enthousiasme él ‘*e au rebours du nôtre, ceux qui le dédaignaient,
aurtoutassocié avec m"' ^ ^ ®kit P*us qualifié pour guérir ses victimes,
(Schol Pind P ^ XxûâçTpta pav:aç fj 8ebç, xai xàv Aiovuerov Sè xaôaprtxbv pavlaç
de luo-Tj, ou ^ ' ***’ ”n rapportait à cette vertu lustraleses surnoms
33, 5). Cf |a rival d’Asklépios (Aristid. I, p. 49. Pausan. X,
, envoyée par Zeus (ci-dessus, p. 1415,14), et
Vailles (Ga~pttP n V* ^e^amP^s. — 3 Pierre gravée du Cabinet des Mé-
•; 2 - • £££■? f 19 7 h -p- «)• - 4 Apoiioa.
«-dessus, p. 1*12 6 — 8 ’ ~ * ausan- II, 7, 7. — 1 Pausan. V, 5, 10-11.
‘(“•conque buvait de èol ®u<*ox- aP- Stepli. Byz. s. v. ’A'ana. Eudoxe assure que
‘|ire que Mélampus ' * C&U D° *)0uva*t P*U9 supporter même l’odeur du vin. Autant
Sur les Prœtides et L C^e ^‘onys°s (Herod. II, 49), était ennemi de Dionysos.
apoIlinien, voir fJiS( "1 ° Cnient (^e Mélampus dans les représentants du monopole
Ari»toph. />ac 107l la Divination, II, p. 15-18. — 9 Theopomp. ap. Schol.
x?T)(nxnevo' (Pi, | lcS ^a™»ennes guéries par Dexicréon, ivf.ç àyûçxYi ç
guérit* la f0üe (pi . , r'aec • ^4). La lustration au sang de porc passait pour
^ 369-377. Cf L T^W- *’ 15 «N- Cf- Hor‘ Sat. II, 3, 165). - 10 Virg.
^ eint (Tijeoc,. ldyll II ^eSm ^ 5. Cf. les conjurations pour ranimer l’amour
^ °y°ns unal0gUe9 . ja ^ C ^ Mu* sont des envoûtements produits par des
8°ufre et Un pan . Ci<“le ^ en)ploie, entre autres ingrédients, du pain, du sel,
U (Luc,an- Mat- meretr. iv, 4-5). — H Tibull. I, 2, 59 sqq.-
aspect du sujet et renvoyer pour le surplus à magia. La
lustration est magique par essence. La médication ca¬
thartique nous entraîne en pleine magie; les sources qui
guérissent sont des réceptacles de vertus magiques. La
logique exigerait que l’on considérât comme lustrations
— elles en ont tous les caractères — les opérations ma¬
giques qui ont pour but de prévenir ou de guérir les
maladies et violences occultes produites par la fascination
[amuletum, fascinus] ou l’envoûtement (àpat, xaxâosTgot,
defixiones [devotio]). Nous laisserons ces branches de
la magie soudées au tronc principal.
Si le meurtre, la maladie, la mort, même naturelle,
emportent l’idée de souillure, il en va de même des
actes de la génération et de la parturition. Cette idée,
amorce de la théorie du péché originel ’3, faisait même
partie du sens commun u. La continence était imposée
par une foule de rites, soit temporaire, comme prépara¬
tion à certains actes religieux15, temporaire ou perpétuelle
comme condition de l’exercice de certains sacerdoces 16
[vestales]. La parturition est un drame sanglant qui
souillait l’enfant et la mère. L’Apollon de Délos, et même
le dieu-médecin, l’Asklépios d’Epidaure, ne toléraient
pas plus les femmes en couches que les morts dans leurs
domaines ’7. Ces prescriptions ayant été oubliées, les
Athéniens procédèrent en 425 à une purification com¬
plète de l’île de Délos. « Toutes les tombes furent enle¬
vées : il fut ordonné qu’à l’avenir il n’v aurait plus dans
l’île ni décès ni accouchement. » Thucydide rappelle à ce
propos qu’une lustration de ce genre, bornée au temenos
du temple, avaitdéjà été opérée par Pisistrate18. L’Artémis
Taurique, bien différente de l’Artémis Eilithyia, écartait
de ses autels quiconque avait touché de ses mains « les
lochies ou un cadavre 19 ». En Grèce, la maison de
l’accouchée était aussitôt parée de branches d’olivier ou
de bandelettes de laine (spta), engins de purification et de
préservation contre les assauts des génies malins20. A
Home, c’est le souci de la préservation qui domine, Sil-
vanus étant censé rôder autour de la maison ; mais, parmi
les mesures prises, figure le balayage du logis ou tout au
moins du seuil, avec l’assistance de Deverrail. Cet état
d’impureté prenait fin par des relevailles, qui compor¬
taient évidemment une lustration dite en Grèce « qua¬
rantaine » (xEsffotpaxooxatov) 22. Le nouveau-né devait être
aussi purifié, non seulement par des lotions d’eau ou de
(Et me lustravit taedis, et nocte serena | Concitlit ad magicos hostiapulla deos).
— 12 Propert. V, 8, 83 sqq. — 13 Cette théorie, pressentie par Hésiode, est nettement
formulée dans les doctrines orphiques. Les hommes, issus du sang des Titans (ou
des Géants), naissent odieux aux Olympiens et out besoin d’étre lavés de cette
souillure initiale par les calharmes mystiques (Hynm. Orpli. xxxvi. Ovid. Met. 1,
156 sqq. Dio Clirys. Orat. xxx, p. 550. Cf. Bouché-Leclercq, Placita Graecorum de
orig. gen. hum. [Paris, 1871], p. 16-17). — 14 On pourrait faire toute sorte de com¬
paraisons, v. g. avec les prescriptions du Lévitique (xu et xv), et 1 inépuisable
folklore. — 15 Cf. entre autres, l’abstinence a coitu pour les jgi I ; ruFs-
mophokia], les Baxxxl (Liv. XXXIX, 9-10), les mystères de llona Dea (Plut. Q. Rom.
20, etc.), dans le culte d’Isis (Tibull. 1, 3, 23 sqq.; Prop. IV, 5, 33 ; Ovid. Amor. III,
10, 1), et, en général, pour toutes les initiations. — 16 Virginité ou continence pour
les pythies (et sibylles idéales), les prêtresses des déesses vierges, Athéna et Artémis,
de Gæa en Achaïe, d’Apollon Diradiote à Corinthe, etc. Parmi les prêtres, celui
d’Héraklès Misogyne, l’hiérophante d’Eleusis, etc. Cf. A. Maury. Religions de la Grèce
antique, II, p. 358-360, 415-418. Cette logique conduisait, dans les cultes orien¬
taux, aux mutilations. — n Pausan. Il, 24, 5. Cf. Eurip. Ion, 44-46. A Épidaure,
les accouchements miraculeux se font toujours « hors du Hiéron » (Inscr. 1-2 Cavva-
dias). — 18 Thucyd. III, 104. Cf. I, 8 ; V, 1. Evhémère avait transporté ces scrupules
dans ses descriptions fabuleuses. On n’enterre pas non plus dans l ile d’Hiéra (Diod.
V, 41). — 19 Euripid. Iph. Taur. 3S2 (vers rejeté par Badham et Nauck). — 20 Hesych.
s. v. Ltéooivo». — 21 Primo limen securi ferire, postea pilo, tertio deverrere scopis,
ut his datis culturae signis deus Silvanus prohibeatur intrare (Augustin. Civ.
Del, VI, 9). Sur le lectisterne domestique installé à cette occasion, voir cectistersicm.
— 22 Censorin. 11, 7.
LUS
— 1420 —
LUS
vin et des onctions d’huile1, mais par une lustration ri¬
tuelle accomplie après un délai de quelques jours, délai
fixé absolument comme celui du deuil et de durée à peu
près égale2. A Athènes, cette lustration consistait prin¬
cipalement en une course autour du foyer [amphidromia],
dont le sens est diversement interprété 3. C’est après
celte cérémonie que l’enfant recevait son nom. A Rome,
ce jour était le dies lustricus, quia his lustrantur atque
eisnomina imponuntur^. On prévenait le retour offensif
des mauvais génies en suspendant au cou de l’enfant une
capsule [bull a, amuletum] renfermant des amulettes.
11 nous reste encore à recenser sommairementcertaines
lustrations qui peuvent être considérées, suivant les cas,
comme intéressant les individus ou les sociétés, attendu
qu elles incombent soit aux familles des individus souillés,
soit aux propriétaires du sol, àl’endroit où se produisent les
faits qui rendent les lustrations nécessaires. Tout être hu¬
main privé de sépulture rituelle (, justa fanera) est un objet
souillé, un xâQaoua, et la façon dont on le fait disparaître
constitue une lustration pour la famille ou la société ù
laquelle il appartient ". Les funérailles légitimes purifient
et le mort et ceux qui 1 entourent; les autres ne profitent
pas au mort, mais purifient les vivants. Il n’y avait pas à
se préoccuper des disparus, surtout de ceux qui, noyés en
mer, étaient dans le grand réceptacle des xa6âp[i.axa, à moins
que le flot ne rejetât leur cadavre sur la grève. Cependant, il
pouvait arriver que des disparus revinssent à leur domi¬
cile ou que des léthargiques ressuscitassent. Le seul fait
d’avoir passé pour morts les rendait impurs. Plutarque
assure que les « ressuscités » devaient se faire laver et al¬
laiter comme des nouveau-nés (en Grèce), et que les dispa¬
rus (a Rome) ne pouvaient plus rentrer chez eux que par le
toit . Le suicide était un meurtre que l’on pouvait considé¬
rer a volonté comme inexpiable ou comme expié par le sang
du meurtrier. C’est cette dernière jurisprudence qui paraît
avoir prévalu à Rome, mais à condition qu’il y eût du sang
versé. C est ainsi du moins que j’expliquerais pourquoi les
pontifes romains ne refusaient les justa fanera qu’aux
pendus". En Grèce, les suicidés étaient frappés d’atimieel
punis parla privation des honneurs funèbres8. A Athènes,
sansdoutepour permettre de rendre au corps les derniers
devoirs en la forme accoutumée, on en détachait la main
coupable et on l’enfouissait à part 9. Pour les suppliciés,
* Callim. R. in Jov. 17. Plut. Lyc. IG. Cf. le zptTjxa accompagnant le baptême
chrétien : la purification du pécheur par l’extrême-onction : à*ety«-mç ajrov l'XaiV
(Jacob. Epist. 5, 14). Je laisse de côté les superstitions relatives au mauvais
œil, la lustration par la salive ( frontem atque uda labella \ Infami digito
et lustralibus ante salivis | Expiât. Pers. Il, 32 sqq.) mêlée de boue (Petron.
131. Dio Chrys. Ad Corinth. I. Cf. Plut. Superst. 3). Cf. à Sparte les Tiflrjv.'Sia
(Athen. IV, p. 139 6); dansl’Orient chananéeu, la purification (?) des premiers-nés par
le feu (ci dessus, p. 1409,1). — 2 Pour les à;A®:$ç.ô|Aia, de cinq à dix jours : pour le dies
lustricus , huit jours (filles) et neuf jours (garçons), ce dernier délai équivalant
exactement à celui de la levée du deuil ( sacrum novemdiale). — 3 g. Reinach
(L'Amphidromie dans ['Anthropologie, 1899, p. GG3-670, et C. R. Acad. lnscr.
1899, p. 308) rejette les explications courantes (purification par le feu ou initiation
au culte domestique). Il suppose que la cérémonie a pour but de rendre l’enfant
agile, comme son père, dont il est encore solidaire et qui court avec lui. Le parallé¬
lisme des rites concernant la naissance et la mort fait penser à la decursio autour
du bûcher (ci-dessus, p. 1417). Cette course circulaire écarte les mauvais esprits et
leur fascination, pour qu’on puisse procéder en toute sécurité au sacrifice et au
banquet. —4 Fest. Epit. p. 120, s. v.) Macr. Sat. I, IG, 3G. Plut. Q. Rom. 1 02.
Suet. J\ero , G. Arnob. III, 4. D après Suidas (5. v .), UàusiSod'Aia avait lieu cinq jours
avant 1 imposition du nom : le dies lustricus comprenait certainement la lustration
et 1 imposition du nom. — S Le cadavre de Misène totam incestat funere classent
(\ irg. Aen. \ I, 150). Servius paraphrase les prima piacula (VI, 153) en expiationem
pollutionis quae fuerat nata morte Miseni, et plus loin (VI, 229) explique comment
les Troyens a funere contraxerinl pollutionem. Un mort ayant été trouvé dans la
plaine de Rhavia, les autorités d Eleusis le font enlever, et le terrain est ensuite
purifié pai n xaOaçrr^ à qui on paye, outre le prix du porc, 6 dr. de salaire ( Corp .
iriser, att. V, 2, p. 202, iig. 42-43, de l'an 329/8 av. J.-C.). — G pjut. Q. R0m. o.
la privation de sépulture était une aggrava
qu., en dépit de l’expiation suprême U 0" deMne
xaOâpjzaxa et les faisait déporter hors f SSlm,lait aUj[
individus foudroyés étaient des supplicié *^l,ère- U*
particulière. Ces individus, et même les ni , ^
frappés par la foudre, devenaient des xaOdb, r °U leso1
les Grecs hésitaient sur le sens qu’il fallïm ^i<iPendant
coups de foudre [fulmen]. C’était, à leurs v,"JUePaux
des « descentes » de Zeus lui-même (/ ' V' "X’ COmrne
le lieu où il s'était posé, où il avait’ *
svt^cov), était plutôt consacré que souillé Vn , 1 71
ce lieu était désormais soustrait au contact des b'! ***'
on l’entourait d’une barrière pour qu’il fût in,J ^
intangible (fiS«y«v, «*«o<tov) En ce qui concerne 1^’
vidus foudroyés, abstraction faite des légendaires Ti.
et Géants, on ne nous parle que de morts déjà enseveto
et cet attouchement céleste paraît avoir été filt :
comme une faveur. Lycurgue fut promu héros par un
signe ou « prodige >. de ce genre*1; de même, surcon-
sultation de l’oracle de Delphes, l’athlète Euthymos11
A plus forte raison, Euripide : la foudre, éclatant par
trois fois sur sa tombe, avait « purifié », dit un poète
« la matière mortelle de sa dépouille13 ». C’était une
application, un peu sophistique dans son optimisme; de
la théorie de la purification par le feu, poussée jusqu’à
l’apothéose. Les Romains avaient mieux conservé la trace
du sentiment naturel qu’inspire la foudre. Les coups
mortels partis de là-haut leur paraissaient un châtiment
mystérieux ou une malédiction. Une loi de Numa disait:
Homo si fulmine occisus est , eijustanulla fierioportet'1'.
L’individu foudroyé était enfoui sur place, et ce coin de
terre, quoique purifié à la surface par le sang des biden-
tes , restait un lieu funeste, où personne ne devait plus
poser le pied et que, pour plus de sûreté, on entourait
d’une clôture ( puteal , bid entai). On a'parlé ailleurs [harus¬
pices] de la casuistique importée à Rome par les Toscans
et de l’enterrement de la foudre elle-même (fulgur con-
ditum, fulguritum). Le rite national, employé parles
particuliers, paraît s’être réfugié dans la pratique des
strufertarii , dont il n’est question qu’à propos des
arbres foudroyés. On expiait ou annulait le malélice au
moyen de deux espèces de gâteaux ou pâtées, sans doute
analogues à la mo/a sa/sa, la strues et le ferctum ’•
cadavres dis-
. Cf. Cha*
— 7 Cautum fuerat in pontificalibus libris, ut qui laqueo vitam finisse ttuisepii «s j
abjiceretur (Serv. Aen. XII, 603). Il semble qu’il n’y ait pas eu de dispositif* 'IS£U j
le suicide en général. La substitution des oscilla aux pendus ou aux
parus [voir funds, p. 1 39G 6-1397 a) peut n’être qu’une conjecture de ben g -
rila, pendue et enterrée en effigie tous les neuf ans à Delphes, en gui-*- 3» j
(Plut. Q. Graec. 12). Quant aux suicides problématiques (inedia ou itn I ^
vàient toujours passer pour morts naturelles ou accidents (chute, ^eJ
casuistes avaient sans doute pris le parti de les ignorer. SAssiiliou, ^
Aristot. Eth. Nicom. V, 11. Philostr. Revoie. 12. Arlemidor. Onu on
Thôbes, Zenob. Prov. VI, 17 in Paroem. gr. I, p. Pour (;] |, s(.j, Suid.
OratP LXIV, 3. — 9 Aeschin. In Ctesiph . 244. — 10 P°**- |.nI.inann, Zeù;
s. v. ’HXûffiov. Fr. Rist. Gr. III, p. 146. Pausan. V, U, 5-8. Cf. Ç- ^ Ljjcurg.
Iv«Tcci6ttTYiç seu Jupiter Fulgerator. Traj. ad Rlien. I oiü. — .^g ^pau5.
31. Cf. le coup de foudre envoyé, en signe de satisfaction -1 Tàv jva:àv
V, H, 4). - 12 Plin. VII, § 152. - 13 Anthol. Palal. VU, ^ * juÜi»
(iqpi, aroç îaToç-éav). Cf. Vil, 48. — 14 Fest. p. 178, s. v. Occision . ^ ajoutai
Hostilius avait été foudroyé : mais on lui épargnait 1 affront poJ ^ foudroyés
qu’il avait été (olalement consumé avec son palais (Liv. L 31).
(Fest. Epit. p. 92,
vv. Fanatica , Fulguritum). Strues 9e"® ^ ;n t),anSversu'n
iligitorum conj unctorum non dissimilia, qui superjecta puni p-m/bk i,Str*'
' . . . . r< -1 .... an 9Q5. S. VV.
continentur (Fest. p. 310, s. v. Cf. Fest. Epit. pp- 85, 295, s
fertarios). La strues et le ferctum figurent dans le sacrifice dt a J rerti$gue
(ci-dessus, p. 1417, 7), et aussi dans le rituel des Arvales • sti ni i ^ Strufer *
p. 403). 0. Müller restitue, dans un texte mutilé de oritas noïafum
tarios... ho]mines con[ductos mercede, qui ad] ai bores ^ cjfinnjbus ver^lS
cillant
com]missarum [ causa sacrificia quaèdam ] strue
f]aciunt.
et [ferto solennU
LUS
— 1421
. je foudre étaient assimilés aux prodiges,
I Les coup ilg frappaient des monuments ou lieux
gurtûul (Iua"( 0inme tout prodige, ils emportaient pré-
pubI‘CS’ ' le fautes commises, mais ignorées'. Nous
s°mpfl0n ' un terrain indivis, qui franchit la ligne
s°mroes „ tracée entre les lustrations individuelles
de déinarc g-élend aux êtres collectifs autres
et celles uum-
K)^rations des êtres collectifs. - Cette catégorie
Inreml les lustrations de caractère expiatoire, c’est-a-
i Oui visent à effacer la trace et prévenir les conse-
Inces de fautes dont la société entière est tenue pour
S onsable, que ces fautes soient connues ou simplement
supposées pour des raisons valables.
Le motif ordinaire, pour ne pas dire unique, qui
conduit à l’hypothèse de fautes ignorées, est l’apparition
de prodiges, «paxoc [prodigia, monstra], ou dénon¬
ciations surnaturelles. Le concept de « prodige » était
extrêmement llottant. Il ne s’agit pas toujours de phéno¬
mènes miraculeux : il suffit que le « prodige » se fasse
remarquer. Une sécheresse continue, une épidémie per¬
sistante, un arbre fétiche qui tombe ou sèche brusque¬
ment ou reverdit après avoir séché2, enfin, une série
d’accidents qui n’ont d’anormal que leur fréquence, peu¬
vent être signalés comme prodiges. Les prodiges sont des
avis, et le plus souvent des réclamations ( postiliones ) des
dieux. Le prodige pouvait être soumis à l’interprétation,
et l’on apprenait ainsi quelle était la cause de leur
mécontentement et ce qu’ils réclamaient, auquel cas la
«procuration » du prodige était indiquée par la même.
On pouvait aussi se contenter de « procurer » le prodige
sans l’interpréter, soit que la procuration fût déjà connue
par des exemples antérieurs3, soit qu’elle fût faite à titre
d’essai, sauf à aviser si elle se trouvait inefficace. Dans
tous les cas, la procuration comprenait une lustration,
le plus souvent processionnelle, c’est-à-dire promenée
sur le sol de la cité, cérémonie distincte des mesures
prises pour supprimer soit la cause qui avait motivé
l’avis céleste, soit le corps même du prodige, quand il
était incarné dans un monstre. Lorsque, en 207, les harus¬
pices eurent fait noyer en mer l’androgyne né à Frusinone,
les pontifes décrétèrent une procession expiatoire 4. Il
s agit, bien entendu, des prodiges qui sont reconnus
comme intéressant la société entière et « acceptés » par
lUat [publiée suscepta). Libre aux particuliers de voir
des prodiges à leur adresse dans une foule d’incidents,
e les interpréter et de les procurer à leur guise.
Les prodiges abondent dans les légendes et histoires
grecques et romaines5. On peut dire, d’une manière
generale, pour ne pas entrer dans le détail de ce sujet
fl jf exemple, le coup de foudre qui dénonce l’inceste des Vestales (Plut,
n 2 Voir une collection de prodiges de ce genre dans Bôtticher,
parts S' ^ — 3 Sur les expiations — de prodiges et autres — prévues
XXVII l,-ll,!,"°lnains,cf- *es P°ntifes de l'ancienne Rome, y. 174-190. — 4 hiv.
' ' VXXI, 12. On suppose aux dieux l'intention de piaculares hostias
Mo dum""C'l'U' postulare (Arnob. VI, 2), et on promène les engins de lustration
•’aneis t0""n lustralibus piamentis minas portentorum hostiis circumfo-
traiio. L' li (),, ’! na9ul°-tim (Apul. Met. 111, 2). Procuratio emporte l’idée de lus-
iebcat ai "\Cté’ ^ ^ u vénal, est Prodigiosa fides... quaeque coronata lustrari
llM4f ~ 5 Collection de ~.lça-a grecs dans Nagclsbach,
— G jc £ . /’ " P' X O1-'- 170, de prodiges romains dans T. Live et Julius Obsequeus.
«t non pas 00| C°mme une lustration extraordinaire, motivée par des prodiges,
I, 586-6oo) — rcU" régulier, la procession décrite par Lucain ( Phars .
'«s prêtres d'A n'*' Un° consiScluence fâcheuse du monopole que s’étaient adjugé
sacrifices :!,° °?’~ 8 Cf- les légendes d’Andromède, Hésione, Iphigénie, Polyxène,
"niu s de jeunes Athéniennes vouées au Minotaure, en expiation du
LUS
réservé, que les Grecs se souciaient plus d’interpréter les
prodiges que de les « procurer », tandis que les Romains,
moins curieux, mais plus timorés, songeaient surtout à
la procuration, seule prévue par leurs rites nationaux.
Sommairement appréciés par les pontifes, ou interprétés
soit par les haruspices, soit par les livres sibyllins, les
prodiges « publics » pris en charge par l’État romain
étaient procurés par des moyens variés : sacrifices, sup¬
plications, lectisternes, fériés prolongées, processions5,
offrandes, vœux, comportant parfois des sacrifices en
masse [ver sacrum], parmi lesquels figurent excep¬
tionnellement, par ordre des livres sibyllins, des sacrifices
humains empruntés aux rites grecs [cf. duumviri s. f.].
Les Grecs avaient conservé une foi regrettable, encore
que parfaitement logique, dans la vertu expiatoire du
sang humain, le xafiapgôç suprême. Celte vertu était portée
à son comble, quand le sang était celui de victimes inno¬
centes. N’ayant pas à expier leurs propres péchés, toute
l’efficacité de leur sacrifice se reportait sur les péchés
dont les formules et imprécations rituelles leur trans¬
féraient la responsabilité. Les légendes grecques repro¬
duisent à satiété les sacrifices de jeunes filles que les
oracles — même et surtout les oracles d’Apollon ‘ —
vouent à la mort par le couteau du sacrificateur ou la
dent des monstres, ici le Minotaure, là des dragons
vomis par la mer, et qui ne sont pas toutes sauvées
par des héros amoureux ou des divinités apitoyées8. On
savait aussi que des calamités publiques avaient été
détournées par le sacrifice volontaire [devotio] de per¬
sonnes qui avaient pris spontanément le rôle de victimes
expiatoires9. On se souvenait que certains cultes, adoucis
par le progrès des mœurs, exigeaient jadis des victimes
humaines10. Enfin, ce qui dispense d’autres preuves, les
sacrifices humains, plus ou moins atténués par des
fictions légales, persistaient dans plusieurs cultes à
l’époque historique, ceux de Zeus Lykaios" [lykaia],
d’Arès à Lacédémone12, de Dionysos à Chios et à Téné-
dos13, de Kronos à Rhodes14, d’Apollon à Leucate15,
d’Apollon et Artémis à Massalia 16, à Athènes, et peut-être
dans toutes les villes ioniennes. On trouvait justifié par la
raison d’Élat ce qui eût été un crime pour un parti¬
culier1'. Nous nous arrêterons, pour choisir un exemple
incontesté de lustration publique, régulière et annuelle,
par les sacrifices humains, à la fête des Thargélies
[thargelia], qu’on disait instituée pour expier la mort
d’Androgéos et faire cesser la peste consécutive. Nous ne
sommes pas obligés de croire, avec le scoliaste d Aristo¬
phane, que les Athéniens nourrissaient des hommes pris
dans le rebut de la société pour les sacrifier et « purifier
le miasme » en cas de calamité publique18; mais il est
meurtre d’Audrogéos, des jeunes Locrienues sacrifiées à Uion pour expier le viol de
Cassandra par Ajax (on en faisait non plus des victimes, mais des hiérodulcs. Plut.
Ser. num. vind. 12), etc. — 9 Dévouement de l’Éléen Molpis (Schol. Lycophr. 159),
d’Ischenos à Olympie (Ibid. 43), d’Aglaure et de Codros à Athènes, de -Ménœcéc et
des filles d’Antipœnos à Thèbcs, etc. — « Cultes d’Artémis Tauriquc (Euripid. J pli.
Taur. 1470 sqq.) ; Orlhia (Pausau. III, 6, 7);Muuychia, Brauronia, Lemnia, etc.;
l’oracle de Delphes ordonnant de sacrifier à Artémis Triklaria Mélanippos et Co-
mætho, xaî 4vSt itïv I'to; itapOlvov xoù ncxTSa, choisis parmi les plus beaux (Pausau. Vil,
19, 2) ; de Zeus Laphystios (I, 24, 2) ; de Dionysos Aigobolos (ordre U AtXoSv t<~.
iiovùiro. 06eiv notïSct ipttïov [IX, 8, lj) et Omestès. Sacrifices patriotiques : des
Erechthéides et Léontidcs, to7 Beoj y^i raveop (I, 5, 2); des vierges inessénienncs de
la race des Æpytides, toujours par ordre d’Apollon (IV, 9, 2). — U Porphyr. Abst. 11,
27; cf. Plut. Q. Graec. 39. — 12 Ibid. 11, 55. — 13 Ibid. 11,54. Cf. les ’Ayptovi* d’Orcho-
mène (Plut. Q. Graec. 38). — 14 II, 55. — 15 Strab. X, p. 694. — 16 Serv. Acn. III, 57.
_ n En vertu du principe : unum pro multis dabitur caput (Virg. A en. V, 815).
— 18 Schol. Aristoph. Equit. 1136.
179
LUS
— 1422 —
certain qu’ils prenaient cette précaution une fois l’an. La
grande procession (iropnq) des Thargélies, destinée à
« purifier la ville » et à préserver les fruits de la terre
(OapyrjÀta) des ardeurs du soleil, comportait, entre autres
cérémonies, la mise à mort d'une paire de <papp.axoi, indi¬
vidus « drogués » ou envoûtés par accumulation sur
leurs tètes de toutes les souillures du peuple entier, l’un
portant celles des hommes, l'autre celles des femmes. Ce
transfert de responsabilité s’affirmait par toute sorte
d’avanies, figues en collier, flagellation avec des branches
de figuier sauvage, des oignons de scille, etc. 1 Quand
ces xa&âpjjLxta, ces ordures humaines 2, promenées par
la ville, en avaient comme absorbé tous les miasmes, on
les faisait disparaître, soit en brûlant leurs cadavres, soit
en les précipitant dans la mer.
Le rite des Thargélies pouvait être appliqué à des lus¬
trations extraordinaires, surtout motivées par des
épidémies. Il figure dans la lustration solennelle par
laquelle, sur l’ordre de la Pythie, Ëpiménide purifia
Athènes souillée par le meurtre des Cyloniens (àyo;
KuXtovssov), meurtre insuffisamment expié par la déporta¬
tion des êvaystç, vivants et morts. Depuis lors, Athènes
était décimée parla peste et hantée par les revenants. On
assure qu'Épiménide, entre autres cérémonies, immola
un ou même deux adolescents, Cratinos et Ctésibios,
choisis sans doute parce qu’ils portaient des noms de
bon augure. Pour purifier le territoire, il avait, dit-on,
lâché du haut de l’Aréopage des brebis noires et blanches,
qui furent immolées là où il leur plut de s’arrêter, et des
autels commémoratifs furent érigés en ces divers lieux3.
Les Argiens, à la suite d’une guerre civile, de date
inconnue, avaient aussi, parait-il, purifié solennellement
leur ville par diverses cérémonies et élevé une statue à
Zeus Milichios 4. Polybe raconte que, les Cynæthiens
étant en horreur à tous les Arcadiens à cause de leurs
sanglantes discordes, les Mantinéens expulsèrent de chez
eux des envoyés cynæthiens, puis « firent une lustration
(xaOapfzôv) en promenant des victimes autour de la ville
et du territoire tout entier3 ». De même, parait-il, Rome
fut purifiée après l’expulsion des rois 6 ; la récolte du
Champ de Mars, terrain usurpé par le tyran, fut jetée au
Tibre comme « chose souillée (è^ayiuTov) et qui ne devait
pas être introduite dans les maisons7 ». Après la retraite
des Gaulois, Camille « purifia la ville suivant les rites
prescrits par les hommes compétents », c'est-à-dire à la
mode grecque, car on consulta à ce propos les livres
sibyllins 8. Silius Italicus suppose qu’on purifia aussi
les « remparts » de Rome, fascinés, je suppose, par le
mauvais œil d’Hannibal9. La légende imagina des pré¬
cédents mythiques à ces opérations. Le Pélasgos des
Suppliantes t0 sait que le Péloponèse s’appelle de son
l Hellad . ap. Phot. Bibl. p. 534. Harpocral. et Suidas, s. w. «paçjJiaxoç,
çapji axoûç. Hipponax ap. Athcn. IX, p. 470. Tzetz. Chïliad. V, /3G
(brutalités : eictξ yàp ^aiciaavre; tîç zb icéoç axftXatç auxaTç àyçtatç te). Pour les
questions de détail, v. g. le départ entre les rites athéniens et ioniens (de Milet,
Paros, Massalia), et les fictions légales qui ont pu être substituées à la mort
réelle (cf. Hesych. s. v. x«0aç0îîvat = |xa<TTiyui0^vat), voir thargelia. L’auteur du
Minos (p. 315 Dl nie les sacrifices humains à Athènes. — 2 4>a^j xaxoç ô êtcc xaOaçqxÇ
■hÔIeu; &yaipoûp.cyo; * ov Xéyouai xàOaojxa (Suid. 8. V.). — 3 Diog. Laert. I, 10, 3, § 110.
Cf. Alhen. XIII, p. 602 c. — 4 Pausan. II, 20, 2. — B Polyb. IV, 21, 9. Athen. XIV,
p. 62C C. — 6 Dion. V, 1 (xaÔaopioùç irôXewç itoir,aâ|XEvot). — 7 Dion. 13.
— 8 plut. Camill. 30. SC. facit fana omnia , quod ea hostis possedisset, resti-
tuerentur , terminarentur expiarenturque , expiatio eorum in Libris per duumviros
quaereretur (Liv. V, 50). — 9 Sil. XII, 752. — 10 Aeschyl. Suppl. 2G0-270.
— Il Thucyd. II, 47. — 12 Les Grecs avaient fini par se persuader que le sacrifice
de victimes humaines était une Çévtj Ouata (Pausan. VII, 19, 8). Plutarque ( Supers i .
LUS
temps Apia, pour avoir été purifié « des s
tiques meurtres » par Apis, fils d’Apollon
avait produit des monstres et fléaux de lo ,C San8verJ
à-dire des prodiges ou signes de la colère"/ T®’ c’esU
Athéniens durent se souvenir d’Épiménide ^ 6U
la terrible peste de 430 ; mais Thucydide déd • "Clala
renseigner sur ce que purent imaginer des'T0^8
titieux et apeurés. Il se contente de dire : « / SUpWs'
essaya en fait de supplications près des temnK * °i ^ °B
sul tâtions d’oracles et pratiques de L «
tde" ». On peut supposer qu’après les protestlulT
tragiques contre l’anthropoctonie 12, lesAthénien ■ " •
tèrentpas de nouvelles victimes humaines à leur/ " aj°U'
Eu somme, il n’est guère de ville grecque qui S”»
dans ses rites locaux, des cérémonies expi.,i„ires d,
tmees à purifier la cité soit de crimes récents soit di
fautes ancestrales13. Les légendes savaient toujours
trouver à l’origine quelque dieu courroucé ou quelque
ombre inapaisée. De ce point de vue, les jeux panhel-
lémques eux-mêmes sont des lustrations funèbres, et la
tradition ne se fait pas faute de le dire pour les jeux
pythiques et néméens.
Si nous retournons à Rome, sans revenir sur les pro¬
curations de prodiges que nous avons voulu éliminer
nous rencontrons une lustration annuelle, dont le carac¬
tère expiatoire est indiqué non seulement par le simulacre
de sacrifices humains, mais par le deuil de la flaminica
Dialis , qui suivait le cortège en attitude dolente, les
cheveux épars. Il s’agit de la procession des Argées
[argei], la plus grande des lustrations, au dire de Plu¬
tarque14. Les poupées de jonc qui servaient do ©appuioi
étaient d’abord promenées dans les divers quartiers au
mois de mars et déposées dans des chapelles où elles
avaient tout le temps de s’imprégner des « miasmes »
locaux. C’est là qu’on allait les chercher le 15 mai, pour
les précipiter du haut du pont Sublicius 13 dans le Tibre,
qui les charriait à la mer. Le nom grec des Argei est à.
lui seul une énigme. On peut y voir un indice d impor¬
tation grecque sans se rallier à la dernière hypothèse qu il
a suggérée et qui consiste à faire de cette étrange céré¬
monie une procuration édictée par les Xviri S. i ■ entre
la première et la seconde guerre punique10. L explication
la plus simple est encore celle que les Romains du b mps
d’Auguste repoussaient comme déshonorante p 1 p ms
ancêtres. Ils ne voulaient pas que ceux-ci eussent jamai|
été assez barbares pour se débarrasser rrg
des bouches inutiles et « précipiter les sexag> nu " ;
haut du pont17 ». ^(,st
L’enterrement des Vestales [vestales] inces m a'
une lustration publique qui ensevelit dans
leS entrailles
atus, l’être souillé et >nex' l
de la terre, au Campus Sceler
. _ . isA Co-
12) n’en connaît que chez les Carthaginois, les Gaulois cl (Scliol.
rinthe, sacrifice à Hêra Akræa, pour Uàwx0<« t” ^ p, 573 c) ;
Eurip. iledea , 273), supplication (însttfa) à Aphrodite (• ^ p0ur IléroM*
à Phénée, ivayurtiava pour Myrtilos (Pausan. MIL ’ . jjl1l)0I1c, pour Km’1105
(H, 10, 1); à ÜEchalia, pour Eurytos (IV, 3, G), a acu^ H
(III, 13,3) et Hyakinthos C1II, 19, 3. Athen. IV, P- l3’ >' . ([<wi. I, «H
,aO«?1rSv (Plut. Q. Rom. 80). - 13 Et non pas de ponte U. , fi serai! b'*
16 G. Wissowa, art. Argei in Pauly-Wissowas ea ^ ^ réconte, ct I’a^lSCI11 1|
étonnant qu'on eût perdu si vite le souvenir d une origine a - y,.si*|es, ''0’ iin
des Xviri S. F. à le cérémonie, où
figurent les pontifes
!..
mos
inexplicable. — «. Cicéron ( Pro Rose. 30) y voit sans “ wllre sens » •
Ovide (Fait. V, 024) proteste, et les érudits avaient ^ F<sl. p. 33b
tradition concernant les depontani (Fest. Epit. P- ,J’ s’ sejagénaircs l: 1 1
Sexagenarios ; Macr. Sat. I, 5, 10). A Céos, le poi °
X, p. 480).
— 1423 —
LUS
LUS
niable 'I
, , devenue la Vestale coupable. On l’enfouit
»r- ‘ ' "y0a. ,j.a, en prétendant respecter l’inviolabilité
I co»lin': u" x^'is gu garder elle-même ; moyennant quoi la
■J’elk' "d'.i'ivrée des conséquences qu’aurait attirées sur
cilé - ' ' né d’un tel crime. Je croirais volontiers que
elle 1 X °nt imii6 ici des rites srecs’ connus 011 . in“
relatifs à l’enterrement des xaûdpgaTa. Du moins,
î iridition voulait que la première Vestale déflorée,
■L. Svlvia, eût été noyée dans le Tibre1, comme on
K it pour les iryei. Il était un autre cas, analogue à un
hin point de vue, et qui, tout au moins comme diffi-
|Ceu]lé théorique, car on ne dit pas qu’il se soit jamais
Eésenté, a exercé l’ingéniosité des pontifes. L’indi-
»jdu CIUi s’était « dévoué » [voir devotio] avait assumé
sur sa tête les péchés et responsabilités quelconques de
|ses concitoyens. Quoique innocent et même sublime, il
était devenu un xâôapga, et, comme tel, il devait dispa-
| raitre. S’il survivait, il fallait ou l’expulser de la cité, ou
ne l’y laisser
rentrer qu’après
f lui avoir ôté le
I caractère de vic¬
time expiatoire.
| Les pontifes
avaient trouvé
I au problème une
solution qui pro-
duisaitenmême
I temps ces deux
[ effets contradic¬
toires. On devait
substituer à l’in¬
dividu dévoué
[ une effigie d’au
' moinsseptpieds
de haut, que
Ion enterrait, avec sacrifice expiatoire, dans un endroit
qui devenait par le fait une espèce de bidental. Grâce
i à ce dédoublement de la personnalité, le dévoué était
j théoriquement supprimé, pratiquement rendu à la so-
j ciété. Si l’ennemi s’était emparé de l’arme sur laquelle
Ile dévoué avait posé le pied en prononçant les formules
I rituelles, il fallait paralyser la vertu de ce talisman, témoin
K es imprécations, en offrant à Mars des suovetaurilia.
I Parmi les cérémonies recensées jusqu’ici comme lus-
I Fiions expiatoires, toutes celles qui sont devenues régu-
leresü annuelles auraient pu aussi bien être qualifiées
rcaté>lt' ^°'res’ ^es ont maintenues dans la première
dif '■'n ra*SOn teur caractère lugubre et des tra-
! on ' u en boisaient remonter l’origine soitàun crime
devoir " S^c*^é> soit, d’une manière générale, à des
Lt4:.,()ntractés envers les morts. D’autre part, la
liahiiiv ' n°US a^ons ran8er les cérémonies propi-
S 111 ^°*t comprendre que celles où il y a lustra-
•Anior. IUt [ ^ • P°rpliyr. Ibid. Serv. Aen. I, 273) ou l'Anio(0vid.
i on ‘-16, sur le For i*tS C0U^es Serrés vivants à Rome par ordre des XviriS. F.
' ^"Icnicul par ce (Qj( ,0,u jllm (^iv. XXII, 57 ; Plin. XXVIII, § 12), rite grec connu
élection de supor^;iL„ * Rom* 40> 44'50> 109-113 ; Gell. X, 15 (curieuse
ase en marbre
di Borna,
4 Thésée
Fig. 4690. - Purification dans les Mystères.
vvnuu QQ guopnqljr 1 r r~'JXJ J Ivv-llO , UCH. A
<l'1 MusOe Kifcher '“ns archaï(|ucs. Cf. ci-dessus, p. H17, 10). — 3 V(
1873,
ensoifr
[ (Plul
•««u
’ ph 2 et 3 = [) " j?ai ^• ^°vatelli (Bull. d. comm. arch. municip.
!'fs®o à Héràklès -' "°mains' V> P- «5 = eleusinia, fig. 2634). —
Thés. 30)i |jCg .[ Tr‘-’ Iiu'^<rewî Sêojjuvw 8tà xtvaç itpài;etç àSouXViTouç
t *!««»».„. . [ lls Myslilres d'Agræ sont un «aeajn»; (Polyaen. V, 17),
Wphtlt. Lacan, P[l[ (Schol. Arist. Plut. 845). — 6 Plut.
i —8, 24G (Refus d'Antalcidas, de Lysaudre et d’un autre
tion, et l’idée de lustration présuppose nécessairement
celle de souillures à effacer, autrement dit d’expiation.
La ligne de démarcation est donc assez flottante. Nous
avons rnis en deçà les lustrations qui visent à effacer des
souillures connues, ou supposées pour des raisons
connues : nous mettrons au delà les purifications qui ne
supposent d’autres souillures que celles dont nulle per¬
sonne ou chose terrestre n’est présumée exempte. La
catégorie précédente est une médication qui confine à la
morale : celle-ci est un chapitre de l'hygiène mystique.
III. Rites propitiatoires. — A. Lustrations indivi¬
duelles ou familiales. — Tout acte religieux, et parti¬
culièrement le sacrifice, exige une pureté corporelle dont
la nécessité était rappelée à tous par les yépv t6eç ou
Treptppavr/jpca placés à l’entrée des lieux saints (voir
fig. 4678). A plus forte raison les prêtres devaient-ils se
tenir en état de pureté [sacerdos, sacrificilm 1. On sait de
combien d’observances minutieuses était encombrée à
Rome la vie
quotidienne du
f l ame. x Dialis
et des Vestales2.
Nous ne revien¬
drons. pas sur
les prescriptions
analogues con¬
cernant les sa¬
cerdoces hellé¬
niques et qui
ont été visées
plus haut. Il est
probable que la
collation du sa¬
cerdoce n'allait
pas sans lustra¬
tions spéciales,
mais les textes n’en disent rien : il n’y en a pas trace dans
le peu que nous savons de Y « inauguration » sacerdotale
à Rome [inauguratio]. Du reste, dans le monde gréco-
romain, le sacerdoce, le plus souvent temporaire, tendait
à devenir une fonction civique. En revanche, la cathar¬
tique avait pris un déxreloppement exceptionnel dans les
mystères [eleusinia, mysteria]. L’initiation aux mystères
exigeait toute une série de lustrations préalables
(fig. 4690) 3, destinées à laver toutes les souillures pos¬
sibles, même celles dont le myste lui-même n’avait pas
conscience 4. Pour les fautes dont il se savait coupable,
et qu’on l’invitait à confesser dans les mystères ‘ de
Samothrace5, il y avait sans doute des lustrations
supplémentaires, de caractère expiatoire 6. Il n’est
question, à propos des mystères, quels qu'ils soient7,
que de xoc9ap|Aot, Xôastç3, vsXsxoci, de vêtements immaculés,
de bains, d'aliments et de breuvages régénérateurs, de
spectacles produisant dans les âmes la xâOapuiç qu’ Aristote
Laconien de répondre à la question : xt Sttvô te?ov [ou ivott-tuTatov ou à<TeSÉ<rr«Tov]
SsSpaxEv lv t -j SX.). — ® La purification par le jrotçiSiov était obligatoire pour- tous
(Schol. Arist. Acliarn. 747, 764; Pac. 374; Ban. 338). On peut supposer que les
xaddtçirei; d'Eleusis (Olynipiod. ad Plat. Phaedr. p. 289) étaient plus
compliquées. Le dadouque employait, outre la torche (son engin professionnel), le
Atiî xujSiov (ci-dessus, p. 1415, 7). On rencontre cucore un 'l’Sjavo; ô «Yvwrrtjç t5v
*EXeu<rtvtwv (Hcsych.). La purification par le feu (dadouque) était si connue que j là.
zb lv ’EXtuffTvi était un juron populaire. — 1 Cf. Eschinc xaôouçtuv xoùç TtXoupivouç
(DemOSlh. Coron. 259). — 8 ’ATtoxaOâçffiiç ^ujrwv xai ‘X.ûo-eiç jAïjvi|Jici-rwv (Iambl.
Myst. III, 10). Jamblique distingue ici la et le résultat (Xû<riç (Mivtp&TNv —
iXao’|xoç).
LUS
1424 —
LUS
a transportée à la tragédie dionysiaque. Les cultes
mystiques étaient de véritables officines de purification,
d'où l'on sortait tout prêt à affronter le voyage d’outre¬
tombe, allégé de ses fautes (part de l’expiation), marqué
du sceau (cçpaYtç) des élus et assuré de la bienveillance
des divinités souterraines (part de la propitiation). Les
« théurges », comme Proclüs, se préparaient nuit et jour
à leur lin dernière, par des « aspersions et autres
catharmes, tantôt orphiques, tantôt chaldaïques 1 ». Ils
avaient des traités sur les xa9<xp<na, attribués à Orphée ou
à Hermès Trismégiste, Pythagore, Epiménide, Empé-
docle, Phérécyde, où se mêlaient étrangement les recettes
magiques, les prières, jeunes et abstinences2. Les cultes
fraîchement importés de l’Orient soutinrent la concur¬
rence par une surenchère, le baptême de sang [tauro-
bolium], lustration qui produisait une « renaissance pour
l’éternité » ou régénération, symbolisée par la vertu
génératrice des vires3. Ils avaient même puisé dans
l’air ambiant des
idées de charité,
qui permettaient
aux initiés d’attri¬
buer à d’autres le
bénéfice de leur
régénération.
Comme les Mys¬
tères, les oracles
(aavTeïx) n' o uvra i e n t
leurs sanctuaires
qu’à des clients
préalablement pu¬
rifiés suivant des
rites officiels qui
seront examinés
ailleurs [oracula.
Cf. divinatio]. Ces
lustrations étaient particulièrement compliquées près
des oracles chthoniens ou nécromantiques. A Lébadée,
on ne descendait dans l’antre redoutable de Trophonios
que muni de toutes les ressources de la cathartique, sacri¬
fices, ablutions, dégustation d’eau de sources sacrées et
habits de lin 4. On n’approchait de la fontaine des Pali-
ques que « pur de toute souillure, de commerce charnel
et de certains aliments ». Comme les parjures étaient
frappés de mort, les prêtres exigeaient des consultants le
dépôt préalable d’une somme qui servirait à purifier le
temple en cas d’accident s.
Comme les Mystères et les oracles, les divers sacer¬
doces pouvaient édicter des prescriptions de ce genre, à
l’usage soit des prêtres, soit des fidèles. Les cultes na-
1 Marin. Vit. Procl. 18. Une initiée s’écrie : e^opat ex xaOapSv xaOaçà, */ôovtwv
paufreia. Corp. inscr. Gr. Sic. et Ital. 638, 641 sqq. ( Notiz . d. Scavi , 1880, p. 155,
tav. vi). La théurgie ou philosophie mystique a pour but la purgatio animae
(August. C. Dei , X, 9-10). Purification au miel dans les mystères de Mithra (Por-
phyr. Antr. nymph. loj. — 2 Philostr. Vit. Apoll. VI, 5. Themist. Orat. II,
38. Cf. Pythagore sur les vertus de la scille (Plin. XX, § 101). — 3 Cf. les oçgeiç
toü; ex tu*v jrot^wv, oT; xaOa tçouatv oxav el<rcÉvat fxéXXouffiv (Dcmosth. Adv. Conon. 39).
F. Cumont [ Textes et mon. fig. rel. aux myst. de Mithra, I [1899], p. 334; Le
Tavrobole et le culte de Bellone [Rev. d'Hist. et Litt. rel. VI [1901], p. 97-110)]
estime, contre l’opinion courante, que « le taurobole n’a jamais fait partie de la
eligion mithriaque ». Il l'adjuge en entier au culte d’Anahîta, identifiée à l’Artémis
TaypoiîôXo; (Mâ-Bellone), puis, par les prêtres de Cybèlc, à la Mater Magna. La
plus ancienne inscription taurobolique connue [Corp. inscr. lat. X, 1596) est de 134
ap. J.-C. et dédiée à Venus Caelesta (sic). L’assimilation et juxtaposition du criobole
au taurobole me semble devoir ou pouvoir être expliquée par un raffinement scien¬
tifique du symbolisme, le Bélier ayant remplacé le Taureau comme signe équinoxial
et symbole solaire. — 4 Hist. de la Divination , III, p. 323-325. — 6 Polem. ap.
tionaux ne paraissent pas avoir été très
cuUes importés de l’Orient l’étaient ! les
placée à l’entrée d’un sanctuaire — d’aillL.m-° ^ slèle
de Lindos avertissait ceux qui voulaient y!1VnCOnnu'~
bonne condition » (où<r(®«) qu’ils devaient s’O " i f * en
de certains mets, lentilles, chair de chèvre ° fnUS
durant un nombre de jours déterminé. La soùin^H
duite par le contact d’un cadavre ou un deuil ' J? ^
exigeait un délai de quarante jours. L’interdiction^'11,6
tant du commerce sexuel « légitime » pouvait être T
le jour même, moyennant une aspersion d’eau et
onction d’huile 6. Le règlement rédigé par le fondaiT'
d’une chapelle de Mên Tyrannos [lunus] en Attique exig]
que quiconque s’en approche soit pur, c’est-à-dire purifié
par un lavage, s’il a mangé de l’ail ou du porc ou s’est
approché d’une femme : il n’oublie pas non plus ce qui
concerne xà et les morts. Tout contrevenant
peut être assuré que le dieu n’acceptera pas son offrande1
On a signalé plus I
haut la place que I
tenaient dans la vie I
des individus et I
des familles les I
lustrations concer- I
nant la naissance I
et la mort : celles
du mariage [matri-
monium] ne sont ni
moins minutieu -
ses, ni moins obli¬
gatoires. Si elles
sont disjointes ici
des autres, c’est
qu’elles ne visent
pas des souillures
connues et quelles
rentrent par là dans la catégorie des cérémonies pi opi
tiatoires. Les précautions imaginées pour pm ilia es
mariés, leur maison, le lit nuptial, pour tenir a distance
ou chasser les mauvais esprits et attirer les beiu mctions
des divinités protectrices, sont si multipliées qu a scial
plus simple de dire qu’on n’en omet aucune. J iin-
rites grecs8, choix d’un jour heureux et « U,u U ’
bains préalables avec invocation des Nymphe > p. ^
aux sources où l’eau est puisée [loutropuoros], m ^
blancs et couronne, sacrifices, purification p ^ ^
sion (fig. 4691) 9 et fumigation promenée en cel '
gauche à droite, autour du couple 10, f1aül lus- :
torches portées par le cortège, partie essen u &u
trations matrimoniales11, communion Pal
17l. p. Rcinaeh.
Macr. Sat. V, 19, 26-30 ; cf. Diod. XI, 89. - 6 L* des Myslèrc* j
Epigr. gr. p. 105. Michel, 723 (n* siècle av. b ,Mich(,]i 094,lig- 37h ,
d’Andania (91 av. J.-C.) : àvayçaOàvTm Sè xai 0.0 wv ’ 240-274)- Cf* I>lsC^rJ
et du temple de Lycosoura (Leonardos in Eçni** ^ 0gwî«» x«î v£*?“v
von Pergam. n° 255. Hesycli. s. v. aYveûetv * xafiaçeûeiv 4wo 7 s. Rcin^cbi
et les prescriptions hésiodiques (Opp. et dies,i^>- • J.-C.)- C esl à '
et p. 127. Corp. inscr. ait. III, 74 = Michel, 988 (» s' 0 qlland d ralll° )
ccs cultes exotiques, et non aux Mystères, que songe ^ ^ ^ ^veïa‘ (f’*11* ‘ ^
pratiques superstitieuses, les àxàOaçxot jxlv xa6ap|xot, ^ . Qesch- utid 1 ^
perst. 11). -8 Voiries textes réunis par E. von LasaulJ, * 37*-*S8). * £
. .
der Ehe bei den Griechen , 1832 (in .
Fr. Hermann, Lehrb. d. gr. Antiq. § 31. - a ' '~propre, P1-
logue E, 77i(Dumont et Chaplain, Céramique de la w i praetuUt, f‘ deX
ces de Jason et Médée : ignem Pollux undamquesj uf/a , J(6
paterae vertuntur in orbem (Val. Fl. Argon. VI ^ ^ un;on3 illégit*®cS >c
n’oublie pas les et le xaOàp*iov icu?.
yàjxoi (Schol. Eurip. Alcest. 1001).
LUS
— 1425
LUS
, ,1c sésame, tapage à la porte durant la con-
symbol‘9uC 1 | jaariage, toutes ces pratiques, dont sou-
sonimal'011 ‘ 1 ait pius le sens et qui, tombées dans
vent on ne ^ nécessitaient plus l’intervention du
led°mal encouraient au même but. A Rome, un certain
pI'étre’ T cérémonies symboliques étaient tombées en
n°mb!'e ü nvcc la confarreatio , forme archaïque du ma-
déSUt frôlée par l’État en la personne du Grand Pontife
riage C°" ■ ' |. Dial i Celle-ci exigeait, outre la communion
et du flamme ■ cérém0nie qui rappelle l’usage
c X rt devait produire des effets ana-
gr6L ■' Les mariés étaient invités par le pontife a
Asseoir sur deux sièges ayant pour couverture commune
iu. de la brebis immolée pour la circonstance4. Mais
î! cortège des torches en bois d’épine, de cornouiller ou
, ■ 5 était de rigueur dans toute deductio nuptiale,
,Xwe, fà comme en Grèce, du rapt de l'àge préiris-
; riaue Les « flambeaux d’hyménée » ( taedae , faces )
aient 'passés en proverbe. A la porte de la maison
nuptiale une onction d’huile [cf. la dea Unxta des
indigitamenta] et des bandelettes de laine attachées aux
poteaux arrêtaient encore les maléfices 7. ^
Les naissances, mariages et décès, n étaient pas les
seules circonstances où les lustrations fussent obliga¬
toires. Sans rechercher curieusement les scrupules qui
pouvaient surgir à tout moment dans l’existence des gens
superstitieux et provoquer des lustrations individuelles
ou domestiques \ je me borne à relever les purifications
qui étaient prescrites à certains jours par la religion de
la cité. On a déjà noté celles qui, appartenant à la com¬
mémoration publique des morts, ont un caractère expia¬
toire. De même ici figurent les lustrations propitiatoires
qui sont bien ordonnées par la religion d’État, mais sont
exécutées par les individus, pour eux-mêmes et leurs
propriétés. Les unes et les autres appartiennent à la caté¬
gorie de ce que les théologiens appelaient cultes popu¬
laires (Upi S-rjgoTtxà, sacra popularia), par opposition
aux cérémonies officielles (îspà o-qptoTeX-q, sacra publica ou
pro populo). Ce sont des usages populaires, antérieurs à
la constitution du culte officiel, mais reconnus et rendus
obligatoires par l’État.
A Athènes, il n’est presque pas de fête qui ne soit po¬
pulaire en même temps qu’officielle et qui ne prenne la
forme de procession (TiopTrq). On pourrait donc inscrire
ici toutes celles où les citoyens portent des engins de
purification, de l’eau, des torches ou « lampes », des
branches ou couronnes de laurier et d’olivier, c esl-à-dire
les hydrophories, thallophories, daphnéphories, lampa-
dophories ou lampadodromies. Il est prudent de passer a
côté de cette perspective indéfinie, en ne retenant, pour
le paragraphe suivant, que les lustrations vraiment
officielles.
Le culte romain nous offre un triage plus facile. Voici
d’abord, dans la catégorie des lustrations agricoles et en
suivant l’ordre du calendrier, les fêtes mobiles célébrées
en janvier, comme conclusion des travaux d’ensemence¬
ment ( feriae sementivae ), les Compitalia ou fêle des
Lares à la ville [compitalia], les Faganalia à la cam¬
pagne, deux parties artificiellement séparées d’une lus¬
tration générale du territoire, sans doute unique à
l’origine9. Aux Compitalia , comme prélude aux réjouis¬
sances, figurent des cérémonies de caractère funèbre et
expiatoire, suspension dans les carrefours et aux portes
des maisons de poupées ( maniae ) et de pelotes ( pilae )
de laine ; à l’intérieur des maisons, offrandes de tètes de
pavot et d’ail, qui représentaient — on s’en souvenait
encore — des victimes humaines 10. Il y avait aussi com¬
mémoration des morts, surtout des disparus 11 . Enfin, le
sang des porcs coulait dans les carrefours u. Aux Paga-
nalia, on jetait sur des foyers des gâteaux divers ( annua
liba) ; on pendait des oscilla aux arbres 13, on immolait
des truies, et de toutes les cérémonies résultait la lustra¬
tion de la bourgade H. Lorsqu’il y eut des magistri vico-
rum et pagorum officiellement investis, la lustration
présidée par eux tendit àprendre un caractère collectif13.
La même observation s’applique aux fêtes des paroisses
dont l’État avait fait des curies et qui se célébraient aussi,
par ordre de l’État, le même jour : les Fornacalia du
17 février [fornacalia] et les Fordicidia du 15 avril. De
ces deux cérémonies, la dernière, à cause de l’interven¬
tion des pontifes et des Vestales, trouvera place plus
loin : l’autre a été suffisamment étudiée dans l’article
précité. Les citoyens — sinon tous, du moins les patri¬
ciens16 — y participaient d’une façon active, et chez eux,
comme pères de famille, et dans les curies, sous la direc¬
tion des curiones et du curio maximus. La lustration
purement agricole du mois de février est la lustration des
bornes ou fête du dieu Terme (Terminal ia) au 23 février.
Ce jour-là, les propriétaires de champs contigus se réu¬
nissent devant la borne couronnée, versent sur le feu de
l’autel des grains, des rayons de miel, des libations de
vin et immolent une porca lactans' .
[ ‘Civ. Georg. I, 31. Et sans doute la flarninica, d’après Ovid. Fast. II. 27-28.
- ■ cnius paraît 1 identifier avec la mola salsa, en définissant le mariage farre,
1 P°niïficem Maximum et Dialetn flaminem per fruges et molam salsam
Un^e conlarreati° oppellabatur (Serv. Georg. I, 31). Cf. Plin.
. .’ s J6’ mariage à la mode macédonienne : Alexandre, épousant Roxane,
IV 4 "for' Patrio more panem... quem divisum gladio uterque libabat (Curt.
tanci " 1-es Crées 1 avaient peut-être supprimée en même temps que l’assis-
menlio Apollonius de Rhodes [Argon. IV, 1140 sqq.) explique mal, mais
Jason 0é't" Mv do la Toison d’or, prototype du Ait; xùStov, sur le lit nuptial de
T0*° 3 cTCeçdev | XÇÙO-EOV aty7.iîev xùîaç ëâXov, oçça teeXoito ] vtgir.eiç TE
mptiàrLl^' ~ * Scn\Aen' IV- 374- Cf- ci-dessus, p.1415, 7. - 5 Spina
!3) \ pinça ' US " wFca-tis8ima (Plin. XVI, § 30) ; corneae faces (Serv. Ecl. VIII,
Plutarque (o' y; ^a5t' iaeefo. (II, 558). Cinq cierges (xqçiwvE«). d'après
pension ■ f, ] ~ 6 lcsl- Epit. p. 87, s. v. Facem( avec mention de l’as-
Q. Jlom asPer9ebatur nova nupta) ; Lucan. Phars. II, 345, 356; Plut.
Varron: trfeo y]1’ Aen- 1V> 339- F, cl. VIH, 29, avec l’explication pragmatique de
a «point* _ 7<IC/S Prae're> quod antea non nisi per noctem nubentes ducebantur
unxores s, °"c,|on à la porte (d'où Unxia et l’étymologie uxores, quasi
w-dcMu’,. „ *.v’ 457> rappcii« l’usage de la poix aux Àntliestéries
8 Voir les offrandes
«US, |). Miot . •
4 Uécalo dai,s |es’ °U °U renconlre :u|ssi l’épine (fipvos).
Biques, f0je .q cairefours où l’on dépose les balayures : les drogues tna-
enen, que amuletum esse dicunt Magi totius domus suffitae
purificataeque, etc. (Plin. XXX, | 82) : l’hellébore, quo et domos suffiunt pur-
gantque , spargentes et pecora (cf. les Parilia ci-après), cum precatione sollemm
(Plin. XXV, § 49), et, d’une manière générale, villas, domos, templa totasque urbes
aspergine circumlatae aquae expiant passim (Tcrtull. De Bapt. 5). Columclle
(VII, 5, 17) donne une recette égyptienne pour préserver les moulons du « feu
sacré ». Elle consiste à enterrer le mouton malade à l’entrée de la bergerie et à
faire défiler le troupeau par-dessus. — 9 Je laisse de côté les difficultés que soulève
la distinction ou l’identification des feriae sementivae et paganicae (Varr. L. lat.
VI, 26 ; Lyd. Mens. III, 6), des Compitalia et Laralia, etc. — 10 Fcst. Epit.
p. 121. s. v. Laneae effigies ; p. 239, s. v. pilae. Varr. ap. Non. p. 538. Macr. Sat.
I 7 34. Substitution des têtes d’anchois et d’oignons aux têtes humaines dans
Plut. Num. 15 (xat vèv xatcEçjxbv outw tjvtîxeTvOv’.) et Arnob. V, 1. — H Compitalia
ubi eos qui peregre moriuntur colunt (Charis. 1, 13, 5, p. 20). 10 Parva sagi-
nati lustrabant compita porci \ Pastor et ad calamos exta litabat ovis (Prop.
V 1, 23). Properce vise ensemble les Compitalia et Paganalia. — *3 Imitation du
rite àttique de lVUoa, d'après Virg. Georg. I, 385-389. Prob. ad loc. — 14 Pagum
lustrale, coloni (Ovid. Fast. 1, 661-672). — 15 Siculus Flaccus [De cond.agr. p. 164
Lachm.) appelle territorium pagi la surface purifiée par les magistri— quod pagos
lustrare soliti sunt ; uti trahamus quatinus lus tracent. — 16 11 y a là une question
ouverte : voir curia. — n Ovid. fast. II, 639-656 [Numa) et Fornacalia instituit
farris torrendi f crias et aeque religiosas terminis agrorum (Plin. XV1I1, §8). Les T er-
minalia définies sacrum purgatorium, quod vocant Februm (August. C.Dei, V II, 7.)
LUS
— 142G —
Le 21 avril, jour réputé anniversaire de la fondation de
Home, fête stative des Parilia ou Palilia , à la fois pu¬
blique et privée, intéressant la population entière, sans
distinction d’origine ou de domicile. Dès le matin, les
paj sans procédaient à la lustration des troupeaux. Les
bergeries étaient décorées de rameaux et de couronnes,
le sol balayé, les moutons aspergés d’eau et fumigés au
soufre; puis un grand feu était allumé, feu de paille, de
branches d olivier et de laurier, a travers lequel sautaient
trois fois moutons et bergers. Puis venaient des offrandes
de millet, de dapes, de lait, de vin chaud — avec prière
quatre lois (?) répétée — à Palès, apprêts d’un banquet
d’où les convives sortaient en belle humeur et utilisaient
ce qui leur restait d’équilibre pour repasser par le feu
ravivé du brasier1. Les rites devaient être quelque peu
modifiés pour les citadins. Il est probable qu’ils se réu¬
nissaient et allumaient le feu traditionnel sur le Palatin
ou colline de Palès, et que l'État y était représenté par le
fl amine Palatual, ou même, sous prétexte d’anniver¬
saire de la fondation de Rome, par le rex sacrorum.
En tout cas, l’ingrédient principal de la lustration était
une mixture fabriquée par les Vestales avec le sang de
YOctober equus et la cendre des veaux mort-nés brûlés
aux Fordicidia. Les tiges ( stipulae ) ou cosses vides de
fèves devaient servir, j’imagine, à alimenter le brasier
sur lequel les citoyens, dûment aspergés avec une branche
de laurier, tenant en main le cadeau des Vestales, repas¬
saient trois fois et jetaient cette étrange mixture2. Il est
possible aussi que les suffimenta des Vestales aient été
distribués au « peuple » pour une lustration domestique,
préparatoire à la cérémonie collective 3, comme aux Ludi
Saeculares (ci-après) les suffimenta , torches, soufre et
bitume, distribués par les XVviri S. F.
Si l’on peut considérer comme individuelles des lus¬
trations ordonnées par l'État, à plus forte raison, celles
qui étaient particulières à certaines corporations non
officielles. Une des plus anciennes, celle des marchands
ou Mercuriales , avait sa fête patronale le lo mai. Ce
jour-là, chaque commerçant allait, en simple tunique,
puiser de l’eau à la source de Mercure, près la porte
Capène, dans une cruche préalablement désinfectée
(. suffita ), y trempait unp branche de laurier et en asper¬
geait ses marchandises et sa propre personne, en invo¬
quant Mercure au milieu des fumées de l’encens 4. Les
fériés des Quinquatrus , des Vinalia , des Volcanalia ,
des Portunalia ou Ludi piscatorii, étaient pour
différents corps de métiers des fêtes analogues, don¬
nant lieu à des pratiques où, même avec le peu que
nous en savons, on devine l’intention de purifier les per¬
sonnes et le matériel5. Avec la corporation officielle
1 Voir la description d’Ovide ( Fast . IV, 721-80G), complétée par Varr. ap. Scliol,
Pers. 1,72. Dion. I, 88. Tib. I, 1, 35-36; II, 5, 89-90. Prop. V, 1, 19. Le caractère de
ces cérémonies était évident pour tous. Rasticihis Palilibus se expiari credunt (Schol.
Pers. Loc. cit.) — t»;; tSv jjuaoqjuÜTtov evexa (Dion. Loc. cit.) — 2 S an guis
equi suffimen erit vitulique favilla, | Tertia res durae culmen inane fabae (Ovid.
L. c. 733). — Carte ego de vitulo cinerem stipulasque fabales | Saepe tuli plena
februa casta manu , etc. (725 sqq.). Brasiers de stipulae (Tib. II, 5, 89), de foenum
tProp. V, 1, 19), de laurier, olivier (ci-dessus, p. 1409, 7) ; curto lustra novantur equo-
(Ibid. 20). C’est le rite des Parilia qu’emprunte Tibulle pour la fête où fruges lus -
tramus et agros — purgamus agros , purgamus agrestes , avec de l’eau, des cou¬
ronnes d’olivier, des feux, de larges beuveries, etc. (Tib. II, 1). — 3 Cf. l’expression
énigmatique d’Ovide : quaeque capit lictor domibus purgamina certis (Ovid. Fast.
II, 23). — 4 Ovid. Fast. V, 670-G92. La prière : Ablue praeteriti perjuria tempo-
ris , etc. doit être de l’invention du poète. — 5 Par exemple, aux Volcanalia (23 août),
populus pro se in ignem animalia mittit (Varr. L. lat. VI, 20), c. a. d. de petits
poissons vivants (quod id genus pisciculorum vivorum datur ei deo pro animis
LUS
uos moictnes et leur tubilustrium no
catégorie des lustrations faites pour in ^
B. Lustrations des êtres collectif « t
,.Lwdrel««iq».
compte de rtjt*
Cll0“s que des
nous oblige à commencer par ce que nous
moins. On n’a guère sur la fondation des eu
légendes où il est question de victimes hum
gées ou enterrées vivantes dans les fondai i dineSégor-
railles, légendes qui se donnent pour de rhiT* ^ IUu'
il s’agit de villes fondées à une époque coniT qU“nd
ainsi qu’on nous indique le jour et l’heure où vi ^
Nicator, après avoir choisi remplacement d’Anlin i
immoler au milieu une vierge nommée Æmathis» ’ «
nose affirmer que les Grecs soient restés indemnes do
cette abominable superstition, qui parait avoir sévi
toute l’espèce humaine \ Les traditions authenüJü
ment grecques n’en parlent pas. Les Mégariens rail
Laient que Alcathos, avant de bâtir leurs murailles av t
sacrifié aux ©sol TupoSoge??, mais sans allusion aucune l
ce rite barbare 8. Rome aussi avait, au milieu de soi
ancien périmètre, un mundus , un lieu purifié, où l’on
avait jeté les prémices de toutes choses9 à l’adresse des
génies souterrains. Bien que les Romains eussent la pré¬
tention d’avoir toujours abhorré les sacrifices humains,
il se peut que le meurtre de Rémus soit un souvenir tra¬
vesti de ces sortes de lustrations. En tout cas, ils ne
réclamaient pas comme national, mais appelaient « rite
étrusque » le cérémonial qui avait été suivi, d’après la
légende, lors de la fondation de Rome et qu’ils obser¬
vaient fidèlement quand ils fondaient des colonies :
orientation du « temple » urbain et du terrain à allô tir,
prise des auspices et tracé du pomérium avec une charrue
de cuivre attelée d’une vache et d’un taureau blancs
(inauguratioJ. Ce qui domine dans ce rite, et qui est
appliqué, sous le nom d’inauguration, à toute espèce de
« temples », c’est non pas l’idée de purification, mais
l’idée connexe ou même équivalente de « libération»10
ou déblaiement des espaces inaugurés, par transfert ou
exauguration de tout ce qui pouvait l’encombrer. Cepen¬
dant, la lustration par le sacrifice y avait sa part. Nous
savons par Cicéron que la fondation d’une colonie exigeait
des sacrifices pareils à ceux qu’offraient les censeurs et
les généraux pour la lustration du « peuple » ou de
« l’armée » (voir ci-après)11, c’est-à-dire des suoveluurUia,
et, d’autre part, le rite des Lupercales, qui est une lus¬
tration de l’ancien pomérium (ci-après), peut die
reporté aux origines mêmes de la cité. La fondation
de Constantinople fut une occasion d’évoquer les lieux
rites et de les combiner avec ceux qu’une religion nou
velle put suggérer en une circonstance nouvel!' aussi
pour sa liturgie naissante. Constantin paraît avoii t
humanis. Fest. p. 238 s. v. Piscatorii ludi) tournis par les pV 11 ’ u;v alcnls Ue
leur fête au* Piscatorii ludi (7 juin). Cf. les têtes tic maenae ,417).
têtes humaines (Plut. Numa , 15. Arnob. V, 1) — aux l'eralia (c1^ ^ is (|cs greniers
Aux Portunalia (17 août), on passait au feu des clefs, peut-cüe c ^ ^uinquare
du port (Scliol. Véron. Aen. V, 241). Charisius (I, p- st llC1 . ((„/,/« — 0 l’aus.
un synonyme de lustrare , quod eo die arma ancilia lusti ai i si ^ |e,amïi'C fonda»1
Ilamasc. in Frag. hist. gr. IV, p. 409. Malalas en dit autant ^ "pjOcre bâtissant
Alexandrie (p. 192, 01, d'Auguste fondant Ancyre (p. M!’ , s(.s ,.uincs (P- i75<
le théâtre d'Antioche (p. 230, 1), de Trajan relevant Antioche c ^ s,0i.s()e l'his-
19), et il donne aussi les noms des victimes. Ces contes ineptes nj. f, lîthnol.
toire. Cf. hasaulx, Op. cit. p. 247. — 7 Voir P. Sartori, Pas nUi0 ^ ures,..te">p^
XXX[1890],p. 1-54).— 8Pausan. I, 42, 1.-9 Plut. Rom. H- hr6j Ilartung
liberata et effata habento (Cic. Legg. If, 8, 21). Cesl ce <| ' 11 1»
{/tel. d. Miner , I, p.- 143) l'étvmologie erronée delubrum < 0 '^^^censorPf
lustranda colonia ab eo qui eam deduceret,et cumimpera
pulum lustraret , bonis nominibus qui hostias ducerent ehge
UJS
— 1427 —
LUS
des
,r à la fois païens et chrétiens et, dans les deux
"" -.a "(326 ou 328 et 11 mai 330), réparti les céré-
Menn' '^nVlej oomerium, les temples et les églises, de
11101,168 l'1 „ nûi dire la capitale inaugurée à l’ancienne
a la nouvelle..
1110 ,u uration ou dédicace des temples reproduit dans
CSSentielles le rite de la fondation des cités.
SPS 11,11 îtnurilia figurent dans la lustration de l’aire du
le de Jupiter Capitolin, operee sous le principat de
rropagjen (22 juin 70), en même temps que la pose de
] première pierre du nouveau temple. Cette fois, les
niililVs et les haruspices avaient accumulé dans un rite
composite toutes les finesses de l’art. Les ruines du
temple incendié avaient été transportées dans des marais
où elles s’enterreraient d’elles-mêmes. On choisit pour
la cérémonie inaugurale un jour serein. L’espace à puri¬
fier, entouré de bandelettes et de couronnes, bordé d’une
haie de soldats ayant des noms de bon augure et portant
des « rameaux heureux », fut aspergé d’eau vive par les
Vestales; puis les suovetaurilia furent immolés, avec
prière dictée par un pontife; le magistrat présidant à la
dédicace toucha les bandelettes dont la pierre angulaire
était enrubannée, et celle-ci fut descendue sur un lit de
pièces d’or et d’argent et de pépites métalliques à l’état
naturel. Défense fut faite par les haruspices d’employer
à la construction ni pierre ni or qui auraient été destinés
à un autre usage2.
Pour les vieilles cités, les lustrations initiales sont
présupposées d’après des usages existants. Grecs et
Romains multipliaient les purifications périodiques du
territoire de leur cité, soit à jour fixe, soit dans une
saison déterminée. Le rituel athénien est tellement en¬
combré de processions avec sacrifices, rameaux de lau¬
rier et d’olivier, Atbç xd> otov (aux Sxtpoipdpta et aux
Ilogxata de Mæmakterion 3), symboles phalliques et
autres aTrorpoTtata, promenés dans la ville et hors de la
ville, et toutes ces cérémonies, dont on avait perdu le
sens, étaient motivées par des légendes si incohérentes
qu il est impossible même d’en esquisser ici une analyse
sommaire. On y pressent partout le caractère de lustra¬
tions officielles, adultéré et compliqué de toute sorte de
détails énigmatiques.. Bornons-nous à prélever sur ce
atras quelques cérémonies incontestablement lustrales.
Telle la tète des Kallyntéries et Plyntéries [plynteria],
fiel axait lieu précisément dans le mois de Thargélion et
complétait 1 effet de la grande lustration des Thargélies.
a 1 S1 ‘O de, en la rattachant au souvenir d’Aglaure,
comme les Thargélies à la mort d’Àndrogée, lui donnait
1 ui.ii tere lunèbre qui paraît ici tout à. fait artificiel.
(roohishdit nett°yer sanctuaire d’Athéna Polias
. jvt qpta), de baigner le vieux fétiche (£davov) qui la
IV, 53°"_J':;1'|'"'ck,’a,'d,.Oie Zeit Constantins d. Gr. 2, p. 413 sqq. — 2 Tac. Hist.
*»Su» tenait une telle place dans les lustrations que le mot
877 K). _ 4 Yoj | * avait 1° sens de xaO«to£<rOat (cf. Liât .Legcj. IX, p.
mie"s lavaient dc <S.loxles tïans K. Fr. Hermann, Gr. Antiq. II, § 61, 4-8. Les Sa-
672 d), On raconte IU '!K ^0us *os ans a mer la statue de leur Hôra (Athcn. XV, p.
*W®-nièmeàlamer d Tanagra> la statue du héros misogyne Eunostos alla se laver
" « Toi; 4aJ^’uPaiCe qU une fernme était entrée dans le (Plut. Q.GraecM).
~v,î ’ ^’Ç'xvxtuâÇtiv tlç xàOaçatfv t]o$ îeçou xEptaxïçàv xa\ iEEpiaXE[t^a]i
Michel, çj p T,î [,JP"?4ç] xx\ Aotürai tSi é'S»] ( Corp . inscr. ntt. IV, 2, 314 c =
p- l8°- ü'apris Utros ("Cart’ °M' C°’T’ /îeW • Xln> P- 102 sqq. Ath. Mitth. XVI,
««s par (h8 . s- v- itEçumoiçjfoç), tous les édifices publics étaient
^«rcA. a . Scliof CU fa'saicnt ,e lo«r xoifoiojoOTvTE;. — 0 Aeschin. In
Pollux, VIII Ecoles. 128 (sEçtaTtot yôip vàxaOoiçtrta). Acham.
ra,< lustrale J, l'entrj-,. ' r 8,1 11 1 ' S' vv‘ lEEpKrtfaçyo;. il y avait aussi de
"" ' * ag0,'a (Uemosth. In Lcptin. § 158 ; Aeschin. In Timarch.
représentait et de laver ses vêtements (riXuvrrçpta). Les
Praxiergides, assistées de 7rXuvTpéoeç ou Xoorptoeç et d un
xaTavt7rr7)ç, emportaient l’idole soigneusement enveloppée
et la conduisaient processionnellement à la mer, près de
Phalère, d’où le cortège la ramenait le soir, portant un
bloc de figues sèches (^jynTTtpfx) et des flambeaux allumés.
Pendant l’absence de sa patronne, la cité prenait un air
de deuil; l’accès des temples était barré par des cordes,
et le jour était inoyou;*. Chaque sanctuaire avait peut-
être son jour de nettoyage, mais qui n’intéressait pas
la cité entière comme les Plyntéries. Enfin, des répa¬
rations ou des souillures accidentelles pouvaient donner
lieu à des lustrations exceptionnelles. Un décret de 283
av. J.-C. charge les astynomes « de fournir, pour la puri¬
fication du temple (d’Aphrodite Pandémos), une colombe,
d’oindre les autels, de goudronner les charpentes et de
laver les sièges5 ».
La religion athénienne exigeait aussi que le lieu où se
réunissait le peuple, soit en comices (èxxA rpia), soit au
théâtre ou ailleurs, fût purifié, ainsi que les assistants
eux-mêmes, avant l’ouverture de la séance. C’était l'office
des nepicm’apyot 6, qui faisaient le tour de l’assemblée en
l’aspergeant avec le sang de cochons de lait, lesquels
étaient censés recueillir dans leurs chairs et leurs op/stç
tous les miasmes ambiants, après quoi ils étaient jetés à
la voirie comme x«6âpa«xa 7. Cette lustration sacramen¬
telle tenait la place des auspices à la mode romaine.
Plutarque raconte que, en apprenant l’horrible « scyta-
lisme » d’Argos (360 av. J.-C.), les Athéniens, qui étaient
en séance, firent recommencer la xaQapatç de l’assemblée8.
Un Romain eût dit que les auspices étaient viciés par ces
dirae. Le même usage se retrouve, indiqué plutôt que
défini par le terme vague de ispâ, à Éphèse et à Bargylia 3.
A Andania, la « purification » préalable des mystes as¬
semblés exige « un bélier de belle couleur, et, quand la
purification se fait au théâtre, trois petits cochons10 ».
AOlympie, le jury des Ilellanodiques ne siégeait que pu¬
rifié par lesangde porc et l’eau delà fontaine de Piérie “.
A plus forte raison une armée ou une flotte ne se
mettait-elle pas en campagne sans sacrifices accompagnés
de lustrations. Les sacrifices légendaires d’Iphigénie, de
Polyxène, d’Astyanax, classés plus haut dans la catégorie
des lustrations expiatoires comme exigées par des pro¬
diges, étaient des lustrations militaires qui purifiaient
l’armée dans la personne de son chef, celui-ci sacrificateur
ou mis en contact avec la victime. Abstraction faite des
sacrifices propitiatoires ou divinatoires offerts par les
généraux en campagne, des ettjtnjptat, IjxSaTijptat, àiroSoc-
•nfjpiat (Qujiai)12, reste à considérer les lustrations propre¬
ment dites, motivées par des circonstances spéciales.
Xénophon rapporte qu’il fit procéder à une lustration de
21 : défense aux pnthici d’entrer evtAç tt ; àyopâ; t<»v t ïpislavTr, p’wv). I.cs Romains
n’avaient pas retenu, pour les comices, le rite du lustrum censorial. — 1 Au lieu
de les brûler, on les abandonnait, comme « dîners d’Hécate », aux pauvres gens qui
fouillaient les détritus des carrefours. Cf. la bande de jeunes gens qui s'amusaient,
pour faire scandale, toi te 'ExaTaTa xaTEaOttiv, x«i toùç oo/Eiq T '.J ; tx t.<» /olo.0 v, oîç
xaOalpoumv o'tccv eIoiévou [xÉAÀwffi (Dcmosth. In Conon. 39). ■ — - 8 Plut. / Va ce. ger.
reip. 17. — 9 Wood, Discov. at Ephesus, p. 20. Lebas, Asie Min. 87. — 10 Lebas-
Foucart, 326 a. S. Reinacb, Traité d'Epigr. gr. p. 134-141. Michel, 094, lig. 68.
— il Pans. V, 16, 5. — *2 Voir dans Thucydide (VI, 32) et Diodorc (XIII, 3) la
cérémonie solennelle au départ de la flotte athénienne. Libations et vœux (eùyat) —
bien qu’on rencontre des vœux qualifiés lustralia vota (Val. Place. Argon. III, 414)
— ne me paraissent pas constituer une lustration proprement dite. De même, les
IpSotTvîpiot d’Alexandre aux bouches de l’Indus (sacrifice de taureaux et libation,
Arrian. Anal). VI, 19, 5), de Néarque (Arrian. Ind. 21, 2) et de Milhridate (Arrian.
Mithrid. 70), imité par S. Pompée (Rio Cass. XLV1II, 48).
LUS
— 1428
toute l’armée des Dix Mille, parce qu’un détachement avait
violé le droit des gens, lustration indépendante de la
punition des coupables ‘.C’est après un commencement
de guerre civile que les généraux d’Alexandre purifient
l’armée à la mode macédonienne et béotienne2, en la
faisant défiler entre les deux moitiés d’une chienne sacri¬
fiée à cet effet3. Cette lustration, qui rappelle le cxuXa-
xtiqAÔç et le culte magique d'Hécate, expiatoire dans ce
cas particulier, était propitiatoire en Macédoine, où elle
avait lieu tous les ans au mois de Xanthicos, correspon¬
dant à peu près au mois de mars4. Tite-Live décrit celle
que célébra Persée en 182. Il mentionne le sacrifice de la
chienne, en précisant davantage le rite. D’après lui, la
victime est divisée transversalement, de façon que la tête
et la partie supérieure du corps sont placées à droite du
chemin, les entrailles et le reste à gauche 5. Le défilé
était suivi d'un tournoi, qui remplaçait peut-être des
sacrifices humains, c’est-à-dire le rite archaïque et oublié
de la lustration 6.
Il semble bien, en effet, que le rite béoto-macédonien
ait eu à l’origine un autre sens, que l’on ne comprenait
plus. C’était le rite qui consacrait les serments, et sur¬
tout les serments qui servaient de garantie aux pactes
internationaux. Ainsi fut scellé, au temps d’ Abraham, le
pacte entre Iahvé et son peuple7. Les Grecs juraient
aussi sur les morceaux partagés des victimes8, et c’était
probablement à cette cérémonie que servait le porc
« frappé » par les Fétiaux romains. Il y avait, dans la
victime ainsi partagée, comme dans le foie qu’interro¬
geaient les haruspices [haruspices], la partie de l’offi¬
ciant ( pars familiaris ) et celle de l’étranger (pars hosti-
lis ). Ce rite a donc pu être celui d’un pacte qui liait
l’armée à son chef ou à ses dieux nationaux, et n’a été
considéré comme « lustration » que par oubli de sa
signification symbolique. Oubli, ou même inversion,
car une obligation ainsi contractée, loin de purifier les
intéressés, attache à leur personne un maléfice éventuel
pour le cas où ils violeraient leur serment.
Les Romains, qui ont ajouté à leur liturgie nationale
tant de suppléments exotiques, ont bien pu emprunter
aux Grecs l’usage des lustrations militaires accidentelles,
de caractère originellement expiatoire, autres que les
cérémonies régulières dont nous ferons état tout à
l’heure ; à plus forte raison, les lustrations de la flotte,
qui ne pouvaient être un rite national dans une cité
longtemps dépourvue de marine. Tite-Live appelle lus-
1 Xenoph. Anab. V, 7, 35. Il ne donne aucun détail sur le rite, disant simplement:
xeù eyéve to xaOapaô;. Sophocle, dans une pièce perdue, parlait de xaôapTîi; o-roa-cou (ap.
Harpocr. S. V. ’AisojAàTToiv). — 2 BouütoT; St Srjixocla xaôaçjxoç ècrct xuvoç SixoTOjiyjÔévTo;
twv iaeP£v MtMeïv (Plut. Q. Rom. iii). Philippe, élevé à Thèbes, a pu introduire
cette mode en Macédoine. — 3 Curt. X, 9, 12. — 4 Hcsych. et Suid. s. v. IvaytÇwv.
C’est aussi le mois des lustrations militaires à Rome (ci-après). — 5 Liv. XL, 6.
— 6 Mos erat lustrationis sacro peracto decurrere exercitum, et divisas bifariam
duas acies concurrere ad simulacrum pugnae (Liv. Ibid.). On reconnaît la decursio
(ci-dessus, p. 1417) et les joutes funèbres, v. g. au tombeau d’Harpalyce, propter
expiationem, per imaçinem pugnae (Serv. Aen. I, 317), qui étaient, comme les
munera gladiatoria , des survivances. Moris fuit apud veteres , ut ante rogos hu-
manus sanguis effunderetur vel captivorum, vel gladiatorum (Serv. Aen. XII, 60C ;
cf. X, 519). — 1 Genes. xv, 10-17 (Abraham, une fois les victimes immolées, divisit
ca per medium , et Iahvé passe lui-méme, sous forme de feu, inter divisiones illas).
Iahvé rappelle ce pacte à Jérémie : vitulum quem conciderunt in duas partes et
transierunt inter divisiones ejus (Jerem. xxxiv, 18). Le prophète paraît viser la
lustration au pied du Sinaï ( Exod . xxiv, 8. Paul; Hebr. ix, 19), qui était en même
temps un renouvellement du pacte, avec aspersion du « sang de l’alliance ». — 8 Pacte
entre Achécns et Troyens sur des agneaux, oçxta -reurrà TàfAovte; ( lliad . II, 124. Cf. 245,
252, 25/ , 269, 280, 323) : Priam mandé b’^xia iturTà Tàjxv/j a ùxôç (II, 105). Pacte entre
Héraklès et les Nélidcs fol tojjuwv xà-scçoo (Paus. IV, 16, 4). A Athènes, forme solennelle
de serment £ic\ tojacwv xdicpou xçioS xal Taûpou (Demosth. In Aristocr. 68). En
LUS
tration de la flotte ce que fit en 191 (; j ■
promontoire Lacinien 9. Il entend évident'in!* Parlanldu
ÈtxgaTYÎpta comme ceux que le philhellèn .'T' Pa‘là des
célébrés en 204 à Lilybée, alors que, ailré C‘Pl°n avai‘
nelle invocation aux dieux et déesses il q * U'!e so’en'
la mer, selon la coutume, les entrailles cru'1 fl, (ian3
Urne immolée'»». Nous »e voyons apparaître lï,!* J"'
lions proprement dites qu’au cours des guerrp ,
et probablement à cause du caractère comnn h’
guerres entre citoyens, dont les partis se renvoyaient ^
tuellement la responsabilité. En l’an 36
avant notre ère
la flotte d’Octave était prête à quitter le golfe de \ 7’
pour aller combattre Sextus Pompée. « Voici coinmw
César la purifia (âxâ9aiPsv). Les autels sont à même h
mer, et la masse les entoure, distribuée par navire dans!
le plus profond silence. Les victimaires sacrifient debout
dans la mer, puis montés sur des barques, ils promènent
trois fois autour de la flotte les entrailles lustrales (xdiia-
ena), escortés par les généraux qui conjurent les dieux
de détourner sur elles, au lieu de la flotte, les présages '
funestes. Puis, séparant les entrailles, ils en jettent une
partie dans la mer et brûlent le reste sur les autels, pen¬
dant que le peuple forme d’heureux souhaits. C’est ainsi
que les Romains purifient leur marine “. » 11 s’agit bieji
ici d’une lustration sacramentelle, et la remarque finale
d’Appien indique que, de cet ensemble composite, les
Romains ont fait un rite national. A Dicéarchia, César fait
des sacrifices et des libations du haut du navire amiral, à
la mode grecque, sans nouvelle lustration à la romaine
Pour les armées de terre, Appien se contente de dire
que Brutus et Cassius « purifièrent suivant les règles»
celle qu’ils avaient rassemblée en Thrace, au Mêlas
lvolpos 13. Il était prudent, en effet, de purifier ce ramas¬
sis de mercenaires de toutes races, où pouvaient s’être
glissés des scélérats. A Philippes, ils purifient leur camp,
et Dion Cassius note comme un mauvais présage le fait
que Cassius laissa tomber la couronne qu’il portait en
cette occasion *4. Leurs adversaires en font autant. Du
moins, Dion Cassius appelle « lustration d’usage avant le
combat» les cérémonies qu’Antoine et Octave accomplis¬
sent à l’intérieur de leur camp IB. Une fois introduit, cet
usage resta comme un recours dans les circonstances
exceptionnelles. Ainsi, après avoir passé le Danube, ope
ration dangereuse non seulement au point de 11 t('
nique, mais aux yeux des gens superstitieux, 11 ,| i11, s_
devoir procéder à une lustration de 1 armée.
411, ôjxôffavTsî xaVîeçûiv TeXtiuv (Arislot. 'AÔ-tcoXit. § -9, ■’)■ l '*1 ^ M ^islrats
de sang, même de sang humain (Sali. Catil. 22). — 9 "y ' , ’ , f„er»W»
classe ad Lacinium). — 10 Liv. XXIX, 27. Cf. Sil. Ital. . > ' ,,ui figurent dans
innabant fluctibus exta). T. Live a dû oublier les libations t c > s pcs poètes
Thucydide (ci-dessus, p. 1427, 12) et dans la plupart des textes /»»'
appellent lustration toute espèce de sacrifices propitiaton o ^
votisque incendimus aras (Virg. Aen. III, 279) : il saS'‘ ce (pp 1 18-120).
comme ceux qu’Enée offre sur le rivage de lliracc (IU. „ |?nlie pratiq11®
En vue de l’Italie, libations d’Anchise (III, •'>25) ; au <1< Pal ^ r-M Hquent't
le rite suivi par Scipion : extaque salsos | Projicit "i ^ pauI-Emil® dit •
fundit (V, 772-776). Le sens de lustrum s’étend encore (Liv. XLÛ
Delphis Apollini pro me exercitibusque et classibtis us ^ ^ App*an- 7
46). Il faut exclure au moins ces lustrations à distanc ^ Appien cU'cn
V, 96. _ 12 Appian. B. Civ. II, 98. - « Appian. B. ^ tfH.lir.r*J
peut-être par ces règles les eù/aî Oum'ai *al lTal effet, avoir r"
attribue aux consuls de 481 av. J.-C. (IX, 10) et qui pi»1 ' (IX, ' S)’ *'a
actère exceptionnel, car il y avait eu des dissensions 026) »sl 11,19 I
! que purifie Marcellus ( lustratis rite maniplis. s Toutes e°s j ,,,
été décimée par la peste, comme celle d’Agamenui ^ ^ Cass, XL'1
“ v.-.——..». r- - — r - , --■ . _ 14 Dio Casf .,
posent des suovetaurilia (cf. Cic. Divin. I, b confond Proija . ,
16 Tb xaOàçfftov xb*fb *5, àr,v.,v (Dio Cass. XLVI1, )• ^°agc .«nt 'eco-*^
x choses distinctes, la lustration du camp et lessacr
ms
— 1429 —
LUS
Fig. 4692. — Lustration de l'armée.
pi' ps, les Romains n’avaient pas besoin d’expiations, ni
préalables, ni consécutives. Us conservaient simplement
u eurs ancêtres et pratiquaient chaque année, qu’il y
6UL h'Ume°u Non, la purification symbolique des armes,
y°uli ( aux promenades militaires des Saliens [salii], qui,
J"1 ll0‘s semaines, pourchassaient par les rues de la
î à'1'" t0l>Ce laPaSe> danses et chants guerriers, les
fri s djute sorte. Le 19 mars, jour des Quinqua-
tliuîi Hl JJUlitiailles ancMiaa, probablement sur le Comi-
et a!'. '■ S ^a^ens dansaient en présence des pontifes
Sutor'1 lfjl!ni ce\erurn *• Le 23, avait lieu dans Y Atrium
1111 a purification des trompettes ( lubilustrium ),
* Froehuer Ln r* .»
Trajanss(iulc pi q 01lile fi'ajanc, pl. 34-36 = Cichorius, Die Reliefs der
d’Alexandre, fait eier . Cf' CUprès’ p’ 1430>7- M- Aurèlc, en 169, sur un « oracle »
Alex. 4g j ___ o °r ( ans Danube deux lions vivants comme àTto-cpoircaa (Lucian.
la''i Myrisnuis a éli /à"Sf * ^ UI'l - 8 1 1 A, de l'an 228 p. C. à Semendria ; un ecr-
Aquilée, vers 245 ;ns ^ ‘ "t0’ J’ c<4a’ Pr0 s<dute Alex. Sev. et leg. VII Claudine. A
lr°is sous-officiers jC^lp*’'on '"'Uu'iaqne ( Corp . inscr. lat. V, 808 = Cumout, il0 170) :
P^fflipileou lepr;àc(0n' i'laCUn ^ a9ens *n lust[ratione] de son supérieur, le
Mîtth. X Vl [1893 1 , 1 |à ! ' °n a°masze"ski (Lustrât io exercitus, in Arch.-Epigr.
epiyr “9 voit 1* "ne lustration du camp (territorium legionis, ni
éditants auraient nro ' mp'a’ et une lustration do légions à Aquilée. I.es trois
^'•pili, pris i ja |eU,?'CI'L '°S ll0‘s v‘cl'mcs des suovetauritia. Mais lustratio A *
y <■> signifierait plutôt purification sacramentelle d’un néophyte,
cérémonie qui ne concernait plus, à l'époque historique,
que les trompettes employées dans le culte Le 24, la
série des lustrations militaires, préparant la campagne
d’été, était close par un sacrifice du /ter sur le Comilium
(Q. R. C. F.), d’où le sacrificateur s’enfuyait ( Regifu -
gium ) conïme celui des Boucpovta G.
Elles recommençaient en fin de saison, au mois d'oc¬
tobre, sur le Champ-de-Mars,avec le sacrifice de YOclober
equus aux Ides (15 oct.)7 et Y armilustrium du 19 [armi-
lustrium], où les Saliens faisaient de nouvelles rondes
avec les ancilia et sacrifiaient au son des trompettes8,
qui subissaient probablement un nouveau lubilustrium
initié anx mystères de Milhra. — 3 Charis. p. 8t Kcil. — V Kal. Praenesl. s. d.
— S> Kal. Praencst. s. d. Ovid. Fast. III. 840-850. Fest. p. 352 et 353, s. v. Tubilus-
tria. Io. I.yd. Mens. IV, 42 (xa0appï»5 aâk:tiy,oî .ai « t v q a t ç t,«v oitkwv). Comme on
trouve un second Tubilustrium au 23 mai (Kal. Esq. Ovid. Fast. V, 725), et (pie le
lendemain est aussi Q. R. C. F., Mommsen (R. Citron, p. 241 ; Staatsr . III, p. 375)
estime qu’on purifie le 23 les trompettes qui doivent servir à convoquer le lende¬
main les comices curiales. — 0 Kal. Praencst. s. d. — 7 Voir ci-dessus, p. 1400.
On a beaucoup discuté sur le sens de ce sacrifice du cheval (Fest. p. 178, s. v.
October. Fcsf. Epit. p. 220, s. v. Panibus) sans tirer du folklore (Mannhardt-Frazer-
Rosclier) une explication satisfaisante. Des commentateurs de Properce : Qualia
nunc curto lustra novantur equo (V, 1, 20 : ci-dessus, p. 1426, 2) ont cru qu’il
s’agissait du lustrum censorial. — * Varr. L. lat. VI, 62. Fest. Epit. p. 10, s. v.
LUS
— 1430 —
LUS
compris dans le nom plus générique de la fête. La céré¬
monie se célébrant sur l’Aventin, on peut croire qu’elle
représentait la lustration de l'année au retour d’une
campagne, au moment de rentrer dans le pomérium.
C'est au retour d'une campagne victorieuse qu’aurait
été instituée, au dire de Denys *, et en l’honneur des
Dioscures, la procession des cavaliers ou chevaliers
( transvectio equitum ) du 15 juillet, espèce de défilé
triomphal dont on a voulu faire une lustration, sous pré¬
texte que la trabée représentait les vêtements tachés de
sang, l’olivier les rites funèbres 2, et que ladite proces¬
sion fut ajoutée aux Lupercales. Cette pompe à la grecque,
introduite dans les usages par un censeur, a dû faire
partie du lustrum de 304 av. J.-C.
Le lustrum censorial, périodique à intervalles va¬
riables, a été mentionné ailleurs [çensor]. Le fait que le
nom de lustrum lui est resté, comme désignation spéci¬
fique, atteste l'importance que cette purification solen¬
nelle avait prise aux yeux des Romains. On a vu plus
haut, par une étymologie varronienne 3, à quel point
néanmoins son caractère de lustration de Yexercitus, de
cérémonie religieuse, risquait d’être méconnu par les
savants. Le peuple en avait plus nettement conscience.
Le moindre incident susceptible défaire naître des scru¬
pules empêchait la célébration du lustrum'*. Sur le
détail de la cérémonie, nos textes, qui datent d’une
époque où le lustrum était devenu une antiquité, sont
sujets à caution. D'après Denys et Tite-Live, le premier
lustre fut célébré par Ser. Tullius, qui en fixa le rite 6.
Celui-ci consistait à immoler des suovetaurilia , après
avoir promené trois fois les victimes autour (d’où le terme
ombiluslrutn 6) du peuple enrégimenté1. L’auteur grec
substitue, par habitude de son pays, un bouc au porc.
Tel autre s’exprime comme si la lustration s’appliquait à
Yurbs, c’est-à-dire au sol, et non pas ou non pas seule¬
ment au peuple assemblé8, et il nous apprend, si nous
voulons l’en croire, que le censeur était assisté d’un
pontife. En tout cas, le collège des pontifes s’associait à
la lustration quinquennale par un sacrifice spécial, dit
des caviares hostiae 9.
Avec les Fordicidia 10 du 15 avril, nous rentrons dans
le cycle des lustrations archaïques, léguées par l’âge
pastoral. Les rites étaient célébrés par les préposés aux
curies ( curiones ), dans les locaux affectés aux réunions
des paroissiens ( curiae ), à raison d’un sacrifice par
curie. L'État y participait, en tant que corps unique, par
1 Dion. VI, 13, 4, à propos de la bataille du lac Régille *(496 a. Chr.).
En fail, la première transvectio eut lieu en 304 av. J.-C. (Liv. IX, 46; Aur.
Vict. De vir. ill. 32). Les chevaliers t»TTeoocvojjx£vot 6aX).oï; IXataç, xa\ icoççuça;
©otvtxozaçuçouç àpLiteyôjiEvoi TïjSéwaç, tà; xaXoujxtvaç (Dion. Ibid.). *• Cf.
Samter, Rom. Sühnriten , 1. Die Trabea { ci-dessus, p. 1411,15). — 3 Ci-dessus,
p. 1406,7. — 4 Cf. Liv. III, 22; XXIV, 43. — 5 Tou-rov t'ov x«6«pi&bv e«»ç t5v xa u’
yoôvwv ’PwjxaTot xaôatçovTat (Dion. IV, 22). Cf. Liv. I, 44. Cic. De Orat. II, 66.
— 6 Interp. Serv. Aen. I, 283 (avec l'inepte dérivation de ambo censores). — 7 Dion.
IV, 22. Populus Romanus cum lustratur suovetaurilibus, cir cumaguntur verres,
aries, taurus (Varr. R. rust. II, i, 10). \arron entend qu on les promenait vivants,
comme les ?ecç|t%xot des Thargélies et comme les suovetaurilia champêtres de
Caton ( Agric . 141). Mais, d'autre part, c'est surtout aux entrailles de ces victimes
^cf. ci-dessus la lustration de la flotte) tju on appliquait 1 épithète de luslralia,
quae duabus manibus accepta in aram pontifex vel censor imponit , quae non
prosecantur{ Interp. Serv. Aen. VIII, 183). L'expression non prosecantur a peut-être
pour but de distinguer le rite romain du rite macédonien (ci-dessus, p. 1428).
— 8 Ipsis victimis urbs lustrari solebat (Interp. Serv. loc. cit.) : ailleurs {Aen.
I, 283), civitas. — 9 Fest. Epit. p. 57, s. v. Caviares hostiae. — 19 Fordicidia
(Varr. L. lat. VI, 15 et Kalend.) ; Hordicidia (Varr. R. rust. II, 5, 6) ; 4>oç£ ixâ).ia
(Lyd. Mens. IV, 49). — 11 Ovid. Fast. IV, 629-672. Jean de Lydie {loc. cit.) place ici
une procession pontificale ec-wôrv *oXeuiç qui appartient aux Ambai'valia. — 12 Cf. les
KaXajiaTa à Athènes, avec procession menée par l’hiérophante d'Eleusis (Corp. inscr.
un sacrifice semblable, offert sur le r-mu i
tifes, el avec la collaboration des Vestales j espon’ '
étaient des vaches pleines (, hordae ou /b w ° \ V'Climes
dit-on, à Tellus. De leurs entrailles, avant dé L Ul'lîrles’
le- feu de l’autel, on extrayait les fœtus , ,S J|ileriiUl'
être brûlés à part sous les yeux de la doyenné Z?' 31
taies. Les cendres de ces veaux mort-nés enlr ^ 'es' '
la confection des februa distribués six jours*?1 ^
aux Pari. (** «"«)• Une logique spéciale, fondée^
une révélation de Faunus à Numa, savait établir un
port de cause à effet entre ces pratiques et la fér Jit
du sol et des troupeaux 11 . ül é
Il n’est plus question que des moissons le 25 avril à j
férié des Robigalia , dont le but esL de détourner des blés
en fleur la « calamité » par excellence 12, ]a « rouill,. !
(robiffo). Le flamine de Quirinus, suivi d’une procession
de gens vêtus de blanc, allait sur la voie Claudienne
brûler au lucus Robiginis , avec libations de vin et fumi¬
gation d’encens, les entrailles d’une chienne rousse et
d’une brebis [robigalia]13. Ovide ne paraît guère com¬
prendre le sens de ces rites, débris fossiles d’une céré¬
monie qui se poursuivait ou se recommençait à époque
variable, sur invitation des pontifes, sous le nom i'augu-
rium eanarium.
Plus solennelle était la lustration des ambarvalia. Il
n’est plus possible de faire en connaissance de cause le
triage des cérémonies publiques et privées. 11 y est
question d’LpopvqgovEi;, qui sont probablement les pon¬
tifes14, et l’on sait que la date de ces fériés mobiles (fin
mai) coïncidait, au moins depuis la reconstitution delà
sodalité [arvales], avec la grande fête des Anales15.
D’autre part, Caton indique, à l’usage des cultivateurs et
non des pouvoirs publics, les rites à suivre pour « puri¬
fier le champ » en offrant des suovetaurilia au dieu
Mars16. Enfin, Virgile paraît recommander à cette inten¬
tion des offrandes moins coûteuses, des libations de lait
et de vin, et une victime trois fois promenée autour des
moissons, le tout en l’honneur de Cérès 1 '. Cérès peut res¬
sembler à la Dea Dia des Arvales, mais non au Mars de
Caton. Le problème se complique de la mention dun
Amburbium 18, qu’il est d’ailleurs facile de classer a
part, comme procuration accidentelle de prodiges, et
distincte, d’après son litre même, quand il n est pas e
figuré par les Grecs 19, des Ambarvalia. Si Ion lulll‘
aussi la fête des Arvales, qui ne sortent pas ou nt
tent plus de leur lucus, et si l’on renvoie
la description de
ait. IV, 477 c). - Ovid. Fast. IV, 901-942; Fest. Epit. P- «,
Marti et Robigini (Tert. Spect. 5). Ovide croit que la chienne rp ^ ^
(cf. P lin. XVIII, § 285), et de môme Ateius Capito (ap- ‘ ’ ' Je' suppose
canes) pour le eanarium sacrificium ou augurium ( ni. - * ^ |es c|wmps
que ces sacrifices de chiennes rousses étaient faits par le» paysa pHéraklès
de Lié exposés à la robigo. Cf. l’Apollon 'EpuOtStoî, Elu>3“5' 1 q0i Lyd. ci-
Kofvoiuwv, ’IzoxTilvoq (Strab. XIII, p. 613). - » Strab. V, P- 230 : ^ j' ’[ | p. 358).
dessus, note lt). - « Le 29 mai, segetes lustrantur (Kal. Rus . ■ [rugüss
- 10 Cat. Agric. 14t. Cf. les rites lustrationum et sacrificior Rujnarl) appelle
fiant (Colum. II, 22). C’est ce qu’un chrétien (Ad. Martyr . P- ^ ^ m, 5,7.
lustrale malum. — Virg. Georg. 1, 344-350; cf. Ec • ’ ainbiat victurub
— 18 Servius distingue : Sacrificium ambarvale, qv°( uogurbein cii'c^
sicut amburbiale vel amburbium dicitur saci ifiev l /J
ambit victima (Serv. Ecl. III, 77)
urbium dicitur sacrificium qu _ En
. m. * **■, ç
271 p. Chr., lustrata urbs... amburbium celebia un, sCrjption de Lucam
(Vopisc. Aurel. 20). Wissbwa {II. E. s. v.) admet que ,vait un
, 586-598) représente un amburbium extraordinaire, ma,s 230) csl ambam1
i février. — 19 On se demande si l”A|x8açoüta de S Ira on i ^ jc tour (,e®
(Vopisc
(i
en itsvnci . — wju ov - *-f - v „ , (,ui ja
ou amburbium. C’est là pour lui la cérémonie P]n,1“. ’ ‘ ,„.»»* ■< **’ "
frontières du terroir : oï 0’ î e p o jx vq jx o v e ç ®JI7iav Henzcn identifi®11
li'hkoii TÔitoiç itAe-.oixt v tû; oçtot; aoOvi|X£f 6v. l'afflbui'buljn‘
Ambarvalia et les Arvalia : Jordan y fait même en i
LUS
— 1431
usages de sa province, il reste pour les
Virgile aux
romaine les suovetaurilia de Caton, et
Amb<"\\ binent une procession conduite par les pontifes,
Proba | (.||ajcnt sur le parcours. Ce qui importe ici, c’est
ijui sa' 1 nullement contesté de lustration de la cam-
le caracU'it
I n P
etrouver, avec variantes, dans
pagne romaine.
1 . ivA nPVr
Cet usage
devait se re
, s i(.s villes antiques. Les Tables Eugubines nous
1011 ^ ,„pV.s jusciue dans le détail, les rites des Ambar-
ont consti > ^ j 1
fia ou je YAmburbium d Iguvium, qui nous sont
[maintenant mieux connus que ceux de Rome [cf. augu-
| l C’est une procession dont tous les pas sont réglés
Tain prodigue à chaque station les ressources variées
de la cathartique, sacrifices, libations, fumigations
d'encens, feu nouveau, etc., employées dans un ordre,
suivant des rites, et avec des formules définis. Ce Rituel
des lustrations publiques contient aussi le cérémonial
d’un lustrum appliqué non plus au territoire et à tout ce
qu’il contient, mais au « peuple » *. On y rencontre des
vestiges de cérémonies semblables aux Poplifugia ou au
Rcrjifugium des Romains, lesquelles ont peut-être été des
lustrations, mais ne sont plus pour nous que des énigmes,
comme lesBompdvia d’Athènes.
En attendant la fin de l’année, où Februarius devait
mettre en branle tous les februa, il y avait place pour des
lustrations moins générales, mais pourtant officielles,
comme lebalayage du temple de Vesta, analogue aux KaA-
XuvTvjpttx et IIÀuwqpta d’Athènes. Vesta, le feu sacré, était
le parfait symbole de la pureté. Le foyer ne devait être
alimenté que de bois heureux et par des mains virgi¬
nales. Aux Kalendes de mars, premier jour de l’an, il
était régénéré par le feu nouveau, et les lauriers séchés
alentour étaient remplacés par des rameaux frais 2.
Du 7 au 15 juin avait lieu le nettoyàge annuel3. Un
idéal de pureté austère, que les Romains confondaient
aussi, comme les Athéniens, avec le deuil, planait sur la
ville. Point de mariages ; les matrones venaient pieds nus
faire pour ainsi dire amende honorable au penus Vestae :
la /taminica Dialis, au cours de son célibat temporaire,
ne devait ni se peigner ni se couper les ongles « jusqu’à
ce que le J ibre placide eût porté à la mer dans ses eaux
jaunes les balayures (purgamina) de Vesta ». C’est dans
e fleuve, en effet, que, d’après Ovide, étaient jetées ces
ordures, qualifiées s ter eu s dans les calendriers. Peut-être
n} arrivaient-elles que par dérogation ou addition à un
r‘fe plus ancien. Varron, expliquant les sigles Q[uando]
tj'icus] D[elatum ] /'’[«$] des calendriers, dit que le
s Meus extrait du sanctuaire de Vesta était porté « par la
monUe du Capitole en un endroit déterminé 4 ».
■ n il déjà recensé la part qui revient aux devoirs do-
hiitrandono ^a^es Fu(jubines, Paris, 1875; Fr. Büchcler, Iguvinne de
Vestae. MaCp y (^'S lnterPretatio, Bonnac, 1876. — 2 Fest. Epit. p. 106, s. v. Tgnh
23*. 713-71/,' 4*7 •*’ 12’.6- 0vit1' Fast- HI, 137-144. — 3 Ovid. Fast. VI, 219.
oede Vestae si ^ vocatur Q. St. D. F. ab eo appellatur quod eo die ex
certum (yarr y f)'}'Uur et per Capilolinum clivum in locum defertui
dar.s le Tibre en 'V-). On pouvait reprendre là le stercus pour le jetei
^r®Ui>n, de circuit ( du rite des Argei. — 5 11 y avait peut-être une lus
^^‘'montiun n T Fr. p. 1 18 Bekker) plus large, le 1 1 déc., jour di
- 6 Va, T ' "'"S *lssée aux Montani (Varr. L. lat. V, 41 ; VI, 24. Fest. p. 348)
''vide [Fast, | \ , tlion. I, 32. Liv. I, 5. Plut. Caes. Cl, etc
réminiscences olisc'. ~ ’ m^e’ P0111’ appliquer la vertu prolifique des lanières, de,
loutl' licence (cf i, . . . 'C"ucs Pa)’s °ù les dieux-ljoucs passaient pour avoii
")• - 1 Ces, poJ, 4G- Slrab. XVII, p. 802. Aclian. II. Anim. V, 29; VIII
'Ioniennes. _ g j j tolémistes » un argument analogue à celui tiré des «çxto
""dij lustratur anti ' ,** ^llrua^0' Qnod tum februatur populus, id est Luperci.
1 1 ’n oppidum Palatinum gregibus humanis cinctum (Varr
LUS
mestiques dans l’ensemble de purifications qui ont valu
le nom de Februarius au dernier mois de l'année. L’État
s’acquittait des siens, auxquels il n’avait rien ajouté
depuis le temps de Romulus5, en lançant ses Luperques
autour de l’enceinte de la vieille cité du Palatin, le
15 février, jour des Lupercalia [lupercal]. Nous n’avons
pas à nous occuper ici des origines de ce rite donné
comme « arcadien » par Varron et, d’après lui, par tous
les auteurs anciens8, — un sujet sur lequel s’est exercée
depuis la science et l’imagination des critiques mo¬
dernes 7, — mais seulement de la lustration qu’il com¬
porte. C’est le caractère éminent de la cérémonie, à tel
point que Varron justifiait par là le nom du mois de
février 8 et que d’autres prétendaient retrouver dans
Luperci le verbe luo9. Les Luperques commençaient par
sacrifier des boucs, avec addition de mola salsa fraîche¬
ment préparée par les Vestales; après quoi, ils ôtaient
leurs habits pour endosser la peau des victimes et cou¬
raient en cet accoutrement autour du Palatin, distribuant
aux femmes postées sur leur parcours, comme gage de
fécondité, des coups de lanières taillées dans les peaux
sanglantes. C’est ainsi du moins qu’on peut résumer l'es¬
sentiel du rite. On y reconnaît à première vue l’engin de
purification si apprécié ailleurs sous le nom de A>.o;
xüjo'.ov, capable d’éloigner tous les maléfices, y compris
la stérilité10. Sur ce fonds immuable ont pu se greffer
des pratiques plus ou moins autorisées. Plutarque y
ajoute le sacrifice d’un chien11 et réduit le costume des
Luperques à une simple ceinture, les peaux étant décou¬
pées en lanières. 11 sait aussi que, au moment du sacri¬
fice, « deux jeunes gens de famille » — sans doute les
magistri des deux sodalités ( Fabii et Quinctilii ) — s’ap¬
prochent des sacrificateurs, qui les touchent au front avec
le couteau ensanglanté, marque aussitôt essuyée avec de
la laine imbibée de lait. Ceci fait, les jeunes gens doivent
rire. D’autre part, Lactance, après s’être moqué des
Salions, désigne évidemment les Luperques par « ces
gens qui courent nus, parfumés, couronnés ou masqués
ou enduits de boue 12 ».En tout cas, le caractère de lustra¬
tion était tellement inhérent à la fête, que le pape Gélase
ne put la supprimer qu’en la transformant en une Puri¬
fication chrétienne ,3.
Il ne reste plus, pour clore cette longue et pourtant
sommaire énumération, qu’à mentionner la grande lus¬
tration, la plus solennelle de toutes, qui marquait le pas¬
sage d’un siècle à l’autre [saeculaiîes lidi . Étrusque et
sabin par ses origines, romain par son histoire, grec
par ses rites, cet ensemble de cérémonies combine les
ressources cathartiques d’au moins trois religions, sur¬
chargées de la révélation sibylline. Nous laisserons à un
L. lat. VI, 34) ; nam et Lupercalia februatio (VI, 13). Cf. Plut. Rom. 21. — 9 (Luper¬
cal) spelunca in qua de capro luebalur, id est sacrificabatur (Serv. Ae n. VIII,
313). Servius ne comprend plus l’clymologie qu'il a conservée et que Lobeck (p. 681,
g) trouve encore suffisante. Ungcr préfère lues. Tile-Live (I, 5) ne voit là qu’un jeu
{ludicrum — ut nudi juvenes... per tusum atque lasciviam currerent). Eu revanche,
d'autres y voyaient des gens qui se sauvent tout nus pour échapper au déluge
(Aug. C. Dei, XVIII, 12). — 10 C est cette peau qui est l'engiu efficace : secta quia
pelle Luperci | Omne solum lustrant idque piamen liabent (Ovid. Fast. II, 31) —
nam pellem ipsam capri veteres februum vocabant (Interp. Serv. Aen. VIII, 343)
— quo die mulicres februabantur a Lupercis amiculo Junonis, i. e. pelle caprina
(Fest. Epit. p. 85, s. v. Februarius ). — U Plut Rom. 21. Q. Rom. 111. Il rem¬
place les houes par des chèvres (aly«î), sans doute en l'honneur de Juno Februlis.
_ 12 Laclant. Inst. Div. I, 21. Sur l'addilion de la transvectio equitum aux Luper-
cales (ci-dessus, p. 1430), voir Val. Max. II, 2, 9. — '3 Gélase (492-496) en fit la
Puri/icalio R. Marine Virginis (2 févr.), le caractère le plus apparent, à l'époque,
dans les Lupercalcs étant la februatio mulierum. Cf. Baronius, Ann. VI, p. 522.
LYK
1432 —
LYK
article spécial la description détaillée de ces iudi, ne
prélevant ici sur le sujet que l'indication des moyens
matériels de purification. On disait que les ludi Taurei,
ébauche des futurs Jeux Séculaires, avaient été institués
par les Sabins, à l’occasion d'une pestilence, « afin que
la contagion épidémique se portât sur les victimes1 ».
C'est le procédé banal de la substitution. Dans les Jeux
Séculaires, les sacrifices de victimes blanches aux dieux
célestes, noires aux divinités souterraines, sont unique¬
ment propitiatoires; de même les sellisternia des ma¬
trones [ lectisternium et les processions avec cantate.
Horace, attentif à ne prononcer que des paroles de bon
augure, a évité toute allusion aux rites expiatoires,
qui ont pourtant fourni le type et la raison d’être du
programme et qui, après les guerres civiles, eussent été
tout à fait à leur place. C’est que le peuple entier s’est
purifié, par individus et par familles, avant d’assister
aux cérémonies publiques. Les XVviri S. F. ont ouvert
des bureaux de réception pour les prémices des récoltes
(fruges) en blé, orge et fèves, de distribution pour les
suffimenta (xaôipsia, Xûaaxa), c’est-à-dire des torches, du
soufre et du bitume2, avec injonction aux citoyens de
s’en servir à domicile et de ne revenir que suffiti. De
leur côté, les XVviri S. F. ont purifié les fruges, sym¬
bole du siècle nouveau 3.
Tel se présente à nous, disséminé et incohérent, l’en¬
semble des pratiques conservées à l’époque historique
par les Grecs et les Romains pour satisfaire, sans souci
d’une théorie quelconque, la logique instinctive qui a
institué la médication de l’âme par traitement appliqué
au corps ; logique vraiment universelle et qui obligé en¬
core aujourd’hui les doctrines lés plus spiritualistes à lui
faire sa part. A. Bouché- Leclercq.
LYCIINUCHUS [latima] .
LYCI1XUS [LUCERNAj.
LYK AI A (tx Aûx*ta). — Fêtes célébrées en l’honneur
de Zens Lykaios sur le mont Lycée, l’Olympe de la Par-
rhasie arcadienne1. On sait que les Arcadiens se plai¬
saient à attribuer à leurs divinités et à leurs légendes une
très haute antiquité : les autres Grecs ne contestaient
guère lebien fondé de ces prétentions 2. Aussi, les auteurs
sont-ils d’accord pour faire remonter l’institution des
1 Serv. Aen. Il, 140. Ci-dessus, p. 1H0, 0. — 2 A->:Ss; xai Oeïov xal ÉiasaX-ro;
(Zosim. Il, 5). llérodien (III, 8, 10) compare l'ensemble des tepouppiat à l'inilialio»
aux Mystères. Il est question des suffimenta dans les procès-verbaux de 17 av. J.-C.
(lig. 30, 48, 68, 76) et de 204 ap. J.-C. (II, 7, 23-25, 27) in Ephem. Epigr. VIII [1802],
p. 225-309. _ 3 Fruges lustravit lustrandi piandigue saecularis sacri (Actes de
204 : II. 16). — Bibliographie. Io. Lomeier, Epimenides, sive de veterum gentilium
lustrationibus syntagma. Ultraj. 1681 : 2» édit, posthume, Zutpbaniae, 1700 (531
pp. 4»). Cette énorme compilation reste le seul ouvrage spécial sur le sujet. La
partie concernant le sacrifice est traitée dans la dissertation* presque aussi confuse,
de E. von Lasaulx, Die Sühnopfer der Grieclien und Rimer und ihr VerhSltniss
;u dern einen auf Golgotha , Wiirzburg, 1841 (in Studien des class. Alterth.
Kegensburg, 1854, p. 233-282). Le sujet (lustration et expiation) se trouve
visé en passant dans tous les ouvrages traitant des cultes grecs et romains, et par¬
ticulièrement, pour la Grèce, dans Fr. Nagelsbach , Homerische Théologie , X iirnbei g ,
1840, 3' éd. 1884, § VI, 24-29 ; Nachhoin. Théologie, Nürnb. 1857, § VI, 18-26. K. Fr.
Hermann, Lehrhuch der griech. Antig. 112 [Heidelb. 1858], § 23 (Von Reinigungcn
und Siihnungen). P. Stengel, Die griech. Kultusaltertümer (Iwan v. Muller,
Handbuch d. klass. Alterlumswissenschaft, V2, 3. München, 1898), § 73-76.
LYKAIA. 1 Paus. VIII, 38, 2; Apollod. Il, 5, 8 ; Scliol. Apollon. Rliod. I, 539. La
légende ’OXujit: . gravée sur les monnaies de la Ligue arcadienne n est pas, comme
on l’a cru longtemps, une abréviation du nom de la montagne, mais la signature
d’un magistral monétaire (voir fig. 4697). — 2 Fougères, Alantinèe et LArcad.
orient, p. t96. — 3 Voir les textes réunis par Immerwalir, Kulle u. Alythen Arka-
diens (1891), p. 3 et suiv. ; Paus. VIII, 2, 1-2; Scliol. Eurip. Or. 1647; Plin.
Hist. nat. VII, 205. — 4 Apollod. III, 8 ; Pausan. VIII, 2, 1-2. — S Marm. Par. Ep.
17. — G Arislot. ap. Scliol. Aristid. p. 105 (éd. Frommcl). — 7 pausan. VIII, 2, 1-2.
_ 8 Pind. Ol. IX, 102. — 9 Xcnoph. Anal. I, 2, 10; Plin. llisl. nat. VII, 205 ;
Paus. VIII, 2, 1-2. — 10 Plat. Alinos , p. 31Sc ; De rep. 565 d; Thcophr. ap. Porphyr.
□cO
QQOQ
jeux du Lycée à Lykaon, fils de Pélasgos ot f
légendaire du culte et du sanctuaire de 'z0 . , ndaleut
Arcadie3. Tandis qu’Apollodore et PausanT • ■,'l'ai0Sen
rent Lykaon comme un contemporain de Cé ^ C'msi(lè'
bre de Paros 3 le fait vivre à la génération su^van’J ^
le règne de Pandion, fils de Cécrops. D’aprè j °US
document, les jeux du Lycée auraient été prod u v
le concours gymnique d’Éleusis. Aristote leuM ^
comme ancienneté le quatrième rang, après 1rs
nies, les Panathénées et les Sthenia d’Argos il v'
les jeux Olympiques ne venaient qu’au septième rlniT
Pausanias, au contraire, défend la priorité des Lt/kait 8 ’
les Panathénées et celle de Lykaon sur Thésée1 " |
I. La fête de Zeus Lykaios (Zy,vôç 7uavâvu£,iÇ AuxcuVr*
comportait un sacrifice (6u«rfa) et un concours de jeu
gymniques (àycuv) 9. Le sacrifice et l’autel de Zeus Lykaios
sont souvent mentionnés par plusieurs auteurs,' parce
qu’on y immolait des victimes humaines10. Cet autel
d’après la description de Pausanias11, se trouvait auprès
de laSaxov consacré à Zeus Lykaios sur le sommet même
du Lycée12; c’était un tertre de terre, devant
lequel s’élevaient deux colonnes du côté du
couchant. Elles étaient anciennement sur¬
montées, dit Pausanias, de deux aigles
dorés (fig. 4693) 13. C’est sur cet autel qu’on
sacrifiait à Zeus en secret (èv aitocc-rj-nn) :
Pausanias se contente d’une allusion énig¬
matique à cette cérémonie, dont il lui ré¬
pugne d’approfondir le mystère. On admet
d’ordinaire que ces scrupules lui ont été
suggérés par la coutume du sacrifice hu¬
main, attestée par d’autres auteurs. Subsistait-elle
encore de son temps, cela semble assez peu probable, les
Romains ayant interdit les sacrifices humains1'; peut-
être l’ancien rite barbare n’était-il plus rappelé que par
un simulacre symbolique? Certains textes font croire
que la victime était un enfant ou un jeune garçon1 .
Les jeux qui suivaient le sacrifice étaient, célébrés
dans une autre partie du territoire sacré, et, plus exac¬
tement, dans un autre hiéron voisin, celui de l’an • Ce
second sanctuaire lycéen occupait un petit ravin entre
les deux principaux sommets du Lycée. Pausanias )
De ahst. il, 27; Polyb. VIII, 13, 7 ; Paus. V’I, 8, 2; Vlit, 2, 3, G; 13. - ; '
' ’ J YYIII 17' [ lin. ü
Isid. Etym. VIH, 9, p. 370; Varro ap. Augustin. Cu\ Del, iun,
nat. VIII, 34. - n Paus. VIII, 38, 7. -12 C’est sur le sommet aujoun ^
Diaphorli (corruption de AO; Éopxri?) que se retrouvent les restes ' " ^ je
Zeus Lykaios. Frazer (Paus. IV, p. 382) le décrit comme unc .*"?■ * c eouclie de
45 mètres environ de diamètre ; la surface serait encore recoin ci . ^_rX.
tessons et de fragments d’os en partie fossilisés. 13 Ea Pllias0 ^ avaient été
Èitîzçuo'ot t à -;i êti luzlouoTEja ÈiEEitoi»i«To parait signifier . des alÇ Dlaccs au-dessus,
ajoutés, c’est-à-dire s’y trouvaient (plus-que-parfait — impai ai I ^ ^ ^ (pro¬
du moins (yè) dans des temps déjà assez anciens, autremen surmontaient
bablcment en ronde-bosse et en bronze doré) qui, dans an v'0jr plus bas). ,
ces colonnes ont été enlevés (pour être transportés à Mèga oi’®^ , insistent
On comprend d’ordinaire, avec la traduction latine de 1 e i 70) interprète :
aguilae inauratae pervetusti operis. Bérard ( Cultes aica ^ ^ l01l(e vieille
« des aigies avaient été faits sur elle (avaient clé S1 a'i s ^ ,.0Se,itat ions 1res a1'
mode », comprenant que Pausanias a voulu désigna tes v[esassez inelistincts.
cliaïques de globes ailés orientaux, qu il aurait pris pom 1 es colonnes et des labiés
On pourrait retrouver unc représentation assez conforme cs pn roinlc-bosse
placées en avant de l’autel (nço ?u^î) et surmonta s 1 1 c Wi()3 (Coup0 j1" 1
au Lycée et à Mégalopolis, dans le monument reproduit Pal ® SLudnicxIra. 9/
Musée Britannique, Journ. of hell. Stud. 1880, pl • vu, 1 etent""
rene, p. 14, fig. 8). - 14 En Afrique sous Tibère (Tertul . 'J \ himia„is
sous Hadrien (Lactant. Div. instit. 1, 21) ; cf. Suc.ncr, De metm
Graccos, Progr. Hanau, 1848. — lb Apollod. IH, 8, 1 • paus_ VIII, 2, 3)’<*a|ir, I
la légende, Lykaon immole un petit enfant (pptœo; àvOp»uau, con)l11c otage; da|« I
Ovide (Metam: I, 106-240) un jeune Molosse qu’d g“r al . 482) 0u son Pc 1 '
d’autres le propre fils de Lykaon, Nyklimos ( rzelzès, <7^ ^ paus VIH. 1''’ ’’
fils Areas (Eralosth. Kataster. 8; Hygin. Astr. 2, t).
LYK
— 1 133 —
LYK
leinplo, un bois sacré, un hippodrome cl un
‘ 'destaux de statues avec des ins-
signaleun.
stade- ainM ^ ceg constructions ont été recon-
criplionb' ies voyageurs modernes C’était là,
nuS Ct " ' ciue se donnaient
pausani.is, (lu
fcs«-;:.;s'que se donnaient dans V antiquité (zb
d'1 Pall'|:'"','|eUx lycéens. Pindare a célébré quelques-
rr ï!-’ 'unnueurs à ces jeux2. Le concours n’était pas
linS I U ^ 1* , l * Irvnc 1 oc rlïnrrmmnc ho
■ • I nix seuls Arcadiens ; tous les champions de
r Vrrmie y étaient admis, et les Lykaia étaient aussi
Ifegl"ill. ies professionnels de l’athlétisme que les
C0,irl Olympiques ou Néméens. Le programme ressern-
|C.U. I ■ Cgkli des autres concours gymniques [certaminaJ.
fal yait des concours d’hommes et d’enfants ; les épreu-
|es mentionnées sont : la course simple (Sfdp.oÇ)3, la
[ourse double (BtauXoç), la course en armes \
h course multiple (SÔÀ-./o;)5, la lutte, le pancrace, le pu-
Lilat, et probablement aussi le pentathle G. Au dire de
certains auteurs, c’est aux Lykaia que le ceste aurait
apparu pour la première fois ; il y aurait eu aussi des
concours de beauté 7. La présence d’un hippodrome à côté
du stade indique que le ravin du Lycée était jadis acces¬
sible aux chars et qu’on y donnait des courses de chars.
Boulé croit avoir remarqué sur les pentes de la montagne
des traces d’ornières antiques creusées dans le roc8.
Les prix (aOAa) consistaient comme ailleurs en trépieds
de bronze9. Toutefois, lorsque les Arcadiens de l’expé-
dilion des Dix-Mille célébrèrent en Asie leur fête natio¬
nale, des slrigiles d’or furent décernés au vainqueur 10 ;
mais cette dérogation à l’usage s’explique par les condi¬
tions particulières de ce concours, improvisé en pays
lointain par une troupe de mercenaires.
Le même texte de Xénophon permet de fixer approxi¬
mativement l’époque et la durée de la fête lycéenne.
Lorsque Xénias, chef des mercenaires arcadiens des Dix-
Mille, profile d’une halte de trois jours à Peltai pour célé¬
brer avec ses compatriotes leur panégyrie nationale par
un sacrifice et des jeux [zb. Auxoctx lOcnrs xat ày oiva IQiqxe),
la cérémonie eut évidemment lieu à la date anniversaire
de la fête du Lycée en Arcadie'1. Or, le calcul des étapes
des Dix-Mille depuis le 6 mars, date du départ de Sardes,
permet de fixer au 20 avril leur arrivée à Peltai 12. La fête
ljcéenne était donc une fête de printemps; ni le mois de
février ' ni la période caniculaire, qui avaient été propo¬
sés par divers savants14, ne sont d’accord avec les doii-
jnées de Xénophon. Les fêtes duraient au moins trois
j j°ms. On n a pas d’indice sur leur périodicité, annuelle,
j quinquennale ou ennéatérique. Schœmann 15 émet l’opi-
ni"u que les Lykaia avaient lieu tous les neuf ans, mais
aura
I n’allèg
gue aucune preuve à l’appui. Celte idée lui
S'iiiN doute été suggérée par ce détail que la tykanthropie,
U 1111 tdinorphose en loups des individus ayant goûté
la chair humaine du sacrifice, durait dix ans"'. De plus,
Schœmann aura supposé que l'immolation de victimes
humaines ne pouvaitavoir lieu à des intervalles trop rap¬
prochés. Toutefois, la mention sur une inscription de
Tégée d’un athlète quatre fois vainqueur au dolichosdes
Lykaia 17, et, sur une inscription de Delphes18, d’un
autre athlète trois fois couronné aux mêmes fêtes rend
peu vraisemblable l’hypothèse d’une périodicité de neuf
ans. Il est plus probable que, comme tous les grands
concours de la Grèce, les Lykaia suivaient la règle de
la périodicité quinquennale.
II. — A qui appartenait l'administration des sanctuaires
lycéens, et de qui relevait l’organisation et la direction
des jeux? Le sanctuaire de Zens n’avait ni temple ni sta¬
tue ; il ne renfermait pas de trésors; un bâtiment attenant
au téménos infranchissable servait de logis aux prêtres
et contenait les instruments du culte ; c’est dans une par¬
tie de ce local que Pleistoanax trouva asile pendant son
exil de 445 à 426 19. L’entretien matériel se réduisait sur¬
tout à pourvoir l’autel de victimes ; mais où et comment
se recrutaient les ministres de ce culte sanglant? Pausa-
nias mentionne le prêtre de Zeus Lykaios 20 ; après les
longues sécheresses, ce prêtre s’approchait de la source
Ilagno, lui adressait des prières, lui sacrifiait suivant
certains rites, puis trempait sur la surface de l'eau un
rameau de chêne : de l’eau ainsi agitée s’élevait, croyait-
on, un brouillard qui se changeait en nuage et procurait
la pluie à l’Arcadie. Quant aux jeux, ils exigeaient
évidemment le personnel spécial requis pour tous les
concours helléniques : une commission déjugés, des ago-
nothètes, etc. 21 Par qui furent faits les frais des construc¬
tions actuellement visibles? D’après les dessins de
Blouet22, l’appareil des murs rappelle les modes de cons¬
truction en usage au ve et au ive siècle av. J.-C. On pour¬
rait donc supposer que le stade et le bâtiment voisin de
l’hippodrome ont pu être édifiés en pierres vers l'époque
des grandes constructions entreprises par la nouvelle
Ligue arcadienne sous l’impulsion d’Épaminondas, après
371 : ils seraient contemporains de la reconstruction de
Mantinée, de Messène et de la fondation de Mégalopolis.
Dès lors, on serait amené à croire que le xotvôv d’Arcadie
prit la haute main sur le Lycée, que le district parrha-
sien fut incorporé au territoire de Mégalopolis et que les
sanctuaires de la montagne sainte, ceux de Zeus et de
Pan Lykaios, et peut-être d'Apollon Parrhasios, furent
classés comme sanctuaires fédéraux. En effet, les bour¬
gades parrhasiennes dont pouvait relever le mont Lycée
furent dépeuplées au profit de Mégalopolis, à l’exception
de Lycosoura, dont les habitants, réfugiés dans le sanc¬
tuaire des Grandes-Déesses, obtinrent de rester chez eux23.
Mais, en fait, les inscriptions récemment découvertes
I 1 Gcll, r
B&Véd. de Al, •• ‘‘orea-i P- 106; Lcake, Atorea, II, p. 313; Bloucl,
Rechercha i , l" ' aI'cll’lec'uro> 'L P- 37 el pi. xxxm, xxxtv ; Puillon-Boblaye,
I Ik'nléj Éluda 1 P ’ "oss’ fleisen, p. 91 ; Curtius, Peloponn. I, p. 299 ;
■ BacdccUr Grkcl ' / 130 SCI- > Biirsiaa, Geogr. Griechenl. II, p. 233;
IV, |, 3g, _ ' P- 303; Joanne, Grèce , II, p. 283; Frazer, Pausan.
Mil, 15i (Xénonlio "!*' ■ IX, 93 (Epliarmostos d'Oponte, lutteur), 01.
*1 Argos, lunC(|, e Lnrintlic, sladiodrome et pentatlile), Nem. X, 48 (Théaios
I daurp cn i't10tln( |ii, 3 1 nld- hem. X, 48 et schol. ad h. I. — 4 Inscr. d’Épi-
’V'Vtîv IKavvadias y " G'I'iiUiricil : vLxr,ffcivTa... avopaç Si Aûxata SiauXov xat
Çoryi. inscr. tjr' | “'"des à Épidaure, l,p. 78, n° 240). — 6 lnscr.de Tégée,
j Scliol. pj11(p ^ _ ’ Auxaia âvSpa; SoXtgoy TETpàxtç. — G Pind. iVem. 48 ;
| r-0,'P- inscr. n,. j . ’ 'ulrcs inscriptions agonistiques avec mention des Lykaia :
î®,®fea, voir pills jo>.(IIo™i°n<0; H31 (Sparte); 1713 (Delphes). Sur les Lykaia-
I/empcI. p p);j ' Creuier-Guigniaut, 113, p. 1262 et Stackelberg, Apollo-
eiciiccs à aucun texte). La légende doit provenir d'une con¬
fusion entre caestus et cestus. — s Ét. sur le Pélop. p. 128. — 9 Pind. Xem. X,
48 (/ttkxo;); 01. VII, 133 el scliol. vet. ad h. I ; Polemon ap. Schol. Pind. Ol. VII,
133 (axsùecT! Ti|i5vTm). — 1° Xenoph. Aimé. I, 2, 10. C’est à tort que Lauer (S y si.
der Griech. Afyth. p. 184) en conclut que les prix consistaient toujours en stri-
gilcs d'or. — 11 Immcrwahr, Kulte u. Afyth. Arkad. p. 20. — 12 Curtius,
Zeittafeln sur griech. Gcsch. p. 23. — 13 Dclacoulonche, Afrm. sur l'Arcadie,
p. 109 (sans doute par analogie avec les Lupercales latines). — 14 11. D. Millier,
Afyth. d. griech. Stümme, II, p. 81 ; Nork, Afyth. II, p. 42; Scluvcnk, Afyth.
p. 177 ; GSrrcs, Studien sur yr. Afyth. I, p. 33 sq ; Mannhardt, W'ald u.
Fetdkult, II. p. 336 sq. — 15 Griech. Alterthümer, 11, p. 223 et 449. — 10 Paus
VI, 8, 2 ; VIII, 2, C ; Varr. ap. August. Civ. Dei, X VIII, 17 ; Plin. ffist. nat. 34.
_ 17 Corp. inscr. gr. 1313. — I* Corp. inscr. gr. 1713. — 19 Tliucyd. Il, 21 ; V,
10, 3. — 20 VIII, 38, 3. — 21 Agonolhètc des Lykaia, Corp. inscr. gr. 1163.
_ 22 Expcd. de Aforée : architect. pl. xxxm et xxxiv. — 23 pausan. VIII, 37,
4, 6.
LYK
— 1434
dans ce dernier sanctuaire nous montrent la cité des
Lykourasiens (Auxoupcûnot) placée sous la dépendance de
Mégalopolis 1 : sa situation parait avoir été celle d’une
xcoavj privilégiée en raison de son caractère sacré : son
et inique subsiste, mais il n’est mentionné qu’en seconde
ligne après celui des Mégalopolitains.
Pour toute la période antérieure, la situation du mont
bycée est mal définie. Géographiquement, le district de
la montagne sainte appartenait au territoire des Parrha-
siens-, mais rien ne prouve qu’il ait été la propriété
particulière d une des bourgades parrhasiennes établies
sur ses versants ou à son pied. Reste donc l’hypothèse
d’un sanctuaire ayant appartenu à la Parrhasie tout
entière. Celle-ci formait, en effet, une communauté, un
îOvoî, dont les habitants étaient désignés aux jeux Olym¬
piques par l’ethnique collectif de Parrhasien, et non par
le nom de leur village natal 3. Il faut donc admettre entre
ces xûp.a- parrhasiennes une liaison, dans le genre des
ffucnrvigaTa S%wv [voir koiné et koinon]. En 421, le clan
parrhasien tout entier se soulève contre la conquête man-
tinéenne4. L union politique de ce canton n’était que le
corollaire d'une union religieuse très ancienne, dont le
mont Lycée était le centre. Le clan parrhasien passait
pour un des plus anciens rameaux de la race pélasgique 5.
Cette antiquité vénérable valut à Lycaon l’honneur d’être
considéré comme 1 ancêtre des éponymes de toutes les
villes arcadiennes, grâce au rattachement à sa généa¬
logie d’ Areas, le héros des districts orientaux du Mënale 6 ;
de plus, la masse imposante de la montagne elle-même
qui domine toute l’Arcadie du sud-ouest, enfin le voisi¬
nage du sanctuaire de Despoina à Lycosoura, toutes ces
raisons contribuèrent à favoriser le rayonnement des
cultes lycéens dans l’Arcadie tout entière. Il n’est pas
nécessaire d’attribuer à Lycosoura la pros¬
périté et la puissance de Mycènes ou de
Tirynthe ; les modestes murs de son acro-
J pôle ne justifient pas les prodigieuses
destinées que la légende a permis de lui
octroyer comme capitale préhistorique d’un
empire lycaonide 8. De très bonne heure,
le mont Lycée fut considéré par l’Arcadie
entière comme un sanctuaire national 9. Plus d’un siècle
avant la constitution de la Ligue arcadienne, une sorte
d organisation amphictyonique devait assurer les res¬
sources nécessaires à l’entretien du hiéron et à la célé¬
bration du culte et des jeux10. S’il faut en croire un texte
1 B. Leonardos, 'Eç^. 1896, p. 2i8. - 2 Les textes relatifs à
Zcus Lykaios et à Pan Lykaios les désignent comme des dieux parrhasiens : Pind
01. IX, 102 et schol. ad h. I. ; Sehol. Eurip. Orest. 1047 ; Schol. Dionys. Perieg!
415; \irg. Aen. VIII, 343; Nonn. XXIII, 151. Une légende postérieure sur l'inso¬
lence (zajjcnria) et l'impiété des Lycaonicles se fonda sur ce nom du pays (ApoIIod.
üib. III, 8. 1). Xénias, qui prend l'initiative de la célébration des Lykaia par les
Arcadiens des Dix-Mille, était un Parrhasien (Xenoph. Anab. I, 1, 2). — 3 Ethnique
n«ffà«o5 : Iliad. Il, 609; Pind. 01. IX, 144; Tliucyd. V, 29, 39 ; Xenoph. Hell. VII
1, 28 ; Anab. I, 1, 2; IV, 7, 8; Diod. XV, 72 ; Strab. VIII, 388. Dans la liste des
Olympioniques, Paus. VI, 8, 2. Cet ethnique n'a plus d'existence officielle au
i\' s. (Foucart, Inscr. du Pélop. n° 340a). Les bourgades parrhasiennes appelées
iroUs; par Thucydide (V, 33) et xSjjiai par Diodore (XV, 72, 4) devaient être,
en fait, autonomes, comme dans le régime xcvrà — 4 Thucyd. V, 33-35 -
Fougères, Mantinée et l’Arcad. or. p. 390. — 5 Strab. 388. — C paus. VIII, 2 !
ApoIIod. III, 8, 1. — 7 Curtius, Pelop. II, p. 298. — 8 Bérard, Cultes arcad. p. 325
et 329. La legende locale de f antiquité de Lycosoura, la première ville qu’ait éclairée
le soleil, vient tout simplement de son nom et du fait qu’étant située au pied même
du Lycée, elle était la première ville placée sous l’œil de Zeus Lykaios (Paus. VIII,
38, ® T'"'' 'A?*àS"v «fusvj (Paus. VIII, 28, 2). Pendant la deuxième
guerre de Messéme (fin vu» s.), les Arcadiens auraient offert sur le Lycée un asile
aux Messéniens échappés d'Ira et lapidé le roi Aristocratès en punition dë sa trahison,
ils élevèrent une stèle avec une épigramme rappelant cet événement el se terminant
LYK
Fig. 4694. — Zeus
Lvkaios.
malheureusement tronq
entre les fils
aent tronqué, lors du Darta ,
d’Arcas, la Parrhasie seraH8edel Arcai
et 1 entretien du sanctuaire de Zeus , , restée indiViSe
assuré par des contributions coinmn ' 'U!°S aura>t été
qu’on soit en droit d’établir un rapport ‘ 11 *4
nisation amphictyonique et „„ monnà™' '
eut cours en Arcadie dès la deuxième „S P"®1 1«
et subsista jusqu'à la lin du v"> (fi., ™ ï|;»:dt
La provenance et l’interpré- *
tation de ces pièces ont été
souvent discutées. Ernest Cur¬
tius, suivi par d’autres numis¬
mates, en rapportait la fabrica¬
tion au sanctuaire du Lycée et
reconnaissait dans la figure du
revers celle de Zeus Lykaios, dans celle de |vers n«
puma, la grande déesse de Lycosoura. La lLnî
Afxaoixov (APKAAIÇON ou APKAAIKON) indique »
circulation commune à toute l’Arcadie. Ces monmJ
auraient donc été de circu¬
lation normale en Arcadie
durant le ve siècle jusque
vers 418, date de la victoire
définitive de Sparte sur les
séparatistes péloponnësiens :
Sparte dut obliger les Arca¬
diens à abandonner un monnayage qui était pour elle le
symbole d’une union dangereuse pour ses ambitions.
Mais cette théorie a été récemment combattue par
MM. Imhoof-Blumer 13 et Percy Gardner14. D’après ces
deux savants, le monnayage en question émanerait de
1 atelier de la ville d’IIéraia, qui l’aurait émis entre 470 et
417 av. J.-C. Les types représentés seraient ceux de Zeus
Aphésios et d’Artémis. On allègue en faveur de cette opi¬
nion la ressemblance du Zeus des monnaies arcadienne!
avec celui des monnaies d’Ëlis, l’identité de la soi-disant
Despoina avec une figure des monnaies héréennes qu’on
croit être Artémis se substituant à l’Héra des monnaies
antérieures 15, enfin l’analogie de la légende ’Apxst-
oixo'v avec la légende ’OÀup nxdv des monnaies éléonnesl
Les pièces arcadiennes si discutées seraient donc, en defi¬
nitive, un monnayage émis à Héraia sous l'influence et a
Limitation du monnayage éléen.
Cette nouvelle théorie soulève à son tour des objec¬
tions d’ordre historique et mythologique : Pcequon
sait de l’attitude politique d’IIéraia pendant le conflit
,p - I jr 33), D’après
par la formule de prière y aïçe Zeo pa^eu, xat ffàw *Aoxa8iav(l Jacobs
Polybe, citant Callisthène, cette stèle aurait été consacrée par les M' ^ j|
en avait conclu à l’existence d’un sanctuaire de Zeus Lykaios à M<
l | . il c’-jm |, |i|(‘D 'R* ^allt
semble que le renseignement de Pausanias soit plus exact , a ‘e j-i» :
_ ./ ('e nnère il Ltaii1111
tuairc du Lycée. Paus. IV, 22; Plut. Ser. Niun. mnd. Ll. * I ..5 371 ar.
Virg. A en. VIII, 572. 11 est probable que celte stèle ne fut dievée qu aprw ^ ^
J.-C. au moment de la restauration de Messèncct de la constitu1'"11 j^ajenCijcl).
cadicnne (Hitler von Gartringen, art. Aristocrates dans Paulj-Visso\ , ^ ^
— 10 Voir arcadicum foedus et koinon, p. 841. — 11 Schol. Dion. _ °f2 g. Cur-
8ià TCapçTjomv, |v 5 tou Auxatou îeç-ôv et; xoina; et côàoj-, . flpriclltc dd"
tius, Pinder-Friedlaenders Beitr. zum ülter. Milnzkunde , p- *s * • ^ ^ |0 s«(- ;
Berlin. Akad. 1869, p. 472 ; R. Weil, Zeitschrft. fürNumisin. I ^ ■■ Coi)is,
Fr. Lenormant, Monnaie dans l’antiq. Il, p. 81 ; P. Gardner,
p. 28. La figure 4694 reproduit un spécimen des plus anciens, 1 J ^ unemonO*ij
mer, Zeitschr. fiïr. Nümism. III, pl. vu, n° 4. La figure 4<> J j U I’^ ^ jjuSée de Fa
du Cabinet des médailles. Cf. I, fig. 461 ; la figure 4696 un SP' f 'j'innici’i Zeitsc^r,f'
Haye, d’après Imhoof-Blumer, L. I. pl. vii, n° 21. ’ * Duh'*0 ^ ^ j> (îardncr,
Nüm. III (1876), p. 288 ; Monnaies grecques, 1883, V- 1 8 ^ s<,‘ 352-375 ; Bl«so11,
Catal. Brit. Mus. Petoponncsus, pi. lvh; cf. Mead, Ifist- ^ ^ . (jnt. l{r'1
Griech. Gesch. I, p. 703-704. — ^ Journ. of Hellen. Stud. V , f. KM-
Mus. Peloponn. pl. xxxiv, n°* 10, 11, 12, 13, 17 ; B- Weil, J p-
VII, 37 i ; IX, 20; Imhoof-Blumer, Mon. gr. p. 185; Hcad,
LYK
— \ 435 —
„ siècle, mit aux prises les aspirations auto-
<Iui« au | \,.Cadie avec les ambitions hégémoniques de
l i'0""'" " ( jf)in je désigner cette ville au rôle que lui
SpiirlL'’ J ^ (jcux gavants numismates. Pourquoi Héraia
P"1' " ,11," liés 470 le privilège de l’émission d’un
al"‘"l'v ,lepanarcadicn, alors qu’à cette époque scs liens
rn°'nî\rndie étaient encore des plus lâches1? Cette
p. sjgnale, au contraire, par sa docilité envers
*TI ° ^ctson hostilité envers le parti national arcadien 2
Snarte et son r
J L;| qualification d’Aphésios appliquée par M. Gardner
' ^,||S jes monnaies arcadienncs est tout à fait arbi-
atiir II n’y a aucun culte de ce genre à Héraia; lors
f même qu’il eût existé, on ne voit pas à quel titre cette
divinité locale eût figuré sur des monnaies portant la
légende ’ApxaSixdv. De même, l’existence d’un culte
d’Artémis à Héraia est encore une hypothèse. 3° Les res¬
semblances signalées entre le type féminin des monnaies
acadiennes et celui de certaines monnaies locales
d’Héraia ne prouvent rien. L’art archaïque ne savait
pas encore différencier ses types de déesses : entre
Artémis etDespoina, il ne pouvait alors exister de diffé¬
rence plastique appréciable 3. Enfin la figure virginale
identifiée avec Artémis sur les monnaies héréennes, où
elle remplace le type plus ancien de l’Héra voilée,
n’apparaît que sur une frappe plus récente, contem¬
poraine de la constitution de la Ligue arcadienne.
On pourrait donc expliquer l’apparition de cette
figure, identique à celle des monnaies arcadiennes,
par l’adhésion plus ou moins spontanée d’IIéraia à cette
Ligue. 4° La légende ’ApxooSixôv comme désignation des
«Arcadiens d’Héraia », suivant Imhoof-Blumer 4, serait
insolite. On attendrait plutôt 'Ilpaiéwv ’ApxiSwv, légende
<1 ailleurs invraisemblable historiquement. Les légen¬
des au nominatif neutre telles que ’Apxaotxôv, ’OXug.-
mi'i doivent être expliquées en sous-entendant kpov ou
xoivbv. Le nominatif
est employé, au lieu
de l’ethnique au gé¬
nitif pluriel, sur les
monnayages ayant
un caractère commé¬
moratif, et lorsqu’ils
émanent d’une com-
qui Irappe monnaie plutôt en qualité d’asso-
J )n U. I^"“use qu’en qualité de corps politique exer-
L 1111 ",s at;ributs de la souveraineté. C’est ainsi que
minai if * ^<>s>X0lva impériaux ont leur légende au no-
fêtes mp A<7iac> xotvî,v Supfaç, etc. Les noms de
11 tonnés sur les monnaies sont au nominatif:
I ^ truite dp
1Wîr-l?Mi), oTles*H||e#ltTe 1EHde 6t Héraia fVI“ siècle’ 5()C 01‘ 58°-576; Co>'P-
ksll™t avec les .r'’,0118 DC Se désiSnent pas comme Arcadiens. — 2 Ils com-
^ms par le roj * 1 S ™ (Thuc. V, G7); le synœcisme des neuf dèmes
au moment de la consl i h r °mbro1? (380-371) [ou peut-être Kléomèno, 370-309],
P0,is devait, dans la pensé Te 'a L‘gUe arcadienne et de la fondation de Mégalo-
l>arti démocratiini,. , constituer un centre oligarchique pour résister
PW. I, Tl T'"" ^ ''ArCadiC’ Slrab- VIH, p. 337; Curtius,
n,bre 370, probablement °llgcr<?Sj Mant™ée et l'Arcadie or. p. 374. En dé-
lu' |,w rePrésailles une /T après lc synœcisnr,e, l’armée fédérale arcadienne
« Gardner LT “V ^ Héraia (Xenoph. Bell. VI. 5, 22; Pans.
- t'u d° la monnaie? «JT , U"‘meme S'H doit appeler Héra ou Artémis
r, onn‘ 9r- p. 19G -, Map- XXX1V. du Catal. of greek Coins , Pelop.
prr' \P : *'*’■ *)• - c linidauro TT d E,iS ’ ’0X^™ (Gardner, Cotai.
l'ii-mf 132; n lia ’ ’ P" ,58’ pl- xxix, 21. — 7 Argos (époque im-
Ca(„i 11111 ad°I>lée en rédieeâm r n° IC9’ ~ 8 Et 'iue l’auteur de cet article avait
T0 K0,N0N’ p- ,i41- »«*« - 9 Gardner,
T ’ Les légendes telles , " T' fig' 4C2) reProduit un spécimen du Cabinet
l"C mu|x.., X«pt..., gravées sur le rocher, appar-
I-Ig. 4697. _ Zcus Lykaios et Pan.
LYK
OXuu.7tta 6, ’AffxXvjTrfeia 6, Négeta, etc.7. Or, la seule
association religieuse qui pût, au v‘: siècle, émettre en
Arcadie des monnaies à la légendé ’ApxaStxôv, au type
de Zeus Aëtophore et d’une déesse jeune (Despoina ou
Artémis), est évidemment l’amphictyonie arcadienne qui
enlretenail les sanctuaires du mont Lycée et célébrait les
jeux Lycéens. Pour toutes ces raisons, l’ancienne attri¬
bution proposée par Leake et Curtius semble devoir être
maintenue contre celle qu’ont soutenue MM. Imhoof-
Blumer et Gardner8. Ajou¬
tons enfin que ce sont bien
les dieux lycéens qui figurent
sur les monnaies de la Ligue
arcadienne frappées à Méga-
lopolis après 3709 (fig.4697)
et ensuite sur les monnaies
particulières de Mégalopolis enlre 234 et 14610: elles pré¬
sentent d’un côté le profil de Zeus Lykaios, de l’autre
Pan Lykaios (fig. -4698).
Le culte de Zeus Lykaios n’apparait en Arcadie, Hors
du Lycée, qu’à Mégalopolis et à Tégée ; il passa aussi à
Cyrène, où une colonie arcadienne fut fondée par le Man-
tinéen Démonax11 vers 530 av. J.-C. Il y avait à Tégée un
autel de Zeus Lykaios, voisin d’un autel de Pan12. Cette
installation date probablement d’une époque où Tégée
voulait jouer le rôle de capitale de l’Arcadie. A Mégalo¬
polis, sur l’agora, il y avait un péribole de pierres entou¬
rant un hiéron de Zeus Lykaios; c’était un abaton : on y
voyait à l’intérieur deux autels du dieu, deux tables, deux
aigles et une statue de Pan Sinois12. Ce sanctuaire mé-
galopolitain n’était, en somme, qu’une copie de celui du
mont Lycée: peut-être les deux aigles de Mégalopolis
étaient-ils ceux-là mêmes qui surmontaient jadis les deux
colonnes du sanctuaire lycéen u. Il semble, en effet,
qu’à l’époque de Pausanias la fête lycéenne était déjà
transportée à Mégalopolis. Strabon 15 dit que, de son
temps, le sanctuaire de Zeus Lykaios n’était plus guère
fréquenté. Les expressions de Pausanias à propos des
deux aigles semblent indiquer qu’ils n’étaient plus en
place et que les jeux Lycéens, qui se célébraient autrefois
° àpyatov) dans le hiéron de Pan Lykaios, ne s’v don¬
naient plus de son temps. Ce fut peut-être à l’époque où
lut inauguré en Arcadie le culte des empereurs que le
sanctuaire du Lycée fut dépossédé au profit de Mégalopolis ;
si les anciens sacrifices de l’autel du Lycée furent peut-
être changés, la fête lycéenne, transportée à Mégalopo¬
lis, fut jointe à celle des Caesarea 16. A Cyrène, Hérodote
mentionne une colline de Zeus Lykaios17, et l’effigie du
dieu, identique à celle des monnaies fédérales de l’Arca-
Fig. 4-G98. — Zeus Lykaios et l'an.
tiennent à des noms propres de graveurs ou de magistrats monétaires. — 10 Gardner,
Catal., p. 188, pl. xxxv, n» 10. — U Herod. IV, 161 ; Diod. VIII, 30. — 12 Paus. VIII,
53, 11. — 13 Id. VIII, 30, 2. — 14 Voir ci-dessus, p. 1432. M. Bérard supposé (Cultes
arcad. p. 91) que le sanctuaire urbain fut garni avec le tabernacle du hiéron lvcécn.
Celui-ci ne fut pourtant pas complètement dépouillé, puisque l'autel môme et les
colonnes restèrent en place au sommet du Lycée, et qu'on continuait les sacrifices
secrets du vivant mèmede Pausanias (lâoueiv). Les TçàrjÇcude Mégalopolis simulaient
en petit les xiovtç du Lycée et les aigles eu nombre égal (feoO aux tables n’étaient autres
que les deux aigles mêmes du Lycée. La tribu mégalopoli laine des AuxacYTat avait
sans doute été constituée avec les habilauts prélevés sur la région du Lycée (Lo-
ring, etc. Excav. atMegalop. p. 139, n» 20).— 15 VIII, 388.— 16 Décret de Mégalopolis
en l’honneur de M. Tadios àywvoIltTijjavTa tSv Avxaiuv x«è. al Me-
galop. p. 139, n» 26). Décret de Mégalopolis déposé dans le sanctuaire de Despoina à
Lycosoura, et conférant à un Mégalopolitain la proédric aux Lykaia et aux Caesarea
(vtfoeSflav iv te toT; A-jxnioi; («ai?) K«ieajYjoi((Léonardos,-Eç. àjx<xi°k.t896, p. «18. 1
31). - 17 IV, 203. Sur lc rôle du Mantinéen Démonax, envoyé parla Pythie à Cyrène
vers 550 en qualité de »«t«fTurtiif, voir Herod.1V, 161; Studniczka, Cyrene, p. 15 et 98 •
Fougères, Mantinée, p. 333; Maass.Aa/bmnc/ios u.Kyrene, //ermès.XX V(t890) p.40l.'
LYK
— 1436 —
ilio, parait sur les monnaies cyrénéènnes du 111e siècle
av. J.-C. On reconnaît aussi Zeus Lykaios assis sur
un trône monumental, formé de pièces de bois assem¬
blées (et non de grosses pierres) dans la figure d’une
coupe de style cyrénéen (au Louvre) et qui rappelle le
Zeus Lykaios des plus vieilles monnaies arcadiennes2.
111. — Il nous reste à définir le caractère des Lykaia.
L opinion qu'on peut émettre à ce sujet étant subordon¬
née a 1 idée qu on se sera faite du dieu lui-même, cette
discussion doit nous conduire à déterminer d’abord le
caractère propre de Zeus Lykaios. La mythologie du
Lycee met en jeu trois personnalités principales: Pan,
Zeus et Lvkaon. Un premier fait est établi par des témoi¬
gnages concordants et par la topographie même des rui¬
nes : c est que, si le sacrifice des Lykaia était dédié à
Zeus Lykaios, les jeux avaient lieu dans l’enceinte de
Pan ■. La fête primitive était donc une fête de Pan. Or
Pan, de 1 aveu des auteurs, était le dieu indigène du
Lycée, le plus ancien et le plus honoré des dieux arca-
diens \ Le Lycée est son berceau3 et ses droits y sont anté¬
rieurs à ceux de Zeus. Son rôle propre, c’est le patronage
des bergers de la montagne, la protection du petit bétail,
brebis et chèvres, qui vivent sur les hauts pâturages : ces
troupeaux constituaient toute la richesse de laParrhasie,
et tous les Parrhasiens, étant bergers, vénéraient Pan
Lykaios comme le premier des dieux 6. Dans le Latium,
1 équivalent de Pan est Faunus, que les auteurs latins
assimilent a Pan Lykaios ', dont le culte, d’après la tra¬
dition latine, aurait été transporté en Italie par le Pélasge
arcadien Evandre8. L’équivalent latin du Aôxatov, c’est
le Lupercal, grotte qui sert de sancLuaire à Faunus ;
enfin les lupercalia seraient la copie des Aôxata9 : ce
sont bien les fêtes propres de Faunus, c’est-à-dire de Pan
Lykaios, sans que jamais elles évoquent chez les
auteurs le souvenir de Zeus Lykaios. Ces cérémonies,
dont le caractère rustique s’était mieux conservé en Italie
qu’en Grèce, sont essentiellement des fêtes pasto¬
rales qui ont lieu le 15 janvier. Or, l’ennemi des trou¬
peaux confiés à Pan-Faunus, c’est le loup : la principale
fonction de Pan-Faunus consiste à écarter ce voleur
et ce mangeur de bétail10; aussi, en Italie, les prêtres
de Pan-Faunus s’appellent-ils Luperci ( Lup-arceo ,
AuxofEpyT-'ç), et Lupercus devient une épithète du dieu
lui-même. En Arcadie, le nom du Lycée signifie le Mont
aux Louves (Aôxoetov opoç, cf. Auxôdoupa, ethnique
A>jxoupà<7io;, et le nom du Parnasse Auxoépma, aujourd’hui
Liacoura11. Le mot lycaon désignait une espèce de
loup *2). La personnification de cette montagne hantée par
les loups, c’est le dieu-loup Auxâtov qui habite le sommet :
ce dieu carnassier est friand de chair humaine, on lui
1 L. Müller, Num. de l'anc. Afr. I, p. 49, n° 185 ; Suppl. Taf. i, 190; Fried-
lander, v. Saliet, Berl. Mùnzcab. p. 93, 252, 255 ; ilead, flist. num. 372, 373,
fig. 242; Zeitschr. f. Nümism. IX, Taf. h, U, 12. — 2 Potticr, Vases antiques
du Louvre, 2e série, p. 63, E GG8 ; Studniczka, Kyrene, p. 14, fig. 7; S. Rcinach,
Répertoire des vases , I, p. 433, n° 2. Les anciennes interprétations de ce sujet
(Promélhée, ou devin interrogeant le vol des oiseaux) paraissent devoir être
abandonnées (voir fig. 782 et 4217). Le poète Alcman avait composé un hymne en
1 honneur de Zeus Lykaios (Himer. Or. V, 3). Studniczka ( Lakon . Kulte , p. 11 sq.)
en voudrait déduire 1 existence d’un culte de Zeus Lykaios à Sparte (cf. Wilamo-
\\ ilz-Mollendorf, H orner . Untersuch. p. 285). L'attribution à Apollon Lykios par le
même savant (Ibid. p. 73) des Aûxauc. mentionnées oar l'inscription du Corp. inscr .
y/-. n° 1431 est assez singulière. — 3 Voir plus haut, note 10 p. 1432. — 4 Voir les textes
réunis par Immerwahr, Kulte u. Myth. Arkad. p. 194 sq. ; Dclacoulonchc, Mém.
sur l’Arcad. p. HO. — o Serv. ad Virg. Georg. 1, IG. — c L’identification de
Pan arec Hélios, qui s autorise d’un texte de Macrobe ( Saturn . I, 22), a fait croire
que Pan était originairement le soleil lui-mème (Bérard, Cultes arcad. p. G2). Mais
cette assimilation paraît résulter de la fausse étymologie «ûwv. Pan n’habite pas le I
LYK
sacrifie un jeune garçon de la région |
redoutable qui s’oppose à Pan, le génie ftvor kT °
comme Gacus, voleur de troupeaux s-01 , eelféco*d,
Latiun, à Faunus ( Favinus ), le bon génie mT’ dans le
s.t.on de leurs natures, Pan et Lycaon voisiner',' °PP°'
meme montagne et leurs rites étaient célébré , T la
époque. Les Aôxata comportaient le sacrifia U mêltle
et c™el 11 Lycaon, et probablement aussi des
brebis et de chèvres à Pan, suivis deZ* T T ****
à Pan n’est pas mentionné par les auteurs qui o7rIu
des Lykaia, c est que toute leur attention s’est non • ‘ J
l0. nl; ie P|US Tel était, «mllci-u i L”
gme e caractère naturiste et farouche du culleivcé!
1 an et Lycaon personnifiaient le double rôle de K 1
montagne, à la fois nourricière et meurtrière.
A cette forme primitive se rapportent certains traits de
a legende lycéenne : le caractère inhumain de Lycaon
la coutume des sacrifices humains, le mythe de la lycanl
thropie, ou métamorphose en loups des gens ayant goûl
la chair humaine du sacrifice, l’isolement inabordable de
1 enclos réservé au dieu sanguinaire, le mystère de ses]
rites, la stérilité qui frappait les femmes enceintes ou les]
bêtes en portéequi entraient par mégarde dans l’abaton u]
Aucun de ces traits, qui s’expliquent très bien - par un
culte animalier du loup, considéré comme la personnifi¬
cation de la montagne, n’a le moindre rapport avec Zeus. I
Les érudits qui ont tenté de les adapter à ce dieu ont été I
obligés à des transformations peu plausibles de sa per¬
sonnalité : de cet habitant des hauts lieux, ils ont dû ;
faire un dieu infernal14. Tel est donc l’élément propre- j
ment indigène, local, pélasgique et parrhasien du culte j
lycéen. L’installation de Zeus au sommet du Lycée est
postérieure à celle de Lycaon. Ce dieu panhellénique est !
venu du dehors, peut-être de Dodone ou bien d’Achaïe
par la vallée de l’Alphée et par Olympie (le culte messé- 1
nien de Zeus Ithômatas paraissant être une réplique de
celui du Lycée, avec les mêmes sacrifices humains). Les I
traits et les attributs propres de Zeus l’accompagnent au
Lycée : Zeus est le dieu des sommets baignés de lumière, I
d’où les deux aigles dorés qui surmontaient les colonnes I
de son sanctuaire situées vers l’orient, devant son autel, j
il siège en plein éther et l’ombre est inconnue a 1 inlé-
rieur de son téménos13. Maître de l’atmosphère, il coin- 1
mande aussi aux nuages; son prêtre, près de la source I
Ilagno, est un « faiseur de pluie ». Il est impossible ei
méconnaître à ces traits les caractères d un dieu ®l
l’éther13. Zeus prend donc la place de Lykaon et le redui^ I
au rang de héros. Comme il arrive d’ordinaire en parei
cas, l’absorption se traduit par le fai L que le nom
primitif se transforme en épithète du dieu |ll,in
, . fPornlivr. De an. 20).
sommet des montagnes, mais les cavernes des versants i, . \rchiv file heli- I
est bien, par nature, un dieu-bouc et un dieu de bergers (Kosi ^ IuWacos; I
gionsw. I, 1898, p. 43-91). — ’ Horace, Od. I, 17, 1. Voir ; Dion. ■
Roscber, Lexicon , art. Faunus et Lupercus. 8 Gion. ll ^ pj011. Halic. I, I
Pcrieg. 348 ; Liv. I, 5 ; Justin. 43, 1,0. — » Virg. Aen. \ I». ’ Georg. 1, I
32 ; Plut. Cacs. G1 ; Quaest. rom. G8 ; Justin. »3, *, »• ,por5Chm^, *• I
16 ; Myth. vat. III, 8, 1 ; Plut. Qu. rom. G8. — 11 Ed. ‘ .H|nlctlre que A» I
p. Gl) soutient encore l’étymologie lumière. Mais C01 ; uB j„irpil concept I
populations primitives aient eu l’idée d’un Mont de lu ^U"'U* p^m jjist. nat. 8> :|4|B
ni une pareille toponymie ne semblent acceptables. ^ — il II. C-
53, 123; Mêla, 3, 9, 2 ; Solin. 30, 4. — 13 Scho1' Griecà.
Millier, Mythol. der Griech. Staemme ; Gfirrcs (SM- rapport avec l>’*
i. n. 36) considère les Lykaia comme une fête f.mèwt, _ <«*!
ssiludes de la végétation. Cf. Car
itologia, p. 183). - l» Pans. VIII, 38, G; Theop. ap
'.est. gr. 39, p. 300 c
i2), p. 701-709.
fête funèbre, en '“l'I"”
rlo Pascal, Mito di Licaow J 7 . ,>|„t.
. ap. Polyb- avi, y
. . . . • paedag
_ 16 Roschcr, J abri). f>n 1
— 1437 —
LYK
I vkaon passe en Zeus Lykaios. Mais celle absorption
nYguivaut pas à une suppression : la personnalité dépos-
en partie à celle qui l’exproprie1. Zeus
sédée s’impose - - -
Lykaiôs hérite du culte sauvage de son prédécesseur, le
dieu-loup- L’antériorité de celui-ci est prouvée par la
cruauté même de ces rites dont la persistance ne s’ex¬
plique que comme un legs des temps lointains. Seule,
une longue tradition de terreur superstitieuse les rendait
encore sacrés en pleine civilisation. La cruauté d’une
pratique religieuse est plutôt un signe d’ancienneté; il
est plus logique de supposer que les sacrifices humains
du Lycée remontaient à une époque de sauvagerie primi¬
tive, plutôt que de les croire importés au milieu d’une
population douce où ils n’auraient eu aucune chance de
durée: la légende athénienne de Thésée etdu Minotaure
prouve qu’en pareil cas le peuple asservi sait se dégager
d’une obligation qui lui répugne. Si donc les Parrhasiens
ont conservé la pratique des sacrifices humains, c’est
qu’elle avait existé chez eux de tout temps. La tradition
locale elle-même reflète 1 antagonisme entre le culte an¬
cien et le culte nouveau : Zeus dégagesaresponsabilité du
cannibalisme de Lycaon. Celui-ci est représenté comme
un sati ilèg'e . Zeus le foudroie ou le métamorphose en
loup pour, le punir2. Mais, en dépit de cette réprobation
toute morale, il reste impuissant contre une tradition
invétérée ries pratiques anciennes survivent encore au
n siocle avant J.-C. Seul, le mystère qui les enveloppe
alfesLe les scrupules de la civilisation.
La théorie précédente nous dispense de discuter
'M< considèrent Lykaon comme une simple éma¬
nation de Zeus Lykaios. L’identification de Lykaon, élé¬
ment primitif, avec Zeus, élément adventice, ne fut
pas si complète qu’il ne subsistât des traces de dua-
fvhl T 6 Person'iage synthétique que fut Zeus
d;;?i eut-ren fauMI voir une preuve dans les
tables ’iT? JU LyCée’ danS Ies deux autels> Ies deux
Lvkaon nGS eUu-aigl<3S dU sanctuaire mégalopolitain.
L t os’ dl6U ?e la ™»taSne, incarné en Zeus
est devenu lui-même une divinité de la lu-
*«„’ d jr;,'*”1' “'»»■* « l'aigle.
*W par une sC "e C°"V,e"1 à P“"’ rep,'és<!‘ué »
sanotuaire de Zeus Lykaios, un
4 l'«iste„ce “e ce “asilf -
de Lycaon, rcnrLenie ' P eXempIe' le sacrilège
hospitalité I P comme un violateur des lois de
interprété c'omm 5 .lede Ia tycanthropie peut aussi être
s’expatrier pendantT-f^ ^ meurLriers obIiSés de
Penlétérignp,, _ , X ans’ c est-à-dire deux périodes
, Snr q S’ aU b0ut desquelles ils rentrent dans la
Paus. Mantinée et VArcadie> P- «i sq.
!? “• **‘h. dr’ tP0,0d- l"- ®’ U 3 Immerwahr,
HJ **"■ VI- 8, 2; vm ; E- MaJrer> Forschungén, I, p. 00 sq.
f. ■ nai- VIII, 34 ; cf p ’ ? ’ 'arr- aP- August. Civ. Dei, XVIII, 17- Pljn
r°nc- m GrdCp. nTJl’ T 3f3 6t SU1’ '0S hommes ^Parés,
et m f Sera^ une mélamn mi' • es tories anthropologiques, la Lv-
^oal, I Ui'o r' P- 9» et 100) J°lCh°n du sacrifice, Année sociolo-
P. 89 (,t n° d‘ Lieaone, p 180 _ 7 R Ç^^er-Gmgn.aut, Op. I. - 6 C.
'«/luene„ ' UCrar.l, o,.,-„ . ' Benloew, G La rèce avant les Grecs,
bnx-Vond heUen- mythol. p 162* ,?f ar™d- ch- L Kobcrt Brown, Semitic
im" mm, v\' m9-r \pmm ***- *«■
eobil. Ja, la Mythologie grecaùe G ~ \ °P ‘ Waj°'vodsky- ^ canni-
Ut, f- kl»- nuït "Sv'T.r1, Sa'nt^Pétersbourg, 1874 (voir Bu-
P.8, 102 ' Bibliographe StnrL- n " ’ P 72S1 ; Robertson Smith, Op. I. ;
" 8,|,‘> Creujer-Guiffniaut ° n 7'?- ^ ApoUoternPd su Dassae, 1826,
V « üehgions de l'antiquité. Ils, p. 531 sq. ; 113,
LYR
vie commune s’ils n’ont pas, dans l’intervalle, commis
un nouvel homicide L
Les opinions émises sur le caractère et l’origine
du cuite de Zeus Lykaios se ramènent à plusieurs
chefs :
1 Hypothèse d un dieu lumineux originaire d'Egypte
ou de Phénicie, où le loup serait symbole de la 1 umière 5 ;
ou infernal, le nom dérivant de la racine vl'g, déchirer
(cf. lupus , luperci , de l’étrusque Ittpu (i dilaccralor 6).
2° Hypothèse d’un dieu des hauts lieux d’importation
sémitique. Lycaon serait le représentant d’unecivilisation
exotique et d’une conquête de la Parrhasie par les Phé¬
niciens : ceux-ci auraient imposé aux Pélasges le rite des
sacrifices humains ; les sanctuaires du Lycée et de Méga-
lopolis rappelleraient les Maabeds phéniciens 7 et Zeus
Lykaios aurait été un Baal-Louki, de la famille des
Molochs , analogue du Baal-Liban, au Baal-Kasios, au
Baal-IIermon 8.
■î Hypothèse totémique. Le culte du dieu-loup se rat¬
tacherait à l’état primitif delà Parrhasie; les sacrifices
humains étaient originairement les fêtes cannibaliques
d une tribu d hommes-loups reconnaissant le loup pour
leur totem0. G. Fougères.
LYKIARCHÈS [koinon].
LARA (Aupa). — Des deux classes principales d’instru¬
ments de musique que distinguaient les Grecs et les
Romains, instruments a vent (lp.Ttvs'jc-0.) et instruments
<i cordes tendues (evTaxoc, xaSavcra, xpouoasvx), c’est la
seconde qui jouissait de la plus grande considération
et qui seule était regardée comme vraiment nationale et
éthique. Dans l’éducation libérale, sauf en Béotie et,
à Athènes, pendant une courte période d’engouement au
milieu du vesiècle, le jeu des instruments àcordes était seul
enseigné à l’exclusion de la flûte : les mythes d’Apollon et
de Marsyas, d’Athéna et de Marsyas symbolisent cette
préférence L
La prédilection des anciens pour les instruments à cordes
ne s étendait pas d’ailleurs à tous les instruments de
cette catégorie. Elle était réservée à deux variétés, très
voisines l’une de l’autre, qui appartiennent à la classe
générale des harpes, en ce sens que les cordes se pincent
a vide et ne sont susceptibles chacune que d’un son
unique, mais qui se distinguent des harpes proprement
dites par l 'égalité de longueur des cordes, les différences
d intonation n’étant obtenues que par des différences de
grosseur et de tension. Ce type instrumental n'est plus
représenté dans l’orchestre moderne; la difficulté de l’ap¬
pareillage, dès que le nombre des cordes se multiplie, l’en
a fait exclure au profit des instruments à cordes de lon¬
gueur inégale ou, comme disaient les anciens, à cordes
p. 1261 ; Schoemann, Griech. Altcrthilmer, 11 (1859), î, 223, 449 . Bôttiecr Kl
p. 151 ; Welckcr, Kl. Schnft. 111, 162 A, 7 ; Gôtterlehre, I,p. 210 ; K O
Mu 1er, Prolegomena, p. 290 ; Parier, I, p. 305 sq. ; Krusc, Hellas, I, p. 457 • Lobeck
Aglaoph. p. 895 ; Schwenck, Algthol. d. Griech. p. 177 ; Rhein ,1/„s VI v,l’
Lancv, Sgst. der Mythol. p, 180 sq. ; Prcller (Paulys, Pealencycl. IV n‘ 589)''.,,’
m 7 Xd Ib p- D- M8,,cr* Ueber dcn rrot.wîiW •
185 , Alyth der gnech. Staemme, II, p. 8, sq. ; Maurv, Relig. de la Grèce. 1
p 0- , Dec barme Mythologie, p. 16 ; Mannhardt, Wald u. Feldkulle, II, p ,,7 .
üelacoulonebe, Mèm. sur l'Arcadie (Archio. mil», scientif. VII is58 n «7 J ’
Gürres, Studien sur Griech. Mythol. 1889, I, p. 1-7, ; Immerwabr, KuUe u M^hen
Arcad. p. sq ; E<i. Mayer, Korschungen zur allen Gcsch. I, p. 53 sq. ; BOard
?’'lgZnS ta’ P' 49 S<'- ; L*ng- "***“• et relig. (Ira i Marib
ber, 1896), p. 248, 252, 476, 484, 5.5 ; Fougères, Mantinée et l’Arc J. or. p Ï
Robertson Sm'tli, art sac, unes (Encycl. Prit.)- pelig. on the Sonic P 209"
Far"fr p * Z' ! 9r/ekState*’ b p- 11 ; 0. Gilbert, Griech. GMerlehre
P‘. Yna / PM e {StUdi di a"liCh' e Mitologia, 1896).
LYRA. 1 l'iat. Pesp. 111, p. 399 D; Aristot. Polit. V (VIII), 6, 5-8.
181
LYR
— 1438 —
« obliques »,qui eux-mêmes d’ailleurs n’y tiennent qu'une
place très modeste. On a donc pu dire, avec un peu d'exa¬
gération peut-être : « En fait d’instruments à cordes, les
Grecs et les Romains n'ont possédé que celui dont le rôle
est le moins essentiel dans l’orchestre moderne; encore
ne l’ont-ils connu que sous une forme rudimentaire1. »>
A l'époque homérique, l’instrument à cordes national
est désigné sous les noms de ©dpp.-.y; et de xiôapiç qui
paraissent synonymes 2. Le premier, qu’on a rattaché avec
vraisemblance à un radical parent du latin fremo, semble
d'origine purement hellénique et rappelle par sa désinence
un autre instrument national, la cupty; 3. Quant au mot
x;6aot;, on serait tenté de lui attribuer une origine asiatique.
.Nous ne possédons d'ailleurs aucun renseignement précis
sur la phorminx ou kitharis homérique ; tout ce que nous
savons, c'est qu elle pouvait être de grand prix. Ainsi la
phorminx d’Achille, qu'il avait choisie dans le butin d’une
ville d’Asie, était « belle, artistement travaillée et tra¬
versée par un joug d’argent4 ».
La ressemblance entre les noms xi'Oapiç et xiOâoa a fait
supposer que l’instrument homérique était identique à
la cithare classique. Aristoxène s’élevait expressément
contre cette opinion et identifiait, au contraire, la xt'Oapiç
avec la lyre 5, entendant sans doute par là que le résonateur
était constitué par une carapace de tortue. La seule preuve
qu'il donnait à l’appui de son dire, c’est que le mot xtOa-
picT'/jÇ, dérivé de x-.OxpiÇco, qui lui-même vient de xtOaotç,
non de xiôipa, désignait de son temps les joueurs de lyre,
autrement appelés XupwSoî. Mais cette preuve n’est nulle¬
ment convaincante. Si le mot xtôaptç a eu, à l’origine,
comme nous le croyons, le sens générique d’instrument
à cordes égales, quelles que fussent la forme et la matière
de l’instrument, on comprend' que ses dérivés x-.QaptÇw,
xi0âpiciç, xtôap-.ffT -ffi aient pu conserver un sens générique,
même après que le simple x;Gapi; fut tombé en désuétude.
De fait, on trouve le mot xtOapîÇio associé avec Xépae aussi
bien qu'avec xtôxpa ; de même x;Gxpt<7iç (seul ou avec les
épithètes distinctives d/tXvj , evauXoç). Quant à xiOapt'TTTjç,
s'il a fini par s’appliquer exclusivement, et avec une
nuance de dédain, au joueur de lyre, c’est sans doute
parce que les joueurs de cithare, virtuoses d’une classe
plus relevée, avaient à leur disposition les mots xc6a-
püjoôç, lorsqu'ils s'accompagnaient de la voix, et ’j/tXoxtOa-
ptoTiQç, lorsqu'ils se servaient de l’instrument seul.
A l’époque classique les mots ©ôppiy? et xéOxptç ne sur¬
vivent plus qu’en poésie ; à leur place le langage courant
emploie les termes Xupot7 et xtGxpa8. On trouve aussi, dans
un langage poétique, yéXuç (tortue). Le latin a un terme
générique, fides (diminutif fidicula), qui vient, paraît-
il, d'un vieux mot grec <7*ior,, « corde de boyau » 9, comme
funda xûent de <7©sv odvr,. Plus tard on trouve des termes
transcrits ou traduits du grec ( hjra , cithara, testudo).
Les nomsXûpaet xtGâpa ne sontpas synonymes, quoique
plusieurs lexicographes les aient pris pour tels10 et que
le principe de leur distinction ne soit nulle part claire-
1 Oevaert, La musique dans l'antiquité, II, 243. — 2 On trouve aussi bien
?°?F-ïïl üiOajgei* [11. XVIII, 509-70) que xiSâji oojutÇsiv (0«t. I, 153-5). — 3 Cf.
aussi (petite flûte à un seul tuyau) et aû\iz ty;. L'étymologie de Hesycli.
(<ï(ioiî otfojitvi,) est absurde. — 4 Iliad. IX, 186 sq. — 5 Arislox. fr. 03 Müll.
(Ammonius, De diff. vocab. jp. 82). — 6 Hymn. ad Merc. 423; Chamael. ap. Ath.
XIV, 024 A; Xenoph. Sympos. 3, t, etc. — 7 Premier exemple (vu® siècle) dans
le Margitès, fr. 1 (cf. Hh. Muséum, XI, 515), puis Alcman, fr. 141 . L'exemple
isolé de YHymn. ad Merc. 423 parait interpolé. — 8 Je n'en connais pas
d'exemple antérieur aux tragiques; mais la chose est bien plus ancienne.
LYR
muni ununce
2. t u., seulement les deux instruments 8
souvent nommes conjointement, en termes n
leur identité11, mais encore des auteurs hier/T"6"1
les opposent l’un à l’autre : ainsi Aristote . ,0rnié8
que la lyre dans l’enseignement de la jeunesse' ‘"'T1
la cithare comme présentant de trop a-„!°S,CI'11
techniques 12 ; Aristide Quintilien dépeint la sonorU^f
la cithare comme très voisine de celle de la ]v„, ” G
Pourtant moins grave, moins virile ». Bion et Paus-^^8
attribuent l’invention de la lyre à Mercure tandis' T*
celle de la cithare appartiendrait à Apollon14 • d’-'mi
nomment, au lieu d’Apollon, Amphion1*. En présence de
ces témoignages on ne saurait douter que les deux ins
truments ne fussent distincts. Mais en quoi consistait
leur différence essentielle ? Lyre et cithare se composent
l’une et l’autre : 1° d’une caisse sonore ou résonateur,
d’où s’élèvent deux bras reliés par une traverse ; 2° d’un
nombre variable de cordes, de longueur égale, accrochées
par une extrémité à la traverse et par l’autre à un
« cordier » fixé sur le résonateur. Maintenant, laissant de
côté les menues variantes, on constate que dans une pre¬
mière série de représentations le résonateur est formé
d'une carapace de tortue ou tout au moins d’une caisse
imitant la forme et l’aspect de cette carapace, où sont
plantés deux bras minces et longs, de silhouette incurvée
comme les cornes d’un bœuf ou d’un cerf. Dans une autre
série, le résonateur, plus ou moins massif, rectangulaire
ou arrondi, est toujours une caisse en bois sans analogie
avec une carapace de tortue ; les bras, pris dans la même
masse, se raccordent avec le
contour de la caisse ; ils sont
plus larges, plus épais que dans
le premier type, et se termi¬
nent généralement par un
montant tout à fait vertical.
Cela posé, remarquons :
1° que dans tous les récits re¬
latifs à l’invention de la lyre
par Hermès, il est question
d’une carapace de tortue, tan¬
dis que jamais cet objet n’est
mentionné à propos de la ci¬
thare; 2° que dans les repré¬
sentations très rares où l’instrument est accompagni
du nom Xupot (fig. 4699) 16, il est toujours figuré avec un
résonateur en forme de carapace; 3° inversement, qiu
l’instrument des citharèdes de concours (reconnais
à leur costume d’apparat) ou d’Apollon cithau'h na
jamais un résonateur de ce genre (voir pl u>
figures 1569, 1570, 1572); 4° qu’il en est do nlt^1
l’instrument figuré sur les monnaies de la conft 1 ' 1,1 ^
lycienne, dont le nom populaire xt0apir)<pdpot non> ' 4
transmis par une inscription 1 7. De 1 ensemble <- 111 ■ ^
on peut conclure avec certitude que les inslium ^
premier type sont des lyres, et ceux du second < <
Fig. 4699. — Lyre à carapace.
* ; _ 10 On ne peut 1,1
9 Hesycli. •*?*&*? ' %oç$ai |*«Yei?txa * , ments «à cordes
:;ument du fait que le Xupoicoioç fabrique toute espèce ^ ^ pjaj- Jlesp-
>11. IV, 04); noire luthier ne vend-il pas des violons1 ',V|||), fi, 5-
) C: Xûpa crot xat xtOâpa Astraerai, etc. - ‘ " r, s \J 14,6;
13 Ar. Quint. II, p. 101 Meib. - 14 Bion, IX, 8 (Ahr®ns| ’ 0'irw à Munie'*.
Kl. Sic. V, 75.-10 Plin. VII, 204. -10 Fig. 4699, coupe a « ^
303 (Monumenti, IV, 59 = Gerhard, Auserl. Vas. - ■ )■ TEp<riX0I
Louvre (Helbig, n» 808; Pitt. Ere. Il, 5, p. 31) avec la
. »T 41 4/4 ut; ni, VfV A.A<9
LYR
1439
LYR
renc
ciclle n«'
fondit
, ,V|S compliquer cette distinction par des diffé-
,s accessoires que suggère une observation superli-
;,is que ne confirme pas une étude plus appro-
(,n particulier, il n’est pas exact que la cithare
soit toujours de plus
grande taille que la
lyre; rien de plus va¬
riable que les dimen¬
sions de l’un et l’autre
instrument. Ajoutons
que si leur distinction
apparaît bien mar¬
quée sur les monu¬
ments de l’époque
hellénique et hellénis¬
tique, particulière¬
ment sur les peintures
de vases, il n’en est
plus de même à l’épo¬
que romaine, notam¬
ment sur les peintures
campaniennes, ni
même à toutes les époques sur les monnaies de petite
dimension et les reliefs de marbre ; on voit alors s effacer
les traits caractéristiques, apparaître des formes inter¬
médiaires, dégénérées, probablement conventionnelles,
en présence desquelles l’archéologue est souvent embar¬
rassé pour dire s’il s’agit d’une lyre, d’une cithare, ou
même (sur les sarcophages romains) d’un luth L
Les documents dont nous disposons pour l’étude
archéologique de la lyre et de la
cithare sont : 1° les débris d’ins¬
truments de cette classe provenant
d’Égypte ou d’Attique conservés aux
Musées de Berlin et de Leyde et au
Musée Britannique (fig. 4700) 2 ; 2° les
textes des auteurs anciens 3 ; 3° les
monuments figurés. -Parmi ces der¬
niers, les statues ne doivent être
utilisées qu’avec de grandes précau-
la plupart des cas l’instrument est
1 nlièrement ou partiellement restauré.
I-1' résonateur de la lyre fut en principe et à l’origine
une carapace de tortue (yeXcSvrj, ^éXuç), sur
face concave de laquelle on tendait une peau
de bœuf. Ce procédé économique est tout
à fait dans l’esprit des peuples primitifs:
c’est ainsi que de nos jours beaucoup de
peuplades africaines, pour fabriquer un ré-
U|)(i sonateur, tendent une peau de bœuf sur
d| 1 111 Lasse vidée. L’écaille bigarrée, noire, semée
' * aux l< yeux » blonds, est non seulement décrite
Sur "n vase (si'0 |UI le*a,'c°P1,age d’Hippolyle à Girgenti ( Arch . Zcit. 1847, pl. vi).
leur orné d une^' ^om^es rendus, 1875, p. 66) une cithare certaine a un résona-
dc la Hautt-K" ' ' a'"0<*? torlue' — 2 Sur les cithares de Leyde et de Berlin (provenant
p. 477-8, ] , tc!’ l0'r ^*s> Dictionnaire , I, 278 ; Wilkinson, The manners, etc.
f|m.3Vclposs^.1|t t ' '' K csl haute de 0",6ô ; le résonateur est haut de 0m,27, large de
deux lyres 1 '"""a'er CB saillie disposépour 13 cordes. Sur la lyre, fig. 4700 (ou
tombe su,. ijjJ " J0'5 syc?more du Mus. Brit. (coll. Elgin) trouvées dans une
inédit, an[j ’ ) lr^e a Eleusis, cf. Fauvel, Magasin encxjclop. 1809, 11, p. 363 ;
fievaeri, ]| i;i- ‘ 7; Birch ap. J an, Die yr. Saiteninstr. p. 17; Murray ap.
/„ second Vase room, 1878, part I, p. 08, n° 130; Fétis,
1 Rhodes) et égal,,,, " ' srl* Parmi les objets trouvés par Billiolli à lalysos
débris d'iVoire ^ ' onserv^s a» Musée Britannique, M.Cccil Smith me signale des
loul<-’s l(.s trou, ii|| " ' amorces (le bronze qui paraissent provenir d’une lyre ;
' hdysos datent de l’époque « mycénienne » au plus tard.
LOI. — Lyre à
carapace.
dons, car dans
Pig. 4702. Lyre
* carapace.
Fig. 4703. — Lyre
à cornes.
dans les textes4, mais très souvent figurée avec une
grande vérité; quelques monuments montrent même une
sorte de bourrelet circulaire qui cerne le contour de la ca¬
rapace” (fig. 4701 et 4702). Les meilleures écailles venaient
du mont Parthénion, en Argolide 6. Plus tard, au lieu de
carapaces naturelles, on employa des armatures en bois,
en forme de carapace et revêtues de lamelles d’écaille,
comme sur une des lyres du Musée Britannique. Souvent
aussi l'ivoire fut substitué à l’écaillé 7 ; des lyres d’ivoire
sont plusieurs fois mentionnées dans les inventaires.
Quant aux résonateurs formés d’un crâne de bœuf 8 ou
de cerf ce sont des fantaisies individuelles.
La table d'harmonie proprement dite de la lyre con¬
sistait dans la peau de bœuf tendue sur la face interne de
la carapace vidée : il n’est pas exact qu’on ait jamais
conservé la face inférieure, cartilagineuse, de celle-ci,
matière rigide qui ne serait pas entrée en vibration. Sur
la manière dont la peau était fixée à la carapace,
Y Hymne à Hermès est seul à nous renseigner, en termes
assez obscurs : il semble qu’on plantait dans l’écaille de
petits piquets de roseau, sur lesquels on tendait la peau,
comme une tente i0.
Les bras ou cornes de la lyre (rrr^ni;, àyxûve;, xsixTa,
cornua) étaient fixés par leur extrémité
inférieure, nous ne savons comment, dans
la table d’harmonie et s’élevaient dans un
plan sensiblement parallèle à celle-ci. Pri¬
mitivement les cornes méritaient vérita¬
blement leur nom: c’étaient des cornes de
chèvre11; au temps d’Hérodote, certains
peuples barbares, pour des instruments analogues à la
lyre, employaient pareillement des cornes d’antilope 12.
Philostrate décrit les cornes de la
lyre d’Amphion « noires, dente¬
lées comme une scie », et des
cornes pareilles sont souvent re¬
présentées sur les reliefs mytho¬
logiques des sarcophages ro¬
mains, inspirés de peintures
hellénistiques, ainsi que sur les
monnaies. Nous en donnons un
exemple emprunté à une mon¬
naie d’Antioche13 (fig. 4703 ; cf.
fig. 4725).
A l’époque classique, le bois
fut substitué à la corne, mais il
resta un souvenir de la matière
primitive : ce fut la forme élé¬
gamment incurvée, analogue à
celle des cornes de chèvre, que
l’on continua à donner aux bras de la lyre. Ces bras sont
toujours pleins, assez minces, lisses et d’une épaisseur à
— 3 Les plus développés sont le récit de l'invention de la lyre dans Hymn . ad Mcrc.
v. 24 sq. et le tableau de Philostrate, Jmag. 1, 10 (Amphion). — 4 Hymn. ad Merc.
32 :alô).ov offTçaxov ; Pbilostr. L. C. '. xat yéXuç ju).aiv« bûv, Snjxçt€u»Tcu $è xocràt xr,v ç-j<nv
xai Xayapoùç 7:eçt6é6XriTai xüxXou;, aXXov j-uvàTrTovcaç uXk«>f SavQoTçToïç oçôaXjioTç. — 3 Mon¬
naies de Calymna (Brit. Mus. Cat. Caria , pl. xxix, 8) et de Pordoselenc (Ibid.
Trous, XLIII, 13). — 6 Paus. VIII, 54, 7. — 1 Scolion 19 Bcrgk (Ath. 095 C) ; Corp.
inscr. att. I, 170 sq. (p. 73-5), etc. — 3 Monnaie de bronze de Mitylène au Cab. de
France (Mionnct, Descr. III, 44, n® 85). — 9 Lucian. IX (Dial, mar.), 1, 4 (Poly¬
phénie). Cf. suprà , üg. 2260 (bas-relief Albani, Polyphénie avec une lyre à cornes de
CCi’f). 1,1 \ • 43 sq. ■üîfce S £? lv |actçoioi Tapùv Sôvaxaç xalapioio J tcci^va; Siàt
(Monro xavà) vwva Stà £ivoTo (VaOopMvoio? xaXaççtvoto ?) ye\««vi)ç, | à|xoi Si Sép;Aa-càvu<Tae,etc.
— il Philoslr. L. c. — l‘- Herod. IV, 192. — 13 Monnaie de bronze d’Antioche
de 1 an I2t ap. J.-C. (Brit. Mus . Galatia , pl. xx, 1). Voir aussi suprà , fig. 192
(peinture de Pompéi, Apollon avec une lyre à cornes de chèvre).
Fis
4704. — Lyristc tenant le
plectre.
LYR
1M0 —
LYR
peu près uniforme de bas en haut. Au point de vue des
dimensions et de la courbure, on distingue deux va¬
riétés bien tranchées. Dans l’une, la plus commune, les
cornes atteignent le maximum de leur courbure vers le
milieu de leur hauteur, qui est
à peu près une fois et demie
celle de la carapace, puis se
'rapprochent insensiblement et
se terminent en se redressant
légèrement (fig. 4704)1. Dans
l’autre, fréquemment repré¬
sentée dans des scènes de fes¬
tin sur les vases de la plus
belle époque, les cornes, beau¬
coup plus longues (jusqu’à
trois fois la hauteur de la ca¬
rapace), divergent progressi¬
fs. 4705. - Lyre- à comes veraent jusque vers les quatre
allongées. cinquièmes de leur hauteur,
puis se rapprochent brusque¬
ment en prenant une direction presque horizontale et se
Ici minent par deux baguettes verticales, plus ou moins
hautes lig. 4/05, 4706), apparemment rapportées, aux¬
quelles se relie la traverse2. Winckelmann, Gerhard, K.
a on Jan ont voulu reconnaître dans ce type de lyre le
barbitos d Anacréon et des poètes lesbiens, et se sont
fondés notamment sur le beau cratère de Munich qui
montre Alcée et Sappho maniant des instruments de
ce genre3 (fig. 4707). Mais les
textes que nous citerons plus
loin semblent classer le bar¬
bitos parmi les instruments
polychordes et ne permettent
pas d’attribuer à cet instru¬
ment un usage aussi long et
aussi général que le suppose
la longue série des vases où
figure la lyre « élégante ».
Nous croyons donc plus sage
Fig. 4706. — Lyre vue au revers. ne Pas Chercher de nom
spécial pour celle-ci. C’est à
des instruments de ce type que songeait peut-être l’au¬
teur copié par Aristide Quintilien lorsqu’il attribuait à
la lyre une sonorité plus grave qu’à la cithare : toutes
choses égales d’ailleurs, en effet, le diapason d’un ins¬
trument à cordes est d’autant plus grave que celles-ci
sont plus longues.
La traverse ou joug (Çuyov, jugum , poétiquement
iïvtu?) *, qui relie les deux bras à peu de distance de leur
sommet, était ordinairement en bois de chêne vert (7tpr-
vo?) 5 ; on peut induire d’un texte de Philostrate qu’elle se
faisait aussi en buis6. Elle est tantôt parfaitement cylin¬
drique, tantôt renflée vers le milieu ou vers les extrémités ;
le mode d’attache avec les bras n’est nulle part clairement
indiqué. En général, la traverse de la lyre classique est
une baguette mince, plus mince que les cornes m
les sarcophages romains elle apparaît sous la (oTT*
rouleau très épais. Une des lyres du Musée Ih-ii dun
llwnni(juoa
Fig. 4707. — Alcée et Sappiio.
un joug composé d’une série de petits tambours cylin¬
driques qui s’emboîtent les uns dans les autres et sont
maintenus par des tampons latéraux.
Après avoir décrit les parties constitutives du cadre de
la lyre, nous passons aux organes correspondants de la
cithare. Nous avons déjà dit que dans cet instrument le
résonateur est une caisse en bois, prolongée par des bras
épais qui font corps avec elle et qui très probablement
(à la différence des minces cornes de la lyre) contribuent
à intensifier le son 7. Mais, au point de vue de la forme et
de la disposition des parties, il faut distinguer au moins
trois variétés principales, sans compter les types plus ou
moins abâtardis que représentent les
monnaies tardivès et les sarcophages.
1° La grande cithare de concert, dont
l’invention était attribuée à Cépion, ci-
tharède lesbien, élève de Terpandre 8,
étaitaussi désignéesousle nom de ’Astcé;,
soit, comme le voulait Duris9, parce
qu’elle était originaire de Lesbos, île d’A¬
sie, soit, peut-être, parce qu’elle était la
copie d’un instrument asiatique. Cet
instrument, de grandes dimensions (il
dépasse souvent la moitié de la taille F,g- ‘cith’arède.
d’un homme), est celui que les représen¬
tations figurées de la belle époque prêtent aux cilhan a
agonistiques et à Apollon citharède10: le plus ancien < v '
plaire en est figuré(fig. 4708) sur la cuirasse trouv 1 ' ■ ^
le lit de l’Alphée, monument qui paraît presque < on ^
porain de Cépion (fin du vu8 ou commencent. 11
vi8 siècle)".
1 Figurine archaïque (corinthienne ?) au Louvre (salle L, vitrine F) = Bull,
corr. hell. 1900, pl. xi. — 2 Fi g. 4705, Beundorf, Griech. und Sicil. Vusen -
bilder , XL\ III, 2. ^otre figure 4706 reproduit un autre exemple d’après Gerhard,
TrinUschalen , 6, 1 (= Arch. Zeit. 1858, pl. cxv, 6) ; voir dans les Comptes rendus
de Pétersboury, 1861, pl. i -, une lyre semblable entre les mains de Marsyas,
et les beaux spécimens, ap. Hartwig, Meisterschalen , XIX, 2 ; XLVII.
— 3 Fig. 4707, Munich, n« 75 = Welcker, Ant. Denkmaelcr , II, pl. xn ; A/us.
italiano di antich. classica , II, pl. iv. Un instrument analogue est encore
attribué à Sappho sur une kalpis du Musée de Cracovie (Mus. ital. II, pl. ni, 1).
4 Eurip. Hipp. 1135 ; Artimon (Ath. 637 D) omptoie ; c. :
Hit zrjuç. — 5 Theophr. De plantis, V, 7, 6. , ,T __ 7 uic. 0e
US É, ÏIK SsÎTij î.ùpa, Itiiîov. itKvTC atoi/ovoCT x«t T"* ^ caIiauS du
.t. deor. II, 149, où les bras de la cithare sont coropaus ^ . clTnA„1,K1)i)s
z. — 3 Plut. De mus. 6. — 9 Fr. 259 ; et. Plut. L. c. ^ fig. 1509,
les lig. 4701, 4702, etc. ; cf. aussi Elite, II, 1« î c , ’ do Manliw*
70, 1572. Nous donnons (fig. 4709) l'Apollon ) __ 1( /;„//. corr.
.près Bull. corr. hell. XII, pl. i = Fougères, Mantméc, p ■ «•
U. 1883, pl. i.
— 1441 —
LYR
LYR
aractéristique, qui se repro-
I Elle a une, jxgie aVcc une remarquable unifor-
forine très et
K a «iôcle en siècle avec c
doit dc S1C nr0prement dite présente, en section
| jiiilc. 1 11 vort, irai l’as-
Fig. 4714. — Cithare
de face.
verticale, l’as¬
pect d’un tra¬
pèze aux faces
latérales légè¬
rement cin¬
trées, la petite
base en bas;
la base supé¬
rieure êstsou-
vent formée
de deux cour¬
bes concaves
qui se rejoi¬
gnent en une
pointe cen -
traie. La face
qui porte le
cordier (que
nous appellerons face externe ) paraît à peu près plane
ou meme légèrement concave ; la face opposée ( interne )
est au contraire fortement bombée, comme on le constate
sur les monuments qui
montrent la cithare de
dos (fig. 4710) La base
est plate et renforcée
d’une bordure en saillie,
de manière à pouvoir se
poser par terre ou sur
un support ; vue par en
dessous, en section horizontale, elle offre l’aspect d’un
segment de cercle très évasé, l’arc en arrière2 (fig. 4711).
Sur des monuments plus récents la base est parfois rem¬
placée par un véritable pied (fig.
4712) 3 qui s’observe souvent
sur les cithares simplifiées. Les
cornes, dont la ligne de démar¬
cation avec le corps du résona¬
teur n’est pas nettement indi¬
quée, se recourbent d’abord
comme des coudes arrondis en
s’amincissant progressivement
à mesure qu’elles se rappro¬
chent. Leur bord intérieur,
Cithare avec pied, évidé, est orné de rinceaux sail-
r lants et ajourés, probablement
P 1 f-N de contour hélicoïdal, ordinairement au nom-
teri[| chaque côté ; l’ornement du milieu se
urir ’"u nt Par un bouton : le tout a parfois l’air
eoinlr " "' ll l! °* d un bec c^e griffon. Au-dessus des
section S * ^ Ven^es “hras », grosses pièces verticales,
rable,lll | !| i 'im'e’ CIU' supportent et dépassent considé-
supéri(1Ui(. ! Ila\erse 4 Rs sont renforcés à leur extrémité
mémo m dDdis (lue les coudes sont taillés dans la
pièces di^; ' u hois que la caisse, les bras sont des
(Pai'exein i|IUle'1’ ra^0r^es. ^LU‘ beaucoup de peintures
SUr b uiasj, bg- 2363), ils se détachent en blanc
M"nl>re de la cithare, d’où l’on peut conclure
, CSlattr, j01|jei
" "Umnaia ,|e "Sl < ''i'ilannique ( lonia , pl. xxxi, 6). — 2 Nous donnons
' • ^loli, Tovibe 'h v lprè,Un exemplairo du Cabinet do France (fig. 4711).
usons, pl. v ; Dos Vergers, Etrusques, pl. xvi, notre
• «12.
Fig. 4713.
qu’ils étaient ordinairement en ivoire. L’assemblage du
bras et du coude s’opère à l’aide d’une cheville à grosse
tête ronde; on aperçoit parfois sur le côté, à hauteur de
cette première cheville*, la tête triangulaire d’une autre
cheville qui parait s’engager à angle droit (et sans doute
à frottement dur) dans la tige
creuse de la première, de ma¬
nière à assurer un serrage par¬
fait. Vu de face, le bras passe
derrière le coude ; quelquefois
il semble qu’il soit pris, comme
dans un étau, entre deux feuil¬
lets du coude, lequel parait se
fendre à sa partie supérieure
pour laisser passage à la partie
inférieure du bras ; il y a là une
véritable articulation, imitée de
la nature. Au reste, le mode
d’assemblage que nous avons
décrit et que représente la figure
schématique ci-contre (fig. 4713)
n’est pas le seul; il en existe plusieurs variantes qu'il
serait fastidieux d’analyser. Enfin la traverse de la ci¬
thare, qui est tangente à la jonction du bras et du coude,
est une mince baguette cylindrique, renforcée aux ex¬
trémités par deux poignées ou disques. Ces disques, pro¬
bablement métalliques, parfois volumineux, servaient
peut-être de têtes de vis pour faire tourner le joug et
augmenter ou diminuer ainsi la tension de toutes les
cordes à la fois. La traverse se termine par deux boutons
qui servent peut-être à visser les disques. Quant à la
manière dont la traverse s’assemble avec les bras, nous
l’ignorons, comme pour la lyre.
2° A côté de ces cithares perfectionnées, véritables
instruments de concert, les monu¬
ments nous montrent beaucoup d'ins¬
truments de dimension ordinairement
plus petite et de facture plus rudimen¬
taire. Très souvent, dans ces instru¬
ments, le membre intermédiaire entre
la caisse et le bras proprement dit,
que nous avons appelé coude, fait
défaut, et les bras prolongent direc¬
tement les contours latéraux de la
caisse, parfois même ils paraissent
tailles dans la meme piece de bois. D arrondie.
La caisse elle-même, au lieu d’un
profil trapézoïde, a souvent un profil arrondi v(fig. 4714)
ou une forme absolument rectangulaire.
Nous donnons ici deux spécimens anciens de cithare
simplifiée : l’un (fig. 4715), qui figure
sur une liecté de Lesbos 5, où la cithare est
vue de dos; l’autre (fig. 4716), emprunté aux
reliefs de la base de Mantinée, où elle est vue
dc face6. On remarquera que sur ces deux
exemplaires l’instrument en section verticale
a la forme d’un rectangle dont la base supérieure est re¬
présentée par la traverse, très rapprochée de l’extrémité
des bras; ceux-ci, à l'inverse du type classique, sont
légèrement divergents ; la concavité de la face antérieure
fig. 4712 (l'instrument est plutôt une harpe). — 4 Stackelberg, ( Graeber (1er Hclt.
pl. xxxiv, vase atliijuc. Cf. la fig. 4720. — 5 Brilish Muséum , Trous, pl. xxxm, 5.
— 6 Bull. coït. hell. XII , pl. n.
Fig. 4715.
LYR
Fig. 4716. — Cithare à base rectangulaire.
est nettement marquée. Elle l’est encore davantage sur la
grande ci¬
thare rectan¬
gulaire de la
fresque de Cy-
rène ( suprà ,
fl g 1424 ,
1566, 2256).
3° Enfin, à
partir du
ive siècle, on
voit apparaî¬
tre un type
de cithare qui
participe par
le volume du
premier type, par la forme du second. La caisse, dont les
bras, semblables à des pilas¬
tres, formentle prolongement,
est fortement concave, d’une
épaisseur uniforme, et repose
sur une large base formant
plateau; au-dessus de cette
base s’élève une grosse boîte
carrée, qui sert de résonateur
proprement dit, et contre la¬
quelle viennent s’appliquer
les cordes : ainsi l’appareil
augmentatif du son se trouve
transporté de la face posté¬
rieure à la face antérieure de
la cithare. Cette dispositionse
retrouve sur la cithare égyp¬
tienne du Musée de Berlin; on la constate sur une demi-
douzaine de statues, dont
la plus intacte (fig. 4717)
est l’Apollon de Cyrène au
Musée Britannique trouvé
en 1862 ', la plus célèbre
l'Apollon Musagète du Va¬
tican, réplique d’une œu¬
vre de Scopas, mais où la
partie supérieure de l’ins¬
trument est restaurée 2.
Nous avons décrit les
parties essentielles, cons¬
titutives du cadre solide
delà lyre et de la cithare;
nous ne nous attarderons
pas aux ornements infi¬
niment variés dont ces
parties sont susceptibles.
Dans les instruments de
Fig. 4717. — Résonateur en forme
de boîte.
fig. 4718. — Montants de cithare découpés.
luxe, les incrustations en or et en métaux précieux,
1 Smith et Porcher, History of... discoveries at Cyrene , pl. i. — 2 Mus.
Pio Clem. I. pl. xv. Les autres statues de ce groupe sont : au Vatican la
Terpsichore du même musée, 1, 20, sala delle Muse, n° 517 (Helbig : «presque
tout le cadre de la lyre est restauré », et Y Erato du même Musée, I, 21,
même salle, n° 511 (Helbig : « partie supérieure de la cithare restaurée »),
au Capitole 1 Apollon avec trépied et serpent (Clarac-Reinach, I, 251,8 =
R54; suspect). Jan nomme encore ( Saileninstr . n. 46) un Apollon de la Sala di
croce grcca, que je nai pu identifier. — 3 Aristoph. Equit. 532 : !xiciictou<t£v twv
tj AcxTp <»y (texte mal interprété par les scoliastes). On voit, paraît-il, des ornements
en ambre sur la cithare d une figure (Niké) d’un vase Laborde à Vienne (Laborde-
Reiuach II, 37). — 4 Lucian. LVHI (Adv. indoctum ), 8.-5 Coupe de Vulci
LYR
Fig. 4719. — Montants si
l’ivoire, l’ambre3, les gemmes, les sculpture* ,
incisés étaient semés à profusion sur la .. • ’ dessins
que sur les bras. Lucien parle d’un certainT aussibi®
Tarente qui se présenta au concours ,mi ■ UanëelQs <
cithare tout en or, incrustée de pierres U,?.Ue aVec H
gemmes multicolores, et où l’on Smvées et di
voyait ciselées les figures des
Muses, d’Apollon et d’Orphée L
On voit des ornements de ce
genre, mais plus discrets, re¬
présentés sur des peintures 5
(fig. 4718 et 4726) et des statues :
ainsi sur l’un des bras de la
cithare de l’Apollon Musagète
est sculpté un petit Marsyas
(fig. 4719). S’il fallait en croire
une hypothèse ingénieuse, * •=>- — Montants scuipu
les admirables ivoires incisés recueillis dans une
du Bosphore cimmérien seraient les débris du
d’une lyre ou cithare 6.
Avant de passer à l’étude des cordes et de l’aj
tenseur, nous devons dire un mot de l’obscure question
des 7)xeïa et des Xal*ia- Pollux, dans son énumération des :
parties des instruments, mentionne les -^sta après les i
villes (xôXXoTte;) \
Hésychius a l’article
suivant : Tjysïov xb
yaXx tov' of os p.o ucixot
xb 7tpbç xv) jxayioi
y âXxcop.a. Théophraste
dit que les instru¬
ments, ou les par¬
ties d’instruments,
pourvus d’un revê¬
tement en corne ou
en cuivre (xo ûïco-
xepaç xal xb erùv xw
yaXxüjgaxi) ont une
résonance plus égale
dans tous les sens
que ceux qui en
sont dépourvus 8.
Enfin Aristote fait
aussi allusion aux
parties de cuivre et
de corne, xdt yaXxsta [yaXxta?] xat xà xspaxa, qui, |
nant avec l’instrument, en rendent les sons plus oks
curs!
Fig. 4720. — Cithare à yeus.
par
le
De tout cela il semble bien résulter qui
analogie avec les flûtes, on avait cherché à renfoicer
son de la cithare par des lames vibrantes en corne ou*
cuivre appliquées sur la caisse. Un autre procedt , l1l0"a
blement plus ancien, pour favoriser la propaguhoj^ L
son consistait à pratiquer deux trous ronds dans i
nateur. Les vases peints en offrent quelques 1 - "1
n, tr0j< gcnifflfl
(Berlin) ap. Gerhard, Auserl. Vas. 37 (grande cithare dÀlhtna, a ^ cji|, arc orné
Cf. aussi une peinture de Pompéi ap. Helbig, Wandffem ath c» ^
de pierres précieuses) et J u vénal, VI, 381 : densi radiant tcsln ^ ^
— 6 Antiq. du Bosphore cimm. pl. lxxix-lxxx. — 7 • pidol). — 9 ArlS*
ap. Ps. Porph. in Ptol. Harm. p. 243 Wallis (= Theophi. fi - > pj<|0t). F® lcxlt‘ a]
tôt. De audib. ap. Ps. Porph. Ibid. p. 246 (= Aiist. ! Amphore
/\xr»u.'c\ c’imnose. I
<rao£<TTeopuç, mais la correction
Camiros au Mus. Brit. (Cat. III
(WallW s’impose. -j gaucbe
- - E, 172) ap. Annah, ^ LïboBhJUi«
(= Jan, De fidibus, fig. 1). Cf. aussi Tischbom-Reinacii, . ^ un cratère
I, 38. Jan ( Saiteninstr . n. 49) cite encore une lyie a
Musée Grégorien.
— 1 443 —
LYR
0uant aux deux yeux qu’on aperçoit quel-
(voirf'g'1'’,iii'nlacc1 (fi K- 4720 et suprà, fig. 4714), ce
h1"1'”' ' !,!. des ornements.
"e S°n '' le la lyre aussi bien que de la cithare faopBai,
ILeS ainuement glxot, « fils ») étaient primitivement
P1*' P°'. de mouton. L’ Hymne à Hermès dit en parlant
len boyaux ^ ^^vouç ,{o)V |TOtv^ffOCXO xopSxî2; cer-
rdieUi t ii .ns présentaient la variante Ov|Wpiov au lieu
taineSt° ' i les grammairiens en avaient conclu qu’il
■.T’Vrvir de boyaux de brebis et non de bélier *.
f'1 \**io assez inepte veut que les cordes de la lyre
i r U’ori-dne en lin et que Linos ait substitué à cette
K IVe boyau *. Plus tard les tendons (vulgairement :
lfs] furent à leur tour substitués aux boyaux 5,
llde'b’L les dénominations nouvelles de vsupaf, vsùpa,
Lf pour les cordes de la lyre. Nous nesavonsmalheu-
Leimml rien sur la préparation des cordes, sur l’indus¬
trie des /opooTOioi ou ^ofôocxpocpof. Quant à 1 appareil
tenseur, il" se composait :
p De ia traverse (ou joug) déjà décrite, autour de
laquelle venait s’enrouler (nous verrons tout de suite
comment) l’extrémité supérieure des cordes ;
f 2» D’un sommier ou cordier (xopooxôvtov 8 ou x°P5°-
Lv), encastré vers le bas de la table d’harmonie, où
venait se fixer leur extrémité infé¬
rieure. Aucun texte, aucun monument
ne nous renseigne bien exactement
sur la structure de ce dernier ap¬
pareil. Le plus souvent, sans doute,
c’était, comme dans la cithare égyp¬
tienne de Berlin1, une simple plaque,
creusée de rainures, où la corde ve¬
nait s’engager comme dans un canal ;
au sortir de la rainure on la fixait
par un nœud, qui laissait pendre li¬
brement le bout inférieur de la corde.
Par surcroît de précaution, on pouvait
poser sur cette plaquette un couvercle
pour empêcher la corde de s’échap¬
per verticalement. Une statuette
en bronze d’Apollon, au Musée de
présente un remarquable exemple
I ce dispositif : le cordier y forme une véritable boîte,
nue sur ses faces supérieure et inférieure de trous cor-
fpomlants ; par chaque couple de trous file une corde;
b un chevalet (p.ayâç), planchette carrée, légèrement
m parallèle au joug, et sur laquelle viennent s’ap-
r! C01'des 9 ; il sert à les isoler de la table d’har-
n" 1 1 n maintenir leur tension : la partie vibrante de
f' 1 sl comprise entre ce chevalet et le joug. Le che-
l 'b bxcdansla table d’harmonie par deux petits
USf\ m' manque jamais sur les peintures de vases un
,s;au contraire, il est souvent omis dans les sta-
"ll oegligence du sculpteur, soit que dans les instru-
g. 4/ 21. — Cordier de
cithare.
aples 8 (fig. 472i
LYR
ments de l’épôque alexandrine et romaine on ail ordinaire¬
ment supprimé cette pièce. Mlle devenait en eflet inutile :
1° lorsque la cithare étant fortement concave, sa forme
suffisaità empêcher tout contact entre la corde et la table
2° lorsque le cordier était suffisamment élevé pour que sa
tranche antérieure pût faire office de chevalet : tel est le cas
des instruments figurés sur les fresques campaniennes.
Dans les instruments pourvus d’un grand résonateur ante¬
rieur (type de l’Apollon Musagète) il n’y avait plus de place
pour le chevalet: le résonateur lui-inème en tenait lieu.
Le chœur des Grenouilles d’Aristophane se flatte d être
chéri d’Apollon evexa oovaxsç ov u7ioXupiov evuôpov év XitAvat?
xpÉcpn) ’°. Ce « roseau placé sous la lyre », rapproché d’un
fragment analogue de Sophocle11, û<p7)pé0ir] nw xâXagoî
(îiairspet Xupaç, a donné lieu à de nombreuses controverses.
On y a vu tantôt les piquets de roseau sur lesquels Hermès
plante la peau de sa table d’harmonie, tantôt le cordier,
tantôt les cornes de la lyre, ou à la fois la traverse et le
chevalet, ou enfin seulement ce dernier. Cette dernière
explication nous semble la plus plausible : elle paraît
d’ailleurs être à la fois celle du scoliaste et de Pollux1-,
et ceux-ci nous apprennent à cette occasion que le che¬
valet se faisait autrefois en roseau, plus tard en corne.
A la différence de certains instruments où le réglage
de la tension des cordes se fait par le bas, 1 appareil
Lenseur de la lyre ou cithare est toujours logé a la partie
supérieure de l’instrument. A l’époque la plus ancienne,
qui s’est prolongée à cet égard jusque bien avant dans
le Ve siècle, le système était d’une grossièreté tout
africaine : le bout de la corde était rendu solidaire
d’une lanière de cuir gras tiré du cou d’un bœut (attique
et homérique xôXXoJ/, vulgairement xôXXaooç13, callum );
on enroulait cette lanière sur la traverse jusqu’à ce que
la corde, entraînée par elle, eût la tension voulue, et il
suffisait ensuite de presser fortement pour que la lanière
adhérât au joug et maintint la corde en position. Ce dis¬
positif est figuré sur les vases à fond noir par une série
de gros anneaux clairs à noyau foncé : le noyau seul
représente le xôXXo’j/, l’entourage blanc n’a pour but, ce
semble, que de le détacher sur le fond (cf. fig. 2599, ).
Une des lyres du Musée Britannique paraît avoir été ac¬
cordée par ce procédé : les lanières grasses ont laissé des
traces d’usure sur la traverse. Plus tard on reconnut les
inconvénients de ce système, dont le moindre était le
manque de stabilité, et l’on y substitua des procédés plus
perfectionnés que les auteurs n’ont pas pris la peine de
nous décrire, mais que l’on peut reconnaître sur les mo¬
numents figurés, où ils affectent d’ailleurs les formes les
plus variées et parfois les plus compliquées : tantôt
deux rangs de boutons ronds ou triangulaires (au-dessus
et au-dessous de la traverse) auxquels s’accrochent les
cordes en dessinant un zigzag ou un entrelacs sur le joug,
tantôt des fléchettes (bras de levier) se détachant en avant
des cordes, etc. Le principe commun de tous ces pro-
PremarqutlrJ |a j P- 40, pl. v, coupe à fond blanc au Louvre, salle L :
ftc»nar,lit H, 39- posée sur les genoux à côté de la lyre; Tischbein-
k femarquerj ,( ' Munich, n° 235. Dans tous ces exemples il s'agit, on
h'e ; mais sonl-'co cil*'arp arrondie. Dans notre fig. 1573, il s'agit d'une
: «H * 00 des trous? - 2 Bymn. ad Mere. 51 ; cf. OdU XXI,
'*é. —4 i'iiilo,,] t é.tEjov olo?. — 3 Antigon. Ilist. mirab. 7 (p. 02
*»•«,; Acliail r- fr' ’89 Hragm. hist. gr. 1, 415). — S Schol. Aristoph.
,h doit pas | «nim. XVII, 0; Ps. Porph. ad Ptol. Harm. p. 294 W.
PjlOanl d Hermès) tlan ir ^ ^ *el,lro les mots küpotv te veuçévt;v notliffai (en
P'Sranime d'Agalhias , ' • (La plupart des inss. ont «5petv fy). Dans
" <■ l‘al. XI, 352), les cordes sont appelées veuçîa quoi¬
qu'il soit dit expressément quelles sont faites avec les boyaux d'une brebis séchés
ensemble. _ 6 Poil. IV, 62; Aristot. De audib. p. 803 A ; Arlemon ap. Atli. 037 D ;
lamblicb. Vif. Pytli. 118; Nicom. Ench. p. 13 (3-jett A? qui figure dans ces deux derniers
textes n'est pas un terme technique). — 1 Wilkinson, I, p. 477. — 8 N» d'inv.
113257 (trouvaille du 2 déc. 1882) = Overbeck, Apollon, p. 170; Clarac-Reinacli,
II, 93, 2. La fig. faite d'après une médiocre photographie ne montre pas clairement
le dispositif. — 9 Hesych. Phot. v» pa-jd;. — 1(1 /fan. 229 sq. — U Fr. 33 Nauck.
_ 12 Schol. Dan, 231 : Ste oî is/xTo ; xakàpw ùvti xEoaxtau s ; Poil. IV, 62 : x«ï
Süvccxa... Ttàkat àvxi xipàxwv (lire xEçatÉwx?) 2 — oxtfiÉ jj.îvo , xotTç Xûoatç. • — • 13 Phrynich.
p. 193 Lob.; Eustath. p. 1915, 7 (ad Odyss. XI, 507). Arist. Mech. 14 (IV, 63 Did.)
en parle encore comme d'un procédé usuel.
— UH _
eôd.-s, dont le détail nous échappe, est l'emploi, connu
en ligypte de toute antiquité, de chevilles (itdhwaXoc), tra¬
versant à frottement dur le joug, mues par une tête
ronde, prismatique ou pyramidale, et entraînant la corde,
1 moilb ,l autour de la cheville, dans leur mouvement de
rotation. On en lit clairement l’emploi dans la seconde
lyre de Londres : chacun des tronçons cylindriques dont
se compose le joug est percé d’un canal vertical où s'en¬
gageait la lige de la cheville, dont il subsiste des frag¬
ments. Par un souvenir de l’ancien système, ces chevilles
1 lles-mèmes furent appelées xoXXonsç, xoXXaêot1 ; dans les
instruments communs elles étaient en bois2, dans ceux
de prix, probablement en ivoire ou en métal.
Le nombre des cordes de la lyre a beaucoup varié dans
les temps historiques. Ce sujet concerne plutôt l’histoire
du système musical des Grecs que celle de l'instrument
lui-même. Chaque addition au nombre des cordes de la
lyre signifiait en réalité une extension du parcours de la
mélodie et une plus grande variété dans le répertoire des
sons qu’on y employait; mais ces progrès ont été d’abord
réalisés dans la musique de flûte, plus libre, en raison
même de son origine étrangère. La citharodie n’a fait que
suivre le mouvement, lentement, et non sans rencontrer
'll' vives résistances de la part des musiciens conserva-
imirs et même des autorités politiques : on connaît les
anecdotes sur les magistrats de Sparte ou d’Argos qui
retranchent les cordes superflues de la lyre d’un virtuose
célébré qui est appelé tantôt Terpandre, tantôt Phrynis,
tantôt Iimothée 3. Contentons-nous de rappeler les prin¬
cipales étapes de cette évolution.
Des textes obscurs ou d’une authenticité douteuse
attribuent à la lyre primitive trois 4, puis quatre
cordes 0 ; ce nombre aurait été porté à sept, soit par des
accroissements successifs 6,soit d’un seul coup, par Ter¬
pandre . Il est certain que la phorminx de ce composi¬
teur avait sept cordes 8 et ce nombre resta si longtemps
en usage qu'il en garda un caractère en quelque sorte
sacramentel ; aussi beaucoup de textes l’appliquent-ils
'L'jn a la lyre primitive, celle qu’inventa Hermès 9. Dès
Je \i siècle, ou même, d après certains auteurs, dès
l’époque de Terpandre10, il y avait plusieurs manières
d accorder ces sept cordes. Sans parler des différences
d intonation des cordes « mobiles » (suivant que la mélo¬
pée était de genre diatonique, chromatique ou enharmo-
nique), les deux tétracordes dont la réunion composait la
Ivre pouvaient être ou bien conjoints par un son commun,
ou bien séparés par un intervalle d’un ton : dans ce der¬
nier cas le « clavier » de la lyre embrassait une octave
entière, mais, pour ne pas dépasser le chiffre consacré de
sept cordes, l’un des tétracordes était défectif d’une corde ;
lid est notamment le type qui sert encore de base aux
spéculations du pythagoricien Philolaos11, vers le milieu
du ve siècle. Cependant, dès la première moitié de ce siècle,
1 Cf. Plat. Itesp.\ II, p. 531 B (IkUûv xoàXôsuv ; Lucian. lX(Dial. marin.)
1 ■ i, où la grossièreté de la Ivre de Polyphénie est entre autresdétails caractérisée par
les mots ol4l xôXXsxt (xdXXoit ?] 1<rtf l+o, ; Théo Smyrn. p. 57 IIiller(Tîî?Tà<r£«,? Ttpo-
;“”15 V TSv*ottà6„y); Hesych. Ç„Tà. — 2 Lucian. LVIII (Adv. indoct.),
3 Plul; De mus‘ 37 ’ Inst' Lllc- 17 » Lac.apopht. p. 220 C; De prof, in virt.
** ^ ’ ^9**% c- •O; Dio Chrys. XXXII, p. 20 Dind. ; Patis. III, 12, 10; Ath. 628 B,
030 E (Ar,emon); Boeth. Ve mus. I, I (texte du décret des éphoresl). — 4 Diod. I
10. Fr. post Censor. 12. - G Strab. XIII, 3, 4; Nicom. ap. Boeth. Ve mus. 1, 20;
f r. posl Censor. 12; Lysanias ap. Ael. Fest. Apbthon. p. 241 Gaisf. — G Boeth
et Fr. post Censor. L. c. ; Plia. Vil, 204. - 7 Strab. L. c. — * Terpand.
(authenticité douteuse). - 9 Vymn. ad Merc. 51; Luc. VIII (Vial. deor.),
L ’ *’ ,5- - ,0 Aristot. Prob. XIX, 32; cf. Plut. De mus.
-b . iSicom. Ench. p. 17. — il Philol. ap. Nicom. p. 17 (= Stob. I, 21, 7, p. 189
LYR
la pratique avait devancé la théorie ni i
cordes de la lyre avait été porté soit F ° nombre des
neuf », soit d’abord à huit 13 - nombre *
grande importance dans l’enseignemom T , 0nserv* "ne
T PU,S à neuf;- La ïyro heptacorde finit p^0nid^
de 1 usage en Grèce, mais se conserva danTl
mes religieuses à Rome, où Denys d’Iï-ir” (’8 céfénfl
C siècle, la signale avec étonnement13 m 'Ci"'";‘sse. au
continua de l’attribuer aux dieux et an ^ entendu, on
représentations figurées jusqu’à la fin de l anti ^ les
Notons que 1 augmentation du clavier , IU4f|
bien au type « conjoint « (modes PP - U® auss!
de Lamproclès) qu’au type disjoint (dorienlTn
montrent les diagrammes suivants : ’ mme le
v siècle, époque de progrès
V7)T7)
7cocpav7]T7| > uTreoêoXatœv
TptTTj
VT] TT]
7rapav7]TT) v oisÇsuyjxsvojv
TptTT ] ^
7rapàa£«7oç
i.
V ot
a £17 T,
Xtyavoç
7rapu7rdcT7]
I U7rCtT7)
> Àtyavo;
4 ’Kd.pu'JTV.T'fj
p Ô7taTi)
7tpo(TXap.êavôp.£voç
UTCCCTMV
La deuxième moitié du
Z™S’, rr®sctue r^vt>lutionnaires7vit porter le „„mbre
de TOyîne6 ». ,JTO * Pr°baWement.par Phrynis
C’est l’hendéca-
corde disjoint
(un octocorde
disjoint, plus, au
grave, un tétra-
corde qui lui est
conjoint) décrit
par PLolémée18,
chanté dans une
élégie fameuse
par Ion de Chios
(mort en 422) 19
et qui servit En¬
core de base au
diagramme des
tons dressé par
Aristoxène20. La
lyre hendéca -
corde est quel¬
quefois repré -
sentée sur des
monuments 21 . Mais ici encore la pratique devança la
théorie. Timothée, dès la fin du v' siècle, employa au
grave une douzième corde, octave grave de la mèse, e
dite npo(rXoi[j.ëoivô[b£voç ((pdôyy oç) ; à l’aigu le même musicieij
ajouta le tétracorde des hyperbolées. Ces innovations, m
vement contestées, furent consacrées par les theoi icien
Wachsm). — 12 plut. Apoplit. Lac. p. 220 C; Agit. c. 10; De pro/. rui- U.
post Censor. 12; Plierecrat. ap. Plut. De mus. 30. — . 13 PlukZu'*- l^îconlL
Boeth. Z. c.; Nicom. Ench. .5; Plin. L. c. ; Suid. v. ,rh]^\ on
Excerpt.b; Boeth. et Plin. Z. c. — 16 Ant. Rom. VII, 72. — ^ inonuiiicntsj;
ne saurait attribuer d’importance au nombre des cordes figurées stu ^ ^ figotA
les lyres de trois et quatre cordes ne sont pas rares. Sur un vas< aM,.l)^r|irneîli, réel
noires (Jan, note IG) la cithare d’Apollon a neuf cordes, alois M110 pemus. 30»
n en avait sûrement encore que sept. — 17 Cf. Weil-Pcinacli sui^ ^ ^ ^ ou la
p. 122. D’autres attribuaient ces deux cordes à Pimollu « (‘ '[jniolliée
dixième à Histiée de Colophon (Nicom. Exc. 4-, et Boeth.) H I-1 ollZ ^ JlilIrP*
(ibid.). — 18 H arm. II, 4. — 19 Ion ap. Cleonid. c. 12. 0 I 0,1 ■ ça 103)»
— 21 Par exemple sur le relief agonistique du Louvre, n » • v ^
Une lyre décacorde est figurée sur le vase Gerhard, Auseil . 1 "s
— 1445 —
LYR
LYR
,, ulexamlrine. A cette époque l’instrument de
et dont nous donnons, page 1444, le clavier
vint le genre diatonique, avec les noms usuels
une cithare pentëdécacorde, embrassant deux
octaves
accordé su iv
de® tÜî, ,’rnrédé de la BtâXïi'kç (consistant à produire un
I (|.ulS ]a corde légèrement pincée en son milieu) on
nœUt,iiL encore obtenir en sons fiùlés l’octave aiguë des
huit dernières notes 1 .
\ côté de ce « grand système parfait non modulant »
■ détail un système de lyres à onze cordes dont l’accord
était fondé sur l’ancien heptacorde conjoint :
La particularité de ce mode d’accord était de présenter
dans le premier tétracorde un si naturel et dans le troi¬
sième un si bémol ; ces deux notes n’appartiennent pas
au même ton; en conséquence on appelait le clavier ainsi
accordé « petit système parfait modulant ». Pour faire
profiter le « grand système » de cette note hétérogène,
quipermettait d’exécuter des modulations au ton « relatif »
sans désaccorder l’instrument, les théoriciens de l’époque
alexandrine finissante et peut-être aussi quelques fac¬
teurs de lyres intercalèrent dans le grand système, à
partir de la mèse et à titre de quatrième tétracorde, le
tétracorde des conjointes (<ruvY]gui£V(üv), la-ré. Cette com¬
binaison, qui portait à dix-huit le nombre des cordes de
la lyre, est vivement critiquée par Ptolémée, mais n’en
fut pas moins adoptée ; elle est consacrée par les tables
d’Alypius. Toutefois, comme dans les genres d’accord
usuels la seule note utile du tétracorde des conjointes
était le si bémol, il est probable que dans la pratique on se
contenta d’insérer cette seizième corde sur la cithare entre
la mèse et la paramèse, ce qui avait en outre l’avantage
de constituer, sur un clavier diatonique, un tétracorde
chromatique ( la-si bémol-si-ré).
Les lyres primitives de. sept, huit etmême neuf cordes,
ne Peraiettaient d’exécuter que des airs écrits dans un
sud mode déterminé ; voulait-on changer de mode, il fal-
ait modifier 1 accord de l’instrument, ou employer,
l lllü[ " 1 hhagore de Zacynthç, trois cithares accouplées,
. . ' déférents, montées sur une base commune que
. . disait pivoter à l’aide du pied2. Avec les
■nii^i ; > perfectionnées de douze à quinze cordes il en était
J' * car sur un clavier de ce genre on peut dé-
dui! i / ' des tranches de huit cordes repro-
(0||s il' 1 * bU,,eessions d’intervalles caractéristiques de
dYxir S|IU0^°S '^e mpme instrument permettait donc
(lies rl U U,deS m(^°d*es entières ou des parties de mélo-
née la c,"^ CSmo(^es *es plus variés. Toutefois, étant don-
Pàt se' uction du clavier, le seul mode où un chant
''( 'ipper dans toute l’étendue de deux octaves
1 Ps-' Arist. p,..
fUrl"»onap Ath'xov V " T''C° Sm5TD' P'59H-
S45 Weslnhàl , ’ 637 B'F- - 3 Ps- Al'*sL Prob. XIX, 48; cf. Proclus, Chres
'S IV Porph., », ~ 4pl01' Harm- b ! H, 16.-8 Anon. Bellerm
orreurévi(lcn(e l‘é0| • 7 ' °nne 'a n"'nK' nomenclature, mais en substituant par une
Abp>us. etc, que,riue| au bd'cu (ré). — G Nous admettons avec Aristoxène,
cordes (le mod ,t'"e.SoB )c ^0I> do la cithare, les intervalles successifs de ses
"’onterou baisser toute "na,'a^'e! P°ur changer le ton del’inslrument, il faut donc
y Ses cordes d nn môme intervalle. Dans la méthode de Ptolémée
■ 2 Sur ce trépied citharique
(parcours maximum d'une mélodie antique) était le mode
hypodorien ou éolien, suivant lequel étaient réglées une
fois pour toutes les deux octaves du pentëdécacorde ; aussi
ce mode était-il le mode citharodique par excellence \
Au temps de Ptolémée, la citharodie l’employait soit dans
le genre diatonique (airs dits rptrat), soit dans le genre
mi-diatonique, mi-chromatique (xpibroi, Tpomxi). Les
autres modes usités de son temps sur la cithare étaient
le phrygien (Ù7répTf07tx), le dorien (irapuTràTat), 1 liypo-
phrygien (tourna, îasTtatoXiafa) et probablement le lydien
(Xdota), toujours selon le genre diatonique. La lyre, outre
les deux variétés hypodoriennes, n’admettait que le
phrygien h Quant aux tons, c’est-à-dire à la hauteur
absolue d’intonation du système des quinze cordes éche¬
lonnées selon les intervalles du mode hypodorien, un texte
d’époque romaine nous apprend que les citharèdes n’en
pratiquaient que quatre : hyperiastien (transcrit conven-
lionnellementpar mi mineur), lydien (ré mineur), hypo-
lydien (la mineur), iastien (si mineur) h Précédemment
d’autres tons avaient été admis dans la citharodie : le
premier hymne delphique à Apollon est noté dans le ton
phrygien (ut mineur). En tenant compte de l’erreur cer¬
taine d’une tierce mineure en trop que comporte le sys¬
tème de transcription conventionnel des notes antiques,
on voit qu’à l’époque romaine les citharés les plus graves
(hypolydiennes) embrassaient la double octave :
et les plus aiguës (hyperiastiennes) la double octave 6 :
-
Les cithares à seize cordes, pourvues de la tri té des con¬
jointes, permettaient d’ailleurs, dans une certaine mesure,
les modulations tonales aussi bien que les modulations
modales. Du ton lydien on pouvait, sans changer l’accord,
moduler à l’hypolydien, de l’iastien à l’hyperiastien.
Aucun texte ne nous renseigne expressément sur la
question suivante : l’instrument étant debout, de face
(nous entendons par là la face plane ou concave, sur
laquelle pose le chevalet), les grosses cordes (notes graves)
étaient-elles à droite ou à gauche de l’exécutant? Une épi-
gramme célèbre d’Agathias semble indiquer qu’elles
étaient à droite1, contrairement à l’usage qui a prévalu
dans la construction des pianos modernes, mais en con¬
formité avec l’habitude des anciens de placer le chant au
grave .
Les cordes de la lyre ou de la cithare, ou, pour parler
plus exactement, les parties vibrantes des cordes, sont
toutes d’égale longueur sur un même instrument. Les dif¬
férences de son ne peuvent donc être obtenues que par des
au contraire, la « tessiture » de la cithare reste invariable et le changement de ton
s'opère simplement par la bémolisalion do certaines cordes; il entraîne donc une
modification des intervalles, c'est-à-dire un changement de mode. Ce procédé dû être
pratiqué réellement à l’époque ancienne et mémo à l’époque alexandrine ou romaine
sur les lyres d'un clavier restreint ; nous ne croyons pas qu'il l'ait été sur les instru¬
ments de concert à quinze cordes, car les tons obtenus par Ptolémée (correspondant
aûx sept modes) no coïncident pas avec les tons usuels de l'Anonyme. — 7 Anth. Pal.
XI, 68 ; 8tEnt?Y|v iiuix^v oitfa itAVjxTfoiai $ov>1ir(t; | ^ X a i i-, TCàXXtToti a-:xo|i4M>s.
182
i
LYR
1-446 —
inégalités d'épaisseur, de densité ou de tension des cordes.
Kn ce qui concerne l’épaisseur, les acousticens anciens
avaient parfaitement reconnu que plus la corde est grosse,
plus le son qu'elle émet est grave et certains textes per¬
mettent de croire (comme le l»on sens suffit à l'indiquer)
qu'ils avaient tenu compte de cette observation pour l’as¬
sortiment des cordes de la lyre2 ; mais ils n’entrent ce
sujet dans aucun détail, elles représentations figurées sont
trop sommaires pour autoriser aucune conclusion.
Quant à la densité, Ptolémée déclare et son commen¬
tateur repèle que plus la corde est dense (ituxvoTspot), plus
le son est aigu. La formule mathématique du nombre des
vibrations par seconde
n= — v/.vP~
montre au contraire que la vitesse vibratoire n (donc
l’acuité du son) est inversement proportionnelle à la racine
carrée de la densité d. Une erreur d'observation aussi gros¬
sière n’aurait pas été possible si les anciens avaient réel¬
lement essayé de mesurer les densités relatives des boyaux
ou nerfs employés à la fabrication de leurs instruments
ou même de profiter de cet élément dans l’appareillage des
cordes. Nous pouvons donc en faire abstraction.
Enfin la tension était réglée à l’aide des xdXXorcsç dont il
a déjà été question.
Rappelons seule¬
ment ici que les
anciens commen¬
çaient par donner à
la corde médiane
(mèse) l’intonation
voulue 3 , soit d’après
l’oreille, soit d’après
un autre instru¬
ment déjà réglé (fig.
LYR
479
2)‘
et accor¬
daient ensuite les
autres cordes d’a¬
près celle-ci, probablement par le procédé des chaînes de
quintes, encore aujourd'hui usité par les accordeurs.
En dehors des éléments essentiels que nous venons de
décrire (cadre solide, cordes, appareil tenseur), la lyre
ou cithare comportait un jeu d’accessoires plus ou moins
indispensables dont voici le dénombrement :
1° Le plectre (nXTjxTpov, pecten, pulsabu-
lum ) était 1' « archet » de la lyre, et sa fabri¬
cation était assez importante pour employer
des artisans spéciaux (7rXr,xTpoirotoi). C’est un
« aiguillon» en matière dure (bois5, corne 6,
ivoire7, métal8, pierre précieuse), dont l’u¬
sage était déjà connu des Égyptiens, et
dont on attribuait l’invention à Hermès9
ou à Sappho ,0. Il est souvent représenté sur
les monuments. Les formes en sont très
variées, depuis le bâtonnet pisciforme que
lient l'Apollon de Naples (fig. 4723) 11 , jusqu’à l'objet pé-
taliforme en émeraude que nous reproduisons (fig. 4724),
1 Ptol. ffarm. 1, 3, etc. — 2 Ps. Porph. p. 216 suiv. Il oppose l'appareillage de la lyre
à celui du Irigone (harpe)où les cordes sont Way/d;. -3DioChrys.LXVIll,p. 234 Dind.
* Pcinfurcde Pompci, Hclbig,n° 1442 (Mus. Borb. 1. 30) déjà reproduite plus haut,
lig. 1568. Helbig avertit que le dessin delà lyre est inexact. — 5 Corp. inscr. (itt. II,
652, 29 (Boeckh- Frankel, Staatsh. II, 236): tyx tSuTtu Vjçtov txesàv tivov rat oov...
vov ç j/.tvov. Boeckh supplée tiHiçyupwpicjvoy. — 6 Plat. Ley. VII, p. 795 A (lv vtoaztvots
xXqzrpotç). — 1 Tibull. III, 4, 37; cf. les candidaplectra de Martial, XIV, 167. — üRymn.
adApoll. Pyth. 7;Eur. Herc. 351. -9Apo!lod. III, 10, 2.— 10 Suid. v.Lançw (confusion
Fig. 4723. - Le
plectre.
d'après un spécimen réel12. Mais dans
le plectre se termine par une dent ou' un cr”" ^ Cas
ochet
par-
Fig 4724. — Plectr
c orné.
t0'\S “r„!eS *«* faces- de man'«re à ressembler 4
an 1 (fig. 472o) ou à une flèche (suprà fig
emploi, tout différent de celui de l’archet’ se rapproche
de celui des « ongles » ou « griffes
380). Son
rapproche
» en écaille dont se
Plectre en T.
Jt5lvw " " 51
servent les joueurs de mandoline ;
il frappe (itX-qfffftn, d’où TrXrjXxpov) la
corde, il ne la caresse pas. Le
plectre était ordinairement atta¬
ché au bas de l’instrument par un
long cordonnet fixé par un clou
ou cousu 14 ; on ne le détachait pas
pour s’en servir (suprà, fig. 2399
et 4720).
2° Un baudrier ( balteus , proba¬
blement TsXoquâv), parfois riche¬
ment orné15, embrassait la cithare
et était fixé par une extrémité à un
bouton placé à l’avant de l’instru¬
ment. L’exécutant engageait son poignet gauche dans
l’autre extrémité du baudrier fortement tendu, de ma¬
nière à maintenir l’instrument dans une position verti¬
cale pendant le jeu, tout en disposant de ses deux mains
(suprà, fig. 377 =
2364). Plus rarement,
comme dans l’Apollon
Musagète, le baudrier
est passé autour de la
poitrine ou de l’épaule
gauche. Il peut servir
aussi à suspendre l’ins¬
trument à un clou.
3° On voit souvent
pendre au bas de l’ins¬
trument des citharèdes
une couverture brodée
ou en peau de panthère.
Elle servait, non d’étui
à la lyre, ses dimensions
paraissent s’y opposer, ,
mais simplement d’enveloppe protectrice poui 1 1,1 1,1 jc
la partie la plus délicate de 1 instrument, PeiKan .
repos16 (fig. 4726). Les lacets qu’on voit pendre a ir
de la lyre et qui semblent fixés au bouton t a
i if 07 8) — tâAvch’
avec la «„«* ?). - « Monument i, VIII, 13, etc. (Clarac-Rc.nach . F __ UHc-
Zeit. 1850, pl. xvm. - 13 Mus. Borb. X, 54 = Arch. Zeü.. -P^ Apul.
ronclas V, 51 : àxVoUToç où 5 av icÀiJxïpov e; Xûç>iv £*Tat* ou bien plu^
Flor. 11,15. — 16 L'étui de la lyre (comme de lare) sappeai e
TP
scène
“ III, U. U®11® '*
tlutjov (Hesycl). Etym. m.) Notre fig.esl empruntée aux une»u6«i«^
d'école (fig. 2599), l’étui moucheté suspendu au mur para. bon exem-
renfermant une paire de (lûtes dont une à extrémité rccou vaut, pl- *,vl*
pie de la couverture des cordes se voit dans De Luvnes, ex
LYR
— 1447 —
LYR
■ icut /(708 4726), servaient peut-être à lier cette
baudrier (ng- * ’ 7
Lerlure sur les cordes.
r On peut encore ranger parmi les accessoires cle la
‘ h p(, rche, terminée par un support, où l’on voit un
'iMriste ambulant accrocher son instrument, pour le
Sansporter en voyage ( suprà , fig. 1507).
puis le jeu de la lyre ou de la cithare, l'exécutant
|.,jj ,ssis debout ou même en marche, l’instrument à
eu près dans l’axe du corps, la tranche en avant, la face
Ime ou concave à droite. Assis, il posait ordinairement
{'instrument sur ses genoux, légèrement incliné en avant ;
la main droite tenait le plectre retenu par son cordon, le
poignet gauche était engagé dans le baudrier, l’un des
pieds battait la mesure *. S’il avait à chanter en s’accom¬
pagnant, il pouvait poser sur ses genoux le diptyque
contenant les paroles, comme on le voi t dans la figure 4720.
Dans l’attitude debout, l’instrument était au contraire
faiblement incliné en arrière, de manière que la tranche
postérieure s’appuyât sur la poitrine de l’exécutant. Le
jeu de la lyre était désigné par le terme générique xpotktv ;
le jeu à l’aide du plectre s’appelait plus spécialement 71X1)5-
5E!v, xpéxstv ; on réservait ijxxXXetv2 pour l’emploi direct
des doigts. Dans la cilharodie proprement dite, tant que
le cithare Je chantait, il s’accompagnait de la main gauche
seulement, en pinçant directement les cordes : c’est ce que
les Romains appelaient intus canere3, sans doute parce
que l’artiste se plaçait ou disposait l’instrument de telle
sorte que le jeu de la main gauche fût masqué par la
cithare aux regards du public ; cet accompagnement
(xoouatç), quoique réduit à une seule partie et ordinaire¬
ment improvisé, pouvait avoir une réelle importance
mélodique et constituer une sorte de contre-chant *.
Pendant ce temps la main droite armée du plectre se tenait
Fig. 472,. _ Citharède et lyriste.
la. voix^e t' ^ insLrument> prête à l’attaque5. I
iforis canere ^ plectre entrait à son tour en
instrumental !’P°Ur exacuter un intermède pu
Pavait son En Pareil cas la main
nu pot des notes pincées le chant de
1 ' lilos|r. rti-ij 1
’ /'!K P- 209 R ’ . . 2 ^es ^cult termes sont bien opposés
b 20, 53. _ 4 p,a**‘ ' +iiXai *«'* Xfoôt.v -rS ^xt9v. - 3 p9. As
Z «or.iljft8’ VH- P-812- - 5 Philoslr. maj. L. c.
UX, 12; pi | ’ Nombreuses représentations figurées. — G
yZ IX'9; Conj.praee. U. _ 7 Po,l. 1V,
fu-J“Lap. Alh. 1V, 183 D : /eïÇK S(>a ^XT(
droite. Dans le solo de cithare ('jaX'q xiôoîpifftç), cette asso¬
ciation des deux mains était la règle : le chant, tou¬
jours au grave, revenait nécessairement à la main droite,
à 1 attaque énergique du plectre °. Toutefois certains
virtuoses, dédaignant l’usage du plectre, exécutaient les
deux parties avec les seuls doigts fon attribuait l’hon¬
neur de cette innovation à Epigonos d’Ambracie '), par¬
fois même avec les doigts.de la main gauche seule : ainsi
procédaient les citharèdes d’Aspendos dont le nom était
passé en proverbe8. Le nom de oaxxuXtxdv, donné à l’ins¬
trument des psilo-citharistes, semble indiquer que ces
artistes faisaient rarement usage du plectre. La sonorité
de l’instrument lui-même, quelquefois appelé 7ruôixôv °,
aussi bien que la manière de s’en servir, paraissent avoir
reçu de Lysandre de Sicyone d’importants perfectionne¬
ments, dont la nature n’est pas bien connue 10. La
lyre, dans les derniers temps de l’antiquité, se jouait,
semble-t-il, d’ordinaire sans plectre : sur des peintures
tardives le citharède armé du plectre parait s’opposer au
lyrode qui pince les cordes avec les doigts (fig. 4727) 11 .
En ce qui touche le doigté de la cithare, nous ne pos¬
sédons à vrai dire aucun renseignement, si ce n’est que
le pouce y jouait un rôle 12 ; l’index devait être fréquem¬
ment employé (fig. .377, suprà). Nous sommes -porté à
croire qu’en principe on employait deux doigts pour
pincer la corde. Les systèmes construits par les modernes
reposent tout entiers sur l’interprétation, probablement
erronée, du nom de la troisième corde de l’heptacorde
(Xiyavôç= index), dont Nicomaque avait déjà tiré une con¬
clusion toute différente et non moins arbitraire13. Nous
n’insisterons pas davantage sur les artifices pratiqués dans
le jeu de la cithare, tels que l’sTrutaXgôç, le 5uftYp.ô^, les
vtyXâpot, etc. ; la plupart ne sont connus que de nom1*.
Tout ce qui concerne le rôle social, l’aspect exté¬
rieur, etc., des joueurs de lyre et de cithare a été suffi¬
samment exposé aux articles cituarista et cituaroedüs.
Quanta l’histoire de la pratique de ces instruments, c’est
un sujet qui se confond presque avec l’histoire de la
musique antique et qui dépasse les cadres de cet ouvrage.
Contentons-nous de rappeler l’immense et durable faveur
dont ils ont joui pendant au moins douze siècles, et cela
malgré leur sonorité très limitée, à la fois en étendue et
en intensité. Si les anciens, en effet, vantent le timbre
grave et viril de ces instruments, surtout de la lyre ls, ils
ne pouvaient se dissimuler la sécheresse de leurs sons,
qui, à la différence de ceux des instruments à vent, ne
sont pas suceptibles d’être tenus et qui, en conséquence,
se mêlent très imparfaitement aux sons de la voix
humaine16. Néanmoins la lyre et la cithare, intimement
liées à la religion apollinique, conservèrent un rôle pré¬
pondérant jusqu’à la fin de l’antiquité dans la musique
religieuse aussi bien que dans la musique profane et
les concours publics. A Athènes, le maniement élémen¬
taire de la lyre formait un article obligatoire de l’ensei¬
gnement libéral, et les philosophes, si sévères pour la
flûte et les instruments multicordes, donnent à la lyre
droit de cité dans leurs constitutions idéales. A Alexandrie
tout le monde était plus oumoins citharède11, et il en était
— 8 ps. Ascon. L. c. ; Zcnob. II, 30. — 9 Poil. IV, 60. — 10 Philoch. ap
Alh. XIV, 637 F. — il Helbig, Wundgemühle CampanienS , pl. xvm. Il est vrai que
l’artiste debout pince les cordes de la main gauche : il peut donc «Ire en train de chan¬
ter.- 12 Ovid: Amor. II, 4, 27. — 13 Ench. p. 22Meib. — HPtol. Il, 12 ; Philoch. ap.
Ath. XIV 637 F ; Pherecrat. ap. Plut. De mus. 30. Et en général Gevaert, II, 268. —
15 Ar. Quint. II, p. 101 Meib. — 10 Ps. Arist. Prob. XIX, 43. — 17 Ath. IV, p. 176 E
LYR
— 1448 —
LYR
à peu près de mèmeà Home depuis a fin de la République :
l’exemple, on le sait, partait de haut. Jusqu'à la dernière
heure la citharodie reste en quelque sorte caractéristique
de la civilisation gréco-romaine: le dernier cithnrède que
nous connaissions est envoyé par Théodoric à la cour du
roi Clovis1 ; ensuite la harpe barbare l’emporte définiti¬
vement sur la lyre hellénique.
Le répertoire de la lyre et de la cithare se subdivise en
deux grandes classes, suivant que l’instrument est
employé conjointement avec la voix ou séparément. Dans
le premier cas on parle de xtOapwoîa, plus rarement
Xuptooia. Le citharède, comme le pianiste moderne, est
presque toujours à la fois compositeur et exécutant;
nous avons déjà dit que la partie instrumentale était
souvent improvisée. Le répertoire citharodique est très
varié : il comprend, pour les solistes, les chansons d’amour
et de table, les monodies tragiques (Sophocle dans le
Thamyris chanta lui-même en s’accompagnant de la
cithare), des hymnes et péans de toute espèce, mais par¬
dessus tout le grand air de concert, sur un sujet
religieux, connu sous le nom de vo'ptoç [nomos]. Le nome
citharodique constituait la pièce de résistance du concours
des citharèdes, qui, à son tour, forma toujours le
« numéro » principal des agones musicaux (Pythies,
Carnées, Panathénées, Sotéries, etc.). L’origine s’en
rattache au sanctuaire de Delphes et au nom de Chryso-
thémis; l’école des citharèdes de Lesbos (Terpandre,
Cépion, Péricleitos) brilla d’un vif éclat au vne et au
vie siècle. A son style sévère succéda au vc siècle le style
passionné et varié de Phrynis et de Timothée; la déca¬
dence commence avec Polyidos (ive siècle), pour se pro¬
longer jusqu'à Mésomède (ne siècle ap. J.-C.). De cette
immense production nous n’avons conservé qu’un
spécimen d’époque alexandrine ( Prélude à la Muse ) et
deux hymnes de Mésomède; on peut y ajouter les deux
hymnes ou péans delphiques à Apollon, dont le véritable
caractère (monodie ou chœur) est cependant discuté. On
peut d'ailleurs ranger dans la citharodie lato sensu toute
la chorale lyrique (■») Xdpa)du vic et du vc siècle (hymnes,
péans, prosodies, épinicies, hyporchèmes, etc.), où l’ac¬
compagnement instrumental était très souvent confié à la
lyre ou cithare, associée ou non à la flûte.
Le solo purement instrumental s’appelle -j/iXr, xt&ipttfiç;
on en faisait remonter l’origine soit à Thamyris, soit à
Aristonic d’Argos, contemporain d'Archiloque ; en 558 ce
genre fut admis au concours pythique ; on le rencontre
ensuite dans de nombreux concours, mais honoré par
des récompenses moindres que la citharodie. Les procédés
en furent perfectionnés par Lysandre de Sicyone (époque
inconnue) et par l’Athénien Stratonicos (ivc siècle). On
attribuait à Lysandre l’invention de la choro-citharis-
tique où un chœur est associé au solo de cithare, qui
reste l’élément principal. La cithare s employait aussi en
duo avec la flûte (’évauXo; xtOapiut;, inaugurée par Epigonos
d’Ambracie) et dans les orchestres nombreux et variés de
l’époque alexandrine et romaine.
Nous rattacherons à cette étude de la lyre-ciLhare
quelques notions sommaires sur les autres instruments à
cordes connus des Grecs et des Romains. Presque tous sont
1 Cassiodor. Variar. II, 40. — 2 Aristot. Polit. V (VIII), 6. — 3 Juv.
III, 63. — 4 Macrob. Sat. III, 14, 7. — & Alhen. IV et XIV, passim ;
Poli. IV, 59. — 6 Ce mot n’apparait qu’à l’époque des invasions barbares
d'origine orientale et n’ont jamais réussi à «’• y
complètement chez les peuples classiques Pw-mli
"sn'onl jouiqued'unc vogue limitée et
tlt-e 530 et 430 „. J.-C., puis de nouveau à Æ
Ov ■» r» 1 1 «i i n A Ai» ♦ atvi n ^ X 1
US
en
alexandrine. Au temps où le sentiment natioJW
son plein en Grèce, au siècle de Périclès et de ‘
thème, ils furent proscrits; les philosophes en signT'
le caractère voluptueux, sensuel, dangereux pour i
mœurs2. A Rome aussi les chordae obliquae étaient mî
notées3; déjà Scipion Émilien s’élevait contre les enfini
nobles qui allaient à l’école cum cinaedulis et samb *
psalterioque *. Sous l’Empire, l’usage, pourtant as sel
répandu, de ces instruments était à peu près abandonné
aux femmes légères qui les faisaient entendre pendant
les repas. Ils sont fréquemment représentés sur les sarco¬
phages, et les grammairiens nous en ont laissé des nomen¬
clatures assez longues5; mais leurs descriptions sont
peu précises, et, comme dans l’histoire de l’instrumen¬
tation moderne, le même instrument paraît avoir été sou¬
vent désigné, à diverses époques, sous des noms diffé¬
rents. Aussi la grande majorité des noms transmis ne
peut-elle être sérieusement identifiée, et les commenta¬
teurs alexandrins eux-mêmes en étaient réduits à des
conjectures, parfois très mal¬
heureuses.
On peut distinguer deux
grandes classes : 1° famille de
la harpe; 2° famille du luth.
Famille de la harpe6. — Ces
instruments ont, comme la lyre
et la cithare, leurs cordes mon¬
tées à vide et, par conséquent,
chaque corde, en principe, ne
donne qu’un son. Mais ils en
diffèrent en ce que les cordes,
ordinairement nombreuses ,
sont de longueur inégale (les plus graves les plus longues
et de grosseur égale7. De là vient que l’instrument foui
âi_ZLn
■feà * \ i^i/l 1 1
fol lâbLt/ j£j
Fig. 4729. — Lyre, cithare et harpe.
plus ou moins la forme d’un triangle- 0“
ne cependant, semble-t-il, sous e n
ou rptywvov qu’une variété de cette c a^' ’ .
it la petite harpe triangulaire si s0,lVt" ^ras
ir les reliefs romains8, et qui se U mai ‘ J
u posée sur les genoux. Le mon an
■r. et -,ui s'élargit vers *.***£.»
vertical; la base est une simp
r. O nls. \
LYR
1449 —
LYR
t dues obliquement entre ces deux sup-
cordus 9°nt^is longue forme ordinairement le troisième
ports! el |U '* !i'(1 : quelquefois pourtant il y a un troisième
lôlé dl! ''vide qui complète le cadre (fig. 4728) Cet ins-
sUPP°' ' ' pi.é connu des Grecs dès le Ve siècle (fig. 4729) 2 ;
I lru«ie"1 f .huaient une origine phrygienne, syrienne
lls U‘. ' >\ ou égyptienne 3. A Rome, il fut mis à la
hC»n « riaf" Alexandre d'Alexandrie *.
\uLibvque{< ragêéxYi», plus anciennement iagêû^6)
I *t avoir légèrement différé du trigone par sa forme
p!ir:U ! nar son maniement. En effet, la machine de
61 ^ guerre du meme
nom est définie
« une grande
échelle portée sur
une base en forme
de barque 1 » ;
cette définition pa¬
raît convenir à la
harpe égyptienne
en forme de crois¬
sant, dont l’arc s’é¬
largit et s’épaissit
vers le bas pour
former résonateur.
En Égypte l’instru¬
ment, souventaussi
hautqu’un homme,
était posé à terre,
les cordes verticales ; il est difficile d’attribuer ces dimen¬
sions à la sambyque grecque, s’il est vrai que le diapason
en était aigu, efféminé 8. La sambyque est citée par
Aristote9 parmi les instruments jadis en faveur (Eupho-
rion assurait qu’une statue archaïque de Muse à Mity-
lène, œuvre de Lesbothémis, était représentée tenant
une sambyque)10, et qu’un goût plus épuré avait fait re¬
jeter; mais elle reparut à Athènes peu après Aristote11
et fut très appréciée à Rome12. On peut, si l’on veut,
appeler sambyque l’instrument à sept cordes que tient
la femme représentée sur notre figure 4730 13 ; il semble
renversé.
Trigones et sambyques se touchaient directement avec
les doigts (^àXAs iv) sans l’intermédiaire d’un plectre ; de
Fi". 4730. — Sambyque.
là le terme IxÀrriptov, qui parait avoir désigné d une ma¬
nière générale les harpes pincées, notamment les tri¬
gones u, et non une variété particulière, quoique certains
textes aient été interprétés dans ce sens1’.
On peut ranger encore dans cette catégorie le
zoÀé^ûoyyov, dont le timbre aurait eu une « virilité »
intermédiaire entre ceux de la lyre et de la sambyque
et le vàêAa; phénicien à douze cordes où l’artiste « pro¬
menait » ses deux mains”; mais la xivupa hébraïque à
dix cordes comportait l’emploi d’un plectre”. Quant au
ffigtxtov à trente-cinq cordes et à riTuyoveiov (invention
d’Epigonos d’Ambracie) qui en avait quarante 1 ’, ils ont
dû, au moins à l’origine, avoir une disposition horizon¬
tale comme celle de la zither viennoise 2".
On range encore souvent dans la classe des harpes trois
instruments archaïques au sujet desquels les Alexandrins
eux-mêmes étaient déjà mal informés : la (ou le) p.âyaStç,
la irxjXTiç et le pxpêtxoç (variantes : jîxpSiTov, pipomoî,
pxppoç)21.
La magadis et la pectis étaient identifiées par certains
critiques22 et, de fait, les rares renseignements que nous
possédons à leur sujet concordent pleinement. La maga¬
dis, déjà mentionnée par Alcman 23, était d’origine
lydienne 24 et avait un grand nombre de cordes : celle
d’Anacréon en comptait vingt 25. Elle avait un timbre
bruyant que Télestès compare à celui de la corne 26 et
exigeait une grande vélocité de mécanisme. Sa particula¬
rité essentielle consistait à être disposée pour le jeu con¬
tinu d’octaves, de telle sorte que lorsqu’on l’employait à
l’accompagnement d’un chœur mixte d'adultes et d’en¬
fants, elle sonnait l’unisson de chacune des deux voix21;
de là le verbe payaStÇeiv qui a pris la signification géné¬
rale de jeu ou chant à l'octave 28. La pectis est donnée
également comme d’origine lydienne 29 : elle aurait été
introduite en Grèce par Sappho 30. C’était un instrument
de haute taille31, polychorde 32, qui se prêtait au jeu d’oc¬
taves33; on ajoute que le diapason en était aigu34 et
qu’elle se pinçait sans plectre 33. On voit que ces rensei¬
gnements nous laissent dans l’incertitude sur deux points
essentiels : 1° les cordes étaient-elles de longueur égale
ou inégale? 2° quelle était la nature du mécanisme ou du
dispositif qui permettait le jeu d’octaves? Sur le premier
point les Alexandrins se prononçaient nettement, au
Gciliard, Apul. \ asenb.ü & = Arch. Zeit. 58, pl. cxv, 14. Voir aussi la pein-
Urc (ase iïorb. V, 51 (Baumeister, fig. 391) et Monumenti, 1845, pl. xvi et
- Sophocl. fr. 375 Nauck (Alh. IV, 183E) ; Eupolis, fr. 276 Kock {Ibid.). C’est
l" 1 ün a voulu l'rer du texte de Sophocle que le trigone sonnait l’octave grave
. ^ ^us anc‘en exemple figuré (d’après Jan, Arch. Zeit. L. c. note 7)
I ) mstlument de 1 Apollon en albâtre peint trouvé à Théra (Walz, Ueber Po-
pl l,er , SculPtur, 1843). Voir encore au Musée Britannique, E. 28 (Cat. 111,
J , Sfj 9 fig- 4729 est empruntée à un vase de Ruvo {Arch. Zeitung, 1860, pl. 139).
(Égypte)1’ L'I v •' TfÙ0 i ap. Ath. 175 D (EéfWv) ; Ptol. H arm. III, 8 fin.
■onlrcnt ' "nion de Juba paraît confirmée par les monuments assyriens qui nous
%■ 47 -»9 ' '.:i1 lnanpd;ure, tout à fait analogue à celle de la Muse de notre
Neanthesan Allf'l'j-x ^ 5. ~ 5 Etïmolog‘es : Scamon ap. Ath. XIV, G37 B;
ibidt G36 B ^ — 6 Fr. des Hilotes ap. Alli. 038 E ; Phillis,
forme tria « ^ * ^ Cependant Vitruve, VI, 1, 5, attribue à la sambyque une
7. _ io Al^' “j'’ ~ 8 Atl>- 633 F; Ar. Quint. II, p. 101 Meib. - 9 Pol. VIII, 6,
14,7; ~ 635 A. — U Philem. ap. Ath. 175 D. - 12 Macr. Sat. III,
quatre cordes l p' ^adrian. 20 ; Mart. Cap. IX, 924. Sur la sambyque (?) à
Farnîs,. (Baum ' ^li>S <les Troglodytes, cf. Ath. G33 F. — 13 Peinture du jardin
follement aucun ^ Ees foHres XIE qu’on lit sur la branche n'ont pro-
l)our les jougs . jns' 14 Theophr. Hist. plant. V, 7,6 (le chêne vert est employé
gS “?*'< *«> +«Xtr, {!„,,) ; Ps. Arist. Proh. XIX, 23 (iv voï; Tfiy-ivo,;
•ugnienle le noml ' 11 ‘ — 16 Jub. ap. Ath. 183 C (Alexandre de Cythère
•itharae barbarica '' C°r<^es <lu D i Isid. Orig. III, 20 : psalterium est simililudo
redditur surieri i mo<Elm A ütterae sed... lignum illud concavum undc sonus
175 D(= pQ|| ... laljc1’ elc- 16 Ar. Quint. II, p. 101. — 17 Philem. ap. Ath.
’i >il); Sopater, ibid. 175 C; Strab. X, 471; Jos. Ant. jud. VII,
12, 3; Ovid. Ars am. III, 329. Clem. Alex. Strom. p. 307, l'attribue aux Cappado-
ciens. — 18 Jos. L. c. — 19 Poil. IV, 59. — 20 Jub. ap. Ath. 183 D : pLvr;[coviù,[...
voj t-xiy. o vüv et; 4aVc>ipiov oçOiov p.cTttffjrr,ieaTi(T9èv xvk. — -1 BâpnAeo; :
Euphor. ap. Ath. IV, 182 F ; pàpno; : Phillis ap. Alh. XIV, 636 C. — 22 Menaechm.
ap. Ath. 635 B-E (Athénée attribue [635 E] la même opinion à Aristoxcno, mais un
texte de celui-ci où les deux instruments sont nommés conjointement [635 Bj laisse
un doute à cet égard). Contre l’identification, Phillis, 636 C ; mais non pas (comme
le prétend Ath.) Diogène le tragique. Nous négligeons les opinions qui faisaient de
la magadis une flûte citharistériennc (Didym. ap. Ath. 182 D, 634 C-E, erreur née
d’une faute de texte dans le fr. 23 d’ion) et de la pectis un luth {Anth. Pal. IX,
586 ; Hesych. Suid. Phot.). Ce dernier nom est quelquefois syuouymc de lyre (Luc.
Dial. mar. I, 4; Philostr. mai. Imag. I, 10). — 23 Fr. 91 (Ath. G37 A). — 24 Ion,
fr. 23 (Ath. 634 C). D'autres la faisaient venir de Thrace (Duris ap. Ath. 636 F;
Canlharos ap. Poil. IV, 61), mais cetto opinion nous parait provenir d'une fausse
interprétation de X#n. Anab. VII, 3 , 32. — 25 Fr. 18 (Ath. 634 C). 11 n'est pas per¬
mis de conclure avec Ath. du fr. 4 de Télestès que la magadis n’avait que
cinq cordes. — 20 Tclest. fr. 4 (Ath. 637 A) : akko ; S’àkkav xkayyâv ul; ( x c p oct ô o w v o v
IçsOiÇe [xâyaStv I icevTapçàSSw (?) yoçSav àp9[Jiçî | yipa xaycitStauXov àvaeTjwçav tû/uç.
Wagener propose de corriger en lyaTÔouvov (ap. Gcvaert, II, 632 suiv.). — 27 Anaxan-
drid. ap. Ath. 634 E; Phillis, 636 C. — 28 ps. Arist. Prob. XIX, 18, 39 ; cf. Philo-
choros ap. Ath. G38 A ; Diog. trag. ap. Ath. G3G B où pàyaSi; = octave. — 29.PincL
fr. 125 (Alh. 635 D) : tv Sttxvot (Tl AuSiÿv koà'xkv àvTi'vOoyyov àxo-jtov UT.xtiSo; ;
Sophocl. Ir. 437 N. (Ath. 183 E, 635 C) ; Tclestcs, fr . 5 (Ath. 626 A). — 30 Menaechm.
ap. Ath. 635 E; cf. Sappho ap. Dem. De eloc. 1 62. — 31 Pjnd. fr. cit. _ 32 plat.
Desp. III, p. 399 C. — 33 Pind. fr. cit. ; Diog. trag. (Ath. 636 B) : lïTJXTtSlUV (t*)
àviiÇuyoi; I oXxoïç xçexoûffaç — 34 Telest . fr.cit. — 35Arislox. ap. Ath. 635 B.
LYR
— 1450 —
moins en ce qui concerne la magadis : Apollodore en
taisait un psaltérion *, Euphorion une sambyque 2 ;
mais y a-t-il là autre chose que des conjectures érudites?
Sur le second point, nous sommes dans une ignorance
i omp etc. Le nom g.âya8iç (dérivé de p.ayâç) permet seule¬
ment de supposer qu’un ou plusieurs chevalets jouaient
un rôle important dans la structure de l’instrument.
L épithète ilx opSo; 3, les mots ivr^uyot 6Xxof 4 appliqués
a la pectis laissent entrevoir peut-être un dispositif ana¬
logue a celui de certains clavecins du siècle dernier, où
chaque note est représentée par un couple de cordes de
grosseur inégale sonnant l’octave et que le doigt (ou le
marteau) peut ébranler simultanément.
Le barbitos passait pour une invention de Terpandre 1
et avait été adopté par les poètes lesbiens, notamment
Par Sappho 6 ; il figurait aussi chez Anacréon, auquel cer¬
tains critiques en attribuaient, certainement à tort, l'in¬
troduction \ On 1’employaït volontiers pour l’accompa¬
gnement du scolion 8, et encore au ve siècle Magnés le
comique fit paraître un chœur de barbitistes 9. Mais
ensuite il tomba en désuétude10, etDenys d’IIalicarnasse
s’étonne de le rencontrer à Rome dans les fêtes reli¬
gieuses11. L’instrument était polychorde12 et comportait,
prétend-on, l’emploi du plectre 13. Nous avons déjà écarté
1 opinion .(due à Winckelmann) qui veut reconnaître le
barbitos dans la lyre allongée si fréquente sur les vases
à figures rouges, mais nous n'avons pas d’autre hypothèse
à lui substituer.
Famille du luth. —Ces instruments ont ordinairement
un petit nombre de cordes montées sur une panse formant
table d'harmonie; cette
panse se prolonge par
un long manche (Tri^uç),
parfoisrecourbé à l’extré¬
mité, où se trouvent les
chevilles. En pressant la
corde contre le manche,
soit avec le doigt, soit à
laide d'un curseur mo¬
bile, on peut en raccour¬
cir ad libitum la partie
vibrante et, en pinçant
celle-ci avec l’autre main
dans le voisinage de la
panse, on peut tirer ainsi
d’une seule et même
Fig. 473i. — Pandore. corde des sons très va¬
riés : c'est sur ce principe
que sont fondés les instruments favoris du Moyen Age
et de la Renaissance (luth, guitare, mandoline, viole) et
1 Alh. G3G F. — 2 Euphor. ap. Atb. 182 F, 633 A. - 3 Sopatr. ap. Alh.
18311 lmal interprété par Atb.). — 4 Diog. trag . fr. cit. — S pjnd. fr. 125 (Alh.
G35 D), mais Athénée commet un si gros contre-sens (le barbitos sonnerait loctave
de la pectis!) qu’on peut douter même de son interprétation du contexte entier.
Les inductions sur le diapason tirées de l’étymologie absurde (Etym. m.
Poil. IV, 52) sont négligeables. Le nom paraît barbare (Strab. X, 471). — 6 Sappho,
fr. 154 (Ath. 182 F). Horat. Carm. I, 1, 32; I, 32, 4, il en attribue l’invention à
cée. — ‘ Neantbes ap. Ath. 175 E. Simonide l’avait aussi employé (Theocr. XVI,
4o) - 8 Proclus, Chrest. p. 246 W. - 9 Schol. Han. 522. - 10 Aristot. Polit
\IU(V), G. - il Ant. Itom. VU, 72. - 12 Plat. Hesp. 111, p. 399 D; Theocr. XVI,
, ° wMjtojSo.)- Dans le fr. d’Anaxilas ap. Ath. 183 B, il faut ponctuer
£7» H PcoS.touî, T?7.ipSou? «qniSa;, etc. — 13 Anacreontic. 59. — 14 La forme
ordinaire esU«vSoïf« ; *4vSTOfoS (ou ravS0cre<,5 ?) est donné par Ath. 183 F; çivSoupo;
par . icom. Ench. p. 8 ; «avSoipto* par Hesych. Phot. Zonar. p. 1512 ; pandurium par
Lassiodore ad Ps. 140. Voir le Thés. a. ». _ 15 Mart. Cap. IX, 924. Elle est, en
effet, souvent représentée sur les monuments égyptiens (Wilkinson, II, 297 suiv.).
LYR
les représentants principaux de l’ofchpet
(violon, violoncelle, contrebasse etc ) ^ m°derne
Le nom générique de ces instruments à 17*
dnneet romaine paraît avoir été P°que alexan-
7tavooupa OUTtàvSoupoç, tpivooupoç1 4,
TravSouptov, pandurium, d’où
sont venus directement pandore
et, par une curieuse altération
(due à la forme amygdaloïde de
la panse?), mandola (mandora)
et mandoline. La pandore pas¬
sait pour être d’origine égvp-
Fig. 4732. — Pandore.
tienne15 ou assyrienne16. Elle
avait tantôt deux17, tantôt et
plus souvent trois cordes. Elle
est mentionnée (sous le nom de
TptjéopSoç ou rptyopoov)18 et repré¬
sentée dès 1 époque hellénique
(ive siècle) (fïg. -4731) l9, mais
parait avoir été surtout appré¬
ciée sous l’empire romain 20, où
elle ligure sur un grand nombre de sarcophages'
( ift. 1 /3_). La panse est de contour anguleux à l’épocrui
grecque, arrondi, quelquefois
hémisphérique (fîg. 4734) 22 à
l’époque romaine. L’artiste,
presque toujours une femme,
joue assis, appuyant la panse de
l’instrument sur ses genoux,
raccourcissant les cordes avec la
main gauche et les faisant vi¬
brer avec la droite, rarement
armée du plectre (fîg. 4733) 23 .
On peut rattacher à la famille
des pandores le p.ovdy oooov
(xxvojv des Pythagoriciens), d’o¬
rigine arabe24 et analogue au
.,,.1 1 j » , , Fig. 4733. — Luth avec plectre.
rahab actuel des Arabes du
Caire. Cet instrument n'avait qu’une corde unique e
le raccourcissement
s’obtenait à l’aide
d’un curseur mobile
(Û7Taya>Y6uî) 25. Il ser¬
vait surtout à des dé¬
monstrations théori¬
ques 26, mais on l’em¬
ployait aussi quelquefois en pratique, de concert avec 1<
flûte27. Un instrument perfectionné du même genre, poui
l’étude des lois acoustiques, était l’éXtxcSv à quatre cordon
Instruments divers. — Nous terminerons cette revut
Fig. 4734. — Pandore.
— «Poil. IV, GO. Clem. Alex., p. 3G3, en attribue l’invention au Phrygien I
Sur la pandore en « laurier marin » des Troglodytes de la mer Rouge, cf. Al ^ ^
— 17 Clem. Alex. p. 307. — 18 Anaxilas ap. Alh. 183 B; Euphor. ibtdA'-- ‘
vffv — xaXoûjAevot — icav^oupio-Taf... xatvfiî (xèv oùoevi jjawvtai opyavw. savoir:
Reinach dans Rev. èt. gr. VIII, 371 suiv. On en connaît trois exemp < |c
deux figurines de terre cuite au Louvre et une des Muses d< a ^
Mantinée (Bull. corr. hell. XII, pl. m), fig. 4731. — 20 Lampnd. *^144
— 21 Stephani, Compt. rend., 1881, p. 54 suiv. (10 ex.) ; Jan. Saitenins r. ^
(3 ex.). La fig. 4732 d'après un sarcophage du Musée Britannique (Corn > , ^
blés, V, pl. ix). — 22 Sarcophage d’Arles, Photographie, cf. Milbn, 1\ 0 nui ^ ^
pl.xxxvu ; Voyage dans le Midi de la France , pl.LXix ; La Lauzièrc, J^eg ^ g§
d’Arles, pl.xx ; Corp. inscr. lat. XII, 832. — 23 Bull, comun. dt Borna , ’ nlségyp-
Sarcophage du Musée de Latran. — 24 Poil. IV, 60. Il figure su| ^ _ 25 Ptol.
tiens, L’harmonicien Simos s’en attribuait l'invention, 1 orph. 1 il- J __ 27
Farm. II, 12 ; cf. Ruelle, Rev. ét. gr. X, 309 sq. — 26 Euclid. Div.can « ^ ^
Ptol. L. c. ; Nicom. Ench. p. 8 et 12. —28 Ptol. üarm 11,2; Ar. ü«un .p-
LYS
— 1451
LYT
nonciature, dans l’ordre alphabétique, d’un
par une j’instrurnents à cordes sur la nature
raiVonmn’eSt pas bien fixé.
desquei“ instrument exotique, oublié à l’époque
I ’Kvvî'i-/0?007’
! alr-aiul1 in^ ^ nientienné par Aristote 2 à côté du xpiyaivov
L'^les instruments voluptueux des anciens, rejetés
pa"lU Inùt plus sûr. Mais comment imaginer un instru-
rTdc forme heptagonale? Ne faut-il pas corriger en
®cn _tr[ , j u faute sera née sous l’influence de Tftycovov.
[ Jlgoç, autre instrument archaïque, servait à l’ac-
upa-nement des ïambes déclamés (TtapoocaTaXoyTj) 3.
ou Xupofoivfciov, probablement identique au
0Jv?oufJivixiov. Hérodote dit que les bras de cet instru¬
ment étaient faits en cornes de gazelle (8puç). Les Pro-
liUmes le citent parmi les instruments où l’octave faisait
l'effet de l’unisson (comme la magadis4). Son nom lui a
fait attribuer une origine phénicienne ; mais d’autres
l’expliquaient par le palmier de Délos (çoïvi')dont le bois
aurait servi à en faire les bras 6.
I Ikvxd/opoov, instrument scythique à cordes en peau de
bœuf; une corne de chèvre servait de plectre 6.
H^, peut-être une sorte de harpe 7.
! SxivBa^oç ou >c:voa’f dç, grand instrument lyroïde à quatre
cordes, avec une plume d’orichalque en guise d’archet ;
on le disait usité en Inde 8.
SitolSi?, c’est-à-dire « branche de palmier » (ainsi nommé
à cause de la forme et du nombre des cordes ?). Instru¬
ment de réputation efféminée 9.
I fiôûpa, identifié quelquefois à l’aaxapo;. Instrument
libyen, carré, qui avait l’aspect d’une brique longue d’une
coudée, autour de laquelle on faisait tournoyer (?) des
cordes qui en fouettant l’air faisaient un bruit de casta¬
gnettes. Si nous avons bien compris la description de
Pollux, cet appareil rentrerait plutôt dans la classe des
instruments à percussion 10. Tu. Reinacii.
LYSANDRIA (AusâvBpta). — Nom donné par les
Samiens aux iieraia, leur fête nationale, en l’honneur
du Lacédémonien Lysandre, après la bataille d’Aegos
Potamos . Un sait les efforts tentés par ce général pour
gagner la popularité dans le monde grec, ses offrandes
et ses dons d’argent à Athènes2, à Delphes 3, à Délos4. Il
obtint en revanche, dans beaucoup de cités, des honneurs
exceptionnels : des poèmes étaient composés en son
onneur’;des cités lui élevaient des statues6; Samos
U1 en ' rigea une à Olympie1, en même temps qu’elle
Allait sous son nom la fête principale de la cité : cet
honneur, qui dura peu d’ailleurs, est comme le prélude
des flatteries analogues adressées plus tard aux rois
macédoniens et aux généraux victorieux. F. Durrbach.
LYTI1A (Adxpaj. — L’usage de ne pas tuer un ennemi
vaincu et de lui laisser la vie, non par un sentiment d'hu¬
manité, mais en vue d’un avantage personnel, pour en
tirer de l’argent, soit en lui permettant de se racheter,
soit en le vendant comme esclave, cet usage a été pratiqué
en Grèce dès la plus haute antiquité ; de bonne heure
même, il a formé une véritable industrie. Cet usage dé¬
rive du droit de la guerre tel que l’a compris toute
l'antiquité : le vaincu, avec tout ce qui lui appartient,
devient la propriété absolue du vainqueur1.
Dans les poèmes homériques, la rançon, désignée par
le pluriel neutre a7toiva, tient une place considérable.
V Iliade commence et finit par une scène de rançon.
L’action du poème s’engage par le refus qu’Agamemnon
oppose au prêtre Chrysès de recevoir la rançon de sa
fille. Le dénouement est la scène sublime dans laquelle
Priam supplie Achille de lui rendre, moyennant rançon,
le cadavre de son fils. Ainsi la rançon se payait non seule¬
ment pour racheter un prisonnier, pour lui sauver la vie,
mais aussi pour assurer les honneurs de la sépulture à un
être cher tombé sous les coups de l’ennemi. Dans les deux
cas l’expression est la même : cLiotva. Mais s’il est plusieurs
fois question dans l’épopée de prisonniers épargnés et
délivrés moyennant rançon2; si Achille, par exemple, a
vendu plusieurs fois ses captifs ou les a mis à rançon,
non pas seulement des femmes, comme la mère d’Àndro-
maque3, mais aussi des hommes, des fils de Priam4; s'il
reconnaît même qu’avant la mort de Patrocle, il se
plaisait à laisser la vie aux Troyens et à les vendre comme
esclaves5, nous remarquons cependant que dans toute
Y Iliade il n’y a pas une seule scène de ces rançons
acceptées. « Prends-nous vivants, fils d’Atrée, et reçois
de justes rançons; il y a beaucoup de trésors dans la
maison de notre père Antimaque, de l’airain, de l’or et
du fer difficile à travailler; certes, notre père te donnerait
une rançon infinie, s’il apprenait que nous sommes
vivants tous deux près des vaisseaux des Grecs6. » Cette
prière, qui s’adresse non à la pitié mais à la cupidité du
vainqueur, on la trouve répétée plusieurs fois dans
Y Iliade1, mais jamais elle n’est exaucée : la scène se
termine toujours par l’immolation du vaincu. Une fois le
vainqueur, c’est ici Ménélas, est sur le point de se laisser
toucher et d’accorder la vie à son ennemi au prix d’une
riche rançon ; mais Agamemnon survient et gourmande
(VHn'« (ArisloxèneJ î XIV> 636 B (Pliillis), F (Apollodore). — 2 Polit. V
Hcsyc’n. en fait ' A"'' 182 P (A«stox.), 636 B (Pliillis), F (Apollodore) ; Poil. IV, 59.
| 7 C'ass0 ^cs |UX>i d’Alcman. Il faut rayer delà liste des instruments
ProMcllal|, 0"u’i (Mid.) ([uiest sûrement une sorte de vers, itaçi«i«.6Î5 ; cf. Bergk,
Lod, IV la’,! p 9"7* Po11- 1V>59: Ath. *75 D(Juba), 183 C (id.), 63G B (Pliillis);
Sénios). —i; pj|| S. 7'lS*" Pr°b- XIX, 14 ; Hesych.— 5 Ath. 637 B (Epliore, Scamon,
-«Poil, IV . ’ 88 ’ C^’ pouoouçyol. — 7 Poli. IV, 61 : oçyocvov xi '}aXxi)çtov.
Aci'ai'. Nat. anim 188 A <Matyon)- B (Theopomp. epic., Anaxilas), 636 B (Pliillis);
hetsyd,. Suid Seh°l. Ap°ll. Rh°d. II, 907 ; Ptol. Heph.ap. Phol. cod.190
Mes livrées j,!'i ma^n’ es^ absur<3e d’appeler toutes les lyres à quatre
hsl.
1 P VVUVUU • J » V* ^
I in q°S m0numen^s* — 9 Poil* IV, 59 ; ÏSicom. Ench. p. 8 ; Quintil.
^carf(?p je (irs ’ *' 111 61. — Bibliographie. Burette, Mémoires de
^ or9Piis sivr !lSC1 lPt*ons (ancienne série), IV, p. 116 suiv. ; R. Volkmann,
^utarquo, De un^en^8 veterum epimetrum (à la suite de son édition de
Sait,
(|"C’ Dc Musica, Leipzig
;Mlâj(rumen, ' "vll,tlg, 1856, p. 152-163) ; Karl von Jan, Die griechischen
""■“"i (diss. i„a;„!,anS Archae°l- Zeit. XVI (1858), p. 181-190 ; De fidibus Grae-
de Sarreguenii, 1 > Æfe griechischen Saiteninstrumente, prog. du
®*umcister (iRoof’ Pe‘P2*8> 1882; article saitenintbumente dans les Denkmàlev
Aÿra, Berli,, IS'V" K1THA,,0D1K Bans l’Encycl. Erscli et Gruber ; W. Johnsen,
’ ‘ ’ ^ovaert, Histoire et théorie de la musique de l'antiquité,
t. u (1881), p. 241-270 ; J. Frei, De certaminibus thymelicis (surtout, p. 45-57),
diss. Bâle, 1900.
LYSANDRIA. 1 Plut. Lys . 18 ; Pholius, p. 236, 23 ; Hcsych. AuxàvSfua ; cf. Journ.
of hell. studies, 1886, p. 147. — 2 Bœekh, Staatshaush. II, p. 251 ; Corp. inscr.
ait. 652, 32. — 3 Plut. Ibid. — 4 Homolle, Bull, de corr. hell. VI (1886), p. 153 et
n. 3; cf. Ibid. X (1886), p. 464, 1. 81-2 ; XIV(1890), p. 407, 1. 59 ; XV (1891), p. 138.
_ ô Plut. Ibid. ; Atlien. XV, 696 e. — 6 Plut. Lys. 1 : De Pyth. or. S ; Paus. IX, 7-9 ;
cf. Curtius, Hist. gr. trad. franc, t. IV, p. 15, sqq. — 7 Paus. VI, 3, 14-15.
LYTRA. 1 Xcn. Cyrop. VII, 5, 73 : Ni|»o5 T“? Iv *ï<nv ivOoùitot; àîSio; !<rriv,
orav iïo7.E[xotjvxwv icokiç âkçi, xùiv cXovxwv elvai va, xà aùijxaxa xwv Iv xi; teoaei xï'i xù. yçr.jzaxa.
_ 2 II. H, 230 et les exemples cités n. 3 et 4 : on pourrait encore indiquer XXI,
31, d'après l’explication du scoliaste; mais cette explication est aujourd’hui con¬
testée : les courroies que portaient les douze Troyens, pris par Achille, n’étaient
pas destinées à lier les prisonniers qu’ils espéraient faire ; c’étaient des ceintures
qui servaient à serrer le chiton et qui étaient sous la cuirasse ; cf. Helbig, L'épopée
homériq. p. 368. —3 II. VI, 425. — 4 XI, 106; XXI, 40, 58, 102; XXII, ta; XXIV,
752. — 3 XXI, 100. — 3 XI, 131 : il s agit des deux frères, Pisandre et Ilippolo-
rhos, pris tous deux par Agamemnon. — 7 Voir encore VI, 46; X, 378, 413; une
prière plus longue, avec un appel à la pitié, est adressée à Achille par Lycaou,
XXI, 95,
IA !
— 14oa
lyt
son frère. Il laut, dit-il, que tous les Trovens soient
immolés jusqu’au dernier etsans recevoir de sépulture1.
La rançon du cadavre est encore plus rare dans Y Iliade.
Elle ^t cependant mentionnée souvent2; elle se paye
aussi au poids de l’or et de l’airain3. Tout n’est pas fini
pour le -vaincu, quand il a reçu le coup de mort ; sou
corps reste la possession du vainqueur, qui le dépouille
et le réserve aux pires outrages. Achille dit à Hector,
étendu mourant a ses pieds, qu’il regrette do ne pouvoir
manger sa chair crue : « Du moins, ajoute-t-il, ta mère
ne déposera pas en gémissant ton corps sur un bûcher,
mais les chiens et les oiseaux feront de toi leur pâture4. »
Patrocle fait les mêmes menaces à Sarpédon5 ; dans
toute 1 Iliade, nous voyons les Grecs et les Troyens
pratiquer la coutume de livrer le corps du vaincu aux
oiseaux et aux bêtes de proie® ; les plus grands combats
du poème se livrent autour des cadavres de Sarpédon et
de I atrocle et ont pour objet de leur assurer les honneurs
de la sépulture. G est seulement dans les parties du poème
considérées comme récentes que nous voyons le vainqueur
renoncer à ces atroces vengeances et respecter le cadavre
d un ennemi. Achille n'outrage pas le corps d’Eétion ; il
lui élève même un tombeau1. Enfin le poème se termine
par une scène qui annonce un droit des gens plus
humain et des mœurs moins cruelles 8. Achille se sent ému
de pitié en voyant le vieux Priam venir, au péril de sa vie,
le supplier de lui rendre le cadavre de son fils; il ac¬
corde à Priam sa demande, malgré l'émotion qu’il éprouve
il n a garde de refuser la rançon infinie, que le poète a
décrite avec de longs détails9 ; il supplie Patrocle mort de
ne pas s’irriter contre lui s'il a rendu le corps d’Hector
pour être enseveli, et il s’excuse en alléguant précisé¬
ment cette riche rançon 10. Ce naïf égoïsme, loin de gâter
cette scène, en fait mieux ressortir la vérité et le naturel.
Plus tard, il se forma, à propos de la rançon d’Hector,
une tradition qui n est probablement que le développement
d un passage de ce discours sauvage qu’Achille adresse
à Hector mourant : « Il n est personne qui puisse écarter
les chiens de ta tête, quand même il me paierait dix ou
vingt rançons et qu'il en promettrait d’autres encore,
quand même Priam ferait peser en or le poids de ton
corps11. » Cette tradition, d’après laquelle Priam aurait
racheté le cadavre de son fils au prix d’un poids égal d’or,
est rapportée par des poètes postérieurs à Y Iliade 12 . Nous
la trouvons reproduite sur un beau vase de la Bibliothèque
nationale13. Le cadavre d’Hector est placé sur l’un des
plateaux d'une grande balance ; un cratère lui fait équi¬
libre sur l’autre plateau. Achille préside à la scène,
entouré des héros grecs qui semblent délibérer sur le prix
de la rançon. Priam est accompagné de quatre Troyens.
D autres monuments reproduisent plus fidèlement le
récit de Ylliade. Nous citerons une table iliaque qui
représente la scène de la rançon : Achille est assis dans
sa tente, la main gauche sur le sceptre ; Priam est à genoux
* VI, 55-62. — 2 XXII, 3*?, XXIV, 276, 502, 555, 579, 594. — 3 XXII,
340; XXIV, 146, 175, 195. — 4 XXII, 335. — ü XVI, 836. — 6 I, 4 ;
VII, 347; VIII, 379; XVI, 559, 751 ; XVIII, 540; XXIII, 21 ; XXIV, 15. - 7 Vl’
416; il en est de même de la trêve pour l’enlèvement et la sépulture des morts au
livre VII ; cf. la note suivante. — 8 Voir H. Weil, L’Iliade et le droit des gens dans
l'ancienne Grèce, dans la Rev. de philologie, t. IX, 1885, p. 160. — 9 11. XXIV,
— *-235. 111 XXI\, 592. O D après Eustathe, tpû euebai aurait, dans ce passage
(7/. XXII, 351), le sens de uauebai ; mais le plus grand nombre des éditeurs
modernes acceptent l’explication de Didyme, tflweai — 12 D’après
les scoliastes A et T de 1 Iliade, ch. xxii, 351, Eschyle aurait le premier rapporté
celte tradition dans la tragédie intitulée d>pyy.; r "Ex-copo; Xwxpa ; cf. Nauck, Trag . gr.
u i o 11 voilf,
sur tout son corps par derrière- il tenu , 1 qui s’élend
Achille; Hermès a l’air d’intercéder Püuh ma‘nS Vers
Hprmio un cm„ti — -- . - P 1 Lui; derrière
Hermès, un serviteur porte un grand vase
un
autre serviteur tire d’un char un autre vase; au-dessous
du char on lit Xuxpa ; derrière Achille, deux serviteurs
portent le cadavre d’Hector (fig. 4735) ‘C
On doit encore considérer comme une rançon l’indem¬
nité que le meurtrier avait à payer aux parents’ de sa
victime. « On accepte, dit Ajax pour fléchir Achille13, la
rançon, TrotvVj, d’un frère ou d’un fils immolé ; le
meurtrier, qui a sacrifié beaucoup de richesses, demeure
au milieu du peuple, et le ressentiment de l’offensé
s’apaise, après avoir reçu la rançon. » Sur le bouclier
d’Achille était représenté un jugement pour une 7t&ivv) non
payée 1C. A défaut de cette satisfaction, le meurtrier devait
quitter le pays, même si la victime était un homme du
peuple et ne laissait après lui que peu de défenseurs17.
Les exemples de ces exilés pour meurtre sont nombreux18;
presque toujours le meurtrier a tué un parent 19 ; c’était
peut-être là une circonstance aggravante excluant la
faculté de la rançon20. Dans la société homérique, la
punition d’un meurtre est une affaire privée, qui ne
regarde pas l’Etat, mais qui est un devoir imposé aux
membres de la famille21. Mourir sans vengeance était a
la fois un malheur et une honte ; Télémaque souhaite une
telle mort aux prétendants22. Quand ceux-ci ont été
immolés par Ulysse, leurs parents ne peuvent acceptei
qu’ils ne soient pas vengés ; il faut que Zeus efface de
leur esprit le souvenir du meurtre de leurs fils ou dej
leurs frères23. Ce désir de vengeance provient del ancienne
idée du talion, qui a persisté si longtemps dans 1 antiquité
grecque; un meurtre doit être la rançon d un autre
meurtre; il y a même, dans la compensation due a a
victime, des comparaisons à établir, des valcuis,. o
pourrait même dire des prix différents à fixer , c est ain
fr. 2" éd. p. 84; Denys le Tyran avait aussi composé une tragédie ayant , P°“
titre "Extofuî /.ùipa, Tzetzes, Chil. V, 180; Nauck, Op. laud. it C. Ho-
liabelon, Le Cabinet des antiques à la Biblioth. nat. pi. XLI’ P- ‘ ^ A.
bort, Sarkophag. II, pl. xxi, n» 45; nous renvoyons à 1111 \aJahrb.
Briining, Ueber die bildlichen Verlagen der Ilischen Tuf < n, __ |5 //
d. k. d. arch. Inst. IX, 1394, p. 436-165, et à l’article 1U*C4® W"U.'.j "696= XV,
IX, 632. — 16 XVIII, 498. — 17 Od. XXIII, H8. - 18 dl- H, 6Gj; ’ -, AU |,
335; XVI, 573; XXIII, 85. - 19 Sauf Od. XV, 22 4. — 20 Schoni < ^ ,43;
p. 49. — 21 Od. XV, 271 ; I, 40; III, 197-204, 307. — 22 «• ^ ^ XXIV,
cf. J. -J. Thonissen, Le droit pénal de la rép. athénienne, I>- ‘ •
353, 430, 484, 545.
— \ 453 —
LYT
LYT
. n0le douze Troyens comme compensation
qu’AcliiJ**’ patr0Cje . ji évalue la vie de Patrocle à
de la 1110,1 ^',1 inaires, comme, dans d’autres circons-
douze glipUié une rançon de douze bœufs1,
lances, 1 ,l1 ‘ , étajt une indemnité représentant une
Quand la epe était sans doute fixée à l’amiable
,(.,ord des’ deux partis 2 ; on ne trouve pas
valeur, une
par un
d’exemple
un prix fixé à l’avance comme dans l’ancien
n* cette' 'idée de rançon, traduite aussi par le mot
. ^/" appliquait à l’indemnité payée pour un dommage
^ ^C esi ainsi qu’Agamemnon, voulant se réconcilier
r6?U Achille, propose non seulement de lui rendre
l’esclave Briséis qu’il lui a enlevée ; il lui fait offrir aussi
des présents magnifiques en dédommagement du tort
Ü lui a causé3. Dans ce cas la caution était admise.
Démodocus, chantant les amours d’Arès et d’Aphrodite,
raconte que Poséidon se porte caution de la rançon
qu’Arès doit payer à Héphaistos. Cette rançon pour
I adultère s’appelait p.oi/_aYpi'«4 ; c’est la seule que nous
trouvions mentionnée dans les poèmes homériques, pour
un délit de droit commun.
Ainsi, dans Homère, l’idée de rançon, prise dans un
sens très étendu, peut se rendre par deux mots qui
ont la même racine : àirotvot etivoiv-q. Le mot à7toiva signifie
proprement la rançon qu’on paie pour obtenir la liberté
d’un prisonnier vivant ou la remise de son corps s’il a été
tué; il désigne aussi l’indemnité qu’on paie pour un
dommage causé, ce qui est aussi une sorte de rançon. Le
mot Tcotvvq est employé aussi dans ce dernier sens, mais il
désigne bien plus souvent l’indemnité payée pour un
meurtre ou la compensation exigée pour un meurtre;
chez les poètes lyriques, chez Eschyle et Hérodote, ce mot
a déjà le sens de châtiment, et c’est avec ce sens que, dès
une époque ancienne, il a fourni au latin le mot poena.
C’est donc une évolution de la civilisation que nous
montrent ici les poèmes homériques : par le développe¬
ment des idées morales, surtout par un sens plus juste
de la solidarité humaine, par une notion plus claire des
droits de l’État qui doit protéger la vie de tous, cette
rançon, cette indemnité, la Ttotvvj, est devenue le châtiment
du crime; le droit pénal a été fondé.
Au \ siècle, les mots ohtoiva et Trotv-yj n’appartiennent
P us qu à la langue poétique. L’idée de rançon s’est
précisée et circonscrite ; du verbe Auw, employé dans
°mère a côté de a7toivaB, on a formé un substantif
'VjV> qui, à son tour, a donné un autre verbe Xu-cpoto ;
e tous ces mots ne servent plus qu’à rendre l’idée de
[an(;,J" 1" 0Prement dite, c’est-à-dire une somme payée
un oui, nir la liberté d’un prisonnier.
lHl'lue historique, le droit de la guerre est le
Co ' ' époque homérique; le vaincu appartient,
’u ns’ au vainqueur ; le vainqueur peut le tuer,
' ,l- XXI, 28 _ 2 « 1 «
PriiuMue, s’il " fiai ~ h0raann> °P- 1 P- *9; cf. H. XXIV, 086, Hermès dit à
CcHd qu’il a donné ^ ^eS ^recs’ sa ranÇon serait trois fois plus forte que
Vin, 332. Un-T° a Achil,e p0ur avoir le corPs d’Hector. — 3 11. IX, 120. — 4 Od.
*es poèmes hoimv"* ^ comme ÇwccY?ta, poay^a, àvSpayota, qu’on trouve dans
s'8[|e lcsprtsenu 'lo"^ ^"e SeU*e f°'S ln Aphrod. 140) le mot Sitoiva dé-
^ Mage liomérinue°nil^S C°mme ^ P ü ,CS parents à la fiancée ; ce qui est contraire
“‘«c, U. V|, 3g^e jf eSl, ,C Pianc^ fi11* donne des présents d’i'sSva aux parents de la
^supposent ni f • |’ ' *** ’ elc- L’étymologie d'înoiva est douteuse ; les mo-
à çovo-, _ ,, j ’ Ulle dérivation de l’idée de itovo;, novsTv ; Aristarquc rattache
J*'11™. Anecrf. 428 g'™01 î’"Kva est encore employé par Solon, Plat. Leg. 862 c ;
II ; 9ittenlIWge|,’ / la lo‘ de Dracon sur le meurtre ( Corp . inscr. att. 1,61,
P*s* *1 sert d„ vJr! /. *. nous trouvons le verbe àxoïvàw, qu’Homère n’emploie
y ' Hérodote emploie le mol uoivg dans le sens de peine, de
et il ne se fait pas faute de le faire ; des villes entières ont
été ainsi condamnées à l’extermination. Cependant le
plus souvent le vainqueur cherche à tirer profit de sa
capture. Par le fait qu’il est pris, le vaincu tombe aussitôt
dans l’esclavage; au point de vue légal, il n’y a pas de
différence entre le prisonnier de guerre, ai/gâXojToç,
captivus, et l’esclave, SoUXoç, servus. En fait, le prisonnier
de guerre est considéré comme pouvant être racheté ; et
il l’est souvent, à moins qu’il ne soit enveloppé dans
la ruine totale de sa patrie, comme cela arriva, par
exemple, quand les Macédoniens détruisirent Olynthe ou
Thèbes ; s’il lui reste une patrie, une famille, des amis,
il a l’espoir d’être racheté. Après une victoire ou la prise
d’une ville, le butin est réuni par le vainqueur et vendu.
Des troupes de marchands suivent les armées et se pré¬
sentent à la vente ; le vainqueur, de son côté, a des sortes
de commissaires-priseurs, chargés de fixer la valeur des
prisonniers ; c’est là un métier qui est généralement
méprisé ; Hypéride reproche à Démade d’avoir fait
nommer proxène un individu qui avait accepté ce rôle
pour les captifs d’Olynthe 6. Les Spartiates semblent
avoir apporté un soin particulier à la vente du butin : ils
avaient des magistrats appelés Xacpupo7r<nXai, qui étaient
chargés de cette opération7. La vente du butin et le
règlement des rançons étaient très probablement confiés
aux mêmes personnages. C’étaient des opérations déli¬
cates; il fallait déjouer les ruses et empêcher les fraudes.
Un témoignage suspect attribue à Aristote un stratagème
habile qu’il aurait indiqué à Philippe pour reconnaître
les Olynthiens riches8. Une ruse du même genre aurait
été imaginée par Denys le Tyran, au moment de la prise
de Rhégium9. Il arrivait aussi que les vainqueurs se
volaient entre eux. Au milieu du désordre d’une bataille
ou de la prise d’une ville, les fraudes étaient faciles; des
soldats qui avaient fait des prisonniers, au lieu de les
conduire à la masse commune, les emmenaient ou les
cachaient pour avoir seuls le bénéfice de la rançon 10.
Souvent aussi le règlement des rançons était une
opération distincte de la vente du butin ; il donnait lieu
à des négociations parfois assez longues, qui étaient
traitées par des ambassadeurs. Philippe envoie aux
Athéniens son agent Ampliilochos pour régler la rançon
des Macédoniens pris par les Athéniens11; quelques
années plus tard, les Athéniens ont à faire la même
demande à Philippe au sujet de leurs concitoyens pris
dans Olynthe ; c’est le comédien Aristodème qui fut chargé
de cette mission ; on sait que les débats pour le rachat
des prisonniers furent l’occasion de longues négociations
qui aboutirent à la paix de Philocrate 12. Quand il fallait
traverser la mer pour aller trouver le vainqueur, c’était
la Paralos qui transportait les ambassadeurs athéniens13.
Une inscription de l’ile de Naxos nous fait connaître les
noms de cinq ambassadeurs envoyés aux Étoliens pour
compensation pour un tort, surtout pour un meurtre (II, 134- ; VU, 136 ; IX, 27, )20) ;
pour désigner la rançon, nous trouvons le motXùrjov, V, 77 ; au c VI, 79, il y a le
mot arcoiva, mais le mot semble pris ici au dialecte lacédémouien , n Piudare, sc
trouve le singulier Xùrpov, 01. II, 106 ; VII, 77 ; Isth. VII, 1 ; Pyth. IV, 1 12 ; de même
Esch. Choeph. 48 ; partout ailleurs on trouve le pluriel Xùrpu. — 6 Ed. Blass, XIV,
f. 76 : oTt aXoOfftiç ’OXûvflou ^ar.Tr; tyivsTo t5v alyixaXciTiov. — 7 Xen. Ages. I, 18; Ilesp.
Lac. XIII, tl ; Belle n. IV, t, 26. Les Dix Mille pratiquèrent le même système, Anab.
VI, 6, 38 ; VII, 7, 56 ; Alexandre avait en Asie un Ui -rSv fapSàpuy,
Arrien, Anab. III, 6, 0. — 8 Aristoclès, d'après Eusèbe, Praep. ev. XV, 2, 6, p. 792 ;
Grote, Bist. gr. XVII, p. 186, n. 2. — 9 Arislot. Oecon. 1349 b, 21 ; Diodore, XIV,
3, 4, raconte le fait d’une autre façon. — 10 Thuc. VII, 85 ; cf. encore le cas de
Callias Laccoploutos à Marathon, Plut. Arist. 5. — il Dem. Epist. Pliilipp. 3.
— 12 Acsch. De falsa leg. 15-20. — 13 Arrian. Anab. III, 6, 2.
183
LYT
— 1
454 —
LYT
payer la rançon de deux cent quatre-vingts citoyens faits
prisonniers1. Ces négociations offraient aux proxènes
une occasion de montrer leur zèle et de chercher des
moyens de conciliation entre leur patrie et la ville qu’ils
représentaient. C'est ce que firent les proxènes de Coreyre
à Corinthe ; ils se portèrent garants du paiement de la
rançon des Corcyréens faits prisonniers; il est vrai qu’il y
avait dans toute cette affaire une manœuvre politique*.
Ces prisonniers corcyréens étaient au nombre de deux
cent cinquante ; le chiffre total de la rançon fut fixé à
«00 talents, ce qui donne par tète 10200 drachmes, soit 3 ta¬
lents 1 200 drachmes. Ce chiffre a paru exagéré3 ; nous en
trouvons cependant de plus élevés ; ainsi cet Amphilochos,
qui, comme nous 1 avons vu, fut envoyé aux Athéniens en
qualité d ambassadeur, fut pris par Diopeithès et soumis
a une rançon de 9 talents*. De tels prix étaient assuré¬
ment exceptionnels. A l'époque d'Hérodote, le prix de la
rançon des prisonniers de guerre dans le Péloponèse était
de 'deux mines5. Aristote indique comme chiffre normal
de la rançon, vop.xôv otxatov, une mine, to gvaç Xuxpouaôai6.
Mais Eschine porte ce chiffre à un talent et cela pour un
homme d’une fortune moyenne 7 ; c’est aussi le prix que
nous trouvons pour la caution d’un citoyen 8. Démosthène
dit que les citoyens athéniens faits prisonniers par Philippe
se rachetèrent au prix de trois ou de cinq mines9;
Platon aurait été vendu vingt ou trente mines 10 ; àl’époquè
des Diadoques, une convention, conclue entre Démétrius
et les Rhodiens, à l'époque du fameux siège, fixa à dix
mines la rançon des hommes libres faits prisonniers11.
Nous trouvons donc plusieurs fois la tendance à établir
un prix normal pour la rançon d’un homme libre. Eschine,
Aristote indiquent formellement ce prix normal, mais
leurs évaluations varient dans de fortes proportions :
c est un talent, d après Eschine ; c’est soixante fois moins,
ou une mine, d’après Aristote. Des écarts si considérables
ne doivent pas surprendre. Sans parler des différences
causées par les variations du prix de l’argent aux diverses
époques, il faut tenir compte de ce fait, qu’ici une des
plus violentes des passions humaines pouvait se donner
libre jeu, la cupidité, le désir de tirer d’une capture le
plus de profit possible. Il y avait là un danger si grand,
que des tentatives sérieuses furent faites pour empêcher
les surenchères et les taxations arbitraires. C’est là
assurément un des côtés les plus intéressants de la
question. Des États s’entendent pour fixer le prix de la
rançon d'un prisonnier. D'après Hérodote, ce prix était
de deux mines pour les États du Péloponèse12; les com¬
munes Mégariennes, avant d’ètre réunies en une seule
cité, auraient fait entre elles une convention de ce
genre13; enfin le fait est assuré d’une façon certaine pour
Démétrius et les habitants de Rhodes14 : on fut d’accord
des deux côtés à fixer la rançon d’un homme libre
à 1 000 drachmes, celle d’un esclave à 500. Nous avons,
dans ces conventions, à la fois un des plus anciens
exemples du système du prix fixe, et aussi une des plus
1 Cf. Michel, Recueil, 410; Ditlcnberger, Syll. 244; cf. encore une inscription
de Théra dans les Inscr. gr. ins. mar. Aeg. III, n« 328 = Ditlcnberger, 921.
- Tliuc. 111, ,0, 1 ; Diod. XII, 57, 2; sur le rôle des proiènes, cf. Monceaux,
Les proxénies grecques, p. 17, 27, 72, 75, 77. - 3 La plupart des éditeurs de Thu¬
cydide proposent de corriger le passage ; Classen le garde eu faisant remarquer que,
si la rançon est si élevée, c'est que les prisonniers étaient les premiers de la cité.
— 4 Epist. Phil. 3. — o Hcr. VI, 79. — 6 Et h. Nicom. V, 10, p. 1134 4, 22.
— ‘ De /ah. leg. 100. — 8 Thuc. VII, 83 ; quand Denys prit Rhégium, il mit les
habitants à rançon ; d'après Aristote, Oecon. II, p. 1349 a, 21, il aurait fixé comme
prix trois mines ; d’après Diodore, XIV, 111, 4, il aurait exigé une mine pour les
anciennes tentalives d'assurance muiupll
cnlre doux partis en lutte. 1 ""“tracté,
de
Nous avons dit qu’en droit la condition d„
guerre, at^gaWoç , était la mènie P"Sonn‘ei
l’esclave, SoüXo?; qu’en fait une différent ^ Celle de
•existait> c’est
racheté au moyen d’une rançon. Cette"difr°l
nniircnncomin^en A _ , * c UUICp
que 1V.ZS«W0! était considéré comme p„Uïaiu . j
?°“r!°“!é?"enCe.I!e ™ général le sort dû" *’*
1 PHson-
• i . ovil^icu in sfn»!
mer plus misérable que celui de l'esclave x
parlons pas de certains cas où un désir qr,i ' f ,°US ne
geance, et aussi la nécessité d’avoir à .ardt dc ven'
nombre de prisonniers ont amené lev-ll grand
traiter avec cruauté. C’est ainsi, par exemnîpUr * les
conduisirent les Syracusains envers les An ’ .que se
l’armée dc Ntcias. Nous voulons p^d, ^ *
generale, de la façon dont étaient traités le, pi” ',M
dans des conditions ordinaires. L'usage était T
maltraiter, de leur rendre la vie pénible, «6„, sans dou®
de les obliger a se racheter au plus tôt. Le prisonnier 2
guerre était tenu aux fers et d’une façon très étroite II
suffira de rappeler combien furent gardés durement par
les Athéniens les Spartiates pris à Pylos15 Dans uni
discours attribué à Démosthène, il est question ’ d’un
prisonnier qui, longtemps après sa délivrance, portait
sur son corps les traces des blessures que lui avaient
faites les entraves dont on l’avait chargé 16. Agésilas était
obligé de rappeler à ses soldats que les prisonniers
étaient des hommes qu’il fallait garder, et non des
criminels qu’il fallait punir17.
Les discours des orateurs et les textes épigraphiques
nous font le mieux connaître la vie des prisonniers et les
conséquences qu avaient pour eux et pour leur famille
cet état de servitude et la nécessité d’avoir à payer une
forte rançon. Un Athénien est pris dans la guerre de
Décélie, et vendu; il rencontre enfin le comédien
Cléandre ; sa rançon est payée, il revient dans Athènes ;
mais il est resté si longtemps à l’étranger qu’il a perdu
l’accent attique, ce qui lui cause mille ennuis; on va
même jusqu’à rayer son fils, Euxithée, des registres du
dême ; c’était lui faire perdre ses droits civiques, et cela
parce qu’il a pour père un homme qui, avec un si
mauvais accent, ne peut être un véritable Athénien 18.
Le cas de Nicostratos est encore plus intéressant. 11 est
parti d’Athènes à la recherche d’esclaves fugitifs10; il est
pris par l’ennemi, amené à Égine et mis en vente. Il
s’occupe aussitôt de se racheter; sa rançon est tixee
à 27 mines : il écrit lettres sur lettres à son frère binon,
à Athènes ; il dit dans ces lettres qu’il est dans un état
affreux ; en effet, il pouvait encore, au moment du procès,
montrer la trace des blessures que lui avaient faites ses
Dinon, n’ayant pas
à Apollodore et
des
chaînes. Le frère de Nicostratos,
d’argent, emprunte 300 drachmes
part pour Égine. Nicostratos obtient alors que 1
signant
étrangers lui avancent le prix de sa rançon, en
un contrat, çuyypaçat, d’après lequel il seLD-„
. “J De leS' J69,
citoyens riches, et il aurait vendu les pauvres avec le butin.
- n Diod. XX, 84. — 12 VI, 79 : 'Axoïva Si Ht
, rnlvuv. Il est regrettable que nousn ayoa»
10 Diog. Laert. II, 20.
Syo (xvéai ztzay;xévai xkt ' avSpa atxf*àWcov éx-ctvetv. n vai icg»«-w » ^ ^
pas d’autre renseignement sur un fait si intéressant. — 13 ^ nicttre
pas d autre renseignement sur un fait si intéressant. ' o-e dc mettra
- 14 Diod. XX, 84. — 13 Thuc. IV, 48, 1 ; Aristoph. Nub. 186. Cet |cJ
aux fers les prisonniers élait ancien : les Athéniens consaerèrcod -'O^^^ ^ ^
entraves qui avaient servi à enchaîner les Chalcidiens pris ?» 1 „ rubul
. r «ai 18 Hnin. LMl»'-'*
entraves qui avaient - - -
— 16 Dem. LIII, C. Nicostr. 4. — « Xen. Ages. I, 21
; cf. Haussoullier, La vie municipale en Attique , p. 41
18 Dcm. LVdl
18
_ 19 Dcm.
LUI. C-
Nicostr. 4 et suiv.
1455 —
LYT
LYT —
. dang trente jours la somme prêtée, sous
rernt)0l"'i"l';lver le double s’il laisse passer le jour de
Peine 1 ' ( ||' peut alors revenir dans Athènes; là il essaie
léCll. (-!!iro prêter de l’argent pour faire face à ses engage-
desr '"j, s 'adresse, comme l’avait déjà fait son frère, à
T ïllodôre ; celui-ci, qui lui-même se trouve gêné en ce
A|)" , met en gage chez un banquier des vases à boire,
IKOnl(" ’.nnne d’or; il obtient ainsi 1 000 drachmes qu’il
,t jvficostrate. Malgré toutes ses démarchés, ce
dernier ne peut trouver tout l’argent qui lui est néces-
I aire P"ur sa rançon, car ses biens sont sous la menace
d'une hypothèque. Il a de nouveau recours à Apollodore,
il le prie de le sauver: « Avec l’argent que tu m’avanceras,
je me délivrerai de mes créanciers étrangers , puis je
m'adresserai âmes amis; je leur demanderai un eranos ,
et alors je te rembourserai ce que je te dois. Tu sais,
ajouta-t-il, que le prisonnier fait à la guerre devient
l’esclave de celui qui l’a racheté, s’il ne peut pas restituer
le prix de la rançon. » Apollodore se laisse toucher et,
comme il n’a toujours pas d’argent lui aussi, il emprunte
encore 16 mines à 18 p. 100 d’intérêt. Les charges qui
pèsent sur Nicostratos, par suite des dépenses qu’il a dû
faire pour se racheter, sont si lourdes, qu’il cherche à s’y
dérober, en frustrant son bienfaiteur ; de là le procès *.
Parmi les faits nouveaux que nous révèle ce récit, il en
est un qui mérite surtout d’être signalé, c’est cet article
de la législation athénienne d’après lequel un Athénien
qui ne restituait pas le prix de sa rançon à celui qui
l’avait racheté, devenait son esclave ; c’est le seul cas
pour lequel Solon avait conservé l’esclavage pour dettes,
peine si fréquemment prononcée dans les anciennes
lois d’Athènes. Il est intéressant de remarquer qu’une
disposition analogue se trouvait dans la législation
de la Crète et de Rome 2. Voici la prescription formulée
dans la loi de Gortyne : « Si un homme libre a été vendu
al ennemi, et si, sur sa demande, quelqu’un qui est
dans 1 obligation de le faire le rachète de l’étranger,
i seia a la disposition de celui qui l’aura racheté,
jusqu .! ci' qu il ait remboursé ce qu’il doit. S'ils ne sont
pas d accord sur la somme, ou si la personne rachetée
soutii ni ij h elle n a pas demandé son rachat, le juge sta-
ueivi, i ii prêtant serment, suivantles faits de la cause3. »
‘ 0Uï1 11 ,lV0ns parlé jusqu’ici que des hommes pris à la
l^' j1 ' 1KU 16 I11 sont plus particulièrement visés par
n' V' <do fi111 concernent la rançon ; mais personne
sJ 11 que, même en temps de paix, on n’était pas sûr
p0 1 hberté. Sauf dans les villes fortifiées, on
par ' *lfl(ïue instant être enlevé par des voleurs ou
encoiv, I'"f.t,.es' ^ ^époque historique, peut-être plus
de la (;g! 1 ' ^ocIue homérique 4, la piraterie est le fléau
quj 0n| " ’ chaque fois qu’une des grandes puissances
la Macéd °UI î l°Ur t**r'8é la Grèce, Sparte, Athènes,
lance (juvjp ’ d'sse se relâcher quelque peu la surveil-
ei exercn 1° i Xeice sur les mers, les pirates se montrent
UUs déprédations; ils sont même assez
* ^ un
U, 1882, p. 4C0 ^ A*0 rai'Con ap. lsae. VII, 8. Voir dans le Bull, de et
0,'ginaire d’Axos en Gw-'- U'' ^crc^ d<“s Étolions contenant l'histoire d’Epic
Locride, à An»Dhi«: "V ** 6S' '>r’s a 'a ëuorre avec sa mère et vendu ; emm
et s'occupe alors i ^ ,lacllet'5 (««vaXaSi.» t4 ; il se marie, a
cosnics qui ,, ' • a'r6 cons^a*or sa qualité de citoyen d’Axos ; il
^ l'oiinl aux synèdres des Étolicns, au stratège et à l'I
Pai'qu<
|h" "SC lettre établi- au x synèdrcs des Étolicns, au stratège et à l'I
'"l'I'issa, _ j j-y 1 sa filiation et racontant les événements qui l'ont corn
ctXLIX’.)3 0- t». 9). - 3 VU, 40. «
1 ans 09 Vnscr. jurid. grecques , voir les notes p.
nombreux et assez audacieux pour attaquer des villes et
emmener une partie de la population qu’ils mettent à
rançon J. En Grèce, dit M. Wallon, tout le monde vit sous
la menace de l’esclavage6, tout homme libre peut être
surpris, entraîné au loin, mis en vente, ou, ce qui était
plus profitable pour les voleurs, mis à rançon.
Ces misères mêmes avaient fait naître des institutions,
des usages qui avaient pour objet de les soulager et de
les adoucir. Si, dans Y Iliade , nous ne trouvons pas un
seul exemple d’un prisonnier renvoyé sans rançon, de
tels actes de générosité n’étaient pas rares à l’époque
historique. Les Athéniens, ayant pris Doriée, un des
membres de cette grande famille des Diagorides de
Rhodes, illustre dans toute la Grèce par une longue
suite de victoires aux grands jeux, lui-même sept fois
vainqueur à Némée, huit fois à l’Isthme, trois fois de suite
au pancrace à Olympie, furent touchés de pitié quand il
parut enchaîné devant eux et le renvoyèrent sans rançon
par un vote de l’assemblée7 ; les Syracusains agirent de
même envers le prince sicule Dukelios8. Les proxènes
étaient plus généralement l’objet de ces actes de géné¬
rosité9. Callicratidas, par une noble conscience de la
patrie hellénique, refusait de faire vendre comme esclaves
les Grecs prisonniers 10. A deux reprises, Philippe renvoya
sans rançon les prisonniers athéniens, la première fois
après la prise d’Olynthe11 et après Chéronée12.
Enfin, comme dans les États chrétiens au xvic ét au
xvii8 siècle, le rachat des prisonniers fut considéré comme
un des devoirs qu’imposait aux classes aisées ce senti¬
ment d’humanité qui est devenu la charité, et que les
Grecs désignaient par le mot tpiXotv0£<ü7rta.
L’institution de I’eranos trouvait ici une application.
Nous avons vu Nicostrate en parler à Apollodore13: « Je
demanderai a mes amis un eranos ». Ce qui veut dire que
Nicostrate demandera à ses amis de se cotiser pour lui
prêter la somme nécessaire à sa rançon, somme qu’il leur
remboursera un jour, mais sans avoir à payer d'intérêts.
D’après la loi de Gortyne i4, il y avait même là une véri¬
table obligation ; quand un prisonnier à la guerre
demandait à être racheté, un certain nombre de personnes,
probablement les membres de sa famille15, étaient dans
la nécessité de faire droit à sa demande et de se cotiser
pour le racheter. Pour les autres pays de la Grèce, et en
particulier pour Athènes, nous ne connaissons pas de
prescription aussi précise ; il semble qu’il n’y avait dans
ces pays qu’une obligation morale, mais elle était très
impérieuse, et très souvent nous la trouvons rappelée.
Les hommes politiques, les plaideurs, afin de se concilier
l’esprit des auditeurs, se font souvent gloire d’avoir
dépensé de grosses sommes d’argent pour racheter des
concitoyens prisonniers ; nous possédons aussi de nom¬
breux textes épigraphiques, qui nous ont conservé un
décret accordant une récompense, éloge ou proxénie, à
tel personnage qui s’est acquitté de ce devoir. « Pendant
que j’étais à Pella, dit Démosthène 16, mon occupation a
— 4 Od. III, 73-74 ; XV, 415. — S Dittenberger, 255 = Michel, 384. — 6 Hist. de
l'esclavage dans tant. I, p. 165. — 7 Xen. Bell. 1, 5, 9; cela n’empêcha pas les
Lacédémoniens do le mettre plus lard à mort, Paus. VI, 7, 2. _ 8 Diod XI 9=>
— 9 Conduite des Phliasiens envers leurs proxènes de Pellène, Xen. Bell VII « 16
- iO Xen. Bell. 1, 6, 4. - U Dem. De fais. leg. 170. - 12 Cf. surtout sur ceVacte,
Grote, Bist. gr. X\ II, 370. — 13 Cf. p. 13, n. 2 ; voir surtout l'ouvrage de P. Fou-
cart, Des associationf religieuses chez les Grecs, p. 143. — H Cf. note 3 à cette page
- 15 Les éditeurs du Bec. des inscr. jurid. ajoutent les membres d'une hétairie!
p. 467. — 16 De fais, legal. I6G.
LYT
— 1456 —
été de chercher les captifs, de leur rendre la liberté, soit
en puisant dans nia bourse pour la dépense, soit en
priant Philippe d employer au rachat de ces malheureux
les présents d'hospitalité qu'il nous offrait. » Philippe se
décide à renvoyer ces prisonniers sans rançon. Quelques-
uns s'étaient déjà rachetés en se faisant prêter de
1 argent, par Démosthène en particulier. « Je réunis
ceux à qui j avais prêté des fonds, je leur rappelai ce
que j avais fait; et, pour que ces pauvres gens n’eus¬
sent pas à se repentir de s’être trop pressés en se
i achetant a leurs frais, quand les autres allaient être
mis en liberté par Philippe, je leur fis don des sommes
exigées pour le rachat. » 11 est vrai qu’Eschine conteste
ce récit : « Démosthène, dit-il1, savait que Philippe
n a jamais exigé de rançon des prisonniers athé¬
niens ; il avait entendu les amis de Philippe dire
qu à la paix tous les prisonniers seraient renvoyés ;
lui arrivait, montrant avec ostentation un talent, somme
à peine nécessaire pour racheter un prisonnier d’une
fortune peu élevée. »
Dans les plaidoyers, comme on se faisait gloire des
liturgies qu'on avait acquittées, on se plaisait aussi à
rappeler qu on avait payé des rançons de prisonniers.
Mon père, dit un orateur, sans parler de nombreuses
liturgies, a doté des filles et des sœurs de citoyens
pauvres ; il a racheté des prisonniers faits à la guerre 2 . »
Les historiens signalent ce trait de bonté chez Épami-
nondas3, chez PhilopémenL Nous possédons de nom¬
breux décrets accordant des récompenses à ces libérateurs
généreux. L homme d État Àndrotion, l’ennemi de
Démosthène, reçoit des habitants d’Arcésina, dans l'île
d Amorgos, une couronne d'or de 500 drachmes avec le
Litre de proxène et de bienfaiteur, parce que, étant
gouverneur, entre autres services qu’il avait rendus à la
cité, il avait racheté des habitants faits prisonniers6.
Nous possédons deux décrets de proxénie, rendus sur la
1 Aescb. De fais. leg. 100. — 2 Lys. XIX, 59 ; cf. encore Lys. XII, 20 ; Isæ. V,
43 ; MI, 8 ; Hyper, f. 76 de Blass : Dem. VIII, 70 ; XVIII, 268 ; XIX, 169, 170, 229 ;
XX, 42; XXV, 86 ; Aristot. Rhetor. II, 24, p. 1401 a, 10. — 3 Corn. Nepos, Epam.
3. — * Plut. Pliilop. 4.-5 Bull, de corr. hell. XII, 224; Ditlenb. Syll. 112;
Michel, Rec. 377. 6 Corp. inscr.att. II, 193 ; le décret ajoute que le personnage
a rapatrié les captifs à ses frais. — 7 Ibid. 194; même observation pour le rapatrie-
ment des captifs. — 8 Ibid. II, 314 ; Dittenb. Syll. 197 ; Michel, 126. — 9 Corp. inscr.
ait. IV, 2, p. 48 ; sur ce Cléomis, cf. Isocr. Epist. VII, 8. — 10 Dittenb. Syll. 255 ;
LYT
r r il uxveur de
avaient délivré des prisonniers, les uns T8®8
en Crète6, les autres qui servaient comme ^ U°UVaient
dans l’armée de Darius, et qui avaient ,t“erce"airesj
bataille du Granique1. Un service analogue f.’8 à la
par Fhilippidès, du dème de Céphalé uni 1 " ''en,lu
maque, aux Athéniens faits prisonniers "1 **} LysU
d’Jpsus Cléomis de Méthymne recul aussi le H
proxène et de bienfaiteur pour avoir racheté des L *
pris par les pirates6. La ville d’Aegialé i “ï?
d’ Amorgos, est surprise par des pirates, q„i ’co.umetteut
de nombreux ravages et emmènent plus de trente fem" «
jeunes biles, citoyens; deux des prisonniers, HégS
et Antipappos, parviennent à obtenir la liberté des omS
en s’offrant comme otages, jusqu’à ce que les rançons
soient payées ; le peuple leur vote une couronne de lierre
parce que les captifs ont tous été sauvés sans avoir \
subir rien d’indigne10.
Les acteurs, qui à l’époque de Démosthène jouent un
rôle important dans les relations internationales qui
sont souvent choisis pour faire partie des ambassades,
ont ainsi l’occasion d’intercéder auprès du vainqueur en
faveur des prisonniers. On connaît l’histoire de l’acteur
Satyros obtenant de Philippe la liberté sans rançon des
filles de son hôte Apollophane de Pydna qui avaient été
prises dans Olynthe11. Nous avons vu que le père de cet
Athénien, nommé Euxithée, pour lequel Démosthène
composa un discours contre Euboulide, avait été pris
pendant la guerre de Décélie et qu'il avait été racheté
par le comédien Cléandre12.
Dans l’énumération de ces actes de générosité, il faut
citer le trait d’une affranchie, qui rachète son ancienne
maîtresse, prise par des pirates, et qui, en récompense,
est délivrée de l’obligation qui lui était imposée, par
l’acte d’affranchissement, de rester auprès de sa
maîtresse13. Albert Martin.
Michel, 384. Parmi les autres décrets analogues, nous citerons : Dillenbergcr, 244 =
Michel, 410 (280 habitants d’Aulonia, pris par les Étolicns et rachetés) ; Corp. inscr.
att. II, 143 (des prisonniers rachetés en Sicile et rapatriés); Inscr. gr. insul. maris
Aegaci , Fasc. 2, n° 15 (inscr. de Mytilènc) ; Dittenb. Syll. 921, inscr. de 1 Itéra; un
décret de Mycène, relatif à des prisonniers faits par Nabis, tyran de Sparte, cl
rachetés, cf. Michel, liée. 173 ; un autre décret analogue des Trézéniens, Bull, de
corr. hell. t. XVII, p. 108-109. — H Dem. De fais. leg. 194; Aesch. De fais. leg.
15G ; Diod. XVI, 55. — 12 Dem. LVII, C. Eubul. 18. — 13 Dittenb. Syll. 863. .
MAC
— 1457 —
MAC
M
rf « jjji MaxeXXov1, marché. - A l’origine, dans
, “Somai’-es. c’était sur le forum que à certains
16 tenait le marché. Puis, peu a peu, les forums
j°urs’ "J r èrent : de plus en plus, ils devinrent des
^fplimenade, de rencontre; on y tint des assem-
‘T nn v vota ; les tribunaux les envahirent. Les bou-
llk ’ JKênaient ces manifestations de la vie publique
"h S le commerce devait être également empêché par
V l'ouïes SOUYent tumultueuses, émigrèrent. C’est ainsi
• n, une les bouchers d’abord, dont la basilique Sem-
!la fit disparaître, en l’an de Rome 583 (=171 av.
I c \ les dernières boutiques 2, et les marchands de
cois'sons, comme eux jusque-là établis sur le forum3, se
transportèrent plus au nord 4 sur un nouveau forum, qui
fut appelé forum piscarium* ou piscatorium6. En même
temps se fondaient dans différents quartiers de la ville
des forums ou petits marchés ayant chacun leur spécia-
lil è:forumsuarium, forum vinarium, forum cupedinis ,
etc.', tandis que, sur le grand Forum, les monuments
et les magasins luxueux des orfèvres et les banquiers
remplaçaient les humbles boutiques d’autrefois8 [forum,
I, p. 1:178].
Mais bientôt se produisit un nouveau changement. Le
forum piscatorium fut remplacé par un grand macellum ,
le premier marché proprement dit de Rome, où se ven¬
daient tous les produits jusque-là répartis entre les
forums spéciaux9, où affluaient les denrées alimentaires
apportées des campagnes ou envoyées des provinces à
Rome10. Par suite, les forums spéciaux disparurent
presque fous successivement. Mais, comme tous les usages
s’établissent progressivement et ne sont pas créés d’une
seule pièce, nous voyons le mot macellum usité avant la
construction du premier édifice de ce genre : le forum
piscatorium , en effet, est appelé par Plaute tantôt forum
piscarium H, tantôt macellum 12 ; Tite-Live le nomme
aussi forum piscatorium 13 ou macellum 11 ; de même
le scoliaste de Térence attribue au forum cupedinis le
nom macellum16. En même temps qu’il portait déjà le
nom macellum , le forum piscatorium mettait aussi en
vente des denrées très variées16. De cela on peut donc
conclure que, lorsque le premier macellum dont nous
'enons de parler remplaça le forum piscatorium, ce fut
moins une création nouvelle que la consécration d’un
état de choses peu à peu établi. D’ailleurs, le nom et
institution sont d’origine grecque. Varron nous dit que,
1 scm tempst les Lacédémoniens donnaient encore aux
marchés le nom gotxeXXov 17. Il faut donc accepter avec la
1 mnee habituelle les étymologies présentées par les
anciens grammairiens 18.
Le macellum était au nord du Forum 19. On ne sait pas
à quelle date il fut fondé et peut-être n’existe-t-il pas de
date bien précise. En l’an de Rome 575 (= 179 av. J.-C.),
cet édifice, détruit par un incendie qui éclata au nord
du Forum, fut reconstruit par les soins des censeurs
Q. Fulvius NobilioretQ. Fabius Maximus20. Pas plus que
la date précise de l’apparition du premier macellum , on
ne sait celle de sa disparition. On a supposé avec vrai¬
semblance qu’il fut démoli quand son emplacement
devint nécessaire à l’établissement du forum d’Auguste 21 ,
et que cet empereur, pour le remplacer, éleva sur l’Es-
quilin le macellum Liviae 22 , appelé aussi forum Esqui-
linum 23 et, dans le régionnaire, macellum Livianum 2l.
C’est le nom de Livie qui a fait, avec raison, attribuer
à Auguste la fondation de ce marché. Il subsista long¬
temps. Les empereurs Valens et Gratien 1 ornèrent de
nouvelles areae entourées de portiques23, et son nom se
rencontre encore souvent dans les documents du moyen
âge26. On a découvert à Rome, sur l’Esquilin, via Principe
Amedeo, un marché avec son area , ses portiques et ses
boutiques qu’on a voulu, à tort, identifier avec le marché
de Livie 21. Celui-ci occupait, sur l’Esquilin, un em¬
placement connu, près de la porta Esquilina -8.
Un autre marché, le macellum magnum, fut élevé
par Néron29 sur le Cœlius30. On connaît un argenta-
riussl et un procurator macelli magni 32. Un fragment
du plan de Rome de Septime Sévère présente une partie
d’un portique garni de boutiques avec l’inscription
Fig. 473G. — Fragment du plan de Rome.
macellvm (fig. 4736) 33. Ce fragment étant isolé et la dési¬
gnation incomplète, on ignore s’il concernait le marché
de Livie, le grand marché, ou un autre marché dont le
nom ne serait pas parvenu jusqu’à nous. Si l'on en croit
le scoliaste d’Horace, chaque quartier de Rome aurait
été desservi par un marché34. La découverte faite via
Principe Amedeo semble venir à l’appui de ce texte.
On trouvait au macellum toute espèce de denrées ali¬
mentaires35 et de quoi organiser un repas complet36, y
compris les cuisiniers31. Les marchés des villes de province
dépendaient de la municipalité38. Nous venons de voir, a
Rome, le macellum magnum administré par un procura¬
teur39. Le marché de Lambèse, ayant été créé pour le camp,
avait une administration militaire4". On veillait parfois
gjj |(j ll1'1 1 ljf- Étienne, Thesaur. s. v.; Rio, LXI, 18. Dans des textes épi-
XX .'"''p.1 BuU' decorr ■ tiell. t. X, p. 420, no 29; XVII, p. 3, 6 ; p. 201, n» 45;
~‘Cf o ni 45 ’ p’ 131 ’ ~ 2 Liv- XLIV’ 16- - 3 plaut- CaPL IV’ 2> 748- s-
Curcui iv , rt’ Geschic,^und Topogr. der Stadt Rom, III, p. 207. — B Plaut.
- 1 Varr V ’ ' Ling' laL V’ U6- — 6 Liv- XL, 51 1 Colum. VIII, 17, s. fin.
barium ^ Am' 49 > ^'P- ^ig. I, 12, 11 ; Fest. ap. Paul. Diac. s. v.
Non., XII 30*°’ C°rP' inSCr ' laL l' I2’ P' 323 et 335 : X1V’ 110 430- — 8 Varr- aP'
loi. y ipfj.h 9 cP Tliédenat, Le Forum romain, p. 5. — 9 Varr. Ling.
— 12 pSfu^ ~ 1U PonaU ad Terent. Eunuch. II, 2, 25. — n Curcul. IV, 1, 481.
L. 1. _ u/j,) ' ’ 165- — 13 XXVI, 27. — 4 XXVII, 11. — 15 Donat. ad Terent.
CariuWu(l!-) 'aUl' Aulul- '•> ù 329, s. et apud Varr. Ling. lat. V, 140 : forum pis-
i. r. , |s|j fff M s’ 11 Varr. L. I. — 18 Varr. L. I. ; Fest. ap. Paul Diac. p. 125,
P« suite, du ' 44' — 19 Sur l’emplacement du forum piscatorium et,
10 llu‘ 1° remplaça, cf. les dissertations de Ritschl, Opuscul. II,
p. 393; Jordan, Bermes, t. II, p. 94; XV, p. 110; Urlichs, Muséum für Philo¬
logie, t. XXIII, p. 84; Becker, Bandbuch, t. I, p. 503; O. Gilbert, Gescli. und Top.
d. Stadt, t. III, p. 207, 209; Richler, lop. d. Stadt, p. 79. — 20 Liv. XXVII, 11.
— 21 Cf. Richter, Op. I. p. 79. — 22 Rio, LV, 8. — 23 Corp. inscr. lat. VI, 2223,
0179, 80. —21 Regio V; cf. Preller, Die Région, p. 13t. — 2» Corp. inscr. lat. VI,
H7g. _ 26 Armcllini, Cliiese di Roma, p. 056 ; Liber Pontificalis, passim
— 27 Bull, comun. II, p. 212, s. — 28 Ibid. p. 216. — 29 Dio, LXI, 18; Cohen,
Monnaies imp. t. 12, p. 288, Nero, n« 126, s.— 30 Regiones Urbis, Reg. IL —
31 Corp. inscr. lat. VI, 9183.— 32/iùf. 1648.— 33 Jordan, Form. Urb. Rom. p. 32,
n" 15, pl. xn, 60. — 34 Acr. ad Hor. Serm. I, 6, 113. — 35 Terent. Eunuch. II, 2,
24, s.’; Hor. Ep. I, 15, 31. — 36 Mart. X, 59. — 37 PHn. Nat. hist. XVIII, 28, 1 ;
Te'rcnt. L. I. — 38 Corp. inscr. lat. VIII, 9062 ; IX, 2638, 3162; XI, 423. —
39 Ibid. VI, 1648. — 40 Cf. Cagnat, Bull. arch. du Comité des tr. hist. 1890.
p. 455; Corp. inscr. lat. VIII, 18224.
— 1458 —
tlans les marchés à l’observation des lois somptuaires
qui prohibaient la vente de certaines denrées1. L’appro¬
visionnement du marché s’appelait onnona macelli -.
Lomme tous les monuments utiles ou agréables, les
marchés des municipes bénéficiaient souvent de libéra-
iu>. L est ainsi que nous voyons des citoyens généreux
orner ou reconstruire entièrement les marchés de Sae-
pinum \ Aeclanum *, Aesernia3, Histonium®, Marru-
vmm \ Herculanum8, Aletrium9, Préneste10, Viterbe11,
Tarquinii Tégée 13, Thyatire **, Mantinée15, Béziers16,
Narbonne1', Turca18, Timgad, etc.19. A défaut de largesses
privées, les municipalités d'Auzia20, de Corfinum **,
d Ariminium font reconstruire leurs marchés. A Aeser-
nia, le marché ayant été renversé par un tremblement
de terre, un particulier le relève, mais à la condition
que la municipalité fournira les colonnes et les tuiles23.
A Julium Carnicum, c’est l'empereur Sévère Alexandre
qui se charge de la reconstruction 2V.
I n marché se composait essentiellement d’une area 28
ou place rectangulaire (fig. 4737), souvent entourée
dt portiques*6 sous lesquels ouvraient des boutiques27.
Sui *e plun du marché de Pompéi que nous reproduisons
ummiui]
-P P o o o n a ri n
T T T T T T T T r F
Fig. 4737. Plan du marché de Pompéi.
tig. 4737), on voit I area centrale avec son portique:
1 un des deux côtés longs est garni de boutiques ouvrant
a 1 intérieur du marché et surmontées d'un premier étage
auquel on ne pouvait avoir accès que par des échelles;
1 autre côté long ouvre au contraire ses boutiques en
dehors sur une rue qui longe le marché. Cette dispo¬
sition semble avoir eu pour but d’éviter l’exposition au
midi, le soleil trop ardent pouvant nuire aux marchan¬
dises. De chaque côté de l’entrée principale, sur la façade,
les boutiques donnent sous le portique, en bordure sur
le forum à l’alignement duquel elles se conforment28.
Au marché de Timgad, Y area est également ornée d’un
portique. Les boutiques sont toutes disposées à l'intérieur,
contre le mur qui forme façade, et, à l’extrémité opposée,’
le long d’une abside semi-circulaire qui termine l’édifice29
(fig. 47 39) 30. Sur ses deux longs côtés le marché de
1 ouzzoles, appelé longtemps temple de Sérapis, pré¬
sentait des boutiques ouvrant alternativement sur l’inté-
MAG
rieur et sur l’extérieur ; d’autres boutiques
fde8a“s « a“ dehors, le mur de ?acL S“ie»1'
le fond du monument®1. Notre figure S
moment des fouilles, donne la vue d; 38 ’■**»*»
Fig. 4738. — Le marché de Pouzzoles.
boutiques et des débris du portique qui les abritait. Le
fragment du macellum représenté sur le plan de Rome
montre aussi une partie du portique avec ses boutiques
(fig. 4736) 33.
Nous ignorerions complètement l’aménagement des
boutiques sans la découverte, d’un intérêt unique, qui a
été faite à Timgad. Nous avons vu que l’extrémité du
marché de cette ville est occupée par un portique, en
forme d’abside semi-circulaire, à l’intérieur duquel
rayonnent sept boutiques. L’entrée de ces boutiques est
barrée, à un mètre environ du sol, par une belle et large
dalle en granit bleu supportée par deux montants et fai¬
sant une légère saillie en dehors de la boutique. C’est là
que le marchand exposait ses denrées. Ces boutiques
n’ayant pas d’autre ouverture ni dégagement, il fallait,
pour y entrer ou en sortir, passer sous ou sur la table en
pierre. Cela se pratique encore dans plus d’une boutique
de Tunisie ou d’Algérie31. Nous donnons (fig- 4739),
d’après MM. Cagnat et Ballu 3S, une vue de ce portique
semi-circulaire avec ses boutiques et leurs tables en
pierre. On sait, par une inscription, que M. Sempromus
Hymnus, citoyen de Yillajoyosa en Espagne, fit rétablir,
avec ses tables en pierre, le marché de sa ville natale
qui tombait en ruines36. Les marchés considérables,
celui de Livie entre autres, à Rome, avaient plusieurs
areae entourées de portiques 37.
Au centre de Y area du marché de Pompéi se dressent,
I Suet. Caes. XLIII. — 2 Varr. H. rust. III, 2, IG; Cic. Divin. II 27
3 Corp. inscr. lat. IX, 1169. - 4 Ibid. 2475. - 5 Ibid. 2653. - 6 Ibid. 28
— 1 Jbid. 3682. — 8 Ibid. X, 1450, 1457. — 9 Ibid. 5807. — 10 Ibid XIV 09
-U Ibid. XI, 3014. 12 Jbid. 3388.-13 Bull. corr. heü. XVII, p. 3, no 6 — 14 Ib
J- 4^’ /é,rf:XX' P- 12«® 145— 16 C. i. I. XII, 4248. - 17 Ibid. 44
°' Ihld ■ ' 123°3 — 19 R. Cagnat et A. Ballu, Timgad, p. 209; C. i
VIII, 2398, 2399. - 20 Ibid. 9062-9063. - 21 /«rf. IX, 3162 22 J XI 4«3 _
7W X, 2638. 24 Ibid. V, 222-235. - 25 Ibid. VI, 1 178 ; Cagnat et Ballu,/.
- 26 Terent. Adelph. IV, 2, 575; C. i. I. VIII, 9062-3; IX, 2475. 2638- Cagr
et Ballu, O. I. p. 189. — 27 Liv. XL, 51 ; C. i. I. V, 3288 : tabernac cm,,
ubi mercatas ageretur. — 28 Cf. Mau, Pompeji in Leben und Kunst , 1 00 4, p- ^
— 29 Cagnat- Ballu, O. I p. 197, s. pl. xxm. — ™ D’après Cagnal-Ballu, p • ^
— 31 Voir le plan d’Andrea de Jorio, Iticherche sul tempio di ^"Pj ' resiiere
zuoli, pi. v, et, d’après lui, Cagnal-Ballu, p. 211; T’asq. Pauiini, , anantt's.
aile antichità ...di Pozzuoli, Cuma, Baja e Miaeno, pl. XX!V, avr) ■ ,-nat- Ballu,
— 32 Pasq. Pauvini, pl. xxm. — 33 Jordan, Form. Urb. pl. xn, 60. l”|’en8en>[>lc
p. 198. Voiraussi, p. 199, fig. 90, une de ces boutiques, el pl.xxv cl xxm , ()-g_
de ce portique — 3.7 Ibid. pl. xxvn. — 30 C. i. I. IL 3570,
MAC
— 1459 —
MAC
diSp°sl'('
une pa
Iholus. Varron
(,,rcle, douze bases entourées d'une bordure
<S|'n,( douze pans. Ces bases supportaient des
P0lyg°na '' ‘'ourd’hui disparues, sur lesquelles reposait
c°lonnOS’ ‘^j^ipe quj abritait un bassin 1 . Ce petit pavillon,
unl0llC"' h' verrons tout à l’heure, existait dans presque
<Iui- n0Ubiu,.u.chés, sinon dans tous, et en était comme
l0l'S ' uic distinctive, se nommait, à cause de sa forme,
en faitmention : tholus macelli 2. On peut
ntrP fleure 4738 le tholus du marché de Pouz-
VOir sur noue **&
zoles, «'ont les
subslructions
étaient encore vi¬
sibles. H était
aussi circulaire et
soutenu par clés
colonnes dont les
bases étaient pla¬
cées entre des
petits murs exté¬
rieurs perpendi¬
culaires a la cir-
conféivncc. Qua¬
tre ose; tiers de
cinq marches, en
vis-à-vis, condui¬
saient du pavé de
l 'mra au niveau
suret vé du tho¬
lus3. frite même
partie du marché est figurée dans le macellum qui sert
de type à une monnaie de Néron (fig. 4740) 4. A Timgad,
le centre de Yarea était occupé également par un bassin
carré, mais non recouvert5. Les marchés d’Éphèse6, de
Pergé1, de Sagalassos8 offrent le même monument
central. Les débris trouvés sous le tholus du marché de
Pompéi ont suggéré à M. Mau l’opinion que là on écail¬
lait et lavait les poissons qui ve¬
naient d’être vendus 9.
Le marché de Pompéi avait une
salle plus grande que les autres
boutiques, avec, sur trois de ses
côtés, un étal ou comptoir derrière
lequel le marchand pouvait cir¬
culer. Cette salle qui est située tout
au fond du marché, à droite, sem¬
ble avoir été affectée à la boucherie
' ‘" ' laissons10. C’est sur le comptoir de gauche que
contenir du vin et d’autres liquides. L emplacement du
marché de Livie a donné de grands doliurns'3; dans le
marché trouvé sur l’Esquilin on a découvert des vases
de vin avec inscriptions, les boutiques d’un marchand de
couleurs et d’un parfumeur14.
Tout au fond du marché de Pompéi, la salle centrale
située en face de la grande porte d’entrée était surélevée
de plusieurs marches, ornée et consacrée au culte des em¬
pereurs. On y a trouvé dans des niches les statues d Oc-
tavie, sœur d’Au¬
Fig. 4739. — Boutiques du marché de Timgad.
Fig. 4 ; 40 . — Rot onde de
marché.
poisson; et, à cet endroit, tout était ménagé
Jl 1111 f" iliter 1 écoulement des eaux vers la rue. D’ailleurs
I |wii sans doute, dans les marchés, des endroits où
" <;la^ conservé vivant dans des piscines11. Les
ch.i| ! 1 s du même marché contenaient des figues, des
serV('lh|KS’ C*es Pruneaux, des raisins et des fruits con-
(les ’q ^es bocaux en verre, des lentilles, des grains,
sentln'i"]' '* *?eS me^s préparés 12. Des peintures repré-
SOn (|( ' 1 h oiseaux vivants ou tout dressés pour la cuis-
poissons d’espèces variées, des vases destinés à
guste, et de son
fils Marcellus, et
des débris ayant
vraisemblable¬
ment appartenu à
une statue d’Au¬
guste, dont le pié¬
destal, au centre,
existe encore.
Deux autres ni¬
ches étaient vi¬
des 15. Le marché
de Pouzzoles se
terminait égale¬
ment par une ab¬
side 16 au fond de
laquelle se trou¬
vait une niche
ayant probable¬
ment donné asile à une statue de divinité17. Sur la
monnaie de Néron, au fond du marché, comme dans les
temples des types monétaires, on voit une divinité
(fig. 4740). Il y avait donc dans les marchés, et à une place
d’honneur, un local orné, consacré au culte. On a trouvé
à Bracara, en Espagne, une dédicace au genio macelli1*.
Le marché de Pouzzoles était muni de deux latrines19.
On n’en a pas trouvé dans celui de Pompéi, mais les
latrines publiques du forum étaient en face [latri.xa,
p. 989]. Sous le marché delà via Principe Amedeo, tout un
système d’égouts entraînait les eaux et les détritus, tan¬
dis qu’un canal faisant tout le tour de Yarea servait au
même usage, sans doute aussi au lavage et, en même
temps, recevait l’eau de pluie provenant des toitures20. Il
semble, d’après des inscriptions, qu’il y avait aussi un
canal au marché de Pouzzoles 21 .
Les marchés étaient pourvus de balances et de poids
conformes aux prescriptions légales. Les poids et les
mesures officiels, à Pompéi, étaient dans un petit édifice,
sur le forum, en face du marché22. On voit des citoyens
d’Ostie23 et d’Aumale24 faire don de poids au marché de
leur ville. Les fouilles du marché de l’Esquilin ont mis au
jour des poids et des balances 25.
Plus ou moins riches suivant la prospérité des villes
auxquelles ils appartenaient, les marchés n’en étaient pas
moins des constructions soignées et ornées. Les citoyens
généreux contribuaient à leur ornementation : ornatus 26,
ornamenta 21 ; ils les enrichissaient de marbres 28 , de
o. /. p 8f .
Villon central et i ' 3/' ^°*r P* 87, fig. 38, la reconstitution de ce
Ri««, Satur. rrl- U portique du marché de Pompéi. — 2 Ap. Non. VI, 2, p. 448;
iinp. rom )' *!;, 18,1 ’ '^arl- H, 89. 2. — 3 Pasq. Pauviui, pl. ram. — 4 Cohen,
~ Palkcucr, Ephe P' 288, Noro’ n° 12c- " 5 Cagnat-Ballu, O. I. p. 190, fig. 85.
1,1 Pisiilir, t. ]] 'p | 'll(l’ P ban ; Laukorowski, Les villes de la Pamphylie et de
' 'a I'. 30 n, __ 1 . ' Nicman et Petersen, Les villes de la Pamphylie , plan
Laukorowski, O. I. t. I[, p. 135. _ 9 Mau, O. I. p. 86.
— 10 Ibid. p. 87. — 1* Varr. H. rust. 111, 17 : macellum piscinarium — 12 Mau,
O. I. p. 86-87. — 13 Ibid. p. 90. — ** Bull, comun. t. II, p. 214-215. — 1» Ibid.
_ 10 Mau, Pompeji. p. 90. — 17 Voiries plans, L. I. ; Pasq. Pauvini, p. 65; Cagnat-
Ballu, p. 211. — 15 C. »• I. XII, n» 2413. — 19 Cagnat-Ballu, p. 212 et fig. 98.
_ 20 Bull, comun. II, p. 213. — *16’. i. I. X, 1690-1692. — 22 Rretou, Pompeia, p. 137;
Mau, Pompe ji. p . 83. — 23 C. i. I. XIV, 375, 423. — 24 /Ait/. VIII, 9C62. — 25 Bull, co-
mun.ll, p. 214-215. — 26 C. i.l. XIV, 2946. —27 Ibid.X, 450,457. — 28 Ibid. IX, 2475.
MAC
U60 —
colonnes', de mosaïques*. On a retrouvé au marché de
Pompéi de belles peintures représentant soit des sujets
mythologiques, soit des denrées alimentaires, et de belles
statues*. Le marché de Timgad, quoique beaucoup plus
pauvre, était orné aussi de statues 4 et de sculptures
(1 un mérite réel ’. Il en était de même pour le marché de
Pouzzoles 6.
Si l'on veut se faire d’un marché romain une idée bien
exacte, il suffira de prendre, en y rétablissant les lois de
la poispectixe qui ne peuvent pas être observées dans un
type monétaire, le marché qui figure sur la monnaie de
Néron (fig. 4740) 7. On y verra l'area entouréede portiques
avec l’étage supérieur; au centre le tholus et, au fond, le
sanctuaire de la divinité. Henry Thédenat.
MACERIA, IMAGERIES. — Clôture faite de pierres, de
briques cuites ou crues, de pisé1, de terre et cailloux
mêlés2, le plus souvent assemblés sans ciment3; mais il
y en avait aussi de régulièrement construites en bonnes
pierres jointes à la chaux4. De pareilles clôtures entou¬
raient dans la campagne une vigne, un bois, un jardin,
une garenne5, ou servaient d’enceinte autour d’une
maison6, d’une villa7, d’un tombeau [sepulcrum]. César
donne le même nom8 à un rempart placé derrière un
fossé. E. Saglio.
MACHAERA (Mrfyatoa). — Épée, coutelas à un seul
tranchant. Cette arme est déjà nommée dans Y Iliade1 où
elle est distinguée du ijtooç, épée ordinaire [gladius], et
parait être un couteau suspendu au baudrier à côté
de l’épée. Chez les écrivains des temps postérieurs,
les deux armes sont souvent confondues; quand leur
emploi est précisé, le mot gayaipa désigne un glaive qui
n a qu un tranchant, par opposition au çiçoç qui en a
deux. Xénophon est particulièrement explicite sur ce
point, dans un passage2 où il dit qu’il préfère pour la
cavalerie la gâ/aipa au Çàpo;: elle fera, dit-il, plus de mal
à l’ennemi, parce que le coup sera plus efficace porté de
haut avec une lame telle qu’une xo tu;, c’est-à-dire une
lame courbe et faite pour frapper de taille. C’est là le
caractère que Xénophon veut marquer, et c’est pourquoi
il rapproche les deux mots gxÿ'aipa et xoTtt'i;3; quelquefois
il les emploie l’un pour l’autre, comme d’autres auteurs,
quoiqu'il n’en ignore pas la différence [copis].
La (j-â/xtpa est à la fois pointue et tranchante d’un
côté. Elle n'a pas la forte courbure de la copis que l’on
comparait à celle d’une faucille. Nous la reconnaîtrons
sur les vases peints dans ce grand coutelas souvent
figuré dans la main des guerriers, dont la pointe reste à
peu près dans l'axe de la poignée, le dos droit ou légè¬
rement arrondi et le taillant convexe ou creusé à la base
(fig. 4741) 4, dans la partie la plus épaisse de la lame
l Corp. inscr. lut. L. I. ; Bull. corr. hell. t. XX, p. 125.— 2 C. i. I. IX, 2854.—
3 Mau, Pompeji, p. 87, s. — 4 Cagnat-Ballu, p. 188, s. — 5 Ibid. p. 200, s. —
« Pasq. Pauvini, p. 64. — 7 Cohen, Monnaies imp. 12, p. 288, Nero, n» 126.
MACERIA, MACER1SS. 1 Varron, De r. rust. I, 14, 4, distingue les contrées
où ces divers matériaux étaient employés. — 2 Cf. Plin. Uist. nat. XXXV, 48, 1, et
Schneider ad Varr. L. I. — 3 Apul. Florid. 23. — 4 Cat. Jt. rust. 15. — 5 Varr.
111, 5, 12 et III, 12, 3; Serv. ad Georg. 11,417; Sisenna ap. Non. s. v. ; Tescus, Ad.
' i 7, 10; Sic. Flacc. p. 138; Lacbman. Prud. Hamart. 227. Voir Promis, Vocab.
latini di architettura , p. 127. — 6 Cic. In fam. XVI, 18. — 7 Sisenn. L.I.- 8 Bell
gall. VII, 69 et 70.
MACHAERA. I //. III, 271 ; X, 844; XVIII, 597; XIX, 252; cf. Lel.rs, De Aris-
tarchi studiis homericis, 2« éd. Leipz. 1865, p. 89. — 2 Eq. XII, 11. Xénophon
distingue encore les deux armes, Hist. gr. III, 3, 7; Cyr. I, 2, 13. — 3 Euri¬
pide, Cycl. 241, emploie le môme mot adjectivement à côté de pi/aipa ; xontSx;
uaya(f«5 ; cf- fl- Estiennc, Thesaur. s. v. et ad Xenoph. 1581, p. 24. — 4 C. Robert,
Scenen der 1 lias und Ailhiopis , Hall, Winckelmanns progr. 1891, pl. m; à rap-
MAG
qui va s’élargissant du bas et ne se rét ■ •
qu’en s’approchant de son extrémité 011*1 °l S’eflile
vent munie d’une garde en avant, avec SOu‘
terminé par un pommeau ordinairement conl ^
crosse ou ayant la forme d’une tête d’mi U1'n,; en
mal (fig. 4742) 5 . ani'
Comme la xot icfç, avec laquelle elle se
confond aussi dans cet emploi, la aâya!'ox
servait encore à ceux qui dé¬
coupaient les chairs des ani¬
maux, soit dans les sacrifices
soit dans la cuisine6, opéra¬
tions qui n’en faisaient qu’une
àl’origine et qui pendant long¬
temps ne furent pas séparées
[lanius, coena, p. 1270] ; pour
l’une et pour l’autre on n’avait
pas des instruments différents;
c’étaient les couteaux mêmes
qu’à la guerre on portait à la
ceinture. On ne peut donc s’é¬
tonner d’en voir un, semblable
à larme qui a été décrite, en
usage encore par la suite dans
les sacrifices, par exemple dans .Fig. 4741.
la figure 4743, d’après un vase Épécs cn formc dc ”cou!elas-
peint 7 [cf. copis, fig. 1933 ; voir aussi culter, p. lo54
et suiv.].
Le mot p.xy’oupoi et ses diminutifs gayaipiov, gayatptç, ser¬
vent à désigner aussi un scalpel
de chirurgien ayant pour caractère
d’être pointu et à tranchant con¬
vexe8; un rasoir9, dontlaforme de¬
vait être analogue, et enfin dps ci¬
seaux10; nous trouvons là encore
des indications sur ce qu’était
l’arme du même nom.
Le mot machaera, dans le sens
d'épée, est employé par les auteurs
latins11, et on voit par plusieurs
passages qu’ils appelaient ainsi
un glaive allongé, pointu et à un
seul tranchant que l’on saisissait
4742.
4743. — Couteau de sa¬
crifice.
à deux mains 12. On sait aussi qu’ils Fig
avaient adopté la machaera ibé¬
rique à la suite de la seconde guerre punique13. Denys
d’Halicarnasse donne le même nom aux épées des Gau¬
lois : c’étaient, dit-il14, de très grandes xonîSsç. Ailleurs
le même nom s’applique à un couperet de boucher .
E. Saglio.
proclier d’autres vases, notamment de celui du Musée de Naples,
Vaseiisamml. d. Museo zu Neapel, n. 2422; Id. lliupersis, II, > ^'/s'
XIV, 41. Voir encore de Luynes, Descr. de quelques vases , al , ^ ynscs de
zonenvase von Ruvo, I; Gerhard, Auserl. Vasenb. pl. cvii; de Laborde,
Lamberg, II, pl. xvii. — 5 Dullet. de la Soc. des Antiq. de > ^
p. 221 ; cf. Carapanos, Dodone , p. 238 (Heuzey) et gladius, fig. 5,1 10- ,
III, 271; XIX, 252; Herod. II, 41; Piud. Nem. VII, 42; Ol. I, 401 ;
403; Aristoph. Thesm. 700 ; Pac. 946, 1015; Equit. 492; Plat. c°“\ap’ w W;
Schol. Pac. 946. -7 Monum. d. T Inst. VI-VII, 1860, pl. xxivu. - «‘PP . ’
cf. Aristot. De gen. an. V, 8, 13. — 9 Poli. X, 89 ; Photius, M:«v 1**7“ ?
- 10 Mc *«*.•»., ou Poil, n, 32; Aristoph. l
Lucian. Adv. ind. 29. — » II est fréquent chez Plaute, Cure, lu, 5gg ;/,v. 212;
Ilud. II, 2, 9 ; Mil. I. 1, 53, etc. On le trouve chez Ennius, Ann. < ^ ^ hetief-
chez Caccilius, Com. 69. — 12 Plaut. Truc. II, 6, 25 , Polyb. ’ " __ 14 Ap.
V, 24; Isid. Or. XVIII, 6, 2. - 13 Polyb. L. ,5.
Mai, Script, vet. II, p. 4-83 : KoictÆe; uitepfv/iîtets.
MAC
— 1461
MAC
au
vis Ixo/
,VA Mvj/avY|). — Les termes M/mi et machina
,|A<; . M| d’une façon générale, chez les anciens,
^T-nven’tion ingénieuse, ou, en un langage plus
l0Ml ■ tout appareil ou moyen mécanique qui faci-
^lTtraàil de l'homme ou augmente sa puissance1.
liu 1 1 ■ Initions arecs distinguent deux sortes de ma-
■ ,,s les simples et les composées. Les premières sont
C "nombre de cinq : le levier (g.ozX ôç), le coin (o-cp^v), la
)rj: la moufle (itoXûffiradTov), et le treuil (açwv h
. Les secondes, très diverses, sont des corn-
biniisons des simples. Parmi les machines simples on
, croire que deux an moins, le levier et le coin, étaient
connues dès la plus haute antiquité 3. La première allu¬
sion certaine à une poulie ou moufle sp trouve dans les
Mechanica attribues à Aristote , et qui sont, en tout cas,
d'un contemporain. Mais l'usage de la poulie, et aussi du
treuil, est certainement bien antérieur ; nous verrons, en
effet, plus loin :i que dès le v° siècle les apparitions des
dieux sur le théâtre se produisaient au moyen d’un appa¬
reil, appelé yspavo; ou g^avi j, lequel n’était autre chose,
comme l’indique le premier nom, que ce que nous appe¬
lons aujourd’hui une grue 6 ; or, une grue, si rudimen¬
taire et si simple qu’on la suppose, ne saurait se passer
d’une poulie et d’un treuil. Quant à lavis simple, le seul
fait qu’on attribuait à Archimède l’invention de la vis
sans fin , qui en est un perfectionnement, prouve bien
qu’elle était déjà connue avant lui [cochlea].
Toutefois l’invention et la construction des machines
resta pendant des siècles une affaire d’instinct et de rou¬
tine, Selon Diogène Laerce1, Archytas fut le premier qui
appliqua la géométrie à la mécanique, et traita théorique¬
ment de celle-ci8. Après lui, il faut citer l’auteur des
Mechanica , dont nous avons déjà parlé. Ce livre est une
série de trente-cinq questions, relatives pour la plupart
au levier 9. On y voit que, dès le ive siècle av. J.-C., la
théorie mathématique du levier était à l’étude, et que
c était dès lors un principe connu que, si la puissance et
la résistance tiennent un levier en équilibre, elles sont
inversement proportionnelles aux bras de ce levier 10. Les
questions posées dans ce traité ont un intérêt pratique
ou purement scientifique. Exemples : Pourquoi les véhi-
Ml.! ' l,0arvus cle grandes roues sont-ils plus aisés à mou-
'ou qco les véhicules à petites roues 11 ? Pourquoi est-il
j 'N I," de d extraire les dents avec des tenailles qu’avec
s "" ■ Pourquoi tout projectile, une fois lancé,
l"11 PP1 ■ Pourquoi, dans une eau tournante, les
uiivn S°nl "^S entrainés vers le centre u? Dans le même
/,yJ 'P aPparaît aussi déjà quelque notion du paral-
tj;rm forces et du principe des vitesses vir-
’ P auteur du fragment De
°tlnbué à Euclide,
“^centre*1 J)0^s sPédfique. Enfin le terme même de
( 1 gravité » (jcsvtpov pàpouç) doit avoir été
" Machina ost con t /n ^ n * * ^°n C^ue ProPose Vitruve, X, I, 1, est tout à fait insuffisante :
vil'l>.lcs g ,, "IU1S cx maleria conjunctio maximas ad onerum molus liabens
tell,!.... Xlensiou du mnt ï) _ : . 7y: _ i . v _ i.
giucui j uc levi et ponderoso,
semble avoir pressenti ce qu’on
P- 37 ; Memorie d. Accad. delle Scic?ize di
mathematics * ai ^ machinator. — 2 J. Gonv, A short history of
h'tlura presm ,• lc,lsl0n ni°f machina, voir Promis, Di arcliitetli e Varclii-
b£ iVÆ? 1871>
|OQ I v ■
y'eil'nû ; voir plus ]jàs *' ‘ ' ** conv>endi'ait, semble-t-il, d'y ajouter le plan
* Ct sujet Choisy // °S^ <le 'a mécanique des Égyptiens, p. 1402, — 3 Voir
"" ,1- 1471. - G fj jf’f- de Carchitect. I. I, p. 4 sq. et les figures. — 4 C. 18.
1,1 frtech. u. 1|mncr, J echnol. und lerminol. der Gewcrbe u. Künstc
a>,‘is sans garantie snrr*' **’ ~ 1 VIII, 83. — 8 Ou lui a attribué parfois,
( I1- lis. n t, . , ,llllli lu découverte de la poulie cl. de la vis. Voir J. Gow,
- Aulu-llello, X, 1»,
V ,
2, parle aussi d'une colombe mécanique, inventée
inventé avant Archimède, puisque celui-ci en use à
tout instant sans le définir.
Néanmoins, les premières études vraiment scienti¬
fiques des lois de l’équilibre et du mouvement datent
d’Archimède. Deux de ses traités se rattachent à la méca¬
nique : 1 un intitulé ’E7ti7t£8ü>v IcoppoTtiai (ou Mï^avixâ) sur
1 Équilibre des plans , l’autre Ilspt twv ûoart éçpbjTap.évoiv vj
7ispl ôy ougévwv sur les Corps flottants. Bien que ces œuvres
fussent surtout spéculatives, 'et qu’Archimède, selon 1*1 u-
tarque 1G, eût peu d’estime pour les applications pratiques,
ilestcertain cependant qu’un très grand nombre d'in¬
ventions utiles lui sont dues. De ce nombre sont la vis
creuse, dite vis d'Archimède (xo^Àiaç), qu'il imagina,
selon les uns, durant un voyage en Égypte, pour dessé¬
cher les marais du Nil, ou, d’après les autres, pour épui¬
ser la sentine d'un navire monstre, construit par Ifiéron
[c O CH le A J 17 ; la vis sans fin (IXiç) et la moufle (7coXû<r7ta<7-
xov), employées, suivant la légende, à traîner à la mer ce
même vaisseau18; la théorie du levier dont il sentait
à ce point la puissance qu'il disait : « Donnez-moi un
point d’appui, et je soulèverai le monde19»; la créa¬
tion de l’hydrostatique, à laquelle se rattache l’anecdote
bien connue (sup-rjxa)20; enfin, nombre de machines de
guerre21. C’est surtout à propos de celles-ci que la légende
s’est donné carrière : on racontait qu'Archimède, pen¬
dant le siège de Syracuse par les Romains, avait inventé
des machines qui lançaient des pierres ou des traits à
une distance considérable et d’autres qui, saisissant avec
un croc les galères ennemies, les laissaient retomber
dans la mer ou sur les rochers. On disait même qu'il
avait réussi à enflammer ces galères à distance, au moyen
de miroirs22. Ce dernier trait est sans doute fabuleux :
ce n’est peut-être qu’une interprétation naïve des
observations qu’Archimède avait consignées, dans
son traité de Catoptrique , sur la réfraction et sur les
miroirs ardents.
Après Archimède, il faut mentionner encore plusieurs
constructeurs de machines, d’un talent éminent. Ctési-
bios23, qui vivait au 11e siècle, découvrit le premier la
force élastique de l’air, et s’en servit comme puissance
motrice : il construisit notamment sur ce principe un
pierrier à air comprimé (ispovovoî), analogue probable¬
ment à notre fusil à vent 24. Ctésibios avait exécuté aussi
plusieurs appareils hydrauliques25 : le plus important
esL la pompe aspirante et foulante qui porte son nom 26
(' Ctesibica machina) [sipiio]. On lui doit encore la pre¬
mière horloge à eau ou clepsydre27 [uorologium], les
orgues hydrauliques 28 [hydraulus]. A côté de ces inven¬
tions utiles et pratiques, Ctésibios en avait imaginé une
foule d’autres qui n’étaient que curieuses et « divertis¬
santes pour l’oreille et les yeux », dit Vitruve29. Il avait
expliqué et décrit toutes ces inventions dans un livre,
aujourd’hui perdu, intitulé 'Y7rou.vvjgaTa.
par Archytas. — 9 J. Gow, O. I. p. 189, n. 2 et 237. — 10 Quaest. 3. — il Quaest.
11. — 12 Quaest. 21. — *3 Quaest. 33. — 14 Quaest. 36. — 13 C. 1 cl 23. _ 10 Vit
ilarcell. 14. — 17 Dioil. 1, 34; V, 37 ; Vit. X, 0(11); Pbil. III, p. 330, éd. Pfeiffer.
— 18 plut. Vit. Marcell. 14; Atbcn. V, 207 A-B; Galou. In l/ippocrat. de artic.
IV, 27 (XVIII, p. 747, éd. Kiilin) ; Orib. IV, p. 407, éd. Busscmakcr-Davemberg.
— 19 Tlzelzes, Chil. Il, 30. — 20 VU. IX, 3. — 21 Polyb. VIII, 7 ; Tit. Liv. XXIV, 34 ;
Plut. Vit. Marcell. la. — 22 Remarquer, du reste, que cette histoire, répétée à
satiété par les écrivains postérieurs, sc rencontre pour la première fois chez Lucien
(Hipp. 2). — 23 F. Snsemihl, Geschichte der griech. Littéral, in der Alexandri-
nerz. I. p. 734-6 cl les noies. — 2t Pbil. lietop. [Mathemat. veteres, éd. Thévcnol,
Paris, 1693), p. 77.-23 Vil. IX, 8(9), 4.-20 ],(. X, 7 (12), t. — 27 Id. IX, 8 (9). 4.
— 28 Id. IX, 8 (9), 2. 29 X, 7 (12), 4; of. Procl. In Euclid. p. 41, 8 sq. Friedl.
184
MAC
— 1462 —
MAC
Héron d'Alexandrie1, élève de Ctésibios, se distingua
également dans la mécanique théorique et dans la méca¬
nique appliquée. Deux de ses ouvrages surtout méritent
d cire signalés ici. Dans les M^avixa, « il traitait du centre
de gravité, donnait la théorie générale et les conditions
d'équilibre et de mouvement des cinq machinessimples....
11 traitait aussi de la puissance des roues, et spéciale¬
ment des roues dentées, et de beaucoup d’autres pro¬
blèmes applicables à l'utilité pratique2 ». Un autre
ouvrage d’Héron, qui portait le titre de BapoùXxoç, était
consacré sans doute à la théorie des machines destinées
a lever les fardeaux. On a de lui également un important
traité (IIvE'juxTixi) sur la mécanique des gaz et des liquides.
Cet ouvrage « oflre des applications ingénieuses des con¬
naissances que les savants alexandrins possédaient en ce
qui concerne la force élastique et motrice des vapeurs et
des gaz, soumis à l’action de la chaleur et de la pression,
et spécialement en ce qui concerne l’action que ces va¬
peurs et ces gaz, comprimés ou dilatés, exercent sur
l’équilibre ou le mouvement des liquides. On y trouve
décrits, notamment, un tourniquet mil par l'échappe¬
ment de la vapeur , la fontaine intermittente et la fon¬
taine à compression, avec sa pompe foulante à air3.
Au milieu d une foule d'objets d’amusement, on y ren¬
contre quelques instruments d’une utilité réelle, tels que
les ventouses mécaniques sans feu, les seringues pour
aspirer le pus des blessures, diverses espèces de lampes,
les siphons, la pompe à incendie et l'orgue hydrau¬
lique 4 ». Très important aussi était un traité en quatre
livres sur les horloges hydrauliques, IIspt uSptwv d>p oaxo-
"e'-ojv. Deux ouvrages, les Aùtojjkxtix et les Zûyia, ce dernier
perdu, appartiennent à ce queles anciens appelaient ôauua-
to7coit|tix^, c’est-à-dire à la physique amusante. Le pre¬
mier traité des machines automatiques 5, les Z ûyta (ce
nom parait venir de Çfiyoç, fléau de balance) décrivaient,
à ce qu’il semble, « certaines petites machines amu¬
santes, construites d'après les conditions d’équilibre et
de mouvement des corps solides autour d’un point d’ap¬
pui et de suspension0 ». Enfin Héron était l’auteur
d'une Catoptrique amusante, et de plusieurs ouvrages
sur les engins de guerre.
A ers le même temps, Philon de Byzance composa un
ouvrage d’ensemble sur la mécanique, M-qyavixT] ffovraljiç,
en neuf livres ‘. Le premier livre traitait de mécanique
pure. Dans le second, il s'agissait de la théorie du levier
et des machines fondées sur ce principe (goyXtxâ). Les
suivants, dont les noms indiquent suffisamment les
sujets, étaient intitulés XigEvoTto tcxdt ( De la construction
des ports), (kXommxx (Des machines de jet), 7tv£U(x<mx«,
aÙTOp.aTO7TOl7)TlX0C, 7toX'.OpX7]TtXX, etc.
Après ces grands noms, la mécanique appliquée aussi
bien que les mathématiques pures déclinèrent rapide¬
ment à Alexandrie8.
A Rome, il nous faut citer Vitruve, qui n’est pas un
savant original, mais dont le livre De architectura est
très précieux pour nous, parce qu’il a décrit en détail
nombre de machines, en usage de son temps, particuliè¬
rement les machines élévatoires et hydrauliques 9.
1 Suscmihl, O. I. p. 737-744; Tb.-H. Mari in, Jiecherch. sur la vie et les
ouvr. d Héron d Alex., dans les Mém. présent, par div. sav. à V Acad, des
inscr. et b. lett. 1” série, t. IV; J. Gow, O. I. p. 276 sq. — 2 Th. -H. Martin,
O. I. p. 30. — 3 Chose étonnante, la fontaine dile fontaine d' Héron n’y est
pas décrite. — 4 Ibid. p. 4C-47. — & Prou, Les théât. d’automates en
Grèce , dans les Mém. présent, à VAcad. des inscr. et b. lett. lrc série, t. IX.
Il ne saurait être question, naturellement t
ici une énumération complète des machi donncr
chez les anciens. On trouvera chacune d’ofl?" .Usa»B
décrite à son nom. Toutefois, on peut les divl^?
sieurs catégories principales. en l)lu-
I. Machines employées dans les métiers ou
qui ont pour but de satisfaire aux besoins n 4
la vie, par exemple les machines à moudre le blé h?
4 fouler’4 fabri<l"er n™* « le vu [P»ÏU1M, J„E0Tl‘l-
torcular], a tisser [tel*], les i„slrumeilts’
[rustica res], etc. Parlant de ces machines Vitruve !-
prime ainsi : , Ce qui est le plus nécessaire et qui a dé
invente avant toutes les autres choses, est le vêtement
pour l’inventer, il a fallu, à l’aide de plusieurs instru
ments, trouver moyen d’entrelacer la chaîne avec la
trame, et cet entrelacement a produit une chose qui n’est'
pas seulement nécessaire pour couvrir le corps, mais qui
lui sert d’un grand ornement [tela]. Nous n’aurions
aussi jamais eu l’abondance des fruits dont nous
sommes nourris, si l’on n’avait trouvé l’invention de
se servir de bœufs et de charrues [aratrum, juglm •
et sans les moulinets et les leviers qui servent aux pres¬
soirs, on ne pourrait faire des huiles claires et des
vins agréables, comme nous les avons [vectis, prelim,
torcular] ; et tous ces biens ne pourraient être portés
d'un lieu en un autre, si l’on n’avait inventé les charrettes,
les haquets et les bateaux pour les transporter sur la
terre et sur l’eau [plaustrum, carrus, navis]. Les ba¬
lances et les trébuchets ont aussi été trouvés afin de
faire savoir quel est le poids de chaque chose et pour
empêcher les tromperies qui se font contre les lois
libra]. Il y a une infinité d’autres machines dont il
n’est point nécessaire de parler, parce qu’elles sont assez
connues : telles sont les roues, les soufflets de forge, les
véhicules à quatre ou à deux roues, les tours et les
autres instruments qui sont d’un usage ordinaire [rota,
FOLLIS, TORNUS, VEHICULA]10. »
II. IVLvcuines élévatoires ( maclnnae tractoriae), ser¬
vant principalement à la construction des édifices.
Elles sont d’une invention relativement récente. Il
paraît certain, en effet, que toutes les constructions des
peuples primitifs, même celles qui nous étonnent par
l’aspect imposant de leurs ruines, ont été élevées sans
l’aide de machines. Chez les Assyriens, en parliuilin,
peuple éminemment constructeur et qui n hésitait pas a
prodiguer par centaines et par milliers des blocs énormes
pour des travaux vulgaires, tels qu’une terrasse, on ne
trouve aucune trace d’appareils mécaniques 11 • Bit. n 1’ '
ce peuple n’employait, à ce qu’il semble, poui -’1 * ins¬
tructions, ni bêtes de somme ni chariots. C’est, du 111 11111
la conclusion qu’il est permis de tirer de tel monun ^
assyrien, où l’on voit des ouvriers occupés a 1 ^
tertre artificiel sans autres instruments que de s i
des paniers pleins de terre 12.
Chez les Égyptiens, même à la meilleure epoq
ressources de la mécanique étaient égalemen ^ nne
tées13. Il est remarquable qu’aucune peintmmp) nj
ne nous montre ni poulie, ni moufle, ni ca
___ 8 Ibid.
— G Tli.-II. Martin, O. I. p. 42. — 7 Susemihl, O. • P- __ | n«»<
- » Voir plus bas. - Vit. X, I, t, traduct. Perrault ( ^ _ t3 Le-
Ninive et l'Assyrie, I, p. 20 et 33. - Place, O l. p- 1 J0MS />,««»»'
tronne, Mém. sur la civilisât, égypt. dcp. I élu iss. ,. des i"scr‘ el l>‘
-tichus jusqu’à la conquête d’Alexandre, dans les un.
lett. I. XVIII (1847), p. 32-34.
MAC
1463 —
MAC
iliine
quelçonq
ne. Tout au contraire, sur un bas-relief
lliaC""U . 'ro^ortasen *, qui représente le transport d’un
dulcrllps ‘ oit celui-ci entouré de cordages et tiré direc-
co|o^C’"" 'nntermédiaire de machines, par plusieurs
leinpnl’ Thommes attachés à des câbles ; d’autres por-
rang«es 1)0ur mouiller les cordes et graisser le sol
teiit des ^ 1 colosse est traîné. Toute la mécanique du
SU1 Ie<l!" ^jsiait en somme dans la force tractive des
temPS- idée à l’occasion de leviers, de rouleaux et de
braS’ ''inclinés*. Nous avons à ce suJet 1111 imPortant
PîaD^- de Pline l’Ancien3. Cet écrivain rapporte
^fhersïphron, l’architecte du premier temple d’Éphèse
q,R'meucé àu vic siècle av. J.-C., ne disposant point de
c0“” iniS p0ur élever à la hauteur voulue les énormes
^chilcaves de cet édifice, fut réduit à en enterrer les
bonnes au moyen de sacs de sable formant un plan
incliné sur lequel les architraves étaient ensuite roulées
■■ force debras. Voilà donc où en était la mécanique élé-
valoire au vie siècle. Si les Égyptiens de ce temps avaient
possédé un moyen plus perfectionné pour le dressage des
monolithes, il est de toute évidence que les Grecs, qui
depuis Psammitichus parcouraient librement l’Égypte,
l'auraient connu et emprunté. On doit, par conséquent,
admettre que c’est par le même procédé rudimentaire
que les Égyptiens ont accompli tant de travaux gigan¬
tesques, par exemple le montage des colonnes de la
salle hypostyle de Karnak, qui ont 21 mètres de haut et
I 10 mètres de tour, ainsi que de leurs énormes archi-
I traves : on enterrait toutes les colonnes à mesure qu’elles
I s’élevaient, et l’on allongeait graduellement le plan
incliné. Des procédés si primitifs exigent évidemment
I des masses d'hommes considérables. Si mille hommes ne
I suffisaient pas à un travail, on en prenait dix, vingt, cent
I fois plus. C’est ainsi que, d’après la tradition, Rhamessès
I avait employé, pour dresser l’un des obélisques de
I Tlièbes, jusqu’à cent vingt mille hommes à la fois A
En résumé, c’est en Grèce que les premières machines
I élévatoires paraissent avoir été inventées, entre le
vi° siècle, époque où nous avons vu Chersiphron recourir
encore, pour le dressage des architraves du temple
d Ëphèse, au procédé élémentaire du plan incliné s, et le
' siècle, où apparaît au théâtre l’usage de la méchané6.
II est assez probable que le développement de la naviga¬
tion provoqua la découverte de ces machines : la marine,
(k bonne heure très florissante en Grèce, nécessite en effet
une machinerie très compliquée, treuils, palans, etc. 1
C est à 1 architecte romain Vitruve que nous devons la
description la plus exacte et la plus détaillée de ces appa¬
reils. Mais la présence dans son exposé de nombreux
eunes techniques grecs suffit à prouver qu’ils sontd’ori-
S'ni grecque et non romaine8,
h' pt ornière machine de ce genre, décrite par Vitruve9,
U|nsliuit et fonctionne delà façon suivante(fig. -4744) 10 .
Utiles H il i inS0D’ J^anners and customs, III, 325. — 2 Voir sur le dressage des mono-
dc pronv " I UeSaulcy, Hev. archéol. XXVI (1873), p. 1-1 1, où l'auteur s'efforce
leau
1 1 1 f|uc les architectes égyptiens
x et,
efforce
- - - vgjynüus se servaient uniquement de leviers, de rou-
31(14) . "p "s lnclinés formés avec du sable tassé. — 3 plin. Hist. nat. XXXVI,
des p]ans Uiclin' XXXVI, U (9). — 5 Cette méthode de glissement par
statues sur leu', ' - cncore cn llsagc à Athènes au v" siècle, pour le dressage des
inter, ait, | „„ ;^l^es^aux’ comme le prouvent les inscriptions; voir par ex. Corp.
*’ s- av. j ,(■ ■ ■ — fi tomme preuve de l'habileté des ingénieurs athéniens du
fondes graïuies'V'0"1 t'l°' ^ mue mécaniquement, qui, pendant la proces-
^ddié à Athéna anal^n^esi transportait par les rues jusqu'à l’Acropole 1 c péplos
A. Chois, o; °US’ Parthen ■ P- 32!il Philostr. V. sophist. Il, t, 5).
10 Celte lieûr ' j *’ P- 273- — 8 H. Blümner, O. I. III, p. 112. — 9 Vit. X, 2, 1.
1 omprunléc à Blümner, O. I. p. 113, fig. 8. — U Perrault [Les
On prend deux pièces de bois aa ( tigna )", proportion¬
nées au poids des fardeaux qu'il s’agit d’élever. On les
joint ensemble par le sommet au moyen d’une cheville
h ( fibula ), puis on les dresse en les écartant par le bas.
Des cordes fixées au haut de la machine et tendues tout
à l’entour la tiennent debout. A son sommet on attache
une moufle c ( trochlea ou rechatnus )12, dans laquelle
plusieurs poulies ( orbiculi ) tournent sur leurs axes.
Autour de la poulie supérieure, on fait passer un câble
Fig. 4744. — Machine élévatoire, d’après Vitruye.
de traction d ( ductarius funis ), on ramène ensuite ce
câble autour de la poulie d’une moufle inférieure c' (mo¬
bile), puis on le remonte jusqu’à la seconde poulie de la
moufle supérieure, et enfin on le redescend à la moufle
inférieure dans un trou de laquelle on le fixe 13. L’autre
bout du câble reste pendant aux pieds de la machine.
A l’arrière des deux montants, là où ils divergent, on
fixe deux pitons e (j^Aojveta), dans lesquels on introduit
les deux extrémités d’un treuil f ( sucula ), de manière
qu’elles y tournent facilement. Ce treuil, à chacun de ses
bouts, a deux trous disposés pour recevoir des leviers
rj ( vectes ). Au bas de la moufle inférieure, on attache des
tenailles de fer ( forfices ), dont les branches s'enfoncent
en des trous pratiqués dans la pierre qu'il s’agit de
soulever. Il ne reste plus qu’à fixer l’extrémité libre
du câble au treuil; les leviers font tourner celui-ci, et le
câble en s’enroulant autour se tend et soulève par suite
les fardeaux jusqu’à la hauteur convenable. La machine
qui vient d’être décrite s’appelait xpémaarTOî, parce qu’elle
comporte en tout trois poulies. Lorsqu’il y avait deux-
poulies à la moufle inférieure et trois à la supérieure, on
lui donnait le nom de 7revTà<77iacjToç u.
Vitruve explique ensuite quelles modifications devront
être apportées à la machine, si on veut qu'elle soit capable
de lever de plus lourds fardeaux15. On augmentera pour
cela la longueur et l’épaisseur des pièces de bois, ainsi
dix livres de l’archit. de Vitruve, corrigés et trad. 1684, 2e éd. p. 297) lit à tort
tria ligna au lieu de duo, cl admet pour cette machine et les suivantes trois pièces
de bois. Voir les figures jointes à sa traduction. — 12 Ce dernier mot est fort dou¬
teux. — 13 « L'effet de cette machine est que, l'une des moufles estant attachée au
haut de l’engin et l'autre au fardeau, la corde qui le doit lever produit son effet eu
faisant approcher tes moufles l'une de l'aulrc ; et elle facilite l'élévation du fardeau
par la raison que, par tes deux replis que la corde fait sur les poulies des moufles,
il arrive que la corde qui descend au moulinet fait le double du chemin qu’uuc des
moufles fait en approchant de l'autre, et par conséquent elle n'a besoin que de la
moitié de la puissance qui seroit nécessaire si elle ne passoit que sur une poulie et
si la descente de la corde vers le moulinet étoit égale à la montée du fardeau »
(Perrault, O. I. p. 297, n. 2). — H Vit, X, 3, 3; cf. Orib. XLIX, 22, t. IV, p. 407
(éd. Bussemaker-Darcinberg) sur la trispaste d’Archimède. — *5 X, 3, 3.
MAC
1464 —
MAC
que la force des chevilles qui sont, en haut et celle du
treuil qui est en bas. Mais, à mesure que l'appareil
devient plus pesant, la difficulté de le mettre en place
devient naturellement plus grande. Le dressage exige
alors une opération spéciale, que ^ itruve décrit ainsi
lig. 1745) 1 . On se servira de deux sortes de câbles : les
Fig. 4745.
uns, fixés à l’avant de la machine (c'est-à-dire du côté
vers lequel les pièces de bois an sont inclinées)2, reste¬
ront d'abord lâches {antarii funes)h ; les autres, partant
du côté opposé (: retinacula ), i, seront attachés, aune assez
grande distance, soit à quelque obstacle naturel, soit à
des pieux fichés en terre auxquels on prêtera plus de
solidité en leur donnant une certaine inclinaison, et en
battant bien le terrain à coups de maillet tout autour 3. Au
sommet de la machine on liera ensuite, au moyen d’une
corde, une moufle A-; de ce même point on fera descendre
un câble vers une autre moufle m, fixée à un pieu;
on le fera passer dans la poulie de cette moufle infé¬
rieure, pour le remonter ensuite jusqu’à la moufle fixée
au haut de la machine ; là on le fera également passer
autour de la poulie, d'où on le redescendra jusqu’au
treuil n, établi au bas de la machine, auquel enfin on le
fixera. Cela fait, on actionnera le treuil au moyen des
leviers; en tournant, celui-ci fera monter la machine
sans aucun danger. Grâce aux câbles d’avant ( antarii
fanes ) disposés autour de lui, et aux câbles d’arrière
{retinacula) adhérents aux pieux, l’appareil sera bien
affermi. Une fois dressé, on pourra s’en servir pour éle¬
ver des fardeaux, de la manière qui a été dite plus haut.
En troisième lieu Vitruve décrit une grue plus puis¬
sante encore, destinée à soulever des fardeaux de taille
et de poids exceptionnels (fig. 4746) 3. En ce cas, dit-il,
il ne faudra pas se fier au treuil {sucula) : dans les pitons
qui retenaient celui-ci on fera passer, à la place, un essieu
o {axis), au milieu duquel sera un vaste tambour p {tym-
panum ou rota)6. En outre, les moufles ne seront pas
constituées de la même manière que précédemment : on
y doublera le nombre des poulies, c’est-à-dire qu’il y
aura dans la moufle d’en haut quatre poulies, deux à
chaque rang, et dans celle d’en bas deux poulies de rang.
Cela étant, on fait passer le câble de traction d {ductarius
funis) dans l'anneau de la moufle inférieure c' , en ayant
soin qu'une fois tendu, il ait ses deux moitiés d’égale
longueur; puis, au moyen i
à cet anneau, on arrête les deux moitiés ,1 r
ne puissent glisser ni à droite ni à g\Ucl ?qu’elle8
bouts du câble sont ensuite ramenés du V L°S du,lx
(entendez par là le côté vers lequel inclinent
montants) jusqu’à la moufle supérieure c o' ^ deilx
passer sur les poulies d’en bas; de là ’0ll l! °n esfaît
vers le bas de la machine et on les fait 'passer
rement sur les poulies de la moufle inférieur J ^
quoi on les remonte encore parallèlement \maX?
,1 en haut pour les faire passer extérta *
sur les poulies supérieures; enfin on les ramène 1
droite et l’autre à gauche du tambour, jusqu’à l'es ’sieul
on les fixe solidement. Mais la machine comporte e I
un autre câble q, enroulé autour du tambour qui d,
se rend jusqu’à un vindas r {ergata) ; ce vindas, en tour
nant, met en mouvement le tambour et son essieu- lr
deux câbles de traction, en s’enroulant autour de l’essieu J
se tendent parallèlement et soulèvent ainsi peu à peu iè
fardeau. Au vindas on peut aussi substituer un tympan
plus grand placé soit au milieu, soitàl’une des extrémités
de l’essieu, et que des hommes feront marcher avec leurs
pieds. Par ce moyen on obtiendra plus facilement encore
les mêmes résultats 7.
La dernière machine décrite par Vitruve diffère essen¬
tiellement des précédentes en ce qu’elle n a qu un mon-,
tant, au lieu de deux (fig. 4747) 8. Elle est, dit \ Hrnxe,
fort expéditive, mais elle demande pour être dirigée une
main adroite. C’est une pièce de bois a, qu on met «lobout
et qu’on arrête des quatre côtés au moyen de haubans b(>e
t inocula). Au-dessous du point d’attache de ceux-ci on
cloue sur le montant deux taquets c{chelonia ) , au ce®
sus desquels on attache avec des cordes une m°ul c j
qu’on appuie sur une traverse e { régula ) l0, longue t j'”
viron 2 pieds, large de 6 doigts et épaisse de ^
moufles ont chacune trois rangs de poulies ,IV ' ^
poulies à chaque rang : en sorte qu il y a h’om 1 -1
1 D'apK-s Iil Uni ner, O. /.III, p. 115, fig. 9. — 2 Ils doivent d abord être tenus lâches,
parce qu ils ne serviront à affermir la machine qu'une fois quccelle-ci sera dressée,
et il ne s'agit pour le moment que de la lever. — 3 H. Blümncr, L. L p. J1G, fait
remarquer que les montants de la machine doivent, pour facililer l'opération, être
tenus, non complètement à plat, mais un peu inclinés. Au pied de chaque moulant,
il faut aussi un obstacle ou une cale , pour qu’ils ne glissent pas. — 4 Ne pas oublier
qu il ne s agit ici que du dressage de la machine, et que, par conséquent, le câble
employé à cette opération n’est point le ductarius funis, dont il a été question pré¬
cédemment pour élever les fardeaux. — ° X, 4, o sq. La lig'111 ' ' (jans |cn»ss.
Blümncr, O. I. III, p. 117, fig. 10. - « Les noms grecs ont été eS p0Ddcra
— 7 Cf. Cucret. De tint. rer. IV, 903 : « Multaque, per tioi. < as . . ^ ^ ^ ügurt -
magna commovet atque levi sustollit machina nisu ». ' ’ . ■ «cs morceaux
est tirée de Blümner, O. L p. 127, fig. 13. - 9 Les cheloma sonUc.^ ^ ^ ^
de bois saillants, qui servent à soutenir la moufle fi11' 1 1 Peiit-^lrc était-
l’cmpécher de glisser. — 10 Le but de celte traverse n es! l,as
elle destinée à écarter la moufle du montant.
MAC — 1465
MAC
étant attachés au haut de la machine,
traction/'11'"’,^. dehors sous les trois poulies
Eesceudeut du
s-
Fig. 4747.
d’en haut de la moufle inférieure g, puis remontant à
[a moufle supérieure, passent du dehors' en dedans sur
les poulies qu’elle a en bas; do là, redescendant à la
moufle inférieure, passent encore de dedans en dehors
sous les poulies du second rang, puis remontent à
)a moufle supérieure, pour passer également sur les
secondes poulies ; et en¬
fin, redescendant une
dernière fois sous les
poulies d’en bas de la
moufle inférieure, puis
remontant sur les pou¬
lies d'en haut de la mou¬
fle supérieure, retom¬
bent au bas de la
machine. Au pied de l’ap¬
pareil est une troisième
moufle h que les Grecs
appellent ÈTràywv, et les
Romains artemon. Cette
moufle, qui est fixée au
pied du montant, a trois
poulies sur lesquelles
passent lus trois câbles,
flui sont tirés par des
hommes. Ainsi , trois ran-
8IIMl *l0rames, sans le secours du vindas, peuvent élever
puniipli ment des fardeaux. Ce genre de machine, dit
( > sc nomme TroÀûsTtasToç, parce que, en raison de
f i h1, uni nombre de poulies, elle tire avec autant de
de hui lUe <le PromPL*tude *. L’emploi d’une seule pièce
1,1 N 1 " 1 ava-ntage encore que, en lui donnant préala-
„i| nl. *nc^naison que l’on veut à droite ou à gauche,
Tiiiii' ! | ^°Ser ^es fataux sur les côtés 2.
servir i u 1 s machines décrites ci-dessus peuvent aussi
1,11 fier el à décharger les navires, les unes debout,
' l>crrault, 0. I, „ 302
marque a “■ “i la't à propos de la polyspaste la remarque suivante :
s°ul sans pei|le uu r nill^‘ machine avec laquelle il dit qu’ Archimède traisua luv
Si Vi:ruvc n'avon^rai"' nav*rei cimrgé de loul ce qu’il peut porter estant sur mer.
"ne parfaite cou '^cr*t celte machine assez clairement pour en avoir donné
*c P°lyspastc peut f l>CC’ ou C1'oiroit rl'le c’estautre chose; car on sçait que ce que
^"1 voir (|(le|| " .DS^ lout a fait éloigné des effets que Plutarque luy attribue.
*°"le (les machines °n^n‘ola ^ 0,1 pc,|t avoir des autres miracles que cet historien
|U” ''iever |os f j ' ■himéde. >> — 2 Les machines précédentes n’étaient aptes
au conlraire, n'Otanl^"' '* SU1' '‘eu °ù ils avaient été pris. La polyspaste,
"l'puyéc (|UC slu. ul) pj(1(p pouvait être inclinée de tous côtés.
les autres couchées sur une plate-forme tournante*.
Enfin, sans même élever d’arbre, on peut encore dis¬
poser à plat les câbles cl les moufles de la même manière,
pour tirer les navires hors de l’eau4.
- /V-
Fig. 4749. — Machine élévatoirc.
Plusieurs monuments figurés représentent les ma¬
chines élévatoires décrites par Vitruve, ou des machines
analogues, et prouvent par conséquent qu’elles étaient
d’un emploi courant dans la pratique. Entre autres on
peut citer les suivants3.
Voici d’abord une peinture du Virgile du Vatican, très
sommaire (fig. 4748) °. Elle montre des ouvriers vêtus de
l’angusticlave, contre un
mur la roue d’un grand
treuil, et en avant le
montant d’une chèvre
appuyé contre un arceau.
figure
4749 1 re-
Treuil et chèvre.
La
produit un bas-relief
trouvé à Capoue dans
les ruines de l’amphi¬
théâtre et destiné, comme
l’indique une inscrip¬
tion , à commémorer
certains travaux de répa¬
ration exécutés au pro-
scaenium. Ce bas-relief
montre un fût de colonne,
dont la tête est engagée
dans des cordes qui des¬
cendent du haut d une
machine. Bien que celle-ci
ne soit qu’assez vaguement indiquée, on y reconnaît ce¬
pendant une pièce de bois inclinée, maintenue a gauche
par deux retinacula , à droite par un funis antarius.
Au sommet de l’appareil est une moufle, sur laquelle
passent les câbles de traction ( funes ductarii) qui élèvent
le fût de colonne ; ces câbles vont s’enrouler autour
d’une grande roue, que font tourner avec leurs pieds
deux hommes marchant intérieurement. Au pied de 1 ap¬
pareil un ouvrier achève un chapiteau, qui sera mis en
place à son tour par le même moyen.
Toutefois Perrault, 0. I. p. 304, n. 4, s'ost certainement trompé quand il a compris
que cetlo inclinaison de la machine pouvait se faire au cours de l’opération. Si,
Cil effet, au moment où la machine élail déjà chargée de son pesant fardeau, on
avait détendu une des cordes qui la retenaient, nulle force n'aurait plus été ca¬
pable do la diriger. 11 faut donc entendre que le sommet de la polyspaste était incliné
nue fois pour toutes, avant lout fonctionnement, au-dessus de l'endroit où l’on voulait
élever la pierre. — 3 Vit. X, 5, 10. — 4 Ibid. — S Cf. Büinincr, O. I. III, p. 118
sfj _ c Ang. Mai, Vii'y. pict. ant. ex cod. Vatic. Rom. 1835, pl. xix. — 1 Ma-
billon, lier Italie., p. 103; Mazochi, In cnmpani amphith. commet) tarins, 1727,
pl.àlap. 2; Winckcliuann, Werke, I, pl. xi ; Millin, Cal. mylhol. 38, 132.
MAC
1466 —
Siu uni' peinture de lu maison de Siricus à Ponipéi
forceps, lig. 6166 1 on aperçoit une machine du même
genre : les deux montants inclinés, les câbles, la moufle,
la louve y apparaissent très clairement ; seul, manque
le treuil.
Le bas-relief, reproduit sur la figure 4750*, qui repré
Fig. 4750. — Percement cTun émissaire du lac Fucin.
sente dans son ensemble le percement d'un émissaire du
lac Fucin, nous montre dans sa partie droite un appareil
servant à extraire les déblais d'un puits de forage. C’est
un tambour vertical, autour duquel s’enroulent horizon-
Fig. 4751. — Appareil employé pour les constructions.
talement et en sens inverse deux cordages passant sur
une poulie, en sorte que l’un de ces câbles s’élève pen¬
dant que l'autre descend. Chacun d’eux actionne une
benne, qui monte pleine et redescend vide. Deux esclaves
font tourner l’appareil au moyen d’un levier horizontal.
En haut du monument, à gauche, la môme scène se
répète, mais beaucoup plus sommairement dessinée.
l Giorn. d. Scavi, i8G2, p). v. — 2 A. Geffroy, L'archéol. du lac Fucin, dans la Rev.
archéol. 1878, p. 3-4, pl. xm A. — 3 j.a photographie de ce monument nous a (Hé
obligeamment communiquée par Al. C. Robert, professeur à l’université de Halle.
Voir Jahrb. Inst, 1889, p. 117 de 1 Anzeiger. — 4 Publiédabord par Brunn, dans les
A/on uni. Inst. V , pl. vm, puis par Garucci, Mus. Luler. pi. xxxvm, p. (i9sq. Blümncr,
MAC
La
ligure 4751 1 est tirée d’un Iri* , r
dus nettement encore que dans les nin" lleTcpracine.
dents on voit les organes essentiels ^
montants, divergents par la base, sont liéi?TPe,1: deilx
par des cordes, et, pour plus de solidité • SOnH
en dessous par une traverse en bois m P*
montants pend ’ * 11 re les deux
une moufle à
deux poulies ,
qui, au moyen
de câbles, élève
u ne grosse pierre
tenue entre les
deux branches
d’une louve ; un
ouvrier, de ses
bras passés au¬
tour de la pierre,
attire celle - ci
vers l’endroit où
elle doit prendre
place.
Enfin signa¬
lons un impor¬
tant bas-relief
du Musée de La-
tranL Plusieurs
détails de cette
représentation
restent obscurs
et ont été diver¬
sement interpré¬
tés 5. Mais il
n'est pas dou¬
teux toutefois
qu'il reproduit
dans ses traits
essentiels , et
avecplusde com¬
plication peut-
être, la troisième
des machines
élévatoires dé¬
crites par Vi-
truA^e(lig. 4752).
A la descrip¬
tion des appa¬
reils élévatoires
proprement dits,
Yitruve joint
celle de deux ma¬
chines de trans-
Fig. 4752. — Machine élévatoirc.
port, qui furent inventées, dit-il, parles architectes du
temple d’Artémis à Éphèse, Chersiphron et Métagénts. e
restées depuis lors en usage6. Chersiphron, ayant a dans
porter des fûts de colonnesde la carrièreoù on les^prenai
jusqu’à pied d’œuvre, s’avisa de l’expédient slll',u’
(fig. 4753). Comme il craignait que la pesanteui M
O. I. III, fig. H, cil a donné un dessin plus exact, qui est ce lui I" ' (549,
(luisons ici. — 8 Pour l’interprétation de ce monument, voii jn sq.
p. 382 sq.; Benndorf et Schône, Antik. Dildw. d. Rater. Mus.n > ^9 rfoj
Bliimner, O. t. III, p. H9 sq. — « Vil. X, 6, 1 1 ; cf. Bliimner, O. ■■ > ’ ^
figures 4753 et 4754 sont empruntées à cet ouvrage (p. J -J» o*
MAC
— 1467 —
MAC
,1,. fermeté des chemins ne fissent enfoncer
t)loCStl1' ''l nVutpas recours à des chariots. Il assembla
tes r0lics’ ' J',,, bo,s deux en travers, les deux autres en
r'Xs-ci égales en longueur à chaque fût. Aux deux
l0I’? i 'iVils il scella avec du plomb des boulons de fer
1)011 forme de queue d'aronde1, et fixa d’autre
(cnodaces) en muuc i
part dans la charpente deux anneaux de fer b ( armillas ),
dans lesquels entraient les boulons. Enfin, il attacha
aus Jeux extrémités de la machine des timons en bois
de chêne2. L’appareil étant tiré par des bœufs, et
les boulons tournant librement dans les anneaux, les
fûts roulèrent aisément jusqu a destination 3. Pour
J lransportcr les architraves du même temple, Méta-
génès, fils de Chersiphron, prit modèle sur la machine
son père' ( fi g . 4754). Il fit construire des roues de
1- pieds environ de diamètre, et au milieu de ces roues
l i enchâssa les deux bouts des architraves. Les boulons,
anneaux et le cadre en charpente furent disposés de
airimic façon que précédemment8. Des bœufs ayant été
, . 1 aPPai'eil, les roues tournèrent et avec elles les
tjrmlll|,l't's 1U elles Pétaient6. Yitruve compare l’inven-
Sf,s | la8énès à ces cylindres ou rouleaux dont on
IlMl'1 l'ans^es Palestres pour aplanir les allées.
sj„ AuiIîiES uïdRAULiques, qui se subdivisent en plu-
acons 'mi S ’ J ° AIachines pour élever l'eau. — Yitruve
une Partie de son livre X à la description de
1 " II faut
lln bool, parce ( °le,ces Louions n'esloicnt à queue d'aronde que par
wloiinc( ali,, de \ * ' ' °'en)l cslre ronds par le bout qui sortoit do la
'lueue d'aronde nai 'l . î "" lournor dans l'anneau de fer. Mais ils cstoicnl à
['"'r 11 (Perrault o / " l '|Ui eslo‘1, scellé dans la eolonue, afin de l’y faire mieux
i'iterprêtation (.’uj ° *)• — 2 Le lexte ici n'est pas sûr; nous donnons
*' " 3 Perrault *))'S)>aiait la lllus vraisemblable. Voir Blünmer, O. 1. 111, p. 130,
1,18 celte machine’,, i ° 1 Le principe reste en effet le même
r,1usporior servent cil " ^ ^ ' °° ^hersiphron. Dans l’une et l'autre les pierres à
va'*°n <10 icil|. fornie c “"-nies de roues. Seulement, comme les architraves, en
" a'cc,l<' la charpente,',' ' * ’ " ama'en 1 Pu r°uler, Mélagénès cul l’idée de les arron-
■ appliquée à leurs deux extrémités, et c’est celle charpeu-
plusieurs appareils de ce genre7. Les suivants étaient
employés au bord des étangs ou des lacs, là où il n’exis¬
tait pas de courant.
L’appareil que Vitruve appelle tympanum (fig. 4755) 8
consistait principalement en un tambour, divisé à l’inté¬
rieur en compartiments au moyen de huit planches
( tabulae ), rayonnant du centre de l’essieu à la circonfé¬
rence. Sur la circonférence de ce tambour étaient prati¬
quées huit ouvertures ( aperturae ), par lesquelles l’eau
se précipitait dans les compartiments, à mesure que la
Fig. 4755. — Machine hydraulique, d'après Vitruve.
roue tournait sous les pas des hommes, placés dans son
intérieur9. L’essieu/ ferré par les deux bouts, reposait
sur deux pieux, également garnis de lames de fer à leur
extrémité supérieure. Il était formé d’un cylindre creux,
percé d’autant de trous ( columbaria ) qu’il y avait de
compartiments : l’eau, pénétrant par ces trous, se déver¬
sait par une des extrémités de l'essieu dans une auge de
bois ( labrum ligneum ) et, de là, dans des conduits qui la
menaient au dehors. Cette machine, observe Vitruve,
n’est pas apte à élever l’eau bien haut, mais elle en tire
une grande quantité en fort peu de temps.
Si on veut élever l’eau plus haut que l’essieu du tym¬
pan, on modifiera l’appareil ainsi qu’il suit10. Il faut
adapter à l’essieu une roue d’un diamètre propor¬
tionné à la hauteur ou on veut porter l’eau Autour
de la circonférence de la roue on attachera des caisses
de bois carrées ( modioli quadrati ), bien calfeutrées avec
de la poix et de la cire. De cette façon, quand les hommes
feront tourner la roue avec leurs pieds, les caisses s’élè¬
veront pleines jusqu’en haut, puis, venant à redescendre,
verseront d’elles-mèmes dans un réservoir [castellum
disposé à cet effet l’eau qu’elles auront montée.
Un troisième appareil, qui porte l’eau à une plus
grande hauteur encore.12, consiste en une chaîne sans
fin, passée autour de l’essieu de la roue, et munie de
seaux; lorsque la roue tournera, la chaîne qui est sur
l’essieu élèvera les seaux, et ceux-ci, en passant sur cet
essieu, se renverseront nécessairement et videront leur
terie arrondie que Vitruve appelle des roues. Quant aux boulons et aux anneaux,
ils ne sont destinés ici comme plus haut qu'à lircr, non pas à porter (Perrault, O. I.
p. 305, n. 2). — 5 Entende* que dans les deux extrémités de chaque architrave on
scella un boulon, passant dans un anneau fixé au châssis, et qu’on munit ce châssis
lui-mème de deux timons. — 0 Perrault, O. I. p. 307, fig. 2. — 7 x, 4 (9), t sq.
— 8 La figure 4755 est prise dans Perrault, O. I. p. 315, fig. 1. — 9 Perrault, p. 312,
n. 3, fait remarquer que cette roue ne peut être le tympan même qui puise l’eau.
Il faut supposer une autre roue, accolée extérieurement au tympan, comme dans la
figure que nous donnons d’après Perrault. — 10 Vil. X, 4 (91, 3. — U Voir les figures
qu’en ont données Perrault, O. I. p. 315, fig. 2, et A. lîich, Dictionn. des antiquit.
art. hota, 14, p. 541. — 12 Vil. X, 4 (9), 4.
MAC
— Hf>8 —
MAC
co n I en u dans un réservoir, disposé ad hoc. Comme
Vitruve dit que cet appareil est destiné à élever l'eau
plus haut encore que les précédents, force est d’admettre
n\ec Perrault que 1 essieu sur lequel est passée la chaîne
est situé fort au-dessus du niveau de l’eau 11 va de soi
egalement, que cet essieu doit être à pans, pour que la
chaîne suive toujours sou mouvement, sans glisser-.
Ces machines qui servent a élever 1 eau des rivières et
des courants d’eau ne diffèrent guère des précédentes
que sur un point.
A la circonférence
de la roue on fixe
des palettes (pin-
naé), qui, étant
poussées par le
courant, la font
tourner : de la
sorte, sans qu’il
soit besoin d’hom¬
mes pour actionner
l’appareil, les cais¬
ses puisent l’eau
en bas et la por-
Fijr. 4750. — Machine à puiser l'eau . tent en haut 3.
Parmi les ma¬
chines aptes à pui¬
ser 1 eau, à itruve cite encore l 'escargot d’eau , qui élève
beaucoup de liquide, mais pas bien haut [cociilea] ;,
et la machine de Ctésibios, qui, au contraire, la porte
a une très grande hauteur [siphoj 5. Par les auteurs et
par les monuments nous connaissons encore d’autres
appareils très simples, qui étaient d'usage courant dans
1 antiquité. Tels sont le gyrgillus et le tolleno, en grec
xt-àmv et xYjXwvstov 6. Ce dernier, fort usité encore de nos
jours en Grèce, en Égypte, en Asie, se compose d'un
levier qui se meut horizontalement sur une traverse;
à l'une de ses extrémités pend le récipient à puiser
de l’eau, à l'autre est fixé un contrepoids7. L’appareil
est représenté dans sa forme la plus simple sur un
bas-relief du Musée de Parme (fig. 4756) 8. La traverse
est quelquefois remplacée sur les monuments par un
mur d’appui, percé d’un jour pour le passage du levier
(fig. 4757) 9 .
-° Machines servant à l’adduction et à la distribution
1 Perrault, O. I. p. 313, n. 3; cf. Ibid. p. 313, la figure 3. — 52 ld. p. 313, n. fi.
— 3 Vit. x, 5 (JO), 1. — 4 x, il, 1. — 6 x, 12, 1. — 6 Arislot. Mach. 28 ;
llrrod. VI, 110; Pollui, VII, 142; X, 31. — 7 Fcst. p. 33G, éd. 0. Millier : est
gt uus niachinae, quo trahitur aqua, alteram parlem praegravanle pondère, dictus a
tollcndo ; cf. Daeier, ad h. I., qui fait venir le mot de xijVùytiov ; Plin. Bist. nat. XIX,
~ 8 1 Mém. de la Fondation Plot, III, pl. xxn. — 0 Peint. d’HcrcuIaniim ;
Saint-Non, Voyage de Sicile, II, p. 20; cf. Pitt. d'Ercol. 1,49, p. 237. — 10 Virg.
Geory. III, 24 : Vel scaona ut versis discedat frontibus; Serv. Ad h. I. : Scaena quae
fiefiat aut icrsilis erat aut ductilis oral; versilis lum crat, cum subito Iota macliinis
quibusdam converlebalur et aliam picturae faciem oslendebat, ductilis lum, cum
de l'eau [aquae ductus, emissationes
3 a Machines dans lesquelles l'eau J-,., k°W'l
motrice [mol a], ' H >te Puissance
’t° Machines dans lesquelles beau sert à t,
temps ou à la production de sons musicaux ^ iu
[UbHOLO
GIUM, HYDRAULUS].
IV. Machines servant au travail des miw< r,
) j M*CUWES ET »««* »E GUERRE [TOR,E„J EU1U]
.■«US brièvement, d'abord, 4, certains dispo“i"-f lra*^
sans etre a proprement parler des machines LJ,!
cependant mécaniquement. ' ’ ,0nne«t
Tels sont, en premier lieu, les décors [theatriimI a
point de vue de la manœuvre, les Romains distingu tiem.
deux décors de fond : la scaena ductilis et la scaena vèn!
lis On donnait le premier de ces noms à un décor formé
de deux parties verticales exactement raccordées m
glissaient sur une coulisse : pour opérer un changement,
de scene, il suffisait de tirer une moitié à droite l’autre
à gauche ; derrière apparaissait le décor voulu, ônpou
vait de la sorte superposer autant de toiles qu’on voulait
La scaena versilis paraît avoir été composée d’un certain
nombre de panneaux mobiles, peints sur leurs deux
faces : au moment voulu ces panneaux, par l’effet d’un
mécanisme inconnu ( machinis quibusdam), tournaient
sur eux-mêmes et venaient offrir aux yeux un décor
11 ~
nouveau
Nous ne savons pas à quelle date remontent ces
inventions, ni même si elles étaient déjà en usage chez
les Grecs. M. Dôrpfeld croit cependant avoir découvert
au théâtre de Mégalopolis des traces de la scaena duc
tilis : il existait dans ce théâtre, au beau milieu de la
paradas ouest, un long bâtiment (34m,70) appelé skeuol
tlxèque , c'est-à-dire magasin des décors, où, selon
M. Dôrpfeld, on remisait les toiles, en les tirant d’une
seule pièce sur une coulisse 12 . Quoi qu’il en soit, il reste
certain que chez les Grecs les changements du décorde
fond ont toujours été fort rares. Non seulement on n’en
connaît aucun exemple au cours d'une même pièce, mais
encore on peut affirmer que le plus souvent la toile restait
la même d’une pièce à l’autre. Ce qui le prouve à l’évi¬
dence, c’est que des trente-deux tragédies grecques qui
nous sont parvenues, vingt-huit ont été jouées dans un
cadre à peu près identique, palais ou temple à volonté:.
en sorte que la même peinture suffisait, par exempt,
pour les trois pièces de YOrestie. Ce qui avait été, dans
Agamemnon et les Choèphores , le palais des Atridesl
devenait ensuite, dans la première partie des Euménides,
le temple d'Apollon Delphien, et, dans la seconde, celui
d’Athéna à Athènes13. En variant les décors latéraux au
moyen des périodes, on prêtait à cette archilc jllie
abstraite autant de significations spéciales qu on mu al '
Dans le théâtre latin, il ne paraît pas que les changemcn 1
de décor entre deux pièces aient été beaucoup pl"'' 1 J
quents : « La ville que vous voyez, dit le prologm ^1
Ménec limes, ce sera Épidamnc tant qu on joucm
. __ u Laplnpar*
traclis labulatis hue atqueilluc species piclurae nudabalur 1,1 ,CI 101 ‘ .^es y0jp par
des savants identifient, au contraire, la scaena versilis avec les l> nalterth .
exemple Sommcrbrodt, Scaenica, p. 131 et 134; A. Müllei, " ( ^ ||aiglif^^,c
p. 402 et Philolog. XXIII, p. 323 ; Lohdc, Die S/cene der Allen, p. ‘ Eti
Theat. p. 4SI. Mais le mot tota s’oppose absolument h colle è| ia
d’après les termes mômes de Scrvius, il est évident que la ^ •’adople est colrf
scaena versilis ne diffèrent que par le mécanisme, b opinion | J c!|p„, !iï;hn> ■'
(l’O. Müllcr, Kl. Schrift. I, p. 540 ; elle est suivie également par •’ » 1 ,
wesen der Griecli. n. Mimer, p
p. 138; cf. Ibid. p. 75
244_ _ 12 IJ.'irpfekl-Heisell . Dns y<
13 O. Navarre, Dionysos, p. U4 Slb
et 123.
MAC
MAC
1169 —
d on jouera la suivante, ce sera une autre
P'"' r n autre nom1. »
ville | ration (le la scène grecque était complétée sur
La t|(V par les périacles (îcspiaxToi)2. On appelait ainsi
leS C" Usines triangulaires, égaux en hauteur au décor
*“1 1" Tt établis à droite et à gauche de celui-ci, paral-
centr:('ij|l(ll un peu en avant, de façon à former une sorte
fm^e ou de coulisse (ai àvw irapoSot) 3. Ces prismes
; P'1^'^ sur Un axe, de là leur nom, et leurs trois faces
portaient chacune un décor différent, exécuté
a pUinière à se raccorder avec le sujet central ■*. On dis-
ir ià de deux changements à vue sur chaque côté.
■au reste, les deux périactes ne tournaient pas toujours
'■ h fois'6 : on peut même croire que c’était là l'excep¬
tion. Poil u x nous signale à ce propos une curieuse con¬
vention. Quand les deux périactes tournaient ensemble,
on admettait que le lieu de la scène (/topa) était totale¬
ment changé. Lorsque au contraire la périacte de droite
(il s’agit de la droite du spectateur) évoluait seule, le
changement ne portait que sur une partie déterminée
(totuoç) du lieu de l’action. Cette convention, évidemment,
dévive de la signification locale, attribuée à Athènes aux
entrées latérales: l'entrée del’Ouest symbolisait [uistrio] le
voisinage immédiat, celle de l’Est l’étranger. Comme
exemple du premier cas, on serait tenté de citer les Eumé¬
nides, où l’action se transporte subitement de Delphes à
Athènes0. Danslesecond genre on nommerait VAjax, dont
une scène se passe en un bois solitaire, à quelque distance
de la tente du héros, tandis que toutes les autres ont lieu
devant celte tente7. Toutefois l’opinion à peu près unanime
des savants, aujourd’hui, est que les périacles n’étaient
pas encore connues à l’époque classique8. La principale
raison qu’on avance, c’est qu’elles ne sontcitées que chez
desécrivains très postérieurs, Vitruve et Pollux9. Cette rai¬
son, pourtant, n’est pas absolument décisive, car, sans une
sèche mention d’Aristote, nous ne serions pas plus ren¬
seignés sur le décor de fond10. Ajoutons que plusieurs
passages des tragiques impliquent l’existence, sinon de
périactes proprement dites, du moins d’un décor latéral 11 .
L Poil. Ouom. IV, 126 : zocç ÉxàxEja Sètûv Sûo HuçuivTülviEEçt tîjv [livr^v aXl.ai
JO E1£V «V, JJÎa £X«TEÇWÛEV, zgl; a; aî zEpiaxxoi *X'j;jLzÉzï]yaaiv, 7| atv 5e;..(X xà £;w zôVewç
\ ^ xà Èx zoVeiu;, jiâ).i(TEa x& ex Xtjjfcgvoç ' xat OeoO? te DaXaxxtouç IzàyEi,
.j û T 'J tXX/OzTTEfa O’.Ta 7] OEÇiElV fcSlJV aTEÏ * êI S’IzZffTÇaçEÏEV aî ZEOtaXTOl,
( E.'ft |iîv à[EEtg,i tôxov, à^çÔTEçat Si /woav uzaV/.âxToyfftv ; Vitruv. V, G, 8 : Secun-
'"'l"n sP»lia ad ornatus comparala, i|uac loca Graeci zEpiàxxouç dicunt ali
1 1 "i '".u liinae su ni in ljis locis versatiles trigonae liabentes singulae 1res spccies
’ (llmc> cum ;u|l fabularum nuilationes sunt fuUirae seu deorum adventus
, " r::'us ropentinis, vcrscntùr mutentquc speciem ornalionis in froide.
IV , j ' 1 .H ; Schol. Aristoph. Lysist. 321 ; Atlicn. p. G22 c. — ■ * Poil.
_ri^ /J/ j|[*a.a Se u saa;jaxa -y ztvaxE; x(aav ejtovxeç ypaxà; x/j ypEta xwv S^ajxàxüJV
' ' > J 11 “ E-i Ta; zEoiâxxouç, oçoç SEixvuvxa, r, Bàxaxxav. r, zoxajx&v, v,
brodi s ‘ ~ ^ ’ 1 (lexlc cité plus haut, note 2). — G Voir Soninier-
P- l’S s< — 7 Bethe, Proie gom. zur Gcsch. des Theat.im Alterth.
1 opinioi 1 ”a'° ll expliquer ce changement de scène par Yekkykléma. — 8 C'est
0»«„i7'ParllCUlier’ <r0<,||lll'<'l>cii. O. I. p. 243; Ilaigh, 0. I. p. 182; Niejahr,
Keiscli ’<c"en' I1' S-t 2. A. Millier, O. I. p. 123, ne se prononce pas.
Périactes dès \ " ^!ea^' P‘ cl 270, admet la possibilité de l'existence dos
dans lo don ni \ ■'/ S'l'C*e' nl0mc P- Gardner, The scenery of tlie greelc stage,
Anecd. /Vv. | s-"d- XIX, 2, p. 260-1 . — 9 Un grammairien anonyme {Cram.
c'est là U|J t, 111 al tribue, il est vrai, à Eschyle l’invention des périactes ; mais
(?;«,„), 1(^,1™°^"^ SaUS Va,C1’r- — 10 Arist. Poet- 1V • TXr,voTfa=iav EosaxXSj;
«mbrasser |es * ',UC le tern,e général dont se sert ici Aristote (crxvoyçafia) Pcut
début de !'/.■,■ l< s ,1(' décors. — 11 Le plus probant de ces passages est le
' d'luac|ios; là «tir ^°Pll0ClC 1 « Voici l'antique Argos, la plaine boisée de !a fdle
P v°'s à gauche ■ ' a'nc %c‘cnno consacrée à Apollon, tueur de loups; ce que lu
arrivés, i l; |(S 1 " leraple fameux d’Héra. Quant à ces lieux où nous sommes
’Hopitlps, » D'„n llllais> c est la riche Mycènes, et voici le palais meurtrier des
I ! 11,11 de l'action 1 1 ' * description, la toile de fond montrait l'acropole de Mycènes,
l"0 sur l'um, (|^ U l '' la Perspective d' Argos, elle ne pouvait guère être peinte
Icléral ,|B'j| ccinvj|ii|'| ' 1 ,lr Los. Dans l'/on d'Euripide, c’est également sur le décor
e placer ce bosquet de lauriers, voisin du temple delphique,
Au nombre des machines du théâtre, on peut encore
ranger, en raison du mécanisme qui le mettait en mou¬
vement, le rideau (en latin aulaeum , ou plus souvent au
pluriel aulaea). Chez les Romains, il se manœuvrait en
sens inverse de notre rideau moderne. Au début delà
représentation, il descendait et s’enfoncait dans une cre¬
vasse longitudinale, pratiquée sur le devant du loç/éion
( aulaea premuntur) 13 . A la fin de la pièce, pour dissi¬
muler la scène, on le relevait ( aulaea tolluntur ) *3. Selon
Donat, le rideau n’aurait été introduit à Rome qu’en
l’an 133 av. J .-C. ; on aurait utilisé pour cet emploi un
des riches tapis provenant de la succession d’Attale, roi
de Pergame, qui avait fait son héritier le peuple ro¬
main u. Sur cette tapisserie étaient brodés des per¬
sonnages de grandeur naturelle ; on la faisait remonter
avec une lenteur calculée, de façon que les figures se
dressant peu à peu semblaient la soulever elles-mêmes
de leurs bras15. Il reste dans plusieurs théâtres ro¬
mains, en particulier à Ilerculanum, Pompéi, Arles,
Orange, des vestiges de la crevasse dans laquelle dis¬
paraissait le rideau. Toutefois, on ignore absolument
la nature du mécanisme à l’aide duquel il fonctionnait.
Les hypothèses, hasardées à ce sujet, n’offrent point
assez de probabilité pour qu’il y ait quelque intérêt à
les relater ici 1 6 .
Outre le rideau dont il vient d’être question, qui était
le principal et fermait toute la scène, il y en eut, du
moins à partir d’une certaine époque, un autre plus
petit, appelé siparium, qui dissimulait le fond de la
scène17. C’est devant ce rideau, par conséquent sur la
partie antérieure du logéion , que se jouait le mime
[mimus] 18. U servait aussi dans les autres genres drama¬
tiques, pendant les entr’actes et les changements de
décors 19. On le manœuvrait, semble-t-il, comme nos
grands rideaux de fenêtre, qui se divisent par le milieu
et se tirent de chaque côté20.
La question du rideau dans le théâtre grec est fort
controversée 21 . D’une part, il n’existe, quoi qu'on
en ait dit, aucun texte de l’époque classique qui y
dans lequel Hermès se dissimule (v. 76 : e’ç -po Sf,<ro^ai tw.Se). De
même enfin dans Y Hélène du môme auteur, qui se passe devant le palais du roi de
Pharos, Théoclymène, le « cours du Nil », mentionné au v. 1, ne pouvait guère être
représenté sur la toile de fond. — 12 Hor. Ep. II, 1, 189 : quattuor aut plures
aulaea premuntur in horas. — 13 Ovid. Met. III, 111, voir plus bas. — Donat.
De coin. : aulaea quoque in scaena intexta sternuntur, quod piclus ornatus ex alta-
lica regia Romani usque perlalus est. — 13 Yirg. Georg. III, 25 : Purpurea intexti
lollant aulaea Brilanni; Ovid. Met. III, 111 : Sic ubi tolluntur festis aulaea thea-
tris, surgere signa soient, primumque oslendcre vultus, | cetera paulalim. placi-
doque cducta tcnorc tola patent, i moque pedes in margine ponunt. — lf* Voir
A. Millier, Philol. XXIII, p. 327-8. — 17 Donat. De com. : Pro quibus (aulaeis) siparia
aetas poslerior accepit ; est aiitem niinulum (mimicum ?) vélum, quod populo obsislit,
dum fabularum actus commutantur ; Fcst. : Siparium, quo in scenis mimi utuntur,
dictum ait Yerrius a velamcnlo, quod vocclur alias aulaeum. — 18 l'est. L. I. ; Juv.
VIII, 185 sq. — 19 Donat. L. I. — 20 C’est du moins ce qu'on a conjecturé d'après le
terme complicave , plusieurs fois employé par Apulée en parlant de la manœuvre du
siparium ( Metam . I, 8 ; X, 29). A. Rich, Dict. des antiq. s. v. croit que le siparium
se composait de plusieurs feuilles, que l'on pomail ouvrir ou replier sur elles-mêmes,
à la façon de nos paravents modernes. — 21 Pour le rideau sc prononcent (ienelli,
Theat . von Al/ien, p. 54; 0. Millier, Eumenid . p. 105; Schneider, Att. Tlteaterw.
p. 81, n. 103; Lobdc, O. I. p. 12 sq. ; Wieselcr dans diverses publications
(Ersch u. (îruber, Encycl. p. 216 sq. ; Gôtting. Prorectorats-Proyr. 48G6,
p. 4 sq.). Contre le rideau sc déclarent Groddeck, De proedria et aulaeo (dans
Seebode's miscell. crit. p. 299 sq.) ; Bôltiger, Kl. Schrift. I, p. 402; G. Hermann,
Leipz. Litt. Zeit. 1818, p. 1906; Schonborn, Die Skene der Hellenen, p. 34 sq.,
et d’une façon générale la plupart des savants qui se sont occupés depuis une
vingtaine d'années de la constitution matérielle du théâtre grec : A. Müllor, O.
I. p. 168; Ilaigh, O. L p. 194; Oehmichen, O.l. p. 245 ; O. Navarre, O. I. p. 126.
Cependant une réaction semble depuis quelque temps se dessiner contre cette
opinion négative. Voir au sujet du rideau les recherches nouvelles de Weissniann,
Milnch. Dissert. 1893, p. 33 sq.; Bethe, O. I. p. 168 sq. ; Ddrpfcld-Reisch, O. I.
p. 253 sq.
N
1S3
MAC
— 1470 —
MAC
laisse clairement allusion Et ce silence constitue
à lui seul une présomption négative des plus fortes*.
1) autre part, le théâtre grec renferme maintes scènes,
ilonl la représentation, aux yeux d’un moderne, exige¬
rait impérieusement le rideau. De ce genre sont, par
exemple, tous les débuts de tragédies ou de comédies,
dans lesquels l’attitude des personnages est la prolonga¬
tion d un état antérieur. C est ainsi que, dansl’Mndrowiérfe
d’Euripide, l’héroïne apparaissait dès le début de la pièce
attachée à son rocher3. Dans YOreste du même poète,
nous voyons le héros de ce nom étendu « depuis six
jours » sur son lit de douleur. De même, dès le premier
vers des Ailées, Strepsiade et Phidippide sont couchés et
ronflent. Qu on imagine ce que pouvait être la représen¬
tation de telles scènes en l’absence de rideau. Il fallait
nécessairement que l’acteur prit sous les yeux mêmes du
public 1 attitude requise. Dans YOreste, par exemple, un
lit était d abord apporté sur la scène ; puis arrivait Oreste
qui s’y couchait; ensuite survenait sa sœur Éleclre, qui
s asseyait à son chevet. Tous ces préparatifs terminés,
celle-ci prenait enfin la parole pour déclarer qu’ils étaient
tous les deux, « depuis sixjoursentiers», dans cettesitua-
lion. Le public du vc siècle conservait-il assez de naïveté
pouracceptersansprotestations une pareille accumulation
d invraisemblances? C’est ce qu’il est bien difficile de déci¬
der : 1 imagination du public a, en effet, des exigences
ou des complaisances qui varient extrêmement selon les
lieux et selon les temps. Récemment, M. Bethe a repris
1 argumentation en faveur du rideau. Il a fait remarquer
d’abord qu’aucun des drames grecs antérieurs aux trente
dernières années du ve siècle ne présente l’invraisemblance
signalée plus haut L Tout au contraire, elle devient fré¬
quente après cette date °, et, ce qui est plus significatif
encore, on la rencontre même dans des drames où un
très léger changement de structure eût permis au poète de
l’éviter". Qu'en conclure, sinon que dans l’intervalle le
rideau avait été inventé? Mais, malgré tout, un doute
subsiste, qui tient sans doute, en partie, à ce que la ques¬
tion est mal posée. Il n’est pas probable, en effet, que le
rideau de théâtre ait été adopté à une date précise et une
fois pour toutes. Avant qu’il y eût un rideau permanent,
le besoin a dû plus d’une fois suggérer l’idée d’un voile ou
écran provisoire, dissimulant jusqu’au commencement
de la représentation tout ou partie du décor. Qu’on
suppose au début de YOreste un écran de ce genre, placé
devant le lit qui sera le centre de l’action, puis enlevé
au dernier moment, est-ce que les invraisemblances
dont nous avons parlé ne seront pas du coup sensible¬
ment atténuées? Là est peut-être la vraie solution7. Quoi
qu’il en soit, il convient de remarquer qu’à Rome même
le nom que porte le rideau de théâtre est grec (aùXou'a),
ce qui semble bien prouver que les Latins ne l’ont pas
1 \ oir une discussion complèledes textes où l’on a cru, à tort, voir une indication du
rideau dans A. Mii lier, Philol. XXIII, p. 327; XXXV, p. 310sq. et Gr. Bïihnenalt. p.
168, n. 3. — 2 Perrot, Le théâtre grec[Journ. des sav. 1898, p. 515). — 3 Voir Nauck,
Trag. grâce, fragm. p. 393, fr. 114. — 4 M. Bethe croit môme constater dans la cons¬
titution de certaines tragédiesde ce temps, en particulier dans celle des Phéniciennes
de Phrynichoset du Prométhée enchaîné d’Eschyle, un eff or t manifeste pour échapper
à cette invraisemblance. Mais sa démonstration ne me paraît nullement convaincante
sur ce point ( O . I. p. 189). — 5 Exemples : Oreste (408), Troycnnes (415), Sup¬
pliantes (421?), Oedipc-Boi (430?), Héraclès furieux (entre 424-420), Andromaque
(430-124), Acharniens (423), Guêpes (422). — 6 Bethe, O. I. p. 196. — 7 Üôrpfeld-
Keisch, L.l. — 8 Bas Ekkykléma ( Friedl . Gymnasialpj'ogr.) 1890. — 9 Berlin,
philol. W ochenschr. 189u, p. 1434, 15-17 ; cf. Capps, The stage in the gr. theat.
according to the extant dram. 1891, p. 38. — 10 Bas gr. Theat. p. 234 sq. A la
place de Y ekkykléma , M. Rcisch admet, selon les cas, ou le transport des cadavres
i mente», et qu il est d'origine
Arrivons aux machines
Il a été traité déjà dans un t
;i» moins alexandr
’ proprement dites.
llil*.
ekky-
1890 M- Neckel s’est donné pour tâche
n i Es
ni Sophocle n'avai
de
prouver
klkma. Mais cane machine a, d“'„t £ ,
pensable de dire „„ mou Dans une
r que
et que c’est une invention des tragiques
Euripide et Agathon : invention où se trahit du résiné
mauvais goût du temps. L 'Héraclès furieux d’IW
senul, au dire de M. Neckel, la seule de toutes’ le,
«ed.es subsistantes qui en offre un exemple certain. Dans
la plupart des scènes ou on admet communément Per
de la machine, les cadavres
emploi
. . , auraient été simplement
apportes sur la scene par des serviteurs. M. Dôrpfeld
non seulement a approuvé les conclusions de M. Neckel
mais incline pour sa part à une solution plus radicale’
V ekkykléma, à ses yeux, est un appareil ridicule et
tout à fait indigne du sérieux de la tragédie attique II
suffisait, pense-t-il, que, les portes du fond étant ouvertes,
les acteurs et le chœur vissent, ou plutôt eussent l’air de
voir ce qui se passait à l’intérieur du palais9. La thèse I
absolue de M. Dôrpfeld a été reprise depuis, avec déve¬
loppements et preuves à l’appui, par son collaborateur
M. Reisoh"1. Revue faite de toutes les scènes tragiques*
alléguées en faveur de Y ekkykléma, celui-ci conclut sans
hésiter par la négative. Restent, il est vrai, les deux pas¬
sages connus d’Aristophane (Acharn., 404 sq. ; Thesmo-
phor., 9o sq.), où tout le monde jusqu’à ce jour, y compris
M. Neckel lui-même, a vu une parodie de Yekkykléma.
Pour échapper à la difficulté, M. Reisch hasarde une inter¬
prétation toute nouvelle de ces passages ; selon lui, il n’y
est nullement question de Yekkykléma ; les verbes sxxu-
xXeïv et s’taxuxÀEïv y désignent simplement un lit de repos
à roulettes sur lequel Agathon et Euripide se font trans¬
porter en vue du public, et ce lit roulant serait une paro¬
die de la mollesse et des habitudes efféminées des deux
personnages u. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner par le
menu ces assertions, qui nous semblent fort hasardeuses.
Bornons-nous à dire qu’à nos yeux l’existence de Yekky¬
kléma dès le ve siècle demeure hors de doute12. L inter¬
prétation des deux textes d’Aristophane qu imagine
M. Reisch est inacceptable13; il reconnaît lui-même
qu’elle ne rend pas compte de tous les détails de laj
scène des Acharniens 14 . Nous œadmettons pas davantage
la thèse plus modérée de M. Neckel ; il n’existe aucune
raison de ramener aussi bas qu’il le veut la date de 1 in j
vention de Yekkykléma. Tout au contraire, cai ce
appareil, bien loin d’être un raffinement de décadence,
témoigne, chez les auteurs et le public, d’une naneh i
d’une complaisance d’imagination toutes primitif 1 s
sur la scène, ou la simple ouverture des portes. De P*IIS’ '* 1 gur „nc
impossible qu’on ait parfois, à titre exceptionnel, tiré (^au* ^ public tiw
coulisse) quelque partie de la façade ou du toit pour penmHi^*^ faveur de
vue de l'intérieur (O. I. p. 247). — *1 Ibid. p. 237 sq. 0 fragen (danfc»
Yekkykléma les études récentes de E. Bodeustcincr, j, pcll«e»
les Jahrbüch. f. class. Philol. 19 Suppllband, 1893), p. 9 \\XI1I (1897), 1
O. L p. 100 sq.; C. Robert, Zur Theatcrfragc, dans r/fcriw<w, xXXW,
p. 434 sq. ; cf. Ibid. XXXI, p. 543, 571. - « C.
p. 430. — H II s’agit du mot aa-caÇàSr.v du v. 41 1 . “ 10 1 i|)iair jc|i freilich
der in den Worten i;ôv xa:a liegt, zu vers U' lien il. ^ a°eC infiniment
nicht anzugcbcn » (O. I. p. 239). — Contrairement à N< 1 ' » r usage de l 'ekky
plus de vraisemblance, Bethe, O. I. p. 106, essaie d < ,a 11 I n,^me complète-
klêma devint de plus en plus rare au cours du v® siècle H < ,sI,a
ment vers 420.
MAC
— 1471
MAC
On a vU
plus haut [ekkyklema] que, si le but de Yekky-
l , l iir rien ne l’est moins que sa construction
Truisme qui le faisait mouvoir. Or une théorie
etle ll||, ' tout récemment proposée parM. Exon, apporte
"“'V h- lumière sur ces obscurités1. Dans quatre des
."•'uiciens relatifs àl 'ekkykléma, un mot jusqu’alors
lt'X| v(;"a attiré l’attention de ce savant : c’est le verbe
D .l-îOai ou (TTpsœeffOaC2. Ce mot décrit assez claire-
^ïmanœuvre de Yekkykléma : il ne s’agit pas,
miuiir' on l’avait cru jusqu’ici, d’une poussée en avant,
I C0'ni mouvement rotatoire autour d’un pivot. Par-
mais a un 111 . , i . .
, , „„ M. Exon reconstruit la machine ainsi
tant ce et/
il suit ' un axe vertical fixé dans le seuil du mur de
fond (une partie de ce mur, qui, à 1 epoque classique,
n’était qu’une simple cloison de bois3, mobile autour
dudit axe) ; derrière elle, une plate-forme semi-circu¬
laire, y attenante, et roulant sur des roues basses. Faites
décrire à ce dispositif un demi-cercle, et la partie mobile
découpée dans le mur de fond viendra présenter aux
spectateurs, au lieu de la paroi externe qu’ils avaient
tout à l’heure sous les yeux, sa face interne ainsi que la
plate-forme qui y est lixée. Quels sont les avantages de
cette nouvelle théorie? Il y en a plusieurs. D’abord, et
c’est là l’essentiel, nous y gagnons de l’espace. La théorie
traditionnelle, en effet, qui faisait de Y ekkykléma une
plate-forme, poussée en avant hors d’une des. portes de la
skénè, ne permettait de lui attribuer que des dimensions
fort restreintes ; de sorte que l’emploi de cette machine,
en bien des cas où il est expressément attesté par les
scoliastcs, devenait singulièrement invraisemblable :
en particulier dans les Euménides , où douze Furies y
doivent trouver place à la fois, dans VA jax, dans F Héra¬
clès furieux, etc. Or l’hypothèse de M. Exon lève cette
difficulté : rien de plus facile que de calculer exactement
les dimensions de la plate-forme semi-circulaire qu’il
suppose. Le rayon nous est donné par la profondeur du
logeion , soit 2m. 35 à Athènes, etle diamètre sera naturel¬
lement double, c’est-à-dire de 4 m. 70. Or une surface
semi-circulaire de 2 m. 35 sur 4 m. 70 est certainement
suffisante et au delà pour tous les tableaux vivants qui
doivent paraître sur Y ekkykléma, même pour le plus
embarrassant et le plus compliqué de tous, celui des
Euménides. Un second avantage, c’est que la manœuvre
pouvait se faire avec infiniment plus de sûreté, d’un
mouvement doux et régulier, sans bruit ni secousse de
nature à déranger l’ordonnance savante du tableau.
Enfin, il faul accorder à M. Exon que Y ekkykléma , tel
qu’il le décrit, donne lieu à des effets scéniques beaucoup
plus heureux el plus saisissants que dans la conception
ancienne : c’est, à la lettre, la chambre du crime qui,
soudain, comme au coup de baguette d’une fée, tourne
sur elle-même et vient s’offrir aux regards du public.
Est-ce à dire que nous devions accepter intégralement et
dans tous ses détails cette reconstitution? L’auteur lui-
même ne le prétend fias : il a voulu exposer, dit-il, « non
pas ce qu’a été exactement Y ekkykléma , mais ce qu’il a
pu être ». Un fait reste acquis : c'est que la machine
connue sous ce nom évoluait autour d’un axe 4.
De Yexostra (s^arpa), laquelle n’était, selon Dollux et
Ilésyehius, qu’une variété de Y ekkykléma, il a été parlé
plus haut [ekkyklema] 5.
Après Y ekkykléma, la plus importante des machines
était la vvj6. Elle servait, dit Pollux,« à faire voir
dans les airs les dieux et les héros, les Bellérophons et les
Persées7 ». A propos d’une machine qu'il nomme sùjpY.gY
ou aiojpYjga, Suidas donne une définition analogue et
répète l’exemple de Bellérophon 8 : d’où on peut conclure
que le mot éoréma n’étaitqu’un autre nom delà méchanè.
Enfin, un troisième nom que porte dans certains textes
lexicographiques la « machine à voler », est celui de
yspocvoç 9. Cette dernière dénomination a l’avantage d’être
plus précise que les deux précédentes. Les anciens, en
effet, appelaient ÿmmos l’appareil que, par une métaphore
toute semblable, nous nommons grue. D’après cette seule
indication, il est possible de reconstruire, au moins dans
ses grandes lignes, l’aspect de la méchanè : elle devait se
composer essentiellement d’un ou plusieurs câbles, glis¬
sant sur une moufle et actionnés par un treuil, avec un
crochet à leur extrémité pour y attacher les fardeaux.
Telle est bien, en effet, l’idée qu’on arrive à se faire de la
méchanè, en combinant les détails qui nous sont parve¬
nus isolément à son sujet. Dans plusieurs textes relatifs
à la méchanè, il est question de l’àyxuptç, c’est-à-dire du
crochet en forme d’ancre auquel était suspendu l’acteur10.
Pollux parle, en outre, « des câbles (oùwpat), qui pendent
d’en haut pour supporter les héros et les dieux, qui
semblent se mouvoir dans les airs11 ». Enfin, il est fait
mention dans un fragment du Daedalos d’Aristophane
de l’un des organes de la méchanè, appelé xpo/ôç12 : ce
mot désigne soit la poulie, soit plus probablement le
treuil ou cabestan, autour duquel s’enroulaient et se
déroulaient les cordages. Nous retrouvons là, comme on
' 1 new Vieory of the eccyclema, dans Y Hermatliena, vol. XI, n" 26
ir. p.
(l90ü)'P'.U2 ~ 2 Schol. A ris top h. Acharn. 408 : IxxuxXyma Si Xlye t<
T?0yo-
*«: TOÏ;
AEyExat [Ar,yavY];Aa
oittç lïepuTTçeoôjAEvov xà Soxoùvxa ÉvSov û>; iv otxta itpâxxEaÔat
?l}rr t0iUVUE> Si xoY; ôéaxafç ; Schol. Aristoph. Nub. 184: opà Si d>;
W Kloi/1 a? Eno ç xoù lxxuxVq[ji.atoç ; Schol. Clem. Alex. Protrept.
tôôzn-fc A. . tl U1™T9°X°V Èxxoç (leg. ivxb;) xi); <xxY)vyj;, ou <xx p e © o jx é v o y
-'T“ e;w «avEpà yîvEoOat; Schol. Aescliyl. Elim. 64 : xat SEUTÉoa Si
~~ :1 Dfi> fii T'-? W.^axa ÉvS.Xa tcoieï xà xaxà xb jtavxsïov û>; e/ei.
anc. III (him ^SC^’ ^aS Qr‘ P- 32-33. — 4 0. Navarre, Rev. des H.
Scra pas iiuilil ^ ^ ^CS ^ox^es rclatifs à l exostra sont si rares, qu’il ne
figHrc |)a|( | ‘ (*e mentionner ici une inscription récemment retrouvée, où ce mot
M. Ilomolle i7,S °,np^cs à la construction du théâtre de Délos, publiés par
l'an 274 av ) ' [■' °orr‘ ^le^‘ janvier-juillet 1894, p. 161-168) on lit à la date de
>«tv» » Vai trcàvw «rxnjyàç xatvà; TEotvityat Sûo xat xà iraoao-xrvia xà avw
Wt xoù; |pe,,0 1 < ‘0l’ niva-t itEot. .. «rat xat xà; È;u><rxpa; xat xr,v xXtjjiaxa
la suite dos Comme on voit, les exostrai sont mentionnées ici à
^escalier et sos ^ h(Ll,t, des parascénies d'en haut} et immédiatement avant
KKKvki.ema S ( e ^mo*Snagc confirme donc l'opinion émise par M. S. Reinach
Virement pai* (°f C'roslra située à l’étage supérieur. — 6 On entend ordi-
A. MüHer (;,• /, " "in * niacl1*iac» par excellence ». Avec plus de raison peut-être
lrcu'l 'pii aclioim ^ i n‘ cro^ fiuc 1° terme s’est appliqué d’abord au
111,1 * aPPareil, puis à l’appareil tout entier. —1 IV, 128 : f; jATj/avri
Si Oeoùç Sstxvuai xat Tjçtoa; xoù; Iv àiçt, I3£AAe.^030vxa; yj IlEpaET;. S feuid. S. V.
liipYuxa • o IlEVAepoidvxïi; Stà xou nr.vdi.Tou xou TrxEpwxoù IneOûnr.crEv e{;tov oûpavbv 4vea0eTv"
xat or.fftv EuçitciSyi; « ay' Z> ot'Xov jaoi ÏTTjyâaou layu Trxcpôv » * [aexéw^o; Sè af^ixat lx\
[jtriyav^; * toùxo Si xaXeïxat lii{.y,;Aa * èv auxrj Si xaxîjyov xoù; 6eoù; xat xoù; ly aE*pi TCoAoùvxa;.
Le mot è<.'.pY)|jta signifie littéralement un appareil élévatoirc (a’wçÉw). Dans tous les
mots de cette famille la forme Iwo. alterne avec la forme atwç. ; cf. (Hesvch.
s. v. ; Diod. Sic. XV11I, 42), Upa (Sopli. Oed. r. 1264) et les composés jaexéu>?o;,
(Asxewot^w. — 9 Poil. IV, 130 : ÿj Si yÉçavo; |A>iyàvr,jAà èaxtv Ix jaexewçou xaxaçEçôjitvov
i-s' aç^ay/j a.i^taxo;, S xe'/^xai ’IIù»; àçiîà^ouaa xb aw^a Me'javovo; ; Bekker, Aliecd. gr.
p. 232, 5 : yÉoavo; xat Iv xyj axr.vîj àpra; xaxeiixEuaaji.Évo; u r.b xoù lAr.^avonoioù, t; où ô
itrxEuairjjtÉvo; (x^ejAâffjJtEvo; ? Crusius) uTioxpixtxw; xpaytoSeï. — 10 Plut. Prov. 1 16 : xçàSr,;
çayEi'iTyi; * vùv o ù>r o aùxtvo; xXâSo;, àXX‘ ^ àyxu^t; às ît; ot uitoxçtxal ev xaï; xçaytxa?;
o-xyjvaï; l;apxwvxat Oeoù |AtjJ.où^.Evot liîtœàvEiav Cwax9Jo<rt xat xatvtat; xaxuXtjp.ptévot ; Hesych.
S. t1. xçàSïj * «ruxîî; x).àSo;, xat àyxupt; Il r,; àvérxovxo ot iv xpaytxaT; jiTi/avaT;
lut®atvo{JiEvot cf. O. Crusius, Pliilol. XLVIII, p. 69S. Le terme àyxupt'; était apparem¬
ment un mot technique, car il ne se rencontre nulle part ailleurs, mais il est étroi¬
tement apparenté avec à yxupa, ancre, croc, mot très courant. Dans la définition de
la yépavo; donnée par Bekker, Anecd. gr. p. 232, o, le terme àprca; est évidemment
un synonyme d’ àyxupt';. Voir Crusius, L. I. et Dorpfeld-Reisch, O. I. p. 232. — il IV,
131 : atwpa; S’àv sum; xoù; xàXw; ol’ xax^pxyjvxat e; ù'4ou; àvlyttv xoù; iict xoù àépo;
©ÉpeaOat Soxoùvxa; V,pw; tj Oeoù;. 12 Fl’agm. 188, éd. Kock : ô jx^yavoTtoto;, onoxe
poûXti xbv xpoybv îj*àv (làv niSS.) àvtxâ;, Aeye, y.alpe «é^Yo; VjXtou.
MAC
— 1472 —
voit, à pou près au complet les organes essentiels de la
grue moderne *. C'est à tort pourtant, si je ne me trompe,
qu on a parfois admis que la méchanè tournait, comme
nos grues actuelles, autour d'un pivot, de façon à exé¬
cuter, outre le mouvement vertical de descente et d’ascen¬
sion, un mouvement horizontal de translation. Vitruve
luiUnême ne semble pas connaître ce perfectionnement2.
Sur 1 emplacement de la méchanè , Pollux et le scoliaste
de Lucien sont d’accord. Elle était située, dit le premier,
« du côté de la parodos de gauche, en haut, au-dessus de
la skénè 3 ». D’autre part, le scoliaste de Lucien s'exprime
ainsi : « En haut, au-dessus des portes qui sont de
chaque côté de la porte centrale du. théâtre (entendez
Plus exactement de la skéne ) étaient deux machines :
celle de gauche faisait paraître soudain les dieux et les
héros*. » Ces deux textesse précisent l'un l'autre. Si l’on
s’en tenait au premier, on pourrait, comme l’ont fait du
reste plusieurs érudits, situer l’appareil dans ou der¬
rière l'aile latérale de gauche5. Mais c’est ce que le
second texte interdit absolument. On doit se représenter
le corps de la machine établi derrière le mur de fond, et
le bras qui portait la poulie passant par une ouverture de
l’étage supérieur, à gauche. Au théâtre d’Aspendos on
trouve effectivement deux larges baies, à droite et à
gauche, juste aux endroits désignés par le scoliaste de
Lucien *. Par quel moyen dissimulait-on aux yeux du
public le bras saillant et la poulie de la méchanè ? Cela
pouvait se faire de diverses façons ', dont la plus simple
était d’établir à l’étage supérieur un avant-toit, suffisam¬
ment saillant et incliné. Quant aux câbles, il y a quelque
raison de croire qu’ils étaient peints en noir ou plutôt en
gris . du moins savons-nous, par Héron d’Alexandrie,
que dans les théâtres de marionnettes de son temps on
usait, pour dissimuler les ficelles, de cet artifice8.
L’extrémité inférieure de la méchanè, destinée à sup¬
porter les personnages, prenait selon les circonstances
les formes les plus diverses. Souvent elle figurait un char
ailé . c est sur un véhicule de ce genre, attelé de dragons,
que Médée, dans la pièce d’Euripide, échappe à la pour¬
suite de Jason et emporte les cadavres de ses deux
enfants9. Iris et Lyssa, dans 1 Héraclès furieux du
même poète, apparaissent également dans un char10, et
de même encore Athéna à la fin de 1 Ion 1 1 . Parfois aussi
l’extrémité du câble offrait l’aspect d’un animal fantas¬
tique. Euripide, par exemple, avait montré Bellérophon
s’élançant vers l’Olympe, monté sur Pégase1’2. Et on se
rappelle de quelle divertissante façon Aristophane, dans
la Paix , a parodié cette scène : nous y voyons Trvgée,
nouveau Bellérophon, enfourchant, pour se rendre
1 On peut ajouter que le nom même de ylpxvo; implique une pièce de bois inclinée, car
il n'a été donné à l'appareil qu'en raison de la ressemblance de ce bras incliné avec le long
col de la grue. — 2 Voir plus haut p. 1465 et noie 2.- 3 p0U. IV, 128 : ,at ri)»
àpnrcEpàv itàjoSov juif t»)v OTnjvjjvrt Cio;. —hSehol. Luc. Philops. VU, p. 357, Lelunann:
Svufcvûari ?Tà;sap' UàTijavij; psV,; toJ tii-oaa Oiça; ...MZavS» S i» gm<»eiÇo|Mv<ov Vj i;
ÎEOÙÇ *«. ÊvEStmÇE raÇvMqXZcr.iç Xùff.V oépovra; -ü.y àpn/àv U». Dans
ce texte la droite cl la gauche doivent s’entendre de l’acteur faisant face au public.
Le scoliaste ne dit point quelle était la machine située à droite. — 3 Par exemple,
C. Robert, Hermès. XXXIII (1897), p. 430; Perrot, O. I. p. 513 (voir cependant le
même. p. 420) ; Schneider, AU. Theat. p. 97, et Dôrpfeld-Keisch, O. I. p. 108 (fig. 42)
et - f ^ ' -^1 aller, Gr. Bühnenalt. p. 155, n. 3. — 7 Hypothèses à ce sujet
dans A. Muller, O. I. p. 153-154, et Dôrpfeld-Reisch, O. I. p. 232. C. Robert, L. I.
est d avis, au contraire, que l'extrémité supérieure de la méchanè restait visible au
public, sans que celui-ci en fût choqué. Peut-être a-t-il raison. Qu’on se rappelle la
façon rudimentaire dont étaient représentées encore au siècle dernier dans nos
théâtres les appaiilions divines :« Les chars des dieux et des déesses sont composés
de quatre solives encadrées et suspendues à une grosse corde en forme d'escarpo¬
lette; entre ces solives est une planche en travers, sur laquelle le dieu s'asseye, et
MA G
auprès du maître des dieux, un escarboi . v.
doute la maladresse voulue de la manteuv " ' ’ Sillls
burlesque de cette ascension, car Trvm* ^.ajoulailatt
dain la terreur, s’écriait : « 0 machiniste aÊT,
moi . » C est également sur des chevaux ’aij ou T
Dioscures apparaissent dans Y Hélène 14 p 0s
cas, l’acteur était suspendu directement au
. U-rminait la méchanè « au moyan.da cuinl„“
courroies », semblant ainsi planer, sans secours ét,
au milieu des airs15. Il va de soi qu’une telle situation 5^*
des pins fatigantes et ne pouvait être gardée longtem*
éesl ce qu indique, du reste, un fragment du pi J
eoiiiiq ne Alexis : il y est question d'une loi portée pu ut
certain Anstonicos, aux termes de laquelle les marchand
de poisson étaient tenus désormais d’exercer leur com
merce debout, et non assis. « L’an prochain, ajoute
plaisamment le poète, il fera passer une autre loi pour
qu’ils ne puissent vendre leur marchandise que suspen¬
dus en l’air (xpsgagévonç), du haut de la méchanè, comme
des dieux : de cette façon ils ne retiendront pas longue¬
ment les clients. »
On a cru longtemps, sur la foi de Pollux, que la ma¬
chine a x oler s appelait dans la comédie xpdco7|, au lieu de
P7)Xav7l 1 • Et, comme il serait étrange qu’il y eût eu deux
noms distincts pour une même chose, Wecklein a sou¬
tenu que 1 appareil à voler usité dans la comédie avait
sa forme propre, qui en faisait une caricature de l’appa¬
reil tragique 18. A l’appui de son opinion il croit pouvoir
alléguer la scène connue de la Paix d’Aristophane, où
Trygée parodie l’ascension aérienne du Bellérophon
d’Euripide. Mais le plaisant de cette scène consiste, non
pas dans l’emploi d’une machine spéciale, mais dans
le fonctionnement volontairement gauche et mal réglé de
la machine ordinaire. C’est à peu près de la même façon
que, dans les Acharniens et dansles Thesmophoriazousai,
Aristophane a parodié l’emploi tragique de Yekkykléma ,
en étalant tout crûment aux yeux ce que cet appareil com¬
porte de convention et d’invraisemblance. La vraie expli¬
cation du texte de Pollux nous paraît avoir été donnée par
Crusius19. Nous possédons un groupe de gloses, se rappor¬
tant à l’expression xpxoTjç paysiffï);, dans lesquelles le terme
xpàÔT) est défini « l’ancre ou harpon, auquel les acteurs
dans la tragédie étaient attachés, pour simuler 1 appari¬
tion d’un dieu 20 ». Or ces mots xpaSv); payetVçç forment
le début d’un trimètre iambique: de là M. Crusius con¬
jecture assez vraisemblablement que quelque porte
comique avait dû raconter la mésaventure d un acteur
qui, par suite de la rupture du crochet auquel il étai
attaché, avait été précipité du haut de la médiane- Mais
sur le devant pend un morceau de grosse toile barbouillée qui soi t de
magnifique char. On voit vers le bas de la machine 1 illumination 1 j3 ell bran- 1 1
chandelles puantes et mat mouchées qui, tandis que le personnage si < i ^ (iivinilé ! »
lantdans son escarpolette, l’enfument tout à son aise. Encens digue c e (
(J. J. Rousseau, La noue. Héloïse, part. Il, loft. 22). - » P- «3 ,
éd. Thévcnot, Paris, 1593); cf. Prou, Les théâtres d automat. en j
Mèm. présentés par div. sac. 'à l’Acad. des Inscr. ln 5tllL’ ' ’. . . I
- 3 V. 1317 sq. - 10 V. 812 sq. 872 sq. - « V. 1549 sq. - 12 /lU"P,Ji3 V. 76,
ck ; Suid. s. v. Ë»?r,;xa (tcxle cité plus liant p. I O > "j ^ ,5 p|ut.
jolies; cf. Dôrpfeld-Reisch, O. I. p- 227-8. — ■ 1 • polll I
307-308, éd. Nauck ;
136, 147 et les scolies ; cf. Dôrpfeld-
Prov. 116 (texte cité plus haut p. 1471, n. 10).
IV, 120 : o £è tv TçafmSia piTj/av^ touto l
_ 16 Fragm. 120 Kock.
, Si on «u«il4 ‘p
HvSlu sfiSrild l - *51.
,. - _ 18 plutôt. XXI, I
pà£r,v y^P T»iy «rjxfjv xaAou<riv oi Aotuoi.
:ot* Cen
Hesych.s.o. ^ I
IAt|*Vi«TtÇ .
— 19 Philo!. XLVIII, p. 696-705. — 2» Plut. 'Jrov .
deux textes onl été cités plus haut, p.’ 1471, \j^x. BodL 513
• t'So; (leg. *\ASo;) ouxSj; ’éen St ™*W’' ’ *. ’ J'u„ article Uc
(Vatic. II, 20). Toutes ces gloses dérivent, en dernière • J
Didyme (Crusius, L. L),
MAC
1473 —
MAC
pour fi111'
lie raison
le poète donnait-il à ce crochet le sin-
,.‘M0I11 de xpâSïi, qui proprement signifie « branche
rot
ause de l’accident. Le figuier est en
gl|l‘er T Très probablement par une allusion plai¬
de üglIier * • ‘
«te à sa fragilité, c
' H1 bois mou et spongieux, très fagile par suite : si
Ah n attique l’adjectif ffuxtvoç s’employait, par une
bR''‘2jore courante, pour désigner toute chose frêle et
n" 11 ilrüi-i. En résumé donc, Pollux a dû prendre ici,
Silll> ‘ inaintes fois ailleurs, une métaphore plaisante
comme ^ technique. Comment a-t-il été amené à
1 Uribuesr en propre à la méchanè comique ce nom de
,, jj fort probable qu’il ne connaissait le passage
comique dont nous venons de parler, comme nous, que
par quelque glose de la locution xpâ8r,ç pays-Vr)?. Or cette
Lsc, dont il nous est parvenu des copies incomplètes,
Lit sans doute rédigée dans l’original selon une formule,
à peu près invariable chez les lexicographes : KpiS-r,?
ayasYjÇ • xpxoY, èori ^apet xotç xogtxotç... : ce qui signifie
seulement que le mot xpxov) se rencontre chez les comiques,
ou chez un comique. Pollux a compris que la chose était
usitée dans la comédie. La conclusion, c’est qu’il faut
rayer définitivement le mot xpâo-q du nombre des termes
techniques désignant la méchanè.
Pendant longtemps on a admis comme un fait indis¬
cutable que la machine à voler était déjà connue au
temps d’Eschyle, et que celui-ci l’avait employée maintes
fois, même dans les drames conservés2. On citait en
particulier le Prométhée enchaîné , dans lequel le chœur
des Océanides descend sur un char ailé 3, et où le
dieu Okéanos arrive en scène sur une monture fan¬
tastique4. Mais aujourd’hui presque tout le monde 5 est
d'accord que, dans le premier au moins de ces deux cas,
il ne saurait être question de la méchanè. Élever et soute¬
nir dans les airs, pendant le temps nécessaire à la récita¬
tion de cent cinquante vers environ c, un groupe de douze
ou quinze personnes, c’est là un tour de force à peu près
sans exemple même dans notre théâtre moderne, et dont la
machinerie du ve siècle était évidemment incapable7. On
est donc conduit à croire que si le char des Océanides
avait 1 air (ce que le texte démontre) de planer dans les hau¬
teurs, en réalité il ne planait pas 8. Par quels moyens
mécaniques réalisait- on cette illusion? Ce n’est pas ici le
ieu de le rechercher0. Quant au voyage aérien d’Okéanos,
111 11 fi11 'I ne prête pas à d’aussi graves objections, il est
jmliiii 1 de penser qu’il était, lui aussi, simulé , toutcomme
6'° (;'us tlcéanides10. On à allégué, en outre, l’apparition
111 niii il Athéna en char dans les Euménides (vers 403-
404); mais ce passage contient plusieurs détails contra¬
dictoires, qui prouvent que le texte original a été altéré u.
Dans d’autres passages d’Eschyle, par exemple Euménides
(vers 64) et Prométhée (vers 941), l’emploi de la méchanè
a été parfois supposé, mais avec moins de raison
encore12. Enfin Pollux rapporte que, dans 1 c Mc m non
(ou la Pstjchoslasie) d’Eschyle, on voyait l’Aurore empor¬
ter au ciel, au moyen de la (jéranoi , le cadavre de son fils
Memnon ,3. Mais peut-être, ainsi qu’on l'a objecté, ce
témoignage très postérieur se rapporte-t-il, non à la
représentation originale, mais à quelque reprise plus
récente u. Au total donc il est impossible, en ce qui con¬
cerne le théâtre d’Eschyle, d’arriver à une solution tout
à fait certaine )5. Quant à Sophocle, il n’est qu’une doses
pièces subsistantes où la méchanè ait été sûrement em¬
ployée : c’est le Philoctète, joué en 409, à la fin duquel
apparaît soudain Héraclès « venant du séjour céleste »
(oùpavia; lopaç 7rpoX'.Ticüv)1G. Mais dans cet emploi du deus
ex machina , il y a une évidente imitation d’Euripide.
Celui-ci, en elïet, n’a pas craint d’user de cet expédient
dans plus de la moitié de ses drames, savoir : Médée ,
Andromaque , Héraclès furieux , Ion, Suppliantes ,
Électre, Hélène, Iphigénie en Tauride, Ores le 17 Or la
plus ancienne de ces pièces est Médée , jouée en 431 ,8.
C’est donc à cette date que se place le premier •emploi
cerlain de la méchanè dans la tragédie grecque, sans que
nous soyons pour cela en droit de nier qu’elle ait pu
être utilisée déjà précédemment dans des pièces perdues
d’Eschyle ou de Sophocle, ou même dans telle pièce con¬
servée dont la mise en scène nous est mal connue.
M. Bethe 10 croit pouvoir fixer la date de la méchanè , à
une ou deux années près. Voici comment il raisonne.
Dans les Euménides (458 av. J .-C.), dans Ajax (avant
440), dans Hippolyte (428) les dieux paraissent à pied,
sur le même niveau que les mortels. Au contraire, dans
Héraclès furieux , Ion , Électre , Üreste, drames joués
entre 424-408, le texte marque expressément que la
divinité plane dans les airs au-dessus du temple ou du
palais. Le soin même que prend le poète de signaler
l’apparition aux spectateurs, et de « diriger leurs yeux
vers le haut du théâtre » est, selon M. Bethe, la preuve
qu’il s’agissait alors d'un spectacle auquel les yeux
n’étaient pas encore habitués 20. Partant de là, il conclut
que la machine à voler n’a été introduite au théâtre
qu’entre 428-424. 11 précise même davantage : le Bellé-
rophon d’Euripide, où le poète avait fait grand usage
de la méchanè , ayant été joué avant 425 21 , c’est-à-dire
1 Crusius, 0. /. n r.QR «'I 1
' » llc ICS expressions o-uxtvv} Intxouçta, <r. (taxxvip'a, c. [xà/oipa, c.
WiUmoNNiiz M n ' *iez'escom*,Iu?s* Ajoutez aûxtvoçàvqp. — 2 C’est encore l’opinion de
tic P. Hiclilur y ™d°rf’ EuriP‘d- Uerakl. Il, p. 53 ; de Todt, Philol. XL VIII, p. 528 ;
les scol.flo^v '.‘f lamaturg-desA-eschyl.l 892, p. 220.— 3 V. 124, 128, 275, 282 ; cf.
liant Todt ] / ~ 4 290, 398, cl la scol. du v. 287. — 8 Voir cepen-
Wc/tnitéiTétait' ' V’.128 ^ v' — 7 Pollux lui-même nous apprend i|uc la
|, J’aS apte a soulever do lourds fardeaux (IV, 126 : my«’ S<mbr«zOt®Teçot
Prométhée cll^' " a*u',”tÛ- Pfi en effet, nous voyons que, abslraction faite du
"ion la plus accrU'"'"0 *>aid * suPPorler plus de trois personnes. — 8 c’est l’opi-
0.1. p. 2t6.7C.ri,I’i"ll5®'!"''0urd’hui : Bodonsteinor, O. I. p. GG5 ; Uiirpfeld-Reisch,
Plupart des sava T" ,;i"isel’ ltev- des ét- 9''- XI (1898), p. 519. — 9 La
1° décor. fîetlie Q admettent un cliar roulant, dont le bas est dissimulé par
P'*ce, eséent^ ,.,,1,. 139 S(L M"' croit à un remaniement complet de la
"'des et Océanos ^ .1,n ~^20, Pr<stend que dans la version primitive les bcéa-
" 10 ®odenstciner ll111' 'oui bonnement à pied, à la façon des mortels.
Premier vers en É P' 666 ' D<>rpfcld-Reisch, O. I. p. 218. — U V. 403-405. Le
C8t dit qu elle 6'es| ' "Uiiquer que la déesse est venue à pied ; dans le second
illusion à un {.|lai. Pn guise d ailes de son égide gonflée; le troisième fait
P* 1 ’ > sq,; \Yj|) ' ,l évidemment interpolation; cf. Hermann, Opusc. VI, 2,
Herald. I, p. 152, n, G3; Bodensteiuer, U. I. p. G67;
Dfirpfeld-Rcisch, O. I. p. 216 ; Bethe, O. I. p. 154. — 12 P. Richtcr, O. I. p. 220,
pense que dans les Euménides, v. G4, Apollon, au lieu de sortir du temple avec
Orcste, comme on l’admet communément, descendait du ciel au moyen de la méchanè
Aucun détail du texte n'appuie celte opinion. Voir Bodcnslcioer, O. I. p. 660-7. 11 n\
a pas la moindre raison non plus de supposer que dans Prométhée , v. 941, Hermès
courrier do Zcus (ipoy^) se soit présenté autrement qu'à pied. — 13 IV, 130 (lexlc
cité plus haut p. 1471, n. 9). — 14 En revanche, je ne vois pas comment ou a pu
douter qu'il s'agit dans ce passage du Memnon d'Eschyle (Dôrpfcld-Reisch, O. I
p. 219). L'auteur, à la vérité, n'est pas nommé; mais ce renseignement fait suite
immédiatement à une phrase où il est question de la Psycliostasie d'Eschyle.
— 18 Bodensteiuer, O. I. p. GG7. — !« Vers 1413-14; cf. le v. 1420 qui prouve
qu’Héraclès parait avec toute la pompe et l'appareil d’un dieu : idivorrov èje-r,.,
td/ov, ii; ziçujO' JfSv; Bodensteiuer, O. t. p. 670; Dùrpfeld-Reisch, U. I. p. 223
— 17 Bodensteiuer, O. I. p. 667 sep Aristophane s’est servi, lui aussi, de méchanè
dans la Paix (421) peut-être et dans les Thesmophoriaxousai, les deux fois avec
une intention de parodie. — 18 Argum. de la pièce. — 19 o. I. c. vu et viu
— 20 Avant Bethe, Christ s'était déjà avisé de ce critérium ( Jahrbüch . f. class.
Philol. 1894, p. 157). — 21 Cela résulte du v. 427 ilesAcharniens où Je Bellérophon
d’Euripide est cité. Les Acharniens ayant été joués en 425, le Bellérophon ne peut
l'avoir été lui-mèmc au plus lot que l'année précédente,
MAC
— 1 174 —
MAC
au plus tût en 426, c'est à l’un des concours de 427 ou
12(>qua dû se produire cette innovation'. A partir de
celte date M.Bethe est convaincu qu’on ne vit plus aucune
divinité paraître sur la scène autrement que par le moyen
de la méchonè. Au bout de quelques années, les poètes se
dispensèrent de signaler dans leur texte ce mode d’appa¬
rition devenu ordinaire et banal. La thèse de M. Bethe
repose tout entière sur ce postulat qu’il n’existe aucun
exemple certain de 1 usage de la méchanè avant 426.
Mais est-ce là une vérité reconnue ? Tout le monde, au
contraire, a jusqu ici admis qu’Euripide avait eu recours
a cet appareil dès 431 dans sa Me'dée 2. M. Bethe se donne
une peine inouïe pour établir que c’est là une erreur3 ;
mais il a contre lui à la fois les indications fournies par
le texte , le témoignage des seoliastes% et la garantie
d Aristote6. La méchanè était donc connue dès 431. Mais
si Euripide s’est servi en 431 de la méchanè , sans juger
utile d y faire allusion et de préparer le public à ce spec¬
tacle, torce est bien de reconnaître que les indications
de ce genre contenues dans Y Héraclès, Ylon , YÉlectre ,
YOreste, n’ont pas la portée que M. Bethe leur attribue.
Est-il vrai, du moins, qu'aucune divinité à partir de 425
ne s’est montrée sur la scène grecque de plain-pied avec
les mortels ? Cela encore est une affirmation erronée. Il
faut une singulière prévention, par exemple, pour nier
que le prologue des Troyennes (415), entre Apollon et
Athéna, se passe, non au ciel, mais sur terre, devant la
tente des captives troyennes'. Plusieurs détails de ce
prologue ne laissent lieu à aucun doute8. 11 faut donc
renoncer à assigner une date précise à l’invention de la
machine à voler.
On a souvent dit que les périodes, outre leur destina¬
tion décorative, servaient encore à produire les appari¬
tions de dieux, \itruve, en efïet, écrit: « Machinae...,
quae, cum aut fabularum mutationes sunt futurae seu
deorum adventus cum tonitribus repentinis , versentur
mutentque speciem ornationis in fronte ®. » Il ressort de
ce texte que les périodes tournaient en deux sortes
d occasions, bien distinctes : 1° lorsque avait lieu un
changement de pièce ; 2° quand une divinité apparaissait
dans les airs. Un passage de Pollux semble, au premier
abord, la confirmation de ce second fait10. Après avoir
parlé de la parodos et de la période de gauche, le lexi¬
cographe ajoute : Kai 0soûç TE OaXaTTtouç luayet xal tvxv6' otra
ÊTia/Ôî'rxEpa ovTOt Yj p.T,/ avr, ospstv ào’jvrreï, sans qu’il soit
l M. Bethe ne s arrête pas là. Entre l’époque primitive où les dieux paraissent à pied
et sur le même niveau que les humains (ex. Athéna dans Ajax et encore Artémis dans
Hippolyté) et celle où ils planent dans les airs au moyen delà méchanè, il imagine une
période très courte.de transition, représentée pour nous par VAndromaque. Selon lui,
Thétis dans cette pièce descendrait sur la scène au moyen de la méchanè , mais y sé¬
journerait ensuite, deplain-pied par conséquent avec les mortels. 11 y aurait donc eu un
moment où la méchanè descendait les dieux, maistne les remportait pas. Tou te cette théo¬
rie repose sur une interprétation abusive des v. 1228-30 : Saqxwv o$e-riç Aeuxijv «lOlpa —
Topôji.e'jôjiEvo; 7o»y t-îtooûzwv | *î>6:a; ireStcuv iittSai'vti Le verbe int Satyetv li a pas forcément
le sens étroit de « mettre pied à terre » ; il peut signifier aussi d’une façon plus
large, et c est ici le cas, « atteindre, arriver dans » un pays (sans pour cela y mettre
pied). — 2 Voir par exemple Wilamowitz, Herald. I, p. 334, n. 0, et II, p. 53;
Bodensteincr, O. I. p. G07 ; Dorpfeld-Reisch, O. I. p. 220; Perrot, O. I. p. 421.
— 3 p. 143*151 : il suppose que le char magique de Médéc était, au moment voulu,
poussé hors du palais sur Yekkykléma (!). — 4 En particulier les v. 1320-21 que
prononce Médéc : Totôv S’oyyjjxa ratob; *HÀto; | ^;xTv fp’jjxa z«>).£|xcaç y«poç.
Il est vrai que M. Bethe, p. 145, ne traduit pas, comme tout le monde, « un char
dont le vol rapide dérobe ceux qui le montent à la poursuite de leurs ennemis », mais
« un char doué de la propriété magique de repousser lui-même toute main
ennemie». Même en acceptant ce singulier sens, comment justifier l'attitude de
Jason ? Si, en effet le char de Médée plane dans les airs, on conçoit que- Jason ne
puisse, malgré sou désir, toucher les corps de scs enfants (v. 1402); mais si ce char
est à portée de sa main et que le danger seul le détourne d’y toucher, son inaction
est d un lâche. Or ce n est certainement pas le caractère qu Euripide a voulu prêter
possible de décider av
, ",ec certitude si le suint i ,
os a Par°dos ou la période11. Ces deux '* Up*lrilse
interprétés jusqu’ici très diversement | '!Xl°S 0111 é«
à des apparitions peintes sur la face du «n- T® °nt pens<5
s’offrir aux yeux'du publié. D’autr^ parhn?^ VGnait
que la période, tournant sur pivot P i , ' e cc fa>t
stable, et par conséquent plus.apte’à mouToTdTH
fardeaux que la méchanè, ont admis au’j , ^
“ 1 occasion, faire l'office de celle-ci !„ ' ’iOU,ail'
une brusque conversion l'aefeur chalgT dTl"""1
divinité >3. Ni l’une ni l’autre de ces deux intemE'
ne me paraît fondée. Si on examine, en effet min,
ment le texte de Vitruve, on y déemivre ceci c t;?!'
tans les deux cas qu’il distingue, qu’il s’agisse d’un
changement de pièce ou d’une apparition divine la 1"
version de la période est présentée, non comme h
cause mais uniquement comme une circonstance ronce
nu tan te du phénomène ; elle l’accompagne, mais ne le
produit pas. Dans les deux cas le but de la manœuvre
reste le même : mufo.ee speciem ornationis. Tout
a lait d accord avec cette interprétation est une phrase
de Plutarque : 4>rô«p... ^/av^v «ïp«, WOo|Tixbç àvto
EV OexTco-» crxYjVTjç TtEptffispop.svT,; 13. Nous retrouvons ici
réunis, comme dans le texte de Vitruve, les deux phéno¬
mènes : apparition d’une divinité et conversion de la
période. Mais le texte de Plutarque est plus précis : il
indique avec toute la clarté désirable que l’apparition
avait lieu, non par le moyen de la période, mais par
celui de la méchanè. Reste à chercher pourquoi, en
pareil cas, la période tournait. C’est ici le lieu de
rappeler que les apparitions de divinités étaient, dans le
théâtre antique, accompagnées généralement d’éclairs et
de tonnerre, destinés à rendre la scène plus saisissante11.
Laissons de côté, pour le moment, le fracas du tonnerre,
lequel était produit par un appareil spécial (Pp&vtêïov),
dont il sera parlé plus loin. Quant aux éclairs, Pollux
nous apprend qu’ils étaient imités par le moyen du xspauvo-
G’xoTrsïov, qu’il définit : TrspïotxToç 13. Le but de la con¬
version de la période, lorsqu’un dieu se montrait dans
les airs, c’était donc d’amener en vue une autre face de
prisme, accommodée à la circonstance, c’est-à-dire figu¬
rant probablement un ciel d’orage, chargé de nuages et
sillonné d’éclairs16. C’est de cette même façon, je veux
dire par la peinture, qu’est simulée la foudre dans le
théâtre d’automates décrit par Héron17. Telle est sans
à Jason. — 3 Schol. v. 1317, 1320, cl Argum. Bellie, p. 147, conteste la llc
ces témoignages, parce que, dit-il, l'attelage de serpents, dont il est question, ^
convient point au soleil. — 6 Poet. XV, p. 1454 b : ©avepbv oüv oit
jxùOwv e; aÙ70*j Sïc to j jaûOoj ffujxSatveiv *«■. ja») wciceo
h
MrçSéta &ic* -y.lW-
— 7 Bethe, O. I.
p. 132. — « Au v. 1 Poséidon dit : îjxw Al7al0V
piOo; icovtou. Ce qui signifie évidemment que Poséidon a quitté son sejom I*
lieu de Faction, et non au ciel; cf. encore v.
. .. - » . v Tboik; oyvex E'v
Euruy outra, yaïpe jxot, itoAt, , a. t - .. .
début de l’action les doux divi
l’Océan, pour se rendre au
ffreyat; raïirSe; v. 45, àU’i
p a t v o ja t v . Ce dernier vers suffirait à prouver qu’au "(pr^ov,
nités sont sur le sol de Troie. Môme conclusion à tirer du v. 92, -? • Sentie
D’une façon générale, du reste, on peut dire que toutes les divinité* 'l11^ ^ J||r0<|ile
prologue se présentent à pied, comme de simples humains. C. csl le cas p< ** l
dans Hippolyté (v. 53), Apollon dans Alceste (v. 22), Dermes dam uippobjte
Dionysos dans les Bacchantes (1 sq.), Athéna dans Ajax , ArUmi ^ ^ ^
(v. 1283, cf. 1440). Voir à ce sujet A. Müller, Gr. Bühnenalt. p. 0 ’ . J
Bodensteincr, O. I. p. 670. - 9 V, 6. - .« IV, 126. - » Voir une dtscuss.ou^ ^
plètc de la question dans A. Müller, Philol. XXIII, p. 3-- sq. « 1 ^ ^ n 3).
335 sq. — 12C’est l'opinion que j’ai soutenue jadis moi-même \gg8, p- 3S*«
Aujourd'hui je la crois erronée. Voir cependant Holwcida, Al '■ •* jcs deux
— 13 esu carn. 1, 996 b. — ^^P\uioxc\\.Quaest.coni.\ > y ' . . yil Ld-'.èco
phénomènes : xaOâiccp lv xwawJta jxKjyavà; afpovtt; xat ppovtàç ^ ftfathein- veter.) ,
rum adventus cum tonitribus repentinis ; Héron, Autom. (ul. 11 ' ^ TOjfivyjfltv
p. 263, 30. — IV, 132. — 16 Haight, O. I. p. i82. — n ^ g ^ p 246.
àTîOYpâçtTat rt itupoeiSl;, u>; toJ xEpauvou ©avxaTtav ..otcTé ,
MAC
1475 —
MAC
vraie explication du texte de Vitruve. hile
d°"ki, 1, ,néme coup celui de Pollux : celui-ci signifie
A'l;llir 1 a — nont à la phrase, comme sujet, le
m
dans
. | (1|nent (en uoimam
slin|" - m mu1 nar le couloir de gauche arrivent à
,1,4 .fieux marins2 et que par la aussi se présente
Piet i'i jont je p0ids serait trop lourd pour la méchanè.
t""l |'1 Apparitions célestes, ne se produisaient pas seule-
■ntVl’aide de la méchanè. Parfois les poètes se servaient
même but du théologéion (ôeoAoysïov) 3, sur
■ i nous n’avons, à la vérité, que fort peu de rensei-
e nents. il est nommé par un grammairien anonyme
® ' j ]eg inventions que quelques-uns attribuaient à
ps'livle Pollux, d’autre part, sans le définir expressé¬
ment, donne un exemple de son emploi : « Du théologéion
qui est situé en haut, au-dessus de la skénè, paraissent
les dieux, par exemple Zeus et ceux qui l’entourent dans
kPxjchostasie*. » La Psychostasie ou Pesée des âmes
estime pièce perdue d’Eschyle: on y voyait, selon Plu¬
tarque, Zeus tenant dans ses mains la balance fatale,
dont les plateaux portaient les destinées d’Achille et de
Memnon, et, de chaque côté, les deux mères Thétis et
l’Aurore, implorant à genoux le salut et la victoire pour
leur fils 6. Le destin de Memnon ayant été trouvé le
plus léger, sa mort était décidée. C’est sûrement à cette
scène qui se rapporte l’allusion un peu vague de Pollux.
Comme on le voit, le théologéion servait, lui aussi, à
produire les apparitions divines, mais autrement et
d’une façon plus saisissante que la méchanè : ce n’est
plus ici un dieu qui descend sur la terre, c’est le ciel
même qui s’ouvre, nous laissant apercevoir les dieux
dans leur propre séjour7. Sur la place et la forme du
théologéion diverses hypothèses ont été émises. Toutes,
naturellement, s’accordent à le placer à une certaine
hauteur, sur la façade de la skénè*. M. Dorpfeld, con¬
formément à sa théorie bien connue qui relègue les
acteurs avec le chœur dans l 'orchestra, appelle théolo-
(pi°n ce qu avant lui on appelait simplement logéion,
c est-a-dire le plancher horizontal du proscaenium 9.
Mais c est là une hypothèse que le peu d’élévation de ce
plancher (8 a 10 pieds) rend toutà fait invraisemblable 10.
■ x ec plus de probabilité d’autres savants situent le théolo-
Ü1 cm au sommet de l’habitation, le plus souvent à deux
étages, figurée par le décor, par conséquent à 8-10 mètres
omteur au-dessus du niveau de Y orchestra ".
I ^10rs 1 exemple cité par Pollux, fort rares sont
théâtre grec où l’on puisse supposer avec
siiivanin i. | ' cc^° °P>n>°i milite, du reste, la construction de la phrase
T*r * ■* •** ü ^
8i les dieux marins T " * * k°hde, ^ie Skene der Alt. p. 17, pense que,
au lieu d’ôtre re »V- l*|°nS Néréides, liaient simplement peints sur la périacte ,
11,1 niilieu de l’ékim Cn 'tellement par un acteur, c'est qu'il fallait les figurer
cda d'autre niovo '* *‘'lu^c Mu ne quittaient guère, et qu’il n’y avait pas pour
que ces divinités lu! ^ ^ ^*n^ure’ Holwerda, L. I. remarque avec raison
puisf|u'cllcs sont co° ^°uva*ein*' descendre d'en haut par le moyen de la méchanè ,
lilléralcnienl « m i • eS 'cn*1 (^u ^as> c est- à-dire de la mer. — 3 Le mot signifie
"tç \W,u, a'0°‘r CCS dieux *• 4 Cramer, Anecd. Paris. 1 , 19 : tl uèv
«coAoycTcc . — 6 jy ‘ ‘ ffXïjvr.v eupïjjxaTa icpoo-vepEiv, txxuxA^jxaTa... sai
ûç 5 Zjû- ^ ‘ T0J ®eo^oYeîou ovtoç u-lp tî]v ffxrjvïjv Iv 6'*i/ec iictoatvovcai
•î*ï«HÎiotv ô AltT/'f, rj- ev atrta. — 6 plut. De audit, poetar. p. 17 a :
lV*‘v l*lv tîjv 0^lv ?/’’ ^uy.otrcaertav xat rap»<rrqaaç tcù; iïUtmY;t xoù Atô?
Af‘»chyl Trü ' ‘V *v 5 Ty ’H5> t«ov ou'wv fAaWvwv ; cf. Welker,
p I - M- • m
Tra9' 0raec • fragm. p. 81; Dôrpfeld-Reisch, O. I.
155, dit très bien : tlieologcum, i. e.
loMlmi i|Uo in on""erhrodt, Scaenica , p
"il"n in te- ' scacna utimtur
t0"lo loi,
Uli[|P
rra 'rrsantur..
Iimatur. — s m f ; ■ - —
,J‘ '■ P- 1", iiui | " meutl0nncr! connue une singularité, 1'lifpothèse de
Jl iMrpfei(| a rè.^U th^olo9éion un appareil volant, analogue à
'lii, non ii quidem qui, ex coelo dolapsi, cum homi-
V|i' **» 'll|i quasi in suis sedibus in coelo versantes, de
a affirmé
a maintes reprises celle identification, Berl. phil.
quelque raison l’emploi du théologéion . C’est à tort, je
crois, qu’on l’a parfois admis dans certaines apparitions,
où le texte indique que la divinité se montre « au-dessus
du toit » (ÛTtàp Sôpwv, oopojv Û7tÈp àxcoTâxwv, o”x<ov u7repr£Àv' <; 1 2 .
Il faut remarquer en effet, d’abord, que ces expressions
ne peuvent s’appliquer à la situation de personnes
placées sur le toit même d’une maison13 ; c’est la prépo¬
sition sTTt qui conviendrait en ce sens. La préposition
Ô7T£p, et, plus manifestement encore, l’adjectif CnrcçT éXy.ç
expriment la position d’une personne placée non pas
sur quelque chose, mais à une certaine hauteur au-
dessus de cette chose. A moins donc de concevoir le
théologéion comme une sorte de tribune aérienne domi¬
nant le toit de la maison u, c’est à la méchanè qu'il
faut rapporter ces apparitions. Il y a une autre raison
très forte d’adopter cette solution. Le théologéion est,
incontestablement, une invention rudimentaire, peu
propre à rendre l’illusion du vol dans l’espace: d'où il y
a lieu d’inférer qu’elle est plus ancienne que la méchanè
et que celle-ci l’a remplacée. Or, toutes les apparitions
U7ràp oopttov , dont il vient d’être question, sont d’une
époque où la méchanè était déjà en usage depuis plusieurs
années'3. Nul doute donc qu’elles n’aient été produites
par l’appareil nouveau. En résumé, de toutes les pièces
conservées une seule, semble-t-il, exige le théologéion
ou une installation analogue. C’est la Paix d’Aristophane,
où l’on voit Trygée monter chez les dieux. Il y aborde au
vers 175 et n’en redescend qu’au vers 728 ; toute cette par¬
tie du drame se passe donc au ciel dans ou, plus exactement,
devant l’habitation de Zeus. Cette habitation était sans
doute représentée par le toit plat de la skénè , accommodé
en conséquence, ou par une construction élevée au-
dessus de ce toit10. Peut-être dans le Bellérophon d'Euri¬
pide, dont la Paix est une parodie, en élail-il de même 11 .
D’après tout ce qui vient d’être dit, le théologéion
n’est point, à proprement parler, une machine : c’est
simplement une partie du décor de fond. Il est même
fort probable, vu le petit nombre de scènes où son
emploi parait nécessaire, que ce n’en était pas une
partie permanente, et qu’on ne l’établissait qu’exception-
nellement, quand besoin était. Le théologéion , cepen¬
dant, mériterait, au moins en quelque mesure, le nom
de machine, s’il était vrai, comme l’ont cru nombre de
savants18, que l’apparition des dieux s’y produisait au
moyen d’un mécanisme, analogue à celui de Y ekkykléma
ou de Yexostra , qui les amenait soudainement en vue.
Wochenschr. 1890, p. 4GG ; Bull, de corr. hell. 1894, p. 161-8. — 10 Aussi a-l-clle
été rejetée, du moins en ce qui concerne le temps d’Euripide, par le collaborateur
môme de M. Dorpfeld, M. Reiscb, dans leur livre commun Das gr. Theat. p. 22G.
— H Dôrpfeld-Reisch, O. I. p. 199, 219. A propos de la Psychostasie , M. Reiscb
fait remarquer que cette pièce faisait suite au J/emnon, dont l'action se passe devant
une tente, et que sans doute le lieu de l'action y restait le même. C’est donc ou sur
le toit môme de celte tente, ou, plus probablement, sur le toil plus élevé de la skénè
établie en arrière, que paraissait Zeus. — 12 Eurip. fferacl. fur. 817 ; Elect. 1233 ;
7o?i, 1549. — 13 Remarquer en effet que dans Vüreste d'Euripide, où l'on voit d'une
part Oreste, Pylade et Hcrmione rassemblés sur le toit du palais de Ménélas, el au-
dessus d’eux dans les airs (lv alOcpo; itru/aTt;) Apollon et Hélène, la situation du pre¬
mier groupe est exprimée par la préposition fol et non (v. 1547 : Sôjiwv l
uxooiv). — l* Cette conception, du reste, n’a rien que de très plausible. Au-dessus
du toit de l’habitation des mortels, on peut imaginer une installation particulière ou
« scène des dieux », ayant pour cadre un décor figurant le ciel et les nuages. Un
grammairien anonyme parle de oôôvat; /.tuxaïç xal jxtWvat; tûicov Yîîî xai vux-rh;,
ojpavo-7, »nx£ça; ( Proleg . de com. VIII, 33, Bergk) ; cf. Eurip. Elect. 1234, $t’ alO^c'a;
icXaxo;. — !•’ L Héraclès furieux , V Electre, V Ion datent en elîet des 25 dernières
années du v® siècle. — 1° Bodensteiner, O. I. p. G72 ; Dôrpfeld-Reisch, O. I. p. 227-8.
— 17 Dôrpfeld-Reisch, L. I. — 13 A. Muller, Gr. Bàlinenalt. p. 155, n. 3; llaigh,
O. I. p. 193; Ochmichcn, O. I. p. 247. J ai inoi-inômc défendit, à tort, celle opinion
dans mon Dionysos, p. 133.
MAC
476 —
MAC
Cette opinion s'appuie sur plusieurs textes, de basse
époque, où les termes èxxuxXstv ou sTrstffxuxXsïv sont em¬
ployés en parlant d'apparitions divines*. Comme ces
termes ne paraissaient pas pouvoir s’appliquer à la
méchanè, on y a vu une allusion au théologéion : de là
l'hypothèse d’une sorte d 'ekkykléma supérieur, amenant
les dieux aux regards du public, comme Y ekkykléma
proprement dit amène de l’intérieur sur la scène les per¬
sonnages humains. Mais il y a là, très certainement, une
ci ieur. Les mots sxxuxXsïv et â~sia,xuxXs?v, on pourrait le
prouver par de très nombreux exemples, avaient com¬
plètement perdu, chez les écrivains de basse époque, leur
sens étymologique : ils signifiaient simplement, sans
aucune allusion a 1 ekkykléma, « produire en vue, ame¬
ner à la lumière » quelque chose2. C’est là, sans aucun
doute, le sens qu'il faut aussi leur attribuer dans les
textes qui nous occupent. Et dès lors rien n’empêche
plus de rapporter ceux-ci à la méchanè.
La distégie (Snrrsyca) est, comme le théologéion, un
praticable plutôt qu'une machine. Elle n’est décrite que
pai 1 ollux , qui s exprime ainsi " ; « La distégie, c’est
tantôt dans une habitation royale l’étage supérieur, d’où,
par exemple, dans les Phéniciennes Antigone contemple
1 armée , d autres fois, c est un toit en tuiles, d'où on se
bat avec des tuiles ; dans la comédie, c’est du haut de la
distégie que les prostitueurs sont aux aguets, ou que
les courtisanes, vieilles ou jeunes, regardent dans la
rue. » Rien de plus énigmatique que cette définition.
Pour 1 éclaircir, analysons les scènes de la tragédie et de
la comédie auxquelles Pollux, explicitement ou tacite¬
ment, nous renvoie. La première variété de distégie se
rencontre, dit-il, dans les Phéniciennes d’Euripide. On
'Oit en effet, dans cette pièce0, Antigone, accompagnée
de son pédagogue, monter « à l’étage supérieur du
palais » (aeXâOpojv lç or/jpeç ëüyaxov), pour apercevoir
l’armée ennemie, campée sous ies murs de Thèbes. La
distégie , dans cette pièce, représente par conséquent le
toit plat qui recouvre le premier étage. La plupart des
maisons athéniennes avaient de ces toits en terrasse, où
la famille prenait le frais le soir, et d’où les femmes
pouvaient voir au dehors, sans être vues6. Quant à la
seconde sorte de distégie , la définition tout à fait insuffi¬
sante qu’en donne le lexicographe semble pourtant se
référer a la scène finale de 1 Orcste d’Euripide. Oreste,
Pylade et Electre sont retranchés sur le toit du palais de
Ménélas, avec Ifermione qu ils ont saisie comme otage
et qu ils se disposent à frapper. Ménélas, au bas du
palais, essaie en vain d en forcer les portes pour secou¬
rir sa fille. Et Oreste le menace, s'il ne s’arrête, de lui
briser la tète avec une tuile arrachée au larmier7. Ici
donc la distegie simulait une toiture en i -,
blement inclinée a. Ce genre de loi. / ®8’ ')rob«-
n était pas praticable, comme le précédent" ,>,U,roll‘M»‘,nt,
d’Oreste et de ses complices ne s’vZfiia “ prése«H*
^rîM‘ de *•«««»»• Resta enlin k ,,7 “,7 f* H
Met", ,», parait Me» n'ètre autre c "ose ““H
fenêtres de î étage
des Ecclésiasuses,
supérieur9. Dans
la scène s* connue
ou une jeune femme ei , nU(
disputent les faveurs d'un jeune ZZ “7™?' f
fenetre que lune et l’autre lui adressent iL. a
bons *°. En résumé donc, la distégie, c’est, d’uteJ
mere générale et conformément à l’étvmnln ' • " luu‘
range supérieur d'une maison, !2„7e^ * “*■
bers, tantôt le toit plat ou incliné, tantôt les fenêtre T
cet etage Ou plutôt, car il faut se rappeler q “a
le théâtre grec lama, son oitse passait l'action est li»
pai une simple toile peinte, la distégie, c’est l’instilla
non matérielle, le praticable, comme nous dis*
aujourd hui, sur lequel se tenaient les acteurs, qui étaient
censés apparaître à la fenêtre ou sur le toit. Dans le rire
mier cas, il suffisait de faire coïncider les fenêtres du
décor avec les baies de la skénè, située derrière. Quant
au toit, il était sans doute représenté par une longue et
étroite plate-forme de bois, ayant comme profondeur
l’intervalle entre le plan vertical de la skénè et celui du
décor, et établie au sommet de ce dernier*2.
L usage de la distegie est fréquent dans les drames
conservés. Outre les exemples déjà énumérés on peut citer
encore 1 Agamemnon, qui s’ouvre par le monologue du
veilleur, posté en observation sur le toitdes Atr i clés, et de
nombreuses scènes de la comédie. C’est ainsi que dans
les Acharniens 13 la femme de Dicéopolis regarde du haut
du toit défiler la procession des Dionysies rustiques; une
scène des Guêpes 11 nous montre Bdélycléon, faisant son
lit sur le toit pour mieux surveiller son père; à la lin
des Nuées 15 Strepsiade, une torche en main, escalade le
toit de la maison de Socrate, pour l’incendier16.
Outre les machines destinées à montrer les dieux ou
les héros dans les airs, le théâtre grec en avait d’autres
qui amenaient des enfers les âmes des morts ou les divi¬
nités souterraines. Ces machines, selon Pollux, étaient
de deux sortes. La plus simple, qu’on appelait escalier 1
de Char on (^apoovtot xXtgaxeç), n’était, selon toute appa¬
rence, qu’une échelle, par où l’acteur montait du sous-
sol à la lumière11. Les anapiesmata (àvaTriÉcgaTa), au j
nombre de deux, semblent avoir été des trappes mobiles,
qui élevaient mécaniquement les personnages jusqu ■
la surface du sol18. Où étaient situés ces dispositifs -H
C’est ce qu’il esta peu près impossible de déterminer. I ■
n’y a, à cet égard, rien de certain à tirer du texte el
1 Lucian. Phi/. 29 : xai tô xoj koyoy ôebv à* b u.yi/avî;; eiciKTxuxXqOjfvoct jxot tojtov
VM* Pbilostr. F. Apoll. VI, 11, p. 245* : (?t ).o<ro?!«ç) Vjv I®'
**'• •*»«« !A»i/av^; ÊxxuxXoJfftv ; cf. encore Bekker, Anecd. I, 208: w/wri i<rxt
toTç xtujxtKoT; txx-jx/.r,jiaToç ti eîSûç àicb <rjv6qxi}Ç irç-bç o çi'peTai ô (uxoxçtxr.ç ?) eI?
ty4v <Txr,vy,v Sttçtu; y âotv ôeoy r, a/.Aoy xtvoç — 2 Dürpfold-Rciscll, O . I. p. 232
et 239. Ce sens est, du reste, indiqué dans les dictionnaires. Exemples : Plut.
MornL 80 A ; Clem. Alex. Strom. VII, 14. — 3 Elle est simplement nommée,
sans définition, dans Cramer, Anecd. Paris. I, 19. — 4 IV, 129-130 : f, Si Sarztylai
■KOT£ jxiv Èv Otxw paeù-tu» Sifyt- 8w^d-rtov, olov àz ’ oZ !v 4>oivc9<r«t; 'Avrtyovyj âXeVei rbv
«rrpa.oy, ..o.c ài xiz a;xo, à® oj xai ^à/.^ouo”. tÇ xeoûpuu * Iv Si xvty.tnSî'/. à?:b ttJç Sttrreycaç
xoovoôotrxot Ttvt; xaTOTrtsûouat, r, ypa-'Si- y, yûvaia xaTaSÀÉictt. — 5 V. 88 sq. — G Voir
l’art, domls, et Bekker, C /tarife! ès, II, p. 139 (2* éd. 1878). L’explication de celte scène,
telle que je 1 ai donnée dans mon Dionysos , p. 135, me paraît aujourd’hui inexacte.
L escalier, par où montent Antigone et son pédagogue, est intérieur. Le pédagogue
se montre d’abord seul, au haut de cet escalier, sur la terrasse, et scrute les environs
pour s assurer qu aucun œil indiscret ne les observe. La jeune fille paraît ensuite,
— 7 V. 1569-70. — 8 Galcn. Ad. Wpm
i [errasse
_ 9 Voir
distingue du toit pial à *< lias^-
aidée par le vieillard àgravir les derniers degrés
pocr. De artic. III, 23. L’écrivain, dans ce passage. ^oir
(4W4'»*) le toit incliné, qu’il appelle du môme non. que Poilu.
à ce propos la description du décor comique dans Vitruve, V » i nt)Sins
habent speciem, pros, ^ ^
• propos la description du décor comique <
ædificiorum privatorum et maenianorum h&ucu. . » * ^
disposilos imitalione communium aedificiorum rationihus. ’ «upérietf
90 1 . Cf. Bethe, O. I. p. 233 sq. C'est aussi par l'une des fenôtros de r R ,
que l’iiilocléon, dans les Guêpes , v. 379, essaie de gècliappu- lit c'est
semble assigner en propre à la scène comique celte forint '9 ' ■ s( (|c
le plus fréquent; ma, s .1
effectivement dans la comédie que l'emploi en est ie jm*» 'ô^lres — 12 ',"'r
toute évidence que la scène tragique, elle aussi, comportait < c. ^ , , y i;joi, j
A. Muller, O. I. p. 118, n. 1 et 142. — 13 V. Mi. — u ' Po||Ui, iVj
— 10 Sur la distêqie, voir d'une façon générale A. Muller, - 4,'
iSuXiuv »>!««' ‘ ^
i TOv iv tii mvi
132 : At St yaptôvtoi xXqtaxeç xarà Tà? ex t,
aÙTwv àvaitéjxiîoytrt. — Ibid. T à Sè àvaitieffjxata, xo .
àve/.ôeTv vj toio’jtov Tt iïoô<xu>icov Tb Si iztçi xou ’ î
■ ytfivtvi
'Eorrjt(>
MAC
MAC
1X, Les termes par
lesquels il indique <t situation
xaexà xàç Ix xwv sSoXt'wv xaOôoouç
^^".^ont été interprétés d’une douzaine de façons
^'-^(■nh's Et la situation des deux anapiesmata n’est
^^heaucôup plus clairement décrite (xb giv ê<mv âv xfi
■r>j 8è Trsp: xoùç àvaêaOp.ouçl *. Tant qu’on a
•onteste que les acteurs grecs jouaient sur
Pa:
nVÏ
admis sans co ,
I w Ï0B) a paraissait naturel et presque necessaire de
rtiierces appareils dans la chambre au-dessous, appelée
[h "mkénim 2 [theatrum]. force est au contraire à
J M^Dbrpfeld 3 et à ses partisans de les placer dans Yorches-
'lriL et' par conséquent, d’y supposer des corridors sou¬
terrains, construits pour cet usage. A la vérité, des cou¬
loirs de ce genre, partant de la skénè et aboutissant dans
l 'orchestra, ont été découverts, au cours des fouilles de
ces dernières années, dans plusieurs théâtres grecs : à
Érétrie 4, à Sicyone5, à Magnésie du Méandre6, à
Tralles7. Mais plusieurs de ces corridors, M. Dôrpfeld
le déclare lui-même, n’ont jamais été praticables8; et,
ce qui est plus grave encore, le même savant estime
qu’il n’y en a jamais eu au théâtre d’Athènes, prototype
de tous les théâtres grecs9. Il est donc à peu près cer¬
tain que les conduits souterrains, là où on les rencontre,
ne servaient pas aux apparitions mais à d’autres usages,
qu’il est d’ailleurs assez difficile de déterminer. Qu’en
conclure? Il n’y a pas lieu, nous devons le reconnaître,
de se faire de ce résultat une arme contre la théorie de
M. Dôrpfeld. L’étude minutieuse dont les drames clas¬
siques ont été récemment l’objet a prouvé, en effet, que
les apparitions souterraines étaient infiniment plus rares
dansle drame grec qu’on ne se l’imaginait jadis, et qu’elles
se réduisaient en dernière analyse à deux exemples
certains10. Dans les Perses Darius, à la prière de ses
anciens compagnons, surgit hors de son tombeau. Dans
Prométhée, le rocher auquel est cloué le Titan s'abîme
dans les entrailles de la terre. Mais il ne faut pas oublier
que, ces deux pièces ayant été jouées avant l’invention
des décors peints, la décoration y était entièrement mas¬
sive. 11 faut donc se représenter le tombeau de Darius
comme une construction en bois, atteignant au moins
une hauteur d’homme: dans ces conditions l’acteur pou-
vait très bien s’y tenir caché, et l’apparition n’exigeait
qo une échelle et un couvercle mobile11. Quant au rocher
de Prométhée, ce devait être une charpente plus impo-
s<lnh' encore, s’élevant par degrés depuis le niveau de
oichestra jusqu’à la cime qui supportait le Titan : pro-
Iraient cette cime s’effondrait seule et disparaissait
A !\li II ' 'j eX*)°S<’ une discussion des différentes interprétations proposées :
p. 15(i XXIII, p. 335 ct XXXV, p. 304. — 2 A. Muller. Gr. Bühnenalt.
connu "i V O' ^ P* *94; Navarre, O. I. p. 138. — 3 Sur la théorie bien
'P'eia qui prétend que les acteurs grecs jouaient, non pas sur le
0.1 , | ^ans * orc^cs£ra, voir histrio, p. 216, et theatrum. — 4 Dorpfeld-Reisch,
dur Scliai' ~~ P* *“9. — G Ibid. p. 156. — 1 Pickard, Der Standort
~~ 9 im griech‘ Theat. 1892, p. 18 et 22. — 8 Dorpfeld-Reisch, L. c.
Il°nlj<im u * 8 ^l0uvc k*en à Athènes des canaux sous l 'orchestra, mais ils
le théâtre ,1(^1 ' M 1 V 'r at*es apparitions. Toutefois ces constatations ne portent que sur
ra'ns dans 1,. m 111 °UC’ au ,vC Peut-être y avait-il des corridors souter-
londémen l K ,l^ePrimitif que celui-ci a remplacé. Mais le terrain a été trop pro-
Hernies \ '^0llP^Pour qu'on puisse se prononcer sur ce point. Voir G. Robert,
Belhc, 0 i ’ P: s,i' XXXIII, p. 422-3. — 10 Bodcnsteiner, O. I. p. 672 sq. ;
11 autorise 5 * ' s<h; Kcisch, O. I. p. 248-9, sont d’accord sur ce résultat. Rien
Halos dans \ k ^ *U° *GS ^an^mes Clytemnestre dans les Euménides , de Tha-
8P°clalours | ^ P>0^^ore dans Hé cube aient surgi de terre sous les yeux des
tombeau ; c'csl jCI|°' an<Jc Populaire localisait les ombres des morts là où était leur
-ilBodenui • * * 1 e^os <^*,a‘cn* supposées sortir pour rendre visite aux vivants.
P o S est. 5o |i),r ^ ^ P* 92-94 ; Rcisch, p. 248. -—12 Schol. Bob. in Cicer.
scc,,ndumr.n,L“! |n °a ^a*Jl,^a) est argumentum ita dispositum ut Polydori umbra
scacnicoruni ab inferiore aulaei (aulae, mss.) parte procédât.
lecun'1— „suetudineB“
v.
1-77 —
dans la cavité, formée par sa base. Dans les deux cas,
ainsi qu’on voit, il n’est nullement besoin de dispositifs
spéciaux et permanents. Il est donc fort probable que
ceux que décrit Poilu x sont d’un usage postérieur à
l’époque classique. Ils paraissent en revanche avoir été
employés à Rome. Le scoliaste de Cicéron nous apprend
en effet que, dans Yllionè du poète Paeuvius, l’ombre de
Polydore surgissait, « conformément à la tradition tra¬
gique », du bas du rideau13. Il faut donc admettre en cet
endroit, c’est-à-dire sur le bord antérieur du logéion ,
une trappe pour les apparitions.
Pour rendre le grondement du tonnerre, les anciens
usaient de plusieurs procédés, tous fort simples. Héron
d’Alexandrie nous apprend que, de son temps, on vidait
des récipients, remplis de corps lourds, sur une peau
sèche, tendue à la façon d’un tambour13. Le procédé
indiqué par Suidas est un peu différent : il consistait à
précipiter avec fracas dans un bassin d’airain le contenu
d’une amphore, pleine de galets et de ferraille11. Cette
dernière invention avait été perfectionnée à Rome par
Claudius Pulcher: d’où le nom de claudiana tonitrua
pour désigner le tonnerre de théâtre15. Enfin Pollux parle
encore d’outres gonflées et remplies de cailloux avec
lesquelles on frappait des plaques métalliques ,0. Ce dis¬
positif, sous ses diverses formes, s’appelait ppovreTov ou
•fjyeïov [ecueion]. Il était situé derrière la scène”, proba¬
blement à l’étage supérieur.
Les éclairs sont mentionnés plusieurs fois dans les
pièces conservées, notamment dans le Prométhée , dans
Œdipe à Colorie, dans les Nuées, et en des termes qui
ne permettent point de douter que ces phénomènes ne
fussent sensibles aux yeux du public18. L’appareil qui
servait à rendre les éclairs s’appelait xepauvo<7xoxeîov l9.
Nous avons vu précédemment en quoi il consistait : les
éclairs étaient figurés par une peinture que la périacte,
en tournant, amenait soudainement en vue20. Dans cer¬
tains cas (peut-être plus anciennement) on recourait,
semble-t-il, à un expédient plus primitif. Un grammai¬
rien, énumérant toute la série des machines et des trucs
du théâtre grec, parle d’ « oulres qui résonnent bruyam¬
ment » (|3üp<7aiç 7raxayoû(Tatç), ce qui est évidemment une
allusion au tonnerre, puis de « torches secouées avec la
main » (yetpoxivàxxw 7ropt) : il est probable que ces der¬
niers mots désignent les éclairs21.
Pollux nomme encore un certain nombre d’autres
machines22, mais sans les décrire, et en signalant seu¬
lement les effets qu’elles étaient destinées à produire.
— WAutom. éd. Thévcnot {Mat hem. veter.), p. 236. L'auteur décrit d'abord la façon
dont on rend le tonnerre dans les théâtres de marionnettes. Un prend un vase, rempli
île grains de plomb, et dont le fond est percé de trous ; et on fait tomber ces grains de
plomb sur une peau sèche et épaisse, bien tendue. Parlant ensuite du théâtre vérita¬
ble, Héron ajoute : «ai yàp iv toT; OeâT^oi;, OTav 8 tri tov qjxqiov f.yov ytvtaOai, àyyeta àroa-
yàÇeTat Pàpyj eyovTa, iva çepojiEva iiti SizOtoas, «t»; eîçr.Tat, a; xa't ï:t£tT£Taji.tvr,ç
P’jçaïî;, xaOàzeç Iv Tujjnsàvoiç, tov tj/ov àicoTtXîj. Cf. Pl’OU, O. I. p. 209. — 14 Suid. S. V.
Pçovvq ’effTiSè xai |XTi/.àvr,|A.â tiô txaXtïto ppovreTov, uico ttjv (txïjvtjv 8l r,v àjAoopeyç ^r.sTSaç
syw v OaXaTTt'aç * îjv Si Xsôr.ç yaXxoO^, el; Sv aî 'Lfjçoi xa-rqyovTo, «al xyxXiôjxevai rjyov àittTtXojv
loixÔTa ppovTîj. — Festus, p. 57 : Claudiana tonitrua appellabantur, quia Claudius
instituitut ludis post scaenam coicctus lapidum itafierct ut \eri tonitrus simili ludinem
imitaretur; nam antca levesadmodum et parvi sonilus fiebant, cum clavict lapides in
labrum aencum coicerentur. — 16 IV, 130 : T6 8l ^ovtiTov, tt.v <rx>ivr,v ort^tv aoxot
<4^çwv eaTtXtoi Srwyxwjxévot çtçovTai xaTà yaXxw-iâTuv. C’est sans doute à Ce mémo procédé
que fait allusion un grammairien anonyme {Proleg. de corn. VIII, 33, Bergk) : püç<raiç
xe rcaTayoûaat;. — 17 l’ollux, L. /. — 18 Promcth. v. 1082. Ce passage est particuliè¬
rement significatif: Ppy.t'aS’TjxîoitafanyxaTai^ovrJJ^nixeî S’ixUn*ou<ri aTcçorî;; ÇàTîupot
Oed. Col. v. 1456-1466 ; Nub. v. 292-294. - 19 p0Uux, IV, 130 : xt^voaxo^Tov 8i «al
p^ovteïov • to p.£v lari i:eçtaxTo; — 20 Voir plus liant, p. 1474. — 21 Proleg. de
coin. VIII, 33, Bergk ; cf. Muhl, Symbol, ad rem scaenic. Acharn. Aviutnque ..., p. 9;
Navarre, Dionijs. p. 138. -- I\ , 12< : xai *,;xtx jx/.:ov xal aTçoscrov xal ^(iiaT^ôstov.
18G
MAC
478 —
L' hémikyklion (YjgixûxXiov) tirait, dit-il, son nom de sa
forme, et était situé xa-rà TTivèpy^dxpav 1 : Ce qui semble
signifier (bien que d’autres traductions soient pos¬
sibles)5 « en face de V orchestra », c’est-à-dire au milieu
du mur de fond. Pollux ajoute que Yhémikyklion ser¬
vait « à faire voir quelque partie éloignée d’une ville, ou
des nageurs au milieu des Ilots ». Il est probable, d’après
ces deux exemples, que l’appareil était destiné à rendre
des effets de perspective. Partant de là, M. Lohde conjec-
ture qu’il s’agit de la niche semi-circulaire qu’on remarque
dans plusieurs théâtres romains au milieu de la scaenae
Irons ' . Cette niche offrait une profondeur suffisante pour
qu on y put installer un second décor, de petites dimen¬
sions. Ce second décor, suppose M. Lohde, aurait été
visible a travers une découpure du premier ; et on s’en
serait servi pour représenter, quand besoin était, des ar¬
rière-plans et des lointains. L’hypothèse est fort ingé¬
nieuse, mais elle reste malheureusement indémontrable \
Sur le strophéion (oroocpsïov), Pollux est plus laconique
encore5. Il ne dit mot, en effet, ni de sa forme ni de sa
place, et se borne à nous apprendre que le strophéion
montrait « les héros changés en divinités, ou qui trou¬
vent la. mort en un combat de terre ou de mer ». Encore
ce texte n'est-il pas sûr. Peut-être faut-il entendre avec
M. Lohde6, en supprimant la première particule dis-
jonctive (rj) : « les héros changés en divinités après leur
mort en un combat ». Le strophéion serait donc une
« machine à apothéose ». Tout à fait arbitraires sont les
diverses hypothèses qui ont été proposées sur la nature
de cette machine7.
Plus arbitraires encore sont celles qu’on a hasardées
sur 1 hémistrophion (^g'dTpôçtov)8, dont Pollux ne nous
a transmis que le nom9.
Dans l’étude qui précède, il a été presque exclusivement
question de la machinerie des Grecs et fort peu de celle
des Romains l0. C’est que sur celle-ci nous sommes à peu
près dépourvus de tout renseignement. Toutefois on peut
affirmer qu'en cette partie, comme en tout le reste de sa
constitution matérielle, le théâtre latin a hérité du théâtre
grec. Ce qui le prouve, du reste, c’est qu’on trouve chez
les auteurs latins des allusions à la plupart des machines
énumérées plus haut. En ce qui concerne d’abord les
machines qui servent à manœuvrer le décor, nous avons
vu que les Romains connaissaient la scaena versilis n,
la scaena ductilis12 et les périodes'3. Sous le nom
1 IV, 131 : Ta xb [xÈv rr/Xv-a- ovojacc, f j Si 8e<xiç -/ata x r,v ôç/^crrpav,
r. Si /OEta Sr, /.outra rôpow Tivà t»;; tôXew; toicov vt toùç ev 0a).àTT/j vr/^ojxsvouç. — * Voir
A. Müllcr, Philol. XXIII, p. 334 et Gr. Bühnenalt. p. 156, n. 5. — 3 Die Skene
fier Alt. p. 20. — *• Toute autre est l’opinion d’Oehmichen, O. I. p. 247, § 3.
II identifie cetle machine avec le théologéion , qu’il se représente comme un ekky-
kléma, établi à l'étage supérieur. Peut-être, dit-il, cet ekkykléma avait-il une
% forme semi-circulaire, d'où lui serait venu son second nom d ' hémikyklion. Rien
n'est moins vraisemblable. — ^ IVj 132 : wartep «où xb «rrpoçpeïov S toùç e/e t roù ;
e?; xb Ôeïov jA£0£'TTYjxc>Ta; Y) xoùç êv iteXàYEt rt ico).é{x«;» teaeutwvtocç. — 6 O. I. p. 15.
— 7 Schneider, Att. Theat. p. 101, 11. 121 (qui écrit <rrpô»tov) ; cf. Muhl, O. /. p. 8.
Lohde, p. 15, croit que le mot <rrposeïov désigne un treuil; mais un treuil, ajoute-
t-il, ne se conçoit pas sans une grue ; par conséquent le strophéion ne serait qu’une
variété, ou un autre nom de la méchanè. — 8 Lohde, p. 15, pense que ce mot
désigne simplement la méchanè : il lui aurait été donné, parce que celle-ci, établie
derrière la périacte de gauche, devait nécessairement, pour amener les personnages
au-dessus de la scène, accomplir d'abord un demi-tour (ijjuffrçôsiov). — 9 II y a
tout lieu d'admettre en cet endroit une lacune dans le texte de Pollux. Wecklein,
Philol. XXI, p. 452, suppose même une altération plus profonde de tout ce passage.
— 10 0. Ribbeck, Die rôm. Tragédie im Zeitalt. der llepuh. p. 652 sq. ; L. Fried-
lander, Die scen. Spiele , dans le sixième volume du Handbuch der rôm. Alterth.
de J. Marquardl cl Th. Mommsen [Rôm. Staatsverwalt. III), p. 526; B. Arnold,
Das altrôm. Theat. (Progr. Würzburg, 1873). — H Serv. Ad Ver g. Georg. III,
24 (texte cité plus haut, p. 1468, n. 10); Val. JWax. II, 4, 6 : ( scaena m) versatilem
feccrunl Luculli. Il sagil des deux frères Lucius et Marcus Lucullus, édiles curules
MAC
A'exostra ils possédaient aussi un -,
Vekla/ldéma ".U méchanè »
prec.s.on ; m«.s nous savons poorlant r 2.“"’"
fions divines étaient chez lesRomt ’ * ^ q"e les
aPPari_
aussi usité que chez les Grecs et il 1" C°"p de ll>"ilre
quelles ne fussent effectuées m» ln Pas doule«*
Comme chez les Grecs, ces apparitions éh^ m°yen U-
ment accompagnées de coups de tonnerre ” T***
pour ces effets un appareil inventé ou w ! y avait
Claudjus Pulcher (clauiiani ,on»ua) I"
cations des morts il existait, sur le devant d ? ?°*
une ouverture ou trappe, semblable, sans doute 1 TH
her de Choron des Grecs i9. Enfin il a été , \ lesca'
demment des deux sortes de rideau, en usage 1 r!"'
{aulaea, siparium ) 20. ‘ ome
n y a lieu, du reste, de distinguer dans l’histoire de L
mise en scene chez les Romains, et par conséquent dans
ce le de la machinerie scénique, plusieurs époques
A 1 origine, rien de plus rudimentaire : longtemps las é
vente romaine s’opposa à tout ce qui apparaissait comme
un luxe et une dépense inutiles. Il n
y avait même pas
de décor peint. Il en fut ainsi jusqu’en l’an 99 av. J -C
où Claudius Pulcher, édile curule, montra pour la pre¬
mière fois à ses compatriotes une scène décorée à la
grecque. Mais plus tard le théâtre romain, à son tour,
dépassa singulièrement son modèle en magnificence et
en prestiges mécaniques21. Plusieurs des machines
nommées par Pollux, telles que Y hémikyklion , le stro¬
phéion et Y hémistrophion, n’ont sans doute été usitées
qu’à l’époque alexandrine ou romaine, c’est-à-dire alors
que les spectacles scéniques avaient dégénéré en exhibi¬
tions et en fériés. C’est à cette même période qu'il con¬
vient de rapporter l'invention du pegma (uriYga), une
machine aux effets merveilleux et assez difficiles à com¬
prendre22. On s’en servait pour opérer des changements
à vue. C’était une sorte d’échafaud, ayant la forme et les
proportions d’une maison à plusieurs étages, et suscep¬
tible de transformations. Tantôt on le voyait s’élever et
croître, puis se replier de nouveau sur lui-même, d’au¬
tres fois s’écrouler subitement. Il est probable que les.
étages qui composaient cette construction pouvaient ren¬
trer les uns dans les autres ; le mouvement était donné
par des contrepoids. Du reste, le pegma paraît avoir été
beaucoup plus en usage dans l’amphithéâtre que sur la
scène proprement dite23. O. Navarre.
eu l’an 675 de Rome.
... _ _ _ 12 Serv. L. I. — « Vitruv. V, 7 (texte cité, p- UC3,
il. 2). Oelimichen, O. I. p. 245, prétend cependant que les Romains n u-nontl
pas des périactes. Ses raisons sont que le seul écrivain latin qui en parle tU 1 1 11 l
et que la scène romaine, avec son rideau, derrière lequel pouvaient sop ^ ^ ,
cliangemenls de décor, avait beaucoup moins besoin de ce dispositif que I 1
o u vert des Grecs. Mais il n’est pas contestable que le passage de \ itmi' ^
dans la pensée de l’auteur, aux deux théâtres, grec et romain. — lll|,,ric
textes cités au mot ekkyklema, et plus haut, p. 1471, n. >. 1 ’ 1 H,IK)aut
d’un certain L. Gallion sur l’apothéose de l’empereur Claude semble ■
renfermer une allusion à la méchanè : foi) xbv KXkùSiov àyxur rp«> - , ....
àvcvr,z9i[vou (Dio Cass. LX, 35). - m Cic. De nat. deor. I, 20, 53 : ut H- 3,
cum explicare argumenti exitum non potestis, confugitis ad demn , ^ ^ pacu-
191 : nec dens intersit, nisi dignus vindice nodus incident. Dans le c ^ jjq.
vius, Médée arrivait sur un char attelé de serpents ailés (Ribbecq _ Voir
— 17 Phaedr. V, 7, 23 : aulaeo misso devolutis lonitribus di smii ou. •
“ - - 409, n. 17. — 21 'al- ",
plus haut, p. 1477, n. 15. — 19 P. 1476, n. 17, 18. -OP. 1 409, u.. „jc[,ira labellis
4, C : Cl. Pulcher scaenam varictate colorum adumbravit lacui an ^ p|jnc l’Ancien,
extentam. Peut-être y a-t-il là cependant quelque exagération. aPr^ c] pu|cl,cr
Hist. nat. XXXV, 7, 23, on serait plutôt tenté de croire que le du rcll()u
n’était pas le premier du genre, mais l’emportait en beau t( et en p gup,Btantielle
sur tout ce qu’on avait vu jusqu’alors. — 22 Voir sur le pi //»>"■ in’^ |)rillc ,pall v lexle»
de Bôlliger, Opusc. p. 353, et Arnold, O. I. p. |h l '■ l3. p|iacdr. V. '■ 1 •
relatifs au pri/nia sont : Senec. Bp. XIII, 3, .12 . Apu ' ’ . /•„, 19, -■
Jnv. IV, 122'; Sue!. Caliÿ. 26; Ncr. Il ; Strah. VI, p. Mi Vop»-
MAE
MAE
— 1479 —
l'n dehors des divers mécanismes qui viennenl
riiiunérés, le nom de machina a été appliqué aux
simple assen
nblages de bois qui composent un échafa
ua
dressé poui
” - KJ
, faciliter le travail des ouvriers en bâtiment,
Fig. 4758. — Échafaud de maçons.
maçons, peintres ou stucateurs (fig. 4758) 1 , ou à celui sur
lequel des esclaves étaient exposés pour être vendus, ou
des condamnés pour subir leur supplice [catasta], Pline 2
appelle machina un chevalet sur lequel est placé un
tableau [pictur a]. E. S.
MACTUA (Molxrpa). — Ce mot n’est employé qu’une
fois en latin, dans un passage douteux1. En grec il est
synonyme de xipoonot; et a le sens précis de pétrin,
huche à pétrir la farine2. Les différentes opérations de la
boulangerie seront expliquées au mot pistor; ce qui
concerne le pétrin doit donc y prendre place.
On lui attribue aussi le sens de baignoire3 [balneim,
p. 6oü . E. PoTTlER.
l MAENADES (MaivâSsç). — Matvâç est un adjectif n’ayant
qu’une forme exclusivement employée pour le féminin et
t[üi signifie une femme « hors d'elle-même1». En ce sens
Homère (qui ne connaît pas encore les vraies Ménades)
applique à Andromaque affolée par l’inquiétude pendant
1 combat où va périr Hector2. De la même racine que
[mu __ folie et jj-cccveadou = être en fureur8, ce mot
devient de bonne heure un nom, singulier ou pluriel, qui
désigne les compagnes fidèles de Bacchus et passe en
latin exactement avec le même sens. Il a beaucoup de
synonymes4. Le plus fréquent, Bâxyv), veut simplement
dire : « attachée à Bacchus5 », mais, dans l’usage, ne se
distingue du précédent par aucune nuance sensible. La
racine de Avivai, qu’on retrouve dans le nom des fêtes
« Lenaea », passait pour arcadienne6. Kàwowvêî et MipiX-
Xove; sont des mots macédoniens, peut-être thraces1,
comme Bausâoioeç qui se rapporte au nom d’une parure
sur le caracLère de laquelle on n’est pas fixé8. Oivâos;
(de olvoç, vin) est tardif9. Quia ç, apparenté à Oîaso; (comme
opüç à Spiâosç10), a le même sens que gaivaç, mais les
Athéniens l’ont fait servir spécialement à désigner les
femmes qui, dans la réalité, pratiquèrent le culte de
Dionysos, en imitant les rites des Ménades légendaires.
I. Nymphes primitives. Nourrices de Bacchus.
Nymphes dionysiaques. — En somme, tous ces mots
désignent une même conception mythologique, mais
dont l’aspect n’a pas été sans varier avec le cours des
temps. Sur les plus anciens vases de la région et de
l’époque ionienne, nous voyons grossièrement dessinées
des femmes qui s’ébattent avec des Silènes lascifs,
assistent ou se mêlent à leurs danses sauvages, échappent
ou se prêtent à l’étreinte de leurs mains brutales. Ce
sont les Nymphes primitives, et ce qu’elles représentent,
c’est l’énergie vivante, humaine ou végétale. Nul dieu ne
préside encore à leurs évolutions. Seules avec leurs
vigoureux compagnons, elles personnifient les manifes¬
tations diverses de la vitalité, la poussée de la sève et la
force génésiaque. Sur un dinos du Louvre au dessin rude
et gauche, elles sont cinq, drapées, paraissant circuler
parmi neuf Silènes à la taille allongée qui se démènent en
agitant leurs queues de cheval 11 . Ces Nymphes, habitantes
des montagnes couvertes de bois et des gras pâturages
au bord des fleuves12, sont familières à la poésie homé¬
rique et hésiodique13. Le poète de 1 Iliade se les repré¬
sente comme favorisant fa croissance des peupliers14;
Sophocle comme faisant pulluler la végétation des
prairies1'. Elles sont analogues, sauf leur séjour qui est
différent, aux Naïades dont la grotte est décrite dans
1 Odyssée16 , ou à ces Néréides qu’une peinture de vase
has-relùr d " . Ab 8’ D ^s‘d. Or. XIX. 8, I. La lîg. 4758 reproduit u
Teehnoi m ‘ d<> SainUGermain ; Duruy> Hist- des Rom. V, p. 639 ; cf. Bliimmei
l»mécani. u(. 1 1 1 Hist.nat. XXXV, 36, 8. — Bibliographie. )° Si
J. G0\V [ .. " " nne en ë^néral, et en particulier sur la mécanique théorique
1 U,; r!°?- °J the greek mathematiCS, 1884, p. 189, 237 sq. ,
p. 734.749. Tl II 7 ,C>te ^ ^nec^‘ Witter, in d. Alexandrinerzeit,
dans les Mém ^ar**n’ ^ ec sur i a vie et les ouvr. cl Héron d'Alex
rio, I. IV. _ S' n^S Pai ^1B' saVm “ LA Cad. des J user, et B. Lett. ire si
Mém. sur la ciriiia', mac*llncs Alévatoirés et à puiser de l'eau : Lelronm
Pi co no. ,1a h î* ’ dep. létabliss. des Grecs sous Paammitich.ua jusqu
p. 31-34; Pcrranii a'/S tS ^ém. de l'Acad. des Inscr. et B. Lett. t. XVIU (1847
(cetoiivrasc ' r ^ lArchit. de Vitruve, corrigés et trad. 168
lr& utiles) ; 1| ^H|C0U IL"1 nonll,re Ge savantes notes, éclaircissements et illustratioi
u. Technolo9ie u- Ter min. d. Gewerbe und Künste b
Vicions il existe un * Ù884), p. 111-131. — 3° Sur la machinerie théâtrale d'
'hs col article. L'cnsef'lT^ nom^re <lc travaux de détail, qui ont été cités au cou
■^•niisch,, Franen t\ ' ' 1U sulcl es^ h'“ilé dans les éludes récentes de Bodensteine
E- Hcllie. p ,lanS_ lus duhrbüch. (. cluss. Philol. 19 Suppltbd, 1893, p. 65
Reisclb Bas nrirri,'0 r,"r Gescl1' des Theat. im Alterth. (1896), c. vi-x ; Dôrpfeh
Bühnenait,'.., (189CJ’ P' 2,5 sth '' 270 S(l- i A. Müller, Lehrb. d ,
P' 164 sq. ; G. o..| : i 88^’ P- 130 8<h; A--E- Haigh, The attic Theat. (1889
P- ai3 sq. ; o. Nam," " T"’ Dnt Ballne’"»esen der Griech. u. Borner (1896
1 ■ I1- 127 sq. gur !üll!P°s. ét. sur l’organisat. matér. du théâtre allié.
O'1/ Duvragg ,léjà .q ^ lnei'io scénique des Latins, eu particulier, consulte
■ <ter ftepu G‘ Oehmichen, 0. Bihbcck, Pie rom. Tragndie i
' " d, V ' 'W/’ ’■ s,l' ; L- fciedlander, Die sccn. Spiele , dans le VI' u
'ii. de ,1. Marquant! t et Th. Mommsen (Boni. Stattt
Dérivait. III), p. 526 ; et B. Arnold, Pas altrôm. Theatergeb. (Progr. Wfirzburg, 1873).
MACTRA. l Petr. Satyr. 74 ; cf. les Comment, de l'édition Burmanu (1709), p. 368.
On a proposé plusieurs corrections. Le Lexicon Petronianum de MM. Segobade et
Lommatzsch (1898) écrit : machina. — 2 Pollux, Onom. VI, 64 : o Z ïttunm,
**> ô Itirruv, leaqtù; ; cf. VII, 22. Voir aussi Hesych. Suid. et Pliot. s. v. A l'époque
classique, le mot est employé par Aristoph. Plut. 545. — 3 p0ll. VII, 168; cf. Ile-
sycli. s. v. ja «xxr.p.
MAENADES. 1 Aesch. Eumen. 500. — 2 Hom. II. XXII, 400; Eur. Bacch. 915:
yuvi) pàx^>), périphrase pour désigner une Ménadc ; Sophocl. Fragm. 678, 4 :
liotiviç, épith. de XWn, fureur. — 3 Cf. Diod. IV, 3, 4. — 4 Ottfr. .Müller, Manuel
darchêol. trad. /r. II, p. 318. Euripide, qui distingue deux sortes de bacchantes,
applique indifféremment aux unes cl aux autres les mots jiaivàSi; et : Bacch.
v. 02, 674, et 83 ; 103, 224 et 829, etc., etc. — Cependant le titre de la pièce s'ap¬
plique, comme il est d’usage, au chœur, c'est-à-dire aux bacchantes lydiennes. Les
furies thébaines eussent été désignées plutôt par le mot n«tvd8i;. _ 3 Diodore, IV 5
I , s'imagine que le nom même du dieu vient de Bd»*'.- Ce qui est possible, c'est que
cos deux noms, comme ”Izx/o; \ iacchi-s], lie soient originairement que le cri poussé en
l'honneur du dieu. Hesych. j. v. — 6 Id. s. e. Elle peut être la même que celle de
pressoir. — 7 Et p.jiàXovtî, Lycophr. Chalc. 1464; Plut. Vit. Alexandr. 1-2; Nonn. l'
34. — 8 cf. bassaiia, 1. 1, p. 681, fig. 805. — 9 Appian, Cyn. IV, 235. _ 10 Curlius,
Grundzüge, g 320, p. 671. La racine = impétuosité du mouvement. Le scoliaslè
d Apoll. Rh. T, /55, traduit pr. xiviToSa. et rapproche le mot Lit; qui
désigne une jeune femme prise du délire prophétique ap. Aesch. Septem, 835 et se
rapporte Ibid. 498, à la fureur des combats. — H Bull. corr. Iielt. 1893, p. 424 (E.
Pottier), fig. 1.-12 Hom. II. XX, 7-9; XXIV, 615 ; Odyss. VI, 105, 122 ; XIIl" nu!
— U Hesiod. Theogon. 129-30. — U Hom. II. VI, 420. - 15 Sopli Philoct v 145*.
- 16 Hom. 0,1. XIII, 104.
MAE __ 1480
nous représente en face de Titans; on leur prête le même
aspect extérieur et nous verrons les mêmes noms indivi¬
duels désigner les unes et les autres1. Ces premières
Nymphes des fourrés et des eaux vives, nous les retrou¬
vons aussi sur une coupe ionienne du Musée de Wurz-
guettées et convoitées par des Silènes mal
bourg -
MAE
dégagés encore de l'animal
475!)
, . , . de antérieure (fi
<* peintres-pot, ers d'Aui„„e emprunt tv
fabriques ioniennes. Par exemple ype aux
Nicosthènes 3 nous font voir une danse ml TPl'°reS (l(l
mentée de Silènes nus et de Nymphes n-m nle etrn°uve-
symbolisant tes forces «Jra^T'ES^
nature vivante. Même représentation sur une curieuse
amphore archaïsante 5 et sur de très anciennes coupes à
yeux prophylactiques0 (fig. 4760).
Mais de la Thrace vint par le nord de la Grèce un dieu
qui, lui aussi, représentait « la sève de la terre et de l’hu¬
manité » avant
de personnifier
la vigne et la vi¬
nification, Dio¬
nysos, qui garda
le surnom de
OEvSpiTïjç, arbo¬
rescent 1 [bac-
cuus]. Or les
Grecs, pour don¬
ner une forme
vivante à chacun
des traits qui
Fig. 4760. — Nymphe et Silène dansant. Composaient la
personnalité
complexe de leurs divinités, se plaisaient à les entou¬
rer d un cortège de personnes divines représentant
leurs énergies, leurs capacités multiples8. Les Nymphes
forestières, comme les Silènes enfants de la nature,
s offraient on ne peut mieux pour accompagner et
compléter le dieu nouveau, d'autant plus que Dionysos
semble avoir passé dès l'origine pour un dieu contesté,
persécuté, qui a besoin d’être consolé par des femmes
dévouées. La légende de sa naissance même, de la mys¬
térieuse disparition de Sémélé et de l’abandon où il est
relégué par suite de la jalousie d’IIèra, impliquait l’exis¬
tence de femmes qui remplaceraient sa mère et le
recueilleraient : ce sont les nourrices de Dionysos dont il
est parlé dans Ylliade et que Lykourgos a brutalement
troublées dans leur maternel office (t. 1, fig. 685)". A N y sa
où elles résident, Hermès leur remet l’enfant abandonné;
mais Nysa est un nom de lieu ou de montagne qu’on a
transporté partout où l’on a voulu placer le berceau de Dio¬
nysos : en Égypte, en Éthiopie, en Arabie, en Inde10, etc.
Ces nourrices sont des Nymphes de la montagne ou de la
forêt, amantes des rudes Silènes, comme celles a qui
Aphrodite remet le fils qu’elle a d’Anchise; leur De a la
durée des sapins ou des chênes 11 . Nombre de monuments
figurés, dont à vrai dire aucun ne remonte très Inuit,
représentent Hermès prenant des mains de Zeusson ù »
pour l’emporter à Nysa, ou le remettant aux Nymphes
(t. I, fig. 680, 681), qui souvent ont avec elles le vieux
Silène13. Diodore de Sicile14 croit que le nom 1 11 i ^
dieu est formé de celui de l’asile qui la abiité, pie .
de celui de Zeus (Aie -f- Nu;). Ces Nymphes ma ci
1 Hom. 11. XVIII, 39-48 (Thaleia, Panopé, Clymenè, Oreithyia) ; Hesiod.
Theoy. 243-62 ; Pindar. Nem. IV, 63; V, 7; Pyth. XI, 2 ; Isthm. V, 8;
soph. Oeil. Col. 719; Eurip. Andr. 46, 1267; Rôm. Af ittheil. d. archàol . Instit.
1887, taf. vm, 2, p. 172 (Dümmler), amphore de Cervelri. — 2 Monum. dell.
Instit. X, pl. vm ; Sitll, Die Phineusschale, Würzb. 1892; Wien. Vorlegebl.
série C, VIII. — 3 E. Potlier, Vases antiq. du Louvre, série II, salle F, n» 104
(yoir les numéros précédents et suivants), 8 Nymphes et 9 Silènes. Cf. Wiener
Y °' legebl. 1890-1, pl. i ; Pottier, Ibid. E 703 (amphore iono-corinthienne à zones) ; F
120 (coupe à yeux prophylactiques); F 130, pl. i.xxiv. — 4 Cf. Genick-Furtwangler,
Griech. Keramik (Berlin, 1883), pl. iv, b, amphore imitée des vases de bronze, 4
Nymphes cl 4 Silènes. — 5 Roulez, Choix de vases de Legde, pl. v. 1 : 6 Silènes à
pieds el queues de cheval, 6 Ménades : Mgro , Eio, Molpi, Klyto, Xantho,
Choro. Cf. Dumont-Pot ! ier, Céramiques , p. 277. — 6 Athenisehe Mittheil. d.
Archàol Instit. 1900, p. 44 (Bochlau), fig. 2, 3. — 7 p]ut. Moral. (Sympos. Il),
p. 67a f. AiovJom Sr/Sf î-iy rsu-.n' û; râo; s'iur-, "EXXijviç (t-looe-.v. Cf. Pape, Griech.
ennamen, v» Aiovuao; — 8 I.cs Charités, Peilho, Eios, ^ 9 [loi».
, etc. Cf. H. Weil, Sept tragéd. d Eurip. p. d" ve . 4niiÿ.U30!
n, 132. — 10 Diod. Sic. IV, 2, 3; Aristoph. Lysxstr. 1-»- 1 ) (| y avait des
m. 94 (Nauck, 871); Strab. XV, 687 ; Lucian. Deor. dial. - ' . ^ elc. 0n
es en Eubée, en Béotie, en Thrace, en Carie, en 5C1C’ (| [jxmn. ko»1- M
aussi que vjira; a signifié arbre. Cf. lape, ibit • ^ Se iXrivo'.. • • |s»«T*ïT *”
er. v. 256 sqq. Nùpoat piv jfi+ouai* ifinwoi... f J,uynes, Peser-
pu/a ntirn. .. — 12 Visconti, Mus. Pio Clcm. , P ■ ■ • ’ nourricières-
iscs, pi. xxvm, où Zeus lui- même remet l’enfant aux - ^ h Diod- >>'
' Stackelberg, Gràber, 21 ; Museo Etrusco (\ atic-). p ’ nt pas celte «P
! : a.T.b T0ff ru.Tib; xaï voï «itou. Mais les linguis es ^ ]er, ou d’une orl"
igic. Dionysos, la sève humide, viendrait d une racn j)yu-ni‘-ya ,
eue qui aurait circulé à travers l’Asie Mineure, ,0. On J
et de’ la nuit) ; Max-Muller, Academy, 1882, p- 95- - ■ |Iïïdes, es nourrie
re la racine du verbe 6'eiv, pleuvoir» ce qui n0l,s 1 an
MAE
— 1 4-81
MAE
_ c0nsidérées comme des Hyades (cl mélamor-
o0téLéaii^ ^ ^ ^ cn conslcllalions), c’est-à-dire
P|lüsfe /^personnifications de l’humidité qui fertilise.
,omml7 ' D.irai8sent aussi nombreuses autour d’aucun
ElllS "ï | dieu1. Eschyle, dont elles exercent la verve
antre Pen
Fig. 4761. — Dionysos suivi des Saisons.
satyrique, en fait de simples femmes de mortels2. Mais,
en général, il ne semble pas que leur service près du
divin nourrisson leur fasse perdre leur caractère de
forces productrices, d’agents de la vitalité. Elles sont
restées, rajeunies, autour de Dionysos adulte, comme
protectrices ou protégées, confidentes, prêtresses, ser¬
vantes. Ce qu’on nommera un peu plus tard Monades,
Bacchantes, etc., c’est simplement la troupe des Nymphes
dionysiaques.
En effet, sur un vase peint de l’époque classique,
une femme grave et drapée qui assiste le jeune dieu a les
attributs propres au thiase bachique et est expressément
désignée par l’inscription MAINAI A Sophocle, d'autre
part, montrait Dionysos adulte accompagné dans ses
allées et venues près de Colone par « ses nourrices4 » et
déjà, au temps de Pisislrale, un hymne homérique
contait qu’après l’avoir élevé, les nourrices de Nysa
suivaient le dieu dans les forêts retentissantes de
clameurs 11 où il portait ses pas. Il est remarquable
que c’est toujours la montagne6 et les bois, non les
cultures et les vignes, qui nous sont donnés comme
séjour habituel de Dionysos par les poètes, même quand
ils voient en lui le dieu qui fait fermenter la vendange;
c’est une tradition antérieure ou différente qu'ils conser¬
vent. Sur les plus anciens vases que nous connaissons,
ce sont ces simples Nymphes, sans attribut aucun, qui
font cortège au dieu. Elles sont désignées du mot de NY2AI
qui surmonteleurs têtes gauchement dessinéessur le vieux
vase de Sophilos1, et du mot NTcf» A I sur le vase François
qui est de la première moitié du vic siècle : elles y figurent
parmi des Satyres exubérants de fougue ; à un autre
endroit de la longue procession que déroule ce monument
archaïque, ce sont les trois Saisons, oipa;, qui accompagnent
la marche de Dionysos (lig. 47(il)s. Pratinas appelle
Fig. 4762.
Nymphes el Silènes vendangeant.
j aiades les compagnes du dieu9 ; Sophocle et Aristophane
6S ('''s'Snent simplement du nom de Nymphes de Dio-
^ et dans Horace, qui recherche les vieilles expres-
jjr ns P0ur ^es rajeunir par la place qu’il leur donne, on
il* ori! ■ Bacchum docentem... Nymphas discentes l0.
Thù n‘>n^er type de la Ménade. Constitution du
7 ' ~~ ^es Nymphes dionysiaques se consacrent à la
frtaie satyvjm ['JS' ***’ clu* en donne une raison ridicule. — 2 Dans s
«f.ScAoi. J '! ." ,v4"'’ (Argum. gr. ad Euripid. Med. Weil, p. 108, 1. 1-
'■omlli.. ,]ails | lnl'h. b qui tes, 1321). Médéc les ressuscitait après les avoir f
Mlin, Vases "1P c,laU(^ii:'re que leurs maris. — 3 Coll. Pourtalès, pl. xxv
Pt xni, _ s s, /y*’ '■* ’ Galerie Myth. L VII, 23; cf. Witte, Bât. Lan
Plioreliydos s’ , ’J* ^ ' 678-80 ' {taxgnÛTa;... Aiovuvoç...* 6eocïç àpçi7tol.5v
’ol II. v 186) : vtv Atôvuaov ittpvfltaav aùv «j-
fructification par excellence, celle de la vigne, quand
leur dieu est devenu plus spécialement celui du vin
et de la fermentation, et nous les verrons prendre
peu à peu l’appareil extérieur, les dehors et les attributs
par lesquels elles s’associeront le mieux à son caractère
mythologique. Seules avec les Silènes, court vêtues et
actives, elles font la vendange (fig. 476:2), détachent les
— 6 H. how . XXV, v. 3-10. — 6 Eur. Bacch. 70, 116, 140; Aristoph. Ttiesmopli .
992-7-8. — 1 Trouvé dans les fouilles de l'acropole d'Athènes Athenisch.
Mittheil. d. archacol. Inst. 1889, pl. i, p. 4-5 (Winter). Une des nymphes parait
jouer de lasyrinx. — 8 IV t'en. Vorlegebl. 1888, pl. u (2* rangée) ; pl. ni (2* rangée) :
ijuatrc Nymphes, cheveux longs, diadèmes, tuniques brodées, mêlées à des Silènes à
pied de cheval par lesquels l'une d'elles est emportée. — 9 Pratinas, Fragm. 1 (Bergl),
n. 4. — 10 Soph. Antig. 1130 : Aristoph. Thesmoph. 993; Hor. Ca m. Il, 19, 13.
MAR
— 1482 —
grappes, emplissent les corbeilles, escaladent les pres¬
soirs1 ou récoltent les fruits d’un arbre2. Mais le dieu
ligure au revers de la coupe qui présente cette scène, et
celles dont il est absent sont assez rares. C'est par enthou¬
siasme pour lui que ces Nymphes se parent, bondissent,
poussent des clameurs, et elles s’exposent aux approches
des Silènes pour le divertir*. Il est à remarquer que le
dieu assiste grave à ces ébats, sans y prendre part. Les
Ménades sont ses iidèles et ses suivantes, jamais son
harem. Même il ne déploie son enthousiasme que dans la
poésie. Dans la peinture et l’art plastique, en Grèce, il est
tou joui s immobile et spectateur. C est sans doute parce que
les moyens dont disposent les arts du dessin ne permet¬
taient pas de concilier en lui la mobilité violente avec le
caractère divin. Il se démène chez les poètes4, mais les
peintres ont chargé les Silènes et les Ménades de se mou-
Aoir et de s exalter pour lui. Les bonds rapides sont leur
allure habituelle, et la comparaison qui leur est le plus
souvent appliquée est celle de la biche qui, fuyant le chas¬
seur, se sauve avec d’impétueuses saillies par les bois5.
Il semble que c est surtout elles qui remplissent les
solitudes de clameurs et que 1’c.XoXuy-q dont Dionysos
aime a taire retentir le pays où il apporte ses rites6 est
un cri féminin aigu et prolongé. Leur office parait si bien
ctre de mener bruit dans les bois que les crotales sont le
premier attribut qu on leur voit sur les peintures de vases
et qu’elles le garderont jusqu’au bout. Celles qui, dans les
anciennes figures noires, n’ont pas encore de crotales
et dansent au son d'une flûte de Satyre, sont brutales et
disgracieuses ‘. Les Ménades à crotales les agitent quel¬
quefois en accompagnant Dionysos (fig. 4763) ou en l’hon¬
neur d'un autre dieu comme Apollon8 ; on les voit aussi
seules avec des Silènes, se mêlant à leur dévergondage9.
La couronne de lierre ou le léger diadème (fig. 4760,
4763, 4764, 4767) sont très anciens aussi. Le lierre, qui
abonde dans les montagnes de Thrace, est consacré au dieu
tout comme les feuilles de vigne qu'il remplace peut-être,
étant moins rare et d’une forme analogue [bacchus] 10. La
nébride (peau de faon) ou la pardalide (peau de panthère)
se présentent à peu près en même temps et donnent un
caractère très pittoresque aux figures qui ensontparées11.
Ou elle est ajustée à la taille, qu’elle moule (fig. 4763), ou
elle pend sur le dos, retenue par les deux pattes de devant
nouées sous le cou, ou encore elle est jetée sur une
épaulé de façon que la tête ou une ou deux pattes de
la bête pendent de-ci de-là12. Dionysos porte aussi cette
pièce de vêtement, par devant, à la façon d’un justaucorps
(fig. 805). Aucun texte ne nous renseigne sur la signi¬
fication de cette parure qui, tout au moins, indique
l’habitude delà vie dans les bois, de lâchasse. La plupart
des figures de Ménades qui n'ont pas d’attributs autres
que ceux énoncés ci-dessus, sont vêtues de chitons ou
tuniques assez courtes et très serrées qui précèdent (au
moins sur les monuments figurés) les robes longues et à
plis nombreux. Les attitudes sont très variées. Parfois ce
sont les anciennes danses très expressives mais sans
1 Coupe du Cab. des Méd. de Caris (fig. 4702); cf. Gerhard, Auserl. Vasenb.
pl. xv, vendange de Silènes. — 2 E. Poltier, Op. I. F 334, pl. i.xxxv.
— 3 Arislopli. Thesmoph. 992. — 4 Hom. 11. VI, 132. — 5 Eur. Bacch.
800-70. 6 Id. Ibid. 25. — 7 Gerhard, Auserlesene Vasenbilder , 142.
8 De Witlc, Hôt. Lamb. n° 22; amphore à deux zones; Fiorelli, Vasi dipinti ,
pl. m ; Wiener Vorlegebl. D, pl. 0 (fig. 4763); cf. Gerhard, Auserl. Vas., pl. 33,
253; Percy Gardner, Ashm. Oxford. Catal. 240. — 9 Cabinet des Méd. Paris;
Gerhard, Auserl. Vas. 142. — 10 Plut. Sympos. III, 2. — 11 Poltier, Op. I. F,
133. 1- Poltier, Op. I. F, 103, pl. lxx, ampli, de Nicosthène. — 13 Poltier,
MAE
grâce, parce que les artistes
des mouvements violents
anguleux. 1
- Ménadc jouant
des crotales.
exemple, elles
dansent à deux devant l’appa¬
rition de Dionysos et Koré sa
mystique épouse dont les tètes,
énormes en proportion des
autres personnages, sortent de
terre13. Deux de ces Nymphes
dansantes sont avec des Silènes
dont la forme est encore plus
animale qu’humaine14. D’autres
dansent très sages près de Si¬
lènes dont elles semblent ne
s’occuper en rien15; d’autres
près du char du dieu16. D’une
manière générale, et sans pou¬
voir indiquer les nuances, leur
danse tend plutôt à s’apaiser
sur les vases de la fin du
vi,; et du commencement du
ve siècle.
Souvent elles passent simplement en tournant la tète
du côté opposé à la direction de leur marche 1:. 11 arrive
ainsi qu'elles regardent directement un autre personnage.
On n’en doit conclure aucune intention : les figures de
t ette époque, étant toutes de profil, regardent forcément
une de celles qui se trouvent près d’elles. Quelquefois
elles sont simplement debout, des deux côtés de Dionysos,
dans des attitudes exprimant plus ou moins de déférence
et d adoration 18. Il arrive, mais rarement, qu’elles gesti¬
culent comme si elles sentaient un commencement
d ivresse ou une sorte d’étourdissement, par exemple
sur une très ancienne amphore à zones du Louvre19.
Ordinairement sur ces vases les zones de personnages
bachiques ont au-dessus et au-dessous d'elles des zones
d’animaux sauvages ou familiers, et il arrive même que
le décorateur a fait passer quelqu’une de ces bêtes dans
la zone des dionysiaques. Bientôt le mélange des deux
éléments se généralise, et les servantes de Dionysos ont
avec elles des fauves ou plutôt des animaux familiers
qu’elles regardent ou caressent. 11 semble qu’il y a là
un effort pour embrasser dans une même conception
toute la nature vivante et indiquer que les Nymphes
dionysiaques représentent aussi bien la vie animale que
la fructification. Peut-être nébrides et pardalides avaient-
elles déjà un sens analogue. Quoi qu’il en soit, xei^le
commencement du ve siècle il n’y a pas encore (race d®
violences exercées par les Ménades sur les animainj 1
féroces ou sans défense. Un beau vase d’Amasis • 1 ' P1 1
sente deux Nymphes qui s’approchent, en pas de unso
très rythmés, de Dionysos et lui présentent un 11 j ^
(symbole de fécondité) et un cerf, tenus 1 un I1 1 ^
oreilles, l’autre par les pattes (fig. 4764). Cet ex< "‘P^ ^
presque unique en son genre, ainsi que celm '^.,,.1
Ménade (ou Ariane) menacée par un lion gueule " ■'
Op. I. F, 31 1; Monum. dell. Inst. Vl-Vlt, 7 ; f rochner, '^"^yuse0 Etrusco, I
— U Coupe de Nicoslhènc, Arch. Zeit. 1884, pl. xv1, I use Uo Ménazles |
pl. xxxvin, 1 a, 2 a, amphore (le Vulei. — Autres exemples i ^ p p|. ixi«i I
à tunique courte et serrée sur vases à figures noires. E. I °tt*er, p|, I • I
F 3G, amphore, pl. i.xvi ; F 75, coupe, pl. lxix ; h 1<*1, amph. e MI- AJuseo fl
F 302. - 17 De Luynes, Op. I. pl. v. - 18 Fif e“û V<ui <¥ L
Etrusco, 11, pl. xxxvii. — 19 Poltier, Op. I. E, 831.
pl. ni; Milliet, Céram. <jr. p. 85 ; Wit-n. Vorlegebl. 1889, p ■
Hôt. Lamb.’ H; liev. arch. 1808, p. 350.
___ 21 Oc Willc’
MAE
— 1483 —
MAE
i |,, lion ne menace personne et on le voit même
A>l|cUl> je hraS d'une Monade. Celle d’une liydrie
r'I u'!iiaîos 2, assez coquette et presque amusée,
dl‘ |,!""(|* ,'.l0n Sur ses épaules. Une autre 3 regarde
P01'- ment une biche retournée vers elle, une
indulgc
d m wio a « a 4 , > A,cnoirscv
autre4 tient un cerf dans ses bras; deux autres3 une
chèvre et la panthère qui deviendra l’animal favori des
bacchantes.
Mais celui qui, dès l’époque où nous sommes, est le
plus significatif, c’est le serpent qui représente peut-être
les rapports de Dionysos avec les dieux chthoniens. Pour
la célébration des mystères bachiques, on apportait un
serpent dans une ciste ou corbeille à couvercle. Par la
suite, nous verrons les Ménades faire des serpents des
usages assez imprévus. Jusqu’ici les peintres de vases
les leur mettent simplement à la main ou auprès d’elles
(fig. 47(33) 11 .
L attribut qui est la marque distinctive de la bacchante,
qui lui appartient en propre et la met nettement à part
des autres Nymphes, le thyrse, n’apparaît qu’assez tard
dans les représentations comme dans les textes. Il faut
arriver a la lin des vases à figures noires, c’est-à-dire au
commencement du v® siècle, pour le rencontrer. D’après
ce fait et d’après les variétés qu’il présente sur les pein¬
tures, il semble qu’il ait une double origine. D’abord
cest un s'mple arbuste arraché, un sarment un peu long
uu une branche ayant à son extrémité un bouquet de
euilles, dont 1 imagination aura armé les Ménades et leur
"" l"i-mème. On aura essayé, par jeu ou par dévo-
l0n’ imiter les allures qu’on leur prêtait, puisqu’on
jwim dit qu on en vint, pour éviter dans les démons-
0i'' "lll ~ ^chiques de se faire mal avec des branches
SCIOns kms dur, à les remplacer par les tiges
j(,s" ^ 1 1 du narthex [ferula] 7. Sur les dessins
lebo'T*' ^ l^rse est tantôt une branche feuillue par
nm'il,"1 " "" Pel‘t arkuste (fig. 4166), tantôt une tige de
°X’ (1, 'e tdus souvent, une tige droite à laquelle il
ctjubl, s j) ! ’ -®i l-l Wiener Vorleg. D, pi. I. — 2 Wien. Vor-
IVu. i;j4 ' ' -Vus. 447 ; Klein, Aleisters. 42, I. — 3 Gerhard,
~~ ■ fjuu j,)"'1' ®r*1- Muséum. — VE.Pottier, Ibid. F, 3C 1 , pl. i.xxxvi.
"8 Wiener VoH n , ' (Rl'unnb 18G5’ P- 1«1 Arch. Zeit. 185*, pl. lxxi.
' ; do Wiiip // / *V ' ’ 1 Pb V1 Mon. d. Inst. XI, pl.xxiv; Klein, Meisters. 43,
f"7; s"r le narll,0 ' ■n'"'’’ i2; Potli(>r. Op. I. F, 3fil. — 7 Uiod. Sic. IV, 4,
A'Pt n. _ , °P,lr- Hist. plant. I, 2, 7; VI, 2, 7-8.— 8 Wirn. Vorl.
du lliyvso scill tRl°S’ Ap,e,1‘ Vorlcgebl. I), pl. i. Mflmc alors cl quand la
11 Ore (|uun bâton, on on voit souvent une ou deux petites
semble qu’on ait rajouté au bout un bouquet de feuilles
d’arbre ou de vigne, ou de lierre. On aperçoit même sur-
certains thyrses l’attache en fils croisés de ce bouquet de
feuillage8. Mais le plus souvent l’objet est stylisé, c’est-à-
dire quela forme et les détails en sont conventionnellement
arrêtés et simplifiés (fig. 4765 9. Si celte introduction
dans les dessins du principal insigne bachique est rela¬
tivement tardive, c’est qu’elle se produit seulement après
un essai de mise en œuvre et d’emploi dans la réalité ,0.
Chemin faisant, l’importance de cet accessoire
augmentait au point que le caractère dionysiaque lui
reste attaché plus qu’à tout autre. Désormais il est rare
qu’il manque aux Ménades (si elles n’ont les mains
occupées par autre chose); le dieu lui-même l’a assez
souvent, les satyres quelquefois. Euripide nous montrera
ses Bacchantes ayant pour premier soin, à leur réveil, de
remettre des feuilles de lierre à leurs thyrses11. A peu
près en même temps qu’elles sont pourvues du thyrse,
deux derniers changements se produisent dans les
allures et le costume des Ménades qui seront désormais
prêtes à former le thiase, c’est-à-dire le cercle ou la cour
de Dionysos12. D’abord, au lieu de bondir et danser
simplement au milieu des Silènes ou de se prêter à leurs
sollicitations, la Ménade se dérobe à- leurs prises, au
Fig. 4765. — Ménade avec thyrse, faon et serpent
moins pour l’apparence et par jeu ; un peu de pudeur
coquette, sinon sérieuse, se révèle dans ses manières
d’être, et le motif de la Nymphe bachique semblant se
débattre avec son thyrse contre un Silène appréhendeur
est déjà créé13. L’art en tirera spirituellement parti. De
plus, le costume est heureusement modifié suivant les
modes du v® siècle. Les courtes tuniques ornées, mais
serrées et même étriquées, font place à des peplos ou
des chitons amples, bassara, flottants et à longs plis“ sur
lesquels la peau de panthère ou de faon se place avanta¬
geusement et qui dans la danse et les mouvements vifs
peuvent tourbillonner en lignes harmonieuses [bassara,
brandies secondaires à différentes hauteurs, en plus du feuillage du bout.
— 10 Dollcy, Thyrsos of Dionysos (American Philos. Soc. 1803), pense que le
thyrse est venu, assez tardivement, d’Asie où il était un bouquet de fleurs de
palmier-dattier, symbole de fruct idéation aux mains des prêtres assyriens. Eu
Grèce on aurait remplacé ces fleurs par des pampres et plus souvent du lierre.
— il Eurip. Dacch. 1054-5. — *2 se dit d’ailleurs de la réunion des
Salvres ou des Bacchantes même sans Dionysos. Elles l’invilenl (Eurip. Dacc/i. .‘182)
à entrer dans leur thiase. — 13 Pot lier, Op. I. F, 130, 161, 381, (i, 2, 34.
— iv (ierhard, .4u$. Vas. 134, 253.
MAE
— 1484 —
MAE
l'K- 80.'i . En même temps les gestes heurtés, les poses angu¬
leuses s'adoucissent un peu, et le thiase est constitué. Les
Monades en sont l’élément le plus intéressant, car le type
des Sa Ivres ou Silènes na guère changé ni progressé
depuis leur création première. Dionysos barbu est immo¬
bile au milieu d elles, debout ou assis sur un siège pliant
avec un canlhare, une branche de vigne ou un thyrse à la
main. De part et d autre, formant le plus souvent paire
avec des Silènes, thyrse en main, elles bondissent, ou elles
se débattent contre leurs compagnons. Le plus souvent,
dans ce premier thiase, les personnages sont à la file sans
qu'aucun rapport, aucune intention les relie les uns aux
autres. Ils sont juxtaposés plutôt que groupés. De plus,
s il y a la de 1 entrain, de la fougue exubérante et même de
l'ivresse, aucun délire n’y apparaît encore
ce n est que du mouvement, de la joie et’,| . i
bien que les choses du thiase semblent réJ! ,
leurs grandes lignes par une sorte de probant UDs
près constant, il y a cependant des variétés 4 P<iu
sieset des exceptions. Ainsi les Ménades s’amnÜ! f;,nlai'
des Silènes à se traîner ou à traîner Dionysos H ^
char 1 (I, p. 60G, fig. 683), ou elles-mêmes sont ^ U“
™ ua taureau *, ou à colifourchou
sur un mulet ou un Une >. il en est qui portent (les 2
ronnes. Une singulière représentation est celle dé !
Ménades debout l’une contre l’autre et reliées “*
même péplos très ample, entre deux Silènes qui ZZ
sent les contempler respectueusement h
Le concept de la Ménade serait probablement resté ce
que nous venons de le voir et ce type artistique eût évolué
toujours dans le même cercle, si un nouvel apport ne fût
venu de l'Ionie modifier en Grèce l'aspect général de la
religion dionysiaque et peut-être aurait-on vu simple¬
ment une mode singulière apparaître : un ehiton supé¬
rieur, à manches longues et larges qui dépassent les
mains et les cachent (fig. 4766) 5. L’ampleur de ces
manches convient à merveille à celle de la gesticulation
emportée 6. Du reste, sauf cette particularité, le vêtement
des Ménades est le même que celui des autres femmes
représentées sur les vases de la même époque. C’est celui
du temps tel que les peintres de vase peuvent l’inter¬
préter : il n’y a pas d’uniforme de la Ménade à étudier,
mais seulement des attributs et accessoires.
Ces divers caractères de transition se remarquent
plus ou moins sur une série nombreuse de vases
1 Collection Formatif n« 331 ; Gerhard, Ant. Dildw. 19 ; Dubois-Maisonneuve, 42 ;
Müller-Wieseler, Antike Deukm., 11,605 ; Laborde-Lamberg, pl. xvu. — 2 Gerhard,
Au*. \as. 1 49, 3. — 3 E. Potlier, Op. I. F, 311; Mon. d. Inst. VI, pl. vu; Percy
Gardncr, Ashmolean Catal. (Oxf.), 22. — 4 Gerhard, Auserlesene Vasenbilder ,
324, vase du Brit. Mus. ; cf. Gaz. arch. 1876, 3. — 3 Hartwig, Aleisterch.
pl. xi. ni. Xénophon, Cyrop. V, 1, 6, laisse soupçonner que celle mode aurait été
réellement portée. Il parle d une femme qui, en déchirant un chilon, met à découvcrl
son cou et ses mains. — « Jahrbuch des arch. Inst. 1896 (11), p. 20; Hartwig,
à figures rouges7. Sur d’autres apparaissent des motifs
quelque peu renouvelés, par exemple des compagnes de
Dionysos donnant à des panthères et autres animaux des
marques de tendre affection 8. Il est des vases qui,
anciens par la date (début du Ve siècle) et voisins
de ceux à figures noires par certaines traditions du des¬
sin, nous présentent pourtant des Ménades d un sl\le et
d’une conception vraiment neufs. Par exemple un (an
tliare de Nicosthène où trois servantes du dieu 1 assisten
pendant qu’il verse une libation sur la flamme d un •' uti ■
l’une étend les bras vers l’autel, deux dansent et er
rière l’une est son thyrse fixé en terre par une 1 x,|( m
en pointe dite (laupojTijG9.
Vers l’époque où se produisent ces innovations m ^
tiques, le culte de Bacchus se présentait une si < 11111 ^
en Grèce, arrivant non plus de Tlirace, mais d' 1
et de Lydie10, gravement modifié dans sa pl1' s|
Meistersch. pl. xxxn; Mon. cl. Inst, suppl. pl- xxiv ; Mon. dclAs*- ^ m'en-
1891-a2.pl. II. — ^ Klein, Meistersign. 134; Panofka, •)"*<■» • ^ scti.
Vorlegebl. U, pl. 4 {Brit. Mus.) ; Pottier, Op. I ■ ) jlarlx(ig, Op. >■
— 8 Pollier, Ibid. 0, 46, 93, pl. xeix ; Harrison, pl. ‘(/ Inst.
pl. vi ; Monum. dell. Inst. XI, pl. xxvii-xxvm. — - ' ^ Robinson, I
1890, p. 324, fig. 4. (Rciscli) ; Wiener Vorlegebl. 1890, p. ^ ^ ||jpp0naï,
dans les Trustées o/‘ Muséum , Boston, 1901, p. -O',
Fraym. 91.
Fig. 4766. — Ménades et Silènes dansant.
MAE
— 1485 —
MAE
f (|X des Thraccs qur, passa
former I'' PeuPle Phrygien
forint
donné
le
liaient avec eux e
passant l’Hellespont, étaient allés
paraissent avoir volontiers
caractère asiatique aux divinités qu’ils ame-
modelé le cortège imaginaire de leur
i . cm- celui de la Grande Mère des dieux ou même
l’Vitvs Euripide nous atteste le transfert en Grèce de ce
Ihivlms d’Asie Mineure1 (qu’on appelait Sabazios), et
• montre en même temps de quel vacarme d’instru-
lg ga sliile lydienne aime à s’étourdir. Le joyeux
nie
dieu grec de la fécondité et de la vendange
I e( vivace uieu g.
| *p n cl souvent le nom de son concurrent d’Asie et devient
I frénétique et délirant. Ses Ménades, au lieu de pousser
I simplement des clameurs par les bois, font rage avec la
I (lûte lydienne, les cymbales, le tympanon. Une épigramme
de Thyillos nous montre sous une forme saisissante les
allures des prêtresses de Cybèle, orgies et tumulte,
fureurs et transports, cheveux renversés en arrière dans
la cambrure de la danse. Une de Philodémos donne à
| entendre que ces amies de la Mère des dieux sont aussi
I celles de Sabazios2. Strabon de son côté laisse voir que
| les éléments des deux cultes se sont confondus 3. Un fait
I très simple suffirait à montrer que le cômos bachique
s'orientalise, c’est l’apparition aux mains des Ménades
! nouvelles voir fig. 4772, 4773) du tympanon emprunté
aux rites de Cybèle, instrument de tapage inconnu des pre¬
mières Nymphes dionysiaques4. Les légendes, la poésie
dramatique des Grecs se sont prêtées à ces changements,
les ont secondés même en développant certains récits
| fabuleux venus de Thrace qui tous avaient un thème
commun : sous des formes diverses, ils relataient le sort
I d’ennemis ou d’opposants de Dionysos, qui trouvaient
répugnants les effets de l'ivresse et restaient rebelles à
I 1 enthousiasme excité par la découverte de la vinification.
I Peut-être des chefs de peuple, indignés de voir jusqu’où
le vin ravale un homme, voulurent-ils arracher les vignes
sur leur territoire. Bacchus se défend contre cette ligue5
I des antidionysiaques : dans la lutte il deviendra féroce.
| b arme de sa vengeance, c’est la frénésie même qu'il dé-
jveloppe dans les esprits. Ou il frappe ses ennemis de
émence" et ils périssent misérablement après s’être
poilés à d allreuses extrémités, ou il communique une
m I urieuse a ses Ménades 1 qui se chargent de mettre
a mal ceux qui 1 ont offensé 8 . Lykourgos a maltraité
es Ménades. ou les nourrices du dieu : saisi d’un aveu-
f 1 1111 1,1 qui se tourne contre sa propre famille, il frappe
, "'"P” de hache ses plus proches [bacchus, p. 608] 9.
i|i n i et Penthée ont nié la divinité ou la supériorité
do Tl"!'*08'. ^6S hassarides, c’est-à-dire les Bacchantes
pièces I,"lt< ' 'd'er^ues de colère, mettent le premier en
Moin ] • ^Uant. au secon(E c’est sa propre mère qui,
p0 IInpiovisée, hallucinée, inconsciente, le prend
po„s“1,UlUPeaU.el ^éSorB'e- Le dieu nouveau a été re-
Ménad-'r. * erst'e territoire d’Argos : la troupe des
Esc,|\:, ' Iaincneet elles se font tuer pour l’y rétablir11.
P1>ipmhi(, mU à la Scène avec toute leur horreur la
qui s’n„ie " ’s Rendes, où ce sont toujours des femmes
'•*i lient, à défendre Dionysos. La Pythie des
1 t
Pal 'l,!,8’ 64"68, 86> li0> IS5. 159 : cf. Poil. VII, 00. — 2 An-
Mrl- Al»»ciàtion's 'n.ï~ ^“Saxa‘ ‘nriiuwîSt;). — 3 Stralj. p. 400-471; cf. Fou-
aP pPiî||. P' 70‘ - 4 Eurip. Bacch. 124-5, 155-6, et un grand
! a'! 4 ; 'asps depuis la fin du style rouge sévère. — 5 Diod.
’ |lesio<l . Fragm **”**"• **lv o!xou|iivï|v toù; Soxoîvtaî àirtStïv.
. Ppécs Je fo|i; • - • Les l’rélides qui n’ont pas accueilli les rites de Bacchus sont
y I h -• ' Cf. I épith. ôçffiyûvw.;, Plut. Mot. 568 c, 571 c. j
Euménides 1J dit que le dieu, parti en chasse avec
des Bacchantes, a donné à Penlhéc Je sort d’un lièvre,
et c est là ce que les Xantriai présentaient sous
lorme de drame. Deux des sujets précédents rem¬
plissaient une tétralogie : les Édones, les Bassarides ,
les Jeunes, Lykourgos u. Dans les Édones 14, le poète
mêlait les mystères de Cotytto à ceux du Bacchus thrace
et nommait les instruments phrygiens qui excitaient le
peuple des montagnes a la fureur igGtvùtî 67tocyo)yôv by. o-
xAav) par leurs résonances accompagnant des voix mu¬
gissantes comme celles de taureaux. Dans un vers qui
lui paraît excessif, Longin montre le palais même de
Lycurgue en proie au trouble bachique*’. La violence
des Ménades guerrières parait toujours alliée à l’état d'es¬
prit orgiaque, à l’extase : elles sont des « possédées ».
Elles délirent à tel point qu’on a pu se les représenter
comme mettant en pièces Dionysos lui-même 16 !
Cette démence et cette cruauté féminines s’offrent atté¬
nuées sous une seconde forme qui est l’omophagie, le
déchirement (<n:apocyp.oç) de membres d’animaux qu'on
mange crus, présentée comme une sorte de répercussion,
de talion en représailles d’un traitement analogue que
Dionysos sous le nom de Zagreus aurait subi des
Titans1’. On la rapporte aussi à d'anciens rites sangui¬
naires dont le souvenir imposa, selon l’historfen Phanias
de Lesbos, à Thémistocle avant la bataille de Salamine
l’exécution d’un sacrifice humain. Ce qui apparaît comme
certain, c’est qu il y a dans cette croyance une allusion
aux actes déraisonnables que l'exaltation peut faire
accomplir à des natures facilement excitables18. Si la joie
débordante des Ménades correspond à l'effet du vin, il est
certain que 1 orgiasme sous ses formes diverses rend celui
d’affections ner¬
veuses, d’hysté¬
ries et d’hyp¬
noses. Cela n’em¬
pêche pas que
les Ménades per-
sonnifientencore
les forces vivan¬
tes de la nature .
Les conceptions
diverses se sou¬
dent ensemble
sans qu'il y ait
fusion complète.
Dans les mo¬
numents figurés
depuis le pre¬
mier quart du Fig. 4767. — Deux Mcnades.
ve siècle av. J. -C.,
c’est le même type de Ménade, sans distinction bien sen¬
sible, qu on trouve s’abandonnant au vertige de la danse
orgiaque, combattant les ennemis du dieu ou dépeçant
des bêtes, et même ces diverses actions sont parfois
quelque peu mêlées, ce qui nous permet de les en¬
visager ensemble. Sur une belle amphore du Cabinet
S Diod. Sic. III, 4o. 3. — 9 Id. Ibid. 4, 5; Hom. 11. 135-40; Phot., Bibl.
1062; cf. Soph. Antig. 155. — 10 Kralosth. Catast. 24. — n pa„s. 11. 20, è’; Ibid.
22, 1. — 12 Acsch . Eum. 22-26. — 13 Scliol. ad Aristopli. Thesmoph. 135. — 14 Acsch
Fragm. 56 (Nauck). Sur l'effet excitant de la flûte, Soph. Trach. 216-20- Arsll
PoL Vlll> «• “ 15 Lougin. SM. 15, 16. - 16 Clem. Alex. (éd. KIoU, 1831), IV, 1 10.
Il y a là sans doute une confusion avec la mort d’Orphée. — 17 Cf. Gazette archéot.
1879 (Ch. Lenormant) où tous les textes sont cités.— l«Weif, Drame antig. p. 107 sq.
187
MAE
des Médailles do Paris, qui suit de très peu le style
sévère des figures rouges, huit Monades accompagnent
leur dieu'. L’une d'elles est déjà représentée de face.
Il \ a de la sobriété dans leurs mouvements de vif
enthousiasme, mais l'une d'elles a déjà le tympanon
familier aux prêtresses de la Grande Mère et une
autre agite en 1 air la moitié d’un chevreau. Des thyrses,
j' * . . '1'" OC1'* ,l libation de l'lmp
des torches (car les manifestations des |t, ’ T S°rpenl,
toujours supposées nocturnes) marnuem i ' ''"Hes s°nt
1 il Wt Plinn \ il nnnt/x 1 ^ CflLFfl MX».. J
la scène. Au reste, les groupes, intéressLT FNc
memes, n ont pas entre eux de lien. Deux Md, e"x'
blent à 1 écarL, l'une enveloppe l’autre d'un S('ni'
de protection (lig. 4767). Dans une m-.^n °au ^
l'a* coupe de
Fig. *4708. — Ménadcs dansant.
Brygos, de style un peu plus ancien 2 (dessin brun sur
lond blanc), la Ménade, la tète jetée de côté, avec
une ample pardalide que sa marche dansante agite
sur ses épaules, a noué un serpent vivant autour de
ses cheveux où le vent joue, et tient d’une main
son thvrse
comme une
arme, de l’au¬
tre, par une
patte de der¬
rière, une pan¬
thère qu'elle
va peut-être
dépecer. Sur
une coupe
d’Hiéron (fîg.
4768) 3, plu¬
sieurs Ména-
des qui dan¬
sent, surtout
celle qui élève
un faon en
l’air et celle
qui brandit
temple de Delphes par Praxias et Androsthène6, et si
elles présentaient quelque forme de délire bachique.
Sans en tirer autrement conjecture, nous remarquerons
que les Ménades brandissant des quartiers d 'animaux
sont assez rares sur les vases peints et que le <nrap<xy|u>ç
parait plutôt,
par les imita¬
tions posté¬
rieures, avoir
été unmotifde
relief. Les va-
sespeintsnous
présentent
moinssouvent
les Bacchan¬
tes omophages
qu’homicides.
Cependant,
vers la fin du
vc siècle, nous
voyons un
type de Mé¬
nade qui mar¬
che en tenant
son thvrse en travers derrière sa tète l, ont un commen¬
cement d enthousiasme délirant. Sur une autre coupe
du même ’, cet enthousiasme prend un caractère licen¬
cieux. On ne sait pas quel était l'aspect des Thyades
sculptées, près de Dionysos, au fronton arrière du
un jeune cerf de telle façon qu elle semble chercha ■' ^
arracher les membres7. Un beau vase delà mène 1 1>" I ^
nous en présente une dansant, en proie au vprlln'’ ^
mains couvertes du chiton, la pardalide au '< nl
queue pendante, lesjambestransparaissantsoush p1 1
1 Ancienne coll. de Lûmes; Monuments Piot, IV, 87 (de Ridder). — 2 Munich,
n° ; Baiimeistcr, Itenkm. fig. 128, p. 847; llarrison, 1. x— 8 Duruy, Hist.
dns Urnes, I. 24.1 et T i.i ; llartwig, Mcislnrsch. XXX; FurlwSngler, lleschr. 2290;
IlaiTison. jd. xxi. — 4 Cf, Jahrli, d. Arch. Inst. 189ii, p. 25. — 5 Harlwig, Mets-
tersch. pl. xxxi; Wien. Vorlegabl. A, 4. —
hall. 1895, p. 95, fig. 2 (art. coijvk) ;
cf. Millingon-Cogliill, VI; Millin, Vas. I,
pl. xxiv ; Gerhard, Ans. Vas. pL.er.xxxn.
r n « Y 19 4 - 7 Bullt
- 6 Paus. X, 1^» *•
pour Ménades extatiques en 111
/tn. — « Monnni. ,nsL
corr.
archr»
Sllppl.
MAE
— 1487
MAE
t-sSondc analogue. Après une coupe du plus beau
ell""l' plusieurs couples de Ménudes et Silènes nous
Style "I i 1 __ An r„,.„;ncmo In Iw,||p innnno Hou
pré
■ I,, I OU piUSit'U*® 1 -
’ nient le type de l'orgiasme à la belle époque des
,l'1^ indiquons deux exemples qui appartiennent à l’art
suivant: un vase où une Bacchante tête renver-
^ Ml,l> uulonne â l’ivresse de la danse, ayant fait tomber
de son chiton qui laisse son buste nu2, et une
1 i nn, de ltuvo 3 où, en face de Bacchantes en cos-
‘ ( j(, pjéâtre, une Ménade naturelle danse avec fougue,
servant du thyrse comme d’un balancier pour assurer
gon équilibre- _ , .
Voici maintenant des peintures ou leurs fureurs se
tournent contre des hommes : 1° contre Orphée sur
amphore du Louvre4 où la Ménade qui l’assaille
est tatouée, sur un stamnos “ du même musée, et sur
mi autre 8 où elles sont nombreuses et munies d’armes
diverses, tandis que le chanteur n’a que sa lyre, enfin
sur des fragments trouvés dans les fouilles de l’Acropole
d’Athènes 7 ; 2° contre Penthée sur une pyxis et une
coupe8 (lig. 1769), où on les voit élever triomphalement
une jambe et un bras du malheureux ; 3° contre une
victime qui n’est pas déterminée sur une belle coupe
du Cabinet des Médailles à Paris 9 ; 4° derrière une scène
représentant Lykourgos fou furieux, qui sévit contre
sa famille, on voit une Ménade jouant du tympanon 0
qui fait bien ressortir l’union du caractère orgiastique
marqué par les instruments lydiens avec la frénésie
meurtrière. Une série de reliefs sculptés qui représentent
(IN Monades en délire, avec la tète cambrée en arrière
011 'ie^e eu avant, sont sensiblement postérieurs ",
"mnau les vases de Sosibios 12, et de Salpion (lig. 685);
j!'us’ '*ans ce cas, ils procèdent, comme des répliques,
^""ginaux du vc siècle13, car ils ont les mêmes carac-
p||'! * ' sévérité que les déesses du Parthénon : simpli-
, ' 11 c°iffure, sérieux du visage, etc. Ces reliefs se
‘Planchent beaucoup de la description donnée par le
2.132 ; cf u- Gef. VI, 7 ; Auserl. Vas. 232 ; Furtwangler, Besch.
Graeber ; ' ei -Wioscler, II, 487; Mon. d. Inst. I, pl. xxiv: — 2 Stackelberg,
— 1 | * loW egebl. E, pl. vu-vin, I a-, Mon. d. Inst. III, pl. xxxi.
bell, stmi ] S ~ " Ibid. IX, 30. — 6 Gerhard, Aus. Vas . 136. — TJourn.
]'. 11:). im n P1- v,i P- 143. — 8 Jahrb. d. Arch. Instit. VII, 1892, pl.v et
leniplc ,|e ||| ai Tod des Pcnth.) ; cf. Pans. 1,20: un des quatre reliefs du
'•Ùouvgos. ,|.I|?.S°S ® Athènes représentait la mort de Penthée, un autre celle de
0. 1. pi.,. ||A mi;0n’ Geint. H. — u Gaz. archéol. 1879, pl. m-v. — lOMillingen,
àti; |),iri|v ' ' III, pl. vin. — il Hauser, Die neu-attiscli . Jteliefs ,n°* 23
'«h des Grecs. I, p. 541. — 12 Froehnor, Scul/it., n» 19; Muller-
rliéteur Callislralo d une œuvre célèbre, du début du
iv" siècle, laMénadeyipiaipcicpôvoçde Scopas 1 '. L'attribution
;t Scopas de l’invention de ce type ne repose sur aucune
preuve. Une base sculptée du Museo Chiaromonli offre
toute une série de types dansants et extatiques de Ménades ;
Scopas parait en avoir pris un, celui de la Bacchante (ta
chevreau , que nous trouvons reproduit sur plusieurs mo¬
numents 15 (lig. 4770). Peut être a-t-il eu le premier Je mérite
de 1 avoir traité en ronde bosse. En tout cas, il lui .a prêté
tant de naturel et de vie qu’il est resté fameux 16 et qu’on
en trouve mainte réplique chez les artistes romains.
III. Le type de la Ménade dans la littérature et dans
/ art du vc siècle. Les rapports avec le cycle d’ A phrodite.
— A peu près vers le même temps, Euripide avait placé au
centre d’undrame (écriten Macédoine) les Bacchantes avec
leur agitation joyeuse et leur funeste frénésie. Mais en
reprenant le thème delà mort de Penthée traité avant lui
par Eschyle et Iophon *7, fils de Sophocle, le drama¬
turge novateur l’a envisagé d’un point de vue qui lui est
propre. D’abord Dionysos n’est plus le personnage à
longue barbe et d’âge presque mûr, impassible et énigma¬
tique que les peintures nous représentaient. Il apparaît
rayonnant de jeunesse et de beauté, tel que le sculptera
Praxitèle, avec un charme presque féminin 18, des yeux
enchanteurs, une chevelure bouclée et blonde. Impitoyable
avec son ennemi Penthée, parce que le mythe le veut,
son langage, pendant qu’il dresse le piège, est d'une légè¬
reté juvénile, comme s’il s’agissait d’une simple mystifi¬
cation 19. Les Ménades qui forment le chœur sont des
Lydiennes qui aiment le tapage des instruments sonores,
les courses, les danses bondissantes, mais le poète n’a
pas voulu qu’elles fussent sanguinaires. Folles de la
joie de vivre, elles ignorent la fureur et ne sont en rien
associées au délire ni au forfait d’Agavé et des Bacchantes
thébaines. Celles-ci, victimes de leur méconnaissance du
jeune dieu, sont des Bacchantes par force20. Pendant que
les horribles conséquences de leur démence s'accom¬
plissent hors de scène, les Lydiennes de l’orchestre
chantent en termes d'une ferveur parfois mystique le
bonheur dévolu aux fidèles de leur dieu21. Elles ne con¬
naissent pas les satyres, si ce n’est pour avoir emprunté
le tympanon à Cybèle22, et il n’est pas autrement ques¬
tion d’eux dans la pièce. Le délire c'est, selon elles, le
propre des athées de la religion bachique. Et quant à ces
Ménades thébaines en proie à la frénésie, il y a bien de
l'étrange dans leurs faits et gestes, mais un personnage
constate, en dépit des insinuations de Penthée, qu’elles
restent chastes, et que les suggestions de leur cerveau
troublé ne les font tomber ni dans les égarements de
l’amour, ni dans l’abus du vin 23. C’est un essai de
réhabilitation des Ménades, même de celles que le dieu
a le plus exaltées 2i.
Cette conception de la Ménade apaisée, quelquefois
grave et religieuse, se fait jour dans l'art à la même
époque. La Bacchante n’y est pas nécessairement une
Wicselcr, 11, 602, — 13 w iulcr, .Yen attisch . licliefoù (st. programm Winckelinann).
p. 97-124, pl.i-in; E. Poltier, Mommi.gr. 1890-91 ;Collignon, Sculpture, 11, p. 241-3.
— O Callistr. Stat. 2. — 13 Mus. Chiaromonli, 1, pl. xxxvi, xxxix; Baunieisler,
Dm km. H, pl. xvm, fig. 929 ; Stackelberg, Grutier , LU, 4 ; Sandys, Bacchae ofEurip.
p. 258. — 16 Anth. Plan. 1\ , 60; Anth.Pal. 111,31. — 1~ Son drame avait pour litre*:
B><(« T, nivOiù;. — 18 Eurip. Bacch. 234-0,493; Callistr. Stat. VIII, 1-2.— 19 Ibid
928-48. 11 est vrai que bientôt il sera cruel, perfide. Le poêle a montré les deux faces
du dieu terrible et doux : StivÔTato;, 7, m.iTUTo; . -- 20 Eut. Bacch. 32. — 21 Ibid.
Gif, 73, 133, 147, 163. - 22 Ibid. 130-1. - 23 /hid. I», 221-25; 2«, 687-9, 693. —
24 Elles sont appelées xoTviiS»;, /ôitl. 664, c est à-dire uuyustes ou cumul ureBcs.
MAE
— 1488 —
vierge folle. Sérénité, dignité sans raideur, un calme où
Ion devine une certaine joie, une grande noblesse des
attitudes, une beauté simple dans les plis des vêtements,
tels sont les caractères communs des Ménades dans les
scènes de vases peints que nous allons passer en revue,
hiles ressemblent à des servantes-prêtresses quand, por¬
tant dans leurs mains des bandelettes, une œnochoé,
une boite d'objets sacrés, un plat de fruits, des torches1,
elles viennent en faire hommage à leur dieu. Ainsi celles
d un vase de la collection Jatta, l’une servant le dieu,
1 autre assise, une autre debout, appuyée sur la haute
hampe de son thyrse2. Sur un cratère d'Orvieto, Xaxuoa,
accompagnée d'une Ménade cithariste, OnXta, est debout
dans une belle
attitude de cal¬
me 3. Sur un au¬
tre de la collec¬
tion Czartoryski 4
(fig.4771), Matvâ;
(voir ce nom plus
haut) se penche
dans un mouve¬
ment délicieux
vers une biche
dont elle caresse
la tête avec la
paume de la
main. Sa com¬
pagne üoXuvixa
est pensive et
douce. Une autre
Ménade d’un
typeexquisHient
MAE
a- .s
Fig. 4771. — Mëuadc avec biche.
tranquillement son thyrse et un petit lièvre pendant que
Dionysos et Ariane versent à boire à un satyrisque. Sur
un vase du British Muséum un peu plus ancien, on ne
sait si la Ménade qui passe avec son thyrse marche ou
danse0; on se demande si, dans une autre scène, ce
sont des Ménades ou simplement des Athéniennes dans
leur costume ordinaire qui marchent avec des thyrses
Souvent ces Ménades dignes et presque graves sont
appuyées sur leur thyrse8; quelquefois leur main est
posée sur la hanche, sans que ce geste ail rien de trop
familier '. Non moins intéressantes que les Ménades
serieuses10, d’autres sont doucement enjouées, comme
celle qui, assistant à des jeux gymniques de satyres,
pose la main sur l’épaule d'un satyrisque tenant son
cerceau". Parmi les Bacchantes graves, on pourrait
placer presque toutes celles qui assistent à l’arrivée à
A y sa de l'enfant- dieu, comme sur deux vases de la col¬
lection Pourtalès 12 et de celle de Saint-Pétersbourg13.
11 est vrai que, groupées avec les Silènes qui sont leurs
compagnons naturels et presque inséparables, les Ména-
1 Dubois- Maisonneuve, pl. xxvni, xxx, xxxvii; Gerhard, Ant. Bildw. pi.
XVII ; Labordc, pl. i.xv; Benndorf. pl. xvxvii, vi (lécylhe trouvé à Corinthe).
— 2 Planche de Hcydemann, Satgr und Rakchennamen. — 3 Wien. Vorlegebl. E,
4 De Witle, Hùt. Lamb. 435, pl. x — 5 Gerhard, Ans. LVI, 2. — 6 Murray,
Designs front Brit. Mus. pl. ix, 35, E, 42; Hartwig, Meislersch. p. 823 E, 12.
— ' Murray, Designs front Brit. Mus. pl. xv, 59, E, 50. — 8 Cabinet des Méd.
Paris. Coll. Lu g nés. fond de cvlix, dessin médiocre. — S De Witle, Hùt. Lamb. XLflI,
pl. xiv, p. 52; Revue arch. XVII, 1808, p. 351. — 10 Dubois-Maisonneuve, pl. vu.
— U Jour,,. Itell. stud. 1890, pl. xi. ; Brit. Mus. — iï Millin, Vases, II, 13; Pour-
lalès, XXVII; Millin, Gai. myth. 228, LVII; Mus. FAr. Il, pl. 20. — 13 c. R.
de la commiss. archéol. 1801, pl. ii. — H De Wilte, Fût. Lamb. pl. xxvni.
— 15 Harrisson, pl.xxxvi, i el u ; Annal, de! Dist. arch. 1878, I.— 1S Labordc,
des, même en dehors de l’orgiasme et i-
style, n’ont plus cette expression calme et n'n '' Ijl'!Ui
vis d’eux elles ont des altitudes variées nui ° * Vis'H
sir partagé à la défiance, à la défense et i'0®1 ?u Imi¬
table ou simulée. Sur un même vase 14 p- ’! .. vér<-
Ménade joue de la lyre pour un satyre mli ?U‘‘ Une
l’extérieur quatre Silènes qui se démènent en'une^! ' '
forcenee entraînent plus ou moins leurs compagl àT
imiter. Ailleurs, une Ménade dort la tête L
son thyrse, une autre sur une éminence de^ernf ***
des Silènes s’approchent avec précaution pour les sur *
Prendre1*. Sur une série de vases, elles se
faiblement16, ou se contentent de fuir". Sur d
elles résistent armées de leurs thyrses 18 De cette?- ">S
tance les peintres ont fait quelquefois 16 des scènes fin?
ment humoristiques. Sur d’autres vases, les Ménade,
sont graves, indifférentes20 parmi des Silènes, peut-être
parce que, dans l'idée du peintre, elles ne les voient
même pas ; sur d’autres, la réserve ou la confiance
président à leurs rapports; une élégante Ménade apporte
une grappe à un Silène tranquillement assis, ou c’est le
Silène qui remet un œuf ou un fruit à une Ménade21 qui,
très calme, pose sa main sur son épaule.
Les artistes ne prêteront plus guère de caractères nou¬
veaux aux Ménades, mais un progrès restait à faire et il
est accompli, probablement à la tin du ve siècle ; c’était
de fondre dans l’harmonie d’une même combinaison les
éléments agités et les éléments tranquilles du thiase, el
de concilier dans la représentation des Ménades le calme
et le mouvement. Cette union s’est faite de la façon la
plus simple el la plus heureuse, par exemple sur un vase
trouvé dans un tombeau voisin du Lycabette 2i. Un
Silène y joue de la lyre pour Dionysos. Une Ménade qui
s’apprêtait à puiser du vin dans l’amphore pour le can-
tliare du dieu, s’arrête et se retourne pour l'écouter.
Une autre Nymphe agile, échevelée, qui se livrait à
une danse joyeuse fait, elle aussi, un effort pour se
contenir; une troisième apporte un plateau de fruits et
gâteaux. La fougue presque orgiaque et la noblesse des
attitudes sont encore unies avec le sens esthétique le
plus sur dans un lécythe aryballisque du Musée de Ber¬
lin trouvé aussi en Atlique 23 (lig. 4772). Le milieu du
thiase y est occupé non par Dionysos, qui est sur le cote,
mais par <bavÔ7T£, Ménade qui, les mains levées, danse en
tournant presque sur ses pointes. La scène entière con- 1
verge vers elle. Une seconde nymphe Naia, qui se livrait ,
au vertige d’une danse tourbillonnante, est tombée enln
les mains d’une compagne. Celle qui bat du tympan" m
tête baissée, est tout entière à son jeu. Les autres p1'1
nages, parmi lesquels deux satyres sans turbulent ^
sans cynisme, regardent l’une et l’autre danseuse, ■ -
des attitudes qui indiquent l’agrément du
l’attention à un spectacle connu et aimé.
, io _ n ih-vilcm,
pl. i.xiv ; Wien. Vorlegebl. A, pl. n ; Klein, Masters. Hieroi , -• . ^) iç {35* j
Grieeh. Vnsenb. II, 2 a ; cf. Slackelberg, Grübcr, 21, 2.— 18 ^ pl.23:
Campana, VI, 091 ; Arch. Zeit. 1878, p. 145 (Knapp.) ; Monum.dell . / ^ Cabin®1
Laborde I, 35. — 19 De Witle, Hùt. Lamb., pl. xxvi ; Cantliarc inédi < 1
des Méd. Paris. — 20 Gerhard, Ans. Vas. 80, 153-4; de Wille, ^ xyp ^
115; II, 109; Wien. Vorlegebl. XII, fi. — 21 Gaz. archéol. 18'- " P, . pollicP| |
— 22 Furtwângler, Coll. Saboaroff, pl. i.vi-lvii. 23 Dumont 1 p0uicr ; 1
Cérarn. gr. pl. xii-xm. Voir p. 372-4. la description dj'nsem ^ ^ ^0||,vnoiii I
FurUvânglcr, Coll. Sabouroff 55; Ueschreib. sù Iierl. ? naaux-Ads-
Cérarn. gr. lig. 92, p. 245; Duruy, Hist. gr- II» P- (,a'' * i>t.;„acli» AllJl‘"in>
18/3, 2, p. 119; Journ. des savants , 1873, p. 257; el. lolli<>
p. 409,
MAE
— i m —
MA E
,.|1(1 qui rappelle celle-ci par ses lignes géné-
| n' iCil faire à l’iiistoire des Monades vers son plus
r;lllS' ,ni un 1res grand pas. C’esl une peinture de
[/"""illles entourent non plus Dionysos, mais Aphro-
V?S! ' h.'duase au bout de deux siècles se prête ù un culte
llil' Dès le vf siècle Anacréon, demandant dans une
iT' liionysos de favoriser ses amours, lui disait qu’avec
[0dC\vin plies, Aphrodite et Éros l’accompagnent sur les
hisdes montagnes2, et les Bacchantes lydiennes
rKuripide, mal reçues à Thèbes, voudraient chercher
i meilleur accueil à Chypre, l’île d’Aphrodite et des Éros
illrmeurs des âmes 3, ou retrouver dans la région pié-
fienne le Désir et les Charités. Ici, ce vœu s’accomplit. Des
.Nymphes qui ont tout l’air d’être dionysiaques sont réu-
ni‘es dans une scène charmante, â Éros debout et à Aphro¬
dite assise. Les unes s’empressent autour d’elle, aidant à
L pai.ure, les autres dansent pour lui plaire avec un
emportement où il y aune pointe de mysticisme bachique.
Mais les Ménades, qui acceptent de voir Aphrodite
prendre la place; de l’épouse chllionienne de Dionysos
onl dépouillé tout à fait leur ancien caractère naturaliste4.
IV. Symbolisme (les noms de Monades. — Le seul
examendes nomsqui, depuis une époque assez ancienne ',
sont tracés sur les vases à côté do nombreuses Ménades,
nous fait connaître qu’ils désignent des personnifications
des plaisirs, de la grâce féminine, de la jeunesse, de la
gaîté bachique. Ces noms évocateurs d’idées riantes sont
des noms de fantaisie, non pas, sauf exception, ceux que
nous voyons portés dans la réalité historique. C’est la
Fleur, la Fleur-de-la-Danse, le Chœur -de-Danse, la Dorée,
la Paix, le Calme, le Bonheur, le Bien-Être (qui sont, en
grec, des mots féminins), la Jeunesse, la Rose, laCélèbre,
Chanson-du-Comos, Chanson-du-Bouc, Mélodie, Saison-
des-Fruits, Fleur-du-Vin, Parfum-du-Vin, etc. Quelques
noms sont géographiques : Délos, Phanopè; deux, Matvâ;
etBaxyvj, désignentlapersonnalité même des Bacchantes6;
un ou deux sont ironiques, comme la Camuse ; tous :
sont imaginaires. C’est un monde imaginaire aussi que
les poètes et les artistes nous représentent8, non pas,
comme on l’a pensé, l’imitation d’usages, d’actes habi¬
tuels pris dans la réalité. Puisque les satyres à queue de
cheval qui accompagnent les Ménades sont des êtres
(l’imagination, comment n’en seraient-elles pas elles-
mêmes? Les artistes grecs sont idéalistes.
Ce n’est pas à dire qu’ils n’aient pu emprunter à des
choses connues d’eux certains éléments. En Thrace, pays
(loàle culte bachique est originaire, un certain nombre
Je femmes ont dû s’abandonner à l’ivresse et à des
désordres nerveux, en s’imaginant qu’elles évoquaient
pur la la présence du dieu au milieu d’elles, le voyaient,
ni parlaient, se confondaient en lui 9. C’est le point de
'Port de la création artistique des Ménades.
' I lièbes et à Delphes surtout, quelques représentations
•'■J1 ou lûmes thraces ont été périodiquement renouvelées.
1 P 1(‘s avait servi de centre à des populations du Nord
au culte de Dionysos, avant d’être consacré sur-
lj,", ^P°^on- Aristophane, dans les Nuées , parle des
i. mtes du Parnasse10 et de leurs torches qui plaisent
vr j'o'Dsos, et on peut croire qu’il s’agit de personnes
nim J entités mythiques. Dans les Bacchantes ,
P1" P.uripide en Macédoine, il est fait allusion à
wlf, l’oUier’Æ/onilm-S"'. 1889-90, n° 17-8 ; FurtwSngler, Coll. Sabou-
110. _ 4 f,om!°" ilu' vases> P- 7. — 2 Anacr. Fragm. 2 (Bergk). — 3 Eur. Dacch. 402-
ncri'ncoriirc jri-'l * tscr'P1'011 détail, voir Pottier, Ibid. — i> Cf. note 22. — 0 Ou
— ' Liste comîilM ""l" cc Mm no veut pas dire qu'il n'ait pu être employé.
P. Ci) : Aathe À,.' '' C°S nüms’ après Heydemann (Satyr und Bakchennamen ,
Cbrysi*. pe|os U Chione, Shoiros, Clioranlhe, Choreia, Clioro, Chryse,
®«oia, Euono p 111 » ijmo, Eirenc, Erato, Erophyllis, Euboia, Eudaimonia, Eudia,
KlyU>, Komodia |1' Galènô, Hèbè, Io, Kallis, Kalykc, Kinyra, Kisso,
Emplie, Oinantkp ' n*’ ^a'nas’ Mnkaria, Molpe, Myro, Naïa, Nais, Nympliaia,
^lj0opo, ['lù|on)e|a !|lora’ 0,'oi°s. Orcithyia, Paidia, Paunyckis, Periklymene. •
loibe, | olycrate, Polynilta, Itbodanlbc, Rlioda, Sime, Torp-
certaines pratiques de sorcellerie, à certaines immunités
du corps à l’égard des lois physiques, qui ont dù être, ou
simulées par adresse, ou réalisées à la faveur île certains
états nerveux11. La même pièce nous montre les occa¬
sionnelles Bacchantes de Thèbes comme charmeuses de
serpents qu’elles allaitent ou qui, noués à leur ceinture,
leur lavent le visage de leur langue12. 11 est certain qu’en
Macédoine, comme en Thrace, il y a eu de ces charmeuses
qui s’appelaient Clodones ou Mimallones et se croyaient
inspirées de Bacchus [dionysia]. Plutarque nous apprend
que la mère d’Alexandre fréquentait parmi ces femmes,
recherchait comme elles l’état d’extase, de possession, de
catalepsie, et s’endormait parfois enlacée dans les nœuds
d’un grand serpent, ce qui n’était pas pour plaire au roi
Philippe13. Le biographe blâme visiblement ces excès
de zèle imités des Edoniennes et des montagnardes de
l’Hœmos ; il ne semble pas qu’ils soient descendus, à l'état
d’habitudes fixes et périodiques, dans la Grèce elle-même1 1.
C’est à peine si avant une époque tardive les poètes
nous en parlent en passant ; aucun prosateur n’en dit mot.
A Athènes, sans parler d’une loi spéciale de Solon 1 les
mœurs auraient interdit aux femmes de prendre part,
autrement qu’en cachette, à de telles manifestations. Les
sikome, Telhys, Thaleia, Themisto, Thevo, T!iyone, Tragodia, t raîna, Vesuna (étr.),
Xantho. — 8 Seignobos, Hist. de la Grèce (Suppl, des professeurs ), |>. 10;
I.. Ménard, Hist. des Gr.p. 318; mais cf. Panofka, Dionysos und die Thyiaden
(Abhandl. d. Akad. su Berlin, 1832); Bhein. Mus. 1872 (27), Rapp. — 9 Diod.
Sic. (d’après Dionysos Skytobrachion), IV, 3, 2; Ibid. 3 : (iiôv vofûÇüv xu-.ï
, y., gçovov tovtov itotiïirtlat v*; -açài toïî àvOçmirotï fictfstvt'aç... Tr V „aoo'j«(a v ûgvzTv
toj Aiovûffou... Il s agit des Thyades d assez basse époque, mais celles-ci croyaient
continuer une très ancienne tradition. — 10 Aristopli. Attb. 603-6. — n Eur. Bacch.
699-761 ; 753-62. — 12 Ibid. 766. — >3 Plut. Vit. Alexandr. 2, 5. — 14 l’hiloslr.
Vif. Apoll. VI, 11. — ,:i Uni limitait les conditions dans lesquelles les femmes pou-
, aient sortir la nuit. Plut. 1 if Solon. 21 ; De Genio Socral. 32.
MAE
— 1490 —
cérémonies du culte dionysiaque ont abouti au théâtre tra¬
gique, comique et satyrique. Quant aux fêtes delà ville et
de la campagne restées en usage à côté de ces fêtes drama¬
tiques et admises par la Cité, elles comportaient, à coup
mu , une liberté d allure allant parfois jusqu'àdes écarts li¬
cencieux, mais, bien loin qu’on yvoiedes Ménades réelles
autorisées à s'exalter jusqu a la folie, les Anthestéries par
exemple comportaient la présence de quatorze yEpapai*,
dames patronnesses choisies parmi les femmes des magis¬
trats en charge; à côté de ces respectables personnes, il
ue pouvait y avoir place pour des Ménades analogues à
telles du théâtre et des vases peints. Les extravagances du
thiase féminin, ses allées et venues avec le thyrse, doivent
etre reculées, loin des temps et des pays vraiment grecs,
dans 1 époque des désordres qui ont sans doute accom¬
pagné l'invention du vin dans les régions du Nord.
A . Les Thyades. — Les Ménades du ivc siècle. — Des
conclusions différentes ont paru devoir être tirées d’une
série de peintures de vases2 où le chœur des Ménades
entoure non pas Dionysos marchant et vivant parmi elles,
mais une idole du dieu, hermès3 ou xoanon planté en
terre, surmonté d un masque humain couronné de lierre,
pourvu d attributs bachiques et de somptueuses étoffes.
Le vase dlliéron 4 ( fïg. 4768 et tome I, fig. 706) est une scène
de cette sorte qu’on pourraitètre tentéde prendre pour une
scène de la vie réelle. Le dieu y étant représenté comme
une œuvre de l’art humain, on a voulu que les Ménades
qui le servent fussent de simples mortelles portraiturées,
non seulement dans leur costume, mais dans leurs habi¬
tudes religieuses. On pourrait, si le réalisme entrait dans
les habitudes des peintres de vases, expliquer plutôt de
la sorte la scène représentée sur un stamnos s du Louvre
où sept femmes de beau style, sans attributs particuliers,
sans se livrer à la danse, vont et viennent et accomplis¬
sent des rites avec un cratère et d’autres vases auprès
d'une idole en bois de Dionysos Dendritès. Mais la pein¬
ture qui sert d’argument principal à la thèse (tome I,
fig- "07, ) présente plusieurs Ménades folles de danse
orgiaque et porte les noms de ces danseuses et des autres
femmes empressées autour de la table où est l'idole. Or
ces noms sont symboliques et mythologiques : Thyonè,
Clioreia, Thaleia et Mainas6 Donc, si le xoanon du dieu,
les cratères, les canthares, les cuillers 7 servant aux liba¬
tions sont sans doute des objets réels, toutes les Ménades
de l'art sont idéales. Si celles-ci reproduisaient quelque
chose, elles reproduiraient une imitation même de l’art,
car il est permis de croire que des femmes ont parfois
simulé, autour des hermès du dieu, les ébats qu’elles
voyaient figurés en l'honneur du dieu même dans les
chœurs du théâtre ou les représentations peintes.
Il y a eu, en effet, des Thyades réelles (c’est le nom
choisi pour celles-ci parmi la riche synonymie énumérée
plus haut) et des chœurs féminins de danse bachique,
1 Demosth. 1369-72; Hesych. s. v. — 2Panofka, Op. I.. pl. î-m. — 3 De Witle, üftî/.
Lamb., pl. xiv et xv. — 4 A figures rouges. L’absence de ce motif dans les figures
noires indique qu’il n’est pas primitif. En tout cas la représentation des Ménades
réalistes n aurait pas précédé, mais suivi celle du tliiasc idéal. — 5 Monum.
dell. Inst. VI- VII, 65. — 6 Stamnos de Nocera. Scène partiellement reproduite
dans la figure indiquée ; Mus. Borb. XII, 21-23 ; Ne&pels Ant. Bildw. 364 ; Inghirarni,
\ dsi fUt il. IV, 307- 308 ; Muller-Wieseler, Denkm&l. II, 583 ; cf. Abhandl. derAIcad.
zn Berlin , 1852 (Panofka), p. 348 sqq.; Rapp, Bhein. Mus. 1872 (27), p. 585 sqq. ;
id. ftoscher, Lexik. art. mainaden. — 7 Demosth. Mid. p. 23. Oracles anciens ou
crus anciens : KjaTîjÇia; xtçâ/rai xal yoçoùç îoràvai... xat ' àyvtàç xoat taràvat. Il n’est
pas question de Bacchantes d’aucune sorte mêlées à ces cérémonies des cratères.
— 8 De même Loeschke a prouvé [Ath. Mitth. XIX [1894J, 510-25), que ce sont les
satyres mythiques qui ont servi de modèles aux imitations réelles de scènes saty-
MA K
périodiquement institués tous
Triéléries. Mai,-
Diodore, dit : « qu’en fêtant par des
Dionysos, elles imitent
is les textes qui nous en SOnl les
tours très postérieurs à la constitution a r S°"1
du lh,“e’ et ce «ont là des imitations H qUe’ idéalç
meme. C estime action en retour des créa L ,Ce ll,i^
les mœurs et la vie populaire « Un des s de ‘artU
qui décrit ces habitudes biennales des îenT^* lardifs
,
traditions représentent comme les comn-, ' ‘!nciennes
Il «joute que c’est eu l’honneur des victoires dut.?
l lnde que ces usages furent institués •• o™ °
dition bachique ne fut imaginée qu’après eu’A I. ’ll
eu, rendu la sienne célèbre par ses evagéraïon p“ '
mas, qu, écrit deux siècles plus lard, nous apprend,! T
femmes d’Allique partaient tous lesdeuxanl ira „ , ’ ' H
pour rejoindre celles de Delphes el célébrer avec *1
fele hivernale de Dionysos en dansant sur les pente U
notamment près d’une certaine grotte" appelée Cor,
cia. hiles dansaient aussi aux étapes de leur route et
notamment à Panopéon en Phocide, sans doute parce
qu Homere avait appelé cette ville KaXAtXoPoÇ.
Nous apprenons que les jeunes filles avaient le droit
de se mêler à ces solennités, que les honnêtes femmes
Pouvaient y garder la réserve qui leur convient12. Plu-
t ai que certifie ces faits, mais il est postérieur à Diodore. I
Nous savons par lui que des Thyades furent prisés par
une tempête de neige dans la montagne et qu’il fallut
aller de Delphes à leur secours. Il nous apprend encore
que, pendant la guerre sacrée, ayant couru de-ci de-là
toute lanuit, elles s égarèrent au matin dans une ville qui
était au pouvoir des gens du parti adverse, et n’y furent,
d ailleurs, l’objet d’aucune hostilité 13. Mais cet épisode
se place au ive siècle, c’est-à-dire à une date où poètes
et artistes avaient achevé de constituer le type tradi- !
lionnel du thiase et de la Monade. Les Thyades réelles ont
plus ou moins mis en œuvre et en action leurs données, I
elles ne les leur ont pas fournies.
Sauf l’innovation del’idole substituée au dieu vivant, qui
a peu duré, le thiase du ive siècle répète et continue sur les
vases celui du ve avec des plans étagés, des dispositions de
plus en plus théâtrales, des Ménades plus coquettes, plus
ornées, des accessoires plus nombreux, plus variés, plus
jolis. Les tambourins sonL historiés de dessins ; les thyrses
se compliquent, se recourbent, se chargent d’ornements
fleuris u ; les cratères représentés ont eux-mêmes des
peintures bachiques ; les Ménades tranquilles sont souven
maniérées (quoique la beauté du style persiste aussi .),
celles qui dansent parfois extravagantes. On en voit qui
portent avec des habiletés d’équilibristes 16 les objets u|
culte. Le goût conserve de l’élégance, mais tend u se
rétrécir en donnant à Dionysos des compagnes hop lS
tinguées ou trop bizarres 11 . D’autre part la plasliqut-.
riques. La légende inspire la réalité; cf. Collier, Le Sut. binent, ^ y)
hall. 1895, p. 225. -9 Diod. Sic. IV, 3, 1-3. - w Pans. X, 4. ^ ^
Ibid. 32. Slrab. IX. 417; XIV, 670; Sopli. Antig. 1125; Aescli. u<» ^ ^
cf. Herod. VIII, 36. Celte groltc esl nommée par des poètes^ ^ ^
par tous ceux qui veulent préciser le théâtre du culte orgiaque. ^
p. 609 B; Diod. Sic. IV, pl. 19 et 20, 3, 2. - O Plut. De prim. l”9' ^*1
mulier. 13. — H Mon. dell. Inst. VI- VII, pi. v. Vase cuneuv a a _ Jj
yrse de narlliex, accc ■
béé traie delc»»»"H
simplicité de la Ménade qui emplit le cratère, thyr
suspendus dans le champ, type du Silène velu, apparence lh‘ - • . caPaclèrP«
— 16 Millin, Vas. 12. - 16 Ibid. I, 57. - 1? Les uns et les autres ^ - g(|ivanls:
se trouveront souvent réunis sur les vases ci lés et, entre aulx • ^ ^ y| . |$(3f
Millin, Vas. I, 30, 67; C. B. arch. Pétersb. 1861, pl. iv,* p
pl. v, VI.
MAE
149
MAE
. . je emportée de Scopas, s’attache ;ï un type
.» do Ici *’i< ‘ .
[par les pampr
1773. — Ménade
du iv° siècle.
rcôlédc'a bachique que les vases nous ont déjà
n0UV('a" ! ri'voii : la Bacchante pensive, fatiguée peut-
hiissé ap'-1’1 'ioSSession du dieu, mélancolique et s’aban-
W (l(‘ ;'^nrêve. Par exemple une jeune fille sérieuse,
donna"' Sentimentale, : modelée à Tanagra1 (fig. 4773),
1111 rphchéedu thiase de Dionysos, si l’on en juge
^i'innmres mêlés à sa coiffure. Une autre, de la
même fabrique 2, vient de s’aban¬
donner sur un rocher, tenant en¬
core le tympanon dont elle accom¬
pagnait sa danse. Ses paupières
sont encore ouvertes, mais ses
bras tombent de fatigue et sa
nuque s’incline. C’est le type des
Bacchantes alanguies. Autre chan¬
gement : la légende qu’Alexandre
s’est créée en parcourant le pays
de l’Indus suggère l’idée de cos¬
tumer le thiase d’une nouvelle
façon. A propos d’un nom de ville
qui ressemble à Nysa dans une
région où on rencontre des vignes
abondantes, on imagine la con¬
quête de l’Inde par Dionysos3.
Alexandre en prit le rôle en tra-
[versanl la Carmanie. Il y triomphait et festoyait sur un
char magnifique, large comme un théâtre. Des tonneaux
devin étaient préparés le long des routes pour les soldats,
et des femmes déguisées en Bacchantes dansaient en
poussant des clameurs au bruit des flûtes et des cymbales.
Ici encore laréalité sug¬
gestionnée par l’art l’a
inspiré à son tour.
Ainsi, sur un vase de la
tin du siècle, la Ménade
qui danse au milieu des
satyres est vêtue non
d’un péplos, mais d’un
costume asiatique très
orné4.
Vers cette date, le
type de la Ménade est
passé des mains des
peintres de vases, qui
ne feront pendant un
siècle que des répliques
affadies du thiase, aux
CO' opiast Ps aux scujp(-eurg quj s’empareront eux aussi
^ niiiids connus, mais les interpréterontàleur manière.
d ir'fIue^de Mvrina nous offre une Bacchante assise,
moins poétique que celle de Tanagra, et qui probablement
était destinée à tenir unmiroir5à la main(fig. 4774). Les
premiers reliefs que nous envisagerons, ceux qui ornent
le mur de la scène du théâtrede Dionysos à Athènes, sem-
blent reproduire un prototype de l’époque de Praxitèle. Ce
sont des Ménades sans attributs, reconnaissables àl’allure
traditionnelle 6 et qui, par la souplesse, la simplicité,
l’heureuse adaptation des draperies qui les voilent, rap¬
pellent exactement le faire des maîtres de cette époque.
VI. La Bacchante hellénistique et romaine. Dissolu¬
tion du thiase. — C’est le dernier progrès que fait le
type de la Ménade antique. Pendant la période hellénis¬
tique, pendant la période romaine (qui ne produisent pas
des œuvres d’un caractère sensiblement différent, mais
évoluent parallèlement), aucun renouvellement véritable
de ce type ne se produira. D’ailleurs les morceaux spiri¬
tuels, élégants, savoureux, abonderont dans les répliques
et répétitions d’originaux antérieurs, datant du iv,
peut-être du Ve siècle7. Mais, dans les meilleures compo¬
sitions, l’élégance et la solidité de la forme sont compro¬
mises par la pauvreté du sens intérieur qu’elles enve¬
loppent. Les artistes, comme les poètes, dessinent encore
des figures agréables ou curieuses de Bacchantes, mais
n’y traduisent pas une conception personnelle ou qui soit
spéciale à leur temps 8. Si elles expriment parfois quel¬
que chose, c’est la furie du plaisir, non plus la frénésie
religieuse. En même temps la simplicité et la franchise
des attitudes, des gestes, des plis disparaissent pour
toujours et font place à des contours plus cherchés et
plus arrondis. Presque tous les types anciens sont repro¬
duits. Le plus souvent la Bacchante passe en dansant
avec les apparences de l’enthousiasme orgiaque. Quel¬
quefois elle y joint, comme dans le vase dit de Sosibios9,
des marques d’omophagie. Deux très beaux bas-reliefs,
l’un du Louvre, l’autre du British Muséum, en sont des
exemples très caractéristiques. Dans le premier10 la Bac¬
chante, cheveux au vent, renverse la tète, dans le second
elle la baisse11 ; dans l’un et l’autre elle tient le couteau
levé. Quelquefois elle balance ses bras au-dessus de sa
tête 12. Tantôt la draperie abonde en plis ingénieusement
fastueux13; tantôt le vêtement tombe et laisse à nu une
grande partie du corps, comme dans le cratère Corsini u.
Quelquefois le vêtement, en couvrant les formes, les
laisse transparaître 1S. Rarement la Ménade est absorbée
en elle-même, sérieuse et pensive 16. Ces caractères et
quelques autres que nous signalerons sont réunis ou
diversement répartis, notamment dans une série de cinq
vases de marbre autour desquels court une Bacchanale :
le cratère Corsini, le cratère Gargiulo 17 (fig. 4775), le vase
de Salpion au Musée de Naples 18 (fig. 681), l’amphore de
Sosibios et le cratère Borghèse au Louvre19. Plusieurs de
l’Ollier Les 7 ' ^urine* antiques du Musée du Louvre, pl. xxiu, I
Coll . kbonrlfflZtteL dC ^ Cuite' P' 84- fiS- 29‘ - 2 FumvSngle:
h peuple de h' . ~ 3 Strab- (d'après Megasthenes), p. 087-8; 7li
lèges luxueux / ' Uiï'0'' abondanle aussi en lierre avait l’habitude de coi
sic. 11,38 p. nj1 0" tambours, rappelant les pompes bachiques; flioi
-, 1. Ou jinil„j ’ 4 : Nmmos, Dion. XIV, 394; Lucian. Dial. mort. 1
leurs thrrseg 'l'"' 9°Ur cclle expédition les Ménades avaient inséré dai
116 le* montrent J °"llos de fer. Les bas-reliefs ayant pour sujet Bacchus indit
Plmine [Anlh ' /1 00m|,atlanb niais faisant retentir leurs instruments. Une ép
~~ 1 Dumont-C| ”1 ' attribue aux Bacchantes le thyrse loy/Ato;, arm
allongement de |J * °^'er’ Céramiques, pl. xvn, p. 375. — s Ce qui expliqi
pl. SX|v ])n l"'"" l’’nP amincie: Potlicr-Reinach, Nécropole de Myrin
P ; ef. Slnrî.r.1, nre h. 1808, pl. 11; Annal, de II. Instit. I8IÎÎ, pl.
1807, p. 80. Il e’ "'T> P1- *xiv, 4 et Wolckcr, A. D. pl. 111, 8. — 1 Arc
111 ", Die neu-attischc Reliefs', Zoega, Bassiril. pl. i.xxxu
Gerhard, Ant. Bildw. 108, 1. — 8 Arch. Zeit. 22, pl. clxxxv, p. 138; Mus. Pio
Clem. IV, 47; V, 7. — 9 Clarac, Musées, pl. cxxvi et exxx, p. 117-8; Müller-
Wieseler, Denkm. 11, pl. xt.vm, 002; Froehner, Sculpture antique, p. 50. 10 Cla¬
rac, Musées, pl. et n» 135; Froehner, Sculpture antique, p. 289; Calai. 533.
— H Brit. Mus. Marbles, X, 35 (140 A), ancien panneau d'une base de candélabre.
_ 12 Monuin. dell. Inst. IX, 45. — 13 Clarac, 135, pl. cxxxv; Catal. sommaire
des marbres du Louvre, 57 (Coll. Campana); Froehner, Sculpture, p. 65, 111 (pilastre
de Salonique). — U Welcker, A. D. II, pl. 111, vui; Arch. Zcit. 1867, pl. ccxxv.
Muller-Wieselcr, II, 390; Mus. Borb. VII, 24; Clarac, Musées, 134; Michaclis.
Ane. Marbles, p. 220, 11. — ,si Brit. Mus. Ane. Marbles, X, 35; Zoega,
Bass. Bil. 84. — 16 Ibid, i, 84; Millin, Galerie myth. 68, 260. — 17 Mus. Borb.
VII, 9; Muller-Wieselcr, Denkm. II, 549, pl. xt.iv. — is Mus. Borb. I,
49; Muller-Wieselcr, Ibid. Il, 390, pl. xxxvi. — 19 Clarac, Musées, pl. exxx,
«xxi, n“ 142-3; Froehner, Sculpture, p. 248; Muller-Wieseler, II, pl. xi.vm,
n“ 001 ; cf. Combe Marlil. of. Brits. Mus. I, pl. vu.
MAE
U 92 —
ces vases, et surtout le dernier, résument ces types de
Ménades avec un remarquable caractère de faste et de
magnificence. C est sous cet aspect luxueux qu'à partir
du i"r siècle le thiase bachique s’offre à l’imagination des
tou les qui n en aime que la pompe et n’en comprend plus
1 origine lointaine. Pour satisfaire les peuples, les sou¬
verains en font un
carnaval grandiose.
Athénée nous a
conservé la descrip¬
tion du prodigieux
cortège bachique
que Ptolémée Phi-
lomètor organisa à
Alexandrie 1 . Au
milieu de cette
féerie ambulante ii
signale des Macé¬
doniennes, des Ly¬
diennes, qui sont
les Mimallones ou les Bassarides de Dionysos. Dans
leurs mains étaient de larges poignards ou des serpents;
dans leurs cheveux des serpents encore ou des pampres,
du lierre et du smilax. Derrière elles une Nysa géante et
automatique se levait pour verser d’une coupe du lait au
jeune dieu. Un autre groupe du cortège était formé de
cinq cents jeunes femmes vêtues de pourpre et couron¬
nées de pin, entourant Bacehus indien monté sur un
éléphant. Quant aux poètes alexandrins qui résument
Euripide, comme Théocrite,aux Égyptiens qui le délayent,
comme Soterichos d Oasis et Nonnos ■, les étrangetés
des Ménades, les amusent ; ils exagèrent curieusement
ces singularités ; ils ont perdu le sens originaire du
thiase.
Aussi bien le thiase entre les mains des artistes se
dénoué et tend à se dissoudre définitivement. Souvent ils
prodiguent les Bacchantes isolées, comme un motif de
relief divertissant, universellement connu et bienvenu
pour remplir un espace quelconque sur un piédestal, une
zone d’un candélabre 3 ou d'une colonne (les statuettes,
sauf de petits bronzes, sont rares). Sous cet aspect beau¬
coup plusdécoratifque dionysiaque, laMénade est devenue
un simple motif ornemental. Ce ne sont plus que des
danseuses quelconques, ces belles personnes qui s’exhi¬
bent sur tant d'œuvres d’art avec un thyrse ou un
tympanon, ou une panthère familière qui les suit. Les
écrivains les considèrent ainsi. Pour un poète de YAntho-
logie, une Ménade concentrée en elle-même et pensive est
ridicule; elle semble dire : « Sortez; je battrai les
cymbales quand on ne me regardera plus4. » Lucien
appelle « Bacchante », c’est-à-dire « danseuse », un
ami qui a trop de goût pour cet art 5, et Plutarque nous
apprend qu'une des poses par lesquelles les danseurs
terminaient souvent leurs mouvements était la « pose de
la Bacchante6 ». Le thyrse, qui prend parfois des dimen¬
sions considérables, est devenu une longue hampe à
1 Allicn. p. 198, c. — 2 Theocr. Id. 26 ; Duentzer, Fragm. der ep. Poesie -,
.Non». Dionysiac. surtout 1. XIII-XL. — 3 Frœliner, Notice de la sculpt. n° 297.
p. 291 ; Bouillon, Candélabres , pl. 2; Mus-Pio-Clem. VII, 38; Clarac, Musée, pl.
cl 1 1° 137-8. — lAnth. Plan. IV, 59, — SLucian. Saltat. I . — 6 Plut. SymposAX, 13.
7 Wclcker. Ant. Denkm. II, pl. m, vm (cratère Corsini. Voir fîg. 2482) ; Arch.
Zeit. I86<, pl. ccxx\, figure sur une coupe d’argonl de Vicarello réunissant la
cambrure extatique, le découvrement de la poitrine par le cliilon, la nébride, le jeu
du voile. * Pitt. d Ercolano , I. p. 135. — Bibliographie. Schone, De personarum
MAE
moulures tournées
o n ru ban née m
pomme de pin réelle ou simulée. Les n n""
rares que les cymbales et le tympanon S°nl M
se présentent plus souvent, mais il arrive m !,8?6"18 n«
soit groupée avec quelque fauve ou montée ! Bacch»ate
Un curieux et hardi motif est celui
P°mpéi* (fxgU?77m.
0,1 une Bacchante
11Ue ,flui a sauté
"ur le dos d’un
Centaure le dompte
et 1 aiguillonne de
la hamP<‘ de son
lhypse- Le plus!
souvent la [Ul
chante, sans au tri
attribut, dansesinoJ
plement en jouant
avec un voile, et]
, . ces représentations!
montrent achevée 1 évolution qui, des ardentes et rudes!
Nymphes de la fructification, a fait d’élégantes danseuses.
— Bacchanale.
Fig. 4-776. — Bacchante de Pompéi.
Depuis le moment où les Nymphes des bois devinrent
les fidèles de Dionysos, leur personnalité a simplement
reflété, dans ses traits changeants, celle du dieu qui iesil
eues à son service. Pendant que Dionysos gardait une
gravité farouche, elles étaient rudes, étranges comme luij
Quand il a pris le caractère oriental et extatique, ellesl
ont été délirantes. Dès qu’il apparaît jeune et radieux,
elles deviennent gracieuses et innocentes (ce n est qui l, sl
fausses Ménades qu’Euripide fait s’attarder danslonio I
phagie). Se représente-t-on Dionysos comme conqm mn I
de l’Asie, elles se font guerrières, prennent le ,-"*llII”e|
oriental, ajoutent à leurs thyrses des pointes d< 11 I
Quand il les prête à Aphrodite, les Ménades appi 11111
in Euripid. Dacchab. habitu scenico, Lips. 1831; ^ajin’ . /{hein-
Maenaden, K ici, 1841
. habitu scenico , JLips. iopi • *'““**’ /{hein ■
; Panofka, Dionysos und die Thyiaden,\n 11 |U;
Hll
Muséum, 27, 1872 (Rapp) ; Ileydemann, Die Verrhüllle jgg5jj
Bakchennamen ; Dionysos’ Geburt und Kindheit , Halle 1 j| p. 840-51 m
Weeklcin, Einlcitung su Euripid. Ba/cch. ; Baumeister, Dcnkmü > '• pionysoti
Sandys, The Bacchae o[ Euripid. Cambridge 1880; Bolley, t. II, art-
Proc, of Americ. Philos. Society, 1893; Roscher, Lexikon der i ./ ^ |^0I1(i. 1898
dionysos et mainaden (Rapp) ; Huddilston, Tragedy inlight ofvasc /
MAE
— 1193 —
MAE
et ia délicatesse. Enfin, lorsque Bacchus ne
m'nifie plus que les festins, les jeux et les ris, elles-
P"'1 |(, viennent rieuses et folâtres, étalent leur beauté,
j F mCulj e]ies go détachent du dieu qu leur communi-
■lii son originalité, elles n’offrent plus que le type
banal ile la buveuse coiffée de grappes, dont les artistes
! ojerneg ont usé juqu’à l’abus. Adrien Legrand.
MAEINI A.IVUM ( ripo6oÀ7] , Yeto-i7cdot«T(xa 1 , éçojctYjÇ, êçt u<rrpas),
balcon tribune, loggia. — Une tradition constante attribue
l’invention des balcons au Romain Maenius ; mais elle ne
eut s’appliquer qu’à Rome. Il n’est pas douteux qu’en
Grèce et dans l’Orient hellénique3 ce genre de construc¬
tion a une origine beaucoup plus ancienne. Assurément
la maison antique en général était assez basse et prenait
jour principalement sur la cour intérieure. Cependant,
sans parler des balcons qui pouvaient surplomber,
en dedans de l’habitation, au-dessus de l’atrium4, on
dut être amené de bonne heure à en établir aussi à l'exté¬
rieur [noMus, p. 3 45] . Dans les pays du Midi on a toujour;
aime les toits plats formant terrasse [solarium] ; c’est 1;
que la famille vient pendant l’hiver se chauffer aui
rayons du soleil et pendant l’été jouir de la fraîcheur di
soii. Autour de la terrasse, sur l’extrémité des poutres
qui la supportaient (fig. 4777) 5, ou bien aux fenêtres des
Çtages supérieurs, on se plaisait à installer des balcons
es passants y trouvaient leur compte pendant la saisor
* !" ’ dh n en étaient que mieux protégés contre les
^ "lls llu s°leil • Mais souvent aussi ces constructions
^asiles trop multipliées et trop rapprochées, surchargées
k f de sloresi finissaient par devenir encom-
lunn,. ’ e‘ e* enlevaient aux maisons voisines l’air et h
lativr 1 ' ■ à’ P°Ur réPrimer l'abus, des mesures légis-
bien Z" ?e SOnt reProduites à plusieurs reprises aussi
fils de Pisisfnte'T8 qUe,Chez les Romains’ HiPPias'
en saillie ■ i ’ f ppa d un imPôt spécial les balcons
athénien v 'V * V01.e PublicIue6- Au ivc siècle le peuple
tenait des r1 Un° loi’ ProPosae Par Iphicrate, qui con-
Penda i dl*positions analogues7,
absolument ' ^ lonëtemps, les lois romaines interdirenl
«fMeau publies ' Tf.TT U“ luxe inutile et Préjudi-
' faul aller jusqu’à l’an 318 av. J.-C..
f; Alisl°l- Oec ou. II! 5 ’’ *!’VI1’ 120 ; Hcracl- Pont. Polit. |, Polyaen. III, 9, 30
I, ig 343’ . . . “ ’ a' *• ['omme synonymes on a employé project un
Vil',’ '■ lit, 191, Il .’v j.) Corp. gloss. Int. Il, 125, 50 ; 128, 45, 304
p. J°’ ‘j’ - 3 Hieronym ‘ [TL* el?r0jeetura’ Vitruv' "> *— 2 Cod.Just.
% 5 Mon.por la St ■’ V°'' '’ P' GC7’ Vallars- - 4 Mau, Pompeii
Hf'J \ 6 T* S‘°nn d' P°P- ««*■ Pt wxii ; Marlha, Art Etrusque.
In-n' 0nl- l- o - 7 P V f'“V’ Anstot- 0econ- II. 5, p. 1347, a 4 • cf P,
XXVll, <i , ‘ Polyaen. III o an * ,, . ’ »,ci. i
’ *■ - » Fest n 30- ~ * Précis vetita legibus, Amni, Ma
V. ' ls,d- 0ri«- XV> 3, H ; Cic. Acad. Il, 22,
pour voir fléchir leur sévérité. Cette année-là, le censeur
C. Maenius lit établir des balcons au-dessus des portiques
qui ornaient au forum les boutiques appelées labornao
voter es [forum, 16° et fig. 3249 , afin que les spectateurs
des jeux qui se célébraient alors en cet endroit eussent
un plus grand nombre de places à leur disposition; des
poutres dépassant le
faite des colonnes sup¬
portaient la construc¬
tion nouvelle9. Cette tri¬
bune devait être cou¬
verte, car on avait fixé
sur la paroi du fond une
immense composition
décorative du peintre
grec Sérapion10. Les
maeniana furent dès
lors imités dans d’au¬
tres villes d’Italie, et
pour le même usage ;
Vitruve recommande
d’en installer sur les
portiques autour des
places publiques où se
donnent communément
les combats de gladia¬
teurs 11 . Les particu¬
liers, eux aussi, bra¬
vaient impunément les
anciennes lois. Il est
même probable que les
premiers empereurs en¬
couragèrent plutôt ces
travaux qui contri¬
buaient beaucoup à
l’embellissement de la
capitale12; au temps de
Cal i gui a, les habitants
de certaines maisons
voisines du Palatin et
du grand Cirque pou¬
vaient du haut de leurs
balcons plonger leurs
regards sur les dépendances du palais et faire entendre
leur voix de l’empereur13. Cependant les Codes nous ont
conservé des textes qui prouvent que la tolérance n’allait
pas sans quelques restrictions ; même alors l’autorité
semble avoir toujours empêché avec soin que ces balcons
en bois ou en pierre14, garnis de tentes, ne fussent une
gène pour les voisins; on ne devait en aucun cas leur
boucher leurs jours15. En 368, Prétextât, préfet de Rome,
lit démolir tous les balcons à l’intérieur de la ville 1C.
1 n peu plus tard, Honorius et Théodose (an 423) régle¬
mentèrent la matière pour les provinces ; des balcons
établis face a face sur la rue devaient être séparés
les uns des autres par un intervalle d’au moins
Non. Marcell. I, p. 05; Val. Max. IX, 12, 7 ; Paul. Diac. p. 135 MGH. Le témoignage
du PS. Ascon. ad Cic. Divin, in Caecil. XVI, 50, p. 121 sc rapporte i. un autre
Maenius et à lau 184, si ce n'est pas une pure confusion de deux traditions
différentes, causée par la similitude des noms. Cf. Gilbert, Topogr. d. Stadt Iiom
III, p. 200, n. 3 et p. 213, n. 1. — 10 Varr. ap. Plin. Hist. nat. XXXV, 10, Ha!
- U Vitruv. V, 1, 2; Co,p. inscr. lat. IX, 1148. - 12 Isi,l. Orig. XV, 3- cf
Vitruv. II, 8. - 13 Suet. Calig. 18; cL Gilbert, L. c. III, p. IS2, n. 2 184 n 1
sur la do, nus Gelotiana. - 14 Isid. L. c. - 15 üig. VIII, 2, 20; XLIII. 8 i S 0.
— 10 Amin. Marc. XXVII, 9, 8.
S S,
Fig. 4778. — Balcon.
188
MA K
— 1 494
MA(i
dix pieds (2 ni. 95); entre un balcon privé et un gre¬
nier public on devait ménager un espace d'air libre
de quinze pieds (4 m. 45) 1 . 11 est douteux que ces
mesures aient jamais prévalu d’une manière durable
contre les mœurs. .
On peut voir à l'article domus (tig. 2513), une maison
de Pompéi dont la façade porte un balcon en saillie sur
Fig. 4779. — Balcons.
la rue ; elle est connue parmi les archéologues sous
le nom de casa del balcone pensile ; c’est en effet
une exception à Pompéi, où tous les étages supé¬
rieurs se sont écroulés ; cependant plusieurs maisons
avaient des maeniana : on a retrouvé les restes des
poutres qui les soutenaient, et c’est en remplaçant
ces poutres réduites en charbon par des poutres
neuves, qu’on a pu construire le balcon que l’on voit
aujourd’hui2. La figure 4778, qui reproduit une pein¬
ture trouvée à Pompéi, suffirait à nous montrer
quelles formes élégantes les architectes savaient don¬
ner à ce genre de construction3. Dans la figure 4779
le balcon, plus massif et plus indépendant de l’édifice
1 Cod. Jiust. VIII, 10, il. — 2 Overbeck-Mau, Pompeii p. 267. — 3 Zalm,
Die schônste Ornamente ans Pompeii , II, 73. — 4 Zalm. Ibid. II, 70. — 5 Corp.
inscr. lat. VI, 2059, 29, 30, 31 ; cf. Marini Atti d. (rat. Arvali , I, p. 224-226;
Canina, Architcttura romana, parte 111; Bormann, Arch. epigr. Miltheil. ans
Oester reich. XVII, 70; Hiilsen, Bull. d. commiss. arch. municip. di Borna , XXII,
1894, p. 312. — Bibliographie. Saumaise ad Hist. An g . ; Spartian. Pescenn. Nig. 12;
Pauly, Beal Encyclopaedie d. Alterth. Wissensch. s. v. Mae nia gens, p. 1350;
Becker-Gôll, Gallus , II, p. 287 ; Manpiardl-Mau, Vie privée des Rom. trad. Henry,
p. 291, note 3 ; Promis (G J, Yocaboli lat i ni di architeltura , Turin, 1875, p. 128.
MAFOHS. 1 Voir le Lexikon de Forccllini et le Glossarium de Du Gange, s. v.
— 2 Non. Marc. XIV, 33 : « Ricinium quod mine mavortium dicilur, palliolum
femineum brève ». — 3 Serv. ad Virg. Aen. I, 282 : « Recinus aulem dicilur, quod
post tergum rejicilur, quod \ulgo mavorle dicilur»; cf. Isid. Orig. XIX, 25; Hicron.
auquel il est suspendu, devient une véritable i
Quand on construisit le Colisée, on donna l ^
rm!rtt t lrois «-C!,*
\cpodmm el le porlicjue supérieur [r«iu,T,itA,
et tig. 293], évidemment par analogie avec' l, , T ' °
des tabernae vetere* au foruu,;
devait être, comme le « balcon » de nos théâtres^^”1
sur le devant, d’une balustrade qui dominait le mTd
la praecinctio. Un document du Collège des i
Arvales (an 81) énumère les places qui leur
reservees, a eux et à leurs serviteurs; nous y voyons
que les deux premiers maeniana , en commençant p-„. le
bas, avaient des gradins en marbre; au contraire1 les
gradins étaient en bois dans le maenianum summum où
prenaient place les gens du commun s. Georges
MAFORS (Macpépiov, gasxùptov). — On dit aussi maçon
mavorle , mavortium *. Court manteau de femme (pallio¬
lum femineum brève )2, probablement analogue à une
pèlerine ou à un collet, qui couvrait les épaules .et le cou
en arrière3. Il était porté aussi par les hommes, el en
particulier, à l’époque chrétienne, par les moines h C’esl
un synonyme de ricinium. Plus tard, pendant le lias
Empire, il semble que par extension on ait donné le
même nom à une sorte de capeline ou de voile qui cou¬
vrait la tète des femmes6 [velamen]. E. Pottier.
MAGIA. — L’usage comprend sous le- nom de magie
des phénomènes assez divers dont les liens et les traits
communs sont encore mal déterminés. Faute d’une défi¬
nition scientifique, nous devons circonscrire par làfon-
nements le domaine de ce que nous appellerons la
magie, en prenant soin que cette définition provisoire
ne s’applique pas exclusivement à l’antiquité gréco-
latine. Pour limiter les conclusions à tirer de cette
étude, ajoutons que, d’une part, la magie des Grecs et
des Latins ne forme un ensemble cohérent que du
jour où les Latins entrèrent dans la civilisation grecque
et que, de l’autre, nous ignorons à peu près complè¬
tement les formes primitives et originales de la magic
en Italie et en Grèce.
L’extension des mots gaysta et magia est variable!
Dans leur emploi le plus restreint, ils signifient la si ien< ( .
l’industrie et la religion des mages1, c’est-à-dire des.
prêtres de la secte de Zoroastre, importées en (iiui . ^
cette magie persane on oppose la yo-qTeia2 etla<f«p/~u »
qui n’ont point d’origines précises, se pratiqm id tn
dehors des religions, sont malfaisantes et suspe h
goètes sont des charlatans qui font des touisdi
passe L Leur nom se rattache à la même racine qm
ils l’ont reçu, dit-on, àirb xoiv y owv xat vojv Opv ^
rot; Ta»ot ç ytvop.évu>v 6, et l’on ne sait pas.au jusl
des nékyomanciens ou de simples pleureuis , Re J
sont-ils tour à tour l’un et l’autre; on sein m e
buer, en tous cas, une mélopée caiactém *1
Ep. 22, 13. — 4 Cassian. De institut, monach. I, ‘ ■ “ t„r cloi|“io ’■
pariter atque liumeros legunt (monaclii) . 111:1 01 , r s. r.
— S Pour les textes de cette époque, voir le Glossarium ce
qu’il définit : « operimentum capitis, maxime femmaium »• ror,«>*|
MAGIA. t Apul. Apoloi/ia sive de Magia, - ' • -1'1' ' ' T'|ieod. Mops11, "!i'
cf. Porph. De Abstin. IV, IC ; Joli. Clirysost. Bom. , -, - ■- dans Eusl*1
t* U IlifcriSc in Pl.ot. DM. 81 ; à signaler, pour « ad Synes.d'
Ad II. IV, 190, pàvo5 de ni*. ,«.v, pétrir. - 2 Sul<V . p’ ||us, éd. Boisson»**]
Jnsomn. p. 363: Michael. Glycas, éd. Uekkcr, U, P- > t. III, p- •’ "
p. *0-41. - 3 Suid. -* Favorm ... Eu U»- ^ X|VI *
585; Orig. e. Celsum. I, 382 F; cf. S Macc. XII, - . pficopl» l' H
— B Curlius, p. 477; ef. Fiek, 13, 572.- » Miel.. Glycas, ■ P
Codrcn. p. 41. — 7 T. Wilton Davies, Magic , divinati
U.
MAC.
— 1495 —
MAG
, sont des préparateurs de drogues1. Celle oppo-
Ÿ.a^7/||, mots, dont la synonymie est implicitement
"'.'Imm' par Suidas, qui les rapproche, repose sur la
r' ii!!!'lioii théorique d’une haute et d’une basse magie,
li" "brnium' et noble, l’autre maligne et basse, dis-
,mi correspond à des spéculations subtiles
tinclion 4 1,1 * 11
h hiérarchie des démons que 1 une et 1 autre sont
Sl" r..;,.,, noir2. Cette distinction est comparable à
q|,' de la. magie blanche et de la ma£ie noire3. Mlle
H due en grande partie à la philosophie mystique, mais
dm’ parait pas qu’elle se soit imposée au langage courant.
Hesvchius définit la yoTprefa par la uayeta4. D’autre part,
Porphyre comprend toute la magie sous le nom de
• un et assimile à la religion tout ce qu’il détache de
«•lie-ci. Saint Augustin n’admet que des nuances dans
un art unique : « quam vd magian val detestabiliore
noniine goetian vel honorabiliore theurgian vocant 5 ».
Cette assimilation de la théurgie et de la basse magie,
que l’école d’Alexandrie s’était appliquée à distinguer,
peut être suspecte chez un chrétien. Mais la définition de
p)jne est décisive; selon lui, la magie est un art décevant
composé de médecine, de religion et d’astrologie6. Pour
les Latins, il n’y a entre le male ficus , le venti/icus ou le
saga et le mage qu’une différence de degré7. Enfin, on
rapproche volontiers de la magie et de la œapgaxeia, qui
est proprement la science des plantes merveilleuses,
l’astrologie, l’alchimie et la divination8. En résumé,
pour les Grecs et pour les Latins, les différents termes
énumérés désignent concurremment une classe unique
de phénomènes.
Les pratiques magiques ont pour but de modifier
l’ordre prévu des choses5 par des miracles que l’intéressé
ne peut pas ou ne veut pas demander à des actes reli¬
gieux. 11 s'agit d’obtenir, en dehors des moyens naturels,
et souvent aux dépens d’autrui, des avantages impro¬
bables ou illicites10. Le secret, l’incompréhensible et le
merveilleux sont des caractères habituels de ces prati¬
ques. Le paradoxal, l’absurde, le contre-nature des jon¬
gleries magiques les distinguent des miracles proprement
religieux; Porphyre y insiste11. Faire descendre la lune
ducid1-, ressusciter les morts13, faire parler les animaux14
et les pierres18, faire marcher les statues16, se métamor¬
phoser et métamorphoser les autres 17 sont des merveilles
par lesquelles les magiciens ont coutume de manifester
leur pouvoir ou leur ingéniosité. Mais à côté de cette
magie théâtrale qui touche à la prestidigitation et est
matière à spectacle 1 ", il y a une magie utilitaire dont les
emplois varient à l’infini. Dans les jeux du cirque les
concurrents emploient la magie pour affaiblir leurs
rivaux19; un orateur qui reste court attribue l’accident
aux maléfices de son adversaire ; à la campagne on
ensorcelle et stérilise le bétail et les champs de ses
ennemis*®. Les charmes et les philtres amoureux sont
typiques21. La plupart des recettes de la médecine popu¬
laire sont magiques22 et souvent considérées comme
démoniaques23. On demande à la magie de faire tomber
la pluie24, d’arrêter la grêle25, de chasser les nuages26 et
de calmer les vents27, de sauver et de faire prospérer les
plantes et les animaux28, de donner du lait aux brebis29.
La magie procure un supplément de protection là où
d’autres moyens manquent ou sont en défaut : phylac¬
tères contre les voleurs30, recette pour l7rxvu> xpoxoSêtXou
Staêaivsiv 31 . Les recettes magiques mettent en œuvre des
notions d’origines diverses que l’on peut comprendre
sous le nom vague de superstitions. Il est préférable,
pour plus de clarté, de réserver le nom de magie aux
actes et aux préceptes32. Dans la multiplicité de ses,
emplois journaliers la magie peut présenter des formés
infiniment simples et vulgaires. Parmi les manifestations
d'une magie plus élaborée, nous devons signaler dès à
présent les xxQapgot33 ; sous ce terme, devenu vague, on
comprend à la fois des purifications et d’autres céré¬
monies34 [lustratio]. Les xxOapgot et les exorcismes35
nous acheminent vers la magie mystique36 dont la com¬
pétence dépasse encore celle de la magie populaire. On
trouve, par exemple, dans les textes magiques des
àTraQavax'.ffgof, c’est-à-dire des rituels de l’immortalité37.
Voici une liste des divers biens que l’on s'assure par des
pratiques magiques : Çwrçv, ùyietav, awxr(p!xv, ttX&ütov,
eùxExvtav, yvwcrv, eù xia xtav, eÙuÉveixv, eùêouXtav, sùooç'.’av,
[Jt.v-qgY|V, yâptv, gopcpTjv, xtxÀXoç, vrs'.ff pov-qv38, etc.
Bien que les Chaldéens [chaldaei] et les mages aillent
111 1 h, dans LXX Ps. L VI 1 , 5 oap;ra xo; signifie celui qui lie p.
■ i on ? Apoc. XX 111, 25; Uidach., V, 1. 11 faut naturellement disting
' mafbcjendu oaçpmo? liouc émissaire des Anthestéries. Quant aux
^ ' 011 1 011 Poul I‘rcr de cette similitude de nom, nous n'avons point i
— ' PorG! ■ De abstin. II, 40 sqq.; Eunap. Vit. Sonh. éd
-3W1,P' r°; lle,iod' AethioP- Ht, 4; Suid. L. Psellus,
Favorin / / "i.' "’ P' 4‘ — 1 Hesych- Tc'ri;> r^Vju, fo^Tixciv. naTsiiEiv,
’ Omclius, Appar. Soph. 31, 24; 45, 29. Dans I Req. XXVIII
lr aliji’f,’1, ndcl'omancicn CtfN); ( Gen.XIA , 8) et oaopoooiq (Exod. V
lA.U.ri? m0t (D?nain). - « Aug. De eiv. ûei, X, 9 ; cf. VIII
Bot. Hisf^xw ^ 10 (cila,ion P°rphyre, lettre à Anebon), —
Ràmisrh*, V, ' ’ 1 1 • ~ 1 A" moins à partir du 1"' siècle ap. J.-C., Th. Mon
L. T I n,lfecht' !’■ 039 sqq. — 8 Suid. s. V. ;
CAilrok, i” l<,0loi\ 9 i De euttu fem. I, 2; Apolog. 25 ; Bouché-Lo,
VI, 4. Philosu.1 ' y'" P* n’ ^ — y Apul. De Magia ; Euscb. Prae
l. Il, p 2».) (in x\^)0^' Berthclot, Colleet. des alchimistes
tic. Lucian \/ * ^os*me)' ^ur diversité des pratiques magiques, c
p. |s" Sf. . f. r,,n^r et Damonax. — 10 Dieterich, Abraxas, Mu
M ; Cod. J„S( V°d. astrol. mediol. cod. 17 ; Porph. De al
n ^ 6; Psc11- 1î£?'1 ivEPY E‘«î ^aiiAÔvwv, p. 32 sqt
Eur. d/erf. 39g PorP,‘. O. I. II, 41, 42. — 12 Aristoph. Nub.
Bel. Vin 69. : 0vid- Heroid. VI, 95 sqq. ; id. Met. VII, 190 sqq.;
dans l'antiquité U °*°^loumen<1' IV, IX, 8; Maury, La magie et t'astr
''*• texifion, || ’ Posc^er> Selene, 175 sqq. 186 sqq. ; id. Nachtrüge, 3(
lo n |j„ n‘ ' WessclY, Nexte griech. Zanberpapyri , 1893, p. Il
P* ^10 srm. (Vio r» $ P|1^arcdi , Acgypt. codic. rclig. ex Bibl. Naniai
litl> • 335 sriq. 2' iV ° Saint J°an rÉvangéliste). - H Ps! Callislh. 1, 8.- 1»
13 # _ \-t . ^hin. Homil. II, 32, 638 (de Simon le Magicien); cf
,H1 ‘ MeL 9J i*» ^2 ; Luc. Lucius; id. Dial. Mort. XX\
Ps. Callislh. I, 10 ; Virg. Ecl. VI, 48 ; Apollod. Il, 3, 2 ; III. 9, 2; Boctli. De conso¬
lai. IV; Pscll. itEçt SatjAÔvwv, p. 28. Sur les miracles des magiciens en géné¬
ral, Hippocr. De morbo sacro , 4 ; Kehr, Quacslionum magicarum spécimen ,
p. 8 sqq. — Eustath. Od. 'll%, 34. — Philoslr. V. Apoll. Vil, 39: Suid. ‘Esttria
Yçà|A|Aaxa ; Euslath. Od. p. 1864, P®; Wesselv, Ü. L pap. CXX/, 175, 398, 437;
Wünsch, Sethianische Verfluchungstafeln , 1898. — -0 Virg. Ecl. VIII, 97 ; Ovid.
Amor. II. VII, 3i sqq.; Plin. XXVIII, 2, 10; Ap. De Magia , XLVI ; Le x A II
Tab. VI 1 1 , 1 : cf. Bruns, Fontes juris rom. i. 1. — 21 Sch. Demoslh. XIX, 281,
p. 431; Porph. De abst. II, 40; Virg. Ecl. VIII, 65; Acn. IV, 304, 399; O. Hirsch-
fcld, De Incantation, et devinction. amatoriis ap. Graecos Ilomanosque , 1863.
— 22 Papyrus Lugd. Bat. V, 1, 15; III, 22: Dieterich. L. I. 24-26, p. 188, I - 4 ; p. 193,
7, 9-17; Plat. Crat. p. 405; Hippocr. De morbo sacro , p. 14 sq. ; Plul.
Quaest. sympos. V, 17 ; Lobeck, Agi. 221 sqq. 635; Iw. v. Miiller, Handbuchï,
IV, 203 sqq. ; Ilacser. Gesch. der Medizin , I, 433 sqq. : ileim, O. I. ; Uiess, Aber-
glaube , in Pauly-Wissowa’s B. E. I, p. 38, 57, 66. — 23 Talian. XVII, p. 78.
— 24 Dio Cass. LXXI, 8. — 25 XaXaÇoo'iXaxt;, Sencc. Quaest. nat. IV, 6 ; Clem.
Alex. Strom. VI, 268; Frazer, Pausanias s Description of Greece , l. III, 289 sqq. ;
Bull, du comité des travaux hist. 1887, 1. — *•> N(?cX9&i2xT«t, Justin. Quaest.
ad orth. . — 27 Maury, O. I. p. 50. — 28 Dio Chrys. I, p. 12 ; II. p. 31. — 29 Orph.
Lilhica , 211 sqq. — 30 Wessely, O. I. pap. Lond. CXX1, 378. — 31 Dieterich,
O. I. oy$. M. p. 190. — 32 Lehman», Aberglaube und Zauberci, 1898. p. 7;
Riess. L. I. 32. Contra Heim, p. 465; cf. Grimm, Deutsche Mythologie , ID,
p. 926. — 33 Plat. Polit. II, 364 B ; Propcrt. I El. 1, 20 ; Feslus, Piari ;
Hesych. TiotxaOatpwv ; Lobcck, Agi. p. 632, 643. Circé purilie Jason et Médée
après le meurtre d Apsyrtos, Apollon. IV, 685, 717 ; cf. Porphvr. De abst. 11. 40.
— 34 Schol. Eur. Alcest. 1138. — 33 Wessely, Grieclnsche Zauberpapyrus ron
Paris and London , 1888, Pajt. Paris. 3009 sqq. — 36 Plotin. -roùç rvwtrnxoûç,
14. — 37 Pap. Paris. 640 sqq. ; Dieterich, O. I. 104 sqq, — 38 Wossclv, O. I. pap.
Mimant. 270 sqq. ; cf. Porph. De abst. Il, 40.
MA G
— U9G —
MAG
de pair, il importe de distinguer nettement la magie de
1 astrologie astrologia]. L’astrologie est une science qui
constate des prédéterminations que la magie a précisé¬
ment pour objet de modifier. La magie s’introduit dans
1 astrologie quand il s'agit de changer, par les moyens qui
lui sont propres, le cours des astres et ses conséquences 1 .
O autre part, par analogie avec les incantations magiques,
on arriva a attribuer aux consultations astrologiques une
certaine efficacité2. Enfin l'une des branches de l'astro¬
logie, 1 iotromathémat ique , qui spécule sur les pro¬
priétés des nombres, est une science pratique qui se
confond avec la magie des incantations3.
L alchimie, qui estunetechniqueet une science, n’appar¬
tient pas non plus par définition au domaine de la magie.
Même Zosime et ses auteurs condamnent formellement
l’emploi de la magie1. Mais cela montre qu’on l’employait
et, de fait, le caractère secret et sacré des recettes 3, l’ai—
légorisme6, l’appel à la tradition, la tendance à transfor¬
mer les mémentos en formules indéchiffrables et en
figures \ 1 usage de symboles8, enfin la présence même
de mots magiques et d’incantations dans les manuels9
sont autant de traits communs à la magie et à l’alchimie.
Nous devons faire la part de la magie dans l’art de la
divination divinatio] 10. Ses diverses manifestations sont
attribuées tour à tour ou simultanément à la gaytxT)
eixirsiptot : gavretat, ÈTtoTCTtoc, ôvsipo7ro[jt.7uoe , ov£tpatTT|(Tia,
ôvEtpoxpi-tx11, etc. Les oracles et les formules pour obtenir
des songes divinatoires (oveipatrqTi12) abondent dans les
papyrus magiques13. On peut classer sans hésitation dans
la magie la nécromancie, toutes les fois qu’elle ne se
pratique point dans les cultes privés ou dans le culte des
héros1*; nous considérons comme magique l’évocation
des morts de l’Odyssée. La divination par l’interprétation
des vers d’Homère, de Virgile ( sortes )16 ou des versets
des Écritures saintes appartient également au domaine
de la magie, car l’appropriation de l’oracle ne s’explique
que par les mécanismes logiques que nous étudierons
plus loin. 11 en est de même pour la tt.xpp.xxogxvT£tx16 et
en général pour toutes les cérémonies divinatoires qui
impliquent des rites proprement magiques17. En général,
on peut dire que la divination privée ressort à la magie18.
La magie se mêle dans une forte proportion à la divina¬
tion officielle, mais pour des raisons historiques, dans la
renaissance des oracles qui marque le nc siècle de notre
ère 19. Enfin, la mantique et la magie sont si étroitement
mêlées, que le nom de la première a souvent servi à
désigner la seconde 20.
1 Pap. Paris. 2891, 2901, 2940 ; Cumont, Cod. astrol. mediol. 17. Sur
les gnostiques el l’alTrauchissemcut des influences astrales, voir Bouché-Le-
clercq, O. I. p. 5G8. — 2 Bouché-Leclercq, O. I. p. 563 sqq. — 3 Bouche-
Leclercq, O. I. p. 533 ; Olivieri, Codices Florentini , p. 65. — 4 Berlhelot,
L. I. — » Ibid. I, 95 (II, IV, 35, Olvmpiad.). — 6 Ibid. Il, 221 (111,
XL1X, Zosime) ; III, 250 (IV, 11,2). — 7 Ibid. Introd. 133, 152, 157. — 8 Ibid.
p. 160. — 8 Ibid. p. 152. — 10 T. Witlon Davies, O. I. p. 27, fait rentrer la divi¬
nation dans la magic. — H Parthey, pap. Berol. I, 327; cf. Cod. Justin. IX,
XVI II, 3 sqq.; Mommsen, O. I. p. 641, n. 3. — 12 Pap. Liif/d. Bat. V, VI.
— 13 Wessely, Neue griechische Zaubetyapyri, p. 2 sqq. — 14 Lobcck, Agi.
236; Slcngel, Die griec/iischc Kultusallert/i. p. 71 (Iw. v. Muller, Uandbitcliy
“V, 3) ; Deubncr, De incubatione , p. 6 ; Frazcr, O. I. III, p. 347 ; Clem. Rom. Iieco-
gnit. I, p. 494. — lî> Wessely, O. I. p. G sqq. p. 24; Heim, Incantamenta magica
graeca latina, 151-160 ; in NeueJahr bûcher fiir class. Philol. sup. XIX, p. 515 sqq. ;
cf. Soldan, Gesch. der Hexenprocesse , p. 84 ; Dubcsnel, Sur les sorts des Saints
in Mémoires de Vanc. Acad, des laser. XIX, 287. — 16 Athen. 261 f. — 17 Cod.
astrol. med. 17 (envoûtement employé pour se rendre maître des secrets). — 18 Maury,
O. I. p. 71. — 19 Wessely, O. I. p. 2 sqq. ; Wolff, De ultima oraculormn aetate;
Burescb, Claros. — 20 Lobeck, Agi. 632. — 21 paus. V, 27, 5. — 22 plin. Nat. Hist.
XXX, 1,3. — 23 l*razer, Pausanias , t. III, 71 et 83, rites religieux et rites magiques
employés tour à tour contre la grêle. — 24 Frazer, Golden Bough , 112, p. 191,
Le départ do la divination
magique et de
religieuse nous amène à la distinction de n
la religion. La limite est difficile à i.— .. rTagle ^ de
propos d’un cheval magique exposé I’au^‘>ias, a
: la diMnati0o
la ni
• Pa,
à Qlympie
miracle, religieux selon nous, de l’embrasemJ
des autels dans les chapelles des mages d’Asi. ‘ >1>ontané
Pline22 compte parmi les lois sur la magie u!/"0111'62'’
consulte interdisant les sacrifices humains et unT^'
Tibère contre les druides. Est-çe à dire que les H •
étaient des magiciens? Ni leur objet29, ni leur ï
ne permettent de distinguer n priori les rites magial,
des rites religieux. On range dans la magie des
nomènes que l’on pourrait à bon droit classer dan 1
religion et réciproquement23. La différence est pou rl an!
réelle. En somme, lorsqu’il est possible de discerner!
à première vue, des rites magiques dans des opération
qui comportent l’application de rites religieux ou d’autres
techniques, les premiers apparaissent comme quelque
chose de surajouté, comme des chances supplémentaires
qui échappent au contrôle de la raison26. En outre s’il
est difficile de répartir les faits entre les deux catégories
elles ne s’excluent pas moins théoriquement21. Mais il faut
remarquer avant tout qu’entre la magie et la religion il
y a une distinction d’ordre juridique qui, d’ailleurs,
n’est pas toujours fort nettement énoncée. La magie est
essentiellement illicite28, sinon criminelle; elle est tou¬
jours suspecte et naturellement calomniée29. Elle est déjà
marquée d'illégalité chez les Grecs et considérée comme
délictueuse30. Depuis la loi des XII tables31 jusqu’à
Théodose, la législation romaine sur la magie n’a fuit que
s’aggraver; la jurisprudence32 et des lois fréquemment
renouvelées sont d’accord pour la proscrire. Des peines
spéciales, comme la peine du feu, sont quelquefois
prescrites33. Sans doute la loi prévoit et punit expressé¬
ment l’abus des pouvoirs magiques3*; d’autre part, les
lois qui se succèdent à partir de Constantin 3S, élargissant
la définition de la magie et de la divination illégale,
portent le caractère d’une persécution antipaïenne; ce
sont des lois de circonstance36.
Mais, tout d’abord, il est à remarquer que la législation
de Dioclétien sur les vialefici, les manichaei et les
?nathematici3\ parait précisément inaugurer la série de
celles-ci ; quant à la portée de l’interdiction, limitée a
l’origine à un nombre, d’ailleurs croissant, de pratiques
malfaisantes, on l’étend dès le 111e siècle a la simple ion
naissance des arts magiques 38 et l’on fait rentrei dans a
notion du crime magique l’accomplissement de ( nUiius j
• t> ■ ni 30 considère connu®
qualifie de magiques les cérémonies de la moisson; Kicss, • • 5 ,. • c((
magique le rite décrit par Aelian. N. A. II, 30, qui, poui nous, c. -nspaui*
de même, p. 33, le sacrifice du taureau d’Aristée. — 2o Cf. entre au i -■ jl
IX, 38, 4, un véritable rite d'envoûtement; Pscll. infi g n, 19,
[AepiSa youv clyat tgcûtvjv oatrtv Ia)rà tijv t?|‘; i£paTtx?jç siïi<tt‘Ô|aï)Ç*
1 (Heim. O. I. 215 ; cf. 218) ; Tlieod. Prise.
tutpi n»«« ••ir'-iv . . tjl G
Il .7-7 _ 27 Heliod. Aelh’op ■ >
■ *■> — ■ . , sive de
Heim. U. L 215; cl. 218); tneoa. rrisc. n, ~ . , ifl sive <U
idostr. V. Apoll. II, 18. — 28 Aug. De civ. Del, VIII, 19 ; Apu ■ * I J ,
1 , . «O 29 Plin L. /. ; Act.
agia ; Psell. ictot evîo Y£ia; ôai|Aoyoiv, p. os. * T h'ascin^1011'
, 255 sqq. ; Psell. O. l. p. H. - 96 Plat. Leg. «33 D; Tuchmann, ^
i Métusine , X, 125. — 31 Lex XII. Tab. VIII, 1, 8; Bruns, • «■ ■ ' xxm,
XV, 1 ; XXXIX, 16; Serv. Ad Aen. IV, 493. - 32 “ , Malir y , O.l*-1*
t, 18 («d legem Corneliam de sicariis et veneficus) ; , > ’ ( und fferen-
VI; Mommsen, O. I. p. 635-643 ; Hansen, Za.uberu.-ahn , Inqu ^ maleficjis cl
•ozess im Mittelalter, p. 50 sqq. — 33 Cod. Grer/oi lanus, MtP50,i cruci-
anicliacis, 6 ; Paul. L. I. XXIII, 17 sqq. : les adeptes sont J>* ^ a p. G»
is, ou déportés, les livres sont brûlés ; cf. Gaïus, , - < Justm. IX,
• 34 Pial. L. /. ; Paul. O. I. XXI, 3 ; la loi de Constance de 3.1^^^ ^ ^
VIII, 4) spécifie que la médecine magique et la magie i» 1 1 ( IX, X'11 •
up de la loi. - 33 Cod. Theod. IX, XVI, 3, 4; XVI 1; Cod.
36 L'objection a été réfutée par St-Augustin, L. I. J,
reg. L. I. ; Mommsen, O. I. p. 576. - 3« Mommsen, O. I. p-
MAG
— 1497 —
MAG
. sacrées qui sonl qualifiées d'impies, d’illi
LérémoiH'i'^^urnes ct de clandestines*. Sans doute la
c'lt;s’ ' J ni>riine religieux2 reste vague et manque d’une
noUOI,( 'I 'n (ixe cl satisfaisante dans le droit romain3,
|déSignï!vons cependant assimiler à la magie les céré-
"l0US secrètes comme celles qu’interdisent le séna-
'°|hc des Bacchanales et les lois de 772 contre
Ainsi, c’est l’autorisa-
Dionn'ï
tus-consul .
i • rites égyptiens et juifs
lcs ! ■ ,aiu qui sépare le religieux du magique6. Or
tl0n, pynSons que le sens de la loi dépasse les vues
T-m-iircs du législateur et que ces prohibitions mêmes
" Situent pour les deux modes d’action qu’elle dis-
f“L une différence essentielle. C’est ce que doit
montrer une analyse un peu minutieuse du mécanisme
des actes magiques.
Xous remarquerons, avant d aller plus loin, que les
lois, dans l’énumération qu’elles font des différents
actes délictueux imputés à la magie, n’entrent pas dans
la distinction d’une haute et d’une basse magie. La loi
romaine confond les synonymes énumérés au début de
cct article. Quant à la question de l’antériorité de la
(magie sur la religion ou de la religion sur la magie, elle
ne peut pas être discutée dans un exposé de la magie
gréco-romaine '.
Historique. — La distinction de la et de la
gïysiot, qui n’est pas une distinction d’espèce, rend bien
compte de la différence des aspects successifs que pré¬
sente la magie dans l’histoire du monde gréco-romain.
On s’estdemandé si la magie grecque était autochtone
et jusqu’il quel point elle l’était8. Nous pensons que la
question est oiseuse. Il est probable que la magie pré¬
historique des Grecs avait subi des influences lointaines
qu'il est impossible de déterminer, mais qui se sont exer¬
cées vraisemblablement sur une magie indigène, née des
besoins des tribus grecques comme de toute autre société.
Il faudrait pouvoir étudier la magie grecque cité par cité,
culte par culte, pour que l’exposé historique des faits
connus ait une valeur scientifique quelconque. Les faits
sont malheureusement trop peu nombreux, trop incohé¬
rents et trop imparfaitement rapportés, et l’on doit se con¬
tenter d’un à peu près. Dans l’étude de la magie ancienne
des Grecs on doit considérer deux sortes de données de
signification très différente, les unes mythologiques,
les autres historiques. Les premières nous font aperce-
VlMr * étendue du concept magie, les deuxièmes nous
renseignent sur la technique des arts magiques.
^0us nous dispensons d’énumérer dans la magie
■jb biologique tous les cas de merveilleux qui paraissent
épasser les données habituelles du merveilleux divin;
(111 11 nous suffise de signaler ce qui est expressément qua-
dJiÏ!i] Ihe°d' XVI’ X> 7 ; Cod. J ust. IX, XVIII, 9 ; Mommsen, L. I. — 2 Mommsen,
_ J 'S‘0"sfrevelnach rom. Recht, in Bistorische Zeitschrift, 1890, II, p. 384 sqq.
I5; cf 7'"vnP' 4I°'.~ 4 Bluns’ °- 1 ’ Cic- De le9- 1[- 21 i Paul- Sent- v’ xxm’
saijon j *[' x HL 26 ; cf. le procès d'Apulée. — i> Tac. Ann. II, 95 ; cf. l’accu-
pTmc contre les chrétiens, Le Blant, Mémoires des Antiquaires
a. (la 1, | ' 1 P 6 ^'C- ^ I d- Codex, I, XI, 2, De sacri/iciis prohibais,
to 1/ie hisi 'l0r,C spécialemeut contre la divination). — 7 Jevons, Introduction
0. I arï °f Religion, 1896 ; T. Witton Davies, O. I. p. 18 sqq. - » Heim,
(lieuses de i, * ,'OS8lgnoIl Les métaux dans l'antiqu.; Origines reli-
XlV,6io Jo- 'nela^^r3ic, Paris, 1863. — 10 Courètcs : Pans. IV, 31, 9 ; Slrab.
HéraTû’V oscher’s Lexikon, II, 1611-1613. — Il Uiod. V, 55; Apollon Tdp.o; ;
Plus. IX pi '■ slalue d Atlicna TsX^moc, Nicol. ap. Stob. Serm. XXXVIII, 225 ;
Elym. Mn’„ '^lyles : Phcrecyd. ; Athen. XII, 70 ; Clem. Al. Strom. I, 132;
T«lchineS; s"rah*xT,,; ^ P*P' Lond' XLVI’ 454’ Courèles : strab- 474> 23-
tlSl-1202. _S|* ‘ L 601 ; Suidas explique teL^ves par SéVjei, s. v. ; Lobeck, Agi.
lenkon, q |'',"CS nia8>qucs fabriquées par les Telchines, L. L 1187 ; Roscher,
)} lv°ss*gnol, O. I. p. 16, 32, 34, J 06 sqcj. — *3 ^icol. L, l. ; Slrab,
lifié de magique. Parmi les magiciens mythiques, il faut
faire une place à part aux Telchines, aux Dactyles, aux
Courûtes et aux Corybantes9. Ce sont sans doute, à cer¬
tains points de vue, des êtres divins qui reçoivent quel¬
quefois un culte l0, des serviteurs de dieux, et même les
Telchines, qui sont généralement présentés comme des
êtres malfaisants et des adversaires de la divinité, sont à
leur heure des fondateurs de cultes 11 . Mais ils sont expres¬
sément qualifiés de goètcsli. Les Telchines sont en outre
des jeteurs de sorts, des |3à<7xavot13, qui stérilisent les ani¬
maux, dessèchent les plantes 14 et ruinent les terres 15 ; ils
disposent dans leurs maléfices de l’eau du Styx 16. Quant
aux Courètes, l’acte caractéristique de leur rôle mytho¬
logique est de nature à confirmer le titre de goûtes qui
leur est donné; la danse armée à laquelle ils se livrent
autour de Zeus enfant est une cérémonie conjuratoire,
un àiroTpôitxiov qui peut passer pour magique*7. Les uns et
les autres sont des savants18; ils connaissent les secrets
de la nature et du destin, et, comme tels, ils sonl à la fois
devins 19 et médecins20. Cette connaissance de la méde¬
cine les fait considérer indifféremment comme des dieux
guérisseurs ou comme des sorciers. Enfin ces trois
familles de démons moitié dieux, moitié hommes, sont
des corporations de métallurgistes ; ils sont même les
inventeurs de la métallurgie21. Or l'histoire de l’alchimie
nous montre comment la métallurgie empirique s’associe
à la magie; elle repose sur des secrets qui se transmet¬
tent précieusement de génération en génération : ces
secrets sont fréquemment, chez les primitifs, le monopole
de familles ou de corporations fermées, quelquefois étran¬
gères à la société normale ; bref, les forgerons touchent
aux magiciens22. A l’énumération des magiciens my¬
thiques l’on peut donc ajouter les Cyclopes, autres métal¬
lurgistes d’une part, et d’autre part les Centaures Chiron 23,
qui est un médecin, et Nessus 24 à la tunique empoisonnée.
La légende judéo-chrétienne, semblable à la mythologie
grecque, attribuait également l’origine de la magie, de
la métallurgie, de l’alchimie, de l'astrologie, de toutes les
sciences mystiques à des êtres intermédiaires entre la
divinité et les hommes, issus de la divinité, mais indisci¬
plinés et maudits comme les Telchines et dont la malé¬
diction pèse sur les arts qu'ils enseignèrent : ce sont les
anges déchus chassés du ciel pour avoir forniqué avec
les mortelles23. On a remarqué que beaucoup de sociétés
attribuaient aux populations qui les avaient précédées
sur la terre qu’elles occupaient la connaissance de certains
secrets et la pratique ou l'invention des arts magiques.
La Grèce ne fait pas exception, car les trois ou quatre
clans divins dont il s’agit figurent dans l’ethnographie
légendaire et ont été considérés comme les anciens habi-
L. l.\ Suid. L. I. — 14 Strab. L. I. ; Suid. L. I. — Hcrennius, De diff. p. 157
— 16 Xoun. XIV, 36 sqq. ; Strab. L. I. — *7 ['relier. Gr. Myth. I, 1, 134 ; Tzelz.
in Lycophr. 1968 M. ycAxôç xjott.OeI; k 4 e t tù sârjiaia ; Tuchnianii, La fascination ,
iu Mélusine, t. IX, 66. — 18 Clem. Alex. L. I. ; les Dactyles sont les m&itrcs d'Orphée
(Diod. V, 64), de Pythagore, Porpb. V. Pyth. p. 17. Courètes, Diod. V, 63, 2.
— 16 Courètcs, Apollod. III, 3, 1 : Kouo^tiov Zcnob. IV, 61; Hesycli. Suid.; Nauck,
Trag. fr. adesp. 580. — 80 Paionios, Iasias, Akesidas sonl des noms de Dactyles ;
Amulettes (xEçian^aTu) au nom de Dactyle Héraclès, Diod. Sic. V, 64; cf. Plut. Quo
modo quis suos in virilité sentiat profectus, p. 85; Courctes, Anon. Stud. Anecd.
varia, 1, 284 ; cf. Pans. V, 7,6; Muas, Aratea, 3V9; Telchines, Lobeck, O. I. 1193.
_ 21 Rossignol, O. t. ; Dactyles inventeurs de la métallurgie du fer, Diod. XVII, 7;
Schol. Apoll. Rb. I, 1129; Slrab. X, 473. Courètes, inventeurs du travail du bronze,
St. Byz. s. r. A'tSr,4o; ; Strab. 472, 19 ; 474, 23. Telchines, Eustalh. 771, 50,
Chryson, Argyron, Chalcon. — 22 Cyclopes et Courètes, ap. Roscher, Lexikon, II,
j593, _ 23 (lias, IV, 219; XI, 831; Pind. Pyth. IV, 180; Apollod. II, 5, 4;
III, 13, 8; Pbn. Nat. Hist. VII, 196, etc. — 2t Hirschfeld, O. I. p. 7.
25 Enoch. VII, sqq.
MAC.
1 498 —
MAC,
lants, les Telchines de Rhodes, les Dactyles de l’Ida
crélois et de l'Ida phrygien, les Courètes de l’Acarnanie
et de la Crète *. Cette magie des primitifs parait avoir été
également attribuée aux Pélasges, que l’on croit voir
sur la frise du Théseion 2 faire voler les pierres par des
moyens surnaturels.
Les trois magiciennes mythologiques sontCircé, Médée
et Agamède Joignons-leur, pour être plus complet, Pasi-
phaé* et Oenone5, qui sont également des tpxpgaxt'Ssç, et le
divin Mélampous ®. Circé, fille du Soleil, est une « dame de
la mer » plutôt qu’une magicienne ; elle ensorcelle les ma-
i ins qui s aventurent dans son domaine 1 ; on ne lui prête
pas d autres maléfices ; son pouvoir procède de la connais¬
sance des plantes8 ; elle fait boire à ses victimes des po¬
tions magiques9 qui les métamorphosent; elle les ramène
a leur première forme en les frottant avec des onguents :
Ulysse est sauvé par la vertu d’une plante, le moly, dont
il est pourvu. Circé est munie d’une baguette magique10.
Médée est la proche parente de Circé n, et l’on trouve
en Colchide un Ttsolov Ki'pxr,çis. De même que Circé,
Médée est quelquefois élevée au rang des dieux13. Mais
elle est plus véritablement magicienne et sorcière que la
précédente et elle personnifie uneconceplion plus précise
et plus riche de la magie; en tout cas son art est plus
varié. La tradition insiste sur le rajeunissement d’Aeson 11
et sur d’autres cas de rajeunissement (fig. 4780) 15. Médée
charme le dragon gardien de la toison d’or par une asper¬
sion magique16; elle triomphe par un charme du géant
Talos 11 ; elle empoisonne son frère ,
verse l’air sur un char attelé de dragon' "a Klle
représente munie d’une boîte où sont r?n‘ és‘9’ C
Ira.
)n la
'il 40, voir medea! 20 C'!!!"'UU’es ses
J ’ L est Particuliè-
son
drogues [jason, fi
rement de la connaissance des plantes une
pouvoir 21 . De même que les Courètes sont a *
lisateurs22, Médée est une magicien
<uérit les héros23, conjur
i a»1*» génies cij.
lne bienfaisante pn.
. re les famines2* don ‘ e
'T**?* el iwMil Agaméde
i.lle d Augeias, peUte-fllle d'Hélios, twm ,le *'
maîtresse de Poséidon, est une autre Médée a" ,
versée dans la connaissance des plantes28 Mé P ' 'ment
être en somme la personnalité la plus dévelonnl T*'
classe d’homonymes où l’on doit compter encore \T
rnédès, père de Trophonios29. 11 faut en rapprocher auss
I romethee, en raison du tpapgaxov LfoopîOstov, que Médé
compose pour rendre Jason invulnérable30.
L’origine de la tradition magique est rapportée à cett<
personnalité multiple ; c’est ainsi que s’exprime ici contrat
ailleurs le rapport de la pratique et du mythe. Par exempt,
les formules au moyen desquelles on conjure les vents i
Ti tane (près de Sicyone) remonten t à Médée 31 . D’autre par
les Dactyles sont les inventeurs des Ephesia grammata 3
et paraissent, ainsi que les Corybantes, inséparables de:
Mystères. On fait remonter, selon Apollodorc, au-devii
Mélampous T7|V Sià tfâpgaxatv xai xaOapgfijv 0epa7ceiav
Sur la pratique de la magie en Grèce, nous savon
malheureusement peu de chose. La légende d’iphiklos
fils de Phylax, est un bon exemple de ce que pouvait ètr
la magie médicale aux temps héroïques 3 11 n’avait pa
d’enfants. Mélampous consulté offre un sacrifice .où i
convoque les oiseaux ; le vautour lui apprend que Phylax
un jour qu’il châtrait des boucs, avait menacé Iphiklos d
son couteau sanglant et que le couteau avait été plant
dans un certain arbre; le devin fait retirer le couteau
gratter la rouille (?) et ordonne à Iphiklos de boire cett
rouille dans du vin pendant dix jours de suite; aprè
quoi il retrouva sa virilité. Les fils d’Autolycos gué
rissent une blessure d’Ulysse au moyen d’une èmoiüt) 3j
il n’y a point de raison de clouter cque ce soit une incan
talion magique36. Le cas n’est pas d’ailleurs isolée
l’incantation (ÊTripoVj) devait être l’un des artifices habi
tuels des médecins-magiciens31. Le mot 0éÀyw exprimi
l’action magique des charmes38. L’emploi des plantes e
de drogues tirées des plantes paraît être l’une des partie:
principales de l’ancienne magie39; Hélène, qui est uni
magicienne, jette dans le vin de ses hôtes un ocqaaxo
telchines, Nicol. L. l.\ Lobeck, Aglaoph. 1195. Courètes d’Akarnanie, Roscher,
Lexikon, I, 1588-1593. — 2 Br. Sauer, Das sog. Theseion, pl. m et p. 133 ; Bruck,
Quae veteres de Pelasgis tradiderint, diss. Brcsl. 1884; cf. la légende d'Amphion,
voir entre autres Paus. VI, 20. — 3 Welcker, hleine Scrift. III, p. 20. — 4 Apollod.
III, 15, 1. — 5 Apollod. III, 12, 0. — fi Apollod. II, 2, 4. — 7 Odyss . X, 135
sqq. ; Tib. II, IV, 55 ; Ov. Met. XIV, 14. — 8 Odyss. X, 213, 276 ; Epigr. Kàjxtvo;,
15 sqq.: Theocr. Il, 15; IX, 36; Apollod. III, 15, 1; Nonn. Dionys. XXII, 77.
— 9 Athen. I, p. 10 A. — 10 Odyss. X, 238. Pour les représentations, voir
O. Jahn, Arch. Beitrâge p. 401 ; Arcli. Zeit. 1865, pl. xiv ; 1876, pl. xiv, xv; Schlie,
Der troïsch. Sasenkreis nuf Asclienkislen, p 182 et s. ; Jonrn. of hellen stud.
1892 (Miss Sellers) ; Rev. archéol. 1897, p. 37 (Perdrizet). — H Exceptionnellement,
elle apparaît comme la sœur de Circé : Diod. IV. 45 ; cf. Sch. Ap. Rb. III, 200.
— 12 Tim. fr. 9 (Sch. Ap. Rh II, 399) ; Val. Flacc. V, 327 ; Diod. L. I. — 13 Athc-
nagoras. Légat, pro Christ. 14, cite Alcman (fr. 106 Bergk) et Hésiode (cf. Theog.
965). Identifiée à Angitia cl à la Bona Dea : Macrob. Sat. I, 12; Serv. Ad Aen.
Vil, 750; cf. Cn. Gellius, fr. 9 (Solin. II, 28). — 14 Nostoi, fr. 6 lSch. Aristopli. Equ.
1321, et Hyp. Eur. Med.) ; Simon, fr. 204 ; Pind. Pyth. IV ; Pherec. fr. l£; Ov.
Met. VII, 179 sqq.; Mytti. Vat. I, 188; Plat. Euthyd. 285 C; Anthol. XV, 26.
Welcker, l. I. p. 22. — 15 Aesch. fr. 49, (nourrices de Zeus) ; Hvg. fr. 182; cf
Aristoph. Equ. 1321 (Demos); Paus. VIII, 11, 2 (béliers). Apollod. I, 9, 27 ; cf. Frazerj
Paus. t. IV, p. 218. Notre figure est tirée de Gerhard, Auserlesene Vasenhilder , 157,
I, 2.— 16 Pind. Pyth. IV, 224; Apoll. Rb. IV, 156 sqq. Voir Jason, p. 616 cl *•
et Medea. — 47 Apoll. Rb. IV, 1638 sqq. : Apollod. 1, 9, 26 Fr. hist . H : ’ ^
(Leon). — 18 La robe de Creousa : Eur. Med. 784 sqq. ; Apollod. I, 1 - ^
Paus. t. III, p. 26. Les Lesbiennes (Suvovniu) : Ap. Rb L 615 (M)isib - »
— 19 Eur. Med. 1321 sqq. ; Ov. L. I. 350 ; Hor. Ep. 3, 14. 20 ^ ^
Aristid. I, p. 7C; Gerhard, Alcadcm. Abh. pl. xiv. — 21 Pind. L. 1. I ,,
9, 23. — 22 Diod. V, 65. — 23 Diod. IV; 48 ; guérit la folie d Héraclès " ^ ^ (
— 21 A Corinthe, Sch. Eur. Met. Il ; Sch. Pind. Ol. XIII, ' ■ * ,s /;
16 et Scli. ; Prop. H,
18,
— 26 pind. Pyth. IV, in princ. — 27 Theocr. ... -
XI, 738 sqq. — 29 Usener, Gôtternamen, p. 1«3; Deubner, De tncu « «>' '■ ^
n.-7. — 30 Apoll. Rh. III, 845 ; Soph. p. 315 (Etym. Magn. p. 439, ') • , ,
IV, 221 ; Apollod. I, 9, 23. - 31 Paus. Il, 12, 1. - 32 Clem. Alex. L. I- ' ' J
- 33 Apollod. II, 2, 2. - 34 Apollod. I, 9, 12. I.a légende doit Mre ^ ^ . xV>
autres faits relatés dans ce passage sont mentionnes pa> !h-- ’ ^ j-|]Cocr.
230 sqq. et Sch.; cf. Sch. Ap. Rh. I, 118 (Hcsiod.) ; l’aiis. IV, /,/, /ne
4:1. _ 33 Od. XIX, 456. — 30 Welcker, Epoden vnd das Hepnec ) m 51
Contra Heim, O. I. p- 466.
III
Pind. Pyth.
Schriften, III, p. 64 sqq.; Contra Heim, O. t. p. ^ y(clian.
Ascl. guérit les blessés paXecxaTt; IirsoiSat;; Epigr- hotn. Ka Jp
h. Il, 18 ; Sch. Pind. lsthm. VI, 53 ; Philopat ris, c. 9 ; Emploi cm m ^ ^ ^ :)9 -y/,
dans Acsch. Agam. 1418. — 38 Od. V, 47 ; X, 318 ; XXIV, 3 .
XI, 741 ; Od: II, 328 ; IV, 220 sqq. ; cité par Apul. De mag. XXX .
MAC
— 1499 —
MAC
, (| ]T .. ypte 1 . Un instrument, ou un talisman sur
rapp01'"' ^ Ju|.onS h revenir, l’ïuyÇ appartient au bagage
le,lll,“ ""u'ngie. Mais en somme, nous ne la connaissons
de allusions d’ailleurs trop rares de la tragédie,
^‘V'i'nuédié ou des orateurs2. Nous n’avons rien qui
dl'.la donner une idée précise et complète des pro-
pUJS.s e'inidoyés avant le temps où des influences discer-
ll(s sont venues modifier la tradition primitive. Sauf
T 1 1' niantes exceptions, comme Empédocle, qui circule
0 "irs villes siciliennes, couvert de bandelettes et de
ouroimes, reçu comme un dieu et faisant des miracles3,
le magicien d’alors, c’est le goète* doublé du cpotpfxaxdç,
sorcier populaire, incantateur bruyant et vulgaire,
sorte de brahmane ridicule et méprisé, mais dont on
craint les maléfices et les poisons 6, bon d’ailleurs à
tous les métiers, pleureur 6, diseur de bonne aventure,
médecin, etc.
Les goûtes sont des vagabonds, de véritables bohémiens
qui exercent leur art dans les cités grecques sans y être
officiellement autorisés. Par opposition à la magie dif¬
fuse dont ils sont les agents, la magie mythique est can¬
tonnée en Colchide, en Phrygie, dans les îles. Cependant
la magie pratique paraît avoir aussi son port d’attache
dans des contrées situées sur les confins du monde grec
et particulièrement en Thessalie. La Thessalie est la
terre bénie des magiciennes, terre des miracles et des
enchantements7. Cette magie thessalienne se rattache
spécialement à Médée. C’est en Thessalie que Médée vient
s’établir avec Jason et se fait une nouvelle patrie ; on
raconte que les plantes aux vertus merveilleuses qui
croissent en Thessalie viennent de la boite de Médée
qu’elle avait perdue en traversant le pays8. La ville
d’Ephyra, qui a la spécialité des bupo ©Oôpa çàpgaxa, que
ce soit celle d’Élide, de Thesprotie, de Thessalie ou de
Sicyonie, est liée à la légende de Médée. Nous voyons que
les puissances magiques sont dans une certaine mesure
localisées.
La Thrace est un autre réservoir de magie, bien que
Pline conteste l’importance de la magie thrace 9. Mais
celle-ci ne doit pas être séparée de la magie orphique10,
ùcphée est, comme Musée11, un magicien ou un mage et
comme un inventeur de magie12, un médecin13, et les
Satyres du Cyclope d’Euripide souhaitent une ÉTnpÔTi
pour que leur besogne se fasse toute seule (wç
«wogaTov tqv oaXôv rps^etv) u. Un nombre notable de
^celtes attribuées à Orphée ont été réunies dans les
iphiea d’Abel10. Un des Ephesia grommata usuels
««os la magie est qualifié d’orphique16. Enfin la figure
populaire de l’Orphée magicien du ve siècle est devenue
nu des principaux caractères de la magie mystique
_ 4 Maiir 1 ' * ~ 2 1 J irsclsfcld, O.l p.7 sqq. — 3Diog. Laert.VIII, 59,02 sqq.
Apul \/ri « " ~ * 'al- Leg. XI, 933 I). — 6 Cedrenus, p. 41. — 7 Luc. Lucius
Roscher* swV’-W VIU’ 27 : PIut- P race, conjug. XXIII ; Anth. Pal. V, 205 ;
p. 7c. _9 pi ** S1|'l- ’ 'a. Lexikon , H, 3105. — 8 Sch. Ai'. JVi ib. 749; Aiistid. I,
Pün. JVa/ //"!' i HUL XXX’ b2'- 10Em'- Alc- 973 Xirchlicim ; Pans. VI, 20, 18 ;
— UPaus / . XXX' 11 Olal. llesp. 304 E ; Philoch. in Sch. Arist. Pan. 1023.
T*tl*«-.VV II 0 / ; Ap,Ul' DfMaS- XXVI1-‘ Apoll. Epp. XVI, 390. - 13 Eur. L. I.
— '"Abel 172 ''p*’’ £' 'TÏV[<rlv> sii ’Oçiîia «a^papv fîjpu;. — 14 Eur. Cycl. 039.
4i9,,i„ . Sl‘~ 16 Wessely ,Neue griechische Zauberpapyri, pap. Lnnd. CXX1,
in ///,_ $j;! ! TiaxEi; Hcsyçh. «irxixaTafrxt; Wünsch, A’eue Fluchtafeln ,
i. '■ i Lobeck i "; P’ ~S' ~ 17 Apul* L ' L • Str- 330> P- 18 i Plin. Z. I. ; Phitoslr.
Jfnj/ca, ,, 7’7t 9Ji' î3n 8<WO Dieterich, Philol. Jahrb. Sp. B. XVI, p. 753 ; Pap.
- 1* Marin l i> < "csscly, Ephesia Gramm.; Dioterich, Abraxas, 120 sqq.
XVIH, 7111; Ab'cl l 0Cl‘ XXX11- - 19 Hippol. Philos. V. 20 (144). — 20 Tzctz. II.
P- 695, 22 Dj i / S * * ~~ itpuffouofeuç in Fabric. Bibl. grâce, t. XII,
l"a8i<lnft de r.lnr, . ' ^ hymn. orphicis , p. 48, les premiers vers de la lablelle
' SOnl plla,u orphique; cf. Maass, Orpheus, 1895. — 23 paus.
postérieure17. On associait les rites orphiques aux rites
chaldéens l8. Les Oph i tes Séthiens se réclamaient d'Or¬
phée 19 et l’on faisait de lui l’un des initiateurs de l'astro¬
logie20 et de l’alchimie21. En somme, il est souvent assez
difficile de distinguer les textes magiques des textes
orphiques22. Il est vrai cependant que l’orphisme n'ap¬
partient pas essentiellement à la magie, qu'il est au
contraire à proprement parler un phénomène religieux
et ijue la tradition orphique n’a été invoquée que secon¬
dairement par les magiciens. Cependant les cérémonies
lustrales particulières à l’orphisme, l’association de la
figure d’Orphée au culte de Séléné et d'Hécate23 étaient
de nature à favoriser les confusions. Comment distinguer
des magiciens les prêtres libres de l’orphisme, les ayépTa:
et les \j. 7.vT£i; dont parle Platon dans la République*1"*!
C’était affaire de point de vue. En tous cas ràyuf.Ttxov et
la yoTjTefa sont des choses que l'on rapproche2, et il est
probable que, sinon l’orphisme, du moins les orphiques,
ou les soi-disant orphiques, aient prêté au rapprochement.
11 en est de même des Mystères en général26 [mysteriaA
L’association de la magie et de l’orphisme nous
montre : 1° qu'une forme anormale de religion se confond
facilement avec la magie et contribue naturellement à en
élargir 1 "idée ; 2° qu’en fait et par suite de la situation
qui est faite à ses adhérents dans la société, elle tend
vers la magie ; 3° que la magie usuelle s’enrichit, au con-
lacL, de principes et de modes d'action nouveaux et
qu’elle lui demande, entre autres choses, une théorie.
Ce que les relations de l’orphisme et de l’ancienne yot,tsix
laissent entrevoir obscurément, apparaît clairement dans
les effets produits par l’introduction des religions orien¬
tales dans le monde grec.
Entre toutes les religions qui contribuèrent à la forma¬
tion delà magie des temps nouveaux, celle des Perses fut
considérée comme typique et fournit le nom du mé¬
lange27. Zoroastre passa bientôt en Grèce pour le père
de la magie28. Les grands philosophes et les sages
voyageurs de l’antiquité, Pythagore 29, Epiménide 3",
Démocrite31 et même Platon32, qui étaient censés avoir
eu la révélation des doctrines orientales, furent pourvus
d’une réputation de grands magiciens et considérés
comme les premiers révélateurs de l'art divin. Pythagore
passait pour un disciple de Zoroastre; Démocrite avait
violé le tombeau de Dardanos pour en tirer des manus¬
crits; initié, selon d autres, par le Perse Osthanès33, il
devint l’une des tètes de la tradition alchimique. On
raconte que des devins grecs avaient été s'instruire à la
cour du grand roi 3i. Parmi les mages dont les noms sont
associés à la magie gréco-romaine, mentionnons le Clial-
déen Zaratas, maître de Pythagore35, Gobryas et Paza-
L. I. ; Abel, Orp/i. Argon. 974 ; Lith. 45, 47; Dielcrich, O. I. — 24- r*Iat.
Hep. II, 364; cf. Theophr. Char. 16 ; cf. Lobeck, Agi. p. Gio sqq. — 2“* Slrab. 474,
23 ; cf. Soph. Od. 388 ; Eur. Hhes. 503 ; Diug. Lacrt. Epie. X, 4. — 20 De Jong,
De Apuleio Isiacorum mysteriorum teste , 1901, p. 67 sqq ; Sch. ad Arisl. Pac.
277. — 27 Philoslr. Epp. XLVI, 935. — 28 Dioscor. De mat. med. II, 1 44; IV, 175 ;
Geopon. I, LXXIV ; Luc. Nekyom. 6; Pap. Lugd. Bat. IV, XXII, 19; Dieterich,
Pap. Magica, p. 755 ; Kroll, De oraculis chaldaicis , p. 1, n. ; Windischmann,
Zoroastrische Studien. — 29 Apul. De May. XXXI, XXVII; Val. Max. IV, 1, 7 ;
Plut. Symp. VIII. 8 ; Ael. 1 ar. h. XIII, 31 : Apoll. Epp. XVI, 39 s. ; Dioscor. De
mat. med. II, 144, 207 ; III, 33, 41 ; Jambl. De V. Pyth. 19, 151 ; Porph. V'. Pyth. 6.
— 30 Apul. L. I. XX\ II. — 31 Plin. XXX, $ ; X\l\ . 17 ; XX\ , 2 ; Soliu. III, 13 ; Scnec.
Epp. XC; (iell. X, 12; Diog. Laerl. IX, 48; Bcrlhelot, Orig. de l'Alchim. p. 148;
hl. Les origines de l'Alchimie et les œuvres attribuées à Démocrite d'Abdère , in
Journal des savants , 1884, p. 545 sqq. — 32 plin. X at. Hist. XXX, 1. i ; Apul. De
mag. XXVII ; Diog. Laerl. 111, 6. — MSynos. in Ep. ad Dioscorum , in Fabric. Bibl.
gr. VIII, p. -33. — 34 Plin. Nat. Hist. XXX, 1, i ; Euseb. Chron. I, 48 ; Praep. ev.
I, 10, 35 ; V, 14 ; Suid. * AaTçovojAia. — 3o Lobeck, Agi. 471
MA G
1500 —
tas1. Le plus fameux est sans contredit Osthanès*. C’est
un successeur de -Z oroastre ; sa mission spéciale paraît
avoir été de mettre par écrit la tradition. Pline lui attri¬
bue le premier livre de magie médicale3; on met sur
son compte des apocryphes alchimiques*. Enfin c’est
le plus fréquemment cité des auteurs magiques5. Le
Mayixôç attribué à Aristote par Diogène Laerce devait être
un tableau de cette magie telle que les Grecs pouvaient
se la représenter b. Que la Grèce n’ait emprunté à cette
époque aux civilisations orientales que des modes d’action
et des doctrines d'ordre religieux, il serait sans doute
exagéré de le prétendre. En tout cas, on en a fait entrer une
notable quantité dans 1 ordre de choses opposé à l'ordre
religieux que nous désignons sous le nom de magie, et
i est ce qui est caractéristique. Ainsi la magie devint une
combinaison de religions hétérogènes, une sorte de syn¬
crétisme individuel et arbitraire7, superposé à la yoiyrsta
primitive. Nous avons établi plus haut que la magie était
illégale, nous pouvons dire maintenant qu’elle est, non
Pas constamment, mais fréquemment considérée comme
étrangère^ la société où elle se pratique. Elle est illé¬
gale, nous dit Cicéron, parce que ses rites sont étran¬
gers8. Les deux caractères sont inséparables. La magie
dans une société donnée est le fait des étrangers 9. L’ima¬
gination prête aux religieux étrangers les actes et les
pouvoirs qui composent 1 image vulgaire de la magie10.
Les religions d Asie Mineure, par exemple, furent consi¬
dérées comme magiques au même titre que celles de la
Perse et de l’Assyrie11. Enfin, comme nous l’avons déjà
indiqué plus haut en d’autres termes, une religion déra¬
cinée est magique jusqu’à ce qu’elle reçoive le droit de
cité, officieusement ou officiellement, là où elle est trans¬
plantée. 11 en résulte que la magie ne se distingue point
de la religion par le caractère miraculeux de ses effets
ou le mécanisme de ses procédés, mais par ce qu’elle
présente d’anormal en un point donné de l’espace ou du
temps et d’incompatible avec le système des idées reçues
et des images coutumières. Les recettes de la magie sont
d autant plus efficaces qu’elles viennent de plus loin 12.
L histoire de la magie à Rome ou en Italie est à peu
près semblable à l’histoire de la magie grecque. D’ail¬
leurs on la connaît mal, et les meilleures descriptions de
cérémonies magiques, celles des poètes, dérivent de la
poésie grecque13. A l’origine sorcellerie populaire, magie
de paysans, médecine dont Caton et Varron nous ont con¬
servé des incantations, des recettes trop rares, mais
caractéristiques1*. Elle se mêle aux rites de la vie domes¬
tique, éloigne les démons qui menacent les enfants15,
jette des sorts ( maleficium ), attire la pluie, la grêle,
l’orage et rend les champs stériles 10. Elle se distingue
1 Diog. Laërl. Prooem. 2; Procl. in Tiw. IV, 285. — 2 H y aun Oslhanès historique,
ilerod. \ II, 41, père d'Amestris, femme de Xcrxès qui accompagne en Grèce l’armée
perse; cf. l’lin.XXX, 1,2. Un deuxième Osthanès vil au temps d’Alexandre, Plin. XXX, 1,
-• — 3 Plin. XX VIII, 1 , 2 ; cf. XXX, L. I. et Diog. Lacrt. L. I. ; cf. Diosc. O. I. J, 9 ; II,
193. 207; III, 105; IV, 33, 12G, 175. — 4 Berlhelot, Collect. des Alchim. gr. t. II ; Orig.
de V Alchim. p. 1G8 sqq. et p. 44, n. 1. — 5 Plin. XXVIII, 69, 25G, 2G1 ; XXX, 14;
Diclerich, Pap. Magica, p. 801, 1. 16; cf. P hein. Mus. XXXV, p. 418 ; Terlull. De
anima, LA II; Arnob. Adv. G entes, I; Aug. L. IV. contr. Donat. ; Nicom. Géras, in
Photius, Biblioth. cod. CLXXXVII. — 6 Rose, A ris tôt. Fragm. III, p. 32-36;
Suidas 1 attribue à Anlislhène, S. O.; Diog. Laerl. Procetn. 6-8 cite un repi jxâywv
d Hermippos, est-ce 1 astrologue? — 7 Cumonl, Textes et monum. relatifs au culte
de M Ultra, 1. 1, p. 36 ; cf. Plut. Desuperst. 166 B. — #Cic. Deleg.U, 10. - 9 Theocr.
Descente de la lune opérée par les Brahmanes, Non nus, Dionys. XXXVI,
27 sqq. ; prélrc égyptien, Apul. Metam. II, xxvm; cf. Budge, Egyptianmagie , p. 13.
— 11 Prêtres asiates qualifiés de ?à<rxavoi xaî yd^e; : Slob. Serm. XXXVIII, 225;
Diod. Sic. V, 226. — 12 Theocr. L. I. ; Virg. Ecl. VIII, 95. Has herbas atque haec
Ponlo müii lecta venena || Ipse dédit Maeris. — 13 Virg. Ecl. VIII; Aen. IV, 504
MA G
parfois malaisément do la religion . .
<lu village, de la ferme et de la forêt des ril(‘s
MI Tables, qui l’interdit, atteste qu’elle « ? i* lo‘ cks
au moins lorsqu’elle est malfaisante des . dlstlnguée,
dag.r avec les puissances surnaturelles
privée devait former un vaste domaine indisUn7"lati01!
magie et la religion. La nékyomancie était .°nLre la
Le mot male ficus, usuellement employé noÙP T ’
le magicien ne devient un terme de droit ! dés‘&ner
Dioclétien 18. On comprend sous la rubriq^^^
à peu près l’ensemble des opérations de la magie tolérée
ou interdite; c’est ainsi que la désigne entre autres la loi
de Sylla de Sicariis*9 . Le mot magus fut introduit dans
la loi dès la première année de Tibère20 et est générale¬
ment appliqué, à partir de Trajan, aux praticiens de la
magie criminelle 21 . Les sorcières sont appelées sagrtc ou
striges ; cette dernière expression les représente spéciale¬
ment comme des vampires22. La figure 4781 représente
probablement un paysan consultant une magicienne23.
L’Étrurie parait avoir été pour Rome ce que la Tliessa-
lie, la Thrace et l’Asie Mineure ont été pour la Grèce, une
pépinière de sorciers, faiseurs de pluie ou chercheurs de
sources24 [aquilexJ, nécromanciens23, etc. Mais l’harus-
picine avait été de bonne heure adoptée ou légitimée
[haruspex] . Cependant Caton défend encore au bon fer¬
mier de consulter les haruspices, les augures et les
harioli aussi bien que les chaldéens26. Outre les Etrus¬
ques, les Marses27 et les Sabins28, les Pélignes avaient
une réputation de magie.
L’afflux des rites étrangers se produit a Rome après
la seconde guerre punique, comme il s’est produit en
sqq. ; Ilorat. Epod. V; Ovid. Met. VII, 159 sqq.; cf. Robert, Bdd ^
p. 231, n. 5; Lucan. VI, 452-460 ; Plin. XXVIII, 2, 4. - U Cat. B. rust- a- • ■ ^
96, 102, 127, 156 à 160 ; Varr. R. rust. (éd. Keil), I, 2, 273. — <■> Ans ■ '
Rimer, p. 223 ; Plin. Nat. H Ut. XI, 35, 95 (Slrigae). - 1* PI'"- XXVI ’n'^mst.
Ou. nat. IV, 7; Serv. ad Ecl. VIII, 99; Aug. De cio. D. VIII, 10 ; P® * ' /' Aull, ||,
I, 35. — 17 Cic. Tuscul. Quaest. XVI ; De divin. I, 58 ; C. 1 atin. \ • ; ,3i
28 ; Suet. Ner. 34 ; Plin. XXX, 5 ; Rio Cass. LXXVII. - 18 Mommsen, • ^
n. 3. — 19 Ibid. p. 635 el 639. — 20 Ibid. p. 64c, n. 7. — 21 I<>< • . 'j/eren-
Theod. IX, xvi, 4; Cod. Justin. IX. xvw, 7. — 22 Soldan, Gesc ic i 3 ienSi
prozcsse, 1,60 sqq. • — 2-') Peinture de Pompéi ; Hcllig, Il andyonai ^ Mlillor,
n» 1565. — 24 Non. Marcel), s. v. Aquilex, p. 69, AI. QmcheraJ; c ■ ^ ^ ^ 3_
Die Etrusker, II, 318 sqq.; Frazer, Golden Dough 2, t. . __ 2 tilt
— 2UClein. Alex. Protrept. H ; Tlicod. Gr. a/feet. car. X, ^ jg ;
agr. V, 4. - 27 Lucil. XX, 5; Virg. Aon. VII, 758; H°r • Ep ■ '^ltgnes de
Ov. East. VI, 141 ; Plin. VII, 2, 2 ; Marie Graliam, Voyage aar ^ ^ Vj ;ii.
Home , 1819, p. 66; llirsclifcld, O. I. p. 24. — 2t Hor. Sat. I,
Sur les Pèligne», cf. Hor. Ep. XVII, 60.
MA G
— 1501
MAG
stations dont Caton recommande l’emploi
Crè i , luxations ne paraissent pas a première vue
I fnlr7i, tradition indigène1. Ici comme en Grèce, les
I tenu; ||(' ères non autorisées sont confondues avec
religl°n! et soumises à la même législation. La situation
laniaSK t uf,nip au’en Grèce par suite des efforts faits
estmieuxa 1
Lm«" . .
restât pas lettre morte. Après la
,11Ilt>ITe punique, un sénatus-consulte ordonne
livres de divination et de magie2 et inter-
nririuH' . ....
de détr
dit en me
rites étranger &
me temps la célébration de sacrifices avec des
Les manifestations religieuses proscrites
I le sénatus-consulte des Bacchanales sont rangées
I f! |a loi à côté de la magie3. De même, nous l’avons vu,
Ene compte parmi les mesures prises contre la magie
les décrets de Tibère contre les druides *.
“ Ja ]0i resta impuissante. Les magiciens continuèrent
là s’insinuer et à s’établir dans Rome. La littérature nous
fait un portrait peu flatté des Canidies et autres sorcières,
empoisonneuses ou entremetteuses qui pullulent dans
les bas quartiers8. De nombreux témoignages nous
montrent quelle clientèle crédule trouvaient les chal-
déens, les devins et les enchanteurs 6. Ce que les auteurs
nous disent du crédit des astrologues doit être étendu
aux magiciens.
I Or la magie, prise dans son ensemble, ne bénéficia pas
de la tolérance ou de l’accueil accordé, sauf exceptions,
aux religions provinciales. Les empereurs personnelle¬
ment purent s’y intéresser et s’en servir7, mais à la
condition de s’en réserver l’usage; entre les mains des
particuliers la magie était dangereuse, et c’est probable¬
ment ce qui explique le soin que l’on met à lui laisser
son caractère d’illégalité, sinon à la proscrire systémati¬
quement et constamment. En 721 (32 av. J.-C.), sous le
triumvirat d’Octave, Antoine etLépide, on chasse les magi-
®ens et les astrologues8. Sous Tibère, en 769 (16ap. J.-C.),
dessénalus-consultes bannissent les mages et les mathe-
mdtici de l’Italie. L. Pituanius fut précipité du haut de
la roche Tarpëienne et P. Marcius exécuté, more prisco,
un dehors de la porte Esquiline9. Claude10, Vitellius11,
renouvellent les proscriptions de Tibère et l’empire païen
se termine sur les lois de Dioclétien contre la magie et
lpatromathématique 12. •
I En dehors des manuels de magie sur lesquels nous
Reviendrons, deux séries de textes nous montrent ce
■Quêtait la magie du monde gréco-romain unifié. Ce que
I a première série nous fait connaître, pris dans son
■ ensemble, n a généralement pas de date, c'est la magie
| erm.ll, , tellement usuelle qu’elle est sécularisée, qu’elle
I ompie dans le total des connaissances scientifiquement
acquises. C’est a
ainsi que Pline, qui considère la magie
nous donne une col¬
onie vaine, ridicule et illégal
13
lection considérable de recettes et d’in antalions qui sont
passées de la magie populaire dans la médecine érudite
et dans les différentes techniques auxquelles il touche.
Pline n’est pas isolé, et l’une des préoccupations princi¬
pales de la science gréco-romaine paraît avoir été de for¬
muler et d’enregistrer l’expérience et la pratique léguées
par les générations antérieures. L’association de la
science et de la magie se fait si intime que le mot ÿw.xô;
prend le sens de magique14.
Les ouvrages des médecins sont d’excellents documents
pour l’étude de la magie médicale1, ; citons parmi les
Grecs, Aétios d’Amyda, Alexandre de Tralles, Theopha-
nus Nonnus, le recueil des Iiippiatrika et particulière¬
ment les livres sur les remèdes comme les poèmes de
Nicandre (0-qpiaxâ , ’AXs;epâpp.axa) 10, 1 ode Muterai rnedica
de Dioscoride et ses appendices, et le traité des Cyranides ;
en latin, le de Medicamentis de Marcellus17.
De même les agronomes ont codifié la magie agricole.
11 faut citer en première lignele recueil des Geoponika ls,
en latin les recueils de Columelle et de Gargilius Mar-
tialis19. Depuis Y Histoire des plantes de Théophraste en
passant par Alexander Polyhistor (©x'jgaTt'ojv cuvaytoy
les naturalistes, les auteurs de 4>u<rixx comme Neptunalios20
touchent plus ou moins à la magie. A côté d’çux il faut
ranger les collectionneurs de prodiges, les Paradoxo-
graphes 21 dont le plus ancien est sans doute l’auteur du
TTspt Qxuu.a'ïûjüv àxouffgxTcov attribué à Aristote, les anti¬
quaires comme Macrobe et Sorenus Sammonicus qu'il
cite 22. Citons enfin les recueils de proverbes (Diogenianos,
TOxpotgfat o'qgwSeiç èx TŸg Aïoyeviavou Tuvayoïy-qç, Zenobios j -3,
où l’on peut trouver des renseignements épars.
La deuxième série de textes comprend les sources sur
la philosophie alexandrine et le gnosticisme24. Les ren¬
seignements sont épars dans les commentaires philoso¬
phiques et dans des livres comme le de Abstinent ia de
Porphyre, le livre sur les mystères des Égyptiens et le
petit livre de Sacrifîcio et Maffia, dont le texte grec est
perdu, traduit et publié par Ficin dans les œuvres de
Proclus25. Ces textes nous renseignent sur la magie
mystique, telle qu’elle s’est développée particulièrement
autour de l’École d’Alexandrie. Elle est le produit du
syncrétisme dont on a signalé plus haut les débuts. Elle
se compose d’éléments philosophiques et religieux encore
mal différenciés. C’est une synthèse de tous les moyens
connus d’agir sur les pouvoirs spirituels. Elle est à mi-
chemin entre la religion et la magie des recueils de
recettes et capable de se tourner dans l’une ou dans l'autre
direction. Un certain nombre de personnages typiques,
Apollonius deTyane26, Alexandre d’Abonotique, le Pere-
grinos de Lucien, tiennent à la fois du philosophe, du
charlatan, du prestidigitateur et du fondateur de religions.
'f. Bcrgl ,C' 18°’ vaeta daries dardaries asiad arides, etc.
XXXIX 10 X f XX11, 585 ! Wc>ckci-, Klcine Schrif. III, 73. — 2 Liv.
-»*«’ ,neUn ,»Aus- 31 ; Paulus’ v- 23, 18 ; Dig- x> -- *• '■
- 5 Hirsch k\<\ o , *°mer' !'- 70 «N- - 4Plin' Nat- //,sL XXX- b4-
K Rrfercq, o./ t ^lp» P* 7. — 6 Maury, O. I. p. 72 sqq. ; Bouché-
L /V‘ z>ar^'^W‘ I!’ 09 5 Dio Cass- LV1I, 18 ; LXXV1I, 15. — 7 Cf. Wessely,
9'°Cass. LXXl s i” ^ * S0US ^OTc-Aurèle (expédition contre les Quades),
Cl0**° do magiciens ! * * ^ ap. Lamprid. 9 ; Ilerod. IV, 12, réunion offi-
XXX, i l,aiacada ; Maury, L. I. ; Pline accuse Néron de magie, Nat.
^Mécène contre les i^'*° ^ass* ^IX, P- 756; cf. Id. IV, 36, p. 149, discours
^n,i* H, 32; cf y ^ ,&*ons étrangères, les sociétés secrètes et la magic. — 9 Tac.
~"l|Suet. 14, _ JJ d sacr*s aegyptiis judaicisque ». — 10 Ibid. XII, 52.
P* — 13 pjjn ^ oucIic-Leclercq, O, I. p. 566 ; Berthelot, Orig. de l'Ale him.
— 1$ Olirisl f .C^ ^ v- Index. — 14 Dieterich, Abraxas, p. 51,
y ( lm ^) lech- L't- (Kvan von Müller's Uandbuch, 3, Vil),
p. 860 : Rob. Fuchs. Wundermittel aus der Zeit des Galenos , in Ne ne Jahrbùcher ,
1894, p. 137-143. — 1° Ibid. p. 372. — 17 Hcim, De rebus magicis Marc e lit medici ,
in Schedae philol. Hermanuo Csener oblatae , p. 120 sqq. ; Jacob Grimm, Ccber
Marcellus Burdigalensis , in Abh. d. Berliner Akad. 1847; Grimm-Piclct, Ueber
die niarcel linischen Formeln , Ibid. 1855; Kleine Schriften, II, p. 114-151, 152-172.
— 18 Christ, Ibid. p. 865. — 19 Schanz, Gescb. der BOm. Litt. (lw. v. Müller’s
Handbuch , VIII), II, 2, p. 387 ; 111, p. 198. — S0 Éd. Gemoll, Striegau Progr. 1884.
— 21 Christ, p. 733, cf. 470 ; Puradcxographi yraeci, éd. Wcslennanu. 1839;
Rorum naturalium scriptores graeci minores , éd. Keller, 1877. — 22 Schanz,
O. I. III p. 158 et 162. — 23 Christ, p. 775. — 24 Schmidt, Gnostisc/ie
Schriften in Koptischer Sprache , p. 442; J. Matler, Histoire critique du
gnosticisme , 1828; King, The Gnostici and their remains , 1887, surtout I.
— 25 Éd. Cousin, t. III, p. 278.- 26 Suid. s. v. Mayis'a ; Luc .Alex. 5. Phi¬
lostrate, Y. Apollon. } défend son héros de l'accusation de magie, I, 2 ; II, 18; V, 12 ;
VIII.
180
MAG
i :;o2 —
MAG
Les philosophes tendent naturellement à faire prévaloir
le caractère religieux du mélange, mais entre la thëurgie
et la magie ou la goétie, ils ne peuvent point tirer une
ligne de démarcation suffisamment nette; Porphyre, qui
parait avoir été particulièrement préoccupé de cette con¬
fusion, en a conscience et en fait l'aveu1. La différence
est toute d intention et dépend de la moralité indivi¬
duelle. 11 manque à la thëurgie alexandrine, pour être
religieuse comme 1 ancienne théurgie égyptienne, une base
sociale suffisante. Elle est sortie de la religion. Le procès
d Apulée 2 nous montre bien que le public et les philo¬
sophes ne s’entendaient pas pour la nommer du même
nom ; ce sont moins les maléfices particuliers qu’on lui
reproche et dont il se défend avec esprit, que les initiations
variées dont il se vante et les traditions dont il proclame
la sainteté qui le rendent suspect de magie. Du dehors, la
philosophie, même sans mélange de théurgie, parait
magique. Pour Apulée et les Alexandrins, il nous pa¬
rait malaisé de les justifier du reproche. Cependant la
théurgie finit par rentrer en partie dans la religion;
mais elle ne le doit pas aux philosophes. D’une part,
les sectes gnostiques sont des sociétés religieuses qui,
dans la mesure où elles sont reconnues comme telles,
transforment la théurgie magique en culte3; or il est
difficile de distinguer des sectes optâtes, par exemple,
les compagnies de magiciens1. D'autre part, le mithria-
cisme donne un caractère religieux à des modes d’action
et à des théories qualifiées auparavant de magiques8.
11 est à noter que pour Pline les premières manifesta¬
tions du mithriacisme officiel à la cour de Néron sont
magiques 6.
Les sceptiques, épicuriens et cyniques ont produit
toute une littérature qui s'oppose à la philosophie théur¬
gique7. L'épicurien Celse, qui est probablement le
même que l’adversaire d’Origène et à qui Lucien a dédié
le 'Fc'joôp.xvTcç, avait écrit un Kx-ri gotytov8. La rWjTwv
swpx du cynique QEnomaos dont Eusèbe a conservé un
long fragment est une critique des oracles en général. De
même la critique de Lucien5 dépasse la magie propre¬
ment dite pour atteindre l’ensemble du merveilleux reli¬
gieux et mythologique. Citons encore le IIpôç gaG-^gaTocouç
de Sextus Empiricus. Ces écrivains ne reprochent pas à
la magie d’être irrégulière ou dangereuse; ils prétendent
démontrer sa vanité ; les magiciens, comme le Peregri-
nos ou Y Alexandros de Lucien, sont pour eux de simples
fourbes, hypocrites et immoraux qui exploitent la cré¬
dulité des bonnes gens; et, sur ce point, d’ailleurs, ils
ressemblent aux prêtres errants des divinités orientales,
comme les prêtres de la déesse syrienne que nous pré¬
sente le Lucius. Les fantasmagories magiques sont des
supercheries bien machinées; la description de la léca-
nomancie dans les Philosophoumena 10 est un bon
1 Porph. Lettre à Anébon , ap, Euscb. Praep . ev. V, iO. — 2 Cf. le
procès d'Apollonius, Philostr. V. A poil. 7 el 8. — 3 Dielerich, Pap. May ica ,
p. 764; Abraxas , p. 152; Schulze, Geschichte des Unterganyes des griech.
rom. Heidentums , II, 377; Berlhelot, Coll, des Alchimistes , t. I, p. 3;
Pap. Lugd . Bat. V, II, 20, 29 (Marciajiisme) ; J. Maltcr, Histoire critique
du gnosticisme , 1828. — 4 Dielerich, Abraxas , p. 149. — 5 Cumont, Textes
et Monuments , I. I, p. 36; Bousset, in Archiv fur Religions Wissenschaft ,
1901, p. 167; Pap. Paris , p. 475-489; Pap. Lond. XLYI, 5; Wessely, in Wiener
Studien , VIII, p. 180 (plaquette d’or de Vienne) ; Année sociologique, t. IV, p. 298.
— 6 Plin. XXX, 1 , G. — 7 f’hiloslr. V. Apoll. VII, 39. — # Christ, O. I. p. 745, n. 5.
— 9 Luc. Alexander , Dcmonax , Pseudomantis, Philopseudes , etc. — 10 IV, 4
(63 sqq.). — h Christ, O. I. p. 814 sqq. — 12 Orig. Adv. Cels. 1, 5, 17, 20; IV, 153
-- 13 Aug. De ci v. Dei, XXI, 6. Sur la réalité de la magie, cf. Iren. Adv. haeres.
23,4; Tcrtull. Apolog. XXXVIII ; De Anima, VIII; Euseh. Praep . ev. V, 14;
exemple de cette façon d’interpréter le ril„Pi ,
el des thëurges. Dans la littérature rom., S ma8çs
s’agisse du voyage ù Thulé d’Antonius quil
Théagène etChariclée, des BaêuXwvtaxi de i. *?kft!ne' d*
Pseudo-Callisthène, des récits de Palladio/"1 ’ '(|u,,'Ju
les Brahmanes 11 ou, chez les Latins, des méhl 61
d’Apulée, la magie est un thème favori et n! ï°Sei
nécessaire de pittoresque. n *‘lérne“a
La position des chrétiens à l’égard de la magie Pm , ,1
autre que celle des sceptiques. Origène fait ,,n cr‘imp°UJ
Celse d en mer la réalité ». Saint Augustin croit à L,
cité des rites employés pour agir sur les démons13 wT
Wions pas que le christianisme s’est propagé dans 'l"'
milieux où s’est développée la magie mystique» ij
nécessité de se dégager du gnosticisme appelait natu
rellement sur la magie l’attention des Pères de l'Église'
Le caractère exclusif de la religion d’une part, de l’autre |
la force de l’autorité collective dans l’Église, font distin¬
guer le magique du religieux avec une netteté que n’égale
aucun des critères fournis par la Grèce et par Rome|
C est poui cette raison que nous poussons jusqu’ici cet
exposé sommaire. Legnostique et l’hérél ique sont des ma¬
giciens, à commencer par Simon le Mage13; Ménandre1*
Marcus17, les Basilidiens18, les Carpocratiens13 de meme
sont taxés de magie. Entre le Dieu et le démon, iln’va
pas une simple différence de degré comme pour le théurge
alexandrin; il y a une opposition absolue; les. démons
sont les mauvais génies, et c’est à ces mauvais génies que
l’on attribue indistinctement tout le merveilleux illégal 20 J
La magie et la religion travaillent aux deux pôles du
monde des esprits. Naturellement toutes les formes du
paganisme sont reléguées dans la magie. C’est par une
opération magique (magica operatione) que s’expliquent
les signes donnés par les idoles21 et, comme dit Talien22,
ptxyoç ètmv vApxs[Juç, OspaTTEÔet ô ’AiroAXtov. Il résulte de cette
opposition que lorsque le christianisme devint religion
officielle, les lois sur la magie, complétées d ailleurs par
les lois de majesté, furent appliquées avec une énergie
inusitée et qu’elles engendrèrent une persécution dont
on trouvera l’exposé dans Maury23. Signalons simplement!
pour montrer le caractère de cette persécution, 1 histoire!
du jeune homme qui fut mis à mort parce qu il axait été
surpris approchant alternativement ses mains dunj
marbre et de sa poitrine en comptant les sept \oules
pour se guérir d’un mal d’estomac2’. J
Les livres magiques. — La magie de lepoqm impt
riale nous a laissé un certain nombre d écrits
, 'rages magiques ea
r les auteurs
ou apocryphes et de recueils. Ces ouvrag
leur usage sont mentionnés fréquemment pai ^ ^
anciens28. Citons en première ligne les livres < 1 ^
(Poimander, ocot 'AffxXY|7ttou rc pôç ’Aggova fJac.ÀwX ,
ilobée-, Asclepius ,ive d,al"l4
ments conservés par
Niceph. in
Synes. p. 302; Harnack,
chichte , 1892 ( Texte und Unlersucliungen, Mil, *). . p jrujocia. De
Geister, p. 77, 120, magic clircliennc, glossolalie, mcaii a im^ • Lllgano, il*
S. Cypriano. — 13 Jusl. I, 20; Adhérents de Simon^cn. , ; |rc„ L (. ,
jVuovo Bollelino di archeologia cristiana, 1900, p. , / n 2 : III. *»
- n Ibid. I, 13. - 18 Ibid. I, 2k. - >0 Ibid. 25. - ÿif~tc'ck, IX. 3.
Just. I, 14; Wcinel, O. I. p. 120. - 21 Iren. V, 20 ; buse .
- 22 Or. VIII, p. 30. - 23 O. I. p. 100-150 ; Sceck, Cat- co
graecorum ; Kroll et Olivieri, Cod. Venet. p. 79, extta «es en Syrie vcrs ^ I
cheni de Zacliarias Scliolaslicus, deslruction de livres g ct .,0n /'"'/>* d
488. Sur la magie au iv' siècle, voir Puech, Saint Jean "U jakrbtoh*t> sp-
.. .r.Mr.11 .. Cio nip.tericils _ i ./fl
p. 180 sqq. - *4 A mm. Marc. XXVIII, 2, 28. - 2“ Dielerich. J «« 7Afrf>57; Ad*
XVI, p. 751 ; Luc. Philops. 39,îeçàTiva ix ^c6Xcov icctXocia^
Sanct. 26 sept. p. 225, Vit a Cyprxanu
MAC*
— 1503 —
MAC
irismegisti)1 qui peuvent paraître plus pliilo-
J""" , ue magiques, dépouillés comme ils sont des
S°pll'iq lions de la gnose qui, dans les papyrus, suivent
#P!,l!lil Moment les passages mythiques ou dogmatiques 2 ;
hab"" jl£?orXuŸixx d’IIorapollon 3 ; enfin les écrits
ug je Nechepso et de Petosiris
Pul;il(),;.i es je Nechepso et de Petosiris [astrologiaJ
aSl' !ii i iix papyrus qui ont échappé aux destructions
I ; nii'imes, telles que celle qu’ordonna Dioclétien en
f T' voici ’la liste de ceux qui ont été publiés 6 :
P Hliev Papyri Berolinenses, in Sitsungsberichten der
Llinn Akademie der Wissenschaften, 1805, p. 109-
18!) _ peemans, Papyri graecae musei Lugdunensis ,
,11 Leyde, 1885. Le papyrus V (J . 384, Cat. Anast. 75) 0 de
Levée a été publié à part par Dieterich, Papyrus magica
misei lugdunensis Baiavi (denuo edit, commentario
critico instruxit, prolegomena scripsit Alb. Dieterich) in
Jahrbûcher fiir Philologie , Sp. XVI (1888) p. 747-
827. Dieterich a tiré du papyrus IV (J . 395) 1 le livre inti-
tulé BtSAoç fepà éTaxaXoujJLÉvT) Movàç v) ôyoÔT] McoüsÉcoç 7tsp'i xoù
ovowtoç xoù àyiou, qu’il a publié dans ses Abraxas,
Leipzig, 1891, p. 197-205 8. — Wessely, Griechische
Zauberpapyrusvon Paris and London , in Denkschriften
der pli. hisl. PI. der Kaiserlichen Akademie der
Wissenschaften in Wien , t. XXXVI, 1888 : grand papyrus
de la Bibliothèque nationale de Paris (3274 lignes);
Papyrus Anastasy (British Muséum, XLVI) ; Papyrus
Mimant (n° 2391, Louvre); Papyrus XLVII du British
Muséum (Anastasi 5). E. Miller, Mélanges de littéra¬
ture grecque, p. 442, 447. 452, sqq., avait publié déjà
les lignes 434-462, 1956-1989, 2714-2870 du papyrus de
la Bibliothèque nationale 9. Les papyrus de Londres
XLVI etXLVII, sont réédités dans Kenyon, Greelt Papyri
in the British Muséum, t. I, p. 64et, 81. Le papyrus XLVI
avait été précédemment édité par Goodwin, dans les
Publications of the Cambridge Antiquarian Society ,
18o2. Fragment of a G raeco-Eg g ptian wark upon magic.
Les lignes 304-369 ont été commentées et traduites dans
Ihng, Gnostics and their remains, p. 242-244. Nous
[ aurons a mentionner au cours de ce travail un certain
nombre de traductions et de commentaires partiels des
papyrus. — Wessely, N eue griechische Zauber papyri ,
IXLH, 1893 : papyrus CXXI du B. M. (1 045 lignes);
PaPyrus CXXII ; papyrus CXXIIl; papyrus CXXIV ,
apyri Rainer 1-12 (fragments). Les papyrus de Londres
sont réédités par Kenyon, t. I, CXXI, p. 83 sqq., CXXIIl,
P -°’CXXI\, p. 121. Le pap. CXXV (ypaOç ’AttoXXwvîou
u7rY|p£t;ç) est publié par Kennyon, p. 123sqq. Wes-
J* ya publié encore le papyrus XIV,' 46 (3378) du Louvre
ans 1111 * rogramme du Gymnase de Ilernals, 1889, p. 2
f’arlliov .
Btr'm tri ««l’ujiste, fJa
Bermetis Trismegisti Poemander , Berlin, 1854; Ménard,
|vM0g.,îuv , ' 1 ai ls, 1 SGG ; EçiaoO’ toü Tour;«yur:o’j it£p aMaxaxA!(riu;
H: li|,,lor pi * 1 tx T/j; ixwûy.iAaxix^ç E-nrr^|xriç iqèç "AjEjEiva AtyultTiov,
il y aurait ( r'‘ mefcl graeci, 1, p. 430-440. Suivant Jambl. Du myst.
«wwgcs | , ucs U Hermès; on trouve mentionnés eà et là les titres des
< plt[l j"0"' aUriljués, entre autres un „TÉfu;, Papf Lugd. Hat. IV, I, 12;
"«sol,, ®tTlîi à comparer aux attribués à Orphée;
Carra de yaiu \ • ''s>lleU‘slus. in Mittheilungen Rainer , V, 1802, p. 133-134;
T* CT. le livre’j , deS men'eiltes’ P- 13, 117, 169, 179, 241, 206, 345.
HWcrdam, ,s:, ". “ “ e *•« cl Berthclot, Coll, des Alchim. gr. - 3 1 -.ecmans,
*■ tl. p. 44.5, Gir; I m S ""1 ’ Uamlini, Calai, cod. graec. bibl. Medic. Laur.
Xechmis et 'p . A.' i28’ 234 i Fahricius, Bibl. graec. 1. 1, p. 88 sqq . — * Riess,
1"""' la magic , v fragmenta, in y eue Jahrbûcher , Sp. XIX, 1803, p. 378;
" 1 Sur celle l'itlé°"i ^ me^tcinam tracions , parliculièremcnt p. 382.
tftt, iu Jalirejy."'e,' V011 ' '<‘10c*'" Die Papyruslitteratur von den 70 Jahren
*"*/’( de Bursian t <(/ U ^ fl^er die Fortschritten der class. Alterthumswissens-
*r'c^> Bas antike w ^ ^ aebcrün, in Centralblatt für Dililiotheksu'csen, 1897;
‘lslei 'enwescn, p. 46, n. 2 ; Kcuvens, Lettres à M. Letronne.
sqq., et une tablette de bois de la collection del'arcliidm
Rainer dans les Mittheilungen ans der Summluny dm
Papyrus Erzherzoy Huilier V . 20. 1889 . — Berthelot et
Ruelle, Collection des anciens alchimistes grecs, Paris,
1888 l0. — Il faut signaler, comme contenant des parties
magiques, les manuscrits suivants publiés en totalité ou
en partie et utilisés par Heirn, Incanlamcn/a magica
graeca latina. Grecs : Codex Lipsiensis 175. fragment
édité par Bursian, in /ntl. Lect. aest., Iena, 1873
(Cf. Philologus, 1890, p. 543 . Codex Palalinus 224
(Harpocration, Pi Ira, Analecta sacra, V, p. 293 sqq. .
Codex Parisinus 2286 (p. 61, Traité alimentaire du
médecin Iliérophile , éd. Boissonnade, in Notices et Ex¬
traits, XI, p. 178). Codex Sinaiticus, éd. Tischendorf,
tab. XX, 7.
Latins : Codex Bernensis A. 92, saec. X (Catalogue
Ilagen, p. 129); 250 ( ibid ., p. 286); 334 p. 332 ; 538
(p. 449). Codex Cavensis, 183, saec. XI livre de Dami-
geron) in Pitra, Analecta sacra, t. II. Codex Sangal-
lensis 751 (Medecina Plinii), Val. Rose, lierai. VIII,
р. 54. Codex Vindobonensis 93; J. Haupt, in Sitzungsbe-
richten der Akademie der Wissenschaften in II imi.
1872. Codex Laurentianus, Cat. Bandini, III, p. 40 -pâçstc
xoD A auto stç Iloptpûptov). Codex Vossianus, Picchiotta,
Anecdoctum latinum. — Ajoutons à cette liste les manus¬
crits suivants11 : Codex Laurentianus XXVIII, 34 Cat.
Bandini, II, 59-62), fol. 85. Cf. Kroll, Astrologisches, in
Philologus, 1898, p. 123 sqq. Codex Barberinus III, 3,
fol. 205, ann. 1497 : on y trouve une série d 'incanta-
menta et d'exorcismes (71-85). Codex Neapolitanus IL
с. 34 (cf. Calai. Salvatoris Cyrilli, t. Il) ann. 1495 :
on trouve une description de.lécanoinancie au fol. 2342.
— N. J. Politès a utilisé deux manuscrits de Munich et
deux manuscrits d’Athènes dans IlaXa'.oypav.xTj çxa/uoÀoyta
ex twv uaytxwv ptêAtwv, in Parnassus, 1892, X\ , p. 1 / 4
(cf. Bys. Zeitschrift, 1892, p. 555-571) *2.
11 faut signaler ici le Catalogue de manuscrits astro¬
logiques publié par Boll. Cumont, Kroll et Olivieri
(Bruxelles, Lamertin, à partir de 1898 . Les deux pre¬
miers fascicules ( Codices Florent ini, Codires Venelï) ne
contiennent presque rien qui appartienne directement à
la magie. Dans le troisième [Codices Medio/anenses on
trouve de longs extraits de manuscrits magiques grecs
récents.
La littérature des oracles magiques est à partager
entre l’astrologie et la magie15.
Les tabellae dévot ionis, dont nous n'avons pas à nous
occuper ici spécialement [devotio], sont une source im¬
portante de renseignements sur la magie qu’il convient
— G Sur la partie démotique de ce papyrus, cf. Leemans, O. l. p. fi. — ' IV, 12 ;
V, 43 ; XI, 2; XIII, 18. — 8 Un autre papyrus du Musée de Leyde, I, 383, Cat. Anast.
65, contient des parties grecques magiques, Mon. égypt. du Musée de Leyde, I,
1839, 14 planches el 8 tables; cf. Brugsch, in Zeitschrift der morgenlaend ischen
Gesellscliaft, VI, 2, 1852. — 9 Sur les rééditions, voir Wiener Studien, VIII, 2 et
Lit. Centralblatt, 1887, n» 1 ; Novossadsky. Ad papyrum magicam bibliothecae
parisinae adnolationes palaeographicae , in Journal du Ministère de l'Instruction
publique (en russe), 1. CCC.II, décembre, Section de philologie classique, p. 81 •
K u huer t, in Bhein. Mus. XLiX, p. 59, éludie le oùv?oxaa:«$Eff|E.ô;, 1. 296 sqq. — lûSur
les mss. alchimiques, André Bcrllielot, in Archives des Missions scientifiques.
t. X1H, p. 819-854. — 11 Wünsch. Deficionum tabellae atlicac, XXXI. — 12 Cf.
Vassilicv, Anecdota gmeco-byzantina, 1893, p. 336: M. A. Fournier, in Mém.de
la Soc. de. linguistique, IX, p. 399-405 ; Ricochon, Tablettes et formules magiques
à double sens, p. 9 sqq. — 1:1 Oracula magica cum sclioliis Plethonis et Pselli,
Oracula metrica et Astrampsychi ’OviqoxyttiEÔv, éd. Opsopoous, Paris, 1599 ,
Zoroastris magica oracula, cal, Bandini, I. II, p. 386 ; WolfT, Porphyrii de philo-
sophia er oraculis luiurienda rell. 1S56; Kroll, De oraculis chaldaicis in re tau-
Phil. Abhundl. VU, 1, 1894.
MAG
— 1504
MAG
au moins de signaler ici. On les trouvera réunies et com¬
mentées dans la préface des Defixionum tabellae atticae
de Wuensch. Mentionnons particulièrement les Ins¬
criptions relating to sorcerg in Cyprus publiées par Miss
Macdonald dans les Proceedings of the Societg of Bibli-
cal Archaeology, 1890, p. 160 sqq. ; la tablette d'Alexan¬
drie (Dilthey, Rheinisches Muséum, IX, 370; Lenormant,
XVI 11, .">03 ; Babelon, Catalogue des b ronces antiques de
la Bibliothèque nationale, 700); la tablette d’Hadru-
mète ; les defixiones du temple de Déméter à Cnide
( Sanimlung der gr. Dialekt-înschr ., 111, 41, p. 233 sqq.'.
Une importante série de tablettes magiques trouvée à
Rome a été publiée par Wuensch dans ses Sethianische
Yerfluchungstafeln. Plus récemment M.Olivieria publié
des tablettes trouvées à Bologne ( Studi Italiani di ftlo-
logia classica, 1899, p. 193). Citons encore R. Ziebarth,
N eue attische Fluchtafeln [Nachr. d. K. ges. A. Wiss.
s. Gôttingen , Ph. hist. Kl. 1899, p. 105-135) et
Wuensch, N eue Fluchtafeln [H heinisches Mus., 1900,
LX, p. 62 sqq.), qui, outre des rectifications et des
commentaires, ajoute quelques fragments inédits aux
textes publiés par M. Ziebarth.
Il est à remarquer que les papyrus magiques ne con¬
tiennent pas seulement des formules de dévotion en
blanc, mais aussi des formules particularisées1.
La date des grands papyrus magiques de Berlin, de
Londres et de Paris peut être fixée entre la fin du second
siècle et la fin du quatrième ap J.-C.2. Le papyrus I de
Berlin contient (1. 26) l’invocation àyaôè rew^YÉ ; Parthey
y reconnaît saint Georges et, se fondant sur ce que l’ins¬
titution de la fête du saint date de 308, il regarde cette
date comme un terminus a quo. Mais l’identification est
contestée3, avec toute apparence de raison.
Les divers papyrus magiques qui nous sont parvenus
ne sont pas des ouvrages originaux et indépendants *. Ils
citent des textes; ils indiquent des variantes5 et, d'autre
part, contiennent des éléments communs6. Par exemple
il faut rapprocher, Pap. Paris. 436 sqq. et Pap. CNN/,
74-81, Pap. Berol. I, 315-327 et Paris 1957-1988, Pap.
Berol. II, 101 sqq. et Pap. V , III, 6 sqq. ; V, VII, 27-33
et W, XXII, 1 1-27 7 .
L'hymne ou la formule est, suivant les versions, rac¬
courcie ou allongée. Certaines formules habituelles sont
indiquées par une simple allusion comme dans les textes
babyloniens. Il est malaisé de reconstituer les originaux
de cette littérature, entremêlés et défigurés par une
longue et infidèle tradition.
Quels sont les éléments delà tradition qu’ils représen¬
tent ? Pline 8 distingue trois sources de magie. La pre-
l Mentionnons à la suite de cet exposé de la littérature magique un certain
nombre d'articles que nous n'aurons pas l'occasion de signaler ailleurs : Le Blant,
.Sur quelques talismans de bataille, Berue archéologique, 1892, I, p. 00; Id.
Notes sur quelques formules cabalistiques , Mon. de l Acad. t. XXXIV, 2® partie,
p. 173; Berlhelot, Journal des savants, 1894, p. 243; U. Benigni, Una formula
magica bizantina, in Bcssarione, 1897 ; Bolti, in Bull. Soc. arch. alex. 1898, p.01.
— 2 Wessely, Gr. Zauberp. p. 12; Id. Neue gr. Zanberp. p. 3 ; Dielerich, Pap.
mag. p. 779. — 3 Parthey, O. 1. p. 1)7. — 4Cf. Dielerich, Pap. mag. p. 758.
— 5 Wessely, Gr. Zauberp. p. 12; Id. Ephesia Grammata, p. 2 sqq.; Id. in
Wiener Studien, VIII, p. 188. — 6 Wessely, Neue gr. Zauberp. p. 12. — 7 On
trouvera ces rapprochements dans Dielerich, Pap. mag. p. 759 ; Wessely, in Wiener
Studien , VI II, p. 190 sqq. — 8 Pljn. Nat. Hist. XXX, 1, 2. — 9 Pap. W. XXII, 19. Voir
plus haut. — 10 Pap. Lugd. Bat. V, IV, 15. — O Pap. Paris. Index. ; Colum. B.
r. X, 358 ; Tertull. De anim. 57, 045. — <2 Plin. L. c. — 13 Manuscrit de saint Marc,
f° 7, Berlhelot, Collect. introd. p. lit; Dielerich, Abraxas, L. I.; Pap. Bero[. II,
1 15; Pap. CXXI, 019. — 14 Jaunies et Jambrcs, cf. Dieterich, Pap. magica, p. 755 ;
cf. Exod. VU, 10-12 ; Paul. Ep. ad Timoth. II, 3, 8; Apul. De mag. c. IX; Orig.
Tract, in Matth. XXXV, p. 193. — 13 pli». XXX, 1, 2. — 16 Pap. W. L. l.; Pap.
mière est 1 École perse q
5 (
et le
oaslre» ,.t
lèves.
.m commence à /,
aux deux millions de vers qu’on lui prête • n‘! "
le révélateur et le commentateur du /I CSIiK
Osthanès ; Pythagore, Empédocle, Démocri i? esl
se rattacher à l’École perse ; Démocritn para,Ssent
lobéchès de Coplos et Dardanu”
phénicien; à cette branche appartiennent 1^ *3
anciens des Mèdes Apuscorus et Zaratus desBahvi n°mS
Marnants et Arabantiphocus et de l’Assyrien T °” ]
das, auxquels, dit Pline ”, on ne prête point d’ouvnml
La seconde école est l’École juive, qui descend de Moïsful
Jamnes et Jotapès u. La troisième estune école cypriote'!
11 est étrange que Pline ne mentionne point ici l’une <1 1
branches importantes delà tradition magique, la brunchl
égyptienne, dont les représentants sont si fréquemment
nommés dans les papyrus, Hermès16, Tphe17 Phiéro-'
grammate (livre adressé à Ochus), Typhon18, Mané1
thon19, Zminis le Tentyrite20, Apollon Bêchés (Horus)** |
Agathodemon 22, Chimès23, Nephotis24, Pibeches23, Bolul
deMendes26, Nechepso27, Damigeron, Bérénice, Ptolémél
Physcon28. Marie la Juive est un des principaux auteurs
de la branche alchimique de la magie. On rencontre
encore les noms d’Agathoclès29, de Thaïes, d’Anaxagoras30,|
Heraclite, Diogène31, Evenus32, Erotyle33, Epaphro-I
dite31, Himerius 33, Pasès 3f', Chaeremon 3\ ParmoenèsM.|
Enfin ceux des auteurs alchimiques récents, les magi-l
ciens proprement dits, restant généralement voilés sous I
l’apocryphe : Zosime, Synesius, Olympiodore, Pelage le I
philosophe, Jamblique, le Chrétien, Hiérothée, etc. 30... I
Le grand papyrus de Paris contient une lettre du magi-l
cien Néphotès à Psammétique40, un charme de Salo-1
mon41, une lettre de Pitys le Thessalien à Osthanès*2,!
un ÈTtatTTjTâptov d’Hermès43; il nous fait connaître le I
magicien Pachratès 44, contemporain d’Adrien. Le papy- 1
rus cxxi du Musée Britannique contient des AngoxptTw |
Ttaiyvia (167), un ovsipaénriTo; de Démocrite et de Pythagore, I
un écrit de By;<t7.ç et un IvXauoiavoü seX^viaxov.
Ces indications nous suffisent pour savoir comment les I
magiciens alexandrins se représentaient 1 origine de lal
tradition qu’ils suivaient48. Nous sommes d’ailleurs en I
état de les compléter, sinon de déterminer avec piccisto™
la provenance de tous les rites usités. Pout Glu e »
l’élément perse, on se heurte à la question de la date J
livres sacrés de l’Iran. M. Cumont a pris la pc h" 1 11 p I
ger des papyrus ce que l’on pouvait y trouul 1 - 1
thriaque46 ; mais soit que la magie perse se
de trop bonne heure à la magie grecque, soit d'1 ^ I
servi de véhicule aux autres magies étiangtu-, ■
malaisé de distinguer son apport ". Léhninit |
«ri». 885. - 17 Pap. W. XXII, 9. - » Pap. Pans. ^ ; _ ss to-
eterich. Pap. mag. i>. 75C. — 20 Pap. V.IV.la.- bu ' R fleWyf
saint Marc, L. t. - 24 Pap. Paris, 154. - » Ibid. C XXI,
188. - 20 colum. B. r. Vil, 5. - 27 Hein,, O. I. n ^ ( Co,ura. fl. r.
Dielerich, Pap. mag. p. 753. - 29 Pap. V. IV, 1 , ^ ^ L. [■
1. — 30 Psellus, De lapid. virtut. p. 38. * _ 37 Pap' V
32 Pap. W. XXII, 16. - 33 Pap. W. L, l- - 3' ar'°- jf UerMs. »-
, 23. — 36 Tzetz, II. p. 135, 970. - 37 Plin. XXXVI ^ |M ’auteurs
430-439. — 38 Pitra, S pic. Solesm. t. H, P- *i • . [Alcliim- P- 16 ’
ir Dilthey, in Rhein. Mus. XXV, 332-334; Berlhelot, Ong- ^
. Collect. introd. lit ; U», de saint Marc ^ ,, 52; T, “H
l «mî; Ibid. t. I, 20; Apul. De mag. XC; Arno • 0 /te ,„,/*< Mil, >|
, . Ü.V - « n, „ m m- - » »"« ™ 'X,- » *“' *
7; Plin. XXVIII, 7, 23 ; Euseh. Praep. ev. I, 200. énéral, voir
46 Voir Pap. V. VIII, 15. Sur la magie orientale en « ( ^ »,
ironologic oricntalischer Vôlkcr, p. 29. *6 ’ 260-313, Du sle J
H. _ 47 Windischmann, Zoroastrische Studien, ■ >
r Allen liber Zoroastrisches. — 48 l'ap. '■
MAG
— 1505
MAG
flingue probablement pas de l’élément perse.
n® Sl' A . ;.nent druidique et sur l’élément brahmanique
U'11 . . .l.ï.. I ... - -
Sur
nous
sont également signalés1, nous en sommes
[|!‘! "“‘aux conjectures, et, quant au premier tout au
•""mieux vaut ne pas s’en préoccuper.
I"'l""niu,, ie assyrio-chaldéenne, sauf exceptions, ne paraît
;a.I|li, ‘Arrivée directement aux magiciens grecs. On
P!!u,ve mentionné l’emploi de rites babyloniens2. On
^ ncontre ü plusieurs reprises le nom de la déesse chtho-
irm gmschkigaP dans une formule qui varie peu et
j^'om plus ou moins allongé du dieu Nèbo Mais dans
l‘ . [exles qUi nous sont connus ces mentions sont excep¬
tionnelles. Le rituel de la magie assyrienne ne diffère
d'ailleurs point de celui que nous trouvons en usage à
l’époque de nos papyrus. D’autre part, de même que la
ma„ie aloxandrine, la magie des Mésopotamiens forme
avec sa littérature un corps de doctrines et de rites, sou¬
mit croisé sans doute de pratiques et d’idées religieuses,
mais qui, pris dans son ensemble, est suffisamment diffé¬
rencié. Il n’est pas probable qu’une doctrine aussi bien
codifiée soit restée sans influence directe ou indirecte
sur la magie grecque8.
L’élément juif entre directement dans la composition
des livres magiques et il y tient une place importante6.
Les Juifs paraissent avoir fourni au personnel de la
magie un appoint considérable. Ils avaient une réputation
bien établie de magiciens. Ils passent pour être les
dépositaires de la tradition magique7. Les cercles d’où
nous viennent les textes que nous possédons étaient for¬
tement pénétrés de judaïsme. Le papyrus de Paris nous
a conservé un long exorcisme (3009 sqq.) emprunté à une
communauté «d’hommes purs8 » qui était probablement
quelque communauté judéo-orphique, sinon une commu¬
nauté juive semblable à celle des Thérapeutes de Philon.
La tablette d’Iladrumète est un autre témoin important
décollé magie juive acclimatée dans le monde grec9. A
côté de ces documents où le judaïsme apparaît à l’état
pur, il y a une infinité de passages où les formules juives
et les moyens d’action magiques fournis par les Juifs sont
mêlés ù un rituel d’origine différente ,0. fin quoi consiste
l’apport des juifs dans la magie gréco -romaine? Ils n’y
introduisirent point une magie toute faite ", mais des
éléments de magie. La Bible, traduite en grec et inter¬
prétée par Hermès’2 en égyptien, est la principale contri¬
bution des Hébreux. Elle fournit une partie de la mytho¬
logie magique13. Le Dieu des Hébreux tient une place
considérable dans les incantations ,l. Les diverses formes
de son nom, Tito, XxGxwO, devenu ’ASxwô et ’AwO1',
’Apêaôtâoj 10 ’Aêpiâw 1 ’AStovxï18, les noms de Jacob,
d’Abraham, de Moïse, de Salomon19, ceux des archanges
surtout y sont répétés à satiété. On a expliqué le fameux
mot Abraxas comme une corruption de la bénédiction
hébraïque ( haberachah la bénédiction, hnberar.hah -f-
daberah la parole = abracadabra 20). Les mots hé¬
braïques plus ou moins défigurés abondent dans nos
textes 21 . Quant à ce que l'on pourrait appeler proprement
la magie juive, pour les époques anciennes, nous ne la
connaissons que par allusion ; ce que nous connaissons
d’elle à l’époque de la rédaction du Talmud22 forme une
branche particulière de la magie générale qui a poussé
parallèlement à celle que nous étudions ici.
Le christianisme entre dans la magie de la même façon
que le judaïsme et à sa suite23, pour une part moins
forte, naturellement. Signalons simplement dans le papy¬
rus de Paris l’exorcisme par le nom de Jésus, qui est
en tête du long passage juif dont nous avons parlé plus
haut (3020), et un exorcisme copte 1227 Jésus est
encore mentionné dan£ une formule du papyrus N 2'.
Nous avons vu d’ailleurs que le gnosticisme et la magie
étaient souvent indiscernables26.
La principale contribution est celle de l’Égypte. La
plus grande partie des textes en provient. On y eile des
autorités égyptiennes et l’on s’y réfère à la tradition du
pays27. Outre ses dieux et' sa mythologie, l'Égypte a
apporté au fonds commun une magie toute faite28, codi¬
fiée, ayant une histoire et différenciée à peu près de la
religion. Nous savons que la magie égyptienne pouvait
exposer ceux qui la pratiquaient à des poursuites légales29;
* Diog. Laërt. Prooem. ; Palladius, tïeoi-ewv tî)'ç ’IvSiaç lûvûjv xal tûjv BçocyjEKvüiv, 014
— - Apul. De mag. XXXVIII. — 3 Drexler, À ure Pcrsephone, in Roscher's Lexi
bon; Paris, voir index, Pap. XL VI, 340.— 4 Epe<T*tyaX NsSop-couiaX^O, Pap. V
X; cf. Wünsch, Defixionum tabellae atticae, p. 31, 15; tablette d'Alexan
drio, 3, 13. — t> Sur la magic assyrienne, voir Lenormant, La magie che
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/, ' P* *09-117. — 1 Bcrlhelot, O. I. t. II, p. 233 (Zosime) ; M«<roO$t, Le
^ mi s ! I Or, trad. t. IV, p. 2GG sq. — 8 Pap. Paris. 3085 ; cf. Dielcrich, Abraxas
^1111-0 11 ~~ 9 ^C‘SS,nann’ Ribel Studien, 1895, p. 21 sqq. ; Blau, O. I. p. 9G sqq.
0 / /» *ab. p. xvii. — 10 Entre autres, ’O'Soâç Mtouo-swç, Dictcricb
t- ( ,,p’ GXXI> GG0, 324, 459, 700, 5G7, 592; Pap. XLVI, 481, papou* aStovo
' Hcim, O. I. G3. — Il A noter cependant les choses comme 1
ZTr vvy0|A,"VOr Hcîm» 613 62- — 12 Bcrlhelot, O. I. t. II, 223. - 13 Citai
tyjin , G 1-5 ; XXXV, 30 in Berthclot, O. I. I. III, 287 ( Chimie de Moïse)
7, 0(* *’ ° ^ P‘ 22' 14 Marcell. XXI, 2; Ilcirn, O. I. 90, 172 ; Pap. CXXI1I
l.’lr, 1 lilaU’ °' L P‘ 105* “ 10 PaP- XLVI, 117, 352, 479 = les quair
\nt /ltJ "y ' 111 portante dans la théogonie de Marcus (Kenyon). — 11 Joseph
45 ; Heim, O. /. n°» 61, G2, Eo).o|i£voç ; Dielcrich, Abraxas
p. 142. — 18 Corp . inscr. lat. VIII, 12 511, 25. — *0 Ibid. — 20 Kenyon, p. G3.
Avec les corrections que nous apportons à sa rédaction, la conjecture est soute-
nablc ; il faut observer que la séquence haberachah daberah esl artificielle.
— 2t -pour toujours, Pap. XLVI, 340, etc. ; Ibid. 330, vq*£vî).aji = le soleil
éternel; cf. Corp. inscr. lat. VIII, 12 511. — 22 Blau, O. 1. p. 19 sqq. — » Wcssely,
On the spread of Jewish-christian religious ideas among the Eggptians , iu Expo-
sitor, s. III, n° 13, p. 194 sqq. ; Heim, O. I. n° 03; Academy, 1893, II, p. 550, ins¬
cript. prophylactique sur papyrus terminée par une prière à la Vierge. — -, Cf.
Wcssely, O. I. p. 12. — *» Pap. V. VI, 17. Selon Wünsch, XXX, la tablette d'IIadru-
mète seule de toutes les defixiones parait chrétienne. Sur le gnosticisme et la
magie, voir plus haut, n. 24, p. 1501, et Schmidt, Gnostische Schriften in Koptischer
Sprache, p. 502, 039, 004. — 28 Sur la magic syrienne, voir II. Kraclzschmar,
Zwei Mystifikationcn des Jahu-e Namens in den aramüischen Schalenbeschicô-
rungen, in Zeitschrift für Assyriologie, 1895, X. p. 69; II. Gollancz, A sélec¬
tion of Syriac charma, in Congrès des Orientalistes, 1897, t. i X , p. 77 sqq.:
Pognon, Inscriptions mandéennes des coupes de Khouabir; tabella dévot ionis arn-
méenne de Duimes, Lidybarski, Eph. 1900, p. 2G ; Halévy, in Rev. Sentit. 1901,
p. 203; Clermont-Gauneau, Recueil d'arch. orient, t. IV, p. 87 sqq — 27
CXXI 1. 9; Pap. XLVI, 380, àxr.xoc. Si ’Xpax'. ioxq/.Iti t.vo;. Sur l’élémcnl
égyptien dans les papyrus, \oir Brugsch Krman, Aegyptische Zeitschrift, 1883 ;
Révillout, Mélanges de philologie égyptienne et assyrienne-, Pap. XLVI, 239,
Kenyon. 28 Wiedcmann, Religio der allen Aegypter, p. 147 sqq. ; Erman,
Aegyptcn und aegyptische Leben, t. 11, 471 sqq. ; Maspero, Histoire ancienne des
peuples de l'Orient classique, 1893, p. 212 sqq.; Budge, The Itook of the JJead,
CXLVIII-CLXVI ; Id. Egyptien magic, 1899; Id. in Archaeologia, 1890; Da\ies,
O. I. p. 70, 94, 128 ; Blau, U. I. p. 42 sqq. ; Dielcrich, Abraxas, p. 155 ; De Joug,
O. I. p. 79 sqq.; Frazcr, Golden Rough, I. I, p. 15, 04, 07; Chabas, Le papyrus
magique Harris, 1800 ; Leemans, Monuments égyptiens du Musée de Leyde,
t. |, pi. i-xiv ; Maspero, Mémoire sur quelques papyrus du Louvre (3229), p. 113-
123; A. Erman, Die Miirchen des Papyrus Westcar, 1890. — 29 Budge, Rook
of the Dead, p. ci.i; Id. Egyptian magic, p. 75; Chabas, O. t. p. 170
sqq.
MAC
— 1500 —
ol nous voyons dans le roman de Théagène et Charielée
que le contact des choses magiques était interdit au
prêtre 1 . Les rites de l’ancienne magie égyptienne étaient
semblables à ceux que prescrivent les papyrus3, ce qui,
d'ailleurs, serait une preuve insuffisante de filiation, s’il
n\ en avait d autres. Quant à l’alchimie, ses origines
égyptiennes sont établies aussi bien que possible3.
Les différents éléments sont mêlés4; Isis, qui révèle la
science sacrée a Ilorus, l’a reçue d’un ange des Hébreux.
Cependant, si l’on prend les textes un à un, on voit que
certains éléments peuvent y dominer. Le papyrus W de
Le\ de cite surtout des autorités juives ; les papvrus de
Bei lin et le papyrus \ citent surtout des autorités
grecques '. Il est vrai qu'il s'agit d'apocryphes.
Les proccd os de la magie. — Les actes magiques pré¬
sentent une infinité d’aspects suivant la nature de leur
objet, le but de 1 action et sa portée ; 1 image que le magi¬
cien se fail de leur genre d’efficacité en détermine le
caractère et cette image est changeante; de même, sui¬
vant la façon dont on représente la production des phé¬
nomènes et la direction des êtres par la magie, les modes
de l’action magique doivent changer. Il s’agit ici de
dégager ce qu il y a de commun et de spécifique dans les
manifestations particulières de la magie.
Tout acte magique a pour but, soit de mettre des êtres
vivants ou des choses dans un état tel que certains gestes,
certains accidents, ou certains phénomènes doivent
s’ensuivre infailliblement, soit de les faire sortir d’un
état analogue. Il y a toujours, soit imposition, soit
suppression d un caractère ou d’une condition, ensor¬
cellement ou délivrance, prise de possession ou rachat.
On exprime ce fait par l’image du lien qu’on lie ou qu’on
délie (ex : oiÀTooxxxioîçaoî0). Le mot religio est employé
souvent pour désigner cette, sorte de contrainte7. Tout
abstrait qu il soit, ce mol arrive à désigner une sorte d’ètre
vague, de personnalité diffuse qui se précise par degré.
La possession est une forme extrême, mais typique, de
1 ensorcellement des personnes 8. La lycanlhropiè est
l'une des formes de possession fréquemment produites
par la magie9. La métamorphose est un exemple grossi
du changement d'état de l’individu ensorcelé. Comme
représentation sensible de l’enchantement, l’Hippomane
d’Olympie est à signaler10. Dans les cas d’enchantement
que l’on peut ranger sous la rubrique de fascination ,
l’effet de l’action magique trouve, au contraire, son
expression la plus vague [fascimm].
En thèse générale, la magie arrive à ses fins par deux
* VI, 5; cf. Pliiloslr. V. Apoll. II, 18. — 2 E. Meyer, Set.-lyphon , p. Il,
12, 18. — 3 Bcrllielot, Orig. de l'Alchim. p. 71. — 4 Berlhclot, Collection ,
l. Il, p. 20G. — Dieterich, Pnp. rang. p. 757 ; cf. Parthey, Pap. Berol. I, 235, note.
— 6 Pap. Paris. 295 ; Pap. Mimant, 103; cf. Wünsch, Defix. tab. att. IV.
— 7 Marc. XV, 11. Hanc religionem eroco, educo, excanto de istis membrisme-
dullis. - « Ka-royo;. Wünsch, Defix. tab. att. VI ; Aptil. Met. Il, V; Chabas, De
quelques textes hiéroglyphiques relatifs aux esprits possesseurs, in Bull, arch.de
l'Athenaeum fr. 1856, p. 44. — 9 Voir dans le Dict. i.ykaia, Leubuscher, Ueber die
M ehrirôlfe und Thierwandl ungen im Mittelalter, 1850; Hertz. Der Werwolf, 18G2;
Plat. Besp. 565 D (culte de Zeus Lycaios) ; Paus. VI, 8, 2; Pclron. Sat. 61; Plin.
VIII, 22, 34; Varr. Fr. 9G2; Virg. Ecl. VIII, 97; Ovid. Met. VIII, 270; Aug.
De civ. dei, XVIII, 17. — 10 Paus. V, XXVII, 3. — il Tylor, Primitive cul¬
ture, 12, 115; Frazer, Golden Bough , 12, p. 7 sqq.; Jcvons, Introduction in
llie history of Ueligion , p. 28 srjq. — 12 Proclus, De sacrif. et mag. éd.
Cousin, t. III p. 283. — 13 Apul. Met. III, 17, 21 ; Proclus, Ibid. p. 282;
Philos. IV, 024 (62 sqq. C0 sqq.); Apoll. Hh. Argon. IV, 109 sqq. — 14 Bcrthclot,
Pap. Paris. 2631 sqq. — 16 Ibid. 2G47 sqq.; Luc. Dial, meretr.
IV, 5; Hor. Sat. I, VIII. — 17 Heim, n« 47. — 18 Plin. Nat. Hist. XXIV,
160; Apul. De herb. c. LXIV ; Pap. Berol. I, 249, on lit en marge Tü> péSovUjst.
Sur la valeur magique des pierres, voir F. de Méjy, Les lapidaires de l'antiquité,
t. Il, Les lapidaires grecs, 1898; Plin. XXXVII, 9; Orph. At6ix&; Fr. Kunz,
MAG
part, 1 ell et semble résulter immédiatement!!''!^16' Dllne
sement du rite ; de l’autre, le magicien T 1 accon»P1is-
surnaturels qui lui servent d’inter, nédiahî ou é " ^
Toutes les opérations qui relèvent de ? a8enls-
s inspirent du principe universel de lu 101 ''directe
contiguïté et la similitude tendent à dèveS^' ‘a
forme la plus simple de l’action magique est l ! ' U
mention par le contact d’un objet doué de J0Tr
magiques, générales ou spéciales d2. U 1 , P ~S
talisman ou d’une amulette passe sur' celui “
porte [amuletum] . Les différents produits de h T
magique 13 : philtres amoureux, onguents médi c
eau sacree des alchimistes14, sont à comparer aux aln’
lottes et agissent comme elles.
cuqjiuyees uans ta préparation des
talismans, philtres, remèdes, etc., agissent, chacune
prise a part, de la même façon. L’une des principales
préoccupations de la magie est de déterminer l’usaee des
particularités spécifiques des êtres vivants et des choses
L’aimant est une substance magique à vertus indéfi¬
nies11'; de même le sel10, le galbanum17; la pierre dite
aglaophotis ou tnarmaritis esl utilisée danslesévocalions
contre l’épilepsie et les maux d’yeux18; on mentionne
une eau mantique qui rend clairvoyants ceux qui la
boivent19. Les ennemis d’Apulée l’accusaient d’avoir
acheté très cher certains poissons pour l'exécution de
ses maléfices; il est vrai qu’il tâche, malgré les appa¬
rences, de démontrer que les poissons sont rarement
employés par la magie20. Par contre, les oiseaux de nuit,
hiboux, striges21, sont magiques au premier chef. Ovide
met des ailes de striges dans la marmite de Médëe23 ; on
finit par confondre l’oiseau et les sorcières. Le lièvre,
le lézard, l’ibis, etc., sont mentionnés dans le papy¬
rus CXXI23. Tandis que l’attention des alchimistes s’est
portée surtout sur les substances minérales, celle des
magiciens, comme nous l’avons déjà vu, s’est portée sur¬
tout sur les plantes24 : le laurier25, la mauve56, l’ellé¬
bore-1, la jusquiame (îepàv pGTohnrjV, vj-riç èa-nv ûocxûaao;) •i>
qui s’emploie contre la goutte, le plantain, la pulmonaire
( consiligo ) que l’on emploie contre la peste bovine-’, la
centaurée30, la pomme31, la mandragore32, la xuvgxecw-
Xioioç potâv-q dont la mention revient si fréquemment dans
les papyrus33, la myrrhe34, la rue33, le plantain 3G, etc- H
est inutile de donner ici une énumération complété
des matières magiques37. Mentionnons, pour mémoire,
une autre série de substances dont l’emploi est souvent
Folklore of precious stones , Chicago, 1804. — 19 Buresch, Claros, p. * < . " •
— 20 Apul. De mag. XXIX ; cf. Plaut. Capt. 182. — 21 Plin. Nat. hist ■ -’O- ■
232 ; Hor. Ep. V, 19 ; Ov. Fast. VI, 131 ; Propert. III, 029; Heim, p. 151.»'
— 22 Ov. Met. VIII, 209. — 23 Voir dans Wesscly, N. gr. Zauberp • P 1 •
liste de substances, plantes et animaux magiques mentionnés dans I' I '
CXXI. Sur le lézard, Pap. Lugd. Bat. V, 13, 1 ; Drexler, Bemerkungen r"
nia, II, -7t. Ç’, rq Ueber die Verwendung der Eidechsê bei Argenh "
XXIX, 129,130; Aclian. Nat. an. V, 47; Marcell. VIII, 49; Lelan.I,
remains in popular tradition , 1892, p. 266. — 24 Plin- XXI\ , •u • X iijrsCi,felil,
64-82; LJ. Aen. IV, 513-516; Apul. De mag. XXX ; Id. Met. IL p
O. I. p. 42 ; Kehr, O. I. p. 19. - 27 Tlieocr. II, I : Heim, n9 137 ; !" .',)io?c!
2, 81 sqq. invocation au laurier. — 26 Lobeck, Agi • 903. 1 I l‘n* ^ ( 3
IV, 141. —28 Alex. T rail. 11, 585. — 29 Plin. XXV, 8,- 48 ; Co un».^
— 30 Kspérandieu, Epigraphie romaine du Poitou et de la Saint ongt , P- s.
de Poitiers ; Heim, p. 541, n° 235. — 31 Heim, p. 535.n°202. — •L b°*c ‘cl^ ^ ^ ^|urrj
v. Mandragoras. — S3 Pap. XLVI, 198 ; Pap. CXXI, 62<» , I b*1* ^ ^ flotanih
Pflanscnwe.lt in der griech. Mythol. 1890, p. 76. — Ibid, p- - (l,‘ ,| ___ :io plin.
p. 671 ; Alex. Trall. I, 495 ; Kühnert, Feuersauber , in IVi. Mus. XMX. | j’articlc
XXII, 2.-37 ()n ia trouvera, disposée par ordre alphabétique^ ^ar|jcl,|iôre-
absrclaube de Kiess, d ii Dictionnaire de Pauly-Wissowa, Cl,
ment p. 50-88.
MAG
1507 —
.MAC
lir les textes : la cire1, le miel2, la farine3,
g'1'1' ''J., rines, l'eau4 ou l’eau de pluie6 jouent le
certaines
rôle do
substances
' Simples véhicules; il faut cependant que ces
ri0ient appropriées au rôle spécial qu’on leur
falL- ' v.Tlu' des substances magiques n’est pas toujours
à leur nature spécifique. On l’attribue soit à
^'ï'rrine fabuleuse comme celle de l’aconit, née des
T is il’Echidna et introduite en Grèce par Médée7, soit
fn l relation mythique quelle qu’elle soit. Dans la magie
a,m’r „,np ips animaux immondes sont considérés comme
, „ents du diable et c’est de la, précisément, que vient
leur ''vertu magique8. Des séries de plantes, de miné-
de parfums correspondent à la série des planètes
et sdnt utilisées pour cette raison 9. De plus, les sub¬
ornées sont souvent désignées dans les textes, non pas
parleur nom vulgaire, mais par un nom qui implique
généralement une relation entre elles et une divinité.
L’halimus est le diadème d’Osiris 10, le mercure est
appelé le lait de la vache noire 11 ; nous rencontrons
des sang de Mars, semence d’Ainmo, doigt de Mercure,
cheveux, oreilles de Venus, barbe de Jupiter19-, etc. ; une
partie de ces noms ont passé dans la nomenclature
usuelle. La signification de ce vocabulaire était révélée
aux apprentis par des clefs13. 11 est possible, puisqu’on
ledit, que l’usage de ces noms ait en pour but de mettre
on défaut la curiosité du vulgaire 14 et de donner aux
opérations un caractère plus mystérieux; on ne peut pas
croire cependant qu’ils n’aient pas contribué à détermi¬
ner la valeur magique de l’objet; ils font partie de sa
représentation. Enfin le caractère terrible, obscène, anor¬
mal q u e ces noms donnent souvent aux cérémonies
pour qui n’en a pas la clef, est également à considérer.
D’autre part, le nom vulgaire des substances et aussi
les analogies plus ou moins vagues que leur aspect peut
suggérer sont pris en considération par la magie :
« Xeque enim minus istis quae commémorant accom-
vnodari possunt similiter ex vocabulo suspiciones.
Possc dicitis ad res venerias sumpta de mari spuria et
/ascina propter nominum similitudinem : qui minus
posait ex eodem litore calculus ad vesicam, testa ad
testament uni, cancer ad ulcéra, alga ad quercerum? »
'ht Apulée à ses accusateurs13. Le réséda calme les
maladies par la vertu de son nom10. Le plomb agit par
sa lourdeur et on l’emploie contre ses ennemis dans les
.i('ux (lu cirque17; il agit aussi par sa froideur18. Le grillon
•toit probablement sa vertu magique à son aspect bizarre19.
h'1 Jdiysiologus donne une idée suffisante de cette his-
touo naturelle qui sert de base à la magie20. En général,
1,1111 ( e qui est anormal21, tout ce qui est habituellement
considéré comme impur, appartient de droit à la magie.
— 2 yj '4,"or. "fi 7> 2; Paris. 1878, (881, 2359, 2308, 2378, 2945, 3215,
Il 3G -T P e'0 1' h 6- — 3 Paris. 2647, 2580 (iotdjkI. — 4 Pap. Berol.
- ; 0~ )//’i''/,'.CXXI' *32 ; Pap. B, ;ral. I, 287. — 0 Cat. Cod. Mediol. cod. 17.
103 n , ^ b' 403 ï pour la mauve, cf. Lobcck, Agi. 903. — 8 Maury, p.
ri'li. Aljr„ ''0CluS’_°e ««"i/. et mag. éd. Cousin, t. 111, 280. — 9 Cf. Dietc-
lcs métau \ r’ té ' 1 ' Jirre de Moïse) ; potâvat xùiv iûçktxô-wv, Galen, IV, 1. Pour
^UanJ’pn'vvv01’ C°lL </eS alchim- Srecs< introd. p. 77 sipj. ; Cod. Lau-
ùtttto i ■ xill, Bandini, 11, 25, iïeçi (*oïa) t«!v tîSwv lv tvl
So nis et p,/ / ./,J irxôooSa — xat l).é®avTa; xa\ zù. yetçor, Or,), Nechop-
21), 120, l.u-°n * / fra°menta' éd- Riessi P- 38-- — 10 Uiosc. r, ; cf. Id. I, 9,
t. I, |2. ‘J’ ’ U4, i5"’ 1G6> 180; 111, 15, 20, 28 ; IV, 4, 23. — H Berthclot, O. I.
Ungo, ^ ' RR *l3î IV, 4. — 12 Lobeck, Agi. p. 887 sqq. ; cf. Du
p. 1 1 > ___ 1 ^Vo; » Wessely, iV. gr. Zauberp. p. 15 ; Berthclot, O. /.introd.
Pentes, cf. Dict(M ic|SCly’ L l } Bertbelot» °‘ l' 4- Sur les noms donnés aux
raux, pt __ I! *1’ ^aP‘ mag- p. 781; pour les animaux, p. 784; pour les miné-
1 up. \, 12 cl 13, — 15 Dq mag. c. XXX.V. — 16 Réséda
Une bonne partie des substances magiques sont donc
considérées comme de simples véhicules d'actions sym¬
pathiques et non plus comme faisant partager par leur
contact des vertus spécifiques inexpliquées. La même
substance peut être considérée tour à tour de l’une et de
l’autre façon22. Au même point de vue, il faut distinguer
les substances magiques par essence de celles qui sont
magiques par accident, soit à cause de leur couleur 23,
soit en raison de la place d’où elles proviennent, comme
les objets pris dans les thermes, dont la mention revient
fréquemment dans les formules d’opération24.
Ainsi, en parcourant cette première classe d’agents
magiques, nous voyons appliqués quelques-uns des
corollaires les plus lointains de la loi de sympathie. Le
magicien s'efforce d'employer, soit isolément, soit en
composition, des substances ou des objets qui aient une
analogie, même peu apparente, de nom, de forme, de
qualité avec le sujet de l’action magique, le phénomène
à produire, l’état qui doit le suivre, les forces que l'on
doit faire agir et d’autres qui ont été, sont ou doivent
être soit en contact, soit en relation plus ou moins orga¬
nique avec les êtres intéressés dans l'opération. A vrai
dire, il est assez difficile de démêler les applications
du principe de la sympathie dans la pharmacie magique.
Généralement, les raisons qui ont déterminé une pre¬
mière fois l’emploi d’une substance spéciale sont effacées
par l’antiquité de la tradition, et l’usage fréquent doit
s’ètre souvent transformé en nécessité; d’autre part,
lorsque les substances sont employées à l’état isolé,
comme amulettes, par exemple, la façon dont s’exerce
leur efficacité est trop vague pour que le fonctionnement
de la loi soit apparent, et lorsqu’elles sont employées en
composition, les effets différents produits par les com¬
posants se croisent à tel point qu'il devient impossible
de les distinguer. Le jeu de la loi apparaît au contraire
en pleine lumière dans un grand nombre d’opérations
où le résultat désiré est obtenu par de simples actes
symboliques25. On peut distinguer deux processus. Le
premier consiste à remplacer le sujet de l’action, per¬
sonne ou chose, par un substitut. Le deuxième consiste
à figurer le phénomène à produire. Des exemples de ces
deux séries d’actes sympathiques se rencontrent à chaque
pas dans toutes les magies connues, lis ne manquent
pas dans la magie gréco-romaine. Nous retrouvons ici
la communication par contact que nous avons rencontrée
d’abord. Que l’on touche des verrues avec de petites
pierres, celles-ci s’identifient avec celles-là, on jette les
pierres, et les verrues sont guéries26. On peut transférer
une morsure de scorpion d’un homme à un âne27, un
mal de ventre à un canard28 ou à une grenouille, ou à un
chien29, en appliquant ces animaux contre la partie ma-
morbis réséda, Plin. XXVII, 12, 106. — U Wünscli, Scthianische Tabellen,
p, 72, — 18 \V iin sc h, Dcfix. tab. ait. p IX, ojzoi 5 y, /po; , ojtw; »,
èesIvou zi jf.piT'A iuxfi io™. — 19 Lobeck, Agi. 973. — 20 Lan,!, Anecdola sgriaca,
t. IV; Pitr. Spicilegium solesmense, t. II, p. Ï73 sq,p; I. 111; l’clers, Der griecli.
Pliysiologus und seine oriental. Uebcrsetzungen, 1898. — 2' Les mouslrcs,
Geopon. 11, 18, 9; XIII, 5, 4-5; X, 83. — 22 Telle l’urine ; Berthclot, Collect.
introd. 58, 44, 40, 47, 214; Apul. De mag. VI, usage do l’urine comme dentifrice
en Espagne. — 23 Voir plus loin, p. 1520 — 2t pap. CXXI, 405, 440, 464, 477; O.
Hirschfeld, Untersucliungen auf dnr. Gebete der rôm. Verwallungsges-
chichtc, I, 171; cf. Pap. Berol. II, 49 Wünsch, Dcfix. tab. ait. X ; démons bal¬
néaires, Psellus, ittç’tlvcpy . Saipôv. 21, éd. Boissonnade, n. 2. - 28 Voir F razer, Golden
Botighi, I, ch. i ; III, ch. ni. --26 Marcell. XXXIV, 102; Plin. XXII, 149; cf. J.
Hardy, Wart ont wen cures, in Folk-Lore Record, 1, 1878, p. 216-228.
— 27 Geopon. XIII, 9; XV, 1; Plin. XXVIII, 10, 42; Archaeological B e view,
180. - 28 Plin. XXX, 7, 20 ; Marcell. XXVII, 33. — 29 Plin. L. I. ; Marcell. XXVIII,
i 132.
1 Cf. Gaidoz, Mélusine, VIII, 174, 201, 247 sqq. 250, 273, 275, 282 sqq.
— 2 Cf. Tosefla Sabbat, Xll ; Zeitschrift des Vereins fur Yolkskunde, 1893, p. 25.
— 3 Cf. folk-Lore, 1898, 10. — 4 Drezler, O. I. — 5 Plin. XXVIII, 36. — o Voir
plus liaut, p. 1498, l'histoire d'Ipliilcos; Hein), p. 489. — 7 Colum. VI, 5, 3., Plin.
XVIII, 29, 70; Geopon. I, 74, 10. — * Pap. Berol. I, 3, 4; Apul. De mat/. XXX;
Apul. Met. III, XVI ; cf. Deutéronome, XXI, 12 ; Mannliardt, Wald und Feldkulte,
t. I, 108, 134; Taulain, in Anthropologie, 1897, p. 008 (iles Marquises); voir
Bulow, in Internat. Archiv fur Ethnogr. 1898, fasc. 3 ; Zeitschrift des Vereins
fur Yolkskunde , 1898, p. 158. — 9 Cf. Deutér. L. I. ; Seidel, in Globus, 1897, I,
p. 42; Tetzner, in Globus, 1898, II, p. 139. — 10 Marcell. XXXVI, 70 (Heim,
p. 489, n» 93) ; Pliot. Dibl. cod. 106, p. 360, 20 ; Psellus, O. I. éd. Boissonnade, p. 23,
u. 25 ; Taulain, O. I. p. 006. — « Kehr, O. I. p. 16. — 12 Luc. Dial. Meretr. IV, 5
(Heim, p. 510, no 144). — 13Thcocr. II,53sqq. — 14 Hartland, The legend ofPerseus,
t. II. ch. ix, p. 55. — l-o Plin. XXVIII, 86. — *0 Tablette magique de Poitiers, Espéran-
dieu, Epigrapliie rom. du Poitou et de la Saintonge, p. 337 ; J. Grimm-A. Pictet,
l ebcr die mareeltinische Formcln, p. 40, 48, 100 ; Heim, p. 471 ; Cat. cod. Mediol.
17, \\ iinsch , Dcfix. tab. att. XXIII; Invocat. des Saîjiovi; x«:
Luc. Pereg ri nus, XXXVI; Zeitschrift der marge nldntli sc heji Gesellschaft, 1888,
p. 460 (n. 2). 1* Plin. XXVIII, 4, G, Sagiltas corpore eductas... amatorium (assi¬
milation entre I individu qui doit aimer et celui qui a été frappé, dont le sang teinte
la Ilèclic). — 1« Pap. Paris. 278,871, 244, 221, 1818, 2427 ; Pap. Anast. 378; Ileini,
O. I. p. 527 ; Jambl. De myst. 257 ; Kroll, De or. chald. 58 ; cf. Rohde, Psyché,
p. 01 ; Andrée Pesonennamen, in Zeitschrift für Ethnologie, 1876 ; Id. Ethnogr.
— 1508 —
lado; dans ce dernier cas, l’autopsie prouve la réalité de
la translation. Dans tous les cas le mal est expulsé. Le
meme effet s obtient par le passage entre les jambes d’un
homme ou d’un animal, à côté d’un tombeau, à travers
un arbre percé, à travers les rais d’une roue, un entre-
eolonnement1, deux cadavres2, sous la racine d’un
arbre3. Par une modification du même procédé on pou¬
vait donner à un homme la vue d’un lézard préalablement
aveuglé4. Entre un blessé et l’agent de sa blessure, le
contact détermine une sympathie et l’on peut soigner la
blessure par l’intermédiaire de l’arme5. Un pas plus
loin, et la cause du mal fournit le remède 6. 11 est naturel
qu on puisse localiser sur une partie d’une chose ou d’un
être ce qu on peut transmettre par contagion7. La partie
vaut pour le tout. Les cheveux 8, les ongles ", les dents la,
la salive11, l’empreinte des pas12, les vêtements 13, tout
ce qui touche à l’homme ou en fait partie 11 permet de
le représenter intégralement et d’agir sur lui. Nous avons
un exemple de double translation dans le cas où l’on
attache les ongles coupés d'un fiévreux à la porte de son
voisin lo. On utilise la continuité supposée de la famille et
1 on pense agir sur un homme en agissant sur ses
parents16; on utilise même celle de l’espèce17, et c’est pro¬
bablement la raison d'une partie des emplois d’os ou
d autres reliques humaines dans les cérémonies magi¬
ques. Une simple figure, en dehors de tout contact
ou de tout autre mode de communication directe, est
représentative. Enfin le nom joint à la ligure ou employé
seul supplée à tout18. La translation de la personnalité
peut être assez complète pour entraîner la mort : ainsi,
lorsqu’on prend l’écume de la bouche d’un mulet pour
soigner un asthmatique, le mulet meurt19.
De même que la figure est identique à la personne, la
figure de l'acte ou du phénomène est respectivement iden¬
tique à ce qu’elle représente, et si la chose représentée
n'existe pas encore, la représentation a pour effet d’en
déterminer la production. Nous avons vu dans l’histoire
d’Iphiclos le couteau à châtrer les boucs rendre stérile par
son attouchement. Dans les cas de translation de maladie,
on supprime la maladie par la destruction ou l’éloigne¬
ment de ce qui la représente 20.llnesorcière coud la bouche
de ses ennemis en cousant la bouche d’un poisson21 . Les
fermiers écartent la grêle de leurs champs avec des nœuds
et des clefs qui sont censés soit l’enfermer, soit la tenir
dehors22. On simule avec des nœuds les liens d’amour23,
Fig. 478Ü. — Clou magique.
MAG
avec des nœuds déliés l’accouchement25 oi<. n
d arrêter l’épilepsie était de planter un n,m°yen
où avait touché la tête du malade din aplace
chute; on fixait ainsi la maladie à lu dernièr«
magiques dont la figure 4782 représente C'S Cl°"s
ont eu encore d’autres emplois25. La fi !” efemPla're
de fer était propre à arrêter un coureur Ü °ngle
gosier un osselet ou un épi, il suffisait de rel^r
fois un tison, de manière à plonger clnonr. f ll0,s
bouts dans le feu27. Pour entraîner sa victime à 1 ****
ou la livrer aux puis- • iC nne d l;i mort
sances infernales, le
magicien met son
image ou la tablette
d’imprécation qui la
concerne dans un tom¬
beau28, à moins qu’il
ne dépose des osse¬
ments dans sa mai¬
son29. On symbolise
la fièvre par le feu 30.
Pline nous apprend
qu’on meurt seulement
à l’heure de la marée
basse31 : l’idée remon¬
tait à Aristote et est
confirmée par Philo¬
strate 32. En chargeant
un arbre avec des
pierres, on le rend sté¬
rile33. Une simple image, celle d’Hercule étouffant le lion,
suffit à arrêter la croissance du parasite dit ètntpoXstov 3‘.
Dans les souhaits et les incantations on accompagne le
vœu d’un geste ou d’un acte symbolique :
Limus ut hic durescit et haec ut cera liquescit
Uno eodemque igni sic nostro Dctphnis amore 3“...
ou bien l’on étend par analogie l’efficacité d’une chose30.
L’identité de la parole et de ce qu’elle signifie nous
apparaît encore ici. Une simple comparaison suffit à
remplacer l’acte symbolique37. La sympathie est créée
souvent par l’incantation qui accompagne l’acte38, ou bien
l’incantation constitue par elle-même l’acte sympathique,
comme dans les évocations de maladies énumérées par
Parallelen und Vergleichen, 1878 ; Lefebvre, La vertu et la vie du nom en b y’- 7 ’
in Mélusine, 1897, p. 217 sqq. ; Dussaud, Itelig. des Nosairis, p. GO sqq- ■ 111 '
secret du nom, voir Maas, Orplieus, p. 09 sqq. ; Kroll, in Rhein. Hits. I '■
voir encore v. Andrian, Ueber Wortaberglauben, in Corr. Bl- d- L "",'1 ^
Gesellsch. 1890, n" 10 ;Licbrecht, Zur Volkskunde, p. 315 sqq. — l 'Maio. V ^
— 20 Voir plus liaut et encore Plin. Nat.Hist. XXVIII, 7, 23; Maie. ^
—21 Ov. Fast. II, 577 ; cf. Warde Fowler, Roman Festivals, p. 309 sqq. --- 'e0Il ^
I, 14; Philostr. Heroica , 111, 25. — 23 Virg. Ecl. VIII, 7- ; Cirid . ,!i
d’autres usages du même symbole, cf. Frazer, Golden Boughï, 1. 1, p-
p. 398 ; Id. Paus. t. V, p. 45 sqq. ; Archiv für Anthropologie, 1899. p.
chrifl für Ethnologie , 1897, p. 491 ; Globus, 1898, p. 251 , C. Mevir,
der Mittelalter, 1884, p. 205; Die 1er ici], Pap. mag. 811, n. I. ,, p|j„.
anneaux, cf. Frazer, Golden Bough 2, t. I, p. 401. 2. Heim, p- * jalhmnns
XXVIII, 03; clous magiques, Heim, p. 541 et note 2 ; Ad. blanc ir £aiat • ■!'
anciens, 1900; Extrait du Bulletin de la Société des antiquaii < .s , fali, 72.
bronzes de.la Bibl. Mal., n° 1953 (fig. 4782). -5 Wünsch, ur . \Vcsscly,
— 27 Grimm-Pictet, O. I. p. 40. — 28 W ünscli, O. I. ; Id. Défis - ta - ^ _ Jlio
Wiener Studien, VIII, 179; Plat. Le g. XI, 933; Senec. De benej- 37.58. ■
Cass. LVH, 18 (mort de Germanicus). — 30 Külmert, in Llhem. t us- ^ g|lWO|solin,
— 31, Plin. Nat. Hist. Il, 98, 101. — 32 pl.il. Vit. ApoU.W ' (J ,8 sl]l|.; i
Ssabier, 11,469. — 34 Geop. H, 42, 2. — 33 Virg. Ecl. VIII, 80; J • M'„cinl . n.
yottuw, n,»Uv. — ^ an oit»' 1
cf. Heim, p. 480-488 ; Soph. Aias, 1 175 sqq. ; cf. Hom. 2b 11 , • xxym *|5,
/. p. 488,n« 91. 37 Heim, O. I. p. 486, n°90. — 38 Plin.XXVI, -,
MAO
— 1509 —
MA(i
, i.’niin le calembour paraît devoir aux mêmes
" . des vertus magiques2.
I" n Ml|,ailiic lient une telle place dans les opérations
l''!l",l,s qu’on nous propose d’une part d’étendre, de
'•""in de réserver le nom de magie aux' actes dont elle
irincipe3- On nous dit que si les noms des dieux
^rencontrent dans les formules magiques, les magiciens
sc. nt sur ]es dieux de la même façon que sur les
que les dieux ne sont pas pour eux des êtres
des instruments passifs et que là se marque
choses
■ libres, niais
, distinction profonde de la magie et de la religion dont
los actes ont pour but de fléchir ou de gagner des pou¬
voirs supérieurs à l’homme, qui gouvernent la nature en
toute liberté*. Il est vrai que des rites semblables à ceux
de la magie sympathique sont mêlés aux pratiques reli¬
gieuses'. Aux Robigalia , dit Festus, rufae canes imnio-
labantur ut fruges flavescentes ad maturitatem perdu-
cerentur (p. 285). L’usage de fixer la maladie est suivi
officiellement à Rome en temps de peste; ailleurs il
était d’usage religieux et public de planter annuellement
un clou dans une muraille [clavus]6. En Arcadie, le prêtre
deZeus Lycaios, pour mettre fin aux sécheresses, agitait
une branche de chêne dans une source du Lycée1. Or,
pour nous, nous ne pensons pas que, malgré l’apparence,
les oscilla latins et les balançoires des Aîwpa appar¬
tiennent à la magie [aiora] 8 et nous hésitons à qualifier
de magiques les guérisons d’Épidaure9. On nous répond
que la magie se mêle à la religion, que ce mélange n’est
point étonnant et qu’elles sont à peu près indistinctes à
l’origine. Mais nous contestons la justesse de la distinc¬
tion proposée, car pour nous, les rites religieux, et
le sacrifice en particulier, produisent des effets aussi
nécessaires que les rites sympathiques de la magie10.
Réduire à la magie sympathique toute la magie amène
a la confondre avec la science. Ce n’est pas autre chose,
dira-t-on, qu’une science à principes faux11. En fait,
lidee delà sympathie, celle de l’identité du nom et de la
chose nommée, celle de la représentation intégrale de la
personnalité au moyen de ses parcelles, sont des idées
d ordre scientifique et philosophique. 11 est à remarquer
que la magie non seulement raisonne sur ses principes12,
mais qu elle en a généralement une conscience claire. Le
principe posé, le magicien l’applique rigoureusement. De
P us, en dehors de ces idées universelles, la magie fait
constamment appel aux principes d’une science et d’une
un Uiphysique plus avancées. Elle spécule sur les xuxXa
^v*l'X7Ri3, sur l’influence des planètes, idées qui
" niii ni d une représentation scientifique du monde et
j o li moignent d une notion claire, bien qu’insuffisante,
11 111 • Les formules d’opérations alchimiques sont
Ie eonmiVc'i ^ U° 2 P- ^6, n» 80 ; Ibid. n° 130 ; remède conlre
Golden Bo,"n = gra'n d °rgC’ Are/i' ZeiL 1809 lXXVIlb P- 0fi- — 3 Frazer,
1,09 Sl| . ; ' ^ 1 b P' 03; t. III, p. 458-463 ; Sir A.-C. Lyall, Asiatic Studies,
tol'yiondes r°T' Jnl1 u^"ct*on to history of Religion L. l.\ Oldenbcrg, Die
Frazer, O I [ t ^ ** * SfFI* ’ ^ ^ scIfP — * Civ. VIII, 1-3. — o Cf. par exemple
que l’on piaulai l ^ * ' * S<^ — 6 Frazer, O. I. t. III, 37; M. Frazer pense
p. 234 si ( 1 " llomonl à Rome le Clavus A nnalis ; Fowler, Roman Festi-
4; Frazer, o \ Jului^ au contraire la théorie de Mommsen. — 7 Paus. VIII, 38,
toQgica l rite) —au ^ 8 ^razcr’ ^ P- *49 sqq. (swinging as a
et h fonction di . •* P- -*• — 10 H. Hubert, M. Mauss, JSssai sur la. nature
f)' l’ l* I, |). C ^ S(lC^'tCC' in Année sociologique , t. II, p. 29 sqq. — H Frazer,
l’abric. Hi(jj f > ^e,nocritus et Nepualius, «tpi <rv|ATCaOeToiv xat àvciicaOstwv,
I. — 13 Wiin ? n ’ 9 290 ’ (!pmol,> Progr. Striegau, 1884; cf. Geoponica,
'°t Orig. tlei'ii .1 ■’ P.M. — UBcrtholot, O.l. introd. p. 73 sqq. — 15 Bcrthe-
Piodor. ||, iv P',67‘ ~ 10 Borlhelot, Collect. 101 ; cf. Ibid, t.l, 111 (Olym-
t ", 198; t. |j| ,)g: _ IL 123 (Zosime, III, II, 2) ; cf, Ibid. t. II, 122. — U Ibid.
-. — 18 Ibid. t. p, 45, fi, . cf ]bi(l p 18j 23i 33 , Marc XXXV))
précédées de l’énoncé de principes scientifiques11 ( Ev
yxp xo Ttàv, xat ot ’aGx&v xô 7txv yéyove). C'est sous cette forme
que se présentent des hypothèses allégoriques qui exa¬
gèrent le symbolisme vulgaire (av<» xà oûpxvix, xxtw xa
éitiyTlfa, ôt’appEvo; xat O’qXsoç 7vXv)poûp.evov xô epyov16). La ges¬
tation dans l’opération chimique doit durer le même
temps que celle de l’embryon humain17. Vient ensuite
la formule scientifique, mais étroite, du principe de la
sympathie : « La nature jouit de la nature; la nature
triomphe de la nature; la nature maîtrise la nature1*. »
Par bonheur, nous sommes bien renseignés sur
l’alchimie. Celle-ci, précisément, hésite entre la magie
et la science. Quand l’alchimie se croit science à propre¬
ment parler, elle renonce au mystère19; autrement, elle
est une science sacrée, c’est-à-dire qu’il entre dans ses
opérations un facteur de plus que les applications des
principes scientifiques et la connaissance des propriétés
des choses20. Lorsque ce facteur apparaît, l’acte magique
entre dans la science ou devient un jeu21. Ainsi, dans le
cas où la magie se rapproche le plus expressément de la
science, elle n’y est pas entièrement réductible. 11 en est
de même à plus forte raison dans les autres branches
de la magie. Les rituels magiques prescrivent avec
minutie une infinité de cérémonies mystiques : sacrifices,
prières, préparations d’amulettes22, qui ne se ramènent
pas à l’application de principes scientifiques.
Le pouvoir du magicien. — Les faits que met à notre
disposition l’étude de la magie grecque et de la magie
romaine ne sont pas suffisants pour nous faire comprendre
en quoi consistaient exactement les pouvoirs du magicien,
ni quelles raisons ont fait croire généralement à leur réa¬
lité. Nous devons cependant réunir ici quelques données
qui permettront de comparer son pouvoir avec celui du
prêtre et d’en voir successivement différents aspects.
Comme le prêtre, le magicien égyptien s’identifie avec le
dieu dont il utilise la puissance23 ou bien il s’associe à
lui'24. D’où tient-il son droit? Et d’où vient que la pro¬
clamation de ce droit ne soit pas considérée comme une
vaine jactance? Est-ce un don personnel ? Dans les écrits
alchimiques, on voit quelquefois mentionner les condi¬
tions morales de la réussite des opérations. On donne au
philosophe des conseils d’ascétisme 28 ou tout au moins
de régularité. Des mérites d’une autre sorte distinguent
souvent les magiciens, la ventriloquie 26, des dons spiri
tuels, le mauvais œil. Les enfants27 ont des dons magiques
et divinatoires. Les femmes paraissent avoir été généra¬
lement considérées comme plus aptes à la magie que les
hommes28. Des prêtres de contrées lointaines sont favo¬
risés de pouvoirs merveilleux29. Le mauvais œil semble
être conçu comme un caractère personnel assez sem-
70, Venenum veneno vincitur ; Jul. Firm. IV, XVI. — *9 Berlhelol, O. 1. 1. III, p. 384
(Le Chrétien). — 20 Cf. Theod. Prise. II, 2, 2 (p. 302, éd. Aid.) ; représentation
d’ordre religieux, les sept degrés de l’Ascension, Berlhelol, O. I. 11, p. 125 ; images
sacrificielles, voir plus loin. — 21 Frazer, O. I. t. II, p. 455. — 22 Pap. XLVI, 202-292.
— 23 Wessely, Ephes. gramm. 426, avox outrât sçr, (je suisOsiris I‘hre)...avo* «t ouatée
TCEVTaur.T. ; cf. Dietcrich, Abraxas , 136; Wünsch, Scth. Verfluckungstaf. p. 85 et n. ;
De Jong, O. I. p. 94; Pap. lr, Vil, 23. — 2V Mnemosyne, XVI, 1888, p. 317 sqq.
’èv,;, ei|X o (Tùvoroi ttjv oXijv o!xoupLivr,v àva«nca7.t jiraç ; Wünsch, Ibid. p. 91. — 23 Berlhelol,
O. I. I. I, p. 36; t. II, p. 235. — 2ti Schol. Arisl. Vesp. 1011; F.useb. Comment,
in Is. 45 ; Hesych. Eyya<rrçuV’Jôot ; Plat. Sopfi. 400; Plut. De def. orac. 9; Jambl.
in Phot. Bibl. XCVl ; P. Garnault, in Itev. scientifique , 1900, p.G41 sqq. — 27 Apul.
De mag . XLII; Pap. XL\ I, 1, 53; Ibid. 383, Sci àsOd^ou ; cf. Berlhelol, O. I.
Introd. p. 4t, 46, 47, 244 ; Pap. CXXI, 540-578; Philosoph. IV, 4 (62 sqq.).
— 28 Wclcker, Kleine Schriften, t. III, p. 20 sqq. Medea oder die Krôuterkunde
bei den Frauen ; Kelir, O. I. p. 5, eapj&axt;; Aristoph. Nub. 749; Déni. 793, 27;
Arist. Hist. an. VI, 22, 8: Luc. Dial. deor. XX, 10; Bis accus. 21 ; Dial, meretr.
I, 2; IV. 4. —29 Brahmanes, Philoslr. V . Apoll. Tyan. lib. III, passim.
190
MAG
— 1510 —
MAG
blable aux pouvoirs de suggestion. Dans certains cas la
spécialisation des pouvoirs magiques implique une rela¬
tion spéciale entre les magiciens et les choses sur les¬
quelles ils agissent1 D'autre part on attribue la pratique
de la magie à des peuples entiers, comme ces tribus
libyennes dont parle Hérodote 2 ou les ophiogènes
des environs de Parium en Chypre, qui guérissaient
les morsures de serpents3 ; une tribu pontique, les
Thibiens, sont qualifiés par Étienne de Byzance de ’éOvoç
paaxavTocôv \ Il y avait une famille à Corinthe dont la
spécialité était de calmer les vents5. Marie la Juive, citée
par Olympiodore, semble considérer l’alchimie comme
un privilège de la race d' Abraham6.
Si la magie s'exerce en dehors de milieux où Part se
transmet avec le sang, elle se réclame d’une tradition
lointaine et divine, comme de la révélation par les anges
déchus ou par les archanges7. Marie la Juive prétend
tenir la révélation de Dieu lui-même8. La magie aime
les apocryphes et rattache ses traités à des autorités
incontestables : dieux, rois, grands philosophes9. Entre
ses sages et ses dieux il n’y a point de distinction nette lu.
Le caractère sacré de la doctrine est protégé par le
secret. Celui-ci est imposé par serment au nouvel initié11.
L initiation paraît se transmettre d’individu à individu, de
maître à disciple, c’est une espèce de filiation12. Mais elle
ne se borne pas à la simple communication de recettes.
L'indication de celles-ci est précédée d’une révélation
cosmologique dont la forme est plus mythique que philo¬
sophique. Telle est la révélation d’Isis à Horus13 ou celle
de Comarius à Cléopâtre 11 dans les livres alchimiques.
C’est une gnose dont la communication paraît suffire à
modifier la condition de l'initié. Dès qu'il y participe, il
peut appliquer avec succès les méthodes qu’on lui explique
ensuite En somme, nous rencontrons dans la magie une
TsXsTTj 15, une initiation analogue à celle des sociétés reli¬
gieuses fermées [eleusiniaj. Cette initiation comporte
d'ailleurs d'autres cérémonies que la simple communica¬
tion d’une doctrine mystique. C’est une bonne fortune
que de posséder un texte comme le livre de Moïse15, qui
nous expose en détail les phases de la cérémonie, purifi¬
cations, rites sacrificiels, invocations, et, pour couronner
le tout, révélation de la xoffgG7roiïa, qui explique le secret
du monde. Remarquons que les cérémonies sacrificielles
ont ici pour but de mettre l’initié en relation, non pas
avec les dieux d'une société particulière, mais avec les
planètes et les astres, c’est-à-dire avec des agents uni¬
versels dont le rôle est défini par la science, mais cpii
sont transformés en puissances mystiques et divines17. Le
magicien tient sa puissance de son accointance avec les
forces de la nature. C'est ce que signifient les sept
anneaux donnés à Apollonius de Tyane par le brahmane
Jarchas. Dans la moindre de ses opérations, le pouvoir
qu’il en lire est impliqué, comme le montre entre autres
1 Mâyot Aeovruv, &scwy, etc. Pliot. Dibl. L. I. — 2 II, 36 ; cf. IV, 105; Lobcck, Agi. 1190.
— 3 Plin. \ II, 2,2; XXV III, 3, G. — Md. xa' xà ffu»;A«xa a jXwv £?; O’iVa'Tirav où xaxaSûouiri.
— 5 Hesych. et Suid. s. v. àvcjxoxotxat ; Euslath Ad Od. X, 22; cf.'à Athènes les
Eadanemi , J. Tnpflcr, Attische Généalogie , p. 1 12 ; cf. Plin. VII, 2, 2. — 8 Berlhelot,
t. If p. 112.-7 Hcnoch, VIII, 3 ; IX, G, 7 ; X, 7 ; XVI, 3 ; Syncell. p. 22 ; Terlull.
De idol. IX, 10 ; De cuit, femin. I, II, X; Apolog. XXV; Berthelot, O. I. t. I, p. 31,
32; Schmidt, Gnostische Sçkriften in Jeoptischer Sprache , p. 419, 427. — 8 Ber-
Ihclol, 0. 1. 1. II, p. 180. —9 Berthelot, Orig. de VAlchim. p. 141 ; Dielerich, Pap.
mag. 753. — 10 Agalhodèmon, tantôt un dieu, tantôt un philosophe : Berthelot,
O. L 1. I. p. 87 ; t. Il, p. 125. — il Dielerich, Abraxas , p. 1G2 sqq. ; Berthelot,
O. I. I. I, p. 29, 32. — 12 Dielerich, L. I. — 13 Berthelot, O. I. t. I, p. 31.
14 Ibid. I. III, p. 278 sqq. — I5 Luc. Nekyom , G; Ilippocr. De Morbo saci'o, 4.
choses la répétition constante des sept vovell
représentant les planètes dans les incantali^,t,V?*»
portes de la terre sont ouvertes, les porte i •' " Les
ouvertes, la route des fleuves est ouverte ' 1 C‘el SOnl
■* f ouverte- I» magicien; min '3,'!'!“
entendu par tous les dieux et par tous les ^ni 6
esprit a été entendu par l’esprit du ciel mon m°“
entendu par l’esprit de la terre, mon esprit a été ?
Par l’esprit de la mer, mon esprit a été entend “
l’esprit des fleuves19. » Le magicien assyrien associa
même 1 univers tout entier à ses œuvres et les S(11.(.-
australiens, par exemple, empruntent Leurs pouvoirs'*
l’arc-en-ciel20. La magie implique la continuité de l'uni¬
vers21, de même qu’elle suppose une connexion symm
tlnque entre l'individu et son groupe et tout ce qui touc he
à sa personne. Pour qui connaît la répercussion des
phénomènes, tout effet cherché fait partie d’une série
liée; il suffit de saisir l’anneau le plus accessible delà
chaîne, pour avoir prise sur l’ensemble. Cette participa¬
tion aux forces de la nature fait que le magicien n’est j>1 us
un homme22. 'O ôsoupyô; otà T7jv ouvagiv twv àTvopp-qTwv
0’jy.ÉTi wç àv0ptü7T&ç oüO ’ wç àvÔfCDTuVfl ypwgevoi; fanitm
Totç xo<jgixosç, àXX ’ wç Iv t-7, twv 6 £ wv Tcfijet upoüTtâpywv psiÇosî
x’Lç xaÔ ’ éainov oùaiaç iTtavaTchreci y giyrai, p ùy wç ironjcwv im t«
XTtEO SllCÿCUptÇeTai, aXX ’ évT^TOtOCÛTYjTWV XoywV yp7j<T£! SloâoXGlV,
oVqv xaî 7]XixY|V xaî T,'va x'ijv ouvagiv Bti ty(v ttoô; OeoÙç
EVtOCJlV, TjV TlXpSffySV aùxw TWV à7COpp7)TWV cugSôXwv 7]yvù»fftçss.
Est-ce à dire qu’un pareil pouvoir soit impliqué par
tous les actes que l’on peut qualifier de magiques? Évi¬
demment non. Il y en a qui sont tombés dans le domaine
commun ou qui ont fini avec le temps par renfermer en
substance le pouvoir qui les rend efficaces ; mais on peut
dire qu’en général les opérations magiques mettent en
jeu un pouvoir surnaturel dont celui que décrit le pas¬
sage ci-dessus parai t être le degré le plus élevé. Le caractère
mystique du principe de la magie apparaît clairement
dans un passage de l’Apologie d’Apulée où il explique
que, par opposition aux philosophes naturalistes, quali¬
fiés d’impies, ceux dont l’étude a porté sur les agents
spirituels et personnels du monde ont été traités de ma¬
giciens27. Il s’agit maintenant d’établir quelle différence
il y a entre les forces dont se sert le magicien et aux¬
quelles il participe et celles dont dispose le prêtre.
La méthode indirecte, à laquelle nous arrivons mainte
nant, est celle qui paraît dominer dans la magie gIKl7
romaine, et il n’y a pas lieu de s’en étonner puLq" < t
repose sur la démonologie des Platoniciens. Llb
compte d’une théorie universelle qui attribue lu l1""
tion du phénomène à l’action d’une puissance iqm 11
consciente, le démon [daemon]20. C est ce que monh ^
Plutarque quand il écrit : égeù Bè Boxouai itXeiovi; ^ ^
gsi'Çovaç â7topi'aç oi t b twv Batgovwv yevoç sv 0
xa’t àvôpwTrwv, et qu’il en attribue 1 in\( ntimi
— n> Kroll, De oraculis ehaldaicis, p. 50. — 11 Correspondance^^ ycr/iu.
archanges, Kopp, Palaeographia critica, III, P- 334 335, ^ n° 233 ;
chungstaf. p. 78 sqq. ; De Joug, O. I. p. 37. - 18 Cf. lk'"’’ V' 'um raCaks,
Sophie, id. Petermann, c. 335 ; J.-M. Gcsner, De lande Di n pe^ ^ J
, éd. Petermann, c. 335 ; J.-M. Gcsner, De laude Del )S|;|ior||lclo|, 0. I.
eut. Soc. rcg. scient. Gotting. t. I, I7.il, p. 2*4 ^ ^ pielcricli* PaP'
p. g. _ 20 Mallicw, Eagle-hawk and croie, p. 1U. — jan)bl. D*
). 770 ; Proclus, De sacrif. et mag. éd. Cousin, t. IG, P- . ,30, "• 1 1
yst. VI, 6. - « Paris. 1018; Ibid. 434 sqq. ; D.etench, A ^ ^ -
• iin sc !, , Seth. Ver/luchungstaf. 85, 91 ; Mnemosyne, XVI . Thlli9) d'apr*»
îrdt, Zcit Coustantins, p. 221. - 24 Apul. De mag. XX • cb priieJl. t»,
rislole. De anim. I, 5, 17; Diog. I.aert. I, 1, 27; l orpl.y-
Lommen
introd.
mdg. p
myst. VI, G.
W
IV, 23; Zcller, Gesch. d. Pliilcs. 3 t. Il, 791 ; t-
MAO
— 1511
MAC
(j|i |a magie, eixe [xâywv t wv tteoî ZwpoxoxpTjv ô Xoyoç
•TC îhs 0pax(o; iir ’ ’Optpswç e’ix’ AtyÛTCTioç rj <I>püytoç, <bç
c’0aTaîî éxatépwOi xsXexouç àv*|i.sp.tY|4.Évx7toXXà Ov^x*
^VjZaTÛvôpYtaÇogÉvwvxaiSpwfxévwvUpwv ôpwvxEç *. Entre
f Vi'r'ique et son effet se glisse le démon qui sert de
aC| |(.ur préexistant ou créé par l’acte. Les maladies
C°"i "l'isonnifiées2, les frayeurs3, la fatigue de même.
S°" ,|M l’action d’un instrument magique comme
PV f exige la création d’un démon ou d’un dieu spécial ;
^dénions balnéaires sont chargés d’expliquer l’effet
iTs tablettes magiques déposées dans les bains3. Le dé-
nnnisme n’est d’ailleurs pas particulier au platonisme. On
"'ii érigé en système philosophique la croyance vulgaire.
Les Kôres ‘, les Erinnyes, la Némésis, Tlotv-q, Empousa7
sont des personnifications analogues avec lesquelles
doit compter la magie. A côté des goipai et des àvaYxai,
on rencontre les pairxosévat, démons chargés d’exécuter
faction du mauvais œil [fascinum] 8. D’ailleurs les démons
sont quelquefois représentés expressément comme les
émanations, à™p£oiai, des causes naturelles : at àYa0a'1
èsopcoiat xffiv à'TTÉpwv siff'iv oxigove; xal xûya i xa'i goTpai9.
D’autre part, il ne faudrait pas exagérer l’efficacité
attribuée à l’acte magique. On y admet sinon une part
d’aléa, du moins une part de mystère et d’inconnu ; le
magicien prévoit que sa science peut être insuffisante ;
que l’observation des rites peut être inexacte; que des
conditions de réussite peuvent avoir été omises ; que des
oppositions peuvent se produire, et il est amené à deman¬
der un secours à des puissances spirituelles qu’il est
capable de se concilier10. Il demande à un dieu de lui
envoyer le démon nécessaire “, ou il invoque la puissance
dont dépend l’efficacité des rites. Il opère « avec le con¬
cours du Dieu invisible et tout-puissant12 ». Quelquefois
il est aidé par un auxiliaire familier, un génie à tout
faire, semblable à celui que Simon le Mage est censé se
procurer par le sacrifice d’un enfant13.
La magie est donc appelée à agir sur des esprits, soit
qu’elle les prenne comme auxiliaires, soit qu’elle les
traite comme les agents des phénomènes. De ces êtres
ou de leurs noms, les uns se rencontrent seulement dans
des formules magiques, les autres appartiennent en
commun à la magie et à la religion.
Ine première catégorie cl’ètres magiques est celle des
démons u. Platon leur attribue la réussite des opérations
magiques lo. D’après les définitions antiques, le propre
delà magie est d’agir sur les démons 16.
Les invocations aux Satgovsç sont donc innombrables
dans les textes magiques11, démons mâles et femelles I8,
j 1 é orac. 10. — 2 Burcsch, Claros, p. 23 ; et. ürcxlcr, in Pliilol. 1899, p. 594,
"" ’ ' î Plotin, icçôî toù; yvuimxou;, 14. — 8 Jnscr.gr. Sic. et liai. 2413, 8 :
I'1" 1,1,1 Abraxas, p. 80 si|i|. — 4 Kroll, De oraculis chaldaicis, p. 39.
_ , . ‘n Porph. p. 10 ; Greg. Nyss. V. Greg. Thawmat. p. 308 ; Psellus,
Zri; 0d- Boissonnadc, p. 21, n. 2. — « Apoll. Rh. IV, 1038 sqq.
’b P- 83, p. 411 sqq. — 7 Paris. 1399; cf. 1443; Kaibcl, 381,
r! A ’VJ (conjecture douteuse). — 8 Pap. V. VIII, 7 ; Proclus, De sacrif.
axi" ! , 0usin’ l- UL P- 282. — 9 Proclus, L. I. — 10 Paris. 4G2 ; Pap.
Z ij psdlu~ ", Bcrthelot, O. I. t. lu, 051, 420. _ 12 ps. Clcm. Hom. H, 20, 30.
chaldaici. ’ £vWtc*s &ai|i.ôvwv ; Euseb. Praep . ev. V, passim ; Kroll, De oraculis
proc 0* ,, 1 8tW' » ^* Lcggo, The 7 lame of démons in tlie magic papiyri , in
Hcaknorl ^oc’ ^ibl. arch. XXIII, 2, p. 41-49; J. Weiss, Damonisches, in
- !., ^ 0pfldlc für I»'otest. Theol. IV, 1898, p. 416-419. — 14 Plat. Conviv. 202 E.
Il, 4(, __ 1 ’ ^aTE‘« ’• Niceph. AdSynes. de insomn . p. 363 ; Porphyr. De abstin.
M(ucim on . p ü,> *348 sqq. 1398, 2698; Amm. Marc. XXI, 3; Eunap. V.
— 17 inscr U1 0sC'1’ tdnroSy p. 57 sqq.; Doubncr, De incubatione, p. 29, 31.
Jlhein. 3/ps \vi'<C ^ ^ ’ ^orP’ 0r • HI, 58 586; Wachsmutli, in
19 p(ln », ^ Acupwv tou totcou toutou*, Ibid. Pap. CXXl, 516.
relating t0 Sor . stM* “^8 sqq. ; Pap. XLVI, 168 sqq. ; Macdonald, Inscript.
" sorcery ,n Cyprus, in Proced. ofthcSoc. of Bibl. arch. 174. 1, 1890.
démons locaux I J, démons du ciel, de l'air, de l’éther, de
la terre et du monde souterrain, àpyioaqAoveç80, «Xavcoac-
|j.ov£ç 21, «pavxxuaaxa 22, puis les archontes, leséonslô aùùv b
ppovxûv)23, enfin tous les agents spirituels que la philo¬
sophie a chargés de la besogne des dieux. Or, les démons
ne sont pas tout à fait des dieux. Ils se tiennent à mi-
chemin entre les dieux et les hommes, ils sont même à
moitié humains84; ils sont à demi engagés dans la ma¬
tière et les phénomènes avec lesquels leur spécialisation
contribue aies identifier25. Il est remarquable que l’on
tende à transformer en démons les dieux oraculaires, et
généralement à attribuer tous les actes divins provoqués
par les rites non pas aux dieux relégués dans l’Empyrée,
mais à des serviteurs £0, 7tpÔ7roX&t, 6ïtr,péxat, doryphores2'
et parèdres28 des dieux. (Jri s'adresse aux démons
portiers d’IIadès, plutôt qu’à Hadès 29. Un voile de puis¬
sances dites démoniaques est tendu devant la divinité,
et la magie ne s’avance pas derrière le voile. D'ailleurs,
entre la divinité et l’homme ou le phénomène, il y a un
nombre infini de degrés30, sur lesquels s’échelonnent
hiérarchiquement les dépositaires du pouvoir magique.
Le magicien divinisé représente Hermès, Hermès Tris-
mégiste qui est un dieu, et qui lui-même se donne
* comme le délégué, rô7toûpYOç et le prophète d’Hécate
ou de telle autredivinité31.
Suivant leur fonction ou suivant leur puissance, on a
dressé des hiérarchies systématiques de démons. Le De
mysteriis Aegyptiorum distingue les qui enlè¬
vent les âmes dans les parties supérieures, les iy'çs.lo’.
qui les tirent de la matière, les oat'poveç proprement dits
qui les plongent dans la matière, les -qpcosç qui se mêlent
aux choses sensibles, les apyovxEç qui président aux
affaires du monde32. Proclus ne distingue que quatre
classes de démons et Olympiodore trois 33. La distinction
la plus importante, ou du moins qui nous importe le plus,
est celle des bons et des mauvais démons auxquels on
attribue les erreurs de la Yo^xEta34.
Les démons ont été assimilés aux anges des Juifs
comme ministres des dieux33, et même les dieux36, relé¬
gués au rang de démons37, se sont vu transformer en
anges du dieu universel. Un oracle se termine par ces
mots ; gixpà os 0e oü jj-eptç ôc.yy£À°1 v;u.£ï;38. G esta ce titre que
les anges paraissent dans les textes magiques. Quantaux
archanges 30 MiyavjX, r<xëptT,X, etc., ils y tiennent une place
particulièrement importante, mais à titre de génies pla¬
nétaires, comme les archontes gnostiques40. Le sort
général des oaipovs; fut de devenir de mauvais génies, des
diables 11 . On voit figurer parmi les diables les parèdres
_ 20 Pap. Paris. 1348. — 21 Pap. CXXI, 702. — 22 Pap. CXXl, 589. — 23 I‘ap.
Paris. 370 ; Dcubner, O. I. p. 35. — 24<j»aff'tv tivat *ai — va ; Satjir.vv; folçwicv vutiràtcta
eyovTaî, Orig. C. Cels. VIII, 00. — 23 Plut. De def. orac. X, XVI ; Apul. De gen.
Socr. VI; Max. Tu-, XV, 7 ; Orig. C. Cels. VIII. 60; V, 6; Min. Fel. Oeta t.
XXVI, 9. — 26 Burcsch, Claros , p. 59; Plut. L. I. — 27 Pap. CXXIII. I s<|q.; Paris. 102
Stob. Ecl.phys. I, p. 1084, <M. Hccrcn : Pap. Berot. H, 102. — 2S Plut. O. I. X.
— 29 Miss Macdonald, L. I. 18, 24. — 30 Wünscli, Sel h. Yerfluchungstaf. 10, 28.
— 31 Wesscly, Gr. Zauberp. p. 7-8, hymne à Hécate (Pap. Paris. 22 42 sip|.),
v. 13 sqq.; cf. Macdonald, !.. I. — 32 Jambl. De myst. Il, 5. — 33 Procl. in I Alcib.
cd. Cousin, p. 193 ; Olympiod. in J Alcib. «kl. Crcuzer, p. 15. — 34 Porphyr. De
abstin. Il, 39, 40 ; Poil. Onom. V, 20, 131 ; Procl. Ibid. p. 109. — 33 Ab aliis angelos
dici quos ipsi daemonas nuncupant , Aug. De civ. Dei , IX, 19. — 36 I.obcck, Agi.
p. 450 ; Plut. De def. orac. IV ; Ad. Arist. tirât . in Ath. p. 10, cd. Jcbl. ; Slob.
Ecloy. V, 52, «kl. Hccrcn, l. II, p. 904 : Marlianus Capclla, De nupt. Pliilol. et Merc.
152, 153 ; Philo, De sonmiis, I, 04; Orig. C. Cels. VU, 6S ; Pap. IV’, IV, 11 ; I‘ap.
Paris. 1201 sqq. Cal. cord. med. 17. — 37 Dcubner, De incub. p. 90, 90, 101.
_ 38 Burcsch, Claros, p. 55, v. 14-10. — 39 pap. CXXl, 060, clc. ; Pap. Berol.
^ 301, — 40 Auz, Zur Fragc nach Ursprang des Gnosticismus, passim. — 41 Praep.
ev. IV, 101 ; VU, 5; Lacl. De fais, relig. I, 17 ; Clcm. Strom. V, p. 253, 268;
I Minut. Fel. Gela v. 26, 27 ; Aug. De civ. Dei, XXI, 6 ; cf. Maurv, O. I. p. 102.
MAC
1512
MAC
4
do la démonologie païenne1. Les démons allèrent
rejoindre dans la classe des esprits malfaisants les Em¬
pèses2, les Cercopes3, Mormo*. La magie reste leur
associée. On rencontre le nom d'Antimimos, c’est-à-dire
de 1 Antéchrist, dans les livres alchimiques5. La religion
et la magie ont également affaire avec ces démons.
Mais, tandis que la première s'occupe uniquement de
les tenir a 1 écart ou de les expulser6 au moyen de forces
supérieures, la seconde les prend à son service \ Les
rapports avec les démons donnent lieu cependant à une
série de rites, exorcismes8 et autres, qu’il est difficile
de partager entre les deux.
Les âmes des morts constituent une deuxième catégorie
d êtres magiques9. La mention de BxiaovEç jB'.oQxvxxot ou
PtaioOxvâ-oi 111 ou aTTopoi xaç/-7i<; ll, *de vexo8ou|jm>vsç 12 est fré¬
quente. Nous avons vu que la nécromancie était considérée
comme une branche de la magie. Les néoplatoniciens ren¬
daient aux âmes un culte assidu 13. Or, entre les âmes et les
Bodaovsç il n’v a point de distinction profonde 14. S’il y en a
une, les héros servent à combler la distance qui les sé¬
pare [héros] ‘A Les âmes sont une pépinière de oatgovEç16.
Naturellement, les héros tiennent une place importante
parmi les êtres spirituels invoqués par la magie17.
La distinction des Bxc'aovs; et des dieux, quelle que soit
son importance et le soin que l’on mette à la préciser, est
tout aussi peu stable ou aussi mal observée dans l’usage
courant. Que l'on se place au point de vue de la hiérar¬
chie des esprits ou à celui de la distinction des puis¬
sances bienfaisantes et des puissances malfaisantes, on
se heurte à des confusions de notions et de termes qui
rendent le problème inextricable. La séparation des
êtres magiques et des êtres religieux, si claire dans le
christianisme, est indécise dans les polythéismes et ne
dépend pas d'une règle fixe. Mefitis et Febris sont
appelées déesses et reçoivent un culte18. Des figures
allégoriques comme Sugswvia19, ’Avâyx^20, les Nymphes 21 ,
le Spâxüiv nûôtoç22, peuvent être classés indifféremment
parmi les BxigovE; ou parmi les dieux.
Il est donc naturel que nous voyions intervenir les
dieux dans la magie23. « Solebat ad magorum ceremo-
nias advocari Mercurius carminum inventor et illex
animi Venus et Luna noctium conscia et manium potens
* Ps. Clem. Hom. II, 26, 30; Ircn. 1, 24,5 ; Just. Apot. 11,65; Tcrtull. De an. XXVIII,
Catabolici , Parhedri , Pythonici. — 2 Arist. Pan. 295; Schol. ad Ecoles. 1049 ;
Philoslr. V. Apoll. II. 145: IV, 25. — 3 Suid. — 4 Aristoph. Equ. 690;
Scbol. Theocr. Adon. 40 ; Luc. P/iilops . 2. — ô Berthelol, O. I. t. II, p. 225.
— 6 Porph. in Euscb. Praep. ev. IV, 23 ; cf. Pap. Paris. 2698 sqq. — 7 Pap.
Paris. 1348 sqq. ; Pap. XLVI, 168 sqq. — 8 Paris. 3009 sqq.; PIul. De defect.
orac. XIII, 321 ; Plut. Symp. VU. 5, 4, p. 706 d ; Philoslr. V. Apoll. III, 38 ; IV, 10,
20. 25; VI, 27; Baur, Apoll. v. Tyana , in Tübinyer Zeitschrift fur Théologie,
1832, p. 143 sqq. ; Lobcck, Agi. 697. — 9 Cf. définition de la yor^eta dans Suid.
s. v. Mayeta ; Apul. Met. II, 5 ; Ricss, Zv, den Canidia Gedichten des Horatius ,
in Phein. Mus. 1893, XLVII1, p. 307 sqq. ; Paris. 296 sqq. — 10 Wünsch, Defix.
tab.att. XXI ; pio^oçot, Paris. 1401. — U Macdonald, L. I. 30. — 12 Wünsch, O. I.
XVI ; Corp. inscr. lat. VIII, 12 508,1 ; Ibid. 12 510, 1 ; itoXuâySptot, Macdonald, L. t. ;
vm joi, Dilthey, in Phein. Mus. XXV, p. 334; çOqievot, Paris. 1401. — 13 Marin.
V. Procl. XXXVI. — il Confusion des revenants et des Saq xove?, Buresch, Claros,
p. 59; cf. Eurip. Aie. 1003 ; Luc. Peregr. XXXVI ; Corp. inscr. gr. 5872, 5858 b , etc.
— iï> Plut. De def. orac. X ; Euseb. Praep. ev. V, 2, 2. — 16 Diog. Laert. Vit.
Pyth. VIII, 31 ; cf. Wünsch, O. I. XXI; Luc. Peregr. XXXVI, $atjiova; jjurjTçwouç xaî
r. ; Macdonald, L. t. I, fçsç rfcxéûwv x%\ jArj-répt; &vxtev£:?toc. — 17 Pap. Pat'is.
1390 sqq. 1398, 1409 ; Dcubncr, O. L p. 29. — l8 Dea Mefitis : Tac. Uist. III, 93 ;
IMin. 11. 208 ; Varr. Ling. I. V. 49 ; Fest. p. 351 ; Dea Febris : Plin. II, 15 ; Cic. De
nat. D. 111,63 ; Delegg. Il, 23. — 19 Wünsch, O.l. p. 98. — 20 Ibid. p. 94. — 21 Wünsch,
Defix. Lab. ait. XXIX sqq. — 22 Dietcrich, Abraxas , p. 149. — 23 Liste des dieux
invoqués dans DicLerich, Pap. ma g. prolog. — 24 Apul. De rnag. XXXI. — 25 Apollod.
Bibl. I, 2, 1 ; III, 6, 8. — 26 Kroll, O. t. p. 39; Darfiascius, II, 203, 27. — 27 Maury,
p. 54; Bolide, L. I. ; .long, O. I. p. 68; Sck. Lree. ad. Od. XII, 24; Sch.ad Theocr.
II, 12 ; Hesych. ; Lobcck, Agi. p. 223. — 28 Roscher, Le xi ko n, t. I, p. 895.
— 29 fap. Paris. 2722; Roscher, Ibid. 1895. — 30 Ap. Rh. IV, 59 ; Hor. Sat. I, 8, 20 ; |
Trivia 21
cicnnes mythiques, nous v
». Sans compter les parentés div
>vines des
"70,7 la mythoûrç™?'
S. de nlnlhi»oa ,1
dieux user de charmes, de philtres et de
giques*5. Le plus remarquable est qlle r"' "^ca ,aa'
chez les théoriciens la mention d’une triade Ta1'6
magiques, qui sont des démiurges 0; • , leux
7tatÉpEç26. La magie aurait-elle ses dieux spéciaux
Parmi les divinités, la magie parait s’être mn. ■
Ilékate [hécaté j et Séléné [luna] 27. Divinité du rnondoT^
terrain et de l’au-delà sous toutes ses formes m-ui r-n°""
des spectres quelle envoie ou qu’elle arrête 28 ’ dé T
carrefours où les esprits s’assemblent, suivie d’uTcnr!
tege de démons que les chiens suivent en aboyant s» ■
elle est impliquée constamment dans les cérémonies
magiques 30. Citons les prières à la Lune du papyrus de
Pans31, et celle qui est rapportée par les Philosophou-
mena 32 . Elle préside à la magie amoureuse 33, aux métal
morphoses 3 - , elle est la déesse des cpotpgaxa33, La rosée
lunaire donne aux plantes la force magique ou elle l’aug¬
mente36. L’-uy? est qualifié de Éxavtxoç (TxpocpaÀôç31. Leslu-
nules étaient des amulettes38. La sélénite, pierre de lune*
est un talisman des plus puissants39. La Lune était là
patronne spéciale et la mère des magiciens10. Circé est
sa fille 41, Médée est sous sa protection spéciale42. Musée
est un fils de Séléné43. La fondation du culte d’Hécate à
Égine est attribuée à Orphée44. Enfin l’on montrait au
ÏEÀyivaïov opoç, en Étrurie, les mortiers de Médée et de
Circé45. Ajoutons que l’astre lui-même est considéré
comme un séjour de Bougovsç et d’âmes46.
Avec Hécate, les dieux chthoniens sont, de tous les
dieux grecs, ceux que l’on s’étonne le moins de voir
invoquer par les magiciens. Les cérémonies expiatoires
qui caractérisent leur culte, le mystère qui entoure
certaines de ses parties l’ont fait comparer à la magie 41.
On a dit que la magie lui avait beaucoup emprunté48.
En fait, nous savons cpie les mages recouraient à l’aide
des dieux chthoniens49. On trouve mentionnés Hadès,
Déméter80, Perséphone51, Baubo32, les Praxidikai les
Erinyes 54, Amphiaraos 58, Gaia, la Terre ( dea sancla
Tellus ) 56, Cybèle57. Hermès Chthonios est l’un des plus
fréquemment invoqués88. 11 est vrai qu’il se confond avec
Hermès Trismégiste. On peut ranger dans cette série de
Syncs. Uymn. IX, 33 ; Theokr. Il, 10 ; Wünsch .Defix. tab. att. XIII, tablette incite do
Mfgare, C, 11, 13 ; Kaibel, 370 d. — 31 Pap. Paris. 2522 sqq. 2374 sqq. ^‘11-
Wesscly, Gr. Zauberp. p. 6-9. — 32 IV, 4 (72 sqq.); cf. Euseb. Pmep. t'- ’ ’
citation de la lellre à Aneb. ; cf. Pap. L. CXXI, 824 sqq.; Maiall. ‘ '
— 33 Theocr. L. I. ; Ovid. Heroid. XII, 168; Met. XIV, 4*, Scnc ^ ^
420 sqq. — 34 Apul. Met. XI, 2. — 35 Hesych. s. v. 6,icwtîîoe ; Senec. Med. s t • 1 ’
Ovid. Met. VI, 139; Maneth. Apotel. V, 302 ; Achill.Tat. IIL — s unes. *
506, 669; Sen. Med. 840 ; Roscher, Nachtraege , p. 30. — 3/ NlceP 1 ’ . "
p. 362; Euseb. L. I. - 38 Plaul. Epid. V, 1, 33; Jahn, Bta* ' «'«■ "
— 39 Roscher, Lexikon , II, 3163 ; Kehr, O. I. p. 4; Pap. I arts. • . ^47 ;
Met. XIV, 105. — 41 Sch. Ap. RU. III, «8. - 42 Id. J"’ J,' * ’0'vM’ Met. !
Ap. Rh. III, 251, 478, 529, 738, 842 sqq. 915, 985, 103o ; IV, 10 - ^ paus.
VII, .74 sqq.; Scnec. Med. 0 sqq. - 43 Roscher, O. I. t. II, P- _ vXX; \
II, 30, 2. — 45 Sch. Theocr. II, 15. - 46 Plut. De foc. «» v|,l ■ Hirsch- j
Roscher, O. I. 3 167.- 47 Lobeck, Agi. p. 090 ; Plut. De def. orac. i ^
feld, O. I. p. 37 ; Dcubncr, De incub. p. 28. — 4» Dcubncr, ■ • > j
Abraxas, p. 157. - 49 Philoslr. V. Apoll. VIII, 7, 341 ; Wünsch, yll_
chungstaf. 10, 52, iyîwv S», ejvÎiu». New Ion, P- ’ yj | Or- j
— Si Wünsch, Defix. lab. att. XIII. — 52 Ibid. XXIX. "7 _ pap. Paris,
nltica, hynui. XXIX, 5 ; Argon. 31. — 34 Wünsch, O. l.\ l, • . vl) ;is.
1446; Dcubncr, O. I. p. 31, n. 9. SG Hcirn, n" 127; W,U”SC ^
— 3“ Diod. III, 58, xaOa?p.où; tw» vo«toûvtwv xtïjvoiv texai vy;tîiw/ ^ u?otrâyoptU®Jiv#t'
xat tw» p^eowv tai? luuiSaTç «jw^o|*fvo>v... autyjv 1 1 J* «j. 1^^*
cf. Wünsch, Seth. Verfluchungstaf. 16, 53. j!* npubner, 1
338; Pap. XLVI, 370-439 , 440-458; Pap. CXXI, 060, 78 ; IgjJJ
p. 21, n. ; Wünsch, Defix. tab. att. VI; Diog. I.acr t .
Wünsch, L. I. Ilcrmcs et Hécate, Hcsiod. Theog. 444 ;
II, 10..
31. Hernies
s Dolios.
pe absltn
MAG
1513 —
mai;
„r je ]a magie la déesse romaine de la mort
f uînaisi^nce, Mana Gmeta.
f Ul ' i voit également prier les xupiot Oeol , qui
^alf ^ êlre jes dieux supérieurs, dieux du ciel eL de
<lcvra".‘1' cl i’0n est amené à se demander en quoi, dans
lîl 1U!î!'vilions vers les dieux, la magie diffère de la reli-
SeS Nous rencontrons les noms de Zeus2, d’Apollon3,
8|0D' , ;1* d0 Cypris 5, d’Asclépios6 (peut-être un
du “oie n :
u.r.nios égyptien), d’Héraclès Callinikos7, de Tyché8,
d’Eros10 et des dieux innomés “.
dp Kronos '
; 0i)Servations qui précèdent sur la présence des
h,.* dieux dans les textes magiques, s’appliquent à
! magie assyrienne et a la magie égyptienne. Il n est
I donc pas étonnant que nous trouvions, dans les papyrus,
I les noms des dieux usités dans' les pays d’où provient en
majeure partie la tradition qui les dicte. On rencontre le
nom assyrien d’Ereschkigal 12, le nom phénicien Adonis i3.
Quant aux dieux égyptiens u, l’on pourrait en dresser une
longue liste. On trouvera dans Wünsch 15 une excellente
élude sur les dieux égyptiens de la magie gréco-romaine.
Contentons-nous de rappeler les noms d Isis10, d Osiris 1 '
et ses dénominations mystérieuses d 'Eulamon, Ephy-
drias'\ Nymphaeus 19, Meliouchos 20, puis Horus21,
Anubis22, Seth 23, l’Asklépios de Memphis24, la Mt,vt)
Atymta25, Bès26, lesdécans27. Le dieu d’Eléphantine
Cnouphis, transformé par l’astrologie en décan 28, devient,
sous le nom d’AGATHODAEMON, l’une des figures favorites
de la magie Samuletum]. Evhémérisé, c’est un initiateur.
Comme dieu, il représente l’ensemble des forces cos¬
miques mises en jeu parla cérémonie magique22. Avec
Agatliodémon, le dieu magique par excellence est Hermès
Trismégiste. On le rencontre sous le nom de ©aùQ dans
Iles formules du livre de Moïse30 et ailleurs; il apparaît
pour la première fois comme dieu sous le nom d’Hermès
Trismégiste, familier à la magie, dans une inscription
d’Hermoupolis du règne de Gallien31. Il est père d’Isis32,
archégètc des dieux33, à la fois mage, prêtre, auteur et
démon. La personnalité d’Hermès Trismégiste paraît être
1 œuvre même de la magie.
Quant au dieu juif ’lâio, sous ses différentes dénomina¬
tions et plus ou moins compromis par des associations
démoniaques ( ’ldw TaCeÇspdO), il parait réaliser pour
ks magiciens l’idée synthétique de la divinité34. Il est
1° fùoç Oewv par excellence, et c’est comme tel que les
magiciens l’utilisent33.
l'»fin, en dehors des noms exotériques ou étrangers,
! 1 ) 1 11, 39> -U - — 2 Pap. Paris. 825, 1470. — 3 Deubner, O. I. 32 ; Pap.
y s _J ~ ” 64-100, 132-141 ; Pap. CXXI, 801 ; Euscb. Praep. ev.
|ÿ '4 ~ _er’ °- L31- - *Pap. CXXI, 390. - 6 Pap. CXXI, 637 ; Pliilosoph.
P-Ml , A. i Heil”’ 5°9, n<> 139- — 8 PaP- CXXI, 5IG- — 9 Abi'I, Orphica,
1748 r,; .! i >‘l Abraxas, p. 76 ; Wessely, Gr. Zauberp. p. 9. — 10 Paris.
En», i-'' ' 0l'’ ^ PaP- V. 15 sqq. — U Wünsch, Defix. tab. VI, 90-97,
2903 J y^l'lsment Hermès. — Pap. Paris. 338 ; voir plus haut. — 13 Ibid,
thhm PraeP- cv. V, 10. — 13 Wünsch, Sekionische Verthis-
stly, (;r y, \ . " s'l' ’ cl- Proc, of the Soc. of Bibl. Arch., 7 nov. 1899. — n> Wes-
631; Helm^in t'P’ '"J'"™ à Hl'catc (PaP- Paris- -242 sqq.), v. 27 ; Pap. CXXI,
Wünscli, o I ",. * *'*" *' PaP- CXXI, 457; Hymne à Hécate , l. I. v. 77 ;
f-'M-Pbii ' ,P' S(|,l- I 'd. Defix. tab. att. XXII, XXIX ; Dictcricii, Nekuyia,
VII, 23, { i ’ 4’ 63> <>*• — 18 Wünsch, O. I. p. 83. — 19 Ibid. 80; cf. Pap. V,
bevol. p ^ V' 0 *a4o’jp,evo; u3wp. — 20 Dieterich, O. I. p. 56. — 21 Pap.
~ a Hein, ,06 1 11 o’ Pap' V' 1H’ 6 s,n-; vil, 27, 2.1; Pap. W. XXII, 14-27.
p«p. Paris j’-j "" 132 ; PaP ■ V. VI, 17. — 23 Wünsch, O. I. p. 88 ; Id. p. 91 ;
De i 6 ) S'^-; ï’an llcrwcrdcn in Mnemosyne , XVI, 1898, p. 317 ; Dcub-
,:XX|, 222 ; CXXII r 7 n I ap' CXXI> 695‘ — 23 PaP- CXXI, 947. — 26 pap.
I-'ùkon, ||t ,359 ’ P&P- Berol. II, 118-132 (Kommès). — 28 Koschcr’s
P* *36 ; Id. Colfeci | ' 2* V ■> VII, 30; Berlhelot, Orig. fia VAlchim.
7si Wessely, y- l1' ~ 30 Dieterich, Abraxas, p. 189, 39; Pap. XLVI, 236;
sqq.), y. 27 ^r^"u^erP- p. 9. — 32 Zauberp. hymne à Hécate (Pap. Paris.
Ibid. 66 34 Inscr.gr. Sic. Ital.Sl'icisq. ; Burcsch, Claros ,
on rencontre des noms divins comme Aap,vap.éveuc ::o, donl
l’usage parait limité à la magie et à des mystères mal
connus.
Ce que le magicien semble se proposer d’obtenir quand
il s’adresse aux divinités, c’est précisément la synthèse
des forces qui leur sont attribuées37. La magie n’a pas
inventé le syncrétisme tel que nous le trouvons, par
exemple, dans les derniers oracles de Claros38. Mais elle
l’a largement utilisé39. On rassemble dans une même
formule, de rédaction flottante, les avatars d’Osiris,
Aidoneus et Adonai 40, Osiris et Michaël41, Zeus l'eojpyô;
et ’Qpùov, c’est-à-dire Horus42, le dieu d’Israël (ô -rôv
yspouêtv xaQyjp.evoç) 43 et Asklépios44. D’autre part, les
divinités rapprochées sont assimilées, Zeus et Iao45,
Isis, Némésis et Adrasteia40, etc. On joint les noms
d’Hécate, d’Hermès, et divers attributs de la divinité
lunaire, pour former un hermaphrodite synthétique47.
Pour embrasser dans une formule l’ensemble des aspects
de la nature divine, on met le nom de 'lit» au féminin48.
Ailleurs on complète la désignation grecque ou égyp¬
tienne de la divinité par des équivalences juives, arabes
et parthes49. Les divinités associent dans ces rapproche¬
ments leurs déterminations particulières50, perdent leur
personnalité distincte et apparaissent comme des agents
multiples d’une divinité totale51. Les puissances divines
paraissent subir en outre, en passant de la religion à la
magie, une autre sorte de dénaturation qui se traduit
d’une part, comme nous l’avons vu, par la recherche des
divinités étrangères au monde grec 52, par la composition
de figures étranges de démons53, ou par l’usage d’une
onomastique sacrée, tantôt arbitraire, factice, propre à
la magie, tantôt tirée plus ou moins directement des
vocabulaires sémitiques ou de l’égvptien 3i.
Si la personnalité du dieu n’est pas respectée, son
nom, d’ailleurs déformé par d’innombrables aventures,
attire spécialement l’attention du magicien. C’est un trait
dont nous sommes avertis par les auteurs55. Le nom du
dieu, ou du moins son nom véritable et mystérieux, le
représente d’une façon adéquate en vertu des principes
auxquels nous avons touché plus haut56. Étant donné
l’effacement du mythe et de la personnalité devant la
considération de la force qu’est le dieu, on conçoit qu il
n’y ait plus rien en lui que son nom ne puisse exprimer
en substance. Le peu de couleur précise que garde le nom
vulgaire disparait complètement dans l’usage du nom
mystérieux57. Qu’y a-t-il, pour le magicien, de plus qu’un
51 sqq. ; Macrob. Sat. I, 18 ; Orig. C. Cels. IV, 33. — 33 p„p. Berol. I, col. V, 317 ;
Pap. V. V, 5, 13; 28, 15. — 36 Lobeck, Agi. Il, 1163, 1320 ; Frôhner, Philol. XXII,
1865, p. 546 ; Pap. Berol. II, 168; Wünsch, N Fluchtafeln, in Itliein. Mus. LV,
1900, p. 85, I. 16 (lablcttc magique provenant île Crète) ; Hesych. Aapvapivcj; Si ÿjkioi
Dactylo; Strab.V, 64 ; Chron. Par. XI ; Clcm. Alex. Strom. 1, 16, p. 362; Sch. Ap.
Rli. I, 1129 ; Nonnus, Diomjs , XIV, 45 sqq. — 37 Énumération des pouvoirs du dieu
cl litanies ; cf. Pap. Berol. Il, 101-118, 132-1 U, etc. — 33 Voir litircsch, O. I.passim.
— 39 Lobeck, Agi. p. 460 sqq. ; Hülsen, Arch. Zeit. XXXIX, 309 sqq. tablette de
Pouzzolcs. — 40 Wünsch, O. /. p. 81. — 41 Pap. Paris. 2355; cL Inscr. gr. Sic. et
Jtal. 859. — 42 Dieterich, Abraxas, 123. — 43 Corp. inscr. lat. VIII, 12 581, 24.
... H Pap. L. CXXI, 694 sqq. ; Pap. XLVI, 96-172, association de Jaliwe et d'Hermès.
_ v; Pap. Berol. 1, 300. — 46 Wessely, iV. gr. Zauberp. p. II. — 47 Wessely, Gr.
Zauberp. p. 7 ; Hymne à Hécate (2574 sqq.), v. 27, S’ào<j£vo8r,).u sçvo?. — 48 Corp.
inscr. lat. VIII, 12 509, 4, ’law ’lâîj 'Ojvioviïou — 49 Pap. V. VIII, 17-19 ; cf. Dic-
tericb, Abraxas, p. 17 ; l'sellus, O. I. 31. — 50 Hermès Trismégiste est représenté
sous les traits d'un Hermès grec. — Pap. XLVI, 459-189 ; Pap. Berol. 1, 198-222.
_ 62 Cf. Lefébure, in Mélusine, 1897, 226 sq. — 53 Pap. Berol. I, 96-131 ; Pap.
XLVI, 145 = Pap. CXXII, col. 2 Pap. Ilerol. Il, 1 67-175 (ixfçako; $at|Auv) ; Drcxlcr,
in Philol. 1899. p. 594. — :’4 Plut. De superst. p. 166, 13; Wessely, Wiener Stu-
dien, VIII, 181. — 35 Clein. Alex. Strom. V, 671 ; Orv. C. Cels. V, 45, p. 612 ; Svncs.
Calvit. encom. p. 73 ; Niceph. Ad Synes. p. 462 ; Jambl. De myst. IV, 3. — 56 J0s.
Bell. jud. II, 7 ; Berlhelot, Introd. 17. — 67 Noms de Seth, Wünsch, O. I. p. 88 ;
cf. Pap. CXXI, 1010 ; Pap. Mimaut, 6, 05 ; Pap. Paris. 3261.
ma r,
514 —
nom sacré et une puissance indéfinie dans le xôotoç [ktv-
flls de avtfiatvX<ooV_, flanqué de ses doryphores
/evTY! plte.z0a)fAUTOYw6 », ou dans axpa^x^apst,' le pre-
mier des iôparot Oe'ot 2 ? Quelles que soient les divinités
cachées par ces noms ésotériques, il ne paraît leur rester
aucune trace de personnalité. Certaines associations tra¬
ditionnelles de noms divins, certaines synthèses divines,
paraissent être traitées de la même façon que ces noms
étranges \ Il devient donc difficile île distinguer le nom
divin du mot magique4 et l’on voit précisément dans
les charmes les mots magiques se comporter comme des
êtres? magiques5. On est allé plus loin encore en rem¬
plaçant le nom lui-même par des figures ou des lettres:
X = Osiris ; Z = Osiris-Apis ; Y = Seth 6.
Le dieu magique dépouillé des particularités de son
origine n’est donc rien de plus qu’une force cosmique,
force spirituelle, peu différente des Saqiovsç, et tout à fait
semblable aux génies planétaires ou à des figures telles
que Motpa7, ’Avâyxr,8, «I'ôêoç9, I’évva 10 (révea) dans la
cosmogonie du livre de Moïse.
Le magicien oblige le dieu de la même façon qu’il est
censé nécessiter les phénomènes11. 11 le tient parce qu’il
est en possession de son nom 12 ou parce qu’il dispose de
son image. La fabrication d’une image de la divinité
impliquée dans l'action est l’un des rites caractéristiques
de la cérémonie magique 13. L'image du dieu et le nom
du dieu sont de simples choses magiques, des accumula¬
teurs de la force à appliquer, des amulettes, comme les
tètes de Méduse ou les pierres à représentations
mythiques, et valent indifféremment pour trouver les
voleurs, chasser les démons et lier les bien-aimés14.
Elles ont exactement la même utilité et la même efficacité
que dans l’alchimie les hiéroglyphes et les figures sub¬
stituées aux formules d’opération15. L’image de l’œuf
alchimique 1C, celle du serpent Ouroboros, signe d’Aga-
thodémon et symbole à la fois du monde et de l’opéra¬
tion chimique, la récitation des sept voyelles, signes
des planètes, et 1 invocation des génies planétaires ont
pour objet de représenter dans l’acte particulier et la
gnose et les forces universelles, partout impliquées et
auxquelles participe le magicien. Il en est exactement de
même du nom divin. La prière ainsi entendue n’est pas
accidentelle dans la magie, elle fait partie de sa technique
habituelle et de sa routine17. Quel que soit le mode de
représentation de la force mystique, sa présence est néces¬
saire. Les cérémonies destinées à réaliser la présence du
dieu18 ne sont pas des formes anormales de la cérémonie
magique, bornées aux cas de divination ou de révélation,
ce sont des formes extrêmes et typiques.
Cette force dépouillée autant que possible d’enveloppes
personnelles diffère-t-elle par là de celles avec lesquelles
l Pap. L. CXXIII ; Alex. Trall. Il, 583; Wessely, Ephes. yramm. p. 1 22- 1 70 ;
Schmidt, Gnostische Schriften in koptischer Sprache, p. 381. — 2 Pop. XL VI 03 •
Pistis «opina, p. 359; cf. Macdonald, O. I. p. 174, 9; Partlicy, Pap. Berol. p.'lll.
— 3 Voir p. 1513, n. 12, formules contenant le nom d'Erccehkigal. Il faut restituer le
nom d’Ereschkigal dans Macdonald, L. I. 30; cf. Corp. inscr. lof. VIII, 12508, 1 sqq. ;
Ibid. 1- alO ; Ibid. 1211. — 4 Wessely, Wiener JStudien, VIII, 184; Plut. Quomodo
t/uis suos in virtute sentiat profectus , 85 B. — 5 Cat. cod. Mediol. cod. 23.
— '• Wunsch, O. I. p. 98; Aug. De doctr. Christ. II, 30; Dicterich, Nekuyia,
p. 192; Heim, p. 480, n° 57; Pap. CXXI, 810 sqq. 860 ; Pap. CXX1V, col. 2 ;'
I arlhey, Pap. Berol. p. 109, 114; Keuvcns, Lettre 3, 152 ; Pap. Berol. I, 287
— ' Dicterich, Abraxas , p. 74 et 93. — 8 Dicterich, Ibid. — 9 Ibid. p. 80.
Ibid. p. , 11 Maury, p. 50, tcayuyat cl xcrra Sieyiet ; Plat. Resp. II, p. 304 ;
Ef/g. XI, p. M3 , 8 s,., y à;à-piui, Maury, p. 41; inàvayxo;, Buresch, Claros, p. 20;
Apul. Met. III, XVII, caeca numinum coaclorum violentia ; VVcsselv, O l hymne
à Hécate (2242 sqq.), v. 50 sqq. ; Ibid. v. 16 sqq. t4v 8fïv xSï 60,, ^
; Paris. 133 ; Pap. XLM, 276 sqq. ; Porpli. ap. Euseb. Praep. ev. V. 10,
MAC.
traite la religion? Platon attril
r4” U div‘“li«n. les^acrifpîes, Toute' h10'111’-111 3U i
Ü:,afa.a!„!?,mafie” S“inl Augustin
x C°inaineg
lente définition de ce qui distinlür'lesXu °XCe1’
« A Hier magi faciunt miracula aliter h • .
aliter malichristiani, magi per privâtes (/"istiunh
Christian i per publicam justitiam, maiUhnT 'H
signa publicae justitiae 20 . » C’est Diéri«f U"11 pn
Je l’élément société, dont la dé0„it?„„ de Pta0I *'"î
r„a!°“PA:?Ui dist!"«“eJa de la zr*
facile confusion de la théurgie, de la
magie dans lasociétégréco-romnino e lj
ans la société gréco-romaine provient nrJ?aa "
de la généralisation du sentiment que trahit h ni '
Platon. « Pourquoi donc tant de livres eîd *
démon? » écrit l’alchimiste chrétien au début de loX"
en consedlant de s’adresser plutôt à Dieu2'. C’est
1’ê.lrlrdiSie,UX’ le .dieu n’esl Pas une force libre; il est
'l'K! !
qualifié par la société ; les besoins de la société lui ont
>xe ses fonctions; on a déterminé sa vie, son mode
d action, et s il ne se soumet pas exactement dans son
mythe aux lois morales fixées par la société, celles-ci domi¬
nent expressément la pratique du culte et ses effets. L’èlre
magique est une force libre, enchaînée par la magie seule.
Les dieux qu’elle invoque sont des dieux déracinés ; elle
rassemble les esprits disponibles et, pour avoir une repré¬
sentation complète de l’Esprit, elle se préoccupe d'addi¬
tionner le plus grand nombre possible de ses personnifi¬
cations particulières. Or, pour une religion fortement or¬
ganisée, les esprits qui restent en dehors du culte tendent
à devenir des démons au sens chrétien 22. La magie se
meut sur la lisière de la société; souvent elle en prend
le contre-pied. Elle paraît avoir pour objet spécial do dé¬
passer les limites fixées par la religion, et d’abuser des
forces saisissables. L’impur, le contre-nature, tout ce
qui est craint et interdit, tout ce qui n’est pas spécialisé et
organisé, lui est dévolu. Mais, en général, elle prend son
bien un peu partout et s’empare indistinctement de tout
ce qui peut l’aider à figurer et à saisir la force mysté¬
rieuse qui préside à ses opérations.
La cérémonie magique. — Il résulte de ce caractère
indéfini et multiforme des forces dont la magie tire son
pouvoir, qu’une préoccupation domine toute la cérémonie
magique, qui est d’accumuler le plus grand nombre
possible de moyens d’action. De là le caractère complexe
des actes magiques. La préoccupation d’utiliser ce que la
religion néglige ou prohibe pour arriver à des effets que
celle-ci ne réalise point explique le caractère obscène,
immonde, contre nature que présentent ces cérémonies
Est-ce à dire que toute notion d’orthodoxie soit absente!
des textes magiques? La StaêoX-q Trpbç SêXq'vTiv 1 implique
t bue;, 0sà, lyOpôv xt Ougiacga "‘j, bien qui
[ij osiva aoi
ris. 2343 sqq. - « Pap. Pf\
, V, Ci
ci'. P«P'
était I
— O Pap. CXXII, 20 ; Pap. L. CXXIII, 13 ; Pap. Par
2359 sqq.; Pap. Anast. 382 sqq.; Porph. cap. Euseb. Praep . c'* irC
L. CXXI, G95, 947; Pap. XLVI, 370 sqq.; Goodwin explique que ^
munie d’un tube en plume d’oie « in order to producc sounds l " 1 . ^ ^ /
Jong, O. I. p. 137. — 1'*- Wessely, Wiener Studien, Mil, 185. 1 11
introd. p. 157, 158. — 16 Berlliclot, 0. /. t. J, p. U - 17 Wessely, A . .
p. 12. — 18 Pap. CXXV (Kcnyon, t. I, p. 123), re*&« ^
Pap. XLVI, 53-69; Pap. Berol. I, 163-196, .327-347 ; II, IH-150, lo0' |i#i
Praep. ev. V, 8, d'Hécate ; Philosoph. IV, 4, 69, les di1 u\ al’L i^yXIII
le bassin de la lécanomancic. — 19 Conviv. 202 E. — 20 Aug. Dt i i> • V ^jlW0|w0l,m
79. —21 Bcrthelot, O. I. t. III, p. 384. — 22 Cf. ücubner, O. I. P- HarJ
Ssabier, t. I, p. 297 ; Dussaud, Relig. des Nosairis, p. 86, Chama^' a ^ p ;,5
devenu Samael, prince des démons ; Euseb. Praep. ev. V, — ^ , ||or ,Ep
Riess, in Pauly-Wissowa's Real Encycl. t. I, 37 ; cf. Ilicoci ■
V, 16 sr[q. ; Virg. Ecl. VIII, 64 sqq.—** Wessely, Gr. /auberp I>
2574 sqq.
MAG
— 1515 —
.MAG
. exagérer la portée. La magie est loin de se
|f:lillC nous aussi nettement dégagée des idées reli-
T'Nl "/ne nous pourrions le souhaiter. Nous nous
giC,lS' msiri non pas des actes magiques simplifiés, dont
■ "•iii/nrouvée par l’expérience et assurée parlatradi-
lil'rl i)eSoin d’être complétée par les ressources
[ion n lM
du rituel savant ou qui contiennent en eux-mêmes assez
de sainteté pour être efficaces, mais des cérémonies qui
nous sont décrites avec détail1, telles que le sorcier
devait les pratiquer; ajoutons que la simplicité des autres
vient souvent de l’insuffisance de notre information.
Quant aux représentations figurées de scènes magiques,
elles sont rares dans l’art antique. Les figures 4783 et
1785 font partie de l’illustration d’un roman qui se dérou¬
lait autour des murs d’une chambre2.
En règle générale, la magie multiplie les conditions de
l’action et les précautions à prendre au point de sembler
chercher des échappatoires et d’y arriver. Dans la magie
comme dans l’astrologie, la multiplication des données
permet de déduire d’influences générales des effets très
particuliers. D’autre part, elle est obligée d’observer
certaines règles, suivies aussi par la religion e‘l qui sont
déterminées par la nature des forces avec lesquelles elle
agit3. Ainsi le magicien, ou celui dans l’intérêt duquel
Fig. 4784. — Scène de magie.
■1 opère, doit se mettre dans un état tel que le contact
es esprits soit pour lui sans danger. Les déterminations
e cet état sont d’ailleurs variables. C’est, entre autres, la
P'jfele, rpiEiV. On prescrit des ablutions 5, des onctions
, • 1,11 doit observer une chasteté temporaire1,
'' isl°nir de certains aliments, du poisson par exemple
au-//j[«voç . 7tiaY|; i^ôuocpayiai; 8), être à jeun9. La nudité
j„ nfa- L- I. ; Riess, Zu ileti Canidia-Oediclitendes Horatius,
Caniili,, ' i") 1893> P- 301 sqq. ; Ilor. L. I. ; H. Düntzer, Der Horatius
"l'I ; Anal"" » ‘n Pllil°l- CXLV, 1892, p. 597-613; Ovid. Met. VII, 159
cisnte, • lus, ' XMII ; Wcsscly, £. 7.; Pap. Paris. 2674 sqq. ; 3009 sqq. (ExOr-
’ ^aiK ! - CXXIII ; Philosoph. IV, 4 (62 sqq.). — 2 Monum. dell.
talion n, ,.., 01 XLV11I ; Huelsen, Annali, 1882 p. 309-314; consul-
' ^ *>CUlA^C UU s"ict O im enfant, dans Helbig, Wandgeniâlde
usai unP sc’., | **®I é, n» 2 ; la figure 1401 b, n» 1 représente peut-être
scène de
ces précautions
magie. — 3 H. Hubcrt-M. Mauss, O. I. p. 47 si|q. : énuméra-
(ï
aussi
lion île
■Mae une série j"''0"8 <*anS 3ollg. O. I. p. 58. — 4 Deubner, De incub. p. 28,
cet excellent li, * tex'e9. Nousrenvoyons simplement aux dépouillements donnés par
be (ihstin || j ]'ai S * énumération de ces conditionsdes actes magiques; Porpb.
«isni, If QV.86*1- Praep. eu. V, 10,1-2; Cat.cod. Med. 23; cf. Pap. XLV1,
* "•w- ; cf. s„
V, 20. — 5 Deubner, (). i. p. 23 sqq. ; Ovid. Met.
était quelquefois commandée 10, comme dans les pratiques
du deuil, en opposition avec les usages de la religion
normale, ou tout au moins certaines parties du corps
devaient être nues". Le vêtement était loin d’être indif¬
férent. Il le fallait flottant12, ou grossier13, ou de lin u,
tout blanc ou avec des bandelettes pourpres L attitude
devait compléter l’effet des purifications préalables et du
VIII, 188 ; cf. Chwolsolim, Ssabier , t. II, p. 29. — « Id.,p. 22, 24. — 7 Dcnlmer, O. I. p.
28 ; Ovid. VII, 239 ,Befug>tquc viriles contactas. — * Deubner, O. I. p. 29 ; à comparer
peut-être, Inscr. gr. Sic. et ltal. 1047. — 9 Marc. XV, 11 ; Cat. cod. Med. L. I
— 10 Gerhard, Ak. Abbandl. VIII, 8 ; Virg. Aen. IV, 518 ; Riess, O. I. 35 ; Hcirn,
p. 507; Deubner, O. I. p. 26 ; Jalm, Bôscr Blick , p. 80 sqq. 93 sqq. ; Rlin. XXVIII,
7, 23, clc. ; cf. pour le deuil, Jaslrow, The tcaring of garments as a stjmbol of mour-
ning, in ,/. of the Am. Or. Soc. 1901, 1, p. 22-39 ; Id. Belig. of Bahylonia , p. 603-
666; Gruencisen, Der Alinenkultus, p. 63; cf. Ber. Iiist.des relig. 1899, I, p. 317;
prescriptions contre la nudité, Kxod. XX, 26; XXVIII, 42. — H Ap. Rh. III, 646
IV 43 ; Ov. Met. VII, 183 : nuda pedem, nudos umeris infusa capillos. — 12 Ibid.
182 : Vestes indata rccinctas. — 13 Deubner, O. I. p. 26 ; Riess, O. I. p. 35.
_ H Deubner, O. I. p. 25 ; Dieterich, Abraxas, p. 179 (livre de Moïse) ; Pap. Paris.
3086. — 13 Deubner, O. I. p. 25; manteau de pourpre de Médéc, Ap. Rh. IV, 2661 ;
vêlement sombre, Ap. Rh. 111, 1031, 1205.
MAG
— 1516 —
vêtement. Il y avait des gestes nécessaires1. Les noms
mêmes des doigts qui faisaient les gestes sont significa¬
tifs'2. Certaines plantes, pour être efficaces, devaient être
cueillies de la main gauche3, d'autres de la main droite et
entre deux doigts». Des couronnes et des rameaux5, des
amulettes, des anneaux 6 communiquaient à l’opérateur
un supplément de puissance. Enfin les dispositions men¬
tales entraient en ligne de compte. Il était nécessaire
d’avoir la foi 7 et de participer de toute son âme à l’accom¬
plissement du rite 8.
La cérémonie devait avoir lieu a un moment convena¬
blement choisi, et les prescriptions relatives au temps
sont celles qui manquent le moins dans les charmes9. Il
y a dans leur observation déjà plus que de simples pré¬
cautions; elles font partie du système d’influences sym¬
pathiques qui doivent mener à bien l’entreprise. Le
coucher du soleil est une heure magique40. Les moments
qui précèdent le lever du soleil le sont également11. C’est
généralement la nuit qui est propice12, spécialement à
cause de la lune 13. On tient compte des phases de la lune
dans la récolte des plantes magiques Les cérémonies
ont lieu surtout à la nouvelle lune13 et à la pleine lune10.
Si les magiciennes font descendre la lune du ciel
(lig. 4785) 17, c’est pour rapprocher son influence. On
trouve naturellement encore indiquées d’autres dates
lunaires, comme celles-ci : Ttpb knzk %£püv (reXrjvr,?
XenroiiffYjç 18... qui varient suivant la durée prévue des
opérations ou le résultat précis désiré. L’association
de l’astrologie et de la magie a nécessairement conduit à
l'observation de données astrologiques plus précises 19 •
qui, lorsqu'on peut en comprendre la raison, sont indi¬
quées par les influences spéciales attribuées aux diffé¬
rents astres. Ainsi les cérémonies de la magie amoureuse
se font aux moments typiques de la course de Vénus.
1 Marcel!. XV, 11, digitis tribus, id est pollice, medio et medicinali
residuis , duobus elevatis dices ; cf. Dcubncr, O. I. p. 30. _ 2 Marccll.
L. I. ; llcim, p. 477, 523, n°5 41, 107; Eclilernieycr, Ueber Name und
Symbolische Bcdeutung der Finger bei den Griechen. und Jtômem, Halle.
1835; Usencr, in likein. AJus. XXVIII, 1873, p. 407 sqq. — 3 Plin. XXI, 143;
Marcel I. VIII, 52. — 4 Heim, O. I. p. 523, n» 167. — B Deubner, O. I. p. 20.’
o Ibid. p. 36. — ‘ Heim, p. 468; Marccll. XXIX, 3, cum magna fiducia ; Alex.
Trall II, p. 37> ; Luc. Philops. 10. — 8 Heim. 493 ; Gorg. Mari. 19, menti precantc.
— 1 Kehr, O. I. p. 10 ; Pap. CXXI, 153-166, heures favorables; 272-299. — 10 Heim,
nos 41, 47. — Il llcim, n<> 9 ; Chwolsohn, O. I. t. II, p. 29. — 12 Paris. 25G9, 3086 sqq. ;
Deubner, O. I. p. 30, 39; Ap. lih. III, 863. - 13 Ap. Rh. IV, 59; Hor. Sat. I, 8,
20; Apul. Demag. XXXI. — 14 Ser v.adAen. IV, 513 ; Plin. XXIV, 4, 6; XXI, II,
.16. — le Plin. XXIV, L. 1.; Schol. Ad anon. de herb. v. 10, in Poet. bucol. et
didact. p. 169; Luc. Necyom. 7. — 16 Ov. Met. VII, 180 ; Son. Med. 790 sqq.;
riieocr. Il, 10; Luc. Philops. 14. Sur l'observation de conditions semblables dans la
Nckyoniancic, voir Itosclier, Lexikon, l. H, 3160; —17 Tisclibein, l. III, pi. u.iv;
Lenormant et de Witlc, Élite céram. II, pi. lxviii; Gerhard, !.. I. ; S. Reinach,
MAG
Comme la religion, la magie a u« li,.„,
l,eus “»> généralement considérés Z, lu
LOnilllO IT1: • J
los roules, les rues L ,f *itu<
de religiosité '' - 1 r-uaf.
sont
le sont pour la magie :
le seuil21. Ces lieux _ lcll..msu ,
choisis pour la relation symprthimTtJlfu'0111"'11'6
sujets ou les objets de l’acte magique- “"'^les
en considération même de leur relWosiA SOnl a»ssi
véritables sanctuaires. Les lieux crue h C°mme d«
préférence pour le théMre de J <Æ£**
qui, au point de vue purement religieux «mu 1 ceux
qualifiés d’impurs : les carrefours22, les’cimri" ' °UU'S"u
avons des exemples de la constitution d’unT*'
d un cercle magique où doit s'accomplir la ^
U direction du regard n'esl pas toujours indifférée»
Mentionnons encore d’autres précautions. On e,
a ne Pas répondre aux questions posées23 -, , i ' "ll1
silence ïs. .1 faut cracher eu
lation27, etc. ‘ lncan'
Enfin le rituel de certaines cérémonies prévoit h
constitution et l’emploi d’un phylactère28 spécial, prièr,,
formule écrite, talisman, qui a pour objet, soit de proté)
gei 1 opérateur contre la puissance même qu’il emploie2*
soit de prévenir ce qui pourrait troubler l’opération, soi!
de détruire l’effet des contre-charmes. Le plus curieux
de ces phylactères est la AiaêoXvi irpbç ilsXvjVYjV J0.
La cérémonie proprement dite se compose de deux
sortes de rites. Les uns ont pour but de réaliser l’objet
même de la cérémonie en appliquant logiquement les
principes de l’action magique. Les autres sont destinés,
soit à constituer le pouvoir magique grâce auquel les
premiers sont efficaces, soit à en assurer la présence.
La première partie de la cérémonie comporte l’emploi
d’un certain nombre d’instruments qui ont fini par avoir
par eux-mêmesune valeur magique31. Voici, parexemple
en quoi consiste l’acte essentiel de la gav-raa Kpovuq
décrite dans le papyrus de Paris32 : « Prends un moulin
à main et deux choenices de sel et mouds en répétant
sans cesse l’incantation prescrite jusqu’à ce que le dieu
paraisse. » De tous ces instruments magiques le plus
connu et le plus commun est la baguette33 : baguette
divinatoire, baguette des chercheurs de sources qui
paraît prolonger le pouvoir du magicien. Elle est attn
buée à Hermès dans son rôle de Psychopômpe3’-
dactyliomancie présente un usage analogue dinstria
ment clairvoyant : une table ronde porte sur son pourtour
les lettres de l’alphabet; on suspend au-dessus un anneau
avec un fil, et l’anneau, en s’arrêtant devant les letton
donne la réponse désirée36. Dans la magie amoureuM on
employait une petite rouelle, Hoy;, la bergeronnette
(■kow.Iocv ïuyya TETpâxvagov 30), dont la rotation était 1 1 n.
Répertoire , t. II, p. 319, noie 2. — 18 Dictcrich, Abraxas , p. 1 j ^ ^
— 19 Wünsch, Seth. Verfluchungstaf. p.79 ; Cat. cod. Med. 1* . ^ <l^' ' (llli jtfed
— 20 Plin. XXIV, 171; Riess, in Pauly Wissowa s Real Encycl . 4/. - ..0 .A^wv
— 22 Ibid. 23.— 23 Ibid. *«l «o^oov ev« uôXov.— * Pap. Paris. 3193, Ü àva^A^ pap
2o Pap. CXXI, 992. — 20 Marccll. XVI, 18. — 27 Heim, 487, n® » .
1 - - • ''0-92. 3 ; caractère
•ji Cf. 1
Paris. 2359 , 28 95, 301 4, 30 92 , 31 15 , 3031. — 29 Pap. Paris. 30
riblcdc l'être magique. DeJong, O. I. p. Cl sq. — 30 Pap. Paris. J ^ $Quthm
Dorsay, The Ocimbanda orwitch. doctor of the Owimbandao/ Par J .
Folk-Lore, 1900,p. i83 ; H. SchurD,
1-15. — 32 Paris. 3080 j,1'1 , |a
West Africa, in Journ. of American
lernationals Archiv für Ethnographie, 1901, p
lernationais Arc/nv fur litnnograpnie, i»ui, p- Mîillei! I
guette des Brahmanes, Philostr. V. Apollon. III, XV ; Ps* Calli^l . y fave, 1898» p.
baguette des fées, Pineau, Chants populaires Scandinaves, p- •,i • 1 ^ ro// /,i the
79; T.-V. Holmes, On the évidence for the efficacy oj the do ^ XXVIP P-
scarch for mater, in Journ. of the Anthropological Instituts, s- ' ’ _ p|fl^
— 3V o. Crusius, in Roscher’s Lexikon, t. II, 1149 ; Aristoph. A _ 3ü Anuo»
X, 909; Gacdechens, Verh. d. P hilolog envers, su Itéra , y pi/tli. IV, 213.
Marc. XXIX, 1; Tylor, Primitive culture 3, t. I, p. 127. ' I n>
MAG
— 1517 —
MAG
. mir la volonté des personnes à gagner 1 ; à côté de
mentionner le rouet ou la erécelle (pd[*6oç, ô
!'iU^ L'axeof, vertigo 2) d’usage analogue3. Dans
titillation on emploie les lampes {lychnomancie1"),
[. fit ins pleins d’eau dont on interroge la surface
Wî ailmancie*), des miroirs 5 que l’on emploie aussi pour
■tt'r la grêle7; à ceLte liste il faut ajouter les clefs8,
I d’usage symbolique (xÀstoa xpaxw, vjvoiija xXst0paTapTapoû/_ou
I divinatio]. On trouve mentionnée dans un
livmne la sandale de la Lune (xb nâvBaXov trou exp^a10).
])',.s épées11, des cymbales12 font parLie de l’attirail
magique. Les échelles minuscules représentées sur les
vases peints aux mains de personnages divers, ne sont
Las des instruments de musique13, mais des symboles
magiques; on les trouve figurées sur des Tabellae ilevo-
tionis “, et elles font partie de la symbolique égyp¬
tienne 15. Les instruments alchimiques finissent par
ressembler aux instruments magiques. Outre les subs¬
tances magiques dont nous avons étudié plus haut
l’emploi, les magiciens font une grande dépense de fil
coloré, cl spécialement de fil rouge16, le rouge étant
une couleur démoniaque, line des choses qu’on les
accuse de rechercher avec le plus d’ardeur sont les restes
humains17 ; ceux des suppliciés ont une valeur magique ;
on connaît la superstition qui s’attache aux restes des
pendus18.
Les pièces de cette machinerie agissent, soit comme
choses magiques, soit par la production d’un mouvement
sympathique, essentiel ou accessoire, soit parce que leur
aspect ou leur bruit19 apportent des modifications aux
conditions dans lesquelles se passe la cérémonie. Nous
avons énuméré quelques-uns des actes sympathiques,
clairs ou obscurs, qui en forment la partie centrale. Qu’il
nous suffise de rappeler ici qu’il y en a dont la significa¬
tion précise s’est effacée et qui valent par la vertu que
leur attribue la tradition, à moins qu’ils ne soient tout
simplement inspirés par l’analogie. Tel sont ceux qui
consistent à frotter des serpes avec de la graisse d’ours
pour écarter la grêle20, et à faire des nœuds sur une ficelle
•dors qu il est impossible de comprendre en quoi cette
observance représente l’effet à produire; ainsi dans cette
recette de Marcellus21 : Oculos cum dolere guis coeperit ,
ilico ci subvenies , si, quot literas nomen ejus habuerit ,
noniinans easdem, totidem nodos in rudi lino stringas.
Encours même de la cérémonie, certains rites intervien¬
nent qui paraissent avoir spécialement pour but de mettre
0 liciant en état de recevoir le bénéfice de l’action engagée.
1 "ti de 1 incubatio 22 est typique [incubatio]. C’est unrite
général de divination dont les papyrus magiques donnent
un nombre considérable d’exemples. 11 s’agit d’avoir le
songe préparé, et l’on se couche en général dans le lieu
sacré, qu’il soit préexistant ou créé par la cérémonie pré¬
liminaire. Remarquons simplement que Y incubatio a pour
effet supplémentaire de favoriser l’action des influences
sympathiques, ou même de créer la sympathie. Le sujet,
en effet, place à côté de sa tête un rameau magique*3, un
talisman portant des noms divins21, une statuette23, etc.
De tous les actes sympathiques, celui dont l’application
paraît être la plus fréquente et aussi la plus spéciale à la
magie est l’envoûtement26. Selon le Ps. Callisthène27, le roi
égyptien Neclanebo faisait des figures de cire qui représen¬
taient les soldats de ses ennemis; il les plaçait sur le bord
d’un bassin plein d’eau, puis, prenant sa baguette, il réci¬
tait des formules ; les poupées s’animaient alors et se pré¬
cipitaient dans le bassin ; si l’ennemi venait par mer, le
roi opérait sur la côte; il plaçait ses poupées sur des
bateaux de cire et l'ennemi subissait invariablement le
sort de la figure magique. Quand il voulut faire croire à
Olympias qu’elle avait conçu du dieu Ammon, il fit une
statuette au nom de la reine, exprima sur elle le jus
d’herbes propres à donner les songes et la reine songea
qu’elle était dans les bras du dieu. Aristote avait donné à
Alexandre une boite que l’on portait après lui ; il y avait
planté des figures de cire qui représentaient les diffé¬
rentes sortes d’armes que le conquérant avait à com¬
battre ; les unes portaient des épées de plomb tordues,
les autres des javelots la pointe en bas, d’autres encore
des arcs dont les cordes étaient brisées et, quoi qu’il
advint, les épées se tordaient, les javelots ne faisaient
point de mal et les arcs étaient désarmés 28.
Ces figures tenaient exactement lieu de la personne
qu’elles étaient censées reproduire. On exerçait sur elles
les diverses actions que l’on destinait à leur modèle, et,
quand la cérémonie était bien faite, le modèle subissait
exactement le sort de son représentant. La consécration
de la figure sur l’autel magique, par exemple, avait pour
conséquence immédiate la consécration de la personne
figurée29; on la liait de liens symboliques; on lui
frappait la tête30, on lui perçait le cœur31. On employait
l’envoûtement pour se concilier l'amour, l’estime ou la
bonne volonté de quelqu’un, pour s’emparer de ses
secrets, pour triompher d’un ennemi32, etc. Le magicien
s’empare de la personnalité de l’envoûté. Naturellement,
la solidité de cette prise de possession est variable33.
Quelquefois l’image a une valeur collective31, c’est ce
qui se présente dans le cas des statuettes militaires de
57t„( . r.|, ' l' ’ 3o; ^cn Atemor. III, XI, 17; Aristoph. Lys. 1110; Theocr. II, 17,22,
bcck, Aol M p C\rteU' 4 '20i); Anth- Pal- V, 205; F’Iiilostr. V. Apoll. VIII, 7 ; Lo-
2620 ; H |,n,, ! asccle Bari, Vogcl, Scenen Eur. T ray . p. 35 ; Rosclicr, Lex. I. II,
Burj.fj , ~ ’lai1"’ A-rchûol. Studien su dm Tragikern , 1900, p. 79, fig. 25 ; J. -B.
Tendus de la r ""b ,na9*c, in Journ. of hell. stud. 1880, p. 157 ; Slcphani, in C.
Î296 ; Pr^rir5' arch' <le PétersbourS< 1863, P- 205. — -Theocr. II, 30 ; Paris.
pl.Q;Torr rit., i ' i Poser Blick, p. 256 ; Annal, d. hist. ant. 1 852,
Iv ’ diodes
’ — 4 Ilcubm
» m anc. Times , pl. i; Hirschfeld, O. I. p. 40.
De incub. p. 26 sqq. ; cf. Pan. Paris. 2372
AM- De mag . Xlllj
3 Luc. Dial. mer.
■ îî Philosoph. IV,
sqq. ; Wessely, Gr. Zàuberp. hymne à Hécate,
* (»).
(Paris. 2242) ... D -- .• .
Zeitschrift fe, ~ f,’, ’ 1 a^' ^k.VI, 1-52; Jagor, Japanische Zaulterspiegel, in
P- 290. L » l[J m0l°9<e’
1898, p. 527 ( Verhandtungcn) . — 7 Frazcr, Pans. t. III,
9 'Vessel y r y ^ ^ n°* 236, 237, clefs magiques avec inscriptions.
0. /.
SSGly Qj, y “ , --J#, uicis magiques uycc iusui|uiuiis,
^0; cf ]> ÜU^I > P* hymne à Hécate (2242), v. 30 sqq. — 10 Wcsscly,
47«r;\ , 1 -334, 2123. — H Épée des magiciennes conjurant la
hne ([|g, ^ 7 (Uls‘ -334, 2123. — il Épée des magiciennes conjurant la
Wessely,/’ Akad- Abh. VIII, 8; Pap. Paris. 300, 1813; cf. 1710.
I st o ° ° )(* — 13 H©ydemann,Z?escaZinae vasorum picturis signi-
de nmai 5 ^ ' SfW‘ ’ Millin-Reinach, Dibl. des mon. fia. Il, index, s. v.
y * ,n&cn, Itépertoire , index. — 14 Instruments de sup-
Annali
pttvim
plice symbolique, Wiinsch, Setlt. Verflucliungstaf. p. 28, surtout p. 99 ;cf. O. Jalm,
Doser Blick , p. 94; Wicsclcr, De scala symbole. — 15 Budgc, O. I. p. 51 ; selon
I. ohcck, Agi. 905, 907, clics font partie de la symbolique des mystères. — 10 Theocr.
II, 2; Virg. Ecl. VIII, 73; Ov. Amor. III, VII, 73 ; Pap. Paris. 2703; Pap. Anast.
402. — U Apul. Met. Il, xx, xxi ; III, xvu; Ov. Beroid. VI, 90 (Mèdèc); Senclius
mor , ancient Laies and Institutes of Ireland, t. I, p. 180; Bevue celtique , 1901,
p. 117. — 18 Cat. cod. Med. 23. — 19 Kehr, O. I. p. 11. — SO Frazcr, Pans. t. III
p. 290. — 21 VIII, 62. — 22 Deubner, De incub. 1901 ; Frazcr, Paus. I. III, p. 347 ;
Riltersliabn, ûer medicinischc Wunderglauben und die Incubation im Allcrthum ,
1878 ; Du Fret, Moderner Tcmpelsclilaf, in Sphinx, Janv.-déc. 1890; v. Wilamo-
wilz, Isyllos von Epidauros , in Phil. Untersuchungen, 1886. — 23 Dcubncr, O. I.
p.29. — 24 Cat. cod. Med. 17. — 23 pap. Anast. 407 sqq. ; Euscb. Praep. ev. V,
12. — 26 Cat. cod. Med. cod. 17 ; Ilcliod. Aetliiop. XI, 14; cf. Zeitschrift für
Ethnologie, XV, 85 ; Bull, de la Soc. d'anthropclogie. 1890,p.4l3. _ 27 Éd. Muller,
I, 1 sqq. — 28 Budgc, Life and exploits of Alexander tlie Great, p. xvi.
— 29 Virg. Ecl. VIII, 74. — 30 Cat. cod. Med. 17. — 31 Ov. Amor. III, VII,
29; Beroid. VI, 91. — 32 Cat cod. Med. 17. — 33 Taulain, in Anthropologie,
1897, 668 : dans certains cas le charme ne peul èlre rompu que pa* la mort de l’cn-
vouteur. — 34 Cat. cod. Med. 17.
10 i
MA G
1518 —
MA G
Noclanebo et d'Alexandre. On utilise les rites de l’envoû¬
tement pour faire naître ce qui n’existe point encore, des
enfants par exemple*. Un pêcheur, pour faire des pêches
miraculeuses, n’a qu’à faire l’image d’un poisson et à la
jeter là où il pêche'2.
On peut envoûter les esprits comme les hommes, et
c’est un moyen d’exorcisme3; l’esprit passe sur la ligure
de cire et est éliminé avec elle. La fabrication d’images
divines spéciales dans les cérémonies magiques, divina¬
toires, expiatoires, médicales et autres est un véritable
cas d’envoûtement4, et l’on agit sur les astres de la même
façon que sur les dieux8.
Enfin le magicien ou le sujet de l’action magique agit
par envoûtement sur soi-même, soit pour effectuer la
relation qu’il désire établir (entre lui et l’envoûté, soit
pour se mettre dans un état tel qu’il en résulte infailli¬
blement pour lui certains avantages généraux. Cet
envoûtement de soi-même a lieu dans les cas où l’on
emploie deux statuettes, dans ceux où l’on mêle son
propre sang et une partie de soi-même à la poupée
envoûtée, ou bien encore lorsque l’opérateur fabrique
une seule poupée qui le représente lui-même et porte son
nom8. Dans quelques cas où la cérémonie comporte la
fabrication de deux poupées, l’une représente l’envoûté
et l’autre un démon sur lequel il est nécessaire d’agir 7 ;
le traitement des deux effigies diffère. On rencontre aussi
l’emploi de trois effigies de matières diverses8.
On a trouvé de ces poupées d’envoûteurs inscrites au
nom des patients auxquels elles étaient destinées. Celles
que représentent les figures 4786 à 4789 sont en plomb et
viennent des fouilles de Tell-Sandahanna en Palestine 9.
Qu’elles proviennent de l’ancienne Italie, ou du Mexique,
ou de l’Allemagne moderne, elles ne diffèrent point sensi¬
blement. La matière prescrite pour les faire est géné¬
ralement la cire ou l’argile. On y peut ajouter d’autres
matières qui sont indiquées avec un soin particu¬
lier pour la fabrication des images divines. Quelque¬
fois l’image est creuse et l’on y glisse des papiers où
sont inscrites des incantations. L’image d’Hécate décrite
* Frazor, Goblen Bongk'2 , I, 19. — 2 Cat. cod. Med. 17. — 3 Fra-
zer, O. I. I, 18. — 4 Pap Paris. 2359 sqq. ; Pap. XLVI, 382 ; Euscb. Pracp
ev. V, 12; cf. Rawlinson, W. A. Jnscr. IV, 21, 1, 13, 29. — 5 Cat. cod. Med.
17. — G Ibid. — 7 Hor. Sat. I, VIII, 26 sqq. ; Paris. 296 407; Ricss, Zu den
Canidia-gedic/iten des Horatius, in Wiein. Mus. XLMII, 1893, p. 908;
Düntzer, O. I. 601. — 8 Sch. Bernensia ad Ecl. VIII, 75. — 9 Notizie degli scavi
9817, 529 ; cf. îen Kale, Fine japanische Rachepuppe, in Globus, 1901, I, p. 109 ;
Karutz, Eine sc/iottische Rachepuppe, Ibid. p. 110; Germon t-Ganncau, L'envoû-
dans Eusèbe10 est faite de racine de rue et
écrasés. Une simple figure tracée sur „noï' l,.Zar(ls
plomb, d’or, d’argent, d’étain ou de panier ! "' ''
de volt". Dans l’hymne à Hécate*2, l’onfclanld"!.—
étrange mixture qu’il dit être ' " nt lllle
le symbole de son esprit
(ijÙgSoX&V [AOU ZVEÛgaTOç).
Nous avons vu que tout ce
qui a touché de près ou de
loin à la personne : ongles,
cheveux, vêtements, etc., peut
suffire à l’envoûtement des
simples mortels13. On peut se
contenter d’un représentant
arbitrairement choisi : le corps
d’un oiseau, un brin de myr¬
rhe ou de rue14. La simple
mention ou l’inscription du
nom suffit à réaliser l’expres¬
sion matérielle et saisissable
de la part prise par l’officiant
ou le sujet de l’action à la cé¬
rémonie magique. La chose
écrite vaut la figure, et dans
certains cas, l’incantation écrite déposée dans un tombeau
ou partout ailleurs se comporte exactement comme la
poupée de l’envoûtement16. C’est le cas en particulier des
devotionès sépulcrales'*’ . Un propriétaire d’esclaves, qui
s’écrit sur la main le nom d’un fugitif, l’envoûte17.
Il n’est pas pos¬
sible de séparer
les gestes et les
actes symboliques
des rites verbaux,
oraux ou écrits,
quels que soient
leurs noms, incan¬
tations ou priè¬
res18. Le sujet est
traité ailleurs
[CARMEN, DEVOTIO,
PRECATIO].
Indiquons seu¬
lement en quel¬
ques mots la place
qu’occupent ces , .
rites dans la cérémonie magique. Le rite verbal ind "fui 1
sens del’acte magique. On inscritgénéralementsm b l1
pées de l’envoûtement le nom delà personnequ elb MejJ
sentent. Ou bien, comme nous l’avons vu,. on ( je i
la figure un papier qui indique avec précision " | ^
la cérémonie. En cueillant certaines plantes nu 1 11 1 ^ ^
il faut dire l’objet auquel on veut les empb'V| ^
nom du malade au bénéfice duquelon les un i . tje
plus de précision, on décrit par énumération ^ i
l’action magique et l’on mentionne àpaO ,oU
tentent dans l'Antiquité et les figurines de plomb de TtU Sa ^ 10 V,
IV, p. 150; Palestine exploration Fund, oct. 1 900, P- •'* cod.
— U Wünscli, Seth. Vcrfluchungstaf. n“‘ 20, 21, 27, p- > ^ v, U »I'I'
passim. - 12 Pap. Paris. 2242 sqq.; Wcsscly, Gr. Zau^V' F'_ il Küb”1*?
7; Frazer, Golden Bougli 2, t. I, P- • . yj/,L.,n
- -- '-sgersage, 111
i<; Apul. .'l,!
Fig.
47i pj. — Figures d’cnvoùlemcnl.
— 13 Virg. Aen. IV, 507 , . - „
O. I. p. 40 sqq. ; Paris. 1490 sqq. ; Knaack, Zn Me y(t. I, X c^'
XLIX, 1894, p. 310-313. — Crimm-Pictet, O. I. ***•
De mag. LUI. - ” Hcim, n° 10. - « Cf. Plin. XXVIII,
-I.
IJ.
MAG
— 15 U) —
MAC
n èlre qui doivent on bénéficier ou en souf-
®enits 1 le ri Le verbal précise cl complète le rite
i- fincantation, d’autre part, répète 1 acLe sym-
et quelquefois elle y supplée, comme dans
I, 0 "Ccalions de maladies et les exorcismes en par-
^ '|jCS incantations qui consistent dans la récitation
111 le rappel d’un mythe ont pour effet de favoriser
°" 'h'svmpalliie le renouvellement de l’acte raconté par
[);"|||"||j;, ou d’un acte analogue2. En cas de maladie,
r U , nation de la genèse du mal le met sous la dépendance
îlinni-icien3. Enfin l’incantation écrite, portée comme
lilili'ui, permet d’appliquer directement et malériclle-
''rliL l’effet nécessaire de l’opération magique à son
n .q Dans l’hypothèse du démonisme, l’incantation
S-lrlé*e ou écrite4 met en communication l’opérateur
J, , ie démon et instruit celui-ci de son rôle.
Le rôle de l’incantation se présente à nous sous un
deuxième aspect. Elle nous amène aux opérations qui
ont pour but de créer ou de représenter le pouvoir
magique. Telle est l’utilité des hymnes etdes litanies6. On
appelle la présence du dieu ou du démon, on lui indique
sa fonction ; au besoin, on le contraint par des menaces6.
Mais nous savons déjà qu’un simple nom divin a la
vertu d’évoquer la présence de la divinité désignée. Une
formule religieuse comme le rpiffâyiov \ le qodesch
hébreu8, écrite entièrement ou représentée par une
initiale, introduit dans la cérémonie magique tout ce
qu’elle représente de sacré. Un nom mythique comme
celui d'Adam, revêtu d’un sens cosmogonique, sert à
concentrer les forces naturelles qu’il évoque, et de même
les signes des planètes, ou les voyelles qui leur corres¬
pondent et que l’on inscrit par exemple sur les poupées
de l’envoûtement, font intervenir en réalité dans la céré¬
monie les influences planétaires. On peut dire des vers
homériques et des formules où un seul mot se rapporte
à l’occasion pour laquelle on les emploie, on peut dire
aussi des psaumes9 et des textes sacrés en général ce
que nous disons du qodesch. Il s’ensuit que l’attention
s’arrête au signe maniable, mais efficace, et ne va pas au
delà à la recherche de la chose signifiée. Le mot étouffe
le sens. On réduit en formules et en énigmes10, comme
on les réduit en figures, les mémentos d’opérations
alchimiques. On peut dire, avec Origène11, que l’évolu¬
tion de 1 incantation fait passer son pouvoir de son sens
aux qualités des sons dont elle est composée. L’incanta¬
tion écrite ou orale finit par devenir une chose magique,
un talisman, et nous pouvons remarquer que cette nou-
velle sorte de chose magique est le produit d’un processus
semblable à celui que nous avons montré à propos des
auti es 1 La SOrte de commentaire auquel sont soumis
es noms divins ou ceux qui représentent les forces
magiques montre bien de quelle façon ces noms sont
Wnsiih rés. Il s’agit d’en répéter, d’en allonger les syl¬
labes
caractéristiques13, de les détacher les unes des
ah. ntt. I\ . — 2 Cf. Année Sociologique, t. IV, p. 230 ; Dielcricli,
thèmes ü c'i ' '' C.1 5U'V’ — 3 Abercromby, Pre-and Protohistoric Finns, p. 40-44,
Philosoph *iv~ ' ' *ncan lation écrite sur papyrus est envoyée eu fumée au démon :
Dielcrie!, ù ! ~ ” Uita°‘'icll> Pap. mng. p. 789; Pap. Xf.VI, 17G sq<|.
XlVI.ap;. >iaxas’ P- G3 ; Diltliey, in Rhein. Mus. XXVII, p. 375-419. — 6 Pap.
Gtbrauch ' p D®’ ^ P- 1 Ueim, il» 233. — 8 Heim, n» 60. — 9 K. Kayscr,
chen Gesell ’ \ s"^men "u Zaubcrei, in Zeitschrift der deulschen morgenlaendis-
0. 1. 1 pi ^ '[[' '88s> p. 456 sqq. — 10 Énigme do la pierre philosophale, Bcrlhclot,
’■ ' : ,:r- Ptielericb, A. B. C. Dcnkmacler, in Rh. Mus. f. Phil. LVI,
1901
b 1
206 ;
p ilU ]; 11 ^ ' ^e^s' t, 23. — 12 Plotin. IV, 4, 38 ; Clcm. Alex. Strom. IV,
13 A7,Kï'« Wiinscli, Sçth. Ver/lucliungstaf. 16, 33.
autres et de les analyser pour ainsi dire, de leur joindre
des affixes et des suffixes, d’en renverser l’ordre et de
diversifier leurs liaisons, de les disposer en figures
(7trepuYosio(3çu, etc.) dites saintes, de façon à tirer de
ces noms toute la plénitude de pouvoir mystérieux qu’ils
ont en eux. Les Ephesia grammhta , paroles impronon¬
çables, empruntées en partie aux langues barbares et
d’ailleurs déformées, sont le type de ces nouvelles amu¬
lettes ; l’auteur du De Mysleriis Aegyptiorum fait
remarquer15 qu’elles ont un sens, mais dans la langue
des dieux; en tous cas, l’ont-ellcs perdu pour les hommes.
Et ceux-ci s’appliquent à rendre les formules plus inin¬
telligibles encore par l’emploi d’alphabets magiques**.
Pour augmenter la sainteté, on les écrit même avec une
encre sacrée dont nous avons plusieurs formules n.
L’encre sacrée est à l’incantation écrite ce que la voix ou
le rythme est à l’incantation orale. En résumé, l'incanta¬
tion tend à passer de l’intelligible à Fin intelligible et à
se transformer en chose magique contenant sa vertu en
elle-même.
J/observance de certains nombres et l’usage de figures
géométriques donne lieu aux mêmes observations que
l'incantation18. Les considérations de nombre et celles de
figuration littérale des choses sacrées ne sont point
d’ailleurs étrangères l’une à l’autre. C’est ce que l’on voit
par exemple dans l’stxo<7ayçap.[i.aTOv ïe'jo) -rge m eo rrt sma tu;
son19. Les figures géométriques appartiennent plutôt au
domaine de l’astrologie qu’à celui de la magie-0. On y
observe le même détachement de la figure et du sens, le
même passage de l’intelligible à l’absurde. La septuple
répétition d’une même cérémonie, d’un même geste ou
d’un même mot, paraît avoir pour ob et d’évoquer les
influences planétaires au même titre que a prononciation
des voyelles21. C’est ce que montrent clairement les rites
d’initiation du livre de Moïse. On trouve appliquées
par la magie les idées courantes sur la sainteté du
nombre impair22 et du nombre trois23, du nombre quatre-
vingt-dix-neuf24, du nombre quatre25, etc.
Les rites sacrificiels tiennent une place importante
dans les cérémonies magiques. Ils ont le même objet que
la deuxième série d’incantations. La magie, comme la
religion, se procure parle sacrifice la présence réelle des
puissances surnaturelles, Sù ei olvo; oôx e; oîvo;, lit-on
dans une incantation, qui ne nous parait pas d'ailleurs
dictée par une influence chrétienne, àXX ’ f( xEtpaXà, tÿ,î
’AOrjvaç, aù Et olvo; oùx Et otvo;, àXXà’xx dTtXâyyva xoù ’O^st'cio;,
va ff7tXiyyva toO ’làw26. L’objet spécial du sacrifice dans la
magie paraît être le plus souvent de créer le pouvoir ma¬
gique, ou tout au moins de le rafraîchir et de l’accroître.
C’est ce que paraît prouver, entre autres, l’absence com¬
plète de toute indication de pratiques sacrificielles dans
les recettes qui suivent le rituel de l’initiation du livre de
Moïse, que l’initiation suffise une fois pour toutes, ou
qu’il soit sous-entendu que des pratiques sacrificielles
— 14 Pap. Berol. II, 1, 3 ; Kopp, Palacogr. critica, I. III, p. 687 ; Ueuvens, Lettre 1,
p. 23 ; Sei'cuus Samnionicus, p. 276; cf. Dielerich, Pap. mag. p. 769 ; litanie de la
iiavTua Ivoovixr,, Pap. Paris. 3097 sqq. ; Wcsscly, Wiener Studien, t. VIII, 184 sqq.
— 13 De mtjst. VII, 4. — 1° Bcrlhclot, O. I. inlrod. p. 155. — 17 Pap. W. VI, 3;
IX, 10; X, 41 ; Pap. Berol. I, 243-247 = Pap. Berol. II, *4-42. — 18 Cf. C. Schmidt,
Gnostische Schriften in koptischer Spraclte, 1892, p. 447 sqq. — 19 Pap. Paris. 2634
— 20 Bouché-Leclcrcq, O. I. ch. VI. — 21 Pap. I, 21, 25,30 ; IV, 13; VIII, 6 ; IX, 20;
Pap. CXXI, 678,703, 709, 751 ; Pap. Berol. I, 235; Euscb. Praep. cr.V, 14. — 22 Virg.
Ecl. VIII, 70. — 23 Pap. Paris. 908, 2371, 2192 ; Kchr, O. I. p. 15. — 24 Wcsscly,
Die Zalil neun and neunzig, in Mittlieil. aus der Samml. der Pap. erg. Rainer,
1, p. 13 sqq. — 25 Wcsscly, Gr. Zauberpapyrus, index. —20 Pap. L. CXXI, 710.
MAG
— 1520 —
MAG
d'expiation et de consécration doivent précéder dans la
pratique l'application desdites recettes. En tous cas, les
rites sacrificiels sont assez communs dans la magie pour
donner leur nom à la série des rites 1 .Les xaOapaot paraissent
a\oir été de véritables sacrifices magiques [lustratio] 2.
Dans la gav-rsia Kp&vtxv] le texte indique de sacrifier
(avant ou après l'apparition du dieu? nous l’ignorons)
une victime en y joignant un cœur de chatte et du crottin
de jument 3. Dans une cérémonie destinée à agir sur la
Planète Aphrodite, on sacrifie une colombe blanche; le
texte mentionne particulièrement le sang et la graisse de
la victime \ Ailleurs, après la description d’une image
il Hermès, le sacrifice d un coq, et l’on trouve dix lignes
plus loin la mention d’un sacrifice semblable5. Pour le
rajeunissement d’Aeson, Médée dresse deux autels, l’un
a Hécate, 1 autre à Juventa; elle les décore déplantes,
1 1 1 use des fosses, puis immole un bélier noir en accom¬
pagnant ce sacrifice d une double libation de miel et de
lait frais. Parmi les préparatifs d’un songe, il faut signaler,
dans un passage du papyrus CXX1, Pà^Écoi;-? d’un
lézard. Les chiens1’, les porcs', les animaux noirs en
général, boucs, moutons, taureaux8, les oies9, les
i oqs blancs10 sont sacrifiés dans les cérémonies magi¬
ques11. On y faisait des offrandes sacrificielles de farine12
et de gâteaux13, même de gâteaux au miel comme dans
les cultes chthoniens14, des libations de vin15, vin de
Mendès, vin égyptien, et des libations au miel, libations
particulières aux cérémonies chthoniennes, funéraires et
expiatoires (g.sXtxpaTov16), enfin des fumigations de par¬
fums1'. Le sacrifice est quelquefois simplement voué
par la prière ou l’incantation18.
La magie ne négligeait pas d’utiliser le caractère sacré
donné par le sacrifice à tout ce qui en sortait. On pres¬
crit comme amulette la dent d’un veau tepoOÜToç 19. Dans
le rajeunissement d’Aeson tel que le raconte Ovide, le
sacrifice et la préparation du philtre constituent deux
opérations distinctes. Mais dans les papyrus magiques,
il n’en est généralement pas de même, et la fabrication
des xoXXoûpta 20 se confond avec la cuisson des offrandes
ou tout au moins s’y mêle. C’est ce qui explique l’étrange
composition d un mélange semblable à 1 stti Oûux otvayxx-
sTtxôv décrit dans le papyrus de Paris21. Dans ces condi¬
tions, le sacrifice se mêle aux rites symboliques et à
l'emploi des substances magiques. Les éléments du
sacrifice (substances qui entrent dans h
philtre) sont symboliques, comme «lu
planète Vénus, mentionnée plus haut- dan*
ment des poissons mentionné ni., *
sacrificielle consiste à
nr.'wz:
doit compléter l’identification de la Biture » 1 a 1011 lui
représente22. Quant aux sacrifices qui
donner le change à des démons, comme celui „ T de
Ovide ou au sacrifice, raconté par Julius Cani l '
«•*<*> dont Faustine
demander s’ils appartiennent au domaine de h J Se
à celui de la religion. On trouve dans les livres a2m°"
ques une longue et frappante allégorie qui a fait for Z
parmi les auteurs de cette science; elle décrit ]■
formation des métaux dans l’opération sacrée en lerraK
empruntés au rituel et à la théorie du sacrifice25
11 convient de mentionner ici les sacrifices humains!
en particulier les sacrifices d’enfants (fie. 47g d 26 «t
de fœtus arraches au ventre de la mère, reprochés
souvent a la magie. Il serait imprudent de l’en disculper
a Priori. Mais on peut dire que ces sacrifices sont un
des thèmes habituels de la légende qui voile les cultes
secrets, les religions vaincues et les hérésies27.
L’usage du sang dans la magie doit être probablement
compté parmi les rites sacrificiels28.
Comme les cérémonies religieuses où l’homme entre
en rapport intime avec les choses sacrées, la cérémonie
magique comporte des rites que l’on peut appeler des
rites de sortie 29, destinés à achever la cérémonie, à en
limiter les effets et à permettre à l’opérateur de rentrer
dans la vie pratique. Ils sont bien indiqués dans la
huitième Églogue de Virgile30. Lorsque l’on ne porte pas
les produits de l’opération dans un endroit déterminé ou
si on ne les garde pas avec soi pour produire un effet
durable, on les brûle, on les jette ou on les enterre, en
tous cas on les élimine. La gavrefa Kpovix-q31 nous donne
un exemple de l’emploi de la prière pour mettre fin à
une cérémonie.
La cérémonie magique se compose donc, dans le
monde hellénistique, des mêmes éléments que la céré¬
monie religieuse à tel point qu’elle est désignée par les
mêmes termes (tsXstt;, sacri/icium, etc.) 32 De même, la
magie chrétienne utilise la messe en l’adaptant33. Dans
ce dernier cas, nous voyons nettement quelle différence
1 ’£* Ou£uv xu-ubùaopzi ou xscTaSijuonat, Theocr. 11, 3, 10; cf. 159.
— 2 Sckol. ad constitut. apostol. VH, G, xefixaSoiîjwy ■ ô 8,4 0u<n5y SoxSv
xuXütiv vim u; r, âfJ.aPTtaç. — 3 Pap. Paris. 3095. — * Pap. Paris. 2891 ; Pap.
V. I, 91 ; VH, 2.-5 Pap. Paris. 2359-2369 ; ibid. 35, 2190 ; Pap. Berol. II, 25 ;
Wünsch, Defix. tab. ait. XXIII. Voir encore Paris. 1390 s.jq. ; Porphyr. ap. Euseb.
Praep. €V. V, 10, 1-2; Psellus, zsP \ Ivtoyttui Scunôvwv, 33; Id. —£ p, §Kipavuv, 43 ;
I’bilostr. V. Apoll. V, 12. — G Deubner, De incub. p. 39 sqq. — 7 Ibid. p. 40.
— 8 Ibid. p. 41. — 9 Ibid. p. 42; Pap. V. VII, 2. — 10 Ibid. p. 46 sqq.
— n Voir encore Pap. V. I, 30; IX, 31 ; VII, 120; IV, 2 ; XI, 20; De Jong, O. I.
p. 61 ; Hansen, O. I. p. 45 sqq. — 12 Theocr. II, 18, 33. — 13 Deubner, O. t. p. 43.
— u Paris. 754 sqq. — 13 Deubner, O. I. p. 45 ; Paris. 2369 sqq. — <6 Deubner,
O l. p. 44. — 17 Deubner, O. I. p. 48. — 18 Wünsch, Defix. tab. att. XXIII,
XXVII; Corp. inscr. lat. X, 8249, 15. — 19 Paris. 2899. — 20 Deubner, O. I. p. 47 ;
Paris. 2899, 2681. — 21 2674 sqq. —22 Cat. cod. Med. 17. — 23 Ov. Fait. VI,
141 sqq. — 21 y. Marc. Antonin. 19. — 23 Berlhelot, O. I. t. I, p. 23; t. II, p. 117;
ld. Oryi. de l'Alchim. p. 75, p. 181. —26 Hor. Ep. V, 1-10, 83-102; Pbiloslr. V.
Apoll. VIII, 5 ; sur Simon leMage, voirnolc 15, p. 1502 ; Psellus, iteçî Ivsjy. Satjioy. éd.
Boissonnadc, p. 8, u. 14; Mommsen Der Religionsfrevel, in Bist. Zeilschr.p. 391.
— 2* Chwolsohn, Die Ssabier and der Ssabismus , t. II, p. 142, Ueber Alenschenop-
fer in der spaeteren Zeit des Beidenthums, part. 147 sqq. ; cf. les sacrifices d en-
fanls, Grimrn, Deutsche Mythologie , I, p. 40; Jahn, Deutsche Opfergebràuche-,
Lippcrl, Kulturgeschiehte, II, p. 34. — 28 Lucan. VI, 541; Ueber den Zauber mit
Menschenblut und anderen Teilen des menschl. Korper , in Vcrhandlungen der
Berliner Gesellschaft fur Anthropologie, XX, p. 130. — 29 H. Hubert et M. Mauss,
O. I. p. 85 sqq.; 11. L. Slrack, Le sang et la fausse accusation du meurtre rituel,
trad. 1900. — 30 V. 102 : « Fer cineres, Amarylli, foras, rivoque fluenli
caput jace, nec respexeris ». — 31 ’AtieXOe, Siazoxa, yôapou uponatî;? ,
eî; toùç ESiou; toîeou; Vva (tjvtï]Pïi8îî lïav. "Jlew; tj|*Tv, xûçie. 3 ^ .
p. 56. — 33 Ircn. I, 13, 2 ; Messe noire. — Bibliographie. Tylor, Pivnitr 1 ^
2' Z-dit. Londres, 1891, ch. iv; Jevons, An introduction to the liistory
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t. I, ch. i ; t. III, ch. m ; Sidnev Harlland, The Legend of Perseus, 1
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1896 ; A. Lehmann, Aberglaube und Zauberei von den aeltesten '■ tlh-
in die Gegenwart, Stuttgart, 1898; T. Witloi) Davies, Magic, 1 ^ g|M)
dcmonology among the Hebrews and their neighbours, Londres, 10 .) ’. nncient
Das altjüdische Zauberwesen, Strasbourg 1898 ; Winternitz, Witcbcn
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Can Studies, 2e édit. Londres, 1901 ; Fr. von Ifchvald, Zim " ^ 1843;. i
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roman remains in popular tradition, Londres, 1892 ; A ojani i ^ iraJiciost>
Superticiones populares recojidos en Andalucia, in BiblioUc 1 ^ jn flcricM
populares espanolas, t. I, 1881; Jalin, Aberglaube des //ov" canltdi°n'^lS
d. saechs. Gesellsch. d. Wissenschaften, 1855 ; O. Hirsch i i , «)jCrg, 1863 ;
et devinctionibus amatoriis apud Graecos Rtmanosque,
MAG
MAG
— \
lieux cérémonies : la messe magique esl en
h 'messe religieuse retournée; le mécanisme
P'1"™' Vie même, mais il agit en sens inverse. Cette
desr,ll’*(" manque dans les études gréco-romaines. Les
nfé chlîoniens, dont le rituel ressemble par tant de
riUlel magique, appartiennent à la religion.
coll's.‘ J, faut observer que la magie paraît employer
I Ma‘s , plu9 de rites sympathiques ou autres, destinés
"''"""•i'iliser l’action des forces surnaturelles. Dans la
i Jj, effet, la direction de cette action, dès qu’elle
* 'V'c en branle, semble être préalablement indiquée
tcf constitution, la vie et les besoins de la société,
r ni autre point de vue, nous devons remarquer que la
1 rie manque de représentations mythiques qui lui
lient propres; son panthéon est un chaos ; elle en prend
]es éléments dans les religions, mais elle désorganise
CPS éléments. Elle transforme les figures mythiques en
forces, qu’elle traite comme les composantes d’un pou¬
voir cosmique indéfini. Son évolution semble donc être
inverse de celle des religions. La magie et la religion
l’attachent pas la même importance aux mêmes choses.
Leur différence vient de celle de leurs fonctions dans la
vie sociale. IL Hubert.
MACIS ou MAGIDA (Mayîç).
C’est une variété des
plats creux comme lanx et discus1 (voir les figures de
catintm et de cibaria). Pollux y voit un genre de table
volante ou table mobile (alpôgevai Tp<x7;eî>i) 2, sans douLe
parce qu’on apportait un repas tout servi sur ces grands
plateaux qu’on posait et qu’on enlevait facilement,
comme on le fait encore aujourd’hui en Orient.
| Le mot est pris aussi comme synonyme de mactra,
récipient à pétrir la farine3. Suidas seul lui donne le sens
de couteau de cuisine4 et Hésychius celui de gâteaux
qu'on apportait à l’oracle de Trophonios3. E. Pottier.
MAGISTER. — Mot dont l’étymologie 1 même indique
le sens général : il désigne toute personne qui a pouvoir,
autorité sur d’autres, qui magis ceteris potest 2 ;
c’est un litre qui est donné à des fonctionnaires publics
et municipaux, à des chefs de bureau, à des présidents
de collèges, etc. On peut grouper les acceptions du mot
en plusieurs catégories :
1° Commandants militaires. — Dans celle classe
rentrent le magister populi , nom donné au dictateur
[dictator] 3 et le magister equitum qui fera l’objet d’un
article spécial, comme aussi les magistri peditum et
•equitum ou ministres de la guerre créés par Constantin et
maintenus par ses successeurs.
fi faut citer à part des officiers d’ordre inférieur dont
a menfi°n se trouve dans des textes épigraphiques de
asse époque, le magister ballistarius 4, qui semble avoir
1111 'ns!ructeur d’artillerie, et un magister primas 8,
genre de campidoctor d’un rang plus élevé que les autres.
I - Fonctionnaires. — On donnait le titre de magister
lcbo, ' "™lionnm magicarum specimen, Programmdes Gymnasiums zu Haders-
Incantanir °ssch > Ephesia Grammata, in Jahresb. fr. Jos. Gymn. 1880 ; Ilcim,
T91- °''tteCa lati'la' in Jahrbilcher f. class. Phil. SB. XIX, 1893,
Csenerai’oi Z ’e^ms ma9^cis Marcelli medici iu Schedae philologue Hermanno
‘'Wrrcs Z rJ"S sem'"ar‘‘ re!/ii Bonnensis oblatae , 1891, p. 120 sqq. ; Diclcrich,
Kroll, /),. ' n “w IMi9i°nagcachichte des spaeternAlierthvms, Leipzig, 1891 :
M'ots ou VI ch&ldaleia, in Brcslauer Phitol. Abhandlungen, 1894.
XXXIII ru , I U est employé comme synonyme do lanx par Plin.
ft/ioj. un. |( ' 1 ,,ar 'ai'r- Ling. lat. V, 120 (édit. Nisard); cf. Lamprid.
expli? " i ap.’ IHg' X11, C’ :i6- — 2 Po11- VI, 83; cf. X, 81, les 'Ex.-roda?
. R- < s a «■“•"iax», p. 1427, note 7. Voir aussi Phol. s. v. ; Etym.
d, Hesycl,. ., v (,a(ccl1- Empir. A mcd. t; Poil. VI, 04; cf. VII, 22; X, 81;
•*"7tSi5. ISuid. s. v. — 5 llesycli. L. c. ; cf. Etym. riagn. s. v.
aux chefs de division qui dirigeaient, à Rome, les diffé¬
rentes branches de l’administration impériale : tels étaient
le magister summurum rationnai [ratio.xai.eSj ", le
magister rei summae privalae'1 nus privata , le magister
a libellis 8 [libellis(a)], le magister a censibus 9 [gkn-
sin (a)], le magister a st ad iis 10 [stediis(a r], le magister X X
heredilatium 11 [vicesima jieheditati m . Il est à remar¬
quer d’ailleurs que ce mot ne se rencontre que dans des
textes épigraphiques de la fin du nc ou du iiic siècle.
Antérieurement, il semble qu’on se servit seulement du
mot procurator pour distinguer ces directeurs 12. Dans
la suite, au contraire, le mot procurator disparut et le
titre magister fut donné à tous les directeurs et chefs de
bureau de l’administration romaine : magister census,
epistularum , epistularum graecarum, libellorurn, / ineae
vestis , memoriae , officiorum , privalae , scriniorum
Nous renvoyons l’étude de leurs fonctions et de leurs
prérogatives à celle de ces différentes administrations.
3° Magistrats municipaux. — Certaines communes
qui, àl’époque impériale, n’étaient point organisées sous
la forme de colonies ou de municipes, qui étaient ratta¬
chées, subordonnées à des villes importantes ou qui
naissaient à l’existence sans pouvoir prétendre encore à
une administration plus perfectionnée, possédaient des
chefs propres désignés sous le titre de magistri, par
exemple le pagus Augustus Félix Suburbanus près
Pompéi‘\ le pagus Hcrculaneus près Capoue15 [pages],
le viens de Narona 1G, celui de Nauportus [vices]17, les
agglomérations de x-étérans et de marchands établis près
des camps d’Apulum18 et de Troesmis19 [canaba], les
groupes de cultivateurs fixés sur un grand domaine
[saltus]20. C’est ce qui a déjà été ou sera expliqué à
propos de chacun de ces termes spéciaux.
4° Présidents de collèges, de sociétés financières. —
Les collèges religieux à Rome avaient à leur tête un per¬
sonnage nommé magister. Il suffit de citer, comme
exemple, les decemviri sacris faciexdis, les uarespices,
les salii, les LUPERCi,les sacerdotes caeninenses et surtout
les arvales dont l’organisation est mieux connue que
celle de tous les autres. Partout le magister était un
personnage annuel, dont le nom servait à dater tous les
actes du collège, comme celui des consuls datait les actes
du peuple romain21, et qui représentait ou dirigeait
ses collègues dans toutes les manifestations religieuses
de la corporation 22.
Chez les Arvales, c’est lui qui, dans le pronaos du
temple de la Concorde, la tète voilée et tournée vers
l’est, annonçait annuellement au peuple la date de la fête
solennelle de la dea dia 23. Cette date arrivée, et pendant
les trois jours que duraient les cérémonies, il jouait le
rôle principal. Le premier jour, il recevait les Arvales
dans sa maison au lever du soleil et présidait au premier
sacrifice thure et vino , comme au repas qui le suivait 24 .
MAGISTER. * Il conlicut la racine maj , qui se retrouve dans magnas, magis, etc.
_ 2 Fest. Epit. p. 126. — 3 Gic. De rep. I, 40, 63. — 4 Corp. inscr. lat. V, 6632
(texte de lecture non certaine). — ° Ibid. 8730. — 6 lbiil. X 111, 822. — 7 Ibid.
_ g jl)j(h \’1, 1628. — 9 Ibid. — 10 Ibid. X, 4721 ; VI, 1628. — H Ibid. XIII, 1807.
— 12 La transition semble indiquée par l'inscription du beau-père de Gordien Timesi-
lliéc (Corp. inscr. lat. XIII, 1807), lequel esl appelé procurator in Urbe, magister
vices imac. — Cf. par exemple la Not. Dign. (Ed. Secck, indices, p. 304 cl 303).
— H Corp. inscr. lat. X, 81 4, 853, 1042, etc. — 1* Ibid. 3772. — ^ Ibid. 111
1 8^0. _ 1" Ibid. 3776, 3777. — Ibiii. 1008 ; magisirans primas in canabis
_ 19 H)id. 6166. — 20 Ihid. VIII, 10570 ; Toulain, Inscription d' Henchir-Mettich
p 7 et 24. — 21 Corp. inscr. lat. VI, 2025, 2065 <i, etc. — 22 Cf. Marquardt, Le
culte chez les Romains, II, p. 193 et suiv. — 23 Corp. inscr. lat. VI, 2068 a,
2074, 1086, 2099. - 24 Ibid. 2099, 2101, 2114.
.MAG
— 1522 —
MAG
Le lendemain, il entrai! seul dans le bois sacré pour le
purifier par un sacrifice spécial ( porciliae peculiares),
suivi d'un second (vacca honoraria), après quoi il exa¬
minait les ex ta el dressait un procès-verbal1. C’est seu¬
lement alors que les autres Arvales pénétraient dans le
bois et procédaient sous sa conduite à d'autres cérémo¬
nies et, en particulier, à la fameuse danse sacrée. Le
troisième jour, le magister ouvrait encore sa maison à
ses collègues et présidait à leur festin comme l'avant-
\eille-. En dehors de cette fête solennelle, chaque fois
qu il y avait lieu à la réunion du collège, à la suite
d accidents arrivés dans le bois sacré, ou pour la coopta¬
tion de nouveaux collègues, pour émettre des vœux en
faveur de l’empereur, pour lui conférer un titre, pour
consacrer un membre de la famille impériale, le magis-
fer convoquait les autres frères, dirigeait les délibéra¬
tions du corps et assurait leur exécution 3. 11 en était de
même pour tous les autres collèges religieux à Rome ou
dans les provinces.
On donnait aussi le titre de magistcr à celui qui avait
la direction des exercices religieux et le so*n des cha¬
pelles dans les différents quartiers ( uici ) de Rome et dans
les bourgades rustiques suburbaines ( pagi ) i. Dans le
Latium, d'ordinaire, chaque pagus ne possédait qu’un
seul magister 3 présidant au culte, assisté parfois de sa
femme, appelée pareillement magistra 6 ; mais on ren¬
contre aussi plusieurs magistri pour le même pagus.
De leur côté les vici choisissaient quatre magistri par
virus pagus, vicus] '. De môme, dans les municipalités
italiennes8, d’après la /ex coloniae Genetivae , les ma¬
gistrats suprêmes devaient désigner tous les ans plu¬
sieurs magistri pour chaque fanum ou sacellum de la
localité, gui suo quoque anno ludos circenses, sacri¬
ficiel, pulvinariague facienda curent 9. C’étaient des
affranchis ou des gens de condition ingénue, auxquels
étaient adjoints pour les besognes matérielles des
esclaves, ministri ,0.
Dans les associations professionnelles ou funéraires,
aussi bien à Rome qu’en province [collegium, sodau-
ciuMj, le titre de magister désignait le chef reconnu delà
corporation. Les exemples abondent dans les inscrip¬
tions pour les collèges de toute sorte, aeditui , cento-
narii , dendrophori , fabri, fullon.es, etc. 11 Élus par
l'assemblée, parmi ceux des membres de la société qui
avaient déjà géré des fonctions d’ordre inférieur 12, les
magistri étaient désignés quelques mois d’avance ( ma¬
gister designatus) 13 pour entrer en fonction au l111' jan¬
vier. Dans certaines compagnies ils restaient un an en
charge u, dans d'autres ils demeuraient cinq années en
fonction ( quinquennales ) 13 ; à leur sortie, ils pouvaient
être nommés honoraires ( magistri perpetui ) ,6. Eux aussi
avaient à s’occuper de tout ce qui intéressait la corpo¬
ration : sacrifices aux fêtes religieuses 17, organisation
des banquets l\ surveillance de la stricte observation
des statuts *\ convocation 20 des assemblées, dont ils
1 Corp. iriser, lut. VI, 2099, 2104. —2 Ibid. 2099, 2104. — 3 Ibid. 2023, 2024, 2027,
2029, 2034, 2040, 2041, 2042, 2107. — 4 Li, . XXXIV, 7, 2 ; Suct. Ocl. 30 ; llio, LV, 8 ;
C. i. I. \ 1, 443, 9i5, 1234, 22G9, etc. ; Asconius (éd. Kicssling, p. 0). — 5 C. i. I.
1, *01, 0*4, 809; Xl\, 2105; Bull, comun. 1887, p. 15(1 (commenté par Mommsen,
Broil public romain, VI, 1, p. 128, note 4). — 0 Wilmanns, 1713. — 7 C. i. I.
VI, 975 ; cf. 445 et suiv. — 8 Ibid. X, 4020, 3924; cf. p. 307 les remarques de
M. Mommsen. - 9 Ux col. Genet. ch. CXXV1I1. — 10 C. i. I. X, p. 307.
O Cf. la liste des magistri de collèges dressée par M. Waltzing, Étude hist.
sur les corporations professionnelles chez les Bomains, IV, p. 341 à 349. — 12 C. i.
I. VI, 1000, 10300; XIV, 330, 374. — 13 Ibid. VI, 10319, 10333. — 11 Ibid. X, 744,
dirigeaient les discussions 21 et dont il f-,; .
les décisions 22. Us avaient même parfois' T!? eXécutep
voirs judiciaires et le droit d’infliger dPC ’ , lns Pru¬
des associés qui avaient violé le règleineiir"'1?4 CCUx
collèges funéraires à eux revenait, naturellement ^
tout autre, le soin de veiller aux funérailles d J ' ' , Dl
ils dirigeaient eux-mêmes les obsèques, du
certains cas21, et assignaient, dans le monument" rf?
cimetière commun, les places réservées aux r Z *
chaque défunt « Ici les magü, H étaient donc ^1*
d 1111 caractère civil autant que d’un caractère religion
Les présidents des sociétés financières, qui on |
existèrent surtout à l’époque républicaine ’ ne ’
daient, au contraire, que des fonctions administra^
C’etaient les directeurs généraux de l’affaire à Koine tld
surveillaient les employés, tenaient la main à ce que* le!
conditions imposées par le cahier des charges et consen
lies par le manceps fussent fidèlement exécutées, fai¬
saient la correspondance, gardaient le double des lettres
reçues et envoyées, tenaient les livres et les comptes de
la compagnie 27. A la tin de leur gestion, qui durait!
généralement un an, ils transmettaient les pièces de
comptabilité à leur successeur 28 [societas, publicanus,
vectigaliaJ. Le nom du magister servait, là aussi, à dater
les actes de la société r\
4° Emplois divers du mot. — Étant donnée la signifi¬
cation du mot magister , on comprend qu’il s’appliquât,
dans les institutions privées ou la vie journalière, à tous
ceux qui avaient la direction d’une entreprise ou d’un
groupe. Par exemple, le capitaine d’un navire était dit
magister navis, le maître d’école se nommait magister
ludi litterarii , le président d’un banquet, magister convi-
vii ou bibendi, etc. On trouvera les développements néces¬
saires aux différents articles, navis, ludus, etc. R.Cacm.
MAGISTER EQU1TUM. — Au-dessous du dictateur il
existait, à l’époque républicaine, un magistrat d’ordre,
inférieur auquel on donnait le nom de maître de la cava¬
lerie. L’origine de cette fonction a prêté, même chez les
anciens, à des discussions ; on admettait généralement,
pourtant, que le magister militum était le descendant
du tribunus celerum 1 et cette manière de voir est admise
de nos jours par la plupart des savants, en particulier
par M. Mommsen, qui explique ainsi la genèse de I ins¬
titution 2 : « L’existence d’un pareil officier surprend, dit-
il, parce que ni l’ancienne organisation royale, ni 1 orga¬
nisation consulaire primitive de l’armée ne paraissent
présenter de commandant en chef de la totalité de la
cavalerie. Cependant on peut apercevoir avec une cer¬
taine vraisemblance pourquoi précisément cest s< nie
ment dans l’armée dictatoriale qu’un poste de-cc génie I
pu se développer à titre indépendant. Dans la P u |
ancienne organisation militaire il y a plusieurs onnSj
doute trois) commandants de divisions de cav'
tribuni celerum ; mais comme ils alternaient pi" 1,1 1
ment dans le commandement, on peut conM'l1 11
0038. — 15 Ibid. VI, 321, 990, 10299; cf. Waltzing, Op. cit. 1, P^’)1’’ ^ m;
i. I. XIV, 2299. — 17 Ibid. V, 4489 , 5272 ; XI, 120 ; XIV, 2212. — ^ _ 2j 76. *1 J
XIV, 2212. — 19 Ib. VI, 10298. — 20 Ib. XI, 2702, 5748 ; XIV, ^ ^ ^ y[)
970, 1354, 2702, 5748, 5750, 0335. — 22 Ib. XIV, 128, 100, 108- 10ag7.j
124; XII, 1911 ; XIV, 2112. - *“ '' ’, suiv.
- - • Op. cit. I. I'- 388
16 t'.J
24 Ib. III, p. 9
magister de*
— 27 Cic. Pro Plane. 13, 32; ad Fam. XIII
Ver rem, III, 71, 167. — 28 cic. Verr. II, 74, 182.
MAGISTER EQUITUM. l Dig. 1,2, 2, 15, 19; Lydus
— 2 Droit publie romain , III, p. 202 et suiv.
0289, 10298. r
— 2G Cf. sur le magister des conges ; Waltzing, Up» cu • *’ 1 - \cc.i^
i 9 2 ; nrf AU. V, 1 ■’* ■' ' '
2. — 29 C. i. t. II, SM*- ,
De mag- '■
MA G
— 1523
MA G
tribun"
momc
celerum qui occupe le commandement à un
nl jonné comme étant à la tête de toute la cava-
\ ]a chute de la royauté les posLes de ces colonels
ÎT! "i ivalerie furent pratiquement écartés et classés,
1 v >0 ln royauté elle-même, parmi les sacerdoces. La
coat iii • A., i i . j
Hépublique ne connaît dans la cavalerie aucun grade
supérieur
d’officier permanent au-dessus du chef de
m(1 ]es tribuns militaires pourvoyant aux actes pour
lesquels ces derniers n’étaient pas appropriés. Mais, pour
]c commandement unitaire de la cavalerie, on ne pouvait
recourir ni aux décurions ni aux tribuns de l’infanterie.
Dans l’armée consulaire il y avait un expédient tout
indiqué : c’était que, les deux consuls commandant régu¬
lièrement l’armée en commun, l'un prit la direction de
l’infanterie et en même temps le commandement en chef
qui se lie nécessairement avec elle, et l’autre le comman¬
dement de la cavalerie, soit d’une manière permanente,
soit alternativement. Le dictateur n’ayant pas à côté de
lui de collègue égal en droit et les consuls n’étant pas
non plus ordinairement employés sous .ses ordres,
l’expédient n’était pas praticable là, et c’est ainsi que se
sont trouvées réunies les conditions nécessaires pour la
transformation du tribunus celerum du roi en mugis-
ter equitum du dictateur. »
Quoi qu’il en soif de cette origine, le magister equitum
est, de droit, le compagnon subordonné du dictateur,
même quand celui-ci n’est pas appelé en vue de faire la
guerre, rei gerendae causa [dictator]. Trois fois seule¬
ment il y eut dictature sans nomination de maître de la
cavalerie: en 505, où M. Claudius Glicia fut forcé de se
retirer avant d’avoir pu choisir son magister equitum 1 ;
en 538 où M. Fabius Buteo n’eut pas non plus de lieu¬
tenant parce qu’il avait été créé Senatus legendi causa 2,
tandis qu un autre dictateur qui tenait en même temps
la campagne était accompagné d’un maître de la cava¬
lerie; enfin en 705, où César omit de se créer un second,
— mais nous sommes alors à une époque où l’institution
est en pleine transformation.
Il n y avait aucune condition spéciale d’éligibilité ;
pi'int n était besoin d’appartenir à l’ordre des patriciens,
puisque, avant la loi Licinienne, C. Licinius Stolo fut
nomme magister militum , « le premier de la plèbe »,
disent les fastes Capitolins3 ; ni d’avoir géré préalable-
|riUil d autres magistratures, bien que Tite-Live avance
1 "n traire 4, puisque l’on trouve comme dictateurs
SOlt lles consulaires8, soit des non-consulaires®, soit des
I mnages qui n avaient encore occupé ni la préture 7, ni
^ 1111 aucune Magistrature8. Il semble pourtant que, .en
^ d ParLir de 433, date où la dictature fut, en règle,
i "di i a des consulaires, et jusqu’à l’époque de César,
(|l >0Ulsfe) militum était pris parmi ceux qui avaient
1)11 h’ consulat9. Cette charge pouvait, d’ailleurs,
être cumulée avec des magistratures ordinaires, tribuna
consulaire"1, censure'1, édilité curule'2; mais le cumul
avec le consulat était illégal IJ.
Le magister equitum était choisi par le dictateur lui-
même 1 ", aussitôt son élection faite et sans attendre qu’il
eût présenté la lex curia ta de imperia
Cette désignation se faisait au lever du jour, après avoir
pris des auspices spéciaux *®. Dans le cas seulement où le
dictateur était désigné par les Comices, le maître de la
cavalerie était nommé également par le peuple n.
S il venait à disparaître avant l’expiration de son man¬
dat, qui avait même durée que celui du dictateur, il était
aussi remplacé18. Si celui-ci avait des raisons pour se
retirer, il invitait son magister militum à abdiquer sa
magistrature'9, mais il n’avait pas le droit de le déposer,
même lorsqu’il croyait avoir à se plaindre de lui. Quand
le dictateur Papirius Cursor voulut punir son maître de
la cavalerie Q. Fabius d’avoir engagé la bataille en son
absence et gagné la victoire sans ordre, il se contenta de
lui défendre de quidquam pro mugistratu agere et de
confier sa charge à un autre20.
En théorie, le magister equitum était hiérarchique¬
ment assimilé aux préteurs2*; en pratique, par cela
même qu’il était pris souvent parmi les consulaires, il
leur était supérieur. 11 avait droit à la chaise curule22, à
la toge prétexte23, à six licteurs24, et à l’épée, insigne
des officiers25.
En toutes circonstances, le maître de la cavalerie pos¬
sédait les mêmes compétences que le dictateur, mais
comme auxiliaire, au second rang. A l’armée, il était son
chef d’état-major; il le représentait au camp si le dicta¬
teur restait à Rome 2®, ou à Rome s’il tenait la cam¬
pagne27. Il pouvait aussi en recevoir des missions
spéciales, comme de lever de nouvelles légions 28.
Lorsque le dictateur n’était point nommé rei gerendae
causa, mais pour une autre fonction, le maître de la cava¬
lerie était néanmoins son collaborateur. Ainsi Tite-Live
nous les montre tous deux dirigeant ensemble des pro¬
cès criminels à Rome29, ou appelés à célébrer la cérémonie
religieuse qui consistait à planter un clou dans la cel/a
du temple Capitolin [clavus] 30.
Certains textes reconnaissent au maître de la cavalerie
le droit d’assembler le peuple31 et celui de convoquer le
Sénat32 ; mais, dit M. Mommsen, « il n’y en a pas
d’exemple pour le premier et il n'y en a que d'insuffisants
pour le second, en sorte que la question apparaît presque
comme controversée ».
Nous donnons, en terminant, la liste de tous les
maîtres de la cavalerie connus; ce tableau permettra, en
outre, d’embrasser d’un coup d'œil l’histoire et le déve¬
loppement de ces deux institutions parallèles, la dicta¬
ture et la maîtrise de la cavalerie33.
VI, 39 . v « . a”' 2 p‘v- XXIII, 22. — 3 Fast. cons. an. 38G
Ha lac j ’ubebat V r”” ^ ^ — 4 l»v- If 18 : Consulares le
de 319 3^û e ( e crcand° lata. — G Exemples : les maîtres de la cav
296, 3ig ;■->(, /y~~' ~ ® Exemples : les maîtres delà cavale
cio. III. fj . j|io - j J65^37*’ 43i> *39. «2, 497.-7 Dion. XLII, 2i. — * App.
IV, 2|,4(j 57. y’i 3 Mommsen, Droitpublie romain, III, p. 199. — 1
- 13 ci. M ’ ’ ' P- E'cinius Crassus, en 544. — 12 Liv. XXIII, 24 ; XXV
- H La. ni J 011' l- H, p. ICO, note I, qui discute les exemples cc
• 27 IV, 21; VI, 38 ; vil, 12 ; VH, 28 : X, 3 ; X, 9 elc. - <3 Li
38. — 1« Liv. III, 27. — 17 Liv. XXII, 8; XXVII, 5. — 18 Liv. IX, 22 ; Fast. cons.
an. 439. — 19 Liv. IV, 34; VIII, 15 ; IX, 28. — » Liv. VIII, 38. — 21 Cic. De leg. 111,3.
9. — 22 Rio XI.I1I, 48. — 23 Dio XLII, 27. — 2V Dio, Ibid. ; Lyd. De mag. I, 37 ; 11,
19. — 25 Dio XLII, 27; XLV, 29 ; XLVI, 18. - 26 Polyb. III, 87 ; Plut. Ant. 8t.
— 27 Liv. IV, 27. - 2» Liv. XXII, lt. — 29 Liv. IV, 14; IX, 2G. — 30 Liv. VII, 3;
VIII, 18, — 31 Cic. De leg. III, 4, 10. — 32 Jbtd. 3, G. — 33 Ce tableau a été dressé
d'après l’excellente table que M. Mommsen a insérée à la Pin du premier volume
dit Corj). viser, lat. p. 345 cl suiv. : Magistratus eponymi, item diclatores
magistri equitum, etc. On devra s'v reporter pour les références.
MAG
1524 —
MAG
ANNÉES
DE ROME.
253
55 ou 258
2C0
200
315
317
310
320
323
328
330
3 4G
358
304
305
3G0
374
380
387
301
302
393
304
390
398
401
402
403
404
405
400
408
400
410
412
414
415
417
410
420
MAGISTM EQUITUM.
DIGTATOR.
Sp. Cassius Sp. f. Sp. n. Yiscelliuus.
T. Larcius Flavus (ou Rufus).
R°i gerendae
T. Aebutius Ilelva.
A. Postumius P. f. n. Albus Regilleusis.
I<!
Q. Servilius.
M’. Valerius Volusi f. Maximus.
Id
L. Tarquitius L. f. Flaccus.
L. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus.
ld
C. Servilius Ahala.
L. Quinctius Cincinnatus 11.
Id
L. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus.
Main. Aemilius Mam. f. Main. n. Mamercinus.
ld
A. Aebutius Ilelva Cornicen.
Q. Servilius P. f. Sp. n. Priscus Fidenas.
ld
P. Postumius Tubertus.
Mam. Aemilius Mamercinus 11.
ld
D. Julius Iulus.
A. Postumius Tubertus.
ld.
A. Cornélius Cossus.
Mam. Aemilius Mamercinus III.
ld.
C. Servilius Q. f. C. n. Axilla.
Q. Servilius Priscus Fidenas 11.
ld.
C. Servilius P. f. Q. n. Aliala.
P. Cornélius M. f. L. n. Rutilus Cossus.
ld.
P. Cornélius M. n. Maluginensis.
M. Furius L. f. Sp. n. Camillus.
Id.
D. Valerius Politus.
M. Furius Camillus II.
Id.
C. Servilius Aliala.
M. Furius Camillus III.
Id.
T. Quinctius Cincinnatus '? Capitolinus.
A. Cornélius Cossus.
ld.
A. Sempronius Atratinus.
T. Quinctius Cincinnatus Capitolinus.
ld.
L. Aeinilius Mamercinus.
M. Furius Camillus II II.
Id.
Post edic/um in milites ex s. c. abdicarunl ; in eorum locum facti sunt :
P. Licinius P. f. P. n. (Stolo Calvus) primusec
P. Manlius A. f. A. n. Capitolinus.
Seditionis sedandac et
plebe.
T. Quinctius Cincinnatus Capitolinus.
M. Furius Camillus V.
rei gerendae causa.
Rei gerendae causa.
L. Pinarius Natta.
L. Manlius A. f. A. u. Capitolinus Imperiossus.
Clavi figendi causa.
P. Cornélius Scapula.
Ap. Claudius P. f. Ap. n. Crassus lnregillensis.
Rei gerendae causa.
Ser. Cornélius P. f. M. n. Maluginensis.
T. Quinctius Pennus Capitolinus Crispinus.
Id.
T. Quinctius Pennus Capitolinus Crispinus.
Q. Servilius Q. f. Q. n. Ahala.
Id.
M. Valerius Poplicola.
C. Sulpicius M. f. Q. n. Peticus.
ld.
C. Plautius P. f. P. n. Proculus.
C. Marcius L. f. C. n. Rutilus.
ld.
A. Cornélius P. f. A. n. Cossus Arvina.
T. Manlius L. f. A. n. Imperiossus Torquatus.
Id.
L. Aemilius Mamercinus.
C. Julius Iulus.
Id.
Q. Servilius Q. f. Q. n. Ahala.
M. Fabius N. f. M. n. Ambustus.
ld.?
P. Cornélius Scipio.
L. Furius M. f. L. n. Camillus.
Comitiorium habendo -
A. Cornélius P. f. A. n. Cossus Arvina 11.
7
Q. Fabius Ambustus.
T. Manlius Imperiossus Torquatus 11.
9
rum causa.
ld.
Id.
P. Valerius Publicola.
Feriarum constit. causa.
Cn. Manlius L. f. A. n. Capitolinus Imperiossus.
L. FuriUs Sp. f. M. n. Camillus.
Rei gerendae causa.
M. Fabius Ambustus.
M. Valerius Poplicola.
Feriarum constit. causa.
L. Aemilius L. f. L. n. Mamercinus Privernas.
M. Valerius Corvus.
Rei gerendae causa.
L. Papirius Gursor.
L. Papirius Crassus.
ld.
D. Junius Brutus Scaeva.
Q. Poblilius Q. f. Q. n. Philo.
Id.
C. Claudius Hortator.
C. Claudius Crassus lnregillensis.
ld.
Vitio creali, magistral u se abdicaverunl .
O. Poblilius Q. f. Q. n. Philo. 1 L. Aemilius L. f. L. n. Mamercinus Privernas.
i Comit. habend. causa.
M. Antonius.
P. Cornélius Rufinus.
| Rei gerendae causa.
Vitio créai i, magislratu se abdicaveru.nl.
422
P. Valerius Poplicola
M. Papirius Crassus.
423
L. Valerius.
Cn. Quinclilius Varus.
427
Sp. Postumius.
M. Claudius Marcellus.
Vitio creali.
420
M. Fabius M. f. N. n. Maximus Itullianus.
L. Papirius Sp. f. L. n. Cursor.
L. Papirius Crassus.
Id.
432
M. Fabius Ambustus.
A. Cornélius P. f. A. n. Cossus Arvina.
433
P. Allius Paetus.
Q. Fabius Ambustus.
Vitio creali, suffecli sunt :
L. Valerius Flaccus.
M. Aemilius Q. f. L. n. Barbula (Papus).
434
M. Foslius C. f. M. n. Flaccinator.
M. Mainius P. f. P. n.
Clavi figendi causn.
Cornit. habend. causa.
Rei gerendae causa.
Latin, fer. causa ou rei
gerendae causa.
Coinit. habend. causa
Quaest. exerc. causa.
MAG
— 1525 —
MAG
ANNÉES
pE HOME.
MÀGISTRI EQUITÜM.
DICTATOR.
■ - ""
L. Papirius Sp.f. L. n. Cursor.
L. Cornélius Lentulus.
Rei gerendae causa.
L. Papirius L. f. L. n. Crassus 11.
T. Manlius L. f. A. n. Imperiossus Torqua-
Comit. habend. causa.
tus III.
438
L. Fulvius L. f. L. n. Curvus.
L. Aemilius L. f. L. n. Mamerc. Privernas II.
Rei gerendae causa.
439
Q. Aulius Q. f. Ai. n. Cerretanus. (In praelio
Q. l'abius M. f. N. n. Maximus Rullianus.
Id.
occisus est; in ejus locum factus est ;)
C. Fabius M. f. N. n. Ambustus.
440
M. Foslius C. f. M. n. Flaccinator II.
G. Mainius P. f. P. n. II.
Rei gerendae causa.
441
M. Poetelius M. f. M. n. (Samnis) Libo.
G. Poetelius C. f. C. n. Libo Visolus.
Id.
442
C. Junius L. f. G. n. Bubulcus Brutus.
C. Sulpicius Ser. f. Q. n. Longus.
Id.
445
C. Junius C. f. C. n. Bubulcus Brutus 11.
L. Papirius Sp.f. L. n. Cursor 11.
Id.
Hoc anno dictator el magister eguitum sine consulibus fuerunl.
448
P. Decius P. f. Q. n . mus.
P. Cornélius Scipio Barbatus.
Comit. habend. causa.
452
M. Titinius C. f. G. n.
G. Junius C. f. G. n. Bubulcus Brutus.
Rei gerendae causa.
453
Q. Fabius M. f. N. n. Maximus Rullianus II.
M. Valerius M. f. M. n. Maximus Corvus II.
9
(Abdicavit ; in ejus locum factus est : )
M. Aemilius L. f. L. n. Paulius.
Hoc anno dictator et magister eguitum sine consulibus fuerunt.
faire 462 el 469
?
Q. Ilortensius.
Sedit. sedandae causa.
Id.
?
Ap. Claudius C. f. Ap. n. Caecus.
9
474
9
Cn. Domitius Cn. f. Cn. n. Calvinus Maximus.
Comit. habend. causa.
faire 465 el 489
9
P. Cornélius P. f... n. Ruflnus.
491
Q. Marcius Q. f. Q. n. Philippus.
Cn. Fulvius Cn. f. Cn. n. Maximus Centumalus.
Clavi figendi causa.
497
M. Laetorius M. f. M. n. Plancianus.
Q. Ogulnius L. f. A. n. Gallus.
Latinar. feriar. causa.
505
M. Claudius C. f. Glicia.
Coactus abdicavit sine magistro eguitum; in ejus locum factus est :
L. Caecilius L. f. C. n. Metellus.
A. Alinius A. f. C. n. Gaiatianus.
Rei gerendae causa.
508
M. Fulvius Q. f. M. n. Flaccus.
Ti. Coruncanius T. f. T. n.
Comit. habend. causa.
523
C. Aurelius L. f. C. n. Gotta.
C. Duilius M. f. M. n.
Id.
530
N. Fabius M. f. M. n. Buteo.
L. Caecilius L. f. C. n. Metellus.
Id.
533/535
G. Flaminius C. f. L. n.
Q. Fabius Q. f. Q. n. Maximus Verrucosus.
Comit. habend. causa.
Vitio facli abclicaverunt.
537
538
541
544
546
547
549
551
552
672
705
707
709
710
M. Minucius C. f. C. n. Rufus.
Q. Fabius Q. f. Q. n. Maximus Verrucosus II.
Interregni causa.
M. Pomponius M'f. M'n. Matho.
L. Veturius L. f. Post. n. Philo.
Comit. habend. causa.
Ti. Sempronius Ti. f. Ti. n. Gracchus.
M. Junius D. f. D. n. Pera.
Rei gerendae causa.
Sine magistro eguitum.
M. Fabius M. f. M. n. Buteo.
Sénat, legend. causa.
M. Fulvius M. f. Q. n. Flaccus.
C. Claudius Centho.
Comit. habend. causa.
P. Licinius P. i. P. n. Crassus Dives.
M. Fulvius M. f. Q. n. FTaccus.
Id.
C. Servilius C. f. P. n.
T. Manlius Torquatus.
Comit. ludor. que fac.
Q. Caecilius L. f. L. n. Metellus.
M. Livius M. f. M. n.
causa.
Comit. habend. causa.
L. Veturius L. f. L. n. Philo.
Q. Caecilius L. f. L. n.
Id.
M. Servilius C. f. P. n. Pulex Geminus.
P. Sulpicius Ser. f. P. n. Galba Maximus.
Id.
P. Aldus Q. f. P. n. Paetus.
C. Servilius C. f. P. n.
Id.
L. Valerius L. f. L. n. Flaccus.
L. Cornélius L. f. P. n. Sulla.
P.eipub. constit. causa.
Sine magistro eguitum.
G. Julius C. f. C. n. Caesar.
Comit. habend. et fer. lat.
M. Antonius M. f. M. u. "
C. Julius C. f. C. n. Caesar II.
causa.
Reipub. constit. causa.
M. Aemilius M. f. Q. n. Lepidus.
C. Julius C. f. C. n. Caesar III.
Id.
M. Aemilius M. f. Q. n. Lepidus.
C. Julius C. f. C. n. Caesar II1I.
Id.
Abdicaverunt ;
M. Aemilius M. f. Q. n. Lepidus II.
C. Octavius C. f. C. n. ( designalus erat ut gu uni
M. Lepidus paludatus exiisset. iniret ; non
iniit).
Ln. Domitius M. f, M. n. Calvinus (in inseguen-
tem annum designalus, iniit).
in eorum locum facti sunt :
C. Julius C. f. C. n. Caesar in perpetuum.
MA G
1526 —
MAC,
Certaines inscriptions1 de basse époque font mention
de magister equitum , qui n’ont rien de commun avec
ceux dont il vient d’être question. Ceux-là sont des offi¬
ciers d'ordre inférieur sur la nature desquels on est fort
peu renseigné. M. Mommsen les assimile au centurio
supernumerarius*. R. Cagnat.
MAGISTER PEDITUM, EQUITUM, MILITIAE. —Pen¬
dant les trois premiers siècles de l’empire romain, le
commandant militaire suprême, immédiatement au-des¬
sous de l’empereur, était lepréfetdu prétoire [praefectus
PRAETORiol. Constantin, en réorganisant toute l'adminis¬
tration, modifia cet état de choses1. Il sépara l’infanterie
de la cavalerie, et donna à chacune de ces armes un chef
propre ; ainsi prirent naissance le magister peditum et le
magister equitum. Les deux titres pouvaient, d’ailleurs,
être réunis sur une seule tète et le commandant en chef
prenait alors le nom de magister peditum et equitum ou
utriusque militiae2. Cettechargè était, naturellement, une
des plus éminentes de l’empire et formait, avec la préfec¬
ture du prétoire et avec celle de Rome, la catégorie la
plus élevée des dignités publiques3 : le titulaire avait
droit à l’épithète de vir illustris A
Au début, il existait en tout deux fonctionnaires de
cette sorte, un magister peditum et un magister equi¬
tum 5 ; mais dans la suite leur nombre s’augmenta. On vit
créer alors, à côté du magister peditum et du magister
equitum attaché à la cour et qui, pour cette raison, est
appelé praesentalis , ou in praesenti , d’autres magistri
equitum ou même peditum et equitum 6. Les premiers
étaient, en réalité, des ministres de la guerre, les seconds
des commandants militaires de territoires, soumis, d’ail¬
leurs, à des ducs. Nous en avons la preuve pour la Gaule 1,
l’Illyricum8, l’Orient9.
Dans l’empire d'Occident, cette organisation subsista :
c’est, du moins, celle que nous fait connaître la Notice des
dignités. On y trouve mentionnés deux magistri prae-
sentales, un magister peditum et un magister equitum'0.
Cec officiers généraux avaient sous leurs ordres directs
les troupes qui stationnaient en Italie, et plus particu¬
lièrement les Palatini" ; dans le reste de l’empire ils
étaient représentés par des officiers de rang inférieur, par
exemple, en Afrique et en Tingitane par des comtes et des
ducs, en Bretagne par le cornes Britanniarum, lesquels
commandaient les légions et les différents corps de
troupes répandus dans le pays12. Pour la Gaule il est fait
mention dans la Notice d'un magister equitum spécial,
1 C. i. I. V, 8278. — 2 Ibid. : « Magister equitum et centurio supernumerarius
alibi quod sciam non reperiuutur. Puto autem idem officium esse bis diverse signi-
ficalum, collato loco Vegetii (III, 18; cf. II, 19) de equitibus supernumerariis 1c-
gionis. — Bibliographie. Lange, Rôm. Alterthümer (3* édit.), I, p.583etsuiv. ; Wal¬
ter, Geschichte des rôm. Rechts{ 3e édit.), I, n.142; Mommsen, Le droit public romain,
III, p. 198 et suiv. ; A. Dupond , De dictatura et de magistro equitum , Paris, 1875.
MAGISTER PEDITUM, EQUITUM, MILITIAE. 1 Zosim. II, 33 ; Lydus, De
mag. II. 10; cf. Naudet, Des changements opérés dans toutes les parties de l'Em¬
pire, etc. I, p. 349. — 2 Cod. Theod. XI, 1, 1 ; Amm. XXII, il, 1 ; XXV, 8, 9 ;
Corp. inscr. lat. III, 5653, 5670 a, etc. Le titre de magister militum ou môme
armorum désigne aussi bien le maître de la cavalerie que celui de l'infanterie.
— 3 Cod. Theod. VI, 7, 1 : praefectum urbi, praefectum praetorio, magistros
equitum ac peditum indiscretas ducimus dignitates. — 4 Corp. inscr. lat. III,
a653 ; Not. Dign. Or. VI, VII; Oc. V, VI ; cf. Hirschfeld, Sitzungsb. der Akad. zu
Berlin, 1901, p. 598 et suiv. Ce titre n cxclut pas celui de clarissimus porté ailleurs
par les maîtres de la milice {Corp. inscr. lat. III, 5670 a). — 5 Amm. XV, 5, 2; XVI,
2, 4 (cf. Aur. Vict. XLIl, 15) XVI, 11,2; XVII, 6, 2 ; XVIII, 3, 1 ; 5, 5 ; XXV, 8,
9, etc. La liste de ces maîtres de l’infanterie au début de l'institution est donnée par
M. Mommsen, Dermes , 1889, p. 2 62, note 1. — « Amm. XV, I, l ; XXI, 13, 8 ;
XXIX, 3, 7 ; Cod. Theod. VII, 1, 9 ; VIII, 1, 10: Not. Dign. Or. V à IX ; Oc. V à
VII ; Zosim. IV, 27; C. i. I. III, 3653, 5670 a. — 7 Amm. XVI, 2, 8; 10, 21;
XVIII, 2, 7 ; XX, 9, 5; XXI, 8, 1. — 8 Ibid. XXI, 9, 5, 7 ; 12, 2 ; XXVI, 1, 6; 5, 11.
— 9 Ibid. XIV, 9, 1 : 11, 5; XVIII, 2, 3; XXVI, 5, 2; XXXI, 16, 8. — 10 Not.
qui, ainsi qu’on peut en juger par la liste de .
mis à son autorité, y commandait la cavalenV.0'1* SOli'
que l’infanterie13. Le jour où pour desVu. ° b‘en
nclles o. réunit, à Home, le» deux
une seule ma.n, ce qui fui le cas pou» siiliZ"
créa un généralissime de toutes les forces H . p ’ °n
Dans l'empire d'Orient, le système adopté Véï'"'
le même. L’empereur Théodose I» décentralisa comauT
ment le commandement16. Au lieu d’un ou de deux
mstres de la guerre ayant autorité sur les dillï '
chefs d’armées, il institua des magistri militum
diverses provinces, ayant sous leurs ordresles fan,„ • '
aussi bien que les cavaliers. Deux séjournaient à Cons
tantinople, qui étaient à la tête chacun de la moitié des
troupes palatines16; trois étaient répartis dans le reste
de l’empire, le premier en Orient11, le second enThrace18
et le troisième dans la partie orientale de l’Illyricum19’
Les deux magistri praesentales avaient bien un cer¬
tain contrôle sur leurs collègues de province20, niais
c’étaient ceux-ci qui commandaient directement aux
chefs de corps, aux ducs21.
Les magistri militum subsistèrent à l’époque byzan¬
tine et prirent même à cette époque une grande puis¬
sance22. Ces officiers généraux présidaient, naturelle¬
ment, à toutes les opérations concernant les mouvements
des armées et le personnel 23, l’administration du matériel
étant seule réservée aux préfets du prétoire. Les inscrip¬
tions nous les montrent ordonnant la construction des
ouvrages fortifiés nécessaires à la sécurité de l’em¬
pire24.
Le Code théodosien énumère les différents privilèges
et surtout les immunités financières dont ils jouissaient23,
la Notice des dignités fait connaître les commis aux écri¬
tures qui étaient attachés à leur état-major : numerarii ,
commentarienses , primiscrinii , scriniarii , regeren-
darii, exceptores, etc. 23 R. Cagnat.
MAGISTRATUS. — Pour la Grèce, voir arciiai,
ARCHONTES, LACEDAEMONIORUM, RESPUBLICA.
Rome. — I. Période royale. — La tradition romaine a
considéré, sans doute à tort, le roi et l’interroi comme
des magistrats [rex, interregnum].
IL Période républicaine. — A. De bonne heure le mol
magister n’a plus été employé que dans quelques
anciennes formules [magister populi, equitum ) ou pour
désigner le président de collèges religieux ou
par exemple, des Arvales, des Saliens, d’associations
Dign. Oc. V, VI. — n Ibid. V, 144 et suiv. ( legiones palatinae A//) ■ I " ^ ” I
( auxilia palatina /.XV) ; VI, 42 ( vexillationes palatinae A'). — '- HÜ. • '-0
suiv. — 13 Ibid. VII, 63 e‘t suiv. — 14 Zosim. IV, 59; Corp. inscr. lut. IV ‘
— 15 Zosim. IV, 27, fEvoç y&P ovtoç îiïTtàç^ou xa'i tict tojv îteÇwv evo^TSta,/ ^
Tauxa; St£VEt|A£ xàç — 15 Not. Dign. Or. V : Mag. militum ] . qc
{vexillationes palatinae V, legiones palatinae VI , auxilia palatina \ ( , srr)
VI : Mag. militum praesentalis ( vexillationes palatinae sex, legiones palata
auxilia palatina XVII). — 17 Ibid. VII : Magister militum per Orientcm. ^
VIII : Magister militum per Thracios. — 19 Ibid. IX : Magister militum p ' . ^ ^
— 20 Cod. Just. XII, 35. 18. - 21 Cod. Th. VII, I, 9; 17, 1- - 2 1 m
rappeler les noms de Bélisaire et de Solomon (Cod. Jusl. I, 27, -i ’ 1 ^
Tonn. p. 211 ; Proc. Bel. Vand. p. 507, 513, 518, 533; C. i. I- ^
1853, etc.). Us portent le titre de excellent issimus et gloriostssmuts.^
L'Afrique byzantine, p. 122, et Hirschfeld, Sitzungsber. der Ahm • |*on voit le*
1901, p. 603. — 23 Golhofr. ad. C. Theod. VU, paratitlon. Dans les cas cm ^
préfets du prétoire prendre part au recrutement, comme dans une <" irsde pro-
(Cod. Theod. VII, 13, 1), c’est seulement pour empêcher, en tant quegouvi 1 ^ ^ conl-
vinces, les curiales d’entrer au service pour fuir les charges muni i • ^ j863.
mentaire de Godefroid. — 24 Corp. inscr. lat. III, 3653, 5670 a ' . Qr. V
— 25 C. Theod. VII, 8, 3; VIII, 7, 4 et 5; 8, 43; XI, 18. - 26 pa),atulon
à IX; Oc. V à VII ; Corp. inscr. lat. III, 6399. — Bibliographie. Lo<h I"’1 , ^ per)ne$,
du Code Théodosien, VII (t. II, p. 250 et 251, éd. de 1736); Monm>- "'
XXIV (1889), p. 260 et suiv.
MAC,
— 1527 —
MAC
. r gocietatis). Il a été remplacé par un mot équi-
'i( jiré de la même racine (: magis ), le mol magis-
va,l’ir ' uj désigne à la fois, au sens abstrait, la magis-
politique régulière 8 et, au sens concret, le
lrttlll'i'nir,(, qUi la tient de l’élection populaire. Cet élé-
*,'l|i|l( le 'l’élection populaire est essentiel3 ; il distingue le
111111 . ,alus des sacerdoces et aussi de toutes les autres
j notions, missions, charges publiques qui constituent
i°s mimera. On a fait rentrer dans les magistratures les
^ ]ais du dictateur, du maître de la cavalerie, du préfet
L* h' ville, conférées par la cooptation de magistrats
’leclifs Primitivement, en vertu de cette idée fondamen-
1,1, que le droit romain a toujours conservée, de l’unité
q,, la puissance publique, les seuls magistrats étaient
les magistrats supérieurs, les consuls ; mais le cercle des
magistrats s’étendit constamment avec les démembre¬
ments du consulat, avec la création de nouvelles fonctions
déclives, jusqu'il embrasser les tribuns militaires a populo
et les v igintisexviri*. En outre, de très bonne heure, les
chefs de la plèbe ont été assimilés, comme magistrat, us
plebeiig aux magistrats réguliers de l’État patricio-
plébéien, aux magistratus patricii 6, et, à l’époque histo¬
rique, l’expression de magistratus 7 comprend indiffé¬
remment les deux groupes.
B. On trouve quelques autres divisions des magistrats
romains; par exemple, comme on le verra à propos des
insignes, ils se divisent en magistrats curules ou non
curules. La division en majores et minores se rattache
au mode d’élection : les magistrats pourvus de Y imperium
et les censeurs élus par les comices centuriates sont
majores, les autres sont minores 8; mais cette distinction
parait plutôt d’origine récente et n’a jamais eu d’impor¬
tance pratique ; chez les auteurs, les limites des deux
catégories varient selon les circonstances9 [magistratus
minores . On peut encore distinguer trois classes de
magistrats romains, selon qu’ils sont permanents ou non :
les magistrats permanents annuels, pourvus d’un nom
spécial, tels que les consuls, les préteurs, les édiles, les
questeurs; les magistrats qui ont aussi une compétence
déterminée, mais qui ne sont pas permanents, tels que
les censeurs, les dictateurs, les tribuns militaires consu-
lari potestate, aussi longtemps qu’ils ont existé ; enfin
les magistrats créés par une loi spéciale qui détermine
eur compétence, qu’on peut appeler extraordinaires, soit
qu ils aient un nom spécial comme les décemvirs legibus
soi ibendis ou les triumvirs a gris dandis, adsignandis,
coloniae deducendae , soit qu’ils soient désignés par la
• mqde formule cum imperio , cum potestate esse.
^ ' Les magistrats sont les dépositaires de la puissance
punque; en ce sens ils ont l 'imperium et la potestas.
; "'n i envoyons à l’article imperium. Ajoutons seulement
trilf"1 I itnperium appartient aux dictateurs, consuls,
faiui"S mi^ta‘res consulari potestate , préteurs10, qu’il
edili'" 1 "ll aUX *,1^uns du peuple, aux censeurs, aux
1 1 "îx autres magistrats inférieurs. La potestas a
une extension plus large que l 'itnperium4, ainsi les
magistrats qui n’ont pas Y imperium ont la /m/estas qui
correspond à leur charge; c’est pour cette raison que les
deux mots imperium et potestas , quoique ayant théori¬
quement la même portée", ont fini par s'opposer l’un à
l’autre12. L’émancipation graduelle des magistratures
inférieures à l’égard des magistratures supérieures a
amené l’établissement de règles précises pour prévenir
les conflits entre les différents magistrats : ils constituent
ainsi trois catégories, selon qu’ils possèdent les uns
envers les autres une puissance supérieure, égale nu
inégale. Les magistrats pourvus de Yimperium ont une
puissance supérieure ( major potestas) par rapport à
ceux qui ne l’ont pas; dans celte catégorie, le dictateur
l’emporte sur tous les autres, le consul sur le préteur, le
magistrat ordinaire sur le promagistrat; le grand pontife
et le censeur sont aussi considérés comme ayant une
major potestas [pontifex, ce.xsor]. Le tribun de la plèbe
la possède aussi sur tous les magistrats cum imperio ,
sauf le dictateur [tribunus plebis]. Les magistrats collè¬
gues ont une puissance égale {par potestas) les uns par
rapport aux autres. Enfin les autres magistrats non
collègues et qui n’ont pas Yimperium ont entre eux
une puissance inégale. Sauf ces réserves, chaque magis¬
trature a sa sphère particulière d’action où elle agit d'une
manière indépendante et spontanée. Il n'y a pas d'admi¬
nistration hiérarchiquement centralisée.
D. Une des institutions fondamentales de la République
a été la distinction de Yimperium domi et de Y imperium
militiae [imperium, judicia publica, p. 64li . Cette distinc¬
tion est d’ordre territorial, en ce sens qu’à l’intérieur de
la ville les fonctions sont exercées domi , et à l’extérieur,
militiae. Elle est exprimée par ce fait que le magistrat
qui, après avoir pris des auspices spéciaux au Capitole et
revêtu le costume de guerre, le paludamentum13 , franchit
le pomérium , fait immédiatement remettre les haches
dans les faisceaux de verges des licteurs [pomérium,
lictor]. Pour les affaires ordinaires, la limite topogra¬
phique des deux domaines est, au delà du pomérium , la
première borne miliiaire, en partant des portes de l’en¬
ceinte de Servius". Pour la provocatio ad populum et
l’intercession, il y a des témoignages contradictoires ; la
plupart des textes les admettent dans l’espace compris en 1 re
le pomérium et la première borne miliiaire15; on sait
que la levée des soldats avait lieu le plus souvent en
dehors du pomérium , au Champ-de-Mars ; cependant
deux textes paraissent faire commencer au pomérium le
territoire militiae 16 ; pour trancher cette difficulté,
Mommsen 17 a émis l’hypothèse que si le magistrat avait
pris les auspices spéciaux avant son départ, il n’était pas
soumis à la provocation dans le premier mille, mais que
s'il ne les avait pas pris, il y était soumis.
E. Dans la constitution des magistratures, la Répu¬
blique a remplacé le principe monarchique par le
principe de la collégialité. C’est là une des règles capi-
MAGISTRAIUS 1 Vnl. 1
I» p. 43) • pC:j - - 011 C s^lus-consultc sur les Bacchanales ( Corp . insc
honor sont s ■' ^ ^ s* v’ Magisterare. — 2 En ce sens, magistratus
(,u'éUblit Gai^fT^r n°nymeS ^SueL Aug * “f> î Di°m 5°’ 12, 11^; la distincti<
3 Cic. dl, fj ’ ^ e,dre ces deux mots n’a pas encore été bien expliqué
ffo'ae, p, 233 — 4 Cic. ^ro C tuent. 57, 156 ; Fest. s. v. Praefc
5;6’38,7; 9 33 o ^ 33’ 1 ; 2’ 56> 2i 3> 39> 9- — 6 G ell. 13, 15, 4; Liv. 4,
|’. j, j’9 : 4,< 5 ; Cic. De leg. agr. 2, 1 1, 20 ; Ad Brut. 1,5, 1. — ' L,
P*lrici°-pléUieii "" I1' *nscr‘ tat. I, p. 47). Primitivement les magistrats de l'Ét
Ru s appeler magistratus populi ; voir Mommsen, Le drg
public romain, trad. franç. I, p. 18, note I. — * Gcll. 13, 15; cf. Tac. Ann. 4, G-
Liv. 3, 55, 9; 32, 26, 17; Dig. 47, 10, 32. — 9 Liv. 36, 3, 3; Cic. De leg. 3, 3,’ 6;
Suot. Caes. 41. — 10 Gcll. 13, 12, 6. — 11 Cic. Verr. act. 1, 13, 37 ; Ad Quint. I,
1, 10, 31. — 12 Dig. 4, 6, 26, 2; 48, 4, 1, 1 ; 48, 6, 7, 10 pr. ; Lex /lubria, 1, 51
(Corp. inscr. lat. I, 205); Fest. Ep. p. 50, s. », Cum imperio. — 13 Fest. p. 173 ;
Liv. 42, 49 ; 45, 39, 11 ; 21, 63, 9; Cic. Verr. 5, 13, 34; Varr. Ling. ht. 7, 37 !
Voir Mommsen, L. c. p. 72. — 14 Gai. 4, 104; Liv. G, 42, 11 ; Le.r Jul. mnn. 1. 20,
50. Voir Mommsen, L. c. p. 78, noie 1. — 13 Liv. 3, 20, 7. — 16 Liv. 24, 9, 2;
Appian. Del.civ. 2, 31. — n L. c. p. 80.
MAC.
— 1528 —
MAC.
taies du droit public romain. Sauf le grand pontificat,
Y interregnum, la dictature, la préfecture de la ville, sauf
aussi, dans une certaine mesure, les prétures, chaque
magistrature forme un collège. Sans doute, quand, pour
une raison quelconque, un collège se trouve incomplet,
le ou les magistrats qui restent ont le droit strict de
continuer leurs fonctions, de choisir le moment opportun
pour combler le vide ou même de ne pas le combler1 ;
mais leur conduite est alors blâmable et contraire à la
tradition -, et, dans la période révolutionnaire, les nomi¬
nations de Pompée et de César comme consuls sans
collègues marquent clairement la décadence des institu¬
tions républicaines. La plupart des collèges comprennent
deux membres; il en est ainsi pour les consuls, les
questeurs, les édiles, les censeurs, les duoviri perduel-
/ionis, et sans doute aussi au début pour les fétiaux et
les tribuns de la plèbe ; il y a le nombre six pour les
tribuns militaires; le nombre dix pour les tribuns de la
plèbe à l'époque historique, pour les decemviri legibus
scribendis et les decemviri litibus judicandis ; les
collèges de trois sont plus récents, tels sont les très viri
capitales et les collèges extraordinaires pour les partages
de terres et les fondations de colonies ; il y a le nombre
quatre dans deux des collèges inférieurs du vigintisex-
virat, les //// viri viis in urbe pnrgandis et les III I viri
Capuam Cumas. Dans chaque collège les magistrats sont
collegae les uns des autres ; mais le mot collegium n’est
d'un usage courant que pour les tribuns du peuple3; il
ne désigne qu’exceptionnellement les autres magistra¬
tures*, surtout quand elles n'ont que deux membres6.
Chaque membre d'un collège a la plénitude du pouvoir,
peut agir seul, émettre seul un décret valable, est égale¬
ment compétent pour toutes les attributions de sa charge;
son action n est arrêtée que par l'intercession d’un
collègue ou d'un magistrat pourvu d’une puissance supé¬
rieure. Cependant, comme dans la pratique la plupart
des actes ne pouvaient être exécutés que par un seul
magistrat à la fois, pour prévenir les conflits, il a fallu
établir un certain nombre d’expédients. A l’époque
primitive il y a eu le roulement périodique tous les cinq
jours pour les interrois [interregnum], tous les mois poul¬
ies consuls et sans doute aussi pour les tribuns consu¬
laires ; il avait comme marque extérieure le roulement
des faisceaux et des licteurs [lictor] : ce roulement a
peut-être fonctionné aussi au début pour les décemvirs
legibus scribendis, pour les édiles et les questeurs, mais,
en somme, il n'a eu d’importance que pour les consuls
consul] . A l'époque historique les procédés usuels ont
été, soit le tirage au sort ou l’entente à l’amiable (inter
se parure6 ou comparare 7) pour certains actes tels que
la présidence d'élections par les consuls8 ou les tri¬
buns9, la consécration d'un temple par les consuls10,
1 accomplissement du lustrum par les censeurs11, soit
1 accomplissement en commun par les consuls ou les tri¬
buns des actes les plus importants de leur administra¬
tion, par exemple la levée, les relationcs devant le Sénat,
les rogationes devant le peuple. En dehors „
répartition des compétences n’a d’abord int.' °'ne’ la
consuls [consul]; plus tard, pour le gouver^T q"e' '"s
provinces, le principe de la collégialité a été"1 des
ment abandonné [praetor, provincial * ' COmP^le*
I*. Arrivons aux attributions générales des
On peut distinguer :
1° Vauspicium, le droit de prendre les {
renvoyons à l’article auspïgia.
9°
magistrals.
auspices. Nous
imperium , mot qui exprime ici, d’une manii I
particulière, le commandement militaire12 \\ re
d’abord aux magistrats supérieurs ordinaires -Tnï'T
prêteurs, dictateurs, maîtres de la cavalerie- en s, i
lieu aux promagistrats, gouverneurs de provinces13
troisième lieu aux citoyens pourvus par les comb!
populaires de commandements extraordinaires et quJ
désigne la qualification cum imperiou. L ' imperium]
militaire comporte essentiellement le droit de formJ
l’armée, la nomination des officiers, le droit de faire la
guerre, de conclure des trêves, des traités de paix
d’alliance, l’administration et la juridiction militaires, le
droit de battre monnaie, et, le cas échéant, le titre
d'imperator , le triomphe ou l’ovation. Nous renvoyons
pour ces différents points aux articles consul, exercitus, J
IMPERATOR, JUDICIA PUBLICA (p. 653), OVATIO, PROCONSULEj
propraetore, praetor, triumphus.
3° La juridiction criminelle [decemviri perduelliônis] i
JUDICIA PUBLICA, QUAESTOlî].
4° La juridiction administrative. Elle se partage natu¬
rellement entre les chefs des différentes branches de
l’administration, mais elle est exercée surtout par les
censeurs et les édiles, qui peuvent donner des juges
jurés, mais qui emploient généralement la cognitm
Ajoutons que le préteur urbain peut aussi organiser un
jury de récupérateurs pour vérifier les infractions qui
comportent des amendes fixes, analogues aux multae ;
et que le questeur procède à l’exécution sur les biens,
et, avec l’aide du consul, sur la personne du débiteur de
l’État [aedilis, censor, loca jpublica, multa15].
5° La juridiction civile et la juridiction gracieuse [con¬
sul, JUDEX, JURISDICTIO, JUS, LEGIS ACTIO, ORDO JUDICIORl m]. I
6°Les droits de prohibition et d’intercessionfiNTERCESSio • •
7° Le droit de coercition 1G. Il s’oppose, dans une cer¬
taine mesure, à la juridiction criminelle1'. C’est le droit
qu’a le magistrat de contraindre à l’obéissance le citoyen
récalcitrant. L’insubordination du citoyen peut consister,
soit à désobéir formellement à l’ordre du magistrat, soit
à l’entraver dans l’exercice de ses fonctions18, soit a le
léser dans son caractère public par des actes ou des J
paroles. Ces infractions étant essentiellement indétermi¬
nées, le magistrat a la plus entière liberté pour hsj
apprécier et il n’est soumis dans la répression à aw une
des formalités ni des limitations que comporte la jm '1 lC
tion pénale. Le droit de coercition, faisant partir inh
grante de l'imperium , appartient dans sa plénitml. J11*
consuls19, dictateurs et préteurs; il a été accord' ‘lll/
1 Hut. ‘Dopl. I»; Dionys. 5, 57; Liv. 39, 39. — 2 Appian. Bel. civ. 1, 71
L‘1’ 9;. 9’ 3i> ic- — 3 Liv- *. 2«, 9; 4, 53, 7 ; 42, 32, 7; Cic. Verr. 2, 1
100; N al. Max. 6, 3, 4; Snet. Caes. 23, 78. — * Cic. Deoff. 3, 20, 80; Su<
Uaud. 24; Liv. 4, 17, 9. — 5 Liv, 10, 22, 3; 10, 13, 13; 10, 24, 6; Pli
Htst.nat. /, 12,54.— 6 Cassius Homina (Diomedes, p. 384, Ad. Kcil); L
Jul. mm». L 24; Fcst. p. 234; Cic. Ad [am. l, 9, 25. - 7 Tile-Livc emploie to
jours le mot comparare. — 8 Liv. 24, 10, 2 ; 35, 20, 2 ; 40, 17, 8. — 9 Liv.
04,4; Appian. Bel. civ. 1, 14.- lu Liv. 2, 8. - U Varr. De liny. lat. li ,Y
Liv. 38, 36, 10. — 12 Cic. Phil. 5, 12, 45. — 13 Cic. Ad AU. 8. '] i
8, 8 ; 3, 2, 1 ; 1, 9, 13 ; Sallust. fiist. 1, 48, 22. — Liv. 26, -, •> : V- ^
Voir Mommsen, L. c. p. 135, note 2. — 15 Voir sur ce sujet Mommsen, ^ ^ ^
214. — 16 Voir Mommsen, L. c. p. 158-180. — I7 Cic. De leg- h ’|.jngujj0rdi-
2, 16. — 15 In ordinem cogéré (Liv. 3, 35, C; Suet. Claud. -"V ^ 9 • PllD-
nation de ce genre : Liv. 3, 51, 13 ; 6, 38, 12 ; 25, 3, 19; 25, 4, /y > * ’ ^ gg. 3.
£p. 1, 23. — 19 Vell. 2, 92; Val. Max. 9, 7, 1 ; Appian. Bel. civ. »
31.
MAG
1529 —
MAG
ipnplo, sans doute en même temps que leur
' ' — époque que la
frJ’rSU ruais]; plus tard, à une épo
0X1 ■ net arbitrairement en 454 av. J.-C., la prétendue
lfeJ( *' '^ns/ils S]>. Tarpeius et A. Aternius aurait donné
un
i j( liinité de coercition aux magistrats inférieurs1 ;
miT°\ cas à l’époque historique, il appartient aux
011 investis de la juridiction2, au grand pontife
“r ai'd des pontifes [pontifex], aux censeurs3, aux
Vl'f' [aedilis] ; il paraît faire défaut aux questeurs
BebSr,in . Sur’ le territoire militiae , le général peut
Kgucr aux. tribuns militaires et aux autres officiers le
K d’infliger des peines corporelles, et plus tard, sous
■Lire la délégation de la juridiction comprendra
tellement le droit d’infliger des amendes4. Les
■gistrats supérieurs patriciens ont le droit de citer le
iealcitrant (■ vocatio 5) par le moyen d’un intermédiaire
E est généralement leur viator [viator]]; les tribuns
devaient, à l’origine, agir personnellement ou par leurs
subordonnés, les édiles6, mais peu à peu ils se sont
arrogé aussi et fait reconnaître dans la pratique le droit
de citer par leur viator \ Dans le territoire domi, il y a
eu primitivement six procédés de coercition : la peine
de mort, la confiscation des biens, l’emprisonnement, les
peines corporelles, l’amende, la saisie. La peirie de
mort a été interdite par la provocatio ad populum-,
cependant, à la fin de la République, un consul fait encore
1 procéder à des exécutions sommaires8, et les tribuns
paraissent avoir gardé pour la protection de leur autorité
le droit de précipiter du haut de la roche Tarpéienne
[ïribuni plebis9]. La confiscation du patrimoine, comme
peine indépendante, sous la forme de la consécration des
biens du coupable à une divinité ( consecratio bonorum),
n’a été que fort rarement employée, et par les seuls
tribuns10, et nous ignorons le caractère exact de cette
procédure. Les peines corporelles n’ontplus été employées
depuis l’établissement de la provocatio ad populum ,
sauf à l’égard des comédiens et d’autres petites gens
f judicia publica, p. 646-647] 1 1 . Le droit d’arrestation
(prensio) et d’emprisonnement ( abductio in carcerem ,
in vincula) est soumis à l’intercession12, mais non à la
provocation; il n’appartient qu’aux magistrats supérieurs
et aux tribuns; il fait défaut aux édiles13; il a été
exercé surtout contre des magistrats inférieurs, contre
des sénateurs qui troublent les séances du Sénat14; à la
fm de la République, les tribuns en ont fréquemment usé
■‘abusé contre les magistrats supérieurs16 ; la durée de
Bdélention est arbitraire. L’amende est celle qui ne
■pmbe pas sous le coup de la provocation, c’est-à-dire qui,
Bu début, ne dépasse pas 3020 as [judicia publica, p. 646];
f e peut être infligée par tous les magistrats supérieurs,
Bfpni l|,s IGbuns, les édiles16, les censeurs11; il est
■possible qu à la fin de la République il y ait eu des
Miniums distincts pour les différents magistrats18. La
L 16. .'Sj l'1' S0' “ 2 Ltxg. 50, 16,' 131, 1 ; 5, 1, 2, 8. — 0 Fest. Ep. 34; Liv.
in Cd’i | ,' 7“®’"' *!' 49 t6d' Jordan). — 4 Dig. 1, 21, 5, 1 ; 49, 3, 2. — S Varr.
_ - . ’ y ~ 6 Oionys. 7, 26 ; 7, 35 ; 10, 34; Liv. 29, 20, 11 ; Gcll. 13, 12.
tir. 3 j. ]|" l’’ 43 ’ ■9’ L * ’ Val. Max. 9, 5, 2; Gcll. 13, 12. — 8 Appian. Bel.
Il), 31 ■ l u "/• * 1 S 44’ " ’ G‘c- ^hil. 2, 36, 01. — '■> Dio. Cass. 33, 17 ; Dionys.
43, 16 lo'1 p 3°: P1‘n' HisL naL 7> 44’ l43- — 10 Cic- De domo' 47> 123 ! Liv-
-I2i’.|ul r Hut- nat ■ 7. 44, 144. — il Suet. Aug. 45 ; Plaut. Trinum. 990.
fil. Max. 9 33: ~ 13 Gcl1- 13, 13. — H Sucl. Caes. 17, 20; Gcll. 4, 18,8;
foin, so . y] ’ ‘ ' ~ lu '-iv. Ep. 48 ; Cic. De leg. 3, 9, 20 ; Plut. Mar. 4 Quaest.
38, c ; l.j' “-'bjb 2 ; Cic. Ad AU. 2, l, 8 ; in Vat. 9, 21 ; Dio. Cass. 37, 50;
- 1» Moniins,.,, 7 Suct' C,nurf- 38; Tac. Ann. 13, 28. — U Voir note 3.
• c- p. 1/9, noie 5) le conclut de règles du ive siècle de l’Empire
saisie ou prise de gage ( pignoris captio) consiste a
enlever et à détruire un objet mobilier 1 *, quelquefois
à ravager une terre, à raser une maison 2(1 appartenant a
l’individu récalcitrant. Elle appartient aux magistrats
supérieurs, aux tribuns21, aux censeurs2*, aux édiles21.
8° Le Jus edicendi [edictum .
9° Le Jus agendi cum populo , le droit d agir avec le
peuple. Il n’appartient qu’aux consuls, dictateurs, prê¬
teurs, maîtres de la cavalerie, tribuns consulaires.
Théoriquement, on peut le reconnaître au praefeclus
urbi. Il a été accordé en outre aux magistrats extraor¬
dinaires pourvus de la puissance consulaire, par exemple
aux décemvirs legibus scribendis et aux triumvirs reipu-
blicae constituendae de 43 av. J.-C. A la fin de la Répu¬
blique, c’est un pontife qui préside 1 assemblée par tribus
chargée d’élire le grand pontife24 [pontifex]. Ajoutons
que, dans la période où existe le judicium populi, les
magistrats contre la sentence desquels il y a appel en
matière capitale, c’est-à-dire les questeurs 2 ’, les duum-
viri perduellionis , les tribuns26, obtiennent du consul
ou du préteur la convocation et la présidence des
comices centuriates, et qu’en cas d'appel contre leurs
amendes, les édiles curules 21 et probablement aussi le
grand pontife28 convoquent les tribus patricio-ple-
béiennes, les édiles de la plèbe, les tribus plébéiennes23.
Naturellement les tribuns ont le jus agendi cum plebe
[COMITIA, CONTIO].
10° Le droit d’agir avec le Sénat et de lui proposer un
sénatus-consulte ( jus agendi cum patribus, jus refe-
rendi ). 11 appartient aux magistrats supérieurs, consuls,
dictateurs, préteurs, tribuns militaires consulari potes-
tate, interrois, décemvirs legibus scribendis, triumvirs
reipublicae constituendae , maîtres de la cavalerie, pré¬
fets de la ville30. Il fait défaut aux promagistrats31, aux
censeurs, aux magistrats inférieurs. Les. tribuns de la
plèbe l’ont acquis de bonne heure. Le droit de parler au
Sénat et de lui faire une communication en tant que
magistrat appartient naturellement aux magistrats qu’on
vient d’énumérer et aussi aux promagistrats et aux
magistrats inférieurs jusqu’aux questeurs senatus].
11° Le droit de cooptation de collègues. C’est le consul
qui choisit le dictateur ; jusqu’à la lex Trebonia de 448,
en cas d’élection incomplète, ce sont les tribuns élus qui
nomment leurs collègues jusqu'au nombre de dix32.
Les consuls ont-ils eu aussi primitivement ce droit de
cooptation pour compléter leur collège ? On Ta soutenu
sans preuve suffisante 33.
12° Le droit de nomination d’auxiliaires34. Signalons
ici le droit qu’eurent les préteurs, pendant un certain
temps, de nommer des praefecti jure dicundo et le droit
qu’a le général de nommer une partie des tribuns mili¬
taires [PRAEFECTI JURE DICUNDO, TR1BUXI MILITUM].
13° Le droit de représenter l'État soit à l’égard d’une
(C. Just. i, 54; 7, 64, 5). — 19 Lex Quinctia (Fronlin. De nq. 129) ; Gcll. 14, 7, 10 ;
Liv. 37, 51, 4; 43, 10, 5 ; Tac. Ann. 13, 28 ; Plut. Cat. min. 37 ; Dio. Cass. 43, 23;
Plant. A mphyt. prol. 68 (où il y a le pigixxxs togae). La destruction du gage se dit
pignora caedere (Cic. De oral. 3, f, 4; cf. Suet. Caes. 17). — »« Dionys. 8, 87 ;
Cic. Pltil. 1, 5, 12. — 21 De vir. illust. 73 , 2. — 22 Liv. 43, 16 ; Frontiu. Deaq. 129 ;
Tac. An». 13, 28. — 22 Tac. Ann. 13, 28. — 24 Liv. 23, 3. — 23 Liv. 3, 24, 7;
Dionys. 8, 77. — 28 Liv. 25, 3, 9 ; 43, 16, Il ; Gcll. 6, 9, 9. — S7 Cic. Verr. net. 1,
12, 36; 5, 67, 173 ; Liv. 8, 22, 2; 10, 23, 11 ; 10, 31, 9; 10, 47, 4 ; 35, 10, 12 ; Val.
Max. 6, I, 7 ; 8, 1,7; Plin. Hisl. nat. 18, 6, 42. — 2* Liv. 40, 42, 10. - 22 Liv. 10,
23, 13 '; 23,2, 9 ; 33. 42, 10 ; Gcll. 10, 6, 3. —30 Cic. De leg. 3, 3, 6 ; Gcll. 14,7, 8.
_ 31 Liv. 26, 21, 1 ; 28, 38, 2 ; 38, 44, 9 ; 41, 6, 4. — 32 Liv. 3, 64, 63. — 33 Mommsen,
L. c. p. 247. — 34 Mommsen, L. c. \>. 250-268.
MA G
1530 —
divinité, soit a l’égard d’un État étranger1: 1° à l’égard
d'une divinité, la dedicatio, c’est-à-dire la translation de
propriété de 1 État au dieu, n'appartient qu’aux'magistrats
supérieurs, aux censeurs et aux édiles, puis aux fonc¬
tionnaires créés spécialement à cet effet, aux duo v iri
uedi dedicandae. Le droit de faire un voturn, un vœu
obligatoire pour le peuple, n’appartient en général qu’aux
magistrats supérieurs2, qui demandent habituellement
1 autorisation du Sénat " ; pour permettre un ver sacrum ,
il faut en outre un vote des comices*.
- Pour les traités conclus avec un État étranger, le
magistrat supérieur est pleinement compétent pour les
arrangements d’ordre provisoire, armistices, exécution
provisoire d une deditio. Quant aux arrangements défi-
nilits, 1 intervention des fétiaux leur donne une validité
absolue , le foedus ou la sponsio que le général conclut
de sa propre autorité ne lie pas pleinement le peuple
romain qui se réserve le droit de se dégager en livrant à
1 ennemi ( deditio ) le ou les auteurs de la convention3.
.Nous renvoyons sur ce point aux articles foedus, fetialis^
PROVINCIA, SENATÜS.
G. Tels sont les principaux pouvoirs des magistrats en
general. On trouvera aux arLicles comitia et senatus
l’étude des rapports des magistrats avec les comices et
le Sénat, Disons simplement ici qu’à l’égard du peuple,
le magistrat se meut avec la plus grande liberté dans le
cercle de ses attributions ; avant les crises révolution¬
naires, le peuple y intervient rarement ; l’esprit politique
des Romains 1 a maintenu le plus longtemps possible en
dehors de ce qui appartient aux magistrats. En second
lieu, un des faits essentiels de l’histoire de la République
a été la lente transformation des magistrats, d’abord
successeurs des rois et chefs de l’État, en instruments du
Sénat. Pour tous les actes qui ne rentrent pas dans leur
compétence habituelle, les magistrats doivent, selon le
/nos majorum , consulter le Sénat et suivre l’avis de la
majorité, sous peine d’encourir une grave responsabilité.
H. Ln des caractères principaux des fonctions
publiques sous la République est la gratuité ; certaines
charges, comme celles des édiles, comportent même de
lourdes dépenses pour les jeux. Cependant le magistrat
utilise, comme on va le voir, les services des esclaves
Publics et des appariteurs payés par l’État; il reçoit des
indemnités, mais généralement insuffisantes, pour les
létes publiques dont il est chargé ; les personnages
chargés d’une mission extérieure à Rome reçoivent,
outre l’équipement et le droit au transport sur la présen¬
tation de leur anneau d’or 6, des frais de route (via-
ticumY et quelquefois une indemnité journalière8,
lout magistrat, chargéd’un service public hors de Rome 9,
a droit aux moyens de transport par terre et par eau
l Mommsen, L. c. p. 270-289. — 2 Liv. 5,22, 7, 10; 23,30, 14; 27, 33-
30, 27, 11; 21, 02, 10; 27, 11, 6 ; 27, 23, 5; 22, 10, 10 ; Fest. p. 173. — 3 Liv.
7’ 11,4. — 4 Liv. 22, 10. — 6 Liv. 9, 8, fl ; 38, 42; Val. Mai. fi, 3, 3; Dio.
Cass. fr. 45; Appian. Disp. 79; Cic. De oral. I, 40; 2, 32; De off. 3,30,
109; Topic. 8; Pro Caec. 34. — 6 Plin. /tint. nat. 33, 1, 11; Val. Mai. 2, 2, 1.
— • Cic. ad Fam. 12, 3. 2; Verr. J, 22, 60. — 8 Plut. T. Grâce. 13.
— ■' Dionys. 19, 15; Dio. Cass. 52, 23; Zonar. 8, C. — 10 Liv. 42, 1,9; 30, 17,
13: 41, 22, 14; Cic. Verr. 4, 5, 9; 5, 32, 83; De lerj. agr. 2, 13, 3»’; ad
AU; lo 18 1: Dell. 15, 4, 3; Plut. T. Grâce. 13; Cal. maj. « ; Suet. Aug. 36;
*4; Cic- Verr- 5’ 18> *5; 4, 5, 9 ; Liv. 30, 17, 12-13 ; 42, 1, 9 ;
'.!l\ * ’ '**' 5lax' 2> 7; Plil- Cat. maj. 6 ; Dionvs. 18, 14. — 12 Ci c.
Z .1' L3’1'0’ 2 ; Verr- *• 22’ G0- - 13 , Plot. Cat. maj. fl. - 14 Cic. in
'*: * :: / 8,1 ; 1>e ,,omo’ »• 2:1 ; u, 15. - 15 cic. De ieq. „ar. 2, 12, 32.
- 10 De. ln Verr. 3, 84, 195. - 17 Cic. ad Fam. 5, 20, 9. -18 Liv 44 2» 13 ■
Front ad Anton. I, l.-.ocic ad Alt. 6, 3, C ; ad Fam. 5, 20, 9; Verr. ’l,H,3fl.’
- 20 Front. L. c. ; Plin. Uni. nat. 31, 7, 89. -21 Cic. ad Fam. 5, 20, 7-9 ; Verr.
MAO
(cquus, mulae , tabernacula, véhiculai
peinent de voyage (supellex, casa , veitù\u^ 'V|ui'
sumptu publico , c’est-à-dire qu’il pourvoit ■ ’ V°H’“
et à ceux de ses compagnons soit par des ^ l,esoitls
gratuites12, soit par des achats qu’il hn , quisilio,*s
1 État13. De bonne heure, pour simplifier f‘iUs de
on alloua pour ces frais d’entretien et J ‘ °1U|‘UlbiliLé,
subventions fixes, très considérables qui a ^ düs
constituer de véritables traitements • non,.
ce fui le vaSarium ", HxO géeMem ê„“
rarement par le peuple *■ ; pour les ré,uismMS -Tf
frumentum in cellam, une somme fixée d’anr^i e
tUé et le prix du blé qu’il devait réquisitionna «T
ces deux indemnités, le gouverneur pouvait réaliser Z
bénéfices plus ou moins considérables, suivis letnlpJ
sans parler des abus auxquels donnait lieu l’achat I
frumentum in cellam [aestimatum].
Les auxiliaires du magistrat, les membres de sa cohori
praetoria , paraissent avoir eu aussi de bonne heure
droit aux vivres, au logement, au transport18 ; puis ns
touchèrent à cet effet des indemnités dites cibaria1*
[cibaria] ; à l’époque de Cicéron, le gouverneur y ajoutait
des frais de vin ( congiarium ) et des frais de sel (sala-
rium ) 20 ; toutes ces dépenses étaient remboursées par
1 Etat-1. Sousl Empire, ces allocations seront transformées
en indemnités fixes, de taux différent selon les caté¬
gories de gouverneurs, et il en sera de même pour les
membres de la suite du gouverneur et les assesseurs
[salarium] 22.
I. Tous les magistrats sont assistés d’un conseil [con-
silium]. Ils ont sous leurs ordres des esclaves publics
[servi publici] et des serviteurs libres, payés par l’État,
des apparitores , pour l’étude desquels nous renvoyons
aux articles apparitores, accensus, lictor, nomenclator,
praeco, scriba, viator, victimarius.
J. Les magistrats ont comme insignes et distinctions
honorifiques 23 : 1° les faisceaux et les licteurs [lictor];
2° la chaise curule [sella curulis] qui a dû être à l’origine
la chaise du roi, placée sur son char2*. A l’époque histo¬
rique, c’est le siège officiel des magistrats, établi sur
l’estrade de bois, le tribunal sur lequel ils se placent
pour juger23. Il appartient à l’interroi26, aux consuls,
aux préteurs, aux décemvirs legibus scribendis , aux
tribuns consulaires 27 , aux proconsuls, aux propréteurs,
aux dictateurs, aux maîtres de la cavalerie28, aux édiles
curules 20, et, au moins à l’époque récente, aux censeurs' •
Il fait défaut aux magistrats inférieurs et aux magistrats
plébéiens; les questeurs urbains et provinciaux et les
judices quaestionis n’ont que la simple sella qui a
quatre pieds droits non échancrés et qui ne se replie
pas 31 [quaestor] ; les tribuns et les édiles de la pb'be
I, 14, 36 ; Pro Balbo, 28, 63 ; Di g. 4, C, 32; Suet. Tib. 46. — 22 Suel. <«?• 1
Dio. Cass. 53, 15; 52, 23. Un proconsul consulaire a un million de scsleu( |
Cass. 78, 22); Corp. inscr. lat. 13, 3162 (inscription de Thoriguy où 1111 I
militaire a 25000 sesterces de salarium ) ; Vita Nig. 7 ; Vita Alex- 11
1, 22, 4; 50, 13, 4. — 23 Voir Mommsen, L. c. Il, p. 1-75. - 24 Curuhs ne l1'^
guère venir ijue de currus. Mommsen (Z. c. Il, p. 29, note 2) invoque .u" ^
les autres acceptions equi curules (Fest. Ep. p. 49; Liv. 24, 18, 10) et ^
curulis (Mon. Ancyr. 2° cd. p. 10). C’est, du resle, l'étymologie donnée p.u ^ ^
Basses dans Gell. 3, 18. C'est à tort que Willems (Le Sénat romain, L 1'^^^
dérive curulis de quiris. — 23 Cic. Verr. 4, 40, 85; 2, 38, 94 ; 3, :>9,J3 ’08 ^ \
8, 45; Tac. Ann. 1, 75. — 26 Ascon. in Mil. p. 34. — 27 Liv. 4, 7, 2 et g, (;ir ,
inscr. lat. I, p. 284; Dionys. 43, 48. — 29 Gell. 7, 9, 6; Liv. 7, 1, •> l '■ ’’ ,je
Verr. .6, 14 , 36. — 30 Liv. 40, 43, 8; l'olyb. fi, 53, 9. Cependant la censure ne « » ^
pas magistrature curule. Le flamen dialis a droit aussi au siège curule
27, 8, 8 ; Plut. Quaest. rom. 1 13). — 31 Eckel, 5, 317. Voir Longpéner,
sur les insignes de la questure (De v. arch. 1868, p. 106).
MA G
— 1 H31
MAC
, if banc, dit subsellium 1 [subsellium, tiubunusj.
11(1111 T t|es magistrats curules 2 comprend donc, sous la
LeCC'ii ',„fi parmi les magistrats ordinaires, les consuls,
itl |HI i' 'm s les censeurs et les édiles curules. L’intérêt
f’Iue "classification a surtout consisté en ce qu’au
depujs la lex Ovinia , les magistrats curules,
“ leur sortie de cliarge, avaient l’exercice des droits
o'-iloriaux jusqu’à la prochaine révision de la liste
S-,n atoriale ; mais plus tard cette prérogative fut accordée
édiles plébéiens, aux tribuns, et, depuis Sylla, aux
ÏU cfvatusI. 3° Le droit de procéder assis aux
cfuesteui s j , , . . ,
all'.iires de leur compétence, pendant que les simples
Citoyens se tiennent debout3 ; le citoyen qui est à cheval
ou en voiture ou assis doit mettre pied à terre ou se lever
devant le magistrat 4 ; le magistrat inférieur est tenu à la
même courtoisie par rapport au magistrat supérieur5.
4» Des places d’honneur dans les fêtes publiques, au
théâtre et au cirque °. 5° Un costume spécial. Dans le
territoire domi, le costume officiel ordinaire des magis¬
trats est la toge blanche bordée de pourpre, la toga
praetexta ; elle n’appartient qu’aux magistrats curules,
y compris les censeurs7 ; ils la quittent ou simplement la
tournent à l’envers en signe de deuil8; il en est encore
ainsi sous l’Empire 9 ; la toge de pourpre (toga pur -
purea)'\ plus tard généralement brodée d’or ( toga picta ),
ne sert aux magistrats que pour le triomphe et, sous
l’Empire, aux consuls pour le processus consularis
[consul] ; elle est accordée, sous la République, au préteur
qui préside les ludi Apollinares 11 et, sous l’Empire, à
tous les magistrats qui président des jeux12.
Dans le territoire militiae, le général porte habituel¬
lement sous la République le paludamentum de couleur
rouge13, mais les gouverneurs de province qui ne dis¬
posent pas d'une armée ne le portent pas ; sous l’Empire,
il sera réservé à l’empereur; le costume des magistrats ne
subira pas de. changement essentiel. 6° Le droit de faire
porter la nuit devant eux des lumières, des torches u. Ce
droit, attribué aussi aux empereurs 1B, paraît avoir duré
pour les magistrats jusqu’à l’époque des Anlonins. 7° Le
droit pour les anciens magistrats curules de reprendre la
toga. praetexta pour les fêtes publiques16. 8° Le droit
pour le magistrat défunt d’être orné à ses funérailles des
msignes delà plus haute magistrature gérée17; l’ancien
censeur a même droit à la pourpre 18. 9° Le jus imaginum
imago, p. 412-414], 10° Le droit d’être honoré d’une orai-
i°n *unèbre publique. Mommsen19 a conjecturé que cet
'onnenr avait peut-être été à l’origine réservé aux an-
cn ns magistrats ; mais de bonne heure il a été étendu à
autres Personnages [laudatio, p. 990-998].
K- Nous arriv
ons à la collation des magistratures, en
renvoyant à l’article comitia pour tout ce qui concerne
les élections proprement dites. Les fonctions publiques
ne sont pas obligatoires; mais les candidatures volon¬
taires ne paraissent pas avoir jamais manqué sous la
République. Les formes et les règles de la candidature
existent dès la plus haute antiquité. Le candidat ( candi -
dalus) x a voir les électeurs connus et inconnus i ambire,
ambitio )20, leur serre la main (prensure, prensatio)-' et
leur demande leur voix ; il porte habituellement, malgré
le plébiscite de 432 av. J .-C. la toge blanche frottée à la
craie ( toga cretata , candida )23 ; il fait ces tournées élec¬
torales non seulement à Rome, mais, malgré la loi
Poeteliade357 av. J.-C.21, auprès des électeurs des inuni-
cipes et des colonies23; à l’époque de Cicéron, il est
d’usage de poser ainsi sa candidature au moins un an
avant l’élection 20 ; les candidats se placent en outre,
pendant l’élection, sur la plate-forme où siège le magis¬
trat qui préside le vote27; on connaît les abus de la
brigue à la fin de la République, les distributions
d’argent faites aux électeurs par les agents des candidats,
les séquestres , les divisores , le rôle des associations
politiques et électorales, des sodalicia. On trouvera à
l’article ambitus l’exposition des manœuvres électorales,
des lois et des tribunaux destinés à punir ces délits.
C’est le magistrat président qui décide si les conditions
d’éligibilité sont remplies ou non ; dans les cas douteux,
il peut prendre l’avis de ses collègues28, d’un conseil
spécial29, quelquefois du Sénat30; de plusjes tribuns
peuvent exercer ici leur intercession 31 ; d'ailleurs, le ma¬
gistrat px-ésident a été de plus en plus lié par des lois
précises qui limitent son droit d’appréciation 3î.
L. Nous trouvons d’abord quelques conditions absolu¬
ment nécessaires d’éligibilité 33. 4° Le droit de cité ro¬
maine est nécessaire. Sont exclus par conséquent les
esclaves31, les étrangers, les Latins, les cives sine
su/f'ragio. Les plébéiens n’ont été admis que successive¬
ment aux différentes magistratures patriciennes. Les pa¬
triciens ne peuvent obtenir une magistrature plébéienne
que par la procédure de la transitio ad plebem plebs .
Jusqu’aux Flaviens, les citoyens des provinces n’ont
sans doute eu que par exception le jus adipiscendorutn
in urbe honorum ; les Haedui, par exemple, en Gaule, ne
l’ont obtenu qu’en 48 ap. J.-C., à la suite du discours
prononcé par Claude au Sénat en leur faveur35. 2“ Pour
l’ingénuité, nous renvoyons à l’article libertés. 3° Poul¬
ies infirmités physiques, il n’y a pas eu de règle cer¬
taine 36 ; la rigueur du droit primitif a dix s'atténuer peu
à peu, surtout pour les magistratures plébéiennes37.
4° La fonction de rex sacrorem est incompatible38, au
moins jusqu’à l'Empire 39, avec toute autre magistrature.
Fcst E l28-~2Ci<'- ad Att. 13, 32, 3; Liv. 9, 34, 5; 23, 23, 5; 29. 137;
3l;Uv 'oV’r V' Cl'rules' Gelt- 3’ ,8-“ 3 Liv. 3,11,1. — 4 Sen. Ep. 7,2; Suet. Tib.
Cel'l.a. 2 ’| V |(-Cl1]7’ ft’ 6' ~ 5 Plin- EP- h 23 ; plut- C- Gracch. 3 ; De vir. ill. 72 ;
44, ; 53 ’ A'' 'y1, 111 1°' — (* Arnob. 4, 35; Herod. 1, 9; Suet. iVer. 12; Rio. Cas.
47 ; Liv. En m.' Uc C,"m SCn' !/l ' erj ' 5’ 12 : Verr' 5’ l4’ 30 ’ Vcl1- 2’ 05; I)ionFs- 5’
3- 4 ■ sèu '•! ’’ l; Plin- fIisL nat- 9. 39, 137. — 8 Dio. Cass. 56, 31; Tac. Ann.
V/(a Aurel n ’ 1<’,3; pdron. Sat. 58. — 9 Vita Elag. 15; Vitu Alex. 40;
-Il Liv. 5 4|~ °Fest- 1’- 2031 Polyb- 6,33; llionys. 3, 61; Liv. 27, 4, 8; 31, 11,12.
- 12 bio ' 2 : Plm- !1isL nat. 34, 5, 20 ; Mari. 8, 33, 1 ; Juv. 10, 36 ; 11, 195.
h C, II, 9’ 1G- - 13 Liv; 9, 5, 12 ; 25, 16, 21 ; Sue!. Claud. 21 ; Val. Max.
- 15 1)i0 , , !C' CaL i3> 44 i Iloral. Sat. 1, 5, 36 ; Lex col. Jul. Genetiv, c. 62.
- 17 p0|yb 0 ’ • llcl-o<L 2, 3 ; 7, 6, 4. — 16 Liv. Ep. 19 ; Oie. PMI. 2, 43, 110.
"lrlo"l d'aprè’sV 1 I lV'’ 5’ 41 ’ 7‘ ~ 18 Pohl>. 6, 53, 7. - 19 L. c. II, p. 83, note 2,
reph j |-. ?,il'S ’’ *7- 20 Varr. De limj. lat. 5, 28; Fest. Ep. p. 16 ; Cic.
Cral- L 24. | K, ... , * fane. 4, 9. — 21 Cic. ad Alt. 1 , 1 , 1 ; Pro Plane. 21, 51 ; De
J V, 5, 2 ; Plut. Coriol. 14. — 52 Liv. 4, 25, 13. — 23 pers.
Sat. 5. 177 ; Isid. Orig. 19, 24, 6 ; Polyb. 10, 5, 2 ; Liv, 39, 39, 2; Val. Max. 4, 5, 3.
_ 24 Liv. 7, 15, 13. — 23 Cic. ad Alt. 1, 1,2; Pliil. 2, 30, 76 ; Cacs. Bell, ijall. 8,
50. — 2i; Cic. ad Att. 1,1, 1 ; ad Fam. 10, 25, 2. Cicéron parle du délai de deux
ans où le candidat ne doit pas donner de jeux de gladiateurs (in Vat. 14, 37) ; la loi
de la Colonia Julia Genetiva, c. 142, interdit de donner des banquets dans l'année
de la candidature. — 27 Liv. 26, 18, 7 ; Polyb. 10, 5, 2 ; Plin. Pan. 63. — 28 Liv. 3,
04, 5. — 29 Cic. Brut. 62, 224; Ascon. In or. in tog. cand. p. 89. — 30 Liv. 27, 6,
9 ; 32, 7, 1 1 ; 39, 39, 0. — 31 Liv. 25, 2, 6 ; 23, 6, 3 ; 39, 9, 4. — 32 R n'y a pas de
mot technique qui désigne l'éligibilité; les modernes ont adopté arbitrairement
l'expression jus honorum. — 33 Voir Mommsen, /.. c. II, p. 131-147. — 34 Hieron,
ad Ann. Air. 1976; Dio. Cass. 48, 34 ; Diy. I. 14, 3. — 33 Tac. Ann. 11,
23-25; Corp. inscr. lat. 13, 1, 1668. — 36 Exclusion d'Horalius Codés comme
borgne (Dionys. 5, 25); exclusion habituelle des aveugles (Diy. 3, 1, 1, 15).
— 37 Eu boiteux tribun du peuple (Cic. ad Att. I, 16, 13). — 38 plul.
Quaest. rom. 63 ; Dionys. 4, 74; Liv. 40, 42, 8. — 39 Corp inscr. lat. U, 3004.
4246.
MAG
i r; 32
MAG
5° L'inéligibilité peut résulter de certaines déchéances pé¬
nales. hiles n ont jamais été établies d’une manière pré¬
cise. 1) abord, toute condamnation qui supprime la qua¬
lité de citoyen supprime du même coup l’éligibilité. En
second lieu, la suppression de l’éligibilité est de bonne
heure le résultat de la plupart des condamnations crimi¬
nelles; ainsi elle est prononcée indirectement en 104 av.
J.-L. par la lex Gassia contre les citoyens condamnés ou
dépouillés d’une magistrature par un judicium populi1.
Pour les autres cas, nous renvoyons à l’article infamia.
Ajoutons que les lois qui obligent les magistrats à en
jurer l’observation menacent les récalcitrants de la perte
de leur magistrature et de l’inéligibilité2. D’après la légis¬
lation de Sylla, les descendants des proscrits restèrent
inéligibles jusqu en 49 av. J.-C. 3. Enfin la coutume
exclut les citoyens qui actuellement exercent un petit
métier ou reçoivent un salaire *.
M. Passons aux conditions relatives d’éligibilité.
11 y a d abord nécessité de la déclaration publique, de
la professio. Dès l’époque primitive, le candidat fait sa
déclaration de candidature [nomen pro fit eri , prof êssio) au
magistrat qui préside le vote 5. Selon le cas, le magistrat
1 accepte ( nomen accipere ) ou le repousse0; son droit
d appréciation, d abord complet, a été de plus en plus
restreint et, de bonne heure, il a dû inscrire sur la liste
tous les citoyens éligibles. Au début, la professio peut
n avoir lieu que le jour du vote 7, elle n’est même pas
absolument obligatoire; mais à la fin de la République,
la liste des candidats doit être close un trinundinum ,
c’est-a-dire vingt-quatre jours au moins avant le vote8 ;
les candidats doivent faire leur professio dans l’intérieur
de la ville9 et, probablement depuis une loi de 62 10,
confirmée par la loi de Pompée de 52 av. J.-C.11, en
personne, à moins qu’ils n'obtiennent une dispense12.
En second lieu, 1 accomplissement d’un certain nombre
d années de service militaire est, au moins à l'époque de
Polybe, et probablement depuis la lex Villia annalis de
180 av. J.-C., une condition d’éligibilité : alors la loi
exige pour le tribunal militaire cinq, pour une magistra¬
ture ordinaire dix années, sinon de campagnes effectives,
au moins de campagnes possibles, c’est-à-dire dix an¬
nées pendantlesquelles le candidat est présent aux appels
annuels13; or les citoyens romains sont théoriquement
astreints au service militaire depuis dix-sept ans accom¬
plis11 jusqu à quarante-six accomplis13 ; par conséquent,
sauf dispense spéciale 16, on ne peutse présenter à la ques¬
ture avant vingt-sept ans accomplis. A l’époque de Cicéron,
il n est plus question de cette règle ; les jeunes nobles ne
aux
servent plus guère que dans l’état-major ri* ,
et obtiennent très rapidement le tribun-,1 8énér!
est déjà considéré comme une magistrature^ uî’ qui
probable que depuis Sylla, les années mm eStdon<-'
dix-sept et trente et un ans sont réservées »ZT H
militaire, mais qu’il n’est plus obligatoire et
gistratures peuvent être acquises à trente et
En troisième lieu, il y a les règles sm<
l'ordre des magistratures, sur l'âge des candiEs *
A. Cumul. — Le cumul des magistratures min,,'
ordinairesatoujoursétéiuterditt*;cepe„dautaudÉWu!
a pu cumuler des magistratures uon perma„e„tes, „ï"
que celles de dictateur, de maître de la cavalerie HJ
censeur, avec des magistratures annuelles ou extraonW
mures 29 ; ce cumul est devenu ensuite impossible soiJ
par la disparition des magistratures non permanentes
soit par l’établissement de l’ordre légal; mais jusqu’à là
fin on a pu cumuler les charges ordinaires avec les charges
extraordinaires, par exemple, le consulat ou le tribunal
du peuple avec les différents triumvirats agris (tandis
adsignandis , coloniae deducendae ou des' charges spé¬
ciales créées pour 1 exécution de lois agraires21. 11 est
vraisemblable qu’on n’a jamais pu cumuler ni les magis¬
tratures plébéiennes entre elles, ni les magistratures pa¬
triciennes avec les magistratures plébéiennes.
O. Continuation et itération delà même magistrature
La continuation des magistratures patriciennes; proba
blement permise au début22, a été de bonne heure inter
dite par la coutume23, puis par la loi générale qu’on va
voir. Pour le tribunat, elle a été longtemps employée
pendant la lutte des classes21 ; ensuite elle a été consi¬
dérée comme ayant un caractère illégal 26 [tribumjs
plebis]. L’itération, très rare pour les magistratures in¬
férieures26, n’a eu d’importance que pour le consulat;
elle a été admise au début sans condition ; une loi de 342
ou de 330 av. J.-C. exigea pour l’itération un intervalle
d’au moins dix ans, sauf dispense pour des besoins excep¬
tionnels 27 ; une loi postérieure 28 défendit absolument la
réélection au consulat ; Sylla revint à l’intervalle de dix
ans 29 ; la réélection à la censure, dont nous n’avons qu’un
exemple, fut interdite peu après 265 av. J.-C.1111 Pour le
tribunat, depuis la fin de la lutte des classes, nous
n’avons pas de renseignement certain ; mais l’itération
parait plutôt avoir été illégale.
P. Intervalle entre les différentes magistratures. —
Il a été réglé par la lex Villia annalis de 180 av. J- I
[annales leges].
Q. Suite légale ou habituelle des magistratures. —
1 Ascon. p. 78. — 2 Lex Bantin. 1. 13. — 3 Liv. Ep. 89; Pliu. Bist. nat. 7, 30,
lie ; Vell. 2, +3, 4; Cic. in Pis. 2, 4; Uio. Cass. 41, 18 ; 44, 47; 51, 21; Plut. Cic. 12;
Suit. 31. — 4 Gell. 7, 9; Liv. 9,40; 22, 25. — 5 Liv. 26, 18, 5-7 ; Ascon. in Corn.
p. 89; Vell. 2, 92; Plut. Paul. 3; Suit. 5.-6 Liv. 3, 04, 5; 7, 22, 8; 8, 15, 9 ; 9, 46, 2;
10, 15, 10-11; 25, 2, 5; 39, 39, 4; Cic. ad Fam. 16, 12, 3; Brut. 14, 55; 62, 224; Gell.
7, 9, 3. — 7 Liv. 26, 18, 7.-8 Cic. ad Fam. 16, 12, 3; Sali. Cat. 18. — 9 Plul.
Caes. 13.— 10 Cic. De leg. agr. 2, 9, 24; Appian. Bel. eiv. 2, 8; Suet. Caes. 18. C’est
à tort que Plutarque signale cette règle dès 104 av. J.-C. [Mar. 12).— 11 Dio. Cass.
40, 56 ; Suet. Caes. 28. — 12 On sait qu'une des causes de la guerre civile entre César
. el 1 ompée fut la question de savoir si César devait être ou non dispensé de l’obliga¬
tion de se présenter en personne (Suet. Caes. 26-28: Caes. Bel. civ. 1, 9, 32; Cic.
ad Alt. 7, 3, 4; ad Fam. 6, 6, 5 ; PMU 2, 10, 24 ; Liv. Ep. 107 ; Florus, 2, 13;
Uio. Cass. 40,51 ; Appian. Bel. civ. 2, 25). — 13p0lyb. 6, 19, 1-12; Plut. C. Gracch. 2.
— n Gell. 10, 28; Liv. 27, H, 5. — 13 Liv. 43, 14, 6; Gell. 10, 28 ; Polyb. 6, 19, 2.
— 16 Ce fut sans doute le cas de Tiberius Gracchus (Plut. T. Gracch. 4 ; C. Gracch.
1). — 17 Cic. Pro Plane. 11, 27, 28 ; ad Att. 3, 33, 3 ; Brut. 89, 304 ; Suet. Caes.
18 M°mmsen (A. c. Il, p. 160-162) ne croit pas qu’on appliquât aux magis¬
tratures romaines les règles de la loi municipale de César de 45 av. J.-C. qui exigeait
pour les charges municipales 1 âge de trente ans et trois années de service dans la
cavalerie ou six dans la légion (Lex Jul. mun. 1. 89). — 13 En paiticujci Ij .
plébiscite de 342 (Liv. 7, 42, 2). — 20 Consulat et dictature (Liv. 2, ,s- ’’ ’ 3
5, 72); consulat et censure (L. Papirius Cursor, consul en 272 et cen ^ alerifi
Frontin. De aq. 6) ; préture et censure ( Fasti Capit. 253) ; maîtrise (F a ^
et tribunal consulaire (Liv. 4, 21, 5 ; 4, 46, 11 ; 4, 57, 6) ; autie- 1 ' ' I ,.jnmtir
Mommsen, L. c. II, p. 166, note 1. — 21 C. Gracchus consul ou tribun c ‘‘ _ ^
agris judicandis adsignandis (Plut. C. Grâce. 10; Appian. Bd. t ^ ^ ^ a,
M. Livius Drusus, tribun et A' vir. a. d. a. lege sua et eodem anno ^ qimicins
lege Saufeia ( Corp . inscr. lat. I, p. 279) ; T. Sempronius Longes c ^ ^ | lS[c
Thermus préteurs et triumvirs coloniae deducendae (Liv. 32, -9, ■ ^ ^
d’exemples dans Mommsen, L. c. II, p. 170, note 2. — 23 Liv. 3. A , - > 1 ’ ^ | ;
4; Dionys. 10, 19. — 24 Liv. 2, 56, 5 ; 3, 14, 6 ; 3, 21, 2 ; 3, 24, 9; 3, - ’ lt:
5, 29, 8 ; 6, 35-42. — 25 Cic. Cat. 4, 2, 4 ; Liv. Ep. 58, 59 ; Appian. ^ 3 j
Sali. Jug. 37. — 26 Liste des cas connus dans Mommsen, L. c. IL !’■ ^ jjonlniscn-
— 27 Liv. 7, 42 ; Plut. Mar. 12. Voir l’étude des fastes consulaires ’ ^ g.c.
L. c. Il, p. 172, note 4. — 28 Liv. Ep. 56. Mommsen le place en 15 »*• ' yalU
II, p. 174, note l). — 29 Appian. Bel. civ. 1, 100 ; Cic. De leg • L 1 | . Val.
Capit. 205; Corp. inscr. lat. t, 1160 (C. Marcius Rutilus) , I N 1
Max. 4, 1 , 3.
MAG
— 4533 —
MAG
début i
breu*
qu'aprt'
ll(1 n’était pas encore lixc; ainsi on a de nom-
exemples de citoyens qui ne furent préteurs
lr consulat1. C’est sans doute seulement la lex
I"’1. „/mafequia établi le cerf us ordo magistratuum*.
. ^qte période, pour les magistratures patriciennes
^lU1S .a ,s ü v eut l’ordre ascendant suivant : questure \
. (,l||’.uie) préture et consulat ; l’édilité curule n’étail
s obligatoire pour la préture 4; les nombreux exemples
P ;l" ncore de candidatures au consulat de citoyens
'■ n’ont pas été préteurs, indiquent une dispense du
Sénat o« un acte révolutionnaire5; les charges du vigin-
|ivil.al et du tribunal militaire étaient gérées avant la
questure, mais n’en étaient pas la condition préalable
nécessaire. Pour la censure, l’usage s’est établi dès le
tve siècle av. J.-C. de ne prendre que des consulaires5.
La lex Villia mina lis n’a pas été appliquée aux magis¬
tratures plébéiennes. Elles ne sont pas obligatoires pour
l’acquisition des autres magistratures b Vers la deuxième
guerre punique, nous trouvons l’ordre habituel suivant :
tribunat, édilité plébéienne, préture. Quand on prend les
deux édilités, on commence par l’édilité plébéienne 8. Le
tribunat du peuple vient généralement après la questure
[tribuncs plebis]. Mommsen a établi, d’après les textes de
lois, les inscriptions, les auteurs 9, l’ordre officiel sui¬
vant, dans lequel sont énumérées les magistratures
depuis le iie siècle av.J.-C., mais qui ne correspond pas
entièrement à l’ordre chronologique de la gestion : dicta-
tor, consul , interrex, praetor, ma gis fer equitum,censor,
(midis, tribunus plebis, quaestor.
R. Limites d'âge légales. — On a vu qu’à l’époque de
Polybe et sous le régime de la lex Villia annal is , le
citoyen ne pouvait être questeur que dans sa vingt-hui¬
tième année; par conséquent, ori pouvait être édile à
trente et un ans, préteur à trente-quatre, consul à trente-
sept et même, en laissant de côté l’édilité, préteur à
trente et un ans, consul à trente-quatre. L’expression
suus annus indiquait l’année où le citoyen pouvait pour
la première fois poser sa candidature à une magistrature
et où par conséquent il avait plus de mérite que plus
tard a être élulu. Il n’en était plus ainsi à l’époque de
Licéron . Il y avait eu une réforme, peut-être due à une
loi de Sylla de 81, à une lex Cornelia de magistratibus ;
mais 1 obscurité des textes11 ne permet que des hypo¬
thèses peu satisfaisantes 12 ; pour le consulat, l’àge légal
parait être de quarante et un ans, et par suite, pour la
pi’eture, de quarante ans; pour la questure, Mommsen
adupie làge de trente-sept ans ; mais devant les nom¬
breux exemples de questeurs âgés seulement de trente
' t un ans, il est obligé d’admettre que les candidats qui
'cloraient vouloir prendre l’édilité et le tribunal étaient
autorisés à briguer la questure à l'âge de trente ans
accomplis. Il est plus vraisemblable que l’âge de la ques¬
ture était, dans tous les cas, de trente et un ans Sous la
République, il y avait peu d’exemptions individuelles de
la condition d’âge u.
S. C’est le président des comices qui proclame l’élection
des magistrats, qui fait la renuntiatio [renuntiatio] et la
designatio. Il n’y a pas de designatio au sens propre
pour les magistratures ordinaires non permanentes,
censure, dictature, maîtrise de la cavalerie, interregnum ,
non plus que pour les magistratures extraordinaires où
l’entrée en fonctions a lieu immédiatement; pour les
autres magistratures plébéiennes et patriciennes, de¬
puis le jour de l’élection jusqu’à l'entrée en charge, les
candidats élus sont magistrats désignés, designati'*) à
ce titre, tout en étant encore simples particuliers, ils
sont assimilés, à certains égards, à des magistrats16; leur
nom figure sur les listes officielles, même si plus tard
pour une raison quelconque ils n'entrent pas en charge ' ;
s'ils sont déjà sénateurs, ils votent dans la classe qui cor¬
respond à leurs nouvelles fonctions 18 ; ils peuvent utili¬
ser leur jus edicendi 19, régler, entre collègues, leurs
compétences 20. Les élections des magistrats patriciens
se font régulièrement dans l'ordre hiérarchique : consuls,
préteurs, édiles curules, questeurs 21 . Elles ont probable-
menteulieu, de 222à 154 av. J.-C., au mois de janvier22 ;
de 154 à l’époque de Sylla, peut-être au mois de novembre,
mais avec beaucoup d’exceptions ; depuis Sylla, au mois
de juillet23 : il y a donc alors entre la désignation et
l’entrée en fonctions un espace de cinq à six mois qui
permet de juger les délits électoraux. Les élections des
magistrats plébéiens paraissent avoir eu lieu régulière¬
ment en juillet24, au moins à la fin de la République.
T. Pour la date de l’entrée en fonctions S5, il faut distin¬
guer deux cas : 4° si la magistrature était vacante, s'il
s’agissait par exemple de nommer un dictateur, un cen¬
seur26, ou un magistrat ordinaire après un interrègne, ex
interregno21 , le nouvel élu entrait en fonctions immédia¬
tement après le vote, ex templo , à un jour quelconque;
pour une élection complémentaire, il pouvait faire ses
débuts soit immédiatement28, soit un peu plus tard ;
2° pour les élections ordinaires, l’entrée en fonctions
avait lieu au début d’un jour civil, et, pour les consuls
et préteurs, aux calendes et aux ides du mois ; la retraite
des magistrats sortants avait lieu la veille2''.
Sauf la dictature et la maîtrise de la cavalerie conférées
pour six mois, la censure pour un an et demi et l'inter¬
règne renouvelable tous les cinq jours pour chaque
interroi, les magistratures ordinaires permanentes sont
toutes annuelles. C'est là un des principes fondamentaux
Cllid' PU(i'mS Pllil° 8’,5'9LM- Valerius Maximes (8, 40, 1*21); Appius
«•xein !|1' 1 ' 10, 2"’ Fulvius Flaccus (Liv. 23, 30, 18 ; 24, 0, 4). Autres
on a' j.” .. *anS 1"olnmson, L. c. II, p. 192, note 2. Pour toutes les époques
revenu ■' <UrS ^°S excmP'cs analogues do magistrats supérieurs qui consentent à
consul ''|,srnagistvatures inférieures : M. Agrippa, édile curule après avoir été
Mile l |"" ' aSS' 49 ’ 43 • Plin- Hist. nat, 36, 15, 104, 121) ; Ti. Claudius Asellus,
HacnJ ta.hPl'!be a|>r6s avoil' Préteur (Liv. 28, 10, 3 ; 29, 11, 13) ; M. Fulvius
i 1111 Pe,,|de après avoir été consul (Appian. Bel. civ. 1, 24). — 2 Cic.
loi de^Hanl" *’ t’ 24 ! PAi7' 3’ l7’ 47 ’ Liv- 32’ 7’ 10 : D‘!/’ 50, 4’ 14, 5‘ — 3 U
domo 4'i /' 1 -sî e*'gc aussi la questure au début. — 4 plut. Suit. 5; Cic. De
note 2 __ •' ^ Plane. 21, 51 ; De off. 2, 17, 58, 59. Voir Mommsen, L. c. II. p. 197,
lions én, . . ,"*S*C '4‘'cs cas dans Mommsen, L. c. Il, p. 195, noie 1. — a Six excep-
51.(12. C <S Par ^ommsen, A. c. Il, p. 207, note 1. — ■ 1 Cic. Pro Plane. 21,
Mommsen / ‘"!SCI ■ ^ft(. L p. 278. — 8 Liste des quatre seuls cas connus dans
M; Brui V J,11’ p' 209' "ole3- — 9 l. c. Il, p. 222-223. — 10 Cic. De off. 2, 17,
’ 323 ; De le9- agr. 2, 2, 3 ; Pro Mil. 9, 24; Cic. ad Fam. 10, 25, 2 ;
12, 2, 2. — 11 Cic. Phil. 5, 17, 48 ; De leg. agr. 2, 2 : Brut. 94 : De off. 2, 17 ;
Pro leg. Man. 21, G2. — U Voir Mommsen. L. c. Il, p. 228-234; Nipperdev, Die
leges annales der rômisclten Bepublik, Leipzig, 18G5. — 13 La loi municipale de
César (1. 89) exige également la trentième aimée pour les magistratures municipales.
_ H Val. Max. 4, I, 1 4 ; Cic. Phil. 5, 19, 52 et 3, G, 7; Appian. Bel. civ. 3,51,88;
Dio. Cass. 46, 29. — ls En grec designatas se dit généralement AnoSiSuypivo;.
_ 16 Mommsen (L. c. II, p. 291) admet l'existence d'un serment prêté avant la
renuntiatio-, mais le seul texte qu'il cite (Pliu. Pan. 64) n’est pas probant.
— 17 Exemples cités par Mommsen, L. c. II, p. 256, notes 4-5, et 257, notes 1-2.
— 18 Cic. Phil. 5, 13, 35; Appian. Bel. civ. 2, 5. — 19 Dio. Cass. 40, 66; 55, G;
Liv. 21, 63, t. — 20 Liv. 44, 17, 1 ; Cic. Vei-r. 3, 95, 222 ; t, 8, 21. — 21 Cael. ad
Fam. 8, 4 ; Dio. Cass. 39, 7 ; Liv. 4, 44, 54. — 22 Liv. 43, 11. — 23 Cic. Verr. net.
1, 10, 3 ; 1, 6, 17 ; ad Att. 1, 16, 13; ad Quint. 2, 15, 5. Voir Mommsen, L. c. Il,
p. 246-251. — 24 Cic. ad Att. 1,1,1; 14, 15, 7-8; Cael. ad Fam. 8, 4. — 25 Voir
Mommsen, L. c. Il, p. 258-261. — 26 Liv. 40, 45, '8. — 27 Liv. 9, 8, 1 ; Ascon. In
Mil. p- 37. — 28 Cic. nd Fam. 7 , 30, 1. — 29 Liv. 5, 9, 11, 32; Dionvs. 6, 49.
193
MAO
1534 —
MAG
du régime républicain. A quelles dates du calendrier se
place l’année des magistrats [nnnus) ? Pour cette question
si obscure et si controversée, nous renvoyons à l’article
F asti. .Nous donnons simplement ici les résultats géné¬
raux les plus probables '. Jusque vers la fin du 111e siècle
av. J.-C., l'entrée en fonctions des magistrats supérieurs,
consuls, tribuns consulaires et préteurs, a constamment
varié; ainsi on trouve, de 509 à 494, le 13 septembre2 ; en
493, le 1er septembre2; en 476 et en 463, le 1er août*; en
450 et auparavant, le 15 mars 2 ; de 449 à 402, le 13 décem¬
bre6; en 401, le l*r octobre1; en 391 eten 329, le 1 "juillet8;
de 319 à 293, l’automne9 ; puis, entre 223 et 217, peut-
être en 222 l0, l’entrée en fonctions a été fixée au 15 mars;
plus tard, depuis 153, c’a été le 1er janvier". Pour les
tribuns, la date du 10 décembre, usuelle aux deux der¬
niers siècles de la République12, parait remonter à une
haute antiquité. Les magistratures inférieures ont pro¬
bablement suivi au début les variations des magistra¬
tures supérieures; plus tard le début est aussi le
l“r janvier13, sauf les questeurs qui débutent le 5 décem¬
bre1* ; les édiles de la plèbe ont sans doute d’abord suivi
les tribuns; plus tard ils suivent les édiles curules et
débutent le 15 mars, puis le 1er janvier13.
A l'époque historique, l’éponymie appartient aux
consuls [consul], aux deux préteurs de Rome16, et peut-
être aussi aux interrois.
U. A l’entrée en fonctions [magistrat uni inire), qui a
lieu régulièrement à Rome, mais à la rigueur au dehors1',
nous trouvons un certain nombre de formalités et de
cérémonies :
1° La prise d’auspices auspicia]; 2° la lex curiata de
imperio [comitia, p. 1388; ; 3" plusieurs actes par lesquels
chaque magistrat inaugure sa magistrature. Pour le con¬
sul, nous renvoyons à l’article consul; les censeurs s’as¬
seoient sur leur chaise curule au Champ-de-Mars et offrent
un sacrifice au Capitole 18 ; le préteur reçoit les premières
demandes d’actions19; 4° la célébration de la fête latine
[feriae latinae et du sacrifice de Lavinium qui paraît
avoir été offert par chaque magistrat20 ; 5° le serment du
magistrat [jusjurandum, p. 770-771] ; 6° le serment prêté
parles soldats au nouveau général [sacramentum].
V. Une fois l’année écoulée, le magistrat dépose ses
pouvoirs par Yabdicatio [abdicatio]. Il peut se retirer
volontairement avant le temps, soit pour une raison
quelconque21, soit surtout quand son élection a été
entachée d’un vice. Peut-il être contraint à la retraite?
Est-il inamovible ou non? Cette question n’a pas été
clairement résolue dans le droit romain. Le magistrat
supérieur ne peut imposer l’abdication au magistrat
inférieur, sauf le dictateur ou maitre de la cavalerie22. Il
n’y a pas non plus de procédure criminelle qui aboutisse
à la déposition du magistrat. Le Sénat peut, dans l’intérêt
public, amener par une pression plus ou moins énergique
1 Voir Mommsen, L. c. II, p. 2G2-277. — 2 Dionys. 5, 1 ; G, 40. — 3 Dionys. G, 40.
— 1 Dionys. 9, 25 ; Liv. 3, 6. — » Dionys. 10, 59 ; Liv. 3, 36. — 6 Liv. 4, 37 ; 5, 9,
Il ; Dionys. il, 63. — 1 Liv. 5, 9, 11. — 8 Liv. 5, 32; 8, 20. — 9 F asti Capit.
— *0 Plul. Marc. 4 ; Liv. 21, 62. — il Fasti praenest. ( Corp . inscr. lut. I, p. 3041 ;
l.iv. Ep. 47 ; Cass. Chron. ad h. ann. — 12 Liv. 39, 52 ; Fasti praenest. L. c.
— 13 Cic. In Verr. acl. 1, 12, 36; Suet. Caes. 9 ; Fasti praenest. L. c. — 14 Cic. In
\err. I, 10, 30; Schol. gronov. p. 395; Lex Corn, de XX. Quaest. (Corp. inscr.
lut. I, p. 108). — 15 Lex jui rjiun. I. 25. — 16 F'ast. Ai'val .; Corp. inscr. gr. 2485
(5. C. de Astypal. de 105 av. J.-C.) ; Corp. inscr. lat. I, p. 111 (5. C. de Ascle-
piade , de 78 av. J.-C.). — \1 Liv. 21, 63, 10. — 18 Liv. 40, 45, 8. — 19 Ov. Fast. 1,
165 ; Juv. IG, 42; Serv. ad Aen. 2, 102. — 20 Macrob. Sat. 3, 4, 1 1 ; Serv. ad Aen.
2, 296 ; Val. Max. 1, 6, 7. — 21 Vell. 2, 22 ; Dio. Cass. 49, 43 ; 57, 21. — 22 Liv. 4,
5. _ 23 Liv. 9, 10, 2; Plut. Cic. 19 ; Cic. In Cat. 3, 6, 15 ; 4, 3, 5; Dio. Cass.
un magistrat à abdiquer23 [abacti magistrats
n est toujours qu’une abdication forcée \ iv ; ’ mai8 Ce
tive, le peuple n’a certainement pas eu T'? Prinnl
destituer les magistrats2*; jusqu’aux Graeau!*'1 de
trouvons que quelques destitutions ou ' ti..'i’S ,"°US De
destitution de promagistrats, de proconsuls26 .. de
Partir de la déposition du tribun Octaviu ■ ’ ^ *
collègue Tiberius Graccluis pn iuq t „ ... * Par son
=Bl,c uuenus uracchus en 133 av. J.-C «
dans la période révolutionnaire ’ n°us avons
destitution de consuls21, de
; i • « , uns
e Plus|eurs exemples de
y n .11 , . préteurs de tribun,*»
X. Quelle est la responsabilité des magistrats? Tl ■ •
quement les Romains se sont contentés ici d,
commun et ils ont soumis le magistrat comme le pan!!1
lier aux tribunaux ordinaires sans lui conférer d’inm '
nité spéciale, même pendant son année décharge w"'
pratiquement, pendant cette année de charge, les"rèKle
de la potestas s’appliquant ici comme ailleurs 311 1^
consuls, proconsuls, préteurs et censeurs ne pouvaient
être cités en justice par le préteur31 ; les tribuns ne pou¬
vaient être poursuivis et pouvaient poursuivre tous les
magistrats32, y compris les censeurs33; le consul pouvait
agir contre les magistrats inférieurs, le préteur contre
les édiles curules et les questeurs3*; mais en fait ces
poursuites ont été très rares; deux fois des tribuns
intentèrent des poursuites contre des censeurs : dans un
cas, les autres tribuns intercédèrent36; dans l’autre, les
censeurs assignés devant les centuries interrompirent
leurs fonctions jusqu’à la fin du procès36. Ce n’est que
contraints moralement par leurs collègues qu’un édile dé
la plèbe37 et un tribun38 vont devant les tribunaux. Les
magistrats inférieurs refusent de se laisser poursuivre39..
Des tribuns intercèdent en faveur de César accusé au
moment de son départ comme proconsul pour la Gaule*0.
En somme, la coutume s’établit de reculer les poursuites
jusqu’à la fin des fonctions, et plus tard elle est trans¬
formée en règle pour la plupart des délits dans la procé¬
dure des quaest iones per pet itaevl [judicia publica]. l’ne
loi Memmia, citée en 114 av. J.-C., soustrayait déjà aux
poursuites le citoyen absent pour un service public*2.!
Dans quelle mesure les anciens magistrats pouvaient-ils
donc être responsables? Les crimes, délits et infractions
politiques des magistrats ont d'abord été poursuivis
surtout par les tribuns et les édiles de la plèbe, plus tard
devant les quaest iones et en particulier devant la quaest io
majestatis [judicia publica, majestas, tribunes]. Pour les
actes administratifs et la gestion financière, il faut
distinguer si la victime était un particulier ou 1 État. Le |
particulier pouvait au début intenter au magistrat une
action civile [furtum, injuria] ; le tribun avait aussi le
droit de poursuivre*3 ; plus tard il y eut le recours aux j
quaestiones [repetundae, vis]. En face de 1 État, il laul se
rappeler que les magistrats romains n’ont jamais bunui
de caution au Trésor, que les questeurs seuls et indin i h
37, 3t; Fesl. Ep. p. 23. — Si Dio. Cass, 40, 49 ; Obscqucns. 70. La
premier consul Tarquin Collalin est une pure légende (Cic. Brut. 14, ,
10, 48). — 25 Liv. 27, 20, 21 ; 29, 19, 0 ; Appian. /ber. 83. — 26 dut. 7 •
— 27 L. Cornélius Cinna en 87 (Vell. 2, 20; Liv. Ep. 89; Appian. Bel"ry ^ |
— 2» y. Collins en 43 (Appian. L. c. 3, 93). — 29 Lucilius Hirrusen :>3 t
54); Marcellus et Flavius en 45 (Obscqucns. 70; Dio. Cass 44, U. ^ jpa.i, I
Casca en 43 (Obscqucns. 70 ; Dio. Cass. 40, 49). — 30 dut. Caes. I ' 01l9 j
4, 2; 4, 8, 3, 3, 1. 4; 4, 6, 20, 2; Suct. Caes. t8. — 32 C’csl encore appa ^ ^
l'Empire (Suet. Dom. 8). — 33 Liv. 24, 43. — 34 Gell. 13, 13. ^ ^ jjtf, I
— 30 Liv. 43, IG. — 37 G. Scanlius Capilolinus, édile plutôt qui In n ^ |3t j
C, t, 7 ; Plut. Marc. 2). — 38 L. AureliusCotta (Val. Max. 0, 3, 4). - - j] Lt$
— 40 Suet. Caes. 23. — 41 Dio. Cass. 39, 7 ; 57, 21; Cic. De leg. aÿ,''j’41 ,’ jv j3, 8.
repetundar. 1. 8 {Corp. inscr. lat. I, p. 58).— 42 Va'. Max. 3, 7, 9.
MAC,
l K O K
— looS — -
MAC
I gouverneurs (le provinces ont été soumis à une
ine"1 llle reddition de comptes [quaestorJ. Lu loi dispense
dateur de rendre compte pour toute sa gestion; les
le ' |ÜS préteurs, les magistrats pourvus de l'imperium
f°nMI |"' L1Lin, les manubiae *, qu’ils ont le droit
P1"" i ,rWii leur guise, pourvu que ce soit dans l'intérêt
.. j . ies édiles pour leurs amendes, qu ils peuvent
p" , ’ h des constructions ou à leurs jeux3; les
jrs p0Ur leur budget [censorJ. Dans tous ces cas, il
K que le magistrat n’emploie pas l’argent de l’État à
sïn usage particulier; cependant, s’il y a détournement
desdeniers publics, furtum pecuniaepublicae, peculatus ,
.j ,t y avoir poursuite au criminel par les tribuns*,
au civil par un citoyen quelconque5 ; plus tard, les
malversations de tout genre se sont multipliées et ont été
portées devant des quaestiones spéciales [peculatus,
! RliPETUNDAEj.
V. La durée de la magistrature peut être prolongée
régulièrement par la prorogalio , dont nous n’avons à
étudier ici que le caractère général, en renvoyant pour le
détail aux articles provincia, proconsul, propraetor f‘.
La prorogation a lieu pour Y imperium militiae , jamais
pour l'imperium domi. On peut distinguer deux sortes
de prorogations : la prorogation de l'ait et la prorogation
légale. La première est la prorogation, au delà de l'année,
d’un commandement militaire, soit jusqu’à la fin d’une
guerre, d'une série d’opérations, soit jusqu’à l’arrivée
d’un successeur; cette prorogation, surtout si elle est
longue, peut être autorisée par un sénatus-consulle ',
mais Mommsen soutient avec raison contre Willems que
généralement il n’y a besoin ni de loi ni de sénatus-
consulte. En outre, à la fin de la République, le général
conserve fictivement son commandement jusqu’à son
retour à Rome pour pouvoir triompher8 [triumpuus]. La
prorogation légale a eu lieu pour la première fois en
faveur du consul Q. Publilius Philo en 327 av. J.-C.9;
depuis, elle a été d’un usage courant pour le consulat, la
préture et la questure. Elle a été accordée soit jusqu’à la fin
dune opération10, soit plus généralement pour une
nouvelle année 11 ou pour plusieurs années, mais par des
concessions successives, d’abord par les comices popu¬
laires sur l’initiative du Sénat12, puis dès le xn® siècle
av- é-C. par le Sénat seul13 [senatus] ; mais c’est le
peuple qui, comme on l’a vu, abrogeait Y imperium
prorogé. Le promagistrat a d’abord porté le même titre
que le magistrat1*, mais de bonne heure15 la prorogation
a été exprimée par l’addition du préfixe pro. Le proma-
gistiat est théoriquement inférieur au magistrat du
memc rang' à moins qu’il n’ait reçu un pouvoir égal par
un acte spécial lb ; mais en fait il possède à peu près les
menit's attributions. La législation de Sylla établit la
prorogation régulière pour les consuls et les préteurs,
qui passent dès lors leur première année à Rome, leur
seconde année dans une province. C’est le commenco-
mentd’un régime nouveau. La lex Pompcia de provineits
établit un intervalle de cinq ans entre la gestion du
consulat ou de la préture et le gouvernement d une
province, et sépare ainsi définitivement la magistrature de
la promagistrature.
III. Période impériale jusqu’à Dioclétien. — Sous
l’Empire, les magistratures républicaines sont dépouillées
de presque toute leur importance politique au profit de
l’empereur et des fonctionnaires impériaux. Nous ren¬
voyons aux articles spéciaux l’étude des changements
que subissent les différentes magistratures. Nous n avons
à indiquer ici que quelques traits généraux.
I. Il n’y a plus, à côté de l’empereur, de commandement
militaire indépendant; après 27 av. J.-C., on ne connait
que trois exemples de magistrats ayant obtenu le titre
d'imperatora. Le costume militaire, le paludamentum,
est réservé à l’empereur [imperator .
II. L’empereur accorde les droits honorifiques fictifs
des magistrats, les ornamentu ; c’est sur sa proposition
que le Sénat les concède18; les ornamentu sont de trois
catégories : consulaires, prétoriens ou questoriens, et il
peut y avoir élévation d’une catégorie inférieure, à une
catégorie supérieure19; les ornamentu ne sont pas
comptés dans le calcul des magistratures, ne donnent
ni le droit de s’y présenter, ni l’entrée au Sénat ; ils pro¬
curent simplement : aux sénateurs90 le droit de voter au
Sénat dans la classe indiquée par le nouveau titre21, aux
non-sénateurs le droit d’assister parmi les sénateurs aux
fêtes publiques, aux banquets des sénateurs, de porter le
costume sénatorial et les insignes de la magistrature
fictive22. La concession des ornamentu à des sénateurs
tire son origine de la disposition légale qui, sous la
République, accordait au Sénat une classe plus élevée à
celui qui triomphait dans une poursuite devant les quaes¬
tiones 23. A la fin de la République et sous Auguste, des
magistrats, exclus du Sénat, avaient cependant gardé
leurs droits honorifiques2*; c'est seulement à partir de
Tibère qu’on accorda les ornamentu à des personnages
qui n’étaient pas sénateurs, surtout à des préfets du pré¬
toire25, à des préfets des vigiles26, à d'autres fonction¬
naires impériaux 2 ', à des chevaliers 2S, à des procurateurs
provinciaux29, quelquefois à des affranchis impériaux
et aussi à des membres de la famille impériale31 et à des
princes étrangers32.
III. Les magistrats peuvent être poursuivis pendant
leur année de charge ; cependant on respecte encore en
principe le tribun du peuple33.
IV. L’admission aux magistratures, en commençant
'L U«,/ j" kg' a°T' *’ *’ 12 ; 2’ 23’ 59‘ — 2 Oros. 5, 18 ; Cic. ad Fam. 2,
iCii-Z \U •’ *’ 6' ~ 3 Liv- 10’ 23’ 3I> 47 ; 24, 16; 27, 6 ; 30, 39, 8 ; 33, 25;
s. d. Puii \ ^ 33, 1, 19; Varr. De ling. lat. 5, 158; Fest.
de l s. ~~ f anc‘eu exemple d’une condamnation de ce genre est
avait pu , i V 611 lsHGell. 0. 19) ; l’accusation contre M. Acilius Glabrioen 189
p. ülo, no[^ 0nnée (Liv* 37> 57> 12). - 3 Liv. 23, 3, 12. Mommsen (L. c. 1,
suite par |,. , ’ * C0^011‘e Julia Genetiva, c. 95, qui distingue la pour-
321. _ 7 p maSlslrat ct celle par le citoyen. - 6 Voir Mommsen, L. c. II, p. 311-
S, il, 2G _ Kl",’ . ’ ’ +°’ 39, 7 ; 41 > 14> 11. - 8 Cic. ad Fam. 1, 9, 25. - 9 Liv.
»; 10, a ,, _ 1 '■ f’ 23 ; 27, 7, 17. — Il Liv. 9, 42, 2 ; 10, 22, 9. — 12 Liv.- 8,
kt. 4 ;’68‘. 13 Po,yb - G. 15, G ; Liv. 24, 10, 3; 31, 8, 10. — 14 Corp. inscr.
— 15 1)Çjà Omis p d. arck. Instit. 6, 96 (décret de Laiupsa,[ue de I9G).
Proconsul d'Afe ° '*IC 1 19, H)* — 1° Liv. 26, 9 ; 30, 27. — 17 C. Junius Blacsus,
•" 4 »v, j \ 22 aP- J-C. (Tac. Ann. 3, 74); L. Passicnus Rufus, consul
1 cP‘9r- 3, 640) ; Cossus Cornélius Lentulus, consul eu. 1 ay.
J.-C. (Vell. 2, 116). — m C. i. lat. 6, 798 ; 11, 1834; Phil. In Ftacc. 7. — 19 Tac.
Ann. 16, 17 et tl, 4; Dio. Cass. 58, 12; C. i. I. 5 , 3340. — 20 Suct. Caes. 76 ;
Tac. Hist. i, 79; 4, 4. — 21 Pour Octave en 43 av. J.-C. Monum. Ancgr. 1, 3 ;
Liv. Ep. 118; Dio. Cass. 46, 29, 41. Pour Marccllus, Dio. Cass. 53, 28. Une dis¬
position spéciale fixa à Gerraauicus sou raug de vole dans sa classe (Dio. Cass. 56,
17). _ 22 Suet. Aug. 35 ; Dio. Cass. 58, 11-12. — 23 Cic. Pro Balb. 25, 57; Dio.
Cass. 36, 40. — 24 Cic. Pro Chient. 47, 132; Sud. Aug. 35. — 25 Ornements
prétoriens et, depuis Néron, consulaires, Dio. Cass. 37, 19; 58, 12; 40, 48 ; 78, 13;
79, 4; Tac. Ann. 11,4; 15,72; 16, 17 ; C. i. I. 1 2, 5843 ; 9, 5358 ; 6, 1599 ; Yita
Hndr. 8 ; Vita Pii , 10. — 20 Dio. Cass. 58, 12. — 27 Tac. Ann. 13, 10 ; C. i. /. 6,
798. — 28 Tac. Ann. 16 , 28 , 33. — 29 Suet. Claud. 24; Tac. Ann. 12, 21 ; Hist. 4. 4;
Dio. Cass. 60 , 23. — 30 l’allas (Pliu. Ep. 7, 29 ; 8, 6 ; Tac. Ann. 12, 53; Sud.
Claud. 28; Pliu. Hist. nul. 35, 18, 20); Narcisse (Tac. Ann. 14, 38; Sud. Ctaml.
og), — 3i Claude (Sud. Claud. 5). — 32 Agrippa l'r (Phil. In Ftacc. 7 ; Dio. Cass.
60, 8) ; Uérode (Dio. Cass. 60, 8). — 33 Dio. Cass. 55, 10 ; Tac. Ann. 13, 44.
MA G
— 1536 —
par la plus basse, le vigintivirat, a maintenant pour
condition le rang sénatorial et, par suite, le même cens
que pour le Sénat, c'est à-dire une fortune d’un million
de sesterces*. Mais l’empereur accorde fréquemment
des dispenses sous une double forme. D’abord il peut
pratiquer le système de Yadlectio [allectio]. lin second
lieu il peut concéder le latus cia vus , comme le montrent
en particulier les cursus honorutn de personnages de
lordre équestre qui commencent parle vigintivirat5; la
dispense est plus complète quand la concession comporte
le latus clavus cum quaestura : c’est alors la dispense
du x iginthirat avec 1 autorisation de débuter par la ques¬
ture1, comme le montrent les inscriptions de person¬
nages lato c/avo exornati ou adlecti in amplissimum
ordinem qui commencent par la questure 4 [senatus].
I ar suite de la diminution du prestige des anciennes
magistratures, les empereurs doivent prendre un certain
nombre de mesures pour avoir les candidats nécessaires.
Les membres de l'ordre sénatorial, c’est-à-dire les fils et
petits-fils des sénateurs, possédant les conditions d’éligi¬
bilité, doivent exercer les magistratures5. Ceux qui ont
occupe unemagistrature inférieure doivent, sauf dispense,
etre candidats au poste supérieur 6. La gestion du
tiibunat et des édilitës devient obligatoire, sauf pour les
patriciens. Des dispenses peuvent abaisser le minimum
d âge, abréger les intervalles entre les magistratures,
faire passer par-dessus quelques-unes; la loi Julia de
8 av. J.-C., ou la loi Papia Poppaea de 9 ap. J.-C.,
accorde une remise d'une année d’intervalle par enfant
vivant • et sans doute une dispense d’une année pour la
questure. Puis il y a de temps en temps des mesures
extraordinaires, par exemple l'autorisation à des citoyens
qui ne sont pas encore sénateurs, à des chevaliers, de se
présenter au tribunat*, 1 emploi d’itérations anormales,
surtout pour la questure, la délégation à certains magis¬
trats des attributions d'autres magistratures9. La loi a
déterminé plus exactement que sous la République les
causes d'indignité [infamia].
V. On débute soit par une des places du vigintivirat10
magistratus minores], soit par le tribunat militaire, réel
ou fictif militiae Equestres, tribunus militum]; le tribunat
militaire est obligatoire, à partir de dix-huit ans au
minimum11; on débute avant ou après le vigintivirat12,
depuis l’époque des Flaviens, après cette fonction13; ce
service d'officier se maintient jusqu’à l’époque des
Gordiens; le vigintivirat disparait vers l’époque de Sévère
Alexandre. On gère ensuite la questure, au cours de la
vingt-cinquième année 14 ; puis, sans doute au cours de la
vingt-septième année, le tribunat ou l’édilité, jamais les
deux; les patriciens sont dispensés de l’édilité curule et
1 Dio. Cass. 54, 17 ; Suet. Aug. 41. — 2 Ulp. Reg. 7, I ; Dig. 24, I, 42.-3 Plin.
Bp. 1,14, 5; 2, 9 ;C..i. I. 12, 1783. — * C. i. I. 3, 384; 5, 7153; 8,7041 ; 12, 4354.
— 5 Dio. Cass. 5 4, 26. — 6 Dio. Cass. 54,26. —7 Dig. 4, 4, 2; Plin.Æ’p.7, 16. — 8 En
12 ap. J.-C. (Dio. Cass. 56, 27) et sous Claude ( Ibid. 60, 11). — 9 Préteurs chargés
de lédilité (Dio. Cass. 29, 16 ; 53, 2). - 10 Tac. Ann. 3, 29; voir Mommsen, L.
c. Il, p. 201, note 3. — 11 Dio. Cass. 52, 20. — 12 Après : C. ». I. 3, 551 ; 5, 531 ;
avant : 5, 35, 3375; 6, 1317, 1402. — 13 C. i. I. 2, 1371, 4121, 4509; 3, 291, 87 et
add. 2732; 5, 877, 4335, 5262, 6976, 1874, 865 ; 6, 332, 1332, 1333, 1343, 1365, 1383,
1450, 1517, 1522, 1533, 1549; 8, 2747, 2582, 6706, 7050; 9, 2457, 4119; 10, 408,
1122, 1123, 6006, 135 ; 11, 571, 376, 3364, 3365, 3883; 12, 3163, 3167; 14, 360),
3610. — 14 Dig. 50, 4, 8; Dio. Cass. 52, 20 ; Tac. Ann. 15, 28 ; liist. 4, 42;
Quint'l. fnst. 12, 6, 1. — 15 C. i. I. 9, 2456 ; 6, 1383; 9, 1123 ; 5, 1812 ; 10, 211 ;
14, 3902 ; voir Mommsen, L. e. Il, p. 214, note 2. — 16 Dio. Cass. 52, 20.
— n Borgliesi, Op. 7, 527. — 18 Tac. Ann. 3, 29 ; 4, 4; Suet. Gai. 1 ; Vell. 2, 94;
ü.o. Cass. 53, 28; 54, 10; 59, 22; 60, 5. - 19 Mon. Ancyr. 2, 45 (pour Caius et
J.iicius Caesar); Tac, Ann. 12, *1 (ppur Néron) ; Dio. Cass. 53, 28 (pour Marccllus).
MAC.
peuvent passer directement de la questure ù i
la prêt ure peut être prise au cours delà tP(.nr prélure";
le consulat, après un intervalle de deux ■ ®m,e
au cours de la trente-troisième année11 * V
coup de dispenses d’àge en faveur dès , !l! yabeiu'
famille impériale18, surtout jusqu’à Néron de la
princes héritiers présomptifs19, et même en fdes
simples particuliers20. L’obligation de prendre le, IT de
ou lédilité paraît avoir disparu à l’épomte ‘hunat
Alexandre21 ; l’édilité elle-même peut encore ^ ^
quelque temps; le tribunat va jusqu’au r siècle3"’ ^
AI. Les magistratures sont toujours annuelles „
consulat ; l’entrée en fonctions a lieu le 1» ’ 6
serment des magistrats a été modifié [jusjurandumTΙ
Pour les élections23, Auguste a rétabli, en27av J f
maintenu jusqu’à sa mort24 les comices électoraux o!
avaient ete suspendus pendant le triumvirat. Après 1 '
les élections des magistrats, même des consuls28, passent
au Sénat, sauf pendant la courte période où Galigula les
rend au peuple20 ; il n’y a plus devantles comices qu'une
renuntiatio de pure forme. La constitution d’Auguste
a accordé ici à l’empereur deux droits, le droit d’appré¬
cier 1 éligibilité des candidats, qui correspond à la no-
minatio de la République, et le droit de commendatio ,
dérivé de la recommandation que des citoyens influents
pratiquaient sous la République en faveur de leurs can¬
didats. En premier lieu, l’empereur exerce donc au Sénat,
concurremment avec les consuls, le droit de nominatio :
les candidats peuvent déclarer leur candidature soit à
l’empereur, soit au magistrat qui préside l’élection 27 ; la
déclaration devant l’empereur leur donne probablement
un privilège de fait; Auguste et Tibère ne paraissent ainsi
avoir désigné pour la préture que douze candidats 2S. En
second lieu, la commendatio impériale ( suffragatio M,
suffragium 30) a force obligatoire ; le candidat de l’empe¬
reur ( candidatus imperatoris , Caesaris) 31 doit être élu
[candidates caesaris]. Auguste recommandait ses candi¬
dats d’abord lui-même sur le Forum, puis, à la tin de sa
vie, par affiches 32 ; devantle Sénat, la recommandation se
fait sans doute surtout par écrit. Pour le consulat, pratiquée
probablement depuis Néron seulement33, elle aboulità
une véritable nomination par l’empereur dont le Sénat ne
fait guère qu’enregistrer le choix34. Pour les autres ma¬
gistratures, elle remonte vraisemblablement à Auguste;
les candidati Caesaris apparaissent depuis Tibère J, et
la lex regia donne à Vespasien le droit de recomman¬
dation sans limite 30. Tibère recommandait quatre préteurs
sur douze31 ; sous Marc-Aurèle, il y a encore des préteurs
candidats de l’empereur 38 ; pour l’édilité curule, les men¬
tions de la recommandation sont rares39, parce que,
— 20 Dio. Cass. 51, 4; 76, 5; Plin. Pan. 69; Vita ûid. Jul. 1 ; Corp. tnscr 3
suppl. 6625; 12, 3164. — 21 Vila Alex. 43. — 22 Textes suspects sur «il •
Vit. Gord. 1 1 ; Trig. tyr. 33. Sur le tribunat : C. Th. 8, 18, 1 ; l-, C 1 1 ^
Mommsen, L. c. t. V, p. 197-205. — 24 Dio. Cass. 53, 21 ; 50, *0, 1
— 25 En ce sens, Tac. Hist. 2, 91. — 20 Dio. Cass. 59, 9, 20 ; Sucl.
8, 20 ; Tac. Ann. 1,81; 2, 51 ; Pli'1, ^an' ^ *
Ann. 1, 15. — 27 Dio. Cass. 53, 20 ; 58,
29 Lex
regia {Corp. inscr. lat. 0, 930)
__ 30 Vit-
— 28 Tac. Ann. 1, 14-15 ; 2. 36.-
Did. Jul. 4.
moins le mot imperatoris , Caesaris ; depuis la fin du Hn siècle il y *- “ 33 ^
32 Suet. Aug. (i* «.
. t 81 '
22; Dig. 1, 2, 2, 47 ; Senec. De clem. 1, 9, 12. — 31 Tac. Ann. , , ^ jjj;
77; 2, 71; Plin. Pan. 77, 192; Dio. Cass. 66, 2 ; 67, 4 ; Appian. 1 1 <■ ‘
C. i. I. 14, 3608. — 35 Vell. 2, 124; Quintil. 6, 3, 02. Voir Stobbe, ^ ^ ^
Caesaris ( Philologus , 1868, p. 88-1 12 ; 1869, p. 048-700). — 30 J- c- .
1, 15. — 38 Vit. Sever. 2. — 39 Vit. Did. Jul. I ; C. ». I. 8 suppl. I -
31 Les inscriptions portent au début le nom de 1 unp i .
is ; depuis la fin du u" siècle il y a ccnidid"lns lo“
court (C. i. L. 6, 1450 ; 9, 1493).
textes sur Auguste ne montrent qu’une influence de fait :
MAP.
837 —
.MAP
, Mommsen *, elle entraînait pour les quacstorii
|j8p11 h .. a ia cura actorum seiiatus. Elle s’exerce
i*i
' , |,(,ur le tribu nat, mais on ne sait dans quelle me-
et pour les deux quaestores Augusti3. Au
81111 ’i plusieurs textes laissent croire que l’empereur
réviser à son gré tous les choix du Sénat4.
rÇjl magistratures républicaines, qui constituent
•on appelle sous l’Empire la carrière sénatoriale,
°ar opposition à la carrière équestre, gardent encore une
^ je importance administrative et sociale parce qu’elles
ouvrent l’accès aux plus importantes des nouvelles fonc-
.jonS impériales et aussi aux sacerdoces les plus élevés.
\insi les quacstorii fournissent les legati pro practore ,
'les légats des gouverneurs des provinces sénatoriales
prétoriennes. Les tribunicii et les aedilicii n’ont pas
d’aptitude spéciale. Les praetorii recrutent les fonctions
de : lerjatus Augusti legionis (commandant de légion),
legatus pro praetore (légat du gouverneur d’une province
sénatoriale consulaire), legatus legati Augusti provinciae
(légat d’un légat de l’empereur), legatus Augusti pro
praetore vir praetorius (gouverneur d’une province im¬
périale prétorienne), proconsul provinciae (gouverneur
d’une province sénatoriale prétorienne), praefectus
aéra ri i mililaris, praefectus frumenti dandi exSenatus
consulta, curator viarum. Les consulares recrutent les
fonctions de : censitor ou legatus A ugusti pro praetore
ad misas accipiendos , legatus A ugusti pro praetore vir
consularis (gouverneur d’une province impériale consu¬
laire), proconsul Asiae ou Africae , praefectus Urbi ,
curator viarum , curator alvei Tiberis et riparum et
cloamrum Urbis, curator operurn locorumque publico-
rum, curator aquarum. Parmi les sacerdoces de l’ordre
sénatorial, citons les charges suivantes : augur fetialis ;
fionien Dial is, Quirinalis, Augustalis, Claudialis ; f rater
Arvalis ; Lupercus ; Pontifex; Quindecemvir sacris
faciundis ; Salins; Septemvir epulonum ; Sodalis
Augustalis , Claudialis , Hadrianalis. La réunion de ces
trois groupes de fonctions, anciennes magistratures,
charges impériales et sacerdoces, constitue le cursus ho-
norum sénatorial. Nous en renvoyons l’étude complète,
surtout pour les détails épigraphiques, à l’article ordo
MAGISÎRATüUM.
b . Bas-Empire. — Dans la hiérarchie administrative et
sociale du Bas-Empire, les anciennes magistratures ne
Jou' ot plus qu un rôle insignifiant. Les consuls ordi-
na|n's sont toujours nommés par l’empereur 8; les cou¬
su s sutli'cts, et, à partir de 356, tous les questeurs et les
prêteurs sont nommés par le Sénat avec la confirmation
impériale4; mais la préture et la questure ne repré¬
sentent plus que des dépenses obligatoires ; la questure
disparaît a la fin du iv° siècle Après la questure et la
préture, la carrière des jeunes clarissimes offre la plus
grande diversité; il n’y a plus de règles fixes pour le
cursus honorurn , dont les différentes fondions se répar¬
tissent dans les troisclasses des Clarissimes C/arissirni),
des Respectables ( Spcctubiles ) et des Illustres illi strks,
SENATUS]. Ch. L écrivain.
MAGISTRATUS EXTRA ORIUXEM CREATI. — Dans
le droit romain, les mots extra ordinern , appliqués à la
collation d’une magistrature, indiquent une dérogation
quelconque, soit à l’ordre habituel de succession des ma¬
gistratures1, soit à une autre prescription légale. Mais
on appelle couramment magistrats extraordinaires ceux
qui sont créés pour un cas particulier par une loi spéciale
et avec une compétence spéciale. Ils ont quelquefois un
nom propre, par exemple les décemvirs legibus scriben-
dis ; ils portent aussi le nom générique de cura tores 2 ;
quelquefois ils ne sont désignés que par la formule cuin
imperio, cum pot est ale esse. Il est probable qu’au début
de la République, les magistrats supérieurs ont exercé
eux-mêmes ces attributions spéciales, ou, au moins,
qu’ils nommaient, le cas échéant, les commissaires
chargés de les exercer, par exemple les duumviri perdue l-
lionis-, mais, de très bonne heure, ce droit des magistrats
a été limité au profit du peuple et du Sénat.
Nous pouvons distinguer : I. — Les duumvirs de la
perduellio [duumviri perduellioms .
II. — Les duoviri aedi dedicandae et aedi locandae,
qu’on trouve jusqu’au iic siècle av. J. -C. De bonne heure, la
cession d’une portion du sol public, à titre gratuit, par
dédication, c'est-à-dire pour un temple, a exigé une loi
populaire3 ; une loi de 304 exigea en outre l'approbation
du Sénat ou de la majorité des tribuns4; primitivement,
la dédication pouvait être faite par un des magistrats su¬
périeurs 5, dictateur6, consul1, préteur8, puis môme
par un censeur 9 ou un édile investi d’un pouvoir spé¬
cial10; mais de bonne heure le peuple en chargea des
commissaires spéciaux [duumviri aedi dedicandae . II en
a été de même pour la construction du temple. Elle a
appartenu soit aux magistrats supérieurs, surtout aux
consuls11, quelquefois aux censeurs et aux édiles qui
pouvaient faire adjuger eux-mêmes la construction de
temples élevés avec l'argent de leur butin ou de leurs
amendes12, soit à des commissaires spéciaux duumviri
aedi locandae].
III. — Les duoviri navales [classis, p. 1230-1231 .
1*74- 'j 1 4 '-** )80"181’ D*°- Cass. 78, 22 ; Corp. inscr. gr. 1133, 1327; C. i. I.
-3 c j [',.1 f’ i3)7; 8 SUppl ' i8> 27°- — 2 C ■ i ■ t. 14, 3599, 2499 ; G, 145i
guano ] ’ ■’ ‘C09-15'! ; 6, 1365; 14, îffiO, 6014; Dig. 1, 13, 1,2. Au Bas-Empire I.
I nettoies candidati (Svmm En * si ■ r ; i n «ir« « i-ct\ n •
cl*rissimes„„i P‘ 81 ’ C • *■ l- t4> -*63 i *'«0 s°nt •<* jeun,
4S, U, I eutcel'te clla,'ge au début de leur carrière. — * Dig. 42, 1, 5:
Synint cl j - ! c|. Dio. Cass. 52, 20. — 3 Auson. Gratiar. act. 13
folemiusSilvi 3' ~ 6 Symm- Ep' 10’ 06 ’ C- Th- 6’ 4- 13> 2i ,es Fastes <
leurs, |e ■>-.] 1,1(111 donnent le 9 janvier l’élection des consuls sulTects et des pr
V|||; Ep. 5^™ U'lection des questeurs (C. i. I. I, p. 383). — 1 Symm. Ora
lier ll„m„ i/,, , ^ll‘ 1 ’ 4’ 27 ■ ~ Bibliographie. Wex, Ueber die leges annal
tri "linel/es Ues R A\"seum' 0*45, III, p. 27G-Ü88) ; Laboulayc, Essai sur les to
Becker, Ueber d'l"i""S concernant la responsabilité des magistrats, Paris, 1841
297) i Walter g"’ Amlsentsetzunff bei den Rômern (Rhein. Mus. 1846, IV, p. 29
67, ll!). 153’i3r:r:e rfeS rôm- Petits, 3» éd. Bonn, 1860, §§ 41, 53, 54, 6
fopublik, Loin ’_-71"29l> 359-405; Nipperdey, Die leges annales der rôt
Bccslau, 187Q . ®’. '8631 Flaso“, Zur Frage ilber die leges annales der Kaiscrseï
P' -14-241 , 314 hVu' droit public romain, Paris et Louvain, 3’ éd. 187
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1883 ; Karlowa, Rôm. Rechtsgeschiclite, Leipzig, 1883, |, j ; 4, , 70. 99 ; Bouclié-
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droit public romain, Irad. Girard, t. I- Il , Paris, 1887 ; Lécrivain, Le Sénat romain
depuis Dioclétien à Rome et à Constantinople, Paris, 1888 ; Cagnal, Cours d'épi-
graphie latine, 3“ éd., Paris, 1898, p. 86 sqq. ; Liebeuam, Slüdtererualtunq im
rôm. Kaiserreiche, Leipzig, 1900.
MAGISTRATUS EXTRA ORDINKM CREATI. 1 Cic. Brut. 63. 226; De domo,
9, 23, 24; Pl.il. H, 7, 17 ; Tac. Jim. 2, 32 : 13, 29. Le texte de Yarron (Gcll. 14, 7)
ne doit pas être pris à la lettre. — 2 Cic. De leg. 3, 4, 10 ; De leg. agr. 2, 7 ; Paul.
Diar. p. 48. — 3 Fcsl. p. 318, s. ». Sacer mons; Gai. 2, 5 ; Cic. De domo, 49, 127.
— 4 Liv. 9, 46. — 5 Ibid. — 6 I.iv. 10, 1, 9. — 7 Liv. 2, 8 ; 2, 27 ; 10, 33, 9 ;
10, 46, 7.-8 Liv. 34, 53, 4; 36, 36, 4. — 9 Liv. 34, 53 ; 40, 52; 42, 10, 5. — 10 Liv.
24, 16, 9 ; 9, 46 (cas conlroxersé). — U Liv. 34, 53. 7. — 12 Liv. 9, 43, 25; 10, I ;
36, 36, 6; 42, 3, 1.
MAC.
1538 —
MAC
l \ . — l/t's magistrats agris (tandis adsignandiso l ro/o-
nine dedncendae L Toute atlribution gratuite et délini-
liv.'- do terres publiques pour une assignation ou une
fondation de colonie exige une loi populaire, présentée
quelquefois par un des magistrats supérieurs, habituel¬
lement par un tribun 3 [agrariae leces]. Jusqu’aux
(iraeques, les magistrats agissent d’accord avec le Sénat
et suivent ses instructions ; il n’y a que la lex Flaminia
de JJ- av. J.-C. sur le partage du Picenum qui ait été
soumise au peuple malgré le Sénat, et Polybe 4 y voit
avec raison le début des troubles constitutionnels. Jus-
qu aux Grecques, le Sénat est donc la principale autorité
en celle matière; aussi les textes " ne signalent souvent
que le sénatus-consulte, quoiqu’il faille toujours ad¬
mettre auparavant une loi populaire6. L’exécution de
ces mesures, qui a peut-être appartenu au début aux
magistrats supérieurs , a été confiée de bonne heure à
des magistrats spéciaux; c'est seulement à la fin de la
l.epuhüque qu on revient aux magistrats supérieurs, que
par exemple la loi Apuleia de 100 charge Marins de
fonder des colonies, qu’en 43 le Sénat charge les consuls
d'assigner les terres en Italie et les gouverneurs de la
Gaule de fonder la colonie de Lyon 8. Les magistrats
spéciaux, appelés quelquefois curatores'3 , sont en nombre
variable; on trouve des collèges de cinq10, de sept11, de
dix1-', de quinze13, de vingt membres14.; dans la loi
agraire de 111 av. J.-C. il y a des duoviri1’. Élus à
l'époque ancienne sous la présidence du consul 16 ou du
préteur urbain n, plus tard des tribuns 18, parmi tous les
citoyens, sans condition spéciale d’éligibilité, avec pos¬
sibilité de cumul avec le consulat, le tribunat et les ma¬
gistratures ordinaires 1 ', ils n ont que des auspicia mi¬
nora et une potestas d’ordre inférieur; c’est par excep¬
tion que la loi de Rullus donnait V imperium aux décem¬
virs-"; ils peuvent toucher des indemnités analogues à
celles des gouverneurs21; ils agissent en. commun, à
moins que la loi de création n’ait partagé les pouvoirs22;
la durée des (onctions varie avec la tâche; on trouve des
mandats de trois-1, de cinq ans24 ; la loi Sempronia de
J33 créait des commissaires annuels, mais renouve¬
lables21. Ils sont chargés de l’attribution et de la conces¬
sion des terres (agris t tandis adsignandis) 25 ; le jugement
des litiges, avec le droit connexe de coercition, réservé
primitivement aux censeurs ou aux consuls et préteurs,
fut attribué aux triumvirs de la loi S’empronia de 133
jusqu'en 1-29 27, et par la plupart des lois agraires sui¬
vantes aux commissaires qui s’appellent alors : agris ju-
dicandis adsignandis ( a i a) 28. Nous renvoyons aux
iU',icl0S : AGnARIAE POLONIA, TIUUMVIrt ,
ADSIGNANDIS, TRIUMVIRI COLONIAE DEDUCEND \K IUX|»!S
MME.
l!UX«P0(|U,;
V. — Les qui ngue ou très viri mensarïi A i
de crise financière, en 331 et en 21(5 après pT?
Cannes21, sur la proposition d’un tribun et f|,;
douce des consuls, le peuple élut, parmi les" A
plus notables, la première fois cinq, l;i second 7°"" ^
rtn mensarii, chargés de faire aux débiteurs ' ' °IS lrois
caution, sur les fonds publics, les avances (’rn‘0yennant
cessaires pour payer les créanciers En oui,
sarii de 216 firent et reçurent des paiements 7
Trésor. En 33 ap. J.-C. Tibère lil encore faire ,|es J. T “
ce genre par le Trésor; les prèls, garantis pardi! “
lions immobilières et donl le total ne devait m • ^
cent millions de sesterces, ne portaient pas "uil'ïïf!
étaient remboursables en trois ans30.
VI. - Les triumviri sacris perquirendis donisque J
stgnandts élus en 212 av. J.-C., sous la président
pieteur urbain, pour faire 1 inventaire des objets vntif
susceptibles d’ètre fondus31.
\ H — Les magistrats extraordinaires chargés deconsl
tructions. On connaît :
1» Des duoviri, créés vers 272 av. J.-C. pour achever
un aqueduc commencé par les censeurs32.
2° Une série de commissaires, chargés de la construc¬
tion ou de la réception de routes et de ponts et que nous
ne connaissons que par des inscriptions. Mommsen a
conjecturé 31 qu il y avait eu, depuis environ le milieu
du n0 siècle av. J.-C., peut-être depuis C. Gracchus 34 , une
cura viarum , instituée probablement par une loi Viscllia
et qui aurait été destinée à remplacer la censure pendant
les intervalles où il n’y avait pas de censeurs. On trouve
donc : trois curatores viarum chargés de la réception de
travaux par le censeur de 113 35 ; un curator viissternun-
dis un peu avant 92^, un cur(ator) viar(um) e lege Visel-
lia, en même temps tribun en 71 37, un car. viar. oui 62,
chargé de la réception d’un pont sur le Tibre :!8.
d" Des quinqueviri mûris turribusque reficiendk et
des triumviri uedibus reficiendis , créés en 212 pendant
la deuxième guerre punique, pendant une longue vacance
de la censure, pour la réfection des murailles de Rome:
et la reconstruction de deux temples39.
4° Le commissaire chargé de la reconstruction du
temple du Capitole, détruit en 83. Cette cura fut confiée
au dictateur S y 1 1 a , après lui à Q. Lutatius Catulus40.
VIII. — Les magistrats extraordinaires pour l’achat et la
distribution du blé à Rome. A côté des édiles et des
magistrats ordinaires, il y a eu probablement ici de
■ Noir Mommsen, Le droit public romain, Irai!. Girard, t. IV, p. 336-353.
- 2 Ouand il y a réserve du droit de propriété, la loi populaire n’est pas
absolument nécessaire ; cela parait être le cas dans Liv. 40, 38, où les consuls agissent
seuls. Cic. De leg. agr. 2, 7,17; Phil. 13, 15, 31; Liv. 34,53 I-
10. 21, 8; 32, 29, 3; 35, 40, 5. - * 2, 21. - 5 Liv. 8, 16, H; 9, 28, 8; 37, 46, 10;
17. I. — 6 Elle est indiquée ap. Cic. De leg. agr. 2, 12, 31 ; Corp. inscr.’ lat.
-•;/ 1 . . vet- l-achmann,, p. 265. - 7 Cas obscur d’un préteur urbain,
"" 1*" av. J.-C. prorogé pour un an pour faire des assignations, peut-être pour
assister des décemvirs spéciaux (Liv. 31, 4, 2 ; 31, 49, 5 ; 32, 1 , G ; Cic. PAU. 5 (fin.).
00. Cass. 46. JÛ ; Sen. Ep. 91, 14; Corp. inscr. lat. 10, 6087; Cic Phil 5
I - » Fest. Bp. 48 ; Cic. De rep. 2, 7, 1 1 ; Grom. vet. p. 265. Le mot agrarins
' C Lu. .., il, 10 est impropre. - 10 Liv. 6, 21, 4; Cic. De leg. agr. 2 7 17-
( •rom. vet. 23G, i i • *30 ii . /• ; 1 . „ ». . J ’ ’ »
r 1 • '• L P* Mommsen croît que les V viri
r m1 a(d^nandlt) J^d, candis, nommés par Cicéron (ad Alt 2 7 4)
e. dans 1 Elogmm de M.Yalerius Messala [C. i. ,. 6. 8326) ont seuls la juridiction
par "la toi
. ... t vuucaea AUicna labia (Gt'om. vet. 2. 223) font nartip
de ces viginlivirs. — U Cic. Phil. 5, 7, 21 ■ 5 P 33 . «5 u- 8 7r7; a ,
- ce. De leg. agr. 2, 7, ,7; Liv. .31, 4, 2; 31, 49,5; 42, 4, 4; C. i. I. I, p. 278,
279. — 13 Plin. {Jist. nat . 7,43, 139. _ 14 Varr. De re rust. 1, 2, 10 ; Cic. ad AU.
2, G, 2; Bp. 7, 3; Vell. 2, 45, 2 ; Plin. Hist. nat. 7, 52, 176 ; Suet. Aug. 4; Dio.
Cass. 38, 1 (loi de César de 59). — 15 C. i. I. 1, p. 103, 1. 57. - 10 Liv. 8, 10, U;
9, 28, 8. — 17 Liv. 10, 21, 9; 34, 53, 2; 37, 46, 10. — 1» Cic. De leg. agr. 2, s
16; 2, 8, 20. — 19 Ibid. 2, 13, 34. - 20 Ibid, t, 3, 9; 2, 13, 34; 2, 18, 45; 2, 22,00.
— 21 Plut. Ti. Grâce. 13 ; Cic. O. I. 2, 13, 32. — 22 Grom. vet. p. 323 (1«‘ ,lc Cé"
sar). — 23 Liv. 32, 29, 4 ; 34, 53, 2. — 24 Cic. L. I. — 23 Appian. Bel. cia. I 9 :
repetundar. ( C . i. I. I, no 198, I. 13, 16, 22). — 20 Abréviation : a d a [Lex Bantm.
I. 51 ; lex repetundar. I. 13, 16,22 ;le.x agrar. 1. 15 ; C. i. I. L P- 279 [ElogivmAi
Drusus)]. Dans l 'Elogium de Caesar Slrabo ( C . i. I. I, p. 278) il y a : agr. dand. mûr.
jad. ( agris dandis adtribuendis judicamlis). — 27 Liv. 58 ; Appian. Bel. cit. I.
— 28 C. i. I. 1, 552-556 ; p. 278 ; 0, 8326; Cic. O. I. 2, 13, 33-34 ; Deprov «au,
17,41; AdAtt. 2,’ 7, 4.-29 Liv. 7, 21; 23,21, 6; 22, 60, 4 ; 26, 36,8, ll;24,iM"
— 30 Tac. Ann. 6, 17. — 31 Liv. 25 , 7. — 32 Krontin. De ag. 6. 1,1 Cà
p. 386-387. 11 rattache à ce sujet les lùocuW de Varron (5, 158). — 04 Plut. 1 1' '7-
Appian. Bel. civ. 1, 23. — 85 C. i. l.C, 38 2 4. —30 Ibid. I, p. 279. — 37/6icZ. I.11 3 ’
— 38 1 bid. il0 600. — 39 Liv. 25, 7, 25. Mommsen [L. c. IV, p. 388, note -I
à une curatelle du même genre et de la même époque le triumvir de 6. i* L f "
— 40 Gcll. 2, 10; Suct. Cacs. 15; Dio. Cass. 37, 44; Corp. inscr. lat. I. p- 1,1 ]
MAC
— 1539 —
MAC
- boni"'
ll(M1re‘ des curatores spéciaux1; mais le commis-
\A'nnnona et. le praefectus annonae que Tite-Live2
S!"" i 4, T) et en 440 sont sûrement légendaires; la
sign-'1" '
1"'
«mière curatel
e historique est celle créée eri 104 pour
i" P \i Aemilius Scaurus3. En 57, Pompée eut
|p consuiti*1 c ...
l testas rei frumentariac extraordinaire, avec un
^ipcriuin proconsulaire illimité pendant cinq ans sur
tout le monde romain \
jX. — Lesmag
ist rats extraordinaires chargés de faire la
paix
Tels furent les décemvirs élus en 241 après la pre¬
mière guerre punique*. Mais que sont les décemvirs qui,
d'après la loi agraire de 111°, firent des assignations de
tories en Afrique après la chute de Carthage, d’après une
loi Livia inconnue? Faut-il y voir des décemvirs spéciaux
qui organisèrent la conquête, ou, avec Appien7, dix légats
sénatoriaux? En tout cas, à partir de cette époque il n'y
[a plus à côté des généraux que des commissions séna¬
toriales de dix membres.
X. — Les magistrats extraordinaires chargés du recrute¬
ment des soldats ou de la présidence des élections ou du
jugement de procès criminels. En 212, pendant l'inter¬
ruption de la censure, on créa deux collèges de trium¬
virs chargés de dresser la liste des hommes libres soumis
au service militaire, l'un dans les 50 milles de Rome
et l’autre au delà8. En 43 on élut, sous la présidence
du préteur urbain, des duumvirs, avec puissance
consulaire, chargés de présider les élections consulaires
pour éviter l’interrègne9. Pour les commissaires chargés
déjuger ou d’instruire des procès criminels ( quaesitores ),
nous renvoyons à l’article judicia publica, p. 650.
XI. — Les légats sénatoriaux [legatio].
XII. — Les magistrats extraordinaires, investis du pou¬
voir constituant | UECEMVIRI LECIBUS SCRIBENDIS ; DICTATOR,
p. 16.") ; tru mviri reipublicae constituend ae] . A la rigueur,
on peut aussi faire rentrer dans ce groupe la création éphé¬
mère des XX viri reipublicae curandae, institués par
le Sénat en 238 ap. J.-C., après la chute des deux Gor¬
diens, pour organiser la défense contre Maximin; deux
d entre eux, Maxime et Balbin, étaient empereurs10.
XIII. Magistrats extraordinaires chargés defonctions
militaires". On peut citer ici : 1° la collation, à la fin
d" la République, de V imperium, généralement propré¬
torien ", rarement proconsulaire l3, à de simples questeurs
pour remplacer des gouverneurs ordinaires ou pour
administrer de petites provinces, comme la Cyrénaïque14.
La collation extraordinaire de Y imperium dans les cas
suivants: Scipion obtint, simple particulier, Yimperium
fou su Li ire pour continuer la guerre d’Espagne en 24 1 1 3 ;
apres. 1 u i deux magistrats, nommés chaque année par des
J|> spéciales, gouvernèrent l’Espagne, probablement
avec le même pouvoir, jusqu’en 198 lc. Puis Pompée eut
en 81 la Sicile et I Afrique avec un imperium prétorien ,7,
en 77 1 Italie, puis 1 Espagne, en 66 l'Asie et la Syrie avec
un imperium consulaire. 3' Les commandements mili¬
taires illimités, les imperia infinita, qui amènent la
chute delà République. Tels furent les pouvoirs conférés
en 74, sans doute par sénatus-consulte, au prêteur
M. Antonius18, et en 67 parla loi Gabiniu à Pompée,
simple particulier, pour trois ans, pour réprimer la pira¬
terie 1 '. Pompée avait sur les côtes un imperium égal à
celui du gouverneur de la province ; il avait en outre le
droit de nommer vingt-cinq légats auxquels la loi avait
donné d’avance un imperium proprétorien-'. En 43 les
préteurs Brutus et Cassius eurent aussi en Orient un
imperium consulaire illimité21. Ch. Léchivain.
WAG1STRATUS MINORES. — La distinction des
magistrats majores et minores n'a pas eu d’importance
pratique et n’a jamais été très précise. Ainsi le> auteurs
regardent comme minores tantôt les magistrats ordi¬
naires dépourvus de Y imperium eL qui ne sont pas élus
par les comices centuriates, c’est-à-dire les édiles et les
magistrats inférieurs 1 , tantôt les magistrats non curules 2,
tantôt les questeurs, les vigintisexviri et les tribuns
militaires a populo 3, tantôt simplement les viginti¬
sexviri 4. Nous ne ferons rentrer dans cette catégorie que
les tribuns militaires [tribunes militvm . les vigintisex¬
viri et les quinque viri cis Tiberim.
I. Période républicaine. — Le nom de vigintisexviri
désigne six collèges de petits magistrats, ayant ensemble
vingt-six membres: 1° les /// viri capitales triumyiri
capitales] ; 2° les II f viri aere argent o aura flando
feriundo [triumviri monetalesJ ; 3° les //// viri dis in
urbe pur g and is ; 4° les II viri dis extra urbem pur-
gandis ; 5° les A' viri litibus judicandis decemmiu
litibus judicandis]; 6° les II H praefecti Capuam (lamas.
Ils sont indépendants les uns des autres et ne cons¬
tituent un groupe commun que pour le cursus honorunr,
le nom collectif de vigintisexviri n'apparait sans doute
qu’à l’époque d’Auguste6. Les charges de ces derniers
sont gérées habituellement avant la questure, sans en
être cependant la condition préalable nécessaire magis-
tratus] ; aussi ne figurent-elles pas régulièrement sur
toutes les inscriptions*. Officiellement elles paraissent
être au-dessus du tribunal militaire1 ; cependant, sur
l’ inscription du tombeau des Sci pions, le décemviràt litibus
judicandis constitue le début de la carrière8. Nous ne
savons pas s’il y a eu une hiérarchie entre ces diverses
magistratures9; le décemvirat parait avoir été la moins
importante. Ces magistrats pouvaient être mis en accu¬
sation pendant, leur charge10. D'après Cicéron, le Sénat
1 Fesl. F,
p,'o Scsi.
h 7. On
pro ’ 2 -* 27 ; 4, 12, 8 ; 4, 13, 7. — 3 Cic. De har. resp. 20, 43 ;
’ * Dio. Cass. 39, 9 ; Appian. Bel. civ. 2, 18 ; Cic. ad Att.
a éU! ôi|j|(. ^aS ^ exac^e de *• !• G, 1460, où un personnage qui
— ' PoKl ' * C"'^at°r) fru(menti) ; Mommsen le met entre 31 et 22 av. J.-C.
— 8 | jv '' H d 81 (C\ i. I. I, n» 200). — 7 Pun. 135.
Vit j| fax t p i~ 9 (,ass* — 10 Zosim. 1, 14; Vit. Gord. 10, 14;
. inscr. Int. 14, 3 90 J, où i! y a le titre
Mommspn J ' " "" 11 enlre eux, L. Caesonius Lucillus Macer Rulinianus. — U Voir
47 ; cf lio’rrhj-' • ' ’ P; 30°-379- 12 Vell. 2, 43 ; C. i. I. I, n» .398. - U KcXlicl, 4,
I"5). — i:; j'j ], — 14 Borgliosi, Op. 2, 403 (monnaies de A. Pupius Ru¬
de Moiniin,.,, s ! ^ 'h 1 ' • — 16 C. i. I. I, p. 308 et 459 (avec la restitution
(-11,13,7. Cependant Tite-Livo appelle ces gouverneurs proconsuls
— I* Ve||.» JJ ’ * ’ '[!’ 3L 50, H; 31, 49, 7). — 17 Granius Licinianus, p. 39.
II. -2lt AIpi. ' ~ (:ic- Verr- — , 3, 8; 3,91, 213 ; De leg. agr. 2, 17, 4(1 ; Vell. 2,
78 1 Vell. s t>(0 7 7 ' 9C "‘O. Gass. 30, 19. — 21 Appian. Bel. civ. 4, 58; 4,
lai.iocnapHiF. Misponlet, Institutions politiques des Bomains,
Paris, 1882, 1, p. 144-150; Bouché-Leclercq. Manuel des institutions romaines,
Paris, 1880, p. 90-91 ; Mommsen, Le droit publie romain, traduction Girard, Paris,
1894, t. IV, p. 323-470.
MAG1STRATÜS MINORES, i Messala ap. Gril. 13, 15: Tac. Ann. 4. fi: Sali.
Cnt. 30 ; Liv. 3, 53, 9; 25, I, 10, Il ; 32, 26. 17 : Dig. 47, 40, 32. — i Liv. 36, 3, 3.
— 3 Cic. De leg. 3, 3, 6. — 4 Suet. Caes. 41 ; cf. Liv. 39, 16, 12. 5 Fest. Ep.
233; Dio. Gass, 54, 26 (en 13 av. J.-C.); Corp. inscr. lot. 6, 1317; 14, 2105, 3945;
Marini, Anal. p. 806; les quatre inscriptions qui donnent ce litre ont 616 réunies
et commentées par Mommsen, C. i. 1. 1, p. 186 ad n» 637. — 6 II v a le décemvirat
stlitibus judicandis ap. C. i. t. I, p. 38 et 279, n° 7. — 7 l.ex repetundar. (C. ». I.
I, p. 158 en 124-123 av. J. -G.) ; Ibid. 1,279 (Elugium de AI. Livius Drusus). _ 8 Ibid.
I, 38. —9 Nous trouvons le classement suivant : Cicéron (De leg. 3, 3, 6) ne cite
que les n»> 1 , 2, 5 ; Dion Cassius cite les n« 1 , 2, 3, 5 el indique comme supprimés
de son temps les n"’ 4 et 6; dans C.i. t. Il, 1837, il y a les n0' 5,2, 3 ; dans C. ». I. 6,1455,
1456, il y a cumul des h- I el 2 ; à .», 36, il y a occupation successive du n° 5 el du
n° 3; ap. 9,2845, occupation successive du n« 5 el du n» I.— 10 Val. Mar. 8, t.5-6.
MAC,
M A Ci
— 4540 —
pouvait les employer à sa guise' ; nous ne voyons pas à
quoi il l'ail allusion
A. Les //// viri l'iis in urbe purgandis et les // viri
riis extra urbem purgandis. Ces collèges apparaissent
pour la première fois3 dans la loi municipale de César
de il av. J. -C. et datent peut-être de César. Le premier
s’appellera plus tard sous l’Empire III ! viri viarum
rurandarunp ; il est évidemment chargé du nettoyage
des rues à l'intérieur de Rome. Le second collège, // viri
viis extra propiusve urbem Romam passas mille pur¬
gandis 3, est chargé de nettoyer les rues en dehors des
murailles. Est-ce seulement jusqu’au premier mille ou
au delà, en Italie? Le texte est trop obscur pour fournir
une conclusion certaine6. Du reste, ce collège a été
supprimé par Auguste, avant Ci, sans doute en iü
av. J.-C. et sa compétence passe aux cura tores viarum 7.
Sous l’Empire, les IV viri gardent le nettoyage des rues
de Rome sous la direction des édiles8.
B. Les Praefecti Capuam Cumas. Le préteur urbain
de Rome instituait en Italie, soit dans les villes pourvues
de la ciritas sine suffragio , soit même dans les colonies
romaines, des représentants chargés de rendre la justice
en son nom, des praefecti jure dicundo. Capoue en eut
ainsi à partir de 318 9 ; les villes pourvues de ces juges
s’appelèrent pour cette raison praefecturae 10 [judex,
p. 633; praefectura]. A l'origine, ces praefecti étaient
nommés directement par le préteur; puis, sans doute
après 124 u, les quatre préfets, envoyés dans les dix
villes de la Campanie, Capua, Cumae, Casilinum , Vol-
turnum, Liternum, Puteoli. Acerrae , Suessula , Atella ,
Calatia i2, et désignés par abréviation sous le nom de
praefecti Capuam Cumas, furent élus par le peuple et
devinrent ainsi des magistrats 13 qui paraissent avoir
subsisté jusqu’en 20 av. J.-C.
II. Époque impériale. — A partir d’Auguste, la disparition
de deux des collèges (nos 4, 6) transforme le viginti-
sexvirat en vigintivirat1''. Les inscriptions ne men¬
tionnent jamais le vigintivirat, mais seulement une des
magistratures15. Depuis Auguste, le vigintivirat est obli¬
gatoire pour les membres de l’ordre sénatorial ; d’autre
part, les membres de l’ordre équestre qui obtiennent de
l’empereur le latus clavus débutent par le vigintivirat"’.
La concession du latus clavus cum quaestura comporte
la dispense du vigintivirat17. La gestion d’une de ces
quatre charges est donc maintenant, comme le tribunat
militaire, la condition préalable de la questure et le pre¬
mier échelon de la carrière sénatoriale18. Au début de
l’Empire, le vigintivirat est tantôt antérieur, tantôt
postérieur au tribunat militaire; plus lard, il est antérieur
magistratus . Il subsiste sur les inscriptions jusqu au
premier tiers du troisième siècle19. On ne sait au
1 De U y. 3, 3, C. — 2 Le Sénat réprimande les 111 viri capitales (Liv.
23, i). _ 3 c. i. I. 1, 200, 1. 50, 09. — 4 Pomponius les appelle « quattuor
viri qui curant viarum ayerent » (Diy. 1, 2, 2, 30) ; ils sont sans doute aussi indi¬
qués par Venuleius ( Diy . 43, 23, 2). Faut-il les identifier avec ces isruvopoi pour
lesquels Papiuien a écrit un traité {Diy. 43. 10)? Mommsen le pense, mais ce n est
nullement certain. Il y a plusieurs traductions grecques de celte fouction ; Llio. Cass.
54, 2G ; C. i. yr. 2, 2038 ; 3, 4238 ; Epltem. epiyr. 4, 223 : pioxoj(o;. — 5 Lex lui.
mun. L. c. — 6 On ignore le caractère du duumvir cité par la loi agraire de lit
av. J.-C. (C. i. I. I, p. 103). — t Dio. Cass. 54, 20. — » Voir note 4. — « Liv. 9,
20. — 10 Fest. p. 233 ; Cic. Pro Plane. 8, 21. — U Car ils ne figurent pas encore
sur les listes de magistrats de cette année. — 12 Fest. L. c. — 13 Liv. 9, 20 ; Dio.
Cass. 54, 20; C. i. I. 11, 3717 {praef. Cap. Cum.). — 14 Dio. Cass. 54, 20; 00, 5;
Tac. Ann. 3, 29; Vit. Did. lut. 1. — l”> Sauf C. i. I. 14, 3G09 : XX vir monetalis.
_ 16 Ainsi Ovide, Pline le Jeune, Scpiime Sévère {Vit. Sev. 1, 5). — 11 Plin. Ep. 1,
14, 5; C. i. I. 1 2, 1783. — 18 Jusqu'à Sévère Alexandre il y a peu d’inscriptions qui
commencent »ar la questure ou le tribunal. — 10 On le trouve au début de la car-
j nslc quand il disparaît. En tout cas, il ,p
au Bas-Empire. Les vigintivirs sont sans douu'"''' ')lus
depuis Tibère par le Sénat. Il ne semble pas (|"'(!"!mé8
pereur exerce à leur égard son droit de commeLi,,, '^
III. — On peut encore classer parmi les maqiltn'.
minores les quinque viricis Tiberim.™ w """*
d en deçà du Tibre, personnages adjointsà la police
le service des incendies. On les trouve nonr l-, -,Ur I
lois en 186 av. J.-C., ou un senatus-consulte les adjoint
aux très viri capitales pour l’affaire des Bacchanales'"
Le texte de Pomponius22 fait croire qu’il v en •!
quatre pour la ville propre et un pour le faubourg au
delà du Tibre; nommés peut-être d’abord par les édiles
ils sont choisis ensuite par le peuple, mais restent des
magistrats d’ordre infime qui ne s’élèvent pas plus
haut23. Ils existent encore pendant le Haut-Empire21
Ch. Lécrivain.
MAGISTRATUS MUNICIPALES. — I. Origines. - Les
origines des magistratures municipales romaines sont
aussi obscures que celles du régime municipal lui-même.
Rome ne possédait pas de magistrats municipaux,
puisque l’État s’y confondait avec la commune; les
pagi n’étaient que des fractions de l’État. Les premières
villes incorporées à Rome, dans son voisinage immédiat,
par exemple Oslie, ont été dépourvues pendant long¬
temps d’organisation municipale ; Oslie n’a eu, au .début,
que des magistrats d’ordre sacré, des préteurs et des
édiles sacris Volkani faciundis'.
Le régime municipal est né lorsque Rome a donné ou
laissé une portion d’autonomie plus ou moins considé¬
rable à des villes incorporées plus ou moins étroitement
à son domaine. Voyons les principales catégories de
villes.
1° Les colonies romaines sont, à l’origine, sous la |
direction générale du consul et sous la juridiction du
préteur urbain qui s’y fait représenter par des praefecti I
jure dicundo, magistrats compétents chacun dans leur I
conventus 2 [praefectura, magistratus minores]. Toutes
les colonies romaines ont probablement passé par cette I
situation de praefecturae 3. Mais elles devaient utoir
cependant un rudiment d’organisation municipale fa
colonie d’Antium, fondée en 338 av. J.-C., axait obti nu
des lois et des magistrats; beaucoup de colonies on
cessé de bonne heure d’être des praefecturae , la 1 11 ( 11 j
de Puteoli, fondée en 194 av. J.-C., a des dininitt
avant 1 05 4 ; d’autres ont dû avoir de bonne lu 111
praetores, puisqu’on les y retrouve plus 1<*U’ a
Castrum Novum, AuximunP, et, en dehors e > ’
Narbo, où il y a dans la période de transi ton
praetores duoviri
2° Dans les villes latines, soit du Latium an "/
i m tr i I 14, 3902), deQ.Pf"
rière : d’un dos vigintiviri reipublicae curandae de ~> ( ■ ■ onnaire en
tronius Melior, sod. Auy. en 230 (il, 3307), d’Annianus, légM • S s Maximes
{ Westd. Korr. Blatt. 1887, p. 148), d’un consul de 225 (0, 130 ), ^ » 3,
(0, 1532). — 20 Appelés aussi Cistiberes par Pomponius ( >'.?• > ^'j | |V 39i |4,
dans une traduction grecque {C. i. gr. 0218 = Kaibel, Ejng> • Jt j e _ »i I)ig.
10. _ 22 Dig.L. c. - 23 Cic. Acad. pr. 2, 44, 136; Hor- ^ çme puM» \
L. c.\ C. i. gr. 0218; C. i. I. 0, 420. - BinLK. graphie. Cen ’Upsal, 187*;
officia ante quaesturam geri solita smt temporibus mfer g7g. {jouché'l .eclcwi1
Willems, Le Sénat de la République rom.. Louvain et Pans, ■ > ; > droit pUbUc
Manuel des institutions romaines , Paris, 1880, p. 77-80; °n ’
romain , Irad. Girard, Paris, 1894, 11, p. 200-201 , I , P- . 3, |>- ■f-lj'
MAGISTRATUS MUNICIPALES. 1 Corp. inscr. lat. ’ ’ , j Corp.>'lser'
- 2 Fest. p. 41 ; Cic. Pro Sest. 4, 9, 10. - 3 Fest. ». h. , v. P_ g Il, ****■
lat. I, 577; Liv. 9, 20, 10. — 6 Corp. inscr. lac. 9, 514a, •> • nîcl-pauï llc Ul'
4429, 443 t. Nous n’avons pas la date des préteurs certainem
turnum (Corp. inscr. lat. 1, 1190, 1197, où ils s'occupent de ro
MAG
— 1541
MAG
soit
,lu Latium novum , avant et après la dissolution de
on trouve des magistrats qui avaient dû
lu un dictateur annuel, à
i la ligue lal,ne . .
ixister dès les origines
I ■. i à Lanuvium 2, à N ornent ma :I, à Tusculum 4 ;
dés consuls, à Tusculum 8 ; 3“ deux préteurs qui
"irirspondent aux consuls romains, à Laviniurn 6,
Cora 8, dans des villes herniques incor-
-, la lieue latine, comme Anagnia 9, Capitulum
porces « 1,1 1 » .
llnnicorum 10, Ferentinum11 . Quelques-uns de ces titres
, sont conservés sous l’Empire : ainsi le dictateur à
\rimy Lanuvium , Nomentum, Sutrium ; les préteurs
i \ Laviniurn, Anagnia, Capitulum llernicorum ; mais
dans la plupart des villes les préteurs ont cédé la place à
des duumvirs et à des quatuorvirs 12. Les traces de cette
transformation apparaissent encore dans les titres
combinés de praetores duoviri , à Abellinum18, Gru-
mentumu, Telesia I5, de praetores quatuorviri à
Hisjii’llum IC. Que sont devenues ces magistratures pen¬
dant la période très courte oii la plupart des villes latines
ont passé par la situation provisoire de civitates sine
sulfragio [latini, p. 973], avant de devenir des municipes?
II faut distinguer les deux groupes de civitates sine
su/fragio : dans le premier groupe privilégié, qui a
gardé ses droits municipaux, les magistrats ont dû
subsister avec une compétence restreinte à côté du
praefeclus jure dicundo ; dans les villes du deuxième
groupe qui ont perdu toute administration propre,
telles qubl vicia et Anagnia11 , les magistrats paraissent
n’avoir gardé que des attributions sacrées. D’autre part,
après avoir créé les édiles curules en 367, ltome a proba¬
blement étendu cette institution peu de temps après
à une partie de l’Italie : si on trouve à Fundi , Formiae,
Arpinum , villes passées de la condition de préfectures à
celle de municipes en 188 av. J.-C.18, un collège de trois
édiles comme magistrats supérieurs19, à Peltiunum un
collège de deux édiles 20, c’est que ces édiles avaient déjà
existé à côté des praefecti jure dicundo. Devenues
toutes municipes avant la guerre sociale, les villes latines
ont dû alors avoir des magistrats municipaux; ainsi il
esl question de questeurs à Ferentinum, à l’époque de
C. Gracchus 21 .
d° La masse du nomen latinum est constituée par les
colonies latines qui ont leur autonomie à peu près com¬
plète latini, p. 976-978]. On connaît quelques-uns de
Jouis magistrats qui se sont conservés jusque sous
Empire : un dictateur à Sutrium 22 , deux préteurs à
’ignia et Setia23, plus tard à JVemausus 2\ Carcaso2"0,
paie Sextiae26, Avenio 21, Vasio28. La lex repetun-
««nm de 123-122 cite la dictature, la prétureetl’édilité 29 ;
1 '-Li\e, des censeurs30; Beneventum a eu des consuls
Asc,: ";CS0UsTl'aian: Corp. inscr. Int. H, 2213. — 2 Cic. ProMil. 10, 27 ; 17, 45;
3941,3'JSj J. f”?' imCr' laL 10’ b 3913 ! U’ 2097, -O-, 1, 1. 9. — 3 Ibid. 14,
SalUon soûl ^'';°’"9’3’ * ®. Les deux dictateurs qu’on trouve à Fidenae sous
ht. u réalité des duumvirs ( Corp . inscr. lat. 14, 4058). — 5 Corp. inscr.
— 1 Ibid |" Uist.nat.7, 136. — G Corp. inscr. lat. 10, 797 ; 14, 171.
Annali '"'l' 1139’ ii37> U41; 14, “902, 2900, 2994, 2999; voir Ilenzcn,
~lo Ibid 14 o' 257‘ ~ 8 Ibid' 10’ 6527- — 9 Ibid • 10> 5920, 5920, 5929, 5919.
.» , ~ ’ GG* 11 Ibid. 10, 5832. — 12 Ibid, 14, p. 576, col. 1 ( Praeneste ) ;
to, 1131, 1134, 1135, 1138, 1140. - 14 Ibid. 10, 208,
Ibid. 9, 2220-2225, 2234, 2239. - IG Orelli-Honzen, Inscr. lat.
alliée en Ta,.,", " °n lrouve tles préteurs dans la civitas Bocçhoritanorum , ville
W, 8, 19 ; y ( CorP • inscr • lat- 2, 3695). — 17 Fcst. 5. d. Municipes , p. 42, 13 1 ;
8679, oG82 Gini °^*î?l5Cr* fat» 10,6231. — 13 Liv. 38, 36. — 19 Corp. inscr. lat. 10,
l(li y C238, 6239, 6242 ; Cic. ad Fam. 13, 11, 3. — 20 Corp.
J ~ 21 ^eli. 10, 3. — 22 Corp. inscr. lat. 1 1, 3257. — 23 Ibid. 10,
' ’ 971’ G4G3 (sous l'Empire). — 24 Ibid, 12, 3215. — KJbid. 12,5371.
V 1.
îiï (co,'a)- - 13 Jb‘d-
Z1' -2G, 227. — Ki
7031 ■ En G ap, j._c
cl, sans doute en même temps, des préteurs et sept ques¬
teurs31; on connaît à Venusia quatre questeurs et des
tribuns du peuple 3ï.
Pour les civitates sine su/fragio non latines, on a
peu de renseignements. On connaît un dictateur à Caere
et a Fabrateria velus33. Cumae a dû avoir des prêteurs,
car on les retrouve plus tard34. Gapoue eut en 338 la
civitas sine su/fragio, sans doute de la première classe ;
mais après la bataille de Cannes, descendue à la seconde
classe, elle perdit ses magistrats et son sénat10; le
territoire campanien fut divisé en pagi administrés par
leurs magistri 31 ; dans la première période, par privilège
spécial, il y avait partage des pouvoirs entre le* praefeclus
jure dicundo et le magistrat indigène de Capoue, le
medix tuticus 38 .
5° Les soc ii ont leur autonomie, par conséquent leurs
magistrats indigènes, leurs tribunaux propres avec la
plénitude de la juridiction ; il est probable que Rome a
imposé partout l’établissement d'un certain nombre de
magistrats uniformes, édilité, questure, censure. On
connaît des questeurs à Teanum Sidicinum avant
1 époque de C. Gracchus39, à Pompéi avant Sylla 00 ; la
loi osque de Banlia en Lucanie mentionne la censure, la
préture, la questure, le tribunat; elle parait .contenir des
règlements sur le cens, les comices, les jugements popu¬
laires, l’intercession des magistrats 41 . Les contingents
militaires de chaque ville sont conduits à l’armée
romaine par un magistrat indigène, accompagné d'un
questeur, payeur pour la solde42.
Après la guerre sociale, la lex Julia de 90 conféra le
droit de cité aux socii italiens restés fidèles et aux villes
latines qui voulurent l’accepter 43 ; la lexPlautia Papiria
de 89 décida que tous les habitants des villes alliées,
domiciliés à ce moment en Italie, recevraient le droit
de cité en s’adressant dans les soixante jours au préteur
urbain à Rome44. C’est sans doute à ce moment que les
différences de constitution qui existaient entre les diffé¬
rentes classes de villes s’effacèrent en Italie et que le
régime municipal devint à peu près uniforme, sans tou¬
tefois faire disparaître quelques particularités locales 4 ,
sans supprimer la distinction des villes de droit latin et
de droit romain. Cette hypothèse, acceptée généralement
jusqu’ici, a été confirmée par la découverte récente d’un
fragment de la première loi municipale de Tarente, du
municipiwn Tarentinum , qui doit être de peu posté¬
rieure à 90 av. J.-C.46. Dans cette lex data, qui émane
par conséquent d’un magistrat romain, il est question
d’un collège de quatre magistrats supérieurs, deux
duoviri et deux édiles appelés tantôt quatuorvirs, tantôt
duumvirs; ils doivent fournir des cautions suffisantes
— 2G Ibid. 12, 517, 44209. — 27 Ibid. 1, 1028 et 1029 (sous l'Empire). — 28 Ibid.
12, 1309, 1379, p. 100-101. — 29 Ibid. 1, 198, 1. 75-85. 11 csl question du magiste -
ratus à Luceria [Ibid. 9, 782). — 33 29, 15 et 37. — 31 Corp. inscr. lat. 9, p. 130-
137, nos 1547, 1033, 1030; devenue cité romaine depuis l'époque des triumvirs,
cette ville a des préteurs, des censeurs, des questeurs (1635). — 32 Ibid. 9, 438,
439, 440. — 33 Ibid. 10, 5655; 11, 3614, 3593. — 34 Ibid. 10, 3085, 3098, p. 50 cl
suiv. — 35 Liv. 8, 14; Vell. Pat. 1, 14; Mommsen, ad Corp. inscr. lat. 10, I,
p. 305 ; Zôller, Die staatsrechtlichen Beziehunyen Roms za Capua [Jahrb. f. Pl.il.
t. C1X, 1874, p. 715-740). — 36 Cic. De leg. agr. 2, 32, 88-33, 89; Liv. 20, 10; 31,
29, 11. — 31 Mommsen ad Corp. inscr. lat. 1, p. 159 et suiv. — 38 Liv. 23, 35 ;
24, 19. — 39 Goll. 10, 3. — 40 Voir Mommsen, ad Corp. inscr. lat. 10, 1, p. 91-92.
— 41 Corp. inscr. lat. 1,40-47. — 42 Polyb. 6, 21, 5; Cic. In Verr. 5 , 24. — 43Appiau.
Bel. ci». 1, 49; Cic. Pro Balb. 8, 21; 42, 25, 3 ; Gell. 4,4,3; Vell. Pat. 2, 10. — 44 Cic.
ProArcli. 4, 7 ; ad Fam. 13, 30; Scliol. Bob. p. 353. — 43 Lex Jal. mm. 1. 83
[Corp. inscr. lat. 1,200). — 4G Scialoia, Legge municipale Tarcntina [Bull, dell'
Istit. di diritto romano , 9, 1896, p. 7-22).
194
MAG
MAG
— 1
( praedes praediaque) pour la garanlie des fonds publies
et sacrés qu'ils ont à manier et dont ils rendent compte
selon le mode fixé par le Sénat ; il n’est pas question de
serment ; les décurions et les citoyens qui ont le jus
sententiae di rendue au Sénat doivent posséder dans la
ville ou dans le territoire une maison qui n’ait pas moins
de quinze tuiles; les magistrats lèvent des amendes,
donnent des jeux, entretiennent les routes, les fossés, les
égouts; il y a la peine du quadruple contre le péculat1.
Après la loi de Tarente, nous possédons de la fin de la
République: la lex Rubria, entre 49 et 42, destinée aux
municipes de la Gaule Cisalpine2; le fragment de loi,
ilit fragment d’Este, dont on ne sait pas exactement la
date, et qui, d après quelques auteurs, serait un fragment
de la lex Rubria 3 ; la/c\r Julia municipalis 4 , proposée
par César en 45 b, et qui parait avoir réglé non pas,
comme on le dit généralement, toute l’organisation
municipale, mais simplement quelques points de détail6 ;
enfin la lex coloniae Juliae Genetivae , établie sur l’ordre
de César, mais donnée seulement après sa mort à la
colonie établie à Urso en Bétique7. De l’époque impé¬
riale, on a les .lois des villes très probablement latines de
Salpensa et de Malaca, données sous Domitien entre 82 et
84 ap. J.-C.8 [municipium].
\ oyons 1 histoire des magistrats municipaux pendant
la période qui s étend de la fin de la République jusqu’à
la fin du mc siècle ap. J.-C., jusqu’au Bas-Empire.
Les magistratures municipales s’appellent magistratus
ou honores 9, par opposition à la fois aux magistratures
romaines et aux tnunera [munus] et aux curae 10 ; ainsi la
questure est tantôt un honor , tantôt un munus “.
II. Magistrats ordinaires. — Ce sont, dans l’ordre
hiérarchique, indiqué par les textes et par le classement
sur Y album de la curie12:
1° Les magistrats supérieurs, deux fonctionnaires
judiciaires et deux édiles qui forment soit deux collèges
distincts de deux membres chacun, les duoviri jure
dîcundo et les duoviri aediles ( aedilicia potestate), soit
un seul collège de quatre magistrats dont deux s’ap¬
pellent quatuorviri jure dicundo et deux autres qua-
tuorviri aediles ; les quatuorvirs se rencontrent le plus
souvent dans les municipes, les duumvirs dans les
colonies ; mais cette règle comporte de très nombreuses
exceptions ; certaines colonies ont des quatuorvirs13,
certains municipes des duumvirs 14 ; on trouve des qua¬
tuorvirs et des duumvirs dans des municipes qui ont été
transformés en colonies 15, même dans des municipes
qui ont gardé cette condition 16 ; àTarente, il y a les deux
noms àlafois17 ; dans la Gaule Narbonnaise, les colonies
romaines ont ordinairement des duumvirs, les colonies
1 Comme dans la lex Julia de peculatu ( Dig . 48, 13, 1 ; Paul. Sent. 5, 27).
— 2 Corp. inscr. lat. 1, 205. — 3 Notizie d. scavi di antichità. 1880, p. 213;
Alibrandi le met en 59 (Studi e documenti di sloria e diritto, 1881, p. 3, 01);
Mommsen le rattache à la lex Rubria ( Ein zweites Bruchstùck des rübrischen
Gesetzes, Il armes, XVI, 1881, p. 24-41). — 1 Corp. inscr. lat. 1, 206; elle est appe¬
lée de ce nom ap. 5, 2864. — 5 Cic. ad Fam. 6, 18, 2. — 6 II n’est nullement certain
que cette loi de César soit la lex municipalis si souvent citée par les jurisconsultes
{Di/j. 50, 1 ; 50, 9, 3 ; C. Jusl. 7, 9, I) ; peul-êire ont-ils en vue un règlement général
qui accompagnait la lex Julia de 90. — 7 C. i. I. 2 Suppl. 5439 ; Eph. epigr. 2,
p. 105-151, 221-232; 3, 86-1 12. —8 C. i. I. 2, 1963, 1964. — 9 Gai. 1, 90-, Dig. 50,12,
1 ; 39, 2, 4, §3-4; Marini, Papiri , n* 115. — 10 Dig. 50, 4, 4, § 1. — H Dig. 50,
4, 18, 2; Fasti Venusin. ad a nn. 34. — 12 Dig. 50, 3, 1 pr. § 1 ; C. i. I. 9, 338
(album de Canusium) ; le classement différent qu’il y a sur l'album deThamugas (Corp.
inscr. lat. 8, 2403) parait être particulier à l’Afrique. — 13 C. i. I. 9, 4059, 4002-
65, 4069, 4128, 803, 804, 936; 10 , 5670, 5713, 5714, 7028 , 7034. — 14 Ibid. 10,
5066, 5067, 5070-5075, 4570, 4585, 1457, 1433, 688; 5, 7600, 5847; 8, 2620, 2677,
542
latines des quatuorvirs «. Quand Vesimi,,
droit latin à l’Espagne, les villes qui qVV ?°nna le
quatuorvirs reçurent des duumvirs 19 • ,h °U des
latines comme dans les villes de droit roniv"3 * Vill(‘s
des quatuorvirs20 et des duumvirs A Nîm'o -°? ll'0uve
tuorvirs s’appellent aussi ab aerario ad ae»' ■ qua’
côté d’eux il y a des édiles ; il est donc proLabllT’ °l *
créé pour la gestion du trésor, outre les questeur *
magistrats spéciaux qui ont donné leur nom au coll’
On trouve également à Vienne, outfe les édiles Tl"'
questeurs, des duumvirs jure dicundo et des dmu, - ^
aerarii , avec un scriba aerarii™. \ Bénévent les'édT*
s’appellent jure dicundo et, au n° siècle ap. I -i'u
duumvirs se sont probablement appelés praètom
ceriales jure dicundo 2L A Pompéi, les édiles et 1rs
duumvirs ajoutent souvent à leur nom l’abréviation v a
s. p. p. dont le sens probable est viis, aedibus, sacris
publicis procurandis 2S. Certaines villes réunissent leurs
principaux fonctionnaires dans un collège unique d'octo-
viri où il y a deux VIII viri duumvirali potestate,
deux VIII viri aediliciae poteslatis, deux VIII viri
aerarii et deux VIII viri fanorum 2B, appelés curatom
fanorumh Tibur 21 .
2° Les censeurs et les quinquennales [censor munici-
PALIS].
3° Les édiles [aediles coloniarum et municipiorum].
Ajoutons ici quelques détails: à Malaca, leurs amendes
sont recouvrées par les duumvirs28 ; il n’y a pas d’édiles
de la plèbe ; on a vu que quelques villes de la Campanie
ont à leur tête trois édiles au lieu d’un quatuorvirat;
Caere a un dictateur, un édile jure dicundo, un édile
pour Vannona™.
4° Les questeurs [quaestor municipalis]. Ajoutons ici
que plusieurs villes paraissent ne pas en avoir eu30. Dans
les villes latines, c’est tantôt l’édilité, tantôt la questure
qui donne le droit de cité romaine31. En 4 ap. J.-C. on
trouve des proquesteurs à Bise32.
III. Magistrats extraordinaires. — On connaît :
1° Les praefecti jure dicundo. On peut en distinguer
trois catégories :
A. Le duumvir qui s’absente est remplacé de plein
droit par son collègue; mais si celui-ci quitte le municipe
pour plus d’un jour, il doit nommer un praefectus, ana¬
logue au praefectus urbi de Rome, choisi parmi les
décurions et âgé de trente-cinq ans au moins; il pretej
serment, a les mêmes attributions que le duumvir, ne
peut s’absenter plus d’un jour du municipe ni drl< ,-111 1
ses pouvoirs; s’il est latin, celte gestion ne lui c°nlllt
pas le droit de cité33.
B. L’empereur, nommé duumvir, confie 1 exercice ' 11
2734, 2757, 2776, 3301, 4436; 9, 2806, 2809 ; 12, 1902, 2207. — 1 1 B>\d. “• ,l3f ^
415 (Canusium), 4132, 1442, 1145, 4414, 913, 1110, 11-" ( Aerlnmti ) _ ^
4790, 4796, 4797 ( Teanum ). — ™ Ibid. 9, 3C88, 3691 ( civitas Marsoruia), ^ ^
411, 415 (Volceii). - 17 Lex Tar. - « Voir les tables de Corp. inscr. •_
- 19 c. i. I. 2, 1305, 1313, 1315, 1423 1727, 4460. 11 Jf » trôs {1CU ^ {lbH.
virs en Espagne. — 20 A Nemausus, Tolosa, Cabcllio, Avenio, . 1> ^ ieI
12, 325, 1051, 1872, 1882, 1886-1889). — 21 A Salpensa, à Malaca j ^ ^
Malac.), chez les Camunni (C. i. I. 5, I, p. 519). 2 ’ Ibid. 1-, ’ ^ „ /J;d.
3106. — 23 Ibid. 12, 1901, 1902, 1783, 1807, 2192, 2207, 2212, 2238, -• . pm.
9, 1G37, 1040, 1055, 1656. — « Voir Willcms, Les élections i|)révjation;
péi, p. 135, où il y a la liste des explications proposées P°u' [ ^ 427, col. G
Mommsen, adCorp. inscr'. lat. 10, p. 91-92. — -1’ Ibid. 9, 48.0', > ’ _ |i0 /(,;</. 3,
— 27 Ibid. 14, 3 5 44. — 28 Lex Malac. c. 00. — 29 C. i.J. ^ 53î; US
p. 83 (Aquileia) ; 10, 1233 (Nola); p. 91-93 (Pompeii). — '' jjx col. M
Salp. c. 21. — 32 Ibid. U, 1421.- 33 Dig. 2, i, 5; Lex Salp. -
Genet. 93, 94, 103.
MAP.
1543 —
MAP
nl à un praefectus1, qu’il nomme lui-même ou
^'""'ùrlquefois nommer par la curie, qui administre
son nom, à la place des duumvirs2. Le ou les
do la famille impériale se font aussi remplacer
P""',' n ,, deux praefecti , mais s’il n’y en a qu’un, il y
., un duumvir à cote de lui .
(, ()uand il n’y avait pas de magistrats supérieurs en
, .rire le Sénat nommait au début un interrex \ Ce
fut 'probablement Auguste qui supprima l’interrègne
municipal pour éviter des désordres, en vertu d’une lex
Petronia 3 dont on ne sait pas la date. Il établit des
nrtiefedi, élus par le Sénat, et qui eurent le litre de,
proniagis’trats6. On en trouve, selon le cas, un, généra¬
lement deux, quelquefois quatre quand ils remplacent à
la fois les duumvirs et les édiles7; ils paraissent pouvoir
(Hre renouvelés, peut-être au bout de six mois8. Le cas
exceptionnel qu’on trouve à Pompéi en 60 ap. J.-C., où il
Y a en même temps les deux duumvirs et un préfet,
s’explique sans doute par les désordres qui avaient eu
lieu cetle année-là au théâtre9.
2» Les curatores civilatis ou reipublicae, qui accapa¬
reront les attributions principales des autres magistrats
[Cl'RATOR CIVITATIS] .
IV. Magistrats spéciaux. — Les magistrats propres à
certaines villes, àcertainesrégions, ontété très nombreux.
Ou peut citer :
1“ Les très viri locorum publicorum persequendorum
qu’on trouve à Vienne, chargés probablement de
surveiller l’immense territoire des Allobroges et de con¬
server le domaine public; ils paraissent venir dans la
hiérarchie au second rang10.
2° Les tribuni plebis à Venusia, Teanum Sidicinum11
et peut-être à Pisa12.
3° Les très viri à Ariminum13.; dans les quatre coloniac
Cirlenses, il y a des très viri qui jouent, dans chacune
des trois colonies subordonnées à Cirta, le rôle de prae-
fectus jure dicundo u.
P Les undecimviri de Nemausus, probablement abolis
au début de l’Empire15. Quant aux undecimprimi 16
d Afrique, on ne sait si ce sont des magistrats ou un
conseil; tantôt c’est un honor décerné par le Sénat et
qui comporte une summa honorarici , tantôt il est rappro¬
ché du llaminat perpétuel; dans une ville, on trouve en
meme temps des décurions, des magistrats annuels et
des undecimviri 17.
3° Le princeps civitntis , magistrat propre à quelques
villes d’Afrique 18.
,J Le magister hastiferorum de Vienne19, qui estpro-
ablement le chef d’une milice municipale qu’on peut
comparer aux hastiferi civitatis Mattiacorum20 . Le prae-
voir 'J°,!ntu S°UVent “ SOn tilrc le nom de l’e>“pereur (C. i. I. 10, 5393;
Ler SJC ‘'Hemen, L. c. Index, p. 159). — 2 C. i. I. 9, 3044; 14, 2964;
5(51 // ’ K ~ 9 C • *• I. 14, 2964; Spart. Vif. Uadr. 19. — 4 C. i. I. 10,
| 1 ■ 12, 3138, 3189, 4389. — 8 Citée pour la première fois ap. Corp.
p I p 1 av' avec son nom entier, 9, 2066; 10, 858 ; abrégée
JTo // „"f 7" p Pradecti P™ Il mro (5, 7914; 12 , 4372, 4401, 4417); Praefecti
— i lhij ’ 8’ 8995); autres litres : 10, 858, 5405, 1205; 2, 1731.
' <9, 4468, 4459, 2856, 4904. — 8 Cela paraît ressortir de C. i. I. 10,
1 Uid. 5 . t
5405 9 r> , ' - - - - • - -
Ann. H I- C ,a’ lmolcl‘e cerate di Pompei, 119, 120; C. i. I. 4, 1293;
2018. y
Tac.
oip ! *• 1 • >2, 1783, 1869, 1870, 1897, 2249, 2337, 2350, 2606-2608,
avili,," ’i colonie de Vienne, p. 68-89. Il y a des règles pour
lomaine public dans la Lex col. Jul. Genet. 82. — *1 C. i.
«ppcl|P11( , ■ - l2lbid. 11, 1431.- 13/Airf.ll, 361, 378, 385, 386, 387, où ils
" quelquefois très
h WICI* ueneve et
,, "rVatimi dl> domaine
10, 4797. _
38.11, il J*** °’es Viri “erfifes. Dans Orclli-Hcnzcu, L. c. 3828, 3829,
P* 918-6(9 o° “• '!^S cliln^UQrviri et non des très viri. — 14 C. i. I. 8, 1,
14875. _ ’lin l'^KG- ~~ 15 tbid. 12, 3179. — 16 Ibid. 8 suppl. 12004, 1200G, 14791
aovemviri ou magislri Valetudinis, affranchis, qu’on trouve
fectus orne mnritimae de Tarraco, qui commande à deux
cohortes, parait plutôt exercer une fonction impériale-1.
7° Les magistrats de police qu’on trouve dans diffé¬
rentes villes, sous des noms variables, à l imitation du
nyctostratège d’Alexandrie : à Nemausus, le p rue fret us
vigilum ou vigilum et armorum , à Noviodunum colonia
Julia Equestris) et en un lieu situé vers Bingen, le prtie-
fectus arcendis latrociniis 22 ; chez les Vocontii, un prae-
fectus qui parait être préposé à la direction des postes
militaires23 ; en Orient, les fonctionnaires analogues qu’on
verra; la direction des postes militaires entretenus en
Italie pendant quelque temps dans certaines villes, et aussi
ailleurs ( stationes stationarii ), a pu être municipale24,
mais a dû constituer plutôt un munus qu’une magistra¬
ture. Quant aux tribuni militum a populo qu’on trouve
jusqu’à Auguste dans plusieurs villes d'Italie, ce sont in¬
contestablement des magistrats romains tkiiji .nus militum .
V. Conditions d’aptitude. — D’après les lois municipales,
qui assimilent sur ce point les magistratures au décu-
rionat, puisque, jusqu’à une certaine époque, c’est la
gestion des honores qui ouvre la curie25, les conditions
principales d’aptitude sont les suivantes :
ï° L'ingénuité26 . — Jusqu’au Bas-Empire, la loi exclut les
esclaves'27 et les affranchis; ces derniers n’ont été admis
temporairement que dans quelques colonies transmarines
de César, à Genet iva, Julia Curubis, Clupeae , Cnossos 2” ;
mais les fils d’affranchis sont admis.
2° La qualité de citoyen du municipe ( civis ). — Au
début, les simples incolae sont exclus29; ils sont admis
plus tard, quand les honneurs municipaux deviennent
des charges.
3° L'âge. — La lex Julia municipalis exigeait l'âge
de trente ans ou un service dans les légions de trois ans
comme cavalier, de six ans comme fantassin 30. On trouve
également l’âge de trente ans à la fin de la République
dans les villes de Sicile et, d’après la loi de Pompée, dans
celles de Bithynie31. Cetle règle fut modifiée sans doute
par Auguste ; car, à l’époque classique et au moins en
règle générale, sauf de nombreuses exceptions32, il y a
l'âge de vingt-cinq ans accomplis; on peut même avoir
dans le cours de la vingt-cinquième année les magistra¬
tures qui n’entraînent pas de responsabilité pécuniaire 33 ;
plus tard on put prendre des candidats plus jeunes, sauf
des impubères; au Bas-Empire, la curie fut ouverte dès
l’âge de dix-huit ans; les lois Julia et Papia Poppaea
faisaient sans doute gagner un an par enfant 34.
N IJ honorabilité civique. — La lex Julia municipalis 35
exclut des fonctions publiques, comme frappés d'infamie :
les individus condamnés pourvoi ou complicité de vol,
dans les actions fiduciae , pro socio , tutelae, mandait ,
à Mévania et qui sont en même temps seviri sacris faciundis, paraissent être un
collège religion* extraordinaire (voir Bormann, Bull, dell Istit. 1879, p. 12).
— 18 c. i. 1.8, 5306, 5.369, S984, 10 727.— » Ibid. 12, 1814. — *0 Brambach, Inscr.
Rb. 1330. —21 C. i. I. 2, 4217, 4225, 4226, 4239, 4266. — 22 Ibid. 12, 3002, 3166,
3210, 3223, 3232, 3259, 3274, 3296; 13, 5010 ; Brambach, L. c. 736. — 23 C. i. I. 12,
1368 : « praefectus praesidio et privât Voc » qu’il faut peut-être lire « praefeetns
praesidiorum et privatorum Voeontiorum ». — 2V Brambach, L. c. 736 (un prae¬
fectus stationibus 1 ; C. i. I. 9, 2438 ; Di g. 11,4, 4. Voir Mommsen, Das Strafrecht,
p. 297-322. — 25 Lex Jul. mu». 1. 135 ; Lex Jul. Genet. 101 . — 26 Lex Malac. 54;
Corp. inscr. lat. 2, 1943; C. Jnst. 9, 21, I. un.; 10, 33, 1-2. — 27 |1 y a peine capi¬
tale contre l’esclave devenu sciemment magistrat (C. Just. 10, 33, 2). — 28 Lex Jul.
Genet. 5, 21 ; C. i. I. 8, 077 ; 10, 6104 ; Strab. 8, 6, 23 ; Friedlander, Zeilschr. fùr
Numismatik, VI, 1879, p. 13. — 29 Grom. ret. (éd. Lachmann), 1, p. 84; C. i. I. 8, 30.
— 30 R fallait avoir servi pendant la majeure partie de chaque année ; deux semestres
successifs ne coustituaientqu’unc année. - 31 Cic. In Verr. 2, 49, 122 ; Plin. Ep. 10,
79 (83). — 32 l)ig. 5, 6, 5, § i ; 50, 2, 1 1 ; 50, 4, 8. — 33 Lex Malac. 54 ; Dig. 50, 4,
8; 36, 1,76, 1. —34 Dig, 50, 6, 2, §1; 4, 4, 2; C. Th. 12, 1, 7, 19. — 35 L. 90-126.
MAC.
i;;u
MAO
injuriarum , tfe rfo/o ma/o, en vertu de la lex Plaetoria
pour lésion des intérêts de mineurs de vingt-cinq ans,
pour parjure, les individus devenus gladiateurs (aueto-
rati), les débiteurs insolvables ou qui ont manqué de
bonne foi dans leurs obligations, les individus condamnés
a Rome ou dans une autre ville par un judieiutn publicum ,
les individus condamnés pour calomnie ou prévarication,
les anciens soldats frappés de renvoi ignominieux et de
dégradation militaire, les délateurs qui ont à prix d’argent
dénoncé ou livré un citoyen romain, les prostitués, les
comédiens, les tenanciers de gymnases de gladiateurs
ou de mauvais lieux. Plus tard il y eut d’autres cas
d infamie infamia]. Enfin les hérauts, les huissiers
0 dissignatores ) elles employés des pompes funèbres sont
exclus des magistratures, mais seulement pendant qu'ils
exercent ces fonctions’. En outre les sénateurs romains,
exclus du Sénat, ne pouvaient plus, sans faveur spéciale,
arriver aux honneurs dans leur ville d'origine2.
U° Le domicile. — D’après la loi de Genetiva3, il faut
avoir un domicile de cinq ans dans la cité ou dans les
alentours. .
0° Le cens. — La loi de Tarente exige la possession
d une maison; la le x Julia municipalis ne parle pas de
cens; plus tard il y en eut un, mais qui parait avoir varié
selon les villes. Dans la Transpadane, à Côme, à l’époque
de Pline le Jeune, c'est 100 000 sesterces, chiffre qu’on
trouve aussi dans d'autres textes et dans la loi de Pompée
pour la Bithynie*. Au Bas-Empire, dès le milieu du
ivc siècle, ce sera implicitement le cens du décurionat,
c’est-à-dire la possession de vingt-cinq jugera*.
7° La gestion des honneurs, le cursus honorum dans
l'ordre légal qui est questure, édilité, duumvirat6. Mais
il y a beaucoup d'irrégularités ; dans beaucoup de villes
on débute tantôt par la questure, tantôt par l’édilité 7 ;
les sénateurs et les chevaliers romains sont nommés
d'emblée quinquennales. On ne peut gérer les honneurs
en même temps dans deux villes différentes; en cas de
concours, c’est la ville natale ( origo ) qui l’emporte8.
L'intervalle légal, qui était au début de deux ans, n’est
plus sous l'Empire que d’un an, pour être porté plus tard
à trois ans ; l'itération a lieu au bout de cinq ans seule¬
ment et parait très fréquente9.
8° L'absence de dettes envers la ville, de dettes pro¬
venant de la gestion d'une charge municipale ; le débiteur
ne peut être admis aux honneurs avant de s’être libéré t0.
9° Le serment, les cautions et les garanties qu’on verra.
La lex Julia municipalis prononce la nullité d’une
élection quand les conditions d’aptitude n’ont pas été
observées 1 1 .
VI. Mode dénomination. — Première période. — Les
élections ont lieu généralement aux calendes de juillet
pour que l’entrée en fonctions puisse avoir lieu au mois
de janvier12. Il y a donc dans cet intervalle des magistrats
désignés13. La présidence des comices électoraux appar¬
tient au magistrat le plus élevé, c’est-à-dire à un des
duumvirs, autant que possible, le plus âgé; son rôle est
analogue à celui du président des comices de Rome ; il
l Cf. la loi donnée à Halaesa par Claudius Pulchcr « De quaestu, (|ucm qui fccis-
scl, non legerelur » (Cic. In Verr. 2, 2, 49). — 2 Dig. 50, 1, 22, § 1. — 3 C. 91.
— 4 C. i. /. 5, 532; Plin. Ej i. 1, 19; Pelron. Sat. 44; Calull. 23,26; Dig. 50,1,
21, § 4 ; 50, 4, 6 pr. ; 50, 4, 14, § 3. — 5 C. Tl>. 12, 1, 33. - 6 Dig. 50, 4, 11 pr.
14, § 5. — 1 Strab. 4, p. 187. — 8 Dig. 50, 1 , 17, § 4. — 9 C. Just. 10, 41, 2 ; Lex
Jlfalac. 54. — 1° Dig. 50, 4, 6, §1. - il C. 139. — 12 Lex J, U. mun. 95-102; Lex Jul.
Genet. 68 89.— 13 Plin. Ep. 10, 83; C. i. I. 10, 461,479, 358, 1015, 3865.— 14 Lex
"’lignet
doit recevoir les noms des candidats, rejeter I . ■
recevoir les cautions, proclamer et faire nr
élus. Les circonscriptions électorales s’appela?.! ! W
plus généralement curies14; le sort détermine I hllS’
peuvent voter les simples incolae , pourvu
citoyens romains ou latins; chaque curie se r<LTnt
son local ( consaeptum ), vote au scrutin sccrei "S
ses tablettes ( tabellae ) dans une corbeille (ciste) " ^
surveillance de trois citoyens d’une autre curie"*
mentés, qui reçoivent, surveillent et dépouillent T'
votes; chaque candidat peut mettre un surveillant Ul
de chaque corbeille. On dépouille le volé de chaquo'cuS
en proclamant les candidats qui ont le plus de voix P!
en nombre égal à celui des places vacantes; en cas d’étra
lité, il y a préférence pour les mariés et les pères d’enfanlv
Puis on tire au sort les noms des curies, et dans l'ordre
ainsi obtenu on proclame les noms de ceux que chacune
a élus jusqu’à ce que la majorité absolue des curies ait
fourni un nombre suffisant d’élus. On élit ainsi d’abord
les duumvirs, puis les édiles et les questeurs. En principe,
les candidats se présentent eux-mêmes, font leur pro-
fessio , même absents15; le président examine s'ils ont les
conditions légales, exige les cautions et fait afficher les
noms des candidats en nombre suffisant ( proscribere ).
S’il ne s’en présente pas assez, le président en désigne
d’autres d’office ( notninare ). Le candidat ainsi désigné
a le droit d’en proposer un autre et ainsi de suite, ce (pii
diminue pour chacun les chances d’élection. Le président
publie ensuite tous ces noms15. Cette présentation parle
magistrat se développa aux dépens des candidatures
spontanées, et bientôt il n’y eut plus de candidats que
ceux présentés par le magistrat, sans doute sur la recom¬
mandation des décurions. Ce système va aboutir à l'élec¬
tion des magistrats par le sénat municipal. Dans cette
première période, les anciens magistrats siègent dans la
curie avec voix délibérative, sans être encore véritable¬
ment décurions, jusqu’au prochain recensement. C’est ce
qu’indique la distinction de deux classes de sénateurs dans
la lex Julia municipalis 11 et dans la loi de Tarente1-, à
l’imitation de ce qui avait eu lieu au Sénat de Rome.
La brigue était d’abord aussi active qu’à Rome, comme
le montrent les inscriptions de Pompéi où abondent les
promesses au peuple, les recommandations des déclinons,
des corporations et même des femmes, les appels aux
électeurs19. Dans quelques villes, l’inscription sur 1er
murs des noms des candidati était interdite10. La loi de
Genetiva interdit, à peine de 5000 sesterces, a tout <an
didat, dans l’année qui précède l'élection, de donmi 1111
de faire donner des repas publics ou même des i<PaS
privés où il y ait plus de neuf personnes, de faire a ui.ui
vais escient des présents, des largesses électoiuhs ,
plus tard un sénatus-consulte établit contre la I" ip1" 1111
amende de 1000 aurei avec infamie21.
Deuxième période. — Les comices populaiu^
Donnent encore incontestablement au i'r siècle d»
pire et même plus tard. C’est prouvé, par exemple , p1
Bithynie par les lettres de Pline 23, pour les Ml i*
Maine. 52-53 ; Lex Jul. Genet. 101. — 15 Cic. ad Brut. 5 : Pro J • ^ p|jn Ff_
Ma.lac. 51. — 17 L. 96, 109. — 18 L. 26, 31 ; cf. Dig. 50, 2, 6, S •’ ^ ;
10, 79 pour la Bithynie. — m Voir Willcms, L. c. ; Zangcmcistcr, ^ ' „ar.
p. 9-10. — 20 Orelli-Henzen, L. c. 6975; C. i. I. 10, 6193. Ce; dans les
quardt (Manuel des antiq. rom. VIII, I, p. 102, note 5) TOjt ^105) : il s'ar'tllc
« nominationes libcllis vel edic/is factae » de C. Th. 1 1, ^ ^ ^ 21 Æp. U*,
nominations illégales à des muncra. — 21 C. 132. — 22 Dig. -18, I
MAG
— 1545
MAG
discours de Dion Chrysostome1. Le changement
Piirl' 'rr à s’opérer dans le courant du n° siècle. Les
|C0""" se complètent plus par l’adjonction des magis-
curl^ r:„„rv...inr:ii inn nliis on moins forcée des
« mais par l’incorporation plus o
1,1 1o fnrhinp. ru*
riétaires qm
ont la fortune nécessaire. Il est déjà
Pr0-'i!m'sous Trajan de gens qui deviennent décurions
r eux8. La conséquence de cette modification,
’vfqu’dn commença par être décurion et qu’il fut
|C?S rlp l’être pour devenir magistrat. Ce nouveau
V||||(1 est consacré législativement à l’époque de Marc-
Luri'liî3- La nomination des magistrats passe donc offi¬
ciellement du peuple à la curie, sauf dans quelques villes
d’Asie et dans quelques pays, tels que l’Afrique, où les
comices populaires paraissent avoir subsisté beaucoup
Elus longtemps4. En général, le consensus et Yacclama-
tio populi ne signifient plus que de simples acclama-
, ,ions. Dès lors, les curies choisissent les magistrats à la
majorité absolue, dans une assemblée qui comprend au
moins les deux tiers des membres inscrits; régulière¬
ment, les magistratures doivent être déférées suivant
l’ordre d’entrée dans la curie, sur la présentation que
fait le magistrat sortant, à ses risques et périls (nomi-
nare) ; mais dans la pratique on tient compte surtout
I de la fortune8. Le gouverneur de la province intervient
déplus en plus activement, pèse de plus en plus sur le
vote*. Le magistrat nommé peut être contraint à remplir
ses fonctions, ne peut s’en faire dispenser même à prix
d’argent ; cependant il peut présenter un remplaçant qui
aies conditions légales {jus nominandi potiorem ) 1 .
. VII. Excuses. — Dans les deux périodes, il y a des
excuses qui s’appliquent à la fois aux magistratures et
aux mimera. Les principales sont les suivantes ;
YAye de soixante-dix ans accomplis. — Il ne dispense
quedes munera personalia ou civilia, mais pas des hon¬
neurs, sauf quand il y a des infirmités ; mais d’autre part,
dans la deuxième période, l’âge de cinquante-cinq ans
dispense du décurionat8.
I Infirmités. — Elles sont appréciées par le gouver¬
neur; les aveugles, les sourds, les muets, sont toujours
dispensés8.
| 3° Nombre d'enfants. — Sauf quelques exceptions, il
ne dispense ni des honneurs ni des charges patrimo¬
niales10.
i-D Exercice de certaines professions. — Sont dis¬
penses de toutes charges : les professeurs d’arts libé¬
raux, philosophes*1, rhéteurs, grammairiens, médecins,
et a partir de Constantin, les professeurs de droit, mais
ceux-Li seulement que la curie a autorisés à “exercer et
a pro fesser *- ; les athlètes émérites qui ont obtenu trois
couionnes aux grands jeux13 ; les fermiers et les collec-
urs des impôts en fonctions; les colons impériaux, à
^ans qu iis n aient une fortune suffisante14; la plupart
et. * ls<ms membres des corporations 15 ; les négociants
la ( 'IMllat('urs qui s'occupent de Vannona de Rome, à
11 'on qu ils y emploient la majeure partie de leur
nL'isk°; c°rp ■ inscr- nr ■ 2°27' 3ie2- — 2 pHu- ep- iia-114.
dire «ne inseri lin |~ ' 60, 2, 7, § 2 ; 50, 4, 0. Nous ne savons pas ce que veut
ma0'’>tratuum , ' ',0l‘"ac en Italie, relative à un curateur qui n primus comitia
s, 1 (320 1-1 y'eanc,or"m) (c)ausa instituit »(C. i. I. 14, 2410). — 4 C. Th. 12,
%:io*4 n Hfr ^ Dig- 5°’ *> ° et **■ §*•- 8 Di9- *. b §
5°, 5, 2, g - . (\ ' ' • 1 ■ J,lsl • 10, 65, l. un. — S Dig. 50, 3, 2, §§ 1, 8. — 0 Dig.
""«-ci Ic Vrivil- ln’ 50: 2; ~ 10 D,r>- 50- 5' 2 Pr- ; 60, 6, 5, § 2. - U Pofir
8).^ 12 £ suPPpimé en partie par Constantin et Valentinien (C. Just.
- H Di, j 50 . ’q' 27’ L «, § 8 ; C. Just. 10, 5, 2, 5, 6. — 13 C. Just. 10, 53, l. un.
’ M 1 ; 50, 1, 38, § 1, _ IB Dig. 50, fi, 5, § 12; C. Just. 10, «4,
fortune et que les armateurs aient un navire de .’iOOOO me¬
sures (; modii ) ou plusieurs de 10000 mesures chacun 10 ;
les navicularii en général et les négociants en huiles
( mercatores olearii) qui consacrent à leur commerce la
majeure partie de leur fortune; ces deux dernières caté¬
gories n’ont la dispense que pendant cinq ans
5° Absence « reipublicae causa », surtout en faveur des
soldats en service actif, qui ont l’immunité absolue
0° Qualité de vétéran 1D.
7° Dignités. — Les fonctions de defensor et de lega-
tus reipublicae dispensent des honneurs pendant qu'on
les exerce. On peut déférer un honneur à celui qui ne
remplit qu’un munusî0. Les hauts dignitaires impériaux
et même les simples conseillers des gouverneurs et
des procurateurs sont dispensés des honneurs et des
charges dans leur ville d'origine21. Il est vrai qu’ils sont
généralement patrons ou décurions honoraires. Les sé¬
nateurs de Rome et plus tard aussi ceux de Constanti¬
nople sont dispensés de toute charge municipale, des
munera personalia Au Bas-Empire, les fonctionnaires
subalternes, les officiales seront naturellement dispensés
de la curie, étant en activité, et définitivement en général
au bout de vingt-cinq ans de service23. Les excuses ne
peuvent être invoquées que par x-oie d’appel devant le
gouverneur; le délai d’appel court dans la deuxième pé¬
riode du jour de la not ification. Si l’excuse est admise, les
frais de l’appel sont à la charge du nominator. Constantin
décida que les nominations auraient lieu trois mois à
l’avance pour pourx'oir au remplacement des excusés24.
VIII. Garanties. — Les garanties offertes aux villes par
les magistrats sont les suivantes :
1° Le serment. — Dans la loi de Malaca23, ils prêtent
serment après le dépouillement du scrutin, avant la pro¬
clamation de l’élection ; dans la loi de Salpensa, dans les
cinq joursde leur nomination etavant la première réunion
de 1a. curie, sous peine d’une amende de 100000 ses¬
terces26. Plus tard il n’est plus question de serment.
2° Les cautions. — La loi de Tarente prouve, contrai¬
rement à une opinion accréditée, l’obligation de la caution
sous la République pour la garantie des fonds publics et
sacrés. Elle consiste en un cautionnement et, le cas
échéant, en affectation immobilière [praedes praediaque).
Il y a la même prescription dans la loi de Malaca27. La
loi de Genetiva 28 interdit d’élire aucun augure, pontife,
décurion qui n'ait pas depuis cinq ans dans la ville ou
dans les mille pas une maison d’une valeur suffisante
pour servir de gage ; et la prise de gage pignoris copia i
est exercée par les magistrats en exercice. Cette règle
s’appliquait probablement à tous les magistrats. Au
Digeste, les magistrats municipaux, qui ont une respon¬
sabilité financière, même nommés malgré eux, sont
obligés de « cavere rem publicam sa/ram fore » et de
faire garantir leur promesse par des fidéjusseurs29. Le
magistrat qui a négligé d’exiger la caution est respon¬
sable de tout dommage 30.
i_2. - 15 Dig. 50, 5, 3; 50, 6, 5, §§ 3 et 6. — *5 Dig. 50, 4, 5. — 18 Dig. 50, 4, 3,
g I. _ 10 Dig. 50, 5, 7; C. Just. 10, 54, 2. — 20 Dig. 50, 5, 10, § 4; 50, 4, 10.
— 21 Dig. 50, 5, 1 et 2, § 4. Ces comités paraissent être plutôt les conseillers que
les officiales. — 22 Voy. I.écrivain, Le Sénat romain depuis Dioclétien à Dôme et
à Constantinople , p. 82-83. — 23 C . Th. 8, 4, 1 et 8, § 1; 8, 7, 5, 6. — 24 C. Just.
7, 02, H ; 10, 31, 2. — 23 C. 69. — 26 C. 26. Il y a la même prescription dans la loi
de Bantia (1. 14-15). — 27 C. 37, 60. Voir Mommsen, Die Stadtreclile, p. 419, 466;
Rivier, Untersuchungen iiber die Catilio praedibus praediisque, Berlin, 1863;
l'article cautio ; Humbert, Essai sur les finances et la comptabilité publique chez les
Romains Paris, t. 11.— 28 C. 91.— 29 Dig. 50, 1,38, §§ 2 et 16.— 30 Dig. 50 1,24.
MACi
— 1546 —
M A fi
3° Les personnes responsables de la gest ion du magis¬
trat. — Ce sont le père, 1 e. nominator etle collègue. Le père
est responsable, comme un fidéjusseur, de la gestion du
(ils qu il a sous sa puissance, malgré toute émancipation
faite dans le but de se soustraire à cette responsabilité;
mais elle cesse s’il y a deux enfants à la fois dans les
fonctions publiques; l’obligation du père passe aux hé¬
ritiers, mais seulement pour la gestion accomplie du vi¬
vant du père1. Le nominator a une responsabilité que les
textes paraissent assimiler à celle des fîdéjusseurs* ; son
obligation s’éteint probablement quand le fonctionnaire
est encore solvable a sa sortie de charge3. Au Bas-
Empire,la curie entière sera responsable de la creatio de
tous les magistrats ; il y aura entre les dëcurions cette
solidarité déplorable qui ruinera les curies [senatus muni-
cipaus . Entre deux collègues, il y a une certaine solida¬
rité, plus ou moins étroite selon les cas1. A l’égard des
magistrats, la ville exerce ses recours dans l’ordre sui¬
vant : contre les lidejusseurs, contre le père, contre le
nominator , contre le collègue \ Naturellement, les per¬
sonnes qui ont payé pour un fonctionnaire peuvent re¬
courir contre lui selon les règles usuelles du droit.
IX. Responsabilité. — La responsabilité des magis¬
trats, qui existe déjà dans la loi de Tarente, est régie par
des règles particulières G. Les magistrats ne sont pas des
mandataires, mais des negotiorum gestores. On peut
distinguer :
A. Les rapports des magistrats avec la cité. —
Pour tous les actes de gestion du patrimoine municipal,
du jour de leur élection, comme negotiorum gestores , ils
sont responsables, envers la ville, de leur dol au double
du dommage, de leur négligence au simple ; leurs héri¬
tiers ne sont jamais tenus qu’au simple7. Étudions quel¬
ques cas principaux. 1° Pour les baux ; les textes s'ap¬
pliquent généralement au curator civitalis , mais étaient
applicables auparavant aux duumvirs8; si le magistrat a
observé les formalités requises, exigé au nom de la cité
les garanties suffisantes, personnelles et immobilières, il
est dégagé de toute responsabilité; sinon, il reste tenu
jusqu’à ce que son successeur, en approuvant le bail, en
prenne les risques à sa charge; pour les fonds loués à
long terme ou à bail perpétuel, on admit que chaque ma¬
gistrat ne répondrait du loyer que pendant une année 9.
2° Pour les créances qui appartiennent directement à la
ville, le magistrat doit veiller à ce qu'elles ne se dété¬
riorent pas; en cas de négligence de sa part, il répond de
l’insolvabilité du débiteur survenue pendant le temps de
sa gestion. 3° Pour les placements de capitaux qu’il fait
en son nom i0, il agit à ses risques et périls et répond de
l’insolvabilité des débiteurs même après sa sortie de
charge, à moins que son successeur ne prenne le contrat
à ses risques et périls11. 4° En général, les fonctionnaires
doivent les intérêts des deniers communaux qu’ils ont
entre les mains12. Quant au mode de reddition des
comptes, on voit qu’à Tarente, les magistrats rendent les
leurs devant le sénat qui règle les formalités, et qu'en
outre tout citoyen qui a eu un mandat de la ci té avec respon¬
sabilité financière doit en rendre compte dans les dix
jours. A Malaca 13, nous n’avons de détails
comptes des citoyens chargés de 1Ue Sllf les
: ils les dan »" * .
jours après leur mission, soit à la
lans un
cur>e, soit à
'U'(U>
trente
missaire nommé par elle dans une séance”"'- “I"* C0T
deux tiers des membres ; trois commissaires v' ' J & les
désignés sur la proposition des duumvirs
rions au scrutin secret, défendent les intérêt ■ 1 T ' ^
après avoir étudié les comptes pendant un délai “1
nable.il y a action populaire au double contre r
trateur qui ne rendrait pas ses comptes et conlr^?'8"
citoyen qui en empêcherait la reddition. Plus l U(| i
Probable que les comptes des fonctionnaires ont Va q
approuvés par le gouverneur u. Les comptes pJ2
encore être révisés pendant vingt ans par rapport a, J
fonctionnaires, pendant dix ans par rapport à leurs h'éri
tiers. Les obligations non pénales des magistrats envers!
la cité passent à leurs héritiers.
B. Les rapports des tiers avec les magistrats et
diairement avec la cité. — En règle générale, les contrats I
passés par les magistrats donnent naissance à deux
actions, l’une directe et personnelle contre eux, l’autre
contre la cité, s’il y a lieu; et les deux actions subsistent
après la sortie de charge du magistrat. Cependant, sur ce
dernier point il y a des exceptions, par exemple'pour la
vente de biens publics et, dans certains cas, en matière de
constitut ; alors le magistrat n’est tenu que pendant la
durée de sa charge. Contre la ville il n’y a en général que
des actions utiles18. Inversement, en vertu des actes pas- ]
sés par ses représentants, elle peut avoir les actions
vendit i, locatif praescriptis verbis ; pour les contrats
verbis , elle a l’action ex stipulatu en vertu des stipula¬
tions faites par ses esclaves; elle n’a que l’action utile si
la stipulation a été faite par le magistrat.
X. Dépenses. — Les fonctions municipales sonl gra¬
tuites, quoique la ville doive en principe tenir compte aux
magistrats de leurs frais d’administration. Il leur est dé¬
fendu de recevoir des présents, surtout des entrepreneurs,
des cautions de tout genre : la loi de Genetiva frappe ce I
délit d’une amende de 20000 sesterces10. Les chargea
municipales impliquent au contraire de lourdes dé¬
penses :
A. Promesses électorales. — Loin d’être prohibées,
elles doivent être exécutées, indépendamment de toute
acceptation de la ville. C’est la pollicitatio [pollicitatio] ,
les héritiers du candidat sont tenus à moins qu il ne
meure avantd’avoir obtenu la dignité ; le promettant peut
mettre à sa libéralité toutes sortes de conditions , elles
doivent être observées, à moins qu’il n’en résolu un
préjudice pour la cité 17. La loi de Genetiva inln ‘lit > 1
faire allouer des deniers publics au magistral qui^a
promis un munus ou une statue ou un honor, ccsl-n < 1
des jeux18. On a des exemples innombrables de pu R
tâtions de ce genre 19.
B. Jeux publics. — Ils doivent donner des jeu
x. A
Tarente ils y consacrent la moitié de certaines an
à Genetiva21, les duumvirs ajoutent chacun -
rendes
2000 ses-]
terces à une somme égale fournie par
la ville, et les
1 Dig. 50, 1, 38, § *; 50, 2, 7, § 3; 50, 4,2, 3, § 16, 15; 50, 1, 2 pr. § 1-5;
C. Jus/. 10, 31, 5 ; 10,60,2.— 2 Dig. 50, 1, 15, § 1, 17, § 15; C. Jiist. 11,34,1. un. ;
1 1 , 35, 4. On ne sait s’il faut lire creator ou curator ap. Dig. 50, 0,2, §7.-3 Dig.
50, 1, 11.—* Dig. 50, 1, 11 ; 50, 8, 2, § 8, 9, § 8. — 6 Dig. 50, 1, 11 et 13.
— «Voir Iloudoy, Le droit municipal, p. 523-547. — 7 Dig. 50, 8, 6 et 9, § 4.
0 Dû — '•
8 Lcx Alalac. 63, 64, 66. — 9 Dig. 50, 8, 2 et 3, § 1- - 111 **' ",j s |0.
«t. — 12 Dig- “0. ,s
— U Cela paraît être le sens de Dig. 50, I, 36, §
— 13 C. 67-68. — 14 Plin. Ep. 10, 50. — 15 Dig. 44, 7, 35.
s 1 ; 50, 8, 3-
3 ' •iîl
17 Dig. 50, 12, 1, § 1, 6, 10, M, 13. — )s L.
— 20 L. 33-38. — 21 L
— 16 C. 93.
— 19 Ainsi C. i. I. 10. 7954, 7553, 8318.
13i;cf .Dig.MdW'
70-71.
MAG
1547 —
MAG
jjiloji donnent chacun -
" i ni ni (lu Trésor.
ri 2 000 sesterces, en n’en recevant
fr'lsw»»» honora ria. — C’est un usage que tout
irlt même le questeur, verse à la caisse de la ville,
,nil H, première élévation à chaque fonction, un capital
Pml'i n'iiiUi SÙMMA uonoraria]. La somme est très variable 1 .
§ neutres dons. — Il est souvent difficile de distinguer
I ];j sumtna honora ria, offerte oh honorent, ex lerje ,
[fs dons volontaires offerts aussi ob honorent , ex libe-
jTiitate, dont il y a de si nombreux exemples en Orient
Y en occident2. A leur tour, ces dons pourraient se
diviser en dons proprement dits et en prestations liées
I lus ou moins étroitement aux magistratures [munera].
Le magistrat est régulièrement exempté des munera per-
sonaUa* ; cependant il y a des exceptions à cette règle4.
M Insignes et cérémonial. — Le cérémonial extérieur
est analogue à celui des magistratures romaines. Les
magistrats supérieurs ont la praetexta?, la chaise curule6,
des licteurs ; àGenetiva7, les duumvirs ont un certain
nombre de serviteurs [duumviri jure dicundo]; chaque
odile a : un scribe à 800 sesterces, un héraut à 300,
quatre esclaves publics, un tibicen à 300 sesterces, un
haruspex ; tous ces serviteurs, libres, ont l’exemption
de la milice pour leur année de service, sauf pour guerre
en Italie ou en Gaule ( tumultus Italicus, Gallicus).
Ailleurs on rencontre ces mêmes serviteurs et esclaves
publics, des apparitores , des caissiers ( arcarii ), des
archivistes (commentarienses , librarii ), des contrôleurs
(i dispunctores ), des messagers ( tabellarii ) [apparitores,
servi publici]8. Les magistrats d’ordre judiciaire ont un
tribunal9. Ils paraissent aussi avoir un conseil. A Sal-
pensa10, pour les affranchissements de droit latin faits
par des mineurs de vingt ans, leur conseil est la curie
et il en est ainsi probablement pour ce cas dans les autres
villes. A Puteoli, en 103 av. J.-C., pour l’adjudication
d’une construction, il est question de vingt anciens
duumvirs qui composent habituellement le conseil des
duumvirs “. A Genetiva les magistrats ont
une
place
reservée au théâtre au milieu du Sénat 12. Ils ont partout
les privilèges généraux des décurions ; ainsi ils sont
exemptés de la torture, de certaines peines infamantes,
et des munera sordida l3. Sous l’Empire, au moins dans
la deuxième période, ils peuvent être poursuivis pendant
leur magistrature14. Rappelons en outre la prérogative
qu ont les magistrats dans les villes latines d’obtenir le
droit de cité romaine [latini, p. 979].
Li curie peut accorder, généralement à des Romains
viralia 13 ou censoria ,
e distinction, les ornamenta duunt
1u,iiquennalicia , quinquennalilatis 10, qui n’ouvrent
Jas 'a cur'e‘‘. Elle accorde aussi comme récompense
odlectio soit parmi les simples décurions, soit parmi les
ma£és*'ra^s- On a des allecti inter quinquen-
XH ' 'n^r ^ virâtes19 ; ils votent avec leur classe.
O i ributions générales des magistrats. — Ils ont
le pouvoir exécutif chacun dans sa sphère. Nous avons
donc d’abord à examiner leurs rapports généraux avec le
corps qui a le pouvoir délibérant, avec le Sénat. Ils doivent
obéir aux décisions du Sénat. La loi de Genetiva prononce
contre eux, en cas de désobéissance à cette règle, une
amende de 10 000 sesterces pour chaque délit20. Sou¬
verains dans les limites de leur pouvoir, ils doivent pour
tout le reste consulter le Sénat. D’après les lois muni¬
cipales, le Sénat doit être consulté sur la gestion du
domaine, sur les travaux publics, sur l’emploi des capi¬
taux, et ses décrets sont inscrits par les magistrats sur les
registres publics, sur les tabulae publicae. 11 doit être
consulté en particulier sur les points suivants : 1° La
munit io , c’est-à-dire les prestations et les corvées per¬
sonnelles imposées aux citoyens, et les fournitures de
bêtes de somme21. 2° La levée des citoyens et des incolae ,
à Genetiva, pour défendre le territoire de la colonie22.
Cette levée, particulière à cette région et à cette époque,
était faite sur les instructions du Sénat par le duurnvir
ou son délégué qui avait les mêmes droits disciplinaires
que le tribun militaire de Rome. 3° La nomination des
magistri fanorum , choisis àGenetiva23 par les duumvirs
pour faire les « ludi circenses, sacrificia, pulvinaria ».
4° L’attribution de places d’honneur, la répartition des
spectateurs, citoyens, incolae , hôtes dans les spectacles24.
L’usurpation ou l’attribution illégale de places expose le
délinquant à une amende de 5000 sesterces; les places
d’honneur sont réservées aux décurions en charge, aux
magistrats municipaux, aux personnes indiquées par le
Sénat, aux magistrats et promagistrats de Rome, aux
sénateurs ou anciens sénateurs romains, à leurs fils.
5° La nomination des patrons [patronus et des hôtes
[hospitium] 23. 6° Le choix des envoyés publics, des legati
[legatio, p. 1036-1037]. 7° La fixation et la dispense des
redevances municipales, l’exploitation des aqueducs 2C.
8° La poursuite judiciaire des débiteurs de la ville en
toutes les matières21. 9° La concession aux médecins et
aux professeurs officiels du droit d’exercer28. 10° La
fixation des jours de fêtes annuelles et des sacra , l'exé¬
cution des jeux donnés par les duumvirs29. 11° Le
paiement des sommes dues aux entrepreneurs qui ont
pris en adjudication les services du culte et des fêtes30;
la fixation de l’endroit où doit être affiché le budget
municipal31. 12° La permission de démolir une cons¬
truction située dans la ville; mais les duumvirs n’ont
pas besoin de consulter le Sénat s’ils reçoivent caution de
la réédification32; àTarente, il y a la même règle poul¬
ies réparations ; à Tarente et à Malaca, l’amende est égale
à la valeur de la maison. 13° La reddition des comptes
de toute personne qui a géré une affaire pour la ville, à
Tarente dans les dix jours, à Genetiva dans les cent
cinquante jours, à Malaca dans les trente jours33,
14° L’affranchissement d’un esclave dans les cas qu’on a
vus. 15° A Malaca, le jugement par le Sénat des appels
.2362, 44SS ' iîrî'^-l U43; 10, 1081 < 7934’ 1074 ; 5, 532; 8, 858, 958, 1842, 2341,
3422] 383 i ’ r"9’ ,4583’ 4874>6944, 699G, 7079, 7098, 83110. — 2 Ainsi C. i. gr. 2930,
XI, c, p l'iUG-XVl"’ lmlCX IX,m’ p- 776 ■ 3’ 2’ IndeIi XII, BC, p. 1182; 5, 2, Index
cl F; 12] |nil’’ b 1212, col. 1 ; 9, Index XI, G et F, p. 790, 792; 10,2, Index XI, C
8. Index’ XVU ^ 1>- 941’ coK 2> XVII; 14> Index XI, C, p. 579; XVII, p. 597;
Afrique, un ,|,/ V 'S' 3 ®0, 4, 10, — 4 Ainsi à Colonie Julie Curubis, en
4,7; iex Coi """u curator ulimentis distribuendis (C. i. I. 8, 980). — 0 Liv.
Wiener Akad n'i'-i ("'nct' — 0 C. i. I. 10, 1081 ; cf. Conze, üenkschriftcn der
piUuMjm d’arch Y XXVI, 1877, p. 190, pi. xiv, xv; Cahier ot Martin,
3401 ; lo, 394Y Y- ’ p- l(ic- — 1 L- 62-63. — 8 C. i. I. 3, 2020 ; 8, 9020, 9699 ; 5,
- >2. — 9 /Aid. 2, 9066; 5, 3401 ; 8, 798G ; 9, 1783. —10 Lex Salp. 28.
_ü c.i.l. 1, 577. —12 L. 125, 127. — 13 C. Th. 12, 1, 39, 61, 85, 126, 190. -14 Dig.
47, 10, 32.- 1° C. i. I. 3, 384, 650, 753, 1493, 392, 514, 503, 6308. — 18 Ibid. 10,60;
g 798G. _ 17 On accorde quelquefois «les ornamenta à la slatuc d’un mort {J but. 5,
• 2, 4268). — 18 Quatre sur l’album de Canusium {Ibid. 9, 338). — 19 Ibid, lü, 1 1
32; Orclli-Henzcn, L. c. Index, p. 155. — 20 I,. 129. — 21 LexCol. Jul. Genet. 08.
_ 22 Ibid. 103. — 23 Ibid. 128. A Vérone il y avait quatre fanorum curât ores (C.
i. I. 5, 302V) ; autres textes: C. i. I. 10, 3024,4620; Orclli-Henzcn, L. c. Index ,
p I T5 1 . — 2V Le x Col. Jul. Genet. 125-127. — 25 Ibid. 97, 130, 131; Les Maine.
Ci. — 26 Lex Jul. Genet. 09; C. i. I. 10, 1783. — 27 Lex Jul. Genet. 69, 134.
_ 28 C. Just. 10, 52, 7. — 29 Lex Jtll. Genet. 64, 80. — 30 Ibid. 69. — 3t Lex
Malac. 63. — 32 Ibid. 62 ; Lex Jul. Genet . 75. — 33 Ibid. 80; Lex Malac. 67-68.
MAC,
— 1
contre tes amendes infligées par les duumvirs et les
édiles*. 1(5° L'approbation, en certains cas, de la tutelle
déférée parle magistrat, quand il s’agit d’un impubère,
ou, dans le cas contraire, sans doute s'il s’agit d'un
pubère, femme ou mineur de vingt-cinq ans, si le
duumvir n a pas de collègue ou si ce dernier est absent,
après enquête, dans les dix jours2.
Pour les attributions des différents magistrats, nous
renvoyons aux articles aedilis, curator civitatis, duum-
mri jire Dici .XDO, Qi’AESTOR, en faisant remarquer que
chacun gere a la lois son honor et en outre les munera
honoribus cohaerent ia 3 ; que, par exemple, les édiles ont
la cura viarum en 1 absence de curateurs spéciaux, et
que tous les magistrats emploient eux-mêmes des agents
inférieurs, exactores , architecti , ou des entrepreneurs,
redemptores. Nous n avons donc à exposer ici que les
attributions des magistrats supérieurs, dans leurs traits
généraux et en complétant ce qui a été dit ailleurs.
XIII. Attributions i>es magistrats supérieurs. — 1° La
convocation et la présidence des comices populaires.
La convocation et la présidence de la curie 4 ; les
formes sont analogues à celles du Sénat romain ; le
président fait la relatio, peut la compléter, la développer,
donner son avis, puis consulter les décurions nomina¬
tivement, dans 1 ordre de l’album J, fait voter soit per
secessionem , soit, quand c’est nécessaire, au scrutin
secret ( per tabellam), fait inscrire sur les registres
publics et exécuter avec diligence et fidélité le décret du
Sénat0; tout décurion, quelquefois même un simple
particulier, peut interpeller le duumvir, l’obliger à con¬
sulter le Sénat sur une mesure à prendre 7.
3° A Genetiva, la direction de la levée civique, avec
une sorte d imperium militaire.
4° La gestion des finances municipales. Ils adjugent
les travaux publics, la location des biens communaux 8 ;
ils vendent les cautions ( praedes praediaque) des débi¬
teurs du Trésor public, font afficher les baux avec les
noms des fermiers, des cautions, des domaines engagés
comme garanties, recouvrent les amendes9. Mais de
bonne heure ce service a passé au curator reipubiicae.
b0 L’entretien des routes, des fossés, des égouts, que
les duumvirs paraissent partager, dans les lois de Tarente
et de Genetiva, avec les édiles10; car les attributions des
ediles et des duumvirs n’étaient peut-être pas, au début,
très nettement distinguées11, mais le partage a dû se
faire de bonne heure, et ce service passe ensuite aux
édiles et aux curateurs spéciaux.
G0 Le cens et le recrutement du Sénat [ censor municipalis].
7°La dédicace d’autels, de temples12.
La juridiction. — A. Juridiction civile. — Dans les
villes de droit latin etpérégrin, la juridiction municipale
repose sur leur autonomie légale ; aussi, pour la tutelle
et l’affranchissement, est-elle plus étendue que dans les
1 Le x Malac. G6. — 2 Lex Salp. 29 (cf. Dig. 26, 5, 19). Sur cc texte difficile,
voir Houdoy, L. c. p. 378-383. — 3 Dig. 50, 5*, 2, § J. — 4 C. Just. 10, 32, 2; C.
t. I. 6, 1192; 5, 532; 10, 5670 et les textes déjà cités. — 5 Dig. 50, 2, G, § 5.
** Lex Col. Genet. 97, 129, 130, 131 ; Lex Maine. 61, 68. — 7 Lex Col. Genet.
9G, 100. 8 A Genetiva (1. 82) les baux ne devaient pas dépasser cinq ans. — % Lex
Malac. 63, G4, 66, 68. — 10 Lex Tar. 39-42; Lex Col. Genet . 77. — 11 Cest pro¬
bablement pour cette raison que les édiles onl exceptionnellement à Genetiva, avec
les duumvirs, la juridiction, la présidence du Sénat, la fixation des corvées, la nomi¬
nation des hôtes et des patrons (1. 81, 94, 98, 128, 130, 131, 134). — 12 C. i. I. 3,
1933. — 13 Siculus Flaccus, p. 155 ( Grom . vet. éd. Lachmann); Dig. 50, 16, 239, 8 ;
2, 1, 20; 138, 8; Lex Col. Jul. Genet. 95. — H Dig. 50, 1, 2G. — 15 Une opinion
contraire ne les fait remonter quau début de l’Empire, en particulier au règne d’Au-
548 — MAC
villes de droit romain. Dans ces derniè
délégation du
a juridiction des
une délégation du préteur et elle'a 'dfk'uvir.116 ■pep’0a*
anciens
sur
. . . - praefecti
Apres la guerre sociale, c’est une j urid“!.
quement complète, qui comporte r/,„ °n lh4-
cependant avec des restrictions ; ainsi elle ni'? 1 ***
en réglé générale, les parties qui ne peuvent f ^
guees, c est-a-dire V imperium merum 14 et h / ^ dclé*
elle est limitée ratione mater iae. Il est nroh- n
limitations que nous trouvons dans la lex Rvhvi * les
fragment d’Este et dans la loi de Genetivf sw' ^ le
toutes les villes et sont contemporaines de l’olnnisaT*
meme du régime municipal19. Le magistrat loca] n h “
les pouvoirs nécessaires à l'admiublraUon do h, 3
il peut organiser nue instance, nommer „„ iudL„\
vrer une formule ; il a le droit de coercition par „me
et prise de gages ; dans les cas où il est compétent J
bien si le debiteur avoue in jure ou se laisse coudai™,,
il peut prononcer l’addiction de ce dernier [manus injec-
T1°] l0. En cas de damnum infectum , il peut enjoindre
de fournir caution et, si son décret n’est pas exécuté
donner de suite une action en réparation de dommages;
il peut prononcer dans un jugement familiae Aéras- 1
cuiidae 1 \ Il n’a pas régulièrement lajuridiction gracieuse
(affranchissement, émancipation, adoption); cependant
il la possède par exception dans beaucoup de villes et
dans les villes de droit latin ; dans ces dernières il donne
des tuteurs18. Il est compétent sans limites pour cer-|
taines catégories de procès, et pour les autres seulement
j usqu à 15 000 sesterces10. Les actions infamantes, nées i
de contrats ou de délits, vontdevanL les tribunaux muni¬
cipaux quand le montant de l’action n’excède pas
10000 sesterces20. Quand ces derniers sont compétents,
le renvoi à Rome ou devant le gouverneur est interdit;
même s’ils ne sont pas compétents, ils peuvent cependant
obliger le défendeur adonner caution de sa comparution
à Rome21. Une loi Aelia de date inconnue parait avoir
réglé l’intervention du préteur contre les empiétements
des magistrats municipaux22. Le chapitre de la lex
Rubria relatif à l’exécution sur les biens est très obscur81.
Sous l’Empire, cette juridiction civile des magistrats
municipaux est allée constamment en s’abaissant; ils
n’ont plus d "imperium ni de potestasu', niais ils ont la
jurisdictio et le droit de coercition qui en est la conse-j
quence avec le droit d’infliger des amendes et la prise del
gage25; ils n’ont ni l’envoi en possession de biens, nj
Vin integrum restitution ; ils ne peuvent pas organiscrl
une poursuite civile extraordinaire pour faire respec eïj
leur autorité 27 ; leur compétence est limitée à unccei Luoe i
somme que nous ne connaissons pas28, mais elle peu! ( 11
prorogée par les parties29. Dans beaucoup de cas ils nL'l
peuvent agir que par délégation expresse du gomm m *|b
ainsi pour contraindre l’héritier à accepter 1 héréddt t < I
. . , Jiii'isdictioH
gustc (Voir Vlassak, Zur Fragc der Heform der munie ipa cn
unter Augustus, Zeitsch. d. Savignystift. 9, 1888, p- 3s> -s ' - ^ j ^
Iiubr. 20, 21 ; Lex Malac. 66; Lex Tar. 32, 38; Dig. U [2 I
— 17 Lex Ruhr. 19, 20,23. — 18 Paul. Sent. 2,25,4; Pli»- Ep'‘* 0J, 22.
Salp. 28; Dig. 1, 7, 4, C. Just. 7, 1, 4; 8, 59, 1. - 19 LJX 17 i
— 20 Frag. Atesl. 1. 10; voir Hernies, 1881, p. 24. — 21 (lli uo 1409). J
Lex Ruhr. 21 ; Dig. 5, 1, 2, 3. — 22 Frag. Florent (C. i. I- ** J’’ J' | jp 1, il, b
— 23 C. 22.— 2'» Dig. 47, 10, 32; 50, 1, 26. — 23 Dig, 50, 1, 29,50, l'1^ ‘
2, 1,2; 9, 2, 29, 7; 27, 9,3, § 1.— 20 Dig. 50, 1, 26, § i-—21 7 5 fl} i.llans
mal établi). — 28 Dig. 2, 1, 1.1, 19 et 20 ; 5, 1,1; 50, 1, 82 ; i’3»*- 29 Dig»
l’état actuel, le texte d’Isidore de Séville ( Orig . 15, 2, 10) est ininte
50, 1, 20.
MAO
— 1349 —
MAO
jgresCiluer au
fidéicommissaire, en matière de darnnum
■ friuM pour exiger en cas d’urgence la caution ou
(T1. l’envoi en possession provisoire1. Ils n’ont
l,r0"" |;( juridiction gracieuse que dans un certain
Il°uJ,>u • ... i)U temps d’Ulpien, ils ont tous la
,i0„ de tuteurs2 ; mais ce pouvoir devait varier selon
i . Iles et sans doute aussi selon l’importance du
tlrimoine des pupilles, comme encore plus tard à
L0qUe de Justinien3, car nous savons que les gou-
. . lirUrs donnaient aussi des tuteurs sur la présentation
■ s magistrats municipaux4, et, d’après Paul, ces derniers
n’auraient fait qu’exécuter l’ordre des gouverneurs5; en
ul cas j]s sont subsidiairement responsables de la
solvabilité des tuteurs qu’ils nomment 6. Ils assistent à
l’ouverture des testaments 1 .
^Juridiction criminelle. — Les magistrats municipaux
l'ont possédée, au moins en Italie, sous la République et au
début de l'Empire. Il y a des judicia publica municipaux
daus la lex Julia tnunicipalis* ; ils sont probablement
composés, non pas de juges jurés, mais, selon l’ancien sys¬
tème, de récupérateurs devant lesquels l’accusateur est un
magistrat ou un particulier9; ils prononcent des condam¬
nations, à l’origine même à mort10; plus tard, comme à
Rome, simplement à l’exil hors du territoire11. La lexCor-
neliadesicariis ne s’appliquait primitivement qu’à Rome
et dans les mille pas hors de Rome 12. Il y avait d’ailleurs
beaucoup d’exceptions. Les affaires les plus graves et
le jugement des sénateurs romains étaient réservés aux
tribunaux romains13 [judicia publica]. Les magistrats
municipaux prononcent, comme on l’a vu, des amendes
soit fixes, d’après la loi, soit variables14. A Genetiva15, un
duumvir préside la quaestio qui juge les cas d'indignité
des décurions; le décurion condamné est chassé de la
curie et exclu des magistratures ; le décurion qui l’a
dénoncé prend sa place dans la curie. La loi de Genetiva
renferme des dispositions intéressantes sur la procédure :
pour la poursuite des amendes, le duumvir renvoie le
jugement du point de fait à un juge ou à des récupéra¬
teurs H, tirés au sort, qui doivent prononcer au jour
prescrit ou dans un nouveau délai qui ne dépasse pas
vingt jours; si le demandeur ne se présente pas au jour
convenu, il est déchu de son action, à moins qu'il
n invoque une cause légale d’excuse. Les causes légales
d excuse sont, pour le particulier et aussi pour le magis-
hat : une maladie grave, une comparution en justice, un
procès, un sacrifice, les funérailles d’un parent, une
ceremonie purificatoire pour décès, une magistrature du
peuple romain17. Pour les enquêtes, il ne doit pas y avoir
plus de vingt témoins; ils prêtent serment; nul n’est
tenu de témoigner, s’il est gendre, beau-père, parâtre ou
)eau-fils, patron, affranchi, cousin, plus proche cpgnat
°u allié de la partie intéressée. Certaines affaires crimi¬
nelles doivent être terminées en un seul jour; pour
d’autres, le duumvir ne doit pas siéger avant la première
heure, ni au delà de la onzième heure du jour; il accorde
quatre heures au plaignant, deux heures à celui qui sou¬
tient l’accusaLion ( subscriplor ), et à l’accusé et à son
avocat un nombre d'heures double de celui qui est accordé
à tous les accusateurs réunis18. Eu dehors de l'Italie, nous
n’avons presque pas de renseignements pour cette
période18. Sous l’Empire, les magistrats municipaux ont
perdu en principe la juridiction criminelle*®. Ils châtient
encore les esclaves. Ils sont surtout les agents auxiliaires
des magistrats impériaux ; ils leur transmettent les
esclaves fugitifs21, arrêtent les suspects, les criminels,
les incarcèrent dans les prisons qui sont presque tout»*-'
municipales et les envoient au gouverneur, après une
enquête sommaire, avec un elogiutn 22 et sous la garde de
prosecutores , d 'executores 23.
La théorie de la par majorve potestas est aussi appli¬
cable aux magistrats municipaux. Il peut y avoir, sur ou
sans appel de l’individu lésé, intercession du magistrat
supérieur contre son inférieur ou son collègue. La loi de
Salpensa24 défend d’intercéder plus d'une fois dans la
même affaire, et l’intercession doit avoir lieu dans les trois
jours. On peut appeler aux deux magistrats compétents
ou àl’un d’eux; à Malaca23, un magistrat ne peut s'opposer
à la tenue des comices sous peine d une amende de
100ÜU sesterces.
XIV. Bas-Empire. — 11 n'y a plus guère de différence
entre les honores et les mimera. L’histoire des magistrats
rentre dans celle des décurions, parmi lesquels ils sont
les premiers responsables. Ils sont encore choisis dans
la curie parmi les plus riches26, mais sur la présentation
du gouverneur, de sorte que le décret de la curie qui les
nomme n’est qu’une pure formalité. Les édiles et les
questeurs ont disparu, sauf dans quelques pays, par
exemple en Afrique21. On trouve encore des quinquen¬
nales à l'époque de Constantin28. Les duumvirs ont
perdu la plupart de leurs attributions au profit du curator
et du defensor civitatis. Ils n'ont plus que leurs fonctions
de police, la juridiction gracieuse29 et, concurremment
avec les défenseurs, l’enregistrement des acta publiât ,
avec la collaboration de trois décurions30. Nous ne
savons pas exactement ce qui leur reste de juridiction
contentieuse31. Deux lois de 364 et de 368 assimilent,
quant à l'appel devant le gouverneur, les sentences des
magistrats municipaux à celles des juges pédanés12. A
côté des magistrats il y a, au Bas-Empire, la classe des
principales 33.. Ce sont les décurions qui ont rempli
toutes les magistratures municipales sans exception. Ils
sont en quelque sorte à la tète de la curie par rang d an¬
cienneté34; c’est parmi eux que, au moins après 387, on
élit le défenseur35. En Gaule, le mot principalis parait
— 1 lanl .Sent, 4, 4, 2; Dig 39, 2, I et 4, § 3-4. -2 üiy. 20, 5, 3 ; ’ 27,
_ - f ' lj "0l 4- 4 Dig. 2G, 5, 8. — 5 Dig. 20, 7, 46, § G. — 0 Dig. 27,
4t 6,2. — * L. 117-119; Cic. Pro Cluent. 02, 75; Appia
_ „ J"’j 28 • ~ 9 Lex Tar. 4. — 10 Vell. Pal. 2, 19; I.iv. 6, 1
jll(,c J. J b'c’ ^ ro Cluent. 14, 41 ; 44, 125, le sénat est indiqué comn
-Vos i - (*U l lai1 d aBord consulté par le magistrat. — 12 Coll, le
la /.ci .;/[ -, 11 l olyb- ®i 13-16 ; Liv. 9, 20. — 1 ^Corp. inscr. lat. 9,782. D'apr
magistral s ‘ ^°' a®ra4Pe César, Grom. v et. 1, 263), en certains cas ce sont I
lj0„ i , lun'c'paux qui infligent l'amende fixe de 5 000 sesterces contre la viol
SonZÏTlV' C0'0nie' - 13 L- 102’ 105' 12i- - 16 L- - 17 Cf- l est. ,.
'I est question I **’ * ’"0’ l,27; -®1?- 2, 1 1, 2, 3. — 18 L. 102. — 19 Aux Act. apost. I
l’apùlre Pa i" ' ' ” mesure8 do police prises par les magistrats de Phitippi conl
- M l’iin'V *; '’ '• : 47’ ,5’ § :19' 17> § *• - 21 Di«-
Act. apost. 10, 15; Dig. 48, 3, 0, S I, 10; 4, fi, I
-t- 23 Dig. 48, 3, 7; C. Tli. 13, 5, 38; Passio Perpet. 3. — 24 L. 27. — 25 L. 58.
— 20 c. Just. 10, 31, 45-46. — 27 Ils figurent sur Pallium de Thamugas (C. i. I.
8, 2403), mais on sc demande pourquoi il n'y a ni aedilicii , ni quaeslorii. 11 y a
encore un quaestor sur l'inscription d'Hasparreu eu Aquitaine, qui parait être de la
-fin du ni" siècle (C. i. I. 13, 412). — 28 C. Th. 13, 3, 1 pr. ; 4, 6, 3. Ils sont eucorc
éponymes à Veii eu 249 (C. i. I. Il, 3780). — 29 Ç. Just. 7, l, 4. A ce titre ils
accordent la honorant possessio qui n’est plus qu’une simple demande eu délivrance
(C. Just. 6, 9, 9). — 30 C. Just. I, 56, 2; C. Th. 8, 12, 3; 12, 1, 151. Voir les
Formules du moyen âge. — 31 C. Just. 1, 5, 12. — 3-2 C. Th. 11, 31, 1 et 3.
_ 33 A Dig. 48, 19 , 27, § 1-2, les principales signifient les premiers citoyens (époque
de Marc-Aurèle et de Verus). Le princeps souvent ineutionué par les inscriptions
parait avoir le même sens (C. i. I. 8, 9699 ; 3, 386, 2774). — 34 Ammian. XXVIII, 6,
10; C. i. I. 10. 6565, 8132, 1520, 1784, 5349, 7286. 7542; 8 , 4224, 8480. — 35 C.
Just. 1. 55, 4; I, 29, 6 ;C. Th. 12, I, 20.
193
MAlî
— 1550 —
MAC
désigner spécialement le curât or civitatis , et ainsi les
anciens curateurs forment le corps des principales' . Les
magistratures municipales n’offrent plus guère que l’avan¬
tage d'offrir aux curiales le moyen d'échapper à la curie en
entrant au Sénat romain*, malgré les efforts des empe¬
reurs pour leur fermercette voie. On exige d’abord qu’ils
aient passé par toutes les fonctions municipales3. En 371,
on exige en outre qu'ils laissent au moins un enfant i\ la
curie4. Plus tard on trouve de nouvelles restrictions3.
En t09, on demande en Gaule quinze ans de séjour total
dans la curie, même quand on est arrivé au titre d eprin-
cipalis6. Les lois ultérieures jusqu’à Justinien ne déli¬
vrent plus guère delà curie que les plus hauts dignitaires
impériaux, les Respectables (spectabi/es) et les Illustres1.
Mais la répétition même de ces lois en montre l’impuis¬
sance; les plus riches familles municipales réussissaient
cependant à s’introduire dans l’ordre sénatorial.
XV. Subdivisions de la cité*. — A. Le pagus. — Géné¬
ralement antérieur à la conquête romaine, le pagus est
un district rural qu'on trouve dans presque tous les pays
occidentaux9 pagus]. Il dépend d'une cfmYas10; mais, très
importantau point de vue religieux, ilconstitue une petite
respublica. il ades intérêts particuliers, desbiensfonciers,
des espèces de comices populaires, mais pas de sénat 11 ; il a
des magistrats qui ont la police locale, l’entretien des
routes et du culte12. Le magistrat le plus usuel est un
magister pagi ; il est unique dans le Latium et une partie
de l'Italie 13 ; ailleurs on en trouve deux14, trois15 et plus
généralement quatre16. Il y a aussi des édiles, un 11 ou
trois18, un curator 19, un praefectus 20 ; en Gaule, chez les
Vocontii , chaque pagus a un praefectus et des édiles, et
à côté d’eux, il y a un praefectus vigintivirorum qui
parait être le chef des décurions élus pour surveiller les
districts ruraux21. A Césarée de Mauritanie on trouve un
tribunus élu par Y or do du pagus2'2. Chez les Consoranni
de Gaule, un personnage a été quatre fois magister et
guaestor23. Un pagus de Vérone a quatre curatores fano-
rum avec des flaminesetdes flaminicae2* . Le pagus Félix
suburbanus , créé à Pompéi peut-être pour l’ancienne
population, a des magistri ministrique 2S. Beaucoup de
pagi ont leur patronus26. Depuis Caracalla, le principal
magistrat du pagus , le magister pagi , au lieu d’être
choisi par les pagani, est élu par la curie de la cité parmi
les décurions : c’est le praepositus pagi du Bas-Empire 27.
B. Le vicus. — Les vici sont des villages habités par
les vicani, possessores vici23, qui constituent de petites
I C. Th. 12, 1, 179 ftexte très obscur). — 2 Voir Lêcrivain, L. c. p. 39-
43. — 3 C. Th. 12, 1, 5, 29. — 4 C. Th. 12, 1, 74. — 5 C. Th. 12, 1, 75,
90, 93, 122, 130, 159, 100. — « C. Th. 12, 1, 171. — TC. Th. 12, 1, 187;
C. Just. 10, 32, 04, 00, 07 ; Nov. Jus/. 70, 81. — 8 Voir Schultcn, Die
Landgemeinden im rom. lieiche ( Pliilologus , 53, 1894, p. 031-080). — 9 Sur
le caractère des pagi de la Gaule, voir Jullian, Notes gallo-romaines (Rev.
des ét. anciennes , t. 111, t, 1901, p. 77-97). — 10 Sic. Flacc. L. c. l,p. 104,
2, 5 ; Isid. Orig. 15, 2, 11 ; C. i. I. 10, 1278, 1280, 1255, 1250; 9, p. 290; 14, 4012.
— U Cependant à C. i. I. 9, 720, il y a : de delectorum sententia. — d Euseb. Uist.
eccles. 9, 1 ; Fesl. p. 120, 371 ; Sic. Flacc. L. c. p. 140. Dans les pagi de Capouc,
les magistri ex lege pagana paient une somme employée aux jeux (C. i. I. 1, 505,
5CG, 507, 571, 573). — 13 Dionvs. 2, *70 ; C. i. I. 1, 571, 801 ; cf. 3, 7847. — 14 C. i.
t.ü, 7198. — la Ibid. 9, 3151, 3137. — 16 /b. 9, 3138; 12, 5370. Beaucoup d’inscrip¬
tions n’en citent qu’un seul dans des régions où on peut croire qu’il y en avait
plusieurs: 10, 814, 853-857, 1042, 1074; 8, 0207, 0208, 0270, 6271, 0274, 6278, 6283,
0288, 10860, 3316; t3, 412. - 17 Orelli-Hcnzen, L. c. 3984. — 18 C. i. I. 9, 3312,
3310, 3317, 3332. — Ibid. 9, 1503; détail en même temps décurion. — 20 Ibid. 9,
5140 ; 3, 1407 (en même temps décurion de la cité). — 21 Ibid. 12,1307, 1377, 1529,
1564, 1371, 1711, 1376. — 22 Eph. epigr. 7, 805. — 23 C. i. I. 13, 5. — 24 Ibid.
5, 3924. — 2”. Ibid. 10, 1, p. 89-90. — 26 Ibid. 12, 1114; 9, 1503; 12, 59 4. — 27 C.
Th. 12, G, 8 ; 12, 1, 49; 7, 4, 1. — 28 C. i. I. 8, 4199 ; 5, 8222; 3, 3626, 10570; 12,
2459, 2611. — 20 Ils figurent dans la lex Rubria, 2, 3 et 26-27 ; Fest. p. 371.
communautés rurales, soit antérieures soit,
à la conquête romaine; leur organisation
moins rudimentaire que celle des . lc,Pale est
cultes, leurs temples, leur patrimoine pemvl0"1 leurs
des donations, des legs ; ils ont des comices recovoir
des résolutions et élisent leurs magistrats 36 ' Pl',,nn,>nt
ils n’ont pas de sénat; c’est par exception mle i
vicus de Vienne en Gaule, il y a des decern 1er, ' ‘ ^
en Réitérai
G'31 et
un
qu’on
trouve aussi des délégations de ce genre en AlVi
principaux magistrats du vicus sont les J''’ '-
annuels32 : on en trouve quatre à Furfo et à ConcoiV’*?
mais généralement deux34. On trouve encore desédil'V
des questeurs36, un patronus 3\ des curatores
dans les pays celtiques et germaniques de la région di
Bhin ,h. Les vici sont régulièrement soumis ii la juridic'
lion de la ville39. Au Bas-Empire, à côté du defensor ri ri
ta lis, il y a pour les vici et les pagi des drfmsom
locorum spéciaux40.
C. Les canabae. — Elles ont un rudiment d’organisa-
ti°n municipale [canabae]. On y trouve souvent un petit
sénat de décurions41, comme magistrats des magistri 43
ou des curatores 43 ; à Troesmis il y a en outre un édile44.
Plusieurs canabae , à Lambaesis, Argentoratum, Brigelio
sont aussi appelées m'ews43.
D. Les castelfa (ou castra). — Ils ont à peu près la
même situation que les vici. Mais il faut distinguer les
castel/a autonomes et ceux qui sont attribués à une ville.
Les premiers se trouvent surtout en Afrique ; ce sont des
territoires de tribus qui ont à leur tête des principes et
des seniores 46. Les autres relèventd’une cité ; ils ont leurs
assemblées, quelquefois, surtout en Afrique, des dédi¬
rions 47, leurs magistri qui, en Afrique, paient weesiunma
honoraria et qui sont quelquefois quinquennaux4*.
La cité maîtresse y envoie des praefecti jure dicundo 40.
E. Les conciliabula et les fora. — Ces lieux de rassem¬
blement, qui ne constituent pas encore une cité30, n’ont
eu qu’une existence éphémère. Les passages de la lex
Julia municipalis qui les concernent sonttrès obscurs
ils n’ont vraisemblablement pas de magistrats jure,
dicundo ; il est probable qu’ils ont des droits, des biens
propres, un petit sénat, des magistrats inférieurs, mais
que pour tout le reste ils dépendent de la cité ’2.
F. Les praef ecturae 63 . — Il s’agit ici de possessions
extérieures à leur territoire que possédaient des villes,
des colonies, et qu’elles administraient par des praefedt
spéciaux :>4.
— 30 c. i. I. 10, 3764; 9, 3856, 4882; 5, 5872, 5203, 7450, 7261, 5678, o.>", - ■ •
5407 ; 8, 1 1012; 3, 658, 7526; 12, 493; Inscr. Helv. 1 41, 249 ; Paul. Sent. -•
Dig. 30, 1, 73 ; C. Just. 2, 58, 2, § 5. — 31 C. i. I. 12, 2401. Les curial, ^
dont parle Salvien (De gub. Dei, 5, 4) sont plutôt les curiales (le la 00 ■ „
p. 371, 21. — 33 C. i. I. 1,4285 ; ’5, 1890. — 34 Ibid. 5, 1830; 3, 1, p.
n»s 3776, 7466 ; 1, 1466, 1467. — 3= Ibid. 42, 26 1 1. — 30 Ibid. 9. 3849 ; Bram 91 '■
rr J i qq g q |;t l, i
Rhen. 8 64, 1561. - 37 C.i. L 12, 178 3, 2401 . — 38 Inscr. Helv. 1«.
1 56 ; Korr. Blatt. Westd. Zeitsch. IX, 1890, 248-249; Inscr. Rhen. n- ( ^ ^
toricius). -39 C. Just. 5, 27, 3, § I ; 10, 19, 8.-40 C. Just. 1, : ’
29, 8. — 41 C.i. I. 3, 4298 (Brigelio), 0182, 0183, 0195 (Troesmis),
(Apulum).; Inscr. Rhen. 1007, 1130 (Moguntiacum). UC. 1 ■ ^ » __ c,
1008, 3505. — 43 Ibid. 5, 5747 ; Inscr. Rhen. 930. — 44 C . t. I 3>cl0-’ °j|’ w
I. 8, 2604, 2605; Inscr. Rhen. 1891; Arch. epigr. Mitth.il , p.^ • ^
j. t. o, énu+, iuud , xuàii . xinen. iovi, «/'-y- g()H h*11’2*
i. I. 8, S3 7 9, 9005 , 9006, 1618, 15669. — 47 Ibid. 1, 199; 8, 6041, ’ ^ ^
0341, 0702, 6272, 5683, 5884, 5934. — 48 Ibid. 8, 10823, 172a/,]' Alltres lexlf*
10, 6104 ; 8, 10500, 15726 (où le praefectus est un duumvir de Siccap ■ ^
sur les Castella : C. i. I. 8, 15508, 1015, 1010, 9000 ; 5, 4488 ; 2, S- - ^ ^
— 60 Grom. v et. I, p. 263 et 55. — 61 L. 80, 98, 142. — 32 tbul. I. > |,
135. — 53 Grom. v et. I, p. 26, I. 8; p. 55, I. 18; p. 49 , p. 60, • four-
— 34 |1 faut peut-être mettre aussi parmi ces praef eelurae les Poss<’ . g( ^ ; ;
Hissaient des vectigalia à plusieurs villes et colonies d Italie (P'r'
53, 7, 41 ; Ad AU. 0, 1,21 ; Suet. Octav. 46 ; Slrab. 8, 387).
MAC
— 1551
MAC
, Lrs grands domaines [latifundia, p. 930].
| \\| I fs conventus civium romanorum1. — Ce nom
, |eS .jpoupes de ciloyens romains établis, à la fin
(lt!,lpl République el sous l’Empire, non pas, comme
,ii cru Mommsen2, à l’intérieur d’un conventus juri-
de
lava
, liras, mais
quelquefois
aussi «
Ions
soi! le plus souvent dans une ville, soit
dans une province entière. Ils s’appellent
rives romani qui consistant », « cives romani qui
iK'i/otiantur 3 ». Composés uniquement d’abord, jusqu’à
César, d’Italiens (Italici), puis de citoyens romains4, de
1rs métiers : marchands, publicains, banquiers,
armateurs, éleveurs, ces groupes d’origine privée, surtout
religieuse, puis développés et soutenus par l’État, princi¬
palement à partir de l’Empire, ont été provisoires dans
l’Occident, où ils ont disparu presque partout5 à la suite
de la fondation de cités, surtout à l’époque de César et
d’Auguste, mais ont formé en Orient une institution
durable, à côté des villes helléniques, jusqu’à l’époque de
Caracalla. On les trouve dans tout le monde romain : en
Occident, sous la République, en Italie à Capoue6 ; en
Sicile à llalaesa, Syracusae, Panormus, Lilybaeum,
Agrigentum7 ; en Afrique à Carthage, Utica, Hadrumetum,
Thapsus, Forum Thysdrus, Vaga, Cirta 8 ; en Espagne à
Corduba, Hispalis, Italica, Carthago nova, Tarraco9; en
Gaule à Tolosa10; dans l’Illyricum à Lissus, Narona,
Salonae, Nauportus, Julium Carnicum11 ; sous l’Empire,
en Afrique à Masculula, Tipasa, Rapidum12; en Espagne
iiBracara Âugusta13 ; en Gaule chez les Auscii, les Petro-
cori i , les Santones, les Bituriges Cubi ; dans l’Aquitaine
et la Lyonnaise en général u ; à Brigantio, chez les
Helvètes 15 ; dans la Rhétie, dans la Pannonie inférieure,
dans la Mœsie inférieure16; en Orient, dans l’Achaie à
Argi, Mantinea, Megalopolis, Elis, Megara, Eretria17;
dans la Macédoine à Beroea, Edessa18 ; dans la Tlirace à
Sestus19; dans les îles de Délos, Lcsbos, Chios, Samos,
Cos; dans la Crète20; dans la Bithynie à Nicaea21 ; dans
1 Asie à Cyzicus, Lampsacus, Ilium, Assus, Adramyttium,
Pergamuin, Thyatira, Philadelphia, Ma gnesia du Sipyle,
Smyrna, Erythrae, Ephesus, Tralles, Priene, Lagina,Stra-
tonicea, Caunus, Cifayra, Apamea Cibotus, Traianopolis,
Conana, Isaura22 ; en Cilicie à Chypre23 ; dans la Mésopo-
Cunie, la Syrie, l’Égypte24. Ces groupes ont une situation
juridique intermédiaire entre le collegium et la cité ; ils
relèvent directement du gouverneur et non de la ville,
sauf si elle est libre ou fédérée. Sous la République, ils
on! a, leur tète un collège religieux; à Délos on trouve
lu "°""nsell,®le '"lim. Lagerstâdte (Hernies, 7, 1873, 319 ; Eph. epigr. 1, 1893,
cirilin ■ 01 ^6S assoc^i°ns de citoyens romains, Lausanne, 1877 ; Kor ne matin, lie
lu I ?n ^roüîncîîs i,nperii consistentibus ( Berlin . Stuclien fur klass. Plût.
l’UO • s I CONVENTOS daus Paulys Real Encyclopédie, 2e éd. 52® fasc. p. 1 17iî-
• mllen, De Conventibus civium Romanorum , Gôtt. Diss. 1892. — 2 D’après
bic. in Verr 2 W i *• • »•
lent # *’ M seiecii judices ex conventu civium Romanorum proponi so-
(Ics j„,| j.r >aUS *°s *)a^s §recs oî «aTotxo jvTî; 'Pw^aïot. — Par exception il y a aussi
jç cn )(i||f Cn ^r*(Iue a Corp. inscr. lat. 8 suppl. 15775. — « Sauf le conventus
|a foiiilaiioi,* U< ^ ^ ^on^a^on de la colonie en 59 av. J.-C. et le c. Helveticus après
°st aussi c * ° ^ co^on^a Fluvia Helvetiorum en 74 ap. J.-C. Le conventus c. r,
tio). i; (<j *>a,d-»le avec une ville de droit lalin (ainsi à Bracara, Auscii, Brigan-
lat. ^ 7^’. 10 Se8*‘ 4‘ ®» Caes. Bel. civ. 1, 14, 5; 3, 21, 5. — 7 Corp. inscr.
5,94, m : 29’ 16 ; Cic* In Verr' 2> 7°7 ,53î 3> 32 5 4> 55,67, 70, 93, 137;
5; Cic. I,] .r!156’ ,4°- 8 Appian. Lib. 92; Sali. Jug. 21, 3; 2C, 3 ; 47, 1 ; 66,
I0;(;aes Bel ‘ * ^ax‘ 9» 49t 2; Plut. Cat. min. 59, 61 ; Dio. Cass. 43,
iuppl, 5927 •' C,W' 36.; IhL Afric' 68> 90 î 97i 36. —9 C. i. I. 2, 1119, 3433,
-- 10 r • , aew‘ c,ü* 2i ^9> 3, 26; Bel. Alex. 57-59; Plin. Hist. nat. 3, 21.
Ann. li 20. 11 Oacs. Bel. cio. 3, 29-40; 3, 9 ; Bel. Alex. 43, 2 ; Tac.
'• 8 suppl.
? U hid. u 4
2618. _ _ te
tfcli
0 3, 1820, 1821, 3776, 3777, supp[ 8958; 5, )829, )83o. — 12 C.
7':>, 17143 ; Eph. epigr. 5, 955, 1302. — 13 C. i. I. 2, 2423.
4*’9:i0’ 934’ 005, 970, 1048, 1194, 1900, 1921. — 15 Ibid. 12, 94,
1,2, r,V. ’ 3212, 7532, 7533, suppl. 10305. — 17 Ibid. 3, 531, 532 ; Le Bas, Voy.
i Bull, de corr, hell. 20, 122 ; Arch. Zeit. 1877, 38 ; Americ. Journ.
six mayislri [ijermaistai , à .Narona les magistri mercu¬
riales, à Jiilimii Carnicum dix magistri, à Tolosa au
moins huit magistri ou ministri, à Carthago nova neuf.
Quelques conventus se transforment en vici et ont des
espèces de magistrats municipaux, deux magistri sinon
plus à Julium Carnicum, Nauportus, quatre à Carthago
nova, deux magistri eL deux questeurs à Narona. Sous
l’Empire chaque groupe a généralement un curator civium
romanorum , probablement nommé parles associés eux-
mêmes. En outre, en Gaule, nous connaissons wnsummus
curator pour l’Aquitaine et un autre pour la Lyonnaise
XVII. Villes de constitution non romaine. — Elles
subsistent pendant quelque temps sous l’Empire, en
Occident, pendant beaucoup plus longtemps en Orient,
0(1 l’évolution qui mène de la cité grecque autonome au
régime décurional ne s’accomplit que très lentement26 el
n’est achevée qu’au Bas-Empire.
1° Afrique. — Quelques villes puniques ont longtemps
conservé des sufetes, analogues aux duumvirs21.
2° Espagne . — Avant la concession du droit lalin par
Vespasien, plusieurs villes ont eu des décemvirs dont un
s’appelait decemvir maximus 2*.
3° Marseille [massiliensium respublica].
4° Sicile. — Les sénateurs municipaux y sont élus
probablement par cooptation, avec un certain cens et-
sans doute l'âge de trente ans23. A la tète du sénat on
trouve un noos-cii t,; à Géla, Acrae, Agrigentuin 30, un
proagorus à Agrigentum, Catana, Tyndaris31. Tous les
cinq ans on élit dans chaque ville deux censeurs pour
faire le cens. On connaît comme magistrats : des archontes
à Acrae, Mélite32, des stratèges quinquennaux à Tauro-
menium33, un trésorier à Agrigentum, Tauromenium,
des questeurs et des édiles à Centuripa, Agrigentum34.
des agoranomes à Segesta, Acrae, Centuripa, Thermae33,
des TpiaxâSapyoi à Acrae36. Dans plusieurs villes, ce sont
des prêtres qui ont la plus haute magistrature, à Syra¬
cuse et à Centuripae ràg.<pntoAoç Atbç ’OAopno'j37, à Agri¬
gentum, à Mélite, rhpoOÛTT,.;, qui sont éponymes38.
3° Crète. — On retrouve en général les Cosmoi de la
période autonome, avec un protocosmos ; quant aux
agoranomes, on ne sait pas s’ils ne datent que de la con¬
quête romaine39 [cretensium respublica].
6° Grèce, Asie et autres pays helléniques. — En
général, au moment de l’organisation des provinces,
Rome a substitué des constitutions timocratiques aux
constitutions démocratiques40. On a enlevé le droit de
of arch. 11, 1890, 173 ; ’E?iui. 'An. 1890, 102. — 1* Rev. des Soc. sac. 1858,
p. 791, n° 33; Le Bas, L. c. 1345. — >9 Bull, de corr. hell. 4, 510. — 9° C. i. I. 3,
458, suppl. 7100; Bull, de corr. hell. 4, 433; C. 1. gr. 2222 ; Palon and llicls,
Inscr. of Cos. 344; Eph. epigr. 7, p. 425, n» 5. Sur Délos, voir Kornemann, !.. c.
р. 57. _ 21 Dio. Cass. 51, 20. — 22 Plut. Pomp. 37 : Appian. Bel. cic. 5, 137 ; Bel.
Mithr. 23 ; Cic. In Verr. 1, 09 ; Pro Flacc. 71 ; Ath. Mitth. 10, 145 ; Le Bas, !..
с. 103*4 a, 1743, 50, 143 ; C. i. gr. 3418, 2930, 2927, 2900, 3874; Bull, de corr.
Iicll. 10, 423; 4, 101, 179 ; 5, 191 ; 12, 255 : 2, 598 ; 11, 07, n» 46 ; C. î. I. 3, 305,
444, suppl. 7061 ; Sterrelt, The Wolf, exped. 3, 339, n« 473. — *3 Cic. Ad Alt. 5,
21, 6-8 ; Tac. Ann. 12, 55 ; C. i. I. 3, 6051. — ^ Dio. Cass. 8, 30 ; Tac. Ann. 2,
82; Caes. Bel. civ. 3, 102; Joseph. Ant. Jud. 14, 83; Slrab. 16, 779; C. i. I.
3 suppl. 7241. — 25 C. i. I. 13, 1900, 1921. On connaît cn outre un scribe
à Tralles, un prêlrc d'Auguste à Gorlyno. — 26 Ainsi Palmyre en 137, Mylasa
à l'époque de Sévère ont encore le régime municipal grec ( Hernies , 1884,
p. 486-523; Bull, de corr. hell. 1890, p. 523-548). — 27 C. i. I. 8, 7, 797, 765,
5306, 5369. — !S Voir Hübucr ad C. i. I. 2, 1953. — 29 Cic. In Verr. 2, 2, 49, 50,
120, 123, 124. — 30 Inscr. gr. Sicil. 256, 208, 952. — 31 Cic. In Verr. 4, 50, 85.
— 32 Inscr. gr. Sicil. 210, 235, 953 , 001. — 33 Ibid. 421, — 3V Ibid. 952, 423,
430 ; Cic. In Verr. 2, 101 ; 4,93. — 33 Inscr. gr. Sic. 290, 2417, 209, 211, 212, 577,
313. — 30 Ibid. 209, 211, 212. — 37 Ibid. 9, 574. — 38 Ibid. 952, 974. Voir sur la
Sicile Holm, Geschichte Siciliens, II, 89-91, 382-383. — 39 C. i. gr. 2570, 2572,
2573, 2576-2578, 2583, 2591. — W Cic. Ad Quint. 1, 1, 8, 25; In Verr. 2, 49, 50;
I.iv. 34, 51 : Paus. 7, 16.
MA fi
— 1552
MAG
cil<; actif à la masse des prolétaires pour le réserver aux
possessores', et augmenté les attributions des magistrats.
A. Athènes. — On y trouve comme magistrats muni¬
cipaux : le stratège des hoplites (£-t xi oit la.) qui est
depuis iS av. J.-C. le chef de l'État, convoque le Sénat
et l'assemblée du peuple, a le pouvoir exécutif, le soin
des approvisionnements2; les neuf archontes, sans doute
électifs3; deux agoranomes4; des astynomes6; diffé¬
rents épimélètes[EPiMELET ai]; depuis Auguste, un <titwvy|;,
chef du trésor de blé, et des Tapit'at nov (TiTwvtxtSv 6 ; à
1 époque d Hadrien, des àoyupo-aatat chefs du trésor
urbain 7; et, au moins jusqu’à l’époque de Domitien, le
xxuiaî tùiv <rrporntoTix<«v 8 [atHENIENSH M RESPUBLTCA].
B. Sparte. — Civitas foederata , elle a comme magis¬
trats : six ou peut-être douze patronomes rééligibles9,
cinq éphores10, cinq nomophylaques", des (3tôuoi proba¬
blement au nombre de six, chargés de la surveillance des
éphèbes12, huit agoranomes, six épimélètes 13 ; comme
magistrats militaires, un Xoyayo ç et un hipparque ; comme
magistrats judiciaires, des <TuvStxoilv. L’ensemble des fonc¬
tionnaires forme les truvapyt'at qui préparent les projets à
soumettre au peuple [spartanorum respublica].
C. Macédoine. — On y trouve dans la plupart des villes,
à 1 époque romaine, un collège, probablement13 créé par
Paul-Émile en 1R8 av. J.-C., de ixoXt-xp^o; ou iroAiTap^ouvreç,
chargés de 1 administration, de la justice et de la police,
à coté du sénat qui prépare les lois et les décrets pour
le peuple ,6.
D. .4sie 1 ■. — D'après la loi de Pompée pour la Rithynie,
les sénateurs ne sont plus créés par le peuple, mais
nommés par des censeurs à vie18 ; les magistrats sortants
entrent au sénat. Ce système s'étend peu à peu à toute
l'Asie; les anciens sénats se maintiennent jusqu’aux
Antonins à Milet, Éphèse, Cyzique19; mais ensuite le
sénat se recrute probablement partout par une sorte de
cooptation, tout en accordant aux magistrats un droit de
présentation et par suite une grande influence20. Pour les
magistratures il y a toujours la vieille distinction, mais
de plus en plus flottante, entre les àoyat d’un côté, les
liturgies et les b-nr^oiaiai de l’autre. Il n’y a plus aucune
condition d’âge21, ni de sexe22, ni de nationalité. Les
candidats sont présentés par le sénat aux suffrages du
peuple, dont le rôle est purement passif. Il n’y a aucune
règle pour l’ordre, le cumul, l’itération des magistratures.
Elles sont souvent accumulées dans les mêmes mains,
* Orelli-Henzen. L. c. 3734; Dig. 50, 9, 1 ; C. Th. Il, 22, 2; Dio Chrys. II,
1». 43 (éd. Reiske). A Tarsus en Cilicie le droit de cité actif coule 500 drachmes
(Dio Chrys. L. c.). — *2 C. i. att. 2, 481 ; 3, 38, 63, G5, 08, 158, 457, GIC, 1139;
l’hiloslr. Vit. Soph. 1, 23. i. Les autres stratèges, rarement cités, paraissenl avoir
disparu à la fin du ier siècle ap. J.-C. — 3 ILiil. 3, 710, 716, 1003. — 4 Ibid.
3, ICO, G82, 98, 725. — 5 Ibid. 3, 1114, 1147, 1199. — G Jbid. 3, 645, G46,
708. — ’ Jbid. 3, 38, 39. — 8 Jbid. 3, 054. Voir sur Athènes Neubaucr, • Athe-
niensium respublica quaenam Jiomanorum temjjoribus fuerit conâicio , Diss. Hall.
1882. — 9 C. i. gr. 1341, 133G; Le Bas, Voy. arch. 2, 1G8. — 10 C. i. gr. 1237,
1238, 1240; Paus. 3, 11, 2. — H C. i. gr. 1242, 1244, 1248, 1249, 1252, 1304.
— 12 Jbid. 1254, 1270, 1271, 1241, 1242, 1255. — 13 Le Bas, L. c. 1G8 b , f.
— 14 C. i.gr. 1255, 1289, p. G10; Le Bas, L. c. 1G8 h. — *•”> Cependant, d’après Hol-
leaux (Jtev. desét.gr. 10, p. 451, note 1), ils seraient peut-être antérieurs, parce
<|u avant la conquête romaine il va des coXtap/.ot (Collilz, Dialelct-Jntchr . 1330;
Kuripid. fihes. 381) à Phalanna, et des «o).iToçÛAaxe; à Larisa (Aristol. J*ol. 8, 5,
G, p. 205). — IG Textes réunis par Perdrizet, Bull, de corr. hell. 18, 1894, p.
419-423. — l' Voir Isidore Lfw, JCt udes sur la vie municipale de l’Asie Mineure
sous les Antonins (Jtev. des ét. gr. 8, 1895, p. 203-287; 12,1899, p. 255-289).
— 18Plin. Ep. 10, 79-80. — 19 C. i. gr. 2878, 3GG3; fJermes , IV, p. 223. —20 Greek
Tnscr. of Brit. Mus. 487. — 21 Sur ]es enfants magistrats : C. i; gr. 2787 ; Bull,
de corr. hell. 11, p. 31 ; 1883, p. 272. — 22 Sur les femmes magistrats, voir Paris,
Quatenus feminae res publient in Asia minore attigerint, Paris, 1891. — « C.
i. gr. 2771, 3490, 3749, 3394, 2801 ; Atli. Mitth. 19, p. 30; I.o Bas, L. c. 1G11,
quelquefois même à vie, et il y a une tend-m,,.
l’hérédité des charges23. Elles sont extré,,,, ',‘S'ble à
teuses, car elles comportent généralement trois"" r ''°Ù'
de dépenses, des libéralités de tout genre 'i- 181
inhérentes à certaines charges et, à l’entrée
une summa honoraria , fixe, mais qu’on peut dên». '
dont le montant est consacré à des œuvres d’urn 1
publique 21. Les principales catégories de magistrats Sl |
Les magistrats politiques et éponymes ; avec le s,'c
taire du peuple, le yoaggateù; tou 8%ou, personnel
important, généralement unique23, ils constituent u
sorte de directoire, une <mvaPxîa, qui est le plus important
des corps publics, le corps par excellence26; ils portent
souvent le titre vague d«pXovTE;; ce sont généralement
les stratèges27, quelquefois les prytanes28, plus rarement
de vrais archontes. Ils représentent la cité dans ses
rapports avec le pouvoir central29; ils convoquent les
assemblées du peuple, les président, dirigent les votes, de
concert avec le secrétaire du peuple30. Ils ont l’initiative
en matière législative31 ; le simple citoyen qui veut sou
mettre une proposition au peuple doit leur demander
leur autorisation ou user de leur intermédiaire; ils con
voquent et président le sénat, concourent à son recru¬
tement là où il n’y a pas de censeurs. Enfin ils composent
le tribunal principal de la ville32. Les villes de droit
pérégrin gardent en effet jusqu’à la fin leurs juridic
lions propres. Les villes libres ont des tribunaux indé
pendants, même au criminel, même pour le jugement
des citoyens romains33. Il est vrai que sur ce dernier
point il y a eu de bonne heure des limitations; les
Romains se soumettent avec répugnance à celle juri¬
diction étrangère, et d’autre part on trouve dès le
ne siècle des empiétements des gouverneurs sur les vil
libres34 ; il y a peut-être même eu beaucoup plus tôt des
interventions du tribunal impérial33. Aucivil, les tribunaux
des villes libres ont une compétence complète, sauf pour
quelques affaires réservées à Rome36; mais ici encore on
voit s’établir peu à peu l’usage d’en appeler au gouverneur
ou à l’empereur 37, et Plutarque reproche aux Grecs leur
manie de s’adresser directement au proconsul romain
Dans les villes sujettes, nous ne savons pas quelle est, au
civil, la limite de la compétence des tribunaux, au
criminel, les magistrats n’ont pas le jus gladii , muG i s
peuvent châtier les esclaves, infliger des amendes, i|U'ar
cérer les criminels; comme dans les municipes imuain.
70 ; Bull, de corr. hell. 13, 484; 12, p. 83, 1. 7-8, -l Le lias. C. jgj
•. 3948; At h. Mitth. 3, p. 50, n» 1-2 ; 9, p. 18 ; Bull, de corr. he ■ . ■ I
25 Insch. von Pergam. 59G ; Ath. Mitth. 19, p. 28, n° 2i , Bu • ( ^43 656
, 484; Greek. Inscr. of Brit. Mus. 481, 1. 72. — 26 Le Bas, L. c. < ' 1
.13; Bull, de corr. hell. 9, 124; 12, 328; 14, 317; 13, 484; ®>. (i'3M1
7, 482 b, 481, 1 . 7 , 528. — 27 Le Bas, 048, 630 ; Dig. 27, 1, U,- ; ■ ■■ |@)J
■98, 3874, 4269 d. - 28 Ibid. 2878; Le Bas, L. c. 210, 1244; Ber < ■ J • ]
1 00, il» 4. — 29 Pliu. Ep. 10, 85. - 30 Cic. Pro Place. 8, 19: f’rl ' ' L, ,
ull. de coït. hell. 20, 537; 12, 260. - 31 Brit. Mus. 3, 4 , ^ p_ 525, 1
:44. — 32 C'est par exception (pie le sénat juge (Bull, de cou . i ^ (.a55> 5;
31, 40-44). — 33 Acta apost. 17, 15-34; Tac. Ann. 2, 55, *, • ' > j _c.).Nalo
■ ; 60, 24; Suct. Tib. 37; C. i. gr. 2222 (sénatus-consulte de * MUJ rtB,aiiis
Bernent les citoyens des villes libres à Home vont devant goph- -
Hg. 49, 15, 7, 2 ; 1 , 18, 3). — 34 Lucian. Demonax, 10, 50 ; 11 ^ (|c c„iJc
26; 2, 10, 3; 1, 25, 3. — 33 Dans un décret relatif a » '• ^ ^ collfornicr
jguslc absout des accusés et ordonne aux magistrats municip 7V inter
-a sentence (Bull, de corr. hell. 7, 02). Mais Vicreck (Semo jllgés à
étant autrement ce texte, croit qu'il ne s'agit que d une pai >< 3, 39 trégl®
mie. -36 C. i.l. t, 203, I. 28; 204; C. i. Ç/r. 2222. - ^ ' [cJ prestation*
;nt d'Hadrien sur l’appel à l’empereur ou au proconsu 1 ,décl,„i obscur
s propriétaires fonciers à Athènes) ; Bull, de cou . he ■ > I _ ^ Prête. ,r'P'
proconsul d’Asie à la ville libre de Cos sur l'appc ).
r. 19.
— 1 553 —
MAI
MAI
ils mil
instruction sommaire des crimes et la garde
des cru
ninels
ils exercent la juridiction
F°vlS'" r.mr(vs les usages locaux. Les agoranomes ont
gracieuse a ai» •
lu police du marche.
J» Les censeurs-
_ Dans la Bitliynie et les régions
■ s ji y a deux censeurs, Ttg-vai, pour le recru-
'‘""" t'ilcri sénats, un itoXiroYp^o? pour vérifier le droit
011 admettre de nouveaux citoyens2. A Ancyre, il
r " \ ùr.vcasde3. A Milet, il y a encore un Yuvaixovcqxo;.
■ t lis magistrats chargés des relations avec le pou¬
voir rentrai, ambassadeurs [legatus], SxBixot [ekdikoi;,
rJvtixoi [svndikoi].
P Les magistrats, d'origine ancienne, eponymes, sacer-
dotaux ou à moitié sacerdotaux, tels que le prytane
lipLèsc et de Pergame, l’hipparque de Cyzique, le
siêphanophore dans beaucoup d’autres villes, à Iasos,
M vlasa , Milet, Priène, Smyrne
5« Les magistrats chargés de la police : le stratège im
rïc eiprvY,;, et l'archonte èrc't x% eùxoagtaç qui font sans
doute partie du collège principal des magistrats5; les
stratèges ê*t y<i Pa«°, les vuxToaTpanqYoî à Tralles,
Amisus, Smyrne7, le uaoacpéXaç, chef des TtapacpuXaxïxa-. 8,
les îrénarques [ikenarcua].
go Les chefs des districts ruraux de la cité, des eûmes,
les xwpip/oi. Cu. Lécrivain.
MAI A. — I. Grèce. — Maïa (et aussi Mata;) vient de la
racine mu qui signifie maternité1. Ce n’est guère plus
qu’un nom, dont la raison d’èlre est qu'il fallait donner
une mère à Hermès 2. 11 est fils de Zeus et de cette nymphe
Main qui se sont aimés sur le Cyllène3 (il avait un
temple sur cette montagne)4. Elle-même est fille d’Atlas
eide Pleionè 5 (ou Steropè) 6 ; elle est l’aînée1 ou la plus
belle® des Pléiades, la nymphe aux belles sandales9, et,
sans doute comme ayant vécu sur le Cyllène, elle est
appelée aussi nymphe des bois10. Elle a servi de nourrice
à un iils de Zeus et de Callisto appelé Areas11. Sur le
vase François (du début du vic siècle), elle figure dans le
cortège nuptial de Thétis et Pelée avec Hermès, derrière
lequel on l’aperçoit de profil sur le sixième char t2. Sur
une renochoé à fond blanc de la fin du même siècle, on
la voit debout, tendant une couronne à son fils Hermès
imberbe (fig. 4790) 13 qui tient le caducée et une patère.
Sur un vase du ivc siècle elle est debout, causant avec
1 Pli». Ep. 10, 19; Dig. 48, 3, 6; Bull, de corr. hell. 20, p. 525; Rev. des H.
V- ÿ p. 0, 1. Ï3 ; Acta Pauli et Theclae, 17, 18, 19. — 2 Plin. Ep. 10,79(114);
C; '■ '■ :l' »uppl 0098; Dio. Clirys. Or. 39, § 24; C. i.gr. 4010 ; Le Bas-Waddington,
llj'8- ~ 3 r. i. gr. 4015, 4010 ; Bull, de corr. hell. 7, p. 10. — <• Voir Guacdin-
ger, h‘ Uraecorum magistrat, eponymis Diss. Argent. 1892 ; Inschr. von Pergam.
Wo, oSi. — S Le Bas-Waddinglon, L. c. 857, 1201. — 6 Ibid. 1604; C. i.gr. 2654:
Ml.dc corr. hell. 5,180; 14, 606; 15,423.- 7 Ath. Mittll. 1891, p. 145; C. i.
)' ' " lln’ '• Bull, de corr. hell. 9, 347 ; Vit a Polycarpi (Bolland. J an. 3, p. 316,
» 26): Apul. Met, p, )7g. _ 8 c J gr 4U3 c. Brit Mus 3> 529 . Atp, Mitlli.
,li9; * corr. hell. 3, 262; 7, 273; 9, 316; 10, 54; Le Bas-Waddinglon,
Ni’ < * ~ Bibliographie. Rolli, De re municipali Romanorum, Stuttgardl,
( 1- Becuperatio der Rômer, Braunscliweig, 1837; Ziimpt, Commet »-
f w” iej"!/raf‘llicaet Berlin, 1850, p. 3-G9, 73-158, 161-192 ; Studia romana,
y Berlin, 1859; Mommsen, Die Stadtrcchle der lateinischen Gemein-
p il’ "n^ ■''ta lac a ( Ahluind . d. SCtchs. Gcscll. der Wissenseh. III, 1855,
y ‘ Birkscn, liber die Sladtrechte von Salpensa, Berlin, 1856 ; Laboulaye,
pensa i / ‘^n^)ens(l et de Malaga , Paris, 1856 ; Giraud, Les tables de Sal~
hlornn ' t Paris, 1856; La leæ Malacitana, Paris, 1868 ; Henzen,
arch ( ma9'strati municipali de' Romani (Annal, dell' Ist. di Corrisp.
Voi 'l I)r' ■ ^ l(1'P-"0) ; Béehard, Le droit municipal dans l'antiquité, Paris, 1860:
’lrCtn p ' b*9t,ll‘hi sche Constitutionen, Leipzig, 1860, p. 219-226 ; Walter, Gesch.
31 i, 3|- 7. ’ 3‘ ôd- Bo»», 1800, n«‘ 206, 212, 213, 221, 220, 244, 247, 262, 300,
des rbm h ^ 84- ! Kuhn, Die stâdlische und bürgerliche Verfassang
l-ouvain ; - 7 Leipzig, 1864-65; Willems, Le droit public romain, 3* éd. Paris-
Organig ) P' 38 3-463 ; lloudoy, Le droit municipal, Paris, 1876 : Boussuguo,
IhtHmmh villes dans F empire romain, Lyon et Genève, 1878; Spehr,
" instrat ibus coloniarum atque municipiorum, Halle, 1881 ; Manley, De
Hermès; Allas et Sélènè font pendant à ce groupe; Her¬
cule occupe le centre de la composition u. Nulle f race
d’un culte qui lui ait été rendu avant qu elle ail été con¬
fondue avec la déesse romaine du même nom. Mais
nous connaissons, par une inscription gréco-latine des
premiers temps de l’Empire romain, l’existence à Délos
d’une confrérie d ' hermaistai qui consacrent un temple
à Hermès -Mercure et à Maia13 merci mi s .
II. Rome. — L’homonymie est toute fortuite entre la
Maia grecque et une déesse latine, dont h- nom vient de
la racine mag, qui a formé mag-is , mag-nus , maj-or. Maia
Fig. 4700. — Maia et Hermès.
est pour Mag-ia 16 et se présentait aussi sous la forme
Maiesta , que quelques-uns croyaient seule bonne1'. Elle
personnifie l’accroissement des choses vivantes et surtout
le développement des végétaux. Le nom du mois de mai.
Maius, a le même sens et, sans doute, vient directement
de la même racine, mais les Romains, qui célébraient
la fête de Maia en mai, inclinaient à croire que la
déesse avait donné son nom au mois18. Ayant ainsi
divinisé la poussée de la sève et la torce végétative,
il a fallu, pour qu’une telle conception religieuse n’ait pas
pris chez eux une autre ampleur19, leur formalisme étroit
et la sécheresse de leur dévotion. Cependant ils avaient
relié Maia à la Bonne Déesse [boxa dea, 1. 1, p. 72o , c est-
à-dire à la Fécondité. Maia, c’est la forme de Dona Dca
qu’on adore en mai ; c’est la fertilité renouvelée de la
Terre, ou c’est la Terre elle-même 20. La Terre n était-elle
yradu et statu quaeslorutn in municipiis coloniisque, Hall». 1882 ; Mispoulel, Les
institutions politiques des Romains, Paris, 1883, t. Il, p. 115-129; Bouclié-Lcc!crci|.
Manuel des institutions romaines, Paris, 1886, p. 171-187; Esmcin, L u fragment
de lai sur la juridiction des magistrats Mélange» <f histoire du droit ,
Paris, 1886, p. 269); Humbert, Essai sur les finances et la comptabilité publique
clics les Romains, Paris, 1887; Mommsen el Marquardt, Manuel des antiquités
romaines, trad. fr. 1889, VIII, 1-2; VI, 2, p. 417-474; Nicse, Zu de n rômischcn
ijtadtrecliten (Rhein. Muséum, 1890, 45, p. 100-110).
MAIA. 1 Preller-Robert, Griech. Mythol. I. p. 390; Aeseh. Suppl.r. 380; Curlius,
Grunzüge, 472. — 2 Odgss. XIV, 435 (le poêle de l'Iliade ne parait pas connaître
cette parenté d’Hermès) ; Aescli. Chorph. 813. — » Hymn.hom. Il, v. 1-7, 10 13 ; 130 ;
Hes. Tlieogon.: 938-39; fragm. 12 ; Scliol. ad Pind. Me ni. Il, 16 ; Apollod. III, 10, 2.
— 4 Paus. VIII. 17, 1. — 3 Voir atlas. — 6 Scrv. Ad Aen. VIII, 130. — 7 Apollod.
111 m _ 8 Atlien. XI, 490. — 9 Bymn. boni . Il, 57 : MataSa xaXXrciSiWz.
— 10 Scliol. ad Pind. 1. 1. — » Apollod. VIII, 2. — 12 XYien. Yorlcgebl. 1888, pi. 2 ;
Arch.Zeit. 1850, lab. 23; Baumeister, Denkm. v. Thelis, t. III, lab. 74. — 13 Ge¬
rhard, A userl. Vasenb. I, pi. 19 ; Klein, Griech. Vas. mit Lieblinginschrift. 2'éd.
1898, p. 49. — u Gerhard, Akad. Abhandl. I, p. 221, pl. xix; Leuormant, Elite
ciramogr. III, pi. 85 ; Collect. Duluit, pl. xvi. Furlwünglcr, Reschreib. derVasens.
Berl. 3245; Miiller-Wieseler, Denkm. 828. — 13 Bull. corr. hell. (Homollc), 1877,
p.284 ; 1877, p. 94-6 ; Eph. êpigr. IV, p. 42. — 16 Bréal, Dict . étym. latin, p. 178-9;
Prcller, Rôm. Mythol. I, p. 398 ; V’anicek, Etym. Wort. d. Int. Spr. p. 204 ; Griecli.
lat. etym. Wôrterb. Il, 683. — >7 Macr. I, 12, 18. — 19 Cincius et Labeo, Ibid. :
Fcslus, s. r. Maius; Job. Lyd. De mensibus, 4, 52, p. 88. — 19 Bien entendu, il
n’y a qu'une homophonie toute fortuite entre la Maia romaine et la personnification
hindoue de la Nature éternelle. — 20 Macrob. Sat.l, 12, 21 ; « Maiae, id csl Terrae... ■>
Ibid. 29 : « Maiam camdem esse et Terrain el Bonam Deam ».
MAI
MAI
uw r
I Soi
pas confondue avec la Bonne Déesse qui, parmi les con¬
ceptions religieuses des Romains, a été une des moins
étroitement délimitées' ? Le sacrifice offert à la Terre,
une truie pleine, était aussi celui qu’on offrait à Maia. Ce
sacrifice étant accompli parle flamine de Vulcain, il n'en
a pas fallu davantage pour qu’on ait fait de ce dieu
1 époux de Maia. Peul être l'idée que Vulcain représente
la chaleur souterraine y a-t-elle aidé? La formule Maia
I ’ a Ira ni - se lisait dans les livres des prêtres.
Maia est donc une déesse toute romaine, née d'une
étymologie, associée par une assimilation naturelle à la
Terre et accidentellement à Vulcain. Mais quand les
poètes grecs ont enfin fait connaître avec le nom d’Her¬
mès celui de Maia sa mère, les Romains se sont prêtés
avec empressement à la confusion de leur déesse et de
son homonyme grecque. Ils ont même imaginé les expli¬
cations les plus forcées pour établir l’affinité avec Mercure
de la déesse du mois de mai3. Dès lors, c’est à Maia,
mère de Mercure, que furent consacrées des lêtes et des
monuments dëdicatoires. Les calendriers portent à la
date du là mai * : Mercurio Maiae. A cette date, l’an
-S9 de Rome, avait été dédié un temple à Mercure, voisin
du Circus maximus. Une inscription : Maiae ad Circum 3
nous fait savoir que Maia en partageait les honneurs.
Ce culte commun de Mercure et de sa « parèdre » parait
avoir été très répandu hors de Rome. C’est ce que nous
montrent des inscriptions de Venouse6, de Pompéi 7
(où il y eut des ministri Mercurii et Maiae), de Constan¬
tinople8, de Lyon9, enfin de Germersheim10, du Ross-
berg", de Kreuznach12, de Mertzweiler, de Pfaffenhofen13.
Dans cette région de la Moselle et du Rhin, Mercure rem¬
plaça un ancien dieu local qui avait lui-même sa parèdre,
Rosmerta u. En assimilant Mercure à leur dieu, les habi¬
tants du pays acceptèrent aussi sa mère et sa compagne,
mais l’acceptation ne fut pas générale ni exclusive, et
tantôt Rosmerta, tantôt Maia est nommée avec le dieu
romain dans des inscriptions d ailleurs presque identi¬
ques. Un certain nombre de bas-reliefs présentent une
femme avec le caducée ou la corne d’abondance, qui
accompagne Mercure et souvent reçoit de ses mains une
bourse 1 ". Mais il n en est pas un seul sur lequel se voient
nettement à la fois l'inscription et les personnages. 11
n'est donc pas possible d’établir si c’est réellement Maia
à qui Mercure remet la bourse. Pourtant en Italie même
îles monuments figurés nous présentent le même motif,
une femme voilée à laquelle Mercure tend un objet rond
qui peut être une bourse; celle femme est signalée par
une inscription comme étant la Terre16. Il est probable,
mais non certain, que ce personnage, Maia et la parèdre
rhénane de Mercure doivent être identifiés. Ce qui est
établi, c'est qu’en Italie et hors d’Italie Maia est fréquem¬
ment associée aux hommages rendus à .Mercure et que la
mère du dieu grec ne fût pas devenue
le monde romain, si elle ne se fût trouV -P°?uluire dans
nyme d’une vieille déesse latine a, ..... ? êlre 1
MAIMAKTERIA. - L’existe
-xistcnce d une fête
est une conjecture de Meursius 1 ; mais e • ■ Ce n°m
texte ancien ne fait mention des soi-disVni ailL'u“
Ce que l’on sait de plus positif sur la fête donn^*''"
modernes ont ainsi forgé le nom se rédni , k e''Udils
indications des lexicographes. d piques
Le cinquième mois du calendrier athénien ■’
Maimaktérion [calendarium]; il correspondait Un?^1
tement aumois de novembre, tantôt à mi-novemht-o nt^
décembre 2. Ce nom lui venait d’un surnom de Z,,is n
MoyxxrgS épithète que les lexicographes dérivent S
verbe gong**™ et qu’ils interprètent comme simnlhm
le perturbateur, l’impétueux, le bouillonnant léntîôn
si as te, le désordonné *. Zeus Maimaktès était donc 1„
dieu des troubles atmosphériques qui marquent la
transition entre l’automne et l’hiver6. Maimaktérion
signifiait le mois des tempêtes : c’était le ventôse
calendrier atlique. Cependant, Photius0 a recueilli une
autre interprétation qui conviendrait mieux au culte de
Dionysos qu’à celui de Zeus. D’après lui, Maimaktérion
désigne l’agitation qui se produit autour de la vigne, à
l’époque des vendanges et de la fabrication du vin. Cette
interprétation a sans doute été suggérée par la proximité
du mois Maimaktérion avec la
récolte et le travail du raisin
qui, en certaines années, pou¬
vaient n’être pas terminés vers
le milieu d’octobre, avec la lin
du mois Pyanepsion. Il en ré¬
sultait que les premières fêtes
maimaktériennes semblaient
être le prolongement des Os-
chophories, fêtes des ven¬
danges 7. Sur le calendrier
liturgique de la Panaghia Gor-
goépikoos à Athènes8, on re¬
connaît les symboles du mois
Maimacktérion dans les figures Fig. 4701
comprises entre le signe du
. — Danse tic fèlctl liivcü
Scorpion et celui du Sagittaire, immédiatement après les
représentations des vendanges. Ce sont d’abord deux
personnages drapés9, dont le premier ne touche au sol
que par un pied, tandis que l’autre pied est relevé dans
une attitude mouvementée qu’on a interprétée comme
un pas de danse. M. Ileuzey10 a reconnu dans ce per
sonnage (fig. 4791) un homme travesti en femme e
exécutant une danse liturgique à l’occasion des lelej
maimaktériennes, analogue aux danses voilées qui ai coin
pagnaient à Athènes la célébration des Antestheries
1 Slacr. O. I. 20. - 2 Ibid. 18 : Aul. Gcll. XIII, 23, 2. — 3 C. Labco ap. Ma-rot,.
■VU. XIII, IU, 20 : « Quia vos nasceuli iiomini lcrrac conlactu dalur : scimus autem
Mercurium xociset sermonis polcnlein...; hoc nieusc mcrcalores omnes Maiae panier
Mercurioque sacrificanl. .. — 4 Mommsen, Corp. iriser, lat. I, p. 39:1-1 ■ T. Liv. 11,21.
•> Ibid. XI, p. 535. — 6 Mommsen, Inscr. Neapo. n“ 698. — 7 Ibid, n»’ 2257-60.
8 Corp.mscr. lat. III, n» 740, p 139. T. Mommsen penscqu’ellc est plutôt dequel-
que colonie comme Paros que de Byzance. —9 Boissieu, laser, ant. de Lyon, p. 606.
L auteur de 1 inscr. offre, en même temps que le temple, une statue de l’empereur
(Tibère) et celles de Mercure et Maia qui reçoivent l'un et l’autre l'épithète d’ A injustes
- 19 Orelli-Henzen, vol. III, 5596-7.-0 En Bavière : Brambach, Corp. inscr. rhen.
1763. - 12 (Prusse rhénane) Ibid. 721-2... Mercurio et Maiae caducium etaram...
— 13 (Alsace) Ibid. 1745 et 1876. La première estde 142. — HCh. Robert, Epirjraphie
de la Moselle , p. 74 sqq. - 15 Ibid, p], ,v> fig. 5 _ n; Muller- Wicseler, Denlcm.
pl. xxix, 315, 316 ; xxx, 329 ]Mus. Borbon. IX, 38 ; Maffci, Mus. Veronens' . ^ ^ ^
MAIMAKTERIA. l Graecia feriata, p. 200. - 2 C’est à tort '"j j ■„
MouiiaxTKiiüv, l’identifie avec Januarius. — 3 Harpocr. Suid. Pliot. s. .
. , ■ tnf Harnocialiùiii <|J
— '*• Suid. : Matji.àxxr,; Si Êrrctv o hOoutrtûSriç xat tapaxTixo; VC1* ‘ • ,taïjia;‘
cite à ce sujet l’ouvrage de Lysiinacliidès sur les mois atliques) , ' ' • ,xt-at,
Ta^a)r<iSr(ç ; Pliot. : jxatjxâ(T(T£t * ffçpûÇei, irpoôujAeTTae, xavaSaitava./ g^vOVtoÇ
xuaaToùxai, xa/^âÇei, x).oveïTat. — 1> Harpocr. et Suid. : &?7.V ^ ‘ __ 7 Voir
/eijAwvo; tv toutoj tw ô Taçàrretai xat |A£ia6o).vjv Yo]J- ar"
DioNYsiA. — 8 Boetticher, Philologus , XXII (18G5), p. 385-4-20 , Le yQifts}calen^'
chéol. pl. xxi et xxii (éd. S. Reinacïi, p. 58-59) ; Svorouos, Der alfa. ». ^ kNI)Aiiium,
(Journ. internat, d'arch. numism. 1899, II, p* 47, 72, pi. R t1 ) ’ v°* . , si s<|-
fig. 1030. — 9 Fig. 1030. — 10 Bull, de corr. hell. XVI Mv-
— il Philoslr. A poil. IV, 21, 73-74,
MAI
MAI
I MM M
1 55 i) —
r. nslement du danseur, dont la tèle et le corps sont
P'1S nt enveloppés et les pieds chaussés de hautes
embaS] dont il bat le sol, il faudrait voir le
0h" 'J* dp la saison froide; et dans ces bonds violents
?yn' ’ lilèvent le corps, le symbole du mois des pertur-
'■ul. où l’air et la mer s’agitent et bondis-
bations, <•< 1,11
seul témoignage positif que nous
sent 1 .
p'aiitrc part, le . .
,.1(|j(ius sur les rites du mois Maimakterion est celui
C inscription attique*, sorte de calendrier de sacri-
' o(l „n service est marqué pour le 20 du mois en
ll’honneur de Zens Laboureur (AuTscopvffl), avec offrandes
dp galettes, pains, fruits assortis et libations sans vin.
0n peut rapprocher de ce fait les représentations de
labourage qui font suite au danseur voilé dans la section
du calendrier sculpté relative au mois Maimaktérion :
nn y voit un attelage de bœufs conduit par un paysan et
iîn semeur avec son panier. Ce sacrifice à Zens Géorgos
avait un caractère tout rural. Dans quelle mesure Zeus
Géorgos doit-il être envisagé comme une hypostase de
ZcusMaimaktès, c’est ce qu’il est difficile de déterminer.
Mais, malgré la pénurie et le vague de nos renseigne¬
ments. certains érudits ont prétendu reconstituer plus
I complètement le caractère et le programme des
fêtes de Zeus Maimaktès. Quelques textes11 présentent
ce qualificatif Maimaktès comme un équivalent de
Meilichios et de Katharsios. On en a conclu que Zeus
Maimaktès était l’objet d’un culte expiatoire destiné
à apaiser ses colères et à transformer le dieu des tem¬
pêtes en un dieu bienveillant et purificateur De là
à attribuer à ces cérémonies le caractère de mystères,
il n’y avait qu’un pas. Auguste Mommsen3, alléguant
Iles textes qui évoquent à propos du qualificatif
BuijuxTT|( des idées d’enthousiasme 6, a voulu recon¬
naître dans les fêtes maimaktériennes une solennité
I bachique qu’il identifiait avec les iialoa; mais cette
théorie n’es’t plus soutenable, depuis que la nature des
Unlna est mieux connue.
On serait peut-être plus fondé à tirer parti d’un autre
| groupe de textes qui, avec des éléments assez mélangés,
I contiennent aussi de précieux indices. Eustathe 7 rap-
P°rle qu’on désignait par le mot 8io7rog.7reîv 8 une céré¬
monie expiatoire célébrée sous l’invocation de Zeus Meili-
chios a la fin du mois Maimaktérion. La peau de la victime,
connue sous le nom rituel de toison de Zeus [ruos kodion,
eleusinia, lustratio], y jouait un rôle parmi les TtogTraïa;
on procédait aussi à des lustrations dans les carrefours9,
ancienne symbolique prétendait retrouver dans cette
toison du bélier immolé à Zeus Meilichios le symbole
du nuage ,0. Zeus Maimaktès, dont la colère avait as¬
semblé les nuages, une fois apaisé par le sacrifice,
se serait transformé en Meilichios, et il purifiait le
ciel assombri. De plus, celle purification passait
dans l’ordre moral : Meilichios devenait Katharsios,
et le contact de la peau de la victime, par sa vertu
piaculaire, conférait aux pécheurs le pardon de leurs
fautes. Aujourd’hui, les communions piaculaires de
ce genre s’expliquent par le totémisme : le cas du A-A?
xqjot&v rentre dans la série des cas où le dieu était
adoré sous la forme d’un animal totem. Les adora¬
teurs se revêtaient, après le sacrifice, des dépouilles
de la victime pour se communiquer à eux-mêmes sa
nature sacrée". Le bélier considéré en Grèce comme
totem de Zeus dérive peut-être des rites d’Ammon
chez les Égyptiens lî.
En tout cas, l’attribution par Eustathe du AAç xQotov
aux fêtes du mois Maimaktérion et le renseignement
topique de Polémon ,s, qui nous apprend que les mystes.
pour se purifier, montaient sur la toison en se tenant
debout sur le pied gauche ", nous reportent encore aux
représentations du calendrier sculpté d’Athènes. Dans la
figure où M. Ileuzey recohnail un danseur voilé, ne
serait-il pas permis de retrouver un reste de l’attitude
rituelle du communiant, qui avait pris contact avec la
toison sacrée en la foulant du pied gauche? Cette inter¬
prétation n’exclut pas forcément celle de la danse : elle
l’explique plutôt. Car il est possible que la danse n’ait
été qu’une adaptation orchestique de l’attitude rituelle
imposée au moment de la purification comme moyen de
transmission de la vertu contenue dans la dépouille
sacrée, de même que les jeux de I’askoliasmos sur
l’outre bachique dérivaient d’une obligation rituelle
analogue. Le personnage qui fait suite au danseur
(n° 7 de la figure 1030), drapé sans que le visage
soit couvert et debout dans une attitude de démarche
calme et digne, figurerait le communiant ayant acquis
le bénéfice de la purification et participant à la ropanj
solennelle de Zeus Meilichios. On aurait ainsi, dans la
succession des figures de ce calendrier relatives au mois
Maimaktérion. la représentation des phases successives
des fêtes maimaktériennes de Zeus, considéré tour à
tour comme Maimaktès, Katharsios-Meilichios et enfin
comme Géorgos1’. Gustave Fougères.
MAIUMAS (Maïoug.5;). — Fête d’origine syrienne, peut-
être née à Gaza, ou plutôt dans son port, distant de sept
stades, qu’on appelait Majuma, nom qui signifie « eau
iuci c: ,nterprète par mS«. — 2 C. i. gr.
)1E^; ' "* 3 Plut. De cohib. ira. 9, p. 453 c; Hesycli.
CrJêi' ~~ 'f Lauer. System der griech. Myth. p. 407; Prellt
*' •,t,L I2> P- 131-132. 1 44. — il JJ pnt't nlrtmo n .117 D&I1S la 2® odili
I, 523;
|*at;iiàxTr,
System der
'le cet ^ *31-132, 144. — 5 ffeortologie , p. on. v«u» iu -- «m.»
11 • ^1 ^.arUC 011 sous le litre de Feste der stadt Athcn (p. 3(
4 rapport "l('01*e a été complètement modifiée. La fête du 20 Maimactéri
aurait été |lai* -1 ^Cus’ considéré comme père de Bacchos, dieu de l’ivresse,
— g Hai. O(.Uin^01Sa're soc°ude naissance de Bacchos (Lucian. Deor. dial.
K lüiMed pin, i ^ S’ 7 P- 1938, 5. — 8 Ou Stoito;i.iï£Ï?9ai et àicoStozc
les F,- a, tll ' , * ' &*)‘ Anecd. p. 7, 15. Voir le commentaire de Muller da
l mystères d’El ! ' ?*aeCm P- ~ 9 Ëuslalh. L. c. M. Foucart ( Les gran
n*a pas un li0, USl*' 1 P’ ® t ) observe avec raison que cette purification spéci
(pic |a lustrati ,UCCSSa're aVCC ^e8Dlys^res d’Eleusis ; A. Mommsen {Op. /.) adn
■opliorics p 1 ma*mac^l’*cnne pouvait être une sorte de préparation aux Th
sacrifié dans lu. ai,*aS 3) signale un emploi analogue de la peau du bél
P°ur les ronr,’,S(, *mi ilu a,jons du sanctuaire d’Amphiaraos ; cf. Strab. VI, p. 284
^ins savant ip^10118 ?gWPée9* Bullettino* VIT, p. 1-18. Quant aux ko|a««
(v°ir dioscomon COn8‘dèrent comme une fête du mois Maimactérion, les pomp/
b'sTRATio, p. H27); interprétation excessive, semble-t-il :
zojAnaïa étaient plutôt les objets sacrés, notamment les Aiô; xQSta, portés pendant
la procession (cf. Welcker, Gôtterleb. I, 206-209). — lé Muller. Eumenid. p. 139,
146; Hermann, Aller, der Griech. § 57; Lobcck, Aglaoph. p. 183 sqq. ; Lauer.
System der griech. Myth. p. 407 ; . Roscber, Myth. Lexic. MatpàxTqç. — l* Ban-
croft, III, Nat. races of the Pacif. Stat. 168: Frazcr, Golden Itugh. îl, p. 90.
146; Lang, Mythes , cultes et religions (trad. Marillier), p. 517 et 518; Hubert
et Mauss, Essai sur le sacrifice , p. 83. — 12 Hcrod. Il, 42. — 13 Ap. Hesycli.
s. v. Atb; xôfî ict. — tt La scène représentée par les figures 2450 et 46KG a été
rapportée à la cérémonie du Dioscodion ; mais cette explication reste fort discutable.
— 15 Svoronos (Op. I. p. 72) désigne ainsi ces figures : l'Hiver (Xet^«»v), le mois
Maimactérion personnifié, le Laboureur (^Apo-ro;), le Semeur (Szôpo;). Celle théorie
est acceptable, comme représentant le commentaire populaire et allégorique, par
conséquent secondaire, de figures dont l'inspiration originelle est incontestablement
d’ordre religieux. Le monument ne paraît guère plus ancien que le m® s. av. J.-C.
Il peut donc n’êlre qu’une adaptation de monuments analogues antérieurs. De tonie
façon, c'est dans le type et dans les rites de Zeus Maimaktès qu'il faut chercher les
sources de la figure do l’Hiver; dans la lustration maimaclérienne celles de la per¬
sonnification du mois maimactérion, et enfin les allégories du Labourage et de
Semailles sont inséparables du culte de Zeus Géorgos.
MA.I
MA.l
de Ja mer1 ». Les réjouissances auxquelles elle donnait
lieu ont eu, surtout à Antioche, un grand retentisse¬
ment sous les empereurs romains; plus tard, il en est
question à Constantinople. Ou ne sait s'il y en eut de
pareilles eu dehors du monde oriental. Il n'est nulle¬
ment certain qu'il y ait une relation véritable entre cette
l'été et celle qui lui a été assimilée, dont Ostie et l’ile du
libre voisine de cette ville étaient le théâtre2, quoiqu’il
ne soit pas impossible que la coutume en ait été apportée
par les marins à Ostie, où Castor et Pollux, leurs dieux
protecteurs, avaient un culte3. Suidas dit qu'au mois de
mai les principaux citoyens se rendaient au bord de la mer :
on s y baignait, on s’y poussait les uns les autres. Il appelle
la fêle romaine MaVoupïç \ peut-être à cause d'une certaine
ressemblance qu'il y voyait avec les fêtes syriennes.
Celles d'Antioche 5 se prolongeaient pendant trente
jours : elles consistaient en processions de nuit, en illu¬
minations, en représentations scéniques tirées principa¬
lement des fables de Bacchus et de Vénus, en repas
somptueux. La joie populaire y mêlait toutes sortes
d’excès c, qui les firent supprimer, probablement pour la
première fois sous Constance; rétablies cependant, elles
furent ensuite tour à tour interdites ou permises, avec
des restrictions en vue d'en réprimer la licence Il est
parlé encore de la fête de Maiumas à Constantinople
sous Léon IV, en 7708. E. Saglio.
MAJESTAS. — Cette expression dérive du comparatif
major ; elle exprime un attribut spécial aux personnes
revêtues de puissance et de dignité, une qualité qui
impose le respect, par exemple chez les dieux, le peuple,
l’État. C'est ce que montre en particulier la formule du
droit international, par laquelle les peuples soumis
s’engageaient à respecter la majestas du peuple romain *.
Le mot majestas est souvent lié et opposé au mot impe¬
rium1. On entendit par crimen imminutae majestatis3
l'infraction qui consistait dans toute atteinte portée au
respect que commande la dignité ou la souveraineté du
peuple, [et, par extension, de ses représentants, en parti¬
culier de l’empereur. Mommsen4 a conjecturé que le
crime de lèse-majesté s’était primitivement rapporté à la
violation des droits delà plèbe, et seulement ensuite à la
violation des droits du peuple en général : mais il n’y a
pas de preuve suffisante à l'appui de cette conjecture.
En tout cas les jurisconsultes romains n’ont défini ce
crime que par des périphrases qui n’en précisent pas
exactement le caractère5].
Il y a deux groupes de crimes contre l’État qu’il est très
difficile de distinguer l’un de l'autre, le crimen majes¬
tatis d'un côté, la perduellio de l’autre.
MAIUMAS. l Baronius, cité par Godefroid, ad Cad. Theod. 1. XV, lit.
VI, p. 359, Lyon, 1665; Teuffel, in Pauly’s lieal encycl. IV, p. 1459; Scholz,
Gôtzendienst und Zauberwesen der ait. Hebrdern , p. 322; Stark, Gaza,
p. 590 et s. On peut aussi rapprocher J. Lyd. De mens. IV, 52, p. 101 et
104, éd. Paris. — 2 Voir les textes réunis par Godefroid, L. I. ; Teuflel, L. I. ;
Prdller, Berichte d. Sachs. Gcsellsch. zu Leipzig, 1849, note 124. — 3 Voir
tari, dioscuri, p. 263; Godefroid, L. I. — 4 Suid. s. v. ; cf. Gloss. Basilicor.
— * Malalas, p. 284, Dindorf. Ailleurs il est question de cinq jours ou de sept
(Julian. Misopog. p. 361,Spanh.; Theodor. III, 14); et la fête est placée au mois
<1 août ; mais il s’agit dans ces textes des fêtes d'Apollon à Daphné, le faubourg
d Antioche. G Liban, t«ov p. 555, Keiske ; Id. IIe^i xZv $e*;awt"V,
p. 455; ad Timocr. p. 385; lo. Chrysos t. Homil. VII, in Malth. t. VII, p. 113, éd.
Bonedict. — < Cod. Theod. L. 1. et Godefroid, Ad h. I. — STheophan. Chronogr.
p. 699, éd. Classen. — Bibliographie. Outre les ouvrages déjà cités, voir Andréas
Rivinus, Diatribe de Maiumis, Alaicampis et Boncaliis , in Graevif, Collect.
dissertationum rariss. Traj. Bat. 1716, p. 526 et s.; K. O. Müller, Antiq. Antio-
chenae, in Kunstarchaeol. Werke, V, p. 33 et s.; Étienne Chastel, Hist. de
la destruction du paganisme dans l’empire d’Orient, Paris, 1850, p. 213 *.
Le perduellis (ou perduellio) est l’ennemi ,
général*, surtout l’ennemi intérieur U en
hostis qui, ayant perdu son sens primitif pPp0sili°" à
fini par désigner l’ennemi extérieur. La pm/ JrT' a
donc essentiellement l’acte hostile au pavs1^'^
trahison et la désertion. Primitivement le c,.-’ SUl'loul 1:1
majesté et la perduellio paraissent avoir été™ ?" M
Puis on essaya de les distinguer ; mais la lèse-nj,
postérieurement une telle extension que son ■ ’r ‘
elle engloba la perduellio : tout acte hostile fut ln, '?
lèse-majesté, mais il y eut des cas de lèse-maiesi "
n 'étaient pas des actes hostiles et qui, par ^
portaient une peine moins grave. Nous devons dn
réunir dans cette exposition la majestas ella, perduellio'
L Etat dut naturellement se protéger dès le début
contre la perduellio ; aussi la légende attribue à ltonuilir
la première loi contre ce crime» que punit également h
législation des Douze Tables10. L’action publique étal
entre les mains d abord des duumvirs spéciaux [nunivini
perduellionis], puis des tribuns. Quant à la majetUu
nous ne savons pas si, en dehors des lecjes sacralité, il y
eut des règlements sur cette matière pendant les premiers
siècles de la République. Et cependant la plupart des
poursuites politiques intentées, surtout par les tribuns,
soit devant les comices, soit devant les quaesliones per-
petuae , concernaient des délits qu’on peut faire rentrer
dans le crimen majestatis [judicia public a, p. 648'. Les
mesures révolutionnaires de salut public, prises par le
Sénat depuis l’époque des Gracques, pouvaient aussi,
jusqu’à un certain point, être considérées comme des
répressions delà lèse-majesté [judicia publica, p. 652-65*
On considère généralement comme la première loi île
majestate la /ex Apuleia , votée probablement en 103
av. J.-C., au sujet des délits commis pendant la guerre
gauloise, et en particulier du pillage des trésors de Tou¬
louse. Elle institua la quaestio auri Tolosani 11 ; ce fut
donc une loi exceptionnelle, comme l’avait été précé¬
demment la loi Ma milia , au sujet des actes de trahison
des généraux et des ambassadeurs envoyés contre
Jugurtha en 110 12 ; mais, sans instituer de quaestio mM
jestatis permanente, elle dut indiquer un certain nombre
d’applications de la lèse-majesté, y faire rentrer par
exemple l’atteinte portée aux tribuns, l’excitation au
désordre 13 . Le procès de Norbanus en 95 fut un procès
de lèse-majesté, institué d’après la lex Apuleia'*- 5°us
trouvons ensuite la lex Varia de 91, qui déclarait cou
pables de lèse-majesté ceux qui, par leurs consei s ou
leur assistance, avaient excité les alliés à prendre les ai nioj j
contre Rome pendant la guerre sociale. Elle atteignit c.
Lcnkm
Mommsen, Ephem. epigr. III, p. 329; ürexler, art. maiumas, ap. 0:
d.gr. und rôm. Mxjthologie. ’ pr0 BaV>. 16;
20 ; Div. Çaec. - 0 'A
MAJESTAS . i[Afajestatem popxtli romani comiter colunto ;l ■ 1 ‘
4 [f{o>H‘
Stwf’
Jn Corn-
ci 1er !
Liv. 38, 15; Dig. 49, 15, 7, 1). — 2 Cic. Pro Rabir. 7,
— 3 Plus tard crimen majestatis et simplement majestas.
recht , Leipzig, 1899, p. 537-595. Il cite Cic. De inv. 2, 17, 32; A,C0" ' cj(er gall.
p. 60 (crimen imminutae majestatis tribuniciae). On pourrait 1 m iiii;
Jug. 35. — 5 Auct. ad fferenn. 2, 13, 17 ; Cic. De inv. 2, 17, 53 , e „
Or. part. 30, 105; Dig. 48, 4, I, I (Ulpien).]— c Varr. De bng‘ a pas
Ep. 102; Cic. De off. S 0, 16, 234. — 7 Dig. 48, 4, 11 (Ulpien). ' ^ |,olir
d'équivalents grecs précis de ces mots; on trouve pour la pexdw J011arcliii|uC'
la majestas iaiS aat qui désigne surtout la violation de la l1'1 '"! * w0i
— 9 liionys, 2, 10. — 10 Dig. 48, 4, 3 pr. On peut se demander si e « ^ dj, pJ
était dans les Douze Tables; lo texte de Gaius (Dig. 50, D1’, - j]erenn. L l4'
— U Cic. De deor. nat. 3, 30, 74; Or. part. 30, 104, 103; And. « . {.y, 1 28 ;
24; Dio. Cass. fr. 98. - 12 Cic. De deor. nat. S, 20, 74; tirut. ' j ’ (0'7_ 44 CicJ
Schol.Bob. p. 311; Sali. Jug. 40. — 13 Cic. De inv. 2, 17 -.Deor. -,
De or. 2. 75, 89, 199 203; De off. 2, 14, 49: Val. Mas. 8 a,
— 1557 —
MA J
MA.I
iarli sénatorial, L. Bestia, C. Aurelius Cotta,
incc du Sénat, condamnés par les juges de
chefs du par
S,' '"'/.fiipstre et un peu plus tard, en 88, le tribun
l'ordre equtBUV ’ . , , n _
Varias
damnés par
i-aiêrne et le consul Pompeius Strabo, con-
le nouveau jury qu’avait établi en 80 la loi
2 j JCJD1CIARIAE LEGES, p. 659].
I Sylla qui institua définitivement la quaestio
ajestatis parla lex Cornelia judiciaria de 81 av. J.-C.3,
,'ioul pour garantir le maintien de sa nouvelle consti-
(jon piie fut présidée tantôt par un préteur, tantôt
par un quaesitor spécial4. Il est probable que la loi de
c Ha ne définissait pas encore d’une manière très pré-
cis(>:' mais qu’elle étendait à des cas nouveaux le crimen
majestatis. Malheureusement nous ne pouvons la
reconstituer que d’une manière très hypothétique et en
réunissant les applications que nous constatons jusqu’à
l’époque de César, par exemple] : contre le citoyen qui
porte atteinte au pouvoir des magistrats et en particulier
au droit d’intercession des tribuns6 ; contre le magistrat
qui compromet la dignité du peuple romain, qui ne
maintient pas les prérogatives de ses fonctions, ou qui
se rend coupable d’excès de pouvoir en faisant la guerre
sans l’autorisation du peuple, en sortant de sa province
sans l’autorisation du Sénat, en s’appropriant une autre
province1; contre le général qui laisse s’échapper ou
graciedes chefs ennemis ou des pirates faits prisonniers8;
contre quiconque excite des troupes à la révolte, livre
une armée à l’ennemi 9, [usurpe les pouvoirs d’un ma¬
gistrat10; on voit que la loi de Sylla punissait certains
délits qui rentraient plutôt dans la perduellio. Elle éta¬
blissait comme pénalité l’exil perpétuel hors de l’Italie,
Xaquae et ignis interdiction mais elle n’autorisait pas,
comme on l’a souvent prétendu d’après un texte inexact
d’Ammien Marcellin11, la torture des témoins]. Elle fut
souvent appliquée, pendant la période d’anarchie qui
suivit Sylla, en particulier contre le tribun Cornélius, en
67, pour avoir violé l’intercession des tribuns et attaqué
le Sénat12, et contre Gabinius, en 54, pour être sorti de sa
province avec des troupes13.
[César a-t-il fait une loi de majestate ou simplement
réglé la peine? Le seul texte14 qui mentionne les lois de
Ccsar de vi et de majestate n’est pas probant. Un texte
de Tacite13 doit plutôt faire attribuer à Auguste la lex
'le lia de majestate qui a été la loi essentielle en celte
matière et à laquelle se rapportent les nombreux frag-
^ents des jurisconsultes conservés au Digeste. Elle a dû
ailleurs utiliser la loi de Sylla, comme le montre la
ressemblance de plusieurs textes du Digeste avec les
r|’h es qu allègue Cicéron16. Justinien n’a presque rien
| rangé aux anciens principes n. Faute d’avoir jamais été
or binent délimité, le crime de lèse-majesté a pris sous
,lllllile une extension prodigieuse. Susceptible des
^ Val. Mqy R a i O' »,
InScuur '« ’ ’ . °r' 3’ 8 ’ b Appian. Bel. eiv. I, 37-38; Ascon.
— 5 Ascon' l~~r~ 2 ^*'C 304 > Ascou. h i Corn. p. 73, 79; Tuscul. 2, 24, 57.
OJ . Çjc , ! 1 °' n' i C‘c’ ln Pis. 21, 50 ; Ad Fam. 3, 11,2. — 4 Ascon. p. 58,
C orn . p go J”!!*’ b -4 ! 3, 3, 3. — 5 Cic. In Verr. 4, 41, 88.] — G Ascon. Ad
Cass. 4 1 | . s~ ‘ AsCOn' P- 182 ! Cic. In Verr. 1,33;/» Pis. 21 ; In Vatin.S-, Dio.
35; l,eor \ ^ 3'' ~8Cic- In Verr- b 5 ; 5, 25, 27. - «Cic. Pro Cluent.
p. 59-60. 1T’i3 10[Ci*. De inv • b 18- 53-— 11 19, 12.]— « Ascon. In Corn.
— 1S a„„ , . , IC’ Àd 0»int. 3, 1, 7 ; in Pis. 21, 50. — H [Cic. Phil. 1 , 9, 10.
Pii. 21; prn ri n ’ err% acL' H» 12; Or. part. 105; Pro Rabir. 8; In
— U Dig 48 ,.Uenl‘ 97, ~ 17 c- Just- 9, 8; Instit. 4, 18, 3; Nov. 95, 1, I.
-- « Dig. 49’ iôV:.TaC’ Ann- 3’ 38‘ - 19 Di,J- 49- 1G- 3’ »• - 20 D>9- 4S- b 3-
A’ml. 5 n, ’ ’ p ~ 22 Ti>c- Ann. 10, 14; Dig. 48, 4, 2 ; 49, 15, 19, 8 ; Paul.
"■ ’ aisi j, 4
VI
'al. Max. 2, 7, 15; I.iv. Ep. 55; Dig. 49, 10; C. Th. 0, 18;
hg. 49, IG, 3, 10; 49, 16, 7 ; 49, 19, 8, 2-48; 48, 19, 38, 1 ; 11,
applications les plus larges u, il embrasse non seulement
le fait, mais encore la parole et la pensée19, l'instigation
comme l’exécution20; il a été, comme on sait, entre les
mains des mauvais empereurs, une arme terrible,
l’instrument de leurs vengeances. Exposons maintenant
d’une manière systématique les principaux groupes de
délits qu'il comprend dans la législation de la Itépu-
blique, du Haut et du fias Empire, en réunissant, comme
le fonlles textes eux-mêmes, la perduellio c t la ma j estas.
I. Rapports coupables avec l'ennemi. — Les actes
incriminés portent atteinte à l'État considéré dans scs
rapports avec l’ennemi extérieur. Tels sont : 1° La déser¬
tion, qui commence dès qu’on s’est éloigné du camp21.
Le déserteur, le citoyen, qui, soldat ou non, s'unit à l’en¬
nemi de Rome, ou même à un pays non allié de Rome,
s’expose à la perduellio 22 ; mais il est aussi justiciable
sous la République et sous l’Empire du tribunal mili¬
taire23 ; sous l’Empire, les peines sont plus graves contre
les transfuges ; ils sont crucifiés sous la République,
livrés au bûcher ou aux bêtes sous l'Empire24. 2° La
défection d’une ville. Elle équivaut généralement à la
désertion, mais la peine ne frappe que les principaux
coupables25. 8° La proditio, c’est-à-dire .la livraison à
l’ennemi soit d’une place, soit d'une région, soit d’une
troupe romaine26, soit même d’un citoyen romain27.
4° L’entente quelconque avec l’ennemi 28, par exemple le
fait de lui fournir des objets prohibés, tels que le fer,
les armes, des vivres, des renseignements, des conseils29.
A la fin de la République, l’appel au peuple avait déjà
été souvent supprimé en pareil cas 3#. 5° L’excitation à
l’ennemi pour amener une guerre31, à un allié pour faire
défection32. 6° La rupture de ban de l’exilé qui revient en
Italie, malgré Xaquae et ignis interdictio.
II. Actes contraires à la constitution de l'État. —
Tels sont : 1° La tentative de rétablir la royauté ( regnu m
occupare 33, appetere 34, affect are 35) ou de créer une ma¬
gistrature qui ne soit pas soumise à la provocatio ad
populum 30 ; ces deux cas de perduellio étaient établis
dans les deux lois évidemment légendaires que nous
avons dans la loi Valeria, votée après la chute de la
royauté, et dans la loi consulaire votée après le décem-
virat37, et ils figuraient dans les procès non moins légen¬
daires de Spurius Cassius en 486 et de M. Manlius en
385; les premiers consuls de la République auraient en
outre obligé le peuple à jurer qu’il ne supporterait pas
de roi 38. 2° La violation des droits de la plèbe, reconnus
par les leges sacratae qui comportaient comme sanction
la peine de mort39 et qui comprenaient essentiellement
l’inviolabilité des tribuns, leur droit d’intercession et de
parole, l’interdiction aux patriciens d’occuper les charges
plébéiennes [plebs, tribunes plebis]. On sait combien il
y a eu en cette matière, sous la République, de procès de
7, 15; 3, 2, H, 3; Eiv. 30, 43, 13. — « Cic. De dont. 30, 79; Pro Caec. 33, 97;
Dig. 4, 5, 5, 1. — 26 Dionys. 3, 30; Tac. Ann. I, 72 ; Plut. Mar. 8 ; Sali. Jug. 09 ;
Dig. 48, 4, 3 pr. ; 48, 4, 4; 48, 4, 10; Paul. Sent. 5, 29, t; Cic. De or. 2, 39, 104;
Iiliet. ad Uerenn. 4, 8, 12. — 23 Dig. 48, 4, 3 pr. — 28 Tac. Ann. 3, 38; 4, 13;
Val. Max. 3, 7, 8 ; Zosim. 5, 38. — *9 Dig. 48, 4, 1, 1 ; 48, 4, 4 ; 39, 4, 11 ; C. Just.
4. 41 , 2 ; 4, 03, 2 ; Cic. Verr. 5, 5, 1 1 ; C. Th. 9, 40, 24 ; Sidoii. Ep. 1,7,5. — 30 Cic.
Verr. 5, 62-04. — 31 Dig. 48, 4, 1, 1 ; 48, 4, 3; 49, 15, 7, I ; Paul. Sent. 5, 29, 1 ;
Ascon. In Scaur. p. 21. — 32 Dig. 48, 4, 1. 1 ; 48, 4, 4. — 31 Yarr. De ling. lat. 5,157 ;
Cic. De rep. 2, 55, 00. — 3V Cic. De amie. 11, 36; Phil. 2, 44, 114; De dom.
38, 101. — 34 Val. Max. 5, 8, 2 ; Plin. Ilist. nat. 34, 4, 15; Ouinlil. 5, 9, 13. II y a
res novae dans Cic. Cal. 1,1,3. — 38 Cic. De rep. 2, 31, 54 ; Liv. 3, 55. — 37 Liv.
2,8, 2; 3, 55. — 38 Liv. 2, 1, 9; Plul. Popl. 11.-39 Fcsl. p. 318; Cic. Deleg. 2,
7, 18; De inv. 2, 17, 52; De pro v. cons. 19, 40; Pro Tu/l. 47, Ascon. In Corn.
p. 75;’ Liv. 2, 54, 9; 3, 32, 7 ; 5, 11, 3; 39, 5, 2.
196
MAJ
— 1558 —
MAJ
perduellio ou de lèse-majesté. 3° Les atteintes à l'autorité
impériale. La tentative de détruire le principat n’a pas
été et ne pouvait pas être inscrite dans la loi. Mais les
empereurs ont puni comme des atteintes à leur pouvoir
d'abord, et cela va sans dire, la tentative de substituer
une autre personneà l’empereur actuel *, délit qu’on pou¬
vait trouver dans la plupart des conspirations, puis les
tendances républicaines, exprimées par certains actes
d’opposition, tels que la glorification des meurtriers de
César sous Tibère'2, des déclamations contre les tyrans3.
III. Actes des magistrats contraires à leurs devoirs et
attentatoires à la dignité et aux lois de l'État. — Il
faut signaler d’abord toute une série de délits très graves
qui, sous la République, étaient, jusqu’à l’époque de Sylla,
ordinairement poursuivis par les tribuns, par exemple,
la déclaration de guerre sans mandat, la continuation
illégale des fonctions au delà du terme, la fuite d’un
général devant l'ennemi, une capitulation déshonorante
j i dici a publica, p. 648]. Les peines variaient, selon la
demande de l’àccusateur, depuis la mort jusqu’à une
petite amende. En second lieu, nous trouvons une grande
quantité de délits, qu’on ne peut guère classer méthodi¬
quement. Tels sont : 1° Sous la République, la résistance
à l’intercession d'un tribun4. 2° La violation des règle¬
ments sur les auspices3 [auspicia], sur la tenue et la pro¬
cédure des comices6, sur le recrutement des soldats7.
3° Les actes par lesquels un magistrat porte atteinte à sa
propre dignité8. 4° Les excès de pouvoir de la part d’un
gouverneur de province, par exemple, sous la Répu¬
blique, quand il sort de sa province avec des troupes9,
ou quand il y reste et y garde le commandement après
l’arrivée de son successeur10. 3° Sous l’Empire, les excès
de pouvoir de la part d'un fonctionnaire quelconque, tels
que la levée de troupes sans autorisation, la direction
d’une guerre sans pouvoir11, l’usurpation du droit de
grâce, le fait de mettre son seul nom, à l’exclusion de
celui de l'empereur, sur des bâtiments publics12, la pro¬
pagation et l’affichage de fausses nouvelles, les faux en
actes publics13. 6° ]Sous la République, la violation des
devoirs sacerdotaux réprimée par le grand pontife I4.
IV. Violation des devoirs civiques. — On peut faire
rentrer dans cette catégorie : 1° A l’époque primitive,
d’après la tradition, le manquement du patron à ses
obligations envers le client 15 ; mais nous n’en avons pas
d’exemple. 2° Les manquements aux devoirs militaires,
la lâcheté devant l’ennemi ; ces délits sont justiciables des
tribunaux militaires 16, mais peuvent quelquefois amener
un procès public17. Sous la République et encore sous le
règne d’Auguste, l’absence du citoyen au moment du
1 Tac. Ann. i2, 42 ; Vit . Pii, 7 ; Suet. Aurj. G6 ; Gai. 25, 10 ; Ner. 35 ( novae res);
Vit. Commod. G, 1 1 ( suspicio regni adfectatï). — 2 Tac. Ann. 4, 34, 35 ; Dio. Cass.
57, 24; Suet. Tib. 61. - 3 Dio. Cass. 59, 20; 67, 12; Juv. Sat. 7, 204. — * Liv. 43,
10 ; Ascon. Jn Corn. p. 79. — 5 Cic .De leg. 2, 8, 21. — 0 Liv. 7, IG, 8 ; Cic. De dom.
17, 43; Pro Sest. 30, 65. — 7 Liv. 7, 41. — 3 Senec. Controv. 9, 2, 17.] — 9 Cic.
In Pis. 21, 50. — 10 Dig. 48, 4, 2 , — UDig. 48, 4,3 ; Paul. Sent. 5, 29, 1 ; Dio. Cass.
53, 48 54, 3. —12 Dig . 48, 4, 4; 50, 10,3, 2; 50, 10,4; C. Th. 15, 1, 31. Délit repro¬
ché à Cornélius Gallus sous Auguste (Dio. Cass. 53, 23). — 13 Dig. 48,4, 2. — 1 4 Cic.
Plut. 11,8, 18; Liv. 37, 51 ; 40, 42. — lî» Dionys. 2, 20; Serv. Ad Aen. 6, G09. La
sacratio prononcée par les lois dites royales (Fest. p. 230; Plut. Rom. 22) contre
les mauvais traitements infligés aux parents, aux enfants et aux femmes, paraît bien
n’étre que de droit divin. Mommsen cependant paraît croire qu'elle pouvait amener
un procès public [L. c. p. 565). — 16 Polyb. 1, 19 ; 6, 37 ; Liv. 24, 14, 7 ; 24, 37, 9 ;
Dionys. 3, 30; Front. Strat. 4, 1, 24. —17 Dig. 48,4, 3. — *8 Liv. 1, 44, 1 ; Ep.
14; Dionys. 4, 15; 5, 75; Cic. Pro Caec. 34, 99; Val. Max. 6, 3, 4; Gai. 1, 160;
Suet. Aug. 24; Dio. Cass. 5G, 23. — 19 Cic. De rep. G, p. 843. — 20 Senec. Controv.
3, 8. Convenais dans Fest. Ep. 41 ; Cic. Or. part. 30, 105 ; Dig. 48, 4, 1, 1. — 21 Liv.
25, 3, 4. — 2- Dionys. 7, 17 ; Cic. Pro Sest. 37, 79; Liv. 43, 16. — 21 Cic. De leg.
recensement ou de la levée entraîne connu,,
vente et même la mort avec la confiscation des h -TV*
mais cette punition rentre dans la coercition „ .’l*'-"8"'
3» La seditiol\ c’est-à-dire la désobéissance d’un^1^’
d’hommes, d’un coetus , au magistrat20. Sous l i^i{"Upe
blique, il s’agit surtout des troubles apportés ^
comices21, aux réunions populaires {conciones) - \{T
Icilia, une des prétendues leges sacratae, -réprime parA
culièrementles atteintes portées aux droits des tribuns
cette matière2'2; mais tous les désordres publics rentivM
aussi dans la seditio ; c’est seulement à la fin de la Kf. , '
blique que la lex Plautia de vi et la lex Julia de 4
publica les font rentrer pour la plus grande partie dans
le délit de vis publica [vis]. Sous l’Empire, h seditio
tombe de nouveau sous le coup de la lèse-majesté. Les
circonstances aggravantes de la seditio sont: les rassem¬
blements nocturnes 23 ( coetus nocturni ), qu’un seul texte
suspect prétend avoir été interdits par la loi des Douze
Tables et puis par une certaine loi Gabinia24; l’emploi du
serment pour lier les complices, la conjuration23;
l’emploi d'armes 24 ; la réunion de soldats27. Sous
l’Empire, la répression est surtout sommaire, par
la voie de la cognitio. Elle atteint principalement
les meneurs28. 4° L’usurpation du pouvoir d’un ma¬
gistrat29, et au Bas-Empire, par extension, le crime
de fausse monnaie 30, et la tenue de prisons privées81.
3° Les écrits injurieux et diffamatoires, famosi libelli ,
qu’un sénatus-consulte de l’époque d’Auguste com¬
prit dans les cas de lèse-majesté32, et dont la pu¬
nition fut la relégation ou la déportation33, au Bas-
Empire la mort34.
V. Atteintes personnelles à un magistrat ou à
l'empereur. ■ — Le principe de l’inviolabilité dumagistrat,
soit patricien, soit plébéien, a passé de la République a
l’Empire, et a été étendu naturellement à l’empereur. 11
a fondé les délits suivants : 1° Le meurtre ou la tentative
de meurtre du magistrat. C’est un des cas les plus graves
de perduellio 35. 2° Les voies de fait contre le magistrat ou
rd du magistrat ne
la coercitio 31 •
l’empereur36. Les autres insultes à 1
sont poursuivies, sous l’Empire, que par
3° Les injures de tout genre, y compris les paroles, àj
l’égard de l’empereur. C'est le délit qui, dès Césai, a tu
les applications les plus variées, les plus arbitiaius,
selon le caractère des empereurs38, qui a fait le f 1 ' 1 1 - 1
victimes sous les mauvais règnes. Le caractère sa< u ' ■
empereurs a contribué à transformer toute injun 1
crime de lèse-majesté, en en faisant une impie e •
la notion générale de l’injure, signalons quelq11' Xi,l 1
cations particulières :
„ „ c oc . , i» , . j! u _ 24 Porcius Latro, Deil"1"- '
agv. 2, 5, 12; L.v. 2, 28, 1; 3, 48, 1 , 39, lo, u loi donnée par
Cat. 19. - 23 Dig. 48, 4, 4; 48, 19, 10 pr. ; C. Just . 9, 8, 5 pu ^ fWy>
César en 44 à la colonie Julia Genetiva parait aussi « coetuin, c ^ ^ jg, je;
(rationem) » (c. 10G). — 26 Dig. 48, 4, i, 1. 27 P‘9- ’ __ 28 Paul*
I.iv. 3, 53, 4; 7, 41, 3; Cic. Pro Cluent. 35, 97 ; C. Just. 9, 8,j]i9'cic. Dc i/io.
Sent. 5, 22, 1 ; Dig. 48, 19, 38, 2; 1, 12, 1, 2; C. Just. 9, 30, - ' ^ ^
2, 13, 50; Dig. 48, 4, 3. - 30 C. Th. 9, 21, 9. - « C. . Th. 9, m
— 32 Tac. Ann. i, 72; Dio. Cass. 56, 27 ; Suet. Aug. '•
les chants ( carmina ).— 33 Tac. Ann. 4, 21 ; Paul. Sent, o, *, l0J ' uj| je pour-
9, 34, I, 12. L'admission des délateurs au lieu dc la personne CS „ersonllc (Diÿ- 4"
suivre même les libelles qui no nommaient pas expiessemcn 1 ^ Cela sup'
10, 0). - 33 Dig. 48, 4, 1, I ; C. Just. 9, 8, 1 pr. - 33 QumUl. 5^. ^ ^ ,5;
pose naturellement qu'on sait qui on frappe (Dio. Cass. , t ycnec. Debenef.
Suet. Ner. 25). - 37 Gai. 3, 235. - 38 Tac. Ann. 1, 74 ; *, -1’ *• ' ne l'agent
3, 20 ; Dio. Cass. 44, 40 ;-84, 5. Commode lue des Romains i pa ■ ^ Sell <, 3,
pas Tait héritier ( Vit. Connu. 5, 15). - 39 Tac. Ann.i, 5<L < ' ^ juge ,,„i avait
29, \. Sévère Alexandre refuse de laisser accuser de les J
jugé contre une constitution impériale {l ■ Just. 9, 8, /!)•
MAJ
— 1 559 —
MAJ
I ,, p0ri des insignes impériaux, surtout de la
. ,1 • la frappe de monnaies portant l'effigie d’un
r0" |l"||( i’,.) |{ pa consultation de l'avenir pour tout ce
pl11' , l'apporte à l’État et à la famille impériale, par
r'"i dm de devins, d’haruspices, d’horoscopes, etc.3.
■em|’ llianqUe de respect aux images de l’empereur,
C
ou censé tel, commis
bt exemple un acte inconvenant,
E présence ou à proximité d’une image impériale, le fait
fondre ou de détruire une statue du prince déjà
Il fallut des rescrits de Sévère et de Caracalla
mettre à l’abri des poursuites celui qui, en jetant
consacrée
Ee pierre, avait atteint par imprudence la statue du
[prince ou qui avait vendu une statue du prince non
encore consacrée 4. D. Le refus de jurer par le genius
1 par le nom de l’empereur8. E. La violation ou la
fausseté du serment, prêté sur le nom de l’empereur 6.
Mais comme l’usage s’était introduit dès le commence¬
ment de l’Empire de jurer per genium principis\ et
qu'il y aurait eu alors trop de poursuites de ce genre, on
finit par ne plus frapper que de peines légères l’abus de
ce serment8. F. L'adultère commis avec une princesse
delà famille impériale9. G. La violation du droit d’asile
du culte impérial et plus tard des églises chrétiennes 10.
■ VI. Violation des devoirs civiques religieux. —
1° Sous la République, nous trouvons d’abord, dans cette
catégorie, la divulgation illégale d’oracles sibyllins et la
négligence à l’égard des cultes publics dont le service
incombe à des particuliers 11 .
I 2° La République a dû, dès le début, à plusieurs
reprises, prendre d’énergiques mesures de police, con¬
fiées aux magistrats compétents, édiles et préteur
urbain, contre certains cultes étrangers, surtout contre
les cultes égyptiens d’Isis et de Sérapis, non pas pour
des raisons religieuses, mais à cause des désordres qu’ils
provoquaient12. C’est à causecles crimes de toutes sortes
qu’elles avaient favorisés qu’en 186 av. J.-C. le Sénat
avait dû soumettre à une réglementation très sévère les
associations consacrées au culte de Bacchus13. Sous
1 Empire, la préoccupation de maintenir l’ordre public a
également amené l’interdiction, sous les peines les plus
graves, la mort pour les humiliores , la déportation pour
les honestiorcs , d’introduire dans le monde romain de
nouveaux dieux et de nouveaux cultes14.
I 3° Devant les progrès des religions étrangères, surtout
du judaïsme et du christianisme, les empereurs, attachés
a tradition romaine, ont été amenés à reconnaître et à
punir un nouveau délit, celui de violation de la religion
■ationale. Nous n’avons pas à étudier ici les bases juri-
■ques des persécutions contre les chrétiens. Indiquons
Bimploment les points essentiels. 11 y a un fait certain,
33 lf, Il '.r> ***’ 3 I Vif. Aurel. 42; Vit. Tac. 10; C. Just. 1,
mcs | ( ' ‘K •SlT0n frappa un de ses procurateurs qui s'était baigné dans des ther-
3,
Se i
Senc<
i .. l|" «ieses procurateurs qui s était Daigne dans ues
Æ ÏP5r1Ui(SUet- Ner' 35)- - 2 Paul- s**t- MM; Tac. Ann. 2, 30; 3
t; Anin ’ ° Tertull. Apol. 35 ; Coll. leg. mos. et rom. 15, 2, 3 ; Vit.
Dcl„ nTl *4’ 3: 1-3 ; 19’ 12' 5- 9-12; 29, 4, 7.] - 3 Dio. Cass. 79, 4. - 4 S
24 ; 77 i6.’ÿ'; Tac-j4nn- b 13, 74; 3, 36,70; Suct. Tib. 58 ; Dio. Cass. 67, 10; b
-’s s, !!' 5eBer,14i Vit. Carac. 5 ; Dig. 48, 4, 4, 1 ; 48, 4,5,6; 47, 10,3
1,80; ||op E ■ ~ 6 Taa. Ann. 1, 73; C. Just. 9, 8, 2. — 7 Dio. Cass. 4
— 9 Sous \J,P' *’ 2’ 16 1 Suct' Cl™d. 2; C. Just. 4, 1, 2. — 8 Dig. 12, 2, 13,
I, 12, 2 __ïf"Slc : Tac- Ann- 6 53 I 3, 24; 4, 44; Dio. Cass. 58, 24. — 10 C. Jus
flnliir. », - _ i ‘,°nys- b ; Zonar. 7, I l ; Val. Max. 1 , 1, 13 ; Fcst. p. 3 44 ; Cic. Pi
f,;U'°.Cass 4o >■ ' *’ 30 ’ ”3, 1 > Val. Max. 1, 3, 2-4; Terlull. Ad nat. 1, 10; Apc
?3;Tar \n ' V ^ 6; Joseph, Ant. 18, 3, 4; Arnob. Adv. nci
l5i Corp. inj""' f’ S5’ Scncc' Tib ' 3G; cf. Cic. De leg. 2, 8, 19. — 13 Liv, 39,
* Marc-Auri,]4’. aL '* 196- ~ 14 Paul- Sent. 5, 21, 2 -, Dig. 48, 19, 30 (reset
'5‘ Mécène (52 'os conso'ls à Auguste (|uc Dion Cassius met dans la boucl
j. — lof lin. Ad Trai. 96, — IG Pliu. Ad Trai. 96 ; Just. Apol.
c’est que les chrétiens ont toujours été poursuivis et
condamnés comme chrétiens et non pas seulement comme
coupables de crimes de droit commun. La loi romaine a
frappé la profession même de christianisme {nomen
ipsum Christiani), indépendamment des flugilia cohae-
rentia nomini 1;;, c’est-à-dire des crimes connexes qu’on
reprochait aux chrétiens, débauches, magie, détention
de livres dangereux16. Dans le délit de christianisme,
Tertullien distingue avec raison deux éléments essentiels,
la lèse-majesté et la lèse-religion nationale, le crimen
laesae romanae religionis , ou in religiosilalis elogittm
qu’il appelle aussi encore plus improprement sacri-
legium ”. Ces deux éléments sont indissolublement liés,
puisque la négation des dieux de l’État entraîne chez les
chrétiens le refus de prendre part aux cérémonies du
culte public, de sacrifier au génie de l’empereur, de
reconnaître la divinité impériale. C’est pour cette raison
que les chrétiens, n’ayant pas l’excuse de constituer une
nation, ni d’avoir une religion nationale, considérés en
ce sens comme athées (aôcoi)18, sont tombés dès le début
sous le coup de la perduellio et ont été traités comme
des ennemis publics, hostes publici 19, qu'ils fussent ou
non citoyens romains. C’est pour la même raison que
l’État romain a frappé la conversion au judaïsme [jidàei,
р. 629] et qu’une loi de Dioclétien a puni les manichéens,
les chefs du bûcher, les disciples de la mort ou de
l’envoi aux mines selon leur rang20. Quant aux peines,
ajoutons seulement ici qu’elles frappent non pas exclu
sivement, mais surtout les chefs, et que l’apostasie du
chrétien lui procure la remise de la peine21.
Après la victoire complète du christianisme, les empe¬
reurs chrétiens, après avoir interdit aux païens l’exercice
public de leur culte, leurs sacrifices, leurs réunions,
prononcent contre les délinquants la peine de mort avec
la confiscation des biens et, en 392, Théodore et Arcadius
finissent par les assimiler aux criminels de lèse-majesté.
On frappe également delà peine de lèse-majesté le chré¬
tien qui passe au judaïsme. En 386 Valentinien menace
aussi de cette peine les catholiques qui troubleraient
l’ordre public par leurs querelles avec les Ariens82.
Examinons maintenant les règles qui sont particulières
au crime de lèse-majesté. Il suppose nécessairement
l’intention coupable, dolus tnulus23. On assimile généra¬
lement au fait la tentative, même la simple résolution
coupable; cependant le juge doit examiner les circons¬
tances pour l’apprécier 24." Les instigateurs et les com¬
plices, qu’embrasse la formule cujus ope consilio , sont
punis comme les auteurs principaux, mais généralement
de peines moindres 2S. Quelquefois 26 la non-révélation
a été punie comme la complicité, [mais cela ne parait
Il ; Euscb. IJist. ccclcs. 4, 15, 21, 25; 5, 1, 20. — 17 Apolog. 10, 21, 27, 28; A de.
nat. 1, 17; Ad Scap. 2; cf. Ruinait, Acta sincera, p. 82 ( Acta Symplior.), p. 87
(Acta martyr. Scillil.), p. 150 (AcCn Pion.), p. 217 (Acta Cyprian.). — 18 Jusl.
Apol. 1,6: Alhenagor. suppl. c. 4; Clcm. Strom. 7, 1, 4.— 19 C'est une expression
courante : Tertull. Apol. 2, 24; Lactant. De mort, persec. 11 ; Ruinart, L. c. p. 217.
_ 20 Cod. Gregorian. cil. Haenel (287). — 21 Le rcscril de ValOrien de 258 puuit
de la mort les évêques, les prêtres et les diacres, de la perte de leur rang et de la
confiscation des biens les sénateurs, les egregii et les chevaliers, de la confiscation
du pécule et de l'envoi sur les domaines impériaux des esclaves impériaux, de la con¬
fiscation et de l'exil les femmes (Cyprian. Ep. 80). Le troisième édil de Dioclétien
s'attaque surtout au clergé (Lactant. De mort. pers. 15); Trai. Ep. 97;
Euseb. Hist. eccl. 5, 1, 47; Orig. In Cels. 2, 13; Ruinart, L. c. p. 87.
— 22 C. Just. I, 11, 7; C. Th. 16, 10, 1-19; 16, 8, 19; 16, 1, 4. - 23 [)ig.
48, 4, 1, 1 ; 48, 4, 3 pr. § 1 ; 48 , 4, 10. — 24 Dig. 48, 4, 7, 2; cf. 49, 16, 3, 11 ;
с. Th. 9, 14, 3 (C. Just. 9, 8, 5 /»•.).] - 25 Dig. 48, V, 1, § I, 3. Cependant la loi
d’Arcadius el d'Honorius leur inlligc les mêmes peines (C. Jusl, 9, 8, 5, § 6).
— 20 Zosim. 4, 8.
MA J
— 1560 —
être devenu qu'au Bas-Empire une règle générale *].
La peine est plus grave quand le coupable est un sol¬
dat 1 2 3 *. [Au Bas-Empire, on punit la sollicitation en
faveur du coupable *]. La loi Julio, confirmée par les
règlements ultérieurs, admit par exception non seule¬
ment à déposer, mais même à intenter l’accusation, les
personnes perdues de réputation (les famosi), les sol¬
dats, les femmes et même les esclaves contre leurs
maîtres, et les affranchis contre leurs patrons*; l’accu¬
sation ne fut interdite aux esclaves et aux affranchis qu’à
de rares intervalles, par exemple sous Nerva, Tacite et,
pendant quelque temps, sous Constantin5. Les délateurs
et les accusateurs sont, en général, encouragés par une
prime considérable, prélevée sur les biens confisqués 6 *
[calumxiaj. Ceux qui ne peuvent prouver leur accusation
sont soumis à la torture et frappés des peines les plus
graves '. [L instruction de l’affaire admet aussi des
moyens de preuve exceptionnels : ainsi Tibère, peut-
être a limitation d'Auguste8, trouve le moyen de tour¬
ner les anciens règlements qui défendaient de soumettre
a la torture les esclaves de l’accusé 9 ; cette pratique est
consacrée au me siècle10; d’après un texte suspect11,
elle aurait été abolie par l'empereur Tacite, mais elle a
été certainement remise en vigueur au Bas-Empire, sauf
une courte interruption sous Constantin 12. La torture
est admise également de bonne heure contre les accusés,
sans distinction de rang 13, et au moins à partir de Cons¬
tantin u, peut-être auparavant contre les témoins. Plu¬
sieurs constitutions impériales interdisent Yabolitio et
1 amnistie en cette matière 13 [abolitio, indulgentia].
Sous la République, la pénalité était très variable ; il
dépendait du magistrat de qualifier le délit de capital ou
de non capital ; les tribuns ont surtout fait infliger des
amendes judicia publica, p.648' ; la peine de mort dispa¬
rut dans la procédure des quaestiones perpetuae ; la peine
de la loi Cornelia et de la loi Julio était Yaquaeet ignis
interdictio , c est-à-dire l'exil perpétuel, en dehors du
territoire de l'Italie 16, avec la mort en cas de rupture du
ban 1 ; quiconque recevait l'exilé sur le territoire inter¬
dit s exposait aussi à la mort sous la République18, aux
peines de la le x Julio de vi privata sous l’Empire 19. Le
condamné gardait régulièrement le droit de cité et sa
fortune20. Mais, dès le début de l’Empire, il y a des chan¬
gements considérables dans la pénalité ; l’empereur, le
Sénat et les nouveaux magistrats impériaux peuvent
appliquer des peines arbitraires. A partir de César et
d Auguste, Yaquae et ignis interdictio s’aggrave de la
1 Aor. Just. 117, 9; la loi de C. Just. 9, 8, 5, § 7, d'Arcadius accorde la grâce au
complice qui révèle le crime même tardivement, avantqu'il ne soitconnu autrement. J
— 2 Dig. 48, 4, 7, §4. — [3 c. Th. 9,14,3, 1.] - 4 Dig. 48,4, 7 pr. § 1-2; 48, 4,
8; 5, 1, 53; Tac. Ann. 2, 30; 3, 22, 07 ; Paul. Sent. 5, 133; C. Just. 9, 8, 0, 1 ; 9, 41,
1 pr. ; C. Th. 9, 6, 2. — 5 Vit. Tac.; l)io. Cass. 08, 1; C. Th. 9, 5, 11. — 6 Tac.
Ann. 4, 20, 30 ; 10, 14, 33 ; C. Just. 9, 8, 5. — 7 C. Th. 9, 5, 1 ; C. Just. 9, 8, 3.
— [* Dio. Cass. 55, 5. —9 Tac. Ann. 2, 30; 3, 07; 4, 29. — 10 C. Just. 9,8, 6; 9,41,
1 pr.; C. Th. 9, 0, 2; Dig. 48, 4, 7, 2 ; 5, 1, 53 ; Paul. Sent. 5, 133. — 11 Vit. Tac.
9,4—13 C.Just. 9, 8,7-8; C. Th. 9, 5,/. un. ; 9, 6, 1, 2— 13 Dio. Cass. 00, 24; Tac.
Ami. H, 22; 15, 5G ; 10, 20; Suel. Aug. 19; Dom. 8; Paul. Sent. 5, 29, 2; C. Th.
9, 5, 1 ; 9, 35, 1 ; Ammiau. 19, 12, 7; 18, 3, 5; 21, 10, 9; 20, 10, 5; 29, 2, 25-28;
C. Just. 9, 8, 4. — H Dig. 48, 18, 1, 1. — 13 C.Just. 9, 42, 3; C. Th. 9, 38, 1, 2^
3' '■ ~ 10 Paul- Sent. 5, 29, 1 ; Tac. Ann. 3, 38, 50. — 17 Dio. Cass. 38, 17; 57,
27; Cic. De dom. 17, 51 ; Quintil. Declam. 248 , 290 , 305, 351 ; Julius Victor, Ars
rhet. 3, 15; Dig. 48, 19, 28, 14. - 18 Cic. Ad Alt. 3, 4; Pro Plane. 41, 97.
— 19 Paul. Sent. 5, 20, 3; Dio. Cass. 57 , 27. — 20 Cic. Pro Cluent. 03, 178; Dio.
Cass. Ep. 57, 22. Voir Mommsen, L. c. p. 978, note 2. — 21 Tac. Ann. 3, 50 ; Dio.
Cass. 53, 23 (condamnation de Cornélius Gallus). — 22 Ihid. 3, 28 ; 4, 21 , 42 ; 0, 18 ;
12, 29; 14, 28; 10, 12, 35; Dio. Cass. 59, 20 ; 00, 27; 07, 14. — 23 Suet. Aug. 51;
Tac. Ann. 1, 72; 4, 21; 0, 18; Dig. 48, 19, 24; Vit. Comm. 4, 11. — 24 Tac. Ann.
1, 53, 3, 24; 4, 44; Dio. Cass. 58, 24. Dans Suet. Aug. 27, la torture et l'exécution
MA.)
confiscation partielle ou totale21. Tibère
du droit de cité, et l’internement dans mi î '"1' 'll ^urte
c'cst-Wire la déportation », et les
appliquent aussi ces innovations. D’autre ' P m‘ae
trouve encore de simples amendes et la sj, 'T1, si 011
tion », la peine de mort reparaît dès Augn^ ,elé8a'
depuis Tibère, devant les tribunaux de l’enmer ’ M“'t0Ul
Sénat ; dès lors c’est la peine habituelle, celle doi"! ' ' ''U
et abusent les mauvais empereurs, celle qui ' , !'Senl
l’aristocratie sénatoriale 25 [judicia publica p ^
Mais cependant, dans les écrits des jurisconsultes *1
n apparaît comme la peine ordinaire et légale ïu'
iue siècle, sans doute depuis Septime-Sévère. Elle lt ^
porte la mort par le glaive pour les Aonesfwes, le bûcher
ou la livraison aux bêtes pour les humilioresu. Elle
entraîne généralement comme conséquences le refus de
sépulture, l’interdiction du deuil aux parents et aux
amis, la condamnation de la mémoire27.] 11 y a toujours
comme peine accessoire la confiscation des biens; non
seulement le testament du condamné devient nul, mais
tous les actes d’aliénation qu’il a faits depuis qu'il a pris
sa résolution criminelle sont anéantis rétroactivement 21 •
la femme condamnée perd même sa dot 29 . Non seule¬
ment le procès de lèse-majesté peut continuer après la
mort de l’accusé, mais, au moins dans les .cas les plus
graves, il peut commencer à ce moment et entraîner la
condamnation de la mémoire et la confiscation ; cette
dernière est ajournée, si l'héritier se propose de démon¬
trer l’innocence du défunt10.
Contrairement aux principes du droit commun qui ne
permettent pas d’étendre la peine aux héritiers du cou¬
pable 31, [Sylla avaitétendu l’infamie aux descendants des
proscrits et les avait exclus des magistratures; César
avait fait supprimer cette iniquité32, et elle ne reparut
point au Haut-Empire, sauf à certains moments, sous
Tibère, Néron, Commode 33.] Au Bas-Empire, une consti¬
tution d’Arcadius, en 397 3t, abrogea la loi de Théodose
qui laissait aux enfants et petits-enfants le sixième des
biens confisqués, rétablit la confiscation totale \ et de
plus infligea aux fils l’infamie, la confiscation de leurs
propres biens, l’incapacité de recueillir désormais aucune
succession, en un mot, une indigence perpétuelle , les
filles gardaient la quarte Falcidie sur les biens de leur
mère, morte avec ou sans testament ; la femme repu 11,11
sa dot et, sous certaines conditions, les dons faits te 11 011
conjoint. [Dans une novelle de Justinien36, le ciune ^
conspiration contre l’empereur autorise le 111,11 1
du préleur Quintus Gallius ne constituent pas un jugement. 2 , 1 aiil - ] ^
C. Just. 9, 8, 5 pr.; Jnstit. 4, 18, 3. — 20 Paul. Sent. 5, 29,, J' [, j, 1
11, 3 ; 11, 7,35; 31 , 76, 9 ; Suet. Tib. 0 1 ; C. Just . 1 , 5, 9.] — 2 Tacj ? '[ ' r/j
1 ” > - - ’ ' , , n a s nr SV, t.
Hist. 1, 77 ; Dig. 28, 3, 0, §§ G cil 1 ; 40, 9, 15 pr. ; C. Just. J, », 0 J ^
9, 42, 2, 4. — 29 Dig. 48, 20, 3. — 30 Jnstit. 4, 18, 3; Dig. 48, 4, U ; j ^ ^ ^
C. Just. 9, 8, 0 (rcscrits de Marc-Aurèle, de Sévère et de Caiacal a). ^ pe
19, 20 et 20. — [32 Cic. Pro Pose. Amer. 44, 50 ; Verr. 1, 47 ; Pro ^ ^ j
nat. deor. 3, 38 ; Dionys. 8, 80; Senec. De ira. 2, 34. — 93 Tac. ^ ^ g, 5.
Xer. 30; Tib. 6 1 ; Vit. Comm. 7; Dig. 48, 19, 20 et 20.J — ,, , _ Bibuo-
— 33 C. Th. 9, 42, 8, § 3, 23; C. Just. 9, 49, 10. — [3G Aor. I 18Jg.
graphie. Dierck, Geschichte der rom. Afajcstas , Hist. 1 ' '.'jj,., Die ge>sc,r,t
llaubold, De lege majestatis populi romani, Leipzig, 1,0 ' Qr\minoJfr0-
Lehre von Majestas, Slullgarl, 1838; Geib, Geschichte s ^ (g44, p. »04”
cesses , Leipzig, 1842; Rein, Das Criminalrccht der Dôme) , 1 ^ isii; Labo11*
597; Rivière, Esquisse de la législation criminelle des Dnm.lie^s'
lave, Essaisur les lois criminelles des Domains, Paris, 18*5, ilicierrôiiùsc^en
gesch. Leipzig, 1857-59, 1, § 33 ; II, § 1 1 1 ; [Zumpt, Das Ci contre h1
Bonn, 1800, t. II, n° 803; Mommsen
, p. 444-49D ; yvaiiGi, g.,
imsen, Piimische, StrafrecM , Le.pz.g,1839-1
MAL
— 1561
MAL
, c0Upable à la répudier et à garder sa dot, la femme
fcBOJ'i1, j able à divorcer et à garder sa dot et la do-
dl' v,n" nropter nuptias.} G. Humbert. [Cii. Lécrivain.]
"CaEFICIUM [devotio, magia].
' vi i l’OLUS. — L — Diminutif de malleus.
)! Trait incendiaire, en grec uTtepoç, en usage dans
ajnsi nommé à cause de la ressemblance avec
l6S ni iillet ou avec un pilon, que lui donnait le paquet
l‘""upe destinée à être enflammée qui enveloppait
r xtrémité pointue ou hérissée de fer de la tige. Ammien
Mm-cellin1 en compare aussi la forme à celle d’une
uenouille. H ajoute que le roseau dont la tige était faite
un renflement creux rempli de matières inflam-
a.ibl(,s. Ailleurs2 le malleolus est défini une gerbe de
toics enduite de poix. Le même engin, chez les Grecs, est
insi décrit3 : « H faut préparer des morceaux de bois
pareils à des pilons (oiov u-n-spa), mais beaucoup plus
grands, et faire entrer dans chacune des deux extrémités
une longue pointe de fer ; puis, vers le haut et vers le bas,
il faut recouvrir le bois avec des matières incendiaires
bien préparées, et la figure doit être semblable à celle de la
foudre telle qu’on la représente. » On a déjà signalé ailleurs
[fülmen, p. 1358] celte ressemblance du foudre figuré sui-
les monuments avec le trait incendiaire. E. Saglio.
MALLEUS, Sepîîpa, marteau, maillet. — I. — Le mar¬
teau, composé d’une tête et d'un manche, en bois ou en
métal, est un des outils les plus nécessaires à l'industrie et
en même temps un des plus simples, par conséquent un
des plus anciens. Une légende en attribuait l’invention
au premier roi de Chypre, Cinyras, qui aurait aussi donné
à ses sujets les tenailles et l’enclume1. En réalité, cet
outil a dû remplacer, dès l’apparition du bronze et du
fer, le marteau en pierre de l'humanité primitive 2. Chez
les Grecs ctfüpa semble avoir été un terme générique3;
ils désignaient plus particulièrement sous le nom de
«oToupl; un marteau dont la tête était pointue à l'un des
deux bouts4 ; le nom de la xéarpa indique qu’elle avait
aussi une pointe6 ; dans le Jatsrfip la tête n’avait qu’un
seul bout fait pour frapper G. Chez les Latins, à côté de
la forme malleus1 on rencontre aussi la forme tnarcus,
avec ses diminutifs marcellus , marculus, marceolus et
martiolus 8. Le mot ludes parait avoir été plus rare9. On
appelait rostrumlà partie saillante du marteau, qui devait
être trempée 10.
Il serait long d’énumérer tous les métiers dans lesquels
le marteau jouait un rôle ; cependant, comme sa forme et
ses dimensions variaient suivant les besoins de chacun
deux, nous rappellerons ici quelques-uns de ceux qui en
faisaient usage, en renvoyant aux monuments figurés où
d est représenté. Entre beaucoup d’autres nous citerons :
1° Ceux qui travaillent le métal: le forgeron [caela-
TlRA’ éclopés, ferrum, folus, incus] Le marteau appa¬
raît très souvent sur les bas-reliefs et les vases peints
comme attribut de Vulcain et des Cyclopes velcams,
cyclopes]. On voit ici deux marteaux de forgeron con¬
servés au Musée de Semur; ils ont été trouvés, l un
(fig. 1792) dans des mines de la Côte-d’Or autrefois exploi¬
tées par les Romains, l'autre (lig. 4703) dans le départe-
Fig. 47112.
Fig. 4793.
Marteaux de forgeron.
ment de l’Indre l2. Le fondeur [caelatera 13 ; le ciseleur
( ibid .) 14 ; le chaudronnier ( ibid .) 15 ; l'armurier (ibid. et
incus] 16 ; le coutelier [celter] 11 ; le frappeur de monnaies
[inces]18; l’orfèvre [aurifex, caela-
turaj 19. 2° Le carrier, le tailleur de
pierres, le marbrier [architectes, la-
pidarius, fossor] 20 et le sculpteur
[gemmae]21. Un marteau de mineur
(fig. 1794) a été retrouvé dans une
ancienne exploitation romaine du
département du Gard; d'autres à peu
près semblables dans des mines d'Es¬
pagne'22. 3° Le charpentier, le menuisier [argo.naetae,
daedalus 23, arca24]. Les figures qui accompagnent les
articles sur les diverses professions montrent que la plu-
Fig. 4794. — Marteau
de mineur.
Fig. 4795.
Fig. 47 9 G.
Marteaux.
Fig. 4797.
part des marteaux qui leur sont nécessaires étaient connus
des anciens et n’ont guère changé de forme. On vient d’en
voir qui ont servi aux travaux de la mine et de la forge.
Nous réunissons ici d’autres exemples. Un marteau en
Fig. 4798. Fig. 4799.
Marteaux.
fer, à tète ronde d’un côté et à tranchant de l'autre
(fig. 4795), est conservé au Musée de Naples**. Dans
les autres, que représentent les figures 4798 et 4799, 1 un
à pic, l’autre à tranchant, proviennent tous deux des
,V ;VLLE0L^- 1 XXIII, 4, 14. — 2 Non. Marc. s. V. p. 556. Voir encore Veget.
j . 8; Paul- Diac- s- v. ; Vitruv. X, 16 (22), 9 ; Tit. Liv. XL1I, G4. — 3 Aeneas, n»s
XXXUI, p. 132, éd. KSclily et Rustow, Leipz. 1853.
#nciV,i.'"'n01'S *a lraduclion du passage d'après T. -H. Martin, La foudre chez tes
'l\l i ' ' 'r' P 389, 1U1 t*°‘1 ^re consulté sur cette matière,
les ,1] * PRn' Hi*t. nat. VII, 195. — 2 Nombreux marteaux en pierre dans
p. 6> | i l°"’ P1 ^historiques : S. Rcinach, Descr. du Musée de St-Germain-en-Laye,
Uician ]i'3' S|'’ — 3 Her°d. I, 68; Arist. Gen. anim. V, 8, p. 789 B, Il ;
V|| :i03 j-0"1' 2 ; Dial- mer. VI, 2 ; Apoll. Rhod. 1, 734; II, 81 ; Acscbyl. ap. Athen.
Vl. iii 1 0m- 0d- nb *34; PUit. Parait. Gr. et Rom. 35, p. 3I4D ; Anthol. Pal.
p’jjl’u' 1; 205> 3 ; Phot. p. 561, 12; Poil. X, 146; Plut. Rom. fort. 9,
,83; Iles T ^ licsycl‘- s- »•> Poli. X, 147, 183; Vil, 106. — B Poil. X, 160 et
Dian 5,i'C.l1j *• ”• ~ 6 Hom. R. XVIII, 477; Aescli. Prom. 55; Callim. Hymn. in
’ uU Ù««es<. cotiv. 111, 6, 4, p. G54 F ; Anthol. Pal. VI, 117, 1 ; Vil, b,
I ; Scvmn. Clii. Perieg. 260; Poil. X, 147; Hesych., Suid. s. r. ; Appiau. Rai. V,
153. — 7 Plaut. Me n. Il, 3, 52 (403); Bpid. III, 4, 87; Merc. II, 3, 57 ; Plin. Hist.
nat. XVII, 125; XXXIV, 94; Front. Ad M. Caes. IV, 3; Isid. Orig. XIX, 7, 2.
— 8 Isid. L. c. ; Lucil. Fragm. 86 incert. Millier ; Mari. XII, 59, 6 ; Plin. Hist. nat.
VII, 195; Pelron. 51, 4; Isid. Orig. XVI, 16, 6. — » Lucil. Aetna. 561 ; Fcst. s. r.
Tuditcs, p. 352 B, 30. — 10 Plin. Hist. nat. XXXIV, 144. — 11 Fig. 928, 2258,
2956, 2964, 2965, 2967, 2968, 2969, 2970, 3132, 3134, 4033, 4035, 4036.
— 12 Daubrée dans la Ree. archéol. 1881, p. 338 et 343. — 13 Fig. 937,
983, 939. _ 1* Fig. 942. — 13 Fig. 951. — 16 Fig. 954, 4034. — 17 Fig. 2112.
— 18 Fig. 4041, 4042 , 40 43. — Fig. 659, 661, 662, 876, 943. — 20 Fig. 466,
4 3 4 j _ 21 Fig. 3520. — 22 Daubrée, L. c. p. 347. — 23 Fig. 504, 2278,
2281. — 24 Fig. 453. — 23 Ceci, Piccoli bronzi del Museo di Napoli, pl. x, 21.
Voy. un marteau du même genre, dont le tranchant est brisé, Carapanos, Dodone,
pl. lui, 4.
MAN
— 1564 —
MAN
la formule'. De bonne heure le tuteur a pu aliéner les
biens du pupille par mancipation2.
On voit ainsi qu à l’époque classique la mancipation est
une vente imaginaire appliquée aux meubles et aux
immeubles. A-t-elle eu ces caractères dès le début? On
s’est demandé d’abord si l’emploi de la balance et du
cuivre n avait pas été précédé par le simple échange, par
le troc. Nous n avons là-dessus aucun renseignement. La
mancipation s'est-elle appliquée dès l’origine aux
immeubles? On le nie généralement pour la raison qu’à
l’époque classique, il n’y a même pas de simulacre
d’appréhension pour les immeubles3, alors qu’elle est
nécessaire pour les meubles ; mais rien n’empêche d’ad¬
mettre qu'originairement on ait représenté l’immeuble
par un morceau de sa substance, le champ par une
motte; en réalité, cette question est subordonnée à la
question plus générale du caractère de la propriété fon¬
cière aux origines de Rome [mancipium]. La mancipation
commença certainement par être un acte sincère, une
vente au comptant avec appréhension de la chose et
paiement du prix en lingots pesés; la vente à crédit, qui
ne parait pas avoir été admise par l'ancien droit grec4,
ne dévait sans doute pas l'être non plus par le droit
romain. Longtemps après la création de la monnaie, on
continua vraisemblablement à peser les lingots mon¬
nayés '. Puis, lorsqu on eut une véritable monnaie
d’argent, la pesée devint un simulacre ; on se contenta de
toucher la balance avec une pièce6. Enfin la vente devint
purement imaginaire lorsqu’on eut besoin d’aliéner sans
recevoir de prix, par exemple pour la constitution de dot
et la vente à crédit; dans ce dernier cas, au lieu de payer
comptant, l'acheteur put fournir une caution ou peut-
être engager son travail, ses operae, sous la forme du
nexum '. La loi des Douze Tables sanctionna probable¬
ment ces transformations par la règle suivante : « Cu/n
nexum faciet mancipiamque, uti lingua nuncupassit ,
ita jus esta 8 ». On a donné de ce texte toutes sortes
d explications. S'agissait-il de donner force légale à toutes
les clauses9 insérées dans la déclaration? C’est peu
probable, car on verra justement que certaines clauses
ont toujours été exclues. L'hypothèse que la loi aurait
assimilé les déclarations des plébéiens à celles des patri¬
ciens est tout à fait invraisemblable. Il est plus simple
d admettre que les Douze Tables reconnaissaient l’acte
comme valable, même sans pesée réelle, même sans
paiement immédiat, pourvu que les paroles sacramen¬
telles fussent dites10.
Quels étaient les effets de la mancipation ? D’abord elle
transfère la propriété quiritaire à l’acquéreur, pourvu
que l'aliénateur soit propriétaire. Mais elle ne rend pas
obligatoires toutes les clauses accessoires, les leges man-
eipii ; sans doute on peut indiquer le prix, l’objet, la
contenance de l'immeuble, l'absence de servitudes
( fundus uti optumus maximus ), les qualités de l’esclave,
1 Gai. 3, 1 67 . — 2 Voir Gérardin, La tutelle et la curatelle dans
l ancien droit romain ( Nouv . Rev. hist. de droit , 1889, p. 1-20) — 3 Gai.
1, 121 ; 4, 17, 131 a; Ulp. Me g. 1, 9,6. — 4 Stob. Floril. 45-, 21 (loi de
Charondas). — 5 Gai. 1, 122 ; 3, 174 ; Plin. Hist. nat. 33, 3 ; Liv. 6, 14. — 6 Fest.
s. v. Modus; \arr. De ling. lat. 5, 34, 163. D'après lhering, cet acte aurai! eu pour
but de vérifier la pureté du métal au moyen du son. — 7 Voir Cuq, Institutions juri¬
diques des Romains, p. 262. — 8 Fest. .s. v. Nuncupata. — 9 Alors le texte de
Gaius {Di g. 2, 14, 48) se serait appliqué d’abord à la mancipation. — 10 Girard,
Manuel de droit romain , p. 278-285. — il Dig. 21, 2, 75 ; 50, 17, 77. — 12 2, \, 41,
texte très controversé. — 13 Paul. Sent. 2, 17, 4. — U paul. Sent. 2, 17, 1 et 3;
\arr. I)e re rust. 2, 10, 5. — 1“ Girard, La garantie d'éviction dans la vente
de l’animal, mais on ne peut insérer ni tP,m .
Don» [lex, p. 1108-1109]. La mancipation n ,'" C°ndi-
différence de la tradition, transfère, la p,w v‘L‘ àla
le prix n’a pas été payé? Ce n’est pas probal L
des Institutiones de Justinien12 dit ( ' ’ le texte
depuis la loi des Douze Tables, la in-opi-îôi ^ep<‘ndanl.
transférée sans paiement si . i ° peul ê‘rc
laction, ou, à une époque postérie
acheteur a donné
"ue salis-
est remis à sa foi. En second lieu
sterieure, si le vendeur s'
en
si i immeuble n’a pas
la contenance indiquée, l’acquéreur a l’action 1 ,
«O* »“ de la valeur de ce q„i
troisième lieu, il a le droit de vim dicere à quiconol
méconnaît son droit, soit par une rei vindicatio contr
tmrs qui possède la chose comme propriétaire, soit m',.
une contra vindicatio quand c’est un tiers qui la reven1
dique. Enfin il a le droit, quand il a subi une éviction
avant d’être protégé par l’usucapion, de réclamer à l’alié-
nateur le double du prix, par une action sans doute très
ancienne, par Yactio auctoritatisu. Cette action résulte-
L-dle naturellement de la mancipation ou d’un engage-1
ment spécial? On y a vu plutôt, avec raison, la sanction
d’un délit commis par l’aliénateur qui n’a pas défendu
l’acquéreur contre la tierce personne13. Mais sa respon¬
sabilité cesse quand l’acquéreur a joui de la chose
pendant un an. Il y a exception à l’égard des étrangers,'
d’après la règle : adversus hostem aeterna * aucto-
ritas 10 ; l’étranger et le citoyen sont tenus indéfiniment
l’un envers l’autre ; mais on ne sait pas exactement de
quelle catégorie d’étrangers il peut s’agir ici.
On trouve souvent dans les mancipations l’indication
du prix fictif d’un sesterce, d’une pièce ( sestertio nummo
uno), par exemple dans des donations, des testaments per
aes et libram , des aliénations fiduciaires11, dans la
coemptio de la femme, dans le paiement per nés et
libram'*. Elle s’explique le plus souvent par ce fait que
le prix était réellement fictif; mais dans certains cas, par
exemple dans une aliénation fiduciaire19, il devait y avoir
un prix réel; si donc on indiquait alors un prix fictif,
c’était pour réduire l’action de garantie, Yactio uucton-
tatis, à une somme illusoire20. Cette action remontait
évidemment à une époque où la mancipation était une
vente au comptant. Elle existe encore à l’époque clas¬
sique21. Elle a lieu de plein droit22. Elle fait défaut quand la
mancipation n’est pas valable ; alors le vendeur s engage
par contrat verbal, pour le cas d’éviction, à payer, soit &
double du prix ( stipulatio duplae ), soit la réparation u
préjudice ; ainsi nous trouvons la stipulatio dup ne
quand des pérégrins aliènent des choses mannpi^
mancipent des immeubles provinciaux, ou quand , s V
d’objets précieux23 [stipulatio duplae]. Il faut disli"n11^
de la stipulatio duplae une promesse plus ancn
repromissio ou, avec cautions, la satisdatio ^ 1 '
' . . , rone-a^enieni
mancipium , où les cautions garantissaient ‘ |it
de l’aliénateur 24 [satisdatio], A la mancipation est
. i,ii 50*5 ; ^
■, p. 33. - Cic. De off. 1, 12. - 11 Corp . c.i
), 10241, 102*7; Permet, 1888, p. 157 ; Gnech. j' ,113;
_ _ . . _ n- IKI.lKg. — 10
., GeM. ^ rN
\e Maitci^'0 »■
/ledits, 3, 229; Bechmann, Der Kauf, 1, 222, i.ois», -c ju paul, 31 lf
. 159. — 21 On y rapporte les textes des livres 80 d'Ulpien, ' p «3,
ulien. Voir Bechmann, L. c. p. 103-123; Lenel, Edictum peu ^ M_u.prre.
28. — 22 Plaut. Pers. 4, 3, 54; Curcul. 4, 2, 8; 5, 2, 66- 1 : •>> ’ f(, rust,
consensuelle .
10231, 10239.
Zeitschr. d. Savigny-Stift , 9, 1888, p. 60-97, 1 51-1 5-.
3, 174. — 19 Corp. inscr. lat. 2 , 5042, 1. 15. — 20 lhering,
Kauf, 1, '-ci9t'
P
Julien,
428.
2, 3, 112-115; Poen. 4, 2, 74-78. — « Dig. 21, 2, 37, § , ^
10, 5; Corp. inscr. lat. 3, 037, 94t. — 21 Cic. Ad Alt. 5, 1,
2, 5042.
lut.
MAN
— 1 563
MAN
, «niril de fiducie1. Celte alienation fiduciaire
injnt le COnirai uc
J , «vir ainsi à réaliser un gage, un prêt a usage, un
peut m 1 ^
■ La nia nd pati on n’avait lieu régulièrement qu’entre les
[ mies qui pouvaient avoir la propriété quiritaire,
i;PO ipe citovens romains, les Latins coloniarii et
, ■„„/ et les pérégnns pourvus du commercium 3 ; par
11 pour les fonds provinciaux elle était nulle;
! jant l’acte pouvait tout de meme transférer la
C'P, s’il renfermait une tradition valable4. C’est
î propi iei«, » 11
obablement pour la même raison qu on trouve appli¬
quée à des choses nec mancipi 5 la mancipation qui, dans
ce cas, était théoriquement nulle6.
I mancipation était donc le mode par excellence
d’aliénation et d’acquisition des choses mancipi , indé¬
pendamment de la tradition qui ne suffisait pas 7. Depuis
la rédaction de l’Édit du préteur, les choses mancipi qui
pouvaient être transférées par Vin jure cessio pouvaient
aussi à la rigueur être transférées par la tradition 8 ; mais
encore sous Dioclétien et Constantin, la mancipation est
le mode normal d’aliénation des choses mancipi. Les
parties peuvent la réaliser sans déplacer, sans avoir la
possession9. Elle figure encore à la date de 355 l0. Mais
elle disparaît avant Justinien, à l’époque où on décida
que, même pour les immeubles, il n’y aurait plus transla¬
tion de propriété sans tradition11.
La mancipation figure fictivement, comme formalité
nécessaire : 1° dans le testament per aes et libram
[testamentum] ; 2° dans le nexum [nexum] ; 3° dans le
paiement per aes et libram [solutio] ; 4° dans l’adoption
[adoptio] ; 5° dans l’émancipation [emancipatio] ; 6° dans
la cession in mancipio des personnes en puissance et
des femmes in manu ; 7° dans le mariage par coemptio
[matrimonium]. Dans le contrat de société elle peut servir
à un des sociétaires à effectuer sa mise. Elle fournit un
expédient pour constituer toutes sortes de servitudes12
[servîtes]. Elle est encore employée dans la restitution du
fidéicommis universel au fidéicommissaire par l’héritier
fiduciaire1’. Ch. Lécrivain.
MAA’upium. — Très anciennement le mot mancipium
(de manu capere ) désignait le droit de propriété romaine;
e là \rnait par exemple l’expression mancipio dare , au
Sens ^ aüdner 1 ; mais le mot dominium a remplacé en ce
sens le mot mancipium [qui s’est cependant maintenu
Pour désigner l’esclave2].
I. — A l’époque historique, le mancipium était une
puissance ou un droit de propriété, analogue à celui du
maître sur l’esclave, mais qui s’exercait sur des personnes
libres assimilées dans une certaine mesure à des
esclaves. [Il n'y avait pas de nom technique pour les
désigner; elles étaient in mancipio , in mancipii causa ,
in servit i condicione 3. Il ne pouvait y avoir dans cette
situation que des femmes in manu ou des fils de famille.
Nous renvoyons au mot manus ce qui concerne les
femmes, l’ourles fils de famille, le mancipium provenait
évidemment du pouvoir que le père avait, à l’origine,
d’aliéner ses enfants; il pouvait les vendre ou comme
esclaves à l’étranger ( trans Tibcrim), ou sur le territoire
romain ou latin, mancipii causa, soit moyennant un prix
pour exploiter leurs services, payer une dette, soit, sur¬
tout à l’époque classique, pour faire l’abandon noxal, en
cas de délit dont il était responsable4. En outre, à partir
d’une certaine époque, ce procédé fut employé comme
expédient juridique pour obtenir des résultats artificiels,
tels que l’adoption et l’émancipation. On a conjecturé
avec vraisemblance que le mancipium avait été la forme
primitive du louage de services pour la durée du lus-
trum , pour cinq ans; d’après la loi des Douze Tables, le
fils était délivré de la puissance paternelle an bout de
trois louages5; et c’est cette série de trois ventes qui
était utilisée fictivement pour T émancipation. C’était
donc par la mancipatio , avec la même formule que pour
la vente d’un esclave, que le père de famille plaçait ses
enfants, ou ses descendants, sous la puissance (in man¬
cipio) d’un acquéreur 6.
Quelle était la situation légale de l’individu in man¬
cipio ? [Quoique assimilé à un esclave, il reste en principe
ingénu et citoyen ; l’exercice de ses droits politiques ne
parait même pas être suspendu7; cependant ce point est
controversé. Pour le droit privé, il subit la capitis demi-
nutio minima* ; il sort de sa famille, perd sa qualité
d héritier9; son mariage ne se dissout cependant pas 10 ;
il passe sous la puissance de l’acquéreur qui peut l'incar¬
cérer11, comme le prisonnier pour dettes, et pour le
compte duquel il travaille ; mais il est sous la protection
des magistrats et il y eut plus tard l’action d'injures
contre le maître qui l’avait maltraité12. Il est incapable
de s’obliger civilement. Il acquiert pour le maître13;
cependant il y avait doute pour l’acquisition de la simple
possession, parce qu'il n’était pas lui-même vérita-
ploce ' m*in*cipalc de Tarenlc, trouvée récemment, les mots mat
l.i/i ... /. Ut incluent probablement une aliénation fiduciaire (Bull.
9111 ’ diritto Mra/i« r\ .i one _ — on • ^ , .. . .
r0man0’ I896' P- 7’22- '■ 30)- - 2 Boetfi. In Top. tO,
ht. i,’ 3042 ’J’,20.!1 Paul- Sent- 2, 13; Isidor. Orig. 5, 23; Corp. i,
lp. Req. 19, 4. On la trouve sous l’Empire dans la
de droit loi j c ■new* ll» * • un trouve sous l’Empire dans la t
Dacie d,. ISO e.Sa!penSa (Lex ■ SalP- c- 22). - A C. i. I. 3, 944 (tablette
Dacio de 15g JalP- c- z-)- “ * U. i. I. 3, 944 (tablette
avec ’j°U 1 5 a vente par mancipation de la moitié d’une mai
-«uin Znna!!cesJ: - 5 c* ’• <■ 69 ati, joui ; Piin. m*t. nat. o, go,
Ulp q 77: “ ** b’ «H, 10241 ; Plin. Hist. nat. 9, GO,
soutient que les L ’ ^ Top'i0>^- Cependant Voigt (Die XII Tafeln, II, p.
nattre d’aillours man,C^ étaient susceptibles de mancipation. Il faut rc(
dpi , par a manc,Pat*on s’applique fictivement à certaines choses nec wi
familir, anx cil°yens romains, et, dans le testament per «es et Libram,
“ . «...c, ci, uaus iu lesiumeni per aes er uoram,
i '• «... . . .
0,1 '«teite aélé • i ' T ’ SenL *'
- ® Dans bcaucou''1 d°^' V°U' Girard’ ^ouv. Ben. hist. de droit, 1884, p. 3 6-
la Mition (cf r"-l> * ' lextes sur les res mancipi on a remplacé la mancipation
Sai, J, 201 _' „a'; .’ 167 et Jnstit • 3. 28, 3 ; Frag. Vat. 89 et Dig. 7, t, 13
Dai. J, 204. __ 9 p . . '“!/■ '“*• »» v. i.. y. G i, 12,
",l C. Th. i 29 ai‘ *’ lt7“: 131 “i Dig. 44, 4, 5, 2. — 10 C. Th. 8, 13
rrm«in, p. ng] “ ’ - C- Just- *. 2, 4, 3 (en 394) ; voir Girard, Manuel de c
Giraud, Becherchei .';2 PaU'' Vat' 5L ~ 13 Gai- 252- ~ Bibuocrap
Bucaurroy, insti, e dr0lt de Propriété chez les Jlomains, Aix, 1838, 1, p.
** Principe, ,,pj *' expl,<1uée*’ [’aris, 1851, I, n»< 447 et suiv. ; Pellat, Ex
(tllli' ; Ueilors h""* du(lroü ron‘ain sur la propriété, 2* éd. Paris, 1853, r
Yj ' lnanc,'pationis indole et ambitu, Bonn, 1854; Rein, Das
vatrecht der Borner, Leipzig, 1858, p. 233 et suiv.; Lcist, Mancipation und F.igen-
thumstradition, Berlin, 1865; Waller, Gcscliichte des rôm. Redits, 3c éd. Bonn,
1860, n»‘ 560-565 ; Eck, Die Verpflichtung des Verkaùfers zur Geirâhrimg des
Eigcnthums, Halle, 1874 ; Ihering, Geist des rôm. Bechts, trad. de Meulenaere,
Paris-Gand, 1880, II, p. 211-235; Voigt, Die X '.Il Tafeln, Leipzig, 1883, 11, p. 121-
203 ; Bechmann, Der Katif , 1880; Accarias, Précis de droit romain, 4* éd. Paris.
1891, I, § 63, 103, 119, 146, 196, 219, 222, 270, 272, 321 ; Cmj, Institutions juridiques
des Romains, Paris, 1891, I, p. 253-266: Girard, L'action auctoritatis ; les stipula¬
tions de garantie ; la garantie d'éviction dans la vente consensuelle (Nouv. Rev. hist.
de droit, 1882, p. 180-218 ; 1883, p. 537-592; 1884, p. 395439); Manuel de droit
romain, Paris, 2' éd. 1898, p. 104, 115, 206-207, 239, 243, 253, 277-285, 406 467.
469, 476, 509, 513, 523, 539-543, 565.
MANCIPIUM. I Cic. Ad Fam. 7, 29; Lucrct. De nat. rer. 3, 985; Senec. Ad
Lucil. 72. Mancipium a aussi pendant longtemps le même sens r|uc mancipatio.
— [2 Instit. 1, 1, 3; Ulp. Reg. 19; Gai. 2, 13. Voigt ( Die XII Tafeln, H, p. 125-
128) cite une quantité d'autres textes. — 3 Gai. 1, 138, 162; 2, 160; 3 104 114
— 4 Gai. 1, 118, 141. — b Gai. 1, 132; Dionys. 2, 27. Au C. Just. 8, 51, 20, le pri¬
sonnier racheté devient libre après avoir servi pendant cinq ans celui qui la
racheté.] — 0 Gai. t, 49, 123. —[7 Paul. Sent. 5, 1, 1 ; Gai. 1, 123, 102; Dig. 4, 5,
S. § 2. 3 Gai. 1, 162; Dig. 4, 5, 3; Paul. Diac. : Deminutus capite. — 9 Gai. 2,
135, où il faut sans Joute lire mancipatos plutôt qu’ emancipatos . — 10 Cela parail
ressortir de Gai. 1, 135. — 11 Dionys. 2, 26. — 12 Gai. 1, 141. — 13 |d. 3,
104.
197
— 1DÜÜ —
MAN
Moment possédé. Dans le droit primitif, ses enfants
naissent probablement in causa mancipii ; mais à
l’époque de Gains il n'en est plus ainsi1. Le maître peut
I aliéner par mancipation cum sua causa , probablement
aussi le transmettre dans sa succession, intenter par
rapport à lui la revendication et l’action de vol (furti).]
II ne peut faire en sa faveur aucune disposition testamen¬
taire, sans lui léguer expressément la liberté; mais,
quoique simplement alors héritier nécessaire et non
suus, le mancipé obtient du droit prétorien le bénéfice
d abstention [N'étant pas objet de propriété complète,
il ne serait pas compris dans la vente des biens faite à la
requête des créanciers du maître ; aussi on ne lui applique
pas la loi Aelia Sentia contre les affranchissements faits
en fraude des créanciers. D’autre part, le droit prétorien
parait autoriser les créanciers, à raison des dettes con¬
tractuelles du mancipé, à faire vendre les biens qu'il a
acquis au maître et qui appartiendraient au mancipé s’il
était sui juris3.] Remarquons que, dans le cas de man-
cipium fictif pour l'émancipation ou l’adoption, il fallait,
d après les Douze Tables, trois mancipations successives
pour éteindre complètement la puissance paternelle sur
l’enfant mâle du premier degré *; mais quand la manci¬
pation avait eu lieu sérieusement, noxali causa , il y
avait controverse : les Sabiniens soutenaient contre les
Proculiens qu'une seule mancipation suffisait5.
Passons aux causes d’extinction du mancipium. Il
s éteignait : 1° par la mort du sujet passif, mais non par
celle du sujet actif, à la différence de la manus ; — 2° par
1 affranchissement, opéré par les mêmes procédés que
pour 1 esclave, censu, vindicta , testamento, sans aucune
des restrictions de nombre, d’âge, établies par les lois
Ae/ia Sentia et Fufia Caninia 6; en ce cas le mancipé
devenait sui juris ; le maître était assimilé à un patron
seulement pour les droits de succession et devenait tutor
fiduciarius 7 ; il était préféré aux héritiers siens de cet
affranchi et à son père : ce privilège qui, d’après Ulpien,
remontait aux Douze Tables, venait de ce que le
mancipé était sorti de sa maison d’origine par la manci¬
pation et n avait plus de lien d'agnation avec ses enfants ;
plus tard les préteurs modifièrent ces règles trop rigou¬
reuses etdonnèrentla possessiondesbiensde cetaffranchi
à dix personnes, avant le maître manumissor, à savoir :
à ses père, mère, fils, fille, grand-père, grand’mère,
petit-fils, petite-fille, frère, sœur8; — 3° en cas d’abandon
noxal, le fils de famille a le droit de demander sa libéra¬
tion quand il a complètement indemnisé le créancier par
son travail ; Papinien ajoute que ce dernier n’est pas tenu
de 1 action fiduciae, c’est-à-dire que le père ne peut pas
exigerque son enfantlui soit remancipé9 ;] — 4° au cas de
louage de services pour paiement d’une dette, d’après
une règle de droit public, sans doute très ancienne, le
mancipium cessait à l’époque du cens, c’est-à-dire au
bout de cinq ans au maximum, malgré la volonté du
maître, sans doute sur la réclamation du mancipé auprès
1 0ai- ’• 135d - 2 Id. 1, 123 ; 2, 160. - [3 Id. 4, 80.] — 4 Id. 1, 132;
2,141.-5 Id. 4, 79.— 6 (d. 1, 138-139.— 7 Id. 1, 166; 3, 99; Id. Ep.
1,6,3 ; Coll, leg. mos. et rom. 16, 9, 2 ; Instit. 3, 9, 3; UIp. Reg. 11, *5.
— .8 Coll. leg. mos. et rom. 16, 9, 2; Instit. 3, 9, 4. - 9 Coll. leg. mos. et
rom. i, 3, I.] — 10 Gai. 1, 140. D'après la loi mosaïque (5, 15, 12), l'Hébreu
qui s était vendu comme domestique devenait aussi libre au bout de sept ans.
— [11 C. Just. 4, 43; In stit. 4, 8, 7. _ 12 paul. Senti 5, 1, 1. - 13 Ibid.
— 14 C. Just. 4, 43, I ; 3, 15, 2, 4, 26; 4, 10, 2; 7, 16, 1; 8, 16, 6; 8, 46, 10.
— 13 Nov. Just. 29, 2 ; Constitut. Leon. 69. — ig C. Th. 5, 8, 1 ; Frag. Vatic.
du censeur. On comprend que ce genre de m -
pouvait pas s’appliquer au cas de mal . tion ne
accompagné d’un contrat de fiducie obli elTiT fielif-
à remanciper l’enfant au père de famille « achet4
[A l’époque de Gains, le mancipium n’est
pratiqué que fictivement pour l’émancipation o„r8fe
Don, ou sérieusement pour l’abandon nox d 1 ‘d°P‘
supprime ce dernier mode d’emploi». Mai -
classique le père peut toujours louer 1 ' |IO‘1Ue
UavaH de son Gis-, D'autre part, la vente des Z'Z' k
les parents malheureux est une pratique courante C
deejare qn elle ne nuit pas à l'ingénuité des Jg*.
déjà illicite sous Caracalla, elle est interdite à pli
reprises par Dioclétien et Constantin'., plus la,!j J"
par Justinien et Léon 15. core
Constantin et Justinien autorisent cependant la venir
des enfants nouveau-nés, sanguinolent i, mais «ne
leurs parents peuvent toujours reprendre en rembour¬
sant le prix ou en fournissant un esclave d’une valeur
équivalente 16. Mais les mœurs sont plus fortes que les
lois. Un grand nombre de textes signalent la vente des
enfants à toutes les époques17; dans les pajs de droit
pérégrin et surtout en Orient, c’est la vente des enfants
qui alimente en grande partie les marchés d’esclaves
jusqu’au 11e siècle de l’Empire et même plus tard18; en
391 une loi restitue l’ingénuité aux enfants vendus sans
accorder d’indemnité aux acheteurs19; en 451 Valen¬
tinien III casse toutes les ventes en faisant restituer le
prix augmenté d’un cinquième20.
II. — Le droit romain distinguait les res mancipi et les
res nec mancipi 21 . Les res mancipi étaient: les fonds de
terre et les maisons italiques, les servitudes rurales sur
ces fonds, les esclaves, les bêtes de somme et de trait
(bœufs, chevaux, mulets, ânes)22. On a toujours exclu
de cette liste les animaux exotiques, même susceptibles]
d’être domptés, tels que les éléphants et les chameaux ;
les Sabiniens y rangeaient les bêtes de somme et de
trait, qu’elles fussent ou non déjà employées à ces
usages ; les Proculiens demandaient qu’elles fussent
dressées ou au moins en âge de l’être. Les autres ani¬
maux et toutes les autres choses inanimées étaient res 1
nec mancipi. On a fait beaucoup d’hypothèses sur 1 ori¬
gine et le caractère de cette distinction sans arriver à la
certitude. Dans le droit classique, les res mancipi seules
(indépendamment des femmes et des enfants en puis¬
sance et des personnes in mancipio ) sont aliénables par
la mancipation, et la tradition ne suffit jamais a era
transférer la propriété civile23. En outre, la ^‘rainj
pubère en tutelle ne peut aliéner sans l’autorisai ion dej
son tuteur que les choses nec mancipi u. Les res manci^Ê
sont donc les seules choses pour lesquelles la mancijj
pation est possible et exigée. Sur quelle base l
à quelle époque remonte ce classement des choseiy^J
touche ici aux origines de la propriété à Rome. la s ° Jj
de terre italiques et les servitudes rurales ont ou 11 0 ,
34; C. Just. 4, 43, 2. — H Tac. Ann. 4
Euseb. ffist. eccles. 9,9; Vict. Vit. De persec. Vartd. 3, 1-
, 72; Juv. Sut. Il, Ht; Hcr0d' ' j.J/
’ - - -- )8 philoslr. I "■ I
nam
A poli. 8, 7, 4, 12; Dio. Cl.rys. Or. 15, p. 1004, 6d. Morelli. Voir Momnison,^ |
gerlicher und Peregrinischer Freiheitschütz im rômischen ■- aa ^ prorjnlm, j
Ileseler, 1885); Milteis, JReichsrecht und Volksrecht in den valrnUn.-j
p. 358-364; et l'article manus injf.ctio. — 19 C. Th. 3, 3, 1. — sj j parl
III, Ht. 32. — 21 Gai. 2, 14-17; Ulp. Reg. 19, 1. — 22 Caton mette ^ _ *4 UIp-
les mulets, chevnux, ânes de la familia (De re rust. 38). Gai. 2,
Reg. 11, 27.
MAN
— 1567 —
MAN
nrlie du classement primitif, selon qu’on admet
paS fal'(,n'1 rejette l’existence de la propriété foncière
ou q" débuts de Rome. Les auteurs qui la rejettent
P"Tr'U,it généralement les resmancipi primitives avec
iden "\(jll ^c’est-à-dire la maison d’habitation, le jardin
1:1 '"Z les esclaves et le bétail de culture* les res nec
,ivec ]a pecunia , le superflu, c’est-à-dire le
fi ail des pâturages opposé au bétail de culture, les
D !|s ks récoltes et par extension la monnaie; la man-
.^âliôii étant la seule forme d’aliénation valable, les res
Znci/n auraient été seules susceptibles de propriété
romaine et de revendication, les res nec mancipi n’au-
nionl pas été objet de propriété. Cette théorie soulève
beaucoup d’objections. Dans ce système on devrait
admettre aussi que la familia était inaliénable, et alors
la mancipation n’aurait pas eu de raison d’être. En tout
cas, les fonds italiques et les servitudes rurales ont dû
rentrer de fort bonne heure dans les choses mancipi.
Les choses nec mancipi sont déjà susceptibles de pro¬
priété romaine et de revendication avant la suppression
des actions de la loi 1 ; la distinction de la familia et
delà pecunia, si elle a jamais eu l’importance qu’on lui
attribue, ne paraît déjà plus exister dans les Douze
Tables2. Quand on eut admis que la simple tradition
des choses mancipi serait inefficace, la distinction des
deux catégories de choses devint gênante. On y remédia
pur la distinction des deux propriétés quiritaire etboni-
taire et par l’emploi de l’usucapion 3. Tout ce système
fut supprimé dans le droit de Justinien A]
G. Humbert. [Cii. Lécrivain.]
MANDATUM. — Grèce. — Le contrat de mandat a dû
certainement être pratiqué dans le droit grec autant que
dans le droit romain, car les circonstances qui y donnent
lieu, comme l’absence, la maladie, l’inexpérience des
affaires, se rencontrent dans tous les temps et chez tous
les peuples. Ce contrat est toutefois l’un de ceux au sujet
desquels l'insuffisance des sources se fait le plus sentir, à
ce point, que, d’après certains auteurs, il y aurait, pour
1 historien du droit, impossibilité de parler du mandat et
des actions qui s’y rapportent. On peut cependant trouver
des traces de ce contrat dans les discours des orateurs et
essayer de dégager quelques règles le concernant.
C est ainsi que, dans un plaidoyer de Démosthène, l’ora¬
teur dit qu au momentde partir pour la Sicile, il a chargé
Nicoslrate de surveiller et de gérer ses affaires comme par le
pussi , Nicostrate étant èTrigeÀ^xri; xoù SioixTivqç *. Un autre
plaidoyer du même orateur signale également deux cas de
mandat-. On a voulu voir enfin un cas de mandat dans
action que, d après Plutarque3, Diomède aurait dirigée
Q0ntrc ^c‘biade U Mais l’hypothèse est fort contestable 8.
Udnl aux ^po^piTopeç et aux 7tpoTTCüX«t dans lesquels on
1" 1 û "du trouver des mandataires 6, il faut y voir plutôt
‘"l'imédiaires, des commissionnaires7.
1 Gai. 2,
194; 4, 47, _ 2 5
dans Khtt h' ’J’ ‘ s’ 3' cependant il y a familia pecuniaque
Just. 7, 3," flerenn- i. 13, 23. — 3 Gai. 2, 41; Ulp. Ileg. 1, 16. — 4 C.
Berlin igjfi ^ *d — Bibliographie. Boecking, De mancipii causis,
mancipii causa , Berlin, 1826; Hein,
rom. Uechts u * * ' Leipzig, 1858, p. 604-607 ; Walter, Gesch. des
lbering, Geisi .Bonn’ 18C0’ *•, 301, 508, 509, 560, 561, 616 ;
éd. lk p j-p * ’°m' ^ec^ts, trad. Do Meulenaere, Paris-Gand, 1880,
tl»rlowa, S,' ’ bihoreau, Théorie de l'in bonis habere , Paris, 1867 ;
1' éd. Paris, 1886 eCftS^esc^1' *’ P- 354-360 ; Accarias, Manuel de droit romain,
nee ’sancipi (Air'r* V*' ***’ 18h 358, 888 > L011S°i R es mancipi e
1888 ■ Km 1,11 f^Oy 1886, p. 307); Boulante, Des mancipi e nec
lion» juridiques iles'ft'’ ^e^sc^r' Savigny-Stift. 1891, p. 151 ; Cuq, Institu¬
as, Paris, 1891, I, p. 91-95, 184-187, 202, 268, 531-
L’acte accompli par le mandataire pour le mandant
peut, du reste, dans le droit altique, avoir trait non seu¬
lement à l’administration du patrimoine, mais, d’une
manière générale, à un fait juridique quelconque. C’est
ainsi que le kyrios peut déléguer à un tiers l’exercice de
ses fonctions tutélaires et lui confier notamment le
mandai de procéder à l’engyésis de sa pupille8.
Le mandat était-il gratuit à Athènes comme à Rome?
On pourrait le croire d’après les passages précités des
plaidoyers de Démosthène, où l’on ne voit point que
ceux qui gèrent les biens de l’absent reçoivent une
rémunération quelconque. Rien ne prouve cependant
d’une manière décisive que, dans le droit altique, la
condition de gratuité fût de la nature du mandat9.
L’effet normal du mandat, dans les rapports des parties
contractantes, est de mettre à la charge du mandataire
l’obligation d’exécuter le mandat conformément aux
instructions qu’il a reçues du mandant. S’il les enfreint
ou s’il ne rend pas compte des choses qu’il a acquises à
l’occasion de l’exécution du mandat, il est certainement
passible d’une action en justice. Mais il est assez difficile
de savoir quelle était précisément cette action dans le
droit attique. Un auteur 10 a cru la reconnaître dans la
xaïuÿÉffswî Si'xTj signalée par Pollux 11 . Mais cette interpré¬
tation paraît peu vraisemblable 12. De mêmçqueles Athé¬
niens ne semblent pas avoir ramené les différents cas
de mandat à une seule idée générale et abstraite, et que
le mot mandatum ne paraît pas avoir d’équivalent en
grec13, de même ils ont très bien pu ne pas organiser
une action spéciale pour le cas de mandat. Cela ne
présente rien de surprenant quand on envisage le déve¬
loppement général du droit des obligations à Athènes.
Le mandant pouvait donc user contre le mandataire infi¬
dèle, soit de l’action générale «juvh^xûv TtoLozZizu»;, soit de
l’action qui peut être fondée sur une faute con¬
tractuelle aussi bien que sur une faute délictuelle. Si
nous supposons qu’à l’inverse, par suite de l’exécution
du mandat, le mandant soit tenu d’indemniser le manda¬
taire du préjudice qu’a pu lui occasionner cette exé¬
cution, l’obligation du mandant sera encore sanctionnée
par la oi'xy, (iiXxSr,;.
Dans les rapports des parties avec les tiers, un des
effets du mandat est que le mandant est obligé vis-à-vis
de ceux-ci par les actes passés par le mandataire dans la
limite de ses pouvoirs. La preuve en ressort notamment
du plaidoyer de Démosthène contre Timothée u. Mais les
tiers avaient-ils contre le mandant une action directe et,
à l’inverse, le mandant pouvait-il agir directement contre
ces tiers? Dans le silence des textes, l’affirmative parait
devoir être adoptée comme plus conforme à l’esprit du
droit attique.
Le mandat peut d’ailleurs servir dans le droit attique,
comme dans le droit romain, à réaliser une intei'cessio,
532 ; Girard, Manuel de droit romain, Paris, 1896, 2' éd. p. 89, 125-127, 242-243.]
MANDATUM. i Demosth. C. Nicostr.% 5; cf. Dareste, Plaidoyers civils de Dé¬
mosthène, t. Il, p. 200, noie 1. — 2 Deraoslh. C. Timotli. § 37 ; cf. Daresle, Op. cit.
t. Il, p. 207, 230, note I. — 3 Plut. Alcib. § 12. — 4 Platner, Der Process und die
Klagen bei den Attikern, t. II, p. 378; Caillmier, Le mandat et la commission,
dans les Mémoires de l’Académie de Caen, 1876, p. 527 et s. — 5 Cf. Meier, Schô-
mann et Lipsius, Der attische Process, p. 735, noie 740 ; Beauclict, Hisl. du droit
privé de la Dépublique athénienne, t. IV, p. 373. — 6 Philippi, N. Jahrb. f. PhiloC.
XCIII, p. 750. — 7 Meier, Schôm&nn et Lipsius, L. c. — * Isae. De Astyph. her.
§ 29; cf. Bcauchet, t. I, p. 135. — 9 Cf. Beaucliet, t. IV, p. 374. — 10 Hermann,
Dechtsalt. § 15, p. 103, noie 2. — u Poil. VIII, 143. — 12 Meier, Schdmann et
Lipsius, L.c.', Beaucliet, t. IV, p. .375. — 13 Meier, Schdmann ’ et Lipsius (L. c.)
qualifient toutefois le mandat, en grec, de iv»k^. — 14 Loc. supr. cit.
MAX
— 1508 —
un cautionnement, le mandataire, sur l’ordre et aux
risques et périls du mandant, consentant à, devenir
créancier d’une personne déterminée. Les plaidoyers des
orateurs renferment plusieurs applications du mandat à
cette hypothèse1. L. Beauchet.
Rome. — Droit privé. — Le mandat est, à l'époque
impériale, un contrat consensuel par lequel une personne
charge une autre personne, qui accepte, de lui rendre
gratuitement un service. Le mandant est appelé man¬
dons , on mandator , ou is qui mandat 2. Le manda¬
taire, c'est is qui mandatum suscepit ou cui mandatum
est 3 ; on l'appelle souvent procurator.
Cette notion du mandat s'est introduite progressive¬
ment dans la jurisprudence. Pendant longtemps, le man¬
dat a été une convention sans valeur juridique et d’une
portée restreinte. « Dans les affaires que nous ne pou¬
vons pas conduire par nous-mêmes, dit Cicéron, nous
avons recours à nos amis, dont la fidélité doit suppléer à
notre insuffisance L » Le mandat fut donc, au début, un
bon office, un service d’ami : c’est pour cela qu’il est es¬
sentiellement gratuit5, à la différence du louage de ser¬
vices qui donne lieu à un salaire [locatio, t. Y, p. 1291].
On peut toutefois accorder au mandataire des honoraires
pour l’indemniser de ses peines et soins [honorarium,
t. Y, p. 239]. Le service à rendre consiste en un acte
de gestion (curare6, rem mandatum gerere 7) accompli
sur la res mandata : le mot mandare signifie, d’après
l’étymologie, « mettre en main » 8. Le mandataire joue un
rôle actif, à la différence du dépositaire dont le rôle est
plutôt passif ; il ne faut pas non plus le confondre avec
le nuntius ou messager, simple porte-paroles de celui qui
l’envoie ( ministerium tantummodo praestare videtur )9.
La notion du mandat a été étendue : elle s'applique au
service que nous rend une caution en garantissant le
paiement de notre dette10, au service qu’un créancier
rend à ses cocréanciers lorsqu’il est chargé par eux de
vendre les biens de leur débiteur insolvable 11 . Dans ces
divers cas le mandat est toujours spécial, et il consiste
en un service qui a pour le mandant un intérêt pécu¬
niaire12. Le mandat dans l’intérêt du mandataire n’est
qu’un simple conseil qui n’engage pas celui qui l’a
donné. Au second siècle de notre ère, on fit rentrer dans
la notion du mandat la procuratelle des biens d’un
absent13. Dès lors le mandat put être général, s’appli¬
quer à l’administration d’un ensemble de biens, sans
qu’on eût à rechercher si le propriétaire était présent ou
absent. Dans tous les cas, le mandat n’est valable que s’il a
un objet licite et qui n’ait rien de contraire aux bonnes
mœurs u. Celui qui, ayant reçu mandat de commettre un
délit, exécute sa mission est puni comme un complice13
injuria, t. Y, p. 522, n. 20],
1° Sanction du mandat. — Le mandat est une mission
de confiance qui doit être accomplie de bonne foi et avec
l Demosth. C. Lacrit. § 15 ; C. Nico$tr.§§ 12, 13 ; cf. Lécrivain, Le cautionnement
dans le droit grec classique, dans les Mém. de V Acad, de Toulouse, 1894,
p. 209. — 2 Jul. ap. Afric. 8 Ouacst. D. XL VII, 2, 62, 5; Marcel. 6 Dig.
Dig. XVII, 1, 49; Paul. 62 ad Ed. Dig. XLVI, 3, 56. — 3 Paul. 32 ad Ed.
Dig. XVII, 1, 22, 11 ; Gaius, 9 ad Ed. prov. eod. 27, 3. — 1 Cic. P. Dose. Amer. 38.
— u Paul. 32 ad Ed. Dig. XVII, ir 1,4: Mandatum... originem ex officio et ami-
cilia trahit. — 6 Plaut. Asin. 1, 1, 107; Poen. prol. 80; Ter. Adelph. III, 3, 18.
— 7 Cic., L. c. — 8 Bréal et Bailly, Dict. étymologique latin , p. 180. — 9 Paul.
29 ad Ed. Dig. XIII, 5, 15; Gaius, 3 Inst. Dig. XLIV, 7, 2, 2. — 10 Javol. 9 ex.
Cassio, Dig. XVII, 1, 51. — il Lab. ap. Paul. 32 ad Ed. eod. 22, 10. — 12 Le man¬
dat, dans 1 intérêt d un tiers ou dans l’intérêt exclusif du mandataire, peut, dans
certaines conditions, acquérir une valeur juridique; cf. sur cette question, Édouard
Cuq, Inst il. jurid . des Domains, 1902, t. II, p. 434, n. 8. — 13 Cf. sur cette ex ton- I
MAN
mandat ne devint un contrat, le lésdslaim,,. ^ q,lu le
dans quelques cas spéciaux, de punir la JT* ^
du mandataire ou du mandant : la loi Aauili,
Pe'”e d" double 1 ^slipulator qui, au '*
dat qu il a accepté, fait remise de la dette nu* . dn'
tiou [lex aquilia, t. V.p. 1130, n. 8], De même lajoi Pu’
U, .a a établi une sanction trts rigoureuse „JlU[ '
debiteur principal qui refuse de rembourser jJ
faite au créancier par la caution (sponsor) [LEX p,"**
desponsu, t. V, p. 1161]. UUA
Au dernier siècle de la République, l’exécution de h
convention de mandat devint juridiquement obligatoire •
le mandat fut classé parmi les contrats consensuels à
côté de la vente, du louage et de la société. Aucune
solennité n’est requise pour sa formation11.
Le mandataire est obligé à rendre le service qu’il .t
Promis en se conformant aux instructions du mandant1»
Il doit ensuite rendre compte de l’exécution de son man¬
dat ‘,J. De son côté le mandant doit rembourser au man¬
dataire les dépenses qu’il a faites et le décharger des obli¬
gations qu’il a contractées 20.
Les obligations respectives du mandataire et du man¬
dant sont sanctionnées : celles du mandataire par l’action
mandati directa, celles du mandant par l’action mandati
contraria. La première seule entraîne l’infamie21.
2° Exécution du mandat. — - L’exécution du mandat
donne lieu fréquemment à la conclusion d’un acte juri¬
dique avec des tiers. En droit moderne, cet acte pro¬
duit son effet au profit ou à la charge du mandant qui
est réputé avoir été présent à l’acte. C’est l’application du
principe de la représentation. Ce principe est étranger
aux Romains : ils sont restés fidèles à la règle d’après
laquelle un acte juridique ne saurait produire d’effet à
l’égard des tiers 22. Ce n’est pas à dire que le mandataire
doive conserver le bénéfice ou supporter définitivement
la charge de l’acte qu’il a conclu pour le compte du
mandant; mais un transfert est nécessaire. C’est une
complication que le principe de la représentation permet
d’éviter.
11 existe entre les deux législations une autre différence a
à Rome, le mandant, n’acquérant pas directement le bé¬
néfice de l’acte, court le risque de l’insolvabilité du man
dataire; d’autre part, les tiers n’ayant que le mandataire
pour débiteur, celui-ci ne peut user du crédit dont joui
personnellement le mandant. Il y avait là des iinmne
nients pratiques dont les Romains ont parfaitement saisi
l’importance et qu’ils ont en grande partie u a
écarter. Il convient, pour s’en rendre compte, de n 1 '' ^
cher les actes que le mandataire peut faire, P11"1 1
u’il ne peut pas faire.
3° Actes que peut faire le mandataire. 1 * 1 ^
ataire peut acquérir la propriété et la retian i
Il 434 _ 14 Gaius, HL
an du mandat, Édouard Cuq, Op. cil. t. I, P- 574; t- P- ' ,jj j 22, 6 ;
7; 10 ad Ed. prov. Dig. XV1I1, 1, 35, 2; Paul. 32 ad Ed. D,9- XLI1I,
p. 36 ad Ed. Dig. XXVII, 3, 1, 14. - 1» Sabin. ap. Ulp. 69 a ’ ^39!;
, I, 14; Ulp. 57 ad Ed. Dig. XL VII, 10, 11, 3 et 5. - 16 Cic. ^ ^ ||,
aul. Mercator , 377; Ulp. Dig. L, 17, 23; Diocl. Cod. M. 1 ^.j.^ du „,an-
t anciennement des divergences sur l’étendue de la respo - 3»
taire: quelques jurisconsultes le déclaraient responsaj ^ n çj. suri*
n dol; cf. Modest. Collât, leg. mosaïc. et rom. X, 2’ j] 7; t. Il, !»• i33,
nction du mandat, Édouard Cuq, Op. cit. t. I, P- ^ Qaius, 3 ad
1. _ 18 Paul. 32 ad Ed. Dig. XVII, 1, 5 pr., 1 et ~ _ 2t Sur c<'ltc
ov. Dig. III, 3, 46, 4. — 2» Ulp. 31 ad Ed. Dig. XVII, I, - ^ajliid.
rticularité de l’action contraire, cf. mes Instit. jurid. •• > P
II, D. 333.
MAN
— 1569 —
MAN
ni i si par exemple, il a reçu mandat d’acheter un
®al"lil'1l(l leITC) il commencera par l’acquérir par man-
! fonlb! 'J pUis il le remancipera au mandant. — "2° Le
Cipil1 h l'aire peut acquérir une créance et en transférer
I fu''’'j|’r au mandant par la procuratio in rem
1VM !VrB0CURATio]. — 3° Il peut également contracter un
^T'i’iiient et en transférer la charge au mandant. Ce
n^fert s’opérera par une délégation si le créancier y
Mi'si nt sinon par une procuratio in rem suam3. —
4" I r mandataire est autorisé à faire les actes conserva-
toires d’undroit appartenantau mandant: sommation àun
débiteur pour le mettre en demeure 4, dénonciation de
ouvel œuvre'®, etc. — 5° Au début du second siècle de
notre ère, on permit au mandataire d’acquérir ou de
transmettre le corpus de la possession pour le compte du
mandant. Celte règle fut définitivement consacrée un
[siècle plus tard parmi rescrit de Caracalla0. Elle eut
pour conséquence de permettre au mandant d’acquérir
ou de transférer par mandataire la propriété des res nec
mancipi, et même, suivant le droit prétorien, des res
mancipù Ce fut une grande simplification dans les rap¬
ports entre mandant et mandataire, et en même temps un
progrès notable réalisé par le droit. — 6° La règle qui
précède eut une autre conséquence : on put faire un prêt
Imutuum) ou un emprunt pour autrui ; le mandant devint
créancier ou débiteur par l’intermédiaire du mandataire,
comme s’il avait lui-même prêté ou emprunté 7. Le prêt
exige en effet, pour sa formation, la remise de la quantité
prêtée à l’emprunteur : cette tradition peut être faite par
le mandataire ou à son profit. Dans le premier cas, le
mandant est censé avoir fait l’aliénation et devient créan¬
cier ;dansle second, c’est lui qui acquiert la possession et
la propriété, et qui par” suite devient seul débiteur8.
Cette règle nouvelle offrait un grand intérêt pratique, car
le prêt pour le compte d’autrui était à Rome d’un usage
courant [mutuum]9. — 7° Par application de la même
règle, le paiement fait par un mandataire libère le man¬
dant de son obligation : il est censé avoir fait lui-même
la tradition de l’argent compté au créancier [solutio] 1ü.
— K0 l.a jurisprudence admit enfin que le pacte de remise
consenti au mandataire pourrait être invoqué par le
mandant sous la forme d’une exception de dol [pactum] “.
V Actes que ne peut pas faire le mandataire . — 1° Le
mandataire ne peut acquérir pour le mandant une ser-
btude personnelle, car, une fois fixée sur sa tête, elle ne
pourrait plus être transférée sur une autre. — 2° Il ne put
pendant longtemps aliéner la propriété du mandant, à
moins que celui-ci ne la lui eût d’abord transférée. Dans
ce 'as, il agissait comme propriétaire et non pas seule¬
ment comme mandataire. — 3° Le mandataire ne peut
Pab davantage constituer une servitude sur le fonds du
mo "dunt par mancipation ou par injure cessio. Seul le
p!0]n ietaire du fonds ace pouvoir. 11 faudra donc, comme
Uns h. cas précédent, que le mandant transfère la pro-
1 du fonds au mandataire ; celui-ci sera alors en
mesure d'accomplir sa mission, après quoi il remancipera
le fonds à son mandant mancipatio, servitus]. — 4° L'n
mandataire ne peut prendre part à une acceptilalion pour
le compte du mandant. C’est un acte qui ne peut avoir
lieu qu’entre les personnes intéressées. 11 faudrait, pour
rendre possible l’intervention du mandataire, le rendre
créancier ou débiteur par voie de novation [acceptilatio,
t. Ier, p. 17; novatio]12. — 5° Sous la réserve indiquée
pour le prêt ( mutuum ), un mandataire ne peut contrac¬
ter de manière à rendre le mandant créancier ou debi¬
teur. Ici surtout l’absence de la représentation présentait
des inconvénients qu’on s’est efforcé d atténuer.
Le point de départ se trouve dans l'édit du prêteur
relatif aux engagements contractés par un fils de famille
ou un esclave, soit avec l’assentiment du père ou du
maître ( jussu domini), soit en qualité de préposé à l’ex¬
ploitation d’un navire ( marjister navis ou à un com¬
merce de terre ( institor ), soit comme administrateur
d’un pécule [peculium]. Le chef de famille est ici obligé,
contrairement au droit commun, par le fait dune per¬
sonne placée sous sa puissance : il est tenu, suivant les
cas, de l’action quod jussu , exercitoire, institoire, de
peculio ou de in rem verso [lex praepositionis, t. V,
p. 1121; exercitoria actio, t. IV, p. 886; ixstitoria actio,
t. V, p. 545].
La jurisprudence étendit l’application de l'édit aucasoii
le préposé est une personne suijuris 13 . Elle ne s en est pas
tenue là: pour augmenter le crédit du mandataire, les juris¬
consultes du temps des Sévères donnent aux tiers qui ont
traité avec le mandataire un recours contre le mandant.
Ces tiers, disent-ils, ont contracté en considération du
mandant u: ilest juste de leur permettre de s’en prendre à
lui. Pour réaliser cette innovation, on assimila le manda¬
taire à un préposé 13 ; on étendit le bénéfice de 1 action
institoire aux tiers qui traiteraient avec un mandataire ;
ce fut l’action quasi-institoire. Cette action leur fut accor¬
dée sans préjudice de celle que le droit commun leur
conférait contre le mandataire. Ils eurent deux débiteurs
au lieu d’un : le mandataire et le mandant, tandis que, en
droit moderne, le mandant est seul obligé à l’exclusion
du mandataire 18 . La jurisprudence a moins facilement
autorisé le mandant à agir contre les tiers ; elle ne 1 a
admis qu’à titre exceptionnel : en cas d’insolvabilité du
mandataire, ou bien lorsque le mandataire n a pas intérêt
à empêcher le mandant d’agir directement contre les
tiers 17 . Telle était aussi la règle admise pour le prépo¬
sant d’un institor 18 et pour l’armateur19.
5° Extinction du mandat.— Les pouvoirs conférés au
mandataire prennent fin lorsque le mandataire a rempli
sa mission, ou bien encore à l’arrivée du terme ou de la
condition fixés dans le contrat il). Le mandat peut aussi
s’éteindre, avant son entière exécution, par la mort du
mandant ou du mandataire21 ; par la révocation du man¬
dataire ou par sa renonciation. Le mandat est, en effet,
un contrat qui se forme en considération de la personne
- 3 paui' '"aest- DiB- XLI, i, 59. — 2 Ulp. 31 ad Ed. Dig. XVII, 1, 8, 10.
Ed. I)ùj xv™- corf-45' 2- — 4 Paul. 1 Manual Dig. III, 3, 72; Ulp. 73 ad
VU, 3„ ] . ’ vj1 P1'' - 3 UIP- 52 ad Ed. Dig. XXXIX, I, 5, 18-20. — 6 Cod. Jusl.
p. 342~’383 *_! j*"1 Cut|’ lnstit' iurid- t- H, p. 213 ; 237, n. 7. — 7 Ibid. t. II,
nnllium coiioli l"al)roPos^ une explication différente de la règle admise pour le
dans le casd,," ^ man<4ataire, mais elle aboutit en pratique au môme résultat
le mandalai,.,, Pféter.Pour le mandat d'emprunter, M. Gérard in pense que
I. XXIV, i, ''1< “^'Séacôlé du mandant [Nouv. Revue butor, de droit , 1900,
' ' - 9 Jul. ap. Ulp. Dig. XII, 1, 9, 8. — 10 Gains, 3 do V. O.
Dig. III, a, 38; Pompon. 23 ad Sab. D. XLX'I, 3, 23. — 11 Trebat. ap. Ulp. 4 ad Ed.
Dig. II, 14, 10, 2. — 12 Ulp. 50 ad Sab. Dig. XLVI, 4, 13, 10. — 13 Ulp. 28 ad Ed.
Dig. XIX', 1, i, 4. — 14 Papin 2 Rcsp. Dig. III, 5, 31 pr. — 15 Papin. ap. Ulp.
31 ad Ed. Dig. XVII, 1, 10, 5 ; 32 ad Ed. Dig. XIX, 1, 13, 25. — 16 11 en est autre¬
ment du tuteur qui peut écarter par une exception l'action qui serait iuteutée contre
lui. Papin. 5 Rcsp. Dig. XXVI, 9, 5, t. — 17 Papin. 3 Resp. Dig. III, 3, 68 ; cf.
Papin. 2 defm. Dig. XLI, 2, 49, 2. — 18 Marcell. ap. Ulp. 28 ad Ed. Dig. XIV, 3,
1 ; Gains, 9 ad Ed. prov. eod. 2. — 19 Ulp. Dig. XIV, 1, I, 18. — 20 Ulp. Dig. XVII,
t, 1,3; cf. Paul. 4 Resp. eod, 39, 2. — 21 Gaius, 111, 160.
MAN
1570 —
( intuitu personne) : il est tout naturel qu’il s’éteigne au
décès ou par la volonté de chacun des contractants. 11
pourrait même s'éteindre d’un commun accord entre
les parties, s il n avait pas encore reçu un commen¬
cement d’exécution1.
Les obligations qui résultent du mandat peuvent sur¬
vivre il l'extinction du contrat 2. L'héritier du mandataire
peut faire valoir les droits acquis par son auteur contre
le mandant ; il doit même, en cas d’urgence, achever les
opérations commencées3. L'héritier du mandant doit
tenir compte au mandataire des dépenses qu’il a faites
avant qu il ait eu connaissance de la mort du mandant4.
Pareillement, la révocation du mandat ne produit son
effet qu’à dater du moment où le mandataire en a été
informé5. La renonciation du mandataire doit être noti¬
fiée au mandant ; elle ne doit pas être frauduleuse ni
faite à contre-temps6.
6" Applications spéciales du mandat. — Le mandat a
reçu diverses applications soumises à des règles spé¬
ciales : tel est le mandat de stipuler, en même temps
que le mandant, une valeur que celui-ci se fait promettre
post mortem suam [adstipulator] ; le mandat de recevoir
un paiement pour le compte du mandant, avec faculté
pour le débiteur de se libérer entre les mains du stipu¬
lant ou de Yadjectus sol ut ion is gratia [solutio] ; le man¬
dat pecuniae credendae qui est un mode de cautionnement
intercessio, t. V, p. 552] ; le mandat ad litem par lequel
un plaideur charge un tiers de le représenter en justice;
le mandat in rem suam qui est un mode de cession de
créances [procuratio].
Droit public. — Le mandat comporte, en droit public,
une double application : 1° en matière de juridiction, le
magistrat empêché donne mandat à un collègue, à un
magistrat de rang inférieur ou même à un simple parti¬
culier de remplir ses fonctions. C’est la jurisdictio man¬
data dont les règles ont été exposées au tome Y, p. 729
[jurisdictio]; 2° en matière d’administration, les man¬
data sont des instructions, en forme de lettre indivi¬
duelle \ adressées par les empereurs aux fonctionnaires
placés sous leur autorité 8, particulièrement aux gou¬
verneurs des provinces impériales. La surveillance
exercée par les empereurs sur les provinces sénatoriales
motiva l’envoi d’instructions analogues aux proconsuls 9 :
les mandata impériaux remplacèrent ici les mandata du
Sénat [provincia] 10.
L'usage des mandats apparaît au début de l’Empire, dès
le règne d’Auguste11, et subsistait encore au commence¬
ment du ve siècle, lors de la rédaction de la Notitia digni-
tatum1 2. 11 ne tarda pas à disparaître, car en 535, pour
rétablir l’ordre dans l’administration 13, Justinien jugea
utile de revenir aux anciens errements 14 : à l’exemple
de ses prédécesseurs des premiers siècles de l’Empire15,
1 Caius. HL 159- — î Cic. Ad Her. II, 13, 10. — 3 Pompon. 17 ai
Sab. Dig. XXVII, 7, 1 pr. ; XVII, 2, 40 pr. ; Cod. Just. IV, 35, 15. — 4 pau]
32 ad Kd. Dig. XVII, 1, 26 pr. — 5 Paul. 2 ad Sab. Dig. XVII, 1, 15
— « Mêla ap. Paul. eod. 22, II; Hermog. 2 jur. Ep. eod. 25. — 7 Ulp. 8
De off. Proc. Dig. XL VII, 11,6 pr. — 8 Par exemple le curator aquarutr.
de Rome : Frontin. De aquis, 110. — 9 Ulp. 1 De off. Proc. Dig. I, 16, 6, 3;
Plin. Ep. X, 56, 110, 111; inscription de Pergamc, du règne de Trajan •
Corp. inter, lat. III, 7086. - 10 Callistr. 2 De cognit. Dig. L, 10,7, i.
— 11 Dio. Cass. LUI, 15, 4. — 12 Les mandata principis sont mentionnés dans une
constitution d Arcadius et Honorius de l'an 412 ; Cod. Theod. lib. VI, Ut. 29, c. 10.
*7 13 Cf. sur la réforme administrative de cet empereur, Ch. Diehl, Justinien et la
cimlnation byzantine au 17' siècle, 1901, p. 276-313. — 14 Nov. XVII pr. : Quia
igitur nobis reparantibus omnem vetustatem jam deperditam, jam deminutam,
plaçait etiam omnibus judicibut noslris... non solum codicillos praestare, sed
MAN
il fit faire un recueil des instructions dont
lut imposée aux administrateurs
s des
, obsc«'Vcilion
recueil [tioer tnandatorum), rédigé en BPr°Vlnce8- Ce
lut déposé aux archives de l’Empire • ordr ^ Gn lalin’
d’en remettre une copie à chaque fonctionna .V ^
sa nomination. A cette époque, les mandata oZ
leu : en fut-il de même sous le Haut-Empire? Ü‘'Cede
Les auteurs modernes ne sont pas dW .
point de savoir si les mandats doivent être ^ 'H
nombre des constitutions10. Sont-ik mu- _ Iangés aii
tous les citoyens dans la mesure où us peS? F**
resser?Le doute vient de ce que, en raison de le , Z
et de leur objet, les mandats ont un caractère slri , ^
personnel; puis de ce que les jurisconsX d tT
n’en parlent pas lorsqu’ils énumèrent les diverses
de constitutions 17 ; il y a même certains textes , P **
guent les mandata des constitutions 18 Ces ,
sont pas décisives : si l’on a séparé les mandats de
autres constitutions, c’est qu’ils contiennent en grande
partie des règlements administratifs ; mais rien ne son
pose à ce qu’une disposition d’un caractère général soit
insérée dans un mandat : il n’y a pas déformé essentielle
pour la manifestation de la volonté impériale. Le terme
même de mandatum n’est pas nécessaire : certains man¬
dats de Dioclétien sont qualifiés sacrae litterae'\ bail¬
leurs ce qui tranche la question, c’est l’existence dans les
mandata de règles de droit civil ou criminel : les plus
connues sont relatives au testament militaire ; à la dé¬
fense adressée aux fonctionnaires d une province d’épou¬
ser une femme originaire de cette province ou y ayant son
domicile ; de recevoir des donations, de se rendre acqué¬
reurs de biens situés dans la province ; à la défense de dé¬
poser de l’argent dans les tombeaux pour éviter les viola¬
tions de sépulture [testamentum, donatio, sepulcrum 20]J
En principe, les mandats prennent fin, comme en droit
privé, à la mort du mandant, à la mort ou par la révoca¬
tion du mandataire. Mais en fait, les mandats n’ont pas
tardé, en droit public, à perdre leur caractère tempo¬
raire : il y aurait eu trop d’inconvénients à les déclarer
sans valeur tant qu’ils n’avaient pas été renouvelés par
l’empereur subséquent, ou adressés au remplaçant du
fonctionnaire mort ou sorti de charge. L’esprit de suite,
nécessaire dans toute administration, les fit maintenir en
vigueur : on les considéra comme obligatoires tant qu ils
n’avaient pas été révoqués. Le caractère permanent des
mandata ressort très nettement d’un fragment d L Ipien
sur la concession aux militaires de la libéra testamenti
factio [testamentum] 21 .
Les mandata étaient enregistrés dans les commentai
et conservés dans le tabularium Caesaris -■
Alexandre Sévère, la garde en était confiée à un alîi anchi
qui porte le titre de procurator a mandatis-’ • lb/or J
etiam mandata dare, quibus inspectis omnia gubernare laudabilih i
— 1 Ibid. : Quod a genitoribus reipublicae nostrae adinventum ■ ^ ^ .
sur celte question, Savigny, System des heutigen rôm. Rechls , t. L > - [
Rudorlf, Rôm. Rechtsgeschichte, t. I, p. 136; Zimmern, Geschichti J., .
vatrechts, t. I, p. 243; Wlassak, Studien zur Théorie der Rechtsqut > [
Karlowa, Rôm. Rechtsgeschichte, 1. 1, p. 652; P. Krueger, Geschichti ' Ar
und Literatur des rôm. Redits, trad. Brissaud, p. 134; ilayei,
Zeitschrift der* I
Savigny-Stiftung, 1897, t. XVIII, p. 46; Édouard Cuq, Les Jnstù f ^ qa[.Cian. J
Romains, t. II, p. 26. — *7 Caius, I, 5 ; Ulp. 1 Inst. Dig. L 4, 1, L . , |||, J
- 19 Voir, par exemple, Cod- ’
„t les texte* 1
il IJIp. 45
413. - 23 0IP'
2 jud. publ. Dig. XL VII, 22, 3 pr. - 19 Voir, par eMi-j..», --- aiéi
3, 3; VII, 16, 40; IX, 2, 8, etc. — 20 Voir d'autres exemples et les
dans Édouard Cuq, Le Conseil des empereurs, p- 460-461-
ad Ed. Dig. XXIX, 1, 1 pr. — 22 Cf. Édouard Cuq, Op. cit. p.
Loc, cit.
MAN
— 1571 —
MAN
recueil spécial, liber mandatorum, divisé
i vlitres (caput ex mandatis ) *.
T^ ii^-Kmpire,' le liber mandatorum est l'un de
Kig. 4805. — Le livre des Mandais.
insignes des principaux fonctionnaires de l’État : lors¬
qu’ils rendaient la justice, le liber mandatorum était
placé dans la salle d’audience2, à côté de la colonne por-
tmll image des empereurs 3 (fig. 4805). Comme à l’époque
anterieure, les mandats spéciaux à chaque province ou
lii d'9n'l. Oecidentis , cap. xliii, xlv. — 2 [,c cursus honorum de ce fonc-
Noi ' raPP°rl<5 dans une inscription : Corp. inscr. lat. III, 53G. — 3 Bôcking,
p°\‘* d'Snitatum, t. U, p. 125 et 127 ; Otto Seeck, Notitia dignit. p. 222, 224 et
I I _ j'cec'l> p. tOt et 102 ; cf. le commentaire de Pancirole dans Boecking,
trait - ' *'■ ^'bliographie. Droit privé : Von Savigny, Das Obligationenrecht ,
Pandr /• ™ 3ozon' éd. 1873, t. I, p. 163; Von Vangerow, Lehrbuch der
'■ H p 05!) w ^ *S"^’ ^ P’ 492; Maynz, Cours de droit romain, 4e éd. 1877,
Ortolan F .'n^sc^e‘(É Lehrbuch des Pandektenrcchts , 8' éd. 1900, t. II, § 409;
p 313 ,’j historique des Instituts de Justinien , 12' éd. 1883, t. III,
P M iggi Sllr Ortolan, l. III, p. 865 ; Accarias, Précis de droit romain,
p. 67g . t p’ l' P- Moriti Voigt, Rôm. Rechtsgeschichte, 1892-1899, t. I,
Manu eide,/,1'-9301 Dei’nburg’ Pand,;kten> G° éd. 1900, t. II, § 115; P.-F. Girard,
**92-l{)(ii |,U'|| 3' éd. 1901, p. 576 ; Karlowa, Rômische Rechtsgeschichte,
flomains 'îgp., ’ ** C(’"’ 3393 ’ Édouard Cuq, Les Institutions juridiques des
titifi di(jnitat~' * P' 6i9 > 'h P' *41 et 433. — Droit public : Boecking, No-
Partit Or' ? 11 a^M1,n*s*r<U»onu m omnium tam civilium quam militarium in
lun, 1876- IiVi* et <kcidenti*' 2 Vol. 1839-1853; Otto Seeck, Notitia dignita-
Le Conseil de" Pe°htsqeschichte, 1859, t. I, p. 136 ; Édouard Cuq,
^echtigeschicht >l^ereWrS d^uSusle à Dioclétien, 1884, p. 455 ; Karlowa, Rôm.
^ l;l,p. 652; Krueger, Geschh
s> 1887, trad. Brissaud, p. 134.
, Geschicliteder Quellen und Literatur
division de l’Empireétaient conservés dansles archives de
l’empereur. La figure 4S0G représente le dépôt des man-
datorum libri àlachancellerie impériale 4. Edouard Cuq.
M ANDRA (MxvSpa). — I. Enceinte, parc pour le bétail,
étable, écurie *. Le mot s’étendit aux animaux eux-
mêmes réunis en troupeau2.
IL Sorte de jeu [latrunculi, p. 994].
III. Chaton de bague 3.
MANDYAS ou MANDYÈ (Mxvoôx;, ji-avoÛT)). — Manteau
que les auteurs assimilent au birrus, à la lacerna, à
I’ephestris, à la chlamys, au sagem1 , c’est-à-dire à des
vêtements faits pour résister aux intempéries2, qui se
portaient par-dessus le costume et se fixaient sur
l’épaule ou sur la poitrine au moyen d’une fibule ou
d’une agrafe. E. Saglio.
MANES, MANIA. — La notion des Mânes, apparentée
à celle des Génies, des Lares, des Pénates, des Larves
et parfois confondue avec elles *, est, dans la religion
romaine, celle qui exprime le mieux la croyance à une
certaine immortalité de l’âme après la dissolution du
corps. En expliquer les diverses nuances, c’est déter¬
miner jusqu’à quel point cette conception d’ordre philo¬
sophique a fait partie de l'opinion populaire. Malheu¬
reusement, si l’emploi du mot est de plus en plus
fréquent depuis la période littéraire où l’influence hellé¬
nique a tant de part, les documents qui nous permettent
de remonter au delà sont très rares et ils ne nous sont
guère arrivés que par le canal de la littérature.
Nous savons cependant que la religion des morts est
bien antérieure, chez les Romains, à toute espèce de
philosophie2; dès la plus haute antiquité, le sol même
de la maison servait à l’ensevelissement, de sorte que
les âmes des morts étaient censées habiter parmi leurs
descendants et devenaient pour eux des esprits familiers :
ces esprits étaient appelés DU parentes et Mânes 3. Ce
dernier mot ne fut d’abord qu’un qualificatif, invaria¬
blement employé au pluriel et au masculin; l’interpré¬
tation la plus probable est celle qui l’oppose à immanes ;
il signifie donc les bons ou les illustres, soit par anti¬
phrase, soit sans restriction4. Il ne semble pas qu’il ait
désigné, et cela pendant des siècles, tel défunt en parti¬
culier, avec les caractères de la personnalité, mais
seulement une collection d'ombres ou de fantômes, sanc¬
tifiés par la mort, objets de vénération et de frayeur,
qui ne gardaient de leur existence terrestre qu’un vague
pouvoir d’agir sur les survivants. Il est donc moins une
profession de foi en l’immortalité qu'un hommage à la
MANDRA. 1 Sopli. Frag. 587; Plut. Mor. 648 A; Callim. Cer. 106.
— 2 Hesych. s. o.; cf. Juvcn. III, 237; Mart. V, 22, 7. — 3 Anthol, IX, 746
et 747 ; XI, 326.
MANDYAS ou MANDYÈ. 1 Artemid. Oneirocr. Il, 3 ; F.Ujm. magn. et Suid.
s. v. Ephestris. Voir aussi Poilus, VII, 60, et Eustatli. Ad Odyss. p. 1854, 32, qui
traduisent ce nom par çaivôkijî, c'est-à-dire pnenula; cf. San niai se, Ad Script, hist.
Aug. éd. 1620, p. 6, 120, 343. — 2 Cf. Dio Cass. XLVII, 8.
MANES, MANIA. 1 Voir Genius, II, 2, p. 1490; lares, III, 1, p. 940; larvae.
Ibid. p. 950. — 2 Schoemann, De diis Alanibus, Laribus et Geniis (dans les Opus-
cula Academ. I, p. 350 sq.), p. 359. — 3Serv. Aen. V, 64; VI, 151 ; XI, 206; Plant.
Merc. V, 1, 5; Corn. Nep. Fragm. 12; cf. Penates lnferorum , désignant des con¬
ceptions analogues clici les Étrusques; Nigid. Figul. ap. Arnob. III, 40 et Miiller-
Deecke, Die Etrusker, II, p. 89, 97. — 4 Hildebrand. Glossar. Lat. p. 205, n* 53;
Serv. Aen. I, 139 ; II, 268 ; Varr. Lin g. lat. VI ,4; cf. Cerna manu» = creator bonus
chei Fest. Ep. p. 122 ; Fest. p. 146, 20 ; 158, 30. .I/nnii au singulier ne se rencontre
que chez Apulée, De deo Socrat. p. 79; au féminin chez Marini, Inscr. Alb. p. 127
ot Corp. inscr. lat. V, 6053, 6710. Marini, Arval. p. 500, n" 78, signale la forme
archaïque do Maanes\ cf. Corp. inscr. lat. I, 1410; un vase en terre trouvé sur
PEsquilin donne Manom. Voir Annal, d. Instit. 1880, p. 158, et tab. L. Pour
le sens île manis = clarns, voir Non. Marc. p. 66; lsid. Orig. V, 30; cf. Preller,
Roem. Mythol. p. 73.
porpcluite de la race. « Les Mânes, dit le commentateur
de \ irgilequi nous a conservé sur ce sujet les traditions
diverses sans les concilier, sont les âmes durant le temps
où, s’étant retirées des corps auxquels elles étaient asso¬
ciées, elles n ont pas encore passé dans d’autres corps1. »
Au déclin seulement de la République, grâce à la dif¬
fusion des doctrines de Pythagore et de Platon, qui
des milieux cultivés ont pénétré parfois dans les couches
populaires, grâce aussi à la pratique de l’apothéose qui,
limitée d’abord aux morts illustres, gagna aussi d’autres
classes de la société *, la religion des Mânes se précisa
el les Mânes invoqués sur les tombes prirent à l’occasion
un caractère plus personnel.
En rëallté’ la seule preuve de la haute antiquité du
i ulte des Mânes chez les Romains est une preuve indi¬
recte ; on peut la tirer tant des témoignages de piété dont
on entourait les tombes et qui accompagnaient les funé¬
railles, que de la religion de Mania, vieille divinité
\ énérée au xCompitalia en compagnie des Lares et qui,
du temps de \ arron, était considérée comme la mère du
1 aïeule des Mânes3. Quoiqu’il ne soit question nulle part
ailleurs d'un culte formel de Mania, et que les actes des
Arvales mentionnent simplement une mère des Lares,
sans préciser s'il s’agit de Mania ou d Acca Larentia4, il
est à peu près certain que Mania avait sa place dans la
compagnie des Mânes ; on l'appelait aussi Muta ou
Tacita et elle recevait à l’époque des Feralia des hom¬
mages superstitieux Dans la langue populaire on la
confondait avec Larva prise dans l’acception la plus
générale du mot; elle était une figure terrifiante dont les
nourrices se servaient pour faire peur aux enfants ; et un
philosophe la place, avec Furrina et les Intemperiae,
parmi les divinités grotesques ( thripes deorum ) qui
habitent le monde souterrain6.
Employé au pluriel, le mot Maniae s’applique ou aux
représentations grotesques des morts, comme celui de
Larvae , ou à des poupées de cire que l’on suspendait
pendant les Compitalia aux portes des maisons, pour
honorer les Lares, di^arron; en réalité, pour apaiser
en faveur des vivants les esprits des morts, au sein de
chaque famille '. Ces figurines, appelées encore pilae ou
oscilla, s étaient substituées aux victimes humaines
que 1 on immolait au temps de la barbarie primitive.
Ln auteur dit qu’elles étaient en nombre égal à celui
des habitants d’une maison et que, pour honorer les
divinités infernales, on leur offrait une de ces images
en rachat de chaque existence 8. Tel est le sens d’un
passage curieux de Plutarque où, sous le mot grec de
/pY,<7TÔî désignant le mort, on devine le vieux mot latin
manus ou manis, synonyme de bonus 9 : on suppliait
Mania, dit cet auteur, pour qu’aucun des membres de la
famille ne devînt manis, c’est-à-dire ne mourût dans
b
MAN
1 année. Cette Mania est surnommée r. ■
sacrifiait des chiens tout comme aux Lare^ -6t 011 lui
que dans sa personne se confondent les i ' C esUa‘d're
la naissance et de la mort, le génie ,1e T* noli°Ds<ie
perpétue sur terre et celui qui se mole™/ ^ qui se
dans le monde infernal : il n’y a ms d’n 8 es Milnes
pl.,S fréquente dans la vieille ,Æon “17“°" **»
Les premiers texles qui nous renseignent ™01,"5' ,1
du mot Mânes sont la loi des Douze Tables et 1 6mploi
par laquelle Decius et Curtius se dévouent pour 1
blique. Le premier nous a gardé l’affirmation * t
anciens Romains considéraient les esprits 1 S
comme des divinités; il y était recommandé daLl?
eur culte de tout appareil lugubre comme de tout
dispendieux11. Cicéron, qui nous l’a transmis, conchâde
la célébration des Fenae denieales, épilogue rituel H
toutes les funérailles, que les ancêtres avaient entendu
mettre au nombre des dieux les âmes de ceux qui avaient
enugre pour les régions de la mort**. Mais ces dieux
dépourvus de toute personnalité, sont distincts de ceux]
que 1 on vénérait dans les temples, et leur religion était
limitée au cercle étroit de chaque famille. Cependant
par leur destinée même, qui est d’habiter dans le monde
souterrain, ces Mânes sont apparentés aux dieux infer¬
naux proprement dits13; avec ce sens nous les trouvons
dans l’acte de la devotio : Decius invoque les Mânes en
même temps que la Terre Mère qui a reçu les morts dans
son sein et il les nomme en compagnie des Lares, des
Novensiles, des Indigetes, ce qui fait penser qu’à ses
yeux ils représentent les puissances infernales14. Curtius,
dans une circonstance identique, tend les mains tour à j
tour vers le ciel et vers la terre entr’ouverte, celle-ci
séjour des Mânes18. Le gouffre dans lequel il se précipite
est identique au mundus, cette vaste fosse que le rituel
de la fondation des villes recommandait d’ouvrir et où
l’on entassait les prémices de toutes les productions de
la vie16; l’extrémité inférieure en était fermée parla
pierre appelée Manalis , expression dont la parenté avec
le mot Mânes n’est pas douteuse [manalis lapis].
La notion des Mânes va se transformer en se précisant
au contact de la littérature hellénique ; nous y voyons
alors entrer peu à peu quelques-uns des éléments qui
caractérisent chez les Grecs la notion du daemon ou celle
du héros. Rien ne prouve que cette transformation soit
antérieure au temps de Cicéron ; pour Caton17, les dieux
Mânes sont encore les êtres indéterminés à qui la partie
inférieure du mundus est consacrée; trois fois par an,
dit-il, on faisait le simulacre de l’entr 'ouvrir, afin que cest j
jours-là les mystères cachés de la religion des dieux j
Mânes fussent mis au jour. Les comiques, qui onttrouxe
le moyen de parler du Genius, des Lares et des Penate.N
n'ont jamais fait d’allusion au culte des Mânes18, pl
l’on
1 Scrv. Aen. III, 03. — 2 Voir Stcuding, chez Roscher, Ausfuehrl. Lexikon,
II, p. 2317, et 904 sq. — 3 Varr. Ling. lat. IX, 61; Macr. Sat. I, 7, 34;
cf. Arnob. 111,41 ; Fest. p. 129. — 4 Henzen, Acta fratr. An. p. 145; cf. lares,
p. 939 ; le culte d'Acca Larentia est mis en rapport avec celui des Mânes par un
passage de Macrobc [Sat. I, 10, 13) où il est question d'un sacrifice fait sur
sa tombe : Diis Manibus Senilibtis, sur la nature duquel nous ne sommes pas fixés.
— « Plut. JVum. 8; Macr. L. c. ; cf. feralia, p. 1040; lf.mcbes, p. 1100; et
Schoemann, Op. cil. p. 303. _ C Mari. Cap. Il, 102, 104; Aelius Stilo chez Fest.
Ep. p. 129. Sinnius Capito, chez Fest. p. 145, dit qu'on appelait maniae les per¬
sonnes difformes; Novius avait écrit une Atellane ayant pour titre ; Mania Medica
(Ribbeek, Corn, fragm. p. 203). - 7 Varr. Sat. Men. fragm. 403; chez Nonius,
p. 538; cf. Fest. Ep. 121, 238. - 8 Serv. Georg. Il, 389; Aen. VI, 741 ; II, 110;
pour les substitutions de ce genre en général, voir Marquardt-Mommsen) Staa/s-
erwaltung, III, p. 193, el Hild, Les Argées [Bull, de la Faculté des lettres de
, « , • »e minem-
Poitiers, 1889, p. 1 18 sq.). — 9 Quaest. rom. 52 : p»|Sév«i xî>l<rt°v ï£,î ® \ . ,|on
manem fieri. — 10 Pljn. Hist. nat. XXIX, 58; cf. lares, p. «3. Unc '™™rit<il.
en langue osque d'Agnonc mentionne une Deiva Geneta (Mommsen, ganja-
Dialekte, p. 137) qui a été (Müller-Deeke, Etrusker , II, 105) identifiée ai ^ ^ ,,
voir cependant Wissowa, chez Roscher, Op. cil. I. P- HJ*- 11 1 ' 1 , .
el 25, 02; cf. Schoemann, Op. cit. p. 300. — )2 Cic. Leg. H,
Aen. III, 03. - 14 Tit. Liv. VIII, 0, 10; 9, G sq. — « Ibid. VH, ,nPa^‘ Qd ,jT,
rae hiatus ad deos Mânes; cf. Val. Max. V, 0, 2; Deu. liai. XI\,
— 16 Varr. Ling. lat. V, 143; Fest. p. 285 et Plut Rom. 1°. " “ rpâr un
d'après un passage des Origines. — 18 Piaule [Merc. V, 1, •>) ai ^ ^mlie le®
de ses personnages les dii Pénates meum parentum, ce q"1 P[ de la
Mânes que si l'on rapproche cette locution du verbe rituel depuis
recommandation de Cornelia à son fils ; cf. Parentes Mânes , u I
VIII, 2185.
MAN
— 1573 -
MAX
ce
elle se
après
ve pas davantage leur nom dans les fragments
m '.oètes épiques et tragiques de la première période.
tllS. '"lie Cornelia, la mère des Gracques, dans une lettre
|.ajt à gon (ils les recommandations suprêmes,
' " borne à employer, pour les honneurs à rendre
i mort, le verbe rituel de parentare et à invoquer
]j(,(| pr0tecteur de la race : parentabis mihi et invo-
1 deum parentem ', expression que nous rencontrons
li(i/’ piaute, déterminée non par Mânes mais par
pena(es ; c’est-à-dire que le culte des morts reste enve¬
loppé toujours des vagues formules qui sont propres à
la religion primitive.
Chez Cicéron, qui n’a d’ailleurs jamais employé le mot
(.enius et qui traduit Saigtov par /ar*, si nous mettons
■ï part les textes empruntés à la loi des Douze Tables,
nous rencontrons un passage où les esprits des conjurés
de Catilina, qu’il a fait mettre à mort, sont appelés
Mânes3 ce qui équivaut au oodgoveç aXcnjctot ou irposTpcJ-
m0i des Grecs, à l’idée d’un esprit vengeur qui revien¬
drait de l’autre monde pour punir le meurtrier A Dans
le même temps, Lucrèce considère comme une manifes¬
tation de banale superstition les cérémonies funèbres,
les victimes noires immolées sur les tombes et les
offrandes aux Mânes divinisés. Ailleurs il proteste contre
la croyance qui veut que, vers les rives de l’Achéron, les
dieux Mânes conduisent les âmes par la porte des
enfers '. En fait, le poète distingue ainsi les âmes des
morts de ce qu’il appelle les Mânes, puisque ceux-ci se
trouvent identifiés avec les divinités psychopompes des
enfers. Tous ces textes, les seuls qui survivent de la
littérature sous la République, démontrent que, même
pour des intelligences pénétrées de poésie et de philo¬
sophie grecques, les Mânes ne sont autre chose que la
vague appellation par qui les divinités infernales et les
esprits des morts sont confondus dans un vocable collectif.
C’est aux poètes et aux historiens du règne d’Auguste0,
a Virgile en première ligne, qu’il faut faire honneur de
la vulgarisation du culte des Mânes, considérés enfin
comme lésâmes des ancêtres apaisées, rendues bienveil¬
lantes et devenues pour les descendants des divinités
au caractère vaguement personnel1. Dans cette tâche, la
littéral ure est aidée par la pratique de l’apothéose à la
b' on des Grecs, pratique dont la divinité de César mort
G le ùenius d Auguste vivant sont les manifestations les
plim anciennes et les plus solennelles. Mais cette signifi¬
er ion 11 exclut pas les autres, et l’on ne saurait dire qu’elle
cGeni dominante. Chez Virgile, qui de tous les écri-
'al'ns a employé le plus fréquemment le mot
rï désigne tour à tour, par métonymie, la région
f miniers où résident les morts8, les ombres de ces
na]',S *U'Ses collectivement, l’être des divinités infer-
l11 ' posées au royaume des morts, le plus souvent
7 : B*MnjÎCP' Fra°m' lâ- - * Cic. Tim. il, 38 ; cl. i.ares, p.940. — 3InPis.
- * Cf r. u m ' 'u" Os7,s> Quibtts conjuratorum mânes mortuorum expiaretis.
pas d'iiiscrinli ’ ’ ’ V * ’ 7jUcr- ÙI, ; VI, 739, 7C3. — 0 Nous n'avons
ancienne par °,'IS, * " ' '10nnpur c'cs Mânes Calant d’avant cette époque; la plus
ajuste; cfaviUr C°rp- in*cr ■ laL [’ «39 = XIV, 2404, qui est du règne
hommage i* sa f0 ' *' " °ù un mari, sans invoquer les Mânes, rend
»vec le fonds „ *’cs mon»menls épigraphiques sont d'accord sur ce point
25 ; 1 4, 21 ol s °'|la 'a littérature. Voir surtout les Odes d'Horace, I, 24; II,
f p. 83; |p p ' S’ cl s-> G', 7, 21, etc. — 7 Preller-Jordan, Roem. Mythol.
30,ï ; |v ° ' 7'0scI,p>'> Lcxikon, art. Kaiserkultus, p. 904 sq. — 8 Aen.
*«». IV, 34 490 ■ VI ’ ,81; Xl1, m- ~ 9 Gcor9- b 243; IV, 409, 489, 505;
“A IV, 427; V'„ „’ m' Vlll-240; X, 34, 39, 820; XII, 040. - 10 Aen. III, 03,
53i, 828 • vj A,, ’ “ comParor avec Hom. 11. XXIII, 221 ; VI, 119, 500, X, 524,
Yl ,1’ : Quisque suos palimur Mânes. Cf. Servius ad
ces divinités associées aux morts dont elles ont la garde9
et, par exception seulement, soit l’dme d’un mort déter¬
miné, soitle groupe d’ancêtres défunts d'une race ,0. l"n
passage isolé est celui où .1 lunes s’identifie avec la des¬
tinée que font aux morts dans les enfers les actions
bonnes ou mauvaises accomplies durant la vie". De
toute façon, chez Virgile, surabonde la nuance spiritua¬
liste du mot, lequel s’adapte à l’expression des doctrines
de Pythagore et de Platon ; ses contemporains, au con¬
traire, et la plupart des écrivains du Ier siècle ont une
propension à l’appliquer de préférence, par une sorte de
métaphore, ou à la région infernale ou aux restes maté¬
riels des morts, cadavres, cendres et ossements ; un phi¬
losophe dirait qu'ils sont matérialistes ii. Cependant la
religion traditionnelle garde ses droits chez la plupart
(il n y a guère à excepter que Pline l’Ancien . en ce que
ces restes sont sacrés et qu’il y a impiété à les souiller,
à les déranger dans la paix de l’au-delà, sans que d’ail¬
leurs ce respect implique ni l’idée d’une divinité formelle
du mort, ni même la foi en une immortalité soit collec¬
tive, soit encore moins personnelle; c'est un hommage
au mystère de la tombe, comme le culte du génie est un
hommage au principe de la perpétuité de la race11.
Sous le bénéfice de cette restriction, on peut dire que
le culte grec des héros a déteint fortement sur la religion
des Mânes. Dans la littérature surtout, tous les sens dont
le mot -qpoiç a été susceptible ont été suivant les occa¬
sions traduites par le mot Mânes, devenu une appellation
honorifique; chez Virgile, les ombres d’Anchise, d’Hector,
de Polydore, d’Eurydice sont désignées par ce mot, avec
tous les caractères de la personnalité qui sont la cons¬
cience et le souvenir u ; de même celles de Virginie chez
Tite-Live et plus tard de Galba chez Suétone13. Remar¬
quons toutefois que dans tous ces passages il s’agit de
personnalités qui ont péri de mort violente, de sorte que
la notion de héros s’y complique de celle du daetnon,
avec la nuance spéciale d’un esprit irrité qui sort de
1 autre monde pour se plaindre ou se venger ; à ce titre
elles affirment beaucoup plus les droits à l’éternelle
justice que la foi en l’immortalité. Sous l’influence du
néo-platonisme, cette conception inspirera plus tard des
histoires terrifiantes dont le type nous est fourni par
Apulée10; il s'agiL de l’ombre d’un mari qui, tué traî¬
treusement par l’amoureux de sa femme, revient de
l'autre monde pour persuader à celle-ci de crever les
yeux du meurtrier. En exécutant l'ordre du mort, la
femme se vante de rendre les devoirs funèbres aux
mânes sacrés du mort, avec les yeux de celui qui a voulu
prendre sa place : sanctis manibus ejus istis oculis
parentabo. De même Agrippine, animée contre Néron,
invoque contre lui, en même temps que le souvenir de
ses propres crimes, les Mânes infernaux des Silanus qu’il
.Aen. III, C3 ; sur celte fausse extension du seus de Mânes , vov. S. Kcinacli, C.
Rendus Acad. /user. 1900, p. 398. — 12 lit. Liv XXXI, 30; l'rop. 111. 5, 32;
Phacd. I, 27; Pers. I, 38; Plin. Hist.nat. XI, 55, I; XVI, 85, 1 ; XXXIII, 1-
cf. les inscriptions, C. inscr. lat. XI, 1024; XII, 340; 4 IX, 2893 ; tôt Mânes
jacent. — 13 C'est ainsi qu'il faut interpréter Cicéron, Le y. II, 22 et autres
passages; Harlung, Religion der Roemer , I, p. 43 sq., Schoemann, Op. cil.
et Prellcr, Roem. Mythol. I. c. ont mêlé à tort au culte des Mânes des idées
philosophiques qui furent à peine celles do quelques lettrés. _ 14 Aen. III
63, 303; IV, 427 ; V, 99; VI, 119; de même l'âme de Déipliohe, VI, 500; X,
524. Deux fois seulement Virgile invoque les Mânes des ancêtres en général,
X, 828 et XI, 689; cf. Ov. Fast. V, 443: Mânes... patenii. — 16 Tit. Liv,
III, 58, II; Suct. Oth. 7; cf. Tit. Liv. XXI, 10. 3 : non mânes, non stirpem
ejus conquiescere viri (d'Hamilcar qui revit dans Hannibal). — lo Met. VIH, 9,
535.
198
MAX
MAN
;i fait périr1. Mais si celte assimilation a pénétré dans
l'opinion populaire, comme il est possible de l’induire de
certaines inscriptions, ce fut sous l’influence de la litté¬
rature savante. 1) autres, qui semblaient cependant s'offrir
d elles-mêmes, sont restées isolées : ainsi l'expression de
(h cuit M unes appliquée par un écrivain du temps de
( .lande a la personnalité divinisée d’un empereur 2 ;
ainsi encore, chez Ausone, celle de Mânes heroici , dési¬
gnant les ombres des Grecs illustres, réunis dans les enfers
autour dAgamemnon3. D’une façon générale, quand
le mot Mmies ne se matérialise pas pour désigner les
restes enfermés dans la tombe, il se volatilise en quelque
sorte pour n’ètre que l’expression d’une ombre vaine,
objet de vagues rumeurs. Tel est le sens de l’apposition,
chez Horace, de fabulae Mânes , que Perse développe en
disant de 1 homme qu'il deviendra cinis et mânes et
/abu/a Mânes synonyme de cinis, non seulement chez
les poètes mais sur les inscriptions, est encore une
preuve manifeste que dans la conception des Mânes il y
a moins de philosophie que de superstition6.
Cependant, la philosophie s’en empara avec Varron,
beaucoup plus préoccupé de l’accommoder à des spécu¬
lations savantes que de l'éclairer à la lumière des textes
anciens et des usages traditionnels. C’est ainsi que, pour
interpréter 1 être des Lares, le polygraphe commence
par le confondre avec celui des Mânes ; puis il voit dans
les uns et les autres des figures aériennes et finalement
il se réfugie, pour leur donner une physionomie précise,
dans 1 idée grecque des héros6; ailleurs, il confond les
Lares avec les Larves et voit dans ces personnifications
ou des espèces de génies ou les âmes des défunts, c’est-
a-dire des Mânes' ; il était difficile d’être plus confus et
moins exact. Apulée, selon l’esprit des doctrines plato¬
niciennes, cherche à fonder la distinction des Lemures,
des Larves et des Lares sur la qualité morale des esprits
qui survivent au corps ; il fait rentrer les Mânes dans
celle hiérarchie systématique, les considérant comme les
esprits ni bons ni mauvais, analogues au daernon abstrait
des Grecs8; en inventant le Mâne Dieu ( Manem Deum),
il donne même un pendant au daemon unique, incarna¬
tion du monothéisme, suivant les idées des derniers
stoïciens ou du néo-platonisme9; saint Augustin fait
sienne cette interprétation en la rattachant à Platon10. Le
commentateur de Virgile, Servius, nous fournit dans une
note très développée la synthèse des explications variées
dont les Mânes ont été l’objet depuis Virgile11 ; pour les
uns, ils sont les esprits des morts, appelés les bienveil¬
lants par antiphrase, leur nature les disposant à tour¬
menter les vivants12 : à ce titre, ils peuvent être confon¬
dus avec les divinités infernales, quoique le plus souvent
■Tac. Ann. XIII, 14, inferi Silanorum Mânes. — 2 De composit . medic. praef.
2+. — 3 Auson. Perioch. Od. 2*. — i Hor. Od. I, 4, IC ; Pcrs. V, 152. — 5 Virg.
Aen. 11. 587 cl IV, 427; Pcrs. I, 3G ; cf. Prop. III, 5, 31. — 6Arnob. 111, 41 ; cf.Marl.
Cap. Il, 9, i : Serv. Aen. III, 03; FesI .Ep. p. 122. — 7 Ling. lat. IX, 38, 61 ; VI,
.. 24, ap. Non., 358, 0; Aug. Civ. Dei, VII, C ; cf. lares, p. 940. — 8 Apul. De deo
Socr. p. ,9 ; cf. Ov. East. V,434, 443,483. — 9 Pour Manem Deum, cf. daemon, p. 15
S<|. — 10 Civ. Dei. IX, 11 ; cf.Marc. Sat.l, 7, p. 241. — U Serv. Aen. 111,63; cf. I,
1 39 ; II, 268. La longue note au premier deccs passages est fort mêlée: la théorie de la
métempsycose y est entrée sur le tard, par la plume de Pancratius Mascivius. Voir
Sleuding, chez Itoscher, Op. cit. Il,2320.-120na supposé que tel élaitlesensde l'ins¬
cription Dits Propitiis, sur une pierre sépulcrale, chez Visconti, Museo Pio Clement.
II, p. 82; voir Schocmann, Op. cit. p. 359.— 13 Cf. Isid. Orig.8, H.— H Voir gf.nics,
p. I 4JÜ arec les notes 14 et suiv. — 1, Sur cette identification, voir Steuding, chez
Koscher, Op. cit. II, p. 243 (art. inferi); les Mânes sont les W|MveS *aT«xOim«t; cf.
l'expression de Genius infernus, Inscr. Orelli, 4577; Bull. arch. 1860, p. 70; Arch.
Zeit. 1861, p. 107. — 16 Fesl. Ep. p. 122, 125, et Serv. L. c. : humoris quod
noctu cadit potestatem habere (Mânes). Pour l’étymologie de Mânes , rapproché de
15 74 —
on les en distingue, et ils règnenUur le mondc
comme les dieux célestes président à celui j, ‘ ,
Lue autre opinion confond les Mânes — •
des morts
ïnts ‘a
distingue entre les bons et les mauvais déti m 'meS et
par la valeur morale des hommes dont il . ""T ainsi
l’être après la mort11. Ils continuent à habiter p 0"86"1
eres, ce qui les fait identifier avec les ossem.m ^
cendres, parfois avec les sépulcres eux-mêmes s°" **
les divers points de vue, le séjour des Mânes est ZT
région infernale ou dans les, espaces sublunaires où IZ !
les esprits en général, particulièrement les -ënies 1
nnles aux daemons des Grecs16. Avec cette dernière ™!!'
ception s’accorde l’étymologie qui rattache man , -
moue, matutinus et même maturus, étymologie „ui !
été reprise par des linguistes contemporains : les ancien!
disaient que ces esprits agissaient sur le monde des
vivants par l’intermédiaire de la rosée matinale16 • Ce|
fantaisies se compliquaient de la croyance à la mé’tem
psycose ; elles invitaient d’autre part à rapprocher mam
du verbe manare , les esprits subtils ayant la propriété
de pénétrer partout17.
La preuve que les théories philosophiques sur la nature
des Mânes ont à peine effleuré l’opinion populaire nous
est fournie par les innombrables inscriptions tombales
qui, depuis les commencements du Ier siècle de notreère,
affirment leur divinité sans la préciser, et cela dqns toutes!
les parties du monde romain18. Les formules qui altos- 1
Lent le culte des Mânes sont aussi monotones que la
mort elle-même, aussi banales que le deuil ou le respect j
dont elles sont l’expression. L’hommage aux dieux
Mânes ou aux Mânes divins est tantôt inscrit en toutes
lettres : diis manibx's, jamais divis Manibus ; le plus sou-i
vent figuré à l’aide du sigle D. M. qui est tantôt précédé,
tantôt suivi du nom des défunts au génitif; quelquefois
les noms sans la formule rituelle et s’en détachant, au
nominatif; des épithètes sont l’exception. On rencontre
toutefois inferi' d’ordinaire à l’aide du sigle 1 19 ; rarement
sanctus , sucer, pins, caslus 20, etc. Plus fréquentes que
les épithètes, qu’exclut a priori la formule rituelle dits.
Manibus, laquelle suffit à tout, sont les expressions
memoriae , quiet i , securitati, soit seules, soit avec des
qualificatifs comme aeternus, perpetuus, perennis2'.W\
y a des inscriptions où sont confondus ou associés, ïnèniç
en dehors de l’Italie, les vocables de Mânes et de <7enù/sJ
celui de Juno et même de Venus prenant la place dul
Genius quand il s’agit d’une femme22. Une inscription I
de la Gaule Lyonnaise invoque séparément le Genius dul
mari et la Juno de la femme23; ailleurs, le mot
implique tous les morts d’une même famille et non Je I
défunt en particulier; il semble d’ordinaire que lapât!
maturus ( zeitig - angemessen, gut), voir Vaniçek, Etymol. Woer Ici biicl I
— 17 Pour mânes a manando , voir outre Servius, III, 63, Fest. p. 1 |e9
— 18 L'importance de la place que tiennent dans les rnonumenls épif-rap^l^^
inscriptions funéraires est suffisamment établie par ce fait que, pour l < ^ ^ I
Rome, il y en a plus de 15000 au tome VI (3' et 4' parties) du Corp. "‘s . ^ I
La grande majorité ne va pas sans l'invocation aux Mânes. jg IBS ; Ii
238, 1424; Dei Inferi Mânes, 2464, 2640, 2722, 2725 ; VI, 1- 31 - 3 0' J |
138, 2322, 2565, 2699, 2936; cf. Fest. Ep. p. 128, 156, 158; Pelr0" ^ Ro’solicr, I
— 20 Voir la liste des épithètes données aux Mânes par les Poctc*’ c “.. ,iu,ioe)ï
Op. cit. II, 2319; C. i. I. VI, 29 856, 29 875; XIV, 704, etc. ; ntes sur
V..FX r.'.. _ _ Tir . „ onn oi sont surtout ir i I
21 Ces formules sont surt Bl0|
r i 1 Y III 629, 630, otc. >
voir C . J. I. XIII, «ou, oK7l ^ sigle
530. Voir junones, III, I, p. 690
les inscriptions gallo-romaines; voir o. «. j • «53t. I
1582, 1594, 1636, 1647, 1650, 1663, 1816, etc. 1898, 1916, !958i ® ^ D j\f.
D. M. M. (Ibid. 609, 3038, 3040, 3069
Monumentum ou Deorum Manium Mevnori
DU Mânes et Misericordia, chez Orell
XIII, 567. — 23 Ibid, 1735.
», etc. ioùo, , j)_ m,
, 3178, 3211) peut s'explique-' \ oircncorl
moriae ; cf. VI, 15 503, > 1 ■ j; oü ;j
Ui, 7344. - 22 C. i. I- VI, >5"°" I
MAN
i •* — •*
— 1575 —
MAN
lotit ce qui donnerait aux Mânes invo-
P°l"' l||i, jos tombes une personnalité limitée, comme si
4“' 7 ||M iaort qui y est enfermé n’étaient qu’une parcelle
' " ,.|irimoine commun à toute sa race1. Il existe une
11 "" •* linn • manibus coMMtîNiBUS qui rappelle le mot d’un
. . leghoinmes disparus : quinuncabierunt hinc
C° '"coiiimunetn locum 2. Une des plus explicites est celle
tH ■ accompagnant le don d’une lampe funéraire, la des-
lia, -1 Manibus hujus3; on trouve de même Mânes tune
Uanes sanctissimae au féminin, comme on trouve
<|(,s Y^iidvat Chez les Grecs, à titre tout à fait exception¬
nel 4 Enfin, la divinité des Mânes est affirmée encore
la transformation de la tombe en monument sacré ;
Je poète grec disait du sépulcre qu’il est un autel et les
héron étaient de véritables chapelles 8. Les Romains
imitent ces pratiques dès la fin de la République, comme
nous le voyons par l’exemple de Cicéron qui rêve d’éle¬
ver à sa fille morte un sanctuaire ainsi qu’à une divi-
nilé8. D’ordinaire on se bornait à donner ce vocable à
la tombe toute simple; l’inscription rituelle dans ce cas
est D. M. S., Dis Manibus sacrum 7, que les chrétiens
primitifs conservaient en l’interprétant par Deo Magno
Sanclo , ce qui supprime la personnalité du mort, en
conciliant le respect de la tombe avec la croyance au
Dieu unique 8.
En ce qui concerne le culte des Mânes, il nous suffirait
presque de renvoyer à l’article fëralia où sont énumé¬
rées les pratiques dont il est l’occasion3. D’une façon
générale, ce culte va beaucoup moins à les supplier
comme des divinités agissantes, qu’à les conjurer et à les
apaiser comme des esprits irrités. C’est pour cela que,
non seulement en Étrurie, mais dans le Latium, aux
temps primitifs, on leur immolait des victimes humaines,
plus tard remplacées aux fêtes des Compitalia par
1 offrande des Maniae 10. Les combats de gladiateurs,
d’abord introduits en Italie comme un élément des fêtes
lunèbros et longtemps pratiqués à litre d’expiation reli¬
gieuse avant de devenir un jeu, avaient la même signifi¬
cation : l’effusion du sang auprès des tombes réparait
les perles que la mort faisait subir à la famille et à la
nation11. S il faut en croire saint Augustin, Varron voyait
dans ces immolations une preuve de la divinité des
Mines, les jeux n’étant célébrés qu’en l’honneur des
dieux : en réalité, il s’agit moins ainsi de glorifier
les morts que de les apaiser, en leur rendant par le sang,
comme Ulysse dans YOdyssée, quelque chose de la réa-
N‘vante qui leur avait été ravie13. Les offrandes
P11 uses de lait, de miel, de vin pur, de mets variés tels
que lentilles, fèves, œufs, etc., qui toutes éveillent l’idée
de substances particulièrement nourrissantes, et que
l’on déposait sur les tombes soit aux funérailles, soit
aux jours anniversaires de la naissance ou de la mort
des défunts, au nom des familles, des associations u et
delà cité tout entière, procédaient d’idées analogues1, .
Quand on omettait d’honorer ainsi les Mânes, leur res¬
sentiment se révélait par des songes pénibles, par des
maladies qu’ils envoyaient aux vivants; un fabuliste met
au compte d’une violation de sépulture la passion funeste
des richesses dont devint victime celui qui s’en était
rendu coupable 1G.
De tous les hommages, le plus précieux était, après
la cérémonie des funérailles accomplies suivant le rite,
l’entretien des tombes; ce sont les fleurs qui, dans le
symbolisme propre au culte des Mânes, tenaient la prin¬
cipale place. On y apportait des fleurs naturelles, choisies
suivant les saisons ; on en sculptait l’image au sommet
des stèles et sur les cippes11, on plantait des horti reli-
yiosi sur les tombes, d’où, sur les inscriptions, des men¬
tions nombreuses de cepotaphia au soin desquels il était
pourvu par des fondations pieuses ,s. Les fleurs qui pous¬
saient sur les tombes étaient censées restituer la person¬
nalité de ceux qui y étaient enfermés ; un poète grec a
dit : « Le sang enfante les roses, les larmes font germer
l’anémone19. » Perse, d’une façon plus précise, s'écrie :
« Est-ce que du sein même de ces Mânes, du fond de ce
sépulcre et de la cendre heureuse ne lèveront pas les
violettes? » Une épigramme d’un auteur inconnu dit
mieux encore 20 : « Des fleurs en grand nombre ont poussé
sur le tombeau récent, non pas la ronce sauvage ni la
triste ivraie, mais la marjolaine, les violettes, le narcisse
délicat, ô Yibius ; tout à l’entour de toi la terre s’est
couverte de roses ! » A la veille du printemps, c’est-à-dire
à la fête des Feralia , le culte des Mânes comportait des
offrandes de violettes, et les jours où on les déposait sur
les lombes s’appelaient dies violae , violât ionis 21 . En
mai, une pratique analogue s’accomplissait avec les roses
( rosaria , rosalia ) 22. On offrait aux morts des lys, plus
ordinairement encore du myrte ; cette dernière plante,
consacrée à Vénus, symbolisait devant l’antique temple
de Quirinus, par deux rejetons distincts, la floraison des
deux ordres, patricien et plébéien, qui faisaient la force
permanente de la cité23. Aux yeux du grand nombre, les
fleurs étaient simplement une image du renouveau ; poul¬
ies philosophes, il s’y joignait la signification d’une
félicité d’outre-tombe 2L Juvénal demande aux dieux que
la terre soit légère aux ombres des ancêtres et que dans
r ' ' *’ 29 832 Dis parentibus sacrum; 29 852: Dis Manibus eo-
2183 ü.' t COnditi sunl' Ibid • h 1241; x, 4225, 8249; III, 231; VIII,
Prol nMaffei’ Mus ■ Veron. 292,7, et Orelli, 4457 ; cf. Plaut. Casin.
Marini ; , FaSL V’ 4i3, - 3 C ■ «• L ll> 2102. - 4 Ibid. V. 6053, 6710;
A ,1 P- 127 • — 6 Voir héros, p. 116, n. 9 et suiv. - 6 Cic.
d D. M m b*,8’ *.9’ 37’ ctc-; cf' HER0S> P- 119 ct Sl,iv- “ 1 Cf- D- M- M-
27Uj 5705 '«Y (positum): C. i. I. VI, 15 143, 15 158, 15543, etc. 20055; II, 2713,
voir Vi (Lutèce), 3038, 3040. Pour les autels dans les columbarii,
cf. lîossi / Cl S' ~ 8 Pochette, Mém. de l’Acad. des Inscr. XIII, p. 178;
Voir choz'fi "SCr. C/üisl' 110 P- 27 < Cavedoni, Di due ant. cimit. crist. p. 87.
ùdéc païenne d' ' r ”*Cr' C^r^‘ 342l, l'antithèse des Mânes, en qui se personnifie
Je<( caeli i , C’tei, et du ciel, séjour des bienheureux : Non tamen ad Mânes
hic. Pu. 7 t.er.a Per°is- ~ 9 T- II, 2, p. 1010. - i0 Serv. A en. I, 139 ;■ III, 63 ;
sions de coter ' 1 ' > ®v- Fast. II, 547, 570 ; Suel. Oth. 7 ; les expres-
aulres f , j u‘ ei 'Dnvocare Mânes sont de l’époque impériale; voir entre
Dion Cass “ ~ " Val' Max' *> 7 ! Tert- sPect- 3 i Tit- Liv. VII,
Cio. flej Y|| * ’ " ‘ ' ®erv- A en. III, 07 et p'its haut, Gladiator, p. 1503. - 12 Aug.
Ptycht, I,,, 20 j_f[jUne idéc analogue chez Homère, II. XXIII, 274, 646, etRhode,
1 Od. XI, 23 et s. cl X, 517 et s. avec les commentateurs, Nitzsch,
III, p. 163 et s.; Naegelsbach, Homer. Theolog. p. 413 ct s. qui rapproche Din
Mânes. — U Pour l'intervention des collegia, voir C. i. I. V, 1410; VI, 10 234,
10 239 et passim; cf. Orelli, 3999, 4084, 4412; pour les offrandes et cérémonies
diverses en l'honneur des Mânes, Marquardt, Staatsrerwattung, 111, p. 310 et s.
avec les textes cités. — 15 Sur les mets offerts aux morts, voir Cic. Flacc. 38, 95 :
Plin. H ist. nat. X, 28 ; Aug. Sermo de sanct. 13, 2 ; Tert. Testim. anim. 4, etc.
De pauvres gens dérobaient ces offraudes: Plaut. Pseud. 361 ; Cat. 59, 2; Juv. V,
85. Plaute nous a gardé le mol bustirapus ; cf. encore Ov. Fasl. 111, 33 ; Varr. chez
Non. 167, 24; Tit. Liv. III, 58; Macr. Somn. Scip. I, 12, 44. — 16 Tib. Il, 6, 37 ; Ov.
Fast. 547; Quint. Inst. VI, proœm. 10; Phaed. i, 27; cf. C. i. I. V, 5933; VI, 7579,
10558, 13101, 17505, 18817, 29912, 29948, etc. ; Orelli, 4707, 7346. _ 17 0\.
Fast. II, 539; Virg. Aen. V, 79; VI, 884; Suel. Ner. 57; Minut. Fel. Octav. 12,
6. Voir C.i. f. VI, 15397, 15413, 15 425, 15827, etc. — 18 Orelli, 4418 , 4456 , 45 1 5 et
10, etc. ; C. i. t. VI, 15640. — 19 Bion. I, 66; Pcrs. I, 36; U, 38. — 20 Dans les
Analecta de Brunck, III, p. 303. — 21 C. i. I. V, 2072, 4489, 5272; VI, 9626, 10 248 ;
Prop. IV, 16, 23 ; Auson. Ep. 36, 1 ct suiv. ; Prudent. Cathem. 10, 169 — 22 C. i. I.
III, 703, 707; V, 4016, 4871 ; Fasti Pliiloc. 23 mai. — 23 C. i. I. V, 5272; Plin.
Bist. nat. XV, 120; cf. Preller, Itoem. Myth. I, 385, — 24 Serv. Acn. V, 760 ; Juv.
VH, 207,
MAN
— 1 576 —
les urnes où reposent leurs cendres fleurisse un perpétuel
printemps, parfumé de crocus.
Il importe de remarquer qu’au fond ces hommages
rendus aux Mânes sont différents, par l’intention et le
rite, des honneurs rendus aux dieux ; et même qu’on ne
rencontre que rarement chez les Latins la foi précise et
\i\e dans la survivance des âmes individuelles qui a
peuplé le Panthéon grec de personnifications héroïques.
La croyance à la divinité spéciale des Mânes est plus
répandue que l’héroïsation, mais elle est beaucoup plus
vigue , seule 1 imitation des Grecs et la force des con¬
victions philosophiques en dégage, par exception, des
hommages formels, rendus aux morts comme à des êtres
surnaturels, continuant après la mort de séjourner dans
un lieu de délices et d’agir sur leur descendance avec
les facultés personnelles propres aux héros et aux dieux.
I n résumé, on ne saurait affirmer que l'opinion popu¬
laire des Latins ait jamais accordé aux Mânes les préroga-
t! vos des dieux, à savoir l’immortalité consciente et la
félicité parfaite [feralia, Genius, junones, lares, larvae,
LEMURES, PENATES, DAEMON, HEROS]. J. -A. IliLD.
MAXGO. - Marchand qui trompe par des artifices
sur la qualité de la marchandise1, maquignon, particu¬
lièrement le marchand d’esclaves qui donne à ceux qu’il
met en vente une apparence trompeuse ou sait dissi -
mulcr leurs défauts servi -, K. Saglio.
MAIVICA.Xsipîç, Manche, gant, brassard, menotte,
peut dire, d'une manière générale, que les vête¬
ments à manches ne firent pas partie du costume national
des tirées et des Romains. C'est improprement que l’on
parle^, quand il s agit d’eux, de tunique à manches
(Xê’.ptSw-rôç y txüiv), au moins jusqu’à une période très
avancée de leur histoire, si l'on entend par là autre chose,
comme on l’expliquera au mot tunica, que les plis de la
tunique retombant à l’endroit où passent les bras,
resserrés ou non par des agrafes, des boutons ou des
points de couture. Des manches véritables, ajustées et
rapportées, appartenaient au costume des Barbares et,
dans les monuments, servaient à le caractériser [barbariJ.
C est à cause de leur origine étrangère que des servi¬
teurs, les pédagogues en particulier [paedagogus, servi],
sont représentés avec un pareil vêtement, qui les fait
reconnaître. D autres exceptions apparentes à la règle
générale ont des motifs tout semblables: telles sont
celles qu'on remarque dans l’habillement de certaines
divinités ou personnages mythologiques, dans celui des
acteurs [histrio, tragoedia] ou de personnes dont la
profession a subi l’influence du théâtre [citharoedus,
tibicen], et dans le costume d’apparat que la peinture a
prêté aux rois et quelquefois à des prêtres [rex, sacerdos].
Au ve siècle, les manches apparaissent dans le
•vêtement féminin; les exemples en sont encore bien
‘ Rien de plus démonstratif à cel égard que la lecture des Carminum
reliquiae, sortes d élégies funèbres qui font suite dans le Corpus (t. VI, p. 2917
cl s.) aux inscriptions proprement dites et qui ont été, comme elles, relevées sur des
lombes. Ou n y rencontre que des expressions de deuil, de désolation et de regret, ou
des professions d’indifférence épicurienne à l'endroit de la mort; les défunts sont
sa Is ails quand ils ont la paix et l'immortalité du souvenir. Outre les fleurs, d'autres
symboles sont figurés sur les tombes, ainsi l'aigle, ou seul (VI, 15 396, 16 029), ou
emportant un serpent dans ses serres (16481); on rencontre des génies ailés offrant
°r (1°490)’ ’I'^'Muofois l'image du défunt sous les traits d une divi-
III c {[., o it , Cf. Apul. Met. 8, 7 ; Kaibcl, Epiyr. n» 705). Mais à part ccs dernières
représentations, rien ny affirme la foi en l'immortalité; le D. M. est une formule
vide qui exprime le respect de la mort, non l’espérance en une survivance dans
/ au-dcla.
MAXGO. 1 l'our le v in, voir Blin. Hist. nat, XXIII, 22, 2; pour les pierres pré-
Fig-. 4807. — Tunique à manches.
MAN
rares dans les monuments. On peut négVlept,
1 on ne sait s. l’on ne doit pas reconnaître h ni ^ °(l
servante étrangère ou celle d’une de ces 8 C d’Une
autres femmes de mœurs faciles que l’on ,!“S1C,ennes «u
les scènes de banquets 1 : on pourrait croire U°°°nlPe dilns
particulière était accordée dans leur mise - m,U-neJllbertê
f.g. 4807, tirée d’un lécythe blanc attique du’ V ***!*
au Musée du 1 1 v siècle
Louvre, re¬
présentant les
offrandes des
parents à une
morte2, il est
impossible de
ne pas voir
une Athénien¬
ne de bonne
famille. Elle
porte deux tu¬
niques, celle
de dessous
distincte par
sa couleur, à
longues manches fermées aux poignets. Ce sont aussi
des Athéniennes qui, au siècle suivant, consacraient
dans le temple d’Artémis Brauronia, parmi d’autres
vêtements précieux dont
l’inventaire nous a été
en partie conservé 3, des
tuniques mentionnées
comme étant garnies de
manches (ysictSaç ’syiov ou
/EiptStoTÔv). On rencontre
aussi dans cette énumé¬
ration la xavouç*, autre vê¬
tement à manches venu
de Perse, qu'on mettait
comme un pardessus5.
On le voit (fig. 4808) porté
par des femmes sur des
vases peints0.
Dans le costume des
hommes, c’est seulement
après la conquête de la
Perse par Alexandre que
l’on peut constater réelle¬
ment 7 le port des manches, sur des monuments où
des Grecs sont représentés. Les historiens rapportent
d autre part que le conquérant avait adopté poui l|n
même et répandu dans son entourage le costume p< 1
sique, à l’exception de la tiare, des anaxyrides G
peut-être de la kandys. On ne peut donc s’étonner d' 1
cieuses, Ibid. XXX VII, 76, 2 ; pour les drogues et parfums, Ibid. XII, +3, 3.
II, 15, 25 ; Plin. Hist. nat. VII, 10, 5 et 6 ; XXIV, 22, 3 ; XXX, 13, 1. _ ul
MAN1CA. 1 Voir, par exemple, Millin, Peint, de vases, I, ph xsx'Ui ^ j |
et Cliaplain, Céram. de la Grèce propre, pl. xxv-xxvr. — 3 Corp. tnso ■ ^
754, 1 ; 758 B, col. II, 7 = 759, col. Il, 2; 758 B, col. II, 21 1 759> co1' j.’ j c.
col. 1, 10; Micbaelis, Der Parthenon, p. 3)0, n. 44; P- 3I1, n'_ lJ' f0| p
inscr. ait. II, 754, 19 = 755, 11 ; 758 B, col. If, 5 = 759, col. IL 1 : ^
27 = 759, col. II, 20; 758 B, col. II, 29; Micbaelis, L. I. n. 77, 149, 1 <
182. —8 Rhot. Lexic. KàvSu5 ■ tyagga yypimi v. Voir BAnBAni, bg- ' ^ _
des Vergers, l'Étrurie, Allas, pl. vm ; Élite des mon. céramogi^ ^ ’ ^orlani
1 Les cavaliers figurés dans la frise du Parlhénon, du côté bu 111 ^ vi¬
des vêtements à manches et le bonnet de fourrure [alopeku-j.
nemenl des cavaliers thessalieps ou Ihraccs admis dans la procession i
nées.
Manteau à manches
voir figurer
tuniq^ à
ainsi qu’un de ses compagnons1, avec la
manches (fig. 4809) sur le sarcophage de
Fig. 4809. — Tunique d'Alexandre
Sidon auquel on a donné son nom 2 ; et de même, dans la
grande mosaïque de Pompéi 3, qui
reproduit vraisemblablement une
peinture du ive siècle, le roi sous
sa cuirasse est vêtu d’une tunique
à manches [lorica, fig. 4531]. On
ne voit pas, à consulter les monu¬
ments, que cette introduction de
la mode orientale ait laissé beau¬
coup de traces dans le costume
grec. Nous ne dirions rien des
peintures pompéiennes exécutées
sous l’influence alexandrine 4, si
l’une d’elles s n’offrait (fig. 4810)
le remarquable exemple d’une
manche séparée du reste du vête¬
ment et de couleur différente ; elle
esl jaune et couvre le bras jusqu’au poignet, en lais-
saul I épaulé nue. Le personnage ainsi vêtu assiste à la
toilette d’un Hermaphrodite, auquel il tend le miroir;
connue sa robe, son visage, malgré sa barbe, est fémi-
nin- 1 auteur delà peinture lui a volontairement donné
la même caractère ambigu qu’au principal personnage
de cette
scene. Dans une autre peinture connue 6, une
niai chande d’amours porte à ses deux avant-bras, au-
essus du poignet, des demi-manches serrées ou des
'assards de couleur verte (fig. 4811). On peut se de¬
mander si ces brassards, qu’on ne retrouve pas ailleurs,
C'iuctérisent pas ici l’oiseleur, puisque cette femme
en exerce le métier 7.
m. ' s Hnmains, pendant bien des siècles, eurent pour les
1111 11 sla même répugnance que les Grecs. Après s’être
passés entièrement de tunique sous la toge axon s,
p. 1173 , ils eurent des tuniques courtes et qui lais¬
saient les bras nus. Celles qui étaient longues et larges,
descendant sur les bras et jusque sur les mains ( chiri -
dotae , manicatae, manulatae lunicae ) ®, leur parais¬
saient ne convenir qu’aux femmes. Cependant, dès l'avant-
dernier siècle de la République, il y eut des hommes qui
en portèrent et par là méritèrent d 'être signalés pour
leurs habitudes efféminées9. Même sous l’Empire, et au
11e siècle, quand Aulu-Gelle 10, en rendant hommage aux
mœurs du passé, témoignait de leur changement, les
exemples qu’on pourrait
citer sont encore rares ; ils
sont relevés comme des ex¬
ceptions; on reprocha à
l’empereur Commode de
s’être montré en public vêtu
de la dalmatica, qui n’é¬
tait qu’une tunique à man¬
ches, sans ceinture11. Mais
son exemple fut suivi : on
s’habitua à porter la dalma-
tique par-dessus la tunique
ordinaire. Au me siècle, les
tuniques à manches sont
d’un usage commun : Au-
rélien en distribue au peu¬
ple12; au ive siècle tout
le monde en porte et, pour les personnes d'un certain
rang, il serait inconvenant de n'en pas avoir 13. Nous
nous référons aux nombreuses figures déjà insérées dans
de précédents articles, qui montrent des hommes de toute
condition, paysans (fig. 859, 2070. 2094), ouvriers (fig. 734,
990, 3281), soldats (fig. 819, 874), généraux (fig. 1504),
magistrats ou grands dignitaires (fig. 1198. 1420,
1909, 3981) et l’empereur lui-même (fig. 1503 , 2450,
3980), portant des vêtements à manches, larges et
flottantes ou étroites et serrées au poignet1*; elles ont
do plus en plus cette dernière façon à mesure que
l’on descend dans le bas Empire. La fig. 4812 repro¬
duit la partie ancienne de la statue colossale de Bar-
letta, dans laquelle on reconnaît généralement l'image
de Théodose 1!i.
Fig. 4812. — Tunique romaine à
manches.
77;Wianfea )3eU7> Awîan. Anab. IV, 7,3-5; 9-9; VU, G, 2; 8, 2; Diod. XVII,
à Sidon mor/' — - llamdy Bey cl Th. Reinach, Une nécropole royale
Mosi(ic0 sco XU ' ) 'u'v- — 3 Mus. Iiorb. VIII, pi. xxxvu ; Niccolini, Quadro in
in Aon. l ftapl. ; ld. Cas. di Pompei, I, pl. vi; Conte, Comment.
— t Voir ,. P' 1149 cl s' i P- Girard, La peint, antique, p. 235.
Rochette CAo' CX<miP'e’ IDlbig, Wandgemülde, n» 253, laf. VI a. — 5 Raoul -
Ztit, (843 ., ], ^ Pe!,,G d. Pompei, pl. ix ; Hclbig, O. I. n“ 13G9; cf. Arcli.
lot. s. — 6 pu/' d'Ercolano, III, 7; Mus, Borb. I, 3; Hclbig,
n» 824. — 1 Cf. Pallad. I, 43, 4 : n Manicas de pcllibus, quae vel in silvis, vol in vepri-
bus, ruslico operi et venatorio possint esse communes ». — * A. Gcll. VII, 12 ; Plaul.
Pseud. II, 4, 48 ; Suet. Cal.'Ai. — O Ibid. etCic. Catil. II, 10, 22 ; cf. Phil. II, 1 1 ; Schol.
Bob. ad Cic. p. 335 Orelli ; Virg. Aen. IX, 6, 16; Suet. Caes. 450. — 10 L.c. — UDio
Cass. LXXII, 17; Lainpr. Commod. 8, 8; Heliog. 26, 3. — 12 Vopisc. A ur. 48, a.
— 13 Augustin. Doctr. christ. Migne, 34, 74. — 14 Garrucci, Storiad. artecrist. II ,
pl. cv: voir, outre celles qui sont indiquées dans le texte, les ligures 9 494, 495.
853, 1257, 1620,1624, 1627, 2302, 3077, 3260, etc, -13 ArcA. Züit. 1860, pl. cxxxvi.
MAN
— 1578 —
On suit la mémo progression dans les transformations
du costume des femmes. L’ancienne stola fut peu à peu
abandonnée parles matrones [stola]. A la tunique, com¬
mune aux deux sexes, les femmes comme les hommes
ajoutèrent souvent des manches, qui descendirent tic
plus en plus bas en s'élargissant, jusqu’à couvrir entiè¬
rement le bras, comme on le voit dans la figure 4813,
d après une peinture de la première moitié du mc siècle1.
On peut constater
d’ailleurs les mêmes
changements de la
mode que pour la tu¬
nique des hommes :
au ivc siècle et dans
les siècles suivants,
les manches sont ajus¬
tées en gaines étroites
et serrées au poignet.
Nous nous contente¬
rons de rappeler ici
le diptyque de Monza 2
où se trouvent réunis
des types des costu¬
mes masculin et fé¬
minin au commence¬
ment du ve siècle.
Fig. 4813. — Costumes chrétiens il manches. H* ^ UVait-il,
chez les Grecs et chez
les Romains, des pièces de vêtement couvrant seulement
la main comme nos gants ou nos mitaines?Ils en avaient
certainement de semblables, quoiqu’ils n’en fissent usage
que pour des besoins exceptionnels. L'exemple le plus
Fig. 4814. — Gants gaulois.
connu esteeluide Laërte, le père d’Ulysse, qu’Homère dé¬
peint travaillant dans son jardin : le vieillard a enveloppé
ses jambes de houseaux et a mis des gants à ses mains
(/sipîosç ÊTrî /eptrf); ces gants, dit Eustathe3 dans son
commentaire, étaient faits de cuir, et il ajoute que les
archers en avaient de pareils, mais sans doigts (ystpàn
yiwv rat si g-q oocxtuXmtocïç). Hérodote1 raconte que le roi
de Sparte Lcutychidès, étant en Thessalie, se laissagagner
moyennant une forte somme d’argent ; elle remplissait un
gant,surlequelilse tenait assis, pourle dissimuler, quand
il fut pris. Xénophon avait remarqué l’emploi des gants
de fourrure chez les Perses: ils en couvraient leurs
1 Catacombe des Saints Pierre et Marcellin; Wilpcrt, Die Gewandung etc., fig. 13.
— 2 Diptychon, p. 274. Voir encore fig. 1507, 1308. — 3 Ad Odyss. XXIV, 230,
p. 1060. — 4 IV, 72. — 5 Cyrop. VIII, 8, 17. — 6 Mittheil . der Antiq.
Gesellschaft in Zurich , XIV, 4 (1862), pl. i, 1, p. 95 (Otto Jahn). — 7 Philipp.
XI, 11; cf. Plut. Oth. 6. Il s agit peut-être ici de manches, Voir note 9,
p. 1577. * Ep. III, 5. — 9 I, 43, 4. — 10 Galen. De nan. tu. III, 4, p. 187;
Oribas. \J, 8 et X, 7, Darembcrg. — il Eus!. L. I. Cette indication paraît
MAN
mains et leurs doigts, dit-il », £xpatç .
Socastocç xxî SaxxuXvjOpaç ly 0u<nv; il distingue
ment les doigtiers. Tous les peuples anciens - -°Xpr°Ssé-
sous des climats froids paraissent avoir emplov!
Pour se protéger. Une garniture de fourreau 7“°‘Ven
trouvée en Suisse, à Vindonissa, avec d’autres ? r
romaines 6, offre l’image (fig. 4814) d’un GatT?!?
sonnier, entouré d’armes de sa nation •
qwniubiiaieni
loy° ce moyeu
reau en bronze,
-s antiqij
Cmulois p,.j„
gants, dont les doigts sont marqués. Pièces de vei <k'UX
ou d’armure, les Romains aussi bien que les Grecs • * ?ent
donc pu voir des gants chez des voisins barbares*!!?1
imiter. Quelques personnes l’avaient fait, puisque r ■
ron1 y fait allusion pour railler Antoine ’plinn , i
rapporte 8 que son oncle, le Naturaliste, pour ne ,y
dérober un moment à l’étude, se faisait accompaj?
quand il sortait, d’un secrétaire qui, en hiver, n0rfaij
des mitaines ( manicas ), afin que le froid ne l'empêchât
pas d’écrire. Palladius 9 recommande les gants de fourrure
( manicas de pellibus ) pour les travaux de la campagne
et pour la chasse. Les médecins employaient des gants
de cuir ou de laine pour les frictions10, il est aussi ques¬
tion d’une sorte de moufles ou gants sans doigts dont on
se serait servi pour pétrir le pain et aussi pour laver11.
Quant aux doigtiers au moyen desquels un gourmand
évitait de se brûler en mangeant12, ils ne sont connus que
par une anecdote et ce n’est qu’un fait isolé. Tous ceux
qui viennent d’être rapportés prouvent que si les anciens
n’ont pas adopté les gants pour leur costume, ce n’est pas
faute d’en avoir apprécié la commodité et d’avoir su s’en
servir au besoin.
III. — Une pièce d’armure défendant une partie du bras]
ou le bras tout
entier paraît aussi
n’avoir été qu’une
exception chez les
Grecs et chez les
Romains , quoi¬
qu’on en put voir
de semblables chez
des peuples voi¬
sins. Xénophon 13
parle, dans la pre¬
mière moitié dû
ivc siècle, comme
d’une invention
récente qu’il approuve, d’un brassard (/si p
cavaliers, recouvrant le bras gauche depuis la main qui
tient les rênes, jusqu’à l’épaule, et défendant aussi 1 ui>
selle au défaut de la cuirasse. D’après ce que dit 1 bhlu
rien des pièces qui composaient cette armure (ex.m. *
Fig. 48 tri
Fig. « 16.
Brassards de métal.
pour
1rs
oà xoù 'T'jyxàu.itTe'rat), on peut imaginer qu
elle était faite
de lames superposées horizontalement, rentrant les un^
sous les autres en suivant le mouvement du bras >M ]
que fera mieux comprendre la fig. 4815, qui rePl
i nliiit un
garde-bras en bronze, trouvé en Italie, non loin d) ■ ■
pies u. D’autres brassards provenant également c 1 ‘ ^
méridionale sont faits d’une tige de bronze conlomi
n’ôlrc que la laussc interprétation d’un passage de 1 olluv, ' |o pain. "ial-
du subligaculum. Athénée parle aussi de xll?r®eî F01" j p, ti d.
il cite le fait comme une fantaisie singulière. 1 . . BonsleU011'
— 13 De re eq. XII, 5; cf. Poil. X, 135. - 11 Aujourd’hui e" 1 ^Hon-Tischbeio,
Recueil d'antiquités suisses, pl. x, 4. Voir encore dans c;ania Agata
Coll, of engravings, II, pl. suppl. », C, un brassard provenu
de Goli.
MAN
— 1579 —
MAN
roc
Fig. 481"
cl avant assez d’élasticité pour se prêter aux
sPira‘' Il celui qui est représenté (fig. 4816), de très
h mètre, fait partie de Y Armoria Reale de Turin 1 ;
fil td-tniné a ses deux extrémités par une tête de
1 " | (|onl jes yeux sont des rubis. L’art en est assez
^'îirrché pour qu’on ne puisse confondre cet objet avec
d’autres pièces d’armure ou
d’ornement en spirale décou¬
vertes tant en Italie que dans les
contrées du Nord et qui appar¬
tiennent à un âge plus primitif.
. Ni l’un ni l’autre des brassards
AmlrV miiv\ ^ëlir^s ne ressemble à celui
qui a été décrit par Xénophon,
puisqu’ils ne pouvaient défendre
qu’une partie du bras. Le der¬
nier ressemble à ceuxqu’on voit
sur les bas-reliefs de Pergame, parmi les amas d'armes
que la sculpture y a représentées (fig. 4817), lesquelles
sont en partie grecques, en partie barbares 2. On ne
peut, il est vrai, dans la sculpture, distinguer si les
brassards sont faits de métal ou de cuir.
Un bas-relief d’un temps postérieur3, où à des armes
barbares sont mêlées des
armes et des enseignes ro¬
maines, offre une image (fig.
4818) différente : c’est un
avant-bras fait de lames ar¬
ticulées, terminé par un
gantelet ; une pièce rigide
couvre le poignet. Il n’existe aucun indice de l’emploi
d’armes pareilles chez les Romains. Chez eux, le
haut du bras seul était protégé par les lanières dou¬
blées de métal attachées à l’échancrure de la cuirasse
[loricaI. Les archers portaient une manica* au bras
gauche, que l’on peut supposer semblable au bracelet que
les archers modernes attachent
à leur avant-bras gauche pour
éviter le coup de fouet produit
par le tir de l’arc.
Pour les manicae des gla¬
diateurs, nous renvoyons à
l’article gladiatou. Les bes¬
tiaires [bestiarii] en portaient
aussi quelquefois \
IV. — On appelait encore
manicae 6 les menottes ou an¬
neaux attachés aux mains des
prisonniers. On voit (fig. 4819)
un barbare captif ainsi lié par
une chaîne à l’extrémité de
npaux, laquelle- pend un de ces an-
sous 1 - ^lU Une c^es ^aces do la base sculptée connue
i 0 , 110111 hasts ou ara Casali 8, où est figuré l’é-
b'SOue de Mire ni u • . °
et Venus surpris et enchaînés par Vul-
Fig. 4818. — Garde-bras.
4‘g. 4819 — Meuoltes.
cain, la déesse est figurée avec une chaîne terminée par
des menottes.
V. — Le mot manica est employé par Lucain* comme
synonyme de harpago ou manu .s- ferrea pour signifier un
grappin employé dans un combat naval. E. Saglio.
MAXIPULUS. — Proprement une poignée, une gerbe;
se dit de l’herbe, du blé, du foin, et est employé dans ce
sens par les auteurs qui se sont occupés des choses de
la campagne1. Le mot désigna par la suite une division
de la légion romaine. Le passage d’un sens â l’autre a
été indiqué par Ovide2:
Perlica suspensos portabal lonya maniplos
Inde maniplaris nomina miles habel,
c’est-à-dire que le manipule, division de la légion, aurait
pris son nom de l’enseigne qui la distinguait, une botte de
foin. Nous avons exposé au mot legio ce qu’était le mani¬
pule ou du moins ce qu’on en peut savoir. R. Cagnat.
MANSIO [cursus publicus, p. 1655 .
MANSUETARIUS [bestiae].
MANTELE. Xsipogixxpov. Serviette. — Chez les anciens,
la différence entre les serviettes de table, les essuie-
mains, les mouchoirs et les fichus, n’était pas aussi pré¬
cise qu’elle l’est aujourd'hui. Les mots très variés dont on
s’est servi, surtout en latin, s’appliquent à ces différents
objets, sans qu’il soit toujours possible de les distinguer
nettement : mantele, mantilium , mappa , mappula,
gausape , facitergium , manutergium , manumundium ,
orarium, sudarium, etc.1 Comme on l’a remarqué jus¬
tement2, c’est le linteum ou pallium , le morceau d’étoffe
rectangulaire, plus ou moins long, plus ou moins carré,
qui, suivant la matière, la grandeur et l'usage auquel il
est destiné, peut devenir : un vêtement, une serviette, un
mouchoir, un voile de tête, même une couverture de lit
ou de siège, un rideau, etc.
Ce qui a empêché les anciens de préciser, c’est que
pendant une grande partie des âges classiques on a fort
peu usé de ces accessoires de toilette qui chez les moder¬
nes sont d’un usage constant : serviettes de table, ser¬
viettes de toilette, mouchoirs. On ne les voit guère entrer
dans les mœurs, d’une façon définitive, qu’à l'époque
chrétienne, et sous le couvert d’un sentiment qui n’est
pas tant celui de la propreté que celui de la pureté. Les
serviettes et les nappes de nos repas dérivent surtout
d’un usage religieux.
I. — En Grèce, il ne semble pas que l’âge homérique ait
connu ces raffinements ni qu’il possède de mots pour les
exprimer; ni dans les bains ni dans les repas le poète
n'y fait allusion. 11 faut descendre au vu* siècle pour
trouver le mot ysipôgaxxoov dans un vers attribué à
Sapho 3. Il est vrai que, d’après Athénée, il désigne un
mouchoir de tète [kékrypualos]. Mais la composition du
mot lui-même implique qu’on aurait eu, dès celte épo¬
que, l'habitude de s’essuyer les mains avec un linge
spécial. Au ve siècle l’expression est courante; mais on
l’applique encore à des ornements de tète et à des
’n Italia e specu T 7” ’ ’ *’ l9’ 28 ’ ^“gducci, Gli ornamenti spiraliformi
Simon, p| X|I[I m Apulia, Turin, 1876, p. 31. — 2 Alterlhïtm. von Per-
feumcisler, DenL-n'-'i 1 explication de Droysen : il pense (cf. A. Millier, dans
^ris do chars P' 12821 f,uo ces brassards, étant figurés prés de
Arcl>- 2fit. 1859 |Cnt 6t‘e CC"X des conducteurs. — 3 Au Musée de Berlin,
L '■ - 6 Front /!' ' “j Vl" (cf- ,a fiS- 1054)- — 4 Veget. De re mil. I, 20 ; Eust.
16> 76; Ap„i FVlmn' M' Caes ' V> 22- ~ 6 Plaut. Asm. H, 2, 35; Hor. Ep.
~~ * An Vatican p i ,* ' ■ Bellori, Veteres arcus Augustorum, pl. xxi.
0 psi, 1\ \ aticano descritto ; Overbeclt, Kunstmythol.
atlas, X, 10; II. Brunn, Kleinc Sehrift , 1. p. 38. — 9 III, 565. — Bibliographie.
Amclung, in Pauly-Wissowa, Dealencyclopâd. s. v. ytipiSurt; y itiv et ytift;.
MANIPULUS. i Par exemple Varr. De re rmt. I, 49 ; Colum. XI, 2, 40 ; Virg.
Georg. 397. — 2 East. III, 1 17.
MANTELE. 1 Lexicon Mai, Class. auct. VIII, p. 361. — 2 Wilpert. dans CArle,
1899, II, p. 6. — 3 cité par Alhen. IX, 79, p. 410. Athénée mentionne ibid. un
passage d’Ilécatée de Milet (vi* siècle) qui parle aussi de yeifo^a-rça portés sur la
tête par les femmes d’Asie ; cf. Alciplir. III, 46, elle commentaire de V Élite céramo-
graph. IV, p. 89.
MAX
— 1580 —
étoffes ayant une autre destination que la serviette1. La
première mention précise nous est fournie par un frag¬
ment d'Aristophane où l’on dit à un esclave d’apporter
1 eau pour les mains, sans oublier la serviette (««pi™,*™
TO /£ipou.axT?ov) 2. A partir de ce moment les textes ne lais¬
sent plus de prise au doute3 ; mais ils sont en somme peu
nombreux. On sait que d'ordinaire, après avoir mangé,
les convives pétrissaient entre leurs doigts un peu de
111,11 <lin leur netloyait les doigts et qu’ils jetaient par
I' ni aux clnens , c était lù leur ^sicogaxTpov ou Ix^aysTov
corna, p. 1274’ \ Notons que la serviette, appelée aussi
sxTftp.p.a, était faite de toile écrue (tà|AÔXtvovl ou de tissu
très tin civ&ovucpÉç) 5.
Nous voudrions sur les monuments en discerner la
tonne et les ornements ; mais il n'est pas facile, par suite
de la confusion dont nous parlions plus haut, d’en trouver
es oxeraples clairs. Partout, dans les scènes de bains,
de toilettes ou de banquets, on voit des étoffés repliées
et suspendues dans le champ ou tenues sur le bras par
des personnages. Mais comment savoir s’il s’agit véri¬
tablement d une serviette plutôt que d’une étoffe quel¬
conque, d’une cblamyde ou d’une tunique? Les Grecs sont
s! accoutumés à se dévêtir, leurs ajustements sont si
simples, que le vêtement enlevé du corps se confond
absolument avec une étoffe quelconque. Je dirai plus:
1 habitude de porter des tuniques et des manteaux flot¬
tants, dont les pans étaient continuellement retenus et
maniés pai les, doigts, devait rendre moins nécessaire
aux usages quotidiens de la vie l’emploi spécial d’une
serviette. On avait naturellement sous la main le pan de
son vêtement et l'on ne se faisait pas faute de s’en ser-
'ii. 11 est remarquable que, dans les scènes assez nom¬
breuses qui représentent Euryclée lavant les pieds
d Ulysse fig. 725), ou les premiers soins donnés aux
petits enfants (fig. 241, 2608;, ou le XoùTp&v de la mariée,
on ne trouve pas de serviette : c’est que les servantes se
servent, pour essuyer, des pans flottants de leur vêtement.
Au contraire, dans 1 épisode chrétien du lavement des
pieds, la serviette apparaîtra très distincte G.
Sdn,> donc nier le moins du monde l’usage de la serviette
dans le monde païen, il faut comprendre qu’elle est sou¬
vent représentée par toutes sortes de linges qui n’avaient
pas cette destination spéciale. Si dans une scène de festin
on voit des draperies accrochées aux parois7, on en pour¬
rait conclure que ce sont des serviettes ; mais il faut se sou¬
venir que, dans un nombre considérable de scènes domes¬
tiques, les peintres ont indiqué des accessoires du même
genre, draperies ou larges bandelettes [taenia], qui carac¬
térisent simplement l'intérieur d’une habitation. Les
scènes de bains elles-mêmes ne montrent rien de carac¬
téristique a cet égard (voir les figures de balneum) et,
lorsque Vénus sort de l’eau, la pièce d’étoffe qu’on lui
apporte est plutôt sa tunique ou son himation qu’une
serviette 8.
1 llerod. Il, 12i; IV, Ci; Sophocle cilé par Allion. IX, 79, p. 410. — 2 Allion.
L; C-; Xrist°pl'- fragm. édit. Dindorf, Didot, p. 504, XV. — 3 Xenoph.
', 3’ 5; Scl,ol‘ Tt>eocr. VII, IG - 4 Scliol. Aristopb. Equit. 413-
Po l. Onom. VI 93; Eustalh. Ad Odyss. XIX, 92, p. 1857.- spbiloxen. ap.
‘0nD ' C' et X’ 77’ P- m- ~ G Wilpert, L’Arle, 1899, II, p. 18, fig. 5 ; voir
aussi i date se lavant les mains, Garrucci, Arte cristiana, pl. cccxxxiv, n° 2.
..A,*' Gre9°r- »- Pl- «xiv, 1 = Duruy, Op. I. Il, p. 603. - » Voir le beau
lehef Ludovisi AnUke Denkmaler des de, U. Inst. Il, pl. vi, et les statuettes de
terre cuite publiées par P. Jan.ot dans AMnoi, -es et Mon. Piot, II, 1895. p. 174 et suiv. ■
cf. Bros apportant un linge à une femme, Tischbein, II, pl. xxxvm, ux; III, pl. xxxv;
Antiq. du Bosph. Cmm.pl. i.iv, ..x, .- Gerhard, Ans. lus. pl. ccxcv; Roulez. Vas
MAN
pour l’étendre sur un coussin
-K- HiT), etc. •; c’est le rôle d "ne s
diapene varie de forme et de nature. So
coksia, 1
luie ieune
Fig. 4820. — Serviettes de toilellc.
Oïl se sert naturellement d’un 1;
d6S °',jetS’ P°ur couvrir des pants (fig.tf0^
i COUSsin c. h ‘ 'H),
sur in, . ;
»ne serviette,
°“ PC'"' qua!iller de ou de maZZI "f
plus ou moins amples cl ornés nue IV,, , ô ' "s'!
mains de serviteurs apportant les plats i “lrt 1,1
.g.1705], de servantes s'empressant mîtourd 0
femme ou de la déesse
Aphrodite à sa toilette
(fig. 1361 et 4820) 10 ; Ces
larges bandelettes à fran¬
ges font partie des acces¬
soires de toilette les plus
usités et certainement on
a pu s’en servir comme de
serviettes, en même temps
que de ceintures [cingu-
lum, fascia], ou d’orne¬
ments de tête [diadèma,
KÉKRYPHALOS, MITRA]. En
tout cas, la serviette de
table individuelle, telle
que nous l’employons, . -
parait étrangère à l’époque grecque: on se contentait
d une ablution rapide des mains, qu’on essuyait ensuite
a la couverture du lit ou à la serviette tenue par l’esclave
[coena, p. 1274].
II. A Rome, l’usage des serviettes prit une extension
Plus considérable. Elles sont ordi¬
nairement désignées par deux mots,
mantelia et mappae, qui tendent à
se confondre [coena, p. 1280]; en
réalité, c’est le mantele jeté sur la
tablequi a fini par devenir la mappa ,
notre nappe moderne11 [mappa]. Au
début, c’est un simple linge, comme
en Grèce, dont on se sert pour es¬
suyer la table ou ses mains. « Prends
un linge, dit un personnage de
Plaute, et essuie-toi les mains »
( linteum cape)1 2. Sous l’Empire, il
est de règle d’apporter une serviette
avec l’aiguière à laver et elle figure à côté de l’œnochoé,
parmi les ustensiles et les mets de la salleà manger, sur une
peinture de Pompéi (fig. 4822) ”. Ces serviettes étaient
ordinairement faites d’une étoffe épaisse, unie d’un côte,-
pelucheuse de l’autre [gausapa] u. On essuyait les tables
avec ces serviettes, de couleur pourpre ou autre lj- ffms
les banquets, l’amphitryon fournissait ce linge de table,
mais on prit l’habitude d’apporter chacun sa serviette
[mappa), afin d’y mettre les petits cadeaux que I b"!1
faisait à ses convives [coena, p. 1280]. Le luxe do sl 1
de Leyde, pl. xix., etc. — n Baumeister, Denkmaler des kl. Alt. fig- ' ^
Hist. des Grecs, I, p. 747; Allasdu C. Rendu de St-Pétersbourg, J80I.I’1 • ^
Zeit. 1857, pl. xcvm, 1. — 10 Elite céram. IV, pl. xxxirr, xxxm Ael x*'1"
du Bosph. Cimm. pl. lu; cf. Atlas du C. Rendu, 1803, pl. i; 1881, pl-
Mon. Grecs, 1885, p. 37-38.— U Voir Mari. XII, 29, et le texte d'Isidor. ^
2G : « Mantelia nunc pro operiendis mensis sunt, quae, ut nomen U 1 ^ ^ flo b.
olim tergendis manibus pracbebantur. » — Mostell. I, 3, 1 UU. — 1
VI, pl. xxxvm = Antich. Ercolano, V, 84, p. 375; Hclbig, " nl 11 9")'^ ^ . pfS|,
— 1 4 Vii'g. Georg. IV, 377; Aen. 1,701-702, et les passages de Servies,
p. 133; Varr. De ling. lat. VI, 85. Nous avons aujourd hui la « ,\ II, 29.
— 13 Hor Sat. Il, 8, 10 Lucil. Sut fragm. XX, I. - )6 »»>•• IbkL 63 :
482 1. — Serviolle <Ip
lablo.
MAN
— 1581
MAN
,ieg nappes devint très grand à partir d’Hadrien ;
rr", -ouvrirent de bandes de couleur, de broderies et
' e,lc? ' .Vr'is i - La serviette restait, d’ailleurs, l’apanage
! des gens de la bonne société; le
peuple n’en faisait pas usage2.
Mettait-on une serviette devant
soi, sur sa poitrine, quand on était
à table? Un texte de Pline pour¬
rait le faire croire; mais je crois
que le sens en est différent3 et,
d’ailleurs, aucun monument ne
nous montre cette disposition. A
Rome comme en Grèce, la serviette
conserve un rôle plus général que
chez nous : c’est un linteum, et
l’on s’en sert, quand on en a be¬
soin, comme de serviette ou de
mouchoir [sudarium]. Trimalcion
au bain se fait essuyer, non pas
avec des lintea, mais avec des pal¬
lia de laine très douce ; après s’ê¬
tre lavé les mains, il les essuie à
la chevelure d’un esclave h Sa
femme, Fortunata, dans le ban¬
quet qui suit, prend le fichu
qu’elle porte autour du cou pour
Trimalcion lui-même a les épaules
i couvertes d’une mnppa à large bande de pourpre,
.dont les franges retombent de chaque côté 6 (cf. la
fl g. 4823).
L’amusante épi -
gramme de Martial
sur Ilermogénès « le
voleur de linges » 1
nous montre la na¬
ture vague de tous
ces termes, désignant
des voiles et des
étoffes de tout genre.
C’est ainsi que man¬
te/e , serviette, a fini
par devenir syno¬
nyme de mappa,
nappe; que niant e-
lium ou niant ilium,
l , gavxtXtov etptavotXiov 8,
I Ma"1 < Ie mant^ ^es diacres chrétiens9.
1» r est surtout dans les cérémonies religieuses que
et lij' ' !l' ,dPParaît comme un accessoire réglementaire
u fini "J. Ovide, décrivantles ustensiles du sacri-
Fig. 1822. — Serviette du
Camillus.
essuyer ses mains
F,g* 48-3* ~ Serviette sur les épaules.
lont il s’agit j ’ Alex. Sev. 37; Trebell. Gall. 16. Les mantelia
fa M&'ccd* coud,, ( J M,a‘ssen^*re surtout des nappes; voir mappa. — 2 Lucian.
3 pjjn yji J H s agit aussi d’une serviette faisant office de nappe.
'Offres scalpé' ~ ^ parle de tribus anthropophages qui placent des che-
4nle pectora «T; " lcw on guise de serviettes : « Pro mantelihus
■ n ntl Mille l’i * .i
a place de Ccs , isioncn ne veut-il pas indiquer que chez ces sauvages
| affirmer paP \>A ( u-. ^ Cos serviettes était d’ôtre suspendues au cou, sans
I Ce passage de pu °n Se sa serviette au cou? On rapprochera
27, 28. ___ 5 !?? e d Hérodote sur les Scythes (IV, 64). — 4 Petron.
K ; Suia, H,, s', — G Jbid. 32. _ t XII, 29. - 8 Etym. magn.
I p 0 Nous suivons r V‘ 9 Dict. de la lang. franc, art. mantil.
BJ»1899, p. jg et C* ^xceHont article de M. G. Wilpert publié ddns l'Arte ,
■ dl> Musée du.’ m 11 °Vid- Fasl • IV’ 933- - 12 Wilpert, p. 24-25, fig. 11,
Br0"- Etrutchi, VI ,1 '°"nCS “ Uomc; cf- les (iK- L 12, 13, 10; cf. Inghirami,
Hilth. dcràJf Usinio' Sarcof. d. Camp. Saut, di Eisa, pt. en
K y. ' 'qu- Ge»elkchaft in Zurich , XV, pl. vm, 7 ; etc. — '3 \Vi|.
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Fig. 4824. — Serviette de culte.
fico, nomme La serviette à longs poils, la patère de vin et
la boite à encens" : ce sont, en effet, les ustensiles que
l’on voit entre les mains des camilli, sortes d’enfants de
chœur, qui assistaient le
prêtre dans le sacrifice [ca- Qj
millus, sacrificiuh]. La ser¬
viette est le plus sou vent pla¬
cée sur leur épaule gauche et
pend en avant et en arrière
(fig. 1033, 4822) **, ou sus¬
pendue en cravate de cha¬
que côté du cou13, ou bien
attachée comme un man-
telet et recouvrant les
épaules (fig. 4823) u; plus
rarement elle est posée sur
le bras gauche (fig. 41)*-.
Dans toutes ces figures, on
peut se rendre compte de
l’épaisseur du tissu et des franges qui ornent les
extrémités. Sur un relief du Capitole on voit la ser¬
viette accrochée à une tige de suspension, avec onze
autres emblèmes du culte romain
(fig. 4824) ,0.
On s’explique ainsi que, dans
le monde chrétien, la serviette se
soit introduite sous le couvert
des usages religieux et qu’elle y
ait pris une importance de plus
en plus grande. Non seulement le
diacre chrétien porte le manlele
sur l’épaule gauche comme le ca-
millus (fig. 4823) 17, mais tout
objet sacré est tenu avec les
mains recouvertes d’une ser¬
viette 18, et la nappe blanche,
après avoir recouvert l’autel, s’é¬
tend sur la table de repas
comme un emblème de pureté
[mappa]. E. Pottier.
Fig. 4825. — Manlele du diacre
chrétien.
MANTICA. — Besace que
l’on portait sur l’épaule, de telle façon qu’une des
poches pendait par devant, l'autre par derrière Elle
était d’ordinaire en cuir2 et servait surtout à transporter
en voyage des fardeaux et des provisions 3. Ceux qui
faisaient la route à cheval pouvaient la placer derrière
eux, en travers sur la croupe de leur monture A La
figure 4826 est tirée d’un bas-relief sculpté sur une urne
cinéraire, en tuf, du Musée de Volterra ; on y voit deux es¬
claves chargés chacun d’une mantica, l’un précédant.
pert, p. 10, lig. 9; cf. fig. 10. — 14 |d. p. 5, fig. 4, statue de bronze et de marbre
polychrome au Louvre (parties de bronze rapportées, parties de marbre res¬
taurées, mais antiques). — C> Id. p. 25-20, fig. 21 et 22. — 16 Id. p. 9, fig. 8; cf.
Clarac, Musée de sculpt. pi. ccxx, n° 307; liaumcister, Denkmdler, fig. I30G,
n“ 12. — 17 Wilpert, p. 17, fig. 15. Sur le mantile, la mappa et la mappula devenus
des parties du vêtement sacerdotal, voir Ibid. p. 9, 10, 41, etc. — *8 Garrucci. Art e
cristiana , pl. eexe; cf. pl. cccxxiv, cccxxxu, cccxlv, cccxlvi, elc Dans la scène de
Pilate se lavant les mains, l'artiste chrétien a parfois soin de faire figurer la ser¬
viette; Ibid. pl. cccxxxiv, n» 2. — Bibuographir. Marquardt, Das Privât leben, l,
p. 366 et suiv. ; II, p. 1 18 de la trad. frauç. ; Beckcr-Gôll, Charikles , II, p. 309 et suiv. :
Gallus, III, p. 387-390; Dezobry, Home au siècle d'Auguste, 3' édit., 1870, I,
p. 159 ; Wilpert, Un capitolo di storia del vestiario, cliap. iv, dans l'Arte, II,
1899, p. I et suiv.
MANTICA. 1 Catull. XXII, 21; Pers. IV, 23.— 2 Grat. Cyn. 339; Pers.
V, 140 ; Petron. Sat. 102. — 3 Apul. Met. I, 18 Vliet. — 4 Hor. Sat. I, VI.
104.
190
MAN
— 1582 —
MAN
l’aulre suivant un homme à cheval qui part pour un
voyage1.
On appelait manticula une bourse en forme de
besace2; il n’y a pas longtemps
qu on a renoncé chez nous à
ces sortes de bourses, ordinai¬
rement en mailles de fil ou de
soie, serrées au milieu par un
anneau coulant. C’était surtout
la bourse des pauvres ; un
vianticulator se rapprochait
beaucoup d’un mendiant 3. On
employait aussi le mot manti-
culari pour dire dérober une
bourse, et par suite jouer un
mauvais tour à quelqu’un 4.
Georges Lafaye.
MANTUS. — Au dire de Ser-
vius1, les Étrusques désignaient
ainsi un dieu analogue au Dis
Pater des Latins [dis pater],
c’est-à-dire le souverain du monde
infernal. On a plusieurs fois es-
sa\e de 1 identifier avec tel ou tel des personnages my¬
thologiques qui figurent sur les monuments funéraires
[FINES, inferi:. Suivant O. Müller2, Mantus ne serait
autie chose qu un de ces démons affreux auxquels on
attribue d ordinaire le nom de Charon charon] : un être
difforme, grimaçant, quelquefois ailé, presque toujours
aimé soit dune épée, soit d’un maillet, qui entraîne le
mort vers les régions souterraines. Suivant Gerhard3,
il faut distinguer parmi ces démons deux types, dont l’un
porte une couronne et l’autre n’en porte pas : le démon
couronné serait Mantus. Ces essais d’identification, d’ail¬
leurs tout arbitraires, sont difficilement acceptables. Dans
toutes ces figures de démons rien n’éveille l’idée de sou¬
veraineté qu’implique l’assimilation de Mantus à Dis
Pater. Ce n est pas là 1 image d'un roi qui gouverne tout
un inonde et donne des ordres, mais l’image d’un agent'
qui les exécute, d'un génie psychopompe, d’un « conduc¬
teur de mânes4 ». L’office est trop subalterne.
Si 1 on a tant de peine à reconnaître Mantus sur les
monuments figurés, c’est que peut-être, en dépit du
témoignage de Servius, il n’existait en Étrurie aucun
dieu de ce nom. Il est assez singulier que l’épigraphie
étrusque, qui nous fait connaître tant de noms de divi¬
nités", n ait conservé aucune trace d’un dieu aussi
important. Cette épigraphie est presque exclusivement
funéraire ; les monuments figurés qu’elle accompagne
présentent une profusion de scènes empruntées à la
1 C csl le voyage dans l’autre monde; Ingliirami, Mon. etr.ï. I, p. 179, p|. xvm.
\ oir encore Ibid. p. Gl.pl. vu; 1. II, p. 514, pl. lxi. — 2 Fest. s. v. p. 133, Muller.
3 Pacuv. ap. Fest. L. c. = vers 376 ap. Ribbcck, Trafic. Roman, fragm. 3
(IS9ji ;cf. CHARON, fig. 1360.— « Pacuv. vers 377-380 ; (Ribbeck, L. c.) ; Apul. De
mag. oo, p. 309, 36 ; Tertull. Apol. 44; Loewe-Goctz, Corp. glossar. lat. Il, 127,
1: 407, 33; III, 455, 59; 485, 64; IV, 113, 7, 36; 114, 24; 115, 8; 451, 42; 452, 1 ;
536, 19; V, 33, 4’; 837, 8, 9; 115, 24, 26; 116, 3; 220, 44, 45, 46, 47; 309, 29;
310, 4; 371, 17 ; 464, 33, 34, 47, 50; 465, 4; 507, 10; 523, 45; 524, 1 ; 528, H ; 544,
30; 548, 23 ; 572, 22, 31, 39; 604, 18 ; 635, 53.
MANTl’S. i Scrv. Ad Aen. X, 199 ; « Mantuam autem ideo nominatam, quod
etrusca Imgua Manlum Ditem patrem appellant. » — 2 O. Miillcr-Deecke, Die
lr“S ’ [*’ P’ Ambroscli, De Charonle etrusco, Vratislav. 1837.
— Goltheiten der Etnisker, p. 16, 56; pl. vi, 2, 3. — 4 o. Muller rapproche
1 a'duS de Manducus, qu’il interprète comme Maniducus = maniurn dux (II,
!'v i0p; cf’ G«rhapd. 1 c- — 6 Cf- etrusci. — « Cf. charon. — 7 Monumeuti,
IX, pl. XV, 5; Marllia, Art étrusque, p. 394, fig. 268. — 8 Ibid. — 9 Dennis, Cities
and cemetei'ies ofEtruria, p. 351. Virgile, décrivant le Tartarc, signale le monstre
mythologie infernale [inferi, etrusciI • 0n v
des noms comme ceux de Charon6 du ,i • y renc°ntre
eha \ de Thésée captif aux enfers’8 ,i„ ' T"
tête, Géryon 9. On y rencontre même 4 lrip!e
des morts de l’Hadès grec [Eita), assis à ,S„Î roi
phoné (Pherstpnei), c’est-à-dire précisément l- H
d une divinité qui correspond à Pluton ou ■ "lla8e
et qui devrait correspondre à Mantus16 fl ** !>ater>
manquait donc pas de placer le nom signalé 2T*- 'le
Comment se fait-il qu’on ne le voie nulle ^Servius-|
Au surplus, le texte de Servius, où se tronvo F
mention de Mantus, n’est pas de nature à insnire?.lqUe
grande confiance. C’est un résumé de tous les daes T
tradictoires des grammairiens au sujet de l'origine dè
Mantoue, ville peuplée de races très différentes 11 ni,
mêlaient des Grecs, des Italioles, des Etrusque! ta
également intéressés às’attribuer un droit de p,(mZ
rance en faisant honneur de la fondation de la cité à un
héros de leur race. Les uns tenaient pour Ocnus, qu’on
disait soit fils ou frère d’Aulestès, soit fils du Tibre et de
la prophétesse Manto, fille elle-même ou d’Ilercule ou
du devin thébain Tirésias. Les autres tenaient pour
1 Étrusque Tarchon, frère de Tyrrhénos, qui avait, disait-
on, consacré la ville nouvelle à l’un des principaux dieux
de sa religion 12. Ces traditions ne méritent pas plus de
crédit les unes que les autres. Pour qui connaît la ferti¬
lité d’invention des grammairiens antiques, leur manie
de paraître toujours mieux informés que leurs confrères,!
leur assurance imperturbable devant les problèmes mytho¬
logiques les plus inaccessibles13, Mantus a bien l’air
d avoir été imaginé pour les besoins d’une discussion,
afin de donner à Mantoue un fondateur d’origine étrusque
bien authentique. Et peut-être le caractère infernal
attribué à ce dieu imaginaire n’est-il que le résultat d'un
rapport étymologique présumé entre Mantua et mânes “. j
En somme, l’existence de Mantus nereposequesurl'aflir-
mation d’un grammairien anonyme, plus ou moins posté¬
rieur à Virgile, par conséquent d’une époque où lareligion f
et la langue de J ’Étrurie avaient depuis longtemps disparu.
La garantie n’est pas suffisante ls. Jules Martua.
MANUBALLISTA [arcuballista].
MAXIJBIAE. — I. — Dans le langage courant, surtout
à l’époque impériale, manubiae (ou manibiae') n était I
souvent qu’un synonyme de rraeda2, soit au sens propre I
de butin fait à la guerre, soit au sens figuré de proie ou I
rapine quelconque. Aulu-Gelle constate que non seule- 1
ment l’opinion vulgaire ne faisait aucune différence enlre I
ces deux mots, mais que même un contemporai
renommé pour son grand savoir en affirmait 1 ident'D i I
signification. Quant à lui, il estimait que chacun ces I
. y j 289) ; cf- *1
Géryou : « Gorgones Harpyiaeque et forma tricorporis umbrae » ( ' eu . > ^ ^ ^ I
llorat., Odes , II, 14, 8. Sur Géryon, voir lart. hercules. — 1° T°m ^ I
à Cornelo ( Monumenti , IX, pl. xv-xv a; Dennis, Cities , I, P- 0 ^étr- j
à Orvieto (Coneslabile, Pitture rnurali , pl. xi ; Dennis, II, P- pj sujv. : I
p. 443, fig. 292); cf. Dennis, I, p. 338, 465. - H Virg. Aen. ^ j
« Mantua dives avis; sed non genus omnibus unum : — * ' cns t,ss(>urs de
cf. Serv. ad l. - 12 Scrv. Ad Aen. X, 199. — 13 Jullien, ^ Manlul... I
littérature dans l'ancienne Home , p. 204. — 14 Cf. Isid. Ong. - * /?rancc> I
quod mânes tuetur ». — 16 V. Bull, de la Soc. des Antiquai)
20 nov. 1901. (joi] oc||c des I
MAN UI1I AE. 1 La graphie manubiae est, presque sans cxcc^ (j’Angusle I
manuscrits. Manibiae est attesté par des inscriptions contempoia
(Mon. Ancyr. 3, 8 et 17 ; i-, 24; Corp. viser, lat. 6, 1301 ; 10, 008 > £jjarjgjusj I
p. 195, eloy. 18, 1. IC : manubiis ) et par tes grammairiens, Pal CX /j0rdan) ; C,Ci I
Gramm. lat. 1, 97, 15 sq. (Kcil). — 2 Voir Cat. p. 37, 1. H s't'b ^ gucj Calfft* I
Verr. Il, 1, 59, 15G et 157; 3, 80, 186; Tit. Liv. 23, U, 3; 33, >
41; Vc8p. IC; Florus, 3, 18, 6, etc.
MAN
— 1583 —
MAN
[ormes aval
L sa valeur spéciale et précise1, En ceci
il avait cert
deU* certainement raison. Lorsque, par exemple, le
Servi lins Rullus, cité par Cicéron2, écrivait dans sa
' Aurum, argentum ex praeda , e
il entendait
tribu »
oi agi
r coroner 10
. Aurum, argentum ex praeda , ex mafiubiis,
loiagI'U '■ a,i quoscumque pervenit...,
tX - ntiî doute énumérer trois choses distinctes : latroi-
(lr c0g expressions coordonnées traduisant à elle
ne serait pas logique de ne
sans
Iule une idée particulière .
dans les deux premières qu une gemmation ver-
v0',i a' ridée de butin. Mais quelle était, dans la langue
I ^ e de la guerre et du droit, la signification exacte
du mot manubiae ? En quoi les manubiae se distin¬
guaient-elles de la praeda ?
\ulu-Gelle croyait le savoir3. Il avait trouvé in libris
‘mn verborumque veterum la définition que voici :
Praeda dicitur corpora ipsa rerum, quae capta sunt,
manubiae vero appellatae sunt pecunici a quaeslore ex
genditione praedae redacta ; d’une part, le butin en na¬
ture, de l’autre, les espèces provenant de la vente du
butin. M. Mommsen4 et beaucoup d’autres après lui5 ont
adopté cette distinction. Mais M. Karlowa en a facilement
démontré la fausseté6. Elle résulte du texte même de
Cicéron produit par Aulu-Gelle’ à l’appui de son opi¬
nion : Praedam , manubias , sectionem , castra denique
Gn. Pompeii sedente imperatore decemviri vendent 8,
dont on peut rapprocher : In eius provincia vendet
manubias imperatoris9 . Dans les discours contre la loi
agraire de Rullus, d’où ces deux passages sont tirés, le
mot manubiae revient souvent; il était, ainsi que le
montre la citation faite plus haut, dans le texte même
du projet; ce texte était naturellement rédigé en style
juridique. Aulu-Gelle affirme donc à bon droit que manu-
biae est employé ici avec sa valeur technique10. Mais, s’il
en est ainsi, sa distinction ne saurait être acceptée.
Puisque, dans certains cas au moins, les manubiae peu-
I vent être vendues, elles ne sont pas nécessairement, elles
ne sont pas proprement l’argent provenant de la vente
du butin. Ce qui l’a induit en erreur, c’est la fréquence
des textes, littéraires et épigraphiques, où il est men¬
tionné que tel personnage a construit ou embelli tel mo¬
nument, fait telle donation, de manubiis , ex manubiisil.
Mors, en effet, le mot manubiae signifie des espèces12.
Mais, dune part, nous venons de voir qu’il signifie
ailleurs des objets en nature; d’autre part, il y a des
Rodes nombreux où les largesses en numéraire d’un
general a ses soldats sont désignées par l’expression ex
praeda'1. Qu est-ce à dire, sinon que la réduction du
nfin en espèces ne crée pas la différence cherchée entre
' ux n°fions, qu’elle n’a pas d’importance essentielle?
es manubiae, quoi qu’elles soient, le sont avant comme
aPres cette réalisation14.
Ibid. 1, 4 J., ' ’ J*0 t-4). 3 sq. et 25. — 2 De leg. agr. 2, 22, 59 ; cf.
sunt, 8ic, jam ’4oc1’ Att. 13, 25, 25 sq. ; cf. Ibid. 29: Manubiae enim
« praeda v n '’ n°n Praeda, sed pecunia per quaestorem populi Romani
— * Rôm For.'a ' °nllacla' Nonius, 5, 39, n’a fait que copier Aulu-Gelle.
dans le Manuel' 443 stIrl- (= Hernies, I, 176 sqq.). — 5 Marquardt,
P- 887; Bouche'. L H "nl,ri' rom- U'ad. fr. X, p. 362 sq. ; Lange, Rom. Alterth. I,
4 II, t" pa,.jje ^ ’ 1 C'0 Manuel des Instit. rom. 247, etc. — 6 Rôm. Rechtsgesch.
dooBe p|us |0jn 180"’ P- 3 S(P1- — 1 Noct. Att. 13, 25, G. Le commentaire qu’il
~ 9 Ibid. 2, 20 -3 _ oe Passage en dénature le sens. — 8 De leg. agr. 1, frag. 4.
*'8>is fori Traiani *• ' ' 3"’ ~ 11 ** cito t° cas forum de Trajan : I. In fas-
S» ** insrH )li"1",'a,,a suul sila... ; subscriphim est: ex manubiis.... 28.
c,P*ura est horum' t ^ non lcs C0rP0raquc ipsa praedae demonslral, niliil enim
ficia déclarât . _ ,a ra,ano e* hostibus, sed facta esse liacc... ex pecunia praeda-
rD»nt du hutii, il "" |nc 'lllc m°f manubiae peut signifier des espèces pro-
coustruit ayec cçs ^ s‘Sn*Uer aussi par une nouvelle dérivation un monument
P'ccs . Cic. In Verr. Il, I, 59, 154 : ex L. Metelli manubiis
Le pscudo-Asconius nous fournit une seconde défini¬
tion13 : Manubiae autem sunt praeda imperatoris pro
portione de hostibus capta : les manubiae sont la part
de butin du général. Bien que l’autorité du scoliaste
soit minime, son témoignage mérite, semble-t il, d’être
retenu comme très probablement, sinon certainement
juste. Si les manubiae ne sont pas le butin transformé
en argent, la praeda étant ce même butin sous sa forme
primitive, et si pourtant elles se distinguent de la praeda,
qui est de toute façon l’ensemble du butin, il faut qu’elles
en soient une partie. Or la définition du pseudo-Asco-
nius répond à cette nécessité logique. En outre, loin
d’être contredite par les textes, comme celle d’ Aulu-Gelle,
elle y trouve jusqu’à un certain point sa confirmation
Voici un général, le consul Carvilius (461 de Rome =
293 av. J.-C.), qui fait d’abord deux parts de son butin
réduit en espèces : il verse l’une au trésor public et sub¬
divise l’autre en deux fractions. De ces deux fractions,
l’une est distribuée en gratifications aux soldats. Quoi de
plus naturel que de considérer celle qui reste comme la
part personnelle du général? Or elle est précisément
désignée par le mot manubiae : Aeris gravis tulit in
aerarium trecenta octoginta milia. Religuo aere aedem
Fords Fortunae de manubiis faeiendam locavit... et
milidbus ex praeda centenos binos asses... divisit 16 . Un
autre général, le préteur D. Cornélius Scipio, a distribué
aux soldats le produit total de son butin, il n’a rien
gardé pour lui-même, rien versé au trésor13. Le Sénat,
mécontent de cette conduite, lui refuse en 563=: 191,
l’année de son consulat, un crédit sur Y aerarium pour
la célébration des jeux qu’il avoués pendant sa préture :
Quos ludos inconsulto senatu ex sua unius sentenda
vovisset, eos uti de manubiis, si quant pecuniam ad id
reservasset, vel sua ipse impensa faceret *8. Que peuvent
être ces manubiae, pour lesquelles le Sénat affecte
d’ignorer si le général a réservé quelque chose, sinon la
part de butin àlaquelle il avait droit et dont il lui a plu de
faire largesse, comme de tout le reste, à ses soldats19?
Il va de soi que les généraux étaient toujours libres
de renoncer à leurs manubiae au profit de leurs subor¬
donnés ou du trésor. Quand ils les prenaient , nous devons
raisonnablement penser qu’ils n’exerçaient pas un prélè¬
vement arbitraire sur la masse du butin, qu’ils se sou¬
mettaient, non pas sans doute à des principes stricts et
fixes, mais à certains usages, à certaines convenances,
qui ont pu varier avec les circonstances et les époques.
De même que les parts attribuées aux sous-ordres crois¬
saient avec leurs grades selon une proportion coutu¬
mière20, y avait-il une norme qui déterminât le rapport
entre la part du général et les autres ? Telles catégories
de personnes ou d’objets capturés étaient-elles habituel
=-- ex aede Castoris quam de manubiis !.. Metellus exslruxeral (cf. Ibid. 50, 130 sqq.).
— 13 Tit. Liv. 10, 46, 5 sq. et 14; 30, 35, 3; 39, 5, 17 ; etc. — 14 M. Mommsen
fait valoir, en faveur de la définition d'Aulu-Gelle, celle considération que, là où
praeda et manubiae sont en coordination, manubiae vient toujours après, ordre
relatif logique, si les manubiae ne son! qu’une transformation de la praeda. Mais
cet ordre relatif sera-t-il moins logique si, comme nous allons le voir, les manu¬
biae ne sont qu’une partie de la praeda ? — 13 Ad Verr. II, 1, 154, p. 199 (Orolli).
— 16 Tit. Liv. 10, 46, 14. — H Id. 35, 1, H sq. — 18 Id. 36, 36, 2. — 19 Marquardt
adopte la définition d’Aulu-Gcllc sans exclure celle du pseudo-Asconius. Il admet
comme très vraisemblable que dans les derniers temps de la république on concéda
au général une part de butin déterminée, des manubiae imperatoris, qui doivent
être distinguées des autres manubiae (p. 362). De même Bouché-Leclercq, p. 247,
n. 3. — 2u Tit. Liv. 41, 7, 3 : Militibus denarios quinos vicenos, duplex centurioni,
triplex cquili ambo diviserunt; Ibid. 13, 7 sq. : Militibus in singulos quiui déni
denarii dati, duplex centurioni, triplex oquili; sociis dimidio minus quam civibus
datum ; 33, 23, 7 : Sepluagcni aeris militibus divisi, duplex equiti cenluriooique : elc.
MAN
— 1584 —
lement destinées à la constitution des manubiae ’l Nous
ne sommes pas en état de répondre à la première question.
Sur la seconde, nous avons d’abord un renseignement
fourni par le pseudo-Asconius 1 : Spolia quaesita de
vivo honte nobili per dédit ionetn manubias veteres dice-
bant , et erat imperatorum haec praeda, ex qua quod
relient facerent. Ce témoignage a tant de précision qu’on
répugne à y voir une pure invention du scoliaste ou de
sa source. En outre, une intéressante remarque de M. Kar¬
lowa1 2 vient le corroborer, avec cette réserve cependant
qu'elle s’applique à tous les prisonniers de condition
libre, et non pas aux seuls dédit ici i nobiles : souvent,
lorsque le butin est partagé entre les soldats, les libéra
capita font exception. N’est-ce pas à dire que le général
se les réserve, au moins s'il a l'intention de prendre des
manubiae'i Le scoliaste a-t-il voulu signifier que les
dediticii nobiles étaient un élément des manubiael En
ce cas, sa définition est probablement juste. A-t-il voulu
signifier qu'ils étaient toute la matière des manubiae'i
C’est la façon la plus naturelle d’interpréter le texte, et,
en ce cas, la définition est à coup sûr trop absolue. Non
seulement le rapprochement que nous venons de faire
nous- engage à l’élargir, mais encore des témoignages
précis nous y obligent. Car nous savons que parfois le
général mettait dans son lot les pièces rares, spécialement
les œuvres d’art ; par exemple, celles que L. Mummius,
après son triomphe achaïque, consacra dans les temples
de Rome faisaient partie de ses manubiae 3 *.
Si les manubiae n’étaient autre chose que le lot per¬
sonnel du général", elles lui appartenaient en toute pro¬
priété et il pouvait en droit les employer à sa guise,
comme chaque officier ou soldat sa part de butin.
Aussi n'v a-t-il aucun exemple de général inquiété pour
l'emploi qu'il avait cru devoir faire de ses manubiae.
Ce qui fournissait matière à contestation, c'était la quan¬
tité ou la nature du butin dévolu aux manubiae, et cela
d’autant plus facilement que cette dévolution n’était point
réglée par des principes stricts. Répartir le butin était
toujours pour le général une affaire délicate et une grave
responsabilité. Non seulement il devait au Sénat les expli¬
cations que celui-ci jugeait à propos de lui demander5,
mais encore et surtout il était justiciable de l’opinion
publique6 *. Au reste, si les généraux étaient libres en
droit d'employer leurs manubiae comme bon leur sem¬
blerait, en fait ils les employaient surtout à des œuvres
d’utilité commune. ’La coutume les y obligeait mora¬
lement. Cicéron la définit en l'opposant aux mesures
légales que Rullus voudrait lui substituer; seulement il
mêle à tort dans ce passage les manubiae avec la praeda :
1 Ad Verr. II, 1, 60, 157; p. 200 (Orelli). — 2 0. cit. p. 8. Les références
de M. Karlowa sont : Tit. Liv. 5, 21, 17; 6, 13, 6; 10, 31, 3 sq.; 24, 16, 5; 27, 19, 2.
Parfois ces captifs paient rançon, le plus souvent ils sont vendus, tantôt sub hasta,
tantôt sub corona. La vente sub corona n'est d'ailleurs jamais mentionnée que pour
des prisonniers de guerre. M. Karlowa conjecture qu’elle se faisait imperatorio iure ,
par opposition à la vente sub hasta qui se faisait au nom du peuple et au profit du
trésor. — 3 Voir Cic. In Vert'. II, 3, 4, 9 ; cf. De off. 2, 22, 76; Tit. Liv. 25, 40,
2 sq. ; etc. — 4 D’après M. Karlowa, p. 7, les manubiae étaient distinctes de la
part que pouvait peut-être s’allouer à lui-même le général, quand il partageait du
butin entre ses subordonnés. Elles étaient simplement la partie du butin dont le
général avait la libre disposition pour la consacrer à une œuvre d’utilité publique.
Mais alors la distinction entre les manubiae et la praeda s'efface : le général avait
la libre disposition de tout le butin, à la seule condition qu'il l’employât au mieux
de 1 intérêt commun. Tantôt il le concède tout entier aux soldats (Tit. Liv. 6, 2, 12 ;
10, 17, 6 sqq. ; 10, 20, 16; 35, 1, 11 sq. ; 41, il, 8; etc.); tantôt il en verse tout
le produit au trésor (Id. 4, 53, 10; 5, 26, 8 ; 10, 46, 5 ; etc.) ; tantôt il le divise (Id.
6, 13, 4; 7, 27, 7 ; 10, 46, 14; 24, 16, 5; 27, 19, 2; etc.). — & Karlowa, p. 8. Il
s’appuie sur les textes relatifs au procès des Scipions. — 6 Craignant de la inécon-
MAN
Si est aequum praedam ac manubias sua v ■
non in monumenta deorum iminortalium nem!»r.alUr.e*
ornamenta con ferre, sed ad decemviros i lis
dominos reportare1.... Les écrivains et (l(l
mentionnent très fréquemment le fait que ,H‘nscriPtions
a construit ou embelli avec ses manubiae uJ1)e!'S.0nnage
un autre ouvrage public, temple, portique, curie 11° °U
rostres, comitium, forum, route, etc. 8 ’ ’ lll(*atre,
Un passage de Cicéron, négligé jusqu’ici parce,,,
ont traité la question des manubiae, nous porte \ qW
que cette appellation n’était pas donnée exclusif,
même dans le langage j uridique, au lot du général u,'!' 'i! ’
s’appliquait également aux parts de prise des officier™*
soldats. Dans ses intrigues contre Sextus Roscius ' v
milées ci une bataille 9 *, Chrysogonus a eu pour auxiliai^
deux Roscii qu’il a récompensés de leurs services en leur
accordant une partie du butin'0 : ab eo partem praedae
tulerunt . Or ces parts de prise concédées par le chef ;lses
sous-ordres sont appelées un peu plus loin manubiae 11 •
Nonne perspicuum est , indices, lias manubias Rosciis
Chrysogonum re cognita concessisse ? Que les manubiae
des subalternes n’aientpas laissé d’autre vestige danslatra-
dition, cela se conçoit aisément : elles allaient à des
hommes plus ou moins obscurs qui n’en faisaient qu’un
usage privé, tandis que celles du général étaient prises en
évidence et par la situation hors ligne dupersonnage et par
les œuvres d’utilité publique auxquelles il les consacrait..
Les manubiae imperatorum étaient donc appelées manu-
6/rtetoutcourt, sinon toujours12, du moins communément.
Que l’on étende ou non le sens technique du mot
manubiae aux parts de prise des sous-ordres, ce qu’il
faut bien admettre, c’est que le sens technique est un
sens conventionnel. Étymologiquement, manubiae, dérivé
de manus par l’intermédiaire du verbe inusité mamo>>,
comme exuviae d'exuon, signifie butin ou, d’une façon
plus précise, butin que l’on se fait de ses propres mains,
et le savant contemporain d’Aulu-Gelle n’aurait pas eu
tort, s’il s’était placé à ce point de vue, de définir les
manubiae : praeda , quae manu capta estu. Comment
le sens technique s’est-il dégagé du sens étymologique .
S’il englobait toutes les parts de prise et si les manubiae
imperatorum n’étaient que les manubiae par excellence,
on se rend compte sans peine de la dérivation. En deçà
de la date inconnue, mais lointaine, où tout membre e
l’armée fut tenu par son serment militaire deveiserses
captures à la masse 16, les parts de prise des sous-or res,
non plus que celles du général, n’étaient des ^l(tnU>ia
au sens étymologique : ils avaient, par concessio ou
de Yimperator, et non par occupatio, ce qu il pi " 11
mter, Camille, sur le point (le prendre Véies, demanda au Séua '/ ^scxcnJp'ies
xciendum censerent? (Tit. Liv. 5, 20). Voir dans Marquardt, p. ® l ^ puiius
c procès consécutifs à la répartition du butin. — De leg. ail ' '' ^ argintu«i,
lisait dans son projet de loi la distinction que néglige Cicéron : - 111 ’ r(latum
r praeda, ex manubiis, ex coronario, ad quoscumque Pc"f“a i ^ _ 8 Cic.
st in publicum neque in monument o consumptum... {Ibid- > ■ ’ ( ^ pe orat.
,Î Verr. II, 1,59, 154; 3, 4, 9 ; Pro Arch. il, 27 ; Dom. 38, 10 - J M'97;T«c.
, ,0; liep. 2, Ut ; Tit. Liv. 10, 40, 14 î ^ (^l;
Tac-
inscr-
nn. 2, 53; 3, 72 ; Suet. Caes. 26; Auy. 30; A. Gell. 13, 25 ^ 9 Pro
t. 12, p. 195, elog. 18, 1.10; 6, 1301 ; 10, 6087 ; Mon. Ane. , - < ^ j,
sec. Am. 38, 108. - 10 Ibid. 107. - H Ibid. 108. - ** ’ l6iae <2 IM»*
, 53 ; 2, 23, 62 ; De orat. 3, 3, 10. En outre, l'appartenance^®^ ^ ^ avon5 1"1
u vent précisée par un possessif ou un pronom personne . (Ribbeck, 1
cmple de Laberius, à la voix dépoucnticlle et au sens ce n pW Alb'llU4
m. frag. 3- éd. p. 340). - » La graphie manuviae es a ^
ramm. lut. 7, 305, 7, Kcil). - 10 L. c. 3. Force» un. ^ [)u|vl| l0i (G, 6; A"1-
inubiac ipsam praedam signiiicaul et spolia bostium.
11. 16, 4, 2.
MAN
1583 —
MAN
I i i de leur accorder en le prélevant sur la masse, et
" r que chacun avait pris de scs mains. Néanmoins,
n0" ' nmir désigner les parts le nom dont on usait
i srieurement, lorsque la réglé était ce qui tut 1 excep-
a“ 1 .viil-ure de Véies1 , lorsque chacun avait quod
lion ou lm 8 , , ,
• , fnvi belli dederat , quod quisque sua manu ex
calque fois ,
hoste captura dotnurn rettulerat.
L’acception, plus conforme à l’étymologie, de manu-
bixie comme synonyme de praeda ou de spolia , au propre
I lü ligure, se développa à côté du sens technique et
finit même par l’effacer. Après l’établissement du régime
impérial une seule personne avait droit à des manubiae
de général, l’empereur. S’il en prenait, elles allaient
naturellement au lise ; quant au reliquat du butin, c’était
l 'aerarium militare qui en faisait recette. Mais de ce
trésor militaire, l’empereur disposait aussi librement et
complètement que du fisc. La distinction des manubiae
etde h praeda n’avait donc plus aucune importance dans
la pratique. Et la notion s’en perdit rapidement, si bien
qu’au iic siècle, les hommes les plus instruits eux-mêmes
nela possédaient plus : ils niaient la différence ou s’effor¬
caient vainement de la retrouver.
IL — Genres différents de foudres dans la religion des
Étrusques [Fulmen, p. 1354]. Philippe Fabia.
MANKMISSIO. — Nous n’exposons ici que les formes
légales de l’affranchissement. Nous renvoyons pour tout
le reste à l’article libertus (p. 1201-1202). Sous la Répu¬
blique il y avait trois formes d’affranchissement, per
vindictam, censu, testamento. — 1° Per vindictam. Ce
mode a lieu devant le préteur ; il
s’explique par l imitation de la
procédure des legis actiones ,
et des formalités de la reven¬
dication des meubles et des
immeubles. C’est la fiction d’un
procès de ce genre : le maître
comparait devant le préteur avec
l’esclave qui, étant incapable
d’agir en justice, est représenté
par Yassertor libertatis qui
joue le rôle de demandeur 1 ; le
maître ne se défendant pas, le
magistrat est censé constater
la liberté [legis actio]. Quand
les legis actiones furent rem¬
placées par la procédure formu¬
laire, ce mode d'affranchisse-
1111 1,1 llllrangé dansla classedes actesde juridiction gra-
CIUISC > le procès ne fut qu’un simulacre; un licteur re-
PUm "l’’ 1 assertor libertatis ; il est nécessaire au moins
J||sqn a 1 époque d’Ulpien3. Le maître (fig. 4827) touche
1 <no de la verge ( vindicta ou fistuca) [vindicatio] en di-
MANUm'is 11 ^3nS Cllal'0n’ je n'ai changé que le temps etle mode de
kl. 0, 04 J!®’ ' FeSt' S‘ *• Sert°rem, Manumitti (p. 348, 158) ; Van-,
U, § J Suot- 2alb- 10 : Dis- 40, 2, v. — 3 Dig. 40, 2, 8. — 4 Di
Quintil. dJi bL‘*' 88’ 173 ’ API,ian- Bell. civ. 4, 135 ; [lovât. Sat. :
Corp. inscr l ,7 1 ,acdr- Fab- 2. 5> Extr.\ Petron. Sat. 38 ; Tac. H
COM. Honor ri '1"’ 8Ij7, ‘ 4 j7 ’ S'a°n- Apoll. Curai. 2, 45G ; Claudian. L
par Gôtlliiiff fi ' ! 'aUt' alo>'4 4- L *'5. Sur le bas-relief (fig. 4821
'a l'indicta " 1 Mit. 1840, XII, p. 157-1 G0, lav. M) un lie L
40, 2, 7, __ g ^ 'aiUe lienl la main do l'esclave déjà coiffé du pileus. -
lf»d. 1 i irarU |y 1- — 7 Big. 1, 10, 2. — 8 Voir Mommsen, Droi
~~ 9 Céltlinj. a J,*1 "3”’ ^1C' B e oral- L 40, 183; Dosith. De mai
sur un bas-relief y" tl0Uver *a représentation d'un affranchissement testa
okdicia ctriié, .7 ' ^ 157-160, tav. L) : un licteur y frapperait l'escli
le Ici ait (ourner en le tenant par la main droite ; alors
sant: « liane hominem ex jure Quiritium liberum esse
volo », puis il lui donne un léger soufflet et le fait tour¬
ner sur lui-même L Le magistrat peut procéder à cet acte
de juridiction gracieuse non seulement sur son tribunal,
mais partout où il se trouve5 ; il affranchit valablement
ses esclaves par-devant lui-même; il peut, étant tuteur,
autoriser son pupille à affranchir et affranchir lui-même6;
le gouverneur de province peut affranchir avant d’être
arrivé dans son district; mais, en dehors de Rome,
il ne peut déléguer le droit d’affranchir à son légat7.
— 2° Censu. Il suffit que le maître fasse inscrire son esclave
comme libre pendant les opérations du dénombrement ;
le censeur constate ainsi la liberté [censor . L’acte n’est
valable qu’après la cérémonie du lustrum. Avait-il un
effet rétroactif depuis le jour de la déclaration? Il y avait
controverse sur ce point8. — 3° Testamento , par testa¬
ment. C’est le mode le plus usité. Il n’y asous la Républi¬
que aucune restriction légale au droit du testateur. Quand
le testament est valable, il ne semble pas qu’il y ait de
formalité spéciale pour confirmer l’affranchissement9.
Ces trois formes légales d’affranchissement subsistent
sous l’Empire. Au début du ive siècle, le mode per vin¬
dictam ne paraît plus guère être qu’une déclaration
devant le magistrat 10, et les licteurs jouent le rôle
d’huissiers [lictor]. L’affranchissement par le cens,
quoique de plus en plus rare, parait avoir duré théori¬
quement jusqu’à l’époque de Paul et d’Ulpien 11 ; mais
après Domitien, le dernier des empereurs qui ait exercé
les fonctions de censeur12, nous ne savons pas quelle
procédure on aurait pu employer.
Il est difficile de déterminer le sens précis de l’affran¬
chissement sacrorum causa 13 : le maître affranchit
l’esclave sans l’intervention du magistrat en le cédant à
un temple et en s’engageant à payer dix livres d’or s’il
abandonne jamais les sacra, le service du dieu. C’est sans
doute un affranchissement primitif, sans forme légale.
Au Bas-Empire apparaît l’affranchissement dans l’église,
manumissio in ecclesia [libertés, p. 1219 .
Nous trouvons en outre sous la République des affran¬
chissements d’esclaves publics. Il fallait sans doute
l’assentiment du Sénat, qu’on voit souvent pourvoir à
l’achat et à l’affranchissement d’esclaves qui avaient
dénoncé des crimes14. Mais nous ne savons pas au juste
quels magistrats devaient accomplir les formalités. Sylla
affranchit, enqualitéde dictateur, plusdedixmilleesclaves
devenus propriété de l’État avec les biens des proscrits15.
Dans la deuxième guerre punique, un proconsul affranchit
à l’armée les esclaves utilisés comme légionnaires16; le
magistrat a pu employer la vindicta ou se contenter d’une
simple déclaration n. Sous l’Empire, ces affranchissements
d’esclaves publics ont presque entièrement disparu18,
et, en tout cas, relèvent de l’empereur. Ch. Lêcrivain.
do la vindicta eut été nécessaire pour confirmer les aCTrauchisscmculs testamen¬
taires. Mais le sens de cette scène est assez obscur ; et aucun des textes que cilc
Goltling ne confirme son hypothèse. — 10 Dig. 40, 2, 23. Une inscription de Sillyon
(Asie Mineure) distingue les àsAt jOsjoi pérégrins et les olivSixTâoiot affranchis par la
vindicta (Niemaun und Petersen, Stüdte Pampliyliens und Pisidicns, I, p. 175).
— 11 Ulp. 1,6; Nouveaux fragments de Papinien (Dareste, Biblioth. de l'Ec. des
chartes, 1883, p. 387 ; cf. Kriiger, Die Pariser Fragmente aus Papinian’s res-
ponsa, Zeitsch. d. Savigny-Stift, 1883, p. 166).— 12 Dio. Cass. 67, 13. L'assertion
que Valérien aurait encore été censeur sans collègue ( Vila Valer. 2) mérite peu de
créance. — 13 Fest. s. ». Manumitti, p. 158, 159 ; Puri, p. 250. Voir Mommsen, L. c.
VI, 2, p. 2, note 3. — H Liv. 24, 14, 5 ; 39, 19, 7 ; voir Mommsen, L. c. 1, p. 364.
— 15 Appian. Bell. civ. 1, 100. — 10 Liv. 24, 16, 9. — 17 Liv. 2, 5 (récit légendaire
sur l’esclave Vindicius, dont le nom a été tiré de vindicta ) ; 24, 1 6, 9. — 18 Un seul
exemple : Corp. inscr. lut. 6,2340. — ëidliouhapuie. Rein, Boni . Privatrecht,
MAX
— 1586
MANUS. — La main est le symbole naturel de la force,
de la puissance. Le mot menus a désigné primitive¬
ment l'autorité du chef de famille, maître de la maison,
du pater fa m ilias sur toutes les personnes qui sont in
patria potestate et sur tous les autres éléments qui cons¬
tituent la maison. Elle a compris ainsi : le droit du
maître sur les enfants*, comme le prouve le mot éman¬
cipai io, sur sa femme8, sur ses esclaves3, comme le
prouve le mot manumissio, sur ses biens4. Le droit actif
du maître avait pour expression, en certains cas, la
manus injectio , en général la v indicatif) et la lutte
simulée qu'elle amène ( manum conserere). La vindicatio
s'étendait probablement à l'origine aussi loin que la
manus. Ulpien5 regarde comme ayant été applicable aux
enfants la vindicatio, tombée en désuétude à son époque.
Le droit passif du maître avait pour expression la noxa;
il y avait contre lui Yactio noxalis pour les délits causés
par les personnes en sa puissance, elïactio de pauperie
pour les dommages causés par les bêtes qui lui apparte¬
naient. De bonne heure il veut des noms particuliers pour
désigner les différents droits du maître. Le mot manus
fut réservé pour 1 autorité du mari ou du père du mari
sur la femme. Elle était établie soit d une manière
durable et sérieuse par le mariage, soit d’une manière
passagère et fictive par suite d'un contrat de fiducie,
fiduciae causa.
I- — Voyons le premier cas. A l’époque classique, il y a
mariage avec ou sans manus\ mais, au début, le mariage
et la manus devaient probablement se confondre [matri-
monium]. On a remarqué avec raison que la belle définition
du mariage que donne le jurisconsulte Modestinus 6 com¬
porte la manus comme une conséquence indispensable de
cette union. A 1 époque de Cicéron, l'usage réservait en¬
core le nom de mater familias à la femme in manu 7 ; les
anciennes lois dites royales supposent toujours la manus
dans le mariage, qui entraîne non seulement la commu¬
nauté de culte, mais aussi celle de biens, et la juridiction
domestique du mari8, et qui ne permet le divorce qu’au
mari pour certains crimes de la femme9. Si on admet,
d autre part, qu'il n'y avait originairement qu’une
forme de mariage légal, farreo , on admet implicitement
que la manus ne naissait alors aussi que par ce procédé.
Mais plus tard il y eut mariage sans manus. A quelle
époque s’est produit ce changement? Est-ce d’après la
législation des Douze Tables qui, en établissant l’acqui¬
sition de la /nanws par l'usucapion (ffsw)aubout d’un an,
supposait qu’avant ce délai d'un an il pouvait ne pas y
avoir manus ? C’est ce qu’on admet généralement. Ce
n’est cependant pas certain ; car on peut soutenir que la
loi donnait ainsi simplement le moyen de transformer en
mariage régulier pourvu de la manus une union jusque-
là irrégulière10. Eu outre, il est difficile d’admettre qu'il
y ait eu dès cette époque, même si on donne aux Douze
p. - . 1 et s. ; Lemonnier, Etude historique sur la condition privée des affranchis ,
Paris, 1887 ; Accarias, Précis de droit romain, 4e éd. Paris, 1891 ; Cuq, Institu¬
tions juridiques des Itomains, Paris, 1891, I, p. 170-171 ; Girard, Manuel de
droit romain, î* éd. Paris, 1898, p. 111-122; Mommsen et Marquardt, Manuel
des antiquités romaines, trad. fr. Paris, 1889-95, t. VI, 1. p. 59-97 ; VI, 2, p. 1-46.
MANUS. I Liv. 3, 45; 34, 2; Plin. Ep. 8, 18; lnstit. 1, 12, 6.-2 Liv. 39, 18.
Même le tuteur exerce sur elle une sorte de manus (Liv. 34, 2} ; il s’appelle mans-
tutor ou manustutor (Plaut. Truc. 848). — 3 Plaul. Curcul. 4, 2, 10; Dig. 1, I,
*■! -* Plaut- Merc- 2- 13, 117. _ 5 Jteg. 0, 1, 1, 2. - 6 Dig. 23, 2, 1 : « con-
junclio maris et feminae et consortium omnis vitae, divini et humani j uris commu-
nicatio ». 1 Cic. Top. 3, 14. Ajoutons' que jadis la concubine do l’homme marié
n était notée d infamie que quand sa Icinmc légitime était sous la manus (Gell. 4,
1, 3)* 8 Dionys. 2, 25-27. La manus existe aussi dans le droit lalin récent (Lex
— MAN
Tables une origine plus récente, un vrai nv •
formalités juridiques. En tout cas le marias,. Sa,1s
existe à l’époque de Caton et d’Ennius • i, . T* manut
0 Discours de
prouve f,ue ia
Caton 11 sur la loi Voconia de 109 av. J -C
femme a des biens propres ; et une pièce H’p ' "
qu'elle est restée sous la puissance du pèr,. f ‘US,Î’
rompre son mariage. Dès lors le mariage sans W
gagne du terrain *3, surtout pour les femmes mù T'"*
su, juris et sur lesbiens desquelles veillait leur tul m
Dans l’ancien droit, la manus s’acquérait et le m * 'U
se formait de trois manières : usa, farreo , coempS
lar lwsus qui est toujours cité en première ligne l ’
femme était acquise, à la façon des choses mobilières4
par une sorte de prescription d’un an; mais elle pouvaU
se soustraire à la manus en interrompant l’usucapion en
s’absentant trois nuits chaque année {trinoctium) du
domicile conjugal16. La confarréation (farreo) était l'an-
cien mariage religieux à l’usage des seuls patriciens
[matrimonium], La coemptio, qui avait lieu au moyen d’une
mancipation, en présence de cinq témoins, citoyens
romains et pubères, et d’un libripens , soit par la femme
elle-même, si elle était sui juris, soit par son père
simulait une vente de la femme. Se rattachait-elle aux
coutumes primitives dans lesquelles le père vend sa tille
au fiancé, ou n’avait-elle été instituée que plus tard, et à
l'usage des plébéiens? La première hypothèse est la plus
vraisemblable; la coemptio devait sans doute accom¬
pagner la confarréation dans les mariages patriciens
[mancipatio].
Pour tomber in manum , la femme avait besoin du
consentement du père, si elle était filia familias, de
Yauctoritas de son tuteur, si elle était sui juris ; mais,
dans le cas de Yusus, nous ne savons pas exactement si
le tuteur devait interrompre l’usucapion selon la règle
des Douze Tables17. La manus était dissoute soit parla
mort ou l’exil perpétuel du mari, soit, dans le divorce,
par des moyens analogues à ceux qui l’avaient établie :
en cas de confarréation, par la diffareatio ; en cas de
coemptio , par une remancipation suivie d’affranchisse¬
ment; en casd’usucapion, peut-être delamême manière1*.
A l’époque primitive, la femme ne pouvait sortir delà
manus malgré le mari ; si plus tard elle put demander sa
libération par le divorce, ce fut sous l’influence de la
facilité de rupture qu’offrait le mariage s me manu"-
La femme in manu n’a plus de liens civils avec son
pater familias , ses agnats, sa gens 20 ; cependant elle
garde le nom genlilicc de sa famille, que primitivement
elle échangeait peut-être contre le nom gentilice du mmu
comme paraît le prouver la formule « Ubi tu GaïusdJ0
Gaia 21 ». Elle subit donc, qu’elle soit sui ou alienij ans,
une minima capitis deminutio. Par rapport a son mm u
elle est comme une fille, fîliae loco 22 ; il peut la re< lann>
par revendication, la donner in mancipio (sauf s H .' ■'
dp. 22). — 9 Plut. Rom. 22. Voir Bernhôft, Staat und BeclU dL'rJ'"^i
inigszeit. — 10 M. Girard (Manuel de droit romain, 2' éd. p- 1 1:1 ' 1 qjjjles,
cette opinion Cicéron, Phil. 2, 28, 69 : ce texte prouverait que le ^ formes,
int connu la répudiation sans formes, auraient connu aussi le mana-c , 264.
11 Liv. Ep. 41 ; Oeil. 20, 1 ; Cic. In Verr. 2, i, 41 ; QuinliL
12 Hl, et. nd Iferenn. 2, 24, 38 (le Cresp hontes). — 13 0n dit 3115),
ijours dans les inscriptions de Prénestc (Corp. inscr. lut- * *• “ ’ .p niajs ce
•ce que le nom de la femme y est suivi de celui du mar*au^. ^ 1 10-1 13*
st pas une preuve suffisante. — 14 Tac. Ann. 4, 10. qo • Cic- Pf0
16 Id. 1, 111; Gell. 3, 2; Macrob. 1, 3; Serv. Ad Geortj. * ’ esse,
icc. 34. — 17 Cic. lb. — 1* Gai. 1, 137, 195; Fest. s. r. Benmnc^ ^ ^
19 Le sens du texte altéré de Gaius, 1, 137 a, est très contio'ci ^
!. — 21 plut. Quaest. Bôm. 30. — 22 Terent. Andr. 1» 5, ,J" »
MAN
— 1587
MAN
, lolimiï probablement on faire abandon noxal 1 ;
s ü ne peut ni la donner en adoption ni 1 émanciper..
ni:"" eAid fou le chef de la famille) peut la répudier2 ;
. . die le droit de vie et de mort. Mais ce droit fut
' af,/L lionne heure. D’anciennes lois3 lui inter-
disaient de la condamner à mort sans 1 avis du conseil
ù figuraient les membres de son ancienne famille
Jevenus ses cognats [judicium domesticum], et de la vendre
autrement que par une vente simulée pour anéantir la
' mUs *. En outre, la lex Julia de adultérin retira au
; [g ^oit de tuer la femme in manu pour le conférer
en certains cas au père de cette dernière.
Ses biens, son patrimoine, si elle est suijuris , ce que
son père lui a donné, si elle est alieni juris, passent à
titre de dot dans le patrimoine du mari, et forment une
masse dont les deux époux sont copropriétaires, mais dont
lemari seul al’administration et la disposition3. Elle entre
dans la famille de son mari. Elle est donc son héritière
naturelle, heres sua, seule s’il n’y a pas d’enfants, en con¬
cours avec eux, s’il y en a 0 ; de sorte que le testament qu’il
apufaire avant l’acquisition de la manus estrompu \ Les
f/entiles et les agnats de son mari deviennent les siens;
elle a ses propres enfants comme agnats, comme frères ;
il y a entre eux et elle des droits de succession réci¬
proque8; veuve, elle est sous la tutelle légitime des plus
proches agnats du mari et sans doute de ses enfants. Elle
ne peut s’obliger envers personne. Elle pëut prendre
part à une mancipation, mais pas à une injure cessio9.
Elle n’acquiert que pour le mari. On se demandait si, ne
la possédant pas elle-même juridiquement, il pouvait
acquérir la possession par son intermédiaire10. Elle ne
l’oblige pas malgré lui ; cependant, au refus du mari
d’accepter, en tant que coemptionator, ses obligations
antérieures, ses dettes héréditaires, le droit prétorien
accorda aux créanciers une actio utilis contre la femme
et ils purent se payer sur le produit de la vente des biens
qui lui auraient appartenu en propre sans l’intervention
de la manus'1. Avec ou sans manus, la femme est
associée au culte du mari; elle lui doit obéissance et
fidélité. La femme mariée sans manus reste soumise à la
puissance de son père qui est responsable de ses torts,
qui, jusqu’à Antonin, peut la revendiquer malgré son
mari1-; si eqe es(, suijuris, elle reste sous l’autorité de
son tuteur; son père ou son tuteur peut dissoudre le
mariage; ses enfants sont à son égard des étrangers.
L usage de la manus disparut peu à peu sous l’Empire,
cependant il en est encore question dans un texte qui est
Sans t*ou*,e de Paul13. A l’époque de Tibère, le mariage
pai confarréation était déjà devenu très rare, par suite de
2>|pugnance qu’avaient les femmes sui juris à l’égard
j'1 ’1 >nanus ; un sénatus-consulte décida que la femme
spJ a">en astreinte à cette forme de mariage, ne
ai E^lls in manu que pour son rôle sacré ( sacrorum
n'cst exercé ~ ^ lut. Rom. 22. Pondant 1res longtemps le droit do divorct
4, 5 s, '’,q“C par le seul mari (Gell. 4, 3, 2 ; 10, 23, 4 ; 17, 21, 24 ; Plaut. Mer,
, ' •) Oionvs. 2. ÎK • T»o J -., n , rn . „ -
Di„„ !Dio"ys- 25 ; Tac. Ann. 13, 32
Pl0>iJS. 2, 25. — G Gai. 3, 3
^9» 159,
90-90.
4 Plut. Rom. 22. — & Cic. Top
; Collât, leg. mos. et rom. iG, 2, 13. — 7 Gai. 2
* üa'. 3, 14; Collât, leg. mos. et rom. 10, 2, 14. — 9 Gai. 3, 104 ;
13, _ ,3 f, ' 2’90' — 11 ld. 3, 84; 4, 80. — 12 Dig. 43, 30, 1, 71 ; Paul. 5,
Nous ne savons ^ ^ ~ ** *36 > Tac. Ann. 4, IG. — Gai. 3, 111
IG) ; Qaj j * ^as j)ar fIl,clles lois; il y en eut peut-ôtre d’Auguste (Tac. Ann. 1
- U Cic. ftj ,'/5 ; ‘f’ i9S- - 10 Cic. Top. 4; Gell. 1, 12, 9; Liv. 39, S
52*53, paraissent ^es v^e*^ards coemptionalcs de Plaut. Bacch . 4, î
üe rrmlierç s'gni >er de vieux esclaves à vendre. — Hiui.ioghaphik. Maassoi
co«rf,/IO>( cjvjie el 'n tutela , I.cydo, 1823 ; l.aboulaye, Recherches sur I
femmes, Paris, 1843; Rossbach, Untersuch. über die rün ;
causa)1 ^ ; puis celte tolérance fut étendue à tout mariage
par confarréation, de sorte qu’à l’époque de Gaius ce
n’était plus un mode d'acquisition de la manus. Nous ne
savons pas exactement à quelle époque a disparu Ja
coemptio véritable. A l’époque de Gaius, l’usucapion avait
disparu soit par désuétude, soit par l'effet de lois; d’ail¬
leurs, la manus devenait inutile devant les améliorations
que le droit civil et le droit prétorien apportaient à la
condition de la femme mariée sine manu, d’une part
par les sénatus-consultes Tertullien et Orphitien, de
l’autre par la création des bonorum possessiones unde
vir et uxor et unde cognati. Il n’est plus question de la
manus au Bas-Einpire.
II. — Nous arrivons au second cas, à la conventio in
manum, fiduciae causa''9. Elle avait lieu aussi par
coemptio. L'acheteur de la femme ( coemptionator ), soit le
mari, soit un tiers, s’engageait à la manciper de suite à
une personne qui devait l’affranchir vindicta, par un
contrat de fiducie, et lui rendre la libre disposition de
ses biens. Ce n’était donc là qu’un expédient dont on
connaît trois applications : 1° au début aucune femme,
sauf les Vestales, ne pouvait tester sans avoir changé de
famille et ne pouvait ainsi enlever sa succession à scs
agnats16; pour pouvoir tester, elle faisait la coemptio
fiduciaire avec un tiers; puis avait lieu une mancipation
et un affranchissement; mais sous Iladrien un sénatus-
consulte dispensa les femmes de ce détour. 2° La femme
qui n’était pas sous la tutelle légitime de ses agnats ou
d’un patron se mancipait, avec l’autorisation de son
tuteur, à un tiers et se faisait remanciper par lui à un
homme de son choix qui l’affranchissait et devenait ainsi
son tutor fiduciarius, complaisant. 3° Une femme qui
voulait se débarrasser de l’entretien des sacra, partie
intégrante d’un héritage, faisait la coemptio avec un
vieillard sans enfants pour le compte duquel elle
recueillait l’héritage ; l’acheteur l’affranchissait ensuite,
lui restituait l’héritage, mais, étant héritier, restait
astreint à l’entretien des sacra qui s’éteignaient avec
lui11. C’était la coemptio interimendorum sacrorum
causa. Ces expédients furent peu à peu rendus inutiles
par la disparition des sacra, de la tutelle des femmes
pubères, et par les innovations juridiques qu’on a vues.
Cii. Lécrivain.
MANUS I AJECTIO. — On appelait per manus injec-
tionem une action de la loi, legis actio actio’, consa¬
crée par la législation des Douze Tables, et qui autorisait
la mainmise, la contrainte privée sur la personne d’un
débiteur. [Historiquement cette action avait dû précéder
le sacramentom.] Elle permettait au créancier d’amener
et de saisir devant le préteur, in jure, son débiteur, en
prononçant une formule solennelle. Le texte fondamen¬
tal de Gaius1 distingue la manus injectio judicati, la
forme primitive, puis la manus injectio pro judicato,
Ehe, Stuttgardt, 1833 ; Rein, Dos Privatreclit der Rômer, Leipzig. 1858 ; Voigt,
Oie XII Tafeln, Leipzig, 1883, II, p. 321-330; Ortolan, Explic. hist. des Instit.
11* éd. Paris, 1880, p. 508-569 ; Esmein, Mélanges d'histoire du droit et de critique,
La manus et le divorce dans l'ancien droit romain, Paris, 1886; Cuq, Institutions
juridiques des Romains, Paris, 1891, p. 155, 160, 170, 172, 198, 206, 218, 222, 227,
317, 320, 501, 525, 649, 700, 721 ; Accarias, Manuel de droit romain, Paris, 1886,
4° éd, § 74, 92, 120, 121, 122, 180, 296, 433, 443, 479 ; Labbé, Ou mariage romain
et de la manus {Noue. Rev. hist. de droit, 1887, p. 1-20); lhering, Geist des rom.
Rechts. trad.de Meulenacre, Paris-Gand, 1880, 11, p. 156-159; Entwickelungsges-
chichte des rômischen Rechts, Leipzig, 1894, p. 92-124; Girard, Manuel de droit
romain, 2" éd. Paris, 1896, p. H, 25, 131, 143, 145-146, 147, 154-155, 159-160, 162,
163.
MANUS INJECTIO. i 4,21-25.
MAN
— 1588 —
assimilée à la précédente, et enfin la marins injeetio para
qui est très postérieure et qui n’avait pas le même carac¬
tère de rigueur.
La manu s injeetio primitive a lieu de la manière sui-
vante . le créancier fait connaître à haute voix son droit
ri met la main sur son débiteur1. Dans quels cas a lieu
«cite procédure? Il faut d’abord qu’elle porte sur une
dette d’une somme d’argent liquide, déterminée. En
second lieu, est-ce simplement, comme on le soutient
genéi alement, un mode d exécution forcée des jugements?
ou bien peut-elle avoir lieu sans jugement préalable ?
Celte seconde hypothèse se concilie fort bien avec le
caiactère du droit primitif, qui restreint autant que pos¬
sible 1 intervention du magistrat et qui laisse les parties
agir seules quand le débiteur ne conteste pas la dette 2.
Gaius assimilesur ce point le débiteur damnatus et le dé¬
biteur judicatus 3. Or dans le nexum le chiffre de la
dette est fixé par la damnation le débiteur est damnas 4 ;
«ni peut donc admettre que le nexum autorise la manus
injeetio sans jugement. Nous avons plus de certitude
Pour le cas où le débiteur est judicatus ou confessas ,
c est-à-dire quand il a été condamné par le juge dans
I action per judicis postulationem ou quand il a avoué
sa dette in jure : alors, dans un délai de trente jours
{dies justi) après la condamnation ou l’aveu, délai pen¬
dant lequel il peut y avoir transaction, paiement, a lieu
la procédure per manus injectionem*. Elle peut aboutir
a deux solutions : il y a ou il n’y a pas contestation. Pre¬
nons le premier cas. Le débiteur appréhendé peut con¬
tester la légitimité de la manus injeetio , nier le prêt,
1 existence légale de la sentence, affirmer qu’il s’est
libéré, qu il a transigé : dans tous ces cas il y a infitiatio ;
mais le débiteur ne peut se dégager tout seul ( manutn
sibi depelleré), car la mainmise lui a enlevé le droit
d agir ; il faut qu il trouve quelqu'un qui prend fait et
cause pour lui, un garant solvable et capable, un vindex.
C est à tort que certains auteurs 6 ont voulu restreindre
la nécessité du vindex au seul cas où le débiteur contes¬
tait la validité du jugement; les textes ne font pas cette
distinction. Le vindex 7 est celui qui est prêt à faire acte
de force dans 1 intérêt du débiteur8, à empêcher la prise
de corps. Si le débiteur est de la classe des adsidui, le
vindex doit être un adsiduus ; sinon, il peut appartenir à
une classe quelconque de la société 9. Il y a donc un nou¬
veau procès ; la peine du plaideur téméraire est proba¬
blement la peine du double qui s’est conservée à l’époque
classique10; elle pèse sur le débiteur, sur le garant du
débiteur, sur le vindex. Prenons le second cas : le débi¬
teur n élève pas de contestation ou ne trouve pas de
vindex \ alors le créancier peut l’emmener chez lui et le
mettre aux fers [addictio 11 ; dans cette situation, le débi-
1 Cette scène est peut-être figurée sur un sarcophage étrusque de Cornelo
{Rull. dell Istit di corr. arch. 1860, p. 90). — 2 Voir Cuq, Instit. jurid. des
Romains, Paris, 1891, t. I, p. 422-429. — 3 4, 21. Cf. Serv. Ad Aen. 10, 419:
••Manus injeetio dicitur quoties nulla judicis auctoritate exspectata rem nobis
débitant vindi camus. » — * L'éjymologie de damnas n’est pas certaine; si c’était
domare , damnas indiquerait bien le pouvoir immédiat du créancier sur le débiteur.
— 5 Gai. 4, 21 ; 3, 78 ; Gel!. 20, 1, 45 ; 15, 13. — 6 Ainsi Voigt, Die XI J Tafeln , I,
“ ‘ k étymologie du mot vindex qu’on a voulu tirer de la Lex Col. Jul.
Genetio, c. 61 « si quis vim in eo faciet » ( Corp . inscr. lat. 2, suppl. 5439), n’est
nullement certaine. \ oir Gauckler, Étude sur le vindex ( Nouv . Rev. hist. de droit ,
1889, 601-635). — 8 Liv. 6, 14; Boetli. In Top. p. 291 (éd. Orelli). — 9 Fest. s. v.
X index, p. 376; Gell. 16, 10,5; Cic. Top. 2, 10. — 10 Cic. Pro Flacc. 21 ; Gai. 4,
11 L attribution par le magistrat, Yaddictio n’est témoignée que postérieure¬
ment aux Douze Tables. - 12 Gell. 20, 2 ; 1, 20, 46 ; Dig. 42, 1, 34 ; Quintil. 7, 3,
26 ; Sidon. Apoll. Ep. 8, 6. Dans 1 inscription d’Halicarnasse, qui est sans doute du
MAN
tour n’est esclave que de fait et ne subit
deminutio ; il garde ses biens, puisou’il n , °
«*»** *»» transiger avec T,, 0P™ . . F.»-
Ot vivre à ses frais ; s’il n’a rien, le créant
pour sa nourriture deux livres de farine donne
chaînes doivent peser au moins quinze livret J°Ur 1 Ses
pu.sse encore trouver un garant, il doit étrt^nT-^1
vant le magistrat à trois jours de marché consécutif ^
le créancier qui déclare publiquement (proauST ff
chillre de la dette; si personne ne se présente pour 1°
secourir au bout de soixante jours, le magistrat ®
definitivement au créancier qui a le droit de le tuer ou d'
le vendre a l’étranger {trans Tiberim) 12 S’il y a m, ■ de
créanciers, d’après la loi des Douze Tables, ils ont le 2
de se partager le corps du débiteur, au prorata de leu
creances « tertiis nundinis partes secanto ; si nlm
minusve secuerint , se fraude esta », sans encourir
aucun risque s’ils prennent plus que leur droit1». Cette
cruauté a-t-elle jamais été inscrite dans la loi0 Les
jurisconsultes romains déclaraient déjà que, quoique
legale, elle n avait jamais été pratiquée14. Les commen¬
tateurs modernes sont en désaccord sur cette question ;
les uns acceptent dans toute sa rigueur le texte dos
Douze Tables18; d’autres croient qu’il y est simplement
question d un partage des biens entre les créanciers111. Il
est plus probable que le texte a cessé d 'être bien compris
de bonne heure et que, selon une interprétation récente11,
il faut y voir la formule par laquelle les créanciers décla¬
raient chacun leur droit sur les biens. Du reste, il est
probable qu’il y avait des arrangements, que le créancier
pouvait garder le débiteur jusqu’à paiement ; alors Yml-
dictus n’était pas tout à fait esclave ; il subissait seule¬
ment l’emprisonnement avec contrainte au travail.
On vient de voir que la manus injeetio est essentielle¬
ment un acte d’exécution personnelle : peut-elle être
exercée sur une chose à la suite d’un jugement (judicatio)
auquel aboutit une action réelle per sacramentum^.W est
difficile de se prononcer sur ce point : le texte d’Aulu-
Gelle18 parait avoir une portée générale, mais d’autre
part la manus injeetio ne paraît possible que quand le
jugement a pour objet une somme d’argent.
Passons à la seconde forme, la manus injeetio projudi-
cato. Elle paraît comporter les mêmes efl’ets que la prece¬
dente. JOn la trouve dans les cas suivants : 1° la loi pénale
Aquilia19 l’établit contre le damnatus pour dommage
causé injustement ( damnum injuria datum). 2° tnelo'
Publilia de sponsu, dont on ne sait pas la date, sanc¬
tionna l’obligation qu’avait le débiteur de rembour^ i a
sa caution ce qu’elle avait payé pour lui20; elle créa 1 n
faveur du sponsor l’action depensi , du double, conl" L
débiteur qui niait sa dette; s’il n’avait pas remboim1 a
milieu du v' siècle av. J.-C., le débiteur dont la fortune est inférieure J ' ^ ^
est aussi vendu à titre d’exportation (Michel, Rec. d'inscr. grecq • » Mll , -ou*
Solon, une partie des débiteurs de l’Attique était aussi vendue à I élrang‘ > •
veut comparé aux trois nundinae les prescriptions analogues <c < p , gosc,
t. J. VIII, De ehrene cruda. — 13 Gell. 20, I. — » Quintil. 3, 0, 8t; Cic. ^
29; Tcrtull. Apol. 4; Dio Cass. I-XXXVI, n* 32 (éd. Gros, p. 71). - fjisi.
Vermitch. Schrift. II, 420; Betlimann-Hollweg, Civilprozess, I, 200, ni" ^ yorull ,
d. rom. /ledits, trad. de Meulenacre, II, 147 ; Kohler, Shakespeai e ioi ^ parrsl«,
der Jurisprudenz , p. 30 (d'après l'analogie des lois Scandinaves). jnseceri
Etudes , p. 334. — >7 Schulin (Lehrbuch, p. 535) rattache secate au n ^ sfcanio.
(Gell. 18, 9) qui signifierait dire, el alors il faudrait lire seeurilo au "irurs aulf',irs
— 18 20, 1 , 42-45 ; 15, 13, 1 1. Le changement de rébus en reis qui P 11 ^
ont proposé dans le texte d'Aulu-Golle est de pure fantaisie.] 1 ^ . :t,
27, §5. La manus injeetio paraît ici plutôt pro judicato que p"1 "■
127 ; 4, 9, 171.
MAN
— 1589 —
MAN
|ins]eg six mois, elle pouvait le saisir comme
Bill*01' 1 , 3# j^a j0-, furia de sponsu , dont nous ne
un,/W/ ^non plus la date, qui divisait l’action entre les
gavons i>«»^ d-un même individu, au moment de
diverses caution»
xigibilité de la dette,
donna le droit à celle d’entre
u créancier avait exigé plus que sa part virile,
ner damnationem
V i . i
nia f’
fexi.
r eîmdamanws injectio pro judicato pour la restitu-
d/xthi ]ugï. 4° La contrainte privée paraît avoir été
ti011ll',l'('v contre l’héritier à un légataire en vertu d’un legs
aCC"" ttionern d’une somme d’argent, certae pecu-
La loi Poetelia de 326 ou 312 av. J.-C. dé-
■ dit au créancier d’enchaîner le débiteur, sauf celui
■“nt la dette résultait d’un délit, et de le vendre comme
addietus ; il eut comme gage non plus son corps, mais
L biens et ses services, les siens et ceux de sa famille ;
le débiteur restait citoyen; il était libre quand il avaiL
[payé sa dette''; en outre, la loi Poetelia faisait mettre en
liberté les nexi qui « bonnm copiant jurarent* ».
Etait-ce l’affirmation par serment qu’ils étaient solvables?
ou au contraire qu’ils ne pouvaient pas payer? Les deux
sens donnent lieu à des objections. C’est le second qui
parait le plus probable, d’après le passage de la lex Julia
municipalis qui a trait à ce serment. La loi Poetelia
laissait subsister la manus injectio et l’obligation de
fournir un vindex contre le débiteur qui contestait une
dette reconnue par jugement, ou avouée in jure , ou con¬
tractée dans Informe du nexum. Mais une loi Yallia, qui
ne paraît pas antérieure au milieu du m° siècle av.J.-C.c,
supprima en général la nécessité du vindex ; tout citoyen
put manum depeilere et agir en justice, sauf dans deux
cas, quand la contrainte était exercée en vertu d’un juge¬
ment ou de la loi Publilia 1 et probablement aussi d’un
aveu in jure. C’est ce système que nous trouvons dans
plusieurs lois municipales de la fin de la République. Dans
la lex Rubria, votée entre 49 et 42 av. J.-C., pour les
affaires qui ne dépassent pas 15 000 sesterces, le débi¬
teur d’une somme d’argent déterminée, qui, après avoir
fait l’aveu ( confessio in jure), n'a ensuite ni payé ni donné
caution, ou qui n’a pas répondu à la citation ou qui ne
s’est pas défendu comme il faut, est traité comme s'il
avait été condamné : il est emmené par le créancier sur
1 ordre du magistrat8. Dans la lex coloniae Genetivae
•lutine, donnée en 44 sur l’ordre de César par Antoine à
la colonie fondée à Urso en Espagne, mais dont nous
n avons pas le début9,] le débiteur est amené in jus-,
Ie magistrat municipal autorise le créancier à saisir
la personne du débiteur, comme s’il était condamné
[judicati jure)-, mais celui-ci est autorisé à fournir un
Igaiant, un vindex, accepté comme solvable par le ma-
glstut' ^* Ie débiteur n’exécute pas le jugement ni ne
ouinil de vindex solvable, le créancier peut l’emme-
nei et 1 enchaîner. Quiconque veut, par voie de fait, s’op-
P°hi a 1 exécution, est condamné au double de la dette
d ’ (' |l,us> *0lll colon peut le faire frapper d’une amende
e -MlOu sesterces au profit de la colonie.
■o1 us appelle la troisième forme manus injectio para ,
celle qui n’assimilait pas le débiteur au judicalus, qui
par conséquent ne comportait pas l'obligation du vindex.
Entraînait-elle encore condamnation au double en cas
d 'infitiatio ? On ne sait pus exactement. On la trouve
dans divers cas créés par des lois spéciales ,0. Ainsi la loi
Furia testameniaria, qu’on place, sans preuve solide,
vers tSSav. J.-C., l’autorisait contre la personne, non ex¬
cepta, qui avait reçu un legs ou une donation à cause de
mort dépassant le maximum légal de 1 (KM) as, et qui en¬
courait la peine du quadruple. La loi Marcia 1 autorisa
contre les usuriers qui avaient extorqué des intérêts usu-
raires et qui encouraient en outre une peine du qua¬
druple “.Cette forme d e manus injectio n’était plus qu’un
mode introductif d’instance.
Les exemples de la manus injectio que donne Gaius
ne s’appliquent qu’à des créances pécuniaires; mais elle
a pu avoir un domaine plus large, servir par exemple a
l’exercice du droit de puissance paternelle, du droit du
maître sur un esclave, du patron sur un affranchi, quand
on saisit, en dehors d’une instance, un esclave qu on veut
revendiquer, ou en vertu du contrat de vente *2. laut-il
voir une manus injectio dans le cas de vol manifeste, de
furtum manifestant, où, d’après laloi des DouzeTables 1 \
le voleur était frappé de verges et adjugé à la victime?
N’y avait-il làqu une legis actio pénale “? L 'addictio n in¬
diquait-elle que l’intervention du magistrat? 11 semble
cependant qu’il y ait là une véritable action de la loi.
Gains dit que d’autres lois avaient accordé dans beau¬
coup de cas la manus injectio pro judicato. Nous en
avons deux exemples. Un texte, qui paraît être un sénatus-
consulte plutôt qu’une loi, autorise la manus injectio et la
pignoris capio pour la violation des règlements relatifs a
des terrains publics du pagus Montanus de Rome.
Un règlement de la colonie latine de Luceria, qui a pour
objet de protéger un bois sacré, autorise également tout
particulier à user contre les délinquants delà manus in¬
jectio pro judicato pour une somme de cinquante pièces
d’argent. 11 reproduisait certainement un règlement ana¬
logue romain. Enfin il paraît être question de cette pro¬
cédure dans la loi osque de Bantia en Lucanie l5.
La procédure per manus injectionem avec sa forme
solennelle dut disparaître avec les actions de la loi par
l’effet de la loi Aebutia;mais l’effet de la manus injectio
subsista; il y eut toujours la contrainte par corps par
Yaddictio obtenuedu préteur qui permettait d’emmenerle
débiteur (domum ducere)16, en cas de condamnation ou
d’aveu de la dette.] La lex Julia de César permit au débi¬
teur d’échapper à la contrainte par corps et a la vente
forcée et infamante de ses biens en faisant la bonorum
cessio BOXORVM cessio] “. [Mais, en dehors de ce cas, le
débiteur reste exposé à la contrainte privée; c'est à tort
que beaucoup d’auteurs modernes l’ont nié. Le débiteur
emmené par le créancier est tenu de travailler pour lui
jusqu’à complet paiement. 11 est généralement occupé à
la culture des terres ; on connaît les obaerati de l’époque
de Yarron18; Columelle parle de l’exploitation des
Rai. 4, « , ,, „
li.7J7.ir4 k'3, lil> '-U b 22. — 3 Id. 2, 201; Serv. Ad Aen.
Contre», 7(1 / S’ 28 ’ Varr' üc lin3- laL 7> 105 i Quintil. 7, 3, 20; Scnec.
1. U0.U5 (C IS’ ' *au*" ^ocn- L L. 57. — G Varr. L. c. ; Lex Jul. municip.
il>SCr- laL h n° 200 /. - 6 Opinion do Cuq, L. c. p. 588-592,
hieerini ((' 'a manus injectio pro judicato figure encore dans la lex luci
c. Jl. __ 9 [!][ ”isn'- lat ■ 9> 782). — 7 Gai. 4, 25. — 8 Corp. inscr. lat. I, n» 205,
Bail. „0?- ,nscr- lat- 2 supplem. 5439, § 01. — 10 Gai. 4, 23-24; Cic. Pro
al. h te rust py(Lpf. . A sc oh. In Divin, p. 111. — 12 I.iv. 3, 44 ;
Quintil. 7, 7, 9 ; Vatie. fragm. 0; Dig. 18, 7, 9 ; 40, 1 , 20, § 2 ; C. Just. 4, 55,
15; 7, 0, l. un. § 4. — 13 Gai. 3, 189. — U Cf. Tac. Ann. 11,0. — i« Mommsen,
Epliem. epigr. 1874, p. 200-208 ; Corp. inscr. lat. 9, 782; 0, 3823; 1, 40-47, I. 25-
20. — 18 Tcrent. Phorm. 2, 2, 20 ; Donat. Ad h. l. ; Plul. Lucull. 20; Diod. 1, 79;
Scnec. De kenef. 3, 8; Paul. Seul. 5, 20, 2; Dig. 4, 0, 23 pr. ; 42, 1, 34. l.c lexlc
de Cicéron ( Pro Place. 20) s’applique au droit grec. — 17 Gai. 3, 78 ; C. Just.
7, 71, 1, 7, 8; 2, 12, 11 ; Dig. 42, 3, l et 4; C. Tli. 4, 20. — 18 De re rust.
1, 17.
tiOO
MAN
590 —
MAN
grandes propriétés ne.ru civium , c’est-à-dire par les
débiteurs *. L'addictio est encore pratiquée rigoureuse-
menl A 1 époque de Quiniilien et d’Aulu-Gelle2. Il y a de
frequentes mentions de l’emprisonnement pour dettes
dan» le Digeste dans les écrits de saint Ambroise, de
>aint Jean Chrysostome 4. Ces textes signalent également
les mauvais traitements, les tortures dont les débiteurs
étaient victimes. C’est probablement pour cette raison,
autant que pour empêcher la juridiction privée, usurpée
Slir leurs domaines par les sénateurs, les fonctionnaires
et les grands propriétaires, qu’au Bas-Empire les lois
interdisent si souvent les prisons privées, carceres
privât i J. Malgré les interdictions inutilement répétées,
les enfants des débiteurs sont souvent pris comme
gages, détenus comme esclaves, contraints de servir pour
la dette de leurs pères, souvent même vendus par les
eiéaneiers6. En Orient, sous Justinien, la prison pu¬
blique a peut-être fini par remplacer la prison privée pour
dettes 11 faut remarquer d’ailleurs que c’est surtout en
Orient, sous l’influence persistante du droit grec et des
coutumes helléniques, qu'a été pratiquée la contrainte
pi i\ ée s, avec le plus d arbitraire et de violences. Signa-
lon> aussi un autre abus, fréquent au Bas-Empire 9, et
qui est une sorte de manus injectio posthume, l’usage
pratiqué par les créanciers de retenir le corps du débiteur
défunt. G. Humbert. [Ch. Lécrivain.]
MANUS FERREA ]iiarpago, p. 12].
MAXLS M1LITARIS. — Dans tous les pays, dans
toutes les armées, ceux qui commandent les troupes les
utilisent en face de l’ennemi pour les travaux de défense
ou d attaque qu’ils jugent nécessaires; il en fut naturel¬
lement ainsi dans l’antiquité classique. Devant Sicyone,
par exemple, le polémarque lacédémonien Praxitas fait
exécuter par ses soldats une palissade et une tranchée1 ;
Agésipolis enferme Mantinée dans une tranchée à
laquelle « la moitié de l’armée travaillait, tandis que
1 autre se tenait sous les armes », puis dans un mur de
circonvallation ; enfin il fait détourner le fleuve qui tra-
versait la ville -. Pendant la guerre du Péloponèse, les
troupes athéniennes construisent une muraille pour
investir Potidée3 ; au siège de Pylos, ce sont les soldats
eux-mêmes qui, sans attendre l’ordre de leurs chefs, forti¬
fient la place ; faute d outils pour tailler les pierres, ils
choisissent celles qui offraient la forme la plus com¬
mode ; faute d’auges pour le mortier, ils transportent
celui-ci sur leur dos*. Archidamus emploie ses hommes
a dresser des palissades et une terrasse d’approche5;
Agis change le cours d’un ruisseau6; les Athéniens, en
Sicile, élèvent un mur de circonvallation à Sycé 7. Il
serait aisé de citer des faits analogues pour l'armée
romaine : c’est Camille établissant contre les Volsques
des terrasses et des travaux d’approdn
au temps de la guerre d’Annibal, obligeant 1 Placc»s,
se bâtir des casernements aux portes , i peSso,daM
Quinetius Flamininus ordonnant à ses p Up°ue9- ou
tailler des pieux pour les palissades 19 PP8l°nnaires de
lite-Live l'occasion de montrer ’ . 11111 f°Urniti
ce
travail chez les Macédoniens^etThez 7 PnCédail à
, les Romains.
E usage de demander aux soldats des iraw . 1,0 •
était tellement reçu à Rome, sous la rL îï ^
lorsque Polybe nous décrit rétablissement^ que
d énumère les corvées de fortification réservées fmp“’
me,H aux différeras manipules légionnaires et „ ‘ S
QuelIe ‘l116 fùt C organisation des différentes "l
Grèce ou en Italie, il est donc certain ou’on 7
soldats devant l’ennemi le maniement delà ,27 7
pioche et de la truelle. Mais l’emploi de la main-dW !
militaire pour des constructions en temps de mn
d occupation armée suppose la perpétuité des cadres J
tout au moins une certaine permanence des effectifs J
de choses à peu près inconnu à la Grèce comme Y h
Rome républicaine. Cet emploi devint possible dès que la!
duree des guerres et l’éloignement du champ des opé
rations obligèrent les Romains à garder les légionnaire]
sous les drapeaux souvent pendant plusieurs campagnes
consécutives. Le commandement comprit alors que l’on
ne pouvait, sans danger pour la discipline, laisser inac¬
tives des masses d’hommes transplantées loin de leurs
habitudes12, tandis qu’en les utilisant on arriverait à
accomplir de grands travaux à peu de frais. Dès lors on
prit l’habitude\ de faire appel aux soldats pour des
ouvrages d’utilité publique parfois tout à fait étrangers
aux intérêts de l’armée ou des opérations futures. Ainsi,
en 187, le consul Flaminius trace une route entre Bologne
et Arretium13 ; plus tard Marius fait creuser le canal du
Rhône u ; Sylla détourne le cours du Céphise 15 ; P. Nasica
confie à ses troupes le soin de construire des bateaux, in
hibernis quamvis classis usus non esset necessarius'K 1
César utilisait ses légions pour toutes sortes de besognes:
non seulement elles traçaient des routes dans la neige1,
ou dans des marais, jetaient des ponts18, ouvraient dés
mines vers l’ennemi19 ; mais il les employait à creuser
des puits 20 ou à construire des vaisseaux
L’établissement du régime impérial et la création des
armées permanentes, réparties dans des garnisons lixes,
rendirent plus aisée encore l’utilisation de la main-
d’œuvre légionnaire ; ce qui nécessita, en même temps,
une réglementation de la matière ; car les abus n avaient
pas tardé à se produire. Il fut donc établi que, pom
occuper les loisirs des soldats, les commandants pom-
raient légitimement leur imposer des occupations ma¬
nuelles ( fubrilia opéra )22; que, dans certains cas mém< ,
i Colum. 1, 3, 12. — 2 Quintil. 7, 3, 26 ; 5, 10, 60 ; Gelt. 20, 1, 51. — 3 Di y.
i', 2.1 ; 42, 1, 34 ; 47, 10, 13, § 2 ; Gai. 3, 199. — 4 Amtiros. De Tobia , 7, 27 ; 9, 3:
10 ; Lib. sing. de Nubuthe ; Johann. Chrysost. Putrol. gr. t. U, p. 24; cf Ammiai
18, 4, 25. - 5 c. Th. 9, 11, 1 ; C. Just. 1, 4, 23 ; 9, 5, 11 ; Edict. Theodor. ;
— r' C. Just. 4, 10, 12; Non. 134, 7 ; Ambros. De Tobia, 8, 29-30; Basil. Boni, i
Pmtm. XIV, 4. - 7 Nov. 113, 9; C. Just. I, 4, 22. — 8 Voir Mitleis, Beichsrec!
Uiid Volksrechl in den ôstlichen Provinzen des rômischen Kaisserreichs, Lcipzi;
1891, p. 451-455. — 9 Ambros. De Tob. 10 ; Justinian. Nov. 60, 1, 1 ; 115, 5, 1
- Bibliographie. Savigny, Yerm. Schri/ten, II, 453 ; [Giraud, Les Nexi (Acad, c
sc. rnor. et pot. \, 1847;] Tambour, Des voies d'exécution chez les Domains, Pari?
1856; Rudorir, Dôm. Rechtsgesch. Leipzig, 1859, II, § 24 ; Walter, Gesch. d. Don.
Redits, 3« éd. Bonn, 1860, § 750-751 ; Belhmann-Hellwegg, Der Civilprocess, Bon,;
1864-60, § 28, 29, 114, 158-159; Keller, Der rôm. Civilprocess, Irad. Capmas
Paris, 18,0, § 19 et 83; Puclila, Cursus der Institutionen, 7c éd. Leipzig, 1871
I. § 162-179; lhering, Geisl. d. rôm. Dechts, 4' éd. trad. de Meulenaere, Paris
1880, t. I, p. 156-159; [Voigt, Die N/l Tafeln, Leipzig, 1883: .*«■*•*
Précis de droit romain, Paris, 1880, 4« éd. § 740, 745, 867 ; Lécrivain. ^
sur le Bas-Empire ( Mélanges d'arch. et d'histoire de l'École île j
)i. 256-252); Cuq, Institutions juridiques des Romains, 1891, L P- ‘ i , |
379, 588-592, 703-704; Girard, Manuel de droit romain, Paris, 1890, p.
1000.] j | ^
MANUS MILITARIS. I Xcn. Bellen. IV, 4.-2 Ibid. V, 2. — 3 ] ,ucy ’ ] „
— 4 Id. IV, 4. - 5 Id. Il, 75. - 6 ld. V, 00. — 1 Id. VI, 98. - 8 |->v. ^
— 9 Id. XXVII, 3. - 10 Id. XXXIII, 5, 6. - U Polyb. VI, 33 et suit.-
XXXIX, 2, 0 : ne in otio militem haberet ; Fronl. Strat. n. F ' ' - „
miles corrumperetur ; Plut. Sul. 10: oix efa tou? 0PT?a‘ w' ,(î jrrûnt.
— 13 Liv. XXXIX, 2, 6. — H Plut. Mar. 15. — « Plot- Sul. 10. - ^ ^
Strat. IV, 1, 15. - 17 Bel. Gai. VU, 8, 2. - <8 Ibid. K». _ 2Î Dig.
VIII, 41, 4; 43 , 4. — 20 Bel. Al. IX, I et 2. — 21 Bel. Gai. V, U. ••
I XLIX, 7, § I.
MAN
— 1391 —
MAN
,neurg de provinces auraient le droit de prêter
• [es g0"'". r(ji L(iS le concours de travailleurs militaires 1 ;
W,Xlll|"|l|'|lt jamais on ne devrait y faire appel pour le ser-
I1"l'|l|'in particulier, fût-ce d’un général2. L’ordonnance
VICC i \uguste et fut strictement maintenue dans la
rtlU°'1 '('Vsl ce que confirme le témoignage des textes
suite
rtout des inscriptions : nous y voyons les
et suri
loupes de toutes sortes, légions et auxiliaires, employées
■ des constructions militaires dont le but est de défendre
■ territoire romain ou d’en faciliter l’occupation; à des
vs d’utilité publique, destinés surtout à assurer la
V ilé ou ia bonne administration de l’Empire, comme
Kssî à servir les intérêts de l’empereur et de la caisse
impériale; enfin à des travaux qui devaient augmenter la
■ rospérilé des provinces ou celle des municipalités.
1 1» Travaux purement militaires. — Fortification des
différentes frontières de l’Empire: limes de Bretagne4,
llirnes du Rhin, de la Germanie et de la Rétie 5, limes du
I Danube, depuis Passau jusqu’à son embouchure6, limes de
Syrie cl d’Arabie \ limes de Numidie, de Maurétanie et
de Tripolitaine 8 [limes]; construction de routes9: voie
de Salona à Andetium par la légion VIIe l0, route
d’Aquincum à Mursa par la légion IIe Adjutrix “, route
de Dacie par la cohorte I11 Hispanorum 12, route de
Berytos à Biblos en Syrie par la légion IIIe Gallica'3,
■ voie de The veste à Tacape 14 et de Carthage à Theveste 15
.par la légion IIP Auguste; percement d’une voie à tra-
; vers l’Aurès par un détachementde la légion VIe Ferrata16;
[établissement de la voie de Coptos à la mer Rouge par des
: troupes de l’armée d’Égyptesous Auguste, et construction
d’un camp pour la défendre ainsi que de citernes éche¬
lonnées sur la voie 11 ; construction d’un practorium sur
une route stratégique en Maurétanie Tingitane 18 ; perce¬
ment d’un grand tunnel à Séleucie de Piérie 19 ; perce¬
ment d un canal entre la Meuse et le Rhin, qua incerta
|0cer//zi vitarentur 20 ; d’un autre canal entre la Moselle
et la Saône, ut copiae per eam fossam in Rhenum exin
Wceanum decurrerent2i ; construction d’une digue pour
[contenir le Rhin22; d’une basilica equestris exercita-
toria à Netherby par une cohorte d’Espagnols 23 et
d une basilica semblable à Syène par une cohorte de
Biliciens-1; adduction d’eau de source dans un camp
légionnaire23; édification de temples26, de bains21, de
I®agasins-S pour les besoins des soldats; d’un amphi-
t éàtre pour 1 amusement des troupes et des vétérans
I xés dans le voisinage29, de monuments divers dans les
FJ es issues des camps (temples30, fontaines31, arcs de
■nomph,. fondation de colonies sur le territoire d’une
I egion et en partie pour les vétérans 33 ; tombeaux élevés
en l'honneur de soldats morts sur le champ de bataille 34,
ou même d’ennemis 3r\
2° Ouvrages (futilité publique , mais ayant quelque
intérêt pour la sécurité de l’empire ou l'administration
impériale. — Établissement de routes en Italie 36 ; dragage
du Nil sous Auguste ut feraciorem habilioremque anno-
nae urbicae redderet 31 ; réfection des murailles d une
ville pour assurer la sécurité du pays 38 ; construction d’un
pont à Simittu, pour faciliter l’exportation des marbres
de la carrière impériale voisine 39 ; exploitation de car¬
rières et de mines faisant partie du domaine impérial 40.
3° Travaux intéressant surtout les municipalités et
la prospérité des provinces. — Curage du port de
Séleucie41; aménagement de sources thermales42; cons¬
truction d’amphithéâtres à Crémone et à Bologne, « en
partie, dit Tacite, pour occuper les légions, en partie
parce que les affaires n’absorbaient jamais assez Yitellins
pour qu’il oubliât les plaisirs 43 » ; percement d'un long
aqueduc à Bougie44; édification de ponts, temples, por¬
tiques, basiliques en Égypte 45 ; dessèchement de marais
et assainissement des environs de Sirmium par
Probus46; plantation de vignes dans la même région47 ;
envoi de soldats pour obliger les paysans dé Syrie à
combattre les sauterelles48.
Cette liste n’a point la prétention d’être complète,
surtout pour les ouvrages purement militaires : elle ne
contient qu’un certain nombre d’exemples caractéris¬
tiques fournis par des documents précis; il faudrait y
ajouter toutes les constructions où ont été employées
des briques ou des tuiles avec estampilles de légions ou
de corps auxiliaires, ce qui prouve qu’elles ont été
élevées par des soldats [tegula]. Mais les tuiles de cette
sorte sont innombrables et se retrouvent dans toutes les
parties du monde romain : un relevé de cette nature
excéderait les limites de cet article49.
L’examen comparatif des textes ci-dessus réunis suffit
à montrer que toutes les espèces de troupes n’étaient pas
indifféremment affectées à chaque catégorie de travaux.
Aux besognes purement militaires, fontaines, routes
stratégiques, constructions de la frontière, les légions
doivent faire face aussi bien que les auxiliaires, suivant
que les nécessités locales le réclament. A Bohning, sur
le limes de Germanie, c’est un détachement de la légion IIIe
Italique qui élève le valluni , des postes et des tours;
à Schwaderloch, en Suisse, la légion VIIIe Auguste est
chargée de construire un burgus 50 ; le camp de Lambèse
est l’oeuvre de la légion IIIe Auguste31 ; mais à Risingham,
la porte et les murs du camp sont relevés par une cohorte
de Vangiones52, et à Riechester une cohorte de Vardulli
§l.~3 ViV.'i’/'.’. S 1 :d' Liobcnam’ Stadteverwaltung, p. 141. — 2 Dig. XLIX, ’
BjWfalom 7 ü/‘ ’ clc' ' H. 19 : Siquidem incongruum videreti
Ttt. Agric Z‘v"' VtiHtatibus vacare privatis. — 4 Suct. Oct. 18; Dio, Ll, 18
I gl, 172 i-ï “ Hüd' 11 ’ Vita Pii' CorP • inscr- lat • VII> 199-117, 14!
I — o y IIX||v. ^ ^42, 312, 362, 401, etc.; cf. Indices , p. 34:
\nisch vaetisri^ V ^es Publications intitulées Limesblatt et Dcr obergernu
rM653t;r.lr;C'TaC: Anw*ï’ 33‘ — 6 Corp. inscr. lat. 111,3385, 338'
archdol, en U0u ^ Cimes iR Oester reich) Tocilesco, Fouilles et recherc/it
i Wdington, ’ P' Ct suiv* “ 7 CorP • inscr- laL IlI> 88i 6658? 673î
P- oW et suiv • /y,' n ~ ^8C, p. 244. — S R. Cagnat, Armée d'Afriqu
-5"l, 257 » a'fta.r arch' du Co™ité, 1901, p. 429; C. i. I. VIII, 2532, 2546,254!
-»c. i. / 1,1 , lilc- Ann • I. 20; Quint. Inst. or. II, 3; Vcgct. III,
PI, 1001», ,00’23 " ' ~ 11 Ihid ■ 3708. — 12 Ibid. 1027. — 13 Ib. 208. — U /,
- I#’ //( ~ l ,/6- d- 895, 977, 2092. — 10 Ib. n. 10230. — « Ib. Il
" 21 Ib. xin S3 ’ “1820' ~ 19 Waddington, 27 1 4-2717. — 20 Tac. Ann. XI, 2'
V,»i 2572. _ % Ib- - 23 C- «'• l ■ vil, 905. — 24 Ib. III, 002 5. — 25 /
, 3484 . 27 /b. VII, 273, 445 ; Bramhacl), I. Ith. 100
_ 28 c. i. I. VII, 732. — 29 Jb. VIII, 2488. — 30 Ib. 2579 ct suiv. 2030, 2051, 2052,
2054. _ 31 Ib. 2057, 2058. — 32 Ib. 2098. — 33 Ib. 4203, 4204, 17842, 17843.
— 34 Tocilesco, Fouilles en Roumanie , p. 03 cl suiv. — 35 Vil a Probi, 9, 2. — 30 C.
i. I. V, 7989. — 37 Suet. Aug. 18. — 38 C. i. I. III, 8031. — 39 Ibid. VIH, 10117.
40 Tac. Ann. XV, 20; Letronne, liée. 11, p. 424 et suiv.; C. i. gr. p. 1191 ct
suiv.; cf. n» 5042; Ann. épigr. 1889, n. 182; C. i. I. 111, 10117; Korrespon-
denzblatt d. Wcstd. Zeitschrift , 1880, p. 70 cl suiv. ; Freudenbcrg, Das Denkmal
des Hercules Saxanus im Hrohlthal. — U l.ibanius, ’Avtio^uôç, I, p. 324, 5, éd.
Reiske. — 42 C. i. I . VIII, 17727, 17728. - 43 Tac. Hist. II, 07. — *4 Corp.
inscr. lat. VIII, 18 122. — 45 Vila Probi, 9, 4. — 40 Ibid. 21, 2. Ou notera
cependant que Sirmium, à partir de la lin du m« siècle, servit de résidence aux
empereurs ; le travail pouvait être fait à leur intention aussi bien (pic pour le
bien-être des habitants de la ville. — 47 Ibid. 18, 8. — 48 piin. Hist. nat. XI,
408. Les soldats ne combattent pas eux-mêmes le lléau : « necare (locustas)et in
Syria militari imperio coguntur ». — 49 Ann. épigr. 1899, 195. — 50 Ibid.
1893, 114. — 51 C. i. I. VIII, 2532 , 2540 , 2548 , 2571, 2572. — 52 C. i. I. VII,
1003.
MAX
— 1592 —
MAP
est chargée de réparer un ballistarium1. La légion IIP
Auguste bâtit un temple à Esculape2; la cohorte des Belges
en construit à Liber Pater3; la même légion IIIe Auguste
amène l’eau dans son camp3 ; à Caernarvon c’est une
cohorte de Sunuci qu’on occupe à un travail semblable 5.
1 ar contre, pour les autres travaux on s’abstenait
presque toujours de faire appel aux légionnaires ; s’agit-
il de refaire une route italienne, on réquisitionne des
t irones juventutis novae italicae 6 ; de relever les murs de
Romula, une troupe de Syriens ‘ ; de percer un aqueduc
à Bougie, des gésates et des marins8 ; d’agrandir le
port de Séleucie, une aile de cavalerie9. Une seule fois
nous trouvons mentionnés incontestablement des légion¬
naires à propos d'un travail de cette sorte, mais c’est
après la victoire de ^ itellius, et les légionnaires font
partie de légions qui viennent d’être vaincues : il y a là
des conditions toutes particulières I0.
Dans l'exploitation des mines, cependant, les inscrip¬
tions citent des soldats ou des officiers appartenant à des
légions, à côté de troupes auxiliaires et de marins11.
Leur participation à des travaux aussi pénibles et presque
serviles serait surprenante si l’on n’avait déjà signalé
des faits analogues, par exemple, à propos de l’établis¬
sement’ de la route de Coptos à la mer Rouge. On a
constaté 12 que lors de ce travail on avait détaché
cent viugt-huit légionnaires seulement sur les dix ou
douze mille que la garnison comportait, tandis qu’on
avait mis en mouvement mille deux cent soixante-treize
auxiliaires sur un effectif total de six ou sept mille
hommes ; on en a conclu que, dans ce cas, les légion¬
naires ne pouvaient que faire l’office de surveillants, les
auxiliaires de travailleurs effectifs. Il en était de même
dans les carrières: les détachements légionnaires et les
officiers qu’on y rencontre dirigeaient l’exploitation et le
transport des pierres [legio, col. 1063] ou même se con¬
tentaient de faire la police, veillant à l’exécution des
travaux par les condamnés 13. Un fait comme celui que
rapporte Tacite lorsqu’il nous montre Curtius Rufus
faisant ouvrir une mine d’argent dans le territoire des
Mattiaci par la main-d’œuvre légionnaire, est une
exception ; il ne pouvait se produire que dans un pays à
peine soumis et en territoire militaire : c’est presque une
opération de guerre13. R. Cagnat.
MANUTERGIUM [maxtele].
MAP ALI A. — Nom donné par les auteurs latins,
d’après la dénomination indigène, aux habitations des
tribus nomades de l’Afrique septentrionale. Hérodote,
sans prononcer le nom de mapalia, dit que les Libyens
nomades habitent des huttes mobiles, faites de joncs
entrelacés de feuilles d’asphodèle1. Dans la littérature
latine, le mot parait pour la première fois avec Caton2.
Salluste l’explique lorsqu’il raconte que les Numides
ruraux, dans leur langue, appellent leurs demeures des
mapalia , et que le toit de ces maisons, de forme oblongue
et aux pentes incurvées, les fait ressemhl
renversée d’un navire3. Pline donne Tl*
habitations, faites de joncs tressés “ nom a»x
m.des et Maures3 ; et de leur côté Tite U ades- Nu-
nous représentent ces cabanes desparteri?
dans les campagnes de l’Afrique, conuu* i , inées
bergers. Au temps des guerre’ pu ”® ** M. «.
dans leurs campements militaires, n’avaient " ' ,mides<
abris que ces légères cabanes, soutenues int£, ^
par quelques pieux enfoncés dans le sol ■ • ement
à Scïpion de prolitor d’un grand vent non', ,Zï*°ï ‘
mut, le feu dans le camp de Syphax et et..,. • f6 a
sordre dans les quartiers de l’ennemi' Citons"’1 ' *
témoignage de saint Jérôme, disant que l,.s
demeures des Africains ressemblent à des fours ’
On peut rapprocher de ces divers textes ,„el(roes
recentes decouvertes de l’archéologie africaine E
mosaïques trouvées à El- ’ ux
Alia, à 24 kilomètres au
sud de Mahdia (Tunisie),
dans une villa romaine10,
représentent des scènes
pittoresques et champê¬
tres que l’artiste parait
avoir voulu placer sur les
bords du Nil : on y re¬
marque (fi g. 4828), entre
autres choses, des gour¬
bis en treillis, qui ont la
forme de ruches d’a¬
beilles, rondes, à tige co¬
nique, et dont la pointe,
en sparterie souple, est
inclinée11. Il est impos¬
sible de ne pas recon¬
naître ici les mapalia des
auteurs latins. Une autre
mosaïque, trouvée à Oudna (l’ancienne Uthina), a pour
sujet principal une ferme avec l’habitation des maîtres,
et, devant celle-ci, une petite chaumière basse avec toit
triangulaire en chaume12 : c’est la maison des esclaves;
elle ressemble aux cabanes des charbonniers dans nos
Fig. 4828. — Hutte africaiuc.
forêts. Sur un sarcophage du musée de Philippeville,
est figurée une petite chaumière d’un genre tout diffe¬
rent : c’est (fig. 4829) une cabane circulaire, en treillis,
surmontée d’un toit conique en chaume; une femme
se tient devant la porte, ayant sur sa tète une cor¬
beille et tenant une cruche de la main gauche
Aujourd’hui, les gourbis mobiles et transportables des
Berbères, qui affectent différentes formes, suivant les
Lribus, nous représentent les anciens mapalia', Ch. Dsso^
signale même des tribus des environs de Tanger dont es
gourbis, faits de nattes tressées, affectent encore la u»iu e
des lianes d’un bateau renversé13. Cette dernière h" me
l Corp. inscr. lat. 1045, 1046. — 2 /6. VIII, 2570 et suiv. — 3 lb . III, 8484. — 4
VIH, 2658- —3 /6. VII, 142. - 6 lb. V, 7989. — 7 lb. III, 8031. — 8 Jb. VI
18122. — 9 Libanius, •A»Ti„z,*i4, L. c. —10 Tac. Hist. II, 67. — U Freud,
berg, Pas üenkmal des Hercules Saxnnus im Brohlthal ; Bramb. 602, 680 ; l
Robert, Insc. laissées dans une carrière de la haute Moselle (Mil. Graux, p. 3
et suiv.). 12 c. i. I. III, n. 6627; cf. le commentaire de M. Mommsen, p. 12
13 Passio sanciorum IV coronatorum dans Büdinger, Untersuchungen, I
p. 324 et suiv. — n Tac. Ann. XI, 20. — B.buographie. W. Harster, Die Baut
der romischen Soldaten :um à ffent lichen Nu t zen, Speier, 1873, in-4» ; Mar/(uar,
Organisation militaire , p. 315 et suiv.
MAPALIA. I Herod. IV, 190, 2 :OI«^«t* Si rip.r,,™ « |,£p(M'yuv *
\r I:a — 3 *'a
<r/otvou; e<m} xcci Ta’Jra icépisopni'à, - 2 Cat. ap. Fest. S. V. ■* / _ 6 \ irï*
Jug. XVIII. — 4 Plin. Nat. hist. V, 22 ; XVI, 178.-8 Tit. Liv. XXIX, 3 . ^ ^
Gcorg. III, 339-340. — 7 Tit. Liv. XXX, 3. - 8 Tit. Liv. XXX, 5.
lu Prol. Amos : Agrestes quidem casas et furnorum similes, quas d
mapalia. — 10 p. Gaucklcr, dans C. B. des séances de IA"" ■ |i. 67,
B. Lettres, 1898, p. 828. — H Jahrb. d. arch. Instit. t. XV, 1600, ' ^ ^ ^ jqq
fig. 2 et p. G8, fig. 3. — p, Gauckler, dans les Monuments l u ^ j /usées d>'
et pl. xxn. — ^3 Gsell, Musée de Philippeville (dans la r0* * ^ Qpcrep^
C Algérie et de la Tunisie ), p. 32 et pl. n, fig. i. Voir auss‘ Campa" ^ p r0,n.
pl. exiv, relief de terre cuite. — 14 Cli. Tissot, Géogr. comp- ( j p. 70-71-
d'Afrique, t. I, p. 4SI ; cf. p. 302; Otto Mcltzer, Gesch. d. Kartharja ,
1393 —
MAP
MAP
['époque
Fig. 4829.
(li piutôt la chaumière de la mosaïque d’Oudna,
r8pI)t "•■d'iaues coniques de la mosaïque d’El-Alia ou du
quen„hage de Philippeville.
38 u de mapalia ou mappalia est demeuré attaché,
LC l" "1 romaine, à des localités dans lesquelles se
trouvait installée, à côté des colons
romains, une agglomération plus
ou moins considérable d’habita¬
tions indigènes. La grande ins¬
cription d’Henchir Mettich, en Tu¬
nisie, découverte en 1896, donne
au domaine créé dans cette localité
le nom de fundus Villae magnae
Variant , id est Mappalia Siga1.
Cette dernière appellation repré¬
sente évidemment le nom indi¬
gène, antérieur à l’installation du
fundus romain et persistant à
côté de lui, comme les gourbis
des Numides à côté des maisons
de pierre des colons. A Carthage
même, il y avait la rue des Map-
pales, via Mappaliensis , où de¬
meurait, au temps du martyre de saint Cyprien, le pro¬
curateur Macrobius Candidianus 2. Cette rue, assez éloi¬
gnée du centre de la ville, parait avoir été tracée sur un
emplacement qui n’était, à l’origine, qu’un faubourg
extérieur. C’était probablement, dit M. P. Monceaux,
« cette grande voie carrossable qui, aujourd’hui encore,
conduit de La Malga à Sidi-bou-Saïd3 ». Au v° siècle,
l’une des basiliques de Carthage dédiée à saint Cyprien
était sur l’emplacement de sa sépulture, aux Mappalia ,
près des Piscines, c’est-à-dire à proximité des grandes
citernes du village de La Malga L
Dans une glose sur Virgile, Servius signale l’existence,
à Carthage, d’une zone extérieure à laquelle il donne, non
pas le nom de Mappalia ou Mapalia , mais celui de
il lagalia*. 11 est de toute évidence que Magalia n’est
qu’une autre transcription du terme indigène ordinai¬
rement donné sous la forme mapalia. Il a persisté jus¬
qu à nos jours dans le nom du village arabe de La Malga
situé au pied de la colline de Saint-Louis, sur laquelle
s élevait Byrsa. Le village de La Malga parait donc dési¬
gner à la fois à peu près l’endroit où passait la via Map-
ptdiensis et l’emplacement où, à l’époque punique pri-
nntive, s’élevaient les mobiles et légers mapalia ou
nurjulia des tribus libyennes, lorsque ces dernières
't'naient cultiver le sol de la banlieue de Carthage ou
len’ u l’instar des tribus nègres dans nos colonies
actuelles, trafiquer avec, les marchands carthaginois.
llM la'ns orientalistes ont proposé de faire dériver le mot
aumidique ou berbère magalia , du terme sémitique
larac‘ne rouler IV’ cha-
0 ’ * 0a 1° sens de « maison qui roule, qu’on trans-
et
U (Ext, , "'aia, A ouv. observ. sur l’inscr. d'ffenchir Mettich , p. 2, 7
Uuinarl ' ^0BB’ rev‘ s de droit franç. et étranger , 1899). — 2 D.
Carth ,,L Cl a ">artyr- P- 218 ! Ch. Tissot, O.l. t. 1, p.' 661; E. Babclon,
V"'- ~ 3 P- Monceaux, Rev. arch. 1901, H, p. 185; Id. Hist.
I, s) |f| ' ir,ue chrétienne, t. Il, p. 373. — 4 Victor de Vita, Persec. Vandal.
M Aen ^ v,r ^appa^a ; P. Monceaux, Op. cit. p. 195. — S Scrv.
Sichs. Ges ïi ;Cf ^ Tissot, Op. cit. p. 586; Th. Mommsen, in Berichte d.
Op. cil | | U issenschaft . Phil. hist. Classe , 1854, p. 155; Otto McUzer,
portaie„t| *' * 1 1 - <-42. Il paraît (|ue, dans les iles Baléares, certaines habitations
- G üesemus, Monu-
442. — 1 Servius, Aa
H’Jl fît 1011 1 1(> " 'luVj UclliS IBS llBs Del K 111 l
nenta, n Jj!" ® Mapales (Æ cv . arcli. 1901, 1, p. 46Ô).
Aen. | ij, )ll° Mcltzer, Gesch. d. Karthager, t. I, p
’ *' • « Magalia - - - - ■
vero anlistoeclion est, uam debuit magaria dicerc, quia
porte0 ». D’autres, s’appuyant sur un passage de Servius,
ont voulu voir dans Magalia une autre forme ou une alté¬
ration du mot Megara1. Mais cette assimilation est peu
probable. Il existait à la vérité, à Carthage, un quartier
appelé Megara, représenté par le bourg actuel de La Marsa,
entre Sidi-bou-Saïd et le cap Kamart®. Mais ce quartier est
fort éloigné de celui où se trouvaient les Mappalia, et
nous savons par Diodore de Sicile9 et Isidore de Séville 10
que le mot punique inagar signifiait « la nouvelle ville »,
le quartier neuf, né de l’extension normale de la cité
carthaginoise11. Si donc le rapprochement entre Map¬
palia (ou Mapalia) et Magalia s'impose, il n'en est pas
de même de celui qu’on a proposé entre Magalia et
Megara , qui doit être abandonné. E. Babelon.
MAPPA. — I. — Serviette et nappe de table. On a vu à
l’article coena (p. 1280) et à l’article mantele (p. 1379)
que les mappae se confondent sans cesse avec les man-
telia, pour désigner les serviettes de toilette ou de repas et
les napperons que l’on plaçait sur les tables elles-mêmes.
C’est qu’en réalité la serviette, mantele , est devenue la
nappe, à une époque assez basse *. On n’en voit pas trace
à l’époque grecque. Même à l’époque romaine, l’usage
ancien était de placer les mets directement sur la table :
on l’essuyait avec un torchon [galsapa] entre les différents
services2. Ce qu’on appelle les mappae , dans l’ordonnance
des banquets, doit concerner souvent les linges et étoffes,
plus ou moins ornés, qu'on plaçait sur les lits pour les
draper3. Varron parle de mappae tricliniares L Nous
avons vu, en effet (p. 1380), que mantele et mappa dé¬
signent non seulement des serviettes, mais toute espèce
de linges, et même des parures de tête ou des vêtements.
Le luxe des nappes parait dater seulement des règnes
de Titus et de Domitien ; le poète Martial fait allusion
aux mappae qui couvrent le bois des tables 5. Il est pro¬
bable que c’est alors une simple serviette jetée sur le
meuble; on peut l'emporter et la voler facilement6. Sous
Héliogabale et ses successeurs, on voit apparaître les
nappes dorées ou rehaussées de couleurs; certaines
étaient ornées de broderies qui représentaient les mets
et les comestibles du repas7, comme on le voit dans
certaines fresques de Pompéi (fîg. 1447 etsuiv.).
Il existait dans la maison impériale un service a map -
pis, c’est-à-dire des employés chargés de faire confection¬
ner et de garder les serviettes et nappes destinées à la
table de l’empereur 8.
C’est surtout sous les empereurs chrétiens et pendant
le Bas-Empire que l’usage des nappes se répand de plus
en plus, sous le couvert d’une idée religieuse. Les objets
sacrés ne doivent être touchés qu'avec des mains pures,
enveloppées de linges blancs [voir mantele, p. 1581 ;
l’autel, pour être plus pur, sera aussi recouvert d'une
étoffe blanche. De là les nappes d'autel et les nappes
de communion dans la liturgie chrétienne. Les iVotitiae
dignitatum de l'Empire nous font voir, recouvertes d'une
magar non magal, Poenorum lingua villain signilîcat ». — 8 Ch. Tissot, O. c. t. I,
p. 586; cf. p. 569. — 2 Diod. Sic. XXII, 7. — i«Isid. Hisp. Orig. XV, 12. — n On
a proposé de faire venir Mqafu, de n*7VCJ. « grotte, butte de terre ». Quatre-
mère, dans le Journal des Savants, 1857, p. 133; Schrôder, Die Phônis. Spraclie,
p. 104.
MAPPA. 1 Voir le texte d'Isidore, Orig. XIX, 26, ci-dessus p. 1580, note 11.
— 2 Hor. Sat. II, 8, 10; l'iaut-. Menoechm. I, 1; Lucil. Sat. Fragm. XX, 1.
_ 3 Hor. Ep. I, 5, 21. — 4 Varr. Ling. lut. IX, 47. Je crois queMarquardt inter¬
prète mal co texte ( Vie privée des Romains, trad. fr. I, p. 367). Les mappae tricli¬
niares ne peuvent être que les draperies qu’on mettait sur le triclinium, et non des
serviettes individuelles. — 5 Mart. XIV, 138. — «ld. XII, 29, 11. — 7 Lainprid.
Elagab. 27 ; Alex. Sev. 37 ; Trcbcll. Gall. 16. — 8 Corp. inscr. lat. Vis, 8892.
MAP
MAP
— lo9i
nappe, les petites estrades qui portaient les portraits des
empereurs entourés d'objets du culte (fig. 2860, 3980,
i80.'i) ; les armoiries impériales étaient parfois brodées
sur la nappe elle-même (fig. 3981). Or, dans toute l'an¬
tiquité, le repas est un acte religieux [coena, p. 1269] et
le christianisme a recueilli cette tradition en lui impri¬
mant un carac
1ère plus pieux
encore. La table
est donc, en
quelque façon,
un autel. De
même que cha¬
que convive
emploiera une
serviette pour
avoir les mains
plus pures, de
même chaque
table sera re¬
couverte d'une
nappe blanche.
Voilà pourquoi
la nappe est
un accessoire
beaucoup plus
moderne qu'an¬
tique. On suit
. fort bien, dans
h‘s monuments de 1 art chrétien, sur les mosaïques et les
fresques, le passage du repas ancien au repas moderne,
de la petite table sans nappe posée devant le lit circu¬
laire sur lequel s'étendent les invités (fig. 1703, 1704),
à la table drapée devant
laquelle prennent place les
convives assis sur des siè¬
ges isolés (fig. 4830) 1 . On
peut même se demander si
ce ne sont pas les draperies
du lit antique qui ont passé
sur la table pour former la
nappe (voir les fig. 4055
et 4398). Nous possédons
d’ailleurs le type de transi¬
tion, qui est la Cène repré¬
sentée à l’antique, sur un
lit circulaire, mais où la
table centrale est recouverte
d'une nappe (fig. 4831) 2. Fig. 483t. — Table
U- Dans 1 antiquité romaine, le mot s’applique à un
objet très particulier : c est la serviette ou le mouchoir
que le président des jeux jetait dans l’arène pour faire
ouvrir les carceres [circus, p. 1195].
Fig. 4830. — La nappe chrétienne.
Cassiodore raconte que cet usage date H
Néron : un jour que l’empereur était encore , !! ^ de
les cris de la foule impatiente montaient l ,etH
l’heure de l’ouverture des jeux, il flt jeter D.' qu à lui- à
sa serviette {/nappa) comme signal et ‘ Une fenêlr«
perpétué3. La plupart des auteurs’ q! j ^ v ^
tel!
®ent ciue cette
historiette est
sans valeur et
que cette cou-
tume est beau¬
coup plus an-
demie ‘ rclR.
Cüs> P- 1195],
Mais, en réa-
hlé, aucun des
textes invoqués
à l’appui de
cette opinion
n’est probant,
car tous par¬
lent d’une fa¬
çon générale de
tnitteresif/num
etaucun ne dé¬
signe la map- ■
pa \ On ne '
trouve cet ac¬
cessoire clairement nommé que dans les auteurs contem¬
porains de Néron ou postérieurs à son règne6. Quintilien
dit, il est vrai, que les Carthaginois revendiquaient pour
eux l’origine de la /nappa employée au cirque7, mais i
nous n’avons actuellement
aucune donnée sur l’étymo¬
logie sémitique de ce mot*
et nous ne pouvons pas en
tirer argument pour la date
de cette coutume à Rome.
C’est également sur des
monuments d’époque basse,
marbres 9, mosaïques et
diptyques d’ivoire, que nous
voyons la représentation du
magistrat tenant en main la
/nappa qu’il va jeter dans
,’arène (fig. 4832 1 0 ; cf. fig-
1523, 1532,1907,1909,2455,
l’habitude
1523,
antique avec nappe. 9456)
La /nappa donna sans doute naissance à
d’agiter, dans le public, des mouchoirs en signe de .joie
et de félicitation 1J [acclamatio, fig. 36; cf. fig- *'1- ’
3848], Aurélien fit distribuer aux spectateurs des onnM
1 Garrucci. Arte enstiana, pl. cclxvi; cf. pl. lvii, lx, cxxv, n» 5, et pl. ccxv où
on voit réunis la scène de repas à l'antique et le repas à la chrétienne. - 2 Ibid.
pl. CCI.,'.’ 2:cf. p|. cdxxxix, n- 6, cdxlii, cnxuv, cdxcix (tables rondes avec nappes).
. ' ' ' ' ' Forccllini, Lexicon , s. v. J lappa; cf. Dezobry, Rome au
Y . . , * II, p. 359 et 49o ; Friedlaender, Mœurs romaines , trad.
ogel, 11, p. 83-84. _ 5 Ennius, cité par Cic. De divinat. I, 48 : « consul quom
"l" vq v 6'8"""' lul1 ’r,t- ['iv. VIII, 40 : .< signum mitlendis quadrigis darct .. ;
" ' ' C“nSul‘ a,J quadrigas mittendas esccndcnti ; cf. la série des textes
rassembles par Henzen, Acta fratr. Arval. p. 3G. - « Suet. Ner. 22 : „ aliquo
liberto m.lten le mappam » ; Juv. Sat. XI, 194 : « Megalesiacae speclacula mappae » ;
T ar. j. 'P"f' - ’ 0 : * C'ctatam praetor cura vellet mittere mappam »; cf.
Tertull. De spectac. 10. Sous Justinien (Novell, CV), , nappa désigne la course
elle-même: « spectaculum certanlium equorum (quam mappatn . cô
n’y a pas à tenir compte de l'opinion de Silvius qui rapportait lougmc .
signal au roi Tarquin; cf. du Gange, Glossarium lat. s. v. Mappu. * ^
1,5, 57. — 8 Gescnius, Scripturae linguaeque phoeniciae monument ^
rejette, malgré le texte de Quintilien. l’origine punique du m°L ^ mapp^
relief de la collection Barberini, représentant un homme qui iJI aM< 1 ^ xX,n
derrière un char de courses; Bartoli, Admiranda Romanar. an^^'^r * |7 ;
et deux statues du musée du Capitole, Bull. Comun. XI, 1883, p ^ ^ 7
Iielbig, Führer, 2° éd. II, p. 395 = Reinach, Répertoire , II» I’ p,.csCia;
et 8 ; un relief, Mus. Pio Clam. V, pl. 42. - ™ Diptyque de Boellniw. » )list.
voir Consul, fig. 1913. — il Euseb. Eccl. histor. VII, 30; Ni( < p
VI, 30, p. 424; Rufinus Tur. VII, .26 : « thcatrali more oraria moven ».
MAR
1 59o —
MAR
ilVslor ainsi leur satisfaction C’est aussi avec
p0Ul1 et des étoffes de couleur rouge que les
linl 111111 i ne l’arène excitaient les animaux, comme
tMiinjreS (lall>
kuî le toréador .
de Rome, située dans le quartier de
l’Aventin, près du Cir-
he.sii;>i'rS
aqjourd
Une boutique
fi». 4832. — La mappa consulaire.
que, avait pour ensei¬
gne : Ad Mappam
Auream 3, probable¬
ment par allusion à la
mappa des jeux.
III. — Les tibri lin-
tei , les livres ou les
édits écrits sur des rou¬
leaux de toile [liber,
p. 1177 et 1185; libri,
p. 1236], ont parfois
porté le nom de map-
pae, surLout au Bas-
Empire 4. On traçait
aussi sur la toile les cadastres de propriétés rurales 5,
les cartes de géographie employées dans les écoles [luth s,
p. 1381] ; de là notre mot de « mappemonde », mappa
mundi s. E. Pottier.
MARCELLEA. — Fêtes syracusaines en l'honneur de
C. Claudius Marcellus, qui avait gouverné la Sicile vers
79 av. J.-C. Ces fêtes duraient un jour. Verrès les sup¬
prima et leur substitua d’autres fêtes en son honneur,
nommées Verrea 1 . J. Toutain.
MARCUS, MARCULUS [malleus].
MARGARITA. Mapyaptrçç XîOoç, jj.apyaptT7]. — Les plus
anciens souvenirs historiques de l'Inde nous montrent
le luxe des perles comme très répandu dans cette contrée.
Criclma, un des grands dieux de l'Inde, ayant trouvé une
perle dans l'Océan, l'apporta pour en parer sa sœur Pan-
daia'.Mégasthène, qui a recueilli cette fable indienne, la
met au compte d’IIercule 2. Nous savons, notamment par
les récits du voyageur français Tavernier, au xvnc siècle,
jusqu à quel point, même dans les temps modernes, était
prodigué 1 usage des perles dans le luxe public et privé
de 1 Inde 3. Le livre de J ob 4 et les Proverbes de Salomon 5
mentionnent les perles comme un élément très recherché
de la parure personnelle. Les anciens Égyptiens, les
tmldéo-Assyriens, les Élamites ont aussi connu et
quelquefois employé la perle comme un joyau décoratif
plus précieux6. Ni Homère, ni les autres anciens
auti ms grecs ne parlent des perles, et les fouilles archéo-
°giqii( s qui ont fait connaître le mobilier des premiers
^ opisc. Aurel Lft o o r, .
excitât UPso 2 ^en. D e ira, III» 30 : « Tau ram color rubicundus
là l’origine onosiIue maPPa irritât ». On peut se demander si ce n’est pas
Est-ce là aussjM| ' l^C *a maPPa jetée par le président des jeux dans l’arène?
Cf. du Can ,r(. (-J ^ens ces maPpo,rli que nomment des textes d'époque basse?
(voir p. us] ,l l|' S- mul-.l les rapprocher des fonctionnaires a mnppis
Stadt nr,m 1 ‘ ) — 3 Curios. Urb. reg. XIII ; voir Preller, Die Regionen der
p. 289-21H). c ri ' arcb- comm. di Roma, 1887, p. 205; cf.
L Btttlim. ,)miACad' ^ InSCr' 1887, P' 220> 22U ~ 4 Cod- Theod- XI> 27-
— 5 Sur la °IS lnaPP*s scripta per omnes civitates Ilaliae proponalur lex ».
>. p. lu- .. "m f-tiensium, voir Gramatici veter., édit. Rudorff, Berlin, 1818,
Bcck<
P. 405. —
er-Gôli ç », G Cf** du Gange, Gloss, lat. s. v. — Bibliographie.
fanains, trad f i' ',n’ 1^2, III» P- 387 et suiv. ; Marquardt, Vie privée des
"^cellea'i r 3U,C; p- 118-
MAft('\RlT,V , hr" '. In Verr- actio II. oral. U, §§ 21 et 03.
Rwids unit jyaj ' *'■ Môbius, Die cchlcn Perlen ., Ein Ueitrag zur Luxas -
N*turtoiftl,n '!,(*clu'ehte derselben, p. t (dans les Abhandl. ans dem Gebiete
*• ~ 3 Tavemier .8, 7!™’ Bambur9> t. IV, 1858, in-**). - 2 Arr. Indica, VIII,
1 ^°L XXVlli ... ' 0,Jn9es en Turquie, en Perse et aux Rides, t. II, p. 339, etc.
’ — 6 Prov. —
15; VIII, H; XX, 15; XXXI, 10. Le terme
temps de la civilisation hellénique, celles de Schliemann,
par exemple, ne contenaient point de perles au milieu
des grains ou coulants d’or, d’electrum, d’argent, de
gemmes, de pâles vitreuses et même d’ambre qu’on a,
au contraire, recueillis en abondance, comme éléments
de colliers ou de pendants d’oreilles7. Le premier qui
mentionne les perles et les pêcheries de perles est Théo¬
phraste, disciple d’Aristote : au milieu de fables sans
portée, il dit que cet ornement des colliers se trouve dans
un coquillage de la mer des Indes et de la mer Érythrée®.
Le nom grec de la perle, [2.7.pyapo;, gapyocpirq, viendrait,
d après Lassen, l’ott et d'autres indianistes, du sanscrit
mangara 9. Les extraits de Néarque, conservés par
Arrien, mentionnent aussi les pêcheries de l’huître per¬
lière, dans le golfe Persique10. Dans le Périple de la mer
Érythrée, il est raconté que dans la baie de Colchos, à
Argalos, on exécutait des broderies en perles". S'il faut
en croire Philostrate12, les plongeurs de ces mers avaient
1 art, repris par les modernes, de provoquer la formation
des perles en ouvrant et en perçant les coquilles,
mais son récit est mêlé de détails invraisemblables.
Les bijoux grecs, lydiens, cariens, phéniciens, cypriotes,
étrusques, carthaginois, anlérieursàl’époque d'Alexandre
et découverts dans tout le bassin méditerranéen, ne
comprennent pas la perle naturelle parmi leurs éléments
décoratifs: on n’y rencontre que des perles de métal
précieux, de pierres dures ou de verre13. C’est seulement
après la conquête de l’Orient par Alexandre que le luxe
des perles envahit le monde hellénique, et cette mode
atteignit son apogée en Égypte sous les Ptolémées.
L’hypogée que Cléopâtre s’était fait construire était garni
de perles et de pierres précieuses 1 4, et Pline nous apprend
que cette fastueuse reine possédait les deux plus grosses
perles qu’on eût jamais vues : elle les tenait de rois de
l’Orient qui se les étaient passées de père en fils15.
A Rome, le goût des perles dans la parure se développa,
dit Pline, au temps de Sylla, c’est-à-dire après la conquête
de la Grèce. Le naturaliste romain met les perles au
premier rang de tous les joyaux; il sait qu’on les pèche
dans 1 Océan indien et sur la côte d’Arabie, dans le golfe
Persique16. Les fables puériles qu’il raconte sur la for¬
mation des perles et la manière de les pêcher, sont
répétées par Solin, Élien et quelques autres 17. On pêchait
également l’huitre perlière dans la mer Rouge, ainsi que
sur les côtes de l’Acarnanie, de la Thrace, de la Mauré¬
tanie et de la Bretagne18. Les poètes désignent parfois
les perles sous le nom de bacae l9. Les plus belles et les
plus grosses s’appelaient uniones (sans pareilles); on
pour désigner la perle dans ces passages bihliipies a donné lieu ides iulerprélations
différentes. — S H. Weiss, Kostümkunde, p. Ai ; K. Môbius, Dp. cit. p. 4 ; G. Perrot
et Chipiez, Uist. de l'art dans l'antiquité, t. II, p. 708 ; I.ayard, ûiscoveries iu
the ruins of Nineveli and Babylon, p. 597 ; J. de Morgan, Mémoires de la délé¬
gation en Perse, t. I, Rech. archéol. I rc série, Pouilles à Suse de 1897 à 1899,
p. 121 . — 7 Voir par exemple, Schliemann, /lios, trad. Eggcr, p. 620, 622 ; Tirynthe,
p. 76, 164, 352, Perrot et Chipiez, Op. L, t. VI, p. 943 et suiv. — 8 Theophr.
De lapid. p. 396 (éd. Heiusius); cf. Athen. Deipnos. III, 45 et suiv.; III, 93 et 94
(éd. Meineke). — 9 MSbius, Op. cit. p. 5. — 1® Arr. Indica, XXXVIII, 3. _ il A no».
Peripl. mar. Eryth. 59 ; cf. Ch. de Linas, Les origines de l'orfèvrerie cloisonnée,
t. III, p. 61. — 12 Philos tr. V. Apoll. III, 57. — 13 Voir, par exemple, Perrot
et Chipiez, Hisl. de l'art, t. III, p. 818 et passim dans les volumes suivants.
— 14 Plut. Ant. 9G. — t» Plin. Hist. nat. IX, 58. — 16 Ibid. IX, 54. _ 17 Soliu.
54, ad fin. ; Aelian. Nat. anim. XV, 8. — 18 Plin. IX, 56 ; Solin, L. c. ;
Aluni. Marcel). XXIII, 6; S. Micron. De virg. sera. Ep. 130, 7. _ 19 Hor.
Sut. il, 3, 241; Ovid. Metam. X, 264; d où le nom de quadribacium donné à
la réunion de quatre bacae ou de quatre rangées de perles, Hübncr, Ornamenta
muliebria, in Hernies , I, p. 346, 350 ; voir aussi Petron. ; « margarita eara Iri-
baca indica ».
— 1590 —
.A Il
donnait le nom d elenchi à celles qui étaient piriformes,
celui de crotalia à celles qui, groupées par le bijoutier
à l’aide de petites chaînettes, imitaient en se heurtant le
bruit des castagnettes pour l’oreille à laquelle elles étaient
suspendues On en estimait aussi la couleur, et il
semble que les perles les plus appréciées aient été celles
qui avaient une blancheur parfaite2. On savait les per¬
cer pour les suspendre en pendants d’oreilles ou les
cnldtM- en chapelet comme grains de colliers ; le collier
simple avait le nom de tnonile ; celui qui était à double
rangée [linea, linum, filum) de perles s’appelait dili-
n"n ' î celui 9ui avait trois rangs, était le trilinam3.
On embatait parfois les perles dans des alvéoles sur les
parois des produits les plus précieux de la bijouterie ;
un les cousait sur les tissus. Les anciens savaient aussi
les scier en deux parties pour enchâsser chaque hémi¬
sphère sui le métal. La perle était traitée comme une
gemme, et Isidore de Séville la définit encore : prima
candidarurn gemmarum *.
Cicéron reproche à Verrès d’avoir fait main basse en
Sicile sur toutes les gemmes et sur toutes les perles 5.
Jules César consacra à Vénus Genitrix une cuirasse
constellée de perles de Bretagne6. Néron poussa la folie
jusqu’à garnir d'uniones des lits qu’il emportait en
' a^i. . Sur Ils murs de sa maison dorée la nacre de
P* i lt unionum conchis) et les pierres précieuses
étaient partout mêlées à l’or8. Lollia Paulina, femme de
Caligula, était couverte de perles et d’émeraudes, parure
evaluee à 40 millions de sesterces9. Les dames romaines
avaient des perles sur leurs vêtements, à leurs colliers
a leurs épingles de cheveux, à leurs diadèmes, à leurs
pendants d oreilles et jusque sur leurs chaussures ; les
courroies de leurs crepidae en étaient ornées ; ce luxe
prit les proportions dune passion désordonnée contre
laquelle fulminent les moralistes10. Les Perses, au temps
de Julien l’Apostat, portaient, comme les matrones ro¬
maines, des colliers, des pendants d’oreilles et des
bracelets enrichis de perles et de pierreries11. Le mot
margarita était employé hyperboliquement pour dési¬
gner tout ce qu'on avait de plus cher au monde, un
enfant préféré par exemple12. Sur la valeur des perles
et ceux qui ne la savaient pas apprécier on connaît le
mot proverbial et souvent cité de saint Mathieu13 : Neqae
mütatis margaritas vestras ante porcos.
Il nous est parvenu un très grand nombre de bijoux
romains dans l’agencement desquels entrent des perles :
ce sont le plus souvent des colliers, des pendants d’oreilles,
des ornements pour les cheveux. Il serait superflu d’en
citer des exemples ; tous les grands musées en possèdent14.
On décorait de perles jusqu’aux statues15. Latiaredes rois
flp Pline r» A toit J „ li • i
MAR
de Perse était ornée de multiples rangs de perles
16
il
1 Plin. IX, 54et5G;Senec. De benef. VII, 9; Dig. 31, 2, G ; Juven. VI, 439. - 2 plin.
, 5G:« Summa laits coloris est eraluminatos vocari »; cf. Môbius, On. cit. p. 6.
- -‘Saumaise, A cl script, hist. Aurj. éd. IG20, p. 255; Casaubon, Ibid. p. 187
, DS'd' XVI» 10- ~ ' Cic- Verr ■ VI, I. _ 6 Plin. ]X> 57; Sol in. 54.
' Plin. XXXVII, G. — 8 Sud. Nero, 3). _ 9 pi;n. IX, 58. _ )0 p]in L c .
4m *T°n- °Cvv'7' Ep- ,3°’ 7 Ct ,07’ 5: Tcrtu11- De eullu fem- 13 ; Martial.’
il; XX m« .Jn ’ 4ft’ ê 2 : cr' c,‘- de Linas’ 0p- cil- 1 ■ ' p- ,C7- - 11 Am"’-
.iarc. aaiii, g _ 12 Dans une inscription publiée par Fabrdti, p. 44, n» 253, le mol
27.T0 3 ,mêm,e Se,1? : Bruttidio juveni margaritioni carissimo, vixit
cordon d "T l ’ dielUS XVI11- ~ '3 V"’ U Voir- entre autres, un
VI ni ’ P rS’ Ann ■ d ■ Instit- ,840’ tav- B- 12 et Caylus, Dec. d'antiq.
, pi. I.XXXT,, G. - 15 Corp. mser. lat. t. II, n» 3386 ; Hübner, Loc. cit. ; Edm. Le
filant, ,50 mscnpt. de pu erres gravées, p. 3. - 16 Imhoof-Blumer, Portrâtkôpfe
auf antiken Munzen, pi. vu, fig. 12 et suiv. - n Eug. Fontenay, Les bijoL
anciens et modernes, p. 12t. _ .8 Orolli, 2828 = Corp. inscr. lat. VI, 7884-
commença à en être de même du dhdi™
partir de Caracalla [diadema, et fig. ooxai ".l' lmP<H*tl ;
le plus ordinaire après Constantin- J\Ce fullW
la
■sur |es
difficile de dire, d’après les effigies monétl -1’ Ü «
bules dont le diadème impérial est orné son! T’ lcsgl°'
perles ou des pierres précieuses : c’étnii 1 7 rital)Ies
un agencement des unes et des autres \ ■ Probablementi
tude règne sur la nature de la décoratioiT^ 'llCerli-
lolc el du buste de l'impératrice TheodtC i *
célébrés mosaïques de Saint-Vital de Ra,e„„ “il
Dans les grandes maisons romaines, le soin
!er et de bmtérieur des appartements était
I atnensis, intendant qui avait sous ses ordèl * à
tam nombre d'esclaves inférieurs, au nombre de? T
figurait le surveillant ad margarita c’est -ï r , qU6s
dien des perles et joyaux 18. d'd're le H
Le commerce des perles à Rome étaii ;
flufil formait la corporation des
officinae margantariorum étaient installées SUP 1
Forum, dans le voisinage des tabernae argentame-
il y en avait aussi sur la voie Sacrée15. D'ailleurs lÀ
mot margaritarius ne désignait pas seulement ie
joailliers, marchands et monteurs de perles, il s’apt.li 1
quait aussi aux pêcheurs et aux gardiens des joyaux et ■
bijoux perlés20. E. Babelon.
MARICA. — Divinité qui figure dans les traditions
primitives de Rome et du Latium, comme amante de-
Faunus et mère par lui du roi Latinus1. Elle était parti¬
culièrement vénérée à Minturnes, en Campanie, où elle I
avait un temple et où l’on montrait même son tombeau2; I
mats on trouve des traces de son culte à Pisaurum, en
Ombrie, et peut-être à Laurente, sur la côte du Latium
septentrional3. Le temple de Minturnes était bâti non
loin de la mer, sur les bords du Liris qui s’y perd dans
un xaste marécage; tout auprès était un sanctuaire de
Vénus, invoquée sous le vocable de jRdvna/ce qui fut
cause que Marica fut quelquefois confondue avec cette
déesse *. Le bois sacré qui entourait ces sanctuaires avait
cette particularité, d’ailleurs commune à d’autres lieux
où 1 on vénérait des divinités silvestres, que ce qui y
était une fois entré n’en devait plus jamais sortir5.
Marica, le temple et les marais voisins devinrent célèbres
par le refuge qu’y chercha Marius poursuivi par les
Syllaniens. Lorcju’en 87 le grand homme rentra victorieux
dans Rome, il fit peindre son aventure et fit hommage
de la peinture au temple de Marica6.
II est vraisemblable que Marica, ainsi que l’indique
son nom, est une personnification des accidents topogra¬
phiques, peut-être de leurs rapports avec la santé, tris
qu’ils résultent, au voisinage de la mer, de la formation
des marécages, quand les eaux douces du continent se
_ 19 Voir
cf. J. Marquardt, La vie privée des Do n. trad. Vigié, t. I, p. 1 00.
l’épitaphe funéraire de Tutieliylas, qui fuit margaritarius (Orolli, 40, b) d : ^ ^
inscriptions : Corp. inscr. lat. VI, G4I, 1925, 5972, 9544 à 9549 ; X, 6492 ; d- 1 '■
Linas, Op. cit. t. I, p. 199. — 20 Celeutbus Liriae margaritarius, Inscr. U»" j
ratori, 892, 2 ; Cruter, 1 11 G, 9. qlrtb.
MARICA. 1 Virg. Aen. VII, 47, ct Serv. Ad h. I. ; cf. XII, 164. 0
V. G, p. 321 ; PorphjT. Hor. Od. III, 17, 7; Lucan. Il, 424 cl le Scliol.. '
30, 8, avec les commentateurs, ct XIII, 83; Vib. Seq . s. v. Liris, Marica. ^ ^ .
inscr. lat. I, 175. - 4 Hor. Od. I. c. : innantem Maricae littoribus-
Serv. Aen. XII, 1G4. Le texte de Servius porte généralement X'11-
k ru i lUnr 39 Voir, P0111
AtPOAITHE, qu'il faut lire : nONTIU A<l>POAITU. - 5 Plut. Mai. ■ ■ utire
la particularité curieuse citée par Plutarque, l’inscription relative J "J XXVII>
de Silvanus, Orelli, Inscr. 1015. — C Id. 37-39 ; Vcll. Pat. Il, 19, 2. Tito- p’ol.|ance
37, 2, parmi les prodiges de l’an 207, avait déjà cité, cc qui P10"'* 1
du culte de Marica à Minturnes : lucum Maricae ... de caelo tuch
MAR
— i:;97 —
MAR
m'irais salants1. Pisaurum et Laurente sont
iw|Ui , j„„s ]es mêmes conditions que Minturnes.
3 divinité maritime qu’elle futidentiliée,
à cet égard dans
IL
C’esl. 1 v'.'c Vénus, tantôt avec Circé, la légende de la
tB"ll!1.-.'niie jouissant sur la côte des Aurunces, jusqu’au
'ïïï dii cap qu' Porte son nom> d’une grande popularité2.
“1‘ nivsse on peut expliquer comment elle fut
Par Circé ei t i
r Mi\ fables sur les origines de la nation romaine.
Hlradition hésiodique faisait d’Ulysse le père de Latinus,
'ios cl de Télégonos, rois des Tyrrhéniens, et de
; leur mère3. A celle-ci se substitua Marica, divinité
lD
Circé
indigène,
L Ulysse fut supplanté par Faunus, ce qui
mena à considérer Marica .elle-même comme une doublure
de Fauna ou Bona Dca. Sur la ciste prénestine que nous
avons discutée à l’article latinus (p. 981), on a cru recon¬
naître Marica dans la divinité féminine qui fait pendant
à Juturna et parle à l’oreille de Latinus4. J. -A. Hild.
MVIt.MOR. Màpgapoç. Marbre. — Les anciens avaient
beaucoup écrit sur les minéraux; ce sujet, auquel a
touché Théophraste1, fut repris à l’époque alexandrine
parles auteurs de traités sur les Pierres , tels que Sotakos
et Sudines 2 ; il est vrai qu’ils semblent avoir étudié plus
particulièrement les pierres précieuses; cependant il est
possible qu’ils eussent consacré une section aux marbres
proprement dits, si l’on en juge par le livre XXXVI de
Pline l’Ancien, où sont résumés leurs travaux souvent
mêlés de beaucoup de fables3. Au viic siècle, Isidore de
Séville a écrit un chapitre de Marmoribus d’après des
sources antiques, parmi lesquelles il faut peut-être ranger
les Prêta de Suétone 4.
; Chez les Grecs, l’emploi du marbre dans la sculpture a
Commencé de très bonne heure. Suivant Pline, il daterait
des premières Olympiades, c’est-à-dire de l’an 775 en¬
viron . Les récentes découvertes de l’archéologie ont
permis de déterminer avec plus d’ordre et de précision
les origines de cette partie de la technique. Il est établi
aujourd hui que les marbres des Cyclacles, notamment
ceux de Paros et de Naxos, furent mis en œuvre dès
1 époque dite mycénienne pour fabriquer des idoles et des
vases grossiers, que l’on taillait sur place et qu’on expé-
diail ensuite dans la Grèce continentale; on en a trouvé
i meme a Troie. Ce ne sont là que des essais informes ;
mais ils ont duré plusieurs siècles et nous font pénétrer
uen au delà de l’ère des Olympiades6. En revanche,
lne s os*- trompé dans le calcul des dates quand il place
au d< but du vin® siècle, et dans l’ile de Chios, les premiers
soi pleurs qui aient laissé un nom7. C’est en réalité à
^ ni du vip siècle que l’on a commencé à tailler dans
I2']m de véritables œuvres d’art, et la plus ancienne
L /’ "u au moins une des plus anciennes, dont Pline
1WI 1 pas, naquit au milieu des Cyclades, dans l’île de
p. 83o et su i v ' f * p* ° ' al ioils diverses données par Klausen, Aeneas und die Penciten,
Rosclicr Jrrii 1 c^er“^orrïan, Roem. Myth. I, 380; 412 et ReifFerscheid, chez
jtoirServ. y r ^ II» 2373 et suiv. (art. de Peter). — 2 Pour Vénus,
Tlieog, loi|-,,| ^°U1 Lact. I, 21, 23, et Serv. Aen. XII, 1G4. — 3 Hesiod.
1° culte de iMar ATIXUS’ P* 980, et les textes cités. — 4 On a cru pouvoir signaler
toais les inscri il ^ a'^0,UPs fIu au ^°r(^ de la mer, à Tortona et sur le mont Cassin ;
MARMon i j|01? 0Ù °^e ®8l,re sont Fausses ( Corp . inscr. lat. V, 7303 ; X, 04-7).
Aristote ; (]c ^j(1i ^ et avant lui Platon ( Timée p. 58 D-G1 C) et pcut-ôlrc
P- >03; ie r . J \ ^ 1,1,011 et l'origine des minéraux , Revue de philologie 1001,
Oesch 7 «'Avise ' '
xvv’1.r:ec,t- Li‘"r. in
“'•XXXVI, ,
XVI
d Aristote, Rev. des études gr. 1894, p. 181. — 2 Susemihl,
'dtei . in d. Alexandr. Zeit, I, p. 850 à 8G7. — 3 Plin. Hist.
. B, . ^ / ■ a llne Irace de ces fables dans Stat. Silv. i, 5, 37. — 4 Isid.
*'• rwi. Litter r! V, sur .Suétone, p. 3^8-329, rapproché de Teuffcl, Gesch.
^anssos Akad Abh''~' ' ^rnsl von La Saul*, Die Géologie d. Griech. u. Rôm.
y I * Rogensburg, 1854, p. 1-44; Lenz, Minéralogie d. Griech.
Naxos, célèbre, presque à l’égal de Paros, sa voisine,
par ses beaux marbres8.
L’architecture mit plus de t«mps à adopter celle ma¬
tière9. Jusqu’à la fin du vic siècle les monuments publics
eux-mêmes furent toujours construits en tuf calcaire.
A cette époque on commença « à tirer parti du marbre,
tout au moins dans certaines parties de l’édifice, sur
lesquelles se portait tout naturellement l’attention. Parmi
les débris des temples que Pisistrate et ses (ils avaient
élevés sur l’Acropole d’Athènes, on trouve à l’état de frag¬
ments des cimaises et des larmiers, qui sont faits soit de
marbre du Pentélique, soit d'un marbre à gros grain que
fournissent Paros et Naxos. C’est aussi dans ce marbre
des îles qu’ont été taillées des tuiles, qui ont été trouvées
avec ces morceaux de corniche et qui ont dû former la
couverture de ces mêmes édifices10 ». Après les guerres
médiques commencent, à Athènes, les grands travaux de
restauration et d’embellissement; c’est alors que pour la
première fois on construisit des monuments publics en
blocs de marbre et qu’on mit largement à contribution
les carrières de l’Attique. Cependant une matière si coû¬
teuse n’entrait point encore dans Ja décoration des
demeures privées, dont l’extrême simplicité contrasta
longtemps avec la puissance et la grandeur de la nation
[domus]. Vers le temps d’Alexandre 11 on commença à
faire cas des marbres de couleur, des marbres veinés et
tachetés; Ménandre, « très fidèle peintre du luxe », par¬
lait de ce goût nouveau dans plusieurs passages de ses
comédies 12. On les rechercha avec une curiosité toujours
croissante après la conquête macédonienne, au me et au
11e siècle, lorsque l’Asie et l’Afrique mieux connues
envoyèrent avec plus de facilité leurs richesses natu¬
relles sur les marchés du monde hellénique. On peut
considérer comme probable que les Alexandrins contri¬
buèrent beaucoup à développer le trafic des marbres
rares. Chez les Romains, nous en pouvons suivre les
progrès pas à pas; au temps du vieux Caton, quelques
riches personnages possédaient déjà dans leurs habi¬
tations de la ville et de la campagne des pavements en
marbre de Numidie importés par les Carthaginois et
appelés pour cette raison « pavimenta poenica », mais
aussi faisaient-ils scandale13; il faut aller jusqu'à l’an
146 u, et même, suivant d’autres, jusqu’à l’an 103 13 pour
voir le marbre entrer dans la construction ou la déco¬
ration des édifices publics. Encore est-il probable que
les colonnes et autres pièces affectées à cet usage étaient
des dépouilles de la Grèce, que des généraux romains
transportèrent toutes taillées dans la capitale. Quand l’ora¬
teur Crassus, consul en 95, fit placer dans sa maison six
colonnes en marbre de l’Hymelte, ce fut un événement16.
Mais son exemple fut bientôt suivi et dépassé ; à la fin de
u. Rôm. Golha, 1 SG 1 ; J. Schwarcz, Géologie des Grecs avant Alexandre, Londres,
1862; Nies, Die Minéralogie des Plinins , Mayence, 1884. — 8 plin, XXXVI, 11.
— 6 Ducmmler, Athen. Mitth. 1886, p. 35-36; Perrot, Hist. de l’art, VI, p. 733-
741, 909. — 7 Plin. XXXVI, 9-12. — 8 Ovcrbeck, Griecli. Plastik, 14, p. 85.
Collignon, Hist. de la sculpt. gr. I, p. 129-133, a passé en revue les ouvrages de
celte école naxienne. Les marbres des œuvres d’art que mentionne Pausanias sont
énumérés par Schubart, Rhein. Mus., N. F. XV (1861), p. 85. — 9 Des pierres
de couleur ont été trouvées dans les monuments mycéniens. Il est très douteux
que ce soient des marbres; Perrot, Hist. de l'art, VI, p. 477, note 1. _ 10 Anlik.
Dcnkm. d. arch. Inst. I, pl. xxxvm et l; Lcpsius, Marmorstud. p. 123; Perrot,
O. L, VII, p. 320. — n Avant cette date des échanges de marbres entre la Grèce et
l’Égypte (Plin. XXXVI, 86; Iîruzza, L. c. p. 158) sont tout à fait improbables:
Bliimner, III, p. 32, note 5. 12 Plin, XXXVI, 44, où sont allégués encore d’autres
faits notables. — <3 Fest. p. 242b, 17.— 14 Vell. Pat, I, 11,5. — 1S Plin. XVII, 6;
Jordan, Vopogr. d. Stadt Rom. I, p. 17. —16 Plin, XXXVI, 7 ; Val. Max. IX, 1, 4.
201
MAR
— 1598 —
la République, Rome comptait plusieurs édifices où l’on
pouvait admirer le même genre de décoration1. 11 devint
plus commun encore sous l’Empire, après qu’Auguste
eut fait elever les temples de Jupiter Tonnant et d’Apollon
1 alalin, 1 un et 1 autre entièrement en marbre2. 11 sub-
."i>tt‘ actuellement dans la ville de Rome environ neuf
mille fûts de colonnes antiques, les uns intacts, les autres
plus ou moins détériorés ; en tenant compte de tout ce
<l»> a été exporté ou détruit, M. Lanciani estime qu’à la
fm de 1 Empire le nombre total devait être à peu près de
cinquante mille 3.
Mais ce qui charma surtout les Romains, ce furent les
revêtements de marbre appliqués sur les murailles
[rruslae); de là une industrie florissante qui s’exerça
sans interruption pendant plusieurs siècles. 11 n’est pas
douteux quelle venait d’Asie, où elle était en honneur
depuis longtemps. A Halicarnasse, en Carie, on mon¬
trait encore les applications en marbre de Proconnèse,
qui ornaient les murs du palais de Mausole, mort
cil .h>3 av. J.-C. Pline lui-même, qui cite le fait, se
demande si l'invention date bien de cette époque *, et il
est possible, en effet, qu'il faille remonter plus haut ».
A Rome, le premier qui revêtit de marbre les murs de sa
maison fut le fameux Mamurra, si fort maltraité par
MAU
t.alulle pour ses exactions et ses prodigalités6. Il trouva
bien vite des imitateurs chez les plus illustres citoyens,
sans doute encouragés par Auguste lui-même; le Pan¬
théon, dédié en 1 an 27, offrait sur ses parois de beaux
spécimens des marbres étrangers \ et l’on saitqu’Auguste,
parlant de Rome, se vantait d'avoir fait d’une ville de
briques une ville de marbre •; sans compter les monu¬
ments nouveaux construits par ses ordres, il avait fait
recouvrir d'une parure de marbre les murs des anciens9,
s il faut en croire Pline10, cette forme du luxe serait
devenue si générale qu’elle aurait de son temps fait tort
a la peinture murale et même l’aurait complètement sup¬
plantée. C est une assertion qui ne se trouve pas justifiée
a Pompéi ; M. Mau n’y a observé qu’un très petit nombre
de revêtements en marbre, et précisément dans les mai-
h0ns CIUI paraissent les plus anciennes11. Ce témoi¬
gnage de Pline ne peut s’appliquer qu’à des demeures
pnncières, auprès desquelles les maisons bourgeoises de
Pompé i eussent paru bien modestes. Il n’en est pas moins
Mai que jusqu à la lin de 1 Empire la passion des marbres
subsista aussi vive chez les Romains, procurant un thème
de déclamations faciles aux rhéteurs moralistes, d’ingé¬
nieuses et brillantes peintures aux poètes descriptifs12.
Ce que nous lisons sur ce sujet dans leurs écrits est
confirmé par les découvertes des archéologues; d'un
bout à l’autre de l’ancien monde romain, il n’est point
d’édifice de quelque importance dont les ruines n’aient
livre une quantité de marbres de couleurs différentes;
parfois même des fragments sont encore adhérents aux
murs ; les yeux les moins exercés sont frappés de la
JJvï'n XfVI’ 3’. 6' W’ ”• n i- - 2 pl">- XXXVI, 50; Serv. ad Virg.
^ ^ xïîvf «• ,H* -P’.,W-IWV3W' - *
fi r v F aXXM, 47. — o i>emper, Der Stil, 12, p. 45G
SûÏ' rP aP‘ ?"• XXXV’’ 48' ~ 7 °- **»db. d. Archaeol.
S IJ. b, Gilbert, Topoyr. d. Stadt Itom. III, p. iio. - 8 Suel. Oct 28 _ 9
* [a.DS ori"allon du voir au surplus Plin. XXXVI, 109-110 : « compulcl
nr 'zzz ■■ - “ *. - ” *««. 71 z
<n l’ompei, Ml,,, ,.ÏS, ‘
Me./. III, IS, 1 ; Vilr. vil 5 1 Sen J r , ^ P' “°- ~ “ ^
2 ; Epist. LXXX VI, C ; CXI v' 9 • CX V y | p'i *’ *1? Senec- De bmef- IV- c>
Sial SV,. I s. p „ ®> Lu«an. Phart. X, 114; Plin. XXXVI, 1-3;
but. s, h. I, 5, Ep.ct. Fragm. »2; Slob. Floril. XLVI, 82; LXVII, 24; Clem. Alex.
richesse et de la variété de ces maté •.
apportés de contrées lointaines, et leur nr^^’ SOuveRt
terrain est un des indices les plus sûrs
d’y retrouver des vestiges de l’épotme qU‘ Permelle"t
marbres destinés à cet emploi étaient débité??!"6' Les
la scie en plaques de O m. 015 à 0 m 025 p •' d aide
les sectores serrarti [serrarius] ou pari,. b"'
[marmorarhjs]. Pour faciliter le travail de
dans son sillon un sable fin, qu’on faisnii ’ °njetait
exprès de Naxos, de l’Égypte, de l’Éthiopie «T ^
1 Inde. « Plus récemment, dit Pline, on a trouvé T,u
non moins bon dans un bas-fond de la mer \ , le
qui est à sec à marée basse seulement ce au ^ 1
difficile à découvrir. Au reste, la fraude des ouvrièV'"'^
enhardie a scier indifféremment avec toutes sortes d
sable de riviere. Très peu de propriétaires reconnu d
le tort qu’on leur fait ainsi. En effet, un sable plusgrôs
produi par le frottement un trait plus large, usc
de marbre et laisse plus de travail ' * ■ 1
• , , - faire au polissaae
qui, de la sorte, enlève aux plaques trop d’épaisseur On
donne le dernier poli avec le sable Ihébalque etm* „»
sable fait de la pierre poreuse ou de la pierre ponce13. „
Certains amateurs ne se contentaient pas d’appliquer les
marbres tels que la nature les leur fournissait; mais sur
le revêtement ils faisaient incruster un marbre d’une autre
couleur, taillé en forme d’animaux et d’objets divers-
cette invention datait du principat de Claude. Sous Néron
on imagina de fabriquer des marbres composites par un
travail de marqueterie analogue; ainsi, par exemple, sur
un fond de marbre de Numidie, lequel était jaune et
veiné de rouge, on incrustait des fragments d’une autre
vaiiété offrant des taches ovales; ou bien on rehaussait
par des applications de marbre rouge le marbre blanc de
Synnada l\ Aux yeux des gens sévères, c’était là le comble
de la recherche dans le luxe. Au contraire, si on reculait
devant 1 emploi du marbre parce qu’on le trouvait trop
coûteux, on pouvait le remplacer par du stuc, fait avec J
de la chaux, du sable et de la poussière de marbre (opus
albarium ); à Pompéi notamment, on a trouvé sur les
murs de plusieurs maisons des panneaux de stuc qui
imitent manifestement les crustae rnarmoreae et sont
destinés à en tenir lieu ; aussi suppose-t-on que ce genre (
de décoration^ apprécié surtout par les gens de condition j
modeste, a dû naître après l’autre. [paries]13.
On trouvera à l’article metalla tout ce qui concerne
le travail dans les carrières et le personnel qui en était |
chargé. Une fois que les colonnes et les blocs de marbre I
avaient été extraits du sol, on les expédiait dans les villes I
où ils devaient être mis en œuvre. Si le trajet pouvait I
s’exécuter entièrement par terre, on les chargeait sui j
des chariots; Juvénal a décrit, en termes plaisants,
les dangers qu’ils faisaient courir aux passants dans les I
rues de Rome10. Mais bien souvent ils devaient traverser I
la mer, et c.e fut même le cas le plus fréquent lorsqm I
Paedag. III, 4, p. 22 P; Sid. Apoll. Ep. II, 2; Carm. XXII, 1*0 1 D‘S- _Vi1, I
2, 13; XIX, 1, 17, 3; L, 16, 79, § 2; Hieron. Ep. 130, 14; Corp. <»*'] “/ I
III, GG71; Blümner, II, p. 183- 186. Pour l’époque byzantine, voir Agal lia ^ ^ I
3, p. 284 et surtout la description de Sainte-Sophie de Constantinopl< I1 1 ^ I
le Silentiaire, Descr. S. Sophiae , éd. Bekkcr; Marquardt-Mau, \ ^ p> ^ ^
Hom. trad. Henry. II, p. 2G7-268. - 13 Plin. XXXVI, 51-54; cf. BIiin’”erJ||i J I
p. 198. On a trouvé à Pompéi des plaques qui n’avaient pas encou ^ ^
en place. Overbeck-Mau, Pompeii, p. 133. — *4 Plin. XXXV, -•
Wandbild.y Rhein.
p. 184-18G. Helbig Beitr. z. Erklüruny d. cainpan.
XXV (1870) p. 397. — 15 Mau, Bull. d. Jst. 1878, p. 241-254
p. G; Gcsch. d. ducor. Wandmal. in Pomp. p. 7, II. Ih
Tibull. II, 3, 45..
Pomp
Mm.
Beih'-
237 : cf'
MAR
1599 —
.MAR
l’Italie on sc fut passionné pour les marbres
dan* ' " il et de l’Afrique. On avait construit des navires
tout exprès pour répondre à ce besoin *. Nous
anl"i lV • les obélisques que les Romains ont enlevés
Tn"l!'(iuels monolithes ils pouvaient faire voyager
h* Méditerranée *. Lorsque les marbres étaient des-
sur '! ,.qriitale, le navire les déposait à Osti'e, à l’em-
lino S « tar ' * i
de là des bateaux, ayant un plus
tines s
|, .gloire du libre .
|blc lirant d’eau, leur faisaient remonter le fleuve jus-
' 'à Rome ; il y avait une corporation d’ouvriers spécia¬
lement chargés de ce travail, le corpus (rajectus marmo-
[ rariorum3- Des blocs trouvés sur la rive opposée du
libre , à Porto, près de Fiumicino, prouvent qu’il y
existait aussi un dépôt, le long du port de TrajanL
Ceux qui continuaient jusqu’à Rome y étaient débar¬
qués à l’Emporium, où se trouvaient les docks ; l'empla¬
cement de l’Emporium est parfaitement connu ; il était
. situé au sud de Rome, dans l’espace compris entre
l'Aventin, le Tibre et le mont Testaccio : le dépôt des
[marbres occupait la berge même du fleuve, à l’ouest de
l’Emporium5. De son ancienne affectation ce quartier
I avait gardé à travers tout le moyen âge le nom de la
Marmorata 0 ; depuis, on en avait tiré à diverses époques
fig. 1833. — Emporium des marbres à Rome.
es marbres d’Une grande beauté7; en 1868, des fouilles
éiioi'1'" 'rD,es °nt ramené à la lumière une quantité
PO,.;'1" '^e blocs qui gisaient encore sous terre; ils
de| n ' 'nscriptions gravées à leur surface au sortir
prêtées T| lère' P' ^ruzza les a rassemblées et inter-
tout in ' n> "n trava^ 9U* a éclairé le sujet d’un jour
n,m\eau; elles nous font connaître le nom de la
1 Clin. XXXVI a
il:Lelronne II ’ C'' 4; Pet|,on- 1 17. -SPlin. XXXVI, 69-74; Amm. Marc. L, 17,
ïv« marque^ Osf ! ! L' c ' P- i3G- ~ 3 C- «'«*«•. lat. XIV, 425. - 4 Blocs
SU-C.); l.a'iiHaJ,01 * Porto* ,bid- xlv. ,65> 2011 à 2026, 4169 54174 (ans 82 à 133
* P0.iftor ap. ç ■ 'CS 4 nna^ d- ht . di Borna, 1868, p. 180 ; inscription fausse
~ 6 Document de !• fll^s<ze, 31*.— 6 Lanciani, Forma urhis Bomae, pl. xi .
1 daminio Va. I'" ^ans ^or<*an, Topogr. d. Stadt I)om, II, p. 317.
M'Xell. |, p (jj , ., a' -'remor. 95-98, ap. Nardini, Borna ant. t. IV, p. 38; Fea,
P *04 ; llonzen Ann r ^eschr. d. Stadt Bom. III A, p. 432; Becker, Handbueh ,
106 et suiv ' 1 f' d* ^oma< 1843, p. 333. — 8 Bruzza, Annali d. ht.
Ce*0/'. p. 88-89. _ ii T~ BrUZZa’ c ' P- ,38' - 10 Hirschfeld, Boem. Verwalt.
•snciani, Bains and excav. p, 533. — 12 O. Ricbter, Topogr.
carrière d’où chaque bloc a été tiré, celui de l’empereur
qui en était propriétaire, le numéro d’ordre du bloc, la
date de l’extraction, etc. L’ensemble de ces documents
nous renseigne de la manière la plus précise sur l’admi¬
nistration et l’exploitation des carrières impériales
[metallaj 8. Ils s’étendent sur une période comprise
entre les années 17 et 206 de notre ère ; nous savons que
le luxe des marbres étrangers a commencé plus tôt et fini
beaucoup plus tard 3 ; mais il faut supposer que ce dépôt
a été abandonné pour un autre, ou enfoui sous terre à
la suite d’une crue du Meuve l0. Il est probable aussi que
les blocs découverts, dont quelques-uns sont restés en
place depuis le Ier siècle sans avoir jamais été ulilisés,
présentaient des défauts qui avaient rebuté le sculpteur".
La figure 1833 représente l'aspect actuel de la rive de l’Em¬
porium; on y voit taillées dans la pierre les ouvertures
circulaires où étaient fixées les amarres des bateaux12.
Un second dépota été trouvé, en 1891, à l’autre exfré-
mité de la ville ; il était situé sur la rive gauche du Tibre,
un peu en amont du pont Saint-Ange ; on en a exhumé
les restes en démolissant le théâtre de l’Apollo, construit
exactement au-dessus. On y voit13 un môle large
de 14 mètres, s’avançant de 26 mètres dans le lit du
Memre et formant un angle de 40° avec .la direction du
courant. Au-dessous du môle s’étend de chaque côté un
terre-plein protégé par une palissade de pieux en chêne,
longs de 6 à 8 mètres ; ils sont armés à leur extrémité
inférieure d’une énorme pointe de fer et s’engagent les
uns dans les autres sur leurs faces latérales de façon à
former une muraille de bois impénétrable. Les blocs do
marbre étaient débarqués sur les terre-pleins, hissés,
avec des grues sur le môle et de là poussés à l’aide de
rouleaux jusqu’aux chariots qui devaient les conduire à
destination. Il est assez probable que ce port a été ouvert
plus tard que le port du Sud. Lorsque le Champ-de-Mars
s’est couvert d’édilices somptueux, on a trouvé gênant et
même dangereux pour la sécurité publique de faire passer
les blocs de marbre nécessaires aux constructions nou¬
velles par les rues très populeuses des bas quartiers avoi¬
sinant le forum ; il a paru plus simple de les amener par
eau jusque sur la rive du Champ-de-Mars lui-même u.
On ne croit pas que l’administration des carrières
impériales, lesquelles formaient la majorité, fût cen¬
tralisée à Rome dans un service distinct metalla'.
Elle était rattachée à l’administration du patrimoine
impérial ( ratio patrimonii ); mais sous cette réserve on
ne saurait douter qu’elle eût à Rome même un bureau
important ( ratio marmorum), dont la fonction propre
était de veiller à la réception et à la répartition des
marbres envoyés par le personnel des carrières. Elle
comprenait des comptables chargés des écritures, esclaves
ou affranchis de l’empereur ( tabularii a marmoribus ),
assistés par des adjoints ( optiones , adjutores), et ayant
au-dessus d’eux un procurator , qui lui-même était géné-
d. Stadt Bom. 2» Ad. 1901, p. 196; Schneider, Bas alte Bom , Leipz. 1896, pl. x-,
n» 18. Autre vue dans Lanciani, Ane. Bom. p. 250 ; ld. Bull, comunal, 1891, p. 23 et
s. Voir encore do Rossi, Bull. di arc h. crist. 1868, p. 17, 47 ; 1870. p. 7 ; 1873, p. 1 17 ;
1876, p. 113; 1883, p. 81; Nardoni. Bull. d. I st . di Borna, 1872, p. 72; Bruzza,
Ibd. 1870, p. 9, 37; 1871, p. 68; 1872, p. 134; 1873, p. 108; Bull. d. commise,
munie ip. di archeol. 1886, p. 34. — 13 Lanciani, Bains and excav. p. 528, fig. 203 ;
Forma urbis, pl. xiv; cf. Marchetti, Bull. d. commiss. municip.di arch. 1891, p. 45,
pl. ni et îv. — U Sur cctle découverte, voir encore Notizic degli scavi, mai 1890 ;
Lanciani, Bull. d. commiss. municip. di arch. 1891, p. 23; Hiilsen, Mittheil. d.
kais. Inst, in Bom , 1892, p. 322; Azzurri, Bull, d. commiss. municip. di arch,
1892, p. 175, pl. ix.
MAR
1600 —
râlement un affranchi impérial Le bureau des marbres
parait avoir été partagé en deux sections, ayant pour
attributions de faire construire et entretenir, l’une [ratio
itrbica) les monuments publics de la ville de Rome qui
étaient à la charge de l’empereur, l’autre ( ratio douais
Augusti) les palais impériaux2. Il est possible qu’une
partie des employés fût spécialement attachée à l’Empo¬
rium ; mais le siège principal de cette administration, la
statio marmonna 3, se trouvait, suivant toute apparence,
au Champ-de-Mars, à peu de distance du port. M. Lan-
eiani 1 identifie avec l’église Sainte-Apollinaire4; ainsi
s expliquent très aisément les découvertes que l’on a faites
a diverses reprises près de Sainte-Marie-de-l’Ame, du
théâtre de la Paix et de la rue du Parione, en un mot dans
tout le quartier qui s’étend entre le port et Sainte-Apolli¬
naire; on y a trouvé du sable pour le travail de la scie,
des ciseaux, des marteaux, des éclats de marbre et des
morceaux dégrossis qui n’ont pas été achevés. Il y avait
donc la, a proximité du Tibre, des ateliers et des magasins
où on sculptait les marbres livrés par l’administration 5.
Il s’en faut de beaucoup que nous connaissions toutes
les espèces de marbres employées par les anciens ; parmi
celles que mentionnent les textes, il en est qu’on n’a pu
jusqu’ici identifier, et, d’autrô part, les fouilles en ont fait
découvrir un très grand nombre dont la provenance et
les noms antiques sont inconnus. Avec des échantillons
recueillis dans le sol de Rome, les marchands de curio¬
sités composent des tables en marqueterie, qu’ils vendent
aux étrangers; c’est un commerce qui dure depuis long¬
temps sans que la matière fasse jamais défaut. Beaucoup
de collections d étude ont été formées en Italie et au
dehors; celle de PUniversité de Rome compte seize cents
pièces. Une des plus intéressantes est celle du Musée de
Bruxelles. On aura une idée de la difficulté que pré¬
sente le classement, quand on saura qu’il y a quarante-
trois variétés de marbre gris0. Le meilleur moyen
d arriver a des résultats précis serait d’étudier chaque
variété au microscope et d en faire l’analyse chimique. Ce
travail a été exécuté pour la-Grèce propre par M. Lepsius ;
après avoir examiné sur les lieux mêmes la formation géo¬
logique des marbres, il a catalogué les œuvres de l’art
antique conservées dans les musées grecs en les classant
d'après la nature du marbre dont elles sont faites 7. C’est
une méthode qu’il faudrait étendre à toutes les parties de
l'ancien monde. Aous ne pouvons entrer ici dans des
développements qui sont plutôt du domaine des sciences
naturelles, mais leurs observations, auxquelles, quand il
y a lieu, nous renvoyons le lecteur, seront pour l’archéo¬
logie le guide le plus sur.
Aujourd’hui on appelle marbre un carbonate de chaux
cristallisé, assez dur pour recevoir le poli. Les anciens
n’ont jamais attaché un sens aussi précis et aussi cons-
l Corp. inscr. lat. VI, 301, 410, 8482 à 8480; cf. 111. 348; Bruzza, L. c. p. 122;
Inscriptions fausses à rejeter ; Corp. inscr. lat. VI, falsae 684*, 1288*. - 2 Benndoif
Schocne, Lateran. Muséum, p. 353-355; Henzen, Annali d. ist. di Homo,
1843, p. 340; Wilmanns, Inscr. 2771, p. 1; MafTei, Mus. Véron. 310, 7; Bruzza!
L. c. p. 125; Hirscbfcld, Boem. Verwalt. Gesch. p. 87-88. — 3 C. inscr. lat. VI,
410. — t Lanciani, Forma urbis, pl. xv. — K Lanciani, Bull. d. commiss. muni-
cip. 1891, p. 23; Forma urbis, pl. xiv; Buins and excav. p. 529. — 6 Lanciani,
Buins and excar. p. 43. — 7 Lepsius, Griech. Marmorstud., dans les Abhandl d
Akad d. Wissensch. zu Berlin, 1890. 11 convient d'ajouter cependant qu'il a
eludie surtout les marbres statuaires, qu'il n’a pas visité toutes les îles et que
1 époque romaine est restée en dehors de ses recherches. Les conclusions mômes
sont attaquées par Wasington, Op. cit. Suivant ce géologue, des marbres statuaires
,d une compost lion identique se rencontrent dans les contrées les plus éloignées
les unes dps antres pl par conséquent l'analyse ne peut conduire qu’à des hypo-
MAR
taul aux mots ^pgapoç et marmor ; la Dpinp.
en est dans l’état rudimentaire de leurs ,"Pu ° cailse
minéralogiques; ils confondaient sous lo ' !,Unaissancjs
minéraux d’espèces différentes, parce q n°m de1
les éléments constitutifs». Mipu«poç dm« u D°raienl
désigne pas autre chose qu’un gros bloc T' n«
quoique Pline soit d’une opinion contraire- À
classique, on appelait encore très souvent P°qUe
blanche, ÀtOoç Asuxb; » le marbre blanc enmln ■ P'erre
architectes et les sculpteurs'1. Même les autour' P* 'Cs
eu soin d’établir une distinction entre la pierre dT °nl
la piet-t-e de taille et le marbre», ont classé ^
marbres des minéraux qui ne sont nullement ,| “' S
caires13 ; .1 „ est pas rare de voir, par exemple, le 1„ i
et le porphyre appelés marmora [lapides1. En ne r<
durant que les marbres proprement dits, il serait encore
impossible den donner une nomenclature coriX'l
meme si les documents positifs ne nous faisaient J
defaut. Pline, qui en était mieux pourvu que nous -,
reculé devant cette tâche : « Les variétés et les couleurs
dit-il, sont en si grande quantité qu’il n’est pas facile dè
les énumérer toutes ; quel est le pays qui n’ait pas son
marbre particulier14? » Ainsi, parmi les marbres
recueillis dans les provinces de l’empire romain, une
bonne partie doit provenir de carrières voisines, dont le
renom ne s’est étendu que dans un rayon très restreint.
Il y avait au contraire des carrières qui étaient connues
du monde entier 15 et qui envoyaient leurs marbres par¬
tout, principalement à Rome ; le nombre en était encore
considérable. Plusieurs des savants qui se sont occupés du
sujet ont catalogué et classé d’après leur couleur et leur
aspect extérieur toutes les variétés dont il subsiste des
échantillons quelque part10; en cela ils ont rendu
service; ils ont fait connaître ainsi plusieurs centaines
de marbres ; ils ont délimité le champ sur lequel doivent
porter les recherches , mais leur œuvre est toute provi¬
soire et n’a pas de caractère scientifique. Comme les
plus belles collections ont été formées en Italie, on a pris
l’habitude de désigner chaque variété parles noms en
usage chez les marbriers italiens; ces noms sont tirés de
la couleur : marbre gris ( bigio ), violet (pavonazso), etc.,
ou de la configuration des veines et des marbrures : le
cipollino , par exemple, est ainsi nommé parce qu'on en
a comparé les stries aux tuniques superposées du bulbe
de l’oignon (■ cipolla ). Mais il y a des cipollini verts, il y
en a de gris, il y en a de rouges, et il n’est pas sur qu ils
viennent tous du même lieu, Les seules appellations qui
devraient subsister sont celles qui correspondent a des
différences dans la formation géologique des marbres .11
brèches, brocatelles, lumachelles, etc. 11 Toute clas- I
sification fondée sur un autre système de noms cstl
artificielle et on ne saurait s’en contenter. Ce qui
_ 9 Hom. U. XVI, 735. - "> ,
5. p. 507. - " ^ '
29, 2837, 29*1*
24',’ 3595,’ 3:.!*»,. 3«*>;
de Pausauias dans Schuhart,
XXXVI, 126; Vif !'■ U- ' • .
446. — 13 *',n91
nI. T r • « Marm°-
_ 15 Phn. L. c. ■ ^ ^
ruin gênera non atlinct diccrc in tanta notitia ». ,G dans
Montault. Les marbres antiques de Rome sont classés Pal ^ ^ ^ giiimncr
l’ordre topographique, commode pour l'étude sur place. — ^Uiodique et **s
et Lepsius ont les premiers ouvert la voie pour un classement ^ jeurs j)r£,
ont banni à peu près complètement les noms italiens, pp l,sasc
ijécesseurs.
(Iicses inexactes. — 8 JBliimncr, III, p. 9
Hist. nat. XXXVI, 45 ; Curlius, Griech. Etym. 5, p
p. 236; XII, p. 567; C. inscr. <jr. 2059, 2061, 2J34 b , 2782,
3902 b , 3935, 3936, 2053 b add., 2056 d, 3521
Inscr. Gr. sept. 412; cf. 2544. Voir les passages
Jlhein. Mus., N. F. XV (1860), p. 85. — ‘2 Plin.
et 16; IV, 4, 4; Lampr. Helag. 25, 9; Scrnpcr, Ber Stil . I-, P*
Plin. XXXVI, 54 à 126. — 14 Plin. XXXVI, 54
MAR
MAR
— 1601 —
I question, c’est que la même localité
conip1"!11'' des marbres très différents d’aspect,
oflrc qU|’,|^llltation, la profondeur de la couche, etc.;
*uivanl: , '"jnême nom géographique a pu s’appliquer
eta,nS1 aUxquelles on ne serait nullement tenté
à îles vai j„jne commune. En outre, cer-
U „ri )Uer ii î* t o f ,
“! arriéres exploitées par les anciens sont aujour-
Misées; quelques-unes même l’étaient déjà sous
ll !"" j'J'.'on a reconnu , par exemple, à Chemtou (Tunisie)1
lbT Romains y avaient ouvert au né siècle de nou-
q .irm tiers à côté de ceux où ils avaient travaillé
u(i |..( parce que ceux-ci ne donnaient plus rien ou
redonnaient plus que des matériaux de mauvaise
alité2; aussi s’est-on exposé parfois à de graves
déceptions en reprenant de nos jours les recherches au
at ofl ds les avaient abandonnées. En somme, si on
{ail le compte des marbres dont nous pouvons déterminer
avec certitude le nom antique et la provenance, on
arrive à un total très réduit. Dans la liste qui suit, nous
indiquons les marbres qui sont connus aujourd’hui,
soit par des textes anciens, soit par les observations
ont faites au lieu d’extraction les voyageurs, géo-
i graphes ou archéologues. Le lecteur désireux de se ren¬
seigner sur les autres voudra bien se reporter aux
| ouvrages spéciaux ouest appliquée la première méthode.
Grèce et îles grecques3. — Si on prend le mot
marbre dans le sens strictement scientifique que lui
donnent les modernes, il résulte notamment des recher -
! ches de MM. Lepsius et Philippson que ce minéral se
rencontre dans la plupart des îles de la mer Égée4 ; dans
la Grèce continentale, la couche suit à peu près ladirec-
tion de la côte de l’est. Plusieurs provinces en sont tota¬
lement dépourvues, à savoir : la Béotie, la Messénie,
l’Élide et l'Aehaïe. Certaines hypothèses se trouvent
exclues par là même : elles reposent sur de fausses leçons,
ou bien sur des textes qui ne peuvent s’entendre du marbre
que par un abus de langage5. Ces restrictions faites,
voici quelles sont les carrières sur lesquelles nous avons
des documents certains, ou acceptables, ou douteux0 :
j ËpiRu. Pays des Molosses. — Variété incertaine, men¬
tionnée pour la première fois à l’époque byzantine1.
Thessalie. — Carrières à l’ouest deLarissa sur les bords
du Pénée, près du village d’Alifaka, qui est probablement
1 ancienne Atrax. Marbre blanc, parfois gris ou jaune
rosé*. Il ne faut pas oublier que la « pierre de Thessalie »,
°u « pierre d’Atrax » des auteurs de basse époque, est un
porphyre vert [lapides] parfaitement connu 9.
1 *''US ',as 'cs mal’bres d'Afrique. — 2 Toutain, Assoc. franc, pour
1896 n ^ (^GS ^Cience8i Compte rendu de la 25° session (Carthage-Tunis),
£. ; . ~ 3 secours utile nous est fourni par la géologie. Voir
G loi' lll°" Sc'ent*f‘ de Morée, Sect. des sciences physiques, t. II, 2° partie,
CnVrA- ' aUS (*833); Neumann et Partsch, Physikal. Géographie von
Un l>"' P- 209-220; surtout Alf. Philippson, Der Peloponnes, Ber-
gcol pi a'CC 'CS car*,es géol., I, IV; Thessalien und Epirus (1897), caries
pe(Ç|,’n ’ 11 °l Vl • ^titrage zur Kenntniss der griecli. Inselwelt , dans les
Uue bibliom - !l\t l"'dan9eny Ergiinz. Heft 134, Gotha (1901), cartes géol., pl. ni et iv.
P e laponne $ ° comP*^° du sujet pour la Grèce entière se trouve dans Der
Délos, |{|)(l j-’ * ^es sans marbre : Sciathos, Péparèthe, Icos, Gyaros,
ne S(>nt incn|la S-liph0S' ^I0S’ Amorgos, Mélos, Théra. Iles dont les marbres
Antiparos s ,|0Ull<'s (*ans aucun texte ancien : Géos, Cythnos, Syros, Siphnos,
Plin. xxiviC;rSa’ ^erac^a’ ^os’ Sicinos, Pholegandros. — 5 Ainsi dans
divers, (Ma^ff> Mlo ne peut être qu’une mauvaise leçon. Calcaires
'A,,;.,. || c ' " Point des. marbres : presqu’île d’Aclé au Pirée, À î 3 o ;
(p. 1 1 1) p’ rJl> C,<’ U’ *17), Eleusis (p. 123) et autres parties de l’At-
cl Vïrzeichn f.m° 110B en Eéotie Orcliomènc, Thespies, Tanagra p. 111
*W). — 6 | (. " -^i-243) et sur quelques points encore ( Verzeichn. (n°s 214-
1 lus> p. 9. — 7 Paul, Silent. Il, 131 ; cf. Philippson, Thcs-
Attique10. Pentélique. — Marbre blanc d’un grain très
fin, tirant légèrement sur le jaune. Les carrières, situées
dans le mont Pentélique à 1 i kilomètres au nord-est
d'Athènes, ont été exploitées surtout à partir du v® siècle
av. J.-C. 11 De là proviennent les matériaux avec lesquels
ont été construits le Parthénon, l’Erechtheion, les Propy¬
lées, le Théseion, le temple de Zeus, etc.12 Parmi les
monuments où ce marbre a été employé en dehors de
l’Attique, on cite le temple d’Esculape à Gorlys, en
Arcadie13. Domitien lit placer des colonnes de marbre
pentélique au Capitole, dans le temple de Jupiter réédifié
par ses soins14. Pourtant, c’est un de ceux dont on a
trouvé le moins de fragments à Rome15; mais le fait
s’explique aisément : les carrières du Pentélique, sous
l’Empire, étaient du petit nombre de celles qui n appar¬
tenaient pas à l’empereur; nous savons qu’au 11e siècle
elles étaient la propriété du fameux Hérode Atticus, qui y
prit les matériaux nécessaires à ses propres construc¬
tions10. Ce marbre, très apprécié par les architectes, ne
venait qu’après le marbre de Paros dans les préférences
des sculpteurs étrangers à l’Attique; mais il ne faut pas
oublier que Phidias et Praxitèle en ont tiré des chefs-
d’œuvre17. Vingt-cinq carrières creusées par les anciens
ont été reconnues et sont encore visibles. sur le Penté¬
lique; M. Lepsius estime à environ 400000 mètres cubes
le volume des blocs qu’ils en ont extraits18.
//// mette. — Marbre blanc bleuâtre, sillonné de veines
grises. Carrières sur le mont Hymette, à 11 kilomètres
au sud-est d’Athènes19. Ce marbre est bien inférieur au
précédent; cependant on l’a exporté aussi20. L. Licinius
Crassus, consul en 95 av. J.-C., fit placer dans sa maison
du Palatin des colonnes en marbre de l'Hymette21,
et depuis, son exemple semble avoir été souvent imité
à Rome 22 . Les carrières devaient faire partie du
domaine impérial 23 . Quoique ce marbre convint beaucoup
mieux aux travaux de l’architecte, les sculpteurs grecs
nel’ontpointcomplètementdédaigné ; on y a taillé notam
ment des monuments funéraires, des inscriptions, etc. 21
Laurion , montagne située à l’extrémité sud de
l’Attique. — Carrières près de l'ancienne Thorikos.
Marbre blanc veiné de jaune et de gris*3. On ne sait pas
dans quelle partie de l’Attique on exploitait le marbre
appelé cpeAÀcxxaç 26 .
Corinthe. — Pierre de couleurs variées21, «semblable à
de la gomme ammoniaque ». 11 n’y a de marbre ni sur le
territoire de Corinthe, ni en aucun point de l'isthme. Il
faut donc supposer, ou que le texte de 1 auteur est cor-
salien u. Epirus, p. 256 cl pl. vu — « Lepsius, p. 37.-9 Lepsius,
p. 39. _ 10 Lepsius, Géologie ron Attika, Berlin, 1893. — H Strab. IX, p. 399 ; cf,
Xeu. De vectig. I, 4; T. Liv. XXXI, 26; Fiedler, Iteise durch Griechenland, I, 29,
pl. i; Stackelberg, Vues pittoresques de la Grèce, pl. ■; Bursian, Geogr. von
Griechenl. I, 253, n. 2 ; Welckcr, Tagebuch ci net- griecli. Iicise, 11, 122 ; Ross, Das
Pentelikon bei Al lien und seine Marmorbrûclie, dans le Kunstblatt de 1837.
_ ,2 Paus. I, 19, 6 ; Plat. Eryx, p. 394 E; Corp. inscr. att. IV, 1, 297 a et b ;
2, 834 A, col. Il, 97. — 13 Paus. VIII, 28, 1 ; cf. V, 10, 3. — 14 Plut. Poplic. 15.
— la Bruzza, p. 163. — 18 Paus. I, 19, 6 ; VI, 21, 2; X, 32, l ; Philoslr. Vif. Soph.
VI 5, p. 550; Eustath. I sm . amor. I, 6, 2; Schubart, Xeue Jahrb. f. Philol. XCI
(1865), p. 487. — U Paus. V, 6, 6 ; VII, 23, 6 ; 25, 9 ; 26, 4 et 7 ; VIII, 30, 10 ; 47,
1 ; IX, 27, 3; Cic. Ad Att. I, 8, 2; Lucian. Jup. trag. 10 ; Atben. XIII, p. 591 B ;
Anthol. Pal. VI, 317; Schubart, L. c. — Lepsius, p. 13 ; Id. Verzeichn. u«* 53-
94, 101-205; 332-343; 348-351; 363 ; 369; 378-379; 386. — 19 Bruzza, p. 163;
Lepsius, p. 23.— 20 Peut-être est-il compris dans le témoignage de Xen .De vectig.
I, 4. _ 21 Plin. XVII, 6 ; XXXVI, 7; cf. Val. Max. IX, 1, 4. — 22 Hor. Carm. II,
3, _ 23 Bruzza, L. c. — 24 Lepsius, Verzeichn. n“ 95-97, 206-216, 344-
347. — 26 Lepsius, p. 30. — 26 Hesych. s. u. ; Zeuob. V, 13, p. 121, Leutsch ;
Clem. Alex. Prolrep. IV, 42, Pott ; Bliimner, p. 30, n. 4, 5, — 27 Isid. Orig. XVI,
I 5, 14; Bliimner, III, p. 50,
MAR
rompu, ou que le marbre expédié par Corinthe venait
d'ailleurs, ou que ce n’était pas un marbre1.
Arcadie, chaîne du Parnon. — A deux ou trois heures
au sud-est de Tégée; carrières anciennes près du village
actuel de Doliana. Marbre blanc, qui présente des analo¬
gies avec celui du Pentélique, mais tirant légèrement sur
le gris bleu. On s’en est servi pour les monuments de
Jcgee, deMantinée et quelquefois pour ceux d’Olympie2.
J.acomk, vallée supérieure de l’Oenus, dans la chaîne
du Parnon. —Marbre gris bleu, d’un grain un peu moins
lin que celui de Doliana. Les carrières de Vamvaku
situées à 20 kilomètres de Sparte, ont fourni des maté¬
riaux aux habitants de cette ville3.
Promontoire du Taenaron (cap Matapan), à la chapelle
deSaint-Llie, au-dessus de Dimaristika. — Marbre rouge
rouge antique), qu il faut se garder de confondre avec le
porphyre vert du Taygèle et de Crocées [lapides’ dans les
textes parfois ambigus des auteurs anciens4. Sous
1 Empire, on extrayait aussi au Taenaron un marbre noir,
dont le gisement n a pas encore été retrouvé; peut-être
n est-ce pas autre chose qu’un calcaire qui se voit au
nord du port de Cisternaes5.
Tiiasos. — Marbre blanc qui, après avoir été très estimé
à Rome à cause de sa rareté, y perdit beaucoup de son
prix quand on l'y eut transporté par grandes quantités.
Les carrières ont été reconnues en 1887 par M. Bent sur
la côte méridionale6.
Eebée. Carystos, à la pointe sud de l'ile près du vil¬
lage d Aétos. Marbre blanc ou gris clair avec des ondu¬
lations de couleur verte. 11 ne semble pas que les Grecs
en aient fait usage avant l’époque romaine; mais alors il
fut en grande faveur 7. On se rappelle les colonnes
apportées à Rome au temps de César par le fameux
Mamurra8. De tous les marbres trouvés à l’Emporium,
c'est de beaucoup celui dont il subsistait le plus grand
nombre de blocs. Les inscriptions gravées à leur sur-
iace nous font connaître le personnel employé aux lapi-
cidmae Carystiae pour le compte des empereurs9. Avec
ce marbre on faisait surtout des colonnes, des revêtements
pour les murs, des dalles pour la décoration des par¬
quets, etc. Il est tout à fait impropre à la sculpture.
Lesiîos. — Marbre noir 10. Pline en cite un autre dérou¬
leur bleuâtre 11 .
Scyros. — Carrières au promontoire Oros, dans les
baies de Tris Bukkaes et de Renes, et dans l’ile voisine
* t',liliPPsftn’ Peloponnes, p. 24-30 et carie géol. - 2 Lepsius. p. 31- Phi-
lippson, J'cloponnes, p. 161-104, fig. 24-27, carte géol. Il cl IV. - 3 ' Ibid.
P- 31 ’ Pliilippson, p. 107; carte géol. IV. — 4 Slrab. VIII, p. 367 ; pij„.
\V\W. l.': Henzen, Tenaro i i i marmi tenari, Bull. d. ht. di Rom. I8b7,
p. 154 ; Grimm, Zeitschr. f. allgem. Erdkunde, Pi. F. XI, p. lu - Rursian
Da * v»>gebirge Taenaron, Abhandl. d. Bayer. Alcad. I. Cl., VII Bd, III Abth
P; Ho 7“.î Ge°ffr- "' Gri';cl,enL P- i(|3 ; Blümner, p. 42 ; Lepsius, p. 36
et 1.9; Pliilippson, p. 175; cf. p. 215, 223, 225. - S P]in. XXXVI, 135-
Cf. 158; Soit. Empir. Ptjrrh. hypot. I, 14, 130 (?) ; Blümner, L. c. ; Pliilippson’
P. 226, 230; carte géol. IV. - 6 Vitr. X, 7, 15; Son. Epüt. 86, G ; Stat. 677,1, 5’
54: II, 1, 92; Plin. XXXVI, 44; Suel. Ner. 50 ; Plut. Cal. min. 11 ; Passio IV
Coronat.p. 322 : Cousinéry. Voyage dans la Macédoine, II, 85 ; Conze, Reise auf
rfen /a.eln d. Mra*. Meeres, p. 24, 2#, 33; Bent dansl 'Athe, . . 1887, 2, p 123
“ ,:,-T,vU"- “l3’ 13: Po11- V». ln" : Eustatli. Im. . g, ; Slrab. IX,
T 5 34 itPV iâ : B>Z- p l00, “ ; MarL IX’ 75' 7 ’ Plin- ,V' «4 : sut. sur.
Or ’lXYIx’ „ 7 m "c ^ LuCa"' V’ 232 ; Sen' Troad- 846 ! Dio-Chrys.
Il '^4 t or N Capitol. Gord, an. 32; IsM. Orig. XVI, 5, ,5; Paul Silent.
r ’ yyi,8°; ln eccl- lom- nl- P- 633 D- ‘'ligne; Sid. Apoll. En. Il -, .
tara, XXII 1 40. Phn. XXXVI, 48. - 9 Bruzza, p. lio : Inscr. de Pan 130-
131, Legrand, Bull, de corr. hell 1880 n 519 r • , .
P- »19 ; C. viser, lat. VI, 8486 Sur les
carri res. v. Fiedler, 1 430-433 ; Bursian, II, 430-432 ; Lepsius, p. 41 ; Teller Ber
Z°Tk , n DMr- d- kai°- Akad- en wfen
Math. liât. Classe, XL (1880), p. 150 el la car[c _ )0 phj|ostr ^ ^ ^ g>
(le Y’alaksa ; on y voit encore des bine,
employés. Brèche multicolore très •> ^ Prêts 4 <HPe
d après Strabon », quoique e. k H
rapportent soient en petit nombre13 ,? ^08 î»i A
déjà S0l,s Néron> et peut-être plus'tôf étaiJ
empereurs14. ’ la propriété d J
Ciuos. — Marbre noir 15. Nous ne -
identique à un autre marbre exploité éïT* ^ S’i] estJ
9ue. r°" f «-"•■»« o®«nl ». «CrH
couleurs ; il est possible en effet que le ln 7 plu8i4»
noir'6. L. Licinius Lucullus, consul en 7;
â la mode à Rome un certain marbre noir H
donna son nom17. Ce marnior Luculleum ’
Clnos? C’est assez douteux. Il semble bien '''na'Ul1
marbre uni ; alors il faudrait admettre qu’il y'-ivjt '"! ."n
deux variétés, la première unie, la secon,lTa '°S
veinée18. M. Teller a retrouvé des carrières ant ' °U ‘
cote orientale, à une demi-heure au nord de CastiTd :
direction du village de Scariaes; elles donnent un n-Th
gr-s bleu foncé, peut-être identique au marbre ! nÎ!
dont il est question dans un texte19.
Axuros. - Marbre blanc tirant sur le gris ou le bien
assez semblable à celui de l’Hymette. Vestige* din
exploitation antique, dans la partie nord, près defLion
Gisements sporadiques et en petit nombre, disséminé
au milieu de la masse des micaschistes 20.
Ténos. — On y rencontre sur quelques points (Polemoi
Campos, Livadas, etc.) un marbre blanc à grain fin
quelquefois veiné de bleu, qui rappelle le précédent; i
est aujourd hui 1 objet d’un commerce assez important11:
mais il ne semble pas avoir joui dans l’antiquité de la
même réputation que le serpentin, qui se rencontre en
bien plus grande quantité dans cette île [lapides) 22.
Naxos. -■ Marbre gris clair avec des parties plus
foncées, tout à fait dominant sur la côte de l’est23. Ce
fut le Aaxien Byzès, qui le premier, au commencement
du vic siècle, imagina de tailler en marbre des tuiles
Pour couvrir les toits24. Dans les carrières de Comiaki,
gît encore une statue colossale d'Apollon à peine ébau¬
chée. Quelques-unes donnent un marbre à gros grain,
d un blanc pur, assez semblable à celui de Paros28.
Paros. — Marbre d’une éclatante blancheur, d’un
grain moins fin que le pentélique, mais se prêtant admi¬
rablement aux travaux du sculpteur, ce fut par excel¬
lence le marbre statuaire de l’antiquité grecque26; nous
11 Plin. XXXVI, 44 ; Isid. Orig. XVI, 5, 13; Conze, Reise auf d. Insel Lesltos,
p. 48 ; Blümner, p. 45, note 2. — 12 Slrab. IX, p. 437 ; Blümner, p. 49, n. 8. — !3Ensl.
ad Dion. Perieg. 521 ; cf. Plin. XXXI, 29; Stat. Âchill. II, 17. — H Bruzza, p. 151;
fiedler, II, 7 i ; Bursian, II, 392 ; Pliilippson, Inselwelt, p. 116 el pl. ni- Figure ilanS;
l Expetl. de lï/orée, L. c. II, 2, pl. vin. — to Tlieoplir. De lapid. 7. 1,1 1 lin.
XXXVI, 46; Bruzza, p. 143 ; Blümner, p. 46, n. 2. — 17 Plin. XXXVI, 49 (Maylioff)»
Melo est certainement une mauvaise leçon (v. plus haut) quoique Isid. Orig. » I
5, 17, soit une faible autorité. — 18 Blümner, p. 45, n. 3. Voir encore Cic. De divin, j
I, 13, 23; II, 21, .49 ; Strab. XIV, p. 645 ; Plin. V, 136. - ^ Teller, Geolotj. liro-
bachtungen auf der Insel Chios, Den/csc/ir. d. Alcad. d. Wiss. su W ien, Mal *-
Classe XL (1880), p. 343 avec la pl. - 29 p,edler, II, 218 ; Pliilippson, lnselire^
p. 9 et pl. iv. — 2! Fiedler, II, 2i-3 ; Ross, Inselreisen , I, 15; Bursian, Il
— 22 Pliilippson, Inselwelt, p. 21 (pl. iv), assure même n’avoir pas conslaR l ' J1 ^ j
preuves évidentes que ce marbre ait été exploité à l’époque antique. ! 1'°^ ^ .
Bursian, II, 490-6 ; Pliilippson, Inselwelt , p. 73, 77, pl. iv. 4 fati*'. 7 ^
— 23 Lepsius, p. 52; Verzeichn. n. 255 ; Pliilippson, L. c. — 26 V "| J() |
132; Theocr. VI, 37 ; Antli. Pal. VI, 317 ; Virg. Georg. III, 34 ; Hor. (arm' j
i>; Vitr. X, 7, 15; Strab. V, p. 224, 487; Petron. 126: Plin. Hist- nul. ^ ^
86; Quintil. Inst. or. II, 19, 3; Pans. I, 1 4, 7 ; 33, 2; 43, 5 : 7
25, G; C. inscr. ait . III, 487; Schubart, Neiæ Jahrb. f. Philo! ■ ‘ cn
p. 488. Les qualités du Paros et son influence sur la statuaire ont (t ^ ^ ^
lumière par Stephani, Zeilschr. f. d. Alterth. Wiss. 1843, n° 73; ferto
l'art , VI, p. 48-49.
MA H
— 1003
MAR
|hlS |iaut qu’on l’employa dès l’époque mycé-
Ivbas v" |( (j‘ e, d’après une tradition rocti liée par la
»i«”ne’ I1" )(l|.ne’ Mêlas de Chios passât pour l’avoir le
; Scopas, entre tous les artistes,
arliculièrement fidèle2. Les gisements de marbre
iscience nloderne’ t
L, icrnnjen honneur*
|lul fllt.!,L lïne bonne partie de l’ile, principalement .u
Pi,li',"||!S anciens, qui la mirent si longtemps à contri-
Plu ’s.lllSVépuiser jamais, s’imaginaient que le marbre
rrnuait au fur et à mesure dans les entrailles du
1'^ il ' l es couches les plus remarquables par leur pureté
®° tliouvent dans la partie nord, au pied du mont Mar-
k prèg je parikia et de Saint-MénasL Les anciens
Citaient surtout le marbre de Paros appelé Xu^vérqç, sans
s'entendre sur le sens qu’ils attachaient à ce nom :
uivant les uns, il rappellerait l’éclat exceptionnel du
marbre de Paros; suivant les autres, il s’expliquerait par
le fait que le travail d’extraction s’exécutait, non point
dans des carrières à ciel ouvert, mais dans des galeries
souterraines ou les ouvriers étaient éclairés par des
lampes (Àû/voç)5. Cette seconde opinion, adoptée par
Yarron et Pline, est très probablement la vraie °.
M. Lepsius a parcouru les galeries creusées par les
anciens, qui portent aujourd’hui le nom de Grottes des
nymphes, et il y a même reconnu de peliles cavités où
les ouvriers suspendaient leurs lampes 7. La qualité
appelée lapis lygdinus ne se rencontrait que sous la
forme de blocs de petite dimension et par suite ne pou¬
vait convenir que pour des plats, des cratères, etc. On n’a
pas encore réussi à l’identifier8. Les carrières de Paros
étaient comprises dans le domaine impérial. Nous voyons,
par les numéros d’ordre inscrits sur des blocs trouvés à
l’Emporium, qu’on en expédiait chaque année à Rome
des quantités considérables9.
Sicinos. — Marbre bleuâtre employé dans l’ile même
au temple d'Apollon Pytbien ; il est douteux qu’on l’ait
exporté 10.
Anapuk. — Marbre blanc à grain lin. Vestiges d’une
exploitation antique11.
I Rhodes, — Marbre à veines jaune d’or12.
Asie. — Propontide, île de Prüconnèse (île de Mar-
marui. — Carrières sur la côte nord, près du village de
alatia. Marbre blanc à veines noires 13. 11 doit être iden-
lique au marbre dit de Cyzique, ou encore marbre du
osphorc, parce que les villes des côtes voisines s’en
servirent pour la construction de leurs monuments u. 11
fut même transporté d’assez bonne heure dans des
villes beaucoup plus éloignées; ainsi on avait songé à
l’employer dans le grand temple d'JÜphèse, terminé en
416 av. J.-C., et il fallut une circonstance toute fortuite
pour qu’on y renonçât15. À Halicarnasse le palais de
Mausole(morten .‘153) était entièrement décoré en marbre
de Proconnèse 16. 11 ne semble pas avoir été aussi apprécié
en Occident; du moins on n’a pas pu jusqu’à présent
l’identifier d’une façon certaine avec les marbres qu’on
y a recueillis. Pourtant on ne peut douter qu’il y en eût
des spécimens à Rome 11 .
Bituynie. — Marbre noir18.
Troade. — Variété incertaine19.
Piirygie. Synnada (Tchifout-Kassaba). — Marbre
blanc -à veines violettes. 11 porte aussi quelquefois le
nom de Docimia, ville voisine de Synnada. Ce fut un de
ceux dont les Romains firent le plus grand cas20. On
admirait beaucoup les colonnes qui ornaient la Basilica
Pauli i , au Forum, où elles furent érigées
par un membre de la famille des Aemilii
Paulli, probablement au temps d’Au¬
guste, à la suite d’une restauration de
l’édifice [forum, p. 1301] 21 . Le marbre
de Synnada est très souvent cité dans
les textes et il abonde à Rome ; Strabon
raconte que de son temps, malgré la
distance et la difficulté du transport, on l'y faisait venir
par grandes masses22. C’est alors que furent mises en
place les colonnes qui décorent l’intérieur du Panthéon2’.
Hadrien en attribua cent vingt autres au temple d’Héra
et de Zeus Panhellénique à Athènes21. Les carrières
appartenaient aux empereurs25; elles étaient pour la
contrée un sujet d’orgueil et y faisaient vivre beaucoup
de gens; aussi les villes de Docimia et de Synnada ont-
elles représenté sur leurs monnaies (iig. 48 3 4) 26 la mon¬
tagne, d’où elles tiraient leur richesse.
Hiérapolis (Tambouk-Kalessi). — Marbre veiné, sur
lequel nous n’avons d’autre témoignage qu’un texte
assez obscur de Strabon 27.
Lydie. Téos (Sivri-hissar). — Marbre multicolore 28,
peut-être identique à un certain marbre appelé lydien
par un auteur de basse époque, et qui était rouge avec des
taches jaunes29.
Fig. 4834. — Monnaie
de Svnuada.
J,Pgt" XXXV1’ 17 ; O^beck, Grieck. Plastik , 13, 66. — 2 Blümner, p. 33.
Il ( p. 2- k 4 Yirg. Aen. VI, 471, et Serv. Ad h. I. ; Stepli. Byz. p. 192,
Pltilinnc ’ Hall. d. Jst. di Rôma , 1861, p. 183; Fiedler, II, 183;
imi; TlV'dt: P< °3’ 68’ P1- lv- — 5 Ps. Plat. Fryx , p. 400 E ; Poil. VII,
XXXYI 14. r’n Fab. 223; Ilesycli. s.v. Xuyvîaç. — 6 Varr. ap.Plin.
383;I*l]ili 01Slan’ Hi-uzza, p. 158. — 7 Lepsius, p. 45 ; Verzeichn. no
Pro'oem ■ H -s ' l nseh'eU’V-69- — *Anthol. Pal. Y, 13, ^8 ; VI, 206; Philoslr. Imag.
S«n. ad J, , ' WïS°! : Üiod- 52 ! Anacr. 15, (28), 27 ; Mart. VI, 13. 3 ; 42, 21 ;
P- 15*, 161 "g v93 ’ P1'n' XXXV1’f>2’ 158 i lsid- Orig. XVI, 5, 8. —9 Bruzza,
XXII, Hft j.."V'enc01’eThemist 0r- Xl|fi P- 179a; Sidon. Apoll. Carm. XI, 17;
Viep zeicha Goth. I, 22; Prudent, c. Symmach. 11,240; Lepsius,
Breslau, t8g3 __ i E. Dopp, Quaestiones de marmore Pario, diss.
1>I. iv. _ h Fj f'iedler, II, 1 oG ; Bursian, 11, 507 ; Pliilippson, Inselwelt, p. 88,
— Pün XXXVII j* ** ’ ^urs‘an' ù, 517 ; Pliilippson, Inselwelt, p. 107, pi. îv.
triPlion de Spon v ' " ‘XoHS ne savons pas si la carrière était impériale. L'ins-
■A, n, 3 i;; g ' p. 268 = Muratori, 319, 7, est fausse : Bruzza, p. 154 et
"’iu. nr: ''s ’’ Geolog. Bau der Intel Bhodiis, Sitz. ber. d. Akad. d.
Nul. Siltnl „ NaL Classe, XCV1U I
Kit
• Silcnt. H,
ffert, Se,
I GO- 1 90 ; Auctor De
. (1890), p. 208. — 13 Slrab. XIII, p. 588;
marmoribus, ap. Salmas. Exercit. Plin.p. 495 bc,
t, ùpcçinl/ hivi tüito, a|j. oduiius. ijxcilu. nui, ji. o oc,
151 i Marc|iiarii| nr‘e _Von Westl- Kleinatien (1892), feuille II. - H pliu. V,
' Vitr, x. 7 'p ,,nd sein Gebiet , p. 34; Paul. Silcnl. I I, 250.
bi^otk „ ' 111 'Br. U, 8,10; Plin. XXX VI, 46; Memnon ap. Phot.
>W.B B°eckh,C. inscr.
IX, s», 9 . ’ U1CKII> L. viser, gr. I, p. 21 et n. 3268, 3282, 3311 ; Cod.
h’Esculopç y, 1 ) ■''''*• Apoll. Ep. Il, 2 ; Zosim. II, 30. — 17 Colonne dans le
’ss. u Sanct. iy Coronat, Biidingcr, Untersuch. z. rôm. kais.
Gesch. 111, 337. — 18 Auct. De mannor. ap. Salmas, L. e. — *9 Sial. Silv. IV,
2, 27 ; Cod. Ilieod. IX, 28, 9. — 20 Tib. III, 3, 13 ; Hor. Carm. III, 1, 41 ; Slrab.
IX, p. 437; XII, p. 577 ; Plin. Hist. nat. II, 2, 87; XXXV, 3; XXXVI, 102; Sial.
Silo. I, 2, 148 ; Mart. VI, 42, 12 ; IX, 75, 8 ; Dio Chrys. Or. LXXIX. p. 604 M ; Juven.
XIV, 307 ; Luc. Bipp. 6; Pans. 1, 18, 8, 9 ; Themist. Or. XII, p. 179 a; Capitol.
Gordian. 32 ; Prudent. In Symm. Il, 248 ; Auson. Mosell. 48 ; Claudian. in Eutrop.
Il, 272 ; Sidon. Apoll. Ep. 11,2; Carm. V, 37 ; XVI, 17 , XXII, 138 ; Poil. VU, 100 ,
Cod. Theod. XI, 28, 9; Grog. Nvz. Hom. III in Ecoles, p. 656 D, 657 B ; Stopli.
Byz. s. v. Aôxt|Atov ; C. inscr. gr. 3148. — 21 Et non en 179 av. J.-C., date invraisem¬
blable (Blümner, p. 53), Plin. XXXVI, 102. — 22 Slrab. XII, p. 577. — 23 Corsi Bar¬
bier de Monlaut, Pullen, op. cil. Panthéon. — 21 Pans. I, 18. —23 Bruzza, p. 155 ;
35 inscr. depuis l'an 69 ap. J.-C. Corp. inscr. lat. III, Suppl., 7005 à 7010 ; Ramsay.
Mélanges de l'École de Borne , 1882, p. 294 à 301; Monceaux, Bull, de la Soc.
des antiq. de France, 1900, p. 323. — 26 Eckhel, Doctr. numm. 111, p. 151 et 173 ;
Friedlünder, Zeitschr. fùr Numism. VI (1870), p. 18 : la figure féminine repré¬
sente la ville personnifiée ; Babelou, Inventaire de la collect. Waddington,
n“’ 5914, 5948, 6525, 6526, pl. xvni, 14. Sur ces carrières voir encore Texier,
Descr. de l’Asie Mineure, I, pl. lv; ('Asie Mineure ( Univers pittoresque),
p. 429 ; Leake, Asia Minor, p. 36 et 54; Hamilton, Mesearclies in Asia Alinor,
1,41,11,178; G. Perrot, Ber. arch. 1876,1, p. 190; Athen. Miltlieil. XXII
(1897), 28; Kiepert, Specialkarte von Kleinasien, feuille IX. Sur l’emploi de ce
marbre dans la statuaire, Blümner, p. 53, n. 6. — 27 Stral). IX, p. 437. — 2S Dio
Chrys. Or. LXXIX, p. 604 M; C. i. lat. 111, 419 (13 inscr., 163-166 ap. J.-C.) ; de
Rossi, Bull, di arch. crist. 1868, p. 24 ; Le Bas, Inscr. 111, 53, n, 112. — 29 Paul,
Sil. II, 216.
— 1604 —
MAR
Ephese (Ajasolouk). — Marbre blanc. Découvert par
hasard, suivant la légende, vers le commencement du
'i siècle av. J .-G., il servit à la construction du grand
temple d’Artémis1. On l’exploitait encore sous l'Em¬
pire2; mais peut-être ne fut-il jamais exporté.
Alabanda (Arabi-hissar). — Marbre noir 3.
Carie. Iléraclée (Kapoukrou). — Marbre blanc4.
Mtlet (Palatia). — Marbre d'un rouge très foncé allant
presque jusqu'au noir3.
lassos (Asynkaleh). — Marbre blanc et rouge, dont il
n est pas fait mention avant l’époque byzantine6.
Mylasa (Milas). — Marbre blanc7.
I iiénicie. Sidon (Saïda). — Marbre blanc, avec lequel
fut édifié le temple de Salomon 8. Il était connu des ama¬
teurs a Rome sous les Flaviens9.
Afrique. — Province proconsulaire, Zeugitane, monts
de Djebba. — Marbre à nummulites10.
Ni jiidie. Similthus Chemtou). — Marbre jaune veiné
de rouge jaune antique). Appelé par les anciens marbre
de Numidie, il apparut à Rome pour la première fois au
début du ue siècle av. J.-C. ; c’était à cette époque une
rareté, dont trafiquaient les marchands carthaginois11;
au temps de Sylla, on criait encore au scandale lorsque
M. Lepidus en fit faire des seuils de porte pour sa
maison Bientôt après on tira de Numidie des colonnes
entières et des plaques de revêtement pour les murs.
Après le meurtre de Jules César, le peuple éleva au forum
en son honneur une colonne monolithe de près de vingt
pieds, portant l'inscription : « Au père de la patrie13
Le second siècle paraît avoir été pour les carrières
numides l’époque de la plus grande activité14; Hadrien
les fit contribuer à la décoration de ses villas de Tibur et
d Antium 1 ■ ; en une seule fois il donna vingt colonnes au
gymnasede Smyrne 16 ; il en donnacentàcelui d’Athènes17.
Sous Marc-Aurèle on ouvrit de nouveaux chantiers appelés
de son nom lapicidinae Aurelianae 1S. Les Gordiens pla¬
cèrent cinquantecolonnes de marbre numidique dans leur
i ilia de Préneste 13 ; les habitants d'Ostie en reçurent cent
de 1 empereur Tacite20. Enfin Justinien fit servir ce mar¬
bre à la décoration de Sainte-Sophie, à Constantinople21.
Les carrières numidespeuvent compter parmi les plus im¬
portantes du domaine impérial. On lésa retrouvées récem¬
ment à Chemtou, dans la partie occidentale du territoire
umsien, qui relevait autrefois de la Numidie, et elles ont
même été remises en exploitation. Les traces encore vi¬
sibles des travaux exécutés par les Romains, les nom-
1 Vilr. X, 7 (2), la ; Brunn, Griech. Künstler, II, 382. — 2 Vitr. L. c. 13. _ 3 PIjn.
XXX VI, 62. —4 Vilr. L.c. 15. — 6 Plin. L. c. — 6 Paul. Sil. II, 213. — 7 Strab. XIV !
p. 058 . — « z?ii/. III Reg. V , 12 ; Joseph. Ant. jud. VIII, 2-9. — 9 Slat. Silo. I, 519.
(.arrière inconnue. On n’a signalé jusqu'à présent dans celte région qu'un calcaire
commun : Renan, Mission de Phénicie, p. 97, 321, 342, 003, 832 à 825. _ 10 Ch. Tis¬
sot, Géogr. comparée de la province romaine d'Afrique , I, p. 201 . — tl Cal ap
Fest. p. 242-17. - 12 Plin. XXXVI, 49. - 13 Suet. Caes. 85. Voir encore Hor.
Carm. Il, 18, 4; Senec. Ep. 80,0; 115,8; Plin. V,22; Mari. VIII, 55, 8; IX, 5,
8; Stat. Silo. I, 5, 30; II, 2, 92. - H Juv. VII, 182; Luc. Hipp. 0. — 15 Bruzza,’
p. 150. - 10 Marm. Uxon. 21 ; Reines, cl. II, 08. — 17 paus. I, 18,9. — 18 Bruzza,’
L. c. — 1» Capitol. Gord, très, 32, 2. — 20 Vopisc. Tac. 10, 5. — 21 pau], gil II
218. Voir encore Isid. Orig. XVI, 5, 10; Solin. 20; Sid. Apoll. Ep. 11,2; Carm’.
' ’ 3; : XXII< 138 ; Grce- Ni*- P- 653 II, 056 C, Migne; Prud. in Symm. II, 247 ; C. i
gr. Il, 3148. - 22 C. lat. VIII, 10589, Suppl. 14551, 14552, 14561 à 14000
(années 107 ap. J.-C. et s.); Ch. Tissot, Op. cit. I, p. 201 ; Cagnat, Archives des mis -
s, ans scient, et lut. 3* série, XI (1885), p. loi ; Héron de Villefosse, C. R. de l'Acad
tr’-'J ’feS le‘lres’ ,8S8’ P- 303; Toulain, Mélanges de l'École de Rome,
’ P' . ^■Jranç.pourl avan, des sciences, C. R. de la 25' session (Car-
t'iîm ""îà. ,9-! > Monceau», Bull. de laSoc. des Antiquaires de France,
1.0 , p. 3-5. Mart. M, 42, 13; Stal. Silv. I, 2, 148; IV, 2, 27; Poil. VII
100; Sid. Apoll. XI, 17; Prud. in Symm. Il, 240. - 24 J. Tezier, Bull’, de là Soc.
éoloy. de Avance, IV, p. 100; Fournel, Richesse minérale de l'Algérie, I, p. 34
MAR
breuses inscriptions tracées par l’admini i
riale sur les blocs laissés en place nous permlf, '°n iniPé‘
sidérer cette identification comme certaine» , ldecon-
ont quelquefois parlé aussi des marbres anciens
« libyques » ou «puniques.; tout poi Y™
ne sont pas distincts du marbre de Chemtou » qU ’ î
SxôSoppiov axpov (cap de Garde), au nord-es't d’n
Regms (Boue). - Marbre blanc veiné de vri p, Ppo
carrières qui datent de l’occupation romaine n
JJjcbd Felfcla , à l’ouest de Bône. — n
grain fin « d'une beauté remarquable »,
statuaire. « A en juger par l’importance des exe vu' “
les carrières ont dû fournir des blocs énormes pT’
offrent tous les indices d’une longue exploitation» ,
Aïn-Smara, près de Sigus, un peu au sud de'ciJ
(Constant i ne) **. - On y a découvert sept ..arrière!
antiques. Elles offrent trois variétés différentes : un nnr-
bre d’un rouge vif, à zones concentriques multicolores!
un autre du même rouge, mais bréchiforme; enfin J
onyx jaune blond [alabaster] 27.
Italie. — Sicile. Tauromenium (Taormina). — Variété
incertaine28.
Ëtrurie. Lima , près de Carrare. — Marbre blanc d’un
grain fin, qui compte parmi les plus purs et les plus
brillants. LesÉtrusques l’ont connu, mais ils .nosemblent
pas en avoir fait grand usage29. Il fut introduit à Rome
par Mamurra, vers l’an 48 av. J.-C. 30 ; il n'y a donc paru ]
qu’après certains marbres de Grèce ou d’Afrique. Auguste
fit construire le temple d’Apollon Palatin en blocs massifs
de Luna31. Dès lors ce marbre devint l’objet d’un trafic
important3-; on l’embarquait à Luna même sur des
bateaux qui l’amenaientà Rome par la mer et par le Tibre
tout comme les marbres d’Orient33. Déjà au icr siècle
on l'expédiait dans d’autres villes que Rome, et même
en Gaule34. La plus grande partie des sculptures
italiennes d’époque romaine, que l’on conserve dans nos
musées sont en marbre de Luna33. Il faut le considérer
comme identique au marbre dit de Ligurie, Luna sel
trouvant tout à fait à la limite de cette contrée 30.
Il y avait à Luna une autre carrière, d’où l’on extrayait
un marbre veiné de couleur verdâtre. Nous n’en savons
rien de plus 37.
Pisae (Pise). — Marbre blanc, un peu inférieur à celui
de Luna, mais non sans valeur, que l’on exploite encore
aujourd’hui ; les Étrusques y ont taillé des urnes tune-,
raires, des sarcophages, etc. 38
Ch. Tissot, Op. cit. I, p. 201 ; Pouyanne, Richesses minérales de lAlyéi ii J8 j I
— 25 Ch. Tissol, Op. cit. I, p. 200. — 20 Sur cette localité, voir Covp. mser. J
VIII, G033 à 0040. — 27 Le Blant, C. r. de l'Acad. des inscr. et belles ^
1894, p. 345; Gsell, Mélanges de. l'École de Rome, 1895, p. 339. ■
riére d’onyx a élé retrouvée récemment dans la Maurétanie Césarienne a 111 ^ i
sur la route de Portus Divin! (Oran) à Pomarium (Tlemcen), uu Moi , ; j| j
1895 par M. d’Aulerroches, sc voit au Musée du Louvre dans la saU: y UL ;0| ! .-n L,
porte une inscription latine en lettres cursives, encore indéchiffui . .
Bull, de la Soc. des Antiq. de France, 1890, p. 284; cf. La Llan 221!;
dé Oran, p. 10. — 28 Atlien. V, p. 207 F. — 29 Müller, Die Etius . h ^ ^ jj
Deunis-Meissner, Stüdte u. Begrâbn. Etruriens , p. 411, Blünincr,
— 30 plin. XXXVI, 14, 49, 135. — 3i Serv. ad Virg. Aen. VIII, ^ ',/ Bn|M)
IV, 2, 29; Juv. III, 257; Sil. liai. VIII, 480. - 33 Strab. V, P; ,'^corc C. >>«4
Fontes juris romani Ç (1893), p. 275. — 33 Bliimner, L. c. 4 °ii el ' (au«sc
lat. VI, 8484, 8485 ; X, 6337 ; XI, 1350 (ans 16-22 ap. J.-C.), 6723. v^,„0r.
à rejeter, VI falsae, 4288*. — 3ii Juv. III, 257 ; Quintino, Deiniamu jgo et -l'K*
délia R. Accad. di Torino, XXVII, p. 211; Bruzza, Annah, [[(1884),
marmi Lunesi, Dissert, délia pontif. Accad. rom. di archeol. st T' P, 227.
p. 389-448. — 37 Strab. V, p. 222. — 38 Strab. V, p. 223 ; Mü_ r’ inachevées «vec
Dans l'ile de Capri (Campanie), deux colonnes de marine iou0 ■ l.aliuCi
1 • /’ • / Y r.ariK Maraues diverses *lal
marques, provenance incertaine: G. ?. G a, o»un.
11U\ XIV, -131 à 2133, 2G70, 2974, 3030.
MAR
— 1005 —
MAR
tirer
« Aujourd’hui, dit Pline, on taille les Alpes
mille espèces de marbres1. » Il y a là
Gaule-
I P0111' une hyperbole ; mais de ces nombreuses
|Cerl''u'"l(|oiit le versant de la Gaule transalpine ne four-
|V:I"' M ins doute qu’une partie, aucune ne nous est
nh 'iM. le sujet a été jusqu’ici peu étudié par les
I archéologues J.
' I marbre noir de la Gaule, mentionné dans un texte 3,
I enail peut-être de l’Aquitaine, comme d’autres qui
ornaient vers la ün du ve siècle une église de Lyon
| ,écrite par Sidoine Apollinaire4. On a relevé dans les
Pyrénées les traces de plusieurs exploitations antiques 5 :
Saint-Béat (Haute-Garonne). — Marbre blanc, bon
pour la statuaire, qui se rapproche des marbres de Paros
et de Lima. Les carrières, largement mises à profit parles
plus grands sculpteurs modernes, ont fourni dans l’anti¬
quité la matière d'un très grand nombre de monuments,
stèles votives, statues, bas-reliefs, etc., qui remplissent
les musées du Sud-Ouest, depuis Toulouse jusqu’à
Poitiers. On a calculé que les marbriers gallo-romains
auraient extrait de la seule carrière de la Penne-Saint-
Martin « près de G 000 mètres cubes de marbre, dont les
blocs ne doivent pas avoir beaucoup perdu, grâce à la
régularité de l'exploitation. La tranchée a -40 mètres de
hauteur maximum, sur 20 mètres de profondeur et
12 mètres de largeur. Elle ressemble exactement au vide
d’une tour carrée, dont un des murs latérauxseraitécroulé
et laisserait voiries parois dénudées de l’intérieur6. »
Marignac , à 2 kilomètresde Saint-Béat. — Brèche àfond
jaune avec des marbrures blanches ou rousses1. Une
inscription trouvée à Marignac nous fait connaître deux
personnages, qui les premiers y avaient taillé des
colonnes monolithes de vingt pieds de haut, et les
avaient exportées; ce document doit dater à peu près du
mp siècle8.
Barousse (Hautes-Pyrénées) . — Marbre blanc, dur, pré¬
sentant des analogies avec le Luna, mais d’un travail
difficile9.
Espagne. — Les principaux gîtes se rencontrent au
sud de la péninsule ibérique, dans la Sierra Morena et la
ueira Nevada. L’Andalousie, l’Estramadure (Espagne),
Aeiniijo, Estremoz (Portugal), possèdent plusieurs
ranierus importantes, signalées par les minéralogistes
m° UnRsl°- N est probable qu’elles furent mises en
ftédonn’' ^ uY'. " " P'U ^hlcau général des marbres des Alpes françaises a
fc Franc? "i ' '*Ca' ^ ^lury’ ^ aPP°>'t sur l'état actuel des carrières de marbre
'sqoissc du su "l'^U !^tS m!ne*> VIII (1823), d'où Clarac, Op.cit. I, p. 184, a tiré une
Posit. univers'1 V ■>*. ' l e^ris Par Colosse, Matériaux de construction de VEx-
221.- t sy'"1 Voir encore Bull, monum. 1840, p. 337. — 3 Paul. Sil. Il,
Pyrénées »• j,| j)0^1 U. 10. — B Ch.-L. Frossard, Mém. sur les marbres des
tresTolosane ,/ é*' 'S’ 1836 ’ c^‘ Joulin, Les établissements gallo-romains de Mar-
— c Frossard' > P"sentes “ l'Acad. des inscr. et belles-lettres, XI, I (1901).
Frossard * Y V Cf' 'asseiu' et Garez, Carte gêol. de France (1885-80).
|“î. Des morcca ' " 8 ’• L XIII, 38 ; Joulin, Z. c. — 9 Frossard, p. 15,
1,0 tU , on l été Iroiu aul 'U'^s en marbre de Campai) (Hautes-Pyrénées), Frossard, p. -29,
““Us beaucoup | S ! "IS 'a ®ar^10’ Bull, monum. 1837, p. 33S. D'autres rapproche-
F,r Frossard, ,, \ " (°n|eu\ sont indiqués par Bunsen, Corsi, Pullen, etc. et aussi
^tollifères, Paris' ! ' 111 I‘ nclis et Dclaunay, Traité des gîtes minéraux et
l6'37. — p p||n ' X h P- 543 ; cf. la Carte géol. internat, de l’Europe, feuilles
i'°ii p. ’ 111 ’ XXXIII, 07-08. — 12 Fischer ap. Kirchlioff, Unser Wissen
',J|t Ssr.ô, Suml T\m3’ * ' I1- V 1 2-7 13. Sur celle localité, cf. C. i. I. II,
U 1132; cf. |a Cart "T 13 *■ L 'C43, — H Ibid. 1 131 et Ilübncr, ad h.
*(2l; à Villavicin .r? °l' *ntcrn,lL Z. c. Marbriers à Cadix, Corp. inscr. lat. Il,
J’ 14h Sur colle i 0l.lu®ab> ; fabri subidiani à Cordouo, 2211. — IB Plin.
vlUe- Kaipir, ,)e °Ca ,lé’ cf- C- «• I- Hl, 2075' à 2705. — 10 Plin. XXXII, 79;
' X'L 158. — i, p . tcam ■ XIII, p. 97 ; Diosc. De mat. med. V, 103 ; cf. Plin.
n,XXllI,45;Ge “UmnX|I, ^'*n-XXXiI, 79. — 18 Coluin. L. c. ; Plin. XIV,
I, " '"nnuori/,ils V L 18. — Bibliographie. Blas. Caryophilus, De anti-
urg, 1776 ; Mongoz ,1, 1 1+3 ’ FerI)er> Lettres minéralogiques sur l’Italie , Slras-
Im C t,onn- de l antiquité, de V Encyclopédie, arl. Marbre (1
Vl
790);
valeur par les Phéniciens et les Romains et que Pline a
spécialement en vue ces différentes parties de l'ancienne
Bétique lorsqu'il parle, sans préciser davantage, des
carrières d’Espagne11. Nous connaissons les suivantes :
Albanches , sur le versant nord de la Sierra Filabres,
en Andalousie 12.
Pagus marmorarius (Alinaden de la Plata , dans la
Sierra Morena, à l’ouest de Cordoue. — Carrières où l'on
travaille encore aujourd’hui 13.
Italien (Santiponce), près Séville. — Des carrières im¬
périales devaienL se trouver à peu de distance, car une
inscription d’Italica mentionne un poste (statio) de
scieurs de marbre, esclaves ou affranchis de l’empereur u.
Dalmatie. — Carrières à Tragurium (Trau, /Autriche),
sur le bord de l’Adriatique16.
Le marbre jouait un certain rôle dans la pharmacie
antique; on lui attribuait, comme à beaucoup d’autres
minéraux [gemma, lapides], des vertus curatives; réduit
en poudre, il entrait dans diverses compositions; ainsi
on le mêlait à de la cendre de poisson calciné pour en
former une pâte, que l’on croyait propre à guérir le mal
de dents 1C.
On se servait de la poudre de marbre [fias ou farina
marmoris)1 7 , comme on le pratique encore aujourd’hui
dans le Midi, pour clarifier le moût, avec lequel on faisait
le vin cuit appelé defrutum [vinum] 18. G. Lafaye.
MARMORARIUS1, marbrier. — Les mots grecs tj.af.ua-
pâpiGç2, [j.apjj-apciupydç 3, (jtapjjuxpoTroiôç4', sont rares et de
basse époque ; comme le marbre a longtemps été appelé
Atôoç [marmor], l’ouvrier qui le travaillait était rangé au
nombre des ktOoupYot ou Xtôoljôot5. Les Romains ont
marqué plus nettement la distinction : le lapidarius
façonne la pierre de taille [lapidarius] ; la tâche du mar¬
morarius est d’un ordre plus relevé : c’est un ouvrier
décorateur; il débite le marbre et le polit; s’il faut en
faire des placages, il l’ajuste sur les murs; il fabrique
des stèles, des piédestaux, des balustrades, des autels,
des candélabres, des sièges, des tables, des fontaines, des
baignoires, etc.; il les orne de moulures et de sujets6.
L’édit de Dioclétien fixe le salaire du lapidarius à
50 deniers (1 fr. 85) par jour, plus la nourriture; le mar¬
morarius doit en recevoir GO (2 fr. 20) ;. D’autre part, le
marbrier ne doit pas être mis sur le même pied que le
sculpteur [sculptor], mais il peut en certains cas s'en
Uggieri, Edifices antiques de Home, I, III, Matériaux dont se servaient les anciens,
Rome, 1800; Hirt, dans Bottigcr, Amalthea, 1820, I, p. 225; Plalner-Bunsen,
Beschreih. der Sladt Bom (1829), I, p. 335; Faustino Gorsi, Dette pietre antiche
(2° éd. 1833); O. Millier, ffandbucli der Arcfuïol. (1833), §§ 268 et 309, 1 ;-de
Clarac, Musée de sculpture antique et moderne, l (1841), p. 165; Belli, Calalogo
délia collezione di pietre usate d. antichi per costruire ed adornare le loro
fabbrxche, Roma, 1842; Krausc, arl. marmor, dans Pauly, Beat Encycl. d. Altertli.
Wissensch. 1846; von Rcinnont, Bôm. Briefe, Leipzig, 1840, I, 65; Geschichte d.
Stadt Bom , I, p. 335-354 (1867) ; Barbier de Monfault, Tableau raisonné des pierres
et marbres antiques employés à la construction et décoration des monuments de
Rome, Ballet, monumental , XXXV (1869), p. 837 ; Brnzza, Iscrizioni dei mariai
grezzi, Annali d. lstituto archeolog. di Borna, 1870, p. 106; H, Bliimncr, Techno¬
logie und Terminologie der Gewerbe and Kilnste bei Grieclien und Bômem 111,
1884, p. 26; G. Richard Lepsius, Griecli. Mannorstudien, Abhamll. d. Alcad. d.
Wissensch. zu Berlin, 1890; Marquardt-Mau, Vie privée des Domains, Irad. Henry
II (1893), p. 263 ; H .GW. Pullen, Hundbook of ancient Roman marbles, Londres,
1894; Sittl, Arcbaeologic der Kunst, Munich, 1895, p. 290 el 712 ; H. S. Washington,
The identification of tlie marbles used in greek sculpture, dans American Journa
of Archaeology, 2e série, I. H, 1898, p. 1-18.
MARMORARIUS. 1 Vilruv. VI, G ; Son. Ep. LXXXYI1I, 18;XC, 15;Co</. Theod.
XIII, 4, 2.-2 Corp. inscr. gr. 1107. — 3 Tzelz. Chil. IX, 131. — 4 Strab. X, 487 ;
Gloss, gr. lat. s. r. — 6 Sur cette terminologie, voir Blümner, Technolog. d. Gewerbe
u. Kilnste b. 1 1. Gr. u. Bôm. III, p. 3. — 6 r les divers ouvrages du marbrier, voir
les exemples réunis dans Marquardt-Mau, Vie privée des Bom. Irad. Henry, I. II,
p. 273, elles articles ara, bai.nki m, cancelli, caxdei.ahuvm, ross, i.abrom, beu.a,
tabula, etc. — 7 Ed. Dioclet. éd. Blümner, VII, 5; ef. Corp. inscr. lat. XII, 3070.
202
MAR
— 11)01) —
rapprocher beaucoup. Nos musées renferment de beaux
objets en marbre, ayant servi à des usages domestiques,
qui sont sortis des mains de ces praticiens; comme il
arrive encore dans les contrées méridionales, ils
déployaient souvent plus de goût, d'invention et d'habi¬
leté qu’on n'en attendrait de simples artisans voués à un
art industriel, et la ligne de démarcation qui les séparait
du sculpteur était souvent franchie. Pour les Grecs,
Phidias était aussi un XtQoupy&i;* 1 1 0,1 conçoit, à plus forte
raison, que la différence se soit effacée encore davantage
quand il n’y a plus eu de Phidias ni de Praxitèle2.
Pans 1 antiquité, comme de nos jours, les marbriers
tiraientune bonne par¬
tie de leurs ressources
de la décoration des
sépultures. Ils se char¬
geaient de graver les
inscriptions, et surtout
les épitaphes, comme
en fait foi une enseigne
trouvée à Rome (fi g.
4835). Pour attirer l’at¬
tention des passants, le
marbrier a mis en tête
le D(îs) M (anibus), la
formule ordinaire par
laquelle débutent les
épitaphes; on lit au-
IÎTVIOSSCRÏ
îrcnm
ri:
ARIOPVMVI
F RÏIH IC HA, '
LbTe $
Fig. 4835. — Enseigne de marbrier.
dessous :« titulos scri-
bendos , vel si quid
o pé ris mai"jnor\ari{i) opus fuerit , hic habes. Gravure
d inscriptions, travaux de marbrerie en tout genre 3 ».
Parfois le mar¬
brier signait
son ouvrage,
comme on le
voit sur des mo¬
numents con¬
servés jusqu’à
nos jours 4 *.
Nous possé -
dons aussi le
cippe funéraire
d’un marbrier
de Regium Le-
pidi (Reggio ,
Emilie) qui se
distingue par
la richesse des
ornements dont
il estchargé; la
famille et peut-
être les ou¬
vriers du dé¬
digne de lui ; ils
Fig. 4836. — Marbrier.
font ont tenu à lui élever un tombeau
1 ArisloL Et b. Nicom. \ I, 7, p. M41 a, 10. — 2 Définition du marmorarius, voir
U. J afin, W andgem.d. Columbarium in il. Villa Panfili, Munich, 1857p. C ;=Abhand
d. Bayer. Akad. d. W, philos. Cl ., VIII, B. II, p. 231; Ber. d. süchs. Ges. d. Wiss.
plulol. Classe , 1861, p. 298. — 3 Cagnat, Cours d'épigr. lut. 3» éd. (1898), page de
l'Ire = C. 1. I. VI, 9550. Aulre enseigne, Ibid. X, 7296. — 4 C. i. I. II, 3222 ; III,
287 ; V, 7070; VIII, 2482; XII, 944, 33; Annal, d. Islit. di Borna, 1808, pF 137.
“ J ■ '• ' Xl’ 901 ■ Bas-relief inédit, à la villa Saint-Maurice, près Keggio.
- i- Uas-relicf au Musée du Vatican, 0. Jafin, Ber. d. Sachs. Ges., I. c., pl. vi, 3 ;Blii-
nmer, Op. al. III, p. 219, fig. 27; cf. p. 217-220. — 7 C. i. I. Il, 133 — 8 Ibid VI
6318, 8893,9102. - 9 /ê. X, 1549; cf. Hor. Carm. Il, 18, 17. - 10 lb. XII, 307û!
MAR
ont représenté divers animaux, un groum. i
sonnages, et plus bas les outils de lu „ 7 deux P^r-
niveau, une équerre et un fil ù n]m T*’ OSsi0n : un
maillets6. Enfin on connaît toute une S<sri ' T* dp"x
ments qui nous montrent ces artisans à V !.. m°nu'
verra quelques-uns à l’article sculptura Cel'' ' ^ ’ °n °n
duitla figure 4836 représente un marbrier' •
vaillant en présence d’une dame, qui, à en
coiffure, doit avoir vécu vers le temps des 11 **
l’ouvrier, tenant de la main gauche un ciseauT^
droite un marteau, termine un médaillon IclùiZ ,
femme, semblable à ceux qui ornent le devan i '
sarcophages0. 1 ^es
Les grandes maisons avaient des marbriers parmi le
esclaves, comme elles avaient des ouvriers de tout aut '
genre, travaillant pour le compte du maître, soit qu’ü Z
employât à ses propres constructions, soit qu’il vendit
les produits de leur industrie ou qu’il louât leurs bras7
Naturellement les empereurs disposaient toujours de
leurs marbriers particuliers, esclaves ou affranchis
aussi bien dans les provinces qu’à Rome, pour les besoins
de leurs palais et de leurs luxueuses bâtisses; nous en
connaissons quelques-uns8. Il y avait des entrepreneurs
qui se chargeaient, après avoir soumissionné, de tous
les travaux de marbrerie à exécuter dans un édifice: tel
un redemptor marmorarius , que mentionne une inscrip¬
tion de Naples9 ; tel encore probablement un personnage
qui avait fourni les pierres et le marbre d’une basilique
de Nîmes : exact or o péris basilicae marmorari(i) et
lapidari(i)i0. Les marbriers11 formaient des corpora¬
tions dans les villes où ils étaient assez nombreux pour
en avoir les éléments12.
Une inscription nous a fait connaître un marmorarius
subaedianus 13. D’autre part, on en a trouvé plusieurs qui
mentionnent des subaediani ou des fabri subaediani'^
Mais nous sommes hors d’état de définir le sens de ce
mot, et rien ne nous garantitque tous les fabri subaediani
fussent des marbriers. L’opinion la plus vraisemblable
est encore que ces ouvriers exécutaient les travaux
nécessaires à l’aménagement intérieur du bâtiment, par,
opposition avec ceux qui travaillaient en plein air, comme
les maçons et les charpentiers ; le marbrier subaedianus
serait donc particulièrement celui qui fabriquait et
posait les placages de marbre pour la décoration des
appartements; par cette spécialité, il se serait distingue
notamment du marbrier qui sculptait les monuments
funèbres. Il y avait des subaediani dans les provinces!
comme à Rome; en certains endroits, ils étaient consti I
tués en corporations16. Georges Lafaye.
MARRA. — Instrument d’agriculture et de jardinage,
servant à enlever du sol les herbes et les racines mu j
sibles, sarcloir. Pline1 dit qu’on l’emploie pour net In) pr
la luzerne lorsqu’elle a trois ans, alors qu’on ne peut p l|s,
en arrachant les plantes qui l’étouffent, dt*li un* • ■ ^
racines, qui ont poussé profondément. D’après Co »ni<
ou" y J fi 18 I b * j
- H Voir oncore Ib. II, 1043, 1131, 1132, 1724; VI, 9551 à 95w ; ^ VI,
3985, 7039; XIII, 916; XIV, 3560. - 12 Ibid. V, 7044; VI, 935°' .'x|| U1U.
7814. — H/6. Il, 2211; VI, 9558, 9559; VIII, 10 523; cf. 3743; X,» • . ’ j5;
— H Ibid. L. c. Voir, sur celle question, Bail. d. Istit. di <,.pengescli.
Bull. d. commiss. municip. di Borna, 1877, p. 255-258; Friodlan< ci ^ ut
Bonis, III», p. 23G ; Marquardt-Mau, Vie privée des Boni (lins, 1 a' gur ks ,
p. 273, n. 4; 381, n. 4; Blümner, Technol. Ilf, P- 185; «f- Wal'I^ü
corporations professionnelles chez les Romains, Louvain, I®93 'latis eradere
MARRA, l ffist. nat. VIII, 43, 3.-2 Col. X, v. 72 ; “ Pem
viseera marris » ; cf. Ibid. 89.
MAR
1007 —
MAR
rapproche la marra du sarculum.
• d’un outil à fortes dents 2, comme notre
i r| large et avoir des dents entrant assez avant
dans la terre. Juvénal 1
h syril donc
11 9 . ajn) ct non du sarcloir en forme de ratissoire,
‘1°l" ' S(J sei,( aussi actuellement et à laquelle on a
dont on • • «
aYé de l’assimiler, h. éaglio.
I cs — Dieu qui préside à la guerre, un des
Lands dieux du panthéon gréco-italique.
I g \iiiis chez LES Grecs. — Caractère et légendes. —
( Son type est fixé dès l’époque homérique et marqué en
I traits" nets et forts. Le caractère qu’IIomère et les poètes
suivants lui attribuent n’offre pas la complexité de
( uelqiies grandes divinités helléniques, comme Apollon
ou Dionysos, et sa légende se réduit à quelques mythes
sommaires et rares. La tradition commune fait de lui le
(j|s je zeus et d’IIéra 1 ; il est ainsi frère d’Hébé et d’Ili-
tlivia; quelquefois aussi on lui donne Enyo pour mère2.
C'est le dieu guerrier par excellence, et son nom est sou¬
vent pris comme synonyme de la guerre elle même 3. Il a
péquipement des héros de l’épopée ; il a leur démarche
et il combat comme eux, mais avec une violence qui
^appartient qu’à lui. Revêtu d’une armure d’airain
xso;)4, la tête couverte du casque étincelant, à la cri¬
nière ondoyante (^puaeoirqXvi?, xopuôtxï!;, xopuôat'oXoç) B, il
brandit la lance (èyy_é<ntaXoç, ptvoTÔpoç) 6, et son bras est
armé du bouclier de cuir (taXaupivo;) 1 . D’ordinaire, il
combat à pied, brisant les chars, renversant les mu¬
railles (pfKjàpgaTOî, Tsi/effi7tX-qTY|î) 8 ; mais on le voit aussi
monte sur un char attelé de deux ou quatre chevaux ma¬
gnifiques que l'épopée a célébrés A Au physique, les
épithètes qui lui sont appliquées indiquent une stature
colossale 1 7rsX.tôptoç) 1 0 , la vigueur (oêpigo;, xap-rspoystp) H,
la rapidité impétueuse (Oooç, Ocupo;, ôçuç) 12. 11 s’élance au
combat emporté par une vraie folie belliqueuse (gatvo-
,u.evo;i 1 ', les yeux égarés u, poussant une clameur énorme
(fiprqjtuo;) ls, altéré de sang et de carnage (gtocttpdvoi;,
ppoToXoïydç) "1, insatiable dans sa fureur rroç TroXégoio ) IT,
indifférent d’ailleurs à la justice et ne reconnaissant
aucune loi18. Dans X Iliade , on le trouve du côté
des Troyens, bien qu’il eût promis à liera et à Athéna
de seconder les Achéens19. Sa frénésie guerrière le
rend odieux à Zeus lui-même, et parfois on le trouve
en lutte contre sa propre mère 20 : c’est le plus détesté
des immortels21.
Arès est fréquemment désigné sous le vocable
d ’EvuxXto;. Déjà dans l’ Iliade ce nom est employé
couramment, soit comme une épithète, soit même
comme un équivalent d’^Ap-qç 22. On a cherché l’ori¬
gine de cette appellation soit dans le nom de la déesse
Enyo, qui est associée à la légende d’Arès 23, soit dans
le cri de guerre àXaXq, àXaXâ, que poussaient les guer¬
riers en allant au combat 2 *. Nous trouvons cette épi¬
thète jointe au nom d’Arès dans les actes officiels
d’un certain nombre de villes: ainsi à Ilermione 2|
et à Athènes, ou le serment des éphèbes invoque le
dieu sous ce double vocable 26. En d’autres cités, c’est
décidément Enyalios qui est le nom officiel de la divi¬
nité, à l’exclusion de celui d’Arès : ainsi à Sparte21,
à Mégare 28, à Salamine 29, à Érythrae où nous trou¬
vons mentionné un prêtre d’Envo et d’Enyaliôs *°. C’est
seulement à une époque tardive, à ce qu'il semble,
que quelques auteurs ont considéré Enyalios comme
une personnalité distincte d'Arès et ont fait parfois
de lui son fils 31 .
Autour d'Arès gravitent un certain nombre de divi¬
nités secondaires, qui personnifient comme lui la
guerre et l’épouvante : telle est Enyo, l’analogue de
la Bellone des Romains 32, et dont on fit plus tard la
mère, la nourrice ou la fille d’Arès33 ; telle encore
Eris, déesse de la Discorde, sœur et compagne du
dieu31; tels ses fils Deimos et Phobos, la Crainte et
l’Épouvante, qui attellent son char et l’accompagnent au
'O V\, IGG. 2 En fer : Ilcsycli. ixot^ov * mSigçoiïv.
MAlis. *//. V, 806; Hes. Theog. 921 sqq. ; Seliol. ad Aescli. Suppl. 823 ; Apollod
1 1 ’’ Wagner). Sur la tradition rapportée par Ovide seul, Fast. V, 251 sqq
laquelle Junou est fécondée par une fleur, sans l’intervention de Jupiter, voi
iOiioPéiici, Mon. de la Soc. des Antiq. de France , 1850, p. 105 et s. = Œuvres
' ’ **' * reller-Robert, Griech. Myth. I, p. 336, n. I ; Preller- Jordan, Roem
341,n*3; üsener» Mein. Mus. XXX, 216; Tümpel, in Pauly-Wissowa’
EUmC*1 S V' ^ ’ 652’ X’ 5* ~ 2 Scho1* 11 * V’ 333 î Corn. NaL Deor’ 21
Sa^ l 2. — 3 Le sens étymologique d’"Apy;ç (forme éolienne "Apeu;
cs|,iiir ' ,jG’ 91 ’ ^lcaeus, fr. 124, Bergk ; Ilerodian. II, p. 639 sq. éd. Lentz
des cl 11 1 C°mme CC^U* du nom de *a P^uPar^ des divinités. On trouvera la lisli
^XXlli TT ^r°l)0S^es Par *cs anc*Dns à l’art, cité de la Real Encycl. 660
WJ ■ , *n Lexikon , I, 478, se rallierait à l'une des deux étymo
ou (je Cornutus, L. c. : A ?r,ç dériverait de apw, af?w, tollere , tuer
jv?!. | rn a a»ssi rapproché le. sanscrit am, ennemi, et le gre<
Myth | 33? Cl* ^emer^un9e)h P- 45, etc.; cf. encore Preller-Robert, Griech
Spracheinheù «iu Gnindz^e rf* Or- Et'Jm- 5‘ éd* P- 540 î *ick
^"Asi-o* \ • * • A ce même nom d’’'Apr(; se rattachent peut-être les surnoms
28, 5; \\ 80,1 ^ attrihués à Zeus : Paus. V, 14, 5, et à Athéna : Paus. I
lu . ' 1 1 CorP- inscr- au. II, 332, 53; Corp. inter, gr. 3137, 4393. Le;
Ikér
"a
t*°s, dans 17/' / . . 41* 00 ’ ruser, yr. 010/, vôvô. l
A- r ( ' porlent fréquemment les épithètes d’àpqtoi, àp>i?©iXot, àpr.t'Oo
II. II,
Nombreuse
'•“HVlOl At • -
111)330' V *»7r vu! n,eupent celles d àorjtçaToi ou d'àpvitxTâ^evoi :
s»'“ le« locutions o i.f' X’’ 8°° ; XV’ 315 ; XIX’ 31 ; XX“' 72’ etc - -
4,11 ; vll, 147 • 0I , personnifie la guerre elle-même, comme puuXo? vApyjo;,
Par désigner to 00111 age guerrier, XVII, 21 0 7 X Vif 1 , 264. Le même nom a li
v, 704, S59 ",C m°fvviolente : Sopl,. A j. 234; Oed. R. 190. - 4 Par exemj
Nom. Vil’ | ,‘j. C- XX11’ 132- — 6 XV, 005 ; XXI, 392. — ^ V, 289. — 8 Ryi
' ZZe/c. 441 ; 11. V, 31, 455; cf. Stesich. fr 1
Quiniu .,| s erc- 441
'4| S,1M il- ' 'CUl <4onne lcs noms de Phobos, Ailhon, Phlogios, Konabos
*«L ion ,r,i°ntDfllS de Bor6e ct H’Erinys ; cf. 11. V, 330 sqq. ; XV, 119 sqq
~ /f. VII, 208 ()’ , P'Jth ' 1V’ 8D Virg. Georg. III, 90; A en. VIII, 43
plclbres de terrain f 4omBe blessé par Alhéna, il couvre de son corps se]
V> «0; XXI, 40(1 _ ,3 V,407' ~ 11 V’ 843 ; XI1I> 521 ; Hymn. Hom. VII, 3. - 12 /
P?^oXoiy0jï "a. . >.ot ^3^ » 605. — 14- VIII, 349: ropYÔoç oixpccc? * î/uy
•«Sifort
Arislar,
que „cur 0|, ,.’Ue.1“ait : 'W. - 18 XIII, 521 ; cf. V, 859 sqq. : il cr
Ulx 'pblo guerriers ensemble. — IG V, 31, 840; XXI, 4
421 ; cf. Stesich. fr. 1 : — 17 V, 388, 803; VI, 203. — 1» V, 701 ; à;f„K...
o'î oûtivk oiS, 0£|riffTa. — 19 V, 832-834. C’est pourquoi Athéna lui donne 1 cpilhétc
d’4>.XoTîpô(ra>./.o( : Ibid. 831 ; cf. 889. — 20 V, 890 ; cf. Ibid. 757 sqq. — 21 Soph.
Oed. R. 215 : xô-, i^oxi^ov iv OeoT; 6e<!v. Cf. pour la caractéristique de Mars, les épi¬
thètes réunies au début de l’hymne homérique à Arès (VU), et C. Bruchmann,
Epitheta deorum (1893), 30-43. — 22 //. XVII, 210 sq. Dans ce passage, W.iA..-
joue nettement le rôle d'un adjectif qualificatif : S: Si |*tv 'Afr,; _ 8i:*i;, iyjà).,o;.
Ailleurs il est employé comme substitut du nom; XXII, 131 sq. : ’A/aX-j; loo;
’Evja/.uo xoouSàtx, zoXE[xiffxîi *, cf. II, 512; XIU, 519; XV II, 211 ; XX, 09; Iles. Seul.
Rerc. 371. — 23 Sloll, in Rosctier's Lexikon. I, 479 ; cf. Ibid. s. r. Engalios.
— 24 Preller-Robert, Gr. Myth. I, p. 337 cl n. 7. T,r, ’EvuaXr,., àW/.i'uv, Xcn.
Anab. I, 8, 18; V, 2, 14; Hellen. Il, 4, 17 ; Cyrop. VII, 1, 20; Pollux, !, 103. Cel
usage est déjà connu du temps d'Homère : piXxtEdlat "Afv, II. Vil, 241 ; cf. "A? iu;
v9|xoç, Plut. De mus. 1141 C. Arès est aussi surnommé àXoïXàÏK,;, Cornut. 2t. Le cri
de guerre est lui-même personnifié : Pind. fr. 78 (Plut. De glor. Ath. 319 c ) : xiJtT
’AXaXà IIoXe'ixo'j OûyaxEj. — 24 C Ol'p. inscr. gr. 1221 ; ’.Uiu; ’Evoe«X,oj ; cf. Paus.
II, 35, 9. — ■ 2G Poil. VIII, 10G ; A;(sjXo;, 'Erysto; ’Ajv;, ZeO;, elc. A Athènes
encore, c'est à Enyalios et à Artémis Agrolcra que sacrifie le polémarquc : Poil.
Ibid. 91, et Aristot. Resp. Ath. 58, 1. Un prêtre d'Arès Enyalios, d’Emo et de Zeus
Géléon est mentionné Corp. inscr. ait. III, 2. — 27 Plut. Quaest. rom. lit.
p. 290 Ü; Paus. 111, 15, 7. — 28 Tliuc. IV, 07. — 29 Plut. Sol. 9; Toeppfer, Quaest.
Pisistr. Uorpat, 1880, p. 19 sqq. — 30 Rev. are h. 1877, 1, p. 109 = Ditteuberger,
Syll. inscr. gr. 2" éd. u. 000, 1. 34. — 31 Seliol. Aristoph. Pac. 457 ; tivèî “Aysc;
xctl ’Eviioixî xôv ’ExuâXiov, ’r. Se Kytivoj xa\ ’Péa;, ’AXx^iàva Si Xi-joumx ôxt (jlèv xb-j xjxsv
àe’yeiv, oxt Sx SiaigiTv ; Hesycll. : ’EvuâXio; ô ”Aort; r, ô xoûxou ulôî ; cf. Seliol. II. XVII
211. C’est sur une fausse lecture de Soph. Aj. 178 que se fonde le scoliaste pour
prétendre que le texle distingue deux divinités : G. Wolff ap. Gerhard, Dcnkm. u.
FotscIi. 1857, p. 104; Keil, Plutôt. XXIII, p. 219. D'après Arrien, fr.57 (Euslath. II.
073, 54) Enyalios aurait été un Thrace dont Arès s'est attribué le nom après l'avoir tué
— 32 11. V, 592. — 33 Schol. ad 11. V, 333 (elle y apparaît en compagnie d' Athéné,
Paus. IV, 30, 3); Cornut. 21; cf. (luiut. Smyrn. Il, 525; V, 29; VIII, 280, 425
Philostr. Imag. 2, 29. D'après Paus. I, 8, 5, les fils de Praxitèle avaient fait sa
statue pour le temple d’Arès à Athènes. Les Grecs identifièrent Enyo avec la déesse
Ma ou Anaïtis de Komana en Calaonic : Strab. XII, 533; cf Bull, de corr. hell.
VII (1883), p. 127 sq. — 3» II. IV, 440 sq.; V, 891. Voir Roschcr, Lexik. \.
S. B.
MAR
— 1608 —
MAR
combat'; enfin la troupe des génies cruels et sangui¬
naires qui se ruent au tumulte des batailles, comme
KuSotgoç et les k kh iis 2.
Ce puissant dieu de la guerre n’est pourtant pas
invincible. Sa faiblesse réside dans l’impétuosité inconsi¬
dérée avec laquelle il fonce sur ses adversaires; et ses
lils ont hérité de lui cette fougue aveugle qui les voue à
la défaite. Ce trait de caractère est souligné par le con¬
traste avec la déesse au Courage calme et réfléchi,
Athéné, que l’épopée met souvent en contact avec Arès,
tantôt elle le saisit par la main et le désarme pour l’em-
pêcher d’intervenir hors de propos entre les Troyens et
les Achéens3; tantôt elle entre en lutte indirectement
avec lui. monte sur le char de Diomède et guide la main
du héros qui blesse son redoutable ennemi4. Enfin, dans
le grand combat du XXIe chant qui met aux prises tout
1 Olympe, c'est Athéné qui se mesure avec Arès et l’abat
d’un coup de pierre 3. La légende épique a également rap¬
porté plusieurs combats singuliers enlre Arès et le héros
ami d Athéné, Héraclès; et d’ordinaire, c’est celui-ci qui
triomphe, grâce à la protection de la déesse. On connaît le
sujet du Bouclier d Hercule attribué à Hésiode : sur les
bords du golfe de Pagases, Héraclès attaque et tue Cycnos,
fils d’Arès ; le dieu veut venger son fils, mais il est blessé à
son tour par le héros, assisté d’Athéna [hercules, p. 105].
D’après une autre forme de la légende, Zeus aurait séparé
les combattants d'un coup de foudre6. Dans une autre
circonstance, devant Pylos, Arès est également blessé à la
cuisse par Héraclès et dépouillé par lui de ses armes'.
C’est encore une défaite du dieu qui forme un des
épisodes de la fable des Aloades [aloadae] : saisi par les
deux géants, Arès est enchaîné et maintenu dans sa pri¬
son pendant treize mois; il y eût péri, sans l’intervention
d’Hermès, averti par la marâtre des Aloades, Eériboia,
qui se prit de compassion pour le dieu8. Cette mésaven¬
ture se serait produite au moment où les deux frères
tentaient d’escalader l’Olympe en entassant le Pélion sur
LOssa. D'après une autre tradition, le prétexte de cet
attentat serait le meurtre d’Adonis, l’amant d’Aphrodite,
tué à la chasse par Arès, jaloux de son rival9. Une fois
délivré, le dieu s’enfuit à Naxos, où il se cacha dans la
(JlO^poêpCÔftÇ TTSTpOE.
Parmi les liaisons amoureuses que la légende attribue
à Arès, la plus célèbre est celle d’Aphrodite. Dans Y Iliade,
qui n’en fait pas une mention expresse, on rencontre
cependant plusieurs traits où se marque une tendresse
mutuelle. Tous deux sont du côté des Troyens. Quand
Aphrodite veut retirer du champ de bataille son fils Énée
* II. IV, 440 sq. ; XIII, 299; XV, 119; Hes. Seul, itère. 193; Aesch. Sept. 44
Dans une énumération de divinités que présente une inscription archaïque de
Sélinonle (RochI, Inscr. gr. antiq. n. 313 = //i«cr. Gr. Sic. et liai. n. 268 et
Ditlenbergcr, Syll. 2, n. 751) se lit le nom de 4>o8os, I. 2. Il pareil plausible d’y voir
un équivalent d'Arès lui-même; voir Dittcnbergcr, Ibid. n. 3. Sur un vase grec, on
voit Phobos conduire le char d'Arès : Furtwaengler, Uerl. Vasensamml. n. 1732.
Phobos représenté avec une tête de lion sur le coffre de Cvpsélos ; Paus. V 19 -> ■
il figurait aussi sur le bouclier d'Agamemnon ; Ibid. 19, 4. — 2 /l, XVIII, 535 sr[,( •
lies. Seul. Hère. 145 sqq. — 3 II. y, 30 sqq.; XV, 110-142. —4 V, 599-909!
— s XXI, 391-433. - 6 Apollod. Il, 5, 11 (= 114, éd. Wagner). Dans cette version,
le lieu de la scène est supposé différent; et c’est un second Cycnos, fils d’Arès et de
Pyréné, qui en est le héros: Hygin. F ah. 31. - 7 Hesiod. Scut. Hcrc. 359 sqq
- » 11. y, 385 sqq. ; Apollod. I, 7, 4, 4 (= 55, éd. Wagner). - 9 Schol. Townl. B Ad
Iliad. V, 3s. >. Sur le sens de cette légende, voir Prcller-Robert, Griech. Myth. I,
p. 103, n. 2; p. 104, n. 1 ; Roscher, Lexik. I, s. v. Aloaden-, Pauly-Wissowa, s. v!
Ares, 044, III, 4; cf. 11. -D. Miiller, Ares, p. 55 -, Mythol. I, p 183 _ 10 /; y
355 sqq. - n XXI, 416 sqq. _ 12 Qd. VIII, 266-360 ; ef. Quint. Smyrn XIV 47 sqq’
- 13 Hes. Theog. 937 et 975 (d’après Hésiode encore, v. 933 sq. c’est de là même
union que scraiept nés les deux fils d’Arès Deimos et Phobos) ; Aesch. Sept I «5.129 .
blessé par Diomède, et qu’elle est elle-mêm
la main par le héros, Arès lui offre son H fUteinl"à
gner l’Olympe D’autre part, c’est Aphrodifî0" -
assistance au dieu blessé par Athéna I flUl Prèle
des immortels ". V Odyssée a rendu
amours d’Arès et d’Aphrodite. Tout le ,no„c '7 les
quelle forme cet épisode est présenté au vil » ,S°Us
par l’aède Démodocos. D’après la donnée ado, ’ ’U’
P°èle, lléphaistos y est l’époux légitime d'Aph^ H
se rappelle comment, averti par Hëlins il ’ on
liai*,.,, adultère de la dée s,e avec Zl Æ"'
mailles fines et serrées où il saisit les coupables dan •
palais de Lemnos, l’hilarité des dieux qu'il , ' h0n
pour leur offrir en spectacle les amants enlacés » Y Tîl
dans ce joli récit, une simple anecdote imaginée m l
libre fantaisie du poète? On a pensé, et sans , !
raison, que le point de départ tout au moins * "
faille était dans la combinaison de deux traditions dis!
tinctes, qui font d’Aphrodite tantôt l’épouse légitimé
d Ares, tantôt celle d’Héphaistos. La première est attestée
par de nombreux textes, par le culte de différentes cités
qui adorent en commun Arès et Aphrodite, par les mo¬
numents figurés, qui montrent fréquemment les deux
divinités côte à côte et comme associées par un lien in¬
dissoluble. C’est à Thèbes que cette forme de la tradition
a ses plus fortes racines : le couple divin y a pour fille
Harmonia, l’épouse de Cadmos, par qui toute la descen¬
dance des Cadméones se réclame d’Arès comme ancêtre13.
D’autre part on a conjecturé que les immigrés thëbains qui
occupèrent Lemnos y trouvèrent un couple préexistant
d Aphrodite et d lléphaistos Il fallut dès lors expliquer
la double relation de la déesse avec ses deux époux; du
contact entre les deux mythes serait née, par un compro¬
mis, 1 anecdote telle que nous la trouvons dans le chant
de Démodocos, et où lléphaistos joue le rôle de mari
trompé16. Outre Thèbes, on a encore des indices sur
l’union d’Arès et d’Aphrodite dans le culte à Athènes et
en Argolide 10. Cette affinité a été consacrée, pour ainsi
dire, par le rang qui leur est assigné aux côtés l’un de
l’autre dans le système des douze dieux11. Un des motifs
du coffre de Cypsélos montrait Enyalios conduisant
Aphrodite t8. Dans le défilé des dieux du vase François, ils
montent tous deux le même char 19 ; plusieurs vases peints
les représentent également assis l’un auprès de l’autre
D’après diverses traditions, d’autres enfants encore
sont nés du même couple divin : ainsi l’Éros que Ion
adorait à Thespies 21 et Priape22. En outre, un grand
nombre d’unions passagères auraient donné à Arès, en
Apollod. 111, 4, 2 (=25, éd. Wagner); Corp. inscr. gr. 2120 B; cl. F’iml. /'AI
IV, 155 sq. : xoViç 'Aoço8i’tï;ç. D’après une interprétation, Apln ]
serait, clans ce couple, substituée à la divinité primitive Erinys ou Enyo 11111 y
Jahrb. f. Philol. suppl. XI, 1880, p. 71G; cf. Pauly-Wissowa, Real Enajc • I
Aphrodite , p. 2731 et Ares, 647. — 14 Crusius, Jahrb. f. Philol. CXXIIfj p- ^ M
— 15 La relation eutre le citant de Démodocos et la tradition thébaiiu c.
indiquée par O. Miiller, Prolcgom. p. 357. — 1° O. Jahn, Arch. Aufsüt^'.l j
n. 20; Hink, Annali, 1866, p. 97 sqq.; Tümp c\, Jahrb. f. Philol. suppl- XI, P ^ ^ ^
— 17 Sur l’antiquité du système des douze dieux, qui remonte peut-être au \ ^ ^
voir Tümpel, L. c. p. 742. — là Paus. V, 18, 5. — 19 Monument i, D? 1 ^ ^
Wien. Vorlegebl. 1889, 1 sqq# — 20 Coupe d'Oltos et d’Euxithéos, M"'1 ^ ^
pl. xxin = Wien. Vorlegebl. D 1 ; coupe de Sosias, Gerhard, Trinksch. an ^
pi. vi et vu = Ant. Denkm. 1, 9 (Berlin, n. 2278); vase de Milo, Ra>anO^ ^
monts grecs , n. 4= Wien. Vorlegebl. 1894, pl. vu; vase de Kmo, i
cit. pl. h. — 21 Simon, fr. 43, Bergk; Schol. Apoll. Rhod. III, 26 (Lios e ^ ^
Cic. De nat. deor. III, 60. — 22 Schol. Apoll. Rhod. I, Lucien, ^ <rliePrjcr,
rapporte un mythe d’origine bithynienne d’après lequel Priape, t < 1 ^ p^iiq
aurait enseigné à Arès la danse et l’hoplomachie. Virgile, Aen. HP •
cj’unc version qui attribue à Arès et Aphrodite la naissance d L»"
MAR
— 1009 —
MAR
localités, une nombreuse progéniture
di^nl- (1|I,|j3ue ]a paternité des héros Ascalaphos el
"li^ je gon hymen avec Astyoché2. D’après
*alm< " "(k' il est le père des Amazones 3. Dans les tra-
■' ..•('■ néalogiques de la Ihrace, de la Thessalie,
iljoue un rôle important : il eut de Cyréné,
dc ie sauvage roi des Bistones4; de Chrysé,
^"'T. ’s • Calydon, l’éponyme de la ville de ce nom,
fc Tde'ses amours avec Astynomé6; Althaia lui
HniinT Méléagre 1 ; Périboia, Tydée 8 ; Protogéneia,
ûxvlos 9 ' une tradition fait naître OEnomaos de son union
I avec Harpinna, fille d’Asopos10, etc.
■ Clliu,ê __ « Les Thraces, dit Hérodote 11 , n’adorent que
•g £jjeux ; Arès, Dionysos et Artémis. » C’est en effet
| hez ces peuplades belliqueuses et sauvages de la
K Thrace qu’il faut, selon toute vraisemblance, chercher
[les origines du culte d’Arès, comme de celui de Dionysos
baccuus, 1. 1, p. 592], et c’est de là qu’il a gagné les autres
régions. Déjà, chez Homère, c’est la Thrace qui est con¬
sidérée comme la patrie du dieu : c’est de là qu’il vient12
! et c’est là qu’il retourne, en même temps qu’Aphrodite
regagne Paphos, comme en son séjour préféré13. Dans
maint texte, il est expressément désigné comme étant de
nationalité thrace14, et une tradition veuEqu’il y soit né 18.
| Les Thraces, d’après Ammien Marcellin, lui sacrifient
leurs prisonniers, en commun avec Enyo 1G. Enfin diverses
légendes, d’origine soit locale, soit poétique, confirment
sa popularité dans cette région n. Nous rencontrons en
Thessalie un grand nombre de légendes analogues, la
plupart d’un caractère généalogique18, et diverses ins¬
criptions attestent la présence d’un mois "Apeto; dans le
calendrier de plusieurs villes lhessaliennes, Lamia19,
Magnésie20, Phalica21.
En Béotie, Thèbes est le siège d’un très ancien culte du
dieu : 7taXaiy0wv "Ap^ç, comme l’appelle le chœur dans
hs Sept d’Eschyle22 : il y est intimement associé aux
plus antiques légendes de la contrée. Cadmus, avant de
fonder la ville, extermine le dragon né de l’union du dieu
ot de l’Erinys Tilphossa23, et qui avait pour repaire la
source nommée ’Àp-qTtoi; ou ’Apefa xpTjvT) 24. Chez Euri¬
pide, ce dragon est fils d’Arès et de la Terre28, et plus
tard une interprétation évhémériste fil de lui un person¬
nage humain26. On sait que Cadmus massacra les
Spartes, hommes armés nés des dents du monstre : pour
ce meurtre, et pour celui du dragon, comme Apollon
après la mort du serpent Python, il dut servir toute une
« longue année » (àtotoç éviauTÔç) en guise d’expiation
auprès d’Arès ; c’est à la suite de cet esclavage que le dieu
lui donna pour épouse sa fille Hannonia27. Par cet
hymen, Arès et Aphrodite deviennent les ancêtres des
Cadméones28. Mais la légende veut que le dieu soit resté
toujours irrité contre Cadmus et sa descendance ; et dans
les tragédies qui empruntèrent leur sujet aux sanglants
épisodes de l’histoire thébaine, les poètes font de fré¬
quentes allusions à la colère d’Arès qui persécute la
ville20. Ces légendes, dont nous ne donnons ici que
quelques linéaments, et qui nous sont parvenues avec
diverses variantes, témoignent de la haute antiquité d’un
culte d’Arès dans la région thébaine. On a longtemps
pensé que ce culte était un emprunt fait par les Cad¬
méones aux peuplades de la Thrace30 ; plus récemment,
on a émis l’opinion que le processus était inverse, et
que c’est à Thèbes que se sont formés les principaux
développements du mythe d’Arès, dont quelques élé¬
ments ont passé aux tribus thraces 31.
A Athènes, nous retrouvons la trace d'un très ancien
culte d’Arès. D’après un certain nombre d’interpréta¬
lions, anciennes ou modernes, c’est au dieu Arès que
devrait son nom la colline de l’Aréopage [aréopages-
C'Apetoç uayo;), située à proximité de l’Acropole32. La ver¬
sion la plus répandue à ce sujet voulait qu’Arès eût tué
de sa main le héros Ifalirrhotios, fils de Poséidon, pour
avoir fait violence à la fille qu’il avait eue d’Agraulos,
Alkippé : pour juger ce meurtre, les dieux auraient siégé
en tribunal sur la colline33; les voix se partagèrent, et
le dieu, finalement acquitté par le suffrage de Zeus ou
d’Athéna34, dut se soumettre à une longue servitude, sui¬
vant un usage dont on trouve tant d’exemples dans la
fable38. C’est en souvenir de son propre procès qu'Arès
aurait institué le tribunal de l'Aréopage, destiné à juger
les meurtres. On reconnaît dans cette forme de la légende
une variante de l’histoire d'Oreste. La version dont nous
1 Hvgin. Fn6. CLIX. - i 11. 11,512 Sq.{ III, 82 ; XV, 112.-3Pherccyd.fr. 2a
(Fiaym. hist. tjr. I, p. 75), Leur more, d'après cette source, est la naïade Harmonia ;
c . poil. Rliod. Il, Olin ; cf. la variante du dernier vers de Y Iliade (XXIV, 804) d'après
^ .colics Tonuley, et Proclus, argum. Aethiop.-, Kinkel, Epie, graec. Aelliiop.
• i- Amazones sacrifient des chevaux à Arès : Schol. Aristoph. LjsisÊr. 191.
~ * Apollod. 11, 5,8 (éd. Wagner, 96). - 5 [>aus. IX, 36, 1; Steph. Byz. v. <PUri«.
ft/n °vv' ^ a ^ Wagner, 41), donne à la mère le nom de Dotis. — 6 Plat.
Plwènlu *' ~ ^ AP°Uod- ■> 8- 2 (éd. Wagner, 05). — 8 l)iod. IV, 35 ; Eurip.
■j. - ~ ° AP°H°d. I, 7, 7 tèd, Wagner, 59). — 16 Paus. V, 22, 6; Diod. IV,
plè'te d Z 143 î Schol. vct. ad Pind. 01. XIII, 16 ; cf. pour la liste com-
-11 Uo,' 1 1191801 des enfants d'Arès, Pauly-Wissowa, art. Ares, XXXV (p. 660 sq.).
361. U: Cornut- J>e. nat. deor. 21. - 12 II. XVIII, 301. — 13 Od. VIII,
a « Plan. IV, 176, 6; Nonn. Dionys. XXVII, 313; Clem. Protrept.
ï(. Ar“°b. IV, 25 ; Vèget. De re
£!j «WJ. Fast v ,
Viü, 335. -
mil. I, 28; cf. Virg. Aen. III, 335; XII,
sqq. ; Slat. Theb. VII* 6 srjrj. ; 35 sqq. ; Quint. Smyrn.
ares, p ci» i ^arce^- XXVII, 4. — 17 Pauly-Wissowa, Real Encycl. art.
P°|yb. XIII in 1 l (' P^on désolée de la Thrace portail le nom d’^Açeiov «eStov,
Convenait n ^ ^z‘ s ' v * Ouant à la détermination de la région à laquelle
remarr|ue de *1*nemen^ nom de Thrace, voir Pauly-Wissowa, Ibid, et la
était anciennoni > ^ syche, 2e éd. t. II, p. 8, n. 1. Le nom même de la Thrace
Virg. Georn n',*'" (PeuUtre ’A^*?), Steph. Byz. s. v. 0pâxy| ; Probus in
Antiq, fou g ’ 18 Pauly-Wissowa, Ibid. 644-64G, III. — 19 Rhangabé,
P- 442 ; Bisc|IOff ' n 20 Athen‘ MÜth * Vl1, P* 71* — 21 BulL de corr' helL V>
Sept. 103; Cf.0,r j ^aSth helL iu LeiPz- Stud‘ V1I> P- 337 sqq. — 22 Aesch.
Vw TtYX05 . .ans ^0raére, II. IV, 407, les remparts de Thèbes sont appelés
: Schol (îmiSCence ^ans Eurip. Phoen. 831 sqq. Thèbes est sa ville chérie,
Antig. 128 ; va0- T* Stoll, Ares , p. 3, 5 sqq. — 23 Schol. Soph.
Alitiop. ap j.'|j|l(i' ?**wv’ Pdid. lr. 29, Bergk; Eurip. Phoen. 657 sqq. — 2* Eurip.
CrS Pelrie t. U, p. 7 ; Apollod, III, 4, 1 (22, éd. Wagner);
Apoll. Rhod. III, 1179; Steph. Byz. s. ».; Schol. II. Il, 491; L'nger, Pnradoxa
Ikebana, p. 103 sqq.; Bursiau, Geogr. ron Griechenl. I, p. 226. — 25 Eurip. Phoen.
931 : y»iY£v»i;, et Schol. ad loc. : 1* y?; *al — 20 Dercyll. fr. 4 ( Fraytn . hist.
gr. IV, p. 387) = Schol. Eurip. Phoen. 7. — 27 Apollod. III, 4, 1-2 (éd. Wagner,
22-25); Nonn. Dionys. IV, 442; Suid. s. v. KaS^tia vixr, ; Schol. 11. II, 494; cf.
Schwartz, De schol. homer. p. 456-468 ; Iloschcr, Lexikon, art. kadmos (O. Crusius),
827 sqq.; 887 sqq. — 28 Aesch. Soph. 125-129 : K . - ; i ; fi. o-j; — - 29 Les
testes sont réunis dans Stolt, Ares, p 24 sqq. — 30 Welcker, Griecli. Goetterlehre,
1, p. 415 sqq. ; H.-D. Millier, Ares, p. 80; Gerhard, Griech. Mytli. I, p. 368.
— 31 Stoll, Ares, p. 39 et Roscher, Lexikon, 485 sqq.: Tümpel, art. ci.té de la
Realencycl. 642. On sait qu'à bien des égards la légende de jason n'est qu'un dou¬
blet et une adaptation de celle de Cadmus ; très certainement elle a pris naissance
chez des populations de même famille. Bans le poème d’Apollonius se retrouvent
des souvenirs du culte d’Arès : le bois sacré d’Arès, le dragon né de lui, le champ
d'Arès. Devant le temple du dieu, était uu autel, où l'on sacrifiait des brebis
et des bœufs (11, 1172 sqq.); à l'intérieur une « pierre noire », (ifkot; YAoi(lbid
1 175 sqq.) ; les Amazones y sacrifiaient des chevaux (Ibid. 1 179). D’après une inter¬
prétation, la Colchide ne serait que le nom mythique de Chaicis eu Eubée : Maass,
Goetting. gel. Ans. 1890, p. 352; Pauly-Wissowa, art. ares, 649, V, 1 ; c'est donc
dans cette dernière ville qu’il faudrait chercher le culte mentionné par le
poète. — 32 Eu dernier lieu E. Curtius, Stadtgcsch. «on Athen , p. 53; Tümpel,
s. v. Ares, 650, VII, t, dans Pauly-Wissowa (cf. Jalirbücher (. Philol. suppl.
XI, p. 688 sq.). D’autres repoussent toute relation entre les deux noms :
Wachswuth, Die Stadt Athen, I, p. 428, et art. 'Ajiio? ràyo; dans Pauly-
Wissowa; Gilbert, Griech. Altertli. 2« éd. 1, p. 425. — 33 Heilanic. fr. 69,
Fragm. hist. gr. 1, p. 54; Demosth. In Aristocr. 66; Eurip. El. 1258 sq. ;
Iphig. Taur. 945 sqq. 961 sqq. ; Apollod. 111, 14, 2 (éd. Wagner, 180); Paus.
I, 28, 5. — 3V Eurip. Iphig. Taur. 945 sq. ; Paus. L. c. — 35 fanyasis, fr. 16, éd.
Kinkel .
trouvons l’écho dans Eschyle présente autrement l’origine
de l'appellation donnée à la colline : ce seraient les Ama¬
zones, filles et adoratrices d’Arès, qui, lors du siège
(|u elles mirent devant l’Acropole, auraient établi leur
camp sur cette éminence, lui auraient donné le nom de
colline d Ares et y auraient fondé un culte en l’honneur
du dieu •. Quelle que soit la valeur de ces étymologies et
la relation du nom d’Arès avec l’Aréopage, le dieu avait
un temple dans le voisinage de la colline, à l’entrée de la
citadelle. Ce sanctuaire renfermait une statue d’Arès
exécutée par Alcamènes, une Athéna d’un artiste parien
une Enyo, œuvre des f.ls de Praxitèle, et deux statues
d Aphrodite2. Une inscription attique mentionne un
pretre d Arès et d’Enyo* ; une autre, des sacrifices à
Aii> , ( i nous axons déjà rappelé que son nom figure
parmi les divinités invoquées dans le serment des
ephebes \ In temple d’Arès se trouvait à Acharnes6,
et Solon fit construire à Salamine un sanctuaire à Enya-
lios en l’honneur d’Ajax et en commémoration 'de
1 annexion de l'ile par Athènes1.
In certain nombre de cités du Péloponèse rendent un
culte à Arès : on suppose qu’il a pu y être introduit par
les envahisseurs doriens, lesquels l’ont eux-mêmes em¬
prunté à la Béotie. A Trézène, devant les portes de la
ville, s’élevait un temple du dieu, rattaché par la légende
a la présence des Amazones dans la contrée8. A Her-
mione, Pausamas signale un temple d’Arès, contenant
la statue du dieu, auprès de deux sanctuaires de divi¬
nités chthoniennes, Klyménos et Déméter Chthonia9.
l.ntie Argos et Mantinée, un sanctuaire double d’Arès
et d’Aphrodite renfermait les images des deux divi¬
nités, consacrées par Polynice et les héros argiens10.
A Aigos même, Enyalios était devenu le patron spécial
des femmes, 6soç yuvatxàjv, en sou¬
venir d’une victoire, d’ailleurs légen¬
daire, remportée par elles sous la
conduite de la poétesse Télésilla sur
les troupes du roi Cléomène11 [hybris-
ïik.v ; des monnaies de la ville portent
1 image du dieu debout et casqué, te¬
nant soit un rameau, de la main gau¬
che (fîg. 4837), soit la lance et la
patère1-. Al agora de Tégée était dressée une stèle avec
un îelief archaïque d Arès, qui y était désigné par l’épi—
thete de yuvouxoôoi'vaç : les femmes seules célébraient son
culte et se partageaient les victimes immolées aux
â-mxt*, en souvenir d’une victoire qu’elles avaient rem¬
portée sur l’armée Spartiate commandée par Charillos 13
(fig. 4838). Près de la même ville, sur le mont Krésion,
on adorait un Arès à^vstdç, surnom qui se rattache à une
1 Acscli. Eum. 688 sqq.; Eustalli. ad Dion. Perieg. 033. — 2 paus. j] 28, 0 ■ F
Curlius, O/j. cil. 171 (carte). L'opinion de Ross (Dos Theacion und dêr Tempel de s
■\res, 18o2), qui voyait dans le Tbcseion un temple d'Arès, n'est plus acceptée par au¬
cun archéologue : voir B. Sauer ,Daa sogenannte Theseion , p. 9 sqq. -3 Corp. inser.
ail. III, 2. * /bld. II, 409 A, V. 10 sq. — 5 Demosth. De fais. leg. 303: Poil.
0nom- ' ■H. >06- — c Ross, Demen von Attika , p. 63, n. 58. — 7 plut. 9
— s l’aus. 11, 32, 9; Wide, Sacra Troezen. Upsal, 1888. — 9 Paus. II, 35, 9; cf. à
ermione, le prêtre d Arès 'Ey.i4Xio, : Corp. inscr.gr. 1221. — 10 Paus. II, 25 1
7” Luci»n- -I»«or.30 ; Plut. De mulier. virt. IV. — 12 Imhoof- Blümner el P. Gardner
Joai-n 0 bel. stud. IV, 50 ; VI, 91; VIII. 56. - 13 Paus. VIII, 48, 4. La fig 4838
reprodm, une mouna.e du Cabinet de France. - H Id. VIII, 44,7. - 13 Mionnel,
II’ ÂrLT VI11’ 37’ 12' “ 17 Id' VI11' 3i <=f. lo culte d'Arès
v, ,X \eô . “r vui: :i Te: Arkadiens' *■ *>•
... „ ... . ; V ’ 8‘9- En oulre. monnaies de Corinthe et d’Aigion
VII 86 20 P : vm'T BIÜmner C' P' Ga'dncr, Journ. of hell. stud. VI, 70 ;
V i 0 “y S"r. n- h U Cf' |Jind’ °‘- XlU’ 16 et le Sc,‘01' Paus.
’ ’ ’ ’ " ’ ’ lod' 'G 73 (Pise)i Tzetz. in Lgcophr. 149. — 21 La pre-
sunc-
légende: Aéropé, nymphe aimée du die,, -,
moment ou elle donnait naissance à son n ‘ m°rle i
1 enfant trouva du lait en abondance m ' • f
morte1. Des monnaies de la ville lnn “ de sa mèl
AlW-na se donnant la main Me„lion „°" 7" ** «I
Arcadie, un autel d’Arès à I-ycosoara 2
Uuure de Despoina16, et, à Mégalopo- 1 tlu
lis, un ancien autel du dieu”. Le
culte d Arès se retrouve en Achaïe
à Patrae 18 et à Tritaia >9, où le dieu
aurait engendré Mélanippos, de Tri-
Utia, fille de Triton. A Olympie, où il
est considéré comme père d’OEno-
malis, il est adoré sous le surnom
d iTmoç en commun avec Athéna-
Ir.-zrj. -°. En Laconie, entre Sparte et Thëranmi
va.t un très ancien temple d’Arès @,psi„2u g'**
avec une statue que les Dioscures auraient rappSl
Colchtde : quant à cette épithète, les habitants d„ pa2
( cuvaient de ©qpw, nom d’une nourrice d’Arès ■ i>i„.
sanias lui donne simplement le sens de « Sauvage .. I
Therapné même, les éphèbes Spartiates sacrifiant e
jeunes chiens à Enyalios22; et l’on conservait à Sparte
une antique idole d’Enyalios enchaîné23 : singularité qj
1 on expliquait par le désir de fixer le dieu dans le pays-
et qui provient peut-être du dessein de le rendre inoffen-
sd **. D’après, un texte, c’étaient des prêtres d’Arès que
les deux ™p?<5poi, magistrats Spartiates qui précédaient
les armées et portaient des torches enflammées avec
lesquelles ils donnaient le signal du combat25. Dans la
xille laconienne de Géronthrae, Pausanias mentionne
un temple et un bois sacré d’Arès26.
En Crète, on signale des fêtes guerrières, sous le nom
d’HEKATOMPHONiA, consacrées à Arès 2T. Dans les villes
de Lato, d Olus et d’Hiérapytna, son nom figure, avec
celui d Aphrodite et d’autres divinités, comme garantie
des serments 28. A Smyrne et à Magnésie, il est associé
en cette même qualité à Athéna ’Apsta 29. Son culte nous
est signalé en Carie, où on lui sacrifiait des chiens 30 ; il
avait un temple à Halicarnasse 31 . Il est adoré, sous
1 épithète de ôe b; geyai;, en compagnie d’Ëleuthéria, à
Kyanéae.en Lycie32. Enfin nous trouvons son culte men¬
tionné en Pamphylie 33, sur la côte nord du Ponl-
Euxin u, à Syracuse en Sicile 3S.
Les Grecs ont identifié avec leur Arès plusieurs divi¬
nités étrangères. Ainsi c’est par son nom qu’ils ont
désigné un dieu des Scythes, le seul qui eût chez eux
ses statues et ses autels 30, et auquel on sacrifiait des
hommes, des brebis, des chevaux 37 et des ânes ’• Au
sud de la Perse, les Carmanites n’adoraient qu Arès
mi Are forme est donnée par Paus. III, 19, 7 sq. ; la seconde par Hesycli. s. ' ■ -
cf. Wide, La/conische Kulte, p. 150; Studniczka, Kyrene, p. 148. 1 jUSi j 1
14, 9; 20, 1; Plut. Quaest. rom. 111, p. 290 D; Porphvr. De nbstin. H, ^
- 23 Ibid, ill, 15, 7; Wide, Op. cit. p. 151, n. 1. - *5- Cf. l’Acléon cncbai.ic
d’Orcliomènc, Paus. IX, 38, 4; H.-D. Muller, Ares , p. 33; Mythol. deryr. StûnmCi
II, 119; Pauly-Wissowa, art. ares, G53 sqq.; XIV, I. — 25 Schol. Eurip- I b- ^
1377 : ce texte parle de wupsopoi pour toutes les armées grecques; mai» ll,nL
' ‘ ^ , j viii > • paiiiy*
connaissons de magistrats de ce nom qu’à Sparte: Xen. Rcsp. Lacea. ai > j
Wissowa, s. v. Ares, IV, I in fin .; XIV, 3 in fin.-, XXXI in fin. Ce)'
qu’on interprèle par cet usage l’expression de Sophocle ; ô Tiupœopo; Un ■ ^ 8
— 26 l’aus. III, 22 , 6. — 27 Steph. Byz. s. v. Bitvvoc. — 28 (-orp. insci. '/
2555. — 2!) Ibid. 3137. — 30 Arnob. IV, 25 ; Clem. Alex. Protrept. p- 23. - (‘
II, 8, 11 ; Ross, Deisen auf d. Inseln, IV, p. 37. — :,2 Corp. inter, g' ■ * ^
— 33 Bull, de corr. hell. VII, p. 263. — 31 Panticapée, Corp. insci ■ )j,”(jerod.
Tanaïs, Ibid. 2132 e. — 33 Pind. Pxjth. 11,1 sq. nomme un t£>ivo; "Aqwî- —
IV, 59; Cornut. 21. — 37 Herod. IV, 02; Prise. Panit, fr. 8 *6, Fuujm.
IV, p. 90 et 90. — 38 Arnob. IV, 25; Clem. Alex. Protr. p. 23,
MAI!
— 1011 —
MAI!
niéiiK1
,3
( |Ni immolaient des ânes'. Les Assyriens ren-
' mi culte ii i|n Arès rc ôXepoç -. Hérodote donne le
|iolU d’Arès à une divinité égyptienne de Pampré-
, i.„ cité Dar Plutarque, mentionne un dieu Arès
* *11»
11 . ,, auj ,son fils Lycos immole les etrangers'.
( H |jUsitanie, un dieu du meme nom reçoit, comme
I 'et’inies des boucs, des chevaux et des hommes 5.
| Sl.mi)oles. Victimes. — Le symbole de la puissance
I ‘ ; il’ Arès est la lance, qui dans les plus anciennes
traditions est également le signe de la vengeance qu ap-
J je meurtre et de la justice qui punit l’homicide.
Ln seulement c’est l’arme préférée du dieu, celle avec
laquelle il combat dans les récits épiques 8 et que les
monuments figurés lui attribuent d’ordinaire ; mais c’est
aussi la lance qu’il plante lui-même èi l’Aréopage 7. Parmi
i les symboles d’Arès on peut compter aussi les torches
que portaient les tzu^o^oi dans les armées Spartiates.
Les animaux qui passaient pour avoir avec sa nature
le plus d’affinité étaient les chiens et les vautours8, qui
rôdent sur les champs de bataille pour y trouver leur
proie. Nous avons vu qu’en diverses localités on sacri¬
fiait au dieu des chiens, notamment à Sparte ; ailleurs
des coqs ou des -taureaux 9, et même, dans certaines
traditions légendaires, des hommes 10.
| Interprétation. — Dans l’antiquité, Arès a prêté, comme
les autres dieux, à divers essais d’interprétation allégo¬
rique, soit physique “, soit morale. Pour plusieurs phi¬
losophes, il personnifiait la discorde, comme Aphrodite
représentait l’amour 12. On sait que l’auteur du huitième
hymne homérique, identifiant le dieu avec la planète
Mars, l’invoqueau contraire comme un auxiliaire de Thé¬
mis et lui demande la force de résister aux passions 13.
La plupart des mythologues modernes se refusent à
admettre qu’Arès ne soit, à l’origine, que la simple per¬
sonnification d une idée abstraite comme celle de la
guerre. Mais on est loin d’être d’accord sur son caractère
primitif. On a vu en lui un dieu du ciel u, de la lu-
roiéic , du soleil 10, de la tempête n, ou bien encore un
e ces dieux ehthoniens dont l’action est tour à tour
•entamante et nourricière, ou terrible et destructrice 18 :
dernier aspect, bien plus accusé que l’autre dans la lé¬
gende, aurait fini par prévaloir et se serait fixé dans l’image
du dieu qui ne respire que les fureurs de la guerre 10.
Représentations artistiques. — Nous avons eu déjà
1 occasion de mentionner les antiques .roana dont les
auteurs signalent l’existence dans quelques temples
grecs, celui du temple double d’Arès et d’Aphrodite
entre Argos et Mantinée, celui d’Argos, l’Hnyalios en¬
chaîné de Sparte, comme aussi le relief archaïque de
légée. Parmi les représentations archaïques dont les
anciens nous ont conservé le souvenir, il faut citer
encore un motif du coffre de Cypsélos : un Arès tout
équipé, et désigné par l’inscription ’EvuxXtoî, condui¬
sant par la main son épouse Aphrodite20. Dans un
groupe de Médon, figurait un Arès assistant Achéloos
dans sa lutte contre Héraclès21.
Dans les monuments qui nous sont parvenus de l'art
archaïque, le type qui
a prévalu pour le dieu
est celui de l’hoplite,
revêtu de son équi¬
pement complet, armé
notamment d’une
lance puissante : la
tète est toujours bar¬
bue. C’est l’aspect
qu’il a, par exemple,
sur le vase François,
où il apparaît dans
deux motifs : une
première fois en char
dans un cortège des
dieux, une autre fois
assis (fig. 4839) dans
la scène représentant le retour d’Héphaistos dans
1 Olympe 22. On le trouve sur un certain nombre de
vases de style attique à figures noires, et, plus rare¬
ment, sur des vases à figures rouges de style sévère,
soit aux côtés d’Aphrodite 23, soit dans des scènes
représentant la naissance d’Athéna 2i, soit dans des gi-
gantomachies 2% soit aux côtés de Cycnos dans sa lutte
contre Héraclès 26 ou emportant sur son char son fils
I n XV »' ’'7' ~S J°h’ Ma!alas’ P- 19 : Kedrenos, p. 30, 5 sqq. - 3 llero
fafeiv'siîü ,r.4 Plut’ Parallela’ XX.II. - 5 Slrab. III, p. 153. - 6 L'
805) et cle S •' n"ueune lancc énorme ; cf. les épilhètes de înta* a»; (11. X’
Sent, 453 • "y,. T? ^ Androm. 1015). C’est avec la lance qu’il combat : He
275, pes £ 5 0fu' Antipatr. Anthol. Plan. 75; "ApEusatypoi, Kurip. Herc. fu
h‘hm. Y] [ iq j0, ) nls du diagon sont appelés par Pindare Axapavco À 6 y ■/ c
une lance t, t , • "" •nient, comme signe nalurel-(<jùpsuTov erijueTov) sur la poitrin
1Sïj Dio C1»7S- Or. IV, 149; Julian. Or. II, 81 c; Plu
Ce symbole dans p . ' ■ L.XXI I. Peut-être faut-il voir un souvenir <
III, 36). Dans c-ni e'vPlcss'on Proverbiale Sdçu x*î ,o)fùxjtov (Hesycli. Suid. Zeno
ffire lin annel n,, a 1111 Pel' I36b Arcs ïraPPe do sa lance son bouclier poi
~ 1 ,Hellan- fl’- «». Fragm. List. gr. I, p. 54; Harpoc
ll ■ Mertumsfr 'd ?' V’ Afs,oî 1"h°î' ~ 8 Cornul- 21 extr. ; Dilthey, Jahr
Lconieits sacrifient *7 1S/3( P' 37' ~ 9 D’a^ês Plut. Instit. lacon. 25, b
1111 co,l. quand ils l'on i"].|UU|0aU Arès f*uan<* ils out va'ncu un ennemi par i —
De « bslin.
• Wnimc
en bataille rangée. — iO Apollod. fr. 20 ap. Porpli
Ofi/m. lUSj ' .y rn< C- ev • lï , 155 d ; Fulg. Plac. De exp. serm. p. 55
mnin ... ’ 1 P’ '>9/, tn* *
.. ™ svnonyme de ~V' ’’ Amm’ Marc' XXVI1' 4- 4- ~ 11 Arès explic
, 3' •'• *m, 55 L . : Eustalh. ad JL XIII, 577, p. 947, 32 sqq. et X
,m'A‘leg. Aom. "!ns"' l34’ 147 ' ~ 12 plut- Pel°P- 19; Hera
os poésies orphinuc,’ n' , 0'nul' l9- ~ 13 c- Hermann a classé cet hymne par
'0lr •« textes cités À 88' f>0lu' l'identification du dieu avec la plané
1 1? Pa“'y-Wisso"a, art. ares, 058 extr. - H Paner, Sy
j"ech- OoetteriJ ' Schwenck> Mythol. d. Grieeh. p. 224. — 16 Wclcki
p 23q)* 13 ’ Mythol. d. Ares und d. Athei
1k. f’r''llw> C,'iecA. Gardner’ tVumism. Chronikle, 1880, pl.
Decleu, 1 -cc- ~18 "-t». Millier, Ares, 1848; Stc
es Ares' ,833> el Ml. ARES dans le Lexiknn do Roscln
1 oui lo premier de ces caractères, on cite les épithètes àsvnô;, 5 , , t . t s ^ , yuvat.oôofvtt; ;
le second s'accuse avec une précision particulière dans la sombre légende thébaine,
où se succèdent les catastrophes de toute espèce : Sloll, Op. cil. Réminiscence
dans Homère : II. IV, 405 sqq.; V, 800 sqq.; X, 283 sqq. etc. — 19 Celle antique
conception est encore sensible dans Sophocle : Aj. 254, 706 ; Œd . R. 185; Œd.
Col. 1386; El. 1365, 1400. Pc système de Tiimpol (art. ares, p. 658) se rattache
par certains points à celui de Stoll : d'après ce savant, il faudrait chercher les ori¬
gines d'Arès dans les antiques croyances sur les âmes des défunts qui reviennent
sur terre tourmenter les vivants. — 20 Paus. V, 18, 5. — 21 Ibid. VI, 19, 12.
— 22 Monumenti, IV, pl. mv-lviii; Wien. Vorlegebl. 111 (I8S9), pl. i-v; Klein,
Meistersignat. p. 32; Reinach, Répert. des vases peints , I, p. 134 sqq. ; cf. de
Ridder, Vases peints Bibl. IVat. p. 143, fig-, 18, n» 229. Pa ligure d’Arès assis est
reproduite dans Roscher, Lexikon, I, 487. C’est aussi un Arès « portant tout
son harnois de guerre » qu’on voit sur la frise récemment découverte des
Siphniens à Delphes : Bull, de corr. hell. XVIII, p. 188. — 23 On en a cité plus
haut les principaux exemples, à propos du mythe d'Arès cl d'Aphrodite. _ 24 Monu¬
menti, III, pl. xuv; Élite céram. I, 65 A; Schreiber, Geburt der Athéna , p. 9;
Drit. Mus. Cal. II B 147; Reinach, Répert. des vases peints , p. 116; Munich
645; Elite céram. I, 60; Berlin, Furtxvangler, Vasensamml. 1699, 1709, 1862; cf.
Poescheke, Arch. Zeit. 1876, p. 112 sq. — 23 Rrit. Mus. Cal. II B, 145, 251, 617
(= Élite céram. I, 7); Berlin, 1925; cf. Overbeck, Kunstmyth. II, p. 344 sqq. On
doit aussi, selon toute apparence, reconnaître la présence d’Arès dans la giganto-
macliie du fronton qui décorait le trésor des Mégariens h Olvmpie : Friederichs-
Wolters, Gipsabg. 294, 295 ; Olympia, Tcxt. t. III, p. 8 et 12 ; Atlas) t. III, pl. b.
— 26- Gerhard, Auscrl. Vasenbilder, pl. cxxu-cxxm; reproduit dans Roscher,
Lexikon, II, 1695 (Kyknos) et Reinach, Répert. des vases peints, II, p. 66; cf. les
références données, pour d’autres motifs, à l'article hercules de ce Dictionnaire,
p. 106, n. 10, et ajouter Rrit. Mus. Cat. II B, 156, 158, t97 (pl. vi), 202, 212.
MAR
1(512 _
Fig. 4840. — Arès et Aphrodite.
qui fuit devant le héros Vers la fin de la période
archaïque, on le voit, sur certains vases, paisiblement
assis auprès d’Aphrodite dans les assemblées des dieux ;
il y porte le long cliilon ionien avec la chlamyde, tenant
à la main son casque en même temps que sa lance2,
hntin il est digne de remarque que l'époque archaïque
a déjà imaginé le motif de l'Arès fanfaron et ridiculisé3.
A partir de la seconde moitié du Ve siècle, le type
d Arès subit, dans les monuments figurés, une transfor¬
mation sensible. Comme Hermès et comme Dionysos, il
apparaît désormais, en général, sous les traits d’un héros
jeune et imberbe ; de son équipement guerrier, il ne
garde plus que le casque et la lance ; le corps est d’ordi¬
naire complètement nu ; une légère chlamyde, qu’il
porte souvent, est moins un vêtement qu'un motif de dé¬
coration plastique. A vrai dire, les peintres de vases,
fidèles à la tradition, continuent encore à représenter
Arès avec toute sa barbe et quelquefois tout armé : c’est
ainsi qu'on le voit (fig. 4840) sur une très belle coupe à
ligures rouges du British Muséum dont le motif est un
banquet des dieux4, dans la gigantomachie d'une coupe
de Berlin signée d'Erginos et d’Aristophanès [gigantes,
fig. 3561] 5, et dans celle d'un vase du Louvre f’. Il est
imberbe cependant sur un vase du British Muséum qui
1 Gerhard, Op. laud. pi. lxi-lxii; Klein, Meistersiyn. p. 35; Furt-
wângler, 1799; Roinach, Bépert. II, p. 40; cralèrc de Nicoslhènes, Brit.
Mus. Il B, 304; Wiener Yorlegebl. 1890-1891, VI, 1. Parmi d'autres motifs,
on peut encore signaler Arès à côté d'Héraclès introduit dans l’Olympe ou
jouant de la cithare : Brit. Mus. II B, 228 et 379; ce dernier sujet reproduit
dans Journ. of hell. stud V, pl. xli ; Berlin, Vasensamml. 1857 et 1961.
Arès k côté de Lalone et de ses enfants, sur une amphore d’Andokidès,
Klein, Meistersiyn. 3; à côté de Dionysos, Brit. Mus. II B, 551. — 2 Coupe
d’iîuxithéos et Oltos : Monumenti, X, 23-24 .= Roinach, Bépert. I, p. 203.
Sur des monnaies archaïques de Chalcédoine, il faut sans doute reconnaître
une tète d'Arès non casqué : P. Gardner, Types of yreek coins , pl. iv, 30.
2 \ase de Klitias : "Wiener Yorlegebl. 1888, pl. m. — 4 Brit. Mus. Cal.
III E, 82; Monumenti , X, pl. xlix; Reinach, Bépert. des vases pemts, I, p. 143.
— > Furtwangler, Yasensamrnl. n. 2531 ; cf. à l’art, cité de ce Dictionnaire ,
p. loOO, la note 1. — c Monuments grecs , I, pl. n. — 7 Brit. Mus. Cat. 1265;
Journ. o f hell. stud. XI, p. 280. — 8 Michaelis, Der Parthenon , pl. xiv, n. 27;
Collignon, Sculpt. gr. II, p. 74, fig. 30. L'identification avec Arès, proposée
par Petersen, Pheidias , p. 251 sqq. et par Flasch, Zum Parthenon fries, p. 10,
n est guère contestable. — 9 Paus. X, 31, 5 ; Paul Girard, La peinture antique ,
p. 174 ; Collignon, Op. cit. II, p. 59. — 10 L'image en a été Irop souvent reproduite
MAU
représente la toilette de Pandore
comme d’habitude, que l’art doit cette
rappelle l'Arès
qui figure, au¬
près deDéméter,
dans le groupe
des dieux de la
frise du Parthé-
non (fig. 1443) s:
u ne simple chla¬
myde entoure
les hanches ; la
pose, inspirée
peut-être d’un
motif de Poly-
gnote à la Les-
ché de Del¬
phes9, est d'un
abandon char¬
mant; le seul
attribut qui dé¬
signe le dieu de
C’esl * plasti
"“ovation. O,',!
Fig. 4841. — Arès do la frise du Partition.
la guerre est une lance appuyée contre le siège. On n’a
pas d’indications précises sur l’Arès d’Alcamènes ; mais
plusieurs archéolo¬
gues s’accordent pour
considérer comme
une réplique de cette
œuvre la statue du
Louvre, connue au¬
trefois sous le nom
d’Achille [achilles,
fig. 52] et couram¬
ment nommée au¬
jourd’hui « MarsBor-
ghèse » 10 ; en tous
cas, elle remonte à
un original du v° siè¬
cle 11 III : le dieu est nu
et imberbe ; dans la
main gauche, il faut
restituer la lance ; le
casque est décoré de deux griffons et de deux chiens ou
loups courants (fig. 4842) ; l’anneau qui se voil un peu
au-dessus d’une des chevilles est peut-être 1 attache
(e7ttffcpépcov) du jambart12. C’est a la même peiiinh éi
statuaire qu’on attribue un type d'Arès un peu ililh n 11 >
our qu’il soit utile de donner do nombreuses références. ^'lolls
leinach, Bépert. de la stat. p. 133 (= Chirac, “263, 2073); Brunn‘ 1 frie. j
» 03; Collignon, Op. cit. Il, fig. 61 et 02; bibliographie u „ 1
erichs-Wolters, Gipsabg. n. 9821. II existe de la tél< de ’-> ^ j
Munich (Brunn, Glyptoth. n“ 91; Baumeister, g ^ .' i'ner
resde (Hetlner, 4e éd. n" 200), une médiocre à I aris 1 Diltliey, |
» 130 ; Jahrbucli, 1889, p. 57, Anzeiger ): ci. l'énumération ^ ai M (
ahrb. der Yer. d. Altert. im Bhcinlande , LUI, p. 80. 11 111 ^ ^ gtaluc dérive
. 121 sq. et Collignon, Op. cit. II, p. 124 sqq. admettent que ^ n)anière de
Alcamènes. D'autres, frappés de ressemblances évidentes ^ g^ociie,!
olyclète, attribuent l'original à son école : Woltcrs, L. c. , ll' .1891, P- **
ater. Mus. n” 127; Helbig-Toulain, Guide, I, n" 032 ; Trci), " '■ jutorprq
. Sauer, art. ares dans Pauly-Wissowa, 003-004^ Sur “ fi*
lion de C. Robert ( Paris d'Euphranor, 10” W,™k‘ Rc((be|, I
>95), voir Léchât, Rev. èt. gr. 1890, p. 458. — - ®‘ ,et ,lo cuir où
,'a/fen , Vienne, 1894, p. 70. D’autres y voient, soit 1,11 ’ allujj#n à la
adaptait la sandale, soit un anneau servant de lien, p» ^ Bonn, *867'
Arès enchaîné par Héphaistos ; Ulrichs, Gruppe , tS 121, B- J|
37; Furtwanglcr, art. ares, in Roschcr, I, 490, e i ci
- IM.,,,, de Mdo. p- »!•
MAR
1613 —
MAR
Fi». 4S13. — Arès Ludovisi.
|(|(. ir un Arès colossal du palais Borghèse 1 :
«Pr^''“ L i., Hilainvdo et le casque, et sa main tire
1 /ll'pll 1)01 l* J® *>
e r lin il existe dans divers musées, au Louvre, à
l¥e' Madrid, ailleurs
encore, un cer¬
tain nombre de
tètes d’Arès qui
remontent h la
même date et
qui présentent
toutes des ca¬
ractères com -
muns : la tête
est imberbe, les
traits énergi -
ques, l’expres¬
sion un peu
froide ; sous un
casque attique
au cimier élevé,
s’échappent d’a¬
bondants che¬
veux bouclés 2.
L’Arès Ludovisi (Pig. -4843) est, parmi les types de la sta-
tuaire, un des plus remarquables. L’attitude rappelle celle
de la frise du Parthénon : le dieu est assis, les mains croi¬
sées sur un genou ; l’une d’elles
tient une épée au fourreau; le
pied gauche s’appuie sur le cas¬
que posé à terre ; le regard, très
expressif, porte au loin. Il paraît
très vraisemblable que nous
avons ici une imitation d’un Arès
colossal exécuté par Scopas et
qui figura plus tard dans un
temple de Mars à Rome 3 ; il
faudrait, dans cette hypothèse,
faire abstraction d’un petit Eros
qui joue aux pieds du dieu, et
qui est une addition du co¬
piste4. Les anciens citent encore
deux Arès du ive siècle, une sta¬
tue colossalc.de Léocharès ou de
Timothéos 6 et une œuvre de
Piston6. Quant à Lysippe, les
son influence dans divers
ig.48H. _ Arès tirant l'épée.
archéologues distinguent
bronzes qui peuvent se ramener à deux types : un Arès
remettant l’épée au fourreau ou l’en tirant, et un autre
appuyé sur sa lance dressée, avec l’épée pendant au
côté : le premier est représenté, entre autres (fig. 4844),
par une statuette de Vienne7; le second fournira de
nombreuses répliques à la période gréco-romaine 8. La
numismatique de la Thessalie et de lu Macédoine fournit,
pour le ivc siècle, quelques monnaies avec l’image
d’Arès 9 ; pour la céramique, il n’y a guère à citer qu’un
épisode comique d’un vase de l’Italie méridionale, qui
montre Enyalios aux prises avec Héphaistos, sous le nom
de Daidalos 10.
Il n’existe plus, à l’époque hellénistique, de représen¬
tation célèbre d’Arès dans la grande statuaire : tout au
plus peut-on signaler sa présence dans la Giganloma-
cliie de Pergame “. Il figure encore, parmi les autres
divinités, sur deux monuments archaïsants, la base
appelée a autel des douze dieux » du Louvre 12 et un
putéal du Capitole43. Il convient surtout de citer, comme
caractérisant le goût des écoles hellénistiques, les pein¬
tures murales de la Campanie, qui représentent assez
souvent les amours d’Arès et d’Aphrodite ,4. Le même
motifa inspiré quelquesbronzes13. Enfin la numismatique,
pendant la même période, en Bithynie, dans le Pont, et
surtout dans l’Italie méridionale et en Sicile, offre d'assez
nombreuses images du dieu sous différents aspects ,c.
Le Mars italique. — Mars, auquel les Romains ont
assimilé l’Arès des Grecs, est un des dieux les plus an¬
ciennement vénérés et les plus répandus chez les popu¬
lations italiques : on trouve son culte dans toute l’Italie
centrale et méridionale, de l'Ombrie à la Lucanie. 11
semble même avoir été chez ces populations le dieu le
plus important, et ce n’est que plus tard que la proémi¬
nence lui a été disputée et enlevée par Jovis ou Jupiter
[JUPITER, p. 709].
La forme du nom la plus commune dès la plus haute
antiquité est Mars 17. On l’a rattachée à une racine mar
ou mas , qui se retrouve dans le substantif mas — maris,
« mâle », et qui aurait ainsi le sens de « force généra¬
trice, principe viril ». Preller, qui a défendu cette éty¬
mologie, voit en effet essentiellement dans le dieu Mars
la personnification de la puissance créatrice et vivifiante
qui anime la nature 1S. Mais le rapprochement entre les
deux mots est arbitraire et a été contesté 19. D’autres
savants, partant de l’idée que la fonction primitive du
dieu est celle d’une divinité céleste ou solaire, retrouvent
rs
g " “îinach, Répert. II, p. 170, n. 7 ; Malz el Dulin, Ant. Bildw. in Rom, n" 1338 ;
unn Bfückmann, n° 335; Furtwangler, Masterpieces, p. 94, fig. 41 et A teisterw.
gr pl(i * ‘ Wien. Jahreshefte, 1901, p. 144, sqq. ; et Léchât, Rev. ét.
' ' ' 1 p apvès Furtwangler, art. ahes du Lexikon , 488, il faudrait consi-
(fteina |"'"K 1 de cette œuvre diverses statues : Schreiber, Ludovisi, n° 242
I ' 111 !*• I79> D- 3) i Bcnndorf-Schocne, Later. Mus. n" 127 (Reinach,
tètes [’ 1 * * ’ ' ‘ ’ 1 ’ 3 = Clarac, 6.15, 1435), et comme répliques sans les
- 2 1 Z' 34"’ 2’ et 583> »■ 7 = Clarac, 634 A, 143G A et 950, 2443 A.
Sildw j„ ' 111 twiingler, Meisterw. pl. vi et p. 124 sqq. ; Madrid : llübner, Anl.
tf-Michoiij "l‘ ,<7’n° Bericht. d. saeclis. Gcsellsch. d. Wissensch. 1864, pl.i ;
Hall; Miclia, ' ' A ^ XIV, p. 154 sqq. ; Musée Torlonia,n. 104; Ince-Blundcll-
Itom,, Malzcè'pW^ Marblcs, luce, n»43, et Arch. Zeit. 1874, pl. i; palazzo Valenlini à
cicnsori.'m , n° B. Sauer cite encore, commedérivantd'un des plus an-
lican, : Miill, iv " ' UQe bgure d'Arès d'un des candélabres dits Barberini (Va-
'ttribiiées j | Denkmâler, 11, n° 246. Quant aux monnaies qui peuvent être
attributs cara C6 n’^mo siècle, elles ne présentent que des types d’Arès sans
2 (a Cl ir )“8llques : Pauh-Wissowa, s. o. 665. — 3 S. Reinach, Répert. 1, 349,
Mignon, .Ve,,/ , '' l43"b Helbig-Toutain, Guide, II, n» 883 (bibliographie);
On rattachait P ~ 43 sri- et fig. 124. Aujourd'hui au musée Boncompagui.
^feistsrio.p 3^"ll0^°js eette figure à l’école de Polyclète; voir Furtwangler,
XXXVI, _ ^S[| 1 ‘ 1 s4 i’üne qui donne le renseignement sur l'œuvre de Scopas :
y *ut-ètre y a-t-il trace d'un second Eros ; Schreiber, Ludovisi,
u° 63. — 6 Vitruv. II, 8, 11. — 6 f’lin. XXXIV, 89. — 7 Dilthey, L. c. pl. ix
et x; von Sackcn, Ant. Bronxen, n: 44; Baumcistcr, Denkm. fig. 123-124.
— 8 Dilthey, pl. xi et xu et p. 27 sqq. — 9 Greek coins Brit. Mus. Thessaly,
pl. ni, 4 a : pl. vin, 12-14; lîardncr. Types of greek coins, pl. vu, 30. — 10 Élite
céram. 1, 36 = Londres, n. 1433; Müller-Wiesclcr, Denkm. II, 18, 195 ; cf. Jahn,
Arch. Aufs. p. 129; Arch. Zeit. XI, P- 167; Kuhnerl, Jahrit. f. Philol. suppl. XV,
p. 197; Roscher, s. ». Héphaistos, 2054. — 1 1 Pucbslcin, Sitzungsb. d. Berl.
Akad. 1888, p. 1233. cl 1888, p. 329; Baumcistcr, Denkm. art. pergamun, fig. 1422
(restes de l'attelage). — 12 S. Reinach, Répert. de lastat. 1, 64-66; Friederichs-
Wolters, 422; Müller-Wieseler, I, pl. xii, 44; Hauser, Neuatt. Reliefs, 55 sq.
— 13 Hauser, Ibid. 60. — 14 Helbig, Wandgemàlde, n. 313-328; Sogliauo, Pitt.
murali, 133 sqq. ; Annali, 1866, tav. E, F. — 1» Dilthey, Jahrb. Rheinl. LUI, pl. i,
n, vu, vin. — 1® Nicomôde I : Cat. of greek coins, Pontus, pl. xxxvn, 1 (Arès assis) ;
Mithrid. Eupat. Ibid. pl. v, 3; vu, 3, 5; xxm, 4; llead, Ilist. mon. p. 423 sqq. (tète
casquée d'Arès); Italie : Cat. of greek coins, Italy, p. 323 sqq.; Sicile : Ibid.
Sicily, p. 109 sqq.; Imhoof-Blumcr, Monn. grecques, pl. b, 23; Gardncr, Types,
pi. xi, 24 (Arès combattant; tète). - 17 Eph. epigr. I, u. 21 (bronze de Préneste) ;
Henzcu, Acta fratr. An. p. 26; Corp. inscr. lal. I, 62 (Tibur) ; tables engubines
1 a, H ; I b, 2. — 18 Varr. De ling. lut. V, 73; Cedren. 1, p. 295, 21 sqq. éd. Bonu,
et Myth. Vat. II, 29; Preller-Jordau, I, p. 334 sqq. Voy. aussi Bréal, De quelques
divinités italiq. X' congrès des Orientalistes, en 1891, Genève, secl. L— 19 Cur-
i tius, Griech . Etym. 5” éd. 313 ; Roscher, Lexikon, II, s. ». Mars, 2437.
203
MM»
1614
MAU
dans son nom une autre racine mar qui a le sens de
« briller » (cf. le latin mannor, le grec gapgaîpco, la di¬
vinité Matpa) L Ces essais, et d’autres que nous négli¬
geons 2, sont également incertains.
Outre la forme Mars , on trouve les noms composés
de Marspiter et de Maspiter, qui s’expliquent, comme
Jupiter et d’autres analogues, par l’adjonction du terme
pater 3. Marina r, qui se lit dans le chant des Arvales,
où il est au vocatif, n’est sans doute qu’une réduplication
du nom simple L Dans une ancienne inscription de
Tusculum, le dieu porte le nom de Maurs 5, dont il
semble que celui de Mavors, beaucoup plus répandu et
qui a survécu dans le latin classique, n'est qu’une va¬
riante par allongement (on peut comparer Faunus et
Favonius ) 6 : cependant on peut admettre aussi que
Maurs et Mavors sont réellement les formes primitives
et pleines, d'où est provenue, par contraction, celle de
Mars 7. Quant à la forme Mamers , elle ne se trouve
dans aucun document original : peut-être a-t-elle été
dérivée par les grammairiens de l'ethnique Mamertini ,
que portaient les habitants de Messana en Sicile, fer¬
vents adorateurs du dieu 8.
Principaux lieux de culte. — L'Étrurie a été le centre
d'un culte très populaire du dieu Mars 9. Yitruve nous
apprend que les Étrusques avaient l'habitude de con¬
struire les temples de cette divinité hors des fortifications
de leurs villes 10. En particulier, nous connaissons une
statio ad Martis entre Luca et Pistorium n. La présence
d'un mois Martius dans le calendrier des Falisques12 et
la tradition, rappelée par Servius, qu’il y avait un col¬
lège des Saliens à Faléries et à Veies 13 nous attestent
également l'existence d’un culte du dieu dans la région
méridionale de l'Ëtrurie. Quant aux monuments figurés
de l’Étrurie, notamment les miroirs, ils nous présentent
deux divinités que l'on a identifiées avec l’Arès des
Grecs ou le Mars des Latins : Laran , qui apparaît sur un
certain nombre de miroirs sous les traits d'un dieu
jeune et guerrier, armé de l’épée ou de la lance et du
bouclier, la tête couverte d'un casque, et dont la place
est à proximité d ' Aurait ou Aphrodite 14 ; et Maris ,
qu'on voit sur les miroirs sous différents aspects et ù
différents âges, parfois ailé, d’ordinaire armé et dans
des scènes dont l’interprétation est difficile à cause de
l’ignorance où nous sommes des léCP„H* ,
Fn Ombrie, Mars est un des dieux nation" , ?les ’l
anciens. Les tables eugubines font connaître -, pl"i
adoré avec les surnoms de Grabovius 19 , ‘ y élait|
être un équivalent dialectal de Gradivus n’ J1,1 J81 pPut1
Le nom du dieu reparaît dans celui d’autres T-'l
nommées par les mêmes documents : Pic;,,'
Cerf us Martius , Praestita Cerfia Cerü Unir Tl
Cer/ia Cerfi Martii 19. Dans les environs <
trouvée une statue de Mars avec une inscrintio' \
révèle une autre épithète du dieu, Cyprius, donu!
sens est celui de Bonus 20. A Tuder, le culte de M-
nous est attesté par deux vers de Silius Italicus 2‘ si: 'Tl
voie Flaminienne, entre Namia et Mévania, la tablT i!
Peutinger et 1 Itinéraire d’Antonin mentionnent un!
statio ad Martis 22 . ne ;
Dans la Sabine, le culte de Mars nous est signalé pari
la présence du mois Martius que contenait le calendrier
régional, en particulier celui de Cures23. Le dieu avait |
un temple dans l’antique ville, ruinée de bonne heure
de Suna “4, à Trébula Mutuesca M et un oracle à Tiora
Matiéné 26. Il y avait auprès de la via Salaria une statio
ad Martis 27 . Le même culte existait chez les Picentins
peuple détaché des Sabins par suite d’un ver sacrum T
Quant aux Marses et aux Marrucini, leur nom même j
rappelle celui du dieu et témoigne du culte qu'il y occu¬
pait dans la religion nationale29. Il est attesté aussi à
Larinum, capitale des Frentani 3Ü. Dans le Samnium, il
se constate par l'usage indigène du ver sacrum31, par
des inscriptions 32, par la présence d’un viens Martialü •
près de Bénévent 33.
Les Osques adoraient aussi Mars comme un dieu na- j
tional : Tite-Live cite un ancien temple qui lui était con¬
sacré à Capoue31. A Calés, il y avait une Martialis porta35. \
Les monnaies romano-campaniennes portent fréquem¬
ment l’image du dieu 36, et ce sont également les mon- j
naies qui nous font connaître son culte dans la Lucanie".!
Dans le Latium, le culte de Mars n’est pas moins '
répandu, et il remonte, là aussi, à une très haute anti¬
quité 38. Un mois lui est consacré, celui de Martius,
notamment dans les calendriers d’Albe, d’Aricie, de
Laurentum, des Herniques 39. Nous connaissons un col¬
lège des Saliens à Albe, à Tusculum, à Tibur et a Lavi-
l Curtius, Op. cit. 567; Corssen, Aussprache , 2e éd. p. 404 sqq. ; Grassmann,
in kulm's Zeitschrift, XVI, p. 162 sqq.; Rosclier, Apollon und Mars , p. 18, et
Lexikon , II, 2437 sqq.; Mois, La nat. des dieux , p. 163. — 2 On a aussi
rapproché Mars de ^.âpygc^ai, « combattre »; de papouve», « flétrir », de mors,
du scr. Mar ut : voir Rose hcr, Lexikon , L. c. — 3 Marspiter est indiqué par
Vairon, De ling. lat. VIII, 33, comme inusité; mais on trouve cette forme citée par
Aulu-Gelle, V, 12,5; Macr. Sat. I, 19, 3; Prise. VI, 39; Maspiter ap. Varr. Op.
cit. VIII, 49; IX, 75; X, 65. — 4 Henzen, Act. fr. Arv. p. 26-27; Jordan, Krit.
Reitr. p. 192; Becker, üom. Bl. I, 194; II, 213 {Mâr-màr = 'rApêç-,,Ape;).
— 3 Corp, inscr. lat. I, 63; cf. RitschI, B/iein. Mus. XVI (1861), p. 601 sqq.;
Op. IV, 489 sq. — 6 C. i. lat. I, 808 (Rome) = VI, 473; cf. Liv. XXII, 1, 11 ;
et l'étymologie: qui magna vorteret ap. Cic. De nat. deor. II, 26, 67. — "> Preller-
Jordan, Roem. Myth. I, p. 335, n.4; Mommsen, Unterit. Dial. p. 276. — 3 Fest.
éd. O. Muller, p. 131, s. v. Mamertini et p. 158; Etym. Gudianum, p. 379, 12;
cf. Lycophr. 938 et 1410. Ce nom a pu aussi être dérivé de celui de Mamercus, fils
de Numa, dont les Mamerci Aemilii se réclamaient comme ancêtre : Paul. p. 131.
— 9 Müller-Deecke, Etrusker , II, p. 57 sqq. 169; Reecke, Etr. Forsch. IV,
p. 35 sqq.; Gerhard, Ges. Abhandl. I, p. 307, 12. — 10 Vitr. p. 30, 12, éd. Rose.
— il Tab. Peuting. \ Anonym. Rav. I V, 36, p. 287; Guido, Cosmogr. p. 490. Pé¬
rouse : Corp. inscr. lat. XI, 1919. — 12 Ovid. Fast. III, 89. — >3 Serv. ad Virg.
Aen. VIII, 285 ; Usener, Rhein. Mus. XXX, p. 213 ; Preller-Jordan, I, p. 282.
— H Gerhard, Etr. Spiegel , III, p. 328, pl. cclvii B; IV, p. 13, pl. cclxxxiv ; V,
pl. lxxxiv, 2, etc. ; Deecke, art. laran in Rosclier, Lexikon, II, 1866. — I3 Gerhard,
Op. cit. III, p. 95, pl. xc ; p. 158, pl. clxvi ; IV, p. 13, pl. cclxxxiv, 2 ; V, pl. 1, etc. ;
cf. Deecke, Etr. Forsch. IV, p. 34 sqq. 79; V, p. 47; Bréal, Actes du X 6 Congrès
des Orientalistes tenu en 1894 à Genève, et art. maris in Roscher, Lexikon , II,
1375 sqq. — 16 Tab. [ a 11 et VI b 1; Büclielcr, Umbrica, 1883; Rosclier, tel- j
:on, s. n. Grabovius. — U Bréal, Tables eugub. p. 06 sq. ; cf. GrotefenU. lb
limenta ling. umbr. Partie. III, p. 23; Grassmann, Zeitsc.hr. [■ \ ^
’orsch. XVI, p. 192 sq.; Lassen, Beitrüge ~. Deutung d. Eug. Ta/. !>■ ■!
- 18 Tab. I b 2 ; VI b 43; Bücheler, O'p. cit. p. 80. — 19 Bücheler, p. ’,s
toscher, s. v. Ceres , Cerus. — 20 Henzen, n. 5607 ; Varr. De ling • i"r-
tommsen, Unterit. Dialecte, p. 350; Bücheler, Op. cit. p. C >, jy
r eit. 1866, p. 210, note (stalueltes de Mars Cyprius). — 21 Sil. H®1- j
22 : Gradivicolam celso de colle Tudertem ; VIII, 404. Jtmu • ^
. 311. _ 23 Ovid. Fast. III, 93 sqq. — 24 Dion. Halic. I, 14. - * “•
2 et 43. — 26 Dion. Halic. I, 14; cf. Arch. Zeit. XV, p. 30. — ' '
’osmogr. p. 491; Tab. Peuting. — 26 Strab. V, 4, P- " t0 ’ ” :nscrip-
at. III, 110; Fest. Epit. p. 212. Cf. pour la Sabine et le Picénuin, ^
ons Corp. inscr. lat. IX, 4108 , 4502 , 5 060. — 29 Corssen, A usspi IC ^ ^
p. 405. Cf. le nom de la capitale des Marses, Marrubium. - '
7 lient. 43. Peut-être est-ce une tête de Mars qu'il faut reconnaître sm t- ^ ^
aies de la ville : Cal. of greek coins, Italy, p. 70, n. - ; bnlioof, -I J
-31 Strab. V, p. 250; Paul. Diac. s. v. Irpini, p 106 (0. MullerR--^ / j
it. IX, 1089, 2198 ; cf. Cat. of greek coins, Italy, p. 69. - ' ' dc
7- IX, 1455; ., 5, ; cf. p. 129. - 34 Liv. XXVI., 23. Cf les insccjt,^ •£ I ,
ipoue avec les formes Mamertiar et Mamerttiais ( * ^ ^ 455® |
ücheler, Rhein. Mus. XL1V (1889), p. 323 sqq. - 36 Corp- inscr. *
- 30 Babelon, Monn. de la rép. rom. I, p. 10 ; 25 sqq. ; 1 ieJ’ . 224t
111, p. 12; Corp. inscr. lat. IV, 879. — 37 Cat. of greek . 0v’id.
13 sqq. 341, 372. — 38 Verrius Flaccus, Fasti Praenest. 1
015 —
MA K
MAR
et Lavi-
, (>t un flamen Martialis à Laurentum e
i miuviura, à Aricie2. Albe avait également un
Jïï>’ ;I . Mars a et Yélitrae un ancien autel du dieu 4
is Sü1 1 1 1 * . . » „ .v-, m n ji ln Tipnin «U; Rome
niui»
ninm
boi
pré nés te, on
la lance, son
conservait, comme à la Regia de Rome,
cvmhoie B. Enfin un certain nombre d'ins-
,1e differentes villes latines, confirment la
Stoton de ce culte dans la région',
t nt à Rome même, bien que nos renseignements
trias circonstanciés sur sa religion que sur celle
r -litres villes du Latium, les origines et la nationalité
h -cultes primitifs soulèvent encore bien des ques-
i::;, ne sont pas résolues. Ce qu’on peut dire d a
Iprès certain, c’est que le culte de Mars s’y présen-
j I dès une très haute antiquité, sous une double forme
répondant à une double origine, celle de Mars proprement
dit et celle de Quirinus. Le culte de Mars a son centre
au Palatin, la première occupée des sept collines, la
Roma quadrata de Romulus, c’est-à-dire le siège, à ce
■U Semble, de l’élément latin de la cité romaine1.
C'est au pied du Palatin et à l’extrémité sud-est du
Forum, que se trouvait la Regia, le palais légendaire de
Mima’, en réalité le sanctuaire religieux des Latins9 ;
danS une des salles ou sacraria de cet édifice, on con¬
servait les lances sacrées du dieu, hastae Martiae ,
lances prophétiques, auxquelles s’attacha toujours la
plus grande vénération10. Au sommet de la même
colline s’élevait la curia Saliorum , c’est-à-dire le
local où s’assemblaient les Saliens du Palatin, plus tard
appelés Salii Palatini , pour les distinguer des Saliens
du Quirinal [salii] 11 : ils y gardaient, avec le lituus de
Romulus, les douze boucliers ou ancilia qui, comme
les lances de la Regia , s’agitaient d’eux-mêmes pour
prophétiser dans les moments critiques 12 ; on y voyait
en outre, s’il faut en croire le témoignage de Servius,
une statue de Mars armé de la lance13. Enfin l’impor¬
tance du culte de Mars dans la religion primitive de
Rome est confirmée par l’existence du flarnen Martialis
qui comptait au nombre des trois flamines majeurs
[flamen, p. 1160]. Dans la hiérarchie des prêtres telle que
nous l’a transmise Festus14, c’est le rex qui occupait le
premier rang; viennent ensuite le flamen Dialis , le
Ihmm Martialis et le flamen Quirinalis ; à cette classi¬
fication correspond celle des dieux Janus, Jupiter, Mars
1 Corp. iriser, fat. VI, 2170 sq. ; X, 707 ; cf. IV, p. 197; Serv. Virg.
• 'III, 285; Macrob. III, 12, 5; Schol. ad Hor. Carm. 1, 36, 11. D’Anaguia pro-
mil un lelief avec une représentation des Saliens : Benndorf, Annali , 1809, p. 70,
]V' ' Marquardt, Staatsverw. 111, p. 414, n. 1 ; 415, n. 1. Cf. sur la fondation de
Dio l,llUm "n° 'hjcnde où le loup, l'animal consacré à Mars, joue un rôle important :
“D- U.ilic. I, 59 ; unc monnaie de Lannvium fait allusion à une légende analogue :
;; de la rèp. rom. II, p. 283 sq. ; Premier, Bestia-Vesta , p. 398 sq.
' 7 2 Corp- inscr ■ >at. X, 797 ; XIV, 4178a; XIV, 2109 ; Rev. arch. 1888, I,
Lcr ^ D‘0n' Hal‘C‘ h 77' — 4 Suet- Auff- !• — 5 hiv- XXIV- 10‘ ~ 6 Co,'P'
30t , 1,3 = X*V, 2578 (Tusculum); XIV, 4176 (Lavinium) ; 4178 (Lannvium) ;
5(116 (i S<1' (0sUe| : 2894 81- 4105 * (Préneste) ; 3563 a b (Tibur) ; 4012 (Ficuléa) ; X,
le quIi ' ~ 1 Mommsen el Marquardt, Manuel des antiq. romaines , t. XII,
livre | i ' ' ' ^‘'ssauib P- 29 sqq. ; cf. Mommsen, Bisl. rom. trad. franc, t. I,
- 9 j,,,. j ' 8 ®°lin- I, 21 ; cf. Tac. Ann. XIV, 41 : Numaeque regia , etc.
p. 298 i " 7oPü-7r- I, 2, p. 298 sq. 413 sq. ; Mommsen et Marquardt, Op. cil.
t(188'". r ^'c'lols’ Regia, in Roem. Mittheil. 1886, p. 94; Id. Archaeologia,
6, | ,., T. Uraye' Ae». de thist. des relig. 1887, t. XVI, p. 332. — üell. IV,
110 ; Plut /)'lltU5COU9ulte de 0551 ’ cf' Liv- XL’ 19 ’ ,ul- 0bsccl- C0' 96’ 104> 107’
1 20 y UnfUl' 29‘ ~ 11 Mommseu-Marquardt, Op. cit. t. XIII, p. 159 sq. ; Liv.
fii°n jj’a|. " ‘ ~ ' 12 Cic. De div. I, 17, 30; Liv. Epit. 68; J ul. Obseq. 104;
ont conclu ■ y' ,0 • XIV, 2,5; Valer. Max. I, S, 1 1 ; Plut. Nam. 13. Certains érudils
pensé {[11(. ,;! 'a Regia et de la curia Saliorum, ou tout au moins ont
Vision a.'iriï/'aet ^cs ^u,stae étaient déposés dans le même local. Sur celle dis-
13 Serv il ,1,)ll0grapliie dans Roscher, art. cité du Lexikon , II, 2388 sq.
p. 1173 ; ]q0| ^en’ ^ ^ Fest. p. 185 a. — Flamen, p. 1160 et 1 161 ; cf.
°""»sen-Marquardl, Op. cil. I. XIII, p. 8-9, 16 et 19. — 16 Dionys. llalic.
et Quirinus. Mais celte liste elle-même, bien que remon¬
tant aux premiers temps de la république, est d une
époque qui a suivi la fusion des trois tribus dont Rome
s’est formée. Si l’on met à part le rex, qui n’a été créé
qu’à la chute de la royauté, on est amené à penser que
les trois grands flarninats répondent aux cultes les plus
éminents des trois tribus, et que Mars y représente
l’apport religieux des Ramnes du Palatin, dont il était
par excellence la divinité nationale1'. 11 suffira de rap¬
peler que, dans la légende nationale sur les origines de
Rome, c’est Mars, époux de RhéaSilvia et père de Romulus,
qui est considéré comme l’ancêtre du peuple romain.
Au Quirinal, c’est une population de race Sabine, les
Tities, que nous trouvons établie. Elle a ses sanctuaires
distincts et ses dieux propres : parmi eux, le plus
important, celui qui a donné son nom à la colline ou qui
l’a reçu d’elle, Quirinus. Quelle relation y a-t-il entre
Mars et Quirinus? Les anciens n ont pas hésité à les
identifier10 et les modernes sont disposés également à
reconnaître en Quirinus un Mars sabin1 . Les deux divi¬
nités ont en effet même attribut, la lance; et, fait plus
caractéristique peut-être, à l’époque où les trois tribus
se furent fondues pour ne constituer qu une cité, on
créa, à l imitation des Salii du Palatin, pour le culte de
Quirinus, un collège de Salii Collini qui eurent, eux
aussi, la garde de douze boucliers sacrés18. Quoiqu’il en
soit, et à supposer que Quirinus ne soit qu’une épithète
du Mars sabin, comme Gradivus était celle du Mars
latin adoré au Palatin10, les deux cultes sont restés
nettement distincts, chacun avec ses sanctuaires, son
collège de Saliens, son flamen particulier, et nous
n’avons à nous occuper ici que du dernier20.
Au témoignage de Vitruve, conformément à une cou¬
tume qu’il signale chez les Étrusques, c’est en dehors de
l'enceinte primitive, à Rome, que se trouvaient les
sanctuaires du dieu21. Cette assertion parait contraire à
ce que nous savons : car, d’une part, elle ne tient pas
compte des anciens sanctuaires du Palatin; et, d autre
part, nous ne connaissons, comme centre d un culte
authentiquement ancien de Mars en dehors du potnoe-
rium , que l’autel, souvent mentionné par les auteurs,
du Champ de Mars ( ara Martis)-1 ; on y sacrifiait en
octobre Vequus oetober 23 ; et peut-être jouait-il quelque
11, 48; Cornut . 21: Ampdfi», IX, 2; Serv. ad -4e». I, 292. C'est ce que ten¬
drait ii prouver aussi l'identification de Romulus divinisé avec Quirinus : Dionys.
llalic II 63; Plut. Rom. 29. — 17 Mommsen, d’après le rapprochement de
deux inscriptions, trouvées ensemble « in liortis Quirinalibus pontificiis » :
Corp I 41 = VI, 475 (dédicace à Mars), el I, 630 = VI, 565 (dédicace à
Quirinus) Cf. Preller-Jordan,' l, p. 369, n. 4 et Roscher, Lexikon, 11, 2387,
note ■ Gilbert, Oesch. and Topogr. d. Stadt Rom, I, p. 280 sqq. - 18 Mommseu-
Marquardt, Op. Cit. t. XIII, p. 159. - 19 Liv. I, 20, 4; V, 52, 7; Preller-Jordan, I,
p 369 n. 4. - 20 On a voulu établir un rapport entre le nom de Quirinus el celui
dé la ville sabine de Cures : rien n'est plus arbitraire ; on peut eu dire autant du
rapprochement entre Quirinus et ci iris ou quiris (nom sabin de la lance’). La rcla-
Kon entre Quirinus et Quiritcs est au contraire évidente. D'apres Bouché-Leclercq
( Manuel d'es inslit. rom. p. 482 sq. 490 sq.), c'est l'élément latin qui a imposé aux
Sabins du Quirinal le culte de Mars-Quirinus, avec sou fiamine et son collège de Sa¬
lions et qui a voué le Champ de Mars (dépendance topographique du Quirinal) au
dieu latin par la foudaliou de l'autel de Mars et des jeux équestres. Aux preuves
e uous avons données de la séparation des deux cultes et des deux divinités,
ou peut ajouter les formules comme celle du dévouement citée par Tite-Livc,
Vlll. 9, 0 ; Jane, Juppiter, Mars pater, Quirine, Dellona.... — 21 Vitr. p. 30,
I J Rose, La raison qui est donnée de cette particularité, c'est que le dieu
doit protéger la cité du péril extérieur, et non pas fomenter les discordes civiles.
Cf. Mythogr. Vat. ni, 10; Serv. ad Aen. I, 292. — 22 l'ar exemple Liv. XXXV, 10 ;
XI 45, etc. — 23 Plut. Quacst. rom. 97 ; Fest. p. 178, 5; p. 220, s. v. Panibus ;
Paul. p. 8t. Sur le même autel, on offre un sacrifice (suovetaurilia) pour les
spolia secunda : Fest.p. 189, s. t-, Opxma ; cf. Serv. ad Aen. VI, 860 ; Plut. Marcell.
Vlll.
MA H
1616 —
rôle dans les danses des Salions1. Dans le voisinage de
eet autel on éleva plus tard un temple au dieu8. Quant
au Champ de Mars lui-même [campus martius], il semble,
si l'on s'en rapporte à Tite-Live, n'avoir été consacré à
. la même divinité qu'après la chute des Tarquins9. Outre
les exercices militaires et les réunions des comices aux¬
quelles il était affecté, on y célébrait une des grandes
fêtes en 1 honneur de Mars, les equirria et les Mamuralia.
Au bord de la voie Appienne, entre le premier et le
deuxième mille au delà de la porte Capène, et sur une
petite éminence qui précède aujourd'hui la porte San
Sebastiano, se trouvait un temple de Mars4 qui, d'après
Servius, y était adoré sous le nom de Grodivus 5. C’est
dans 1 édifice même que l'on voyait sans doute une
statue de Mars, entourée d'un groupe de loups, men¬
tionnée par Tite-Live sur la voie Appienne6. Au reste,
toute cette région était consacrée au dieu : elle portait
le nom de ad Martis et l’on y signale aussi un clivus
Marlialis 7 ; diverses inscriptions, relatives à Mars, y
ont été retrouvées8. Quelle est la date de la fondation
du sanctuaire lui-même? On l’a cru très ancien : peut-
être est-il, identique au temple dédié à Mars entre les
années 306 et 388 par le duumvir sacris faciundis
T.Quinctius à la suite de l’invasion gauloise9.
Les autres temples de Mars à Rome sont d’une époque
postérieure. D. Junius Brutus Gallaecus, consul de
l’an 138 avant notre ère, en fit édifier un près du Cirque
Flaminius et y logea la statue colossale
faite par Scopas10. Auguste consacra à
Mars Ultor deux temples qu’il faut très
probablement distinguer l’un de l’autre :
le premier, au Capitole, est de l’an 20
av. J.-C. ; il avait été édifié pour glori-
Fig. 48*5. - Temple fier la victoire remportée sur les Par-
de Mars Ultor. thés et qui avait vengé la défaite de
Crassus" : il devait être de dimensions
assez restreintes et de forme ronde, si l’on en juge
par des monnaies qui paraissent (fig. 4813) reproduire
sa silhouette12. Quant au second, Octave l'avait voué
en l'an 42 av. J.-C., au cours de la campagne contre
Brutus et Cassius, pour venger le meurtre de César,
pro ultione paterna, mais il ne fut inauguré qu’en l’an2
avant notre ère, et avant d’être complètement achevé13;
il se trouvait au Forum AugustiH ; c’était un des plus
magnifiques de la cité : parmi les trophées et les nom¬
breuses œuvres d’art qui le décoraient, figuraient la
statue de Jules César et un groupe de Mars et Vénus,
ancêtres divins de la gens Julials. Le même groupe
divin, d'après Dion Cassius, occupe une place éminente
parmi les divinités en l’honneur desquelles fut édifié le
4C est une induction fondée sur un texte de Servius, qui dit d’une manière géné¬
rale : rlicti Salii ideo quodcirca aras saliunt et tripudiant: ad Aen. Vlll, 285et G63.
- Dio Cass. LV 1, 24; Ovid. Fast. II, 8tiO ; Vitr. I, 7, I ; Rosclier, art. cité, 2390.
— 3 Liv. Il, 5. 2 ; Flor. Epit. I, 9, 1. — *Cic. Ad Quint, fratr. III, 7; Ovid. Fasl.
VI, 191 ; Lanciani, Annali, 1871, p. 79; Dcssau, Dullett. 1882, p. 121 sqq. ; Jordan,
Topogr. II. p. III; Gilbert, Gesch. u. Topogr. II, p/9C sqq.; Baumeistcr, Denkmüler,
Il p. 1521. — 5 Serv. ad Aen. 1, 292; cf. Prop. V, 3, 71. — 6 Liv. XXII, I, 12!
‘ Jordan, Op. cit .; Gilbert, Op. cit .; Becker, Top. p. 512. — 8 Corp. 1. 53 1 = VI, 1 ;
I, 8ng=\ I, 4/3; 474, *78 Le manalis lapis qui se trouvait à proximité, 11a aucun rap¬
port a\cc le culte de Mars, comme on l a cru par erreur: Wissowa, s. v. in Rosclier,
Lexikon , II, 2308 sq. — 9 Liv. VI, 5, 8 ; cf. VII, 23, 3; X, 23, 12; X, 47, 4. Cf. là
noie de Aust dans le Lexikon de Rosclier, II, 2390 sq. — 10 Plin. Lfist. nul. XXXVI,
20 ; Corn. Nep. fr. 13. — 11 Dio Cass. LIV, 8. — 12 Becker, Topogr. pl. v, n. 20;
Cohen, Monn. de Vemp. rom. 2' éd. t. 1, p. 89 sqq. n. 193 sqq. = Rosclier, Lexi¬
kon. Il, 2392, fig. I. 1 i Dio Cass. LX, 5 ; Suet. Aug. 29 ; Corp. inscr. lut. I, 2“ éd.
I, p. 318 ; Thédenal, Le forum romain, p. 214. _ h Appelé aussi forum Martis :
MAR
Panthéon d’Agrippa16. Enfin,
ration des édifices r
Pour achever cette û,
taiion ues edihees religieux consacrés •>„ , enui»ê-
a Rome, rappelons que, suivant un témoigné ^ Milrs
réserve au dieu un des sacraria annexé, 0n avait
Jupiter Capitolin n. au lemple
La diffusion du culte de Mars dans lVnw
suivit tout naturellement les prom-ès d pire r°'«ain
Dans un très grand nombre de colonies et l * C°nquêle-
nous retrouvons des temples de Mars 16 Pr?,Vlnces’
Saliens19, unflamen Martialis*0, surtout d!? 60 °ge qe
votives en l’honneur de Mars,
épxthetes, ou encore associé à d’autres divinités
comme Jupiter, la Victoire, Hercule, Minerve21 n-'"08’
part, en beaucoup de contrées, il a été identifié','!?'6
divinités locales des peuples qui ont été en contact '
borne ; c est ainsi qu’on le trouve assimilé à Teutà!?
ilarmogius, Latob.us, Thingsus, Lacavus, Leucetius t
divinités dont quelques-unes sont connues, mais’dont
beaucoup ne nous sont révélées que par ces mention
sommaires de 1 épigraphie22.
Caractères du dieu Mars; son culte. — Le Mar
italique ne se prête pas, comme l’Arès des Grecs, à !ne
définition nette et simple ; sa nature est plus complexe
Sans doute il apparaît surtout, dans la littérature et les
croyances de l’époque classique et jusque souè les
derniers empereurs, comme le dieu des batailles ; c’est
lui qui a conduit Rome à l’empire du monde ; il a per¬
sonnifié le génie conquérant de son peuple. C’est là le
caractère qui frappe tout d’abord ; mais tel n’est pas,
autant qu’on en peut juger, son caractère primitif ou
lout au moins son caractère prédominant dans les plus
anciennes croyances. Pour les antiques populations de
l’Italie, il était avant Lout un dieu rustique, qui préside
a. la végétation et à la force productive de la nature.
Comment et dans quelle mesure ces deux aspects de sa
personnalité se sont-ils combinés, comment la transition
de l’un à l’autre a-t-elle pu se produire? C’est ce que
nous tenterons d’établir, en envisageant tour à tour les
différents éléments de sa nature, et en faisant appel, pour
cette analyse, à tous les renseignements que nous four¬
nissent les pratiques de son culte et de ses fêtes, ses
légendes, ses épithètes, ses symboles.
Dans son ouvrage sur l' Agriculture, Caton nous a
conservé des indications très précieuses et très nettes
sur le caractère agreste et champêtre du dieu Mars chez
les populations de l’Italie. Sous le nom de Silcanus ,
les pâtres et les éleveurs l’invoquent pour la prospérité
de leurs bestiaux, pro bubus ut valeant 23 . Ce .durs
Silvanus est donc une divinité analogue à l’Apollon Nopo;
ou NafTaïoç21 : le surnom qu’il porte indique que sa
Schol. in Juven. XIV, 261. — 15 Ovid. Trist. II, 96; Fasl. V, 550 sqq. Nous citerons
plus loin les représentations figurées (fig. 4849) qui semblent reproduire le 1)1“ 111
Mars de ce temple. — IG Dio Cass. LUI, 27. — 17 August. De cit'it.dei,l\ , Iîosclier®
I.exikon , II, 2392 sq. ; capitouum, p. 905. — l8 Ail confluent de 1 Isère et d.i U"iiio,
IJ. Max. Fabius Aemiliamis avait édifié deux temples, l'un à Mars, 1 autre à •
après sa victoire sur les Gaulois (121 av. J.-C.) ; Slrab. 185; Suétone, ' ll'1
10, mentionne un delubrum Martis à Colonia Agrippincnsis. — 1,1 A M'ionc, -
V, 4*92 ; à Sagonte, Ibid. II, 3853 sq. 3859, 3864 sq. — 20 A Vienne, Corp. ML ^
h Grenoble, 2236; à Genève, 2600, 2613. Cf. n. amen, p. 1173, n. 23. — 11,1 jj ^
le relevé des inscriptions et des épithètes dans 1 article de Rosclier, Lexikon , ^ ^
— 22 pour celte énumération encore, nous renvoyons à la liste deRoscl» < •
sq. 11 faut ajouter quelques noms de divinités nouvelles, révélées pai îles ni 1^^
découvertes depuis lors : Mars Beladus (lieu, épigr. du midi de ia ^
p. 360), Bolvinus (Ibid. 380), Cicollinus (Ibid. 1890, 436 sqq.), Htulh i
(Dev. celt. XVIII, p. 87; cf. Ilini. Dhein. Mus. LII, 1897, p. 439 sq.), ®tc' j
De re rust. 83. — 24 Rosclier, Apoll. und Mars, p. 63, el Lexikon , U,
MA H
— 1617 —
MA H
, ,|ans les régions montagneuses et i'ores-
| rjjsideneo p» également les grands pâturages
tires ou r(,lève du bétail1; de même d’autres divi-
! 'ic pastorale et champêtre, comme Silvanus,
\m de la 'censées habiter de préférence les forêts2.
Pali;S’ S"" , rint-il pas chercher ailleurs la raison pour
K o»nt-(*trene v , .
peut-cdrc ‘^‘vgacrré lc loup à Mars. On sait le rôle
ke!l,! °"(1‘|ns ga légende : les Romains l’appellent
AÜ'[i°Uarlius lupa Martin ; son image est reproduite
r , ' sanctuaires du dieu; son apparition présage le
danb ' , , Mars; enfin la fable des jumeaux allaités par
ITT met en 'évidence cette affinité entre le dieu et
* 0U'i] a plus tard, lorsque Mars fut décidément
reTune divinité guerrière, on admit tout naturelle-
I t crue le loup lui était associé comme symbole du
Cctère sauvage et féroce de la guerre ; mais on peut se
lemander si l’idée qui présida dans lc principe a ce
rapprochement n’est pas Incroyance que le dieu était le
'protecteur des troupeaux contre les bêtes féroces de la
foret': c'est en somme la même conception qui se traduit,
d’une manière plus explicite, dans l’épithète de Laperais
appliquée à faunus, dieu parent et similaire de Mars.
* Le pic, pi eus Martius , l’oiseau de Mars, nous
rappelle encore la nature silvicole et rurale du dieu. Il
est déjà nommé dans les tables eugubines5. C’est lui
qui guide l’émigration ou ver sacrum des Picentins5,
comme le loup conduit celle des Ilirpins, et il intervient
également dans les légendes sur les origines de
ftome7. Il passait pour un oiseau prophétique8, et l’on
a conjecluré qu’il a été consacré à Mars précisément
parce que son cri répété annonce au laboureur l’approche
de la pluie D. On sait que sous le nom de Picus ou de
Picumnus , l’oiseau cher à Mars a été promu lui-même
au rang de divinité ou de héros10.
Dans le même ouvrage de Caton, nous trouvons d'in¬
téressants détails sur le rôle éminent de Mars dans les
bmbarvalia 11 . Célébrée le 29 mai à Rome, et à une date
voisine en différentes localités12, cette fête avait essen¬
tiellement un caractère lustral. On purifiait ainsi soit
une ville, soit une campagne ( lustratio pagi) ; les simples
particuliers purifiaient leur champ pour appeler la
bénédiction céleste sur les moissons au moment où elles
mûrissent u. C’est à Mars que, dans les temps les plus
reculés, on offrait en sacrifice des victimes, les suove-
taurilia, c’est-à-dire h; porc, le bélier et !<■ taureau,
après les avoir promenées trois fois autour de 1 objet
qu’on voulait purifier11; c’est à Mars également qu on
adressait, avant le sacrifice, la prière; dont Caton nous a
conservé la formule sacramentelle : « Père Mars, je l im¬
plore, je te prie d’être bienveillant et propice à moi, à ma
maison, à tous mes gens : c’est pourquoi j’ai lait pro¬
mener des suovetaurilia autour de mon champ, de ma
terre, de mon bien ; empêche, détourne, écarte les
maladies visibles et invisibles, les épidémies et les
ravages, les dégâts eL les intempéries; permets aux
plantes, aux blés, aux vignobles, aux vergers de pousser
et de bien venir ; conserve en bon état bergers et trou¬
peaux ; accorde santé et prospérité à moi, a ma maison,
à tous mes gens. ». C’est à peu près de même façon,
quoique en termes plus sommaires, que le chant des
Arvales appelle la protection du dieu sur les champs :
« Ne permets pas à la contagion, ô Marmar, de se
répandre dans nos champs — Protège les semailles, ô
Mars! sois favorable aux semailles, ô Berber 10 ! » Dans
la fête des robigalia, célébrée le 25 avril, il est associé
à Robigus ou Robigo, divinité qui guérit les blés de la
nielle16, fonction qui, à Rhodes, était dévolue à Apollon
Ip'jÔtêtoç 17. To utes ces croyances nous montrent en Mars
un dieu à.7:oTpÔ7ta[oç ou averruncus **, qui sait combattre
efficacement les fléaux dont l’agriculture est menacée.
L’épithète de G nul iras, une des plus usitées, et qui fait
souvent partie de l’appellation officielle du dieu", con¬
serve peut-être la tracede ce caractère agricole. Lesanciens,
guidés par une analogie superficielle, ont rapproché ce
mot du verbe gradior, et l’interprètent comme faisant
allusion à la démarche impétueuse du dieu de la guerre20 :
mais la racine de gradior est brève, et la première syllabe
de Gradivus est longue d’ordinaire21. Aussi a-t-on pro¬
posé de rattacher ce mot à la racine qui se retrouve dans
grandis , grandire : le Mars Gradivus serait ainsi le dieu
« qui fait croître » les plantations22. L’épithète a eu, dans
la suite, la même fortune que la divinité elle-même; et
c’est ultérieurement que, s’appliquant à un dieu guer¬
rier, elle a paru exprimer son caractère belliqueux.
Rappelons enfin, toujours dans ce même ordre d'idées,
que certaines plantes ou arbres étaient plus spécialement
consacrés à Mars : le figuier, qui lui a valu le surnom de
Ficarius*3, le chêne24, le cornouiller25, le laurier qui semble
I 0' linij. lut , y, 3G : « <{iios agros non colebant propLer silvas aut ici
I’ccus P088'1 pasci, et possidebaut, ab usu salvo saltus nominarunt ;
I acceiiam Graeei vijrrç, nostri nemora ». Fcsl. p. 320: « saltus est ubi ilvae et
[,, 111,5 sllnl "• _ 2 Pour Palès, voir Ovid. Fast. 1 V, 746; sur Silvanus, voir
n ll""lan' L 392 sq. — 3 Voir les textes réunis par Prcller- Jordan, I, 33G,
I Sir I V,UP Ùsaleraeot 1 archégôte des Hirpini ( hirpus est le nom sabin du loup) :
1 aU,V’L 12 ; Fcsl. p. 10G
| interpi
Utnlji
, v. Irpini. — 4 Prcllcr-Jordan, Ibid. 33G sq. Cf. d’autres
o Tab. V 4, 9 et 15 ;
212, v. Pieena regio. —
Bücbcler,
1 Sclnce-
. / j'1' '011s dans Schwegler, Roem. Gesch. 1, p. 3C3 sq. ; Mannhardt, Ant. Wald-
“ e 1 1,1 le, |>. 333; Roscher, Lexikon, II, 2430.
gler T'; P' “,13 *!• — 6 Strab. V, 240 ; Fest. p
Anl J j (r(‘-sc^L I. P- 233 et 416, 11. 3. — 8 Dion, llalic. I, 14. — 9 Mannhardt,
a(l-len \'| - i — 10 Prcller- Jordan, 1, p. 375 sqq. Un texte de Servius,
— O //.;,/ i û*'C^e aUSS* ^Pcrvier ( accipiter ) parmi les oiseaux consacrés à Mars.
• AMBARVALE SACRUM, AMBURBIUM, ARVALES FRATRES | MomillSen-Mar-
sqq.; Prellor-Jordan, I, p. 340; Roscher, art. cité,
lu. Cf
I £*• xi.; P. .n
I encore disci l U 0Wler’ ^le roman festivals, p. 124 sqq. C/est une question
par les Ai vdo 1 * * S* ^es Atnbarvalia sont identiques à la fêle similaire célébrée
Ibid. p. .jj '1^11 *c ,*c,‘11|cr des ouvrages cités, p. 125. — 12 Mommsen-Marquardt,
Iran lue ,7 U Corp' inscr- l“t- I, p. 358 (Menologia rustica) : « segetes lus-
Büchelcr / c' ; ^ aIT- Dererust. Il, 1, 10 (à propos de Vambilustrium) ;
*1* Mar-, | " ICa' P- 81 S(L Plus tard, c’est à Tellus et à Gérés, qui prit la place
Bréal, 3/p,,, a<M '"‘Put offert : Virg. Georg. I, 338 sq. — 15 Traduction de
«il- XIII, |, |()(| /,f Sot’' IV (1881), p. 373 ; cf. Mommsen-Marquardt, Op.
Arvalii, i " ' "ars avi>it sa place dans le cullo de uea dia auquel soûl voués
■ u était — ■
une des divinités adorées dans ic bois sacré de la déesse : Jordan
Krit. Beilr. p. 202, 20G ; Pauly-Wissowa, Bealenc. s. r. — 16 Tertull. De spect. 5.
Ou remarque que le prêtre qui officie aux Robignlia est le flamen Quirinalis : or
Quirinus est une forme de Mars. Itobigus est peut-être une indigilaliou de Mars :
Âust, Die Religion de Borner, p. 170, note. Cf. sur cette fête les autres textes réunis daus
Mommsen-Marquardt, XIII, p. 363 sq. ; Roscher, 11, 2403; Warde Fowlcr, The rom.
festin, p. 88 sqq.; et Mannhardt, Mythol. Forsch. p. 107 sq. — n Strab. p. 613;
Roscher, Apotl. u. Mars, p. 62. — 18 Aulu-Gclle (V, 12, 1 i) cite en même temps que
Robigus un dieu Averruncus qu'on invoque en ces jours de fête : serait-ce aussi une
épithète de Mars lui-même? Prcller-Jordan, I, p. 340, n. 3 : rf. Varr. De ting. lut. Vil,
{02 _ lo Liv. I 20, 4 : V, 52, 7 ; XXI, 1 . On a vu plus haut que c’est sans doute lc
même mot que le Grabovius ou Krapuvius des labiés Eugubines. — 2U Paul. p. 97 :
« Gradivus Mars appellatus es! a gradiendo in licllo ullro cilroque » : Serv. ad Aen.
111 35 : « üradivum, OoJpcov "Apiiii, i. e. exsilientem iu proelia ». — 21 Virg. Aen. 111,
35 • X, 542 ; Ov. Fast. II, 859. l.a même syllabe est brève dans Ov. Met. VI, 426
_ 22 Bréal Les tables eugub. 64 sqq. Les anciens eux-mêmes oui rapproché d'autre
part Gradivus de gramen : Fest. p. 97 : » Gradivus Mars.... quia graminc sit
ortus » ; cf. Ovid. Fast. V, 229 et 255. Ou en induisait aussi que le gazon ( gramen )
était consacré au dieu .-Serv. ad Ami. XII, 119. On sait que la couronne de gazon
(corona grain inea) était la plus haute récompense militaire : cou un a, p. 1535 ;
Preller- Jordan, I, p. 350, u. 2; Roscher, Lexik. II, 2411, noie '; 2429; Usencr,
Bhein. Mus. XXX, p. 215 sqq. — 23 Corp. inscr. lat. XIV, 309 (Ostie);
Roscher, Ibid. 2428; Prcller-Jordan, 1, p. 110. — 24 guet. Yesp. 5; Mannhardt,
Ant. Wahl- u. Feldliulse p. 23. — 23 Un cornouiller aurait surgi d'une lance de
Mars près de la maison de Romulus : Plul. Rom. 20 ; Serv. ad Aen. 111 46; Arnob.
IV, 3.
MAR
UihS —
a\oir joui' dans son culte le rôle d’a7toTpd:ratov la fève2.
Le dieu qui veille à la prospérité des campagnes
manifeste surtout sa puissance dans les phénomènes qui
accompagnent le renouveau de l’année; c’est alors que
renaît dans, la nature entière, plantes, animaux et
hommes, l’activité productrice dont il est la personni¬
fication. Mars est, pour cette raison, conçu éminemment
comme le dieu du printemps; c’est dans cette saison que
sont célébrées quelques-unes des fêtes les plus impor¬
tantes de son culte. Ce caractère s'accuse tout d’abord
dans 1 antique usage du ver sacrum. Sans répéter ici ce
qui a été dit à ce sujet devotio, p. 115-116], rappelons
que cette pratique, en usage chez diverses peuplades
italiotes, consistait à dévouer au dieu, en cas de calamité
publique, les fruits ou les générations du printemps à
venir. Quant aux sacrifices humains, qui, dans les temps
primitifs, s accomplissaient réellement, ils furent rem-
placés, avec l'adoucissement des mœurs, par des exodes
de populations. La jeune génération, ainsi consacrée à la
divinité, partait, après vingtannéesrévolues, à larecherche
d unepatrie nouvelle. Nous connaissons un certain nombre
démigrations de ce genre; et, pour chacun de ces cas,
la légende ne manque pas d’indiquer que la colonie
exilée partait sous la conduite et la protection d’un
des animaux spécialement consacrés à Mars, le loup, le
pic, ou le bœuf de labour3.
Mais le fait le plus caractéristique, pour cet aspect du
dieu Mars, c’est que les Romains ont mis spécialement
sous son invocation le premier mois du printemps, celui
même qui ouvrit chez eux, jusqu’à Jules César, l’année
civile et religieuse; ils lui ont donné le nom du dieu,
mensis Martius : détail d’autant plus significatif qu’au¬
cun autre des mois de l’année, à l’exception de janvier,
n'a reçu le nom d'une divinité : encore faut-il remarquer
que le premier jour de januarius seul est consacré à
Janus, tandis que le culte de Mars est prédominant
pendant toute la durée du mois auquel le dieu préside \
Il suffit de jeter les yeux sur le tableau qui a été dressé,
à l'article feriae [p. 1049], des fêtes primitives de l'État
romain [feriae siativae), pour remarquer le nombre de
celles qui se pressent à cette époque de l’année pour
rendre hommage au dieu Mars.
Les cérémonies commençaient dès la fin de février,
le dernier mois de l’année écoulée, qui avait été rempli
par les purifications et les offrandes aux morts : le 27 de
ce mois avaient lieu les equirria, qui consistaient
essentiellement en courses de chevaux au Champ de
Mars. Les calendes de Mars, qui sont le jour de l’an
romain, étaient spécialement consacrées au dieu5 ; le
l Le laurier joue du moius ce rôle à lafêledes Itobigalia ; à la plus imporlauledes
fêtes du dieu, le i'r mars, on renouvelait les rameaux de laurier qui décoraient la Re-
gia et la Curie : Ovid. Fait . III, 1 35 sqq. ; Macrob. Sat . 1 , 12, 6 ; Roscher, L. c. 2428
sq.; Warde Fowler, The rom. festin, p. 35-36. — 2 Lyd. De mens. IV, 29; Serv. ad
Aen. XI, 51. — 3 Ce dernier cas est celui desSamnites fondateurs de Bovianum : Strab.
V, 250.— 4 Warde Fowler, Op. cit. p. 33. Quant à junius, il n'est pas sur que ce mot
déri\e de Juno : Roscber, Lexikon , s. v. p. 575, note. — 5 Feriae Marti : calendrier
de Prénestc. — * 11 y est noté du signe N = natalis Martis. — 7 Warde Fowler,
Ibid. p. 37-38. — 8 Ovid. Fast. III, 351 sqq. ; Plut. Num. 13. — 9 Dion. Halic. II, 71.
— 10 La même expression est déjà employée par Lydus, De mens. III, 15 et IV, 29
{Ktû.0. xivîîv) à propos du premier jour de Mars; elle revient encore chez le même
auteur pour le 23 mars ( tubilustrium ), IV, 42. Comme les Saliens exécutaient leurs
danses avec les boucliers pendant tous les jours sans interruption, peut-être ces trois
journées-là répondent-elles aux plus importantes des mansiones Saliorura : Smith,
Dici. of antiq. v . Salit (Marindin). — Il La date du 14 a été contestée, parce que
ce serait la seule fête ancienne tombant sur un jour pair ; on a supposé qu’elle avait
lieu primitivement le 15: Wissowa, De feriis , p. IX; cf. i-kriak, p. 1049, n. 2.
— 12 Equibru, p. 746, n. 15. — 13 Varr. De ling. lat. VI, 14; Macrob. I, 4, 15
MAR
calendrier de Philocalus note que ce jour
comme le jour anniversaire de sa naissance1 * ,C°nsid4l
qui a sans doute son origine tout siirmio ’ CI'Uyance|
fait que c’était le premier jour du mois^hT dans ce
vocable 7. C’était encore ce jour-là, d’après le!.
que le bouclier de Mars, le prototype des « H
était tombé du ciel8 ou avait été trouvé don T
de Numa9. Aussi en ce même jour les dmai80n
inauguraient-ils les processions et les dive,'!!T [SAUIÏ
devaient ensuite exécuter, sans discontinuité lls
toute la durée du mois jusqu’au 24, Bien que’ ^
monies eussent lieu tous les jours, il est
sèment mention de l’intervention des Saliens à cerhi
fêtes détermines : le 9, où il est dit, dans le !
de Philocalus : arma ancilia movent 10- ie ^ .1
recommence, en l’honneur de Mars, la célébration Z
Equirria n, fête qui finit par prendre le nom de Manu
ralia, en commémoration du forgeron Mamurius r[u1
n’est sans doute qu’un doublet de Mars lui-même ‘s (e
17, où ils participent aux Agonia 13 ; le 19, Quinqunlm
où a lieu la lustratio des ancilia" \ enfin le 23, jour du’
tubilustrium , en l’honneur de Mars et de là déesse
NeriolK A cette liste, il convient peut-être d’ajouter la I
fête champêtre du 15 mars, où l’on célébrait anna
perenna qui, dans certaines versions, était mêlée à fai
légende de Mars10.
Nous nous bornons ici à cette énumération sommaire, i
renvoyant, pour la description plus détaillée des diffé¬
rentes fêtes, aux articles spéciaux de ce Dictionnaire. J
Mais nous devons ici nous poser une question d’un
ordre général. Est-ce uniquement par l’époque de l’année I
où elles tombent qu’elles rappellent le caractère agricole |
et printanier du dieu auquel elles s’adressent ? ou bien
ce caractère se manifeste-t-il encore dans la physionomie j
de ces fêtes, tout au moins dans certains traits de
leurs rites? Disons d’abord que le printemps étant éga¬
lement le commencement de l’année militaire, il est na¬
turel qu’à l’époque où Mars fut devenu par excellence le
dieu des armées et des combats, cet aspect guerrier ait
fini par prédominer dans les fêtes du mois de mars. C est
ainsi que les courses de chevaux ou de chars des Equir- !
via sont devenues éminemment les fêtes du cheval de I
guerre, ïequus bellator n, l’ami et l’auxiliaire du dieu
des batailles, l’orgueil de la chevalerie romaine. 11 c°n‘
vient cependant- de rappeler que ce peut être aussi a
titre de dieu champêtre qu’on a mis tout d’abord sous I
sa protection les chevaux, dont l’élevage réussissait
si bien dans les pâturages du centre de 1 Italie1. De j
même, il est bien vrai que l’accoutrement moitié soi er j
( agonium Martiale)', Kal. Vat. et Caer. \ Roscher, H, 2401. a°l" ^ '||lre |J
Manuel des inst. rom. p. 507, conjecture que c’est un concours do dan ' I
deux confréries des Saliens; Wissowa, Op. cit. p. XII. — 1+ ^v]er 0p. 1
Feriae Mar.)] Charis. I, p. 8 i , éd. Keil ; feriae, p. 1049, n. 5; Waide o ^ I
cil. p. 51 sqq. — 15 Lyd. De mens. IV, 42; Fast. Praen. ; Clic. IF < ' > I
Roscher, Lexik. II, 2402. — 15 Ovid. Fast. III, 523 sqq. ; Uscner, Itlu m ^naC1.u j
182 sqq. ; Wissowa in Pauly-Wissowa, Iieal-Encycl. s. v. Quaid au ' ' (j(,'nnéc au- I
ii tort qu’il était consacré à une fôlc de Mars : cette hypothèse, a .)* ^ I
jourd’hui, venait d’une restitution improbable d’une ligne du calen< u duellic* I
- H Virg. Aen. X, 891 ; XI, 89 ; cf. Georg. IV, 83 ; Lucr. II, 062 : etc.; 1
proies ; Prop. IV, 4, 14; Ovid. Fast. I, 098 ; 11, 12 et 858 ; Aîetam. ’ jenoes I
Preller-Jordan, I, 338; Roscher, Lexik. II, 2432. Cf. les monnaie^ ^Qn1lf 1
porlant d’un côté une tête de Mars, de l’aulrc une tête de chenal _ ^ ^nS’ I
de la rép. rom. \, p. 10 sqq. ; Helbig, Annali , 1865, p. 2/1 . Cala cü jialie, I
Jtahj, p. 09. 11 semble cependant que, à l’arrivée de Castoi et < Albert, Lecull^ j
Mars leur ait abandonné ses fonctions de dieu delà cavalerie. ^au,K^ tïe Maniibardt» I
de Castor et de Pollux , p. 31 sq. — On verra plus loin I In I)0 ^ C(;.réalcs. j
d’après laquelle le cheval est peut-être considéré comme un sj*11
MA K
— 1019 —
MAII
re des Saliens, et les boucliers dont
dolab 111 r jt gourer tout d abord au culte d une
;]« ont la gar . , .
divinité guerrière ,
Romains
n’est pas douteux que les
. trèsbonne heure, ne l’aient envisagé comme
('ins la singularité des rites accomplis par
tel. Néanm°in ^ religieuse suggère une autre interpré-
fUB^us danses'et leurs évolutions, accompagnées
lati0“' , mie les Saliens débitent2 tout en frappant
de Paliers du bâton3, rappellent les cérémonies
lei"'S ! ,|PS Curètes grecs [curetes] ; elles pourraient
''“""’ïoi, pour objet, comme celles-ci, d’écarter les
* ils malfaisants, c’est-à-dire les influences perni-
,|Ui au printemps, menacent les jeunes récoltés \
CieU" " poché aussi et avec raison la légende grecque et
conçu comme le génie de
bnarapprt
Iles fêtes printanières d Apollon
la lumière et qui,
dès sa naissance, livre un combat contre
Iles puissances des ténèbres et du mal personnifiées dans le
serpent Python3. Des pratiques analogues se retrouvent
chez maint peuple primitif, avec la même intention
[d’exorcisme, surtout au printemps, où les nouvelles
pousses sont plus délicates6. Lydus nous a transmis,
sur ces fêtes de Mars, un épisode fort curieux: le jour
ides ides, c’est-à-dire le 15, le lendemain des Mamuralia,
on conduisait par les rues de la ville un homme couvert
de peaux de bêtes et on le chassait du territoire à coups
de bâtons blancs : ce personnage était censé représenter
lamiivins Yeturius, le forgeron légendaire qui avait
fabriqué, à l’imitation du bouclier authentique de Mars,
les onze antres ancilia1. Suivant Preller, Mamurius ne
serait, dans cette légende et dans ce rite, qu’une autre
forme du vocable Mars, et Veturius serait de même racine
et de même sens que vêtus : Mamurius Veturius serait donc
•un symbole du printemps précédent, c’est-à-dire, par une
extension de sens, une image de l’année écoulée, àlaquelle
on signifierait son congé au début de l’année nouvelle8.
D’après une autre interprétation, due à M. Frazer, il
faudrait reconnaître au contraire en Mamurius Veturius
une sorte de représentation humaine et collective de tous
les esprits pernicieux, qu’il s’agirait de chasser en sa
personne : il jouerait donc en cette circonstance le rôle
de bouc émissaire9. L’explication, naturellement hypo¬
thétique, de cet épisode particulier appelle des réserves :
mais ce qui paraît bien résulter de l’ensemble des céré¬
monies accomplies par les Saliens, c’est qu’elles avaient
primitivement pour but de protéger la croissance des
jaunes plantations contre les démons hostiles, afin
qu elles fussent en état de se développer pour l’avantage
e la communauté10, et nous sommes bien ramenés
ainsi, par les fêtes de Mars, à la conception d’un dieu
protecteur de l’agriculture.
Ces mêmes fêtes mettaient Mars en contact avec plu¬
sieurs divinités féminines. Aux calendes, spécialement
consacrées au dieu, on célébrait également les Matrona-
lia : c’était le (lies natalis ou anniversaire delà fondation
du temple de Juno Lucina à FEsquilin11 [je no, p. 084 .
Dans la coïncidence des deux fêtes, il n’y a vraisemblable-
mentqu’un synchronisme tout fortuit12: peut-être est-ce
ce synchronisme, joint à l’autorité de la légende grecque
où Arès est le fils d’Héra, qui aura suggéré aux Latins le
mythe d’après lequel Junon est mère de Mars et par lui
aïeule de Romulus13, caron ne trouve pas dans lareligion
romaine d’autre trace d’un lien entre les deux divinités.
Ovide se fait l’écho d’une fable sur les circonstances <b*
cette naissance; la déesse serait devenue mère du dieu
au contact d’une fleur u. Le surnom de Marlialis, donné
à Junon sur des monnaies impériales d’époque tardive,
fait allusion à cette maternité l5.
Les rapports entre Mars et la déesse Nerio paraissent
au contraire beaucoup plus anciens et plus intimes, mais
nous ne les connaissons guère que par des allusions
assez sommaires. Parmi différentes cérémonies reli¬
gieuses célébrées le 19 mars ( Quinquatrus ), Lydus men¬
tionne des honneurs rendus aux deux divinités, Ttgat
’'Apsoç xa't Nep(vï]ç16. Qu’est-ce que Nerio , et quel est le
lien qui l’unit à Mars? Les anciens voient en elle une
déesse d’origine Sabine, pour la raison sans doute que le
mot nero , et son féminin nerio , s’étaient conservés dans
le dialecte sabin avec le sens de « fort, vaillant1, ».
Cependant cette même déesse était certainement popu¬
laire à Rome, comme nous l’attestent un vers de Plaute18
et un autre du poète comique Licinius Imbrex19: ces
deux textes, et l’invocation Nerienem Martis , empruntée
par Varron à un ancien formulaire sacré20, nous mon¬
trent qu’elle était considérée comme l’épouse de Mars.
Aulu-Gelle nous a transmis, d’après un ancien annaliste
romain, la très curieuse prière qu’aurait adressée Her-
silia, épouse de Romulus, à la même déesse pour la sup¬
plier de mettre fin au combat fratricide entre Romains et
Sabins21: Nerio, ou, comme elle est ici appelée, Neria
Martis , y apparaît également comme l’épouse du dieu et
comme la protectrice du mariage. D’autre part on trouve,
dans une note de Porphyrion sur Horace, le souvenir
d’une antique légende d'après laquelle Minerve, objet
d’une entreprise amoureuse de Mars, avait réussi a ré¬
sister au dieu et à garder sa virginité : à la suite de cette
lutte, ajoute le commentateur, elle aurait pris le nom de
Lque m lmnc t'es Maliens comporte une tunica picta, une cuirasse, un
monts de",. ' l" '' ; Mommsen-Marquardt, XIII, p. 164. — 2 Ibid. p. 170. Les frag-
ment ^ '. Iau sacr<^ déjà inintelligible pour les anciens, sont recueillis notant -
Zander Car ^ragm. and Spccimens of early latin , p. 564 sqq. et
p. 21 1 S(. S ‘^a^rtris reliquiae , Lundae, 1888 ; cf. Jordan, Krit . Beitrâge ,
noff, Uebe’r <!<■"' o*' n* — 3 Bionys. H, 70 ; Plut. Num. 13. — 4 Müllen-
Koscher, Lr.i'i/' ^lwer^anzi Berlin, 1871, p. G sqq.; Immisch, 5. v. Kureten in
iexik. |t ^ V. :|’( * et *615. — 5 Roscher, Apoll. und Mars , p. 39 et passim ;
;U0“; Bsener, Rhcin. Mus. 1894, p. 464 sqq. — 6 Frazer, Golden
- > Tylor, Primit. cuit, I, p. 298 sqq. ; Mannhardt, Baumkultus ,
Lr-nii h mens- HI, 29; IV, 36. Cf. les autres textes réunis par
*4xik. 11 ivr„
*llle * évocation \J “ . i>0US 8avons’ Par un texte de Varron, De ling. lat. VI, 45,
Plut N)lm Veturi était comme un refrain dans le chant des Saliens.
’Ulfl, JJ _ _ g p il
,U1 ces i"approc||(1| l reller-J°rdan, I, p. 360 ; Jordan, Ibid. n. 3, fait ses réserves
P*r devenir le 'f' ' mols- Preller essaie encore de démontrer que Mars a fini
no'!. leur fornu. ,, C. ' ann0e entière ; les douze boucliers représenteraient les douze
•P^che, j. | 11 c‘ serait une image de la pleine lune, etc. Cf. Corssen, Aus-
Roscll(r- Lexik ||P',408 ’ Usener) Mutin. Mus. XXX, p. 194, 213, 218 sq. 229 ;
’ stl- ^0,,t cela est très contestable : Warde Fowler, The
”““9", p. 157.
!'• 541, 54c .
Roscher.
roman festivals, p. 42 sq. — 9 Frazer, Golden bough , II. p. 208 sq. ; Warde Fowler,
Op. cit. p. 48 sqq. — 10 Mannhardt, Mythol. Forsch. p. 198; Warde Fowler,
Ibid. ii. 41.— U Fast. Praeuest. ; cf. juno, p. 684, u. 9. Le nom même de
Matronalia, donné par quelques textes (scbol. Cruq. ad llor. Carm. III, 8, et schol.
ad Juven. IX, 53), ne semble pas être le litre officiel de la fêle. — 12 On sait
que Junon, sous le nom de Calendaris, était considérée comme la régulatrice
de l’année, et à ce titre toutes les calendes lui sont consacrées : juno, p. 683,
n, 5. _ 13 Ovid. Fast. III, 233. — IV Ibid. V, 253. Cf. sur ce mythe Usener,
Hhein. Mus. XXX, 215 sqq. et contra, Warde Fowler, Op. cit. p. 37 sq. Voir
aussi la première note de cet article, — 1» Juno, p. 685, n. 16-18. — 16 Lyd.
De mens. IV, 42. — 11 Gell. XIII, 23, 7 ; Suct. Tib. 1 ; Preller-Jordan, 1, p. 342 et
n. 1 ; Usener, Rhein. Mus. XXX, p. 221. — 1* Plaul. Truc. Il, 6, 34 : « Mars peregre
adveuiens salutat Nerienem uxorem suam ». — 19 Cité par Gell. L. c. : « Nolo ego
Neaeram te vocent, sed Nerienem, quom quidem Mavorli’s in conubium data .
_ 20 Ibid. ; cf. Ennius, fr. 108 Vahlcn. — 21 Ibid. : « Neria Martis le obsecro,
pacem da, te uti liceat nnpliis propriis et prosperis uli, quod de lui conjugis
consilio contigit uti nos itidem intégras râpèrent, unde liberos tibi et suis
posteros palriae pararent. » Cf. Philol. 1852, p. 591, et Jordan, Krit. Beitr.
p. 181.
-MAU
— 1620 —
.Xeriene1, où il est facile de reconnaître Nerio-, Ce der¬
nier détail confirme, ce que nous savons par ailleurs,
qu’à une certaine époque Minerve s'est substituée dans
la tradition et dans le culte àNério3. Quant à l’épisode
raconté par Porphyrion, il tendrait à prouver que, dans
la légende populaire, l’amour de Màrs et de Nerio, avant
d'aboutir à une union régulière, a été combattu et
repoussé*. C'est peut-être un écho du même épisode
que nous trouvons dans le conte d’Anna Perenna : celle-
ci, vieille femme de Bovillae, prise pour confidente de
l'amour de Mars pour Minerve, c'est-à-dire pour Nerio,
s'était jouée de la crédulité du dieu et s’était substituée
à la déesse dans une entrevue qu’elle devait ménager à
Mars5. Enfin l’on a souvent cité, à propos de cette même
fable, l'image (fig. 4846) d’une ciste étrusque de Préneste,
qui représente Minerve (. Menerva ) tenant le dieu Mars,
encore jeune, au-dessus d’une cuve d’où s’échappent des
flammes6: motif qui est certainement italique, caron ne
connaît rien dans la légende grecque qui y réponde,
mais dont l’interprétation reste très obscure. Nous devons
nous borner ici à résumer les fragments épars d’un
mythe, trop mutilé pour qu’on puisse avec certitude lui
rendre sa physionomie primitive7. Rappelons encore
que Nerio était aussi identifiée avec Vénus8, et qu’on a
MAR
voulu la retrouver aussi dans une divinité //
que les anciens mentionnent comme „ m M(nM
cycle de Mars 9. ‘ lsant
Les fêtes célébrées au mois de mai*
. lL'l>r du
‘ ■ d’après
partie ,i„
dieu répondent à des fêtes similaires en octol ^
nos sources, deux jours, dans ce dernier moi ■ ' ‘ 1
sacrées à Mars: le 15, où on lui offre en s’ !*°!lconl
cheval après des courses de chars, et le p) (^'U'ri,lce l|n
terminologie des calendriers, porte le nomd’Aimm?"8 ‘a
On n’a pas manqué d’insister sur le parallélism,-"^'
près rigoureux, entre cés deux couples de fêtes ■ ] V'. I>6U
19 mars d une part {Eqmrria et Oui.u/uain,^ N
lo et 19 octobre d autre part (sacrifice de Veouul 0 t
ber et armilustrium *°) ; et l’on a remarqué, à juste
que cette double période fériée marque à Rome les deu •
limites extrêmes de l’année militaire, le début et la |jn(J
la campagne11. Aux deux époques a lieu, parle mini^J
des Saliens, une lustratio armorum: on purifie les]
armes avant la campagne, et on les purifie quand les
expéditions militaires sont censées achevées12. Dans les
deux cas, tandis que les ancilia sont en mouvement, les
jours de fête sont religiosi : on s’abstient de toute entre¬
prise publique et privée, notamment de toute opération
de guerre13. Le caractère de ces fêtes, qui se répondent
si exactement, n’est donc pas douteux : ce sont Lien dos
cérémonies militaires.
Mais ici encore se pose la question : ce qui est vrai de
l’époque historique est-il vrai des origines? Le sacrifice
du cheval, tout au moins, est accompagné de rites étran¬
ges qui sollicitent une autre interprétation. Le calendrier
de Philocalus, le seul qui en fasse mention 14 , porte, à ce
jour, cette simple note: equus ad nixas /?/ls.Mais d’au¬
tres renseignements, épars en différents auteurs, com¬
plètent cette brève indication16. Le sacrifice avait lieu au
Champ de Mars, sans doute à l’ara Martis, à la suite
d’une course de chars attelés de deux chevaux: celui
qu’on choisissait pour victime était le cheval de droite
de l’attelage vainqueur17 : on l’immolait à Mars en le
perçant d’unelance18. La tête de la victime était détachée
et couronnée de pains. Il s’engageait alors une lutte pas¬
sionnée entre les habitants de deux quartiers voisins,
ceux de la Voie Sacrée et ceux de Subura, pour emporter j
cette relique sanglante. Les gens de Subura, s ils avaient
l’avantage, allaient la fixer aux parois de la lïef/ia, 1 011 fl
delà Voie Sacrée, quand ils étaient les plus torts, I ne 1
l F'orphvr-ad. Hor. Ep. II, 2, 209 : « Maio niense rcligio est nubere et item Martio
in quo denuptiis habito certaminc, a Minerva Marsvictus est et oblenta virginitale
Minerva Ncricne est appellata ». — 2 La forme du génitif est Nerienis : cf. Anio ,
Anienis. — 3 Lyd.IV, 42. Cf. Ovid. Fast. III, 850 : « et forti sacrificare deae ». Le
poète désigne Minerve (il s’agit du sacrifice du 23 mars), mais fortis dca est la traduc¬
tion littérale de Nerio. — 4 Cf. Marlian. Capell. I, 13, 1: « cerlumqueesse Gradivum
.Nerienis conjugis amore torreri ». — s Ovid. Fast. III, 523. Sur ce mythe, voir
Usener, Iihein. Mus. XXX, p. 20G sqq. ; Wissowa, art. Anna Perenna in Pauly-
Wissowa ; Wardc Fowler, Op. cit. p. 52 sqq. — c Monumenti , IX, pl. lviii sq. ;
Annali , 1873, p. 223 sqq. ; Arc/i.Zeit. 1885, p. 170 sqq. (Marx); Rosclier, Lexi/con,
II, 2407 sq. fig. 6 ; cf. 2376 sq. — 7 Usener, Op. cit. p. 221 sqq. a voulu reconstituer
le mythe dans sa contexture complète. Wardc Fowler, The rom. festiv. p. C0 sqq.
aboutit aux conclusions suivantes : Nerio ne serait primitivement qu’un attribut ou
un aspect de Mars lui-même; le nom devint ensuite une personnalité indépendante;
une école d’érudits a ensuite pris l’union de Mars et de Nerio comme point de départ
d un myllie développé, dont les fragments épars ont été considérés à tort par (Jscncr
comme se rattachant à une tradition latine populaire. Puis Nerio a été supplantée
par Minerve, et son nom a disparu du calendrier. Cinq jours de fêtes, du 19 au 23,
onl été consacrés à Minerve, envisagée comme déesse des artisans ; mais ces fêles
n ont aucune connexion avec celles de Mars. — 8 Lyd. IV, 42 : Neofvyjç... Vjv ijE'-ouv
dvat tîjv ‘Aôïjvàv Çj xal ’A^o &î?r,v. Quant au groupement de Mars et de Vénus, il ne
remonte qu à une époque relativement récenlc et procède des Grecs. — 9 Paul,
p. 100: « Herem Mar team.... esse una ex Martis comilibus putabalur ». Cf. Preller-
Jordan, I, p. 343, et Roscher, Lexi/c. s.v. — 10 Voir p. 16J8, note n, 1
élé faite par Wissowa sur la date du 1 \ mars ; la fèle tombait pcul-< 1 11 l ^ JJ j
le 15 : feriak, p. 1049,n. 2. — H Mommsen, Corp. inscr. lat. \. I* I
Saliens purifient, dans ces circonstances, les ancilia dont ils ont la - " |pS j
aussi purifiait-on, du moins à l’origine, les armes de 1 armée <nb'i (ja|CS ca- j
cas, la lustratio armorum accomplie par les Salions, en raison nM gym-
ractéristiques où clic avait lieu, peut être considérée comme mu p' ^ _ 1;; pollP
bolique qui vaut pour l’armée entière : voir Warde Fowlci , Op. cil- 1 XXXVÜ»
les fêtes de mars, Suet. Otho, 8; Tac. Hist. I, 89 : pour celles d ocl ^ ^ Wissowa, :
33, 7; cf. Polyb. XXI, 10, 12, et Huschke, Pas rom. Jahr. p. 3o3* le
De fer iis, p. xr, a tenté d’expliquer pourquoi, lorsque deux ^ ca|cn<li’icr5,|
même jour, il arrive souvent qu’une seule soit mentionnée ja ^ Jupiter
Or le 15 octobre les Ides, comme à tous les mois, sont con a ^ ci cotisé
cf. Warde Fowler, Op. cit. p. 241. — « H faut entendre ' Pa^ (kr Sl aM
nixae, près du Tibre et du mausolée d Auguste ; Iicllci, ^ paS |
Ilom , p. 174; Warde Fowler, p. 242. Ces cigognes de pierr ^ ^ _ ,iu
sous la République; le lieu du sacrifice aurait donc change an ^ p^uisl
première mention se trouve dans Polybc, XII, 4 6, qui M ^ crrcm’ la ^;l*e |
p. 178, et Paulus, p. 220 ; Plut. Quaest. rom. 97, qui repor c [j jn camp«
aux ides de décembre. — 47 Fest. L. c. : « Octobcr equus ai l ^ jeX^erioi* r, etC.J
Martio mense Ocl. immolatur quotannis Marti, bigarum v,c liC^ ^ ^ [v :<?
_ 18 Polyb. L. C . : Iv ‘/jp-eça xtvc xaTaxovrtÇeiv iiîuov ,
MAU
— 1021
MAU
crod'al(
i dans leur quartier, à la tour Mamilia. La
(.|ieval, arrachée elle aussi à la victime, était
(juelie th|,v toute fumante à la Regia et suspendue au-
Iransp"1' yocus^ où le sangachevait de s’égoutter.
deSf'S \; dû sacrifice de YOclober equus nous est indiqué
L °,1 ni niacre, qui emprunte les expressions de Verrius
Par |,a". 0ij frugum eventum 1 : par quoi il faut entendre
llaCt l'V comme le voulait Preller, qu’on appelait la pro-
nonl,dSau jieu Sur les semailles prochaines2, mais
^Tlc remerciait de la révolte précédente3. C’est donc
ïlj t'i tellement, tout au moins dans son esprit primitif,
eS!,e|1u, j’adions de grâces qui suivait la rentrée de tou-
m’ les récoltes de l’année. Il est possible, à la rigueur,
lC,e l'indication de Verrius Flaccus ne soit qu’une hypo-
Jse personnelle de l’auteur \ et que les Romains eux-
Jèmes n’aient plus conservé, à son époque, une con¬
science bien nette du caractère originel de la fête. Mais
Mannhardt, dans une étude très ingénieuse et très docu¬
mentée sur ce sujet 5, a prouvé, par la comparaison avec
de nombreuses pratiques populaires de différentes régions
de l’Europe, et relatives à la fête des moissons, que cette
interprétation est en somme la vraie ; et il explique ainsi,
Ln seulement le sens même delà fête, mais les différentes
circonstances qui l’accompagnaient6.
La conclusion que l’on peut tirer de ces dernières
remarques et qui vaut pour les autres fêtes de Mars, c’est
que le culte du dieu s’offre à nous sous un double aspect,
à la fois agricole et militaire, et qu’il a évolué lentement
de l’un à l’autre. La substitution du second de ces carac¬
tères au premier s’est faite avec une très grande facilité,
non seulement parce que les limites de l’année militaire
se trouvaient coïncider avec les dates extrêmes du calen¬
drier rural", mais aussi en raison du caractère même
que présentaient certains traits du culte primitif : ainsi
équipement des Salions, leurs boucliers, leurs danses,
dont le rôle, comme on l’a vu, était tout d’abord de com¬
battre les puissances invisibles, funestes à l’agriculteur,
c’étaient là des éléments qui devaient se prêter sans
effort à la conception d’un dieu guerrier7. Quant aux
éléments du culte primitif qui étaient réfractaires à cette
interprétation nouvelle, ils disparurent ou devinrent le
partage d’autres divinités: c’est ainsi que Mars fut évincé
des rites restés exclusivement agraires, comme les Am-
forvalia , où il céda la place àCérès et à Liber. Et si l’on
recherche en dernière analyse la raison de la transfor¬
mation qui s’est faite dans la conception de Mars, on la
trouvera dans le changement qu’a subi la cité elle-même.
La population primitive de home se composait de labou¬
reurs et de pâtres; ses fêtes étaient des fêtes rurales ; ses
principaux dieux, d’ailleurs d’une personnalité vague et
mdéler
minee, avaient surtout pour fonction de protéger
s cultures et les troupeaux, d’écarter de l’homme lui
n C '' c- " Panibus redimibant caput equi immolait idibus Oclobribus
kf-JordV ^ai^0’ (lu*a ^ sacrificium ftebat ob frugum eventum ». — 2 Prcl-
sil se rj ' *!’ — 3 ^ai’de Fowler, Op. cit. p. 244, n. 2, remarque que
Panl [)ia ^ sema,^cs prochaines on aurait attendu, dans le texte de
gestion i ^PUSl,|n eventum ». La couronne de pains, dont il est
— 4 \\ CG ^GX^G’ souligne d'ailleurs l'allusion à la récolte précédente.
Forul, ^ 6 feriis' P- >x. — 5 Mannhardt, Bas Octoberross, in Mi/thol.
iej-,/,- || , , ~ ul- Ces conclusions de celle élude ont été acceptées par Rosclier,
"" 111 SUU- et Frazer, The golden Hough , II, p. 64 sqq. ; cf. contra,
tussion ,1,. | X‘ en trouvera un bon résumé, avec des réserves et la dis-
— 6 H j-j " ' peints de détail, dans l’ouvrage cité de Warde Fo w 1er, p. 243 sqq.
filles latines '|'*,'l>e*er tlH0 le sauS du cheval d’octobre joue un rôle dans d’autres
Il,1420 s,|. "" cat’actére rural, les fordicidia et les pai.ii.ia. — 1 Roschcr, Lexik.
Cf. Warde Fowler, Op. cit. p. 248-250, et les remarques qui sont
* I.
même les dangers, les maladies. Puis la cité s’est consti¬
tuée en État politique et conquérant ; nombre de ses dieux
se modelèrent à son image, reçurent des attributions et
des fonctions nouvelles. Mars, le vieux dieu national, est
peut-être celui dont l’effigie s’est le plus profondément
altérée; le sens primitif des anciennes fêtes s’est obs¬
curci, et leur caractère s’est mis à l’unisson des nouvelles
conceptions religieuses et politiques de la cité. La Grèce
à coup sûr collabora à cette transformation et l’accéléra ;
elle dut surtout contribuer à fixer la physionomie et la
personnalité de la vieille divinité italiote; mais précisé¬
ment pour que l’idée vint de rapprocher Mars et Arès,
de les identifier, il faut admettre que le dieu latin, au
moment où se fit le contact des deux civilisations, était
en train de devenir le grand dieu militaire de Rome*.
L’étude que nous venons de faire, tout en portant sur
l’ensemble du culte de Mars, a été pour nous l’occasion
d’i nsisler , de préférence, sur la conception la plus ancienne
du dieu ; il nous reste à indiquer les traits qui résument
plus spécialement sa fonction militaire et polilique.
Si Jupiter Optimus Maximus, le Jupiter du Capitole,
est devenu par excellence le génie tutélaire du peuple
romain, il n’en est pas moins vrai que les destinées de
l’empire dépendent surtout du dieu qui préside à la for¬
tune des armes. Il est présent à toutes les entreprises
militaires, et, depuis la fondation légendaire de la ville,
son nom est associé à tous les souvenirs glorieux de ses
annales. Chaque fois qu’une guerre est déclarée, un des
premiers devoirs du général est de se rendre au sacra-
rium de Mars et d'y heurter les ancilia, puis la lance
sacrée de Mars en prononçant la formule solennelle: Mars
vigila 9! Nous avons déjà vu que ces attributs, tant à la
Iîegia qu’à la curia Saliorum, s’agitaient d’eux-mêmes,
aux moments critiques, et donnaient des indications pro¬
phétiques 10. Pendant la campagne, et avant la bataille,
onoffraitau dieu des sacrifices11. C’est surtout en son
nom qu’après la victoire on décernait les récompenses
militaires, notamment la corona graminea ou obsidio-
nalis, la plus glorieuse de toutes [corona, p. 1535 ,
accordée à qui avait tiré une troupe romaine d'une situa¬
tion désespérée. Une victoire pouvait être également l'oc¬
casion d’un sacrifice solennel à Mars12. On lui consacrait
les dépouilles (spolia secundo) et les armes conquises sur
les ennemis13, souvent aussi une part du butin i praeda]
ou de l’argent produit du butin vendu mam biae ll.
Nous avons vu que le surnom de Gradivus n'a sans
doute aucun rapport, dans le principe, avec les attribu¬
tions d’un dieu de la guerre ; mais, avec la transformation
de la divinité, le sens primitif s’altéra, et l’on expliqua
l’épithète par le rapprochement avec le mot gradior ; le
Mars Gradivus devint dès lors le Mars fantassin, le dieu
delà légion, type lui-même du parfait légionnaire1 .
faites à l'article fehiae, p. 1036 sq. sur les changements apportés à l'idée de fêtes en
général. — 9 Scrv. ad Acn. VIII, 3 ; cf. ad Acn. VII, 603 et X, 228. — >0 Aux textes
qui ont été cités plus haut, on peut ajouter : Liv. XXII, t, 1 1 : Plut. fai. Max. 2 : Plia.
Il, 148 ; Jul. Obseq. 43. — U Suct. Octac. 1. — 12 Liv. VII, 37 ; Plin. XXII, 9. — *3 Scrv.
ad Acn. VI, 680 ; Fest. p. 189 ; Plut. Marc. 8 ; cf. Liv. XLV, 33; Prop. V, 3, 71 et la
note de Prellcr-Jordan, I, p. 351, n. 2. — '4 Corp. inscr. lat. I, 63; 62 a, b ; 1 148 ; VI,
481. _ 13 Cf. les textes cités plus haut, et Serv. ad Acn. I, 292; « Mars... cuni saevil
in bello, Gradivus dicitur; cum trauquillus est, Ouiriiuis ». Rappelons aussi que
Gradivus est l’épithète officielle du dieu dans le culte des Salions du Palatin (Liv.
1, 20, 4), et de la porte Capènc Serv. !.. I.) : près de cc dernier temple se rassem¬
blaient les troupes qui partaient pour la guerre : Liv. VII, 23, 3 ; c'est là aussi que
sc faisait chaque année le départ de la procession dite transrectio aquitain en
commémoration de la bataille du lac Régille, Dion. liai. VI, 13; équités, p. 773-4.
On connaît encore d’autres cultes de Mars Gradivus : Corp. XIV, 2580 sqq. ; V, 8236.
204
MAU
1622 —
MAU
C'est sous cet aspect qu’on le vit un jour combattre mys¬
térieusement dans une bataille contre les Lucaniens et
les Bruttiens réunis, en 282 av. ,1 ,-C. Quant aux poètes,
qui s’inspirent de l’Arès grec, ils le font paraître, sur le
champ de bataille, tantôt à pied, tantôt monté sur un
char, escorté de Bellona, de Pavor et de Pallor, équiva¬
lents latins de Asïao; et de <1>ô6oç2. La légende de Romu-
lus enlevé au ciel sur le char de son père suppose un dieu
combattant du haut d’un char de guerre 3 .
Il est naturel que Mars soit devenu spécialement le
patron, le dieu tutélaire des soldats1, et, par extension,
des gladiateurs3; de même, en leur double qualité de
maîtres de 1 empire et de chefs de l’armée, les empereurs
lui sont attachés par une dévotion particulière. Son nom
revient fréquemment dans les inscriptions votives et dans
les légendes monétaires de l’époque impériale avec une
grande variété d'épithètes. Quelques-unes, assez rares,
mi/itaris6, militiae potens \ campes ter 3, rappellent
simplement son caractère guerrier, sa prédilection pour
les camps. D’autres expriment son intervention active, son
rôle de protecteur des armées, de l’empire, des empereurs :
propugnator 9, custos 10, conservator u, adsertor 12,
secutor comesque i3. La plus fréquente à toutes les
époques est celle de victor 14 ou son équivalent invictus ,s.
On trouve aussi propag[ator) imp. Aug. ,G. Le dieu qui
procure la victoire est aussi celui qui assure la paix de
l'empire : de là le surnom de pacifer 17 et de pacator ls.
Quant au culte de Mars ultor, institué, comme nous l’avons
vu, par Auguste, pour venger la mort de son père adop¬
tif. il s est perpétué jusqu’à la tin de l’empire romain 1S.
Dans les camps romains, c’est Mars Ultor qui est
devenu le dieu tutélaire du praetorium. On a vu [legio,
p. 1066 que chaque camp avait dans sa chapelle des
enseignes où l'on déposait l’aigle avec les autres signa
des légionnaires. A partir du mc siècle de notre ère, c’est
Mars Ultor que l’on voit apparaître, avec d’autres dii
mil i tares, sur les autels de ces petites chapelles. 11 finit
par y supplanter les autres divinités. On a remarqué, non
sans justesse, que précisément au temps où la capitale
est envahie par le Mot des religions orientales, c’est à
l’armée, sur les frontières du monde impérial, déjà flé¬
chissantes sous les assauts des Barbares, que la vieille divi¬
nité nationale des Romains prend un regain de vitalité20.
Les divinités dont le nom est le plus souvent associé
au sien dans les textes épigraphiques sont Hercule, qui
est également conçu comme une des divinités protectrices
les plus puissantes de l'empire21 hercules, p. 127], la
Victoire, la Fortune, Minerve, etc. 22
Représentations figurées. — On peut dire, d’une ma¬
nière générale, que l'art romain s’est contenté d’ordi¬
naire de représenter le dieu Mars sous les traits de
l'Arès grec, et qu’il répète ou adapte les motifs que nous
1 Val. Max. I, 8, 0; Ammian. Marccll. XXIV, 4, 24; Liv. Ep. XI. — 2 Yrirg.
Aen. VIII, 700 sqq.; XII, 331 sqq. ; Sil. liai. IV', 432 sqq.; Stal. Theb. III,
424 sqq.; VII, 46 sqq.; Val. FI. III, 89 sqq.; Claiul. in /tu/'. I, 342 sqq. — 3 ],a
première mention de celle légende se trouve dans Ennius, ap. Cic. De rep. I,
41, 64 ; Cf. Ilor. Carm. III, 3, 16; Ovid. Fast. II, 496; Met. XIV, 818 sqq.
» Tertull. Ad nat. I, 10. On sait que le loup, symbole de Mars, figure parmi
les emblèmes des légions. Plin. Hist. nat. X, 6 ; cf. supra, art. legio, p. 1065-
1066.— 5 Corp. inscr. lat. II, 2473; Terlull. De spcct. 12 : larophi théâtre ou
t.olisée était consacré à Mars et à Diane en raison des combats de gladiateurs et des
combats de bêles féroces qui s'y donnaient. — 6 Corp. VII, 390, 391 ; Arch. Zeit.
XXVIII, p. 78. — 7 Willmanns, Ex. 1471; Corp. VIII, 2634. — 8 Corp. II,
40&J. J Eckhel, Doct. num. VU, 352; Cohen, Monnaies del'emp. rom. 2® éd. V,
p. 36, n. 153 sqq. ; p. 245, n. 70; p. 272, n. 60, etc. ; cf. pour les empereurs dont
les monnaies présentent ces divers surnoms et les suivants, l'index de Cohen, et
Koscher, Leæik. II, 2434 sqq. auxquels nous renvoyons une fois pour tou (es.
avons énumérés : témoin
d’autres divinités, le rampant d’un fre-'ar avec
Mars
4 111 décore
0111011 au quatriè
me
Fig. 4847. — IMai-s entre Vénus et César.
Fig. 4848. — Mars et Rliéa Silvia.
temple du Capitole [capitolium, tig. 1150] -L Les nlU!’ j
possèdent plusieurs groupes, de travail romain, qMI a
cient Arès et Aphrodite : ces groupes sont f(-"HIIÏ 1
— 10 Corp. III, 3232 ; Ilenzen, 3490. — H Corp. III, 1099, lfi001' ’ uTèt’ M ■Wart
485 ; Eckhel, VII, 398. — 12 Eckhel, Vf, 298. - 13 Apul. MeL VIL ^ Coffi
cornes Aug. N. ou cornes victor Aug. N., Cohen, ML I’-]'* e^„ ^ |p J930J
VII, 423, 706, 992 sq. ; Eckhel, VH, .156, 170, 314; VIII, «5. - - ÉcklielJ
III, 2308 ; IX, 421 (Cal. Venus.), 2198 ; Müllcr-Wicseler, II, M ® ^ __ lti
VIII, 58. - O Eckhel, VII, 501 ; Arch. Zeit. XV, p. 30 ; Corp. \ I, ^ ^ . l2|,
VII, 12). — 19 Corp. IX, 4108; X, 403; ilenzen, Acta An. ^ nlim,„nen!
144; Eckhel, VI, 96 sq. 100, 296, 298; VII, 1C4, 200: ’ citj pjr 0. Oruppe
d’Adarnclissi serait consacré à ce dieu, d après Domaszews yom45Icwski, hic
dans le J ahresbericht über ant. Mythol. 1900, p. 183. ^ _ — .21 Corp .
Jlelig. des rom. Heures, p. 34 sqq. ; Aust, Die Religion dei . ( j . y|, 48 1 , ctc-
VI, 28 19; X, 7858; XIV, 2894, etc. —22 Corp. VII, MIL '• ' ’ ' MüHer-WieseUr.
— 23 Arch. Zeit. 1872, pl. lvii; Roscher, s. v. Ares, • Lm, p. «T
Denlcmâler, éd. Wornicke, pl. iv, 4; cf. Dilthoy, a 11
«Kl-
MAU
— 1023 —
MAR
] i lance ; le corps nu ou vêtu d’une simple
^este, celui du combat ou l’attitude du
, osition de types préexistants des deux divi-
simpteJL- ;>i jeg nombreuses statuettes de bronze de
nitéS' 1 iu plupart de celles qui représentent Mars
"0S nlpiin'''uent de celles qui figurent Arès que par une
--‘•m/pTa. grossière ou plus molle, et non par les
WéCï", T l’attitude ou le type : la figure est jeune, enca-
f;è .l^fioucles épaisses ; les armes sont le casque et
l’épée ou
rhlaniyde; le e1 , . .
2 De ces figurines se distinguent celles qui se
rel'n> rattachent au style étrus¬
que et qui portent d’ail¬
leurs l’armure du guer¬
rier au complet3.
Il est cependant, parmi
les statuettes et les sta¬
tues de Mars, un type qui
est une création origi¬
nale (le l’art romain : c’est le Mars barbu, casqué et
cuirassé; la main droite est levée, et tenait soit une
lance, soit un glaive ; la main gauche, abaissée, main¬
tient un grand bouclier dressé, posant sur le sol V On
a démontré qu’il fallait chercher le prototype de ces re¬
présentations dans la statue
de Mars Ultor que contenait
le temple consacré par Au¬
guste \ A l’appui de cette
thèse, M. Gsell cite un relief
Fig. 4850.
(fig. 4847) autrefois découvert
à Carthage et qui se trouve au Musée d’Alger0 : les trois
divinités qui y figurent, Mars debout entre Vénus et César,
reproduisent sans doute les trois divinités du temple 1 .
lue peinture des Thermes de Titus représente Mars
accourant du haut des nues auprès de Rhéa Silvia 8 ; le
même sujet se retrouve dans divers bas-reliefs 9 . Parmi
les mot ils de décoration de quelques sarcophages figurent
les amours de Mars et de Vénus 10 ; ce motif se voit aussi
àl -Ira (.asali, ainsi que la lutte de Mars contre Hercule
sur le corps de Cycnus 1 1 .
1,11 SH'l avec quelle profusion l’image du dieu parait
ans la numismatique romaine. Ici encore, le type se
rattache à la pure tradition hellénique. Ce sont des mon¬
naies touLes grecques que celles de la série romano-
campanienne (342-211) : on trouve sur des deniers d’or
et d’argent, au droit, la tête casquée de Mars, barbue ou
imberbe, et au revers une
tête de cheval (fig. 4843) 12 .
Parmi les deniers d’argent
dits quadrigati , quelques-
uns portent au revers le
quadrige de Mars et de la
Victoire13. Des monnaies
d’or de GO, 40 et 20 ses¬
terces, de la même série
romano-campanienne, ont
(fig. 4850) au droit la tête
de Mars casqué et au revers i;g. 4831. — Mars portant un trophée,
un aigle sur un foudre i;.
A partir de l’an 94 environ, au droit des deniers ro¬
mains, la tète de la déesse Routa est remplacée souvent
par celle d’autres divinités, J upiter, Mars, Apollon, etc. 15 :
la tête de Mars est casquée, imberbe ou garnie d'une
barbe naissante10. Au revers des mêmes monnaies con¬
sulaires, se voit fréquemment l’image de Mars casqué et
nu, debout, tenant un parazonium et s’appuyant sur une
haste17, ou tenant le parazonium et la haste ou por¬
tant un trophée (fig. 4851) 19, etc. Ce sont en somme les
mêmes motifs que présentent les très nombreuses mon¬
naies impériales de tous les temps : l'attitude la plus
fréquente est celle du dieu marchant, portant une haste
et une enseigne ou un bouclier20. F. Ddrrbach.
MARSUPIUM G — Bourse. Chez les Grecs, iiAz^nto;
et les substantifs de même racine (p.ip-
cuTtTroç, papannov, izipau-c;, p.v.o'rJTrtov) ne
désignaient pas autre chose qu’un sac, par
exemple un sac à provisions, ou encore
celui dans lequel on enfermait ses vête¬
ments quand on se déshabillait pour
prendre un bain ou pour faire de la gym- Fig. iss2. — Bourse,
nastique [balneum, corycüs, gymnasium,
gymnastica, saccus, avec les fig. . Ils semblent avoir été
d’un usage assez rare2. Pourdésigner unebourseonse ser-
| L de la slat . 1, l G-H, 7 (Louvre); 346, 4 (Rome, Capitole) et (
des brun-' ■'tlllac(1, laper t. 11, p. 179 sqq. et 792; Babelon et Blanchet, Catal
j sqn ■ Wall i Aat. n. 177 sqq.; Friedericlis, Klein. Kunst u. Ind. 19:!;
Reiuacli n ■ * " °^le ^ro,lses Brit.il us. n.GOU, pl,xx,elc. — 3 V.Ernosci, fig. 2817
«f. Clarac ' r^'i ■*!’ P* 183-188, passim, p. 793, 2; Walters, Op. cit. n. 431-437
P' 33d. ll'csM-’"15**’ MiCaU’ Antich' Monum ■ pl. xxi ; Rev. arch. XXXI (1897)
des guerrier possible que ces statuettes représentent tout sicnplemen
ii, 7ns, i.r'xx! • '* Rc‘"aCl1’ nép' h 3i9’ 0 ; M’ l89-|9° el 793 i Walters, Op. cit
et. Michon Bull i j11'1"'978- — 8 Furtwangler, Collection Somzêe, p. 64.
1899, i, | ’ 1,1 Soc' ,les Antiq. de France, 1900, p. 217. — G Gsell, lie U. arch
Ane. 3| s,lfl- 1 Doublet, Musée d'Alger, pl. xi, fig. 5; cf. Arch
1863, p, ' 1 3- 7 Cf. un relief cité par Rciflersclicid, Annali
Sî qualité dc n ' 00161 de Cornélius Lentulus représente ce personnage, ci
statue de Jules Cés ” disant au nom d’Auguste la dédicace de 1;
Denkm. Il, 233.'*ai’ : Bal,clon. Monn. de la rép. I, p. 431. — 8 Müller-Wieseler
«vin; Rocl'ici|3UmC'S'Æl'’ ^80, fîg. 9G1. — 9 Gerhard, Ant. Bildw. pl. xi.
653 r’i ^0n' VIII, 2; Bcnudorf, Lateran, n. 47; Millin
Gai.
n¥h. 653
Fra,lce’ Pt xv '3 p* : 0vci'bcck' Kunstmyth. III, p. 130; Frohner, Musées <
Wi»ehetmann U ' Fl'cller"Jordr>n, I, p. 347, n. 2. — 10 Malz-Duhn, 2232, 2341
~ 11 Wieselor, 4,.„ /■ 27’ 28; cf- Campana, Opéré in plastica, II, 10
3 Oi'ange cilé lct “> 2; Brunn, Kleine Schrift. I, p.4l; cf. le médaille
*; 10 ! p. 2,-27. ' u 'C <i ,":,lCU,-ES' P- l07.«- 17. -12 Babelon, Monn. de la rép.
n,lorf- p. xxi ’S(. , ler’ Lex‘k- II, 2391 sqq. fig. 3 et 4. — 13 Babelon, lbi
'' Sv". — 1g Ibid j P' 9l> 50; U> 377- - U Babelon, Ibid. p. xxvn.-15/M
h' - 11 Ibid I A-' 'W S,|<1' 4lS’ 509; l[> 3' 38> 67, Ul, 332 sq. 3S4, 410 sq
’ 05, 3j6 Sqq. ; U, 3|,
"»«• H, Ml
j jj 1 1 • * • --i - • > j -T», — - — j (/tu, i) loo aq, i
okcn, Alonn ,i„ c a P®u,e reproduit une monnaie de Sept. Sévéi
Pour nu ,i .... (,e ‘“"'P-, II, 7, 472
40, 244. - 18 Ibid. I, 133 sq. 10
Ul 9 soit utile, de don
20 Les exemplaires sont trop nombre
nci une longue liste de références. Citons seulement
monnaies de Brilannicus (Cohen, Monnaies de l'emp. I, pl. xi, I), celles de Galba
de Vitcllius (Cohen, I, pl. xiv), de Vespasicn et de Tilus, de Pescennius Ni-u;r el
d'Aurélicn (Müller-Wieseler, 11, 240 b et e), etc. — Bibliographie. II. -D. Müllcr,
Ares, Hraunsclnveig, 1848 ; Mythol. der griech. Stâmme, 1837-1869. I, p. 137 sqq. ;
I, 43 sqq.; Sloll, Die ursprûngl. Bedeutung des Ares, 1853; Cerhard, Griech.:
Mythologie, I, 1834, §374 sqq. ; Welcker, Griech. Goetterlehre, I, 1857, p. 413 sqq. ;
liosclier, Studien für vergleich. Mythol. I, 1873, Apollon und Mars ; Diltliev.
Jahrb. des Vereins d. Altertumsfreunde im Bhcinland, Hcft LUI, 1873, p. t sqq. ;
Uscner, Altitalische Mythen, n hein. Mus. XXX, 1874, p. 182 sqq. : Tüinpel, Ares
und Aphrodite, Jahrbücher fUr Philologie, Suppl. XI, 1880, p. 641 sqq.; Voigt..
Beitrüge sur Mythol. d. Ares u. d. Athéna, Leipsiger Studien, IV, 1881,
p. 227 sqq. ; Tümpel, Jahrbücher f. Plutôt. CXXIII, 1881, p. 289 sqq.; Prcllcr-
Jordan, Roemische Mythol. I, 1881, p. 333 sqq ; Decliarme, Mythologie grecque,
1879, p. 177 sqq. ; 2' éd. 1880 ; Prellcr-Robcrt, Griech. Mythol. 1 (1887), p. 335 sqq. ;
Mannliardt, Mythol. Forschungen, Das Octoberross, p. 136 sqq.; Roschcr Lexi-
kon d. Mythol. 1, 188 4-1890, art. ahks (Stoll), Ares in d r bild. Kunst (Furtwaenglcr) :
II, 1890-1894, art. maiis (Itoscher) ; Pauly- Wissowa, Realencyclopaedie, II, 1, 1895
art. ares (Tümpel), Anes in vm kunst (Saucr) ; Domasiewski, Die Religion
des rômischcn Heeres , Trier, 1893 (Extr. de la Westdeutsche Zeitschrift,
XIV, p. 1-115), p. 34 sqq. ; Wardc Fowlcr, The roman festivals, London, 1899'
passim ; Aust , Die Religion der Romer, Munster, 1899 , p. 129-133 et
passim.
MARSUPIUM, l Plant. Casin. II, 8, 34; Epidic. Il, 2, 3 et 4, 74; Menoeclun. II,
1, 29, 44 ; 3, 33, 35 ; V, l, t ; 7, 49, 53 ; P ers. I, 3, 45 ; Poen. Il, 5, 39 ; III, 5,
37; Rud. II, 0, 63; V, 2, 20; Pompon, ap. Prise, p. 883 = Ribbcck, Comic. rom.
fragm.S (1898), p. 303; cf. Uitsclil, Parerga, I, 156, 168 ; Varr. De re rust. III, 17
et ap. Non. Il, p. 141 ; X, p. 303; Prud. Psychom. 600 ; Perist. 404; Alcim. VI.
U. — 2 X°n- Anab. IV, 3, 11; Apollod. Caryst. ap. Poil. X, 132; cf. Poli.
VII, 79; X, 94, 138, 131 ; Hippocr. p. 890 E; Moeris, Lex. p. 96.
MAR
— 1624 —
vait plus communément des mois P<xX«vtiov, paXav-nStov
Au reste, chez les Grecs aussi bien que chez les Romains,
la bourse était en effet un petit sac, d'ordinaire en cuir’,
que l'on serrait en haut (<w<rc«XX«v)* par un cordon où
une patte (icouç) 3 passés dans une coulisse. La figure 4852
représente une bourse qu'un jeune homme tient dans sa
main . il \ ient de la serrer (^QtXotvxtov cdcrTrocaTov) 4 en tirant
sur le cordon 3 ; au contraire, pour ouvrir (Xüe-v) « on
écartait les bords et le cordon se relâchait de lui-même 7.
( )n tenait la bourse parle col lorsqu on étaitsurle point de
s 1 11 sei ' 11 > sinon, on la portait enfermée dans sa cein¬
ture, ou bien on l'y suspendait, ce qui donnait beau jeu aux
« coupeurs de bourses » (jüaXxvTioToaoi, sectores sonariï) ;
ils exerçaient surtout leur coupable industrie dans les
lieux publics, tels que les marchés ou les établissements
de bains, là où la foule se pressait à certaines heures9.
Il y avait des bourses fort simples ; mais on en faisait
aussi d'élégantes, ornées de glands et d’oreillettes,
comme celle que l’on voit (fîg. 4853) 10. Ces divers orne¬
ments, qui en garnissent les contours, les ont quelquefois
i endues difficiles a reconnaître sur les monuments, où on
les a prises pour des vases munis d’anses 11 .
La bourse était un des attributs de Mercure, dieu du
commerce et du lucre;
c’est une question de sa¬
voir si les Grecs l’avaient
déjà donné à leur Hermès
avant l'époque romaine ;
on ne peut affirmer qu’il
soitrestéétranger à l’Her-
mès des marchés (ègTro-
Xaïoç, àyopato;) ; cependant
des représentations très
anciennes ensont rares12.
Au contraire, sous l’Em¬
pire les images de Mercure
tenant une bourse à la main sont devenues innombrables,
à tel point qu'il est impossible d’en tenter la nomenclature.
C’est surtout en parcourant cette série de monuments
(fig- 4853) qu’on pourra se rendre compte des formes
de la bourse antique [fortuna, fig. 3241 ; mercurius] 13.
Par une association d'idées analogue, la bourse devint
aussi un des attributs de I’ebertas, abstraction person¬
nifiée, dont on fit dans les bas temps de l’Empire un
être divin u. Trois bourses au-dessus d'un coffre-fort
(fig. 4854) symbolisent le cuivre, l’argent et l’or frappés
par l’administration des monnaies15. Il vint un moment
i Arislopli. Av. lôl;Eq. 707, 1197 ; /tan. 772 ; l’Iat. Hep. I, p. 348 ; Xcn. Convie.
1\ , 2 ; Plut. De educ. puer. 8, p. 5 D ; De cupid. divit. 7, p. 526 c ; Anthol. Pal. V,
159;Herod. V, 4,4; Suid. Etym. Magn. s. v.; Poil. X, 151; Moeris, Lex. p. 9C.
— 2 Plut. De cupid. divit. 7, p. 526 c. — 3 p0ll. X, 152. — 4 Anliphan. ap. Poil.
D. C. — ô Gerhard, Atiserl. Vasenb. t. IV, pl. cci.xxvin, 2; cf. pl. cclxxxiv, 10 et
p. 59; Ibid. p. 51, 56, 58, 62, 72; pl. cclxxxu, 2; cclxxxiv, 5-8; cci.xxxvm, 1 et 5;
ccxcyii. 6 Aristoph. ap. Poil. X, 151. — 7 \oir fig. 4507 une bourse ainsi ouverte
sur un relief peint étrusque, et une slaluelle en terre cuite dans Stephani, Compte
rendu de la comm. arck. de Saint-Pétersbourg, pour 1869, p. 148, pl. n, 7.
— s Mus. Itorb. XI, pl. xxxviii. — 9 Aristoph. Itan. 772 et Scliol. Ad b. I. ; Pax,
.30; plat. Hep. IX, p. 552 D; 575 B; Xen. Apol. I, 2, 62; Aeschin. p. 597 R; Plut.
De fortin la, 2, p. 97 F ; Destolc. repugn. 35, p. 1051 A ; Sex. Empir. Adv. gramm.
p. 291, 5 ; Chrysost. t. II, p. 808, 18 ; 809, 10; VI, p. 415, 26; VII, p. 78, 39; Poil.
VI. 150; Hesvch., Suid. s. ». ; Plaut. T fin. IV, 2, 19. — 10 AIus. Dorb. VI, pl. n.
11 11. de Longpérier, Hecherclies sur les rêcip. monèt., Hev. arcli. n. s. t. XIX
(1869), p. 131. —12 Sur celte question, voir Schcrer, Hermès, col. 2425; Steuding,
Mercurius , col. 2807, ap. Roscher, Lexik. d. gr. u. rôm. Mythol. — 13 [Incertain
nombre sont catalogués, d après les vieux ouvrages d'archéologie, dans Longpérier,
h. c. p. 133, note 1. Voir encore Babelon et Blanchel, Bronzes de la Biblioth. nat.
p. 1 tl et s. ; S. Reinach, Bronzes fig. de la Gaule rom. p. 64-83. Dans un tombeau
du Bosphore on a trouvé une bourse en cuir rouge, où était appliquée une figure
MAS
4853. — Bourse de Mercure.
oil I'"sa«e s'éW>'R <lc distribuer des <„
aux vainqueurs des jeux publics- - . J!£ J
bourses --- ’
représen -
tées, parmi d’autres
prix, sur plusieurs
monuments, notam¬
ment sur des mon¬
naies de la Thrace
et de l’Asie Mi -
i aussi trouve-t-,
;,1‘gent
on des
CERTAMINA
Fig. 4854.
Le Trésor public.
neure
fig- 1333] Enfin
sur certaines pièces la bourse apparaît comme
4855.
Bou>« de questeur.
insignes des questeurs (lig. 4855) à côté du subsel]
de la verge que portaient les appariteur
, 01AESTOU n.
un des
ium et
:'s de ces magis-
Geohges La paye.
trats d’ordre financier
MARSYAS [siLENl],
MASSILIENSIUM RESPUBLICA. - La constitution de
Marseille jouissait dans l’antiquité d'une grande réputa¬
tion1- Elle est malheureusement fort peu connue Mar¬
seille, fondée vers 600 av. J.-C. par des Phocéens sur lë
territoire des Segobrigii2, eut naturellement des institu¬
tions analogues à celles des villes ioniennes, mais, con¬
trairement aux autres colonies grecques, garda le régime
aristocratique presque jusqu’à la fin do son histoire8 Vu
début, le gouvernement appartint à une oligarchie
étroite, qu’Aristote 3 compare à celle d’Istros et d’IIéraclée,
composée des familles des premiers fondateurs, parmi
lesquels nous connaissons les IlpumiSat. Puis, après de
nombreuses tentatives, les familles riches obtinrent une
part du pouvoir d’abord pour leurs fils aines, puis poul¬
ies plus jeunes; enfin, à l’époque d’Aristote, on recrutait
par le choix les citoyens de droit complet, tant dans les
anciennes familles que dans les nouvelles4. 11 y avait un
sénat de six cents membres3, élus à vie (oE Éçaxoaioi)6,
qui s’appelaient xigoù^ot, comme à Naucratis et àTéos’;
pour être timouque, il fallait avoir des enfants et être issu
d’une famille qui possédait le droit de cité depuis trois
générations. A la tête du sénat, il y avait une commission
de quinze sénateurs; trois d’entre eux formaient une
sorte de sous-commission dont un membre était le pre¬
sident et avait le pouvoir exécutif. Le sénat dirigeait la
politique étrangère 8 et avait probablement aussi des
attributions judiciaires9. Il punissait d'atimie et de con¬
fiscation les propositions contraires aux lois1". A 1 époque
de César il est question d’un stratège et d un navarque .
Cicéron fait l’éloge de ce gouvernement aristocratique ou,
en dehors des familles maîtresses, le peuple parait aum
d'oiseau découpée en cuir noir; S. Reinach, Antiqu. du Bosphou ^ ^ ]]
La fig. 4853 est tirée de Frôhner, Musées de France , pl* xvl ' ■ 1 ‘ly" ^1|, ^3.
Musées de France, pl- xvi, fragnr iU U. '
relief trouvé à Orange, — 14 Cohen, Monnaies wipé
,ér. VI, p. DR, a”*’2’
le Jeun»
Longpérier, L. c. p. 134-135. — 16 Monnaies de Perga (Pampbylie , l H
et Gallien ; Longpérier, Ibid. p. 132, Kg. 1 et 2 = Greek coins 0/ the ^ £, c.
_ Long-
Pamphylia, p. 4 32, n. 59, pl. xxiv, 17; p. 138, n ,
p. 139. — U Monnaies de bronze du questeur A. Pupius Rufes u. de
1 - - ■ - _ Bibliographe.
95-97. — 10 Longpfrier,
aïque) ■
périer, L. c. (1868), p. 113, pl. xvu.
4; cf. Ibid. 3 et 0.
Longpérier, Recherches sur les insignes de la questure et sin |). p. 131-
taircs, Berne archéologique, n. s. XVIII (1868, 2), p. HL - ' ^ [53; Thoc. b
MASSI LIEN SIUM ltESPUItLICA. I Strab. 4, 1,5. — 2 llcr01' \ ' _Scvn)n.
34; Jusl. 43, 3 0, 1 -
110; Solin. 2, 52; Hieron. Chron. Abr. 1418, 1419, 14l0, 1 j 32L fl)-
saque (DU'ei.1^'
13,6; Aristot. fr. 238-239 (Frag. Iiist. gr. Il); Liv.
1418, 14
— 3 Frag. 239; Pol. 5, 5, 2 (p. 1305, 6). — 4 Aristot. Pol.
— 3 Strab. L. c. — 6 Ils figurent dans une inscription de Lanqv y „ÎÎIe
Sylloge inscr. gr. 2“ éd. n° 276, 1. 45). — 1 Allien. 4, 13, ya| j|a,. i, 6. G
— & Dillenbergcr, L. c. n° 27C; Cacs. Bel. civ. I, 35. s<4nat — JO Lticia11'
ceux qui veulent se suicider exposent leurs raisons devant c ^
Toxaris, 24. — ** Frôhner, Scolies latines relatives a Mm ^ * e5t pcut-ôU*c
28, p. 322), où le stratège Apollonidès « praetor... urbi qui
un des trois timouques.
MAT
— 1625 —
MAT
U lout droit politique1. Il subsistait encore au
étéPrlVt'. d'ir(|i.| lorsque Marseille était ville libre et
temps ‘Vlln'' jQmi nation romaine*. Ch. Lécbivain.
fédérée sous» ^ __ Qn a pr0p0Sé avec vraisem-
M'VSIt)r ,rès l’origine même du mot (sein), de recon-
1,1anCC '’ î'!1’ de ce vase dans les bols demi-sphériques
naître la . . qUi ont ôté étudiés à l’ar-
. . ticle cymbè (lig. 2268). La
figure 4856 en est une va¬
..ri-*
riante; le bol, à base poin¬
tue, est muni de deux
anses 2. Les habitants de
Paphos nommaient le vase
à boire [lxitoi; ; ailleurs,
d’après le même auteur, il
Fig. 4S3C. — Masios. s'appelait xû^T)3; ce qui
Lble bien indiquer la grande ressemblance ou même
l’identité des deux noms. Pollux le mentionne aussi avec
la coupe, laphiale et le xupSfov *. Le même nom se trouve
dans les inventaires des temples de Délos et d’Oropos,
appliqué à des vases d’argent 6. E. Pottier.
MASTROI [logistae, p. 39!)).
' MASTRUfcA. — Vêtement fait de peau de bête. Les
tuteurs chez qui l’on rencontre ce mot ne l’emploient
qu’en parlant du costume des Barbares (Sardes1, Gètes 2),
opposé à celui des Romains. L. S.
MATELLA [matula].
.MATER MATUTA. — MATRALIA. — Le double nom
de cette divinité latine et celui de la fête célébrée en son
honneur témoignent en faveur d’un culte très ancien.
Muter et pater sont, en effet, dans les religions grecque
et romaine, dans cette dernière surtout, des vocables
honorifiques d’autant plus fréquents que l'on remonte
davantage vers les origines1. Quant à Matuta , tous les
interprètes sont d’accord pour mettre l’épithète en rapport
avec mat ut inus, maturus et finalement avec mane , manus
et munis que nous avons expliqués ailleurs [mânes,
p. lo722j. Mater Matuta est une divinité de la nature en
qui se personnifie la lumière bienfaisante du matin, comme
dans Juno, Jana, Diana , etc.3 Janus lui-même, qui ouvre
les portes du ciel, est invoqué sous le vocable de Matuti-
nur. Mais quand il s’agit de divinités féminines, l’idée
de lumière est inséparable de celle d’enfantement6;
Junon Lucina, qui présidait aux fonctions de la mater¬
nité, avait à Rome, sur le marché aux légumes, un sanc¬
tuaire dont 1 i te-Live mentionne la dédicace, et où elle était
vénéi ce en qualité de Matuta G. Mater Matuta est donc
uni Mule de doublure de Junon, en tant que celle-ci fait
U1I( l*ailî’ lune nouvelle et que, par la lune, elle
^ SIU tempérament de la femme en vue de la mater-
1 1 Pour cela que les Grecs reconnurent dans
î0’ 03 : üe rep' b 27’ 43 1 b 28, **• — 2 Strab. L. c. ; Dio.
liens inni (l((||| "“U0GRAI‘Hlt:. Brüchner et Temaux, Historia reipublicae Massi-
BonM8G3 ii"lo?n’ ISC" ’ Gcisovv, I)e Massitiensium republica, diss. inaug.
Gilbert Geschicll‘e, I, 1, p. 285-291, 1™ éd. Golba, 1885;
HASTos i c ( r’ 9rteclt. Alterthüiner , II, 259-201, Leipz. 1885.
erojrnnim, igg*' *°J,0lb borner. Decker, p. 3 (Extrait du ù0's Winckelmanns
B.el Xi, es’ ,, ■ L T 2 ' ^ ‘néclit du Couvre (Salle E). — 3 Athen. XI, 74, p. 487
toi VI, iV8i‘ n 3-11 T 4 0nomast ■ Vb ‘6. 93 ; cf. Hesych. s. v. - 6 Bull. corr.
Bernes, t, x'\y , ’,.g ,44’ 93 > Ephém. archéol. 1890, p. 7, 1. 11, 23, 27; Keil ap.
“ASTivuua ' î’’r98' „
Isid. XIX « r° Seauro> aP' Quintil . I, 5, 12; kl. De prov.
•h M3. ’ 1 et 5. — 2 Arnob. II, 23 ; Prudent. C. Symmach.
M vi i n matuta
avcc '* note 2 „ lia ;*ATI'ALIA- 1 Voir Preller-Jordan, Roem. Afyth. 1, p. .35 s.
p- *2i, IdS; pcsl [ ’ .! blausen, Aeneas und die Penaten, p. 8C9 s. — 2 Paul.
I t. IjS, Non. p. CO; Prise. Il, 53. S.-Auguslin, Civ. Dei. IV,
Matuta leur llithyia , à une époque où les Romains en
étaient venus à oublier sa signification première ;.
Aux temps historiques, Mater Matuta est moins connue
par elle-même que par le temple qu elle possédait a
Rome sur le Forum boarium et par la fêle des Matralia
que célébraient en son honneur les matrones romaines,
le 11 juin de chaque année, aussitôt après les v est a lia s.
L’histoire faisait remonter la dédicace du temple au roi
Servius Tullius, mais la religion de Matuta est certaine¬
ment plus ancienne; elle fait partie des institutions
pieuses que la légende attribue au roi Numa9. Le temple
était situé non loin de la porte Carmentale, sur la rive
gauche du Tibre, presque en face du sanctuaire de Fors
Fortuna, dontla construction était attribuée à Servius10.
Des interprètes récents, épiloguant sur le voisinage des
deux sanctuaires, sur une sorte d’antagonisme, d'ailleurs
peu apparent, entre les tendances politiques des cultes, et
sur ce fait que la fête de Matuta concordait avec celle de
Fortuna en ce lieu, ont prétendu que la religion de
Matuta était d’origine et de signification patricienne,
tandis que celle de Fortuna aurait éLé instituée comme
une protestation plébéienne, sous le règne d un souve¬
rain qui, devant l’histoire, représente non seulement
l’esprit populaire, mais l’immixtion dans les cérémonies
publiques de l’élément servile11. Il n’y a là qu'une
hypothèse qui perd beaucoup de sa valeur si 1 on songe
qu’entre Fortuna et Matuta il n’exisle aucun rapport de
signification ni de culte : aussi bien les coïncidences de
date et de lieu prouveraient plutôt la conciliation que
l’hostilité. Des discussions plus intéressantes sont celles
qui ont tenté de fixer l'emplacement des deux temples
voisins12: il est très vraisemblable qu’il faille chercher le
temple de Fortuna dans l’église actuelle de Sainte-Marie-
l’Égyptienne; dans ce cas, le sanctuaire circulaire en
marbre qui est une des ruines les mieux conservées de
Rome et qui sous sa forme actuelle est une restauration
du IIe siècle de notre ère serait, non un temple de Yesta
ou d’Hercule, mais le temple même de Matuta, devenu
celui de Portunus que la légende devait lui donner pour
fils13. Bâti sous la royauté, il fut réédifié une première
fois par F. Camillus après la prise de Yeï'es, le dictateur
l’ayant voué au cours du siège (396 av. J. -G.) u.
Comment, plus de deux siècles après, en 474, le consul
T. Sempronius Gracchus fut-il amené, après la conquête
de la Sardaigne, à placer dans ce temple de Matuta une
table commémorative de sa campagne, avec un relief
topographique du pays soumis et des peintures retraçant
les principaux combats15? Ce fut sans doute parce qu’à
cette époque Matuta était déjà considérée comme une
divinité maritime, protectrice des navigateurs et mère
de Portunus. 11 est vrai que la table était en l’honneur
8, rapproche Matuta de frumenta maturescent ia. — 3 Luer. V, 654 : Roseam
Matuta per oras aetheris aurcram diff'ert et lumina pandit. Pour la question
générale, voir juno, p. 683, note 8 ; et Preller-Jordan, Op. cil. I, p. 167. — 4 Hor.
Sat. II, 6, 20 : Matutine pater , seu Jane libentius audis. — 5 Juno, L. c. et
p. 686 ; Ov. Past. III, 253. — 6 Tit. Liv. XXXIV , 53 ; I'. \ ict. Reg. XI ; cf. Klausen,
Op. cil. p. S77. n. 7609, cl Creuzer, Symbolik, II, 566. — 7 Strab. V, 226. — 8 Corp.
inter, lat. I, 2, p. 320. — 9 Gilbert, Geschiclite und Topographie, III, p. 437, n. 1.
— 10 Tit. Liv. V, 19; cf. Id. XXXIII, 27; XXIV, 47; XXV, 7. — H Gilbert, Ibid.
p. 390 s.; cf. Klausen, Op. cit. p. 876. — 12 Voir Gilbert, L. c.; Rebcr, Ruinen
der Stadt Rom, p. 337 s. ; Becker, Topographie, p. 436, et fortuna, p. 1268, avec
les textes cités, a. 18. — 13 Voir Gilbert, III, p. 436 sq. ; II, 390, avec la note 3 au
premier passage ; n. 1 et 2, Ibid. p. 437 ; et Kiepcrt, Atlas antiquus, lab. IX, Ec, où
le temple en rotonde est appelé T. Portumni. Voir encore Jordan, Topographie, I,
2, 484. — 11 Tit. Liv. V, 19 et 23. — 13 Tit. Liv. XLI, 28. Voir la noie 2, p. 438,
L. c. de Gilbert, qui suppose en plus qu'il existait un rapport spécial entre le
culte de Matula et celui de Jupiter.
MAT
02 fi —
de Jupiter; les peintures avec la carte de l'ile conquise
sont de 1 ordre des ex-voto que les voyageurs et les
naufragés offraient aux divinités qui avaient assuré leur
salut ou leur retour1.
Cependant Matuta, qui en recevait l'hommage, n’y
semblait guère prédestinée ni par sa signification origi¬
nelle, ni par le culte dont continuaient de l honorer les
matrones romaines2. Au lendemain du jour où elles
avaient fait a \ esta les offrandes de mets dans les plats
qui rappelaient le bon vieux temps, elles faisaient cuire,
non pas au four, mais sur le foyer, dans des moules
d argile grossière, des gâteaux rustiques, ceux-là mêmes
dont Caton l'Ancien nous a conservé la recette et que
confectionne Simules dans le Moretum de Virgile3 *. Au
temple même n’étaient admises que les femmes mariées ;
celles-là seules avaient le droit de toucher à l'image de la
déesse qui n'avaient connu qu’un seul mari : univirae*.
La cérémonie était interdite aux femmes esclaves; pour
accentuer cette exclusion, l'une d’entre elles y était traînée
de iorce, puis chassée honteusement, après avoir reçu un
soufflet5. Autre coutume caractéristique : les matrones
priaient, non pour leurs enfants propres à titre de mères,
mais pour les enfants de leurs frères et sœurs en qualité
de tantes6 *. Il ne manque pas de témoignages, les uns
légendaires, les autres historiques, qui exaltent les fonc¬
tions de la tante dans la société romaine, vis-à-vis de
neveux et de nièces qui seraient venus à perdre leurs
mères *. Peut-être faut-il établir un rapport entre cette
particularité du culte de Matuta et ce que nous avons dit
ailleurs de celui d eJuno Sororia [junones, p. G91].
Comment la vieille divinité authentiquement romaine
est-elle dans la suite des temps devenue une personnifi¬
cation maritime? Si Portunus, ce que rien ne démontre,
fut de toute antiquité considéré comme son fils, la trans¬
formation s expliquerait d’elle-même ; Portunus lui-même
n était, à 1 origine, que le génie de l’habitation sédentaire;
il avait une clef pour attribut et Janus était honoré sous
le vocable de Portunus8. Ce sont les progrès de la navi¬
gation sur les côtes du Latium etàl'embouchure du Tibre,
qui firent de Portunus et un dieu distinct et un génie
maritime; de même pour Matuta, les divinités du ciel clair
étant fréquemment mises en rapport avec les choses de
la navigation, chez les Romains comme chez les Grecs9.
Le changement est accompli à Rome au temps de l'expé¬
dition de Sardaigne par T. Sempronius Gracchus ; ce fut
sans doute à cette époque que les hellénisants identi¬
fièrent Matuta avec Ino-Leucotheaet Portunus son fils avec
Palaemon-Melicertes [melicertes]. On peut voir, dans un
long développement des Fastes 10 * * * *, commentOvide,àgrand
1 Cf. Cic. Nat. Deor. III, 57, 89; Hor. Od. I, 5, 13; Sat. II, I, 33; A.
Poet. 21, avec les commentateurs; Pers. I, 88; Juv. XIV, 301, et marica.
— 2 Paul. Diac. p. 125 ; Ov. Fast. VI, 473-569. Matuta n’est honorée que par
les femmes ; l’inscription votive d’un ccrlain T. Tessius ( Corp . inscr. lat. VI,
532, 533) est fausse. — 3 Varr. Ling. lat. V, 100; Gv. Fast. VI, 315, 475, 482,
:>81 ;Cat. R. rust. 75; Virg. Moret. 45, 51 ; cf. fvlauscn, Op. cit. p. 874. — * Terlull.
De monogam. 17. — 3 Plut. Cam. 5; Quaest. Rom. 10-17. — 6 Ov. L. c. 523,
:>59; Plut. L. c. — 7 Voir le vers d'un comique cité par Non. p. 124; Pers. Il,
31 ; Ov. Met. II, 745; Fast. VI, 523, 488, et Klauscn, Op. cit. p. 875, n. 1701.
8 Cic. Nat. Deor. II, 20, 60; Lact. I, 21, 23; Fesl. p. 43 ; deus putabatur esse
portarum. Pour Janus Portunus, voir l'inscription, Orclli, 1585 (Spolètc), d'ailleurs
suspecte. J \oir, entre autres, Aphrodite ya /.r, vv.tr,, ejr.Xota, icaTtçâe'j'Ta, icov?ta, etc.
et les Dioscures. — 10 Ov. Fast. VI (cf. Met. IV, 410 s.), surtout 542, 517, etc.
I our Portunus, voir \irg. Georg. I, 437 et Paul. p. 50. Dans la loi des Douze Tables
portas est encore mis pour domus. Fest. p. 233. — H Cic. Tusc. I, 28 ; Nat. Deor.
4^ ; Arnob. III. 23; cf. Klausen (Op. cit. p. 873), qui trouve dans Matuta le type
latin de la divinité errante et éprouvée, analogue, non seulement à Ino, mais à Isis,
Itliéa, Démêler. 12 Slrab. V, 22G; cf. Ros:her, Ausführliches Lexikon, p. 2404
MAT
remort de snbld, lés et d’assimilations bfcaPP
accommoder, pour Matutaet Portunus 1 ’
tragédie grecque qui avait fait d’luo-I 1m, S°t,|Veni,,sde|i
ses héroïnes préférées ; avant Ovide et "ne d»
permet d’affirmer que cette identifie*, .i'!°n
dans l’opinion “. Cependant les archéol . . ^
d accord même lorsqu’il s’agit de confondre m!m .nt m
quelque divinité hellénique; nous voyons n, cUlaavej
que, Denys de Syracuse ayant ravagé en 38* . “
Pyrg1, le port de la ville étrusque deCaeré et ^ !
temple célèbre situé en ce lieu les >m« ?Verséu»
«-* — celui d’iuo, i»
thym : les deux points de vue se concilient si p, ‘
un sanctuaire de Matuta. ' 11 >’ voit
La preuve cependant que les attributions marin,,
la déesse n’effacèrent pas entièrement le souvenir" l""'
première fonction, est à chercher dans les temples Zu
continue d’être honorée. Deux seulement sont à „„
mite de la mer : celui de Pyrgi en Ëtrurie et celui de
Pisaurum en Ombrie, où nous avons déjà signalé le culte
de marica 1 3 ; les autres sont en plein pays de montagnes
comme celui de Bénévent chez les Samnites, ceux de
Preneste et de Cora dans la partie la plus accidentée du
Latium et celui de Calés en Campanie *\ Le plus célèbre
en dehors de Rome, est le temple de Satricum chez les I
Yolsques. Lors des guerres de ce peuple avec le Latium,
les assiégeants, épouvantés par une voix terrible sortie '
du sanctuaire, s abstinrent de le brûler avec tout le reste;!
et trente ans plus tard les Romains, qui reprirent la ville
sur les Latins, firent preuve des mêmes scrupules15.
L’histoire de la seconde guerre punique fait mention,
parmi les prodiges de l’an 206 av. J.-C. qui en compta un
grand nombre, de la foudre tombée sur le temple de
Satricum16. En dehors de l'Italie, il n’y a pas trace d'un
culte de Matuta; on a cependant trouvé à Bonte, en
Syrie, une inscription votive par laquelle deux femmes]
aux noms latins, dédient un autel commun à Matuta et à
Juno, preuve que, même sous l’Empire, n’a pas disparu
encore le sens primitif de sa divinité17. J. -A. Hild.
MATERIA, MATERIES 1 . Tàt] 2. Rois. — Ces termes
servent à désigner le bois considéré par rapport à son em¬
ploi, aussi bien dans la vie commune que dans l’industrie,
et dans les arts. Le produit naturel, abstraction faite de
toute intervention humaine, s’appelle uosa\-
Dès que les arbres3 avaient été abattus, les trôner,
débarrassés de leurs branches, recevaient une première
façon; les uns étaient simplement écorces (<pÀot?eiy ,
AcnnÇetv 5, decorticare 6) [ligna], s’ils devaient être emj
ployés ronds ; les autres étaient fendus (,v>£iv ’ s' \
(Wissowa). — U Corp. inscr. lat. I, I7G, 177. — MZvctajcfl, 7" irr/liwi
dial. 108, où le saharaklum matris semble devoir être inlerpu1' | ^
Mutris (Malutae) ; Corp. inscr. lat. XIV, 2997, 3000 (Frénésie) ; Ibid. X’ ^
(Cora); X, 4G60 (Cales). — 13 Tit. Liv. VI, 33, 4; MI» 27, 8. —
11,2. — 17 Ephem. épigr. V, 1332. jg- jo4;
MATERIA, MATERIES. 1 Plin. Hist. nat. XIII, 61; XVI, ^^7
Isid. Orig. XIX, 19, 4. — 2 Hcrod. IV, 21; Thuc. IV, 09, K‘"‘
et 30 ; Theophr. Hist. plant. IV, 5, 5; Slrab. XII, p- ^ ^ Rois de
terme ulr, sert pour désigner du bois sur pied: Ilcrod. b - ^ ju p0is
construction : Plat. Leg. IV, 507 c; Theophr. Hist. plaid- ■ ^ ^ t 104:
à brûler: Hom. IL VII, 418; XXXIII, 50, 111, 139; ^ ' H s>i' H
Herod. IV, 104; VI, 80; Xcn. Hellen. IV, 5, 4. Dans Od. X , 2:* malièrc
qui sert de lest. Enfin ce terme a servi pour désigner ton h c |curS pays
première : Plut. Pericl. c. 12. — 3 Pour 1 identification d< * j <•//. llh
d’origine, leurs habitats, leur culture, voir ligna. f Tli«"l jgg et
3; V, 4, 0; IX, 20, 4. - 0 Id. III, 13, 1 et 4. - 6 PJjn. ' . ’Acsop, 1^3 et
-7 Soph. Elect. 99; Xcn. Cyr. V,'3, 49; Theophr. V, , -
yaTÎu/^ov, J[23 b.
MAT
— 1027
MAT
i:Sre-) ou sciés , «p»..» , . , ~-
fre''J >exîv 8, (loi arc 6) [DOLABBA] pendant qu ils
Iquaff'8 'tiA“Xri les hois se prêtaient mieux à ces
penl ... y, : n'iires lorsqu’ils contenaient encore une
pl'Çstv 4) [SKHHA OU
réliminaires
On obtenait ainsi trois sortes de
ds (ffTpôyyuX».8, rotunda 9), les bois
travaux p>,(l
. . . „
■ los bois ronas
l,OIV H sciés (<r/irci, TcpnTxâ10, ftssilia11), les bois
IenduV' dolata'*). On prétendait que les
' eqU:"'l (issuraient beaucoup moins que les autres*3.
set'"
WTiona] et quelques autres cl, en
_ _ ^ . i r> noinü / 1 ’ O II*
ènes de Macédoine
élaientbaissés en grume, sous peine d’être inutilisables14
, est vraisemblable que l’on divisait le plus
ble les bois pour les différents métiers qui
en œuvre. L’aubier était séparé du
15, afin de ne pas employer en-
D âpre
tôt possi
devaient les mettre
Lrpur (exalburnare
mble des matières de qualités différentes *". Pour
[opéror la division on avait égard, dans certains cas, à la
disposition des fibres, par exemple pour les sapins et les
[pins11 On se préoccupait ensuite du séchage , car seuls
les bois qui devaient être travaillés au tour ou sculptés
jetaient employés encore un peu humides *9. Cette opéra¬
tion avait une grande importance, car il fallait prendre
des précautions pour que la matière ne se fissurât pas ;
on recommandait, pour obvier à cet inconvénient, de
Penduire de bouse de vache; ce procédé s’appliquait
notamment aux hois durs dont on faisait des pivots de
portes (cT?dîptTy£ç, cardines ) [caruo] 20. Un antique pro¬
cédé consistait à suspendre les pièces de bois dans dos
[cheminées21. Pour certains arbres, comme le frêne et
Forme, le séchage précédait quelquefois l’abatage : on
les laissait sur pied après avoir pratiqué vers le bas du
tronc une profonde entaille circulaire22. *
Bois de construction terrestre (otx&Sogtx-q 5X-q) 23 . — On
admettait comme matériaux de construction à peu près
tous les bois, sauf ceux qui étaient trop faibles ou de
dimensions trop petites; mais, selon leurs qualités, ils
avaient des emplois différents24.
U acacia blanc (àxavOa, spina) fournissait des chevrons
dXq) de douze coudées de longueur23. Le bois
du cèdre, regardé comme éternel, fut naturellement
utilisé dans les contrées qui le produisaient; il entra
dans la construction des palais de Persépolis 26 et d’Ecba-
tone2 .dans celle du célèbre temple de Diane, à Éphèse ;
on citait encore les antiques poutres en cèdre de Numi-
du temple d’Apollon à [Ttique*8. De plus on l’expor-
hbl, et les lacunaria de tous les temples célèbres en
«'aient été faits29. Du charme 30 (ôffrpuç, carpinus ),
L I, 141; Aen. V, 48a ; Vil, 510. Celte opération se Taisait avec
— 2 p'i 'F! ' s quelquefois empruntés à l'arbre lui-méme: Aesop. L. I.
IM ,'V ' ’ ' dont on peut rapprocher l’expression fissile lignttm.
V, G ' , ; Georf- b 144 ; Aen. V, 181. - 3 Time. IV, 100, 2; Theophr.
n Plal- 124 B; Seriptor. Gcop. (éd. Niclas), V, 21, 3; IX,
If'll) ! ■ VU-, 0n<”"' VU’ 11 4- — 8 Theophr. Op. cit. III, 8, 7. — G Vilr.
«,Vi cf y L Colu|n- VIII, 3, 7 ; dedolare, Plin. XVI, 188. — 7 Theophr. V,
’ *' G' oil ü sag" du palmier. — 8 |d. V, 1 , 1 ; 5, 3 et 0. - 9 Plin.
" ll,C0P,lr- v, 3, 4 et G. — Il Plin. XVI, 186. — >2 Theophr. L. I. ;
5, G; on attribuait ceci à l’influence de la moelle
entière dans les autres, produisait en se séchant des
«nrf • , WMU,U-‘S ue bois qui l’avoisinaient : cf. H. Blümner, Technologie
«. - lii pu bewerbe u. Kûnste , t. Il, p. 300. — U Theophr. III, 8,
lyi, i88.
I* V-VV’ 7 13 v’ 5
fesmv i. <*emeuranl entier
' ans les couches de bc
Plin. XVI
Op. ci/ p ’ ~ut‘ 18 Theophr. V, 5, 5; cT. V, I, 5 et Blümner,
à ’ P' 301-302. — -
a itilri'j
c4 Hlii
ln|frpr6tor clair.
204. — 16 Theophr. V, 5, 5; cT.
11 Malheureusement jusqu'à ce jour on n’a pu arriver
‘■muer, L. t , - . . . ,
pommandaii *>) *. j»lon (De re rust. 37, 4), cité par Pline (XVI, 1J)4),
— ni i.i .. 1 absolument de 110 ll'.TVnilhm 1 A Kaia IU TIw.Anlin V fi I
"“« ni le passage do Théophraste (V, I, 9) où ceci est exposé
^ nc travailler le bois que sec. — 19 Theophr. V, G, 4.
cr°yail au**; . . . „'n’ ^ I» 222. — 21 Hes. Qp et tf $29; Virg. Georg. 1, 175. On
‘ 10 ld. V
I aussi
“USSlquela fnmA '» • - 1 * ■ *
22 Vfl,. u , ,1(fC un remède contre la pourriture des bois : Plin. XXIII,
’ 1 3'1 et 11 i plin- XVI, 102 et 210. _ 23 Theophr. V, 7, 1, 4.
estimé pour sa dureté et sa résistance31, ainsi que du
châtaignier, classé parmi les bois solides et durables,
mais un peu lourds32, nous ignorons le rôle spécial dans
la bâtisse. Le bois du chêne rouvre (. robur ), debarrassé
de son aubier 33, et celui du chêne pédonculé iquercus )
[ligna] étaient rangés parmi les plus solides et les moins
sujets à la pourriture34, mais aussi parmi les plus diffi¬
ciles à travailler 33 ; ils étaient fort employés dans la
construction des maisons36, surtout pour les parties qui
devaient être couvertes de terre ou d’eau douce3-; au
contraire, le hois du chêne esculus (<j.-qyôç) s’utilisait pour
celles qui devaient se trouver au sec38. On préférait
mettre les poutres de chêne dans la position verticale, à
cause de la tendance qu’elles ont à s’incurver sous la
charge qu’elles supportent 30. On vante le cyprès xmtâstff-
(joî, cupressus ) comme imputrescible et inaccessible a la
vermoulure; il entrait dans les constructions de luxe40.
Les Grecs regardent le figuier (eux-q, /ïews) comme un bois
solide, sauf en position verticale41 ; les Latins paraissent
n’en faire aucun cas42. Le frêne (geXt'a, ft'axinus) avait
la réputation de se déjeter facilement ; mais on remédiait
à cet inconvénient en le laissant sécher sur pied ; alors
il devenait plus dur et se comportait bien dans les assem¬
blages43. Le genévrier (apxsuQoç, juniperus), qui s’em¬
ployait aux mêmes usages que le cèdre44 et dont lecteur
était même mis au-dessus de ce dernier45, était rangé
parmi les bois imputrescibles qui se comportaient aussi
bien à l’air libre que sous terre et dans l'humidité48, car
les poutres (. trabes ) du temple de Diane, à Sagonte, anté¬
rieur, disait-on, de deux cents ans à la guerre de Troie,
existaient encore au temps de Pline ". Le bois du hêtre
de montagne (ô;û-q, fayus ) était fort estimé en Grèce et
avait de nombreux usages46: non seulement on le regar¬
dait comme incorruptible dans leau, mais on croyait
qu’il devenait meilleur à l’humidité49 ; les auteurs latins
disaient au contraire qu’il s’y corrompait rapidement50.
Il est vraisemblable qu’il s’agit d’espèces différentes, car
Théophraste parle d'une variété noire qui venait dans
les plaines et n’était guère utilisée [ligna . Parmi les bois
qui résistaient à l’humidité et n’étaient pas susceptibles
de se pourrir, le mélèze ( larix ) occupait une place
importante. On en tirait de belles poutres qui pouvaient
supporter de grandes charges dans la position horizon¬
tale ’L Le noyer aussi (xapüx EÙêoVxV j, juf/lans) fournissait
de grosses poutres52 employées pour les toitures et les
constructions souterraines53, car son bois passait pour
incorruptible54 ; tout au moins, il avait une longue
— 24 Id. Ibid. ; Vilr. II, 9, 3. — 23 ld. IV, 2, 8. — 20 Quint. Curl. V, 7, 5. — 2' Po-
lyb. X, 27, 10. — 28 Blin. XVI, 213 et 216. — 29 Vitr. Il, 9, 13. — 3" ld. Il, 9, 2.
— 31 Theophr. III, 10, 3 ; Pliu. XVI, 206. — 32 Plin. Ibid, et 212 ; cT. Pallad. Nov.
15> 2. - 33 Plin, XVI. 182 et 204. — 3V Theophr. V, 4, 2 ; Plin. XVI, 22. — 33 Theophr.
V, 5, l. — 36 ld. v, 7, 4-5; Paus. VIII, 10, 2; Vilr. Il, 9, 5; III, 3, 2; V, 12, 3.
— 37 Theophr. V, 4, 3 ; 6, 1 ; 7, 3 et 5; Plin. XVI, 218 ; Pallad. Aor. 15, 2.
— 38 Vilr. H, 9, 9 ; Pallad. L. I. — 39 Theophr. V, 6, t ; Vilr. Il, 9, 9; VII, 3, 1 :
Plin. XVI, 218 et 222. Pausanias (VI, 24, 9) parle d'un temple antique dont le faite
était soutenu par des colonnes de chêne. — Theophr. \ , 4, 2 ; 7, 4 ; Pind. Pyth.
V, 52 ; Polyb. X, 27, 10; Plut. Pericl. c. 12; Vilr. 1, 2, 8 ; II, 9, 5; Plin. XVI,
223. — 41 Theophr. V, 6, 1 . — 42 Hor. Sat. I, 8. 1 ; cf. Blümner, Op. cit. Il, p. 269.
— 43 Cf. plus haut, n. 22; Vitr. U, 9, 11 ; Plin. XVI, 219 ; Pallad. Nov. 15, 2.
_ 44 vilr. il, 9, 13. l e genévrier est aussi appelé cèdre de Phénicie i.igxa
_ 40 plin. XVI, 198. — 43 Theophr. V, 7, 4 et 6; Plin. XVI, 218. — 47 Plin.
Ibul. 216. _ 48 Theophr. III, 10, I. — 49 ld. V, 4, 4. — 50 Vitr. Il, 9, 9 ; Pallad.
A'or. 15, 2; Plin. XVI, 218 ; cet auteur se contredit, la première partie de sa phrase
est empruntée à Théophraste, la seconde à Vitruve. — 31 Plin. XVI, 222. Ce passage
est emprunté à Théophraste (Hist. plant. V, 6, 1) cher qui il est question des arbres
et ssixr, ; Pline rend ce dernier terme par larix ; voir ligna, larix. — 52 Theophr.
V 6, t; Plin. XVI, 223. — 53 Theophr. V, 7,7; Plin. XVI, 218. — 64 Theophr. V,
4, 2 et 4.
durée1. Si ce bois avait le défaut de s’incurver faci¬
lement, sa rupture imminente était annoncée par des
craquements qui permettaient de prendre la fuite2. Il
ne parait pas que 1 on ait fait quelque différence entre le
bois de 1 olivier sauvage (xotîvoç, oleoster ) et celui de
l’olivier cultivé (sXxèx, ofea). De ce bois extrêmement
dense3, mais cassant*, qui résiste bien à l’humidité, à
la vermoulure et au temps3, on tirait de petites poutres6
(taleae) et des pieux (pâli) que l’on utilisait en position
verticale \ L’orme (titeXéx, u/mus) donnait un bois de
charpente qui se conservait bien à l’air s, mais il passait
pour se déjeter, inconvénient auquel on obviait en le
faisant sécher comme le frêne ; alors, devenu sec et dur,
il était employé, ce semble, aux mêmes usages que
celui-ci °.
En Assyrie et en Perse, le palmier trouvait emploi dans
la charpenterie 10 pour les poutres en position horizon¬
tale, parce que son bois fibreux (ivûo-qç) “, facile à tra¬
vailler, léger 12 mais solide, quoique cassant13, passait
pour avoir la propriété de se bomber sous la charge14,
ce qui tenait vraisemblablement à l’humidité de la couche
de terre, épaisse de deux coudées, dont on couvrait les
toits pour se protéger contre la chaleur excessive13.
Résineux, lourd, noueux et incorruptible, le bois du
pin 16 (usujçrj, iriTuç l~, picea ) était estimé à cause de sa
rectitude, principalement pour les poutres en position
horizontale, car on lui attribuait la même propriété
qu’au bois du palmier18. Le pinier (tteûxyi pinus )
était aussi noté comme un bois de construction résis¬
tant bien à la carie et aux insectes i9. Mais le sapin (ÈXârq,
abies ) était prisé plus que les deux précédents comme
bois peu dense, fibreux, facile à fendre, mais très solide20 ;
il fournissait d’excellentes poutres qui offraient une
grande résistance et ne fléchissaient point; on les
employait notamment pour la charpente des toitures 21.
La partie du tronc du sapin appelée fusternci [ligna] était
particulièrement estimée 22. Ce bois passait en Grèce pour
imputrescible; ceci a été contesté par Vitruve23 ; mais il
faut remarquer que la qualité du bois différait selon les
lieux où les arbres avaient poussé. Ainsi les sapins de
Krané, en Arcadie, fournissaient de belles poutres, mais
leur bois n’avait pas la solidité de celui des arbres qui
avaient crû dans des lieux exposés au soleil24 [ligna],
.Nous voyons le saule et le peuplier mentionnés parmi
les bois de construction ; mais nous ne savons pas exac¬
tement quel usage on en faisait 23. Quant au thuya, si
recherché au temps de Cicéron comme bois deluxe26, il
avait été employé dans son pays d’origine (la Cyrénaïque)
pour la charpente des toits de quelques anciennes mai¬
sons 27. Le bois de vigne, malgré sa solidité et sa longue
insistance ù 1 action du temps 28 ,
utilisé dans la construction que dans avoip «Hé
anciens; on citait les colonnes en |‘J 8/emp8 H
temple de Junon à Métaponte, en LucaninV* Vlgne du
A Pompéi on a constaté l’emploi du elrihi ■
chene, du hêtre, du noyer, d„ sapill «
espèces de pins30. UL W'erseJ
Bois de comte action navale „
vau7tr1Y'ir1<ïtp.x , matériel navalis 33) __ q ? '
moins nombreux que les précédents Pannf1 'Haienl
pouvaient servir à ces constructions non, qUi
naturellement les bois durs et imputrescibles ZlT
d’opposer une longue résistance à l'action de l’n f
mer et aux tarets. ' 1 ne
L’acacia noir (axxvOa gsXaiva, spina nigra) dont
vantait la résistance à l’eau, s’employait pour’ la com"
des bateaux34. Les Égyptiens le débitaient en planche!
de deux coudées de longueur pour construire des barques
de transport (tuXoî#) 33. L’aune (xXr,6?x, alnus)*\ dont le
bois, peu durable à l’air sec, passait pour se conserver
indéfiniment dans l’humidité, servit en général à faire
des barques. Mentionnons en passant le bois de ben
(|3xXavcÇ, balanus ) [ligna], sur l’emploi spécial duquel
nous manquons de renseignements. En Syrie, en Phéni¬
cie et en Égypte, où le sapin ne poussait pas, ce fut le
cèdre qui fut le principal matériel des constructions
navales ; on s’en servit pour les trières 31 . Le chêne rouvre
( robur ) fut employé de préférence pour les bateaux qui
devaient naviguer en eau douce 38. On l’utilisa aussi
pour la carène des trières et celle de tout bâtiment qui
devait être tiré à sec ; on ajoutait même une fausse quille
en chêne aux bâtiments de transport pour cette opéra¬
tion 39 ; c’était à cause de la solidité de ce bois et pour
que la quille pût résister, car on avait reconnu que si le
chêne ne se corrompait pas dans l’eau douce, il n’en était
pas de même dans l’eau de mer.
Le cyprès est toujours mis au nombre des bois de ce
genre40. Alexandre avait fait construire une flotte avec
des cyprès coupés en Babylonie, dans les enceintes
sacrées et dans les parcs appelés irapiôstuoi'41. Le frene
n’était employé, ainsi que le mûrier (loxctp-i voç, monts )ct
l’orme, que pour certaines pièces de gréement travaillées
au tour (vopvEia), pour les epotides (Ittwtiosî) et pour une
pièce voisine de la carène, appelée crrEoÉcoga42 [navis]. Du
hêtre on faisait de fausses quilles pour les bâtiments
de petite dimension que l'on tirait à sec ; la pièce appelée
/éXu<ju.7. était tout entière de ce bois43. Le mélèze, înal^rj
son incorruptibilité dans l’eau, n’était peut-ctrr pas
utilisé pour les constructions maritimes, caron L
sujet aux tarets 44 . Dans l’olivier on tailla des rame.' • e
1 Plin. XVI, 212. — 2 Theoplir. V, 6, I ; Plin. Ibid. 223. — 3 pjin.
XVI, 206. — i Thcopbr. V, 3, 3; C, ). — 5 Vilr. I, 5, 3 ; VII, 3, I. — 6 Vilr. I,
5, 3 ; cf. Cat. De re rusl. 45, 2. — 7 Vilr. III, 5, 2 ; V, 12, C. — & Theoplir. V, 4,
3; Plin. XVI, 218. — 9 Cf. plus haut et Vilr. II, 9, 1 1 ; Plin. XVI, 219. — 10 plin.
XIII, 39 ; Slrab. XVI, p. 739. — il Theoplir. I, 5, 3. — 12 Id. V, 3, C. — 13 Plin.
XVI, 211. — H Theoplir. V, 6, 1 ; Xen. Cyr. VII, 5, II ; Slrab. XV, p. 731 ; Plut.
Moral p. 724F; Plin. XVI, 223; Aul. GclI. III, 6. — 13 Cf. Slrab. L. I. et Lenz,
Botanik d. ait. Griechen und Rem. p. 340. n. 725. — l^Theophr. III, 4, 7 ; V, 7, 1.
— 1' Ce terme désigne aussi le pinier, cf. ligna, p. 1249. — 18 Theoplir. V, C, 1
et 2 ; Plin. XVI, 31. Le cœur de cet arbre était appelé alyt; (Theoplir. V, 1, 9; VII,
9, 3); ici, il prétend que Yvlfiq se trouve dans l’arbre femelle, ce qui est une erreur,
puisque ce genre est monoïque. — 19 Theoplir. V, 7, 5 ; Vilr. I, 2, 8; II, 9, 12;
Plin. XVI, 223. — 20 Theoplir. V, 3, 3 ; 1, 5, 3 ; V, 1, 5 ; 1, 5, 4 et 5 ; V, 6, 1 ; 7, 4 ;
Vilr. II, 9, 5 et 6. — 21 Theoplir. V, 33; pour la bâtisse la matière la plus ancienne
était réputée la meilleure pourvu quelle fût àaaitq; (Id. V, 7, 4). — 22 Vilr. Il, 9, 7.
— 23 Vitr. II, 9, 6 ; MI, 3, 1. — 2V Theoplir. IV, 1, 2; pour la distinction entre
F abies infernas et l 'abies supernas , cf. ligna, abies. Le sapin de Gau ^ ^ ^
dius [Non. 15, 1), n’étail bon que in operibus siccis. ‘Mih. G, • S(î pjjn.
aussi mentionné le galilicr (vitex) ; Colum. XI, 2, 13 ; Plin. X\ h-1 • 5 ^rad.
XIII, 102 ; Becker, G allas (3- éd.), p. 302 ; J. Marquardt, Vie privée • vs ^ ^ 4i
franc.), H, p. 384. — 27 Theoplir. V, 3, 7 ; Plin. XIII, 101. * u./Ooc;
— 29 plin. XIV, 9. - 30 Blümner, Op. cit. II, p. 316. — 31 Plat. ^ ^ ^
Thcopbr. IV, 5, 5; V, 7, I et 4. - 32 Thuc. IV, 108, 1 ; VII, j^^chei
p. 706 B; Xen. Hellen. V, 2, 10 ; Dcm. XVII, 28 ; Polyb. V, s h *• 1 ^ cj ^,ccd. j
Mocris (édit. Pierson), p. 270; cf. Hcsych. et Phol. p. 1 ' u $;lJlin*
de Bekk. p. 283, 12. — 33 Plin. XIII, 61. - 34 1l,rop ']1' ^
XIII, 03.— 33 Herod. II, 90. — 36 Virg. Georg. I, 136 ;
; Plin.
cit. p. 383, n. 838. — 38 Thcopbr. V, 4, 3. — 39 Id. V, 7,
- — , ,.e. — ., • , . , i . I ■-■n*, <¥•
— 37 Theoplir. IV, 5, 5; 7, I ; Plin. XVI, 203; Diod. Sic. XIX, ^ - y ^ , . pial.
cit. p. 383, n. 838. — 38 Theoplir. V, 4, 3. — 39 Id. V, 7, 2. ’ ' ■ ^ 5 . 73, 7.
Leg. 703 c; Diod. Sic. L. I. ; Vitr. II, 9, 12; VII, 3, 1; M»r~ I ;j ’ _ 43 Id. V.
— 41 Slrab. XVI, p. 741 ; Arrian. Anal). VU, 19, 4. ,-Thcop 1
7, 2. ■
• 41 Plin. XVI, 43, él2, 218. — 45 Theoplir. V, 9
1629 —
MAT
MAT
, kea) servit à construire la coque et la quille
. 1tV1rchands ; on l’employa quelquefois pour
dos baLeaux 1 , _ ,ln c.ir,in2 Le bois du
pin |
des l,a!ea / Quand on manquait de sapin
leS l'Trir -nuspoc ou xiovocpôpo;, pinus) [ligna], surtout
Pinier ; était encore plus estimé que le bois du
celu‘ • ,,e lè platane soit mentionné parmi ces bois6,
P"1' avoir eu qu’un emploi restreint; les pièces
î '"'■‘ment tournées (xopvm'a) que l’on faisait avec ce
dep t très inférieures à celles que fournissaient
b°IS î , mûrier et le frêne6. Le bois le plus estimé est
ITcVlredit le sapin 1 ; sa légèreté le faisait employer
. î, construction des trières et des vaisseaux longs
[P01 , ■),ra’]8- on en tirait des mâts, des vergues
Cl.,’ 'aJmae) • et des rames- ; entre autres ceux
\ en Arcadie, fournissaient des mats dune
longueur exceptionnelle, mais peu solides11. On citait
un sapin d’une grosseur extraordinaire, mât du navire
oui sous Caligula, avait servi à transporter l’obélisque
du cirque du Vatican; il fallait quatre hommes pour
l’embrasser; de pareils mâts se vendaient 80000 ses¬
terces12. L’emploi du tilleul (cpiMpoc, tilia) est signalé
pour les planchers des longs navires (gaxpÆv itXoûov savi-
Soj|xaTa) 1J.
Pilotage et construction des ponts. — Tous les bois
qui n’étaient pas exposés à se pourrir dans l’eau con¬
venaient naturellement aux pilotis. On cite, comme
spécialement utilisé pour cet usage, laune qui, enfoncé
en terre dans les lieux marécageux, passait pour avoir
une durée indéfinie14 et pouvait supporter de lourdes
charges1". Tous les édifices publics et privés de Ravennc
reposaient sur des fondements de ce genre16. On fit aussi
des pilotis avec le chêne rouvre ( robur ) et le chêne
pédoncule ( quercus ), le mélèze, que Pline met au même
rang que l’aune noir pour l’emploi dans l’humidité11,
et l'olivier durci au feu. L'intervalle entre les pilotis était
.rempli avec du charbon18. Les mêmes bois ainsi que le
sapin entraient dans la construction des ponts19. Tibère
avait fait couper en Rhétie des mélèzes destinés à recon¬
struire le pont de la Naumachie, à Rome20. Les piles d’un
pont romain, trouvées auprès de Zurzach, en Argovie,
et celles du pont de Trajan, aux Portes de Fer, sur le
Danube, étaient de chêne et de mélèze21.
Bois de charronnage. — Le chêne rouvre, le hêtre
blanc ou hêtre de montagne, le sapin entraient dans la
construction des chars et des chariots22. Pour faire les
essieux on recourut, dès une haute antiquité, au bois du
chêne esculus 23 (cp-qyôç); plus tard nous trouvons le
1 Eur. Andr. 863 ; Plat. Leg. 105 c.— 2 Theophr. V, 7, 1 et 2. — 3 Pour les qualités
te ce bois, cf. Theophr. V, 7, 5, où il dit qu’il se pourrit rapidement, tandis que Vi-
|U1U 14 9’ 12b Püue (XVI, 223, 224) déclarent qu’il résiste à la carie et à la vcrmou*
ure- Pour mentions de l'emploi de ce bois, cf. Plat. Leg. IV, 705 c-, Artemidor. Onei-
™crtui,25 ; v, 74; Virg. Georg. 11, 443 ; Aen. X, 206; Hor. Ep. XVI, 57 ; Catull.
’ ■ 11 ' 1 ropert. V,6, 20;0vid. Metam.X IV, 88, etc. [ligna]; rames Ae pinus, Lucan.
— :,)l- — 4 Theophr. V, 7, 1. — 6 plat. Leg. IV, 705 c. — 6 Theophr. V,
— 7 1 1 r' ' ^s0Pe 313), le platane est présenté comme un arbre sans utilité.
Bahr /° " 239 ’ Ptioen. 208 ; Plat. Leg. IV, 705 c ; Theophr. V, 7, 1 ;
4 ",',6i,6:Enn.ap. Cic. De fato, XV ; Til. Liv. XXVIII, 45, 18; Virg. Georg. Il,
Plin T r 91 ’ VHr’ 9’ 141 Hin- XVI- 41< etc- ~ 8 Theophr. V, 7, 1 ; cf.
Od. xii 9 Theophr- v> L 7 ; Plin. XVI, 195. — io Theophr. L. I. ; cf. Hom.
~ 12 ru’ 1 v’ U’ VI1, 5; Eur- Alc- 444; Hel‘ 1461. — 11 Theophr. IV, 1, 2 [ligna].
219 -t" 'v'' '’ 201'202’ “ 13 Theophr. V, 7, 5. - 14 Vitr. Il, 9, 10. - 13 Plin. XVI,
Xvi j1'- 'b 9’ 11 i cf- Strah. V, p. 213, et Blümner, 11, p. 312, n. 5. — n Plin.
480 1 |y ’j ,, * Vilr- NI, 3 4, 2; V, 12, G ; Pallad. Nov. 15, 2. — 10 Lucan. Phars. II,
Guelhèh ' - *°. Plin’ XVL lu0- — 21 cf- Keller, dalls ttlittheil. der Antiq.
— Tho XN, P- 308, cité par Blümner, Op. cit. Il, p. 316, u. 1.
172. __ as Tl". 10’ 1 ’ V’ 7> c- — 23 Hom. II. V, 838. — 24 Virg. Georg. III,
,'"'|>hr. 7. G; Plin. XVI, 228-229; d’après Théophraste, l'orme n’était
hêtre24; on employa aussi l’yeuse à cause de sa solidité,
le frêne à cause de sa souplesse, et Forme parce qu il
réunissait ces deux qualités23. Dans les régions où ne
poussait pas l’yeuse, comme en tëlide et à Lacédémone,
on utilisa le chêne-liège26. Les roues pleines ( tympana)
se firent peut-être en cyprès; ce bois servit aussi pour les
rais 21 ainsi que le cornouiller28. Pour les jantes, on
prit le peuplier (atyEifoç, populus) et le figuier sauvage
(èpivedç) 29.
Les jougs se faisaient en érable30 (<jtpév3ap.voç, Çvyîoc,
acer ) [ligna], en tilleul11 ; celui du char de Priam était de
buis 32.
Différents bois avaient paru convenir aux diverses
parties de la charrue [aratrum] : on recommandait le
chêne (Spüç) pour le sep (’ÉXuga)33, l’yeuse (Ttptvoç, ilex
pour Page (yûr,ç)34; pour le timon, le laurier (8a©vq,
laurus) et l’orme36; ce dernier aussi pour la pièce
appelée buris 36; le hêtre pour le mancheron ( stiva ) '.
Ces bois étaient exposés à la fumée avant d'être mis en
usage 38.
Bois d’ébénisterie. — L’industrie de l’ameublement
mit en œuvre un assez grand nombre de bois, tant
indigènes qu’exotiques, soit massifs, soit en placages
(£7uxoXÀ7]p.aTa, 7rapaxoXXVjgaTa) 39. La racine de laune lui
fournissait des protubérances ou loupes, médiocrement
prisées d’ailleurs, que l’on débitait en lames minces
( lamnae )40 pour en revêtir d’autres bois. Le buis servit
aussi à faire des placages, notamment de lits41 ; 1 ébène
(’éêevoç, hebenus ) fut débité de même42 ; ce bois dense et
réputé inaltérable 43 est mentionné parmi ceux qui
étaient entrés dans la construction ou l’ornementation
du temple de Diane, à Éphèse44. L’érable de montagne
(yXelvoç, Çuyia, (jcpsvoagvoç, acer ) [ligna au bois fauve et
veiné46, surtout celui que l’industrie italienne tirait de
l’Istrie et de la Rhétie, était fort estimé pour les loupes
de sa racine, appelées bruscum et molluscum , dont on
faisait des placages très recherchés pour les tables et les
lits de luxe46. Le tronc lui-même fut aussi utilisé,
vraisemblablement à l’état massif, pour des sièges 4 , des
lits48, des tables49, des espèces de plateaux ( reposi -
toria)'i0 à transporter les mets. Nombre de bois se
taillaient en lames minces ( lamnae , bracteae) -1 destinées
à recouvrir une matière plus commune; outre ceux dont
nous avons déjà fait mention, il faut citer le houx"2
(x-qXocinpo;, aquifolium ), l’if63 (giXoç, taxus), la racine de
micocoulier64 (Xwtôç, lotus), le palmier 56 («potviç, palma ),
le peuplier66 (aïyetpoç, populus), le pistachier (xépptvôoç.
que modérément employé. — 26 Theophr. 111, 16. 3; Plin. XVI, 34. Le bois d un
chêne appelé OusXotoç [quercus pseudo-suber) [ligna convenait aussi pour les essieux :
Theophr. III, 8, 7. —27 Virg. beorg. II, 444 : daus les vers précédents il est question
de pin, de cèdre et de cyprès. — 28 Plin. XVI, 206. — 29 Hom. II. IV, 4S2 et 48G ;
Theocr. XXV, 247. — 30 Theophr. V, 7, 6. Ce devait être la sorte inférieure, cf.
Blümner, 11, p. 249 [ligna], — 31 Virg. Georg. I, 173. — 32 Hom. II. XXIV, 268.
— 33 Hes. Op. et d. 4)6 ; Virg. Georg. I, 162; Val. Place. VII, 555. — 34 Hes. Op.
cit. 427 -, cf. 436 ; cf. Schol. Aristoph. ad Ac/iar. 180. — 35 lies. Op. cit. 435.
— 30 Virg. Georg. I, 168. — 37 Jl>id. I, 173. — 38 Jbid. I, 175. — 39 Theophr. IV,
3, 4 ; V, 7, 6. — 40 Plin. XVI, 69 et 231 ; on les appelle aussi bracteae {Ibid. 232).
— 41 Cratinos et Plat, le coin, chez Pollux, Onom. X, 34; cf. Becker, Chariclès, III,
74. _ 42 Lucan. Phars. X, 117 ; Ovid. Met. XI, 610. — 43 Theophr. I, 5, 5 ; V, 3,
I ; 4, 2; Plin. XVI, 204 et 212; Euslath. ad II. p. 924, 39 et p. 1350, 3. — 44 Plin .
XVI, 213. — 45 Theophr. III, 11, 1 et 2. — *« Plin. L. I. fasc. XVI, 231 ; XXXIU,
146 ; Mart. XIV, 85 ; Pers. Sat. I, 53. — 47 Virg. Aen. VIII, 178. — 48 Theophr. V,
7, 6. - 49 Hor. Sat. Il, 8, 10 ; Mart. XIV, 90 ; Athen. 11, 49 A; Ovid. Met. XII, 254.
_ 50 Plin. XXXIU, 140. Blümner (II, p. 248, u. 4) cite aussi des cancelli acernaci
d’après une inscription chez Fabrctti, p. 743, u. 513. — 31 Cf. note 40. — 32 plin.
XVI, 231. — 53 Theophr. V, 7, 6. — 54 ld. IV, 3, 4. — 53 Plin. L. I. — 56 lü. L.
I. et 206.
-205
MAT
— 1630 —
terebinthus), la racine de sureau (àxrfj, satnbucus),
l’yeuse* (tcoïvoç, ilex) ; mais l’arbre le plus recherché
pour ce genre de travail fut le thuya ou citre2 (0û*,
0ùov, citrus) dont on plaqua des lits3, des tables*, de
petits plateaux6 et dont on fit aussi à Rome des tables
massives, qui atteignaient des prix fabuleux0. C’étaient
les loupes veinées de la racine qui fournissaient les plus
beaux bois -, dans lesquels on prisait surtout la
nuance, la dimension, puis la disposition des veines. La
couleur vineuse était la plus recherchée; les loupes
dont on pouvait tirer des plateaux de table d’une seule
pièce avaient naturellement une plus grande valeur et,
dans les veines, on recherchait principalement les dis¬
positions appelées tigrines, panthérines et pavonines, et
aussi celle qui présentait comme des grains serrés les
uns contre les autres et que, pour cette raison, on
appelait apiate (semblable à la graine d’ache). On
recourait à divers moyens pour donner à ce bois toute
sa beauté; les barbares, dit Pline, l’enfouissaient dans
la terre encore vert et l'enduisaient de cire8. Les veines
de l’érable et du thuya furent imitées au moyen de
l’écaille de tortue 9.
Le bois du palmier doum (xouxioçôpov, cuci ), élégam¬
ment veiné, était très estimé en Perse; on en faisait des
pieds de lits ,0.
Des deux variétés de pistachier de Syrie, celle qui
avait des veines de nuance rouge foncée était utilisée
pour les meubles de prix, lits, sièges11, etc.; nous avons
vu plus haut qu'on en faisait des placages; ce bois fut
imité aussi avec l’écaille de tortue12. Parmi les bois
employés pour les lits et les tables, il faut encore citer
celui du sébesténier (Ttepcsa, persea) 13. Avec l’yeuse on fit
des pieds de lits u.
Le bois du poirier sauvage (à^pdtç, pirus silvestris)
se teignait, peut-être aussi celui du noyer (juglans) 15 ;
mais nous ignorons l’usage de ces bois teints.
Bois de menuiserie intestinum opus]. — Si les parois
et les portes d'une cabine du vaisseau de Hiéron étaient
entièrement en buis16, la menuiserie n’employa guère
ce bois que pour de petites pièces qui exigeaient une
matière compacte et non susceptible de se corrompre ou
de s'altérer par vétusté, par exemple pour des attaches
destinées à fixer entre elles des pièces de bois; on
employait encore pour ces attaches le cyprès, le genévrier,
l’olivier, le rouvre17. Le buis et les autres bois durs,
comme le micocoulier, l’olivier, l’yeuse, servirent à faire
des pivots de portes 18 (cTpô&iyYeç, cardines) pour lesquels
on recommandait aussi l’orme, mais à la condition de
l’employer tête en bas, sinon il se déjetait19. Du rouvre,
qui avait la particularité de ne pouvoir se coller ni avec
1 Plin. L. I. 231. — 2 Plin. XVI, 229-231 : Mongez, Acad, des inscr. 111,
1807. — 3 Pers. Sat. I, 53. — 4 Plin. XIII, 94. — 5 Id. XXXUI, 146. — 6 Cic.
Verr. IV, 17; Plin. XIII, 91-102; Luc. ( Phars . IX, 426, etc.; t. II; Becker,
Gallus , 3' éd. II, 352 ; Friedlander, Sittengesch., I, 81. — 7 Theophr. V, 3,
7; Plin. XVI, 185; XIII, 102. — * Plin. XIII, 96-98. Pline ajoute qu’on le metlait
de sept en sept jours sur des las de blé, ce qui lui ôtait beaucoup de son poids ;
ou le texte est altéré ou, comme le pense Blümner (II, p. 276), il y a là quel¬
que méprise. — 9 Plin. XVI, 233. — 10 Theophr. IV, 2, 7; cf. Plin. XIII,
02. — u Theophr. V, 3, 2. — 12 plin. XVI, 233. — 13 Theophr. IV, 2, 5.
— 14 Terent. Adelph. (IV, 2, 46), v. 585. — 13 Plin. XVI, 205. — 10 Athen. V, 207
E. — 17 Vitr. VII, 3, 1. — 18 Theophr. V, 5, 4. — 19 Id. V, 3, 5; 6, 4; Plin. XVI,
210.— 20 Theophr. V, 7, 2; Plin. XVI. 226. — 21 Vitr. II, 1,4; Plin. XVI,
30. — 22 Hom. Od. XXI, 43. — 23 (jvid. Met. V, 120. — 21 Cic. Pro Muren.
35, 74. — 25 Plin. XVI, 206; Cat. It. rust. 18, 9. — 26 Hom. Od. XVII, 340.
— 27 Theophr. V, 4, 2; Plin. XVI, 215 [gi.üten]. — 28 Hor. Ars poet. 332.
— 29 Thucyd. II, 34, 3; Diog. Lacrt. VIII, 1, 10; cf. Antigu. du Bosphore cimm.
MAT
le pin ni avec le sapin 29 , on lit des
dulae)'-', des seuils de portes22, des pièce! 7!" ^
appelées repaguta », des bancs21. Le ' Si
cornouiller (xoctvEta, cornus) fournit dllp
chevilles». Avec le cyprès, qui prenai[ « *.
admirablement le poli, on faisait des ?» 1 ervait
portes26 et des portes magnifiques ; ce bo !?^ de
pour celles du temple de Diane, àÉphèse ffui . sepvi
cents ans paraissaient encore neuves27 ^ s 1 1 uatre
des coffrets28 et des cercueils29 Le frène°" ' " UnC0re
nombreux usages39 que nous ne connaissons t?, * de
on fabriquait avec ce bois et avec le hêtre doses’ US’’
lits élastiques (xAivocpioc IvStBtJrra)31. Du sem T l
aussi des tables32, des bardeaux33 - découDé” T j
minces et flexibles, il servit à faire des
cassettes pour lesquels on employait aussi le tilleul35
Le houx, le laurier et l’orme fournissaient des traverso
{vectes)36. Le bois de l’if avait la réputation d’être durab 2
et imputrescible37; celui que produisait l’Arcadie était
de couleur foncée ; au contraire, celui qui provenait de
l’Ida était fauve et vendu quelquefois pour du cèdre3* Le
laurier trouva emploi pour la confection des lits39. La
menuiserie utilisa aussi le mélèze, dont le bois était de
bonne dimension et facile à travailler40. On sait que
l’olivier avait fourni la matière du lit d’Ulysse construit
pai lui-même1. Le pin et le pinier donnèrent des
bardeaux 42 ; de ces deux bois et de l’aune on (it des tubes
pour conduites d’eau 43 . Dans le bois très dense du poirier
sauvage on taillait de petites tablettes, sur lesquelles les
cordonniers affilaient leurs outils u. Le sapin était réputé
propre à toute espèce d’ouvrage de menuiserie4' ; notam¬
ment la partie inférieure des troncs, que l’on appelait
sappinea 46 [ligna]. On en faisait des portes47, mais on
avait soin de ne pas employer pour ce genre d’ouvrage
les arbres qui avaient poussé à l’ombre, comme ceux de
Krané, en Arcadie, parce que, s’ils étaient de belle venue,
le bois n’en était pas très durable48. Le saule (salix)
servait pour divers ustensiles de campagne et des
sièges49 ; peut-être même en fit-on des meubles, puisque;
d’après Ovide, le lit et la table de Philémon et Baucis
étaient de ce bois60.
Le thuya, si recherché en ébénisterie, fournit au
nie siècle avant J. -C. la matière déportés dans le luxueux
bateau de Ptolémée Philopator61 ; une cabine du vaisseau
de Hiéron avait des portes de thuya rehaussé d ivoire j
Le bois de vigne, bien que l’on vante ses qualité», ne
fut guère utilisé, sauf dans des temps très ancien
l’on prétendait qu’on montait au faite du i nv" 11
Diane, àÉphèse, par un escalier fait d’un seul pnd e
vigne de Chypre 63 [ligna].
' Tronic II* l^is
(éd. S. Reinach), p. 126. — 30 Plin. XVI, 62. Ici, Pline affirme quen n ^ ^
du frêne ressemble à celui du cèdre et, écorcé, est vendu pour lui , ^
Théophraste qui dit ceci de l'if (|iîXo;), Bist. Plant. III, 40, 2. J11 1 . ^5,
— 32 Mart. II, 43, 10. — 33 plin, XVI, 36. — 34 Ibid. 229. - 31 ColuI"- '
— 36 plin. XVI, 230. — 31 Ibid. 212. — 38 Theophr. III, 10,2;cf. Ia n’ ' XVI,
Pal. IX, 529. — 40 Vitr. II, 9, 7. —41 Hom. Od. XXIII, 190 et Vlll. U, 9,
36 et 42. — 43 Ibid. 224. — 44 Theophr. V, 5, 1. —46 Plin. XVI, iî->. " ^ ^
7. - 47 Theophr. V, 3, 5. - 48 Id. IV, 1, 2. Est-ce le bois d“ a,ra '
Caton recommandait pour les pressoirs [pnEi.uM], ou est-ce ce ui 1 >• connu*
Le premier se lit chez Pim. XVI, 193, le second dans Cat .De 1 C0I1S| ,-iiclion ;
l’a fait observer Schneider, le charme convient mieux à ce gem< ^ ^ Vlll,
cf. Blümner, Op. cit. II, p. 289, 11. 2. — 49 Plin. XVI, !'«• ( V, Wi
656 et suiv. — 61 Athen. V, 205 B. — 62 Athen. «V, 20/ L, c ' ^ panolinia. U"
qui mentionne des portes de ce bois dans un temple 'x|al.,|uar<H,
l’employa aussi pour les i.ACUNAniA : Hor. Od. IV, 1, 20, ft. 1 * I
(trad. franc.), II, 382-383. — 63 plin. XIV, 9.
— 1631 —
MÂT
MAT
! )/ure __ L’art s’adressa aussi au bois
B»is ,le slaiues (Sôava, àY^¥^«) d(i divinités et
pour e'i 1111 dc divers genres, coffres, cratères, sarco-
d(!S 0UVrî'f! ^ sojlpturà]- Tous les bois qui résistaient
pWf’/’ du temps et qui n’étaient pas sujets à se
(H ... y~\ *1 •
\ bien n
fissurer
furent employés*. H y avait à Olympie une
,,A 0Hon en buis2. Le cèdre, ayant la réputation
d<llue ' 1 , était très recherché ; Rome possédait une
délrC "rTuollon en cèdre apportée de Séleucie3; il
staUl'' !' " présenter Vénus4, Esculape6; la statue de
E \ tl était peut-être de ce bois*. D’après
m , les pois de chêne avaient été employés par les
l1""1 dans la statuaire1 : l’esculus (^<$0 est plusieurs
Ss‘ mentionné, entre autres pour une statue de Pan 8 .
ï bois du chêne-liège aurait jadis été sculpté, si 1 on en
croit Théophraste, puis on y avait renoncé et on l’avait
[remplacé par celui du palmier2.
H v avait une statue de cyprès dans le petit sanctuaire
Id’Arïémis à Scillonte 10 ; on cite encore une statue
iLibèthre, en Piérie11 ; une autre de Triton12.
Deux statues de Junon Reine en cyprès avaient été con¬
sacrées dans le temple de la déesse sur le mont Aventin,
à la suite d’un prodige13. Pline cite encore une statue de
Véjovis, à Rome *\ qui avait plus de six cents ans; et
Pausanias, une statue d’athlète iS.
L’ébène servit aussi à représenter les dieux et les
héros : Apollon16, Artémis17, Ajax 18 ; on devait à
Dipœne et à Scyllis des statues en ébène de Castor et
Poil ux et de leurs enfants19. L’érable paraît avoirété peu
employé20. Le figuier fut le bois préféré pour les statues de
Dionysos Meilichios21 et de Priape22 ; Pausanias fait aussi
mention d’une statue d’athlète en figuier, qui avait mal
résisté au temps23. Le gatilier (àyvoç, vitex) est mis par
Vitruve, avec le peuplier, le saule et le tilleul, au nombre
des bois bons pour la sculpture24; du premier on avait
tiré une statue d’Esculape à qui, pour cette raison, on
avait donné le surnom d’Agnitas 2\ Le genévrier fut vrai¬
semblablement employé aussi ; mais il n’est nommé nulle
part-1'. Prit-on la peine de sculpter des coupes de hêtre,
ou est-ce une invention de Virgile21, comme le nom du
sculpteur lui-même? Quoi qu’il en soit, ce bois n’est pas
cité parmi ceux qu’employaient les artistes ; on fait en
revanche mention du micocoulier28. Une antique image
d Aphrodite avait été exécutée en myrte29. La statue
d Alhéné Poliade était en bois d’olivier30, ainsi que les
images deDamia et Auxesia, à Égine 31 ; une tète de Dio-
nysos de la même matière avait été trouvée dans la mer
par des pêcheurs de Méthymne3*. La racine de cet arbre
servit pour faire des images de petite dimension11. 11 y
avait à Mycènes une très ancienne statue de Iléra en
poirier sauvage (à/p*ç)34. D’après une tradition, recueillie
par Suidas, Massinissa avait envoyé aux Rhodiens de
l’ivoire et du bois de thuya pour refaire les statues des
dieux renversées par un tremblement de terre1'. Enfin
on fait mention d’antiques statues en bois de vigne repré¬
sentant Dionysos Baccheus38; Jupiter, dans la ville de
Populonium 31, en Étrurie; et la mère des dieux38.
Bois à tourner [tornatura]. — Les tourneurs usaient
aussi beaucoup du bois39; ils l’employaient lorsqu il était
encore vert, parce que, étant moins dur, il se laissait tra¬
vailler plus facilement et ne fatiguait pas les outils4'.
Parmi les bois les plus propres à cette industrie, on cite
l’alaterne41 (tptAûxr,), le buis42, le frêne qui servait, ainsi
que le mûrier (cuxâfuvoî, morus ), 1 orme et le platane, à
faire certaines pièces de gréement43; le noyau du fruit
du palmier doum 44 [ligna]. Particulièrement avec le cœur
du pistachier on faisait des coupes (xuÀtxe;), imitations de
celles en terre noire appelées coupes deThériclès. Ce bois,
frotté d’huile, devenait meilleur et plus beau13.
Récipients. — Le hêtre étaitla matière de vases à boire
très simples46 [scyphus] que l’on enduisait de cire à 1 in¬
térieur41. Le chêne ( quercus ) servit pour des cratères
[crater] ; l’esculus (epr^d;) pour des coupes. Avec 1 if on
fit en Gaule des espèces de tonneaux pour transporter le
vin ( vasci viatoria ), qui étaient regardés comme mal¬
sains48. Le lierre fut employé pour des coupes à boire
(7rorV)p, 7tox‘(jfiov, ffxdooç) 49 ; lepin(/9«ce«;pour des tonneaux
[çupa]. Avec certaines excroissances du sapin (èAirr |) on
faisait, en Arcadie, des cratères 51 ; avec la souche du
tamaris (p.uptx7|, rnyrica ), des coupes52 (xûAtxeç).
Instruments de musique. — Le buis parait avoir été par¬
ticulièrement recherché pour les flûtes 53 [tibia] en usage
dans les cérémonies religieuses de Bacchus34, de Cybèlc
et dans les sacrifices en Étrurie53. Il entra dans la cons¬
truction de la lyre66 et de la pliorminx57, ainsi que
l’yeuse qui servait à faire les traverses (Çuy*)38. Les flûtes
de micocoulier59 (Xtutdç, lotus) passaient pour une inven¬
tion libyenne60 ; à Rome, les flûtes des spectacles ( ludi -
crue) étaient de ce bois81. L’invention de la flûte de
laurier (Î7t7ro;pop6ôç aùXdç) était attribuée aux nomades
libyens qui gardaient les troupeaux G2. On en fit aussi avec
le sureau 63 .
Bois pour manches d’outils. — Pour emmancher les
marteaux et les tarières on se servait du buis, du frêne
Btlîl 53e0pl'i V’ 3' 7; t>aus’ VIII, 17, 2. - 2 Paus. VI, 19, 16. - 3 Plin.
Il j ! , | 1 ,uls- "b 11. — 5 Theocr. Epigr. VII, 4. — 0 Les uns (Vitr.
élail' m m .'''Scnl cn cèdre, d'autres, les plus nombreux, prétendaient quelle
en f|i f"0, cl un personnage consulaire, Mucianus, affirmait qu'elle était
](s J|t c1' Mün. XVI, 213. Blümner ( Op . cit. II, p. 256) croit que
de gfn,.% ,. " d[e mentionnées par Pausanias étaient plutôt en bois
Vin, ,7 ‘f’ _ Schubart, dans Bhein. Mus. N. S. XV, p. 106. — 7 Paus.
•latin, ru , * ^n1'*1. ^1. VI, 99, 351; cf. Atlicn. Il, 52 E; pour une
V, J, u™’ Anth‘ Pal’ 1X- 237 • ~ 9 Theophr. V, 3, G. _ 10 Xen. Anab.
37 •’. f.’ _ AUx- c’ 14- - 12 Alhen. XI, 480 A. - 13 Tit. Liv. XXVII,
lions de slai 210’ — 15 t'aus- VI, 18, 7. Pour d'autres descrip-
[ XVI, 2i:t “cr'CS| en CyPrès’ cf- Marl- VI, 49, 4; 73,7. — 16 Paus. I, 42, 5. — 17 Plin.
ïî, 5.- 20 (ff U], ,IÏUt’ nolc G; Paus. VIII, 53, 11.- 18 Paus. I, 35, 3. — 19 id. II,
winf, |, 3oïj ,0,'erl. X, 2, 59 (statue grossière antérieure à Numa); Ov. Ars
437, -)'• llor v ,Ata' 18 M- — 22 Theocr. Epigr. IV, 2 (cf. Antli. Pal. IX,
509 : Palla.1 'noT 15» ~33 PaUS‘ VI> 18’ 7’ “ 24 Vitr- n' 9> ®! cf- P,in- XVI-
ftuco l m, jj, ’’ -’ ' Pans. III, 14, 7. — 26 Cf. plus haut, note 6. — 27 Virg.
Paus. Vu] J’7 1 0S ag,t d lmo eoupe sculptée en hêtre. — 28 Theophr. V, 3, 7;
en s6hcsi , clon I l'éophraste (IV, 2, 5), on aurait aussi exécuté des
unci ( persea ), dont le bois ressemble h celui du micocoulier.
— 29 Paus. V, 13, 7. — 30 Herod. V, 82; cf. Schol. ad Demosth. (éd. Didot), p. 699,
col. I. _ 31 Paus. II, 30, 4. — 32 Id. X, 19, 3. — 33 Theophr. V, 3, 7. — 31 Paus.
II 17, 5. _ 35 Suid. s. ». 8ùov; cf. Polyb. V, 88 et Meineke, Analecta Alexandr.
p. 151. Pausanias (VIII, 17, 2) cite une statue de Hermès en thuya ; cf. Üio Chrys.
XII, p. 208 M, puis Blümner, II, p. 277, n. 3. — 36 Atlicn. lit, 78 C. — 37 Plin. XIV,
9. _ 38 Schol. ad Apoll. Rhod. I, 1119; cf. Meineke, Anal. Alex. p. 150. — 39 Plin.
XVI, 205. — 40 Theophr. V, 6, 4. — 41 Id. V, 0, 2. — 42 Virg. Georg. II, 449.
— 43 Theophr. V, 7, 3 ; cf. plus haut. — 44 Id. IV, 2, 7 ; Plin. XIII, 62. — 45 Theophr.
V 3, 2; cf. Plin. XVI, 205, qui a cru que Thériclès était celui qui fabriquait ces
coupes. — 46 Tibull. I, 10, 8. —47 O y. Met. VIII, 669; Fast. V, 522; Sil. Ital. VII,
188 ; Plin. XVI, 185 ; peut-être en a-l-on sculpté, Virg. Bucol. III, 36. — 48 plin. XVI.
50 ; cf. Blümner, Op. cit. t. Il, 260, n. 7. — 49 Eur. Aie. 756 ; Ath. XI, 476 F ; 477 A
et D; Phot. p. 295 (éd. Nabcr); Etym. Magn. 515, 34; Plin. XVI, 155. — 50 Plin. XVI, 42.
— 5t Theophr. III, 7, 1.— 62Diosc. Mat. med. I, 116. — 53 Ov. Fast. VI, 697 ; Pont.l,
1, 45; Propert. V, 8, 42;Stat. Theb. II, 77 ; Vil, 171; Claudian. Rapt. Pros. III, 135.
_ 54 Ov. Met. IV, 30. — 65 Virg. Aen. IX, 619 ; Ov. Met. XIV, 537 ; Plin. XVI, 172.
_ 56 philostr. lmag. 1,10,1. — 57 Theocr. XXIV, 108. — 58 Theophr. V,7,6. — 59 Id.
IV, 3, 4 ; Pliu. XIII, 106. — 60 Alhen. IV, 182 E; Poil. IV, 74; Hcsych. s. ». Wtivo îhùXos;
Eur. Troad. 544; Anlh. Pal. VI, 94, 3 ; VII, 182, 4; Uiosc. Mat. med. II, 91; Ov.
Fast. IV, 190. — 01 Plin. XVI, 172. — 62 Poil. IV, 71 et 74.— 03 Uid. Orig. III, 20, 7.
MAT
— 1632 —
et de l’orme; mais le bois regardé comme le meil¬
leur était l’olivier sauvage ; pour les grands marteaux,
c’était le pinier (tu'tuç, pinus ) et l’yeuse1. On recom¬
mandait pour les instruments rustiques le charme,
le chêne cerris ( cerrus ) et l’yeuse, ce dernier étant
considéré comme supérieur aux autres2. Du mico¬
coulier (Xtoroç) et du pistachier on tira des manches de
poignards (êy^sipfSia) *,
Bois pou r lances et javelots. — Pour les hampes de
lances [hasta] on mit à contribution le chêne rouvre 4, le
cornouiller', le coudrier6 (xaoûa TjpaxXewTix^, corylus ),
le hêtre1, le myrte8, le pinier9, le sapin10, le sorbier11
( ô<x,sot'bas ), mais le frêne fut le bois le plus communément
employé et le plus recommandé : on trouve souvent le nom
de l’arbre pour celui de l’arme elle-même12. Les épieux
[venabulüm] se faisaient généralement en cornouiller13,
quelques-uns pourtant préféraient ceux en sureau14.
Pour les armes de jet (àxovrta, axovria-^axa, TraXxâ), on
trouve encore le cornouiller15, puis l’if16 elle styrax11.
La hampe de la falarique des Sagontins était en sapin18.
Tablettes à écrire. — Les tablettes (ypapipiaxeta, codicilli ,
pugillares) étaient de buis19 [epistolae secretae], de
cyprès20, d’érable21 (on en fit quelquefois avec le mollus-
cum 22), de pin23, de salsepareille24 (trpûXat;, smilax ), de
sapin25, de thuya26 et de tilleul27.
T àbleaux d’affichage ( AsXxoî, icîvaxeç). — Lesdocuments
recueillis à Délos mentionnent le cyprès et le palmier
comme employés pour les fabriquer28.
Panneaux pour peindre (mvocxeç, Tuvâxta, pictorum
tabellae). — Outre le buis29, le cyprès 30 et le sapin31, le
mélèze était précieux pour les peintres, car il ne se fen¬
dillait pas32 [pictura],
Tessères [tesserae]. — On en tirait du peuplier, du
troène ( ligustrum ) et du sapin 33.
Bois pour briquets [igniaria].
Bois de chauffage. — Nous n’avons guère de rensei¬
gnements sur les bois employés pour le chauffage; mais
plutôt sur ceux qui, à cet égard, laissaient à désirer,
comme le chêne aspris 34 [ligna], le palmier35, le peuplier,
le platane, le saule, qui avaient la réputation de donner
beaucoup de fumée, comme tous les bois qui croissaient
dans des lieux humides36. On obviait à cet inconvénient
pour les bois de figuier (<ruxTj et Ipivsôç) en les faisant
baigner dans l’eau courante, après les avoir écorcés ; une
fois séchés, c’étaient les bois qui fumaient le moins et
donnaient la flamme la plus douce 31. D’une manière
* Theophr. V, 7, 8 ; Plin. XVI, 230. Mais dans Homère <reiXeiov èXàïvov, O il. ,
V, 236; cf. Anth. Pal. VI, 297. — 2 Plin. XVI, 230; Colum. XI, 2, 92. — 3 Tlieo-
phr. IV, 3, 4; V, 3, 2. — 4 Virg. Aen. X, 479; Val. place. VI, 243; Sil. liai.
II, 267. — 5 Virg. Aen. V, 557. — 6 Plin. XVI, 228. — 7 Hom. 11. VIII,
514; Od. IX, 33; Archil. Frag. 125 (Bergk); Eurip. Beracl. 727. Artémidore
{Oneirocrit . Il, 25) semble faire mention du platane, du peuplier et de l'orme que
nul autre ne cite pour cet usage; mais il donne ensemble pêle-mêle les noms
des bois qui peuvent servir auv guerriers et aux charpentiers. — 8 Virg.
Georg. II, 447; Aen. III, 23; VII, 817; Scriptor. Geopon. XI, 7, G. — 9 Stat.
rheb. VIII, 539. — 10 Virg. Aen. XI, GG7 ; Sil. Ital. V, 255. — U Plin. XVI,
228. — 12 La lance d'Achille était de frêne, lliad. XVI, 143; XX, 277, 322;
XXII, 133, 225; II, 543; Anth. Pal. VI, 52; Lucian. Adv. indoct. c. 7; Ov. Met.
IX, 143; VIII, 677 ; X, 93; XII, 122, 324, 369. — 13 Plin. XVI, 186; Ov. Heroid.
IV. 63. — 1* Plin. XVI, 187. — 15 Hvmn. Hom. ad Herm. 460; Anth. Pal. VI,
23, 1; Xcn. Bell. III, 4, 14; De re equest. XII, 12; Theophr. III, 12, 1 ; Strab.
XII, p. 570 ; Virg. Georg. II, 448; IX, 698; Ov. Met. VII, 678; VIII, 408; Sil.
Ital. IV, 550; Stat. Theb. VII, 647. — 16 Sil. Ital. XIII, 210. — 17 Strab. XII,
p. 570. - 18 Tit. Liv. XXI, 8, 10. — 19 Aen. Tact. 31, 9; Luc. Adv. ind. c. 15;
Plut. Moral. 1120 F; Euslath. ad II. p. 421, 14; 632, 57; Propcrt. IV, 23, 8.
— 20 plat. Leg. IV, 741 C ; Longin. 4, 6. — 21 Ov. Amor. I, 2, 28. — 22 plin. XVI,
68. — 23 Eur. lph. Aul. 39; Eustath. ad 11. p. 633, 22. — 24 Plin. XVI, 157.
— 25 Avec la partie interne du sapin appelée XoOWov on faisait la plupart des
MAT
générale, on vante les bois solides d
comme l’olivier; ils devaient être ’s J™ ®l densH
donner trop de fumée et pour mieux" f “î n° Pas
les écorçait et on les fendait pour favo • ^ 0n
bustion 40. Cependant on recourait à des m i'' la C°m'
légères, par exemple le roseau plus
avait besoin d’une flamme vive pour échauir q"and 0n
rapidement quelque chose41. La racine 1?°UCH
papyrus donnait un bois utilisé en IL ,JtPeUSe du
chauffage42; il convenait aussi très bie^ '/Y P°lU‘ le
lurgie43, ainsi que le bois de pinier. ' u meta1'
Bois pour charbon. - Les bois les plus propres Uv
du charbon étaientles bois denses et durs44, surtou u ï
arbres dont ils provenaient étaient dans toute
vigueur 43 et avaient poussé dans un terrain sec hZ
ensoleille ou exposé au vent du nord; le charbon hit
avec des bois trop jeunes ou trop vieux ne valait rien46
celui que donnaient les bois tendres, comme le peuplier
était peu estimé41. Les ouvriers qui travaillaient les
métaux avaient besoin de charbons durs 48 ; les meilleurs
provenaient de l’alisier (àpioc), de l’arbousier (xoptapo?
unedo) [ligna], du chêne (Spuç) (les charbons de chênes
étaient les moins bons) ; ils servaient dans la métallurgie
de l’argent pour le premier grillage du minerai49; cette
industrie employait aussi le charbon de pinier (tti'tuç) 50.
On en fabriqua avec de l’yeuse (Ttpîvoç) 51 et vraisemblable¬
ment avec l’érable ((j^£vSap.voç) 52. Les charbons du chêne
aspris et de quelques autres chênes de Macédoine sau¬
taient et donnaient beaucoup d’étincelles; ils servaient
néanmoins dans la métallurgie du cuivre 33, pour laquelle
on recherchait celui de pin 54 (Treux-q) ; dans cette industrie,
le charbon était quelquefois remplacé par des noyaux de
dattes55. Avec le dattier lui-même on faisait un charbon
dont la combustion était lente et qui ne s’éteignait pas
facilement56. Pour le travail du fer, on employait le
charbon de noyer (xapûa sù6oïxV)), celui que donnait la
racine du souchet (nipi, saripha )31, et aussi, ce semble,
celui d’un chêne appelé par Pline lati folia, qui s’éteignait
dès qu’on cessait de souffler 68.
Bâtons et cannes. — Pour ces objets on mentionne le
baguenaudier (xoXouxéoc) 59, le cornouiller oü, la férule61
(ferula, vdtpô-q^), le houx62 ( aqui folium ), le laurier63, le
sureau64 ( sambucus ), lavigne06,l’yèble66 (<r'op.ûox i ligna].
Échalas ( pedamenta ). — Ils se faisaient en général avec
les bois suivants : châtaignier, chêne esculus, coudrier
[corylus), frêne, laurier, pêcher ( persica J, pommier
tablettes à écrire (yoaui|iaTeïa) : Theophr. III, 9, 7; Plaut. f"s- ][’
' - _ 27 DioCass. LXVII, 15,
(v. 246) ; Quint. VIII, 6, 20. — 26 Mart. XIV, 3.
Galen. (éd. Kühn), t. X VIII, p.
’ .liai
556 , 8. — 28 Homolle, Les arc/. > ' j 1 ^
tendance sacrée à Délos , p. 13, note 1 — 29 Anecd. Bekkei. p- 1
Onom. X, 59, n. 163; cf. Plin. XXXV, 77. - 30 Plat. Leg. IV, 7*1 t; c. ’
IV, 6. - 31 Theophr. III, 9, 7 ; V, 7, 4. - 32 Plin. XVI, 187- -
6, 32 (v. 276); Plin. XVI, 77. — 34 Theophr. III, 6, 7- Un “"'" .(j' jj’entüier,
TiAaTÛouAXoç par Théophraste (III, 8, o), que l'on ne sait connu ^ ^;Ji;||jC0.
donnait un mauvais bois de chauffage. — 3o Theophr. De ^ 36.
phr. Hist. plant. V, 9, 4. — 37 Id. V, 9, 5. — 38 ld- jle "jj1^ IV,
— 39 Ibid. 30-31. — 40 Ibid. 72. — 41 Ibid. 32-33. - *2 " J J v ,, «.
8, 4. - 43 Id. IV, 8, 5 ; Plin. XXXIII, 94. - 44 Theophr. IV, 8, 5- V,
— 46 Id. v, 9, 1. — 47 Id. V, 9, 4. -r 48 Id. De igné , 37. - ^ ]fs Ac|„r.
9,1. — Mlbid. V, 9, 2. -51 Arist. Acharn. 666.- "2 ,1,;^ (XVI. i3)
niens sont appelés yéçovTtî ooîvSApvivo,. — 53 Theophi. ■ > ’ latifol’a’
applique cette observation, en la modifiant un Peu’ ®U . jje jgne,
— 64 Theophr. V, 9-, 3. — 65 Strab. XVI, p. 742. - 56 TI‘eoj’ ' ^ __ (lia.
Plin. XIII, 39. — 67 Theophr. Hist. plant. V, 8, 5; Phn - , ’ bjton creu» P«rlé
XVI, 23. — 69 Theophr. 4, III, 14. - 60 Tit. Liv. I, 50, 9, ces ^ ,, T|ieop|,r.
par Brutus à Delphes; Ov. Met. XII, 451. — 61 P'*n- Xl[ ’ , ,, |,.h;na, sUiSf
v, 7, 7. — 03 Ibid. — 64 Id. III, 13, 4. — c5 P|in< X ’
— 60 Theophr. V, 7, 7.
MAT
MAT
- 1633
u. on conseillait aussi le cyprès, le gené-
jfia/«N: ' ^ r0uvre etl’aubour (, laburnum )*.
vrier, T°IivicI ’ 0n cite l’if*, le cornouiller dont
V* n^ies arcs des Lyciens* et des Saur ornâtes4. Les
éla‘enl 1,1 ”, aient pour les leurs le pétiole (<nrà07|) de la
lïdeceptaines espèces de palimersb.
feuille u ^ is __ L’Attique ne produisant pas de
^instruction,’ car le figuier et l’olivier ne peuvent
b°lS L idérés comme tels, Athènes devait chercher au
étr|e r°|^1 < rands bois nécessaires à sa marine et ceux
f Th charpente et la menuiserie avaient besoin6. En
1 au ivc siècle, il n’y avait guère que la Macédoine,
, Thrace et l’Italie où l’on pût trouver du bois propre aux
Tendions navales. En Asie, les contrées les plus
îiisées sous ce rapport étaient la Cilicie, le territoire
ÎTsinope et d’Amisos, l’Olympe de Mysie et l’Ida ; encore,
I. h quantité était-elle médiocre; la Syrie avait le
‘■'ire’ huis, cornouiller, érable, frêne, genévrier,
Tue pin, sapin, yeuse venaient en grande partie de la
Macédoine, où Amphipolis était le grand marché du
bois8. Athènes importait même de simples pieux (xâpaxeç)
et des bois pour portes (0uowp.axct)9. Dans de telles comb¬
lions, cette matière devait être chère ; malheureusement
bien peu de chiffres nous sont parvenus. Nous savons que
si la charge de menu bois que pouvait porter un âne se
vendait deux drachmes à Athènes10, au iv° siècle av. J.-C.,
un bois de rame en valait cinq11.
Rome trouvait en Italie la majeure partie de ses bois
de charpente. Dans son voisinage, l’Étrurie lui fournissait
presque toutes les grandes et belles poutres qu’elle em¬
ployait à la construction de ses maisons12 (si? xàç oixo-
; Pise était un des marchés où elle s’approvision¬
nait vers le premier siècle de notre ère 13. Dans la Ligurie
elle trouvait, à Genua (Gênes), de grands arbres pour les
constructions navales; il y avait aussi dans ce pays des
bois veinés qui pouvaient rivaliser avec le thuya14. Mais
il semble que pour sa marine, au moins aux environs de
1ère chrétienne, elle se soit adressée à l’Orient et ait été
chercher en Mysie les bois de l’Ida, dont le grand marché,
pour ainsi dire le chantier (uAoxdpuov), selon l’expression
deStrabon16, était la ville d’Aspanée (’Affitavsûç), sur le
golfe d’Adramyttion ; et ceux de la région du Pont, surtout
du territoire de Sinope, car, de ce côté, toute la chaîne de
montagnes parallèle à la mer jusqu’à la Bithynie abondait
en bois excellents pour les constructions navales; on y
trouvait en outre l’érable et un arbre que Strabon appelle
opoxctpuov, donton faisait des tables16. Alfred Jacob.
MATEIUARIUS. — Marchand de bois en gros1. Il est
probable que ces négociants importaient le bois brut et
1 apprêtaient dans leurs chantiers pour les diverses indus¬
tries, car la pierre tombale d’un negotians materiarius
c Horence porte gravées une hache, une équerre et une
*cie • ^es ouvriers qui travaillaient pour eux à débiter le
,0IS appelaient sectores materiarum. Une inscription
(lubur : '^1 Ij1 174 ’ Colum. IV, 26, 1 ; Scriptor. Gcopon. XI, 3, 4, L’aubour
tNiloo m / l ' '■*n° 76), eslun arbre des Alpes au bois blanc et dur, nec
_ 3 U ' ) ' 1 : ' appelle aussi le cytise des Alpes. — *3 Yirg. Georg. II. 448.
Vl1’ 91 - 4 l'aus. 1, 21, 15. - 6 Ilcrod. Vil, 69. - «Cf. Boeckh, Éco-
IV 5 ; ' '9UC des Athéniens (trad. franc.), 1, p. 168. — 1 Tbeopbr. llist. plant.
Jjmcyd. IV, 108, 1 ; Xcn. Bell. VI, 1, 11 ; l)cm XVII, 28 ; XLIX, 26,
9 Ocm. XXI, 167 ; cf. Schol. (éd. Uidot), p. 688 ad p. 568, 14.
K j, | ’ " ~ 11 Andoc. II, Il ; cf. Rangabé, Antiq. hell. t. 1, n" 57 A
cherté |*S Pour écrire les comptes ont coûté une drachme chacune.
“Uraa élé uause de l’extension do la peinture sur argile1,
' 111 orf i cf. Griecli. und Sicil. Vasenbild. I, p. 13. — 12 Strab. V, p. 222.
&37i MX, 205. J\
■10I)cni. XL.II, 7. _7,“
trouvéeà Aquilée mentionne une offrande fai te au dieu Si I -
vain par les sectores materiarum de cette ville3. Peut-être
des négociants ou des industriels s’étaient-ilsfait une spé¬
cialité de la vente de certains bois ou delà fabrication de cer¬
tains objets, comme paraissent l’indiquer les expressions
abietaria negotia 4 et clavarii materiarii 6. Alfred Jacob.
MATHALIS (MaOaAtç ou utaOaAAîç). — Nom de vase, qui
n’est mentionné qu’une fois '.On l’assimile à une mesure
comme le cyatuus; suivant d’autres, il ressemblerait à
une coupe, calix. E. P.
MATHEMATICI. — Terme employé dans le langage
courant, d’où il a passé dans les textes juridiques, pour
désigner les astrologues, considérés comme les mathé¬
maticiens par excellence.
Ce mot, qui s’est prêté à des déviations sémantiques
sans que son sens primitif se soit jamais oblitéré, est né
dans l’école de Pythagore. On dit que Pythagore faisait
passer ses disciples par un noviciat qui leur imposait la
règle du silence : les néophytes écoutaient (ixouffxixot),
sans avoir le droit de poser des questions. Cette première
étape franchie, ils devenaient disciples ou apprentis
(g.a0T||Aax’.xoi). Leurs études terminées, ils étaient en
possession delà science de la nature («puaixof) '.
La philosophie pythagoricienne fondant sa physique
et sa métaphysique sur la science des nombres, qui
étaient pour elle l’essence des choses, c’est cette science
des nombres qui était le pi0-r||i.a, les g.a0r,|i.aTa, la u.a0T,u.x-
XIX7) (xéyv-q). Le mot vague de « chose à apprendre » reçut
ainsi de l’école un sens limitatif, qui s’est conservé dans
toutes les acceptions, plus limitées encore, qu'il a pu
recevoir par la suite. Il n’y eut de « mathématiques » que
les connaissances reposant en dernière analyse sur la
science des nombres. Pour les savants, les mathéma¬
tiques comprenaient Y arithmétique [arithmetica] ou
science abstraite des rapports numériques, et l’application
de ces rapports àl’espace, application connue sous le nom
accidentel et insuffisant de géométrie [geometria]. Les
pythagoriciens et platoniciens y faisaient entrer aussi la
musique [musica], dont le vulgaire ne connaîtque les effets
sensibles, et qui se résout pour l’intelligence en une suc¬
cession ou combinaison de rapports numériques, causes
réelles de 1’ « harmonie ». Le monde étant pour eux une
construction harmonique dans laquelle les distances
respectives des orbes célestes au centre représentent les
intervalles musicaux, Yastronomie [astronomia] avait
tous les droits possibles au titre de science mathéma¬
tique. Il est aisé de comprendre que le langage courant
le lui ait donné et l’ait appliqué ensuite à ce qui, des
siècles durant, parut être le but ultime et le résultat
pratique de cette science, c'est-à-dire à la divination
aujourd’hui dénommée astrologie judiciaire ou simple¬
ment astrologie.
Lorsque cette méthode divinatoire fut importée de
l’Orient en Grèce, il y avait longtemps déjà que l’étude
13 ld. V, p. 223. _ *4 Id. IV, p. 202. — 1:> id. XIII, p. 606. — 16 Id. XII, p. 546
MATERIARIUS. l Plaut. Mil. ; y/or. III, 3, 45, v. 920 (915) ; ici fournisseur pour
construction navale. — - Orelli, lnscr. lat. coll. 4248 ; cf. Gori, Inscript. Etrusc
III, p. 142, n» 172; Marquardt, Vie privée des Boni. (trad. franç.), t. 11, p. 378;
Blümncr, Technologie und Terminologie, II, p. 242. — 3 Coi-p. inscr. lat. V, 815 ;
cf. Thédenat, Bull, de la Soc. des Antiq. de France, 1886, p. 198. — 4 Paul.
Diac. p. 23, 6, éd. Lindemann. — 5 Orelli, Op. cit. 4164. Marquardt pense que le
commerce des bois h brûler et celui des bois exotiques à l'usage des menuisiers et
des ébénistes furent des spécialités distinctes (V’ic privée, t. II, p. 379).
MATHALIS. 1 Athcn. XI, p. 487. C; cf. Uesych. s. v.
MATHEMATICI. 1 Goll.I, 9 ; Porphyr. Vit. Pytli. 37 ; lamblich. Vif. Pijth. 81, 87
MAT
— 1034 —
scientifique des astres, — c’est-à-dire de leur répartition
sur la voûte céleste pour les étoiles fixes, de leurs mou¬
vements propres pour les planètes et les « flambeaux »
1 émulateurs des heures, jours, mois et années, — préoc¬
cupait les «philosophes», et que cette science encombrée
d hypothèses sur la nature, les distances et grosseurs pro¬
bables des corps célestes, portait indifféremment le nom
d aarpovogta ou àffrpoAoyi'a. Le mot aarpovogia, peut-être
antt rieur a 1 autre , mais moins intelligible et même
entaché d’impropriété, fut le moins employé des deux ;
mais l’un et l’autre restèrent parfaitement synonymes!
même après que l'astronomie se fut surchargée d’astro¬
logie 2 [astronomia], Il y eut bien quelques tentatives faites
pour distinguer les deux termes et pour réserver l’un à
1 astronomie, 1 autre à 1 astrologie, mais l'usage n'en tint
dut un compte , et, au surplus, ceux qui voulaient distin¬
guer ne s entendaient pas sur le choix du sens à donner à
l’un ou à 1 autre terme. A Rome, lesastrologuesfurenttout
d abord désignés par l’étiquette générique de chaldaei,
employée par Caton2 et dans l’édit de Cn. Cornélius
Hispallus ( 139 av. J.-C.)4. Lucrèce distingue: il appelle
les astronomes astrologi, par opposition aux Chaldaei ou
astrologues5. Cicéron de même: mais il emploie aussi,
indifféremment et à quelques lignes de distance, astro-
logi pour désigner astronomes et astrologues6. Manilius
intitule son traité d’astrologie Astronomica. Sénèque a
encore une idée très nette de la différence qui sépare les
théories météorologiques et divinatoires des Chaldaei 1
de la science exacte, apparentée à la géométrie, qu’il
appelle astronomia 8 ; mais il lui arrive d’appeler ma-
thematici et ceux qui mesurent la grandeur ou la course
des astres 0 et les devins qui s’en sont servis pour prédire
la mort de Claude 10. Pline emploie Chaldaei au sens
ethnique et appelle astrologia tout ce qui concerne la con¬
naissance des astres (sideralis scientia ) 11 ; mais il entend
par mathematicae artes la divination par les astres12. Les
historiens, comme Tacite, Suétone, et Juvénal à leur
exemple, ne s’occupent que des astrologues, qu’ils appel¬
lent, suivant l’usage désormais établi, tantôt Chaldaei
et tantôt mathematici. Même synonymie dans les textes
juridiques du Haut et du Bas-Empire. Les deux qualifi¬
catifs, Chaldaei et mathematici, sont parfois juxtaposés,
mais forment redondance, et non distinction. On ne con¬
fondait pas encore en haut lieu les Chaldéens ou mathé¬
maticiens avec les viagi et les malefici i3. Mais le peuple
ne faisait plus guère de distinction14, et l’astrologie, en
recherchant les vertus astrales dans les minéraux, végé¬
taux, animaux, en composant des phylactères et des
médicaments imprégnés de ces vertus occultes, s’était
réellement incorporée à la magie 15 [magia],
La vogue de l’astrologie, rattachée aux traditions
1 C’est Je terme employé par Aristopliane ( Nub . 194-201), Xénophon [Mem.
‘i 5)j Platon, avec définition : èittoriqjAYi iteçi a<rrotov te oopa^ xat evt«’jT<»v
à<r:oovojua xoùeï xai ( Sympos . p. 188 B). Le mot est impropre, en ce sens que
1 àtfTjovéjAoç ne règle pas les astres, comme I’oîxovôjjio; gouverne sa maison. — 2 Polybc
(IX, 19), qui était un esprit net, entend par àffTpoAovi'a l’astronomie, et par p.a0r,jAa-
T-.xo-: les géomètres. - 3 Cat. Agric. 5, 4. — * Val. Max. I, 3, 3. — 5 Lucret. V, 727.
— 6 Lie. Divin. II, 42-43; cf. Ad Fam. VI, 6, 7 [ut augures et astrologi soient).
— 1 Senec. Q. Nat. II, 32; VII, 3, 28. - 8 Senec. Epist. 95, 9. — 9 Sen. Epist.
88, 22-23. 10 ï>en. Lud. 3, 2. — il Bel inventor sideralis scientiae (PI in. VI,
§ 121); Chaldaei (VI, §§ 123, 143, 145 ; XVIII, 215, 269 ; XXXVII, 100, 181). — 12 pljn.
XXX, 2 ; cf. la mathematica ephemeris utilisée en médecine (XXIX, 9). — 13 Les
devins peuvent être punis de mort (Paul. Sent. V, 21, 3) ; mais les magi vivi exu-
runtur (\ , 23, 1 <)• 1+ Cf. le titre Cod. Theod. IX, 16 [De maleficis et mathema-
ticis et ceteris similibus). On lit dans une ordonnance de 357 : Chaldaei ac magi
et cet en, quos maleficos ob facinorum magnitudinem vulgus appellat (IX, 16, 4).
— 15 Pline (XXX, § 2) constate déjà que la magie s’est combinée avec l’astrologie
MAT
égyptiennes par les auteurs
Néchepso et Pétosiris, tendit à
cachés sous
à éliminer p<>u?.n"ms ,le
i ' .. d Dhii .1.
le cercle des connaisseurs, l’appel]atïnrU “ peu> da«s
Chaldaei et à faire prévaloir l’étiquette ' I,0pulaire <3
thematici. L’astrologie devint la mathe s-//" <! '*l! nia'
et c’est le titre que porte l’indigeste comE*0611^'
du nom de Firmicus Maternus. Mais cet T
fondée sur la méthode, ne fit nullement ri _tion-
définitions réelles contenues dans les
disparaître lys
mots astrolon
astrologi
Les Grecs, qui disposaient d
qui s’en servaient parfois pour distinguer lesdivërs,.
'!/%
;’,m ample vocabulaire et
t'es de la science astrologique, - àotpoW, 0u L
proprement dite (étude des corps célestes à*ox ù ^
(calcul divinatoire), avec ses deux méthodes nrinT?^
la ysveQXiaXoyta et les xoaapyod, - les Grecs dis i,. Ï ^
jamais nettement distingué entre l’astrologie ' et lC
nonne, ni réservé à l’une ou à l’autre le titre accessoire
de gaeTjgaTtxT) ou [MiOir^ç. C’est probablement un ;KrnJ
logue que Philon désigne par « un astronome de ceux
qui s’occupent de mathématiques 16 ». Strabon s’èstcepen
dant efforcé de réserver les termes àtrrpovogt'a, «5Tpov^t
affxpovogixot, aux astronomes proprement dits17, et celui
de gocô-r^a-rixoi' aux mathématiciens 18 ; quand il fait une
allusion en passant aux astrologues, il les appelle des
« astronomes qui prétendent aussi faire de la généthlia-
logie ». Il est ihême bien aise, à ce propos, d’apprendre à
ses lecteurs que les vrais « Chaldéens » sont, pour la
plupart, des astronomes, et que les astrologues sont chez
eux l’exception19. Plutarque ne s’impose aucune règle:
ses àaTpoXôyoc et pexO-ripiaTixot sont, suivant les cas, des
astronomes, des astrologues ou des mathématiciens.
Sextus Empiricus, s’attaquant aux mathématiques ou
sciences exactes en général, distingue àoTpoXoytav
p.a07]p.aTix7]'v, c’est-à-dire l’astrologie, de la science d’un
Eudoxe ou d’un Ilipparque, v)v ov) xat à^rpovo piav tivèç
xaXoüfft 20 ; mais il constate du même coup que peu de
gens (tivèç) faisaient cette distinction. Enfin, il se laisse
imposer par l’usage la synonymie XaXoodoi et pOr^a-
Tixoi21. Le grand ouvrage astronomique de Ptolémée porte
le titre de M«0Y,p.aTix7) cdvTodjtç, et le même auteur semble
éviter, dans sa Tétrabible astrologique, de séparer
l’astrologie de l’astronomie en lui donnant un litre à
part. Il la définit : « prévisions fondées sur l’astronomie »
(Si ’àarpovopuaç 7tpoyvüj<7Tcxx) 22.
Il est inutile de pousser plus loin la statistique des
vocables. Tous les textes qui parlent de l’astrologie,
depuis les Philosophumena jusqu’aux compilations by¬
zantines dont de vaillants érudits ont commencé I imen- 1
taire 23, emploient presque indifféremment cornait
synonymes les termes précités, avec des variantes anal) j
( miscuisse mathematicas artes). — 16 Philon. De mundo, 43. — 11 Slrab. jt 1 ■ ^ 1
XVI, p. 739; XVII, p. 816. 11 ne s'interdit pas cependant de dire que
à<TTooAoYoi (astronomes) ont appris des Egyptiens la durée de 1 année
p. 806). - « Strab. II, p. UO. - <9 Slrab. XVI, p. 739. Parmi ta (
installés en BaLylonie, dit-il, toTj XaXSaioiî xpotraYoç£uo|iÉvi,iï, 01 *'• ,
e!or to icAeov * icçotntotoGVtai de' tiveç xat y e v e 0 A i a a o a e t v. . . #(Jç 1
astrol. p. 337. Dion Cassius (LXVI, 9) dit de môme que Vespasicn tou, « ■ t
t, - 9. Cf. Adv. Math. p. 214. - 99 Ptolem TetmU ^ ,
— 23 Ajoutera la bibliographie du sujet, qui n avait pu 1 " 1
sant dans le grand ouvrage de K. Krumbachcr, Gesch . ,lri -l çatalogns
Littcratur , 2e Aufl. München, 1897, les fascicules suivant ^ g0j^ w.
codicum astrotogorum graecorum entrepris par Fr. LumonL^^^ j
Kroll et A. Olivieri. I. Codices Florentinos descr. A. Ohwcn, * Qodices
Codices Venetos descr. Guil. Kroll et A. Olivieri, I >< 1 > j joints dos
Alediolanenses descr. A. Martini et D. Bassi, 1901. Au CalahW
Fragmenta selecta.
MAT
— 1635 —
MAT
tiqii''s
comme
J àffTpoXoYixïj (/.â0v)<Tiç, 7) TWV XaXSatuv |as0o5oî
! ou T6/-Vï|’
etc.
à<TTpovo[xt>tYi gav-reta ou ota atrrpovogtaç 7tpo
r-,.;;;- ja synonymie maintenue entre les termes
I tn- nus âs'tpoXoYia ou àüxpovopua et gotO-rigaTooi, avait
PrinCI|l‘ ',,’mêine plusieurs raisons d’être. La distinction
ci raison ci y
’ fXoYt'a et àcrpovopua, au sens de science des
entre ««P0A“7- L;„tinnnûll(1
/»nmmp pIIp
astres.
m’ i lirait pu être que conventionnelle, comme elle
Rien dans la structure des deux
I l’pst aujourd hui
||L; iimite l’étendue de cette science. L astrologie
Ifpinaloire a la prétention de tourner en applications
I es les données de l’astronomie, qu’elle est censée
I Connaître toute et en perfection. D’autre part, ces appli¬
cations sont déterminées par des constructions géomé¬
triques et des supputations arithmétiques qui mettent à
contribution tout l’ensemble des mathématiques, même
et surtout des mathématiques pythagoriciennes, spécu¬
lant sur les propriétés intrinsèques et vertus occultes des
nombres2. L’astrologie divinatoire est issue de dogmes
religieux, que l’on retrouve à son berceau, en Orient ; mais
les Grecs ne l’ont connue que déjà revêtue d’un masque
scientifique, et, dans les trois ou quatre siècles qui pré¬
cédèrent la renaissance de la théosophie (néo-pythagori¬
cienne ou néo-platonicienne), ils s’attachèrent à en
éliminer tout alliage mystique. Les astres pouvaient
toujours être appelés divins ou même dieux, au sens
panlhéistique du mot ; mais leur action sur la Terre et
ses habitants était expliquée par leur constitution maté¬
rielle, par les eflluves de leur substance entrant en
contact harmonique ou en antagonisme avec les éléments
contenus dans les règnes de la nature terrestre, effluves
analysés par la physique, dirigés par les lois de la
géométrie et de la mécanique, évalués au point de vue de
leur intensité par des calculs relevant de l’arithmé¬
tique. Physique, arithmétique, géométrie, géodésie
même et géographie, celles-ci intéressées par la corres¬
pondance établie entre les zones et régions terrestres,
d’une part, et les planètes et signes, d’autre part (choro-
graphie astrologique), tout cela entrait dans l’énorme
bagage de connaissances que les astrologues étaient
censés posséder à l’état de sciences exactes. Le public
leur accordait la réputation qu’il leur plut de prendre, et
b a est pas étonnant que, sans leur réserver, à l'exclu¬
sion do tous autres, le titre de mathématiciens, il ait vu
en eux les mathematici par excellence.
A. Bouché-Leclercq.
Mires. — Quoique l’idée de maternité tienne une
aihǑ place dans les conceptions religieuses et dans les
pratiques du culte chez les Romains [juno, p. 084;
«atronalia, mater matuta, matralia, etc.], il n’est ques¬
tion nulle part, dans les monuments littéraires de la
latinité classique, de divinités appelées Mères et invo¬
quées à litre collectif1. Cependant l'existence de celte
classe de divinités nous est attestée par des inscriptions
en grand nombre (on en connaît aujourd’hui plus de
quatre cents) et même par des monuments figurés, la
plupart originaires des provinces celtiques ou germa¬
niques, les autres érigés en Italie par des Celtes ou des
Germains, qui y ont émigré d’ordinaire pour cause de
service militaire. Les inscriptions se compliquent de
vocables et de formules empruntés aux procédés de la
piété romaine; les représentations plastiques s’accom¬
modent elles-mêmes à ceux de l’art romain ; de toute
façon, il y alà des documents intéressants pour Lhistoire
de la religion romaine, dans ses rapports avec celle des
peuples conquis 2.
La recension et la comparaison des textes épigra¬
phiques où survit le culte des divinités Mères , prouve
qu’elles sontappeléesindifféremment, suivant les régions,
Maires ou Matrae (avec la forme matrabus), Matronae
(qui a donné matronabus ) et enfin Mairae. Matrae ,
Mairae et les formes spéciales du datif appartiennent à
la langue populaire 3. Mairae a été contesté, tant qu’on
n’en connaissait qu’un seul exemple, de lecture douteuse.
Mais la formeestsùre, aujourd’hui qu’il en a été découvert
trois autres, tous les trois dans la région où la Gaule
Belgique confine à la Lyonnaise, dans celle de Dijon *.
C’est affaire aux linguistes de discuter les rapports qui
peuvent exister entre Mairae , Matrae et Matres ; il nous
suffit de constater que ces termes désignent des person¬
nifications identiques et que Matronae en est un syno¬
nyme s. Le plus xrénérable et le plus fréquent est celui de
Matres ; seules les Matres sont nommées augustae ,
épithète qui leur donne une sorte de consécration offi¬
cielle ; quelquefois divae ou deae, alors que divae
Matronae ne se rencontre qu’une seule fois, augustae
ou deae Matronae jamais6. Cependant le caractère divin
des unes et des autres ressort de ce fait que toutes éga¬
lement sont invoquées à côté d’autres dieux romains,
avec Jupiter, Mercure, Neptune, Minerve, Bonn Dea,
Diane, etc. ; avec des divinités de nom indéterminé ( dis
deabusque ), avec des génies d’ordre inférieur comme
Fortuna, les Junones, les Genii proprement dits7. Dans
certains cas, l’identité des Matres et des Matronae est
garantie parles énumérations où elles figurent ensemble,
sans préoccupation de préséance, par leur association
avec des divinités de premier rang8, enfin par la ressem¬
blance générale des formules d’invocation et de dédicace.
Il faut y regarder de près pour s'apercevoir qu’en fait les
Matronae sont subordonnées aux Matres, que les fonc-
lo°ip _ J] | A1’ -’ 1) appelle astronomia la science de Virgile, exemple d’astro-
dcs n , " saurait être question ici d'entreprendre une analyse de l’énorme amas
livres ne ' ’ Pr°Hlémes astrologiques : c’est une tâche à laquelle môme de gros
"ATR Es 'T'" *,as’C^' ''' Fouché-Leclercq, L'astrologie grecque , Paris, 1899.
Dtii Y|| , ' "'Hcr-Jordan, Roem. Myth. I, 56, avec la note 2; et St-Aug. Civ.
R(itrihus\ | " ' '''eux Pères et Mères ( Dits quibusdam Patribus et deabus
.inscript jons h""'1 a anciennes divinités des lndigitamenta. — 2 Voir pour les
^aler-Malron 1 "luos, Hôlder, Altcelt. Sprachschatz aux mots Mairae , Matra-
ont puf,, : !" ' H' AG3, 470, donnant le texte complet de toutes celles qui
Ratron enkidi f*u Corp. iriser, lat. inclus; M. Ilim, Der Mütter-oder
htm i/rtundrn ' nUlt Se’ne ^enhnaeler (dans les Jahrb. des Vereins von Alter-
I* texte.) - ,|u , ^Aeinîonde, Bonn, 1887, avec 3 tables et 17 reproductions dans
Hc Rosclior p Hans le Lcxik. der griech. und roem. Myth.
L encore UonclTs' Hll‘ rePr°duit en substance la monographie précédente,
boiidg et ‘ Cotlectanea antiqua, t. VII, p. 209, Tlie deae Matres, Ma-
ba forme Matrabus est particuliérement fréquente en Fran¬
che-Comté; Corp. inscr. lat. XIII, 5344, 5369, 5370, 5371, 5671 ; aussi en Alsace :
Corp. inscr. rhen. 1903; cf. en Lyonnaise, XIII, 2498, où l'on trouve également le
datif Mat ris, 1758 â 65. Mat ronabus est plus rare, V, 3264, 4137, 4159, etc. _ 4pour
Mairae , voir Corp. inscr. lat. XIII, 5478, 5G22, 5623, et Robert, Epigr. de la Mo¬
selle, I, p. 47 ; tab. V, 1, où l'auteur proposait de lire matrabvs, le texte donnaut
MAU ABVS.— 6 La synonymie résulte d'inscriptions comme : matribus sive matronis,
Epliem.épigr. II, p. 325 et Corp. inscr. lat. II, suppI. 541 3 ; cf. Corp. inscr. lat. XIII.
5158 et Bonn. Jahrb. 87, p. 60. — 6 p0ur le vocable Augustae , voir Corp. inscr.
lat. XII, 1823, 1824, 1825, 1826, 2220, 2388, 2448, 2543; XIII, 1758-1764, etc. ;
cf. Fl. Vallentin, Les dieux de la cité des Allobroges (Rev. celt. 1879, p. 29);
Corp. inscr. lat. VII, 168, 221, 303, 319, 346, 559; Ephem. epigr. Vil’ p. 320,
n» 1017. Pour Divae Matronae, voir Ibid. V, 7228 ; Sanctae, Ibid. 5584. — 7 Corp.
inscr. lat. V, 3237 , 5227 , 5249 , 5450, 5501, 0491, 6594; VII, 260, 65G, 2436; XIII,
5158. — 8 Cf. chez Mommsen, Inscr. H elv. si" 211, les haches d’airain trouvées â
Thuu, en Suisse, et doiit chacune est consacrée à une divinité spéciale, aux Matres
cl aux Matronae.
MAT
— 11536 —
MAT
tiens de celles-ci sont plus relevées et leur pouvoir d'une
application plus compréhensive. Au x Maires les hommes
s’adressent plus que les femmes ; et les Matronae sem¬
blent honorées assez souvent dans des conjonctures et
pour des intérêts particuliers à leur sexe*.
C.e qu elles turent au juste les unes et les autres, nous
I apprenons d abord par les pays d’où elles sontoriginaires
et par la nationalité de ceux qui, en pays latin, leur adres¬
sent des hommages. A Rome, la religion des Maires
ligure parmi les cultes pratiqués par les équités singulares,
garde impériale qui se recrutait surtout aux bords du
liliin et du Danube2: sur les inscriptions découvertes au
Latian, où ces soldats avaient une de leurs casernes,
elles sont invoquées comme des divinités de la patrie
absente. Les dédicants, soldats ou officiers de grade infé¬
rieur (le plus élevé en grade est un tribun) 3, sont mani¬
festement des étrangers transplantés dans la capitale. De
même en pays latin, les adorateurs des Maires ou Matro-
nae, quand ils ne sont pas des soldats, sont des peregrini,
marchands, esclaves ou affranchis, toujours gens de
basse condition, quelquefois des femmes4. Datés, les
monuments modestes qu on leur élève sont à placer entre
le règne de Caligula et celui de Gordien 6 ; c’est le 11e siècle
qui en fournit le plus grand nombre. Hors de lTtalie, les
inscriptions sont surtout fréquentes sur la rive gauche
du Rhin, plus rares sur la rive droite; elles se multi¬
plient à mesure que l’on descend vers la Lyonnaise.
Nombreuses aux pays des Voconces, des Allobroges, dans
la Narbonnaise orientale, il y en a chez les Séquanes,
les Helvètes, les Lingons®. Dans tous ces pays domine
la dénomination de Maires ; Matrona au contraire est de
règle dans la Gaule transpadane, exceptionnel dans la
Gaule proprement dite, très fréquent en pays germa¬
nique, où des vocables barbares, au sens le plus souvent
obscur, le déterminent7. En revanche, la Grande-
Bretagne, qui nous fournit une ample moisson d’hom¬
mages aux Mat res, semble ignorer les Matronae 8, alors
que 1 Espagne, qui ne connaît pas davantage ces der¬
nières, ne figure que pour de rares documents dans la
statistique des Maires ; mais partout, dans ces deux
derniers pays, les dédicants sont des soldats ou des
voyageurs qui ont transporté en pays étranger un culte
de leur patrie. Particularité curieuse : l’Aquitaine et la
partie de la Narbonnaise qui l’avoisine semblent à peu
près indifférentes, aussi bien aux Matronae qu’aux
Maires , comme si ces provinces étaient purement
romaines. Cependant si en Aquitaine les inscriptions
sont rares, c’est cette province qui nous f0ll •
monuments figurés dont il est quesi Ueux ^
A ce point de vue, une épithète caracté^^8 loin-
de transmarinae que donnent aux j/p , /T® esl m
Dons de la Grande-Bretagne, afin de marnll*
sont vpnnpc H h oAnil.A.in
non
sont venues du continent10; non^moîn qT' qU'elles ï
sont les hommages aux Mères d’Italie Z V‘lnonstratifs
Gaule, de Bretagne, d’Afrique, dont te a.itéurüT"? *
légionnaires stationnés à l’étranger11 n i “ H
généralisent en invoquant les déesses qUes‘Uns
lieae, de communes , de matres omnium
à utl’e de dmnes-
doit s’entendre des nations que les Romai
(jentium, ce qui
barbares, à l’exclusion des Romains
ns appelaient
eux-mêmes12. p0ur
le surplus, la distribution géographique de toutes m
inscriptions en général, l’origine de ceux qui les élève]
la ou les ont menés les hasards de leurs campagnes
par-dessus tout le grand nombre de vocables celtiml
ou germaniques qui diversifient leur personnalité L
permettent de ramener la religion des Mères à son ber-
ceau ; on peut hésiter entre la Germanie occidentale et la
Gaule13. L’opinion la plus probable, c’est que les Maires
sont de provenance celtique et que celles qui ont l’allure
germanique ont été importées sur la rive droite du Rhin,
puis acclimatées en Germanie, par les Celtes qui y for¬
maient un élément notable de la population, comme
elles ont été plus tard acclimatées en Italie par les Ger¬
mains et les Celtes de concert14. L’adoption devait être
d’autant plus aisée que les Germains aimaient à diviniser
la femme, à lui accorder l’intuition prophétique et une
influence surnaturelle dans les affaires publiques et
privées15.
Un fait qui à ce point de vue est important, c’est que
les représentations encore subsistantes des Matres ont
toutes été trouvées dans les pays celtiques ou dans des
régions de Germanie et d’Italie que les Celtes avaient
occupées par immigration ou conquête16. Toutes aussi
ont subi l’influence de l’art romain pour l’ordonnance
générale des monuments et pour le choix des attributs
qui rendent les divinités reconnaissables. Celles-ci y sont
d’ordinaire groupées en triade, ce qui les a fait identifier,
dans l’antiquité déjà, avec les trois Parques ou fata,
auxquelles elles ressemblent à. d’autres égards1', des
pour cela que des mythologues modernes les ont rappro¬
chées des Nornes de la légende germanique et leur on
donné la même origine ; d’autres même ont voulu \ voir
la personnification des trois Gaules18. Toutefois u nom
parait pas exclusif d’autres groupement-. >J11S
bre ne
* Pour les inscriptions d’origine sûrement celtique, il en existe 1 sur 3
( Mairae ), 8 sur 88 ( Matres ), 12 sur GO ( Matronae ) qui sont dédiées par des
femmes. Voir Hôlder, Altcelt. Sprachschat z à ces mots. Les dédicaces aux Matres
émanent la plupart de soldats. — 2 Henzen, Ann. dell' Istii. p. 235 s.; Bail. d.
commiss. archeol. 189 i , p. 284; cf. S. Reinach, Epona, Rev. arch. 1895, -p. 323 s. ;
équités singulares, p. 790. — 3 De Boissieu, Inscr. de Lyon, p. 59; Corp. inscr.
lat. XIII, 17G6. Un décurion, VII, 221 ; un centurion primipilaire, Ibid. 887 ; un
sxgnifer , 915; un benrficiarias consularis, 5; un praefectas pagi , 1307. — 4 Voir
surtout les inscriptions de la Gaule transpadane, chez Hôlder, Op. cit. p. 471.
A Pallanza, l’auteur est un affranchi; Corp. inscr. lat.\, 6641 ; cf. Archaeo-
logia, 4G, l, p. 173. — 5 La plus récente avec date, Corp. inscr. lat. VII, 510.
\ oir Haverfield, The Mother goddesses, avec illustrations et carte ( Archaeo -
togia Aeliana , 1892, p. 314 s.) ; etM. Ihm, Der Matronenlcultus, p. 15 s. et passim;
Corp. inscr. lat. XIII, n° 1757 à 1766; cf. avec les inscriptions citées plus haut, V,
6641. \ oir aussi Grienberger, Niederrheinische Matronen (. Eranos Vindobonen-
sis, 1893, p. 253 s.) el chez Ihm, Op. cit. les n°* 109, 120, 175, 176 ; Flor. Vallentin,
Cjp. cit.; Castan, Les déesses mères en Séquanie [Rev. arch. 1875, p. 171); Ihm,
chez Roscher, Op. cit. p. 2473. — 7 Voir Ihm, Matronenkultus, p. 32; et Matres,
Op. cit. p. 2467; cf. Siebourg. Westdeutsche Zeitschr. 1888, p. 115, et Christ,
Bonn. Jahrb. 85, p. 159. Sur ces vocables, voir H. Kern, Noms germaniques dans
, m.i . \ __ s Uoltlcr,
es inscr. latines du Rhin inférieur (Rev. celt. 137-*, p. ^
L Itcelt. Sprachschatz , p. 463, 464. — 9 V. de la Ménardiôn ... . ^ 499, 994,
Hctons, Poitiers 1881, p. 143. — 10 Corp. inscr. lat. VU, ,!l ’ .
ïphem. epigr. VII, 1018. — H Ibid. VII, 5, 238; cf. 1094. I oui , Optim¬
iser. lat. VIII, 2635, 10 760. - 12 Ibid. VII, 915, 939. Pour communes, ^ ^
pigr. VII, 322, n» 1032 et p. 320, no 1017 ; cf. The Academy, l88 2 " f“|t partje
mnium gentium, Corp. inscr. lat. VII, 887. L épithète Je \iyth. p- ^
une invocation ; pro sainte decuriae. — 13 Simrock, eu s ^ \0rncs.
Ie éd.), croit à une origine germanique et identifie les Matxe ^ \oir aussi
- H Ihm, Op. cit. p. 34 s. p. 80 s. et Matres, chez Roscher, P- p 3^ Un
Arbois de Jubainville, Rev. celt. 1892, p. 284, et S. Reinac >^ueSde Nîmei
ocument intéressant et très controversé est l’inscription en h 1,1 1 , f.,,-ovh. '°'r
Zorp. inscr. lat. XII, 383) : MatpeSo NajAauo-ixaSo (INemausi ^ ^
Arbois de Jubainville, Rev. celt. 1890, p. 250 et Ihm, L. < ■ ^ v()jr ||mi ,0p-c^‘
1. Vallentin, Op. cit. p. 26. - 10 Pour ces monumentsen gén ra , ^ ^ M
pour le principal d’entre eux, celui que nous commentons^ ^ (7 [( y a (i,si.is-
176, p. 61 ; Baumcister, Denkm. des klass. Alterth. Ij P- ^ Jg y0jr supr^ cl
iptions : matribus farcis, Corp. inscr. lat. VII, •* ^ j
•rgk, Westdeutsche Zeitschr. 1, p, 148 ; cf. Ihm, chez B ose 1 ^ (j<;3 Grecs,
également assimilé les trois Mères aux horak de la pi i,,l'|i
MAT
1637 —
MAT
!'■
.acier d’un l»as',rl"'
tiennent par
q d’Avigliana sur lequel cinq femmes
la main en dansant, au-dessus d’une
s- A.
)i , V
A
r;\"î- sTm.'cx
’C/ji j \A
fj„ 4857. _ Décsses-méres de Foi tiers .
sur leurs genoux
sont
se ueu»0*- * invocation aux Maires , les¬
quelles ne sont pas sûrement
ces femmes1, il est question
ailleurs de divinités analo¬
gues aux Matres, groupées
par deux2. Nous reprodui¬
sons ici un monument encore
unique dans son genre qui,
trouvé dans le sol de la ville
de Poitiers, représente les
Maires groupées par deux
sur une sorte de chaise cu-
rule ; une corne d’abondance
est placée entre les deux et
déposés des fruits comme
attributs caractéristiques 3 (fig. 4837). Et enfin, il n’y a
aucune témérité à interpréter comme
des Matres ou Matronae indivi¬
duelles, des figurines en terre cuite,
IW la plupart découvertes en Gaule, qui
V représentent des femmes assises, dans
l’attitude et avec le costume de celles
qui sont groupées ailleurs par triade,
et portant dans la main ou une
pomme, symbole de leur action bien¬
faisante et fécondante, ou la corne
d’abondance4. Tel est le cas de la
figurine, encore inédite, qui a été
trouvée récemment à Angoulème et
dans laquelle on a voulu voir quel¬
que divinité égyptienne, opinion aus¬
sitôt abandonnée que formulée : nous
estimons qu’elle doit ctre cataloguée
également parmi les Matres 0 vfig. 4858).
; Cependant c’est le groupement par trois qui nous
fournit la représentation caractéristique des Matres ou
Matronae ; et parmi les monuments qui nous les présen¬
tent ainsi, le plus remarquable estla niche trouvée en 1875
dans le duché de Juliers en Prusse rhénane, aujourd’hui
placée au musée de Mannheim (fig. 4859). Elle porte
inscription : matrones) cESAiEN(is) m, JUL(ius) valen-
Tlxus ET JlUA Justin a ex imperio ipsarum L(ibentes)
M(ento . Le vocable Cesaienae ou Gesaienae reste obscur ;
acile cite un Julius Valentinus parmi les chefs du soli¬
dement des Bataves en 70 ap. J. -G. 6, mais le nom est fré-
qutnl dans cette région. L’inscription, en grandes capi-
u es’ î,0,|lienl la niche où les Matronae sont assises sur
UDC art(I aette à dossier, munie de coussins et dont les
Fig. 4858.— Décsse-mèrc
d' Angoulème.
bras sont sculptés en forme de dauphins1. En chapiteau
corinthien, sculpté à plat, est censé soutenir par le milieu
1 entablement; extérieurement, surchacun des flancs, sont
représentés en haut relief deux personnages, dans la tenue
etavec les attri¬
buts des sacrifi¬
cateurs^ droite
un homme en
tunique courte,
à gauche une
femme vêtue
d’une longue
robe transpa¬
rente. Les dées¬
ses sont as¬
sises, drapées
dans d’amples
et épais vête¬
ments, un man¬
teau recouvrant
la robe qui
tombe jus¬
qu’aux pieds :
sur leurs ge¬
noux elles por¬
tent des pa¬
niers où sont
placés des
fruits ; celle de
gauche appuie familièrement la main droite sur le bras
de sa voisine; celle-ci, qui occupe le milieu, est tète nue,
Fig. 4859. — Déesses- nicres de Mannheim.
de taille plus petite; les deux autres sont coiffées de bon¬
nets dont les bords s’élargissent en turbans et que certains
interprètes ont pris à tort pour des auréoles8. On
retrouve la même coiffure sur un monument de facture
grossière qui est originaire de Mümling-Crumbach ' ; ici
encore la figure du milieu est tète nue, mais de taille
plus grande que ses compagnes et placée sur un siège
plus élevé. Un bas-relief de Londres, dont la partie infe¬
rieure seule subsiste, offre la même disposition, avec
traces du même costume et sur les genoux des divinités
les mêmes paniers remplis de fruits10. Lyon possède une
niche analogue où les Matres , surnommées Augustae
par l’inscription votive, sont coiffées simplement de leurs
cheveux roulés en bandeaux épais; celle du milieu tient
une corne d'abondance de la main gauche et une patère de
la droite ; toutes les trois portent des fruits dans les plis de
leurs robes11 (fig. 4860). Si l’on veut bien remarquer que
nulle part les inscriptions ne mentionnent les Matres ou
Matronae comme allant par trois, on est fondé à croire
Garucn i P' et Ihm, Matronenkultus, p. 48, 114, n° 35; cf.
[®77> p ’ ->91 " rc^' London, 15 avril 1869, et Mowat, dans Mêlas inc,
Ltrcnt < c soia les duae Alaisiagiae qui, sans être nommées matres,
KJcalions <'al,s celle caR'gorie, comme un grand nombre de person-
seul vocable n"'CS nu’rTle nature, toujours nommées au pluriel et par le
2475, eic_ 3a'JC c"'Pse du nom Matres. Voir Ihm, chez Roscher, p. 2472,
®°nunicnt a f.| . "See ^ e ^ a Société des Antiquaires de l'Ouest, catal. n° 92. Le
rom., p. 2co , ■ 1 0Produit par do Caumont, Abécédaire d'Archéol. in gallo-
4 sa particularité* *>&r ^ *a ^énardière, Op. cit., p. 15, mais sans allusion
}ou/oiSCJ Parjs (llus cur*euse, le groupement par deux. — 4 Tudot, Figurines
Rn. histor jgg- cE ^°nceaux, Le grand Temple du Puy-de-Dôme,
Angoull,.rUpj ■ ~ 6 ci. Chauvet, Hgpoth. sur une statuette antique,
®*tlo-Romains ai nolc <lc ■ Foucart, p. 19. 11 semble d’ailleurs que les
limier rang a'vcr" I C0'a°n<lu dans un même typo’certaines divinités romaines de
tu* 91) possède un 0111-9 ^a^res indigènes. Le Musée des Antiquaires de l’Ouest
a"lcl quadrangulairo trouvé aux environs de Poitiers, sur lequel
sont grossièrement sculptées les figures de Gérés, Minerve, Hercule et Apollon.
Gérés est assise, le polos en tète ; sur scs genoux, dans les plis de la robe sont
déposés des fruits ronds et la main gauche tient la corne d’aboudancc. V. de Lon-
guemar, Bulletin de la Société des Antiquaires, 1862, p. 22 s. (avec la pl. p. 44)
qui a le tort d’appeler cette figure une Cybèle. — 6 Tac. Hist. IV, 68-85.
_ 7 Nous pensons, avec Bauineister, L. c., qu’il n'y a aucun rapport mytho¬
logique entre ce poisson et la nature des Matres représentées. — 8 Voir
Ihm, Matronenkultus, p. 45, et Stcphani, Nimbus und Strahlenkrantz, Mém.
de l'Acad. de Saint-Pétersb. 1859, p. 76. — 9 Bonn. Jalirb. 83, tab. 2, 1 ,
reproduit chez Roscher, Op. cit. p. 2469. — *0 Bonn. Jalirb. Ibid. p. 41, et Ihm,
chez Roscher, Ibid. 2470. Sur un bas-relief trouvé à l'abbaye de St-Laurcnt
de Belley, les Mères assises au nombre de trois portent sur leurs genoux un objet
rond que l’on peut à volonté prendre pour une miche ou pour une corbeille. Corp.
inscr. lat. XIII, 2498, avec la dédicace : in hokorem... beàbvs... siatrabvs.
_ il Boissieu, Inscr. de Lyon, p. 56; reproduit dans Bonn. Jalirb. 83, p. 40, et
chez Roscher, L. c. p. 2469.
206
MAT
1638 —
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que la triade est une sorte de synthèse artistique et reli¬
gieuse à la fois, peut-être imitée de celles qui sont
usuelles dans la religion gréco-romaine et se résolvant
dans l’idée plus générale de la pluralité, laquelle est
attestée par tous les
monuments épigra¬
phiques sans excep¬
tion. D’autres mo¬
numents varient les
attitudes, en ce que la
figure du milieu est
représentée debout et
les deux autres as¬
sises, ou réciproque¬
ment, sans qu'il y ait
lieu de voir là autre
chose que des fantaisies artistiques *.
C’est à tort que M. J. Becker, a cru pouvoir démontrer
«lue les figures féminines chevauchant isolément sur des
muletsou des ânes, et dont un nombre assez considérable
a été découvert en pays celtiques, représentent des Maires
individuelles, pour cette raison que la coiffure quelque¬
fois, la corne d'abondance et aussi le fruit symbolique
les font ressembler aux Matres 2. Cette opinion n’est
plus défendable aujourd’hui, après la double réfutation
dont elle a été l’objet, au nom à'Epona par M. S. Reinach,
au nom des Matres par M. Ihm qui s’est fait l’historien
en titre de ces dernières divinités. Ce qui d’ailleurs n’est
pas douteux, c’est que les cultes d 'Epona et des Maires
sont pratiqués dans les mêmes lieux et que leur diffu¬
sion, partie du même berceau, s’est opérée sous l'influence
d’une piété identique. On peut s’en convaincre en com¬
parant les deux cartes dressées, l’une par M. Ilaversfield
pour les Matres-Matronae , l’autre par M. S. Reinach pour
Epona3. De plus, les Matres sont souvent invoquées de
concert avec Epona et peut-être même associées à sa
légende4; ainsi les Mairae sont nommées à côté d’Epona
dans une inscription du pays de Dijon, alors que les Equi¬
tés singulares à Rome rendent des hommages communs
à la protectrice des chevaux et aux Matres qui, sous le
vocable de Suleviae et Campestres , sont les patronnes
de la vie militaire et les gardiennes du camp 8. A
Bregenz, sur le lac de Constance, on raconte encore la
légende d'Hergotha, légende dont l'héroïne est Epona,
qui y exerce une action tutélaire analogue à celle des
Maires 6.
Deux espèces de vocables accompagnent d’ordinaire le
titre de Matres ou de Matronae , les uns latins, peu
nombreux et de signification assez vague, qui nous
permettraient à peine par eux-mêmes de déterminer
leur nature, les autres latinisés, mais à consonances
1 Voir llini, AJatronenkultus, p. 42 s. et art. matres, chez Roscher, L. c. p.
2468 s. — 2 Bonn. Jahrb. 26, p. 91 ; cf. S. Reinach, lie v. arch. 1895, p. 163 s. [Epona).
Les figures spécialement visées sont celles qui représentent Epona ou avec la pomme
(Reinach, n« 52, p. 185), ou avec des enfants [Ibid. p. 193), ou celles de beaucoup les
plus fréquentes qui lui donnent la corne d’abondance [Ibid. n° 38, p. 178; n® 33,
p: 179, etc.). Peut-être Epona était-elle nommée Mater ou Matrona ; voir l’inscr. de
Soleure, Corp. inscr. lat. XIII, 5170 ; Orelli, 402. — 3 Voir la carte de M. S. Reinach,
Op.cit. p. 327, et celle d llaversfield, Op. cit. in fine. — 4 Corp. inscr. lat. X 11 1,
o622; voir Reinach, L. c. p. 323 s.; llirn, Matronenkultus , p. 80, et Mommsen,
\\ estdeutsche Zeitschr. 1886, p. 125. — o Voir le tableau complet des divinités invo¬
quées avec Epona sur les inscriptions des équités singulares (Henzcn, Ann. d. Instit.
1883), ap. Reinach, p. 324. — 6 S. Reinach, Op. cit. p. 187, avec la figure n° 59 ; et
Becker, Jahrb. (1er Allertumsfreunde im Itheinlande.XX. I,p. 182. — 7 Voir la liste
de ces vocables exotiques latinisés, chez Roscher, Op. cit. p. 2478 s. — » Voir H.
Kern, Noms germaniques, etc. (Rev. cclt. 1874, p. 153 s.). — 9 Orelli, 5939 ; Bram-
ctdUques ou germaniques, très fréquents ,
souvent obscurs et livrés aux interm-éhi S le |,llls •
conjecturales7. Quelques-uns cependant ï. ^ plüs
noms de lieux connus, nous fournissent dès in'?68 dls
précises ; et tous ensemble sont suffisamment , ? ‘°ns
pour nous faire distinguer deux ordres d’hf ■ P lciles
inspiré et répandu le culte de ces divinités T r 3)3111
sont redevables de leur désignation spéciale h fl
lité, tantôt elles les tirent d’une qualité
influence surnaturelle
'relie". Nous avons déjà cité ci.7
domesticae, commune s, maire, omnium ,2um.
transmarinae qui impliquent des notions g
:eogi
'uphiques
et ethniques. D autres laissent nettement transirait
quelque bourgade ou pays connu», comme les j/a, !
Mahlineae (Malines), JVersihenae (Neersem, Vnca h J
7ieAae(Wakelendorp),^;ômAenae(ElveniCh),(îerU(/a^al
(Gironde), Eburnicae (Yvours), N«gaTOxaSo=Ae»m J
stcis (Nîmes), Afrae, Britannae, Britannicae , Brittae
Gallae , Gallicae, Italae, Germanae, Noricae, Treveraè
Suebae 10, adjectifs parfois remplacés par des génitifs I
possessifs comme Delmatarum, Pannoniorum qui sont
connus ; Ausuciatium , Braecorium, Gallianathm,
Masuonnum , etc. (nous ne mentionnons pas ici ceux
qui sont germaniques), d’interprétation difficile ou con¬
jecturale11. D’une manière générale, on peut dire, avec
un celtisant autorisé, qu’il est le plus souvent impos¬
sible de voir au premier abord si l’attribut est dérivé d’un
nom de lieu ou non. « Souvent on ne sait à quelle i
langue attribuer certain mot latinisé, mais évidemment
d origine non latine. Car, tandis qu’il arrivait quel¬
quefois qu’un étranger rendait hommage aux divinités
de sa résidence temporaire, il n’arrivait pas moins sou¬
vent que l’un ou l’autre, se ressouvenant loin de son
pays de ses dieux tutélaires, leur consacrait un monu¬
ment à l’étranger 12. »
De même il n’est pas douteux que, parmi les appella¬
tions de provenance celtique ou germanique, lion nombre
n’aient eu une signification morale 13 ; mais comme les
inguistes sont loin d’être d’accord sur leur signification,
les
on ne sera pas surpris que nous nous bornions a
mentionner. Nous connaissons celles qui, do forme latine
et classique, ont une valeur honorifique ; il y faut ajouterj
le titre de Dominae^ . Viennent ensuite les vocables qui
font rentrer ces divinités dans le cercle des génies pro¬
tecteurs du foyer familial ou de la patrie, comme domesl
■ 18 ou simplement
ticae, paternae , maternae, trisavae ,
les possessifs meae et suae 1C. Une classe spéGali es
celle des Matres campestres qu’ont honorées leai'l"1 es
singulares à Borne, et aussi des soldats quelconques en
divers lieux; elles rappellent les Génies sp«,«-iui|x
cités ailleurs
l’armée et des camps que nous avons
, ' ■ lat XII, 305 et .
bach, 626 ; 529-531 ; 454 et Inscr. rhen. 908 ; 551, 554; Corp- ^ cf_ jVe.
Jullian, Bull, épigr. 1886, p. 168 ; Orelli, 5935 ; Corp. insci . lui. '^/liusenscs Ms-
metiales, 2221 et 656 où sont associées Fortuna Aretatensis, - jllSCr. lat. VIL J
très et Bona Dea ; Corp. inscr. lat. VII, 328 ; Orelli, '9i- . 1 "/ ^ IX,
238 et 5 ; Brambacb, 201-208. — 10 Correspond, der Westdeu scy ^ ^ 33t,
p. 250 ; X, p. 207 ; Hhein. Mus. 1890, p. 639 ; Ihm, Matronenku « > ^ («/.J
— U Corp. inscr. lat. XIII, 1766 ; cf. Boissieu, Inscr. de Lyon, ^ ^ u 11. Kern-
V, 5227 ; Suppl. Ital. l,n« 847; Ihni, chez Roscher, Matres, p. - ' j|(k, n,ul,i(iccn<*»
Bev. celt. 1874, p. 153.— 13 Ainsi M. Alagabiae, les «dames i egj» ^ C<4\
(Ibid. p. 157) et les,!/. Maphtiae, les « Mères gardiennes » (l'- ' 1887,1
inscr. lat. III, 1005 ; V, 774 ; VI, 17 ; XI, 1543, etc. ; cf. AoU p;i| . [;raju
p. 469. - 15 Corp. inscr. lat. Vil, 915, 939. 1342 ; Corp. inscr- ■
bach, 1970 ; Bull. arch. comm. 1885, p. 94. — 46 Corp. insa . '* 1<M‘ j ; jéuppl. :!U*I
lat. VII, 1342, etc. — « Corp. inscr. lat. III, ; VII, I -• >
cf. GENIUS, p. 1493, LARES, J). 944.
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— 4639 —
MAT
rla„.ne) les Campestres s’associent hBritannia
lira Victoria, à Epona, ce qui achève
-rsonniflée, a
•aractère militaire; elles ont pour pen-
I* , jour ca
(laCCl |ps provinces danubiennes et en Afrique, des
dants’ ' 'in^strcs qui sont, comme elles et comme les
,Hi '"'Virement romains, auxquels les uns et les autres
V.îrni des protecteurs de l’armée dans les diverses
de son fonctionnement1. On rencontre encore
Cmr unpestres à côté des Sulevae, vocable obscur d’où
7 voulu tirer les Sylphes de la mythologie germa-
f ; 1 . jeg Campestres figurent sur un bas-relief, au
nilire de trois, pareilles aux Mères en général, c’est-à-
assises et portant comme attributs des épis dans les
Jains sur les genoux des corbeilles de fruits et de
flaurs ”T* Enfin il y a des Maires appelées Violes, comme
les Lares qui protègent les voyageurs ou les Fortunae
i iès ramènent dans la patrie 3, ou encore les Tutelae
qui veillent sur les villes et sur les nations; d’autres sont
nommées conservatrices ou indulgentes*, celles-ci invo¬
quées en compagnie de Jupiter et de Mercure, protecteur
du commerce: lucrorum potentP . Les inscriptions aux
Mim Parques ont fait supposer que leurs adorateurs
leur accordaient un pouvoir prophétique : aucun texte
précis, aucun attribut figuré ne permet de l’affirmer6.
Ce qui ressort sans conteste de l’ensemble de ces
vocables comme aussi des attributs donnés aux Matres-
Matronae sur les monuments figurés, c’est que les Celtes
et les Germains, de chez qui elles sont originaires, les
considérèrent de tout temps comme des divinités infé¬
rieures, génies tutélaires des bourgades, des villes, des
nations, peut-être aussi comme les esprits bienfaisants
dont l’empire s’étendait sur les campagnes et sur les bois ;
d’une façon plus spéciale comme les protectrices de la
femme, dont elles incarnaient la fonction la plus auguste.
Au contact de la religion romaine, Celtes et Germains
purent reconnaître les Maires dans les Ju noues \
comme aussi dans quelques divinités de nom éminent, de
signification généralement archaïque, telles que mater
matita, la Mère des Lares, la Mater Magna [cybele],
hnoLucina honorée aux matronalia, etc.8, pour ne citer
que les plus célèbres. Il est probable que les ressemblances
entrevues eurent, en bien des cas, pour effet d’accuser,
dans les hommages publics, le caractère romain des
Maires, par ceux-là mêmes qui les considéraient au fond
comme leurs divinités nationales. Quant aux Romains,
ils devaient accueillir d’autant mieux ces étrangères
1u’l *es "voyaient s’accommoder davantage à leurs pro¬
pres conceptions religieuses. A l’époque du Christianisme
nomphan t, les assimilations continuèrent suivant des
pi°H des, identiques: la triade des Matres devint celle des
^'N Alaries, transformation d’autant plus aisée que la
prae populaire Mairae devenait sans peine Mariae.
une inscription en l’honneur des Maires se
lit sur un autel de la Vierge; les prérogatives que la
religion nouvelle accordait à la mère du Sauveur, la
faveur dont son culte était appelé à jouir parmi les
femmes, ne prenaient-elles pas leur source dans les
sentiments mêmes qui avaient suggéré aux Grecs et aux
Romains leurs divinités courotrophes9? J. -A. Ilu.n.
MATRIMOXIUM. râgoç. — I. Grèce. — Nous envisa¬
gerons d’abord le mariage au point de vue juridique,
en laissant de côté tout ce qui a trait aux mœurs, aux
coutumes et aux cérémonies du mariage, du moment
qu’elles ne rentrent pas dans le droit matrimonial pro¬
prement dit. A cet égard, d'ailleurs, ici comme dans
bien d’autres matières du droit, les sources sont assez
pauvres ailleurs qu’à Athènes. La loi de Gortyne elle-
même qui, en dehors de l’Attique, est la source la plus
riche, et qui renferme nombre de dispositions inté¬
ressantes concernant le droit de famille, ne traite, dans
l’état où elle nous est parvenue, que de quelques points
spéciaux du mariage, notamment de la dissolution du
mariage par le divorce et des effets de cette dissolution
en ce qui concerne, soit les biens des époux, soit la
condition des enfants nés après le divorce. Les règles
posées par la loi de Gortyne à ce sujet ont, du reste, été
précédemment exposées [voir divortium, p. 321 ; nos,
p. 394 ; GORTYNIORUM LEGES, p. 1638 .
Dans la Grèce antique, le mariage est loin d’avoir lè
caractère élevé qu’il présente dans les législations
modernes. Son objet principal n'est point l’union de deux
êtres qui se connaissent et qui s’associent pour le bonheur
comme pour les peines de la vie; c’est, avant tout, en
unissant deux personnes dans un même culte domestique,
d’en faire naître une troisième qui soit apte à continuer
ce culte. C’est ce dont témoigne à Athènes la formule
sacramentelle qui, au dire de Clément d’Alexandrie, était
prononcée lors de la célébration du mariage1. C’est ce
qu’attestent également pour Sparte de nombreux témoi¬
gnages2. Aussi peut-on considérer comme très exacte la
définition que donne l’auteur précité du mariage grec en
général et du mariage athénien spécialement : l’union de
l’homme et de la femme formée pour la procréation d'en¬
fants légitimes3. Aussi, en raison du rôle qui lui est
assigné, à savoir de devenir mère et de donner de nou¬
veaux citoyens à la cité, la femme athénienne, du moins
à l’époque classique, n’occupe-t-elle au foyer domes¬
tique qu’un rang tout à fait secondaire gyxaeceoi . Par
contre, l’épouse est seule à ce foyer et n’a pas à craindre
d’y voir une rivale. Non seulement, en effet, comme
on l’a précédemment expliqué, l’unité du mariage
est admise dans le droit athénien [higamia], mais
encore l’épouse légitime n’a point à tolérer dans la
famille la présence si insultante d’une autre femme, d’une
concubine, donnant également le jour à des enfants légi¬
times [CONCUBINATUS1.
' CorV ■ inscr. lat. \
«5, 17-
III, 2633;
10760; llini, Matroncnkultus , n°s 109, 1 20,
Vil, { 1 29 j,n te ^lliev,s hampes tribus Fatis, Bonn, 1886, p. 37 s. — 2 Ibid.
fxpi„i | , ' ’ ll| ^^10; 768. Voir la reproduction chez Montfaucon, Ant.
inter, lat VII ^'jÎ ^ * ^îull. d. comm. archcol. 1891, p. 284. — 3 Corp.
addit. p’813°0 (cf,J‘ARRS’ p- s. ; fortuna, p. 1276).— ^ -Ibid. XII,
donne I épiulôl ^ ^ orP • inscr. lat. VII, 927. Ailleurs on leur
^Escliyle (pnR,^, ^°tere& (II, 2128), ce qui rappelle les vieilles déesses
Monceaux /, °u ^es ^arfll,cs (fata, p. 1016 s.). — 6 C'est ce que disent
^ ailleurs 'bo.' ^emP^e du Puy-de-Dôme {Rev. histor. 18S7, p. 259), où il
'-ilédes A/Î/o/C<MI^ ^ ailtrcs a^ril»alions hasardées, et Fl. Vailentin, Les Dieux
l^C('d.((cs inscit l0'/, S) P- 27, pour tout le reste très exact. Voir encore Mém. de
" • « belles-lettres , t. X, p. 22 ; Rev. arch. 1848, V, 363, et de Wal,
De Moedcrgoddinen, Lcyde, 1846. — 7 Junones, p. 690, et genu, p. 1491
s. — 8 Les Matronae surtout ont une ressemblance évidente avec toutes
les divinités Courotrophes de la religion gréco-romaine. On a voulu lire
sur une inscription do la région lyonnaise {Corp. inscr. lat. XIII, n° 1763) :
i.ucinis matris; le texte donne lycinis. Cf. Orelli Ilcnzon, 5938. Les ressem¬
blances avec Juno Lucina n’en existent pas moins. — 9 Corp. inscr. lat.
XII, 1304 ; cf. S. Fl. Vailentin, Op. cit. p. 29 s.; Rein&ch, Epona , Rev. arch.
1895, p. 193 ; Robert, Epigr. de la Moselle, fasc. I, p.43, et Ihni, A/atronenkultus ,
p. 74 s.
MATR1MONIUM. • Clem. Al. Strom. II, 23: èïti ttguSmv ou ^ootcu.
— 2 Voir Schoemann-Galuski, Antiq. gr . I, p. 303 et s. ; Jannet, lnstit. soc. à
Sparte , p. 98 et s. — 3 Clem. Al. L. c.
M AT
A. Formation du mariage. — A l'origine, chez les
divers peuples aryens, un homme se procurait une femme
en l’enlevant ou en l'achetant. Le mariage par rapt, qui
est incontestablement la forme la plus ancienne, a, en
raison même de son antiquité, peu marqué son empreinte
dans l'histoire du droit grec. Ainsi dans Homère, à
l’exception de l’enlèvement d’Hélène qui fait mouvoir
toute la grande epopée, on ne rencontre aucune allusion
au rapt, considéré comme mode de formation du mariage 1 .
Dans la législation de Sparte, le mariage par enlèvement
a laissé des traces notables. Le fiancé devait, en effet,
aussitôt (|u il avait obtenu l’adhésion des parents dont sa
fiancée dépendait, s’emparer de celle-ci par une sorte de
rapt
Le mariage par achat, qui a remplacé le mariage par
enlèvement, était, au témoignage d’Aristote3, pratiqué
parles anciens Grecs, le mari achetant, soit la femme elle-
même directement, soit la puissance sur elle de celui qui
l’exerçait. Cette forme de mariage était, dans l’opinion
générale, encore pratiquée dans le droit homérique4. On
peut, en. effet, considérer les présents donnés lors du con¬
trat au père de la jeune fille, et nommés lova3, comme le
prix réel ou fictif de l’achat de la fiancée6. Il est incontes¬
table que chez tous les peuples d’origine aryenne, chez les
Hindous comme chez les Germains primitifs, le mariage
par achat s’est perpétué assez longtemps. Les Hellènes,
lorsqu ils se fixèrent en Grèce, pratiquaient vraisembla¬
blement cette forme de mariage; or il serait étrange
qu’elle eût déjà disparu à l’époque homérique.
La conclusion du mariage passe, dans le droit horné-
rique, par trois phases distinctes. La première consiste
dans la convention préalable entre le fiancé et le père de
la jeune fille. On y précise les conditions de la cession de
la puissance sur celle-ci, et on y fixe le montant des lova
offerts par le fiancé, et des gsi'Xta donnés par le père de la
jeune fille ', où l’on peut voir l’origine de la dot. Tout se
borne à un échange de promesses correspondant au
contrat de fiançailles. Puis celles-ci sont suivies de la
tradition delà fiancée, qui donne le caractère de réalité à
un contrat jusqu’alors resté purement consensuel. Cette
tradition s’accomplit vraisemblablement suivant certaines
formes symboliques, comme la mise de la main de la
fiancée dans celle du fiancé en présence de témoins8.
A partir de ce moment la femme est dite xoupiSÎT) àXo/oç,
épouse légitime. Enfin la formation du mariage se
termine par des fêtes qui accompagnent la conduite en
pompe de la fiancée à la maison de son époux : c’est le
yâaoç dans le sens propre du mot9.
Les règles du droit homérique sur la conclusion du
mariage ont dû se maintenir en Grèce pendant un certain
temps. Mais on n’en trouve plus de traces dans le droit
attique, tel du moins qu'il apparaît à l’époque classique.
A cette époque, le mariage se forme à Athènes de deux
manières, suivant la situation de la fiancée : soit par
ÊYY^Vtç, soit par É7tiSixa<jia. L’engyésis, qui est le mode
1 Cl. Ouvré, Le régime matrimonial au temps d'Homère, dans les An¬
nales de la Faculté des lettres de Bordeaux , 18GG, p. 294. — 2 Plut. Ly-
curg. iâ; cf. Sclioemann-Galuski, I, p. 306 et II, p. 630. — 3 Arislot.
Polit. II, 8, p. 1268 6. — t Lasaulx, Stud. des kl. Alterlh. p. 339; Wachsmutli,
Hellen. Alterturnskunde , II, p. 116; Hermann-Blümner, Privataltert. 3e édit,
p. 261 ; Tamassin, Le nozze in Omero, p. 12 et s. — 6 JUad. IX, 144 et s. ;
XI, 221 et s. ; Odyss. II, 52 et s. — G Contra Ilruza, Beitr. zur Gcscli. der griech.
Famil. I, p. 12 et s. — 1 Iliad. IX, 147, 289 ; XXII, 50 ; Odyss. VII, 314.
— 8 Iliad. I, 440, 445 ; cf. Tamassin, p. 25. — 9 Voir Ouvré, p. 295 et s. — 10 Isée,
De Pyrrhi lier. §6 ; De Cir. lier. §§ 8 et s. 20 et s. ; De Apollod. lier. §§ 15 et s. :
I O ni
ordinaire de formation du mariage Cüns-
contrat entre le kyrios de la femme le da"8 «J
casie, qui n’a lieu que dans certains cas n ''
consiste dans la revendication en justice do
celui qui y est autorisé par la loi. Que b m °mme Par
reste, contracté par engyésis ou par épidieS'1
ou la revendication sont suivis, d’une mn ?’ econtr«<
fêtes ou solennités constituant le yâaoc h ’ r. Cerlaines
de la Y*PiX(# dont nous aurons à déterminé ,aUlreiP#rt,
signification. ci ia véritable
a. Formation du mai
dage par engyésis — p- ,
est le contrat par lequel la personne ayant aulmrn
femme, le kyrios [kyrios], donne celle-ci en marial?
mari. Trois personnes interviennent donc dans col ‘T
le kyrios dont la participation est désignée par le ^
çYYuav, le futur, eyyucogsvoç, et la femme, nommée t Jï
L engyesis est toujours présentée comme la coEj
indispensable de la validité et de l’existence du maria e
Sans elle, les enfants qui naissent d’un citoyen et d’une
citoyenne d’Athènes ne peuvent revendiquer les droits
que confère la légitimité, notamment les droits d’an
chistie et de succession. De même, un enfant ne peut être
inscrit sur le registre de la phratrie que si celui qui le
présente prête le serment qu’il est né d’une' mère
kj'(ur\xr^ 10.
Quel est précisément le rôle de l'engyésis dans la for¬
mation du mariage? On attribue généralement à l’engyésis
le caractère d’un simple contrat de fiançailles : ce serait
le contrat en vertu duquel le kyrios de la femme s’enga¬
gerait à la donner en mariage au fiancé qui, de son coté,
promettrait de la prendre à titre d’épouse. Le yâp.oç sui¬
vrait alors l’engyésis, comme en droit romain les nuptiae
viennent après les sponsalia, et le mariage ne serait
parfait qu’après le yoegoç11. Dans une autre opinion, qui
nous paraît plus exacte, l’engyésis suffit à elle seule pour
fonder le mariage, et elle consiste dans la remise solen¬
nelle, ordinairement devant témoins, de la fiancée au
mari. Ce caractère de l’engyésis résulte notamment de la
formule de la loi citée par l’auteur du second plaidoyer
contre Stéphanos12, où l’on voit que l’effet direct et
immédiat de riyyuYjffiç, c’est de conférer à la femme la
qualité d’épouse, SigapTa dvat. La synonymie des mots
Èyyuxv et Ixooovat, synonymie qui est attestée non seule¬
ment par plusieurs lois13, mais encore par les plaidoyers
des orateurs14, montre, d’autre part, que l’engyésis
constituait autre chose qu’une simple promesse ' "• Si, du
reste, l’engyésis n’avait constitué qu’une phase prepaia
toire dans la conclusion du mariage, celui-ci ne seiait
devenu parfait que par un acte ultérieur, et certainemen
ces orateurs, qui traitent à chaque instant dans leuis p ai
doyers du mariage et de ses effets, nous auraient pm e
de cet acte décisif pour la formation du lien matrinionia^
11 y a bien, il est vrai, postérieurement àlengy*^.^
noce, yâgoç. Mais les formalités du y “t405’ clu'
point obligatoires pour la validité du mariage et a j
x ^ p. 449 ; ■
Dcmoslh. C. Eulul. § 54. — H Plalncr, Beitr. p. 109 et ^ ' ^ ft
Meier, De bonis damnat. p. GG; Wachsmutli, t. H, p. 1G8 » V!çjccolii, P**’
Lipsius, p. 505; Hermann-Blümner, p. 261; Van den Es, p. ' ■ ||, § 18- '
Lasaulx, p. 399; Philippi, Beitr. p. 74. — Denioslh. 1 ^ Cir.
14' \.ae. De Menai, her. SS 3 et s ’
13 id. C. Macart.
54.
her. § 29 ; Demoslh. C. Eubul. §§ 41, 43. — 15 Voir en ce sens
s Ilruza, I, !'■
30 cl»
U
124. Dareste, HaussoulUcr et llel
Gilbert, llandb. der griech. Staatsaltert. 2e édit, p
droit privé de .la Républ. athén. t. I, p. 124. Darc ,jnjon 5'
(liée, desinscr. jurid. gr. p. 52) ont admis sur ce point un< °P^ ^
qui nous semble conjecturale. Cf. Beaucbet, t. I, p- 110
i i Histoire
209; Bcaucl;et, ^ft(inacjl
ciale.
mat
— 164
MAT
l uils aboutissaient seulement à la.consomma-
"Ulédesen ‘ j . n.en élail pas moins formé dès
tion du mai wbc> i
j.jBgyés'S. d’ailleurs seulement pour objet la
I Ce tir fiancée à son mari; elle est ordinairement
rallU1' -, » née des formalités relatives à la dot. Il n y a
8CC0n'1 ' " eflet, de mariage sans dot et, au temps des
rre’s gj ja dot n’est pas essentielle à la validité du
oraU'l"("’ t,lle est presque indispensable pour sa preuve,
Tiw guère que par l’apport d’une dot que le mariage
t , se distingue du côncubinat [dos, p. 388]. Cette
Etion étroite entre l’engyésis et la dot est attestée
notamment par une inscription de Mykonos *.
L’engyésis pouvait, soit en raison de la volonté des
arlies, soit par la force même des choses, précéder
d’un temps plus ou moins long le ydg.oç, la consommation
du mariage2. Lorsqu’au surplus l’engyésis n’est point
accompagnée de la consommation du mariage, il ne
semble pas que le mari ait eu le droit de contraindre le
kyrios à lui livrer la femme 3 .
Le mariage. par voie d’engyésis paraît remonter, dans
le droit attique, à une époque fort reculée. L’engyésis,
dont l’existence est attestée dans les lois de Solon \
a-t-elle été substituée par ce législateur à une autre
coutume, ou bien Solon s’est-il borné à la réglementer,
comme il l’a fait pour plusieurs autres institutions
relatives, soit aux femmes en général, soif au mariage?
La dernière hypothèse parait la plus vraisemblable8.
L’ancienneté du mariage par voie d’engyésis paraît
d’autant plus probable que cette institution n’est point
spéciale à Athènes, et qu’elle paraît commune à toute la
Grèce. Son existence est attestée à Mykonos0, à Ivéos \
à Sparte8 et en Messénie9, et il y a tout lieu de croire
qu’elle était également pratiquée dans les autres cités
grecques.
L’engyésis du droit attique est un conlrat qui se passe
exclusivement entre le kyrios et le futur mari. La future
épouse n’y est sans doute pas étrangère, car son assen¬
timent, s’il n’est pas exigé par la loi, semble requis
par les mœurs, mais juridiquement la femme ne joue
aucun rôle dans le contrat ; elle en est seulement l’objet.
A Sparte également, le citoyen qui recherche une fille en
mariage doit d’abord s’assurer le consentement du père
nu du parent qui a autorité sur elle. En cas de contesta¬
tion sur le point de savoir à qui, parmi plusieurs préten¬
dants, la femme doit échoir, les rois tranchent la diffi¬
culté10.
f intervention du kyrios dans le contrat d’engyésis a
pour unique fondement la puissance tutélaire attachée à
ce titre; 1 idée de protection y est tout à fait étrangère.
1 kyrios, ayant du reste le droit absolu de disposer de
*a pupille, est libre de la marier ou de ne pas lui donner
' poux11. H a, d’autre part, toute liberté pour choisir le
mari de sa pupille. Celle-ci pourrait toutefois, si on lui prê¬
chait un fiancé indigne, intenter contre son kyrios lYeray-
lou ^ aclion ouverte d'une manière générale à
‘ s incapables contre leurs représentants, lorsque
s. : nij y ^souiller el Reinach, p. 48 et s. - 2 Demoslli. C. Aphob. I, §§ 4 cl
1. 1, p up ^c'er, Sclioemann et Lipsius, p. 508 ; Hruza, I, p. 43 ; Beaucliet,
t p. 25 et ’ Dcmosll>. c. stephan. 11, § 18. — 5 Philippi, Beitr. p. 77 ; Hruza,
I. i._ i p| ’ ■' •'“■chol , t. I, p. 132 — s Dareste, Haussoullier et Reinacl), p. 49,
'-'Ucl. V„ ' Mwal' (Dülmer), I, p. 108. — 8 Herod. VI, 57.— 9 Paus. IV, 9, § 5.
1.1, p. i35 [ cl* Sclioemann, trad. Galuski, t. I, p. 305. — UBoauchet,
'U- t. I, p. 135 ; contra Hruza, I, p. 73, note 35. — 13 Demosth,
ceux-ci commettent à leur égard un acte blâmable12.
Enfin le kyrios est maître de procéder à l’engyésis, même
si sa pupille est encore impubère13 ; mais la consomma¬
tion du mariage ne peut, naturellement, avoir lieu
qu’après que la fille a atteint l’âge de la puberté. Les
mœurs viennent toutefois adoucir la rigueur du droit du
kyrios el la femme peut, dans certains cas exceptionnels,
être consultée sur le choix de son mari “.
C’est le futur mari qui, dans l’engyésis, stipule lui-
même du kyrios la tradition de la pupille. Mais il faut
naturellement, pour figurer dans ce contrat, que le fiancé
soit majeur, c’est-à-dire qu’il ait été inscrit sur le Ar,;tap-
yotôv ypaggaTsiov. A cette époque cesse la puissance
paternelle ou la tutelle et le citoyen majeur a pleine
capacité pour procéder seul à son mariage comme a
tous les autres actes de la vie civile. Le père du futur
époux n’a donc point à donner son consentement au
mariage, mais tout au plus un conseil15. Quant au futur
mari, dont le consentement est absolument libre, en
principe, il parait cependant que, dans un cas excep¬
tionnel, il pourrait être contraint indirectement au
mariage, à savoir : en cas de viol d’une vierge, où le
coupable, au témoignage d’Hermogène, aurait eu à choisir
entre la mort et le mariage sans dot avec la femme lésée,
si celle-ci ou ceux qui avaient autorité sur elle y consen¬
taient18. Mais ce cas paraît fort contestable11.
L’engyésis devait comporter certaines formes solen¬
nelles, destinées à constater d’une façon absolument
certaine l’échange des consentements. C’est à cette
solennité de forme que fait vraisemblablement allusion
la loi de Solon citée dans le second plaidoyer contre
Stéphanos, § 18, OÙ il était dit r,v av iyyuij<r/| èitî Sixaiotç
oâgapxa slvat. Le plus ancien témoignage concernant ces
formes légales parait fourni par Hérodote18 dans le récit
qu’il fait du mariage d’Àgariste, fille de Clisthène, tyran
de Sicyone, et où, bien que la scène se passe à Sicyone,
l’engyésis parait bien conclue conformément au droit
attique. On y voit d’abord que le contrat se passe en
présence de témoins : c’est ce qu’attestent aussi les
plaidoyers des orateurs19. Les témoins amenés par
chacune des deux parties, et pris parmi les parents ou
amis, sont en général assez nombreux, eu égard à l’im¬
portance du contrat. Les témoins appelés à constater
l’engyésis servent en même temps à attester la constitu¬
tion de dot qui accompagne habituellement cet acte-20.
Mais leur présence est plutôt considérée comme une
sûreté que comme une formalité essentielle pour la vali¬
dité de l’engyésis. Dès lors, leur absence exposait seule¬
ment les intéressés à des difficultés de preuve21.
Il ne semble pas, d’autre part, que la volonté des
parties ait dû se manifester par des formules solennelles*4.
Le kyrios doit toutefois, naturellement, désigner d’une
manière précise la femme qu’il promet au futur mari, en
indiquant notamment à quel titre elle se trouve sous sa
puissance23. Le kyrios déclare également la filiation
naturelle ou légitime de sa pupille21. Au surplus, l’engyésis
étant un contrat qui se passe exclusivement entre le
C. Aphob. I, § o. — t* Isae. De Mcnecl. hcr. §§ 8 et 9 ; cf. Hruza, I, p. 73. — Do-
niosth. C. Bocotum, II, § 12. — 46 Hermog. n. <rra«r. 10, p. 39. — 17 Meier, Sclioe-
in a un cl Lipsius, p. 509 ; Thonissen, Le droit pénal de la Bépubl. athén. p. 320;
Beaucliet, t. I, p. 139. — 18 VI, c. 181. — 19 Isae. De Pyrrhi lier. § 29; Demoslli.
C. Onetor. I, § 21. — -0 [sae. L. c. — 21 Beaucliet, t. 1, p. 141. — 22 Hruza, I, p.
77 ; contra Meier, De bonis damnat. p. 06, note 219. — 23 Demoslli. C. Neaer. 50.
— 21 Isae. De Pyrrhi her. § 45; cf. Dareste, Haussoullier etHeiuacli, p. 52.
MAT
— 1042
kyrios et le futur mari, la présence do la fiancée n’y est
point nécessaire et ne s y comprend pas, puisque la
femme n’a point de consentement à y exprimer1.
Si le mariage existe légalement, à notre avis du moins,
dès 1 engyésis, la cohabitation des époux n’en est pas
moins le but final et hautement avoué du mariage, car
celui-ci n'est contracté que pour donner naissance à des
enfants. C'est cette consommation du mariage qui
constitue à proprement parler le yâp.oç, par opposition à
l’èyytVn;. Le yctaoç, dans son sens propre, c’est la copula
rama iis, ainsi que cela résulte de nombreux témoi¬
gnages, notamment de ceux de Clément d’Alexandrie et
de Pollux-. Quant aux cérémonies religieuses ou autres
en lesquelles consistait le yxu.oç, elles seront exposées
plus loin.
Les cérémonies de la noce étaient ordinairement
suivies d une autre formalité, sur la signification de
laquelle existent des doutes sérieux, et qui est désignée
dans les plaidoyers des orateurs par ces termes : eiertpepsiv
yaaTjAtav {itveo tt,ç yuvaixb; toÏç ippacToptnv 3, expression qui
était même devenue proverbiale4. C’est le mari qui, à
1 occasion de son mariage, procède à cet acte, dont l’objet
est tantôt un sacrifice, tantôt un présent offert aux
cppâropsç, ou peut-être même les deux à la fois. La yaRXfa
ne parait pas, du reste, avoir été spéciale au droitattique,
car une inscription de Delphes parle d’offrandes dites
yip.E>,a, qui correspondent évidemment à la yag-^Xia athé¬
nienne5.
Dans l'opinion générale, la prestation de la yaRXt'a
correspondrait à une formalité d'ordre public, analogue
à 1 introduction des enfants légitimes ou adoptifs dans la
phratrie paternelle, le mari présentant sa femme à la
phratrie à laquelle il appartient et faisant inscrire son
union sur le registre de la phratrie. Un sacrifice était
alors accompli et un banquet était offert aux phratores,
et peut-être aussi une somme proportionnée à la fortune
du mari était-elle versée dans la caisse de la phratrie ou
servait-elle à couvrir les frais du banquet. Par cette
introduction dans la phratrie de son mari, la nouvelle
épouse était associée aux sacra de celui-ci et, en même
temps, devenait étrangère à ceux de sa famille d’ori¬
gine®.
Cette opinion nous semble accorder une importance
excessive à la prestation de la gamélia. Celle-ci con¬
siste, à notre avis, uniquement dans une redevance que
le nouvel époux paye, sans y être du reste obligé, à sa
phratrie, à l’occasion de son mariage ; mais le payement
de la gamélia ne suppose nullement l'introduction de la
femme dans la phratrie du mari, et il sert seulement à
procurer, le cas échéant, une preuve plus facile du ma¬
riage 7. Rien, en effet, dans les plaidoyers des orateurs,
les seuls textes sérieux en la matière, ne laisse supposer
que la prestation de la gamélia corresponde à l’introduc¬
tion des enfants dans la phratrie : la différence même de
terminologie employée pour l’épouse et les enfants8
montre que les formalités usitées avaient dans l'un ou
1 autre cas un caractère bien différent. De nombreux
1 Dcinoslli. I. I. p. 142 — 2 Clein. Alex. Slrom. liv. Il, c. 23 ; Poil. Onom.
III, 37-38 ; cf. Uruza, I, p. 129 et s. — 3 |sae. De Pyrrhi lier. §§ 76, 79;
De Cir. lier. §§ 18, 20; Demostli. C. Eubul. §§ 43, 09. — 4 Siiid. s. ».
1 apqXta. 5 Cf. Honiolle, Bull, de corr. hell. 1895, p. 41. et s. — 0 Van
Slegeren , De conditione civili feminarum alheniensium, p. 80-87; Meier, De
gentil, allie, p. 17, 18 et De bonis damnat. p. 00; Plalner, Beitr. p. 152;
Selioemann, sur Isée, p. 203 ; Hcrmann-BUinmer, I. Il, p. 203 ; Schmidt, Ethikder
MAT
textes nous parlent de l’ad
phratrie et de
111011 de 1 admission des ünr-, ,
)s effets qu’elle entraîne i. " s ,liUls
traire il n'est question d'une intr'XAT?' * «■
pour la nouvelle épouse, et il serait • ' e Ce f
avait eu lieu, qu’on n’y eût fait allusionVuf! r § .
s.on équivoque ei^pttv yaRXt'av. LafemVet. ^
demeure donc, malgré le mariage, dans sa 1 ï ?8’
gine. Phratrie dori-
La prestation de la y«RXta, qui est du » ,
volontaire de la part du nouvel époux’ e’ ioule
sorte de devoir imposé par la coûta i un"
aussi par la religion, eu égard au caractère Jf®?
la phratrie. La sanction de ce devoir consistait R ^
blâme de l’opinion publique et dans l’exclusion dr î'- *
lices accordés aux membres de la phratrie'. Le défa!
prestation delà gamélia pouvait aussi, dans certains nt
entraîner un inconvénient assez sensible. Cette
lion avait, en effet, à plusieurs égards, le même caractère
que le sacrifice offert aux dieux de la phratrie lors de 1
présentation d’un enfant, c’est-à-dire quelle constituait
une manière de publicité de l’acte juridique, mariage ou
reconnaissance de paternité, en le portant officiellement
à la connaissance d’un assez grand nombre de personnes.
La prestation de la gamélia présupposant l’existence,
d'un mariage, le témoignage des phratores pouvait être*
très précieux lorsque l'existence du mariage était con¬
testée. Aussi les orateurs, dans les procès de ce genre,
attachent-ils une grande importance au témoignage des
phratores9. La preuve de la prestation de la gamélia
peut donc fournir indirectement une preuve delà forma¬
tion du mariage.
Le mariage n étant inscrit d’ailleurs ni sur Je registre
de la phratrie (du moins dans notre opinion), ni, à plus
forte raison, sur le registre du dème, il n’en existait
aucune preuve écrite et, en cas de contestation sur son
existence, on était obligé de recourir à la preuve testi¬
moniale ou à d’autres preuves indirectes. La preuve testi¬
moniale pouvait être fournie soit par ceux qui avaient été
invoqués lors de l’engyésis, soit par ceux qui avaient
assisté aux cérémonies de la noce, soit enfin par les
phratores à qui le nouvel époux avait offert la gamélia.
La possession d’état et la conduite de la femme, soit dans
la famille, soit au dehors, pouvaient également être
prises en considération10. Parmi les preuves indirectes,
on peut citer aussi celle qui résulte de l’existence dune
dot, car la constitution de dot est un signe caractéris¬
tique du mariage. La constitution de dot était même sou
vent constatée, comme sur un registre de Mvkonos ,
par un écrit où se trouvait mentionnée également 1 en
gyésis12. j J
b. Formation du mariage par épidicasie. — j£1tt01
xocoua, mode exceptionnel de formation du mariagj
siste dans une procédure suivie devant le mage- >• ^
devant un tribunal et dont le but est de revendiqm^
titre d’épouse la femme qui se trouve dans ‘ 1,1,1
homologation par
XŸgm Pre'
épousé la femme qu
situations spéciales. Elle aboutit à
l’archonte ou par les héliastes de la requête,
-, , ,«.1,1,1 Griuro-ilali^1
allen Griechen, t. H, p. 170; Pliilippi, Beitr. p. 70 cl l-i» , * ’ { ^ p. 110-
Bechtsgesch. p. 730 et s. ; cf. Dareste, Plaid, cir. de Dt "lw'' ^ s _ « Jsac.
— 7 Uruza, I, p. 133 et s. ; Hilbert, I, p. 209 ; Beauclicl, I, P- ^ -o : l)t Cir
De Pyrrh. lier. § 76 ; De Cir. lier. § 20. — 9 Isae. De Pyn j* , . § 13.
_ io Isac. Be i ,/ i
hcr. §§ 18 et s.; Demostli. C. Eubul. §§ 43, 09
— il Dareste, Haussoullier cl Rcinach, p. 49 el s
p. 1 53.
_ 12 Cf. Iicai1
iclict.
1. 1,
MAT
— 1643
MAT
le revendiquant etqui, manifestant de sa part
.,M j0 prendre pour épouse la femme èTtîôixoç,
l intenUl|!!, Ire avis, pour la formation du mariage en cas
suf*'1 " u a iieu à épidicasie dans différentes
d'épHla^u . tous ies cas, la procédure est la
jjypotliobi & , ’ indiqué le mécanisme en traitant des
même et on
• ipres Tu'ikleros.].
éP“ ;n‘lier cag d’épidicasie est celui de la fille épiclère.
j ^second cas a lieu lorsqu’un père de famille, n’ayant
L" me ou plusieurs filles, se crée par testament un fils
qi|'!,iif, lequel est alors soumis par la loi à l’obligation
r ' *' Lr la fille du testateur ou celle de ses filles dési-
depou&ti ici , , . j. .i
Jc r luj. H y a lieu, eu pareil cas, a une epidicasie de
Su- fille par l’adopté, et cette revendication s’applique
en même temps, comme dans le cas d’épiclérat, à la fille
et à la succession, car les deux sont inséparables ‘.No us
rencontrons un troisième cas d’épidicasie lorsqu’un
citoyen sans enfants mâles adopte une femme, laquelle
se trouve alors dans une situation semblable à celle de
répiclère et peut être l’objet d’une revendication sou¬
mise aux mêmes règles que s’il s’agissait d’une fille épi¬
clère2. H y a lieu enfin à épidicasie dans le cas de lega-
lummulieris, c’est-à-dire lorsque le kyrios d’une femme,
au lieu de la donner en mariage de son vivant, dispose
de sa main par acte de dernière volonté en faveur d’un
autre citoyen 3.
B. Conditions de validité du mariage. — Dans le droit
attique, la théorie des conditions de validité du mariage
se trouve singulièrement simplifiée. Ainsi d’abord, en ce
qui concerne le consentement des époux, il n’y a pas à
se préoccuper du consentement de la femme, puisque
celle-ci ne joue, comme nous l’avons vu, qu’un rôle passif,
soit dans l’engyésis, soit dans l’épidicasie. Quant au con¬
sentement des personnes qui ont le droit de puissance, il
ne peut en être question que pour le kyrios de la femme.
Quant au futur époux, nous avons établi qu’il n’est sou¬
mis à aucune condition analogue.
En ce qui concerne l’âge des époux, le mariage ne
peut être contracté que par ceux qui ont atteint l’âge de
la puberté. Cette règle n’est vraie toutefois d’une façon
absolue que pour le futur mari qui stipule personnelle¬
ment au contrat et qui ne peut y figurer que lorsqu’il a
la capacité requise pour contracter, c’est-à-dire après
qu il a accompli sa dix-huitième année et qu’il est inscrit
sur le Xv^iapyyjcbv ypap-gaieTov t. Quant à la femme, elle
peut, bien qu’elle soit encore impubère, former l’objetdu
contrat d’engyésis, ou si elle est épiclère, être revendi¬
quée comme épouse par l’anchisteus. Mais la consom¬
mation du mariage ne peut avoir lieu qu’après que la
emme a atteint la majorité requise pour le mariage 5. La
„01 lle Para‘t- point, du reste, avoir fixé d’âge à cet égard,
cet SeiU^e résulter d’un plaidoyer de Démosthène 6 que
ago doive êlre fixé à quinze ans, d’autres témoignages
c^1 nt qu une fiiie pouvait être mariée avant cet âge, à
eize mème à douze ans7.
— 3 Bunscu l>e' ' ® 68 ’ Arist- her. § 13; cf. Beauchct, t. II, p. 31.
Uerraann Tliai], /'" 6 ^^len- P- ; ilobiou, Questions de droit attique, p. 05 ;
Uruza, I p J!™’ Meier, Schoemann cl Lipsius, p. 545, u. 105 ;
famil, ajuui ,7'ccoaU P- 71 ; Beauchct, t. Il, p. 41 ; contra Van tien Es, De jure
ïeauclict, t i , p *' N *' 3 Demost1'- C. Steph. 11, § 23; cf. llruza, 1, p. 61 :
r'l Lipsius a !h • * 7 an a°n Es, P- SV ; Van Stegeren, p. 70 ; Meier, Schoemann
mosih. C.' .1 / ' ,,'r,“»“n-Mümner, p. 30, n. 1; Beaucliel, t. I, p. ICI. — ■ llc-
— 1 Xcn, />„/ ,,’i§- * S’ ’ ® c1- Ueanchel, t. I, p. 159. — 11 /_. c.
rts. Wiicli ’ ' ricdlandcr, Darstelt. aus dur Sittengesch. Homs, 1,501
"u,l'i U, p. 169, qui invuipie uolammenl eu ce sens Diogène Lafirce,
Quant aux empêchements pouvant résulter de la
parenté, il en a été question précédemment en exposant
les cas où il y a inceste dans le droit grec [incestlm,
p. 449 .
En dehors de la parenté, on a prétendu que, du moins
pendant un certain temps, le droit attique avait admis
certains empêchements au mariage provenant de la tutelle
et destinés à protéger les mineurs contre 1 avidité d<-
leurs tuteurs8. Mais l’existence de semblables prohibi¬
tions ne paraît nullement établie9.
C’est aussi une question controversée que celle de
savoir si l’extranéité de l’une des parties constitue un
empêchement à l’existence d’un mariage légitime produi¬
sant tous les effets de l’union contractée entre deux
citoyens. Dans une théorie qui est généralement admise10,
il ne peut exister de mariage légitime qu’entre citoyen et
citoyenne, à moins que, par une faveur spéciale, le droit
de contracter un mariage valable, c’est-à-dire 1 épigamie
(âmyocgt*), n’ait été accordé à un étranger, soit individuel¬
lement, ce qui était le cas habituel, soit à des commu¬
nautés entières. Cette théorie a pour fondement principal
les lois citées dans le discours de Démosthène contre
Nééra11, qui punissent de peines assez sévères le mariage
contracté dans certaines conditions entre citoyens el
étrangers et qui, dit-on, supposent qu’en principe le
mariage n’est permis qu’entre personnes jouissant toutes
deux du droit de cité. Elle s’appuie, en outre, sur un
certain nombre de cas où il y aurait eu concession de
l’épigamie, soit à des citoyens isolés, soit à des cités12,
et d’où ilrésulte, a contrario , dit-on. que, sans cette con¬
cession, les étrangers ne peuvent contracter de mariage
valable avec les Athéniens. Le droit attique aurait mème,
suivant certains auteurs, fortifié par une sanction pénale,
par une action dite èçayioyT|Ç <hxy|, la prohibition du ma¬
riage entre Athéniens et étrangers [exagogès dikè . Les
partisans de cette théorie ne sont point, du reste, d'accord
sur le point de savoir à quelle époque l’épigamie serait
devenue une condition légale du mariage. Suivant les
uns, la prohibition du mariage entre Athéniens et étran¬
gers aurait existé même avant le décret rendu par Péri-
clès en 451 13 qui refusait désormais le droit de cité à
ceux qui n’étaient point nés de père et mère citoyens.
Suivant d’autres, elle serait seulement postérieure à ce
décret.
La* théorie de l'épigamie est toutefois, malgré la
faveur dont elle jouit, fortement contestable. Visible¬
ment inspirée de la théorie romaine du connubium, elle
ne présente cependant, comme la démontré llruza‘%
aucun intérêt sérieusement appréciable dans le droit
attique. Elle parait, en outre, contredite par des docu¬
ments très sérieux. Il est certain d’abord qu’avant le
décret de Périclès, le droit attique a reconnu la validité
des mariages mixtes, et l'on peut citer plusieurs cas
de mariages contractés entre personnes de nationalité
différente et dont la validité ne parait avoir soulevé aucune
1 36. — 9 Meier, Schoemann et Lipsius, p. 503 ; Scliulthess, Vormundscliaft nach
attischem Jlechte, p. 81 ; Ciccolti, p. 19 ; Beauchct, t. 1, p. 178. — 10 Schocmaun-
Galuski, 1, p. 407 ; l'iatner, Process , H, p. 240 el Beitr. p. 100 ; Tlionisscn, p. 340 ;
Hermanu-Thumser, Staatsalterl. p. 443; Van den Es, p. 23; Gilbert, I. p. 208 ;
Ciccolti, p. 16 ; Meier, Schoemann el Lipsius, p. 442 ; Vau Stegeren, p. 64 : Hermanu-
Th&lhcim, p. 21, u. 2; Dareste, Plaid, eiv. 1, p. 41, n. 4, p. 311, n. 19 ; Clerc, Les
métèques athéniens, p. 207 ; Miiller-Busolt, Handb. der klass. Alterth. I. IV, 1, p. 141.
_ il 17,52. — >2 Isocr. Plat. XIV, § 51 ; Lvsias, De liepubl. XXXIV, 3 ; Deniostli.
I'ro coron. §§ 91 et 187. — 13 Arislot. Constit. des Atlicn. c. 20. — 14 II, p. 103
et s.
MAT
— 1 644 —
objection. Plusieurs Athéniens illustres, bien qu'issus
d'une mère étrangère, furent considérés comme légitimes
et comme citoyens : tels notamment Clisthène, le grand
réformateur1, Thémistocle 2 et Cimon3. Le décret rendu
sur la proposition de Périclès, en 451, dut sans doute
avoir une grande influence sur les mariages mixtes, mais
on a fort exagéré cette influence. Le décret de Périclès,
à notre avis, n'a porté aucune atteinte à la validité des
mariages mixtes. Sans doute, les enfants nés de ces
unions ne pouvaient plus, comme auparavant, prétendre
a la jouissance du droit de cité ; ilsdevinrentvôOot au point
de vue politique. Mais ils n’en demeurèrent pas moins
légitimes et conservèrent, en principe, la jouissance de
tous leurs droits civils, n’étant point ainsi vd0oi au point
de vue du droit de famille. On peut citer, en effet, un
assez grand nombre de cas de mariages mixtes ayant
donné naissance à des enfants dont la légitimité est
incontestable *.
Les arguments sur lesquels on fonde la théorie de
I épigamie sont, d’autre part, très discutables. Ainsi,
d abord les lois citées par Démosthène dans son discours
contre Nééra ne prononcent en aucune manière la nullité
du mariage par cela seul qu’il aurait été contracté entre
Athénien et étrangère. D’autre part, elles requièrent pour
leur application une fraude spéciale du côté de la partie
pérégrine °. Quant à la prétendue action pénale nommée
icaywYT|Ç o tVr„ rien ne prouve son existence dans le droit
altique exagogès dikè]. En ce qui concerne enfin
les documents où l'on a voulu trouver des cas de conces¬
sion d’épigamie, nous observerons d’abord que les cas
allégués se réfèrent tous à une concession collective et
qu on n'en cite aucun ayant trait à un individu déterminé.
Or si, comme on le prétend, l’épigamie avait pu être,
comme le connubium à Home, concédée soit isolément,
soit collectivement, il serait étrange que les inscriptions
ne nous eussent révélé aucun cas de concession indivi¬
duelle. i\ous en possédons, en effet, un grand nombre
concernant la concession d’une faveur analogue à des
métèques, à sax’oir de l’isotélie6, et il serait singulier
qu'il ne nous en fût parvenu aucune relative à la con¬
cession de l'ëpigamie. Quant aux divers cas de conces¬
sion collective d'épigamie que l'on prétend trouver dans
les discours des orateurs, ils ne sont nullement décisifs 7.
II parait donc plus exact d’admettre que les mariages
mixtes n’ont jamais été prohibés par la loi athénienne.
11 n'existe d'autre part, à Athènes, aucune prohibition
au mariage provenant de la différence de classes des
époux, et un citoyen de la première classe peut valable¬
ment épouser une femme d'une classe inférieure8.
C. Effets du mariage. — LA V égard des époux. Les
effets que produit le mariage à l'égard des époux sont
relatifs soit à leurs personnes, soit à leurs biens. Nous
ne nous occuperons pas ici des rapports pécuniaires des
époux qui ont été précédemment exposés [dos]. En ce
qui concerne leurs rapports personnels, on admet géné¬
ralement que le mariage a pour effet d’investir le mari
de la tutelle de la femme et que tous les pouvoirs qui
appartenaient au kyrios sont désormais exercés par le
l Hcrod. VI, p. 130 et s. — 2 Plut. Themist. c. 1 et 2 ; Cornélius Nep.
Ibid. c. i. — 3 Herod. VI, 139; Plut. Cimon , c. 4. — 4 Voir les divers cas cités par
Hruza, II, 129 et s. — 5 Hruza, II, p. 139. — 6 Clerc, p. 200 et s. — 7 Hruza,
p. 144 et s. ; Beauchet, t. I, p. 210 et s. — B Van den Es, p. 33 ; Beauchet, I. I,
p. 212. — 9 Dareste, Journ. des sav. 1874, p. G21 ; Van Stegeren, p. 35, 102; Platner,
Process, t. II, p. 275; Haffter, Die Erbtochter nach attischem Iiecht , p. 35 et 79 ;
MAT
mar.A Certains textes montrent, en effet i
çan les fonctions de kyrios de sa femme ■» ,
seulement à Athènes, mais aussi à Ténos" C°la
Dans une autre théorie, qui nous semble ni,
on admet que si le mari peut avoii> Is t,Xacle
lll!,1'i oxer- 1
non
ordinairement la qualité de kyrios de si
°ir souvent et a
sa femme
"mine 1
point cependant la tutelle en vertu du ? 11 "exerce
mais en vertu d’un titre spécial, antérieur* l?8® mèrae-'
au mariage. Si donc le mari n’a point un r, neur
pour exercer cette tutelle, la qualité elles no" ^
kyrios appartiennent à celui qui était investi deS
Lion avant le mariage, et la femme est ainsi Jnc'
parallèlement à deux puissances distinctes" rT
seconde théorie, qui est parfaitement conciliable’, 6
textes, permet seule d’expliquer comment le
devenu kyrios de sa femme, cesse de l’être quand le J]
nage est dissous. En effet, le pouvoir du kyrios o
s’exerce indépendamment de toute relation’ maritale1
devrait logiquement survivre au mariage, et cependant
l’on admet généralement que si le mariage se dissout
par le divorce, la femme retombe sous la puissance du
kyrios qui exerçait la tutelle antérieurement au mariage.
Si l’on admet que le mari n’est pas de plein droit le
kyrios de sa femme, il faut dire que le kyrios conserve
les pouvoirs qu'il avait antérieurement sur la femme,
sauf ceux dont il a fait délégation expresse ou tacite au
mari. Ainsi le kyrios conserve le droit de disposer de la
personne de sa pupille et, par suite, il possède le droit
de dissoudre le mariage par sa seule volonté et de
reprendre sa pupille [divortium, p. 320]. Mais tant qu’il
n'use pas de ce droit, la femme est, par la nature même
du mariage, tenue de résider avec son mari. D’autre part,
le kyrios conserve en principe les pouvoirs qu’il avait
sur les biens de la femme, et c’est lui, en règle, et
non le mari qui doit intervenir pour assister la femme
dans un acte de disposition ou pour la représenter en
justice. Mais relativement aux biens constitués en dot,
en admettant d’ailleurs, ce qui est contesté, que le mari
n’en devienne pas propriétaire, il a, en vertu du contrat
de mariage passé avec le kyrios, l’administration et la
jouissance de ces biens [dos].
Abstraction faite de la puissance du kyrios, le mariage
produit d’autres effets en ce qui concerne les rapports
personnels des époux. Ainsi, d’abord les époux ont le
même rang dans la société, et, à l’époque où la noblesse -
existait comme caste spéciale et possédait certains pn"
lèges, la femme mariée à un mari noble devenait noie
elle-même13. La femme prend, d’autre part, h; domine
légal du mari, du moins dans le cas où celui-ci ‘ .
kyrios. Dans le cas contraire, elle conserve son doiniu^
chez son kyrios, du moins si l’on admet la thcoi i . I ^
laquelle le mari n’est pas de plein droit le !'■> 1
femme. . nr je
On a prétendu qu’à Athènes la femme déco 1^^
fait du mariage, étrangère au culte de sa kiim
gine et qu’elle adopte nécessairement celui de ^(er.
Mais cette manière de voir repose sur une f"" ^ j>on
prétation de la formalité relative à la YaPd"
Il nu ThaH,e*ni*
Meier, Schoemann et Lipsius, p. 506et 504; Schullhess, p. ^ QCinogtlb I •
p. 9 ; Caillemer, Les papyrus grecs , p. 20 ; Van den Es, p- « .-inthius. ^
p. 20 ; Van tien c-», v- t? ,aiAlliius,
Aphob. II, § 15; Pro Phorin. §§.28 eli , _ !
lliacl. XIX, 291.— n Dareste, Haussoullior et Reinach, p- ^ ( i,p. 31*«1^
Hruza, II, p. G9 et s.; Philippi, Gfitt. gel. Ans. 1807, p. "C ca ^ ^ c. 2.
—13 Beauchet, 1. 1, p. 220.— K luislel de Coulanges, Cité an ’î1" ’
MAT
— 1045 —
MAT
ne nous l’avons fait, que la prestation de la
admet' ' " , formalité oui n’a trait qu’à la preuve du
iment pour effet d’as-
i et que celle-ci con-
P ’ ,st une formalité qui n’a tr;
gl"""p jl faut dire qu’elle n’a nulle
®a"' T’fümme au culte de son mari
■ h femme ai
s0f" le mariage, à participer au culte de son
ie' "(.'v^ seulement dans le cas où le mari est tuteur
kvrios.
entre les époux communauté com-
de sa femme qu’il y a
Le juris divini.
p Si indépendamment de la qualité de kynos, qui peut
‘ ^,,er au mari des pouvoirs considérables sur sa
IV 1(!S Jeux époux sont, en général, sur un pied
né alité le mari a cependant en droit la flirection géné-
L je J,, là famille, ce qui comprend la femme aussi bien
|(,s ànfants. H exerce vis-à-vis de sa femme ce qu’Aris-
toU- nomme une à?rÔ YW1- c’est-à-dire qu’il est le
chefde l’association conjugale dans tous les points qui
ne dépendent point de la puissance tutélaire.
Le mari est tenu non seulement de recevoir sa femme
au domicile conjugal, mais encore de subvenir à son entre¬
tien suivant son rang et sa fortune. Si le mari néglige
de remplir cette obligation, la femme peut s’en prévaloir
1 comme d’une juste cause de divorce, àzdXstf-.; [divortiüm,
p. 319].
Lorsque la femme mariée est une épiclère, son mari
est tenu envers elle à certaines obligations spéciales
précédemment exposées [epikleros, p. 664].
Quant au devoir de fidélité, on a précédemment
exposé dans quelle mesure il existait entre les époux et
quelle en était la sanction [adulterium, p. 641.
II. A l'égard des enfants. — Le mariage, dans le
droit grec, a pour but principal et hautement avoué la
procréation d’enfants destinés à perpétuer le culte domes¬
tique et à offrir au père de famille, après sa mort, la série
des repas funèbres qui doivent assurer le repos et le
bonheur à ses mânes ainsi qu’à ceux de ses ancêtres. Le
mariage a d’autant plus d’importance à cet égard que le
fils qui doit perpétuer la religion domestique doit être
issu d’un mariage légitime, car l’enfant naturel ne peut
pas remplir le rôle religieux dont nous venons de parler.
L étude des. effets du mariage nous amène donc naturel¬
lement à l’étude des effets de la filiation, c’est-à-dire du
lien qui rattache l’enfant né du mariage à ses auteurs.
ha tiliation ne peut évidemment produire un effet
quelconque que si elle est légalement certaine. Cette
Certitude existe toujours à l’égard de la mère, parce que
1 accouchement est un fait matériel facile à constater dans
tous ^es cas- La paternité est, au contraire, incertaine
® ne l)eu^ guère s’établir que par présomption. A cet
egard 'e ^r°il grec a, comme le droit romain, admis
'llh 1 enfant est présumé avoir pour père le mari. Il faut
toutefois, pour
la femme ait c
mariage. Or
J] *a éurée légale d’une grossesse, on doit admettre,
1111 Passage de Platon2, où le philosophe se
ga Uul 'Ia>semblablement au droit en vigueur dans
ImoL 'à' ’.<IUe ^urée minima de la gestation est de six
LenV ' 'nS ^t lft durée maxima de dix mois pleins.
anl’ P°Ur être légitime, doit donc être conçu au plus
1 Atistol. Polit i
fl, n 3*o ■ ' C' '' — 2 fiat. Civil. I. V, p. 461 d. — 3 Beaucliet,
, ' , • 4 Arist. *"
01s> Pour l’application de cette présomption, que
conçu ou ait pu concevoir pendant le
en ce qui concerne les limites extrêmes
ga
i.jsupj . Hket. II, c. 23, g 11. — s Andocid. De myster. § 125
:;r- sur la 1,1 ’ *sao' Pyrrl1- Aer. g 70. —7 Harpocr. s. u. î5So|*.
yj’">T'1' noi'nmnn-Blümnor, Privât ait, p. 282; Beaucliet, t. I, p. 341.
cl s' ~ 6 Eui'i
* C
tard le cent quatre-vingt-unième jour et au plus tôt le
trois cent unième jour avant celui de la naissance, el le
délai pendant lequel la loi place ainsi la conception esl
de cent vingt et un jours. Il faut toutefois admettre, bien
qu’il n’y ait pas de texte à cet égard, que le mari pou¬
vait décliner la paternité de l’enfant en prouvant que
pendant ce délai de cent vingt et un jours il avait été dans
l’impossibilité de cohabiter avec sa femme3.
Le mari ne parait pas avdir la faculté de désavouer
l’enfant pour cause d’adultère de sa femme, ou du moins
le désaveu aurait alors très peu de chance de réussir en
présence de ce principe de droit grec, rapporte par Aris¬
tote, que « quand il s'agit de reconnaître des enfants,
c’est surtout aux femmes qu’on s'en rapporte pour décou¬
vrir la vérité '* ». Il semble toutefois qu à Athènes le mari
qui a des doutes sur sa paternité ait le moyen de la
décliner : ce serait de répudier sa femme puis de prêter,
lors de la présentation de l’enfant à la phratrie par les
parents de la mère, le serment que l’enfant n’est pas de lui ".
A la preuve de la filiation se rattachent deux forma¬
lités, à savoir la o£xixT| et l'introduction de 1 enfant dans
la phratrie. La première, qui s'accomplissait géné¬
ralement le dixième jour après la naissance de 1 enfant,
consistait en un sacrifice solennel, auquel on convoquait
les proches parents, qui apportaient du reste au nou¬
veau-né certains petits présents6. Cette cérémonie, fêle
de famille ayant un caractère purement privé dans
laquelle on donnait un nom à l'enfant ', n en présentait
pas moins un certain intérêt au point de vue juridique,
car elle constituait de la part du père de famille une sorte
de reconnaissance de sa paternité qui, plus tard, pouvait
être prise en considération en cas de contestation sur la
légitimité de la filiation8. Quant à la seconde formalité,
nous renvoyons à ce qui sera dit ultérieurement sur
l’institution des phratries [puratria].
Les effets de la filiation peuvent se diviser en deux
séries: les uns s’appliquent dans les rapports de l'enfant
avec ses deux auteurs ou leurs parents ; les autres se
limitent à ses rapports avec son père. Parmi les effets de
la dernière série, le plus important est la puissance
paternelle, dont il sera question dans un article spé¬
cial [patria potestas]. Un autre effet spécial aux rapports
de l’enfant avec son père est que celui-ci lui commu¬
nique sa qualité de citoyen. 11 n'en fut ainsi toutefois,
à Athènes, que jusqu’aux décrets de Périclès el d'Aris¬
tophane, car, après ces décrets, le citoyen athénien qui
épousait une étrangère ne conférait plus à ses enfants,
quoique légitimes, le droit de cité, réservé désormais
aux enfants dont le père et la mère en même temps sont
citoyens d’Athènes. Les enfants jouissent aussi quelque¬
fois des faveurs spéciales accordées au père: ainsi la
c(T7|<jiî £v npuTav£tw, ou nourriture au Prytanée aux frais
de l’État, peut être accordée à un citoyen et à ses
enfants5. De même les enfants succèdent quelquefois à
l’àT£)v£Îa, ou exemption de certaines charges publiques
conférée à leur père [ateleia] 10. Par contre, l'atimie, avec
toutes les conséquences qu’elle comporte, peut se trans¬
mettre aux enfants11 atimia]. Il semble même résulter
d’un discours attribué à Déinosthène12 que les fils de ceux
— 9 Demoslli. C. Theocr. § 30. — 10 Beauchel, t. I, p. 358. — U Demos! h.
C. Androt. § 33; C. Timocr . «s 201 ; C. Theocr. § 17; Corn. Ncp. Cini. § 7.
— 12 Dont. C. Arist. § 30; cf. Van don Es, De jure familiarum up. Athen.
p. 144.
207
MAT
— 1646 —
qui avaient été condamnés à mort se trouvaient frappés
de l'incapacité de parler dans l’assemblée du peuple.
Quant aux effets de la première série, les principaux
sont les suivants: 1° La filiation légitime engendre la
parenté nommée ày/tsxsia [anchisteiaJ, c’est-à-dire la
parentédonnant aux personnes qu’elleuniteertainsdroits,
et, par contre, établissant entre elles certaines incapa¬
cités. L’anchistie, dans le droit grec, existe d’ailleurs, à
la différence de Vagnatio du droit romain, non seulement
vis-à-vis des parents du père, mais aussi vis-à-vis des
parents de la mère. En effet, à défaut de certains parents
paternels, dont le nombre est, du reste, assez limité, la
succession passe aux parents maternels1. La parenté
engendrée par la filiation légitime entraîne entre ceux
qu’elle unit non seulement des droits de succession, mais
aussi d’autres droits qui peuvent se rattacher au droit de
succession, comme celui de revendiquer la fille épiclère
ou le droit de tutelle. Elle peut enfin créer des incapacités
de mariage.
2° Une obligation alimentaire réciproque existe entre
les ascendants et les descendants 2. Cette obligation,
pour les ascendants, ne se borne pas à nourrir l’enfant;
ils lui doivent aussi une éducation conforme à leur for¬
tune et à leur situation, ainsi que cela résulte de la dis¬
position de la loi athénienne qui libère les enfants de
leur propre obligation alimentaire, lorsque leurs parents
ne leur ont pas donné l’éducation dans le sens que nous
venons d’indiquer3.
Réciproquement, les enfants sont tenus de fournir à
leurs ascendants les moyens d’existence dont ils ont
besoin: c’est l’obligation qui est connue sous le nom de
yYjpoTçocpia, et qui est formellement consacrée par la loi \
et cela non seulement dans les rapports des enfants
avec leurs père et mère, mais aussi vis-à-vis de tous leurs
ascendants de l'un ou l’autre sexe. L’obligation alimen¬
taire pèse, du reste, sur les filles aussi bien que sur les
fils, ainsi que le prouve la généralité des termes dont
se sert la loi précitée5. Cette obligation n’est point
limitée dans sa durée et incombe aux descendants à tout
âge6. Elle n’est pas, au surplus, spéciale au droit attique,
et en Argolide, notamment, les parents avaient aussi une
action alimentaire contre leurs enfants 7.
L'obligation alimentaire des enfants leur est impo¬
sée, dans l’esprit du droit attique, en reconnaissance de
l'éducation que leurs parents leur ont eux-mêmes donnée,
et des sacrifices qu’ils ont pu faire dans ce but8. En
conséquence, le législateur athénien a restreint d’une
manière assez rationnelle l'obligation dans des cas où il
considère que les parents n’ont pas rempli, de leur côté,
les devoirs que la nature leur impose envers leurs
enfants. Ceux-ci sont dès lors dispensés de l'obligation
d’aliments: 1° quand ils n'ont pas reçu de leurs parents
une éducation conforme à leur état; 2° quand ils ont été
prostitués par eux ; 3° quand ils sont nés d'une concu¬
bine et qu’ainsi par leur faute leurs parents les ont mis
1 Beauchel. t. I, p. 360 et s. Contra, Fustel de Coulanges, Cité antique , il,
c. 5.-2 Cf. B.-W. Leist, Graeco-ital. liechtsgeschichle , p. 13. — 3 Plut.
Solon , c. 22; Aeschin. C. Tim. § J 3. — '+ Isae. De Cir. lier. § 32. — « Cf. Meier,
De bonis damnatorum , p. 129; Van den Es, p. 142; B.-W. Leist, Loc. cit. ;
Meier, Schômann et Lipsius, p. 335 et 525 ; Janus Pan, De grati animi officiis et
poena ingrat orum jure attico et romano; Beauchet, t. I, p. 3G2 et s. — c Meier,
Schômann et Lipsius, p. 355; B.-W. Leist, p. 13. — 7 Inscription de Mycènes,
in à^y. 1892, 67 ; cf. Wilamowitz, Aristotelcs u. Atlien. II, 48, note 2G ;
Hermann-Thalheim, p. 17, note 3. — 6 isae> jje Menec . lier. § 18. — <J Plut. Loc.
cit. ; Aescliin. Loc. cit.; cf. Meier, De bonis) p. 127; Platner, Process, I. I, p. 232;
MAI'
dans une situation sociale inférieure0 u-
ne peut se prévaloir, pour se soustraire .Z."8 Un ,'"lari1
cil ^lofin ,1^ . . .
sa dette, de l’indifférence, delà
au
„ v , , Paiement de
. & dure te on Hoo
traitements qu’il serait en droit de reproche"^'8
parents10. Il esl tenu également
lui ont laissé aucuns biens11.
Quant à la xsyvq que, d’après Plutar
doivent faire apprendre à leur enfant
vraisemblablement par là non
^«isespaUd
cIUe'', les parents
> 11 faut entendre
point un métior 1
conque, mais plutôt une instruction suffisante^ T
peut d autant moins hésiter à étendre l’obligation
parents à l'instruction proprement dite, qu’où voit **
obligation semblable peser sur les tuteurs11. La [oi dt ""®
du reste probablement tenir compte de la condilion'dl
père et de ses ressources15.
L’obligation alimentaire des enfants envers leurs
ascendants a pour objet non seulement les aliments pro¬
prement dits 10, mais, d’une manière générale, tout ce qui
et spécia-
est nécessaire à
leur entretien, xi ÊTtirqSeia11
lement le logement 18. Un texte parle aussi des soins que
les enfants doivent donner à leurs parents10.
3° L enfant doit à ses ascendants un certain respect
que l’on peut définir d’une manière négative en disant
qu’il doit s’abstenir vis-à-vis de ses parents- dé toute
action constituant ce que les textes nomment xiy.w«ç,
expression assez vague, d’ailleurs, et qui comprend le
refus d’aliments aussi bien que le manque de respect.
En l’absence de toute définition légale, on doit dire que
la détermination des cas de xàxwffn; est abandonnée à l'ap¬
préciation du juge20. Il y a spécialement manque de
respect quand les enfants maltraitent ou insultent leurs
parents21. Un cas particulier de xaxtosiç, qui ne se produit
même qu’après la mort des parents, a lieu lorsque, les
enfants ne procurent pas à leurs ascendants des funé¬
railles en rapport avec la dignité de leurs familles, obli¬
gation dont parlent les textes en disant que les enfants
doivent xi vop'.i;d[ji.evoc ou xà vdpu|AYiTGtsïv ’2. Cette obligation
est tellement rigoureuse que rien ne peut en dispenser
les enfants, pas même le fait d’avoir été prostitués par
leurs parents 23.
La sanction des diverses obligations dont les enfants
sont tenus envers leurs parents (obligation alimentant,
respect) consiste d’abord dans une action immune
xaxdWetoç yovétov ypa cpvj [KAKOSEOS GRAPHE] qui 1 11 * 1 1,1
contre le coupable l’application de pénalités rigoun u*e.
En l’absence de toute poursuite et de toute < "nl ,,n
nation, le fils dénaturé peut se trouver expose a < 1 1 1111
incapacités politiques: ainsi il ne peut être 111 J
archonte. En effet, dans l’examen préalable, J ^ jon'c_
[dokimasia], auquel sont soumis les candidats a 1 ^ ^
lions publiques, on recherche notamment s 1 > , ^
bien conduits envers leurs parents, et la réponsi
à cette question entraîne l’exclusion qjssout:
D. Dissolution du mariage. — Le mariage m ^ùrvitude
1° par la mort de l'un des époux ; 2 put
Thonissen, Le droit pénal de la Jlépubl. atlién, p- 292. 'le'i°r^ nos(|| philipp ■ IL
p. 355; Van den Es, Loc. cit. ; Beauchet. t. I, P- 36*. ,. ;U. — U l.°-
§ 40 ; cf. Meier, p. 127 ; Thonissen, Loc. cit. - " Dt ' '(j 1)cn)^tl.. C ■ V"’4'
cit. — 13 Cf. Plat. Crit. p. 50 «. — U Plat. Leg. XI, 926d et - ^ ^ ^ r,y. h tr.
1, § 40. - 13 Cf. Beauchet, t. I, p. 305. - 1° P°»- VHI; 33’ ~~ , 18.
§ 32. - l» Aeschin. C. Tim. §§ 13 et 28. -« ^ De Menec. .-«b»
Process, t. II, p. 233. — 21 Lysias, C. Agorat. § 91 U -)esc j/(7 Del1). C. Ti* '«*•
De Menec. lier. § 45 ; Aescli. C. Tim. g 13 ; Lycurg. • 1 oc ! jen. Mena».
§ 107. — 23 Aescli. Loc. cit. — 24 Dinarch. C. Arxstog -s
2, 13.
MAT
1647 —
MAT
• ,r civili ; 9° par le divorce. Les règles spé-
&nc°urU(' J1" ^ du (jivorce el à ses efi'ets ont été précé-
• ion ;i 1 1 x causes
Clil t cxPOSéeS [DIV0RT1UM, p- 31»j.
de"1"11'" 1(> ,nariage se dissout par la mort, il ne semble
LOrST' ut pour la femme, dans le droit attique, une
pilS.qi" V légale de lugere maritum , sanctionnée par
obligé 111 11 quelconque1. On ne trouve non plus aucune
"ne P Vun délai de viduité. Une semblable restriction, si
u" "avoir existé dans le droit primitif, aurait été
les mœurs nouvelles, et avec la
tracé
elle peu
peu en harmonie avec
! des seconds mariages, surtout de la part des
frl'ql' JULoin "d’y apporter des obstacles, la loi athé-
Ce les voyait plutôt d’un œil favorable. On a cité, il
n t vrai, une prétendue loi d’Athènes frappant d’atimie la
femme qui se serait mariée trois fois3. Mais il est diffi-
ile d’admettre l’authenticité de cette loi dont on ne
retrouve de trace nulle part U A Sparte également, les
seconds mariages des veuves, loin d’être vus avec défa¬
veur, étaient encouragés par l’opinion5. Au surplus, la
veuve est sous la protection spéciale de l’archonte épo¬
nyme lorsqu’elle se déclare enceinte au moment de la mort
de son mari6. . ..
La servitude encourue jure civili par l’un des époux
met fin au mariage, car il n’y a point de connubium
entre Un citoyen et une esclave, ou entre une citoyenne
et un esclave. Toutefois cette cause de dissolution du
mariage devait être assez peu fréquente, car les cas dans
lesquels un citoyen athénien poirvait être privé de sa
liberté étaient assez rares1. Quant à la captivité, il ne
semble point qu’elle soit à Athènes une cause de dissolu¬
tion du mariage, mais elle peut fournir une juste cause
de divorce8.
On a voulu assimiler à l’espèce de mort civile résul¬
tant de la servitude celle qu’entraîne l’atimie des débi¬
teurs du trésor public. Cette atimie, a-t-on dit, avait
pour conséquence, sinon immédiatement, du moins
après un assez court délai, la confiscation des biens, et
cette confiscation permettait .à la femme d’agir en resti¬
tution de sa dot9. Or cette restitution n’étant point pos¬
sible pendant le mariage, il en résulte que la confisca¬
tion des biens entraîne la dissolution du mariage10. On
peut cependant expliquer le droit de la femme de récla¬
mer sa dot non comme un effet de la dissolution du
mariage, mais comme une conséquence de la diminution
de garanties produite par la confiscation. Ce que l’on
doit plutôt admettre, c’est que la confiscation encourue
parle mari peut fournir à la femme une cause de divorce,
lorsqu elle est prononcée en raison de faits ayant un
caractère déshonorant et de nature à rendre impossible
m vie commune11.
Quant aux effets de la dissolution du mariage concer¬
nant la personne des époux et des enfants, ils ont été
Puudcmment exposés à propos du divorce [divortium,
p. 320]. De même, lesoffels delà dissolution du mariage
quant aux biens des époux sont indiqués à propos de la
dot [nos, p. 392 . L. Beauciiet.
Cérémonies du mariage. — Les principaux témoi¬
gnages écrits qui nous renseignent sur les cérémonies
du mariage en Grèce, sont les textes des lexicographes
Ils font allusion surtout aux usages de l’époque clas¬
sique. Aussi nous est-il difficile de remonter plus haut
et d’étudier avec quelque détail les usages plus anciens,
antérieurs au v° et au ive siècle. Nous nous bornerons a
rappeler qu’au chant X VII I de l’ Iliade", le poète homé¬
rique décrit une scène de mariage qui nous offre a coup
sûr un tableau des mœurs ioniennes. Dans une des deux
villes figurées sur le bouclier d’Achille, on célèbre des
noces par des repas solennels ; on conduit les épousées à
travers la ville, à la clarté des torches, et partout reten¬
tissent les chants d’hyménée ; des jeunes gens dansent
en chœur, au son des flûtes et des cithares, et des
femmes admirent le spectacle, debout devant le vesti¬
bule des maisons. Un fragment de Phérécyde de Syroÿ,
qui décrit les .noces divines de Zeus et de Héra,
emprunte sans doute plus d’un trait aux coutumes du
vie siècle u, et les peintures du vase François, où le
sujet de l’une des zones représente les noces de Thétis
et de Pélée 15 , peuvent aussi s’inspirer de certains
détails de la vie réelle. Il est probable que, au cours du
temps, l’évolution des mœurs a simplifié le cérémonial du
mariage, comme elle a restreint le luxe des funérailles.
C’est cette période plus récente que visent les textes
des lexicographes, et nous en trouvons le commentaire
figuré dans les peintures des vases attiques du style le
plus développé.
Bien que le mariage, en Grèce, soit d'institution sacrée
[hierosgamos] 1G, il ne comporte point, à proprement par¬
ler, de cérémonie religieuse d’un caractère officiel On
ne saurait généraliser les cas exceptionnels où, au dire
de Plutarque, on voit intervenir les prêtresses de Démé-
ter et d’Athéna17. Si les rites religieux et les sacrifices
trouvent leur place dans les cérémonies nuptiales, ils
relèvent plutôt du culte domestique que du culte officiel,
et, à vrai dire, c’est dans la maison du père de l'épousée
que se passent les actes solennels qui constituent la célé¬
bration du mariage.
Lorsque l’accord était fait entre les deux familles,
on fixait le jour des noces. Il semble que, le plus sou¬
vent, on préférât les mois d’hiver18; dans le calendrier
attique, un de ces mois, celui de Gamélion, est désigné
par un nom qui signifie le mois nuptial 19. On choi¬
sissait aussi assez volontiers le moment où la lune, étant
dans son plein, promettait une soirée claire, un ciel
net et pur20.
Les apprêts du mariage, les fêtes dont il était l'occa¬
sion, occupaient en général trois jours, au moins à
s'"s Th, i " ’ Bcauc,let> V L P- 372. — 2 Hermann-Blümner, p. 267.— 3 Meur-
des Alh f ’ \al1' •* — *Ciccotli, p. 60. — 6 Jannet, p. 100. — 6 Aristot. Constit.
— 7 Caillcn ’ Cl llemos"‘. C. Alacart. § 73. Voir supra, eisaggelia, p. 501 .
I. ] p j-j1’ de la dot, p. 25, Thonissen, p. 309 et 312. — s Beauciiet,
p. ](| d'.tym, magn. 340, 344; cf. Caillemer, Restit. de la (loi t
— ^ Harpoer " "CU ^S’ — 11 Caillemer, A. c. p. ta ; Ciccotti, p. 53.
80; VIII M .'y*'. *oux?°?6fos xtà XouTDoiijpE'fv ; Poil. Unotn. III, 40, 41, 43: IV
tÜi;"’lle'*eh- *' 4ï“lrf> «M«, kiSOa;, W,o»oî«£rri,WrpoîoPoÇ,
Arisloph Ar> I-. I0* S V’ fyMovtxbv, XouTça, Xou-roo:pôpo;, etc.; cf. Schol.
4d. lî|asSi || 'T, ',!<i ols- 1 Eustalh. ad lliad. 23, v. 141 ; Eurip. Aie. 921 et s. ; Hyper.
l'ttUchrifi fi 5. 1.es sources littéraires sont indiquées par Sticolli,
' p 1 dlenndorf , p. 181 ; cf. Becker-Gôll, Charikles, 111, p. 360 et s.
— 13 lliad. XVIII, v. 490 el s. ; cf. Hesiod. ‘A»*!; 'Hpuki.uc, 270 et s. où la descrip¬
tion d'une fête nuptiale dérive du poème homérique. — H Diels, Abliandl. der Ber¬
lin. Alcali, der Wiss. 1 897 ; Phil. Hisl. Classe, p. 145; Deubncr, Jalirb. des arch.
Inst. XV, 1900, p. 150. — 13 Wicn. Vorlcgebl. 1888, VIII, pl. u; Mon. de lliist.
IV, pl. i, îv cl s. ; cf. une scène de mariage sur un vase archaïque public par
Cecil Smith, Journ. of hell. Stud. 1, p. 202, pl. vii, et sur une amphore d'ancien
style reproduite plus loin, lig. 4869, H. Thiersch, Tyrrhenische .1 mphoren, Leipz.
1899, pl. v, p. 65. — 16 Slob. Serm. LXV1I, 23; Plat. Leg. VUl, p. 841 D.
_ 17 Plut. Praec. conj. p. 138 B ; Zonar. Lexikon.f. 77 ; cf. Lobeck, Aglaophamus,
p. 630. — 1* Aristot. Polit. VU, 16, p. 1333 a. — 19 ilesych. s. ». Paj/iriktiiv ; cf.
Olymp. ad Aristot. Aleteor. 1, 6, 8 ; Pind. Jstlini. VIII, 93; Hesiod. Op. et dies,
I 780. — 20 Eurip. Jpliig. Aul. v. 717; Dio. Chrys. VII, 70, p. 113.
MAT
— 1648 —
l’époque pour laquelle les textes nous renseignent. S’il
reste encore quelque incertitude sur l’ordre rigoureux des
cérémonies, sur la durée du temps qu'on leur consacrait,
on peut tout au moins les répartir de la manière sui¬
vante : 1° les cérémonies préparatoires ; 2° le mariage
(yxuoç);3° la fête des ÈTtxùXia qui se célébrait le lendemain
des noces.
I. Les cérémonies préparatoires. — - Pollux mentionne*,
sous le nom de 7tooxùXix, le jour qui précédait le mariage.
Cette journée était consacrée aux préparatifs de la fête et
à certains rites d’usage. La fiancée faisait en quelque
sorte ses adieux à sa vie de jeune tille, et consacrait à
Artémis les jouets qui avaient charmé son enfance. Dans
une épigrammede Y Anthologie, une fiancée offre à Arté¬
mis « ses tambourins, sa balle, son cécrvphale, ses pou¬
pées et les vêtements de ses poupées2 ». Il est probable
qu il faut aussi placer dans cette journée la cérémonie
des TtsoTîÀeix; tout au moins le témoignage d’Hésychius
est assez précis sur ce point (tx 7rpoTÉXsia... nfo gixç tffiv
Yxgwv rr,ç rxoOÉvou) 3. Suivant le même auteur, elle
comportait un sacrifice et une fête (tj Ttpb tcov yxgmv
Ouaix xa; sop-vj) V C'était donc un acte religieux, consis¬
tant en un sacrifice offert par le père de la fiancée, et qui
consacrait la jeune fille à Artémis et aux Moires 5.
Certains critiques placent les TrpoTÉXsia le jour même
du mariage, et y reconnaissent le sacrifice célébré immé¬
diatement avant le repas de noces 6. On peut cependant
objecter que, dans ce cas, la présence du fiancé eût été de
règle, et que le même sacrifice eût réuni les deux jeunes
gens. Or, il semble bien résulter d’un passage de Pollux
que, si le fiancé accomplissait, lui aussi, la cérémonie
des TrpoTÉXîtx, c’était isolément (■jipoTîXeïffSxi oè èXéyovTO où
abvov xi vùptpat àXXx xxt oi vugcp(ot) '. Voici un autre texte
qui parait prouver que le fiancé n’assistait pas nécessai¬
rement au sacrifice offert par le père de l’épousée. Dans
Iphigénie en Aulide , le messager rapporte les propos
qui courent dans le camp des Grecs : « On consacre
(■jrpoTsXiÇoixTi) la jeune fille à Artémis, reine d’Aulis ; mais
qui doit l’épouser? » Et quand Agamemnon annonce à
Clyteinnestre le mariage prochain d’Iphigénie, elle lui
demande : « As-tu offert à la déesse le sacrifice prélimi¬
naire (ttûotéXe'x) 8 ? » Nous croyons donc que cette pré¬
sentation de la jeune fille à l’autel, au moment du sacri¬
fice offert par le père, était indépendante du repas de
noces et pouvait avoir lieu la veille, comme l’affirme
Hésvchius, quand, pour donner aux fêtes du mariage
plus de solennité, on les répartissait sur plusieurs jours.
11 reste possible que, dans certains cas, lorsque les fêtes
étaient célébrées plus modestement, le sacrifice des 7tpo-
xÉXeta fût reporté au jour même du mariage 9.
Cette cérémonie se complétait par l’offrande des àrap-
yai10. La jeune fille coupait une boucle de ses cheveux et
la consacrait à Artémis. Les usages variaient d’ailleurs
suivant les pays. A Mégare, les fiancés faisaient des liba¬
tions sur le tombeau de la vierge Iphinoé, fille d’Alca-
1 Poil. 111, 39: cf. Phot. Lexic . p. 464. — - Anth. Pal. VI, 280. — 3 Ilcsycli.
I, p. 799, s. v. yàjjnov eôr,. — 4 Hcsych. s. v. rporeXsia. — ** Poli. III, 38.
— Smith , Journ. of hall. Stud. p. 205-200 ; Blümncr, Privatalt. p. 271;
I\Nan von Muller, Griech. Privatalt. p. 148 ; Bccker-Gôll, Charikles, III, p. 361.
Sticotti les identifie avec un sacrifice fait aux nymphes au moment de la lou-
trophorie, Festschr. fur O. Benndorf, p. 18G. — 7 Poil. III, 38. — 8 Iphig .
Aid. éd. Weil, v. 433 et 717. — 9 Acli . Tat. II, 12. — *0 Hesycli. I, p. 799.
— 11 Paus. I, 43, 4. — 12 Plut. Narr. amat. I, p. 772 B; cf. Schol. Pind. Pyth.
IV, 10, 4. — 13 Voir cependant Harpocr. 8. v. Xoy^oçoçoç. Ü’aprcs lui, cette céré¬
monie a lieu */aT à t r,v toJ râjjiou #,;xîî,«» ; cf. Iwan von Miiller, Privatalt. p. 148,
MAT
thoos, et y déposaient des boucles de leu,.
Délos, on accomplissait le même rite et l'nV “'VüUx :i
consacrée à Hécaergé et à Opis 11 a l’hij. , nde éWt
les fiancés se rendaient à la fontaine'"^’ * * ^
offraient un eaninfi/w* ...... lu.. . ' tUSSOOSsa, et
. qu’il
«... --daine
offraient un sacrifice aux Nymphes 12
C’est aussi 1» veille du mariage, croyons-„0U8
faut placer la cérémonie de la
ruoROs], Le bain nuptial étaiten Grèce un usage I? t
t|ul’ summl les P"ïs- comportait des pr«tL*s 1
rentes [hieros gamos]. En Troade, les fiancées
gnaient dans le Scamandre, et prononçaient une 1 T
formule rituelle : « Reçois, ô Scamandre, ma virRiniu ,
( Ax6e gou, SxaaavopE, TY|V TtapOsviav) ,5. A Thèbes onpiir y
l’eau du baiu dans lTsménos, pour l’apporte’r aux liai
cées*". En général, on utilisait pour cet usage l’eau 'dû
fieuve qui coulait dans le pays”. Un passage souvent cité
de Thucydide nous apprend que les Athéniens se servaient
pour le bain nuptial, de l’eau de la fontaine Callirrhoé et
les termes qu’emploie l’historien attique T£ ,W!.
xcov) semblent indiquer que l’offrande du bain! la loutre-
phorie, précédait la journée consacrée au mariage18.
Cette cérémonie s’accomplissait avec un certain appa¬
rat. Contenue dans une loutrophore, c’est-à-dire dans
une amphore de forme spéciale, l’eau du bain était
apportée à la fiancée par un jeune garçon choisi parmi
les parents les plus proches, au dire d’Harpocration, ou
par une jeune fille, suivant Pollux19. Si l'on se reporte
aux scènes de loutrophorie peintes sur les vases attiques,
on s’aperçoit que ces deux témoignages se concilient très
facilement, et que la cérémonie donnait lieu à la forma¬
tion d’un cortège oû figuraient à la fois le jeune garçon
et la jeune fille. Une loutrophore du Musée national
d’Athènes nous met ce cortège sous les yeux (lîg.4861)20.
Une femme portant deux torches ouvre la marche et se
retourne vers les autres personnages qui s’avancent à pas
mesurés. Vient ensuite un jeune garçon, le nccïç dont
parle Harpocration ; couronné de myrte, il joue de la
double flûte. Derrière lui, marche une jeune fille, presque
une fillette, à en juger par sa taille, portant d un air
recueilli la loutrophore qui contient l’eau du bain, et
devant laquelle vole un Éros. La fiancée s avance a la
suite, drapée dans un manteau, la tète inclinée, avec une
expression charmante de grâce et de pudeur, et deux
femmes, dont l’une tient une torche, complètent !»■ 1111
tège. Comme le fiancé n’y figure pas, il est impossible e
confondre cette peinture avec celles qui représi ulml
rencontre des époux, et il n’y a guère dhypollusi p llï
plausible que d’y reconnaître la scène de la
phorie. La présence des torches portées pui T "x ^
femmes permet de croire que cet épisode des ci i ' ^ ^
nuptiales avait lieu à la tombée de la nuit, dans
qui précédait la célébration des noces-1. ___
IJ. Le jour du mariage (yxp.oç). 1° Les prepuxt ^ ^
Il est facile d’imaginer que, ce jour-là, la ^
père de la fiancée était en rumeur. On décoiui
Slicoll»'
0. /«
|ui la place le jour du mariage. Four 1 opinion conliaiic,' j Aristop^1
p. 187. — H Harpocr. L. c. ; Poil
. III, 43 ; Hcsych. p. 121.25;
Schol*
lo même usage
est
r nù le ii"'11" .
Lysistr. v. 378. — 13 Ps. Acsch. Ejnst. 10, 3, p. 080 ; cf. P- ’ ^ ^ jans |c Méandre ;
mentionné pour Magnésie clu Méandre. Les fiancées se baignait ^ ^ jjcliol.
367. — 16 Eurip. Phoen. v. • > • ^ III, 43.
ed.
cf. Bccker-Gôll, Chari/cles, III, p ,
rip. Phoen.i. v. 347. - I* Tliucyd. Il, 13. - « Harpocr. 5. r. . Mon- im
— 30 Collignon-Couve, Calai, des vases du Mus. nat.d At/à>ieS> 1888, pl- '
X, pi. xxxiv, 1 et Annali , 1876, p. 333 (Schreiber) , Wien . 0 J
n° 2; Wolters, Ath. AJitth. XVI, 1891, p. 381, n® 18. — 21 Herz°Ç»
p. 140; Sticotti, O. I. p. 187,
MAT
I ()4î> —
MAT
• , . on disposait sur les murs ces couronnes
4e gu‘rlanl '^les peintres de vases n’ont garde d’oublier
d«"1'vrteq"|'|.|,senlati0ns de scènes nuptiales2. Tous ces
dansll’n'' mettaient le voisinage en émoi et provo-
pParl‘ ' cvlriosité des passants. Quelques lignes de
qll8ieo1 ,l irmetlent d’évoquer un véritable tableau
de genre : « Klle m’engagea à me pencher du côté de
votre ruelle pour voir partout des couronnes, des
joueurs de flûte, le mouvement de la fêle, les choeurs
chantant l’hyménée9. » Il est vraisemblable que la ma¬
tinée était occupée à ces soins.
Dans le gynécée,' les femmes entouraient la liancee
Fig. 4861. — Scène de loutrophorie.
et procédaient à sa toilette, sous la direction de la
nympheutria \ à qui était confiée la mission de parer
la jeune tille (vup.^oa'ioXsïv) 6, de l’aider de ses conseils et
de l’accompagner pendant toute la durée de la cérémonie.
L'épousée revêtait des vêtements de fête dont les couleurs
variées etles broderies rehaussaient l’élégance6 : une riche
tunique (aioX-q), le manteau brodé (tp.«Tiov itotxtAov) dans
lequel les peintures de vases la montrent drapée, et
le voile qui devait cacher son visage quand elle entrait
dans la salle du festin; elle chaussait les vuacpioeç7, et
l’on posait sur sa tète la couronne nuptiale qui figure
souvent dans les peintures céramiques sous la forme
d’une couronne de myrte ou d'un diadème radié8. Il est
naturel que cette scène gracieuse de la toilette de l’épousée
ait souvent inspiré les peintres de vases. On peut à coup
sûr la reconnaître sur une pyxis de pur style attique
Fig. 4862. — La toilette de l'épousée.
conservée au Brïtisli Muséum9 (fig. 486i) : sous des noms
Mythologiques, l’artiste a représenté en réalité la fiancée
^ L mines qui s’empressent autour d’elle, au milieu des
Cl sso'U!S toilette et des cadeaux de noce (Tcpoyâgsta) *°,
Non lesquels la loutrophore trouve sa place. Un sujet
< oh"P’ traité dans le même esprit de demi-allégorie
j. ' ' "Nllle, décore une des faces d’un ovoç d’Érétrie, au
SU "ati°nal d’Athènes 11 (fig. 4863). Lascène-se passe
Dial, meretr i /" ~ " ' ^ Heydcmann, Griech. Vasenb. pl. n. I. — 3 Luc.
Acharn \ p,. . ’ '» ' r. vunçcÛTçta, ; cf. Schol. Aristoph.
530. _ 7 h'1' ~~ J SUrab. VI, p. 398. — OSuid. s. v. pourri; cl'. Aristoph. Plutus,
^auaSta, Coll * V VU1A®1^£> — 8 Arch. Zeit. 1882, pl. v; cf. cratère de
~llu'i -Louve, Ccitcil. des vases d'Athènes , n° 4307. Suivant Plutarque
dans le gynécée. Déjà parée, accoudée sur le coussin d’un
lit, la fiancée regarde en souriant ses compagnes, prêtes
elles aussi pour la cérémonie, et qu i occupent les moments
d’attente, l’une en jouant avec un oiseau, les autres en
disposant des bouquets dans des vases. Une de ces der¬
nières orne d’un bouquet de feuillage de myrte une lou¬
trophore qui sans doute figurera tout à l’heure dans le
cortège nuptial12. U serait facile de citer une longue
(Praec. conj. 2), l'usage était, en Béolie, d'employer le feuillage d’asperge pour la
couronne nuptiale. — 9 Dumont et Cliaplain, Céram. de la Grèce propre , pl. ix,
p. 364, notice de Poltie". - 10 Poil. III, 38. — U Collignon-Couve, O. I. n” 1388;
Hartwig, 'Eyr.p.. 4o/.. 1897, pl. x, n» 2. — 13 Cf. le même détail sur un fragment
de loutrophore, Wolters, Alh. Mitth. XVI, 1891, p. 382, n»21.
MAT
1650 —
série de vases où l’on retrouve des scènes de même
nature; pyxis, lecanés, amphores à couvercle montées
sur un pied, tous ces vases de luxe qui ornaient le
gynécée se prêtaient fort bien à ce genre de décoration.
Les peintres traitent souvent ces scènes avec une fan¬
taisie qui permet d'v introduire tout un monde d’Ëros
ailés, voltigeant autour des jeunes femmes, apportant
des coffrets et des bandelettes, et s’acquittant même
parfois des fonctions dévolues à la nympheutria en
MAT
posant la couronne 'nuptiale sur la têt,, a
2# Le *«cri'ice et terw*. - Lacérémol ,
comprend un sacrifice et un repas auquel
les parents et les amis des fiancés On COnvifc!
que certains érudits placent à ce moment J" P'US 1,ilut >
TTforéXs^. Nous avons adopté un avis d m "T S* %
parait certain que le repas de noces était 1 ■ is ü
sacrifice aux dieux du mariage rt.ot v*,,./; d'Un
Zeus Téléios, Héra Téléia, Aphrodite’, Ptfîfi’ ‘‘“T"’
Fig. 4863. — Scène de gynécée. L’épousée et ses compagnes.
mis - niERos gamos] . D’après Athénée, le banquet avait
lieu en quelque sorte sous les auspices des 0eot yagvj-
Xto- 3, et Suidas rapporte que c’était l’usage à Athènes de
sacrifier et de prier pour la fécondité de l’union des
deux époux4.
Le repas (yàaoç, 6otV»j yxiA-.x-/), yagoSaiffta) a lieu dans la
maison du père de la fiancée. L’ordonnateur (o xpaTre-
so~ o-.ôç) a tout disposé pour que la salle présente un bel
aspect. Dansunfragment d’une comédie attique, YAnaka-
lyptoméné d’Évangêlos, un personnage donne ses ordres
pour un banquet de noces. « Il faut que le repas soit
copieux et que rien ne manque; nous voulons que les
noces soient brillantes 5 ». Une des femmes de la mai¬
son, qui remplit le rôle de STjgtoupyôç G, celle-là même à
qui est échu le soin de surveiller les apprêts du sacrifice,
a préparé un des mets que l’usage commande, en pareille
circonstance, d’offrir aux convives; elle a pétri des
gâteaux de sésame (7tXaxov? yagixdç), symbole de
fécondité7. On a disposé les tables suivant l’ordre pres¬
crit. Dans le passage de Y Anakalyptoméné d’Êvangélos
auquel nous avons fait allusion, il est fait mention de
quatre tables destinées aux femmes ; six autres sont
réservées aux hommes. A Athènes, au iv° siècle, la loi
intervenait pour limiter le nombre des convives8, de
même qu’elle interdisait une trop grande affluence de
monde aux cérémonies des funérailles, et les gynéconoines
étaient chargés de visiter les maisons où se célébrait un
mariage, afin de faire respecter cette prescription. Quand
les convives prenaient place, la nympheutria intro¬
duisait dans la salle du festin la jeune épousée, stricte-
• W ien. Vorlegebl. 1888, pl. vm, 3 ; cf. pyxis d'Erétrie, Jahrbuch des arch. Inst.
1000, pl. il, où on Bros apporte à l’cpousèc un collier de perles. La toilette du fiancé
est aussi quelquefois représentée sur les vases; cf. Mon. ined. IV, 24 bis. —2 Plul.
Quaest. rom. c. 2, p. 264 B. — 3 Athen. V, p. 185 B. — 4 Suid. s. v. TjiToitàwftî.
— 5 Atlien. XV, 52, p. 644 L>. — 6 p0U. 111, 41 ; Athen. IV, p. 172. A 7 Schol.
Aristoph. Pac. v. 869. 8 Athen. VI, p. 245. C’était un décret de Timoklès et
de Ménandre; cf. Becker-Goll, O. I. p. 370. A lasos, on n’admettait que la pré¬
ment voilée, et celle-ci s’asseyait parmi les femmes.
Lucien nous a laissé la description d’un repas nuptial’:
les femmes occupent un lit (xXivxijp) à droite de l’entréa
de la salle ; le père de l’épousée et celtii de l’époux sont
en face des femmes. A vrai dire, le dialogue de Lucien
nous offre surtout une amusante scène de parodie. Les
convives de marque soulèvent des questions de pré¬
séance ; des intrus arrivent sans avoir été invités. A la
fin du repas, on apporte les lampes, les coupes circulent,
des poètes débitent des épithalames ; les têtes s’échauffent,
les discussions tournent à la rixe et l’on finit par em¬
porter l’époux, la tête fendue. Parodie à part, c’est encore
le dialogue de Lucien qui nous a conservé le tableau le
plus vivant d’un repas de noces. Les libations, les vœux
adressés aux nouveaux époux, les épithalames étaient
de règle10. Au milieu des convives circulait un jeune
garçon, dont les parents devaient être encore vivants (mft
àji®tôaX-rçç) ; il présentait une corbeille remplie de pains,
et disait : « J’ai fui le mal, j'ai trouvé le mieux » (£ÎUT6V
xxxov, eùpov àgetvov) **.
3° Les Anakalyptéria. — Ala fin du repas a\ail h' 11 a
cérémonie du dévoilement de l’épousée (àvaxaXui:.^1* !
C’était le moment où la jeune fille, qui avait
voilée au repas, découvrait son visage pour la po 1111 §
fois en présence des hommes12. S’il fallait aj°ul" ^ ^
certains textes, cette cérémonie devrait se plan ' ] ^
sième jour du mariage13. Mais, après M- ' '
; anakalyptéria], M. Deubner a démontré q»" I' ' ^
ment de l’épousée a bien réellement lieu a la h"
quet. avant la formation du cortège qui 'l'"1
, . _ j) |(uC. (■ 0111'^'
scncc de dix hommes et de dix femmes. Hcracl. Poleni. *' ’ ^ fl j p. IW*
— 10 Sappho, p. 51 in Athen. XI, p. 4-75; cf. h\an ',,n * ^ Anecd. !lraCC'
— il Zenob. Proverb. III, 98; Paroem. I, P- 82. c ^ allSSi 6iwp’iT?*’
p. 390; Hesych. 8. V. àvaxa^JitT/.çiov. Cette cérémonie s (Jcsych- otctvi?1*'
et en Attique on l’appelait fan?? ta. Marpocr. a. v. p. 1 1 - pragni. Plier®®?'1*'
Moeris, éd. Bekker, 205/ 24. — M Hesych. I, 325,
Diels, Abhandl. der Berl. Alcad.\ 897, Phil. hist. Cl. p. •
,Ylle quitte la maison paternelle 4. Cet acte
pr"'101";1';; mariage est en quelque sorte officielle-
|sig»ifie qUI (,t‘que la jeune tille est désormais une
hent consaeie ^ ^ moment, l'époux lui offre des ca-
H* ,^P'« Sôpa*. Il faut sans doute recon-
pe8UX’. ; , . avenir d’une coutume en vertu de laquelle,
®ili"'elC1 ',hns ia maison de l’épousée, il est l’hôte
Pf. ‘ ‘ bienséance, apporter des cadeaux. On verra
tr îoin L cet usage a sa contre-partie, et que, lelen-
Plusl° , , noces les parents et les amis de 1 épousée
uTorter leurs radeaux dans la maison de l'époux.
\ dé pari de l'épousée (gÉÔoooç, aycoy^). — La céré-
f nie du dévoilement terminée, l’heure était venue où
r isée devait quitter la maison paternelle. Ici encore,
fse conformait à un cérémonial où l’on peut retrouver
omme un souvenir très atténué des usages primitifs, au
HL où le départ de la fiancée était un véritable enlè¬
vent [uieros gamos]. Le mot iywy/], qui est quelquefois
employé pour signifier la « conduite » de l’épousée à la
maison du mari, est significatif3. Comme le repas s était
prolongé tard, le départ de l’épousée avait lieu à la
tombée delà nuit4 et la scène se passait à la clarté des
torches nuptiales (BàSsç vugcptxai'). A la porte de la maison
attendait le char qui devait emmener les époux, accoiri-
gagnésd’unami du marié qui remplissait lerôle de itapo/oç;
on l’appelait aussi le 7totpavû(/.cpio; ou le viig-fEur/jç J ; ses
fonctions consistaient à conduire le couple jusqu’à la
maison du mari. Le char (Çsuyo; -/]p.iovtxôv \ 6o£txdv) 0
était attelé de mulets ou quelquefois de bœufs. Ce sont
des mulets qui forment l’attelage dans un vase archaïque
Fig. 4864. — Le cliav nuptial.
public par jq cecp Smith 1. Un fragment d’dvo; en
leri(' ni1,e nous conserve une représentation qui répond
as]' z 'J|en à la description du char dans Photius (xXtvtôoc
'i-'. v tgoia Stsopw) : c’est une sorte de charrette montée
fln ^eux roues, d’un type fort simple8 et cpii rappelle
« s m bicules usités dans nos campagnes (fig. 4864). Il y
,Va'l| p*ace Pour trois personnes : l’épousée au milieu ;
f 'aque côté 1 époux et le Ttotpo^o; qui conduisait l’atte¬
lage3. Sur ce fragment d’Svoç, on voit un personnage
à cheval qui suit le char: c’est un des amis du marié,
l’opeojxdgoç, auquel fait allusion un passage d llypé-
ride10. Si telle était le plus généralement, d'après 1rs
lexicographes, la forme du char, on pouvait aussi faire
usage d’un véhicule plus élégant. Dans la peinture qui
décore une belle loutrophore du Musée de Berlin11, le
char a une caisse munie d'une an/yx m uni s], et sur une
coupe du même musée, où il offre la même forme, il est
traîné par un attelage de quatre chevaux 12. Dans cer¬
tains cas, lorsque l’époux contractait mariage pour la
seconde fois, il n’était pas admis qu’il emmenât lui-
même l’épousée : ce soin était confié à un de ses amis
qui s’acquittait du rôle de vupupxytüy ô;, en conduisant
seul la jeune femme à la maison de son mari11. Enfin
il arrivait encore que celle-ci fil le trajet à pied
[y oqjt-atTrou;) 14 .
Quand est venue l'heure du départ, un cortège (7cc-u.Tr/j)
se forme pour conduire le couple jusqu au char qui doit
l’emmener. En tète marche l'ordonnateur (icoo^yry/y) 15
qui peut-être accompagne le char pendant tout le trajet,
et porte le kérykeion comme insigne de sa fonction de
héraut10. Le couple vient ensuite, suivi de la nympheu-
tria qui escorte la mariée ; derrière elle s'avancent les
parents de la jeune femme, la mère portant les oïoe;
vugcpixac,les torches nuptiales quiattestent que le mariage a
été célébré comme une union légitime 11 ; enfin, c'est le cor¬
tège des parents et des amis, des enfants couronnés de
myrte (iraïoEç •7iGG7r£(J.7tov7r£ç) qui font escorte a 1 epousee
et le défilé des joueurs de flûte et de lyre accompagnant
les chants d’hyménée 19.
Cette scène du départ des époux était un des épisodes
les plus caractéristiques, un de ceux qui pouvaient le
mieux suggérer aux peintres céramistes de gracieuses
compositions. Us l'ont en effet souvent reproduite sur les
loutrophores et les vases de luxe, avec une délicatesse
de sentiment qui s’allie à la plus exquise pureté de
style. La voici traitée sur une belle loutrophore du
Musée de Berlin20 (fig. 48G.j). Couronné de myrte, char¬
mant de jeunesse et de grâce, le jeune homme s ap¬
proche de l’épousée pour lui prendre la main. Celle ci
s’avance pudiquement, la tète légèrement inclinée, tan¬
dis que la nympheutria , avec une sorte de coquetterie
maternelle, dispose les plis de son voile; un Éros volant
lui apporte un collier de perles, allusion évidente aux
cadeaux offerts par l'époux au moment du dévoilement.
A droite, la mère tient les deux torches nuptiales. La
scène est conçue et traitée à peu près de la même ma¬
nière sur une loutrophore du Musée national d Athènes ■’ .
Au centre de la composition, la jeune femme, à demi
voilée, se dirige vers l’époux qui fait un geste d’accueil.
Entre les deux personnages vole un Éros jouant de la
double flûte. On reconnaît aisément, dans les autres
figures, la nympheutria et la mère tenant les torches.
Laloutrophore de Berlin que nous avons déjà mentionnée
Fftuly-Wi, 1900, p. 149; cf. Hiller von Gaertringen, Anakalypteria, in
III 35 . ri Uyclopacdie . — 2 Bckker, Anecd. gr. p, 390; Poil. II, 99;
■ni»! ;, T"' *' *' i7’ 20' ~ 3 Hesych- *• »• i'.uyt. — 4 Pbot. Lcx- P- 52’ 22’
Stud | p”±~ lo"' "h 40, 41. — ophot. Lex. p. 02, 22. — 7 Jour n. of hell.
V# pleocii ,s V*’ '"'~8 Eeimdorf, Griech.u. sicil. Vasenb. pl. xxxvit, l ; Wien .
vin, fig. G, et fig. 5 pour la restitution de la scène complète.
' 10 Hyper]
PF win-
n . ' i • 'III.
°U. X, ; Pl)0t , , ....
-* 111 11 ■ ( • f*E<nr| jxtv /j vûjjkœyj , Ixaiéçoiôev o xe vujxœio; xai o «aço^oç.
‘lSs. Il ( ^ rlo Auxiççovo b, 4. — il Furtwnengler, Coll. Sahouroff ,
voir
r 4800. _ 12
Stackollierg, Graeber der Fell. pl. xi.ii; Wien.
Vorlegebl. 1888, pl. vm, fig. 1 ; cf. Pyxis d'Erétrie au Musée national d'Athènes,
Collignon-Couve, Calai, n» 1959. —13 Hesych. II, p. 091 ; Poil. III, 41. -r- H Poil.
lliid. 40 14. _ 1’ Hyper, éd. Blass, Il (Tito Aux.', 5; Hesych. s. v. ; cf. Plut. Qu.
qraec. 27, VII, p. 190. — n' Coupe de Berlin. Wien. Vorlegebl. 1888, pl. vm, fig. I.
M. Benndorf le restitue dans la scène peinte sur le fragment d'ivc?. Ibid. fig. 5.
_ n lc9 mariages clandestins étaient appelés àS«8o jy^voi Schol. Eurip. Ale.
v j(lp| _ 18 Hyper. L. c. — 19 C. Smith , Journ. of licll. Slud. I, p. 207. — 20 Herzog,
Arch. Zeit. 1882, p. 131, pl. '. — 21 lleydemann, Gr. Vasenb. pl. x, 1 ; Collignon-
Couve Calai. n“ 1224 ; cf. Amphore de Basseggio, Wien . Vorleg. 1888, pl. vm, tig. 4.
MAT
— 10:^
à propos du char nuptial1 (fig. 4806) nous montre, non
plus le cortège d’adieu, mais la scène même du dé¬
part. Dans le tableau de gauche, on voit le rràpoyoç déjà
monle sur le char, tenant d’une main l’aiguillon et de
1 autre les rênes rassemblées. Le cortège, figuré par la
mère et un des ttocïoeç itpoTTÉjxTtovrsç, est arrêté au seuil de
la porte, et 1 époux, soulevant doucement de terre la
jeune épousée tout émue, va lui faire prendre place sur
le char. C’est bien une
sorte de rite qu’il ac¬
complit ainsi avec une
sorte de respect reli¬
gieux, et celte jolie
peinture pourrait servir
de commentaire au pas¬
sage où un poète co¬
mique attique fait allu¬
sion au départ de l'é¬
pousée (o7tWÇ OS 'TTjV
vépcp-qv (É7]v) àv y.a'.pbç yj,
[XETÉwpov ' Ittî to Çsoyoç
avaÔvjffS'.ç g'u ®oüW)2.
5° La réception dans
ta maison ' de V époux.
— Dans la peinture de la
loutrophore de Berlin,
l'artiste a représenté in¬
génieusement la contre-partie de la scène du départ.
Un second tableau représente l’arrivée dans la maison
paternelle de l’époux (fig. 4866). Sur le seuil, se tiennent
les parents de ce dernier, le père, en costume de fête,
couronné de myrte, tenant un sceptre, la mère portant
les torches nuptiales3. C’est que, ep effet, la réception
du jeune couple était aussi réglée par un cérémonial
obligé, et les parents de l’époux lui faisaient accueil
lorsqu’il descendait du
char. En Béotie, au
dire de Plutarque, l’u¬
sage commandait de
brûler devant la porte
une roue du char, pour
témoigner que désor¬
mais la jeune femme
n’avait plus d’autre de¬
meure que celle de son
mari ’\ On peut citer
d'autres peintures de
vases attiques où la ré¬
pétition d'une scène
analogue à celle de la
loutrophore de Berlin,
indique bien que la ré¬
ception du couple est
aussi un des épisodes importants de la cérémonie. Sur une
coupe de Berlin5, la mère du marié, tenant les torches,
et accompagnée d’un joueur de lyre, se tient sur le seuil
de la porte pour recevoir les époux, suivis de la nym-
pheutria (fig. 4867). Sur une pyxis du Louvre, c’est le
1 Coll. Sabouroff', pl. i.vm-u\-. — 2 Araros, ’l'gîv. Fragm. comic. graec. éd.
Didot, p. 468, V, 2. — • 3 Cf. Scliol. Eurip. Phoen. v. 346. — 4 Plut. Qu. rom. c,
29, p. 2/ 1 D. 3 Slackelberg, O. I. p], xr.n ; W ien. Vorlcgebl. 1888, pi. vin, n° 1.
— 6 Slackelberg, O. I. pl. xxx» ; Wien. Vorlegebl. Ibid, n» 7. — 7 H. Thiorah,
Tyrrhenische Amphore n, Lcipz. 1899, pl. v, p. 65 ; cf. fragment d'une livdrie de
Fig. 4863. — L’époux emmenant l'épousée.
Fig. 48G6. — Le départ des époux. L’arrivée à la maison de l’époux
pere du marié qui s’avance à leur renm ,
de la liberté que permettent de pareils suiio" ^ cl’
vent dans un esprit d’allégorie, le peintre' 1 ité8s<>»
sonnages deux divinités, Apollon et Arténfi^ ^U*PPN
Nous citerons encore une amphore d’ancieic i i86fiJ
conservée à Saint-Pétersbourg, où estreprésenu !,alliqile
du char devant la maison. On aperçoit à droit,. 'Tivée
et la porte de la chambre à l’intérieur du laquSîel,U<
s serïa"ie V*
nuptuvl ■ (fig, 4869).
Quand le couple avait
Lui son entrée dans 1
maison, on lui offrait
une collation de bien
venue (xorrayuagocfj) s
composée de dattes, de
gâteaux, de figues sèche
et de noix. S’il faut
ajouter foi au texte de
Plutarque9, l’usage vou
lait qu’avant d’entre
dans la chambre nuptiale
l’épousée mangeât un
coing, fruit qui passait
pour le symbole de
la fécondité. Puis le
couple se retirait dans la
chambre où était dressée la xÀiV/j ymtr( 10, et dont l’entré
était gardée par un des amis du marié, le dupais d;11. Les
peintures des vases attiques, si riches en renseignements
ne nous offrent pas de documents figurés comparable
à la célèbre peinture des lYoces Aldobrandines , de
l’époque romaine, où l’artiste a représenté la chambre
nuptiale, l’épousée entourée d’un cortège de femmes, e
prêtant l’oreille aux paroles de la pronuba. Mais, à l’époque
hellénistique, lescoro
plastes grecs ont par
fois emprunté à la
même donnée le sujet
de leurs compositions
En publiant un joli
groupe de Myrina con
serve au Musée Britan
nique, M. S. Reinachla
interprété dans cet es¬
prit, et dans les jeune
femmes assises sur un
lit, il a reconnu l’ê
pouséeet une amie nia
riée« engagées dans un
entretien discret 1 '
Un autre groupe du
Louvre, de mèine pro
• m ■ lu iiHinP
venance l3, montre un couple assis sur un . ■
homme semble écarter doucement le voile T 1 p
pagne, et peut-être le modeleur a-t-il songé a 1111 ^
de dévoilement dans la chambre nuptiale. 1 1,111
indécis et SQ»1
compositions gardent un caractère un peu
■le 06
Gela, où Hauser reconnaît le vvusayûiyoi -
maison, Jnhrb. XI, 1890, p. 189, n» 32. — «Scliol. Aristopl^ n"_’j0 p0||, |[1, «
tenant deux torches, devant m P"' ^
„ Plut- V. ?ü8 ’ ...
s. d..; Demos (b. p. 1123. — « Plut. Praec. conj. c. 1, P
1 38 IL
-n Ibid. 43; Hesych. s. v. — 12 S, Reinach, Bev. arch. |8hl’' ' j’ 1 ( Nl ,, p
Collier cl S. Reinach, Myrina , p. 446. - 13 Pottier el S. Remae
r, cf
MAT
— 1653 —
MAT
i , vnlpur documentaire des scènes si vivantes
i,“i*paricspei°ire9derases ques'
m. Le lendemain du mariage. — C’était encore un
jour de fête, consacré à la cérémonie des . Ce jour
des twwXia est celui qui suit la nuit nuptiale, où, pour la
première fois, l’épousée a habité dans la maison de son
1 -
mari (sitY|ûXt(TTou) 2. On le célébrait par 1 envoi de cadeaux
qui s’appelaient les èiraüXia Sois* Offerts par le père et
les parents de la jeune femme, ces présents étaient en
quelque sorte envoyés par réciprocité au jeu ne couple pour
reconnaître ceux que le (lancé avait apportés la veille au
moment du repas de noces. Ils étaient remis avec un
Fig. 4869. — L’arrivée du char nuptial à la maison de 1 époux.
Ili|in apparat. Suidas nous a laissé une description du
l ■ 1 * * ^ ‘Iui se formait à cette occasion, et une énuméra-
1011 tll's °bjets qu’il était d’usage d’offrir aux mariés.
1 hrulin
Eïïl“''>x, Jahrb. des aecli, Inst I960, n. 144-154. — SHesycll. s. r.
VI.
D’abord venait un jeune garçon, en chlamyde blanche,
tenant un (lambeau allumé ; puis une jeune tille remplis¬
sant la fonction de canéphore ; enfin, d’autres jeunes
Suid. s. v. ; Poil, lit, 39; Eust. ad 11. <1, 29, p. 1337. — 3 Eust. Ibid.
-208
MAT
— 1654 —
mat
iilles, portant les cadeaux : c’étaient des lécanés, des
vêtements, des peignes et autres objets de toilette, des
alabastres, des chaussures, des coffrets, des parfums,
du nitre, cadeaux utiles, convenant à une maîtresse
de maison1. Au dire de Suidas, c’est ce jour-là qu’était
remise au mari la dot de sa femme. Le cortège des s7ratJXia
a été reconnu très ingénieusement par M. Deubner parmi
les scènes qui décorent une pyxis d’Erétrie du Musée
de Berlin - (fig. 4870). En tête marche un jeune homme
portant une torche; derrière lui s’avance la canéphore,
une fillette aux cheveux courts tenant une corbeille qui
n est pas à proprement un xxvoùv, mais la corbeille à laine
si ordinairement représentée dans les scènes de gynécée ;
une jeune fille qui la suit tient de chaque main un de ces
vases à pied et à couvercle qui sont si souvent décorés de
scènes nuptiales3; de la main gauche elle présente une
pyxis ; derrière elles vole un Éros nom,, ,
phore. Une joueuse de flûte prend part Une lo,llro-
réception des cadeaux offerts par lV ,r, !‘!‘ Ü
était le dernier acte des cérémonies du n' ? 1’éP0u««*l
mais la jeune femme commençait sa vie 1Ulll,l*’e' ^‘‘Sor-
maison de son mari, devenue la sienne " v.''' Ue lK'nslîl
"• Rome- - Le ™™ge est „„e des
moins connues du droit romain ; nous ne les
exactement quelle a été sa forme primitive pas
comment se sont établis deux modes de mn’iÜ'T0' el
effets sont radicalement différents le °ntles
™anm et le "lariaSe sans manm. il est pr„]X ""
1 epoque primitive le mariage el la manu, x J’
daient [manus]. 0n'
A. Formation du mariage {justae nuptiae
trimonium justum, legitimum). — i. __ , ’ ...
clG*
Fig. 4870. — Scène nuptiale et cortège apportant les cadeaux des IrcaiiXtc
ments communs aux deux formes du mariage étaient :
1° Les fiançailles (sponsalia) l. Les fiançailles exigeaient
les mêmes conditions de validité que le mariage, sauf
pour l'âge, où on pouvait descendre jusqu’à sept ans 5.
Elles n’avaient pas à l’origine de caractère juridique;
elles se concluaient par contrat verbal, par une stipu¬
lation unilatérale qui promettait la femme au mari0;
dans le droit latin, il y avait une double stipulation sanc¬
tionnée par Faction de sponsu 1 ; le droit romain auto¬
risait peut-être aussi une action en dommages-intérêts
pour inexécution du contrat. Plus tard on se contenta du
simple consentement8, souvent avec témoins, et les fian¬
çailles purent avoir lieu entre absents 9, mais elles ne
furent plus obligatoires, et elles étaient résolubles par
voie de renonciation unilatérale ( repudium renuntiarc,
remittere ; sponsalia dissolvere ); aussi on y joignait
souvent une stipulatio poenae'0. Cependant elles produi¬
saient quelques effets juridiques; ainsi les fiancés ne
pouvaient porter témoignage l’un contre l’autre, un fils
ne pouvait épouser la fiancée de son père ni un père celle
1 Suid. s. v. lïca-jXta ; cf. Etym. Magn. s. v. p. 354. — 2 Jahrbuch , 1900, p. 151
et suit. pl. n. M. Léchât a contesté l'interprétation de M. Deubner, et voit dans la
scène en question une représentation d’un thème banal, celui de l’offrande des cadeaux
de mariage (fiev. des ét. grecques, 1901, p. 478-479). Je ne partage pas le sentiment
de M. Léchai. Les rapprochements établis par M. Deubner entre les textes et la scène
figurée sur la pyxis me paraissent très précis. — 3 Cf. Coll. Sahouroff , pl. lx.
— 4 Dig. 23, 1 (De sponsaiibus) ; C. Just. 5, 1 ; voir Friedlander, Darstellungen ,
I, p. 463-405. — b Dig. 23, 1, 7, § 1, 14, 15, 16; 3, 2, 1. On a de nombreux
exemples de fiancés fort jeunes (Dio. Cass. 54, 16, 7; Suet. Caes. 1 ; C. ÎVepos. Alt.
19). — G Yarr. De ling. lat. 6, 69-72; Dig. 23, 1, 2; Isid. Orig. 9, 27, 3; Sert .
ad Aen. 10, 79; Fest. Epit. 141, 14; Arnob. Adv. gent. 4, 20; Plaut. Aul. 255 :
« Meg. Quid nunc ? etiarn mihi despondes filiam ? -- Eucl. lllis legibus , cum ilia
dote quam tibi dixi. — Meg. Sponden ’ ergo? — Eucl. Spondeo » ; Trinum. 500,
1157-62; Curcul. 674; Poenul. 1157 ; Terent. Andr. 1, 1, 75. Les fiançailles avaienl
généralement lieu pari intermédiaire d’amis, souvent d hommes d'affaires (Dig. 23,
de son fils ; un rescrit de Septime Sévère autorisa la
poursuite de la fiancée pour adultère11. Celui qui se fian¬
çait avec deux personnes à la fois était frappé d’infamie
et perdait le droit de postuler pour autrui l2. Constantin
punit même la rupture injustifiée des fiançailles parla
perte de tous les présents que le fiancé avait faits, et il
autorisa la fiancée ou ses héritiers, en cas de décès du
fiancé après le baiser des fiançailles, à conserver In
moitié des présents13. Le futur remettait en effet habi¬
tuellement à la future une somme d’argent, arra, ou, à
titre de gage, un anneau soit de fer, soit d’or, dans ce
dernier cas, souvent orné d’une pierre précieuse, que
celle-ci portait au quatrième doigt11. La fête des liiin
cailles comportait des invités, un repas, et la l,lluri
épouse pouvait y recevoir des présents1".
2° Les cérémonies du mariage. Elles étaient iM ' >un
pli fiées pour la veuve qui contractait un second ijmi ' V’
et ce remariage parait avoir été assez mal vu p11 d
nion publique jusque dans la période la plus 1
Les inscriptions font souvent l’éloge des unira n"
I, 18; 50, 14, 3 ; C. Just. 5, 1). — ' Gell. 4, 4 (d'après la lecture de
bolae Bethmanno Hollwegio oblatae, p. 99). — 8 Dig. -3’ *' * !" , | l ; Juven.
23, 1,5; Plut. Cat. maj. 21 ; Macrob. Sat. 1 , C, 29 ^ ^ y, |,
Sat. 6, 200 ; Apul. De mag. 68 ; Dig. 45, 1 , 134 pr. : 24, -, -• s - ^ , | 1 1 pii;.
10 ; Plaut. Aul. 783, 799 ; Plut. Cat. min. 7 ; Caes. 14 ; SucU (•««• - x
3, 2, 12, § 12; 48, 5, W, § 3. — '2 Dig. 3, 2, I ; 3, 2, 13, § »-*• ^ ,, 36,
5-16 ; Livre syro-romain, èd. Bruns, 8 91. — 1 * Juven. ■'uut. . - 1 ^ ^ Torlull.
§ 1 ; Plin. Uisl. nat. 33, 12; Isid. Orig. 19, 32, 4; De ecrt. «W- 'ncal dt
Apol. 6; Rossbach, Hochzeitsdenkmiiler, p. 27; Deloche, ' '' ^ J
Jnscr. t. XXXV, 2, p. 224. — <3 Sucl. Oct. 53 ; Plin. Ep. 1 ’ ) y; Fes!
benef. 4, 39, 3 ; Tertull. De idol. 16 ; Plin. Hist. nat. 9, U7> ll":l ,
Ep. 343; Cic. Ad Quint. 2, 6. —16 Plut. Quaest. rom. 105 u-r-— ^ nc Ann. a,n».
tar. 6. 3 ; Val. Max.2, 1 , 3 ; 4, 3, 3 ; Plut. Tib. Grâce. 1 ; L'V. ’ J n Corp . „iscr-
Serv. ad Aen. 4, 19; Fest. p. 245 «; Trcb. Poil. Trig.tyr^ ■ ^ :t3r,|, îl*
lat. 6 , 3604, 12405 , 7732, 14404 ; 3, 3572 ; 8, 7384; 9, 51 !
MAT
1655 —
MAT
. llUptiales s’appliquaient donc essentiellement
p-fléinonies motifs religieux rendaient impro-
illlX célébration des noces un certain nombre de
Pres a ï mois de mai marqué par les Lemuria et le
jours : . ,
J0tll> des Argei, la première quinzaine de juin con-
rrll"'l,„l l.jte de Vesta1, les dies parentales du 13 au
■iirec <*u . j _ _ 2 1™
( la première quinzaine de mars2 *, les trois
sa»r<
i\ i
joli'
cvrier, . 1 „ , . , - f „
^4 août, 5 octobre, H novembre ou les Enfers
J,t ■ Vréputés’ouverts, tous les dies religiosi , les calen-
K ' les nones, les ides, et, en général, au moins à
Epoqûe primitive, les jours de fête ».
la veille des noces, la future quittait sa robe de jeune
■fille sa tof/a praetexta, la consacrait avec ses jouets à
Ides 'dieux, probablement aux Lares de sa famille4 *, et
I evètait en se couchant un costume spécial, une /.unira
ou regilla et une résille rouge [reticulumf. La
|robe de noce était blanche; c’était aussi une tunica
Inr/a6 * *, par quoi il faut entendre soit une tunique tissée
I à la mode ancienne avec Mis de chaîne verticaux |_tela],
I soit une tunique sans sinus \ par-dessus la ceinture
| de laine qui la serrait à la taille avec un nœud (nodus
I hercideus)*. La mariée se couvrait en outre la tète
I (i nubere , obnubere ) d’un voile rouge [flammeum) 9 * ; elle
lavait changé sa coiffure, ses cheveux avaient été par-
I tagés au moyen de la hasta caelibaris'0, dard ou
I aiguille à pointe recourbée, en six tresses ou bandeaux,
[ maintenus par des bandelettes ( vittae)u . Cette coiffure,
[ insigne de chasteté, était celle des matrones et des ves-
I taies. Les figures de vestales retrouvées à Rome dans
l 'atrium Venta a11 * nous permettent de nousen représenter
l’arrangement autour de la tête. Les maires familias la
portaient dans l’ancien temps relevée en tutulus13. Le
voile qui les couvre, dans les scènes de mariage que nous
voyons sur des monuments d’un temps assez récent, n’en
laisse apercevoir que le bas; mais dans l’une de ces
scènes, sur un sarcophage du Musée de Naples14 *, la
mariée par exception est sans voile, et la femme qui se
tient debout derrière elle est occupée à disposer la cheve¬
lure dans l’ordre qui convient à son nouvel état (fig. 4871) :
on y distingue très bien la touffe relevée en masse au-
dessus des bandelettes du front. Elle portait sous le flam-
neum une couronne de fleurs cueillies par elle-même16.
7" 1 O'tà* l'ast- 5, 487 ; 6, 225; Plul. Quaest. rom. 86. — 2 Ovid. Fast. 2, 555;
v, Ci., ,j Macrob. Sat. 1, 15, 21 ; Fest. s. v. nonarum\ Plut. Quaest.
■ rom. 105. - 4 Fest. p. 245a, il ; Propert. 1, 11, 33 ; Nonius, p. 538, 14; Schol.
ad Uorat. Sat. 1, 5, 66. Cependant à la Fortuna virginalis dans Àrnob.
7 ,l7’ a Venus dans Pers. Sat. 2, 70. — 5 Fest. 286 b. — * Plin. Hist. rat.
^ 19 i. I) après Rossbach, Untersuchungen über die rom. Ehe , p. 274-276, les
1Ct’0S aura*ent porté la toga. Ce qui ne peut s’entendre que pour un temps 1res
Ser Cn < ai ^°°C’ communei au début, aux hommes et aux femmes (Nonius, p. 540 ;
I D 1 V6"’ * ^ remPtacée Par stola, et finit par n’être plus portée que
Pl,d\ mmGS de mauvaise vie (Juven. Sat. 2, 68; Martial. 2, 39; 10, 52; Cic.
c ^ 7 , ' ^°rat. Sat. 1, 2, 63). — 7 C’est le sens adopté par Rossbach, L.
averi, j' ' second par Marquardt [La vie privée des Romains, I, p. 53, note 2)
Fcsl * -- U 1 S au^euis flu* se son^ occupés de l’habillement des anciens, d’après
voir L 22, 18. Sur la signification qu’il faut donner kregilla ,
I cetto ru i' mCS auleurs’ L. c. — 8 Fest. Ep. p. 63. Voir nodus. Le mari dénouait
nuptial" \'U. SUl *C ^ nuPl*al (Fest. s. v. Cinxiae Junonis). — 9 Le flammeum
Ep 12 ^ Us souvent cité, était de couleur rouge (Plin. Hist. nat. 21, 46 ; Hieronym.
1 voile \ U<an ^ Paraît avoir eu la forme non de la palla , mais d’un
^nlôt roc "11"1 a ta tète. Sur les monuments figurés la mariée a
[ Æér» //o, / * 11 taU^^ voilé ; Rossbach, Dntersuchung. p. 279 et s. ;
i,5.S8 ^^'U'und E^denkmàler^ p. 16,44,96,120, 153. — 10 Ovid. Fast.
j tcut dise •• ' ' ’ , lul* ft°m‘ 15 5 Quaest • Rom. 87. C’est un discerniculum ou
I ®(7), 34 ( "l,,^s [ agus, p. 63]. D’après Fest. (Ep. p. 62 ; cf. Plin. Hist. nat. XXVlll,
f Nerstid0;"1 Ôlrc un de lance pris sur le corps d’un gladiateur; cette
, Terlull / CP.rla‘nen,eilt d’origine récente. —.11 Fest. p. 339 a; Plaut. Most.
Ovid Ar< ’ 6 V'rg' VeL 12 î Scrv. Ad Aen. 7, 403; Plaut. Mil. glor. 791;
‘*1 J, nninf I n. ~
Le premier acte de la fête commençait dès 1 aube par
une prise d’auspices, par l'intermédiaire des nu/it iarum
auspices attitrés, qui observaient à l’origine le vol des
.Æ *r
Fig. 4871. — Scène de mariage romain.
oiseaux, plus tard simplement les entrailles d'une vic¬
time16, probablement d’une brebis1', offerte en sacri¬
fice. Nous ne savons pas exactement à partir de quelle
époque les plébéiens ont pu employer les auspices, qui
étaient en principe réservés aux patriciens. Ce fut peut-
être après l’établissement du connubium entre les deux
classes. Les augures annonçaient le résultat de leurs
observations aux nombreux invités18. C'est à ce moment
que l’on concluait le contrat de mariage, qu’on le faisait
signer par des témoins, qui, jusque dans les derniers
temps, paraissent avoir été au nombre d au moins dix 1 ,
et que les deux fiancés donnaient leur consentement au
mariage. Puis une femme qui devait n’avoir été mariée
qu’une fois, la pronuba , amenait les deux époux l'un
vers l’autre et mettait la main droite de la femme dans la
main droite du mari (fig. 4872, et jono fig. 4180) ; c était
la dextrarum junetio 20 . Elle était suivie d’une prière
' amat ■ I, 31 ; 7V,
2, 522; Pont. 3, 3, 51. Marquardt conclut qu’elles
étaient doubles, d'après Propert. 5, 1 1 , 33, et Val. Max. 3,2.1 (L.c. p. Si, noies 1-3).
- 12 Jordan, Der Tempe l der Vesta, p. 47, pl. vm-x ; voir supra , les lig. 4056,
4057. — 13 Varr. Ling. lat. VII, il. — U D'après une photographie. Cf. Baumoister,
Denkmaler , I, fig. 754. — <5 Fest. Ep. p. 63;Lucau. Plwrs. II. 358. Plus tard le mari
porta aussi une couronne (Plut. Pomp. 55; Sidon. Apoll. Ep. 1,5; Tcrtull. Pc cor. mil.
1 3), ainsi que les assistants et le père de la mariée, sous l'influence des coutumes grec¬
ques (Claudian. De rapt. Proserp. 2, 328 ; Fescen. 13, 1,2; Epi thaï. 921. Voir jcxo,
fig. 4165 ; cf. Dilthey, Ann. d. ht. 1869, p. 15. - 16 Oeil. 3, 2. 10 ; Scrv. ad Aen. t,
314 • 3, 136; 4, 45, 166 ; Plaut. Cas. prol. 86 ; Plin. Hisi. nat. 10, ït ; Cie. De div. I,
IC 28 ; Val. Max. 2, 1, 1 ; Slat. Silv. I, 2, 229.- ‘7 Opinion de Karlo«a, Die Forme, i
de’rràm Ehe, p. 7, et de Studcmund, Mittheil. ans den Palimps. des Gains, p. 6.
- 18 Suel. Claud. 26; Tac. Ann. Il, 27 ; 15, 37 ; Juven. Sat. 2. 119 et 132;
6 200- 10, 335; Mart. 12, 5; Apul. Apol 68; SUl. Silv. t. 2, 229; Aml.ros.
De lapsu v irg. cons. 5, 20. - U Fest. 242 é. 29; Ep. p. 2H, 3; Terlull. Exhort.
castr. 13; Serv. ad Acn. 4, 166; Isid. Orig. 9, 7, 8 : Douai, ad Tercnt. Euu.
3,5, 45 ; Claudian. 31, 128; SUl. Silv. 1, 2, 11 ; Trch. Poil. Gall. 11. — 20 poul¬
ies représentations de la dextrarum junetio sur des sarcophages, des monnaies,
v Rossbach, L. c. p. 37 et suiv. Sur le bas-relief ici figuré d'après uuc photo¬
graphie d'un sarcophage du Musée de Florence (cf. Rossbach, Hocliseits. Denkm.
,49- Diitschke, Anf. llildwerke in Oberitalien , 111, p. 124, il» 63). Sur celui de
Mantoùe (Labus, .Wiiseo délia r. Accad. di Mantova, III, Uv. lui, p. 30a), sur
celui de San Lorcnto à Rome (Uartoli, Admir. fioman. 68 ; Rossbach, p. 42) cl d'aulres
encore, on voit, outre les deux époux et la pronuba, un enfant qui porte une torche,
personnification de ITiyméuéc ; voir Schmidt, De hymaeneo et lalasio, etc. Kicl,
1886 [hymaeneus, p. 335]; à côte du mari sc tient un paranymphus, à côté de la
femme une paranympha ; les paranymphi sont aussi mentionnés ap. Augustin. De
civ. Dei, 14, 18; cf. Concil. Carthag. 4, 13; Isid. Orig. 9, 7.
MAT
1656 —
MAT
prononcée par un auspe x nuptiarum , et adressée à
Jupiter, à Junon, à Vénus, à Diane et à la déesse Fides *.
Ensuite les mariés accomplissaient eux-mêmes le sacri-
lice d’un bœuf 2 ou d’un porc3, soit dans la maison, soit
même devant un temple public, comme paraissent le
prouver plusieurs textes et des monuments figurés qui
indiquent soit un temple, soit un cortège de sacrifice1.
Après le sacrifice et les vœux de bonheur formulés par
les témoins au moyen de l’acclamation féliciter % avait
lieu le repas de noces ( cena ), régulièrement dans la mai¬
son du père de la femme6. A l'époque primitive, il se
terminait à la nuit7.
Alors commençait le second acte de la cérémonie, la
conduite à la maison de l'époux {domina deductio ).
Après avoir fait semblant
d'arracher l'épouse aux
bras de sa mère 8, le cor¬
tège des parents et des
invités l'accompagnait à
la maison du mari9, avec
des joueurs de flûte et des
porteurs de torches10, en
chantant des vers fescen-
nins, dont les principaux
caractères étaient la bouf¬
fonnerie et l'obscénité iJ,
et en poussant le cri ta-
lasse , épithète d'une an¬
cienne divinité oubliée,
peut-être du dieu Consus
dont la fête avait coïncidé
avec le rapt des Sabines 12 .
Ces réjouissances étaient
en général très indécentes
et devaient être condam¬
nées plus tard énergique¬
ment par les pères de l’Église chrétienne13. Les petits
garçons demandaient à l’époux de leur jeter des noix,
soit parce que ces fruits étaient le symbole de la fécon¬
dité, soit parce que l’époux en avait fini avec les jeux
de l'enfance L’épouse était accompagnée par trois
garçons patrimi et matrimi (c’est-à-dir<
leurs père et mère); deux d’entre
formé par une branche d’aubépine
les invités s’emparaient ensuite comme*d
Fig. 4872. — Cérémonies du mariage romain.
eux 1- ayanl '‘ncore
troisième portait en l’honneur de \w,°IKluiSuienl’ Je
‘ • ’ 18 (nlh Un.tlaiïlbeail
ba dont
Derrière l’épouse on portait une quenouille et^r'81"*11
Le troisième acte était la réception de l’én0Ui '
maison du mari. Elle frottait de graisse ou j'i'u"'!
enveloppait débandés de laine les montants delà , »
Elle prononçait la formule: « Ubi tu Gains , ego S'''
détournée de son sens primitif, par laquelle elle répond' ï
à l’interrogation de son mari et donnait son nom nui
pour entrer dans la maison, elle était soulevée au-diss^’
du seuil. Cet acte était-il le symbole du rapt ou avait-il 3
but d’éviter une chute, et
partant, un mauvais pré¬
sage ? Les textes donnent
les deux explications20. Le
mari recevait son épouse
en lui présentant l’eau et
le feu, symboles de la vie
et du culte communs dans
V atrium , brillamment
éclairé 21 , où la pronuba
avait préparé eh face de la
porte le lectus genialis H.
Il y avait alors quelques
rites accessoires mal con¬
nus: la prière aux dieux de
la maison 23 ; la cérémonie
obscène où on plaçait la
jeune femme sur une re¬
présentation de Mutunus
Tutunus pour lui . assurer
dans l’avenir lafécondité51;
l’offrande par la lemme
de trois as, l’un à son mari, l’autre au foyer des Lares, le
troisième à l’autel du carrefour voisin Le lendemain elle
offrait à ses parents un repas, les repotian,& taux dit ux c
sa nouvelle maison son premier sacrifice-1. Juvcnal Dita
lusion àun don, au lendemain des noces, fait par le mai i
1 Tac. Ann. J I, 27 ; Plut. Quaest. rom. 2. — 2 Varr. De re rust. 2, 4, 9; Val. Flacc.
Argon. 8, 243; Senec. Octav. 700; Tac. Ann. 11, 27; pour les monuments, voir la note
ci-dessus, et Gerhard, Ant.Bildtcerke, l,*taf. lxxiv; Monum.d.Ist. IV, tav.ix; Rossbacli,
L. c. taf. I. — 3 Varr. De re rust. 2, 4, 9. Le sacrifice était sans doute offert aux dieux
Pilumnuset Picumnus d’après Yarrou (ap. Non. p. 528, 12). — 4 C’est la conclusion
de Marquardt ( L . c. p. 63) d’après Senec. Octav. 700; Tac. Ann. 1 i, 27; Apul. Metam.
4, 26 et Bartoli, Admir. tav. lxxxii et lviii. Mais le dernier texte cité se réfère plutôt
à des usages grecs. Voir la fig. 4872 et les monuments cités note 11, où le temple est
indiqué par des colonnes et un fronton derrière le sacrifice, tandis qu’un rideau tendu
derrière la dextrarum junctio fait comprendre que la scène se passe dans 1 habitation.
— 5 Juven. Sat. 2, 119. — 6 Dig. 23, 2, 5 ; Macrob. Sat. 1, 15, 22 ; Senec. Controv.
7, 21, p. 222; Quintil. Declani . 306; Capitolin. V. Pii , 10; Sidon. Apoll. Ep. 1, 5,
extr. ; Catull. 62, 3. Cependant il y a quelques exemples de repas faits dans la maison
de l’époux (Plaut. Cure. 728; Aul. 262; Cic .ad Quint. 2, 3, 7 ; Juven. Sat. 6, 202).
— 7 Serv. ad Bue. 8, 29; Fest. p. 245 a, 3; Catull. 62, 1. Une loi somptuaire
d’Auguste avait limité la dépense de ce repas à 1 000 sesterces (Gell. 2, 24) ; elle ne
devait sans doute pas être respectée. — 3 Fest. p. 289 a, 4; Macrob. Sat. 1, 15, 21 ;
Catull. 61, 3. — 9 Claudian. 10, 286 ; Stat. Silv. 1, 2. 233. — 10 Plaut. Cas. 4, 3,
1 ; 1,1, 30 ; Terent. ,Ad. 5, 7, 6 et 9 ; Mari. 12, 42, 3 ; Claudian. 14, 30 ; Fest. p. 245 a ,
280 a; Serv. ad Bue. 8, 29; Ad Aen. 4, 167; Senec. Controv. 7, 21,9; Cic. ProC tuent. 6,
15; voir Rossbach, £. c. p. 337, 342. — H Fescennini versus : Fest .Ep. p. 85 ; Serv. ad
Aen. 7, 695 ; Calp. Flacc. Declarn. 44; Pliu. Hist. nat. 15, 86 ; Senec. Controv. 7, 21, 12;
Sidon. Apoll. Ep. 1,5; Auson. Id. 13 ( cento nupt.) ; Claudian. Fescenn. 4, 29. On
ne sait pas exactement quelle est l’étymologie de ce mot : est-ce le nom d’une ville
d’Élrurie, Fescennium ? Est-ce plutôt le mot fascinum [fascindm]? Voir Raoul Ro¬
chette, Mém. de l'Acad. des lnscr. t. V ; O. Müller-Deecke, Die Etrusker , 1877, II,
p. 296; Corssen, Ueber Ausspracke , Vokalismus und Betônung d. lat. Sprache ,
2e éd. I, p. 707-748. — *2 On trouve les différentes formes du nom : Talasius (Plut.
Quaest. rom 31), Thalassius (Liv. 1. 9, 12 Cat. 61. 134), Thalasio (Serv. Ad Aen.
1, 651 ; Plut. Pomp. 4), Talassus (Mart. 12, 42, 4), Talassio (Mari. ^
25; Sid. Apoll. Ep. 1,5. La légende y voyait un des ravisseurs des .. _ Uv_
rattachait ce nom au mot grec ràXapos, corbeille de lileusc (lesl. I - ornom^
1, 9, 12); d’après Werkliu [Ind. Schol. Dorpat. 1860, p. 13), 00 se'‘l l||a|.jnüi
du dieu Consus. D’autres y voyaient une épithète grecque ( |IP. sostoni.
— 13 CvpriaD . De lmb. vin,, c. 18 (Migne, Pair. lat. IV) ! odn"’ ....
Cyprian. De lmb. virg. c. 18 (Aligne, -> IV, . 211 (Aligne.
Homil. 49, p. 443: 56, p. 486, 488 (Migne, hati. gi • • 172 ; Serv.
t. Ll). — H II y a ces explications et dautres encore dans es lialull.
1 - - - • Plin. Hist. nat. la,
.. . „ tio-Ser y. Ad Buc.h -*<
61, 131-5. — 13 Fest. p. 245a; Ep. p. 8, : Nomus, P' "^ cxplicali0Ii moinl
194 ; l’Iiii ' 'Jrarst-
“d’huile selon les
1 , "o • ' lui.
Ad Ecl.S, 30; Interp. Mai. Verg. Ad Ecl. 8, 30;
61, 131-5. — 13 Fest. p. 245a; Ep. p. 87; Noniu
Plin. Hist. nat. 16, 75. — 13 Serv. Ad Bue. 8, 29. Il y a une i
vraisemblable dans Fest. p. 289a, 7. — ,7 Plin. Hist. nat- ■ -
rom. 31. — 13 Graisse de porc ou de loup selon les uns, < 1
(Donat. ad Ter. Hec. 1, 2, 60 ; Isid. Ortg. 9, 7, 12 , »er '• ^
Quaest. rom. 31). — 19 Auctor de praenom. 7. — 20 plu • , (i . Qplat. Di
Cas. 4, 4, 1 ; Lucan. 2, 359 ; Serv. ad Duc. 8, 29 ; Isid. rig. -J ^ ^ smee.
scliism. Donatist. 6, 3. — '-1 Fest. Ep. p. 2; Vair. e . (Bae hreu».
Controv. 7, 21, 8; Plut. Quaest. rom. 2; Epithalam. . Je j’cau et du feu
Poet. lat. mm. 3, 42, 61); Claudian. 10, 200. Le rite de, 0 ‘ — 32 /Û"7/'a“:
est mal connu (Varron dans Non. p. 112, s. v. l ux et 80^*- ^ ^ llorat. l'C
lam.Laur. et Mar. L. c. ; Cic. Pro Ctueni . 5, 14; Fest. Ep.p- rgcajt lépou»
1, 1,87; Propcrt.5, 11,85; Gell. 15,9,4; Ascon.m Mil. P- * ;•
avec l’eau apportée dans Vaquale (Fest. Ep. 87, U , I r0P- ’ ’ ( jo, 30; I1’10'1 '
- 24 Augustin. De civ. Dei , 4, U ; (i, 9 ; 7, 24; Lactant 1ns J* ■ „ u culs
ad Nat. 2, 11 ; Apol. 25 ; Arnoh. 4, 7, I l ; Fest. p. ,0 ’ MFesl_ 28 1 " ; 1 'c
chez les Itomains, I, p. 19. - 25 Non. p. 531 (Varron). Acro, ai H»1'
2, 24, 14 ; Hor. Sat. 2, 2, 60 ; Auson. Ep. 9, 50 ; Symmach. Dp- . ^ FricdIS„dcr
Sat. 2, 2, 60. — 27 Macrob. Sat. I, 15, 22. - • uv'
ad h.
MAT
— 1657 —
MAT
,„tes du mariage se . rapportaient (le nom
; ces • ■
Fig. 4873. — Mariage étrusque.
A*---* pures abstractions, souvent de sens
FeuSeS"'"'noùs ne connaissons guère que par les
l»cène’ l'Liise chrétienne : Afferenda pour La dot,
Pi,rt>S nomitius, lterduca , Manturna pour la eon-
^Tm-ûson de l'époux, Unxia, Cinxia, Vivgi-
dlllle a , subir/ us Prema, Pertunda , Perfica pour la
L "*Hnn dans la maison dn mari et la nuit de noces 1 .
léCCP Les éléments propres au mariage avec manus
’LTla rvnfarreatio, la co emplie 1 'mus Nous rc-
s à l'article «ut», «» ajoutant ici le résumé de ce
'"J,°l on gait des cérémonies du mariage.
q t!n monument découvert il y a quelques années a
fhmsi d conservé dans le musée de cette ville2 jette sur
e point quelques lumières nouvelles; il répond en meme
ipmDS à une question souvent posée au sujet de la commu
Lté d’usages qui peut avoir existé entre les peuples de
l’Italie primitive 3.
Les scènes sculptées ‘j-
gurcetomheau étrus¬
que, qui ne peut être
postérieur au ve siè¬
cle av. J.-C., nous
montrent . au moins
en Étrurie, l’exis¬
tence de rites sur les¬
quels nous n étions
renseignés que pour les Romains. Sur une de ses faces
on voit (flg. 4873), sous un drap frangé, soutenu à ses
extrémités par deux personnes, dont une au moins est
une femme, trois figures dont les tètes sont cachées par
jee voile. Autant qu’on en peut juger par ce que l’on
aperçoit de leurs corps, celle du milieu est une femme
vue de face, enveloppée d’un manteau; les deux autres,
des hommes qui la saisissent par son vêtement. Il semble
bien que l’on ait ici l’image de la mainmise ( manu cap-
tio), avec un simulacre de- violence, du rapt en un mot,
que l’on rencontre chez d’autres peuples à l’origine du
mariage, dont l’enlèvement des Sabines conservait la
tradition légendaire chez les Romains et que Denys d’ila-
licarnasse4 présente comme l’ancienne coutume; la trace
ne s’en est jamais perdue. M. Gamurrini, qui a fait con¬
naître la découverte de ce monument, en citant des textes
connus5, rappelle aussi la formule dont se servait le
pontifex maximus quand il désignait une vestale nou¬
velle, en la saisissant par la main : ita le , Amata , capio 8,
cl y reconnaît celle dont on se servait en s’adressant aux
femmes mariées quand elles étaient manu captae. Le
jvoile étendu à la fois sur les deux époux, dont l'usage
j ancien est établi par un texte \ paraît être le symbole du
connubium, par lequel ils étaient nuptus et nupta ; deux
mities personnages sont figurés sur le bas-relief, tenant
, feuillages: l’un d’eux serait, selon M. Gamurrini, un
Pr( hequi a pris les auspices. On voit à la suite un
joueur de flûte.
nat" 11; Augustin. De cio. Dei,6, 0; Arnob. 4, 7, U ; Martiauus
p .89 et s Kj" ~ 2 Bullet. d. Ist. arch. Sezionc romana, IV (1889), pl. iv,
alomlamr ' *rab' V, 231. Les nombreuses conjectures faites à ce sujet ont été
P- 162 et s 1 ! M’0SécS discutées par Rossbach, Untersuchungen, 3* part.
LFlut Q ~ C FesC o. rapi; Virg. Aen. X, 79; Catull. Epitli. CI,
Pr»plerea d', "j 7 °W' 29 ’ Gamurriui- L- c ■ P- 92- — 8 A. Gcll. 1, 12 : « Capi virgo
poteslate ' "lclur quia poutificis maximo manu prehensa, ab eo parente in cujus
*eleres ao!7’o|VC,Uti liell° Capta abducilul' »• — 1 Non- Marc. p. 143 : « nubere
lln* mu**eres sed etiam viros dicebant » et peut-être par la coutume
Dans la sculpture qui décore un autre côté du même
monument (fig. 4874), il est difficile de ne pas reconnaître
la cérémonie de la coemplio. Le personnage du milieu
est un homme, et une femme lui fait face; tous deux
tiennent dans leur main levée un objet indistinct, peut-
être une pièce de monnaie. En même temps le mari en
dépose une autre dans un sac que lui tend la femme . < e
qui s’accorde avec le commentaire où Servius déclare *
que les deux époux s’achetaient par une vente simulée.
Dans la troisième figure on peut voir soit un pronubus
ou une pronuba , soit le libripens, assistant nécessaire
à la mancipatio.
Sur un sarcophage 9 étrusque d un temps plus récent
[etrusci, fig. 2844], un mariage est représenté: au milieu
les deux époux se donnent la main. Chacun deux est
suivi de serviteurs qui portent, derrière le mari, le
siège, le lituus, le cor, qui sont sans doute des insignes
de son rang ; der-
-J . rière la femme, un
— ^ parasol, une cassette,
un éventail, une lyre:
ils sont encore re¬
présentés sur le cou¬
vercle se- tenant em¬
brassés.
La cérémonie de
la confarreatio était
une cérémonie religieuse, précédée de la prise des aus¬
pices, célébrée par le grand pontife et le tlamine de Jupiter,
le fl amen Dialis , en présence de dix témoins. Quel était le
rôle de ces dix témoins? Représentaient-ils les dix g entes
de la curie ou les dix curies de la tribu du mari? Étaient-
ils, eux et le grand pontife, de simples témoins instrumen¬
taires, ou avaient-ils à sauvegarder un intérêt politique,
à constater par exemple l’existence du connubium entre
les époux ? Nous ne le savons pas exactement. Mais il est
probable qu’à l’origine la confarréation, comme l’adro-
gation et le testament, intéressait toute la commu¬
nauté et se célébrait dans la curie 10. Plus tard elle a dù
se passer, comme les autres mariages, dans la maison de
la future. Au premier acte, après la conclusion du con¬
trat, la future prononçait la formule dont nous n'avons
que le texte grec11, et qu'on traduit par les mots
« quando (ou ubi) tu Gaius,ego Gaia ». Elle signifiait
probablement à l’origine que la fiancée adoptait le nom
observée au mariage du /lamen cl de la fiaminica , de couvrir leurs tètes de la toison
de la victime immolée, Scrv. ad Aen. IV, 374. — » Ad Aen. IV, 103 ; cf. Varr. ap.
Nou. p. 531 : « Assulus ad mantum nubeutes deferebaut, etc. ». — 9 Do Yulci,
Alonum. d. Inst. VIII, pl. xviu ; Marlba, l'Art étrusque, p. 350. — K> Gai. t,
Ii2; Ulp. 9, I; Plio. Hist. nat. 18, 10; Serv. ad Aen. 4, 103, 374; Diouys.
Hal 2 25; Fest. Ep. 88, U. Cuq (Instit. juridiq. des Domains, p. 204-229)
n’admet la confarréation que pour le cas de gentis enuptio où la femme avait
besoin d'uuê sorte de sacrorum detestatio ; mais cette hypothèse manque de
preuves suffisantes. — H Plut. Quaest. rom. 30; cf. Quintil. 1, 7, 28.
MAT
— 1658 —
gentilice de son fiancé1. Plus tard, lorsque Gaius et
Gaia furent de simples prénoms, elle cessa d’être com¬
prise et on en donna des explications invraisemblables2.
Après la dextrarum junctio , on offrait à Jupiter une
oblation composée de fruits et d’un gâteau d’épeautre
( panis far reus, libam farreum ), probablement par
l'intermédiaire du tlamine de Jupiter, qui prononçait la
formule de la prière, où étaient sans doute invoquées
outre les divinités nuptiales, telles que Junon, des divi¬
nités champêtres, Tellus, Picumnus et Pilumnus 3.
Pendant l’offrande, les époux se tenaient sur deux sièges
jumeaux, recouverts de la toison d’une brebis qui avait
été sacrifiée, puis ils faisaient le tour de l’autel, par la
droite4, précédés par un enfant ( camillus ) qui portait
dans un vase appelé cumerum ou camillum certains
objets [nubentis utensilia) que nous ne connaissons pas
exactement 3. Y avait-il un autre sacrifice? C’est peu
probable6. Nous ignorons quelles étaient les paroles
solennelles ( certa et solennia verba) dont parle Gaius1.
Le mariage par confarréation se dissolvait par la cérémo¬
nie analogue de la diff arreatio 8.
On voit donc que, en dehors de la confarréation, le ma¬
riage n’exige ni solennités de forme, ni intervention de
l'autorité publique. Il n’y a même pas de moyen régulier
d’en constater la formation. En fait cependant, surtout
pour distinguer le mariage du concubinat, il y a comme
preuves les cérémonies qu’on vient de voir et la conclu¬
sion d’un contrat de mariage. Le contrat s’appelle tabulae
nuptiales , matrimoniales , dotales ou dotis 9, instru¬
menta dotis ou dotalia10. 11 n’est pas absolument néces¬
saire et ne constitue pas à lui seul le mariage, puisqu’il
peut être signé même après l’union ". A défaut de ces
preuves, les jurisconsultes classiques paraissent avoir
admis que, chez des personnes honorables, la cohabitation
était une présomption de mariage ; cette présomption
fut également admise par Théodose II et Valentinien III,
et confirmée par Justin (ou Justinien) quand les deux
personnes étaient libres et ingénues; Justinien exigea
pour les sénateurs et les illustres un contrat renfermant
une constitution de dot et une donation ante nuptias ,
et, au moins pendant quelque temps, pour les autres
dignitaires un écrit rédigé par le defensor en présence
de trois membres du clergé 12.
B. Conditions de fond communes aux deux formes du
MARIAGE.
I. Age requis. — Il était déterminé primitivement par
le chef de famille, et, en pratique, il coïncidait avec la
l C’est l'explication de Mommsen [Rom. Eorsch. I, il) qui croit que Gaius était
d'abord un nom gentilice. Cette formule fut appliquée plus tard à la coemtio (Cic.
Pro Mur. 12, 27) mais abusivement, puisque dans ce cas la femme ne prenait pas
le gentilice du mari. — 2 Auctor de praenom. 7; Fest. Ep. 95, 18; Plutarque
( Quaest . rom. 30) donne en outre ce sens général : « Où tu es maître, je suis
maîtresse ». — 3 Serv. ad Aen. 4, 58, 116 ; Nonius, p. 528. Plus lard, à la
piaffe de Tellus il y eut Cérès (Serv. ad Aen. 4, 58 ; Fest. Ep. 87). — 4 Serv. ad
Aen. 4, 374; Fest. Ep. 114 ; Val. Flacc. Argon. 8, 245. — r> Varr. De Jing. lat.
7, 34 ; Fest. Ep. p. 50, 63 ; Rossbach pense, mais sans raison, que ces objets étaient
le gâteau et les accessoires de l’offrande. On voit le camillus portant le cumerum
sur des bas-reliefs déjà cités, notes 1 et 3 de la p. 1656. — c Le texte d’Ulpien, 9, 1, ne
suffit pas à le prouver. — î 1, 112. — 8 Un sacerdos confarreationum et diffar-
reationum à Antium au n« siècle ap. J.-C. ( Corp . inscr. lat. 10, 6662). — 9 Plaut.
Trinum. 689-691; Tac. Ann. 11, 30; C. Just. 5, 4,9; Apul. De mag. 68, 88;
Tcrtull. Ad ux. 2, 2; Firmic. 7, 17; Isid. Orig. 9, 5, 8 ; Augustin. Serm. 292, 3;
Dig. 23, 4, 29 pr. ; 24, 1, 06 ; Isid. De eccles. off. 2, 20, 10. Il y a legitimae
tabellae dans Juvcn. Sat. 6, 200. — 10 C. Just. 5, 4, 13, 22, 23. — H Quintil. 5, 1 1,
32 ; Dosith. Uadr. sent, il ; Dig. 24, 1 , 66 ; 39, 5, 31 pr. ; 45, 1, 134; C. Just. 5,
4, 13. Sur les monuments figurés, le fiancé tient le contrat de la main gauche au
moment de la dextrarum junctio , mais le contrat est représenté sous la forme, non
de tablettes, mais de volumen (fig. 4872). — 12 Dig. 23, 2,24; 39, 5,31 pr. ; C.Just. 5,
MAT
puberté, c’est-à-dire l’aptitude à engendrer ri „
(. Pubes ), l’aptitude à concevoir chez !•> r h /- 1 ll°mme ]
tm-, patiens, mri potrns). Par consi, m,™,
puberes ne se mariaient pas valablement non ? n'J"'
les castrats13. Pour les femmes, l’àge de’,!,, ' PUs,lU(i
volus fut toujours une présomption de , "/1‘ ^ns ré-
Pour les hommes, il y eut des variations d-u sîlf •'
lation et dans les mœurs. Une cérémonie relire ^
lébrée régulièrement le jour des Liberaliu lll'Z' ^
marquait l’époque où le jeune homme atteiemit iv J’
la puberté18. Il déposait devant les Lares de sa maison "
togapraetexta etsa bulla qu’on suspendait au-dèssu T
foyer, et revêtait la tunica recta et la robe des homme
la toga virilis , para, libéra ; il devenait vestimj'
après un sacrifice célébré dans sa maison, il était conduit
solennellement au Forum 11 et inscrit sur les listes civi
ques [census, tribus]. Il avait dès lors la pleine capacité
juridique, sortait de tutelle, pouvait tester et se marier
A quel âge avait lieu cette constatation de la puberté? Il
est vraisemblable que dans le droit primitif, d’après la
prétendue constitution de Servius,c’étaitàdix-septansls
Cet âge de dix-sept ans, la plena pubertas , eut pendant
longtemps une certaine importance juridique 20. Mais dès
la fin de la République les parents pouvaient, pour diffé¬
rentes raisons, avancer cette date21. Sous l’Empire, de
nombreux textes montrent que la prise de la toge virile
variait entre quatorze ans et seize ans révolus, sauf dans
la famille impériale, où pour des raisons particulières on
trouve même connues limites extrêmes douze et dix-neuf
ans 22. Dans le droit public, nous trouvons l’âge de qua¬
torze ans indiqué pour la première fois dans la lexcolo-
niae Juliae Genetivae de 44 av. J.-C.23, et c’est cet âge qui
prévalut, malgré les divergences des jurisconsultes21 : si
les Sabiniens l’acceptaient, les Cassiens tenaient encore
pour l’époque réelle de la puberté, constatée par un exa¬
men physique, et une troisième opinion exigeait ces deux
conditions23. Justinien établit décidément l’age de qua¬
torze ans. Quand la condition d’àge n avait pas été res¬
pectée, il n’y avait pas mariage véritable; mais le vicd
était couvert quand les deux conjoints avaient atteint la
puberté, mais cependant il n’y avait pas d effet rétro-!
actif26. On peut admettre que l’àge moyen du mariage
était, pour les femmes, de treize à seize ou dix-sept uns,
pour les hommes, de vingt à vingt-cinq ; les luis ea a
caires d’Auguste frappaient de leur déchéance h * 1(21
bataires, femmes, dès l’àge de vingt ans, hommes, es
l’ordre sénatorial, les
l’âge de vingt-cinq ans2'. Dans
4, 9, 23, § 7 ; Non. 74, 4; 117, 4. - « Fest. *, ». P^es : Cic.
Ulp. S, 2 ; Dig. 23, 3, 39, § 1 ; 40, 2, 14, g 1. Mais il n eu éiï \ ^
l'homme naturellement impuissant, du spado. u Instit. I . — / l0llvajt choisir
De idol. 16; Ovid. Fast. 3, 771; Cic. ad Att. 6, 1, 12. Mais onj ;
d'autres jours que tes Liberalia. — 1,1 Propert. 1, 131, a , 1 eis. ^ q(c p/iil.
Ilorat. Sat. 5, G!i ; Plin. Hist. nat. 8, 194; Fest. p- - - ' j. ApolJ
2, 18, 41 ; ad Att. 5, 20, 9 ; 9, 17 et 19, 1 ; Suct. Cl. 2; *>°ncc' ' ' ( ,32;
De mag. 70, 73; Catull. 08, 19; Pliaedr. 3, 10, 9; ^ 5, |, 133 :
Ovid. Fast. 3, 777; Fest. Ep. 368, 9; Geil. 5, 19, '■ ^ ^ J gtot> .Vi/o. ».
Cic. Pro Mur. 33,69; Suet. Cl. 2; Plin. Ep. U 9’ Tf) • Dig. *’ H
2, 68 ; Cic. ad Att. 7, 8, S ; Fest. Ep. 36, 7 ; InstU. », ^ , y,*.
1 livclll-
H,,.
pies relevés par Marquardt, L. c. p. I5U 22 Liste des cxc 1 r, Tac. A»'*-
L. c. p. 151-153.-23 Corp. inscr. lat. 2 suppl- * );ai’ tl3; Ulp- 11
13, 15; Fest. s. v. Pubes-, Scnec. Cons. ad Marc. 2t. I ' n„ tel llJT
*1 vu , • * J 1 ’ - • , - . Q , J Ilot •
§ 2 ; 28, 1, 5; 45, i, 141, §2; Gai. I, 145; 2, 113; Ulp. IG - - ( __ il Eae
_ 19 üell. 10, 8 ; Dig. 3, 1, 1, § 3. - » Dig.f, U ^ ’ ’daIls Marqua.'
Dig. 28, 1, 5 ; 28, 6, 2 pr. 15 ; Paul. Seat.* 3, 4 a, I ^ 1 j? ^ * . jsiil. Ori 0 11
De anim. 38; Macrob. Sat. 7, 7, 6; C. Just. 5, 60, %tpr. ,
180 ; Quintil. 4, 2, 5 ; InstU. G *
286 ; voir Friedliindcr,
2,3. _ 25 uip. Il, 28 ; Gai. 1,
23, 2, 4. — 27 U p 10, 1-2; Gai. 2, 111,
563-574.
26 IJill-
401-t
MAT
1 659 —
MAT
•i missent souvent avoir attendu pour se
f"“eS feîercice de la questure.
nia!'ier . _ Nous renvoyons a 1 article conm-
11 ■ seulement ici l’interdiction du mariage
frappe les simples soldats citoyens au service,
Bit». Ai°ul°
léga innte la durée de l’Empire jusqu’au iv siècle
pendant de droit, qui était reste douteux
»P- J'ï l(,xtes formels, a été confirmé d’une manière
malgre w documents découverts en Égypte’. Si le
déciS‘Ve Tl té contracté avant le service, ses effets légaux
mariage a wa
S°m 'Tün^üment. - A l’époque primitive, le consen-
, dps conjoints n’avait à intervenir que quand ils
ïmC i ni iuris ; au cas contraire, l’accord des chefs de
Se était la seule condition nécessaire*. Dans le droit
limie à la suite de l’affaiblissement de la puissance
li'Jcllè le père ne peut pas imposer un mariage a
llils ou à sa fille3, quoiqu’en fait cette dernière ne
Esse mère résister à ses injonctions. Le consentement
deS conjoints est donc théoriquement nécessaire ; par
conséquent, un fou ne se marie valablement que pendant
ses intervalles de lucidité''. Quand le futur n’est pas sut
■jam le consentement du chef de famille est toujours
nécessaire, quel que soit l’âge de l’enfant; il se donne
sans forme solennelle, expressément ou tacitement, on
ne consulte ni la mère, ni les ascendants maternels, non
plus que les ascendants paternels qui n’ont plus la puis¬
sance ; pour les petites-filles, placées sous la puissance du
grand-père, le consentement du père n’est pas néces¬
saire, mais il l’est pour les petits-fils qui sont dans le
même cas5. L’enfant sui juris n’a besoin d aucune auto¬
risation. quel que soit son âge ; pendant toute l’époque
où il y a toujours la tutelle perpétuelle des femmes, la
fille a besoin de Yauctoritas tutoris , qui devient, il est
vrai, de plus en plus une simple formalité 6 ; cependant on
constate plus tard une tendance à restreindre sa liberté :
d’après une loi de Septime Sévère, on consulte le magis¬
trat quand il y a désaccord entre le tuteur, la mère et les
autres parents sur le choix d’un mari ; d’après des lois de
Valentinien Ier, et de Gratien, puis d’Honorius et de Théo¬
dose, la fille ne se marie librement qu’après vingt-cinq
ans ; auparavant elle a besoin du consentement du père,
a son défaut, de celui de la mère, et à défaut de la mère,
de celui des plus proches parents 1 .
Jusqu’à Auguste, la loi ne peut intervenir contre le père
qui refuse son consentement : il n’encourt que la répri¬
mande du censeur pour abus de la puissance paternelle ;
a partir d Auguste, dont la législation favorise le mariage,
le magistrat est autorisé à intervenir quand l’opposition
du père n a pas de motif valable8. Que se passe-t-il en
cas fi°lie, de captivité ou d’absence du père? Dans le
Cas l'1' lQl*e du père, la fille est de bonne heure considé-
jP ' "mme sui juris\ jusqu’à Marc- Aurèle le fils a besoin
<lu*°risation de l’empereur pour se marier ; Justinien
ai1 1 11 outl’e donner aux enfants, par le curateur du fou,
Vrkundeii l'11' "" ’ ’ *ac’ ^ nn • ’L 27; Tertull. De exhort. castr. 12; Aegypl
voir non" ^ em ^us- von Berlin, n» 114, col. 1, 1. 5-13 cl 140 (sous Trajan)
titchen Url^"' ^ ^orP- viser, lat. 3 supplem. p. 2011 ; Paul Meyer, Die ügyp
Stift ir;i- un(t ^as Bherecht der rômischen Soldaten [Zeitscli. der Sav
tiei%e dr ’i'-i V ^ ’ Daleste’ iïouv. rev. hist. de droit, 1894, p. 087 ; Mispoulet
j)i9. 3> , °l0flie' ’• VIII. - 2 Gell. 2, 7, 18 ; Senec. Controv. 2, 3, 2 ; Ulp. 5, 2
82. Jj'Di ’ ®l ’2- ~ 3 C- Jast- 5, 4. 12; Dig. 23, 1, 12. — * Dig. 23, 2, 16
18, 20. _ 8 /J 2 V’ 1G’ S 1 ; c ■ Just. 5, 4, 5. -6 Ulp. 11, 22. — 7 C.Just. 5, 4, 1
’5iI2,§ 3. J'f i' ,9‘ — 9 B. Just. 5, 4, 25 ; Jnstit. 1, 10 pr. — 10 Dig. 49
■ - ’ 9 %• 23, 2,10. — 12 Pig. 24,1,33, §13 ; 35, 1, 15 ; 50, 17, 30
une dot ou une donation ante nuptias sous le contrôle du
préfet de la ville à Constantinople, et, dans les provinces,
du gouverneur ou de l’évêque9. Dans le cas de captivité, le
mariage contracté par les enfants est valable, si le père
meurt captif; sinon, malgré les effets théoriques du post-
liminium , le mariage est encore considéré comme
valable par la majorité des jurisconsultes, même pour les
garçons; Justinien exige un délai de trois ans depuis le
début de la captivité ’°. Dans le cas d absence, nous ne
savons pas exactement si l’ancien droit admet la validité
du mariage; Justinien demande encore un délai de trois
ans " .
La cohabitation effective n’est pas nécessaire pour la
formation du mariage ; elle résulte du consentement
[consensus on affeclus) et non du concubitus '*. Cepen¬
dant il faut que cette cohabitation soit actuellement pos¬
sible, c’est-à-dire que la femme soit mise à la disposition
du mari ; aussi l’homme absent peut se marier, la femme
absente ne le peut pas13.
En l’absence de l’une des conditions qu on vient de
voir, il n’y a pas justae nuptiae ; si 1 union devient plus
tard légale, il n’y a pas rétroactivité11; les enfants,
conçus auparavant, ne sont pas légitimes.
C. But ET EFFETS DU MARIAGE.
I. — Il a pour but essentiel la procréation des enfants
[liberum quaesundum , quaerendorum gratia)^ . Théo¬
riquement et dans le droit primitif, il est conclu à vie.
Il exclut la polygamie. La femme qui vit avec un homme
marié ( paelex , pelex , pellex ) est frappée de réprobation
par le vieux droit pontifical qui lui interdit de toucher à
l’autel de Juno Lucina , sous peine de lui offrir un sacri¬
fice expiatoire i6.
II. — Il y a d’abord un certain nombre d’effets géné¬
raux communs aux deux formes du mariage.
Les justae nuptiae impliquent une association pleine
et entière, l’égalité de droit divin et humain Au point
de vue social, les époux ont le même rang, la même
dignitas ; la femme ( uxor ) s’élève ou s’abaisse par le
mariage, et la situation qu elle acquiert subsiste mèmi
quand il est dissous, à moins quelle ne contracte un
second mariage de rang inférieur 18 ; sous l’Empire, la
femme entre dans la classe sénatoriale quand son mari
en fait partie; et alors elle porte dès Hadrien, régulière¬
ment depuis Marc-Aurèle, l’épithète de clarissima ; la
femme d’un vir consulats porte aussi le titre de consu¬
lats , titre que l’empereur peut également décerner à des
femmes, surtout de sa famille, par faveur spéciale19. La
femme garde sa condition quand elle épouse, ingénut un
affranchi, affranchie un ingénu, patricienne un plébéien,
plébéienne un praticien. Elle a de plein droit le domicile
légal du mari et le garde après la dissolution du mariage,
à moins qu’un second mariage ne lui en donne un autre90.
Dans la maison, elle participe aux cultes particuliers du
mari, à ses sacra privata. Elle tient le premier rang au
foyer domestique [gynaeceum] ; elle exerce sur ses enfants
Xov 18 4, § l. _ 13 Dig. 23, 2, 5. Celle matière était très controversée: voir
Accarias, Précis de droit romain, 4* éd. p. 194-197.— '4 Dig. 1,5,11; Frag.Vat.
lOj. — 18 Gell. 4, 3, 2; 17, 21, 44; Fest. s. v. Quaeso ; Plaut. Capt. 4, 2, 109;
Aul. 2, 1, 25 ; Val. Max. 7, 7, 4 ; Horat. Ep. 1, 2, 44 ; Suet. Cpes. 52. — 1« Gell.
4 3 • Fest. Ep. s. v. Paelices-, Dig. 50, 16, 144. Ce sens de pellex est un sens
dérivé • au début, ce mot signifie simplement concuhiuc : voir Paul Meyer, Der
rôm. Konkubinat, p. 7-14. — U Instit. I, 9, 1 ; Dig. 23, 2, 1 ; C. Just. 9, 32, 2;
Dionys. Haï. 2, 25. — 18 Dig. i, 9, 1, § 2, 8, 12; C. Just. 12, 1, 13 ; Corp. insc, \
qr 5404. — 19 Dig. I, 9, 1 et 12; Dio Cass. 79, 15; Corp. inter, lat. 2, 1174 ; 8,
8993 ; Corp. inscr. gr. 3104, 3908. — 20 Dig. 5, 1, 65: 50, 1,22, § I.
MAT
1000 —
la même autorité morale que le mari1, elle dirige leur
première éducation [educatio]. Elle a droit à la rcve-
rentia de la part des affranchis du mari2. Le mari lui doit
protection ; elle lui doit respect3. Ils se doivent récipro¬
quement fidélité [adulterium]. Un second mariage, con¬
tracté avant la dissolution du premier, est nul, et s’il y a
eu mauvaise foi, entraîne, comme stuprum , l’infamie et
une peine corporelle, plus tard même, dans le droit de
Justinien, la mort, contre le coupable, mari ou femme4.
Le mariage engendre l’alliance ou l’affinité, c’est-à-
dire la relation qui se forme entre les deux époux, entre
chaque époux et les parents de son conjoint, entre les
parents des deux époux c. Sauf quelques exceptions,
I affinité ne produit plus d'effets juridiques après la
dissolution du mariage6.
A la belle conception du mariage qu’on a vue répondent
le rôle et le caractère de la matrone romaine à l’époque
ancienne 1 : elle n’est point enfermée dans un gynécée
comme la femme grecque; exempte, au moins dans les
grandes familles, de tout travail servile8, elle est occu¬
pée à filer et à tisser avec ses esclaves9, à administrer
la maison, à nourrir et à élever ses enfants10. Elle ne doit
pas boire de vin. Elle n’a de relations que celles de son
mari11. Elle reçoit les souhaits et les' présents de sa
famille au 1" mars, jour des Matronalia. Elle conseille
son mari dans toutes ses affaires12. Au dehors elle porte
la stola matronalis ; on lui cède le pas dans la rue13 ; on
ne doit pas la toucher, même pour une citation en jus¬
tice14. Elle peut paraître devant les tribunaux, soitcomme
demanderesse, sauf, à partir d’une certaine époque, pour
autrui, soit comme témoin, et dans les procès criminels
pour intercéder en faveur de parents15. Elle assiste aux
repas solennels, à un certain nombre de spectacles publics,
aux fêtes des femmes mariées (les Carmentalia , les
Matronalia , la fête de la Fortuna virilis, les Matralia ,
le sacrum Cereris , la fête de la Bona Dca). Les mères
de trois enfants ont, sans doute depuis Auguste, une
stola particulière : ce sont les stolatae matronae 10 [stola].
II y eut à Rome, probablement depuis une époque très
ancienne, un conventus matronarum, collège sans doute
religieux, dont nous ne connaissons presque rien ; il
avait son local, sa curia, sur le Quirinal et peut-être un
second lieu de réunion au Forum de Trajan. On sait
qu’il se réunissait pour certaines fêtes et quand une
femme entrait par le mariage dans la classe des consu¬
laires. Elagabal en fil un senaculum auquel il donna un
nouveau local sur le Quirinal, et toutes sortes de règle¬
ments sur le costume, la préséance, les différentes formes
de véhicules. Aurélien paraît l’avoir rétabli dans son
état primitif, en donnant le premier rang aux femmes
qui avaient été prêtresses1'.
1 Gell. 5, 13; Corn. Nep. Praef. ; Dionys. Hal. 2, 25; Horat. Od. 3, 6, 39-40;
Tac. Dr ornt. 28. — 2 ('. Just. 2, 2, 1. — 3 Dig. 47, 10, 2; 24, 3, 14, 1. — ’> C.
Just. 9, 9, 18: Instit. 4, 18, 4.-5 Dig. 38, 10, 4, § 3-8; Frag.Vat. 218, 302.
— f' Dig. 3, , 1, § ni; 3, 1, 3, § 1; Imlit. 1, 10, 7; Frag.Vat. 303, 218, 219.
— 7 Voir Marquardl, L. c. p. 09-70. — * Plut. Quaest. rom. 85; Corn. Nep .Pracf.
— 9 Arnob. 2, 07 ; Ascon. In Mil. p. 43 ; Liv. 1, 57 ; Corp. inter, lat. 0, 1527,
1. 30; 11002; 1. 1007.. — 10 Colum. De re rust. 12 pr. ; Cic. Ad Fam. 10,20,2;
Plant. Meneclt. 12t! ; Plut. Cat. maj. 20 ; Tac. Dial. 28 ; Agric. 4 ; Plin. Ep. 3, 3, 3.
— H Plut. Conj. praec. 19, p. 100 ; Plin. Hist. nat. 14, 90; Val. Max. G, 3, 9;
Terlull. Afiol. 6; Gell. 10, 23, 1; Serr. ad Aen. 1, 737; Dionys. Hal. 2, 25.
— 12 Liv. 6, 34; 39, 11 ; 38, 57, 7. — 13 Val. Max. 0, 1 pr. ; 15, 2, 1 ; Horat. Sat. 1,
2, 94; Plut. Rom. 20. — 14 Val. Max. 2, 1, 5. — 15 Dig. 3, 1, 1, § 5; 22, 5, 18; 28,
1, 20, jï 0 ; Val. Max. 8, 3, 2; Cic. In Verr. 1, 37, 94 ; Ascon. In Mil. p. 41; Suet.
Caes. 74; Tac. Ann. 2, 34; 3, 49; Caton. Fragm. p. 28. — 16 Le Bas-Waddington,
As. Min. add. 1000 ; voir iluebner, Commentât . in honor. Mommsenii. p. 104.
MAT
III. Rapports des époux. — Quand ü .
renvoyons à l’article manus. Dans le marLt^^’ n°>« I
si la femme était suijuris, elle restait siü ^ mn^
tutelle de ses agnats; lorsque la tutelle n ,,,s’SOuslï
femmes eut disparu, elle put dispose,. ifi *«
ses lnens. S, elle était alieni juris, elle r“, U'lo">
puissance du paterfamilias, soumise à s. SOus la
domestique ; elle acquérait pour lui il étaii*
de ses torts, avait pour la réclamer les inte'rdiiT!1^1®
exhibendis , ducendis, pouvait, jusqu’à l’époque. ^
nm, la revendiquer malgré son mari Les ,|n °'
moines restaient distincts, sauf la dot18 De bonn
les femmes possédèrent ainsi des fortunes si Consid<wT
que la loi Voconia défendit à tout citoyen possédé!,!
d une fortune d’au moins cent mille as d’instituer noJ
héritière testamentaire une femme ou une jeune tille
[lex, p. 1167]. Elles avaient souvent, pour administrer
leurs biens, des mandataires propres, des procurahm»
qui étaient souvent leurs affranchis. A ce point de vue
les deux époux étaient donc l’un par rapport à l’autre des
étrangers ; mais ce régime subit quelques atténuations;
ainsi les époux ne purent s’intenter réciproquement des
actions pénales ou infamantes20 ; en cas de poursuite par
son conjoint, l’époux n’était condamné que jusqu’à con-j
currence de ses ressources21 ; les donations faites par l’un
des conjoints à l’autre étaient nulles 22 ; dans l’application
du senatus consultum Silanianum , les esclaves de l'un
d’eux étaient censés communs23 ; l’édit du préteur et les
lois des empereurs établirent entre eux un droit de suc¬
cession [bonorum possessio, heres] ; enfin le mari eut
pour réclamer sa femme des interdits analogues à ceux
du père {de uxore exhibenda , ducenda ), et vers l’époque
d’Antonin on enleva au père le droit qu'il avait encore
de rompre malgré elle, malgré l’existence d’enfants, le
mariage de sa fille24. Quant au nom, dans le mariage par
confarréation, la femme prenait probablement au début
le nom gentilice de l’époux ; dans le mariage sans manus,
la femme gardait régulièrement le gentilice paternel ,
cependant, sous l'Empire, elle a pris quelquefois, abusive¬
ment, celui du mari26. A l’époque primitive et, encore
sous l’Empire, dans les grandes familles, elle ajoutait à
son nom le génitif du nom du mari21 ; plus tard, le nio
uxor indiquait généralement le mariage Nom ' •
IV. Rapports de la mère et de l'enfant. - Us «laie“
fout autres dans le mariage sans manus que dans ' |n,|1
riage avec manus [manus]. Dans le premier cas, 111,1 e.’ J
mère et l’enfant appartenaient légalement a d< ' M]'"
différentes ; l’enfant n’était pas l’héritier ab intO'tu
mere ; sauf sa dot, les biens de cette dernière h
sa famille. Mais sur ce terrain le droit priinild su
de graves modifications, lorsque la paient 11,1
-estaient a
Suel. Galb. 5; Senec. De matrim.
U. liasse, p.
l'Iiisloire
— U Liv. 5, 25; 27, 37; ^v. « — pou|.
49; V.Elag. 4; Aurel. 49 ; voir Friedlander. L. c. P- *'• L f p 70-95 ;
la décadence et de la corruption du mariage à Home, '• ■ f j-. ncll.
Friedlander, L. c. 475-490. — 18 Dig. 43, 30, 1 , laid. . V ^ HtW,
Apul. De mag. 75. — l» Cic. Pro Caec. 5, 14; Corp ■ " j|arlial
Sen. Controv. 7, 20; Senec. Frag. 13, p. 51, Hieronjr ^ ^ , . ( Just Jj
5, 01 ; 12, 49; voir Friedlander, L. c. p. 468. — 211 V- , ]a r,,im„r P»11'
21,2. — 21 Dig. 42, 1, 20. — 22 Dig. 24, 1, i et 23 pr- fens éql,eslre «"
vait donner à son mari la somme nécessaire pom a: 30, Là '
sénatorial {Dig. 24, I, 42). - 23 Dig. 29, 5, I, S «. - 2' ^ . . « «"
C. Just. 5, 0, 15 (Antonin) ; 5, 17, 5 (Marc-Aurèle). —
du gentilice chez le mari et la femme provenait de c
môme gens {Corp. inter, lat. .9, 2115; 10, 1807, 2402).
25 La simili"1'10 |a
„nnart<'liaien
lin-
triige zur Kenntniss d. rôm. Pcrsonnenumen, p. 7t ■
104; 0, 1274.
Corp. in,cr'
lat ■
MAT
— 4001
MAT
devoirs [t:"GIsA
lui admise comme une source de droits et de
Le droit prétorien, puis des sénatus-
, c- r Tertullianum et le S.C. Orfitianum,
es, •
l'0"Sl11!'’"’ îmnériales établirent entre la mère et ses en-
elJeS °l'oit de succession réciproque [heres, p. 1L29],
f*1,tsU" ' , rédamer des aliments à l’enfant ; ce dernier
U “T1; nter contre elle des actions infamantes ni lui
ne Pul 'exception de dot, ni la citer en justice sans l’au-
0PP0Tion du magistrat, ni obtenir de condamnation
1 , „ll, eue jusqu’à concurrence de ses ressources1.
'luit le droit de réclamer la garde de ses enfants
I. (,res f[Uand le tuteur était un tiers, ou meme quand,
"nl" 'de divorce, ils restaient sous la puissance de l’autre
ei;;:nl et même, sous les empereurs chrétiens, elle en
'l tint la tutelle*. Inversement, quand le père et les as-
IdanN mâles paternels étaient décédés ou trop pauvres,
)a in;,r(, dut fournir à l’enfant des aliments, le faire ele-
ver
veiller sur sa tutelle, provoquer la nomination
d'un tuteur, sous peine de perdre tout droit a sa succes¬
sion b
Y. Rapports du père et del' enfant. — Ici les deux formes
de mariage produisaient les mêmes effets. Ils se résu¬
maient dans la formule : « liberi patrem sequuntur 5 ».
Le père transmettait donc à son enfant la qualité de
. citoyen, son rang social, sous l’Empire la noblesse séna¬
toriale s’il appartenait au Sénat [senatus] c, son origo,
Son domicile légal1 [tribus]. L'enfant naissait soumis à la
puissance paternelle ; la puissance appartenait au grand-
père quand il avait encore sous sa puissance le père de
l’enfant au moment de la conception 8 [patria potestas].
L’enfant était l'agnatdes agnats de son père [agnatio], le
fji'iitilis de ses gentiles [gens].
Ces effets supposaient la certitude de la libation : le
fait de l’accouchement la rendait de constatation facile
pour la mère9; il était plus difficile de prouver la pater¬
nité du mari : à l’époque primitive il tranchait lui-même
la question, puisqu’il avait le droit de reconnaître ( tollere ,
mripere) ou de rejeter l’enfant [expositio] 10. Plus tard
d y eut deux présomptions : une présomption morale,
exprimée par l’axiome « pater... is est quem nuptiae
demonstrant », d'après laquelle l’enfant conçu pendant
le mariage était censé issu des œuvres du mari 11 ; une pré¬
somption scientifique d’après laquelle les limites extrêmes
des grossesses étaient de cent quatre-vingts et de
àois cents jours 12 : par conséquent, l’enfant né au moins
C|,nt quatre-vingts jours après le début du mariage et au
pins trois cents jours après sa dissolution avait le béné-
I nee de la légitimité; mais la preuve contraire parait
avoir été admise contre les deux présomptions13, sur-
j °ut contre la première, par exemple en cas de maladie,
temporaire ou permanente, du mari u.
11 ■ '^SOLUTION DU MARIAGE. — Elle
d Par la mort de l’un des époux.
- 1 ar la perte de la lihertp T.’Atnhli.
vitude jure
Elle avait lieu:
perte de la liberté. L’établissement de la ser-
e civil i était devenu de plus en plus rare.
ol i' 12 cl 38 : Dig. 4, 3, 11; 37, 15, ïpr. 7, § 2 ; 4i, 4, 4, § 10 ; 25, 3, 5, § 2
ïî( j , ' 49, 1 ; 5, 35, 2, 3; Dig. 40, 30, 3, 5 ; Nov. 94; 117, 7. — 3 Dig.
c. ’_']’{] ■ s ' :i’ 1Î_U el 1. 8; C. Just. 5, 12, 14. — 4 Dig. 2fi, 0, 2, 2 ; /nstit. 3, 3,
rliancp,. i 8; Uv. 4, 4. — fi Dig. J, 9, 5, 0, 10. — 7 Mais l’enfant peut
Lss5anc;,; ' 0n"cile (Dis- 50, 1, 6, § l, 17, § 11). — s I nstit . 1, 12, 9. — 9 Les
Rome ilovaù'i "i a SSen^ aV0'' régulièrement depuis Marc-Aurèle, à
[V, Dam 'i r'uctectus aerarii, dans les provinces devant les tabularii publici
il»f{|Uarjt' ! ' b’"1' Apol. 89 ; Dig. 27, 1, 2, § 1 ; Scrv. ad Georg. 2, 502). Voir
gustin. bè m ' *^3l0A’ — 10 Oie. ad Alt. 11, 9, 3 : Terent. Andr. 404; S. Au-
' r";' De>’ 4- U. — U Dig. 2, 4, 5. — 12 Dig. 1, 5, 12 ; 38, 10, 3,§ 12, et
IV.
Justinien supprime la servi/us poenae''. La captivité
chez l’ennemi rompait le mariage, sauf celui de 1 aflran-
chie, femme de son patron, qui, en pareil cas, n’était pas
autorisée à se remarier'0; dans le droit de Justinien,
l’épouse du prisonnier ne fut autorisée à se remarier
qu’au bout de cinq ans, lorsque l’existence de ce dernier
était incertaine, sous peine de subir les mêmes dechean¬
ces que le conjoint qui était la cause du divorce' '.
3° Par la perte de la cité, qui amenait une rupitix
deminutio media , par exemple dans le cas de dépor¬
tation '". Cependant dans ce dernier cas, d’après quelques
textes19, le mariage subsistait, si leconjoint y consentait ;
mais nous ne savons pas exactement s il y avait la une
exception à la règle, ou s’il se formait un nouveau mariage
du droit des gens.
4° Par un changement dans la condition juridique, par
une capitis deminutio minima. Ce fait devait être fort
rare. Il se produisait par exemple quand un beau-père
adoptait son gendre sans émanciper sa fille, et proba¬
blement aussi, pendant l’Empire, quand le mari d une
affranchie devenait sénateur20.
3° Par le divorce [divortium].
La femme veuve devait porter le deuil du mari pen¬
dant dix mois, à l’époque primitive en blanc. Le. mari
n’était pas astreint à cette obligation 21. Si les mœurs
n’étaient pas très favorables aux seconds mariage*,
Auguste dut cependant en augmenter le nombre par
les lois caducaires, puisque le veuf redevenait immé¬
diatement coelebs, et que la veuve n avait que deux
ans ( vacatio biennii) pour se remarier22. Le veuf pou¬
vait se remarier de suite; la veuve devait attendre la
fin de la période de deuil : autrement la loi frappait
d’infamie le père de la femme, le père du second mari
qui avait ordonné ou toléré le mariage, le second mari
lui-même, à moins qu’il n’y eût été contraint Au
Bas-Empire, la femme elle-même devenait infâme ; en
outre elle perdait tout ce que son premier mari lui
avait laissé en mourant, elle ne pouvait rien recueillir
par testament ou à cause de mort, ni ab intestat au delà
du troisième degré; elle ne pouvait donner à son second
mari plus du tiers de ses biens en dot ou par testament.
D’autre part, les empereurs chrétiens inlligèrent de graves
incapacités au conjoint qui se remariait, ayant des
enfants d’un premier lit. Sur ses biens propres il ne put
ni donner entre vifs ni léguer à son nouveau conjoint
une part supérieure à celle que recueillait le moins favo¬
risé de ses enfants du premier lit; quant aux biens qu'il
avait recueillis du premier conjoint. aux lucra nuptialia ,
il n’avait plus sur eux qu’un droit de jouissance et d’usu¬
fruit; il lui était interdit de les aliéner; ils devaient
revenir intégralement aux enfants du premier lit* .
E. Unions régulières autres que les justae nupt iae. —
Il y en a trois formes principales:
1° Le concubinat lconci binatus].
2° Le contubernium [contvbernales .
12. _ 13 Gcli. 3, 16, 12; Blin, flist. nal. 7, 5, 40. — 14 Dig. 1, G, G.
— 16 Nov. 22, 8. — '« Dig. 24, 3, 5G ; 23, 2. 45, G. — 17 Nov. 22, 7. — 18 Paul.
Sent. 24, 3, 50. — 1» Dig. 48, 20, 5, § 1 ; 24, 1, 13, § 1 ; C. Just. 5, 10, 24 ;
J. _ 20 Dig. 23, 2, 67, § 3; C. Just. 5, 4, 28 pr. ; voir Girard. I.. c.
p )53i n, 4. — 21 Senec. Ep. 63, 11 ; Erag. Vat. 321; Plut. Num. 12; tjuaest.
rom. 26 ; Dig. 3, 2,9 pr.\ Apul. Metam. 8,9; Cic. Pro Cluent. 12, 25 ; Ovid.
Fast. 1, 35; 3, 134. — 32 Ulp. Iteg. 14. — 23 Dig. 3, 2, 1 cl 11, § 4. La femme qui
accouchait avant l'expiration des dix mois (un a» sous les empereurs chrétiens)
pouvait alors se remarier {Dig. 3, 2, 11, § 1-3). — 2i C. Just. 5, 9, 1, 2, 3, 0, 9 ;
Nov. 22, § 21-23.
209
MAT
1662 —
MAZ
3° Le mariage du droit des gens (juris gentium). C’était
le mariage entre Latins et pérégrins, ou entre Romains
et Latins, ou entre Romains et pérégrins, c’est-à-dire
entre des personnes qui n’avaient pas le connubium.
Nous ignorons quels en étaient les effets. 11 esC probable
qu’il autorisait la constitution d’une dot et qu’il donnait
au mari le droit de punir l'adultère de la femme1. 11
pouvait se transformer en justae nuptiae de plusieurs
manières : 1° par la concession du droit de cité à un
Latin ou à un pérégrin, qui, l’obtenant pour lui-même, sa
femme et ses enfants, obtenait en même temps de l’em¬
pereur, par concession spéciale, la puissance paternelle
sur ces derniers2 ; 2° par la causae probatio [libertus,
]). 1209 ; 3° par Yerroris causae probatio dont on a vu
les principales applications [libertus, p. 1209]. Ajoutons
ici le cas où un Romain ou une Romaine, ignorant sa
qualité, épousait soit un Latin, soit un pérégrin, en se
croyant soit de droit latin, soit de droit pérégrin.
.Nous laissons de côté les mariages réguliers de droit
pérégrin qui subsistent sous l'Empire (■ matrimonium
justum juris peregrini), parmi lesquels il y aurait à
citer le mariage de droit grec, le mariage de droit égyp¬
tien, le mariage de droit alexandrin.
Pour les effets de la filiation qui ne résulte pas d’un
mariage légal, nous renvoyons aux articles katurales
LIBERI, SPURIUS. Cil. LéCRIVAIN.
AI ATROXALIA [iUNO, p. 624].
AIATTA. J/ta0o?. — Natte de joncs tressés, servant de
couverture et mise par terre en guise de lit [stragulum].
C’était naturellement la literie des pauvres, des paysans et
des voyageurs qui couchaient sur la dure [lectus, p. 1015].
On en voyait dans les auberges vulgaires1. La natte,
'J/ixO o;, se nommait aussi en grec yageovt'a2 (de yagat, par
terre), yagcôv-r, 3, yxpsuviov 4, ces termes désignant d’ail¬
leurs n'importe quelle couverture posée par terre et
même des lits de feuillage. La composition de la natte
pouvait varier suivant les pays : en Égypte, on en tres¬
sait avec du papyrus 5.
En latin, la /natta (d’où est venu notre mot natte), faite
de différentes matières, en jonc, en paille, en laine gros¬
sière, axait la même destination ; on en mettait aussi
dans les chariots pour y passer la nuit G. Chez certaines
sectes religieuses, mattarius désigne celui qui avait l'habi-
E. 1
tude de coucher ainsi, sans aucun confort i
AIATTEAE. — Mets choisis que l’on sePv. P°n,6‘0
Romains, comme propres à réveiller l’am), n T’ Ctlez 1(!s
déjà rassasiés. Du gibier, de la volaille , c,,nv;""'
huîtres ou d’autres coquillages leur sont v •
chez Trimalchion, après un abondant rejm. 1 °fferls
MATIJLA, MATELLA. — Vasedont l’eLo'i d.
les Romains, celui de notre vase de nuit- ' aU,cllez
l'AMis des Grecs, il étaitd'USagecon8tald>„'|"'S'
et taisait partie du mobilier ordinaire des salles t' ^
Le convive claquait des doigts pour se le foire' °
parue serviteur '. Ou l'appelait aussi JZS
p. 991] ou fasanum-, traduction du grec Xanavdv’ r, ’
num], et scaphium A Les raffinements du hue roi M~
sont si connus qu’on ne s’étonne pas d’apprendre p‘j i’!
auteurs qu'il y avait des ustensiles de ce genre en a,Lent |
même en or et autres matières précieuses6. Mais nous
n en connaissons pas bien la forme exacte, et d’ailleurs 1
comme chez les Grecs [amis, fig. 257, 258],’ on se servait
Pour ce vil usage de vases différents, même de vases à
boire 6. Dans le langage familier, c’était devenu un terme
d’injure 1 .
Matella pouvait désigner aussi des vases destinés à un
autre emploi, de simples réci¬
pients pour l’eau ou pour
l'huile8. L? proverbe « mus in
matella » s’appliquait à
l’homme qui s’agite sans abou¬
tir à rien 9, On trouve aussi la
forme matellio 10. E. P.
MAZONOMON (MxÇovôgov,
[xaÇovogsTov, ga^ovogiov). — Va¬
riété de plat creux ou de pla¬
teau, analogue au catinum, au
discus, à la lanx et au pinax. Il
servait surtout de récipient à
faire le pain 1 ou de plateau
sur lequel on découpait les
parts de gâteaux2. Dans la
pompe de Ptolémée Plnladel-
phe, à Alexandrie, on vit pa-
4875. _ Serviteur portant
un pial.
SUT
raitre des jeunes gens portant la myrrhe et 1 encens
cent vingt gaÇôvoga d’or 3. D’après Pollux, ces pl.il» aux
• Cic. Top. 4; Dig. 48, 5, 18, 1. — 2 Plin. Ep. 10, 8; Gai. 1, 93-94.
— Bibliographie. Grèce. — Becker-Gôll, Charikles, III, p. 309-398 ; Hermann-
Blümner, Griech. Privatalterthümer, p. 268-278 ; Iwan von Millier, Die griech.
Privatalterthümer , p. 146, § 85 ; Baumeister, Denkmaeler , art. hochzeit ;
Herzog, Arch. Zeitung, 1882, p. 131-144; Cecil Smith, Journal of liellenic
Studies, I, p. 202-209; Furtvvaengler, Coll. Sabouro/f, notice de la pl. i.vin-i.ix;
Sticotti, Z u griech. Hochzeitsgebrûuchen, Festschrift für O. Renndorf, p. 187
et suiv. ; Deubner, Jahrb. des arch. Inst. 1900, p. 144-154, et les articles cités
en note. — Rome. — Brisson, De ritu nuptiarum lib. sing. Lugdun.-Batav. 1749,
p. 287-339 (Graev. Thés. VIII, p. 1007); Hotmanu , De veteri ritu nuptiarum
(Graev. Thés. VIII, 1107); liasse, Ras Güterrecht der Ehegatten nach rôm.
Ilechte, Berlin, 1827 ; Laboulaye, Recherches sur la condition civile des
femmes, Paris, 1843 ; Rossbach, Untersuchungen über die rôm. Ehe, Stutt¬
gart, 1853; Rômische Hochzeits-und Ehedenkmüler, Leipzig, 1871; Rein, Uns
Privatrecht der Rômer, Leipzig, 1858 ; Waller, Geschichte des rôm. Itechts,
3' éil. 1860, § 511-548 ; Karlowa, Die Formen der rôm. Ehe und manus,
Bonn, 1868 ; Hôlder, Die rôm. Elle, Zurich, 1874 ; Schupfer, La famiglia seconda
il diritto romano : Ortolan, Explication historique des Instituiez, 12e éd. Paris,
1883, l. Il, p. 79-102 ; Lange, Rôm. Alterthiimer, I, p. 88 et s. ; Voigt, Die XII Ta-
feln, Leipzig, 1883, t. II, p. 079-720; Gide, Étude sur la condition privée de la
femme, 2' éd. Paris, 1885, p. 87-163 ; Bouché-Leclercq, Manuel des institutions ro¬
maines, Paris, 1886, p. 376-381 ; Esmein, Mélanges d'histoire du droit et de criti¬
que, Paris, 1886, p. 1-36 ; Friedlander, Darstellungen aus der Sittengeschichte Roms,
0e éd. Leipzig, 1888, t. I, p. 450-577 ; lhering, Geist des rômischen Rechts , trad. de
Meulenaere, 2e éd. Paris-Gand, 1880, t. II, p. 182-207; Histoire du développement
du droit romain œuvre posthume, trad. de Meulenaere, Paris, 1900, p. 44-74;
Accarias, Manuel de droit romain, 4' éd. Paris, 1886, t. I, p. l u*-- ^
Manuel des antiquités romaines, t. XIV : La vie privée des
Victor Henry, Paris, 1892, p. 35-95; Cuq, Institutions juridiqm
Paris, 1891, t. I, p. 204-299 ; Girard, Manuel de droit romain, I1 ri
P- Hl-162- , q d il VI 1 41 ; Philoslr.j
MATTA. 1 Arisloph. Ran. 567; Schol. Ad h. I. — * roll. , > . 4,.
Vit. Apoll. III, 15. 105. — 3 Acschyl. Agam. 1540 ; Euripid. Mes r- .1
816; cf. Hesych. s. ». itaSo;. — 4 Moeris, Lexic. p. 408 ; Etipn- U m.
Poil. VI, 1, 9 ; X, 8, 43 ; Hesych. s. v. ; Plat. Conviv. p. 220
v. ; Plat, conviv. p. — • j|ais j| , a
pl. IV, 8, 4 ; cf. Plin. Hist. nat. XIII, 1 1 (22). - « Ovid. Fast. , ^ ^ j I
des variantes (scirpea lata fuit). — 1 S. August. Conti ■ nus 1 . rtng, 1rs
MATTEAE. 1 Petron. Sat. 65, 70, 79 et s. Martial me an I
grives et le lièvre, XIII, 92 ; cf. X, 59. . cf |H, 82, &
MATULA, MATELLA. 1 Mart. Epigr. VI, 89 ; X, 1 1 ; .j a| ’ gat. 1, 6, l0!l-
et Sencc. Epist. mor. X, 1 (77). — 2 Petron. Saty) • _ ; juvcn. Stl.
— 3 Poil. Onom. X, 9, 41; Nicarch. ap. Anth. Paint. XI, 28 : 'r-
VI. 263; Mart. XI, 11. - 6 Mart. I, 37 ; XI, Il ; Ulp. ap. ‘ , , . qiolf
’ -- b. 32. - 6 Mart. vi, tf_
Plin. Hist. nat. XXXIII, 152; Lamprid. Heliogab. 32. ‘ pe[ron. S«l. «
tina data est ». - 7 Plant. Pers. IV, 3, 64 ; cf. Mostell. K. ». • ^ _ l« Cic-
— 8 Cat. De re rust. 10 et 1 1 . — 9 Petron. Fragm. 58, '< * • ^ . pcs|, s. r.
Parad. V, 2; Varr. Ling. lat. IV, 25; V, 119; ld. ap. 01
— BiBLioonAPHiE. Becker-Gôll, Gallus, II, p. 279-281, ei « , ^ __ 2 Poil. ' 1
MAKONOMON. — 1 Etymol. magn. s. v. ; Pbot. ÿiî; ù-'1*"*
12, 87; Alhen. IV, 31, p. 149.-3 Athen. V, 27, p. IWsrf. J ,a ,é,e u»
un relief du Museo Pio. Clem., IV, pl. 22, un sem 111
MED
— 1663 —
MED
,;1|ette étaient ordinairement en bois1. On
niu ■?' terme mentionné dans une inscription,
|o«ve.le portés en offrande et faisant partie du
»2 II avait passe dans le latin et
lai» 011 à g
W*'1 ,run temple 5
°b' r mnloie pour désigner un plat creux, contenant
IK 4S75)3. Ces récipients étaient de grandes
E. PoTTIER.
Inven-
i
®o
H°racÉ
■ de la volaille (f>
I IrnUXlCUS, MACHINATOR, M^avoTtonk
I \ nslructeur de machines [machina] et aussi celui
teUr,°Ps 'fait mouvoir, ingénieur ou machiniste.
f flavoîco * est, chez les Grecs, le constructeur des
• Ig de guerre1; Aristophane donne le même nom
■L.nachiniste de théâtre2. Chez les Romains, les deux
IL machinator et mechanicus sont employés concur¬
rent mais non pas indifféremment l'un pour l’autre.
L trouve bien chez les auteurs latins le premier dési-
Lnl tour à tour des ingénieurs militaires qm con-
ftruisent les machines ou qui les mettent en action 3 ; des
Ingénieurs civils ou architectes, tels ceux qui tracèrent
L j^ins et bâtirent le palais de Néron sur les ruines
de Roine incendiée et qui creusèrent un canal du lac
Averne au Tibre 4 ; des mécaniciens qui agencent la
scène d’un théâtre et opèrent des changements à vue b;
mais un autre nom prévalut. A côté des machinatores,
citoyens romains, employés surtout aux armées, il y
avait des mechanici, étrangers, esclaves ou affranchis,
qui étaient presque tous des Grecs, et la nouvelle déno-
I mination, de forme grecque, fut introduite par eux.
t Après avoir désigné des théoriciens ou praticiens8 de ca-
I pacité supérieure mais, en réalité, subordonnés aux fonc-
[ tionnaires qui recouraient à leur expérience et à leurs
lumières, le nom de mechanicus acquit assez de prestige
pour l’emporter sur le nom ancien ; si bien qu’il devint,
I. au Bas-Empire1, le titre de personnages de haut rang,
I msulares , clarissimi, comités 8, qui présidaient à
I l’exécution des grands travaux publics. E. Saglio.
MEDDIX ou meddics. — Mot de la langue osque, équ iva-
lant, pour le sens, au latin magistratus1. Ce terme est
plusieurs fois employé par Tite-Live2 et se retrouve, sous
I différentes formes 3, dans un certain nombre d'inscrip-
[ dons provenant soit de l’Italie centrale ou méridionale,
I soit de la Sicile h Du rapprochement des textes et des
I inscriptions, il résulte ceci : le meddix est un magistrat
1 annuel, puisque son nom sert à déterminer une date8, et
Pollux, L. c. ; cf. Etymol. magn. et Hesycli. s. v. — 2 Corp. inscr. gr. 28!
~ Uillcnherger, Sylloge inscript. 170 (50). — 3 Sut. Il, 8, 80. La figure est tin
c assini, Pitture antiche , Rome, 1783, pl. iv. — 4 Nemesianus, De aucup. I, I
j dtiUnUm sub iniquo pondéré vidi mazonomi puerum ».
ECIIA.N1CUS, MACllIIM ATOR. 1 Xen. Cyr. I, 6, 22; Hist. gr. II, 4, 27; Pla
__ Diod. XIV, 43. — 2 Aristoph. Pac. 173; cf. Id. ap. Erotian. p. 5
corimi i ^ ' ^ CS^ appc^’ Par Tile-Live, XXIV, 34; « inventor ac machinator bd
cf f i, " "nt°lUm °Pcrum,Iuc>S par Solinus, 5 : « machinarius commentator
$ j XXL//0SC; Am‘ 45® 132 î Orclli, Inscr. 4216. — 4 Tac. Ann. XV, 42. - 5 Se
Luciliu ’ ~~ 6 nom sc rencontre pour la première fois dans un vers <
a l'aide r ^ Cs4‘ r‘ ^c^aur^ta), appliqué à un équilibristc qui fait ses tou
i diabètes -""i maC*1‘ue; Pu*s c*iez Columelle (III, 10, 5) à propos du sipho appc
* Pjai> cs mechanici; chez Vitruve [Vesp. 13) et Lampride (Al. Sev. 22 et 4
<1 arrliiio«i«o . . .. ' _
H (1* - > » iw u wyvesp. ei Eiampriue ocu. -- et
macliil)(,s (| U l,lleclcs ’ C*1CZ ^irnûcus Maternus (VIII, 27), de constructeurs
[ Gli archiiet, rU<TI0' ~T 7 ^0(l- Theod. XIII, C, 3 et Godcfroi, Ad h. LjvoirProi
ED v -/ v 6 architettura pressa i Romani , 1871, p. 37 et 54. — 8 Symim
«Lx ;3n
a" lls’ P- : « Meddix apud Oscos nomen magistratus es
Jnus ih; .
x-'inius ■ „ .r-.-.. « meuuix apua uscos nomen magistratus esi
-- 2 fit i j, y ' oaP^ur -eddix, occiditur aller » (cf. L. Miiller, Enni reliq. 3:
XXIV, 19 „ ’ :i ' : " ^e(Ux tuticus snmmus magistratus erat Campani
XXVI, o. _ 3 y SUS '*[' I'n’ Magio Atelluno, qui eo anno medix tuticus erat »;
X31), médis : me(^‘s (ZvetaiefT, Inscr. Ital. infer. dial, n01 07, I
Plur. ; meddiss r ^n'^' Sln^’ : me^ce>s (142); Dat. sing. : medicei (136) ; N
lCy Uni , 1 *!'’ me^x (33, 47), [liSSti; (253). Formes abrégées ; med (
11 ■ (04). I ormes dérivées : medicatinom (231), medicntvd (2
que Tile-Live a bien soin de spécifier que telle année tel
meddix entre en fonctions®; il est électif, puisqu il peut
être choisi parmi les citoyens de la plus basse condition 1 ;
il a des attributions judiciaires, puisqu'il peut infliger des
amendes8; il exerce des fonctions religieuses, puis¬
qu’on voit dags Tite-Live un meddix organiser une fête
solennelle et des sacrifices®; enfin, il est investi Ale l’auto¬
rité militaire, puisque le même Tite-Live nous montre un
meddix qui fait des enrôlements 10 et commande en
personne une armée 11 . La nature des pouvoirs conférés
au meddix en fait donc quelque chose d analogue a un
consul romain.
On peut distinguer deux espèces de meddix. Les uns
ont leurs noms associés deux par deux, preuve qu ils sont,
comme les consuls, simultanément en possession du
pouvoir exécutif l2. Les autres figurent toujours seuls
dans les textes littéraires ou épigraphiques, ce qui indique
qu’ils n’ont pas de collègue et qu'ils exercent seuls 1 au¬
torité, à la façon d’un roi ou d’un dictateur. Ceux-ci sont
désignés par un qualificatif particulier; on les appelle
meddix tovtiks 1J, titre dont les Latins ont fait meddix
tuticus 11 et dont le sens est « magistrat public ,s ».
Les deux catégories de meddix coexistent en Cam¬
panie. D’où l’on est amené à conclure que les premiers
sont comme des magistrats municipaux, c'est-à-dire des
magistrats dont l’autorité est limitée au gouvernement
d’une cité ou d’une bourgade particulière de la Campanie,
tandis que le meddix tuticus , que les textes de Tite-Live
nous montrent à l’œuvre, est le chef unique, a la fois
politique, religieux et militaire, de la confédération des
cités campaniennes 16.
L’origine du mot meddix est assez obscure. On a pro¬
posé diverses étymologies17. La plus plausible est celle
qui rapproche meddix du radical qui a donné en grec
[xéSogat, en latin modus et en allemand messen , c’est-à-
dire d’un radical qui exprime l'idée de mesure, de règle,
de commandement. Meddix (= med-dic-s) serait ainsi
l’équivalent du \sXinjudex (= ius-dic-s)**. Jules Martiia.
MEDEA (MvjSsia). — Dans toutes les traditions connues,
Médée est fille d'Aeétès, roide Colchide,et par lui petite-
fille d’Hélios *. Cette donnée fait d'elle la nièce de l'en¬
chanteresse Circé, fille elle aussi d'Hélios3. Elle a pour
mère l'Océanide Idyia, « celle qui sait3 », pour frère
Absyrtos 4 et pour sœur Chalciopé :i.
meddixud (231). medieim (231). Cf. Planta, Grammat. d. osk.-umbr. Dialecten
(Strasb. 1893). — 4 Dédicace osque en caractères grecs faite par deux meddix cl le
peuple des Mamcrtins (Zvetaielî, 253). — 5 Zvetaicfl, 17, 94, 97, 137, 138, 14», 144,
145, 149, 253. — 0 XXIV, 19 ; XXVI, 6.-7 Tit. Liv. XXVI, fi : « Medix tuticus...
eo anuo. Seppius Lesius erat, loco obscuro tenuiquo fortuna ortus ». — » Table de
Bantia (ZvetaiefT, 231). Aux lignes 12 et 18 sc lit une formule dont le sens csl ;
si quis eum forte magistratus multare rolet. — 2 Tit. Liv. XXIV, 19. — 10 Tit.
Liv. XXIII, 35. — U Tit. Liv. XXIV, 19; XXVI, 6. Le vers d’Enuius (voir plus liant
note i) se rapporte évidemment à quelque désastre militaire subi par deux meddix.
— 12 Zvelaieff, 47 (chez les Volsqucsl ; 253 (chez les Mamerlins) ; 137 (à Nola). Chacun
des deux meddix de Nola porte le titre de meddix degetasis (1381 ou deketasis (13C),
qualificatif dont le sens est encore incertain. — >3 ZvetaiefT, 140 b ; cf. 97, I 44, 145,
I K).— UVoir les textes de Tite-Live cités plus haut,— 13 Le mot osque torto (ZvetaiefT,
231) équivaut à poputus ou civitas. • — 1® T il. Liv. XXIII, 35. — U Cf. Fabretli. C orp.
insc. ital., p. 1138 et 1139. — Brugman, Grundr. d. vergleich. Gramm. d. indo-
germ. Sprachen, II, p. 461 : Bréal, Dict. étymol. latin, p 497 (modus).
MEDEA. I Iles. Theog. 956 sqq.; Pind. Pyth. IV, 8; Apollod. Bibl. I, 129,
éd. Wagner; Anthol. gr. VII, 50; Dionys. Pericg. 490; Ovid. Met. VII, 9, 326;
hferoid. VI, 103, etc.; cf. Roscher, Lexikon, s. r. Aietes. On trouve quelquefois,
au lieu de M»)$sta, la forme Mi-Sr-, ; Euphor. p. 64, éd. Meinekc; (ialcn. 13, p. 875.
_ 2 Hom. Od. V, 135 sqq.; Hes. L. c. etc.; Roscher, s. t’. Kirkc.— ' Hes. Theog.
9ü0 sq. ; Soptioci. fr. 50t ; Apoll.Rh. III, 242, etc. line autre tradition lui donne pour
mère Hécate; lliod. IV, 45; Schol. Apoll. Rh. III, 242. — 4 Apoll. Rb. III, 242;
Roscher, Lexilc., s. r. Absyrtos ; Pauly-Wissowa, s. v. Apsyrtos. — » Schol. Apoll,
Uh II. 1122; Apollod. I. 83, éd. Wagner; Roscher, s. p. Chalkiope, 2,
Les textes les plus anciens associent déjà Médëe à la
légende des Argonautes [argonautae] et aux aventures
de jason. Le catalogue qui termine la Théogonie d' Hé¬
siode mentionne le rapide la fille d’Aeétès par Jason 1 . Il
était question, dans les Naupàctia de Karkinos et dans
le poème d’Eumélos de Corinthe, des exploits du héros
et de l'assistance que lui prête Médëe2. C’est dans Pin-
dare que nous avons conservé le premier récit systéma¬
tique de celte légende 3. Elle est devenue surtout popu¬
laire par le poème d’Apollonius de Rhodes qui n'a guère
fait que mettre en œuvre et développer le thème transmis
par ses devanciers4. Égarée par la passion violente que
lui inspire Aphrodite5, Médée prend le parti de Jason
contre les résistances d'Aeélès. Elle obtient du héros la
promesse qu'il la prendra pour femme et l’emmènera en
Grèce. Sur la garantie de ce serment, elle l’assiste dans
les redoutables épreuves qui lui sont imposées. Au mo¬
ment où il part pour aller dompter les h
elle lui fournit la drogue dont il doit s'en?"* ^
ses armes, et qui le rendra invulnénhll'"™’ lui e1
l’eu?. C’est elle encore qui lui enseigné |„ 4
auquel il a recours pour diviser entre eux l
nés des dents du dragon7. Enfin, quand Jason Ïl
le dragon, gardien de la Toison d’Or, c’est Mc l'a
compose le philtre destiné à l’endormir». ApnCf qUi
quête de la précieuse toison, les deux amants sW 'j
sur le navire Argo, en semant sur leur route, pour rl.p114
der la poursuite d’Aeétès, les membres d’Absyrtos" , "é
Médée a égorgé9 ou empoisonné10. Elle devra ’ 'U
tard, pour se faire purifier de ce meurtre, se rendr,-, J
près de Circé 11 .
Toute la trame de cette légende a pour point de dépal
la passion violente de Médée pour Jason. Mais de très
bonne heure, il s’y joint la promesse d’un mariage sol
lennel faite par Jason 12 . C’est en effet sous la forme d’un
hymen régulier et légitime que nous est présentée l’union
des deux amants : ce trait, dû peut-être à la poésie gé¬
néalogique des Doriens13, est fortement marqué dans la
légende : si bien qu’on a pu soutenir la thèse paradoxale
que les aventures de Jason et l’expédition même des
Argonautes ne sont pas autre chose que le développe¬
ment poétique de l iEsb; yocgo; de Jason et de Médée et de
la conquête de la fiancée par l’époux : c’est là qu'il' fau¬
drait chercher le cœur même de la légende et sa signi¬
fication originelle ,4. D’après certaines versions, c’est en
Colchide même que le mariage aurait été célébré15; une
seule indique Byzance 16 ; le plus grand nombre en loca¬
lisent la conclusion à Corcyre, l’ile des Phéaciens, et
colonie de Corinthe : un sacrifice annuel en perpétuait le
souvenir dans lè temple d’Apollon Nomios; dans ce même
sanctuaire, Médée aurait fondé les autels des Nymphes
et des Néréides en commémoration de son mariage17.
l Theofj. 992 sqq. — 2 iXaupact. fr. 5-9 = Schol. Apoll. Rh. III, 521, 523 ; IV, 59,
80 sq.Eumelos, fr. 9 = Schol. Apoll. Rh. III, 1372 ; cf. aussi Mimnerm. fr. 1 1 ; Kaibcl,
tiennes , XXII, p. 510. — 3 Pind. Pglh. IV, 214 sqq. — 4 Apoll. Rh. III-IV. Avant
Apollonius, le sujet avait etc traité dans la tragédie perdue de Sophocle, Colchides ,
et il y est fait allusion fréquemment dans la Médée d’Euripide. Apres Apollonius,
il faut citer le résumé de la Bibliothèque d Apollodore, I, 9, 23 sqq. = I, 127-133,
éd. Wagner ; Val. Place. Argon. V-VI1I ; Orph. Argon. 757 sqq. sans parler des
nombreuses allusions d’autres auteurs. — S D’apres Pindarc, Aphrodite inspire cet
amour à Médce par l’intermédiaire de l’oiseau appelé iynx. Dausd autres traditions,
c’est liera, Athéna, Eros qui interviennent : Soph. Kolch. in Schol. Apoll. Rh. III,
- 1040 ; Eurip. Med. 476 sqq. ; 527 sqq. ; Apoll. Rh. III, 6 sqq. etc. — 6 Soph. fr. 315
in Etgm. magn. p. 439, 2; Apoll. Rh. III, 845; Dioscor. I, 101 ; Suid. s. v. MqSeta
et NàsOa. — Eumel. fr. 9; Soph. fr. 117; Apoll. Rh. III, 1320 sqq.; Apollod. I, 9,
23, 9; Ovid. Met. VII, 121 sqq.; Heroid. XII, 95 sqq.; Val. Flacc. VU, 607; Hyg.
Fab. 21 ; Lucan. IV, 552 sq.; Orph. Argon. 874. — # Antimach. fr. 9 et 10; Apoll.
Rh. IV, 146. Euripide ( Med . 482) dit expressément que c’est Médée qui a tué le
dragon : Spi.*ovTa mitvaaa. — 9 Pherecyd. fr. 73; Apollod. I, 9, 24, 1 ; Cic. Deinip.
Cn. Pomp. 22; Ovid. Trist. III, 9, 27 sqq.; Heroid. VI, 129 sq. ; XII, 113 sqq.;
Divers enfants, dont les noms varient avec les textes
et les localités, sont nés de cette union [jason, p. 617],
Il faut naturellement supposer Médée présente aux
diverses péripéties qui marquent le retour des Argo¬
nautes ; mais on ne lui voit guère jouer un rôle que dans
la lutte contre Talos, le géant d’airain, qu’elle dompte
par un charme18. L’arrivée à Iolcos et la remise de la
toison d’or à Pélias forment le dénouement de 1 expédition
des Argonautes. D’après une des formes de la légende,
Jason et Médée vivent à Iolcos réconciliés avec D'has;
Médée, par les procédés de son art, rend la jeunesse
son beau-père Aeson19, à son propre époux J-'-on e
aux Hyades, les nourrices de Dionysos -1 ; I ''lias meurl
et les Argonautes participent aux jeux magniliqms qu^
se célèbrent à l’occasion de ses fanerai 1 1 ' > •
autre forme, plus récente apparemment, de la 11 1,1 1 J
a multiplié les crimes dans la famille royal' d ^
Pendant l’absence des Argonautes, Pélias a uni
b. IV, 92. — ni Leon, ap. Scliol. Lur. mea. ’ (rAllSjrlos, voir 1
», fr. 5. Sur les différentes versions relatives à la lJcmL 1
^-Wissovva, s. ». Apsyrtos (Wernicke); cf. Knaack, IV, Stjl
q. — Il Apoll. Rh. IV, 061 sqq.; Apollod. I, 9, S*. - - ‘ mariagc régals-
Hésiode déjà ( Theog. 999) il y a une allusion manifeste a u'^j njessuD,
Zenob. I V, 92. — «» Leon, ap. Schol. Eur. Med. 167 _ Muller, ^^^"^syrto*, voir
U, 331, fr. 5. Sur les différentes versions relatives a la Itfgent <- '
Pauly-N
14 sqq.
Dans Hésiode aeja {meuy. jjvj j « . .
— 13 Seeliger, in Uoscher's Lexikon, s. v. Medeia, - - cf. l'arL
Prolegom. in Catalogum Argonaiitarum, Berlin, 1SSJ> 1 ^ \jioll.
A rgonautai ap. Pauly-Wissewa, 787. - 15 Antimach. fr. U »P- j.,. - a|, Schol-
1 133 ; Timonax, fr. 2 ap. Schol. Ibid. 1217. - 16 D.onys. Scyto » 1 . , Rh. IV,
Ibid. 1153. — n Timacus, fr. 7 et 8 ap. Schol. Ibul. 12 < c |y[ , l4| ; ApoM-
982 sqq. 1131, 1153, 1217 sqq. ; Philelas, ap. Schol. ad Apo • ' ' ' [ ,v> [03S sqff-ï
I, 9, 25; Hygin. Fab. 23; Orph. Argon. 1297 sqq. — L j"’ ' ,Hr, s,,q.:
Apollod. I, 9, 26, 5. - 19 Nostoi, fr. G, Kinkel ; Ov.d . V |3| ,, T», 'K- .
Vat. I, 188; II, 137. — 20 pherecyd. fr. 74; Simon, fi. - > _ fr- S0" P
ad loc. ; Dosiades, Anth. Pal. XV, 26, 2. — 21 Aeschy • )gj (coafusio" #
Nauck; Ovid. Met. VH, 29* sqq. ; ü/yZA. Vat. L. c.; Hyg. . f,au|3 -Wisso«a
les nourrices de Zeus). — 22 Paus. \, 17,9.
Iiealencycl. s. v. Argonautai, 775.
MED
1665 —
MED
|(. trône, a contraint au suicide les parents
foi* usl"|,| e nppir leur jeune (ils Promachos A son
(le Jd.‘ M(.i(lée aide Jason à tirer vengeance de ces atten-
airiv,,!'j ‘ |)US(J ies mies de Pélias en leur promettant de
tills 1 1 ' ... rw'.re • nour leur inspirer confiance dans les
ri i,, sa magie, elle transforme sous leurs yeux en
verllls (in bélier dont elle a fait bouillir les membres
iinllfirnn • sur son conseil, les Péliades dépècent
. ■ de leur père; mais, le forfait accompli, la magi-
^ ^'iiie'ne prononce pas la formule qui doit rendre au roi
C" nl" ^sr avec la vie (fig. 4876)2. A la suite de ce crime,
sont chassés du pays par Acastos, fils de
ne
la jeunes
Médée et Jason
Pélias 3. Cette fable, à laquelle Pindare fait déjà u
Ihision4, avait fourni le thème à deux tragédies de
Sophocle et à une tragédie d’Euripide6.
Dans la tradition commune, le séjour de Médée à Co-
rinthe est motivé par l’exil qui chasse les époux d’Iol-
cos-_ Toutefois le rôle de Médée dans le culte indigène
,1e Corinthe, l’ancienne Ephyra 8, induit à penser
qu’il va eu un raccord artificiel entre l’expédition des
Argonautes et la légende corinthienne ; quelques savants
oui même perisé qu’il faut chercher dans celle-ci l'élé¬
ment le plus ancien du mythe. Au dire d’Hésiode et
d’Alcman, Médée était adorée à Corinthe comme une divi¬
nité9. Il semble qu’il y ait une connexion entre le culte
dont elle était l’objet et celui d’Hélios, le dieu primitif
de l'Acrocorinthe 10. Nous y trouvons Hélios associé
à Aphrodite 11 : or une tradition nous apprend justement
que Médée était censée avoir fondé le culte d’Aphro¬
dite à Corinthe12. Les dragons ailés qui, dans quelques
récits, transportent à travers les airs le char de Médée,
ne sont sans doute qu’une réminiscence des attributs
d’Hélios u. D’autre part, nous trouvons Médée attachée,
comme prêtresse, au culte d’Héra Acraea, qu’elle aurait
fondé, et qui avait pour siège un temple bâti, non loin
delà ville, sur le promontoire qui ferme l’entrée du golfe
de Léchaeon, en face de Sicyone1*. Une tradition parlait
des amours de Zens pour Médée, amours repoussées par
celle-ci par crainte de Iléra ; la déesse, touchée de ses
scrupules, l’aurait admise dans son sacerdoce La
fetc annuelle célébrée dans le temple d’Héra Acraea
iuehaia, p. 771 avait un caractère expiatoire. On racon-
1 Apollod. I, 0, 27; üiod. IV, 50; Val. Flacc. 1, 700 sqq. — 2 Apollod. Ibid. ;
vid. J/cf. \ II, 297 sqq.; Nicol. Damasc. fr. 55; Paus. VIII, 11, 2-3. Une pyxis
a *I,IU| du Louvre (fig. 4876), inédite, représente Pélias invité par ses filles à
ptendu place dans le chaudron magique d’où vient de sortir le bélier. — 3 Apollod.
_ ■ eliol. Eurip. Med. 20; Tzetz. ad Lycopbr. 175. Autre version : Jason et
Djo i * | Ul1. 11 vo^on^a‘,cnien^ Colchide, et Jason transmet la royauté à Acastos :
jj . ’ l'ab. 24. — 4 Pind. Pyth. IV, 250 : Médée y est désignée comme
(So T Cf' Pherecîd- fr* 60 aP- Sehol. Pind. Pyth. IV, 133. — 5 n«Xf«ç
^üiick '' ,lj ^aUC^’ (fr. 491-493). — 0rieA-.â5=<; (Eurip. fr. 001-616
24Q| ' 1,1 com^taaison de ces différentes données, voir Roscher, Lexik., Afedeia,
su,, sel 1Cker’ Griech‘ Tra9' P- 340 sqq.; Robert, Arch. Zeit. 1875, p. 134
sntls iv i:i,IZ’ ?e ^cytobrach. (1880), p. 9. — 7 D’après les Kaupactia
, ' 1 s ^poux sc rendent immédiatement à Corcyre après avoir quitté lolcos.
£phyra r n Tl* 'L"S COUna*ssa‘enl c'n'l villes de ce nom : outre Corinthe, on cite une
dans Wili i' M*'°’ uncen Thesprotie, une en Elide, une ou Sicyonic : voir les textes
Cos cinq vj||, ^ L kldss. Philol. 1878, p. 731 sqq. et Roscher, L. t., 2483 sq.
sent |cs ' raiclt’ dans leurs légendes le souvenir de Médée. En Thcssalie crois-
le pays ■ s,| ' au(‘s venues de la boite que Médée a laissée tomber en traversant
sine de la l,,,, . l'S^.‘ ^ '^®î Aristid. I, p. 76. Dans PEphyra de Tlicsprotic, voi-
svaicnl 011 s (,,-aU célébré le mariage de Jason et de Médée, les deux époux
, 11 cl C11gcndr '
le Médée : C
«Ile d’Aug:
(omheau ,1e \] ■ ,,l^eliala un dis, Phérès : Sehol. Ilom. Od. I, 259 ; on y montrait le
A?8méd,'. nu,, C«cllius, fr. 9 ap. Solia. Il, 28. En Elide vit la magicienne
io Médée ■ Il,, 'U!,r'as e '' par lui pelile-fillc d'Hélios; ce n'est qu’un doublet
hop. 1| ^ g j' I "A8 sqq.; Od. Il, 328 ; cf. Périmédé, Tlieocr. II, 16;
Permettent de " *anS ' ^'l’Lv ra de Sicyouie, Médée a enseigné les formules qui
pro Christ ,;.jmu lesve,M's : Paus. II, 12, l. — 9 Cités par Athénagoras , Legatio
Mm™., j-, <f/. C*’ "usaeus aP- Sehol. Arist. Med. 10; et l’expression de Pindare
>jlh. IV, 8, — 10 Paus. Il, 1, 6 (cf. éd. llilzigct Blümner, I, 2, p.
luit que Médée ayant laissé ses enfants dans le sanc¬
tuaire, les Corinthiens, par haine de 1 étrangère, les
lapidèrent dans cet asile. Une peste étant survenue dans
le pays, l’oracle prescrivit d’instituer un culte pour les
enfants de Médée16; sur leur tombeau, on dressa I image
de l’Épouvante17 ; quatorze enfants, sept garçons et sept
tilles, choisis parmi les familles nobles, passaient une
année dans le sanctuaire, les cheveux coupés ras et
vêtus de noir, et célébraient le culte de la déesse par des
chants d’un caractère mystique16. Il est vraisemblable,
comme on l’a supposé, que ces rites expiatoires en 1 hon¬
neur des enfants de Médée ont pris la place de sacrilices
d’enfants qui étaient liés dans l’origine au culte d liera 1 ’.
Par là se trouverait confirmée l’affinité primitive entre les
cultes de Médée et d’Héra, celui-ci peut-être importé
d’Argos 20, et l’on a pu supposer que celle dernière divi¬
nité s’était substituée à la déesse indigène, Médée21.
Dans d’autres traditions corinthiennes encore, Médée
passait pour avoir été reine du pays, épouse du légen¬
daire Sisyphos22. Eumélos et Simonide, au contraire,
font de Jason et de Médée les souverains légitimes de
Corinthe 23. Puis la légende se modifie encore : Jason et
Médée sont des étrangers arrivés d lolcos à Corinthe 2L
où la royauté est exercée soit par Créon 2\ soit par son
fils Hippotès 26. Médée mérite la reconnaissance du pays’
eu le délivrant d’une famine par un sacrifice offert à Dé-
méter et aux Nymphes Lemniennes, sœurs des Cabires
[cabiri, p. 769, n. 278; ceres, p. 1024, n. 108 .
La mort des enfants de Médée n’était pas imputée dans
l’origine, comme nous l’avons vu, à la magicienne elle-
même, mais aux Corinthiens ; elle était expliquée par
leur haine contre l’étrangère21. Puis elle fut motivée par
l’inconstance de Jason. Le héros abandonne Médée pour
Thétis28 ou pour la fille de Créon, que l’on appelle tantôt
Glauké29, tantôt Creuse30. Médée se venge de l’infidèle
en faisant périr sa fiancée par l’envoi d’une tunique em¬
poisonnée, ou encore, suivant Diodore, en mettant le feu
au palais royal31. Les Corinthiens, par représailles, met¬
tent à mort ses enfants 32. On sait qu’Euripide, dans sa
Médée, a donné un autre dénouement à ce drame : c’est
Médée elle-même qui, pour punir Jason, égorge les
enfants qu’elle a eus de lui. Cette version, dont il est
485 sq.) ; 11,4, G; Prellei-Robcrt, Or . Afyth. I, p. 429, n. 3 , Oilelberg, Sacra Co
rinthia, Upsal, 1890 . p. 1 05 sq. ; O. Gruppc, Griecli. Afyth. p. 132 sq. O Pausanias,
L. c., rapporte qu’Hélios y céda la place à Aphrodite, cependant il y conser¬
vait des autels et sa slaluc figurait dans le temple de la déesse. 12 Theopomp.
fr. I7U ; Plul. De Herod. malign. 39, 14. — 13 Eurip. Med. 1321 sq. ; llor. Epod.
111, 14; Ovid. Met. VU, 330. — O Sehol. Eurip. Med. 1379; Zcnoh. Pru r. I, 27.
—13 Sehol. Pind. OL (XIII, 74. — 16 Parmenisc. ap. Sehol. Eurip. Med. 273. — 17 paus.
II, 3, 7, avec la note de l'édition Hitzig et Blümner, p. 502. — l* Sehol. Eurip. Med.
2G4 cl 1379 ; Philoslr. B croie. 19, 24 ; Aelian. Vue. hist . V, 21. — 19 Curt. Peloponn.
II, p. 533. — 20 0. Gruppe, Griech. Afyth . p. 133. — 21 Schocmanu, Griech. Alterth.
Il, p. 492; Prellcr-Robert, Gr. Afyth. I, p. 170, u. 2. — 22 Pind. 01. XIII, 52 sq.;
cf. Theop. fr. 170. — 23 Eumcl. fr. 2 et 3 ; Siinou. fr. 48. D’après le récit de
Parméniscos, cité par le scoliastc d’Euripide, Med. 273, Médée est aussi considérée
connue reiue, mais d’origine barbare, puisque ses cufauls sont dits |xt‘oCà;ôaost.
— 24 Hippys, fr. 3; Ilellauic. fr. 34 ap. Sehol. Eurip. Med. 10. — 23 Eurip. Med.
passim. ; Apollod. 1, 9, 28 ; Diod. IV, 54, etc. — 20 Sehol. Eurip. Med. 20. — 27 Sehol.
Ibid. 273. — 2S plut. De Herod. malign. 39, 44; cf. Plolem. iloph. V, p. 191, 23,
Wcstermann. — 29 Apollod. I, 9, 28 , Diod. IV, 54 ; Hygin, Eah. 25; Mytli. Vat. I,
25; Paus. Il, 3, G; Tzetz. ad Lycopbr. 175, 1318; Athen. Xlll, 556 c, 500 d; Eurip.
Med. argttm. et Sehol. 19. Pausanias, L. c., mentionne dans sa description
de Corinthe la fontaine de Glauké, où la jeuue lillo s'était jetée pour échap¬
per au feu qui la consumait; cf. l’édition de Hitzig-Bliimner, 1, 2, p. 501;
Roscher, Lexikon, s. v. Glauké , 4. — 30 plut. De amie, mullit. 7; Antli.
Pal. V, 288; yil, 354; XI, 411; Anth. Plan. 137; Sehol. Eur. Med. 19 et 403;
Sencc. Med. 495, 508, etc. ; Prop. III, 8, 30; 14, 12 ; Hor. Epod. V, 04; Ovid. Ber.
XII, 53 sq. Euripide no dénomme pas la fiancée de Jason. Elle est appelée sim¬
plement lijEovTii'a sur un vase de Munich, fig. 4877. — 31 Diod. IV, 54. — 32 Philoslr.
Ber. 10, 24; Apollod. I, 9, 28, 3; Creophyt. ap. Sehol. Eurip. Med. 273; Paus. 11,3, G.
MED
1666 —
MED
très probablement l’inventeur, a été suivie depuis lors
par la tradition littéraire ainsi que par les monuments
figurés1. Les enfants, nommés d’ordinaire Merméros
et Pliérès 2, eurent leur sépulture et un monument
à Corinthe 3. Médée, le crime accompli, s’enfuit à
Athènes auprès du roi Égée, ou, suivant une autre tra¬
dition, à Thèbes, où elle guérit Héraclès de sa folie l.
On a vu, à l’article jason, les différentes versions sur
la mort du héros.
Hérodote mentionne déjà le séjour que fil Médée à
Athènes5. Les deux scènes où figure Égée dans la tra¬
gédie d'Euripide indiquent que cet épisode appartient
à la légende athénienne6. Une autre pièce d’Euripide,
aujourd’hui perdue, Alyeuc, avait justement pour thème
le rôle de Médée à la cour du prince. Nous en connaissons
le contenu par un scoliaste d’Homère : Médée. après sa
fuite de Corinthe, épouse Égée. Qnand Thésée revient
de Trézène, elle le dénonce au roi, qui n'a pas reconnu
son fils, comme un rival et le décide à l’empoisonner.
Thésée va boire la coupe, lorsque son père le reconnaît
à l'épée et à la chaussure qu’il lui rapporte de Trézène;
Médée, démasquée, est chassée d'Athènes ‘. Ces détails
sont conformes, dans l'ensemble, au récit de Plutarque8.
D'après Apollodore, c'est aussi sur le conseil de Médée
qu'Égée envoie son fils Thésée combattre le taureau de
Marathon Plusieurs textes mentionnent un fds Médos
né d'Égée et de Médée10. Diodore est le seul auteur qui
rapporte que Médée, à son arrivée en Attique, comparait
pour ses crimes devant l’Aréopage, qui l’acquitte ".
D’Athènes, Médée se rend, d’après Cratès12,à Ephyra
en Élide. La tradition la fait généralement retourner en
Asie. Il ne faut voir, dans ce dernier épisode de sa lé¬
gende, qu'une exégèse étymologique destinée à expliquer
le nom de la Médie, qui viendrait d’elle ou de son fils
Médos, né de Jason ou d’Égée13. Elle chasse l’usurpateur
Phérès, qui règne en Colchide, et rend à son père Aeétès
son royaume u. D'après Diodore, Médos est né de ses
amours avec un prince asiatique15. Dans d’autres ver¬
sions encore, Jason, réconcilié avec Médée, l’accompagne
en Asie, et conquiert avec Médos et Arménios de vastes
territoires dans l’intérieur du pays ie.
Enfin, après sa mort, la poésie fait d’elle l’épouse
d'Achille dans l’ile Leucé1’. A Rome, elle a été identifiée
avec a.xgitia et boxa dea.
Les mythologues modernes ne s’accordent ni sur l'an¬
tiquité relative, des différents éléments qui 0ni
la legende de Médée ni sur le sens ou’il L 1 C0nsl>6ié
attribuer, ni par suite sur le caractère prhnhifd ^ leur
elle-même. Pour les uns, c’est dans la tnd , eMédée
thienne que se retrouvent les traits ori o.j'11Pi ‘°U COrin'
dans l’expédition des Argonautes ne serait ’ S°nr61e
adventice et surajouté18. Pour d’autres hl?*°**
thessahen d’qrigine, et la poésie dorienne \'l eSl
ensuite à des légendes corinthiennes 10 On 1
insisté sur les points de contact que présenÆî1
avec la déesse Héra, et de nombreux savants ontrecln
en die une divinité lunaire20. Il ne paraît pas cetcn \Z
qu il y ait dans sa légende d’indices suffisamment décisif
pour imposer cette interprétation. Les traditions oui
rattachent aussi bien à Hélios et à Hécate qu’à lier
s’expliquent d’une manière aussi satisfaisante par SOn
caractère de magicienne. C’est sous son aspect de maJ
cienneque les anciens, dès l’époque la plus lointaine où
nous puissions remonter, l’ont toujours considérée31: c’est
aussi celui auquel la critique de la magie moderne
doit sans doute s’arrêter en dernière analyse. Qu’il faille
chercher son berceau à Corinthe ou à Iolcos, c’est la
Thessalie, la terre classique de la magie, qui, en tout état
de cause, a développé la légende et a imaginé la plupart
des épisodes caractéristiques. Il est vraisemblable que
Médée a été conçue à l’origine comme la fée bienfaisante,
par opposition àCircé qui change les hommes en bêtes;
son rôle, à l'origine, est tout entier dans l’appui qu’elle
donne au héros thessalien, Jason 22. La résistance de son
père cause son premier crime; c’est le point de départ
d’une série de forfaits, qui va frayer la voie à une con¬
ception différente. Le meurtre de Pélias est une nouvelle
conséquence de son dévouement à Jason. Euripide achè¬
vera la transformation en faisant d’elle la mère dénaturée
qui va jusqu’au massacre de ses enfants.
Pour les différents procédés magiques qui sont attri¬
bués à l'art de Médée, voir l’article magia, p. l WSetsuiv.
Monuments figurés. — Sur les vases peints, et notam¬
ment dans la céramique du style le plus récent, Médée
porte souvent le costume asiatique à longues manches et
le bonnet phrygien ; cependant larègle n’est pas absolue' ,
dans les œuvres plastiques notamment, comme aussi dans
les peintures murales, elle est souvent vêtue du chitôn
hellénique. En sa qualité de magicienne, elle a pour
attribut une petite boite carrée qu’elle tient a la main et
1 Aclian. Var. Hist. V, 21 ; Schol. Eur. Med. 9, 10, 264, 273. D’après
Arislotc, cité par Diog. Laort. II, 134, Néophron de Sioyonc aurait été l’auleur
du drame d'Euripide; cf. pour la discussion de ce passage et la part d’ori-
ginalilé d'Euripide dans l'invention de ce thème, l’édition de Wccklein, p. 27
sqq.; Ribbeck, Lcipz. Stud. VIII, p. 386 sqq. ; Wilamovvitz, Fermes XV,
1880, p. 485 sqq.; Nauck, Fraf/m. trag. graec. 2e éd. p. 730. L’énumération
des drames qui se sont inspirés d'Euripide est faite par L. Schiller, Medea im Drama
ait. und neuer Zeitf Ansbach, 1865; Wocklein, Op. cit. p. 24, n. 2; Roschcr, Lexi-
kon , s. v. Medea , 2491 sq. — 2 Apollod. I, 9, 28 ; Schol. Eur. Med. 117 ; Hyg. Fab.
25, 239 ; Tzetz. ad Lycophr. 175, 1318. Diodore, IV, 54, nomme ces enfants Alkiménès
et Tisandros. — 3 Eurip. Med. 1378 sq. ; Paus. Il, 3, 6. Le Tà?o;, situé dans
l lléraion, parait différent du hvîîjaoc indiqué par Pausanias ; cf. l’édition Hitzig-
Bliimner, I, 2, p. 501. Le culte des enfants aurait été ensuite transporté à Argos :
Schol. Eurip. ad loc. — '*■ Dionvs. Scvlobr. ap. Diod. IV, 54, 7.-5 Her. VII, 62.
Peut-être en était-il déjà question dans ilellanicos, si l’on admet une correction au
texte de Pausanias, II, 8, 6 : Seeliger, s, v. Medeia, in Roschcr, II, 2496 sq. ; cf.
Wcrnicke, De Paus. stud. herodoteis , p. 46 sqq. — $ Eurip. Med. 663 sqq.
1384 sqq. ; cf. Néophron, fr. 1 ap. Schol. Eur. Med. 661 ; Wilamowilz, Hermes, XV,
481 sqq. 486. — 7 Crates ap. Schol. llom. 11. XI, 741 ; cf. Ovid. Met. VII, 404 sqq.
— 8 Plut. Thés. 12; cf. Apollod. Epit. Vatic. I, 6, éd. Wagner, p. 174. — 9 Apollod.
Op. cit. I, 5; cf. Myth. Vat. I, 48. — 10 Apollod. I, 9, 28; Diod. IV, 55,
5; Hyg. ïab. 26, 27; Strab. XI, 526; Steph. Byz. s. v. Sync. p. 168 a.
— H Diod. IV, 54, 6; 55, 4; Schol. Apoll. Rhod. I, 1289. — 12 Schol. Hom.
11. XI, 741. — 13 Hecat. fr. 171; llerod. VII, 02; Diod. IV. 55, 5; |,»us- ^
3, 8; Dionys. Pericg. 1020 sqq. et Eustalli. ad lût/; Schol. Ljcop". |
Just. II, G; Euseb. Chron. I, 62, éd. Schoene. — U Médée ou son ^
Apollod. I, 9, 28,4-5; Diod. IV, 56; Luc. De sait. 40; Varr. Atac. a|u ^
Virg. Georg. II, 120; Val. Flacc. V, 684 sqq.; Hyg . l'ab. 26,
- 15 |)iod. IV, 55, 7. — 16 Just, XLII, 2-3;Tac. Ann. VI, 34; Strab. XI, a ’
— Hlbyc. fr. 37; Simon, r. 213; Apoll. Rh. IV, 811 sqq.; Lycophr. 174, '
ad loc. — 18 Jessen, Op. cit. — ‘9 Groeger, De Argonauticarum sqq-}
quaestiones selectae, Bruslau, 1889.— 20O. Millier, Orchomenos, I 3 jg .
Gerhard, Griech. Myth. §§ 228, 3; 481, 2; Preller-PIew, Griech. Mil ''Jg^k
Roschcr, Seleneund Verwandtes, p. 127, 130, I 47; Wilisc », q Qruppc;
nachihrer geschichtlichen Bedeutung , Jahrb. f. Philol. 1878, p. <- M _ ^
Griech. Myth. p. 132 sq. ; Gilbert, Griech. Gôtterlehre , 354, n' . ^ _ ji par cxcm-
483, etc. ; cf. d’autres interprétations citées à I article jason, p. 1,1 ’mmon fr. 20H
pic les Nostoi, fr. 6, parlent déjà du rajeunissement d'Aeson; J/e-
Pherecyd. fr. 74, etc. Sur le silence apparent delà Théogonie , 'ou ■ ®<U~ .’ffler ,|aiis
deia, in Hoscher, 2484. Cette fonction de Médée parait nettenier ^ ra( lâche.
(cf. ses congénères ’AyapiiSn- r‘ . >.
M4,l- < • ' . _f |c latin
»r, machiner »,
.Kl!) sq-
art-
son nom même, car MùSu
de toute évidence, au verbe « méditer, tramei, ^ ; ^
mederi, medicus : Uscner, Gôtternamen, p. 16o. '2- Seei0ci, geeliger. art‘
— 23 Brunn, Berichte der bayer. Akad. 1881, II, P- !1!) ct con_ |)( Kolchis
cité, 2501 ; cf. O. Jahn, Arch. Zeit. 1847, p. 37 et. Heydemann,
(//>« Bail. Winckelmannsprogr. 1886), p. U.
MED
— 1067 —
MED
, des drogues’, parfois aussi un rameau de
qui re"l|,|“|“i février 2 ; d’autres fois elle est armée du
la|irier "" j0it donner la mort à ses enfants (fig. 4879).
1,0ignaI',1 '‘mentionnerons pas ici les monuments figurés
Ti reconnaît la première entrevue ou encore le ma-
°!‘ °"1(. lason et de Médée ; la plupart ont été cités à
riag-\lV .1 VSON, comme aussi ceux qui figurent les diffé-
L r|IC iloits du héros en Colchide, et où d’ordinaire
T;T; présente 3. La victoire sur Talos, en Crète, est
le sujet d'un beau vase de Ituvo avec une variante incon¬
nue aux textes : le géant, dompté par les philtres de
Médée, tombe aux mains des Dioscures *.
Au séjour de Médée à Iolcos se rattachent les épisodes
d’Aesonetde Pélias qui ont fourni les motifs de plusieurs
vases peints. Le rajeunissement d’Aeson se voit sur une
hydrie de Musée Britannique*, probablement aussi sur
un lécythe à figures noires de Leyde où Médée assise,
tenant à la main la baguette magique, regarde sortir
Fig. 4877. — Mort de Creuse et des enfants de Médée.
es0n’ sous l’aspect d’un enfant, de la marmite6. Un
11111 °i 1 ''h'usque représente le rajeunissement d’Aeson ou,
SMUn'11" une autre interprétation, de Jason ( Æasun ) par
' qui lui tend une coupe1.
1 uisson du bélier dans le chaudron magique, en
M 111 '' de Médée, de Pélias et de ses filles, a été plusieurs
'.ulce, avec des variantes, par la céramographie : on
en a vu un exemple à l’article magia, fig. 4780 8 ; même
sujet sur un stamnos de l’ancienne collection de Canino9,
sur une pyxis inédite du Louvre reproduite plus haut
(fig. 4870), sur une kylix du Museo Gregoriano ,0. On
le voit encore dans deux peintures pompéiennes 11 et un
bas-relief attique du Musée de Latran1*.
Le drame de Corinthe n’a pas eu moins de faveur en
. 1 VU. Kl,, pi 8U .
V. VI, ,06 ’ , •
stt* ’ Hcydemann
- 2 Apoll. Rli. IV, 156; cf. 0. Jahtt, Iihein
8. — 3 Jason, p. 619. On trouvera un
2504 et do Je ss 'Ua ** Plôle d&ns les articles de Seeliger, Medeia (Roschcr), 2501
Bull N(ipoTu\ Argonautai (Pauly-Wissowa), 781-784. — 4 Coll. Jatta, n° 1501
Vo rlenpki , . 11 VI î IV, pl. vi ; Arc/i. Zeit. 1846, pl. xliv-xlv; Wicne
j fçui. sei’ip jy i - 1
G. " 5 Arch y ** ' ’ ’'elnac"i dtèpert. des vases peints, I. p. 361, 1 ; 408
lliïrii, Auterl y'1' P-'1 287 ; Heydcmann, Op. cit. p. 19, il. 48. — 1 Gc
"saih. pl. i.xx , 3 ; Keinacli, Ilépert. des vases peints, II, p. 43
n. 7 ; Wernickc ap. Roschcr, s. v. Alcdeia, 2305. — ^ Monumenti, XI, pl. ni;
Klügmann, Annali, 1879, p. 38 sqq.; Heydemann, Up. cit. p. 6. — s Gerhard,
Auserl. Vasenb. III, 157, 1-2= Rein&ch, Uêpert. Il, 81, 1. — !) Gerhard,
III, 157, 3-4 = Reinach, Ibid. 81, 2. — 10 .1/ns. Greg. I, 82, 1; Arch. Zeit. 1840,
pl. xi. ; Rcinach, Ibid. I, 359, 6-9 ; cf. encore Berlin. Vasensammt. n. 2188 ; Annali,
1876, pl. k et p. 43 sqq. — U Hclbig, n. 1261 A et Atlas, pl. xix ; C. Robert, Arch.
Zeit. 1874, pl. xiii c, 134 sq. ; Sogliano, La pitture nuirali Campane, n. 553
et 554. — '3 Betindorf-Schoeno, Lat. Mus. n. 92.
mi:i>
— 1668 —
MED
art qu'en littérature. 11 est représenté sur plusieurs
vases de l'Italie méridionale. Il faut citer surtout la
grande composition (fig. 4877) d’un vase de Canosa
conservé à Munich : au milieu du registre supérieur
ligure allégorique, la Fureur (OÎctoo^' ]
lag® de “"P»"1*; sur la gj^,’ l’alJ
costume or, entai, s’apprête à pereer '* "» rich,
11 s^ive uu de Sfis
Fig. 4878. — Fuite de Médée.
Mis qui s’est réfugié sur un autel ; un serviteur protège
son second enfant; à droite accourt Jason suivi d’un
doryphore, et, un peu en re¬
cul. apparaît l’ombre d’Aeé-
tès, qui évoque les origines
de cette tragique histoire1.
Deux amphores, provenant
de .\ol a et de Cumes, repré¬
sentent le meurtre des en¬
fants Sur une autre am¬
phore trouvée à Canosa,
Médée s'enfuit emportée par
son char de dragons et pour¬
suivie par Jason 3 ; enfin une
autre peinture de vase la
montre chevauchant un dra¬
gon et tenant encore son
glaive à la main \
La statuaire et la peinture
antiques ont été inspirées
par ce même sujet5. En fait
de statues, il ne nous reste
guère aujourd’hui qu’un
groupe de Médée et ses en¬
fants conservé au Musée
d’Arles6. Peut-être a-t-on
quelque réminiscence d’œu¬
vres célèbres dans les sculp¬
tures des sarcophages et
dans les peintures murales
de la Campanie. On ne con¬
naît pas moins de onze sarcophages, entiers ou fragmen¬
taires, qui se trouvent à Rome, à Paris, à Berlin et
' Millin, Tombeaux de Canosse, pl. vii; Arch. Zeit. 1847, pl. ni; Baiimeislcr,
Denkm. fig. 980: Roscher, Lexikon, II, 2510, fig. 3 ; Rcinach, Itépert. des rases, I , p .
'*»2sq. n. 2 ; cf. Robert, Bild undLied. p. 37 sqq.;Vogel ,Sceneneurip.Tra(j. p. I4G
*qq. La mort de Creuse est encore représentée sur un cratèrcde Naples, Heydeniann,
n. 520; Raoul-Rochette, Choix de peintures, p. 263. — 2 Raonl-Roclietle, Op. cit.
P-2., ; Arch. Zeit. 1867, pl. ccixui = Reinach, Itépert. I,p. 402, i. — 3 Heydeniann,
■ 221 ;Arch. Zeit. Ibid, pl-, ccxxiv = Reinach, Op. cit. p. 402, 2. — '* Raoul- Rochette,
Monum. inéd. pl. vi, 1. — ■> Pour la statuaire, voir Libanius, t. IV, éd. Reiske, p. 1093
,t Callistr. Orscript. 13. Pline cite un célèbre tableau du peintre Timomachos de
Byzance. \ U, 126 ; XXXV, 145 ; Overbeck, Schriftq. n. 2122 sqq. ; cf. Plin. XXXVII,
137 (tableau d'Aristolaos). -0 Millin, Gai. myth. pl. en, 427; Arch. Zeit.
ls .6, pl. vin, 2; Reinach, Itépert. de la stat. t. II, p. 507, 8. Peut-être faut-il voir
un groupe analogue dans une œuvre mutilée de Budapest : Arch. Ep. Mitlh. XIII,
p. 44 , Reinach, Op. cit. Il, 812, 7. Milchhœfcr reconnaît une Médée dans une statue
de Florence : A/onumenti, III, 28, I ; Duruy, Hist. de, Itom. IV, p. 130 ; Fricderichs
Fig. 4879.
ailleurs, où se déroulent, plus ou moins complètement
les differents épisodes empruntés aux amours de jasone{
de Creuse et à la vengeancede
Médée7: on y distingue le nj
t iage de Jason et de Creuse,
1 échange des présents entre
les époux, la mort, de Creuse,
le meurtre des enfants de
Médée, la fuite de la magi¬
cienne sur son char traîné
par des serpents (fig. 4878)®.
Parmi les peintures murales,
une des plus remarquables
provient de la maison des
Dioscures à Pompéi : Médée,
la main sur la garde de son
poignard, jette un regard
sur ses deux enfants qui
jouent aux osselets à côté
d’elle sous les yeux de leur
pédagogue (4879) Enfin
c’est encore à la même
tragédie que sont emprun¬
tés les motifs de deux terres
cuites, l’une au Musée de
Naples10, l’autre à Berlin",
et d’un certain nombre de
gemmes l2.
A la légende athénienne
se rapportent les peintures
de quelques vases : une coupe
de Kodros, où l’on voit Médée au milieu de la famillf
royale d’Egée13, un vase prox
enfants de Médée.
menant de Panticapée qui
Wolters, 1563; Reinach, Op. cit. H, 5Ô7, 7. —7 Ces reliefs sont aujouril lnn
dans Robert, Sarkophagreliefs , II, pl. lxii-lxv, n. 189 sqq.; ils sont ' I |
Seeliger, Roscher, Lexic. p. 2508 sqq.; cf. 0. Jalin, Arch. Zeit. 1866, I1, '
Dillhey, Annali , 1809, p. 5 sqq. et pl. a-d; L. v. Ulrichs, Em "s
Würzbourg, 1888. Le relief du Louvre est aussi publié dans Clarac, -lu- )r0duit
nacb, Itépert. I, 92 et Bail meis ter, fig. 982; celui de Würzbourg < ^ ' l)(/ qj. — I
(fig. 4878). — 8 Robert, Op. cit. II, 194 ; Winckelmann, Monum. ined. ^ ^ J 1
» Mus. liorb. V, 33 ; Raoul-Rochelle, Choix de peintures, 22 ; MüHer- V\ k s< i j • ^ ,
imiter, I, 419; Hclbig, n. 1202 ; Roscher, Lexikon , II, 251 1. Le ». ^ Miiralii J
sente une scène analogue; cf. encore Ibid. 1264-1265, et Sogliano, > ^ jgjs, 1
n. 555. — 10 No 6087. — U Kckulé, Terracolt. v. Sicilien , p. 21 ; cf. Autref
p. 355. — 12 Annali, 1829, tav. I) 2 et 3; M aller- Wieseler, Denkm. L *- i8j3;
références dans Roscher, II, 2513. — 13 E. Braun, Schale des hodio^ ^ ^ sg.; I
Heydemann, Analecta Thesea , p. 30 sq. ; Michaelis, Arch. Ztd.
Baumeister, Denkmûler, fig. 2149.
MED
1669 —
MED
i(1 ](. combat de Thésée contre le taureau de
rei11'1"1' f>dée comme spectatrice1, un cratère
1 |l I X l | 4 V * V b *
Mara j., un vase de Meidias au Musée Britannique3.
d<’ raisons suffisantes pour reconnaître
il n Y I
, 0,nme on l’a voulu, sur deux vases de l’Italie
r •c 'alp uni ont pour sujet la représentation des
méridiona* ]
Enfers *• F- DÜRRBAC"\
mediastini [servi] .
«ED1CAMENTUM, MEDICAMEN. 4>ap|i.axov. — Ces
m. s’appli<Tuent Pas seulement aux remèdes en
rm ,„ne in médecine, mais, par suite de l’habitude
ue prirent les médecins de ne plus préparer eux-memes
Tde demander au commerce, tout fabriqués, les pro-
duits pharmaceutiques qu’ils fournissaient aux malades
riiKDicus], les mêmes noms se sont étendus, en dehors de
ja médecine, à toutes sortes de substances, drogues,
mixtures, parfums servant aux soins du corps et à la
toilette, à la teinture et aussi à la composition des poi¬
sons, philtres et breuvages magiques [unguenta, tinc-
tora, venenum]. E. Saglio.
MEDICUS. 'IaTpôç, le médecin. — Le mot latin a été
rapproché du titre donné au magistrat suprême chez les
Samnites, meddix tuticus1, équivalent, suivant Briau, de
curator publiais [meddix]2; ce titre impliquerait l’exis¬
tence d ecuratores privât i , qui auraient été les médecins
des Samnites. On trouve le mot clinicus 3 (xAmxôç4) pour
désigner spécialement le médecin qui visite les malades
alités; la médecine ainsi exercée au lit des malades
s’appelle clinice 6. Le mol archiatrus (apyiacrpo; ou àpyta-
tfoç) désigne les médecins publics ou constitue un titre
honorifique [archiatrus]. Le médecin public d’une ville
est parfois appelé salariarius 6 . — En grec, on trouve
les formes larqp, ’nrjT^p et les termes poétiques àxÉ<mr|p,
àxsatup, àXOsuç ; des désignations telles que ot
AcxÀT|7ttM(ït, oî tarpaiv TtaïÔEç, pour signifier les médecins,
s expliquent par la célébrité de la famille médicale des
Asclépiades. Le iaTpaXstVnr)ç, pratiquant la ’uxTpaÀetTmxiq,
est un médecin masseur, intermédiaire entre le gymna-
siarque et le lorrpà; • ; à Rome, il est dit iatraleiptes 8 ou
aliph's (aliptay [aliptes]. Le taTpop.a6r1|j.axtxôç, pratiquant
les taxpop.a0Y)p,aTtxà, prétend connaître la marche des ma¬
ladies par 1 observation des planètes 10. Le îarpégavriç est
un médecin adonné à la divination11. Le txrpoffocptdT^ç
(iïTposocptffTixTj) est à la fois médecin et sophiste ; c’est un
sophiste* qui fait des conférences sur des sujets médicaux,
un proiesseur de médecine. Suidas qualifie ainsi Gesios,
T11 M'nit sous l’empereur Zénon, alors qu’Estienne de
, ' a,n(;c appelle le même personnage b Ttepiçavqç xwv
c-oçptffxTqç. Le conférencier médical, beau diseur,
‘snorant de toute pratique, est appelé par dérision
p. m Kolchis’ P- 11 ; Anh- Ze.it. 1883, p. 163 sqq. ; 1885,
pl. Lxui a ct'n %• 5; Antiq. du Bosphore, éd. Reinach,
douteux qu’il f -n .'elnach’ ^éPert- des vases peints, 1, p. 421, I. Il est plus
1885, P 117 et3'] ° '0I1 dans ,e même motif sur un autre vase : Arch. Zeit.
- 2 Hiibner Jle V“ ;.^eydemann. Op. oit. p. 12; Reinacli, Op. cit. I, p. 459, I.
Col. nvjth, 'pi \kK. rer*Ce in A!ar,r‘d. 11 • 370; Heydemann, p. 13. — 3 Millin,
n8' Une terre . ' ’ Gcrhard' Akad. Abhandl. pl. xiv ; Roscher, II, 2503,
notifde lalénend’" ir " Museum reproduirait, d'après 0. Jahn, un autre
lue M édéc lui a 'tlU° ' GM'C détournant Thésée de boire la coupe empoisonnée
Sannlmg antik .Ve ' Baun,eister> *>enkm. p. 1794, fig. 1818 ; cf. Masmer, Die
ircll-Zeit. aSe“ und Terrac°tten. III, 934. — 4 Infeki, p. 510, fig. 4952;
°ulrclcs monoCTnh”"1'’ Rcinach- diépert. I, p. 258, 4; 455, 1. - Bibliographic.
VOlr t. Maiij n„cr ^ [!'eS sPéc‘a*es citées plus haut et les mythologies classiques,
"iniCtis. il’-* y.. 6’ de littérature comparée , Louvain, 1897.
1. IV n qsi . ü ’1."’ ; XXV, 6 ; Tab. Bantina ap. Mém. Soc
IVt », 1; lx[ ’ n"'U9\ Ann ■ 2W- — 2 dlev. arch. 1885, I, p. 390. — 3 Mart.
’ • - i Chnicus medicus, Orelli, 2933. — 4 Anth. Pal. II, 113.
Xoytaxpoç. L'iatrosophistc qui voyage <‘n enseignant
rentre dans la classe des 7tEptooeuxat (circula tores), ou
médecins ambulants, dont le nom ne se rencontre que
dans Ja basse grécilé, mais dont la profession était très
ancienne; on désignait aussi pur ce nom les cliniciens,
qui visitaient leurs malades à domicile au lieu de les
recevoir chez eux12. Le mot taxpoxéyvrjç, dans Aristo¬
phane, paraît employé avec une nuance de mépris13 ; en
revanche, ystpoTÉyvTjÇ, dans un traité hippocratique
désigne un médecin expérimenté, celui qui, de l’aveu de
tous, possède son art (il ne s'agit pas d’un chirurgien,
car tout le passage concerne exclusivement la diété¬
tique). Nous indiquerons plus loin (§ VI, IX, XIII) la
terminologie concernant les spécialistes, les femmes
vouées à la médecine et les médecins publics.
On ne trouvera, dans le présent article, ni l’histoire
de la médecine antique et des doctrines médicales, ni
la biographie des médecins, ni la bibliographie de leurs
œuvres. Notre recueil a pour objet l’éclaircissement de la
vie publique et privée des Grecs et des Romains ; l’histoire
des sciences ne rentre pas plus dans son cadre que celle
des savants. Nous chercherons donc surtout à rendre
compte de la situation et du rôle des médecins dans les
sociétés antiques, tant dans la vie civile et militaire qu'à
la cour des princes, de la manière dont ils s'initiaient à
leur art, le pratiquaient et en tiraient leur subsistance.
Il ne sera question qu'incidemment de la médecine
sacerdotale, magique ou théurgique, pour laquelle nous
renvoyons aux articles amuletum, incubàtio, magia, ainsi
qu’aux noms des diverses divinités, aesculapius, apollo,
diana, uygieia, etc., auxquelles on attribuait plus parti¬
culièrement le pouvoir de guérir les maladies. Toute¬
fois, nous devons dire quelques mots, dès le début de
ce travail, d’une question fort controversée, celle des
relations de la médecine sacerdotale avec la médecine
expérimentale ou rationnelle, ne fût-ce que pour définir la
situation des médecins séculiers par rapport aux prêtres
des dieux guérisseurs et, en particulier, d’Esculape.
I. Médecine sacerdotale et médecine laïque. — C'est
une idée fort répandue que la médecine grecque du
ve siècle est sortie des temples, où elle avait été cultivée
surtout par les prêtres d’Esculape, et qu’Hippocrate, en
sécularisant l’art de guérir, mérita d etre appelé le père
de la médecine. L’étude des textes historiques et même
légendaires ne confirme pas cette manière de voir. Elle
nous montre, au contraire, que la médecine laïque, née
de l’expérience 15 et du raisonnement, est aussi ancienne
que la médecine théurgique, qu’elle se développa paral¬
lèlement à cette dernière et, sans échapper àson influence
lui donna, en somme, plus quelle n'en reçut. Nous
— u Clin, Hist. nat. XXIX, 4. —
urem, sou/.
rim. tiisc. nat. XXIX,
— 8 Plin. Ad Traj. X, 4; Corp. inscr. lat. VI, 9476. — 9 Juv. III, 76; VI 422 •
Cels. I, I. — 10 Hase, ap. Stepb. Thés. s. v. ; cf. magia, p. 1496. — 11 Aesch. Suppl.
266. Pour les rapports prétendus entre la médecine et la divination, voir Philoslr.
Vit. Apoll. III, 4. — 12 AoyiuTfu;, verbis tenus medicus (Stcph. Thés. s. v.); cf
Galen. XVIII B, 258. Adamantios, médecin juif d'Alexandrie au iv' siècle, est appelé
par Socrate (Hist. Eccl. MI, 13) la-ijniSv lovw» aooiati f,;. Les larfouoiia byzantines
sont des recueils de remèdes populaires ou magiques (Krumbacher, Gesch. derby:
LU- 2> P- GR>, 619). Sur les périodeutes, voir LSwenfeld, Elxo<n.t.vTaro|f'lî toî
4>A<A. EiAAoyou, p. 338, 342. Démocédès, Hippocrate, Alexandre de Tralles, Paul
d'Egineetbien d’autres ont été des médecins périodeutes. — 13 Aristoph Nub 331
_ 14 Hippocr. éd. Littré, t. I, p. 584 : 5 xaX.ùg.v,, i,vpb? „) «..«!«« ■
cf. Soph. Trachin. 1002. - 15 Les anciens avaient déjà remarqué que les animaux
possèdent ccrta.nes connaissances empiriques de médecine et ils pensaient que ces
connaissances avaient été révélées aux hommes par leur exemple ; cf. Plin. Nat. Hist
VIII, 97; Galen. I, p. 675. — Caractère empirique attribué à la médecine babylo¬
nienne, Herod. I, 197.
210
MED
— 1670 —
MED
apprenons de même à considérer l’école hippocratique
comme une étape dans le long développement de la mé¬
decine rationnelle, non pas « comme une oasis à l’extré¬
mité du désert »., et nous renonçons à faire d’Hippocrate
1 auteur d une révolution scientifique dont il n’a jamais
réclamé l’honneur*.
lhins les poèmes homériques 1 2, il n’est pas question
île médecine sacerdotale. Si l’on a recours à des sacri¬
fices pour fléchir les dieux qui déchaînent les épidémies,
a des incantations et à des paroles magiques, la méde¬
cine et, en particulier, la chirurgie paraissent déjà fort
de\ eloppées (chirurgia) 3 *. Les médecins ne sont pas des
prêtres. Les « deux bons médecins », î-^x-qp àyaQt »\
Machaon et Podalire, sont les fils du prince de Trikka et
d'Ithone, Asklépios, lui-même bon médecin (àpuïpwv
et élève du centaure Chiron ; il y a aussi des
médecins professionnels très estimés 5 qui, dans YOdys-
•'>a c, sont comptés parmi les STjgioepyoi 6. Pteon lui-même,
le médecin des dieux, emploie, pour panser leurs bles¬
sures , les mêmes procédés que les médecins militaires
des brecs . On a constaté que chez les peuples primitifs,
les Hottentots par exemple, l’habileté chirurgicale est
souvent très développée, alors que la thérapeutique des
maladies internes est dans l’enfance 3 * ; de même, dans la
Grèce homérique, il y a déjà des chirurgiens habiles,
tandis qu on a recours à la théurgie pour conjurer les
épidémies *°. C’est par exception que, dans Homère, une
blessure est traitée par une incantation11; partout
ailleurs, la chirurgie remplit son office *2.
.Nous possédons peu d informations pour l’époque com¬
prise entre 1 épopée homérique et Hippocrate ; cependant
Daremberg a pu montrer que les témoignages épars des
auteurs de cette période (Pindare, Eschyle, Sophocle,
Euripide) attestent l’existence de la médecine naturelle à
côté de la médecine théurgique *3.
L opinion vulgaire que nous avons rappelée au début
de ce paragraphe se fonde surtout sur la confusion,
dénoncée par Rosenbaum 14 et Daremberg15 * *, entre les
Asclépiades et les prêtres d’Esculape. La légende
même des Asclépiades n’autorise pas cette confusion"5.
Le maître d’Esculape, Chiron, est, comme son nom l’in¬
dique, un chirurgien*1; c’est, en même temps, un con¬
naisseur des vertus des simples *8. Esculape pratique la
médecine et reçoit même des honoraires.
lape, l’un médecin, l’autre chirurgien sV
le Péloponnèse, à Rhodes et à L.’.
Lesf5,s dW
- . Cos-t^Ï
constituent la classe des Asclépiades enfanls >’
transmettait de père en fils20 ma;e ’ asc'encese
certaines conditions, être révélée à de aussG sous
devenaient Asclépiades par adoption2* rP8 a ?”’ ^
n’etaient pas des prêtres22, bien qu’avant ,P‘ades
liai commun, et ne traitaient pas les malacle"
l(Iues. On sait
temples, mais à domicile ou dans leurs clin,,
que le grand Hippocrate était un Ascléobtln a r
avait alors d'autres écoles médicales A Bhodesn “V' 5 * * * * *
tone , a Cyrène25 et à Cnide2*5. Enfin dan* lV n ^
aux cours des princes, on rencontre, avant Hin.Tr T?1
des médecins publics ou pensionnés qui n’étaient' ! '
des prêtres d’Esculape, mais des laïques initiés à I..J “
par des médecins laïques comme eux.
Une tradition suspecte veut qu’Hippocrate ait dû J
savoir aux steles et aux ex-voto déposés par des malades
guéris dans le temple d’Esculape à Cos, avec l’indication
de la nature de leur mal et du traitement qui en avait eu
raison27 ; on ajoutait qu’Hippocrate, pour dissimuler son
larcin, avait mis le feu au temple de Cos28. Cette histoire
absurde a sans doute été inventée par les prêtres d’Escu¬
lape, jaloux des Asclépiades et désireux de faire passer
leur maître pour un plagiaire. Depuis que nous connais¬
sons, par les fouilles d’Épidaure, les récits des cures mira¬
culeuses faits par des malades guéris [incubatio], nous ne
pouvons plus prendre au sérieux la légende qui attribue
à ces relations puériles une influence quelconque sur la
constitution de la science médicale.
Enfin, la vaste collection des écrits hippocratiques est
là pour attester l’ancienneté de la médecine laïque en
Grèce. Nulle part, comme le remarquait Daremberg, les
auteurs de cette collection ne se donnent comme les pre¬
miers qui aient défriché le champ de la médecine;
presque tous parlent d’une médecine bien antérieure et
quelques-uns renvoient à des livres aujourd’hui per¬
dus29. « HippocraLe est né dans un pays et à un moment
où la médecine intervient dans presque toutes les cir¬
constances importantes de la vie publique et privée, où
elle sert de terme de comparaison pour toutes sortes de
préceptes moraux et de doctrines politiques.... 11 est temps
1 Daremberg, Rev. arch. 1808, H, p. 353. — 2 Daremberg, La médecine
dans Homère, Paris, 1805; H. Dunbar, The medicine and surycry of fl orner,
Uaus fin/. Med. Journ. Londres, 10 janv. 1880. — 3 Extraction des -pointes
de flèche cl de lance. 11. IV, 214; V, 112; XI, 829; blessures lavées à l’eau
chaude, U. XI. 846; blessures bandagées, 11. XIII. 599 ; Od. XIX, 457; sang de la
plaie sucé, H. 1\ , 218 ; xasà-Kotrzoï de simples écrasés ou pilés, 11. IV, 217 ; XI, 830 ;
racine amère appliquée sur une blessure, 11. XI, 840; onctions, H. IV, 217 et le
commentaire d’Eustathe; cf. Sprengcl, Gcsch. der Med. éd. Rosenbaum, p. 155.
7 4 Hom’ "■ ‘h 73*- - 5 Hom. II. XI, 514 : ’I^î T4? 4vi,f „Uïv
«U.wy; ibul. XVI, 28 : îyjtçoï — O/. U P U. 7. ■/ L ; cf. ibid. XIII, 213. — 6 Hom; Od.
XVII, 384 : ir,[ito£fvol IW.v | Màvriv t, i^Trjja xax,r,v vj téxtovgc SoéPo,v. — 7 Hom. II.
G 401, 899. — S Daremberg, Hist. des sciences médicales , 1. 1, p. 80. — 9 Sprengel-
Hosenbaum, p. 29 ; Plattner, I)e chirurgia artis medicae parente , Leipzig,
1 721. lu Hom. II. I, 314, 457. Hérodote (II, 117) est le plus ancien écrivain connu
qui ail attribué à une épidémie une cause naturelle; cf. Rev. arch. 1869, I, p. 200.
Iloin. Od. XIX, 457 : cttaoiSï, S’alaa xifaivov J "Eiryi 8ov. Il faut peut-être
entendre de même les Xi.o, par lesquels Patrocle soulage Eurypyle blessé, 11. XV,
29!. Dans les Tracliiniennes (v. 1002), Hercule souffrant fait appel à un enchan-
teui , iotSo;, ou à un médecin, ytijotî/v»;?. Sur les incantations, voir l’art, magia,
II. 1 498. - 12 Dans son mémoire La médecine dans Homère (1805), Daremberg a
du SS. un lexique des termes anatomiques qui ne comprend pas moins de 150 mots,
.a nomenclature des os est presque aussi indécise dans Hippocrate que dans Homère,
cl p us d une partie importante du corps n'y est pas mieux décrite. — 13 Daremberg,
Ihst des sciences médicales, t. I, p. 80. -14 Sprengel-Rosenbaum, p. 189.
arembeig, Op. cit. t. I, p. 81. — 16 Pour la généalogie des Asclépiades, voir
Th ramer ap. Pauly-Wissowa, Rcal-Encycl. t. II, p. 1684; Paton-Hicks, Cos ,
p. 34S ; Herzog, Koische Forschungcn , p. 200. — *7 Pind. Pyth. III, /!l» ^cw- ^*1
55. — Une piaule médicinale, le ckironium, a gardé son nom. Chiron op1’11' ’1II?SI I
par incantation, Pind. Pyth. IV, 84. — 19 paus. II, H, 23, 38; K, 30; Arislui-
Orat. p. 77, 78. Arclinos, dans son Éthiopide, fit de Machaon un cliinn "■ '*cl
Podalire un médecin; cf. Welckcr, KL Schriften , t. III, p. 47. — ' I*'1 ■' '
p. 4G4, 599; Galen. Adm. anat. II, p. 128 K; Arislid. Orat. p. 80. — J ®l
serment hippocratique, au t. IV de Y Hippocrate de Littré. De là, 1 emploi 'h>^ I
Asclépiade pour désigner « celui qui pratique l’art d’ Asklépios », Gai* _ I
med. I, 1 (t. X, p. 0); cf. Rev. arch. 1869, I, p. 211. Le médecin
M. Arlorius Asclépiades, élève d’Asclcpiadcs de Prusa, peut* élus 111 ( .on :
exemple de l’usurpation du cognomen d’Asclcpiadcs, pour indique î Li | ^
médicale. — 22 Cf. Plat. Phaed. p. 270; Protag. p. 311. Platon et Y.\l\ 1 •
exclusivement de descendants d’Esculapc, et non de prêtres du dû “
Théopompe, ap. Pliot. Bibl. 176; cf. Daremberg, Rev. arch ■ 1 MJt>J
— 23 Galen. t. X, p. 6 K. — 2; A cette école appartenait le célèbre
(Hcrod. III, 129-134) qui, d’après Suidas, était fils d un prèlie <11 ■■i|K*0gnisf
Asclépiade?) de Cnide. — 25 Herod. III, 131. II y en avait ailleurs cm ^ p,.,'..
432). Le médaillon du médecin Aineias à Athènes (imago, fi.?- 3 11 ' lf rl, uber àH’
sencc d’Asclépiades dans cette ville vers 520. — 26 Conradi, Denu.it ^ ^ jg56.
medizinische Grundsaetzc der koischen und knidischèn Scinde, ,0^ ^ uitrè»
Hippocrate reprochait aux Cnidiens le petit nombre de leurs i<"" ^ médecin
t. II, p. 227). C’est de l’école de Cnide qu’est sorti le célèbre *IIS,°
Clésias. —27 Strab.XIV, 622; Plin. Nat. Hist. XX IX, 2; Jam,,llC ' v'(|ans la Vic
— 28 Pün. L. c. d’après Varron. Suivant une variante c0lbCIV fraic aurait
d'Hippocrate do Soranos (Herzog, Koische Forsch. p. I ^ ^ j p. sî>.
bridé la bibliothèque de Cnide ! — 29 Daremberg, Hist. des *c.
le môme
262. |
édès
«n
MED
— 1071
mslice
je la phrase stéréotypée : Hippocrate,
et d’en débarrasser l'histoire 1
de fa|r0 , , .
, (je la médecine ,
r |||(.M)I,ie qui veut que les philosophes, en parti-
l;1' tic l’Ionie et de la Grande-Grèce, aient
^iriUié puissamment aux premiers progrès de la
C0"|rii"'2, ne paraît pas reposer davantage sur des
;iient; solides, bien qu’elle ait été admise, semble-
j'i 'nr un aussi excellent esprit que Celse3. Si les
^Hiphes ont fait avancer la médecine, c’est en pre-
r n| conseil de ceux qui la pratiquaient4; ils ont pu
niéiiecins en même temps que philosophes, mais
Lin par l’effet des spéculations physiques ou physiolo¬
gues auxquelles ils se livraient, ni des jongleries
que des traditions d’ailleurs peu certaines attribuent à
plusieurs d’entre eux3.
r On a cherché, de notre temps, à réhabiliter la médecine
sacerdotale des Grecs et à montrer quelle s’inspirait sou¬
vent de principes rationnels6, tels que 1’inlluence salu¬
taire de l’air pur, des bains, de la gymnastique, des
jeûnes précédant le traitement médical1, etc. Il est
certain, en effet, que l’inscription découverte à Épi-
daure, où Àpellas relate sa guérison, donne les détails
d’un traitement diététique et psychique où le charlata¬
nisme théurgique a peu de part8, et que nombre d’autres
témoignages du même genre nous ont été conservés par
1rs auteurs, sans en excepter le névropathe Aristide. Mais
ce qu’il y a de raisonnable dans la médecine sacerdotale
est précisémentce qu’elle a emprunté à la médecine sécu¬
lière9 ; le seul élément utile qu’elle y aitajouté est ce que
nous appelons aujourd’hui la suggestion , méthode cura¬
tive commune à tous les charlatanismes, même à ceux
des sauvages les plus incultes, et qui ne peut être consi¬
dérée comme scientifique dans son principe, bien qu’elle
tende à le devenir de nos jours.
En somme, l'histoire de la médecine grecque atteste,
depuis la plus haute antiquité, la puissance bienfaisante
du rationalisme, et si, depuis l’époque alexandrine, elle
s est de plus en plus altérée par un mélange de moyens
magiques et théurgiques, cela tient précisément aux
atteintes profondes que reçut le génie hellénique du fait
de sa diffusion dans des pays et chez des peuples où le
utionalisme scientifique n’existait pas. Il faut également
— MED
tenir compte, depuis le ivc siècle, de l’influence du
mystique chrétien ,0.
II. État civil et nationalité des médecins. — On peut
dire, d’une manière générale, que les médecins grecs
étaient pour la plupart des hommes libres, exerçant sou¬
vent en pays étranger ou dans des cités autres que la
leur ; mais que les médecins romains, sous la République
et le Haut-Empire, étaient d’ordinaire des affranchis ou
des esclaves, de nationalité ou d’origine hellénique “.
A Athènes, l’exercice de la médecine parait avoir été,
en principe, interdit aux esclaves12. Cependantles méde¬
cins libres avaient des esclaves, qualifiés eux-mêmes de
médecins, qui leur servaient d’auxiliaires et qui don¬
naient leurs soins à d’autres esclaves13 ; des esclaves
publics paraissent avoir été chargés des mêmes fonctions
dans l’officine entretenue par la cité. D’autre part, il y
avait des esclaves privés, possédant des connaissances
spéciales, qui étaient les médecins de leurs maîtres;
Diogène esclave disait à son maître Xéniadès : « Si
j’étais médecin, tu serais bien obligé, bien que mon
maître, de m’obéir u. » Un esclave du philosophe Chry-
sippe, Aristogène de Cnide, servit de médecin à Anti¬
gone Gonatas15. Une curieuse inscription de Delphes fait
connaître le cas d’un esclave, affranchi sous forme de vente
à la divinité, qui s’oblige à collaborer encore pendant
cinq ans avec son maître dans l’exercice de la profession
médicale, en recevant de lui le vêtement et le vivre16.
En dehors des médecins ambulants, qui voyageaient
avec leurs auxiliaires de ville en ville, il y avait, en
Grèce, beaucoup de médecins établis ailleurs que dans
leur cité d’origine : tels furent l’Acarnanien Événor à
Athènes17, le Mégalopolitain Melankomès à Delphes18,
Onasilos de Kition à Idalion19, le Syrien Artémidore à
Andros 20 . On semble avoir pensé que le médecin, comme
le devin, a plus de prestige ailleurs que dans son pays ;
telle est, du reste, la substance d’un logion attribué à
Jésus-Christ qui a récemment été découvert en Égypte21.
Alors que les Grecs allaient souvent exercer dans les
contrées voisines, on trouve, en Grèce, peu de médecins
venus du dehors ; toutefois, dans une lettre supposée
d’Anacharsis, il est question de médecins égyptiens
accueillis avec bienveillance à Athènes22 . La renommée des
in mliorg, Rm. arc h. 1869, I, p. 72, 2GG. — 2 Cf. Sprengel-Rosenbaum, p. 2 :
p iil"„ophio est la mère de la médecine... Les médecins ont généralement
'J 1 11 1' ms théories aux philosophes ». Sprengel a soutenu à tort (Ibid. p. 252]
J) . * 4 théoriciens avaient, les premiers, sécularisé la médecine. — 3 Cels.
, ' 111,0 m'-dendi scientia sapientiae pars habebatur, ut et morbonm
t naturalium contemplatio sub iisdem auctoribus nata sit.
Scrj i ' 'c "H lll:c‘n so‘t aussi philosophe, mais non réciproquement (Galen,
Oiod si. ù, 1-8). — 4 Pythagore soigue son maître Phérécyde
■. p. ij ,"' fæC^rpt P’ 554 1 Jamblich. Vit. Pyth. 252. — 5 Rev. arch. 18G9
lcs p|us aiemberg, Hist. des sc. méd. 1, p. 83 : • C’est un des auteurs
“ P faut il ”'' 'a co^eclIoa hippocratique, un déclamatcur, qui a écrit
" la médeeii " ' °llci 'a '"édecine dans la philosophie et la philosophie dans
Pas prendre 1,. ^ n"'l*ec‘n philosophe est égal aux dieux ». Encore ne faut-i
de la philos,, il, C iail°e SUr CC lexl0 de la Bienséance (§ 5), car il s'agit surtou
— ® 11 , ' | moiale °i des qualités communes au médecin et au philosophe, s
les inlerdicti * piall'lucs des idées superstitieuses (comme la circoncision
Del ; mais il 11(! mi0ula‘res) 'l11', avec le temps, prennent un caractère ration
primitif, 7 ,,’lUl Ilas ouhüer, comme on l’a fait, que ce caractère n’est pa
Plat. Q. Rom nj,1™”1'.0’ ^ev' a,ch- 1885, 11, p. 285 sq. Voir, en particulier
Arislid. 0r„i ' ’ Pl,il°slr. Vit. Apoll. I, 8-10 ; Strab. XIV, 5S0 ; Paus. V, 34
ùyl/os, tsgj ! 1 ' S Ùclnach, Chron. d' Orient, t. 1, p. 96; Wilamowitz
— 9 Une insérât 0’ Puschmana> Juhresb. d'Iw. Muller, 1890, t. III, p. 285
®Mecin qui CS| ^i'die (Bull, de corr. hell. 1894, p. 160) mentionne ui
^ • p S(!mj I hsculape pour la seconde fois (taxfb; xat ïepeùs toS ’AaxXr.xto
Pleia. _ io qj. , '0 onc (lue la médecine séculière avait pénétré dans les Asclé
l1, 1501, i ipQ | cx™iplc Plut. De fade in orbe lunae, p . 920 B et l’article magià
médecine astrologique, venue d’Égypte à Rome, était admis
même par Galien (IX, 910-913). La révélation du traitement des maladies par les
songes (incubatio) fut en honneur, depuis le 11e siècle, daus les écoles de Pcrgamc et
d’Alexandrie (Artemid. Oneirocr. IV, 22; Orig. C. Cels. III, 24; Arislid. Orat. I,
78). Galien vante la docilité des malades pour les remèdes prescrits en songe par
les dieux (Galen. XVII, B, 135) et dit avoir été guéri lui-même d'un ulcère par
Esculape (XIX, 19). Le premier médecin byzantin qui fasse une grande place à la
magie proprement dite est Aetius, vers 530 (Puschmann, Handbuch, p. 533). Sur
les survivances de la médecine sacerdotale, voir A. Marignan, La médecine dans
l'église au vi° siècle, Paris, 1887 ; sur la médecine dans le christianisme primitif,
A. Harnack, Medizinisches aus der ültesten Kirchengeschichte, Leipzig, 1892.
Les saints 4vd cpyujoi, Cosmas et Damien, martyrs sous Dioclétieu, auxquels Justinien
éleva une église à Constantinople (Procop. De aedif. I, 6), avaient exercé gratuite¬
ment la médecine eu Cilicie, guérissant, non par des remèdes, mais par des prières.
Ils prirent, dans les légendes chrétiennes, la place d'EscuIapc. — H J. Jacquov, De
la condition juridique des médecins privés et des médecins officiels à Rome, Paris,
1877 ; Revillout, De la profession médicale dans l’Empire romain, in Gazette des
Hôpitaux, 1866, p. 285 sq. U y a une littérature considérable, remontant au
xvill* siècle, sur la condition des médecins romains; on la trouvera indiquée par
Spreugel-Rosenbaum, p. 221. — 12 Hygin. Fab. 274. — 13 Plat. Leg. IV, 720. Il ne
dit pas que ce soit un usage sans exceptions. — H Diog. Laert. VI, 2, 30. _ 15 Suid.
s. v. Aristogenes. — 16 Wescher et Foucart, Jnscr. de Delphes , n* 234; Wallon,
Hist. de l'esclavage, t. I, p. 186, 342. — n Corp. inscr. att. 11, 186, 18/1
— 16 Wescher et Foucart, Inscr. de Delphes, u» 462. — 19 Curtius, Studien, VII,
240. 26 Athen. Mitth. I, 238. 21 Aéyu • oGx sVriv Snetti; 1* v*i
icatptSt aGto'3 (cf. Luc. Evany . IV, 24), o0 ül Iatç5; itotiT Otçocmlaç t !ç voùç ytvwuxovTa;
alxov (Preusschen, Antilegomena, p. 43), — 22 Epist. graeci, éd. Hercher, p. 102,
10.
MED
— 1 G72 —
médecins égyptiens en Grèce remonte au delà de l’époque
homérique 1 ; on a cependant exagéré leur influence sur
les débuts de la médecine scientifique en Grèce.
Pline l’Ancien prétend que Rome a vécu, pendant six
siècles, sans médecins, sinon sans médecine2. Cela
signifie quelle ne possédait pas de médecins formés dans
les ecoles grecques ; mais elle ne pouvait se passer ni d’em¬
piriques3, ni de sages-femmes, ni de chirurgiens mili¬
taires, dont la condition nous est d’ailleurs inconnue4.
D'autre part, les riches durent avoir de bonne heure des
esclaves médecins d’origine grecque3. En 217 av. J.-C.
arriva à Rome un médecin grec, le péloponnésien Archa-
gathos, lils de Lysanias 6 ; le Sénat lui accorda le droit de
cité et lui acheta, des deniers publics, une officine sur le
carrefour acilien. Sa spécialité le fit qualifier de vulne-
rarius (médecin des plaies)7. Au début, son succès fut
grand, mais sa hardiesse à couper et à brûler souleva
bientôt une vive opposition, au point qu’on le traita de
bourreau et qu il dut quitter la Aille. Archagathos, en sa
qualité de Grec, était probablement un protégé de Scipion
et, à ce titre, fort mal Amnu des vieux Romains, dont
Caton était le porte-parole. Ce dernier, qui pratiquait la
médecine dans sa famille à l’aide d’un vieux livre de
recettes, rempli de formules absurdes et d’incantations,
haïssait d’autant plus les médecins grecs qu’il les soup¬
çonnait de ne pas vouloir donner leurs soins à des bar¬
bares, comme on le racontait d’Hippocrate, et d’avoir
conjuré de les faire périr ». Il interdisait formellement
à son fils de recourir à leurs conseils. Malgré ces résis¬
tances, l’afflux des médecins grecs s’accrut avec les pro¬
grès de l’hellénisme en Italie9 et, du temps de Pline, il
y en avait un grand nombre. Mais cet écrivain nous dit
expressément que la médecine est le seul art dont la
gravité romaine se soit détournée, quelque lucratif qu’il
soit, peu de Romains (c’est-à-dire de citoyens romains de
naissance) s’en sont mêlés et ceux-là même se sont faits
Grecs aussitôt. « Bien plus, ajoute-t-il, il n’y a d’auto¬
rité, même chez les ignorants et ceux qui ne savent pas
le grec, que pour les médecins qui écrivent dans cette
langue; et Ion a moins de confiance pour ce qui con¬
cerne la santé, si l’on comprend. »
Le fait qu’un médecin exerçant en Italie porte un nom
romain ne prouve nullement son origine romaine, car il
pouvait être un esclave grec affranchi qui avait pris le
nom de son maître, ou un Grec libre qui avait adopté un
l Hom. Od. IV, 229. Dans le papyrus Ebers, manuel de thérapeutique
compilé vers 1500 av. J.-C., d'après des sources plus anciennes, il est question de
fèves de Kefto ( Kefto paraît désigner la Crète mycénienne) ; on peut donc supposer
que les influences réciproques de la Grèce et de l'Égypte remontent au deuxième mil¬
lenium av. J -C. Cf. Puschmann, Handbuch der Gesch. der Med. I, 91. _ 2 p|jn.
-Aat. Hist. XXIX, 11. — 3 Cf. Sen. Epist. 95 : Mcdicina quondam paucarum fui'
scientia herbarum quibus sisteretur sanguis, ruinera coirent. — 4 Briau, Rev.
arch. 1885, II, p. 202. Ce qu’on a écrit touchant la médecine étrusque à Rome ne
repose sur aucun fondement, car on ne peut sérieusement invoquer à cet égard la
légende de Circé (cf. O. Muller, Die Etrusker, l. II, p. 343). Les textes mentionnant
des médecins à Rome axant l’arrivée des médecins grecs (par exemple Val. Max.
Il, 4; Dion. Hal. 1,79; X, 53 ; Sil. liai. VI, 90) n'ont pas la valeur qu’on leur a parfois
attribuée. Toutefois, la lex Aquilia qui, au m» siècle av. J.-C. ouvrit une action
contrôle médecin qui aurait mal opéré un esclave, attestp Texistencede la médecine
a Rome des cette époque, à moins qu’il ne s'agisse d'une extension postérieure du
principe édicté, par celle loi (tr.x, p. 1 130). - 5 Briau {Assist. médic. chez les Romains ,
p. 8) a conjecturé avec vraisemblance que l’exercice de l’art à Rome avait débuté
par la médecine domestique. — 0 Cass. Domina ap. Plin. Nat. Hist. XXIX, 12.
— ■ lin emplastrum lene Archagathi est mentionné par Celse, V, 19, 27. — 8 p|„t.
Cat. cens. 22, 23; Plin. Nat. Hist. XXIX, 78; XX, 14; Cat. Re Rust. 156, 100.
Voir la prétendue lettre d’Hippocrate à Hyslanès, refusant d’aller soigner des Bar¬
bares, éd. Littré, t. IX, p. 317. — 9 Asclépiadc de Bithynie, qui s'établit à Rome
du temps de Pompée, acquit une réputation extraordinaire et fut l’ami de tous les
hommes célèbres de son temps (Plin. Nat. Hist. VII, 37; XXVI, 7-9; Cic. De oral.
MED
nom romain en recevant le droit de cité t
reconnaît lui-même qu'il y eut quelques ”"l."ois’ WiJ
ment romains ; mais le nombre ne d,,l L "‘"s
siderabie, du moins jusqu’à la fin du î",êlre
La majorité des médecins à Home sn„ i ,,
iurenl, semble-t-il, des esclaves grecs ou des XT'
Au moment d une famine, nous appreno“
guste expulsa de Rome tous les étrangers
nombre d’esclaves, A f exception </« „,„•* " «
precemu-s ; c’est donc qu’il y avait beaucoup J
parmi les médecins. Il y en avait c, , püesclaves
familles (servi medici, domesliciet famdl~,nT
■nais la dépendance où ils se trouvaient dé™ nS'T'
vent chez eux toute initiative et les poussait à (lai t
désirs de leurs maîtres plutôt qu’à combattre leurs „
ies . En 49 av. J.-C„ L. Domitius Ahenobarbus a,*
pour médecin un esclave". Les esclaves attachée™
grandes maisons, en particulier à la maison
sont souvent mentionnés dans les textes épigraphiques'
par exemple dans les épitaphes du Columbarium de JL
qui nomment un médecin et un chirurgien. Los esclaves
médecins de la familia avaient pour chefs des affranchis
dits superpositus medicorum ou supra medicos Il v
avait aussi parmi les médecins des esclaves publies
auxquels était probablement confié le soin des autres
esclaves de 1 État"1. Dans les exploitations agricoles con¬
sidérables, on entretenait des esclaves médecins à de¬
meure ; mais les petits propriétaires préféraient, du
temps de Varron, en louer à l’année de leurs voisins1'.
Les affranchis médecins ( liberti medici ), comme les
esclaves, étaient souvent attachés à des personnages de
marque. Caton d’Utique avait pour médecin un affran¬
chi 18 ; Antonius Musa, le médecin d’Auguste, était égale¬
ment un affranchi19. A Sidyma en Lycie, on lit sur un
portique une dédicace de Tibère Claude Epagathos, méde¬
cin, affranchi de l’empereur20. Une inscription de Magné¬
sie 21 a conservé le souvenir de Tvrannos, originaire de
cette ville, qui a\rait été esclave de la famille impériale,
attaché au service médical du palais, puis affranchi par
Claude, dont il avait pris les noms. Il était probablement
resté au serxûce de Néron, car l’inscription parle des té¬
moignages que les empereurs lui accordèrent pour sa
science médicale et pour son caractère. Revenu dans sa
patrie, il y jouit d’une haute considération; la ville de
Magnésie décida qu’il seraitreçu et traitéen hôte public -.1
I, 14; Apul. Flor. 19). — to Vetlius Valeus, médecin et amant de Mcssnliiic (Min.*
Nat. Hist. XXIX, 8, 20), paraît avoir été un vrai Romain ; de même Scribonins Lai z
médecin de Claude. Pline (XXIX, 7) connaît des médecins appartenant air. famille®
des Cassii, Calpetani, Arruntii, Rubrii. Un médecin Cassius est cil.' i1" 1
Galien nomme Valerius Paulinus, Flavius Clemens, Pompeius Sabinus (Oab '■ - ’
1027). Les inscriptions fournissent quelques exemples de médecins ingc’i
inscr. lat. IX, 1715; Orelli, 7246). Un chevalier romain est archi&tre de
( Corp . ins-r. Int. IX, 1055). Quant à Aldus Cornélius Celsus (Celse), il "’’l"9^ I
blement jamais exercé la médecine ; il écrivit sur ce sujet, comme sur 1'" 11 ' ^ ^
avec une information exacte et de la facilité (Laboulbène, <h'u: )’ 1
— U Orosc, VII, 3. — 12 Sen. De benef. III, 24; Suet. Calig. S ; 2Ve>’. 2 : ^ »' _ •
inscr. lat. II, 3118 ; V, 869 ; VI, 4350, etc. ; cf. Wallon, Hist. de l'esclac- I ■ F ^
Jacquey, De la condition des médecins, p. 15. — 13 Sen. De const. ^ ^
fere domestici et familiares medici, aegris corporibus non qua oji I
celerrimum est medentur , sed qua licet ; cf. Plin. Nat. Hist. XXIX, - ■ { 1
Ner. 2. — 13 Wallon, Hist. de l’esclav. t. Il, p. 145. 16 I’: 1:1 J
médicale chez les Romains, p. 46 ; Marquardt, Privatleben dm /'1' I
Superpositus medicorum e ratione patrimonii, C. 1. L. VI, 85m. ^ I
Anguslianae, Palatinac, C. 1. L. VI, 8C47, 8656. Dans le Code. In-11 ^ 4:1,3). I
des esclaves médecins atteint 60 pièces d’or (C'od. Just. VIL , ’ ' jjj 5(1; I
— h Varr. Re Rust. I, 16. — 18 Plut. Cat. min. 70. - 19 1)10 2j K<,rll, I
Suet. Aug. 59. — 20 Benndorf et Niomann, Reiscn in Lykien, L ® ^ f XII> I
Inschriften von Magnesia, n° 113. — 22 Foucart, Bull, de cou
p. 328.
MED
— 1073 —
MED
( | K • i n o besoin de dire que beaucoup de Grecs
| " ' i-rnt exercer la médecine à Rome; nous verrons
^'"'l ^ -, quelles hautes situations quelques-uns
Pjll!’ , n\ sont parvenus. Jules César conféra le droit
! ,' (.(,s étrangers reconnus indispensables- et dont
le nombre s’accrût encore1; plus tard,
on désirait que r
”, )aI.ticipèrent aux privilèges et aux exemptions de
| harpes accordés aux médecins publics et aux profes¬
seurs (voir § XVI).
l'n principe, un médecin allranchi ne doit ses soins
I luits qU’à son patron. Toutefois, le patron peut
employer son affranchi médecin à soigner gratuitement
ses amis2 et, s’il est pauvre, il peut louer les services
médicaux de son affranchi 3. Enfin, si le patron est
médecin, il peut se faire accompagner et aider par son
affranchi; il peut aussi lui interdire l’exercice de la
médecine pour éviter une concurrence préjudiciable4.
Les médecins grecs de Rome étaient surtout origi¬
naires de Grèce et d’Asie Mineure, où les écoles de
Pergame et de Smyrne brillaient d’un vif éclat; il est
cependant aussi question de médecins d’Égypte, comme
celui que Néron fît venir pour traiter Son ami le cheva¬
lier Cossinus, qui était attaqué du lichen5, et le méde¬
cin-masseur de Pline le Jeune, Harpocras °. L’école
médicale d’Alexandrie conserva sa haute réputation
pendant tout l’Empire et l’on voit, par l’exemple de
Galien, que les jeunes médecins allaient y compléter
leur éducation. Au ive siècle encore, le fait d’avoir étudié
à Alexandrie suffisait à recommander un médecin7.
III. Éducation et formation des médecins. — Nous
avons vu que la science médicale avait d’abord été héré¬
ditaire dans le yÉvoç des Asclépiades ; il en fut probable¬
ment de même dans d’autres familles, où se transmet¬
taient, de père en fds, des connaissances empiriques
relatives à l’art de guérir. De cette hérédité de la profes¬
sion médicale, il y a des traces même à une époque
tardive. La grande famille hippocratique des Asclépiades
de Cos subsista pendant trois siècles (583-286) 8. Le
| médecin Andromaque le jeune était fils d’Andromaque Ier,
archiàtre de Néron9. Le médecin Ménocrite, honoré à
Carpathos10, et le médecin Attale, honoré à Éphèse11,
appartenaient a des familles médicales. Une inscription
e GaLitie fait connaître un archiàtre fils d’un médecin
estime, wpo ^dvtwv a-rcouSaïoç12. Glycon, médecin de Per¬
game, olèbre en vers pompeux la mémoire de son père
! m,ul" l’idladelphos ; Alexandre de Tralles était fils
un (P t jn g^phanos 'L Toutefois, dès avant l’époque
'pp'iuate, comme l’atteste le fameux Serment u, les
d' ' 11 'des d’ Asclépiades avaient admis, à titre
parle'' Ml °U ^ é^ves Payants, des hommes libres n’ap-
deVai,:;'?as au ï^voç (’^w vou yévo'jç) 15. Ces derniers
à conshU ' n^a®er a °^server la piété envers leur maître,
uor >ses enfants comme leurs frères et à leur
1 Suet. Caes. 4., ■ .
libres et aux afj- . !* 01 de César 11e s'applique sans doule qu'aux hommes
Con,lilion an.C "S’ r®serve l*'t® des droils du patron (Jacquey, De la
ttxvm,, ZTTT' P’.:6)- ~ 2 Diÿ- XXXV1"’ *. »• - » Dig.
cili8'P. 50, fiq Co __ .iÿ;,XXXV ai, 1, 2G ; cf. Jacquey, De la condition des méde-
’^re|H avec les mal I * H>st- XXIX, 93. Les médecins exotiques arri-
Hr C“l aussi dos n ^ l'°S dC. ICUrS ,>ayS d’orig'ne- — 6 PI in . Epist. X, 5, 6, 7, 10.
Sit,mgesch ] ‘ CC‘"9 ■iuifs dès lo Haut-Empire, Ccls. V. 19, 22 ; FriedlSnder,
%/iol . | „ ’ ' “ (a,'cl"âtre juif à Ve
p'rtfs, p ’8p : Amm'an. XXII,
ienousc). — 7 Oalen. II, 220 : Fulgcnt.
16; cf. Puschmann, Gesch. des medic. Unter-
dans Pauly.VVis^''C"SC,'I)"s™l)a>im, p. 329. - 9 Wellmann, art. akdroma-
%. - ,2 p _ _ _
H, n» 57g . ^'ssi<>n de Galatie , n» 27.
10 Cfeu. arch. 1880. I, p. 321. — il Corp. inscr. gr.
13 Inschriftcn von Pergamon,
Husclupaqu, f(, 139, — U Hippocrate, éd. Litlré,
enseigner la médecine sans rétribution. Ainsi la con¬
frérie se substitua de bonne heure à la famille; l’ap¬
prenti agréé, reçu dans la communauté profession¬
nelle, devenait un frère adoptif des Asclépiades,
Y)8£À^l<7[A.évO; ixrpôç.
Dans la Grèce moderne, suivant le témoignage de
M. Alex. Rertrand, il y avait encore récemment des
vestiges de l’hérédité de la profession médicale et de la
méthode d’enseignement domestique, comme aussi de la
médecine ambulante des périodeutes lf\ Les habitants
d’une vallée du Pinde, le Zagori , passaient pour naître
médecins et chirurgiens à la fois ; les fils succédaient
aux pères et, à défaut des fils, des parents ou des étran¬
gers s’engageaient dans la famille à titre d’élèves ou de
domestiques, ce qui revenait à peu près au même. De ces
médecins, les uns étaient rebouteurs, les autres her¬
niaires; il y en avait qui pratiquaient avec succès les
opérations de la cataracte ou de la pierre On les trouvait
parcourant les villes de l'Orient, où ils se créaient rapi¬
dement une clientèle. Après avoir travaillé de la sorte en
divers pays, ils revenaient se reposer et vieillir, riches
souvent, dans le village qui les avait vus naître.
A Athènes, au ve siècle et plus tard, le médecin, public
ou privé, a des apprentis et des auxiliaires libres,
[i.a07]Tat, Û7tvjp6Tai, outre les esclaves qui le secondent
également17. Pour faire l’éducation médicale d’un jeune
homme, on le plaçait chez un médecin habile auquel il
payait une redevance18; tel fut le cas de Timarque,
qu’Eschine nous montre allant s’installer dans l’officine
d'Euthydique au Pirée, absolument comme un interne
des hôpitaux actuels19. L’apprenti accompagnait son
maître dans ses visites, devenait son remplaçant (BtiSoyoç)
en cas d'absence, pouvait même être délégué par lui en
temps d’épidémie20; surtout il se formait sous ses yeux,
dans l’officine, au diagnostic et au pronostic, à toutes
les opérations manuelles, telles que saignées, pose de
ventouses 21 , applications de clystères, ainsi qu’à celles de
la chirurgie proprement dite22. Comme de nos jours, le
médecin pouvait confier à un élève avancé la garde d’un
malade, pour surveiller et diriger le traitement23. Un
passage assez obscur d’Aristote24 désigne sous le nom
d’àpy.iTEXTovtxoç le médecin qui a des auxiliaires, le méde¬
cin dirigeant; il le distingue du Sr.utoupydç, simple prati¬
cien (?) et du 7T£7raiS£upuvoç 7T£p'[ TTjv t éyvr,v, qui serait
plutôt un médecin amateur25. Galien se sert aussi de
l’expression àpyixb; ’taTpôç et compare le médecin en chef
à l’architecte qui dirige une construction23. Les méde¬
cins grecs à Rome avaient également des affranchis qui
étaient leurs apprentis et leurs auxiliaires, et qu'ils
conduisaient, parfois en trop grand nombre, au chevet
des malades. Martial se plaint d’avoir été non seulement
visité, mais touché par cent mains glacées d’élèves qui
accompagnaient Symmachus : « Je n’avais pas la fièvre,
t. IV, p. 628. — 15 Galen. De adm. anal. H, p. 281. — 16 Bertrand, Études de
mythologie et d'archéologie , Rennes, 1858, p. 14-i ; cf. Rev. arch. 1880, I, p. 362.
— 17 Plat. Leg. IV, 720. Le médecin public a également des disciples auxiliaires
(Aristoph. Acharn. 1032); cf. Rev. arch. 1880, I, p. 311. Au temps do Galien
(XVII, B, 229), les ùr.r^hai du médecin soûl les masseurs, les ventouseurs, les rhi-
zotonios, etc. — 18 Plat. Afenon, p. 90 b ; cf. Rev. arch. 1869, I, p. 265. — 19 Aescli.
I, 40 (in Timarch. 124). — 20 Hippocr. éd. Littré, t. IX, p. 401, 424; cf. Herzog,
Koisclie Eorsch. p. 207. — 21 Cf. Anagnostakis, Dut!, corr. hell. t. I, p. 212;
Lambros, Iltji eixuSiv xal aixuizetoi; itafd.Tor5 àpyafon. Athènes, 1895. Il \ avait des
ventouses en verre, en corne, en bronze, que l’on appliquait avec ou sans scarifi¬
cation (Oribase, éd. Daremberg, II, 58-61). — 22 Hippocr. éd. Littré, t. IX,
p. 216. —23 Hippocr. éd. Littré, t. IX, p. 243. — Arist. Polit. III, H, p. 44»!
— 33 Sprcngol-Iloscnbaum, p. 321. — Galen. Comm. in lib. VI Epid. p. 507.
MED
— 1674 —
MED
dit-il; je l’ai maintenant1. » Philostrate raconte que
Philiscus, étant malade, reçut la visite de deux méde¬
cins, Séleucus et Stratoclès, qui n’amenèrent pas moins
de trente étudiants auprès de son lit Aussi Galien
recommandait-il à ses élèves d’éviter tout bruit de pieds
ou île conversation qui pourrait gêner ou énerver le ma¬
lade, ils devaient veiller aussi a ne pas 1 incommoder par
une haleine trop forte et, à cet effet, s’abstenir d’oignon
ou d ail et ne pas boire trop de vin avant la visite3.
La nature et la durée de l’enseignement (StSowxxÀia)
que les élèves recevaient de leurs maîtres nous sont
egalement mal connues. Hippocrate distingue trois espèces
d enseignement0, qu il appelle TtapayYsXtY) (les préceptes,
sans doute la médecine et la chirurgie usuelles), àxpoaTtç
(l’enseignement oral) et Xonrq gaO-qc-t; (le reste de l’ensei¬
gnement). Aristote dit que ceux qui abordent les études
nu dicales dans un esprit philosophique (oc ^[Xooo^coTsptoç
rr,v T£/vr,v [astiovtsç) commencent par l’étude des sciences
naturelles6; ce qui implique que la plupart des méde¬
cins ne s’imposaient pas cet apprentissage. Galien raconte
que Thessalus de Tralles, sous Claude, prétendait pou¬
voir former un médecin en six mois, d’après les prin¬
cipes de l’école méthodique ; pendant ce laps de temps, il
se faisait accompagner d’une troupe d’élèves sans prépa¬
ration scientifique, auxquels il permettait ensuite d’exer¬
cer leur art '. Mais il est évident qu’une éducation médi¬
cale ainsi donnée et reçue semblait tout à fait insuffisante;
Galien avait lui-même poursuivi ses études pendant onze
ans8. Sous le Bas-Empire, la durée normale des études
médicales parait avoir été de cinq ans : c’est ce qu’on
peut conclure de Ylsagoge in artem medicam attribuée
à Soranus3 qui fait commencer les études médicales à
quinze ans, alors qu’on sait que l’étudiant d’alors était
censé avoir terminé son apprentissage à vingt ans ,0.
De ce qu’Athènes et d’autres villes possédaient des
médecins publics rétribués, il ne s’ensuit pas qu’elles
rétribuassent leur enseignement. Nous savons très peu
de chose touchant l’organisation des grandes écoles
médicales de l’antiquité. 11 y avait peut-être à Cos,
depuis l’époque de Ptolémée Philadelphe, une sorte
d’université ayant pour noyau l’école de médecine, qui
fut le séminaire de celle d’Alexandrie11. Cette dernière
fut particulièrement tlorissante au ne siècle av. J.-C.
Ptolémée Evergète II (Physcon, 171-167), par haine de
son frère Philométor, chassa d’Alexandrie beaucoup de
savants, entre autres des médecins, qui serépandirent en
Grèce, en Asie Mineure et dans les îles, où ils fondèrent
de véritables colonies de l’école d’Alexandrie12. Vers le
1er siècle av. J.-C., Ilikésios fonda une école à Smyrne 13 ;
d’autres Alexandrins émigrés en établirent une autre à
Laodicée qui, du temps de Strabon u, avait pour centre le
temple de Mên Karou et pour chef Zeuxis, commenta¬
teur d Hippocrate ls. L’école de Pergame, à laquelle
l Mart. V, 9. — 2 Philostr. Vit. Apoll. VIII, 7. — 3 Galen. XVII B, 144-152.
— 4 Le médecin Thrason de Corcyre éleva une slatue à son maître 4vx’ àyaOS;
SiSnnMm (C. inscr. yr. 1897). — 5 Hippocr. éd. Littré, t. IV, p. 613. — 6 Arisl.
De senau, p. 430. — 7 Galen. Meth. med. I, 83; X, 5, 19. —8 Th. Puschmann,
(iesch. des medic. ünterrichts, p. 80. — 9 Rose, Anecdota, t. II. — i« Puschmann,
O. !.. p. 117-118. Oribase ( Synops . V, 14) conseille de commencer l'étude de la
médecine à quatorze ans. — U Herzog, Koische Forsch. p. 200. — 12 Athen. IV,
83, p. 194. — 13 Strab. XII, p. 245. — 14 Slrab. XII, p. 244. - 15 Galen. Comm.
in libr. Kar Ihtçsïgv, p. 662. — 16 Pour la réputation de cette école sous l’Empire,
voir plus haut, p. 1073, note 7. — 17 Médecins marseillais célèbres sous l’Empire :
Charmis (Plin. Nat. Hisl. XXIX, 9),Crinas (Ibid.), DémosthènesPhilalethes, oculiste
distingué (Galen. \ III, 727; XIII, 855). De l’école de Lyon sortirent Abascantus et Elpi-
dius; decelle de Bordeaux, Eutrope, Marcellus Empiricus, Siburius. A Césaréc (Chcr-
appartenait Galien, se rattache également \
UHe '« ; il en est probablement ,1e même de? d'A1«*
CIO I nnnmm _ n .. d
époque romaine, celles d'Antioi-iT T'08 écol<*
Albènos, de Marseille, de Lyon, de Bor’dcl^H
A Rome, les premiers maîtres de médecine ! C’'7’
médecins grecs immigrés, qui professaient et
des apprentis moyennant salaire. On 7 „ , °''maiet>t
lait sous l’Empire une schola medicoru», ''U ‘‘ exis’
un édifice à elle sur l’Esquilinet dont une
vienne mentionne le secrétaire, tùbularius'^n °'1 lg0'
que l’inscription est suspecte, le rôle de cette ,T'i °Ull'e
pouvait être un simple lieu de réunion ? *' q,li
l'on n’est nullement autorisé à 7^ on
l’ acuité de médecine. C’est à partir de Vespasitmso f®
ment que les professeurs de médecine furent rétrih
par l’Etat ; encore cela n’est-il pas dit e x pressé, ne t!
le passage de Suétone qui parle de l’institution 7
prince, de salaires pour les rhéteurs grecs et ronW»
Mais on peut croire, avec Brian, que Vespasien en fil
autant pour les médecins, car une loi du Digeste atteste]
que cet empereur confirma les privilèges accordés aux
grammairiens, aux rhéteurs, aux médecins et aux philo]
sophes, qu’il mettait, par conséquent, sur le même rang
et qu il honorait d’une égale bienveillance20. Hadrien”
au dire d’Aurelius Victor21, institua une école des arts
libéraux dite Athenaeum; mais il n’est pas certain que
la médecine y fût représentée. Il faut aller jusqu’à
Alexandre Sévère (225-235) pour trouver la preuve
formelle d’un enseignement de la médecine à Rome.
L’empereur attribua des traitements aux rhéteurs, aux
grammairiens, aux médecins, leur fournit des locaux
pour faire leurs cours et décida que des enfants pauvres]
de condition libre, les suivraient en qualité de boursiers?.
On a prétendu, mais sans preuve, que ces professeurs de
médecine étaient des archiàtres; la désignation d’ar-
chiâtres scolaires , proposée par R. Briau, est forl sujette
à caution. De même, il est possible, mais nullement
certain, que les médecins publics des villes de l’Empire,
rétribués en qualité d’archiàtres, fussent chargés d’un
enseignement officiel. Ce qui parait bien avéré, toutefois,
c’est qu’ils enseignaient ; on en trouve la preuve dans
une loi de Constantin, insérée au Code théodosien, qui,
confirmant les bienfaits d’empereurs précédents, exempte
de charges les médecins et professeurs de lettres, afin
qu’ils puissent plus aisément former de nombreux
élèves aux études libérales et aux arts qu'ils pratiquaient
(quo facilius liberalibus stucliis et memoratis artibus
multos instituant V23. Ainsi l’enseignement existait, et
n’existait pas seulement à Rome2* ; il était aussi encou¬
ragé par l’Etat ; mais le doute subsiste sur la natuie e
l’étendue de ce patronage officiel.
Il ne peut guère être question d’un enseignement e
la médecine sacerdotale, car on ne saurait qualifiai ainsi
chcll), Euphorbe, médecin de Juba II et G. Terenlius Asthencs, oculish J )iajcni
bilingue a été découverte à Chcrchell (Gaucklcr, Bull, du Comité, l'i-.l | ^ijanus I
formé des élèves indigènes : on connaît la stèle funéraire d un >" <l '
S _ 18 Wilmanns, I
| . , visieiice |
Bubbal (Gauckler, Musée de Cherchell, p. 93-94). -
5, n“ 978, parmi les Falsae). L’original esl inconnu. Est-il aullienlù|u il0iamtÿ*
même de lasrAohz medicorum est atlestéc par l'inscription i ^ ^ ser^ameii-
corum sur labase do l’Amazone Mattéi au Vatican (C. l.L. \ I. -3-11,1 ' ^ . |S
Corum est mentionné, Jb. VI, 9566. — 19 Suet. Vesp. Xt HL 1 ^ , mprid. A1-
Jaci|uey, De la condition des médecins, p. 112. — 21 Aur. Vict. IL ^ surveillance
Sev. 46. Sous Valentinien, lesétudiants en médecine firent placés s"" ;,p.lH
des préfets ( Cod . Theod. XIV, 1,1). — 23 lb. 1.3 , De med.', ,Momins«i
— 24 A Aventicum, un affranchi fait une dédicace médias et professa1
Inscr. Helvet. 164); il était peut-être l’élève des uns et des autu
MED
— 1675 —
MED
.admission de
il semble bien,
la médecine
! la b'
Mais
! que
Je temi,s
I supp°sl'
[d’avoir à
clans
certaines pratiques théurgiques,
comme nous l’avons dit plus haut,
> scientifique et rationnelle pénétra avec
. ies Asclépieia. M. Herzog 1 a récemment
3é que, sous l’Empire, _
lorsqu’on sentit le besoin
Home des médecins romains et non plus
jpg Grecs, des Romains de bonne famille
SC" "T étudier à l’Asclépieion de Cos et y constituer
vl"" 'niirrie religieuse. Cela est possible; mais le carac-
l'"!(l 'irli-ieux d’une confrérie d’étudiants à Cos ne pré-
Ière 'eil rien celui de l’enseignement qu’ils y recevaient.
J"îy Insuffisance des études anatomiques. — Aujour-
(Pluii, comme depuis deux siècles au moins, l’enseigne-
i ment ' de la médecine a pour condition essentielle la
pratique de la dissection, la fréquentation des amphi¬
théâtres. Dans l’antiquité, les mœurs et les préjugés
religieux, a défaut des lois, rendaient la dissection des
cadavres humains très difficile 2 ; on se contentait
presque partout de disséquer des animaux3. Ainsi
s’explique l'insuffisance des connaissances anatomiques
chez les anciens et les erreurs que les plus illustres repré¬
sentants de la science grecque ont accréditées sur ce sujet.
Il était plus facile de se procurer des squelettes que
des cadavres, et c’est pourquoi l’ostéologie des anciens
vaut mieux que leur anatomie. On montrait à Delphes un
squelette de bronze dédié par Hippocrate4 ; des modèles
semblables devaient être employés dans les écoles, et nous
on possédons quelques exemplaires dont la destination
pouvait d'ailleurs être différente3. Le Musée du Vatican
conserve deux modèles en marbre, représentant, l’un, la
partie antérieure d’un thorax, l’autre, l’intérieur d’un
corps humain6. Ce dernier est d’une inexactitude anato¬
mique vraiment monstrueuse ; il est évident que le sculp¬
teur n’avait vu et n’a'reproduit que l’intérieur du corps
dun ruminant. Les ex-voto en bronze ou en terre cuite,
qui représentent des viscères ou des parties internes du
corps humain, témoignent de connaissances anatomiques
'«gués ou erronées. De même, les auteurs de squelettes,
tant sculpteurs que ciseleurs et mosaïstes, ont commis
es Lin i es qui accusent l’insuffisance de leurs éludes7,
pous ignorons de quelles connaissances disposait Cléar-
que d( Soli, élève d’Aristote, qui avait écrit un ouvrage
ostéologie (nepl o-xsAsxwv) 8 ; mais les détails où entre
a ,en sur ^es quelques squelettes qu’il a pu étudier
^ es circonstances qui les ont mis à sa disposition
P ni qu à son époque encore la manipulation des
p’T 1 11 K humains soulevait de sérieuses difficultés 9.
. , .^Us oTave : le squelette décrit par lui dans son
1 i iiien taire sur les os paraît être, en partie du
“b’ Celu‘ d’llu s'nge et non d’un homme10 !
En ce qui concerne les recherches anatomiques, on a
fait valoir que tous les cadavres, chez les anciens,
n’étaient pas protégés par une sorte d’inviolabilité reli¬
gieuse : il y avait des esclaves, des étrangers, des cri¬
minels, des inconnus décédés en plein air, des enfants
exposés, des gladiateurs blessés, enfin des ennemis
tombés sur les champs de bataille, dont les restes pou¬
vaient être traités avec moins de ménagement11. Mais le
fait qu’il était possible de disséquer des hommes n’im¬
plique nullement qu’on ait souvenl profité des occasions
qui s’offraient. Hérodote12 parle bien d’observations
ostéologiques faites à Platées longtemps après la bataille,
lorsque les corps étaient déjà réduits à l’état de sque¬
lettes ; mais la trouvaille de ces ossements fut due au
hasard et personne ne songea à disséquer des Perses au
lendemain de la tuerie qui en avait été faite. Les auteurs
hippocratiques ont certainement disséqué des animaux en
grand nombre et tenté, de loin en loin, quelques recher¬
ches sur les hommes; ainsi il est question d’une opéra¬
tion de la moelle épinière qu’il est possible, au dire de
l’écrivain médical, d’exécuter sur le mort, mais non sur
le vivant13 ; on trouve aussi la mention d’un cœur
humain extrait d’un cadavre et même d’une recherche
instituée in morluo pour établir le siège et la nature
d’une maladie14. Ce sont là, d’ailleurs, des témoignages
exceptionnels. On a cité à tort un texte de Chalcidius,
pour alléguer qu’Alcméon, élève de Pythagore, avait le
premier osé pratiquer une dissection15; il s’agit de
l 'exsectio de l’œil, et les études anatomiques d’Alcméon,
attestées d’autre part, n’ont dû porter que sur des
animaux16. Un médecin de l’école hippocratique du
ive siècle, Dioclès de Caryste, avait écrit sur la dissec¬
tion; Galien lui reproche d’avoir commis à ce sujet de
nombreuses erreurs 17, et les fragments qui nous restent
de ses œuvres semblent établir qu’il n’avait guère dis¬
séqué que des animaux18. Il en fut probablement de
même d’Aristote, bien que les comparaisons, assez fré¬
quentes et parfois exactes, qu’il fait entre le corps des
animaux et celui des hommes, inclinent à croire qu’il
ait vu disséquer quelques cadavres *9. On a aussi insisté
sur un passage de ce philosophe 2#, d’où il ressort,
comme nous l’avons vu plus haut, que l’on ouvrait par¬
fois les corps de personnes mortes de certaines maladies
à la fin d’en rechercher la nature; mais cela ne veut pas
dire qu’on poussât cette étude toujours répugnante au
delà de ce qu’imposait la nécessité immédiate du dia¬
gnostic. Rien ne peut prévaloir contre le témoignage
d’Aristote lui-même, suivant lequel les parties internes
du corps humain sont moins connues que celles des ani¬
maux (ayvioffxa yip èffxi jxxAiçxa xà twv àvôçcuTrtüv) 2I.
talion de | Anthol II P 229, ~ 2 Par exemple, Auson. Epigr. 72, imi-
Ifgo ; un cadavre d 9clei uu ca‘^ou contre un crâne semblait une impiété sacri¬
stie à une seule cor ^ l0"10uis 01ro rec°uvert de terre. — 3 Anaxagore disséqua un
disséqué des ca„Hq^C t,U,ava|t «W amené à Périclès (Plut. Pcricl. 6). Démocrite avait
(i’Iin. K, ii ujst 1 1 1 Cl ü à ce sujet un livre dont l'authenticité était contestée
~ 6 Voir LAnvAF. v ’ 1 ’ Ge"' X’ 12 ’ Ammian.' XXVIII, 4). — 4 Paus. X, 2, 4.
Hfcophagede ( vu '!*!'!*' r aux Cïcmples cités un squelette sculpté en relief sur un
"■ 40 I» P. 28). (AU"“"" "
, tr" 236
t. I
6 "lunu, De archit. et ornam. sarcophagorum, Halle, 1902,
237- n deU hUt' i8U’ p- 18 ; 1885’ P' 147 i Helbig, Führcr,
30 — 7 Le foie , 'l^01 et Dccl>ambre, Gaz. hebdom. de méd. 1857, n»> 25,
‘ mouton. p0je (| l0llzecie Plaisance (Deecke, Etr. Forsch. 11, p. G5) est celui
•Pimum. babyl _ se mouton babylonien dans la collection budge, A. Boissicr,
Oenève, ton) < ® i extispicinc, Genève, 1899 ; Nouveau document,
vojr |c - orch. 1902, I, p. 137). Sur les ex-voto en terre cuite
üfil theil. I89çi ''"i (,l4cen4 <le Stieda, Alt-italische Weihgeschenke , in
p. -30 . les viscères ainsi figurés sont les plus anciennes
représentations connues de l’intérieur du corps. On possède des ex-voto île ce genre
de .Verni, de Veii, de Rome (île du Tibre), de Srnyrne, etc. Cf. encore Kôrlc, Athen.
Mittli. 1893, p. 231; L. Stieda, Anatomische arthüol. Studien , Wiesbaden, 1901.
Sur les représentations de squelettes, voir Helbig, Führer, t. II, n» 1 100. — » Athen.
IX, 59. — 9 L'un était celui d'un brigand mort et abandonné en plein champ,
l’autre avait été arraché d'une tombe par une rivière débordée; cf. Galcn. 11, 221.
— 10 Laboulbène, Œuvres, p. 240 ; Puschmann, Gesch. des medic. ünterrichts, p. 80.
Galien insiste sur la ressemblance du singe avec l'homme (II, 223); cf. J. Soury,
Le système nerveux, histoire critique des théories, p. 205. — il Galcn. II, 218, 385,
XIII, 604. — 12 Herod. IX, 83. — 13 Ilippocr. IV, 198. — 14 [d. V, 224. — 13 Chal¬
cidius, Comm. in Plat. Tim. éd. Meursius, p. 430. Voir J. Waclitler, De Alcmaeone
Crotoniata, Leipzig, 1896. — IG Cf. Arist. Hist. anim. I, 11. — 17 Galcn. Il, 282,
710. — 18 Sprcngel- Rosenbaum, p. 404. — 19 Arist. Hist. anim. 1, 9; 11, 12; cf.
A. Weslphal, De anutomia Aristotelis... num cadarera secucrit humana, Greifswald,
1745. — 20 Arist. Départ, anim. IV, 2. — 21 Arist. Hist. anim. I, 16; cf. J Soury,
Le système nerveux, histoire critique des théories, p 204.
MED
— 1676 —
MED
L’anatomie lit des progrès considérables à Alexandrie
sous Ptolémée Philadelphe, grâce surtout à Êrasistrate
et à Hérophile, l’un et l’autre élèves de Chrysippe de
(.uide. Hérophile donna le premier manuel opératoire
pour les dissections ; c'est à lui aussi que la science
grecque est redevable d une connaissance assez précise
du système nerveux1. Non seulement Êrasistrate et
Hérophile purent librement disséquer des cadavres, mais
Celse assure qu'IIérophile obtint la permission d’ouvrir
le corps de criminels vivants2; Tertullien s’en indigne 3
et se demande s il faut qualifier un tel homme de méde¬
cin ou de boucher (, lanius ). Mais il ne semble pas que les
gi ands anatomistes d Alexandrie aient trouvé beaucoup
de continuateurs. A Alexandrie même, l’art de la dissec¬
tion resta en honneur jusqu’à l'époque de Galien; toute¬
fois, la dissection des cadavres humains n’était nulle¬
ment encouragée*. L école empirique, contemporaine
(les débuts de l'ère chrétienne, contestait en principe
l’utilité des vivisections et des dissections B. Daremberg,
à l'exemple de Cuvier et d’autres savants, n’a pas hésité
à affirmer sans réserves que Galien n’a jamais décrit,
d après nature, un cadavre humain, mais qu’il a toujours
reproduit 1 anatomie d un autre animal, en particulier du
singe. Ce sont des singes qui lui ont fourni ses descrip¬
tions ostéologiques et myologiques ; pour la splanchno-
logie, il a combiné les informations que lui fournissaient
les carnassiers et les ruminants. Il est avéré que Galien
a disséqué des singes, des ours, des porcs, des solipèdes,
des ruminants, un éléphant, des oiseaux, des poissons
et des serpents ; il avait aussi pratiqué des vivisections
sur des animaux et fondé ainsi la médecine expérimen¬
tale1’. Du reste, Galien essaie si peu de dissimuler
1 origine de son savoir anatomique qu'il recommande de
noyer (au lieu d'égorger ou d’étrangler) les animaux
destinés aux recherches de ce genre.
L’enseignement de l’anatomie consistait à montrer aux
etudiants un homme nu et à leur désigner l’emplacement
des organes et des viscères ; après quoi, pour préciser la
leçon, on disséquait des animaux 7. Rufus d’Éphèse
reconnaît que cette méthode expose à des erreurs et que
la dissection des cadavres humains fournissait autrefois
(c est-à-dire à 1 époque d Hérophile) des connaissances
plus exactes8. Même les exercices pratiques de panse¬
ment se faisaient d'ordinaire, dans les écoles, sur des
mannequins de bois plutôt que sur le vivant ou le ca¬
davre'. Celse considérait la dissection des cadavres
comme indispensable à la science, mais protestait, avec
raison, contre les vivisections qu’Hérophile avait prati¬
quées à Alexandrie et qo’il trouvait à la fois cruelles et
inutiles10. On semble s’être inspiré, à Rome, des scru¬
pules de Celse plutôt que de ses conseils. Galien raconte
que les médecins qui accompagnaient l’armée romaine
dans la guerre contre les Marcomans furent autorisés à
1 Pusclunann, Gesch. des medic. U nterrichts, p. 64 ;J .Soury, Le système nerveux,
histoire critique des théories, Paris, 1899, p. 253, 255. Voir aussi Rufus d’Ephèsc,
Œuvres, éd. Daremberg, p. 153. Sur l'anatomie d'Erasislrate, cf. Hernies, t. XXIX,
p. 173. 2 Gels. Praef. I. — 3 Tcrtull. De anim. 10. — 4 Galen., II, 220, 385.
5 Cels. Praef. I : Neque quicquam esse stultius quam quale quid vivo
homini esse, taie existimare esse moriente, immo jatn mortuo. — 6 Darem¬
berg, Exposition des connaissances de Galien sur l' anatomie et le système nerveux,
Paris, 1841; Hist. des sciences médicales, t. I, p. 210, 224; Puscbmann, Gesch.
des medic. Unterrichts, p. 88 ; Laboulbènc, Œuvres, p. 105 ; J. Soury, Op. cit.
p. 265. Onbase expérimenta aussi sur des singes (éd. Daremberg, II, 34). — 7 Peut-
élre mettait-on aussi entre les mains des étudiants des dessins anatomiques colo¬
riés , oii a pensé qu Aristote désigne ainsi les àvaioga; auxquels il se réfère fré¬
quemment (J. Soury, Le système nerveux, histoire critique des théories, p. 204).
disséquer les ennemis mous, mais que ,
préparation les empêcha de tirer narii t nian(iue de
p 111 de cette dm
stance11, n y a la une preuve, non senlnT ^ C1,'CM
blesse des éludes anatomiques à celte *'« «•
difficulté qu on éprouvait en général -, mais delà
, Suerai à se procure ''
cadavres pour la dissection. Bientôt il devlni'T'^ des
gereux de disséquer des animaux car , me da«-
s'exposait, comme Apulée, 4 l'accusation de Wu’
V. Liberté de la profession médicale • -, 8 6 ' ,
des médecins. - L’antiquité n’a pas COm
d État ou d’Université conférant le droit ' 'PlÔmes
médecine ; chacun était libre de se dire médeci^T? *
en conséquence. La situation était la même i cTï^'ï
en Grece et à Rome, où, comme dit Montesquieu
gérait dans la médecine qui voulait13 » Aux veux d T
loi romaine est médecin quiconque, homme ou
bine ou esclave, exerce la profession médicale Le sw
tier famélique du fabuliste Phèdre, qui s’improvise m
decin et marchand de drogues, ne devait pas être une
exceptiou Galien se plaint des médecins qui, J
a peine lire et écrire, méprisant les études théoriques en
particulier l’anatomie et la physiologie, ne songent qu’à
se créer une clientèle de dupes, alors qu’ils étaient, hier
encore, cordonniers, forgerons ou charpentiers15’ Les
conséquences de cet état de choses ont été signalées
amèrement par Pline. « La médecine, dit-il, est le seul
métier où l’on en croie tout d’abord quiconque se dit
expert, quoique jamais l’imposture ne soit plus dange¬
reuse . » Il est vrai que, suivant Horace17, alors que les
pharmaciens et les médecins pratiquent le métier
qu ils ont appris, tout le monde, ignorant ou docte,
se mêle d’écrire des vers; mais la paraphrase de1
ce passage par Perse18 prouve qu’il n’y avait d’autre ,
sanction que celle de l’opinion publique contre ceux qui
exerçaient la médecine sans qualité.
L irresponsabilité des médecins, souvent accusés de
tuer les malades, est également déplorée par Pline : « 11
n’y a aucune loi qui châtie l’ignorance, aucun exemple
de punition capitale. Les médecins apprennent à nos
risques et périls ; ils expérimentent et tuent avec une
impunité souveraine, et le médecin est le seul qui puisse
donner la mort. Bien plus, on rejette le tort sur le ma¬
lade ; on accuse son intempérance et l’on fait le procès de
celui qui a succombé19. » Mêmes plaintes chez les au¬
teurs grecs : les médecins sauvent ou laissent mourir
leurs malades, certains toujours de recevoir un salaire ,
médecins et avocats peuvent tuer les gens sans en subir
les conséquences, etc. 20. Si Aristote dit que le mrdecm
doit gendre compte à d’autres médecins, cela signi el
seulement, d’après le contexte, que tout spécialiste es |
soumis à l’appréciation de ses pairs '21. Un passage d . n
tiphon atteste formellement l’irresponsabilité des nié 6|
cins dans l’exercice de leur profession23. D’autre PtU U 1
Pour la démonstration sur les parties visibles du corps huma'11' jjj.
d’Ephèse, éd. Daremberg, p. 134. — 8 Rufus d’Epbèsc, éd. Dan m juj.
Puscbmann, p. 86. — 9 Galen. XV111 B, p. 630. — 10 Dcls. hn'i-
i\i\\ 7 13); niais io,u
même traite avec grand détail de 1 anatomie de 1 œu 1 vu, g |f (;a|en. XlH»
qu’il en dit est, suivant Mirscbberg, inexact, incomplet ou vague. (Uirsuil des
604. — 12 Apul. Apol. 36. Apulée se justifie en alléguant ^ju*0p|irastc
recherches d’anatomie, suivant l’exemple donné par Aristote, ^ 0$,
d’autres savants de l’antiquité. — 43 Montesquieu, Espiit ( ^ ^ ^ p|jn.
14. — 14 Phaed. Fab. 1,14. — 15 Galen. X, 5 ; XIV, 000; XIX, ^ 1()0
Nat. Hist. XXIX, 18. — 17 Hor. Ep. II, 1, U*. - 18 Pers* ‘ ', x‘ 865;
— 19 Plin. Nat. Hist. XXIX, 18.— 20 plat. Polit, p. 299; eg- 1 ,
Philémon ap. Stob. Flor. Cil, 6. — 21 Arist. Polit, p-
p. 127.
4282.’— 22
MED
— 1077 —
MED
1(lll de la responsabilité criminelle des médecins
était engagée au cas où un malade mou-
est ques
■ "’d était prouvé qu’ils avaient agi contrairement à
ral1’ h ',s des 1 ; or, les anciens n’auraient pas signalé
ce'la"u!i!,'nlarité s’il avait existé, en Grèce, quelque
|UeParllCU
veislation analogue.
'■ malgré les plaintes de Pline, il est certain
Toutefois
que l’irrespon
sabilité des médecins à Rome n’était pas
a loi tendit sérieusement à la limiter.
absolue et que . . . ,
(.i(|(,(.jn était responsable au criminel en vertu des
\l\tCornelia de veneficiis et Cornelia de sicariis. « Est
te,ui de D loi Cornelia celui qui a tué un homme libre
, ericlave ; celui qui, dans l’intention de donner la mort,
a confectionné et vendu du poison; celui qui a blessé
dans l’intention de tuer; celui qui a vendu au public des
médicaments dangereux, ou en a conservé dans des
intentions homicides. Est puni des peines portées par
cette même loi celui qui horninem libidinis vel pro-
merdi causa castraverit. Est puni d’une peine spéciale
celui qui s’est rendu complice d’un avortement2. » Il
s’agit là, il est vrai, de crimes de droit commun ; ma is ce
sont des crimes dont le soupçon a effleuré plus d’un mé¬
decin célèbre sous l’Empire. La responsabilité civile des
médecins était engagée par la loi Aquilia, de l’an de
Rome 468, qui réprimait le dommage causé, damnuni
injuria datai n, et, par suiLe, ouvrait une action ayant
pour but principal une indemnité3. Le dommage doit
avoir été causé injuria ; donc, si le malade est mort par
hasard, ou par force majeure, le médecin est indemne4;
mais la loi atteint même la faute la plus légère, impré¬
voyance, ignorance, maladresse. Ainsi le médecin qui,
venant d’opérer un esclave, n’a pas surveillé les suites de
l’opération et l’a laissé mourir, est civilement respon¬
sable. Une opération mal faite, un remède ou un clystère
administré mal à propos, avec une substance dangereuse,
l’application d’un onguent nuisible, sont autant de dom¬
mages commis injuria s. En cas de morL ou de mise
hors de service d’un esclave, le médecin maladroit sup¬
porte une indemnité égale non seulement à. la valeur de
1 esclave, mais aux perles accessoires que le maître a
subies et aux gains dont il a été frustré. La responsabi¬
lité des médecins n’était pas engagée, en vertu de la loi
Aquilia, s il s’agissait de dommages causés à un homme
ibre , toutefois, la jurisprudence suppléa à cette lacune;
homme libre fut lui-même investi de l’action, qui pou-
Vait liasser a sos héritiers0. La loi admettait également
que h. médecin esclave pùt s’obliger au civil par ses
’.son maître était responsable dans la limite de la
™ Pln l^e ' esclave, qu’il pouvait abandonner au plaignant
|7"' lever la poursuite1. Les sages-femmes et
“"n s-médecins ( obstetrices , ’caxpaivat) étaient soumises
aux mêmes re
Entre
■a contradict
rpaivai)
responsabilités que les hommes 1
1 otte législation sévère et les plaintes de Pline,
a fallu du
sur
ces délicat
ion n’est peut-être qu’apparente. D’abord, ii
temps pour que la jurisprudence se constituât
es questions; en second lieu, les condi-
di'jite des '' ' ®'c- b 82. — 2 Jaci|uey, De la condition juri
~ ‘Si nT' P' 85- 7 3 Insl“- lv- 3- 6‘ 7= p-
> Ibid p -•’> ’ 1 UiS- IV, 2, 8 et 9 ; Jacquey, Ibid. p. 69. — G Jac
ùerod. U, 84. ~ ’ ,bid • P- 79- — 8 /%. IX, 2, 9. - 9 Hom. Od. IV, 230
*Wv«v, ij ly..’. ' * Herod. Il, 84 : Miïjç voû^ou exct fftoç {yiTçd;; iffu xat 0
Wod>en»chrirt 'r <'‘7 Griech • °straka (Berlin, 1899), 1. I, p. 377. Cf. Wesselj
— 13 Schol, /( V, \.Kla‘S: pllihl- 1902> P- 20i- — 12 Cic. De oral. III, 33
Yj J ’ ’ Oind. Pyth. III, 50. — H Aristoph. Ecoles. 363. — 16 L
lions actuelles de la responsabilité médicale en Europe
suffisent à montrer combien la« faute grave » estdiflicile
à définir et à établir. Les plaintes contre I rresponsabi¬
lité des médecins n’ont pas cessé depuis qu’ils sont
obligés, par la loi, de posséder un diplôme; ceux qui
exercent sans licence sont souvent poursuivis pour
exercice illégal de la médecine, mais bien rarement con¬
damnés au civil pro damna injuria data.
VI. Spécialités et spécialistes. — En Egypte, où les
médecins étaient très nombreux, au point qu’on disait
que tous les Égyptiens étaient médecins9, Hérodote
assure qu’il y avait un médecin pour chaque maladie et
chaque organe (yeux, dents, estomac); aucun médecin
ne s’occupait de plusieurs affections'0. Ce goût des Égyp¬
tiens pour la spécialisation du savoir médical se constate
encore à l’époque romaine. Un médecin, sur un papyrus
de Berlin, parle de Tpaug-aToOspaTreueiv ; il était donc un
Tpaujj.ctToGepaireÛT7)ç, médecin des blessures, ce qui est
l’équivalent du nom que l’on donnait à Rome au médecin
grec Archagathos, vulnerarius. Un papyrus de Londres
mentionne aussi un tccrpoxauff-rr^, médecin opérant des
cautérisations ".
Si l’on en croyait Cicéron, la Grèce, à l’époque d'Hip¬
pocrate, n’aurait pas encore connu de spécialistes soi¬
gnant, les uns des maladies internes, les autres des
blessures, d’autres encore les yeux1'2. Mais Cicéron est
probablement dans l’erreur. Déjà, en effet, dans les
poèmes homériques, on trouve constituée la chirurgie
militaire, qui s’occupe principalement de plaies et dont
il sera question plus loin avec détail (g XI). En second
lieu, l’auteur de YÉthiopide, Arktiuos, distinguait la
médecine de la chirurgie, puisqu’il faisait de Machaon
un chirurgien et un médecin de Podalire u. Une gros¬
sière plaisanterie d’Aristophane 14 semble* indiquer que,
dès le ve siècle, il y avait des spécialistes des maladies du
rectum. Il faut attacher plus d’importance au passage du
Serment hippocratique , où il est question de spécialistes
qui pratiquent l’opération de la pierre et auxquels le
médecin s'engage à en laisser le soin. Toutefois, l'inter¬
prétation de ce texte prête à quelque incertitude et l’on
a pu se demander si l’opération interdite n’est pas plutôt
la castration, considérée dès lors comme incompatible
avec les devoirs moraux des médecins13. Mais on doit
faire observer, à l’appui de l’interprétation ordinaire, que
la lithotomie est restée une spécialité souvent héréditaire,
même dans la Grèce moderne (cf. plus haut, § 111) ,G.
La médecine des gymnases a constitué une véritable
spécialité depuis le développement de l’éducation athlé¬
tique en Grèce17. 11 fallut de tout temps, dans les palestres,
une personne capable de parer d’urgence aux accidents,
foulures, fractures, luxations, contusions, qui s’y pro¬
duisaient à chaque instant18. Les préposés des gymnases
acquéraient à cet effet les connaissances nécessaires;
mais ils devaient aussi développer avec méthode les
forces de leurs élèves et proportionner leurs efi'orts à leur
état physique. Le pédotribe fut donc à la fois un hvgié-
loxle poi'le : o3 t£|*î«i Si oùSl yrt|v Xttiüvvx;. Littré a proposé dubitativement de
corriger abiovra;: cf. Charpignon, Étude sur le Serment d' Hippocrate, Orléans.
1881; Puschmann, Uescli. des medic. Unterriclits , p. 36. — 16 Un médecin
d'Alexandrie, Ammonios, était surnommé 5 'mOotGpo; (Cels. Vit, praef.) ; il avait
inventé une méthode nouvelle pour l'opération de la pierre (Cels. VU, 20). Galien
(V, 846) distingue aussi les Xïfiotôpot. - — 17 Cf. Girard, L' Education athénienne.
p. 189 ; Puschmann, Op. I. p. 53. — 18 Blessures aux oreilles dans les gvmnases,
P.at. Proteg. 342 B^ Gorg 515 E; cf. Rayot, Monum. grecs , 1877, p. 4.
211
MED
nisle (uyistvôç)', un masseur et un rebouteur. 11 fixait la
quantité et la cj ual i I < * de la nourriture des élèves et gra¬
duait la série de leurs exercices, llérodicos de Sélymbrie,
«■lève d Iccos de Parente, après avoir été longtemps pédo-
tribe, devint infirme2 et, changeant de profession, se
mit a exercer la médecine, ou plutôt à mêler la gymnas¬
tique a la médecine (gt;aç yugvacrT-xrjv tiTpixîi, dit Platon),
suivant les principes de l'hygiène des gymnases, pres-
i rivant surtout aux malades des exercices physiques, de
longues marches, des massages, des sudations et une
diète appropriée3. D’autres pédotribes et même des
athlètes v suivirent son exemple et réussirent. Sans doute,
d y a quelque exagération à dire que la médecine
grecque est sortie en partie des gymnases et des pa¬
lestres, mais il est incontestable que ces institutions ont
contribué à son développement rationnel et qu’elles
i xeicèrent une influence bienfaisante sur les doctrines
hygiéniques \
L accroissement du savoir médical et peut-être aussi
In tradition de 1 ancienne médecine égyptienne favori¬
sèrent. à 1 époque alexandrine, la multiplication des
spécialités. Cette tendance ne fit que s’accuser à l’époque
romaine. Si quelques savants, comme Celse et Galien,
1 ont blâmée, ou du moins ont exprimé le vœu que le
médecin donnât son attention au plus grand nombre
possible de sujets 6, d’autres se sont résignés à admettre,
avec Philostrate ', que personne ne peut embrasser tout
I ail médical nxTav b ot’j-zoç cÙSeiç qcv ÇuXXagêivsiv
Buvatro). Toutefois, les excès de la spécialisation, à Rome,
prêtaient au ridicule, et Martial ne s’est pas fait faute de
les railler : « Cascellius arrache ou guérit une dent ma¬
lade, Hyginus brûle les poils qui incommodent les yeux;
Tannius enlève, sans la couper, la luette relâchée ; Eros
ellace les tristes stigmates des esclaves; Hermès est le
Podalire des hernies8. » Il y avait non seulement des
spécialistes pour les différentes parties du corps, les
oreilles, les yeux, les dents, etc., mais pour les différentes
opérations, comme la lithotomie 9, la réduction des
hernies, la cataracte, et pour les différents âges de la vie;
enfin les médecins se répartissaient en écoles qui trai¬
taient d’après certains principes généraux, empiriques,
méthodiques, pneumatiques, éclectiques, ou en faisant
prévaloir l’emploi de certains moyens curatifs ou diété¬
tiques, tels que la gymnastique, l’hydrothérapie (Anto-
nius Musa), l’oinothérapie (Asclépiade), etc. 10 La chi¬
rurgie et la médecine n’étaient pas généralement exer¬
cées par les mêmes praticiens, bien que le chirurgien soit
aussi qualifié de medicus et que le médecin soit souvent
1 Galen. De sanit. tuend. I, 15; II, 8. — 2 Plat. Polit, p. 399. 3 piat.
Protag. p. 316; Dep. p. 406; Phaed. p. 227 ; Hipporr. t. I, p. 581 ; t. Il, p. 245;
t. IV, p. 107; t. VI, p. 327; Arisl. ad JYicom. p. 1006; Plut. De adul. et amie. 17;
l ie. lam. I, 9. — 4 Diog. Lacri. VI, 02. — 5 Cf. Daremberg, Bist. des sc. médic.
t. I. p. 82. Beaucoup de médecins qui s'établirent à Rome sortaient des gymnases
grecs (Gell. XII, 5). — 6 Cels. Praef. VII. — 7 Pbilostr. De gymn. 15. — 8 Mari.
X, 56 ; cf. DenelTe, Les oculistes gallo-romains , p. 34; Les bandages herniaires
à l époque mérovingienne, Anvers, 1900. Lambros dit avoir possédé trois bandages
herniaires provenant de Béotie (DenelTe, Ibid. pl. à la p. 12) ; on en a signalé plu¬
sieurs du v' et du vi« siècle (découverts dans la Meuse et dans la Somme). Celse
connaît la bande et la pelote pour enfants (VII, 20); mais la première mention d’un
bandage est dans Aétius (v' siècle). En général, des Grecs opéraient les hernies
(*i)XoTo|ittv). — 9 La lithotomie se perfectionna à Alexandrie avec Ammomos
(Cels. VII, 26). - 10 Pli„. Xat. Hist. XXIX, 5; Galen. V, 846; Apul. Florid. 19.
Galien (Y , 840) nomme les spécialistes suivants : x,>xo^,r, X.Oot^o,,
o-ffagcxot, S‘«‘ïi|mco;, ça , [xaxtu t txo 1 ..{lotavtx o t , oîvoSotxi, lUtSofoSoTai.
- U Cels. Praef. VII; Galen. X, 454; XVIII, 346; Juv. Sat. II, 13. - 12 Plut. De
/rat. amore, 15. Le mot grec dichotomie, employé pour désigner cet abus, est un
néologisme de la fin du xix' siècle. — 13 Cels. Praef I. — 14 Cels. Praef V.
1C.7K — MED
consulté par le médecin ». Plutarque dit o„
• 1 1 lui urgiens se soutenaient et se recomnv 1 mé(leci«s
eux, mais sans insinuer par là qu’il exisi "i" a,pnten»'e
aucune complicité en vue du gain '' a cet égaré
En même temps que les spécialités s’inlrofl .
dans 1 exercice de la médecine, l’enseignemenT‘U,Sa,ent
cette science se subdivisait. C’est à AW Uleine llt
d’Érasistrate, d’IIérophile et d’Eudèm^Vui- ’t'1' ^
mença à distinguer dans la médecine IpnD , H
smns, la diététique, la pharmaceutique cUa T ^ ^
(S-.aiTv.xtx-ij, oapgotxeuTocTÎ, X«poopYlx*j) u H
que la pharmaceutique n’est pas ce que nous eatelt
par la pharmacie, mais la branche de h, môdoHn,’
tend au rétablissement Je la santé par les re,„Mes?j
medtnnae pars quae magie médicament, gagnai,"
De toutes les spécialités médicales, la plus dUveL*
dans 1 antiquité fut l'oculistique, seicuee qui parait d'^
gme égyptienne », bien que les Grecs en . . asJ
1 invention à Apollon ». Celse lui consacre
partie de son sixième livre et cite de nombreux collyres
surtout d’après Evelpide, qu’il appelle le plus grand
oculiste du temps; tout le livre IV de l’ouvrage de
Galien, Tcsp'ttruvOÉGswç cpaogdxwv, concerne les médicaments
pour les yeux". Le nombre des oculistes sous l’Empire
était très considérable; la liste qu’en a dressée Kühn 18
s accroît sans cesse par les découvertes épigraphiques]
Nous reproduisons une stèle gallo-romaine découverte
aux Ronchers (Meuse) et conservée au Musée de Bar-le-
Duc, dont le registre supérieur représente un oculiste
inspectant 1 œil d une patiente en abaissant la paupière
a laide d un petit instrument; au registre inférieur le
médecin est figuré auprès du lit d’un malade (fig. 4880)19.
L oculiste, médecin ou chirurgien, s’appelait chirurgus
oculariufi 2Ü, medicus ocularius*' , ab oculis11, ophtal-
rnicus 23 (ôçpôaXpuxôç iarpoV1)- Les oculistes de la région
nord-ouest de l’Empire nous ont laissé plus de deux
cents cachets, dont l’étude, longtemps négligée, a
occupé de nos jours plusieurs savants [sigilloi 1 . Tn
cachet d’oculiste est une plaquette prismatique, généra¬
lement en serpentine, en stéatiteou en schiste ardoisicr.
Les tranches portent des inscriptions latines gravées à
rebours, mentionnant : 1° les noms de l’oculiste, inven¬
teur ou vendeur d’un collyre; 2° le nom (grec, mais
latinisé) et l’usage du collyre; 3° parfois son mode
d’emploi26. L’indication du nom de l'oculiste fai1 rare¬
ment défaut2'. Quelques cachets portent deux ou trois!
noms, témoignant d’une succession ou d’une association
d’oculistes, ou de l’exploitation par un oculiste dune
— 15 Herod. III, 1 ; cf. Ilirschbcrg, Aegypten , Leipzig, 1890, p. I
égyptiens. pour les yeux, Puschniann, ffandbuch , I, 76. 1,1 .
— *7 Hirschberg, Aegypten , Geschichtl. Studien eines Augenut -1* s-
1890; Die Augenheilkunde bei den Griechen, clans Archiv /"' nl'
logie, 1887 (t. XXXIII, p. 47-78); DenelTe, Les oculistes gallo-romains 's''^
Anvers, 189G; Koslomiris, lleçu -/al w-rotayta; t<»v |, s '0-30.
Athènes, 1887. — 18 G. Kühn, Index medicorum oculariorum, l-e'lW» ‘ ,0(
— J9 Revue archéol. 1876, I, pl. x, p. 397; Bull, monumental- ^ ,lll(l;,-9609-
— 20 Orelli, 2903. - 21 Corp. inscr. lat. III, 614; VI, 3987, 8909. S-H ....
— 22 Ab oculis , dans deux inscriptions ligoriennes, Corp. insci . \YlH- ••
3041 * (Gruter, G35, 3; 581, 3). — 23 Mart. VIII, 74. - 24 0a Tour!J
— 25 Villefosse et Thédenat, Cachets d'oculistes romains , t. I (* | ^ |.
et Paris, 1882; Espérandieu, Bec. des cachets d'oculistes, ifl *nl(.j(*nne biblio-
p. 296; II, p. 15, 139, 308; 1894, I, p. 54; II, p. 44 (et à part)* J ^ |js s0nl
graphie est donnée Rev. arch. 1894, II, p- 166; les cachet» P" j90j, p.
transcrits dans Y Année épigraphique do M. Cagnat (cf. Bev. ‘p'fJ ___ 20 fiev-
Liste des oculistes connus par les cachets, Bev. arch. 18.»*, • I’ Huit
arch. 1893, I, p. 296 ; DenelTe, Les oculistes gallo-romains, p- 1
pies, Bev. épigr. 1901, p. 219.
MRO
— 1679 —
MED
I . . créée par un autre. La grande majorité des
SpéC'l"se sont rencontrés en Gaule, en Bretagne, en
ca<l" " v pi sur le Danube; l’Afrique n’en a fourni
G'-"" "on n’en a trouvé ni en Grèce ni en Asie Mineure,
nour ma part, à y voir une survivance, modi¬
fiée par la science ou le
charlatanisme hellénique,
d’une vieille tradition mé¬
dicale celtique et druidi¬
que. Sichel pensait que
ces cachets avaient appar¬
tenu à des. médecins mili¬
taires, qui accompa¬
gnaient les légions; mais
cette opinion est insoute¬
nable, car on les a surtout
trouvés là où les légions
ne stationnaient pas. Les
oculistes mentionnés sur
les cachets, affranchis ou
esclaves, étaient proba¬
blement des praticiens
ambulants, qui s’adres¬
saient principalement à
la clientèle gallo-romaine
des villes. L’usage de ces
objets a duré du icp au
iv° siècle après J.-C.
Comme leur nom l'indi¬
que, ils servaient à estam-
Bg; 4880. — Stèle funéraire d’un médecin ... ,
gallo-romain. pdler des pâtes ou col¬
lyres, qui étaient ensuite
dissoutes dans un liquide: eau, vin, blanc d’œuf, lait de
femme, etc.1 Pour les oculistes, il y avait là un moyen
de publicité comparable aux étiquettes dont sont revê¬
tues, chez nous, les spécialités pharmaceutiques. Avec
une trousse d’oculiste exhumée en 1854 à Iteiins, on dé¬
couvrit toute une série de collyres, petites plaques rec¬
tangulaires qui portaient encore l’empreinte de cachets.
Les cachets servaient également à estampiller les vases
daiib lesquels les oculistes renfermaient leurs collyres
liquides On connaît aussi des tablettes d’oculistes
s,lns inscriptions, présentant, sur une face, des évi¬
dements en forme de godets qui servaient de mor¬
tiers 3. Enfin, les instruments de bronze, spatules,
pinces, érignes, cautères, trépans, balances, etc., dont
se servaient les oculistes, nous sont connus par un bon
nombre de spécimens l.
On est moins renseigné sur les aurisles (meilinis anri-
eularius) ' et sur les dentistes (une désignation spéciale
fait défaut)0. Les Égyptiens connaissaient déjà la pro¬
thèse dentaire, dont il est question dans le papyrus
Ebers7. Des dents liées avec de l’or ( aura dentés juneti)
sont mentionnées dans la loi des XII Tables8, et 1 on a
trouvé, dans plusieurs tombes de Phénicie, de Grèce et
d’Italie, des dents jointes avec un fil d’or J. Il est égale¬
ment question, chez les Grecs et les Romains, de fausses
dents10. Des dents aurifiées ou plombées ont fréquem¬
ment été rencontrées dans les tombeaux11.
VIL Pharmaciens et rhizotomes ,2. — L antiquité
n’a pas connu l’équivalent du pharmacien moderne,
qui exécuLe, sur l’ordre du médecin et sous le con¬
trôle de l’État, des prescriptions magistrales ou offi¬
cinales. En principe, le médecin préparait lui-même
ses médicaments; il pouvait en acheter les ingré¬
dients chez le pharmacojto/e, sorte d’herboriste qui,
à son tour, se fournissait de plantes médicinales chez
le rhizotome'3 .
A l’origine, la cueillette des simples — souvent accom¬
pagnée de cérémonies magiques et effectuée dans cer¬
taines circonstances seulement14 — constituait une partie
essentielle de l’art de guérir15; c’est celle que le centaure
Chiron passait pour avoir enseignée à Esculape, en
même temps que les incantations10. Les premiers méde¬
cins grecs, comme les magiciens et les magiciennes,
recueillaient eux-mêmes les simples, ou les faisaient
recueillir par des amis sûrs; ainsi Épiménide, disait-on,
avait fait de longs voyages à cet effet : à<7/o),oüu.evoç ireo:
ftÇoTopuav 17 . 11 existe une lettre supposée d’Hippocrate
à Krateuas, qualifié de ôiÇo-rdacov apiavo;. pour le prier de
-recueillir avec soin de l’ellébore en vue du traitement
de Démocrite 18.
Au ve siècle av. J ,-C. ,1e médecin fait préparer les remèdes
dans son officine et les vend à ses clients par l’entremise
de ses élèves et de ses préparateurs, »app.axoTpt6ai 10, qui
en surveillent l’administration aux malades20. Mais, dès
celte époque, l’industrie du pharmacopole est constituée,
à côté de celle du médecin, et l’on s’adresse souvent au
A 7 s collyi’es connus par les cachets, avec références anciennes,
^ (|| , r 1 ^ P* 215; efficacité des collyres, Ibid. 1804, II, p. 44 (liste
.. . I'1 ils étaient censés guérir); collyres d’Antvllos, recettes conservées
•«. '• r. ».
|, 00 ()|| • P- J RMI. morntm. 1883, p. 343; Rev. arch . 1894, I,
ïraiicln' | ,, 1,1 Un mor^er cn marbre avec son pilon, portant sur une
flPrvi à lifo "j1 T'.U'S' flu* esl une c°ticula (lovrçixri àxôvïj, Galen. XII, 718), ayant
ISoo n i ' <S *llSl(^enl's des collyres pour les yeux (Thédcnat, Dali, monum.
'ottwV '• P1’ - 3 inscr. lai. VI, 8908.
les dent if..; <U ’ G ^art- X, 56. ’O&ovctxot, Galen. V, 84G. Pour
schrift iles r ^ Jfd et Cels. VU, 12. — 7 M. Slranz, Monats-
tliise dentair • ' ri">S ^eu^sc^e,' Zahnkfmttler, V, n» 7; cl'. Dcneffe, La pro-
jhcc de dents f ,,-S ^ Anvers, 1890. Ou n'a cependant pas trouvé
Ci t. De lu n sur les momies. — 8 Ed. Schoell, tab. X, 8, p. 155;
‘7.11 ' f (là n j . *
Icclion liinimp ' r ' - GS ‘ en^s *‘^es avec de l'or sont mentionnées dans la Col-
fli’cie, p. 470 . ^ *jIC’ 1 cf. Cels. VII, 12, 1. — 9 Renan, Mission de Phé-
26 ; /;„// (fp^. j, ^lf5< 1 ^n'iech. Vasengemülde, I, p. 63 ; Hclbig, Rom. Mittheil. I,
lier découvert : T *S,/’ P‘ Dcnellc, Prothèse dentaire , p. 26, 66. lin den-
d une bandelel le ana^* a’ dans la colleolion Lambros h Athènes, est composé
°nl,,e deux lamelle^ j1^ ma^a^c fi1” devait fixer les deux incisives médianes
s'v'es externes rcsr (Sflu°Hcs prenaient leur point d’appui sur les deux inci-
• p. GG; (|0 r GS Sa*nes (Denefle, Prothèse dentaire , p. 26). Denlier d’Orvielo,
de Cornelo | n, *°’ P- ^3 ; de Valsiarosa, Ibid. p. 50. Dans un des den-
,lv incisives absentes ont été remplacées par une dont de bœuf
incisée par le milieu, de façon à simuler l'intervalle qui sépare deux dents. L’L’ni-
vcrsilé de Gahd possède la mâchoire el le dentier d’Orvieto ; c’est une mâchoire
supérieure armée de son appareil dentaire en or (vers 500 a> . J.-C..). I.c dentier est
constitué par une lame d’or qui se replie cl se soude à elle- mémo pour former une
ellipse; il est encore fixé à la canine droite par un anneau que forment les deux'
lames en avant et en arrière de celle dent (DenelTe, p. 59, üg. 1). — 10 Uor. Sat .
I, 8, 48 ; Mari. I, 73 ; II, 41 ; V, 43 ; IX, 38 ; XII, 23 ; XIV, 56. — H bencOc, Op. I.
p. 32. — 12 Berendes, Pharmacie bei den allen Culturvôlkern , Halle, 1891. Sur
la pharmacopée égyptienne, voir l’éd. du Papyrus Ebers par Joachim; sur la
pharmacopée phénicieune et babylonienne, Oefele, Janus , Amsterdam, mai-
juin 1897, et Allg. medic. Centr. Zeit. 1898, u's 96 sq. ; Aerztl. Rundschau ,
1895, nos 45-49. — 13 Marquardt, Prirallcbcn der ’Rômer , p. 757 ; Lillré, Hippo¬
crate , t. IV, p. 623 ; Laboulbène, Œuvres, p. 185. La profession de rhizolome
était parfois héréditaire (Hippocrate, IX, 312b — U-Thcophr. Hist. Plant. IX, 8, 5.
La oapuaxeta est proprement la science des plantes merveilleuses. Sur les sa^xaxot
magiques, voir l’art, magia, p. 1495. — 13 Hat. Symp. 111, 1 : ^càatoo;...
■RAttf/rri xE/p.jxtvou; ànô ojt.ov îaToixrj. d.o\ x<x\ pOTaval Si* Uvto toj;
•/âHLvovTa; ; cf. Son. Ep. XCV, 15 : Medicina quondam pauearum fuit scientia
herbarum ; Isid. Orig. IV, 9, 4. — 10 Dind. Pyth. 111. 84. — 1" Diog. Laert. I, 112.
— 18 Epist. qraeci, éd. Hcrchcr, p. 297. Sur Craleuas, Rev. des études grecques,
II, 343. — 19 Demosth. p. 1170. — 20 Hippocr. t. IX, p. 239; Plat. Gorq.
p. 456 D; Crat. p. 391 A. »l>cko[xaxov téjxvuv est synonyme de traiter un malade,
Acsch. Suppl. 271; cf. K. von Grot, Ueber die in der hippokratischen Schriflen-
sammlunq enlhaltenen pbannakologischen Kentnissen, Dorpat, 1887,
MED
— 1680 —
MED
premier, qui a les allures et la réputation d’un charlatan \
pour obtenir des spécifiques tout préparés. Dans Aristo¬
phane2, on voit un personnage courant les boutiques des
phannacopoles pour acheter un remède destiné à faciliter
les couches (tbxurôxtov). Les vendeurs de drogues allaient
les débiter sur les marchés, dans des coffrets spéciaux
(xûxTotc)3 ; leurs boutiques contenaient aussi des objets
de tout genre, par exemple des amulettes, des bagues
prophylactiques contre les morsures1, des lentilles pour
allumer le feu8. Le pharmacopole est le client du rhiso-
toine, qui s’occupe surtout de recueillir des plantes
médicinales6 et qui, obéissant à des superstitions fort
anciennes, opère la cueillette suivant des règles souvent
absurdes qui sont du domaine de la magie7.
L époque alexandrine fut témoin d’un développement
extraordinaire de la matière médicale, dùà l’influence de
la médecine populaire et de la pharmacopée magique des
peuples orientaux. On trouve la preuve de cette richesse,
d ailleurs plus apparente que réelle, dans la pharmacopée
a la lois scientifique et populaire de Galien, héritier de la
science alexandrine. D’autre part, on voit des souverains,
comme Affale, le dernier roi de Pergame8, et le grand
Mithridate3, s’appliquer eux-mêmes à l'étude des poisons
et des contre-poisons et mettre à la mode des drogues
mystérieuses, où entrait une variété extravagante de
substances10. Le roi Antiochus VIII fit graver sur marbre
et dédia dans le temple d’Esculape, à Cos, un remède
contre les morsures d’animaux venimeux11. De cette
époque datent de nombreux ouvrages didactiques sur la
ma'tière médicale, ceux d’Héraclide de Tarente, qui
écrivit aussi sur les cosmétiques, les Theriaca et les
Alexipharmaca de Nicandre. Suivant Galien, le premier
qui ait écrit sur la composition des médicaments fut
Manteias, élève d’Hérophile12. Outre les poèmes de
.Nicandre, nous avons conservé le vaste recueil de Dios-
coride d’Anazarbe, qui avait parcouru une grande partie
du monde romain et qui décrit environ cinq cents plantes, -
avec tant de précision qu’elles ont pu, pour la plupart,
être identifiées par les modernes13.
Ces traditions de la Grèce alexandrine prévalurent
pendant l'Empire romain u. L’industrie des pharmaco-
po/es ou myropoles 15 {pharmacopolae*6, unguentarii1' ,
seplasiarii *8, thurarii 13, aromatarii 20, pigmentarii 21 ,
myrobrecharii 22), dont la réputation de hâbleurs était
ancienne23, se développa même aux dépens de la méde-
1 Arist. Oecon. p. 1 3 4tJ ; Luc. De merc. cond. 7; Plut. De prof, in virt. 8. On
trouve les mots çaçjxaxeTç, ea^ji«xo|iâvTEt{, oap;A«xîSêç, toujours en mauvaise [part.
Anaxandridc avait écrit une comédie 4>a?;AaxôuavTi; (Kock, Fragm. Com. II, 157). Le
eappa’xoKÛXi); était opposé à l'a^oro; îa-rçô; (Stob. Scrm. XL, 8). Sextus Empirions dit
que le eappaxoTCiü/.v}; est au médecin ce que le démagogue est à l’homme d'Etat {Adv.
Mathem. II, 41). Une tradition voulait toutefois qu’Aristote lui-même eut été phar¬
macopole (Athcn. VIII, p. 303; Elien, Var. Hist. IV, 9). — 2 Aristoph. Thesmoph.
504. — 3 Poli. X, 181 ; Aristoph. Fragm. 95. — 4 Aristoph. Plut. 885 et le Schol.
— 5 Aristoph. Nub. 766. — fi Theophr. Hist. Plant. IX, 9. — 7 'PtÇoTojwxo'
/.ôpi, Athen. XV, 28; Schol. Nie. T/ier. 617, 647, 681. — 8 Galen. XIII, p. 416.
— 9 Mart. V, 77; Plut. De adul. et amie. 27. — 10 Le Mithridation comprenait
54 ingrédients (Galen. De antidot. I, p. 42 4). Un médecin de la cour des Ptolémées,
Zopvros, avait composé, sous le nom d 'ambroisie, un contre-poison universel.
— 11 Plin. Nat. Hist. XX, 261 ; Herzog, Koische Forsch. p. 203. — 12 Galen.. De
compos. medic. II, p. 328. — 13 Dioscor. Materia medica , éd. Sprengel, Leipzig,
1829; cf. Pusclimann, Handbuc/i, I, 349. — 14 Aesch. Fragm. 452, appelle les
Tyrrhéniens eaçpaxoïcoi&Y e8vo; ; mais nous n’avons aucune preuve que la phar¬
macopée étrusque ait été introduite à Home avant celle des Grecs. — 15 Galen. XIV,
P* 1®* 16 H°r. Sat. I, 2, 1 ; Gell. I, 15, 9; Collegium pharmacopolarurn publi-
corum à Brescia, Corp. inscr. lat. V, 4489. — 17 Corp. iriser, lat. I, 1210; VI,
9998; XIII, 2602, etc. Le mol grec correspondant est ; surnom du médecin
byzantin Nicolas d’Alexandrie (Pusclimann, Bandb. 1, 566). — 18 Ainsi nommés
d’une rue à Capoue (Cic. in Pis. XI, 24; Ascon. Ped. p. 10). Ils avaient la
spécialité des articles de toilette; cf. Lamprid. Heliog. 30; Orelli, 4202, 4417*,
cine; tout ce qui touche aux cosmétiques
ressort-6, y compris les articles de
pommades, les parfums, les onguents les t
les cheveux et les sourcils, savons’
antéphëliques 83 , etc. Bien plus, dès
les médecins, soit
ignorance, avaient
toilette,
teintures i
dentifrir
pour
,, . Ices< laits
1 eP°q ne de pi:,
pour épargner leur temps, J ,
presque cessé de nrém. Par
memes leurs médicaments et achetaient L Z Cüx*
meme les remèdes tout faits chez les nh„. 8Ues 0,1
Ces derniers, peu scrupules
encore victimes des supercheries des rhizotome,’ „ T1
vendaient des pro- Mu> leur
duits avariés ou
frelatés. Galien ,
dans sa jeunesse,
avait payé une
grosse somme à des
fraudeurs pour être
initié à leurs pra¬
tiques29. Plus tard,
il fit lui-même de
longs voyages pour
recueillir des subs¬
tances médicinales
à l'état de pureté,
telles que le jayet,
l’asphal te , le
baume, la terre si¬
gillée de Lemnos,'
et il s,’en fit aussi
envoyer par des
amis sûrs 30. Galien
demande que le
médecin connaisse
toutes les plantes
utiles et il recommande de les cueillir soi-mème, avant
que la chaleur de l’été ne les ait desséchées; c'est une
science qui doit s'acquérir, non pas dans les livres, mais
sur le terrain31.
Pour le service de la maison impériale, on faisait venir
des substances médicinales recueillies par les fonction¬
naires sénatoriaux ou impériaux, qui les envoyaient
cachetées à Rome. Galien mentionne aussi des esclaves
impériaux chargés de donner la chasse aux vipères, qui
étaient employées comme contre-poison32. Un cachet en
7261. — 19 Corp. inscr. lat. I, 1665. —20 Les aromatarii avaient un colley
Home, où ils vendaient aussi du vin parfumé (Corp. inscr. hit. \l. ■ ‘ y
Orig. XVII, 18, I ; Cdium. XII, 20. L’inscr. Orelli I IL est fausse (cf. Jonrn
1S79, p. 403). — 2J Scrib. Larg. 22; Schol. Fers. I, 43; Corp.
9795, 9796. — 22 Orelli, 4237 (suspect). Le mot se trouve daL-
4, 5, 37. —23 Cal. ap. Gell. I, 15, 9; Hor. Sat.
— 23 Marquardt, Pricatleben, p. 762. — 26 plin. Nat. Hist.
XIV', 24. Cela n’était pas sans inconvénient,
J? *r.
Fig. 4881. — Laboraloire de pharmacie '
imn-.M.'i I . '.'673,
dans l'I.ud. \M.
I g t. _ Cris. VI
' ~i.. XXXIV, lire llalcn.
veuieu., ... v- médicamenta
pouvaient être dangereux, comme une certaine pommade qui lit D"11* \ XXI V,
d’un client ( Anthol . gr. éd. Jacobs, J, p. 183 , 9). — 27 p>as.,.e|ief du
108 : Credunt seplasiae omnia fraudibus corrumpenti. —
Musée d'Épinal. S. Reinach, Guide illustré du Musée de Sain/ f< Voulot,
fig. 65; Jollois, Mèm. sur les antiq. des Vosges , pL 10 bis> j ^ ^(,r50n.
Catal. du Musée des Vosges , p. 25. On a prétendu reconnaître^ ^ ^ ^ ^
nage cenlral la déesse romaine Meditrina (Festus, XI, P- * - s).mi,|ablenicul
VI, 3, 57); mais cette explication est très contestable. H s agi* u* ^ ^a|oCi XIII.
d'une déesse celtique, patronne des opérations pharmaceutiques. ^ Qalien e*
216. — 30 Ibid. XIII, 216; XIV, 7; cf. Berthclot, Sur leswya(J^\^ 382.
sur la matière médicale dans l'antiquité , in Journal des saiai * ^ des*
— 31 Ibid. XIV, 30; XI, 797. On étudiait la médecine botanique a ^
sins coloriés (Plin. Nat. Hist. XXV, 8), ou dans des jardins de p ^ enCore
tels que celui d’Antonius Castor du temps de Pline {Ibid- ’ 70;
dans des excursions
370, 372.
botaniques (Galen. L. c.).
__ 32 Ibid .
— 1681 —
MED
MED
tern
conservé au Musée de Berlin et provenant du
c‘"le;,. légende àpiogaToa] xüv xupfcov Koci triftov,
Isis et de Sérapis,
rte la
oroupe formé des tètes d
rimage du Nil couché. Ce cachet était sans
un ballot d’aromates expédié à la cour
\| Rostowzew, qui a publié ce petit înonu-
e Ta maison impériale affermait à des
I Cai1*1’' Por
I cntoorant un
L-JesBüs-de
doute destine a
limpériab'-
h10'11, ! I)fk"éo'vptienslafourniture des aromates (àpwfxaxot 7)
'nia" !i' l' iic le* cachet avait pour but de mettre le ballot à
"T' . i'1. taxes de douane. On procédait sans doute de
la!'" ' .'^réexpédition des substances médicinales.
10 i"s magasins impériaux qui recevaient des envois de
K ubs(”nCes en vendaient aux pharmacopoles, qui s’en
Procuraient aussi directement2. Malgré ces précautions,
h IVaudc ne perdait pas ses droits. Ainsi Yopobalsamum,
• poussait en Judée dans un domaine impérial, et qui
était vendu pour le compte du fisc3, subissait néanmoins
tant d’altérations qu’il était difficile, au temps de Galien,
de le trouver pur*.
C’est seulement à la fin de l’Empire que la pharmacie
se constitua comme un auxiliaire indépendant de la
médecine; Littré en allègue pour preuve un texte d’Olym-
piodore \ d’après lequel le médecin prescrit, tandis que
le irï.gsvTapioî ( pigment arius) exécute l’ordonnance6.
D’après ce qui vient d’être dit, il n'est pas surprenant
que ce que nous appelons les spécialités pharmaceuti¬
ques et les remèdes secrets aient été connus dans 1 anti¬
quité sous le nom des médecins qui les composaient ou
les faisaient composer pour la vente. Ainsi Zénon (de
Laodicée?), de l’école d’Hérophile, se rendit célèbre par
l’invention d’une foule de médicaments composés1. De ce
nombre sont les collyres pour les yeux, dont il a été
question plus haut (§ VI), et où le nom du remède est
accompagné de celui du médecin inventeur ou débitant.
Sur 1rs flacons ou coffrets contenant des médicaments,
on collait à cet effet une étiquette (lirayY^ioO 8- De
même, de nombreux médecins, en particulier à Alexandrie,
attachèrent leurs noms à différentes sortes de bandages
et d appareils, destinés à réduire des fractures, à contenir
des viscères, etc.; tels furent André de Carys te’, Amyntas
de Rhodes10, Périégène11, Nileus12, Nymphodore13.
I II reste adiré un mot de la vente des substances dan¬
gereuses. Dans le Serment hippocratique, le médecin
s engage a ne remettre à personne du poison. A Rome,
jnanl la lexCornelia desicariis et veneficiis{ 81 av. J.-C.),
a rem i^e de poisons, même mortels, ne paraît pas avoir
été iîih'i dite aux médecins. Un médecin ayant administré
“ D"Min ^ un esclave peut être poursuivi en vertu de la
°> Aquilia, mais non pas s’il a préparé du poison que
( l ai ' ' *H'S freinent1*. Dans le Mercator de Plaute,
K Illllisi désespéré, déclare qu’il ira s’empoisonner chez
éti|l'|l|| 1 1 Cornelia [lex cornelia, p. 1140]
pi, . ' ' s Pe'nes sévères contre ceux qui vendaient en
de ( ' ( 11 médicaments dangereux; plus tard, les crimes
mJS ,",i0n et d’avorternent furent réprimés avec la
ZTT [AB0RTI0’ castra«o]-
lllni t(llans, livres de médecine. — Bien des gens,
XI, ! ; l898’ P- »**• - 2 Galen. XIV, ;
~ 8 OISn.n ’ s ’ "3i Solin- XXXV, 5. - 4 Galen
~ : CH, p\„ Exereit. Plinian. p. 740. -
^ X, 3, M»7 a : C-el’ Aurel- lv’ 7- — 8 Galen.
3o^01> esUmna- 8’J Uarernb.). Galien parle d'un collvre avec une ligure
vm ïn773)’ - 9 Cc,s' V1- «' - 13 Galen. De Fasc. 593. - H Ibid.
' 13 Ucls. \ III, 20 ; Orib. De machin. IV, 24. — 14 Jacquey,
la, 04, 217, 218. - 3 Plin.
XIV, 25; XIV, 10, 30, 53.
G Littré, Hippocr. IV, 623.
XII, 749, 768 ; XIII, 1005;
en Grèce et à Rome, exerçaient la médecine sans être
considérés pour cela comme des médecins. A côté et
au-dessous des prêtres des Asclépieia, pullulaient les
interprètes de songes, les guérisseurs de maladies spé¬
ciales, les faiseurs de miracles, qui exploitaient la super¬
stition et la crédulité de toutes les classes sociales. Bien
que les auteurs hippocratiques s’élèvent contre la méde¬
cine charlalanesque et distinguent la médecine ration¬
nelle de la divination l7, les Grecsles plus éclairés, comme
Platon, ne paraissent pas avoir pris nettement parti
dans le débat. « Il est bien difficile, dit Platon, de savoir
au juste ce qu’il y a de vrai en tout cela ». à propos des
breuvages, des aliments et des parfums employés comme
maléfices18. Socrate propose à Charrnide de le délivrer
d’une migraine à l’aide d’une certaine herbe et de cer¬
taines paroles magiques dont il a reçu la recette d un
médecin thrace 19. Démosthènes parle (avec mépris, il
est vrai) d’un charlatan qui prétendait guérir les épilep¬
tiques 20. Les songes, qui, pour Hippocrate et son école,
sont une des sources du diagnostic dans les maladies-1,
fournissaient aux charlatans les éléments d’une méthode
thérapeutique qui trouvait son expression officielle dans
les Asclépieia [incubation Le dédain de quelques ratio¬
nalistes, comme Cicéron, qui oppose le conjector som-
niorum au medicus 22, n’a pas empêché les interprètes
de songes de trouver des dupes jusqu à la fin de 1 anti¬
quité et au delà.
La littérature médicale offre le même contraste et
parfois la même confusion entre des ouvrages écrits par
des savants pour leurs élèves et des recueils de recettes^
composés par des charlatans pour la multitude crédule.
En Grèce, dès le ve siècle, il y avait un grand nombre de
livres relatifs à la médecine et à la pharmacie23 ; beau¬
coup de gens en faisaient usage au lieu de recourir aux
lumières d’un médecin. Platon se moque, dans la Phèdre ,
de ceux qui se croient médecins pour avoir lu un livre
de médecine2*. Aristote rapporte que certains magis¬
trats, de crainte que les médecins, corrompus par les
ennemis de la cité, ne les fassent périr, préfèrent se soi¬
gner d’après des livres; mais c’est là, selon lui, une
mauvaise méthode, car les médecins eux-mêmes, quand
ils sont malades, se font soigner par d’autres médecins28.
Ces livres, Ypâggrra, étaient sans doute des recueils de
recettes analogues à ceux dont Caton le Censeur pré¬
tendait faire usage à titre exclusif-6. À l’époque impériale,
la. médecine d’amateur était fort répandue; Aulu-Gelle'
dit qu’il a employé ses loisirs à la lecture de livres de
médecine21, et Plutarque veut que chacun soit en état de
surveiller son pouls, qu'il sache ce qui est utile ou nui¬
sible à sa santé 28. Telle fut, du reste, l’opinion de
l’empereur Tibère qui, refusant de recourir aux méde¬
cins, se moquaitde ceux qui, après leur trentième année,
ont besoin des conseils d’autrui pour savoir ce qui est
utile ou nuisible à leurcorps 29.
11 existait aussi des manuels de médecine à l'usage
des voyageurs et de ceux qui habitaient la campagne,
destinés à les soustraire aux entreprises des charlatans,
De la condition juridique des médecins, p. 68. — *3 Plaut. Merc. Il, 4, 4.
— 16 Hippocr. t. Il, 237 ; t. IX, 235.— U Ibid. Il, 243. — 18 Plat. Ley. XI, 933. - 19 Id.
Charm. 155. — 20 Dem. C. Aristoy. I, p. 793. — 21 Hippocr. t. Il, 671. — 22 Cic.
De Div. Il, 59. — 23 Xen. Memor. IV, 2, 10 : r.6\\u tu Tpùiv tfft'. » cf.
Plat. Polit. 293 I). — 24 Plat. Phaedr. 268 C. — 23 Arist. Polit. III, p. «287 : tô
xatd YpàiJtuaTa laT^eOeirOai oaOAov. — 26 Cat. De rerust. 70,83, 156, — 27 Gell. XVIII, 20.
— 28 Plut. De sanit. tuend. 24, 25. — 29 Tac. Ann. VI, 46.
MED
— 1682
à leur permettre de préparer des remèdes faciles et
d'attendre l’arrivée du médecin1.
L Égypte, celte patrie des livres de médecine2, où le
traitement des maladies était établi d’après des préceptes
écrits attiibués a llorus2, ne cessa pas d en produire et
d’en répandre à l'époque gréco-romaine. 11 est question
il un a ieux Ha re égyptien appelé àuêp-qç, où étaient réunies
d anciennes observations sur le diagnostic et le pronostic
des maladies ’. Du temps de Jamblique, les prêtres égyp¬
tiens possédaient quarante-deux livres sacrés attribués
a Hermès, dont six sur l’anatomie, la médecine, la chi¬
rurgie et la matière médicale ; il en existait des traduc¬
tions en langue grecque5. Les ouvrages médicaux gréco-
ptit?ns, l oemander, Asklépios (Àôyoç tsÀeiqç), les
I atromat hcmatika , etc., sont des falsifications néo¬
pythagoriciennes où se retrouvent peut-être quelques
vestiges de la science, toujours imprégnée de supersti¬
tions, qu avait possédée l’Égypte pharaonique °.
IX. Femmes-médecins'. — Une femme exerçant la
médecine s appelle vj Ixtooç, Uq-rpbç yuvvj, îaxpia, iaTpivr, 8,
!aT7)p{7),' iarpotiva, àxscTpîç (guérisseuse), en latin medica,
peut-être aussi clinicn 9. Au point de vue des fonctions
spi- <_ iales d accoucheuse, elle est dite uoua (itEpi toiç tixtoucoiç
îavpoç, Hésychius), ta-souxïa, ùcpovipETpta, cig.<paXoTÔp.oç (celle
qui coupe le cordon), en latin obstetrix , iatromaea 10.
Le mot medica désigne également une accoucheuse
et se rencontre fréquemment dans les inscriptions 11 .
Un trouve dans Hygin une histoire assez invraisem¬
blable qui peut être résumée comme il suit l2. Une
lo* athénienne défendait aux esclaves et aux femmes
d’exercer la médecine; il en résultait que beaucoup de
femmes, n’osant, par pudeur, faire appel à des médecins,
mouraient en couches. Alors (Hygin ne spécifie pas
1 époque) une jeune fille athénienne, llagnodice, se coupa
les cheveux, s'habilla en homme et se fit instruire par
le médecin Hérophile. Une fois en possession de son art,
elle se rendit auprès d’une femme en travail et, lui ayant
révéle son sexe, obtint de la soigner. Le bruit de son heu¬
reuse intervention s’étant répandu, les médecins s’ému¬
rent et protestèrent contre le nouveau confrère qui leur
enleA-ait des clientes. llagnodice dut comparaître devant
l'Aréopage et déclarer qu’elle était une femme; sur quoi
la colère des médecins ne fit qu’augmenter, et il fallut
que les Athéniennes les plus distinguées intercédassent
pour faire acquitter Hagnodice. L’ancienne loi fut
abrogée et l’on décida que les femmes libres pour¬
raient désormais apprendre et exercer la médecine.
Cette historiette assimile complètement les femmes-mé¬
decins aux accoucheuses et c’est, en effet, à cette spé¬
cialité del’obstétrique que les femmes, tant en Grèce qu’à
Rome, s’appliquèrent de préférence, sinon à titre
exclusif. Les médecins n’intervenaient dans les accou-
MED
chements qu au cas de complications redouta
1 auteur hippocratique du Traité des malaT ï * >
constate leur peu d’expérience en n'te*fmm
et
e//i//iç s
«ans
11 leurj
nie rrise
l’hystérie15, et
qu’elles pouvaient solliciter sans
peu d expérience en ces mm-
doute parce qu’on avait rarement recn^
offices u. Mais l’accouchement n’est pv il leu
qui menace la santé et la vie des femmes l\ S'‘Ul<! Cri
rellement que les accoucheuses furent’ co
d’autres maladies propres au sexe, comme
que les femmes préférèrent des ' avis
d’une tumeur au sein, ne consulta^émocédès’
de longues hésitations15 ; c’est donc qu’elle avïit ^
mencépar avoir recours aux lumières de femmes T'
YHippolyte d’Euripide-, la nourrice demande à PhiÏÏ
si elle soufire de quelque maladie qu’il fauttaire (c’est •
dire d’un caractère intime), auquel cas des femmes somh
pour la soigner; si son mal réclame des médecins J
s’adressera à eux. Ainsi, le cercle de l’activité des femmes-
médecins tendit à s’élargir par la nature même des ser¬
vices qu’on réclama d’elles. A l’époque impériale, elles sê
firent aussi masseuses (, tractatrices ) et furent’ parfois
employées à ce titre par des hommes18. Dans Apulée
une sœur de Psyché se plaint de jouer le rôle pénible de
medica , parce qu’elle a un mari goutteux dont elle doit
frictionner les doigts et pour lequel elle doit préparer
des liniments et des compresses19. Il va de soi que les
femmes, nées, pour ainsi dire, gardes-malades et infir¬
mières, se sont de tout temps acquittées de ces fonc¬
tions20. Bien entendu, il y eut aussi, et de tout temps,
des femmes s’occupant de cosmétiques et de ce qu’on
appelle l’hygiène de la beauté; déjà le papyrus libers,
le plus ancien traité médical que l’on possède, men¬
tionne une princesse nommée Schesch, à laquelle on
devait un remède pour faire pousser les cheveux-1.
Il est à remarquer que le droit romain ne fait
nullement de la médecine une profession réservée au
sexe fort et qu’il n’est jamais question, dans les rodes,
d’un domaine médical réservé aux hommes On
peut donc admettre que certaines femmes particulière¬
ment douées se sont appliquées à toutes les branches
de la médecine, bien que nous n’en ayons pas, que je
sache, de preuve directe.
Une inscription gravée sur la base d’une statue à Hos,
en Lycie, relate que ce monument aété élevé a eh-inèniej
par Antiochis, fille de Diodote, de Tlos, honora
sénat et le peuple de cette ville pour son expérieu
l’art médical, jj.apTup7]0e:<ia ûttq TAwéwv [iouXr,, -
Syjp.0 U E7Ù T’7| Ttspt T7]V t7.Tp!X7)V TEy VTjV EVTtSlptO’. " . I " 1 I
lion de Karabaulo est la dédicace d’un certain As« h llliR jb
sans doute médecin lui-même, à sa femme Ami *
Alexandrin Zôsimé, savante en médecine, à™ ■■■
ixTptxvjç 2i. L’épitaphe de Scantia Redempta » Gapoue
1 Orib. éd. Daremberg, VI, 557. — 2 Papyrus E bers. Pas atteste Buchüber Heil-
kunde. Trad. par H. Joachim, Berlin, 1890; Hirschberg, Aegypten, Leipzig, 1890, p. 3G
el suiv. 3 Diod. Sic. I, 82. — * Hop. Hierogl. I, 38. — aJamblich. Demyst. VIII, 4;
Clcm. Alex. Strom. \ I, 4, 37, p. 157. M. Hirschberg a montré ( Op . L p. 34) que la
critique de Galien (XI, 298), oti r.àuat tto-i, ne s'applique pas à ces livres, mais à
des remèdes tirés déplantés sacrées, uçat porâvat. — 6 Sprengel- Rosenbaum, p. 63.
- Mélanie Lipinska, Histoire des femmes-médecins , Paris, 1900; M. Baudouin,
Femmes-médecins d autrefois, Paris, 1901. — 8 Corp. inscr. yr. 3730, 9104, 9209.
— 9 Gruter, p. 035, 10. L’inscription paraît apocryphe. — 10 Corp. inscr. lat. VI.
9477 ( iatromaea regionis suae prima), 9478. — il Ibid. t. II, 497; VI, 7581, 9014:
XII, 3743, etc. - 12 Hygin. Fab. 274. — 13 Soranns, éd. Dietz, p. 107. 11 c»l
question dans cet auteur de médecins de femmes, taT?ol pvaixeioi; mais BOltiger
(AL Schriftcn III, p. 1-8) n a pas tort de nier qu’il y eût des accoucheurs de pro-
;ion dans l’antiquité. — 14 Hippocr. 1, 02. — lü Mari. XI, ^ ^ucslioJ
ae (Nat. Hist. XXVIII, 82) citcj’opiuion de plusieurs fcmmcsjtH- • • ^ ^
ne touchent pas à la gynécologie. — ,ü Herod. III, 1*1. — 1 i • \puij
i» Son .Ep. 66 in fin.) Mart. III, 82 ; cf. Monum. dei Lincei, , P-
t . V, 24. - 20 Xen. Oecon. VU, 37 ; cf. Ps. Dem. inNaeaer. !*• A/|J
«Otoi offov ttîia ttrïi yjvv) lv raT; vo'ffot; naoojo-a xàjxvov.i iPS recettes de
ne medic. Central- Z eitung, 1895, n« 80. On attribuait aussM^ cxjslc unpa
is b
an
^ à la reine Cléopâtre (cf. Puschmann, Handbuch , Ll- '* ||U, niiv eilVirnn«
îiéralique égyptien relatif aux maladies des fcnm.es qui 1 ^ ^ ^ U.
... 2 000 av. J.-C. (Ibid. p. 74). — 22 Medici utrinsqnc si- ^ ^ conlniiini‘l11^
{. — 23 Texte encore inédit (mars 1902), qui nia été obligé .m ^ mrnijonnéc Par
M. Otto Benndorf. Une femme-médecin nommée Anlioclns es ^ ^
en, XIII, 343. - 24 Slcrrctt, Papcrs ofthe american schoo ,
— 108.1 —
MED
qualifl*
le sen*
Auson<-
r, ftaiitistes dise
aisse pas d’être obscur
•iplinae in medicina , mots dont
La tante du poète
milia Hilaria, eut toujours en aversion, sui-
Knlin, Theodorus Priscianus, archiàtre
dédia le troisième livre de son ouvrage
' Praesentaneae, dont on ne possède qu’une
à une femme-médecin, « l’aimable
ini'"1 . . . .
U) ies penchants de son sexe et sut se
vallt S°".|"hrr autant qu’un homme dans la pratique de
,-endre ceieuic j - - ~
qg niédocin'“ '
du V
jfedicine '
traduction latine
mnnaene de son art » .
n «dunes femmes avaient écrit sur la médecine, par
I Lie Salué, LaïS, Elephantis, que citent Pline l’Ancien
H Gahen 4 ' Aspasia, citée au livre XVI d’Aetios et
Moli'odora, 'dont un traité sur les maladies des femmes,
j twv YIJva!!tet(üV es*J res^ inédit a Florence
F autres avaient composé des ouvrages sur les eosmé-
tipes, les maladies des cheveux, etc.
I Nous ne savons presque rien touchant 1 enseignement
médical que recevaient les femmes. En Égypte, à Sais, il
y avait, dit-on, une école de sages-femmes où des femmes
donnaient l’enseignement 6 ; il est probable qu’en Grèce
et à Rome elles se formaient par l’apprentissage comme
Iles médecins et étaient admises parfois à suivre des
cours. Une femme, Restituta, fait une dédicace à Claudius
Alcimus, médecin impérial, son patron et son professeur
(xaHïiyV'/p . Un auteur arabe rapporte aussi que Paul
d’Egine avait, parmi ses élèves, des sages-femmes ’.
Dès l’époque héroïque, il est question de l’habileté des
femmes à recueillir des simples et à préparer des
philtres8 ; cela resta une spécialité des magiciennes de
Thessalie [magià]. 11 y avait des femmes dites cpapuaxiosç,
çappxeuTfiai, qui faisaient profession de médecine
magique. Les citations que fait Pline des œuvres de
l’accoucheuse Salpé prouvent que certaines d’entre elles
s’appliquaient à la matière médicale dans un esprit un
peu plus scientifique.
Les accoucheuses, tant en Grèce qu’à Rome, paraissent
avoir été fort considérées0. A Athènes, elles recevaient
chez elles des pensionnaires10. A Rome, au point de vue
du droit, elles étaient assimilées à leurs confrères11;
leurs noms prouvent qu’elles se recrutaient surtout
parmi les affranchies12. Avec les médecins grecs arri¬
vèrent a Rome les accoucheuses grecques, qui ne tar¬
dèrent pas à supplanter les matrones italiennes auprès
delà riche clientèle des villes.
Socrate, fils d’une sage-femme, nous a laissé un tableau
ela profession qu’il est intéressant de rapprocher de celui
?ue le médecin grec Soranus en a tracé plus de cinq siècles
*R>rès. « Aucune sage-femme, dit Socrate, ne se mêle
accoucher les autres femmes tant qu’elle est encore en
^ ' 1 concevoir et d’avoir des enfants.... Les sages-
L ^nnaissent mieux que personne si une femme
Y i 111 1 'ule ou non. De plus, au moyen de certains breu-
| ^s"ü de certains enchantements, elles savent hâter
MEf)
le moment de l’enfantement et en apaiser les douleurs;
elles font accoucher celles qui ont de la peine à se déli¬
vrer et facilitent l’avortement, si cela est jugé nécessaire,
lorsque le fœtus n’est pas encore à terme.... .N’as-tu pas
remarqué un autre de leurs talents, qui est d’être très
habiles à assortir les mariages, puisqu’elles discernent à
merveille quel homme et quelle femme doivent s'unir
pour avoir les enfants les plus accomplis?... Tiens pour
certain qu’elles sont plus fières de ce talent que de leur
adresse à couper le cordon ombilical — 11 n’appartient
qu’aux sages-femmes vraiment dignes de ce nom de bien
assortir les unions conjugales13. »
Soranus d’Éphèse, dans son livre sur les maladies des
femmes, expose en détail le savoir et les qualités que
l’on exigeait, de son temps, des accoucheuses (ii* siècle
ap. J.-C.). Celles qui veulent embrasser celte profession
doivent savoir écrire, jouir d’une mémoire fidèle, d’une
santé robuste, d’un tempérament égal; elles doivent
avoir de longs doigts effilés, des ongles courts et arrondis,
tenir leurs mains très propres et ne pas (iler, pour ne
pas nuire à la finesse de leur peau. Il faut qu’elles con¬
naissent la diététique, la pharmacie et la chirurgie
usuelle. Soranus les met en garde contre les supersti¬
tions et l’emploi de moyens abortifs, mais leur donne
des conseils en vue de certaines opérations assez difficiles,
comme l’inversion du fœtus, et prévoit le cas où l'em¬
bryotomie peut être nécessaire pour sauver la vie de
la mère. Enfin, il leur recommande d'étre discrètes, « car
les affaires de la maison et les secrets de l’existence de
chacun leur seront confiés14 ».
X. L'exercice de la médecine ; les officines médi¬
cales. — Dans l'antiquité comme de nos jours, le méde¬
cin va visiter les malades à leur domicile, se réunit
parfois avec des confrères pour délibérer sur un cas
difficile, enfin reçoit les malades chez lui pour les opérer
ou leur prescrire un traitement. Suivons-le dans ces
diverses manifestations de son activité.
Les anciens disaient qu’Esculape avait inventé la
médecine clinique , c’est-à-dire celle qui se fait au lit des
malades, par opposition à celle qui envoyait les ma¬
lades dans les temples ls. Un bas-relief d’Athènes repré¬
sente Esculape, accompagné d’un de ses fils, auprès du
lit d’un malade dont il prend la main1® (fig. -4882). Un
autre, qui a passé de la collection Pourtalès au Musée
Britannique (fig. 4883), représente un médecin qui exa¬
mine un malade; l’inscription donne le nom du médecin,
Jason d’Archanes. A droite, sur le sol, est une grande
ventouse retournée n. Nous avons vu plus haut (§ III) que
les médecins faisaient souvent leurs visites en compagnie
de leurs élèves, tant pour les instruire que pour se faire
aider d’eux. Le médecin, après avoir examiné un malade,
devait pouvoir lui prescrire un traitement18; quand il
s’absentait, il lui laissait une prescription par écrit19.
Certains médecins donnaient leurs soins aux mêmes
Oescl,, der it X, L 3980. — 2 Auson. Parent. 6. — 3 Teuffcl,
XXVIII, (.|. X.i7(?rafur, § 446, 7. — 4 Salpe o bstetrix, Plin. Nat. Hist.
à ''o'L'lisliiiuc n ' '***’ ^XXU, 135, 140. De ces citations, une est relative
C0P(|‘ populaire * '* oncologie, une à l'hygiène de la peau, trois à la pliarma-
P°ui' des abortif, ***’ ***’ el ï-'epl>an(>s [Ibid. 81) sont citées par Pline
~ 6 Coslomiris / 1 lla'lemenl ^e morsures; cf. Galen. XII, 416 (Elephantis).
^ Pharaons ^ * ***' ! ,r ' 1890, P- 147- — 0 I.oret, L'Égypte au temps
tyniui. y |, a"8’ — 1 Kailiel, Inscr. gr. Ital. 1751; Abulfarag, Hist.
' ' J. yon SicbH Pf ll4‘ ~ 8 Horn. 11. XI, 741; Od. IV, 220; X, 213.
lu such einer Gescliichte der Geburtshillfe , Berlin, 1839;
Ploss-Bartcls, Pas Weib, 0* éd. Leipzig, 1899. — 10 Arisloph. Lysislr. 746. — U llig.
L, 13, 1, 2. — 12 Wallon, Hist. de l'esclav. t. III, p. 219. — 13 Plat. Tliacaet. 149-
150. — U Soranus, ne?! yyvatx. éd. Diclz, p. 3-5 (trad. Herrgott, Nancv, 1895,
p. 5-8) ; Puschmann, Gesch. des medic. Unterrichts, p. 101. — 15 Hygin. Fab. 274;
Prudent. Apotli. 237 (qui appelle Esculape Deus clinicus ). — 16 I.e Bas, A/on. fig.
pl. lui et p. 73 de mon édition. Un autre bas-relief souvent reproduit d'après Hirl
( Bilderbuch , XI, 3), qui représente Asclépios venant visiter un malade, parait apo-
cryphe; ou ignore d’ailleurs où il se trouve, ni d'après quel document llirl l'a fait graver.
— 17 Panofka, Cabinet Pourtalès , pl. ssvi; Hicks,' Greek inscr. in Prit. A/us. p. 1 41,
ni 81 ; Corp. inscr. ait. III, 1445. — 18 Xcn. Oecon. XV, 7. — 19 Plat. PoKt. p. 295-
MED
— 1684 —
familles pendant de longues années 11 est probable que
les opérations un peu compliquées se faisaient au domi¬
cile du médecin et non à celui du malade, à moins que
ce dernier ne fût un personnage important.
Les médecins célèbres donnaient, comme de nos jours,
Fig. 4882. — Esculape au lit d’un malade.
des consultations par correspondance ; ainsi nous savons
que Galien avait des clients en Gaule, en Espagne, en
Thrace et en Asie-Mineures.
Un auteur hippocratique déclare qu’il n’y a pas de
honte, pour un médecin, à faire appel aux lumières de
ses confrères3. C’est peut-être à des consultations entre
médecins que fait allusion un passage obscur de la Poli¬
tique d’Aristote L Nous connaissons par Antiphon !; le
cas d'un homme qui, tombé entre les mains d’un mau¬
vais médecin, mourut non des blessures qu’il avait
reçues, mais du traitement qu'on lui avait imposé. Or,
1 orateur dit que les autres médecins s'étaient fortement
élévés contre le traitement indiqué, ce qui implique une
ou plusieurs consultations. Dans des affaires qui com¬
portaient une expertise médicale, chaque partie faisait
choix d'un médecin6. Les consultations étaient parfois
scandaleuses par les contradictions et les disputes aux¬
quelles elles donnaient lieu Théodore Priscien8se plaint
aussi que le repos des malades soit troublé par l’arrivée
tumultueuse des médecins, dont chacun cherche surtout
à se faire valoir, comme des concurrents dans un cirque.
C'était, d’autre part, un lieu commun de dire que la mul¬
titude des médecins tuait le malade, et Pline l’Ancien cite
^ Dem. In Euerg. p. H 59 : lyio eîar, yayov laxpbv 5> Tio/.Àà etïj — 2 Galen.
VIII, 224. — 3 Hippocr. IX, 262. — 4 Arist. Polit. III, 442. — 6 Antiph. TetraU
III, 689. — 6 Plat. Leg. IX, 916. -- 7 Plin. Nat. Bist. XXIX, 5; Galen. VIII, 357 ;
X, 910. — 3 Theod. Prise. Medic. praesent. Praef. I. — 9 Plin. Nat. Bist.
XXIX, 11. — 10 Dig. XXVII, 1, 6; cf. Salmas. Excrc. Plinian. 739. L’épitaphe
d'un médecin de Nicée parle de ses longs voyages, roXXr.v 0à).a<r<r«v «ai YaYav
■jîEçtvootqffa; (Kaibel, Epigr. 509). — H Dio Chrys. Orat. VIII, 134. — 12 Hippocr.
IX, 236. — 13 On connaît des boîtes de pharmacie de Pompéi à Naples (Ceci,
Piccoli bronzi , VII, 18), de Mayence au Musée de cette ville (Lindenschmit,
Alterthümer, IV, 16, 1), des environs de Mayence (entre Neuss et Xanlen) et
de Naples au Musée de Berlin (Bonn. Jahrb. XIV, 33); cf. Deneffe, Etude sur
la trousse d’un chirurgien gallo-romain du me siècle (Anvers, 1893, pl. n).
Une boîte de pharmacie en ivoire, ornée d’un relief représentant Esculape et
Hygie, servait à contenir des reliques dans l’église de Sion (Brunner, Spuren rôm.
Aerzte auf dem Boden der Schu'eiz , p. 44, pi. iv, 5; voir plus haut, art. i.ocdlus,
fig. 1294). Une boîte de pharmacie, dont le moulage est au Musée de Saint-Germain,
est conservée au Musée de Worms. La nature des instruments de petite chirurgie
qui nous sont parvenus, et qui sont souvent à deux fins, indique la préoccupation
du médecin de simplifier sa trousse et de la rendre portative. Les trousses chirurgi¬
cales que nous possédons sont des boîtes cylindriques en bronze d’environ 0 m. 20
MED
i il* i . ■ “ uf uq mcdicontt»
L histoire a conservé les noms d’un Kr peni'-
médecins grecs qui ont été appelés à de
des villes, soit par des princes; nous en , S0" piir
traitant des médecins publics et des méded» '' T*”® en
Mais il faut dire ici quelques mots des médecin 1 !' C°ur-
que Modestin appelle Tt£ptoû£UTxt', i e ' ambu,*nl*
avait parmi eux des spécialistes charlatans ' y
dentaux foires el aux fêtes eu promettant de ll’T
maux de dents, les maux des yeux ou de la rat» , s
elle coryza " . En voyage, le médecin se mu„iSSilii ÏS**
...ents Plus légers que ceux dont il se serval, à *£$
il emportait aussi des médicaments simples, tels i[uè
1 ACUJNOgAA£|<i,LOCAXApN/e YCjATPOC
A I O N YCIQCI ACOWOcAxk PTO NWA £8iO&ijO poyi,ewON£wc
0eOU.NHCTocAICiNVCIOyAXAPfAi£lPH NHC THClACONOCA x\P
\OCl PATHA4tCuà£lClOYruYiPf\u.lAAPlCTlOïTHCKApnoAujP
AAfeXiîe
- r' - _ a- r a-' f , - ; ' : 1 ■“ y
Fig. 4883. — Médecin examinant un malade.
purgatifs et vomitifs12. Les coffrets de pharmacie met
lus], dont on a conservé quelques spécimens fig 1,sS‘ '
Dnt peut-être servi, comme les trousses d oculish
chirurgiens (fig. 4885), à des médecins ambulants13.
le long sur 0m. 015 de large et 0 m. 05 de haut, contenant une mill< 1
jn ou deux stylets, une spatule, une pince; c’est 1 appareil inî,lM,"‘ 1 jjes^
I u’ Hippocrate recommandait à ses disciples en voyage (Deneffe, % cDjrlirgie
l remarquer qu’il n’entre ni ivoire, ni bois, ni écaille dans les inslium» rPVenu®
nciens, qui sont entièrement métalliques; c’estune pratique à I1 ^ trlllîîenls de
le nos jours la médecine aseptique et antiseptique (cl. la liste ( ^ ^ Deneffe, 0p- |
hirurgie connus, réunis en originaux ou on copies au Musée do aIK j avec
. p. 10, et Hamonic , La chirurgie et la médecine d autrefois, an ^ ^ ^ ^ . autre de
nstruments, venu d’Italie, au Musée de Bruxelles (Uenelîo, Op. P ^ jf0j9 sondes
>ompéi (Ibid. pl. u, 2); autre de Brigantium, contenant une spa ^ 18g0 par
Brunner, Op. I. p. 43, 57). Trousse très complète décomeih a ^ p;||r conlenait
’oulouzedans un vase de bronze, décrite et figurée pai Donc ^ bolled®
ine pierre à aiguiser en marbre blanc, une amulette (•) t n 0 ftVeC pestes dp
ronze argentée, avec couvercle, pour onguents, cinq tubes à 0,1p^' l|ÏSUfflatrice, u»e
ollyrcs, deux boucles destinées à fermer des bandes, une s°n* ^ 0/xtov;
rande cuiller où l’on faisait fondre les onguents (icu5c«iov, ^ veotou*j
’ahrb. LI, p. 153), quatre spatules, deux stylets, huit pinces, ^ ^ ^ four*
du en connaît treize d’Herculamim et de Pompéi, une de ai (Vamur, de Saiul'
hette à trois dents. D’autres trousses sont conservées aux Mil ' ^ ^ 48)*
lermain, d*i Puy, dans la collection Hamonic à Paris (Hamom
MED
— 1685 —
MED
.(|e(,in Ridant dans une ville avait toujours un
| Le "",1,, consultation, mais souvent aussi une installa-
^""iMsru'inplète qui comprenait les éléments suivants :
ll0n|! médecin, de sa famille, de ses auxiliaires
i0i.i deniGui'- uu 114 7 .
„in,K • 9° un laboratoire de pharmacie ; 3° une
eide ses esclaves,
Fig. 4881. — Coffret de pharmacie 1.
Saiie d’opérations ; 4° une salle de consultation 2 ; 5° une
ou plusieurs chambres pour recevoir des malades et les
hospitaliser avant ou après une opération, ou pendant le
cours d’une maladie et le début de la convalescence3.
L’ensemble de cette installation constituait l’officine du
médecin, tarpeiov, r^TpiT), (taxpixov) èpyaaT-
Tjpiov, taberna medica, medicina6. Les
iatreia étaient tantôt la propriété des
villes et dirigés par le médecin public,
tantôt celle de médecins qui exerçaient
pour leur compte. L’institution en était
fort ancienne ; il y avait sans doute des
iatreia publics antérieurement à Hippo¬
crate, car on ne peut imaginer qu’une
ville ait appelé un médecin si elle n’a¬
vait pu lui fournir un local approprié
avec les appareils nécessaires. Toute¬
fois, il n’y avait pas de iatreia partout,
sans quoi Hippocrate, décrivant les ma¬
lades de l’île de Tliasos, n’aurait pas
indiqué si exactement le domicile per¬
sonnel de chacun B.
L 'iatreion public devait être installé
dans une maison de grande dimension,
percée de larges ouvertures qui lais¬
saient passer à flots l’air et la lumière,
mais protégée contre le vent et le soleil,
qui fatigue les yeux des malades 7. La
salle d opérations était pourvue de toute espèce d’instru-
MfnU (opyava), appareils fixes (tels que le banc d’Hippo-
rralc pour réduire les luxations, sièges, baignoires,
vasi!S’ l)assins, couteaux, bistouris, ventouses, cautères,
aCd seringues, sondes pour les oreilles, arrache-
Cnls’ lri"Pans, outils pour couper la luette, bandes,
compi esses, coffrets à onguents, etc. Les instruments
fig. 4885. _ Trousse
Je chirurgien
devaient tous être en bronze, les serviettes et les éponges
parfaitement propres et molles au toucher, l'eau à boire
d’une pureté irréprochable9. Les médicaments simples
ou composés se préparaient dans la pharmacie attenante :
les aides du médecin les vendaient pour être emportés
ou les administraient sur place10. Un homme frappé d’un
mal subit pouvait se faire porter dans l’officine du mé¬
decin public11. Il est possible que les malades pauvres y
fussent nourris gratuitement; mais il ne faut pas allé¬
guer à cet effet, comme l’a fait le Dr Vercoutre* l’histoire
du philosophe Bion, qui, arrivé malade à Chalcis, y
souffrit beaucoup « par suite de l’indigence des méde¬
cins hospitaliers » (à7uopt'a twv vo'Toxogo'jvTüiv) 12. Ces der¬
niers mots, comme l’a
reconnu le Dr De-
chambre, signifient
simplement « à cause
du manque d’infir¬
miers » ; la triste si¬
tuation de Bion prit
fin lorsque Antigone
lui envoya deux ser¬
viteurs. Les esclaves
malades étaient soi¬
gnés dans les offi¬
cines parles esclaves
du médecin u. Ajou¬
tons que les iatreia ,
comme les boutiques
des barbiers, étaient
des lieux de réunion pour les oisifs, qui venaient y
échanger leurs impressions sur les événements du jour 1S.
Ainsi, comme l’a établi en 1880 le Dr Vercoutre, les
iatreia étaient de véritables hôpitaux publics ou privés,
comparables, du moins par leur destination, à nos établis¬
sements modernes. Un passage malheureusement isolé
du poète comique Cratès (vers 430 av. J.-C.) mentionne
une espèce de maison de santé sous l'invocation de
Paeon, le médecin des dieux, qui était appelée Paeonion et
située près de la mer10 ; ce devait être, suivant la conjec¬
ture du Dr Daremberg, un sanatorium laïque1', à la
différence des habitations pour les malades qui s'éle¬
vaient auprès des Asclépieia (incubatio) 18.
Épictète compare l’école de philosophie à un iatreion
où les hommes entrent malades, l'un avec une épaule
luxée, l'autre souffrant d’un aposlème, tel autre d'une
fistule, d’une migraine, etc.19. Décrire les opérations qui
s'effectuaient dans Y iatreion d’un médecin grec serait
écrire un traité de chirurgie antique et sortir des limites
prescrites à cet article. Mais nous croyons devoir appeler
l’attention sur toute une série de miniatures très inté¬
ressantes qui figurent dans un manuscrit florentin
d’Apollonius de Citium (commentaire du traité TteptipOpwv
paw. |p ’ l1' Mayence. I couvé dans le Rhin. Sur le couvercle extérieur est
romain \n,, "l '* l scu'aPe (Deneffe, Étude sur la trousse d'un chirurgien galto-
bicn nue f0|.|aj 1 ' P*' u> A- — 2 Xen. Hist. Graec. II, 1,3. — 3 II faut
car une fraclur ' mil*aaie8 aO'ieuses aient été traitées à demeure dans Y iatreion,
Jts malades D exemH8’ ne permet pas le transport quotidien ou biquotidien
Étude sur )a ' 4 Au Musée de Bruxelles. Provenant d'Italie (DenelTc,
— 0 fiant Am'i‘>‘SSe ^ Un chirurgien gallo-romain, Anvers, 1893, pl. il, 1).
tl, 2, n; *’ 0 ( Perreptavi ... in medicinis, in tonstrinis) ; ld. Epid.
~ " Hippocr " ( U ** A 1- — 5 Herzog, ICoische Forsch. p. 207.
*Vll|, 2, 629. L_XY (LiUré’ l- III) Ct ittfl tïiTjoï (Littré, t. IX); Galen.
I*C8 'uxalious v ' . r ‘°./lanc un appareil pour la réduction des fractures et
' Hippocrate de Littré, t. 111, p. 463 ; t. IV, p. 385; Apollonius
do Citium, éd. Schoene, pl. xxiv (miniature byzantine représentant le banc d'Hip¬
pocrate). — 9 Hippocr. ub. sup Poil. X, 46; Luc. Adr. indoct. 29. — 10 Hip-
pocr. II, 665; Plat. I)e leg. I, 647 (et; tôt. tcrroeTa {iaSt^ovra; Itct çaçjj.axo7:o<Tta).
— Il Arist. Acharn. 1222; cf. Plaut. Mon. V, 5, 45. — 12 Diog. Laert. IV, 7;
Dechambre, Gazette hebdomadaire de médecine , 1880. — 13 Relief d'uu sarcophage
conservé à Rome, Bôm. Mittheil. 1900. p. 171. Le médecin lit un rouleau ; devant
lui est une armoire ouverte avec des manuscrits roulés, sur laquelle est posée
une boite contenant des instruments de chirurgie. — it Plat. De leg. IV, 720.
— 15 Aesch. I, 41, p. 67; Aelian. Var. Hist. 111, 7. — 16 Meineke, Fragm. comic.
p. 81. Le sens de ce passage est d'ailleurs très douteux. — 17 Ber. arch. 1868, 11,
p. 354; 1880, I, p. 348. — '8 Cf. Herzog, ICoische Forsch. p. 206. — P* Epict. Diss.
III, 23, 30.
21-2
MED
1686
MED
d'Hippocrate)1. Ce manuscrit appartient au \u siècle;
il n’est cependant pas douteux que les miniatures, repré¬
sentant des opérations sur des membres démis, c'est-à-
dire la remise de luxations, ne dérivent d’images beau¬
coup plus anciennes (n* siècle ap. J.-C.?), ne fùl-cequ’à
, cause de la nudité des ma¬
lades et souvent aussi des
médecins, qui est contraire
aux habitudes de l'art by¬
zantin. Malheureusement,
ce ne sont pas des copies
directes et les originaux
paraissent avoir subi de
singulières déformations
aux mains de leurs copistes
successifs. Les quatre mi¬
niatures que nous repro¬
duisons (fig. 4887 à -4890) 2
représentent : 1° la remise
d’une épaule luxée, Ép.60 X-q
togou b oii tou xaTtüjj.tÇov'ro;
Fig. 4SS7. — Opération saus appareil. (SC. TfÔ7roç). L’opérateur a
introduit son épaule gau¬
che dans 1 aisselle gauche du patient et saisi le bras
luxé avec les deux mains, tandis qu’un auxiliaire opère
une extension en sens contraire (fig. 4887) ; 2° la remise
d une épaule luxée a 1 aide d’une coulisse de bois, èy.ëoX-t]
wgo'j 7] S'.i ttjÇ aaê-rg. L'opéré est suspendu par l’aisselle
aune barre horizontale; le médecin exerce Une traction
sur le bras gauche, auquel est fixée une coulisse de bois :
un auxiliaire tire les
pieds du patient pour
opérer une extension en
senscontraire (fig. 4888);
3° la remise des ver¬
tèbres à l’aide d’une
échelle, Iuo&àt; ffTtovBéXwv
7) 0:7. TYp x).:uax g; £~:
xe&aXŸjv ytvojx.evT, . Opé¬
ration très hardie dont
l'explication technique
doit être réservée aux
hommes de l’art. L’é¬
chelle, sur laquelle est
fixée le malade, est suc¬
cessivement élevée et
abaissée, au moyen
d'une poulie, par le mé¬
decin et son auxiliaire
fig. 4890) ; 4° la remise des vertèbres au moyen des
pieds du médecin et du cabestan, (TTÏOVOÛXOJV 7] 017.
T7|ç 7TT£pv7|ç xou lotTpou xod tcov ovhrxoov yivogsvYj. Le malade
est attaché sur une planche; tandis que deux aides ma¬
nœuvrent un appareil destiné à produire des extensions
dans les deux sens, le médecin exerce avec ses pieds une
pression sur la partie démise (fig. 4889). Chacune de
ces miniatures comporterait une étude an™ »
n’est pas de notre compétence. ' 0 qui
A Rome, tout service hospitalier fit longiemn, w
en temps de guerre ou de calamité, il fallail . ul;
particuliers à recevoir les malades dans 'le. U ‘nV‘U!r les
CU1 h maisons 1
Fig. 4880. — Opération sur une planche
Fig. 4888. — Opération sur une barre horizontale.
La première officine publique fut la boutique achetée
aux frais de l’État ( em.pl a publiée taberna) que le Sénat
romain, au dire de Pline, mit en 220 à la disposition
du médecin grec Archagathos L L’insuccès de celte ten¬
tative fut peut-être due à la jalousie des médecins privés'.
En l’absence d’institutions publiques *, les médecins
romains devaient prendre en pension des malades. Un
esclave d’Hadrien, qui
avait voulu tuer son
maître, fut reconnu pour
fou ( furiusus ) et remis
par l’empereur aux mé¬
decins (medicis curnn-
dum dédit)1 ; c'est donc
que ceux-ci acceptaient
de soigner des aliénés
chez eux.
[1 est remarquable
que la loi de 368' sur
les médecins publics,
dont il sera question
plus loin, ne dise rien
de l’officine médicale.
Peut-être eut-elle pour
ésultat, comme l’a pense
le DrVercoutre, de hâter
parla l’établissement des hôpitaux, dus a 1
charitable des chrétiens. Le premier (CIU^ ' (i|t 372
-ne auberge pour voyageurs et Pèle^in*] ^ (‘ con.
I (jriisaleffl
lit est
tics
àCésarée, grâce aux efforts de saint Basil'
struisit ensuite à Amasie, à Constantinople, à
et
cel
u i o 1 1 ensuite a nuiaoicj «a ^ (jj^ g
ailleurs. Le premier voffoxousîov proprmiu"
ui crue fit bâtir Fabiola en 3803 ; elle y 111
Apollonius von Kilium, lllustrierter Kommentar zu der liippohra-
teischen Schrift «mi a&0oo»y, heransgegeben von 'H. Schône, Liepzig 1896,
- 2 Ibid. pl. iv, vu, xvi, xviii. — 3 Liv. 11,47; cf. Rev. arc h. 1880, p. 353.
4 PJin Rat. Eist. XXIX, 13. — 5 Rev. arch. 1880, I, p. 330. Une
maison de médecin, composée de plusieurs chambres dont Tune renfermait des
instruments de chirurgie (chiuurgià), a été découverte au xvin0 siècle a Pompéi
(Mau-Kelsey, Pompei , p. 274). On en connaît une autre de Brcgenz,’ où 'l’on
aussi recueilli une Irousse de chirurgien (Jenny»
Vienne*, 1891, Ae ' — 6
Central-
***j . MitthC^J^ île X»
nmission, Vienne!, 1891, i* fasc.). — 6 C°rs llc 1,1 , DOrti!s di"is ltS
ithéâtre de fidènes (Tac. Ann. IV, Si), les Fless s .illjlol. • Sl’al'|;
n’v
Ann. iv, — rhô îilal-
isons particulières ; il n’v avait donc aucune espèce ^ g^cle av. J-*1'’
:dr. 12. — » Basil. Ep. 37 2. - 9 Hicron. Ep. III, 1°. Dès «c * (1,usC|„iiaDn,
question d’hôpitaux établis, en Inde, par le roi boudd n
ndbuchi ï, 152, 498).
MED
— 1087 —
MED
asség ?ur les places publiques (prima
nialalles ’^’^eïov instituit, in quo aegrotantcs eolli-
oniniuin ce qui prouve combien le service
fJerel, .^../laissait encore à désirer au îv* siècle dans la
'l0 !, ip /j y monde romain .
|tS grands domaines où l’on employait beaucoup
d'esclaves, il y eut de bonne heure des hôpitaux dits
valetudinaria, sous la direction d’un intendant dit supra
paletudinarium 2. A Rome, les esclaves malades étaient
souvent abandonnés dans l’ile du Tibre, où il y avait un
temple d’Esculape ; sans doute leur sort y était digne
de pitié, car Claude, voulant imposer aux maîtres l’obli¬
gation de soigner leurs esclaves, décréta que ceux qu’on
abandonnerait ainsi seraient libres et le resteraient
en cas de guérison ; le maître qui tuerait un esclave ma¬
lade pour n’avoir pas à le soigner serait poursuivi pour
homicide3. Une pareille loi en dit long sur la brutalité
des mœurs romaines même à l’époque de la civilisation
la plus brillante. On ne peut considérer comme des
hôpitaux les éditîces que le sénateur Antonin (peut-être
Anlonin le Pieux) lit construire près du temple d’Escu-
lape à hpidaure4 ; c’étaient des asiles pour les femmes
en couches et les mourants, qui ne devaient pas souiller
le temple de leur présence. Je ne sais sur quoi l’on s’est
fonde pour attribuer à l’empereur Antonin des construc-
ll°ns analogues dans l’île du Tibre 5.
Ah Médecins publics militaires 6. — Nous étudie¬
rons les médecins militaires avant les médecins publics
odés, parce que les premiers sont incontestablement
les plus anciens. Aucune civilisation, quelque primitive
qu’elle fût, n’a pu ignorer les rudiments de la médecine
militaire, c’est-à-dire l’art des pansements. Dans 1 Iliade,
elle paraît déjà à l’état de science fort avancée,
d’où un médecin militaire allemand, Frühlich, a conclu
qu’ilomère avait été lui-même médecin d armée '.
Diodore dit que Machaon et Podalire se distinguèrent
tellement au siège de Troie qu on les dispensa de prendre
part aux batailles et qu’on les exempta de toutes les
charges publiques8; il est à peine besoin de dire que ce
récit evhémériste indique seulement les privilèges des
médecins militaires à l’époque ou écrivait Diodore ou
l’auteur qu’il a suivi. Les baraquements, xÀiffîat, dont il est
question dans Y Iliade'3, paraissent avoir servi aussi de
lazarets de campagne; c’est là que les blessés recevaient
des soins10. Les auteurs hippocratiques mentionnent
plusieurs fois la médecine militaire; 1 un d eux 11 recom¬
mande aux chirurgiens de se joindre aux troupes de
mercenaires afin d’avoir l’occasion de se perfectionner
dans leur art. Au siège de Daton, en 453, il devait y avoir
des Asclépiades, car des cas de blessures reçues dans
celte campagne sont relatés aux livres \ et \ II des Epi¬
démies. Un Asclépiade, Nebrus de Cos, prit part a la
guerre de Crissa, où il se rendit sur une galère à cinquante
rames, équipée à ses frais, pourvue de tout ce qu’il (allait
pour traiter les malades et pour combattre (v-TjSEi'.x; ve
’iTjTpocàç y. où 'jroXeu.'.xxç) 1 3 . Au moment où Alcibiade allail
partir pour la Sicile, Hippocrate désigna son fils Thessalos
pour accompagner sans salaire l’expédition ; il reçut en
récompense des Athéniens une couronne d or11. A Sparte,
l’ordre de bataille prescrivait qu’au moment du combat les
compagnons de tente du roi, les devins, les médecins
et les joueurs de tlùte se trouvassent réunis en un même
lieu, à la disposition du chef militaire14. La sollicitude
des médecins s’étendait même aux morts : ils les pansaient
et les lavaient avant de les ensevelir, afin qu ils descen¬
dissent décemment dans la tombe 15. L’armée perse avait
aussi des médecins10, qui soignaient même les captifs
blessés11; on se préoccupait des blessés qu on ne pou¬
vait emmener, et Xerxès laissa nombre de soldais
malades dans les villes qu il traversa dans sa retraite, en
les recommandant à la sollicitude des magistrats ".
Xénophon a donné des détails sur la médecine militaire
en racontant l’expédition des Dix Mille. Us avaient des
médecins pour soigner les blessés après la bataille1'1, les
transportaient à la suite des hommes valides, retardaient
parfois leur marche par égard pour eux 20 et les logaienl,
dès qu’ils pouvaient, dans des villes amies'21. Les ambu¬
lances privées installées dans les villes grecques rece¬
vaient aussi les blessés ennemis22. Un chef des Dix Mille,
Cheirisophos, mourut d’un fébrifuge administré a contrc-
en pai-liruii C0,llre' n,'cA. 1880, I, p. 300. Sur les soins donnés aux malades,
'oir J ' i „ i ' * *esd*aep®s et les veuves, dans les premiers lempsdu christianisme,
t/Iegc r h ®8 Stl- : c^- Uaeser, Gesch. christlicher Kranken-
llucldclitlr'i' r" P’ Des édifices hospitaliers , Paris, 1893 ; E. Dietrich,
II, 3 • Col ' J lltw‘c,cl,lny der Krankenp/leye, Berlin, 1898. — 2 Cat. De re rust.
Tic. Mai >1 r " rust’ 1; XIII, 3; Sen. De Ira, I, 10; Quaest. nat. 1 praef. ;
mus supra i , / 111 ‘llscr*Pt‘°n [Bull, communale, 1887, p. 201) mentionne un Alchi-
Pauly-Wisso^ Lll"Untt_Tium- ~ 3 Suet. Claud. 25 ; cf. Thraemer, art. askiepios dans
Biun, Gesch il lj " I'aus' U, 27 ; cf. la note de Frazcr, p. 257. — ■> Pusch-
«pu d Qr 4 ’"edicin. Unterrichts, p. 95. — o Kiilin, De medieorum militum
1809, |,p. a,* .' p an0SΓe c™dicione, 8 progr. Leipzig, 1821-1827 (cf. lier, arcli.
4i«, GroniugyJ | ( f 'i'lovcn> De Machaone et Podalirio primis medicis militari-
'860 ; Pétreuuin / ' *!riau' serV‘ce de santé militaire chez les Romains, Paris,
Ueber ^ ! [ ansPort des blessés chez les anciens, Anvers, 1872 ; Frfihlich,
l/schii urgiç dcr aifen /lijaier, in Archiv filr lelin. Chirurgie,
1. XXV (1880), p. 285 ; Molliérc, De l'assistance aux blessés avant l'organisation
des armées permanentes, in Lyon médical, 1888 ; Corlicu, La méd. milit. dans
l'antiquité, in Itev. scient. 1892, n° 20 ; Marcuse, Das Sanitâtsicesen in den Heeren
der Alt en, Munich, 1899; Puschmann, Gesch. des medic. Unterrichts, p. 58 sq.
Un empirique, Héraclide de Tarante, avait écrit un livre inlilulé (Gale».
Xlll, 725), qui est peut-être le premier ouvrage relatif à la médecine militaire
(Spcengel-Rosenbaum, p. 587). — 7 Frfihlich, Die Alilitàrmedicin Homers, Stutt¬
gart, 1879. — 8 Diod.Sic. IV, 71. — 9 Hom. II. XVI, 25S ; XXIV, 419, etc. — 10 Frfih- m
lich, Baracken im trojanisclien Krieye, in Virchow's Archiv fürpathol. Anatomie,
I LXXI, p. 509 (1877); cf. Bursian’s Jahresb. 1879, 111, p. 228. — U Hippocr. IX,
218, _ 12 Hippocr. IX, 407. — 18 Ibid. IX, 423. -• H Xen. Resp. Laced. 13.
_ 15 Eurip. Troad. 1152, 1232; Phoeniss. 1603 et le Scliol. — '6 Xen. Cyrop.
I 6, 12. - » Ibid. 111,2, 12; V, 4, 18. - 1* Herod. VIII, 115. — 19 Xen.
Anub. 111, 4, 30. - 20 Ibid. III, V, 30. — 21 Ibid. V, 5, 4. — 22 Ibid.
VU, 2, 0.
MED
— 1688 —
MED
temps, preuve qu'il n'y avait pas seulement, des chirur¬
giens dans l’armée, mais des médecins1.
Les Romains montrèrent longtemps moins d'égards
pour leurs troupes en campagne. On racontait, il est
vrai, que le prêtre Umbro avait fait office de médecin
dans la guerre des Troyens contre les Rutules, guérissant
au moyen d'incantations et d’herbes magiques'2 ; qu'Énée
blessé avait été soigné par lapis, favori d’Apollon3 ;
mais ce sont là des reflets de l’épopée grecque. A
l’époque des grandes guerres de Rome en Italie, les
soldats pansaient leurs blessures entre eux et se pansaient
eux mêmes avec les bandages qui lirent toujours partie
de leur équipement4. Denys6 rapporte qu’en 469 les
soldats romains refusèrentde se battre contre les Volsques
et que beaucoup se mirent des bandages pour simuler des
Fig. 4891. — Médecins militaires soignant des blessés*#.
blessures. Après la journée de Sutrium, en 309, il mourut
plus de blessés, faute de soins, qu’il n’était tombé de
soldats dans la bataille6. Les blessés transportables
étaient évacués sur les derrières \ ou dans le camp8, ou,
si les communications le permettaient, sur Rome 3 ou
sur les villes alliées10. Polybe, décrivant avec détail le
camp romain, ne parle pas d’un endroit réservé au soin
des malades. Les seuls médecins étaient, semble-t-il,
ceux que les chefs militaires emmenaient à titre privé11.’
Cependant, dans ce domaine, comme partout, l’in¬
fluence bienfaisante de l’hellénisme se fit sentir; lorsque
l’armée romaine devint permanente, elle eut des méde¬
cins permanents qui servaient avec rang de légion¬
naires. Le plus ancien témoignage que nous ayons
à ce sujet est celui d’Onésandre, au ier siècle ap. J.-C.;
mais il ne parle pas des médecins d’armée comme
dune institution récente. On connaît, du temps de
Claude, le monument funéraire d'un médecin de la
XXIe légion à Vindonissa: c’était un affranchi nommé
Claudius Hymnus12. Personne ne trouva mauvais qu’il
y eût des chirurgiens sur les champs de bataille ; mais
1 Ibid. VI, 4, H;cf. Jtev. arch. 1863, I, p. 201. — * Virg. Aen. VII, 752.-3 Ibid.
XII, 395.-4 Tac. Ann. IV, G3. — 3 Dion. Haï. Ant. Rom. IX, 50. — G Liv.
IX, 32. — 7 Dion. Hal. Ant. Rom. VIII, 05; Liv. XXX, 34. — 8 Liv. VIII, 3G; X, 35.
— 9 Liv. Il, 17. — 10 Liv. XXII, 54; XXVII, 2; XL, 33. — H Polyb. VI,
27. II est question de Marus médecin de Scrranus à la bataille de Trasimène, de
Cléanlhe médecin de Caton d’Utique, de Glycon médecin de Vibius Pansa, etc.
• (Sil. Punie. VI, 90; Plut. Cat. min. 70;Suet. Oct. 11; Cic. ad R rut. G; Tac. Ann .
I, 10). — !2Brunner, Die Spuren der rôm. Aertze auf dem Boden der Schweiz ,
p. 20. — 13 Onesand. Strategie. I, 13, 14 (éd. Teubner, p. 5); Veg. De re milit.
III, 2. — *4 Au dire de Végèce [De remit. II. 2, 3), c’est au chef d’armée, et non
au médecin, qu’il appartient a’interdire aux soldats l’emploi des eaux marécageuses
comme boisson. — 15 Mommsen, Eph. epigr. IV, 530; Cichorius, ap. Pauly-
Wissowa, I, 1227 ; IV, 23G. C’est par erreur que Briau et d’autres écrivains
comptent quatre médecins par cohorte et vingt et un par légion. Dans les armées
le service de santé en temps de paix fui iv. •
tiques dont Onésandre eL Végèce nous ,1 Tl ^ Cri'
1 écho. On alléguait que la parole du chef él ■ , mis
que les médicaments, que les exercir P US Ulile '
entretenaient la santé des hommes
médecins 13. Quoi qu’il en soit, le service de s J?6.1®*
ganisa et devint une institution régulière Sor'
da,H cesser d'être subordonnée au
1 époque impériale, les médecins militaires ,««/• ' A
narü, medici legionis (probablement un par 'ai" ^
cohorte) 1 s passaient la visite des malades dans lj u i
les y traitaient quand la maladie était légère16 et i
les cas graves, les faisaient porter au valetudinaril
(hôpital); ils accompagnaient les légionnaires1' dans 1
manœuvres, les marches et les expéditions militaire^
sur la colonne Trajane (fig. 4891), ils ne se distinguent des
soldats ni parle costume ni par l’armement Aurélien
étant tribun, dut interdire aux médecins, comme aux
haruspices, de se faire donner de l’argent parles hommes:
c’est donc que cet abus existait au m° siècle18.
Dès l’époque de Cicéron, il y avait dans les camps des
lentes spéciales pour les malades20. Chaque camp de
légion possédait un hôpital, silué à gauche do. la porte
prétorienne, dans un endroit isolé et tranquille21; la
surveillance et l’administration incombaient à un officier
hors cadres, optio valetudinaril 22. Les malades étaient
soignés par des infirmiers 23 et le service médical dirigé
par un medicus castrensis ou castrorum , supérieur aux
médecins légionnaires24. Les médecins, les malades et
les dépenses qui les concernaient relevaient du prae-
fectus castrorum 28.
Les historiens romains du temps de l’Empire ont sou¬
vent loué la sollicitude des chefs d’armée à l’égard des
blessés et des malades. Tibère, à une époque ou le service
de santé n’était pas organisé encore, mettait sa voiture,
sa litière, ses médecins, sa cuisine, même son appareil de
bain portatif à la disposition de tous ceux qui en avaient
^besoin (il s’agit sans douLe des officiers seulement
Germanicus visitait les blessés, leur distribuait des encou¬
ragements et des secours27. Trajan, plus généreux encore,
se dépouilla un jour de ses propres vêtements pour faire
des bandages desLinés aux pansements28. Hadrien allait
trouver les soldats malades dans leurs cantonnements
(in hospitiis) 29. Alexandre Sévère faisait de même lu
tournée des lentes où reposaient les blessés (per tentoi un,
il leur procurait des chariots suspendus (carpenln I " ,UI
suivre l’armée et, quand ils étaient très malu<k>,
plaçait chez des particuliers qui recevaient une iiu |Iinl
pour les soigner, soit qu’ils guérissent, soit qu il.-' 111
eussent30. Lorsque Valentinien eut une ntlaqm ,ll
plexie sur les bords du Danube, en 375, on mil
à trouver un médecin, parce que le prince, uniqu
actuelles, il y a environ un médefcin pour mille hommes t^01'1^’ Goth.
29 oct. 1892). — 10 Plin. Paneg. 13; Lamprid. Alex. Se v. 4- ; 'm" . Colltn„e
II, p. 153. — *7 Cagnat, Armée romaine d Afrique , p. — *>■ amprid Ak*'
Trajane , pl. lxv. — 19 Vopisc. Aurel. 7. — 20 Lie. T use. IL 1'* * c , gran)bacl>,
Sev.il. — 21 Dig. L, #, 7; Vegct. U, 10; Hygin- De munit, w ^ ,cj
Corp. inscr. Rh. 4G2. Le témoignage de Hygin est h plu -euer f^r schtoeiSi-,
restes d’un lazaret militaire romain à Baden (Suisse), c. n J Zurich, 18®®*
A Iterthumskunde. 1895, n»2; E. Rose, Ein rômisches Mihtursp - L> C.
— 22 Corp. inscr. lat. VIII, 2553, 2563; IX, 1617, Brani >• et Diss*1^'
— 23 Dig. L, 6, 7. — 21 Annali dell’ Instit. 1885, p. 230, .8 ■ ^ _ ;s v’cgel.
Inscr. de Lyon, 1,437; Cagnat, Armée rom. d'Afrique, P- ( ' _ 28 plin.
De re milit. II, 10. — 26 Vell. Pat. II, H4. - 2 Jac‘ _ 30 bainprl(^
Paneg. 13; Dio Cass. LXVItl, 8. - 29 Spart, ffadr.
Sev. 40.
1689 —
MED
MED
, de ses troupes, les avait tous envoyés au loin
préoccupe at a Toutefois, le soin que prennent les
auprès «1( * * • na]er ces marques d’humanité à la guerre
historiens üc. ^ ^ dureté et l’indifférence pour les
Pr0uve encore dans les mœurs ; j’ajoute que je ne
blessés etaK témoignage romain touchant les soins
Lnnaispas un s_ aux blessés de l’armée ennemie,
donnes pai ^ ion davantage d’ambulanciers chargés
11 n'eS lq r ■ les blessés pendant la bataille et de les sous-
de reçue, n souffranCes. Pour trouver mention
lr aireains' 1 voiante, il faut descendre jusqu’au
d’unCJ" époque où l’empereur Maurice (582-602) orga-
VI ,in noms de cavaliers appelés oxp^uv.; ou oettotcctci
Tultali) qui étaient chargés d’emporter les blessés et
Tflcpvaient une prime pour chaque soldat qu’ils sauvaient
1 éon le Philosophe (886-911) augmenta le nombre
cavaliers qui, pour procurer un soulagement
immédiat aux blessés, étaient munis de bouteilles d eau-.
Un médecin militaire pouvait, à l’occasion, donner ses
soins à des civils3. Son temps de service accompli,
il devenait parfois médecin civil, à titre privé ou public4.
Une inscription fait connaître un médecin public, sala-
mrius civitatis splendidissùnae Ferentinensium, qui
avait été auparavant médecin militaire des ailes Indiana
et Ter.tia Asturum \ Un médecin de légion, Kalli-
morphos, raillé par Lucien, écrivit le récit des campagnes
auxquelles il avait pris part6. En général, les médecins
militaires ne paraissent pas avoir joui d’un grand crédit.
Galien, tout en décernant des éloges à l’un d’eux, nommé
Antigonos, reproche leur ignorance en anatomie ù ceux
qui suivirent Marc-Aurèle dans sa campagne contre les
Marcomans ' .
Il y avait également des médecins de la marine. Dans
les inscriptions romaines, ils sont souvent appelés dupli-
carii (soldats touchant double ration ou double solde)
et leur nom est accompagné de celui de leur navire,
preuve qu’ils étaienL attachés à tel ou tel bâtiment3.
Galien mentionne un» oculiste attaché à la flotte de
Bretagne (ôüjto; ôOaAgocbç cxoAou [îpsTTavtxou) 9. Une
inscription de Bouyoukdéré a conservé la nomenclature
de l’état-major et de l’équipage d’une tétrère de Cos
commandée par Q. Terentius Varron 10 : le médecin y est
nommé à la suite des officiers, immédiatement avant les
matelots (ÈTuSaxat) , ce qui donne à penser que dans la
marine, comme dans l’armée romaine, les médecins
étaient loin de jouir de la considération et des honneurs
quon leur accorde aujourd’hui dans ces milieux.
Médecins de cour. — Les médecins privés des
pnnees ont joué un rôle important auprès des monar¬
ques achéménides et macédoniens, comme auprès des
successeurs d Alexandre et des empereurs. Représentants
1 la science hellénique, ils ont contribué à lui faire
trou ut crédit et à répandre ses enseignements.
Jusque vers 515 av. J.-C., les Achéménides deman-
m n 1 ^es médecins à l’Égypte : Cyrus avait appelé un
_ », i !)an- 6.-2 Maurit. Ars milit. II, 8; Leon. Tact. IV, 15, 6
52, 1 _ q n 1 « • ’ ^ médecin eslappelé taxçbç toj cTpaTonéSou. — Cod.Just. .
Xlll, 604 6 Luc. Quom. hist. conscrib. 10. — ^ Galon. XII, 55’
Orellj 3640 s ^ trrcr0’ ^ or^namento delle armate romane, Turin, 1878, p. 50, 0
Praef q[ |x U\ '°S ,tu^ecins de la marine à l’époque byzantine, voir Paul d'Egin
— 9 Galcn \„ ->< h’ *n byzantinischer Zeit, in Janus , 1902, p. 1
rei/,. iggg * , ’ Magnat, Armée rom. d'Afrique , p. 184. — 10 Oesterr. J a
— 13 U |V,P’ ? ’ ^ev-a>'ch. 1898, II,443,noll9.-ll Herod. 111,1.-12 Id. 111, 12
,u* m, 1 25. < 0
P- 38 (éd J [, ’ ““ f Soranus,ap. Gai en. éd. Külin, III, 851; cf. Hippoc
*•<). iu Clinton, Fast. I/ellen. II, 222. — 10 Héliod. Aethio
oculiste de ce pays" ; Darius était entouré de médecins
égyptiens1-. Mais ceux-ci ayant été impuissants à le
guérir d’une fracture, Darius s adressa a Democédès de
Crotone, dont l’histoire, contée par Hérodote1 , est des
plus instructives. Démocédès s’était établi comme
médecin public à Égine, où il recevait un traitement
annuel d’un talent; il se rendit ensuite, dans la même
qualité, à Athènes, où il toucha cent mines, puis, 1 annee
d’après, ù Samos, où Polycrate 1 attira par un salaire de
deux talents. Fait prisonnier avec Polycrate par le gou¬
verneur perse de Sardes, en 522, il fut amené ca.pt i 1 a la
cour de Darius à Suse. Là, il se rendit célèbre par la
guérison de la blessure de Darius et d une tumeur
qu’Atossa avait au sein. Quand il réussit a quitter la
Perse et à retourner à Crotone, les Perses envoyèrent
une ambassade qui tenta vainement de le ramener.
Le grand Hippocrate fut, dit-on, appelé auprès de Pei-
diccas II, fils d’Alexandre roi de Macédoine, et le guérit
d’une maladie de langueur causée par la passion de ce
jeune homme pour la concubine de son père, Pliila .
Cette histoire est suspecte, d’abord à cause des difficultés
chronologiques qu’elle soulève lo, puis parce quelle a
été relatée aussi, avec quelques variantes, d Érasistrale
et d’Avicenne ; elle se retrouve dans le roman d Héliodore
et les lettres amoureuses d’Aristénète 17 ; Galien raconte,
à son tour, qu’il lui arriva une aventure analogue
Artaxerxès IV Longuemain (465-425) invita vainement
Hippocrate à venir à sa cour; le médecin grec refusa,
alléguant ses devoirs envers sa patrie19. Ae pouvant
s’assurer les services d Hippocrate, le grand roi s adressa
à un autre Asclépiade, Apollonidès de Cos. Ce dernier
guérit Mégabyze, beau-frère du roi, d une blessure
dangereuse, mais devint 1 amant de la femme de Méga-
byze, Amytis. L’intrigue ayant été découverte, Apollo¬
nidès fut abandonné à la cruelle vengeance d’Amestris,
mère d’Artaxercès20. Le fils d’Hippocrate, Thessalos, fut
le médecin d’Archélaos de Macédoine (-413-399) -1.
Au ivc siècle, les princes asiatiques choisirent leurs
médecins parmi les Àsclépiades22. Dexippe, élève d Hip¬
pocrate, guérit les fils d’Hekatomnos (.185-37 / ), Maussollos
et Pixodoros23. Le célèbre Ctésias deCnide-*, Asclépiade,
fut le médecin d’ Artaxerxès II Mnémon et le soigna d'une
blessure de javelot reçue à ta bataille de Cunaxa (401 ,
(405 -362).
Critobule traita Philippe de Macédoine, blessé à l’œil
au siège de Méthone, en 353. Critodème, Asclépiade de
Cos, fut le médecin d’Alexandre après sa blessure en
Inde23; le roi reçut également les soins de Philippe
d’Acarnanie et de Glaucias -1’. Hippocrate IA lut le
médecin de Roxane, femme d’Alexandre ; c’est par
erreur que Suidas l’a confondu avec un autre Asclé¬
piade, Dracon III27. Le roi d’Épire, Pyrrhus, eut pour
médecin Nicias de Soli (aussi nommé Cinéas?)28. Le
savant Érasistrale; médecin de Seleucus Nicator, roi de
Syrie, découvrit la cause de la maladie d’Antiochus, le
IV, 7. — 17 Arist. Ep. I, 13. — '8 Galen. XIV, 630. — >3 llippocr. IX, 317.
Tous les textes concernant cette affaire sont apocryphes. — 20 Ctcsias, De Reb.
Pers. 30, 42. — 21 Galen. XV, 12. — 22 Cf. Heriog, Koitche Forsch. p. 201.
_ 2:1 Suid. s. y. ; Judeich, Kleinasiat. Stud. p. 234. — 2V Slrab. XIV, 050; Dio<l.
Sic II 32; Xcn. Anab. 1, 8 , 27. — 23 plin. Nat. Bist. VU, 124; Arrian. Anab.
VI a, I . _ 20 Philippe le sauva après son bain dans le Cydnus, Diod. XVII, 31 ;
Arr. Anab. Il, 4, 8. Sur Glaucias, Arr. Anab. VII, 14, 4. — 27 Suid. s. v.
* I — — ov &«tïi ; tOapTo; et A pà»u-,. — 28 Le nom de Cinèas médecin es! seulement dans
Aolian. Var. liisl. XII, 33. Le médecin de Pyrrhus est nommé Nicias dans Gcll. III,
8 ; Zonar. Ann. p. 48.
MED
— 1690 —
9
fils aîné du roi, qui était amoureux de sa belle-mère,
Stratonice*. Andréas de Caryste, médecin de PLolémée
Philopator, l'accompagna à la guerre et fut tué, en "217,
peu avant la bataille de Raphia -. Citons encore
Métrodore, médecin d’Antiochus Ier de Syrie (280-261) et
Euphorbe, médecin de Juba II1.
On croyait autrefois que le titre d’archjâtre [arcuiatrus]
datait de l’époque romaine impériale et qu'il avait été
porté d'abord par Andromaque, médecin de Néron4.
Celte opinion s’est trouvée contredite par une inscription
du 11e siècle av. J.-C.5, où un certain Cratère est dit
àpytxTo&ç du roi Anliochus. Une autre inscription de
Delos, que j ai publiée en 1883 b, prouve définitivement
que le litre d archiàtre existait dans les cours des succes¬
seurs d’Alexandre et que c’est des cours des Ptolémées et
des Séleucides qu'il a passé, comme tant d’autres institu¬
tions, à celle des Césars h L’archiatrie étant essentielle¬
ment un poste de confiance, il n’est pas surprenant que
son titulaire ait été revêtu en même temps d’autres
dignités. Dans une inscription de Délos8, il est question
d'un Grec d’Alexandrie qui cumule les titres de chef des
•médecins (stù tÆv laxpwv, sans doute équivalent à
*?/iaxP°’)v de parent (cuYy£V''i?) du roi Ptolémée, d’exégète
et de directeur du Musée. Dans un papyrus de Turin9,
un certain Tatas, nommé médecin royal, (l'xo'tX'.xôç iaxpoç,
est chargé de notifier un ordre émanant du souverain,
d où Peyron a conclu avec raison que le fonctionnaire
revêtu de ce titre exerçait des fonctions analogues à
celles de secrétaire d’Ëtat. Du reste, il est identique à
l’àpy tVpoçdont parle Aristeas, espèce de grand chambellan
qui donna des ordres pour loger et entretenir les soixante-
dix interprètes chargés de traduire la Bible en grec10.
A Rome, nous trouvons d'abord M. Artorius Ascle-
piades, honoré par plusieurs villes grecques, qui sauva
la vie d'Octave en 42, lors de sa campagne contre Brutus
et Cassius; il mourut dans un naufrage, peu après
Actium11. Auguste eut ensuite pour médecin l’affranchi
Antonius Musa, frère d’Euphorbe, qui était médecin du
roi Juba II. Il guérit l’empereur en 23 av. J.-C. par des
bains froids et reçut du Sénat, en récompense, une somme
considérable, l’anneau d’or et une statue élevée près de
celle d'Esculape 12. Eudème, ami et médecin de Livie,
femme de Drusus César, (ils de Tibère, aida à empoisonner
Drusus, de complicité avec Livie, en l’an 23 ap. J.-C.13
Le plus remarquable de ces médecins impériaux fut
Xénophon, Asclépiade de Cos. Son frère aîné s’était
établi médecin à Rome, y avait reçu le droit de cité
sous le nom de Q. Stertinius et gagné des sommes consi¬
dérables14. Caligula obtint qu’il renonçât à sa clientèle
pour devenir médecin impérial. Il appela alors à la cour
son frère Xénophon qui, sous le nom de C. Stertinius,
devint le médecin de l’empereur Claude. Quintus et son
1 Appian. De Reb. Syr. 59 ; Galen. XIV, G30 ; Julian. Misop. 347 ; Luc. De dea Syr.
17; FMin. Nat. Hist. XXIX, 3; Plut. Demetr. 38. — 2 Polyb. V, SI. — 3 Corp.
nsci\ yr. 3596; Plin. Nat. Hist. XXV, 77. — 4 Voir R. Briau, ai l. archiatrus dans
1 c Dict. p. 373. Andromaque Taine est appelé archiàtre de Néron par Galien (XI V, 211 ).
Tliemison, élève d’Asdépiades de Prusc et fondateur de l'école méthodique, est
qualifié d’àpyia-sô; par le Scol. de Ju vénal, X, 221. — Délos, Bull, de corr. helL
l\, 218. — 6 Ibid. VII, 359 (Papias d'Amisos, archiàtre de Mithridate). — 7 L’ar¬
chiatrie est sans doute d’origine égyptienne, car il est question de médecins en chef
du roi depuis la v® dynastie (Puschmann, Handbuch, t. I, p. Gl, 103). La profession
médicale était donc déjà hiérarchisée. — 3 Ibid. III, 470. — 9 Peyron, Fapyri
graeciy I82C. — 10 Bull, de coït. hell. VII, 360; Lelronne, Jourrr. des Sav. 1828,
105. — 11 Plut. Brut. 41; Vcll. Pat. II, 70; Boeckh, ad Corp. iriser, yr. 3285
(il est honoré par le sénat et le peuple de Smyrne icoXu(AaO(a; yà$> tv, en qualité
de ôeoü KaiVaç’Oç a<rr'v7 ta-rjôç) ; Ibid. 2283; Corp . inscr. att . III, 570. — 12 Rio
MED
Irore, arrivés ù l’opulence, construisirent ,
monuments ù Naples, où ils possédaient Z, t bea“*
villas. Quintus mourut sans héritier Y ,loul« «les
chevalier, accompagna Claude e» aT„’Z lll>phon dev
es
m 43 en Br i " vJevinl
tnbunus militum et praefectus fabrunT C°lnm*
1 occasion du triomphe britanniqueen 44 d , , reçul- 4
honorifiques, côrona aurea et hasta min, t ' 'Sl"lclion!i
sur le faible esprit de Claude, Xé„„phon '
de cite pour son oncle Philinos, son frira ri dro,t
sa belle-sœur Phcebé; les deux hommes ïeT'l
nommés tribuns militaires. D'ailleurs il n„ ! fü®1
pas lui-même : Claude appréciait ses conmi!^ ‘“l
littéraires et le nomma secrétaire pour les affaires 2?
ques. 11 n oubliait pas non plus sa patrie et s’ I
d assurer à l'ile de Cos, par l’intermédiaire de son fZ
Cleonyme, les bienfaits de la munificence i.npérialJ
Ainsi, en »3, les Coens reçurent Y immunité1* \ pleins* dèl
gratitude pour Xénophon, ils lui consacrèrent des •
dédicacés où .1 est appelé <piXdx«rop, ftWaéSicç,
SacToç, etc. Xénophon possédait à Rome, sur le Caelius
une maison dont on a retrouvé des traces16. Médecin à
la fois de Claude et d’Agrippine (à^co-Tpi? T<ùv (km
us SatûTfnv), il contribua, de concert avec l’impératrice, à
faire disparaître l’empereur. En récompense de ce
service, il reçut une forte récompense, puis il alla s'établir
à Cos, où il joua le rôle de grand bienfaiteur et fut
comblé de tous les honneurs publics (àpyispsùç twv 0swv,
tspeùç 8tà [i(ou twv SE^aaTaiv, etc.)17. De son vivant même, il
fut qualifié de vjpw; dans la dédicace d’une exèdre
construite en son honneur18. Il est probable qu’il mourut
sans enfants comme son frère; suivant Pline,- il laissa à
ses héritiers (sans doute Cléonvme et ses enfants) la
somme de trente millions de sesterces l0. Claude avait
aussi eu pour médecin Scribonius Largus, qui parait
l'avoir accompagné en Bretagne en 43. Scribonius
est l’auteur d’un livre de recettes que nous possédons
et qui a été utilisé dans l’antiquité même par Sextus
Empiricus'20. Un autre médecin .de Tibère et de Claude
(tarpoi Kaifffxpcüv) fut Tiberius Claudius Ménécratès, men¬
tionné par Galien21 et qu’une inscription désigne comme
un chef d’école, auteur d’un ouvrage important, toi«
Xoyixïjç évapyouç ’taTptxîjç xtiott) èv fkëitioiç pvç . Contentons I
nous de nommer ici Andromaehos, médecin de .Néron ,
L. Arruntius Sempronianus Asclepiades, médecin ej
Domitien; C. Calpurnius Asclepiades de Pruse, inedecin I
de Trajan23. Galien fut appelé en 169 par Marc- A me b et I
Lucius Verus pour les accompagner dans une 1
contre les Germains ; mais Verus mourutet Galien I
un prétexte pour rester à Rome où il y fut successiumen I
le médecin de Marc-Aurèle et du jeune Commodf . I
base fut le médecin de Julien pendantsa campagm • I
les Perses et se trouvait auprès de lui quand il """"
Cass. UII, 30; Schol. ad llor. Ep. I, 15, 3; Suet. Aug. 59, 81 1 : Schol.
38 ; XXIX, 5. Un autre médecin d'Auguste fut Caius Aemiiius (Pline. . .. ^ ^ p,in
ad Hor. Epist. I, 15). — 13 Plin. Nat. Hist. XXIX, S ; Tac. Ann. ^ s,j05; I
Nat. Hist. XXIX, 7. - 15 Tac. Ann. XII, Cl. - 16 Corp. inscr ■ ' ' ^ 3i;,.
Bu/l. com. 1886, p. 104. — 17 Oittenberger, Sgll. 2, 3GS, ' ; '*01^gi j.’ialli /ter. I
— 18 Paton-IIicks, Cos, 93. - 19 Dubois, Bull. corr. hell. Saiboni‘ I
arch. 1882, I, 203; Herzog, Koische Forsch. 189. _ 2° U. * ® I
Largi compositioncs, Leipzig, 1887 ; Marcelli de Medicanu ni ^ grjSU| /, nr- I
— 21 Galon. XIII, 502, 995 ; XIV, 31. — 22 Galen. XIV, -11- "j. xlXl 17. !«• I
chiatrie romaine, Paris. 1877, p. 37. — Galen. XI\, °.VAs (je Xibôre, Crilon
— 25 Philoslorg. VII, 15. Autres médecins impériaux : Ghari ^ Marc-Aurclc, I
de Trajan, Magnos d’Antonin, llermogène d’Hadrien, °™c /puscl,niann, I
Elpidiusde Théodoric. Justinien avait un médecin ecclésiastui
buch, t. I, p. 494).
MED
— 1091
MED
^Alexandre Sévère, la médecine de la maison
I)n temp* . .
le fut définitivement u. R
imperia . r devint fonctionnaire. Un médecin
Udecin deiempci
i I- is medicus palatinus
"u l,a :l ■ n. sjx autres reçurent des indemnités en
organisée : de serviteur, le
o
toucha des appointements
fixes
f salarium) ;
nature
i binas
aut ténias annonas) qui pouvaient
■r Heurs être converties en argent2. La réunion de ces
i :!'l('(.ins impériaux forma le collège des archiatri
une constitution de Constantin exempte de toute
!"' " le; archiâtreset les ex-archiâtres, c’est-à-dire tous
Cmembres anciens ou actuels du collège3. Le titre
Id irchiâtre ne fut probablement attribué aux médecins
[impériaux qu’à l’époque de Dioclétien ; il n’était d’ailleurs
Las exclusif de celui de medicus*. Les archiatri pala¬
tin!, sous le Bas-Empire, étaient spectabiles , comités
primi ou secundi ordinis 3 et pouvaient s’élever aux
plus hautes fonctions politiques et administratives.
Théodoric leur donna un chef ( praesul ), avec le titre de
cornes nrr/iiat rorumh .
XIII .Médecins publics. — P ar opposition aux médecins
privés, [okotêuovtcç, les médecins publics s’appelaient
otkmwuijûvteç1, oTjadstot tavpo ;s; exercer la médecine
publique était dit ÔTigoctsueiv, B7]p.o<7ta ûiry)psT£Ïv lut gudltü9,
IpyoXaêeïv OU èpybv AaSiuv lc.
L’institution îles médecins publics existait de longue
date en Égypte, où chacun, dans les expéditions militaires
et eu voyage, recevait gratuitement les soins que récla¬
mait son état". En Grèce, cette institution dérive proba¬
blement de l’ancien usage d’appeler un médecin dans
une ville quand une épidémie y sévissait ou quand la
santé d’un citoyen de haute distinction était menacée.
l'Odyssée énumère déjà les médecins parmi les artistes
et les artisans que l’on faisait venir de loin12. Les philo¬
sophes thaumaturges du vi° siècle jouèrent plus d’une
lois le rôle de guérisseurs et de purificateurs, frayant
ainsi la voie aux médecins rationalistes du ve siècle.
Ëpimënide de Gnosse fut appelé de Crète à Athènes pour
guérir une peste en qualité de xaôapvijç13. Empédocle,
sans exercer de fonctions publiques, fut, comme nous
dirions aujourd’hui, le chef du service de santé à Agri-
genle. Il fit exécuter des travaux dans l’intérêt de
1 h) giène publique, comme de combler l’espace entre deux
collines qui donnait passage au vent du midi 14 ou de
*('hi de 1 eau courante dans la rivière stagnante de
é inonle, ce qui mit fin à une peste18. Lors d’une autre
rpu i mie, il fit procéder à des fumigations dans la ville16.
11 111 d h ibuait aussi des guérisons miraculeuses, oble-
, *M1.1 ''"'Ploi d incantations. Acron d’Agrigente, con-
mi (|i, iin il Empédocle, fut appelé à Athènes pour mettre
deln "n,| ' ' bes Spartiates aussi faisaient venir du
qU jl '.i ' Ls m<“decins, comme Thalétas de Gortyne, lors-
P ai* luendre des mesures contre une épidémie18,
êprnim '| !>aS MirPrenanl que les villes grecques, ayant
temns p / bienfaisants d’un médecin public en
1 P11 < mie, aient cherché à s’en assurer le béné¬
fice permanent. Quelques-unes d’entre elles ont dû
entrer dans cette voie dès la fin du vi® siècle, car a
l’époque où Charondas légiférait à Catane, vers
l’institution de la médecine officielle était déjà assez
connue pour que Charondas ait voulu, suivant Diodore,
que l’inslructiorl fût gratuite comme la médecine1'.
Toutefois, en temps d’épidémie et de calamité publique,
les villes continuèrent à faire appel aux lumières de
médecins étrangers, soit qu’elles n’en possédassent pas
elles-mêmes, soit que les nouveaux venus eussent plus
de litres à la confiance. Un exemple intéressant, à cet
égard, est fourni par le texte chypriote de la tablette
de bronze d’Idalion20. C’est un contrai passé entre
cette ville et une famille de médecins, à la suite d'un
siège soutenu au V siècle contre les Mèdes (Perses
et les Ciliens. Le roi et la ville ont invité le médecin
Onasilos et ses frères à venir soigner gratuitement ceux
qui ont souffert des suites de la guerre; ils prennent
l’engagement de donner à Onasilos et à ses frères, en
guise d’honoraires, la somme d’un talent, prélevée sur la
maison du roi et sur le trésor de la cité. A défaut d'ar¬
gent, les médecins recevront, sur les terres du roi, des
biens-fonds dont l’emplacement est désigné, qui leur
appartiendront en toute propriété, à perpétuité et sans
redevance. A Onasilos, en particulier, le roi et la ville
promettent de donner une certaine somme ou, à défaut,
certains domaines décrits dans le contrat. Le roi et la
ville ont déposé le contrat auprès de la déesse Athéné
d’Idalion, avec serment d’en tenir les clauses à perpétuité.
Le grand Hippocrate, qui avait été appelé par les
Abdéritains pour soigner leur philosophe Déinocrite21,
se rendit, dit-on, à Athènes pour combattre la fameuse
épidémie de peste et la fit cesser en allumant de grands
feux dans la ville, en y suspendant des guirlandes de
fleurs et en prescrivant un antidote dont Jean Actuaire
a conservé la formule22. Nous citerons plus loin d’autres
exemples de faits analogues, en parlant des honneurs
rendus à des médecins publics.
L’importance de la médecine publique explique que
les cités grecques se soient disputé les praticiens émi¬
nents à prix d’or, comme certaines universités d’aujour¬
d’hui se disputent les professeurs. On a lu plus haut ï; XII)
l'histoire de Démocédès, qu’Égine enleva à Crolone,
qu’ Athènes enleva à Égine, que Samos enleva à Athènes
et dont Darius finit par faire son prisonnier de guerre
et son médecin.
Aujourd’hui encore, dans bien des îles de l’Archipel,
les médecins reçoivent de la communauté un salaire fixe
à la condition de donner gratuitement leurs soins23. Telle
était aussi, dans l’antiquité, l’institution de la médecine
publique24. A Athènes, les médecins étaient choisis par
les citoyens, qui se réunissaient irsot iavpwv atpéucw;25 ;
les candidats tenaient des discours à l’assemblée, décla¬
raient quels avaient été leurs maîtres et comment ils
avaient exercé jusque-là leur art. Nous ignorons com-
1 Lumpi'iil. Alex. Sev /»
3 Cor/. T/wnr/ a , lacquoy, De la condition des médecins, p. 10
'■ l>. 95. _ 5 (\ Tt,*1 l>r°/’' XIH’ “ 4 Cod' Just- X1- 10, 52, cf. Jacquc
XII, 13. __ ,| . . T'le0d- V’h 16, 1 ; XI, 18, 1 ; XIII,. 3-12; 14, 10, 18 ; Co
~~ * Slrab. p. 1M V“r' VI, 19. - 1 Plat. Gorg. 514; Polit, p. 28
!u ; corr. htll iQr!,!’ *' V‘ ~ 10 Xcn- Mem. IV, 2, 5 ; Prit. Mus. In,<
8i' ~ 13 Uiog. Laon i \ nn "39’ ~ “ Diod' Sic' h 8-- ~ 12 «Om. Odÿss. XV
r!ü Di«g. Laert. I 7n ’ Vf’ rU0; Max' Tyr- Diss- 22‘ - 14 Plut. Ad». Colot. ;
O,"’'80> p. 568- p.,,.' . . Plln' NaL XXXVI, 69. - 17 Plut. De Isid.
’ P**. Aegm. IJ, 34. _ 18 Aelian. Van. Hist. XII, 50 ; Plut. .
Music. 42; Paus. I, 14. — Diod. XII, 12, 4. Cesl à tort que MM. Vcrcoutre et
Ziebarth ont prétendu conclure de ee passage riue l'institution de la médecine publique
remontait à Charondas (cf. Herzog, Koische Forsch. p. 205). — 20 Cf. Collitz-
Dcccke, Griech. Dialekt-inschriften , 1,60; Créai, Journ. des Sac. 1877, p. 555.
— 21 Hippocr. IX, 349, 387; Diog. I.aert. IX, 42; Tzetzés, Chil. 11, 983. _ 22 Hip-
pocr. IX, 419, 421 ; Joann. Actuar. De Meth. Med. p. 264 (éd. U. Stoph.). Tout cela
paraît appartenir au domaine de la légende. — 23 Reinach-New ton, Traité dépigr.
grecque, p. 50. — 24 Suid. s. v. Sripoïuùiiv. — 25 Plat. Gorg. 435; Scliol. Arisloph.
Acharn. 1029 (ot Sripoci'a £t:çoTovoO;uvoi tcerpoi «al Sr.noiiot spoTxa iOtoiscjov).
MED
— 1092 —
MED
bien il y avait de médecins publics à Athènes, mais il
est certain qu’on s'est trompé en supposant qu'il n’y en
avait qu'un seul, car une inscription nous apprend que
les médecins publics, îaxpoi oT1p.o<7tEÛovxsç, sacrifiaient
deux fois par an à Asklépios et à Hygie1, pour recon¬
naître les bienfaits des dieux à l’égard de leurs malades
et d’eux-mêmes*. Le fait que Platon dit qu’on choisis¬
sait le plus habile, Tsyvix coxaxov, ne prouve pas qu'il n’y
eût qu’un seul médecin ; il s’agit d’une vacance à combler
dans le corps des médecins publics. Les médecins publics
n’étaient pas des spécialistes, mais soignaient toutes les
maladies3. La cité mettait à leur disposition un local, le
txxpsïov, servant aux consultations, aux opérations et à
l'hospitalisation des malades (cf. § X). Les médicaments
devaient être payés par l’État, car, dans une inscription
athénienne, Événor est loué pour avoir, « préposé par le
peuple à la préparation des médicaments, dépensé un
talent à ce service » ; c’est donc, conclut avec raison
le Dr Yercoutre, qu'il n’était pas tenu de le faire’". Eu
revanche, le médecin devait ses soins et l’hospitalité à
titre gratuit. Dans les Acha miens 5, Dicéopolis répond à
un paysan qui lui demande un collyre qu’il n’est pas
médecin public et qu'il s’adresse aux auxiliaires de
Pittalos; plus loin 6, Lamachos blessé se fait porter chez
le même Pittalos7. Il faut encore conclure du premier de
ces textes que les médecins publics avaient des auxi¬
liaires, qui étaient probablement des esclaves publics.
A l'époque de Xénophon, les villes grecques quelque
peu importantes possédaient des médecins publics ;
Cyrus en fait la remarque8 et il est probable que cet
usage s’était introduit même dans des colonies lointaines,
par exemple à Marseille, qui possédait des médecins
publics avant Strabon9.
Nous avons vu que la médecine publique avait été
inaugurée à Rome par Archagathos,mais que cette tenta¬
tive n’avait pas eu de succès (§ 11) i0. Il fallut attendre
longtemps avant que la médecine officielle, organisée dans
les provinces sur le modèle donné par les villes grecques,
le fût aussi dans la capitale de l’Empire. On trouve des
médecins publics, désignés depuis le n° siècle sous le
nom d'archiâtres, à Alabanda, Anaphé, Aphrodisias,
Calymnos, Claudiopolis, Coloé, Euromos, Éphèse, Iliéra
de Lesbos, Labranda, Lampsaque, Sparte, Trézène, etc H.
L'intervention du gouvernement romain parait avoir été
motivée d’abord par des considérations fiscales. Depuis
Jules César, les médecins publics jouissaient d'immu¬
nités qui durent amener certaines villes à en accroître le
nombre outre mesure, ce qui portait préjudice à l'État
et provoquait une inégale répartition des charges. Ainsi
s’explique le décret d’Antonin le Pieux, qui régularisa
l'institution des archiâtres municipaux et en fixa le
nombre suivant l’importance des cités 12. « Les moindres
cités, dit Antonin, peuvent avoir cinq médecins jouis¬
sant de l’immunité, trois sophistes et autant de gram¬
mairiens; les villes plus importantes peuvent avoir
1 Xeu. Menti. IV, 2, 5; Cf. Cyt*. 1, 6, 15 ai u<rai uytatvtiv latpoù;
aiçoiXvTat). — 2 Corp. inscr. ntt. II, 11. 352 b : uzlj n aÛT<î»v xa\ t«5v ma\xù.n»'/ wv
exaarot lâaavTo. —3 Aristoph. Ac/iarn. 1030. — '*■ Rev. arch. 1880, I, 33G. — » Aris-
toph. Acharn. 1030. — 6 Ibid. 1222. — 7 Cf. Aristoph. Vesp. 1432. où l’on con¬
seille à quclqu un daller chez Pittalos. — 8 Xen. Cyr. I 6, 15. — 9 Slrab. p. 181.
— 10 Les monnaies avec la légende triumviri valetudinis sont une fiction qui
devrait bien disparaître des ouvrages sérieux. En réalité, il s’agit de monnaies
de la gens Acilia, vers 50 av. J-C., frappées par M. Acilius triumvir (mone-
talis) et ayant au revers une figure d’Hygie avec la légende valetv (Mommsen -
lilacas, Rist. de la monn. rom. II, 497). Donc, il n’y a jamais eu de triumvirs
sept médecins et quatre professeurs de l'un,
science; enfin, les plus grandes villes r)(1 * 01 1 âulr»
dix médecins, cinq rhéteurs et autant de inn "'". avoir
Au-dessus de ce nombre, même les plus m' "']"aU'iens- 1
ne pourront conférer l’immunité. Il convienM V'"°s
dans la première classe les capitales des proy ' ' rang0r
la seconde les villes qui ont un tribunal le 4ns
troisième u. » Modestin ajoute que la curie
nuer, mais non augmenter le nombre des
publics prévus par la loi u. Ou voit qu elle „'obli
les cites a entretenir des médecins publics mais ( '
les astreint seulement à n’en point entretenir ^7 ^
grand nombre. roP
Dans la loi d’Antonin, les médecins municipaux J
sont pas qualifiés d’archiâtres; mais comme cette dési
gnation parait sur les inscriptions, il est probable que
dans la pratique, ils étaient appelés ainsi avant de
l’être dans les textes législatifs.
La nomination des médecins appartenait à Ynrdo et
aux possessores , et non, comme on l’a dit, au conseil des
médecins publics : « Le pouvoir de faire entrer des
médecins dans le nombre réglementaire \intra mime -
rum praefinitum) n’appartient pas au président de la
province ( praesidi provinciae ), ma s au conseil et aux
propriétaires ( ordini et possessoribus) de chaque cité,
afin que, assurés de leur probité, de leur moralité et de
leur habileté dans l’art, ils choisissent ceux auxquels ils
se confient, eux et leurs enfants, dans leurs maladies15. »
Une fois élus, les médecins recevaient l’investiture de
la curie, qui leur conférait les immunités et les salaires
attachés à l'exercice de leurs fonctions. Ils pouvaient
être destitués pour négligence par la même autorité qui
les avait élus16.
L’institution, comme nous l’avons dit, fut plus lente à
s’implanter dans les capitales de l’Empire. Elle y fut
organisée en 3(58, par une constitution de Valons et de
Valentinien, rendue à l’instigation de Praetextatus, préfet
de Rome17 : « 11 est institué autant d'archiâtres qu il y a
de régions dans la ville, en outre de ceux du Xyste et
des Vestales 18. Que les médecins, sachant que des salaires
annuels leur sont servis par le peuple, aiment mieux
donner honnêtement leurs soins aux pauvres que de
servir honteusement les riches. Nous leur permettons
d’accepter ce que, pour les soins qu ils donnait
leur offrent les malades guéris, mais non ce que es
malades en danger leur promettent pour 'I11 ^ 1
sauvent. Que si la mort ou un autre événement un at
l'un d’entre eux du nombre des archiâtres, on m 1 lX
pas le remplacer à l'aide du patronage d un puis 11 ^
de la protection des votants, mais par le choix -un 1 ^ ^
prudent de tous les autres, lesquels choisiront ci ■
sera digne de cette préférence, de la dignité « un ^
et de notre propre assentiment. On duwu n ^19 #
référer immédiatement au sujet de sa nomma i ^
Deux ans après, en 370, les mêmes empei cuis i
chargés, à Rome, des services d’hygiène. - 11 Marquardl, ^ ^ /as ('■
p. 755. Pour Calymnos, cf. Brit. Mus. Inscr. 258, pour ^ ^ guromos, Wadd.
d’Asie Mineure, n° 3, p. 20 (à^iat^; *a! 161 j*
De la condition t
Le Bas, 314 (àpxiatçbç T'is «ôXews) ; pour Ephèse, Wadd. L ^ ^ conditi°n ^l S
ve'vouç) ; pour Labrauda, Corp. inscr. gr. 2714. - « Jacquey. ^ { p
médecins , p. 9G. — 13 Modest. Dig- XXVIII, 1, G» -• \XVII 1 ôetll»^’
- 15 Ulpien, Dig. L, 9, 1 ; .Jacquey, Op. L p. 98. - ^ig- - ^ àRomesei
Cod. Just. X , 52, 2, 7. — n Cod. Theod. XIII, 3, 8. - Cel ■ ^ M Jacquey a
archiâtres, dont quatorze pour les régions. — 19 Jacquey, p- municip»11*»
justement reconnu que ce texte ne pouvait s appliquer allX
4;
seize
MED
— 1693 —
MED
.|(i détails les formalités relatives au remplace-
i»vecpl"s " c|iiâlres , Pour fajre partie du collège, il
''' Vie candidat fût agréé par sept membres titu-
fàHal1 <*" ini)inS ; le nouveau venu sera inscrit à la suite
Jail'eS pefet avancera graduellement vers les premiers
'ieS ilU|,.s salaires etlesannones auxquels les archiâtres
raiflroiTd’après leur mérite et leur dignité leur
° , distribués par le préfet de la ville. Ainsi l’avance-
scru" (1(,s archiâtres devait avoir lieu à l’ancienneté; mais
me" ,.ince impériale dérogea bientôt elle-même à ces
1:1 'il' im ruts. Un médecin de famille patricienne fut auto-
L ^"occuper d’emblée le rang du défunt qu’il rempla-
fSit. aux protestations du collège des archiâtres, on
'posa ie respect dû à la volonté impériale
I Ainsi- à la différence des archiâtres municipaux, ceux
des capitales [utraque lîoma) n’étaient égaux ni par la
dignité ni par les salaires; en outre, ils étaient sous la
dépendance directe du pouvoir central, c’est-cà-dire de
l’empereur représenté par le préfet de la \ille.
Nous sommes peu renseignés sur les médecins publics
dans les provinces occidentales de l’Empire. A Bénévent,
on trouve un chevalier romain revêtu du titre d’archiâtre3.
Une inscription de Pisaurum est dédiée archiatro peritis-
nmu1. A Aeclanum, dans la Grande Grèce, une dédicace
à Esculape est faite en grec par un archiâtre, Salvius
Atlicianus5. A Mellaria en Espagne, on trouve un medi-
m colonorum coloniae 6; il est aussi question d’un
medieus coloniae dans une inscription de Nîmes7.
On manque également de détails sur les médecins de
corporations et de collèges8. Une inscription de Magné¬
sie, contenant une liste de fonctionnaires du culte
' d’Artémis Leucophryène, mentionne un ’tatpb? ysp ouata?9.
Galien fut choisi par lé grand prêtre d’Asie pour être le
médecin d’une école de gladiateurs10. A Corinthe, un
collège de venatores du cirque (Ô-ripeB-rofs; avope;) élève
une statue à son médecin11. A Rome, un certain Titus
Aelius Àsclepiades, affranchi impérial, est taxpoç AoGB&u
gaiouTivo-j (ludi matutini) /jupoupyo;12 ; un autre affranchi
impérial est medieus ludi 13. Le medieus ludi magni ,
mentionné dans une inscription ligorienne, est néces¬
sairement suspect11. Il est question de recettes pour les
blessures des gladiateurs, dont l’étude devait former
une branche spéciale de la chirurgie15. Nous ne connais¬
sons que de nom, à Rome, l’archiàtre du Xyste (portique
où s exerçaient les athlètes)16 et celui des Vestales11, qui
existaient avant l’institution des archiâtres populaires
Cans ^ viHe 1 ^ . Il est possible que la création de l’ar-
C u,,1"‘ '^es Postales soit due au préfet Praetextatus, qui
a'ail sur elles droit de surveillance et auquel les Vestales,
| reconnaissantes, élevèrent une statue19. Du temps de
( "" l(‘unei il ne parait pas que les Vestales eussent
sorti""'"'11’ f*uan^ c^es étaient malades, on les faisait
11 '*u temple pour les confier aux soins de matrones
et les pontifes pouvaient désigner une femme du monde
pour veiller alors sur elles20. A Luna, deux médecins
sont nommés comme attachés au collège des fabri ti-
gnarii11. Un medieus a bibliothecis, dont j’ignore les
fonctions, parait dans une inscription de Rome; une
autre mentionne un medieus ex /tort i s Sallustianis
Enfin, à côté des médecins de collèges, il y a des collèges
de médecins, par exemple à Rome23 et à Bénévent2’.
Sur ces institutions intéressantes, la pénurie des rensei¬
gnements nous laisse dans une fâcheuse obscurité.
XIV. Médecine, légale-*. — Les anciens n’ont pas connu
la médecine légale, dans l’acception moderne de ce mot;
toutefois, il y a quelques exemples de l’intervention des
médecins dans les procès et dans l’administration de la
justice. Nous savons par Eschine20 et par Démosthène2,
que les médecins pouvaient être amenés comme témoins,
soit devant le sénat athénien pour attester qu’une personne
était malade, soit devant un tribunal pour exprimer
leur avis sur l’existence et la gravité de blessures. Dans
la Vie du sophiste Hadrien par Philostrate, il est ques¬
tion d’un médecin appelé à déposer devant un tribunal,
dans un cas de meurtre supposé, sur les causes natu¬
relles ou accidentelles delà norl 28. Un document gréco-
égyptien de l’an 130 ap. J.-C. nous apprend qu’un
certain Q. Minucius Valerianus, médecin à Karanis
(’s^tov xb iatpsïov èv y.a>p.Y| KaoxvtBt), fut requis par Ip
stratège (£nr7)pérr]i;) d'examiner l’état d’un homme qui
avait été l’objet de sévices; le médecin fait une déclara¬
tion, précédée d’un serment par la TB/t, de l’empereur,
comme quoi il a examiné la blessure le cinquième jour,
y a trouvé de petits cailloux et a institué un traitement
approprié20.
A Rome, une loi attribuée à Numa prescrivait un
examen médical après la mort des femmes enceintes30.
Les obstetrices jouaient un certain rôle dans les exper¬
tises31 et il est à présumer, malgré le silence des textes,
que le préteur pouvait aussi consulter un médecin. Il est
certain qu'Hadrien requit l'opinion de médecins [requi-
sitis medicorum sentent iis) avant de décider si une
grossesse pouvait durer onze mois32. En théorie, l'inter¬
vention d’un médecin légiste devait être nécessaire en
bien des cas où les tribunaux avaient à statuer sur des
questions d'ordre médical (blessures, avortements, durée
de la grossesse, etc.); mais, dans la pratique, nous ne
voyons pas que les médecins soient intervenus ; sous
Justinien même, la médecine légale n'existe pas encore33.
XV. Honoraires des médecins 3A. — Les sommes
touchées par les médecins en rétribution de leurs ser¬
vices s’appelaient trwaTpoc, amTvjpia, totxpsïa, ïaxpa i3, anrôbç,
solarium 36, quelquefois h on os 31.
Avant l’invention de la monnaie, les médecins rece¬
vaient probablement des cadeau \ en nature ; cet usage était
général en Perse, où la récompense était en proportion de
I C0(l yit .
40; Jacrjuev o°( ' ^od. Just- X, 52, 10. — 2 Symniach. Ep. X,
tpni |£SS, *, *02* — 3 Corp. inscr. lat. IX, 1655 ( Inscr . regn.
-- 6 Q0)tJ) jnatim j — 5 Corp. inscr. gr. 5877 ; Inscr. gr. ltaliae , 680.
Rev
0rP- mser. lat. If, 2348. _ 7
Ibid. XJ I, 3342 (Herzog, Gall. narb. 157). — 8C1‘.
w* 1880, I 353 * .. ,
599.-H Cor ~~ Kern’ In9chr- von Magne sia, 119. — 10 Galen. XIII,
__ 13 SCi ' (Jr ■ * l(,6 ; Kaibcl, Epigr. graec. 885. — 12 Corp. inscr. gr.
Hist, XXVI, un’. T80'' lat * VI* 10 ,73‘ — 14 Jàid. VI, 5, 2369*. — 16 Plin. Nat.
«rchit, VI, 7 iVrCnb‘ UPg’ De compend- med‘ ,02’ 203> -07- — 16 Vitruv. De
àu.Vll, ,V;4. s ' <>(L Theod- XIII, 3, 8. — 18 Jacqucv, Op. I. p. 106. — 19 Macrob.
pcclèreui le coll’*!.' T ^ Onsail que les premiers empereurs chrétiens res-
H 1355,-22 /hf!i \n ^esla*es- — 20 Plin. Epist. VII, 19. — 21 Corp. inscr. lat.
9566 : Telesphorus scriba medi -
^ vi, 8ko7,867i.
V 1.
corum. — 21 Ibid. IX, 1618 : Coltegium medicorum. — 25 Ollo Oestcrlein, Ueber die
f'rüheste Entwickelung der gerichtlichen Medicin, 1877 ( Jahresb . de Bursian, 1879,
III, p. 309) ; Janowsky, in Maschka s Handbach der gericht. Medicin, Prague, 1880 ;
Ortolan, Gaz. médic. de Paris, 1872. — 26 Acsch. De fais. Icg. 26. — 27 U,.,,,. Ado.
Conon. 1250, 1260;cf. Scliaefer, Demosth. u. seineZeit. Il, 201. — 28 Philostr. Vit.
Sopli. Il, 10, 6. — 29 Wilcken, Griechische Ostraka, I, 370. — 30 Dig. XI, 8, 2.
— 31 Dig. XXV, 41, 1 ; Sen. Epist 66. — 32 Oeil. III, 10; cl. Jacquey, De la con¬
dition des médecins, p. 58. — 33 Jacquey, ‘Op. I. p. 57. — 34 J. Gbr. Leuschncr,
De sosh-o medici, Liegnili, 17 53. — 35 p0U. VI, 186. Le pluriel tV-rça ri;;
Osçairtias) n otait connu que par llésychius; mais ou l'a rencontré dans une ins¬
cription ('E®ïi|i. &?£. 1883, p. 224). — 36 Cod. Just. X, 52, 7, d’où le nom de
salariarius donné à un médecin (Orelli, 3 507). — 37 Cic. Ep. XVI, 9.
213
MED
— 1694 —
la dignité du personnage traité1. Les traditions rela¬
tives aux médecins grecs mentionnent plusieurs exem¬
ples de praticiens qui demandèrent ou obtinrent, en
échange de leurs services, des récompenses exorbi¬
tantes, lesquelles ne consistaient pas en sommes d'ar¬
gent. Ainsi l’on racontait que Podalire, ayant guéri
Syrna en la saignant aux deux bras, reçut ceLlc prin¬
cesse en mariage et devint par là l’héritier du trône2;
on disait aussi que Mélampe s’était fait promettre par
les Argiens la moitié de leur territoire pour prix de
la guérison des Prœtides3. Au iv1' siècle, un médecin
fou de vanité, Ménécrate de Syracuse, exigeait des ma¬
lades qui se faisaient traiter par lui pour le mal sacré
qu'ils s’engageassent par écrit à devenir ses esclaves
en cas de guérison. Comme il se croyait Jupiter, il se
faisait escorter de ses clients, vêtus du costume et pour¬
vus des attributs des autres dieux 4.
Une légende, rapportée par Pindare, veut qu’Es-
eulape ait été foudroyé par Zeus pour avoir res¬
suscité un homme à prix d'argent, ce qui semble im¬
pliquer que l'usage de percevoir des honoraires était
considéré comme une invention d’Esculape, traité
de ctïXâpyuoo; par Clément d’Alexandrie 5. D’autre
part, on disait qu’Épiménide, après avoir guéri les
Athéniens d’une peste, refusa la somme d’un talent
qu'ils lui olfraient6, et que les Abdéritains essayè¬
rent vainement de faire accepter par Hippocrate une
somme de dix talents pour avoir guéri leur philo¬
sophe Démocrite. Le grand médecin se déclara l'obligé
des Abdéritains, qui lui avaient permis de connaître un
pareil sage ’.
Quoi qu'il en soit de ces légendes, il est certain que,
dès avant l’époque d’Hippocrate, les médecins grecs rece¬
vaient des honoraires. En ce qui concerne les médecins
publics, nous avons l’exemple de Démocédès (§ XII), qui
était payé un talent à Égine, cent mines à Athènes et
deux talents à Samos. Le médecin public avait un traite¬
ment fixe et soignait gratuitement les pauvres, mais il
paraît évident qu’il se faisait payer de ses clients en ville,
des étrangers et, en général, de ceux qui le pouvaient.
Une inscription de Carpathos loue le médecin public
Ménocrite de vivre dans la pauvreté et d’avoir sauvé
nombre de malades sans accepter de salaire ; c est donc
qu’il aurait pu, sans illégalité, en exiger un s. De même,
à Athènes, le médecin public Événor est loué pour avoir
soigné gratuitement ses malades9, alors que son con¬
trat l’obligeait seulement à donner des soins gra¬
tuits aux indigents. En outre, comme les esclaves ne
payaient pas la taxe dont il va être question, il faut
admettre que le médecin public était payé par leurs
maîtres des soins qu’il leur faisait donner par ses
propres esclaves (§ II).
Pour subvenir au traitement du médecin public et à
l’entretien de son iatreion , on percevait un impôt spécial
dit taroiy.ov, qui parait avoir été institué d’abord à Cos1".
Bien que nous n’en trouvions que peu de mentions, il est
probable que cet impôt était établi dans la plupart des
i Darmesteter, Zend-Xvesta, II, 105-107; cf. Sprcngcl- Rosenbaum, p. 104.
— 2 Steph. Byz s. v. Eô?v«. — 3 Herod. IX, 34. — * Allie». VII, 289. - 5 Pind.
Pyth. 111,105; Clera, Alex. Protrept^ 3. — 6 Diog. Laert. I, 111. — ' Tzelzes,
Chiliad. 11,983. — 8 Rev. arch. 1880, I, 344. — 9 Corp. inscr. ait. 11, • 256 b.
— 10 Herzog, Koische Forsch. p. 205; cf. Rev. arch. 1880, I, 341. — 1* Athen.
Mitth. XVI, 292. — 12 Wescher et Foucarl, Inscr.de Delphes , 16; Collitz, Dial.
\ischr. II, 2615; Perrot, Galatie, p. 51. — 13 Wilcken, Griech. Üstraka , \, 375.
villes grecques. Dans
^fragment <1,- traiié
1 une ni . lll|(
'ance
du
a ses
et de srjnœcisme entre Téos et une autre vin
310 av. J.-C. les Téiens accordent aux nouveaux' i’ V61'S
l’exemption des liturgies pendant quatre' uns ' ^
autres de la chorégic, mais à l’exception du
A Delphes, en 270, l’exemption de la chorégie 7"'
iatrikon est accordée à un certain Philistion et
descendants12. En Égypte (du moins, dans 'l/ J
exemple qui nous soit connu), le iatrikon étalu!!!''
en blé (deux artabes par personne et par an . 1:1
conforme au texte de Diodoreu, d’après lequel hVml'.cM
cins recevaient leur subsistance (xàç T losiç) d,.s |l (|>j|.u !
[U tgC xotvoü) ; ces tgo?* { sont l’équivalent et l’originJ
des annonae que l’on attribua aux archiàtres romains
Diodore dit encore que si, en Égypte, un homme loue
bait malade en servant comme soldat ou en voyageant
pour son propre compte, il était soigné gratuitement-
c'est que, sans doute, on tenait compte à l’étranger du
iatrikon qu’il payait dans sa ville d’origine, sur laquelle
la ville qui lui donnait des soins gratuits pouvait exercer
une répétition.
Dans les Asklépieia , ce sont généralement les prêtres
qui fixent les sommes dont le malade est redevable1", I
D’autres fois, le dieu lui-même intervient pour préciser
l’honoraire10. A Julius Apellas, d est ordonné de donner
une drachme attique au baigneur17. Pour punir l'incré¬
dulité d’Ambrosia d’Athènes, le dieu exige d’elle, ;î litre
de salaire, qu’elle offre un cochon d’argent dans le
temple18. Ailleurs, le dieu demande d’avance au malade
ce qu’il lui donnera19 et punit un mauvais payeur en
lui rendant le mal dont il l’a guéri20.
Nous n’avon$ pas d’informations précises sur le salaire
des médecins privés en Grèce. Aristophane insinue qu ils
étaient fort mal payés et que, par suite, on n en Irouvait
pas assez21. Cratès de Thèbes, le cynique; semble évaluer
le salaire à une drachme par visite, dans un passage qu’il
est d’ailleurs difficile de prendre au sérieux JJ. route foi*,
le prix approximatif d’une drachme par visite semldnes-j
sortir aussi d’un passage de Plaute, traduction mi imi¬
tation d’une comédie grecque23. Quoi qu’d en soit d|
taux des salaires, la légitimité n’en était contestée par
personne21. Parfois la somme était fixée d’avance, oj
l’on en convenait au cours même de la malade ,ln 176
considérait pas comme déshonorant pour un . . «
demander au malade, pendant sa maladie ne un ,
engagement ou une sûreté2". Cependant 1 11 111 (H.
à cet égard, des scrupules ml.».-
praticiens
cratique éprouvait,
ment honorables. Elle recommandait aux
la fortune des malades, de leur donner
gratuitement, de secourir les étrange*
’ dans la profession
d’avoir égard
parfois des soins
comme les pauvres21, de ne pas voir - (^j(,n des
médicale un simple métier, de traiter la |lll(
honoraires avec humanité et modération, 1 ' ^m|)S
même le soin plutôt que de s’exposer a Pel " ^ ma|
précieux pour le traRement en discussions ‘ n(ja„i
lade28. Cette dernière recommandation montir 1^1
que la question des honoraires pouvait en
H Diod. Sic. I, 82. - >* Paus. X. i. - 10 ’nsC1, d _ 20 /«<<"'■
d-orient , I, 1)2). - U Ibid. 90. - » Ibid. M. - "p ,V,p.4
Lacrl.VI, 80; cl. LiUré- H' P m.
*«. i. *. 54 ; A;.,sl- Z XVI. *
20 Cr- /rt . inn cl
, lUinacli, J
Chron.
— 21 Aris lopli . Plut. 407. — 2- l)io;
— 23 Plaut. Aillai. Hl, 2. - 24 Xen. Mem
— 25 Aelian. Var. Hist. XII, I; Acli. Tal. IV. '*■ m/,d.
_ 27 Rev. arch. 1880, I, 101. - 2S Cf Darcmberg, But.
Hippocrate, IX, ”255, 259.
MED
— 1095 —
MED
, , traitement*. Jusqu’à la fin de l’antiquité, les
Ipendnni i< maigré les attaques dont ils furent
médecins K1'^’ de beaux exemples de désintéresse-
l'objet- «•»' ,lonn
ient : 0'banklS par
le encore de médecins qui, loin de se
l|ll,ni '""' le leurs soins, secouraient les pauvres de
f faire pa.Yl‘r ",
lei"S| ''jeurshônoraires, les médecins recevaientquelque-
•i donations testamentaires, témoignant delà recon-
fo‘. , le8 malades dont ils avaient prolongé la vie3,
"amsan* *| qu,un maiade guéri dédiât une tablette
'! U1 1 '.ni 1 temple d’Esculape, avec l’expression publique
, tfpatitude envers le médecin qui l’avait soigné*.
dt’v l’époque alexandrine, certains praticiens en renom
•nminoncèrent à réaliser des gains considérables ; il en
J t de aa'.jne au i« siècle de l’Empire, où Pline écrit que
la médecine est le plus lucratif de tous les arts6. Héro-
dicus de Sélymbrie, fondateur de Yiatraliptique , trouva
moyen dit Pline, d’enrichir jusqu’aux baigneurs et aux
froU(H1j.s (; rcunctores , mediastini) qui étaient employés
1(,s médecins 6. Érasistrate reçut 100 talents pour la
gUison d’Antiochus, fils de Seleucus Nicator7. Sous
Claude, O. Stertinius (cf. S XII), que l’empereur voulait
prendre pour médecin particulier, allégua qu’il gagnait
par an 600 000 sesterces et qu’un traitement de
250000 sesterces ne lui suffisait pash; on finit par lui en
donner 500000. Manlius Cornutus, légat d’Aquitaine,
paya 200 000 sesterces à un médecin qui l’avait guéri
d’une maladie de la peau,J. Sous Néron, Charmis de
Marseille, appelé par un malade de Rome dans une ville
d’Italie, demanda 200000 sesterces pour le voyage et
l'opération ’°. Tliessalos ne sortait qu’escorté d’un bril¬
lant et nombreux cortège ; son luxe fut encore dépassé
par celui d’un autre Marseillais, Crinas, qui laissa dix
millions de sesterces, après avoir dépensé une somme
presque égale à construire les murs de sa ville natale et
[ceux d’autres villes". Après la condamnation d’un chi¬
rurgien nommé Alcon, Claude confisqua ses biens, éva¬
lués à dix millions de sesterces ; mais, dès que le con-
'funne put revenir à Rome, il gagna de nouveau la même
somme en peu d’années12. Au siècle suivant, on voit
encore Galien toucher 400 pièces d’or (10 000 francs)
pour soins donnés à la femme du consul Bœthus13.
Inc inscription nous a fait connaître un obscur médecin
Assise, P. Decimus Eros Merula, medicus clin i eus et
dururi/us ocularius , qui avait payé pour son afl’ranchis-
iseinonl 50000 sesterces, pour le sévirat 2000, pour des
statues placées dans le temple d’IIercule, 30000, pour la
confection de routes, 37000 et qui, malgré ces dépenses
[et ci s libéralités, laissa une fortune de 520000 sesterces1*.
outclois, les- grosses fortunes médicales étaient l’ex-
E"- k'en fin on reprochât aux médecins grecs leur
1 k y avait dès lors beaucoup plus d’appelés
j. ' 'kls - *e prolétariat médical ne date pas de notre
Y(| klb-e pour l’existence était si âpre qu'on
1 'I s médecins quitter leur profession pour devenir,
disait
)n’ Por!eurs de cadavres ou gladiateurs 10
. On n a
mpace«oile n, , ^ X IX , 2 1 ) dénonce cliei les médecins de son temps avaritiam
linicii, en 308 il i ' ' t)cndentibits faits. La conslitulion de Valons et de Valcn-
dingor (Cnd 7’/ Mll<l,*'re aux médecins d’exlorquer de l’argent aux malades en
~ 1 *££s ” Tt (!"’ 3’ 8)' T 2 Liban‘ I - 3 Uerl- V, G 7*-
jircivtt h (À 1 • xtu x/i xrj; tcomüi ■ xat Aiovu<rt<u Aiovuatou latpfjî
““ " l’Iiii Nat u Limyra, Reinach, Chr on. d’Oricnt, 11, p. 329, 479).
XXIX. XX'X, 1.-6 Ibid. XXIX, 4. - 7 Ibid. XXIX. 5. - * Ibid.
“ ■ XXIX, i. _ 10 Ibid. XXIX, 8. — U Ibid. XXIX, 9. — ri Jbid.
pas besoin de prendre à la lettre les plaisanteries de
Martial, qui prétend que ces hommes n'avaient guère
changé de métier; mais elles n 'auraient pas été com¬
prises si de tels abandons de la carrière médicale encom¬
brée n’avaient pas été fréquents et notoires.
Nous avons vu que Septirne Sévère établit des traite¬
ments fixes, en argent ou en nature, pour les médecins
du palais17. Les traitements en nature consistaient en
deux ou trois annones , rations de farine qui pouvaient
être vendues par les bénéficiaires. Dans les villes et
bourgades, les traitements des médecins publics devaient
être fixés par les conseils -municipaux ■*. Les archiâlres
populaires des capitales percevaient des annones ( anno -
nnria ), variant suivant leur grade; ils pouvaient aussi
recevoir des présents des malades guéris, mais il leur
était interdit de rien accepter de ce qui leur aurait été
promis pendant la crise ,,J. On n’est pas renseigné sur la
valeur exacte des traitements ainsi concédés. Quant aux
professeurs de médecine, dont les salaires ( salaria )
furent institués ou du moins consolidés par Alexandre
Sévère20, nous ne savonsmême pas quelle sorLe de rému¬
nération ils recevaient, en dehors des taxes perçues par
eux sur les élèves aisés.
Suivant Y Histoire secrète , Justinien supprima les
traitements des médecins et des professeurs d’arts libé¬
raux21 ; mais ce témoignage isolé n'est guère digne de foi.
Les lois barbares de- la même époque fixent les hono¬
raires des médecins ( medicatura ) suivant la gravité du
mal : neuf sous pour le traitement d’une plaie 22, cinq sous
pour la guérison d’une cataracte 23 .
Le médecin romain était protégé et même privilégié
par la loi dans la réclamation de ses honoraires, qui
étaient généralement payés le 1er janvier et dont la
famille était tenue après le décès du patient2*. Lorsqu ils
s’appliquaient à un esclave, considéré comme res, les
services médicaux pouvaient être l’objet d un contrat
de louage et le payement en était assuré par l’existence
réelle ou implicite du contrat26. Mais s il s’agissait d un
homme libre, la situation était plus difficile, car les
Romains n’admettaient pas qu’un contrat pût avoir pour
objet des services libéraux ; il n'y avait ni locatio opéra- #
rum ni mandatum. Toutefois, en pareil cas, le droit
prétorien eut recours au procédé de la cognitio extraor-
dinaria 2(i. Le praeses dans les provinces, le préteur à
Rome, jugèrent les actions relatives aux honoraires (jus
dicere de mercedibus). La fixation du salaire litigieux
incombait au magistrat, qui pouvait aussi réduire une
rémunération excessive, lorsque le médecin 1 avait
obtenue par extorsion.
On ne possède pas de données sur le salaire des sages-
femmes. En Égypte, il devait être faible, car, d’après le
papyrus AVestcar, un père de famille paie une charge
d’orge à quatre sages-femmes pour avoir opéré trois
accouchements27. A Rome, les sages-femmes avaient,
comme les médecins, une action pour réclamer leurs ho¬
noraires; seuls, les devins, magiciens, exorcistes et autres
XXIX, 22. — 13 Gale». XIV, 647. — U Orelli, 2983 ; Hernies, XIII, 120. — 13 Gale». XII,
910. _ 10 Mari. 1,31; VIII, 74.— n Lamprid. Al. Seu. 42.— 1 Dig. L.,30, 4,2; XXXIV,
1 10. — 19 Cod. Theod. XIII, 3, 8. — 2° l.amprid. Al. Se v. 46. — 41 Procop. Arcan.
hist. 26. —22 Lex Salie. XIX, 6. — 23 Lex Visig. XI, 5. — 2V Dig. IX, 3, 7 ; XVII,
2 52; XIX, 5, 28 ; XXXIII, 1, 10, I ; L, 13, I ; cf. Jacquey, De la condition des
médecins, Nancy, 1877; Th. Lôwcnfeld, Jnâslimabilitüt und Honorirung der actes
■liberales nacb rômischèn Rcchte, Munich, 18 87. — 25 Dig. L, 7, 8 ; Jacqucy, Op. I.
p. 7i. _ 20 Dig. L, 13, 1. — 27 Ocfelc, Wiener klin. Wochenschrift, 1899, n” 27.
MED
— 1696 —
MED
Imposteurs étaient expressément exclus de ce droit1.
XVI. Privilèges des médecins. — Les villes grecques,
comme nous le verrons plus loin (§ XVIII), ont souvent
accordé à des médecins certains privilèges et honneurs
i ndividuels ; mais elles ne semblent pas avoir concédé des
avantages collectifs à la profession. Il n'en fut pas de
même à Rome. .Iules César octroya le droit de cité aux
médecins (libres ou affranchis) qui exerçaient à Rome
même Auguste, reconnaissant envers son médecin,
l’affranchi Antonius Musa, auquel il lit don de l’anneau
d’or des chevaliers, accorda le privilège de Y immunité aux
médecins libres1; celle immunité comprenait l’exemp¬
tion de la tutelle4 et de quelques autres charges qu’il
est difficile de préciser3. 11 est probable que les méde¬
cins résidant à Rome étaient seuls visés par cette mesure.
Elle fut étendue dans la suite à ceux qui exerçaient la
médecine à titre d’élus des représentants des villes 11 ;
mais on a lieu de croire que les villes possédant des
médecins publics leur avaient déjà accordé l’exemption
des charges municipales. Vespasien et Hadrien confir¬
mèrent le privilège accordé aux médecins par leurs pré¬
décesseurs, d’être exempts du logement des militaires1;
ce texte prouve qu’ils avaient reçu antérieurement cette
faveur. D’ailleurs, comme nous l’avons dit, c’est parce
qu’Antonin le Pieux trouva trop considérable le nombre
des médecins soustraits aux charges publiques qu’il
crut devoir le restreindre dans certaines limites8.
A partir d’Antonin, les médecins privés semblent n’avoir
plus joui d’aucun privilège. Modestin, en rapportant la
constitution d’Antonin, ajoute que le nombre des méde¬
cins jouissant de l’immunité ne peut être augmenté par
aucun moyen9, sans doute pour empêcher que des mé¬
decins privés n’essayassent de se faire assimiler, par des
municipalités complaisantes, aux médecins publics désor¬
mais privilégiés. Un médecin delà deuxième légion ayant
demandé à Caracalla l’exemption des munera civilia ,
l’empereur répondit qu’il jouirait de cette exemption tant
qu'il s'acquitterait d’un service public, mais que, rendu
à la vie privée, il n'en pourrait jouir qu’en tant qu’il serait
in eorum numéro qui ad bénéficia medicis concessa
pertinent, c’est-à-dire au nombre des médecins officiels 10 .
Comme les professeurs de lettres jouissaient des mêmes
privilèges, il est probable qu’ils s’étendaient aussi à ceux
qui enseignaient publiquement la médecine. Toutefois,
la loi de Constantin qui confirma l’immunité des medici
et prof essores l itterarum 11 ne dit pas expressément que
ces medici donnassent un enseignement; ce mot, sans
autre épithète, désigne souvent les médecins publics
ou archiâtres, et nous avons déjà fait observer que l’exis¬
tence d archiâtres scolaires , admise par le Dr Briau, n a
pas encore été confirmée par les textes.
Les exemptions accordées aux archiâtres étaient celles
de la tutelle 12, du ludorum publicum regimen (gynma-
siarquie), de l’édili té municipale, de la prêtrise, du loge¬
ment des soldats, de l’intendance des approvisionnements
1 Dig. L, 13, 1. — 2 Suet. Caes. 42. — 3 I)io Cass. LUI, 30. Deloclie prétend à
tort qu' Auguste accorda l'anneau d'or à tous les médecins [Le port des anneaux dans
l'antiq. rom. p. 19). — 4 Dig. XXVI 1, 1, G, 1. — 5 Jaequey, De la condition des méde¬
cins , p. 30-32. — G lnstit. I, 23, 15. — 7 Dig. L, 4, 11, 30. — * Jaequey, Op. I.
p. 37. — » Dig. XXVII, 1, G, 3. — 10 Cod. Just. X, 52, 1. — H Cod. 'l'hcod. XIII,
3. — 12 Dig. XXVII , 1, G, 1. — 13 Dig. XXVII, 1, 6, 8 (éonstilution de Commode);
cf. Jaequey, Op. I. p. 118-120. — 14 Cod. Theod. XIII, 3, 1. Comme exemple d'un
médecin ayant néanmoins accepté un honos, il ne faut pas ciler, comme on l'a lait,
l’inscription Orelli 3039, qui est évidemment fausse. — 15 Cod. Theod. XIII, 3, 3.
— 16 Ibid. XIII, 3, 2. — u Jaequey, Op. I. p. 123. — 18 Cod. Theod. XIII, 3, 2, 3,
publics en blé
munu
militaire ( militia ), enfin de
vinciale munus ?) 13
de munera et exemption d 'h
les médecins désiraient
ceux-ci 14
de certains impôts, praestaliones
es en blé et en huile (emptio frurnenti et m ,
is judicandi , du munus legationis , e')- du
'•in de tout autre famZ,^
H y n là, tout ensemble exeni ' Tl
eux-memes se soustr
Les archiâtres officiels furent encore (J"'" 4
impôts, praestaliones , et d’imptUa '.T*
ture, ab omni functione 10. Certains archiâtres ,| "a'
dilion curiale ou revêtus de certaines digniio ' ^
exemptés du décurionat et des charges que ces
imposent10, comprenant l’obligation de recouvrer l'h 7
foncier et la capitation, de payer pour les insolvable's'd
donner des jeux, etc. ”, ainsi que des charges' proLl
ment sénatoriales, glebalis collatio , aurum oblatüiu2
Les exemptions accordées aux archiâtres le sont aussi à
leurs femmes et à leurs enfants; ainsi, le fils d’un ar-
chiâtre ne doit pas le service militaire '8. En outre elles
sont également valables pour les ex-archiàlres, c’est-à-dire
pour ceux qui ont accompli leur temps de service, Les
archiâtres jouissaient encore de privilèges actifs • i]s
n'étaient pas obligés de comparaître en personne devant
les tribunaux ; ils étaient protégés, par des peines très
sévères, contre toute injure venant d’un homme libre ou
d’un esclave19. Mais ce qui paraît avoir été particulière- I
ment enviable danslacondition des archiâtres du iv siècle,
c'est, qu’ils pouvaient parvenir à tous les honneurs et
exercer toutes les fonctions sans en supporter les charges !
pécuniaires et autres. Les archiâtres palatins jouissaient
de privilèges et d’honneurs spéciaux : ils devenaient
comtes du premier ou du deuxième degré et prenaient
rang parmi les vicaires 2Ü. Tout archiâtre palatin portait le
titre de cornes archiatrorum 21 ; de ce nombre fut Vindi-
cianus, proconsul d’Afrique en 380 '-b Sous Théodoric, il
y eut un praesul architriarorum , qui avait toujours libre
accès auprès de l’empereur 23 et était considéré comme
le chef hiérarchique de tous les médecins de 1 Empire. I
XVII. Situation morale des médecins. — la1 prix que
les hommes attachent à la possession de la santé ' et,
d’autre part, l’incertitude de l’art de guérir, si propice
à l’étalage d’une fausse science, se reflètent dans les j
jugements contradictoires que les anciens ontpoiUssur;
les médecins; comme les modernes, et pat les lllf'me®
motifs, ils ont tour à tour vu en eux des bienfaiteurs e
des exploiteurs de l’humanité.
Commençons par rappeler le bien qu on a dh 1 1 ■ “
decins. Pour Homère, le médecin vaut, à lui se" . ^ J
coup d’autres hommes23. Empédocle prétem T14 *
âmes des devins, des poètes d’hymnes et ces 111 ^
s’élèvent après la mort au rang des dieu» • 11 ^
hippocratique assure que la médecine est a I .
des professions 21. Cependant Platon, malgn- son
pour Hippocrate, ne semble pas considérer a
comme un art libéral 28. Cicéron la range parmi
honcslae « pour ceux à la situation
desquels ils convien-
VIII 1 I-, li'^‘ I
}, IG, 17, 19. - I» Ibid. XIII, 3,1. - » Ibid. J'’ ,’S6 G.-* H
-21 Ibid. XI, 18. - 22 Tissot, Fastes de la prov. d A/ du c0|lègc M
od. Var. VI, 19. Le cornes archiatrorum n est pas L ' pauly wisso«a-
•ciliaires, mais cornes inter archiatros , cf. Sæcc , s„erandi tr0 s>'
J, 639. - 24 l»ü„. Nat. Hist. XXIX, 18 : -4*0 blanda e t , ^
tique dulcedo. - 26 lien. 11. XI, 514: «.USv *««■»' * ^ „ implique p»'
[VII, 382), le médecin est nommé a côté du < cvl"’ stro». ' '
n manque de considération pour son état. f.*' ' parombergi d’1'" “,c
-27 Hippocr. IV, 039; cf. I, 571. - 28 Hat. Alcib. 131 , cf.
i6 i j II > 351 .
— 1697 —
MED
MED
ordini conveniunt ) 1 ; mais, dans Tes¬
tent » (?u0TLii des affranchis el des esclaves.
F
èce, <’('1
ord<> le plus de cas de la profession
■jndece"* 1 ”‘è ^ qui ia compte parmi les artes
mpdicalo es ^ Qn doit au médecin, dit-il, plus
\beraliSSm<'liy\VQ^ car il donne non seulement sa peine,
que dos h°n01 •' ^ ’ drQjl aureSpect et à l’amour; comme
nia'S ■!! ^'('■"philosophie, c’est un ami, non un merce-
lemaf .e progrès que fit, au i" siècle de 1 Empire,
nil"r ' " ^cordée aux médecins est bien marqué
ll,St""1 controverse de Quintilien *, où l’on demande
J®"* l orateur, du philosophe et du médecin, rend
leql ’ ice6 à l’État. Plutarque range également la
plUllr parmi les èXeuOepfet xéXv«t. Dans les derniers
île 1 Empire, la considération accordée aux méde-
■P%e traduit tant par les privilèges assurés aux ar-
C'l ‘.vires (Ü XVI) que par la brillante carrière de quelques
Sobres du corps médical, comme le père du poète
Ausom-qui, praticien estimé à Bordeaux, devint sénateur
romain el préfet d’illyrie 8.
Quelques écrivains, sans s’attaquer aux médecins en
général, raillent la confiance un peu puérile qu’ils ins¬
pirent, les prières qu’on leur adresse de rendre la santé aux
malades, comme si cela dépendait de leur bon vouloir*'.
D’autres, au contraire, les défendent contre 1 injustice du
public qui, si le malade guérit, attribue la guérison aux
dieux, et, s'il ne guérit pas, en accuse le médecin 7.
Que les reproches adressés aux médecins grecs fussent
souvent légitimes, c’est ce que démontrent d’abord de
nombreux passages des écrits hippocratiques. Il y est
question de l’ignorance de la plupart des médecins ”, de la
légèreté de leurs jugements, de leur indifférence au mépris
public, pourvu qu’ils ne soient pas atteints dans leurs
intérêts9, de leur tendance à tromper le monde par des
procédés de charlatan qui sont souvent récompensés par
lesuccès ‘“.Delà, l’opinion répandue qu’il n’existe réelle¬
ment pas de médecins, d'autant plus que les médecins,
en présence de maladies aiguës, se contredisent comme
des augures". A bien des égards, les écrivains hippocra¬
tiques ne sont pas moins sévères que les poètes comiques,
et leur sévérité est motivée par les mêmes abus. « Il y
a un an, dit un personnage d’Aristophane, j’avais mal
aux yeux ; j'ai eu le malheur d’aller trouver un médecin,
et maintenant je vais plus mal12. » Aristophane met sur
le même rang les devins, les médecins et les prodigues la.
Aristophane, Aristophon, Philémon, Théophile avaient
écrit des comédies sur les médecins1*. Ceux qu’on
bafouait le plus volontiers étaient les médecins à la
modo, charlatans élégants (xopuj/of, Xaptevxs;) 13, qui es¬
sayaient d’en imposer par le luxe de leur personne, de
,eui enl°urage et de leurs instruments, coffrets d’ivoire,
ancettes incrustées d’or, ventouses d’argent, alors qu’ils
savaient à peine s’en servir 10. Un auteur hippocratique,
— Ml °//- I, 42, 151. — 2 Sen. Ep. 95. — 3 Sen. De Benef. VI, 15-17.
4 5 tjv| \ll, \ 38. — 5 Plut. Alor. 122 d ; Gilson. Adlect. 1 3 ; Epiced.
P- :}07 ? 8,0V ^ al ' Epict. III, 10, 15. — 1 Episl. graec. éd. Hercher,
1—9 ..r I, ’^OO : oi xaxot te x«i icXelertot III, 414; IV, 198.
üe » V63°’~10 719; III, 414; IV, 198. — H Ibid. II, 240, 242 ; cf.
.1869’ I, 68. — Il Arisloph
^Meinck F ** ”” J- Arisiopn. Fragm. 181. — 13 Arisloph. Nub. 331-334.
III, ,2f) J com ■ </>•- I, I). 336, 410, 435, 582 ; cf. Welckcr, Kl. Schriften ,
Plut.fljp lu" A**ï»**;«. Athen. IX, 377 ; XV, 666; Dio, XXXIII, 6, p. 395 ; xop-W,
îlùmncr Cri T' • A''St' 48° ^ ’ ^0?rls’ 20fl> 8 ; 7.l?'tvTE5> Arist. 463 A :cf. Hermann-
— il Hi,i,,0ci. l u ,ltallerlh. p. 358. — IG Luc. Adv. indoct. 29 ; Galou. XIV, 600.
quel,,,*, pi,,';,’. "6C' ~ 18 Plin- Aaf. Hist. XXIX, 9, il, 18, 20-23. Il y a déjà
— I® Mari. V| -j, ' "ISJ Uc6r0“, Pro Cluent. 16; ad Brut. 16 ; ait l'iron. IV, 9.
ld. X, 77; même reproche dans Plin. Nat. Hist. XXIX, 21,
tout en recommandant aux médecins une tenue propre
et soignée, les met en garde contre tout luxe inutile
A Home, les médecins grecs, objet des invectives du
censeur Caton (§ II), furent durement pris à partie par
Pline le Naturaliste. Il leur reprocha de porter le désordre
dans les familles, de capter les testaments, de se faire les
complices de crimes, empoisonnements et adultères, de
se diffamer entre eux sans scrupules, d elever systèmes
contre systèmes pour se faire valoir, d cire les vils com¬
plaisants de ceux qu'ils prétendaient traiter et guérir,
enfin d’étaler une vanité sans bornes et une scandaleuse
avidité18. Martial ne les juge pas avec plus d’indulgence:
ils séduisent les femmes *9, exploitent les maladies en
les faisant durer20; ils vont jusqu’à voler les objets mo¬
biliers chez leurs malades21 ; ils les tuent en prétendant
les soigner 22. Le même reproche est adresse par J m enai
au célèbre médecin Thémison 23. Ce sont là, sans doute,
des exagérations comiques; mais Celse, savant en mé¬
decine sinon médecin lui-même, s’élève contre les prati¬
ciens intéressés qui,. uniquement avides de gain, visitent
trop de malades 2l, et blâme sévèrement le charlatan
( histi'io , opposé au prudens) qui exagère la maladie d un
client pour mieux faire valoir ses services - . Du temps
d’Epictète, certains médecins ne craignaient pas de solli¬
citer eux-mêmes les clients, alors qu autrefois c étaient
les clients qui sollicitaient les médecins Un autre pro¬
cédé de ces charlatans consistait à exécuter des opérations
en public, comme les dentistes dans nos campagnes
Il y avait aussi des médecins thaumaturges, comme cet
Antigonos qui, au dire de Lucien, se vantait d avoir res¬
suscité un homme enterré depuis vingt jours28. Calien
reproche aux médecins de son temps leur vanité, leurs
querelles scandaleuses, leurs lâches complaisances, el va
jusqu’à comparer les praticiens de Rome à des brigands
qui opèrent, non sur la montagne, mais en ville
On aurait tort, cependant, de généraliser ces critiques
et de les étendre à toute la profession médicale. A côté
de charlatans et de gens indélicats, comme il en a existe
de tout temps, l’antiquité a compté nombre de médecins
d’un dévouement admirable ; chose plus importante
encore, elle leur a fait une loi du dévouement et de la
charité. C’est ce qu’il nous reste à montrer en traitant
des honneurs rendus aux médecins et de la déontologie
médicale.
XVIII. Honneurs publics rendus aux médecins. —
De bonne heure, la reconnaissance publique a divinisé
les médecins : Esculape, Podalire30, Machaon, Chiron 31,
le Thrace Zalmoxis32, le Scythe Toxaris, auquel Athènes
rendait un culte33, le 7jpi»; iarpôç honoré à Athènes et a
Éleusis, où Ton ignorait son nom, el à Marathon sous
le nom d’Aristomachos 3U Le plus ancien témoignage
authentique que nous possédions des honneurs publics
rendus à un médecin est un disque de marbre de la fin du
à propos d une opération à l’œil laissée à dessein imparfaite. — 21 Ibid. IX, 97.
— 22 Ibid. I 31, 48; VIII, 74. — 23 Juv. X, 22t. Hadrien écrivit contre les
médecins d'Alexandrie qui l avaient traité sans le guérir, ap. Epiplian. niP'< ixétjuv,
éd. Pctav. p. 170 A. — 24 Cels. III, 4. — 23 ld. V, 26. — 26 Epict. 111,
24t 27. — 27 Plut. De adul. et amico, 32. — 28 Luc. Pliilops. 21, 25, 26.
_ 29 Gale». VU, 419; VIII, 357, 495; X, t; XIV, 599, 602, 619, 621, 623, 625,
660 (passage capital); XIX, 15. — 30 $trab. VI, 302; Lycophr. 1046. - 31 pans.
IX, 31; Plut. Symp. III, 4; Ovid. East. V, 397. — 32 llerod. IV, 95; Pial.
Charmid. 244. — 33 On l'honorail comme $£•,■>; Uctço; (Luc. Tox. 2, p. 404).
— 34 Corp. inscr. att. Il, 404; 1893, p. 113; Hernies , VIII, 350,
358. Sur Aristomachos, v. Bekker, Anecd. I, 262; Scliol. Dem. XIX, 249;
Hernies, XX, 43. Alkon était probablement aussi un héros-médecin [Atlien.
Mitth. X. 97).
MED
11598 —
vi" siècle, découvert à Athènes, sur lequel est peinte la
silhouette du médecin Aïneias, appartenant à la famille des
Asclépiades de Cos1 imago, fig. 396.V. L’inscription se lit
ainsi : MvŸqu.ac toô Aîveiom «rocpiaç txxsoCi àptoroo2. A en croire
les anciens, la reconnaissance des Athéniens envers I fippo-
crate, qui avait combattu avec succès la grande épidémie de
peste, se traduisit par des mesures extraordinaires : il recul
le droit de cité, fut initié aux mystères d’Éleusis, et l’on
décida que lui et ses descendants seraient entretenus au
Prytanée 3. Mais le texte du décret qui aurait été rendu
à cette occasion est certainement apocryphe4 et aucune
inscription n'est encore venue confirmer le rôle attri¬
bué, lors de la peste d’Athènes, au médecin de Cos. En
revanche, à partir du ivc siècle av. J.-C., nous possédons
une série d’inscriptions, tant d’Athènes que de la Grèce
continentale, des îles et de l’Asie Mineure, qui attestent
la gratitude des cités grecques pour leurs médecins. En
322, l’Acarnanien Événor est loué pour avoir dirigé avec
zèle le ixxpEîov public d’Athènes, dépensé de sa bourse
des sommes considérables et soigné gratuitement les
malades ’. En 303, un autre médecin public, Phidias,
est loué et couronné pour avoir longtemps soigné avec
zèle ceux des Athéniens qui réclamaient son concours;
puis il a décidé de donner ses soins pour rien, en consé¬
quence de quoi on lui décerne des honneurs publics G.
A Élatée, un médecin venu de l’étranger, Asclépiodore,
a mérité divers privilèges par sa sollicitude pour les
malades et son désintéressement7. Le Lacédémonien
Damiadas, médecin public à Gythium, a rempli ses
devoirs avec zèle à un moment où la ville manquait de
ressources et a consenti à la servir sans traitement 8.
Un décret d’Amphissa honore Menophantos, lydien d’ori¬
gine macédonienne, qui est venu s’établir à Amphissa et
a assuré à lui seul l’entreprise des soins médicaux,
dont il s’est acquitLé à la satisfaction de tous0. A
Andros, le médecin Artémidore reçoit une couronne
d'or 10. Le médecin Ouliadès est honoré à Minoa d'Amor-
gos par la communauté samienne11. Archippos de Céos
est nommé proxène et bienfaiteur de Délos pour avoir
soigné beaucoup de citoyens 12. Garpathos eut pour
médecin public, pendant plus de vingt ans, au 11e siècle
av. J.-C., Menocritos le Samien ; autrefois, exerçant son
art à Rhodes, il avait traité gratuitement beaucoup de
Carpathiens; àCarpaLhos, il s’est distingué dans une épi¬
démie et reçoit des récompenses appropriées13. Chatalas
est honoré à Calymnos en qualité d’archiâtre et comme
bienfaiteur de nombreux citoyens14. A Cos, au me siècle
av. J.-C., pendant une épidémie, tous les médecins
étaient tombés malades; l’un d'eux, Xénotimos, s’imposa
spontanément la tâche de les remplacer et soigna sans
distinction tous les habitants 13. La même île a encore
fourni deux inscriptions en l'honneur des médecins Isi-
doros et Satyros16. A Smyrne, on élève une statue à
1 Stepli. Byz. s. v. K5,*. — 2 Jahrb. d. Inst. 1897, pl.i; Hoffmann. Syllo'/e,
p. 23, 30 ; Corp. inscr. ait. IV, 4221^, p. 185. — 3 Sorau. III, 853; Plin. Nat. Hist.
VII, 37. — 4 Hippocr. IX, 401 ; cf. l'inlrod. de Littré, t. I, p. 39. — 3 Corp. inscr.
att. II, 187. — G Ibid. 256 b. — 7 Bail. corr. hell. X, 365. — # Brit . Mus. Inscr.
t43 ; cf. pour un autre médecin de Gythium, E=r([x. à?y« to)i. 1891, p. 191. — 9 Bull,
corr. hell. 1901, p. 234. — 10 Athen. Milth. I, 236. — H Bull. corr. hell.
1894, p. 161. — 12 Ibid. 1880, p. 349. — 13 Brit. Mus. Inscr. 364; Bev. arch.
1860, I, p. 317. — *'♦ Brit. Mus. Inscr. 258. — *5 Bull. corr. hell. 1881, p. 201 ;
Paton-Hicks, Cos, 5. — 10 Paton-Hicks, C’os, 341, 409. — 17 Corp. inscr. yr. 3311.
Cet Hermogène est probablement identique à un médecin de l’école d’Érasistrale
dont parle Galien, De sirnplic. medic. I, 29. — 18 Corp. inscr. yr. add. 4315 n.
— 19 Bull. corr. hell. X, 60. — 20 Corp. inscr. yr. 4289; Waddinglon-Lc Bas, 1297.
MED
Hermogène,
ci ne, plu
villes d'Europe et d’Asie, sur 11
polis en
raclite le Rhodien18
;ene qui avait écrit soixante-deux liVre* ,
us des ouvrages sur l’histoire de 1, ,, méd«1
Enroue et d’Asie en. ' U1e, sur I.-
,ycie5 une inscription a conservé le
n°m d' 11,..
raclite le Rhodien'8, qui fut également i,n . iléd
Rhodiens, les Alexandrins, les Athéniens " l" VT 'eS
sacré de l’Aréopage et les philosophes ■ H"’al
d’Athènes ; il était célèbre non seulement r P‘CllI'lens
decin (TTfcotov àn’ itûvo; iatodv), mais comme'? .J
d’œuvres médicales et philosophiques ; on disùi , T
qu’il était l’Homère des poèmes mé,ti,a„,. ..." ,elui
etail
t
II
no-
■e
V
poèmes médicaux et
très fréquent dans ces textes honorifiques - il i
ses soins gratuitement (iocTfEusavro- ^oùa). CadVa ,
élève aussi une statue de bronze à son médecin mT
pluie, praticien heureux et expérimenté'9. Apeides bono i
Lysandre, appartenant à une famille de Lyciarques W
àptcxov vsvogEvov". Ameinias Aristoboulos, médecin
accompli et philologue (iarpov etov xal r.XdXoTov,, Ti
honoré d’une statue à Lydae -1.
On pourrait ajouter à ces textes ceux qui témoignent
de la reconnaissance des villes à l’égard de médecins qui
ont soigné et guéri de grands personnages, bien qu’icila
part de la flatterie intéressée puisse l’emporter sur c
de la gratitude. Le sénat et le peuple d’Ilion comblent
d’honneurs Métrodore, qui a guéri Antiochus 1er d’une
blessure22. Délos honore Papias d’Ainisos, médecin et
ami de Mithridate 23. Artorius Asclépiades, qui avait
sauvé la vie d’Auguste, est l’objet d’un culte à Smyrne
en qualité de -qpto; 24. Statilius Attalus, àpyyaTpo; i^Çoturfiv,
est honoré ù lléraclée Salbacé, où sou nom figure aussi
sur les monnaies20. Ménécrate, médecin des Césars,
plusieurs fois nommé par Galien 2G, est honoré d’un
héroon à Rome par ses élèves et sectateurs (oî Yvt0?;N1
xw éqcjtwv aîpEtnâpyq) ; l'inscription2, rappelle qu il élai
l’auteur d’une Logique médicale en cent cinquante-six
livres, qui lui a valu de nombreux décrets honorifiques
de diverses cités. Nous avons déjà mentionné les
honneurs rendus à Anlonius Musa, le médecin d Auguste,
et au trop fameux médecin de Claude, Sterlinius
Xénophon (§ XII) 28.
XIX. Déontologie médicale. — Si les médecins gi|>cs
n’ont pas tous été des gens de bien, ce n est pas taule
d’avoir reçu de nobles conseils. De toutes les parties e
la science médicale, la déontologie est la seule qm «s
Grecs aient portée du premier coup à la perleclmm Au
égard, l’école hippocratique a enseigné et legih'i I""'
tous les temps. Il suffit, pour en fournir la 1 ’ 1 ‘ 11X1
transcrire la traduction du fameux Serment lui1! ^
tique, telle qu’elle a été donnée par Littré • J ^
par Apollon médecin, par Esculape, l,ai ^
Panacée, par tous les dieux et toutes les d< VTforeef
prenant à témoin, que je remplirai, suivant im ■ ^
et mes capacités, le serment et 1 engagent ni
21 Journ. of hell. Slud. 1889, p. 72. Ajoutez
lull. corr. hell. 1900, p. .223), de Delphes ( -
'.orp. inscr. gr. sept. 510, 517), de Magnésie du Méandre t • ^ r|,0„„euf
328), de lasos (Rev. des études gr. 1893, p. 180)- La IS 1 " jncornp1*10'
! médecins, publiée dans le Rull. corr. hell. 1991, I _ 21 Coi
22 Corp. inscr. gr. 3590. — 23 Bull, de corr. lu • j _ 2;, Waddingl"11'
.. 3283; cf. Ihid. 2203, et Corp. inscr. att. NI, ' ‘ „mDi0Vé aujourd’hui
Bas 1095. — 2ii 11 était l'inventeur d’un emplâtre enroi ^ //„/. i ,;i
hell-
’llOI
■umplê
diacliylon (Rev. arch. 1882, I, p. 203). - 27 ^ jrcstôs fui ll0n^
28 Au v» siècle ap. J.-C. encore, le médecin Jakob» ' _ 2* Hippocr. !'•
ine statue à Athènes (Pliot. Riblioth. God. 242, p. 344
— 1099
MED
MED
de médecine au même rang que les
nr'ii mon mailre
1 de mes jours, je partager
aute"1 " nnnpvoirai à ses besoins; je tiendrai
irai avec lui mon avoir et,
111 irinl je pourvoirai à ses besoins; je tiendrai
leCaSf'1 .s pour des frères et, s’ils désirent apprendre la
sl'ÿl" " é la leur enseignerai sans salaire ni engage-
éceplcs, des leçons orales et du
médecine, je *'
i |(> ferai part des prece
’ [ , renseignement à mes fils, à ceux de mon maître
rlSU "disciples liés par un engagement et un serment
el |, loi médicale, mais à nul autre. Je dirigerai le
S“'V , des malades à leur avantage, suivant mes forces
Xn jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de
ï i justice Je ne remettrai à personne du poison, si
iTin’èn demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille
iceestion Semblablement, Je ne remettrai a aucune
femme un pessaire abortif1. Je passerai ma vie et j’exer-
i mon art dans l’innocence et la pureté. Je ne prati-
nuerai pas l’opératiom de la taille (?)2, je la laisserai aux
Lsiiui s’en occupent. Dans quelque maison que j’entre,
j'y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de
tout méfait volontaire et corrupteur, et surtoutde la séduc¬
tion des femmes et des garçons, libres ou esclaves. Quoi
que je voie ou j’entende dans la société pendant l’exercice
ou même hors de l’exercice 'de ma profession, je tairai ce
qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la
discrétion comme un devoir en pareil cas3. Si je remplis
ce serment sans l’enfreindre, qu’il me soit donne de
jouir heureusement de la vie et de ma profession,
honoré à jamais parmi les hommes; si je le viole et
que je me parjure, puisséje avoir un sort contraire! »
i « On peut affirmer, dit Littré, que ce serment a exercé
une influence salutaire et perpétuelle sur la profession
piédicale. Libanius écrivait, au déclin de la civilisation
antique : « Vous qui, désireux d’entrer dans la profession
«médicale, avez trouvé des maîtres pour vous instruire,
« adonnez-vous diligemment à l’étude ; soyez humain ;
«que l’amour de vos semblables vous inspire; appelé
« près d’un malade, courez; arrivé près de lui, examinez-
« le avec toute l’attention dont vous êtes capable ; compa-
« tissez à ses souffrances, réjouissez-vous de son réta-
« blissement et intervenez de tout votre pouvoir entre le
« patient et la maladie4. »
Littré rappelle que le Serment avait pénétré aussi chez
Arabes. Un médecin sicilien, Ilonain, s’autorisa de
ce lexte respecté pour refuser de fournir du poison à un
(‘dÜe Aujourd'hui encore, grâce à la tradition hippocra-
l|(I"c, ceux mêmes qui ne l’ont jamais lu en subissent
i nll uence et se dirigent dans la voie qu’il a tracée,
pie manque pas, ditencore un médecin hippocratique,
e sec°arir un étranger et un pauvre, car là où il y a de
pari" *avor^cmenl criminel, non de celui auquel l'obstétrique est
ni | i ,,ccourii\ Platon sait que les sages-femmes peuvent être
'j'."1 Pratiquer l’avortement ( lheaet . 149 D) et Aristote le permet avant
H| ' 111,11 \on n aj| reçu le sentiment de la vie [Polit. VII, 4). Voir Littré, sur
^ ^ plus haut, ambloseos dikè. — 2 Voir plus haut, §G. — 3 On
frrnnm *la^ ^ ^ 'luc ^(! secret professionnel était également imposé aux sages-
| ' l'H’auius, îatpoj çaçjxa x£mç, I, 52 M. — 5 Casiri, Biblioth. arab.
2(„; Bippocr. IV, p. G25. — G llippocr. IX, 258. — 7 Ibid. IX,
~~ 8 Ibid- VI, 11. — 9 Ibid. VI, 91.-10 Ibid. IX, 207. - H Ibid.
— 13 Gels. VII,
abcs (Daremberg,
lfi Luc. Abdic. 29. — n Dion, VIII, 131. — i#Ccls.
IX, 207, 269 — io n » . . . . .
l._ ,((_ p " daremberg, Flist. des sc. rnêd . I, p. 95, 9G.
On / i UccPl(' hippocratique, que l'on retrouve chez les Ara
Jll *- >’ OS). — iSCcis. v 2G
■ 6! Cale,,, j
1 - liim.
Il, 1 1 j ,V ■> P' 145; Pallnd. Schol. in Hippocr. et Gale n. éd. Diclz
r.1"' dc l ll5climann, Neu|„
19li|els ’ 1
b'oohAPHiE. Le manuel le plus récent (en cours de publication) est
hurger et Pagel, Handbuch der Geschichte der Medicin ,
(utiles 0u n" * l, 0in'cra un très grand nombre d’indications bibliographiques
la médecine ** .^l,° °n Pourra compléter à l’aide des comptes rendus relatifs à
ans ^ (Bursian's) Jahresb, ilber die Fortschritte der Alter-
l’amour /tour les hommes , il y a de l amour pour la
science 11 _ »> « Le médecin doit être silencieux, discret.,
de mœurs pures, l’air sérieux mais non renfrogné,
réfléchissant avant de parler, évitant de rire aux éclats,
pieux, mais exempt de superstitions '. » Ailleurs encore,
on recommande au médecin la patience avec le malade ,
on l’avertit que sa profession <*sL pleine de déboires et de
dégoûts qu’il doit surmonter avec constance , ou
l’exhorte à soigner les âmes non moins que les corps :
ou le détourne de .l’ostentation et des vaines parades
devant la foule11. « Personne depuis Hippocrate, dit
Daremberg, n’a eu une plus haute idee de la dignité
médicale; personne n’a marqué plus de respect pour h*s
malades et plus de sollicitude pour leur guérison, ou du
moins pour leur soulagement et leur cons lation ;
personne, non plus, n’a montré plus d admiration pour
les utiles découvertes, plus de soin a les perfectionner,
plus de déférence pour les médecins consciencieux qui
appliquent leur intelligence à toutes les parties de 1 art ,
plus d’indulgence pour les erreurs inséparables de toute
science et de tout art;... plus d’éloignement pour les
médecins qui, tout occupés de leur fortune et de leui
réputation, font étalage de leur savoir, caressent les
préjugés du vulgaire et règlent leur conduite sur le
prolil qu’ils en retireront; personne, enlin, qui ait lait
preuve d’autant d’expérience et de bon jugement dans les
relations journalières que la profession médicale établit
entre le médecin, le malade et les gens du monde12. »
A l’exemple des hippocratiques, toute l’antiquité s’est
fait une haute idée des devoirs du médecin, des égards
dus par lui non seulement au patient, mais à sa famille
et à ses amis. « Le chirurgien, dit Celse, doit être assez
compatissant pour vouloir la guérison de son malade,
mais assez ferme pour ne pas se laisser émouvoir par se>
plaintes13.... Il ne doit pas tenter d’opérer un incurable14.
Si le malade est en danger, mais non perdu, que le
médecin avertisse ses proches que, le cas est sérieux;
mais il est d’un charlatan d’exagérer le danger pour
s’attribuer plus de mérite en cas de guérison 1 » « Le
médecin, écrit Lucien, ne doit pas visiter les malades
contraint et forcé; il doit le faire spontanément et avec
joie16. » « Là où il y ale plus de souffrance, là doit aller
le médecin », dit Dion 1 Nous avons déjà rappelé les
belles paroles de Libanius. On attendait du médecin
qu’il encourageât le malade et lui apportât 1 espérance,
à défaut de la guérison de son mal. Aussi en voulait-on
à l’hérophilien Callianax de sa dureté et de son ironie
envers ses patients18. En un mot, on n’exigeait pas seule¬
ment du médecin ce que nous appelons la correction
thumsmssenschaftX XI, p. 132 : XIX, p. 224; XL, p. 51 : I.XIV, p. 281. Voir aussi
le Cliarikles de Becker, la Sittengcschichte de Friedlaender cl les Handbüchrr de
Hermann-Blümner ( Griechhche Privataltert htmer el Marquardt \Privatlebt
liômer). Eu général, la vaste littérature rc'alive à la médecine dans l'antiquité est
fort sujette à caution; parmi les ouvrages modernes que j'ai lus en vue du présent
article, ceux de Littré cl de Daremberg sont les seuls où je n’aie pas trouvé d'erreurs
résultant de l'emploi de textes mal datés, mal interprétés ou apocryphes. Je donne
ici une liste de travaux suivant l'ordre chronologique des éditions, mais eu réunis¬
sant ceux des mêmes auteurs: Dan. Le Clerc, Histoire de la médecine , Amsterdam,
1096 cl 1729; Curl Sprengel, Versuch einer pragmatisehen Geschichte der Ars-
neikunde, Halle, 1792-99 (4e éd. du t. 1" par J. Rosenbaum, Leipzig, 18 40 ; les
notes de Rosenbaum valent beaucoup mieux que le texte); Marx, Herophilos, H ex¬
tra g sur Geschichte der Medicin, Carlsrulic, 1838; E. Isensec, Geschichte der
Medicin, 4 vol. Berlin, 1840-43 ; 1.. Choulanl, Bibliotheca medico-historica, Leipzig,
1842; H. Haescr, Lehrbucb der Geschichte der Medicin un i der epidemischen
Krankheiteri , lénn, 1845 (3<- éd. revue, léna, 1873); G. Wolckor, Zu den
Alterlhümern der ffeilkande bei den Griechen, Bonn, 1850 (Kleine Schriften,
l. 111); Ch. Daremberg, Essai sur la détermination et les caractères des périodes
MED
— 1700
MEI
professionnelle, mais le désintéressement, la bonté- et la
charité. Lerescrit impérial de 368 se fait simplement l'écho
de la sagesse hellénique lorsqu’il prescrit aux médecins
publics de mieux aimer soigner les pauvres que de servir
bassement les riches, obsequi tenuioribus quant turpiter
servire divitibus. Il ne semble pas que le christianisme
ait rien ajouté à la déontologie médicale du paganisme.
Salomon Reinach.
MEDIMNUS et MEDIMNUM (MÉotgvoç). — Dans le
système attique des poids et mesures créé par Solon1,
le médimne est la principale mesure des denrées
sèches; il a pour subdivisions : le xptxsûç, tiers; l’éxxeûç
sixième; l’vjgisxxov, douzième; le yoïviç, quarante-hui¬
tième ; la xoxôXt|, cent quatre-vingt-douzième du
médimne. Le médimne représentant deux pieds cubes et
le pied attique ayant, d'après les évaluations ordinaires,
O m. 30825, le médimne a une valeur d’environ 51 1. 842.
Plus tard, dans le nouveau système qui s’introduit en
Grèce vers le m° siècle av. J.-C., le pied ayant été porté à
0 m. 355, le médimne vaut environ 58 1. 92; il a les mêmes
subdivisions que précédemment, mais la cotyle [cotvla]
n’est plus que la deux cent quatre-vingt-huitième partie
du médimne.
A Sparte, à l’époque classique, les mesures laconiennes
étant aux mesures attiques dans le rapport de 3 à 2 ou de
11 à 83, le médimne valait de 71 1. 16 à 77 1. 58 : c’était
l'ancien médimne éginétique mensura]. Ch. Lécrivain.
MEDITRUXALIA. — Fête de la vieille religion romaine,
encore en honneur du temps de Varron et qui disparait
ensuite de la littérature, comme beaucoup d’autres du
même genre1. Seuls les calendriers en font mention à la
date du il octobre2; elle peut être considérée comme l'épi¬
logue des vendanges, généralement commencées un mois
auparavant3. Le nom est à rattacher à celui de Meditrina,
divinité latine dont il n'est question que dans le texte de
Festus qui mentionne la fête1. Les honneurs qu’on lui
rendait à cette occasion étaient aussi à l’adresse de
Jupiter, et ce détail a son importance • cYsi
pices de Jupiter que s’ouvraient les ven,f S°US 1(‘s aUs. I
encore qu’elles se terminaient, en son n0inT?’ par 1|J>
Vinalia d’avril on goûtait le vin nouveau • " qUaux
céder aux soutirages : il y a là autant'
faveur de l’antiquité de la viticulture dansTlf - , " L‘n
Aux Meditrinalia il était d’usage de boire l’I-
veau et du vin vieux, en prononçant ces paroles "! T'
du vin vieux , je bois du vin nouveau J, men:r
maladies anciennes et des maladies récentes*1'")'''* ***
prêtait donc Meditrina par rnederi ; la divinité'
serait celle de la santé, fonction qu’elle céda plUs T"!
à salus dont la signification était plutôt politique"
puis l’une et l’autre en furent déchargées PV i’
groupe d’Esculape et d’IIygie, dont l’introduction danl
les cultes italiques ne parait guère antérieure à 293 avant!
J.-C.8. Les Grecs avaient une fête analogue à celle des
Meditrinalia, celle des Pithoïgies [dionysia, p. 235] qui
à d’autres égards, ressemblait également aux Vinalia ]
on y priait en dégustant la première coupe de vin
nouveau, pour que ce vin, considéré comme un remède
fût toujours salutaire au corps9. J. -A. Hild.
MEDUSA [gorgones].
MEGALESIA [cybélé, J, 2, p. 1684 ; ludi, II, 2,
p. 1372].
MEGARON [domus, templum].
MEILICHIOS et MIL1CHIOS. — Il a été traité, à l’ar¬
ticle diasia, du culte hellénique de Zeus Milichios1. On
a découvert, au Pirée, une série d’ex-voto provenant du
temple d’un dieu qui porte le même nom, mais qui n’est
grec que d'apparence. Si l’un des bas-reliefs le représente
sous la figure ordinaire de Zeus, sur les autres, Zeus
Milichios est un serpent de grande taille, enroulé, comme
le montre la figure 4893 2. C’est le serpent qui est appelé
le dieu ; c’est à lui que s’adresse l’hommage ou le
sacrifice. On ne connaît rien de semblable dans les cultes
grecs. Du reste, aucun des consacrants n est citoyen
de l'histoire de la médecine , Paris, 1851 ; Œuvres d’Oribase, lexte el li-ad. par
Bussemakcr et Daremberg, (i vol. Paris, 1851-1876 ; Œuvres choisies d' Hippocrate,
Paris, 1855; Œuvres anatomiques, physiologiques et médicales de Galien, 2 vol.
Paris, 1854-56; Gymnastique de Philostrate , avec trad. et notes, Paris, 1808;
La médecine dans Homère, Paris, 1805; État de ta médecine entre Homère et
Hippocrate. Paris, 1869; Histoire des sciences médicales, 2 vol. Paris, 1870-71;
Œuvres de Rufus d'Ephèse, texte et trad. par Daremberg et Ruelle, Paris, 1879;
Wunderlich, Gescliichte der Medizin, Stuttgart, 1859; E. Rouger, Etudes médi¬
cales sur / ancienne Rome, Paris, 1859; E. Littré, Œuvres d' Hippocrate, texte et
trad. 10 vol. Paris, 1859-61; Monnier, Histoire de l’assistance publique dans 1rs
temps anciens et modernes, Paris, 1860; R. Briau, L assistance medicale chez les
Romains, Paris, 1869; L’archiatrie romaine, Paris, 1877; Introduction de la
médecine dans le Latium et à Rome, in lier. arch. 1885, 1, 385; II, 192 ; A. Vedrèues,
Traité de médecine de Celse, texte el trad. Paris, 1876 ; 1. Jacquey, De la condi¬
tion juridique des médecins privés et des médecins officiels ou archiàtres, Nancy,
1877; Hirsch, Gescliichte der Augenheilkunde, Leipzig, 1877; J.-E. Pélrequin, La
chirurgie d’Hippocrate, 2 vol. Paris, 1877-78; Th. Puschmann, Alexander von
Traites, texte et trad. Vienne, 1878-79; Vercoulre, La médecine publique dans
l' antiquité grecque, in Rev. arch. 1880, 1, 99, 231, 309, 348; Dechambrê, Gazette
hebdomadaire de médecine et de chirurgie, Paris, 1. XXVII (1880), p. 680 sq.
(critique approfondie des travaux de Vercoulre); G. Pinto, Storia delta
medietna in Roma al tempo dei re e delta republica Romana, Rome, 1880;
P. Girard, L’Asclépiéion d’Athènes, Paris, 1881 ; Paye, Spitdler und milde Stiftun-
gen im Alterthum, Christiania, 1883; J. UlTelmann, Die Entwickelung der alt-
griechischen Heilkunde, Berlin, 1883; R. Friedlaender, Die wichtigsten Leistun-
gen der Chirurgie in der byzantinischen Période, Breslau, 1883; J.-M. Guardia,
Histoire de la médecine d' Hippocrate à Broussais, Paris, 1884; A. Gorlieu, Les
médecins grecs depuis la mort de Galien jusqu’à la chute de l'Empire d’Orient,
Paris, 1884; Dupouy, Médecins et mœurs de l’ancienne Rome d'après les poètes
latins, Paris, 1885 ; Chauvet, La philosophie des médecins grecs, Paris, 1886 ;
S. Güntlier, dans le Handbuch d'Iwan Miiller, l. V, 1, p. 103-114, Munich, 1888;
Burdett, Hospilals and Asylums, their origin, history, 2 vol. Londres, 1892;
.M. Albert, Les médecins grecs à Rome, Paris, 1894; C. Brunner, Die Spuren der
romischen Aerzte auf dem Boden der Scliweiz, Zurich, 1894; Uielricli, Geschicht-
liche Entwickelung der Krankenpfleye , t. 1, Berlin, 1898 ; G. Ui-ageinhu il, ie
Heilp/lanzen der verschiedenen Vôl/cer und Zeiten, Stuttgart, i 1 1111 •
Gescliichte der Chirurgie, Berlin, 1898; André-Pontier, Histoire I lu l'l"n
Paris, 1899; Laboulbènc, Œuvres, publiées par Beurnier et Camhous, Ihjon,
(p. 118 sq.bihliogr. des œuvres de Daremberg; p. 159 si|. étude sur Ci Im ) 1 ’
Eragment-Sammtung der griechischen Aerzte, I. L Berlin, LWI (du nu ■> ,
articles relatifs à l'histoire de la médecine dans la Real-hncycloim ^
Wissoxva) ; H. Magnus, Die Augenheilkunde der Alten, Breslau, n'"L []'\,|ie
remerciements à M. le D‘ Garnault, qui a bien voulu me luiu 1"
bibliothèque médicale. , , ainail
MEDIMNOS. 1 A ri s toi. At/i.pol. 10. — 2 D après Dorpfeld, <’ 1)10 ^
exactement 0 m. 2957 : cela ne donnerait pour le médimne qu 1IuHrctc)-
Les amphores panalhénaïques ont un contenu moyen de 11 ^ ^ ^ ^ vil).
( Beitrüge sur antiken Métrologie, I; Mitth. d. d. hais. » IIÜ(-uapuik. Bflckk
— 3 D’après Plut. Lyc* 12 et Dicacarch. ap. Athen. D ^ ^ j/aasse des
MetroLonische Untarsuchungen über Crewic/ite, Miln* " . tfhùtoirt
Alterthums in ihrem Zusammenhanye, Hcrim, irliquiaey
ancienne, Paris, 1863, p. 197-219; Hultsch, Metrologicoi un ; \issffl,
Leipzig, 1864; id. Griech. und rôm. Métrologie, i* « ■ 'n’,taml .vissent-
Griech. und rom. Métrologie (Millier s Handbuch du - "
chaft, Nôrdliugen, 1886, 1, p. 665-794).
MEDITRINALIA. 1 Varr. Ling. lut. VI, 21.
Sab. —3 Cat. Agric. 25 ; Varr. De re rust. L al: ^a,
Rust., Corp. inscr. lot. I, p- 359; Tac. Ann. XI, 31. j-',,,!!. voir
Preller-Jordan, Roem. Mylh. I, p- l;|5 s. 1 oui ' - iinü- lot. ' '
Fast. IV, 863 s.; Fcst. p. 46 et 65 et les calendriers; ^ (- ^
16 et 20; Fcst. p. 264, 265; Vinalia rustica et Corp. tcIte de Varr»
— 6 Varr. et Fcst. L. c. : Meditrinalia dies dictas a medei • Mo W,eri» «•
est corrompu ; Festus donne la formule exacte ; vêtus novum 37« cl s*'cs-
morbo medeor. - 7 Cf. Marquardt-Mommsen, ill, 7, b
_ 8 TU. Liv. X, 47, 7; Dcn. liai. V, 13. - » PI»1- ^ ct
MEILICHIOS et MILICHIOS. ' Furtwaengler idcnli ... /wx< 1897,1'.
Milichios en les rapprochant d'Asclépios (Sitsungt >ei •
— z Bull, de corr. hell. 1883, p. 507.
2 Calend. d""1-
v ; | MtnrnM
; m.-6*-;
0v.
VI,
3!«.
/.eus
41*7).
MEL
— 1701 —
MEL
Pirée, la république permettait aux mar-
atliénieD " j(,rs S’élever des temples à leurs dieux natio-
cliands étranhr( ■ naux, et autour de ces centres
religieux se groupaient les
métèques et les esclaves ori¬
ginaires de la même région1.
Le plus souvent, ces étran¬
gers, sur le sol de la Grèce,
donnaient à leur dieu le nom
de la divinité grecque qui s’en
rapprochait le plus par la na¬
ture de ses attributs ou la res¬
semblance du son. C’est ainsi
que le Zeus Milichios du Pirée
n’est vraisemblablement autre
chose qu’un Baal Milik du
panthéon sémitique.
P. Foucart.
MEL (MéXi). Le miel. —
ÉCRITS DES anciens. — Quoique
les anciens aient connu la canne à sucre [saccharum], le
miel a joué dans leur alimentation le même rôle que le
sucre dans la nôtre; il a eu chez eux, comme objet de com¬
merce, une importance que nous ne pouvons nous figurer
par l’usage que Ion en fait actuellement. C estlemielqu ils
employaient uniquement pour la pâtisserie, la confiserie,
la pharmacie, pour la préparation des vins doux et autres
friandises de dessert. Ainsi s'explique en particulier que
Virgile dans ses Géorgiques ait consacré à 1 apiculture
un chant sur quatre : un rucher pouvait rapporter autant
qu’un vignoble. Virgile, du reste, a résumé les connais¬
sances et les préceptes exposés dans une longue suite
d'ouvrages techniques que nous avons perdus pour la
plupart. Sans parler ici des poètes qui ont célébré la
douceur du miel, sa pureté et son arôme1, ni des natu¬
ralistes qui, depuis Aristote jusqu’à Pline, ont décrit à un
point de vue scientifique les mœurs des abeilles 2 [ares],
il convient de rappeler qu’un grand nombre d’écrivains,
préoccupés surtout des intérêts d’une industrie fruc¬
tueuse, avaient condensé pour les apiculteurs les leçons
de l'expérience 3 . Ceux-là, c’étaient d’abord ceux qui
avaient traité de l’agriculture, entre autres Magon le Car¬
thaginois, Ménécrate d’Éphèse \ Varron, Hygin et, après
Airgile, Cornélius Celsus et Columelle5. Puis il y avait
aussi les spécialistes, par exemple Aristomaque de Soles,
qui pendant cinquante-huit ans s’occüpa d’apiculture avec
j>ne passion exclusive ; Philiscus de Thasos, surnommé
e Sauvage parce qu’il s’était retiré dans un lieu désert,
j!U 11 ava‘t d’yeux que pour ses abeilles, et encore, à
^époque alexandrine, Néoptolème et le poète Nicandre6.
^Woopyixà (je ces auteurs, dont il ne reste rien,
0nt pas peu contribué à entretenir l’admiration presque
I J p n
[ Mei i"rjV 1 ' ^ ssocidtwns religieuses chez les Grecs, p. 84 et suiv.
— 2 Arisi i '1r'uslae<à> P- 164-167; Roscher, Nektar und Ambrosia , p. 42-44.
Bist, m/ n'U™' 0en- àl, 10 ; Hist. anim. V, 18-19 et (ps. Arist.) IX, 27 ; Plia.
c,Poséesav> 1 Pcs conna>ssances et les erreurs des anciens sur ce sujet sont
les noies do j!<'S‘3c,l'luac Pai' Olck, Biene, ap. Pauly-Wissowa, Real-encycl. Voir aussi
Dererusl 111 ' t r" ®a'nl-Hilaire sur sa traduction d'Aristote, Z. c. — 3 Varron,
leur à iour \ ' distingue très nettement les deux points de vue en faisant parler
Min. Bisl ... . y'. -'lerula. — 4 Magon traduit en grec par Cassius Dionysius ap.
Witter. ind ai ^enecr- Jàid. XI, 17 et Index (cf. Susemihl, Gesch. d. griech.
aP- TeufTol Grs ' ^e‘l< b P- 284, 829-838). — 5 Varr. De re rust. III. 16 ; Hygin.
cf' Pl'n- Hist l l \9riech- Litler- 5 § 262, 3 ; Cornel. Cels. Ibid. 280, 3 ; Colum. IX,
11 ■ II, 87 ; xn 76, . ’ 70'85' “ 6 Susemihl, I, p. 838.- 7 Cook, Z. c. — 8 Hom.
I1, HO, l. 9,, ’ ( ! 103; Hermann-Bliimner, Griech. prie. Alterth . *,
Yj°m' 11 XX1II> 170 1 Od. XI, 27 ; XXIV, 67; cf. X, 518. — 10 Hes.
religieuse qu’inspirait aux anciens l’industrieux insecte
Les ruches. — De vieilles légendes attribuaient 1 inven¬
tion del’apiculture àBacchus[BACCHL's], d’autres à Aristee
[aristaeus] 7 ; elles semblent bien attester que cette partie
des travaux rustiques avait chez les Grecs une origine
très ancienne. On a cependant contesté que les contem¬
porains d’Homère connussent l’art d’élever les abeilles K ;
mais, outre que les preuves que I on en donne manquent
de consistance, il n’est guère vraisemblable qu on
attendit seulement des abeilles sauvages le miel employé
dans les sacrifices et les funérailles9. Hésiode mentionne
formellement des ruches10. On peut seulement admettre
que les plus anciennes furent très rustiques et semblables
aux abris naturels que choisissaient les essaims sauvages,
par exemple des troncs d’arbres évidés11, ou des vases
de pierre12. Dans la suite on perfectionna la construc¬
tion de la ruche (-7111.6X0?, ffpÂrjvo;, xu-J/ÉXtj, xmJ/éX tov, opov,
Y«0Xo;, [AeXidcstov ] al dus , alva/'ium, alvcar ium , alveare) 1 \
sans renoncer complètement aux vieux modèles. Les plus
répandus étaient les suivants :
1° La ruche d’écorc^ou de liège. Elle avait, aux yeux
des apiculteurs, le grand avantage de n’ètre ni trop froide
en hiver ni trop chaude en été. On l'emploie encore en
Afrique dans la province de Constantine ; 1 écorce est
roulée en forme de tronc de cône, assujettie avec un lien
d’osier, et un bouchon de bois en ferme 1 orifice supérieur 1 *
2° La ruche de terre cuite (fictilis). Les agronomes 11’en
étaient point partisans; c’est, dit Columelle, la pire de
toutes, parce
qu’elle ne pré¬
serve les abeil¬
les ni du froid
ni de la chaleur.
On a récemment
signalé des ru¬
ches de ce genre FiS- i893 - Ruche de terre cuite.
dans la haute
Égypte, où les indigènes 11'ont jamais cessé d’en fabri¬
quer depuis les temps antiques. Ce sont des tuyaux de
terre cuite longs de près d’un mètre et larges de 0 m. 20;
on les bouche aux deux extrémités avec de la terre pétrie
et dans l’une des extrémités on perce des trous pour lais¬
ser passer les abeilles. Puis on empile ces tuyaux les uns
sur les autres horizontalement (fig. 4893). Il est clair que
si ce type a disparu partout ailleurs, c'est à cause du
grave défaut constaté par Columelle1*.
3° La ruche de briques (ex lateribus) en avait un autre :
celui de ne pouvoir être déplacée à volonté16.
4° La ruche en bouse de vache offrait l'inconvénient
d’être facilement inflammable17.
5° La ruche ronde en osier tressé, connue même de
l’Égypte pharaonique, est encore en usage partout18.
Theog. 598. — U Schol. ad Nie. Al. 448 ; Colum. IX, 8, U ; Varr. De re rust. III,
16, 15. — 12 Hom. Od. XIII, 103; cf. Porphyr. Antr. nytnph. 17 ; Anth. Pal. IX,
404, 6. — 13 Hesiod. Theog. 594 et 598 ; Schol. Aristoph. Vesp. 241 ; Arist. Hist.
anim. V, 22, 4, 6 ; IX, 40, 15, 24 ; Plut. De exil. 6 ; Anth. Pal. IX, 404, 5 ; Schol.
Nie. Al. 547 ; Hesych. «■ ». ; Varr. De re rust. 111, 16, 15 ; Colum. IX, 2, 1 ; 6, 14 ;
7, 15, 11 ; Plin. Hist. nat. XI, 22, 23, 69; XXI, 80, 82; Tib. Il, 1, 49; Cic. ap.
Charis. 107, 2; Virg. Georg. IV, 34; Corp. gloss, lat. II, 15, 42; 431, 39; III, 262,
11, 12; cf. Freund, 1" scolic du Dict. de la langue latine, I, p. 7 delà trad.
franc. — U Varr. De re rust. III, 16, 15, 16 ; Virg. Georg. IV, 33, 34; Colum. IX,
6, 1 ; Plin. Hist. nat. XXI, 80; Pallad. I, 38, 1 ; Ovid. Rem. am. 186; Geop. XV,
2, 17 ; Hamy dans les C. rendus de V Acad, des inscr. 1900, p. 41. — 15 Varr. Colum.
Pallad. Z. c. ; Hamy, Z. c. 1901, p. 79, fig. p. 81. — 16 Cels. ap. Colum. Z. c. — 17 Ibid.
_ 18 Varr. Z. c. ; Wilkinson, Manners and customs of the ancient Egyptians, 2« sér.
I, p. 81. C'est à cette forme que s'applique^ coneameratio de Plin. Hist. nat. XI, 22.
214
MEl
— 1702 —
MEL
fi° La ruche en bois de férule. M. Hamy en a retrouvé
chez les Berbères des spécimens modernes; ce sont de
petites cabanes de forme rectangulaire [quadrata ou
oblonga ), composées
d’un assemblage de
rondins dont on bou¬
che les joints avec de
l’argile (fig. 4894)
7° La ruche en plan¬
ches; on recomman¬
dait particulièrement
pour cette destination le hêtre, le chêne, le pin et le
figuier2.
Certains amateurs, sous l'Empire, garnissaient les
parois de leurs ruches avec des feuilles transparentes de
mica ou de corne, qui permettaient de surveiller de l’ex¬
térieur les progrès du travail3. Quelquefois aussi on les
fermait par derrière avec une planche mobile ( operculum ) ;
on la poussait en dedans si l’on voyait que la ruche était
trop grande pour l’essaim, afin, dit Pline, de ne pas dé¬
courager les abeilles ; puis on la ramenait peu à peu en
arrière au fur et à mesure que l’ouvrage avançait v. Cette
disposition était commode aussi pour retirer les rayons3.
Le rucher (u.eTao'ffùv, p.sXi<j<joupys;ov, ixsXtrpotpsïov, jj.eXto’—
aouov ; alvarium, nlvare , apiarium., mellarium) " exi¬
geait des soins très minutieux sur lesquels les auteurs ont
beaucoup insisté. Tous Les apiculteurs savent encore que
le rucher doit être exposé au midi, mais dans un endroit
abrité du soleil, à proximité de la ferme, mais assez loin
pour ne pas avoir à souffrir des odeurs et des émanations
malsaines, et que les abeilles doivent trouver aux alen¬
tours de l’eau pure et des fleurs à butiner7. Dans une ex¬
ploitation bien tenue, les ruches étaient posées sur un
soubassement (, mgge&tus ) en maçonnerie de trois pieds
de hauteur (0m.90)sur une épaisseur égale, qu’on revêtait
d’un enduit bien poli pour empêcher les animaux nui¬
sibles d'y monter. Les ruches, convenablement espacées
entre elles, s’étageaient sur deux rangs, trois au plus ;
on les séparait par des cloisons en briques, de façon que
chacune fût enfermée dans une niche ouverte sur le devant
et le derrière. On prévenait l’humidité en donnant une
légère inclinaison au plan de chaque étage. Toute la
construction était abritée sous un toit, un appentis de
branches mortes, ou bien sous un portique. Enfin, si le
rucher se trouvait trop loin de l’habitation pour qu’on
pût le surveiller, il était prudent de l’enfermer entre
quatre murs percés de petites fenêtres pour la commo¬
dité des abeilles. On élevait même quelquefois dans cette
enceinte une cabane pour le gardien8. C’est qu’en effet
il n’était pas rare de voir un rucher saccagé par les vo¬
leurs9. On les tenait encore en respect en plaçant les
1 Varr. L. c. favi oblongi ; Plin. Hist. nat. XI, 23, obliqui mss., coït. Olck
I. c. col. 452, 1 1 ; Colum. IX, 15 ; Hamy, L. c. 1900, p. 41, fig. p. 42. — 2 Colum.
L. c. ; Geop. XV, 2, 17. — 3 Plin. Hist. nat. XI, 49; XXI, 30. — 4 Varr.
L. c. ; Plin. Hist. nat. XXI, 80. — 5 Plin. XI, 24. Ruches sur des monu¬
ments faux : Boissard, Antiqu. VI, pl. i.x = Corp. inscr. lat. VI falsae , 3124* ;
Montfaucon, Antiqu. expi. I, pl. cciv = C. i. I. L. c. 3153*. Le vase en bronze
de Pompéi (Donaldson, Pompeii, II, pl. p. 11-12) ne peut pas être une ruche.
— 6 Acsop. 289 H; Geop. XV, 2, 37; Varr. De re rust. III, 2, H; 3, 5;
12, 2 : 16, 10, 12; 11, 15 ; Colum. VIII, 1, 4; IX, 3, 4; 5, 2 ; 7, 1, 4 ; 12, 4; Plin.
Hist. nat. XVIII, 338 ; A. Gel 1 . II, 20, 8 et 9; Corp. gloss, lat. III, 357, 64. — 7 Varr.
Virg. Colum. Pliu. L. c. — 8 Colum. IX, 5, 7 ; Geop. XV, 2, 9. — 9 Aesop. 288,
289 H ; Theocr. 19; Colum. IX, 6, 4;Pallad. I, 37, 1 ; cf. Toutain, Inscr. d’Henchir
Mettieh, 2« face, 1. 6-13, p. 37 ; Dig. XXXIII, 7, S 10 ; XLI, I, § 5, 2; Jnstit. II, 1,
g 14. — <0 Anth. Pal. XVI, 189 ; Theocr. V, 59 ; Virg. Georg. IV, 11 1. - - U Augustin.
Civ. Dei, IV, 34 ; Amob. IV, 7, 8. — 12 Colum. IX, 14. — 13 Democr. et Mago ap. Colum.
ruches sous la protection de ce
ques, telles que Pan ou Priape1
certaines divinités ruJ
une des principales attributions de k dtw!!'' u"» C’él,,il
L’apiculture. - Les anciens avaient dressé
drier de l’apiculteur; ils y avaient noté ùn. . .en‘
genre de travaux qu’il devait entreprendre dans T '6
saison. Au printemps, entre le 25 mars et le'i-",,' ''"|Ue '
nettoyait les ruches et on faisait disparaître ]es '' .
parasites. Vers la fin d’octobre ou au commencement
novembre on les visitait de nouveau, puis on les couv !
de paille pour les garantir du froid. Pendant l’hive,'',"
plaçait au-devant quelques aliments destinés à souLnil
les forces des abeilles engourdies. Entre beaucoup de!
prescriptions qui sont encore observées, les traités des!
anciens en contiennent beaucoup d’autres qui reposent!
sur des idées erronées et sont bien faites pour nous sur- 1
prendre 12 : ainsi on croyait que des essaims pouvaient
naître du cadavre d’un bœuf en putréfaction ; Virgile lui-
même a chanté cette légende de la Bougonia , qui est
manifestement d’origine égyptienne et que plusieurs au¬
teurs alexandrins avaient rapportée comme cligne de foi
depuis le ni0 siècle av. J .-C. 13 Dans certains pays on esti¬
mait que les abeilles avaient épuisé à la fin du printemps
toutes les fleurs qu’ils pouvaient leur fournir et qu’il
fallait les transporter dans d’autres, plus favorisés de la
nature. On enlevait donc les ruches pendant la nuit et on
allait les installer ailleurs; l’Achaïe envoyait les siennes
dans l’Attique et en Eubée ; à Scyros on rassemblait
celle des Cyclades ; à Hybla, celles des autres villes sici¬
liennes. Le même procédé était appliqué, paraît-il, sur
les bords du Pô et en Espagne u. Dans ce dernier pays on
en a trouvé une trace curieuse; c’est une inscription
gravée sur une tablette de plomb, attestant qu’à la date dû
30 août d’une certaine année, un nommé L. ValeriusCapito
a pris possession d’un terrain pour son rucher: alvari
locum occupavit. La tablette devait être fixée dans un
mur voisin pour établir son droit de premier occupant .1
La récolte. — On châtrait ( castrare )"’ les ruches en
général deux fois par an. Cette opération, appelée tantôtj
unemoisson [messis) et tantôt une vendange (vindemm) ,
se faisait la première fois à l’entrée de l’été, la seconde
en automne18. On avait soin chaque fois de LiisM ■ une
partie du miel pour la nourriture des abeilles, soi! < cin
quième en été et le tiers en automne in. Loino 1
mençait par enfumer la ruche en brûlant in,<
férule appelée galbanum ou de la bouse dessn
combustible était enfermé avec de la braise 'I,UI ) .j y
de terre garni d’anses comme une marmite .<> " ’ .
avait à l’avant un goulot percé d un petit l* on 1
livrer passage à la fumée, et du cote oppose ^
embouchure à travers laquelle on sout ai
. g2 ; Arcliel. ap.
IX, 1 4, 6 ; Callim. ap. Hesycb. 8. v. pouYmo>v et in Etym. ; aQ'1- 446 ; philet
Varr. De re rust. III, 16, 4 ; Nicand. Ther. <42 et Scho . * < ^ 249, l ;
ap. Antig. Car. 19; Anth. Pal. VII, 36, 3 ; IX, 363, 13 ; MJ. - * 377; Md. **•
De re rust. Il, 5, 5; III, 2, 11; Virg. Georg. I\ , 89-0 )• ^ Ae|jgn_ N„.,.
18 ; Geop-
XV,
364; Plin. Hist. nat. XI, 70; Sext. Emp. Pyrrh. mst. L
II, 57 ; Isid. Orig. XI, 4, 3 ; XII, 8, 2 ; Porphyr. Antr. ny > I -, ^ III. m.
2,14, 21-36.-14 Colum. IX, 6, 8, 14, 19 ; Plin. XXI, 73, 74. ’ /nsc„ fHenchx
21, ne parle pas de déplacements aussi considérables. • _ C Colum-
Mettich, 2* face, 1. 0-13. - C. i. I. H, *242. - * Colum- |g ^ Gforg.
IX, 14; 15 ; Toutain, Inscr. d'Henchir Metticli, 2* ««; : isle I». sept®'" 11
IV, 231 ; Colum. XI, 14; Pallad. VII, 7 ; XI, 13. Une tronu ■> 40, *».
d'après Varr. De re rust. III, .0, 32-33; Plin. B ,5, S 1 N*
Geop. XV, 5, 1 ; cf. Aristol. Hist . amm. V, 22, 6. f#i> . Varr. HI, *6’ 1
VII, 7, 2 ; XI, 13. Autres proportions quand on réco a
Geop. XV, 5, 4 : Plin. XI, 35, 40, 42.
MEL
1703 —
MEL
tacher I
deux côtés
. lie postérieure de la-ruche, on en approchait
ouvert Ut I'- ^ ^ gouf|lajt dans l’intérieur du vase pour
la,oal’in,1 fumée sur les abeilles, que l’on chassait ainsi
P°USS.ei î.jrur Alors on se mettait en devoir de couper
vers rexU'mColumelle recommande de se procurer pour
les rayonS ’ deux outils de fer mesurant un pied et demi
CelU> 0".. 45) : “n couteau [cul ter) bien affilé pour dé-
del°nhi, s rayons par-dessous, et un autre, tranchant des
et Crochu par un bout, pour nettoyer les
| . . , Un bas-relief trouvé à Rome représente peut-
T , h récolte du miel. On y voit au pied d’un arbre un
I nuage ; devant lui sont placés à terre deux objets de
Enc circulaire et au-dessus voltige un insecte ailé; en
W .. on aperçoit quelque chose comme des flammes.
K 'vant M. Hülsen, nous aurions là l’image d’un apieul-
i ur cn train d’enfumer ses abeilles. Toutefois cette inter-
orétalion reste douteuse2. A peine détachés de la ruche,
ieS rayons étaient portés en toute hâte dans une chambre
obscure et bien close ( cella mellaria)3 et empilés dans
un panier {qualus) en osier à larges mailles, de forme
conique, semblable à ceux qui servaient à passer le vin ;
de ce panier suspendu au plafond le miel dégouttait dans
un bassin ( alveus ) placé au-dessous’'/ Il est probable
que dans certaines contrées on remplaçait le panier par
un vase percé de trous : on a trouvé dans les marnières
des environs de Parme, au milieu de débris antérieurs à
l’époque romaine, des ustensiles qui semblent avoir été
affectés à cet usage ; ils sont tout à fait conformes à ceux
dont on se sert encore aujourd’hui en Italie b. Lorsque
dans le récipient supérieur il ne restait plus que la cire
[cera], on transvasait le miel du bassin
dans des pots, qu’on laissait ouverts pen¬
dant quelques jours pour lui donner le
temps de fermenter, et où on l’écumait
avec une cuiller ( licjula ). C’est tout l’en¬
semble de ce matériel nécessaire pour
« faire le miel » ( met confîcere ) 6 et pour le
conserver qu’on désignait sous le nom
i'inslrumentum mellarium , vas a mellaria1 . Le vase
que représente la figure 4895 d’après une monnaie de l’ile
d'Anaphé, et au-dessus duquel voltige une abeille, est
probablement un pot de miel8.
Espèces. — On distinguait un grand nombre d’espèces
de miel différentes, par exemple le miel de printemps ou
miel de fleurs ( mel vernutn , anthinum ) 8 et le miel d’été
[aestivum) appelé aussi côfaïov parce qu’il avait été pro¬
duit quand la belle saison (wpa) était dans son plein ; on
' Anslot. ix, 40, 2: Virg. Georg. IV, 320; Aen. XII, 588 ; Ov. Rem. am. 185;
“ IX, 15, 5 ; cf. 13 . Pün. Hist nat X1 t5 . paiiau vil, 7, 2 ; Geop. XV, 5,
c'n./' N|0un' D'°nys. V, 250. — 2 Gori, Donii inscr. ant. p. 143, pl. îx, fig. 1 ;
• ulsen, Ein Monument des Vatican. Mus. Progr. d. gynm. zu Gross-Lichter-
ij. ’ ' U^11’ G. Icit. VI, 23687. — 3 Cic. De sen. 16, 8. — 4 Colum. IX,
d'an-' FiS°rinh Le terremare e le palafitte del Parmense , 2* relaz.
de E,, ^îe Haliker in der Poebene (1879), p. 17. Le vase en bronze
? * (Uoualdson, Pompeii , II) pourrait bien avoir rempli le môme office
l‘7' ^ 38°)- - » Colum, L. c. — 7
ilsC’ i'6"7’ U ; Plin- XXI- 82 1 Colum.
. - 1 pl, 21 = Greek(
était ^ ' XX’ — 9 ^ ne Pas ou^^er que pour les anciens le
Quilles aus' T ,0S^e c^es^e» que les abeilles recueillaient toute formée sur les
Ri S(' nat y. 'tn ^lle sur ^es Heurs, et plutôt sur les feuilles en automne. — 10 Plin.
42. _1 12 M.cr’(3G' ~ 11 Varr’ He re rust. III, 16, 26; Colum. IX, 4; Plin. XI, 38-
V|, 7 . |i|.e’ lstuu^' P- 154-160. — 13 Plut. Sol. 23. — il- Tbeoplir. Hist. plant.
Ahuv^. pijn ?*’ na^' Geop. XV, 1 ; Synes. Ep. 125. — 1» Lucian.
Cic- Le fin "h XXI11, r82' Voi‘’ cucore Aristoph. Pac. 252; Eq. 853 ; Han. 253;
Arsam. III* 687 Geor9- 1V’ 178 ’» Hor. $at. II, 2, 15 ; 4, 24; 6, 14; Ov.
40 ; XX,' 85 ’ 135 .’ y ’ ^ "Ü3; TrisL V’ 4’ 30 » Strab. lx* -3 î Hist. nat. XI,
o* ; XXXll, 31; Val. Flacc. I, 394; Sil. liai. XIV, 199; Paus.
Fig. 4895. — Mon¬
naie d'Anaphé.
Toutain, laser. d'Henchir Mettich ,
IX, 5. — 8 Cadalvène, Monnaies gr.
ùland» ' ~ coins in the British Mus., Warwick-Wroth, Aegean
’ P- 85, pl. XX, 8.-9
le croyait bon surtout pour la pharmacie ,0. Les amateurs
établissaient encore des catégories et des rangs d après
les plantes que les abeilles avaient butinées; le miel le
plus apprécié était le miel de thym; puis venait celui des
auLres plantes aromatiques, le serpolet, le romarin, la
sarriette, etc. Le plus dédaigné était le mel nemorense ,
silvestre , ericaeum , provenant de plantes sauvages qui
poussent dans les bois, tels que le genêt, 1 arbousier
et la bruyère (iptxr,); on mettait sur le même rang le
mel villaticum ou miel des métairies, butiné sur les
légumes et les plantes entourées de fumier". Sans
entrer ici dans les autres distinctions établies par les spé¬
cialistes ’2, il importe de noter que le miel de certains pays
avait sur le marché beaucoup plus de valeur que d autres.
Pays producteurs. — Le miel de l’Attique était le plus
estimé de tous; les poètes l’ont célébré à l envi et sa
réputation a traversé les âges. Athènes eu consommait
déjà beaucoup au temps de Solon43. On le récoltait prin¬
cipalement sur les flancs de l’Hymette. Ce qui faisait sa
supériorité, c’était d’abord la qualité exceptionnelle du
thym dont la montagne était couverte; on avait essayé
d’en semer la graine ailleurs pour obtenir le même résul¬
tat, mais inutilement u. En outre, les cultivateurs de
l’Attique avaient l’habitude de châtrer leurs ruches sans
les enfumer, et l’on prétendait que leur miel sans fumée
(àxa-rcvov, àxdbrvKTTov) gardait ainsi beaucoup mieux que
les autres son parfum naturel15. La Thessalie, l’Achaïe
et l’Arcadie ont pratiqué aussi l’élevage des abeilles 4\ Il
ne réussissait pas moins bien dans TEubée, à Tliasos et
dans les Cyclades, particulièrement à Scyros 11 . Le miel
de l’ile de Calymna pouvait rivaliser avec celui de l’At-
tique18. Suivant certains auteurs, c’est en Crète que
seraient nées les premières abeilles ; une légende de ce
pays racontait que Jupiter enfant y avait été nourri de
miel dans une grotte par Melissa, fille d’un de ses rois 19 ;
on peut en conclure avec vraisemblance que l’apicul¬
ture y était en honneur depuis une antiquité reculée.
Une abeille en or a été trouvée en Crète20. A Éphèse, les
prêtresses de Diane s’appelaient des « abeilles » [melissai]
et de vieilles traditions établissaient un rapport mysté¬
rieux entre ces insectes et la grande divinité locale,
comme en font foi les monnaies de la ville21. Une plaque
en or repoussé provenant de Rhodes semble bien repré¬
senter sous une forme symbolique cette Diane amie des
abeilles22. Chypre et l’Afrique produisaient une quantité
considérable de miel23. Il ne valait pas celui de la Sicile,
surtout celui d’Hybla, très apprécié chez les Romains 2*.
I, 32, 1; Plut. Rio. 58 ; Athen. I, 50, p. 10G. — 16 Thessalie, Monnaies de Melilaea,
A. von Prokesch Osten, lnedita (1854), pl. i, 30-35 ; Head, Hist. num. p. 256.
L'étymologie rappelée par le symbole de l'abeille n'est probablement pas chimérique ;
Achaïc, Colum. IX, 14, 19 ; Arcadie, patrie d’Aristée, Virg. Georg. IV, 283.
— Il Colum. IX, t*, 19 ; Plin. Hist. nat. XI, 59; Conze, Reise auf den thrak. In-
seln, p. 26. Voir la monnaie d'Anaphé, fig. 4895. Abeille symbole d'Aristée sur
les monnaies de Céos, Cytlmos, etc. Hist. num. p. 411-413. — 18 Strab. X,
p. 489; Plin. XI, 32. — 19 Cook, dans Journ. hell. stud., 1895, p. 1-6. Abeilles sur
les monnaies des villes crétoises, Head, Hist. num. p. 382, 393, 397, 404; cf. Plin.
Hist. nat. XI, 33; XXI, 79, 83. — 20 Cook, L. c. p. 1. — 21 Cook, p. 11-14 ;
Head, Coins of Ephesus, in Num. Chronicle, il. s. XX, pl. v-\ni ; Hist. num.
p. 494; lmhoof-Blumcr, l’ier und Pflanzbilder , pl. vu, n. 21 ; cf. u. 15-23; Bellori,
Notae in numismata tum Ephesia tum aliarum urbium apibus insiynita, Rome,
1658. — 22 Cook, p. 12; Arabie, Slrab. XVI, 4. — 23 Virg. Georg. IV, 287-294;
Hecat. in Hist. gr. fragm. éd. C. Millier, 1, p. 25, § 306; Herodot. IV, 194 ; Plin
Hist. nat. XI, 33; XXI. 83; Corp. inscr. lat. VIII, 212, v. 86-90; Toulaiu, /user.
d’Henchir Mettich , lace I, I. 29, face 2, l. 13. Gâteau de miel sur des bas-reliefs
africains, Besnier, Mélanges de l'école de Rome, XVIII (1898), p. 488. — 21 Varr.
III, 10, 14; Virg. Ecl. I, 55 ; Vll, 36; Ov. Ars am. II, 517; III, 150; Trist. V, 13,
22; 16, 38 ; Pont. Il, 7, 26; Strab. VI, 2, 2; Plin. Hist. nat. XI, 32; Sil. liai. XIV,
97; Mari. XI, 43; V, 39; XIII, 104; Claudian. Pros. II, 125; Nupt. Hon. 105.
MEL
— 1704 —
Quand Virgile écrivit les Géorgiques , il est probable
que la récolte du miel en Italie n’était plus proportion¬
née à ses besoins et que, le bien-être ayant augmenté avec
la fortune publique, Home était devenue de plus en plus
tributaire des provinces pour cette denrée, comme pour
beaucoup d'autres. De là la nécessité de donner un nou¬
vel essor à l’apiculture dans les campagnes de l’Italie.
Sous l'Empire, nous la voyons développée en Calabre,
près de Tarente1 ; dans l’Apennin central, chez les Pae-
ligni, aux environs de Sulmone, patrie d'Ovide2; dans la
vallée du Pô, à Mantoue, à Ilostilia, entre Vérone et Fer-
rare 3 . L'Espagne * élevait aussi des abeilles; enfin
Pline cite des rayons de miel d’une grosseur exception¬
nelle obtenus dans les provinces de Germanie 6.
Comme tous ces miels de bonne qualité ne suffisaient
encore pas à la consommation, on avait trouvé le moyen
de les falsifier6, en les additionnant de matières moins
coûteuses ou en les mélangeant à d’autres moins esti¬
més. Il y en avait en effet qui avaient mauvaise réputa¬
tion, par exemple le miel de Corse; on lui trouvait un
arrière-goût amer, que l’on attribuait au buis, très com¬
mun dans les maquis de cette île1. On se défiait encore
davantage du miel de Sardaigne ; butiné principalement
sur les fleurs de la mélisse (peXiaad^iAXov, apiastrum),
plante chère aux abeilles, il passait pour rendre fou8,
comme celui que récoltaient les Sanni dans la région du
Pont-Euxin, et qu’on appelait « miel fou » (patvôpsvov) ;
la fleur du rhododendron lui aurait communiqué cette
funeste propriété. Celui d’Héraclée du Pont tirait d’une
sorte d’azalée des principes vénéneux, mais seulement,
assurait-on, dans certaines années, si le printemps avait
été mauvais. Et enfin on parlait de ruches observées
en Perse et dans la Maurétanie Césarienne, dont les rayons
n'étaient empoisonnés qu’en partie 9.
Prix. — L’élevage des abeilles présente un avantage pré¬
cieux surtout dans les contrées du Midi, c’est qu’il permet
de tirer un revenu de terrains arides et impropres à la cul¬
ture 10. LaCorse, pays pauvre, payait aux Étrusques, quand
elle faisait partie de leur empire, un tribut annuel de
miel et de cire 11 ; les Romains, devenus maîtres de l’ile en
173 av. J.-C., lui imposèrent un tribut de 200 000 livres
de cire (65490 kilos) l2, ce qui suppose une production
de miel au moins égale. Varron cite un particulier qui
tirait tous les ans de ruches qu’il avait louées 5 000 livres
(1 637 kilos) de miel 13. Deux frères, qui avaient hérité de
leur père, près de Faléries (Étrurie), une petite ferme
mesurant à peine un arpent (2 500 mètres carrés), cou¬
vrirent tout leur terrain de ruches et de fleurs et ils
arrivèrent ainsi à vendre chaque année au moins
pour 10 000 sesterces (2 750 francs) de miel14. Tout le
monde connaît par Virgile l'histoire du vieillard de Ta-
' Hor. Carm. Il, 6, 13, III, 16, 13; Macrob. II, 11; Slrab. VI, 6; Virg .Georg.
IV, 139. — 2 plia. Hist. nat. XI, 33. — 3 Virg. Ecl. I, 54 ; Plin XXI, 73.
— 4 Ibid. XXI, 74; XI, 18; Slrab. III, 0; Corp. iriser, lat. Il, 2242. — S Ibid.
XI, 33. Thulé, Strab. IV, 5. Miel des Alpes, Ibid. IV, 9. — 6 Plin. XI, 30.
— 1 Diod. V, 13-14; Plin. XXI, 83; XXX, 28 ; XXXVII, 195; cf. Or. Amor.
I, 13, 9; Mart. IX, 27; XI, 42. De même le miel de Colchide, Slrab. XI, 17.
— 8 Virg. Ecl. VII, 41 ; Hor. Ars poet. 374; Plin. Hist. nat. XX, 116; Neme-
sian. Ecl. IV, 50 ; Drepan. l'acat. Paner/. Theodos. XXV, p. 294,16, Bachrens; Serv.
et schol. Bernens. ad Virg. Ecl. IV, 24 et VII, 41; E. Pais dans Atti dell' Accad.
dei Lincei, S. III, Mem. d. science morali, vol. V, (1880), p. 71. — 9 Plin. XXI,
74-78; XXIX, 97 ; Dioscor. Sic. XIV, p. 260; II, 103; Eup. II, 138 ; Aelian. Hist.
anim. V, 42; cf. Strab. XII, 18 ; Xen. Anab. IV, 8, 20. — *0 Varr. De re rust.
III. 16, 7. — *1 Diod. V, 13. — 12 T. Liv. XL, 34, 12; XL1I, 7, 2. — 13 Varr. De re
rust. III, 16, 10. Sur la production moyenne des ruches en Grèce, voir Aristot.
Anim. histor. IX, 40, 24. — 14 Varr. L. c. — 13 Virg. Georg. IV, 1 16, 148 ; cf. Cic. De
MEL
rente, « possesseur de quelques arpenU ,
abandonné, qui n’était ni propre au labour ' ^ lei’rai*
aux troupeaux, ni propice à la vigne >, \\y' faVOraljle
formé entièrement en jardin ; grâce .!lVa‘l lr»nS-
étai! le premier dans le pays « 4 voir ses abeiHes « ‘"'l 6
se multiplier et à presser ses rayons ,, "d,s
écornant18 ». L’édit de Dioclétien16 fixe cop— " miel
prix maximum du miel : miel de première
fixe comt«e il suit le
mum ), le seli«r italique (.demi-litre) 40 dènimloVT*'
miel de seconde qualité (, secundum ), le setier iùqj’
qualité il faul
20 deniers (0 fr. 45). Par miel de première
entendre celui qui dégouttait de lui-
entassés dans la passoire; le miel de
meme des rayons
seconde qualité
ssecundae notae ) s obtenait ensuite en pressant la cire dans
d’autres vases; il était naturellement beaucoup moins pur
etmoins fluide que le premier ; aussi se vendait-il la moitié
moins 17. Le prix maximum est presque identique à celui
d’aujourd’hui. L’édit mentionne encore le miel foenici-
num , qui se vend à très bas prix, soit 8 deniers (0 fr. 20)le
demi-litre; mais ce miel n’était pas l’ouvrage desabeilles-
c’était une sorte de liqueur qu’on obtenait en faisant
bouillir des dattes (ÿoévixs;) légèrement fermentées ; elle
est encore en usage en Syrie ; comme on peut la fabri¬
quer en utilisant des fruits de rebut, elle ne coûte presque
rien 18.
Usages. — Les méridionaux ont toujours eu beaucoup
de goût pour les sucreries. Les Grecs et les Romains
considéraient le miel comme un présent céleste et ils
s’imaginaient que la nourriture des dieux devait être
d’une nature analogue; c’est ce qui leur a donné l’idée
de l’ambroisie et du nectar [ambrosia, nectar] is. Après le
lait de la nourrice, c’était un des premiers aliments que
l’on présentait au nouveau-né20. Frappés de ses vertus
hygiéniques qu’ils exagéraient encore, certains philoso¬
phes tels que les Pythagoriciens lui accordaient une
place d’honneur dans leur régime 21. Sans miel point de
gâteaux (TrEftpaxoi, [xeÀiTOÙTTat, [AêXcVijXTa, crilStulae , lihtl,
placentae mellitae )22, point de pâtisserie fine [pistor] J
Avec le miel on fait des confitures de coings et de toute
espèce de fruits, soit qu’on prépare chaque espèce à
part, soit qu’on les mélange les unes avec les a»iu s-^n
peut encore plonger les fruits entiers et sans cuissim dans
du miel très liquide; on a ainsi une provision R llUlS
pour tout l'hiver et en outre un sirop qui s impo niu
leur goût (ptqXôjjtsXt) 23. Servi en rayons, h im
régal des tables rustiques24; épuré et mob ■' ]l,nl^
friandises, il a sa place marquée sur les table* t* P
riches ; Néron se fit un jour offrir par un personnage 1 1 -
cour un banquet dans lequel le miel seul it P10]5411 ^
dépense de 400000 sesterces (110000 franco) •
part, la plus forte peut-être, dans cespro 1^
sen. 56.-46 Edict. Diocl. éd. Blumner, III, 10-12. - 11 PoUrtl"t|*" "p^oé. Il, t5’
pas toujours, Colum. IX, 15-16; Virg. Georg. IV, 1 ’un,i mbrosia, p-
— 18 Waddington, Edit de Diocl. L. c. — 19 Roscher, . Joe. 49; JacobS*
— 20 Boeckli ad l'ind. Ol. VI, 46 ; Spanbeim ad Callim. Hym
Delect. epigr. p. 400; Robert-Tornow, p- 119-1--» 0 »
p. 62; Usener, Milch u. Honig, Rhein. Mus . U>02^p-
[ 39 ; frag1»-
, 742, Kuhn. - 22 Poil. VI, 108 ; Athcn. U', P
ai uiH'ii.
UïK: XIV, j
6 10 ;
Lucian. Asin. 46; Alciph. I, ^ j,*.
10 ' de-v»
u. Künste, I, p. 84. - 23 C'est ce que noos avons remplace F» - ^ avuc k,s conh-
wXomAi nedoit pas eue
fast.W*
___ 25 SiH’l ^L’r'
Geop. XV, 7; Galen. VI
p. 645 B; Isid. Orig. XX, 2, 18;
sur leurs formes et leurs noms, Hermann
quardt-Mau, Vie privée des Rom. Il, p. 42 : Magerslaci . , fruits à l'eau
- 3mpUcé par tes ,
Colum. XII, 47 ; cf. 10 fin ; H 12. Le nedoit pas . „aut incopt mcll<>
turcs ; Pline XV, 60, 66, a bien soin de dire à propos jsc ^ VI|^ 677
tet». Columelle est moins précis.
r. De re rust. ML ">•
ea immergwe opor
547. Miel au dessert [seconda mensa ), Varr.
— 1705 —
MEL
MEL
toit être aUribué6
jdsie»» sortes
ëu aux boissons sucrées. Il y en avait de
p‘usi"u‘' I «me 1 (ÙÔpdaeXi, aqua mulsa ), mélange d’eau
'• Si on le buvait sur-le-champ.
et dk> ■ L flVnsive eau sucrée. Mais on pouvait aussi,
c’était11110 in(’ ^ ]e inélange dans des proportions déter-
ËrèS ^"liisser fermenter, et celle aqua mulsa inve-
minées’ 6 ‘ ii| alorS une boisson enivrante*. En appli-
.recettes des anciens, on obtient en effet une
qU!Ul1 " i ,nr sa couleur, son goût et ses propriétés,
liqUeUhîpU comme ils nous l’ont dit, aux meilleurs vins
Fesse" ’ oint de tromper les connaisseurs les plus
“nérîmcnt'sh L’hydromel, qui à époque historique
Encore en usage chez des peuples barbares, a peut-
“ sons le nom de P™«de en Grèce le v,n lut-
EL ■ les anciens en avaient déjà fait la remarque De
|àle rapport qu'ils établissaient entre le miel et Bacchus
Lccuusj3. Mais, sous l’Empire, l’hydromel était depuis
longtemps condamné comme une boisson inférieure4.
I i Le lait au miel (^XtWov) 8 représentait dans l’es¬
prit des anciens ce que la nature avait produit de plus
parfait et de plus suave pour la nourriture de l’homme;
le lait et le miel avaient été l’aliment de l’âge d’or et ils
étaient les délices de l’enfance. Leur mélange a pris un
sens symbolique, que l’Église primitive lui a longtemps
conservé dans son rituel : on le donnait a boire aux
fidèles pour leur rappeler qu’ils devaient un jour renaître
en Jésus-Christ6.
3° Le rnellitites se faisait avec du moût de raisin, dans
lequel on diluait du miel. On pouvait le laisser fermenter
si on voulait en garder une provision. Mais au temps de
Pline « il y avait des siècles » que l’usage en était passé
et il n’en donne la recette que pour être complet7.
4° A u contraire, le mulsum (otvôgeXi) jouissait de la
plus grande faveur; après avoir fait bouillir le miel, on
le mélangeait avec du vin des meilleurs crus tels que du
Massique ou du Falerne8, et de préférence avec du vin
vieux. Dans un repas bien ordonné c’était l’accompagne¬
ment ordinaire des entrées ( gustatio , promulsis ) s. On
citait des personnes qui étaient parvenues à une extrême
vieillesse en ne prenant pour toute nourriture que du
pain trempé dans du vin au miel. Un jour qu’Auguste
avait été invité à dîner chez Romilius Pollion, vieillard
plus que centenaire, il lui demanda par quel moyen il
s était entretenu dans une telle vigueur de corps et d’es-
pdt: « Mulsum au dedans, huile au dehors », répondit son
hôte"1. A Pompéi on a trouvé sur des tables de boutiques
les traces des vases où avaient bu les clients; il y avait
du miel dans toutes. Outre les boissons énumérées plus
haut, il est possible qu’on ait consommé là de l’eau
chaude, sucrée avec du miel [calda] 1 1 .
lh ****, 112, fait très nettement la distinction. Varr. De re rust. III,
«le M 13; Plin. XI, 58. — 2 Je dois ces renseignements à l’obligeance
■ Pari ,as*on hunier, professeur de botanique à la Faculté des sciences de
[ mjeJS:J a ral>i’>qué de l’hydromel au laboratoire de Fontainebleau avec le
Nektnr 'ej**es ^uon Y élève. — 3 Plut. Qu. sympos. IV, 6, 2; Roschcr,
lJ; j!"h’ ]’• 34'37- - 4 PI™. XXXI, 69. - 6 Euslath. ad Hom. Odyss. X, p. Ml,
— G | s ' * S"p'1, Oed. Col. 482 ; Moeris Alt. p. 187 ed Lips. ; Eurip. Or. 114.
Colunàil,,"v|| Vi(C/l Honig. I. c. — 7 Plin. XIV, 85 ; XXII, 115. Cependant
Lll- M Y ■ : en <lon,le ta recette sous le nom de mulsum. — 8 Hor. Sut. 11
p'aus H a, X‘U- 10s- ~ 9 Cic. Ad fam. IX, IG, 8 et 20, I. — 10 Diod. V, 62
Ho' $« m , XX11'53; cf. XIV, 85; Varr. De re rust. 111, 16, 2,5, 35
Vill, 26 • Orib " ’ 1>elron- 34; Colum. IX, 9; Dioscor. V, 15-16; Geop
ielt y,(’it p- 3<J9i Macrob. Sut. Vil, 12, 9. Amphores de mulsum, Bull
187#, p 5| fi >ma ' 188L P- 234; Bull. d. commiss. municip. di Roma
' ~ 1 Overbeek-Mau, Pompeii, p. 378, 443. — 12 Plin. XIII, 18, 9, 11 12
Les parfumeurs faisaient entrer le miel dans la com¬
position d’un grand nombre d’huiles aromatiques desti¬
nées à la toilette, huiles au lis, au fenugrec, au cin-
name, etc. [ünguenta] n. A cause de ses propriétés
adoucissantes, il jouait un rôle très important dans la
pharmacie ; on l’employait pour combattre les affections
des yeux, dés oreilles, du nez, de la gorge et de la poi¬
trine. Pur ou mêlé à d’autres substances, il passait pour <
guérir les blessures, les morsures des animaux venimeux,
l’empoisonnement par les champignons, etc. 1 Certaines
boissons composées avec du miel semblent avoir été sur¬
tout des boissons médicinales : le OaXad-roaeAi se fabri¬
quait en mélangeant par parties égales du iniel, de 1 eau
de pluie et de l’eau de mer; c’était un purgatif On
donnait à boire aux fiévreux l’ô;üueAi, où le miel était
mêlé à. du vinaigre, du sel et de I eau de mer, il
n’était plus en usage au temps de Pline'5, hnlin le
poSotAEXt, qu’on obtenait en faisant macérer des roses
dans du miel, devait ressembler beaucoup à notre
miel rosat16. On avait une telle confiance dans la mé¬
dication par le miel qu’on attribuait au Soleil le
mérite de l’avoir inventée, symbolique légende dont le
sens est manifeste 1 '.
Provenant, suivant les anciens, d’une origine céleste,
ouvrage d’un insecte dont ils faisaient un emblème de
pureté, le miel avait à leurs yeux l’avantage de ne pouvoir
être atteint par la corruption : ce fut un de leurs principaux
antiseptiques18. Nous avons vu qu’ils s’en servaient pour
conserver les fruits *9. Aux naturalistes il rendait le même
office que leur rend aujourd’hui l'eau-de-vie : on y plon¬
geait les monstres et autres curiosités naturelles-". De la
vint aussi l’idée d’embaumer avec du miel les cadavres des
grands personnages qu’on ne voulait pas incinérer immé¬
diatement ou auxquels on voulait assurer une durée éter¬
nelle21. L’exemple semble en être venu d Asie par 1 inter¬
médiaire de la Crète22. Quelquefois on employait la cire
au lieu du miel, xztaxqpouv 23 lCERa]. Ces deux procédés
pour embaumer les morts (rap/ÛE-.v, Tapt^éeiv2*) pouvaient
en effet empêcher la décomposition en fermant complète¬
ment tous les pores de la peau à 1 air extérieur. Il est
certain qu’on les pratiquait déjà a 1 époque homérique .
il y en a un souvenir dans le passage de Y Iliade, où nous
voyons Thétis verser le nectar et l’ambroisie dans les
narines de Patrocle mort, pour le préserver de la corrup
lion28. On ne peut s'expliquer autrement que les corps
d’Hector et d’Achille restent exposés l’un neuf jours,
l’autre dix-sept avant qu’on les livre au bûcher26. Les
auteurs nous ont transmis quelques exemples qui datent
de l’époque historique 27. Le plus fameux est celui
d’Alexandre, enseveli dans du miel, comme l’avaient été
probablement les souverains asiatiques ses prédéces-
13. )g. _ 13 Aristot. Eth. Nicom. V, 9, 15; Mir. ausc. 18 ; I.Hcret. I, 936; Plin.
XI, 37; XXII, 107; ef. Galen. (Kühn), VI, 266 ; VII, 102; X, 475, 501, 733, 823 ; XI,
34; XII, 70; XIII, 731; XV, 651, 809; XVII B, 329, 369, de. — M Colum. XI, 2 ;
Plin. XXXI, GS; Dioscor. V, 17, 20. — Plin. XIV, 114; XXUI, 60 ; Dioscor. V, 22;
Orib. I, p. 391- — 16 Pallad. VI, 16; Dioscor. V, 35. — 17 Plin. VII, 197 ; cf. Pliylarch.
ap. Atlien. p. 093. Sur cet usage du miel, voir encore Magerstaedt, p. 171-173;
Koscher, p. 48-51; Kaibel, /user. gr. Sicil. et liai. 966, 13, IG. — lS Lucre!. 111,
886- Colum. XII, 45; Plin. XXII, 108; Porphyr. De antro nymph. 15.— 19 Colum.
Xig 10. — 20 plin. VII, 35; cf. XXX, 115. — 21 Varr. ap. Non. Marc. 230, 26; Stob.
VI, 3 ; Roscher, p. 56-58 ; Helbig, D. Uomer. Epos, p. 41. — 22 Hvgin. Fub. 136;
Apoll. Bibl. III, 3, 1 ; Euslath. ad Hom. p. 369, 20 ; Preller, Gnech. Alythol. U3,
1>. 475 ; Herod. 1, 198; Strab. p. 746. —23 Herod. I, 140 ; IV, 71 ; Cic. T’use. I, 45 ; Strab.
XV p. 735 : Corn. Ncp. Agesil. 7 ; Plul. Agesil. 40. — 2t Hom. Il Vil, 85 ; XVI, 45G
674 ; Helbig, p. 42/—* Hoin. II. XIX, 38, 39. — 26 Hom. II. XXIV, 664 ; Od. XXIV,
03 _ 23 Xcn. Bell. V, 3, 19 ; Diod. XV, 93 ; Joseph. Ant. XIV, 7, 4.
MEL
— 1706 —
seurs 1 . On embauma de la même manière le corps de J usti-
nien3. Il est plus difficile d’expliquer pourquoi les
Grecs dans les funérailles plaçaient des pots de miel
sur le bûcher; on doit peut-être voir là une tradition
symbolique, souvenir d’une époqpe très reculée où ils
n avaient pas encore adopté l’incinération et où ils
embaumaient tous les corps avant de les livrer à la
terre 3 .
Le miel servait en outre à plusieurs usages domes¬
tiques ou industriels; avec du vin cuit et du sel il formait
une saumure où on faisait macérer les olives noires,
hors-d’œuvre toujours apprécié dans les pays du midi4.
Les joailliers donnaient de la limpidité et de l’éclat
à certaines pierres appelées cochlides en les plon¬
geant dans du miel qu’ils soumettaient à l’action du feu
pendant sept jours et sept nuits; le miel de Corse, peu
comestible, convenait bien pour cette opération6. Après
avoir beaucoup douté de son efficacité, on a fini par
reconnaître qu’elle peut réellement être utile pour traiter
les agates et qu’elle est encore pratiquée de nos jours
avec succès dans certaines conLrées6. Les anciens men¬
tionnent aussi des étoffes de pourpre dont la solidité et
l’éclat avaient résisté d’une manière étonnante à l’action
du temps parce qu'on les avait trempées dans du miel en
les apprêtant. Il ne nous est pas possible de déterminer
en quoi consistait au juste ce procédé7.
Religion. — Les anciens ont souvent fait de l’abeille
un symbole et lui ont prêté un rôle dans des fables rela¬
tives à plusieurs divinités [apes]8. Les idées morales et
religieuses que le miel éveillait dans leur esprit les ont
conduits à la conception de l’ambroisie et du nectar
] ambrosia, nectar]. Il était naturel qu’un aliment aussi
précieux, considéré comme un présent céleste, fût mis
au nombre des offrandes qu’on déposait sur les autels
des dieux. Les p.eXt57rovoa avaient leur place surtout dans
les sacrifices où on ne faisait pas de libations de vin
(vT,<pxXia) 9. Cet hommage s'adressait ordinairement
aux divinités rustiques, protectrices de l’apiculteur, telles
que Pan, Priape, les Nymphes, Hermès àyporqp, etc. 10
Mais nous voyons aussi qu’on offrait du miel à des
divinités chthoniennes, qui présidaient à la mort et qu’on
adorait dans les mystères : Pluton, Hécate, Dionysos,
Déméter, etc.11 La raison en est sans doute que le miel,
comme l’abeille, était un symbole de résurrection et
d’immortalité12. A la même idée se rattache la coutume
i Stal. Silv. III, 2, 118 ; Q. Curt. Alex. X, 10. — 2 Coripp. Laud. Just. III. Sur
cette coutume, voir encore 0. Bemulorf, Grabschrift von lelmessos , livre en l’hon¬
neur de Gomperz (1902), p. 404. — 3 Hom. 11. XXIII, 170 ; Od. XXIV, 68 ; Helbig, p. 43.
— * Colum. XII, 50; Pal lad. Od. 10; Nov. 17. — 5 Plin. XXXV1I,47, 194. — G Nôg-
gerath, Jahrb. d. Alt. Freunde im Jiheinl. X, p. 82 ; XII, p. G5; Blümner, Gewerbe
und Künste, III, p. 303-300 ; cf. II, 386. — 7Vitr. VII, 13, 3 ; Plut. Alex. 30 ; Blümner,
L. c. I, p. 230; Sludniczka, Gesch. d.alt. griech. Tracht , p. 48-50. — 8 Voir en
outre Weniger, Roscher, Robert-Tornow, Cook, Op. cit. Abeilles sur des gemmes,
Imhoof-Blumner, Tieru. P/lanzbilder , pl. xxiii, 17, 39, 40, 41 ; XXIII, 48, 49; XXV, 21,
22. Terre cuite, S. Reinach, Chron. d'Orient, p. 22. — 9 Varr. De re rust. III,
16; Paus. V, 15, 10 ; Schol. ad Sopli. Oed. Col. 100: Plut. Qu. Sympos. IV, 6, 2 ;
Euseb. Praep. ev. IV, 9, 6. — 10 Antipat. Sidon. ap. Brunck, Anal. II, 13, 28 ; Ov.
Fast. III, 735 ; Phylarch. ap. Athen. p. 693 ; Euslath. ad Od. 1668, 25 ; Calpurn. Sic.
Ecl. Il, C6 ; Euseb. L. c. ; Porphyr. Antr. nyrnph. 16; Anth. Pal. V, 226 ; VI, 232,
3 ; Emp. ap. Athen. p. 510 rf; Corp. inscr. att. III, 77. — H Aescli. Eum. 106; Soph.
Oed. Col. 481 ; Apoll. Rhod. III, 1035; Virg. Aen. VI, 419. — 12 Cook, p. 20-23.
— *13 Hom. 11. XXIII, 170; Od. X, 518 ; XI, 26; XXIV, 36? 67 ; Aesch. Pers. 607;
Eurip. Iphig. Taur. V, 160, 632; Or. 1 15 ; Marquardt, Le culte chez les Hom. I, p. 374,
u. 1 1 ; Roscher, p. 64-67 ; Cook, L. c. ; Usener, p. 182. — 14 Voir plus haut, p. 1702,
n. 9.— 1S Toutain, Inscr. d'Henchir Mettich,ïtLce 2, I. 6-13, p. 37. Diodore, V, 14,
prouve que ces dispositions n’étaient pas particulières aux Romains et que les Barbares
mêmes les ont appliquées. Dig. XXXIII, 7, § 10; XLI, 1, § 5, 2; Instit. II, 1, § 14.
— 16 Corp. inscr. lat. I, 263 ad n. 1409 = Bruns, Fontes juris row.6 (1893), p. 156,
lîl h>mbe
MEL
de porter du miel et d'en faire des libalioi,
de ceux qu on avait perdus 13. Sl
Droit. - Non seulement les ruches étaient ir
aux manœuvres des voleurs14 mais r leS(ixP'«ées!
souvent donner lieu à des contestations entr^ devail
la dans les codes plusieurs dispositions d.sii •°IS'nS’De
la question de droit, si importante pour
<> Les essaims d’abeilles étaient rangés en ,
même catégorie que les oiseaux ; ils n’avai , ^
un propriétaire que pendant qu’ils étaient eî IwT
une ruche. Hors de la ruche, et hors de la vue d, 8
priétaire de la ruche, ils n’appartenaient à personne
premier venu pouvait se les approprier16 ,, Un ,
municipale de provenance inconnue défend d’étal 1 T
ruches sur un terrain public, le long d’une voie J
exemple10. Georges Lafaye. 1
MELAMPODEIA (Me/.apjtdoeta). — Un texte de Pausa-
nias signale à Aegosthènes, dans la Mégaride, un sanc'
tuaire de Mélampus ; on y honorait par des sacrifices et
par une fête annuelle le prophète divinisé1 [lustratio
p. 1419]. Des monnaies de l’époque impériale reprodui¬
sent peut-être l’image du temple2. 11 nous est connu
encore, ainsi que les fêtes (MsXagTtdSsia), par quelques
textes épigraphiques3. Nous voyons que ces fêtes com¬
portaient des concours 4. Le vainqueur recevait, comme
prix, une portion des victimes. La même récompense
est encore décernée par l’État, en d’autres circonstances,
à des citoyens ou à des étrangers 6. F. Düriuuch.
MELAMPUS [bacchus, p. 595, melampodeiaI.
MELEAGEK (MsXéaypoç). Meléagre. — Héros de la
légende étolienne, qui doit être mentionné ici seulement
à cause de la place que l’art lui a faite dans les nom¬
breuses représentations de la chasse de Calydon'.Iln’en
a aucune dans les fêtes ni dans les religions de la Grèce
antique. E. S.
MELIASTAI (MsXiasxat). — Les Méliastes étaient une
sorte de confrérie bachique, attachée au sanctuaire de
Dionysos à Mélangéia, bourgade suburbaine de Manlinée,
en Arcadie. L’existence des Méliastes n’est signalée que
par Pausanias '. 11 y avait, à 7 stades de Mélangéia, dans la '
direction de Mantinée, une source des Méliastes (xp^
MsXtaffTÛv), voisine d’un piyapov de Dionysos et d un I
t£po'v d’Aphrodite Mélainis. Les périboles de ces ^eux
sanctuaires contigus et la source des Méliastes ont été ,
identifiés parles voyageurs
i 2 et récemment explorés3
.32, I. — Bibliographie. Magerstaedt, Bienenzucht d. \ôlkei d. A ^ ^
, Bilder ans der rom. Landwirthschaft , VI, Sondershausen, l* 1 1 ■ " 1 #
ymbolik d. Biene in d. ant. Mythologie , Breslau, is . l , K. IN yektat
'onig im Volksglauben , Globus, XXXIX (1881), il. 11-15, W. • produkm
. Ambrosia , Leipzig, 1883; Glock, Die Symbolik d. Biem u. , sl„n;tica-
eidclberg, 1892; W. Robert-Tornow, De apium mellisqueapud se - e. < J|
one et symbolica et mythologica , Berlin, 1 893 ; A. -B. Cook, i ie '< 1 ...M dan!
gy, Journ. of hell. studies , XV (1895), p. 1-24; Olck, Bien, i .« Bu -.nen^ ^
ïuly-Wissowa, Realencyclopaedie d. Alterth. VI issensc <■
Honig , Rhein. Muséum, LVII (1902), p. 1 . 4 uer[ humer !
MELAMPODEIA. 1 Pans. I, 44, 5; cf. Hermann, Gcettesd^^ ^
1, 43; Preller-Robert, Griech. Myth. I, p. «91, »■ 3 I R.°SC |,nhoof-Blunier,
relampus, 2571 sq. — 2 Annali , 1860, p- 336, P- 1 ]ir pélop.
’umism. comm. on Paus. pl. a I, p. 9. — 3 Le Bas et ouca , ( ;r . sept. U
2, 12; Diirrbacli Bull, de corr. hell. IX, 1885, p. 318 11^ ^ n ; ; ; III. 3091.
17,208,219, 223 = Collitz, Sammlung der griech. Dtal--»sl ] ,
193, 3094. —4 Inscr. Gr. sept. I, 219. — 5 Jbtd. 20/, ~l- . • ' ^ par Kulin«rt*
MELEAGER. 1 Voir l'énuméralion et l'analyse des mon"
ins le Lexikon der Mythot. de Roscher, s. v. Afeleagius. pjjysam’n®'0^
MELIASTAI. l VIII, 6, 5. — 2Curtius,PeIoponnesos,l,2 . ^ VUPS,ii" Plill<le5
3 Fougères, Mantinée et l'Arcadie orientale, p. 84 sqq. svoc lonan, uneouW,
actuaires et (p. 72, fig. 8) la photographie d'un satyre il i)P ^ jinti((Ue desM|li,a!tes'
itue en marbre trouvée dans le puits qui répond à a sim
ME!
— 1707
MEL
smage
Erinys '
termes de Pausanias que les Méliastes for-
resSn" ' i collège de Bacchants, analogue peut-être au
'"'''‘"il dionysiaque des [HÇam;, à Phigalie 1 : d’ordi-
svn°' ' ,,t office était dévolu à des collèges féminins
J comme à Delphes, en filide, en Attique. Pau-
TI°A" nous laisse ignorer le caractère des cérémonies
sanl.|S , U \<j uelles participaient les Méliastes. On peut
X | inférer® de la nature rustique du sanctuaire
se“'"'vl jndique une caverne ou un bosquet3), du voi-
l'Aphrodite Mélainis (hypostase de Déméter
do nom de MeÀayyeta ( Terres-Noires ) et des
Méliastes (de geXia, frêne?; ”, que le Dionysos de Mélan-
;lait Un dieu chthonien, envisagé dans ses rapports
'ivcc la Végétation, un dieu à la fois infernal et sylvestre,
de la famille des Dionysos Skianthias, Kryphios, Mélan-
thidès! Mélanaigis, Dendritès, Anthios0. Ce double
caractère se retrouve aussi chez les nymphes Meliai ou
Meliades , qui sont en même temps des Dryades et des
espèces d’Érinnyes 7 [nymphae]. G. Fougères.
MELICERTES, MsXixéottiç. — Personnage mytholo¬
gique dont la légende se rattache à la Béotie, à la
Mégaride et à l’isthme de Corinthe. Il était lils d’Athamas,
prince béotien, et d’Ino, fille de Cadmos. 11 est inutile
de rappeler ici les nombreuses versions de la légende
d'ino i no leucothea]. La plupart de ces versions abou¬
tissent au même dénouement. Ino s’enfuit de Béotie,
portant dans ses bras Melicertes enfapt; après avoir
traversé la Mégaride, elle arrive sur les bords du golfe
Saronique ; là, du haut de la roche Moluris, située entre
Mégare et Corinthe, elle se précipite dans la mer avec
son fds. Les malheurs d’Ino touchent la divinité. D'après
les uns, Poséidon, d’après les autres Dionysos place la
fille de Cadmos parmi les déesses marines ; désormais
les navigateurs l’invoquent sous le nom de Leucothea’ .
Quant à Melicertes, la légende le sépare dès lors de sa
mère. Son corps est sauvé par un dauphin qui le
transporte sur son dos jusqu’à, la côte orientale de
1 isthme de Corinthe, et qui le dépose en cet endroit du
rivage sous un pin. Le petit cadavre est recueilli par
Sisyphe, frère d’Athamas, qui régnait à Corinthe;
Sisyphe l’ensevelit et fonde, en l’honneur de Melicertes,
les jeux Isthmiques [isthmia]. A l’époque de Pausanias,
on voyait encore à quelque distance de Corinthe, près de
la mer, un autel de Melicertes (MsXixépTou pcogôç) ; la tradi¬
tion locale voulait que cet autel eût été élevé à l’endroit pré¬
cis où le dauphin était venu déposer son précieux fardeau2.
A la legende de Melicertes se rattachent étroitement le
mythc et le culte d’une des principales divinités de
Corinthe, Palaemon. De même qu’Ino était devenue la
cesse Leucothéa, on croyait dans l’Isthme que Melicertes
a'ait été élevé au rang des dieux, sous le nom de Palae-
mon Mater matuta, p. 1626]. Comme Leucothéa, Palae-
mon l1,1’1 un dieu marin, secourable aux navigateurs 3 ;
s0ni |ille était associé à celui de Poséidon1; dans son
Uni f l'1" ' aP- Allien. IV, 1 48 F. — 2 Fougères, Op. I. p. 265 sqq. ; — 3 Bé-
feanl t) 'llS c“^es arcad- p. 217. - 4 Immerwahr, Kultc Arkad. p. 190;
fmigori's ''t 1 107 ~ ^ p0uS3l'cs> Op. L p. 260. — •> Immerwahr, Op. I. p. 189;
Dallrc s /*’ ' P' *87' Le prétendu Dionysos Méliasle, que Mionnct croyait recon-
2'9, N ' n'om'eics mantinéennes, n'est autre qu’Ulysse (Mionnet, Suppl. IV,
or j VOI'onos’ Gaz. arcli. XIII, 1888, p. 262 sq.). — 7 Rosclier, Lexic. d.
J »rt. Al et ta.
“ÈLlCERTpo , . ,
a pou Bibi i ,Voir pus haul’ l- In> p- 52i>- — s Paus- >. 44; R. *; cf.
Ùiblioth ' |||°( * ll’.4, ! 3; HYS>n- Fabul. éd. Schmidt, p. 38-39 et 147. — 3 Apoll.
injcr ?r 1 ^ 3 ’ Lurip. Jphig. en Taur. v. 271. — 4 IJaus. 11, 2. — 5 Corp.
' °4’ ~ 6 paus. L. c. - 7 Paus. II, 1. _ 8 ld. Il, 2. — 9 p. Mou-
temple, appelé le Palaemonium firaXatgoviov) *, se trou¬
vaient, auprès de sa propre image, les statues de
Poséidon et de Leucothéa6; lui-même figurait dans un
groupe considérable, consacré à Poséidon par Hérode
Atticus, et qui représentait un char attelé de quatre
chevaux dorés, sur lequel se tenaient debout Poséidon
et Amphitrite1. Le Palaemonium faisait partie du grand
sanctuaire où se célébraient les Isthmia. D’après Pausa¬
nias on y voyait, outre le naos proprement dit du dieu,
un adyton souterrain, dans lequel, suivant la légende,
Palaemon se cachait8. M. P. Monceauxcroitavoirretrouvé
l’emplacement du Palaemonium sur un tertre rocheux qui
s’élève à gauche de l'entrée principale du sanctuaire
isthmique : au pied de ce tertre ont été découverts plu¬
sieurs débris d’un temple ionique, tambours de colonnes
à vingt-quatre cannelures, morceaux d’entablement, etc. ;
ce seraient là les restes d’un temple de Palaemon relati¬
vement récent. Quant au vieil adyton, « c’était sans doute
une grotte creusée dans les flancs de la colline 9 ».
Il paraît bien certain que, pour les anciens en général
et pour les Corinthiens en particulier, Melicertes et
Palaemon formaient un seul et même personnage
mythique. Comme Melicertes, Palaemon était souvent
représenté debout ou à cheval sur un dauphin ’°. Pausa¬
nias, après avoir raconté que les jeux Isthmiques
furent fondés par Sisyphe en l'honneur de Melicertes,
affirme ailleurs" que les couronnes décernées aux vain¬
queurs des jeux Isthmiques étaient faites de pin, pour
rappeler les malheurs de Palaemon; il fait évidemment
allusion ici au pin sous lequel le dauphin légendaire
déposa le corps de Melicertes. Rien ne montre mieux,
semble-t-il, l’identité du fils d’Ino et du dieu corinthien.
Melicertes-Palaemon fut l’une des divinités favorites
des Corinthiens. Son culte était très populaire dans
tout l’Isthme ; il y était encore célébré sous l’empire
romain. Le Palaemonium est mentionné dans une in¬
scription grecque de l'époque impériale12. Les monnaies
corinthiennes sont, à ce point de vue, très significatives.
Sur des monnaies coloniales, postérieures par consé¬
quent à la reconstruction de Corinthe en 47 av. J.-C.,
sont représentées diverses effigies qui se rapportent soit
à la légende, soit au culte de Meli¬
certes-Palaemon. Ce sont : Ino-Leuco-
théa tenant son enfant dans ses bras et
se précipitant dans la mer (fig. 4896) 13 ;
le corps de Melicertes étendu sur le
dauphin, avec quelquefois, à l’arrière-
plan, un pin14; Melicertes-Palaemon
à cheval sur le dauphin 15; l'autel
de Melicertes sous un pin16; un
pin, à la droite duquel ou voit le dauphin apportant
sur son dos le corps de Melicertes 17 ; enfin un temple de
forme circulaire, à l'intérieur duquel on voit (fig. 4897) le
corps de Melicertes gisant sur le dauphin : de chaque
ceaux, Fouilles et recherches archéol. au sanctuaire des Jeux Isthmiques , dans
Gaz. arch. 1884, p. 357 et suiv. — ,0 Paus. II, 1 ; II, 3 ; Barclay ilead, Catal.
of greek coins , Corinth. etc. ; Imlioof-Blumer et P. Gardncr, Numism. commentar.
in Paus. p. 11, pl. B. — U VIII, 48, § 2. — 12 Corp. inscr. gr. 1104. — 13 Imhoof-
Blumer, Mon», gr. p. 160 ; Imlioof-Blumer et Percy Gardncr, O. I. p. 10, pl. B,
xx-xxiv. — 14 Barclay Head, Op cil. p. 67, n. 545, p. 7a, n. 594; p. 78, u. 611 ;
p. 80, n. 622; p. 82, n. 635; p. 85, n. 648 ; Imhoor-Blumer cl P. Gardncr,
Ibid. 1, III. — 15 Ibid. XIV-XVII ; Barclay-Head, L. I. p. 77, n. CIO; p. 82,
n. 636. — l1» Barclay-Head, p. 78, il. 612; Imlioof-Blumer et P. Garduer, V,
VI. — 17 Barclay-Head, p. 78, 11.013; Imhoor-Blumer cl P. Garduer, XII: cf. XI cl
xnr.
MEL
— 1708 —
côté du temple se dresse un pin; dans le soubassement
de 1 édifice est représentée une porte voûtée, où l’on a
voulu voir 1 entrée de l'adyton souterrain mentionné par
Pausanias 1 . Quant au temple circulaire lui-même,
M. P. Monceaux y reconnaît le temple ionique dont il a
retrouvé les ruines ; parmi les morceaux d’architecture
qu il a recueillis, il a remarqué des morceaux d’archi¬
traves et de corniches circulaires fort anciens2.
Hors de Corinthe, le culte de Palae-
mon n’est signalé que dans l’ile de
Fénédos. 11 y avait revêtu un caractère
particulier. Lycophron, dans son poème
intitulé Cassandra , attribue à Palae-
mon l’épithète ppsffô/txovoç3. Le scoliaste
Tzetzès l’explique ainsi : Palaemon
Fig. 4897. — Mélicerte. n’est autre que Melicertes, le fils
d fno ; ce dieu était adoré à Ténédos,
où on lui sacrifiait des enfants1.
Les représentations certaines de Melicertes-Palaemon
sont fort rares. Les plus nombreuses sont les effigies
des monnaies corinthiennes citées plus haut. Le dieu se
voit aussi sur une mosaïque trouvée à Saint-Rustice, dans
le sud de la France5; il y est nommément désigné par
une inscription. On a voulu reconnaître des images du
dieu sur d’autres monuments, par exemple sur le fron¬
ton occidental du Parthénon0, sur le grand camée de
Vienne sur plusieurs vases peints de Corinthe8, sur
une mosaïque du Vatican2. Il est bien difficile d’affir¬
mer que ces monuments nous présentent des images
certaines de Melicertes-Palaemon; l’interprétation n’est
que vraisemblable. Pausanias vit dans l’Isthme plusieurs
statues du dieu : l’une dans le sanctuaire de Poséidon,
l’autre dans le Palaemonium, la troisième à Corinthe
même 10. La première de ces statues représentait Palae¬
mon debout sur un dauphin ; la troisième le représentait
eV; SeXorîvoç, sans que l’auteur indique cette fois si le
dieu était à cheval, couché ou debout sur le dos de l’ani¬
mal. Enfin Pliilostrate 11 décrit un tableau où l’on voyait
Palaemon sauvé des flots par Poséidon et accueilli dans
l’Isthme par Sisyphe. Melicertes-Palaemon étaitleplussou-
vent figuré sous les traits d’un enfant porté par un dauphin.
Tels sont les renseignements que les documents
antiques nous fournissenl sur Melicertes-Palaemon. Que
pouvons-nous en conclure ?
Un premier point nous parait incontestable: le culte
de Melicertes-Palaemon a été apporté dans l’Isthme du
dehors; il y est arrivé par le golfe Saronique, c’est-à-dire
par l’est. Melicertes-Palaemon est, de plus, un dieu
marin ; ses parèdres habituels sont Poséidon et Leucotbéa ;
il protège la navigation ; Euripide l’appelle veûv <pXa!;12.
Quelle est l’origine de ce culte? Il y a des raisons
sérieuses de croire qu'il est de provenance phénicienne.
Depuis longtemps l’analogie des deux noms Melicertes
et Melqart a été remarquée ,3. En outre Melicertes, parsa
mère Ino, est un petit-fils deCadmos; il est né en Béotie,
1 Barclav-Head, p. 80, n. 624; cf. p. 78, n. 614 ; Imhoof-Blumer et Percy-Gardner,
pl. B, xii ; Donaldson, Archit. numism. p.62. — 2 Gaz. arch. 1 884, p. 362. — 3 V,229.
— * Schol. ad v. 229-231. Voir le lexlc épigraphique cité par Maas, Orphelin, p. 26,
t ^ Witle, Bull, dell’ Inst. 1834, p. 157 sq.; Ile vue arch. Il, 2, p. 629 sq.
6 Michaelis, Parthenon, p. 181. — 7 Miiller-Wiescler, Denkm. d. ait. Kunst , II,
6, 75 a ; Baumeister, Denkm. d. klass. Alterth. lig. 1528. — « Furtwaengler, Ber-
liner Vasensammluny, p. 81, n. 779 et 780; p. 103, n. 914. — 9 Helbig, Führer,
2«éd. t. I, p. 1. — 10 Paus. II, 1, §8; 2, § 1 ; 3, § 4. — H lmagin. II, 16.
— 12 Jphig. Taur. 271. — 13 Voir la bibliographie dans Roscher, Lexikon, s. v.
Melikertcs, p. 2633 ; ajouter Brown, Semetic influence in hellenic Mythology ,
MEL
c’est-à-dire dans une des régions de h r -
s accorde à reconnaître que l'influence ni s • . oùl’°«
exercée le plus profondément. D’autre îv .ni,Clenne s’est
sanglant du culte de Palaemon à Ténu/, 6 carac^re
mer ces inductions: le dieu, auqôel 0^ “"H
enfants, ressemble de bien près m m ,Sacnlil; (1«
de Phénicie. P aU Melek ou Moloch
Mais une des questions relatives à ce dieu m ,
Palaemon reste obscure. Pourquoi ce dal ^l
Diverses explications ont été proposées. Farm
getes, les uns rattachent le nom de Palaemon \w\
au verbe grec TraXaùo, TraXa-gi, lutter, et font remaS
qu Héraclès portait le surnom de Palaemon “
rapporte que cette épithète fut donnée au héros fa*?
TtaXaiaai auxov xcù Ait \ xû 'AyeXoco uoxâg,.
l’Héraclès grec a été souvent identifié avec le BaaldeTvr
Melqart. Faut-il en conclure que les deux mots MeliceL
et Palaemon sont synonymes, l’un étant la transcripüoi
du mot phénicien Melqart, l’autre étant une épithète
d’Héraclès, le héros grec identifié à Melqart? 11 nousparail
difficile d’admettre cette explication, parce que la tradi¬
tion n’établit aucun rapport entre Héraclès et Melicertes-
Palaemon. On ne saisit pas pourquoi le dieu marin dt
Corinthe aurait été nommé : le Lutteur. Rien, dans «
que nous savons de son mythe ou de son culte, m
justifie une telle appellation. D’autres savants onl
demandé à la langue phénicienne l’explication du mol
grec rtaXaip-cov. 'Brown voit dans ce nom la transcriptior
du mot Baal-haman ou Baal-hamon 16. Ici encore uni
objection grave se présente. Baal-haman signifie : lt
dieu qui brûle , qui consume. Brown le traduit er
anglais : the Burning Lord. Il n’y a rien de commui
entre une divinité de cette nature et le Meli certes- Palae
mon des Corinthiens. Le dieu grec n'était pas plus, dam
l’Isthme, le dieu Brûlant que le Lutteur. Peut-être cettt
explication vaudrait-elle davantage pour le Palaemor
de Ténédos. Mais pour la divinité corinthienne, elle ni
nous semble pas admissible.
Ainsi l’étymologie grecque et l’étymologie sémitiqm
sont également impuissantes à nous expliquer ce doubh
Melicertes-Palaemon. Dans l’état actuel de le
que
nom
nous
science, il nous paraît sage de reconnaître que
savons pas pourquoi le dieu portait ces deux noms,
est probable que Melicertes est une transcription grecq
du phénicien Melqart ; quant à Palaemon , il n a cure
été, suivant nous, clairement expliqué ni par le grecj
par le phénicien. J. Toutain.
MELINA (MeXivvj). — Sacoche en peau de martre [me \
qu'on portait avec soi en voyage1. Georges Laeau.
MELISSAI. — Dans la religion grecque, les prelresst
surtout des Mystères, étaient souvent compaiu; a
abeilles et appelées de leur nom Métissai1, huit par
que cet insecte était le symbole de la pureté , bod I ^
que les grands temples pouvaient être compai'b ^ ^
ruches. Ce nom est naturellement en rapp011
. , r c V P(ll(linl0n • ^
p. 89 et 132. — H Weiszacker, in Roscher s Lexicon, s. • ^ __ Uibi.ioura,hi1,
— *5 Schol. ad Lycophr. Alexand. 663. — 16 Op. I • P- 1 ^ AUSfnhrl- Lexikw
Preller-Robert, Griecliische Mythologie , I, p. 602-605 ; Roscher, ^ ^ Weiszacker)*
der griech. und rom. Mythologie, s. v. Melikertes (Stoll) et 1 " ^ ^ giünincr,
MELINA, l Plaut. Epidic. I, 1, 23, Léo. Edict. Diocl. VII > ^ re mt.
Ad h. I. Dans le meles on a quelquefois voulu voir le blaireau , Quneg ■
III, 12, 3; Ser. Samm. 890; Plin. Hist. nat. VIII, 72, 13-, 13 .
402 . Porphyr. D* antr0’
MELISSAI. 1 Schol. Pind. Pyth. 4, 106; Ilesych. s. h. ». i
18. — 2 Callimach. Hymn. Apoll. MO.
1258.
ME. VI
— 1709 -
MEM
de la
■]es prêtresses
Déméter
(R, Ja Môlissa crétoise, première prêtresse de
légendes « ^ ^ Méj.gga luéc pour n’avoir pas voulu
Hhéa, , l M lères je Démêler et du corps de laquelle
diVUlf?.'"' ut naître les abeilles; aussi désignait-il surtout
latl" ' ,,s Je Rhéa1, celles de Déméter et celles de
pr et de Perséphone2. Cn. Lècrivain.
m i » niIIS 1 ’EfftAO?ûXa$, [JieXtff(T£Ùç, fxsXt(7<70xô|J.oç, [xêXct-
\r ,eXtff(70Tpo'fOç, fieXuraoupy oç, fxeXuwMCoXoç, «xpjvoup-
rr5; iiadteur. Les Latins disaient aussi apiarius3.
ïwi‘r 1 cnnBP à l’importance du miel dans l’alimen-
. ijon des anciens [mel], on se rendra compte aisément
■des apiculteurs de profession devaient être beaucoup
dus nombreux qu’aujourd’hui. Platon, passant en revue
dans les Lois les diverses catégories de travailleurs qui
peuplent les campagnes, en nomme trois : les laboureurs,
les paires et les apiculteurs4. Lorsque la ruche dépend
dune ferme, le mel/arius est un serviteur, le plus sou¬
vent un esclave, spécialement chargé de la surveiller et
de l’exploiter. Ce gardien des abeilles ( custos , curator ) 3
devait posséder à fond toutes les connaissances spéciales
que nous voyons réunies chez les agronomes; il
devait dans chaque saison exécuter les travaux indiqués
parle calendrier de l’apiculteur [mel]g. Mais en outre il
fallait qu’il donnât chaque jour un coup d’œil à ses ruches
pour s’assurer quelles étaient en bon état7. S’il avait à
toucher aux rayons, il n’en devait approcher que dans un
étal de pureté parfaite, parce que les abeilles, participant
de la nature divine, ne pouvaient endurer sans souffrance
une souillure, ni même une mauvaise odeur. Si le mella-
rius était ivre, ou s’il avait mangé de l’ail, il lui était
recommandé de remettre sa besogne à un autre jour8.
Dans les villes, le mellarius était simplement un mar¬
chand de miel ou un confiseur. On en trouvait à Rome
sur la voie Sacrée9. L’un d’eux avait son magasin près
de la porte Trigemina , au pied de l’Aventin10.
Georges Lafaye.
MEMBRANA. AtcpDspa. Peau, parchemin. — Une tra¬
dition dont Varron s’est fait l’écho1 affirmait que l’art
de préparer les peaux d’animaux pour l’écriture avait
etc inventé sous le roi Eumène II, au commencement
du ii' siècle av. J.-C., par les savants de Pergame; d’où
le nom de charta pergamena, parchemin. Il est pos¬
sible, en effet, qu’ils l’aient perfectionné ; mais nous
savons aujourd’hui de source certaine que l’invention
remonte beaucoup plus haut; en Asie et en Égypte elle
était connue dès le xve siècle av. J.-C.2. D’autre part ce¬
pendant, il n est pas question de livres de parchemin
^ns ' a 11 1 ' < I u i té gréco-romaine avant le commencement
e noi n (> ère3, et parmi ceux que nous avons conservés
^sp us anciens ne datent guère que du ive siècle [liber].
des'!' M serva*l Pas davantage du parchemin pour écrire
^pïStolaj. C’est uniquement le papyrus que
les particuliers employaient dans leur correspondance4.
Il présentait en effet l’avantage d’être plus léger et une
lettre n’avait pas besoin d'être écrite sur une matière très
durable. Mais on ne saurait expliquer par la même raison
la préférence qu’on lui accorda pendant si longtemps dans
la librairie. M. Birt a prétendu que le parchemin coûtait
moins cher que le papyrus ; un ouvrage littéraire qu’on
jugeait digne d’être lu par des gens cultivés ne pouvait
pas être reproduit sur une matière sans valeur, aban¬
donnée à de vils usages M.Dziatzko doute beaucoup de
la solidité de cette raison c. Pour trancher le débat d’une
manière définitive, il faudrait pouvoir comparer les prix
du parchemin et du papyrus, et nous n’en avons pas les
moyens [papyrus]. Mais toutes les vraisemblances nous
portent à croire avec M. Dziatzko que le prix du papyrus
était inférieur; si les libraires s’y sont tenus pendant si
longtemps, c’est à cause des frais qu’entraînait une édition
sur parchemin. Avant l’Empire nous ne le voyons jamais
employé que par petites quantités à la fois.
On en faisait des couvertures pour envelopper les rou¬
leaux de papyrus, des étiquettes qu’on y suspendait et où
on inscrivait le titre de l’ouvrage liber]. Une feuille de
parchemin pliée en deux tenait lieu des tablettes de bois
enduites de cire qu’on portait sur soi pour y mettre des
notes, à la promenade, en voyage, au bain, etc. ; si bien
qu’elle en prenait le nom ( pugillares membranae). Ces
tablettes de parchemin remplissaient le même office : on
y inscrivait ses comptes et on y couchait ses brouillons.
Même s’ils exigeaient beaucoup de feuilles, on y trouvait
encore un avantage, c’est qu’on pouvait, comme sur les
tablettes de cire, gratter et récrire et qu'on utilisait le
verso aussi bien que le recto 7. Le parchemin était donc
affecté à des productions de premier jet; on mettait au
net sur du papyrus. M. Birt en a conclu que le papyrus
était plus estimé et par conséquent plus cher. 11 parait
légitime de conclure au contraire qu’il devait se vendre à
plus bas prix; car un brouillon sur parchemin pouvait
être de moitié moins volumineux que la copie sur un
rouleau de papyrus.
Le parchemin servait aussi aux artistes pour dessiner.
Pline assure que de son temps on possédait encore sur
parchemin des dessins du peintre Parrhasius, qui avait
vécu à la fin du ve siècle 8. Ce témoignage a paru suspect9,
peut-être à tort; car si le parchemin a été inventé très
longtemps avant Eumène II, on ne voit pas pourquoi les
artistes grecs n’auraient pas dès le vc siècle utilisé sous
forme de feuilles volantes une matière qui présente à coup
sur pour le dessinateur un grand avantage sur le papyrus.
Pline ajoute que ces dessins, de véritables chefs-d œuvre,
objets de l’admiration générale, avaient été tracés au
crayon, ypaotç, c’est-à-dire probablement avec une pointe
d’argent10. Même si l’on admet que Pline a commis là un
mitcli. i . /T'!'1' *’ ~ 2 Schol. Pintl. Pyth, L. c. ; Porphyr. L. c. ; Calli-
Tlicocr. 1 5, 04 ; Hesych. I. h. v. et s. v. tioiTçoitôXou;. — Bi-
*tiociiiPBiE. Rosc)l .. ’ ‘icsycn. l. n. t). et
fejij. Leipzi.- „;:,IN 4 us^' Lexikon der griechischen und rômisciien Mytho-
NELI.aiuxjs i ^ ' ’ aicï'er XVeniger, art. meï.issa et mf.i.issaios.
Apoll.Rhod U j, °e rerus‘- HD 16, 17, 18, 30.-2 Geop. XV, 2, 9; 3, 7;
A’1, 239 ; JoscDh' /(./; ^faOn- 577, *1; Suid. s. v. p6Xi®»oxd|i.o; ; Anth. Pal.
16, U.Î5; The' ™‘ ,Ud' IV’ 8’ 3; AristoL Anim.hist., V, 22, 4; IX, 40, 2, 3, 15,
HI, Ifi, 3 . P ' Hist. plant. VI, 2, 3 ; Plat. Leg. VIII, 842 d ; Varr. üe re rust.
577,41 ; Arlo °ir f*® " ! Ac,ian- NaL anim • h 9 ; V, 1 3 ; Etym. Magn. 458, 44;
U«- vin, U" d"' T’ 64 ; Poll‘ VII> ,01- — 3 fi». Hist. nat. XXI, 56. - v Plat.
* Ibid IX u. vC°lum- lx> 9> l2> I*. - 6 Ibid. IX, 14. — 1 Ibid. IX, 3 et
~ * V»rr. ù. ’ ’’ ;"'g- 0enrff ■ IV, 229-230; Pallad. I, 37, 4: Plin. XI, 44, 01.
,8’ 23- — 10 Corp. insc. lat. VI, 9618.
MEMliRANA . i Varr. ap. Plin. Hist. nat. XIII, 70. — 2 Hicli. Pielschmann.
Lcde.ru. Hol: als Schreibmaterial bei den Aegyptern, Sammlung bibhotlieku'is-
senscli. Arbciten. 1895, p. 105; 1898, p. 51; Ilzialzko, Untersuch. üb. d. antiAe
Huchwesen (1900), p. 2 el suiv. — 3 Au temps de Tibère appartient le témoignage
de C. Cassius Louginus, liig. XXXII, 52, qui s'applique peut-être ici; Dziatzko,
L. c. p. 133; Thompson, Gr. and lat. palaeogr. p. 35-42. — 4 Birt, Ant. Buch-
wesen, p. 61-70; Dziatzko, Brie/' ap. Pauly-Wissowa. Bcalencyclop. d. Alterth.
wissensch. et Untersuch. p. 137. — 3 Birt, p. 70. — 6 Untersuch. p. 130. — 7 Cic.
ad Att. XIII, 2i; Hor. Sat. Il, 3, 1 ; Ars poet. 388; Petron. 115; Pers. III, 10;
Ouintil. X, 3, 31 ; Mari, I, 2, 1 ; Apoph. 7; Juv. VII, 22; l)ig. XXXII, 102; Paul,
ad Timotli. Il, 4, 13; Dzialzko, Unters. p. 131. -- 8 Plin. XXXV, 108. — 9 Birt,
p. 53; Dziatzko, Unters. p. 130, note 1. — 10 Cf. Plin. XXXIII, 98; Blümner,
Gewerbe u. Kiluste, IV, p. 426.
213
MEN
— 1710 -
anachronisme, il n'en est pas moins intéressant de con¬
stater que le procédé était en usage de son temps.
D après Hérodote, les peaux destinées à l’écriture chez
les Ioniens étaient des peaux de chèvre et île mouton1;
les textes nous montrent qu’à la fin de l’Empire c’étaient
toujours celles qu’on préférait2 ; nos plus anciens ma¬
nuscrits sont sur parchemin de mouton. On connaissait
même au ivc siècle le parchemin d’agneau mort-né, ou
parchemin « vierge » 3. Quant à la préparation, les auteurs
n'en parlent point ; niais comme c’est l’antiquité qui l’a
inventée, on ne s’avance pas beaucoup en supposant que
les procédés employés dans le haut moyen âge remontent
à l’époque classique, d'autant plus qu’ils sont à la fois
très simples et indispensables4. Après avoir fait macérer
la peau dans de la chaux pendant trois jours, on la dé¬
pouillait de son poil, puis on la tendait sur une table où
on la raclait avec un instrument tranchant [cf. corium] et
enfin on la polissait des deux côtés à la pierre ponce, jus¬
qu’à ce qu'on eût obtenu une surface parfaitement égale5.
Dans l’Édit de Dioclétien, le salaire maximum de l’ouvrier
( membranarius , 8>ç6epo7rot<);) 6 est fixé à quarante deniers
(0 fr. 90) par quaternion [liber] d’un pied carré (0m,30 de
côté) 7, soit 0 fr. 225 pour la double feuille. G. Lafaye.
MEMORIA (A) [epistulis (ab)].
MEN [luxes] .
MENDICATIO, MENDICI. ÜTioysia, 7tx u>y6ç. — Grèce.
— Le peintre le plus ancien de la mendicité dans la société
grecque est Homère. L'Odyssée nous montre la mendicité
comme y étant d’un usage courant et même très répandu.
Elle a ses habitudes, ses traditions, presque ses lois. La
classe des mendiants est nombreuse, variée, bien définie.
Ses défauts sont connus de tous, comme aussi l’expé¬
rience a démontré qu’il y a mendiants et mendiants. La
mendicité a déjà revêtu quelques-unes des formes qu’elle
conservera durant toute l’antiquité. Les unes sont de tous
les temps, d'autres appartiennent en propre au monde
ancien et ont à peu près ou entièrement disparu avec
lui. Rien de mieux observé, de plus réaliste que la pein¬
ture du mendiant ïrus dans Homère. Arnée, dit Irus (le
sobriquet est encore une des caractéristiques des profes¬
sionnels de la mendicité), est un colosse paresseux et
gourmand, grossier, brutal, querelleur, lâche et fan¬
faron1. Il est déjà une sorte de parasite, car il pénètre
partout familièrement. Sa réplique est vive et hardie,
sinon spirituelle. Il redoute la concurrence, et c’est pour¬
quoi, lorsque Ulysse introduit par Eumée arrive à son
tour déguisé en mendiant, il lui fait si mauvais accueil2.
C’est par goût, par choix, que le mendiant tel qu’Irus
mène cette vie honteuse plutôt que de se livrer à quelque
travail utile3. Ulysse, sous son déguisement passager,
représente une autre catégorie de mendiants, qui durera
autant que l’antiquité elle-même, et dont la psychologie
n’est pas moins bien connue d’Homère : le nomade, le
voyageur. Celui-là est parfois un honnête homme qui a
éprouvé des revers. Plus rarement, mais le cas se pré¬
sente, c’est même un homme puissant, illustre, que pour-
1 Herod. V, 58. — 2 Martian. Capctl. II, § 135 ; Augustin., Contra Faust. XIII, 18:
XV, 4; Watlenbach, Das Scriftwes. in Mittelult. 3, p. 1 20- 1 21 . — 3 Medicina Plinii ,
ap. Val. Rose, Dermes, VIII, 25; Watlenbach, . 119. — - Bljmner, Gewerbe u.
Künste , I, p. 266. — 5 Recette du ix° siècle dans Wattenbach, p. 139. Sur l’em¬
ploi delà pierre ponce pour le parchemin, cf. Catull. 22, 7-8. — 6 Gloss. Philox.
s. v. — 7 Edict. Diocl. VII, 38, Bliimner. La lecture [ qua]ternionc n'est que pro¬
bable: le texte porte ///f/ endone.
MENDICATIO, MENDICI. l Hom. Od. XVIII, v. 1 et suir. — 2 Ibid. X VIII,' 8
et suiv. — 3 Ibid. XIV, 226 sq. ; XVIII, 362 sq.; cf. S. Ambros. De off. II, 16.
Ulysse en nu-udiaut.
MEN
suivent la Fortune ou la colère des di
plus tard l’exemple le plus frappant de
tombés d’un haut rang dans l’indigence ! ^ Ceux<
pas toujours de retrouver plus tard leurs" ' * S('‘spèrent
adoptent l’extérieur et les manières des" |>»
gaires : surfit tunique usée pend une besac'^u'^H
une lanière decuir,un bâton assure leur nvM-oi/' par
ils vont de porte en porte, et ' '^'S-WW)1,
font le tour des tables bien
garnies. Mais un reste de
fierté leur fait volontiers in¬
sinuer qu’ils ne sont pas ce
qu’ils paraissent5. D’ailleurs,
la plupart des mendiants no¬
mades ne sont que des aven¬
turiers, et ceux-ci se donnent
pour ce qu’ils ne sont pas.
Une de leurs ressources est
d’exploiter la curiosité pu¬
blique. Ils recueillent les
bruits et les colportent, vrais
ou faux6. On ne les croit
guère7 et ils le savent bien,
mais ils n’en débitent pas
moins leurs nouvelles avec un
aplomb imperturbable, assurés qu’ils sont de rencontrer,
dans le public badaud des agoras de petites villes et dans
beaucoup de maisons6, des oreilles complaisantes. Onles
écoute, en effet, parce qu’ils arrivent d’ailleurs, peut-être
de loin, parce que les nouvelles parviennent rarement et
difficilement, parce qu’enfin le Grec aime les histoires,
tout en se méfiant de leurs propos9. On sait que les men¬
diants ont coutume de bavarder à tort et à travers. Un
de leurs moyens ordinaires est d’apporter à chacun la
bonne nouvelle qui l’intéresse. L’aumône tombe plus
abondante dans la besace d'un heureux messager ]
Il est d’ailleurs un autre motif, plus grave et plus élevé,
pour que le mendiant soit assuré d’un bon accueil. Cest
qu’il bénéficie des lois de 1 hospitalité 1 1 . Il est, comme!
l’hôte, l’envoyéde Jupiter l2: les dieux et les Érin ny es ven¬
gent ses injures13. Quelquefois les dieux visitent les
hommes cachés sous cet extérieur *\ On le Imite doncj
avec un curieux mélange de respect et de îm p i- O a
est sensible même dans la réception qu lUssc uioi
chez Eumée. Celui-ci ne lui refuse rien et en av®l
lui avec bonhomie et générosité, mais sans Jll' l!*l
muler le peu de confiance que lui inspirent I (
Tous les prétendants accueillent Ulysse <1 11 h ^
convenable et lui accordent quelque don . An _
fait exception, et tous les convives réprouM u a(j
cluite16. Cependant ils ne ménagent pas la
nouveau venu et prennent un plaisir extrenn <■
aux prises avec Irus17. Ceci est la Parl ' ' . '
des mœurs primitives. Elle se donne libi 01 al 1 " ['3
de l’ignoble Irus18, mais n’épargne pas b >!,sl -nS ordi-
Au temps d’Hésiode, la mendicité n » si lKL
— v Od. XIII, 433 sq. ; XVII, 197 sq. ; XVIII, 430 S<1' , ! Voir '’llfOI'ej
peinture de vase, 0. Jahn, Berichte des Sachs. Gescllsch . ^ Je Ml
Overbeck, The b. und Troisch. ffeldenicreis, pi. xxxvui, e ’ l3(i «fcj
1872, p. 187 et s. ; Monum. IX, 42. — 5 Od. XIV, 50 w|"_ g XIV, l' **
75 sq. - » Od. XIV, 122 sq. — 1 Od. XIV, 106 sq. 3“ !_ xy|I) çb sq. #*'
— 9 Od. XVII, 508 sq. — >0 Od. XIV, 120 sq. i75: -u0<i’X '
XVIII, 221 sq. - 12 Od. VI, 207. — 13 Od. XIV, ^57; X ^ ^ XVIH. 30 M|' I
485 sq. — 13 Od. XVII, 330 sq. — <G Od. XIV, 374 sq.
— 18 Od. XVIII, 79 sq. — 19 Od. XVIII, 354, 362 sq.
MEN
— 1711
\1EN
. ies conditions de la vie ont un peu changé.
naire' ■ r CTccuue est certainement plus assise et plus
L*i s0C". ^époque des grandes aventures de la guerre
c»lme ?" 'l, ’.^riculture, le commerce maritime sont les
fe Plions ordinaires des hommes. Aussi les causes de
0CC“pa' t de ia mendicité sont-elles plus terre à terre
lin"f "" l’ Odyssée. Une mauvaise récolte, une culture
?lR r isante la paresse, l’imprévoyance, la mauvaise
,nSU (|.ms le négoce, les naufrages, sont donnés
,es‘ pius habituelles. Le court poème des Travaux
C()"Z fours, y fait plusieurs allusions. Hésiode nous
rjjg ^ son tour le mendiant allant de porte en porte,
J’use tenant sur la place publique*.
On manque de données précises sur la mendicité dans
la Grèce archaïque postérieure à Hésiode, et dans la
Grèce classique. On peut conjecturer quelle exista à
Athènes avant Solon, beaucoup moins que ne le ferait sup¬
poser l’extrême misère qui régna alors dans le peuple
par suite de la mainmise des Eupatrides sur la plus
grande partie des terres. En effet, la pauvreté conduisait
alors non à la mendicité, mais à l’esclavage2. Le débi¬
teur insolvable devenait le bien du créancier et cultivait
pour autrui la terre qu’il possédait auparavant. Sa situa¬
tion matérielle devait en être plutôt améliorée ; du moins
le pain quotidien lui était-il assuré. Il arrivait aussi qu’il
fût vendu à l’étranger comme esclave3. L’on vit même
des parents réduits à une telle extrémité qu’ils vendaient
leurs propres enfants. Il faut reconnaître que les lois de
Solon mettent tout en œuvre pour prévenir sinon la pau¬
vreté, du moins la misère. Aussi, dans la période où
fleurit l’Aréopage, s’il faut en croire Isocrale, le pané¬
gyriste enthousiaste de cette institution, l’Attique n’aurait
pas connu l’extrême pauvreté. Une judicieuse réparti¬
tion des charges de l’État, la division de la fortune pu¬
blique4, auraient fai L d’une honorable médiocrité le
partage delà totalité du peuple8. Solon avait eu soin de
mettre en honneur les métiers manuels. On sait qu’il
avait enjoint aux pères de famille de faire apprendre un
métier a leur fils, faute de quoi ils perdaient tout droit à
être nourris par ceux-ci dans leur vieillesse 6. L’Aréo-
page punit quiconque ne vit pas d’un travail régulier1,
elon Pollux, la paresse était punie d’atimie [atimia]8,
sou.n le règne des lois de Dracon. Les lois de Solon main-
inicnl cette peine, mais seulement pour une double
l'écidiui . Quelques auteurs prétendent même que Solon
avait i inprunté aux Égyptiens une loi qui punissait de
r 0rl quiconque ne pouvant justifier d’un genre de vie
jjf1. " 1 11 taborieux, faisait sur ce point une déclaration
faui* i"" "' °U v‘va'1' Par ^es moyens illicites10. Mais il
simi I .'S| t'J| qU en ce cas y ava‘l autre chose que le
0cc * * ll q,‘ Paresse. L’Aréopage avait soin que les
niain s "| "1S lussent réparties suivant les capacités pécu-
l'agi'inilil |'^petltsétaient encouragés à se maintenir dans
détail i Ure’ S méüers, le commerce 11 , évidemment de
ne répi!.,"^*"' ^eS grands personnages, comme Solon,
suivant^!6"1 pas au commerce maritime *2. Plus tard,
>cidle, les choses se gâtèrent, quand l’Aréopage
' Hesiod. On
" J rtnt. Sol. xx f6, 395 Sf|- 300-50l, etc. — 2 Plut. Sol. XX,
P- S86. — s j 0<c *'■ Econ.pol. des Athéniens, 1. iV, ch. m, trad.
Vl11’ 6- - « rite 6 1>lut- s°l- XLII. - V Plut. Lye. LH. -
, -Plut. Soi II t __ , "j 1'*0' f ‘ 1 ’ Herod. Il, 177, — il Isocr. Arei
' De’mosth , Are°P ' 5‘ - - 14 Boockh’ O. c. I. 1, ch. ,v
• C. Phorm. p. 918, 27; Poil. VIII, 114; Slrab. i
eut perdu de son pouvoir13, et la robuste pauvreté
d’Athènes se changea en un contraste choquant de misère
chez les uns, d’opulence chez les autres. Toutefois, alors
encore, les rétributions accordées aux citoyens pour l'as¬
sistance aux assemblées du peuple, aux séances des tri¬
bunaux, à partir de Périclès, la viande provenant des
sacrifices, les œufs, les fromages offerts à Hécate par les
riches à chaque nouvelle lune, devaient être d’une assez
grande ressource aux citoyens pauvres. Les distributions
de blé, à prix réduit ou gratuit, et d'autres encore, tant
reprochées aux Romains, n’étaient pas inconnues à
Athènes14. On peut même affirmer qu’elles y eurent une
influence démoralisatrice plus funeste dans une démo¬
cratie que dans la monarchie impériale. Elles y furent, en
effet, un moyen de corruption politique des plus efficaces.
Jusqu’à Thémistocle, le superflu du produit des mines
était partagé entre tous les citoyens. Les distributions de
blé étaient faites soit aux frais de l'État13, soit aux frais
de particuliers généreux ou ambitieux, soit encore grâce
à des présents venus du dehors16. Il y eut aussi des dis¬
tributions d’argent, et la source en était parfois des
moins pures, comme la confiscation des biens prononcée
par le peuple à l’instigation des démagogues, à l'égard de
citoyens qui lui déplaisaient. Ce moyen servait aussi à
pourvoir aux indemnités de l'assemblée et des tribu¬
naux11. Enfin, si le peuple avait le pain , il avait aussi les
jeux. Ce serait une attention touchante à l’égard des
pauvres que d’avoir voulu leur assurer de temps à autre
une journée de plaisir en leur donnant l’entrée gratuite
au théâtre, si l’institution des (ietoptxa, tant reprochée à
Périclès [theorikon], n’eût lourdement grevé le budget de
l’État et entraîné par la suite de dangereux abus18. Les
Ôscoptxoc prirent en effet une extension plus grande et l'on
distribua de l’argent sans qu’il y eût de représentation
théâtrale, mais toujours à l’occasion des fêtes19. Comme
à Rome aussi, on pratiqua parfois le système des colonies
pour décharger la ville des citoyens pauvres qui y
affluaient, attirés par les avantages qu'elle présentait20.
La préoccupation de fournir du travail aux pauvres n’est
pas étrangère non plus au système des grands travaux
publics adopté par Périclès21. Bonnes ou mauvaises,
suivant les temps, les mesures préventives ne manquè¬
rent donc pas pour épargner à Athènes le développement
du paupérisme. Il y a lieu de croire qu'elles furent assez
efficaces. En ce qui concerne la période antérieure à
Périclès, Isocrate affirme, peut-être avec un peu de com¬
plaisance, que pas un citoyen ne manquait du strict
nécessaire22. Cependant, en cette même période, Cimon
n'acquierl-il pas de la popularité par sa bienfaisance2*?
Il est clair que pendant de mauvaises périodes telles que
les guerres médiques ou durant la guerre du Pélopo-
nèse, quand la population rurale s’entassait dans Athè¬
nes tandis que ses récoltes étaient pillées, ses arbres et
ses fermes brûlés, il dut y avoir beaucoup de misère et
de mendicité. Nous croyons donc que Boeckh généralise
trop le résultat de ses calculs sur la division des terres
au ve siècle quand il dit que personne alors n’était assez
14-17. — 16 Plut. Dom. 18; Pericl. 70; Diod. Sic. XX, 40; Corn. Nep. Atticus,
2. - 17 Aristot. Polit. VL 5; Lysias. C. Nicom. p. 861 ; Boeckh, Econ. pol. 1. II,
ch. xm, p. 359, de la trad. fr. — 18 Plut. Pericl. 15, 16; Dem. Philip. I, §§‘îo;
O. I. III, § Il et 33; cl la palinodie. Phil. IV, 36; Boeckh, I.. c. — 19 Libau.
Arguin. de la /'• Olynth. — ‘20 Plut. Pericl. 23. — 21 Ibid. 24, 25. — 22 Isocr.
Arcop. 53. — 23 Plut. Cim. XVI, XVII.
men
— 1712 —
pauvre pour faire lionte à l'État par la mendicité1. Ils
faut du moins tenir compte des circonstances. I) ’ ai lleur
il y avait nécessairement à Athènes comme partout des
estropiés, des infirmes, des vieillards, des enfants qui,
dépourvus de soutien naturel, pouvaient se trouver sans
ressources. En ce cas, une assistance proprement dite leur
venait en aide. Pisistrate avait voulu que le citoyen
estropié à la guerre fût nourri le reste de sa vie aux
dépens de l'État, suivant en cela l’exemple de Solon qui
avait appliqué cette mesure à un particulier2. Elle s’éten¬
dit plus tard à tous les infirmes qui possédaient moins
de trois mines3. Ils recevaient une somme variant de
une à deux oboles par jour 4, suivant les époques. De
même, les enfants de ceux qui étaient morts à la guerre
étaient élevés aux frais de l'État et, parvenus à l’âge
d’homme, recevaient un équipement complet d’hoplite.
Aux jeunes tilles pauvres l'État fournissait une dot qui
leur permit de se marier '. Enfin on pouvait être secouru
par le prêt collectif des associations libres dont il a été
parlé à l’article eranos °. En résumé, nous trouvons à
Athènes à peu près les mêmes mesures d’assistance qu’à
Home contre le paupérisme, mais, et malgré les défauts
que nous avons signalés, appliquées avec bien plus de
discernement et d’intelligence. La principale cause, outre
l’esprit plus pénétrant naturel aux Grecs, est qu’au lieu
d’être, comme à Rome, des expédients surtout politiques
issus de principes et de coutumes où l'idée d’assistance
n était pour rien à l’origine, elles furent prises expressé¬
ment pour prévenir ou secourir la misère. Celle-ci, ainsi
que son corollaire inévitable, la mendicité, y fut donc
réduite à son minimum. Mais, il ne faut pas l’oublier,
tout ce qui précède ne s’applique qu’aux citoyens de
l’Attique. Rien ne permet de croire que l’on ne vil pas à
Athènes un nombre plus ou moins considérable de
mendiants étrangers et nomades.
A Sparte, le rôle de chacun dans l’État était trop stric¬
tement limité, la richesse trop exactement réparlie, pour
que la mendicité y pût trouver place. Grâce à la richesse
du sol. non seulement on n’y voyait point de pauvres,
mais tout le monde y vivait dans l’abondance 7, du
moins, il est permis de le supposer, tant que les insti¬
tutions de Lycurgue y conservèrent quelque vigueur.
Quant aux étrangers, les Spartiates, qui n’admettaient
pas dans la cité même ceux qui eussent pu se rendre
utiles8, ne devaient pas aisément tolérer les fainéants
sur leur territoire.
On a vu ailleurs [medicus] qu'il existait en Grèce une
assistance médicale gratuite.
Rome. — Si de la Grèce nous passons à Rome, une
première observation s’impose : autant les institutions
de Sparte et d’Athènes étaient judicieusement combinées
pour prévenir le paupérisme extrême et la mendicité,
autant les institutions de Rome et ses mœurs semblent
avoir été propres à développer ces deux fléaux. Il est facile
d’en apercevoir les causes : d’abord, a priori , on peut
admettre sans difficulté que des mesures efficaces dans
de petites cités l’eussent été beaucoup moins dans une
ville comme Rome, sans cesse en voie de transformation,
1 Boeckh, O. c. 1. IV, ch. m, p. 286, trad. fr. Voir Aristoph. Plut. 552; Alexis
ap. Atheo.I, Id. 55 a. — 2 Plut. Soi. 65. — 3 Lysias, Tuip xoJ àStivàTou ; Acscli. O.
I. Tint. §§ 102, 104. — i Suid. Hcsycli. s. v. àSôvato; ; Pliiloch. ap. Harpocr. s. v.
iîiv«Toi, dans les Fratjm. Hist. de Millier, l. I, n“ 07, 68; Boeckh, Econ. [toi. Il,
ch. xvii ; Schoemann, Antiq. hel. Irad. Galuski, l. I, p. 501. — 5 Boeckh, Econ.
MEN
de plus en plus populeuse, centre de h,
affaires et des plaisirs pour une grande n,îr ' !<1Ue’ d(*
méditerranéen. Un-autre vice, particulier ^ m°nde
trouve dans l’origine du principal second * *
citoyens pauvres, I’annona, puis à füsaw aC’OI>dé !lUx
.i’annone, en effet, n’est point primitivemL ^
lion d’assistance, mais la participation
les idées antiques, de l’ensemble des
lln(‘ institu.
tes cit ,tne> Suivant
lices de la conquête. Ensuite les
trop souvent une arme politique aux mains dot nT
et par conséquent un instrument de corruption , H
none devint surtout, il est vrai, une forme d’assi -i
publique, mais qui, en verlu de ses origines ‘resh i
jours mal définie dans son but comme dans ses «mil
lions. Les institutions alimentaires marquent un
progrès sur l’annone, et cela précisément parce qu ellj
lurent créées pour un objet bien déterminé et d’après un
plan raisonné [alimenta, alimentarii]. Cet objet était
d’arrêter la dépopulation, et le moyen fut d’entretenir
aux frais de l’État un certain nombre d’enfants dans
chaque localité où existaient ces institutions. Les effets
durent s’en faire sentir sur le paupérisme, même en
admettant que la faveur eût une certaine part à l’inscrip¬
tion des favorisés, comme on le vit dans l’application
de la loi sur les pères de trois enfants.
Les mœurs ne poussaient pas davantage au dévelop¬
pement de la richesse publique et privée par le travail.
Le mépris où étaient tenus les métiers manuels interdi¬
sait aux citoyens pauvres une ressource aussi sûre
qu’honorable. L’agriculture italienne, qui aurait dû
nourrir la population des campagnes et l’y retenir, fut
ruinée en partie par l’abandon des riches propriétaires,
en partie par l’esclavage, et sans doute plus encore par
la contribution en nature levée dans les pays conquis
riches en céréales, et qui rendait la concurrence impos¬
sible au cultivateur indigène9. Que dire de la sportule
[sportula], louable peut-être dans son principe, sinon
qu’elle se transforma rapidement en une mendicité à
peine déguisée? Et de l'usage d’acheter pour 1 esclave
affranchi une tessère frumentaire, sinon que celait lui
constituer une police d’assurance contre la paresse.
L’excès des jeux de toutes sortes fut encore une des causes
qui attiraient à Rome ou y retenaient une population
toujours avide de spectacles. Un autre inconvénient des,
distributions de grains et plus Lard d’autres demu» u
de jeter dans Rome une foule d’étrangers, et, conmn t 1
Appien, tous les fainéants, tous les gueux, tous h » raau1
vais drôles de l’Italie, remarque qu'il applique aux lemj]
troublés qui suivirent immédiatement la unul * ( |(jen
sar IU, mais dont on peut étendre la portée. Lu 1 ,l
qu’en principe les citoyens romains fussent s<.u
à bénéficier des distributions tant à prix i< 111111 1
tuites, il est parfaitement sûr que de noinlin i ^ ^
trouvèrent moyen d’y prendre part. Il fallait '1^.^ gn
un abus bien ordinaire pour qu’il osât, si conS.
présence même de l’empereur, comme Aunu ^ ,^u ^
tata à l’occasion d’une distribution tait' a sl . leg de
s’en montra fort irrité. D’autre part que «lIM
7.,g _ « ls»e. Dt
pol. I. Il, ch. xvii ; Dem. Téom. et Apollod. C. If ter. §§ ,13’ a’,mA-8 Pl"1-^
Uagn. heretl. p. 294 ; Theoplir. Char. I et 17. — 1 l n’ont comp11*11
I.Vll.— 9C'est pourquoi les paysans affluent a Romee rcndpourlaca“se'!'
Sa!luste(CaG37),niVarron(fl.rinM. llp>'acf.3)- Ce ei guel, *“■
qui est plutôt un effet. — Appian. De bel. ctv. I , - ■
M EN
— 1713 —
MKN
• e époque il est vrai, mais qui peut-être ont
lois. ^ '‘'^|H,i(TS que nous ne connaissons pas, indi-
e" dl?S| ' '^occupation des pouvoirs publics à ce sujet.
‘l1"'"' u sporlule, si à l’origine elle n’était destinée
0“a"1 :lr.rjtabies clients, plus tard bien d’autres tentaient
q,UaUN V.liU r et tous ces Graeculi dont Juvénal se
d’cn l’''".unèreinent1 sont-ils autre chose que des men-
Pla"'L -‘««rs mendiants déguisés et plus industrieux
d'autre», mais véritables mendiants néanmoins?
(’l't ' ' , sait' rien de précis sur la question de la mendi-
siècles de la République, mais on
On ne
cite pour les premiers
. M hardiesse admettre que dans une cité où les
ihnieurs eux-mêmes cultivaient leur champ, comme
Cincinnatus 2, la mendicité paresseuse aurait eu peu de
■ . ;i n’-iilhmrs. la monnaie était rare et chacun
succès . U amt u . , ... .. ,,
n’avait que le nécessaire pour soi et les siens. Il était
inévitable toutefois que, pour des causes diverses, il y
L quelques indigents. Les ravages de l’ennemi, les
emprunts à un taux usuraire, les terres laissées sans
cu]ture à cause des expéditions militaires devaient créer
des misères au moins momentanées. Aussi les édiles dis-
tribüaient-ils du grain au temple de Cérès'ù On n’a
d’ailleurs aucun détail sur les règlements qui régissaient
les secours publics. Tant que Rome fit des conquêtes
très proches et assura ainsi des terres nouvelles à un
peuple qui ne demandait alors qu’à les cultiver, la
misère habituelle dut en somme être rare 5. Dès le temps
des rois, des terres conquises furent distribuées à la
plèbe. Aux deux jugera primitifs [heredium] Servius
Tullius en substitua sept par chef de famille plébéienne
[agrariae leges]. Après l’expulsion des rois, le Sénat fit
don au peuple de la dépouille des Tarquins Chaque
plébéien reçut, selon Pline, sept jugères \ c’est-à-dire la
quantité de terre qu’après la victoire sur Pyrrhus, Ma-
nius Curius estimait suffisante pour l’entretien d'un
citoyen, et de sa famille évidemment8. Cincinnatus se
contentait de quatre jugères9. Plus tard, pendant la
première guerre punique, sept jugères étaient tout le
bien de Régulus. Il en lirait la subsistance de sa femme
et de ses enfants 10. Rome se trouva donc, durant quel¬
que temps, et toutes réserves faites pour les périodes les
moins favorisées, à peu près dans l’heureuse situation
d Athènes en ses plus beaux jours : tout le monde était
pauvre, sans que personne ou presque personne fût
misérable.
Mais cet état de choses ne pouvait durer toujours, et
■a pour trois raisons principales, comme le remarque
’ N'|||||1|,I : le mépris où l’on tenait les métiers manuels
ampe "lait les citoyens d’en exercer aucun ; les guerres
^us mutâmes et plus longues nuisaient à la culture des
' dllx récoltes ; enfin le luxe s’introduisit dans
ne ' ’ lnMnl des besoins nouveaux auxquels beaucoup
J!;:iU'au;nl satisfaire avec leurs anciennes ressources u.
usure et le mal que nous avons signalé plus
Vnin 1' i-n , '
des ■ o'1 Savo'r 1 al fluence des oisifs de toutes sortes et
métiers" ^ ^anS Une caPitale vivent d’une foule de petits
«louables ou non 12, qui souvent confinent à la
mendicité. A défaut de documents historiques, les nom¬
breuses allusions de Plaute à la mendicité montrent
qu’elle était déjà fort répandue dans le premier quart du
u1' siècle avant notre ère et depuis longtemps, car elle
avait à Rome ses habitudes bien arrêtées13.
Elle ne put que s’accroître en même temps que Rome
se développait eL que les causes de misère se multi¬
pliaient. Sans retracer ici l’histoire de la lutte entre h*
peuple et la noblesse, rappelons que dès le premier siècle
de la République la question des dettes se pose. La fré¬
quence des guerres est un (léau pour le petit cultivateur.
11 emprunte à un taux élevé, ne peut rendre, et tombe
sous le coup d’une législation impitoyable. Entre la pre¬
mière dette et l’esclavage final, un large champ s’ouvrail
à l’indigence et à la mendicité. De là les retraites du
peuple sur le mont Sacré ou l’Aventin, ces menaces de
rupture avec la Rome impitoyable des patriciens. Les
lois sur les dettes, les mesures de circonstance se suc¬
cèdent pendant toute la durée de la République, mais ce
sont de simples palliatifs dont le peuple ne relire qu’un
soulagement momentané. Il en est de même des lois
agraires. La plus efficace, celle dont les conséquences heu¬
reuses se firent le plus longtemps sentir est certainement
la loi Licinia, promulguée en 376, et qui portait à la fois
sur les dettes et sur Yager publicus. C’est surtout après
la chute de Carthage que la disproportion des fortunes
s’accentue au point de substituer aux petites propriétés
les latifundia qui rabattent sur Rome beaucoup de
campagnards [latifundia]. Plus lard enfin, la déposses¬
sion par les généraux, à partir de Sylla et jusqu’à la fin
des guerres civiles, de propriétaires italiens au profit de
leurs vétérans qui eux-mêmes ne gardaient pas toujours
ces terres, mais les vendaient et en dilapidaient le pro¬
duit, accrut encore la turba forensis, toujours prête à se
mettre aux gages du premier politicien venu. Ces gros
bataillons constituaient la réserve de la mendicité14.
11 nous faut distinguer entre les pauvres, c’est-à-dire
la partie de la
population qui,
ne pouvant se
soutenir par
sçs propres
moyens, avait
besoin de se¬
cours, et les
professionnels
delamendicité.
De ceux-ci il
nous est im¬
possible de re¬
chercher le Fig. 1899. — Mendiant dans la rue.
nombre. En re- ,
vanclie, poètes et prosateurs nous font assez bien con¬
naître leurs mœurs. Ils avaient l’habitude de stationner
sur les ponts, dans file d’Esculape l5, autour des temples 16,
aux portes de la ville et particulièrement à la porte Tri-
gemina11, aux endroits fréquentés des environs, comme
juridica ad Y air f '■*' 2 4j’v' — 3 Vau Leuncp, Disputatio
p. 40 __ ; ,, ni"“‘ eonstitutionem de mendicantibus validis, Lugd. Bal.
~ 8 Tit. Ljv. u’ : ar^ ap' Non- Marc- b 209. — 5 Pliu. Hist. nat. XVIII, 3.
dc ceUc assertion 'de Pr "“''Z’ ~ ’ PUn Hi*tm ’ lat ' XVI"’ 4’ Au s"iet
— 9 Ibid, _ io y , . e’ cl- achahue leges, p. 138, col. 1. — » Id. L. I.
' • ,ax- IV, IV, 6; Sen. Cons. ad Hdv. 12. — U Naudet, Mém.
de l'Acad. des inscr. t. XIII, Des secours publics chez les Domains , 2* par¬
tie. _ 12 Juv. Sat. VU, 11-16. — 13 Flaut. Capt. prol. 13; I, 1, 22; 11, 2,39; Tri-
num. II, 2 ; Epid. Il, 2, 39; Bacch. Il, 4, 16; Fragui. Vidul. V, 15, etc. — U Til.
Liv. IX, 46; Cic. ProSext. 17, 27, 49,50, 33; Ad Quint, fratr. II, 1; AdAttic. 1, 13, 16;
V, 2, 3 ; Philipp. 1, 9. — 13 Juv. V, 8; XIV, 34; Sen. De vit. beat. 23 ; Suet. Claud.
«3. — 16 Mart. IV, 53; Amin. Marc. XIV, 6; XXVII, 3. — 17 Plaut. Capt. I, 22.
M EN
714
4
le bois d’Égérie (où les Juifs pouvaient élire domicile)1
et la route d’Aricia8 oii ils poursuivaient les chars en en¬
voyant des baisers aux voyageurs ; ils portaient besace
et bâton (fig. 4899) 3 , leur costume était parfois des plus
sommaires4. Un naufrage était souvent la cause ou le pré¬
texte de leur dénuement. Ils en portaient avec eux l’image
peinte sur un tableau et le racontaient ou le chantaient en
complainte5. Ce n'était pas toujours d'ailleurs une pure
invention6, en un temps où il n’existait rien qui res¬
semblât à une assurance maritime. Un as était l’aumône
qu’on leur jetait d’ordinaire7. Beaucoup simulaient des
infirmités qu’ils n’avaient pas; les larmes, les serments
accompagnaient leurs plaintes8. Mais il arrivait que
Ion Unissait par les connaître et que l’on se moquait
d’eux9. L'un feignait une jambe cassée, un autre des
crises d'épilepsie *°. Certains se livraient à des extrava¬
gances, telles que de ronger et d’avaler de vieilles
semelles de souliers, de s’enfoncer des clous dans la
tête, de se plonger en hiver dans l’eau glacée. Alors la
foule s amassait, riait, admirait et leur jetait en quantité
des petites pièces de monnaie11. Il y en avait qui chan¬
taient et, pour s’accompagner, plaçaient au bout de leurs
doigts des coupes, des gobelets qu’ils entrechoquaient en
cadence. Leurs chansons avaient un caractère licen¬
cieux. Ils obtenaient de grands applaudissements et tout
le monde donnait12. Quelques mendiants cependant res¬
taient respectueux des passants et gardaient une attitude
pleine de dignité, mais ceux-là n'avaient pas tant de
succès13. Toutes ces turpitudes bouffonnes ne sont rien
auprès des abominations que stigmatisent à plusieurs
siècles d’intervalle Sénèque le Rhéteur et saint Jean
Clirysostome. Il existait, au temps du premier, de véri¬
tables entrepreneurs qui ramassaient des enfants expo¬
sés et leur infligeaient toutes sortes d’infirmités, épaules
déformées en bosses, yeux crevés, pieds brisés, langues
coupées; puis, quand ils étaient en âge, on les envoyait
mendier, et ils devaient remettre à leur patron la plus
grosse part du bénéfice11. Le second nous signale des
parents assez barbares pour crever les yeux à leurs
propres enfants à peine nés pour s’en servir comme
d’instruments de compassion15. D’autres affectaient des
allures bien différentes. Richement vêtus, ils se tar¬
guaient d’une noble naissance, feignaient des dettes ou
des pertes imaginaires et se présentaient ainsi chez les
particuliers et plus tard chez les dispensateurs des
aumônes de l’Église, comptant sur leur mise soignée
pour obtenir une plus forte somme. Cette catégorie devait
être aussi nombreuse qu’intrigante, puisque saint Am¬
broise se plaint qu’elle épuise le trésor des pauvres, et
qu'il met en garde les fidèles contre leurs entreprises16.
Au ive siècle encore il en est qui se donnaient pour des
moines quand ils se présentaient chez des chrétiens17,
mais ils n'en avaient que l’habit, et sans doute adop¬
taient-ils quelque autre apparence pour s’adresser à
des païens. Us couraient ainsi la terre et la mer l8, pleins
1 Juv. III, 13-10. Sur les mendiants juifs et leur importunité, voir Mart. XII, 57 s.
— 2 Juv. IV, 117. — 3 piaut. L. I. ; Mart. IV, 53 ; XIV, 81. Figure tirée d’une pein¬
ture d’Herculanum, Pitt. Erculan. 111,43, 227. — 4 JUv. XIV, 299 — & Mart. XII,
57 ; Hor. Ad Pis. 20; Juv. XIV, 298 et suiv. ; l’ers. V, 8 ; V, 32. — 6 Paul. Nol. Ep.
XLIX; S. Greg. Naz. Or. XIV; De arnore paup. 6. — 7 Juv. XIV, 301 ; Pcrs. V, 88.
— 8 Hor. Ep. I, 17, 58 sq. — 9 Ibid. — 10 S. Joli. Chrys. In I ad Cor. Hom. 21.
— 11 Ibid. — 12 Id. In epist 1 ad Thessal. cap. V , Hom. X. — 13 Id. In
I ad Cor. Hom. 21. — 14 Son. Controv. I. V, 33, et X, 4. — 15 S. Joli. Chrys.
L. I. — 16 S. Ambros. De off. II, 10. — 17 Paul. Nol. p. 24; De Nauf. Mart.
MEN
de force, et sans autre raison de menHi
de vagabonder 19. ‘r (llltî le plajsit
Parmi les mendiants professionnel
ranger les philosophes cyniques29, les
qui couraient les marchés des grandes v
accoutrement bizarre, au bruit des
bourins, des triangles et des flûtes
. aul encore
Prêtres de Cybèlej
es Vllles dans un
Cymbales- destam.
bruit dans les maisons riches et ’se' nV,1 "L a grand
excentricités sanglantes, en récompense de^ n miBe
valent force pièces de monnaie, vin froL, ®'
Mendiants d'habitude encore, ces poivres c iL*'"
lecuelle à la main, vont le matin solliciter cruelrnl v’
ment ou une petite pièce de monnaie à la porte de le!
patrons et dont cette aumône quotidienne est le
revenu22. Et ne serait-on pas tenté de mettre aj j
nombre des mendiants, et des plus éhontés les riche!
qui ne craignaient pas de tendre la main avec les misé I
râbles, comme ce personnage dont parle Juvénal qui"
chaque jour, va toucher la sportule chez de plus grands
que lui, s’y fait porter en litière, et pour mieux faire sa
cour, traîne avec lui son épouse languissante ou près
d’accoucher, ou feint seulement sa présence, en inter¬
pellant l’absente à travers les rideaux delà litière vide23?
Mais le mot mendicus ne désigne pas seulement le
mendiant professionnel. Il comprend, et c'est bien ainsi
que 1 entendent les textes de lois, quiconque vil en tota¬
lité ou en partie de dons gratuits faits par l’État ou les
particuliers, sans aucun service rendu en échange. Nous
avons donc à reprendre ici, au point de vue particulier
qui nous occupe, la question de l'annone [annona,
annona civica]. Les distributions de blé vendu à prix
réduit furent fréquentes, mais intermittentes avant les
Gracques. Elles avaient lieu en temps de disette Si. La loi
de C. Gracchus, promulguée en 123 av. J. -G., les rend
régulières et le prix du modius est fixé à G 1 '3 d’as io. On
ignore quelle quantité de blé était mise à la disposition
de chacun, mais tous, patriciens aussi bien que gens du
peuple, en pouvaient profiter26. La loi de L. Apuleius
abaisse ce prix à 3/6 d’as. En 91, le Sénat empêchai
d’appliquer la loi de Livius Drusus qui marquait des
tendances analogues, et à une date inconnue, mais sans
doute peu de temps avant ou après la loi Livia - , suhantj
M. Mommsen, les patriciens font passer une loi Li.iucoup
plus raisonnable du tribun M. Octavius 's. U semiib que
Sylla ait supprimé entièrement les distributions, puis!
qu’après sa mort Lépidus, en 73, demande et lad
sans résistance la distribution de cinq modu •
après diverses vicissitudes, la loi Clodia, en .
la gratuité des distributions30. En59, Pomp" 1
le nombre des participants31. Quel fut ce nom!
rentes époques? Laissons de côté les disti ibut '« >" ^ ns
réduits qui paraissent s’être appliquées à tous 1
sans distinction. D’ailleurs, les discussions aux I 1
donné lieu la loiTerentia et Cassia sont peu com ^
Occupons-nous seulemenldes distributions
-i8S.Paul. L. I. — 19 S. Ambros. Z. I. 20 Mart. IV,
Apul. Met. 1. VIII ; Terlul. Apol. 13. —22 Juv. ■ n
. v ac c . VV
31 l'Iiac-
: Ibid. I-9
i ..
Met. I. vin ; 1er un. npui. ... - i - XXXIIL *-
il. Liv.1V, 13-16 ; XXX, 26, 6; XXXI, 4, 8;XXX . 5 • ' noteC
nat. XVIII, 15, 17. — an Marquardt, Organ. fin. ‘ 7W«
au. Del. civ. I, 21 ; Cic. Tusc II, M. «• (lomo *«• [
28 Cic. De off. II, 21, 72 Brutus, I.X1I, *-- ■ Fragrn. httl-
n. Licin. Fr. ex libr XXXVI, Ad ann. i< . ^ yjo (;asS. XX- 'j
reon. in Pis. p. 9; Uio. Cass. XXXVIII, 13.
ardt, L c. p 117. — 32 Marquardt, L. c. P-
1713 —
.ME N
MEN
320000 bénéficiaires, chiffre qu’il
mais qui remonta bientôt, puis-
César trouva
sal .-. 150 000 *,
Bflu|B,v n(, réduction opérée par Auguste maintint
q"’une a. On retrouve
qu 1,1,1 " . . Ls2. On retrouve le même çhiffre sous
20000» n egl probable que dans l’intervalle il
Seplh,U lé^cnsibiement le même, puisque sous Trajan,
rlail rPS r la réduclj0n opérée par César, on se con-
C°rte de 'remplacer ceux- qui disparaissaient*. Devons-
U>11 . 1er ces chiffres comme représentant le nombre
T^indigents officiellement secourus à Rome? Qu’ils
L 0„ effet nombreux dans cette grande ville, il n’y
(,n douter. Les témoignages abondent en ce sens,
nt 'simple réflexion suffirait pour l’établir. S’il y a
L^ralion, comme on l’a dit [annona], dans le mol du
bun M. Philippus qui s’écriait, 1 an 104 av. J.-C.,
"-il ,,’v avait pas 2000 citoyens qui possédassent un
n-itrimoine \ il n’en est pas moins significatif. Et quant
‘ témoignage terrible de C. Gracchus, rapporté par
Plutarque 6 : « Les animaux ont une tanière pour y
élever leurs petits; les citoyens romains qui prétendent
régner sur les nations n’ont ni feu ni lieu, point d’asile
pour reposer leur tête », nous verrons que ce n’est pas là
une simple hyperbole pour signifier que beaucoup de
citoyens romains avaient cessé d’être propriétaires. Cette
allégation est littéralement confirmée par des textes pos¬
térieurs pour d’autres époques, et rien ne permet de
poire que ce dénuement ne fût pas le partage d’un grand
nombre, dès le temps où C. Gracchus le dénonçait. Mais
lorsque l’on considère que César raya d’un seul coup
(70000 participants, on est amené à penser que tous,
dans cette plebs urbana , n’étaient pas indigents au point
d’avoir absolument besoin pour vivre de recevoir les
secours de l’annone. Il est vraisemblable que l’on raya
d’une part ceux qui ne pouvaient établir leur droit de
citoyen romain, et d’autre part ceux qui, tout en réu¬
nissant lesconditionsrequises sous ce rapport, pouvaient
à la rigueur se passer de secours. Suétone dit que le
questeur dut tirer au sort chaque année parmi ceux qui
n avaient pas été inscrits pour remplacer les morts et les
disparus7. 11 n’y a pas à s’étonner si les candidats à cette
faveur étaient nombreux, mais comment était établie la
liste sur laquelle on tirait au sort? Il ne paraît pas que
personne en fût légalement exclu. Du moins, aucun
document ne mentionne-t-il qu’une exception soit faite
pour les sénateurs et les chevaliers. La moralité n’entrait
pas non plus en ligne de compte 8. Mais il était obliga-
t°iie de faire devant les magistrats la déclaration que l’on
entendait être inscrit sur les listes de l’annone 9. Cela res¬
semble si fort à une demande de secours qu’il n’est, pas
a missible que riches et nobles se soientabaissés à la faire,
fus listes paraissent, en somme, avoir comporté la
n,‘bcma tout entière, divisée en ses tribus. En
* nombre de 320000 participants à l’annone, qui
(|J. doit par César, est donné aussi par le monument
^ comme le nombre le plus considérable de
q(i n> '1UI aient participé à un congiaire sous Auguste.
jjlJ,1.1 mI Pas être là une simple coïncidence10, et l’on
dï,sez généralement que la plebs urbana tout
1 *uet. ca
19.
XXV
- s Son De L — 6 Plut. Gracch. 7. — 7 Suet. Caes. 41.
— 1(1 'rnim ,ne^' -®t 2. — 9 Lex Julia municip. 17. et cf. 1-19.
’ ‘ nCyr- U1' l5- — 11 Dion. liai. IV, 24. — 12 Dio. Cass, 43, 21.
1 Huet. Caes. Il _ ■> o
19. — ;) |jj0 _ Suet. Aug. 40; Dio. Cass. 35, 10; Monum. Ancyr. 111,
XXV, 3, _ 5 ... ass' (i’ G Marquardt, L. c. p. 149, n. 5. —4 Clin. Paneg.
entière comprenait 320000 citoyens. Quant aux riches,
ils avaient, s’ils y tenaient, un moyen de tourner la diffi¬
culté et de profiter des largesses de I Liât : c était
d’affranchir des esclaves, de les faire inscrire dans une
tribu ou de leur acheter une tessère frumentaire", puis
de se faire apporter par eux le blé ainsi obtenu.
Néanmoins, cet abus devait être limité. Autrement on
ne s’expliquerait pas les expressions dont se servent les
auteurs en parlant de la plèbe frumentaire : oyXoç 1 2,
7r)i-qGoç,:i, et surtout irÉvqTeç u, iiropot ,J. Cependant
quelque chose subsistait de la coutume primitive d où
étaient sorties les distributions, en ce sens qu’on n’y
appliquait pas nécessairement! idée d aumône. Ce qui se
passait à Constantinople en est une preuve frappante.
Pour encourager la construction dans celte ville, le droit
de tessera y fut accordé aux propriétaires de maisons
neuves et à leurs successeurs, 1 héritage suivant la mai¬
son [anxona civica]. Mais en fait, il faut admettre que
les 200000 inscrits de Rome étaient bien des pauvres,
avec cette réserve qu’il pouvait etqu il devait y avoir des
exceptions dont il est impossible de fixer le chiffre, soit
par suite d’abus, soit en vertu d’un droit reconnu.
Pouvons-nous donc dire qu il y avait à Rome
200000 pauvres? Il est probable qu’il y en avait davan¬
tage. En effet, si d’une part nous reconnaissons que
parmi les participants quelques-uns n étaient point des
indigents, d’autre part il y avait une liste de candidats
toujours ouverte et en outre des étrangers qui n’étaient
pas légalement admis aux distributions. Le nombre des
étrangers est évalué à environ 60 000. Ils devaient appor¬
ter un assez fort appoint à la population indigente. Il y
aurait donc eu à Rome deux cents et quelques milliers
de pauvres.
Si, avec beaucoup d’historiens, nous adoptons pour la
population de la Rome impériale un total approximatif
de 1600000 à 2000000 d’habitants ,s, nous trouvons
qu’un peu plus d’un dixième aurait été tout à fait pauvre,
moyenne très acceptable. Remarquons même que celte
proportion confirmerait l’opinion qui accepte pour la
population de Rome le chiffre que nous avons admis.
C’est en effet, à peu de chose près, celle que saint Jean
Chrysostome déclare exister à Antioche 11 où il y avait,
suivant lui, un dixième de pauvres. Elle serait un peu
plus forte pour Rome, et il n’v a pas lieu d’en être sur¬
pris. La comparaison avec la ville de Paris, quelles que
soient les différences sociales dont il faut tenir compte,
ne donne pas des résultats bien différents. En 1876, les
seuls bureaux de bienfaisance ont secouru 140000 per
sonnes, et plus de 160 000 loyers inférieurs à 400 franc
ont été dispensés de la cote mobilière et personnelle.
En 1881, il y avait 125000 inscrits aux bureaux de
bienfaisance 1S. En 1899, nous trouvons 199530 secourus,
hospitalisés et enfants assistés compris, pour une popu¬
lation d’environ 2 millions et demi d habitants 1J. La
proportion serait donc moindre qu’à Rome, mais ce n’es1
sans doute qu’une apparence, car il faut y ajouter
la dispense de contributions locatives et mobilières
accordée aux loyers inférieurs à 500 francs (soit
_ 13 Id. 55, 10; Joseph. Bel. Jud. Il, 16, 4. — 14 Appiau. Bel. cir. Il, 120;
IMul. C. Gracch. 5. — >3 Dio. Cass. 38, 13. — 16 Marquaydt, L. c. p. 151 et 152, n* 1.
_ 17 g. Joli. Chrys. In Matth. Hom. 60. — 18 Chiffres cités par Üuruv, Uist . de
Boni. t. 111, p. 755 et suiv. ; t. V, p. 545, n. t. — 19 Compte moral de I Assistance
publique pour 1899.
MEN
1716 —
697 908 locaux d’habitation sur un total de 910504), et
surtout tenir compte de la multitude des œuvres chari¬
tables non officielles, qui secourent ou hospitalisent bien
des milliers de pauvres, dont un nombre considérable,
mais difficile à apprécier, ne reçoit certainement rien de
l'Assistance publique, ce qui remonte la proportion. Au
total on ne doit pas s’écarter beaucoup du dixième. A
supposer que nos conclusions, en ce qui concerne Home,
soient exactes, l’avantage serait d’ailleurs en faveur de
Paris, puisque 1 esclavage était dans l’antiquité un triste
mais incontestable restrictif de l’indigence.
A part la sportule [sportula], qui est pour les clients
pauvres une véritable aumône, à laquelle, il est vrai,
les mœurs antiques n'attachaient aucune idée de honte,
on ne voit pas qu’aucune œuvre de charité ait existé
à Rome avant le christianisme. C’est à peine si avant
1 époque de Trajan on voit quelques particuliers faire
des legs ou des donations en faveur d’enfants pauvres
de différentes cités, comme le fit Pline le Jeune1. En
revanche, les secours extraordinaires étaient assez fré¬
quents, sous forme de congiaires [congiarium], de ban¬
quets donnés à l’occasion d’une solennité religieuse, des
jeux, d’un triomphe, de grandes funérailles, événements
les uns exceptionnels et les autres réguliers 2. Une
somme d’argent était souvent offerte à la place du ban¬
quet, mais toujours en vue d’améliorer le repas ordi¬
naire ou de faciliter l’organisation de festins particu¬
liers3 epulae]. Les congiaires étaient donnés le plus
souvent en signe de réjouissance, mais aussi en temps
de disette. Les bénéficiaires étaient les mêmes qui rece¬
vaient l’annone, mais on y regardait de moins près et le
nombre habituel était parfois de beaucoup dépassé,
puisque le plus considérable que nous trouvions pour le
règne d’Auguste atteint 320000, c’est-à-dire probable¬
ment le total de la plèbe urbaine. Par générosité, on put
favoriser les familles nombreuses, en y admettant quel¬
quefois les enfants au-dessous de onze ans L
11 nous faut maintenant examiner de quelle efficacité
ces divers secours étaient aux indigents et quels sacri¬
fices ils imppsaient à l’État. Les cinq modii de blé distri¬
bués chaque mois à chacun produisaient environ 38 kilo¬
grammes de pain. Ils étaient donc tout juste suffisants
pour un individu. Si celui-ci n’était pas seul, il n’était
donc nullement dispensé de chercher d’autres moyens
d’existence. Nous en avons d’ailleurs la preuve dans ce
fait que., en un temps de disette, Auguste fit doubler la
ration ordinaire. C'est donc que les pauvres étaient dans
l’impossibilité de se procurer un surplus nécessaire et
qu’en d’autres temps ils trouvaient par leurs propres
ressources. En effet, le même empereur tenta de réduire
les distributions à trois par an, le total du blé accordé
restant le même « afin de ne pas détourner trop souvent
les plébéiens de leurs travaux » 6. Cette double ration
fut elle-même insuffisante, et Auguste y ajouta 60 ses¬
terces par tête. En 28 ap. J .-C., la ration fut quadruplée 6.
Sénèque disait que le peuple était moins bien traité que
les prisonniers Le surplus, il le trouvait dans la
sportule, dans les congiaires, les epulae et aussi dans
un peu de travail; les professionnels de la mendicité, dans
• Plin. Ep. \ II, 18; ^f. Antiali d. Inst, di corr. arch. 1854. — 2 Mar-
quardl, \ ie privée, t. I, p. 244 et suiv. ; Suet. Dora. 4; Plant. Trinum. 4087.
Athen. V, p. 221 sq. ; Plut. Lucull. 37; ld. Caes. 55; Dio. Cass. 43, 21, 3;
Tit. Liv. XXXIX, 46. — 3 Marquardt, L. c. p. 245. — 4 Suet. Aug. XU.
MEN
l’exercice de leur triste métier. Une partie
urbana était d’ailleurs bien réellement m
urbana était d’ailleurs bien réellement pi0 ' ('.Cetle Pl*h
extrême misère, au point même de n’avoir^. dilns l'ne
ment fixe. On disposait des matelas grossir'* loge'
grand cirque et sans doute en d’autres lieux si , ■ le
venait coucher cette population errante* r ,
sorte d’hospitalité de nuit. Il y en avait qui co.uï ''Be
au Eorum 9, sous les portiques1» dans h ! i • nl
de la vilie H. Enfin les mille allumions
misere et à la mendicité prouvent combien étaient ï„! *
lisants les moyens d'assistance. La même preuve «Ji
fourme par le nombre des pauvres nourris par l'E "
des le milieu du m* siècle. Rome en cela subit le son
toutes les grandes villes. ae
Quant aux sacrifices qu’imposaient à l’État les distri¬
butions de blé et les congiaires, nous croyons que la
meilleure méthode, pour nous rendre compte de leur
importance relative, est d établir encore une compa¬
raison entre le passé et le présent. Tant pour la période
qui précède la réfection des listes que pour le reste de la
durée de l’Empire, c’est-à-dire en prenant pour base
320 000 puis 200 000 participants à 5 modii par mois et
en faisant ressortir le modius à un prix moyen de 4 ses¬
terces, nous trouvons une dépense annuelle de 50 fr. 40
par tête. En ce qui concerne les congiaires en argent,
les chiffres du monument d’Ancyre, en prenant une
moyenne de 250000 participants, donnent 11 fr. 90 par
an et par tête12. En additionnant les données du Clirono-
graphe de 354 pour la période de cinquante-six ans
qui s’étend de Néron à la mort de Septime Sévère,
nous trouvons une moyenne de 7 500 000 francs par an,
soit 37 fr. 50 par tête13. Le total annuel des frumentations
et des congiaires serait donc de 62 fr. 40 par tête sous
Auguste et plus tard de 87 fr. 90. Ces chiffres ne peuvent
évidemment être qu’approximatifs. 11 faudrait en tout
cas y ajouter les congiaires en nature, huile, vin,
viande, vêtements, etc. Admettons donc que chacun des
200 000 secourus coûtait annuellement à l’État une cen¬
taine de francs. A Paris, en 1876, les seuls bureaux de
bienfaisance ont distribué 51 fr. Il par personne
secourue. En 1899, l’Assistance publique a secouru en
tout 199 530 personnes. La dépense totale a été de
47 288842 francs, soit 237 francs par tète. La dillcrence
avec 1876 provient de ce que pour 1899 nous taisons
entrer en ligne de compte, comme il est légitime, lesj
malades des hôpitaux, les hospitalisés, les enfants plans
à la campagne. Tout en tenant compte de la diinimdionl
du pouvoir d’achat de l’argent, mais en nous soinenantl
que la charité privée dispose à Paris d’un budget énorme!
nous pouvons conclure que ni les distribution.-* dt > e
gratuites ni les congiaires ne peuvent être taxés d< ll,ot I
gai i té'. On ne saurait y voir davantage sans pm 11 I"1'’’ 1 I
instrument de corruption aux mains du despotmnn.^ |
vrai reproche que l’on peut adresser à l’assistanc 1 |,,,ih
est d’avoir été faite d’une manière par trop ^
rudimentaire. Nul discernement n’y présidait. C°n^‘ ^
comme un droit acquis, assurée à vie, elle R'*1'1 . 1
défauts de toute espèce d’assistance, mais clk h ” ' ^
plus haut degré. C’est dans son application i 11 i 11 1 '
„ , » _ : Son- />>
— 3 Dio. Cass. LV, 20. Suet. Aug. 40. — » Dio. Cass, nui, -• ^ __,1Juï.
8 Id. De vita beata , 25. — 9 Clic. 1\ Dom. S. 30.
— lu Mart. X,
13-16. — 12 Mon. Ancyr. III, 7 cl suiv. — 13 Marquai’
p. 173 et suiv.
•dl, Orgnn. fi11-
rail, fr*
MEN
— 1717 —
MEN
essence, qu’elle fut corruptrice à Rome plus
Bon dan^0" s avons dit en commençant que ce vice
gu'ai|lelin,y origines mêmes de l’institution, qui n’avait
reIïl°nl(' l’idée d’assistance, mais celle du butin. Du
Pasàsn ('"nombre des participants fut limité, on peut
j°ur 0U t pa9Sistance publique est, en fait, née à Rome.
^ Tins cette limitation même, il n y avait qu’une idée
*lalS’ ‘ J ic gi ie christianisme, dès le milieu du me siècle,
(j’écono'm^om^ un pr0digieux changement dans l’assis-
^ Vour les siens d’abord, puis, dans la suite, pour
laTh population pauvre, c’est parce que l’assistance
T' hennc sortit de l’idée de charité, d’où le discerne¬
rai des divers besoins et l'adaptation de secours appro-
D1Cn, ■ chacun de ces besoins. D’ailleurs la charité chrê¬
me emprunta aux mœurs du temps des usages sous
lesquels elle put se dissimuler, tels que la sportule, les
repas publics, etc. Mais nous ne saurions en traiter sans
sortir de nos limites.
Les distributions furent faites en blé jusqu’à Au-
rélien: en pain de première qualité, en forme de
couronne, à partir de ce prince1. A Aurélien aussi
seraient dues les distributions de viande de porc 2
[laniusJ. Ceux qui avaient droit aux libéralités étaient
appelés incisi , parce que leurs noms étaient inscrits
sur des tables de bronze, et ils recevaient une fois pour
toutes la tessera 3.
Le pain distribué est souvent désigné par l'épithète de
gradilis, parce qu’on devait le recevoir sur les marches de
la boulangerie ou les degrés de 1 estrade où siégeait le
magistrat distributeur (fig.
4900) 4 . Il était interdit de le
faire passer de main en main,
d’une marche à l’autre, ni de
le donner dans le sous-sol, afin
d’éviter la confusion. Il était
ainsi plus facile de voir si la tes-
sère était présentée, et de s’as¬
surer que la même personne ne
la présentait pas deux fois. Il
était interdit au peuple de des¬
cendre dans le sous-sol qui
servau de refuge aux voleurs et aux courtisanes de
bas étage. Tout devait se passer au grand jour et
sur les marches6. La tessera pouvait être achetée à
un précédent ayant droit6 ou léguée, et les maîtres
n'aienl soin d’en pourvoir l’esclave en l’affranchissant.
Les distributions avaient lieu au Portions Minucia dans
neuvième région, qui comprenait quarante-cinq ostia"' .
n tessera indiquait les jours et l 'ostium où devait se
présenter le porteur. Il fallait pour l’obtenir avoir le
1 complet de cité, clause qui n’eut plus de raison
I u ri à partir de l'édit de Caracalla conférant à tous les
De ^'*3res de l’Empire le droit de cité romaine.
(,"sar, on devait en outre faire une déclaration8.
!, a . p[jn ^ure^ 35. — 2 Lex Julia municip. 1. 15; Sen. De ben. 4,
220, i r , ane^‘ -8» 6; Lamprid. V. Diadum. 2, 10; Corp. inscr. lat. VI,
^ 4 Grand 1 ~ 3 Marquardl, Organ. fin. trad. fr. p. 160, n. 7.
• congiaril’m. — 5 Cod. Theod. 14, 71; 3 et 4 et le
II, p. i(53 n a ^0<^efroid ; Prudent. II, 948 ; Id. Adv. Sym. 1, 582. — 6 Marquardt,
^vlia munici “ YT ‘ n* 2.-8 Lex Julia municip. L. c. — 9 Lex
-12 SjmnH i 1 C°d' Theod" X1V- ,7-~ *°Suet- Cacs ■ XLU- - 11 W. Aug. XLIV.
». Xxv. ... ’tt’r w p’ 7' ~ 13 Cod- TI>eod. 1. XIV, t. XVIII. - H Cod. Just. 1. XI,
lXXx.c.V.lB ^ UXX’ Pracf- 8CI- ~ 16G- Nov. LXXX- c- 1V- - 11 G- Nov.
ibliographie. Boeckh, Econ. politique des Athéniens ; Schoemann
On exigeait le domicile réel à Rome [plebs urbana).C&
n’est qu’à partir de Trajan que les enfants y furent admis.
Des précautions étaient prises pour que les ayants droit
seuls prissent part aux distributions : les magistrats
chargés de cette fonction en étaient responsables sous
peine d’amende9.
Les lois agraires n’avaient eu en somme d autre but
que de diminuer la plebsurbana. César, comme corollaire
à la radiation de 170000 participants, leur proposa de
s’établir dans des colonies qui furent formées à cet eflet.
Quatre-vingt mille acceptèrent 1#. Il exigea que les pro¬
priétaires employassent au moins un tiers de travailleurs
libres11. C’était un moyen efficace d’empêcher la popu¬
lation rurale dépourvue de ressources, en partie à cause
de l’esclavage, d’affluer à Rome. Auguste s'inspira des
mêmes principes. Dans un moment de disette il renvoya
de Rome tous les étrangers à l'exception des médecins et
des professeurs, et lorsque l’abondance fut revenue, il
conçut le projet d’abolir les distributions de grain qui,
pensait-il, nuisaient à l’agriculture, et par conséquent
entretenaient le paupérisme. Mais des raisons politiques
le firent renoncer à ce projet, d'ailleurs impraticable et
même inhumain par son radicalisme. Mais ce n est que
fort tard que l’on voit l’administration prendre des
mesures contre la mendicité proprement dite. Symmaque
expulsa de Rome une foule d’intrus attirés uniquement
par l’appât des distributions 12.
Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose font
procéder à un examen de tous les mendiants13. Mais ici
l’humanité ne perd plus ses droits. Tous ceux qui sont
reconnus infirmes ou trop âgés pour gagner leur vie
gardent le bénéfice de l’assistance publique et l'on doit
les laisser mendier en paix. Au contraire, les mendiants
valides ( mendicantes validi) doivent, s'ils sont de con¬
dition libre, être adjugés comme colons perpétuels à ceux
qui les auront signalés ; s’ils sont esclaves, ils appartien¬
dront à leur dénonciateur. Le code Justinien reprend à
son compte et applique à la ville de Constantinople la
même mesure **. Il y ajoute tout un ensemble de pres¬
criptions concernant les étrangers vivant à Constan¬
tinople ou de passage dans cette ville, et qui ont pour
objet d’empêcher les campagnes de se dépeupler au
détriment des villes encombrées et de l’annone15.
Les étrangers, s’ils n’ont pas de moyen d'existence
suffisant et se rendent en outre coupables de quelque
délit, doivent être expulsés. S’ils sont esclaves, on
recherchera leurs maîtres à qui ils seront rendus. S’ils
sont libres, on les rapatriera même malgré eux 16. Quant
aux mendiants proprement dits, s'ils sont valides et ont
le droit d’habiter Constantinople, on les emploiera de
force aux travaux publics, tels que jardins, boulan¬
geries, etc. Les mendiants étrangers seront expédiés dans
leur province d’origine n. André Baudrillart.
MÉNÉLAS. — Ménélas était, en Laconie, l’objet d’un
Antiquités helléniques, trad. Galuski; Lorenz, Publicae pauperum ap. veteres curae
specimina, Altenburg, 1797; Van Lennep, Disputatio juridica ad Valentiniani
constitutionem de mendicantibus validis, Lugd. Bat. 1824; Teuffel, in Pauly's
Realencyclopaedie, IV, art. mendici et pauperes; Drumann, Die Arbeiter und die
Communisten in Griech. und Rom, Kônigsberg, 1860; Serrignv, Droit public et-
administratif des Romains, Paris, 1862, t. I, n. 357; II, n. 779, 836, 840, 1183 et
suiv. ; Naudet, Des secours publics chez les Romains, Acad, des Inscr. t. XIII;
Marquardt, Manuel des antiquités romaines, t. X; De l’organisation financière
chez les Romains, trad. fr. ; Mommsen, M an. des Antiq. Rom. t. VI, Droit public ;
Lallemand, Hist. de la charité, t. I, 1902.
Fig. 1900. — Distribution d’un
congiaire.
216
MEN
— 1718 —
✓
culte, ainsi qu’Hélène1. Le centre de ce culte était la
montagne située à l'est de Sparte, et appelée Ménélaïon-.
Le bourg de Thérapné y possédait le tombeau et les
temples de Ménélas3 et d'Hélène1. On montrait aussi, en
sortant du Dromos, à Sparte, l’ancienne maison de Mé¬
nélas, près d’une statue d’Hercule B. Hélène et Ménélas
étaient adorés, à Thérapné, non comme des héros, mais
comme des dieux6. On leur offrait des sacrifices, on célé¬
brait des fêtes en leur honneur1. La fête d’Hélène s’ap¬
pelait EXév(e)ias; Hopr/j de Ménélas nous est seulement
signalée9, sans que son nom soit spécifié. Mannhardt
suppose que Ménélas et Hélène étaient originairement,
en Laconie, deux divinités locales en rapport avec le
culte des arbres10. Ce culte aurait ensuite passé en Arca¬
die, où 1 on retrouve, près de Kaphyai, un platane sacré
appelé MeveAaiç 1 ‘ , et, sans doute, colporté par quelque
colonie très ancienne12, en Égypte13 et en Cyrénaïque u.
L'épopée homérique et les récits post-homériques, en
racontant le séjour du couple Ménélas-Hélène en Égypte
avant son retour à Sparte, n'auraient fait que consacrer
le souvenir de ces anciens rapports entre l’Égypte et le
Péloponèse et donner une explication légendaire de la
présence de ces cultes arcadico-laconiens en Afrique.
G. Fougères.
MKlMSKOS (My)vi<txoç). — Les mots {xv^ vvj et p.7)vî<7xo; dé¬
signent le croissant de lune, par opposition à aeXvjv-r] qui
désigne la lune pleine. Mais le mot p.T|Vi<7xoç a été em¬
ployé une fois par Aristophane 1 en un sens figuré : il
s'agit là d’un objet destiné à garantir les statues contre
les saletés que pouvaient faire sur elles les oiseaux. C’est
à ce point de vue seulement que le mot nous intéresse.
Les commentaires du scoliaste d’ Aristophane, de
Suidas2 et d’Hésychios3 ne sont guère qu’une para¬
phrase du texte du poète et ne, fournissent pas une des¬
cription précise de l’objet. D'autre part, les fouilles n’en
ont fait retrouver jusqu’ici aucun échantillon. Pour nous
le représenter, il faut déterminer d'abord à quels besoins
réels il répondait dans les sanctuaires de l’antiquité.
Un grand sanctuaire était fréquenté fatalement par des
oiseaux en grand nombre, non pas seulement par des
petits oiseaux, mais par des corneilles, des milans, des
éperviers, etc. Ceux-ci étaient attirés par les sacrifices
qui étaient faits journellement sur tes autels; après le
dépeçage de la victime, il traînait toujours à terre
quelques débris dont ils faisaient leur proie. L’habi¬
tude les rendait même très familiers, au point qu’ils
n’attendaient pas la fin de la cérémonie pour venir
happer un morceau. Pausanias * assure qu’à Olympie
leur voracité était relativement discrète et que les sacri¬
ficateurs n’en étaient importunés que rarement, mais il
présente cela comme un fait merveilleux : c’est donc que
MESIELAS. l Voir les testes réunis par Wide, La/e. Kulte, p. 340-346, et
Roscher, Lexic. dur Myth. art. mbnelaos. — 2 Polyb. 111, 18, 3; V, 18, 21 22-
Civ. XXXIX, 28; Et. Byz. s. v. McvlXao;. Voir les fouilles exécutées par Ross en
1833-1834 : Ross, Arch. Aufscltze, 1, C; II, p. 341 ; Drcssel-Milcbbôfer, Ath. Mith.
Il, p. 321 sq. Des fouilles récentes (1900; ont dégagé le monument d une manière
plus complète (Kastriolis, UçaxTix* TJ[; à?/. tTotipiia;, 1900, p. 74). Sur les figurines
d homme et de femme découvertes à cet endroit, voir Perdrizet, Hep. archéol.
1897, I, p. 8. Le Ménélaïon était un céuotaphe constitué par trois terrasses rectan¬
gulaires superposées et soutenues par de gros murs d’appareil quadrangulaire ; la
terrasse inférieure mesure 23 m. 70 sur 16 m. 50; la terrasse supérieure (8 m.’fO
sur 5 m. 50) est remplie intérieurement par un blocage. — 3 paus. III, 19, 9.
- 4 Herod. VI, 61 ; Paus. 111, 7, 7 et 15, 3 ; Tryphiodor. 518. - 5 Paus. III, 14, fi.
Wide (La/c. Kulte , p. 346) suppose que le culte d’Hercule étouffa celui de Ménélas et
se substitua partiellement à lui dans ses rapports avec Hélène. — 6 Isocr. Encom
ffclcn. 63. - Aen. Gaza. Theotbr. 046 (Mignc) ; Oenomaos ap. Euseb. Praep.
MEN
règle ailleurs. Lucrèce6
me légende a‘L
corneilles n’approchaient point d’un
part, raconte, d’après une légende athénienne’
le fait contraire était la
J aulJ
_ _ , i _ . que les
'Acropole, « non pas même quand les ^crir" ‘!ndroil de
sur les autels » : cela prouve, tout au moins ^ f"7aient
enfices avaient pour effet ordinaire Sa'
neifies. Tous ces oiseaux effrontés, en raison' 'i ** COr'
qu’ils déposaientpartout, étaient un tourment !
qui avaient charge de l’entretien et de la bonneT' ^
sanctuaire. Le jeune Ion, dans la tragédie ,rp ®du
se montre fort irrité contre les « oiseaux^du Parnasse’,6’
.1 les menace de ses flèches; il veut les écarter à iJ
prix, parce qu’ils souillent les offrandes sacrées 1
parce qu ,1s essaient d’établir leurs nids sous la co
ni. he du temple. Mais il ressort des paroles d’ion nue
certains oiseaux ne devaient pas être tués, du mZ
dans un sanctuaire divin, puisque l’on se servait de JL
vol et de leurs cris pour connaître la volonté des dieux.
L on peut supposer aussi que, bien souvent, les oiseaux
habitants d’un sanctuaire devaient être considérés
comme la propriété du dieu et bénéficier d’une sorte de
droit d’asile (un peu comme les pigeons de Saint-Marc à
Venise ou comme ceux
qui peuplent la cour
intérieure de certaines
mosquées à Stamboul).
Il fallait donc subir leur
présence et se borner à
prendre les précautions
voulues pour écarter ou
atténuer les fâcheuses
conséquences qui en ré¬
sultaient.
Les métopes sculptées
du grand temple d'O-
lympie fournissent le
meilleur exemple des
moyens employés pour
empêcher le nichage
des oiseaux. Partout où les fortes saillies de la sculpture
offraient une place propice à l’établissement d’un nid,
des fiches de fer ou de bronze, enfoncées dans le marbre,
mettaient un obstacle à la gent ailée. Ces fiches n’exis¬
tent plus; mais les trous où elles étaient plantées, pro¬
fonds de 0 m. 03 à 0 m. 043, existent toujours, et l’ex¬
plication que M. Petersen a été le premier à en donner
ne saurait être sérieusement contestée1. On peut différer
d’avis seulement sur la forme exacte de l’objet, mais
non sur sa destination. M. Treu a adopté la forme la plus
simple, une tige droite 8, suivant le modèle constaté sur
le Triton du temple de Locres9 ; M. Petersen préférait la
Fig. 4901. — Ménisque sur une antéfixe.
ev. \, 28, p. 223. — 8 Hesych. s. v. rE).cvta et xâwaflça ; cf. Plut. Ages. 1 •* > J" 11
X VIII , 43 sq. — 9 Athenagor. Presb. 14 : AaxeSaijJtôvioi MevéXewv, *a‘
aÙTS xat £oçTàÇou<Ttv. Les érudits modernes ont adopté, après Meursius >( ^ ^
feriata , p. 201), le nom de Mcnelaeia ou Menelaia. — 10 Mannhardt, Antike ^ ^
u. Feldkulte , p. 22; Wide, Lak. Kulte , p. 317 et 343; cf. Theocr. XV ,
l’Hélène $ev$PïTtç de Rhodes (Paus. III, 19, 10); Kaibel, Bernes, XXVII, ’
— H Paus. VIII, 23, 4. — 12 Pind. Pxjtli. V, 83; Boeckh, Expl. Pwd. P- ,-^j
— 13 plut. De Herod. malign. 12 ; Scylax. ap. Geogr. Min. de Müllei, L P- ^
Strab. XVII, 801; Tac. Ann. II, 60. - i* Herod. IV, 169; Pind. Pyth. V, _
, u m i _ _ _ a
MEIVISKOS. 1 Av. 1114. — 2 Lex. s.v. —3Lex. s. v. — * V, 1*. >■ j33
rer., VI, 752-3.— 6 Ion, 102 sqq. - 1 Cf. Petersen, Athen. Mittheil., XIV,
sqq. ; Treu, Olympia, III, Die üildwerke in Stein und TVzon (1897), R ^ Jbid.f.
détail des trous constatés dans les parties subsistantes des métopes, < I 1 ’
158, 160,162, 164, 165, 169, 170,173, 174, 176, 178. — 8 Cf. Olympia. ^’r|
pi. xlv, — 9 Cf. Roem. Mitth., V, 1890, pl. ix Ant. Denkmaeler, I, P • ul
MEN
— 1719 —
MEN
(rident *, qu’il retrouvait sur une tuile antéfixo
forme r" _ __ ^ ggl remarquable que, tandis que les mé-
JeC<l] 'ms le temple d’Olympie étaient si bien protégées,
l°Pes retrouvé trace de précautions pareilles pour
onn/' P sauf peut-être dans le Pélops du fronton
les fronton») r
or;;1,;l;;e se préoccupait pas seulement d’empêcher les
I. n . nicher autour du temple, mais même de se
tic ii*1" i • i •
,,,• sur le temple. Pour cela, on dressait des pointes
f Ill!nl sur les acrotères, les antéfixes et sur le faite de
l’édifice. Des antéfixes ainsi protégées ont été retrouvées
6 pâlie (fig. 4901) 4- L’historien Josèphe 5 mentionne
, le faite du grand temple de Jérusalem était garni, à
'cet usage, dofcW dorés; il n’est pas improbable que ces
ôêsXot étaient réunis par petits groupes, lesquels ressem¬
blaient à nos paratonnerres à pointes multiples. Pour les
acrotères enfin, je citerai seulement deux exemples
empruntés à deux époques différentes : un Sphinx
archaïque, de l’ Acropole d’Athènes6, et les trois petites
Nikès du temple d’Artémis, au Iliéron d’Épidaure1.
Après le temple, il restait à protéger les offrandes dis¬
séminées tout autour, dans le téménos. Le second grief
du jeune Ion contre les « oiseaux du Parnasse » est
qu’ils souillent, on devine comment, les saintes offrandes
(«p' àvaO-qgaTa). Ces offrandes étaient principalement
des statpes. Il s'agissait de faire
en sorte que les oiseaux ne pus¬
sent se poser dessus8. On s’y
prenait comme pour les figures
d'acrotères et les tuiles antéfixes :
on fixait dans la tête de la statue
une pointe de métal. Certaines
des figures archaïques de l’Acro¬
pole d’Athènes9 ont gardé cette
pointe intacte (fig. 4902) ; chez la
plupart, elle est cassée au ras du
crâne; à tout le moins, le trou où
elle était plantée oblige à en ad¬
mettre l’existence autrefois. C’est
une règle générale qui souffrait
cependant maintes exceptions :
par exemple, les têtes archaïques
u 'h‘sée de 1 Acropole qui ne montrent pas trace de
appai cil défensif sont environ dans la proportion d’une
111 (inq ■ Cet appareil n’existe que sur la tête ; si l’on
d ^hicé quelquefois aussi sur les épaules, le cas doit
rt ''ùi finement rare et n’a pas encore été signalé. Les
Qu dux l,0uvaient donc se poser librement sur les épaules
jjUSUI ^)ras’ quand un des bras était tendu en avant11,
du'br 'n la*S°n ^ 1 étroitesse relative de l’épaule et
si b T8 ava^ ^ celft un moindre inconvénient que
I '* ' 11 rn^me eht été prise pour perchoir.
Dous pUeSt'0n Princ*Pale est si la tige de métal, telle que
a'ons conservée, constituait à elle seule toutl’ap-
F'g. 4902. — Ménisque
sur une statue.
1 *-f- fctersen, h. /_
p. 2 eUi TreU’ °'ymP‘a, III, p.
Dl etpl- XLI; éeterse
pi- xii, A. _ 7
statue
-37. — 2 Cf. Monum. del Ist., Suppl, pl. n, 3.
p. 46, fig. 56. — 4 Adler, Arch. Zeitg. 1874,
,(9en’ 1 ■ l- P- 328. — S V, 5, C. — 6 Cf. ’EW. à,*., 1883,
élevée s * Cavvadias, Calai. Mus. nat., 159-161. — S Une grande
P'wes pour nichei. "" pi^eslal haut, pouvait offrir aux oiseaux de bonnes
Pourquoi des pré " 60 61a*1 ams‘ de la Nike de Paeouios à Olympie ; c’est
Otftipia, lu p t ' T ava‘eul été prises pour elle contre le nichage : cf. Trou,
te^i lue nous av S'S Un lel cas esl exceptionnel pour les statues el rentre dans
d Collignon, 5,s/ txam‘n^ Pour les temples. — 9 Cf. Musées d’Athènes , pl. ui-iv,
^ai>s noire ’xtulpt. gr 1, p|. i (c’est la statue dont la tête est reproduite
i Cf. encore Mus. d’A th .. pl. vu-vin (la tige est ployée, mais elle est
pareil défensif, ou bien si elle n’était que le support d'un
autre objet, disparu aujourd’hui, lequel aurait été la
partie essentielle. On a penché d’abord vers cette seconde
hypothèse. M. Petersen1’ proposait un disque rond, posé
horizontalement au-dessus de la tête ; d’autres préféraient
une demi-lune ou un croissant posé également à plat13.
Ces opinions paraissent aujourd’hui erronées : la
simple tige de métal, plantée au milieu de la tète, était
d’une efficacité suffisante; car l'oiseau ne pouvait, natu¬
rellement, se poser sur la pointe, et il ne trouvait libres
que les pentes du crâne, sur lesquelles il lui était impos¬
sible de se tenir (ne pas oublier qu’il s'agit d’oiseaux
assez gros), ou du moins de se tenir tranquillement, sans
un effort et une gêne qui le décidaient vile à chercher
ailleurs une place plus confortable. Pratiquement, une
tête de dimensions naturelles, munie d'une tige droite au
milieu du crâne, devenait pour les corneilles, milans, etc.,
un perchoir interdit11. Il semble bien, en effet, que
les tiges encore existantes sur les statues de l'Acropole
n’ont jamais servi à porter un objet quelconque : leur
extrémité est légèrement effilée, et on n'y voit point
trace de soudure, ni de l’insertion d’une plaque, de
quelque forme qu’elle fût, en métal ou en bois. Même,
dans deux cas au moins 1S, la tige unique, qui est d'ordi¬
naire forte et carrée, est remplacée par trois minces ba¬
guettes, ici de bronze, là de fer, enfoncées ensemble
dans le trou ; ce serait là un bien mauvais travail pour
une tige de support. Enfin, M.Trendelenburg16atrèsjus-
tement appelé l’attention, à ce propos, sur des vers, jus¬
qu’alors mal expliqués, d’une satire d’Horace1’ : Priape,
dieu protecteur d’un jardin, dit de lui-même que, pour
effrayer les oiseaux, il a un roseau planté sur le crâne. Le
motif de cette précaution nous apparaît clairement :
Priape, qui prétend être l’épouvante des oiseaux ( avium
maxima formido ), prêterait à rire si, sur sa tête même,
quelque corneille venait se poser et y prendre ses liber¬
tés. Le roseau planté verticalement le garantissait contre
l’outrage 18. Or cette pointe de roseau sur la tête d'un
Priape en bois correspond exactement à la pointe de
métal sur les statues en marbre ou en bronze.
Il n’est donc pas douteux que la tige de métal suffisait,
à elle seule, pour constituer l’appareil de protection,
que l’on peut appeler le « gêne-corneilles » ou le
« chasse-milans19 «.Mais cetappareil si simple a pu quel¬
quefois prendre un aspect différent, soit qu’on voulût le
rendre plus efficace encore, soit qu'on essayât d'en tirer
un parti décoratif. Ainsi M. Studniczka, dans sa restaura¬
tion de la grande statue signée d'Anténor 20, lui a donné
la forme d’une fleur de lotus qui s'épanouit au-dessus de
la tête, à l’extrémité de la tige; et il est possible, en
effet, que la tige se soit terminée quelquefois par un
fleuron de ce genre, pourvu que le fleuron ail été hérissé
d'une ou plusieurs pointes qui empêchassent les oiseaux
de s’y poser. Ce fleuron, par sa forme, et aussi par son
restée entière). — 40 Cf. Léchât, Bull. corr. hell ., XIV, 1890, p. 349. — 44 Cf. Lecliat,
Ibid. — 12 Athen. Mit t! œil., XIV, 1889. p. 235 et notel. — 13 Cf. Léchât, L. I.
p. 348 et note 5. - 44 Cf. Trendelenburg, Arch. Ançeiger, 1898, p. 230 sqq.
— 4ü Statues publiées dans A th. Mitth.. XIII, 1888, p. 135, et dans Bull. corr. hell.
XIV, 1890, pl. vi-vi bis; cf. Léchât, L. I. p. 339. — 46 Cf. Arch. Anzeig., 1898, p. 230.
— 47 Sat., I, 8, 6-7. — 48 Cf. iiorat. Ibid. 37-38. — Peu importe le nom de
l’oiseau, pourvu qu’on choisisse une espèce assez grosse parmi celles qui habitaient
les sanctuaires. M. Salomou Reiuach ( Bev . arch., 1890, l, p. 287> a eu tort d’em¬
ployer le mot « chasse-moineau i » ; pour les oiseaux de petite taille, ( appareil, tel
que nous le connaissons, n’eût pas été du tout un obstacle. — 20 Jahrbuch arch.
Inst., llt 1887, p. 141.
/
MEN
— 1720 —
éclat (s'il était doré), était capable d’ajouter un ornement
à la statue, tout en gardant son rôle utile. Enfin, le pas¬
sage cité d’Aristophane témoigne que la tige se terminait
quelquefois par un croissant, qu’il faut se représenter
posé, non pas horizontalement, mais verticalement, de
façon que les deux pointes en fussent dressées vers le
ciel. Blaydes 1 a très bien traduit le mot pTpiérxot par
lunulae cornutae sive curvatae. Les oiseaux ne pou¬
vaient, naturellement, se percher sur les pointes, ni da¬
vantage sur le creux du croissant, qui était en métal
mince à bords coupants, et la tige de support les empê¬
chait de se poser sur la tète même. Henri Leciiat.
MENS. — Les calendriers romains, à la date du 8 juin,
font mention de la dédicace sur le Capitole, en l’an 217
av. J.-C., d’un temple en l’honneur d’une divinité de ce
nom1 ; ce temple avait été voué deux ans auparavant par
le préteur T. Otacilius2, en même temps que Fabius
Maximus en vouait un autre à Vénus Érycine et que le
Sénat ordonnait des démonstrations de piété extraor¬
dinaire à l’adresse des Douze Grands Dieux, le tout à
l'instigation des duumviri saci'is faciundis qui avaient
consulté les livres Sibyllins 3. Il s’agissait de conjurer la
colère céleste qui s’était manifestée dans les premiers
désastres de la seconde guerre punique. Les deux tem¬
ples de Mens et de Vénus Erycine étaient voisins, séparés
seulement par un fossé ; l’emplacement choisi, qui était
en dehors du pomoerium , et les circonstances où ils
furent voués leur donnent un caractère de religion exo¬
tique4. Cependant Mens parait avoir figuré de toute an¬
tiquité parmi les divinités des indigitamenta, mais le
sens en était différent5. Elle n’est plus seulement désor¬
mais celle qui préside à l’éclosion de l'intelligence chez
l’enfant, mais la personnification du bon sens réfléchi
qui, ayant fait défaut au consul Flaminius, causa la perte
des Romains au lac Trasimène6. Son temple fut restauré
vers 120 par Aemilius Scaurus, vainqueur des Cimbres7;
à partir de cette époque, Mens prend place avec Fides,
Salus , Concordia, etc., parmi les abstractions divinisées,
avec le qualificatif de Bona ; on lui opposait une Métis
Laeva ou Mala 8 qui correspondait à YAtè des Grecs;
celle-ci représentant l’esprit d’imprudence et d’erreur.
Bona Mens , qui figure sur les inscriptions 9 et chez les
auteurs de l’Empire, a souvent une signification poli¬
tique, celle du dévouement loyal; d’autres la réclament
avec la santé du corps, pour que leur union fasse
l’homme complet; le mens sana in corpore sano de
Juvénal en est une variante10. J. -A. Hild.
MENSA, Tpi-rceÇa, table. — 11 est difficile, et inutile,
d'indiquer tous les emplois auxquels pouvait servir ce
meuble, qui n’était pas moins nécessaire aux anciens
qu'il ne l’est à nous-mêmes. Nous rappellerons simple¬
ment les principaux de ces usages, nous proposant
1 Ap. Aristoph. Av. 1114. — Bibliographie. E. Petersen, Vogelabwelir, dans
Athen. Mittheil., XIV, 1889, p. 233-239 et 328; H. Léchât, Mr,vhn<o;, dans Bull,
corr. hell., XIV, 1890, p. 337-350 ; A. Trendelenburg, dans Jahrbuch , arch. Inst.,
XIII, 1898, Arch. Anzeigcr, p. 230-234.
MENS. 1 Menti in Capitolio. — 2 Tit. Liv. XXII, 10, 10. — 3 Id. XXVIII, 31, 9.
— 4 Cf. Jordan, Topographie , I, 2, p. 42; Gilbert, Geschichte und Topographie ,
III, p. 101, 399. — 5 Aug. Civ. Div. IV, 21 ; indigitamenta, p. 470. — 6 Ov. Fast.
VI, 241, s.; cf. Preller-Jordan, Roem. Mythol. II, p. 266 et le dicton connu ; Quos
Vult perdere Jupiter dementat. —7 Cic. Divin. II, 23, 61 ; Plut. Fort. Rom. 5, 10.
— » Voir entre autres Virg. Aen. Il, 54 : si mens non laeva finisset.
— 9 Corp. inscr. lat. I, 1237, 1167 ; Bull, dell Instit. 1859, p. 85, et 1862, p. 48.
— 10 Prop. III, 24, 19; Ov. Amor. I, 2, 31 ; Pers. II, 8; Petron. p. 61 ; Scn. Kp.
X, 4; Juv. X, 355.
MENSA. 1 Poil. On. 6, 83; 10, 09. — Varr. De 1. 1. 5, 26-7. Aux exemples cités
MEN
d’étudier la forme des tables et non d’en f ■
détaillée ; on trouvera aux mots AimTs'"1'0 ' llisloire
coena, ce qui regarde l’organisation du L , AHTIBtILH
romain, que la’ mensa soit une vraie Srec el
(p-ayt'c) *, un simple guéridon posé devant * man8er
ou un dressoir, portant de la vaisselle prôei ^°nviVes,
mets et des vins ( tabula vinaria, cihjbathu^ ' ^
bulum, urnarium) 2. Les tables à calculer h!’ Tt
les mensae lusoriae [lusoria tabula], consistant li 61
souvent en simples tablettes, ne sont pas à'nrnJo
parler des tables. * lment
Il est parlé ailleurs [argentarii, trapezitae] du
toir des changeurs et banquiers, des tables étalons^
poids et mesures [ponderarium], des estrades [catast.ô
sur lesquelles étaient exposés les esclaves mis en vente»
de l’étal (mensa lanionia) 1 dont se servaient les bouchers
" [laniarium, lanius] et de celui sur lequel toutes sortes de
marchandises étaient exposées [mercator].
Il faut insister sur la table-autel et sur sa présence
presque obligatoire, dans les sanctuaires [sacripicium]'.
On y plaçait soit les instruments du culte (Fig. 133, 317)
soit les offrandes dédiées, qu’elles fussent des mets réels
ou de simples simulacres auxquels étaient censés goûter
les héros et les divinités (fig. 417, 449, 2438, 4380). C’est là
une conception primitive que l’on retrouve en tout pays et
au fond de toutes les religions. Le téménos deZeusLykaios
dans l’agora de Mégalopolis [lykaia] contenait à la fois
deux tables el deux autels5. C’étaient les ûuwpol TpMCE^t
donlparle Hésychius “ou les mensae afeocwm de l’Énéide1.
Chaque divinité a la sienne8. Nous en connaissons par
les textes de Zeus Pelor 9, de Jupiter10, d’Heraklès ll,
d’Apollon 12, surtout d’Asklépios13 : ce dieu en possède
trois au moins à Cos, une pour le grand prêtre, deux
autres pour les hiéropes14; d’autres lui sont consacrées
à Épidaure *5, à Panticapée 16, à Syracuse 11 et à Athènes1*.
L’une des prêtresses attiques est aussi bien la frapé-
zophore l9. Les médaillons d’Asie Mineure représentent
des tables chargées de couronnes destinées aux vainqueurs
des grands jeux (fig. 1333, 1334, 1337), récompenses hono¬
rifiques, auxquelles se joignaient parfois des prix plus sub¬
stantiels, tels qu’une bourse remplie de pièces d argent
Ces tables agonistiques, placées sans doute dans les
temples ou dans l’enceinte du stade, faisaient, elles aussi,
partie du matériel sacré. Au lieu d être dediees a es
dieux, les mensae pouvaient l’être à de simples mode s.
Elles figurent dans des enterrements21 [funus, hg- •’ ,J1 '
elles servaient aussi de stèles funéraires 1 1 11 ’
semble-t-il, de forme rectangulaire, allongé' s
sens horizontal22. Une loi de Démétrios de 1 ia ^eg
comprise ou mal traduite par Cicéron23, et h s
orateurs attiques 24 attestent que ce genie e 0
était très usité à Athènes vers la fin du iV s"M 11
H U I899t P’ 11,1
les articles abacus et cartibulum ajoutez Bail. 001 ^ e ’ g08, fig- 51,
Dent tiré du Trésor de Bosco-Reale, Monuments i », ^ ^ 15;
Poil. On. 7, 2, 11 ; Cic. Pis. 15; Apul. Met. S, P- 1-^ ^ ^ culle,
en-Orelli, Inscript. 6602. — B Pans. 8, 3°, -, , _ 8 Cic . De»“t-
liens, p. 87-8. — 6 Hes. s. v. !»■[•:■ — 7 Virg' , „ ’ ", At|,en XIV, P- 640
3, 34 ; Aristoph. Plut. 176, schol. Marin. Procl. 3-^ ^ ^ ^ ^ lsj!,
Plin. 25, 59, 1. — U Corp. inscr. att. II, 602, 5-6. - Pai0n, inscr.
i. _13 Ibid. 1877, p. 162; 1878, p. 76-8 (P. Girard>- Mittheil 1898, P-1'**
36 c. 27, p. 69 ; 36 d. U, p. 70 ; 37, 9-10, p. 78.- » e _ „ Athen. 15, «93 &
tenberg). — )6 Slepliani, C. rendu, 1873, p. 59-60,
e/ .... .n TA. . QiliH. X. V
N. S. 1869, p. 139, fig. 1-3 (monnaie de Byzance, ^ /«Y. 188*, P-
Vase d’Archémoros, Gerhard, Akad. Abhandl. pl. '• g:!8 c, P- 84il1,
joc.chcke). — 23 Cic. I.eg. 2, 26, 66.-9* Vit. X Oral. P-
I
MEN
— 1721
MEN
, funéraires étaient aussi connues à Rome1.
1<* mCina ggf.jons de curieux exemplaires découverts en
N0"S.V dont deux trouvés à Lambessa 2 (fig. 4903) : sur
^jg(,ne, ure est sculptée en creux toute une série de
vases et de plats,
la face sapé'
patères à man¬
ches, coupes,
cuillers, passoi¬
res, aiguières,
cratères, plats à
poissons. II faut
y voir la repré¬
sentation sym¬
bolique d’un re¬
pas offert au dé¬
funt : peut-être,
au jour anniver¬
saire, versait-on
du laiton du miel
dans les réci¬
pients figurés sur
ces monuments. Dans des cas exceptionnels, la table
pouvait être offerte du vivant même du personnage,
qu’on honorait ainsi comme un héros : telle était la
mensa dont les trapézophores onL été retrouvés sur l’Es-
quilin et que la province d’Asie donnait à son « patron »,
l’ancien questeur P. Numicius Pica Caesianus3.
1. — La table pouvait n’avoir qu’un pied. C’était alors
une sorte de gué-
Fig. 4903. — Table funéraire.
Fig. 4904. — Table romaine à un pied.
ridon, qu’on po¬
sait devant les
mortels ou de¬
vant les statues
des dieux (fig.
1691, 4379). Il
semble que cette
forme ait été par-
ticulièrementusi-
tée en Égypte 4,
mais nous la re¬
trouvons sur les
patères « phéni¬
ciennes », telles
que la phi ale d'O¬
lympia, conservée
au Musée d’Athènes 5. On en voit une à pied très massif,
sur un vase de style corinthien au Louvre (fig. 1690) : elle
se>t a découper des viandes. Les potiers de Corinthe
modelaient leurs vases sur une table à peu près sem-
' a 1'' 3033), mais dont le pied paraît massif et fixé
oo teire6. Dune manière générale, les Grecs et les
omains semblent avoir préféré des formes plus solides et
e^nl 1 assiette était plus stable. On trouve pourtant des
eMp es de tables à un seul pied à Pompéi1 jusqu’au
’Mpsde l’Empire (fig.4904; voir fig. 446, 1200 et 1201).
Los Grecs, et sans doute aussi les Romains, préfé¬
raient la table pleine et basse, qui servait au besoin de
banc et dont les monuments du Ve et du iv,: siècle nous
montrent des représentations fréquentes*. Le cube plein
qui sépare les héros jouant aux dés dans un motif bien
connu des céramographes n'est autre chose qu’une mensa
de cette forme. Un bas-relief de Merbaka, près d’Argos,
est de structure un peu plus compliquée : la planche
supérieure est rectangulaire et déborde un peu sur les
côtés; elle est posée sur trois assises superposées, forte¬
ment encastrées entre quatre piliers placés aux angles*.
D’autres fois la base est moins allongée, plus ramassée,
et la hauteur plus grande par rapport à la largeur10.
III. — Une forme purement grecque, qui apparaît déjà
sur les vases corinthiens 11 et cyrénéens12 et cesse avec
la céramique italienne d’imitation hellénique13, est celle
de la table rectangulaire, portée par Lrois pieds. Elle a
été adoptée par les Étrusques (fig. 1698). M. Blümner 14
a eu le mérite de discerner et d’expliquer cette forme. Sans
reproduire tous ses arguments, nous résumerons, du
moins, ses raisons. Sur les scènes de banquets, où
ces tables apparaissent près des lits des convives,
les pieds représentés sont d’ordinaire au nombre de
jdeux, sur lesquels reposent les deux bouts d«* la plate¬
forme supérieure (fig. 4905) 13 ; mais, si l’on y regarde
d’un peu près, on s’aperçoit que ces supports sont
toujours figurés d’une manière différente. Celui de
droite se présente de face; les griffes de lion, qui
décorent presque toujours ces pieds à leurs bases, sont
représentées d’une manière qui ne peut laisser aucun
doute sur ce point (voir aussi fig. 1694, 1698). Le support
de gauche, au contraire, est de profil; la jambe du fauve
est tournée, non plus vers le spectateur, mais vers la
partie gauche du champ. Or, si la table avait quatre
pieds, on s’expliquerait mal qu’ils ne fussent pas tous les
quatre fixés aux quatre angles de la plate-forme supé¬
rieure, mais en étant, deux à deux, perpendiculaires à la
longue face de la table, celle que les vases peints mon¬
trent de préférence. Il y a plus. Sur une coupe de Douris
conservée au British Muséum (fig. 4906j 1(i, les tables sont
dessinées à la fois de face et de profil : nous en voyons l’un
des côtés longs et l’une des petites faces, celle qui regarde
la droite dans les symposia. S’il y avait quatre pieds aux
quatre angles, ceux-ci se seraient forcément masqués
deux à deux et deux contreforLs auraient seuls apparu.
Au lieu de cela, nous apercevons, à droite et à gauche,
Mus. de / ! U'er’ 6 (mensain posuit contra votum). — 2 Cagnat,
de Tebessa ^ **' 44*03) ; Gsell, Recherches , p. 335 ; Id. Mus.
Hist, de | M ^1~”' — 3 Arch. Zeit. 1873, p. 64. — 4 Perrot et Chipiez,
& l'Orient t ' ^ P’ (relief de Sakkarah) ; Maspéro, Hist. des peuples
" 5 Perrot’ ri’94 (paP5r,'us de Dublin); f, p. 404
— u l'errol cl n r J - --> ^uuuuj , ,, p. 404 (panneau de bois de Giseb).
kcAieion, (ifi |'i*,C2’ ®®®> P' ?83; A. de Ridder, Bronzes du Poly-
“■ Vas, ■ - . —
'«n*. 808-9
6 Ant. Denkmaeler, I, pl. vm, 17-8 ; Fu:’t\v;engler, Reschr.
1, p. 9 — 7 Gusmau, Pompei , p. 315. — 8 Welcker, Alte
Denkm. III, pl. xvu, 1; Furtwænglcr, Coll. Sabouroff, pl. lvu; Hevdemann,
Gr. Va sent. pl. xn, 9-10 ; Benndorf, Das Heroon v. Gjôlbaschi-Trysa, pl. xxix, 4,
p. 234. — 9 Welcker, Alte Denkm. II, pl. xm, 24, p. 271-2. — *0 Gerhard, Anf.
Bildw. pl. cccxv, 4. — U Potticr, Vas. Louvre, E 623, 629, pl. xlv-vi. — 12 Bull.
coït. hell. 1893, p. 236, fig. 4-5 (Pottier). — 13 Millin-Reinach, Peintures de vas.
2, 58, p. 76, etc. — 14 Arch. Zeit. 1884, p. 179-192, p. 285-6 ; 1885, p. 287-290.
— 15 Hartsvig, Meisterscliulen, pl. xxxiv (coupe deBrygos). — 16Conze, Vorlegebl.
sér.VI, 10; C.Smith, Vas. Brit. Mus. 111, p. 74-5, E 49 ; cf. Hartwig, O.c. pl. lxvu, n. 4.
MEN
— 1722 —
les pieds lixes au chevet de la plate-forme supérieure, et,
entre eux deux, précisément au milieu, un troisième
pied. À moins de supposer une erreur de dessin, il nous
faut admettre que ce troisième support était placé sous la
petite face de gauche et dans la partie médiane de cette
tace. De plus, comme ce côté, placé le plus loin de la
tête des convives, était évidemment le moins lourd de la
table, il serait absurde de supposer qu’il fallût, pour le
porter, trois contreforts, deux aux angles, et un entre
les deux premiers: donc nous sommes amenés à supposer
que la plate-forme rectangulaire avait seulement trois
pieds, deux au chevet et perpendiculaires au long côté,
l'autre sur la petite face de gauche et perpendiculaire à
cette face. Cette conjecture devient une certitude si nous
jetons les yeux sur une peinture de Cumes, au Musée de
Naples1. Nous y voyons la table en biais et du côté
gauche. A droite sont les deux pieds du chevet; à gauche
un seul support et qui coupe justement en son milieu
la petite face de gauche. Il y a mieux encore. Le Musée
de Berlin possède en bronze une de ces tables à trois
pieds, trouvée à Clusium, et qui sert de base à un danseur
étrusque, jouant des crotales 2 (fig. 4907). Les supports
y sont bien à la place précise et tournés dans le sens
1 Heydemann, \asens. zu Neapel , Bac. cum. 444, p. 854-5 (cratère) :
Sctireiber, Bilderatlas , pl. lxxvi, 2. — 2 Friedericlis, Berl. ant. Bildw. II,
p. 167, 693 ; Arch. Zeit. 1885, 287-290 (Blümner). — 3 H faut excepter la fresque
étrusque. Mus. Gregor. I, pl. cnjcf. aussi fig. 4907. — 4 Furtwaengler-Reichliold,
Gr. Vasenmalerei , pl. iv; Jahrbuch , 4892, p. 105-6, 6, Fig. 6 (fragment de
Meuidi). etc. Cette planchette pouvait n’ètre qu'une simple barre, comme le
montre le skyphos de Corneto à Berlin, Monum. X, pl. lui. — 5 Pottier, Vasse
MEN
que nous avons indiqué. Comme le dessous , ,
forme est reproduit, nous y gagnons i
détail important, que les têtes des supports ?P''endre c*
réunies par deux barres perpendiculaires 01 parfois
forme de T. De la sorte, la triple base ne’ 0,'OlSante»
seule pièce et l’adhérence était parfaite
supérieure et ses piliers. lat»lette
Il reste à se demander pourquoi les Grecs „ .
invente ce genre de tables. Les raisons '
pas très clairement. Sans doute le meuble éù , '"!
plus léger et pouvait étreplus facilement déplacé „ !'
ce qu, n'arrivait d'ailleurs pas toujours, on ,s'h 1 '
rpaaeU, avant la seconde partie du festin Les Di,m ,
convives, quand il leur prenait fantaisie de s'.ssel
trouvaient plus facilement place sous ces guéridon, I
orme rectangulaire. Le sol des pièces antiques, en ta-,
battue ou en mosaïque grossière, n’était d’ailleurs pas
d’une égalité parfaite : il y avait des différences de niveau
qui pouvaient être assez sensibles ; un moyen de les
corriger était cette troisième jambe placée entre les deux
premières et qui leur faisait contrepoids.
La forme générale une fois expliquée, il nous faut
dire quelques mots des détails, et surtout des pieds. Car
la plate-forme qu’ils supportent parait toujours iden¬
tique : nous noterons seulement qu’elle déborde tou¬
jours du côté droit (fig. 4905, 4907). La raison n’en est pas
seulement que cette partie de la table était plus rappro¬
chée de la tète du lit et par suite du buste des convives,
qui pouvaient avoir besoin déplus de place pour disposer
leurs mets et leurs coupes. Mais le plateau supérieur ne
pouvait absolument s’élargir que de ce côté; car la petite
face de gauche était soutenue par un pied qui lui était
perpendiculaire, et nous avons vu que les supports des
longs côtés étaient, eux aussi, à angle droit avec ces côtés.
Cette plate-forme rectangulaire avait, presque toujours1,
au-dessous d’elle une planchette horizontale 4 qui réunis¬
sait le double avantage de porter, elle aussi, des plats
et de fixer ces supports entre eux par une chaîne de bois,
indépendante de celle qui, nous l’avons vu, réunissait
les pieds à leur tête. Il arrive, mais le cas est très rare,
qu’au lieu d’une tablette, une planche pleine occupe le
bas de la plate-forme supérieure 5. D’une manière
générale, les pieds et la tablette forment la partie essen¬
tielle de la table. Nous allons les étudier séparément.
Les pieds sont simples c, ou, le plus souvent, cannelés.'
Dans ce dernier cas, ou bien un simple filet pai luge 'n
deux la largeur du support7, ou les filets sont muliip i\
qu’ils soient équidistants j ou qu’ils creusenl au 1111111
une sorte de rainure qui paraît plus profond* d1"
bords latéraux9. La base de ces piliers
rectangulaire10: d’ordinaire, comme nous
plus haut, des griffes de lion ", ou, à tout le ne 11 •
moulure simple 12 en décorent l’assiette. Lee supb
forme de jambes d’animaux ne sontpas une inv ll1"'"
Grecs : les Égyptiens, les Assyriens, les H eh < oe ^
saient à décorer ainsi leurs meubles ; ils évitai' 11 ^
façon la monotonie des lignes droites et des an,- '
« 4-*. ad
est rarement
l’avons vu
une
fs en
des
; Benndorf, Or.
Louvre, E 623, pl. xt.v (cratère corinthien).
Monum. V, 17, 1. — l Arch. Zeit. 1866, pl. ccvi, t ; Witte, Hit.
pl. xu, xi.it; Hartwig, Meisterschal. pl. lxx, n« 2. e ( _ 9 Masner.
pl. xxix, p. 25 ; Benndorf, lier. v. Gjolbaschi-Trysa, fig- 1 * ' 1 ^ . xvlll i ; M"s‘
Vasens. p. 45-8, fig. 25, 328 ; Monum. X, pl. lui. - 10 e|c’ . Hart*'?’ L c'
Gregor. 1, pl. ci(Id.). - « Masner, Vasens. p. 45-8, fig. 2^ - ^
_ 12 Table de Clusium à l'Anliquarium de Berlin, note -, 8-
I
MEN
— 1723 T-
MEN
lits. L'a
fois une
((ache supérieure des pieds est très variée. Quel-
simple cheville rectangulaire1 en fixe la tête à
lont le nombre est variable, deux2, trois
4005), cinq 6 ou sept6 : ils sont disposés,
tjuetois u— “ * .t aui s’encastrait sous la plate-forme
aI • .. Le nlus souvent 1 ajustage se fait au moyen
gupérieure.
de clous d
rT\ i<*'cas, en triangle, en quinconce ou en rosettes.
s9ivr 'fois d’autres clous apparaissent à droite et à
l'attache, en dehors du pied, mais toujours
8all( j'( ,iate-forme 7. Il faut y voir les têtes de chevilles
élémentaires que d’autres clous transversaux fixaient
^ |iarl à la partie inférieure de la dalle, de l’autre au
chevet des supports . .
Si nous regardons le pied de gauche, celui qui se présente
de profil, nous constaterons qu’il s’élargit en profondeur
•• l’attache. Comme les supports sont censés représenter
une jambe de lion, rien n’était plus naturel aux yeux des
Crées qu’un renforcement sensible au-dessusdu genou, à
l'endroit où devait commencer la cuisse de l’animal. Mais
ce n’était qu’une indication légère8, et les artisans se
seraient fait scrupule d’imiter de trop près les formes du
fauve. Ils préféraient terminer la face latérale par une
spirale, plus ou moins régulière 9, et qui reparaît, à peu
près la même, sur les monuments figurés. Il y a pourtant
descas, peu fréquents, où le pied se continue droit depuis
la base jusqu’à l’attache10. Mais alors une pièce rappor¬
tée, creusée de cannelures verticales, unit la tablette à la
plate-forme supérieure (fig. 1694, 4905) 11 : le même effet
d’adhérence est obtenu, mais par d’autres moyens et à
l’aide de ce coin supplémentaire. D’ailleurs, ce qui est
l’exception à gauche de la table est la règle à droite où le
pied, comme nous l’avons vu, se présente de face. L’aug¬
mentation du chevet, beaucoup moins sensible en largeur
qu’en profondeur, ne pouvait suffire à l’adhérence des
pièces emboîtées. Des sortes de crochets12, ou, le plus
souvent, des planchettes rapportées, ornées d’oves 1 3 ou de
cannelures u, s’intercalaient entre la tablette inférieure
et la dalle supérieure (fig. 4905). Dans tous ces cas, les
parties les plus voisines des supports étaient seules ren¬
forcées. Mais, si la planchette inférieure était trop longue,
il pouvait arriver qu’il ne fût plus suffisant de la fixer
solidement à chaque extrémité : il devenait nécessaire de
la consolider en son milieu. C’est le parti que les Grecs ont
dù parfois adopter. Sur un cratère à figures rouges du
Cabinet des Médailles, une planchette continue, percée
d ouvertures rectangulaires, court au-dessous delà plate¬
forme 1 . La tablette inférieure se trouve ainsi supprimée,
mais les pieds sont fortement reliés entre eux. Sur un
autre vase> la planchette est conservée, mais des
rinceaux et des spirales la fixent sur toute sa longueur
p s:)1" ''aenSler et Reichh°ld,Z..c. , pl.i\'.— 8 Slackelberg, Graei. d.Hellenen, pl.xxvi,
Slillin ]' r1, *XVI1- — 3 Jahrbucli, 1899, p. 105-6, fig. 6 (frag. de Menidi) ;
pl 1 lnac,1i 1I| 58, p. 79 ; 63, p, 72 ; Arch. Zeit. 1880, pl. xii, 2. — V Hartwig, O. I.
q /"(j (coupede Brygos); Masner, Vasens. p. 45-8, fig. 25, 328. — 3 Hartwig,
_ 7 ji* xxxm (coupe de Brygos). — 3 Furtwaengler, et Reiclihold, L. c.
pl. xxvii |i' ^art étrusque, fig. 287, p. 434; Longpérier, Mus. Napoléon III,
p. s:;- V, nllier’ A oses Louvre , E 635. - * De Witte, Uôt. Lambert , pl. xxix,
- s |, ”l,m' Pt xm (fresque de Corneto) ; Millin*Reinach, 11, pl. lviii, p. 76.
Ilasncr |."aenglei' e* Beichljold, L. c. ; Hartwig, Meisterschalen, pl. xxxiv;
Murra, h * 0 *ô-8, ®8- 25, 328 ; Longpérier, Mus. Napoléon III, pl. xxvh;
Gi'. 9r ■ rases, pl. xu, p. 28 (C’af. 111, E 70, p. 94-5). — 10 Heydcmaun,
Uell . p| ***• lu. I ; Millin-Keinach, II, 76, p. 85-6. — n Stackelberg, Graeb. d.
VWen. t 33= L’ P' "3 1 Mlll>n-Reinach, 11, 63, p. 79 (coupe du Louvre). — >2 Heydemann,
Stackelberg d Annali, 1865, pl. F. — 13 Hartwig, O. c. pl. xxxiv, xxxv, xxxvi ;
MiUin-Reinà h p1' XXVI> P’ 23‘ “ U Masner, Vasens. p. 45-8, fig. 25, 328 ;
’ ». 63, p. 79; C. Smith. Cat. Vas. Brit. Mus. III, E 70, p. 94-5
à la plate-forme 1C. Enfin, dans quelques cas, la tablette
porte, précisément en son milieu, un contrefort, de
formes variées, qui lui sert ainsi de troisième support
et l’empêche de fléchir dans sa partie médiane ,1.
IV. — 11 faut rapprocher de la forme précédente une
table rectangulaire à trois pieds, dont nous ne connaissons
que deux représentations figurées, qui font partie de la
frise de l’héroon de Trysa Le pied de gauche y apparait
oblique et formant un angle prononcé avec les supports
verticaux du côté droit. M. Benndorf ne voit avec raison
qu’une manière d’expliquer cette particularité. Il suppose
que les jambes de la table étaient pliantes, ce qui rendait
le meuble tout à fait portatif : le pied de gauche était
éloigné de la verticale afin d’assurer un équilibre plus
stable à la plate-forme supérieure.
V. — En dehors de cette forme purement grecque et
que les Romains ne paraissent pas avoir adoptée, il y
avait une autre table à trois pieds que les Grecs connurent
etsans doute inventèrent,
mais qui n’apparaît guère
avant les reliefs hellénis¬
tiques et dont la fortune
fut surtout grande à
Rome. C’est la table ronde
appelée delphica l9, à
cause de sa ressem¬
blance avec les trépieds
consacrés au dieu de
Delphes et qui, au lieu
d’un lébàs , portait une
plate-forme horizontale.
Les exemples en terre
cuite
en
bronze 21 et en marbre 22 en sont très
fréquents. La figure 4908 est tirée d'un bas-relief du
Louvre (voir encore fig. 684, 1693, 1699, 1703, 3824).
Les pieds sont d’ordinaire fixes et encastrés au som¬
met dans une entaille ménagée sous le cercle supé¬
rieur, mais, lorsqu’ils sont métalliques, ils peuvent
être aussi mobiles et s'allonger ou se raccourcir à
volonté : on obtenait ce résultat à l'aide de lattes trans¬
versales, reliées deux à deux et dont l’attache glissait le
long des supports verticaux. On en a un exemple dans des
tables trouvées à Pompéi (fig. 4909 et 4910), qui ont, il est
vrai, quatre pieds23. Suivant que les supports étaient bas
ou relevés, la distance augmentait ou diminuait entre
leurs extrémités supérieures, de sorte qu’ils pouvaient
porter des plateaux de divers diamètres : ceux-ci repo¬
saient simplement entre les boutons terminaux 2V. Quand
les piliers étaient fixes, ils étaient le plus souvent re¬
liés entre eux par une 25 ou par deux 26 séries de barres
(Murray, Designs, pl. xn, p. 28). — 13 A. De Ridilcr, Cat. Vax. Bihl. Nat. 433.
La table n'est pas à six pieds comme pourrait le faire supposer la gravure inexacte
de Millin-Reinach, I, pl. xxxvm, p. 24-5. — K Mo mon . X, pl. vm. — n Monum.
IX, pl. xm, 2; Sittl, Würzburg. Antiken, pl. x, p. 12-6; Polticr, Vases du
Louvre, II, F 2, pl. lxiii, p. 85; Ingliirami. Vasi fittili, III, pl. cclxxiii, p. 133-4.
— 18 Benndorf, Heroon r. Gjôlbaschi-Trysa, pl. xvi, 9, pl. xxi, B 6, p. 179. — 19 Cic.
Ver. 4 59, 131 ; Mari. 12, 66, 5. — 20 Potlier-Reiuach, Nécr. de Mgrina, p. 95,
100; p. 243, fig. 39; pl. xvn, 2, p. 335-6; pl. xix, 1, p. 347-9. — 21 Jahrbuch
des deut. Inst. Anzeiger, 1899, p. 121 (table d'Hildesheim); Mus. Borbon. 15,
pL vi -, Mon. Piot, V, 1902, Trésor de Bosco-Reale (H. de Villefosse),
p. 25, fig. 3; cf. p. 208, fig. 51. — 22 Robiou, Ch. -d’œuvre de l'art antique,
pl. xx, xxi-n. — 23 Mus. Borbon. XV, pl vt; Jalirbucli, Anzeiger, 1899, p. 121 ;
Schreiber, Bilderatlas, pl. lxxxvi, fig. 12; Gusman, Pompei, p. 305 (fig. 4910).
_ 2V Anzeiger, 1899, fig. 1, p. 121; fig. 3, p. 124. — 25 Pottier-Reinach, Nécr.
de Mgrina, pl. xvn, 2, p. 335-6; Robiou, Ch. -d'œuvre de l'art antique, pl. xx.
_ 26 Guhl et Kouer, Vie antique, 11, fig 168 p. 226, trad. Trawiuski.
MEN
— 1724 —
horizontales qui en assuraient l’adhérence et la fixité1.
Les pieds ou trapésophores 2 avaient des formes dif¬
férentes et qu’il nous faut passer rapidement en revue.
La plupart s appuient sur des grilles de lion et les
exemples en abon¬
dent dans les mu¬
sées 3, mais les
jambes pouvaient
appartenir à d'au¬
tres animaux,
comme équidés ou
boucs 4. Le fût lui-
même est plus ou
moins simple.
Tantôt il est inflé¬
chi et le genou du
fauve est marqué,
ainsi que les vil¬
losités et les mus¬
cles de la cuisse 8
(fig. 4908, 4911);
tantôt il est droit
et très orné, creusé
de cannelures ver¬
ticales, d’oves Ré¬
parés par des bou¬
tons épanouis, de
spirales et de ro¬
settes, tous motifs
entremêlés de rin¬
ceaux et séparés
par des filets horizontaux6. La fantaisie des décorateurs
hellénistiques s’est exercée sur ces points de détail et les
modèles qu'ils ont établis ont été fidèlement suivis par les
copistes romains. La partie du pied qu’ils se sont le plus
appliqués à diversifier est naturellement l’attache supé¬
rieure , celle
qui étaitla plus
apparente, la
tête du support
débordant tou¬
jours hors de
la plate-forme.
Ici les motifs
purement ani¬
maux aller-
nentavec d’au¬
tres qui sont
empruntés à la
mythologie ou
même à la vie
courante. Les ancien n’éprouvaient aucun scrupule à
couronner des griffes de lion par la représentation
d’une figure humaine (fig. 4909). La partie inférieure
Fig. 4909. — Table de bronze à pieds mobiles.
ck,
Fig. 4910. — Table à pieds pliants.
l Certains exemples de guéridon où l’on ne voit que deux pieds paraissent être des
simplifications de l’artiste, qui a supprimé le troisième pied ; voir, par exemple, Alt-
mann, De architectura et ornamentis sarcophagorum, I, p. 28 et pl. — 2 Poil. On.
6, 83 ; 10, 69. — 3 Stephani, Der ausruh. Herakles , pl. vii, 1, p. 47 (C. i. gr. 2322 B,
84), relief d’Athènes. — 4Micali, L’Italie av. les Rom. pl. xxxvn, p. 10, éd. franc, de
1824 (urne de Volterra) ; Stephani, C. rendu, 1860, pl. i, p. 5-38 — Vasens. II, p. 316-
320, 1791. — 5 Mau, Pompeji , p. 428; Stephani. Der ausruh. Herakles , pl. vu, 1.
— 6 Robiou, O. I. pl. xxv, 3. — 7 Mus. Borbon , III, pl. xxx et voir plus haut fig. 4908.
— 8 Pieds de Thespies (fouilles d’Erimokastro) ; Not . d. Scavi, 1 901 , p. 1 01 , fig. 53 (pied
trouvé à Rome près du lacus J utvrnae) ; Mau, Pompeji, p. 428, fig. 229, etc. - 9Micali,
L. I. — 10 Matz-Duhn, Ant.^Bildwerke in Rom , 3718, t. III, p. 128; Overbeck-Mau,
du support était considérée comme comnliu
pendante de la seconde : généralement . 0nJent lndé-
entre les deux éléments superposés était fol
épanouissement de feuilles d’acanlho k Par Un
dont émergeait le sommet du fût 7 ’ p °Uquel lloral
— _ Ut ’ Par™ ces cou-
Fig. 4911. — Table de marbre.
ronnements simples, nous mentionnerons la tête de
lion (fig. 4911) 8, la tête de bouc3, les protomes de
griffons (fig. 1201) la tète de lion cornu ou de lion-
bouc (fig. 4912)" qui n’est autre que la protome de
griffon telle que la représentent déjà les vases de Cyré¬
naïque 12, la tête de
sphinx encadrée d’ailes
relevées13. Les hermès
dionysiaques, de type
masculin "ou féminin15,
serventde transition aux
figures plus compliquées
(fig. 4909) 16 . C’est un
buste de jeune Satyre,
les mains aux hanches,
la poitrine traversée
d’une peau de fauve17;
un buste d’enfant nu,
jouant de la syrinx 18 ;
un corps d’Ëros ailé,
adossé à un pilier et tenant des deux mains un jeune
chien dont il s’amuse à tirer le poil19; une protome
de jeune fille, et portant devant elle un coquillage2"; un
buste de Nikè 21 ; un
enfant ailé serrant
une oie entre ses
bras 22 ; une tête op¬
posée à un bucrâne
ou à une coupe23 ;
un corps d’Érosailé,
vêtu d’une nébride
et dont les mains
abaissées tiennent
des fruits dans une
Fig. 4912. — Piod de table en marbre.
patère 24 ; un buste
relevées suppoi -
analogue, à demi-nu, et dont les mains
tent un grand coquillage28. Il est plus rare <lu
ni 3708-3710, 3/1-»
Pompeji , p. 422. — n Matz-Duhn, 3711, p. 127 ; 3 / 15, • ’ r' ’ Cat Us. Vlbl-
111, p. 127, etc. ; Overbeck-Mau, Pompeji, p. 422. — - A-' l86(-,, pl. ‘4
Nat. 408, note (cf. le vase de Xénoplianlos, Stephani, • ' XIÏ, I --
— 13 Matz-Duhn, 3720, p. 128; Robiou, Ch.-d'œuvre de ar a> 'on \V, |>l- 11
— 14 Anzeiger, 1899, fig. 3, p. 124 (trésor d’Hildesheim) ; A u . ^ .aune anti-
(tête d’Eros). - >5 Not. d. Scavi , 1900, p. 600 (Poropei, trapé* p ^ ^ 129-130-
que). — 16 Mus. Borbon. XV, pl. v..- « Matz-Duhn, , 373*, p. IS9-1»-
— ISId. 3723.— 19 Id. 3722 B. p. 129.— 20 Id. 3723, p. 1- • Ibid. ArC >'
— 22 Description de Zoega, citée par Matz, t. III, P- ,3n’ 110 m._\yicsclcr, P1- *IIV’
Zeit. 1862, pl. clviii, 5, p. 23-12 (Musée de Bologne). - 1
556 (cotl. Caylus) ; Arch. Zeit. 1862, pl. clviii, 4 (Musée de
MEN
1725 —
MEN
i nii'pr nar exemple un sphinx1, serve de pied à
d'ani"ia , 4913).
!'r motifs se compliquent d’une décoration ornc-
ii couvre le bandeau de hauteur variable par
inl" J Imt reliées entre elles les tètes des supports. Mais,
le(Ill|'l|i'S|lace) qui était moins en vue, les anciens se con-
®ct . ( (jfi sujets de moindre importance eL d’une bana-
tend, , C’était une plante ou un motif floral2,
litc plus’ granuu. u r
couronne ou des palmes entre-croisées3, une torche
"n lia minée \ une corne d’abondance3, une amphore
uJurée de bandelettes6, des feuilles d’acanthe7, un
oiseau perché dans des branches8. Aucun de ces motifs
’uh'dternes ne risquait de distraire l’attention de l’élément
rincipal de la décoration qui restait les têtes des
supports. Quant à la plate-forme supérieure, elle pouvait
èire de bois, de marbre ou de métal; elle paraît, dans
lous les cas, n’avoir différé que par le luxe de la matière,
et non par la forme qui restait toujours ronde : le plateau
conservé dans le trésor d’Hildesheim 9 est à peine décoré
sur les bords d’un simple listel. Le pied reste la partie
importante de la table, la plus en vue et celle vers laquelle
se portait tout l’effort de l’artisan.
VI. — La table à quatre pieds n'est pas une invention des
Grecs10. Les Égyptiens11 et les Assyriens12 en connais¬
saient déjà l’usage. Ils ne se contentaient même pas des
supports verticaux, indépendants les uns des autres et
soutenant isolément la plate-forme supérieure. La mensa
aux jambes croisées que les Étrusques 13 transmirent aux
Romains se retrouve déjà sur des monuments assyriens14,
phéniciens13 et hittites16. Il s’est conservé de l’un et de
l'autre type un grand nombre d’exemplaires, non seule¬
ment en pierre ou en marbre17, mais en bronze 18 et en
terre cuite 19. Les pieds peuvent être simples et droits 2U
(fig. 522, 2813), ou légèrement renforcés à la tête et à la
base-1; ils ont parfois la forme de colonnes avec chapi¬
teau, tore etmoulures horizontales 22,mais ils ont, le plus
souvent, la forme de griffes23 et imitent, tant bien que mal,
les jambes d’un fauve. Sur un vase du British Muséum, on
voit, accolés deux à deux, deux pattes deNcerf et deux
pieds léonins24. Tous ces supports étaient naturellement
reliés entre eux, soit par des barres horizontales23, soit
par un dispositif plus compliqué. On peut signaler, à ce
point de vue, la table enterre cuite de Gnathia, conservée
à 1 Antiquarium de Berlin (fig. 4914) 26 : un bandeau assez
large et décoré court en bas de la dalle, tout le long des
longs côtés, mais s’arrête sur les petites faces, à peu de
distance des supports ; une ouverture se trouve ainsi
ménagée dans cette partie accessoire de la mensa , où
e poids à porter était moins lourd et où les pieds, par
sulfe, avaient moins besoin d’être renforcés. Quant à la
plate-forme supérieure, elle était, presque sans excep¬
tion, rectangulaire27. Je ne connais qu'un exemplaire
d’une table ronde à quatre pieds : il est votif et appartient
à l’art primitif de l’Italie28, car on ne peut guère ranger
ici les guéridons à trois pieds, soutenus par un pilier
central29 : ce renfort, nécessaire dans certains cas pour
porter un poids très lourd, ne change rien au caractère
de la mensa , qui rentre dans la série des delp/iicae
(p. 1723). De même je ne parlerai pas ici des bas-reliefs
qui s’encastraient parfois entre les pieds des trapézo-
Fig. 4914. — Table à quatre pieds.
phores 30 : les tables, ainsi pleines et couvertes sur les
quatre faces, se distinguent malaisément des bancs, des
autels, ou même des sarcophages.
La table rectangulaire à quatre pieds parait remplacer
peu à peu la table ronde à trois pieds dans les usages' de
la vie chrétienne (fig. 19, 523, 4830). C'est ainsi qu'elle
est parvenue au monde moderne31.
Nous signalerons, par contre, une table d’espèce parti¬
culière, dont la dalle, exhaussée du sol, est soutenue par
deux pieds seulement, mais qui sont en forme d’ani¬
maux, réels ou fantastiques. Les Grecs paraissent avoir
imaginé cette Tp»7tsÇ« pour des raisons religieuses, et,
selon qu'ils consacraient l'ex-voto à telle ou telle divinité,
ils lui donnaient, suivant les cas, un support différent.
Les plus curieuses de ces tables ont été découvertes sur
l’Acropole d’Athènes. Elles se composent de deux plates-
formes de bronze, le long desquelles s'allongent les corps
de deux chevaux qui les encadrent en même temps
qu’ils les soutiennent32. Comme les deux Tix-sÇat ne
sont pas de même style, ni, par suite, de même date, il
n’est pas interdit de penser qu'il y en eut d'autres con¬
sacrées sur l’Acropole, et il n'est pas impossible qu’on en
découvre en d’autres lieux. De fait, j'ai publié un miroir
du British Muséum, dont l'Aphrodite, qui supporte le
disque, se dresse elle-même sur une plate-forme pareille,
soutenue par deux Pégases33. J'ai tenté de montrer
« ’j)*' ftorbon. IX, 13, 2 ; Overbeck-Mau, Pompeji, 4» éd. p. 428, fig. 229
_ j ! ~ - Matz-Duhn, 3708. — 3 [d. 3709. — 4 Id. 3711. — S Id. 3714.
‘ 1 ' ~ 'ld. 3720. — 8 |d. 3721. — 9 Jahrbuch, Anzeiger, 1899, p. 121
|t p . L - Magn. ; Et. Gud. s. v. TçàiceÇa. — 11 Perrot, Hist. de l'Art,
71 'ji*9; ,p- 796 ; Md. fig. 170, p. 258. — 12 Ibid. Il, fig. 28, p. 107; fig.
Mar-, / p' — 13 Zannoni, Certosa, pl. xix, xxii, xxm; Gozzadini,
roi //”),,0’.pl; !iv“1’ 81 Schumacher, Br. de Karlsruhe, 320-3, p. 55-6.— 14 Per-
teckneio, • 1 ^rl' *b fig- 155, p. 342. — 18 A. de Ridder, Br. du Polg-
— 16 Iv.j. 1 P 19"-9i Perrot, O. I. III, fig. 550, p. 783 (patère d'OIympic).
d'WararT)°'l n ‘‘ 'V’ ^ 28°’ P' 556 ; fig’ 28 P' 537 : fig’ 282’ P' 559 <stèles
1884, p gjj'.p. . ' ^ot- d- Scavi, 1901, p. 148, fig. 4 (Ponipei). — 18 Arcli. Zeit.
Thapsos) G !IU5’b~~ 19 M°n. Ant. dei Lincei, VI, pl. v, 13, p. 129, 1 (nécropole do
— 20 ^ Fl ,laifb Akad. Abhandl. pl. lxh, 2, p. 566 (table de Gnathia) ; fig. 4914.
il U) 0or/)r {‘(lcler* fat. Vas. Bibl. Nat. 431 (Millin-Rcinach, pl. lv, p. 34);
p. 35-6 ; Si. |1' P'- Iavn (point- de Pompei). — 21 Millin-Rcinach, I, pl. ux,
P61,111’ ' 'ïsens. I, 812, p. 331. — 22 Gerhard, Akad. Abhandl. pl. lxu,
2, p. 566 (table de Gnathia) ; fig. 4914. — 23 Fig.Oettl; Babelon, Cab. des Antiq.
pl. xi.v, p. 145 (canthare dit des Ptolémées ou de Mithridale, au Cabinet des
Médailles); Bev. arch. n. s. XIX, 1869, p. 139, fig. 1-3 (médaillons de Pergame
et de Byzance)' Bull. mon. di Borna, 1885, pl. xxi, p. 235 (Mithræum des Jardins
deSalluste). — 2tPanofka. Cab. Pourlalis, pl. xxxiu, p. 111 ; C. Smith, Vas. Brit.
Mus. III, E 205, p. 168. — 25 Canthare de Mithridale, voir note 23 ; Tischbein, V,
pl. xr.vu (Reinach, Bépert. p. 346); Millin-Reinach, I, pl. ux; Stepliani, Vasens. I,
812, p. 331. — 26 Gerhard, Akad. Abhandl. fig. 62, 2, p. 566. — 27 Mus. Borbon.
IV, pl. xlvii (vue perspective) ; Boem. Mitlheil. 1901, p. 337, fig. 2 (Pompei).
— 28 Not. d. Scavi, 1900, p. 525, fig. 2 r. Este. — 29 Clarac, pl. cclx,
dcxlvi (Louvre). — 3(1 Millin, Galerie mythologique, pl. i.v, 271 ; Helbig-
Toulain, Musées de Borne, I, p. 80-1, 135 (villa Negroni). — 31 Voir
Garrucci, Storia dell’ arte cristiana, pl. ccxv, n* 3; cf. pl. cclxii, n» 2.
_ 32 a. de Ridder, Catal. des Bronzes de l'Acropole, p. 183-4, fig. 154-5
(6694, 6549); Bull. corr. hell. 1898, p. 211-2. — 33 Bull. corr. hell. 1898.pl. i,
p. 201-232.
217
MEN
— 1726
qu'ici encore le choix du symbole n’avait pas été nidifiè¬
rent el qu’à Corinthe, d’où ce bronze paraît provenir, les
chevaux ailés avaient avec la déesse un rapport histori¬
quement établi et prouvé par les séries monétaires.
Quoi qu’il en soit de ce rapprochement, je verrais un
souvenir de ces supports animaux dans les sphinx assis
que nous retrouvons sur le canthare du Cabinet des
Médailles'. A Pompéi, on trouve aussi des tables en
marbre de ce type '2.
N II. — 11 reste à mentionner des mensae de forme rare,
à six3 et à huit pieds v, sortes d’établis posés sur des
tréteaux. Quant à la incnsa lunata , que les Romains
dressèrent devant leurs soplias mi-circulaires (fig. 4831),
nous n’en connaissons que de très rares exemples 5, et il
ne semble pas que l’usage en ait été aussi courant qu’on
le prétend généralement.
VIII. — La matière des tables était naturellement des
plus variées. La plupartdevaientêtre en bois simple ouen
marbre d’espèce commune. Mais il y en avait à pieds
d’ivoire6, en bronze', en argent8, en cuivre argenté9,
en or10; certaines étaient incrustées de pierreries" ;
d’autres n’étaient qu’en bois, mais ce n’étaient pas les
moins précieuses, car on recherchait pour elles les essen¬
ces les plus rares [materia, p. 16:29 et suiv.] : c’étaient
les fameuses mensae citreae , en thuya ou citre, que les
Romains payaient fort cher (jusqu’à 1 400000 sesterces) 12.
Ces meubles de prix ne servaient naturellement que dans
de rares occasions : on les recouvrait d’ordinaire de
housses ou de nappes [happa]. La provenance de ces
tables de luxe est généralement la Grèce. On réputait les
tables de Sicile'3, de Lacédémone", de Délos'3, d’Asie
Mineure'6: c’est au triomphe célébré en 187 av. J.-C., à
la suite de la campagne de Manlius sur les Galates, que
parurent pour la première fois à Rome11 ces meubles
de grand luxe; jusque dans l’art industriel, la Grèce
imposa ses modèles au goût romain. A. de Ridder.
A1EXSOR. — Comme l’étymologie l’indique, on nom¬
mait mensor , à l’époque romaine, un personnage chargé
de mesurer; suivant la nature des objets mesurés et le
genre de la mensuration, le terme a pris une valeur par¬
ticulière. Appliqué à la mensuration des longueurs, il
désignait un ingénieur, un arpenteur, un géomètre, un
architecte même ; à la mesure des grains, un employé de
l’annone chargé de la vérification des arrivages de blé.
A. 1° A rpenteurs. — L’arpentage a donné lieu à un ar¬
ticle spécial [agrimensor]; les procédés techniques em¬
ployés sont étudiés aux articles geodesia et Stella. Les
inscriptions font souvent mention de mensores arpen¬
teurs géomètres. On les rencontre soit dans la domes¬
ticité de l’empereur1, soit dans la classe des ingénus2,
à Rome3 ou dans les provinces4.
1 Babelon, L. I. — 2 Mus. Borbon. IX, 43, 2; Gusman, Pompei , p. 127, 289 et
293; Overbeck-Mau, Pompeji , 4" éd. p. 422. — 3 Rich-Chérucl, p. 399, 1 (d’après
le Virgile du Vatican). — 4 Jahn, Abh. d. Gôtt. Wiss. XII, pl. vi, J (peint, d’ücr-
culanum). — r> Aringhi, Rom. subtorran. II, p. 3G ; Campana, Di due scpolcri del
secolo di Augusto, 1843, pl. xiv. — « Luc. Gall. 14. — 7 JahrtAich, Anzeiger , 1899,
p. 121 ; Mus. Borbon. 15, pl. vi. — 8 Bull, corr.hell. 1882, p. 118 (Délos) ; Dig. 33, 10,
•1» 3. — 9 Bull. covr. hell. 1882, 118 (tpaise^av ic£?(7)?yup<o}&svT}v). — 19 Alben. 15,
093 E (Syracuse) ; Dig. 33, 10, 3, 3. — 11 Dig. 33, 10, 3, 3. — 12 Mommscn-
Marquardt, Privât ail ert h. p. 702; Cic. Verr. II, 4, 17; Pctron. 119, 27; Plin.
XIII, 91, 102; Dio Cass. Gt, 10. Tables d’érable : llor. Sat.l I, 8, 10; Mari. XIV, 90;
Ov. Met. Xll, 254. — 13 Pial. Hep. 3, p. 404 rf; Athcn. XII, p. 518 c; Cic. Tusc .
5, 35, 100; Hor. Od. 1, 18. — 14 Plut. Lyc. 9. — 13 Alben. 11, p. 48G e (Critias) ;
Plia. 34, 4, 9; 33, 51, 144; Cic. Verr. 2, 72. — 16 Boeckh, Staatsh. II, p. 153;
Athen. 1, p. 28 B; 5, p. 205 B; 11, p. 486 e. — 17 TU. Liv. 39, G; Plin. 34, 14.
— Bibliographie. — Blümner, Technologie u. Terminologie d. Gevcerbe u. Künsie
MEN
G) O
- A™hitectes. - Ce sont aussi les ina ■
nous font connaître les mensores aedinl pll0ns qui
ôsàtamaisonduprinnT^^
seulement des constructions impériales^- ]^CCUpaient
étaient attachés _ . . . „ln
nnce et s’
cuons impi
qu’ils exerçassent dans la capitale ou ailleuV^ iU'lres’
leur expérience au service des particuliers11 .®eltaienl
ds ne doivent pas être confondus avec îJ
[architecti], mais il est difficile de dire on
ment ils en diffèrent. ,U01 Pr°prel
3° Ingénieurs militaires. - On donnait aussi le m
mensor à des soldats légionnaires. Toutefoi G de
qui nous parlent de ces ingénieurs
ment d’accord sur leurs attributioi
)ls les auteurs
ne sont pas absolu¬
es ; ils les confondent
avec ceux qu’ils nomment metatores Ainsi
1131 v egece et
Ilygin attribuent à ceux-ci la mission
de choisir
cernent du camp et d’en fixer les grandeslignes ceux là
ayant comme fonction de s’occuper des détails du tracé
Pour d’autres les rôles sont renversés [castrorummetatori'
La question se simplifie si l’on interroge les inscriptions-
elles ignorent le mot metator ; on n’y rencontre que le
terme de mensor , qui est assez fréquent \ Celles qui nous
donnent quelque détail à leur sujet ne permettent pas de
douter que les mensores militaires soient des géomètres,
des arpenteurs. C’est à eux qu’on a recours, par exemple,
lorsqu’il est nécessaire de fixer une limite contestée entre
deux peuples voisins8. Rien n’empêche, d’ailleurs, que,
le titre de mensor étant le titre officiel, permanent, on ait
choisi certains des mensores pour leur confier la mission
de marchera l’avant-garde et de délimiter l’emplacement
du camp ; ceux-là joignaient au litre de mensor celui
de metator : cumul qui expliquerait le rôle secondaire
attribué par certains auteurs aux mensores ordinaires.
B. Employés de l'annone. — Quand le blé arrivait à
Ostie apporté par les naviculaires [annqna, navicularii], il
fallait, pour éviter toute fraude, vérifier la quantité
débarquée ; une surveillance analogue était nécessaire au
momentoùonle rembarquait sur les chalands qui remon¬
taient le Tibre, lorsqu’on le déchargeait à Rome, enfin
toutes les fois qu’on le transportait des magasins iior-
reum] aux boulangeries. Ce contrôle étaitconliéadesagenls
nommés mensores frumentarii 9, constitués en corpora¬
tion . A Ostie, les inscriptions nous les fontcon naître sous le
nom de corpus mensorum f rumentariorum Ostiensnun
ou, au ii° siècle, de mensorum f rumentariorum <<eic-
ris Augustae ". « A la même époque, di t M . AA altzmg ,
on rencontre un corpus mensorum frumentaïuninn
adjutorum Ostiensium , ayant le même président qm l S
collège des nauticarii et des acceptons. Ces deux <
nières corporations portent du reste aussi les 0">n
corpus mensorum f rumentariorum acceptorum A
pus mensorum f rumentariorum nauticarioi um
bei Griechen u. Rômern , i. II, 1879, p. 238-357, et passim ,
p. 179-192, p. 285-6; 1885, p. 287-290
. Arcli. Zeit 1*8*.
.8913 (affranchis) ; cf- 3988
MENSOR. i Corp. inscr. lat. III, 2128 (esclave) ; VI, 89I2-°v.»t“ •
(attaché àla domesticité de Livie). — 2 Jbid. III, 1220,21 24, VI, RIS,
VI, 198, 905, 3988, 4241, 0321, 8912, 8913, 9619, 9621. - " XIV, 23: I,
2424; V, 6786. Le mensor idem sacomarius d'Oslic (Corp. ^ un yài-
1109) parait être soit un fabricant de poids el mesures 591 . , 1.0,
ficateur. — 3 Ibid. VI, 8933 ; cf. Hirsclifeld, Verwaltungsgc ' ^ £p. X,
note 2 . — 0C. i. I. III, 2129 ; VI, 1975, 9022-9625 ; XIV, 303-, ' p- « et
18; cf. C. Promis, dans les A/cm. delt Accad. di Torino , sér. ’ .. ' ' ,fi 30iS, etc.
suiv. — 7 C. i. I. III, 586, 3433; VII, 420; VIII, 256*> -856’ ' ' ° ' 73; l.icbc-
- « Ibid. III, 580. — 9 Pigeonneau, De convect. urbanae annon ^ionnelles cl“:
nam, Rôm. Vereinwesen , p. 74; Waltzing, Les corporations H; » 364, 438,
les Romains, II, p. 63. — 10 Corp. inscr. lat. XIX , -> iM ^ \
4139. _ il Ibid. 409. — Op. cit. p. 63. — 13 Corp. wscl •
MK N
— 1/2/
ML.,
iL penser 1 que les mensores adjutores, les
ce qul a •a',L les acceptores formaient troissections diffé-
0uliC(lrl'unème collège do mensores, sans qu’on puisse
renleSI .yice spécial de chacune. » Ultérieurement,
récisel> lc s
4915. — Contrôleur des pesées.
les contrôleurs d'Ostie se rencontrent sous la désignation
de mensores Portuenses 2; ils étaient chargés alors de
garder les greniers de Portos b
8 Les mensores de Rome formaient, de leur côté, une
autre corpora -
lion. Ondes nom¬
mait mensores
machinant fru~
menti /ntbiici b
M. Waltzing fait
remarquer que ce
sont les seuls qui
portent ce sur¬
nom. L'explica¬
tion en est don¬
née par une scène
gravée sur une
coupe de verre du
iveouduvesiècle(fig.491u)s.On y voit un personnagevêtu
de la paenula, fonctionnaire de l’annone, qui préside à
un pesage. Devantlui une grandebalanceestmontéesur un
chevalet {machina). Deux chevaux conduits par des valets
_ _ _ _ _ en tuniques courtes
Fig. 4910. — Employés de l'annone.
1KINV5
tirent des voitures
chargées sans doute
des denrées que l’on
se propose de pe¬
ser (les voitures
n’existent plus). Ce
n’est pas d’ailleurs
la seule représen¬
tation de cette sorte
que nous ayonscon-
servée. Une fresque
du cimetière de
Sainte - Domitille
(fig. 4916) nous
J homme debout tenant une balance ; à côté, un
j n.S,l\ A’ umentarius porte à la main une règle B destinée
llu 1 1 le contenu des modii qui sont par terre, à ses
Tkt II ^afSa^ 1,bid- ad "• 2.-2 C. i. I. VI, 1759 ; Cad. Theod. XIV, 4, 9. - 3 Cod.
— 6 Cf là f ’ *'■ ^ '* L 85. — B De Rossi, Annali, 1885, p. 230, lav. d'agg. I.
189s# |, ,(-7 I|11 se,itation d une règle et d’un modius dans Ie9 Notizie degli Scavi,
e,l 'luostion da|,IH ^tgr. 1899, n. 99). C'est peut-être de règles de celte sorte qu’il
'"'«ires d't ■] ^ "nC r^P0DSC lln fonctionnaire de l’annone à une requête des navi-
Ul«s, 8. ^S_Ann-(pigr. 1899, n. 161 ; Bull, tpigr. 1900, n. 1351 ; C. i. I. III,
tt.pt.’,. # ( ,lPerti Jtüm. Quartalschrift (1887), p. 20 et suiv. (cf. 35 et suiv.)
■ r VI, 39; Wilpert, L. c. pl. u ; Marligny, Dict. des ant.
Fig. 4917. - Uu ,
pieds7. Un bas-relief funéraire du Lalran nous présente
pareillement (fig. 4917) l’image d’un mensor , la règle
à la main, se préparant à égaliser la surface supérieure
d’un boisseau d’où sortent des épis 8.
11 y avait aussi des mensores dans les provinces, à l'en¬
droit où l’on centralisait ou embarquait les denrées des¬
tinées à l’annone °.
Ces mensores jouissaient de certaines immunités qui
leur sont fermement reconnues par le Digeste l0.
Certains passages du Code Théodosien nous prouvent
que, bien que chargés d’empêcher la fraude, ils n’étaient
pas eux-mêmes sans reproche à cet égard; on y voit, en
particulier, qu’ils s’entendaient avec les caudIcarii 11 pour
substituer au froment destiné à la nourriture du peuple
de Rome un blé de qualité inférieure. R. Cagnat.
MENSOK1UM. — Mot de la basse latinité pour désigner
un grand plat creux1 [catinum, discus, lanx, mazonomon,
pinax]. Il se confond aussi avec missorii m 2.
MENSURA. Mérfov. Mesure. — Origine des mesures de
longueur. — Les noms des unités de mesure des petites
longueurs , en
grec et en latin,
sont empruntés
aux membres du
corps humain, et
décèlent par là
même leur ori¬
gine, déjà recon¬
nue par les mé¬
trologues de l’an¬
tiquité 1 . Cette
origine remonte à
une époque pour
laquelle les té¬
moignages écrits nous font défaut aussi bien que les
monuments, et elle doit exclure l’idée d’une régulation
primitive. L’homme a dans son propre corps les moyens
d’effectuer des mesures en les rapportant à une unité
qu’il peut toujours retrouver sur lui-même, et qui, à une
époque où la précision n’est pas nécessaire, peut être
regardée comme étant pratiquement la même d’un indi¬
vidu à l’autre. Voilà le premier stade ; le second consiste
dans la coordination entre les déverses dimensions que,
suivant les cas, on choisissait comme unité pour la plus
grande commodité; cette coordination se fait en établis¬
sant des rapports numériques simples entre ces diverses
dimensions, ce qui entraîne leur subordination à une
unité choisie comme principale ou fondamentale, parce
qu’elle est la plus usuelle. Ces rapports numériques
simples sont conventionnellement regardés comme rigou¬
reusement exacts ; en fait, ils sont seulement aussi
approchés de la réalité que cela est utile pour les besoins
de la pratique. Enfin, au troisième stade, intervient
l'action régulatrice de la communauté sociale pour fixer
avec précision un étalon de l’unité principale; mais cette
action de la cité ne crée pas le système des mesures, déjà
chrét. p. 467 ; Krause, Beal-encycl. der christ. Aller! h. p. 401. — 9 Cod. Just.
L, 5, 10, § 1. — 10 Ibid. XXVII, t, 26; L, 5, 10, § 1. — U Cod. Theod. XIV, 4, 9; 15,
I ; cf. le commentaire de Godefroid à ce propos tt. V, p. 201, col. 2, éd. de 1738).
MENSOUIUM. t Cassiod. Hist. Eccl. X, 15. 11 s’agit d’Ilérodiade recevant dans
un plat la tête de saint Jean. - V oir Du Cange, Glossarium med. et inf. latiuitntis ,
s. v. On a même lu « in missorio » dans le telle cité de Cassiodore; cf. Forcellini,
Tôt. lat. lexicon , s. v. Missorium.
MENSURA, 1 Heronis Aies. Geom.éd. Ilullsch, p. 47, 4 ; Poil. 2, 157.
MEN
constitué dans le stade précédent; d'autre part, comme
1 étalon adopté n est en fait qu’une dimension moyenne
de telle ou telle partie du corps humain, l’emploi effectif
de cette dimension par les individus subsiste naturel¬
lement à côté de l’emploi de la mesure officielle, toutes
les fois qu’une précision particulière n’est pas réclamée.
L unité principale de longueur chez les Grecs et les
Romains est le pied (tcoû;, pes), c’est-à-dire la longueur
du pied, qu'il faut supposer chaussé, ce que nos enfants
appellent une semelle. Cette unité semble avoir également
été nationale chez les peuples celtiques et germaniques,
et elle n'a pas encore été complètement supplantée par le
//h / 1 e . Mais la division courante du pied, au moyen âge
et dans les temps modernes, est la division en douze
pouces , or, si les Romains ont appliqué au pied la division
duodécimale de leur as (voir ce mot et aussi l’art, pondus),
ds ont toujours dénommé uncia la douzième partie, et
même, dans Isidore1, le polie x (travers du pouce) n’est
évalué qu’au quinzième du pied. La dénomination de
pouce est donc d’origine barbare, s’appliquant proba¬
blement au pied nu, mais en tout cas passablement
inexacte. D un autre côté, concurremment avec la division
duodécimale, les Romains ont couramment employé la
même division que les Grecs, sans qu’on puisse déter¬
miner s ils laleur ont empruntée de très bonne heure ou si
elle remonte avant l’époque de la séparation des deux
nations de leur souche commune. Cette division classique
pai tage le pied en quatre travers de main (TrxXouffTv;,
pal mus, paume) et la paume en quatre travers de doigt
(BxxtuXoç, digitus). Le pied vaut donc 16 doigts ; les frac¬
tions plus petites n'ont pas de désignation particulière.
Comme unité plus grande que le pied, les Romains
n ont eu en réalité que le double pas ( passus ) et le pas
simple (?T,ua, gradus ), respectivement réglés à 5 pieds et
à 2 pieds et demi, et qui sont la base de leurs mesures iti¬
néraires. L'aune ( ulna ) de 4 pieds, mesurés de l’épaule
gauche à l’extrémité de la main droite étendue (métrage
des étoffes), n’apparait que dans les textes du moyen âge.
Chez les auteurs classiques, le sens du mot ulna est
ambigu; Ovide2 et Virgile3 paraissent entendre une lon¬
gueur de 2 pieds, Pline 4 celle de 6 pieds (l’ôpyutoc grecque).
Les métrologues et les grammairiens grecs3 nous ont,
au contraire, conservé nombre de termes désignant des
dimensions corporelles, avec des évaluations précises,
auxquelles il ne convient pas pourtant d’attacher une
importance très grande : le xôvouXoç (longueur d’une
phalange), 2 doigts, — le Sàipov (terme homérique) 6, la
SoXFâ (Aristophane) • ou oaxTuXoS<>yp.-q, équivalents à la
paume de 4 doigts, — le otyâç ou demi-pied, 8 doigts, —
la Xt yâç (petit empan, du pouce à l’index), 10 doigts, —
l’ôpOoSwpov (longueur de la main à partir du carpe),
il doigts, — la ff7ci9apnj (empan, du bout du pouce à
celui du petit doigt), 12 doigts, — la TtuyjjLv) (du coude à la
naissance des phalanges), 18 doigts, — le rcuyuiv (du coude
au bout des phalanges, la main fermée), 20 doigts.
Mais, dès leurs premiers rapports avec les peuples
orientaux, les Grecs les trouvèrent en possession de
systèmes de poids et de mesures déjà parfaitement
étalonnés; chez ces peuples, l’unité principale était non
pas le pied, mais la coudée (7rijyoî, cubitus) (du coude à
1 Metrol. script. 11,136, 14. — 2 Mot. 8, 748. - 3 Bel. 3, 104; Georg. 3, 335; cf.
Hor. Ep. 4,8.— 4 Hist. nat. 16, 40, § 202 ; cf. 16, 32, § 133. - 5 Voir l'indes des Mé¬
trologie* scriptores de Hullsch. - 6 Hom. U. 4, 100 ; Iles. Op. 426. — 7 Equit. 318.
l’extrémité des doigts de la
les Égyptiens en 24 doigts
mîlin étendue) L
donc
’ la c°udée valut do,!!'!''' cheï
Grecs un pied et demi ; dès le temps d’uZJT P°Ur«*
était aussi familière que leur unité <.° L'* °l'e leur
spithame (empan), comme demi-coudée , ‘le’ el la
aussi naturellement dans le système grec & dès lors
Enfin, la plus grande dimension du corn, i
brasse (ôpyuiâ), mesurée entre les extrém i ■ 1Umam' la
étendus, et comptée pour 6 pieds, complète bl'as
grec des mesures de longueur ordinaires ■ r SySlènie
dimension est identique, dans l’homme bL fr ^
de la taille, Yorggie peut également
ah, à celle
ancienne toise de 6 pieds.
Mesures agraires.
empruntées au corps
«présenter noir.
.Vemres agraires. - Les mesures qui précMeil
. .. , . ni main, et qui constituent
système véritablement naturel, suffisent pour les b
de l’architecture el du commerce des tissus HvuT
mesures agraires, il faut des unités plus grandes, que Z
Grecs déduisirent du pied suivant une progression déci
male. La perche du laboureur (axatva, pertica deceml
Peda) a 10 pieds ; la longueur du sillon après laquelle
on laisse souffler les bœufs de labour et l’on revient en
arrière (TrÉXi-Opov, TrXsOpov, vorsus , aclus) est de 10 percha
ou de 100 pieds. Le même terme de plèthre désigne le
carré de 100 pieds de côté, qui est l’unité agraire.Vori-
gine de ces mots ne doit pas ici faire supposer l’emploi de
mesures plus ou moins arbitraires avant l’adoption de la
progression décimale ; celle-ci remonteau moinsàl’époqtie
que nous avons désignée comme second stade mélrolo-
gique, et est incontestablement antérieure à la période des
poèmes homériques9. Mais dans ceux-ci, àcôtédup.Zéf/ir<?,
on trouve une mention d’une autre mesure agraire, la
yjY], dont l’étendue n’était plus connue à l’époque clas¬
sique. Les inscriptions d’Héraclée10 (colonie de Tarente)
y ont fait connaître l’existence d’un yiWg, mesure agraire
locale, que Ilultsch 11 évalue à 50 plèthres (attiques).
Le système de progression décimale fut aussi, en
général, celui des anciens peuples italiens lOsques,
Umbriens), mais les Romains le modifièrent pour appli¬
quer aux champs le système de leurs fractions de l’as
Ils portèrent à 12/jerc/ics ou à 120 pieds la longueur de
Vactus ; d’autre part, ils doublèrent Yactus carré pour
obtenir leur unité principale, le jugerum , qui vaut ainsi
28800 pieds carrés, en sorte que la plus petite fraction
de Y as-unité, le scripulum, correspond à 100 pieds carres
ou à la perche carrée. La nomenclature des mesures
agraires romaines serait d’ailleurs à augmenter, d apres
Columelle12, du clima, quart de Yactus carré; d après
Varron 13, de Yheredium, 2 jugera ; — la centurie ,
100 heredia; — le saltus, 4 centuriae. Mais ces derniers
termes, appliqués dans le cadastre des colonies, ont en
réalité correspondu à des surfaces variables, dapies
l’importance donnée au lot attribué à chaque colon.
Mesures itinéraires . — Mille passas de 5 pieds foi 1111 *'
le mille romain (pu'Xiov), d’après lequel les '0I,S ^
l’Empire furent mesurées et bornées. L unité gIU(Iue
un tout autre caractère ; chez ce peuple ardent aux -p1 1 ’
male quun
le stade («rraotov) représente la distance nor
coureur peut parcourir à toute vitesse sans
stade s’ajoutent son double, le Si'auXoç, son <|
s souffler. Au
quadruple
• i 178 sur la n‘*P‘oî
— 8 Voir en particulier llerod. 2, 149 et 1G8, comme aussi , ^ ^ 4775.
1CÎI/.UÇ. - 9 //. 21, 407 ; Ol. 1 1, 577. - 10 Corp. insc.gr. ^ lf ifc
— H Gr, u, Rocm, Metr. p. 41, 0. *— 42 Colum. 5, I.
MIïK
MEN
, inniraour de la piste pour la course des chars) ;
(I'Ik^Y01 J (longue course), évalué à 12 stades, mais
entii* le _ jjyerses valeurs. Quant au stade lui-
qoi a ll,1'1 !]r.ongtammentévaluéà600pi«rf*(oul00<ofm).
même’ des ; emegure itinéraire effective, son évalua-
Cepend‘‘" grav6S difficultés. Les diverses mesures en
li0"S0"i V< ('es nar Hérodote et Xénophon 1 sont notam-
•r rLantes les unes par rapport aux autres, et con-
1,ienl ! ! général à une valeur du pied singulièrement
du'i:a"‘ l | lUl nécessairement admettre que telles de ces
faible' 1 proviennent de réductions erronées de
meSU,:eéSVPtiennes ou perses, telles autres d’évalua-
1111 " rossières d’après le temps de marche, telles autres
l7n d’après le compte des pas (240 p%«xa ou pas simples
^ "Vide b Mais ce dernier procédé lui-même ne donne
Bps résultats admissibles qu’avec des marcheurs parti-
fcrement exercés (Alexandre et ses successeurs sem¬
blent de fait avoir entretenu des bématistes remar¬
quables)2 et ne se forçant pas; car la longueur du trajet
amène une réduction notable de la valeur du pas moyen.
' Mesures de capacité. — Les métrologues anciens
distinguent toujours les mesures de capacité pour les
matières sèches et pour lès liquides (géxpx £rl?â,
ùyM'. De fait, ces mesures forment, en général, deux
séries bien distinctes, n’ayant qu’un ou deux termes
communs, les plus faibles. Les mesures locales, dans le
détail desquelles nous ne pouvons entrer, sont passa¬
blement nombreuses. Voici le système classique :
L’unité inférieure, commune aux deux séries, est la
eotyle (xotûXti), en latin hemina (comme moitié du sexta-
rius romain): pour les mesures de grains, -4 cotyles font
un chénix (yoiviç), 8 chénices un éxtsûç, sixièmedu gÉoigvoç.
Le médimne vaut donc 192 cotyles, elYhecteus en vaut 32.
Les Romains n’ont pas de mesure analogue au médimne,
ni au chénix, mais leur modius (gôStoç) correspond à
l 'hecteus (de même que le semodius à l’-figiextov).
Pour les liquides, 12 cotyles valent un conge (/ouç,
congius ), 12 conges un gerp-qT-qç. Les Romains partageaient
le conge en six sextarii , et le sexlarius (;É'jtt,;, setier)
'devint l’unité à laquelle ils rapportèrent les diverses
mesures des peuples conquis. Les Romains comptaient
d autre part 8 conges au quadrantal ( amphora , xepipuov)
et 20 amphorœ au culleus.
* Ces divers noms indiquent soit des relations de conte¬
nance, soit des formes de vases appropriés aux grains ou
nux liquides. La coordination systématique, certainement
très peu commode, eut à tenir compte des habitudes déjà
ordinaires pour les dimensions de ces vases, mais elle
ut être presque contemporaine des premiers étalonnages
des mesures, qui se trouvèrent imposés dès que les
rapports commerciaux entre la Phénicie et la Grèce
dépassèrent le simple troc. A cette époque, que repré¬
sente le nom légendaire du roi d’Argos Phidon, les Grecs
U1<nt naturellement conduits à adopter des étalons de
■nés u res de capacité, et aussi de poids, conformes à ceux
■s 1 béniciens (qui étaient les mêmes que ceux des
a 9 oniens). En même temps, et parce que cela était
ia"<ouP plus commode que le procédé inverse, les
J Sll"'s de capacité furent étalonnées comme conte-
U" ' s P°>ds donnés d’eau (ou de vin) ; les Babyloniens
Utiles à Suso"1'01' ”’ ***’ *’aSe *a pyramide de Chéops; 5,52, distance
4 disUn ** j-jf ^ ^mens‘ons l’Égypte et du Pont-Euxin, Xenoph. Am
i'i’se à Cunaxa. — 2 Plin. Hist. nat. 7, 2, S il ; Athen.
avaient d’ailleurs déjà établi entre leurs poids et leurs
mesures une relation analogue à celle de notre système
métrique, et les Grecs eurent à résoudre le même pro¬
blème sans copier les Orientaux, ee qui aurait nécessité
l’adoption intégrale du système de ces derniers.
La solution la plus ancienne parait être celle que donn-e
le système dit éginète , et que l’on peut représenter
comme suit, d’après Ilultsch 3 : il y a équivalence entre
4 métrâtes et 3 médimne s ; c’est, d autre part, le volume
d’un poids de G talents (talent de GO mines ou de
6000 drachmes), et le double du cube d’une coudée quel on
peutassiiniler à la piTpioî 7t -q/uç d’Hérodote (intermédiaire
entre la coudée orientale et la coudée du pied attique).
Une autre solution est due à Solon, dont la seisachthie
fut liée à une réforme économique et à une refonte du
système des poids, mesures et monnaies de 1 Attique ,
dans les nouvelles relations, les 4 métrètes, 3 médimnes
ou, en poids d’eau, 6 talents, ne correspondent plus qu a
16/3 du pied cube attique (au lieu de 27/4 du pied
d’Égine). D’autre part, le pied attique est légèrement infé¬
rieur au pied d’Égine, en sorte que les nouvelles mesures
sont aux anciennes dans le rapport légal de 100 à 138.
Enfin une troisième solution est celle qu’adoptèrent
les Romains et qui fut consacrée par un plébiscite que
proposèrent les tribuns P. et M. Siliusb Le pied cube
romain (quadrantal) est le volume d un poids de vin de
80 librae (équivalent à celui d’un talent attique); il se
divise, comme on l’a vu, en 8 conges de 6 setiers, pour la
mesure des liquides, et, pour celle des grains, en 3 modii
de 16 setiers. Comme le setier romain est identique,
d’ailleurs, au double du eotyle attique, il s ensuit natu¬
rellement que le pied romain est sensiblement inférieur
au pied attique. D’autre part, il est clair que cette régu¬
lation des poids et mesures de Rome a été établie de
façon à obtenir une concordance suffisante avec le
système attique, tel que Solon l’avait constitué. On ne
peut nier que cette régulation ne soit relativement simple
et commode.
Détermination des étalons de mesures dans l' antiquité i
— D’après ce qui précède, chaque cité antique a un
système de mesures de longueurs et de surface, qui est
bien déterminé pour nous, si l’on connaît la longueur, par
rapport à nos unités, de la mesure fondamentale, le pied.
Mais on doit s’attendre à ce que chaque cité ait un étalon
particulier ; et nous avons déjà reconnu trois valeurs
distinctes : le pied du système d’Égine, le pied attique et
le romain. Le premier à cause de son antiquité, les deux
autres à cause de l’importance historique de leur emploi
(car c’est aux mesures attiques ou romaines que se réfèrent
les écrivains classiques), ont naturellement concentré
les efforts tendant à déterminer la valeur des étalons5.
11 subsiste plusieurs pieds romains ayant servi comme
instruments de mesure, d’autres qui sont des modèles
décorant des monuments funéraires. Mais les mesures
très soigneuses auxquelles ces pieds ont été soumis ont
fait ressortir de l’un à l’autre, des différences sensibles
(allant jusqu’à 5 millimètres, c’est-à-dire de l’ordre de
celles que pouvaient présenter les étalons de diverses
cités). On ne peut donc obtenir par ce moyen une déter¬
mination satisfaisante de l’étalon réel, on doit seulement
p. «2 B. — 3 Gr. u. Boem. Metr. § 46, p. 495-528. — 4 Metr. script. Il, p. 74,
d’après Festus. — 5 Pour le détail dos monuments qui subsistent, voir l’article
PONDERARIUM.
MEN
conclure que les instruments réels de mesure étaient
loin d'être convenablement vérifiés. La discussion des
distances réelles qui ont été relevées sur des voies
romaines entre des bornes milliaires n’a pas abouti
davantage a des résultats suffisamment concordants.
D autre part, si l’on connaît très exactement le poids de
la livre romaine, et si 1 on pourrait par suite en déduire
théoriquement la valeur du pied romain (au moins entre
certaines limites dépendant de la densité du vin et de la
température a supposer, mais en réalité assez rappro¬
chées), il faut bien reconnaître que, eu égard à l’imper¬
fection des procédés des artisans d’alors, la relation légale
était seulement théorique. Les calculs, pour les déduc¬
tions de ce genre, ont d’ailleurs montré, en thèse géné¬
rale, qu on arrive ainsi constamment à une valeur plus
forte que celle de l’étalon réel. En somme, le procédé
qui inspire le plus de confiance est le suivant : comme,
en tout cas, on a la longueur du pied avec une certaine
approximation, si l’on prend soigneusement les diverses
mesures d un édifice antique, un temple par exemple,
et qu'on recherche les rapports simples qui existent entre
ces mesures, il est relativement aisé de trouver la valeur
du pied dont s’est servi l’architecte du bâtiment et cela
avec une approximation d’autant plus grande que les
mesures concordantes sont plus nombreuses. Or il est à
supposer a priori que les architectes se servaient de
mesures officielles pour les constructions d’édifices
publics qui donnaient lieu à des marchés avec des entre¬
preneurs ; a posteriori , cette hypothèse est confirmée
parce que les mesures systématiquement faites dans cet
ordre d’idées sur divers édifices aboutissent à des
résultats dont la concordance est satisfaisante. Les tra¬
vaux dans lesquels on peut avoir le plus de confiance ne
révèlent pas, en effet, une discordance de plus d’un demi-
millimètre (entre 0 m. 2955 et 0m.29S) et l’on ne peut
guère s’attendre à moins, même pour des mesures réelle¬
ment comparées à l’étalon, dans les conditions où les
anciens devaient faire cette comparaison. On peut donc
•estimer, comme valeur moyenne, avec Hultsch1, l’étalon
du pied romain àOm. 2957. Signalons toutefois que, poul¬
ies monuments construits à partir de Septime Sévère, le
pied architectonique tombe à Om.2942.
L’étalon du pied attique a été particulièrement établi
d’après les mesures du Parthénon âxaTogTtEoo; et déter¬
miné à Om. 3083. Les Romains l’évaluaient pratiquement
aux 25/24 de leur pied (ce qui donnerait 0 m. 308).
Les mesures d’anciens temples grecs, en particulier de
l’Héraion de Samos, ont démontré l’emploi d’un pied de
0 m. 3145, ainsi sensiblement. supérieur au pied attique et
qu'on peut assimiler à celui de la grc-pio; k-Ti/u; d’Hérodote.
Le pied déduit de la valeur des mesures de capacité égi-
nètes serait un peu plus fort(entre 0 m. 3183 et 0m. 3167'.
Mais ici on manque encore d’éléments pour aller plus
loin. L’ingénieuse combinaison de Hultsch 2, d’après
laquelle on devrait regarder le pied de la pi-rfio? 7r?jyuç
comme égal aux 3/5 de la coudée babylonienne et l’évaluer
a 0 m. 315, comme longueur moyenne généralement
admise en Grèce, n’a en effet aucune valeur démonstra¬
tive. Nous ne savons nullement si Hérodote3, en parlant
d’une coudée ordinaire (qu’il oppose à la coudée royale
de Perse), vise un étalon déterminé. Nous ne savons pas
1 P. 88 cl suiv. — 2 P. 490 cl siiiv. — 3 Herod. I, 178. — 4 P. 122 cl
730 —
MEN
davantage quelle est la précision du n
qu’il établit entre la coudée royale et la côu ^ de 9 4 H
on ne peut donc même pas exclure ah.ni 0riin*m
thèse qu’il ait voulu parler de la coudde atti11^1'1 l’hywl
Quant aux étalons des mesures de capn.iJUq
de remarquer que, d’après la détermination ?nTienl
romain, le quadrantal ou amphore ne devi- i " PM
qu’une contenance d’environ 251it 79 t. , U allei»dre
possible de 12 centilitres en plus ou ‘en"
mesures très soignées du célèbre conge Farnè* / Les
lement à Dresde) conduiraient aune contenanreK ‘ ;
pius élevée (27111.023). Si l'on s'attache enSn M, T'
mination legale du poids de vin contenu dans l’uni I ^ I
comme le poids de la libra romaine est très ox-irtc I
connu, on doit resserrer celte contenance entre =>fi m* :
et 26 lit. 57. Hultsch4 admet 0 lit. 547 pour le“ ,^“ï
quarante-huitième de l’amphore.
Pour le métrète attique, les mesures déduites des vases
anciens donnent, au contraire, des contenances généra¬
lement inférieures à la valeur légale. Mais il est raison¬
nable d’identifier le yo3ç attique et le congius romain. I
Des mesures alexandrines. — Si l’on écarte le détail
des mesures locales, dans lequel nous ne pouvons entrer
ici, il reste, en dehors des systèmes d’Athènes et de
Rome, à considérer celui que les Ptolémées établirent en
Egypte, parce qu’il a joué, dans l’antiquité, un râle rela¬
tivement considérable. Tout d’abord, les Alexandrins
ont un pied particulier, déduit de l’ancienne coudée
royale et sensiblement plus grand que les pieds grecs.
Ce n’est point celui que les Romains connurent sous le
nom de pes ptolemaïcus : ce dernier, que leurs gromatici
trouvèrent à Cyrène, lorsque Ptolémée Apion la légua à
Rome, était un pied grec ordinaire. Ils identifièrent, au
contraire, le pied alexandrin avec celui qui, dérivé de la
coudée perse, régnait dans l’Asie Mineure et qu’ils
connaissaient sous le nom de pes philetaereus , depuis
qu’ils avaient hérité de Pergame. Ils fixèrent enfin la
valeur de ce pied royal d’Orient aux 6/5 du pied romain;
ce qui revient d’ailleurs très sensiblement à égaler
7 stades alexandrins contre 8 stades attiques au mille
romain. Mais les métrologues anciens, et en particulier
les tables dites héroniennes, nous parlent, au contraire,
d’un p.’Ài&v qui aurait contenu 7 stades et demi, par suite
4 500 pieds philétériens ou 5400 pieds romains.
Hultsch5 a admis que la dénomination romaine a été!
appliquée à une mesure égyptienne, contenant 1000,uk,
c’est-à-dire 3000 coudées. C’est, à mon avis, atli ibuerj
trop d’importance à des textes qui ne nous sont, pan mus
que dans des ouvrages remaniés par les Byzantins. } a
là, très probablement, une de leurs additions ,'°"lll '' e I
par un calcul erroné, mais reposant sur l'-x'^tn^
réelle d’un stade de 7 1/2 au mille, stade conespoa a
à un pied qui valait environ les 10/9 du pied i'Ojm J
L’existence de ce pied, comme le remarque <. ai -
Hultsch6, a été reconnue par l’étude des monum
d’Asie Mineure. . sanS
Le stade alexandrin, de 7 au mille romain, 1 ^
doute celui dont Ptolémée (après Marinus de ‘Vj(i stade
servi dans ses calculs géographiques. Mais P0"1 |trjjjuer
d’Ératosthène, la question de la valeur a 111
reste toujours débattue. Nous nous rallions
l’opinion
1 etr .
-gû ei suiv*
script. I, Prolcg. p. 30. - 6 Gr. u. Itoem. iMr. !'■ •-
1731 —
Ml- H
M EN
à savoir q
nllscli1 et appuyée sur un témoignage de
u’Éralosthène, voulant à la fois adopter
stade qui se reliât au système des
de
lion
j oyat1 x
choisit. Fls’onsmv’
joutent'6 Par
plinc2,
r l0ngTU' ndrines, et pût être prise comme évalua-
pesures -t 1 N‘u^^ gla(je mnéraire, réduisit à 400 pieds
m0fnn|ieu de 600) l’unité géographique qu’il
au ,rait que sa mesure de la circonférence
.«,5*000 stades) serait singulièrement exacte.
*elale?' ,ix mesures de capacité, les Ptolémées, tout
QU , [ des contenances attiques pour le cotyle et le
en part”11 "ent ^ nomenciatUre plus commode;
C°nge/ W/ ne contient que 3 cotyles (au lieu de 4) et
’flelt le quart du conge. Le mélrète prend le vieux
égyptien d 'artabr, le médimne est élevé au double
Tl'artabe; son sixième, Yhecteus, et son douzième,
némiecton] deviennent donc respectivement de 48 et de
U cotyles Mais ce système ne parvint pas à s’implanter
définitivement ; les anciennes coutumes provinciales
subsistèrent à côté et l’intervention ultérieure des
Romains amena de nouvelles complications.
Des mesures médicales. — On doit classer à part ce
qui concerne, dans l’antiquité, les petites mesures de
capacité inférieures à la cotyle ou hémine , qui servaient
pour le dosage des médicaments.
En réalité, il n’y a eu, dans l’antiquité, qu’une division
de la cotyle assez généralement reconnue, à savoir en
hippx (i quartarius , par rapport au setier ), 4 o^Sonpa
(acetabulum), 6 xuxÔouî ( cyathus ). Cette dernière mesure
(un petit verre àvin) servit en particulier chez les Romains
de l’époque classique pour doser la quantité versée du
cratère dans les coupes : suivant les santés portées, on
multipliait le nombre des cvathes à boire d’un trait.
I Les indications médicales étaient naturellementd’ordi-
naire aussi vagues que chez nous : un verre, une cuillerée ;
maisdes différences dialectales rendaientsouvent obscures
les prescriptions des auteurs déjà anciens. Galien3 essaya
de débrouiller les confusions intervenues; et dans les
écoles, on dressa des tables établissant une coordination
de ces petites mesures (le xouêXfov, assimilé à la cotyle, le
prtpov, la y/|Uf|, la xôy/T], le xoyXtzptov, etc.). Mais ces
tables sont discordantes entre elles, et les coordinations
supposées, d’ailleurs probablement très tardives, malgré
les noms sous lesquels elles nous sont parvenues, ne
peuvent être considérées que comme fictives.
1 n système assez bizarre, pour les dosages réellement
méthodiques, nous est révélé par Galien. On se servait,
poui 1 huile en particulier, de cornes graduées delà conte¬
nance dune hémine , qu’on appelait abusivement livre
r '''T?a 'R Toi:1 IXaiou) et qui était divisée en 12 onces
métriques, quoique ne pesant guère que 10 onces. Des
™ ’ns 8Pecs avaient, tout aussi arbitrairement, divisé
6 ' cn 60 drachmes métriq
metrologici
°UI'nis dan
ues.
scriptores. — Les renseignements
cet article ont été empruntés cn presque
J ',.;.w.d_suiv- - a Bût.
' «• Berlin «g, J ^ 14 § 33' ~ 3 Mttr' SCripL l> "
inédit, doit ôlr * " ^eipz. “ v°l* 1864 et 1866. — 6 Cet ouvrage, encore
Héron. chez Teubner, dans le nouveau recueil des Œuvres de
sestertio UAPH1E’ Outre 1 ouvrage de Ilultsch, voir Leonardus de Porlis,
picola , De n!,,, ""^S> ^on^‘ e * mens, antiquis , lrc éd. av. 1524 ; Georg.
Hfdus, De mens ^°n^‘ ^e’ l,e*33 ; Miel). Neander, Synopsis , Bâle, 1555; Luc.
Vori(l: Home, t(jQ/ Denise, 1573; Villalpandus, De Rom. Gr. Hebraeisque
^•Hernhard D - ' ^J^Cavcs, Dircourse of the Roman foot , Londres, 164^ ;
^ftsbourg, 1708- ^ Pond‘ Oxford, 1688 ; Eisenschmidt, De pond, et mens.
1700)- jjJ. aHei’ Enquiry into the measure of the Roman foot [Phil.
'* S< Y’ Essay on Mc ancient weigts , etc. Oxford, 1836; Cagnazzi,
209-218.
totalité, soit à l’ouvrage de Friedrich Hultsch, Grie-
c /lise /te und rümische Métrologie *, soit a sa collection
des Metroloyicorum scriptorum reliquiac 6. Dans le
premier de ces ouvrages, on trouvera une bibliographie
complète de la matière, à laquelle il n y a pas lieu
d’ajouter quelque ouvrage, capital, paru depuis. Le
second renferme des prolégomènes dont 1 étude reste
indispensable, quoique à certains égards la question ne
se pose plus dans les mêmes termes. En réalité, les
études métrologiques n’ont commencé qu assez tard
dans l’antiquité, et des confusions ou des erreurs
graves sont restées possibles pendant toute la période
classique. Ce qui nous reste des ouvrages originaux
de la décadence est bien peu de chose et consiste
surtout, chez les Grecs, en extraits plus ou moins
informes, où apparaît en même temps que le besoin
de faire connaître les changements qui s’introduisent,
surtout dans le système monétaire, le but d’expliquer
la métrologie des Livres saints. Hultsch a déployé, dans
le classement chronologique et la critique de ces docu¬
ments, une sagacité que l’on doit qualifier de merveil¬
leuse. Toutefois, les résultats auxquels il est arrivé ont
besoin d’être contrôlés par une étude approfondie de la
tradition manuscrite, étude qui peut amènera les rectifier
sur divers points. En particulier, il a attaché trop
d’importance aux écrits de géométrie pratique, qui sont
connus sous le nom de Héron d’Alexandrie. La récente
découverte de l’ouvrage original de Héron, les Merp'.xx, a
révélé que cet auteur n’employait dans ses calculs aucune
unité concrète °. Toute la collection héronienne ne doit
donc plus compter que comme une œuvre byzantine,
qui peut certainement avoir conservé des tables anciennes,
mais dont les témoignages ne peuvent être acceptés
comme de première main. Héron lui-même ne peut plus
guère être placé désormais plus haut que vers la fin du
Ier siècle de notre ère. Quant à la tradition métrologique
médicale, elle ne remonte probablement pas avant le
ive siècle et elle ne me semble guère avoir définitivement
pris corps qu’au temps de Paul d’Égine, au VIIe siècle ap.
J.-C. En résumé, la mélrologie des Grecs et des Romains
est sans doute désormais arrêtée dans ses grandes
lignes, mais un très grand nombre de questions de détail
n’ont reçu jusqu’à présent que des solutions provisoires,
et une tâche importante est réservée au nouveau siècle
qui s’ouvre. Paul Tannery.
MÈ OUSA DIRE [érémos DIKÉJ.
MERARCHAI (Meptxpyat). — Nom que portent, dans un
dème de l’Attique, des citoyens chargés de certaines
affaires du dème, en particulier du soin de sacrifices1.
Cii. Lécrivain.
MERCATOR. — Grèce. — Il est difficile de définir le
marchand. Les législations commerciales modernes
arrivent à peine à marquer la ligne qui sépare le com¬
mercant du non-commerçant. On admettra ici que
S. i valon delle misure, etc. Naples, 1825; Saigcy, Traité de métrologie ,
paris, 1834; Idcler, Abhandl. dur Berlin. Akad. 1812, 1813, 1825, 1826, 1827 ;
Boeckh, Melrologische Hntersuchungen, Berlin, 1838; Vasquez Queipo, Estai
sur tes systèmes métriques et monétaires des anciens, Paris, 1859; Wcx ,
Métrologie grecque et romaine (trad. fr. de Monet, Paris, 1887) ; Doerpfeld,
Metrologische Beitraege, Mittheil. d. d. arcli. Inst, in Athen, XIV, XV, etc. ;
Schultz, Werkmass und Z aklcnverhaeltnisse griechischer Tempel (Zeitsch.
d. Archit. u. Tng. Vereins. Hanovre, XXXIX) ; Pernick, Ueber den Wert der
monumentalen und literarischen Quellen antiker Mcfrologie { Zeitsch . f. Num.
XX, Berlin).
MERARCHAI. 1 Corp. inscr. ait. 11, 1, 580.
MER
— 1732
ceux-là seuls sont marchands qui font habituellement le
commerce. Cela exclut les personnes qui font un ou
plusieurs actes de commerce, mais accidentellement, à
titre exceptionnel, sans que ces actes aient un caractère
professionnel. Platon, qui, pour subvenir aux frais d’un
voyage en Égypte, engagea une spéculation sur les
huiles ', n’était pas de ce chef un marchand. Cela exclut
aussi les personnes qui vendent des choses qu’elles
produisent elles-mêmes (agriculteur vendant l'excédent
de ses récoltes sur ses besoins ; artisan vendant le
produit de son travail) ou qui achètent à autrui certaines
choses pour satisfaire à leurs besoins personnels, et dans
la mesure de ces besoins (consommateur qui achète du
vin pour sa boisson, du blé pour sa nourriture) : agricul¬
teur, artisan, consommateur ne sont pas des marchands.
Le marchand n'achète ou ne vend pas pour lui-même. 11
est avant tout un intermédiaire dans la circulation des
richesses. Les auteurs grecs distinguent nettement le
système économique dans lequel chacun vend directement
ce qu'il produit, ou achète directement ce dont il a besoin
(aÙToittoXtx-q) du système dans lequel des intermédiaires
s'interposent entre le producteur et le consommateur
(usTxêÀTiTtxTj)2. Ce dernier est le seul qui puisse être regardé
comme commercial, le seul où il y ait des marchands.
A partir de quelle époque trouve-t-on en Grèce des
marchands de profession? Dans les temps homériques,
on en rencontre fort peu, et encore ils ne sont pas Grecs11.
Rien d'étonnant d’ailleurs à cela. Les Grecs, du xe au
vme siècle, vivent d'une vie presque exclusivement agri¬
cole ; chaque famille, chaque groupe social forme un
tout qui se suffit à lui-même. Ces groupes n’ont à vendre
que le superflu de la production agricole ou de l'indus¬
trie domestique sur leurs besoins. Ils n’ont à acheter
que les choses que ne produit pas la terre qu’ils cul¬
tivent ou qu’ils ne savent pas fabriquer (matières pre¬
mières rares : métaux, ivoire, ambre ; — objets de luxe :
bijoux; — instruments de fabrication difficile : ustensiles,
armes) [mercatura]. Limités à ces quelques objets, les
échanges se font généralement sous le régime de
l'aÙT07ra)À!XTp C’est pourquoi il n’y a point encore de
marchands grecs. Il n’est question, dans les parties les
plus récentes de Y Odyssée, que de marchands phéni¬
ciens peut-être aussi de Taphiens 8. C’est à un étranger
que songe Euryale, lorsque, reprochant à Ulysse de
paraître ignorer les jeux où s’exercent les hommes, il le
compare au patron d’un navire qui n’a souci que de sa
cargaison et de gains à faire, plutôt qu’à un athlète6.
Mais le système de la gsxaSX^Tt xvj ne tarde pas à s’in¬
troduire en Grèce à côté de l’aÙTOTtwXtxT). Le commerce y
fleurit à partir du ui° siècle. L’économie commerciale
prend le pas sur l’économie agricole et l’économie fami¬
liale. Dès lors, il existe de nombreux marchands dans la
société grecque.
MERCATOR. 1 Plut. Sol. 3.-2 PJat. Soph. p. 223 ; Polit, p. 2G0 ; Arist.
Polit. I, il, p. 1258 6; Francotte, L'industrie dans la Grèce ancienne (Bruxelles,
1900-1901), I, p. 301 et suiv. — 3 Hermann. Lehrbuch der griechischen Antiqui-
tüten (IV, Privatalterth. éd. par H. Blümner), p. 421. — 4 Bérard, Les Phéniciens
et l'Odyssée (Paris, 1902). — 5 Sclirader, Linguistisch-historische Untersuchun-
gen zur Handelsgeschichte und Waarenkunde (léna, 1886), I, p. 69. — 6 Od.
VIII, v. 161-164 : « o<t0 a;xa vïj’c icoXyxXriï&t ôajJuÇwv, àpyô; vautàwv, oïre xprixTÿjpeç
caiTiv, oo^tou Te xa\ liïttjxoïro; tl'Tiv ôScawv xtpSétuy 6 ' àpiïaXéwv ». — 7 Goldschmidt,
Universalgeschichte des Handelsrechts ( Randb . des Handelsrechts , 3° éd. I, 1,
Stuttgart, 1891), p. 57; Guiraud, La main-d’œuvre industrielle dans l'ancienne
Grèce (Paris, 1900), p. 39, 164; Clerc, Les métèques athéniens (Paris, 1893),
p. 324. — 8 Plat. Leg. XI, 920 A. — 9 Xen. Mem. III, 7, 6. — 10 Dcmosl h.
MER
Ces marchands sont assez rarement des ■.
citoyen se résigne difficilement à entreprend! a"8' Le i
merce ou un métier. Le vrai citoyen se doit "" Com'
l’État; au point de vue économique il ,>«, • °Ulenlier4
11 est vrai qu’avec le temps cette manière di!!!!^? 1
terrain. Malgré les résistances du parti , i\ P‘?r?du
(dont Platon se fait l’interprète lorsqu’il veuM^
Lais, que seuls les métèques et les étrangers tJZ
métier de marchands ■), on lron,e a„x assemblée"*
peuple athénien, à coté des artisans, quelques ciLo,e„!
qui sont marchands et brocanteurs 9. Mais ils ni. „
tuent qu’une part relativement minime de la Jmhï ''
commerçante : ce qui le prouve, c’est que le seul faR
d’exercer un négoce constitue une présomption d’extrl
néité. Cette présomption apparaît dans le plaidoyer de
Démosthène contre Eubulide. Euxithée, fils d’une ven¬
deuse de rubans, fait appel d’une décision qui l’a rayé"
de la liste des démotes, et ainsi privé du droit de cité.
On lui oppose la profession de sa mère, et l’argument
parait si fort que l’orateur doit supplier le tribunal «de
ne pas regarder comme étrangers ceux qui travaillent,
mais de regarder les dénonciateurs comme des scélé¬
rats10 ». Ainsi le trafic échappe en grande partie aux
citoyens. Il est surtout aux mains d’hommes de condition
inférieure et dépendante : étrangers, métèques, affranchis
et esclaves. Les sources littéraires et les inscriptions nous
font connaître un grand nombre de métèques qui font le
métier de détaillants (xx7tT)Xoi) “. Telssont, par exemple, I
Pyrrhias, revendeur 12 ; Philon, marchand de salaisons13;
Thratta, revendeuse u, etc. D’autres nous sont signalés
comme grands négociants (IgTtopoi) 10. De ce nombre sont
Chrysippe frères, négociants originaires du Bosphore
et établis à Athènes, qui constituent un prêt à la grosse à
Phormion 10 ; Artémon et Lacrite, à qui AndroclèsJ
citoyen athénien, prête à la grosse 3000 drachmes1, . Le
commerce maritime, notamment le commerce des cé- j
réales, est en grande partie aux mains des métèques 13 ; il
en est de même pour le commerce de l’argent : la plupart
des trapézites et des préteurs (Sxveurnxi, toxkjtk'.) sont
aussi des métèques 19. C’est pourquoi Hésychius peut
faire de gé toixoç le synonyme d’Épropoç 2Ü. Beaucoup de cesl
métèques sont d’ailleurs d’origine servile (on u ignore
pas qu’à Athènes les affranchis entrent, au point de
du droit public, dans la classe des métèques21) [hetoikoiJj
Il arrive souvent que les marchands, en se rot i nuit es I
affaires, remettent leur commerce à des aflnuic is,j
d’abord employés chez eux en qualité desda'is. in- G
le grand banquier et armurier Pasion loue sa 1M"'1IU 1
son atelier d’armes à son affranchi Phormion. a
étaitlui-même un affranchi22. C’est également un a
que ce banquier Eustathès, qui est revendiqu .
esclave par les héritiers de son ancien mai tu < 1 I ^ ^
plaide Isée23. Nombreux aussi sont les esclaves <
* TOUC 1
» r q floJlTl T0Ï; VO(V>lî>
C. Eubul. LVII, 34 et suiv. : « icçoo-qxei wvu» »^Tv» P0*' pranCoUc, I, P- -53,
ÈoyaÇojAîvouç Ç«*vou< vo|«>iv, àXU tou; ffuxotpavxoJvxaS », ^ ^ condi- 1
— 11 Clerc, Les métèques athéniens, p. 396 et suiv. ou aus ^es Unie-
tion des
? la condi -
Clerc, Les métèques athéniens, p. d'jo ei suiv. - tRev. des ^n,P*
des étrangers domiciliés dans les différentes cit< s gi _CJ _ __ |2 ç0rp. mser- .
du Midi, XX, 1898), p. 1, 153 et 249; Francotte, I, P- 18 -- • • ^ ^ ^ , Si!
att. II, 2, 7G8. — 13 Ibid. II, 2, 773. — « Ibid. II,
— 15 Asatcov àp/aioXaYmov (1890), p. 61, n1 2, 1.
XXXI V, G. — ” Demoslh. C. Lacrit. XXXV, 20, 33.
hist. IV (1877), p. 1 et suiv. — 19 Perrot, Le
crédit
2' /’ Phorm
16 Demostli. t. ^ ^
an __ 18 Perrot, dans
20- Si ■ .. larneid et «
le commerce de i ■ .
Inst. IV (1877), p. 1 Cl suiv. — ■ - I m—, gujv _ 20 IICSJY
crédit à Athènes , Mém. d'arch. d’épig. et dldst. ■ 1 YXXVl, 4 cl ‘
v„ — 21 Clerc, Métèques , p. 282-294. - 22 Demostli. X-
— 23 Is, fr.*62.
MER
— 1 733 —
MER
iç
nl font le commerce pour le compte d’autrui,
’jffrancli^ d11^ ^ )eurS patrons ne dédaignant point du
I /."^bénéfices indirects qu’ils peuvent retirer des
t°ut k’s |lacég dans leurs commerces. On appelle y_woi
capitaux ^.ranchis ou les esclaves qui habitent hors
oi*9ü»T« 'o^je leurg palrons ou de leurs maîtres pour se
dekirr!!",iuelque négoce ou à quelque métier; ils leur
llvr,J ‘ conipte de tout leur gain ou leur paient une
re"'1 e ,ixe (àrco<fopa) 1 . Tel est ce capitaine de vaisseau,
” dont parle Démosthène2, et qui trafiquait de
Lail'!ir à demi avec Dion. Tel est aussi sans doute ce
MiZ uui, d’après Hypéride3, gère un commerce de
• rfumerie au nom de son maître Athénogène à qui il
rP;‘d compte tous les mois. Tel est encore, d’après
Démosthène, cet esclave qui sertàChrysippe déconsigna¬
nte dans le Bosphore*. L’avare, dans Théophraste,
a confié à son esclave un petit commerce à l’agora et lui
fait payer le change quand il s’acquitte de son àTtocpopi
en cuivre au lieu d argent .
La jieweXïiTtx^ comprend, d’après les auteurs grecs6,
deux sortes de commerces, la xziir^v.a. et l’IgTiopia; et les
marchands , se rangent en deux catégories, qu’on
distingue soigneusement et entre lesquelles on établit un
certain contraste7, celle des grands commerçants (’Égitopot,
negotiatores ) et celle des marchands ‘proprement dits
(xiinjXoi, mercatores stricto sensu). Il sera parlé ici sur¬
tout des xxirvjXot, les spropot devant être étudiés sous le
mot NEGOTIATOR.
Le grand commerçant (sguopo?) est essentiellement, à
l'origine, celui qui voyage sur mer. On a remarqué que,
dans Homère, le terme Ëgrcopo; ne désigne que l’homme
qui voyage sur mer dans un vaisseau étranger8. Jusque
dans les temps historiques, les deux idées de grand
commerce et de commerce maritime demeurent étroite¬
ment liées dans le même mot. "Eprop o; et vauxX-rjpo; sont
généralement employés ensemble9. Toutes les grandes
affaires sont des affaires maritimes : les grandes affaires
de crédit privé sont toutes des affaires de crédit maritime
(prêts à la grosse, commandites, etc.) et ce sont ces transac¬
tions qui procurent aux manieurs d’argent (trapézites)
la meilleure part de leurs bénéfices.
Le simple marchand (xàirqXoç), d’après la définition
d Aristote et de Platon10, est essentiellement un reven¬
due, c’est-à-dire qu’il ne produit pas lui-même ce qu’il
u'nd, mais qu’il l’achète, soit au producteur, soit à un
grand commerçant. Pour insister davantage sur ce
caractère de revendeur, d’ intermédiaire, attribué au petit
marchand, certains textes lui donnent le nom de TtaXty-
pirqÀoç11. Mais cela ne suffit pas à le distinguer de
‘gTropoç, qui souvent aussi achète pour revendre. KdbnqXo;
P- 113 rn" In P‘marc^- 97 (femme esclave marchande) ; Guiraud, Main-d'œuvre,
pouvaieni * ^ a conjec^ur^ Mue les esclaves fugitifs réfugiés dans les temples
P 3 1 ij ■ ' ' llt,ePrcndrci pour vivre, un petit commerce, Anccdota graeca (Bekker),
|( p -£| 'er c* Schômann, Der attische Prozess (Berliu, 1883-87), éd. Lipsius,
13-1S.1' Tp 2 Dem0Sl1;* C‘ Phorm • XXXIV, 5, G, 10. - 3 Hyper. C. Athenog. X,
P- 217 _ /p0811'- ph°rm> XXXIV, 8. — 6 Theophr. Charac. 30; Francotle,
!V, 4; Hür.|,s /IaL* Soph' p- 223 *’ Polit- P1 200 ; Aepubl. II, p. 371; Arist. Polit.
1869, n 45;CnSC,,Ütz, Pesilz und Erwerb im griechischen Alterthum , Halle,
~ 9 Demosth.' yyïiii~. ’ Hak' Rep' P' ?71 C‘ ~~ " Schradcr> >- P- 73.
- 10 p|al LVIII, 53; voir aussi Hermann-Blümner, p. 421, n. t.
Becker, Char ‘kl ^ ^r's^* p°üt» P- 1257 a, 17 et suiv. ; Xen. Mem. III, 7, G;
lerinann.Br ' * *,'Wcr altfJr'eckischer Sitte, éd. Goll, Berlin, 1877, II, p. 184;
-12 Herod'T11^1 P’ 4l9"42°* “ 11 PoU- Vil, 12; Arist. Plut. 1155-1156 et Schol.
Heercn, ldées * ’ Paroerri • grand (Lcutscli et Schneidewin', I, p. 115. Comp.
Çnile, tr. pês /■ re^a^ona politiques et commerciales des peuples de l'Anti -
^ertnnatfe* i* *■' US’ P’ ^ a Lydie et le monde grec au temps des
’ van8’ 1893’ P- 98. — 13 Radet, p. 100 et suiv. — 14 Plat. G or g.
a une signification plus étroite et plus précise. Il désigne
sans doute originairement le marchand qui trafique sur-
terre. C’est en ce sens qu’Hérodote peut dire que la Lydie
a été le berceau des premiers xx7rr,Xo'. 12 ; il a évidemment
en vue les marchands qui trafiquent par caravanes, car
cette forme de commerce terrestre est très florissante en
Lydie, dès le vin* siècle, à une époque où il n’y a presque
aucun commerce encore en Grèce 13. Dans ce dernier pays,
le commerce de terre ne prend d’ailleurs jamais la même
extension, et c’est pourquoi le mot qui désigne originai¬
rement le marchand trafiquant sur terre sert aussi à
désigner le petit marchand, le petit boutiquier, le colpor¬
teur. Tantôt c’est un détaillant qui tient un cabaret
(xxTt7)Xo;, caupo ) dans la ville ou sur le marché, et qui
y vend à boire et à manger (vin, poissons) 11 [caupona] ;
ou qui installe sur la place un petit déballage de mar¬
chandises (fruits18, flambeaux16, armes17, charbon18,
esclaves19); tantôt c’est un débitant qui circule, la
bouteille sous le bras, pour faire goûter son vin à ses
clients20; tantôt c’est un colporteur qui voyage, avec un
mulet chargé d’une pacotille (£<ô7toç), dans les bourgs et
les campagnes21, et va de village en village '2, de porte
en porte23, crier ses marchandises et offrir aux paysans
des couleurs, de la parfumerie, de la quincaillerie, de la
mercerie, delà bimbeloterie. Ce sont les Phéniciens2*,
puis les Éginètes 28 qui ont originairement le monopole
de ce commerce de colportage.
Les marchands forment une part importante de la
population urbaine. Avec les artisans, ils composent
essentiellement la classe inférieure de la société26.
Mais les xx7i7]Xot sont tenus peut-être en moins d’estime
encore que les artisans27. D’où vient ce mauvais renom?
Moins peut-être d’un préjugé général contre le com¬
merce, préjugé peu concevable, quoi qu’on ait dit,
dans des sociétés commerçantes28, que des mauvaises
moeurs et de la déloyauté ordinaires de ces revendeurs.
Les xMrqXoi sont gens de fort mauvaise compagnie, et
leurs établissements sont souvent mal famés : il est peu
honorable de les fréquenter29. En affaires, ils manquent
de conscience et de scrupules, et mentent effrontément :
’Ev tx:ç xa7rr|Xe(aiç sxvEpùt; ’j/E'joovTai, dit Diogène Laërce30.
Ils trompent à qui mieux mieux leurs clients, notamment
sur les poids et mesures31 ; ils surfont leurs marchan¬
dises32. Un vase du Vatican (lig.1918) nous montre un client
qui achète de l’huile et se plaint que la mesure est insuf¬
fisante 33. Beaucoup de marchands n’ont d’ailleurs adopté
cette profession que parce qu’ils sont incapables d’en
exercer une autre. Ce sont des propres-à-rien (aypsïoi) ou
des infirmes (àu0Evs<7TaTot)34. On trouve même parmi eux
des femmes, malgré la répugnance qu’on éprouve à
p. 518 ; Becker-Gôll, O. c. II, p. 186. — 13 'Onw^oxôiîr.^o;, Alciplir. III, 60. — 1b Lys.
De eaed. Erat. 14. — 17 x&icr(Xoç, Aristoph. Pax1 1210; xâtT]Xo;
iio'Swv, Aristoph. Pax, 447. — 18 Arist. Ach. 34 et suiv. — 18 Lucian.
Adv. ind. 24; Harpocr s. v. 'AvSjaî!oSo«à*>iX',«. — 20 Diphil. dans Athcn. XI, p.
499 ; Comp. Suid. s. v. «Airiio»; Poil. VII, 193. — 21 Antiph. ap. Ath. VIII, p. 358
E. En Arcadie, voir Fougères, Mantinée et l’Arcadie orientale, Paris, t898,
p. G9-70. — 22 Bachsenschülz, p. 469 ; Becker-Gfill, II, p. 193. — 23 Dio Chrvs.
L1V, 3. — 21 Movers, Die Phônizier, Berlin, 1S41-5G, II, 3, p. 120. — 23 Paus.
VIII, 5, 8; Strab. VIII, 6, IG, p. 376; Apul. Met. I, 4. — 26 Arist. Polit. Vil, 2,
7 ; Cic. Pro Flacc. 8; Guiraud, Main-d'œuvre, p. 175. — 27 Andoc. De myst.
137; Plat. Leg. XI, p. 918-919. — 28 Clerc, Métèques, p. 320 et suiv. — 29 Diog.
Laërt. VI( 34; Athen. XIII, p. 566. — 30 Diog. L&crt. I, 8. — 31 Dio Chrys.
XXXI, 37; Becker-GMl, II, p. 186. — 32 Athen. VI, p. 224 C et 226 A. — 33 Pé-
liké du Vatican, Monumenti anticlii. II. pl. xliv B. D'où l’emploi de «AitriXo;, comme
adjectif, dans le sens de falsifié, frelaté, frauduleux, xàitr.ka Ttyv^.T*, Suid.
s. u.; Phrynich. dans Bekker, Anecd. graeca, p. 49 , 9, — 34 Plat. Itcp. II,
p. 371 C.
218
MER
— 1734 —
I
MER
laisser les femmes se mêler, au marché, d’affaires qui
sont du ressort des hommes*. 11 y a beaucoup de reven¬
deuses (xxTrrjXîoei;) 2 dans les villes. On rencontre à
Athènes des affranchies ou des femmes libres qui sont
boulangères, cabaretières, marchandes de sésame,
d’encens, de sel, de rubans, de couronnes, de pelotons de
fil3, etc. ; et l’On sait qu’ Aristophane fait grief à Euripide
d'être le fils d’une marchande de légumes 4. La méses¬
time des Grecs pour toute la classe des petits débitants
se traduit de façon assez curieuse chez les auteurs : ainsi
Plutarque, en écrivant la vie de Solon, se croit obligé
d'excuser son héros d’avoir fait le commerce, en allé¬
guant la simplicité des mœurs anciennes, ainsi que les
exemples de Thaïes et d’Hippocrate le Mathématicien \ Si
tenace est même cette prévention, qu’une loi, citée dans le
plaidoyer de Démosthène contre Eubulide B, doit permettre
aux marchands d’intenter la Stxr, xax^Yoptaç contre ceux
qui leur reprochent injurieusement leur profession.
Les marchands sont répandus un peu partout dans
la cité grecque 7. Mais il y a certains centres où s’exerce
principalement leur activité. Les grands commerçants
font leurs affaires à YEmporion , aux environs du port
ou de Y Agora, dans de grands bâtiments spécialement
affectés à leurs besoins (docks, entrepôts)8. Les petits
marchands ont pour centre d’opérations le centre même
de la vie commune de la cité, l’àyopi L agora]9. C’est là
que les xà-*T,Xoi étalent chaque jour, et toute la journée *°,
leurs marchandises. C’est là que les marchands de modes
offrent leurs voiles brodés, leurs châles, leurs manteaux,
leurs sandales; les marchands d’habits, leurs vêtements
neufs" et d’occasion12; les joailliers, leurs chaînes d’or,
leurs bracelets, leurs sceaux, leurs bagues, leurs peignes ;
les quincailliers, leurs cribles, leurs cuillers, leurs
aiguilles, leurs hameçons13; les fleuristes, leurs cou¬
ronnes et leurs guirlandes14. Les voitures chargées de
cruches ou d outres de peau pleines de xin se tiennent
i Mcnanii. n. Or. S. 111,2 (Met. gr. IX, p. 205); Hcrmann-Blümner, p. 421.
— 2 Corp. inscr. att. Il, 708, 1. 16; Arist. Thesm. 347 ; Plut. 435, 1120. — 3 Arist.
Pan. 569, 1346;Vesp. 1389 etsuiv.; AeVrtov àpjraiokoyixov, 1890>P- e4’ n°" 5’ 1 ’ CorP-
inscr. att. Il, 2, 773, 776, etc. ; Guiraud, Main-d’œuvre, p. 149, 167 ; Becker-Gôll, 11,
p. 189-190; Francotte,!, p. 201. — 4 Par exemple Arist. Thesm. 387; Francotte, I,
p. 252. — 3 Plut. Sol. 2 el 3; Drumann, Die Arbeiter und Communisten in Grie-
clienlandund Dom, p. 66 et suiv. — 6 Demosth. C. Eubul. LVII, 30. — ‘ Becker-
Güll,l!,p. 187, 209. — «Wachsmuth, Die Stadt Athen im Alterthum(Leiptig, 1874-
90), 11, 1, p. 96-126. — 9 Szanto, v« Agora, dans Pauly-Wissowa, Realencyclo-
püdie, I, p. 878, el surtout Waclismuth, Op. cit. II, 1, p. 443-527 ( Die Agora als Stütte
des Uandels und Verkehrs); Becker-Gôll, Op. cit. I, p. 94-117 (Die Trapesiten) ,
11, p. 176 et suiv. (Markt und Daudet) ', Andrée, Géographie des Welthundels mit
geschichtlichen Erlüuterungen (Stuttgart, 1867-77), I, p. 47-48. — 10 Waclismuth,
II, 1, p. 453, n.5. — n Poil. VU, 78. — 12 Schol. Arist. Plut. 1063. — 13 Waclismuth,
II, I , p. 487, n. 5. — U Plut. Aral. 6 ; Arist. Thesm. 458. — )o Poil. VII, 192 ; Athen.
X, p. 431. — 16 Waclismuth, II, 1 , p. 480. — 17 Sur les xùxkot, voir Poil. VI, 31; Vil, 47;
X,18 ; Plat. Leg. XI, p. 915 D ; Waclismuth, 11, 1, p. 463. — 1® Becker-Gôll, H, p. 198.
près du marché aux fruits, abondamment pourv r
de pommes, de grenades, de raisins, de citron " , ï'Ves’
et de melons 16. Les diverses marchandises ont’ " '18Ues 1
à Athènes, leurs quartiers particuliers moins
par des cloisons mobiles18, et portant des noms snê?!
le marché aux comestibles (eiç xou'j/ov) 13 1 ■ ■ lilUX:
aux poissons (ot i/Qûs;) constitue la
subdivision20; le marché aux poteries
marché au vin (si; xbv olv&v)21, le
(«<
dont
1,: marché
plus "«Portante
* (e‘ÇTi’/.^);le
marche aux esclave
TOT. avdpà7to5a) 22 ; peut-être le marché aux ,iai.fu
(si; xi p.ôp«)23, etc. Les bibliophiles trouvent un quartmS
consacré aux livres24. Ailleurs se tiennent les marchands
de légumes (xi Xâyava)2*, les marchands de bêtes de
trait et de bétail; plus loin, les bouchers, les charcu¬
tiers26; les marchands de fromages 21; puis des porteurs
de bois vendant des matériaux de chauffage des!
fripiers29, des marchands de nattes, de mèches de lampes, 1
de volailles, de réchauds, de lits, de cruches, de tapis, de '
besaces, de sacs30; enfin des marchands d’argent et de
crédit (trapézites) 31 .
A côté du marché primitif se créent peu à peu des I
marchés spécialisés (par exemple, à Athènes, le marché
aux métaux)32. On cherche même à séparer les marchands
des citoyens vaquant aux affaires publiques, en isolant
le marché commerçant de l’agora politique et judiciaire83, 1
Nous possédons quelques indications sur l’organisa¬
tion matérielle du petit commerce en Grèce, et spéciale¬
ment à Athènes. Les xâ7r7)X&t installés au marché crient
leurs marchandises, et appellent les chalands qui passent
devant leurs étalages34. Ceux-ci examinent les objets
exposés et les marchandent 3ÏI. De petits commission¬
naires (TTfouveixo:) se tiennent près des boutiques, pour
porter à domicile les marchandises achetées ". Les
marchands sont installés assez sommairement, la plupart
sur le sol même de la place. Quelques mauvaises planches
suffisent à faire un étalage, le vendeur s abritant lui-
même du soleil sous un parasol3'. Les marchands plus
importants ont des boutiques. Ce sont des baraque!
mobiles, temporairement installées sur le mari lie. Lis
unes sont faites de claies de jonc ou de roseau (ys ff*)| ’
les autres sont des tentes de toile («^vcd). Qn y vend (‘b
choses les plus diverses39. Ces échoppes sont d’ordinaire
meublées de comptoirs (xpxTteÇai)40 et de sièges P1"'' ®
marchand, et, à l’occasion, pour le public. (fig- 1,1
n’est pas question, au vc siècle, de magasins fiv s ' i
manents. Cependant les installations foraim s 1 ^ ^
sont incommodes et disgracieuses. Aussi piiq"»1 0
iv° siècle, sans grand succès d’abord, de les "'"J .
par des magasins construits aux frais d<
tirerait un revenu important de leur location
759 ■ A tlico • H h
— 19 Schol. Aesch. Contra Timarch. 65. — 20 Arist. Vesg. ^ 2,’ f>ol| Xj 19;
104 A; VI, p. 227 E; VU, p. 287 E. - * ^ Eq 1375.
— 24 Eupolis dans Poil. IX, 47.
— 26 Theophr. Char. 22. Voir lanius.
Guiraud, L- ““'a, «U*»*'».
- 27 'Et, rt»?>?î>v T“f0v l']_ wr.0||.X,
- 28 Plat. Leg. VIII, p. 849 t) ; Poil. VII, 197. - 29 Eue. , p. 310, 23:
!8. - 31 Waclismuth, II, 1, p. 492-493. - 32 Bekkcr, Anecd. g |jc(.kpr.i;i,ll, II,
Wachsmuth, II, 1, p. 497. - 33 Arist. Polit. VII, P' ' ' h{gU |], I; l>«>
p. 179. — 34 Antiph. dans Athen. Ml, P- 287 E, c 1 y, ^,«*1*»' : *’° '
Chrys. VII, 123. — 35 Alexis, dans Athen. VI, 5. - 30 csj Bcckcr-Go'L •>,
VII,' 132. - 37 Athen. XIII, p. 612. -38 Büchsensclnitz, P- - ||arpoer.
p. 196. Cf. Wachsmuth, II, 1, p. 439, u. 2. - 39 Schol. ris • 459,
T. v . et T.:W.. - 40 Theophr. Char 9 ; Waclisniuth, H, , ,,
— 41 Theophr. n«pt ijutSv Ut. IX, 17, 3 ; Wachsmut i, , ^ ^ Vetlu a l'l’n'p
est faite d'après la photographie d'une frestpie de ,a "ials_ Xcn
cf. Monumenti antichi, VIII, 1898, p. 350, hg- ’
III. 13.
De
redit-
MER
— 1735 —
MER
Avec
, iemps, celle organisation primitive doit se
' r ces' installations provisoires ne peuvent
Iransfo'"1'1, .ns(ju commerce d’Athènes au iv1' siècle,
sUffire aUX J rendes places de l’époque hellénistique.
°u d’""e !ocau\ appropriés tendent-ils à se substituer
Auss' *wj plein. air. ce sont des halles couvertes
aux marc ^ pr0grès du commerce elles se multi-
(irT#*':) Snarte même en possède2. On en construit
P!ie"l.|l do spéciales. A Mégalopolis, il existe une halle
d’alT vendent des parfums et
ml r'1
des huiles odorantes
ob?)3. Athènes
a, de bonne heure4, une
lalle
(5T°! rCnteau détail, et par l’entremise de marchands %
P0111, a. J _ ol Upc sons. C’est la ttox àA(MTÔ7ta>Ai<; °, qu il
deb | pas confondre avec la halle du même nom
"onslruite plus tard dans l’Emporion du Pirée,etqui sert
sans doute d’en¬
trepôt aux appro¬
visionnements
del’ÉtatC Dans la
dtoi àX(ptTÔlVW/.lÇ
d’Athènes , les
farines à vendre
sont exposées
dans des casiers
de bois rectan¬
gulaires, en for¬
me de coffres 8.
D'autres halles
sont, après celle-
ci, affectées suc¬
cessivement au commerce de détail à Athènes : c’est
la halle du Dromos9, peut-être aussi la stoa Poecile10,
et, plus tard, la stoa dite d’Attale, bâtie par Attale II
Philadelphe, et dont les ruines, mises au jour à partir de .
1860, ont fait connaître l’aménagement intérieur, adapté
aux besoins du commerce de détail". Peu à peu le
système des balles couvertes se substitue partout au
système ancien du marché. La différence consiste essen¬
tiellement en ce que le lieu des échanges, au lieu d’être
une place entourée de bâtiments indépendants, est un
corps de bâtiment fermé, et accessible seulement du
dehors par des portes12. Les marchés se transforment
ainsi en un ensemble complexe de halles couvertes assez
semblables aux bazars de l’Orient moderne13. C’est en
Asie Mineure, peut-être par suite des exigences du climat,
que cette forme du bazar est d’abord apparue (par
exemple àSrnyrne)" et c’est en Asie Mineure qu’on en a
retrouvé des traces (à Cnide, Aphrodisias, etc.)13. Mais
ede sest répandue très vite dans la mère-patrie. Au
hunps de Pausanias, l’ancienne forme de l’agora ne
subsiste plus qu’à Elis et à Pharae16.
ho dehors des marchés des villes, les marchands ont
d :|utrescentresd'affaires : ce sont principalement les foires
'A h1* rassemblements de troupes. Les foires 1 1
Fig. 4919. — Boutique d'orfèvre.
1 se tiennent
^ ' ' Ch ij Anthed. dans Dicaearcb. (Millier), p. 145; Plat. Tlieag. lit
— 2 1," V, 2, 29; Tlieophr. Char. 2; Waclismullt, 11, 1, p. 458.
p 4“,"' la’ <!' — 3 Paus. VIII, 30, 7. — 4 Avant 389. Waclismuth, 11, 1,
~ 7° ri " *' ~ " Waclismuth, II, t, p. 406, n. 3.-6 Schol. ad Arist. Acharn. 517.
Becker ("'il C Phorm- XXXIV, 37; Waclismuth, 11, I, p. 90, 100, 406 ; cf.
12 —to \v — 8 Pchkcr, Anecd. graeca, I, p. 275, 15. — 9 Himer. III,
Berlin ij, aC''SmUl*1’ **’ L P- 500 et suiv. — 11 Adler, Die Stoa des Kônigs Attalos,
nelu r/, ' ~ l20urlius, Zur Geschichte der griechischen Stadtmaerkte ( Gesam -
Herman m~dî"nsen’ Berlin> l894h *' P- t5!-*53- — 13 Büchsenschiitz, p. 472;
— 13 Cuit uniner’ P- ÎS#, n. 1; Szanto, p. 879. — 14 Aristid. Ael. I, p. 370.
lus> I, p. 152. — 16 paus. VI, 24; VU, 22; X, 35. — n Büchsenschiitz,
surtout à l’occasion des grandes fêles religieuses iTraw,-
yépeu:) [panegyris] : à Olympie, à Delphes, à Corinthe, a
Délos. Leur organisation matérielle nous est mal connue,
elle doit être assez analogue à celle des marchés des
cités grecques, mais avec de plus grandes proportions.
•On n’y insistera pas ici, car les grands commerçants y
jouent un rôle plus important que les simples xx-c/o' •
Les rassemblements de troupes servent aussi de rendez-
vous aux marchands18. On sait que les soldats grecs de¬
vaient en principe s'entretenir eux-mêmes. Aussi étaient-
ils suivis en campagne par une nuée de revendeurs,
eantiniers, mercantis de toute espèce, qui s’installaient
près de leurs campements19, toujours prêts à leur vendre
fort cher ce dont ils avaient besoin, et à leur acheter
à vil prix les esclaves ou le butin pris à l’ennemi C est
v, ainsi que, au dire
T=====i=L^f de Thucydide,
l’expédition
athénienne en
Sicile était ac¬
compagnée de
tout un convoi
de marchands21.
Les marchands
grecs ne forment
pas, tout a u
moins avant la
domination ro¬
maine, de cor¬
porations exclu¬
sives et héréditaires, dotées de privilèges et de monopoles
pour certaines branches du commerce; le régime des
castes commerciales, qui a fonctionné dans d autres
civilisations, est inconnu de la Grèce indépendante. Par
contre, les marchands grecs s'organisent parfois volon¬
tairement en associations (xotvwvi'oi) 22 pour défendre
leurs intérêts professionnels communs et améliorer
leur situation sociale. Nous ne songeons pas ici
aux sociétés commerciales, réunissant dans une même
entreprise plusieurs personnes qui cherchent à réali¬
ser un bénéfice pécuniaire; il sera parlé à d’autres
places [mercatura, societas] de ces sociétés, nom¬
breuses et prospères en Grèce 23. Mais nous son¬
geons aux associations professionnelles de mar¬
chands Elles existent en Grèce pour les commerçants,
sinon pour les artisans [artifices]21. Elles présentent
d’ailleurs, au moins en apparence, un caractère religieux
très accentué; il n’y a pas de ligne de démarcation
sensible entre l'association laïque et 1 association reli¬
gieuse25. Les éranes, les thiases, les orgéons, qui sont
des confréries réunissant pour la célébration de certains
sacrifices et de certaines fêtes les adeptes des cultes
d’Orient, ont souvent un caractère économique assez
marqué : ce sont de véritables gildes marchandes
p. 474-476; Huvclin, Essai historique sur le droit des marchés et des foires,
Paris, 1897, p. 66-79. — ** Büchsenschiitz, p. 477-478. — 19 Arist. Oekon. Il,
p. 1350 A, 23; Xen. Cyr. VI, 2, 38; Hellen. I, 6, 37. — 20 Diod. XIV, 79. — 21 Time.
VI, 44. 1. — 22 Arist. Eth. Nie. p. 1159-1161. — 23 Caillemcr, Le contrat de
société d Athènes ( Études sur tes antiquités juridiques d'Athènes, X, 1872);
Brants, Les sociétés commerciales d Athènes (Rev. de l'instruct. pulil. en Bel-
gique, XXV, 1882, p. 109 et suiv.) ; Zieharth, Das griecliische Vereinswesen, Leipzig,
1896, p. 13-18; Alf. de Medio, Contributo alla storia del contratto di societa in
Roma, Messine, 1901, p. 54-58. — 24 Guiraud, Main-d'œuvre, p. 205 et suiv.;
Francotte, I, p. 298. — 2SSchafer, dans les /a/ir&üc/ter/ur Philologie, 1880, p. 417.
Cf. Foucart, Des associations religieuses chez tes Grecs, Paris, 1873, p. 3 et passim.
MER
— 1736 —
[thiasos]1. L'spavoç surtout, association permanente
ayant pour trait caractéristique îles repas communs ;ï
intervalles périodiques [eranos]2, rappelle la gilde germa¬
nique du moyen âge qui, on le sait, présente la même
particularité 3. Ce sont des marins et des marchands
étrangers qui, après les guerres médiques, à l'époque du
grand essor du commerce grec, importent en Grèce les
dieux barbares et créent ces associations4. Les étrangers,
les esclaves, les femmes en peuvent faire partie5 Elles
se développent presque exclusivement dans les villes
commerçantes. Ainsi, l’on trouve un très grand nombre
d’éranes marchands au Pirée6 : telle est cette confrérie
des négociants de Cilium qui obtient, en 333, du conseil
et du peuple athéniens le droit de fonder au Pirée un
temple d’Aphrodite1. Beaucoup de ces éranes ont pour
patrons les Cabires ou Patèques phéniciens, protecteurs
des navigateurs 8. On trouve encore un grand nombre
de gildes marchandes à Délos9 (par exemple le thiase
des Héracléistes, composé uniquement de négociants et
d’armateurs tyriens10), à Rhodes11, à Chios, à Thasos12.
La plupart de ces gildes, dont les inscriptions nous ont
conservé des traces, sont composées surtout de grands
commerçants (eg^opoi et vaûxXY,pot) 13. Il semble que les
simples xàTrrjXoi ne s’y associent guère, peut-être parce que
les cotisations en sont trop élevées u. En Asie seulement,
où le commerce terrestre a plus d’importance et, à
l’époque de la domination romaine, les xabnpvoi prennent
peut-être une part plus active dans les gildes marchandes,
par exemple dans les associations de caravaniers
((Tuvooiai) de Palmyre : chaque caravane constitue une
véritable compagnie sous la direction d’un <7uvo3iy.p;eq;13.
L’organisation économique des éranes et des thiases
commerciaux est mal connue. Peut-être ont-ils une
juridiction disciplinaire sur leurs membres16. En tout
cas, beaucoup d'entre eux jouent le rôle de banques de
crédit mutuel17. Peut-être servent-ils d’intermédiaires
entre l'État et leurs membres pour les affaires qui inté¬
ressent ceux-ci (par exemple pour le paiement des rede¬
vances et impôts qui frappent le commerce et les commer¬
çants). C’est du moins ce que l’on peut conclure d’une
inscription du Pirée, d’après laquelle l’importante gilde
des vaûxXTjpoi payait pour chaque navire une certaine
redevance16.
L'intervention de l'État dans la condition des mar¬
chands est assez limitée. Solon aurait, au dire d’Athénée19,
interdit aux hommes la vente des parfums, et Sparte
aurait expulsé de ses murs les parfumeurs. Pareille
politique somptuaire n’a plus guère d’écho à partir du
ve siècle. Les cités commerçantes laissent une large
liberté au commerce intérieur. Elles font aux étrangers,
au point de vue du droit public comme du droit privé,
une situation généralement fort acceptable20. Des impôts
spéciaux frappent les mouvements de marchandises. Ils
1 Ziebarlh, p. 12-33; Foucart, p. 57, 83, 150; Lüders, Die dionysischen
Kïinstler, Berlin, 1873. — 2 Van Holst, De eranis Graecorum imprimis ex
iure attico, Levde, 1832. — 3 Hegel, Staedte und Gilden der germanischen
Vôlker im Mittelalter , Leipzig, 1891. — 4 Foucart, p. 57. — 5 Id. p. 5. — 6 Id.
p. 55-110. — 7 Corp. inscr. att. Il, 168; Wachsmulb, II, 1, p. 152. — 8 Foucart,
p. 104. — 9 Ziebarth, p. 28-30. — 10 Foucart, p. 107. — H Id. p. 110 et suiv. ;
Clerc, Métèques , p. 126; Ziebarth, p. 196. — 12 Ziebarlh, p. 31. — 13 Par exemple
Corp. inscr. att. II, 171, 475; Bull. corr. hell. IV, 222, n. 15; VII, 467, elc.
— 14 Pour les artisans, Guiraud, Main-d'œuvre, p. 206. — I5 Ziebarth, p. 32.
— 16 Jd., p. 174 et suiv. — 17 Foucart, p. 142 et suiv. ; Barrilleau, Inscr. de
Mykonos , Bull, de corr. hell. VI, 597. — 18 Corp. inscr. att. I, 68 : ÊuixSâ/.XovTat
ot vatix^pot [...Spaj/urpy txaaToç ànb toÎ itXotou. — 10 Athen. XV, 35, p. 686.
20 Clerc, Métèques , p. 235, — 21 Ibid. p. 15. — 22 Demosth. L. VII, 34; Guiraud,
MER
seront étudiés Ù d'autres places [mercatcha m
trouve pas de traces d’impôts spéciaux I' ’S °nne
marchands comme tels. A Athènes h ». ■fappant *es
sur les métèques (jmofx.ov)*', les droits de^'!”
marche, frappent tous les étrangers22 bj,., ’ y1' au
pratiquement le rôle de contributions ZT, j°"anl
marchands, s’appliquent à tous les étrangers r ^
les métèques, quelque soit leur métier. D’autre" '■ ^
loi accorde parfois, au moins dans les cités , Parl’
çantes, des faveurs à certaines catégories de nmrcET
A Sybans, on exempte d’impôts les marchands Z
importent la pourpre marine23. A Athènes, une inscrin
tl0n atteste que les négociants de Sidon qui viennent
s’établir dans la cité sont exemptés de toutes les charges
qui peuvent peser sur les métèques24. A en croire un
scoliaste, dont le témoignage sur ce point n’est pas
confirmé, tous les ejwropoi seraient exemptés des liturgies
militaires . cela ne saurait s’entendre, dans tous les
cas, que des ’égTtopot métèques, les citoyens n’étant
jamais exempts de ces contributions26. Tout au moins
savons-nous que les êg7ropoi peuvent être exceptionnelle¬
ment dispensés du service personnel de guerre27. Il
n’est pas probable d’ailleurs que ces privilèges soient
accordés aux xiroiXoi, que les textes ne mentionnent pas
à ce sujet. Il convient de noter toutefois que le droit de
cité demeure d’ordinaire inaccessible aux marchands
étrangers : c’est seulement en plaisantant que le comique
Alexis peut dire que les Athéniens ont concédé aux fds
de Chaeréphile le droit de cité à raison de leur com¬
merce de poisson salé 28. Et c’est sans succès que
Xénophon propose de décerner au nom de l'État des .
honneurs et des distinctions aux marchands qui au¬
raient, par des services importants, bien mérité de
la cité29. P. Hu vélin.
Rome. — Deux mots sont employés chez les Romains
pour désigner les commerçants, negotiator et mercator.
A l'époque républicaine, le sens de ces deux mots est
très différent. Par negotiator on entend le négociant en
gros qui fait à la fois, la plupart du temps, dans les pays
nouvellement soumis, la banque et le commerce ", comme
les argentarii et les feneratores à Rome; par mercator ,
on désigne, au contraire, le marchand proprement dit. A
l’époque impériale, les deux mots deviennent synonymes
et le terme de negotiator 31 se rencontre pour désigne! de
petits commerçants établis à Rome aussi bien qu » n P1 0
vince32. Nous réserverons pour l’article negotiator » » (Im
a trait aux négociants-banquiers; il sera question i< i l ^
marchands en gros ou en détail, quel que soit h • 11 1 ^
sous lequel ils soient désignés par les textes btl|ial
ou sur les inscriptions. )S
Aux premiers temps de Rome, où la plupart d» si » . ^
étaient propriétaires ou cultivateurs, le comnnii
peu développé : les esclaves fabriquaient dans b s m
q.71 __ 21 Corp. i"scr’
Main-d’œuvre., p. 153 ; Clerc, p. 21. — 23 Athen. XII, 20, p. - • (’|crc, p. iW»
att. II, 86. — 26 Schol. Arist. Plut. 904. - Demostb. XX, 18, - ^
— 21 Schol. Arist. Ecclez. 1027; Suid. et|d Jüc|isenscl,ül*.
t'tôvTwv lizi ràç OToa-tctaç Sià -O s’j/^r.crrov rà tooçv . P .. .... fier
p. 533; Hermann-Bliimner, p. 423; Bfickh, Die Staatsbausi ■
éd. Frankel, Berlin, 1886, 1. p. 109, n. c. — 28 Athen. - Pj , 't. Impro-
Büchsenschiitz, p. 534. - 29 Xen. De redit. III, 4. - 30 Gic. .4 ’wgoliatord«s
bus negotiator , paulo cupidior publicanus ; ad Att. N, 10 dans le» 0pusC'
satisfacere quant pubticanis ; cl'. Ernesti, Denegotiatoi tbus t on _ mperii rom»'1'
philot. p. i et suiv. ; Kornemann, De civibus romanis m promu merc(ltorib«s
consistentibus , p. 24. — 3. Cic. Vêrr. 11,2,77; Negotiatonbus co . xxxV1IH
justus. - 32 Quint. Inst. I, 12, 17 ; mercis sordtdae negoU , ^
t, 45 : negotiator vestiarius ; lnsc.conf. helv. 261 ; nego
MER
— 1737 —
ME 15
. n(icessaii‘e aux besoins des maîtres; une vie
M“‘ Mi'.'' I commerçante indépendante était à peu
industr'HIo <- pourtant noter que dès une époque
rrC°::Z^ tradition ’, on sentit le besoin de
reci ' "" ‘ 1
pourvoi'1 pa
qui ex'^'
Nufïï&î ul*
eulee, «tw* divjgion du travail à certaines industries
T une aptitude spéciale et un apprentissage.
E ■ Ton 2 marque pour nous le début de l’industrie
Qjlteciw du commerce qui en est la conséquence
r0nl'T V Néanmoins, il est courant de dire que jus-
obllga ' puniques le commerce n’existe pas. « Le
q“ u Emilie produit sur son domaine tout ce qu’il
PèrC sa nourriture et celle de sa famille, la laine
revêtements, le cuir de ses chaussures et les maté-
des ([r sa maison 3. » Cette assertion, vraie en soi,
liailXl T l’existence de certains petits commerçants,
IZ1 pour les objets nécessaires à l’existence journa-
Ke. N’v avait-ü pas des boutiques sur le Forum et des
bouchers à l étal desquels Virgimus trouva le couteau
dont il frappa sa fille v [laniarium]? Mais sur les petits
commercants de cette époque nous sommes fort mal
informés. Il a semblé à certains que ceux-ci, n’ayant pas
encore à redouter la concurrence servile pouvaient fort
i bjen être des hommes libres, « plébéiens, clients et
affranchis, qui ne possédaient pas de terres et trouvaient
un moyen d’existence dans ces métiers détachés de la
famille, que l’on ne méprisait du reste pas encore fl ».
Les renseignements, peu nourris d’ailleurs, que nous
I possédons pour l’époque républicaine commencent à une
date ultérieure, avec le développement économique qui
suivit les guerres puniques. Peu à peu s’était faite une
double transformation ; les pères de famille, qui jusque-là
se contentaient de suffire à eux et à leur entourage,
commencent à produire bien au delà de leurs besoins,
grâce au nombre toujours croissant de leurs esclaves;
ils sont amenés à vendre au dehors le surplus de leur
production. En même temps les richesses du monde
affluent à Rome, entre les mains de capitalistes qui ont à
l’étranger des courtiers, des représentants [negotiator].
Les uns comme les autres ont recours, pour la vente, à
des esclaves’ ; dès lors la plupart des commerçants appar¬
tiennent à la condition servile8. C’est une pratique qui
se continua pendant toute l’époque impériale. L’emploi
des esclaves comme commerçants offrait de grands
avantages à ceux qui les employaient9. D’abord ils
échappaient par là au blâme qui s’attachait aux pro¬
fessions non libérales et les rendait inabordables aux
gens de qualité 10 ; on pouvait ainsi mener de front la car¬
rière des honneurs et celle de l’intérêt. Puis ils évitaient,
du moins en principe, tous les risques commerciaux ; ils
avaient les profits sans être exposés aux pertes, la per-
SOnne responsable aux yeux du consommateur étant l’in-
teiposé ; ensuite, les esclaves, qui appartenaient pour la
I 11 ■ — 2 Cf. E. Wezcl , De opi/icio opificibusque apu
r'oDMuioj, berolini, 1881. — 3 Marquardt, Vie privée , II, p. '
p p î', 4S’ — 6 Wallon, Hist. de l’esclavage, 11, p. 1 1 ; Wezel, Op. ci
~ 1 Cf L 7 'l WalUiDg’ Él"de sur les corporations professionnelles , p. Gi
Paris ik'T U^aP* r^e ^ es ®icZaut>s et des affranchis dans le commerc
temjjorihiil ' (^ü°mo(t° Per servos libertosque negotiarentur Romani imperi
_ 9 I j ’ 1,n“‘ 8 Mommsen, Hist. rom. (trad. Alexandre), IV, p. 13
tenuis ar' C^‘ P* “ su‘v* — 10 Cic. De o/f. I, 42: Mercatura,
45. __ h wZdida Putanda Liv. XXI, 63, 3 et 4 ; Cic. in Verr V, ü
— 12 Cf \i a lon’ - de l esclavage, II, p. 30 et suiv. ; Hor. Ep. I, 1
I 14 Dit» viv1118011’ rom' P’ — 13 Juglar, Op. cit. p. 11 et sui
! C«T>- <»*cr. ij'n ” Pr-’.18 ; XXXH> 91’ § 2 ; XL’ *• 10 i Gaius’ IV’ 71
rio ; xi, ) gi, j ’ JU-7 ■ Dionysio, Cn. Afamili Primi, sutori instiiori caligi
' jecto, Sex. Avidi Eutychi seplasiari negotiantis ser. institori
plupart à des peuples étrangers vaincus", essentielle¬
ment commerçants, Carthaginois, Grecs, Syriens, savaient
les langues étrangères12, pouvaient s’aboucher avec les
marchands ou les acheteurs de leur pays, possédaient
plus de souplesse, plus d’habileté; enfin on était en droit
d’attendre des esclaves un travail continu, car ils n étaient
soumis à aucune obligation envers l’État, ni civile, ni
militaire.
On les utilisait de deux façons 13 : ou bien on les pré¬
posait à un commerce tout installé", on les prenait sim¬
plement comme intermédiaires, comme agents de vente
[institor15, institoria actio], ou bien on leur confiait un
capital, avec charge de le faire fructifier par le commerce
Sur ce capital ils devaient naturellement servir un intérêt;
par contre, ils avaient droit à des parts de bénéfices' '
dont ils formaient un pécule Celui-ci leur servait ulté¬
rieurement à acheter leur liberté ,9, quand leur maître,
pour les remercier de leur habileté commerciale, ne leur
accordait pas gratuitement 20 la manumission, avec le
fonds de commerce qu’ils avaient géré à son compte-1.
Ainsi se produisit lentement une transformation dans la
condition du commerce et des commerçants. L’esclave ne
cessait pas, en devenant affranchi, de se livrer au négoce :
il continuait à son compte le métier auquel il s’était
adonné au nom d’un autre22; d’où l’existence de mar¬
chands indépendants de plus en plus nombreux, d'abord
affranchis, puis, à mesure que les générations se succé¬
daient se transmettant leur fonds de commerce, ingénus.
De la sorte l’emploi d’esclaves comme marchands amena
peu à peu la substitution de négociants libres aux négo¬
ciants serviles.
D’autres causes intervinrent également. Ainsi, quand
la révolution économique qui se produisit au ivc siècle de
Rome eut annulé la petite propriété rurale, beaucoup des
anciens cultivateurs de naissance libre, devinrent dispo¬
nibles; il est croyable qu’un certain nombre d’entre eux se
tournèrent vers le négoce. Tout cela amena une augmen¬
tation des associations d’industriels et de commerçants 23 ;
« au vie siècle, dit M. AValtzing, elles se multiplièrent de
telle façon qu’il semble évident que, malgré toutes les
circonstances défavorables, une classe industrielle et
commerçante s’était formée 24 ». Les affranchis y domi¬
naient sans conteste. Il est remarquable que, parmi toutes
les inscriptions antérieures à César et à Auguste que nous
possédons, aussi bien pour Rome que pour le reste de
l’Italie, une seule mentionne un négociant ingénu, et en¬
core le fait n’est-il pas tout à fait hors de doute23, tandis que
toutes les autres nous présentent des affranchis26. La situa¬
tion change à l’époque impériale : aussi bien dans les textes
relatifs à des commerçants syndiqués qu’à des isolés, les
ingénus et les affranchis se rencontrent indifféremment27.
En même temps leur nombre s'accroît à l'infini : l’an-
Ann. épigr. 1898, 148 : Vitalis C. Lavi Fausli ser... institor. — 15 Sur la condi¬
tion juridique des institores, cf. L. Juglar, Op. cit. p. 13. — 16 Cf Marquardt,
Vie privée, II, p. 190, noie 8; Plut. Cal. major, 21. — n Juglar, Op. cit.
p. 16 et suiv. — 18 Plant. Asin. 540; Varr. De re rust. I, 17, 7; Atheu. VI, 108
p. 274 d; Dig. XV, 1, 5, § 4. — 19 Sen. Ep. LXXX, 4; Virg. Duc. I, 32. — 20 Dig ,
XII, 4, 3, § 7 ; Suet. Vesp. 16 ; Tac. Ann. XV, 55. — 21 Dig. XXXIII, 7, 7 ; XXXI,
88, § 3. — 22 Dig. XXXVII, 14, 18. — 23 R est impossible de dire à quelle catégorie
appartenaient les marchands de l’Avcntin qui furent constitués en collèges en 495 — .
259 : Fest. Ep. p. 148; Liv. II, 21. — 21 Etude sur les corporations profession¬
nelles, p. 86. Voir, p. 87, la liste des collèges connus à cette époque. — 25 Corp.
inscr. lat. I, 1214 : Q. Tullius Paapus, glad{iarius), à Capoue. — 26 Ibid. 1129
(cisiarii) ’, 1131 (tanii) ; 1193 (coronarius) ; 1210; Ibid. IX, 471 ( unguentarii ).
— 27 Cf. les différents volumes du Corpus ( Indices , officia privata). Pour Rome les
inscriptions relatives aux commerçants sont rassemblées au t. VI, p. 1 15G et suiv.
MER
— 1738 —
cienne société aristocratique et surtout agricole fait place
à une société industrielle largement ouverte à tous; les
anciens préjugés sur le commerce ont disparu; il n’est
plus déshonorant de s’y livrer ; les négociants de l’époque
impériale affichent même leur métier sur leurs épitaphes ;
ils se font représenter sur leurs tombes avec les outils
de leur profession ou les comptoirs de leur magasin, ce
qui prouve nettement « et l’aisance de ces industriels
assez riches pour se construire de coûteux tombeaux, et
la lierté de ces représentants du travail libre qui, loin
de cacher leur condition, veulent être vus, après leur
mort, avec l'outil qu’ils tenaient de leur vivant. Ces
hommes ont évidemment l'orgueil de leur profession
et, s ils l’avaient, c'est que leurs concitoyens trouvaient
cette fierté légitime 1 ».
Si l'on veut distinguer les négociants non plus par
leur état civil, par la classe à laquelle ils appartenaient,
mais par des particularités relatives à leur commerce
même, on arrive à établir plusieurs catégories. On peut
opposer les marchands en gros et les détaillants. Ceux-là
se nommaient magnarii1, les autres manticularii 3 ; à
la catégorie des premiers se rattachent tous les négo¬
ciants qui formaient dans les grandes villes de puissantes
corporations, marchands de blé ( mercalores frumeii-
tarii )4, marchands de vin ( mercatores vinarii )5, mar¬
chands d’huile ( negotiatores olearii) r', etc. ; les seconds
sont ou de petits fabricants qui vendent eux-mêmes
Jeurs produits, lintearii, vestiarii , sutores, pistores,
unguentai'ii, etc., ou qui débitent au public les objets
produits ou préparés par autrui, le comparator rnercis
sutoriae d’une inscription de Milan 7, le mercator omnis
generis mercium transmar inarum d’un texte de Reate8,
le Chrysas otvoxcoXYi? EÙ7)g.spiaç d’un papyrus du
Fayoum 9, les !y0uoiTa>Aat èv 'P<»g.7] 10> les negotiatores
macellarii M, les vendeurs de poteries fabriquées par de
grands entrepreneurs ( negotiatores arlis cretariae 12)
[figulus], et, en général, tous les marchands de comes¬
tibles, nombreux dans la capitale aussi bien que dans
les diverses villes du monde romain.
On peut aussi établir une distinction entreles marchands
originaires d'une ville qui y prenaient un commerce ou
continuaient celui de leurs parents, elles étrangers qui
venaient s'établir dans une cité plus ou moins éloignée
de leur pays d'origine, afin d’y faire fortune. On en ren¬
contre dans tous les grands centres commerçants de
l’Empire: cultores Jovis tterytenses qui Puteolis con¬
sistant l3, et corpus Heliopolitanorum u, à Pouzzoles ;
Galatae consistenses municipio, à Napoca 13 ; collegium
Galatarum à Germisara16; xb Iv MaXâxyj Sbpwv xe xal
’Actavwv xoivbv, à Malaga n. On sait que les commerçants
de cette sorte possédaient, au moins dans les endroits
les plus importants, des entrepôts pour leurs marchan-
* Üuruy, Hist. rom. V, p. C37. — 2 Apul. Met. 1, 5; Corp. inscr. lut. VI,
1G96 ; X, G 1 13. — 3 Cf. Mommsen, Hhein.Mus. 1880, p. 154; Korrespondenzblat d.
Westd. Zeitsch. 1884, p. 31. — * Wallzing, Op. cit. II, p 103 et suiv. — 5 Ibid.
p. 97, 115, 180. — 6 Ibid. p. 87, 303. — 7 C. i. I. V, 5927. — 8 Ibid. IX, 4G80.
— 9 Grenfell et H uni, Fayi'im towns, p. 192. — 10 Alhen. VI, p. 224 c.
— 11 C. i. I. VI, 9532; XIII, 2018; Suel. Caes. 26; Vesp. 19, etc. — 12 Marquardt,
Vie privée , II, p. 286, note 1. — 13 C. i. I. X, 1634. — 1* Ibid. 1759. — 1° Ibid.
III, 860. — 16 Ibid. 1394. — 17 Inscr. gr, rom. 26. Sur le nombre et le rôle des
marchands syriens dans les différentes villes commercantes de l’Empire, cf.
Mommsen, Hist. rom. (Irad. fr.) , XII, p. 29 et suiv. — 18 Cantarelli, Le stationes
municipiorum (Bull, comun. 1900, p. 214 et suiv.). — 19 Inscr. gr. rom. III, 131 et
suiv. — 20 Ibid. 421. — 21 Cf. pourtant C. i. I. XII, 1996, un negotiator oleurius ?
Vivis Lugdunensis. - 22 Ibid. 1945. — 23 Ibid. 2448. — 24 Ibid. 1998. — 25 Ibid.
MER
dises (stationes) 18 ; il en existait de tek » n
Forum pl A Pnimnlno 20 r\ ... 1 nOIÏle
uclir * « te?
b'e
«ont
Forum et à Pouzzoles20. Deux villes deT—'SUrle
présentent un exemple très instr
d’éléments i n d i
Lyon et Bordea
grand nombre de marchands qui n’indkui i ^ ""n
patrie, pour la plupart, ce qui était inutikT ,7
du pavs 21. on trouve un Syrien r. ,,s (*taient
syrien de Germaniciana
:,.ema «0 ». un Ittbi’
s IIU,igenes et d’éléments étranger* n
Bordeaux. Dans la première ville ’ . ' ' s°
mbre de marchands qui n’indiouen,'!. f
gers: Bellovaques28
1 i tes 3 1 , Parisiens32,
pays _, on trouve un
négociant en broderies (barbari
tant de Canada, negotiator 23, un UntiwZ ,0 , ,
cite des Veliocasses 2\ un verrier de Carthage»
negotiator artis rnacellariae , civis Triboàr « ’ ^
compter tous les autres27. A Bordeaux existait *77
ment, une importante colonie de commerçants élraiJ
Butènes29, Aulerques30, Curioso-
. . Séquanes33, Rémois», Medioraa-
tnces 3\ 1 révérés 30, Germains37, Espagnols38, Grecs 3
Syriens40, etc. Tous ces commerçants, perdus ainsi dans
un centre éloigné, se resserraient pour former des cor¬
porations 41 ; et lorsque l’un d’eux mourait, s’il n’était
pas ramené dans son pays natal, il trouvait place dans
un cimetière particulier, réservé à ces épaves de tout le
monde romain, où toutes les patries se confondaient
pour une dernière demeure 42 .
Il faut mentionner encore parmi les marchands venant
s’établir dansles villes ceux qui s’adonnaient au commerce
après avoir suivi quelque temps une autre carrière, en
particulier les soldats qui, leur retraite obtenue, se fai¬
saient négociants. A Lyon, un vétéran de la légion 1"
Minervia exerça le métier de marchand de pote¬
ries43 ; un vétéran de la légion XXII'’ Primigenia, retiré à
Mayence, y utilisason expérienceen vendant des glaives44.
On a trouvé aussi en Dalmatie l’épitaphe d’un Aurelius
Maximusqui estqualifiéde a militiis en même tempsque
negotiator celeberrimus 45. Parmi tous ces commercants,
le plus grand nombre étaient établis dans des magasins
permanents [taberna] situés dans les rues populeuses ou
sur les places. A Rome, où les épitaphes des connner- |
çants contiennent souvent l’adresse du défunt, nous j
savons, par exemple, qu’il y avait des marchanda I
d’habits sur le cornpitum Aliarium 46, près du lemph I
de Castor47 et de celui de Cérès48, près des horreU
d’Agrippine 49, près de ceux de Volusius ", dans Ici
vicus Tuscus 51 . Dans la même rue on troua ail dcsj
purpurarii 52 et des parfumeurs33. Sur I l»ll|ilin oui
vendait des poteries 64 et des couleurs ", au M il rj
étaient des marchands de vin üC, a Subure
donniers57; des lanarii dans le vicus
dans celui de Fors Fortuna*9 ; des boude î-^ su il
Viminal 60, des fruitiers près du Cirque "laNI"" |i(re|
voie 'Sacrée et le Forum étaient naturellement ^ I
du commerce, surtout du commerce c'hgan
2000. — 26 Ibid. 2018. — ri Ibid. p. 255; H. Bazin, Vienne et l. <i », ^ ^
v. _ 28 c. i. I. XIII, 011. - 29 Ibid. 629. 36 74. 033,034, #
32 1 b. 026. — 33 Ib. 631. — 31 1 b. 628. — 35 1b. 023. ]b XIII
- 31 ]b. 618. - 38 Ib. 6 1 2, 621. - 39 IL 619, 620. - ' • „„ coin du
451, 6453, 6540; Brambach, Jnscr. Ith. U. - 4 p°ur l'herichle derA*«f*
imelière deTrion; cf. lllrsclifeld, C. i. I. XIII, P- - >o * ' * Les (tran<ler>“
u Berlin, 1895, p. 402 et suiv. ; pour Bordcauz, cf. C ^ ^ XIII, l9°”
tordeaux, et Jullian, Inscr. de Bordeaux , I, P- 14°. 1 W C. i- L Vl
- H Brambach, Inscr. Rh. 1076. - 45 Ann. épigr. . W», ■ M/j_ Vl, M»;
476 _ 41 Ib. 9872. - 48 Ib. 9969. - 49 Ib. 9972 ; X \ , 3' • __ w Felt. p. 3“
- 51 ib. 9976. - 52 Ib. XIV, 2433. - 53 Hor. . 9<J71, *9»3- - " '
, 26; Varr. De l. I. V, 50. - 5a C. i. I. VI, 9673. ^
ul — 58 Ib. 9492. — 59 Ib. 9493. — 60 Ib. 9499.
MER
MER
Lncontrfl't h'-s
•• -2 n
•ianls les plus divers, coronarii
eiiiiiidi'11
9‘
torû
Ubrarn
négoci
margaritarii 3 , unguentarn », pigmen-
' en était ainsi, du reste, dans
villes d’Italie ou
les
souve
tionnés
de province, où les foreuses sont
>nl men -
Cer-
laines industries
6t certains com¬
merces étaient
même concen¬
trés, dans des
quartiers ou dans
I des rues spé¬
ciales, ce qui est
assez fréquent
dans tous les
temps et dans
tousles pays. Ces
rues prenaient
en conséquence
le nom des corps
de métiers qui
les peuplaient à
Rome8. On con¬
naît le vicus f'rumentarius\ le viens lorarius'0, le virus
materiarius H, le viens pulverarius'2, le viens sanda-
liarius u, le viens vitrariusn et le vicus unguentarius 15 ;
__ 1739 —
tait des marchands ambulants, qui parcouraient les rues,
criant leurs marchandises, ou attirant les badauds par
leurs boniments. Un bas-relief nous montre un fruitier
qui porte devant lui un panier rempli de pommes; à côté
on lit : Main !
mulieres tnulie-
res tneae ! 38
(fig. 4921). On a
vu ailleurs[coRO-
NARIL’S, fig. 2017,
201 H] des pein¬
tures représen¬
tant des mar¬
chands de
guirandes : un
enfant tient sus¬
pendue une lon¬
gue perche d’où
pendent des
guirlandes : un
acheteur semble
vouloir acquérir
l’uned’elles, qu’il
\ Sénè-
Fig. 4920. — Marchand d'élofles en boutique.
à Pouzzoles i
mtriarius 11 ;
v avait un vicus Ihurarius 16 et un clivus
Metz; un vicus
un vicus sandaliaris ’8 à
argerttarius 13
à Carthage ; une
platea Seplasia, à Capoue, in
quel unguentarii negotiari sint
soliti 20 (d’où le nom de sepla-
siarius). Les différents lieux de
vente avaient, du reste, égale¬
ment reçu, pour la plupart, un
nom tiré de celui des. commer¬
çants qui s’y assemblaient soit
d’une façon permanente, soit à
certains jours de la semaine, et
des denrées ou marchandises
qu’ils vendaient : forum boa -
rium 21 , suarium 22 , piscato-
r ium-3, pis torumn,v ina r i um 25 ,
examine*
que nous dépeint les boulangers, les pâtissiers, les mar¬
chands de saucisses étalant, à la porte des établissements
de bains, leurs victuailles devantle public etinsignita mo-
dulntione vendentes 40 ; Aulu-Gelle, les vendeurs de re¬
mèdes offrant leurs spéciliques à grand renfort de
paroles 41 . Ailleurs il est question de commis-voyageurs
holitorium
campus pecua-
Fig. 492 1 . — Marchand ambulant. ?
lanatorius ou lana-
rius 28 ; basilica floscellaria 29,
riuailaria :J0, à Rome ; forum pecuarium à Atina31 et à
Fig 4922
Marchands sous un portique.
Ferenti
n uni
32
v m arium à Os ti e 33 , v estia ri u m à Ti m gad 1
h°litonum à Thugga38 , basilica ves/iaria h Cuicul36, etc.
. es marchands, quels qu’ils fussent, portaient le nom
general de tabernarii 31 (fig. 4920). A côté d’eux, il exis-
i. I. •) ii a
ri[arj - • . — - /b. 34. — 3 /(,, 9545 t 954G, 9547, 9548 : cf. le porlicus marga ■
~ • /wV0 -rdure de la voie Sacrée- — 4 Il>- 1974‘ — 5 lb- 979S- - 0 lb ■ 9935
C , l ’ 733 ù ompéi) ; VIII, 16 556 (Thevesle’ ; Ann. épigr. 1898, 99 (Cherche!)
— * Jonla v' ^r'esl’ 997 (Narbonne); cf. Nisscn, Pompeian. Studien, p. 268
Vl,97:i) ye mcmorie delv Instit. 1865, p. 234. — 9 Bas. Capit. (C. i. I
rej. / ’~uc‘ 111 ' ~'°c- *• L V1> 979fi- — 11 Bas. Capit. reg. XIII. — 12 Ibid
- H Bas c Suet- À"9- 57 ; Aul. Gell. XVIII, 4, 1; C. i. I. VI, 448, 761, etc
-‘LM ■ nfL re9- L ~ 15 Notit. Urb. reg. VIII. — ! & Eph. epigr. VIII, 365
L., ' ’ cr Atli dei Lincei, 1884-5,
Moselle
24. - 2
II, p. 96. — :
p. 5G8. — 18 Robert et Cagnat, Epigr. de la
2i q j 19 Confess. VI, 9, 14. — 20 Ascon. ad Cic. in Pison. II,
‘opogmphi iC lter’ Topo0r- der Stadt Bom, p. 184 et suiv. ; Homo, Lexique de
9631 _ _ 23 ro,na,,l<>» P- 233. — 22 Richter, p. 264; Homo, p. 272; C. i. I. VI
*•% Richter ° g01*’ ^ Homo, p. 244. — 24 Richler, p. 199; Homo, p .245.
’ P- 2|i4 ; Homo, p. 276. — 26 Richter, p. 192 ; Homo, p. 238. — 27 Rich-
( circitores , coctiones , arillatores) que les vestiarii elles
lintearii chargent de colporter des étoffes ou des habits et
de les vendre à la criée42. 11 est possible que ce soient
des marchands de cette sorte que représente une peinture
du Musée de Naples43 (fig. 49:2-2). Peut-être faut-il aussi
ranger dans cette catégorie les pantapolae 44, mar-
ler, p. 380 ; Homo, p. 113; C. i. I. VI, 9660. — 2* Richter, p. 345 ; Homo, p. 107.
— 29 Richler, p. 380 ; Homo, p. 88. — 30 Richler, Ibid. ; Homo. p. 88 ; C. i. I. XI, 3821 .
— 31 c. i. I. XI, 5074. — 32 Ib. 5850. — 33 lb. 543; XIV, 409. — 34 Bull. arch. du
Comité , 1901 , p. 312, n. 10. — 38 C. i. I. VIII, 1408. — 36 lb. »o 156. — 37 C. i. i. VI,
1766, 9103, 1009; XIV, 2793 ; Bull, comun. 1883, p. 239; 1885, p. 163. Lafig. 4920
reproduit un bas-relief du Musée des Officcsà Florence, Gori. Inscr. ant. III, tab.
xxi ; Hiitschke, Ant. Bildw. III, p. 236, u. 533 ; 0. Jahn, Ber. d. saechs. Gesellsch.
1 86 1 , pl. xi, 2. Voir une scène semblable, Pitt.d'Ercol. III, 41,p.2l3; O. Jahu, Abhandl.
d. saechs. Gesellsch. V, pl. i, 1. — Bas-relief au Musée de St-Germain ; Duruy, Hist.
des Rom. t. V,p. 639. — 39 Bartoli, Picturae antiq. XIV. Autres ligures, O. Jahn,
Abhandl. d. saechs. Gesellsch. V, pl. vi. — 40 Sen. Ep. 56, 3. — 4t Aul. Gell. 1,
15, 9; cf. Hor. Sat. I, 2, l. — 42 Fest. ap. P. Diac. p. 17 et 39 ; Dig. XIV, 3, 5,
§4.-43 Pilt. d'Ercol. III, 12, p. 221; O. Jahn, Abhandl. V, pl. ir, I .
— 44 Nov. Valent. III, 5 pr. el § 1.
MEI{
1740 —
chands grecs qui vendaient toutes sortes d'objets en détail,
<iu détriment des tabernarii spécialistes; mais on pour¬
rait aussi v voir des commerçants en boutiques, qui
tenaient ce que nous appelons aujourd’hui des bazars.
.Nous ne sommes pas suffisamment renseignés sur leur
compte pour pouvoir préciser. Enfin, tenant le milieu
entre les ambulants et les boutiquiers, existait toute une
classe de petits commerçants qui étalaient leurs marchan¬
dises sur le sol ou sur des tréteaux sous les portiques des
rues et des places publiques ; on en voit un exemple dans la
/
Fig. 4923. — Marchands à Fêtai.
même série des peintures du Musée de ,\aples(fîg. 4923) ».
D'après la comparaison de quelques textes on peut
admettre que certains commerçants avaient des succur¬
sales dans différents pays. L’exemple le plus frappant
est donné par Marquardt2. Une famille de thurarii de
Home portait le nom de Faenius ; on connaît deux de ses
membres : L. Faenius Primus3 et L. Faenius, L. et mu-
lieris libertus, Favor4. Or on a rencontré à Pouzzoles un
L. Faenius L. 1. Alexander 5, à Ischia un L. Faenius
Urso 6, tous deux thurarius ; et l’on sait qu’un L. Fae¬
nius Telesphorus était établi à Lyon comme unguenta-
rius1 . Il semble donc bien que la maison principale fût
à Rome et eût des représentants dans plusieurs villes. De
même on trouve cù Milan 8 et à Lyon9, aux deux extrémi¬
tés de la voie qui reliait l'Italie à la Gaule par les Alpes
Cottiennes, la mention des negotiatores Cisalpini et
Transalpini.
Pourattirerl’attention du public, les marchands romains
avaient recours, comme on l’a toujours fait, à la réclame.
Nous ignorons s'ils connaissaient le « prospectus » ; du
moins avaient-ils soin, par des formules habilement
choisies, inscrites sur les devantures de leurs magasins,
de flatter les acheteurs ou de solliciter leur confiance.
Une marchande de volaille et de gibier, dont un bas-
1 PUt. d Ercol. L. I. ; O. Jalin, L. I. — 2 Vie privée , II, p. 447. — 3 Corp.
inscr. lat. VI, 5080. — 4 Ibid. 9932. — 5 Ibid. V, 1042. — 6 Ibid. X, 6802.
— 7 Ibid. VI, 9998. — 8 Ibid. V, 59H. —9 Ibid. XIII, 2029. — 10 Corp. inscr.
lat. S I, 9685 ; Zoega, Bassiril. ant. I, 27 ; O. Jalin, Berichte der süchs. Gesellschaft ,
1861, p. 364, pl. XUI, 2. — 11 Beo. épirjr. 1890, p. 39, n. 827. — 12 Waltzing,
MEIl
relief de la ville Albani représente (flg. ^
Fig. 4924. — Marchande de gibier el volailles.
sous un portique, se recommande à sa clientèle par cesl
vers de Virgile 10.
« Dum montibus umbrae j
Lustmburit convexa , polus dum sidéra pascct ,
Semper honos nomenque tuurn , laudesque mane\
[bunt. »]
Une fleuriste qui vendait des guirlandes et des cou¬
ronnes aux environs de Nîmes avait pris la devise1
galante : « Non vendu nisi amantibus coronas". »
Nous avons parlé plusieurs fois, à propos des mar¬
chands, de collèges, de corporations: c’est que la plupart
d’entre eux étaient, en effet, groupés ensemble. Nous
avons indiqué aussi que la première mention dégroupe¬
ments de cette nature remonte à l’époque dite royale el
qu’ensuite il n’en est plus question qu’en 259 av. J . -C . , à
propos des marchands de l’Aventin. On sait, en outre,
que les collèges professionnels, auxquels la République
n’imposait aucune condition, à qui elle n’accordait non
plus aucun privilège, prirent un grand développement12
et jouèrent un rôle politique important dans les troubles
qui marquèrent la fin de la période républicaine ; aussi
furent-ils supprimés par César et ensuite par Auguste13.
Mais celui-ci comprit qu’il fallait, pour établir a cet
égard un régime stable, régler d’une façon définitive le
droit d’association: à l’avenir on refusa l’existence à tous
les collèges qui ne seraient pas munis d’une autorisation
spéciale et personnelle du Sénat14; on n’admit que ceux
qui offraient quelque caractère d’intérêt public, si bien
que les associations devinrent un organisme inferieur de
l’État, en puissance du moins, jusqu’au jour où l°n
trouva bon de les employer. Les collèges comineuiaux
ne diffèrent pas des autres en cela; il est dom inub ®
d’insister sur ces détails qui ont été expost s a '
collegium. Mais l’organisation intérieure des 111
ayant été à peine effleurée dans cet article, il 4 011
d’y revenir ici en quelques mots 1
Les négociants, appartenantà la même pi
ofession ou a
des professions voisines, qui voulaient se ri "" Qn
mençaient par rédiger des statuts 18 : ceux ' 1 ' .jem^
sollicitait l’autorisation du Sénat, qui ne pou\'U ^ ^
ment se prononcer qu'après lecture du règ
suiv _ 13 Ibid.
Étude sur les corporations professionnelles , I, p- 8,1 c travail capU»1
p. 90. _ 14 Ibid. p. 115 et suiv. — )8 N»us renvoyons |e9 sources
de M. Waltzing sur la question. Le lecteur y trouvo^a^^. ^ I,
anciennes et modernes citées dans le plus grand dttai
p. 337.
«
MER
— 1741
MER
, ,orS le collège constitué et « confirmé »>, sui-
soumf |K‘" i0„ technique’, pouvait agir librement.
vanl 1 ‘,XP.Vir .oralion professionnelle se composait de
T°ule <’0'|fs je membres honoraires et de patrons.
cieml,r< Pinbres actifs, qui faisaient le fond de l'associa-
' l'eS"l"- ,nt ceux qui pour y être inscrits payaient
li°n’ V".n droit d'entrée2, et qui, de plus, versaient
dab"n !,ois une cotisation 3. Cet argent leur permettait
chaqUCfii1>r de tous les avantages attachés au titre de mem-
deP'l" collège et, en particulier, d’être enterrés dans la
r "du cimetière ou dans le monument acquis par lui4.
pa[ 16 membres honoraires, choisis souvent en dehors des
f ss ions auxquelles appartenaient les autres, étaient,
Pr".e,iitraire nommés à cause de leur nom ou de leur
“Vucucë et’ dispensés de toute cotisation; leur seule
obligation était d’aider leurs confrères de leur crédit et
de leurs conseils, ce qui ne les empêchait pas de leur
faire plus d’une fois des dons en argent ».
Quant aux patrons, c’étaient des personnages haut
placés dont on sollicitait la protection en échange du
titre qu’on leur décernait; on leur demandait de défendre
en toutes circonstances les droits de la corporation et
aussi.de se montrer généreux envers elle par des cadeaux
de toute sorte 6 que l’on laissait à leur initiative et
aUXquels ils ne se dérobaient point. La cooptation d’un
patron se faisait en séance plénière du collège ; et l’on
nommait une députation [legatio] chargée d’aller lui
porter la tablette de bronze où le décret 7 d’adoption
avait été gravé [patronus].
Les membres des collèges professionnels étaient
divisés soit en centuries8, soit en décuries9, lesquelles
avaient à leur tète des décurions ou des centurions10;
iis figuraient avec ces divisions sur la liste générale de
la corporation ( album , fasti ) gravée souvent sur marbre
etaflichée dans la salle des séances”.
L’administration se partageait entre l’assemblée et
les dignitaires. L’assemblée ( conventus ) se tenait d’habi¬
tude dansla chapelle de l’association [schola]12, auxdates
fixées par le règlement ou, dans certains cas extraordi¬
naires, lorsqu’une circonstance fortuite rendait la con¬
vocation nécessaire. Pour que ces assemblées fussent
valables, il fallait un certain nombre d’assistants, peut-
être les deux tiers du nombre total1*.
Elle avait pour fonction primordiale de rédiger et de
voter la loi constitutive du collège [lex], ou d’y apporter
tel changement qui pouvait sembler utile14; puis de
prendre des décisions sur tout ce qui intéressait la
communauté (affaires courantes, sacrifices à offrir aux
dieux ou tà la divinité de l’empereur, organisation des
repas de corps, sépultures des membres défunts, cons-
ructions ou réparations des immeubles de la société,
acceptations de legs, récompenses a attribuer aux
membres ou honneurs à décerner aux patrons)15. Le
pouvoir exécutif était entre les mains de dignitaires élus
par l’assemblée : magistri , annuels ou quinquennaux
suivant que le collège compte par années ou par lustres 10
[magister] ; curatores, personnages élus annuellement1
pour aider les magistri auxquels ils étaient soumis 18 et
dont la mission principale semble avoir été de gérer les
finances de la compagnie, d’en administrer les biens
et de surveiller l’exécution des décrets19; quaestores
(trésoriers), qui encaissaient les recettes et opéraient les
payements20 [qcaestor], on les nomme aussi arcarii ;
enfin, secrétaires (scribae, notarii , tabularii) chargés
des écritures, des procès-verbaux des séances, et de la
garde des archives21. Il est inutile d’ajouter que toute
cette organisation est la reproduction exacte de ce qui se
passait pour l’administration des cités.
On s’est demandé depuis longtemps si ces associations
professionnelles avaient pour leurs membres ou pour le
commerce un avantage économique22, si les sociétés de
commercants, en particulier, n'étaient pas constituées
en vue d’entreprises communes23. C’est une opinion que
l’on a tout à fait abandonnée aujourd’hui24; un des
arguments les plus probants contre cette manière de
voir est que les collèges de commerçants recevaient
parmi eux des membres qui exerçaient un autre métier
que celui dont ils portaient le nom23, et un métier tout
à fait différent, où aucune communauté d'intérêts ne
pouvait exister. On a donc reconnu que ces associations
avaient pour but et pour avantage de donner à des élé¬
ments épars une cohésion et une force qui leur man¬
quait à l’état d’isolement26. Les empereurs ne songeant
aucunement à protéger le commerce, il fallait trouver
ailleurs des protecteurs. De temps immémorial, les faibles
s’étaient faits clients de quelque grand personnage ; la
corporation fut une nouvelle forme de la clientèle; elle
donna à tous ces corps associés le moyen de se défendre;
elle leur assura une considération qui leur eût manqué
autrement et qui faisait d’eux non seulement des en¬
sembles qu’on ne pouvait pas violenter impunément,
qui avaient la force et le moyen de faire valoir leurs récla¬
mations, mais presque des organes de la vie municipale.
De bonne heure, en effet, des rapports s’établirent
entre les villes et les collèges qui y existaient. Les
inscriptions prouvent qu’ils formaient une classe spéciale
placée immédiatement au-dessus de la plèbe urbaine ;
une sorte d’ordre à part qui se range après les décurions
et les sévirs augustaux21, et que sa cohésion rendit bien
vite influent. On s’en aperçut aisément : les syndicats
n’hésitaient pas à intervenir lors des élections pour
recommander et faire passer les candidats de leur choix.
Parmi toutes les affiches électorales qu’on a recueillies à
Pompéi, un certain nombre émanent de collèges de
commerçants : M. Cerrinium aedlilem) pomari rogant 28;
M. Holconium Priscum II vir. j. d. pomari universi
cumHelvio Vestale rogant 29 : Cn. Ilclvium aed. Hernies
colo... cum gallinariis rog. 30 ; Nerum aed. o'ro )
lin <-US’ *’ *' — 2 Bruns, Fontes juris Fomani (6e éd.), p. 356. — 3 Walt-
lp' cit- b P- ‘374. _ 4 Ibid. i( p 4SI — B Ibid. I, p. 357. — 6 Sommes
slslurs'1 /°nilal'ons d® banquets ou distributions de sportulcs; dons de
libéral " mCS ' co,îsbi’uct.ion ou embellissement de la salle des séances,
jy relatives à la sépulture des membres du collège (Waltzing, Op.
dans Wall'. ' 41®b ~ 1 Inscriptions relatives aux patrons des collèges
(r— . ' "h P- 373 à 416. — 8 Exemple : les centonarii de Côme
(Coi
rP ■ biscr. Int.
Û, 126) ;
V, 5446). — 9 Exemple : les centonarii de Ravenne (Ibid.
P' 360 __ U,CS. vascularii de Rome (VI, 9052). — 10 Waltzing, Op. cit. 1,
-,a C t des fastes conservés (Waltzing, Op. cit. IV, p. 280 cl suiv.).
"L XI, 5750; Bruns, Fontes, p. 356. — 13 Waltzing, Op. cit. I, p. 369.
VI.
— IV Bruns, Fontes, p. 336: Waltzing, IV, p. 315 et suiv. — 13 Waltzing,
| p. 375 et suiv.; IV, p. 318 et suiv. — 16 Ibid. p. 384. — 17 Bruns.
Loc. cit. — 16 Waltzing, I, p. 384 note. — 19 Ibid. I, p. 409. — 20 Ibid.
1, p. 413; et IV, p. 419. — 21 Ibid. I, p. 415; IV, p. 427. — 22 Résumé de ces
opinions dans Waltzing, 1, p. 181 et suiv. — 23 Herzog, Gall. Narb. p. 188 ; Desjar¬
dins, Géogr. de ta Gaule, III, p. 444. — 2V Boissier, La religion romaine d‘ Auguste
aux Antonins, II, p. 255. — 2Ô C. i. I. V, 7044 ; XII, 1898 ; XIII, 1978, 1998 ;
2023. _ 2f> Boissier, Loc. cit. - Waltzing, I, p. 188 et suiv. — 27 C. i. I. V, 7905,
7920 : decurionib, et sexvir. Aug. et officialibus, item collegis, et recumbentibus
et populo. — 28 Ibid. IV, 149 ; cf. 180 , 206. — 29 Ibid. 202; cf. 1955 d. — 30 Ibid.
241.
219
MK R
— 1742 —
faciatis) : vngnenfari facile rogo 1 . On pourrait multi¬
plier les exemples - ; ils suffisent à prouver l’interven¬
tion dos marchands syndiqués dans la politique muni¬
cipale, à laquelle leur intérêt ne leur permettait pas de
rester étrangers.
Aussi les cités reconnaissaient elles leur pouvoir par
des faveurs; on leur accordait des places d’honneur au
spectacle 3 ; dans les cérémonies publiques ils figuraient
avec leurs bannières déployées 1 ; dans les banquets
offerts par des citoyens généreux ils n’étaient jamais
oubliés 6. On alla même jusqu’à leur demander leur
concours pour certains services intéressant la munici¬
palité, qu’ils acceptaient de rendre parce qu’ils y trou¬
vaient de leur côté une augmentation d’influence et
certains avantages pratiques; c’est ainsi qu’on eut de
bonne heure recours, pour former des corps de pom¬
piers, aux hommes que leur profession ou leur com¬
merce désignait plus spécialement : les centonarii et les
dendrophori , marchands de centons [cento] et de bois,
mi étaient généralement réunis aux fabri dans la cir-
onstance 6 [fabri, p. 956]. Cette utilisation des collèges
aussi bien par l'État que par les particuliers se généralisa
à partir du me siècle et devint la règle générale.
De bonne heure l’autorité impériale avait compris que
les collèges de marchands établis dans la capitale
étaient un des organes essentiels de la vie journalière,
et qu’il était impossible de s’en désintéresser. Elle
essaya donc de les encourager. Auguste, Tibère, Claude,
Néron avaient accordé des privilèges à ceux qui four¬
nissaient Rome de blé ( mercatores frumentarii ) 1 et
d’huile [mercatores oleari) ; Trajan exempta les mar¬
chands de blé de la tutelle8; c’est lui qui donna aux
boulangers ( pistores ) le jus Quiritium pourvu que,
étant déjà citoyens de droit latin, ils eussent une boulan¬
gerie à Rome depuis trois ans au moins et qu’ils fissent
cuire 300 boisseaux par jour9; il les exempta égale¬
ment de la tutelle10. Hadrien étendit ce privilège en les
dispensant de la tutelle des enfants de leurs collèges11,
c'est-à-dire de ceux qui faisaient partie du même collège.
Caracalla accorda pareillement Yexcusatio tutelae aux
charcutiers, à la condition qu’ils consacreraient à l’an-
none les deux tiers de leur patrimoine12; pour être
admis à ces avantages, les marchands devaient se sou¬
mettre au contrôle permanent du préfet de la ville
ou de celui de l’annone : ceux-ci tenaient des listes
exactes des commerçants qui étaient dans les condi¬
tions requises et vérifiaient les déclarations reçues13.
Au siècle suivant, ces immunités sont encore étendues
par l’exemption des mimera sordida, en particulier aux
charcutiers u.
Ainsi se préparait lentement la réforme que l'on attri¬
bue à l'empereur Sévère Alexandre. Jusque-là il y avait
eu des commerçants libres, des collèges protégés par
l’État parce qu'il s’en servait et des collèges dont il se
' Jbid. 009. — 2 Cf. la série de ces inscriptions dans Waltzing, III, p. 116
<•1 suiv. ; Willeros, Les élections municipales de Pompéi, p. 26 elsuiv. — 3 C.i. I.
XII, 714. — 4 Rio. Cass. LXX1V, 4; Vita Gallieni, 8; Aurel. 31; Paneg. lat. VIII,
8; Waltzing, I, p. 415. — 5 C. i. I. V, 7920; VIII, 16556; XI, 6033. — 6 Waltzing,
II, p. 196 et suiv. ; Hirschfeld, Gall. stud. III, p. 10 et suiv. — 7 Suet. Aug. 42;
Tac. Ann. II, 87 ; Suet. Claud. 18, 19 ; cf. Waltzing, II, p. 402 et s. — 8 Plin.
Paneg. 29. — 9 Gaius. I, 31. — 10 Fragm. Vat. 233. — U Ibid. 235, 237 ; Dig.
XXVII, 1, 46. — 12 Fragm. Vat. 236, 237. — 13 Jbid. 233, 236 ; Dig. L, 50, 6, 6 ;
Waltzing, p. 347 sqq. — H Cad. Theod. XIV, 4, 6, 10; JVov. Valent. III, 35, 6, 7.
— 13 Vit a Alex. 33 : Corpora omnium constituit vinariorum, lupinariorum,
caligariorum et omnino omnium artium. — 16 Dig. L, 6, 6 (5), § 3. — 17 Fragm.
MER
ucam lai uaaai t.
i/VüUl IIIUIO
iv-o uoiiùfijos de
cants sont déclarés officiellement indispensable
on les reconnaît d’utilité publique, on les .,,1. ’lal:
les enrôle dans l’administration. Bien nhw |n° ‘‘B®’ °n
guère plus qu’il y ait des marchands non syntli(^el
presque tous seront réunis en collèges, et
soumis à la même réglementation l\ En
en c
°Hèges
relouC on leur
accordait certains privilèges ; il était juste U1
que ceux qui, par l’exercice même d« leur profess-
avaient une sorte de fonction publique fussent disin-ns "’
en retour, de charges réservées aux citoyens à qui JX
ne devait rien16. Ces privilèges consistaient surtout
dans l’exemption de la tutelle1', des munera sordida h
extraordinaria lfl, la collât io equorum i9, la dispense du
service militaire20, dans la protection accordée contre
les abus de pouvoir des fonctionnaires subalternes21, dans
la possibilité, du moins pour les chefs des collèges, de
parvenir à certains honneurs 22. Mais cet état privilégié
devait avoir pour les commerçants de terribles consé¬
quences : ils souffrirent de l’oppression dont moururent
aux bas temps, toutes les classes de la société qui avaient
quelque rapport avec l’administration. Ils subirent
comme tous les corporati , la pire des servitudes. On
commença par déclarer les patrimoines affectés pour
toujours à l’exercice d’une profession23 : c’était les
frapper d’une hypothèque perpétuelle, comme gage du
travail de ceux qui les possédaient, pendant leur vie,
comme garantie des services qui devaient se continuer
après eux pour le bien de l’État21. Puis on attacha les
personnes au métier à perpétuité : « perpetuo sint obnoxii
functioni », disent les Codes26; enfin on déclara le métier
même héréditaire : la charge transmise aux enfants par
les biens le fut dès lors par le sang, « la fatalité delà
naissance, telle devint la loi suprême de l’Empire28».
On finit par faire la chasse à ceux qui essayaient de se
soustraire au commerce imposé par la loi et par les
ramener de force à leur devoir2'. Ainsi finirent les com¬
merçants à Rome.
En était-il de même dans les différentes villes de
l’Empire et se passa-t-il dans les provinces ce qui se
passait dans la capitale? On l’admet généralement ,1a
aussi la plupart des négociants se seraient formes en
corporations, ceux qui restaient isolés ne formant
qu’une infime minorité29; là aussi les collèges aman n
été utilisés pour des services publics30 ; le dilfk ü< 1 ^
déterminer quels étaient ces services u- H ( 'l
qu’ils étaient différents de ceux qu’on demandait aux
sociétés à Rome et à Constantinople. M. ^,ll/J n
discuté longuement la question 3- ; sa conclusion I ^
les membres des collèges municipaux au o
étaient les auxiliaires des curiales et que ceux '-[ * 1
saient dans les diverses corporations les specu
dont ils avaient besoin pour accomplir leui s me 1
Ainsi, les décurions devant veiller aux apP1"'1"'
Vati , 236. - 18 Cad. Theod. XIV, 2, 2. -«Sym». Belot- 1*. aCti,
III, 5, §§ 2 et 3. - 21 Cod. Theod. XIV, 3, 22; C. t. I- • . ’ 2g3 ei suiv.
rw"., »>«*. ». . ; »... iw. m ». S » »•
— 24 Wallon, (Jist. de l'esclavage, III, p. 206. — -3 C ■ r/ie0(f. xlV, 4,
-26 Wallon, Op. cit. III, p. 207.- 27 JVov. Valent. H I, 15, • ^ . fu5lel
,2; 10. -28 Waltzing, II, p. t7l; Duruy, Hist. rom. ' wallon, Hist- de
_ 20 Nos. Voî.
12; 10. -28 Waltzing, U, p. wi; umuy, - - - • Wa||0n, Hts‘-
de Coulanges, Inst, polit, de l'ancienne France, , P- - • §3; Cod.
l'esclavage, III, p. 248. - 2» Waltzing, U, P; ° 'Z suiv, Stemler,
Theod. XII, 9, 1, 3; VII, 21, 3. - 31 Duruy, Op. cit. VU, p. 2Q8 cl suiv.
Des collèges d'artisans, Paris, 1887, p. 74. P ■
_ 33 Ibid. p. 214.
MER
1743 -
MER
nicipes *, bien qu’il n’y eût pas en dehors
jnents ,nL1,e distributions publiques, il était naturel
des capilnlt>;- , ceia .y certains marchands et en
qu’ils üssen ‘ * bou,angers. De même ceux des curiales
particulier ;ui. ^ ^ supveil,ance des travaux publics
qgétaienlcl(ia 8 fajre que de demander le concours
ne pml
»• r v,aie , ores En somme, la situation parait la même
aèsdendi'op antin0ple et dans les provinces. Les
à Rome’ constitués en collèges, semblent devenus
commerça" . drninistration, astreints à des corvées
des organes aei
leur metier.
Pr"pre n(ls étaient soumis à certains impôts; et
LT ÏÎIÛÎelndre non point les taxes qui frappaient
r 'redises comme la douane ou l'octroi, mais
, Mi étaient prélevées sur la profession elle -meme.
“ ’elmbre étaient peut-être le «marna»™., s'il faut
«S avec certains auteurs, ee qui ue semble pas admts-
; un droit de marché, de stationnement sur la place
ou dans les magasins qui s. y trouvaient Ce
Il e t certain, c'est que, depuis Alexandre Sévere ’,
i ressuscita peut-être d’anciens impôts, les négociants
Lient tenus de payer une patente nommee aurum nego-
tiatorium ; seuls les commerçants de Rome en étaient
exempts L Après Dioclétien un nouveau système fut
établi • tous les artisans, inscrits sur un registre malri-
cule spécial, sous le nom des negotiatores , devaient une
.contribution personnelle, functio auraria \ pensio
auraria 0 [curysargyrum], qu’ils répartissâient entre les
différents membres de la corporation1. Tout ceci a été
expliqué ailleurs. Le siliquaticum serait un impôt du
même genre perçu en partie sur le marchand, en parlie
sur l’acheteur 8 . R- Cagnat.
MERCATURA. Le Commerce. — I. Grèce avant le
viii0 siècle. — Nous n’avons sur l’état du commerce grec,
dans les périodes les plus anciennes, celles qu’on nomme
époque prémycénienne ou troyenne (2500-2000 environ)
et celle qu’on nomme époque mycénienne (2000-1000 en¬
viron)1, que des sources archéologiques. Les sources
linguistiques et littéraires n’apparaissent qu’avec les
poèmes homériques (1000-700 environ).
Période prémycénienne . — Elle est qualifiée quel¬
quefois de période troyenne 2, parce que les fonds qui
la caractérisent le mieux sont ceux des cinq premières
villes (particulièrement de la seconde) qui se sont
succédé à Ifissarlik, sur le sol de l’ancienne Troie. Ces
fonds ont été mis au jour par les fouilles de Schliemann.
La population des premières villes de Troie n’était pas
de race hellénique. Mais la civilisation qui a régné à
Tcoie a laissé des traces dans d’autres lieux. On a trouvé
des fonds analogues dans les Cyclades, à Amorgos, à
ivulm. Die stâdtische Verfassung d. rôm. Reichs , I, p. 46 et suiv. ; Hirschfeld,
Anjionn, p. 84 et suiv. ; Liebenam, Stüdteverwaltung. — 2 Cf. à ce sujet Marquardt,
'm' financière, p. 353 ; Cagnat, Impôts indirects, p. 147 et suiv. — 3 Vita
r' ‘ ~ * Marquardt, Op. cit. p. 298. — 6 Cod. Theod. XIII, t, 13.
VII, 21, 3. _ i Ihid Xü[ 17. cf Godefroid, ad Cod. Theod. X, I.
~M ,jaenat> Impôts indirects, p. 148, note 1.
t A l CH y. i je sujs, p0ur les date9, les indications de Hall, The oldest
Greece, Studies of the Mycenaean âge, London, 1901, p.48 et suiv.
J °rsch. des Altertli. II, Stuttgart, 1893, p. 120 et suiv. - 3 Fouqué,
I ii t'" * MS éruPt‘ons, Paris, 1879 ; Beloch, Griech. Gesch. Strasbourg, 1893-97,
ùml l Gescl‘- des Altertli. il, p. 121. — 4 Schliemann, Ilios, Stadt und
rro,nner’ Leipzig, 1881; Troia, Leipzig, 1884; Bericht über die A—
m Tr°ia im Jahre - - ■ • ■
l»natt
-- 1890, Leipzig, 1891; Cbr. Tzountas et J. Irving
d le Mycenaean âge, London, 1897; Hall, Op. cit. p. 23; Spcck, Man-
«jc/iL <CS AU,:Hh- H. P- 20, 210; Beloch, Op. cit. 1, p. 67-68. - 3 Meyer,
'fruit,?? A'terth- "> P- 122-123; Hall, Op. cit. p. 27; Dumont cl Chapiain,
I e) de la Grèce propre, I, p. 19-42. — 6 Meyer, Ibid, il, 126; cf. Hall,
Mélos, à Santorin (Théra)3 ; en Chypre; sur le continent
enfin, près d’Athènes, à Tirynlhe, a Mycènes, etc. Les
instruments et les armes qu on a trouvés dans ces
stations nous révèlent une civilisation intermediuii c
entre l’ûge de la pierre et l’àge du métal : ce sont encore
des haches, des scies, des pointes de (lèches, des
peignes, fabriqués en pierre ou en os. Mais à côte de tes
ustensiles primitifs, on remarque aussi des couteaux,
des aiguilles, quelques bijoux de cuivre v. On y ren¬
contre des vases de cuivre assez grossiers; ceux du fond
de Théra 5 révèlent une ornementation florale originale.
Tous ces objets sont de types assez semblables, même
dans les fonds les plus distants les uns des autres : ceux
de Troie et ceux de Chypre présentent des analogies
frappantes ; bien plus, des vases identiques, comme
forme et comme ornementation, à ceux de Troie et de
Chypre ont été découverts dans les plus anciennes
nécropoles d’Ëtrurie, à Tarquinii, Vetulonia, etc. On en
a conclu que ces produits ont été introduits par la xoi<‘
commerciale et qu il devait exister dès cette époque un
commerce de mer ®. Cette conclusion est défendable,
bien qu’elle ne puisse être pleinement vérifiée1.
En comparant les produits fabriqués de la civilisation
troyenne à ceux d’autres civilisations antérieures ou
contemporaines (Babylone et Egypte), on constate que
les premiers n'imitent pas les seconds; ils sont ori¬
ginaux dans leur facture et leur ornementation. La civi¬
lisation troyenne se serait donc développée d une manière
autonome et en dehors de toute action étrangère. Le
fonds de Chypre fait exception, il porte seul l’empreinte
d’influences orientales (sémitiques) 8. La conséquence
serait qu’il n’y a pas eu, dans notre période, de relations
commerciales entre l’Orient et la mer Lgée. Mais il fau¬
drait établir que tout commerce, quels que soient ses
objets, entraîne nécessairement des imitations dans le
domaine de la fabrication et de 1 art décoratif. L absence
même d’influences orientales dans les pays égéens à
cette époque n'est pas établie 9. 11 est probable que des
relations ont existé entre l'Égypte et la Grèce, sinon par
la voie directe d’Égypte en Crète, du moins par Chypre
et la Palestine10. Il est possible que les Phéniciens ne
servissent pas encore d’intermédiaires a ce trafic. A plus
forte raison faut-il se défier des tentatives qu'on a pu faire
pour reconstituer les formes du commerce de la période
prémycénienne par la comparaison des formes du com¬
merce dans d’autres civilisations primitives11.
Période mycénienne (2000-1000 environ ,2). — Mycènes
fut l’un des centres principaux de la civilisation do
cette époque13. Les palais de Mycènes et de Tirynthe,
le palais de l’acropole, le vieux mur aux neuf portes et
p. 144 et s. — 7 L'archéologie ne peut guère donner davantage. Sur la question
de méthode, voir V. Bérard, L'étude des origines grecques, Rer. histor. 76 (19UI>,
p. 14 et suiv.; Hall, Op. cit. p. 13 et suiv. — » Meyer, Op. cit. Il, p. 126-127 ;
Dumont, Op. cit. p. 199 et s. ; Pollier, Catalog. des vases du Louvre, p. 82 et s.
— 9 Ibid. p. 126, n. 1; Beloch, 1, 71; Hall, p. 108 et s. 143 et s. Pour la discussion
détaillée, voir S. Reinach. Le mirage oriental, dans ses Chroniques d'Orient, 11,
p. 509-565; V. Bérard, Topologie et Toponymie antiques, dans la Revue arcli. 1899,
1900 et 1901 ; la Méditerranée phénicienne, dans les Annales de géographie, 1895,
p 271 ; E. Pottier, le Palais de Minos, dans la Revue de Paris, mars 1902, p. 179-
197 _ io Hall, p. 145-147. — 11 Spcck, Uandelsgesch. des Altertli. 11, p. 305 cl s.
_ 12 Dates approximatives. On peut croire que la civilisation mycénienne avait
atteint son plein développement au xv' siècle ; cf. Beloch, 1,84, n. 3. — 13 Ridgeway,
The early Age of Grcece, 1, Cambridge, 1901, et Reinach, dans Rev. critique,
XXXVI 1902, p. 172-178; Tzountas et Manatt, The Mgccnacan âge; Hall, The
oldest civilisation of Greece ; Meyer, Op. cit. H, p. 128 cl s. ; Beloch, Op. cit. I,
p. 76 et s.; Speck, Op. cit. Il, p. 24 et s. ; Perrot et Chipiez, Uist. de l'Art , t. VI ;
Pottier, Catalogue, p. 181 et s.
MER
— 174
4 —
MER
plusieurs tombeaux d’Athènes ; les ruines (murailles,
fondations d’un palais, digue) découvertes en Béotie
dans une ile du lac Copaïs, et à ürchomène; d’autres
monuments trouvés dans les îles de Chypre, de Rhodes,
de Crète, nous fournissent des témoignages intéressants
sur l’état économique de celte époque, à laquelle appar¬
tient aussi, en Asie Mineure, le fonds de la sixième ville
de Troie1. Ils nous révèlent des formes de civilisation
qui ont régné non seulement dans le monde égéen, mais
jusqu’en Asie Mineure, en Syrie, en Égypte, en Sicile,
dans l’Italie méridionale, etc. L’àge de bronze a com¬
plètement supplanté l’àge de pierre; la technique de la
métallurgie est déjà très développée 2 : des bijoux, des
ustensiles sont faits en métal coulé, filé, martelé 3(cuivre,
or etargent, exceptionnellement fer) *. L’art delà poterie
s'est aussi fort perfectionné. L’ornementation des
ouvrages de métal et de terre est puisée à une inspira¬
tion généralement autochtone s. Mais on rencontre aussi
désormais des traces indéniables d'intluences de l’art
décoratif oriental 11 : plantes et animaux d’Orient,
monstres ailés 7 qui apparaissent surtout dans les petits
objets (gemmes, bagues, travaux d'ivoire, d’or plaqué,
porcelaines, verreries, scarabées égyptiens, etc.) 8. Ces
influences semblent révéler des relations fréquentes de
la civilisation mycénienne avec l’Orient9. Babvlone par-
ticipait certainement à ces relations (peut-être par l'inter¬
médiaire des Hétéens)10. Mais c’était surtout l'Égypte"
qui échangeait des produits fabriqués avec les Grecs,
notamment avec ces peuples un peu énigmatiques connus
sous le nom de Keftiou (gens du pays de Kàfit) 12, que les
Égyptiens confondaientà tortavec les Phéniciens13, qu’on
a voulu récemment identifier avec les Ciliciens", mais
qui ne sont, plus probablement, que les habitants de la
lisière nord de la Méditerranée, en face de l’Égypte
(Chypre, Pisidie, Lycie, Crète)13.
Le commerce mycénien avait gagné aussi les pays de
l’Occident. Des produits fabriqués identiques se
retrouvent à Syracuse, en Étrurie, jusqu’en Portugal13.
La Crète a dû tenir une place prépondérante dans les
relations avec les étrangers. Il doit y avoir un fond de
vérité dans les traditions relatives à Minos et à la thalas-
socratie crétoise17. Plus tard, le centre du mouvement
commercial se déplaça et passa en Argolide. La légende
des Argonautes rappelle les tentatives faites par les
princes d'Iolchos pour atteindre l’Hellespont. et la mer
Noire18. Troie, qui commandait la route de l’Hellespont,
i Helbig, Das homer. Epos, 2f éd. 1887 ; Schliemann, Mykenae, Leipzig,
1878; Orchomenos , Leipzig, 1881; Tyrins , Leipzig, 1886 ; Schuchhardt,
Schliemanns Ausgrab. in Troja, Tiryns , Mykenà , Orchomenos , Ithaka ,
im Lichte der heutigen Wissenschaft , 2e éd. Leipzig, 1891 ; Meyer, Op. cit.
I, p. 128-129, 183 et s. 193, 198 et s.; Beloch, Op. cit. I, p. 67. — 2 Meyer,
I, p. 157; Hall, Op. cit. p. 28. — 3 Meyer, Op. cit. Il, p. 173; Speek,
Op. cit. II, p. 212. — 4 Beloch, 1, p. 77. Le trésor de Priam, que Schliemann
croyait contemporain de la deuxième ville de Troie, doit être de l’époque mycénienne :
Hall, p. 17. — 5 Furtwangler et Ldschcke, Myken. Vasen , Berlin, 1886. — 6 Beloch,
I, p. 78-79; Meyer, Op. cit. Il, p. 173 et suiv. : cf. S. Reinach, Le mirage oriental
( Chroniques d'Orient , II, p. 555 et suiv.) et aussi Hall,p. 34etsuiv. — 7 Milchhofer,
Die Anfünge der Kunst in Griechenl. 1883 ; Perrot et Chipiez, Hist. de l art , t. VI ;
Meyer, .Op. cit. II, p. 175-176, 180. — 8 Helbig, Hom. Epos, p. 60 et s.; Hall,
p. 116 et s., 186; Meyer. Gesch. des Alterth. II, p. 200. — 9 Meyer, Wirths.
Entwickelung des Alterth. Iena, 1895, p. 13; Hall, p. 30; Pottier, dans la Revue
de Paris , mars 1902, p. 179 et s. — 10 W. Wright, The empire of the Hittites ,
2e éd. 1886; Di Cara, Gli Hethei-Pelasgi , I, Roma, 1894. — 11 Hall, p. 143 et s.
167-168 ; Perrot et Chipiez. VL p. 991 ; Pottier, Catalogue , p. 203. — 12 Revue des
Études grecques, 1894, p. 122-124. Pour la forme du mot, voir Maspero, Rev. crit.
d'hist. et de litt. XXXVI. 1902, p. 63. — 13 Cf. Flinders Petrie, A history of Egypt
from the earliest times to the XVl^ dynasty, London, 1894, p. 13-15. — *4 Max
Muller, .1 sien und Europa nach aUüjypt. Dmkmülern, Leipzig, 1893, p. 336 et
devait ètn
re aussi une place de
Mais quelle a pu être
commerce i
emportante n
* 1 * ****pvji tcuiutî Ut» ne .
quelles ont pu être ses directions — - onartlerce
importance de
o. -, .* -. --étions et ses formes 9
S agit-il des routes du commerce extérieur*"’ / '
dire du commerce du monde égéen avec I s à'
l'Égypte)? On estime généralement que W .T? et
commerciales empruntaient surtout la voie de | ^
petit cabotage: les marchandises arrivaient ^
Égée par l’Asie Mineure. Les rapports Dnliti„ &
Pharaons d’Égypte et des rois des cités myEnn*
ont été rares, exceptionnels même21. D'autre
petits et mauvais navires de cette époque n'auraienl
guère permis d’affronter régulièrement la hante mer»
On ne s’expliquerait guère autrement le caractère nul !
nniïià nr*i c nup lo 1 î o o l i /-v»-. 1 — il » •
. i • • i . . « _ u u 10-
nome pris par la civilisation hellénique dans cerhin.
AAr-l-AA ,1 - l’!l „ J /-.I
centres écartés, dans Pile de Chypre, par exemple, dont
la vie se développe tout à fait à part23.
Quels étaient les intermédiaires du commerce entre
l’Orientet le monde égéen? Les Phéniciens24 se trouvaient
naturellement placés sur les routes continentales du
trafic, et des témoignages nous révèlent leur entremise I
dans l’importation de vases mycéniens en Égypte25, I
Mais il est possible que les Phéniciens liaient eu avec
la civilisation mycénienne qu’un contact superficiel et
qu’ils n’aient pas pénétré profondément dans l’intérieur
de la mer Égée26. Sans doute le commerce de celte mer,
entre les côtes de l’Asie Mineure, le Péloponèse et les
îles, était purement grec : ainsi s’expliquerait l’absence
d’éléments étrangers (spécialement d’éléments sémi¬
tiques) dans la terminologie de la nautique grecque27 et
l’ignorance où semblent être les parties les plus anciennes ]
des poèmes homériques de l'existence de navigateurs
phéniciens dans la mer Égée '28. La thalassocratie phéni¬
cienne ne doit guère être antérieure au xe siècle-1.
Mêmes incertitudes en ce qui concerne la technique du
commerce. Toutefois l’on peut affirmer que la vie écono¬
mique de cette époque comportait déjà une certaine
spécialisation et une certaine division du travail, indices I
d’une civilisation commerciale relativement avancée. I
Cela résulte, d’une part, de l'habileté professionnelle dont
témoignent les produits de l’industrie locale, . habileté
que n’atteindraient guère des ouvriers non spécialisés, ,
cela résulte aussi d’autre part de 1 existence (i ' l 1
ments humains de forme urbaine. Tandis qui i' - 1 1,1
sements humains en forme de villages, de h*1111"1 1
de domaines isolés sont caractéristiques des ei\i i-*' 10,111
suiv. - 15 Hall, p. 161-105; Maspero, Notes sur différents P0'"'s'^
d‘ histoire, § 10 (dans Recueil de travaux relatifs a ^ ^ Mcyer. Gesch.
aodictseui. lavi, o. « - , , .i
AUerth.* éd. Il, 27; Hall, p. 215. - « Meyer, Op. cit. - P
L’
tterth.* éd. Il, 27 ; Hall, p. 210. - 1 ’ , ,nm I n 18 et suiv.--1
Industrie dans la Grèce ancienne Bruxclh^ h’omériqucs, la
d'Égvple pas sa il pour un exploit: c'était un de ces ^voyages ' Beloejv
peut espérer revenir », Odyss. 111, 317 ;cf.Meyer,U irths.E^ ^
Paris , mars
égyptiennes et assyriennes, l. XVII, Paris, 189o), p. 138-.»- 337 ;cf,
des Alterth. Il, p. 208; Hall, p. 218. - 17 Busolt, Gnech Gesch.
Museo italiano, Il (1888), p. 089. Sur les récentes eco c; les résumés paf
Evans, dans The Annual of the bristish school, t. e ’ c etm oietw,
E. Pottier, Revue de Paris, février et mars 1902; Id. ' VVacl,smulli, Belle*-
août et sept. 1902; S. Reinach, Chronique de l Art, 1 • _ M Francollc,
- -» .û Un^t, fin cit. Il, P* XUv* 2)lla||,
a urece ancienne, .4,, -nues
p. ,81 et suiv. - 22 Beloch, I, 72. Jusque dans lesjennps , jns „ drs'piel* ”c
,, 72. — 24 Hall, p. 109 et'suiv. ; V. Bérard, »•*'
au. 1». iu» « ou*.., - - - . . aenucw
1902, p. 194; contra Beloch, Die Phômsxe ^ . Reinacli, U
... . a! r.s'iprh. GeSCll. *? I , ne
nuu Dciwtu, . ii).
Ithein. Muséum, 49 (1894), p. 1 1 1 et suiv. ^dustrielle dans I an‘"**e i
mirage oriental, p. 729 ; Guiraud,
Grèce, Paris, 1900, p. 5. - 23Daressy ^ ' dttdle P ^ _ 2C
tare égyptienne, Rev. arth. 3* sér. XXV 11 (1895), P Mchichte
- 27 Schrader, Linguist.-histor. Forschunyen ^ H aM Op ,
Uunde, lena, 1886, 1, p. 43-45. - 28 Beloch, 72-73, 74 n.^ ^ fl, |, p -3,
p. 2 1 , n. 1.-99 Hall, p. 235 ; Potlier, Op.c. p. 19o. -
MER
174t> —
ME..
• niP, les villes, groupements plus denses,
1 • 11- l ~ font nîlPQPfiipifi-
Plirt'mpnl ah plus éloignés de la terre,
plus espam-;; t^ations commerciales.
sont caractéris-
Les villes sont
tiques clV .^fî’origine, des groupements d’artisans
esSenliellenl,'u ; 1 1 ^ goug ja protection des citadelles
et de roarchan Viciait généralement des agglomérations
niyc^iennes‘l!!T . . •
en
nopulal
•peg '.C'est dire qu’il existait aussi une
f0,me ^ ivant principalement du commerce. EL il est
pop^on au f°rmé’ comme ie
p0SS' h lins historiens, une classe a part.
peDSen I existait à cette époque tout un réseau de
Enfin’ ‘ , Ces routes étaient établies sur un substra-
?0Ul6l Varies blocs de pierre non dégrossis; elles étaient
lum., !" * étroites (3 m. 58), comportaientdes pentes
1181 l"l ■ et se prêtaient mieux aux transports par
SX™.™ a»-»"1 “nsp°rts r:oUures' ?usieurs
de ces roules rayonnaient autour de Mycenes. Les unes
ilnt vers Argos et Tirynthe; d autres umssa.ent
Plltraeon. près de Mycènes, à cette ville, à Cléonée, Ténée
et Cori„the2; ou peut encore en relever les vestiges
dans les montagnes de 1 Argolide.
Nous n’avons pas, d’ailleurs, la ressource de comparer
,e commerce mycénien avec le commerce, mieux connu,
delà période suivante, car il est également possible que
le commerce des temps homériques marque, par rapport
au commerce mycénien, une progression ou une régres¬
sion. Une régression paraît pourtantplus vraisemblable 3 .
Temps homériques (xe-vm° siècles). — Vers le
x' siècle av. J.-C., la civilisation mycénienne Lombaassez
rapidement, sans doute, sous les coups des envahisseurs
doriens b Le monde grec fut profondément troublé par
l’invasion; l’essor économique et commercial en fut
ralenti; des éléments de civilisation nouveaux y furent
importés par les nouveaux venus, d’ailleurs beaucoup
plus rudes que les premiers maîtres du sol 6. Pour cette
période nouvelle, caractérisée par des éléments écono¬
miques ou éthiques inconnus des temps mycéniens,
nous disposons, en dehors des sources archéolo¬
giques, de sources littéraires et linguistiques, qui laissent
subsister cependant bien des lacunes dans notre infor¬
mation .
Envisagée sous son aspect économique6, notre période
a pu être parfois désignée du nom de moyen âge grec
Comme dans l’époque correspondante de l’histoire de
1 Europe occidentale (du x° au xvc siècle"), les poèmes
1 Meyer , Gesch. des Alterlk. Il, p. 158-159. — 2 S le (l'on, Karten von
Dijkenai, Berlin, 1884, p. 8 cl suiv. — 3 En ce sens Schuchhardl, L. c.
-‘Perrot et Chipiez, Hisl. de l’Art, l. VII; Hall, p. 221; cf. Meyer, Gesch.
'1rs Alterth. Il, p. 282-283. Ridgeway ( Tlie early âge of Greece, I, Cambridge,
19111 ) croit flue les premiers coups, et les plus décisifs, portés à la civilisa¬
tion mycénienne, l’ont été par les Achéens (peuple celto-germanique) qui
auraient, dés 1 an 1300, apporté en Grèce le patrimoine de la civilisation celtique
de 1 Europe centrale (civilisation hallslatticune1. — - 5 Helbig. Das hom. Epos,
P- a v , p. 4/ et s. ; Milchhôfer, Op. cit. p. 91 et suiv.; Cauer, Grundfragen der
mmrrtjc/ien hritik, Leipzig, 1895, p. 179; Hall, p. 3G et s. *247. — 6 En géné-
. sur le commerce des temps homériques, voir Cierson, Schiff'ahrt and Handel
^GnrcVn in der homerischen Zeit (fihein. AJ us. 3" sér. XVI, 1801, p. 82-114) ;
1^)” Il es U z und Ervierb im ç/riech. Altert. Halle, 1809, p. 356-300;
Ricd 111111 ^an^werk und Handwerlcer in den homer. Zeiten, Erlangen, 1873;
IX r <'a"S rùr das bayrische Gymnasial- und Realschulwesen,
Iteali ^ (13-174, 209-213; Helbig, lias hom. Epos , p. 1-93; Buchholz, Hom.
1897 lù ' *87 *-XS85 ; Kums, Les choses naturelles dans Homère Paris,
(1500 topologie et toponymie antiques, dans Rev. arcli. XXXVI à XXXIX
Alhrtl 1 ~~ ^cXer’ Gesch. des Alterth. Il, p. 291 et suiv. ; Pôhlmann, Ans
10; m Gegenwart, München, 1895, notamment n» v. — s Tbuc. I, 5, 10; 11,
des ne \ S peup,es 1»' ignorent l’agriculture sont, pour les poèmes homériques)
Beau -U,'( ‘ Sz lléP°urvus à Peu Près de tout lieu social, Odyss. IX, 106 ; BüchseuschiiU,
Griech"c E''Werb’ 293 cl s-i Buchholz, Hom. Real. 11, 1, p. 88-132 ; Beloch,
st '■ E p. 80-89; Francolte, Op. cit. I, p. 12. — 9 Meyer, Gesch. des
nous font connaître un étal économique analogue. Ces
deux époques sont des époques d’économie agricole et
d’économie domestique : c’est l’exploitation de la terre et
des troupeaux qui fournil aux hommes les principaux
moyens de vivre (nourriture et vêtements)8. Nous y
constatons l’existence de groupements autonomes qui,
au point de vue économique, se suflisent à eux-mêmes.
A leur tète se trouvent les grands propriétaires fonciers,
nobles, qui vivent du travail de leurs subordonnés, et
qui, en revanche, les protègent 9 ; au-dessous de ces sei¬
gneurs se groupe toute une population de laboureurs,
de fermiers, d’ouvriers, de mendiants10, les uns esclaves,
les autres libres, mais absolument dépendants au point
de vue politique11 * * * * * * IX. Le groupe produit tout ce dont il a
besoin par l’agriculture, l’élevage du bétail et 1 industrie
domestique12. C’est dans son sein seulement que se pro¬
duit une division rudimentaire du travail13. Dans cette
population à demi servile, on rencontre de bonne heure,
à côté des cultivateurs, des artisans (0-^10^701) à qui le
maître confie des matières premières à transformer .
Cetteorganisation restreint singulièrement la place que
peut occuper le commerce dans la société. Pour se pio-
curer certaines marchandises que 1 économie domestique
ne peut fournir, on a recours au vol et a la pirateiip .
l’importance économique des razzias et du brigandage
ressort à chaque instant des poèmes homériques’ J. Mais
à côté des moyens violents, commencent à s’établir des
moyens pacifiques de mettre en rapport les divers groupes
entre eux et avec les étrangers. Le commerce, surtout le
commerce de mer, prend une place de plus en plus notable
dans les parties récentes de l’épopée homérique16 et l’on
rencontre des marchands de profession conformes au por¬
trait qu’en trace Euryale11 [mf.rcator). En même temps
que le commerce international, se développe le commerce
intérieur. Comme le moyen âge de l’Europe occidentale
le moyen âge égéen voit se réaliser une émancipation
progressive des agriculteurs et des artisans, qui
acquièrent le droit de travailler, non plus exclusivement
pour leur groupe, mais aussi pour les étrangers à ce
groupe, et contre, payement19. L’émancipation des
oYjgioupY0' grecs et celle des ministeriales francs suit la
même évolution. Les cultivateurs vendent le superflu de
leur récolte; les artisans, désormais indépendants,
peuvent aller chercher fortune là où on a besoin de leurs
services20. Cette émancipation n’entraîne d abord que
Alterth. II, p. 302 et suiv. ; Francolte, I, p. 270 et suiv. — '0 Mevcr, M irtlis. Entw.
des Altertliums, p. 15. - H Helbig, Das hom. Epos. p. 15. - 12 Division bien
faible encore : Paris construit lui-méme sa maison, (//. VI, 313 et suiv.); Eumée
fabrique ses chaussures (Odyss. XIV, 23) et bâtit de ses propres mains une étable
pour ses porcs (Odyss. XIV, 5). « Le charron, dans Homère, doit commencer par
èlre bûcheron, car il faut qu’il aille d’abord abaltre les arbres dont il fera du bois.
H 485-486 ; Guiraud, Main-d’œuvre industrielle, p. 19-20. — '3 H. IV, lOo ; Ud.
III 436 ; Francolte, 1, p. 277. - H En général, voir Riedenauer, Handwerk und
Handwerlcer in den hom. Zeit. p. 10 et suiv. 76 et passim ; Büchsenschütz, Op.
cit. p. 264 et s.; Drumann, Arbeiter und Commun isten, Künigsberg, 1860, § 0;
Beloch, Griech. GeschA, p. 89-90; Buchholz, Hom. Real. Il, I, 166; Francolte,
Op. cit. L p. 273-278. — « Od. XVII, 288 ; XX, <8, etc. ; Thuc. I, 5 : « W..tl|
,zàUov zioz.oJaSa! v«u„ïv ht' iU8Xouî, iïjàHovto Xjcniav ». De même, Eratos-
thenes, dans Strab. 1,3,2: « toi* ifjraiotdrtou; *X«Tv »«’, «av* Xii|<rt»!«v r, luito^av .
Pierson, p. 83-84; Hüllmann, Handelsgeschiclite der Griechen, 1839, p. 2.
_ IG Schrader, Op. cit. I, p. 68 et s.; Meyer, Wirths. Entw. p. 17-18. — n Od.
Vlll 162 et s. — *s Sur l'évolution qui, dans le moyen âge germanique, substitue
au « servire in opéré domiuico » le « foro venalium rcruni studere », voir par
evemple Maurer, Gesch. der Staedteverfassung in Deutschland, Erlangeu, 1869-71,
1 p 318 et s. ; Gesch. der Fronhnfe, der Bauemhôfe und der Hofverfassung in
Deutschland, Erlangeu, 1862-63, I, p. 180 et s. 193, 206 et s. — 19 Riedenauer,
Handwerk und Handwerker, p. 13; Buchholz, 11, 1, p. 105. — 20 Od. Vlll, 161
et s • XVII, 381 cl s.; cf. Bérard, Topologie et toponymie antiques (Rev. arch.
XXXVH1, 1901), p. 96.
MER
— 1710 —
des échanges limités, qui s'effectuent sans intermédiaires,
au moyen de rapports directs entre consommateur et
producteur (ocu-roTtwAix-q). Mais il y a aussi parfois des
échanges qui se réalisent par des intermédiaires
(gsTaêÀTiTixr,). Ainsi, aux groupes économiques fermés
de l'époque ancienne commencent à se superposer par¬
fois des cercles économiques plus larges, nationaux et
même internationaux; ainsi apparaissent certaines
relations commerciales. Mais il ne faut pas en exagérer
l'importance ni les progrès. Ce commerce reste très rudi¬
mentaire. Sur le bouclier d'Achille, où sont représentés
tous les moments importants de la vie humaine, il n'y a
pas d’image du commerce ni de la navigation '. La ter- '
minologie commerciale des poèmes homériques est
maigre et embarrassée.
On n’y trouve même pas de termes propres s’appli¬
quant au commerce et aux commerçants. Le mot ’Égiropcç
qui désignera plus tard le grand négociant ne désigne
dans Homère que celui qui voyage sur mer dans un vais¬
seau étranger ; et ce n est que tardivement que le mot
-p-fl?'.; s’applique exactement au commerce 3. Les mœurs
s’accommodent mal des expéditions lointaines et des
voyages aventureux. On regarde comme un malheur de
s’éloigner de son foyer *. Il n’y a que les risque-tout,
les inquiets, ou ceux qui n’ont rien à perdre, qui cher¬
chent la richesse dans les entreprises lointaines 5. On
les redoute et on les dédaigne ; on tient leur métier pour
peu honorable6.
Objets du commerce. — Le médiocre développement du
commerce aux temps homériques apparaît plus nette¬
ment encore si l’on examine, en suivant les sources,
quels sont les objets de ce commerce, les hommes qui
l’exercent, ses formes, son outillage et les moyens de
transport dont il dispose.
Chaque groupe ne demande aux étrangers que les
choses que 1 agriculture et l’industrie domestique sont
hors d’état de produire : ce sont naturellement des pro¬
duits exotiques ou certains objets de fabrication diffi¬
cile. Il ne peut leur céder en échange que ce qu’il pro¬
duit, c'est-à-dire essentiellement des denrées agricoles
et des matières premières. On importe donc des objets
fabriqués; on exporte des produits agricoles. Les poèmes
homériques font implicitement cette distinction entre le
commerce d’importation et celui d’exportation : il n’y est
pas question d’exportations grecques portant sur des
objets fabriqués \ Ceux-ci sont toujours importés de
l’étranger ou échangés dans le cercle du monde égéen.
1 Pierson, p. 97; Helbig, p. 396. — 2 Buchholz, II, I, p, 172; Schradcr,
I, p. 73. — 3 Schrader, I, p. 63-G4, 73. — 4 il. Hf 292; Od. Ni, 313; I, 217;
Bérard, Les Phéniciens et l'Odyssée, Paris, 1902, p. 69. — h Helbig, Hom.
Epos, p. 396-397; Meyer, Gesch. des Alterth. II, p. 365. — 6 Od. VIII, 161 et s.
— 1 Helbig, p. 17, n. 11 ; Buchholz, II, 1 , p. 172. — 3 Buchholz, II, 1, p. 193 et s. ;
206 et s.; Ridgeway, p. 294, 594 et s. — 9 Beloch, dans Hiv. di Filologia, H
1873), p. 42-63; Griech. Gesch.' I, p. 80; Buchholz, II, 1, p. 211; Helbig, p. 329-
330; Pierson, p. 99; Schrader, licallexikon der indogerm. Altertumskunde
(Strasbourg. 1901), I, p. 176 et s. — 10//. XIII, 577; XXIII, 808; Helbig, p. 18.
— 11 La Thrace importe en Grèce des coupes (II. XXIV, 234); Ménélas a reçu un
vase d argent du roi de Sidon Phédimos (Od. IV, 617); Achille en possède aussi
un qui vient de Phénicie (II. XXIII, 743) ; voir toute la description du mobilier de
Ménélas (Od. IV, 125-132), Riedcnauer, p. 118 et s. — 12 Helbig, p. 266; Guiraud,
Afain-d œuvre industrielle , p. 11. — 13 Schrader, Handelsgesch. I, p. 71 ; fteal-
lexikon, II, p. 993; Bérard, Rev . arch. XXXVIII (1901), p. 404 et s. ; XXXIX (1901),
p. 93 et s. ; Les Phéniciens et l'Odyssée , p. 439 et s. — H Od. IV, 73 ; VIII, 404, etc.
— lo Selon Schrader (Handelsgesch. und Waarenkunde , I, p. 71 ; Reallexikon, I,
p. 180; Tier und Pflanzengeographie, p. 12, le mot eXéœ a$ qui désigne l’ivoire
chez Homère serait le mot égyptien àb, Abu , éléphant et ivoire (latin ebur), précédé
de I article sémitique hal. \oir aussi Lieblein, Handel und Schiffatirt auf dem
MER
Les produits fabriqués que les textes si ,
souvent comme faisant robjeld’échanJ £** le Plus
de métallurgie. La civilisation de l\L0f esan>des
marque une phase de transition entre imV? homérique
Ttise do fer. Le fer, inconnu des par ‘f
V Hiode, apparaît de plus en plus fréquence!?6""68 de
les parties récentes de ce poème, et dans lYw dans
côté de l’or, de l’argent, du plomb, de l’étain $1*' 1
RüMj. Mais le bronze est encore beaucoup plus 1 , "E"'
°n échange surtout des armes offensives /?,^9’
l’hrace) *® et défensives, puis des ustensiles" J?®® de
d’orfèvrerie, des bijoux12, des verroteries 'et de,
non travaillés de fer, de bronze, d’étain (xx J . T*
lui-ci sans doute de provenance syrienne rnn? ’ Ce'
nom l’indique ». Après les métaux, L S””' «
les plus fréquemment cités sont l'ivoire 11 sans j"86
importé d’Égypte par l'intermédiaire des Phéniciens V J
l’ambre (-^sxrpov) les huiles parfumées d’Orient 11 1 ’
étoffes et les vêtements teints en pourpre 16 provenant des
fabriques de Sidon ,9. Puis viennent les produits du sol et!
les matières premières : le vin20, le froment 21 , le bois (pour
les navires)22, les peaux de bêtes, le bétail, les esclaves».
Dans le port de 2upfï| (Syra?), tandis que les Phéniciens
se défont de leur pacotille, leur navire se remplit de
viandes (ÇfoToç, en latin vietus, ce qui est nécessaire à la
vie2*) : « èv v»)i yXatpupr| (ft'oTov ttoXuv ÊgTtoÀdamo 25 ». Au fur
et à mesure que l’agriculture se perfectionne, elle four¬
nit au commerce de nouveaux éléments : c’est par
exemple l’huile, rarement citée dans V Iliade, mais citée à
chaque instant dans l 'Odyssée™-, ce sont les fruits des
arbres (pommes, poires, grenades, figues, etc.)21.
Intermédiaires du commerce. — Le commerce de
notre époque est-il aux mains des Grecs ou aux mains
des étrangers ? Il est certain, malgré de récentes contra¬
dictions28, que les Orientaux, notamment les Phéniciens,
jouent un rôle prépondérant en cette matière29. Les temps
homériques coïncident avec la thalassocratie phéni¬
cienne 30, qui n’était qu’à ses débuts au temps de la civi¬
lisation mycénienne, mais qui atteint, à partir du
xc siècle, son plein essor. La linguistique en fournit la
preuve. On rencontre en effet dans l’épopée homérique
un très grand nombre de mots empruntés aux langues
sémitiques, et ce sont précisément les mots qui désignent
les objets usuels du commerce (/itwve; = en hébreu ke-
tonet 31 ; ô0dvat = ethûn 32 ; /oued; = chàrùs ; xàvs&v =
kaneli, etc.33). Or c’est une loi presque sans exception de
l’histoire économique, que tout peuple commerçant qui a
Uothen Meere in allen Zeiten , Christiania, (586, p. 69. 16 ) ’’ j
XVili, -295; Bérard, lier. arch. XXXIX (1901), p. 215; Waldmann, Der *
im Alterthum , Fellin, 1883. — 17 Helbig, p 158, n. 9 et 10; Pierson. ^ ^
— t8 Les Grecs de celle époque ne paraissent pas avoir su teindre en |’ ! ^ ^
poèmes homériques n'attribuent ce talent qu'aux femmes de Méonic et .
IV, 141; cf. Pierson, p. 104. — 13 Riedenauer, p. 83; Hüllmann, / ■
der Griech. p. 88; Helbig, p. 19; Bérard, Rev. arch. XXXMH 0 ■lll| "j|
Les Phéniciens et l'Odyssée , p. 414. — 20 Bérard, Rev. aille ■ n Ibid.
p. 214; Pierson, p. 1 00 . — 21 Bérard, Rev. arch. XXXMH (1901), P- 1 _ ç;c|irader,
XXXVIII (1901), p. 110. -23 H. Vit, 472-475 ; XXI, 40 ; XXIII, U“0'] ~nirien> et
Handelsgesch. 70; Bérard, Rev. arch. XXXVIII (1901), p- 16®, ' | , g?.
l'Odyssée, p. 389. - 25 Od. XV, 446 et 450. - 26 Beloch, Gr. Gesc . ■
-27 Od. VII, 115; XXIV, 246, 310. — 28 Beloch, Rie Phântker
Meer , Rhein. Mus. 1894, p. 1 1 1 et suiv. — 29 Hermann-Bliimner. Priva 3 )4
p.42i, n. 4; Büchsenschütz, p. 359 ; Pierson, p. 109;Movcrs, I
s. ; Schrader, I, 69; Meyer, Gesch. des Alterth. II, p- 308 et s. , ’ ^ jjev. de
Speck, II, p. 310. — 30 Bérard, Les Phéniciens et les poèmes homn ' (0i . j(erej-,
l'hist. des religions, XXXIX (1899), p. 173-228 et 419-400. - 3_* Hc^ P pc|, rJder, f
Gesch. des Alterth. II, p. 308. — 32 Cf. Helbig, P- ,r0’
p. 71-72.
— 1747
MK H
mer
lralic d’une civilisation moins avancée
l'héK«inon"' ' ^,ie.ci ]a terminologie technique de son
importe cWt ^ lingUistique nous fournit encore les
Couver les anciens comptoirs phéniciens
moyens1^' 11 ^ lrèg grand nombre les côtes liellé-
q"' 'ïtllTTLs noms sémitiques se retrouvent sous les
niques ‘ les Grecs leur ont fait subir ou sous
ldéf0rmïrr qu’ils y ont accolés 3. L’étude des sites et
leS d°U ’ Ils (topologie et toponymie) permet de déga-
dC eîa celle matière des résultats précis. L’activité des
Phénicie
trouve
Ithaque
ns détend dans tout le monde grec; on les
partout, en Égypte, en Crète, à Lemnos, a
; et jusque dans les mers de l’Ouest, car il est
. J, au’ils touchent aux îles Ioniennes 5. Us ne se
P'° ( à débarquer sur les côtes, mais on les trouve
"rr^l^peu^ree^rcadie);. Ils ne se
Intentent pas du rôle d’intermédiaires entre les produc-
i ,rs et les consommateurs; mais, producteurs dix¬
ièmes, ils écoulent chez les Grecs les produits de leur
industrie 7. Le peuple phénicien est à peu près le seul
peuple commerçant que connaisse Ylliade. L'Odyssée
cite en outre les Taphiens ou Téléboens 8 que l’on a
même parfois prétendu identifier avec les Phéniciens 9.
De toute façon, le commerce du monde égéen est un
commerce où les Grecs jouent un rôle passif. Plus encore
peut-être que dans la période précédente, le trafic inter¬
national passe par des mains étrangères.
Les Grecs ne sont pas cependant exclus de toute parti¬
cipation au commerce l0. Ainsi, pendant le siège de Troie,
des vaisseaux hellènes de Lemnos viennent vendre du
vin aux Achéens11. Les Achéens exportent aussi du vin
de Thrace12. Mais c’est là un trafic que les occasions (le
siège de Troie en l'espèce) suscitent seules. Il semble
bien, en tout cas, que les marchands grecs ne se hasar¬
dent guère hors de la mer Égée, et que le monde hellé¬
nique n'est en rapports réguliers avec l'Orient que par
les Phéniciens.
Formes et outillage du commerce. — Le commerce
affecte presque exclusivement la forme d'un commerce
de troc. Les Achéens échangent du vin contre du bronze,
du fer, des esclaves13 ; les Phéniciens troquent, en Syrie,
des produits agricoles contre de l’or et de l’ambre 14 ;
Mentes, roi des Taphiens, entreprend un voyage pour
échanger du fer contre du cuivre15. Comment s’effec¬
tuent les opérations du troc? A peu près comme elles
s effectuaient lorsque les premiers marchands espa gnols
abordèrent en Amérique ou lorsque les premiers mar¬
chands portugais abordèrent dans l’Hindoustan. Quand
les bateaux phéniciens chargés de camelote (bijoux, bi¬
belots, etc. — YjUpt ’igovTîç àO’jpfirrx) 16 abordent au
rivage où ils veulent commercer, leurs chefs engagent
des relations pacifiques avec le roi du pays en lui faisant
des présents11. Puis on débarque ; on étale les pacotilles,
en s’efforçant d’allécher les clients ’8. Les indigènes
accourent ; les femmes surtout dévorent des yeux toutes
ces merveilles qu’elles ne connaissent pas et elles les
palpent. Souvent les traitants et les indigènes ne se com¬
prennent pas. L’acheteur montre au marchand 1 objet
qu'il offre en échange du bibelot qu’il désire; et le mar¬
chand, d'un signe de tète, fait connaître son assentiment
ou son refus13. Les petites îles voisines de la terre ser¬
vent d’appontements et d'entrepôts pour ce commerce
de troc 20.
On se sert déjà, il est vrai, de poids et de mesures1,
peut-être empruntés à la Syrie, par 1 intermédiaire des
Phéniciens22 ; mais il n’y a pas encore de monnaie mé¬
tallique : comme dans la plupart des civilisations agri¬
coles primitives23, on utilise les tètes de bétail comme
étalons de valeur et instruments communs d’échange
pecunia] 2t. On paie quatre bœufs une femme esclave
sachant bien travailler 23. On commence aussi à se ser¬
vir, dans le même but, de lingots et d’ustensiles métal¬
liques (trépieds et chaudrons : XeSr,T£? 2(1 : un grand tré¬
pied de bronze est estimé douze bœufs21.
Les instruments de transport sont assez rudimen¬
taires 28. La plupart des transports doivent s’effectuer à
dos d'hommes ou de bêtes de somme. Cependant l’on se
sert aussi de petites voitures à deux ou à quatre roues
(àu.odjcu ou 7.7vqvxi), analogues sans doute, dans leurs par¬
ties essentielles (caisse, essieu, roues et joug), aux chars
de guerre29. Elles sont tout en bois; seul le cercle des
roues est en métal30. Elles sont tirées par des mulets ou
des bœufs31. Les routes, que le moyen âge grec a héri¬
tées de l’époque mycénienne, ne permettraient guère le
passage de véhicules plus volumineux. Ces routes sont
souvent citées dans les poèmes homériques32. Les émis¬
saires d’Ulysse chez les Lestrvgons trouvent, en débar¬
quant, une route frayée (Xsrqv ôSbv) 3!. Télémaque fait en
voiture le voyage de Pylos à Sparte 3V. Cela ne prouve
pas, on l'a remarqué35, qu’il existât dès lors à travers le
Taygète une route accessible aux cbars (il n'y en a pas,
même de nos jours)36, mais cela prouve au moins que
4o'r’ par exemple, comment, au moyen âge, l’Europe occidentale a emprunté
moiulo arabe sa langue commerciale, et comment, de nos jours, les Arabes
I deM0'0111 ^ *an^uc coni,Tierciale de l'Occident, dans Grassholï, Das Wechselreclil
__ 2 F’,1'"'' 'lcr''n. 1899. P- 6 et 2; Bérard, Les Phéniciens et l'Odyssée, p. 27, 29.
Hall r,-' arcb' XXXVIII, 1901, p. 119. — 3 Nombreux exemples dans
«ici, surloul ''ans Bérard, Topologie et toponymie antiques ( Les Phé-
Itorard e‘l °dyssée'1’ L- c- passim. — 4 Od. XV, 482 ; 11. XIII, 745 ; Helbig, p. 19 ;
"“terard'' notamment XXXVII, 1900, p. 285 et s. - 5 Hall, p. 235.
Veriefcrv' ^es cultes arcadiens, Paris, 1894. Voir aussi Giitz, Pie
P' 21 et s' ^f6 Dienste des Welthandels, Stuttgart, 1888, p. 105. — 7 Helbig,
| n«nie« a ®c«lr*der, 1, p. 69, note. — 9 Oberhummer, Phônizier in Achar-
j ''l0Biiclili i',S|,<C^ ZUT Kolonial-und Handelsqesch.), Munich, 1882.
— u a y r r )) L ''L Pierson, p. 86 et s.; Hermann-Bliimner, p. 421, n. 3.
I C«c/i. I oo’sT Cl S' ~ 12 1L IX’ 71’ ”* 13 1L V11- m~m ! Beloch, Griech.
emtio ne'd ■’ b^lradci’ h P- 125; Buchholi, 11, 1, p. 171 ; cf. Just. List. III, 23 (I)e
" ~ 44 0d ■ XV> 403- — 15 Jbid- L 182-184 : vffv S ...Si Sùv
I 11 p J, £ ayui S’aiHwva iri$rtpov ». — I*’ Ibid. XV, 416.
XV, 460-463 ' i||M • 18 ^cllra(lcr, p. 69-70; Büchscnschiiti, p. 365. — 19 Od.
d !'0dyss,;e , j10l'ard. Rev. arch. AXXV1I, 1900, p. 30 et s. ; Les Phéniciens
w. 1,204 (pour 1*'J' S: Schradcr> L P- «4»; Buchholi, 11, I, 107 (pour le grain);
Héloponcsc au "" '**IX Pri’0UMIXi* — 22 On attribue leur introduction dans le
'I Aigos Phédon, qui vivait vers le milieu du vnr siècle, llerod.
VI 127; Hall, p. 287. Mais leur usage en Asie Mineure el dans les iles pouvait être
sensiblement plus ancien. Kadel, La Lydie et le monde grec au temps des Merm-
nades, Paris, 1893, p. 155 et s. — 23 Anciens Perses : Zend-Aresta , tr. J. Ilarmes-
teter, 11, p. 50, 106 et 1 16 ; Germains: Brunner, Deutsche Rechtsgesch. I, p. 57 ; Celles;
D’Arbois de Jubainvillc, Études sur le droit celtique, 1, 1895, p. 335; Romains ; Sam-
wer, Gesch. des aelteren rômischen Milnzwesens, 1883, p. 14; et, en général, Post,
Grùndriss der ethnolog. Jurisprudenz, Oldenburg etLeipiig, 1895. II, p. 597 ; llwof,
lauschhandel und Geldsurroyate in alter und neuer Zeit, Graz, 1882; Babclon.
Les origines de la monnaie, Paris, 1897, p. 24-31.-24 Encore au temps de Polydoros,
roi de Sparte : Paus. III, 12, 3. Voir aussi Hermann-Bliimner, p. 446: Beloch, Griech.
Gesch. I, 86; Büchsenschüti, Besitz und Eru'erb, p. 465 et s. Les lois de Hracon
fixaient encoreen têtes de bétail le tarif des amendes. Poil. IX, 61. —23 y/.JXXlll, 705;
Beloch, Op. cit. 1, 86; Bahelou, p. 25 et s. — 26 II. IX, 263; XXUI, 259, 264, 485.
_ 27 II XXIII 703. _ 28 Grashof, Ueber das Fukrwerk bei Homer und Hesiod
(Programm-Düsseldorf, 1846); Buchholi, U, I , p. 217-239; Helbig, p. 125-156.
_ 59 Hermaun-Blümner, p. 482; Helbig, p. 145. — 30 Buchholz, 11, 1, p. 218, n. 2.
— 31 Mulets: II. XXIV, 150, 179, 189, etc.; Od. VI, 37, 68. etc. ; bœufs: II. XXIV, 782.
_ 32 Riedenaucr, Handwerk und Handwerker, p. 5V ; Buchholi, 11, l,p. 170; II.
XV 679-682; XXII, 145-146, etc. — 33 Od. X, 103 : ot 8 utoev IxSixvte; Xe(t;v ôSôv, f.iup
ajia;at a.<rrj8’ 4o’ uivfxùiv ôplwv xnTayiveov vXi;v ». — 34 Od. 111, 486-497. — 3o Be¬
loch, 1, p. 90-9 1 . — 36 Bérard, La Pylos homérique, Rev. arch. XXXVI, 1900,'p. 348.
Voir Ibid. p. 364 cl s., la restitution proposée de la roule suivie par Télémaque.
MER
1718 — '
MER
l'on pouvait, en d’autres parties de la Grèce et en Asie,
effectuer d'assez longs trajets en voiture.
L’outillage de la navigation n'est pas moins impar-
ait 1 . Les navires de commerce (vTjeç (popriSs;), bien que
plus larges et plus stables que les navires de guerre,
sont cependant de dimensions trop faibles 2 pour per¬
mettre régulièrement les traversées de haute mer. Ils na¬
viguent lentement le long des côtes, le plus souvent à la
voile, quelquefois à la rame 3, seulement de jour * et
par le beau temps. Les vents contraires arrêtent les ma¬
rins pendant des semaines et des mois 5, et c'est une
opération hasardeuse que de doubler certains promon¬
toires 6. Aussi redoute-t-on fort les longues traversées 7
et l'on ne se risque que rarement dans les mers éloi¬
gnées. Les navires grecs ne pénètrent presque jamais
dans le Pont-Euxin, dans les mers de Lybie, de Syrie et
de Cilicie 8.
Centres , directions et voies du commerce. — Dans une
civilisation agricole, et où le commerce n’occupe qu’une
place restreinte, il doit exister peu de villes.
Aux temps homériques, la population habite des vil¬
lages ouverts et des bourgades9, comme on en trouve
jusqu’aux temps historiques en Étolie ; en temps de
guerre, elle cherche un abri dans les montagnes ou der¬
rière les murailles des citadelles royales l0. Cependant il
existe quelques centres, provenant d'ordinaire d’un
groupement de bourgades qui se sont réunies" (peut-
être par suite d'une communauté de marché), quelque¬
fois, mais plus rarement, de faubourgs qui ont grandi
sous la protection des châteaux royaux12. Ces centres,
lorsque leur situation sur les voies du transit est favo¬
rable, prennent une part prépondérante dans le mouve¬
ment commercial, deviennent des villes. Dans le moyen
âge grec comme dans le moyen âge germanique13, les
formations urbaines sont des phénomènes commer¬
ciaux.
Les principales places de commerce que nous font
connaître les textes sont : à l’entrée du Péloponèse,
Corinthe, qui commande le seuil unissant le golfe Saro-
nique au golfe de Corinthe " ; non loin d’elle, l’ile d’Égine,
qui garde l'entrée du golfe Saronique, et dont les habi¬
tants, d'après Hésiode, sont les premiers qui aient pra¬
tiqué l'art nautique15 ; en Béotie, Orchomène,la ville des
Minyens, qui commande la route naturelle que constitue
le lac Copaïs ; sur la mer Ionienne, un peu au. sud de
l'Alphée, le port de Pylos, rendez vous des Barbares et
des Hellènes, fréquenté également par les Eubéens et les
Crétois16. Au nord de la mer Égée, le grand centre est
Lemnos17 : cette île bénéficie de sa situation privilégiée
sur la route de l'HelIespont, en face de la côte troyenne,
1 Orashof, Ueber das Schi/f bai U orner und Hesiod (Progr. Düsseldorf,
1834); I.uclit, Ueber das Schiff der Odyssee (Progr. Allona, 1841); Brieger,
Das Floss des Odysseus, dans Philologue, XXIX, 1 869, p. 191 et s.,
Buchliolz, 11, I, p. 239-279; Hclbig, p. 157-161 ; Pierson, p. 93 et s.; Hüllmann,
p. 5-6; Jal, Archêol. navale , I, p. 50 et s. — 2 Brieger, p. 202 et s. — '■< Od.
IX, 322 : 'iatnv vr,ôç léix'ffopoio jiEXanfr,; çofTi5o; TJ ? * - r, ; , V,T txicsoàa PO®
— 4 Bérard, Les Phéniciens et l'Odyssée , p. 155 et s.; Rev. arch.
XXXVII, 1900, p. 21 et s.; Hüllmann, p. 8 et s. — 3 Od. IX, 67; XII, 325;
Buctiholz, 11, t, 242;iBérard, dans Rev. arch. XXXVIII, 1901, p. 115 et s. 6 Od.
III, 286; IX, 81.-7 Od. V, 100 : « Tt; Sa. ixiov toit ei.it 8ia8çà|in âVupbv
aiTiutov ; »* dit Hermes à Calypso. — 8 Strab. I, 3, 2 : « to -naXaibv ojte tôv
Eu^ttvov ôaççETv Tivot it'XtTv, outi ita^à AiSûtjv xat Eupîav xai KiXixeav ». ^ Mcyci *
Gesch. des Alterth. Il, p. 204 et suiv. - *0 Belocli, Griech. Gesch. I, p. 00.
— il Meyer, Op. cit. Il, p. 205, 331. — 12 Kuhn, Die Entstehuny dcr Staedte der
Alt en, Leipzig, 1878, p. 11 et s. — 13 Cf. Meyer, Gesch. des Alterth. Il, 329, et
Schroder, Deutsche liechtsgesch. 2* £d. p. 614 et s. — t'* Buchliolz, II, 1. p. 172;
Hall, p. 288-200. — 15 Hall, p. 285. — 16 Bérard, La Pylos homér , lier. arch.
tout, près de la Thrace, alors très civilisée 1
portant d’exportation du vin1
el centrai J
I lus au s tid In fftj
se tient à Délos remplit de vaisseaux richemet iT <|Ui
le port de l’ile, et constitue l’un des principe " ' 'S ■
du commerce ionien20.
,aux nutrcys
Les mauvaises conditions de la navi
gers qu’elle entraîne déterminent le
des communications maritimes. La
^igation, les dan
tracé el l’étendue,
.4 roule usuelle d’Asie,
Mineure en Grèce suit autant que possible les iles
ceptibles de servir de points de repère ou d’abris -Tlt
longe Lesbos et Chio pour gagner la pointe de rEubéo^
et l’on ne tente qu’exceptionnellement la traversée.
directe21. Le commerce rudimentaire de cette époque ne
doit pas dépasser beaucoup les limites du monde grec.
Si les parties récentes des poèmes homériques paraissent
avoir une vague connaissance des pays de l’Europe sep¬
tentrionale (pays des Lestrygons) et de l’Afrique centrale
(Pygmées) 22, cette connaissance semble bien être le
fruit, non d’explorations grecques, mais de traditions
colportées dé proche en proche à travers les populations
étrangères, et recueillies par les Phéniciens23. Il con¬
vient de ne pas se méprendre sur ce point21 : le vague
même de ces traditions prouve assez qu’elles n’ont pas
leur source dans des relations commerciales suivies. Du
côté de l’ouest, les limites du mouvement commercial
doivent être peu éloignées du Péloponèse. Les poèmes-
homériques connaissent mal toutes les contrées situées, I
au delà d’Ithaque. Les relations d'échanges avec l’Italie,. J
sur l’existence desquelles nous possédons un témoi- 1
gnage, s’il est vrai que la ville de Temèse, oii Mentes, 1
roi des Taphiens, va échanger du fer contre du cuivre r\ I
doive être identifiée avec Tempsa (en Bruttium), et non
avec Tamassos (en Chypre), sont exceptionnelles par la
voie de mer. Par la voie de terre, il est possible que cer¬
taines relations commerciales unissent la Grèce à 1 Italie*
en contournant l’Adriatique, mais nous non avons pas*
de preuve directe 26 .
Du côté de l’est, le commerce est plus actif et s étendl
plus loin. Les Grecs de la côte d’Asie sont en rapports
avec tout l’hinterland, Lydie et Phrygie,au moyen dune
route, qui sera plus tard la « Route royale » d' s ■ ciel
ménides, et qui longe, d’abord la vallée de 1 1,e™0!)’
passe par Sardes, remonte au nord pai Midaion ^
nonte, coupe le Sangarios à Gordieon, et, pai , 111 ■ ’
dirige vers Ptéria en Cappadoce -1. Pui la 5,111 e’ lre
de la vallée de l’Hermos sera supplantée par u j
route qui empruntera la vallée du Méandre par b ^
et Colossae. Dès avant le via6 siecle, les , 1()ne>
l’exclusion de tous autres, de lien entir >■ M
vent, à
Ninive, Ptéria et les établissements grecs
d’Asie Mineure-
85 et s.; Buclihdz.
XXXVI (1900), p. 345 et s.; Les Phéniciens et ! Odyss< ' , P ■ nrc»-
1, p. 174. — '7 Riedenauer, p. 56; Buchliolz, ^IL ^1’^ q ]X, 196 els-
le pays d'origine A»
XXXIX (1901). p. 223. — 18 Hall, p. 238-239.
La tradition grecque regarde la Thrace comme flP
Dionysos. Hclbig, p. 8-10. -2» Meyer, gclncll, Griech.
Büchsenschülz, p. 370. - 21 Bucbl.olz, II, I, i™. 3(i7 . pierson, p- ,e '
p. 169-170. — 23 Helbig.p. 10. -21 Cf. Meyer, .p.ci ■ wi|anl0«itz,
__ 25 Od. I 182-184. Sur l'identification de Tem6se, 221-2-* ■ lla.’
Unlersuch. VII, 24; Bérard, Rev. arch XXXVI , ■ ^ * . r,ai?, Sto<*
p. 253; Oberhummer, Phônizier in Achar''“’1' ’ Pp 3. _ W Hclb'g" P-
délia Sicilia e delta magna Grecia Turin, . ’ o alle p,u J
et s,; cf. Pais, Op. cit. I. append. III, P^ historié el
relazioni Ira la Grecia e VItalia). a” ^ Asiatic Society. ^
between Phrygia and Cappadocta (Journ. oj 27.35; Radct, L
Historical Geography of Asia A/inor, Londres, • - ' g#3i 53 '
H le monde grec au temps des Mermnades , Pa-8,
— 23 Radet, p. 90.
— 174!) —
MER
MER
plations avec l’Égypte, encore rares au début
Quanta re a isque l'Iliade ne fait qu’une seule
de notre Pel . elles prennent une certaine impor-
8llusi°ni?! sîéc connaît bien l’Égypte : les rapports des
lance. I 1 ■' onl jonc dû devenir plus fréquents -.
Lecs avec ce P • ^ s'effeclue, comme dans les temps
le voyage Songeant la Phénicie et en passant par
»ycénie3nS’ Exceptionnellement, on tente la traversée
Ch)'Pr navale jusqu’à Rhodes ou jusqu’en Crète \
dTiÜnéraire deviendra un peu plus usité au début des
TimWabïeTconditions commerciales ne doivent pas
entraîner une grande expansion colonisatrice. Peut-
être y eut-il, au
début de notre période, quelques migra-
n. des habitants du Péloponèse chasses par 1 inva-
* dorienne • et s’établissant sur les cotes d’Asie à
des phéniciens ou à leur place 8, mais, une fois
«■assimilation des vainqueurs et des vaincus réalisée, ces
migrations durent cesser. En dépit de la légende, c est
seulement vers la fin de notre période, à partir du
viuc siècle, que l’on peut constater avec quelque certitude
de véritables émigrations colonisatrices 7.
II. PÉRIODE historique. — Le commerce grec pendant
les temps historiques jusqu’à la conquête romaine suit
unemarche ascendante ininterrompue : du vm'auV siècle,
le commerce grec, qui était un commerce passif, devient
un commerce actif et conquiert la Méditerranée; la tha-
lassocratie grecque se substitue à la thalassocratie phé¬
nicienne ; elle supplante à l’ouest la concurrence des
Étrusques et balance celle des Carthaginois; à 1 est, elle
s'affranchit de la suprématie des peuples orientaux. Le
v' siècle marque une période brillante du trafic, avecl hé¬
gémonie commerciale d’Athènes. Mais la prépondérance
économique de cette ville décline, avec sa prépondérance
politique, après les guerres du Péloponèse. Les luttes
du ive siècle déplacentles anciens courants commerciaux,
et l’expansion de l’hellénisme qui suit les conquêtes
d'Alexandre fait du commerce hellénique un com¬
merce mondial, dont l’essor survit au morcellement de
l’empire et même à la conquête romaine.
11 convient d’examiner d’abord les conditions et les
phases de ce développement ( Histoire externe ), puis
d étudier l’un après l’autre chacun des rouages (usages,
institutions ; outillage ; voies de communication, centres
de production, etc.) de l’organisme commercial de notre
période {Histoire interne).
Histoire externe du commerce grec dans la période
historique. — A. L' expansion du commerce grec du vine
au v siècle. — Toute une partie du poème d’Hésiode, les
ui'res et les Jours , est consacrée à la navigation 8.
I pous avons ainsi, dans les sources littéraires, un témoi¬
gnage contemporain de l’expansion commerciale qui est
,es 01'sen voie d’accomplissement. A partir duviif siècle,
es Hellènes se répandent sur toutes les côtes de la Mé-
I derrunée, du Pont-Euxin aux Colonnes d’Hercule ; leurs
tuifdem r H °* S' ~ 2 IV, 127, 228 et s. ; Ucblein, Handel und Schiffahrt
200. _ j i '! 'en ^eere 'n alten Zeiten, Clirisliania, 1886, p. 8. — 3 Hall, p. 267,
P- 271 cl s ’ g ^ ’ ~J>I eI s* — 5 Hetbig, p. 64; Meyer, Gesch. des Alterth. Il,
II P- 433 et s . n^n.ig, p. G5-G6. — 7 Hall, p. 253 et s. ; Meyer, Gesch. des A Iterth.
— 9 Bclncli * °Ur Sicile, Pais, I, p. 146 et s. — 3 Francolte, I, p. 281-282.
CriecA. Gesch f'*-*' GeSc/l' ’’ P' t09-199i Francolte, I, p. 25 et s. — 1» Betocli,
foncière en o ’ ' ° 1 )layr’ Handeltgesch. p. 14-16.-— U Guiraud, La propriété
Eritiu, rfe5 ))))JUS9U à la conquête romaine. Paris, 1893. — 12 Meyer, Wirtliscli.
■ A™- P- 18 ; Gesch. des Alterth. H, p. 441 cts. ; 533 ot s. — « Ra-
colonies essaiment jusqu’en Chersonèsc, en Cyrénaïque,
en Sicile, en Italie, en Gaule, en Espagne 9 [coloma •
Beaucoup de ces colonies, il est vrai, n ont pas un carac¬
tère commercial : à la différence des Phéniciens, dont
les établissements ne sont d’ordinaire que de simples
comptoirs, les Grecs fondent de véritables centres agi i-
coles. Leurs premières colonies apparaissent comme des
colonies de peuplement plus que comme des colonies
d’exploitation10. Elles recueillent le trop-plein de la po¬
pulation qui, manquant de terres dans la métropole,
s’établit sans esprit de retour sur le sol étranger ". Mais,
s’il y a là une émigration plus qu’une entreprise com¬
merciale, cette émigration ne peut cependant manquer de
développer le trafic, et d’amener des relations d échange
fréquentes et suivies avec la mère-patrie. Des témoi¬
gnages de ces relations nous sont fournis soit par les
sources littéraires, soit par les sources archéologiques :
les fouilles faites dans les colonies grecques nous font
retrouver beaucoup d’objets provenant d échanges , et,
dans les civilisations et les milieux les plus divers se ré¬
vèlent les traces d’apports de la civilisation grecque'2.
Le commerce extérieur devient bientôt un intérêt xitul de
l’IIellade, un des mobiles fondamentaux qui la guident :
les besoins de l’expansion commerciale constituent un
des ressorts prépondérants de son action politique *3.
A l’ouest, l’expansion hellénique se heurte, dès le
vne siècle, à deux grands peuples maritimes, les Étrus¬
ques et les Carthaginois, qui, tantôt coalisés et tantôt
isolés, parviennent à i’arrèter sur plus d’un point. Les
Étrusques avaient pris pied à la fois dans la mer Adria¬
tique et dans la mer Tyrrhénienne, et s’y livraient au
trafic et à la piraterie14. Les Phocéens, établis en Gaule
(Marseille) et en Corse, se heurtèrent à eux ; la bataille
navale d’Alalia leur lit perdre la Corse 15 et arrêta leur
pénétration dans la mer Tyrrhénienne. Néanmoins le
contact des Grecs et des Étrusques eut d’importantes
répercussions commerciales. La civilisation grecque
influença ' fortement, comme on sait, la civilisation
étrusque16 ; la céramique grecque, notamment, fut 1 ob¬
jet d’importations et d’imitations nombreuses en Étru-
rien. Les Grecs rencontrèrent aussi d’autres concurrents
dans les Phéniciens, arrivés sans doute avant eux 18 dans
le bassin occidental de la Méditerranée. Ils entrèrent en
lutte avec la principale colonie phénicienne, avec Car¬
thage, et c’est peut-être les besoins d'une défense com¬
mune qui amenèrent les établissements phéniciens, iso¬
lés jusque-là, à s’unir et à former un seul État sous la
prépondérance de Carthage l9. La lutte économique et
politique dura longtemps. Les Carthaginois, alliés d'abord
aux Étrusques, puis isolés, après la chute de la puis¬
sance de ces derniers, parvinrent à fermer aux Grecs une
partie des côtes d’Espagne (jusqu’au promontoire Arte-
misium), la Sicile, la Sardaigne, les Baléares, etc., en un
mot tout le bassin sud-ouest de la Méditerranée. Lorsque
les Perses envahirent la Grèce, Carthage lia partie avec
det p. 171, 192 et s. — 14 Meyer, Gesch. des Alterth. p. 509-510 ; 701 et s. ; Geutlic,
Ueber den Etrusk. Tauschhandel nach dem Norden , Francfort, 1874, p. 80
et s. ; Miiller, Die Etrusker éd. Deccke, Stuttgard, 1877, 2 vol. I, p. 264 et s.
_ 15 Belocli, Griech. Gesch. I, p. 188 ; Meyer, Gesch. des Alterth. II, p. 709-710.
_ IG Mever, Op. cit. H, p. 530-332; 710ets. — 17 Polticr, Catalogne des vases de
terre coite... du Louvre , I, p. 43. — 18 Melier, Gesch. der Karthager, Berlin,
1879, 1, p- 28 et s. ; Meyer, Op. cit. II, p. 476 ; Clerc, Les Phéniciens dans la ré¬
gion de Marseille avant l’arrivée des Grecs (Peo. hist. de Provence, I, p. 197-2123
251-270; 325-337); Pais, l, p. 147 cl s, — 19 Bcloch Griech. Gesch 1, p. 187.
220
MER
— 1750 —
MER
eux et attaqua les Grecs de Sicile; mais l’année même où
les Perses succombaient il Salamine, elle était battue en
Sicile à llimèrc (480), et les Étrusques subissaient peu
après le même sort à Ou mes (475 ou 474). Ces deux vic¬
toires assurèrent aux Grecs la prépondérance dans les
mers Tyrrhénienne, Adriatique et Ionienne '.
L’intluence du commerce grec n’eut guère moins de
mal à s’étendre dans le bassin oriental de la Méditer¬
ranée. Elle y rencontra, sinon dans le Pont-Euxin, où la
pénétration fut relativement facile, tout au moins du
côté de la Syrie et de l’Égypte, des populations très denses
et très civilisées qui lui opposèrent une résistance insur¬
montable. Les Grecs ne prirent jamais pied d’une façon
durable en Syrie dans cette période de leur histoire; ils ne
purent jamais chasser complètement les Phéniciens de
Chypre2. Peu à peu cependant, dans le commerce mari¬
time, ils gagnent du terrain sur leurs anciens rivaux.
Sans disparaître de la mer Égée3, les Phéniciens servent
de moins en moins d’intermédiaires entre le monde égéen
et l’Orient, et cèdent sur ce point la place aux Grecs :
au ve siècle, le commerce par mer des Phéniciens avec
la Grèce n’a plus qu’une minime importance4. Le com¬
merce grec avec la Syrie et l’Égypte, de passif qu’il était,
devient actif; La langue et les types monétaires grecs se
répandent dans toutes les provinces occidentales de
l’empire perse. Les produits fabriqués en Grèce com¬
mencent à concurrencer ceux d’Orient, parfois même à
les supplanter s. On rencontre des Grecs jusque dans les
ports de Phénicie6. L’Égypte même a sa colonie grecque :
dès le milieu du VIIe siècle, des aventuriers de Carie et
d'Ionie s’étant mis au service du roi Psammetichus ob¬
tiennent de lui un établissement en Égypte ; les mar¬
chands suivent peu à peu les soldats et, sous Amasis
(309-525), fondent un comptoir à Naucratis, sur la
branche eanopique du Nil7. La lutte économique de la
Grèce avec l’Orient prend un caractère aigu à la lin du
\T siècle, lorsque le monde hellénique enlre en concur¬
rence avec l’empire des Perses, parvenu alors à l’apogée
dosa puissance 8. Cet empire, qui embrasse alors une su¬
perficie égale à plus de la moitié de l’Europe, avec une
population d’au moins quarante millions d’habitants,
réunit tous les grands centres industriels et commer¬
çants de l’Orient, Memphis, Babylone, Suze, Ecbatane3.
On sait quelle est l’issue des guerres médiques, et com¬
ment les victoires grecques assurent l’émancipation défi¬
nitive de la Grèce par rapporta l'Orient. Un essor nouveau
du commerce grec, et une orientation de ce commerce
dans des voies entièrement indépendantes sonl les fruits
économiques, trop souvent méconnus, de ces victoires10.
L’expansion du commerce au dehors correspond, au
dedans, à une transformation profonde de toute la civi¬
lisation grecque : ce n’est plus seulement le superflu,
mais c’est aussi une part du nécessaire que les Grecs se
procurent par le commerce. Cette transformation en
entraîne une autre ; les groupes familiaux cessent de
1 Mayr, Handelsgecsh. p. 18; Belocli, Griech . Gesch. 1, p. 389 et s.; Meyer,
Gesch. des Alterth. III, p. 353-357; 397-4U0 ; 027-628 ; Geulhe, p. 81. Sur le com¬
merce hellénique en Sicile au vu* et au ni® siècle, Pais, I, p. 287 et s. — 2 Meyer,
Op. cit. 1, p. 488 et s. ; Beloch, Griech. Gesch. I, p. 195-I9G. — 3 Thuc. II, 69 ;
Xen. Oecon. VIII, 11. — 4 Schmülving, Der phônizische Handel inden griech. Gc-
missern (Progr. Munster, I-II, 1884-1885). — 5 Beloch, Op. cit. I, p. 202-203.
— 6 Aie. fr. 33 (Bergk). — 7 Herod. II, 152 ; Meyer, Op. cit. I, p. 501 ; II, p. 459 et s. ;
Büchsenschütz, p. 379. Fondations analogues de coloniesen Lydie, Radet, p. 173 et s.
_ 8 Gôtz, Verkehrswege, p. 161 et s. — 9 Beloch, Op. cit. I, p. 343 ; Meyer, Gesch.
des Alterth. 111, p. 96-166. — *0 Mayr, Handclsgesch. p. 13; Beloch, I, p. 393 et s.
constituer une unité économique fermée
elle-même. Les membres de ces groupes doiwu '
en plus vivre de leur vie propre, el conquérir i” ^
une indépendance de plus en. plus grande i. ! .
patriarcale s’émiette en des groupements ’ ' ami1^
moins fortement liés ". Les formes de l’é
l'his étroits et
tique rétrogradent: elles ne se retrouvent à l'i
intactes que dans les parties de la Grèce qui vivent «n1**
d’une vie principalement agricole. Partout ailleurs0'0
substitue au cercle étroit de la famille un cercle V
large, daùs le sein duquel tous les échanges s’opèrent*
c’est la ville, organisme économique autonome et se suf- 1
Usant à lui-même. Ce nouveau régime même devient à
son tour insuffisant. Rares sont les villes où, comme [
Locres, les produits sont directement vendus par le pro¬
ducteur au consommateur l2. Le commerce ne tarde pas J
à briser même les barrières que lui opposent les orga- I
nismes autonomes nouveaux ; les échanges débordent
le cercle fermé de la ville. L’économie nationale se su- 1
perpose à l’économie urbaine. Ainsi se constitue un véri- I
table commerce, dans lequel les richesses circulent de !
main en main et passent par de nombreux intermé- 1
diaires, d’une cité à l’autre, pour aller du producteur
au consommateur.
La circulation et la mobilisation plus actives des I
richesses se marquent non seulement par le développe- 1
ment des moyens de communication (progrès de l’art
nautique) ,3, la multiplication des voyages, la fréquence
eL la rapidité des échanges, mais encore et surtout par
la rapide diffusion (à partir du vm' et du vil0 siècle) 14 de
la monnaie pesée etmarqüée sous le contrôle de l’autorité
publique 13 et des institutions de crédit : monnaie et
crédit sont les deux instruments caractéristiques de la
mobilisation des richesses par le commerce. Par eux se
substituent peu à peu 16 à l’ancienne forme de vie écono¬
mique des formes nouvelles dans lesquelles 1 argent elle
crédit, à côté du rôle d’intermédiaires d’échanges, jouent
celui de valeurs indépendantes, de capitaux. Ils devien¬
nent même les premiers capitaux de tous. Quant a la
division du travail, elle se marque de plus en plus m be¬
rnent dans la production comme dans la répartition ns
choses utiles à l’existence. On désigne les produits pat
leurs lieux d’origine (armes de Rhodes1', épees d< 1 ■ M
cisls, boucliers de Béotie 19, cratères d’Argos2", 1«1
nages de Milct2’, etc.), signe de laspécialisalionintro ui e
dans leur fabrication22. Les marchands et les artisans,
eux aussi, se spécialisent ; la liste des noms de nu >
1 - • |’allonge de
de la fabrication2'
! faire son métier.
si restreinte dans les temps homériques
plus en plus 23. Les progrès techniques
obligent quiconque veut y exceller à en - ^ M.cialité
Les producteurs qui se distinguent clans mu
acquièrent du renom; les maîtres céramiste ^
fréquemment leurs œuvres. Un même homm ^^^
plus, comme aux temps homériques, suf ii « *' ^ ^ je
besognes. La spécialisation s’introduit im 111
30 t qO|.
- H Franco tic, Op. cit. I, p. 285. - Hcracl. Fragm. j.'o*, I :
— 13 Hüllmann, p. Il el s. — U Origines lydiennes de a mon ■ ' ^ ^ p |03,
Radet, P. 155. - 13 Rabelon. Les origines de la monnaie, ^ _ 16 Fran-
154, 170 ; Meyer, Wirthsch. Entw. p. 22; Beloc*>’ ’i8 Alli- xlV’
cotte, I, p. 29 ; Beloch. I, p. 217.-0 Diod XX, 84. 5iJ,scho.
- 1» Poilu*, I, p. 1». - 20 Herod. IV, 152. - * ^ AUef,k.
— 22 Biïclisenscliillz, Die Hauptstütten des G eu ci e/ 23 Guiraud. La |
Leipz. 1869, p. 39, n. 2; Hclbig, Hom. Epos, p. 17- ' ^ g _ 2v |.|a.ieoUc,
d'œuvre industr. dans l’ancienne Grèce , Paris, I960, p- ■
I, 30, 287 ; Beloch, Griech. Gesch. 1, p. 224.
— 1 7 n i —
MER
MER
, , in détail de chaque acte de fabrication :
v>'sièCle’ 1 1 le vase, un peintre le décore, et le vase
unP°lier ! * signatures’. Certains ateliers de céra-
PorlC lGS u division du travail qui s'y effectue, parle
miq»e’Pil1 ,‘t vaiileurs qu’ils emploient, ne sont pas
uombi'O ‘ _ vecdes établissements industriels, au sens
sans analog"1' ^ ^ n-e|Q pas encore l’industrie pro-
m°derne du ^ au moins ]e germe. Les demandes
P'6®6"1 , nar suite de la multiplication des débouchés,
ilUgnî,M ‘T’ ouvre doit aussi augmenter, et, comme la
la libre n’offre que des ressources limitées,
inam; d’œuvre servile qui doit passer au premier
f la " développement de la population servile paraît
P 1 ' i>n°rès de l’industrie et du commerce 3.
'^Les conséquences sociales de l’essor du commerce sont
J mêmes dans toute civilisation; la mobilisation des
leV l Pt le développement du capital-monnaie et du
"nild crédit entraînent une nouvelle répartition de la
fnrtune et la formation déclassés nouvelles, notamment
d aristocraties marchandes fondées sur la possession de
h richesse mercantile, de l’argent. La division du travail
pt la spécialisation entraînent une interdépendance,
Une solidarité plus étroites des parties spécialisées
11 en est ainsi en Grèce. Le développement commercial
j„ ce pays fournit la clef des plus importantes trans¬
formations politiques et sociales qu’il subit dans notre
période.
Avec la diffusion de la monnaie et du crédit se déve¬
loppe en effet en Grèce une richesse nouvelle, la richesse
mobilière, qui conquiert bientôt une importance égale à
celle de la richesse foncière, si bien qu’il devient néces¬
saire de la placer sur le même pied que celle-ci dans les
constitutions nouvelles (réforme par Clisthène des classes
de Solon) h L’apparition de cette fortune circulante et
mobile permet, dansla pratique de tous les jours, 1 usage
des contrats sur argent et sur crédit, les affaires à terme,
le prêt à intérêt, les spéculations, les accaparements, les
accumulations de capitaux dans les mêmes mains °. De
ii, dans les mœurs, une opinion nouvelle sur la richesse.
Xsvjjm’ àvr,p, l'argent fait l'homme G, tend à devenir la
devise de l’époque, et marque la tournure mercantile
nouvelle que prend l’esprit public 7. La répartition des
classes sociales se trouve du même coup radicalement
transformée. En haut de la société se placé encore la no¬
blesse, principalement fondée sur la possession du sol
(y£oj|j.opoi de Samos et de Syracuse) 8 ; mais déjà, dans
bon nombre de cités, cette noblesse se modifie, en pre¬
nant part au mouvement commercial ; elle a à sa tète des
propriétaires fonciers qui sont en même temps des mar¬
chands enrichis 9. C’est ainsi que les hippobotes à Chal-
cis, peut-être aussi les Bacchiades à Corinthe sont des
nobles enrichis par le négoce10; Charaxos, frère de
Sappho, homme bien né, se livre au trafic" ; les àei-
v*'JTat, aristocratie milésienne, ne sont que des mar¬
chands De même, à Athènes, les 7rapâÀtcn13.
1 ^rîec^1- Vaseu mit Meistersignatur. Vienne, 1887. — 2 Beloch, Op.cit.
183 'ilel S' ’ Meyer’ Gesc/l- du Alterth. Il, p. 548-549. — 3 Francolte, I, p. 184-
<let IV * l sla'ozza’ La vita economica ateniese dalla fine delsecolo VII alla fine
siiiv Crisl°' Milano, 1901, p. 37 ; Clerc, les métèques athéniens, p. 33Get
ljhm " |Meyer, Gesch des Alterth. Il, p. 550-551. — 0 Aie. fr. 49 (Bergk) ; Pind.
- Il (4). 1 Pestalozza, Op. cit. p. 15; Meyer, Wirthsch. Entw. p. 23.
"1C- VIII, 2i; Plut. Quaest g ,. 57; p 304 _ 9 A thon. IV, 49. — 1» Belocli,
P. 23 • 11 ‘7e1'- Gesch. des Alterth. Il, p. 553, 643; Wirthsch. Entw.
l,uautl, La propriété foncière en Grèce jusqu'à la conquête ro -
ans, 893, p. 132; cf Francoltc> ïf p> 97, 1. — li Strab. XVII,
Peu à peu, au-dessous de cette noblesse, et au-dessus
du menu peuple, commence à se former une classa
moyenne de commerçants et de fabricants, qui ne peut
guère s’élever à la possession du sol, vu les difficultés qui
s’opposent à la mobilisation de celui ci, et dont la loi turu
a pour sources exclusives le commerce et les métiers.
Cette classe bourgeoise, dès qu’elle a acquis quelque im¬
portance dans la société, cherche a se prémunir eonln
l’oppression des grands, et devient, à cet effet, le plus
ferme soutien de la tyrannie, en qui elle compte trouver
une protectrice n. C’est ainsi que, dans la plupart des
grandes villes commerçantes et industrielles, et dans ces
villes seulement à l’origine (Milet, Erythrees, Cliios,
Corinthe, Chalcis, Mégare) ’\ le régime de la tyrannie
commence à se substituer, dès le début de notre période,
au régime de l'oligarchie. Les tyrans doivent donc, de par
leurs origines, être favorables au commerce . ils h son!
en effet. Corinthe doit une grande part de sa prospérité
économique à l’intelligente tyrannie de Kypselos i t di
son fils Périandre10 ; Athènes ne doit pas moins à Pisis-
. n 1 1 *7 l),-.l I 11 ^ V !'!l ('Il <1
Gélon, etc. ,R.
Mais le régime de la tyrannie devait s’éclipser assez
vite. Une classe nouvelle se constituait en effet dam- le>
villes au-dessous de la noblesse et de la bourgeoisie
marchande, et acquérait, en grandissant, de l’importance
politique. C’était la classe des petits travailleurs du com¬
merce et des métiers, matelots, revendeurs et détaillants,
petits artisans et ouvriers libres19. Ces travailleurs ne
devaient pas tarder à s’unir aux populations rurales pour
renverser les anciens gouvernements aristocratiques et
leur substituer des gouvernements de forme démocra¬
tique. Ainsi les révolutions du vne et du vi' siècle ont
leur cause dans les transformations sociales dues à
l’essor nouveau du commerce et de la fabrication - , et
c’est seulement dans les parties du monde grec les plus-
avancées au point de vue économique (Attique, Sicile,
Eubée, villes de l’Isthme, villes des côtes d’Asie Mi¬
neure) que ces crises ont eu leur répercussion 21 .
Les formes politiques mêmes qu’affectent généralement
les sociétés grecques du temps oii nous sommes arrivés
révèlent des origines mercantiles. On sait que les sociétés
purement commerçantes se constituent rarement sous
forme de grands États fortement liés dans toutes leurs
parties, mais sous forme de petits territoires autonomes
ou semi-indépendants dont une ville forme le centre. Il en
est ainsi dans la plus grande partie de la Grèce. La ville
y est l’unité politique et économique essentielle, comme
elle doit l’être plus tard dans l’Italie du moyen âge, et
pour les mêmes raisons --. Sans doute les a illes grecques
ont leur germe dans l’organisme commercial du marché.
C'est la communauté de marché qui amène la fusion en
un seul corps des tribus et des familles jusque-là auto¬
nomes, et c’est autour du marché, centre de toute la vie
commune, que se cristallise l’agglomération commer-
80g. — 12 Plut. Qu. gr. 32. — 13 Droysen, dans Zeitschr. filr Gesch. (de
Schmidt), VIII, 1847, p. 390. — ‘4 Guiraud, Main-d'œuvre industr. p. 29.
_ 13 Thuc. I, 13, '• — 16 Herod. I, 20; III, 48-53; V, 92. — 17 Belocli, Griech.
Gesch. I, p. 329-331 ; Pestalozza, p. 35-30. — 18 En général, H. Plass, Die Ty¬
rannie in ihren beiden Perioden bei den Griechen, Brime, 1852 ; Meyer,
Gesch. des Alterth. II, p. 608-674 ; Guiraud, Main-d’œuvre industr. p. 29-32.
_ 19 Nautix!,; î/ko;. Arist. Polit. IV, 4 ; VU, 6 ; Wachsmulh, Bell. Alterth. Halle,
1844-46, 1, p. 395; Meyer, Wirthsch. Entw. p. 24 — 20 Beloch, Op.cit. I, p.
312 et s! Pour la Lydie, cf. Radel, p. 1 10. — 2> Thuc. 113, 1. — 22 Meyer, Wirthsch.
I Entw. p- 24.
MER
1752 —
MER
çante, la ville 1 . Les établissements de forme urbaine se
multiplient dans toutes les parties du monde hellénique,
et leurs constitutions sont aussi le fruit de la civilisation
commerciale : les anciennes sociétés familiales, groupe¬
ments amorphes fondés seulement sur la communauté de
sang et de culte, cèdent la place à de véritables États avec
des lois fixes et écrites, des magistrats et une puissance
publique organisée. Dans certains de ces États domine
encore une aristocratie marchande (comme â Égine, à
Corinthe) ; dans d’autres, domine déjà une véritable dé¬
mocratie (comme à Argos, à Syracuse, à Tarente, etc.)2.
Les places de commerce ne sont plus les mêmes.
Orchomène, Tyrinthe, Mycènes, Pylos, ont cédé la place
à d'autres centres, qui correspondent à l'orientation
nouvelle des courants commerciaux. Les établissements
ioniens d'Asie Mineure y tiennent désormais la première
place. Il nous suffira d'indiquer les plus importantes des
villes commerçantes 3. Dans la Grande Grèce, le principal
centre commercial est Sybaris, dont la prospérité est
proverbiale4; sur la côte d'Asie Mineure et dans les îles
qui la bordent, il faut citer les villes ioniennes de Milet
(la plus grande ville grecque jusqu’à l’époque des
guerres médiques 5, en relations fréquentes aveclePont6
et l’Italie "'), de Chios, de Samos, de Clazomène, de
Pliocée 8; la ville éoliennedeMvtilène ; les villes doriennes
d’Halicarnasse, Cnide, Rhodes. A l’ouest de la mer Égée,
dans le golfe Saronique, la petite ile rocheuse et infertile
d'Égine est devenue, au vie siècle, l'entrepôt général du
trafic avec l'Orient 9 ; tout le Péloponèse est son tribu¬
taire et lui emprunte sa monnaie et ses mesures10. Égine
n’a de rivales que Mégare, le port naturel de la Béotie
méridionale, d’Éleusis et de l’Atlique occidentale11;
Corinthe, la clef de l’Isthme et l’entrepôt naturel du com¬
merce avec les mers d'Occident12, et Chalcis, la clef de
l’Euripe, avec sa voisine Érétrie 13. Malgré ses progrès,
dus à la politique des Pisistratides, Athènes n’a encore
que peu de part au mouvement commercial. C’est seule¬
ment vers la fin du vie siècleque, soutenue par Corinthe11,
elle entre en lutte, d'abord sans succès13, avec Éginç.
Mais elle doit plus tard, dans la deuxième moitié du
ve siècle, triompher de son adversaire, et éclipser même
son alliée 16.
B. L' hégémonie commerciale d’Athènes et son déclin
(vc et ive siècles). — Au v° siècle, Athènes prend la tête
du mouvement commercial grec17. Les colonies ioniennes
d’Asie Mineure, jadis plus florissantes que la métropole,
l Huvelin, Essai hist. sur le droit , des marchés et des foires , Paris, 1897, p. G7
et s. ; Fougères, Mantinée et l'Arcadie orientale , Paris 1898, p. 372; Curlius, Zur
Gesch. der griech. Stadtmürkte (Gcsamm. Ahhandl. Berlin, 1894), I, p. 118.
— 2 Meyer, Wirthsch. Entw. p. 29. — 3 Herod. 11, 178. — 4 Diod. XI, 90, 3; XII,
9, 2; cf. Bûcher, Zur qriech. ^ Virthschaftsgesch . ( Fest . fur A. Schhffle), p. 245.
— 5 Herod. V, 28—6 Meyer, Gesch. des Alterth. Il, p. 445 ; Büchsenschütz,
p. 375 ; Hüllmann, p. 139 et s. — 7 Herod. V, 28 ; VI, 21; cf. Bûcher, Zur
qriech. Wirthsch. {Fest. fiïr A. Schüf/le), p. 244. — 8 Bliimner, Geioerh.
Thâtiqkeit , p. 37; Hüllmann, p. 53-54 (Chios). — & Herod. IV, 152; IX,
80 ; Arist. Polit. VI, 1291 B, 24 ; Strab. VIII, 0, 10 ; Blümner, Op. cit. p. 89 ; Meyer,
Wirthsch. Entw. p. 26; Gesch. des Alterth. II, p. 537-538 ; Beloch, Griech. Gesch.
I, 207, 216 ; Büchsenschütz, p. 366 ; Hüllmann, p. 40-43. — 16 Beloch, Op. cit. 1,211 et
s. — il Bèrard, Les Phéniciens et l'Odyssée , p. 194 et s. — l- Liv. XXXIII, 32; Hüll¬
mann, p. 46-52; Barlh, Dissertatio inavguralis Corinthiorum commercii et
mercaturae historiae exhibens particula, Berlin, 1844 ; Büchsenschütz, p. 367 ;
Wilisch, Beitrâge zur Gesch. des hlten Forint h ( Jahresb . des Gymnasiums zu
Zittau, 1887, 1890, 1901) ; Curlius, Hist. gr. trad. Bouché-Leclercq, Paris,
1880-83, I, p. 322- 345; Francotte, I, p. 94; Guiraud, Main-d'œuvre industr.
p. 26-27 ; Meyer, Gesch. des Alterth. 11, p. 43G-437 ; Fougères, Mantinée , p. 65.
— 13 Meyer, Gesch. des Alterth. II, p. 435; Francotte, I, p. 33; Büchsen¬
schütz, p. 369. — H Herod. VI, 89. — 15 ld. VI, 88-93. — 16 Beloch, Griech.
Gesch. I, p. 363 et s. ; Meyer, Wirthsch, Entw. p. 27 et s. ; Francotte, I, p. 98 et s.
ont été ruinées par les guerres médiques et <
pas à retrouver leur ancienne splendeur <« , ” arrivenl
port d’Athènes, le .Pirée, a relégué au second °°UVeau
ports de l’Euripe, Erétrie et Chalc
is:
plan les
* i . ■ cetl'e dernière vin
a meme perdu sa marine et est devenue une r 6
d’Athènes 19 ; puis, étendant son action plus loin a! ' °nle
a achevé le déclin d’Égine et balancé la supriJJ ?
Corinthe 20. La cause de ce remarquable essor doit ! '
doute être cherchée dans le rôle prépondérant qu’Atl S'"1S
a joué dans la lutte contre les Perses : la victoire r*
ouvert les débouchés de l’Orient21. Elle peut coloniser r!
envoyer désormais des clérouques jusque vers l’Helle-.
pont et le Bosphore. L initiative clairvoyante de Thé
mistocle prépare les instruments par lesquels sa patrie
Pourra retirer les fruits de sa victoire : ce sont les murs
d’Athènes et du Pirée ; c’est surtout la flotte de guerre'
grâce à laquelle la prépondérance maritime est acquise fi
Athènes22. La ligue de Délos, dirigée en apparence contre
les Perses, sert en réalité l’expansion d’Athènes et assure
sa domination sur mer23. Pendant tout le v“ siècle, et
une partie du ive, cette ville est le grand marché de la
Méditerranée orientale21. Un témoignage, remontant
cependant à une époque où sa prospérité commerciale
est déjà sur son déclin, nous apprend que l’impôt
de 2 p. 100 sur les importations et les exportations rap¬
porte de 30 à 36 talents par an25, ce qui indique un
mouvement d’affaires au moins égal à 1 300 ou 1 800 talents.
Le Pirée est le rendez-vous des navires venus de tous 1
pays, du Pont, de la Phénicie, de l’Égypte, de la Cyré¬
naïque, de la Sicile, de l’Italie Les marchandises de
toutes provenances y affluent27. Signe indéniable de
l’hégémonie économique d’Athènes, les poids, les
mesures, les monnaies altiques sont répandus, à partir
du milieu du Ve siècle, dans tout le monde civilisé, jus¬
qu’en Sicile et en Italie28, et y occupent la première
place. Avec Athènes sont en rapports réguliers un grand
nombre de centres commerçants, dont plusieurs sont de
fondation récente. C’est, en Sicile, Agrigente. et surtout
l’opulente ville de Syracuse29 qui, au milieu duiv1 siècle,
grâce au génie de Denys le Tyran, dépassera un me
Athènes et deviendra « la plus grande des GUes
grecques30 » ; en Italie, Tarente31 ; Crotone, qui .i, dt Pu4
la fin du vi° siècle, supplanté et ruiné Sybaris , Hunu,
fondée en 443 par Athènes33 et devenue rapidement un
centre- prospère de civilisation atticjue , dans a 1111 1
patrie, Corinthe, l’éternelle concurrente d’Athenes ,
— 17 Boeckli, De Staathauslialtung der Athener, 3" éd. Par * ' f/c,. ZVrser-
1, p. 59-77 ; Lange, Darstellungen des athènischcn Handels l oin • ' (8fi2; noguel,
l.riege sur Unterjochung Griechenlands durch die Bûmet , L u n ^ pesialozia,
Z- commerce d’Athènes après les guerres médiques , Slrss °n g. jy. secoioaiwd’
La cita economica Ateniese dalla fine del secolo 1 11 “ t'n . ip p. 520
Christo , Milano, 1901 ; Curlius, Hist. gr. (tr. Bouché- Lee ciq), _ 19 Uusolt,
et s.; Francotte, ., p. 117. - « Beloch. ^ch.G^c - ■ P- ^ srf*
Griech. Gesch. Il (2“ éd.), p. 0,8, n. 2.
7. Beloch,
21 Lange, p.
Athéniens à deveo11
(, Jahrb . für J\ationalolconomie, XIII, 1880, p. 83 el s.).
I, p. 395. Les Perses, dit Thucydide, VU, 21, forcèren >- ^ , Bclocli,!
marins. -22 Busolt, III, 1, p. 41-63 ; Curlius, Hist. gr. U, P- J |, 39.
P- 302 et s. ; Clerc, Les métèques athéniens , p. 4 myst. I«
— 21 Voiries paroles de Périclès, dans rhuc. U, • etntistik, 3' sér. X'1 ’
s. ; Beloch, dans les Jahrb. für Nationaloekonomie ««' lV, 42 ; T1"*'
,899. p. 626 et s. ; Lange, p. 26. - 20 Xcn. Hep. Ai ^ ’ p 3). - ■
II, 38,2; Sopatros, De div. quaest. (. Rliet.graec . . • ’ 3g. _ 2* Pol I) •
Polit.. Il, 6 et s. ; Busolt, 111. 1, P- 479-490 ; Meyer, Wtrtscn.
VI 39. — 29 Arisloph. Ranae, 720-726 = « xaW!«ot« . . . _ 30 ls«r
Beloch, Griech. Gesch. 1, p. 400; 11, p. 340; Hüllmann P- ^ Tare» s,
JVicoc/es, 23. - 31 Francotte, I, p. 36-37 ; Hüllmann, p. .iy* t, F51*)
Strasbourg, 1877. — 32 Herod. V, 44 et s. ; 47; , - • __ 36 Ti,uc. U "
540 ; Pappritz, Tharii, Berlin, 1891. - 31 Diod. XII, ,
MER
MER
— 1753
cwone Thè'bes, Argos, etc. ; au nord', en Thrace,
Még«re’ ‘ “ (ondée par Athènes sur le Strymon pour
trnph'P0 ls’ , rQute ae la Macédoine à l’Hellespont ' ;
coninion<1,‘|- ll alliées et tributaires d'Athènes,
et l ef 6 mnbre a varié avec les époques.
d°nl • jLé d’Athènes ne se borne pas au trafic. La
Ma'S " d’obiets fabriqués y occupe aussi beaucoup
production g deg lravaüleurs (métèques et esclaves)
debraSt; de grandes proportions 2. Des perfection-
Pccr0' (‘^niques sont rendus possibles par une divt-
®emei , ,v,ncée du travail, division dont on commence
comprendre les bienfaits3. Tandis que
fcé fabrique la tige des candélabres, lîgine en
, ■ 1„ nlnmié L L’industrie des armes occupe plu-
fab",f ,'nétiers : casques, cuirasses, aigrettes, boucliers,
‘‘ fabriquent dans des ateliers différents; et, pour
Lue arme, il y a des pièces fabriquées par des ouvriers
différents et spécialisés ». Au iV siècle, on se moque
des allures archaïques du philosophe Hippias, qui se
nioue de confectionner lui-même tous les objets dont il
!e sert8. Ainsi les conditions de la fabrication se rap¬
prochent de plus en plus de celles de l’industrie
moderne'.
Les transformations politiques et sociales commencées
avant le v" siècle, se poursuivent en concordance avec le
développement nouveau du commerce. Bien que l’agri¬
culture ait conservé une réelle importance même en
Altique \ c’est désormais le commerce qui est la source
principale de la vie économique, et une fraction consi¬
dérable des produits agricoles consommés en Grèce est
d’importation étrangère (blé de Sicile, d’Égypte ou du
Pont) 9. La circulation et la mobilisation des richesses
! sont plus actives que par le passé ; le stock des métaux
précieux s’est largement accru par l’apport incessant des
tributs des alliés10 et les produits des mines du Laurium11
et des mines nouvelles ; les monnaies frappées à Athènes
- et dans les principales places de commerce deviennent
abondantes : d’où une élévation sensible des prix'2, un
plus grand développement de la pratique du prêt à inté¬
rêt ainsi que de toutes les opérations de crédit, désor¬
mais plus faciles et plus fréquentes 13. Par là aussi, les
tendances capitalistes s’accentuent et entraînent de plus
profondes divisions sociales. Le fossé se creuse entre la
bourgeoisie marchande qui, par les capitaux (argent,
C1'édit, esclaves, terre) qu’elle possède à peu près seule,
I en vient à monopoliser la richesse, et la classe des
H * CiuUiiis, Hist.gr. N, p. 547. — 2 Bolocli, Bevôlkerung der griech. rômischen
K Leipzig, 188(1, p. 84 et s. ; Ciccolli, Del numéro degli scliiavi nell Attica
Blflendiconfi dd r. Islit. Lombardo di Scienze e Lettere , ser. Il, XXX, p. 655 et
S.) ; Meyer, dans Forschungen zur alten Gesch. Il, 1899, p. 168-179 et 185-189;
I ,ere' Le‘ métèques athéniens , p. 335 ; 367 et s. — 3 Plat. Hep. 11, p. 369-370 ;
i l1, 646 E; Xen. Cyrop. VIII, 2 ; Franco tte, I, p. 293 ; Guiraud, Main-
■ 'jraiic, p. 53-54. — 4 Plin. flist. mit. XXXIV, 0. — 5 Francollc, I, p. 294. Pour
■ ^"'alisalion dans le travail des mines, voir Ardaillon, Les mines du Laurion
I locl ' Paris, 1897, p. 91-92 [metali.a], — 6 Hippias min. 368 B. — 7 Be-
I îsjin l,ros:industrUi im Alterthum ( Zeitschr . für Soxialwissenschaft, 11,
■ P 'w!' ^ C^' BucBer> Zur griech. Wirthsch. ( Festgaben fur A. Schâf/le),
I (1|(, ) 1 h- ~ 8 Beloch, Griech. Gesch. I, p. 407-408 ; Meyer, dans Forsch. zur
I ,, 'b P' 189-195 ; Francotte, 1, p. 198 et s.; Pestalozza, p. 71 et s.
I le cm '"°8lh’ C°nlra Phen ■ xx- 31 ct s- i Bôckli (Frankel), I, p. 97 et s. ; Perrot,
I 1 <::rr deS CMales en Attique [Rev. hist. IV, 1877), p. 51 et s. — 10 Pedroli,
I 1 1891 i ^ ulteati d Atene ( Studi di storia antica pubblicati da Giulio Beloch ,
K Pliai ' . ) 11 Pestalozza, O. c. p. 42 ct s. ; Ardaillon, p. 136 et s. — 12 Denietr.
I Criée// r '"l Solon' 23 ’ Bückli (Frankel), I, p. 78 ; Pestalozza, p. 46. — 13 Bclocli,
I Gesc/i des **’ cl s- I Francotte, I, p. 191-190; et surtout Billetcr,
I 1898, c|i ™ griech.-rômischen Alterthum bis auf Justinian, Lcipz.
I Ulr,*«|uv 11 Besla'0ZIa, p. 58 ; Guiraud, p. 190. — 18 Lorsque Aristote
éd. Kenyon, 6) définit la fameuse Scisachlliic de Solon connue
ouvriers et dès petits revendeurs libres, qui ne pend
subsister par elle-même, parce qu’elle manque de capi¬
taux, et que ses salaires et ses gains sont avilis par
l’effet de la concurrence servile11. Pour remédier à ce
malaise grandissant, tantôt on oblige les créanciers à-
faire des remises générales de dettes ,J, tantôt on procède
à de nouvelles répartitions du sol ; on habitue les
pauvres à attendre de l’État tout ou partie de leurs moyens
de subsistance (jetons de présence aux jurés, à ceux qui
assistent aux assemblées du peuple; distributions d ar¬
gent, de grain, etc.16). Ces palliatifs ne suppriment pas
les causes du mal et grèvent lourdement les finances ;
les États commercants de la Grèce, et particulièrement
Athènes, sont, au v‘ et au ivc siècle, le théâtre de lutlps
intestines qui, autant que les luttes étrangères, contri¬
buent à les affaiblir11. Les excès de la démagogie pré¬
parent des réactions oligarchiques, hostiles au com¬
merce18, qui devront bientôt triompher19.
Le dernier tiers du v» siècle voit commencer la déca¬
dence politique d’Athènes. En 431 s’engagent les guerres
du Péloponèse, dont il faut chercher les causes non
seulement dans l’antagonisme des peuples agriculteurs
péloponésiens groupés sous la direction de Sparte et
des peuples commerçants des cités maritimes et des ile>
groupés autour d Athènes, mais aussi dans la concur¬
rence qui oppose à Athènes ses éternels rivaux commei-
ciaux : l’empire perse d’une part, les villes de Corinthe
et de Mégare de l’autre. C’est encore 1 ambition commer¬
ciale qui pousse Athènes à tenter 1 expédition deSicile
dont l’échec commence la ruine de sa suprématie mari¬
time. La décadence économique est plus lente à s affirmer
que la décadence politique : après la prise d Athènes par
Lysandre et la révolution oligarchique qui la suit, on
peut croire que le commerce attique estàjamais détruit _1 .
Il se relève pourtant de cette crise avec une étonnante
rapidité22. Au début du ive siècle, à la suite de la guerre
de Corinthe23 et au temps du renouvellement de la con¬
fédération maritime21, le commerce athénien jette encore
un brillant éclat. Mais les circonstances précipitent sa
ruine 23. Athènes se heurte bientôt à un ennemi nouveau,
la Macédoine. D’autres villes commerçantes, grâce aux
avantages que leur donne une situation exceptionnelle,
peuvent conserver leur ancienne prospérité économique,
tout en perdant leur indépendance politique : c’est le cas
pour Corinthe. Mais pour Athènes, son expansion com¬
merciale est si étroitement liée à son expansion politique
une abolition des déliés publiques cl privées, cela prouve non pas que cette indication
soit historiquement vraie, mais tout au moins que 1 on considérait, au temps d Aristote,
une pareille mesure comme légitime et régulière. Clerc, Les métèques athéniens,
Paris, 1893, p. 340-341 ; cf. Schumann, Griech. Alterth. 4* éd. par Lipsius, Berlin,
1898, I , p. 344; Gilbert, Handbuch der griech. Staatsalterth. 2e éd. Leipzig, 1893,
I, p.142; Billeter, p. 5 et s. -1» Busolt, Griech. Gesch. III, I, p. 261-269 ; Meyer,
Wirthsch. Entw. p. 30; Beloch, Griech. Gesch. I, 416, 466; 11, 360; Ciccolli, La
retribusione delle funzioni pubbliche civili nell' antica Atene e le sue conseguenze
( Rendiconti del r. Istituto lombardo di Scienze e Lettere, ser. Il, XXX, p. 1091);
Perrot, Essai sur le droit public d'Athènes, Paris, 1869, p. 44-52 et 225-233.
_ ,7 Beioc|,, Op. cil. 1. p. 439 et s.; 476. — Voir notamment dans Clerc, Les
métèques athéniens, p. 309 et 358, les persécutions qu’inaugura contre les métèques
le gouvernement des Trente Tyrans. — '‘J Beloch, Griech. Gesch. II, p. 36-110.
_ 20 gur ia politique économique d’Athènes à l’égard de la Sicile, voir Columba, Il
mare e le relazioni marittime tra la Greciae la Sicilia nell' antichita {Arc h. St.
Sicil. XIV, 1890) ; llclhig, Sopra le relazioni commerciale deyli Ateniesi colt ltalia
{ Rendiconti dei Lincei, Roma, 1880). — 21 Thuc. VII, 27, 28 ; Büchsenschülz, Besitz
and Erw. p. 600. — 22 Beloch, II, p. 338 ct s. — 23 Sur le relèvement de la marine
athénienne (grâce à la politique de Conon) ; sur le rétablissement des Longs Murs
détruits par Lysandre. voir Xen. Bell. IV, 8, 9-10 ; Corn. Nepos, Conon, 4. — 24Swo-
boda, Der hellen. Bund des Jalires 37 1 v. Ch. ( Rhein . .1 fus. 3« sér. 49, 1894, p. 321,
(352). — 25 Blass, Die sozialen Zustaende Athens im IV Jahrhundert, Miel, 1880.
— 1754 —
MER
que la première ne peut survivre à la seconde l. Désor¬
mais le commerce hellénique va s’orienter dans des voies
nouvelles.
(-• Le commerce de la période hellénistique. — Les
résultats des conquêtes de Philippe et d’Alexandre au
point de vue commercial peuvent se résumer en une
double formule : élargissement du champ d’expansion
ouvert au commerce hellénique; unification de ce champ.
Le champ ouvert au commerce hellénique s’élargit.
Non seulement il s’accroît, en Europe, de pays qui, comme
la Macédoine, étaient presque restés en dehors du cou¬
rant économique grec, ou qui, comme la Chalcidique,
n’y avaient joué qu’un rôle effacé; mais encore il s’aug¬
mente de toute l’Asie occidentale. Les marchands suivent
l'armée conquérante jusque dans l'Inde2. La civilisation
hellénique se répand dans tout l'Orient et s’imprègne
aussi, par le contact, d’éléments empruntés aux civilisa¬
tions de l'Égypte, de la Perse, et même de l'Inde. D’autre
part, dans ce champ plus large qui lui est offert, le com¬
merce peut se développer plus librement, paçce que
1 unité de ce champ est faite. A la dispersion politique
des petites républiques commercahtes grecques, où les
luttes de cité à cité paralysent trop souvent l’essor éco¬
nomique, s’est substituée l’unité d'un gouvernement
central fortement constitué. Des sphères économiques
jusque-là indépendantes sont unies politiquement, et
leur compénétration réciproque devient possible. Même
lorsque l'empire d’Alexandre se morcèle, l’unité écono¬
mique n’en est pas rompue, parce que les éléments
communs de civilisation dont ont été imprégnées toutes
ses parties continuent à leur servir de liens.
Le pouvoir central contribue d’ailleurs à donner au
commerce une impulsion vigoureuse qui lui manquait
dans la période précédente. Philippe, Alexandre et leurs
successeurs suivent en ce sens une politique extensive,
parfaitement consciente des résultats à atteindre et des
moyens à employer. La mission de Néarque dans le
golfe Persique ; celle d'Héraclide dans la mer Caspienne;
le plan d’assimilation de l’Asie au moyen de fondations
de villes, font le plus grand honneur à Alexandre3. On
sait qu’il élaborait de plus vastes projets encore lorsque la
mort le surprit L On sait aussi quelle fut la part des
Lagides dans la prospérité commerciale de l'Égypte 5 et
celle desSéleucides dans l’essor de la Syrie. Anliochus 111
surtout nourrit les plus vastes projets : par son expédi¬
tion poussée jusqu’en Arachosie, il cherche à attirer le
commerce de l'Inde vers le golfe Persique ; et, en guer¬
royant contre l’Égypte, il s’efforce de détourner vers les
côtes de Syrie l’itinéraire des marchandises de l’Arabie,
surtout de l’encens et des épices, qui jusque-là allaient
par Pétra à Alexandrie G.
Par ce concours de circonstances, le commerce de la
période hellénistique doit prendre jusqu’à un certain
point la forme d’un commerce universel , d’un commerce
mondial, c'est-à-dire qu’il doit unir par des échanges
1 Mayr, Handelsgesc/i. p. 20. — 2 Arr. VJ, 22, 4. — 3 Droyscn, Hist. de ihetl.
lr. Bouché-Leclercq, Paris, 1883-85, 11, p. 050, 700-701; Kaerst, Gesch. des
helleni8tischen Zeitalters , J Die Grundlegung des H ellenismus , Leipzig, 1901 ;
Kuhn, Ueber die Entstehung der Stüdte der Alten , p. 303 el s. ; Erdmann, Zur
Kunde der hellenislischen Stâdlegründungen, Progr. Strassburg, 1883. — 4 Droy-
sen, 11, p. 688. — ■» Lombroso, Rerh. sur l'économie politique et V administration
de l'Egypte sous les Lagides , Turin, 1870 ;Bobiou, Mém. sur V économie politique
et l’administration de l'Égypte sous les Lagides , Paris, 1875 ; Droysen, III, p. 53
et s. ; 606-607 ; Wachsmuth, Véirthsch. Zustfinde in Aegyplen wütCrend der griech.-
rômi8chen Période (Jahrb. für Nationaloekonomic und Statistilc , 3* sér. XIX),
MER
réguliers, qui les rendent économiquement soli , .
unes des autres, à peu près toutes les narl i . . f**68 le«
connu commercialement utilisables Ce i " S < U m°nde
samment le caractère mondial du’ connu |,P°UVe suf(i'
époque, c'est l’expansion universelle dèT ™ n°tp,i
grecques : jusque dans l’Inde, les types CTec, «
les types autochtones1. Les traits caracléri?PilnleiU
nouvel état du commerce sont les suivants • p"1?8 Ju
ment de la circulation et des capitaux • mi,|,inu T °Ppe'
débouchés et des voies de «oL»..’^^*
centres urbains nombreux, et de grandes villes
selles, centres du commerce mondial. S ""lver'
Le développement de la circulation des riches ■"
manifeste dès les débuts de la période hellénistiLfl
Déjà 1 exploitation plus active par la Macédoine des
mines du mont Rangée, en Thrace, a jeté sur le marchl
une importante quantité d’or (environ 1000 talents par
an) \ Mais c’est surtout la conquête de l’Asie qui en
ouvrant à l’Europe les trésors de l’Orient, provoque un
afflux subit d’or, d’argent et d’espèces monnayées com¬
parable à celui qui suivra, dix-huit siècles plus lard, la
conquête de l’Amérique9. A Suse, Alexandre s’empare
de près de 50000 talents10 ; à Persépolis et à Pasargades,
de 120000 talents". Ces réserves des Achéménides ne
tardent pas à être jetées dans la circulation : Harpalos,
dont Alexandre a fait son trésorier et à qui il a confié à
Ecbatane son riche butin, près de 180 0Ü0 talents, en
dissipe une partie; il s’enfuit à Athènes avec de grandes
richesses12. Ainsi beaucoup des trésors asiatiques sont
versés dans le commerce grec. A la mort d’Alexandre,
les réserves ne sont plus que de 10000 talents13. Le
contre-coup de cet afflux de métaux précieux ne se fait
pas attendre : d’une part la valeur de ces métaux baisse,
et la frappe des monnaies prend une activité inconnue
jusque-là"; d’autre part, les prix s’élèvent. La hausse!
des prix est si considérable, et s’effectue en un si court
espace de temps, sous les règnes de Philippe et
d’Alexandre, qu'elle occasionne un malaise général, une
véritable révolution économique 1S.
A une circulation dont l’amplitude, le champ et les
directions sont nouveaux, il faut des voies nouvelles.
Un réseau de distribution commerciale s’établit, qui
assure l’interdépendance des sphères économiques désor¬
mais réunies. Tantôt des voies de pénétration artificielle»
se créent, comme ce canal que creusent les Ptolémées I
pour unir la mer Rouge au Nil et ouvrir a 1 Égypte e
commerce érythréen plus largement que par
l'ancienne
route de Koptosif’ ; tantôt des lignes de commune dion
s’établissent en utilisant plus largement et plus l,al 1 |
ment les voies anciennes17. Les moyens de li.insp111 |
sont perfectionnés. L’art nautique a progusM-
navires sont devenus plus grands et plus
Démosthène en cite déjà qui, outre une
les
(■mammies:
_ ‘lourde cargaison
dans la cale, mille peaux de bœuf sur le ’J.|.lveS
portent un équipage nombreux et beaucoup
_ J iliOll.
p. 771-809. - « Droyscn, III, p. GOG. — ^ Mayr, Handdsqesc^.V- — |6i 7
XVI, 8, G. — 9 Ardaillon, Op. cil. p. 139; Peslalozza, p. *■>■ _ u piod.
9. — 11 Curt. V, G,9; Diod. XVimc
Plut. Alex. 35, 36 ; Droysen, I, p. 349.
XVII, 108; Cartault, Ve causa Harpalica, Paris, 1881 ; roj'st ^ plls M>W I
— 13 Mayr, ffandels gesch. p. 27-28. — U Ardaillon, p. U’° ; W Gr'0$:en, Berlin. I
Mass und Gewichtswesen in Vorderasien bis auf Alexatu er ^ „ L,.lronne,
1860, passim, et p. 230. — 'G Bclocli, Griech. Gesch. Il, P- 3jj‘ j ' ,0 Voir aussi
Recueil , p. 189 et s. ; Hüllmann, p. 222 cl s. ; Mayr, Mande sgi )|( () «06.
le projet d’unir la mer Caspienne el la mer Noire par un raiia ' jr GüU, P- |C5 clS'
— 17 Sur les routes de l'empire perse, conquis par Alexam i ,
MER
i 75.'î —
MER
IX 1 * - 1 A
ont miné les grandes cilés commer-
Crotone, C urnes,
. et peut-être quarante ou cinquante)
(plus de tren ' , ^e ^ un outillage plus parfait (par
Les lraT.Se haro d’Alexandrie), gagnent en sûreté et en
exempl'’ P
eéiérité- écononijqUe nouveau correspondent des
Ml. CliaTe cohésion et d’équilibre nouvelles : le centre
condition ' ^ civilisation hellénique se déplace et se
pKur0pe en Asie. L’activité commerciale, en
^'^développant, change de foyers Les anciennes places
Z Iles grecques se trouvent désormais éclipsées. A
?et ul V'. lottes avec les peuples îLaliotes, et surtout
l'ouest, les i . . , , - ~ —
avec les Romains.
. l, période précédente
fie Syracuse ont perdu leur ancienne richesse 2 et
doivent pas tarder à perdre leur indépendance. A
r Milet Phocée sont en pleine décadence depuis les
fmerres m’édiques3. Dans U mère-patrie, Athènes est
réduite à un rôle de second plan depuis qu elle a perdu
ipire colonial et ses alliés4. « Le Pirée, dit le
inique Philiscos, est une noix grosse et creuse :i. »
’orinthe, grâce aux avantages d’une situation excep¬
tionnelle, avantages qui survivent aux vicissitudes poli-
i qu'es, peut seule se maintenir, et reste le principal
Larché de la Grèce continentale 6 ; mais, si son impor¬
te absolue a augmenté, son importance relative a
jlutôt décru par l’entrée en scène de concurrentes plus
■iches. D’ailleurs, à côté d’elle, les anciennes villes
aarchandes, Égine, Mégare, Chalcis, Érétrie, sont bien
[échues de leur ancienne prospérité1.
Des places de commerce nouvelles ont surgi. Quelques-
mes existaient, à vrai dire, dès le temps de l’hégémonie
thénienne, mais elles n’y tenaient qu’une place plus
ffacéo. C’est la ville de Cos, dans l’ile du même nom 8.
l’est surtout Rhodes, à l’intersection des grands axes
1 commerce international, de l’axe nord-sud, du Pont
Alexandrie, et de l’axe est-ouest, de l’Espagne à la
yrie et au centre de l’Asie 9. C’est, plus tard, Pile de
élos, dont les foires, fort anciennes, commencent, grâce
l’appui de Rome, à battre en brèche le commerce rho-
ien, et à devenir le rendez-vous des marchands d’Europe
t d'Asie ; elles atteindront leur apogée sous la domi¬
nion romaine10. En Àsie-Mineure, c’est Éphèse11
ilevéepar Lysimaquesous le nom d’Arsinoé) i2, Smyrne
levée par Antigone et Lysimaque13), Halicarnasse ;
ns le Pont, c’est Cyzique, Sinope, Héraclée, Trapézonte,
•ydos'LMais surtout, à côtéde ces places anciennes, des
ices entièrement, nouvelles sont apparues, créations
commerce mondial, liées aux conditions de circula-
que ce commerce a fait naître : les points de croise¬
nt du réseau nouveau de distribution se marquent
turellement par des centres d’échange13. Ce n’est pas
les caractères les moins curieux de la période hellé-
l'qoe que l’éclosion d’innombrables villes mar-
mdes. Les villes helléniques qui se fondent alors ont
De
111 • Phorm.
XXXIV, tO : dans le naufrage de Lampis, plus de trente
ç | "n* s*ona^s comme perdus ; le reste se sauve dans un canot. — 2 Fran-
" W; y 3 Deloch, Griech. Gesch. 1, 395, 403. — 4 Fraucotlc, 1, p. 47 ;
"étèques athéniens, p. 363. — t> Fragm. poet. corn, graec. p. 608.
M»vr, Uandelsgesck. p. 30. — 7 Cic. Ad famil. IV, 5, 4. — 8 Diod. XV, 76.
;cr '))' llan'^e^gesch. p. 30; Francotle, I, p. 45; Hüllmann, p. 253-259;
j.’ ' ltll°dioruni primordiis, Leipzig, 1882. — >0 Bltimner, Gewcrb. That.
Imam ' °^C’b C- 49; Scliôffer, De Dell insulae rebus , U fri. Stud. IX, 1889;
s'",;,Pp38-4°:p. 260. — 11 strab. XIV, 1, 24; Plut. Lys. 3; Kuhn, p. 351.
4(; l'1.!;. 'lz- v" Kuhn, p. 349. — 13 Droysen, II, p. 717. — H Francotte,
ll1’aii"llmann, P- 259, 1 42, 252. — 1S En général, voir dans Droysen, l'appen-
p. 635-777 : Les villes fondées par Alexandre et ses successeurs ;
en effet un caractère mercantile plus marqué que les
colonies des périodes précédentes. Tandis que celles-ci,
composées exclusivement d’émigrants d’une meme cite,
avaient un caractère politique et national, celles-là, qui
groupent des citoyens de tous les pays grecs avec des
barbares, ont un caractère avant tout commercial '‘t
international. Tandis que celles-ci constituaient de petits
États indépendants, celles-là, bien que jouissant de
l’autonomie municipale, sont soumises à 1 autorité a un
souverain lü.
La période hellénistique voit se réaliser une véritable
lloraison de ces villes17. Philippe en crée déjà un certain
nombre 18 (Philippes, au pied du mont Pangée, Philippo-
polis sur l’Hèbre, etc.). Alexandre, suivant cet exemple, ne
fonde pas moins de soixante-dix villes à lui seul 1 ' ; il les
place comme des étapes sur les voies du transit, pour ser¬
vir de points d’appui à la pénétration économique autant
qu’à la pénétration militaire20. Celles de ces villes qui ont
eu le plus brillant avenir commercial (beaucoup d entre
elles, établies dans des situations remarquables, sub¬
sistent encore) sont les suivantes : Apamée près de
l’Oronle (sur la route de la Syrie à 1 Euphrate)--,
Alexandrie d’Égypte, le plus prospère des établissements
fondés par Alexandre32; Alexandrie de Margiane (Merv ,
dans une riche oasis23; Alexandrie d'Asie (Hérat), à la
bifurcation des deux routes de la Drangiane et du
Caboulistan 34 ; Alexandrie d'Arachosie (Kandahar ;
Alexandrin eschata (Khodjend); enfin deux autres Alexan-
dries et Pattala (ces trois villes établies sur l’Indus pour
ouvrir ce fleuve au commerce cosmopolite 2". Les succes¬
seurs d’Alexandre suivent la même politique. En Europe
naissent Thessalonique, Cassandreia, Demetrias, Lysima-
cheia26; en Bithynie, Nicomédie 21 ; en Paphlagonie,
Amastris (le marché commun des Scythes et des peuples
du Sud)28. En Syrie, les Séleucides font sortir de terre
une foule de villes, qu’ils nomment Séleucie, Apamée,
Laodicée, Antioche29. Parmi les seize villes qui portent
ce dernier nom, celle qui est établie sur 1 Oronte prend
un essor économique remarquable, et devient la princi¬
pale ville d’Asie Mineure30. Après elle, on peut citer la
ville de Laodicée, en Carie, l’une des cinq villes qui
portent ce nom; la ville de Séleucie, en Babylonie isur
le Tigre, au point où le trafic de l'Euphrate se réunit au
courant commercial venant de la mer31). En Afrique, les
Lagides fondent Bérénice, Arsinoé, Ptolémaïs (en Cyré¬
naïque), Ptolémaïs et Arsinoé (en Égypte), et de très
nombreuses colonies sur les côtes de la mer Rouge,
désormais reliées commercialement à la vallée du Nil J.
Parmi les villes nouvelles, beaucoup deviennent de
grandes villes au sens moderne du mot. Antioche,
Alexandrie surtout comptent un nombre considérable
d’habitants33. Cette dernière ville, grâce aux avantages
d’une situation exceptionnelle34, devient le premier port
et le premier marché de la Méditerranée, et le foyer d’un
et Tomaschek, Zur historischen Topographie von Persien ( Sitzungsber . der
Wiener Akad. 1883, p. 145-232). — '« Mayr, Bandelsgcsch. p. 27.— 1" Droy¬
sen, 111, p. 31 cl s. — 18 Diod. XVI, 71. - '» Plut. De fortun. Alex. Il, 5.
30 Droysen. III, p. 32, n. 3. — 21 Ibid. II, p. 667. — 22 Arist. Oecon. Il, 33.
— 23 Strab. XI, p. 516; Droysen, II, p. 672. — 24 Strab. XV, p. 7 23. — 25 Droy¬
sen, II, p. 684-685. — 20 Kuhn, p. 3 1 6-335. — 27 Liban. Oral. 6. — 28 Droysen,
U, p. 707. — 29 Appian. Syr. 57. — 30 Joseph. Bell. lud. III, 2, 4; Procop. Bell.
P ers. I 17, 87, 12 cl s.; O. Millier, Antiquitates Antiochcnae, Gôtlingcn, 1839 ;
Droysen, II, p. 729.— 31 Droysen, II, p. 744; Hülimann, p. 237 et s. — 32 Droy¬
sen II, p. 734-772- — 33 Pour l'évaluation de la population des grandes villes
delà période hellénistique, voir Beloch, Bevnlkeruny, L. c. — 34 Strab. XVII, p.
7 cl s.
$
mouvement intellectuel qui rayonne sur le monde
entier'.
À peine le commerce hellénistique a-t-il atteint cette
pleine expansion que les circonstances politiques
1 entraînent vers des orientations nouvelles. Rome ne
tarde pas à conquérir, avec le monde hellénique, tout le
champ d expansion ouvert au commerce européen et
asiatique. La même année (146), par une coïncidence
frappante, et souvent relevée 2, Corinthe et Carthage sont
détruites par les Romains; la Grèce est réduite en pro¬
vince romaine. Les peuples italiotes, à peine sortis de la
phase de l'économie agricole et domestique, vont se
trouver jetés brusquement dans le courant du commerce
mondial. La Grèce, politiquement subjuguée, va con¬
quérir Rome par son commerce. Pour être moins connue
que ses conquêtes artistiques et intellectuelles sur les
Romains, cette conquête économique réalisée par le
génie hellénique n'apparaît pas moins certaine à qui
étudie de près le commerce qui se développe dans
l'empire romain 3.
Histoire interne du commerce grec dans la période
historique. — A. Diverses branches du commerce. — Les
conditions physiques du monde grec font que le petit
commerce, le commerce intérieur, le commerce terrestre,
d’une part; le grand commerce, le commerce extérieur et
le commerce maritime, d’autre part, s’y confondent à peu
près. Le relief tourmenté de la Grèce continentale et le
morcellement du sol entre tant de promontoires et d’îles
s'opposent à des communications intérieures faciles. Au
contraire, la grande richesse des articulations côtières du
Péloponèse, de l'Asie Mineure et des îles, avec les
échancrures profondes qui servent de voies d’accès, fa¬
vorise le commerce maritime. Tout le grand commerce
(tout le commerce extérieur) prend naturellement la
roule de mer 4. S'il emprunte la route de terre, ce
n'est que comme une voie de raccordement avec la
route maritime, et comme un moyen d’éviter certaines
traversées longues et périlleuses (par exemple en cou¬
pant au court à travers un isthme) 5.
Le petit commerce est désigné par les Grecs du nom
de xaTCYjXEÏa, le grand commerce du nom d’lp.7dpta, 6. La
x«7tTfiX£ta est essentiellement le commerce terrestre (col¬
portage ; trafic des marchés ; commerce des caravanes)
[mercator]. L'è[j(.7ropta est le commerce maritime [nego-
tiator]. Celui-ci, d’après Aristote 7, se subdivise lui-
même en trois grandes branches qu’il nomme vauxXYjpïa,
*opTY|Yix et 7ixpx'7Ta'ï';. On s'entend mal sur le sens de ces
mots, d'autant plus que les auteurs grecs eux-mêmes ne
les emploient pas toujours dans leur sens précis et tech¬
nique. Le plus général est vocjxX-qpïa. Dans un sens large,
il désigne tout le commerce maritime et vauxX-rjpo; est
synonyme d’eg-Ttopoi; à peu près comme dans l’usage cou¬
rant de la langue française, le terme d 'armateur s’ap-.
1 Pauly- Wissowa, Bealencycl. v° Alexandreia , I, p. 1376 et s. ; Lumbroso,
L'Egilto al. tempo dei Greci e dei Bomani , Rome, 1882 ; Ilüllmann, p. 217
et s. — 2 Mayr, Handelsgesch. p. 30-31. — 3 Goldschmidl, i/niversalgesch.
des Bandelsrechts ( Handbuch des Handelsrechts , 3e éd. I, Stutlgart, 1891),
p. 64. — 4 Hesiod. Op. et d. 643 ; Hermann-Blünmer, p. 425. — 5 Bérard,
Les Phéniciens et l'Odyssée , p. 68 et s. — 6 Hcrmaun-Blümner, p. 419-421 ;-425-
428; I. v. Miiller, Die griech. Privatalterth. ( Handbuch des klass. Alterth. IV,
1), p. 252 ; Schrader, p. 74; Büchsenschiitz, p. 454 et s. — ~ Arist. Polit. 1, 11,
p. 1258 B, 21. — 8 Büchsenschiitz, p. 456, n. 1 ; 1 lermann-Blümner, p. 428.
— 9 Spanheim in Iulian. p. 139. — 10 p0U. VII, 131 ; Athen. I, p. 28 C; Hcr. II, 96.
— H Ilermann-Blü mner , p. 429, n. 8. — 12 Büchsenschülz, p. 456, n. I ; Becker-
Goll, Chai'ikles, II, p. 184; Hermann-Blümuer, p. 428; Francotle, 1, 301.
ivir.it
plique à tout entrepreneur de commerce
11 11 s7 Ph,s étroit;le v#éxXijpoç est seulement 1T' **
seur de navires : il est propriétaire de viU f°“rH
loue à ceux qui veulent les armer et les ch “ '«
La c est le transport de marcha «dise, ,
cpopx-qyoç reçoit les marchandises d’autrui au’i Le
moyennant un certain prix ferme, a remettre en
heu. Pareil transport peut emprunter lavoir I , '
d'où l'interprétation parfois proposée de ...J* ?"V
sens de commerce terrestre (colportage) » u.K “ k
son acception usuelle, se dit presque exciiZ
ment du transport par voie de mer 10. e'
De nos trois expressions, uapWi; est peut-être la nll
énigmatique. On en donne deux interprétations
ment inexactes. Tantôt on en fait l’équivalent de x«X
ce qui ne se conçoit pas, puisque Aristote présente la Ci
COmme une Partie de l’âgudp.a et qu’il oppose
celle-ci a la xaTrqXsïa 11 ; tantôt on y voit le fait même
d’acheter et de vendre les marchandises », ce qui n’est pas!
sensiblement plus logique, puisqu’à ce compte la Zi-
ffxatôtç pourrait être une branche de la xo^Xela aussi bien
que de l’È^dpia. Le sens vente et achat ne correspond
pas d’ailleurs à la formation du mot (uapi et hrnu =
placer auprès). Celui-ci désigne tout acte consistant à
placer une chose (marchandise ou affaire) entre les
mains d’une personne. Cette notion vague a besoin d'être
précisée. 11 existe au moyen âge un contrat commercial
très usité qui se définit de la même façon et dont nous
connaissons assez bien la sphère d’application13. C’est la
commande. La Trapâtrrxat; grecque se présente avec les
mêmes caractères que la commande médiévale, et doit
être sensiblement son équivalent. Par exemple, un capi¬
taliste remet à un marchand (à un capitaine de navire)
un certain capital (somme d’argent, denrées, esclaves, etc.)
pour le faire valoir et l’employer à' des affaires (par
exemple pour vendre ces denrées ou ces esclaves au port
d’arrivée), et il est entendu que le marchand participera
aux bénéfices de l’opération et que le capitaliste partici¬
pera à ses risques. Par la participation du marchand aux
risques, cette opération se distingue du contrat de
transport, où les risques sont pour le transporteur seul.
Telle est la commande, institution très souple et de
caractère hybride, à la fois mandat, dépôt et société . le
prêta la grosse, la commandite, la commission et la
consignation ne sont que des variétés de la commande.
La -jtxpxffTact; parait aussi comprendre toutes ces apphea
lions, et se distinguer de la tfopr/iyéx par la question es
risques. Seul ce sens large embrasse toutes les accep
tions juridiques, si diverses parfois et si conlr.idhb ih-
au moins en apparence, de ce mot (uapâmaat; 1 '"l’
dans le sens de voyage à l'étranger 1 % de consignait
de représentation en justice'6, etc.).
B. Organisation du commerce.
— Pour que
3 le coffl-
— 13 Goldsclimidt, Universalgeschichte des Bandelsrechts ( plc Com-
delsrechts , I, 1, 2» éd., Stuttgart, 1891), p. 255 et s.; Sil Wiirzburg.
menda in ihrer früliesten Entwic/cetung bis zum \UJ 1 1 rem ar(|ué f)U®
1884. — H Hermann, Privatalterth. lre éd. § 45, n. a ' '(( ^ ^ p. 1306 B.
TraçàtfTajiç s'employait parfois pour ®uy>i ou àitoSr,| mx (Ai ist. 0 _nc|ua|i que ce n101
19; cf. Plat. Leg. IX, p. 855 C, et Hesych. v» e c ' Deroostl'-
désignait peut-être uue forme de commandite, comme ce e BcJ).|ieli Rist- da
LVI, 8, p. 1285. Voir aussi Hcrmann-Blümner, p. 429, n. j Ç • ^ ^ __ c
droit privé de la République athénienne , faiis, 1896, ;,jà, I
signation aux mains des diétètes, Poil. VIII, 4-7 ’ ^ Thésaurus.
signation
Leg. IX, p. 855 C; Bôckli-Frnnkcl, I, p
Ttaçâoronnç.
419.
i; Cou¬
plai.
MER
— 1757
MER
remplir sa fonction distributrice dans les
perce PuisSft r.n(i;. d doit surmonter deux obstacles :
Eociétés hu>m1aI hommes; 2° l'obstacle de l’espace (et du
r l’obstacle le premier, il faut établir tout un
lenlPS)' "'i|, règles et d’usages destinés à assurer la
ensemble d’échanges : ce sont les institutions
P»ix dcs nV!," p0llr surmonter le second, il faut inventer
coininv010 ■ • d’instruments et de moyens matériels
an eD ^ppr0cher à travers l’espace, dans un
destin' ' de lemps, les hommes et les richesses : ce sont
n)mnT méats de circulation. On étudiera successive-
p'nlles institutions elles instruments de la circulation
commerciales • . - A l’origine des sociétés,
i Le source de droit est la communauté de sang et de
11, |1 n’y a que des relations hostiles entre les hommes
nui n’ont pas la même origine. Tuer ou prendre un
étranger n’est point un acte illicite, c est un acte hono
rable2 Dans la langue grecque, l’étranger, le?évoÇ, c’est,
comme le prouve la dérivation, celui qui tue (xt efv«),
c’est-à-dire l’ennemi 3. L’étranger n’a originairement
aucun droit dans la cité grecque '. Les torts qu’on lui
fait n’entraînent ni vengeance légale ni composition :
AriuTiToî iwmv*«7IÎ> dit Homère8. Or, par définition, le
commerce supposel’établissement de relations d’échanges
entre groupes familiaux étrangers l’un à l’autre. Il est
donc nécessaire, pour que ces relations puissent
s'établir, de suspendre ou de supprimer l’hostilité pre¬
mière : on conclut à cet effet, expressément ou tacite¬
ment, des trêves temporaires (système du commerce
muet ou commerce par dépôts ; trêve des marchés 6),
puis des trêves plus durables, de véritables paix '. Le
droit commercial n’est autre chose que l’ensemble des
usages réglant ces rapports pacifiques, ou l’ensemble des
clauses usuellement admises dans les conventions de
paix tacites ou expresses. C’est donc un droit i Interna¬
tional el conventionnel \ il s’oppose par là au droit civil,
purement national et religieux, qui a sa base dans une
communauté de sang et de culte. Le commerce grec
n’échappe pas à cette loi générale du développement : il
S’appuie effectivement sur des institutions de paix.
Certains centres consacrés au commerce sont lieux de
paix; certaines personnes sont, en faveur du commerce
quelles exercent, placées sous la sauvegarde de conven¬
tions de paix.
I Les centres d’échanges, par cela seul qu’ils doivent
senir de rendez-vous à des hommes de sangs différents,
oivenl être lieux de paix. Le marché, centre du synœ-
Clsme p>ar lequel l’économie urbaine et commerciale se
substitue à l’économie familiale, est donc un lieu de paix
P acé sous la sauvegarde des dieux : àyopà (kwv és-cfa 8.
os dieux sont Zeus9, Athéné10, Artémis" et surtout
ormès La foire (Tiav^yuotç), centre du commerce des
verses cités grecques, est aussi un lieu de paix; pendant
^Ue ' dure règne une trêve : toutes les hostilités sont
^ , ' 1 1 1 0 ■ p. 53-58; Cailleraer, Des institutions commerciales d'Athène
itarkt- i{„ 'f'' ^gisl. de Toulouse , XVII, 1865), p. 261 et s. — 2 Koehnt
fc't>chr.2,n,m,T. Und Handelsreclit in primitiven Kulturverhaeltnisse
— 3 Schrac/ " ^^c^en<^e fàchtswissenschaft, XI, 1892, p. 199) ; Huvclin, p. 33É
Eleclr. uW C‘L llnn,Jj:ls9eschichte und Waarenkunde, p. 4 et s. — 4 Euri[
-6 yu(clin pPian- Patient. I, 277; Quint. Smyrn. Il, 50. - 5 U. IX, 64!
t,ufn [Zeits' i cl s- — 7 Kulischer, Der Handel auf primitiven Kultw
— • Hcr y ''6l,eerP&ychologie, X, p. 378 et s.). — * Arist. AcI. I, 44
Ittmnicr, jan ’ ~~ ’° 1>aus- H, 18. — U Soph. Oed. lyr. 161. — >2 Forsi
ci tschr. für Alterthum, 1844, p. 1665. — '3 Polyacu. VIII, 2!
suspendues13. Une paix religieuse, une sorte de paix de
Dieu ('TTtovôa'! H, Upopt7|vta ou ène/^etpia 1 ")serl de sauvegarde
aux visiteurs de la foire. Cette paix, qui s étend bien au
delà du territoire où la fête a lieu, protège les biens et
la personne de tous ceux qui s’y rendent, même à travers
un pays ennemi1®. C’est la même extension de la paix
qui fleurira au moyen âge sous le nom de sauf-conduit
(ou, plus brièvement, conduit) des foires ' ‘ .
Certains étrangers sont aussi, en faveur du commerce,
soustraits à l’hostilité générale et placés sous la sauve¬
garde de conventions de paix, qui leur assurent certains
droits, en les assimilant plus ou moins complètement
aux nationaux. La religion les met sous la protection
des dieux. C’est Hermès, dieu des vents et, par suite,
dieu des voyageurs, qui devient, en Grèce, le dieu pro¬
tecteur des marchands18. Le moyen le plus simple
d’assurer à un étranger les droits qui découlent de la
communauté de sang et de culte, c’est de 1 accueillir au
sein de cette communauté (dans la famille, au foyer), de
l'associer à la vie familiale, notamment aux repas. On
n’ignore pas 1 importance de 1 hospitalité comme moyen
d’assurer des garanties à un voyageur, et, spécialement,
à un marchand étranger [hospitium]. L’hùte (l’aubergiste)
sert à l’étranger de patron et d’intermédiaire dans toutes
ses affaires publiques et privées; il est sa caution, son
représentant en justice, son courtier pour les transactions
commerciales 19. Celte hospitalité privée tient une grande
place dans les poèmes homériques80, et elle joue encore
un rôle important dans les temps historiques". Mais
l'hospitalité privée n'est qu'un moyen étroit, et par
suite exceptionnel, d’assurer des relations commerciales
non hostiles entre étrangers. Elle s’élargit, et, en deve¬
nant plus compréhensive, se transforme. La condition des
étrangers domiciliés dans les cités grecques metoikoi)
n’est qu’une déformation encore reconnaissable de
la condition des hôtes privés. Ainsi, les étrangers domi¬
ciliés à Athènes (commerçants ou artisans pour la
plupart) doivent, d’après certaines dispositions législa¬
tives qui ne sont peut-être pas antérieures au ivc siècle,
mais qu'on peut, quoi qu’on ait dit22, rattacher à des
usages antérieurs21, avoir un patron (un hôte, irpoffTXTY,?),
et certains textes nous présentent le prostate comme
s’occupant des affaires publiques et privées du métèque 21
et comme son répondant (èyy u7;tt(ç)23, mais on a dû se
passer bientôt de son intervention, et le rôle du prostate
parait fort restreint au ive siècle. Le système de l’hospi¬
talité s’élargit encore lorsque les liens d’hospitalité se
nouent, non plus entre deux particuliers, mais entre une
personne morale (cité, temple, corporation) et un homme
puissant d’une cité étrangère (irpôÇevoç) [proxenia]. La
proxénie la plus importante est celle des cités. A la
faveur des liens qu’elle crée, la cité entre dans la clien¬
tèle de son hôte, qui sert de protecteur à ses ressortis¬
sants et qui, en revanche, a accès au foyer commun, et
reçoit divers droits (droit de posséder des immeubles,
— 14 EnovSa'i •OXujiîii’ax*!, Sch. Aesch. De male gesta leg. 12. — 15 Corp. inscr. gr.
2654, 4474. _ 16 Tliuc. V, 49 ; VIII, 10; Xen. Uellen. IV, 7, 2 ; Strab. 11,3, 4; VIII, 3,
13; Aesch. De male gesta leg. 133. — 1" Huvelin. p. 360 et s. — Schrader, p. 67 et s.
_ 19 Par exemple chez les Somalis. Haggenmacher, Reise im Somalilande (Peter-
mann'i Mittlieilungen, suppl. 1872-73), p. 36; Munziuger, Ostafrikanische Htudien,
p. i2i ; Huvelin, p. 530. — 26 Buchholz, üomerische Ilealien, 11, 1, p. 171 ; Egerer,
Die homerische Gastfreundschaft, l’rogr. Salzburg, 1881. — SI Curtius, Die Gast-
freundschaft, dans Alterthum und Gegenwart, I, 1875, p. 203 et s. — 22 Clerc,
Métèques, p. 260 et s. — 23 Cf. Schenkl, De metoecis atticis[Wien. Stud. II, 1880),
p. 179. — 2V Ilarpocr. v° 'Aujottokhou Sîxr,. — 23 Bckker Anecd. graec. I, 201, II.
221
MER
— 1758 —
exemptions d'impôts, notamment sur les importations et
exportations de marchandises1, etc.), droits on vertu
desquels il est plus ou moins assimilé aux citoyens2.
Cette institution de la proxénie est liée aux progrès
mêmes du commerce grec. C’est vers la fin du vu" siècle,
c'est-à-dire au temps du premier essor de ce commerce
que les plus anciens monuments de proxénie appa¬
raissent’. Les proxènes jouent le rôle d'agents commer¬
ciaux, surtout dans les villes ioniennes4. Un représen¬
tant de Samos est loué pour le zèle avec lequel il a secondé
« ceux des Samiens qui séjournent, d'après la loi, à
Sidon, pour le commerce5 ». Orontas d'Olbia, proxène de
Byzance, est appelé dans un décret « le patron de ceux
qui naviguent pour le commerce 6 ». L’abondance des
décrets de proxénie provenant d’une cité déterminée est
en raison directe de sa prospérité commerciale. La série
d'Athènes est particulièrement riche au ve et au iv“ siècle,
tandis que, dans les autres séries épigraphiques (Rhodes,
Délos, Cos, Alexandrie, Delphes; puisPergame, Antioche,
et Cyrène), les documents de la période hellénistique
l'emportent de beaucoup par le nombre1. Le proxène
sert d'intermédiaire entre les membres de la cité à
laquelle il appartient et le marchand étranger ; il est son
répondant dans les affaires publiques et privées8; son
assistance est requise pour que l’étranger puisse agir en
.justice9, il lui sert au besoin de caution et surtout de
courtier (itpoi-eviqrqç) ou de commissionnaire (TtpoTrpaTwp)10.
La notion d'hospitalité peut s’élargir encore lorsque
deux cités concluent des conventions réciproques d’hos¬
pitalité (foedus] par lesquelles, notamment, chacune
d’elles assure aux ressortissants de l’autre les moyens de
se faire rendre justice chez elle (aup-êo/a) 11 . Ces conven¬
tions ne s’appliquent pas seulement aux commerçants,
mais aussi à tous les sujets des états contractants. Mais
des conventions visant spécialement la paix du commerce
peuvent figurer dans un traité plus général de paix ou
d’alliance12. Quant aux traités consacrés exclusivement
aux rapports commerciaux, ils sont rares et n'apparais¬
sent guère avant le ive siècle. Us paraissent d’ailleurs
avoir en général pour but. moins de créer une situation
de faveur pour les branches du commerce qui en sont
l'objet, que de servir la politique annonaire des États qui
les souscrivent13. Il arrive enfin qu’une cité, par mesure
législative unilatérale, déclare recevoir dans son hospi¬
talité tous les étrangers qui prendront part à certaines
fêtes14; ainsi l’hospitalité d’une cité pourra se joindre à
la paix ordinaire des foires pour rendre l’accès de celles-ci
plus facile aux marchands étrangers.
Ce n'est pas assez que d'assurer aux hommes de sangs
différents les garanties nécessaires pour pouvoir nouer
des relations d'échanges non hostiles. Il faut encore (et
c'est un prolongement naturel de l’idée de paix du
commerce) assurer la régularité et la loyauté réciproque
i Monceaux. Les proxénies grecques , Paris, 1886, p. 36-37; à Athènes,
p. 98 et s. — î Monceaux, p. 3; voir aussi Tissot, Les proxénies grecques ,
Pijon, 1861. — 3 Monceaux, p. 4. — ’+ Id. p. 46. — Lorp. inscr. gr. 2256.
-- 6 Ibid. 2060; Monceaux, p. 33. — ' Monceaux, p. 70, 308-310. — H Id. p. 16.
— 9 Poil. iVIII, 59; Suid. v° r?ô$evo;. — 10 Poil. VII, 4; Monceaux, p. 108.
— Il Harpocr. v° <rju6oXa; Hüllmann. Handelsgesch. p. 193 et s. — 12 Strab. VII,
p. 310; Büchsenschütz, p. 516, n. 2. — 13 Exemples concrets dans Corp. inscr.
att. M, 546; Dittenberger, Syll. 2e éd. 77 et 122 ; Arist. Jihet. I, 4, p. 1360 A, 14;
Oecon. II, p. 1345 B, 25; Polit. III, 5, p. 86. Sur les traites de commerce, voir
Egger, Études historiques sur les traités publics chez les Grecs et chez les
Romains , nouv. éd. Paris, 1866; Mém. hist. sur les traités publics dans l'antiquité
Mém. de l'Acad. des Inscr. et belles-lettres. XXIV, 1869); Scala, Die Staatsver-
mer
ainsi accom-
aCCOrd (exprès ou
des relations ainsi nouées, des transactions a
plies. C’est, à l’origine, par le seul
tacite) des volontés des intéressés que cetto 1
est d’avance assurée . Les accords de volontés s()ïh' 7' n'l ilé
considérés comme pleinement libres, puis,, J T 6Urs
un principe essentiel du droit grec, lcs convention?168
ne sont pas contraires à l’ordre public'5 ont f, , qui
entre les parties16. Dans la civilisation grecque?* '
dans toutes les civilisations, le droit commercial"'1™0
caractère contractuel nettement marqué à l’origine m,"”.
les conventions expresses ou tacites engendrent, ,im. |e?
répétition, des usages, qui deviennent plus ’lard ^
coutumes. Les usages commerciaux sont des pratiques
sans sanction juridique directe, qui sont en vigueur, t?
l’assentiment général des marchands, dans l’exercice du
commerce. Nous connaissons mal les usages de ce genre
qui ont cours en Grèce. Nous pouvons cependant en
fournir quelques exemples. Ainsi nous savons que, dans
le commerce de gros, l'usage était de faire les ventes sur
échantillon (oeiyijccx.) 1 1 : c'était même la raison d'être de ces
locaux d’exposition qui existaien tau Pirée et danslesports
grecs18. 11 y a sans doute beaucoup d’usages analogues
qui ne sont pas regardés comme obligatoires. Mais certains
d’entre eux finissent par être considérés comme tels :
Yopinio necessitatis qu’on leur attache et la sanction que
Injustice leur accorde, en font des coutumes proprement
dites. Leur ensemble ne tarde pas à constituer un véri¬
table corps de droit commercial unitaire et international
qui peu à peu se forme en se superposant aux multiples
législations nationales, et en les refoulant. Pour l’en¬
semble de la Grèce, ce droit, qu’on ne distingue pas
d’ailleurs du droit civil, est mal connu15. Sans doute
c’est une coutume non écrite, fixée grâce à la jurispru¬
dence sur certains points, et flottante sur d autres. A
cette coutume vient s’ajouter la loi : 1 État, lorsqu il est
assez conscient de lui-même pour suivre une politique
commerciale, et assez fort pour pouvoir imposer son
intervention, entreprend de réglementer les relations
commerciales ou quelques-unes d entre elles. P' G cer |
taines dispositions législatives prises pour assurer le bon
ordre du commerce, qui viennent compléter ou modifier
la coutume. Celles d’entre elles qui touchent uniquement
le droit privé sont rares.
Nos connaissances sur le droit commercial grei son I
limitées à certains pays et à certaines branches < >’ u0‘ ’
Ainsi nous connaissons la coutume maritime "
Rhodes. On sait quel rôle prépondérant a jou»
dans le mouvement commercial de l’époque he cni •
Les anciennes coutumes des ville3 maritimes g ^ J
(sur les avaries, le jet des marchandises, e < • .
doute accueillies devant les tribunaux rl0t ‘ ’iebieBi
fondirent20. De cette élaboration sortit une c ^
adaptée aux besoins de la navigation, e qui,
__ it AU» P’, P
173 E
traege des Alterth. Leipzig, 1898; Spock, II, P; *«-***
(à Délos) ; Hermann-Blümner, p. *03. Voir aussi Monceaux, p.
met 1 15, p. 1376 B. — 16 ”0»* &» ï«e°< "W ■
Alken. VI, 7 ; Ucmosth. XLVII, 77, p. I.®*; ^ , , p. , 10 ; Gol^ch.md
Antiquitaeten , Rechtsalterthümer , *• P*» 'Th* \ 'chte, XXI». P- »*• *
dans Zeüschr. der Saviyny Stiftung fur ^ * ,>01I. IX, 3*1 1
309 et s. - >7 Plut. Demosth. 23.- 8 _ i! GddscliniMb
Polvb. V, 88, 8; Diod. XIX, 45. , c/ boni
i ndelsrechts, p. 54; Voigl, Dos Jus nature » lVlP;î5’
Hellen. V, 1. 25; Polyb. v, 8», »; Üiod. XIX, 45.
geschichte des Handelsrechts, p. 54; \oig , "* et s. oiol-
uni Jus gentium der Borner. Leipzig, 1856-75, III, P- ^ peu d’!»***
et s. 242 et s. Le traité de Théophraste Iltfi ' • ' n 755; p. 6*6, "■
a;([ue- _ 20 Goldscbmidt, p. 56 ; cf. V oigt, , I ■
— 1759 —
MER
MER
raison
eut une g
grande
diffusion Dès avant le temps
cette
; coutume avait pénétré tout entière
de CiLL,r"|!,’liiunci'ce maritime romain2. Elle ne cessa
^ le e
dans
jamais
sources
(py restei
■r appliquée; et ce sont précisément les
aines qui nous en font connaître les prin-
, dispositions. Un titre du Digeste de Justinien2
cipalcs y ^ ]a Iex jihodia de. jactu ; en outre, nous
6lit C°Hnns' une compilation byzantine désignée sous le
posseuoa <pog,wv vauTtX(î; qui remonte au vin» siècle
1,0111 t f ère (peut-être au règne de Léon l’Isaurien)4.
den0 R, droit commercial d’Athènes, nous sommes
^-"exactement renseignés, et nous devons nous con-
moini,'k'. indications assez abondantes, mais fragmen¬
tes éparses dans les textes épigraphiques et litté-
V (surtout plaidoyers d’Isocrate ; plaidoyers de
Maoslhène ou attribués à cet orateur) 3. Les contrats
commerciaux sont conclus sans formes particulières ;
mais on rédige ordinairement (dans l’intérêt de la
preuve, et non, quoi qu’on ait dit6, de la perfection du
contrat) des écrits qui en relatent la conclusion et les
conditions (wYYP«Ÿ«f> «ruv07,x«, et, plus tard, ZsipdÏPacpa) 7.
L'es écrits sont si usités dans les affaires commerciales,
que les étrangers ne sont auLorisés, au iv siècle, à se
présenter en personne devant les tribunaux athéniens,
en matière commerciale, que s’ils invoquent un acte
écrit8. Il est admis d’assez bonne heure qu’on peut se
substituer un tiers (mandataire ou cessionnaire) pour
poursuivre l’exécution d un contrat ", pourvu toutefois
que le contrat prévoie cette éventualité 10. D’où il est per¬
mis de conclure qu’il peut exister des litres à ordre et
au porteur, tout au moins dans la période hellénistique;
mais il n’y a pas de preuve directe de ce fait". En tout
cas il ne peut être question à Athènes de véritables
lettres de change (xoXXuêumxà aûp.?oXa) 12. On l’a pour¬
tant soutenu 13, mais il est démontré aujourd’hui que
1 expression xoAXuSt<T-rixi. ffûp.êoXa ne s’appuie sur aucune
autorité ancienne u. Quant aux textes qu’on allègue
pour soutenir l’existence de l’institution elle-même lb, ils
se rapportent aussi bien à des Litres de crédit quel¬
conques, par exemple à des reconnaissances civiles de
dettes, mais ils ne démontrent pas l’existence de titres
en forme de lettres missives, portant mandat de payer
adressé au destinataire, et remises à un tiers qui se
trouve par là même nanti d’un recours contre le signa¬
ture, s’il n’est pas payé à l’échéance. Ces caractères,
9UI SOnL toute question d’endossement mise à part, les
caractères distinctifs essentiels de la lettre de change, se
— M’ardossus, Collection de lois maritimes, Paris, 1828-1845, 1, p. 60 et s.
, , J ,usl- X>V, 2, fr. 2 pr. § 3 et fr. 9.-3 Ibid. XIV, 2.-4 Zacharia von
^ngcnUial, Geschichte des griechisch-rômischen Redits, 2“ éd. p. 292 et s. ;
MU65/ "' '°drction, I, p. 231 et s. — S Voir surtout Dareste, Les plaidoyers
mi T'aduits en français, Paris, 1875. — 6 Mitteis, Reidisrecht
moi v arec™ ùi den üstlichen Provinzen des rômischen Kaiserreichs, Leipzig,
1SJI- n’en Lit
tendu entrât littéral des
ons pas ici dans l’examen de cette question, liée à l'élude du pré-
Tliallu
pérégrins à Rome. Voit* chirographum, expe.nsii.atio.
P. 894- c i P: 107* ~~ 8 XXXII, 1, p. 882. - 9 Id. XXXIlt, 8,
P- 3(i3 e|J° Zrilsclir. der Saviyny-Stiftung für Rechtsgeschichte, X,
Berlin iss^ - ~~ 10 ^e‘er Schoemann, Der attische Prozess, éd. Lipsius,
P lin P' , <>t’ C^‘ Dareste, Bull. coït. hell. VIII, 375 et s. — 11 Thalheims,
p- iU7, n. 2 _ 4 •> IV.. 1
De Kouior a F • “8“enn®> Thésaurus, v“ xoUuS ktxixô;. — ^9 En ce seus,
1859^ | ! SSa> sur les trapézites ou banquiers d'Athènes, Paris,
de I’jIc dt, ’ ^a'demel'i Ta lettre de change et le contrat d'assurance (Mém.
Bernadakig j/™’ *33-154; Vidari, La lettera di cambio, Florence, 1869;
C*tane, 188G °"[’>' économistes, 1880; Papa d’Amico, I titoli di credito,
Paris, 1803 "* ,! et s. — 14 Egger, dans Mém. d hist. ancienne et de philologie,
I ■ *30 et s. — 15 par exemple, Isocr. XVII, ®5 et s. p. 365 E ; cf. Lys.
XIX,
25,
P. 154.
délaj|s sm! | (' ltl ùemosth. XLV (Apollodore contre Stepltanos) donne des
°cation du fonds de banque de Pasion. Goldsclunidt,
5G.
développent seulement dans la traite du moyen âge ; ils
sont étrangers au droit grec.
Les fonds de commerce sont traités comme des uniles
juridiques ( universitates iuris ) : on peut les aliéner
et les louer en bloc comme tels lc. Il existe tout un
ensemble de coutumes qui régissent les aflaires il argent
et decrédit, et, parmi celles-ci, tout parliculièremenl,
le prêt à la grosse aventure (va-j-rt xôv oxvüeraz ou
’éxocMTi;), l’une des institutions les plus importantes
du commerce de l’antiquité nauticcm foems 1 . On
appelle ainsi la convention par laquelle un capitaliste
prête à un commercant (spécialement a un capitaine
de navire) certains capitaux pour faire le commerce,
sous la condition que l’emprunteur les lui rendra avec
de gros intérêts, s'il arrive à bon port, mais sera
libéré, et n’aura rien à rendre, s’il fait naufrage 1 \ Un
titre (<7t)YY?x9’0 vauxix-q) est rédigé pour fixer les condi¬
tions du contrat19. Dans l’usage, le navire et son charge¬
ment servent de garantie au remboursement 20. Celte
opération de crédit constitue une affaire aléatoire, mais
de rapport fructueux quand elle réussit ; elle permet
d’effectuer une remise d'argent à distance, puisque le
marchand doit rembourser le capitaliste au port d arri¬
vée, et le titre constatant le prêt, pouvant être cédé à un
tiers, sans devenir par là une véritable lettre de change,
peut en remplir au moins partiellement le rôle21. On
s’est plu aussi à retrouver dans le prêt à la grosse 1 idée
de l’assurance : le prêt à la grosse se comportait, dit-on,
comme une assurance pour l’emprunteur, qui était dis¬
pensé de toute restitution au cas de naufrage. Mais si
l’élément juridique de l’assurance (risque assumé par
autrui) apparaît en effet dans le prêt à la grosse, son élé¬
ment économique (risque réparti sur un grand nombre de
têtes) en est absent. Il ne semble pas, quoi qu'on ait voulu
conclure d’une sorte d’assurance contre la fuite des es¬
claves, que nous fait connaître Y Économique attribuée à
Aristote22, que la notion actuelle de l’assurance ait été
connue des Grecs2*. Le prêt à la grosse constitue enfin
une espèce de société en commandite. D autres formes de
sociétés commerciales (xoivumai), plus voisines de nos
sociétés en nom collectif, sont connues des Grecs [socie-
tas] 2V. Elles se constituent librement. On rencontre des
sociétés temporaires pour des entreprises de banque
(par exemple à Délos) 23, ou pour des entreprises indus¬
trielles26; il faut mentionner aussi ces sociétés de crédit
mutuel gratuit (’épxvot) si incomplètement connues au
point de vue juridique [eranos] *\ qui jouissent eu jus-
_ n G.deVries, De foenoris naulici contractujure attico, Haarlem, 1842 ; Franck,
De bodmeria, Lübeck, 18o2; Goldsclunidt, Untersuchungen zur I. HJ § I, De
VL O. (45, I ), Heidelberg, V855, et Uni oersalgeschichte des Handelsrechts, p. 55 ;
llüllmann, p. 169 ; Dareste, Du prêt à la grosse chez les Athéniens, Paris, 1867;
Matthiass, Das foenus nauticum und die geschichtliche Entwicklung der Bod-
merei, VVürzburg, 1881; Sieveking, Das Seedarlehen des AUerthums, Leipzig,
1 803. — 18 Salmasius, De modo usurarnm, Lcydc, 1639, cil. ix, p. 378; Wacbsmuth,
Bel/en. Altertumskunde, 2* éd. Il, P- 184. — 19 Dcmosth. XXXV, 1, p. 923; Bekkcr,
Anecd. gr. I, p. 283, 9. — 2# Sieveking. p. 19; lierinann-Bliimner, p. 459.
— 21 Goldschmidt, p. 334, 412 et s. — 22 Arist. Oecon. Il, 2, 34; Bückh-Frankel, I,
p (AJ . Egger, Mém. hist. sur les traités publics, loc. cit. p. 39-40. —23 Goldschmidt.
p. 55,n. 20; Ziebarth, Das griechische Vereinswesen, Leipzig, 1896, p. 10-17 ; cf.
Caillemer, Lettre de change et contrat d’assurance, loc. cil. — 24 Caillemcr, Le
contrat de société à Athènes (Études sur les antiquités juridiques d'Athènes),
1872; Brauts, Les sociétés commerciales ù Athènes (Rev. de l’inslr. publique en
Belgique, XXV, 1882), p. 109 et s. : Ziebarth, p. 13-18 ; Schnioller, Die Bandelsge-
sellschaften des AUerthums (Jahrbüch. fùr Gesetzgebung... uouv. sér. XVI, 1892) ;
Beaucliet, Bist. du dr. privé de la République athénienne, IV, p. 340; Francotte,
IL p. 199 et s. ; de Medio, Contributo alla storia del contralto di societa in Roma,
Messine, 1901, p. 54-58. — 23 Bull, corr, hell. VI, 6 cl s. ; Dcmosth. XXXIV, 13.
_ 20 Corp. inscr. ait. II, 573. — 27 Zicbarlh, p. 15.
MER — 1 7 60
lice pour leurs procès (èpavixai Sixac) d'une procédure de
faveur 1 .
C'est d’ailleurs un trait commun des affaires commer¬
ciales que d’être soumises à des règles de juridiction
spéciales. La paix du commerce a besoin de sanctions.
De là l’existence, dans la plupart des civilisations, de ju¬
ridictions spéciales destinées à appliquer ces sanctions.
Ces juridictions peuvent être de deux types : tantôt ce
sont des juridictions contractuelles, c’est-à-dire que les
marchands s’y soumettent par leur accession à une cor¬
poration déterminée, et que les autorités chargées de
rendre la justice sont nommées par le corps des mar¬
chands; tantôt ce sont des juridictions étatiques, impo¬
sées par l’État, qui les constitue, à tous les marchands.
Le premier type a pu être connu en Grèce ; il n’est pas
impossible que les gildes marchandes connues sous le
nom d'éranes ou de thiases aient exercé une juridiction
disciplinaire sur leurs membres2. Mais le second type
l'a emporté de beaucoup : les juridictions commerciales
grecques sont des juridictions d’Ëtat, et, à l’origine, les
juridictions mêmes de droit commun, puisque le droit
commercial ne se sépare pas du droit civil. Mais, à
partir du ve siècle, nous constatons, dans l'organisation
des procès dits commerciaux (èairopixat Sixai), des carac¬
tères qui les distinguent des autres. Le plaidoyer contre
Zénothémis, attribué à Démosthène, définit ainsi ces
procès 3 : « Les lois donnent une action en justice aux
gens de mer (vauxXr,poi) et aux commerçants (ejxitopoi) pour
expéditions faites d'Athènes ou sur Athènes, et lorsqu’il
\ a contrat par écrit. Elles ajoutent que si quelqu’un veut
plaider hors de ces cas, son action n’est pas recevable. »
Il ne s’agit donc ici que des affaires concernant le grand
commerce maritime. Nous n'avons pas à insister sur les
particularités de leur procédure (notamment sur la con¬
trainte par corps qui est donnée pour arriver à l’exécu¬
tion, contrairement aux principes du droit commun) 4
[emporikai di k ai]. Ces affaires étaient instruites au
Ve siècle par des magistrats spéciaux, les Now-rooixai5, qui
paraissent avoir disparu au ive siècle. A cette époque,
les affaires commerciales furent instruites et jugées par
les thesmothètes 6. Mais il parut utile de leur assurer
une procédure particulièrement rapide : la plupart des
législations ont dù accorder cette faveur aux affaires com¬
merciales \ et Xénophon faisait déjà remarquer combien
une procédure accélérée servirait les intérêts du com¬
merce 8. Aussi, par une réforme accomplie entre 355 et
342, rangea-t-on les affaires de ce genre parmi les
affaires mensuelles (3{xai eaa^voi), c’est-à-dire parmi les
affaires sommaires qui doivent être jugées dans le mois
de la demande 9 [emmenoi dirai]. Or on sait, et 1 Aôiqvauov
TCoXtTsfe d’Aristote l’a confirmé10, que les affaires men-
1 Arist. Rep. Ath. 52; Van Holst, De eranis cjraecorum imprimis ex jure
Attico, Leyde, 1832. — 2 Cf. Ziebarlh, p. 174 et s. — 3 Demostli. XXXII, 1 ;
Dareste, Plaidoyers civils de Démosthène , I, p. 279. * Demostli. XXI,
176, p. 571; XXXIII, 1, p. 892; XXXV, 4G, p. 939; LVI, 4, p. 1284; Meier
et Schoemann, Der attische Prozess , éd. Lipsius, p. 903; Caillemer, Le con¬
trat de prêt, Paris, 1870, p. 37; Thalheim, p. 134-135. — 5 Corp , inscr. att.
29 ; Suid.; Harpocr. v° Nau-coSixai ; Bekker, Anecd. qraec. p. 283, 3; Meier-
Schoemann, p. 95; cf. Platner, Der Prozess und die Klagen bei den Attilccrn ,
Darmstadt, 1&24-25, I, p. 293; Biiclisenscliütz, p. 532; Perrot, Droit public ,
p. 311-313; Peslalozza, p. 31. — 6 Demostli. XXXIII, 1; XXXIV, 45; Arist.
'AOijvatwv tco).ueî«, éd. Kenyon, 59. — 1 Goldschmidt , p. 35, n. 63; Huvelin, Foires
et marchés , p. 383 et s. — 8 Xcn. De redit . III, 3. — 9 Suid. et Ilarpocr. v°
",E|a{at)voi Stxat; Poil. Vil, 101. — io Ed. Kenyon, 52. — H Clerc, Métèques, p. 94-
96* Billeler, Gesch. des Zinsfusscs im griechisch-rômischen Alterthum bis auf
Justinian, Leipzig, 1898, p. 27. — 12 Hüllmann, p. 155-159; B6ckh-Frankel, 1,
MER
suelles sont instruites par les introducteurs ( '
Désormais il parait donc, malgré certain aïïwY£‘?
entre les sources11, que les affaires
nes c°ntradictions
instruites par les introducteurs, et iue^r!!Cla,leS SOnt
mothètes. J S 6Spar '«thed
La paix du commerce est assurée aussi
tutions de police spéciales, compléments
juridiction12. Ces institutions
par des insti-
nalurels de la
. , , > ,, , comportent, au moins*
Athènes et dans les principales villes commercante,
assez grand nombre de magistrats. Il faut citer en"’
mière ligne les inspecteurs de VEmporion^^J™'
’Eiucopiou) 13, qui ont la police du commerce maritime
veillent à l’observation des prohibitions d’importer où
d’exporter qui frappent certaines marchandises, etcon- |
naissent des contraventions à ces interdictions'14' pujs I
les agoranomes [agoranomos] 15, préposés à la police du
petit commerce et des marchés, qui maintiennent le bon
ordre sur la place publique16, fixent les heures et les I
endroits réservés au trafic, contrôlent l’usage des poids I
et mesures n, veillent à ce que les étrangers ne puissent '
faire le commerce sans payer les redevances qui leur <
incombent 18, et punissent d’amende les contre- I
venants19. Il existe aussi des magistrats plus spécialisés,!
dont les attributions de police ne s’étendent qu’à cer¬
taines parties du commerce. Tels sont les métronomes 20 !
qui, à Athènes, vérifient les poids et mesures [metho-
nomos] et qui, peut-être, ont pour subordonnés tespro-
métrètes, peseurs officiels, qui pèsent le blé et les graines I
moyennantun salaire 21 . Tels sont encore les sitophylaques
[sitopuylax], préposés à l’approvisionnement de la ville
en blé et en farine, et chargés de faire respecter les pres¬
criptions législatives sur ce point22.
L’existence de ces institutions de police, comme déjà
l’existence d’une juridiction commerciale publique nous
sont des témoignages de l’intervention active de 1 État,
tout au moins à partir du Ve siècle 23, dans 1 organisation
du commerce. Il existe en effet une véritable politique
commerciale des diverses cités grecques et nous avons
déjà vu comment cette politique se traduit a l extérieur
dans les rapports de ces cités entre elles ou avec les dats
étrangers. Elle se traduit aussi sans doute dans la régle¬
mentation interne du commerce; mais nous n avons a
renseignements sur ce point que pour un 1 1 1 ^ l>e
nombre de cités grecques, principalement poui M 11 ne ‘
L’intervention de l’État, lorsqu’elle devient .active, pren
conscience d’elle-même. Platon -% Aristote ,X<n 1 ^
déclarent unanimement que, puisque h comm
nécessaire à la vie de l’État, il faut, bien qm 1 ^
ait une politique commerciale et cherche a an 1 ^
échanges et la circulation. Ce ne sont pas
vues
très éclairées ni très favorables au
no moi ; Becker-Gôll,
nufiiwi , — --■> - ' ,, 7 9 et s.; *
ranomen und Astynomen, l.cipzig, 1880; Uuvei , P- __ n Corp
p. 140 et s. - 16 Plat. Leg. VIII, 4, p. 849 A; Poil. * ■ ^ 9C8;
. ». i-i ii k. A.dcinnii Acliarn. >
. _ u liücliseof
p. 62. —13 Suid. v» •Eni|MXY)ïa!; Harpocr. v» ci v» Ayora- ;
schütz, p. 530. — 13 ld. p. 530 et s. ; Pauly-VVissowa, / ife-„iSC/,c7. H*
Charikles, II, p. 209; Haedcrh, Frallcotli, H,
inscr ■
_ _ VesA
aU. III, 98. - « AHsi. Polit. Il, 5; Àrisloph ^ inscr- J;
1406; Xen. Symp. Il, 20; Corp. inter, gr. -*83 • H79: Ml. '»*•
.9 Le Bas, VVaddington et Foucarl, \oij. ^ ^ Büc|isc0schulz,
Perrot, Droit public, P- 33 _ 22 Harp°cr'
p. 538. — 21 Harpocr. v» Bekker, Anera. ÿr. P ^ |, p.
VO Bekker, Aneerf. gr. V- 300, » = _ 2t Mayr,
-23 Heeren, Ideen , III, p. 283; Bocckh-Frankel, b P^ ^ £ __ 26 h-isl P° J
gesch. p. 22-23. - 23 Plat. Leg. XI I, p. 918 ^ 4, p. I380 ’ "
VI, 5, p. 210; IV, 3, fp. 119; VII, 5, p. —
— 21 Xen. De redit. 3, 4.
suppl. 192 c
Meier-Schômann, p
— 1701
MER
MER
s et encore moins, qui dirigent Tacti-
guidentcesau commerciale. Les uns comme
vité des i'la. .. . .ent naturellement aux Iradilions écono-
,es autres obéi ^ etces lraditions deviennent
miques et in01 " ^ jusqu'elles surviventaux causes qui les
vite des prejug lgg débuts de ia période historique,
ont fait n.allr Maintes qu’inspire la prétendue influence
ce S°"! ■!? du commerce, craintes promptes à s’éveiller
COrrl11"" npuüles agriculteurs, qui sont les premiers
.Via politique commerciale : ce sont elles qui,
m°b! c amènent Solon à proscrire le commerce de la
j Athene fermer le marché aux étrangers 1 ; elles
ParfullHJ". , i 0cres poussent Zaleucus à interdire les
"t— Ls, e. à ne permets que les
^hanees effectués directement du producteur au con-
“ inr par «iro*^ 2 [mercator]. De pareilles
Tdwes ne se manifestent guère, à partir du v‘ s.ecle,
16 les États où dominent encore les formes de
-nomie agricole (Sparte, la Crèle). Ceux-ci s'efforcent,
nal, routine conservatrice, de restreindre les relations
commerciales avec l’extérieur 2 : défenses de voyager au
Mors S mesures prohibitives à l’encontre des etran¬
gers (ÇevT,XcMn«) 5, lois somptuaires 6, constituent autant
de barrières opposées aux relations possibles d échanges.
Ces barrières n’arrivent sans doute pas à arrêter tout
mouvement commercial, mais elles contribuent tout au
moins à singulièrement le limiter.
Mais, dans la plupart des États maritimes, la politique
commerciale se propose, à partir du Ve siècle, deux
objectifs : assurer le ravitaillement de ces États ; se pro¬
curer des ressources financières. But annonaire et but
fiscal, tels sont les deux buts essentiels de l’intervention
étatique dans le commerce. Si la régularité et la loyauté
du commerce se trouvent garanties par cette intervention,
c’est indirectement et en quelque sorte par surcroît, cette
régularité et cette loyauté paraissant de nature a aug¬
menter les chances de ravitaillement ou d’enrichisse¬
ment de l’État. Les auteurs ne parlent jamais d’une pro¬
tection désintéressée du commerce. Le traité des Revenus
attribué à Xénophon, qui nous fournit (signe caracté¬
ristique du but fiscal poursuivi) les renseignements les
plus détaillés que nous possédions sur la politique com¬
merciale d’Athènes 7, indique, à vrai dire, parmi les
moyens susceptibles d’augmenter le commerce, la distri¬
bution de certaines primes aux patrons de navires. Mais
c’est là un trait isolé. Platon, de son côté, nous dit que,
dans la cité des Lois , personne ne paiera d’impôts ni
pour les exportations, ni pour les importations 8. Mais il
ne s'ensuit pas que, pour lui, le commerce international
doive être absolument libre. Platon n’a rien d’un libre-
•‘changiste, puisqu’il ajoute à son principe des prohibi¬
tions absolues pour certaines importations et certaines
exportations 9. Chez les philosophes comme dans l’opinion
courante, le point de vue annonaire et le point de vue
fiscal dominent tous les autres. Cela explique certaines
_,Ap'cn- Xv’ 35, p. 087; Demosth. LV1I, 31. — 2 Heracl. Polit. 20.
X ls '1' Le?' X11’ D' 949 et s.; Arist. Polit. Vil, 5, p. 227. — * Isocr.
'»• A! Rarpocr. (Bckker), p. 104, 28; cf. Plat. Crit. p. 52 B.
P 53'i r'C ^ 144> 30; Aelian. Var. hist. XIII, 15; Büchsenschüti,
-‘V ™e- p- 308‘ — 6 Par exemple [Plat.] Eryxias, p. 400 B.
Us 'I? *’ P' 702 el s. — 8 Plat. Leg. VIII, p. 846 B. — 9 Souchon,
__I0 B'Il ' co,|oniijues dans la Grèce antique, Paris, 1808, p. 100 et s. 103.
Ohjntl' m"1' P' 4 Ct s' 40 el s- ~ 11 Xen- De Bl‘P- Ath- 2, 3 et 11. — ‘2 Demosth.
1 10, 1 lut, Demetr. 33; Büchscnschütz, p. 543. — *3 Plut. Sol. 24.
lacunes législatives en apparence surprenantes, notam¬
ment le défaut de réglementation du taux de l'intérêt
Il faut toujours songer à ce caractère de la politique com¬
merciale grecque lorsqu’on doit apprécier telle ou telle
intervention en apparence désintéressée (par exemple,
contrôle de l’État sur les monnaies et sur les poids et
mesures).
Le ravitaillement est l’une des plus grosses préoccu¬
pations de beaucoup de villes grecques, dont la popu¬
lation, trop nombreuse pour un sol assez maigre, est a
la merci d’une disette" ou d’un blocus1'. De là de fre¬
quentes prohibitions d’exporter les denrées usuelles. A
Athènes, Solon déjà défend d’exporter aucun produit du
sol, exception faite pour l’huile seule11, el encore pour
celle-ci des mesures son t-elles prises d assez bonne heure 1
pour qu’on ne puisse exporter que 1 excédent de la re¬
colle sur les besoins de la population. Plus tard, la pro¬
hibition de Solon est levée pour la plupart des denrées
auxquelles elle s’applique. Mais elle subsiste, et est
même aggravée, pour le blé. Non seulement il est interdit
d’exporter hors de l’Att ique le blé national, mais encore
on ne permet pas de réexporter plus du tiers du ble
étranger qui a pu y être introduit15. Des dispositions
sévères sont prises pour assurer ces prohibitions : défense
de conduire du blé ailleurs qu’à l’Emporion 1G, defense de
mettre de l’argent dans une expédition maritime qui ne
devrait pas rapporter, comme fret de retour, du blé ou
des denrées à Athènes17. Des prohibitions d exportation
portant sur le blé existent aussi dans d'autres pays : en
Égypte, à Selymbria, etc. 18 ; et Athènes a sans doute
imposé à ses alliés sa politique prohibitive19. Il existe
également des prohibitions d exporter portant sur
d’autres marchandises, considérées comme particulière¬
ment nécessaires à l’État. Il y a toute une liste de mar¬
chandises prohibées, (àTcdppïita)20, liste qui s allonge
naturellement en temps de guerre. Les textes citent
notamment les bois de construction (pour les vaisseaux),
la poix, la cire, etc.21, les navires et les armes22. Selon
Platon, rien de ce qui est nécessaire au pays ne doit être
exporté23.
Si la politique annonaire entraîne, comme conséquence
logique, des prohibitions d’exportation, elle n’entraîne
pas de prohibitions d’importation. Il ne parait pas qu’on
ait jamais songé en Grèce a restreindre les importations
pour favoriser la production nationale. Les prohibitions
portant sur les importations que l’on rencontre parfois
ne sont que des mesures hostiles prises contre un ennemi
(formes de représailles ou de blocus). Telles sont par
exemple, à Athènes, les prohibitions temporaires de faire
le commerce avec Mégare24 ou avec la Macédoine25.
D’autres prohibitions d’importer, de caractère plus dou¬
teux, doivent sans doute être interprétées dans le même
sens : par exemple l’interdiction opposée par Égine et
Argos à l’importation des poteries et des objets destinés
au culte provenant d’Athènes 2“.
_ K. gci,ol. sur Pind. Sein. X, 04; Corp. inter, ait. III, 38 et Boeckh-Frënkel, I,
ü-j n, e. _ 15 Schol. sur Demosth. C. l'imocr. XXIV, 136; Harpoer. v°
t^oç’oj; Bekker, Anecd. gr. p. 255, 24. - 16 Demosth. XXXIV, 37; XXXV, 51 ;
Boeckh-Frankcl, I, p. 107. — O Demosth. XXXV, 51. — 18 Arist. Oecon. II, p. 1348
B 33 ; p- 1352 A, 10. — )9 Biichsenschütz, p. 560. — 20 Bekker, Anecd. gr. p. 434,
5- Sch. Aristoph. Han. 362. — 21 Arisloph. Eq. 278. — 22 Demosth. De falsa leg.
XIX 286. Sur tous ces points, voir Boeckh-Fraukel, 1, p. 67 ct s. ; Biichsenschütz,
p 551-552. _ 21 Plat. Leg. VIII, 847.— 24 Time. I, 139; Plut. Pcricl. 30.
— 25 Thuc. V, 83. — 26 Herod. V, 88 ; llermann-Bliimner, p, 424, u. i.
MER
MER
— 1762
La politique fiscale entraîne parfois aussi d’impor¬
tantes restrictions à la liberté du commerce. En première
ligne se placent les monopoles (govouioXia) 1 que l’État se
réserve pour lui-même ou concède à des particuliers.
Cette ressource financière est, d’après le témoignage
d'Aristote, fréquemment utilisée2, quoique toujours,
semble-t-il, à titre d’expédient temporaire et excep¬
tionnel. Aristote nous fait connaître le projet émis à
Athènes par Pythoclès de monopoliser au profit de l’État
le plomb des mines du Laurium3, et l’existence d’une
banque de change privilégiée concédée à un fermier par
la cité de Byzance4. On peut peut-être rapprocher de
cette banque l’énigmatique o-qp.oaixTpa'TtsÇa que mentionne
une inscription athénienne5, et à laquelle sont versées
les amendes prononcées pour falsification de poids et
mesures. On a proposé récemment de regarder les tim¬
bres dont sont marquées les anses de certaines grandes
amphores comme des poinçons officiels révélant l’exis¬
tence d’un monopole de fabrication aux mains de l’État6.
Plus tard, dans l’Égypte des Ptolémées, il existe des
établissements d’État (banques, filatures, fabriques
d’huile) jouissant de véritables monopoles. Les papyri
et les ostraka récemment publiés ont iourni sur leur
fonctionnement des renseignements précieux '. Du mo¬
nopole on ne distingue pas l’accaparement, dont 1 Ltat
use au même titre que les particuliers. Aristote nous
édifie sur la spéculation de la ville de Selymbria, qui
réalisa un jour un joli bénéfice en accaparant tout le blé
disponible sur le marché, pour le revendre a haut prix8.
Mais c’est dans le système des impôts indirects et
autres redevances qui frappent le commerce [portorium,
telûs], que se révèle le mieux 1 esprit fiscal qui domine
la politique des États grecs et spécialement d’Athènes.
Rien dans ce système n'indique le souci de développer
telle ou telle branche du commerce, de provoquer ou
d’empêcher tel ou tel mouvement industriel. Il n’y a pas
de droits protecteurs, il n’y a que des droits fiscaux9.
Aussi a-t-on remarqué 10 qu’il n’existe pas de trace cer¬
taine de tarifs où les diverses marchandises soient taxées
selon des proportions différentes : le principe est d’impo¬
ser toute marchandise, quelle qu’elle soit, pour un tant
pour cent de sa valeur. Tout cela varie d’ailleurs avec les
époques et les États, et nous ne sommes guère renseignés
qu’à partir du ive siècle et pour Athènes. Deux sortes
principales d’impôts frappent le commerce, perçus les
uns à l’Emporion, les autres à l’Agora (ont’ ê^icopfou xai
ayosa;) : les premiers sont les droits de douane, les
seconds, les droits d étalage au marché.
Les douanes" sont des impôts indirects qui frappent
les importations et les exportations de marchandises.
Peut-être les perçoit-on sur tous les points d accès des
États, par voie de terre comme par voie de mer , mais le
commerce terrestre est si peu important qu il est à peine
l Poil. VII, i; Büchsenscliülz, p. 547-548 ; Francotle, II, p. H3 et s.
— 2 Arist. Polit. I, p. 1259 A, 20. - 3 Arist. Oecon. Il, p. 1353 A, 15. — 4 Ibul.
Il, p. 1346 B, 25. — 5 Corp. inscr. gr. 123, I. 4, 28, 29; Becker-Goell, II, p. 208.
— C Keil, Berliner Philologische Wochenschrift, 1896, col. 1600; Francotle, II,
p. 136-139. — 7 Grenfell et MahalTy, The revenue laivs of Ptolemy Philadelph,
Oxford, 1896 ; Wilcken, Griech. Ostraka aus Aegypten und Nubien, Berlin, 1899.
— 8 Arist. Oecon. p. 1348 B, 33. — 9 Souclion, p. 100 et s. — 10 Biichsenschutz,
p. 553. - U ld. p. 553-556; Boeckh-Frankcl, I, p. 382-388 ; Hermann-Blümncr,
p. 424. — 12 Büchsenschütz, p. 556. —13 Dicaearch. (Millier), 11, p. 256; cf. Dessau,
Ber Steuertarif von Palmyra ( Hermes , XIX, 1884), p. 486. — H Waclismutli, T.in
aniiker Seeplatz (Jahrbücher fur Nationalûkonomie und Statistik, XIII, 1886,
p. 83) pense que le Pirée était port franc, et que le cinquantième n’était perçu
question, dans les textes, de lignes de do •
routes de terre12. Un seul tçxte assez vaTT T lc'S
douaniers qui se tiennent à Oropos, sur hV ., lle
la Béotie et de l’Attique13. Mais l’impôt est lilli's'111! 16 de
rement perçu dans les ports. Au Pirée" et dT ".!lllnai-
places15, c’est un droit ad valorem qui porte'io <n(i'UlreS
cinquantième (itEvr^xo ît^), parce qu’il s’élève Tl ^
pour cent de la valeur de toutes les marcliam'l' "*
importées ou exportées, sans distinguer entre ltTr'iT
rentes catégories de marchandises 16. Plusieurs ins,' ’'
tions nous fournissent des exemples concrets de TT
tion de cet impôt (sur du blé, des couleurs, des lainàTs'
des vases, etc.)17. En d’autres lieux, la quotité du droit
est différente. Ainsi, au temps de la guerre du |vi0
ponèse, Athènes lève un droit de douane de
dans les ports de ses alliés18. Peut-êtr
res droits accès
Les droits de douane sont
» p. 100
re, à côté du droit
ordinaire de douane, existe-t-il d’autre
soires, qui sont mal connus19.
perçus, sur déclaration explicite, et sous un contrôle
sévère, si bien que les livres du receveur permettent de
se faire une idée exacte du mouvement des marchandises
dans une place donnée, et le plaidoyer contre Phormion
les invoque pour évaluer le frêt d’un navire sorti du
Pirée20. Nous avons aussi pu utiliser une indication que
fournit Andocide 21 sur les revenus qu’Athènes tirait,
au temps de la guerre du Péloponèse, du cinquantième
(trente talents par an), pour nous faire une idée du mou¬
vement d’affaires de cette place. En Macédoine, d’après
Aristote'22, la ferme de la douane rapporte vingt talents.
La douane des ports de la Chersonèse de Thrace vaut,
en temps de paix, trois cents talents 23. A Rhodes, la
douane rapporte, avant 164, un million de drachmes ; la
concurrence grandissante de Délos la fait tomber à
150000 drachmes 24. A côté des douanes, impôts d’entrée
et de sortie, il existe, au moins dans certains États
(Corinthe par exemple) 2r’, des impôts de transit (oiayüqix*
xeXr,)26. Nous ignorons leur assiette et leur mode de
perception.
Le petit commerce est aussi frappé de redevances, qui I
sont levées dans les marchés. A Athènes, cest I I
tao;27, perçu par l’agoranome, et pour lequel U existe*
un tarif spécial (à.Yopavotxtxoç vôgo;), qui, d api e s unea
source assez suspecte, serait variable selon le liaUllt
marchandises28. Il parait plus probable d adun Ui 1
impôt, d’ailleurs mal connu, n’est qu’un droit < e P ,lC'’
droit d’étalage29; sinon, on s’expliquerait ma que J ^
ception en soit confiée à un préposé a a P° 1(ç > • g
,4* par ailleurs que des taxes
compliquée (Sevikbv véXoç et *°pvixov « '°0- au)C
outre à Athènes une sorte de droit d 0C ! Pvistenl vrai-
portes (oiaituXtov) 30. Les impôts de marc i ,on
semblablement, non seulement à Athènes, n .
nombre d’autres places. Il y en a dans les viles
qu’à la limite de l'Emporion du côté de la terre. — Demoslh. XX" .
sium muneribus algue eorumimmunitate, ICQI'‘-’ ’ _n Corp. >nscr' 1,1 ’
29: irivTzi*o<mûeiv ; Bekker, Anecd. gr. *’• 19‘’ ’_ T|,uC. VU, 28 • Aul"'(|9° .
546, 814 nA 39. Voir aussi Demosth. XXI, ■ _ 20 Demoslh- XXX •
(«„«,), Xen. Bell. IV, 7, 8.- >9 Corp. insér ait. b ^ 0cc<m. II, P.
_ 21 Audoc. De myst. 133 ; Boeckh- Frankel, f.p. »» *• ,S; BüchsenscMj
A, 16. - 23 Demosth. XXIII. "«et HT.-
p. 553-554. —23 strab. VIII, p- 378. - • ’ p Arist. Oecon. H, l’- ^
U, p. 1346 A, 7. - 27 Aristoph. A ch. \96 ,93 BucliseiischilU. P’ ^
2; Xen. De redit. IV, 49; Boeckh-Frankel I p. - • j9t._3o Hes5cl.. v
- 28 Sel, Uiad. XXI, 263.-29 Cf. Boeckh-Frankel I R ^ , .. éd. P-
Zenob. I, 74; Gilbert, Handbuch der gnech. ■
_ 1703
MER
MER
sali''
peut-être à Cos2,
et dans certaines foires
[aininent à Andania
(nota»11111'": " îue nous venons de faire connaître, il con-
AllX Oindre d’autres que nous nous bornons à men-
ïientden J0 ^ jg caractère, non de droits frappant le
tionner, <MI 1 11 geuiement de redevances représentant le
^Ttviccs rendus : U s’agit des taxes perçues
salaire de senicts — • ••
de locaux affectés par l’État à 1 usage du
:0'ninClC- L> de la circulation commerciale. - Le
m La rinprocher les uns des autres les hommes
jommerced ' Xmlixemeni isolés : il faut organiser
îlleS'" 'ns au’i permettent de surmonter les obstacles
|CS.2S que la nature oppose à ces rapprochements
Ït clés tenant aux formes du relief, au climat; d.s-
el do les surmonter dans des conditions de temps,
Incommodité et de prix de revient qui assurent desrap-
Pocbements rémunérateurs et réguliers. Toute 1 orga¬
nisation matérielle du commerce dérive de ce besoin. 11
depuis les centres de production , et jusqu aux
iébmclk établir des moyens de distribution (voies et
moyens de transport, argent, crédit, poids et mesures)
les richesses. On passera donc rapidement en revue les
richesses qui sont appelées à circuler dans le commerce
'marchandises), leurs centres de production et leurs
débouchés ; enlin les moyens de circulation et de distri¬
bution de ces richesses. Il ne saurait être question de
pousser cette revue dans le détail : ce serait une étude
encyclopédique, qui doublerait inutilement un très grand
nombre d’articles de ce dictionnaire. Il s’agit seulement
démarquer la place, et les connexions nécessaires dans
le mouvement commercial, des questions qu elle soulève.
i. Les marchandises et les centres de production.
Les richesses commerciales sont appelées marchandises.
Tous les biens mobiliers (et ces biens seulement, puis¬
qu'ils sont seuls susceptibles de circuler) peuvent être,
selon les circonstances, considérés comme marchandises.
Ce sont parfois des produits naturels. La répartition de
leurs centres de production dépend exclusivement de la
constitution du sol, des conditions de son relief et du
climat. 11 y a aussi des produits agricoles. La répartition
de leurs centres de production est encore étroitement
liée aux facteurs naturels ; mais, puisque le travail de
1 homme collabore ici avec la nature, il faut déjà tenir
compte des conditions de l’activité humaine. R y a enfin
des produits industriels, dont la production, dépendante
encore de la nature (qui fournit à l’industr e ses matières
premières et parfois les forces dont elle a besoin), dépend
cependant presque autant des conditions de 1 activité
1 Demosth. Ohjnth. I, 22. — 2 Voir l'inscription de Cos. Th. Reinach,
des et. gr. V, 1891. — 3 Corp. inscr. att. Il, 602. — 4 Sauppe, Die
ystmeninschri/t von Andania, Goeltingue, 1860, 1. 102. — S Xen. /Je
n' I, 17; lu, 13; Eupolis, dans Poil. IX, 30; Boeckh-FrHnkel, I, p. 388.
~ '' Pour des inventaires plus complets, voir, outre Ath. I, 27 D, qui énumère,
!' '' S C°6tes, les spécialités de chaque pays, Hüllmann, p. 15-62, 198-
> liiclisenscliütz, Die Hauptstaetten des Gewerbefleisscs ira Iclassischen
Ucl,tl>m' Leipzig’ 18119 i Bw'tz und Erweb , p. 208 et s. ; Blümncr, Die gewer-
He a,lig ke.it der Vôlkcr des Iclassischen Alterthums, Leipzig, 1860;
(l '"“'’n-Hliimner, p. 25 et s. 429 cl s. ; Boeckh-Frankel, I, p. 60 ; Schrader, passim,
__ 1 lrls'’ Guiraud, Propriété foncière, p. 401 et s.; Francottc, 1, p. 51-160.
Ge»cü r?°°Uc’ 11 P- 83- — 8 Slrab. X, 1. 0. — a Francotte, I, p. 85; Beck, Die
diwci*. 1 ( ^'sens m technischer und kulturgeschichtlicher Bcziehung, Brauns-
I — ,(l fl'e ' ‘f ’ alz, Aletallyewinnun (J im Alterthum (Progr. Stockerau, 1898).
chenln 1 iV ^ ' 19 ' 11 Neumann et [’&vlsch.Phys ihalische Géographie von Grie-
IX, p " ’ Br®s,au- 1883- P- 236. — 12 Herod. 111, 115; Strab. 111, 2, 9. — « Slrab.
Herman" ni* P' 487' ~ U Plin- XXXI> 7i Strab. V, p. 342; Hüllmann, p. 35;
"muer, p. 12, n. 3 ; Boeckh-Frankel, 1. p. 126. — 16 Dio Chrys. XXXVI,
humaine. C’est donc àla lumière desexplicationsque four¬
niraient la géologie, la géographie physique, la géogra¬
phie botanique, la géographie zoologique, la géographie
humaine, l’histoire politique et l’histoire sociale, qu il
faudrait examiner les indications de marchandises et de
lieux de provenance que fournissent les textes anciens.
Cette étude, peut-être prématurée encore., ne saurait trou¬
ver place ici. On ne saurait non plus énumérer toutes les
marchandises citées par les auteurs, ni même le plus
grand nombre d’enlre elles. Comme 1 importance coin
merciale de ces marchandises est très inégale, on se bor¬
nera à faire connaître les principales d entre elles .
Le sous-sol de la Grèce est médiocrement riche en
minerais. On y trouve surtout de l’argent et du hu'
jARGENTUM, ferrum, aurum, etc. ; metallaI. L argent pro¬
vient des mines du Laurium et d’autres mines situées en
Chypre et dans l’ile de Siphnos 7. Le fer provient sur¬
tout de l’Eubée (près de Chalcis) #, et de Chypre s. On
extrait aussi un peu de cuivre, de plomb et d or, mais
pas assez pour alimenter un commerce d’exportation :
aussi doit-on importer en Grèce de l’or d’Asie"’, du cui¬
vre d’Espagne et d’Italie11, de l’étain de Grande-Bretagne
et d’Espagne12. Par contre, le sous-sol fournit quelques
pierres précieuses et de beaux marbres13 marmorJ.
Il n’y a pas de sel gemme ; le sel marin provient surtout
de Chypre, de Rhodes '* et de la mer Noire13 [sal].
L’ambre vient des régions de la mer Baltique, et est
importé d’abord par les Phéniciens11’ [electrum].
Le sol grec donne en abondance certains produits
agricoles. Mais les cultures arbustives y prospèrent plus
que les autres. Les produits qui constituent à propre¬
ment parler des marchandises, et qui sont objets d’ex¬
portation, sont, en première ligne, le vin et l huile; en
seconde ligne, les figues, les amandes, les herbes aro¬
matiques et médicinales. Parmi les vins [vinum], les plus
renommés sont ceux de Cliios ’ , de Lesbos et de Thasos.
On les exporte jusque dans le Pont18, en Égypte , etc.
Parmi les huiles, on cite celles d Attique, de Cyrène, de
Chypre’-0. Les meilleures figues proviennent de l’Altique,
de Rhodes, de Chypre, de Chios, de Chalcis , les meil¬
leures amandes, de Chypre et de Naxos22 ; les herbes aro¬
matiques et médicinales, du mont Hélicon23, d Anticyre
(ellébore) 2É de Mégare33, etc. En revanche, un très grand
nombre de produits agricoles doivent êtreimportés. Beau¬
coup d’États manquent de blé. Athènes, qui importe en
plus que tous les autres îG, le fait venir surtout du Pont
de la Sicile28 et de l’Egypte39. On demande dubois [ma-
teriaJ à la Macédoine30, et du silphium à la Cyrénaïque3'
(fïg. 49251. Le papyrus est de provenance égyptienne32, les
p. 437 M; Strab. XI, p. 506; Helin, Das Salz, 2» éd. Berlin, 1001. - 16 Hüllmann,
p «.J Helbig, Osservazioni sopra il commcrcio delV ambra, Rome, 1877;
Hermanu-Blümner, p. 436, n. 2 (nombreuse bibliographie . - n Thcop. dans
Athen I, 20; Strab. XIV, p. 645; Aelian. Var. hist. XII, 31 ; Hüllmann, p. 16-21 ;
Boeckh-Frankel, I, p. 124 ; Hermann-Blümner, p. 229 cl s. - 18 Arist. De mirab.
anse. 104; Strab. V, p. 214; Demosth. XXXV, 10 et 18. - 19 Herod. Il, 77 ; 111,6;
Slrab. XVI, p. 752. — 20 Time. I, 2; Theophr. Hist. plant. VIII, 8, 2; Hüllmann,
p. 2i. _ 21 Alhen. XIV, 18, p. 652 B; 111, 2, p. 75; Plin. XIII, 7; XV, 18. — 22 Athen.
Il p. 52. — 23 Paus. IX, 28. — 24 Theophr. Hist. plant. IX, 9, 2 ; 10, 3. — 23 Plin.
XXV. 154. — !6 Demosth. XVIII, 87; Herod. IV, 17 et 54. — 2ï Boeckh-Frankel,
! p. 07 et s. — 28 Theophr. Hist. plant. VU!, 4, 4; Time. 111, 86. — 29 Scliol.
Arisloph. Vesp. 716; Diod. XIV, 79. — 30 Time. IV, 108; Corp. inscr. att. 834 b,
col. 1, I. 66; Boeckh-Frankel, 1, 126. - 31 Her. IV, 169; Ariatoph. Plut. 920; Eq.
800-891 ; Theophr. Hist. plant. IV, 3; VI, 3. La fig. 4925 représente la coupe
d'Arcésilas au Cab. des Médailles de Paris ; Dumont et Chaplain, Céramiq. I,
p. 295; Mommenti Inst. 1, pi. xlyii ; Rayet-Collignon, Céramiq. grecq.. p. 81,
fig. 43 ; Babolon, Le Cab. des Antiques, p'. xu. — J2 Francottc, I, p. 137;
BUchsenschiitz, p. 435-436.
MER
parfums (encens, baume, myrrlu
épices', de prove¬
nance orientale. Le
coton est peu ré¬
pandu en Grèce, et
le lin n'y est cultivé
que tardivement 2.
Des produits du sol,
il faut rapprocher
ceux des animaux.
La Grèce produit et
exporte du miel (de
l'Hymette ou de
Chypre) [nel]8 et de
la laine (de l’Atti-
que) [lana]4. En re¬
vanche, elle importe
des peaux du Pont
et de l’Afrique 5
et de l’ivoire de
l'Inde6.
Mais ce sontpeut-
ètre les produits
industriels qui, à
partir de la fin du
v* siècle, constituent
les marchandises
les plus impor¬
tantes, celles qui
sont échangées le
plus universelle-
— 1764 — MER
cinnamome), et les | (fig. 4926) 8. Dès le vie siècle, Athè
ncs «• „
f, 08 P”” ïeipon
lation ,J
elles
pap-
Fig. 4925. — Pesage et chargement du Silphium.
™nne"1 f«qu'e,
Ethiopie, pat rin_
termédiairedesPhé]
niciens’0. Les f
briques de Samos
paraissent jouir éga¬
lement d’une cer-
laine renommée
commerciale". On
échange aussi des
produits métallur¬
giques. Ce sont d’a¬
bord des armes,
dont les provenan¬
ces varient avec les
époques (au temps
de Pollux l2, on cite
les cuirasses d’A¬
thènes, les casqués
de Béotie, les heau¬
mes et les couteaux
de Laconie, les bou¬
cliers d’Argos, les
arcs de Crète, les
frondes d’Acarna-
nie, les javelots d'É-
tolie, les poignards
de Gaule, les lia-
ment, celles qui pénètrent dans les pays les plus loin¬
tains. On men¬
tionnera d’a¬
bord les pote¬
ries. Les pote¬
ries artistiques
(sinon les pote¬
ries ordinaires,
dont la fabrica¬
tion est trop
répandue pour
laisser place à
une grande ex¬
portation des
produits1) sont
échangées fort
loin de leurs
centres de pro¬
duction. Les
ateliers de Co¬
rinthe en ex¬
pédient jusqu’en Italie, à Carthage, en Crimée, etc.
1 Kallmann, p. 102-106, 211; Hernfann-Blümner, p, 434-543. — 2 Guiraud,
Propriété foncière , p. 501-5034 Hehn, Kulturpflanzen und Bausthiere in
ihrem Uebergang ans A sien nach Griechenland und Italien , 6e éd. pai
Schrader, Berlin, 1894. — 3 Slrab. IX, 613; Paus. I, 32, 1 ; Aristoph. Paz,
— 4 Atlien. Il, p. 43 C; V, p. 219; Bliimner, Geioerbliche Thaetigkeit , p. 62 et s. ,
cf. Burnley, The history of wool and woolcombing, Londres, 1889. - - : Deroosth.
XXXIV, 10, p. 910; Büchsenschütz, Besitz und Erwerb , p. 423. — ® Paus. I, 12,
4. — 1 Francotte, I, p. 56, — 8 Pottier, Catalogue , 11, p. 420-421 ; cf. Pernice,
Oie korinthischen Pinakes ( Jalirb . arch. Inst. XII, 1897, 9). La figure est prise
dans Duruy, Hist. des Grecs, II, p. 431 ; cf. Bayet-Collignon, Céramique, p. 15, fig. 6.
_ 9 Francotte, I, p. 67; cf. p. 73. — 10 Périple de Scylaz ( Geogr . min. I, 112).
_ U Bliimner, Gewerbliche Thaetigkeit, p. 47, — 12 Poil, 1, 149. — Herod. IV,
Fig. 4926. — Transport de poteries.
ches de Thrace); puis des ustensiles (cratères d’Argos ",
serrures de Laconie14, etc.). Mais, si les exportations |
d’armes chez les peuples moins civilisés paraissent a\oirl
eu, en Grèce comme partout, de l’importance (armesl
grecques en Afrique)13, les exportations d’autres articles
métallurgiques sont demeurées assez faibles 1 • 1 111 l'01 I
sième catégorie de produits fabriqués est constitua par I
les tissus , qui sont l’objet d’échanges actifs. Les lainages
et les tapis viennent surtout de Milet", lesutunen I
communs de Mégare18, les manteaux de * 1 1 nc’ ,
Achaïe l9. Beaucoup d’étoffes sont importées, -a °*
lin vient d’Égypte, de Colchide20 ou de Tarent^ - <
Lydie fournit aux Grecs des tissus renommes >
étoffes teintes en pourpre sortent des ateliers p
ciens23. Après les guerres médiques, et sur m' lfâ
les conquêtes d’Alexandre, les prodmts ^ ex « ‘ t
étoffes d’Orient pénètrent en Grèce (soie gà
donnent lieu à un important commerce e > ^
travers l’Asie. La Grèce ne fabrique pas d ^
elles sont d’origine phénicienne ou egyp ien lgg
Une mention spéciale doit être reservi ,
articles d’importation, pour les esclaves,
pari
l’une desprinc1'
38 n. 9; Fr«#‘
159. Al li I 27 D. — 14 Büchsenschütz, Bauptstaetten, p- ^ __ n Aris-
cottè, 1, p. 89 et s. - «5 Herod. IV, 180. ■ ^ P<*.’
toph. Han. 542 et Sch. ; Atlien. XII, 519 B. naetig ked, P-
,002; Xen. Mem. 11,7, 6. - 1» Blümner, y ,,39; R-*
Poil. IV, 104. - 28 Aristoph- 1 ^ (fl soie,
84-89. __ 24 Id, p. 203-.Par.set,^ ^ H
Paris, 1862; Schrader, p. 220 et s.; Vidal de la B Jg Uead. des
commerce de la soie par voie de mer (Comp p 208 **
et Belles-Lettres , 1897, p. 5-° et .. a.„j7 p 4, H.15» 4 Pa,jsi
p. 192 et s. - ** Blümner, Gewerbliehe ^ Verrerie °-nt'1ue'
scliütz, Bauptstaetten, p- ° rn n<1,
1879.
- 20 Herod. II, 105. —
p 45 — 23 Hüllmann, p
27 et s.
— 1765 —
MER
MER
I mdises des marchés cl des foires (Délos)
pa'es ma-'r 'viennent surtout des bords de la mer Noire)'
!?p8 articles d’exportation, pour les livres2.
débouchés. - Les courants de circulation com-
*' ■ i , . dirigent vers certains débouchés qui servent
'nCrCia r,„dises de centres de pénétration et de diffu-
na" ' , ulx consommateurs. Ces débouchés sont
si°n JTlou temporaires. Les places de commerce
perfflam nles sont les villes, qui offrent aux commerçants
per(Tt ,eur emporion et leur agora. Le port, l’empo-
kUI Vvmra comportent toute une organisation et tout
rl° Aiitillaee pour la manutention, la conservation et la
| ,buùon des marchandises. Celle organisation est
u diée à d’autres places [portus, acora, mercator,
ociator]- La répartition des grandes villes commer-
caotes a varié avec les époques, selon les directions
muses par le commerce grec; on a indiqué plus haut
quelles sont, à chaque époque, les plus importantes
d'entre elles. Les places de commerce temporaires sont
te foins, c’est-à-dire certains rendez-vous périodiques
i acheteurs et de vendeurs, qui peuvent exister en dehors
de toute agglomération permanente U On en rencontre
dans tous lesmilieux économiques encore .jeunes, comme
un moyen naturel de triompher de l’obstacle que l'espace
le temps opposent aux rapports entre les hommes 4.
Les foires grecques sont, comme celles de toutes les
livili salions 3, liées aux grandes fêtes religieuses
itïvrp/ûpeiç) [panegyris] . C’est autour des temples, à la fois
iièges de congrès politiques, banques et sanctuaires, que
> rassemblent périodiquement, grâce aux voies sacrées,
es convois de marchands et les cortèges de pèlerins.
J’après Diogène Laërce G, les panégyries attirent trois
iortes de visiteurs : des athlètes, des marchands, et sur-
oul des badauds. D’où la fameuse comparaison de
’ythagore entre la vie et une foire 7. Toutes les grandes
êtes grecques ont leurs foires. Les plus importantes sont
elles d’Olympie 8, de Delphes (à l’occasion des réunions
lu conseil amphiclyonique) 9, de Corinthe (à l’occasion
les jeux isthmiques)10, et surtout de Délos. La foire de
'clos existe très anciennement; à partir de l’époque
lellénistique, et surtout sous la domination romaine, son
tnportance devient universelle". A Athènes, les pané-
fyries des Panathénées attirent beaucoup de marchands12,
-es plus petites cités, les colonies les plus lointaines ont
les foires fréquentées. A Tithorea, une foire se tient au
•rintemps et à l’automne, à l’époque des fêtes d’Isis13 : la
■ille ' - - - ....
marchand
es frontièi
grecque de Komaria, dans le Pont, attire pèleri
aux fêtes de la déesse assyrienne Mylilla
ins et
et
H
itières sont marquées par des lisières de marchés
E<p°pioti àyopat)18. L’organisation de ces foires ressemble
ans d°ule à celle des marchés des villes. Il y existe des
agoranomes, sur le compte desquels nous possédons
quelques renseignements10.
Comment s’effectue dans ces débouchés, au point de
vue économique, l’écoulement des marchandises ? Les
conditions d’écoulement d’une marchandise varient, sur
un point donné, selon l’abondance ou la rareté de cette
marchandise et le besoin que le consommateur en a
(offre et demande). Il y a parfois de bonnes allaires, mais
parfois aussi des méventes ou des impossibilités de
vente17. 11 appartient à l’expérience professionnelle et à
l’intelligence du négociant d’éviter, s il le peut, les
mécomptes d’enlrcprises portant sur des objets de
défaite difficile (par exemple par un système de rensei¬
gnements et de correspondance avec les places étran¬
gères, système qui paraît régulièrement organisé dans
les grandes maisons marchandes)1*. Quelquefois l’habileté
des marchands devient déloyale. Les auteurs grecs nous
signalent plus d’une spéculation douteuse, destinée à
provoquer des hausses ou des baisses factices de prix
(par exemple en répandant de fausses nouvelles 1 )•
3. Moyens et voies de transport. — Entre les centres
de production et les débouchés s établit un courant
commercial, grâce à un outillage important et complexe.
Il faut transporter matériellement les marchandises et les
hommes, et pour cela, suivre les chemins les plus sûrs,
les plus commodes, les plus avantageux {voies de trans¬
port), et employer certains instruments [moyens de trans¬
port). Moyens et voies de transport sont étroitement liés,
et doivent être étudiés ensemble. Il y a lieu de distinguer
les transports terrestres et les transports maritimes.
Les transports terrestres n’ont qu’une importance
secondaire, au moins dans la Grèce continentale. Les
conditions du relief, nous le savons20, et le morcellement
politique du sol expliquent suffisamment le défaut de
grandes routes [via]21. Mais tout au moins existe-t-il des
chemins, généralement établis, pour faciliter l’accès des
temples et des fêtes, par les soins 'des corporations et des
collèges religieux22. Une voie sacrée va, par exemple,
d’Athènes à Eleusis, passe par l’emplacement des jeux
isthmiques, près de Corinthe, et probablement traverse
l’Arcadie jusqu’à Élis et Cyllène23. Une autre conduit à
Marathon, et, de là, par Tauagra, jusqu’à Thèbes et à
Delphes24. A la différence des routes romaines, ces che¬
mins ne comportent pas une chaussée pleine et unie,
mais seulement des sillons creusés pour les roues; il y a
parfois deux séries de sillons23, quelquefois une seule,
avec des garages de place en place pour le croisement des
voitures26. Ces chemins, fréquentés d’abord par les pro¬
cessions de pèlerins, sont bientôt suivis aussi par les
marchands27, qui y font passer leurs voitures déchargé28.
Ces voitures 29n’ont pas sensiblement progressé depuis
,j 1 ’ Av®?t™So>!air/.lXtîo7. sive de nundinatione servorum apud veteres, Lcip-
I|b| ml, Buchseaschütz, Besitz und Erwerb, p. 117 et s.; Hüllmann, p. 57-62;
I) ^l "" *^mncr> P* 84-85; Burckhardt, Slclavereiin Griechenland (Zukunft , VII,
S,clavereiim Altertume, Dresde, 1898. — 2 Xen. Anab. VII, 5,14;
loiiu, . ' * inner’ P* 432 * Boeckh- Frankel, l, p. 61. — 3 Exemples de foires
aj?// " <lcb0rsde toule agglomération: Strab. VIII, 341 ; IX, 394; Arist. Mirab.
Hcrlih \s\y' ^ ^ a> ^3^> Curtius, Pnyx und Keramei/cos ( Gesamm . Abhandl.
iroii ' i ' *’ p' 343'- ~ 4 Sur tous ces points, Huvelin, Essai historique sur le
_ 6 | et rfes f^res, Paris, 1897, p. 00-79. — •> Huvelin, p. 37-47.
XXV 1 1 U vin8'1 'l *"’ 8; c1' Arrian. Diss. JZpiot. Il, 14, 13; Dio Chrys. Or.
XI, «' Sel v ~ 1 Plat" Rep- Ix- 38- — 8 T1,uc- >b G9. 113 ; pind- Olynth.
®“®liscnscl!"| ' 8- — 9 Zenob. V, 3G ; Monceaux, Proxénies , p. 271;
~~ 10 Bai lli '1/ Res‘t: îmd Erwerb, p. 475-476; Herniann-Bliimner, p. 427, n. 2.
lorine tJ./ lsse"a^° inauguralis Corinthiorum commercii et mercaturae his-
I J 11 ens particula, Berlin, 1844, p. 9. — U Paus. VIII, 33, 2; Strab. X, 5,
— 12 Herod. VI, 3.— <3 Paus. X, 32, 15.— HSlrab. XII, 3, 36.— 15 üemostb. XXIII,
37 et 39 ; cf. Poli. IX, 8. — 16 Inscr. d'Andania, Sauppc, Die Mysterieninschrift
von Andania, Goettinguc, 1800. ’Ayojotvono; itavïiïéjtu;, dans Le Bas, Waddington
et Foucart, III, 655; Huvelin, p. 76, n. 1; Francottc, I, p. 305. — 17 Dcmoslh.
XXXVI, 8 et s. — 1» ld. LVI, 8 et s.; Xen. Oecon. 20, 27. — 19 Lys. XXII, 14;
Bücbsonscbau, p. 4G1-462. — 20 Neumaun-Parlscli, ch. ii. — 21 Belocli. Griech.
Gesch. I, p. 206. — 22 Curtius, Zur Gesch. des Mregebaus bei den Griech. | Gesamm .
Abhandl.). p. 15 et s.; Herniann-Bliimner, p. 480 cl s.; GoeU, Die Yerkehrswege
im Dienste des Welthandels , Stuttgart, 1888, p. 248 et s.; BüchscnscbüU,
p. 445 et s. 23 Strab. VIII, p. 378; Paus. VIII, 5, 8. — 2t Voir une énumération,
d aprés Pausanias, des principales routes terrestres de Grèce, 'dans' BiichsenschüU,
p. 447 et s. Eu Arcadie, Fougères. Alantinée, Paris, 1898. — 25 Eurip. Electr. 775.
_ of, Curtius, p. 19-21. — 27 ld. p. 51 et s. — 28 Dès le temps d'Hésiode, Op. et dies,
692 et s. _ 29 Ginzrot, Die Wagen und Euhricerke der Griechen und liümer,
Munich, 1817 ; Bcckcr-Gocll, II, p. 12-14.
222
ME R
1766 —
MER
les temps homériques. Les voitures à deux roues sont
toujours les plus employées. Les voitures à quatre roues
ne se multiplient qu’après les guerres médiques '. Mais,
malgré la simplicité et la robustesse de ces voitures, les
chemins sont trop peu nombreux, et, à côté d'eux, il y a
trop de sentiers à peine frayés 2 pour qu’on puisse
régulièrement utiliser les voitures comme moyens de
transport. On se sert surtout de bêtes de somme (mulets
et ânes) 3. Le cheval est employé pour le transport des
voyageurs, mais exceptionnellement pour celui des
marchandises4.
C'est seulement hors de la Grèce continentale, spécia¬
lement en Afrique, dans l’Europe du Nord, en Asie, que
les voies de transport terrestres ont une réelle impor¬
tance5. Ces voies de transport ne sont pas grecques par
leurs origines. Le commerce grec, en s’étendant dans un
champ nouveau, a utilisé les routes frayées par ses
devanciers. Il existe en Asie de grandes routes de cara¬
vanes6 L’ancienne route royale qui, à travers la Lydie,
va de Sardes à Suse et à Ptéria, et constitue la grande
artère des échanges entre le monde grec et le monde
transtaurique 7 ; les routes de poste de l’empire achémé-
nide qui deviennent, après les conquêtes d’Alexandre,
les grandes voies commerciales de l’Asie hellénisée 8,
sont des pistes de caravanes9. En Afrique, il faut citer
les voies qui unissent l’Égypte à l’Arabie et aux côtes
de la mer Rouge10, et celles qui, de Cyrène, conduisent,
dans la direction du sud, vers Angila, où débouchent
aussi les routes des caravanes de Lybie11. Enfin, vers le
nord de l’Europe, le commerce grec emploie, comme voies
de pénétration, les routes de caravanes que lui ont
tracées les Phéniciens et les Étrusques. Il y en a deux
groupes, qui aboutissent aux côtes de la mer Baltique,
celles de l’est, en partant du Pont-Euxin, celles de
l’ouest, en partant de l’Italie du Nord et de la Gaule et en
traversant les Alpes. C’est par ces routes que passent les
marchands qui vont chercher de l’ambre dans les pays
du Nord. Leurs directions, que font connaître assez
incomplètement les auteurs anciens, peuvent être réta¬
blies, sans que l’on puisse prétendre à une certitude
absolue, à l’aide des nombreux fonds archéologiques
qui en marquent les principales étapes 12. La route des
Phéniciens est celle de 1 est. Elle part d Olbia , à 1 em¬
bouchure du Boug, suit le Dnieper, le Pripet, la lasolda,
puis le Niémen, jusqu’au marché de Raumonium, dont
parle Pline14, et à la Baltique. Dès le v° siècle, les Grecs
suivent cette route, et arrivent à la Setidavade Ptolémée,
1 Goelz P 251 ; cf. Radet, p. 107. — 2 Curtius, p. 67. — 3 Van-, De
re rust. il, 6, 5; Aesch. II, 111, p- 282; Diod. XI, 57; Sch. Pind. Olymp.
V, 6; Schrader, p. 21 et s. — 4 Hormann-Blüniner, p. 481, n. 0 et 7.
— 5 Curtius, Die Griech. in der Diaspora ( Gesamm . Abhandl.), I, p. 174
et s. _ 6 Vidal de la Blache, Les voies du commerce dans la géographie
de Ptolémée ( C . R. de l'Ac. des Jnscr. et Belles Lettres , 1896, p. 456 et suiv.).
L’importance historique de la main-mise par les Grecs sur ces routes est
clairement indiquée par lastrow, Ueber Welthandelsstrassen in der Gesch. des
Abendlande* , Berlin, 1887, p. 10-14. — 7 Radet, p. 23-41; Goetz, p. 165 et s.;
Hullmann, p. 90 et s. - 8 Goetz, p. 191 et s. - 9 Radet, p. 101 et s. - 10 Goetz,
p. 210 et s. ; Bent, The ancient trade routes across Ethiopia (Geogr. Journal,
1893, p. 140-146). — 11 Goelz, p. 260-265. — 12 Wiberg, Der Einfluss der klassis-
clien Vôlker auf den Norden dur ch den Handelsverkehr (tr. Mestorf), Hambourg,
1867 ; Schumacher, Handels- und Kulturbesiehung Südwestdeutschland in der
vorrômischen Aletallzeit, 1900; Genthe, Ueber den etruskischen Tauschhande
nach dem Norden, Francfort, 1874; Sadowski, Die Handelsstrassen der Griechen
und Rômer an die Gestade des baltisclien Meeres (tr. Kohn), Iena, 1877; JVliiller-
Deecke, Die Etrusker, p. 264-270; Goetz, p. 295 et s. — i3 Herod. IV, 17 et s.;
Slrab. VII, p. 306. — 14 Plin. IV, 94. — 18 Sadowski, p. 71-81. — 10 Genthe, p. 80.
_ 17 [J p. 65-71; Duhn, Die Benutzung der ALpenpüsse im Alterthum (Neuf,
Heidelberger Jahrbücher, H, 1892); Hedinger, Handelsstrassen über die Alpen
8. Al
sur la Netze, dans la contrée de Schubin*3 \ r
routes du commerce ont été frayées par les r°,UGSL’ le1
lorsque ceux-ci, repoussés des mers TvrrUn’11®®
Adriatique par les Grecs, et déchus de leur nr"18 61
maritime, ont créé de nouveaux débouchés I- il
pays du Nord16. Us franchissent les cols des AlJ?P 7
et Grand Saint-Bernard; Saint-Gothard SnlL '
Septimer, Stelvio17 et surtout Brenner)
18
^ splügen, !
le Brenner est la plus fréquentée et la plus rémuné^ !
trice , elle aboutit à la vallée du Danube. Delà les
chands étrusques traversent les monts de Silésie au CJ
qui conduit à Glatz, passent à Schweidnitz, Liognitz
Glogau (sur l’Oder)vSchrimm(surlaWartha), parviennent
sur la Netze, et de là gagnent, soit les bouches du Niémen
par Kulm, soit celles de la Vistule, par Czernickau19. Le
commerce grec, soit qu’il vienne de la mère-patrie parla
voie d’Olbia, soit qu’il vienne des établissements
phocéens de Gaule20, adopte ces routes du commerce
étrusque, comme le prouvent les objets fabriqués de
provenance grecque qui les jalonnent. Le commerce
romain les suivra bientôt à son tour.
Malgré l’importance que les routes et les transports
terrestres ont ainsi fini par prendre (d’ailleurs assez
tardivement) pour le commerce grec, la voie de mer elles
transports maritimes tiennent dans ce commerce la pre¬
mière place. L'instrument essentiel du commerce mari¬
time est le navire [navis]. Comme à l'époque homérique,
on distingue le navire de commerce, ou vaisseau rond
(ffxpoYYuXov 7rXoîov ou ôAxa;) _1 du navire de guerre ou
vaisseau long (goexpov irXoïov) 22. Le second est mieux
connu que le premier (bien que sa construction et la
disposition de ses rangs de rames soulèvent encore plus
d’un problème23). Le navire de commerce, qui est trapu,
court et peu rapide, voyage de préférence à la voile, bien
qu’il soit aussi, pour parer aux dangers du calme plat,
pourvu de rames24. Il existe plusieurs types de bateaux
de commerce (quelques-uns d’origine étrangèi<)> quil
portent des noms techniques (yaOXoç, Paptç, Asp-^oç, etc.) I
Ils sont construits dans les mêmes centres que les ":mresl
de guerre; à une époque récente, les chantiers de C ÔPr®|
sont particulièrement renommés pour la construction e 1
navires de commerce ( onerariae naves )-°. ' u “J
usuellement leur contenance d après h 110111 .
talents qu’ils peuvent porter : on cite tel na\m. 'lul P
charger 10000 talents ((vau; pptocpdfo;81 ou J
ce qui correspond à une capacité de a - '
A partir de la période hellénistique, les auteu s |
las 1 — 1S l’cnllicl
in vor- und frilhgeschichtlicher Zeit Aa Marseillais PyU.fas à
p. 71 et s. — 19 Sadowski, p. 131 et s. - Cf. y S ^ MitteitWropa »
la recherche du pays de l’étain et de l’ambre. Brennei, ,a negotMiom-
den Schriften der AUen, Munich, 1877 ; Masson, De Mas U ^
bus ab urbe Massilia condita usque ad tempus q . Theophr. But.
subegerunt, Paris, 1897, p. 48; Goetz, p. 291. - ’# ^ "l’7'
niant V 7 2. — 22 Bekkcr, Anecd. gr. p. 279 : i*««? seewesen des
plant, v, /, z. . ’ _ 23 Boeckh, Urkunden.über das AlletA
yUov 81 tô l|Mto?uov. loll. 1, 8-, - ' grhUfsverh<nisse dis - J
attischen Staats, Berlin, 1840; Graser , Ueber die S ^ {pMologus, 1804).
thums ( Ausland , 1863, p. 657 et s.); De veter um ^ jVauli* der Al“ »|
Cartault, La trière athénienne, Pans, 1881 * |, p. J-« ' >
Brème, 1886; Goelz, p. 253 et s.; Beloch G, .ecA 1»; •
Franco lie, 1, p. 30-31; Lübeck, Das ^ Î
Hambourg, 1890-91; Torr , Ancient shi pi -, - 25 Or-* $
V, 22, p. 132; cf. Plaul. Bacch. II, 3. 4 > ’ |V 8 ü; SUa'-
vetcrumre navali, p. 55. - 20 Amm. Poil. >' l65’
3 . 6 8 4. - 27 85 PCI. h 88. - 23
Büchsenschütz a montré (p. 421, n. 2) que ces «Pr ffiille homme» »»
lomme ou l'a cru, des navires capables de porter ^ ^ p- *, et »- 1
mille amphores; cf. Herod. 1, 19r, c ,
— 1707 —
MER
MER
vires de commerce de dimensions encore
1 "d'érables. Lucien parle d’un vaisseau qui a
lionnent ^
Ph,S C0-( mllres°’de long, 14 mètres de large, et plus
environ creuX à pendroit le plus profond *. De
del3„m Embarcations, sans offrir la sécurité de nos
Parel eb , e8 Sont néanmoins bien supérieures aux
fircS in°' l’énoque homérique. Mais les traversées ne
nas sensiblement plus hardies; les routes de mer
»°“l.pa J Vlp moins possible des côtes. Ainsi la route
H ‘ rOuest suit le rivage de la Messénie eide l’Elide
de .. .v.trée du golfe de Corinthe la route qui vient
Æd'du golfe et de l’Isthme, remonte le long de l’Épire,
duf0 , r jCyre (ce qui explique les relations entre
e*'i ^ pt Corcvre), gagne les côtes d Italie et de Sicile 2.
aliénés et eiorc/yic;, & » , , . .
n même les routes du Pont sont des routes de cabotage .
I„ commerce du Pont appartient d’abord aux Milesiens,
ce qu’ils peuvent facilement y accéder en longeant les
rôles d’Asie Mineure. Lorsque les Athéniens se substi¬
tuent aux Milésiens, et font du Pont le grenier de
’Attique, leurs vaisseaux ne se hasardent pas à couper
, ligne droite la mer Égée ; ils suivent l’Euripe (ce qui
explique l’importance, pour Athènes, de Chalcis et
d’Hisliaea) et longent la Macédoine et la Thrace 3. Pour
traverser la mer Égée, on quitte le moins possible l’abri
des iles. Il y a deux routes du Pirée vers l’Asie Mineure :
celle du nord passe par Cliios et Lesbos 4 ; celle du sud,
par les Cyclades (Délos, Paros et Naxos) et par Samos.
Le commerce d’Athènes avec l’Égypte et la Cyrénaïque
emprunte aussi cette voie. 11 passe par Rhodes, Phaselis,
dhypre, et côtoie la Phénicie : pendant la guerre du
Péloponèse, c’est près de Cnide que les Lacédémoniens
cherchent à intercepter les convois de blé d Égypte à
destination d’Athènes 5. Cependant il existe une autre
route d’Égypte suivie surtout, semble-t-il, en temps de
guerre, par les vaisseaux péloponésiens qui veulent
éviter de s’exposer aux attaques des Athéniens ou de
leurs alliés : ces vaisseaux, après avoir doublé le cap
Malée, relâché à Cythère et en Crète 6, font voile directe¬
ment vers l’Afrique 7.
4. Monnaie et crédit. — Les moyens de transport
matériels ne sont pas les seuls instruments de la distri¬
bution commerciale. Une circulation active et régulière
des richesses serait impossible, surtout par la voie de
terre8, s’il n’existait pas des marchandises intermé¬
diaires, de maniement facile, pouvant servir de substi-
luls d toutes les autres 9. Ces marchandises sont la
monnaie et le crédit, qui se ramènent, en dernière
analyse, à des instruments de transport de valeur : si, au
'■eu d’emporter avec moi le pain destiné à me nourrir,
J1' u emporte que la pièce de monnaie destinée à acheter
p'mT 5‘ ~ 2 Thuc' '> 36’ 3; Xen' HelL VI- 2> 9: Biichsenschülz
Polyb. IV, 47; Biichsenschülz, p. 425 et s On ne s'expliquerait
lit I'1 r°u^e Bosphore n’avait pas longé les cotes, pourquoi Xerxès
sJh,'0'' llSt*lme Bu mont Athos ; cf. Prellcr, Ueber die Bedeutung des
|| "jCn ^eeres fur den Handei und Verkehr , Dorpat, 1842. — 4 Arr.
- 7 \y- i 2i Büchsenschütz, p. 430 et s. — S Thuc. VIII, 35. — 6 Id. IV, 53.
P* /|f36. — 8 Radet, p. 155-156. — 9 Nô|AtajJta Çù|t6o^ov TÎ;;
^ Plat‘ Rep‘ 1T* p‘ 371 B* ~ 10 ArisL p°lit- l"57 A’ 30‘ “ 11 Babelon’
nJ!!!ne,8 .de 1,1 m°nnaie, Paris, 1897; Traité des monnaies grecques et
'ômische
feWain — "lunnaie, raris, 1897; Traité des monnaies grecque.
Métro™- ' yiéor*e et doctrine, Paris, 1902 ; Hultsch, Gricch. und rômi
1878 • Brin p*" < B Bcrbn’ *882 ; F. Lcnor niant, La monnaie dans l'antiquité , Pt
^8n6rosçf>„lS' '^Pinz~ ’Mass-und Gewichtswesen in Vorderasien bis au f Alex an
Standard1'' c 1866 ’ B*Bgeway, The origin of metallic currency and we ;
80ecldi-Fr.ni! a,m^r^^c’ *892; Hermann- Blümner, p. 445-452 ; Hüllmanu, p. !
Ges ch. P-441» 690-695; Beloch, Griech. Gesch. I, p. 212. — »2 Me
l 'h- ii p. 150 ; Radel, p. 155 et s. — 13 Curlius, Studicn sur Gc
ce pain, cette pièce constitue évidemment un instrument
de transport de valeur; ou si, sans me dessaisir même
de cette pièce de monnaie, j’obtiens mon pain contre une
simple promesse de le payer plus tard, le crédit dont je
jouis et qui, basé sur ma solvabilité présumée, constitue
un élément actif de mon patrimoine, joue bien le rôle
d’un instrument de transport de valeur.
Nous savons comment les échanges effectués par 1 in¬
termédiaire d’une monnaie se substituent en (o-èce aux
échanges opérés par troc : la monnaie se développe en
même temps que l’économie commerciale. Monnaie et
commerce, comme le remarque déjà Aristote, sont deux
phénomènes concomitants10. C’est de 1 Orient que les
premières monnaies, comme tous les cléments de la civi¬
lisation commerciale, parviennent dans le monde grec
[nummus, pecunia] “. Les premières monnaies qui s intro¬
duisent dans les colonies d’Asie Mineure sont celles du
royaume de Lydie12. Dans la mère-patrie, la grande cité
commerçante d’Égine commence à frapper des monnaies
dès le début du vnc siècle; après elle, ce sont les villes
de l’Eubée, Chalcis et Érétrie; au commencement du
vie siècle, Corinthe13. Athènes frappe d’abord des mon¬
naies au poids lourd d’Égine, puis, après Solon, des
monnaies au type léger de l’Eubée1'. Au ve siècle, sa
concurrence grandissante fait fermer les ateliers moné¬
taires de l’Eubée (446) et d’Égine (431); la drachme
attique devient la monnaie commerciale du monde.
A partir de la deuxième moitié du vic siècle, mais
surtout dans la période hellénistique, l’essor général du
commerce développe partout la frappe des monnaies.
A l’origine, la mère-patrie frappe presque exclusivement
de la monnaie d’argent; le cuivre n’apparait que comme
monnaie d’appoint15, et encore tardivement16. Les
monnaies d’or sont rares jusqu’au règne de Philippe1 .
Le développement du crédit commercial est parallèle
à celui de la monnaie. Peut-être les principales opéra¬
tions decrédit, originairement inconnues dépopulations
purement agricoles, ont-elles pénétré dans la vie écono¬
mique grecque par la voie de l’Orient, où la plupart d entr e
elles (prêt, et notamment prêt à la grosse)18 sont dès
longtemps en usage. On trouve de très bonne heure de»
banquiers en Lydie. Nicolas de Damas nous raconte
comment le banquier Sadyatte refusa, vers 566, du crédit
àCrésus13 .Quoi qu’il en soit, au ve et surtout au ive siècle,
le crédit personnel, malgré la prévention générale que
les philosophes manifestent contre lui 20, tonclionne en
Grèce sous ses principales formes : prêt (et notamment
prêt à intérêt) 21 , dépôt (et notamment dépôt irrégulier)22,
vente à crédit23.
Les commerçants dont les aflaires portent sur 1 argent
von Korinth (Gesamm. Abhandl.) I, p. (89 et s. - H Boeckh -Frankel, 1, p. 23;
Hermann-Büimner, p. 4*6. - « Boeckh-Frankel, I, p. 69t. - « A Athènes, peu
avant la guerre du Péloponèse, Athcn. XV, p. 069 D; Eckhct, Doctrina numo-
rum. I, p. XXX et s. - U Hermann-Blümncr, p. 449, n. 2 ; Boeckli-Frankel, 1, p. 28-37.
_ 18 Lassen Ueber die altindisclie Handelsverfassung ( Zeitschr . der morgen-
laendischen ' Geselhchaft), XVI, i862, p. 427-438; Oppert et Mènent, Documents
juridiques de l’Arabie et de la Chaldée, Paris, 1877 ; Revillout, La créance et le
droit commercial de l’antiquité , Paris, 1897 ; Matthiass, Das naulicum foenus,
I ct s. _ 19 Nie. de Damas, Fragm. hist. gr. t. III, p. 397, fr. 65. Voir aussi
Aelian. Var. hist. IV, 27. — Plat. Leg. XI, p. 915 E; Souchon, p. 105.
__ 2i Qaiilemer, Le contrat de prêt à Athènes (Afém. de l’Acad. de Caen, 1870,
p. 106-202) ; Tlialheini, p. 90 cl s. — 22 Uemosth. XXXVI, 20, p. 950 ; Isocr. XVII,
‘f p. 358 B; Caillemer, Le contrat de dépôt, le mandat et la commission à
Athènes (Mém. de l’Acad. de Caen, 1876, p. 508-542 ; Thalhcim, p. 1 18. — 23 Demoslli.
XLI 8, p. 1030; Corp. inscr. Gr. sept. I, 3171, 1. 50; Caillemer, Le contrat de
vente à Athènes ( lier . de législation, 1870-71, p. 031-671 ; 1873, p. 5-41).
MER
1768
MER
«HTAPXCiKAVO;
et le crédit sont les banquiers Le commerce de banque
comprend trois grandes branches, souvent exercées
concurremment par les mêmes hommes. Ces trois
branches sont: le change manuel des monnaies, qu’exer¬
cent les chaîtgeui's (àç'(vacLi>.oiÇio( ou xoXXuêtsxai) 2; l’avance
de capitaux, qu’exercent les prêteurs (Savsid-cai, Toxurrat
ou y privai) 3 ; enfin le transport d’argent et le paiement
pour autrui, qu’exercent les banquiers proprement dits
(Tftt-rceÇtTa!) [argentarius, trapezites] . Le change des
monnaies est particulièrement utile dans la Grèce
ancienne à cause de la grande variété des types moné¬
taires. Le change n’est d’ailleurs qu’une espèce de vente
(vente d’une monnaie contre une autre)'*. Le gain du
changeur se nomme xataXXotY''i » êTtixaTaXXay vj ou xôXXuêoç 5.
Le changeur fait en outre métier d’éprouver et de peser
les monnaies6. Le préteur avance de l’argent à ceux qui
en ont besoin (particu¬
liers ou personnes pu¬
bliques)1, soit sur sim¬
ple signature, soit plus
ordinairement sur ga¬
ranties (caution, gage,
hypothèque) 8. Il en
retire des intérêts éle¬
vés : au v.e et au ivc
siècle, la banque du
temple de Délos prête
au taux de 10 p. 100 9.
A Athènes, les prêts
commerciaux ordinai¬
res rapportent, au ive
siècle, de 12 à 18 p. 100;
les prêts à la grosse de
22 à 33 p. 100 10. Le
trapézite reçoit des dé¬
pôts d’argent en compte courant de clients pour le
compte desquels il effectue des paiements, soit en argent
comptant, soit au moyen de virements de comptes
(Siaypa®^) 11 sur leurs registres (ÜTrogvYjfxïTa)12. Grâce aux
correspondants qu’ils possèdent sur d’autres places13,
ils peuvent réaliser des paiements a distance (trans¬
ports d’argent)14.
Les plaidoyers d’Isocrate (Trapézitique) 13 et de
Démosthène nous fournissent d’intéressants détails sur
l’activité des banquiers athéniens, et, notamment, sur la
grande banque de Pasion et de Phormion10; ils nous
font apprécier l’importance de leurs affaires et l’étendue
l Salmasius, De foenore trapezitico , Leyde, 1640; Hüllmann, p. 183-189;
Becker- Goell, 1, p. 93-117 {Die Trapeziten) ; II, p. 210; Bocckh-Frankel, I,
p. 159 et s.; De Koutorga, Essai historique sur les trapezites ou banquiers
d'Athènes, Paris, 1859; Bernadakis, Les banques dans l'antiquité {Journal des
Économistes, juin-août 1881) ; Biichsensckütz, p. 500 et s.; Hermann-Blünmer,
p. 452 et s. ; Cruchon, Les banques dans V antiquité, Paris, 1879 ; Perrot, Le
commerce de l'argent et le crédit à Athènes au iv« siècle avant notre ère {Mém.
d'archéol., d'épigr. et d'histoire, p. 337 et s.) ; Beloch, Griech. Gesch. I, p. 347 et s. ;
Pestalozza, p. 47. — 2 Poil. VII, 170. — 3 Demosth. XXXIV, 50; Hermann-
Blümner, p. 453. — * Isocr. XVII, 40 ; Becker-Goell, II, 210. — 6 Theophr. Char.
30; Poil. VII, 170; III, 84; Athen. VI, p. 225 B; XI, p. 503 A. — 6 Theocr. XII,
36 et s.; Becker-Goell, I, p. 115, n. 25. — 7 Isocr. XVII, 7 et 38 ; Demosth. LUI,
9. p. 1249; Wachspiuth, dans Iihein. Mus. nouv. sér. XXIV, 1869, p. 451 et s.
(Banque de Tauromenium). — 8 Demosth. XXXIII, 10, p. 895 ; Billeter, Gesch. des
Z in s fusses, p. 18 et s. — 9 Billeter, p. 9-10. — 10 Ibid. p. 20-41 ; Boeckh-Frankel,
I, p. 156-175; cf. Meyer, Gesch. des Alterth. V, p. 288. — n Demosth. LU, 4,
p. 1236; Harpocr. v° 8i«Yjà4a»To; ; Cebes, Tab. 31,4. — ,2 Demosth. XLIX, 5,
p. 1186; LII, 4, p. 1236; Hermann-Blümner, p. 454, n. 6; Büchsenschütz, p. 504.
_ 13 Demosth. L, 56. — 14 Lys. XIX, 25, p. 154; Isocr. XVII, 35 et s. p. 365 E;
Becker-Goell, I, p. 114, n. 24. — 13 Galle, Deitraegc zur Erklaerung des Trape-
zitikus des Isokrates (Progr. Ziltau, 1696). — 16 Voir surtout Perrot, L. c.
-G en
s possé.
A E JEk.
Fig. 4927. — Pesage de marchandises.
de leur crédit. Nous savons par exemple n
Pasion mourant voulut mettre en règle ses '"ir °rSque
fortune ne s’élevait pas à moins de 60 talents V"**’ sa
immeubles et 40 placés dans les affaires11 '
dons aussi des renseignements sur les Vin,
temples. Ces établissements, en Grèce comme S ^
coup d’autres civilisations18, sont des établis ^ ^
financiers19, et reçoivent des dépôts privés ou puîS
Ainsi le trésor d’Athènes est déposé dans un IpIV
d’Athéné21; celui delaconfédération maritimealhéni,, ^
dans le temple de Délos 22 ; Lysandre dépose autemïî’
Delphes une somme qu’il ne peut emporter à Sparte 21 ç 6|
dépôts et les riches trésors dus à la piété des fidèles • 1
employés en prêts fructueux consentis à des particuliers
ou à des États24 : ainsi la banque de Delphes prête à Cli j
thène de l'argent pour ses entreprises contre les tyrans25-
la banque du temple
de Délos a de nombreux
débiteurs qui lui paient
intérêt26. Il existe de
semblables banques
danslaplupartdessanc-
tuaires vénérés (Del¬
phes, Délos, ÉphèstqSa-
mos,etc.). Lesproxènes:
de ces temples leur ser¬
vent de correspondants
dans les principales
places de commerce !\
o. Poids et mesures.
— Pour la rép.ii'lilioa
et la distribution de cer¬
taines mardi, 'uidises
(choses fongib'es), un
système de poids et me¬
sures est nécessaire28 (fig. 4927) [pondus, mensura, ubha]1
Comme la monnaie et le crédit, les poids et mesuies, con j
nus de bonne heure en Grèce, etdontôn rattacliol < u inine
au roi d’Argos Phédon 29, proviennent d Orient . 1 >on L
les poids et mesures babyloniens qui, pari intoi p y 1 ,nr® j
des Phéniciens, ont acquis droit de cité chez b s 1 ' 1 I
Poids etmonnaies suivent la même évolution. Egun ^-1^ ]
l’Eubée, imposent leurs poids au monde égeen, a a ^ ,
du commerce. Athènes, qui s’est d abord si • ^
d’Égine32, emploie depuis Solon le talent euboupu-
faitle poids du commerce mondial. On relioux^ 1^
et les mesures d’Athènes jusqu en Sicile et
— n Demosth. XXXIV, 5. — 18 Inde moderne, Andrée, Geog. ^ imm.
p. 62; Europe occidentale, pendant la période franke, In> (Mélanges Monod,
nités commerciales accordées aux églises, du vu0 au ix s'- p. 506-509Ï
Paris, 1896). — 19 Hermann-Blümner, p. 456, n. 7; uc 1 al7. — 22 Xen.
— 20 Dio Chrys. XXXI, 54; Thue. VI, 20. - 21 Boeckh-Frankel, ,fl) ,U.
Dell. VI, 4, 2. - 23 Plut. Lysand. 18. — 24 Thuc. I, i ■ ^ 1887, et Bnll- j
— 26 Homolle, Les archives de l’intendance saciée a ' ’ , ggo, p. 389 ot s''
de corr. hell. VI, 1882, p. 1 et s. ; VIII, 1884, p. 282 eU^; MetTol»>J'sck
XV, 1891, p. 113 et s. - 27 Monceaux, p. 271 e‘ <>■ AUertlmms in ‘hrem
Untersuchungen über Gewichte , Mùnz fusse uni * ( Hui tsch, G^ieC^
Zusammenhange , Berlin, 1838 ; Bocckh-Frânke , , P* * 33.445 5 Nissen, ^'l,°
rômische Métrologie , Berlin, 1862; Hermann-Blümner , I • ^ ^ La fig. *• -
logie { Bandbueh de rklassischen Alterthumswissenscil . Millin, ivm !■'
représente une peinture de vase autrefois dans a c0 y0rlegel>laclter' ..
vases, II, 61; Klein, Meistersignaturen, p. 46; « Gesch. des kltcrt ' .'
pl. v, n» 1. _ 22 Her. VI, 127; Strab. VIII, P- 3o8 ; Meye , ™Mÿpro,cMf
P. 543. - 30 Poil. IX, 76. - 3i Hermann-B'nmuer, P. p.weir. /
Bezeichnung von Mass und Zahl m , Sehrador, P- £
Vôlkerpsyllogie und Sprachuoissenschaft, XII ; P- * - « JM"*
s. (notamment p. 156 : origine sanscrite du mot g
Métrologie , p. 289 et s.
MER
MER
1709 —
ierce et l’opinion publique.- On “discuté,
c> le comme* ^ ,a question de savoir en quelle
et on discule encl V,. ue tenail le commerce dans l’an-
I iropin!°nLa difficulté provient, d’une part, de ce
tienne c,I'ece . "ments que nous possédons sont assez
que les ren J t> de Ce qu’ils sont suspects de
disparates, e ment p0pinion moyenne du milieu
pepas relie te r es agriculteurs méprisent volontiers
d’où ilS S°nl f i 1 époque des origines, la Grèce, pays
!es ^ , -Tmontrer quelque défiance au commerce
agric°lc’ d°u cette défiance subsiste fort longtemps,
grandissant , ^ demeurées fidèles à l’économie
0nleSil ïsivirte3 Thèbes4, Épidamne6, etc.). Mais dans
igriCul enrichies depuis longtemps par le commerce
Athènes à partir du vP siècle, U serait
pai
le dédain primitif du rural pour le
S“'Cr.nl puisse survivre dans l'opinion commune.
Cependant, s’il faut en croire les témoignages que nous
possédons, qu
ils émanent d’un Platon, d’un Aristophane,
Y „ Yénonhon ou d’un Aristote, l’état de commerçant
dl"i ' l être tenu en médiocre estime. Pour ces
auteurs^ le commerce et l’industrie sont les deux plaies
J( b société. Lorsque Platon construit sa cité idéale, il
se félicite de ce que son futur Etat est situe a quelque
distance de la mer, car il aura moins de relations avec le
dehors et son commerce sera forcément moins actif b :
il reconnaît, à vrai dire, qu’un minimum d’activité
commerciale est nécessaire 7; mais encore est-il bon que
les citoyens soient exclus de ce trafic, et qu’on le laisse
aux métèques et aux étrangers 8. La profession de mar¬
chand n’est « ni honnête ni honorable : ceux qui s y
livrent ne connaissent aucune mesure dans la recherche
du gain. Si on pouvait former le corps des négociants,
commercants, etc., de personnes vertueuses, ces profes¬
sions seraient estimées à l’égal d’une mère et d’une
nourrice 9 ». De son côté, Aristophane ne cesse de
railler ceux qui travaillent de leurs mains dans le
commerce et l’industrie. Tour à tour il s attaque à
Eucrate, le marchand d’étoupes ; à Lysiclès, le marchand
de moutons; à Cléon, le marchand de cuirs; à Euripide,
le fils de la marchande de légumes 10. Aristote eniin,
prenant les choses de plus haut, condamne en bloc la
chrématis tique, qui a pour but. non de satisfaire nos
besoins, mais d’en créer de factices, et le commerce, qui
est l’instrument par excellence de la chrématistique 11 . Il
condamne aussi les marchands, artisans et mercenaires,
dont le genre de vie est vil, dont les occupations n ont
rien de commun avec la vertu12. Comme Platon, il
reconnaît cependant la nécessité du commerce13, mais il
en interdit l’exercice aux citoyens14. Que penser de ces
opinions?
A vrai dire, les préventions qu’elles reflètent oi>t une
double source : d’une part, c’est le mépris de l’activité
intéressée, et de la lutte pour l’argent, mépris qui se
développe assez naturellement cjiez des intellectuels,
surtout depuis que la sophistique a établi une opposition
entre le sophiste, homme du travail de tète, et le mar¬
chand ou Partisan, hommes du travail manuel1'; il ne
faut pas oublier que Platon ou Aristote sont des repré¬
sentants de l’opinion savante. D’autre part, c est la pré-
vention politique. Platon, Aristophane, Aristote, sontaussi
des représentants de l’opinion aristocratique, et combat¬
tent pour leur parti. L’aristocratie a ses bases originaires
dans la possession du sol et dans l’agriculture, comme la
démocratie a les siennes dans la possession de la richesse
mobilière et dans le commerce. On conçoit facilement
la défaveur que nos auteurs attachent au commerce.
Mais, si l’on recherche quelle peut être, dans 1 opinion
moyenne et courante, la situation du marchand, nul
doute qu’elle ne soit plus relevée qu’on ne le croit géné¬
ralement. A vrai dire, le petit marchand, le xxirr,Xoç est
considéré d’ordinaire comme un mince personnage;
mais son mauvais renom tient à ce qu’il est pauvre, et,
par surcroît, peu honnête [mercator]. Cela n’empêche
pas, d’ailleurs, que tel marchand, comme ce Cléon qui
vend des cuirs, cet Ilyperbolos qui vend des lampes, ce
Cléophon qui vend des luths, ne soient les favoris de
l’assemblée du peuple16. Quant au grand commerçant, à
l’éfjLTcopoç, il occupe une place honorable dans la société :
Chrysippe plaidant contre Phormion sait bien se recom¬
mander aux juges de sa qualité de gros importateur17.
Il suffit de voir en quels termes Périclès fait l’apologie
des artisans et des marchands 1 8 pour être convaincu que
l’opinion moyenne de la Grèce commerçante n'a pas été
aussi ingrate qu’on le pense envers ces marchands à qui
elle devait, avec su prospérité économique, une part de
sa grandeur. P. Huvelin.
Rome. — L’histoire du commerce des Romains n’est
pas indépendante de leur histoire générale ; il se déve¬
loppe a mesure que leur puissance s accroît, et s étend
avec elle sur tout le monde connu des anciens ; il profite
de tous les succès de Rome et souffre de ses malheurs.
On peut donc diviser cette histoire, comme celle des
Romains elle-même, en quatre périodes : la première,
contemporaine des débuts de la ville ; la seconde, de son
expansion en dehors de 1 Italie, a partir des guerres
puniques jusqu’à l’Empire; la troisième, toute d épa¬
nouissement, est l’époque du haut Empire , la quatrième,
de décadence, correspond aux derniers siècles de la
domination romaine.
1. Depuis la fondation de Rome jusqu'à la fin de la
première guerre punique. — On sait fort peu de chose
du commerce de Rome pendant la période primitive
Les vieux Romains étaient essentiellement guerriers et
agriculteurs 20; quand la nécessité de défendre la patrie
ou d’eu étendre les limites ne réclamait pas leur bras, ils
se donnaient à la culture de leurs terres, pour en tirer
tout ce dont ils avaient besoin pour eux et pour leur
famille, vêtements et nourriture : ils ne comprenaient pas
qu’un agriculteur eût l’idée d’acheter ce que sa propriété
t)e opificum apud vetercs Graecos conditione , 1866, I, ch. 11;
j'“5 8chmidt’ Univmalgesch. des Sandelsrcchts, p. 57 ; Clerc, Métèques, p. 225,
0(1 s-, Ed. Meyer, daus les Jahrb. filr JS ationalokonomie und Statistik, 1895,
dfsj 91 *• ; G^ch. des Alterth. II, p. 79 cl s. ; Souclion, Les théories économiques
7,1 / ' Grèce anH1ue’ Paris, 1898, p. 71 et s. ; Francolte, 1, p. 234 et s. ; Guiraud,
"(,0“ du travail dans la Grèce ancienne [Rev. des Deux Mondes , l,r févr.
158 i ! ' Slb — 2 les reproches du Phéacicn Euryale à Ulysse, Od. VIII,
3 Prancotle, 11, p. 294 et s. — 4 Arist. Polit. 111, p. 1278 A, 25.
ut- (Juaest. gr. 29. - c pl0t. Le n. IV, p. 705 A; Guiraud, Propriété fon¬
cière, p. 586- - 1 plat- (*9- XI, p. 918 B; Rep. 11, p. 370 E. — 8 Plat. Leg. XI.
9»0 A — 9 Plat. Leg. XI, p. 918 B. — 10 Francotle, 1, p. 250. — H Arist.
Polît. I, p. 1256 cl s. - ia Ibid. VII, p. 1319 A, 25. - 13 Ibid. VII, p. 1327 A, 25.
_ u y^Yef. p. 1328 B, 1; 111, p. 1278 A, 5. — ‘5 Francotte, I, p. 239-249; en sens
contraire, Meyer, Loc. cil. p. 213 et s. — 16 Clerc, Métèques, p. 318 et s.
_ 17 Demosth. XXXIV, 38. — 18 Plut. Per. 19; Thuc. 11, 40, 1,2. — 19 Büchscns-
chütî Bemerkungen ilbcr die rômisclie Volkswirtschaft der Kûnigszeit. —20 11.
Blümner, Die geuierbliche Thütigheit der Vôlker des ktassischen Alterthums,
p. 110 ; Cuti, Institutions juridiques des Romains, I, p. 5
ME R
— 1770 —
peut produire *; tout autre gain que les revenus de la terre
leur paraissait indigne d'un homme libre2. Dans ces
conditions, l’industrie et le commerce ne pouvaient être
que rudimentaires. Mais il ne se pouvait pas non plus
qu il n’y eût pas de trafic ; et la preuve en est que Numa,
suivant la tradition, établit huit collèges d'artisans3 ; or
l’industrie suppose le commerce. Et ce n’étaient pas les
seuls commerçants qui existassent alors4. 11 est certain
également que, dès cette époque, Rome était en relation
commerciale avec ses voisins et même avec l’étranger par
ses frontières de terre. Les textes littéraires et épigra¬
phiques nous ont conservé le souvenir de marchés
réguliers, dont l’origine paraît fort ancienne. Tous les
neuf jours se tenaient des nundinae où l’on faisait de
nombreuses affaires ; les gens de la campagne affluaient
alors dans la capitale5. A certaines dates aussi il y avait
de grandes foires ( mercatus )6. D'abord les réunions
solennelles de la ligue latine [latini] donnaient lieu non
seulement à des cérémonies religieuses et à des fêtes,
mais encore à des marchés considérables, au temple de
Diane près du mont Aventin1; tous les ans, au 13 août 8,
les Latins venus à Rome en profitaient pour faire leurs
emplettes.' Chaque année avait lieu une grande foire, en
Ëtrurie, près du temple de Voltumna, dans le pays des
Volsinii 9 ; les marchands romains la fréquentaient. On
venait surtout en foule, à date fixe, au pied du mont
Soracte, dans le bois sacré de la déesse Feronia10. La
masse abrupte de la montagne offre de loin un but bien
reconnaissable aux voyageurs. Elle touche à la fois aux
frontières des Étrusques et des Sabins ; en même temps
elle est d'un accès facile à qui vient du Latium ou de
l’Ombrie. Les Romains s’y rendaient comme leurs
voisins pour faire le négoce ; les transactions donnaient
fréquemment naissance à des démêlés avec les Sabins11.
On y trafiquait principalement des choses nécessaires à
la vie : le grain, les esclaves, le bétail, les métaux12 ; la
monnaie d’échange consistait en bœufs ou en brebis, le
bœuf valant dix brebis 13 ; puis on prit comme matière de
paiement le cuivre ( aes ) dont on avait besoin pour les
instruments de culture et pour les armes14. « Cet usage
partout accepté, dit M. Mommsen, d’un équivalent
commun des échanges; les signes de la numération, de
pure invention italienne; enfin le système duodécimal,
tel que nous le verrons en vigueur ; tous ces faits attestent,
sans qu’on s’y puisse méprendre, l’existence et l’activité
d’un marché intérieur qui mettait exclusivement en
contact tous les peuples de la Péninsule *5. »
À la même époque le commerce maritime de Rome était
fort peu développé 16. Qu’il existât, c’est ce que démontre,
à défaut d’autres preuves, la fondation du port d’Ostie à
1 Plin. Hist. nat. X VIII, 40 ; Varr. De re rust. Il, 4, 3. — 2 Caton, De re rust. pr. ;
Colum. I, 10; Cic. De off. I, 42, I5i. — 3 Plut. Num. 17; cf. sur la question,
Waltzing, Étude historique sur les corporations professionnelles , I, p. 62 et suiv.
— ^ Wezel, De opificio opificibusque apud référés Romanos , p. 25 et suiv. ;
Waltzing, Op. cit. p. 66. — 6 Fest. p. 173 a; Varr. dans Non. éd. Muller, C VIII,
25; Sen. Ep. LXXXVI, 12; Plin. Hist. nat. XXVIII, 5, etc.; cf. Huvelin, Essai his¬
torique sur le droit des marchés et des foires , p. 84 et suiv. — 6 Mommsen, Hist.
rom. (trad. fr.), I, p. 262 et suiv. ; Corp. inscr. lat. 1 (2e édit. p. 300); cf. Huvelin,
Op. cit. p. 99 et suiv. — 7 Dionys. IV, 25. — 8 Corp. inscr. lat. I (2e édit.), p. 325.
— 9 Liv. IV, 23, 24. — 10 Id. I, 30; Dionys. III, 32; Strab. V, 2, 9. - H Mommsen,
Hist. rom. I, p. 263. — 12 Le sel ne figurait pas parmi les objets qu’exportait le
commerce privé des Romains. On le tirait des salines d’Ostie, exploitées pour le
compte de 1 État dès le temps de Romulus et d’Ancus (Dionys. II, 55 ; Plin. Hist. nat.
XXXI, 7, 89); il suffisait à peine aux besoins de la ville; l’État se chargeait
cependant, en vertu des traités, d'en faire conduire à ses frais une certaine quantité
chez les Sabins par la via Salaria (Plin. Loc cit.’, Varr. De re rust. I, 14; III, 1
MER
l’embouchure du Tibre attribuée à Anf. . ,
même l’établissement des droits de dm!^
tendait y avoir perçus dès le temps des ï’°n P*
1 activité commerciale sur mer était alors en,,' ** l0ule
des Etrusques et des Carthaginois19 • fi lesina'ns
de place sur le littoral italique pour là guère
en formation. Elle dirigea ses efforts du côté
de la Sicile29; on en a trouvé la preuve s, T®"®1
fa.t que, seuls de tous les Grecs les Siciliens ont"5 *
leurs poids et leurs monnaies en
rapport exact et
mis
nimplei
avec la monnaie elle poids du cuivre brut de“uali(llc3
■1 y eut, eu outre, échange de mots entre les Sicilien'..;
“ R“mams, P»ur, choses du comme,.?
L emploi exclusif de la forme dorienne dans les mntï
grecs latinisés indique aussi que les Latins ont été ,n
relations alors avec les villes chalcidiques de [J
méridionale comme Naples et avec les Phocéens de
Marsala22. Les termes «techniques du vocabulaire com¬
mercial, et notamment ceux qui désignent les principaux
organes du commerce maritime [ancora,antena, nausea
prora, nauclerus, etc.) furent empruntés par les Romains
à la Grèce 23.
Par contre, aucun mot de langue sémitique n’ayant
passé dans le latin, il est probable qu’il y eut fort peu
de rapports directs entre les Orientaux et Rome. Les mar¬
chandises d’Asie qui y pénétraient alors 24 y arrivaient
surtout par l’intermédiaire du commerce grec et par les I
traitants italiens qui résidaient à l’étranger25.
La révolution qui substitua la République à la Royauté I
et les complications qui s’ensuivirent, la lutte engagée
contre les peuples voisins, contre les Étrusques, contre I
les Gaulois, absorbèrent l’activité des Romains et les cm- I
pêchèrent de tourner leur attention vers l’expansion
commerciale. Us acceptèrent à cet égard, pour avoir les 1
mains libres en Italie, un rôle très effacé. La preuve en I
est dans le traité de commerce conclu avec Carthage en I
l’an 406-348 2e. Rome s’y engageait à ne pas laisser ses |
citoyens naviguer, sauf les cas de force majeure, le long
de la côte africaine, au delà du cap Bon ; en revanche, I
elle pouvait faire le commerce dans toute la Sicile cartha¬
ginoise. De leur côté, les Carthaginois avaient la franchis®
du commerce avec Rome et le Latium, à condition de ne|
pas commettre d’excès contre les cités d’Ardée, cl Anliuin,
de Circeies et de Terracine. Vers la même époque se place!
un traité passé avec Tarente, par lequel les Humains!
renonçaientà doubler le cap Lacinienetà pénétn'i dansl
le bassin oriental de la Méditerranée21. Mais hui P" 1
tique allait tendre dorénavant à leur faire abam mum
cette humble attitude. Ils colonisent les poiù 11 1 ^ j
importants de la côté occidentale : Pyrgi, PorL
et 2). — m Fe3t. s. v. Peculatus; Gell. XI, 1 ; Plut. Popl ■ 1 1 • ' gr/ianis. 1
- « Plin. Hist. nat. XXXIII, 43; Varr. L. I. V, 163; uni
financière , p. 3. — 13 Hist. rom. 1, p. 264. — i6 Kemper, e te ^ fricgeM
Seewesen der Rômer von den âltesten Zeiten bis zum eis t } 65 —
— 41 Liy. I, 33; Dionys. III, 44. — 1» Mommsen, Hist. rom. , P- ‘ e( sloria
p. 193 et suiv. - 20 cf. Pais, Storia delta Sicilia e délia magna ^ ^ ^
di Roma , I ; Saalfeld, Italograeca , I : Vom aeltesten 1 ci heu ^ ^ gcj)rader, j
Rom. — 2i Mommsen, Hist. rom. p. 271. 2- Ibid. P "'"' . Waarcnk'111^’
guistich-historische Untersuchungen zur Handelsgcschic i ^ Marquai
p. 45-47; cf. Weise, Die griechischen Wôrter im Latein. lonlbeau* du
privée (trad. fr.), II, p. H, rappelle que l'on a trouvé am ^ __ 25 llutiel-
vm° siècle des objets phéniciens ; cf. Ilelbig, Das homer. P° ^ ^ p0lyb. Ht
mann, Einfluss Plmniziens auf die Kultur des Occiden *• ^ rannée mW* I
Mommsen, Rom. Clironol. p. 320. Polybe attribue à loi ce ^ ^ ^ ApP*
de l’expulsion des rois et de la fondation de la Répub îq» >
Samnit , 7. — 28 Liv. XXXVI, 3.
MER
— 1771
Anlin'"
i Terracine
2, Minturnes 3, Simossa 4, Paestum
(|U littoral adriatique, Castrum novurn6, Ari-
P,|iS Ce,JX h .iodes 8 ; pourtant ils ne sont pas encore
juin un> ■ 151 ' - - 1 - 4 1-’”
w ’ f , 1 l 1
. pour briser les liens qui paralysent leur
aSSeZ commerciale; ils vont même jusqu'à renou-
expanSIOnio "carthaginois, en l’aggravant, le traité passé
«1er avec les ‘ ... a ;ie c<> voient
| veler
antérieur
nt a • cette fois (448-306), ils se voient
rcniem > ... ...
7ja mer Adriatique ; il leur est interdit d’entrer
i «cllire de “““ lès sujets de Carthage en Afrique et en
en relations ^ ^ restreints à Carthage et à la Sicile.
Sarda‘St!e.! Ivaillen't lentement à modifier la situation ; ils
• i "Il An (I a n ( In
Mais iR
. t aPS appuis parmi les villes grecques dont la
cherC lCU n uelciue importance 10 : Marseille, une alliée
manne Jhp oui avait secouru Rome de son argent
dejàan(" jse'dela ville par les Gaulois 11 ; les Rhodiens12,
après la pr
représentants de la politique des neutres dans le monde
fLnjnue- Apollonie13, la puissante cite illynenne,
enlin Syracuse14. On sent venir le jour où la capitale du
Lum sera obligée, par la force même des évenemen s,
HVnlrer en lutte avec sa rivale maritime et commerciale.
Deux autres causes retardèrent encore le développe¬
ment du commerce romain : les préjugés hostiles aux
commercants et aux industriels, l’absence d une classe
moyenne vivant des ressources que; procurent ces pro¬
fessions. La spéculation des capitalistes se portait sur le
prêt terrestre [mutuum] ou maritime [nauticum foenus],
sur l’exploitation à ferme des impôts [vectigalia], sur
les entreprises à forfait [redemptio]. Quelques praticiens
ou riches plébéiens spéculaient bien aussi sur le travail
d’esclaves mis à la tète d’une boutique [mercator] ou
d'un navire [navis], ou encore prenaient intérêt dans, le
petit commerce tenté par un affranchi [societas]. Les
affranchis, de leur côté, s’enrichissaient et formaient
une catégorie de plus en plus nombreuse , mais leur
inlluence sociale ne correspondait pas a leur fortune. La
société romaine faisait un crime à ces hommes d être
d’origine servile et leur reprochait la nature des métiers
qu’ils exerçaient, indignes d’un ingénu1'*; elle leur
refusait l’égalité des droits politiques [libertus, liber-
tinds]. Ainsi l’extrême concentration des richesses et
l’esclavage s’opposaient à la formation d une classe
moyenne de marchands : c’est, au reste, ce qui nous
explique la grande infériorité de tout le commerce
antique.
Cette période vit pourtant s’accomplir une réforme très
importante qui devait avoir une grande influence sur les
transactions commerciales. Depuis les décemvirs lb, Rome
possédait une monnaie coulée en bronze [as] ; mais il
s en fallait que l’as eût été adopté dans toutes les villes
italiennes: partout le type et l’étalon variaient17. Dès qùe
I ta puissance romaine fut solidement établie dans la
péninsule en 485-269 18, Rome s’empressa de créer un type
monétaire commun à toute l'Italie et de centraliser la
Vell.
Liv. VIII, 4. _ 2 Vell. I, 14. — 3 Liv. X, 21; Vell. 1, 14.
Xv.V ‘ lbid-- 6 Liv- XXXVI, 3; Corp. inscr. lat. I, 1341.— 1 Liv. Ep.
22 , H‘ I’ U: Eull'op. II, 16. — » Vell. 1, 14; Liv. XXX, 13. — 2 Polyb. 111,
v'i’v"3' ~ 10 Hist. rom. 11, p. 191. — H Justin. XLIII, 5, 9 ; Diod.
5’ - 12 Polyb. XXX, 5. — 13 Liv. Ep. XV. — >4 Diod. XX1I1, fr. 4.
~ O'c. De off. I, 42. _ 1G Mommsen, Hist. de la monnaie romaine (trad.
Oeach ’l Mar(luardt, Organis. financière , p. 5 et 6 ; cf. Samwer,
P ipr *' ^ teren Tàmischen AJünzwescns. — 12 Mommsen, Hist. rom. Il,
Le c'ci°lî8î' ~ 18rJlin' Hist- nat. XXXIII, 44; Liv. Ep. XV. — 19 Mommsen,
tumlH Oelot, De la révolution économique et monétaire qui eut lieu à Rome
_ j,]','1" ^ècle avant l’ère chrétienne ; Saalfeld, Dur Hellenismus in I.atium.
Dur(]v C ®î; cf. 111, 27; Zonar. Vlll, 17; Mommsen, Hist. rom. 111, p. 73;
y’ ul- des Rom. (éd. in-4»), I, p. 471. — 22 Polyb. 1, 79, 88 ; Liv. XXI, 1 ;
fabrication des pièces. L’unité nouvelle fut le denier
[denarius] d’argent ; les monnaies des autres cités ne
furent plus tolérées que pour 1 appoint1
IL De la première guerre punique à i avènement d' Au¬
guste.— La, situation changea singulièrement pour Rome
le jour où, maîtresse de l’Italie, elle put, par une suite
de succès, étendre sa domination sur les pays voisins .
La lutte s’engagea d’abord avec Carthage, à propos de la
Sicile. La première guerre punique, commencée en
490-264, se termina en 513-241 par un traité avan¬
tageux pour les Romains21. Le vaincu abandonnait
entièrement la Sicile. L’ île devint une dépendance de
l’Italie, et le commerce romain put s’y développer sans
obstacle. Bientôt, en 517-237, à la suite de nouveaux
succès, Carthage dut pareillement renoncer à la Sar¬
daigne et laisser prendre la Corse JJ. En 525-229, par
la répression des pirates illyriens de Scodra, les Romains
affermissaient leur domination dans l’Adriatique et
réunissaient à leur symmachie les cités grecques
d’ Apollonie, de Corcyre et d’Epidamne23. Huit ans plus
tard (523-221), dans une expédition en Istrie et en
Illyrie, ils achevaient la destruction des pirates de 1 Adria¬
tique24. La seconde guerre punique, qui suivit de près
(553-201), fit descendre Carthage au rang de tribu¬
taire et de simple ville de commerce; elle assura à Rome
la domination de l’Espagne et de tout 1 occident de la
Méditerranée25.
A la même date (555-199), la ville grecque de Puteoli
reçut une colonie26 et devint l’entrepôt du commerce de
luxe avec l’Asie et l’Égypte. Les relations entre Rome et
l’Orient allaient s’étendre. Rhodes et les villes commer¬
cantes de la côte qui faisaient cause commune avec elle,
se sentant menacées par les Macédoniens, entreprirent
de défendre l’Égypte et les cités grecques contre les
attaques d’Antiochus et de Philippe de Macédoine. Rome
intervient aussitôt; la lutte se termina en 558-196 par
l’abaissement de la Macédoine et 1 abandon de sa (lotte ,
de son côté Antiochus, vaincu en 565-189, est relégué
en Syrie ; ses éléphants sont pris et tous ses a aisseaux
brûlés28. La troisième guerre de Macédoine eut pour
résultat, en 586-168, la conquête de ce royaume et de
l’Illyrie, l’affaiblissement de la Grèce, celui de Pergame et
même des Rhodiens qui, à la suite d une démarché
inconsidérée, se virent dépouillés de toutes leurs posses¬
sions en terre ferme29. Rome, allant plus loin, leur
interdit l’importation des sels en Macédoine et l'expor¬
tation des bois de ce pays; en même temps, pour les
ruiner, elle créait à Délos un port franc311. En vain
demandent-ils à rentrer dans l’alliance de Rome; on ne
le leur accorda qu’en 590-164 31 .
Ces victoires successives et la disparition de tous ses
rivaux donna au commerce maritime de Rome une vive
impulsion, tandis que l’établissement d’un vaste réseau
Mommsen, Loc. cit. p. 86 et 87 ; Duruv, Loc. cil. p. 478. — 23 Polyb. II, 9-11 ; cf.
Liv XXIX, 12; XL1V, 30; Mommsen, Loc. cit. p. 97: Duruy, Loc. cit. p. 480.
_ p0|yb. III, 16-19 ; Liv. XXII, 33; App. lllyr. 7, 8; Mommsen, Loc. cit. p. 108.
_ 25 Polyb. XV, 18; Liv. XXX, 36; Mommsen, Loc. cit. p. 250 et suiv. ; Duruy
Loc. cit. p. 660. - 28 Liv. XXXII, 29; XXXIV, 43; Vell. I, 15; Strab. V, 4,
— 27 Polyb. XVIII, 27 sq. ; Liv. XXXIII, 30 sq. ; Plut. Flamin. 10 ; Mommsen, Loc.
cit. p. 327; Duruy, Op. cit. II, p. 34. — 28 Polyb. XXI, 13 sq. ; XXII, 26; Liv.
XXXVII, 45; XXXVIII, 38; Mommsen, Loc. cit. p. 361; Duruy, Loc. cit. p. 54.
_ 29 Polyb. XXVIII, 9 sq. ; XXIX, 1 sq.; Liv. XL1V, t sq. ; XLV, 1, etc. ; Mommsen,
Op cit IV, p. 27 et suiv. — 30 Polyb. XXXI, 7, 10; cf. Homolle, Les Romains à
Délos (Bull, decorr. hell. VIII, p. 92 et suiv.); article dv.i.os dans la Realencyclo-
pâdie de l’auly revue par Wissowa, IV, p. 2493 - 31 Saalfeld, Ltalograeca, II,
Handel und Wandel der Rômer unter griechischen Bceinflûssung.
MER
— 1772 —
MER
routier, partant de la capitale comme centre, développait
encore son commerce de terre [via] 1. Une série de
bureaux de douane sont établis sur la côte italienne2;
les douanes [portorium] comptent désormais parmi les
sources de revenus les plus importantes de la République.
Et pourtant le commerce n’était pas vu d’un bon œil à
Rome; on continuait à le considérer comme indigne
d’un ingénu. Autrefois les sénateurs et les chevaliers,
pour faire valoir leurs capitaux, prenaient des intérêts
dans les entreprises commerciales. Mais, dès 536-288 une
lex Claudia portée sur la rogation de C. Flaminius
défendit aux sénateurs d’avoir des navires, si ce n’est
pour le transport des produits de leur domaine 3. Les
entreprises commerciales furent dès lors entre les mains
des chevaliers ou des affranchis. Ceux-ci se livraient
d’habitude en grand à ces opérations. Les chevaliers se
réservaient l'usure en province et le commerce d’impor¬
tation; on leur accordait, pour des motifs politiques, un
régime privilégié [équités]. C’est eux que l’on trouve à
cette époque dans tous les pays nouvellement soumis 4,
sous le nom de negotiatores achetant au meilleur
compte possible les céréales, ou les produits spé¬
ciaux comme les esclaves ou les denrées orientales en
Grèce, à Cyrène, à Marseille, à Carthage, en Syrie, en
Égypte, les amenant à Rome et les y vendant au poids de
l’or. Ils sont à la tête de fortunes considérables, dirigent
des maisons de banque et prêtent à gros intérêts h
Il restait une dernière concurrence à vaincre, celle des
banquiers et des spéculateurs phéniciens de Carthage. La
chute définitive de cette ville en 608-146 11 laissa
désormais le champ libre de ce côté aux commerçants
romains. Bientôt après, la Macédoine et la Grèce elle-
même étaient réduites en provinces 1 ; le grand centre
commercial de Corinthe disparaissait en 146, remplacé
par Délos, l’héritière de Rhodes. L’excellence de son port
et son heureuse situation à mi-chemin entre l'Ilalie et
l’Asie, faisaient de Délos le principal entrepôt et le prin¬
cipal marché de la Méditerranée orientale. Réduite
jusqu’alors à un rôle économique secondaire, l’inter¬
vention victorieuse de Rome en Orient la plaça au pre¬
mier rang8.
Désormais la monnaie romaine [moneta] avait cours
légal dans tout l’occident de la Méditerranée; en Orient,
les transactions se réglaient en or, métal que les Romains
n’avaient pas encore monnayé9.
Pendant cette période, le commerce fut peu gêné par
la réglementation; le droit d association entre les com¬
merçants resta entièrement libre10 jusqu’en 690-64,
date" où, pour des motifs politiques, tous les collèges
furent dissous, à l’exception de quelques-uns11. Clodius
les réorganisa en 696 12 ; mais César n hésita pas à les
dissoudre de nouveau, ne conservant que les corpora-
Bergier, H ht. des grands chemins de l'Empire romain ; Berger, Ueber die
Ueerstrassen desrômischen Reichs. — 2 Liv. XXXVi,7; XL, 51. 3 Liv. XXI, 03 ,
Cic. Verr. V, 18, 45. — * Belot, Hist. des chevaliers romains, II, p. 153 et suiv. ;
Ernesti, De negotiatoribus dans ses Opuscula philologica et critica , p. 1 et suiv.
— 5 p. Muller, Die Geldmacht im alten Rom gegen das Ende der Republik-,
Dcloume, Les manieurs d’argent à Rome jusqu'à l’Empire. 6 App. Pan. VIII,
Polyb. XXXIX; Diod. XXXII; Liv. Ep. 51 ; Mommsen, Op. cit. IV, p. 334 et suiv.;
Duruy, Op. cit. II, p. 139. — 7 Polyb. XXXVIII et XL; Strab. VIII, 6, 23; Liv.
Ep. 50. — 52; Paus. VII, 16, 9 et 10; Mommsen, hoc. cit. p. 339; Duruy, Loc. cit.
P 146. — 8 strab. VIII, 6, 23; Liv. Ep. 52; cf. Mommsen, Loc. cit. p. 350, et
Homolle, Bull, de corr. hell. VIII, p. 97 et suiv. — 9 Mommsen, Hist. de la mon¬
naie romaine, II, p. 117 ; Marquardt, Organis. financière, p. 28. — 10 Waltzing,
Étude historique sur les corporations professionnelles, I, p. 78 et suiv. 11 Ibid.
p. 92; Ascon. In Pis. (éd. Kiessling), p. 6 et 7. — <2 Cic. ad Att. III, 19, 4.
TS
tions établies de toute antiquité13. R’lIn .U||r , j
droits de douane étaient établis à, un taux assez " ^f6, '°S
vingtième ou le quarantième) ils frappaient surl^Tf t'6
objets deluxe venus de l’Orient15. Dans les pays q, L'3
les Romains les avaient en général maintenus et affe^
cà leurs publicains 1fi, mais ils avaient soin d'acid
l’immunité aux Italiens qui commerçaient dans |,s ' '''
breuses contrées relevant de la République 11 * "u'"*
retrouvé, en maints endroits du pourtour de la Médite*
ranée, des inscriptions attestant la présence de ; '
ciants italiens, Itali ou cives romani qui negotim\
ou qui consistant^ ; ils étaient organisés en collèges poul
faciliter l’exercice de leur profession et la défense de leu
intérêts ,a.
En général, Rome achetait plus qu’elle ne produisait I
Son industrie ne travaillait guère en grand; mais elle
payait en argent la laine et les esclaves tirés de la Gaule
et de la Germanie, qui lui venaient par Ariminum et les
marchés du nord de l’Italie ; les produits si avancés
de l’art sicilien, orfèvrerie, meubles, broderies ; les étoffes
de Malte recherchées par les femmes, les laines, les
tapisseries, les fers ciselés, les gemmes de l’Asie ; enfin
les denrées de l’Égypte 20.
Parmi les objets de première nécessité importés en
Italie, il faut citer principalement le blé. Dès celle époque
la péninsule ne produisait plus assez de céréales pour
nourrir sa population; il fallait faire appel aux pays
étrangers. L’État romain, par les leges frumentamà
distribuait à bas prix ou gratuitement aux citoyens
pauvres les blés de Sicile, d’Afrique et d’Égypte. Le
service de l’annone devenait une institution fondamen¬
tale et indispensable de la République [annonaj-1. I
En même temps, les objets de luxe affluaient dans la
capitale. La conquête du bassin de la Méditerranée ew
l’exploitation systématique des provinces avaient enrichi
les grandes familles de l’aristocratie sénatoriale ou
équestre ; l’antique sévérité des mœurs s’était singu¬
lièrement relâchée, et c’est en vain qu’on avait essaye
par les lois somptuaires d’arrêter le courant irrésistible ,
qui entraînait la société romaine--. Ces h '
veaux des classes riches, aussi bien que es 1
croissantes des classes pauvres, servaient es m .
du commerce et des négociants et confu )uaiC11 |
elles à faire converger vers Rome les PriM u< |
plus différentes des pays lointains. Pondant
III. Les deux premiers siècles de l'Lmpirr- connu
cette période, la réunion de tout le mon e 1 ^ ([ui
sous une même administration, la sccun terri
régnait dans les diverses parties de ’™P rreS
comme sur mer, la cessation presque absolue g
, . ajsées les
dans les provinces soumises rendirent p us
communications et répandirent partout la pio.l
_ 13 Suet. Caes. 42; cf. Waltzing, Op. cit. p. «»• '
.h
, ,3. guet. De chu -r"' I
indirects chez les Romains, p. 80 et suiv. - '- *uc*-_ XXXYlII, ""J
1. — 16 Cf. Cagnat, Impôts indirects, p. 83 et sui . ^ „ Corp. inscr. ■ ’
inscr. lat. I, 204; cf. Mommsen, Hist. rom. I , P- Ephem. ép>ûr- ’
2423 III 365, 444, 455, 531, 532, 800,5212, 0051; VIH. »-“■ ** p*. Ü-
34 *»■ V, 600, 006; Corp. inscr. gr. 2286-2288; Syriai
inscription parle “T TU**
tur Corp. inscr. Int. X, I/J7. ^ ta^tihus‘ WftHnOŒ» ej i
Kornemann, De civibus romanis in provins ™ Privatalterm^
les corporations professionnelles, II, P- • Realencyclop1" 111 )38i
(avec les références). — 2' Cf. article annon ' ür„anis. financier1'' L
evue par Wissowa, I, P- ‘2316 ; M-rt,uar ôi Or ga Ugibv •«*
_ 22 Baudrillart, Hist. du luxe, t. II; Houwng. De Rom
MK P,
MEI!
— 1773 —
vr d'AUguste et pendant deux siècles, le
partir du i'c‘«n duStrie en profitèrent et prirent un essor
loinmprcu et
juSqu’al()l'^ inC®" ^ g0uvernement multipliait les voies
En même I.ion’ complétait et perfectionnait le réseau
(jecommunic » République; des chemins car-
r lloT «"aient à Rome les paye les plus reculés
»ssai)ies Uaux transactions commerciales de
l]’,!e facilités accrues encore par l’établissement d'un
F*. poste [CURSUS PUBLICUS].
produisait peu • : du vin de l'huile, d'excellent
L ■! petite quantité, des laines, en particulier
b'u’ T'irentc et de la Cisalpine; elle manufacturait le
Sflcs poteries, et quelques autres marchandises, mais
Vhil-ce que cela pour la population immense qui
•habitait9 II fallait donc avoir recours à 1 importation et
Huait' Chercher bien loin les objets nécessaires a
'existence ou aux plaisirs des Italiens *; « Rorne recevait
iuraaiiuc de la Grèce, de l'Asie Mineure, de 1 Égypte, de
h-Numidie; le nard des Indes et celui de Syrie, le baume
Je Jéricho; les perles, les pierres précieuses, dont 1 usage
devint fréquent sous Auguste; la pourpre, les étoffes de
Cos celles d’Attale, tissus d’or; 1 ivoire, 1 ebene d Elhio
pi(J 'le cristal de l’Inde. Sur les tables on servait le paon
de Samos, la grue de Mélos, le faisan de Colclnde, la
lamproie de Tartessus, le merlus de Pessinonte, l’ellops
de Rhodes, le scarus de Cilicie, la pétoncle de Chios, la
pintade et la poule de Numidie, les oies de la Gaule, dont
on faisait grossir le foie dans le lait et dans le mit 1,
invention qu’un consulaire et un chevalier se disputèrent,
les oies de Germanie, dont le duvet se vendait cinq
deniers la livre, l’aveline de Thasos, les dattes d Égypte,
la noisette d’Espagne, les vins de tous les rivages de la
Méditerranée, l’huile de l’Afrique, de l’Espagne et de la
Grèce, des esclaves de toutes les régions. Les seules
denrées de la Sérique, de l’Inde et de l’Arabie coûtaient
annuellement à l’Empire vingt et un. millions 3 . » Les
relations de Rome s’étendirent jusqu’au bout du monde.
Des communications régulières avec l’Inde et Ceylan
avaient pu s’établir *; des marchands d’Italie fondaient
des comptoirs à la côte de Malabar et à Barygaza, a
l’extrémité du golfe du Cambaye 5 ; ils pénétraient dans
le Baclriane, au cœur de l’Éthiopie et dans les oasis
africaines 6.
Pour la plupart des denrées importées en Italie, la mer
était le grand chemin des transports. Des navires de
commerce [navis] la sillonnaient en tous sens, avec une
rapidité relativement grande. D’Ostie à Gadès on mettait
sept jours; du même port on se rendait en Gaule Nar-
bonnaiso et à Fréjus en trois jours, dans l’Espagne
citérieure et à Tarragone en quatre jours ; la traversée
de Pouzzoles à Alexandrie demandait neuf jours \ de
r'ndes à Dyrrachium un jour 8, de Pouzzoles à Corinthe
CllKI jours '. En général, un navire aidé d’un vent favo-
V0j„| Landeskvnde. — 2 Marquardt, Vieprivée, II, p. 33 et suiv. ;
III V ■>.*! '* tta^er^mery P- 005 et suiv. ; Friedl&nder, Mœurs romaines ( trad. fr.),
!0,81’ privatalter .
Hist d / * SU'V’’ Schiller, Gesch. der rôm. Kaiserzeit , I, p. 419. — 3 Duruy,
tttut <lr P* analysant un mémoire de Pastoret, Mém . de Vins -
2(1 ü | !‘cp, \, p. ,g et suiv.; cf. le tableau plus loin. — V Clin. Hist. nat. VI,
ar*c l'Asi ' '' .'nai"h Les relations politiques et commerciales de l' Empire romain
1,, blac||f, !" " n!a^‘ pendant les cinq premiers siècles de 1ère chrétienne ; \ idal de
Hol ■ renrf. de. des inscr. 1890, p. 456 et suiv. — 6Plin. Hist. nat. VI, 34;
«i„ |’x09.r‘ ’> 8; Xcn- Epi, es. IV, 1.-7 Plin. Hist. nat. XIX, 3 et 4. - * App.
~ 11 Phit !’ 9 tl|lilost- Vit. Apoll. vil, 17. — 10 Arist. Or. XLVIlt, p. 360.
IIOSl' °P- cit- VII, 17. — 12 Veget. V, 9; cf. Friedliinder, L. c. p. +21
VI.
rable pouvait parcourir un trajetdel 200stades(222kilom).
par vingt-quatre heures10. Sur la Méditerranée souvent
le voyage s’effectuait de nuit. Ainsi, en partant de Pouz¬
zoles le soir et en touchant à Antium et à Gaète, un navire
arrivait le troisième jour àOstie 11 [navigatio]. Par contre,
il y avait toute une période de l'année où les bateaux ne
se risquaient guère à naviguer, entre le 11 novembre et
le 5 mars ( mare clausum) 12 ; la navigation et par suite le
commerce d’importation n étaient donc actifs que pen¬
dant le printemps, l’été et le début de 1 automne.
Ce commerce maritime était doublé d un trafic de
cabotage, qui assurait les relations entre la côte et
l’intérieur des terres. Il en était ainsi à Rome même, ou
les navires ne pouvaient arriver qu’après avoir déposé à
Ostie une partie de leur cargaison qu ils confiaient à des
chalands13, à cause des ensablements du littoral. Cette
situation peu favorable subsista même après la création
du port de Trajan ; les navires y abandonnaient leur
chargement que l’on transbordait sur des chalands,
remorqués par des attelages de bœufs1* [caudicarii]. Les
cités commercantes des différentes parties de 1 Empire
qui n’étaient pas situées au bord de la mer étaient obli¬
gées d’avoir recours au même procédé ; le Rhône avec
ses bateliers de toute sorte [nautae] était la grande route
commerciale vers les cités de la Provence comme Ai b s
et Nîmes, et celles, plus septentrionales, de \ ienne et de
Lvonls. Les collèges de batellerie fluviale existent par¬
tout où se fait quelque trafic, sur la Seine16 et sur la
Durance”, sur le Rétis *\ sur les lacs de Cûme19 et de
Genève20, sur le Rhin21, sur le Maros ■.
Quand on n’avait point de fleuve à sa disposition, on
empruntait les voies terrestres et, dans les pays d’extrême
Orient, les caravanes. C’est ainsi que les marchandises
débarquées à Bérénice ou à Mvos-Hormos parvenaient
jusqu’à Coptos23, oû que celles qui arrivaient de l’extrême
Sud tunisien se rendaient en Maurétanie-*, c est ainsi
que l’on se rendait en Éthiopie et jusque dans le pays
des Troglodytes25.
Les besoins du gouvernement firent peser sur le com¬
merce des contributions inconnues auparax'anl ; quel¬
ques-unes d’entre elles gênèrent sérieusement les
affaires : l’impôt sur les ventes à l’encan ( centesima rerum
venalium ) aboli par Caligula et rétabli dans la suite-” ;
la taxe sur la vente des esclaves {quinta et vicesima
venalium mancipiorum 27) certains droits d’octroi à
Rome , une patente 28 établie sur les marchands et les
ouvriers [aurum negotiatorium] à l’époque de Sévère
Alexandre29, sans parler de la douane qui continua a
être exigée à l’époque impériale sur toutes les Irontières
des provinces [portoritjm]. 11 est xrai que, en compensa¬
tion de ces charges, les marchands et les artisans jouis¬
saient de certains privilèges. Le plus important était la
facilité de se constituer en collèges et par là d’obtenir
certaines immunités de charges publiques ou muni-
el +22. - <3 Strab. V, 3, 5; Dio Cass. LX, 11,2; Di g. XIV, 2, +. — 1+ Marquardt,
Vie privée, p. 27; Waltzing, Étudesur les corporations professionnelles. II, p. 73
et suiv. — 15 Cf. de Boissieu, Inscr. de Lyon, p. 373 et suiv.; Allmer et Dissard,
Inscr. du Musée de Lyon, p. +71 ; Waltzing, Op. cit. U, p. 30 cl suiv. On a trouvé
dans ces différentes villes des preuves de leur activité. — 16 Corp. inscr. lat. XIII,
_ 17 Ibid. XII, 721, 731, 982. Ihid. 11, 1188,1 109, 1180, 1183. - 19 Ibid.
V 320 5 3 911. — 20 Ibid. XII, 2397. — 21 Brambach, 939 cl 1068.— 22 Corp. inscr
lat. III,' 1209. — 23piin. Hist. nat. VI, 102. —2+ Corp. inscr. lat. VU1, +308.
Héron 'de Villcfosse, Le tarif de Zraia, p. 22 et suiv. —23 Xcn. Eplies. IV, 1.
_ 26 Cf. Cagnat, Les impôts indirects, p. 228. — 27 Ibid. p. 232. 28 Ibid.
n I +7 et suiv. — 29 I.amprid. Vit. Alex. 24.
223
MER
— 1744 —
cipales 1 ; nous on avons parlé à l’article mercator.
Pour favoriser l’essor du commerce à l’intérieur, le
gouvernement autorisait l’établissement de foires nou¬
velles dans certaines villes ( me rca tus ), indépendamment
des marchés hebdomadaires (nundinae)*. Il fut de plus
permis à des particuliers d'établir des foires dans leur
domaine3. Claude lui-même demanda aux consuls de
l’autoriser à le faire4. Les textes législatifs aussi bien
que les inscriptions nous parlent de cet usage5.
Le commerce romain, achetant plus qu’il ne produisait,
entraînait une grande exportation du numéraire G. Aussi
les empereurs défendirent-ils de le laisser passer chez les
barbares et de le fondre en lingots1.
Quant a la législation commerciale 8, les négociants,
en outre du droit commun, étaient régis par certains
édits prétoriens4 et par des usages empruntés aux lois
rhodiennes sur le jet et la contribution 10 [lex ruodia de
j acte, p. 1173]: Rhodiae loges navalium eoinmerciorum
sunt". Ces textes décidaient notamment que, lorsque des
marchandises avaient été jetées à la mer pour alléger le
navire et que celui-ci* avait été sauvé du naufrage'2, le
dommage devait être supporté en commun par les maîtres
du bâtiment et les propriétaires des marchandises qu’il
contenait [lex] 13.
4° Du troisième siècle (le l'Empire jusqu'au règne de
Justinien. — La prospérité matérielle dont avaient joui
Rome, l’Italie et tout le monde romain pendantles premiers
temps de l’Empire ne survécut pas à l’époque des Anto-
nins. Depuis longtemps l’agriculture italienne était rui¬
née 14 ; quand les arrivages d’Afrique venaient a manquer,
la disette se faisait sentir ‘5. Inversement, la multiplication
inconsidérée des vignobles en Italie, en Gaule, en Asie
Mineure, avait provoqué de graves embarras, et la
mévente des vins ne causait pas moins de dommages que
la rareté des céréales ; Domitien avait cru remédier au
mal en ordonnant la destruction de la moitié des vignobles
provinciaux et en défendant d en planter dautifs .
L’industrie ne progressait plus. L’oisiveté et la corrup¬
tion de la plèbe, le luxe immodéré des grands étaient
peu favorables au travail productif. Le commerce subis¬
sait le contre-coup de cette décadence générale. Le despo¬
tisme impérial entravait le libre développement des villes
municipales et de la bourgeoisie [municipium]; il inquié¬
tait les fortunes : les riches étaient sans cesse menacés
par les mauvais empereurs 11 . Au m* siècle recommen¬
cèrent les guerres extérieures et les révolutions inté¬
rieures. Elles enlevaient toute sécurité aux commerçants
et nuisaient à la fois au crédit, aux échanges, à la con¬
sommation. De l’avènement de Décius à celui de Diode-
tien, 249-284, les Barbares pendant trente-cinq ans rava¬
gèrent l’Empire. En l’espace de quatre-vingts années on
compta vingt-quatre empereurs, dont deux seulement ne
périrent pas de mort violente, et quarante tyrans.
i Waltzing, Étude sur les corporations professionnelles, II, p- 393 et
suiv. — 2 Plin. Ep. V, 4; cf. Iluvelin, Essai historique sur le droit des
marchés et des foires, p. 101. — 3 Corp. inscr. lut. VIII, 11451; Wilmanns,
Eph. epigr. 11, p. 271 el suiv. - 4 Suet. Claud. 12. - « Corp. viser, lut.
III, 184, 1421 ; VIII. 11451; Dig. L, 11,1 et Cod.Just. IV, 60. _ C p]m. Hist.
nat. VI, 2S ; XII, 41. - 7 Cad. Theod. IX, 23, 1. - » Carnazza, Il diritto
commerciale dei Romani. — 9 Dig. XIV, 1, 3, 4, 5. 10 Pastoret, Quelle
a été l’influence des lois maritimes des Rhodiens sur la marine des frites
et des Romains 11784), p. 112 et suiv. — 11 Isid. Or. V, 1"- — 12 pauL
Sent. II, 7, 1 à 5; Dig. XIV, 2, 2 pr. — 13 Cf. plus haut, p. 1173, col. 1 et 2.
_ 11 piin. Hist. nat. XVIII, 7, 3. — 15 Dio Cass. LV, 26 ; Vell. II, HL Suet.
Au a. 16; Claud. 18 ; Ner. 45 ; Tac. Ann. VI, 13 ; XII, 43. - « Suet. Domit. 17;
Stat Si v. IV, 3, 1 1 ; Euscb. Chronol. p. 160-161 ; cf. Gsell, Essai sur le régné de
ME H
L’œuvre de réorganisation commencée par n* I
achevée par Constantin, rétablit l'ordre t/p® n-
publique. Mais les désordres antérieurs avaient -
telles ruines, qu’une crise commerciale très "n ^ ^
se produisit vers l’an 300. La rareté du canihMDt6
l’intérêt à un taux énorme; toutes les denrées r,,*' ,
services atteignirent une excessive cherté \\^ °S
reurs Dioclétien, Maximien, Constance, et Galèr'^6"
crurent forcés en 301 de promulguer un édit du max;, '
pour fixer provisoirement le prix des marchandises et?
travail18: c’est le célèbre Edictum ad provinciales d\
pretiis rerum venalium. On a retrouvé plusieurs fra»
ments du texte latin et du texte grec de ce document en]
Égypte, en Asie Mineure et en Grèce, provinces où
régnait spécialement Dioclétien. Ils ont été maintes fois
publiés et commentés ia. Dans le préambule l’empereur
déclare que la cupidité des marchands a augmenté le '
prix des denrées, jusqu’à leur faire dépasser huit fois la
valeur réelle des objets vendus ; ces excès ont été cons¬
tatés surtout sur les routes militaires, et ils rendent
impossible l’approvisionnement des armées. Aussi, pour
y obvier, le prince lîxe-t-il des prix modérés dont le
maximum ne devra pas être excédé, même dans les
années de cherté, sous peine de mort en cas d’infraction.
Suit le tableau régulateur des prix, appropriés à la
réforme monétaire que Dioclétien avait opérée en 298aù.|
Voici quelques-uns de ceux que fixe le tarif pour les
denrées destinées à l’alimentation. Ils sont exprimés en
deniers, le dernier valant approximativement pour cette
époque- 2 centimes 1/42'. Un rnodius militant
(17 litres 508) de blé, de farine de millet, d’épeautrej
mondé, de fèves concassées, de lentilles, de pois con- I
cassés est estimé 100 deniers; d’orge, de seigle, de fève*
ou de pois non concassés, 60; demilletet de sorgho, -A I
d’épeautre non mondé et d’avoine, 30. Un sextamm
(0 litre 54) de vin rustique, 8 deniers ; de vin du Pieenuin
ou de la Sabine, 30 ; de Palerme vieux, 34 ; de cervoise, 4;
d’huile d’olive fine, 40. Une livre romaine (32/ gr- ‘AJ
de chair de porc, 12 deniers ; de bœuf ou de chèvre, 8 , d*
lard et de foie gras de porc, 16. Cinq artichauts se 'jn-
dront 10 deniers : quatre œufs, deux me ons, e< 11
taignes ou huit dattes, 4 deniers, etc. L’édit indique au.
le prix des bois (par exemple, pour le ch**» ,
14 coudées de longueur et 08 doigts '' ' : * ’
250 deniers), des vêtements, des chaussures,
des tapis, des chariots, etc. ée |
Les services salariés sont aussi mention.». -
d’un ouvrier agricole, d’un fonta.mer, dM ^
d’égout, 25 deniers ; d’un tailleur de pierr , i30j
sier, d’un charpentier, d’un forgeron, < 1111 6Q; j-un
d’un matelot, d’un mosaïste, d’un mar ’ ’ ' j50.'
peintre en bâtiment, 70; d un pem re leS
seront payes à la tacne,
D’autres ouvriers
S. Reinach, Rev. ardu 1901, », P-
350
_ il Suet.
337.
l'empereur Domitien, p. 153; S. Reinach, ne,. ^ pomaivs, •• P-
Caliq 49 ; cf. Dureau de la Malle, Econome ?°“9ue 303. - 19 Nola'”'
_ i» Laclant. De morte pe.rsecut. Vil, 9; IH. P- l52,' **
ment par Le Bas et Waddington, InSCrfW^Jmaltfrq des Diœbti* » ^
dernier lieu par Mommsen el Blunmer, I er . ■ . t ■i Aigira f"
gegehen iJ erMutert (1893). Un H--- " ¥g,
publié dans C Ephemeris archaiologikè, 1899 P- 141 de ,,org, Voir ^“1
donne pour la première fois 1 indication u P" #,sf. des classa »<
et de l’ieduslrie en Franee axant UU), 1. P ,,,,, DiocUtlen ■ J
et la situation monétaire de IC 1 ^ ^ __ 2i Levasseur
maximum . . . ,
chische und rômische Métrologie, -e
p. 113.
MER
MER
1775 —
. 1p9 fabricants de braies. Les maîtres de gym-
toilieurs et ■ enfant et par mois 50 deniers ; les
niisli'l1"' rcc(:' j 75 . les grammairiens et géomètres, 200;
jjgîtresdceaicu ^ ^ garcons de bain par baigneur, 2.
lei s°PhlS,Cf ’ d-' p'iocléticn échoua. 11 était impossible
ta tenta11'' « ,em reur méconnaissait les conditions
qâ’ellc " 111,1,1 échanges commerciaux; des mesures
Pssaires V nl jamais empêché le renchérissement,
coercih^ ^ l’Empire romain montre combien
L’étend110 me arbitraire et vaine ; Dioclétien pré-
cett; ®fmLer partout, à Rome, à Constantinople, a
tCn , oP en Syrie, en Bretagne, un tarif uniforme
Alexa,m ‘ ‘ i’ des denrées et des services ; mais il devait y
P°U Lssairement des différences très appréciables
TT les diverses contrées ; l’empereur n’en tenait aucun
stl° n semble bien, d’ailleurs, que la valeur des
TT et des services ait été fixée à un chiffre inferieur a
Tiialité '• Personne ne voulant plus vendre, la disette
fit sentir II fallut renoncer à cet essai malencontreux
Te réglementation, qui créait la famine au lieu d’y remé¬
dier, et rapporter l’édit2.
Plusieurs documents, d’époque postérieure, nous ren¬
seignent sur 'la valeur de différentes denrées au Bas-
Empire. Une loi du code Théodosien estime la livre de
porc a 6 folles, soit 30 centimes 3. En 367 une constitu¬
tion de Valons et de Valentinien permet aux habitants de
la Lucanie et du Bruttium, qui payaient l’impôt en nature,
de donner une amphore de vin (26 litres) à la place de
70 livres de chair de porc ou de mouton \ Ainsi 1 am¬
phore de vin vallait 420 folles, soit 21 francs, ou 80 cen¬
times le litre, ce qui est un prix moyen fort élevé pour
ce pays. En 389 une loi de Valentinien, Théodose et
Arcadius relative à la conversion en argent de la nouiii-
ture fournie en nature aux soldats [annona militarisé
fixe le maximum de 80 livres de lard, 80 livres d huile cl
12 modii de sel au taux d un solidus , cest-à-diic
15 fr. 20 s. La livre d’huile et la livre de lard étaient
donc évaluées chacune à 19 centimes, et le litre de sel à
15 centimes. En 445 Valentinien fait remise aux habitants
de la Maurétanie ravagée par les Vandales des sept hui¬
tièmes du tribut; pour l’annone à fournir en objets de
première nécessité aux soldats en marche, il estime à un
solidus le prix de quarante modii de far ou de triticum,
épeautre ou froment, de 270 livres de viande et de
200 sexlarii de vin 6.
11 faut remarquer qu’à l’époque du Bas-Empire le
numéraire était devenu rare, par suite de l’épuisement
ou de l’abandon des mines, et possédait une grande
valeur d’échange. La principale monnaie alors usitée
était l 'aureus ou solidus , d’où vient l’expression sou
dor On en taillait 72 sur une livre d’or 8. Constantin,
d est vrai, établit une autre proportion 9, mais pour un
cas tout particulier: il avait été obligé par les nécessités
de la guerre d’augmenter la valeur courante des mon¬
naies d’or en affaiblissant leur titre; comme on payait
I ^ “«Pût en espèces ou en lingots, qui étaient fondus avant
I être portés au trésor, il déclara, afin d’éviter les fraudes
| des collecteurs, que les contribuables donneraient
— 3f ) le commentaive de Blumner, Op. cit. p. 33 et suiv. — 2 Lactant, L. c.
XIV, 4, 3. - I Ibid. XIV, 4, 4. - S Ibid. VIH, 4, 17. - « Nov.
Vil h ’ l8> L — 7 Marquardt, Organis. financière, p. 30. — 8 Cod. Theod.
’ XI1> c> 13; Cod. Just. X, 70, 5, etc. - 3 Cod. Theod. XII, 7, 1.
1 " 13. — il Marquardt, Op. cit. p. 33. — 12 JVov. Valent. III, 1 4, 1 :
7 solidi d’or de Constantin, au lieu de 6, pour une once,
parce que ces sept pièces fondues ne valaient que 6 onces
d’or fin; celui qui payait en lingots devait donner
28 scrupules par once au lieu de 24, parce que 28 scru¬
pules d’or en lingot ou en poudre ne laissaient après la
fonte et l’affinage que 24 scrupules d’or fin. Cette loi de
Constantin n’a donc pas trait à la taille de la monnaie
d’or et l’on aurait tort d’en conclure, comme on 1 a fait
quelquefois, que sous ce règne on taillait à la livre
84 solidi de 24 scrupules chacun. En 367, sous Valenti¬
nien, la livre d’or donnait encore 72 solidi 10. D ailleurs,
on n’altéra pas, en général, à cette époque, le poids ni le
titre de la monnaie". Valentinien 111 lui-même en 443
proclamait ce principe : l’intégrité et l’inviolabilité du
signe favorisent le commerce et maintiennent 1 unifor¬
mité du prix de toutes les choses vénales. En même temps
cet empereur fixait la valeur du nummus de cuivre,
7 000 nummi valant un solidus d'or, et ordonnait 1 eta¬
blissement de poids normaux en cuivre12. Le rapport «le
l’or avec les autres métaux fut déterminé de telle sorte
que dans les payements publics une livre d argent valût
5 solidi, en vertu d’une constitution d’Arcadius et Hono-
rius de 397 13. Ainsi la livre d’or valait 72 divisé par u
soit 14,4 livres d’argent. Une loi d’Honorius et Théo¬
dose en 422 prescrit de donner 4 solidi pour une livre
d’argent; il y aurait donc eu une proportion de 18 à 1
entre l’argent et l’or. Mais il est très vraisemblable que
cette constitution se rapporte à un cas particulier: celui
du payement fait aux duces par les employés nommés
primipilares , sportulae gratia , lorsque ces derniers
préfèrent s’acquitter en argent. En 396, une loi d’Arca¬
dius et Honorius avait fixé à un solidus la valeur de
25 livres de cuivre13. Justinien la réduisit à 20 livres13.
Par suite de la diminution générale de la masse de
numéraire, Constantin avait interdit aux particuliers,
en 356, de fondre les monnaies ( conflare pecunias) et de
les exporter hors de l’Empire ; il faisait surveiller les
principaux ports et les stations des routes commerciales
de l’Empire par des officiales pour contrôler 1 exécution
de la loi ; il défendait même au negotialor de transporter
à dos d’animaux plus de 1000 folles pour ses dépenses,
sous peine d’exil et de confiscation ; lâchât et la \enle
des monnaies étaient prohibés : elles doivent servir aux
payements, et non pas constituer une marchandise On
sait par un autre texte que, pour empêcher la sortie des
espèces, le cornes sacrarum largitionum envoyait des
inspecteurs [curiosi] dans les ports et villes frontières 1S.
De sévères prohibitions frappaient le commerce aux
frontières de l’Empire : défense de transporter chez les
Barbares du vin, de l’huile, du liquamen des armes de
toute nature20, des pierres à aiguiser, du sel21 et surtout
de l’or22. Afin de prévenir rembarquement de ces mar¬
chandises, mercedes illicitae , les capitaines de navire
(; naucleri ) étaient tenus de déclarer en quelle province
ils se rendaient, moyennant quoi une constitution
d’Honorius et de Théodose en 420 les garantissait de tout
dommage. Un acte constatant celte déclaration et l’attes¬
tation qu’ils n’ont subi aucune exaction doit être dressé
Aeouabilitas enim pretii et commodum venditoris et omnium rerum renatium
statuta custodiet. - 13 Cod. Theod. XIII, 2, 1. - 14 Ibid. VIII, 4, 27. _ 15 Ibid.
2|( 2. _ ,G Cad. Just. X, 29, 1. — U Cod. Theod. IX, 23, 1. — '3 Ibid. VI,
«(),’ io.' — 13 Cod. Just. IV, 41, I. — 20 Ibid. IV, 41, 2. — 21 Dig. XXXIX, 4, 11.
_ 12 Cod. Just. IV, 63, 2.
MER
— 1 7 7 1 » —
devant le defensor de la cité, en présence du prolector
ou ducianus , enregistré au greffe de la ville (apud acta)
et une copie délivrée au mercator ou nauclerus1. Une
autre loi des mêmes empereurs désigne certains lieux
spéciaux pour les échanges avec les Perses, ne alieni
regni, quod non convertit , scrutentur arcana ; on fait
exception cependant pour les marchands qui accompa¬
gnent les ambassadeurs de leur pays2. En sens inverse,
on défendait l’importation dans l'Empire de la soie, si
ce n’est par l’intermédiaire du comte du commerce
[comes commerciorumJ 3, sous peine d’exil perpétuel et de
confiscation du patrimoine1. 11 était également interdit
de vendre ou d acheter en mer ou sur le rivage les denrées
destinées à l’alimentation de la capitale [canon frumen-
tarius l’rbis romae] 3 et les blés et autres produits qui
devaient être distribués aux troupes [annüna militaris] g.
L'État ne monopolisait pas seulement l’exploitation des
mines d'or [metalla], mais encore la confection et la
teinture de la pourpre, dont l’usage était réservé à la
famille impériale [monopolium] 7. Les fabriques impé¬
riales avaient aussi le monopole de la fourniture des
armes de guerre8. Pour le transport des objets fiscaux
[fiscales species), il existait aussi une corporation privi¬
légiée, celle des bastagarii 9.
Le commerce dans les deux capitales du inonde
romain, Home et Constantinople, était soumis sous le
Bas-Empire à un régime fâcheux de réglementation. A
mesure que se précipitait la décadence économique,
l'État multipliait les interventions législatives et admi¬
nistratives. Il pourvoyait directement à l’alimentation des
deux capitales, à l'aide de l’impôt en nature de certaines
provinces et des prestations imposées à certaines corpo¬
rations [annona civica, canon KRUMENTARius] . Les collèges
de marchands et d'ouvriers devenaient de véritables
rouages administratifs10. Les services que devaient à la
ville de Rome, par exemple, les membres des corporations
étaient héréditaires et pesaient sur eux comme une
charge publique 1 1 ; ils leur conféraient en revanche des pri¬
vilèges honorifiques 12 [mercator]. Une série de collèges,
ayant chacun ses attributions nettement déterminées et
son tarif spécial prescrit par l’État, approvisionnaient
Home en blé, en vin, en huile13; les édits du préfet
de la ville fixaient le prix de la viande de boucherie u.
Les distributions gratuites imposaient des services oné'
reux, rétribués à part. Ce système de réglementation à
outrance et de distributions multipliées ruinait les pro¬
vinces assujetties aux taxes, et corrompait la plèbe des
capitales sans leur donner l’abondance que leur aurait
procurée la liberté commerciale13. Seuls le commerce des
meubles et celui des objets de luxe étaient laissés à l'ini¬
tiative privée. Et encore la jalousie des corporations de
marchands de Rome, invidia tabernariorurn, obtenait-
elle parfois l’expulsion des négociants rivaux, notamment
des Grecs. Une novelle de Valentinien III en 440 permit
aux marchands grecs de s’établir dans la ville, mais en
MER
menaçant de peines sévères ceux qui n’oh
les prix fixés par l’autorité, statuta pretia
avilie tan fiait donc certaines marchandises1?’
les constitutions impériales réglaient les vL "
sénateurs, des employés [officiales) des os nls
laissaient diverses restrictions somptuaires „ 'T etélâ'
la consommation11. '1U1 Rniitaient
Dans les provinces comme dans les c-mit i
ouvriers des villes étaient organisés en cornn r ’es
quelques-unes d’entre elles devaient s’acauillo, ‘°n’ et
toirement et héréditairement de services publics • , ,
le cas notamment des cenlonarii et des dendrnl ï
[mercator]. Nul ne pouvait abandonner la iJr!T ■
laquelle le hasard de la naissance l’avait enchaîné ü *
jamais19. ‘uur
Le commerce, déjà lésé par ces restrictions qui entra
valent la production, avait à supporter en outre la ch u -'
de très lourdes contributions, encore accrues depuis les
réformes de Dioclétien et de Constantin. Les marchands
devaient être immatriculés, et payer d’après leurs béné¬
fices une taxe annuelle analogue à notre droit de patente
indépendamment du tribut qu’ils pouvaient devoir
comme propriétaires d’immeubles20 [chrysargïrum,
lustralis collatio] ; il avait succédé à l’ancien aurum
negotiatorium ; il était considérable et très impopu¬
laire ; aussi finit-on par ne l’exiger que tous les cinq ans,
après chaque lustre. Un y assujétissait même ceux qui,
sans être négociants, exerçaient en fait un commerce ou
une industrie quelconque. La loi n’admettait qu’un très
petit nombre d’exemptions, entre autres pour les labou¬
reurs qui vendaient leur récolte. Cette contribution, qui
soulevait des plaintes nombreuses, fut abolie seulement
en 501 par l’empereur Anastase21; le Code de Justinien
en suppose la suppression22.
Les réquisitions forcées [pubiicae comparât ioncs) que
les troupes de passage étaient autorisées à faire en route,
lorsque manquaient les denrées des magasins mili¬
taires23, étaient aussi une cause d’embarras et de ruine
pour le commerce.
Les droits de douane et de port s’élevaient à 8 p.lOOde
la valeur vénale des objets; il était perçu par les publi-
cains ou fermiers généraux, qui visitaient avec rigueur
marchandises et voyageurs [portorium] 2t. Tout objet uns
en vente publique était soumis à une taxe de moi c hé
[vectigal rerum venalium]28. Théodose II et \ alenlinien
avaient même établi, par une constitution dont la date
est inconnue, une taxe d’une silique par solidu s pmb 1 - 1
sur le prix de vente de tout objet mobilier ou h|in]° !
lier26. Pour percevoir cette nouvelle contribution, <-
instituait des employés spéciaux ; il ordonnait au è ^
rati des provinces ainsi qu’aux sénats des cil< ^ 1 ' ^
partout, en présence des gouverneurs, les joui a 1 1
où pourraient se faire les marchés et ventes, 1
choisissant de telle sorte que la perception s } '-1 '
plus commodément possible. Cet impôt vexaient
1 Cod. Theod. VII, IG, 3; Cod. Just. XII, 13, 1. — 2 Cod. Just. IV, G3,
4.-3 Ibid. IV, 40, 2. — 4 Ibid. IV, G3, 6. — G Ibid. IV, 40, 3. — 6 Ibid.
IV, 40, 4. — 1 Ibid. XI, 8, 5; XI, 11, 1. — 8 Nov. Just. 85. — 9 Cod. Theod.
X, 20, 4 et U. — 10 Nov. Valent. III, 15 : De corporatis urbis Romae ; Symm.
Ep. X, 34; cf. Waltzing, Etude sur les corporations professionnelles , II,
p. 19; Levasseur, Hist. des classes ouvrières et de l'industrie en France
avant 1189, I, p. 74. — H Cod. Theod. XIII, 5, 2 et 3, 19 et 20; XIV, 3, 3
et 4, 13 et 14, 21; XIV, 4, 1 et 5, 7 et 8. — 12 Symm. L. c .; Cod. Theod. XIV,
2; Cod. Just. XI, 14. — 13 Voir la liste des collèges dressée par Waltzing, Op. cit.
, p. 1 et suiv. et l'article mercator. — Edictum Api
, 1771 ; cf. .Waltzing, Op. cit. II, p. 92-96 ; III, p. 21 1.
blic et administratif romain du ivB au v.® siècle , p- -fM
17 Cod. Theod. XIV, 10 el 12; Cod. Just. XI, 19. -
19 Cod. Theod. XII, 19, I el 2 ; XIV, 7 ; Nov. Valent. III,
veri, 2 ; Cod. Just. XI, 17; cf. Waltzing, Op. cit. H, P-
). cit. I, p. 49. — 20 Cod. Theod. XII, 1, 72 ; XIII, 1*
st. XI, I. — 23 Cod. Theod. XI, 15 ; Cod. Just. X, 27.
et 8. — 25 Ditj. L, 16, 17 ; Cod. Just. XII, +7, 1.
•oniahi, Corp ■
15 Cf. SeiT.cn!, ‘ °
_ 10 Nor. Valent.»’ •
' 18 Cod. Theod. Vy-
34; Nov- Major- • • • 0
, . i c vasseur*
298 Ct n 'i-SCi
Zonar.Xl'U-
_ Cod. JuS *• 1
. 25 Nov. Theod., V. 1
MER
— 1777 —
MEK
inactions ne put se maintenir, car Justinien
gibieatix 1 *'n^‘n Cocje Une constitution de Valens et
jnsère uan^^ ^ ^ ge le Iliaintien des anciennes foires
Valentin'1'" 'R met aux particuliers d’en ouvrir de
el malClR'avec l’autorisation du prince. Cette même loi
nonvecU'l • leg marchands, notamment en leur
d!, Itnendant la foire le payement de leurs dettes
particulieies • Qr bliCj comes sacrarum largi-
ïû minisiti c ^ a
. ,vait la direction du commerce dans ses attri-
Deg aggnts répartis dans les provinces, sous le
J11'1"',1" comites commerciorum, s’occupaient des achats
T le compte de la cour, de l’importation de la soie,
I rec0uvrement des impôts qui frappaient les coud¬
ra de l’exécution des mesures relatives à la sor-
lie des espèces, etc3. 11 y avait en outre a Rome un
comte du port, comes portus, et un centenarius ou vica-
rius chargés de maintenir l’ordre et de protéger le com¬
merce à Ostie, qui était le port de Rome, ainsi que de
veiller à l’entretien du phare qui servait de fanal aux
vaisseaux h ,
Une constitution de l’empereur Zénon, adressée au
préfet du prétoire Constantin, défendit aux particuliers de
monopoliser une denrée ou une profession, même en
vertu d’une concession impériale passée ou à venir
[monopolium] ; elle interdit également toute coalition
[Ulicitis habitis conventionibus ), entre détenteurs de
marchandises, pour lixer un minimum des prix, toute
convention de ne pas achever un travail commencé par
un autre, etc.6. Les peines sévères que prononce cet
édil prouvent combien de pareils pactes étaient fréquents
à Constantinople 6.
En compensation de toutes les charges fiscales imposées
aux commerçants et de toutes les entraves mises à leurs
affaires, les empereurs leur avaient accordé la dispense
des charges municipales et du service militaire [merca-
tor]. Cela ne suffit pas à tirer le commerce de sa misère.
II périt d’abord en Occident, avant l’Empire même, et
s’amoindrit aussi en Orient, où cependant les circon¬
stances et les mœurs lui étaient plus favorables. C’est ce
quiexplique qu’on ne relève dans les recueils de Justinien
qu un très petit nombre de dispositions le concernant7.
Principaux articles de commerce. — Rome était le
centre de tout le commerce de l’Empire, le point où
affluaient les objets de nécessité et surtout de luxe que
produisait l’univers entier. Nous ne saurions donner ici
une liste complète des produits divers qu’on y importait
e toutes parts, d’autant plus que des articles spéciaux
ont été consacrés à chacun d’entre eux dans ce diction¬
naire; il suffira de réunir en un tableau les plus impor¬
tants8. (Voir page 1778.)
Marchés principaux dans les provinces; voies com¬
merciales .— L’activité commerciale de chaque province se
concentrait en certains endroits que leur situation dési¬
gnait plus spécialement ; c’est de ces marchés divers que
les produits d’exportation partaient ensuite pour se
rendre en Italie soit directement, soit par des comptoirs
intermédiaires.
Espagne. — L’Espagne était à la fois un pays produc¬
teur et un terrain de passage pour les marchandises
venues par l Océan. Celles-ci arrivaient à Gadès8, qui se
trouvait à la limite de l’Atlantique et de la Méditerranée.
De là, elles continuaient par mer jusqu à 1 Italie, ou par
terre en longeant le littoral. Une grande voie, la via
Augusta 10, que l’empereur Auguste fit réparer et conti¬
nuer, mettait en communication la côte méridionale de
l’Espagne et le nord de l’Italie par la Gaule. Elle paitait
de l’embouchure duBaetis, dontelle remontaitla vallée11,
se dirigeait parallèlement au rivage à travers les terres,
détachant des rameaux vers Tarragone elles autres ports
de la côte orientale, franchissait les Pyrénées au col de
Puycerda, puis, sous le nom de voie Domitienne et voie
Aurélienne, longeait la côte méridionale de la Gaule pour
pénétrer en Ligurie par le chemin de la Corniche. Cette
route était l’artère principale du commerce espagnol et
de celui de la Gaule méridionale avec 1 Italie
Gaule. — Un réseau routier très bien conçu reliait
pareillement par des voies commerciales les différentes
parties de cette province entre elles et avec la péninsule
italique13. Toutes les voies du sud et de l’ouest aboutis¬
saient à Bordeaux, grande place de commerce sur
l’Océan u. Une route menait de Bordeaux à la Loire et
en Belgique par Saintes, Tours et Paris ; une autre con¬
duisait à Lyon; une troisième rejoignait l’Espagne par
Dax, et une quatrième par Toulouse, traversant les
Cévennes, rejoignait le réseau de la Gaule Narbonnaise.
Celles de l’est avaient leur centre à Trêves, qui commu¬
niquait ainsi directement avec Lyon d’une part, et la
Germanie de l’autre. De Lyon partaient toutes les voies
du centre et du nord13 : celle de la Loire, celle de la
Seine, celle de la Manche qui gagnait par Reims et
Amiens le port de Boulogne 16 où venaient aboutir les
marchandises de la Grande-Bretagne; celles de Ger¬
manie, celles de la Suisse, et enfin la voie qui franchis¬
sait les Alpes Grées au col du Petit Saint-Bernard et
donnait entrée dans la Transpadane et dans la Cisalpine.
La situation de Lyon au cœur du réseau routier en avait
fait la place de commerce la plus importante de la Gaule ”,
V f -,IS< 1 ' — 2 Cassiod. Var. VI, 7.-3 JYotitia dign. éd.
y'j P 15 01 P- 152; Cad. Just. I, 52, 1 ; IV, 63, 4. — V Notifia dign.
-Vwi ■P’ Ui; CaS8iod- Var- Vl1’ 9- 23’ — 8 Cod- JusL lV> *9. *•
2(<(o /p* Op- oit. II, p. 393. _ 7 Dig. XIV, 1 (de exercitoria actione),
XXII ; jactu), 3 (de institoria actione), 4 (de tributoria actione );
„or nfl' ' t°enore); L, 1 1 (de nundinis) ; Cod. Just. IV, 33 (de nautico foe-
{^(i , ' 11 nundinis et mercationibus), 6 (de commerciis et mercatoribus) ; XI, 1
milihui) " n l ' 1 de lollenda luslralis auri collatione) ; XII, 35 (negotiatores .ne
n0lls ' :n simplifier les références qui eussent été interminables
fywevldicl, ' °I,IS. Une I'°*s l'eue toutes aux ouvrages suivants : Blümucr, Die
P,e Hau u / ^rtflkcit der Vôlker des klassischen Alterthums ; Bücliseuschülz,
o'it/Av /!(, des Geu'erb/leisses im klassischen Altertlium -, Wiskcmann, Die
Mlcrn dnn" I ^>SC^a(t und das von Thünen'sche Gesels aus den alten Schrifts-
France V '' p,.il8 e1, Bu‘v- I Pastoret, Mémoires de l’Institut royal de
drr, |()’ ' ‘ll 01 su'v> î t n, p. 125 et suiv. ; Marquardt, Vie privée, II ; Friedlau-
Blache, la car( ’"'neis (lr- Pr0> III. Voir aussi dans V Atlas général do Vidal de la
tienne. — u v | ' 1 lal économique du monde ancicu au u* siècle de l’ère chré-
III, 4, 4. — 10 Ibid. 111, 4, 9. Sur les routes et les ports de
l'Espagne à l'époque romaine, voir les articles de Blasquez daus le Hui. de la Soc.
geogr. de Madrid , t. XXXII et sniv. — « -46 Jano unde incipit Bactica ad ocea-
num ( Corp . inscr. lat. II, 4697 et suiv. ; 4920 et suiv. ; 4949 et suiv.) ; cf. Mommsen,
Bist. rom. IX, p. 93. - 12 Voir fig. 396 el C. inscr. lat. XI, 3281-3284, V Itinéraire de
Gadès à Borne, gravé sur des gobelets d'argent offerts aux dieux par des voyageurs
espagnols et retrouvés à Vicareilo ; les distances y sont indiquées en milles romains.
— 13 Desjardins, Géogr. de la Gaule romaine, IV, p. 164 et suiv.; Pigeonneau,
Hist. du commerce de la France, I, p. 25 et suiv. ; Jullian, Gallia, p. 130 j Bloch,
dans VHist. de France de Lavisse, I, p. 427. — H Strab. IV, 2, 1 ; cf. Jullian, Ins¬
cript. de Bordeaux. — 13 Strab. IV, 6, 11. — Pigeonneau, Op. cit. p. 38; Hai-
gneré, Études d’histoire et de bibliographie, il» 4, Portus /tins ; Hamy, Boulogne
dans l’antiquité ; Jullian, Gallia, p. 286. Quand les marchands bretons ne passaient
pas par Boulogne, ils allaient à Rouen ou à Nantes pour suivre le cours de la Seine
ou de la Loire; cf. Pigeonneau, Ibid. p. 37 et 38. — 17 Hirschfcld, Lyon in der
Bômerzeit; AUmcr ctDissard, Trion et aussi M usée de Lyon, Inscr. antiques-, Bazin,
Vienne et Lyon gallo-romaines , p. 255 et suiv. ; Corp. inscr. lat. XIII, p. 248 et
suiv. ; Bloch, Bist. de France de Lavisse, I, p. 351 ; Jullian, Gallia, p. 267 et suiv.
Pigeonneau, Op. cit. p. 26.
MER
1778 —
Cappadoce |
OBJETS
I)E
CONSOMMATION.
Tissus,
ÉTOFFES,
VÊTEMENTS.
MATIÈRES
P R E M 1 ÈRES
BRUTES
OU OUVRÉES.
OBJETS
DE LUXE.
Italie . . . .1
Bestiaux (Apulie.
Brullium, Cala¬
bre, Campanie,
elc.).
Blés.
Huiles (de Véna-
fre, de Campa-
ie).
v’ins(Falerne, Mas¬
sique, Cécube,
etc.).
Tissus de lin.
Draps.
Laines.
Bois.
Bijoux (d’Étruric).
Bronzes (ld. ).
Chevaux.
Parfums (de Cam-
panie).
Poteries.
Soufre (de Na¬
ples).
Safran (de Ta-
rente).
Sicile . | Blé.
Tissus.
Cuirs.
Chevaux.
Malte . »
Cotonnades.
»
»
Jardaigne. 1 Blé.
»
»
»
Espagne. .-
(Artichauts (de
Cordoue).
Blé.
Jambons (de Gal-
! licie).
iGarum.
'Huîtres.
Vins.
Huile (de Merida).
Miel.
Toiles.
Draps et tissus de
laine fins (de
Cordoue, de Tur-
détanie, de Lusi¬
tanie).
Cire.
Cuirs.
Fers et aciers (de
Bilbilis, de To-
lède,de Turiaso).
Cuivre.
Étain.
Argile.
Minium.
Chevaux.
, F' roulages.
[ Huîtres (de Bor-
1 deaux).
Gaule .... Muria (d’Antibes).
1 Salaisons.
Vins.
Toiles (des Cardu-
ques, des Bilu-
riges, des Ku
tènes, etc.).
Draps (des Atré-
bates, des Fan-
tons, etc.),
Cuirs.
Cuivres trempés.
Bijoux.
Poteries.
Verreries.
Chevaux.
Bretagne .
Blé.
Huîtres.
Jambons.
Tissus.
Cuirs.
Métaux (étain et
plomb).
Chiens (d’Écossc).
Germanie.
Tissus.
Fers ouvrés.
Cuirs.
Ambre.
Plumes.
Esclaves.
Sangliers.
[llyricum .
/Bestiaux.
^ 11 ui le.
(Muria.
fVius (de Dalma-
tie).
Tissus (de Spa
lato, d’Hlyrie, de
Noricum).
Teintures (de Sa-
lona).
Peaux.
Fers et aciers.
Parfums.
Esclaves.
Thrace
it Scythie.
Blé.
Muria(de Byzance)
Vins.
*ï»
»
Emeraudes.
Blé (de Béotie).
Huile(de Sicyone).
Miel (de l’Hy-
melle, des Spo-
rades).
Vin (Argos, Si¬
cyone, Cos,
Chios, Lesbos).
Chaussures (de
Thcssalie).
Étoffes légères
(byssus).
Étoffes brochées
d’or.
Tissus (de Lacé¬
démone).
Airain (de Co¬
rinthe).
Marbre (Penlé-
lique , Paros ,
Chios).
Maroquins (de La¬
conie).
Laines (d’Attique,
de Mégare, de
Laconie).
Blanc de céruse
(de Rhodes).
Parfums : iris
(de Corinthe);
myrrhe (de Béo-
|
\
tic).
Pourpre (de La¬
conie).
Chevaux.
Asie ^
Mineure. ^
\
Figues (de Carie).
Garum (de Clazo-
mènes).
Vins (de Lamp-
saque, de Cv-
zique, de Per-
game,de Smyrne,
de Clazomènes,
etc.).
Cotonnades.
Etoffes brochées.
Tissus divers.
Bois (du mont Ida).
Cinabre (d'E-
phèse).
Laine (de Milet et
de Laodicée).
Marbre.
Parchemin (de
Pergamc).
Corail.
Encens.
Esclaves.
Gomme.
Parfums.
Pierres pré-
cieuses.
Poteries (de
Tralles).
^afran(duTmolus)
(Fromages.
Bithynie . '.Vin (de Nicomé-
( die).
»
>'
P
éCastoreum (li-
Pont . hUrr)-
iMiel.
(Salaisons.
Tapis.
Alun.
lire.
terres pré¬
cieuses.
Cermillou (de Si*
nope).
OMETS
DE
CONSOMMATION.
Pisidie . . . j
Lycie et (Jambons
Cilicie
Chypre .
Vins.
Figues sèches.
Colchide. .
Parthie
de. . . |
Perse
Assyrie. . . )
Mésopotamie..!
Syrie et
Phénicie.
I Damas).
! Vins (de Byblos,
de Sure
Damas).
\
/Vins (de Pélra).
Arabie ,
1
Inde
Chine . .
I Blé.
1 Lentilles.
ISalai'Oiis.
IVins.
Égypte.
Cuéoaïque .
Afrique
/Artichauts
Carthage).
[Blé.
IDattes.
IGarum (de
lis.
llluilc.
(de
Lcp-
TISSUS,
ÉTOFFES,
VÊTEMENTS.
MATIÈRES
PREMIÈRES
brutes
OU OUVRÉES.
" 4
- - -
Cuirs.
'■aine (de Selgé).
Tissus.
Maroquins.
»
Cuirs.
Toile (de Tarse)
Souliersdefcutre
Lia.
Etoiles brochées.
Cuivre.
RloflVs de lin.
Fer(desClialybcs).
Laine (des C0-
raxes).
»
Maroquins (rou¬
ges).
Chaussures.
Tissus.
»
Tissus de soie.
Maroquins (de Ba-
bylone).
Tissus de lin.
Tissus riches.
Étoffes brochées
Maroquins (de
Phénicie).
Cèdre (Bois de).
»
»
Colonnades.
Fourrures.
Soieries.
Soie.
Coton uades.
Toiles.
Étoffes brochées.
Tapis.
Amidou.
Lin.
»
.
Tissus (de lin).
Cuir.
!,aine.
Lin.
voire,
d arbre,
iponges.
'ourpre (de Mc-
ninx, de Mauré¬
tanie).
Tuya (de Mauré¬
tanie).
ODJETs
bE LU\E.
Safran.
Parfums
Tarse).
Pourpre.
Parfums.
Esclaves.
(do
Fauves.
Parfums.
Fauves.
Bilumc (de Judée)
Cèdre (Huile de),
Encens.
Esclaves.
Parfums,
Pourpre (de Tyr
de Sarapla).
Pierres pré
cieuses.
Verrerie (de Si
don).
Encens.
Myrrhe.
Épices.
Pierres pré
cieuses.
Cinnamc.
Épices.
Encens.
Parfums.
Myrrhe.
cieuses.
cieuses.
Parfums (»‘l
pliium)-
Bélcs
snuvag1
(éléphant,
truclie ,
onagre).
lion
MER
— 1779 —
MER
d'autant plus q>ie
par le Rhône elle était en communi¬
cation
directe avec la
mer. Venait ensuite la ville d’Arles,
i et nœud des routes terrestres de la vallée
nrf mari tune
PÜ1 ■ mise par là même en relation immédiate avec
llll"|1'1 iiïtaüe d’une part, d’autre part avec la Ligurie
^ Domitienne et la voie Aurélienne, avec Lyon
i remontait la r i ve gauche du Rhône et avec
,ar ia voie
la route qu
P;
K iaine par la voie dont il a été question plus haut,
n i varies, il faut encore citer comme port important
la Méditerranée, Narbonne, située sur un bras de
l’Aude, qui avait accès au Rhône par les étangs2.
Ces moyens de communication eussent été singulière¬
ment améliorés encore, si l’on eût réussi à les doubler
•u- des canaux destinés à réunir l’une à l’autre les diffé¬
rentes voies fluviales. Tels qu’ils étaient, ils ont permis
d’apporter régulièrement à Rome tous les produits de la
Bretagne (l’étain en première ligne) 3, de la Germanie 4 et
des trois Gaules 5.
Pays Danubiens. — A l’est, l'Italie était en communi¬
cation avec les pays Danubiens par Aquilée6, où conver¬
geaient toutes les routes venant de l’Illyricum7. Par le
mont Ocra* le point le plus bas des Alpes orientales, on
voitura.it les marchandises d’Aquilée à Nauportus, sur
la Laibach d’où elles descendaient jusqu'à l’ister, pour
se répandre en Pannonie ou chez les Taurisques8. C’est
parla que Rome livrait aux Barbares du vin, des salai¬
sons, de l’huile, par là que lui arrivaient les esclaves,
les bestiaux, les pelleteries, le fer du Norique et l’ambre
des bords delà Baltique 9.
Bosphore. — Les relations avec le Bosphore avaient
une certaine importance. Les grands entrepôts de ce
côté étaient Tanaïs, à l’embouchure du Don, et les deux
villes voisines de Panticapée et de Phanagorie. Tanaïs
servait d’emporium commun aux nomades de l’Europe
et de l’Asie, et aux Grecs du Bosphore, qui traversaient
le Palus Méotide pour s’y rendre. Les premiers y appor¬
taient des esclaves et des pelleteries, les seconds des
tissus et du vin qui trouvaient à s’y échanger avanta¬
geusement10. Panticapée et Phanagorie, qui n’étaient
séparées que par l’embouchure du Maeotis11, se complé¬
taient l’une l’autre; les denrées provenant du Palus
Méotide et des pays barbares arrivaient à la seconde
GHe, la première recevait les marchandises venues du
Pont-Euxin12.
(ii'cce. — Par contre, le commerce de la Grèce était
tien déchu de son ancienne activité. Depuis que Rhodes
et brios avaient cessé d’être les étapes commerciales
enlre 1 Asie et l’Europe, les produits de l’Orient se diri¬
geaient directement vers l’Italie ; cette, révolution avait
P01 té un grand préjudice à la prospérité des affaires. Il
O '0,iil plus guère de vitalité que dans la ville de
v^.l,ie ; ses deux ports, tournés l’un vers l’Asie, l’autre
IS‘ Italie, lui assuraient une situation particulièrement
^ Ce '
p. 288 c/ ,."SC’ ' ^ ’ XII, P- 83; Bloch, Op. cit. p. 338 ; Jullian, Op. cit.
I, ,e/UlïV Pigeonneau’ °P- cit. p. 35. — 2 Diodor. V, 38,5; Slrab. IV,
Essai sur'ri "lSC’ ' t,lt' Xl1’ P‘ 521 I Pigeonneau, Op. cil. p. 34 ; C. Port,
S ; cf q "Stoire du commerce maritime de Narbonne , 1854. — 3 Strab. IV, 2,
h ,Yi„e, '' !"SCI ‘ ^H. Sur les roules romaines do Bretagne, voir Paley, dans
Schneider Di XLIV, 1898, p. 840. — 4 Pigeonneau, Op. cit. p. 37; cf.
tm deutschen ri^en ^,er un<^ Elandelswege der Germanen Borner und Franken
textes réunis H 6 ®ur le commerce en Gaule à l'époque romaine, voir les
st du comi) ' "mnicnU'S par Fagniez, Documents relatifs à l'histoire de l'industrie
V, 1,8 çor /" 1 >ance, I, p. 1-41 ; cf. Desjardins, Op. cit. I, p. 409. — 6 Strab.
I. c. _ b p,;,' ,n°a'' lat ' !l1’ P- 83- — 1 Strab. IV, 6, 10; VII, 5, 2. — 8 Strab.
rfer G/-iec/ze,i ^ na*‘ X X X Y 1 1 , 45 ; cf. J. N. v. Sadowski, Die Handelsstrasscn
'<d ItOmer durch das Flussgebiet der Oder, Weichsel, des Dniepr
favorable que rien ne pouvait ruiner13. On (avait même
projeté, pour abréger le voyage de la mer Égée à la mer
Ionienne, de percer l’isthme ; César en avait eu l’idée;
l’œuvre fut commencée par Caligula, reprise par Néron
et finalement laissée en suspens14. On dut continuer,
comme par le passé, à transborder les marchandises d'un
rivage à l’autre.
Asie Mineure. — La prospérité de l’Asie Mineure venait
en grande partie de son commerce ; celui-ci vivait surtout
de la production locale, des laines et des étoffes tissées
d’Angora, des broderies d'or d’Attale, des draps de
Laodicée. L’Asie recevait aussi d’Orient, en transit,
différents articles, entre auLres un grand nombre d'es¬
claves amenés par les marchands galales 15. Cependant
le grand mouvement d’exportation et d'importation ne
passait pas par là. Le premier port de la province était
Éphèse, entrepôt général des marchandises d'Italie et de
Grèce10. Strabon la nomme la place de commerce la plus
importante de toute l’Asie en deçà du Taurus17, malgré
les bas-fonds qui obstruaient l’entrée du port18.
Syrie. — La Syrie occupe, avec l’Égypte, la première
place dans l’histoire économique de l’empire romain.
Tout d’abord un grand nombre d’industries importantes
pour l’exportation étaient en honneur dans le pays, telles
que celles de la toile, de la pourpre, de la soie, du verre.
Laodicia, Byblus , Tyrus , Berytus linteamen omni orbi
terrarum emittunt , dit un géographe ancien19. Tyr est
aussi célèbre par sa pourpre20, que certaines villes du
voisinage comme Sarepta, Césarée, Néapolis de Pales¬
tine et Lydda produisaient également sous le Bas-Empire;
on y travaillait en outre, ainsi qu’à Béryte, la soie
brute21 ; Sidon était surtout renommée par ses ver¬
reries 22. Tout cela était fort recherché en Italie, et la
plus grande activité régnait dans les ports de la côte
syrienne, Tyr, Sidon, Laodicée, Gaza23. C’est que, non
contents de vendre leurs marchandises aux étrangers qui
venaient les chercher, les Syriens n’hésitaient pas à les
leur porter eux-mêmes; les capitaines de vaisseaux consti¬
tuaient dans le pays une classe puissante24, et il n’est
pas de ville commerçante de l’Orient ou de l’Occident où
l’on ne trouve établis des Syriens, « à Salonae en Dalma-
tie, à Apulum en Dacie, à Malacca eu Espagne, principa¬
lement en Gaule et en Germanie, par exemple à Bordeaux,
à Lyon, à Paris, à Orléans, à Trêves23 ». On sait que dans
ces villes ils possédaient des comptoirs (stationes) qui
avaient à la fois pour but de faciliter les opérations com¬
merciales de leurs compatriotes et de propager le culte
des divinités syriennes en pays étranger20.
Mais ce qui faisait surtout la fortune du commerce
syrien, c’était la masse des marchandises qui se diri¬
geaient d'Orient en Occident par les roules de l’Euphrate.
Deux itinéraires différents étaient suivis par les mar¬
chands qui allaient chercher par terre dans l’extrême
und Niémen ; Ilelbig, Osscrvacioni sopra il commercio dell’ ambra (Acad, dei
Lincei, scr. III, t. 1, 1877). — 10 Slrab. XI, 2, 4. — H Ibid. VII, 3, 18. En hiver ce
canal était gelé et les chariots le traversaient sur la glace. — 12 Ibid. XI, 2, 10 ; cf.
Preller, Ueber die Dedeutung des scliwarzen Mceres für den Handel und Verkehr
der altcn Welt, dans scs Ausgewâhlte Aussâtze, p. 441. — 13 Slrab. VIII, 6, 20.
— 14 Sucl. Ner. 19 ; Dio Cass. LXI1I, 16 ; Pliu. IV, 10. — 15 Mommsen, Hist. rom.
X, p. 142, d'après Ammicn, XXII, 7, 8, et Claudicn, In Eutrop. I, 59. — 16 Strab. XII,
8, 15. — u Ibid. XIV, 1, 24. — 18 Cf. Falkener, Epliesus, p. 126 et suiv.
— 19 Totius orbis descriptio, dans Kiese, Geogr. lat. min. p. 110, 3t. — 20 Strab.
XVI, 2, 23. — 21 Procop. Hist. arc. 23, éd. Dindorf, III, 140. — 22 Ibid. 2, 25;
Plin. Hist. nat. XXXVI, 26. — 23 Ibid. XVI, 2, 9-31. — 24 Corp. inscr. gr. 4736A.
— 26 Mommsen, Hist. rom. XI, p. 30 c suiv. avec les notes. — 26 Mommsen, L. c.
p. 30, note 2; cf. Canlarelli, Bull, comun. 1900, p. 124 et suiv.
MER
— 1780 —
Orient les denrées de luxe et surtout la soie fréquentées
depuis une époque fort reculée, ces voies étaient encore
utilisées presque exclusivement au icr et au n° siècle de
notre ère La plus septentrionale partait de la mer
Noire, suivait le Phase jusqu’à Sarapane, gagnait par
terre le Cyrus, descendait ce fleuve jusqu’à la mer
Caspienne ; après l’avoir traversée, les voyageurs
remontaient l’Oxus jusqu’à la rivière Icare et pénétraient
enfin dans la Bactriane 3. Une autre route, plus au sud,
sortant de la Mésopotamie, se dirigeait vers le nord pour
éviter le désert situé entre la Perse et la Médie, passait
par Ecbatane, Rhagae, le délilé des portes Caspiennes, et
aboutissait soit à Hécatompyle (aujourd’hui Damegan)
dans la Parthie, soit dans l’Asie par Alexandrie (ïïérat),
soit dans la Drangiane par Prophtasie (Zarang). Au delà,
à l’entrée du Caboul, se trouvait Ortospana, où se croi¬
saient les caravanes venant de Bactres (Balk) et celles qui,
traversant le fleuve Choès, venaient de l’Inde par Taxila L
Ces deux grandes voies commerciales aboutissaient dans
une région où se concentrait le commerce avec la Sérique.
De là on pouvait entrer en relations avec l’extrême
Orient. La première étape vers l’Asie centrale était, sui¬
vant Ptolémée 3, le lieu nommé la Tour de pierre, qui exis¬
terait encore, dit-on, sous le nom de Chasotoun 6. « C’est
la que convergeaient toutes les caravanes parties de la
Bactriane et. de l'Inde, pour les pays situés au delà du
désert de Cobi, et connus sous le nom général de Sérique.
A quelques journées de la Tour de pierre était une station
au passage des monts Imaüs (le Belour actuel); là les
caravanes se réunissaient afin de se prêter un secours
réciproque dans la traversée du désert qu’infestaient des
tribus nomades et rapaces. En sortant de ces gorges, elles
entraient dans le Kachgar et se dirigeaient à travers la
petite Boukharie, en visitant Aksou et Khotan (Casia et
Auxaxia de Ptolémée), jusqu’à Sera-Metropolis (Kan-
Tcheou), dernière étape connue de cet itinéraire7. »
De toutes façons, pour passer des régions d’extrême
Orient sur le sol romain, il était nécessaire de traverser
le pays des Parthes : or ceux-ci faisaient pour eux-mêmes
le commerce des denrées de luxe, surtout de la soie, et
ils avaient tout intérêt à empêcher les relations immé¬
diates entre l'empire romain et les pays orientaux ;
d’ailleurs l’état intérieur très troublé du royaume parthe
et son hostilité permanente contre Rome empêchaient
l’établissement de relations commerciales courantes. Pour
remédier à cet état de choses, on s’avisa au n° siècle
d’établir des communications directes avec l’extrême
Orient. La guerre qui avait éclaté en 1G2 avec les Parthes
et qui dura quatre ans, le pillage de Séleucie et de Cési-
plion, étapes importantes du transit, la peste qui désola
1 Montesquieu, Esprit des lois , XXI, 1 G ; Pardessus, Mémoire sur le commerce de
la soie chez les Anciens (, Mém . de l’Acad. des Inscr. XV, p. 1 ) ; Pariset, Uist. de la
soie ; T. Yosbida, Entwickelung des Seidenhandels von Alterthum bis zum Ausgang
des Miltclalters ; Vidal de la Blaclie, Comptes rendus de /’ Acad, des Inscr. 1896, p.
474. — 2 f)e Guignes, Réflexions générales sur les liaisons cl le commerce des
Romains avec les Tartares et les Chinois {Mém. de l' Acad. roy. des Inscr. XXXH,
p. 355); Reinaud, Relations politiques et commerciales de l’Empire romain avec
l'Asie orientale pendant les cinq premiers siècles du christianisme (extrait du
Journal asiatique) ; Journal of royal asiat. Society of Great Rritain , XIX, p. 298 ;
XX, p. 2, 269; Richthofen, China, I, p. 5J2; Hirt, China and the roman Orient ;
Berlioux, Bull, de la Soc. de géogr. de Lyon , 1898, p. 5. — 3 Strab. XI, 7, 3;
Plin. Hist. nat. VI, 52. — 4 Sur celle route, cf. Strab. XI, 8, 9 ; 9, 1 ; XV, 2, 8 ;
Ritter, Erdkunde , VIII, p. 693. — 5 ptol. VI, 13. — 6 Pariset, Hist. de la
soie , p. 104, note 2. — 7 Pariset, Op. cit. p. 105. — 8 Sur cette expédition com¬
merciale, que les auteurs chinois représentent comme une ambassade, voir Vidal de
la Blache, Note sur l'origine du commerce de la soie par voie de mer ( Comptes
MER
ensuite l’Asie, obligèrent à prendre
mesures. Alors les négociants
de
_ ^ • g nouvelleg
la Blachc, peut-être aussi les maisons"1/' de
syriennes, résolurent d’aller chercher e C°mmorc«
mer les matières premières dont ils vivaient '"/S par
du commerce grec se risquèrent pour
les délégUég
jusqu’au Tonkin'. Ceux qui nevouldent fois
loin S fi P.nntPntm’ûnl 1 r. « U ^ i i
loin se contentaient d’acheter les" soieUes^r 'ïîUSSi
elles arrivaient, aisément. « Il existai! * 1 ' lldeoù
dentale de la Chine et sur les confins d/déserTdef 'h-'
un grand marché de produits chinois demandé, , ’
caravanes de l’Occident. De là, les marchandises E
transportées à travers la petite Boukharie vers la «
triane, puis voiturées vers Barygaza ou amenées JT
sur le Gange 9. Une fois arrivées dans l’Inde, Illcs/
trouvaient dans les mêmes conditions que les marclm
dises indigènes. Les unes et les autres n’étaient plus dans
intérieur de l’Inde comme dans le reste de l'Orient
répandues par l’entremise des caravanes10, parce rmè
les routes étaient belles, sûres et praticables aux chariots
Les pèlerinages vers les villes saintes comme Ozène
(Oudjei n) etTazara (l’ancien Deoghir), citées parle Périple,
devenaient 1 occasion de marchés où le commerce se liait
à la dévotion. Ainsi se fondaient des entrepôts dans
certaines villes du centre; les marchands du Guzerat et
du Malabar venaient s’y approvisionner des produits
recherchés par le luxe des Occidentaux, puis retournaient
en trafiquer dans les ports que fréquentaient les navires
arabes et égyptiens. Les principaux marchés maritimes
oii se débitaient les soieries étaient, au dire du Périple ,
le port de Minnagara (Al-Mansoura), situé à l’embou¬
chure de l’Indus, et celui de Barygaza (Beroak) situé
dans le golfe de Cambaye 11 . Il faut sans doute y joindre
le port de Muziris (Mangalore) situé dans la Limyrique12,
et l’une des échelles les plus importantes de la côte de
Malabar au Ier siècle13. »
De ces différents ports, les navires qui ne se dirigeaient
pas vers l'Egypte par le golfe Arabique, gagnaient le
golfe Persique au fond duquel était situé l'emporium de
Charax u, à l’embouchure du Tigre. Douze milles plus
haut se trouvait la ville de Forath, sur le bord du Pasi-
tigris : c’était le point de départ des caravanes 1,1 qui,
traversant la Syrie, se rendaient à un port d’embarque¬
ment de la Méditerranée. Un des principaux entrepôts del
transit était Pétra, capitale des Nabatéens et Fie de
deux routes, l’une qui débouchait sur la mer a mmi,
l’autre qui remontait vers Palrnyre 1 Palmyre, belle etl
grande cité, établie à mi-chemin entre la vallce de 1 lui
phrate et la Méditerranée, occupe, plus encore que 1 1 lia,j
une place importante dans l’histoire des roules n"nmer |
rendus de l' Acad, des Inscr. 1897, p. 520 cl suiv.). — 11 Peripl. ma‘ ■ n
cct ouvrage voir l’édition récente de B. Fabricius, Dcr Périples <<s fîrijthrêc
Meeres von einem Unhekannten ; Reinaud, Mémoire sur le péi iph 1 ■wiüiqut&t
{Mém. de Y Acad, des Inscr. XXIV, 2, 225 et suiv.). - 10 Heeren,;/ ^
du commerce des peuples de l'antiquité (trad. fr.), III, P- 403 cl /Sn.n. ■ ,rai,yi des alh'n
dische Alterthumskunde , III, p. 82 ; Bohlen, Ueber IJandel uni s< ^ j0iigsbergt
Indiens , dans les Histor. litterar. Abhandl. der deutsch Gesi ^ Hist.nti.
I, p. 102. — H Peripl. mar. Eryth. 39. — 12 Ibid. 49 et 6*. avec l'Inde
VI, 104. — 14 Pariset, Op. cit. p. 114 et suiv. Sur les relations t ^ rjnl|)0r.
sous l’Empire, voir aussi Mommsen, Hist. rom. XI, p- -47 et suiv. ^ assurer la
lance de ce port elles efforts que firent toujours les Romains po ^ (g4;
jouissance, cf. Saint-Martin, Recherches sur la Mésènc et lu l 1 ^ r)Jéin. de
naud, Sur le commencement et la fin de la Mésène et de la h ^"" aC ^ ^ gijr je conip*
cad. des Inscr. XXIV, 2, p. 155 et suiv.) ; Plin. Hist. nat. • ^ ^ p.flel
loir de Charax, cf. de Vogue cl Waddington, Mél. de numls™pUf j~sl nat. V I, !**•
suiv. — 1° Et. Quatrcmère, Mém. sur les Nabatéens. ^
MER
- 1 781
MER
centre de cara-
ince; elle a servi
in'' r ,f,t pendant toute la durée de son existence, entre
enl11*".’ , jes parthes *• Non seulement elle coramu-
](i ja Syrie. Elle constituait le <
cill,eS "'.a; considérable de la provir
vanes i .
d’e _ t
IeS l( "i'i"'ivee Pétra, mais elle était reliée directement au
""r'persique. La route, partant des comptoirs de
fhnx et de Forath, passait par Vologesia sur l’Eu-
l'ni! 2 son prolongement gagnait Damas 3, et de là
}U' n0rts’ de la côte, Tyr et Sidon. De Palmyre partaient
f intervalles fixes des caravanes dans les deux sens.
QY-hirnt des entreprises commerciales fortement orga¬
nises par des associations puissantes : celles-ci avaient
■■/leur tète des hommes considérables dans la cité,
descendant de vieilles familles, très riches, et dont
quelques-uns arrivaient même à l’ordre équestre 4.
Tonies les roules qui aboutissaient à Palmyre furent,
au u° siècle, gardées par une suite de fortins qui les
défendaient contre les attaques des Arabes et assuraient
les communications s. L’activité des transactions qui s’y
opéraient nous est nettement indiquée par le tarif d’octroi
que l’on a découvert il y a quelques années à Palmyre et
qui remonte à l’année 137 de notre ère 6.
La ville de Bostra, située à mi-chemin de Palmyre et de
Pétra, servait, elle aussi, de centre de transit pour les
marchandises orientales L Sa longue rangée de boutiques
de pierre, qui subsiste encore au milieu des solitudes,
atteste le rôle commercial qu’elle a joué autrefois. Une
route y conduisait directement du golfe Persique par
Ezrâk et Salchat. Par là, comme par Pétra et Palmyre, les
marchandises de l’extrême Orient et de l’Inde pouvaient
parvenir aux ports d’embarquement de la côte.
Slrabon indique encore une autre voie de communi¬
cation entre la Syrie du Nord et la vallée de l’Euphrate 8.
Elle passait par Anthémusie où l’on traversait l’Euphrate,
non loin de Bambycé, coupait le désert des Arabes Scé-
nites dans la direction de la frontière babylonienne et
atteignait la ville de Scenae qui était à 18 stades de Séleu-
cie. « Dans le trajet, dit Strabon, on rencontre des hôtel¬
leries tenues par des chameliers et toujours bien pourvues
deau. 1ms Scénites n’inquiètent pas les marchands, qui
le savent et qui s’engagent hardiment dans le désert. »
Arabie. — L’Arabie est un des foyers les plus anciens
du commerce par terre comme par mer; ses productions :
encens, pierres précieuses, gomme, aloès, séné, myrrhe,
Udees de toute sorle, ont toujours été très recherchées 9;
cl de plus, les habitants du pays possédaient essentielle-
uii nt le tempérament commerçant l0. Par des routes de
eil( i suivies de toute antiquité, ils amenaient leurs pro-
,l la côte, en traversant le désert, jusqu’aux
comptoirs du golfe Arabique, Aelanaet Leukê-Cornê, d’où
l’on gagnait les entrepôts de Pétra etde Gaza". Pline nous
apprend que les transports de la côte arabique à Gaza
étaient fort dispendieux à cause des frais de route de
toute sorle qu’on avait à solder (droits de pâturage,
eau, caravansérails, redevances aux prêtres et aux scribes
royaux, gardes, serviteurs, etc.) ‘2. On pouvait employer
aussi le transport par eau. Il suffisait aux caravanes de
gagner Aden; là les marchands prenaient la mer et
remontaient par le golfe Arabique jusqu’aux ports d’où
elles gagnaient les marchés de Syrie ou d’Égvpte ,3.
Un autre comptoir non moins important qu’Aden et
qui, comme lui, servait d’étape pour les relations entre
l'Inde et l’Europe, était Mouza, à l’entrée du golfe
Arabique14. Les habitants de cette ville, hardis marins,
poussaient jusqu’à Barygaza, échangeant les produits de
la Syrie et de l’Italie contre les denrées orientales.
L’encens, en particulier, qui se cultivait surtout sur la
côte méridionale de l’Arabie et jusqu’à la pointe des
Aromates, était apporté par les marchands de Mouza pour
se répandre ensuite dans tout te monde 15.
Egypte. — Mais ce n’est pas vers la Syrie que se diri¬
geaient la plupart des marchandises qui entraient dans
le golfe Arabique : la côte égyptienne leur offrait plus
d’avantages et l’on préférait à la longue route de terre
vers Pétra, la route fluviale plus aisée vers Alexandrie.
Sur la mer Rouge iC, deux ports surtout s’offraient au
commerce11. Le premier, Bérénice, n’était pas loin 18 ; les
navires y déchargeaient leur cargaison et allaient
mouiller ailleurs; aussi les marchands abordaient-ils
plutôt à celui de Myos-Hormos, situé plus au nord; les
auteurs le signalent comme le premier port de l’Égypte19;
il a près de deux lieues d’étendue et est fermé du côté
de la pleine mer par deux grandes îles basses et par un
ilôt beaucoup plus élevé. Il devint à l'époque romaine
le rendez-vous des négociants de tous les pays20. De
Myos-Hormos les colis étaient chargés à dos de chameau
et portés à travers le désert qui sépare la mer Rouge du
Nii jusqu’à Coplos21, où aboutissait aussi une route de
caravane venant de Bérénice22 : la ville de Coptos était,
au dire de Pline, indicarum arabicarumque mercium
Nilo proximum emporium2* . Le même auteur nous
apprend que le chemin était divisé par des caravansé¬
rails munis de réserves d’eau, ce que confirment et le
témoignage d’autres auteurs 24 et une inscription trouvée
à Coptos même2'. Cet entrepôt était à six ou sept jours
de marche de Myos-Hormos, à onze jours de Bérénice ; il
resta pendant toute l’époque impériale le nœud des
communications entre le Nil et la mer Rouge. Quant au
diL!!,"m''r°n’ °P' CiL X’ 277‘ - 2 Plin- /IisL nat- VI< lis= Wa<
ticinann ' _ î cf. Hoeren, De commerçais urbis Palmyr
Politii'i, rT "rbUm dans Comment. Societ. Goetling. II (1832),
-.3 Kacluu commerce ^cs peuples de l’antiquité , II, p. 141 et su
- 6 \Va,'| i" *',Se Syrien’ ,8S:!- P- 23 et suiv. — 4 Waddington, 2600 el sui
Tiachonni “’94, --70, 2271, 2280, 2371 ; cf. Wetzstein, Jleise in den beid
Voguii, luscr" lf’da"S. Ia Zeitschrift fil’’ allgem. Erkunde, 1859-1861. — 6 1
lin. je itil ’ mJr*’nwnnes inédites ; un tarif sous l'Empire romain ; R. Cagm
l‘uhn\jra ,,, "':l’ ' P' 133 ; Dossau, Hernies , XIX, p. 486 et suiv.; Lasarei
Hitler, Erdhn T c^aeo^ Untersuchung. — 7 Mommsen, Hist. rom. XI, p. 5
S„i,_8s,a,'"xX'' 01 Sll'v.; Pauly-Wissowa, Realencyclop. Il, p. 789
; sur l,.s ; *’ — 9 Pauly-Wissowa, Realencyclop. II, p. 334
suiv. _ ]q ^ a*'°ns commerciales de l’Arabie avec les pays voisins, Ibid. 337
-Il Strab. XVI XVI’ 4’ 22 Ct 23 ’ Plin- Bist- nat- vl> lti2; Amrn. XIV, 8,
63. ij i-, 18 el 24 ; Peripl. mar. Eryth. 19. — 1- Hist. nut. X
tuent tntfic,, \ """ \ ^rDth. 26. — 14 Pline dit de ce port (Hist. nat. VI, 104
fores, niais non Petit, nec nisi thuris odorumque arabicorum merc
ni du Périple de la nier Érythrée (21) nous apprend le contrair
l.a prospérité de Mouza est donc postérieure à Pline et remonte à la lin du i'r siècle
(cf. sur la date du Périple, Geogr. graec. min. éd. Muller, I, p. 90, 168, el Glaser,
Ausland , 1891, p. 45 et suiv.). — 13 Peripl. mar. Eryth. 16, 21 et 24; cf. Ptolem.
VI, 77 et Plin. VI, 104. — • **> Lieblcin, Handel und Schiffahrt auf dem rothen
Afeere im Alterthumer. — >7 Peripl. mar. Eryth. 1. — 18 Slrab. XVII, I, 45 , Plin.
Hist. nat. VI, 103. Sur Bérénice, cf. Pauly-Wissowa, Realencyclop. III, 281.
— 19 Slrab. XVI, 4, 5 ; Peripl. L. c. ; cf. au sujet de ce port, Wilkinson, Journ. of
tlic geogr. Soc. of London, 11, 1832, p. 50 ; Rozière, daus la Descr. de V Égypte, VI,
p. 346 et Muller, Geogr. min. I, p. 167 (note) ; Lelronnc, Rec. des inscr. de l’Égypte,
I, p. 176 et suiv. — 20 C’est de Bérénice et de Myos-Hormos que partait, au i«r siècle,
le négociant anonyme auteur du Périple de la mer Érythrée. — 21 Sur la roule de
Bérénice à Coptos, voir Schwarz, Eine Welthandelsstrasse, dans les Neue Jahr-
biiclter für Philologie, l. OXLV, 1893, p. 635. — 22 Slrab. XVII, 1, 45. — 23 plin.
Hist. nat. I, 60 el VI, 102; cf. Xcnoph. E plies. IV, 2; Arist. Or. 48, p. 485, éd.
Dindorf. — 24 ltin. Anton, p. 171. — 23 Corp. inscr. lat. III, 6627 ; cf. p. 1210 et
1211. Hadrien construisit, à son tour, une route (|ui menait d’Antinoupolis à Myos-
Hormos (Rev. arch. XXI, 1871, p. 314); mais le commerce ne semble pas s’y être
habitué (Mommsen, Hist. rom. XI, p. 243, note t).
“2-21
MER
— 1782 —
canal qui unissait celte mer au fleuve et par là à la
Mediterranée, œuvre des Pharaons continuée par les
1 tolemées1, il ne joua, semble-t-il, qu’un rôle secondaire
pendant 1 Empire; on préférait descendre le Nil jusqu'à
Alexandrie2.
C est par l’Egypte également que Rome était en rela¬
tions commerciales avec l’Éthiopie 3 et le royaume des
A xo umites. Ceux-ci fournissaient aux Occidentaux des
produits rares et recherchés, surtout les défenses d’élé¬
phants elles cornes de rhinocéros*; les rois du pays
axaient établi pour la facilité des communications une
route directe entre leur capitale Axoum et la frontière
romaine J, ce qui n’excluait pas les relations par mer :
le port du royaume était Adule, ou Adulis, dans la baie
de Massouah6. Le commerce d’importation et de transit
était donc considérable en Égypte. A l’époque des Lagides,
les habitants grecs n’étaient guère que les intermédiaires
entre les marchands arabes et syriens elle monde médi¬
terranéen ; toute la politique des Lagides tendit à
conserver ce monopole de commission, non à se substi¬
tuer aux Arabes pour aller chercher les denrées dans les
pa\s qui les produisaient '. Les empereurs eurent des
visées plus hautes. Ils arrivèrent à leur but, suivant
M. Mommsen 8, « non point en interdisant par une loi
1 accès des ports égyptiens aux bâtiments arabes et
indiens, mais en leur imposant des droits différentiels
qui leur en fermaient réellement l’entrée; la situation
commerciale ne peut avoir été aussi subitement modifiée
que par un acte de cette sorte accompli en faveur des
négociants indigènes ». Comme le chiffre des affaires
augmentait en même temps, on chercha un moyen de
satisfaire plus pleinement et plus vite à la demande. Ce
tut Hippalos qui trouva la solution, au temps de Néron,
le jour où, ayant appris à utiliser la mousson, il osa
quitter le voisinage des côtes, en sortant du golfe
Arabique, et se diriger en droite ligne vers l’Inde par la
pleine mer '. Dès lors le voyage était plus court, et un
navigateur expérimenté, habile à profiter des vents
favorables, était à peu près assuré de la traversée. Tel est
le cas du négociant anonyme auquel nous sommes rede¬
vables du Périple de la mer Érythrée. « Au temps des
Ptolémées, dit Strabon, on ne comptait pas vingt vais¬
seaux qui osassent s’avancer dans le golfe Arabique, au
point de s’élever au delà des passes du détroit; aujour¬
d’hui des flottes considérables pénètrent jusque dans
l’Inde et aux extrémités de l’Éthiopie10. »
Les marchands d Alexandrie se donnaient rendez-vous
au solstice d’été à J uliopolis, à deux milles d’Alexandrie ;
ils gagnaient de là Coptos et la mer Rouge et, profitant
du vent favorable, partaient pour l’Inde; ils en revenaient
en décembre ou au commencement de janvier. Le
voyage n’avait pas duré sept mois11.
MER
- o- 'iu « '-es marcnandiaoo „ • .
ton, toutes celles que produisait *'<*„
1 “e sera m difficile de se faire u„c -S f *►**».«
du commerce d'Alexandrie. Strabon d sad ,
vdle que c était le plus grand entrepôt détint *
les témoignages que l'on possède conn *1*'"
lification... Alexandrie polsédÏt :;n™r,CU'^
abrite, dont les abords étaient éclairé* f P°rt’ bien
Phare, œuvre de Sostrate de Cnide, des a.»i!T Par le
quement, de nombreux magasins où l’on di ^
marchandises. La ville elle-même compta T'1 *
quartiers distincts qu'habitaient les divers! IrlT’
population cosmopolite (Égyptiens r, * sdesa
Juifs,. Des routes de terre dis llnaut 1
I intérieur et au Nil et facilitaient les comnt „„î
Siluee au croisement des principales voies commet 'iï'
du monde antique, Alexandrie servait d interméd 1
necessaire entre l'Occident et l'Orient Elle f
nalie par la mer Méditerranée ?« bte "
décr it rrcl,andises * luxe ‘lui 1»< venaient
llnde par la mer Ronge (épices, Lois précien,
parfums, so, cries) ou de l'Éthiopie par le Nil '
esclaves). I, Italie consommait sans produire et attirait
tout à elle, sans rien envoyer en échange. L'Égypte
produisait elle-même, recevait du dehors, expédiait au
loin. Alexandrie, son principal port, était un centre
économique d’une intense activité, la capitale commer¬
ciale de l’Empire; comme la ville de Rome sa ca
politique.
Provinces africaines. — Malgré la fertilité du sol, les
provinces africaines n’ont jamais occupé dans l’histoire
économique de Rome la place que tenaient l’Égypte ou
la Syrie10. C’étaient bien des pays producteurs, surtout
en blé et en huile, — on sait qu’ils fournissaient à l’Italie
les deux tiers de sa consommation annuelle de froment1',
mais, comme entrepôts de marchandises étrangères,
ses ports ont eu relativement peu d’éclat. Il faut faire une
exception cependant pour ceux des Syrtes, Tacape, Oea
et Leptis Magna. Là arrivaient par caravanes les denrées
précieuses de l’intérieur : poudre d’or, ivoire, ébène,
bêtes sauvages et esclaves que les Garamantes du Fezzan
venaient vendre ou échanger dans ces emporia n.
Strabon signale Tacape comme un grand comptoir de
commerce 18 ; le port de Leptis est encore visible aujour¬
d’hui, noyé dans le sable19. Par ailleurs, sans en
excepter Carthage, on n’exportait guère que des produits
agricoles récoltés en sol romain20. Il en était de même
pour les ports de Numidie et de Maurétanie, comme
Rusicade21 ou Caesarea22.
Ports de commerce d'Italie. — Partis ainsi des diffé- j
rentes provinces de l’Empire, les navires de commerce
se répandaient de tous côtés ; le plus grand nombre se
Mommsen, Ibid. p. 21 7 ; Lumbroso, L' Egitto al tempo dei Greci e dei Roman
p. 21 et suiv. 2 Mommsen, Ibid. p. 243. — 3 Bent, The ancienl traderoute acro
1. thiopui. dans le Geograpltical Journal , août 1 893, p. 1 40 ; cl'. Vivien de Sainl-Marti
Le nord dei Afrique dar, s l' antiquité grecque et romaine, p. 159 et suiv. — 4 Perip
mar. Eryth. 4; \idaldela Blacbe, Comptes rendus de l'Acad. des friser. 1890, p. 4)
cl suiv. — 5 Mommsen, Op. cil. p. 222; Juv. XI, 124. — G Peripl. L c. ; Paul
Wissowa, Realencycl. I, p. 431. - 7 Lumbroso, Recherches sur Véconom. poli
de l'Egypte au temps des Lagides , p. 139. — 8 {Jist. rom. XI, p. 245 et la not,
- 9 PeriPL mar ■ ErVth- 57. — 10 Strab. Il, 5, 12. - H Plin. Hist. nat. VI, 102 (
SU1V' 12 Lumbroso, L Egitto dei Greci e Romani , p. 125; Simaika, Essai sur l
province romaine d'Égypte , p. 89. On évalue à 39 000 kilomètres carrés la superfici
des terres cultivées de 1 Égypte à l'époque romaine, alors que celte superficie de no
jours ne dépasse pas 28 000 kilomètres carrés. L'Égypte exportait annuellement ving
millions de modii de blé, soit 1 175 000 hectolitres (Aurel. \'icl. Ep. I). _ 13Strab. XVII
1,13: (xîyurrov Èfjnuopiïov a !xou ;x! V't ; . — 14 Pauly-Wissowa, Realencip I ■ ' ^
suiv. ; Lumbroso, Op. eit. p. 117 et suiv. — Sur le commerce de I 1 '
Vivien de Saint-Martin, Op. cit. ; Tissot, Géogr. comparée de la pioii>“ i ^
d'Afrique, t. Il; Toutain, Les cités romaines de la Tunisie, p. *44 cl sl" ;i,r,[is
Cyrénaïque, cf. A. Rainaud, Quid de natura et fructibus tyrenaieae. ^ ^ ^
antigua monumenta cum recentioribus collata nobis tradideiint.
- • „ ni et suiv.; louiaii'i
Dell. Jud. Il, 16, 4. — U Pcrroud, De syrticis emporns, p. 1 ”cllirmer Le
Op. cit. p. 147. Sur le commerce saharien dans l’antiquité, '«O ' e„
Sahara, p. 318-328. — 18 Strab. XVII, 3, 17. — i9 De Malliuisieul*.
Tripolitaine (Nouv. Archives des missions, t. X, en prépaialio'ii^
Mémo res de la Soc. des Antiq. de France, VI* série, t. X, p. ll ’ ^ yj|[,
lat. VII p. 2 et s.). — 20 Toutain, Op. cit. p. 146. 21 ^orP’ "!* je ja jolooi*
p. 684. On y a trouvé des plombs de douane et une dédicace au cu" ^ |30.
de Pouzzles (Ibid. 7959). — 22 Cal, Essai sur la Maurétanie eesari "
MER
— ] 783 —
MER
rls l’Italie et, dans Tltalie, vers la capitale.
dirigea11-’1’ ,ns les ports italiens les plus fréquentés étaient
AUSSI (l • 'voisinaient Rome. Aucun n’était plus visité
ceux qui IV
que
pouz/.<
clioi>
CamPsa";'manMs). au fond d’un golfe bien abrité, ouvert
^in'[S ■ ‘in gud, aisément accessible par conséquent aux
d" es venus de Sicile ou d’Afrique, d’Égypte et d’Asie.
F1"1 débarquant, on évitait les dangers de la navigation
1 "om- (1U littoral inhospitalier du Latium. U était facile
j , I^uer Rome par voie de terre. La principale artère de
l’Italie méridionale, la via Àppia , passait à quelque
distance au nord-est. Deux routes partant de Pouzzoles
allaient la rejoindre, aboutissant l’une à Capoue, la ville
h, plus importante de l’intérieur, l’autre à Sinuessa, où la
m Appia abandonnait le bord de la mer qu’elle suivait
depuis Formies, pour s'enfoncer dans les terres 3. La
première, via Campana , n’est pas mentionnée dans les
Itinéraires, mais Pline l’Ancien en parle 4. La seconde,
vui Domitiana , futconstruite ou restaurée en 95 ap. J.-C.
par' l’empereur Domitien 3 ; elle se prolongeait le
long du sinus Cumanus jusqu’à Naples. — Le nom de
Pitleoli apparaît pour la première fois au temps de la
seconde guerre punique 6; auparavant cette ville s’appe¬
lait Üicearchia ; c’était une colonie de Cumes 7.
Pendant toute la période républicaine, Rome ne
connut pas de port aussi important dans son voisinage.
Lucilius l’appelait la petite Délos, etFesl us nous explique
cette expression : quod Delos aliquando maximum
imperium fuerit totius orbis 8 terrarum cui successif
deinde Puteolanum. Même à l’époque postérieure, alors
queles empereurs avaient ménagé au commerce maritime
des débouchés plus voisins de la capitale, ainsi que nous
allons le dire, le port de Pouzzoles continua à être le
rendez-vous des navires de fous les pays : « Dicearchei
portas et littora mundi Hospita 9 ». On a gardé par les
auteurs ou par les inscriptions des traces nombreuses
de ses relations avec l’Espagne, l’Afrique, la Syrie,
1 %pte, l’Asie Mineure, la Grèce10. Chaqueannée, au
commencement de la belle saison, les commerçants
d Alexandrie y apportaient les produits de l’Inde et de
lÊgypte;la vue des premiers navires mettait toute la
population en joie; elle accourait sur le môle pour
découvrir, parmi les innombrables voiles en vue, celles
qui appartenaient aux transports égyptiens; car ceux-ci
gardaient au sommet de leur mâture la petite voile
nommée supparum que les bateaux de tous les autres
Pa)s devaient replier quand ils avaient dépassé Capri11.
La prospérité commerciale de Pouzzoles dura aussi long¬
temps que Rome même : cette localité resta le véritable
avant-port de la capitale.
Et pourtant il y avait un port plus rapproché, celui
d’Ostie12, créé par Ancus Marti us, à l’embouchure du
Tibre; mais il avait l’inconvénient de s’ensabler aisément
et d’être par là difficilement accessible aux gros navires.
Pour remédier àcet inconvénient, Claude y litcreuser un
nouveau port de commerce queTrajan acheva et qui prit
le nom de Portus ( Portas urbis, Portas A ugusti)n ; il
comprenait un bassin extérieur, œuvre de Claude, et un
bassin intérieur adjacent, datant de Trajan, réunis au
Tibre par un canal ( fossa Trajani). Grâce à ces travaux
importants, les navires de gros tonnage purent jusqu’au
bas temps arriver à l’embouchure même du Tibre, d'où
leurs cargaisons, chargées sur des chalands, remontaient
le canal et arrivaient à Rome14.
L 'Emporium était le port commercial de Rome; il
se trouvait au voisinage de la porte Trigemina entre
l’Aventin et le fleuve; créé13 sans doute dès l’époque
royale, il fut définitivement organisé en 561-193 par les
édiles M. Aemilius Lepidus et L. Acmilius Paulus 16 ; il y
avait là des entrepôts pour les marchandises de toute
sorte qui arrivaient dans la ville : grains destinés à
l’alimentation du peuple, matériaux pour les construc¬
tions, pierres, marbres, bois, etc. Les chalands xœnaient
s’amarrer le long des quais construits en grand appareil,
auxquels des escaliers donnaient accès; le sol AeV Empo¬
rium était pavé; des portiques et des hangars l’enca¬
draient17. On avait élevé aux environs, dans le même
quartier de Rome, toute une série de magasins où
s’entassaient les denrées débarquées sur la rive du Tibre
[horreum]. La limite de l’octroi de Rome était en aval de
Y Emporium , et toutes les marchandises qui remontaient
le fleuve, sauf celles que l’on appelait usuaria , payaient
un droit d’entrée, Vansarium 18. On a retrouvé de nos
jours des vestiges importants de Y Emporium, et l'on a
recueilli sur son emplacement des marbres précieux, des
amphores, des monnaies19.
Quant aux autres ports de l’Italie, ils avaient moins
d’importance et ne desservaient guère que la région même
où ils s’ouvraient: Gènes était le centre commercial de la
Ligurie20; Ancône, de l’Ombrie et du Picenum21 ; Naples,
de la Campanie22 ; Rhegium lirait son importance du voi¬
sinage de la Sicile23; Tarente24 et Brindes23, de la proxi¬
mité relative de la Grèce et de l’Asie. Cette dernière
ville était surtout fréquentée par les voyageurs venant
d’Orient, qui y débarquaient pour gagner Rome par la
voie Appienne20. 1t. Cagnat et M. Besnier.
Hél / C';” rî* ’ "amPan‘eni P- 114; Corp. inscr. lat. X, p. 183; Dubois,
i««; \ ,C dC R°me' lm’ p' 66 et suiv. — 2 Strab. V, 4, 6. — 3 Corp.
-S ir r X’ .P' 58, 702' 705‘ — 4 Plin. Hist. nat. XVIII, 11, 111.
L. c ■ p UVI1, 14 1 Slat- Silv. IV, 3. — OLiv. XXIV, 7, 10. — 7 Slrab.
Ht, 5 GI* J s p7' ’ f aUS' IV’ 33, 12> Vlll> 7- 3i Polyb. III, 91-4; Plin. Hist. nat.
v,j3’; |,J .. Fes,l;.p' ,22' ~ 9 stat- III, 5, 74. — 10 Strab. XVII, I, 7; Diod.
P* 183, col I- r lf MI, 12; Beloch, Op. cit. p. 115; Corp. itiscr. lat. X,
1975, pic . j ’ C ' n°* l55fi’ 1578> 159i> 1624, 1634*, 1909, 1970, 1971, 1973, 1974,
~~ *' Sen P ' -- rom' 4I®’ 419, 420, 421; Corp. inscr. lat. XIII, 7939, 79G0.
cl. Prcllôr Pn ~ 12 Strab- V- 3> »! Corp. inscr. lat. XIV, p. I ; Dig. XIV, 2, 4;
l'iui hist Clan n ^ 1 *'>er ^ Verichtc der Süclis. Geselsch. der Wissensch.
t. c.; pea //;' lS'P 131 SU'V. : 18 49, p.5etsuiv., 134 et suiv. — 13 Preller,
Minto iressurl ' ">ne 11,1 riaggio ad Ostia, 1802, p. 31 et suiv. ; Tcxier,
1808 _ p m | ^ )m ts antiques sitars à l'embouchure du Tibre ; Lanciani. Annali,
Topo gr. der Sia // ' '* * rocop‘ Ttell. Goth. I, 20. — 1:1 Preller, L. c. ; O. Richter,
— 16 Liv. XXXV 1 ^°m' ^c*' p' 133 > Ilooao, Lexique de topogr. romaine, p. 218.
plonimsen dans los // ' ~ 1,p'v' XI.I, 27. — 18 Epliem. epiijr. IV, p. 270, n" 787;
ce. der Atc. der ~Wissensch.su Leipzig, 1850, p. 309 ; Marquardt,
Organ. financière, p. 353. — 19 Xotiz. d. Scari, IS80, p. 22, Bull, cornu». 1880,
p. 37. — 20 Strab. IV, 6, 1 ; Corp. inscr. lat. V, p. 884. — 21 Strab. V, 4, 2; Corp.
inscr. lat. IX, p. 572. — 22 Bdoch, Campanien, p. 54 cl suiv.; Slrab. V, 4, 7 ;
Corp. inscr. lat. X, p. 170. — 23 Strab. VI, 1,6; Corp. inscr. lat. X, p. 3. — 2V Slrab.
VI, 3, 1 ; Corp. inscr. lat. IX. p. 21. — 23 Strab. VI, 3, 7; Corp. inscr. lat. IX,
p. 8 ; cf. n0' 00, 62. — 26 Strab. V, 3, 6; VI, 3, 7 et 8; Plin. Hist. nat. 111, 101 ;
Tac. .Ann. III, 1; Hor. Sat. I, 5; Corp. inscr. lat. IX, L. c . — Ruu.iographie.
Nous n'indiquerons ici q«e les ouvrages généraux les plus importants; d'autres ont
été cités dans les noies. A. Histoire du commerce in général: Les principales sont
les suivantes: Anderson (Ad.), An liistorical and clironologicat déduction of the
origin of commerce from the carliest accounls to the présent tinte, 1787-89 ;
11. Baudrillarl, Histoire du luxe privé et public, depuis l'antiquité jusqu’à nos jours,
Paris, 1878-1881 ; Beckmann, Beitràge sur Gescliichte der Erfindungcn.... 1786-
1805 ; Beer (A.), Allgemeinc Gesch. des Welthandels, 1860-1884 ; J. -B. Béraud, Le
commerce, la navigation, les arts des peuples anciens et des peuples modernes ,
Paris, 1861 ; Boccardo, Af annale di storia del commercio, de U industria e delta
economica politica , 1858; Büchele, Gesch. des Welthandels , 1867; Cons, Précis de
l’hist.du commerce, 1896 ; Duesbcrg, Hist. du commerce, de la géographie et de
MER
— 1784 —
AIËRCLMRII. Grèce. — La condition de mercenaire
ou de soldat etranger dont on paye le service (giffOcoxot,
fX'.<70o?dpO[, TO (XtaOocpOptXÔV, iitfxoupot, xb Èmxoup-xdv, Çévot, xb
>SVIX0'V» ffxpaxiwxat) suppose une organisation sociale et
politique particulières, c’est-à-dire que, sur ce point,
comme sur bien d autres, il y a un rapport étroit entre
la constitution politique d’un État et l’organisation de
ses forces militaires.
La société homérique ne connaît pas le mercenaire.
Chaque chef de peuple va à la guerre entouré des hommes
de son clan 1 ; en cas de danger pressant, on fait appel aux
peuples auxquels on est apparenté par la race ; ceux-ci
envoient, comme secours, des guerriers qui sont dési¬
gnés sous le nom d’ÈTttxoupoi ; ce nom désigne ici non des
mercenaires, mais des alliés 2 ; l’entretien de ces guer¬
riers est à la charge du peuple qui a réclamé leur
secours 3
Les aristocraties, qui succédèrent aux monarchies de
l’époque homérique, ne semblent avoir apporté aucun
changement sur ce point*. Il en fut tout autrement des
tyrannies qui, à partir de la tin du vme siècle, renver¬
saient un peu partout le régime aristocratique. Pour ces
gouvernements, qui ne s’étaient établis que par la vio¬
lence et qui ne se maintenaient que par la violence, il y
avait une nécessité absolue de s'appuyer sur des soldats
étrangers. En même temps, les troubles, qui agitaient
les cités grecques, avaient toujours pour conséquence la
proscription d'une partie de la population. Une des res-
MER
sources du Grec exilé est le métier de
bonne heure même, ce métier devint r ?a"'f'Detrès
tams peuples grecs [exercitus, p 8991 USWe d« cer-
Écs Canens sont les premiers des Grecs n o
qu. se sont engagés comme mercenaires r • Ephore5,
militaire. Hérodote leur attribue l’im'n. .eUlltunerace
du casque et des boucliers à pomnée» A , Cimier
du nom de Carien le synonyme de merê. ‘ °que fait
•t* •*» ««*««. «■' '™uve i: >«
lois au service des monarchies orientales °S Cr6'
Kreti-Pelli des rois juifs 8- Gveès r •' ' <e SOnt les
.10 la Lydie ont de! mereeS,
partie Cariens 9. t • il en grande
Parmi les tyrans grecs, Périandre, tyran do cf
avait auprès de lui des doryphores 19 • Polvcr-il .
Samos, avait un corps de 1100 arclS^^ f
fieie de Stesagoras, occupait la Chersonèse avec ’ 0
troupe de 500 mercenaires ». On connaît la ruSc
Laïc employa pour s'emparer de la tyrannie dan,
Athènes : prétextant des attaques contre sa personne i
demanda a ses concitoyens non pas dos gardes merce¬
naires armés de la lance, mais un corps de citoyens athé¬
niens simplement armés de massues13. Ces garanties
lurent insuffisantes pour sauvegarder la liberté du
Peuple. Pisistrate s’empara de l’Acropole et devint le
maître d’Athènes. Chassé à plusieurs reprises, il réussit
chaque fois à reprendre le pouvoir. Dans la dernière ten¬
tative, il s’appuyait sur des mercenaires argiens que lui
la navigation chez tous les peuples, 1849; Engelmann, Gesch. des Handels, 18S1 ;
Gibbins, The hist. of commerce in Europe, 1891; Gülich, Geschichtliche' Dars-
tellung des Handels... der bedeutendsten liandeltreibenden Staaten unserer
Zeit, 1830-45; Haushofer, Abriss der Handelsgescliichte, 1893 ; I)c Joi-io, Storia
del Commercio e délia Navigazione del principio del mondo sino a giorni nostri,
Xapoli, 1778-1783; borner, Lehrbuch der Handelsgescliichte, 1801; Lafaurie,
Gesch. des Handels in Beziehung auf politische Oekonomie und ôffentliche Ethik,
1848 ; Lètourneau, L’évolution du commerce, 1897; Lindsay, History ofmerchant
shipping and ancient commerce, 1874-76 ; Marperger, Hislorischer Kaufmann,
1708 ; Mayr (R.), Lehrbuch der Handelsgeschichte auf Grundlage der Wirthschafts-
und Sozialgeschichte, 1894; Nischwilz, Handels géographie und Handelsgeschichte,
1843 ; Noël, Hist. du commerce du monde, 1891-94; Peinemann et Bertram, Hist.
Untersuchung des Ursprungs und Wachsthums der Kaufmannschaft, 1739; San-
giorgio, Il commercio del mondo, 1898 ; Risson (Paul), Hist. sommaire du com¬
merce, 1902 ; Scbeerer, Allgemeine Geschichte des Welthandets , 2 vol. 1852-53 et
trad. fr. sous le litre : Hist. du commerce de toutes les nations, 1857 ; Stevenson,
Historical Sketch of the Progress of Discovery, navigation and commerce
(vol. XVIII des Travels de Kerr), 1824; Ungewitter, Geschichte des Handels, der
Industrie und Schiffahrt, 1851 ; WolfT, Abriss der Handelsgeschichte, 1901 ; Veals,
The growth and vicissitudes of commerce, 1887 ; P. Huvelin, Essai historique sur
le droit des marchés et des foires, Paris, 1897. Les meilleures de ces histoires
générales sont celles de Mayr et de Beer. B. Histoire du commerce dans l’anti¬
quité : Huet, Hist. du commerce et de la navigation des anciens, 3” éd. Paris-
Bruxelles, 1727; Heeren, Ideen Ober die Politik, den Verkchr und den Handel
der vornehmsten Voelker der allen Welt, 1800; et trad. fr. sous le titre De la
politique et du commerce des anciens peuples de l’antiquité, Paris, 1830-44;
Bencdict, Versuch einer Geschichte der Schiffahrt und des Handels der Alt en, 1 806 ;
Cilbart, Lectures on the history and principles of ancient commerce, 1847, et trad.
fr. sous le titre Lectures sur l'histoire et les principes du commerce chez les
anciens, Paris, 1856; H. Bliimner, Die gewerbliche Tliütigkeit der Vôlker des
ldassischen Alterthums, Leipzig, 1869; B. Büchsenschütz, Die Hauptstâtten des
Gewerbefleisses im klassischen Alterlhume, Leipzig, 1869 ; Damiani, Saggio
storicocritico sut commercio d. antichi, 1897; W. Drumann, Die Àrbeiter und
Communisten in Griechen/and und Boni, Kônisgberg, 1860, p. 277 et s. ;
du Mesnil-Marigny, Hist. de l’économie politique des anciens peuples de l’Inde,
de VÉgyvte, de la Judée et de la Grèce, 3 vol. 1876 ; W. Richlcr, Handel und
Verkehr der wichtigsten Vôlker des Alittelmeeres im Altertume, Leipzig, 1880 ;
Spcck, Handelsgeschichte des Alterthums (I, 1900, Die orientalischcn Vôlker-, II,
1901, Die Gnechen) ; H. Wiskemann, Die antike Landuiirthschaft und das von
T/iünen sche Gesetz mis den alten Scliriftstellern dargelegt, Leipzig, 1859, in-4”
(2' part. p. 38 et s.). C. Commerce en Grèce et dans i.e monde grec ; O. Jalin,
Handwcrk und Handelsverkelir, dans les Berichte der saechsischen Gesellschaft ,
Leipzig, 1861, p. 291 , 1867, p. 75; 1868, p. 265; Becker, Charikles, Bilder altgrie-
chischer Sitte zur genaueren Kenntniss des griechischen Privatlebens, éd. par
Goell, Berlin, 1871-78; Boeckli, Die Staathanshaltung der Athener, 3c éd. par
Fraenkel, Berlin, 1886; Büclisenschiilz, Besitz und Erwepbim griechischen Alter-
thum, Halle, 1809; Francotle, L'industrie dans la Grèce ancienne, Bruxelles,
1900-1901; Hermann, Lehrbuch der griechischen Antiquitaeten, IV, PrivataltiÆ
thûmer, éd. par Bliimner, Fribourg et Tubingen, 1882, §§ 44 et suiv. ; Hiillmann,
Handelsgeschichte der Griechcn , Bonn, 1839 ; Kasloridcs, T 4 otxovo|ux& ’EMir.vu»
dans A0rv«iov, 1872, p. 19 et suiv.; Pauly, Bealencyclopaedic, 111, p. 122-128,
v,s ’EAnDÇLa et ”E|iTtofo;, ; Perrot, Le commerce des céréales en Attique {Rev. his¬
torique, IV, 1877), p. 51 et suiv. ; Le commerce de l'argent et le crédit à Athènes I
( Mém . darch. d'épigr. et d'hist. Paris, 1875, p. 337 et suiv.); Reynier, fie
l’économie publique et rurale des Grecs, Genève et Paris, 1825. 1). Commerce
a Rome et dans l’Empire romain : Fr. Mengotti, Del commercio de’ Romani,
délia prima guerra punica a Costantino, Padova, 1787 ; Billion, Disserter
tion sur l’état du commerce des Domains, Paris, 1788; Pastorct, Recherches
et observations sur le commerce et le luxe des Romains et sur leurs lois
commerciales et somptuaires , 1792-1804 ( Mémoires de F Académie des inscr. et
belles-lettres, III, p. 285 et s. , 355 et s. ; V, p. 76 el s. ; VII, 125 cl s.) 1 Bureau (le
la Malle, Économie politique des Domains, Paris, 184(1, (I, p, 223 et s. ; II, J
p. 366 et s. 391, 452); Walter, Geschichte des rom. Redits, 3e éd. Bonn, 1860*
2 vol. (I, p. 302, 307, 515, 553, 557, 562, 579, 5S9, 595) ; J.-E. Reinauil, Relations
politiques et commerciales de l'Empire romain avec l'Asie centrale pendant lesm
cinq premiers siècles de l'ère chrétienne, Paris, 1863 (extrait du Journal asiii-l
tique)-, G.-A. Saalfetd, Italograeca, 11 (Handel und Wandel der Mrtutr unler I
griechischen Deeinflüssung ), Hanovre, 1882 ; Em. Belot, De la révolution t eoito-B
mique et monétaire qui eut lieu à Rome au m° siècle avant 1ère du il" me r
Paris, 1885 ; M. Voigt, Privatalterthùmer und Kulturgeschichte der Rômer, ans|
le Handbuch d’iwau Muller, IV, 2, p. 747-931, Nordlingen, lss ■
De l’organisation financière chez les Romains, trad. fr. Paris, 1 ' 1 ^ ^
der, Sittengeschichte Roms, 6° éd., Leipzig, 1888-1890, t. L “G ’
(trad. fr. Paris, 1865-1874, 4 vol.) ; Carnazza, Il diritlo commet i->-’ ‘ J
mani, Calane, 1891 ; Deloume, Les manieurs d’argent à Rome j: ' / ^ . !
Paris, 1892; Marquardt, La rie privée des Romains, trad. fi. I *" D
Vidal de la Blaclic, Les voies du commerce dans la Géographe ' ^ ^ ^
(Comptes rendus de l'Acad. des inscr. et belles-lettres, 1896, p. ' 1,1
carte des voies commerciales. ( ^ nppelés.
MlillCËNAItlI. 1 Tous les hommes valides d'une même famille ne son Fj ^
Exemple d'un tirage au sort, H. XXIV, 400; exemptions obtenues en . ^ jjo.
sents au roi, Ibid. XXIII, 297. — 2 II. R, 130-133; 1IL |SS’ ’ J385 <»,
— 3 11. XVII, 25. — 4Xen. Hieron, tout le cl), v; Arist. Polit. HL _• ’ ■ ^ c|iapitre,
— 5 Fragm. hist. gr. de Didot, t. I, p. 239, fr. 23. — 11 L 1 ' c ’ . ^ Wl)
pour les rapports d’origine entre Cariens et Crélois; Ilelbig (Bp°l ^
conteste aux Cariens ces inventions. — 7 K aï în „ n, /jfi»!.
— 8 Ane. Test. Samuel, XXI el XXIII; Chron. 1, XI avec VI et * j Ja ,ydieet
dupeuplc d’Israël, t. II, p. 19 el 29. — 9 Hcrod. I, 7/, 2, G. 0 J(J jjerod. V, 9--
le monde grec au temps des Mermnades, p. 133, 135, 154, -< ■ _ 131,501 ,
— H Ibid. III, 39, 45. —12 VI, 39; de même Arcésilas à Cyrène, j” ^ gard#
le récit d’Hérodote ne manque pas de malice; Aristote, Ath. \ polyefl,
étaient au nombre de 50, d’après Plutarque, Solon, 30; do 3,111,1 1
MER
1785 —
MER
6s Lydamis1 et, depuis, les Pisistratides
avait atne ' J d’eux, dans Athènes, des merce-
e“renl | ''^Thucydide vante la discipline 2.
"aireS 1 " de Sicile paraissent avoir possédé les
Les nombreuses que la Grèce ait eues à cette
arméeS ? moment de la seconde guerre médique, Gé-
ép°que^‘ Ju g acusej offrait aux Grecs, s’ils lui don-
lon’ n!" commandement, de conduire à leur secours
niuen ,rrs <90000 hoplites, 2000 cavaliers, 2000 archers,
'snnd frondeur s et 2000 hippodromoi armés à la légère 3.
1°. forces équivalentes sont aussi attribuées à Dion * et
4 un tyran de Léontium, Thrasydée \
f ■ YpTe - Mais c’est surtout en Egypte qu il importe
I L’étudier les mercenaires grecs G; nulle part leur action
■ tU(i si longue ; nulle part leur rôle n’a été si împor-
hnt dans le développement politique, économique et
social de ce pays. Le mercenariat paraît de bonne heure
le régime ordinaire de l’armée égyptienne. La classe mi¬
litaire, sous les Pharaons, était recrutée un peu partout,
chez les fellahs, les Bédouins, les nègres, les Nubiens,
même chez les prisonniers de guerre ou les aventuriers
venus d’au delà des mers. Ce ramassis d’étrangers com¬
posait d’ordinaire la garde du roi ou de ses barons;
c’était le noyau permanent autour duquel se ralliaient,
en cas de guerre, les levées de troupes indigènes. Les
^ premiers Grecs qui semblent avoir formé un établisse¬
ment stable en Égypte sont les Milésiens, qui, dans la
seconde moitié du vm' siècle, fondèrent le
teI/oç entre la bouche Bolbitine et la bouche Sébenny-
tique 7.
Au milieu des guerres et des troubles qui agitaient
alors l’Égypte, ces étrangers ne furent pas inquiétés; ils
s’acclimatèrent peu à peu dans le pays, tolérés tout au
plus, méprisés même par les indigènes, à cause de la
différence de langue et de religion. Avec Psammétique
(666-612), la situation changea. L’Égypte se trouvait alors
morcelée en un assez grand nombre de petits États8.
Psammétique, qui n’était qu’un petit roi de Sais, parvint
t à réduire l’un après l’autre tous les princes ses rivaux, et
à reconstituer à son profit l’empire des Pharaons dans
toute son unité. Ce grand résultat, il l’obtint grâce au
concours des hoplites grecs qu’il prit à sa solde. On con¬
naît le récit d’Hérodote. L’oracle avait dit à Psam-
métique, détrôné par les autres rois, que la vengeance
viendrait par la mer, quand apparaîtraient les hommes
d airain. Psammétique n’avait pas grand espoir dans
1 accomplissement de l’oracle, quand un jour la tem-
P' te jeta sur les côtes des Cariens et des Ioniens, qui
faisaient la piraterie; ils étaient couverts de leur ar-
mure d hoplite ; un Égyptien, qui n’avait jamais vu de
j pareilles armes, alla dire à Psammétique que des
ommes d airain, venus de la mer, pillaient les cam-
! Par,nes. L oracle était accompli. Diodore 9 dit que Psam-
■ nu tique connaissait ces soldats ioniens et cariens, grâce
a sts relations avec les Grecs du Rempart Milésien; cette
'^‘cation semble très probable. Le récit légendaire
1 > 'idole n’en a pas moins une valeur historique ; il
Umi'h'e quelle impression ces hoplites tout bardés
", ces « hommes de bronze » produisirent sur les
Égyptiens. Ceux-ci avaient un armement notablement
inférieur : pas de casque, pas de cuirasse, bouclier petit
et peu solide. Quanta l’hoplite
grec d’Asie, tel qu’il apparaît
au vu" siècle sur toutes les
côtes orientales de la .Méditer¬
ranée, nous pouvons nous en
faire une idée exacte grâce à
une statuette qui a été trouvée
à Cypre, et dans laquelle le
sculpteur a très soigneusement
imité toutes les pièces de l’ar¬
mure qu’il avait sous les yeux.
L’homme est enveloppé comme
d’une carapacede métal solide,
résistante et (agencée néan¬
moins de manière à lui laisser
la liberté de ses mouvements
(fig. 4928) Le casque ne
protège pas seulementle crâne ;
il est muni de « plusieurs
pièces destinées à protéger le
visage, d'un nasal d’une assez forte saillie, et de deux
garde-joues ou paragnathides, comme les appelaient les
Grecs. D’après le système d’attaches figuré dans la pierre,
ces pièces étaient mobiles et s’ouvraient par des charniè¬
res verticales à la manière des battants de porte. Le casque
enveloppe toute la nuque ; derrière, il est même recou¬
vert, à son bord inférieur, par le bord supérieur de la
cuirasse. Sur le devant, celle-ci ne monte pas aussi haut ;
elle n’aurait pu le faire et toucher au menton sans gêner
les mouvements de la tète et du cou. La cuirasse se ren¬
force, sur la poitrine, de deux épaulières, de deux bandes
de bronze que rattache l’une à l’autre une sorte de grande
agrafe en forme de croissant. De la ceinture, un étroit
anneau, pendent les lambrequins d'une espèce de jupon,
en lanières de cuir peut-être doublées de métal, qui ga¬
rantit le ventre et les cuisses. »
Devenu roi de toute l’Égypte, Psammétique s'occupa
d’assurer son indépendance contre l’étranger. L'armée
égyptienne fut partagée en trois corps; les deux pre¬
miers, composés de troupes indigènes, furent répartis à
l’ouest et au sud, pour couvrir les frontières de la Lybie
et de l’Éthiopie. Le poste le plus dangereux, la défense
de l’isthme, par où arrivaient les envahisseurs assy¬
riens, fut confié aux mercenaires grecs. « Outre la solde
convenue, dit Diodore ia, il leur donna de riches présents
et leur fixa pour résidence un emplacement qui porte le
nom de Stratopeda , puis il leur fit partager au sort une
grande étendue de terrain, un peu au-dessus de la
branche Pélusiaque ». D’après Hérodote13, les cantonne¬
ments des Ioniens étaient séparés de ceux des Cariens
par le Nil. On avait voulu sans doute prévenir des
conflits.
Le nom de Stratopeda (les Camps) indique bien la
nature de ces établissements. Les camps permanents des
Romains peuvent en donner une idée approchante. Les
soldats occupaient des maisons très modestes. Un châ¬
teau fortifié, résidence du général et des principaux
Fig. 4928. — Mercenaire grec,
vne siècle.
< 1, Ci .
— ! Uero 1 wn" ételïwToi. 9 h ÎTCtxoüçotfft tê Thuc. VI, 53, 3.
53 ; cf. cnc ’ ' XI, 71-73. —4 Corn. Nep. Dion. 5, 3. — 3 Diod. XI,
cc <|ui cour!'|C T lllrass'ljulo> tyran de Syracuse, Diod. XI, 67. — 6 Pour tout
1rs mercenaires grecs en Égypte au vu* et vi* s. voir D. Mallet, Les
premiers établissements des Grecs en Égypte. — 7 Stral). XVII, p. 801 ; Et. de
Byzance, v. Naucratis ; Euscb. Chron. I, p. 168. — 8 C'est la dodécarchic d'Héro¬
dote, II, 147 et 151, et de Diodore, 66 ; Mallet, 36, 51. — 9 1, 67, — 10 II, 151 s<pj,
_ il Perrot et Chipiez, Uist. de l'art, 111, p. 495. — 12 1, 67. — '3 II, 154.
îuun.
1786
chefs de service, dominait l’ensemble. Les fouilles
' irigees par Flindcrs Petrie, en 1885 et 1886, ont
lait connaître l’emplacement exact et la disposition
generale d un de ces camps de mercenaires1. 11 porte
aujonrd hui le nom de Tell-Defenneh. Il est situé au
milieu du territoire qui s’étend entre le désert et le
canal de Suez, juste au bord du grand chemin que
suivaient les caravanes pour passer d'Égypte en Syrie
Auprès du camp s’était formée une ville qui finit par
compter 20000 habitants et où des trafiquants de natio¬
nalités très diverses vendaient aux mercenaires des
Anres, des armes, des objets de luxe et de fantaisie, et
pourvoyaient a leurs plaisirs. On a trouvé àDefenneh un
grand nombre de vases, présentant des particularités de
echnique indiquant l’existence d’une fabrique spéciale,
differente de celles de Cyrène et de Naucratis. Les in¬
scriptions découvertes sont aussi très nombreuses ; elles
montrent que la population qui vivait dans le camp et
dans la ville comprenait des Égyptiens et bon nombre
d Asiatiques venus de Syrie et de Palestine à la suite des
mercenaires. Nous trouverons une confirmation de ce
fait dans l’inscription d’Abu-Simbel. Grâce à son admi-
. rable situation sur la route d’Asie, cette ville des merce¬
naires dut être une sorte d'entrepôt où convergèrent les
marchandises de l'Orient avant de se disperser sur les
rivages de la Méditerranée. Elle fut ainsi un des points
ou s opéra, dès le vu" et le vi* siècle, le mélange des na¬
tions de races diverses, qu’amenaient de tous côtés les
intérêts de leur négoce ; et elle eut son heure d’influence
sur la civilisation générale à ce moment décisif, où l’art
grec commençait à se dégager des imitations étrangères
et à prendre conscience de lui-même 2.
Maître d’une armée bien organisée, Psammélique
essaya de faire des conquêtes, et, fidèle à la constante
politique de 1 Égypte, il marcha contre la Syrie 3. Dans
cette expédition, il témoigna une telle partialité pour les
mercenaires qu au retour une grande partie de l’armée
indigène émigra et se retira en Éthiopie \ Il la poursui¬
vi jusqu à Ëléphantine5. Les inscriptions gravées àAbu-
Simbel par des mercenaires grecs apprennent que, dans
cette expédition en Nubie, l’armée du roi Psammé-
tique comprenait trois divisions : la première était sous
les ordres de Psammétique, fils de Théoclès : c’était
comme l’indique le patronymique 6, un Grec et il com¬
mandait à des Grecs ; la seconde division, composée
de soldats qui n’étaient ni Grecs ni Égyptiens 7, avait
pour chef un Égyptien appelé Potasimpto ; enfin la troi¬
sième, composée de soldats égyptiens, était sous les
ordres de l’Ëgyptien Amasis. Cette partie de l’inscription
a été écrite par Archon, fils d’Amoibichos, et par Pélé-
cos, fils d’Oudamos. Au-dessous, d’autres soldats ont
inscrit leur nom; il y a deux Ioniens : Hélésibios de
leos, Pabis de Colophon ; probablement deux Rhodiens
mer
^ Defenneh ( Tahpanhes ), Londres,
4», 1888 , Mallcl, Op. I. p. Si et s. - 2 Mallet, Op. 1. p. 70. Naturelle-
„ , r, r , , 1 1 ** D- — * inanet, up. l. p. 70. Naturelle
nalres - eunnne n*Sl’PaS 16 S6Ul P0Ste °“ Psammétilïue ait installé ses merce-
7 4 P<?U a,oucst> à Tc" Nebeslieli était la ville de Am où étaient
rlténde "trrenair dC/JyPrC- ~ 3 V0ir ,a d‘SCUSsio" dc établir la
Trà donn à , Kra 0D’ T " P' 77 S"f(- ~ 4 D’aprt. Diodore, Psammétique
aurait donné aux mercena.res la direction des affaires militaires pour cette expédition •
ùismiptions grecques, voir Corp. ^5126 ;^Roehîa0//wcr.^ÿr.—an!(iÿU48C^a
A. Xirchhoff, Studi en ;ur Gesch. des gr. Alp), 4. éd. p. 37: Mallet (Z 7 n SV-
pour Je reste delà bibliographie cf Cb Mirtml n -, ... ’ 1 ,
. , 0 p nie, CI. Ui. Michel, Recueil rfmscr. no 1315 Tousces
gavants pensent que ces inscriptions se rannnvtnnt a d ... es
1 puons se rapportent p Psammétique; au contraire, Bergk-
TélèPhe d’ialysos et un autre dom.
Nous avons donc ici encore un IoIT' °Sl Visible
ce mélangé de population que nous avo8"^ qUl altestj
stratopeda et que déjà Hérodote J
1 armée de Psammétique8. 1 s,Sn<ilé pQ|lr
Les successeurs de Psammétique rem;,
politique envers les mercenaires. Née’? «
pie e pour leur dieu, l’Apollon des 11, a
en lu. faisan, des offrandes», exemple o *H
tous les rois suites. Sous Apriès, une 3o ,, i,i|w
par des ingénieurs grecs et montée
vainquit les Phéniciens, alliés des rok t? “"**
s’empara de Cypre ". Le „om£ ™
grecs 4 la solde de ce roi était de mm T'm
Hérodote “». Il voulut soumettre aussi h rV ^
Contre les populations grecques de ce pays Û“,U1
vait faire marcher ses mercenaires - ,1,5 P”"’
r des ,roupes
désastre et furent presque entièrement anéanties.
G te défaite causa un soulèvement général Am-ü
marcha contre les révoltés avec ses mercenair»; ST
cette fois, la discipline et la science militaire durent
Amasis” * ' f“l Vaincu et par
Le nom d’Apriès resta populaire chez les Grecs» On
le retrouve à Rhodes sur des ary-
balles en terre vernissée, extraits
des tombeaux de Camiros u. Ces
vases, que l’on a crus phéniciens,
pourraient bien être de fabrication
égyptienne. Un aryballe du Louvre
(fig. 4929) 13, fait avec la terre blan¬
che que 1 on nomme communément
faïence égyptienne, reproduit exac¬
tement le type du visage et les dé¬
tails de la coiffure du mercenaire;
1 artiste y a gravé le cartouche royal
d Apriès, qui en fixe la signification et la date. Le casque
présente une forme intermédiaire entre l'ancien ffulopis
des aryballes peints et le casque à fronton des arvballes
grecs façonnés en relief. Il a les paragnathides à char¬
nières, mais le nasal a presque entièrement disparu, et
les traits verticaux qui ornent le couvre-nuquc rap¬
pellent les rayures du klaft ou de la coiffure d’étoffe des
rois égyptiens 16
Fig. 4920.
Amasis devait le trône à un mouvi
m tional,
rement de réaction
contre l’étranger: il dut satisfaire le sentiment nati
mais les rois d’Égypte avaient trop besoin de ces étran-
-rraiment
gers pour prendre contre eux des mesures v
rigoureuses. Amasis se contenta de les changer de gar¬
nison ; on les transporta de la branche Pélusiaque, '
l’extrême est du Delta, à la branche Canopique, al exlicme
ouest; les camps des Ioniens et des Cariens, les sIm(0
579 et YViedemaun, Iihein. Mus. XXXV. p. 301, U ,
décident pour Fsanmffüq"'
dans 1rs Trans. of
Philologus, XII, p. •nv ul vvnjueiiiauu, ixncut. xuuo.
Studien , III, p. 161; Hicks, M annal , et Roelil, L. I. se «*««*««• — i
Certains noms sont Cariens, Saycc, The Carian linguage and insc. „L1|(juCs
the Soc. of Dibl. Archaeology , t. IX, 1887. p. 112, 154; Mallet, Op-1-
autres appartiennent à une langue voisine du phénicien et de 1 hil>i< "■ |()I.C(^nîctit
semit. I, p. 128-137 ; Mallet, p. 92. — « Le nom Psammétique n'esl |>a>
égyptien ; il peut venir de Lybie ; le neveu de Périandre s appelait - ^ ^ ,j:)llne
Polit. 1315*, 20 ; cf. Mallet, p. 81. — 1 C’est l’explication que Ma r dsn,
du mot ItXXôyXburiroL. D’autres savants pensent qu’il n’y avait que dru* ^ ^ ^ ^
l’armée, les Égyptiens et les àïtWyXucririii. — 8 Herod. Il, 1,11 ’ * ' - ’ ] | , |03.
— n Herod. Il, 101 ; Diod. I, 08. — ^ ^ \'0jr l’étude
159. — 10 Mallet, p. 119. _
— 13 Ilerod. H, 161. — U Perrot, Hist
deM. lleuzey, Gaz. arch. 1880, p. 145.-
080. - :
de l’art, III, pl. v, p.
- 10 Mallet, Op. I. P- 1 23-1 2-4, U al
Ilcuxey.
— 1787 —
MER
MER
pi'1
fl,rent détruits; la ville qui s’était formée aux
wa, 1111 \ du coup< c’est à Naucratis, et meme
fut ruinée
|environS .‘^autour de sa personne, qu’Amasis cantonna
îi Memp ll^’^res ns occupèrent des quartiers à part; ils
l6S mCI nlricter des unions avec des femmes indigènes;
Purenl T. nés de ces mariages servirent à recruter la
’f ®" des interprètes, et adoptèrent les mœurs du pays ;
C ' n ninsi longtemps avant les Ptolémées, une
? ioToè dominait l’élément exotique. Bientôt les mer-
‘ ire8 jouirent auprès d’Amasis de la faveur dont ils
“lit joui auprès de ses prédécesseurs; leurs anciens
Vilèses leur furent confirmés; le roi alla même jusqu à
accorder des avantages nombreux aux dépens des
L les égyptiens *. Naucratis devint un centre de com¬
merce très’ important; c’était un port franc, une ville
libre que les Grecs, qui s’y étaient fixés, pouvaient
administrer à leur guise. Quoique la branche Pélusiaque
soûle fût ouverte aux Grecs, leur influence s’étendait de
plus en plus en Égypte. Amasis mourut au milieu des
préparatifs qu’il faisait pour repousser l’attaque immi¬
nente des Perses. L’invasion eut lieu sous le règne de
son fils Psammétique III ; ce fut un mercenaire, Phanès
d’Halicarnasse, homme de bon conseil et brave soldat,
dit Hérodote 2, qui indiqua à Cambyse le moyen de
traverser le désert pour arriver sur les bords du Nil.
Avec la conquête perse, finit la première période de
l’établissement des mercenaires grecs en Égypte. Ils
avaient été appelés dans ce pays par le Pharaon ; on les
avait distribués dans des cantonnements fixes, d’abord à
l est, puis à l’ouest du Delta ; ils avaient le libre exercice
de leur culte et jouissaient de certains privilèges; mais
ils étaient soumis, ainsi que les marchands qui habi¬
taient auprès d’eux, à une réglementation assez étroite.
Des unions se formèrent entre les mercenaires et les
femmes du pays, et de ces unions sortit cette classe des
interprètes qui fut bientôt assez nombreuse. Mais, malgré
ces unions, les mercenaires ne firent point partie de la
nation, qui leur donnait une hospitalité plus ou moins
volontaire : Naucratis, après la destruction des strato-
péda, est le seul port où les étrangers puissent se fixer;
elle doit à ce privilège une fortune rapide. Cette ville,
ainsi établie dans un pays comme l’Égypte, a joué, à un
moment de l’histoire, un rôle important; elle a été un
Irait d’union entre la Grèce et l’Afrique; elle a eu un art,
nne industrie, un alphabet qui ont subi dans une certaine
mesure 1 influence égyptienne ; revenu en Grèce, le mer¬
cenaire, le marchand qui avait vécu en Égypte y apportait
u°fions nouvelles sur les hommes et sur les choses;
^ disaient connaître û la Grèce la civilisation égyptienne
en même temps qu’ils faisaient apprécier par l’Égypte les
Progrès rapides de la civilisation hellénique.
Ainsi , les mercenaires grecs s’établirent en Égypte au
lllomi'ni 0ù ge proéiujsait cette grande expansion de la
^ac' grecque sur presque tous les bords de la Méditer-
Uu'm a" momen^ 0Pl ^es colons grecs allaient fonder
tou V ''"es 1u* devinrent bientôt si florissantes 3. Sur
ts Points de la Méditerranée, les Grecs trouvaient
peuples barbares divisés, ayant à peine quelques
1 Cf
lieu* (t'Imhiu Mallet’ P' ***■ un décret d'Amasis : « Qu’on leur donne dos
Prient lcs dans les ter,’ains du territoire de Saïs ! Qu’ils s'appro-
"nif-ncu t i,, ’ O1 (’s. bois de chauffage (qu'on donnait aux temples). Qu’ils
‘"ercenaiiYs .**'UUX’ ~ 2 III, A; voir au ch. U, la vengeance que les
Cidéles à Amasis, tirèrent de Phanès. — 3 Cyzique en 720,
commencements de civilisation ; souvent même ils succé¬
daient à des premiers envahisseurs qui avaient préparé
le terrain, à des Phéniciens ; il leur fut donc facile de
fonder dans de tels endroits des établissements considé¬
rables, de refouler ou de soumettre les habitants et
même d’helléniser complètement le pays. I! en fut tout
autrement en Égypte. Là les Grecs avaient devant eux
un pays qui était centralisé, qui avait conscience de son
unité, qui possédait une religion, une dynastie natio¬
nales, qui avait su créer un état de civilisation très
avancé. On comprend qu’un tel pays ait résisté a
l’action des Grecs. Ils y furent toujours considérés
comme des inférieurs ou des subalternes: ils étaient,
à la solde des Pharaons. A côté de ces soldats, on permit
à des marchands de fonder une ville, Naucratis; mais le
reste de l’Égypte leur fut fermé; c’était un bloc qui ne
voulut pas se laisser entamer.
Grèce. — La plupart des tyrannies disparurent de la
Grèce vers la fin du vie siècle. Elles furent remplacées
par des républiques, dans lesquelles le pouvoir appar¬
tenait aux citoyens ; il s’ensuivit que c’est à eux que fut
confiée la défense nationale. Faire partie de 1 armée
comme hoplite ou comme cavalier était un devoir et un
honneur. Le mercenaire disparait donc pour un certain
temps des armées grecques ; il n’en est pas fait mention
dans les guerres contre les Perses; ou plutôt, c’est dans
l’armée de Xerxès qu’on signale quelques mercenaires
grecs, des Arcadiens dénués de tout, dit Hérodote L
Pendant la guerre du Péloponèse, le mercenaire a
reparu dans les armées grecques, même dans les armées
Spartiates. Il y en avait, comme nous le verrons plus
loin, dans cette armée que Brasidas commandait en
Tlirace. A la fin de la guerre aussi, quand le roi
Pausanias attaqua le Pirée, défendu par Thrasybule,
Lysandre commandait l’aile gauche qui était composée
de mercenaires 5.
Athènes. — Comme toujours, c’est pour Athènes que
nous sommes le mieux renseignés. La question des
mercenaires est importante, non pas seulement parce que
cet élément étranger, une fois introduit dans l’organi¬
sation militaire d’Athènes, y a pris un développement
chaque jour plus considérable ; elle est importante aussi
parce qu’elle nous permet de voir d’après quel modèle
les Athéniens ont compris la composition de leur armée,
et, en particulier, comment ils ont tenté de résoudre ce
problème de l’emploi des troupes légères qui s’est
imposé à tous les États grecs du ve et du iv° siècle. La
question des mercenaires, en effet, est en grande partie
la question de l’emploi des troupes légères, au moins
durant l’époque qui marque le point culminant de la
grandeur d’Athènes.
Pendant les guerres médiques, l’armée athénienne,
comme toutes les armées que les divers peuples grecs
opposèrent à l’envahisseur, comprenait presque exclusi¬
vement 6 un corps d’hoplites, armés de la lance et du
bouclier. On signale quelques archers à Platées \ un
plus grand nombre à Salamine 8, à peine quelques
cavaliers pour le service d’ordonnance 9 . Les Perses ont
Byzance cil 057, Cume, Syracuse en 735, Sybaris en 721, clc. — 4 Herod. VIII,
2fi. _ S Xen. Hcll. Il, A, 30. — 6 A Marathon, il n’y a ni archers, ni cava¬
liers, Herod. VI, ttî. — 3 Herod. IX. 22, 00. — s Plutarque ( Tliemist . 14)
indique quatre archers sur chacun des 1 80 vaisseaux athéniens. — 9 Herod. IX,
54, 00.
MER
— 1788 —
pour arme nationale l'arc 1 ; ils possèdent en outre une
forte cavalerie. L’expérience de cette guerre montra aux
l.recs que, si leur phalange d’hoplites avait sur l’infan¬
terie perse une supériorité décidée, cette phalange lourde
et massive avait besoin d’être protégée contre les troupes
légères et contre la cavalerie. Dans les cinquante ans qui
séparent les guerres médiques de la guerre du Pélo-
ponèse, les Athéniens se sont appliqués à donner à leur
phalange d’hoplites l’appui de ces troupes légères qui
était devenu nécessaire.
Quand la guerre avec Sparte éclata, l’armée de terre,
comme Périclès l’expose devant les Athéniens 2, se
. trouve ainsi composée :
1. Une grosse infanterie de 29000 hoplites, dont
3000 métèques;
2. Un corps de 1000 cavaliers ;
3. Un corps de 200 archers à cheval ;
•4. Un corps de 1600 archers à pied.
Tous ces corps, à l’exception de la troupe des 3 000 mé¬
tèques, sont exclusivement composés de citoyens athé¬
niens 3. Parmi les 1600 archers à pied et les 200 archers
à cheval, il n y a, comme on l’a cru faussement jusqu’ici,
ni esclave ni mercenaire. C’est là l’armée régulière’
prête à entrer en campagne sur l’ordre des autorités
compétentes [exercitus].
Il faut noter que des deux armes de jet qui figurent
désormais dans 1 armée athénienne, l’arc et le javelot,
c est la première qui passe pour la plus efficace, puis¬
qu’elle est donnée à des troupes à cheval et à des troupes
à pied. Le javelot [jaculum] n’est donné qu’à des cavaliers ;
on sait qu’à cette époque c’est là le seul moyen d’action
que la cavalerie peut avoir contre l’infanterie. Cependant
si l’arc [arcus] est considéré comme une arme redoutable,
c est une arme méprisée. Le tir de l’arc était enseigné aux
éphèbes ’, mais il ne figure pas à Athènes dans les con¬
cours des jeux publics. Il y a, au contraire, des prix
pour le tir du javelot à cheval ; c’était un exercice aimé
des jeunes Athéniens [heraia, fig. 3752]; ils savaient
même lancer le javelot en se tenant debout sur le
cheval 5.
Dès le début des hostilités, l’insuffisance de cet arme¬
ment se fitsentir. La guerre avait désormais de nouvelles
exigences ; plus que jamais la phalange des hoplites
avait besoin d’être protégée et éclairée. Comme autrefois
les Athéniens s’étaient adressés à leurs alliés les Thessa-
liens, pour avoir de la cavalerie, ils s’adressèrent cette
fois encore à leurs alliés du nord de la Grèce pour avoir
des troupes légères. Sitalcès, roi des Odryses, fut sollicité
d’envoyer une armée de cavaliers et de peltastes G. Cléon,
allant combattre les Spartiates enfermés dans l’ile de
Sphactérie, amena avec lui des hoplites de Lemnos et
d Imbros et un fort contingent d’archers et de peltastes;
au moment d’attaquer, il avait 800 archers et 400 peltastes ;
ces derniers venaient de l’île d’Ainos, à l’embouchure de
1 Ebre ; une autre arme légère est signalée aussi dans
son armée, des frondeurs ; mais leur effectif n’est pas
indiqué '. L’expédition que Nicias et Nicostratos con-
< Eschyle dans les Perses oppose souvent l'arc des f'erscs 'au Si»u des
Grecs, v. 85, 147, 239, etc. - 2 Time. II, 13. - 3 La démonstration
e ce que nous avançons ici se trouvera dans uu article qui paraîtra
au Case. 1" de la /ter. de philologie de 1903. — 4 Dans les insc. épbébiques le
To-Jvaî est toujours indiqué parmi les professeurs qui reçoivent un éloge, Corp.
,nscr. ait. II, 465 1. 22 ; 407, I. 53 ; 409, I. 39 et 84 ; le plus' souvent le est
mcnlionné après I 4*ovr urrfc. — 5 C’est ainsi que faisait le fils de Thémislocle,
MER
duisirent contre Mendé, en 4^3 rnm
* C00,archers athénie”S. 4OOO TI,racerll0(l0llo«J
des pelustes fournis par 1<,S peu , Trcc"“'ni «
un moment de l’Atlique et regarde» ° '' S«««
<1 autres peuples grees. Le! &*£"**•***
tr, on, pl.onl d'une expédition athénienne !! *>*
a cote des hoplites, un corps de pcCi '
venir d’Olynthe et de l’ile de oisi.'ilJ’ ?" lls ""'Ml
maïque *. A Délion, les Thébains !! • " S°lrc Th«-
7000 hoplites, plus de 10000 tw n km
500 peltastes-. Après la victoire] Hs’cîu^ L'"*'5 «
encore assez de troupes légères ils fi,.- i navoil‘pas!
Maliaque des acontistes et des frondeurs T"' dU 8°1
Brasidas réunit en Thrace en 424 avait amée que
qui révèle chez ce général une
conditions nouvelles dans lesquelles devJC f •“
a ors la guerre, connaissance qui était , 1
chez un Spartiate. Celle armée comprenait JL re
le corps de peltastes qni étaiti, *45,
2000 hoplites, plus de 1800 Thraces mercenaire/] 1
cavaliers et des peltastes édoniens en grand „„ml«
enliii 1000 peltastes myrcinicns et chalcidiens C’estl
»e ces peUastes
Nous arrivons à l'expédition de Sicile. C’est le nias
grand cfforl qu’Athènes ait encore fait dans cette guerre-
en même temps, à cause de la grandeur même de l'entre]
prise, Thucydide est moins avide de renseignements.
Dans l’assemblée du peuple où cette expédition fui
décidée, Nicias avait fait observer que les villes sici¬
liennes étaient abondamment fournies d’hoplites, I
d ai chers et d acontistes ; il avait demandé que le corps ]
expéditionnaire, à côté d’une nombreuse phalange
d hoplites athéniens, alliés ou mercenaires, eût beaucoup
d archers athéniens ou crétois et beaucoup de frondeurs,
La nécessité d’avoir des troupes légères s’imposait d'au¬
tant plus qu’on ne pouvait pas songer à amener si loin de
la cavalerie, et l’on savait que les Syracusains en avaient
une très nombreuse12. L’armée que les généraux athé¬
niens amenèrent en Sicile comprenait 5 100 hoplites, dont
1500 d’Athènes, 480 archers, dont 80 de Crète, 700 fron¬
deurs rhodiens et 120 tfuXof de Mégare13. Rien déplus
instructif pour nous quela composition de cette armée. On
en est encore aux anciens errements : des archers et des
frondeurs [funda]. Nicias avait signalé la présence de
nombreux acontistes dans l’armée syracusaine; il n on
réclame pas pour l’armée qu’il commande; il ne réclamé
pas non plus des peltastes, cette troupe légère de mercej
naires, que, dès le début des hostilités, nous voyons w
souvent à côté des troupes nationales, et qui a dejarendu
bien des services. Ainsi donc cetLe fois encore 1 armernt n
était insuffisant. Le danger s’aggrava lorsque, •s0USj
l’impulsion de Gylippe, les Syracusains eurent pris
l’offensive. Dans une première bataille, ils sont '<"I1C11S’ I
parce que Gylippe, comme il l’avoue
tirer parti de ses acontistes et de sa cax alerie ,^g
un second engagement, il répare sa faute et les Ail" 11
Clèophante, Platon, A tenon, 93 D ; Plut. Thcmisl. 32. h 'j"1]
loph. Acharn. 141. — 7 TIiuc. IV, 28 et 32. — s Ibid. P » **" jl>os dans su»
— 10 IV, 93. — il V C et 10. Cléon lui aussi avait des mercenain
’ i ' Poilus, I’"1 ■
armée; il s'était adressé à Perdicas, roi de Macédoine, et nombre possible
mantes: il avait demandé à celui-ci de lui envoyer le pins ^ ^ jfrjj,
de Thraces mercenaires, V, 0, 2. — 12 Tliuc. \ \, 20, 3 ; 2-, 1 » »
VI, 43. — H VII 5.
i-même, n a pas su
mais, dans
4; A ris-
» ii,
son
MER
— 1789 —
MER
. i Vicias, lui aussi2, attribue sa défaite au
sont vain(|‘,i^.ivalerie et d’acontistes. Une nouvelle armée
nian([uc ‘ordres de DémoSthène et d’Eurymédon,
part’ S0U'„ secours à la première qui est en péril. On
P0"!/” xhrace un corps de 1300 peltastes3. C’est le
rient de mercenaires le plus nombreux que nous
c0 ° ci rnl te énoque dans une armée athénienne ; leur
"iïÜÏÏZl, une drachme par jour. M„iS les
' furent mol prises et cette troupe arriva trop tard
“ 1 s'embarquer. 11 fallut se résoudre à prendre des
P ij, tes Pour la première fois alors nous constatons la
Agence de mercenaires de cette arme dans une armée
'athénienne. Démosthène en fit venir d’Acarname * ; en
route, il en prit 150 chez les Iapygiens, 300 à Métaponte 6,
300 à Thurium. Des frondeurs furent engagés, en Acar-
nanie surtout, pays qui en fournissait d’excellents6. _
Après l’expédition de Sicile, ni les acontistes, m les
peltastes ne sont plus mentionnés par Thucydide ; l’his¬
torien ne prend plus la peine de distinguer les diverses
sortes de tj/eXoî \ Dans les Helléniques de Xénophon, il
sera question une fois ou deux des acontistes dans
T’armée athénienne, puis ce nom disparaît8. Nous ver¬
rons, au contraire, le peltaste prendre une importance de
jour en jour plus grande. Pendant la guerre du Pélopo-
nèse, les deux armes semblent bien distinctes l’une de
l’autre; la manœuvre essentielle est cependant la même,
elle consiste dans le tir du javelot. Ce qui distinguait le
peltaste, c’est qu’il avait le petit bouclier, tt éXrq, d’où lui
estvenuson nom(fig.4930)9. Peuàpeu cependant, ces diffé¬
rences s’atténuent; au commencement du ive siècle, le pel¬
taste et l’acontiste ne forment plus qu’une seule et même
arme ; c’est ce que montre nettement cette phrase de Xéno¬
phon : « Presque tous les Thessaliens sont acontistes, aussi
est-il naturel qu’ils nous soient supérieursen peltastes ,0. »
On voit quel est le rôle des mercenaires dans l’armée
athénienne au vc siècle. Ils figurent dans tous les corps,
soit pour renforcer les troupes nationales, soit pour con¬
stituer à eux seuls des corps de troupes qui manquent.
Avec 1 armée nationale, nous trouvons : des hoplites
messëniens avec Démosthène dans sa campagne près du
golfe d Ambracie 11 ; des hoplites de Mantinée et d’autres
villes du Péloponèse dans l’armée de Nicias, en Sicile12;
es hoplites de Thurii dans l’armée de secours amenée
par Démosthène 13 ; des cavaliers macédoniens dans
armée athénienne qui fait le siège de Potidéeu; des
archers dans l’armée que Cléon conduit attaquer Sphac-
^nr , et dans celle que Nicias conduit en Sicile ,6.
dls ces hoplites, ces cavaliers et ces archers merce¬
naires ne forment qu’un appoint assez faible à côté des
contingents fournis, pour les mêmes armes, par les
Athéniens et par leurs alliés ou sujets. Il n’en est pas de
même pour les troupes légères. Un citoyen athénien, à
moins d’appartenir à la dernière classe, nesert que comme
hoplite ou comme cavalier ; servir dans les rangs des
archers à cheval était déshonorant pour un cavalier17 ;
nous pouvons être sûrs que le même mépris aurait frappé
l’hoplite qui se serait glissé dans les rangs des archers
à pied. Le javelot pour le fantassin était peut-être
aussi méprisé que l’arc; il était en tout cas consi¬
déré comme moins efficace. Au contraire, pour les
peuples du nord de la Grèce, qu’ils fussent grecs ou
barbares, le javelot était l’arme nationale. C’est donc
chez eux que les Athéniens vont recruter leurs acon¬
tistes et leurs peltastes. Nous avons pu constater la
préférence que les Athéniens ont donnée aux peltastes.
Nous avons très peu de renseignements sur la façon
dont ces mercenaires étaient enrôlés. Il fallait naturel,
lement s’entendre avec les autorités du pays; on pro¬
cédait probablement par masses; tel pays devait four¬
nir tout un corps soit d’acontistes, soit de peltastes,
soit de frondeurs. Le commandement en chef de ces
mercenaires était donné, au moins dans certains cas, à
un Athénien ,8.
Il nous reste à parler d’un corps de mercenaires dont
l’existence est constatée à Athènes pendant la seconde
moitié du v° siècle et pendant le ive. Ces mercenaires se
distinguent de tous ceux que nous venons d’étudier, par
une différence essentielle. C’est une troupe permanente :
c’est ainsi, du moins, que les textes qui sont en notre
possession nous permettent de les considérer. Nous vou¬
lons parler des peripoloi. Jusqu’à ces dernières années
ce nom était donné aux éphèbes. Pendant la première
année de leur noviciat, ils étaient instruits au maniement
des armes, aux formations de marche, de colonne, etc.
La seconde année, ils faisaient un service en campagne.
Ils parcouraient l’Attique, fournissaient des garnisons
aux forts construits sur les frontières. Ce sont les
éphèbes de seconde année qui étaient appelés péripoles 19.
Mais ce nom n’était pas réservé à eux seuls. M. Foucart20
a montré qu’il y avait un corps de mercenaires qui
étaient aussi appelés péripoles. D’après un texte épigra¬
phique de l’an 352, les péripolarques sont chargés de
faire respecter les bornes placées sur un terrain appar¬
tenant aux déesses d’Éleusis21. Un autre texte, un peu
moins ancien22, nous fait connaître que le péripolarque
Smikythion, apprenant qu’Éleusis est menacée, s’y était
porté et s’y était établi avec ses mercenaires (Aotêwv toù?
GTpamÔTaç), en même temps qu’il demandait à Athènes
des secours qu’on s’empressa de lui envoyer. Smiky¬
thion est du dème de Képhalé, c’est donc un citoyen
athénien. Une autre inscription 23 contient une décision
par laquelle les mercenaires, (TTpaTtùjxat, votent une cou¬
ronne à un stratège et à un péripolarque ; les deux offi¬
ciers sont désignés tous les deux par le patronymique
et le démotique, ils sont donc citoyens athéniens. M. Fou-
Jl'.tf 'tU’ C- - 2 VII, 11, 2. _ 3 Vil, 27. - 4 VII, 31,4. - b VII, 33.-
rpnccs d,’. ~ ' *'e 'lvre VIH' présente, par rapport aux autres livres, il
roeutioTi ■ C"m!los'I'on e! de stylo reconnues depuis longtemps. — 8 Ac
SlacUcU," S IW' rai leS soldats de Thrasybule, II, 4, 12 ; 15, 23. — 9 Peint,
propose a,.s’ <’mer der IIdlen- pl. 38, 4. — iO Bell. VI, 1, 9 ; Agésilas (li
“ronldm P,r'.S ^°1,r *cs *lnP'Hcs, les cavaliers, les peltastes et les archers ;
S^1 C(nix (i"' sauront le mieux la gymnastique, l'équitation, le tir
lot, le tir do Parc. — '* Time. III, 107. — 1* VI, 22 ; 43, 2 ; cf. encore tout le chap. vu, 58.
_ 13 vil, 35. — n 1, 6t. — té IV, 28. - « VI, 43. — *7 Lysias, XV, 6. — 18 Thuc. VU.
-, g _ | . — 19 Le texte le plus important est Escliinc, De fais. leg. 107. Nous renverrons
seulement à Gilbert, Handb. 1, 349 et à P. Girard, L’Éduc. ath. p. 273. — 20 Bull,
de corr. hell. XIII, 1899, p. 265-206. — 21 Dittcnbcrger, 789, I. 20; Michel, 074 ;
Corp. inscr. att. IV, 2, n» 104 a. — 22 Dittenbcrger, 526 ; Michel, 149 ; Corp.
inscr. att. IV, 2, n» 574 g. — 23 Michel, 1257 ; Corp. inscr. att. IV, 2, 1219 4.
225
MER
— 1790 —
cari a montré que le péripole 1 qui a tué Phrynichos âur
l’agora était un mercenaire ainsi que plusieurs de ses
complices, Thrasybule de Calydon, Apollodore de Mé-
gare -.Ou peut supposer, d'après le nom qui fut donné à
ce corps, qu’il avait pour mission d’assurer la tranquillité
dans les campagnes et la surveillance des places fortes.
Ils pouvaient aussi être employés dans des opérations
militaires. Le stratège Démosthène en avait dans son
armée quand il essaya de s’emparer de Mégare en 424.
Thucydide, qui rapporte le fait, ajoute qu’ils étaient
classés parmi les -j/iXot; c’étaient donc des fantassins3.
Peut-on supposer d’après tous ces textes qu’ils ne ser¬
vaient guère hors de l’Attique? Tout au plus les em¬
ployait-on dans des attaques contre les pays voisins.
Nous n’avons aucun ‘renseignement sur l’effectif du
corps. A quelle époque fut-il organisé? Peut-être pendant
la guerre du Péloponèse, après l’occupation de Docélie,
pour tenir tète aux incursions des Lacédémoniens 4.
Nous signalons ici, quoique la plupart appartiennent
au me ou au ne siècle, plusieurs textes épigraphiques, qui
se rapportent, les premiers à ces garnisons des places
fortes de l'Attique, les autres à des corps de mercenaires
au service d’Athènes. Il n’y est plus question de péri-
poles. Parmi les premiers textes5, nous n’en citerons
qu’un : c’est une inscription 6 qui nous fait connaître
une décision par laquelle les Athéniens en garnison à
Eleusis, Panactos et Phylé 7, décernent un éloge, une
couronne d’or et une statue d'airain à Aristophane, stra¬
tège à Éleusis. Les mercenaires sont ainsi désignés :
ligne 21, oi sTfaTtoivai oî 7taoi tt; ttoXsi cTpaxsuogevoi xai
TETOcygévoi ’EXeuatvt ; et ligne 41, oi £evot oE p.svà PvMcriou
TE-tayjj.évot. CeGnosias est un Phocidien; un peu plus bas,
il est désigné comme étant le chef, TjyEpujiv, des merce¬
naires. Il est dit dans le décret que, pour veiller à l’exé¬
cution des mesures votées, on élira cinq Athéniens delà
garnison d’Éleusis, cinq de celle de Panactos, un de
celle de Phylé. Il n’est pas fait mention de délégués à
élire pour les mercenaires. Mais, à la fin de l’inscription,
les noms des délégués se trouvent indiqués: il y a les
onze délégués athéniens ; vient ensuite la liste des délé¬
gués des mercenaires; en tête, le chef Gnosias, puis
vingt-deux noms propres suivis de l’ethnique; il y a
quatre Phocidiens, quatre Crétois, trois Macédoniens,
deux Argiens, deux Thessaliens, etc. Malheureusement
l’inscription est mutilée après ces vingt-deux noms; il
semble bien qu’il y en avait encore vingt-cinq, ce qui
ferait quarante-huit noms de mercenaires, y compris le
nom de Gnosias. Si cette explication est juste, on voit
combien les mercenaires étaient plus nombreux que les
Athéniens. Cette inscription doit être placée entre les
années 289 et 287, quand Démétrius était encore roi
d’Athènes. Une autr<? inscription, qui est de l’an 282, au
moment où Démétrius venait de mourir prisonnier de
Séleucus, contient un décret honorifique en l’honneur de
Strombichos, un ancien officier de Démétrius, qui,
avec ses mercenaires, avait aidé les Athéniens à recon¬
quérir leur liberté 8. Pendant la guerre Lamiaque,
* Il s’appelait ilernion, d’après Plutarque, Alcib. 25. -- 2Tnuc. VIII, 92»
Lysias, XIII, 71 ; Corp. inscr. att. I, 59. — 3 Thuc. IV, G7, 2 et C ; 68, 4.
— 4 L’état d’él>auche dans lequel est resté le 1. VIII de Thucydide expli¬
querait pourquoi la création de ce corps n’a pas été mentionnée par l’historien.
— à II y en a deux autres : Corp. inscr. att. II, 1217; Ditlenbergcr, 165; c’est une
inscription en l honneur de Démétrius de Phalères, environ de l’an 318 av. J.-C.
Une autre inscription, entre les années 220 et 216, concerne un slratège, Int t 7tv
MER
Euphron de Sicyone, chef de mercenaires ■ •
secouru les Athéniens 3 ; en 229, les mer^ aUSsi
paient la ville, on avait de la peine à se déi^^68 0ccu*
une inscription nous apprend qu’Euryclès'T8? d eUX’
Céphère, donna de l’argent pour les faire m,!; «,e de
quons enfin delà fin du iv siècle, un catalogue ni
cenaires ; il a été trouvé sur l’Acropole Æ ■
comprend en réalité trois listes différentes lpll0n
une colonne. Certains noms ethniques I’
chacune des trois colonnes, ainsi le nom des (w r ^
r'rr"ns t deux’ ainsi *« p« c1
les Thebains. A partir do la ligne 47 q ’
cinquante noms d’individus et cinquante noms'T
peuples ; on voit combien la composition de ces troun!
mercenaires était variée quant à la nationalité • d
cette partie de la liste, tous les noms sont bien grecs \u
contraire, dans la première partie, dans les quarante
sept premières lignes, il y a quarante-trois noms parmi
lesquels il y a bon nombre de noms barbares, ainsi des
noms égyptiens: Patoumas; Patoumasès, des noms qui
semblent scythes : Rosézis, Doulézelinis, Ivarsis,
Driazis, etc. Il est regrettable que l’indication relative à
l’ethnique de tous ces noms ait disparu.
La fin de la guerre du Péloponèse avail été si longue,
que pour beaucoup de Grecs, le service militaire était
devenu un métier, une occupation. La paix rétablie, tous
ces soldats se trouvaient désœuvrés et incapables de
gagner leur vie. D’autre part, les classes sociales, dans
lesquelles les milices civiques étaient recrutées, avaient
été si éprouvées qu’elles ne sentaient plus que la fatigue
et le dégoût du service. En même temps, le métier mili¬
taire devenait chaque jour plus. difficile. « Personne 12 ne
pourra devenir un excellent joueur de dés ou d’osselets
s’il ne s’applique à ce jeu dès l’enfance, et il suffira de
prendre un bouclier ou une autre arme quelconque pour
devenir du jour au lendemain un bon hoplite ! » Les
milices civiques, qui avaient sauvé la Grèce dans la
lutte contre les Perses, avaient des qualités précieuses,
l’esprit de sacrifice et le dévouement à la patrie; mal¬
heureusement la guerre avait amené une recrudescence
déplorable des discordes civiles ; la lutte des partis prit
un caractère de fureur et de férocité qu’on n’avait pas
vu jusqu’alors ; le sentiment patriotique en reçut une
atteinte profonde. Enfin, avec le développement de la
démocratie, l’esprit d’indiscipline devint chaque jour
plus fort dans les armées; les chefs ne pouvaient ma¬
nier qu’avec les plus grands ménagements ces hommes
qui, de retour dans la cité, pouvaient devenir leurs accu
sateurs et même leurs juges13.
Ce qui prouve que l’ère des mercenaires commence,
c’est l’apparition du chef de bande, du condottiei ( ■ us^
qu’ici le mercenaire de métier agit isolément,' ne
forme pas d’association, de bande. Les tyrans qui j^11^
parent du pouvoir avec l’aide des soldats, tels que .IS
trate,Denys, Jason de Phères, n’ont rien du londoltc^
ce sont des citoyens qui profitent des troubles pu
tentent un coup de force et régnent sur
Dittenberger, 246 ; Michel, 609.
r leur cité. A Prü'
6 6’. i. att. Il, 514
entre 289 et
av en* 'EXeuffTvoç . ~ . — — , - . ... _ n|aCC C
b , p. 154; Dittenberger, 192; Michel, 606. Cette inscrip ion s j.ver9 textes.
287. — 7 Ces trois garnisons sont mentionnées ensemble <!&ns c ‘ ^ jyf 2,
— » C. i. att. II, 314; Dittenberger, 198; Michel, 127. — ’ ‘g. Ditlen-
- ’ 5 (374 d-
p. Ci, n. 231 4; Dittenberger, 163; Michel, .... ^
berger, 233. — U C. i. att. II, 963; Michel, 605. - 12 t'lal- iiep'
— '3 Cf. nos Cavaliers Athéniens, p. 441.
MER
— 1791
MER
|i0US voyons apparaître le guerrier qui, après s’être
SCnl "" renom par sa bravoure, son habileté, ses lar-
fal1 “ réunit des bandes d’hommes armés dont il se fait
va se louer à tel ou tel État, ou bien fait la guerre
je chef,
,mir son compte.
• jj-j: ]\[ille. — Déjà, à la fin de la guerre, Alcibiade,
I,. uni d’Athènes, s’étaitrendu indépendant entre les deux
partis, grâce a
des troupes de mercenaires qu’il avait réu-
, et avec lesquelles il occupait plusieurs points fortifiés,
f la guerre aux barbares et ramassant beaucoup de
, lusses *. Les satrapes perses de l’Asie Mineure avaient
' lcur solde des mercenaires grecs qui n’avaient aucun
scrupule à se battre contre les Grecs 2. Cyrus le Jeune
eut de bonne heure des mercenaires grecs autour de
lui Lorsqu’il fut appelé auprès de son père le roi Darius
mourant, il amena 300 hoplites grecs qui étaient sous
les ordres de l’Arcadien Xenias et qui recevaient une
solde magnifique (I, 2, 2 et 18). Quand, de retour dans son
gouvernement, il résolut de détrôner son frère, il comprit
qu’il ne pourrait rien s’il ne donnait à ses troupes perses
l’appui d'une armée grecque. Il s’était déjà mis en rapport
avec un officier lacédémonien nommé Cléarque, qui, après
avoir été harmoste à Byzance, avait refusé ouvertement
d’obéir aux éphores de Sparte et avait été banni. Cyrus
lui donna 10000 dariques, et, avec cet argent, Cléarque
réunit une troupe de soldats qu’il conduisit en Thrace
vivre de pillage et de rapines jusqu'au jour où Cyrus
l’appela en Asie. En même temps que Cléarque, arri¬
vaient à Sardes d'autres chefs, qui, sur l’ordre de
Cyrus, avaient eux aussi réuni une troupe de soldats.
Voici la composition de l’armée, telle que la donne
Xénophon 3 :
Xéuias l’Arcadieu .
4000 hoplites.
Proxèue le Béotien .
1500 —
500 tpiXof.
Sophéuète l’Arcadieu. . . .
10(0 —
Socrate l’Àchéen .
500 —
Pasion le Mégarien .
300 —
300 —
Ménou le Thessalien .
1000 —
500 —
Cléarque le Lacédémonien .
1000 —
1 000 — 40 cavaliers.
Sosis le Syracusaift .
300 —
Agias le Lacédémouien. . .
1000 —
10G00 hoplites.
2 3004hXoL 40 cavaliers.
Ce qui domine dans cette armée, ce sont les Pélopo-
nésiens : Arcadiens, Achéens, Lacédémoniens; la Grèce
centrale est peu représentée, sauf la Béotie ; les Athé¬
niens sont en petit nombre; les Thraces, les Rhodiens,
les Cretois composent les troupes légères.
^ Cunaxales effectifs sont restés tels que nous venons
(le les indiquer; en sortant du pays des Carduques, il
n,Y a plus que 8 000 hoplites et 1800 <j/iAoi *. A Héra-
cico ", on trouve -4500 hoplites arcadiens et achéens,
ROO hoplites et 700 légers avec Chirisophe ; 1700 hoplites
c! 300 légers aveeXénophon, plus 40 cavaliers : total 8640.
' Chrysopolis, d'après Diodore 6, ils étaient 8 300. Mais
apies R campagne de Thrace, les soldats qui passent
7' '^Sle à Lampsaque7 ne sont plus que 6000. Enfin
1111111 seulement se mirent à la solde de Thibron 8.
j, *jGs effectifs des neuf régiments qui composent
armée présentent des différences considérables; mais
Pliornô" y ^ ° ’ C°r>i. Nep. Alcib. 7. — 2 Ainsi Pliarnabaze el Tissa-
&eur M Cn 2, 15; de môme Mania, reine d’Éolio, et son succcs-
c*'as’ Jbid. 111, 1, 13-ig, 21. — 3 Ces chiffres sont donnés dans le icr et
tous ces régiments sont organisés de la même façon9.
L’unité est la compagnie, 16/ ;oç, qui est de 100 hommes :
le lo/o; est divisé en deux pentécostyes (vj 7i£VT7)xoffTé;),
chacune de 50 hommes ; la pentécostys est divisée en
deux énomoties (v; èvcugoTia), chacune de 25 hommes.
Ces divisions rendent les corps très mobiles et très ma¬
niables. Cette organisation diffère sensiblement de l’orga¬
nisation des armées athénienne et Spartiate; cependant
la plupart de ces noms se retrouvent dans l’armée «
Spartiate.
Chaque soldat doit s’armer et s’équiper à ses frais; il
doit s’entretenir avec la solde qu’on lui donne. Cette solde
avaitété fixée à un darique par mois. C’était une monnaie
d’or, qui avait été émise par Darius Ier, avec l’effigie
d’un archer, et qui valait environ 20 drachmes attiques
(fig. 2292). Cette solde était complète ; elle comprenait à la
fois les subsistances (afroç), et le salaire (gnjOôç). A Tarse,
quandles Grecs comprennent qu’on les mène vers la haute
Asie, ils refusent d’avancer; Cyrus vient à bout de leur
résistance en portant la solde à un darique et demi. Le
lochage recevait le double, le général le quadruple. Après
Cunaxa, plus de solde. A Byzance, les Grecs trouvent à se
louer à Seuthès, qui leur promet un statère de Cyzique
par homme et par mois. Cette monnaie en usage dans les
villes d’Asie Mineure et de Thrace valait 8 drachmes de
plus que le darique.
Nous n’avons pas à parler ici des manœuvres que l'armée
exécute dans les marches et dans les batailles [exercitus,
p. 903]. Ce sont les manœuvres ordinaires des armées
grecques à cette époque. 11 faut faire une exception pour la
marche en colonnes de compagnie , Aôyoi opQioi, disposition
qui paraît de l’invention de Xénophon ou du conseil des
généraux. Quand il ne s’agit pas d’une bataille rangée, au
lieu de se mettre en ligne de bataille (tpâXaY'),les compa¬
gnies se placenta la gauche les unes des autres, chacune
d’elles étant en colonne (les énomoties l’une derrière
l’autre) et un certain intervalle est entre ces petites
colonnes. C’est toujours ainsi que l’on donne l’assaut,
quand on craignait que les accidents du terrain briseraient
la ligne de bataille en phalange. Il faut aussi parler de la
manœuvre que les Grecs exécutèrent à Cunaxa, lors¬
qu’ils s’arrêtèrent dans leur poursuite, et firent demi-
tour. Dans ce mouvement le dernier rang ne devint pas le
premier ; au contraire, dans chaque énomotie, le dernier
rang fit demi-tour, le rang suivant vint se placer devant
lui, et ainsi de suite jusqu’au premier. Le seul change¬
ment fut que l’aile droite était à gauche, et récipro¬
quement10.
On peut admettre que l’armée est partie de Sardes le
6 mars 401 : la bataille de Cunaxa serait du 3 septembre ;
en 86 jours de marche on avait fait 520 parasanges ; il y
avait eu 96 jours de repos. De Cunaxa à Cotyora, il y eut
122 jours de marche, pendant lesquels on fit environ
620 parasanges, et 151 jours de repos. Cela donne un
total de 208 jours de marche, de 247 jours de repos, soit
en tout environ 15 mois, et de 1140 parasanges. Cette
mesure perse équivaut à 30 stades, c’est-à-dire 5 km. 520.
Les Grecs avaient donc fait en 208 étapes 6292 km. 800,
soit une moyenne de 30 km. 252 par journée de marche.
C’est surtout de Sardes à Cunaxa que les étapes furent
te II” cliapilrç du livre premier ; l'effectif total est indiqué, 1, 2, 0. — t Xen. Anab.
IV, g, 15. — 5 VI, 2, te. - « XIV, 31. — 7 VII, 7, 33. - » XV, 37. - 9 Voir
surtout Anab. IV, 8, 15. — 10 Xen. Anab. I, 10, 6-9.
MER
— 1792
MER
longues. Cyrus était pressé, et l’armée, bien fournie
dans un pays fertile, s’avançait rapidement. Dans les mon¬
tagnes de l’Arménie, la marche devint très difficile; les
attaques de l’ennemi étaient incessantes ; les Grecs mar¬
chèrent quelquefois plus d'un mois sans se reposer.
Il faut tenir compte aussi des impedimenta que traî¬
nait cette armée. Outre les soldats, elle comprenait un
grand nombre de serviteurs ou d’esclaves. Chaque hoplite
avait un Ù7ra<77rt<rrrçç, chargé de porter le bouclier et
quelques autres pièces de l’armure ; d’autres esclaves et
de nombreuses bêtes de somme portaient les ustensiles
de table et de cuisine, les vêtements, les tentes et surtout
le butin. A chaque razzia, on enlevait le plus d’hommes
que l’on pouvait pour en faire des porteurs. Les cha¬
riots paraissent avoir été relativement peu nombreux.
Tout cela formait un train considérable. On le désignait1
SOUS le nom de xi axsuir), oy^oç, dxpaxb; cxsuooopixôç ; il
avait ses chefs particuliers, STpaxoS cFxeuoçoptxou apyovTE;2.
Il comprenait enfin les malades, les blessés, des enfants
d’esclaves, enfin un grand nombre de femmes. La surveil¬
lance et la protection du train était un des soucis des
chefs et encore plus peut-être des soldats. Quelquefois
ceux-ci, pour porter secours au train qu’ils croient me¬
nacé, sont allés jusqu'à agir contre les ordres donnés 3.
Au commencement de la retraite, après Cunaxa, les
Grecs, sur la proposition de Xénophon, prirent la réso¬
lution de brûler leurs bagages et leurs tentes 4 ; la même
opération se fit encore dans le pays des Carduques5;
malgré cela, l’o^Xoç est toujours resté considérable et n’a
pas peu contribué à alourdir la marche de l’armée.
Il n’y avait pas de service d’intendance ; l’armée se
nourrit par le pillage ; souvent on traite avec les popu¬
lations qui consentent à fournir un marché. Le service
médical est rudimentaire. Quand les blessés sont nom¬
breux, on fait appel à ceux des chefs ou des soldats qui
peuvent avoir quelque connaissance de la médecine ;
une fois, huit médecins sont mentionnés 6. Les prêtres,
les devins sont assez nombreux ; parmi eux, Silanos
et Aréxion occupent une situation aussi importante que
les chefs supérieurs.
Ces troupes sont en général groupées selon la nationa¬
lité du chef qui les a enrôlées. Il semble que l’enrôle¬
ment ne comprenait pas de contrat. En tout cas, l’enga¬
gement peut toujours être rompu ; ainsi 2000 soldats
quittent Xénias et Pasion pour passer à Cléarque 7. On
quitte un chef, on revient à lui selon les circonstances.
Dans les moments critiques, un grand nombre de sol¬
dats viennent se ranger autour de Cléarque, qui est
regardé comme le guerrier le plus ferme et le plus
habile en face de l’ennemi ; mais, le danger passé, les
soldats le quittent à cause de sa sévérité et passent
sous d'autres chefs8.
Ce qui manque le plus à cette armée, c’est la disci¬
pline. Elle dépend de la personnalité de chaque chef.
Cléarque 9 sait le mieux tenir ses hommes, et il le fait en
érigeant la sévérité en principe; il dit que le soldat doit
craindre son chef plus que l’ennemi. Il n’est pas aimé de
ses hommes. Il est d’ailleurs obligé de les ménager ; il
l Anab. I, 3, 7 , III 4, 26 ; VI, 5, 3. — 2 De Rep. Lacaecl. XIII, 4. — 3 Anab. IV,
3, 30. — * III, 2, 27-28; 3, I. — 5 IV, i, 13; on donna aussi la liberté aux pri¬
sonniers. — 6 III, 4, 30. — 7 1, 3, 7. — 8 II, 6, 12. — 9 II, 6, 1-15. — 10 H,
3, 11. - 11 I, 5, 11-17. — 12 V, tout le cliap. 8. — 13 III, 4, 47-40. — 14 IV, 3, 30.
— 15 V, 8, 9. — 16 II, 3, II; III, 4, 49. — 17 III, 1, 30-32. Il esl vrai que ce
doit donner l’exemple10. Proxène le Thébain
timide ; c’est un philosophe égaré au milieu de " , U'°P
dats. Ménon de Thessalie avait tous les vices de f?
rie et de scélératesse qu’on reprochait aux hommes"]
pays. Cléarque frappe ses soldats; il ne peut en
autant aux soldats de Ménon sans provoquer une
volte 11 • Xénophon, accusé d’avoir frappé des sold a '
doit s’expliquer12. Les actes d’insubordination sont fré’
quents. Les soldats n’admettent pas facilement pour leur 1
chefs des privilèges, même les plus nécessaires13 L’ordr I
d'abandonner des bagages n’est jamais bien exécuté
Des soldats quittent même leur poste14. Il y en a un
qui, chargé de garder un malade, veut l’enterrer vivant
pour être débarrassé de son fardeau 1B. Il est rarement
fait mention de punitions ; le plus souvent elles sont dé¬
cidées et infligées sur place par les soldats eux-mêmes-
elles consistent en coups de poing, coups de bâton16'
Les généraux peuvent dégrader un lochage et le faire
descendre au rôle de porteur 17.
En réalité, loin de l’ennemi, c’est moins une armée
qu’une république, une démocratie ambulante. Les sol¬
dats font et défont les chefs; ils leur demandent des
comptes, ils les jugent, les condamnent18. Tout cela
tient à la composition de cette armée. C’est la première
armée de mercenaires grecs qui ait été réunie. Xénophon
a bien soin de marquer ce qui la distingue. C’étaient des
jeunes gens de bonne famille qui avaient quitté leur
père et leur mère ; d’autres même leur femme et leurs
enfants19. Une autre fois il dépeint avec complaisance la
bonne tenue de cette armée. Les Grecs avaient tous des
casques d’airain, des tuniques de pourpre, des cnémides
et des boucliers brillants20. Ce n’étaient pas là des merce¬
naires atfamés et obligés de se vendre pour vivre. Ils
étaient venus par esprit d’aventure, attirés par le
grand renom de Cyrus. Jusqu’ici le mercenaire est sur¬
tout un |iXôç, c’est-à-dire qu’il n’appartient pas aux
classes dans les mains desquelles est la direction de la
cité; le plus souvent même il n’est pas grec ou c est un
citoyen de ces cités du Nord, voisines des barbares et à
moitié barbares elles-mêmes. Cette fois, c est 1 homme
des classes dirigeantes qui s’enrôle21; il est dans lui¬
sance; il est en état de se fournir une armure complète,
il sert comme hoplite. C’est là le trait le plus nouveau et
peut-être le plus important qui distingue cette armée.
Nous nous sommes arrêté sur cette partie de notre
sujet parce que cette armée des Dix Mille est la plus in
téressante des armées de mercenaires de la Grèce , ces
aussi celle que, grâce à Xénophon, nous connaissons le
mieux. Bien des traits que nous venons de iele\ci s'
trouvent dans toutes les armées de mercenaires et nous
aideront à les comprendre. . , ..
Il nous reste à dire quel fut le sort de ce qui r< -s
de cette armée des Dix Mille. Nous avons4 u qu i sa ^ ^
été incorporés dans l’armée Spartiate par Un non >
réunion se fit à Pergame en 399; la solde c a _
darique pour le soldat, le double pour le lochage, c <l ^
druple pour le stratège. Après lui, les Cyriens, <- ^
on les appelait23, passèrent successivement so
__ ,8 V, 8> ,-
fut reconnu comme étant Lydien. bien
— 21 Le corps des troupe, légères était ^
mposé naturellement ; il s’y trouvait des Tliraccs et même d an ^ ^
4. _ 22 Anab. VII, G, t ; cf. encore 8, 23-24; Bell- . >
:n. Bell. 111, 2, 7.
)chage n’était pas Grec ; il
- 19 VI, 4, 8. — 20 I, 2, 16.
MER
— 1793 —
MER
et d'Agésilas. Ce dernier les
de Dercyllidas 1
i, quand il fut rappelé en Europe, au mo-
S
ils
ordres
al11" l, ' l i "uerre de Corinthe ; Agésilas les avait placé
|'. commandement d’Hérippidas2; en 394, il
S°us i ô h bataille de Coronée3; puis l’histoire cesse
assistent a _
défaire mention deux. .
. Peltaste. — Pendant cette meme guerre de Corinthe,
îomentoù les Dix Mille disparaissent de l’histoire, se
fU mit la première armée de mercenaires qu’ait vue la
Grèce propre. C’est un certain Polystrate qui aurait réuni
ette bande à Corinthe même; l’argent lui aurait été fourni
Conon; bientôt Iphicrate en prit le commandement 4.
fl n’était pas seulement un des plus habiles généraux
d’Athènes ; il fut aussi un organisateur et un réformateur
[exercitus, p. 900] . Il comprit l’importance que devaient
prendre les troupes légères sur le champ de bataille.
[1 n’a pas créé le peltaste, qui existait avant lui ; mais
jl a su lui attribuer sa vraie valeur. Il lui donne un
bouclier échancré, plus petit et plus léger, la ttéXtti
(lig. 4930), une cuirasse de toile, et, pour les jambes,
des sortes de bottes ou de guêtres qu’on appelait
iphicratides ; mais, en revanche, il l’arme d’une épée
et d’un javelot beaucoup plus longs ; il allège les
armes défensives pour donner plus de force aux armes
offensives5. Un pareil soldat est essentiellement mobile;
il peut faire de longues marches, opérer de brusques
attaques ou se dérober subitement, il peut profiter des
avantages du terrain; avec lui, un général peut manœuvrer,
chose impossible avec l’hoplite qui ne sait que charger
en ligne et sur un terrain bien uni. Le peltaste d’Iphi-
crate est un mercenaire, et c’est parce qu’il est merce¬
naire6 qu’Iphicrate peut faire de lui un instrument de
combat de haute valeur. Les Lacédémoniens, qui s’étaient
d’abord moqués de ce nouveau soldat, durent reconnaître,
quand Iphicrate eut détruit une division de leur armée
près de Corinthe7, que le peltaste du général athénien
était un soldat avec lequel il fallait compter. Il faut dire
cependant que c’est surtout Iphicrate qui a su tirer parti
de l’œuvre qu’il avait créée. Les grandes batailles de
celte époque sont toujours décidées par la phalange des
hoplites8.
D’ailleurs, depuis les Dix Mille, les citoyens aisés, qui
ont reçu une éducation complète, ne répugnent plus à
s enrôler. Le trait particulier que nous avions signalé
dans les mercenaires de Cyrus devient un fait général,
bon est plus le seul, c'est aussi l’hoplite qui est
mercenaire. En même temps, les progrès qu’avait faits
lart militaire favorisaient singulièrement cette transfor¬
mation dans les armées. Dans un des passages les plus
"Adressants d’une de ses Philippiques, Démosthène
compare 1 ancienne guerre du temps de Nicias avec la
Sntrre telle que la faisait Philippe; il montre les Lacé-
6 1 "ioniens envahissant l’Attique à la belle saison: rava¬
lant le pays, puis se reposant pendant l’hiver ; pour
11 'Ppe, au contraire, il n’y a pas de saison, il fait la
hn 1 re Gn ^ °n ^*ver ’ ce n esh Pas seulement la pha-
l'. d'1 fin il met en mouvement, mais ses <]nXof, ses cava-
s’ ses archers, ses mercenaires qu’il promène de tous
Arislonh pi' 2 ld' 1U’ 4’ 20-~ 3 Id- IV> 3> 15-17- — 4 Dcm- PkiliP- ’* 24‘
lp hicr Otf. 1 73 , scolie; Harpocr,: Sevtxbv tv KoçfvSo.— 3 Diod. XV, 44; Corn. Nep
^ ^ Ainsi Xcn. dit-il tantôt : ot xtpt 'Isixpàx t;v pnrOosofoi, Bell. IV, 4, 9, et
iv’ s’ i3,— 1 neiL iv’ 5’ ?et s' ; cf' aussi iv’ 4’ ,7‘
- lo Cf S*U ce Point d'accord avec H. Droysen, Beerwesen, p. 76. — 9 Philip. III, 47.
"le autrcs, Ibid, 1, 21, 25. — " G’cst pour cela que Xénophon vante la
côtés :« tout a changé9, tout s’est perfectionné dans notre
siècle, mais nulle part les changements et les progrès n’ont
été aussi considérables que dans les choses de la guerre ».
C’était le régime des armées permanentes que Philippe
inaugurait. Il était impossible à un Athénien, quand
même eût-il été animé de l’esprit militaire qui enflam¬
mait les contemporains de Périclès, de suffire aux exi¬
gences de la situation. Démosthène le comprenait bien ;
il se résignait à avoir des mercenaires ; il aurait voulu
seulement qu’à côté d’eux, pour les surveiller et leur
donner l’exemple, il y eût un contingent assez nombreux
de citoyens10.
Les mêmes causes, qui ont transformé le soldat grec,
ont agi aussi sur le général. Il dépend moins de ses
hommes, il n’est plus leur élu ; c’est lui qui les a levés
et qui les paie ; il a prise sur eux par le salaire qu il leur
donne; il reste toujours leur supérieur; il n’a pas à
craindre de devenir un jour leur justiciable devant
l’Assemblée du peuple. Les soldats sont assez souvent
de basse origine ; ils sont de nationalité différente : pas
de cohésion entre eux. On peut donc les traiter rudement
dans l’intérêt du service11. Iphicrate, comme Cléarque le
chef des Dix Mille, érige la sévérité en système : il ne
craint pas de tuer sur place une sentinelle endormie.
Il pouvait dompter les natures les plus farouches, en
exigeant beaucoup de ses soldats devant l’ennemi et
ensuite en flattant leurs passions, en leur permettant
d’assouvir leur amour des plaisirs et des jouissances. Il
disait même que les plus avides d’argent et de plaisir
étaient ses préférés 12.
Tous les généraux, à cette époque, pratiquent ce sys¬
tème. Ils sont plus que jamais des chefs de bande, des
condottieri. A ce moment, les Athéniens n’ont plus le
tribut des alliés ; ils ne veulent pas, d’autre part, diminuer
les dépenses pour les fêtes publiques ; c'est donc sur le
budget de la guerre que l’op fait des économies. La
solde des troupes est mal payée13. Aussi les généraux
sont-ils obligés de pourvoir comme ils peuvent à l’en¬
tretien de leurs hommes; ils le font en pillant les
ennemis et aussi les alliés d’Athènes14. Ils deviennent
ainsi de plus en plus indépendants de la république ; ils
s’accordent plus d’initiative, se permettent plus d arbi¬
traire. Obligés de se régler sur leurs troupes, ils sont
moins dociles aux instructions qu’ils ont reçues des pou¬
voirs publics. Les Athéniens se font très bien à ce sys¬
tème qui ménage leur bourse. Timothée comparait axec
complaisance les dépenses que coûtait une expédition du
temps de Périclès avec le peu d’argent qu’il demandait
pour ses mercenaires15.
En même temps, jamais les aptitudes militaires de la
race n’ont été si justement appréciées ; la supériorité des
Grecs est reconnue par les barbares eux-mêmes, qui ne
croient plus pouvoir vaincre sans eux. De tous les côtés,
en Europe, en Asie, en Afrique, on demande des merce¬
naires grecs. Des racoleurs, ?£voXoyot, cuXXo yeT;, par¬
courent les divers pays, offrant une forte solde, permet¬
tant beaucoup debutin. Ils devaient, avant de commencer
leurs opérations, avoir la permission des autorités du
discipline des mercenaires ; il leur trouve plus d'esprit militaire qu'aux soldats
citoyens : Bipparch. IX, 4. — 12 Plutarch., Galba, 1 : Le mercenaire ®tXdx>.ouTo?
et oàr.Sovo;, pour satisfaire ses passions, combattra avec plus de courage. — " Dem.
Philip. I, 24, 45, 47 ; Olynth. II, 28, etc.; cf. Grotc, Bist. gr. XVII, p. 30.
_ H Dcm. Philip. I, 24; Isocr. De pac., 44-16; Diod. XV, 95; Plut. Phocio, 11.
— 15 Isocr. Antid. 111.
MEK
1794
MER
pays 1 ; parfois, le droit de lever des mercenaires faisait
l'objet d'une clause dans les traités conclus entre deux
États2. Ce commerce, en prenant de l’extension, se déve¬
loppa plus particulièrement sur certains points de la
Grèce d'abord : à Corinthe 3, au cap Ténare * ; plus tard,
en Asie, dans la ville d'Aspendos sur les côtes de la
Pamphylie 8.
Sa bande formée, le général entre en campagne. Son
plus grand souci, comme nous l’avons dit, est de faire
vivre ses hommes, de les enrichir et de s’enrichir, et il
le fait en pratiquant ce précepte : la guerre doit nourrir
la guerre. Il vientrarement dans Athènes. A cette époque,
le divorce s’est établi entre l'homme de guerre et l'homme
de tribune; l’orateur se fait une popularité facile en
attaquant les généraux, en leur intentant des procès où
la fortune et la vie sont en jeu6. Aussi les généraux
vivent-ils loin de l’Attique, loin des regards et des
soupçons. Grâce à leurs mercenaires, ils se font des
situations de princes indépendants, de seigneurs qui
ne relèvent que d’eux-mèmes. Comme autretois Alci¬
biade, ils occupent en leur nom des places que des
princes étrangers leur ont données. C’est ainsi que
Timothée est maître des villes de Sestos et de Crithote 7 ;
Iphicrate, de la ville thrace de Drvs 8 ; Charès réside à
Sigée; Chabrias est comme chez lui en Égypte et pour¬
suit dans ce pays une politique personnelle 9. Des
mariages consolident cette situation et assurent cette
indépendance. Les rois du nord de la Grèce attachent le
plus grand prix à mettre dans leurs intérêts des
Hellènes influents. Seuthès avait offert sa fille à Xéno-
phon10. Iphicrate épouse la fille de Cothys, roi de
Thrace; Charidème, la sœur de Iversoblepte.
Chabrias, Iphicrate et Timothée sont encore des
Athéniens; ils essaient de maintenir une certaine har¬
monie entre l’armée et la cité ; ils veulent rendre le nou¬
veau service militaire utile à l’État. Cependant déjà
Chabrias était décrié à cause de la facilité de ses mœurs u.
Charès le fut bien davantage. Celui-là, c’est le condot¬
tieri bien bâti, aux larges épaules12, qui ne pense qu’à
piller et à jouir ; son vaisseau était toujours rempli de
courtisanes et de joueuses de flûte. Il est, avec tout cela,
aimé du peuple, il paie largement les orateurs ; Démo-
sthène le ménage13. Avec Charidème nous descendons
encore plus bas1 A II n’est pas Athénien; il est né à
Oréos dans l'Eubée; il a débuté en servant, comme fron¬
deur, dans ces troupes légères toujours méprisées ; grâce
à la protection d’iphicrate, il parvient aux grades élevés,
se fait général, s’attache à Kersoblepte dont il devient
ministre et dont il épouse la sœur; il sert et trahit tour
à tour les Athéniens, sachant toujours rentrer en grâces ;
après Chéronée, on lui confie toutes les forces de la
république15; il finit par aller mourir en Perse, sur
l'ordre de Darius qu’il a offensé par sa franchie , •
l’armée perse ,6. ' ll Juger
Le seul fait qu’il y a des soldats de métier ren,l
armées permanentes possibles; il en exkm ,i,- es
. , • . ueja a colin
epoque plusieurs qui sont très importantes.
Celle de Denys l’Ancien (401-367) s’élève à 120000 f
tassins et 12 000 cavaliers. Cette armée comprenait'1"'
noyau très fort de troupes mercenaires, autour diurne*
venaient se ranger les citoyens en cas de guerre 17 j 1 I
de Phères (379-370) avait un corps de 6 000 mercenaires
tels qu’aucun État ne pouvait en montrer de pareils « p0ur
être à ma solde, disait-il, il faut exécuter les mêmes I
exercices que moi. » Tous les jours, il faisait lui-même
manœuvrer ces soldats, renvoyant ceux chez qui il I
remarquait un peu de mollesse, donnant une solde
double, triple ou quadruple à ceux qui étaient pleins
d’ardeur pour les fatigues et les dangers 18. A cette troupe
permanente, venaient se joindre, à l’occasion, d’autres
contingents, de sorte qu’il pouvait mettre sur pied
8000 cavaliers, 20000 hoplites et un nombre infini de
peltastcs 1!’. Dans la guerre Sacrée, les Phocidiens, avec
l’argent du temple de Delphes, levèrent une armée de
mercenaires de 20000 fantassins et de 300 cavaliers20,
Les secours, que les Athéniens envoyèrent à trois
reprises à Olynthe, comprenaient 2 000 hoplites et
450 cavaliers athéniens, et de 6000 à 10 000 mercenaires.
Pour la guerre Lamiaque,les Athéniens arment 5 000 fan¬
tassins, 500 cavaliers et 2 000 mercenaires21. Peu après
cette époque, nous trouvons à Athènes un «rxpaT-qybç èiù
toÙç ijévoo; ; il doit veiller à la bonne tenue des merce¬
naires et à leur instruction en vue d'un service aussi utile
que possible22. Les mercenaires sont donc alors une
partie permanente de l’armée. 11 semble cependant
qu’encore, vers la fin du ive siècle, ils ne forment que la
moitié et même le tiers des effectifs 23 .
Macédoine. — L’armée macédonienne, dès l’origine,
est une armée nationale; elle l’est encore sous Philippe
et sous Alexandre. La noblesse fournit la cavalerie des
hétaires; la bourgeoisie, l’infanterie des pézétaires [EXER-
citus, uetairoIj ; les mercenaires n’y auront pendant long¬
temps qu’un rôle très secondaire. Démosthènc parle cepen-l
dant des mercenaires de Philippe et il les montre aussil
redoutables que ses pézétaires2*. Nous ne pouvons diiel
dans quelle proportion ces mercenaires entraient dans
l’armée de Philippe. Nous connaissons mieux l’armce
d’Alexandre [exercitus, p. 907-908]. D’après Diodou ,
le conquérant aurait amené en Asie 30000 fantassins J
parmi lesquels il y avait 6 000 mercenaires et 4 u00 ' a'a" j
liers. Nous trouvons, en effet, 1 500 n«i0o?(5poi «ftoiconties
à Andromaque, à Ménédème et à Caranos, ainsj ^
60 cavaliers hétaires et 800 p.Kj6oç.ôpoi'ntiteï«P0111 * 11111
Spitamène 26. C’est en Égypte qu’il est question pour la pi -
1 Diod. XIV, 44 ; X. VIII, 61 ; XIX, 60 : 'ApnyiôSr.jji'ï; 4aÇ;,>v irapà t.“v EiraçTtaTtuv
Uoufftav çtvoXoyeTv J Polybe, X\ , 2o, 16 ; XXII, 7. — 2 Ainsi dans le Imité
entre Hierapytna et Rhodes, Cauer, Delectus , 181 ; Michel, Recueil, n° 21, 1. 40
et 78. — 3 Harpocr. E«vix8v iv Kofivî™; Dem. Philip. I, 24; Aristoph. Plut. 173
et la scolie ; Xcn. Bell. VI, 5, H. — 4 [Plut.], Vit. X or. Hyperid. 1;
Diod. XVII, lit, 118; XVIII, 9; XX, 104. — 8 P.-H. Meyer, Dns Heerwesen der
Plol. p. 7. — 6 Iphicrate accusé, Timothée accusé et condamné, Pachès se
tuant en plein tribunat. — 7 Corn. Nepos. Timoth. 1 ; Isocr. Antid. 112. — 8 Uar-
pocralion, AjtJs. — 9 Theop. fr. 1 17. - — 10 Xen. Anab. VII, 2, 38. — H Tlieop. fr. 117 ;
Corn. Ncp. Chabr. 3. — 12 Aussi Timothée reprochait-il aux Athéniens de priser
dans ce général des qualités qui n’étaient précieuses que chez un porteur de bagages.
— 13 Philip. I, 24. — 14 Nous connaissons Charidème, surtout par le dise, de
Dém. contre Aristocrate; Théopompe, fr. 155, est encore plus 6évère pour lui que
mr Charès ; sur ce personnage, cf. A. Schacfer, Demosth. )6 o0jnt.
420 ; Curt. Bist. gr. IV, 122, 243. - >3 Plut. Phocion, 16. ^
irt. III, 2, 1019; Diod. XVII, 30. Parmi ccs chefs de meu en. avajt
icore citer Athénodorc : il était Athénien; Poerisadc, roi 156?
iousé sa sœur; cf. ce que disent sur lui A. o ’ o i|40 — Diod*
addington, lnscr. de Grèce et d’Asie Mineure , paît. ’ j 19 ; 1 , 8-9*
, 5,6; XIV, 43; XVI, 9. — 18 Xcn. Bell. VI, 1,47. — 11 ! D„nosth.
20 Diod. XVI, 35; Paus. X, 2,5. — 21 Diod. XVIII, H; • 33[ . Di’ttenberS
I, 363 ; H. Droysen, Heerwesen, p. 78. — 22 Corp. inscr. g> - > ’ /, p. 178.
3; Michel, 129; Gilbert, Handb. I, p. 258. — 23 r0^ ’ le9 chiffre»
24 Olynth. Il, 17; Philip. III, 49, 58. - 23 XVII, 9. On s tfrn»»r
ancés par Diodore ont été vivement contestés par
II, 2 30. — 26 Arrien, Anab. IV, 3, 7.
MER
— 1795 —
MER
cou'11111
, f js de ces cavaliers ; ils arrivent d’Europe et sont
ff'èr\ndés par Ménidas1 ; ils assisteront a la bataille
‘l|'k,ss> pour atteindre Darius, Alexandre amène avec
dA'l s cavaliers mercenaires commandés par Erigyos 3.
1U' ? ons mentionné un corps de 1 500 fantassins mer-
^ Qu’était-ce que ces àp/atci çév&t qui sont rangés
ce"al" , Arhclles 4 ? D’aDrès la place au’ils
coiule ligne à Arbelles4 ? D’après la place qu’
rMi ils doivent être des ^iXoî : il en est de même duo
^VOi qui à Issus sont rangés à côté des archers
^des^grianes 8. Quant à ces troupes légères barbares,
et. ont” un rôle très important dans les guerres
d’Alexandre, archers, Agrianes, Thraces, acontistes,
hippacontistes, archers à cheval, nous ne pouvons pas
dire si c’étaient là des mercenaires ou des contingents
fournis par les peuples alliés ou soumis. Les archers
crétois, qui combattent à Issus, étaient sûrement merce¬
naires®. H faut remarquer qu’Arrien indique très rare¬
ment les effectifs de ces corps de mercenaires ; il ne les
mentionne pas toujours dans la description des lignes
de bataille, au Granique, à Issus, à Arbelles. 11 semble
ne pas attacher beaucoup d’intérêt à ces troupes. Dans
l’armée d’Alexandre, le mercenaire a encore moins
d’importance que dans l’armée de Philippe.
C’est surtout dans l’armée de Darius que se trouvent des
troupes nombreuses de mercenaires grecs. Au Granique,
ils forment presque touLe l’infanterie au nombre de
20000; il faut noter qu’ils sont placés sous les ordres
d'un prince perse nommé Omarès. Quand la cavalerie
perse eut été culbutée, Alexandre les attaqua; ce fut le
moment le plus rude de la bataille ; ils furent tous
massacrés, à l’exception de 2 000 d’entre eux, qui furent
chargés de chaînes et transportés en Macédoine pour y
travailler dans les mines, châtiment qu’ils auraient mé¬
rité en combattant contre des Grecs1. Il y avait dans le
nombre des Athéniens qu’Alexandre ne délivra qu’assez
lard8. A Issus, 30000 mercenaires grecs furent rangés
en face de la phalange; il n’est pas dit qu’ils furent
massacrés; peut-être se retirèrent-ils en bon ordre 9;
une partie d’entre eux, au nombre de 8000, se réfugia
en Égypte10. A Arbelles aussi, il y avait des mercenaires
grecs dans l’armée de Darius, mais nous ne savons
pas quel en était le nombre11. De retour à Babylone,
Alexandre préparait une réorganisation de son armée;
il avait reçu des mercenaires de Lycie et de Carie12 ; la
mort l’arrêta au milieu de ces projets.
La événement tel que la conquête de l’Asie, la gloire
(lont s’étaient couverts tant de généraux et de soldats,
les richesses qu’ils avaient rapportées ne-pouvaient que
développer dans de grandes proportions l’esprit d’aven-
lUre et l’amour du gain. Le nombre des mercenaires ne
cesse de s’accroître. Les généraux, qui se disputent
1 empire d’Alexandre, ont avec eux des armées qui ne
s°al composées qu’en partie des anciens soldats du con¬
férant. Dans toutes les contrées de la Grèce et de la
acodoine, ils ont des racoleurs chargés d’enrôler des
soldat;
tous
ture
s‘. ces pays se dépeuplent 13, tant sont nombreux
ceux qui veulent prendre leur part dans cette aven-
ciui a donné l’Asie au roi de Macédoine ; l’Asie
men, Anab. 111,5, l._ 2 Ibid. III, 12, 4. — 3111, 20, I. — 4111, 12, 2. -3 11,
-9 / ° 9. 3 - 7 I, 12, 8; 14, 4; 10, 2. — » I, 29,6; Quint.-Curt. 111,2,9.
XV||| na4,1I>8.S- — 10 H, 13> 2. — U III, 11,7. — 12 Vif, 23, 1. — 13 Diod.
Diod’12' ~ 14 ld. XV11I, 01; XIX, 19, 09, 82; XX, 213. — 13 Plut. Eum. 17;
- li p 40"43; Po'yen. IV, 0, 13. — 10 Plut. Dem. 45; Pyrrhus, il.
Iul- Dem. 49; Polven, IV, 9, 3. — 18 H. Droysen, Heerwescn, p. 133.
elle-même fournit des mercenaires : les racoleurs
d’Eumène en réunissent des troupes considérables14.
Ces soldats ne s’attachent à aucune cause : ils servent
le chef qui les paie et en qui ils ont confiance ; après une
bataille, le vainqueur enrôle dans son armée ce qui
reste de l’armée vaincue, comme dans les batailles de
l’Europe au xvme siècle. Rien de plus facile à un chef
habile et peu scrupuleux que de débaucher les troupes
de son adversaire. Eumène, trahi plusieurs fois par ses
officiers, est livré à Antigone par ses propres troupes lu.
Démétrius, une première fois, est abandonné par son
armée qui passe tout entière à Pyrrhus16; une seconde
fois, Séleucus lui débauche ses soldats au moment de
livrer bataille 17. A ce moment la proportion entre mer¬
cenaires et troupes nationales est en faveur des pre¬
miers ; ils forment la moitié, souvent les deux tiers et
plus des armées. Dans les combats en Gabiène et Parai-
tacène, Antigone a 8000 Macédoniens, 9 000 mercenaires,
3 000 Lyciens et Pamphyliens, 8 000 de ces soldats
appelés 7tavTo8a7toi ; Eumène a 3 000 Argyraspides,
3 000 vétérans, 6000 mercenaires, 5 000 soldats de
diverses provenances 18.
Peu à peu cependant le chaos se débrouille : de
grandes monarchies, l’Egypte, la Syrie, la Macédoine
s’organisent. Ces États présentent un trait commun : ce
sont des monarchies militaires, qui s’appuient sur une
armée permanente composée de soldats grecs. Celle de
ces monarchies que nous connaissons la mieux est
l’Égypte. Nous allons examiner ce qu’était le mercenaire
dans l’armée égyptienne, et nous pouvons supposer que
sa situation était sensiblement la même dans les armées
des autres monarchies qui se sont formées des débris
de l’empire d’Alexandre 13.
Alexandre avait voulu opérer la fusion des deux popu¬
lations de son' empire, ne faire .qu’un seul peuple des
vainqueurs et des vaincus, des Grecs et des Asiatiques.
La politique des Ptolémées fut différente. Ils fondent une
monarchie militaire ; l’organisation de l’Égypte est
l’organisation d’une armée, et d’une armée qui n'est
composée que de Grecs.
Les forces militaires des Ptolémées comprennent deux
parties : une armée permanente, aùvTay(aa ; une armée
territoriale, £7riTxyga.
L’armée permanente forme deux grandes divisions :
les MocxeSôveç et les giffôoaiôpot.
Les Maxsoovs; sont la partie essentielle de l’armée
permanente. Ils ne sont pas tous les descendants des
soldats venus en Égypte avec le fils de Lagos. Beaucoup
ont été levés en Macédoine après la conquête ; d’autres
sont nés de Macédoniens avec des femmes égyptiennes;
il y a aussi des soldats qui ne sont pas Macédoniens,
mais Arcadiens, Béotiens, etc. Les Maxeoovs; ne forment
donc pas une unité ethnique. Il est nécessaire de con¬
naître les divers corps qui constituaient cette armée. Il
y avait : 1° to xaX&ûpt.£v&v :tapx xofç (3x<7iX£uaiv àyYjg.a ; 2° ot
7t£pl ty)v aùArjV lii7t£tç; 3° •») cpâXayç. Il était de la politique
des Ptolémées de ne pas regarder comme des merce- *
naires étrangers, tous ces soldats grecs, leurs compa-
Pour la composition des aimées de cette époque, voir tout le cliap. vu, § 15
intitulé : Die Diadochen und Epigonen. — 19 Les études sur l’Égypte ancienue
ont été renouvelées dans ces derniers temps par les récentes découvertes; nous
.ne citerons que les deux ouvrages suivants relatifs à l’armée : Paul-M. Meyer, Dus
Heerwesen der PtolemSer und Itômer in Aegypten, et Schubart, Quaesliones de
rebus militnribus quales fuerint in regno Lagidarum.
— 1796 —
MER
MER
triotes, avec lesquels ils étaient venus dans le pays et
l’avaient conquis.
Les mercenaires forment une troupe d’appui pour les
MaxsSovsî. Sous les premiers Ptolémées, on a levé aussi
des indigènes ky/w ptot ; mais après la bataille de Raphia,
en 217, on cesse d'avoh- recours à eux. Les gicOocpopoi
n’ont pas droit de cité comme les MaxeSôvsç; ce sont
des Ijévoi. Ils viennent de tous les pays; ils ont été
enrôlés, le plus souvent à Aspendos, par un SjsvoXôyo;,
qui est un militaire, qui les organise et en forme un régi¬
ment dont il prend le commandement et qui porte son
nom. Les soldats qui ont terminé leur service actif et qui
sont devenus clérouques, gardent encore le nom de leur
ancien chef *. L’effectif de ce régiment est en proportion
de l’argent dont disposait l’officier recruteur et de la solde
qu'il offrait 2. Officiers et soldats n'ont qu’une fidélité
douteuse; ils passent facilement d’un chef à un autre,
d’un pays à un autre, selon qu’ils y trouvent leur
avantage 3.
Dans la grande tcou-tt/^ des Ptolemaia de l’an 275, on vit
parader 57G00 fantassins, 23 210 cavaliers 4 ; une partie
notable, de ces troupes était composée de soldats merce¬
naires. Vers la fin du règne du second Ptolémée, 1 armée
compte 200000 fantassins, 40 000 cavaliers, 300 éléphants,
et une flotte de 1500 vaisseaux de guerre et de 2000 vais¬
seaux de transport 6; dans cette armée, les mercenaires
étaient certainement en majorité. Aussi Théocrite disait-
il : « De tous les princes qui donnent une solde, le meil¬
leur chef pour un homme libre est Ptolémée c. »
Ces mercenaires, avons-nous dit, sont de nationalités
différentes 7; nous trouvons parmi eux des Athéniens s,
des Béotiens, des Phocidiens, des Spartiates 9, des
Âcliéens, des Thessaliens, des Thraces, des Illyriens, des
habitants des îles Cos, Théra, des Crétois, des Syracu-
sains. L’Asie Mineure a fourni aussi de nombreux con¬
tingents de mercenaires; il y en a de Pamphylie, de
Pisidie, de Cappadoce, de Paphlagonie, de Lycie, de
Carie; un corps de 4000 ravirai ijévot est sous les ordres
du IjevoXtJyo; ’AvTtyovoç 10 ; il y a enfin des Perses qui ne
sont pas assimilés, qui ont gardé leurs mœurs et leur
nom*1.
Les mercenaires composent les corps de troupes sui¬
vants sous Ptolémée Philopator :
1. Oi [xicOocpôpoi Tts^o't ^EXXtjveç, sous la conduite de
l’Achéen Phoxidas, qui passa en Égypte avec Cléomène,
roi de Sparte; effectif: 8000 hommes;
2. 01 fjucQospôooi iTVTretç, qui se divisent en deux corps :
1° oé âicô 'EXXotooç xat Ttav xbxwv p.t<70o'pbpo.>v 'nnzeu>v 7rXr;0o<;;
2° oi KpŸ^xeç. Le premier corps, de 2000 cavaliers, la plu¬
part Thessaliens, est sous les ordres d’Echécrate de
Thessalie ; le second corps était de 1 000 hommes ;
3. Des peltastes, au nombre de 2000, sous les ordres
de Socrate le Béotien; ce corps avait été formé d’abord
avec les argyraspides, liypaspistes, Macédoniens ; mais
sous Philopator, il n’était plus recruté que parmi les
mercenaires 12 ;
4. ©paxwv xat TaXaxüjv oi Trpoatpâxwç £^t(ruvay_6évx£; ; u
1 Ainsi Papyr. Levde C : AiuiriTpîw Lûktou Kçyjti tù>v icoptc^ov Eup^ou TaxTojj.t<76w ,
cf. encore Pap. Brit. 1, n. 17, 1. 37, 48. — 2 Polyb. XXXI, 26, 1 et 7 ; Dio Cass.
XXXIX, 12, 2. — 3 Polyb. V, 40, 1; 63, 3 sqq.; 66, 5 ; 67, 9 sqq. — * Callixène
dans Athénée, V, 196-203; Prott, fi hein. Mus. LUI, 461. — 5 Appien, Proem. c.
10; S. Jerome sur Daniel, 11, 5, p. 704 c. — 6 XIV, 56; cf. encore XVII, 85-95.
_ 7 Meyer, Op. I. p. 9. — 8 plusieurs de ces Athéniens étaient venus en Égypte
après la guerre de Chrémonide. — 9 La plupart étaienl venus après la défaite
o. ©pqtxtov xat raXaxÛv Ix xûv xaxot'xtov '
gTttyôvtov. C’étaient des clérouques, au nombre ** ^
appelés de la colonie militaire de Fayum ; ' ° 4ü00'
6. Enfin des Lybiens avec des Macédoniens.
L’effectif total de l’armée sous Philonator
était de 28 700 MaxeSôveç, 21 000 mercenaires 253()ü"f'1S’
tiens et Lydiens. A partir de cette date, les Éevniin*
figurent plus dans l’armée. ' ns
yp-
ne
Les mercenaires ne sont levés qu’à 1'
guerre ; la paix faite, ils sont licenciés
occasion d’une
s et vont chercher
fortune ailleurs. Un certain nombre d’entre
envoyés dans les colonies militaires comme clérou
eux sont
ques;
garnison dans
d’autres restent dans l’armée et vont tenir
les possessions des Pharaons hors de l’Égypte. Ce dernie
contingent était très important au moment de la gran- I
deur de l’empire, quand les Ptolémées étaient les maîtres
de la Phénicie, de l’Arabie, de la Lybie, de l’Éthiopie
de la Lycie et des Cyclades u. Le poste le plus important'
celui qui était le mieux gardé, était Cypre. Il faut enfin
mentionner le corps de mercenaires envoyé sur les côtes
de la mer Rouge pour la chasse aux éléphants, sous les
ordres du cxpax-^yoi; etù xà)V G vj p av 1B.
La hiérarchie de cette armée était ainsi fixée : les
stratèges des pays étrangers, le premier d’entre eux
était le gouverneur de Cypre; après eux, les chefs des
trois corps de Macédoniens et des six corps de merce¬
naires; enfin les ijsvoXo'yoi, qui étaient les chefs des corps
de mercenaires qu’ils avaient enrôlés.
A côté de cette armée active, il y avait une armée
territoriale, côvxxyp.a, constituée par les clérouques ou
soldats établis, après leur congé16, dans les colonies
militaires ; on attribue cette institution à Ptolémée
Philadelphie, en 274.
Sous Épiphane, 204-180, les Égyptiens se révoltèrent
contre les étrangers; cette révolte fut vaincue, mais |
Épiphane se vit obligé d’accorder quelques satisfactions
au sentiment national. Pour l’armée, on fit disparaître ces
noms trop significatifs de Mxxsoôveç, de gicOocpopoi, uni
seul nom, celui de p.acy tp.ot, est donné aux soldats , lel
système des colonies militaires est maintenu, onl
remplace seulement le nom de xXvipoOyot par celui dej
xâxotxot. En 170, sous le règne de Philométor, un nouveau ]
mouvement de réaction nationale se produisit, qui un I
par triompher avec Evergète II. Cette fois le paili uni ce ■
donien est vaincu ; l’armée change de caractère, e e es I
presque exclusivement composée de mercenaii es , p u ■
de soldats se prétendant les descendants dest oinpa,-,i I
de Ptolémée, fils de Lagos, et réclamant des privilèges.
Cette armée comprend d’abord les gardes e coi) ^
roi sous le titre de oi nxüAsp-a'.ou xac xmv u-aV
néoirai. Ce sont les successeurs de l’ancienne g
royale et des èiuXexxoi ; ils sont recrutés c aim
pays, en Égypte aussi ; le contingent P^^naiitéS
des Ilépixat, qui est formé aussi de soldats de
différentes; il y a un certain nombre de Perses.
A côté de cette garde du corps sont les me^le ^
on les appelle quelquefois p.i<70o<pôpoi, mais c
d-Agi, en 242 : Plul. Agit, 0, 16. - l°paus. Î.7, 2 ; Sch a Callnn^ ’"us ,c «•
- il Meyer, Op. I. p. 13. - 12 Polyb. V, 63, 2. - 'Les Galates^ ^ possession9
dres d’Alexandre d’Oroanda en Pisidie. — U Voir ”“m r ... Inscr, llrit- M"s'\
dans Theocr. XVII, 85-94.- « Slrab. XVI, 4, p. 770 J7*’ .0Illrairc, les cl*-
Cnodri. 102; acr. gr. 51277. -« M. Sehubart considère, • sur UeS lots do
rouques comme des soldais en activité de service, qu ' . appelés ltriXc*-®>
terre dont la propriété reste au roi. — 17 Les gardes u c
MER
— 1797 —
MER
• ’ tst (nparifiTM. Ils sont divisés en deux grands
US'U les mercenaires de la Thébaïde,les mercenaires
LeS premiers sont sous les ordres du <7toit7)yô?
^'ehêaiSoç, qui est quelquefois qualifié du titre
^T(i)?;’ii a sous ses ordres le stratège du nome,
^ ^l'hébarque ou commandant de place de Thèbes,
,, - . riaOûpsü)?. Le stratège du nome a sous ses
l’i?s l’épi s ta te tou IlaOuptTou et l’épistatexou LUpt0-q8aç ;
01 jernier est aussi appelé Cntompxr^yoi;. Dans chaque
fL 'onn il va un Ypauaxreûç qui paie la solde et s’occupe
je l’enrôlement des mercenaires, d accord avec I hypo-
Hratèye. Les pucSotpbpot reçoivent des od/nma, qui sont une
indemnité pour l’entretien des chevaux, des fftxwvtx,
bablement la solde et des distributions de blé.
^Les mercenaires de Cypre ont une organisation diffé¬
rente1 : ici le particularisme se donne pleine carrière; les
soldats se groupent par nationalités. Les Litres généraux
de ces troupes sont : «1 £v t7| vVjffw xacnTÔ;/.£vai Suvcqi.£iç,
ffmttûTat ?evoXoY7i0évT£ç ; sous Eumène II, ces troupes se
sont organisées en communauté, xo xoivbv xmv èv x7| vVjffw
tmîoiaévwv ouvâaewv. Bientôt après, chaque nationalité
forme une communauté; nous avons le xotvôv des Cili-
ciens, des Lyciens, des Crétois, des Thraces. Le chef de
toutes ces troupes s’appelle toujours ô <jTpax-)r)Ybç xÿ,ç vvj<jou;
après lui vient le Ypau-p-axêùî xuiv ouvxptswv.
Cette armée de mercenaires est indisciplinée et tur¬
bulente; et, comme le gouvernement de l’Égypte est
entre des mains faibles, que l'influence trop grande des
femmes y rend fréquentes les révolutions de palais,
c'est la tyrannie militaire qui est le régime de l’Égypte
jusqu’à la conquête romaine.
Nous avons très peu de renseignements sur l’armée
des Séleucides, ainsi que sur les armées des autres
princes de l’époque hellénistique. Pour le royaume de
Pergame, il nous est parvenu quelques textes intéres¬
sants. C'est d’abord une inscription2 qui contientun arran¬
gement conclu entre Eumène Ier et les chefs des merce¬
naires insurgés contre lui ; la date semble être l’année 263
av. J.-C. La première partie de ce texte énumère les
conditions en vertu desquelles l’accord a été conclu ; il y
est dit que le prix du médimne de blé est fixé à
/idrachmes,même prix pour lemétrète de vin; les soldats
qui ont accompli leur temps de service fixé et qui ne
sont plus en activité, doivent toucher l’ô^covtov pour le
temps écoulé; les orphelins et aussi les plus proches
parents ont droit à des secours ; pour le service, on peut
en être exempté à quarante-quatre ans. La plus longue
Partie de l’inscription est, comme dans presque toutes
les conventions de ce genre, consacrée au serment que
doivent prêter les deux partis. D’un côté jurent : Para-
m°nos, les chefs, 7]Ye! xo'veç, et les soldats qui sont sous
leurs ordres à Philétairie et à Attalie ; Polylaos, les chefs
qui sont sous ses ordres et les soldats qui sont à Attalie ;
Ittinas, l’hipparque, ainsi que les cavaliers sous ses
°rdres ; Oloichos et les Tralles 3 sous ses ordres. Dans
ce Renient, les mercenaires font de longues protesta-
ll"nb fidélité; ils n’abandonneront jamais Eumène;
si quelqu’un leur apporte des lettres suspectes, ils le sai¬
siront et apporteront les lettres encore scellées à Eumène
et ne les ouvriront que devant lui. Eumène jure de son
côté de rester toujours bien disposé pour les mercenaires,
de ne rien faire contre ceux qui ont été élus par la com¬
munauté; à côté des noms de chefs mentionnés dans le
premier serment, il s'en trouve d’autres qui appartiennent
à des chefs commandant des ap.i< r0ot. On voit que les
mercenaires ont formé un xotvôv; malheureusement
l’inscription ne donne aucun renseignement sur cette
question. La convention et les serments seront gravés
sur quatre stèles qui seront déposées dans le temple
d’Athéna à Pergame, à Grynée4, à Délos et dans 1 Asclé-
piéion de Mitylène.
Un document plus glorieux rappelle la part que le roi
Eumène prit à la guerre que la ligue aehéenne fit contre
le tyran de Sparte, Nabis. Au retour d’une seconde expé¬
dition, ce roi consacra un monument à Zeus et à
Athéna Nicéphore; un autre monument fut élevé par ses
mercenaires5.
Nous avons quelques renseignements sur l'armée de
la ligue aehéenne6. Elle était formée d’un corps d’élite
permanent, les ÈTttXexxot, de troupes mercenaires et de
contingents régionaux levés en temps de guerre.
L’armée mercenaire comptait des soldats de nationalités
diverses et d’armements variés; elle parait avoir été
nombreuse de tout temps. Les auxiliaires étrangers
étaient parfois levés par appel du stratège et organisés
par ses soins; les dépenses étaient faites par le trésor
commun 7, ou, en cas de besoin pressant, avec les res¬
sources d’un emprunt demandé aux villes 8 ; souvent ils
formaient des corps déjà constitués avec leurs chefs
nationaux. Ainsi le Crétois Télemnastos avait pris part à
la guerre de Nabis avec 500 de ses compatriotes9. Les
straLèges employaient aussi des officiers étrangers, qui
tenaient quelquefois un très haut rang dans l’armée. A
l’époque de la guerre contre Méchanidas, Philopémen
laissa le commandement général des troupes au Crétois
Didascalondas. Ce Crétois fut mis à la tète des £7uX£xxc,t ,0.
Au moins, dans les premiers temps, on ne put avoir le
nombre de mercenaires suffisant; la petite confédération
payait mal la solde11, et les gens de guerre étaient sûrs
d’être richement payés au service des Ptolémées ou des
Séleucides. Les corps de mercenaires mentionnés sont :
t'o ç£vixdv, les Crétois, les Illyriens, les cavaliers tarentins,
les Thraces12. Philopémen opéra une réforme en intro¬
duisant dans cette armée l’armement crétois13; c’est
très probablement sur les troupes mercenaires de ligne
que porta la réforme.
Nous avons peut-être un monument épigraphique 14
de cette bataille de Mantinée, où Philopémen tua de sa
main Méchanidas. C’est une stèle élevée en l’honneur de
leur chef, consacrée aux dieux par les compagnons du
stratège des Achéens. Il y a d’abord les noms des
Achéens; suivent ensuite, au-dessous de la rubrique
Ivp-iyrsç, une série de sept noms avec le patronymique :
mais l’inscription est incomplète, et le nombre des
1VJii," Sai1 1U * Cypre il y gavait encore à cette époque des cités helléniques
luj ' 111 indépendance et leur autonomie communale, le droit de battre
l'on yj'e ’ ^ ^ i*r°v*eu, L'Hellénisme , III, p. 61. — 2 M. Frankel, Inschr.
fcrit /iamon' 13 (cC t. Il, p. 507) ; Michel, 15. — 3 Ce nom est le plus souvent
é'HiX;. 4 Ville et port d'Éolie, près de Myrina, qui avait un temple
pj ^ °n' "010cl. I, 149 ; Hécatée dans Et. de Byz. rpü*«a. — e Frankel, Altert. von
J '°’i, VIII, t, p 48, n° (j2 ; Dittenb. 282. Nous aurons à signaler plus loin
VI.
un traité conclu entre Eumène et le xmh* 1,7,7 KçjjtSv. — 6 M. Dubois,
Les ligues élolienne et aehéenne, p. 155. — 7 Plut. A rat. 37. — 8 Polyb.
jV , 60, to. — 9 ld. XXXIII, 14, 6. — 10 ld. XVI, 37, 3. — 11 Id. IV, 60, 2.
— 12 ld. XI, H, 4, 5; Tit. Liv. XXXV, 29; Pol. XI, 14, 1; XI, 12, 6. — 13 Tit.
Liv. XLII, 55; XXXVII, 20. — 14 Cette première explication est due à M. (J.
Fougères, qui a découvert et publié l'inscription: Bull, de corr. hell. XX, 1896,
p. 136.
226
MER
— 1798 —
H
Crétois inscrits était certainement plus élevé. Nous
devons ajouter qu'il n'est pas bien établi que cette
inscription se rapporte à la bataille de Mantinée, qui eut
lieu en 207; il semble plus probable 1 qu'elle concerne
les événements de l’année 11)2. Quoi qu’il en soit de celle
question, nous avons ici la preuve de la présence de
Crétois dans le contingent que les habitants de Mantinée
envoyaient à l’armée de la ligue.
Les armées de Philippe V, roi de Macédoine, d’An-
liochus III, roi de Syrie, de Persée, roi de Macédoine, sont
constituées sur le modèle ordinaire. La plus forte parait
avoir été celle de Persée; à Pydna, la phalange pro¬
duisit d’abord un elïet de terreur sur Paul Émile et sur
les Romains. On reprochait à Persée de s’ètre privé, par
avarice, de secours qui auraient pu lui être précieux. Les
Basternes, peuple du bas Danube, lui avaient envoyé,
sur sa demande, 10000 cavaliers et 10000 fantassins
armés à la légère 2; ces soldats faisaient l’admiration de
toute l’armée macédonienne par leur force, leur grandeur
et leur courage; mais, quand les chefs de ces barbares
eurent fait connaître la solde qu’ils réclamaient, Persée,
la trouvant beaucoup trop élevée, se moqua d’eux et les
renvoya.
Des rois qui résistèrent à Rome, le plus redoutable fut
Mithridate Eupator le Grand. Avant d’engager la lutle,
il avait organisé une armée capable de l’aider a réaliser
ses grands projets3. Les premiers rois de Pont avaient
composé leurs armées presque exclusivement de merce¬
naires, Galates d’abord S Grecs ensuite quand la Galatie
fut entrée dans la clientèle de Rome s. Sous Mithridate
Evergète, la Crète, qui était la pépinière et l'école des
soldats de fortune, fournit les mercenaires des rois de
Pont G. Mithridate Eupator leva ses premiers soldats en
Grèce, et c’est avec 6 000 hoplites grecs que Diophante
conquit la Crimée. Mais le soldat de profession se fait
de plus en plus rare en Grèce; d ailleurs, Rome fait
obstacle aux enrôlements. Les victoires de Mithridate lui
donnèrent les recrues des peuples du Pont-Euxin,
Scythes, Sarmates, Celtes, Thraces 7. Plusieurs de ces
peuples étaient d excellents auxiliaires; mais leur fidélité
était douteuse; on les voit quitter Mithridate et passer
aux Romains, puis revenir à Mithridate8. A côté de ces
troupes mercenaires, levées pour la plupart en temps de
guerre seulement, Mithridate essaya de créer une véri¬
table armée nationale permanente; cependant la force
principale de son infanterie, la phalange, était composée
exclusivement de mercenaires grecs et organisée d’après
le modèle de la phalange macédonienne. Le reste de
l’infanterie, soit indigène, soit étrangère, avait proba¬
blement gardé l’armement traditionnel de chacune des
nations où les différents corps se recrutaient. Plutarque
raconte l’impression étrange et terrifiante que le spec¬
tacle de cette armée produisit sur les Romains9.
L’époque hellénistique a été l’âge d or du mercenariat.
Dans l’empire des Ptolémées, des Anliochus, des
Eumènes, le mercenaire forme à lui seul presque toute
l’armée. Ces armées, à l’époque des diadoques, étaient
encore très fortes; celle que Pyrrhus conduisit en Italie
* Celle explication a été combattue par Ditlenberger, Syll. n° 274. 2 F lut.
Paul. Em. 12; ces fantassins portaient l'ancien nom de icaçaSâ-rat ; ils étaient
niôlés à la cavalerie dans les combats. — 3 Tl» . Reinach. Mithrid. Eupator, p. 204.
— 4 Fragm. hist. gr. IV, 312; Eus. I, 251, 23, éd. Sclione. — R Polyb. fr. 20, fi.
_ 6 Strab. X, 4, 10. — 7 Appian. Mithrid. 09 et 15. — 8 Dio Cass. XXXVI, U.
_ _ 9 plut. Sylla , 10. — 10 XYlll, 1 , 2-3. — H ’Açxâ$«; pipoûjxevot, disait un proverbe
MER
et qui vainquit les Romains à Héraclée, avait assu -•
quelques-unes des qualités de l’armée macédoni"'
temps d’Alexandre. Cependant cette victoire mêm"n°,(1.u
été chèrement, achetée, et l’expédition se termina ,vUUVait
défaite. Pyrrhus et la plupart des princes grecs de',",?
époque étaient encore des hommes de guerre. Mais 6 ■
à peu, dans ces monarchies orientales, le roi s'amolliT*! 1
se déprave ; l’armée ne sert plus qu’à parader dans les
fêtes ; elle fait illusion par son luxe et ses manières t- I
geuses aux populations asiatiques; les hommes habiles ]
ne se trompent pas sur sa valeur ; on connaît le juge- I
ment de Polybe sur le soldat romain et sur le soldat I
grec de son époque ; l’historien ne fait pas à ce dernier
l’honneur de croire qu’il était un digne adversaire de la 1
légion ,0.
La faiblesse de ces armées venait surtout du régime
politique de ces monarchies asiatiques. Le mercenaire a I
été un bon soldat quand il a été bien commandé. 11
avait des qualités sérieuses auxquelles des hommes I
comme Xénophon ont rendu justice ; en tout cas, il avait I
la préparation nécessaire. Il y avait en Grèce certains
peuples qui, pendant des siècles, n’ont eu d’autre ’
industrie que la guerre. Dans ces pays, il existait des I
traditions, un entraînement, une éducation militaire. I
Nous ne voulons pas parler des Spartiates: ils ont été, I
comme on l’a dit, les plus habiles artistes dans l’art de 1
la guerre ; mais ils n’en ont pas fait un commerce. La
Carie, la Crète et l’Arcadie11 ont été les vraies pépi- I
nières du mercenariat. Ces pays ne parvinrent pas à con¬
quérir la situation politique à laquelle il semble qu ils
avaient droit. Ce métier de la guerre, pour lequel ils j
étaient si bien préparés, ils ne pouvaient pas l’exercer
dans leur patrie ; ils allaient à 1 étranger.
Crète. — De ces peuples, les plus intelligents étaient I
les Crétois. Leur réputation, comme archers surtout,
était reconnue de tous. Ils avaient imaginé un armement I
qui portait leur nom12. A partir de la guerre du Pélo- I
ponèse au moins, on peut signaler leur présence dans I
presque toutes les armées. Souvent des Cretois sont I
parvenus dans les États étrangers à des situations 1
importantes13. Nous possédons sur le mercenariat en
Crète plusieurs textes intéressants de l’époque heUcnis- 1
tique. Le plus important pour nous est le traité d a iance j
conclu entre Rhodes et la ville crétoise d Hici apy tna ,
vers l’an 220 av. J.-C. Les conditions de l’alliance com¬
prennent une série d’obligations de chacun dis ^
peuples vis-à-vis de l’autre. Les obligations t es 1
pytniens sont énumérées les premières, nou®, nf
occuperons naturellement que de ce qui t°uc _ .
sujet. On règle d’abord la question des suoi ^
envoyer en cas de guerre; ces secours ne - son P
si les Rhodiens ont été les agresseurs ou s ils cou ‘
un peuple allié des Hiérapytniens. Dans le cas coi <• ^
ceux-ci doivent envoyer dans un délai fixe 1111 aU
deux cents hommes, complètement armes ; a i ]eg
moins de ce contingent sera composée c ci o(jienS
autres seront donc des mercenaires. > 1 ei’ ^ xi
ont besoin de faire une levée de mercenaires
» 218 ; Suid-
de ceux qui faisaient le métier de mercenaires; Bckkcr, »<’ ' tijn d'un gucr-
; Cf. Waddinglon, Inzer. d’Asie Mineure, n* «« ou ■> „ Tit. I,i*
rier qui se vante d'avoir tué le même jour sept hoplites a ^ ^ 37, M
XI.II, 55.- 13 Ainsi Didascalondas, officier de J °P^ . ( piques sur les tral'
_ H Cauer, Delectus, 181 ; Michel, 21 ; E. Eggcr, Etudes
tés publics chez les Grecs et chez les Romains, p. 297-
MER
1799
MER
a réunir
n a'
naires
, vpsiav é'xwfft), les Iliérapytniens garantiront
^Wcurité à celle opération dans leur ville; ils la
101111 nont aussi dans le pays et dans les îles de leur
?al,in , jis aideront de toute manière les Rhodiens
■ les mercenaires ; sous aucun pretexte, ils
orderont personne le droit de lever des merce-
" , outre les Rhodicns ; sous aucun prétexte, aucun
■■..pvtnien ne fera la guerre contre les Rhodiens, ou il
K .iccîhlp des mêmes peines que s’il faisait la guerre
i e les Iliérapytniens; exception sera faite pour
eux qui auront fait la guerre avant les présentes con¬
ventions. Quant aux Rhodiens, ils s’engagent à leur
tour à envoyer des secours aux Hiérapylniens dans les
mêmes conditions ; ces secours consisteront en ga-
].reg. aUcun Rhodien ne fera la guerre contre les
Iliérapytniens, ou il sera passible des mêmes peines
que s'il faisait la guerre à Rhodes; si les Iliéra-
tmiens lèvent des mercenaires en Asie pour une
guerre particulière, les Rhodiens feront tout leur pos¬
sible pour que cette levée arrive en toute sûreté à
Hiérapytna; sous aucun prétexte, les Rhodiens n’aide¬
ront personne à faire une levée de mercenaires contre
les Hiérapytniens.
Le privilège de lever des mercenaires se trouve donc
mutuellement garanti par les deux partis. Il faut
remarquer la clause qui interdit à un mercenaire de
servir contre sa patrie. C’était là un des articles du droit
des gens à cette époque ; et c’est en vertu de cette règle
qu’Alexandre envoya travailler dans les mines les Grecs
qui, au Granique, servaient dans l’armée perse et qui
s’étaient battus contre les Macédoniens.
Une autre inscription plus récente 1 nous a conservé
le texte d’un traité conclu entre le xotvov tcov Kp-qxüiv
[cretarciia et cretensium respublica] et Eumène II, roi de
Pergame (139-138) ; parmi les privilèges, qui sont
accordés au roi, est mentionné le droit de lever des mer¬
cenaires, ^voXoy-qiTÔxi. Nous connaissons enfin des con¬
ventions passées entre Eleuthernae, ville de Crète, et
Antigone Gonatas, entre Thèbes et Polyrrhénion, con¬
ventions dans lesquelles il est aussi question des mer¬
cenaires 2. Polybe 3 nous apprend que cette dernière
ville fournissait des archers à la Macédoine et à l’Àchaïe
contre la ligue éloliennc. Nous avons vu des mercenaires
Cretois au service d’Athènes, de l’Égypte, de la ligue
achemine. Les Romains eujt-mêmes avaient des archers
crétois dans leurs armées et cela dès les guerres
Modiques, comme nous le verrons. Contre Persée, le con-
Sul P. Licinius en avait obtenu du gouvernement
Cretois. Le Sénat demanda au xotvbv twv Kp-qicbv s’il n’y
avai t pas eu plus d’archers crétois dans l’armée de Persée
que dans l’armée romaine. Les Crétois ne le nièrent pas ;
’k furent alors mis en mesure de notifier à leurs compa-
ll iotes le décret du Sénat, ordonnant que les Crétois
l ‘Appelleraient dans le plus bref délai tous les soldats
du ils avaient dans les garnisons de Persée4.
U réputation des Crétois était mauvaise. Pendant
0ngtemps ils ont pratiqué la piraterie ; comme mercc-
n-' n es, ils étaient notés comme les plus à craindre : tpta
1 caior, Delectus, 130. — 2 Bull, de corr. hell. XIII, 1889, p. 50, 09.
3 IV, 53. _ 4
LT'' enCOre un autrc proverbe: x,«|ti'Çhv = itùStrf*., Plut. Paul. Aem. 23;
Hdl Pal. XI, 371. — 6 Outre les textes cités plus liaut, cf. Xcn.
505 ’ -H- '7 Hell. II, 1, t. — 3 Ditlenberger, 210 et 211 ; Michel, 503 et
VU, 3, p. 47 ju ijvro i — io Michel, 166. — 11 Nous suivons surtout
Tit. Liv. XLIII, 7. — o Suid. Kàicita SntXo
xt)..; il
x7.7T7roc xâxKTxa, disait un proverbe en désignant les Cil i-
ciens, les Cappadociens, les Crétois ;i.
Ceux-là donc sont les pires entre les mauvais. Le mer¬
cenaire est partout craint et détesté. 11 est volontiers
pillard, parfois tout simplement parce que l’occasion lui
semble bonne pour piller. Souvent aussi il Je fait pour
vivre. 11 a de la peine à se faire payer la solde qu’on lui
a promise; les Athéniens eux-mêmes, nous l’avons dit,
agissaient ainsi G. Xénophon raconte que des merce¬
naires privés d’habits et de nourriture voulaient attaquer
et piller Chios 7. Nous avons vu, à Athènes, Euryclès
donner de l’argent pour qu’on puisse se débarrasser des
mercenaires ; le même fait est attesté aussi pour
Érythrée 8. Énée le tacticien recommande aux villes de
ne pas laisser entrer dans leurs murs les mercenaires
qu’elles emploient a. Il se trouvait cependant parmi ces
chefs de bande des hommes qui avaient des sentiments
d’humanité. Le Béotien Zoilos, commandant la garnison
que Démétrius a mise à Egostène, ville delà Mégaride, fut
félicité par Mégare pour avoir su maintenir la discipline
parmi ses mercenaires ; on lui vota une couronne d’or,
et on lui décerna, à lui et à ses descendants, le titre de
citoyen et la proédrie dans tous les concours 10.
Rome 11 . — Jusqu’aux guerres Puniques, l’armée
romaine se composa exclusivement de deux sortes de
troupes : la légion et les alliés italiens (dilectus, exercitus,
legio]. A cette époque, on adjoignit aux légions et aux sacii
des troupes légères, qui servaient en qualité d’alliés ou
moyennant une solde 12. A Trasimène, il y avait, dans
l’armée romaine, 600 archers crétois13; à Cannes, des
archers et des frondeurs u. Ce sont ces troupes mercenaires
qu’on appelait auxilia [auxilia] pour les distinguer des
socii italiens13. On n’a signalé aucun rapport entre leur
nombre et celui de la légion. Le nombre de ces auxiliaires
s’accrut à un tel point que, pour leur donner une place dans
le camp romain, on dut changer la disposition primitive
de celui-ci. Les réformes de Marius modifièrent complète¬
ment l’armée romaine. Les classes riches parvinrent à se
soustraire au service militaire; les pauvres y virent, au
contraire, un métier et une source de profits; dès ce
moment, l’armée de citoyens cessa d’exister; il n’y eut
plus que des troupes soudoyées; vrais mercenaires, les
soldats n’étaient pas au service de l’État, mais du général
qui les payait; indifférents aux intérêts de la patrie,
ils étaient prêts à toutes les besognes, pourvu qu’ils
pussent compter sur la solde et sur le butin 16. Mais ce
changement est en quelque sorte interne ; l’armée reste
toujours composée de légionnaires, d’alliés et de merce¬
naires. Après la guerre sociale, les Italiens deviennent
citoyens romains ; il n’y a plus, dès ce moment, que deux
espèces de soldats, les Romains et les auxiliaires.
Les réformes d’Auguste amenèrent ici aussi des chan¬
gements17. Les auxilia sont désormais tous les corps,
autres que les légions, qui se trouvent dans les provinces,
peu importe qu’ils soient composés de citoyens romains
ou de pérégrins. Lorsque Caracallaeut donné le droit de
cité à tous les habitants de l’empire, les pérégrins devin¬
rent de plus en plus rares. Si l’on excepte un certain
J. Marquardt, De l’organisation militaire chez les Romains, p. 103. — 12 Til. Liv.
XXII, 37, 7 ; Zonar. VIII, 16 ; Polyb. II, 7, 5. — 13 Tit. Liv. XXIV, 30, 13 ; ce sout les
auxiliaires mentionnés par Polybe, III, 75, 7. — H Tit. Liv. XXII 37, 8 et 13 ; des
Celtibériens sont mentionnés, XXIV, 49, 8. — 15 Varr. De ling. lat. V, 90 ; Fest. Ep.
p. 17, Millier; Tit. Liv. XL, 31, 1. — 16 Sali. Jug. 86, 3; App. Bell. civ. V, 17;
VV, 93; Plut. Lucul. 14, 17 ; S y lia, 12. — 17 Marquardt, p. 183.
MER
— 1800 —
MER
nombre de mercenaires barbares dont on avait loué les
services dans les derniers temps de l’empire, les auxilia
finissent par n'être composés que de citoyens romains.
L'effectif total des troupes auxiliaires n’est donné nulle
part ; on dit qu’il n’était pas inférieur à celui des légions
et qu'il variait suivant les circonstances *.
Dans cette catégorie de troupes on ne peut guère com¬
prendre les vexilla veteranorum, détachement de lé¬
gionnaires ayant obtenu leur congé, déliés de leur serment,
mais gardés encore quelque temps sous la main de
l'autorité. Les cohortes civium romanorum , composées
d'Italiens enrôlés volontairement, parce que le service
était moins pénible dans les cohortes que dans les
légions 2, furent plus tard ouvertes aux pérégrins. Il
semble que les mercenaires, au moins jusqu'à une cer¬
taine époque, ont dû être assez nombreux dans les cohortes
auxiliariae : quelques-unes étaient armées à la romaine,
d'autres avaient conservé leurs armes nationales et
étaient désignées sous les noms de sagittarii 3, scutati 4,
contarii 5, catafracti 6, funditores 7 [catapuracti, cli-
peus, contes, funditor]. Tous ces auxiliaires se distinguent
des soldats romains par un trait commun, c’est qu’ils
étaient armés à la légère, ce qui leur aurait fait donner
le nom de cohortes leves 8. On sait que l’infanterie
[cohors] était organisée en cohortes quingcnariae , de
500 hommes ou cinq centuries, et en cohortes miliariae ,
de 1000 hommes ou dix centuries; quand elles compre¬
naient un contingent de cavaliers, elles étaient appelées
equitatae ou equestres. La cavalerie était divisée en alae
equitum quingenariae [ala] de 16 turmes ou 480 hommes,
et miliariae de 24 turmes ou 960 hommes.
Si ces troupes auxiliaires ne furent plus, au bout de
quelque temps, composées que de citoyens romains, il y
avait, dans la garnison de Rome, certains corps qui
n’étaient formés que de mercenaires. Cette garnison com¬
prenait d'abord des troupes dans lesquelles les soldats
étaient des citoyens romains, les cohortes praetorianae ,
les cohortes urbanae et les cohortes vigilum. Mais il s’y
trouvait aussi d’autres corps qui étaient composés d’étran¬
gers 9. Auguste eut une garde germaine, les Germani ou
Batavi10 [germani]; les soldats qui en faisaient partie
étaient tirés de tribus germaniques sujettes de Rome.
Suétone qualifie cette garde tantôt de numerus, tantôt de
cohors et de manus11. Cependant elle ne se divisait pas en
centuries et en turmes. Les inscriptions se servent tou¬
jours, pour la désigner, de l’expression collegium Ger-
manorum, et elles nous apprennent qu’elle se divisait en
décuries comme les collegia et les familiae servorum. La
garde germaine fut dissoute par Galba12 et elle ne parait
pas avoir été reconstituée jusqu'au règne de Trajan ; plus
tard, on trouve, sous Caracalla, une garde du corps à
cheval composée de Germains et de Bataves.
Le corps des Germains supprimé par Galba fut peut-être
remplacé immédiatement par une nouvelle garde, dont il
est fait mention depuis Trajan, les équités singulares
Augusti ou imperatoris [équités singulares]. On sait quel
est ici le sens de singularis ; il signifie « homme choisi,
homme d’élite ». Parmi les singulares , nous trouvons des
1 Dio Cass. LV, 24, 5 ; Tac. Ann. IV, 5.-2 Vcget. Il, 3. — 3 Tac. Ann. II, 16 ;
Corp. inscr. lat. 111, 600. — 4 I)ipl. XL1V; Xot. dignit. Or. XXXI, 59. — SVegct.
III, 17 ; Dipl. XXXIX, XLIV. — 6 Corp. inscr. lat. III, 99; Veget. III, 17. — 7 Tac.
Ann. XIII, 19.— » Jbid. I, 51; II, 52; III, 39; IV, 73; XII, 35.— 9 Henzen, Sugli
Equitisingolari degl. imperatori Romani ; C. JuIIian, Les gardes du corps des prê¬
tai ;rs Césars \ Bouché-Leclercq, Manuel, p. 323; Marquardt, p. 213. — 10 Sud. Alla-
Bessi, des Thraces,des Rhètes,des Norici des 1>
des Daces, quelques Bretons, Dalmates, Maurestt s°ni°ns'
on prenait donc de préférence des hommes du n T*5
avaient, pour la plupart, des noms romains • ’ 1Is
entrant au service, ils prennent le nom de l’è ^ en
régnant, comme les affranchis portent les mnJTT*
maître. La durée du service était de vingt-cina 0 ^
pour toutes les troupes auxiliaires. On les recrut
partie parmi les soldats des auxilia. ait en
D après la place qu’ils occupaient dans le canin
peut conclure qu’ils avaient le même rang que" P’ °“
les
pré¬
toriens. Ils formaient
deux corps et avaient à
Rome deux casernes, les
castra priora et les castra
nova Severiana. Comme
les prétoriens, ils n’aban¬
donnaient leurs quartiers
que pour suivre l’empe¬
reur; ils étaient placés
sous les ordres du prae-
fectus praetorio et cha¬
cune de leurs divisions
avait à sa tête un tribun.
Ils sont représentés sur
les monuments (fig.
4931)13 avec le casque
sans panache, le bouclier
ovale, l’épée .et la lance ;
ils avaient à leur service
plusieurs esclaves. Il semble qu’ils furent supprimés par
Gallien et remplacés par les protectores.
Seplime-Sévère augmenta considérablement la gar¬
nison de Rome. C’est probablement lui qui logea sur le
Caelius, dans les castra peregrina , une nouvelle milice,
celle des peregrini , distincte des équités singulares et
commandée par un princeps peregrinorum. Il est pro¬
bable qu’ils étaient spécialement employés à la police de
la ville. Une de leurs centuries, sous le nom déjà connu
de frumentarii u, était chargée de la police de sûreté.
La partie de l’armée romaine que nous connaissons le
mieux est celle qui gardait l’Afrique, à l’ouest |j. Elle
était divisée en trois corps d’après les provinces. L armée
d’Afrique et de Numidie était constituée par la legio III
Augusta et treize corps auxiliaires ; sur ces treize corps, il y
avait dix cohortes dont six avaient un effectif mixte de fan¬
tassins et de cavaliers. De tels corps étaient nécessaires
dans ce pays; l’infanterie formait un noyau solide pour
résister; la cavalerie fournissait des éclaireurs, prcumai
l’attaque et achevait la victoire. Il fallait être toujouis en
éveil en présence d’adversaires très bien monks, qu
apparaissaient subitement et se dérobaient aussi u ^
Dans les deux Maurétanies, Césarienne et Tingitane,
n’y avait que des troupes auxiliaires. Il faut notei iu
petit nombre d’ailes ou de cohortes qui ont ék ^ .j
dans le pays. Au premier et au deuxième SRL
aurait été imprudent de lever des auxiliaiies
régions où les troupes stationnaient; ces PaJs
49; Dio Cass. LVI, 23, 4.- H Calig. 43; Galba, 12; Aug. *9. ni. 60,61;
— <3 La figure est tirée de la Colonne Trajane ; cf. Froclinci , o attaché
voir équités, fig. 2746 à 2749. — 14 Les frumentarii étaient pu éclaireurs ou
aux légions ; c’était sans doute les ferentarii du temps de Caton, s ^ ,,
fourriers à l’origine ; Hadrien les employa pour sa police sccrê 1 ^Àfrique,
_ 15 Nous n’avons qu’à renvoyer à R. Cagnat, L armée iomi
MER
— 1801 —
MER
ni,ore complètement pacifiés ; ils n’étaient pas
P1^ C à la civilisation romaine. Il n’en fut plus
enCOrt| h suite; dès le milieu du ne siècle, ces troupes
„insi Oin!’ la p ’
biliaires sont recrutées sur place.
ai1’, Aidant déjà, dès cette époque, les barbares ont
1 . îcé à devenir plus nombreux dans l’armée romaine.
con ,ervent d’abord comme mercenaires ; ils finissent
*|S nar envahir les légions ; Probus en incorpore
ïlfili & r L
[g 000 parmi les légionnaires; sous Théodore, ils sont,
les légions, plus nombreux que les Romains, et
Vurclius Victor pourra dire : les soldats, j’allais dire les
barbares1. Il serait peu intéressant de suivre par le
/étail cette transformation ; il nous suffira de voir ce
était devenue l’armée romaine sous Justinien, au
moment où commence la période byzantine2.
Il y a un noyau permanent, mais il est peu solide ; le
gros de l’armée est formé de mercenaires; ils portent le
nom de fédérés [foedus, p. 1210]; ce sont ces aventuriers
barbares qu’on trouve sur toutes les frontières de l’em¬
pire ; il y a des Huns, des Gépides, des Hérules, des
Fig. 4932. — Cavaliers Maures.
Vandales, des Goths, des Slaves, des Perses [auxilia,
%• 671], des Arméniens-, des Arabes, des Maures
(llg. 4932) 3. Cette armée est bien organisée. Le fantassin
fst protégé par un grand bouclier, le casque, la cuirasse
des jambières ; toutes ces pièces sont en métal ; comme
armes il a l’épée, l’arc, ainsi que la pique et la hache.
La cavalerie est pesammentéquipée ; l’homme et le cheval
SOnt cuirassés; ce sont les cataphractaires [catapurac-
tuui, fig. 1232] que pon regarqe comme les plus redou¬
tables des soldats de l’empereur. Il est aussi question
( une cavalerie légère. Malheureusement cette armée,
c°mnie toutes les armées composées de mercenaires, est
]ndisciplinée et pillarde. Le fédéré a des exigences
niouies; sous prétexte qu’il n’est pas le sujet de l’empe-
j’iur, il prétend être affranchi des règles de la discipline;
1 discute les ordres des chefs, il les méconnaît. Enfin
11 Patriotisme n’anime ces barbares; ils ne se font
aucun scrupule de trahir; deux fois, la trahison a ouvert
à Totila les portes de Rome1 : dans une bataille, les
mercenaires Huns se rangent à l’écart, attendant que la
fortune se soit décidée pour se mettre du côté du vain¬
queur5. Les officiers, qui sont aussi des barbares, sont
peut-être pires que les soldats ; car ils se jalousent et ne
cherchent qu’à se nuire. Malgré ces défauts, cette armée
de mercenaires barbares, quand elle est commandée par
des hommes comme Bélisaire ou Narsès, constitue une
force militaire des plus redoutables.
Nous avons étudié le mercenaire à toutes les époques
de la vie gréco-romaine. Il y a plusieurs faits généraux
à relever. Le plus important est que le mercenariat a
surtout fleuri en Grèce ; c’est comme un fruit que le sol
a produit à toutes les époques. Cela tient à la nature
même de l’esprit'grec ; il aime les aventures et il est
avide de gain ; il est comme le marchand de YOdyssée,
qui, à peine revenu d’un long voyage, pense à partir
pour aller encore plus loin 6. Dès que l’Hellène a eu
conscience de sa valeur comme homme de guerre, il est
parti chercher fortune ; on le trouve dans presque toutes
les armées des rois et des tyrans d’Asie. « Tu es arrivé
des extrémités de la terre, rapportant une garde d’épée
en ivoire, incrustée d’or ; car, en combattant pour les
Babyloniens, tu as accompli une grande action, tu les
as sauvés des dangers ; tu as tué un guerrier haut de
cinq coudées moins une main. » C’est le poète Alcée
qui parle ainsi de son frère Antiménidas, qui s’était
engagé dans l’armée du roi de Ninive Nabuchodonosor.
Alcée lui-même avait mené une vie aventureuse ; il avait
été chassé de sa patrie ; il s’était battu contre les Athé¬
niens, et, dans cette bataille, il avait perdu son bouclier.
Cette vie d’aventures avec ses hasards, ses changements
soudains de fortune, tente l’humeur hardie de bien des
Grecs. Le type des mercenaires de cette époque est
Archiloque, ce poète que l’antiquité mettait à côté
d’Homère. « Je suis un serviteur du dieu de la guerre
Enyalios, et je suis habile dans le don aimable des
Muses. » Mais voici comment il entend la guerre :
« Grâce à ma lance, à moi la galette qu’on pétrit ; grâce
à ma lance, à moi le vin d’Ismaros ; grâce à ma lance,
je le bois couché sur le lit du festin. » Le Crétois Ilybrias
avait, lui aussi, composé une chanson des mercenaires :
« J’ai pour richesse une grande lance, une épée, et un
bouclier de cuir tout velu, rempart de mon corps ; c’est
par lui que je laboure, que je moissonne; c’est par lui
que je foule le bon vin qui sort de la vigne; c’est par
lui que j’ai des esclaves qui m’appellent : maître ’. »
On le voit, le mercenaire est entré de bonne heure dans
la littérature; il y est entré, il faut noter le fait, au
moment où fleurit la poésie personnelle, la poésie
lyrique. Il en disparait peu après. La grande époque
de la Grèce, le ve siècle, marque une éclipse du
mercenariat. Il y rentre à partir du ivc siècle ; c’est
le beau moment du mercenariat qui commence, mais,
cette fois, la littérature ne lui est pas favorable. La
comédie 8 saisit le mercenaire, le malmène et le bafoue;
c’est un faux brave, qui a toujours des exploits terri¬
fiants à raconter, et qui, au fond, n’est qu’un poltron;
tout le r S 3 ~~ 2 Diehl, Justinien et la civilisation byzantine au vi® siècle ,
composii a*1 ~ 3 ®ur ta Colonne Trajauo; Froeliner, Op. I., pl. 86,87. Voir la
cn 535 ('/î'0;1 tie 1 arn,én de Perse (Procop. Bel. Pers. 244); de l'armée d'Italie,
Ù «• CotA.26), en 551 (, Ibid. . 598, 599).— 4 Procop. Bel. Goth. 360-362,433.
_ 5 Bel. Vend. 416, 420-421. — 8 Odyss. XIV, 199. — 7 Bergk, Fr. lyr. poet. 28.
_ 8 Nous renvoyons simplement, sur celle question, à Ch. Benoît, Essai histo¬
rique et littéraire sur la comédie de Ménandre, p. 62, et G. Denis, La comédie
grecque, t. Il, chap. xvm ; cf. outre la comédie, Lucian. Dial, meretr, 12.
'MER
1802
ses amis, ses esclaves se jouent de lui ; les courtisams
le bernent et le rejettent, quoiqu’il soit chargé d’or.
Cette réaction de la littérature est intéressante. La
poésie qu’Archiloque, Alcée ont trouvée dans cette vie
de hasards, s’est évanouie. A Rome la poésie d’une telle
existence ne fut jamais comprise. A aucun moment, sauf
à la veille des invasions, Rome n'a voulu voir dans le
mercenaire qu’un individu qui abuse de sa force pour se
mettre au-dessus de la règle sociale. Cela suffisait. Elle
s’est appliquée à le contenir; elle l'a enfermé dans une
position subalterne d’où il n’est jamais sorti. Il y a peu de
points où se montre plus clairement la différence du génie
grec et du génie latin ; l’un volontiers coureur d’aven¬
tures, passionné pour la liberté, même pour cette liberté
qui refuse d’accepter une règle, de se soumettre à une
loi, se plaisant partout à affirmer sa personnalité; l’autre
ayant la religion de la loi, le sens inné de Yimperium et
la conviction assurée que partout l’individu doit se sou¬
mettre à loi et à la la règle 1 . Albert Martin.
MERCURIALES [mercurius, p. 1817, 1820].
MERCURIUS. — I. En grec 'Eojjisi'x; et 'EpfzÉxç ou'Ep|2.É7j;,
d’où 'Epu.5; et 'Ep^ç1, par contraction, et 'Epaxwv* (formes
apparentées à la racine opu.-q, désir passionnel, bientôt
confondue avec celle de ïpixa/.s;3, bornes des carrefours).
1° Originesde la personnalité mythologique d' Hermès
en Grèce. — L’idée première d’Hermès serait-elle celle
d’un dieu infernal comme Pluton4? Aucune preuve
décisive ne l’établit5. Nous aurons à constater cependant
que ce dieu aux multiples aspects a été, après les temps
homériques, envisagé comme en rapport avec les
choses de dessous terre6. D’autres origines très diverses
ont été proposées par les modernes. Par exemple, un
certain nombre d’analogies, souvent verbales, entre le
vent et Mercure ont fait croire à Roscher7 que le dieu
n’est que la personnification de cette force naturelle; le
vent semblait venir de l’éther, de Zeus, des grottes de
montagnes, comme Hermès; comme lui les Boréades, ou
les vents, sont la rapidité même, ont des ailes, emportent
MER
sèchent les champs, tiennent les voyageur! i °U des'
dépendance, etc.8 Mais ces rapports ^ni , S.leur
nieusement établis entre toutes les qualifiai °P1lngé‘
et l’autre terme ; ils devraient dériver d’une même ' ° Un
tion primitive d’Hermès, ce qui n’est pas. Pour
il est l’Obscur et semble avoir personnifié tout'
est ténébreux : enfer et nuit, nuages et pluie Aprèv ^
représenté le combat journalier des ombres conter
rayons, il serait devenu le dieu qui rafraîchit et fécond!
et aussi le vent rapide. Pour d’autres1», il est un ,li
solaire et représente l’Aurore. A d’autres il a semblé ne]
sonnifier les crépuscules matinal et vespéral11, et surtout
le second. A ce titre on lui a assigné des origines
hindoues. Creuzer et Guigniaut12 l’avaient assimilé déjà
à Brahma. Nareda et Bouddha. Mais l’école linguistique
l’a surtout identifié avec un Sarameya (= ’Ep^taç)13
dieu crépusculaire, voleur des vaches d’Indra, c’est-à-dire
des nuages. Une étude plus attentive des Védasuamontré
que les deux sarameyas sont des chiens de Yama et ne
sont pas les voleurs des vaches célestes retrouvées par
leur mère Sarama15. S’il reste une analogie, elle est fugi¬
tive, si bien que M. Bérard croit le dieu plutôt phénicien
d’origine 16. Les navigateurs de cette race, ayant pénétré
jusqu’en Arcadie, y auraient laissé aux habitants la
notion d’une divinité ternaire, dont le troisième terme, le
dieu fils, était lui-même une triade ; selon l’empereur
Julien, Monimos, qui figure dans cette trinité, n’est
autre qu’Hermès17. Tout au moins les manières d’être et
attributs du dieu phénicien ont pu être mêlés par les
Arcadiens avec ceux d’une de leurs divinités. D’autre
part, la pierre levée, le bétyle ou la colonne carrée, qui
souvent en Grèce ne fait qu’un avec la figure d’Hermès,
représente chez les Phéniciens l’envoyé ou fange
d’Astartè, do Baal ou d’Élohim18.
Ce qui est vrai, c’est que, comme l’avaient senti déjà
les anciens19, la personnalité mythique d’Hermès a eu
des origines multiples. Une d’entre elles est déterminée
i Nous n’avions pas ici à nous occuper de Carthage. Disons seulement que
primitivement l’armée carthaginoise était une armée nationale; c’est seule¬
ment vers le milieu du vi® siècle que Magon altéra profondément le caractère de cette
armée, eu y introduisant un fort contingent de mercenaires. Cependant pendant long¬
temps encore les citoyens carthaginois y étaient très nombreux; lors de l’invasion
d’Agalhocle, leur nombre s’élevait à 40 000, chiffre bien supérieur à celui que ce même
contingent présenteraà Zama. Plutarque ( Timol . 30) dit, à propos de la bataille de
Crimésos, en 340, que les Carthaginois n’avaient pas encore à cette époque employé
de mercenaires grecs. Celte affirmation est en contradiction avec ce que dit Dio-
dorc (XIII, 44 et 58) qui assure qu’Hannibal, lors de sa grande expédition en Sicile
en 409, avait des mercenaires grecs dans son armée et que ces mercenaires furent
les seuls à témoigner un peu de pitié lors de l’affreux massacre des habitants de Sé-
linonte. Pour l’armée carthaginoise, cf. O. Melzer, Geschichte der Karthager ,
I, 192-297 ; II, 114*144. — Bibliographie. W. Rüslow et H. Kochly, Geschichte des
griechischen Kriegswesen , Aarau, 1852, p. 99 et 154 ; Chevalier, Entstehung und Be-
deutung des griechischen Sôldnerivesen , progr. 1858 et 1861 ; Bohstedt, U cher das
gricchische Sôldnerivesen, Rendsburg, 1873; Lorenz, Griechische Sôldnerivesen,
prog.d’Eichstadt, 1877, 1880; B. Büchsenschütz, Besitz und Erwerb im griech. Alter-
thum , Halle, 1869, p. 350; II. Droysen, Heerwesen und Kriegführung der Griechen
dans le Handbuch de K. F. Hermann, Fribourg, 1889; Ad. Bauer, Die Kriegsaltertiimer ,
dans le vol. consacré aux Gricchische Altertümer dans le Handbuch d’iwau Muller,
Nérdlingen, 2® éd. 1893; D. Mallet, Les premiers établissements des Grecs en
Égypte au vu® et au vi* siècle , Mémoires publiés par les membres de la Mission
archéol. franc, au Caire, t. XII, fasc. 1, Paris, 1893; G. Droysen, Histoire de
l'hellénisme , trad. fr. Paris, 1883; J. Paul M. Meyer, Das Heerwesen der Ptole-
maer und Borner in Aegypten, Leipzig, 1900; Schubart, Quaestiones de rebus
militaribus quales fuerint in regno Lagidarum, progr. Breslau, 1900 ; J. Marquardt,
De V organisation militaire chez les Romains , trad. fr. par J. Brissaud, Paris,
1891, dans le Manuel des antiquités romaines de Th. Mommsen et J. Marquardt;
Herm. Schiller, Die Kriegsaltcrtümer dans le vol. consacré aux Bômische Alter¬
tümer du Handbuch d’Iwan Muller ; A. Bouché-Leclcrcq, Manuel des institutions
romaines , Paris, 1886.
JVIERCURIUS, 1 'EpjAttaç dans Homère ; Pape, Wôrterbuch der Eigennamen , I,
. 382-3. Ciirlius, Grundzüge , p. 317. — 2 Hcsiod. Fragm. 32 ap. Slrali. I, p- 42
- 3 Bérard, Cultes arcadiens, p. 284; Wclcker, Griech. Gôtterl. I, p. 342 , tmliard,
ôtterl. I, p. 261, n.l; cf. au Ire étymologie, Creuzcr-Guigniaut, Itelig. delAntiq. par .
, p. 692. - 4Scliwenck, Etym. Myth. Andeut. p. 123 sq. - 3 R formait cependant
ne triade avec moùtuv et Hj, à Athènes, cf. plus loin. — 6 Hesych. s. »• Ip-Sjo? . c .
rcuzer-Guigniaut. Op. I. Il, part. I , p. 327-9;part. Il, p. 684,n.2ctch. '■>/
- 7 Cou, Alythology of the Aryan ; Rosclier, üermes der y/indgott, résume an ■
exikon, I, p. 1360-88, suivi dans sa 2" édition par Decharme, Mylhol. P- " I
ni, dans la première, faisait du dieu la personnification du ci opuscule. I
. 1, pour quelques autres conceptions d Hermès, et Bursian, Ienaer Litnnl .
août 1879. — 8 Autres ressemblances indiquées : lèvent siflle conl",c ] _
me de la syrinx ; les songes, les âmes, le sommeil viennent du uni
:s caprices du vent déconcertent comme ceux de la Fortune, âj?c<rr cî > ' ^
eux des vents = Siixiofo? àprsicsov-tiiî = le poursuiveur (des nuaBe.) q ajove
iel ; le vent est fort comme Hermès ; il change le môme jour des moi. ,sonn;. ]
i dieu; primitivement les quatre vents étaient confondus en une u |
cation. - 9 Gilbert, Gôtterl. p. 214-233; cf. II. Weil, Journ des ^
. -282-5. 'Apyetïôvrvjç = le dieu qui tue la lumière. Mais il ses iuoi ^
uand ses hyposlascs de Nocturne et d’infernal sont devenues t < c- » ,gesj pina.
AfSviî- Lcs ombres et la lumière concourant à un mômeiésu a , brique»
■ment l’ami d’Apollon. Il ne préside plus qu à des phénomène ^ faeut,
icnfaisanls : cf. Max-Muller, Nouv. études , p. 547. 111 I ®'*’ 1 Grundidst
. 178-197, et Mém. Soc.linguist. Il, p. 145-146. — 11 Gbr. c i ,s» ^ 292-3.
es H enn.es, Erlangcn, 1877. — 12 Creuzcr-Guigniaut. Op. t- *’ n® . ' j, 317.
-13 Max-Muller, Op. I. p. 483-5. — 14 Bergaigne, La religion ’y^J MCOm?agnéei
- 15 II est vrai que diverses représentations grecques de Mercure s A|exalidrie,
’un chien; cf. Hertz, Catal. ofantiquities, n»453 ;Mionnet,
629. — 16 Bérard, Orig. des cultes arcad. p. 265 et chap. ces aven-
autcur déclare lui-môme qu’il a voulu pousser ici jusqu a s ^ a^0ji IV, P- l5»'
ureuses une hypothèse qui lui paraît juste. 11 i(j q p (. p. 205.
lonimos r= Adad = unusunus, nom assyrien du soleil, Bcrara, ^
- 18 Bérard, Op. I. p. 281-3 ; Berger, Ange d’Astartè, p- * ■
MER
— 1803 —
MER
•litudc. Contaminé ou non d’un culte phénicien,
. nn ,lînii zinc PAlnccrnc il 1 A r*pn in 1
•ivec lu,^t un très ancien dieu des Pélasges d’Arcadie
Sa grotte :
. piie et ce
î'unorphoses (flg. 4933). Il est probable qu’il a été le
>11. uniqm
était la seule ressource, il était donc là,
enrichisseur, celui par qui les pâtres
lll"UI ' natale est sur les pentes du Cyllène2, où l’eau
souvenir local le suit dans toutes ses
(fig. 4933). Il est probable qu'il a été le
I dieU) unique ou suprême \ du plateau arcadien.
$ ,, ,i
Comme l’élevage y
le Swtwp Éclwv v 1
Fig. 4933. — Hermès de Cyllène.
voyaient leurs troupeaux pulluler 5. Il représentait leur
conception vague de la vigueur génératrice, le phénomène
divinise de lareproduction animale ( 6 p pc-q ) 6. Il était père
ou frère de Pan, le dieu-pâtre qui symbolise comme lui
la fécondation universelle Il a été pâtre lui-même, et
protecteur fidèle des maîtres de grands troupeaux8. Il
en a gardé, même après les métamorphoses les plus
complètes, le nom d ’AypoT^p et Nôpuo; (dieu champêtre et
du pâturage) 9. Comme le Dionysos originaire, il prend
ses ébats avec les primitives nymphes des fourrés et des
eaux vives, qui représentent les poussées de la sève ani¬
male et végétale10 [maenades]. Chez Dionysos, le carac¬
tère arborescent (oevopîx-qç) se développera presque exclu¬
sivement, mais il y a eu un temps où Hermès, parfois repré¬
senté avec une gerbe d’épis ", a été à peu près semblable
à lui12. Pendant toute une période les simulacres de l’un
et 1 autre ont été à peine distincts13 ; sans le caducée du
second, on les eût confondus; tous deux personnifiaient
la luxuriance féconde de la nature u. L’hymne homérique
consacré à Hermès13 roule tout entier sur son excessive
passion du bétail et, à l’origine des représentations artis-
Hques, nous le trouvons non seulement avec l’aspect d’un
berger (fig. 4934)'*, mais sous la forme d’un bouc (dont
il use dans les légendes pour assaillir Pénélope) 1 ' ou assis
sur un bouc18. Et nous aurons à étudier une série de
monuments (voir p. 1809), où, sans que cet attribut
s’explique par rien d’autre19, un bouc, un veau, une
brebis sont placés dans ses bras ou sur ses épaules.
Enfin ses caractères sont aussi mêlés avec ceux d Eros2",
et nous savons qu’aux temps très anciens il était figuré
sou's la forme significative d'un simple phallus21. Là est
l’origine des stèles tétragoniques spécialement appelées
des hermès [hermae] qui sont restées phalliques et même
ityphalliques comme était le dieu symbolisé par elles.
Avant qu’un phallus de ce genre le représentât dans le
temple même de Cyllène 22, on en voyait un grand nombre
au bord des routes, aux croisements des chemins23.
Hérodote nous apprend que ce sont les Pélasges 2* qui ont
commencé à honorer de la sorte Hermès évôoioç, dieu des
routes, secours des voyageurs, et peut-être protecteur
des limites. « Il ne faut pas, dit encore un pâtre de fhéo-
crite, offenser Hermès, celui des dieux qui s’irrite le plus
si on repousse le voyageur en peine de savoir sa route 2\ »
Ces simulacres indicateurs des sentiers ont été souvent
formés simplement d’amas, coniques de pierres appor¬
tées une à une par les passants dévots au dieu des
voyageurs26. L’Hermès originaire est donc à la fois un
principe fécondateur et un poteau sacré de direction dans
les sentiers. 11 est bien vrai que tous les renseignements
là-dessus datent au plus tôt des temps homériques; mais
le fait que la plupart se rapportent à l’Arcadie les recule
très loin dans le passé. On sait que, par une fortune
unique dans la Hellade, les Pélasges d'Arcadie sont
demeurés à l’abri de toute invasion, gardant intacts
leurs cultes et leurs coutumes27.
2° Hermès dans la poésie homérique. — Nous ne
savons par quel travail des imaginations le dieu arcadien,
Hymn. hom. X\ II, 1-2 : |ig$iovxtx x«l 'AçxaStnjç TtoXujtrjXo'j ; X\ III, 30-31 ; Pind&r,
%'»/>• VI, 77-80; Paus. VIII, 3, 2; 17, 1 ; 36, 10 ; Immcrwahr, Vie Kûlte
Arcadien*, p. 73. _ 2 Hom. Od. XXIV, I jEuslalli. ad 11. II, 003 ; X, 018 ; Virg.
51; Pind. L. I. 4. Sur la pointure de vase, fig. 4933, il est nommé
Alonmn. d. Inst. IX, pi. 55. — 3 De Witte, Élite, III, p. 193 ; Panofka,
^•'e lllacas, p. 24; Bérard, Cultes arcad. p. 209. — 4 Hom. Od. VIII, 335 ;
12IS. Le berger Elimée distrait pour Hermès et les Nymphes, afin
^accomplir les vieux riles, un septième de la hèle (|u'il offre à ses hôtes : Hom.
' •'iR . 4.1a. _ 5 Hcsiod. The or/. 444-7. — G G. Curtius, Grunz&ge, 500 ; Gerhard,
"•'cc/i. Mytliol. § 274; Maury, Belig. de la Gr. I, p. 106 ; Ottf. Muller, Littér. gr.
, e brund), |, p. 27. L'idée a persisté en prenant une expression plus philosophique :
(Oerl t?£*u,<“v> Eustath. ad Od. XIV, 435; cf. Abhandl. Berlin. 1848, p. 209
S('r.laril) : An’>ali, H, 79 (Welcker). — 1 Plat. Cratyl. p. 407-8 ; Apoll. III, 10, 2 ;
l'’7, v • Ifavo; ito/.i; ; Hymn. hom. X VIII, 1 ; Schol. Theocr. I, 3; il est
ttl )SS1 Eriape ; Kaibel, Epigr.gr. 782, 3. — -G Hom. 11. XIV, 489 : 4>op6àvToî
'.M*oj.„ xTiiuiv ommev. — 9 Eurip. El. 462; Schol. Sopli. Philoct. 1459, où il
IX 1 !"eC ^*an el *es Nymphes ; Arisloph. Thesm. 977. Il est Paus.
%")>l ' ~,0Hom. 11. XVI, 180-5 ; Hymn. hom. III, 262-6; Kaibel, Epigr. 813. Les
2eit ) tlles-mèmes sont appelées vôfuai, pi)Xî4i;, xafitoipiiçot, etc.; Arch.
-Il u- XXXV111' P- 9’> I>iodor. V, 48; Schol. Apoll. I, 917 ; Paus. Il, 34, 2.
“Iler-Wieseler, Denhn. II, 297, 298 ; Arch. Zeit. IX, p. 99. — 12 Gerhard,
Auserl. Vas. pi. i, xlii, xi.viii, i.v ; Etrusk. und Kamp. Vasenb. pLvui. — 13 Id., Veber
Hermenbilderauf griech. Vas. (Abhandl. d. Berl. Akad. 1855). — H Paus. 11,31,10 :
à Trézène on l'appelait «Xii-fio;, qui semble signifier « efflorescent ». -— 15 Hymn.
hom. II, v. 1-580. — 'G De Wille, Élite, III, pl. lxxxiu ; Gerhard, Auserl. Vas. pl. ix,
12 ; Hymn. hom. XVIII, 32. — '7 Hérodote, II, 145, croit que cela se passait huit cents
ans avant lui; Lucian. Dialog. deor. XXII, 2. La Pénélope en question serait Lacé-
démonienne. — ,8 Paus. II, 3, 4; Arch. Zeit. 1868, pl. ix; Auserl. Vas. pl. cccxxv
Hertz, Calai, of antiq. n° 473-4. — 19 Par ex. coupe de Sosias : Annali, 1830, p. 232
Monument i, I, 24-5; Gerhard, Trinksch. 6-7; Antike Derikm. I (1886), pl. ix-x
Rayct-Collignon, Céramique, p. 181. Voir plus loin fig. 4941. — 20 Gerhard
Golt. Eros ( Ahbandl . d. Berl. Akad. 1848, p. 269 sq.). — 21 Pind.; Hcrod. II
51- Arisloph. Lys. 1023, 1079; Paus. I, 27, 1; Plut. An seni sit re. 28
Arlcmid. I, 45; lmhoof-Blümner, Griech. Alünz. IV, 48; Lucian. Jov. trag. 42
cf. Cic. De nat. deor. L. I . ; cf. Jahrb. des deutsch. Inst. 1892, Anzeiger
p 64-65. _ 22 Paus. VI, 20, 5. — 23 Arisloph. Plut. 1159-60; Anth. App. Planui
254’ Paus. II, 3, 4; VII, 27, 1 ; Baumcislcr, Denhn. III, pl. ni. — 24 Hero<
jhid. _ 25 Theocr. XXV, 3-5. — 26 Creuzer-Guiguiaut, Hetigions. I, p. 852
Welcker, Griech. Gôtterl. Il, p. 454; Preller, Gr. Alyth. 1, p. 401 ; Pla
Hipparch. p. 228 H, Anth. Planud. L. c. ; Eustath. ad 11. XXIV, 333; Philocl
Fragm.-, Slrab. VIII, 343; Suid. Hesych. s. «. — 27 Paus. VIII, 1, 4; Hellauicos,77
Fragm. hist. gr. I, p. 51.
MER
1804 —
plus qu'à demi métamorphosé, a été accueilli parmi les
grands dieux de l’Olympe achéen. 11 est possible que,
venus d'autres districts, des dieux analogues par le nom
ou par les attributions se soient confusément mêlés à lui.
Les Latins savaient 1 qu’il y avait eu plusieurs Hermès,
deux arcadicns, un béotien et un cosmopolite, sans
parler des dieux similaires d'Égypte. Hérodote nous en
fait soupçonner un en Thrace 2. Et nous voyons qu’en
Samothrace un de ces dieux primitifs, sortis du feu et de
la forge, qu’on nomme génériquement Cabires, était assi¬
milé à Hermès 3 [cabiri] ou portait son nom. Peut-être
l’Hermès olympien est-il un résumé de plusieurs divi¬
nités locales, souillées d’obscénité primitive, ou de fumée
et de suie, dont aucune n’avait assez d’importance pour
occuper dans l’assemblée des immortels une place de
premier plan L De fait, il nous apparaît comme tils de Zeus,
sans domaine divin qui lui appartienne en propre, doué
de surnoms et de noms que le poète homérique n’explique
ni peut-être ne comprend, produits obscurs d’une élabo¬
ration antérieure : ’Eptouvio; s, l’officieux, le secourable,
AtixT&po;, le dieu agissant (de oiotyw), ’ApYEt(p°VTY)|L celui qui
fait preuve de rapidité6. Peut-être sont-ce là souvenirs
du dieu utile, bienfaisant dans les étables1 elles prairies
comme par les chemins (ami de Polymélè, du Troyen
Polymélos \ dont les noms indiquent la richesse en
moutons). Quoi qu’il en soit, l’Hermès de ['Iliade est
un dieu vivace et ingénieux 8 (œpsvsç itsoxaXtp.at), alerte et
hardi compagnon 9. Dans une aventure dont la conception
est très antérieure à P Iliade, Arès capturé par deux
geôliers était très mal en point quand Hermès prévenu
l’a subtilement dégagé ,0. Dans le chant de beaucoup le
plus récent du poème il est, sinon messager habituel de
Zeus, du moins chargé par lui de veiller à la sûreté, à la
dignité de Priam. Quand le vieux roi vient seul la nuit avec
des présents à la tente d’Achille et en ramène le cadavre
de son fils11, Hermès, sans se faire connaître d’abord,
conduit son char qu’il rattelle lui-même pour le départ;
il endort les Grecs qui pourraient s’opposer à sa pénible
démarche. Son plus grand plaisir est de se faire le
compagnon des humains, de deviner les vœux de ceux
qui lui plaisent12. Un beau sceptre ouvré par Héphaistos
lui est offert par Zeus; en dieu ami des hommes, il
le donne à Pélops13. C’est seulement dans l 'Odyssée
qu’il devient proprement coureur et messager de Zeus,
tandis qu’Iris remplissait cet office dans l’ Iliade u. 11 est
remarquable que d’un poème à 1 autre son rôle s étend
et celui d’iris diminue jusqu’à disparaître. Son inter¬
vention auprès des mortels est de plus en plus provo¬
quée par les autres Olympiens. C’est pour leur compte
qu’il avertit Égisthe de renoncer àses criminels desseins16,
détourne Calypso de garder plus longtemps Ulysse16, pré¬
munit ce héros contre la magie de Circé 1 ' , assiste Héraclès
combattant Cerbère 18. Telle de ses missions est un service
1 Cic. De nat. deor. III, 22, 37, 50; Scrv. ad Aen. I, 300 ; IV, 577.
- 2 Herod. V, 7; Diog. Laert. Proem. 11. — 3 Hcrod. Ibid. — 4 Bérard,
Op. I. p. 358. — 5 Hom. IL. XX, 34, 72 ; XXIV, 3G0, 440; Od. XXIV, 10, etc.
— 6 Arislarch. : xa yeS; >) tç&vwç à«o®atvô^.£vo;. Cornutus, Theol. IG, explique
de môme, et aussi : le lumineux, celui qui montre la clarté. Cf. Wclcker,
Op. L. 1, p. 330. Voir plus loin, pour la fausse explication longtemps accréditée .
meurtrier d’Argos. — ~l Hom. JL. XIV, 490-1. Remarquez que, d ailleurs, Hermès
est, d’une façon générale, du côté des Grecs: XX, 72. — 3 Hom. 11. XX, 35. 9 II
n’est pas le seul dans Y Iliade. Ainsi XV, 220, c’est Apollon que Zeus envoie pour
secourir Hector. — 10 Ibid. V, 10 ; cf. Od. XXIV, 24; II. XVI, 103. Le verbe xlir.-tw
employé pour désigner son acte n'implique pas l’idée de vol; cf. éd. Dîibner. Il n est
pas question d’Hermès voleur dans Y Iliade ni dans Y Odyssée. — 11 Ibid. XXIV,
y. 333 à 346, 360, 469, 679 à 694. — 12 Ibid. XXIV 334-5. - 13 Hom. II. XVI, v. 103.
MER
obligé dont il se plaint comme étant des nhm ,i ,
Le paSSo?20, verge magique qui endort les
éveille, les sandales d’or avec lesquelles, sans av ■ à >• les
il parcourt rapidement le ciel, la terre et i^'01' daiH
ses attributs distinctifs. D’ailleurs ce dieu sm^i ,S°nt
généreux a pris un caractère nouveau d’habiletés h»-?
et rusée. Non seulement c’est de lui que tel *
apprécié de ses maîtres tiendra ses quahtés^in
trieuses21, mais il a donné au grand père d’UlvsseT
don de tromper et d’en imposer par des serments21 cVt
lui qui, dans la poésie hésiodique, parfera la personna I
lité de Pandore ébauchée par Héphaistos et Athéné, en là I
dotant de l’effronterie naïve et du mensonge séducteur11
Le bienfaiteur des mortels a acquis une impudence spi-1
rituelle qui, révélée par sa répartie à Apollon, lors¬
qu’ils voient Arès saisi près d’Aphrodite dans les filets
d’IIéphaistos, met tout l’Olympe en gaieté21. Trait con¬
forme du reste à ce que nous savons de ses origines natu¬
ralistes. Agile et vigoureux, il est donc aussi un dieu
plaisant, à la langue affilée. D’autre part, est-il, dès le
temps de ['Odyssée, conducteur des âmes, chargé de
mener à l’Hadès les victimes d’Ulysse25? Question
qui dépend de celle de savoir si, comme Aristarque l’a
dit26, le début du chant XXIV n’a pas été postérieure¬
ment ajouté.
3° Hermès des temps homériques à l'époque des tra-
giques. — Ce n’est pas dans les poèmes homériques, mais
seulement dans la théogonie hésiodique, qui classe et
systématise les fonctions divines, qu’Hermès, d’abord
envoyé extraordinaire de Zeus, est devenu héraut régu¬
lier de l’assemblée des dieux21, et comme préposé au
protocole olympien. C’est cette seconde physionomie du
dieu que, pendant longtemps, peintres et sculpteurs
reproduiront avec une prédilection marquée. Les poètes |
l’envisageront plutôt comme messager et le doteront de
tous les dons qui conviennent à un dieu placé près des j
autres dans une situation secondaire, auxiliaire de leursl
diverses puissances, prêtant à des services accessoire^
une activité ingénieuse et empressée. Même Aristophane
se moquera plus tard, avec une mauvaise foi plaisante,
de ces aptitudes et fonctions si diverses qui s’entre¬
croisent et se combinent, sauf à se contredire p a i f o i s
Le lyrique Alcée a métamorphosé Hermès en échanson |
de l’Olympe, mais n’a été suivi que par Sappho - . a
fantaisie poétique paraît avoir varié et nuance la PeK
nalité d’Hermès suivant ses caprices, surtout en re
temps d’Hésiode et celui d’Eschyle30. Cette 1 " 1 ‘ _
très manifeste chez ce dernier, qui fait du dieu e F
des hérauts31, puis le protecteur d’Oreste qu Apo m
confie, au nom de Zeus, père des suppliants, pour
le malheureux à Athènes, terme de sesdou euis * ^
cependant, dans le Prométhée , lui a donné un ^
caractère tout opposés33 : coureur et vale <-<■
38-42.
__ )C Ibid. V,
- 14 Ibid. XV, 144, 158, 168, 172, 200. - 16 Hom. M ,u, l'ordre
.. 24-148. — 17 Ibid. X, 279 ; cf. Ibid. 331.
d’Alhénè : Od. XI, 62G. — 19 Hom. Od. V, 99-104.
.20 Ibid. V, 47-9; XXIV,
_ 23 Hesiod. Op. V
67-8).
loin.
2) Od.
21 llesiod.
— 21 Ibid. y. 319-324. — 22 Ibid. XIX, 395-397.
VIII, 335. -23 Hom. Od. XXIV, v. 1-14. - 26 «• f" '^54., ,65; P*
Theog. 939; Id. Op. 80.- 28 Aristoph. Ban. • A, 2eif. 1880,
tus. 1159. - 29 Aie. Fragm. 8, Bergk (Atlien. X, p- *- ) - ^ ,1e Dé-
p. 1 sq. où Conze croit reconnaître dans des reliefs ancien ^ L'ode dA'C^
méter. Les hérauts servaient d'ailleurs d’écbansons a CUIS n0 para'Ssc"
est imitée par Ilorat. Carm. I, 29. - 30 Sophocle n. & P ^ ÀgaMt*i
pas avoir comme Eschyle donné de rôle a Hc,'n,6s' __ 33 Aesch. l'ro<n.
485-6 : T^ctdf-v, »ÜÇ„*UV. - 32 Aesch. Eum. 89-91.
941-1079.
MER
— 1805 —
MER
et en menaçant le Titan vaincu, il reflète les
'nSUUL"nls actuels du nouveau tyran de l’Olympe
SCnl ""lu mière générale, les poètes semblent l’avoir tou-
I)U"' vu' jeune et gracieux, tel qu’un fils de prince, à
J^où un duvet nouveau voile à peine les joues 2.
'T n’est plus aux poètes, mais à la sculpture et surtout
' ,'uture qu’il fauL nous adresser pourvoir se dessiner
du héraut, appariteur des Olympiens. Les
figures noires et la plastique archaïque nous
'|W ,,al l’idée de cette conception artistique d’Hermès,
/n’arrive pas fréquemment que le dieu figure pour son
mpte propre et à son rang parmi les autres dieux du
ciel Cependant cela se rencontre dès le vie siècle sur le
vase Sophilos et le vase François. Sur le premier 3, il
précède Hestia, Déméter, Léto, Poséidon, Amphitrite ;
sur le second 4, c’est Iris qui, le caducée en mains,
amène Pelée à Tliétis ; Hermès, avec Maia, est sur le
sixième char, précédé de cinq autres couples divins :
Zeus-Héra, Amphitrite- Poséidon, etc. On peut croire qu’il
est le compagnon et non l’assistant des dieux sur d’autres
vases encore et peut-être aussi dans la frise du Parthénon
où Phidias l’a figuré parmi la procession des divinités 5.
Dans ces cas, il est assez souvent près d’ Athéné0. D’une
manière générale, c'est avec elle (ainsi qu’avec Apollon)
qu’il est le plus souvent représenté, soit qu’il assiste à
sa naissance (lig. 4933) 1 ou qu’il escorte son char 8, ou
que tous deux soient témoins de quelque scène divine ou
héroïque (fîg. 4933, 4944). Et, comme il n’est pas de
mythe connu, ni de scène figurée qui les unissent en
aucune action spéciale, on peut croire que les peintres
les ont groupés simplement d’après l’affinité de leur
tempérament intellectuel. 11 leur aura semblé que la
patronne et l’amie d’Ulysse devait aimer la société d’Her¬
mès. Sur une curieuse amphore attique ils marchent tous
deux rapidement sur la mer9. Il est tout à fait rare qu’un
rôle proprement personnel soit dévolu à Hermès, bien
qu’on le voie combattant les Titans 10 avec d’autres dieux,
tenant au cou par une corde une des têtes de Cerbère
furieux11, et, plus tard, protégeant Héra 12 contre l’assaut
de quatre Silènes. Plus tard aussi on le verra très fréquem¬
ment, par un contre-sens sur le mot homérique àoyEt-
fovrq;, terrasser cet Argus 'dont les yeux multiples sur¬
veillent Io(fig. 508, 509) 1;l. Mais cette scènene se rencontre
guère dès les vases à figures noires. Les peintres de cette
époque ont surtout aimé à faire d’Hermès l’assistant res¬
pectueux de scènes où Zeus tient la foudre14 et Apollon la
cithare16, où Dionysos est avec Ariane, où soit ces dieux 10,
s°it Poséidon, soit Déméter montent en char. Il est alors,
caducée en mains, devant les chevaux prêts à partir1 • ou,
si la place manque, sur le côté derrière eux. Fréquem¬
ment il escorte Dionysos18, qui souvent a déjà autour
de lui des Ménades. On le voit avec Hélios19, avec
Apollon et Artémis tuant Tityos (fig. 2346). Un des
services qu’il rend le plus souvent, c’est de mener, sur
l’ordre de Zeus2\ les trois déesses au jugement de Paris.
Tantôt il les précède à grands pas, tantôt il les assiste
devant le berger de l’Ida21, qui parfois a l’air de fuir
devant lui avec effroi.
Quelques monuments nous le présentent conduisant
une file de divinités féminines, par exemple un ex-voto
athénien en relief du vie siècle, où les Charités s'avancent
d’un pas dansant derrière lui (fig. 36 50) 22. Sur un curieux
et remarquable bas-relief, trouvé dans l’ile de Thasos
(fig. 4933)23 et qui date au moins du premier tiers du
ve siècle, il les amène à Apollon. Sur des peintures de vases
ce sont des Muses, des Heures ou des Ménades24 dont il
mène la théorie. Il assiste aux exploits des héros 23 sans y
prendre part et plutôt pour signifier que les Olympiens,
dont il est délégué, ont les regards sur eux. Sur différents
vases, dont l’un très ancien, il est présent à la poursuite
de Troilos par Achille et à leur combat26. Sur un vase
ionien, il est derrière Thésée combattant le Minotaure21,
ailleurs près d’un héros qui part28, près de Perseus29, etc.
Mais c’est Héraclès surtout dont il contemple les travaux.
Est-ce parce que dès les temps anciens ils étaient adorés
n ailleurs Hormis assistera à la délivrance de Promélliéc par Héraclès dans une
1111 peinle vers le mémo temps d'après le npon. Xuo[aevoç : Arch. Zeit. 1858, pl. exiv.
~ 1 liom- n- XXIV, 340-7; Od. X, 278-9. — 3 Athenisch. Mitth. d. Inst. 1889,
1887
■ * w
‘en. Vorlegebl. 1888, pl. u. — 5 Cf. Bach, Neue Jahrb. für Phil.
P- 433 sep ; Collignon, Sculpt. gr. II, p. 60, fig. 30. — 8 Olpè d’Amasis au
ouvre, Jlevue arch. 1895, p. 388 (Boîtier); Gerhard, Auserl. Vas. 97, 119; Pot-
ÿW’ 'as' unt- F, 223. — 7 Monument i, 8, pl. xxiv ; 9, pl. i.v ; Gerhard, Auserl.
i l 8 Gerhard, Auserl. Vas. 136, 138, 139, 252; Pottier, Vas. ant. F 316.
pl c ''aider, Cat. des vases de la Bibl. nat. n» 220 ; De Wittc, Élite céram. Il,
Yl , ’ ^lails Homère, Hermès seul est porté sur la mer par ses ittSiXa. — '8 Mon.
I ' P' «n»; Dumont-Pottier, Céram. p. 265. — U Monum. IX, pl. xlvi ;
fa-J' . IS'"' P1 294 ; Rayel-Collignon, Céram. fig. 77 ( Brit. Mus.); Jahrb. d.
lui’'1 1 ,nst‘ 1S93’ P1, P- 137-173. — 12 De Ridder, Calai, des vases de la
'V. n° 209. — 13 Klein, Lieblingsnam. p. 125 ; Annali , 1865, p. i-k ; Arch.
«le Km*7’ Pl‘ Êlite' 1H' 98'- BM- NaP ■ in- P1' 1V et Blite cér- 11,1 P- 200 ;
P Sh'j h °’ 1 302' ~ H De Ridder, Up.l. n» 229, fig. 18 ; cf. Arch. Zeit. 34,
d,, j,. eim^s cocher de Zeus lançant l’éclair. — 45 Gerhard, Auserl. Vas. 15, 173 ;
11 a',^Cutal. 231, 294; Élite, II, 25, 36 i, 39, 50, 78, 1 15, etc. — 10 Bottier,
Vases ant. du Louvre, F, 56, 297; cf. Garduer, Catal. Cambridge, n° 105‘, 129;
Klein, Lielil. 30 ; Gerhard, Auserl. Vas. pl. x (cf. Élite, III, 16), 40, 53. — 17 Dans
des peintures de vases très nombreuses, par ex. de Witle, Élite, 11, 50 ; Gerhard,
Auserl. Vas. 20, 24; Jahrb. d. deutsch. Inst. 1892, p. 61. — 18 Bottier, üp. I. F,
121 ; Klein, Liebl. p 68, n» 62. — 19 Élite, II, 115. — 20 Cyprin ap. Procl .Chrestom.
Excerpt. (Hom. Ilidot, p. 581, col. B, I. 6-10: xati nposvayi-,* îs' **E^;xou tepî»;
Tr.v ïfovtcu). — 21 Millingen, Coll. Coyhill, pl. xxxiv; Gerhard, Auserl. Vas.
pl. clxxi, CLXxu ; Arch. Zeit. 1882, p. 214; Pottier, Vas. ant. F, 13. Hermès est par¬
fois accompagné d'un chien, sans doute celui du berger Paris mal placé. — 22 Bull,
corr. hell. 1889, pl. xiv. Musée de l'Acropole. Elles sont Dois ; la dernière lient par
la main un adolescent nu. = Arch. Zeit. 1882, pl. xi. — 23 En 1864 par Miller,
Rev. arch. 1865, II, p. 438-44, pl. xxiv-xxv ; 1866, I, p. 430 sq. ; Denkm. und
Forscliungen (Michaelis), 1867, p. 1-14 ; Frohner, Notice de la sculpture du Louvre,
p. 32-41; Collignon, Sculpt. gr. 1, p. 277. — 24 Gerhard, Auserl. Vas. pl. xxxi.
— 25 Jalm, Miinch. Vas., 95, 317, 1020. — 26 Wien. Vorlegebl. III, pl. i-vi ; Gerhard,
Auserl. Vas. pl. ccxxiu. — 27 De Ridder, Catal. n“ 172, p. 79.— 28 Bottier, Vas.
ant. F, 19. — 29 Gerhard, Auserl. Vas. pl. lxxxviii; Abhundl. Berlin, 1846,
pl. i.
227
MER
— 1806
l’un et l’autre en Arcadie 1 et y avaient un sanctuaire
commun? C’est peut-être simplement parce qu’Héraclès
est de tous les héros le plus souvent représenté. Parfois
il est simplement près de lui avec quelques autres dieux
dont Athéné est presque toujours2, escortant le char de
l’un d'eux. Avec Athéné il lui rend visite 3; il marche
devant lui en jouant de la cithare * ; il le regarde prendre
une douche sous une fontaine 5, le présente solennelle¬
ment à Poséidon (fig. 49311) 6, le mène chez Hadès 1 ou bien
lui fait les honneurs de l’Olympe, où le char d’Athéné8
le conduit, et assiste à son apothéose (fig. 3778 et 3779) 9.
Enfin, et ce sont les scènes les plus fréquentes, il l’assiste
de sa présence lorsqu’il emporte les Kercopes 10 ou combat
le Centaure "qui
enlève Déjanire,
Pholcfls12, le san¬
glier d’Éryrnan -
the 13 , le lion de
Némée", le tau¬
reau de Crète15,
Cerbère 16,Antée'\
Achélôos 1S, etc.
Un motif rare à
cette époque est
celui où le dieu
porte, à travers
les airs, le hé-
ros encore tout
jeune enfant à
Chiron 19 . Nous
avons là une des
premières mises
en œuvre d’une
donnée artistique
— MER
barbe en pointe21. Dans la plastique, on ]a |„
exemple en même temps que les cheveux relevé^ Par
byle, sur le bel Hermès du vase archaïsant de SosV
Les cheveux fortement massés sont, dans les li n, '10S'2'
plus archaïques, réunis en une natte""
Fig. 4936. — Hermès introduit Hercule dans l’Olympe.
qui sera souvent et magnifiquement traitée : Hermès,
Tioij.Trôç, conducteur d’enfants-dieux ou de petits héros
qu’il porte ou transmet à ceux ou celles qui prendront soin
de leur jeune âge. Cette tradition est connue de Sophocle 2Ü,
car son Œdipe a pu être remis nouveau-né à Hermès par
une des nymphes héliconiennes au milieu desquelles il
s’ébat. Mais les monuments montrent qu’elle est très
antérieure à lui.
4° Physionomie, costume, attributs premiers d'Her¬
mès. Le caducée. — Dans toutes ces représentations des
premiers âges, sculptures ou peintures, isolé ou groupé
avec d’autres dieux et héros, Hermès a sensiblement le
même aspect : le trait commun et caractéristique est la
I pans. VIII, 35, 2.-2 Klein, Liebl. p. 35, 45, fig. 6, 50 ; Gerhard Auserl.
Vas. pl. cxxxv, exxx^; Monum. I, pl. xxvt. — 3 Gerhard, Auserl. Vos.
pl. cxxxu-cxxxn. . - 4 Mon. IV, pl. x. ; Élite. III, pl. i.xxxix. - 5 Gerhard,
Auserl. Vas. pl. cxxxiv. - 6 Bev. arch. XIII (1889), pl. .v (Potlicr). - 7 Arch.
Zeit. 1859, pl. exxv : p. 34; 1880, p. 74; cf. Potlicr, Lécythes, p. 41. - 8 Potlier,
Vases ant. du Louvre, F, 116, 294; W'ien. Vorlcgebl. 1890-1, pl iv, 1 ; cf. Rayet-
Collignon, Ce ram. pl. 8 (amphore agonistique) ; Gerhard, Etruslc. Vasenb. pl.xvm;
Rayet-Collignon, Ibid. p. 126. — » Potlicr, Ibid. F, 1 17 ; Gerhard, Auserl. Vas.
pl. cvui. — 10 Gerhard, Ibid. pl. ex. — " Mon. VI-VII, pl. tvi. — 42 Gerhard,
Auserl. Vas. 120. — 43 Ibid. pl. xcvii, xcvm. — 14 Gerhard, Auserl. Vas. 93, 102,
308; Klein, MeUtersign. p. 44; de Ridder, fatal, n» 215. — F Gardner, Cambridge
Calai. 99; Gerhard, Auserl. Vas. 98. — 16 Ibid. 129 ; Arch. Zeit. 1859, pl. exxv.
— 17 Arch. Zeit. 1878, pl. x; Klein, Meist. p. 70 et 131 ; Jahn, Münch. Vas., 114.
— 18 Arch. Zeit. 1862, pl. clxvii; Ibid. 1884, pl. vi; 1885, pl. v. — 19 Arch. Zeit.
1876, pl. xvii, p. 199; Wernicke, Liebl. p. 10; Jahn, n» 611. — 20 Soph. Ued. r
1104. — 21 Muller- Wieseler, Denkm. I, n° 42. Un beau buste du British Muséum ,
beaucoup plus tardif (Combe, Ane. Marbles, 11, 19; Baùmeistcr, Denkm. fig. 736),
donne bien l’idée d’ensemble de l'Hermès plastique des premiers temps. On veut y
voir aussi (Roscher) un Dionysos indien, ce qui confirmerait la ressemblance origi¬
naire des deux divinités. — 22 Clarac, Musée, pl. cxxvi, exxx, n“ 117, 118; Müller-
ires les
plat sur la nuque en rejetant deux boucles ou n,è *
devant les oreilles; parfois ils sont enserrés d’une lT T
letle21. Le plus souvent, comme ancien pâtre, J, j
coiffé de la xuvé-q, haut bonnet en feutre- étant ,i’.,;n °h I
devenu de bonne heure un dieu vovaaeur il o « -,
petase aux Larges bords préservateurs Sb. 11 semble même !
que ces deux formes soient réunies en combinaisons I
singulières où la coiffure avec un fond élevé a une sort I
de large visière qui
avance, forme qui
déconcerte les ]
yeux modernes I
(fig. 4949). Hermès I
a ainsi un aspect
d’homme mûr,
assez rébarbatif28, I
auquel il ne fau¬
drait pas se mé- I
prendre. C’est par
gaucherie que les
peintres lui ont
façonné cette coif¬
fure à formes si
variées dans l’é¬
trange. 11 n’y a
guère qu’une pein¬
ture de vase figu¬
rant le dieu im¬
berbe (fig. 4943) 21
avant le temps des figures rouges, et, dans cette période
même, où le verra encore souvent barbu. Sauf pour les
Ioniens qui paraissent avoir de préférence représenté sans
barbe des dieux comme Hermès (fig. 49 3 7 ) 28 et des héros
comme Hercule (fig. 3760), c’était, avant le ve siècle, une
convention qu’aucun dieu ne fût représenté imberbe. C est
pourquoi, à un regard sommaire, les artistes paraissent lui |
avoir refusé l’air de jeunesse avec lequel 1 entreraient
les poètes. Mais, à le bien regarder, non seulement sur
le relief de Thàsos, mais même dans les peintures noires
et archaïques, le dieu a la maigreur, la tournuit a r e
et dégagée d’un être encore jeune. Un chiton, tiès oine
selon l’usage dans les temps anciens, enserre scs lom
Wieseler, Denkm. II, pl. xi.vm, 602 ; Overbcck, Gesch. d. gncch. j
Frœlincr, Notice du Louvre , n° 19. — 23 Monument i , M, P • i/o,, -kabinet,
l'Acropole d'Athènes. Cf. Ovcrbeck, Plastik, 1,44; Fricdlün ei
n~ 311-13; cf. Lncian. Joe. trag. 33, d'après qui la statue d 'a servi
érigée à Athènes par les archontes, avait les cheveux altaci 'S. ^ (pervanogIu)-
de modèle pour beaucoup d'autres, cf. Arch. Zeit. vol. X ,1 au Louvre,
— 24 Par ex. sur un Hermès de marbre imitant un lies anci ^ verbeCk, Griech.
Frœhner, Notice, n» 186; Clarac, Musée, pl. mi.xxxvi, n« 2/2i.e; o ' ' ^ lype
Plastik, II, p. 120. - 23 On trouve aussi sur les monnaies 1|CP^rosscs perles à la
ancien, un pétasc dont la forme haute est ronde avec un rang i tre (jg. 4937.
base de la rondeur : Friedlander-Sallet, Berlin. Mün*ka me , > ^ouc _ »
L’effigie imberbe est bien celle d’Hermès, le revers poi a" j'ullc
toutes les peintures de vases précédemment citées. Four a i c’ ^ )es allires, mais
(Furtwangler, Coll. Sabouro/f, pl. l) reproduit le style de oi ^ Aliserl.
le profil y atteste la ressemblance d’un modèle particulier. ^ m6roe
v«i. pl. ccxc. Une série de monnaies d’Ainos (en llirace), re| Roscher , t
. i- j:~.. imueioi , •
26 Voir
ocnoclioé
type qui date du début du ve siècle, représente le dieu
p. 2398; Greelc coins, Brit. Muséum, p
fig. 4937. — 28 Monnaie d’Aenos, en Thrace
coins, 1877, p. 77 et 78 ; Duruy, Bist. des Grecs, b 1>- *°
représente le dieu mu < ,.l notre
, p. 77-8; Duruy, ^‘f^ata'l. M
British Muséum,
MER
— 1807 —
MER
, |j,r 4933). Un manteau à longues pointes qui
sV°lleS comme des manches ou une chlamyde prirniti-
t°inbe“ constellée de petits dessins, puis plus simple
venlC".,(M est agrafée sur ses épaules 2. Une seule pein-
(lig' K prie présente nu 3. Il est toujours chaussé de
turc 1101 ayec un ample retroussis antérieur qu’on a
eu tort de prendre
pour une aile sty¬
lisée 4 (voir fig.
2674; cf. fig. 4938).
L’attribut insé¬
parable et absolu¬
ment personnel du
dieu est celui qu’il
lient à la main et qui a été successivement appelé
'ïSooî et xTipuxmov en grec, virga et caduceum en la¬
tin 5. Il serait d’ailleurs inconcevable qu’un dieu comme
Hermès n’eût pas une verge ou un bâton de main, d’une ou
d’autre forme. D’abord il a été pâtre, et, quoique aucun
monument connu ne le présente avec le XotytoSoXov propre¬
ment dit, cependant un bâton court et élargi de quelque
manière par en haut convient au souvenir de cette
ancienne condition (fig. 4934). Dans la poésie homé¬
rique il a fion pas le <rxr|7rrpGv 6 des hérauts et des rois,
mais toujours la baguette, comme la magicienne Circé7.
Le poète se la figure en or8, pour en caractériser la
vertu surnaturelle : elle endort, éveille, fait rêver les
vivants9, puis charme, attire et conduit les âmes des
morts10. 11 est rare, d’ailleurs, que les peintres qui les
premiers ont figuré les conceptions homériques l’aient
représentée comme une simple verge fine et lisse. Bien
que cela se rencontre11 et surtout entre les mains du
Psychopompe, comme on le verra plus loin, on trouve
beaucoup plus fréquemment une tige compliquée (à
l’extrémité que la main ne tient pas)debifurcalionsrecour-
bées et recroisées sur elles-mêmes, de façons assez diverses
(fig. 4933, 4936, 4943). Soit que ces complications parais¬
sent fournies par les éléments de la tige même ou par des
pièces surajoutées, elles semblent être, comme l’appen¬
dice stylisé de la chaussure, une façon figurée de signifier
les vertus spéciales de ces objets ; la poésie les exprimait
à sa manière en les disant faits d’or. La forme à laquelle,
après tâtonnements, on s’est arrêté est une tige surmontée
d un 8 ouvert par en haut ou de deux cercles, le premier
fermé, le second ouvert12 (fig. 4938, 4941). Les pâtres grecs
ont pu trouver naturellement cette forme en contournant
des scions laissés au bout d’une branche. Les peintres ont
pu de leur côté l’observer sur des objets étrangers que
I Monumenti, IX, pl. lv; Furtwangler, Beschrvib. Berlin. 170V, Inscrip¬
tion : HEPMES EIM1 KtJLELNIOS. — 2 Parfois une nébride, Gerhard, Auserl.
I,,s-Pl. xvi ; Arch. Zcit. V, pl. n. — 3 Gerhard, Auserl. Vas. pl. n — 1 Mon. Piot,
h p. 64 sq. (Ueinach). — 5 Caduceum est une altération populaire de «ajùxnov,
Bréal-Bailly, Diction, étym. p. 29. — 6 Hom. 11. VII, 276. — 7 Hom. Od. X, 319;
et comme Athéné, Ibid. XIII, 429 ; XVI, 172, 456 ; Virg. Aen. VII, 190. — 8 Ce qui
Peut-être ne signifie guère autre chose que « très belle, merveilleuse », car l'épithète
«applique à Aphrodite : II. III, 64 ; Od. VIII, 337 ; Virg. Aen. X, 16; cf. Hor. Carm.
' S’ 0“ une jeune fille est aurea ; Od. V, 87 ; X, 277, 331 ; XXIV, 3 ; H\jmn. hom.
XS1X> 13; Piud. Pyth. IV, 316(178) ; Horat. Carm. 1, 10, 18-9. — 9 Hom. II. XXIV,
3,3 : 0d • V, 47-8. - 10 Hom. Od. XXIV, 5 ; Virg. Aen. IV, 242-5. — » Arch. Zeit.
,SSj. pl. v; Gerhard, Iitrusk. Vasenb. pl. xiv, 1 ; Furtwangler {Berlin), 1835, 1895,
ou se trouve en môme temps la simple baguette et le caducée, 1923, etc. Autres ex.
’J1' Munsterbcrg, Arch. Oesterr. Mittheil. 1892, p. 135, fig. 1.— >2 Cf. Preller ,Griech.
‘() Jl,‘ h P- 412, n. 2; Philologue, I, p. 312 sq. — 13 Gaz. arch. 1880, p. 167.
II n-tiouve la môme configuration sur un bandeau carthaginois, Ibid. 1879, p. 133 ;
mnic emblème d’Iol sur des pierres votives, des monnaies autonomes de Carthage,
^ • 1876, p. 127. _ i4 Ann Mus(!e Quimet, I, p. 35, Chabas, Usage des bâtons de
"“«•-«Cm. arch. 1880, p. 127, —16 Goblet d’Alviella, Migration des symboles,
leur signalaient ou leur apportaient des voyageurs tels
que les Phéniciens. Parmi les emblèmes orientaux
aujourd’hui connus qui avaient cette forme (mentionnée
pour la première fois dans l’Hymne homérique à Hermès),
signalons l’enlacement, au-dessus d un pied élargi, de
deux rameaux ou cotylédons, reste et réduction de 1 arbre
sacré de Phénicie13; la crosse des prêtres hébreux et
égyptiens14; le pieu à bandelette15 ou la dégénérescence
d’un globe ailé sur un fût conique16; les caducées véri¬
tables sur une stèle d’Hadrumète d’origine punique et
ancienne17, et des formes analogues sur des reliefs
hittites 18 qu’ont pu connaître des Grecs d’Asie Mineure 13 ;
enfin les masses d’armes stylisées sur des cylindres de
Mésopotamie20. Remarquons qu un globe surmonté d un
croissant définit aussi le caducée commun. Or c’était là
justement le symbole ou de Baal ou plus probablement
de l’Astartè lunaire21. Sans qu’il soit besoin d imaginer
une affinité originaire des deux divinités22, il suffit que
des Grecs de Cyrénaïque ou de Samos aient fait connaître
à leurs compatriotes
ces dessins semblables
aux complications nais¬
santes du bâton magi¬
que d’Hermès, pour que
ceux-ci, tout à fait in¬
différents au contre¬
sens mythique,23 se les
soient appropriés24. Le
caducée ne porte pas
en lui un sens spécial ;
il prend tous ceux dont
la personnalité d’Her¬
mès est revêtue. Ce dieu
devenant, avec Hésiode,
un héraut des dieux,
son attribut devient
celui des personnages
divins23 OU mortels qui Fig. 4938. — Hermès en héraut.
remplissent ces fonc¬
tions. Hérodote et Thucydide nous apprennent que les
parlementaires s’en munissaient dans leurs missions - .
Sur un vase du v° siècle, Talthybios, qui mène Briséis, a
un caducée d’une forme complétée et régularisée ‘7. C est
parce que les peintres ont aimé surtout présentei Heimès
comme héraut et maître des cérémonies de 1 Olympe,
qu’il est devenu dieu-patron de la corporation -8 et que
le caducée nous semble en être l’insigne - Au reste, bien
que diverses formes divergentes se rencontrent a côté de
fig. 116. — 17 Perrot et Chipiez, Hist. de l’art, III, p. 403, fig. 338-9. — 18 ld.
llid. IV, fig. 274 et 353. — 19 Le caducée est uu des hiéroglyphes des iuscriplions
hittites : Mittheil. d. Vorderasiat. Gesellsch. 1900, pl. xxm, « (Messerschmidt,
Corp. inscr. hittiticarum). - 20 Lajard, Mithra, pl. xxxvm, fig. 2. - 21 Cf. pl. de
Hoffmann, Hermes u. Kerykeion. —"22 C’est pourtant ce que fait Hoffmann, Op.
I qui fait d’Hermès un personnage lunaire, ce que tend aussi à faire Bérard, Op.
I. Cf. Berger, L’Ange d’Astartè, p. 52-4. - « Clermont-Ganneau, Imagerie phéni¬
cienne. — 2V Voir Bérard, Cultes arcad. p. 287 sqq. où sont réunies toutes les indi¬
cations sur les monuments phéniciens de toutes époques avec le caducée.
_ 25 PanofUa, Abhandl. zu Berlin, 1848, pl. ni; Gerhard, Auserl. Vas. 82,
8 3 22 1 222. — 26 Hcrod. IX, 10; Thucyd. 1, 53; Demos th. U, 13. Le
caducée à la main d’un envoyé pacifique supposait qu'on se considérait comme
en état de guerre, cf. Polyb. 111, 52, 3. — 27 Monumenti, VI, 19; Baumeister,
Denkm. fig. 776; cf. Ann. 1858, p. 352 (Brunn). Le cercle d'en haut est fermé,
celui de dessous maintenu par deux diamètres. Le héraut, costumé comme Hermès,
ne tient pas le caducée de même. — 28 Poilus, IV, 91. — 29 Ottf. Millier, Handb.
g 385, 3 et Creuzer-Guigniaut, Religions, II, part. 2, p. 687, croient que
l imitation de bandelettes attachées à une baguette d’olivier a fourni 1; dessin
du caducée*
MER
1808 —
MIÏR
la plus typique \ on ne voit pas qu’il y ait une attri¬
bution spéciale de l'une ou l’autre forme à telle ou telle
fonction. Cependant, quand on a voulu manifester en
Hermès le caractère spécial de charmeur du sommeil
et de la mort, il est arrivé qu’outre le caducée banalisé,
on lui a remis en plus, dans l’autre main, la simple
baguette magique 2. Quelquefois, il tient une fleur de
lotus11 et des bandelettes pendent de son caducée en
signe de supplication (fig. 4938) 4. Le plus souvent il
l’appuie presque sur l'avant-bras, l’extrémité de la tige
étant entre ses doigts et l’entrelacement supérieur vers
le coude ou la saignée du bras. Mais il le brandit aussi
comme une arme, le porte sur l’épaule, le tient par le
milieu, l'élève horizontal au-dessus de sa tète5 ou le
plante en terre devant lui, etc. Parfois le caducée est
simplement dans
le champ près
du dieu comme
marque d'iden¬
tité.
Ce qui a dû
faire la prodi¬
gieuse fortune de
cet insigne, c’est
l’oubli même où
on était de son
origine et le mys¬
tère de sa signi¬
fication. De là
aussi une trans¬
formation dont
on aperçoit quelques traces dès le vc siècle. Le croi¬
sement des parties recourbées devient l’enlacement
de deux serpents, dont les queues coïncident, dont les
corps décrivent un S, dont les tètes se regardent G. La
métamorphose a pu se faire par simple développement
du motif ornemental. Toutefois il est probable qu une
fois encore les Grecs ont emprunté un emblème oriental
sans en approfondir la signification. Sur le même ban¬
deau carthaginois qui nous a présenté le caducée
classique, un serpent se tord autour d’un cippe '. Ce
reptile était le symbole spécial du dieu-fils des Phéni¬
ciens 8. De plus, sur un objet cbaldéen datant de trente
siècles environ avant notre ère, on trouve deux serpents
enlacés figurant les lignes mêmes du caducée-type9. Il
est probable que des objets ainsi ornés 10 étant parvenus
dans le monde grec, les artistes en ont pris 1 idée du
caducée serpentin, qui se trouvait du reste symboliser
la vie et l’action infra-terrestre du dieu’1.
5° Autres types premiers d'Hermès : A. L'Enfant au
berceau. — S’il est un dieu avec lequel ait librement joué
l Pottier, Vases ant. du Louvre, F, 19.— 2 Munsterberg, L. I. ; Preller-Robert,
Myth. 1, p. 401; Verhandl. der Philologenversamml. Géra, 1879, p. 115; cf. Paus.
X, 30, 3. Labaguette est rare sur les vases du v« siècle (voir notre fig. 4947). On ne la
trouve plus du tout dans les temps romains. — 3 Jahrh. d. d. Inst. 1892, p. 61.—
l Coupe du Louvre ; Klein, Meistersignat. p. 1 14; Pottier, Vases du Louvre, p. 137,
G 10. — 5 De Witte, Hôtel Lambert, pl. i, p. 15. — « Définition du :
Schol.ad Tliucyd. 1, 53 ; une glose d'Hesyçhius (s. t>.) semble indiquer que Sophocle
aurait fait allusion à celte forme. — ” Gaz. arc/l. 1879, p. 133. 8 Bérard, Op. I. p.
293-4. Unbas-reliefde Baalbck présenleun aigl tenant un caducée dans ses serres ;
on le retrouve aux portes du temple de Boetocé. Les Syriens adoraient une triade
héliopolitaine dont un des termes était Hermès ; voir Comptes rendus Acad. Inscr.
mars-avril 1901 (Perdrizet). — 9 Sarzec-Heuzey, Drcouv. en Chaldée, pl. xl|v,
fig. 2 a, p. 235. — 10 Deux serpents enlacés sont estampés sur une feuille d or ornant
un couteau de silex égyptien; de Morgan, Rech. sur les orig. de l'Égypte, p. 115,
fig. 136; cf. Macr. I, 19; Sanchoniat. éd. Orelli, p. 44G. — 1* Guigniaut-Creuzer,
l’imagination amusée des Grecs, c’est le serviul, le et • I
Hermès. Dès avant le vf siècle, en même temps
plaçaient attentif et sérieux près des grandes "!',
héroïques et divines, pour mieux marquer sa p,.SeS I
passion du bétail ils en faisaient un voleur de bœ"|"
cela les menait presque aussitôt à lui donner les lr '■
d’un jeune enfant égoïste et espiègle. Le vol des bœ'ql
était en ce temps un des griefs que se donnaient le
volontiers les uns aux autres les maîtres de domaines*
voisins. Achille en parle dans Homère comme d’n
chose courante. Dans la légende, les bœufs d’ Hélios sont !
pris par les compagnons d’Ulysse 12, par Alcyoneus, peut- |
être par Géryon, à qui, en tout cas, Héraclès reprend son I
troupeau 13.
De même la poésie hésiodique avait déjà chanté le
vol des bœufs
d Apollon par
Hermès pâtre14.
Une ode d’Al-
cée 15 et une hy-
drie ionienne, à
peu près con-
temporaines
l’une de l’autre, I
ont fait du pâtre
voleur un tout
petit enfant, si,
comme tout le
fait croire, c’est
bien le petit Her¬
mès qui, près
d’une grotte couverte de broussailles, où cinq bœufs
en raccourci sont cachés, dort sur un petit lit, pendant
que l’entourage discute avec animation le fait inexpli¬
qué 16 (fig. 4939).
L’Hymne homérique II, plus récent, selon \oss ,
que l’ode d’Alcée, fait aussi d’Hermès-voleur un enfant
nouveau-né qui saute de son berceau arcadien, par 1
vient le soir même en Piérie, à 1 étable des bot u s
des immortels, en emmène cinquante en les l.n ant
marcher à reculons, et, dérobant lui-même sa propre
trace, arrive au matin près de lAlphéc où i
immole deux, non pour en manger, malgié son ir
mais pour jouir de ce sacrifice qu il s est appi^
même. Apollon, après une enquête assez cliftici t, < 00 ^
le voleur qui nie effrontément le cas, PU1S elï P
devant Zeus, dans l’Olympe, où le coupable renou^
ses dénégations et ses mensonges. Zeus en soi
en être dupe. Il ordonne que la cachette des bœ fe »,t
découverte par Hermès, qui obéit et se reconci
son frère 18.
Fig. 4939. — Rapt des bœufs par Hermès.
unie sy rniiele
Religions, II, p. 687. On a cherché une explication des ™ j en. IV, im¬
moral : des belligérants qui s’entretiennent et s accoi Je - 10; Hecat.
- .2 Hou, Od. I, 8-9 ; XII, 262-3 ; 329-365. - « Apol lod b' M ^ ^ et
Fragm. 343 ; Gerh. Auserl. Vas. J05-6 ; cf. Bréal, i e ^ rien n'indn|«e
passim. - H Cf. Anton. Liberal. XXIll ; Onà. . A e . b ^ pragm. 7 ; cf-
q u Hermès- voleur soit un enfant. , J aus* 1 “ 1 ’ 256 • Voss,. ^ v ^
Porphyrio, Ad Hor. Carm. I, 10, 9 ; Schol. Hom. Il XV , > - > jV„orfi Mémo.
94,101 - 16 Pottier, Vases arcf. E, 702 ; Id. Calai, des vasc,l\, ^ fig. ild
rie d. Inst. 1865, pl. xv, 2. Pour des monuments p us ■ ’ /eü )84l, pl. NS;
Mus. Gregor. Il, pl. i.xxxm; Élite céram. III, p • > 192) |c croit rédig'-
_ 17 Voss, Myth. Brief.X, 9,4; Gcmoll, éditeur des Hxj • ^ fist postérieur
entre 675 cl 620, Baumeister à la fin du vu' siée c. o comme '
Terpandre, inventeur de la lyre à sept cordes, cou te tard. cf. lu Pc 1
nivSnlnv qui ne sont pas anciens. Il a dû recevoir es ^ ad Mercur.
Ilvmne à Hermès, XVII, vraiment ancien. - HVmn'
MER
1809 —
MER
H y a
l»ie
en d’autres éléments 1 dans ce long hymne,
le fond, assez tardif quant à la forme (très
i"lC"'n ,' sn us laquelle il nous est parvenu. Retenons-en,
all""i en jet oui nous 0CCUPe> l’allusion à l’opposition
nom' 1(1 b J 1 ■ ’ ’ - J:---
qiif
lîcilif £IUC * e Pctit tliscours de 1,enfant a sa mere
déclarer qu’il n’entend pas vivre à l’écart des
. .., rencontrée chez quelque peuple achéen ce dieu
u'ui venu, frère inférieur et désavoué : rien de plus
sig»'
Ma'a’dTr01ymPe, dans un antre obscur, et qu’il aimerait
J°u" 1 faire chef de brigands 2 . La réconciliation qui suit,
^Apollon, fournit d’autres apports à la légende qui se
duplique de plus en plus : par exemple l’invention de la
h'o fabriquée par Hermès avec l’écaille d’une tortue et
le'dôn qu’il en fait libéralement à son frère pour sceller
leur amitié3. Apollon lui donne en échange la copropriété
Fig. 4940. — Dispute de la lyre.
des bœufs, un fouet, et, sans aller jusqu’à lui concéder
son don prophétique, lui apprend où sont de vieilles
sorcières vierges, les Thries, ses initiatrices dans l’art
divinatoire, qui enseigneront à Hermès quelques secrets
futurs grâce auxquels il passera pour prophète aux yeux
des mortels*. Le poète inconnu de cet hymne surchargé
de matière a voulu régler à la fois la question de la
reconnaissance ofticielle d’Hermès, enfant clandestin de
Zeus qu’Âpollon fera participer aux honneurs de
1 Olympe, et celle de l’invention de la lyre attribuée
tantôt à l’un, tantôt à l’autre dieu 5. Nous recueillons
vaguement les traditions d’une lutte entre les deux fils de
1 Par exemple la crainte d’Apollon, môme après l'accord, pour ses flèches ;
u,le gaminerie malséante et un tour de magie d'Hermès; son passage
par un trou de serrure ; son invention de la cithare, de la flûte, etc. Faut-il
ï'oir d'un bout à l’autre la traduction mythique des phénomènes atmosphériques,
lcs bœufs étant les jours ou les semaines, Hermès la puissance des ténèbres
flni les dérobe? C’est l’interprétation de toute l’école linguistique ; cf. Max M ü lier ,
Aro«„. études, p. 547 ; L. Ménard, Polythéisme hell. p. 41-45. Mais nous avons
affaire ici à un mythe raffiné par la fantaisie, qui ne saurait rendre compte par ses
ff^ails de ses origines naturelles. — 2 ffymn. hom. Il, v. 162-181. — 3 Ibid. Il,
'1l,s ad Gn. — 4 Hymn. v. 562 ; cf. éd. Hermann pour le texte. Ces Oplai, dont le nom
' connu d autre part que comme celui de cailloux servant de sorts, sont encore
P°"r nous une énigme. Cf. Hcsych. s. »; Paus. XXII, 2, 3 ; Lobeck, Aglanph. Il,
l4; Bér»I’d, Cultes arcad. p. 285. — 6 Paus. V, 14, 8, parle d'un autel commun
de"’ frères autrement départagés par la légende : Apollon a droit à la lyre,
n"""s ® 'a cithare (sur la différence des deux instruments voir l’article i.viia). Paus.
’ ‘ ’ Élite , 111, pl. Lxxxn, 90. Hermès prend, au milieu de Silènes, les allures
* '"CS d'Apollon lyricine ; Monument. IV, pl. xi ; Millier- Wieseler, Den/cm. Ant.
'""e' 11, 324; cf. A rch. Zeit. 1882, pl. xi. — 6 Paus. IX, 30, t ; les deux frères
/. S'cu T:eot -tîjç oeç formaient un groupe de bronze exécuté par Lysippe et
« -nwtam. _ 7 xionum. de VInst. I, pl. ix, n» 2 ; Élite céram. Il, pl. lii-u ;
“ ■ corr- hell, 1891, p. 399 (Jamot).— sCf.Preller, p. 251, A, 3; Pausan. V, 14, 8 ;
Zcus au sujet do cet instrument ®, lutte décrite surtout
par des peintures de vase1 (fig. 4940) mais qui faisait aussi
le sujet de statues aujourd’hui perdues. L’un et l'autre
étaient d’ailleurs dieux des bergers, donc concurrents.
L’hymne est une décision arbitrale d’après laquelle
Apollon, vrai maître des troupeaux, n a pas inventé la
lyre, mais l’a légitimement obtenue dans un fraternel
règlement de comptes 8. Le caractère de dieu malin et
rusé, si fortement marqué dans cette poésie, a certaine¬
ment des origines anciennes et tient sans do liteaux mœurs
mêmes des bergers d’où est sortie toute la fable primitive
d’Hermès9. On le retrouve dans une autre aventure, plus
rare, dont l’antiquité est attestée par une coupe attique
du vic siècle 10 : c’est le rapt du chien d'or de Zeus, volé par
Pandareus qui va le cacher chez Tantale; le roi des dieux
le fait chercher en tous lieux et il est enfin retrouvé par
les deux zélés serviteurs de l’Olympe, Hermès et Iris “.
Cette curieuse anecdote nous découvre le caractère com¬
plexe du messager officiel des dieux : capable lui-meme
de toutes les fourberies, il saura mieux que personne
découvrir celles des autres. C’est un Ulysse divinisé qui
peut, suivant les circonstances, tromper tout le monde
ou rendre les plus grands services. Ajoutons que le type
d’Hermès enfant ne sera pas perdu et se conservera
longtemps encore dans l’art 12.
B. Hermès criophore. — Le type originaire et pastoral
est moins souvent mis en œuvre par l’art archaïque que
celui de l’appariteur des dieux, protecteur des héros; on
le retrouve néanmoins dans un Hermès àlasyrinx qu offre
un bronze archaïque 13 et il donne lieu, aux environs des
guerres Médiques, à une nouvelle idée artistique, celle
d’Hermès criophore ou porte-bélier. Nous ignorons
comment Hermès a été, en 490, représenté en bronze sur
l’Agora” d’Athènes. Mais nous savons qu’Onatas l’avait
sculpté pour le compte d’une ville d’Arcadie, portant un
bélier « sous l’aisselle 14 ». Pausanias nous dit de plus en
quel costume : bonnet de pâtre en pointe, chiton et chla-
inyde 13. Il est naturel que l’idée d’une telle représentation
ait été proposée aux Arcadiens. On voyait déjà Hermès
parmi ses moutons16 : il en a pris un négligemment sous
son bras. On voit les Ménades faire de même avec leurs
animaux familiers [maenades]. D’ailleurs on plaçait, avec
un sens moins réaliste, il est vrai, Hermès sur un bouc
ou un bélier11; on lui faisait porter à la main une tète de
bélier que parfois il semblait brandir dans sa course18, et
les coroplastes du vc siècle le figuraient debout, posant
tranquillement sa main sur la tête d’un grand bélier placé
IX, 17, 2; Schol. ad Pind. Ol. V, 10 -, Bull. corr. hell. 1877, p. 88; Corp. inscr. gr.
3588 ; Renan, Él. religieuses, p. 42 : « La lutte d’Hermès et Apollon est celle des
vieilles divinités rustiques de l’Arcadie contre les dieux plus nobles des conquérants ;
l’infériorité des races vaincues se montre dans le rang subalterne de leurs dieux
admis par grâce dans l’Olympe hellénique ». - 8 Sophocle appelait Hermès
frngm. 927 (Athen, IX, 469) ; l’aventure du vol se retrouve ap. Apollod. III, 10, 2 ;
Philostr. lmag. I, 26. — 10 Pottier, Vases du Louvre, p. 20, A, 478. — H Voir
l’explication du vase du Louvre par L. D. Barnett dans 1 Hermès, 1898, t. XXXIII,
p.438, avec les textes cités. Cf. Bull. corr. hell. 1898, p. 586 (Perdrizet) ; Babelon,
Guide, p. 288-9. — 12 Museo Pio.Clem. 1, pl. v ; cf. Clarac, Musées, pl. dclv, 1505,
1506 a, 1507-, Id. Calai. 284; cf. Frœhner, Notice, 175; A rch. Mitth. ans Oesterr.
H, pl.’v ; Arch. Zeit. 1885, pl. ix ; 1877, pl. lxxv. — 13 Babelou-Blanchct, Bronzes
de la Bi’bl. nat. n» 311. — UT*» tî| por/ilqi : Paus. V, 27, 8.— 13 Collignon, Op.
M, p. 285, croit retrouver ce type sur des monnaies d'Egine : Annali, 1879, p. t!2;
Monument i, IX, pi. vi, 0.— *6 Cf. suprà, p. 1803; il était sculpté à Corinthe assis
près d'un bélier : Paus. Il, 3, 4. — H Arch. Zeit. 1808, pl. ix; Monument i, VI,
pl lxvu, où l’on voit la fantaisie des artistes souveraine dans la conception des motifs :
c’est pour faire pendant que Dionysos est sur un bouc, Hermès sur un bélier,
Comptes rendus arch. Pélersb. 1869, p. 93, etc. ; cf. Boscher, Lex. I, col. 2378.
— l«Babelon-Blanchet, Op. I. n» 314, bronze très ancien, barbu et nu (?; ; cf. Veyries,
Figures criopliores, p. 52, pour les variantes, de diverses époques, de ce type.
MER
— 1810 —
MER
derrière lui1. On croit retrouver l'imitation d'Onatas
dans d'exquises terres cuites de Thespies et de Tanagra
qui sont du même temps 2. A la vérité le bélier y est tenu
non pas ùnb tv) ga <r/i\rh sous l'aisselle, mais lv àyxâXyp
sur l’avant-bras d’IIermès. Un
peintre de vases du premier
tiers du vc siècle, qui a associé
Hermès aux autres dieux assis¬
tant ii une scène céleste, lui a
mis aussi le bélier èv àyxâXat;,
devant la poitrine, de façon
qu’il en a les deux bras char¬
gés (fig. 4941) 3. Ici l’animal
n’est ni la victime d’un sacrifi¬
cateur, ni l’ouaille d’un berger.
C’est, en surplus du caducée, la
marque propre du dieu, comme
un poisson est celle d’Amphi-
trite ou de Poséidon.
A peu près à la même épo¬
que, Calamis faisait pour la
ville béotienne de Tanagra un
Hermès qui portait le bélier
« sur les épaules 4 », comme le
Moschophore d’Athènes et comme de nombreux Silènes
criophores5. Il est difficile de dire si ce type est d’impor¬
tation étrangère. Il est vrai qu’on le trouve sur nombre
pe monuments phé¬
donnée par le bas-relief d’un „ulel alu
doute, mais archaïsant (fig. 4949; 9 Q ' aullf sans
luette de marbre de la collection Pembroke" "û* SU-
est barbu sur l'une et l'autre, comme ' “mês
petit bronze très ancien 11 . On conjectura UU aulre
d’après la légende de l’éphèbe coureur JTæ'**'
- j. — . ci üaprès
une série de monnaies ta-
nagréennes 12 , que Cala -
çnis l’avait fait imberbe et
jeune. Et, en effet, un petit
bronze ancien 13 et diverses
terres cuites de Tanagra
l’offrent sous cet aspect 14 , Il
est possible que, comme
pour Hercule [hercules,
p. 119], le courant ionien ait
propagé de préférence un
type d’Hermès imberbe, et
nous en saisissons une
autre preuve sur une cu¬
rieuse peinture céramique,
de style ionien, où figure
Hermès imberbe, conduisant
les trois déesses devant Paris
(fig. 4943) 13. Sous ces divers aspects, le dieu au bélier
sera en grande faveur pendant deux siècles environ,
mais dès le 111e siècle on ne verra plus guère d’Her¬
mès criophores ori-
niciens, notamment
en Sardaigne 6 , et la
Béotie, comme peut-
être aussi l’Arcadie,
était rattachée par
ses origines à la
civilisation phéni¬
cienne. Mais le type
du porte-brebis est
aussi la reproduc¬
tion d’un fait com¬
mun de la vie des
bergers qui s’offrait
naturellement aux
artistes grecs. C’est
ainsi qu’à Tanagra,
le plus beau des
ginaux ou, si on en
trouve comme
statuette de Da-
Fig. 4943. — Les trois déesses conduites par Hermès.
éphèbes, portant une brebis sur ses épaules, courait
autour des murailles de la ville les jours de fête d’Her¬
mès, pour rappeler que le dieu lui-même avait, lors d’une
peste, détourné le fléau, en portant un bélier à l’entour des
murs 7. Avant Calamis même, nous trouvons le motif sur
une coupe de la fin du vie siècle qui représente Hermès
courant, les épaules chargées du bélier 8. Quant à la
statue de Calamis, l’impression peut nous en être
1 Terre cuite de Tanagra, Berlin, 7734; Roscher, Lcx. I, p. 2431; Müller-Wie-
scler, Denkm. II. 320. — 2 Armait , 1858, pl. O; Monuments Piot, II, pl. xx,
p. 165 (Bottier); Jahrb. des deutsch. Inst. ( Anzeig .), 1895, p. 22t; cf. ex-voto de
Thèbes, Athen. Mittheil. 1890, p. 359. — 3 Coupe de Sosias, Antik. Denkm. I,
pl. ix ; Monumenti , I, pl. xxiv; Gerhard, Trinksch. pl. vi-vii. — 4 Paus. IX, 22, 1.
— î> Pour le Moschophore, voir Collignon, Sculpt. gr. I, p. 215 et fig. 102. Pour
les Silènes, Gaz. arch. 1878, pl. vi; Mus. etrusc. pl. lxv, fig. 1-2. — 6 Veyries,
Op. I. p. 16 ; Perrot-Chipiez, Hist. de Vart , l. iv, p. 89, fig. 88. — 7 Paus. IX, 22, 14.
— 8 Klein, Liebl. p. 83; Élite , III, pl. lxxxvii, p. 253 ; cf. monnaies, Monumenti,
XI, 6, 6; Berlin, 7983. — 9 Collignon, Op. I. I, p. 401, fig. 207; Annali , 1869,
t. XLI, pl. ik, p. 253; Overbeck, Plastik , I, p. 218-9, fig. 53. — 10 Michaelis,
Ane. Marb. p. 102, n"> 144; Clarac, Musée, pl. dclviii, n<> 1545 6; Müller-
mala16, ils se ratta¬
chent plus encore à
une formule d’art
nouvelle qu’à la
conception du dieu
des moutons et des
boucs.
C. Hermès psy¬
chopompe et chlho-
nien. ■ — Le seul
passage des poèmes
vraiment homéri¬
ques où Hermès
conduise les âmes
des morts dans les sombres routes étant le début du
chant XXIVe de l 'Odyssée, qui paraît à tous les bons
juges depuis Aristarque un appendice très P0S^lieU|
déterminer l’époque
été attri-
au poème17, il est difficile de
où, entre Hésiode et Eschyle, ce caractère a
bué au dieu. Comme êptotivirjç, il prêtait déjà ^on n^sis
tance aux héros tels qu’Héraclès qui bravaient ' 1 ^
cultés d’une descente aux enfers ; comme ooit qc, ^°!x
de la DM. nat
75.
Wicseler, Denkm. II, 324. — U Babelon-Blanchel, Bronzes
n° 313 ; Duruy- Bist- des Gr- LP- m’Jahrb' \ Mo Zmenti, p1-*1-
— 12 Greek coins of British Mus. Centr. Gr. p. 64, p . > w» yj||f 1 887,
6, 5; Müller- Wieseler, Denkm. Il, pl. xx.x, 324; Journ. helL s Co||.
pl. i.xxiv, 10-12; cf. Jahrb. f. class. Phil. 1887, p. *38. rriiau 33! ^aS‘
Sabouroff, II, pl. cxlvi. — 14 Coll. Plot, il* 349; Frœhner, o __ (;cr|iardi
arch. 1878, p. 101 sq.; cf. Annali , 1879, p. 43, 146, 1880, P - ^ ^ Scol. ^
Auserl. Vas. III,pl. clxx. - Bull. corr. hell. 1892, p. 1 7 'u_Mfjl]endorf, Hors.
loc.\ Spolir, Comment, de extrem. Udyss. part., Vvilamo" ^ l’icrroa
Untersuch. 6785 ; II. Weil, Études sur tant. gr. p. 13 ,
Wilamowi
cf. Homer.
ad loc. ; Eustathe, p. 195, 12, croit que c'est de ce passage môme d Hon
tirée la conception du dieu psychopompo.
MER
MER
— 1811
•j précédait et conduisait ses protégés parles
11 r „„’;i on cnil von il i\ Ipfi
^'•"^’iprrestres ; il est naturel qu’il en soit venu à les
chemins ^
çscort
chelT"n" icci nar les pentes souterraines qui mènent à
-porter ,aUSb F . 1 „ , , . _ _ .„i
,1 qU’il soit enfin le conducteur des morts .
L'alliance
du mot
.fjovio?
avec
les
m° - . 2
affectionnée
les
tra-
par
iques, indique
que les choses
ont Pu s'en"
chaîner de la
sorte, ht, Par
ailleurs, repré¬
sentant la fécon¬
dité terrestre,
associé à Démé-
ler autrement
dite r-q, la Terre,
Hermès était
prédestiné à de¬
venir un agent
des puissances
d’en bas. Car, dans l’évolution des croyances grecques,
on voit les dieux de la Terre et des productions qui en
sortent se transformer en dieux de dessous terre, les
chthoniens en catachthonieris. Non seulement nous sa¬
vons qu’un des
dieux de Samo-
thrace, KaBfjüXoç
ou Kao-puïXoç s,
le servant des
cérémonies sa¬
crées, était con¬
sidéré comme le
même qu’Her-
mès [cabiri, fi g.
902 et 907],
mais une abon¬
dante série de
reliefs nous
montre à côté
de la Mère des
dieux, Fï| p)T7ip,
an petit dieu à
caducée jouant
le rôle de ser-
vileur \ A la
• mérité, le texte
! et les monu-
! ments qui nous
j lurent ces renseignements sont du vc et du mc siècle,
ma's ils peuvent se référer à des croyances bien anté-
r|eures. Dans le sanctuaire des Érinnyes à Athènes, près
de l’Aréopage, se trouvait, avec les statues de Plulon et
I ^ Gè, celle d’Hermès
Fig. 4944. — Hermès ramenant Perséphone,
d’Éleusis nomme les dieux auxquels doivent sacrifier les
initiés des mystères : I’?, y est nommée la première, Her¬
mès le second 6, et la victime prescrite pour lui est une
chèvre. 11 est encore à deux reprises réuni en une même
formule de prière
avec F-Tj chez
Eschyle 1 (où la
préocc u pation
d’Hermès appa-
raîtplus fréquem¬
ment que dans
aucun autre poè¬
te, peut-être par¬
ce qu’il était d’ɬ
leusis et fervent
initié des Mystè¬
res). C’est encore
chez Eschyle que
se rencontre pour
la première fois
l’épithète y ôôvtoç,
infernal, qui sera
désormais une
des plus fré¬
quentes désigna¬
tions du dieu. Des personnages d’Aristophane fausseront
exprès l’interprétation d’un passage pour lui repro¬
cher cette innovation 8. Eschyle fait même du dieu,
par extension poétique, non seulement le conducteur
et le guide ,
mais le roi des
morts9. Le che¬
min parcouru
est grand depuis
le XIe chant de
F Odyssée, où
Hermès était
nommé, mais ne
jouait aucun
rôle. Même dans
la scène de la
mort des préten¬
dants il semblait
ne conduire
les âmes que
comme porteur
d’une baguette
toujours obéie
d’enchanteur ou
d’endormeur 10,
et dans l’Hymne
à Déméter, en
réclamant Per-
Fig. 4945. — Hermès recevant Erichthonios.
Une ancienne inscription
' Collier, Lécythes, p. 40. — 2 Acsch. Choeph. 1-3, 105 et 124 rappro-
llai' Hei'maim ; Purs. 026, 030; cf. 640 et Aristoph. Ban. 1120-50; Soph.
“3Î> ou le poète insiste sur l'alliance de mots; Oed. Col. 1548 où Hermès
; Choeph. 728; cf. Sopli. Electr. Hl. — 3 De là, peut-être, le
cs camilU romains [camilu]. — 4 Série d'ex-voto eu bas-relief à la Mère
'Onu, où Hermès figure avec la prochus ou le caducée, tantôt piès
cl*
«l dit
noi"dcs camilti
séphone à Pluton, en conduisant le char qui la ra¬
mène, il ne faisait encore que porter un message et
exécuter les ordres deZeus11. Le sentiment nouveau
qui apparaît chez Eschyle est rendu par une pein¬
ture de vase, déjà du beau style, où le dieu préside à
de la déesse, tantôt, en petit, sur l'un des montants ; Arcli. Zeit. 1880,
p. 1 sc|. pl. i-m ; 1882, p. 1 ; Atlien. Milth. XI, p. 193 ; Xllt, p. 202, pl. v; XIV, p. 191 ;
XXI, p. 278. — B Fans. 1, 28, 6. — 3 Atlien. Mitth. 1899, p. 254. — 7 Aescli.
Cers. 629 ; Choeph. 124-7. — 8 Aristoph. Ban. 1144-5. — 9 Aescli. Pcrs. L. I. ;
Choeph. 020. — 10 Hom. Od. XXIV, v. 2-5. — H Hymn. hom. IV v. 332,
380.
— 1812 —
la montée de Perséphone qui sort de la terre 1 (fig. 494-4),
tandis que précédemment on le voyait seulement servi¬
teur près de son char ou de celui de Triptolème. Sur un
vase plus tardif encore 2 on le voit tendre les mains pour
recevoir, des mains d'une déesse chthonienne à demi
remontée des régions inférieures, Erichthonios, (ils delà
Terre et d’Héphaistos (fig. 49451. La psychostasie ou
pesée des âmes lui est confiée par Zeus lui-même
(fig. 4263). Mais on n’est pas sûr que ce soit lui à qui un
peintre de figures noires a ajouté deux grandes ailes
antérieures pour symboliser son pouvoir sur les âmes
dégagées des corps3.
Au v® siècle, les artistes semblent avoir choisi deux
moments caractéristiques du rôle joué par Hermès sur
les routes d’en bas. Tantôt il assiste à la déposition au
tombeau, prêt à emmener Pâme. C’est ce qu’on voit sur
un vase où il est barbu à l’ancienne manière 4 et sur un
autre où, imberbe et gracieux, près d’une stèle fleurie, il
regarde les génies ailés qui donnent des soins au mort
(fig. 2287). D’autres fois il est au point d’arrivée, près
du Styx, et montre la barque et le nocher au défunt
(fig. 4946) 5, qu’il prend doucement par la main 6. Quel¬
quefois il fait simplement signe à l’dme hésitante de se
rassurer et de venir 7. Telles sont les scènes peintes sur
les lécythes d’Athènes destinés à être déposés dans les
tombes 8. Une curieuse et rare composition le montre
rassemblant les Kères qui s’envolent du pithos de Pan¬
dore, comme des etôwXa funéraires ; outre le caducée, il
tient sa baguette d’enchanteur (fig. 4947)9. Euripide dans
son Alceste, où parait avec Apollon le génie de la Mort sous
sa forme la plus menaçante, n’a pas introduit Hermès.
Les artistes, au contraire, n’y ont pas manqué, dès le
vie siècle ,0. A la fin du Ve siècle ils lui donneront place
aussi très naturellement dans la représentation d’Eu¬
rydice, forcée de quitter Orphée après la faute qui la
1 Baumeister, Denkm . fig. 4G3 ; Duruy, Hist. des Gr. I, p. 774. — 2 C. rend,
de la Comm. arch. de Pétersb. 1859, pl. 1; Duruy, Hist. des Gr. Iï, p. 65;
Baumeister, Denkm. fig. 537. Sur un autre vase aussi du ve siècle, Ath. Mitth. XXI,
pl. xu (réduit à des fragm.) il voit Plouton ravir Perséphone. — 3 De Witte, Elite
céram. III, pl. lxxv. — ^Collignon, Catal. du Mus. d'At/i. n“20l ; Robert, Thanatos ,
p. 17, Autres exemples de fig. barbues ap. Pottier, Lécythes , p. 35, 127. — & Pottier,
Op. I. pl. ni, p. 31-5 ; Slackelberg, Gvaeber, pl. xlvii ; cf. Bull. corr. hell. 1, p. 42,
n° C ; Jahn, Munch. Vas. n» 209. Le dieu a déjà le pétase ailé, rare au v* siècle.
— 6 Pottier, Op. I. p. 108. — 7 Dubois-Maisonneuve, lntrod. pl.xxiv, p. 14; Pottier,
Op. I. p. 34. — 8 Cf. Stackelberg, Gvaeber , pl. xxxvm, où le dieu figure seul. — 9 Jour¬
nal of hell. stud., 1900, p. 101, fig. 1 (Harrison). — 10 Pottier, Vases ant. du Louvre ,
F, 60, pl. i. xvi!i, — il Wien. Vorlegebl. III , pl. xu ; Collignon, Sculpt. gr. Il, p. 143,
fi^ 69. Bouillon 11, Jleliefs, pl. i; Catal. des Marbres ant. du Louvre , n° 854.
MLR
rend à lladès. Le Musée de Naples et le Lom
des copies romaines, mais exactes, de bas
où Eurydice posant encore la main sm- i- 'llefe «xquis
phée est prise déjà au poignet par <1>auIe d’0r-
d’un geste délicat, accomplit indulgemml?"8 qui’
sion nécessaire11. Ainsi peu à peu les artim
les poètes auront établi le type d’Hermè - après ]
simple instrument d’une volonté supérieure ma^é PlUS ‘
ment consolateur, réconciliant les mortels avec rT I
de la mort, TrenjiOctvot-coç comme ce philosonliP 1, 'K.Ce
dont parle Diogène Laerce12. J "mam
Nous retrouverons plus tard dans l’art et sauf ri I
les Romains qui ne l’ont pas compris, nous Apercevons
dans les documents épigraphiques cet Hermès des morts 1
U ne série d’inscriptions thessaliennes dédient des ex vol
à Hermès chthonien13. Une inscription grecque de Naples
fait allusion à sa fonclion en l’appelant envoyé de Perse
phone 14. Plutarque le regarde spécialement comme agent
de Déméter qui
procure les morts
rapides 15, et non de
sa fille qui préside
aux fins lentes.
Quant à sa fonction
de dieu du som¬
meil, sans appa¬
raître au premier
plan, elle ne sera
jamais oubliée. Elle
a précédé celle de
dieu mortuaire et
contribué à faire
penser que la mort
à laquelle il mène
les hommes a la
douceur d’un long
Fig. 4947. — Hermès et les Kères.
repos lu.
6° Hermès à l’époque classique (ve et i\e siècles). —
Le type mythologique d’Hermès parait avoir été en très I
grande faveur dans la Grèce à partir du vi° siècle. Sesl
images sont plus multipliées que celles d aucun aulrel
dieu (sauf Athéné) sur les vases peints" a tigux esi
noires. Malgré cette multiplicité qui continue dans les
peintures rouges de style sévère et de beau style, P per I
sonnage divin demeure à peu près fixé dans les nu ll|(,s
rôles et mêlé aux mêmes scènes, mais le coslume,
l’extérieur de l’Hermès sévère et barbu reçonent
duellement des changements notables18, dus à un< con j
ception nouvelle de la beauté des dieux. La ai ^ ^
pointe passe dans les figures rouges, mais e <- y ^
moins en moins fréquente l9. Nous lavons^r
aussi sur les lécythes blancs classiques • •
imberbe, connu dès le vie siècle et sans °u 1
v i se en n®* 36, 38,
— 12 Diog. Lacrt. Il, 86. — *3 Athen. Mitth. XI, p. “ ^ ^ cf Sopli.
— U Corp. inscr. gr. u° 5816. — 15 PluL Mo}'’ * ‘ ,a bonnc roule
A ]. v. 832 où Hermès est à la fois dieu de la moi ou , • ^ pris au
■rand nombre ue suj
' «.«, r- «3 v V
du Partliénon . M»* 1 1
l mutilé et peu significatif ; cf. Neue Jalirb. lür . Hermès est
hcrcr (Roscher, lex. I, p. 2405) cite cinq bas-reliefs a. _ MonumCnti,
iberbc sur trois. — « Exemples du type barbu sur igu‘ ant. G, 56,
,0 ; IV, 23 ; VI- VII, 37 b ; IX, 32 ; XI, 19 ; Suppl. 24 ’ ^ p| XI, etc.
. xcv ; Furtwanglcr, Coll. Sabouroff , I, pl- xu ) Arc ’ . dwix 0ù le type 1,81
20 Sur trois lécythes de la Descente aux Enfers, i en
irbu, cf. Pottier, Lécythes , p. 127-8.
du sommeil. — 17 On 1 observe, sur un gi
sard, dans Y Index de Reinacli, Répertoire des »««*
18 Phidias l’a déjà fait imberbe dans la fnse
M15K
— 1813 —
MEIi
,i est adopté généralement comme un moyen
d'orifî1'111 ’ ;ui jjeu l’aspect jeune sous lequel le
dt’ '''u'i' lcs poètes. La coiffure, qui est le plus
voya'"-1 .mpnt le pétase du voyageur 2, suspendu derrière
ordinnuemejn f
la nuque quand il n’ombrage pas gracieusement la
lâlo, est souvent pourvue de deux ailettes. La chlamyde,
plus courte, permet déjà de suivre les mouvements du
corps, plus variés et mieux marqués. Les chaussures,
en outre de leur pièce antérieure (qui finira par dispa-
raitre), ont deux petites ailes 3 qui deviennent beaucoup
moins rares que dans les figures noires. De ce dieu
najeun i et rayonnant nous avons un très bel exemple
1 ans un Hermès prenant les ordres de Zeus sur une pein¬
ai! du milieu du vc siècle (fig. 4948), et dans un autre
escorté d'un Silène, que nous montre une amphore
de Berlin à figures rouges de style sévère ’’ fig. 4949 .
Sur une autre peinture où il est barbu et où il a encore
affaire aux Silènes, mais pour aider Héraclès à défendre
Iléra de leurs insolences, apparaît un caractère qui se
développera plus tard: c’est par la persuasion qu’il
semble tenter d’écarter les assaillants: il a un geste
bien observé de beau discoureur 5 (lig. 4950). Aussi bien
divers traits caractéristiques, que ne pouvait guère
révéler l’art proprement dit ni la poésie sérieuse, dessi¬
naient depuis quelque temps un Hermès plus semblable
à l’enfant voleur qu’au serviteur des dieux et protecteur
des héros. Ulysse dans une tragédie 0 se recommande à
Hermès artificieux, ooXto;. C’est qu'en l'un comme en
l’autre, les Grecs ont ex¬
primé une des parties de
leur tempérament national,
la fécondité en ressour¬
ces7, l’esprit pratique, l’art
de bien parler pour ses in¬
térêts. Est-ce comme ayant
une statue sur l’Agora 8 ou
comme représentant les
qualités par lesquelles on
y fait ses affaires qu’il est
àyopaïoç 9, dieu du mar¬
ché? Quoi qu’il en soit, il
est aussi lp.7:oXaioç 10, ache¬
teur et vendeur ; et c’est
justement à ces traits que
les Romains vont recon¬
naître en lui leur Mcrcu-
rius. Il est encore aipocpaToç,
ce qui peut vouloir dire ou
celui qui sait se retourner
ou celui qui est près des gonds (cTpocpetç) de la porte 11
et qui la garde contre les voleurs mieux que personne
Nous avons déjà vu qu’une légende courait sur le chien
en or volé à Zeus et qu’Hermès est chargé de retrouver
comme plus apte que tout autre à dépister les voleurs 1 '.
Cet ensemble de défauts et qualités agréait à la plupart
des Athéniens, puisque la mutilation des Hermès
phalliques qui peuplaient leurs rues avait le caractère
d’un crime d’État u et qu’Aristophane appelle le dieu
crocptoTaToç, c&tXavOpwjroç très savant et très ami des
hommes, tout en- lui faisant avouer que les voleurs
sont ses clients 1C. Platon, en se jouant, expose une
conception hardie du dieu sophiste qu'il s’amuse à
transformer en théoricien du langage 1 . Nous voyons là
quelle liberté l’imagination des Grecs prenait avec ce
dieu. Elle ne l’offensait pas, se retrouvant en lui.
D ailleurs elle avu aussi en Hermès le parfait éphèbe
formé par les exercices du corps, mince et musclé.
un canlhare ; Journal of hell. stud. 1901, pl. 1 ; M ien.
p. 121-132, pl. in-iv, donné par Wintcr comme d’Euphronios.
//„ 7 "lu:' "^or> Afeisterw. p. 234; Monum. Piot, 11, p. 103, pl. xx ; Athen. A/it-
i' ''' '' ' 3 (terres cuites) ; Grcek coins Prit. A/us. Thr. p. 77-8 ; Duruy, Hist.
^ M ■ f P- 4o (monnaie d’Aenos). — 2 Afonumenti. IX, 17. — 3 Par ex. Monu-
S"l‘Pl- H- xxiv . — 4 Gerhard, Etruslc. Vas. pl. vin, p. 10; le dieu tient
”l,c oenochoé et
■Wra/n/,.
_ fi IX, pl. XI.VI ; Rayet-Collignon, Céramique, p. 197, (Ig. ...
' l'l"- Philoct. v. 133.— 7 Cependant l'épithète propre à Ulysse, itoVivpoinn,
Pas appliquée à Hermès ni dans Y Iliade ni dans Y Odyssée, mais seu-
è/mn. hom. Il, y. 13. _ 8 Schol. ad Aristoph. Equit. v. 297; Paus.
Crni, ,cr; Ar<th ■ Zeit. t. XXVI, p. 73. — 9 Aristoph. Ibid. En celte qualité
,nl consulte comme oracle à Pharae, Diod. I, 75, 94. — 19 Aristoph.
VI.
Iles!
t 15, I ;
Acliarn. 810 ; Plut. 1155. — H Aristoph. Plut. 1133 et Scol. qui donnent ces deux
sens; Pliot., Hesych. s. v. et Poil. VIII, 72, le comprennent de la porte. Voir l’in-
cription de Crète sur «nçoçaïoî dans le Bull. corr. hell. 1900. p. 52G (Dragon'
mis). — 1 S Schol. ad Aristoph. Plut. 1 133, lie! à-oToozr, ifty «Wwv xàtict.Xv. \oirfig.l92.
_ 13 Hernies, 1898, p. 038 sq. Voir Pottier, Vas. ant. du Couvre, A, 478, pl. xvn ;
cf. ci-dessus, p. 1809, il. 10 et 11. — '4 Voir L. Curlius, Hist. grecque, trad.
franc, de Bouché-Leclorcq, III, p. 330 sq. — 13 Aristoph. Vax. v. 393, 428.
_ IG Ibid. 402. — 17 Platon, dans le Cratyle, p. 407-8, réunit les caractères
’èpurivÉu;, *Xoi uxô;, iitatnW;. AyopairrixtU. Dans un mythe ( Protagor . XII), il fait
charger Hermès par Zeus d'apporter aux hommes l'esprit de réserve et de justice;
mais ce 11’est là qu'un intermédiaire quelconque. Cf. Ceg. XII, 941 a. — 18 A. Dumonl,
Éphébieatt. Il, inser. 49.
228
MER
— 1814 —
MER
Depuis Pindare1, les poètes appelaient ce dieu ày wvfoç
et IvaYwvioç 2, apte aux luttes et aux concours. Comme
dieu de la vigueur masculine il avait eu de tout temps,
enfermé dans la gaine phallique, sa place dans les
palestres 3 : protecteur des athlètes v, il est devenu un
jeune athlète lui-même, 7raXat<TTpîrr,ç. Les sculpteurs ont,
les premiers, au temps de Périclès, mis en œuvre cette
conception en créant un Hermès tout à fait nu, tel
qu’était l’éphèbe dans la palestre même, dont les exercices
modelaient ses formes suivant les justes proportions. Si,
comme l’a pensé Curtius 5, le bronze trouvé près d'Annecy
reproduit bien les lignes générales de l'IIermès nu de
Polyclète0, nous avons
là une image de l'idéal
qu’on se faisait alors
du dieu adolescent, so¬
lide et résolu, prêt à
l’action, la main levée
etentr’ouverte, énergi¬
que par la pose comme
par les lignes bien ar¬
rêtées de son visage
aux méplats maigres1.
Un demi-siècle plus
tard, Praxitèle, ayant
à faire pour Olympie
un Ilermès 8 qui sym¬
bolise l’alliance éléo-
arcadienne9, emprunte
le motif connu (fig. 679
à 681) du dieu portant
le petit Dionysos aux
Nymphes qui prennent
soin de sa jeunesse 10
[maenades, p. 1480]. 11
en fait aussi un jeune
homme nu, mais plus
Fig. 4951. — Hermès de Praxitèle. aimable en sa non-
chalance, souriant à
la faiblesse et à l’enfance qu’il a mission de pro¬
téger (fig. 4951) u. On sait que la statue même a
été retrouvée en 1877 à sa place 12. Le dieu debout
se repose. Il a jeté sa chlamyde sur un tronc d’ar¬
bre où il est accoudé, ayant l’enfant assis sur son
avant-bras et tenant le caducée. Ses regards errent
au loin, mais son autre main levée tient un objet'1
qui attire les yeux et les mains avides de l'enfant.
Il est remarquable que la figure la plus expressive
1 Pind. Olymp. VI, 79; Isthm. 1,60,(85) ; Schol. ad Pyth. 11,18 ;JVem.X, 53; Acscli.
Fragm. 384, Nauck ; Kaibcl, Ibid. 407, 7; 924, I. — 2 A ce titre il avait un autel à
Oljmpie, Paus. V, 14,9. — 3 Cf. Oltf.-Müller, Handb. § 380. — 4 Simonid. Fragm.
18, Bergk ; Kaibcl, Epigr. Ibid. 295 ; cf. Creuzcr-Guîgniant, Religions, II, p. 693,
n. 4, qui montre que les autres dieux de la palestre sont Héraclès, Athéné, Eros,
c’est-à-dire les plus fréquemment associés à Hermès ; Aesop. 139, 5; Callim. 191.
— 5 Arch. Zeit. 1875, p. 57; cf. Annali, 1878, p. 27 (Micbaelis). — 6 Plin. Hist.
nat. XXXIV, 56. Sur les statues d'Hermès sorties de l’école de Polyclète, voir
Furlwanglcr, Afeisterwerke , p. 503 sq. — - 7 A/onumenti , X, 50; cf. Gaz. arch.
I, p. 114; 11, p. 55, pl. xvni ; Bull, antiq. 1883, p. 279; Collignon, Sculpt. gr. I,
p. 509, fig. 260. —8 Paus. V, 17, 3.-9 En 343 selon Furlwanglcr, Meisterw. p. 529
et Collignon, Sculpt. gr. Il, p. 257, qui ne reconnaissent pas, dans le style, une
œuvre de jeunesse. Pour l'avis contraire, cf. Deutsche Bundschau, VIII, 1882, p. 188
(Brunn) ; Gaz. arch. 1887, p. 282; Bevue arch. 1880, p. I (S. Ileinach). — 10 Voir
suprà, I, p. 602-604. — U Paus. III, 18, 11. Voir Hcydemann, Dionysos Geburt.
— 12 Voir Treu, Ucrm.cs mit Dionys. Berl. 1878 ; Galoux-Monceaux, Bestauration
d’Olympie, p. 106; Collignon, Sculpt. gr. II, pl. v; Baumeisler, Denlcm. fig. 1291,
1292. — 13 Sans doule une grappe de raisin; cf. Hirschfeld, Berlin. Bundschau,
V, p. 318; Duruy, Hist. des Gr. 111, p. 7t. Une réplique médiocre, mais exacte,
de l'IIermès hellénique ‘soit aussi la moins y i
d’attributs. Reproduite avec prédilection, c’est ell ^
retrouve avec de légers changements d’ans l’ad.,1 '1U °"
semblable à un athlète auquel Antinoüs a pl'(!i?Cent
Lysippe, dont le groupe d’Hermès et Apoi1(|S°n
nom
malheureusement été perdu pour nous
pouvait varier
encore, renouveler même le type adolescent, non le port
à un plus haut degré de simplicité et de perfcetio J
L’IIermès qui pose son pied sur une
P'erre pour se
Fig. 4952 — Hermès combattant.
délasser ou attacher sa sandale10, plus sûrement cel
qui, assis sur un rocher, paraît sur le point de repartir
après un instant de repos11, sont de sa création. Seules
quelques répliques nous en donnent l’idée approxima¬
tive : le type est simplement celui du messager voyageur
nu, très jeune et très alerte.
Les peintres ont parcouru les mêmes étapes. Leurs
Hermès prodigués dans des scènes où leur présence
est faiblement justifiée, n’ont plus de chiton; leur clila-
myde, agrafée au
cou, ne couvrant
que les bras ou
les épaules ou re¬
jetée sur un seul
bras 18, les dévêt
presque complè¬
tement; sur les
peintures à plans
étagés de la fin
du vc siècle, l’atti¬
tude du pied posé
sur une élévation
revient très fré¬
quemment : non
seulement, quand
le pied n’est pas
nu, les sandales
sont ailées,, mais
des ailes sont ajoutées au pétasé19 même s’il est suspendu
à la nuque. Ces artistes sont embarrassés pour trouver des
emplois nouveaux du dieu rajeuni. Pourtant ils iti lunt
un combattant qui, dans le grand combat des dieux
contre les géants, ne reste pas en arrière et fait mervei el
à côté de ses compagnons de guerre (fig. 49o2)J • J
C’est plutôt dans les très belles œuvres de sculpture que
l’on trouve le type nouveau dans son véritable cspi 1 'f1*
a quelque chose d’adouci et presque de romain squt.
exemple, vers le second tiers du iv' siecle, sut une
de colonne à Éphèse il est psychopompe et prend Alt
peinte à Pompéi, donne lieu de le croire. Mais on a voulu y voir J» bout6e
el Hcydemann), un sceptre (Benndorf) des crotales ou cym a ( ^ p
(BSUicher), un rhyton, enfin le caducée (Simili). Cf. Jour n. t ^ ,v ;
Sur une réplique en bronze qui porte aussi la giappe, ev. g6, pl. vi. Sur
des Beaux-Arts, 1880, p. 410. Voir de plus, Jahrb. d. Ins ' ' 0esterreicli , E
l'ensemble des répliques, voir Benndorf, Arch. Epigr. i ■ ^ Benndorf, p. 61
p. 1-9, pl. i; Wiener Vorlegebl., A,pl. xu ; l'estsc rif f visconli qui, en le
sq. (Poltier). — ‘4 Clarac, Musées, pl. dci.xv, n ■-> ■ ^ reconnu la figure
comparant au n» 1539 du même recueil pourvu du caducc ,j ^ ^ groupo, voir
d’Hermès; Müller- Wieseler, Denlcm. ant. k. II, ' Anti k. pU«".
Jamot, Bull. corr. hell. 1891, p. 399 sq. — 10 u z0''’ uo 309 ; BaunieistepJ
p. 58 ; Christodor. Ecphr. 297. - n Müllcr-Wieseler, Denk . , ^ ^
Denlcm. fig. 738; Antich. di Ercolano, VI, pl. xxix ; > .‘Gcl.hard, Au3*i
„1 ,V1. - 18 t or cas : Élite, II, 87 ; III, 63; 2« cas : Ibid. I , » ’ __ 1,0#lto
Vue. 178 ; 3= cas : Élite, III, 5 ; 4» cas ; Ibid. II, », 88 « J ’ au Louvrc, df»"H
Mbnum. Il, 16; cf. nos fig. 4948, 4949. - 20 A™Phore (,e ^iUomlc,lies anciennes
études gr. 1875, pl. i. Il faut remarquer que dans J S yases anM ■
Hermès figurait déjà (voir l’ampliore ionienne du .ou . familicr.
p. C8, E, 732). Mais le rôle de combattant no lui est pas,
pour
MER
lM raInener à la lumière avec un sentiment discrè-
1815 —
MER
Fig. 4953. — Hermès ramenant Alceste.
tementému, une altitude qui exprime l’aspiration, l’ascen¬
sion vers une région
meilleure (fi g. 4953) ' ;
sur un vase de marbre
sculpté (fig. 4954) il
sépare doucement une
morte, Myrrhinè, de
sa famille2. Le souve¬
nir de Praxitèle est
encore direct dans une
statue de défunt hé-
roïsé trouvée àAndros,
qui rappelle le porteur
du petit Dionysos ;
l’expression sérieuse
du visage est la même,
mais le léger sourire
qui la tempérait a na¬
turellement disparu3.
En toutes ces occasions,
le serviteur vivace et
ingénieux des vivants
et des morts est devenu
grave et méditatif. C’est
la beauté dont l’ont
empreint les sculp¬
teurs qui lui a communiqué cette dignité intérieure
Pig. 4954. — llcrmès emmenant une morte.
dont il lui restera toujours quelque chose. Si Alexan¬
dre de Macédoine n’avait pris Hermès au sérieux, il n au¬
rait pas aimé à se présenter comme il faisait à ses amis,
avec la chlamyde, le caducée, les ailes figurées aux endro-
mides et à la coiffure5.
7° Hermès hellénistique et alexandrin. — Les poètes
ni les artistes, à partir du me' siècle, ne développeront
guère la conception mythologique d’Hermès. Le travail
spontané de l’imagination populaire ne sera pas p us
fécond. Pour elle, Hermès en est venu à représenter les
menues chances de la vie courante 6, les heureux hasards,
les trouvailles gratuites, de préférence le gain ingénieu¬
sement mérité1. C’est ce que nous révèlent surtout des
proverbes» et locutions usuelles où figure le nom du
dieu8. Il est l’occasion inespérée, avec tout ce qu elle a
pour le peuple de mystérieux et d’indéterminé. Les
esprits philosophiques et cultivés ne négligeront pas cet
élément de mystère. Ce sont eux qui désormais raison¬
neront avec raffinement sur la nature de ce dieu si mul¬
tiple. Par certains éléments mêlés dans sa complexité
elle prêtait à être ainsi subtilisée, intellectualisée. Le
dieu-pâtre était depuis longtemps chorège des Chantes \
Muses 10 et Nymphes11, père d’Ourania1-, selon les
Pythagoriciens père de Pythagore 13 qui reçoit de lui le
don de mémoire éternelle. Il était assistant des sacrifices
deSamothrace1'*, sacrificateur lui-même, héraut du culte10,
faisant aux dieux des libations pour le compte des
hommes16. Ce rôle lui est échu soit comme dieu ser¬
viable, intermédiaire naturel entre les mortels et les
dieux (fig. 163), soit parce que d’anciennes images le
représentaient traînant un bouc ou un autre animal17. Le
vase de Sosibios, qui est des derniers temps de l’hellé¬
nisme, mais reproduit d’anciens modèles déjà archaisants,
le présente dans cette fonction sacrée I8. Par suite, on l’a
cru inventeur des sacrifices 19, intercesseur des hommes
auprès des dieux, possédant les secrets des rites efficaces.
D’un autre côté, ayant été d’abord comme un simple
agent d’un service funéraire, puis le charmeur de la
mort, il en était devenu le dispensateur 20 de la
récompense aux justes ; il les mène désormais aux régions
supérieures; les Érinnyes se chargent des autres. Enfin
on l’a vu tantôt éphèbe accompli, tantôt beau parleur,
doué du geste et de la parole décisive. Un léger change¬
ment dans le mouvement du bras, dans la physionomie en
fera, sans même déranger son attitude générale, l’orateur
professionnel. C’est ce que montrera la statue de
Cléomène ’21, qui reproduit peut-être un type antérieur
d’Hermès Xovioç22 et y adapte adroitement le visage de
1 R*yet, ilonum. II, pl. l ; Collignon, Sculpt. gr. II, 398; Wood, Discoveries at
i’Mesus, p. 218 sq. ; Robert, Thanatos, p. 40 ; Arch. Zeit. 1872, p. 72; cf. Clin.
Uiü. n at. 30, 14, 03, d'après qui ce travail pourrait être de Scopas ; Hermès y a le
caducée. — -2 Gaz. arch. I, pl. vu, p. 21 (Ravaisson); Aihen. Milth. IV, p. 183;
Collignon, Sculpt. gr. Il, p. 372, fig. 192. La figure est prise dans Duruy, Hist. des
'°m' lv> P- 33. - 3 Collignon, Sculpt. gr. II, fig. 201, p. 3S3 ; cf. Cavvadias, Calai.
ju, 210, 241-2 ; Alitth. Aihen. 111, p. 25, 101. — 4 Voir encore l'Hermès dit du
clvédère et une belle copie, dite statue Lansdowne, d'un adolescent nu sauf la clila-
■ ' sur 1 épaule et. le bras gauche, procédant manifestement de 1 Hermès tel que
') slallllii'c grecque l'a constitué au iv° siècle, Furtwangler, Meisterw. p. 504 ;
irek- Zei‘- 1874, pl. xxxvii-xxxvm. — » Aihen. XII, 53 (p. 537 c). 11 se costumait
l( s0 aussi en Ammon, en Hercule et même eu Artémis. Cf. Gaz. arch. 1870,
P' P1- «u (Koulez). Une statue d’Alalanli (Aulis) de l’Hermès paleslrique et nu
avoir le type facial d'Alexandre, Bull. Inst. 1800, p. lit; Kékulé, Antik%
j1 ' l0erle- Thés. p. 118, — 6 Toute fortune heureuse était appelée Ippaia Sic i;
3'T“h''' d6s Le temps d’Eschyle, Eum. 947; Plat. Phaed. 107 c. — 7 Arisloph. Pax>
ct schol. ; cf. Arch. Zeit. XXXIII, p. 3; XVIII, p. 83. — 8 Suid. s. v. 'lUîjjn;
5- ”• 'Eç:x*i?; Pollux, VI, 55; Id. s. v. Ippatov ; Thcophr. Caract. 30.
_ 10 01r suP>'à, p. 1805 et vol. II, p. 1065, fig. 3650 ; Cornutus, Tlieolog. Gr. 15-16.
Ul> même temple était dédié à lui et aux Muses, Paus. VIII, 32, 2 ; cf. Museo
Florent. I, p. 343 ; sa mère a passé pour une Muse ; cf. Creuzer-Guigmant, III,
part. 1, p. 186 ; Eustath. ad Odyss. XIV, 435. — U De nombreux ex-voto sont
communs à Hermès et aux Nymphes : Bull. corr. Iiell. 1881, p. 349, pl. vu ;
Furtwangler, Coll. Sabouro/f, pl. xxvu-vm; Athen. Alitth. 1888, p. 3o3; 1893'
p. 212; Jahrb. des deutsch. Inst. ( Anz .), 1890, p. 87; Journ. of hell. stud. Vil)
p’ 2i5,’ fig. 3. _ 12 Pausan. VII, 1,4.— l3Diog. Laert. Proem. 4. — H Voir supra,
p. 1811, il. 4. Les monuments mentionnés sont du iu« siècle. — '3 Paus. IX, 39, 7
cf. O. Muller, Handbuch, § 387, 1 ; Arch. Zeit. 1865, pl. ccu ; Jahrb. des d. Inst.
1891, p. 258, discuté par Studuiczka, Ibid. p. 260 et Kleiu, Ibid. 1892, p. 140-8.
N’y aurait-il pas là encore une idée de ruse, correspondant bicu au caractère
d'Hermès? —'6 De Witte, Élite céram. 111, 73,76; Arisloph. Pax, 424,433
et schol. Athen. p. 660 ; Diod. V, 67, 2. — n Babelon-Blanchet, Bronzes de
la Bibl. Nat. 314. —'8 Froelmcr, Notice, 19; Collignon, Sculpt. gr. II,
p. 647, fig. 339; Hauser, Die neu-atlischen Reliefs, p. 112. — 19 Diog. Laert.
VIII 1, 31 (19)- Hermès y est tout autre chose que l'ancien itopitatoî
— 20 Tap.ia;, Diod. 1, 16, — 21 Rayct, Alonum. 11, pl. i.xix; Collignon, Op. I. Il,
fio-, 337 ; Frochner, Notice, n° 184; Clarac, Catal. 712. Une tortue est sous les
plis do la draperie qui tombe du bras gauche. — 22 Helbig-Toutain, Guide, 11.
n" 871, p. 106 ; Furtwangler, Meisterw. p. 86 Prcller, Gricch. Myth. I,
p. 339-12.
Ml-K
181 G —
quelque Romain précurseur ou émule de Cicéron. D'appa¬
rentes étymologies préparaient aussi le nouveau travail
des esprits chercheurs sur l’essence d’IIermès. Depuis
Platon, le verbe âpix^veûsiv1, qui désigne l’interprétation
de la pensée, le don d’expression, paraissait apparenté
au nom du dieu. Une confusion cherchée et voulue avec
un des dieux égyptiens fit le reste ou y aida beaucoup.
Le Thoth à tète d’ibis, honoré à Hermopolis, mais venu
peut-être de Phénicie, représentant l’invention de l'al¬
phabet et la mesure du temps, était depuis longtemps
connu en Grèce". On fut de plus en plus frappé des
caractères qui lui sont communs
avec Hermès, et, quand Alexan¬
drie fut fondée, on se piutà mêler
leurs attributs 3 . Ce dieu de l’in¬
géniosité était représenté avec
une grande plume d’ibis au-des¬
sus du front4. Or, sur un groupe
en bronze d’Antioche où Hermès
lutteur terrasse un personnage
inconnu, entre ses deux ailes,
une plume est fixée au ban¬
deau dont sa tête est ceinte
(fig. 4955)®.
11 est vrai que cet appendice
peut tout aussi bien être une
partie de fleur de lotus, et la
question a été curieusement dis¬
cutée 0 par les archéologues. 11
[•■ig. 4930. - Hermès lutteur. gufflti p0Ur établir l’identification
voulue des deux divinités, que le
même attribut caractéristique soit au front de l’un et de
l’autre. C’est le cas, puisqu’un assez grand nombre de
bronzes gréco-romains le prêtent à Hermès et que même
on trouve le dieu accompagné d’un ibis \ Que le bronze
d’Antioche soit du temps des Séleucides8 ou de celui des
Antonins 9, la donnée qu'il nous fournit est confirmée par
Diodore de Sicile, qui voit en Hermès le compatriote et
le compagnon apprécié d'Osiris111. Dès lors il est con¬
sidéré non plus comme un dieu simplement bien disant,
mais comme le bienfaiteur intellectuel de l’humanité. Il a
notamment trouvé pour elle : 1° la parole articulée, 2° le
vocabulaire, 3° l'écriture, 4° l’astronomie, 5° la théorie
de la gamme, 6° le culte et les rites, etc. u, en un mot
toutes les méthodes et tous les arts, à l'exception de ce
qui sert aux besoins usuels et à la vie courante12. Il fut
enfin l'IIermès Trismégiste. A côté de dieux qui repré¬
sentaient la toute-puissance, la Grèce en cherchait un
qui fût l’omniscience, elle l’avait trouvé.
Une formule unique a rassemblé toutes ces notions :
on a dit qu’Hermès était le Aôyoç, la faculté rai-
I Diod. I, 162 ; S. Justin. Apol. I, 21 (Migne, 56). — 2 Plat. Pkaedr. 174 c.
— 3 I-lut. De Isid. et Os. 3.-4 Ebers cité par Furtwanglcr, Donner Jahrb. 103,
p. D. En Grèce, celte plume désignait les Muses, dont nous avons vu les rapports
avec Hermès. — 5 Dev. arch. XXXV, pl. xvm ; Jahrb. d. Inst. 1898, p. 177.
— G Voir Donner Jahrb. 107, p. 45 (Furtwangler) et p. 48 (l.ocschckc) ; Forster,
Jahrb. L. I. et Ibid. 1901, p. 48-9 ; Du U. corr. hetl. XXVI, p. 231. — 7 Furt¬
wangler, Bonn. Jahrb. 103. Réciproquement des dieux égyptiens, comme Anubis,
empruntent son caducée à Hermès ; voir fig. 340 du Dicliounaire. — 8 Forster,
L. I. — 9 Joubin, Dev. arch. L. I. — 10 Diod. I, 15. — H Id. 1, 16. — 12 Id.
Ibid. 43. Cf. E. Ménard, Hermès Trimégiste , Paris, 1866. — 13 Cornutus, Theolog.
ch. XVI. — 14 S. Justin. Apol. I, 22 (Migne, 57) : il yîysvtivOat ix 0eo j kÉyojwv Aoyov
0eoO, xoïvov tovto ÉVrio u|xTv T0Ï5 tôv * E 'ytrp Xôyov tov 0iû'j aYÏ xXrtxov 7eyourTtv.
_ 15 Fest. p. 124; Bréal-Bailly, Dict. étxym. p. 190. La désinence urivs se retrouve
dans des noms comme Velurius. Autres formes : AJercuris et Mirqurios qui semble
une forme hellénisée. Cf. p . 1818; Corp. inscr.lat. 1, 59, 1500; VI, 518 ; XII, 2 4 40;
mer
sonnable départie par les dieux à l’Homme SPl,i
cires vive uts. C’est en cela ,,,,'11 esi
et la est son seul et véritable message Non Zei
eût oublié les fonctions plus vulgaires qu'i> .!?
jusque-là. Un stoïcien du icr siècle les Lml ","P lcs
le
(au nombre de dix-sept) elles interprète to„i,s
liquement 13 comme des manifestations de h ?
raisonnable. Hermès est si bien l’incarnation delan? •
universelle que les chrétiens ne l’ont pas nié ct 1,c"see
'apologiste saint Justin tentera d'expliquer ’rationnï
ement aux païens la religion nouvelle, en vni Gr i
dira : « Nous appelons Jésus-Christ le X6yoÇ : nous lui JJ
quons la dénomination que vous donnez à Hermès14 >,
H A Rome et en Italie .-Mercurius est un nom formé
de la même racine que merx marchandise, rnercet
salaire, mercari trafiquer13., etc.
1° Origines. Caractère proprement romain du dieu.
— Cette étymologie transparente nous livre la seule
notion claire et certaine que nous ayons de la première
histoire du dieu à Rome : il était comme Pecunia
Aescularius , Argentinus le, favorable ou contraire au
gain des marchands. 11 figure dans les premières listes
que nous avons des douze grands dieux, mais nous
savons qu’il était absent des Indigitamenta Est-jl
néanmoins de création romaine, antérieur à tout apport
hellénique? C’est très probable18, élanldonnée l’liabi-J
tude latine de faire des divinités avec des noms tirés]
des actes les plus ordinaires de la vie. Mais Rome à
l’origine n'était nullement une cité commerçante : les
progrès du dieu ont dû attendre ceux du négoce. Au
début du ve siècle, les uns et les autres étaient déjà très
avancés au témoignage de Tite-Live : la Cité inaugurait
un temple de Mercure; les deux consuls se disputaient
l’honneur d’en faire la dédicace [dedicatio] 19, et de donner
des statuts à l’association des marchands. Le Sénat char¬
geait d’avance celui qui remplirait ces deux offices de veiller ;
aussi à l’approvisionnement de Rome en blé [annona)n\
Nous voyons que vers la même époque cette denrée
manquait et qu’on en faisait, pour parer à la disette, de
grosses importations d’Étrurie et du sud de 1 Italie. Hj
semble donc que le commerce du blé soit celui qui a
donné de l’extension à la confrérie des marchands et
développé l’importance de leur dieu21. Les Romains ont
pu croire que les conseils des livres sibyllins le leur
recommandaient. Quant à l’influence de lÉtruiie, qui al
donné à Rome beaucoup de ses institutions religieuse,
pour ce qui concerne les tout premiers débuts d ( l 1 1 1 ’’
elle est possible22, mais non pas historiquement P10inl
Mercurius a pu sortir directement, comme un 11,1 0 j
naturel, d’une racine de la langue parlée par h s I1 "l ’
du Latium et on ne voit pas, chez les anciens Llm. 1 i
Servius, Ad Aen. VIH, 138 ct Arnob. III, 32, donnent r-itym0!0^1^^^ ï
medicurrius de médius ct currere. — tu Cf. Rosohcr, Lexilcon ,1
— HEnnius, Ann. fr. 15, C, v. 426; Mart. Cap. I, 42; Augus . J\wa ^arl„i les
Vai-r. De re rust. 1, 14. Mercure figure parmi les dieux u> a" ’ ij,i donne
douze dieux ruraux consentes que Varron invoque. établi par Evaudr*?-
le culte de Mercure comme aussi ancien que celui de launits, _ ^ ^ 3, {> ■
-19 T. Liv. 11, 21,7; 24, 3; 27, 5; Dion. liai. VII, 2; » ’ avcc Cérfl
— 20 T. Liv. V, 13, 6; XXII, 10, 9; Dion. Hal. XII, 9. Mercure es ]a sl.c0„daj
puis avec Neptune dans des lectistcrnia à 1 occasion de eu ^ j,ull ^ j,lé
au début du iv« siècle av. J.-C. On le voit sur des monnaies en a
(Babclon, Monnaies, 11, p. 2, 59; Coins Drit. Mus. D- P- 3') ^ navire (v0,r.
p. 57, 12; Sicily. p. 230, 10); il a souvent au revers un0 pr f/ist. de 1,1
notre fig. 4950) ; Babclon, Ibid., Inlrod. VH et passun. , OcrbardS
monn. Il, p. 229. - 21 T. Liv. V, 13; Dion. Hal. ex. X ■
U cher die Gotthe.it. d. Etrusher, p. 2.
MER
— 1817 —
MEK
(l semblable remontant aux premiers temps, bien
commerce ait de beaucoup précédé celui des Ro¬
de d‘1'
fiilC 1 o u . , . . .
• Mais Ü est bien certain qu ils ont eu connaissance,
ni'|l!.i’' IUC par les vases peints venus d’Attique, de
, si nonulaire au ve siecle. Au courant ou a
l’Herines grec r i
l u de ce siècle, par des ep.7topoi, importateurs venant
ils ont pu apprendre qu’entre autres attribu-
• Je ce dieu, celle d’èp.7roXatoç, président des trafics,
.•semblait fort à la notion du dieu romain de la vente
\ de l’achat. C’est eux sans doute qui, sans adopter
'Paiement pour eux-mêmes cette divinité d’Athènes,
en ont transmis la connaissance à leurs voisins. C’était
donner à ceux-ci une révérence plus grande du dieu
■ncdogue, qui leur était déjà familier. Quant à sa
représentation figurée, il est incontestable qu’elle
passe, par l’intermédiaire des Étrusques, de Grèce à
Home
C’est sur les monnaies que ce type emprunté
s’osl produit d’abord, comme c’est par le syndicat des
marchands romains que le culte a été répandu et indéti-
uiinent propagé.
Parmi les confréries nombreuses qui s’occupaient
spécialement des honneurs à rendre à un dieu, celle
des Mercuriales était des plus anciennes et on suiL leur
trace en diverses villes très avant dans les temps de
l’Empire. Celle de Rome était localisée non dans la
ville primitive des quatre tribus, mais aux abords du
Pomérium. Elle y constituait un de ces pagi presque
urbains dont la nature quelque peu énigmatique a été
élucidée par Mommsen 2 [pagus]. Elle s’était attribué,
près de la porte Capène, une source dont l’eau était con¬
sidérée comme lustrale3. Avec un rameau de laurier on
en aspergeait les articles à vendre pour leur assurer,
par l’intercession du dieu, des chances sérieuses de débit.
Au demeurant, cette confrérie ne différait pas essentiel-
Fig. 4956. — Scxlans à l'effigie de Mercure.
lement des collegia adonnés à d’autres cultes [col-
LEfiini, mercator, p. 1740 et s.]. Les mêmes hommes
huent membres ou magistri des uns et des autres \
Cicéron nous apprend que les Capitolini et les Mer-
^■nales eurent à exclure en même temps un même
Personnage qui leur parut trop peu recommandable 3.
J'1 COl|h‘érie de Rome servit de modèle à des collegia
M'ici iriniium qui se multiplièrent dans presque toute
Ualie et hors d’Italie6.
Quant aux monnaies, Yaes grave du milieu du
iv“ siècle inaugure, pour nous, l’effigie de Mercure.
Antérieurement à cette date, le caducée s’est présenté
sur Yaes signatum 7, sans que ceternblème, qui a circulé
de tout temps parmi les peuples antiques, y désignât
nécessairement notre dieu. Le type que les magistrats
monétaires empruntaient à la Grèce est celui que la pein¬
ture y représentait à la même date : un visage jeune et
imberbe avec un pétase à bords peu développés, muni de
deux petites ailes (fig. 4956) 8; au revers une proue de
navire, il a pu pénétrer à Rome par le port d’Oslie qui
recevait des vaisseaux de la Sicile et de la Grande Grèce3,
plus probablement par les Étrusques dont le commerce
avec la Grèce propre était de longue date très actif.
Les artistes d’Étrurie ont eu une prédilection toujours
croissante pour le type de l’Hermès grec rajeuni qu’ils
copiaient lourdement. Quantité de miroirs gravés le
reproduisent 10 avec la chlamyde qui découvre les formes,
dans toutes les attitudes des peintures céramiques grec¬
ques à plusieurs plans, c’est-à-dire de la dernière période.
Quelquefois il est accompagné de son nom Tanna", où
Ottfried Millier voit la transcription de 'Ep^ç, où Gerhard
hésite à reconnaître soit ce mot, soit Terminus , que
Deecke12 déclare n’être ni latin ni grec, mais purement
étrusque. Mais ces monuments ne sont pas anciens et
ne prouvent pas qu’Hermès soit devenu une des
divinités familières de l’Étrurie. Les artistes étrusques
paraissent avoir obéi, en multipliant ses images,
à leur goût pour les choses d’art venant de Grèce,
plutôt qu’à une pensée religieuse, soit qu’ils le repré¬
sentent ressuscitant un des Cabires morts (lig. 915) 1 ',
soit qu’ils empruntent une scène où il est psychopompe,
avec le surnom d'Aitasn, ou bien où il apporte dans les
balances les sorts d’Achille et de Memnon (lig. 4937) u,
ou encore où il présente les déesses a Paris appelé
Alixentrom ; sur ce dernier monument le dieu est aussi
i; 'ar|l'a> Art étrusque, p. 612, sur l'emprunt par les Étrusques des types arlif-
^50t!,,l'!Cl,Xde,aGrèce' — 2 Mommsen ap. Corp. inscr. lat. I, p. 159, 205, 0.
n 1 ast- v> C73; Jordan, Topoyr. 11, 542, 378, 599 ; Gilbert, Stud. rom. 11, 251,
I |y' "'Jll,or' Tvpoyr. d. Stadt Rom, 2” édit. 1901, p. 343. — ’* Borgliesi, Œuvres,
nr les’ 407 ; Mom"*sen, L.l.—i Cic. Ad Quint. 11, 5, 3. — 0 Voir Waltzing, Étude
Prot'ess- Indic. — 7 Babelon, Op. I., Introd. p. 4, 1, p. 17-18 ; Mardi i
P • 187 101 '’ ^aes9rave, pl. vu, 3; pl . ni, 9. — 8 Mommsen, Bist. de la monn.rom. I,
Sem|||() s'Snalc un exemple au iv' siècle av. J.-C. à Ardca près d'Ostic. 11 en ras-
d0„l)l K ,llllran laine ayant au revers Janus imberbe, Ibid. p. 334. Sur ce Janus
'Sml les traits de Mercure, cl. notre fig. 551. — 9 Par ex. Babclou, Op. I. 1,
p. 36 (v. notre fig. 4956), 46, 52, 60, 6V, 390 ; 11, 106, 183, 201,247,263, 270, elc.
monnaies des iv* et ni' siècles. Le type d’Élruric ne présente aucune différence avec
ceux des autres régions d’Italie. Cf. Il rit. Mus. Coins, 1t. 1-16 avec le reste du vol.
— lo Gerhard, Elr. Spiet/el, vol. l-W passim. Par ex. vol. 11, pl. cxxvu, exxix, exw,
cxxxi, clxv, clxxii, clxxxix, cxcu, cxcv, ccxxx. — U Gerhard, Op. I. ; Ibid. 11, pl.
I. xxiv, LXXV, cxxvu, clviii, cc, cci.vii, cccxxxu. — lîOtlfr. Muller, Etrusk. 2e édit. Il,
p. 74, mais voir note de Deecke, Ad l. — 13 Gerhard, Elr. Spiegel, pl. i vu. — P* Ibid.
II, 172. Inscriptions Utliuse (Odysseus), Ternsias, Turmt Aitas, qui semble bien,
comme les deux précédents, une transcription des mots grecs, 'Ep;xri; 'AiSr,;,
malgré l'avis contraire de Deecke, cf. Ibid. 111. p. 223. — '3 Ibid- II, pl. xxxv, 1.
MER
— 1818 —
accompagné de son nom latin, écrit mirqvrios1. Celte
forme altérée, substituée au nom plus habituel, semble
Plutôt prêtée par les Latins que fournie et suggérée à ce
peuple, et dénote peut-être un travail spécialement fait par
un étranger pour les Romains. L’art de l’Étrurie a sans
doute approprié seulement à un dieu voisin, qui ne sor¬
tait pas de son propre Panthéon, un type figuré qui a fait
fortune. Quant à Tagès, en qui on a cherché à voir le pro¬
totype de Mercure, il n a rien de commun avec lui ; il est
l’ancêtre étrusque des haruspices 2. La tête d’Hermès grec
des monnaies romaines y figure quelquefois accolée avec
celle d’Héraclès en forme de Janus bifrons et ces Mer-
cures ù double tête rentrent dans l’idée primitive de Janus
avec lequel ils se confondent originairement 3. Très sou¬
vent le revers porte une proue de navire \ ce qui peut
être une allusion au commerce par mer, mais n’est pas
du tout spécial aux pièces à effigie de Mercure.
Avant les poètes d inspiration alexandrine ou hellé¬
nique du Ier siècle, les Romains, tout en acceptant le
type extérieur importé de Grèce, n’avaient enrichi d’au¬
cun élément étranger leur conception du dieu commer¬
cial. On le voit aux précautions que prend Piaule, avant
de présenter dans Y Amphitryon un Mercure tout hellé¬
nistique. Il emploie quatorze vers du prologue à détailler
la conception du dieu du lucre familière à son public,
pour y rattacher habilement l'idée grecque du dieu mes¬
sager, laquelle à son tour amène son plaisant message
aux auditeurs \ Deux vers marquent spécialement
l’étonnementb provoqué par l'aspect nouveau que la
pièce va donner au dieu des trafiquants romains. Ce
peuple pratique avait là une divinité conforme non pas
à l’image ennoblie qu’il prétendait transmettre à la
postérité 7, mais à sa ressemblance réelle, telle qu’il se
l’avouait à lui-même aux moments où l’héroïsme n’était
pas de mise. Mercure est le dieu de ces Romains soigneux
du pécule qui élevaient leurs enfants avec des leçons
de numération commerciale comme celle qu’IIorace a
décrite 8. De là son prodigieux développement dans le
monde romain.
2° Culte de Mercure à Rome. — L’ancien temple dédié
en 495 9 est le seul sur lequel nous ayons des rensei¬
gnements précis. A défaut des deux consuls récusés l’un
et l’autre par le peuple, un centurion primipilaire remplit
le rôle de pontife pour cette cérémonie19. Ce temple était
sur les dernières pentes de l’Avenlin, faisant face au Circus
maximus". Il était circulaire, comme ceux de Yesta,
si c’est bien une restauration identique de ce temple que
présente une monnaie de Marc-Aurèle (fig. 4958) 12. On a
1 Gerhard, Ibid. II, 182; C. inscr. lof. I, 59; Millin, Galerie myth. CLI. Ce miroir
peutvenirde Préneslc, où se sont produites les mêmes influences qu’en Étrurie; ce
type du dieu convient à une œuvre faite pour des Latins par un artiste de culture
grecque. Il est remarquable que la forme en question est la même qu’on trouve dans
une inscription de Délos comme traduction latine de Hermès, Bull. corr. hell. I, p. 285;
Eph. epigr. IV, 7G (sans doute prononciation grecque de Mercurius). — 2 Cic. De
divin. II, 23, 30; cf. note de J.-V. Leclerc, Ibid. vol. XXXI, p. 318. — 3 Babelon,
Monn. delaRép. II, p. 400 ; Lenormant, A oui', gai. mylhol. p. 7. —1 Babelon, Alonn.
de la Itép. et Mommsen, Bist. des monn. passim. Voir notre fig. 4056. — 0 Plaut.
Amphitr. vers 8-12, enclavés dans les autres, pour insérer l’idée du dieu messager
dans celle du dieu marchand. L. Havet (cum discipulis Ed. Plauli Amphitruo, Paris,
IS95, p. 3) déplace ces vers, qui gênent en effet, si on n’en voit pas l’intention.
— G Ibid. v. 116-117. — 7 Cf. Boissier, Préface à l' Bist. rom. de Michelet , dans
la Rev. des Deux Mondes, avril, 1898. — 8 Hor. Ad Plson. 325-30. — 9 Année de
la mort de Tarquin, 259 de Rome, T. Liv. XXI, 7. — 10 Ov. Fast. VI, 669 : spec-
tantià Circum ; Apul. VI, 8, p. 395 : rétro metas Murtias ; Baumeister, Denkm. art.
homa, p. 1495; Jordan, Topogr. d. Stadt Rom, II, p. 529; Eph. epigr. III, 6, 9 ; C.
iuscr. lat. I, p. 393. — U T. Liv. Il, 27. — 12 Cohen, Méd. imp. III, p. 54. — 13 Nar-
dini, Rom. ant. VII, 3, mais cf. Hülsen, Rôm. Mitth. 1894, p. 96. — U Près du
temple ou d’un des passages de Janus, Fest. p. 161. — 13 Fesl. p. 297. Plus
MER
encore retrouvé de vagues restes 13 D’au U
dont nous entrevoyons l’existence éhi, sancLuaircs
simples chapelles. Il est possible que ch u, , ?euUêtre Jo
marchande ait eu la sienne où le dieu Un IJe“
particulier. C est ainsi qu’on
l’appelait malevolus dans un
emplacement 14 où il se trouvait
tourner le dos aux boutiques-,
sohrius dans un autre où il n’y
avait pas de tavernes (à moins
que ce ne fût parce que là on lui
offrait des libations non de vin,
mais de lait16). La consécration
du temple de l’Aventin avait
eu lieu aux ides de mai 1G.
C’est en raison de ce fait que les marchands cél4
braient Mercure à cette date ” C’est peut-être pour 1
même raison que l’on s’avisa de le faire fils de Mau,
qui lui créait une analogie fortuite
mais frappante avec l’Hermès grec
[maia, p. 1554]. Quoi qu’il en soit,
on consacra le temple à Maia et
Mercure qui, dit-on, avaient déjà
un culte commun en quelque autre
point du Latium18. Mercure a été
dès l’origine un dieu de confrérie :
les marchands 19, les revendeurs 20,
les changeurs21, formèrent sa clien¬
tèle première qui s’accrut non seu¬
lement de campagnards22 et d’ar¬
tisans, tels que les pêcheurs23,
mais, comme on le verra, d’hommes
appartenant à des catégories so¬
ciales très diverses24. Des dénomi¬
nations symbolisant des pouvoirs
très étendus lui seront attribuées,
mais Celles de LuCri COnseriHltor 23, Fig. 4959. —Mercure romain.
potens , repertor 26, Negotiator ou
Nundinator , dieu du marché21, l’ont été avec une persis¬
tance toute particulière.
3° Art et littérature : association de caractères hellé¬
niques et romains. — Les artistes qui voulurent repré¬
senter en pied le dieu romain du lucre n’empruntèrent
pas seulement, comme ceux qui avaient travaillé pour
les magistrats monétaires, le type hellénique du ivc siècle,
figure imberbe et pétase ailé. Comme marque spéciale du
caractère exprimé par le nom même de Mercurius, ih
mirent à la main un sac à argent, une bourse (fig-
uuun surnom
■d nous lui trouverons le surnom tout contraire d Epulo, organisatcui t .
rp. iriser, lat. VI, 514, 9714 ; Poinssot, Bull. d'Oran , 1884, p. - > c • l j0jj
1212. — 16 T. Liv. II, 21, 7; Fest. p. 148; Ovid. Fast. v’ ' ’
d. De mens. IV, 52; Plut. Quaest. rom. 86; cf. Preller, , ■
17 Fest. p. 148 ; Mart. XII, 67. Ovide, Fast. V, 103, «“«S1™3 ^ p|ul_
rcure qui a donné au mois son nom en 1 honneur de ta ™c p £0[
m. 19. — tx Censorin. De die natal. 22, 12; cf. Roschei, c ren(leri
)4._i9 Plaut. Op. L; Ov. Fast. V, 675; guicumque suas prof e J
rces-, Corp. inscr. lat. IX, 1707, 1710. Cf. notre fig. 4961, ™Fésc“ (fcJ
uc formant une pièce d’un ustensile de commerce , C. ri°pace Sat. Il» 3»
t. de la Bibt. nat. pl. xxxix. — 20 Ephem. epigr. M» 3-- .. °^jre' des achats
26, attribue le coynomen Mercuriale à un homme qui sai 153I|
mtageux. — 21 Corp. inscr'. lat. ; IX, 1707; Mommsen, R y^ 514-519»
22 Ibid. VI, 9483. — 23 Ephem. epigr. L. 1 — 24 Corp. inscr. « • » j
plus loin, p. 1820. — 23 Cf. Hor. Sat. II, 6, 5 ; Ibid. 3, 68. Mercu
nt le dieu des aubaines comme dans Lucien 1 Hermès «p ’ XII, 3687
cr. lat. V, 6594-6; VI, 520 ; Orelli-Henzen, 4329. — 21 tor/l','“^‘de ces mois est
.■lii-Henzen, 1410, mais la première lettre seule de lun ou ou i ^ II,
hic. Cf. Brambach, Corp. inscr. rhen. 1508, et Preller- ou an-
ÎJQ'J n I Qolirvl nrl Pn-ff V 111.
ILb. * '
,rc v est sinip'0";
26 Col-p •
MER
— 1819 —
MER
, I l’aspect romanisé de nombreuses statues du
^ tS] a unes où il est, comme en Grèce, nu ou ù
dieu,
pe
une
vêtu
de la légère chlamyde (fig.
les autres
ni’iiula plus ou moins ample tombe en grands plis
ml lil a
let derrière lui 2. Souvent, au lieu du pétase ailé,
l.|l',1"|lX petites ailes qui sortent de la chevelure même 3.
ÜVnoi’ppment il est debout, mais on le trouve assis4.
Orciunu11 ,, . ,
, , , q f o i s il élève orgueilleusement en iair le sac
jurent qui proclame sa qualité de Romain et d’enri¬
chisseur K, exprimée d’ailleurs non moins clairement
par son association avec la Fortune sur une fresque de
Pompéi (fig. 4960) 6.
Il est arrivé que les poètes, eux aussi, dans le portrait
qu’ils traçaient du dieu, réalisaient une sorte de com¬
promis entre la conception grecque et la romaine. Ainsi
Horace et Ovide. Le premier, qui se plaisait à esquisser
d’après les lyriques grecs le portrait moral d’Hermès 1
en y glissant quelques traits de l’époque alexandrine 8,
s’adresse aussi, dans les satires, au lucrorum conserva-
tor 9 qu’il s’amuse à prendre pour son dieu spécialement
tutélaire. Le second mêle hardiment tous ces différents
caractères, au risque de les faire se heurter 10. Il esquive,
en l’enclavant dans les mots où il évoque le dieu inven¬
teur de la lyre, sa fâcheuse spécialité de voleur 11 comme
s’il en était gêné. Les Romains prenaient les affaires
d’argent fort au sérieux, et ne se prêtaient pas comme
les Grecs au jeu qui eût fait du dieu des gains commer¬
ciaux celui du vol.
Quant aux artistes de Rome, leur propension à com¬
pliquer de plus en plus la représentation des dieux a fait
due, pour caractériser Mercure, la bourse ne leur a pas
suffi Ils ont recherché pour lui des attributs grecs sans
rapport avec ses attributions romaines ; ils lui en ont
inventé de nouveaux. Au caducée ils ont ajouté une paire
fi ailes tantôt au-dessus, tantôt au-dessous des deux ser¬
pents [agyieus, lig. 41921. Ce symbole n’a pas d’ailleurs,
chez les Romains, passé de l’art dans la vie pratique : les
féciaux qui portaient aux peuples la paix et la guerre
n’ont jamais échangé contre le caducée les brins de
verveine et les sagmina [fetialis]. Le bouc et le bélier
grecs (ainsi que le veau 13 et le porc) accompagnent
souvent la représentation de Mercure, non pas sans doute
qu’on sût la tradition de ses lointaines origines, mais
parce que ces animaux étaient communément ses vic¬
times14. La tortue qu’il a souvent à la main ou à ses
pieds 15 s’explique par la légende grecque ci-dessus rap¬
portée (p. 1809) et cependant est plus fréquente dans l’art
romain qu’elle n’a été en Grèce. Le coq16 est tout à fait
romain et d’époque tardive. On n’a pas été en peine pour
l’expliquer ingénieusement17, mais sans doute il a sim¬
plement été attribué â Mercure par la piété d’adorateurs
qui le voyaient à d’autres dieux. Un de ces coqs joints â
Mercure est gigantesque, un autre a dans le bec un épi
de blé18. Les Romains ont aimé à multiplier auprès de
Mercure les figures d’animaux. On voit encore avec lui
un sphinx et un scorpion qui restent inexpliqués. A sa
main se trouvent la patère 13 ou le rameau magique 20
(retour à l’origine du caducée), qui sont des emprunts
grecs. La corne d’abondance est assez rare, étant plutôt
l’attribut de la Fortune. Presque tous ces attributs sont
réunis au fronton du temple de Mercure représenté sur une
monnaie déjà citée (fig. 4958) 21 et autour du dieu, sur une
assiette d’argent trouvée en Normandie, mais œuvre d'un
artiste romain ou d’un grec d’Alexandrie (fig. 4961) 22.
Slaluette de bronze, FurlwSngler Meisterwerke , p. 427 (on notera le torques
°'lr llu cou) ; cf. Clarac, Musées, n°* 1509-13, 1515-17, 1524, 1526-29 ; 1531; Mus.
Y|0I_' 'h 2 (Reinach, Répertoire, II, p. 154,8) ; Itoux et Barré, Herculanum,
) ' " (Reinach, Ibid. 155, 5); Louvre, sans n° ( Id. Ibid. 156, 3) ; Campana,
163 (Id. Ibid. 156, 0); Roux et Barré, VI, 49, 2 ; 50, 2 (Id. Ibid.
j,.’,1' 1,l®> *)i Louvre, 233 (Id. Ibid. 159, 9) ; Muller-Wieseler, Ant. Denkm. XXIX,
lihii |' ^ ’ I?urI'v<'ngler, Meisterw. p. 113 (Id. Ibid. 160, 4); Babelon et
m*inp‘el’ /lr°n~es de la Bibl- NaL n" 3 15-328, 330-333. Ces statuettes sont d'un
)Uji|J j10» sauf 'lue les unes ont les ailerons dans les cheveux, les autres au pétase ;
icseler, Ant. Denkm. Il, 330, où Mercure remet la bourse sur les genoux do
1Cij Mabel on, Op. I. 838 (Reinach, Ibid. 1G4, 5); Louvre, 229 (Id. Ibid.
jA ; mc°Uni, III, 76, pl. vil (Id. Ibid. 165, 6); Roux-Barré, VI, 5 (Id. Ibid. 165,
' • «iclon, Op. I. 340-347. — 3 Babelon, Ibid, n»1 317, 322-25, 333, 316. — 4 Id.
pl n ' 0_/* b Clarac, Ibid, n08 1512, 1518. — 6 Museo Dorbonico , VI,
' ~ 1 Hor. Carm. I, 10; III, 11, vers 1-2. — 8 Id. Ibid. I, 10, vers 2-3.
— 9 Hor. Sut. II, 6, vers 5, 13-15. — R* Ovid. Fast. V, 663-692. — n Id. Ibid.
vers 103, 691. — 12 C’est une question de savoir s’ils l’ont imaginée ou empruntée à
de rares représentations grecques. Ou la trouve sur une tessère grecque d’un greffier
de la Biu4f„ Bull. corr. hell. VIH, pl. i, u, p. 5. Le Turms étrusque ne Va pas.
Furtwangler, Berlin. Phil. Wochcnsclir., pense que Schrciber a tort ( Alexandrin .
Toreut. I, 187) do la rattacher à l'art alexandrin. Cf. Schol. ad l'ers. VI, 62 cl
Roscher, I, p. 2426. — I3 Corp.inscr. lat. XII, 1316. — 14 Ibid. VI, 512, 515, 1310;
VIII, 8246 ; XII, 3091 ; Arnob. 7, 21 ; cf. Roscher, Lexikon, I, col. 2397, 2399, 2401.
_ 15 Reinach, Répertoire, p. 156, 3, Louvre ; Corp. inscr. lat. XII, 3090. — 16 Corp.
inscr. lat. XII, 3090, 4136, 5693, 13616; Arch. Zcit. 1847, p. 10. — 17 Mait.
Cap. II, 177. — 18 Montfaucon, Antiq. expliquée, vol. I, pl. i.xxi, 5. — 19 Corp.
inscr. lat. XII, 1316; Clarac, Musées, IV, 1519, I), E. — 20 Montfaucon, L. I.
pl. i.xxn, 1; i.xxiii, 6 ; Eckhel, Doctr. mtmm. IV, p. 68; cf. Apul. Mctam. X, 30 ; XL
10. _ si Cohen, Monn. imp. 111, p. 54; Eckhel, Doctr. numm. VII, 60. — 22 Jour», of
hell. stud. 1882, pl. xxn, Bibl. nat. ; cf. Babelon, Guide au cab. des Méd. p. 344.5.
mi: r
— 1820 —
En somme, le Mercure romain n’a plus le fin sourire
de son prototype grec, ses altitudes sont marquées
pins complaisamment, son équipement, sa parure, les
marques de sa personnalité ont quelque chose de plus
compliqué. Ce caractère est
exagéré encore dans les
Mercures-panthées où on
s'est efforcé de fondre en sa
nature celle d’un ou plusieurs
dieux. On connaît plusieurs
Mercures- Apollon \ et un
curieux buste, qui a été un
ex-voto muni de tintinna¬
bula , est encadré non seule¬
ment par des cornes d'abon¬
dance, mais par des figurines
des dieux du Capitole, Ju¬
piter, Junon et Minerve (fig.
4962) 2 ; cet ex-voto est une
imitation de la pièce fondue
en forme de Mercure par
laquelle les marchands du
temps de l’Empire tenaient
leur balance suspendue pour
la pesée des marchandises
[libra]
Mais, d’autre part, souvent aussi les artistes romains,
épris de simplicité grecque, se sont contentés de repro¬
duire d’aussi près qu’ils le pouvaient, malgré le progrès
pes temps, les Hermès de Polyclète, de Praxitèle, de
Scopas, de Lysippe, etc. 3 De même, les poètes- se sont
le plus souvent attachés à la conception grecque du dieu
qui chez eux n’a de romain que le nom. Ainsi fait à peu
près Horace dans l’ode imitée d'Alcée. Il se plaît à évo¬
quer la figure du psychopompe 4 que les Latins ne se
sont jamais appropriée 8. Ainsi fait encore Virgile dans
l'Enéide quand il confie à Mercure des messages pour ses
héros. Par une inconsciente préoccupation de couleur
locale grecque, il néglige complètement la tradition popu¬
laire romaine pour laquelle le messager est avant tout un
protecteur du commerce. De même Properce, Lucain,etc.°
Plaute, qui dans le prologue de Y Amphitryon ébauchait
un compromis entre le Mercure romain et le dieu hellé¬
nique, dessine dans la pièce même une caricature7 du
messager des dieux, mais une caricature purement
grecque.
4° Extension des attributions et du culte de Mercure.
— La Iradilion populaire elle-même a le sentiment de
i Babclon et Blancbet, Bronzes delà Bill. nos 35C-300 (n«3fil : Mercure, Bacclius);
cf. Id. Guide aucab. des Méd. p. 334*. — 2 Babclon el Blancbet, O. c. n° 303 ; Guide ,
p. ü20.— 3 Par ex. Millier- Wiesclcr, Op. I. 11,311, où le dieu jeune a des volumina
aux mains; Id. Ibid. 318 (Mercure Ludovisi), 322, 333, nu, louchant le sein d’une déesse
assise ; Bayet, Monum. ant. Il, pl. lxix, i.xx (statue de Cléomène) ; Gaz. aveh.
1870, p. 55; Baumcistcr, Op. I. 738 ; Antic/i. d’Ercolano , VI, 29 et Miiller-Wieseler,
Op. /.Il, 309 (bronze assis de Naples), etc. D’autre part les Romains plaçaient dans
leurs temples des Hermès apportés de Grèce : Plin. Hist. nat. XXXIV, 8, 89.
— 4 Uor. Carm. I, 10, vers 17-20. — o Cf. de La Ville de Mirmont, Afyth. dans
Apollonius , p. 55G. — 6 prop. III, 30, 6; Lucan. IX, v. 0G1. — 7 Cf. caricature
peinte ap. Baumcistcr, Op. I. pl. supplémentaire, t. III. — 9 Servius, Ad Aen. IV, 842,
çst le reflet de celte tradition vague, mi-populaire, mi-érudite. — 9 Corp. inscr.
Uit. IX, 3307, testament d’un tribun praefectus fabrum, quinquevir ; cf. Mommsen,
Inscr. Neap. 198. — 10 Avec celui de la Fortune. Voir la pyramide d’Igel décrite cj,
pliquée par Goethe, Campagne in Frankreich, 23 Aug. Corp. inscr. lat. VI, 514.
-- Il Cf. Roschcr, Lex. II, col. 2823. Babclon, Op. I. I, p. G0, n° 44, montre le type
le plus ancien que nous ayons de monnaies à tète de Mercure dans différentes
villes d'Italie. — 12 C. inscr. lat. XIV, 2878, ancien collège de marchands à
Pr(*neslc. - *3 Voir plus haut, p. 1 8 1 G. — 1'» C. i. I. X, 3822. — I5 Ibid. IX
MER
'ampleur de la conception
^uiiLcpuon grecque ou il
dieu, el développe la sienne jusqu’à préi™ de
pouvoirs el des fondions que sa nalure AJ?*™**
nature commpMi.,!.
rter 8. D’abord sa clientèle ' ' ne
colley ium des Mercuriales reçoit des membres h Le
» • ^ n°noraires
semblait pas comporter
colley ium des Mercuria
qui ne font nullement profession de
une 13 1 ont peu t-
’ î la Sabine15 !
CATOB, p. 1740]. Des magütri d'autres “dèmaf J*"-
la, res de différentes fondions, des tribuns militai"!'
des personnages consulaires lui prouvent iem.
naissance par des autels. Hors d’Italie, ce sont suZ
les légionnaires qui ont propagé son culte ■» En i
même, nous le voyons répandu dans toutes lès réc-in
de la péninsule11. Le Latium12 et FÉtr»™ “
être connu avant Rome. La Campanie
le Samnium 16, l’Apulie17, la Lucanie13, " Calabre12
et même l’angle extrême du Bruttium20 ont, suivi
L’extension de ses pouvoirs nous est attestée par des
ex-voto où il est appelé Félix*1, Custos, Calestù
Fa ta lis**, Consentions, Conservator*3, Precum mi¬
nuter™, Sanctus, Finitimus *\ Revenant à ses origines,
il est le patron des voyageurs 26, il assure leur bon retour!
c’est lui qui a inventé les routes27. Il favorise la cons¬
truction d’un aqueduc28. Pour un de ses fidèles, imbu
d’idées grecques, il est dieu de la joie, roi des festins20.
Il est revêtu enfin de fonctions plus sérieuses, plus
« augustes », et cette dernière épithète lui est attribuée30.
Il assure le salut des hommes en danger31 et on lui
demande celui de l’empereur32. Il est le génie de la Paix
et de la Concorde33. Il amène la vicloire30 : il est in-
victus 3B. Il préside aux choses de l’État, par exemple au
cens. Il est appelé deus aeternus 36 et n’est pas beaucoup
moins révéré que les divinités du Capitole, si bien qu’à
partir de l’époque d’Auguste il a un caractère de gravité
tout nouveau. Dans la célèbre ode politique qu’llorace
termine en cherchant quel dieu, adroitement invoqué,
viendra soutenir la République penchant vers sa ruine,
après VesLa, Apollon, Vénus et Mars37, il nomme en
dernier Mercure. Et, ce qui surprend encore plus, il feint
de croire que c’est ce dieu qui s’est fait homme sous la
figure d’Octave, pour venger César et sauver les Romains18. 1
Fantaisie de poète assurément, mais qu’autorisaient cer-l
tains courants d’idées contemporains. Outre les épi¬
thètes politiques de Mercure ci-dessus mentionnées, onl
en voit un indice dans le fait que les mêmes hommes, I
d’assez basse extraction d’ailleurs, figuraient dans u
collège des Augustales et dans celui des Mercui uih s
comme membres ou comme magistri 19 et que nu un , a
Nola et à Pompéi ces deux collèges n’en faisaient qu an,
3307, 4773. — 10 Ibid. IX, 072, 070, 1707. — 17 Ihtd. ; /Mrf. |
— 18 Ibid. X, 205, 232, 3 10, 483, 8342 «. — ,a Ibid. IX, 23, 54- , - '• |(|,
X, G. - 21 Ibid. VI, n» 521. - 22 Ibid. IV, 812, inscription peinte. ^ j
398 ; VIII, 51 ; Orelli-Henzen, 1403 ; Eckliel, Doctnnanum. \U, < ^ ,(W). ,
imp. V, 401. — 24 Dans une inscription d’un Grec : Kaibel, Epigu 01 ■ j xil,
nr. 5933; C.. i. I. VI, 520. — 23 Une seule fois el hors d’Itaie, • • ’ ^ ^ U
— 20 Ibid. III, 5190; V, 4240 ; VI, 3703; VII, 271, elc. Il est i H Ibid.
— 27 Ibid. VII, 771 : -vias el semilas commentes (est). — 28 ' >u ■ ’ , ‘ Louvrc, ,
VI, no 522 : EPVLONI MERCVRIO EVPHROSYNO, sur un autel du ^ ^ p ,ÎU
orné d'une (Iule et du simpulum à libations; Froebner, dVoOce i c ^ ij.i, etc.
n° 202. — 30 c. i. I. IX, 3307. — 3' Ibid. III, 1*35, 1508, a,,- : , J’ £{abc|0„, ^
— 32 Ibid. II, 180 ; Ephem. epirjr. V, 1212. - 33 0re11,^Ie^)CI’’Q3 g, ' ’as0, etc. I
Mann, de la Ilêp. I, p. 352; Cohen, Monn. imp. I» 0, 30, ' j_ p. 280, j
Ovid. Fast. V, 005; Metam. XIV, 291. -31 Babclon, - '■ JgB1, n» 3313,
400. — 55 Mommsen, Inscr. Neap. 700, 4140. — •1(’ i l(‘ * '' cst ici dans la
p. 543.-3- Hor. Carm. I, 2, v. 25-40.- 38 |d. Ibid v. *!-« • accomplit Pour
pure tradition homérique. Le dieu qu il invoque cest I ^ p £o9 ; Moni|,,stn' I
ses protégés les Lâches les plus difficiles. 21 f • ^ ’
MER
— 1821
MER
dont 1
il'lice
; était d’honorer la personne d’Auguste *. Un
autel trouve
niagister
à Rome porte la dédicace à Mercure du
• d’un deces collèges2. Etenfin des statuettes, qui
ae3. En vertu de ce précédent, on mêlera encore
lalité du dieu à celle de divers autres empe-
i ( name des illustrations du texte d’Horace, nous
,ut(.nt l’empereur Auguste avec les attributs romains
de Mercui’f
la personna
\vec le progrès des temps et par le travail des
,jis jqercüre en est donc venu à exprimer le ca-
^clcre'du peuple romain à la fois sous ses deux grandes
j/c(ig . je côté égoïstement pratique et le côté politique
d autorité et d’habileté gouvernementale.
5° Mercure transalpin. — Les provinces paraissent,
dès le Ier siècle avant l’ère chrétienne, avoir connu et
rapidement adopté cette conception religieuse. Toutefois
l’enthousiasme ne fut pas le même partout. Si les traces
d’un culte de Mercure sont très nombreuses dans la région
du haut Danube et du Rhin, dans la Narbonaise, dans la
Gaule centrale4, elles le sont moins en Espagne et en
Afrique et elles sont fort rares dans la partie orientale de
l’Empire6 qui, au reste, avait gardé la tradition altérée
mais ininterrompue d’IIermès. Le Mercure italien a
circulé surtout au delà des Alpes. César et Tacite le
trouvent l’un chez les Gaulois, l’autre chez les Germains °,
constatations qui n’en font guère qu’une, si on songe
que Tacite a connu surtout les parties de la Germanie
voisines du Rhin. « Ce dieu, disent-ils l’un et l’autre, est
chez ces peuples le premier en importance. » Nul doute
que Mercurius n’y soit la dénomination nouvelle et la
transformation d’un dieu barbare des régions gauloise
et germaine. Mais la transfusion était chose faite et
achevée dès l’époque où César a connu la Gaule, au
moins pour la partie qu’il en a connue.
Nous avons un grand nombre de noms de dieux
gaulois et de surnoms de Mercure gallo-romains entre
lesquels il n’est pas aisé de reconnaître l’ancien Mercure,
d’autant que cet ancêtre n’a pas été nécessairement le
même dans toutes les civitates \ Sans parler de Teutatès8,
nous pouvons croire que Dumias, Moccus 9, Arcecius 10,
Alaunus, Cissonius, Tourenus, Atusmerios 11 , Arvernus,
Visucius12, etc. sont des surnoms gallo-romains du dieu.
D autre part, Lucien nous fait connaître un Ogmios, dieu
gaulois fort étrange, vieillard disgracieux et trapu, élo¬
quent et savant, et l’étude des textes gaéliques a révélé
1 existence d’un dieu Lug dont le culte aurait été fort
répandu, rien qu’à en juger par le nombre de noms de
lieux qui paraissent formés de cette racine 13 . Or il faut bien
(lue le prédécesseur de Mercure ait été, plus ou moins,
un dieu panceltique et un dieu des arts pacifiques. « Les
Gaulois ne seraient pas arrivés à la conception ou à
Collège de N0la et Pompéi. — 2 Rôm. Mitth. VIIII1893), p. 222. Monument datant
I xii'1 ll ,r s*^c'e av- et représentant peut-être Mercure etMaia. Cf. C. i. I.
. M, 2221. — 3 ReV' arch. 1875, pl. xxxvi, p. 133; Duruy, Hist. des Rom. IV,
— ; d ’ ^aiac’ Musées, V, 2473 ; Babclon, Guide au cab. des méd. p. 327, no8 834-837.
fum des monuments et souvenirs de Mercure en France (notamment dans de
d reUï noras do lieux) dans Rev. arch. XXXV, p. 241 sq. — s Roscher, Lexi/c.
H, n, 9090 en
Tacil De ~~ Caes* DelL fjalL V1, 17 ; cf' BeVm CelL 1V’ P‘ l4; XI’ P' 224î
humain ^ ^erman% D’après lui, ce dieu recevait des Germains des sacrifices
civilisé * CC *n^*<®ue suPerposilion à un dieu primitif et sanguinaire du dieu
1407 * ^ ^e‘nach, Rev. celt. XVIII, 1897, p. 149. — # Orclli-Henzcu,
Poil0 n C°rp. inscr. lat. III, n» 5768. — 10 Espérandieu, Épigraphie du
(hev n\'ri ' ^ 11 -DwwmVw, nom sous lequel il était adoré au Puy-de-Dôme
p- 332 ^ cclL »• 420)-
<2 Robert-Cagnat, Epigra-
grailj —“'i p. 59. — >3 On croit retrouver le nom de ce Mercure dans un
ainsi Z, i ,C d aPPe"ations géographiques en Gaule ou dans les pays limitrophes,
ten,„|„ / unum< Lu gi-solium = Luxeuil, Lüg en Suisse, Locarno, et, plus près du
i t ni’VGrnp |_
’ ,es noms de la Loire, Liqer et du Lignon ; cf. P. Monceaux, Rev.
vi.
l'acceptation d’une divinité générale et à forme de Mer¬
cure, si leurs croyances nationales ne les y avaient point
prédisposés14. » Ces exigences se trouvent toutes satis¬
faites par diverses observations sur les noms et types
divers ci-dessus indiqués. L’érudition celtique a reconnu
que Visucius vient d’un mot qui veut dire savant15 et
n’est pas différent d’Ogmios16. D’autre part, le batailleur
Ogmios, qui devient protecteur de la paix, se laisse iden¬
tifier avec Lug qui semble bien être le grand dieu
Arverne17. Lug, « prince aux sciences multiples », a com¬
mencé par combattre et vaincre le dieu malfaisant Cer-
nunnos, et lui arracher sa corne. Il lui a pris sa compagne
Rosmerta18 et l’afaite sienne. Puis il est devenu pacifique
et, du temple que les Arvernes lui ont bâti sur le Puy de
Dôme19, il a rayonné plus ou moins dans toutes les
directions où s’étendaient la race celtique 20 et vers
quelques rameaux germaniques. C’est à lui (et sans doute
aussi à quelques dieux locaux qui lui ressemblaient) que
les gens venus de Rome ont aisément fait accepter le nom
de leur Mercure 21 . Une autre théorie, hypothétique comme
la précédente, veut que Teutatès lui-même, dieu d’Etat,
dieu de la vie guerrière, soit devenu le dieu apaisé qui se
prêtait à l’identification avec le porteur du caducée. Il
aurait laissé derrière lui une hypostase, une dépouille
divine à laquelle convenait le nom de Mars et qui l’a
reçu22. L’une ou l’autre hypothèse sont vraisemblables
dans leur ensemble. Des populations qui ont passé de
l’expansion guerrière et de l’offensive continuelle à
1’acc.eptation des civilisations voisines ont dû avoir tou¬
jours un dieu principal façonné à leur image, sauvage
d’abord et ensuite humanisé, soit qu’il y ait eu transfor¬
mation ou subtitution du vainqueur pacifique au farouche
vaincu. Le texte de César sur le Mercure celte est remar¬
quable en ce qu’il énonce seulement en troisième lieu la
qualification qui convient au dieu mercantile de Rome :
ad quaestus pecuniae mercaturasque... vis maxima. Il
a tout d’abord remarqué dans le dieu gaulois « un
inventeur de tous les arts et un créateur des voies de
communication »23, c’est-à-dire la conception alexandrine
et hellénique. Ce n’est pas le seul indice que la trans¬
formation du Lug ou du Teutatès adouci a dû se faire pre¬
mièrement par des influences grecques24 et égyptiennes
plutôt qu’italiennes. S. Reinach a montré comment, par
la mer, par la Province et par le commerce, dès longtemps
ces influences pénétraient peu à peu25. Le type figuré qui
provient d’Alexandrie (fig. 4955), avec la plume d’ibis
ou la feuille de lotus, nous sera offert fort exactement par
certaines statuettes dites gallo-romaines 2C.
Une preuve plus frappante encore de la docilité avec
laquelle les Gaulois ont fini par accepter sous leur aspect
histor. XXXVI, L. I. — >4 C. Jullian, Rev. des études anciennes , Bordeaux, 1902,
p. 219. — D’ Arbois de Jubainville, Rev. celt. IV, p. U, n. 5 : Rev. arch. 1873, XXVI,
p 94 . « Visucius est dérivé de la racine vid, savoir. Il parait un synonyme d'Ogmias,
nom de l'éloquence. Ogma est, d'après la légende irlandaise, inventeur de l'écriture.
Le sens propre du mot est savant. Zeuss l'établit par le gaélique et le gallois. »
— lii Zeuss, Grammatica celtica, p. 2. — n Rev. arch. t. XIII, 1866, p. 411 et
P. Monceaux, Ibid. XXXVI, p. 1-8. Sur cette question et snr tous scs alentours, cf.
Rev. histor. XXXV, p. 223-262 ; XXXVI, p. 1-28, 241-278. — 18 Bertrand, Rev. arch.
1884, pl. ix-x. — 19 Greg. Turon. Hist. Franc. 1, 30 ; cf. Rev. arch. XXIX,
p. 175, 325 ; XXX, p. 359 ; Rev. celt. IV, 14 ; Rev. épigr. du Midi, 1891, n" 61 ;
C. Rendus de l'Acad. des Inscr. 1902, p. 471. — 20 D’Arbois de Jubainville, Cours
de litt. celt. Il, p. 381 : Desjardins, Gaule rom. 111, p. 295; Rev. celt. X,p. 238;
XI, p. 236 ; Brambach, Corp. inscr. rhen. n°‘ 256, 593, 1741, 2029. — 21 Rev.
celt. IV, 15. — 22 C. Jullian, Rev. des études anciennes, Bordeaux, 4* série, 1902,
p. 107-114, 217-221. — 23 Caes, t. c. — 2V Atlienaeum, 16 juill. 1887. — 25 s.
Reinach, Bronzes figurés de Saint- Germain, Introd. p. 11-13. — 26 Voir p. 1822,
noto 10, el Longpérier, Bronzes ant. du Louvre, il" 223.
229
MER
— 1822 —
classique les dieux des civilisations hellénisées est
fournie par l’autel de Reims où, de chaque côté d’un dieu
barbare, aux formes étranges, accroupi et faisant tomber
des graines d’un sac qu'il lient contre lui, on voit deux
Fig. 4983. — Dieu gaulois entre Apollon et Mercure
divinités à la figure régulière et douce : ce sont tout à
fait les types gréco-romains d’Apollon à gauche, de
Mercure à droite (fig. 4903) 1 2.
En conséquence, le nom romain a été universellement
imposé au dieu gaulois ; c'est à celui-ci qu’appartenaient
plusieurs des épithètes latines qui nous ont semblé étendre
les pouvoirs du dieu des marchands. Les inscriptions de
ce genre sont sorties du sol par centaines en France et
dans la région rhénane. Elles attestent de très nombreux
sanctuaires du dieu et de sa parèdre Rosmerta3, sans
doute confondue avec Maia [maia]. A certains d’entre eux
appartenaient de véritables trésors d’ex-voto en orfè-
1 Cf. Rev. arch. 1879, I, pl. xxxv, un menhir où est sculptée la figure d’Hermès-
Mercurc. — 2 Duruy, Hist. des Rom. IV, p. 31 ; cf. Rev. arch. 1880, I, p. 339,
pi. xi ; cf. Robert et Cagnat, Epigraphie de la Moselle, p. fil. — 3 Cf. Robert et
Cagnat, O. I. p. 05-88. — '* Babelon, Cab. des antiq. p.54, pl. xiv, xvu, xxiv, xxxvm»
xi. i, li. Beaucoup de ces ex-voto viennenl d’un même personnage T. Domitius Tutus :
Chabouillet, Catalogue, ü 01-6; Journ. hell. studAW, 1882, pl. xxn. — 5 Sur les
fouilles récentes voy. C. r. de V Acad, des friser. 1902, p. 409. — 6Greg. Turon.
Z. ; Rev. arch. XXIX, p. 175, 325; XXX, p. 359; cf. Jullian, Rev. histor. 1893,
p. 322. — ' par ex. les statues de Mercure et de sa compagne (Rosmerta?) de Néris
(Rev. arch. 1880, II, p. 15) ; Reinach, Réperl. des statues, II, p. 167, no 7; cf. Ibid.
n® 6 et Bull, du Comité des travaux arch. 1891, pl. xxv, une statue en pierre du Puy-
de-Dôme ; Jahrb. d. Inst. Anzciger, 1897, p. 16, un Mercure vêtu d’un loug sarrau.
— 8 Babelon-Blanchct, Bronzes de la Bibl. nat. n» 362 ; Babelon, Guide, p. 334.
La filiation avec Mercure est indiquée par les deux ailerons placés sur une des têtes
et par la bourse tenue dans la main. Deux têtes sont imberbes et deux barbues. Le
caducée, tenu d’une main, a disparu. — '9 S. Reinach, Musée de Saint-Germain,
Bronzes, 50, 51, 52, 53 (type barbu), 54, 59, 01, 02. — 10 Jd. Ibid. n°48 ; cf. n°* 49,
55, 56, 57, 58, 63. — H Euripid. Fragm. Aleleagr. p. 748, Didot; fr. 537,
Nauck. — 12 Reinach, Ibid. n° 67 ; Rev. arch. 1881, II, pl. xvi, p. 72 ; 1888,
1, pl. i; Journal de la Société d’arch. lorraine , 1889, pl. x. — 13 S. Reinach,
Musée de Saint- Germain, Bronzes, p. 80, n° 68; cf. Bullel. monum. 1875, p. 575;
p. 18703, 38 ; Rev. arch. 1883, II, p. 388. — 14 Plin. Bist. nat. XXXIV, 45.
— Bibliographie. (Ouvrages généraux.) Pauly’s Real Encyclopaedie , mercurius
(Prellcr), t. IV, p. 184-2 sq. Stuttgart, 1846; Creuzer-Guigniaut, Religions de
l'Antiquité, t. Il, part. II, ch. v, p. 671-693, Paris, 1851; Welcker, Griech.
Gôtterlehre , II, p. 435, Gôltingcn, 1860; Max Muller, Lectures on the science of
language, Sec. Sériés, p. 402 sq. London, 1864 ; Cox, Mythology of the Arian
nations, II, p. 232, Lond. 1878; Decharme, Mythologie de la Grèce, p. 149-165,
2e éd. Paris, 1885; Preller-Robert, Griech. Mythologie , 4e éd. p. 385-422,
MER
vrerie artistique, comme celui des soixante r
argent offerts près de Rernay en Normandie' en
Canetonensis \ dans un petit temple détruit? TUrius
du ni8 siècle, comme l’a été le grand «mn . ecour»
de Dôme -, par une invasion d’Alaman" 7 du P»*
statuettes du dieu lui-même, celles qui sont e • aUX
qui perpétuent le souvenir de la vieille divin il/'?0 61
sous sa forme rude et sauvage * sont assez
breuses. Mais le nombre considérable et qui n°in'
toujours, des bronzes atteste la popularité du m“"°!
gallo-roma.n. Exceptionnellement, ils représentent ™?
rajeunissant une ligure très antique du dieu cell
exemple qui lui attribuait trois ou quatre tète?
(fig. 4964). Même ceux dont le style grossier dénote?
artisan indigène, représentent le type romain avec h
bourse et plusieurs animaux maladroitement ri„UI,(N
par exemple une statuette toute réaliste de la
rhénane où le dieu, figuré d’ailleurs à la
giecque, a les proportions faussées et une
expression idiote, et d’autres où il est nu
aussi, mais barbu 9. C’est un artiste gaulois
qui, sans traditions et sans principes, s'est
attaqué a 1 imitation d’un modèle venu du
dehors. Le travail soigné de quelques autres
bronzes dénote un artiste formé dans les ate¬
liers gréco-romains. Parmi ceux-ci, notons
le Mercure de Saint-Révérien, qui a la grande
plume ou feuille entre les deux ailerons10,
et une sandale au pied gauche seulement
(vieille coutume que les Pélasgcs Étoliens
avaient adoptée pour être plus vites à la
course)11. On connaît plusieurs répliques
de ce typp égyptien. Parmi ces bronzes
il en est qui reproduisent visiblement
d’aussi près que possible le type de Praxitèle12. Dans
les figurines grossières comme dans celles de travail
soigné, à côté du type debout qui est de beaucoup le plus
fréquent, on trouve le type assis 13 (nu, la bourse àla main,
les ailerons sortant des cheveux) qui paraît avoir été celui
du Mercure colossal sculpté par Zénodore sous Néron
pour le grand temple panceltique du Puy de Dôme u.
Berlin, 1887; Preller-Jordan, Rom. Mythologie , 3' AI. p. 239-231, Berlin, 1883;
Ploix, La nature des dieux, p. 170-211, Paris, 1888; V. Bérard, Ouy. el
cultes arcadiens , p. 251-315, Paris, 1891; Roschcr's Lexikon der ynec .
und rôm. Mythologie, art. hermes (Rosclicr et Chr. Scherer), I. P- J
2132; art. maia (R. Peter), II, p. 2231-2210; art. mercurius (St*l,d'"*’- ’
p. 2802-2831, Leipz. 1890-97; O. Gilbert, Griech. Gôtterlehre, L P- -
128-13 1 , Leipz. 1898. — (Dissertations spéciales.) Biilliger, Die vorgebl. ■ t ■ < ""•'M
am Merkuriusstabe, dans Amalthea, I, p. 101 sq. Leipz. 18-n,* "1.- -
Mercurii mytholngia, Paris, 1835; Gerhard, Uebcr Bermenbi el a
Abhandlungen, II, p. 120 sq. Berlin, 1808; Prellcr, Der
Philologue, l, p. 512-522; Ploix, Études sur /fermes , dans les . < »' lg6(j
Soc. de Linguistique, 11, fasc. 2; L. Ménard, Hermès Tnmêgiste, , ^
Mehlis, Die Grundidee des Hermes, Erlangen, 1870-77 ; Ros^el.’ |s8i.
mndgott, Leipz. 1878; A Scheffler, De Mercurio
Hoffmann, Hermes und heryleewn, Maiburg, ■ ^ ^ ;)0 j 848 ;
OLfr. Muller, Handbnch der Archaeologie, t. H, p- 287-291., 0 de
Müller-Wicseler, Denkmâler d. ait. Kunst, pl. xxvi" xxi ’ cirnmopr. ,
Wittc, Monuments relatifs à Hermès, dans \hhte r. es m » paris, 1880 ïj
t. III, p. 191 sq.; Collignon, Mytholog. figurée, P- 1 et Lcipxfc.
Baumeister, Denkm. des klass. Altertums, t. I, p. " < | p 30Ï sq. ;
1885; S. Reinach, Répertoire de la statuaire grecq.e J° ‘ ’ MercÀ
II, p. .19 sq. Paris, 1897-98. - (Mercure gaulois ) Freudenbeg, ^
und Roswerta, dans Bonner Jahrbücher , t. LUI 0 Monumental, l^6,
Movvat, Les types de Mercure en Gaule, dans e « • daDS ia Rem
p. 338 sq. ; d’Arbois de Jubainville, Le Mercure goM Le il iereufi
archéol. nouv. série, t. XXVI, 1873, H, p. 95, F» Musée de Saint
arverne, dans la Revue historiq. 1887 et 1888; S. Cl”a ^86, j
Germain, Bronzes figurés de la Gaule , inlr°d. p*
-x-y
Fig. 4904. — Mer¬
cure gaulois.
» 12
MER
— 1823 —
MER
online, Mercure est devenu en Gaule un dieucom-
' " I parce qu’il l’était à Home, mais sa conception
|U" „ /Unit celle d’un dieu savant et bienfaisant. Elle
1111 i urique peu façonnée par des influences hellénis-
V'V'rt alexandrines et, même dans le type artistique
romain du ior siècle, ces influences ont laissé cer-
. i,..,pps Adrien Legband.
Unies traces. , ,, ....
IF REND A. — Nom ancien 1 d un repas ou collation
Romains prenaient dans la journée, quand le
U’àvail était terminé. Un auteur du 11e siècle ap- J.C.,
pilpurnius2, en précise l’heure, qui était la neuvième,
ce qui correspond pour nous environ à quaire heures de
l’après-midi; il parle des ouvriers des champs et
témoigne ainsi que la coutume n’avait pas changé pour
jc son temps. Mais à la ville la distribution des
heures n’était plus la même : vers la neuvième commen¬
çait déjà le diner, la coena 3, et le mot merenda désignait
alors un repas léger pris à une heure quelconque *.
Festus en fait un prandium, c’est-à-dire un déjeuner,
tout en le plaçant au milieu de la journée 3. E. Saglio.
MERETRICES. — Nous n’avons pas voulu ici faire
l’histoire des courtisanes dans l’antiquité. On a vu plus
haut la vie des femmes libres et honnêtes, de la jeune
tille, de la mère de famille [educatio, gynaeceum]. Notre
tâche est de présenter la contre-partie, de tracer dans une
esquisse rapide la physionomie d’une classe féminine qui,
plus encore que l’autre, a occupé une place importante
dans l’histoire des mœurs antiques, etsur laquelle, en tout
cas, nous possédons des renseignements plus nombreux
1. Grèce. — En grec, deux mots, itdfv-q et éxaipa, sont
également usités pour désigner les courtisanes. Le mot
itôpvTj signifie une prostituée. Le terme éxcupa est un
euphémisme, inventé, disait-on par les Athéniens1, et
analogue au mot arnica des Latins.
De toutes les villes de la Grèce, la plus renommée pour
le nombre, la beauté et le luxe de ses courtisanes était
Corinthe2. Grâce à sa situation sur l’isthme, entre deux
mers, avec ses deux ports où se faisaient la rencontre et
l’échange des produits de l’Orient et de l’Occident,
l’opulente Corinthe (àtpveio;), comme l’appelaient les
poètes, était un rendez-vous ou, du moins, un lieu de
passage pour une foule d’étrangers3. Beaucoup de ces
étrangers, marchands et navigateurs, étaient riches et
dépensaient largement ; de là l’affluence des courtisanes,
de la aussi leurs exigences. Aristophane fait déjà allu¬
sion à la cherté des courtisanes de Corinthe 4, et on con¬
fiait le proverbe: où TTXvcbç àvopbi éç KdpivQov esO b
iùoùç0. La plus fameuse, dont la réputation a éclipsé
toutes les autres, fut Laïs. Mais ce qu’il importe surtout
de signaler comme particulier à Corinthe, c’est l’exis-
lcnce, à côté des courtisanes ordinaires et profanes, de
co u r tisanes sacrées ou hiérodules : le temple d’Aphrodite
y Possédait, dit Strabon, plus de dix mille hétaïres, qui
'"aient été consacrées à la déesse par ses adorateurs,
hommes ou femmes 6. On a vu ailleurs [uieroduloIj que la
Prostitution sacrée autour de certains temples était une
pi atique fréquente en Orient, surtout en Phénicie, Syrie,
Sle Mineure. En revanche, elle est fort rare en Grèce, et
1 VDAé 1 ^'origine du nom fut de bonne heure perdue. Voir les étymologi
“ Ul cherche Isidore, Or. XX, 2, 3 et 12. — 2 Ecl. V, 00. — 3 Non. p. S
Srar I0nt' M. Caes. IV, 0, p. 00 Naber. — 0 Paul. Diac. s. v. — BiBuocnArn
y Conjectanea ad Varron. De re rust. p. 247, éd. St. ; Marquardt, Manu
màT 'leS Timu P- 315 de latrad.fr.
fiOUClis. i Atlien. XIII, 572 A. — 2 Zeuob. V, 37. — 3 Slrab. VIII, 0, S
on doit l’y considérer, partout où on la rencontre, comme
une importation étrangère. En ce qui concerne particu¬
lièrement Corinthe, cette importation peut s’expliquer
assez facilement par l’intensité des rapports commerciaux
de ce marché cosmopolite avec les cités de l’Orient. Il est
probable qu’à Corinthe, comme ailleurs, les produits de
la prostitution sacrée venaient s’ajouter aux revenus du
sanctuaire. Les textes nous montrent les courtisanes
corinthiennes, associées, dans les circonstances les plus
solennelles, aux actes du culte. C’était l’usage, lorsque
l’État avait des vœux à adresser à Aphrodite sur quelque
affaire importante, de les lui faire présenter par des
courtisanes, réunies en aussi grand nombre que pos¬
sible ; on esLimait sans doute que nulle intercession ne
pouvait être plus agréable à la déesse. Les vœux une
fois accomplis, les courtisanes étaient également admises
au sacrifice d’action de grâces 7. C’est ce qui se passa en
particulier quand les Perses envahirent la Grèce8; ce
furent les courtisanes de Corinthe qui, au nom de tous
les Grecs, implorèrent d’Aphrodite le salut commun. Et,
après la victoire, les Corinthienfs consacrèrent dans le
temple un tableau, où chacune de ces femmes était
représentée, accompagné d’une épigramme de Simonide
qu’Athénée nous a conservée. Le même usage était
suivi aussi à l’occasion par les particuliers. C’est ainsi,
par exemple, que Xénophon de Corinthe, vainqueur à la
course du stade et au pentathle9, avait promis à Aphro¬
dite d’amener à son temple une troupe de cent courti¬
sanes. 11 tint sa promesse, comme nous l’apprend un
curieux fragment du scolion, écrit par Pindare pour le
repas de fête, et où le poète appelle ces hétaïres « jeunes
filles hospitalières, prêtresses de la déesse Peillio dans
l’opulente Corinthe 10 ».
Toutefois les courtisanes d’Athènes sont les plus
célèbres et les mieux connues. La liaison publique de
plusieurs d’entre elles avec des hommes politiques, des
artistes, des poètes, des philosophes, les a associées en
quelque mesure à la renommée de leurs amants 1
D’autre part, la légende qui, dès la basse antiquité,
mais surtout dans les temps modernes, s’est formée
autour du nom d’Aspasie, n’a pas peu contribué à
donner un éclat immérité à toute la corporation 12. Se
fondant uniquement, à ce qu’il semble, sur un passage
d’Aristophane mal interprété13, Athénée avait dit
qu’ « Aspasie importa dans la Grèce une foule de jeunes
beautés, et que la Grèee se trouva remplie de courti¬
sanes, sorties de sa maison14». Brodant sur ce thème,
plusieurs écrivains modernes ont imaginé qu’Aspasie
avait fondé à Athènes une véritable école, un insti¬
tut d’hétaïres. L’un d’eux est même allé jusqu’à dire
qu’Aspasie, par son exemple et ses leçons, avait élevé
à la hauteur d’un art libéral la profession d’hétaïre,
et que, comme un maître de la peinture, par exemple,
transmet son esprit à ses disciples, de même l’in¬
fluence d’Aspasie s’était étendue à tontes les courti¬
sanes d’Athènes13. Ce principe posé, on a libéralement
attribué à celles-ci toutes les qualités éminentes de leur
modèle : beauté, esprit, savoir 16. Ce sont là de pures
_ 4 Arislopli. Plut. 149 et la scolie. — 5 Slrab. L. I. — 6 Ibid. — 7 Atlien.
XIII 573 C. — 8 Tbeopomp. et Tira. cités par Alhen. L. I. — 9 Piiul. Olymp. XIII.
_ îo Atlien. XIII, 573 E. — U Voir p. 1825, n. 4 à 8. — 12 Cf. Jacobs, Verni.
Schrift. IV, p. 337, n. 4. — 13 Acharn. 527. — 14 XIII, 5G9 F. — 15 Fr.
Sclilcgcl, Grtech. und Rnin. I. p. 2G3. — K> Voir par exemple Prcller, art. t t k T p u t
dans la Realencxjcl. de Pauly.
MER
— 1824
4
imaginations, auxquelles l’élude attentive et impartiale
des faits inflige, nous le verrons, le plus complet
démenti. Itien n'est plus faux, par exemple, que de
prêter aux courtisanes d’Athènes une puissance de
séduction particulière, due à leur esprit et à leur
culture En réalité, toute leur séduction (il suffit,
pour s’en convaincre, de lire dans Xénophon l’entretien
de Socrate avec la courtisane Théodota 2, ou les Dialo¬
gues des courtisanes de Lucien) se réduisait à ces
artifices de coquetterie vulgaire, communs aux filles
galantes de tout temps et de tout pays 3. Leur culture
intellectuelle était à peu près nulle : on ne peut évidem¬
ment donner ce nom aux arts d’agrément, danse, chant,
musique, sous le couvert desquels un grand nombre
de courtisanes voilaient l’odieux de leur métier L A
la vérité, il semble bien que quelques hétaïres du
ivc siècle aient suivi, accidentellement et par mode, les
cours des philosophes : de ce nombre, selon Alciphron,
était Thaïs 5. Mais tout à fait exceptionnel, et sans doute
unique, est le cas de l’amie et disciple d’Épicure,
Léontion, qui avait poussé assez avant ses éludes de
philosophie pour écrire elle-même un traité de polé¬
mique contre Théophraste, où l’on trouvait, selon
Cicéron, une grâce d’atticisme inconnue à Épicure G.
Enfin la réputation d’esprit des hétaïres athéniennes
n’est pas plus méritée : malheureusement pour elles,
Athénée nous en a transmis un très grand nombre
de spécimens, empruntés principalement à Phrynè,
Gnathaena, Gnathaenion, Lamia, Mania 7. Parmi ces
jeux d’esprit il s’en trouve assurément quelques-uns de
piquants, mais la plupart ne sont que cynisme et ordure.
Quoi qu’il en soit, le renom des hétaïres grecques et
surtout athéniennes a été cause que, dans l’antiquité
déjà, un certain nombre d’érudits s’étaient occupés de
réunir les éléments de leur biographie : Athénée cite en
ce genre les compilations d’Aristophane de Byzance \
d’Apollodore de Caryste 0, d’Ammonios t0, d’Antiphane
le Jeune11, de Gorgias d’Athènes12, de Callistratos13,
intitulées 7t£pt ÉTatpwv ou uept tiuv ’AO/jv-qacv Éxatpiotov. Le
premier de ces érudits avait réuni cent trente-cinq noms,
Apollodore un plus grand nombre, et Gorgias davantage
encore. Un autre ouvrage qui contenait certainement sur
le même sujet nombre de détails était celui d’Hérodicos
Sur les personnages tnis en scène dans la comédie (Ivw-
p.ojooû[Aevot) u. Aucune catégorie de personnes, en effet, ne
tient plus de place dans la comédie que les hétaïres. Déjà
Aristophane nomme, en passant, les plus connues de son
temps : Cynna15, Salabaccho 16, Cyrénè n, Nausimachè18,
Laïs *9, et on voit que les faits et gestes de ces créatures
étaient dès cette époque le point de mire de tous les
regards20. Mais c’est surtout dans la comédie nouvelle
que les allusions aux courtisanes abondent21. Elles y
jouent tout naturellement le même rôle que dans la vie
réelle, dont ces comédies sont l’image. Dans presque
toutes les pièces de ce temps (nous pouvons encore en
juger par les adaptations latines de Plaute et de Térence)
la courtisane est le personnage essentiel autour
l Déjà Alhen. XIII, 583 F. — 2 Mem. III, il. — 3 Cf. Jacobs, Verm. Schrift.
IV, p. 313. — '* Voir p. 1826. — 5 1, 34 ; Alhen. XIII, 683 F. — 6 Alhen. XIII, 588 B ;
Cic.Z>e nat. deor. 1, 33 ; cf. Jacobs, O. I. IV, p. 356, n. 18. — 7 Àthen. XIII, passim-
— 8 XIII, 567 A, 583 D. - 9 XIII, 567 A, 586 A. — *0 XIII, 567 A. — H XIII, 507
A, 586 B et F, 587 B ; cf. Harpocr. s. u. N&wtov. —12 XIII, 567 A, 583 D, 596 F. —13X1 II,
591 d — 14 XIII, 586 A, 591 C ; cf. Harpocr. e. v. Sivuicq. — 15 Equit. 765. — lfi Ibid.
et Thesm. 804-5.— *7 Thesm. 96; Kan. 1327.— 18 Thesm. 804-805. — 19 Plut. 179,
MER
duquel gravite l’intrigue. Maintes comédies
taient en scène une courtisane réelle sou ■ ^ mel'
nom : par exemple, la Thalatta du’ poète ? r°pre
Coryannô de Phérécratès, VAnteia d’F„ • Dl0Cès’la
Philyllios), .a Thaï, ïa ^
VOpora d’Alexis, la CUptyira d'Eaboulos» “
d autres31. Entin, dans un ouvrage intitulé Xco,. t . "
alexandrin Maclion avait colligé et versifié ' " '
d anecdotes et traits d'esprit, “lus ou
tiques, dont la tradition faisait honneur aux court
sanes2L C’est de tous ces écrits, et d’autres encore cur
nous ne connaissons plus, qu’Athénée a tiré la eomni
lation très riche, mais fort peu critique, qui forme son
treizième livre. Ce livre XIII d’Athénée est, par suite
actuellement, avec les comédies grecques de piaule e[
de Térence, la principale source d’information sur notre
sujet. 11 faut y joindre les Lettres d’Alciphron, celles de
son imitateur Aristénète, et les Dialogues des courti¬
sanes de Lucien. Dans le recueil d’Alciphron figurent
nombre de lettres d’amour, adressées à des courtisanes
ou par des courtisanes ; le plus souvent elles reprennent
telle ou telle scène connue des comédies de Diphile, de
Ménandre, de Pliilémon ; d’aulres développent quelque
incident réel de la vie amoureuse de ces poètes.
Alciphron avait étudié avec beaucoup de soin la vie épi¬
curienne et galante du iv° siècle, et son œuvre nous en
rend une image fidèle23. Les Lettres d’ Aristénète ont le
même intérêt, mais à un degré bien moindre : car il n’a
ni l’information précise, ni le goût de vérité de son
modèle. Très précieux au contraire sont les Dialogues
de Lucien. Ces petits tableaux sont d’une vérité criante;
ici la comédie nouvelle n’a guère fourni que les sujets et
le cadre; tout le reste est bien le fruit d’une observation
personnelle et pénétrante de la vie quotidienne.
La fin du ve siècle inaugure à Athènes le règne des
courtisanes. Il se produit à ce moment une véritable crise
du mariage. Considéré jusqu’alors comme un devoir
civique et le fondement même de la société, le mariage
est désormais ouvertement attaqué. La comédie de ce
temps, interprète de l’opinion, l’accable de ses épi-
grammes: Athénée nous a conservé, à ce sujet, plusieurs
extraits significatifs d’Alexis, Xénarque, Philétaeros,
Amphis, Euboulos, Aristophon, Antiphane, Ménandie
Le plus net peut-être est celui où Amphis, compaiant
l’amour des courtisanes avec l’état de mariage, donne
sans hésiter sa préférence au premier : « Lue maihesse
n’est-elle pas toujours un être plus aimable q11 nne
femme légitime? Assurément, et il y a de cela une 1 -im n-
Si déplaisante que soit l’épouse, la loi vous obligé
garder chez vous. La maîtresse, au contraire, sait '1 1
iree d’attentions, et que sans
ne s’attache un amant qu’à fore- - ^
cela il lui faudra en chercher un autre-'. » Bien ‘‘J1
ristique aussi est le mot que Térence, se boman ^ ^
doute à traduire Ménandre, a mis dans la ,011 ,Qn
Micion dans les Adelphes : « Pour moi, cho^i
pris
femme28
302
iuiLiULi Uciiis les t . : ornfljS
regarde généralement comme un bonheur, je n a . ^
Et le commentaire qui sui < 1
.— 20 J tan. 1327; Plut. 302.- 21 Ov. Trist. Il, 309 : fabuU jucundi
amorc Mcnandri. — 22 Alhen. XIII, 567 C. 23 I ai CXC^'P ’ ^ niaia du iu6|nc el
(Alh. XIV, 642 C), l'Archistrata d’Antiphane (VII, 322 ), de Tinio^69
une pièce du même nom d'Alexis (111, 127 B, C ; XV, 690 . ), vent cilèes ]>ar
(XIII, 501 D, 567 E), etc. — 21 Des Chries de Maclion son je la MW- F’
Athénée, par exemple XIII, 577 D et 578 B. — Alf. _Crolse ’ __ V) 43,
t.V, p. 610-018 (2B éd.). - 26 Athen. XIII, 558-9. - 2< o59 A.
MER
— 1825
MER
. on préférait à cette époque le célibat: c’était
Pour<I”°>r les charges, la contrainte, les inquiétudes
P0l"LÏ„«ffe *. L’état des mœurs contemporaines se
dU] '^Sèment dans la législation idéale, que vers le
refU i.unps imagine Platon pour régler les relations
BU‘®L les deux sexes. Après avoir proposé d’abord un
enl1' 'texte très radical, interdisant aux citoyens tout
preffiHi ^ec une femme autre que leur légitime
C0"1'!!r1 il reconnaît vite qu’une telle loi aurait peu de
Tances d’être observée et, eu égard à la corruption des
cl s se contente d’une formule beaucoup plus indul-
'Tite qui tolère les unions illégitimes à la seule condi-
fion qu’elles se cachent et ne causent point scandale 2.
Une pareille concession, faite parun législateur théorique,
démontre la gravité du mal. Et, de fait, nous constatons
tue la plupart des littérateurs et des artistes de cette
époque, au lieu de se marier, ont vécu dans une liaison
plus ou moins durable avec unecourtisane 3. On connaît
les relations de Praxitèle avec Phrynè \ d’Aristippe
avec Laïs6, de Glycère avec Ménandre6, de Gnathaena
avec Diphile \ de Léontion avecÉpicure 8, etc. Tous ces
personnages sont, d’instinct ou par principe, des égoïstes
et des voluptueux. Chez les philosophes cyrénaïques et
épicuriens en particulier, la répugnance au mariage est
une application de la morale du plaisir, une forme de leur
renoncement aux charges et aux devoirs delà vie civique.
Les courtisanes grecques peuvent se répartir en plusieurs
catégories. La dernière, c’est-à-dire la plus vile et la plus
dégradée, est celle des femmes qui vivaient dans les lieux
de prostitution officielle. L’institution de ces maisons
remontait à Solon. Dans sa pensée, c’avait été une
mesure de bon ordre et de moralité publique, destinée,
tout en donnant satisfaction aux appétits de la jeunesse, a
garantir les honnêtes femmes d’outrages trop fréquents 9.
Le poète Philémon, à qui nous devons ce renseignement,
y joint d’autres détails : « Elles se tiennent debout, sans
voiles; pas de surprise possible; on peut tout voir.... La
porte est ouverte : une obole suffit, entre. Ici pas de
façons, pas de vain bavardage, pas de résistance. Tout
de suite, si Ton veut, et de la façon qu’on veut. Dès que
lu seras dehors, bonsoir la belle, tu n’as plus rien a
démêler avec elle10. » Le prix d’entrée dans ces maisons
était naturellement très modique : une obole en général n.
Ces établissements s’appelaient noivsïa 12, oixvj gava 1,1 ,
Epywx^pia u, Ttaioiaxsïa u, xaaaupEta IC. La situation des
femmes qui y habitaient était désignée par la formule
E7t otxr1p.aToç11 (parfois è%’ Ipyourrr^i'ou ls) xaOŸprOat.
Outre ces établissements officiels, il y en avait nombre
<1 autres, tenus par des particuliers, hommes ou femmes,
étrangers, métèques, ou affranchis (itopvopooxoi 10). Les
femmes entretenues dans ces maisons étaient la propriété
du patron. La plupart sans doute étaient d’origine ser-
'Ce, et avaient été destinées dès l’enfance à cet infâme
métier20. Mais un certain nombre, nées libres, étaient
tombées dans l’esclavage par suite de quelqu’un de ces.
accidents si fréquents dans la société antique. Ou bien
elles avaient, à leur naissance, été exposées par leurs
, parents, sort souvent réservé dans les familles déjà nom¬
breuses aux enfants du sexe féminin21. Ou bien elles
avaient été ravies à leur famille par un esclave fugitif,
ou par des pirates, et vendues ensuite à un prostitueur 22.
Malgré leur communauté d’infamie, ces femmes étaient
pour la plupart d’un ordre plus relevé,que celles qui
peuplaient les maisons officielles. La beauté était la pre¬
mière condition de leur métier. De plus, on prenait
souvent soin de leur apprendre quelque art, la danse, le
chant, le jeu de la flûte ou de la cithare 20. La toilette
aussi ajoutait à leurs charmes : « Depuis l’aurore, dit
l’une d’elles, nous n’avons eu d’autre occupation, ma
sœur et moi, que de nous laver, de nous frotter, de nous
essuyer, de nous parer, de nous polir et repolir, de nous
farder, de nous attifer ; et nous avions encore avec nous,
chacune, deux servantes qui nous aidaient dans tous ces
soins de toilette et de propreté, sans compter deux
hommes que nous avons lassés à nous apporter de
l’eau24. » Toutefois il y a lieu, ce semble, de distinguer
dans ces maisons deux classes de pensionnaires. Les
unes, dont nous venons de parler, vivaient, selon le mot
du prostitueur Ballio chez Plaute, « dans l’élégance, la
mollesse, la volupté » (in munditiis , mollitiis, deli-
ciisque 23), recherchées par les grands personnages 26,
gens riches de la ville21, négociants étrangers de pas¬
sage28, militaires en congé qui revenaient d’une expé¬
dition la bourse bien garnie29. Souvent quelque adora¬
teur, voulant s’assurer la jouissance exclusive d’une de
ces femmes, la louait au leno pour une durée déterminée,
moyennant un prix convenu : dans ce cas il pouvait à son
gré emmener avec lui sa maîtresse, ou la laisser en pen¬
sion chez le leno. Rien de plus fréquent dans la comédie
que ces marchés : c’est ainsi que, dans YAsinaire de
Plaute, la lena Cleaereta reçoit de Diabolus, lils de Glaucus,
par contrat en bonne et due forme, une somme de vingt
mines d’argent, sous condition que la courtisane Philé-
nium appartiendra à Diabolus, les jours et les nuits, pen¬
dant une année entière (ut secum esset nocles et dies hune
annum totum 30). La comédie, sur ce point, n’était que
l’image des mœurs; il est question, en ellet, aussi dans
les plaidoyers attiques, de contrats de ce genre : preuve
qu’ils étaient fréquents et reconnus par la loi31. D’autres
fois, l’amant ne se contentait pas de louer sa maîtresse
pour une certaine durée, il l’achetait d’une façon défini¬
tive. Les prix d’achat varient entre 20, 30 et 40 mines. La
courtisane devenait alors la propriété de son amant,
mais dans la plupart des cas celui-ci l'affranchissait32.
C’était là, du reste, le rêve et l’ambition de la plupart de
ces malheureuses : rencontrer un amant assez riche et
tas libertés, que le môme Micion laisse à son fils adoptif Eschinc, prouvent assez
' l' Iibal, à ses yeux, comporte des compensations, — 2 Deg. \ 1U, 841 A-h.
~ Fr. Sclilegel, Gricch. und Rom. p. 261. — 4 Paus. I, 20, 1; Allien. XIII,
A-- 4 Atlien. XII, 544 I); XIII, 588 C, 589 B. — «Suid. s. ». SUvavSjo?;
jl|'|lllr- *•> 3 et 4. — 7 Allien. XIII, 579 F,, 583 F. — 8 O. I. 588 B. — 9 Atlien.
’ 369 Ü, qui cite lc 3. |;vrc jes KoXoïwviaxà de Nicandrc et les Adelplies de
ôtai . .’ cf- HarPOcr. s. ». MvSnpo, •Aî?i8;rr,. — «> Athen. L. I. Ces paroles
Uni lloscs vraisemblablement dans la bouche d'un iîoovoSoitxôç ; cf. une dcscrip-
Sti) \°"^e seni^table dans un fragment du Pentattllos de Xénarque (Ath. XIII,
Aiji - 11 Athen. XIII, 509 D; Diog. Lacet. VI, 1, 4. — '2 Antiph.
JJ; i"0"* 14i Aristoph. Vesp. 1283 ; Ran. 113. — 13 Herod. I, 121, 126.
_ jy . mG Adü. A ’caer. 67. — 13 Allien. X, 437 F. — 16 Aristoph. Equit. 1282.
'na,c^* Adv. Dem. 23. On dit aussi lu' oly^ptaTi xa0f;<j0e/.t (Plat. Cliarm
103 B) ou tv otxiipuTi (lsae. De hered. Philoct. 19). — 18 [Dem.], A de. Neaer. 67;
Alcipltr. 111, 27. — 19 [Dem.], O. I. 30; Aescli. Adn. Timarch. 188; Anlh. Pal. VU,
403. — SO [Dem.], O. I. 18. — 21 Plaut. Cislell.v. 168 sq. ; Poen. 83 sq.; Pers.
151 378, 518, 740. Curcul. 631 ; Terent. Heautont. 62 sq. — *2 Plaut. Itud. 40 .
Ter. Eunuch. 107. — 2) plaut. Rud. 43; Ter. Phorm. 80; Adelpli. 389; voyez
fig. 2600 et 49 67 — 2V Plaut. Poen. 217 sq. — 25 Pseud .194 sq.— 26 Ibid. — 27 Pers.
500 sq. _ 28 poen. 174, 597 sq. 634 sq. ; Menaech. 328; Terent. Hecyr. 195. —
2.i Terent Heautont. 363; cf. tous les personnages de soldat fanfaron. — 30 Asin. 751
sq.Dc même dans les Racchides du même auteur une courtisane s'engage avec un
militaire moyennant 20 mines (v. 1 140). — 31 [Dem.], Adv. Neaer. 26. Le contrat dont
il s'agit dans ce plaidoyer a ceci de particulier que la courtisane est louée conjointement
par deux amants. — 32 Plaut. Pseud. 75; Poen. 102, 357 ; Curent. 350; Mostell. 21 1,
622 ; Rud. 45; [Dem], Adv. Neaer. 29 -, Adv. Olymp. 53; Atlien. XIII, 590 D.
MEK
1826 —
assez épris, pour les racheter et les rendre à la liberté.
Mais à côté de ces pensionnaires privilégiées, il existait
aussi dans les maisons des 7ropvoSocxot, comme dans les
uopvsta officiels, de misérables créatures livrées aux
caprices des passants. C’est ce que prouvent les me¬
naces qu'adresse le prostilueur Bail io à quelques-unes
de ses pensionnaires, les plus élégantes et les plus
huppées : « Faites en sorte qu’aujourd’hui les cadeaux
de vos amants m’arrivent en abondance; car, si je ne
recueille en cejour la moisson d’une année, demain je
vous prostitue à tout venant ( cras prostituant vos) 1 . »
Comme on le voit par ces paroles mêmes, il n’y avait
point toutefois entre ces deux catégories de femmes de
barrière infranchissable : au gré du patron, et selon la
mesure de leurs succès, elles passaient de l’une dans
l’autre. La clientèle de ces établissements était, comme
de juste, très considérable et fort mêlée : « Ici, dit un
personnage de comédie, on rencontre des gens de tout
acabit : on s’y croirait sur les bords de l’Achéron. Gens à
cheval et à pied, affranchis, voleurs, esclaves en fuite,...
tout ce qui a figure d’homme et de quoi payer est reçu
ici *. » Ce qui contribuait encore à attirer les gens dans
ces maisons, c’est qu’elles étaient, en même temps 'que
des lieux de débauche, des sortes d’hôtelleries. On y
servait à. boire et à manger ( bibitur , eslur quasi in
popina ) 3. Il s’y trouvait même des salles de bains4.
Dans un temps où les auberges étaient rares, c’était là
souvent que descendaient les étrangers : ils y trouvaient
le souper, le gîte et le reste 5. Les gens de la ville s’y
rendaient également en parties fines 11 . Le nombre des
chambres y était considérable : ce n’était partout que
retraites et recoins sombres (in lotis aedibus tenebrae ,
latebrae)1. Naturellement le calme ne régnait pas tou¬
jours à l’intérieur, ni autour de ces maisons. Les amou¬
reux ne se contentaient pas seulement de charbonner sur
la porte ou les murs l’éloge de leur belle 8. Souvent aussi,
quand ils avaient à se plaindre du leno, ils faisaient
tapage devant sa porte (occentare ostium) 9. Ils se por¬
taient même, à l’occasion, à des excès plus graves. Quand
un jeune homme désespérait d’obtenir du leno la jeune
fille qu’il aimait, il n’hésitait pas à pénétrer avec effraction
- dans l’établissement : soutenu par une bande de cama¬
rades, il brisait les portes ou y mettait le feu, rouait de
coups le patron et ses serviteurs, et enlevait de vive
force, et sans bourse délier, sa maîtresse10. Le leno, étant
d’ordinaire homme libre, aurait pu à la rigueur, comme
fait le Battaros d’Hérondas “, réclamer en justice répa¬
ration de ces sévices et de ces dommages. Mais le plus
souvent il se résignait à passer ces accidents au compte
des profits et pertes de sa profession12. C’était, en effet,
une profession aussi lucrative que déshonorante. Les
TCopvoSocxot étaient les plus méprisés des hommes : on se
diffamait, rien qu’en leur adressant publiquement la
parole. Êtres sans pudeur et sans foi, plus répugnants
que les victimes qu’ils exploitaient, « perdition de la
1 Plant. Pseud. 198 sq. Un peu plus bas le môme personnage s’adressant eu parti¬
culier à la jeune courtisane Phoenicium : « Cras... iuvises pergulam » (24 6) ;pergula
= oî’xti^.a* — 2 Poen. 829 sq. — 3 O. Z. 659, 834. — 4 Ibid. C99 sq. — 5 Ibid. 174,
597 sq.654 sq. — 6 plaut. Pers. 562. — 7 Plaut. Poen. 833-4. — 8 Plaut. Alereat.
402. — 3 O. I. 401 ; Pars. 563. — 10 Herond. Mim. 2; Ter. Adclp/x. 89sq. — 11 L. I.
— 12 Ter. Addpfi. 207-8 : « Verum cogito id quod rcs est : quando eum quaestum
occcperis, | accipiunda et niussitanda injuria adolescenlium’sL ». — I3 Plaut. Ilud.
1 2G, 317-8; Ter. Adclph. 189 : « Leno sum, faleor, pernicics communis adolcscen-
liuni ». — 14 J *lau t. Pseud. 225 : quibus (lenonibus) ut scrviant suus cogit
ME1
v
\
Fig. 4965. — Joueuses de llùle et de crotales.
■byu-nï.Sù
cependant étaient forcés de les ménager •* \.
le vice leur formaient même une cour dMW?8'011011
parmi ces amants, qui, dans l'emportement dehr 61
les maltraitaient et les battaient, plus d’un 1, d Ureur’
cédemment implorés à genoux et les larmes
Une classe particulière et très nombreuse T’
d hétaïres «tait formée par les danseuses (ôP ?
et les musiciennes, joueuses de flûte (aéWosQ Vu
de harpe et de sambuque (xi0aP{<rrPt« ’,U) ' ' ’
aagêuxîcTfiou). Tout repas de fête, en Grèce, setemhS’
comme on sait, par une longue buverie
égayée de danses et de musique pour lesquelles la pré¬
sence de ces femmes était indispensable18. Mais à ce
métier elles joignaient la plupartdu temps, par uneliaison
naturelle, celui de courtisanes. C’est dans ce double emploi
que nous les montrent la comédie11 et les monuments
figurés (fig. 49G5) 18. En général, ces artistes étaient la
propriété il’un maître qui les avait fait instruire et qui
les louait à des particuliers et touchait leur salaire 1 . ;
D’autres cependant avaient été affranchies et conlinuaiei
pour leur propre compte leur double métier-0. A un
degré plus bas il nous faut ranger encore dans la meme
classe les joueuses de crotales, les femmes qui dansaient
nues en faisant des exercices d’acrobates Fceuniu^ i
(fig. 49G6 ; voy. aussi 1324-4328), etc.
Reste enfin la foule des courtisanes, qui, étant de con¬
dition libre, vivaient seules et indépendantes. C’etaien
des affranchies, ou des étrangères, beaucoup phm iaie
ment des citoyennes. Le nombre des aflianclii» s.
livrant à ce métier était surLout considérable. <ùinn
aux étrangères, ce qui les attirait dans les 'hits i Pa
ticulièrement à Athènes, c’étaient les facilites p<>
grandes qu’offrait la ville pour l’exercice de hm n
et aussi l’espoir de profits plus grands. QUI ^
cependant y étaient venues avec des 11 jeg
honnêtes; mais la misère, 1 isolement, oecas
avaient nerdues 22. Telle est 1 histoire d(
’Andrienne
.-P 1?.
, U j. pini . Convd'- 1
or. — 15 Plaut. Pers. G51. — ,f’ Xcn. Conviv. ■, > plaut.
otaq. 347 C. — « Aristoph. Nul). 99G; Vesp. 13ol . ’ ,es 0l,ondciili
; Pseud. 494, 541 ; cf. Atlicn. XIII, 007 C. — c . ym. - 1®
1g. 4967 est tirée de Millingen, Vases del a colt, j7 ‘'0 ' p|aut_ Epid. '»7':
U. meretr. 15, 2 ; cf. Aristoph. Vesp. 13)‘ Sq] , jne mdna <|»i f»1’10'
lus jam sum libéra quinquennium » (cf. v. 1 '■ | _ 22 II s a,,n
Comptes rendus de la commiss. archéol., 18 • l1’ ' d courlisa'>cS
^ ■ affrancliisscnienis
liait chaque jour par suite des nombreux
MER
1827 —
MER
des amant
racontée par Térence : « Il y a trois ans une
\ntlros vint s’établir ici dans notre voisinage,
air le dénuement et l’indifférence de sa famille.
P011^1^ ;i ]a fleur de l’âge et dans tout l’éclat de sa
1,11 Y Dans les premiers temps elle mena sagement
^ vie" pauvre et paisible, gagnant son pain à filer et
UllC ulleï* la laine. Mais ensuite se présentèrent
" '' jts, un d’abord, puis un autre, argent en main.
La nature humaine étant
plus portée au plaisir qu’à
la peine, elle finit par ac¬
cepter leurs propositions
et faire argent de ses char¬
mes *. » Relativement peu
nombreuses au contraire
devaient être les courti¬
sanes, nées de père et mère
citoyens. En tout cas,
celles-là ne se recrutaient
guère que dans le bas peu¬
ple, et il fallait des circons¬
tances exceptionnelles, le
vice ou l’absolue misère,
pour leur faire accepter
Fig. 4960. — Femme acrobate. ^ ^ ^ mé_
lier. H y a à ce sujet un très curieux et très instructif
dialogue de Lucien. On y voit une mère, restée veuve et
sans ressources, qui pousse elle-même à la galanterie sa
fdle : « Nous n’avons plus d’autre moyen de subsister,
mon enfant. Depuis deux ans que ton pauvre père est
mort, je me demande comment nous avons vécu, tant
qu’il vivait, nous ne manquions de rien : c’était un for¬
geron dont le renom était bien établi au Pirée.... Après
sa mort, il me fallut d’abord vendre ses tenailles, son
enclume, son marteau ; j’en trouvai deux mines dont
nous vécûmes. Ensuite je travaillai, et tantôt poussant
la navette, tantôt tournant le fuseau, je me procurai a
grand’peine de quoi vivre. Mais je t’élevais, ma fille,
comme notre unique espérance... J’ai pensé qu’a 1 âge
où te voilà à présent, tu pourrais me nourrir et te pro¬
curer à toi-même parures, richesses, robes de pourpre
et esclaves2. » La jeune fille comprend, pleure quelque
peu, mais se résigne. Voilà un petit drame intime,
comme il a dû sans doute s’en passer maintes fois dans
les pauvres ménages athéniens. Du reste, la plupart des
jeunes courtisanes débutaient sous la direction d une
mère expérimentée, qui, avant que l’àge ne la mit a la
retraite, avait exercé le même métier 3. D’ordinaire, celle-
ci avait longuement préparé sa fille à sa future profes-
si°n \ Elle avait pris soin de cultiver sa beauté, et, au
besoin, d’en corriger les défauts par de savants artifices".
Elle n’avait pas manqué, en outre, de lui faire apprendre
ces arts d’agrément, danse, chant, musique, qui compo¬
saient le fonds de l’éducation des courtisanes (fig. 2606) c.
nrfois même elle avait poussé le raffinement jusqu’à
1 élever dans une sagesse et une décence relatives ( beneet
P'iflice) , qui devaient, au jour du sacrifice, élever singu¬
lièrement le prix de ses faveurs7. Quand enfin la jeune
fille entrait dans la carrière, sa mère ne la quittait pas.
Femme de tête, expérimentée et pratique, c'est elle
d’abord qui guidait la débutante dans le choix d'un
amant. Chez une jeune courtisane, le cœur est resté sen¬
sible, tout prêta s’enflammer pour quelque jouvenceau
de jolie figure, mais sans fortune. C est a la mère qu il
appartenait de désigner parmi les prétendants le pro¬
tecteur sérieux, riche, dont les libéralités feraient régner
dans la maison l’abondanceetle luxe 'fig. 4967)*. C’est elle
ensuite qui tenait lescomptes de la maison, traitant avec
les galants les questions délicates de paiement, d’entretien ,
de cadeaux9. A elle encore revenait la mission pénible
de'congédier l’amant ruiné, dont il n’y avait plus rien a
tirer ; elle s’en acquittait impitoyablement l0. En revanche
c’est à elle aussi que l’amant en titre, quand il avait a se
plaindre de quelque mauvais procédé de sa maîtresse,
confiait ses doléances : elle se chargeait de chapitrer la
cruelle et de la ramener à de meilleurs sentiments 11 .
Comme on le voit, ce type de « mère de courtisane » est
de tous les temps. A défaut de la mère, c était souvent
une servante d'âge mur, ancienne courtisane elle-même,
qui en remplissait l’emploi, tenant la maison, et recevant
ou éconduisant les amants12. Parfois même une vieille
courtisane se procurait un enfant d emprunt (généra-
lement un enfant exposé par sa famille), qu elle élexait
pour en faire une hétaïre et assurer par ce moyen le
pain de ses vieux jours 13.
Très divers naturellement étaient les lieux et les occa¬
sions où l’on rencontrait à Athènes les hétaïres. Aris¬
tophane, dans l'Assemblée des femmes , nous montre
deux femmes aguichant de leur fenêtre les passants :
« Comment, il ne vient pas d’hommes! U serait bien
temps : c’est donc pour rien que me voici debout, fardée
de céruse, parée d’une robe couleur de safran, chantant
par désœuvrement entre mes dents et faisant des grâces
pour attirer quelque passant 14 ! » Bien que les femmes
" — 2 Lue. Dial, meretr. C, l stj. ; cf. Haut. Cistell. 42:
eS° liane superbiae causa j repuli ad moretricium quacslum, nisi
r. "C csur'rcm », dit une mère. — 3 F.x. Cleaereta, mère de Philenium, dans
C\2m'" lie Plaille’ et lcs "'ères do Gymnasium et de Silenium dans la
r;: !l v- 40 : « Et t.g0 et tua mater, ambae | meretrices fuimus ». Cf. Luc.
" ; m'retr- 7- - 4 Luc, (). I. 6, 1 fin. — li Atlien. XIII, 568 A-E (fragm. du
c°niifjue Amphis, cité plus bas) ; Ter. Eunuch. 313 sq. — « Luc. O. I. 3, 2 ;
cf. Gerhard, Antilce Bildxrcrlcc , pi. 60. — ' Haut. Cuicui. 526, 702; Cistell.
174,.g _ 8 piaut. Asin. 503 sq. ; Luc. Dial, meretr. 7. La figure est tirée d'une
coupe d’Eupbronios ; Klein, Euphronios, 2' édit. p. 98. — 9 Plant. Asin. 153 sq. ;
Luc O. /. 7. — 19 Haut. L. I. ; cf. dans le Trueulentas le rôle d'Astapliium, vieille
servante qui joue auprès de Phrouésium le rôle de mère (acte I. sc. 2). — H Luc.
Dial, meretr. 3. — ,2 Plant. Trucul. 99 sq. ; Mostell. 188 sq. — '3 plant.
1 Cistell. 135 sq. ; 168 sq. — >4 877 sq.
MER
1828
MER
dont il s’agit ici ne soient pas des prostituées de métier,
il n’est pas douteux que les façons que leur prête le
poète ne soient empruntées directement aux habitudes
Fig. 4968. — Chaussure de courtisane.
de ces créatures. Mais celles-ci ne se bornaient point
d ordinaire à attendre ainsi le passage des clients. Elles
sortaient et se montraient librement dans la rue, ce qui
n était guère permis aux honnêtes femmes 1 ; et là leurs
allures, certains détails de leur toilette indiquaient immé-
d.atement leur métier h Elles portaient Dnp „ .
chaussures, dont les clous imprimaient s„ U,"lple’ des
invitation amoureuse, telle que àxoXoüO, (t\ So1 Une
les passants savaient à qui ils avaient affairMt; '"T1
Parmi les différentes façons dont les soun' ’8’ ?
raient leur amour à la beauté qui en était 12 'JfCla'
sont à peu près les mêmes de tout temns ’ e qm
mérite d’être rappelée, parce qu’elle est n"' S6ule
mœurs an tiques, c’est le jet d’une pomme, g/oSoLv-T
rencontrait aussi généralement les hétaïres dans u ' i
lieux de réunion, dans les festins », au théâtre'
temple d’Aphrodite \ leur patronne, envers laquelle du
avaient une dévotion particulière. Enfin certaines avaie t
coutume d’envoyer, chaque jour, au port, quelque sel
viteur de confiance pour savoir s’il était arrivé quelque
vaisseau étranger, en aborder le propriétaire, et, s’il
avait lien, le leur amener 3. Ces étrangers étaient, nous
l’avons vu, la plupart du temps de riches commerçants,
payant largement. Pour beaucoup, l’hospitalité d’une
hétaïre tenait lieu d’hôtellerie.
Les clients ordinaires des courtisanes étaient les jeunes
gens riches 9 (fig. 496910). Depuisl’âgeéphébiquejusqu’au
mariage, il y avait dans la vie de presque tout Athénien
riche plusieurs années qui appartenaient à la dissipation
et au désordre. Certains modernes se sont fait étran¬
gement illusion sur la nature et les effets de ces
liaisons. Ils se sont représenté la plupart de ces courti¬
sanes belles, distinguées, instruites, tenant salon en
quélque sorte, et, dans un temps où les rapports de
société entre hommes et honnêtes femmes étaient à peu
près nuis, initiant les jeunes gens au ton, aux manières
et aux sentiments du monde. Il y a loin, certes, de ces cou¬
leurs idéales à la vérité crue, telle que nous la révèlent
1 Cf. O. Navarre, Utrum mulier. athen. scaenic. ludos spectaverint neene ,
p. 28 sq. — 2 Voir plus bas ce qui est dit de leur costume. — 3 Voyez
dans Mèm. de la Soc. des antiquaires de Fr., VIII, 1877, p. 94, le commen¬
taire de M. Heuzey sur le vase, en forme de chaussure, d’où est tirée noire
figure, ainsi que le texte de Clément d’Alexandrie, Paedag. XI, 11. — 4 Arisloph.
Nub. 996; Luc. Dial, meretr. 12, 1. — 6 Luc. Dial, meretr. 3, 1; Plaut.
Mostell. A. II, sc. 1. — 6 0. Navarre, O. I. p. 18. — 7 Athen. XIII, 581 A.
les témoignages contempoi’ains, et en particulier la
comédie. En réalité, rien de plus vulgaire que la vie
menée par les éphèbes et leurs maîtresses. Le pro¬
gramme en était à peu près le même il y a deux mille ans
qu’aujourd’hui, et les Latins l’avaient résumé très exac¬
tement en ce seul mot : pergraecari, mener la vie îles
Grecs. En quoi consistait cette vie, c est ce que nous
apprend, dans la Mostellaria de Plaute, un honnête
esclave: « Va, dit-il à un de ses compagnons, penertis
le fils de notre maître, autrefois si sage ; buvez ensembe
les jours et les nuits, menez joyeuse vi e(pergraeca»u>ii),
achetez des courtisanes, affranchissez-les, entretenez i es
parasites, faites bombance11. » Les soupers, telle t aI
donc la grande affaire. Ils se donnaient le plus "lM ^
chez la courtisane12, quelquefois aussi chez 1< J
homme (mais pour cela il fallait que son père ^ll ^
cédé, ou absent 13), d’autres fois chez un traiteur
— 8 Plaut. Menaechm. 328 sq. — 9 Comme preuves, U suffit dy envop^ ^
manière générale au théâtre de Plaute et de Térence et ans ^si„née Hiéroo
tisanes de Lucien. - 10 La .fig. 4909 est une peinture de .coupe,
C Wiener Vorelegeblàtter, C, pl. 5). Elle représente des jeunes gen ^ ■
une hétaïre : l’un tient une bourse, 1 autre une fleur, le Lois rper
ronne. — H 21-23; cf. 940-8. — 12 tue. Dial, meretr. !•',
61. — 13 Plaut. Mostell. 9io. - « Ter. Eunuch. 530 sq,
M ER
— 1829 —
MER
élaienl des pique-nique (kno <:u|j.6oX<ov ou
naireme"1 ci
, , --uo-'Soç Bef- , -
t soit en nature. C’estainsi que dans un souper chez
afgtn rtisane Gnathaena nous voyons le poète Diphile
la c°“Itir p0ur Sa part, « deux vases de vin de Chios,
®PP°; ' |(, phasos, des parfums, du dessert, un chevreau,
dof bandelettes,’ du poisson, un cuisinier, et une
,'SoçSentveïv),où chacun fournissait son écot, soiten
Fig. 4970. — Courtisanes au banquet.
joueuse de flûte », tandis qu’un autre convive, beaucoup
moins libéral, n’envoie que « de la neige et du poisson
salé 1 ». Chaque convive amenait avec lui une compagne,
soit sa maîtresse habituelle, soit une courtisane louée
pour la circonstance 2. Après le repas on buvait, on
jouait au cottabe [kottabos] ; parfois on s’enivrait, même
les femmes 3. Sur un vase(fïg. 4970) du musée de Madrid4,
one femme tend la coupe à une autre couchée en face
celle et l’invite à la vider : « Bois aussi », (mVe xai cru) ",
d'f l’inscription qu’on lit au-dessus de cette scène.
Uoe joueuse de flûte ou de lyre avait été convoquée, et
oox sons de son instrument on dansait (fig. 4971) ®. Une
û‘gle tacite de ces réunions, c’était que toute courtisane,
®ème celle qui n’était louée que pour la soirée, ne devait
1 Al|ien. XIII, 579 E; cf. Xcnopb. Mem. III, 14,1. — 2 Demosth. Neaer.
£.l356> R; Luc. Dial, meretr. 6, 3. — 3 Luc. L.l. - 4 W. Klein, Gr. Vasen mit
>e^mgsinschriften, Leipz. 1898, p. 82. — S La joueuse de flûte ivre sculptée
1 *siPPe était célèbre, Plin. H. nat . XXXIV, 63. — 6 Luc. O. LG, 3; 12, 1.
^(j,n<? SOuveat représentée sur les vases peints. Voy. plus haut, fig. 4-967 . La fig.
^ ‘cproduit une plaque en terre cuite du Louvre ; Rayet, Monum. de l art antique ,
PI ~ 1 Luc. O. I. 15, 2 et 3, 2.-8 Luc. Ibid. 3,2. - * Ibid. 15, 1-2. -1° Chez
(lca|,lle’ Llulémalium dans la Mostcllaria (voir en particulier la délicieuse scène 3
ac*c b, Silcnium dans la Cistellaria ; chez Térence, Autiphila dans I Beau-
ù',tmorouménos ; cf. chez Alciphr. Bacchis (I, 38). - >' On peut citer en parli-
VI.
avoir d’yeux, de sourires et d’attentions que pour celui
qui la payait \ Mais cette règle naturellement n’était
pas toujours observée. Des scènes de jalousie éclataient,
parfois des rixes 8. Heureux encore, lorsque quelque
rival, soutenu par une bande d’amis, ne pénétrait pas
de force dans la salle du banquet pour rouer de coups
les convives 9. Telle était la vie que menaient, pendant
plusieurs années, à Athènes, la plupart des fils de famille.
Le théâtre nous présente quelques types de courtisanes
affectueuses, désintéressées, fidèles 10 ; et on peut croire
qu’il est en cela l’image de la réalité". On conçoit, par
exemple, que plus d’une malheureuse, tirée par son
amant de l’esclavage et de la prostitution, se soit fait,
comme la Philématium de Plaute, un devoir de lui garder
une inviolable fidélité 12. Le même attachement a du aussi
se rencontrer assez souvent chez des courtisanes jeunes',
que le métier n’avait pas encore complètement
dépravées13. Enfin nous avons vu que maintes courti¬
sanes étaient des jeunes tilles, de naissance libre, volees
à leurs parents : celles-là avaient parfois conserve de
leur origine et de leur éducation première des sentiments
au-dessus de l’abjection involontaire où elles étaient
tombées14. Toutefois ce sont là sûrement de rares excep¬
tions. Tout autre est le type ordinaire de la courtisane.
L’intérêt est son unique mobile ; l’amour qu’elle témoigne
n’est que faux semblant et mensonge; elle n’a ni cœur,
ni pudeur, ni bonne foi13. Voici, du reste, la théorie du
métier, faite par une lena : « Ma fille, il faut taire sem¬
blant d’aimer; car, si tu aimais tout de bon, c’est à ton
amant, non à toi-même que tu songerais10. » Ou encore:
« Je t’avertis et te conseille instamment d’être sans pitié
pour les hommes : il faut les piller, les gruger, les rui¬
ner, tout autant qu’on en rencontre17.» Et elles ont, pour
caractériser la nature de leurs rapports avec leurs
amants, nombre de comparaisons des plus expressives.
Tantôt l’amoureux est un poisson qui ne vaut que dans
sa nouveauté : alors il est bon à toutes sauces. 1 lus taid,
quand il a perdu sa fraîcheur, il n’est plus bon qu’à
jeter 1S. D’autres fois, c’est une brebis qu’il faut envoyer
paître, après l’avoir tondue jusqu’à la peau19. Ailleurs
c’est une ville ennemie, où il est de bonne guerre de ne
laisser debout que les murs20. Malheur aux jeunes fous,
sans expérience, qui tombent dans leurs filets. Ces
femmes les ruinent jusqu’à leur dernier sou. Dans le
Truculentus de Plaute, un amant fait le compte de toutes
les dépenses forcées qu’exige l’entretien d'une maî¬
tresse21. C’est d’abord une pension annuelle ( merces
annua). Rien de plus commun, en effet, que ces contrats à
terme, par lesquels la courtisane s’engageait, moyennant
un prix fixé, à n’appartenir pendant un an qu’à son
amant22. Mais à cette première dépense s’en ajoutaient
journellement une foule d autres. C est 1 amant qui poui-
voit à l’entretien de la maison, à la table, à la toilette,
aux parures de sa maîtresse-’ . Chaque faxcui est, de la
part de celle-ci, le prétexte d’une nouvelle demande, ou
culicr la célèbre I.éaena, maîtresse d'Harmodios, le lyrannicidc, qui, mise à la tor-
lurc, refusa de le trahir ; Paus. I, 23, 1 ; Athen. XIII, 590 F ; Plin. Bist. nat. Vil,
-, 3 . XXXIV, 8. — 12 Voir plus haut, n. 33. — 13 Es. la Pbilcniura de Plaute dans
ï'Asinaria, act. III, sc. 1 ; cf. Luc. Dial. mer. 7. — 14 Rien de plus fréquent
dans les comédies de Piaule et de Térence. — 16 Ménandre, d'après Plut. Quom-
adolesc. poet. audire debeat, 19. — '6 Plaut. Cistell. 98. — n Ter. Becyr. 63
sq ■ cf. Plaut. Asin. 180. — i8 Plaut. Asm. 181 sq. — i* Plant. Dacchid. 1163
s,| _ 20 Id. Trucul. 166 sq. Voir encore Asin. 218 sq. la comparaison de la cour¬
tisane avec l'oiseleur ; Phaedr. Fab. IV, i, 4; Ovid. A. Am. 1, 89. —2' 31 sq
_ 22 Plaut Dacchid. 1140 ; Lucian. Dial, meretr. 15, 2. — 23 plaut. Trucul. 31 sq.
230
— 1830
MER
MER
directe ou déguisée. « La belle parle adroitement de
vases d'airain, de vins, de parfums, de provisions.... A
peine avez-vous fait un cadeau qu’on se prépare à vous
en demander cent autres. C’est un bijou qu'elle a perdu,
une robe qu'elle a déchirée; c’est une servante qu’elle a
achetée, un vase d’argent ou d’airain, un lit somptueux,
une armoire grecque, ou tout autre prétexte à dépenser.
A tout cela l’amant est obligé de pourvoir l. » De plus,
comme leurs pareilles de tous les temps, ces femmes
sont molles, paresseuses, incapables du moindre tra¬
vail 2 : il leur faut, par suite, toute uné troupe d’esclaves
des deux sexes pour les servir 3. Elles aiment le luxe et
la parure : aussi exigent-elles une profusion de bijoux et
les étofl'es.les plus chères L Pour se rendre compte du
luxe et de l’apparat qu’étalaient certaines courtisanes,
qu’on lise dans Y Héautontimorouménos de Térence, la
scène où est décrite l’arrivée de Bacchis : celle-ci traîne
après elle une suite de dix servantes chargées de ses
toilettes et de ses bijoux \ Ajoutez enfin que ces créa¬
tures sont prodigues, qu’elles dépensent l’argent avec la
même facilité qu’elles le gagnent": c’est ce r, \
symboliser Plaute dans le prologue du Tri * " 11 V°U'U
il personnifie Misère comme fille de Débauche* h! °Ù
de soutenir longtemps de telles prodigalités
famille étaient vite à bout de ressources. Alors * ^
recours aux expédients. Demander de Parfont . ” a'ait
apres un certain nombre de requêtes de ce eon™ a ’
fallait plus songer; on le leur escroquait donc par rus,.’
et cela est le fond, comme on sait, de presque toulcsV
comédies attiques. Les mères avaient le cœur nt„e - LS
Bible ; en jouant devant elles le désespoir et en les mena¬
çant d’aller prendre du service à l’étranger, on avait
chance de leur soutirer quelques subsides 8. En cas de
refus, c’était du moins un procédé courant que de leur
dérober parure et bijoux, pour en faire cadeau à la cour¬
tisane 9. A défaut de tout cela, restait encore, comme
ressource suprême, l’usurier. Celui-ci, quand le père
était riche et âgé, ne refusait pas de faire des avances à
gros intérêts10. Enfin venait un jour, où, à bout de
ressources et d’expédients, le malheureux ne pouvait
plus rien donner. C’était vainement alors qu’il suppliait,
qu’il frappait à la porte de la cruelle, qu’il passait la nuit
couché sur son seuil et l’arrosait de ses larmes : inexo¬
rablement repoussé, il lui fallait faire place h quelque
autre dupe11. La figure 4972, tirée d'une peinture de
vase du ive siècle, représente une scène de ce genre.
On y voit Héraclès, couché devant la porte de quelqu'une
de ses nombreuses maîtresses, qui refuse de lui ouvrir :
du haut de la porte, une vieille servante arrose l’amou¬
reux d’un pot d’eau 12.
L’opinion publique était d’une extrême indulgence
pour ces désordres des jeunes gens. Parmi les lieux
communs de morale vulgaire, qu on invoquait couram¬
ment à leur excuse, beaucoup n’ont pas cessé d être
encore en usage : « Simples écarts de jeunesse : il faut
1 riant. O. I. 33 sq. 53 sq. — 2 Dans un iïagm. de 1 Astraba on de la Cli-
tellaria (v 14-15, éd. Didot) une jeune courtisane, à ce qu'il semble, dit :
« Pol ad cubiluram, mater, mage sum exercita quam ad cursuram; sum
tardiuscula n.— 3 Ter. Eunuch. 165, 167, 135. — 4 Lucian. Dial, meretr. 7, 2.
_ B 245-6, 248, 451. — « Plaut. Trinum. 531 sq. — 7 Lucian. Dial, meretr.
7, 4 ; 12, 1. — 8 Lucian. O. I. 12, 1 ; Ter. Heaulont. 993 sq. ; cf. Plaut. Trinum.
575 sq. 697 sq. ; Ter. Adelph. 276, 385. — 9 Lucian. L. I. ; cf. Plaut. Alenaechm.
130. 361, 505 sq. ; Asin. 885 sq. 929. — 10 Cf. les personnages du Danista dans
que jeunesse se passe13. — Ce sont les mœurs du temps •
qu’a-t-il fait que ne fassent journellement les fils de
bonne famille 11 ? — Il en a toujours été ainsi . les pt i 1 * es
plus sévères en ont fait autrefois autant1 . Les j< 1111 -
gens qu’on tient de trop près font en cachette beau 1
plus de sottises que ceux à qui on laisse la htice sur
cou16. — 11 convient qu’avant le mariage unjeuntmen
ait vécu : sinon il prendra sa revanche apn s
somme, tout ce que l’opinion demandait a mi I
homme, c’était de ne pas faire scandale eL <
s’arrêter à temps18. La fin ordinaire de ces iaisuii ■
le voyons en effet par maints exemples, ct 1,111 our
mariage (noXuTâXavTOç y^-P-05)’ arrangé pm les pare ^
leur fils, et en général docilement accepte P»1 c aü)._
Jamais il ne serait venu à l’esprit dune
_ _ j| plaut. Truc'il-
lidicus de Piaule el du Trapezila dans le Curculio. undSicil- Vasen'
2; Aün. A. I, sc. 3 ; Luc. O. I. 14, l. - >3 Beundorf, Gnech. un ^ ^ ^
d, pi. 44. — 13 Ter. Hecyr. 541-2; Plant. Motte ■ • MefCat. tl!3.
eud. 444; Ter. ffeaut. 958. - ^ Plaut. Pseud. I.J. été £«»'*
17 Ter. Adelph. 108. « 444 sa. : « Tant que cola lu.
niais
S Ter. Andr. 444 sq. : « ^ ,.flm0Ur, »'
s'agit du jeune Pamphile) et que l'âge le comporta. , ^ |0rl i>sa ''f"
crètement et en homme bien élevé et qui a souci ' 1 I '
ion ». — 19 Lucian. Dial, meretr. 2, 1 ; 7, 4.
I
MER
— 1831
MER
i
i'iino
de r
le
•étexte (
efuser sa fille à un jeune homme, sous
,(|U’il avait mené joyeuse vie *.
cl‘les personnes qui généralement prenaient au
, ces amours, c’étaient les pères [patres severi )
x-' ' - 7 - f
qu’ils reprochaient à leurs fils, c était
moins l’immoralité de leur conduite que leurs
leurs dettes, et les suites fâcheuses de
Il arrivait en effet que des jeunes gens,
pi
Les s
trag>due
A la vérité, ce
beaucoup
folles dépenses
C6S '’v^avec une hétaïre, refusaient le riche mariage
ae°q!|in pour eux par leurs parents 3 ; et cette résistance
rTcoinine on sait, le sujet de mainte pièce de Plaute.
e>\cnt même les courtisanes obtenaient d’un amant
f °in épris la promesse, plus ou moins sincère, qu’il ne
11111 -nroii nas 4 Quand un enfantvenait ànaître de ces
mours illégitimes, la rupture, comme de juste, devenait
a, difficile encore 5. Aussi était-ce de la part de ces
femmes une ruse fréquente que de simuler une gros¬
sesse 1
posé
au besoin, elles se procuraient un enfant sup-
. Comme de nos jours, lorsqu’on désespérait
d’arracher autrement un adolescent à quelque passion
indjo-ne, on l’expatriait pour un temps, soit en lui faisant
prendre du service à l’étranger, soit en l’y envoyant
•faire le commerce 8. A l’inverse des pères, beaucoup de
mères de famille voyaient d’un œil indulgent ces fre¬
daines; quelques-unes même se faisaient, à l’occasion,
les confidentes et les complices de leurs fils
Chose plus étonnante encore, les mœurs, à Athènes,
toléraient les relations des hommes mariés avec les cour¬
tisanes. Il est bien vrai qu’avec le mariage cessaient
ordinairement ces liaisons publiques et affichées, cette
vie de plaisirs qui était, durant quelques années, celle de
la plupart des jeunes gens riches 10. Mais on peut affirmer
néanmoins que les infidélités conjugales étaient bien
loin d’ètre une exception et ne causaient nullement
scandale11. La raison principale de ce faites! dans la façon
dont se concluaient les mariages athéniens. Souvent les
jeunes époux s’étaient à peine vus avant leur union.
Celle-ci avait été conclue par les parents, qui ne s inquié¬
taient guère des goûts et de l’humeur des fiancés, et con¬
sidéraient avant tout la conformité de naissance et de
fortune. L’inclination et l’amour n’avaient par suite
presque aucune part dans ces mariages [matrimonium]. De
là, à Athènes, tant de ménages mal assortis, et, comme
conséquence, la fréquence des divorces et des adultères
Delàaussi l’indulgence générale (Je l’opinion à 1 égard des
maris infidèles. Rien de plus significatif à cet égard
qu’un passage du pseudo-Démosthènc dans le plaidoyer
Contre Néaera 13. Il y est raconté qu'un jour le sophiste
Lysias, ayant eu l’idée de faire initier aux mystères sa
maîtresse Métaneira, la fit venir de Corinthe, que tou¬
tefois il ne la reçut pas dans sa propre maison, par égard
pour sa femme et sa vieille mère qui y habitaient,
■unis l’installa avec sa suite chez Philostratos de Colone,
Un jeune homme de ses amis. Ce qu’il y a de plus re¬
marquable dans ce passage, c'est la façon dont le fait est
amené et raconté. Aucun mot n’y indique la réprobation
de l’orateur pour la conduite de Lysias. D’autre part,
il ne s’excuse nullement auprès de celui-ci de pénétrer
dans sa vie privée. Qu’est-ce à dire, sinon qu aux yeux
du plaideur comme de son public la conduite de Lysias
n’avait rien de choquant, ni mêmed anormal ! C est aussi
l’imprçssion que nous retirons de la comédie attique,
traduite en latin. Là non plus les maris coupables ne
manquent pas, et presque toujours ils trouvent, pour
couvrir leurs fredaines, la complicité d un tiers, homme
marié, lui aussi. Évidemment de tels services, entre
hommes mariés, étaient fréquents : c était un prête pour
un rendu. Étant donné cet état de 1 opinion publique, on
s’explique fort bien qu’à Athènes 1 adultère du mai i
n’entraînât ipso fado pour le coupable aucune consé¬
quence juridique. C’est là un point sur lequel aujour¬
d’hui presque tous les historiens du droit attique sont
d’accord14. Plaute, dans le Mercator 15, a formulé en
termes précis cette inégalité des deux sexes devant la loi
attique : « Qu’un mari entretienne secrètement une
courtisane, si sa femme vient à l’apprendre, 1 impunité
ne lui en est pas moins assurée. Qu’une femme quitte en
cachette la maison conjugale, le mari est en droit de lui
intenter une action ; elle est répudiée. La loi ne devrait-
elle pas être égale pour le mari comme pour la femme? »
Toutefois cette antithèse n’est pas rigoureusement exacte.
S’il paraît bien vrai que l’action de xixojsiç [ kakoséôs
grapuè] pour cause d'adultère du mari n'était ouverte
qu’aux femmes épiclères, et non à toutes les femmes en
général16, il y a, d’autre part, des preuves suffisantes que
celles-ci n’étaient point absolument désarmées. A condi-
tionseulement qu’ilrevêtît certains caractères aggi avants,
inconduite notoire, abandon (au sens juridique) de
l’épouse, introduction d’une courtisane dans le domicile
conjugal, l’adultère du mari pouvait donner lieu, de la
part de toute femme, épiclère ou non, à une action de
divorce11 [divortium]. C’est ainsi, par exemple, qu'Alci-
biade ayant introduit dans le logis conjugal des hétaïres
de naissance libre et esclaves, sa femme, la vertueuse
Ilipparétè, quitta la maison et se rendit devant 1 archonte
pour lui remettre son instance en séparation 1 . Dans la
comédie latine, qui reproduit sans doute sur ce point les
mœurs grecques, nous voyons également la femme
offensée menacer son mari de le quitter et d'aller se
retirer chez son père 19, ce qui était apparemment le
prélude ordinaire d’une action de divorce. Toutefois
l'opinion publique n’était point favorable, cela est cer¬
tain, aux femmes qui prenaient 1 initiative dune sépa¬
ration 20 ; et, si l’on en juge par la comédie, leurs pères
mêmes ne s’y prêtaient pas volontiers-1.
On a prétendu souvent que la loi athénienne imposait
aux hétaïres un costume spécial, qui les distinguait des
autres femmes M. Le seul argument direct que l’on
1 1i:r- -ffecyr. 536. — 2 Paroles de Theuropides dans le Trucul.v. 1138, en
Pardonnant à son fils : « Bibito, facito quod lubet ; | si hoc pudet, fecisse
sun’plum, supplici habco satis». — 3 Lucian. Dial, meretr. 2, 4; 7, 4. — 4 Lu-
Cla"- 0. I. 4 j rpcr HeCyr' 60 sq. — 3 Lucian. Ibid. — “ Lucian. O. I.
*• — 7 Haut. Trucul. 381 sq. ; Ter. Andr. 514 sq. — 8 Haut.
dirent. 80 sq.; Trinum. 677, 697 ; Casin. 62; Ter. Adelph. 276 ; Ueaut. 93 sq. ;
Luc- 0. I. 12, | . _ 9 Xcr. Heaut. 993 : maires omnes filiis | in peccalo
4<liulnces... | soient esse; cf. Phorm. 1039. — 16 Cf. Jacobs, Verm. Sclirift. IV,
MU). -- il Becker-Gfill, Clmrikl. Il, p. 86. Particulièrement typique est le cas
1 ÏPWle. Quoique marié, il fut publiquement l'amant do Phryné. Bien plus, scion
1 111 il entretint jusqu’à Irois maîtresses à la fois : à la ville Mjrrhinè,
Piréc Aristagora, à Eleusis Phila (Alh. XIII, 590 C.-D.) - <2 Becker-
11 O Mil, p. 337 sq. — i3 21. — U Beaucliet, Hist. du droit de la rép. ath.
I 229 sq. 244, 381 sq. ; Meier-Schflmann-Lipsius, Alt. Proc. 1, p. 353-4; Bccker-
II " Clmrikl . II, p. 88 ; G. Glotz, art. kakoseos graphe du présent Dictionnaire.
!5 7% s,.. 1 là Beaucliet, L. I. - U Becker-Goell, L. I. - '« Andoc. Adv. Alcib.
. p;ut Alcib. 8. — 19 Plaut. Menaech. A. V, sc. 2 (v. 740 sq.). — 2" Eurid. Med.
à-7 • o ': là? «oÔ.«T, àEaU«7a\ -fjvaduv ; cf. Caillemer, art. d.vorticm du Dictionnaire,
310. -21 Plaut. Menaech. Ibid. —22 Petit, Leg. allie, p. 577; Boettiger,
/ Schrift. III, p- 44. Même opinion encore, exprimée tout récemment par
Blümncr ap. K.-F. Hermann's Lehrb. der gr. Antiq. IV Bd, Privatalterth.,
254-5.
MER
1832 —
MER
puisse alléguer en ce sens est un texte de Suidas : vôfxoç
’AO^vyis! txç érat'paî àv0ivx cpopeïv 1 . Mais, en l’absence de
tout autre témoignage ou indice confirmant cette asser¬
tion 3, il y a lieu de croire, ou bien que le lexicographe
a commis une erreur, ou bien qu’ici le mot vôp.oç n’a
pas le sens de loi , mais, comme il arrive souvent,
celui de coutume 3. Ainsi entendu, le texte de Suidas
exprimerait simplement le goût bien connu des courti¬
sanes pour les étoffes voyantes L Les prétendues ana¬
logies, tirées d’autres législations grecques, ne sont pas
plus probantes. Selon Diodore de Sicile, un règlement
édicté par Zaleucos de Locres interdisait « à toute
femme libre de porter des ornements d’or ou des vête¬
ments richement brodés, à moins que par là même elle
ne se déclarât courtisane publique 5 ». Même règlement
à Syracuse, formulé chez Athénée en termes à peu près
identiques 6. De même enfin à Lacédémone, selon
Clément d’Alexandrie, la loi défendait aux honnêtes
femmes l’usage des vêtements brodés et des ornements
d’or et ne le permettait qu’aux courtisanes \ Comme on
le voit, ces trois textes sont des fragment^ de lois somp¬
tuaires, réglant uniquement le costume des matrones.
Bien loin de soumettre à un costume distinctif les cour¬
tisanes, ils ne font mention de celles-ci qu’accidentel-
lement et pour les exemples des obligations spéciales
imposées aux honnêtes femmes. Mais le meilleur argu¬
ment contre la loi supposée par Suidas est encore celui
qu’a fait valoir Becker 8. Si un règlement avait contraint
les courtisanes d’Athènes à porter une sorte de livrée
d’infamie, comment expliquer que jamais, même dans
les procès où il s’agit précisément de décider comme dans
le procès contre Néaera, si une femme estou non hétaïre,
cet argument si simple et si décisif n’ait été produit ?
Il reste vrai toutefois qu’en Grèce, comme de nos
jours, on distinguait assez aisément, d’après sa mise,
une courtisane d’une femme honnête. De tout temps, en
effet, ces créatures ont recherché l’éclat des bijoux, et
les toilettes voyantes et tapageuses. « Une femme sage et
belle, dit Lucien, n’emploie en fait de bijoux que ce qui
peut rehausser sa beauté : un collier mince autour de
son cou, un léger anneau à son doigt, des pendants
d’oreille, une agrafe, une bandelette pour comprimer
ses cheveux flottants, tout cela servant à relever ses
charmes, comme la pourpre relève un vêtement. Tout
autrement font les courtisanes, surtout les laides: il leur
faut des vêtements tout de pourpre ; leur cou n’est plus
en chair, mais en or... ; elles s'imaginent que leur bras
aura plus de blancheur si l’or lui prête son éclat, que les
défauts de leur pied disparaîtront sous une sandale d’or,
et que leur visage même sera plus aimable, vu au milieu
de tout cet éclat » D’après la distinction, très nettement
posée ici par Lucien, il est permis de rapporter spéciale¬
ment aux cour tisanes un autre passage du même écrivain 10,
où il a décrit en détail tous les secrets et tous les raffine¬
ments de la toilette féminine. Autour de leur maîtresse,
lorsqu’elle sort du lit, il nous montre toute une armée de
1 Petit, Leg . attic. p. 576. L’adjcctif àvOtvcîç ou àvOr.çô; désigne les étoffes à dessins,
à fleurs, ou à petits carreaux (Becker-Coell, Cliarikl. III, p. 249). — 2 Petit, L. I.
allègue encore, il est vrai, Artémidore, II, 3, et Clément d’Alexandrie, Paed. III, 2
(t. VIII, p. 572 A, Migne). Mais ces deux textes atteslcntun usage, non une loi. — 3 Bec-
ker-Gôll, Charikl. II, p. 103. — '* Voir plus bas, note 15. — 5XII, 21 — 6 XII, 521 B;
cf. Eustalh. Ad lliad. XIX, 282, p. 1185. —7 Paed. II, 10 (t. VIII. p. 521 C, Migne).
— 8 0. I. II, p. 104. — 9 De domo , 7. — 10 Amor. 39 sq. ; cf. Plaut. Mostell.
247 sq. — 11 Cf. Athen. XIII, 557 F. — 12 Cf. Lucian. Dial ; meretr. 11, 3; 12, 5 ;
servantes, rangées comme dans une procession ,•
ayant chacune en main un des mille accessoires nér -
à la toilette d’une élégante : bassins d’argent ■
miroirs, autant de boîtes et de petits pots que
pharmacie, remplis de toutes sortes de comno'v '‘ne
poudres ou liquides pour éclaircir le visage p0 . ’
toyer les dents, pour noircir les sourcils1* Mai"
l’agencement de la chevelure qui demande’ le 'plus T
soins et de temps. Il y a des préparations merveilleuse^
grâce auxquelles on teint les cheveux comme la laine 12
Aime-t-on le blond, nuance particulièrement prisée en
Grèce? A l’aide de certains onguents, on les rendra
aussi dorés que le soleil en son midi. Préfère-t-on le
brun? Rien de plus facile également. Ajoutez à cela les
parfums, dont les plus renommés viennent d’Arabie et
qui font de chaque chevelure comme un bouquet13 -’les
frisures au petit fer 11 [coma]; les chaussures en cuir de
plusieurs couleurs, si étroites qu’elles pénètrent dans la
chair. Citons encore les tissus fabriqués à Cos, à Amor-
gos ou à Tarente [coa, amorgina], si fins et transparents,
qu’on voit à travers tout ce qu’ils sont censés cacher 15 •
une profusion de bijoux est répandue sur toute la per¬
sonne10 : auxoreilles des pierres de lamer Rougequi valent
chacune plusieurs talents, aux poignets et aux bras des
serpents d’or, autour de la tête une couronne étince¬
lante de pierreries des Indes, au cou des colliers d’un
prix inestimable, et un anneau d’or autour des chevilles,
laissées à dessein nues. Enfin, pour parachever cette
beauté mensongère, le fard rend aux joues fatiguées et
pâlies les couleurs de la jeunesse et de la santé n. Au
nombre des artifices de toilette, employés par les hétaïres,
il faut mettre encore toute une série de moyens, servant
à dissimuler, atténuer, parfois tourner en agrément
quelque défaut physique. Un poète du ivc siècle, Amphis,
décrit la manière dont les lenae s’y prenaient pour
façonner et transformer physiquement leurs pension¬
naires 18. Elles les prennent, dit-il, dès leur jeunesse, et
elles les métamorphosent au point de les rendre mécon¬
naissables. L’une est trop petite: on la hausse, au
moyen d’une semelle de liège introduite dans sa chaus¬
sure 19. Est-elle trop grande, au contraire: on lui lait
porter des escarpins très minces, et on lui enseigne a
renfoncer la tête dans les épaules, ce qui lui été un pou
de sa haute taille, etc. Si elle a de jolies dents, on a
forcera à rire pour les montrer. Et, si elle n aiint ] a
rire, on l’enferme au logis toute la journée, tenant dtw
entre scs dents un brin de myrte, afin que, bon giet j
gré, elle s’habitue à entr ouvrir la bouche . Eu n 1 . ’
l’antiquité n’a ignoré à peu près aucun des ra uien »
aucune des fraudes de la toilette féminine mo
Comme contraste, il nous faut signaler la tenut, [
négligée, et parfois repoussante, des courbsane
chez elles et en déshabillé. Un esclave de Ter en - ^
a introduit son jeune maître sous un déguisa me ‘
la maison d’une hétaïre, se flatte, sans trop 6 fauche.!
de l’avoir par ce moyen dégoûté à jamais < c
lerruques. — 13 Cf. Aristopli. Lysistr. 47; P1*“ ^vmr chë^I’lautc, EfÜ-
; Alostell. 254. — >3 Aristoph. Lysistr. 48, ■ noms 1|1‘
. .. . j: _ „ .«"-tes de tuniques. ,
Eccli’t
teinlure et perruques
204, une interminable énumération des diverses sortes de 1 ^ 929, 1072.
serres. -26 Cf. Ter. Béant. 248-452- *7 Aristoph. Lysistr- U, ^ MJ.
Xen. Oeconom. X, 2 et 7; Athen. XIII, 557 F ; Plaut. Erucul.^ aTer.i’i„ .«*
264. - 1» Athen. XIII, 568 A-E— <9 Cf. Xen. Oeconom. X, -, ^ d.unulIgegH|
313 Sq. — 21 Ajoutons encore l’épilation qui, chez les emme , ^ ^ fiunuch- 830 8<*’ 1
dans l’antiquité (Aristoph. Lysistr. 141, Lian. 4P I
MER
— 1833 —
MER
( uj les voit dehors, rien de plus propre, de plus
«1,’oUI. 'I'](, plus coquet. Mais c’est chez elles, et seules,
les voir; quelle goinfrerie, quelle saleté,
<Illil digère ! Comme elles sont affreuses, voraces, de
tlUt' ' eiles dévorent du pain noir trempé dans du
^ü: la veille. C’est le salut d’un jeune homme
il0l!'de connaître tout cela. »
4 nombre des revenus de l’État athénien figurait
; i„vfl 5iir les courtisanes (Ttopvtxbv téAoç ‘), que le
al affermait chaque année, par le ministère des
i { 2 Pour le recouvrement de cette taxe, les fer-
W°e^aL’pvoTeXüivai 3) avaient à faire annuellement le
-censément exact de tous les individus, hommes ou
Pnimes, se livrant à la prostitution \ Probablement il
^ aune' relation à établir entre cet impôt et une note
de' Suidas et Zonaras, selon laquelle le salaire des
courtisanes était officiellement fixé par les agora-
nomes 8. La plupart des savants ont, à la vérité,
mis en doute cette dernière affirmation, et Meier, entre
'autres, a même essayé d’en corriger le texte 6. Mais ces
savants n’avaient pas alors connaissance d’un fait, que
nous trouvons relaté dans la République des Athéniens
d’Aristote et qui donne au texte de Suidas et de Zonaras
beaucoup de vraisemblance. Il y est dit que les asty-
nomes ont la surveillance des joueuses de flûte, de lyre
et de cithare, qu’ils veillent à ce que ces femmes
n’exigent pas un salaire supérieur à deux drachmes, et,
au cas où plusieurs citoyens se disputent la même musi¬
cienne, tranchent la querelle par la voie du sort \ Ce
précédent établi, il n’y a plus’lieu de s’étonner que l’État
intervint aussi dans la fixation du salaire des courti¬
sanes 8. D’après l’analogie de la loi romaine, calquée
sans doute sur la loi grecque, il est toutefois probable
que le tarif dont il s'agit était purement théorique et
uniquement destiné à servir de base au itopvotbv
tsXoç 9. A Rome, en effet, chaque prostituée, dit Sué¬
tone, payait au fisc, à titre d’impôt, « quantum uno
concubitu mereret 10 ». lien était vraisemblablement de
même à Athènes : les prostituées y étaient sans doute
réparties, d’après le prix présumé de leurs faveurs, en un
certain nombre de classes, qui payaient, chacune, une
taxe égale, ou, du moins, proportionnée à ce salaire.
Mais il va de soi que, dans la pratique, les courtisanes
athéniennes restaient libres (on ne voit pas, du reste,
comment l'État aurait pu les en empêcher) de traiter de
1 Aescli. Adn. Timarch. 119 sq. — 2 Ibid. — 3 Poil. VU, 202. — 4 Dans
le plaidoyer contre Timarque, l. I. Eschine prévoit que Démoslliène usera
de ccl argument pour établir que Timarque n’est pas un prostitué : « Quel
besoin, dira-t-il, d'une accusation ? 11 suffit de produire le témoignage du
fermier qui a perçu des mains de Timarque l’impôt ». — » Suid. a. v. Siàqpaji|i.a .
■co jxtaOwjxa * SiÉyçocoov oî à^opavoyiot otrov ê'Set )vapi.6âv£iv ttjv batçav ïxàmrjv ; Zonar.
s-v- 8iàïpwat _ 6 Boeckli, Die Stnatshaushalt. der Athen. 3e éd. ï, p. 404-5 et
e*er-Schoeniann, Attisch. Proc. 2° éd. I, p. 103, proposent de lire xaTaSàXXetv au
'*cu avec cette correction il s'agirait, non plus d’un salaire officiel des
courtisanes, mais de la taxe qu’elles avaient à payer. — 1 § 50. — 8 Cf. sur ce
Pesage Th. Reinach, Rev. des et. gr. V (1892), p. 101 , n. qui fait justement remar-
IUC1 'lue ces musiciennes ajoutaient généralement à leur profession avouée celle de
““'■tisanes. - 9 Bocckh, L. I. — 10 Calig. 40. — H Hesycli. s. v. TçtavvoTrôovYi ;
c° : 1X> 59' — '2 Just. XXI, 5, 7. A vrai dire, ce texte établit seulement qu'à
OI|'“tl'c les procès contre les lenones et les hétaïres étaient présidés par les édiles.
~ ■‘ Th- Reinach, O. I. p. 101-102. Le texte de l’inscription est donné dans la Rev.
(Met. gr. iv, p. 337, _ H Voir K gehmidt, Griech. Personnam. bei Plaut, dans
njmes’ XXXVII (1902), p. 173-212 (l»r article). — 13 Voir E. Maass, Zur
I ; p”’nschr. Von Paros, dans les Mitth. d. dèutsch. arch. Instit. Athen. XVIII
P ' *’ R--1 sq., réfuté par A. Wilhelm, Die sogenannte Uetaereninschr. aus
2gT°-’ dans les Mitth. Atfl ■ XX111 (1898), p. 419 sq. — 16 Aristot. U. Athen , I,
— lV; ~ 11 Art. aspas.a dans la Realencycl. de Pauly-Wissowa, p. 1718.
54ll *scr- ttr.att. 382 ; Bail. corr. hell. 111, 326; IV, 521; Corp. inscr. att. II,
’-787;066, U; 2542, 3543, 3544; III, 2420; Inscr. Gr. sept. 846; Mitth.
gré à gré avec leurs clients". La taxe sur les courtisanes
paraît avoir existé dans la plupart des cités grecques de
quelque importance. Peut-être était-elle en vigueur à
Corinthe12. En tout cas nous la trouvons à Cos. Une'
inscription, qui donne la liste des impôts affermés
dans cette île, mentionne dans une même ferme, et à
côté des impôts sur le vin, le bois, l’orge et les loyers,
une taxe sur les hétaïres (éxatoat) ’3.
Il y aurait une curieuse étude à faire sur les noms
propres de courtisanes : elle n’a été qu’ébauchée jus¬
qu’ici". Quelques résultats, cependant, paraissent dès
maintenant bien établis. Il est certain, par exemple,
que, si les noms caressants, et en particulier les dimi¬
nutifs, sont très fréquents dans le monde des courtisanes,
il ne manque pas toutefois de textes épigraphiques et
littéraires où ces noms désignent des honnêtes femmes,
par conséquent ils ne sauraient par eux-mêmes fournir
aucun renseignement sur la condition et l’honorabilité
des personnes qui les portent 15. Cette démonstration a
été faite en particulier au sujet du nom 'AïTrcnria,
où M. Wilamowitz-Môllendorf 18 avait prétendu trouver
un indice certain de la qualité d’hétaïre d’Aspasie :
M. Judeich17 a rassemblé un assez .grand nombre
d’inscriptions, où ce nom appartient à des femmes de
condition honorable 1S. Il faut d’ailleurs distinguer des
appellations, données dès la naissance, et qui ne peuvent
guère trahir la condition des femmes qui les portent,
les dénominations imaginées par les écrivains, poètes
comiques, épistolographes ou auteurs de dialogues19;
celles-ci sont au contraire souvent parlantes , c’est-à-
dire qu’elles contiennent une allusion plus ou moins
précise à la profession. De ce nombre sont la plu¬
part des noms de courtisanes qui figurent chez Plaute
et Térence et que ces écrivains ont empruntés à leurs
modèles grecs20, par exemple Philémation21, Bacchis2-,
Philaenion 23, Erotion24, Pasicompsa25,Glycerion26, Philo-
comasion 21, Pardalisca 28, Leaena2’, et d’autres 30 où se
cache un sous-entendu grossier. Avec les noms réels il
ne faut pas non plus confondre les noms de guerre que
s’attribuaient parfois les courtisanes ou que leur donnaient
leurs amants : ainsi la célèbre Phrynè s’appelait de son vrai
nom Mnésarétè 31 , et celui de Mania, maîtresse de Démé-
trius Poliorcète, était Mélitta32. Enfin rien de plus fréquent
que les surnoms : comme de nos jours, il n y avait pour
ainsi dire pas une hétaïre qui n’eùt le sien. Ces sobri-
Athen. III, 81. — 19 Plaute, Térence, Alciphron, Aristénclc, Lucien, etc.
— 20 K. Schmidt, O. I. — 21 Nom d'hétaïre dans la Mostellaria de Piaule, chez
Lucien, Dial. mer. XI, 2, et Aristénète, I, 14. Toutefois cc nom est fréquent dans le
Corp. 'inscr. gr. Voir Pape, Wôrterb. der griech. Namen, s. v. — 22 Nom de
deux hétaïres dans les liacchidcs de Plaute, dune hétaïre dans Y Héautontimo-
rouménos et dans Y Hdcyre ; hétaïre de ce nom dans Kock, Comic. atlic. frag.
11, 416; hétaïre de Samos, Athen. XIII, 594 B, C; joueuse de flûte, Id. XIII, 595 A ;
hétaïre de Milet, Plut. Amat. 753 D. - 23 plaut. Asm.; Luc. Dial. mer. 6, 1.
L'étymologie du mot est donnéo Asm. 517 : satis dicacula esamatrix. — 21 Hétaïre
de ce nom dans les Ménechmes de Plaute et chez Diog. Laert. X, 7. Mais c'est
aussi un nom de femme honorable dans Corp. inscr. att. Voir Pape, O. I. — 25 Dans
le Mercator de Plaute. - 26 La Glycère de Térence (Andrienne) avant d'ôtre
courtisane, s’appelait Pasibula. Le nom de Glycère n'est pas cependant exclusivement
un nom d’hétaïre. Voir Pape, O. I. - 27 Dans le Miles gloriosus de Plaute.
L'étymologie est fiU, et *«péÇ..v = faire la fête. - 28 Com. att. fragm. Kock, I,
515 : xi;» *«XoCr»iv tv «avaXSiSct. — 29 Nom fréquent, surtout chez les
hétaïres! La lionne est l'animal sacré d’Aphrodite (Jacobi, Fleckh. Jahrb. 1873,
p 366 sq.). — 30 K. Schmidt, l. I. — 31 Ce surnom lui avait été attribué, dit Plu¬
tarque, à cause de la blancheur de son teint : c'était sans doute une allusion au
préjugé populaire, selon lequel le crapaud (en grec, oçôyvi) avait la propriété de
rendre pâles à jamais, les personnes qu’il avait touchées ou seulement regardées (Ath.
XIII, 591 E i Plu*. de pyth- orac ■ 401 A ’ Ael- an- XV11, 32 At,len- X,ll>
578 B C. Ce nom de Mania (piàvtn =- folie, passion, ou avec une intention méchante
Mim*,' féminin do Mdvns, nom d'esclave phrygien) lui avait été donné par ses amants.
MER
— 1834 —
MER
quels stigmatisent souvent l’impudence de ces femmes :
par exemple, celuide K.uviu.'jia, « mouche à chien », infligé
à la courtisane Nikion De même Sinopè avait été sur¬
nommée A6u8o;, ou le Gouffre 2, Phrynè 3 ou le
Crible, parce qu'elle criblait, c’est-à-dire laissait à sec la
bourse de ses visiteurs, Nico Aï; ou la Chèvre, par un
calembour qui rappelait qu’elle avait dévoré le patri¬
moine de son amant Thallos \ Le surnom de KÀowffiysXwç,
donné à Phrynè, était une allusion aux larmes qui sui¬
vaient d’ordinaire les ruineuses faveurs de cette courti¬
sane b. D’autres sobriquets flétrissent les perfidies des
hétaïres (Ilayi;, le Filet) 6, le mensonge de leurs belles
toilettes (npo<7XTqviov, décor de théâtre) 1, ou même leurs
habitudes sordides (<F9sip&7:üX-q)8. Comme on le voit, la
plupart de ces épithètes ont une signification inju¬
rieuse. 11 semble que de tout temps les adorateurs de
ces femmes aient, par ces insultes, essayé de se ven¬
ger de leur esclavage, de leurs humiliations, parfois de
leur ruine.
La renommée de plusieurs courtisanes grecques s’est
perpétuée jusqu’à nos jours. Aspasie, Laïs, Phrynè,
Glycère, ces noms, poétisés par la légende, évoquent
aujourd'hui encore devant nous tous les prestiges de
la séduction et de la beauté. On trouvera dans les Ver-
mischte Schriften de F. Jacobs les biographies détaillées
de ces femmes : noms y renvoyons le lecteur9. En ce qui
concerne Aspasie, quelques mots toutefois sont néces¬
saires pour définir avec exactitude, sa condition sociale
ainsi que la nature du lien qui l’unissait à Périclès10.
L’histoire, ce nous semble, a accueilli avec trop de com¬
plaisance sur son compte les médisances des comiques
contemporains, amplifiées encore et aggravées par des
écrivains postérieurs, dénués de critique “. Pour juger
avec équité Aspasie, il faut aller droit aux témoignages de
ceux qui Font connue personnellement, ou qui, apparte-
nantàla génération suivante, ont eu du moins sur elle des
renseignements de première main. Ces témoignages, à la
vérité, sont rares et brefs, mais ils suffisent. Dans le
Ménexènc de Platon, Aspasie nous est représentée comme
une femme supérieure, et par son esprit, et par ses con¬
naissances en rhétorique et en politique12. Mais ceci ne se
rapporte qu’à ses qualités intellectuelles. Voici deux
autres textes qui, en outre, jettent quelque jour sur ses
mœurs. Dans un dialogue à la façon de Platon, le socra¬
tique Eschine avait montré Aspasie s’entretenant avec
Xénophon et sa femme : comme conclusion, elle invitait
les jeunes époux à travailler tous les deux à leur perfec¬
tionnement moral13. Dans Y Économique de Xénophon,
Socrate exposant à Critobule le rôle et les devoirs d une
femme dans le ménage, lui propose de le présenter à
Aspasie « qui l’instruira avec bien plus de compétence
sur ces matières u». Ainsi donc les seules informations,
1 Athen. IV, 157 A. — 2 Id. XIII, 586 A. — 3 Id. XIII, 587 B, 588 E-F,
591 C. — 4 Id. XIII, 582 E, 583 C. — S Id. XIII, 591 C. — 6 Lucian,
Dial, meretr. 11, 2; cf. Alhen. XIII, 567 F. — "• Athen. XIII, 587 B : surnom
de la courtisane Nannion. — 8 Id. XIII, 58C A. Littéralement « celle qui s'épouille à
sa porte », surnom de la courtisane Rhanostratè. — 9 IV, p. 379-554. Voir aussi
l’article laïs dans le Dict. hist. et crit. de Bayle. — 10 Sur Aspasie, voir, outre
Jacobs, Op. I. IV, p. 379-39, l’article dn même dans la 1 tealencyc. de Pauly, et
celui de Judeich dans la nouvelle édition de la Realencyc. par Wissowa.
— 11 Aristoph. Acharn. 542 êq. ; Alhen. XIII, 570 A ; XII, 533 D; Harpocr. s. v.
'Airr.xffia ; Plut. Pericl. 13, 24. — '2 235E. — I3 Cic. De inv. I, 31; Quintil, V, 11,
27. Chronologiquement, ce dialogue n’a pu avoir lieu, Xénophon étant alors
beaucoup trop jeune. Mais, du moins, il nous rend fidèlement l’image morale
qu’on se faisait d’ Aspasie dans l’école socratique. — 14 III, 14. Voir encore Mèm.
dignes d’entière confiance, sont favorables sarm
lion aucune à Aspasie. Bien supérieure àla - !'eSlric'
femmes grecques par son intelligence et sa nî\i ^ d<*
nous y apparaît en outre l’égale des meilleuresT’ J
honorabilité reconnue, par le respect et la consid ^ r°°
dont elle est entourée. Nous concluons par suii
hésiter qu’Aspasie:. en dépit du préjugé courant
pas une hétaïre. Elle ne l’a été, ni au sens moral (ni
venons de le montrer), ni au sens juridique qu’on n, i
attacher à ce mot. Au point de vue juridique, en c(R
on distinguait, à Athènes, de l’épouse légitime
non seulement la courtisane (sTatoa), niais encore
concubine ou pallaque (TtaXXoooj) *»! Épouse de Périclès1
Aspasie, en sa qualité d’étrangère, ne pouvait Fètie’
mais elle était très probablement sa concubine. Le cou-
cubinat athénien, on l’a vu [concubinatus], était un
mariage d’ordre inférieur, à la vérité, mais reconnu par
la loi. La condition de pallaque où Aspasie resta reléguée
n’était donc pas une tare ; elle ne provenait que d’une
incapacité légale, et ne pouvait par conséquent rien lui
enlever de l’estime et du respect auxquels ses qualités
personnelles lui donnaient droit. Et ce qui prouve bien,
du reste, qu’il en était ainsi, c’est le fait, rapporté par
Plutarque, que les amis de Périclès, lorsqu’ils rendaient
visite à Aspasie, n’hésitaient pas à amener avec eux
leurs femmes 16 : ce qu’ils n’auraient certainement pas
fait, si la compagne de l’homme d’État avait été une
hétaïre. En résumé donc, la condition sociale d’ Aspasie
peut se comparer assez exactement à ce qu’on appelle de
nos jours un mariage morganatique.
Oubliées aujourd’hui, d’autres courtisanes furent
célèbres aussi de leur temps en raison de la puissance
et des honneurs qu’elles obtinrent, maîtresses des
princes et des rois, parfois reines elles-mêmes. Ci¬
tons entre autres Thargélie de Milet, qui eut, au dire
de Plutarque, des liaisons avec plusieurs hommes poli¬
tiques de la Grèce qu’elle sut gagner aux intérêts du
grand roi, et qui mourut reine de Thessalie 1 ", 1 Alhé-I
nienne Thaïs, d’abord maîtresse d'Alexandre, qui de-j
vint ensuite épouse de Ptolémée, et reine d Égypù
sa compatriote Lamia, amie de Démétrios Poliorcète1 ,
à laquelle la servilité des Athéniens éleva un autel,
sous l’invocation d’Aphrodite Lamia 0, et enfin fou e|
la série des courtisanes dont Ptolémée Pliikub l1 11 11
le jouet : Didymè, Bilistichè, Agathocléa, Stratomke,
Le terme ordinaire pour désigner ■ lu «r
tisane en latin est meretrix ( mereo , je gagne) ■ i ’ »
une femme qui gagne sa vie en se Prostl ua” inS
corpore meret). Dans le même sens, les juns es
disaient : mulieres quaestuariae , cor pont ciua . Je
Le mot scortum est un synonyme
t f Athen.
35. _ 13 [Dem.i, Adv. Neaer. 122. — 13 Pericl. Zi, ® ^ X[H, 609 A;
_ 17 Plut. Pericl. 24; Suid. et Ilesych. s. v. Sw *' 57GE;hi°d-
ïvnuch. 7 ; Philost. Ep. 73, 3. - 18 l'lut. Alex^ 3 , • j Bayle, Vict.
un 7« _ 19 Sur lamia voir Jacobs, Op. L v , |). p0lémon.
!«:«. ...... - » AU.. VI, ,53 A, A*. ***£&« » •*
:r exemple de ces déifications imprudentes, qui, P*1 .(ressei la cour-
a, avait été donné par Harpole en ^veur e ^ j;i F, 577 A; P|u '
Pylhionikè (Atb. XIII, 595 c). - 21 Alhen. XI , ■ jt u,„. bar-
,r. 7B3 D-F: Polyb. XIV, 1 1 ; XV, 25-26, 31-33. B h lie ^ „ n0„
achetée sur le marché; Ptolémée 1m élev ‘ “tambourin, « ^
, Odite Bilistichè. Agalhocléon, fille d «ne joueuse d d'une nia.*®
selon le mot de Plutarque, le diadème royal ». MjrUon
MER
— 1835 —
MER
. on trouve aussi quelquefois lupa 2. L’épithète
fflere" 1,1 . nj fa[t allusion au costume imposé à Rome aux
rflM" îes \ a également une signification générale
C0" nliaire', par le mot prostibulum on enlcnd une
A" Située de la classe la plus vile 4. Certains noms
Pr°nrlenaient à une classe particulière de courtisanes :
api*
Enfin nombre de
l 'carias 5, ambubaiae G, bustuariae \
111 " désignant ces créatures, étaient de l’invention des
®° S’ ueg et ne se rencontrent que chez les glossateurs :
^micùlae\ icraptaeÇ) scrupedae stritta-
hilae^)"rmiraculae'2-
I Le type de la courlisane> tel due nous ravons vu se
développer en Grèce, n’apparut que très tard à Rome.
C’est qu’il suppose une civilisation à la fois raffinée et
corrompue qui cherche la volupté, mais y mêle le souci
de l’élégance. Or, pendant des siècles, les mœurs romaines
restèrent saines et grossières. Le lien conjugal était
étroitement respecté ; on ne connut à. peu près aucun
cas de divorce pendant six cents ans13. Ce n’est pas que
toutes les unions de ce temps fussent assorties : le
mariage romain, conclu le plus souvent par les parents,
n’offrait pas toujours des garanties d’affection mutuelle u.
Trop fréquemment, cela est certain, les maris malheu¬
reux en ménage cherchaient des consolations indignes
auprès des esclaves, toujours très nombreuses dans les
maisons riches13. Ces amours ancillaires amenaient
souvent des querelles conjugales 16 ; mais, du moins, ils
ne faisaient pas scandale. Et maintes femmes même
fermaient les yeux et se résignaient. Ainsi fit en parti¬
culier Tertia, épouse de Scipion le second Africain,
«ne' voulant pas déshonorer le nom du vainqueur de
l’univers 11 ». Quant aux jeunes gens, la sévérité de
l’éducation domestique et l’autorité paternelle suffi¬
saient sans doute à les garantir des graves écarts. Du
reste, autant l’opinion publique eût été rigoureuse pour
une liaison folle et prolongée, autant elle excusait cer¬
taines fréquentations passagères, regardées comme des
nécessités physiques. Il y a à ce sujet un mot bien carac¬
téristique de Caton l’Ancien, rapporté par Horace18:
« Voyant un jour un personnage connu sortir d’un
bouge: Bravo ! lui dit-il dans sa sagesse divine, c’est là,
dès que l’âpre désir leur gonfle les veines, que doivent
descendre les jeunes gens, au lieu de s’en prendre aux
épouses d’autrui. » Le satirique arrête là malignement
1 anecdote, mais le scoliaste nous en a transmis la fin
lui seule lui donne toute sa signification morale la :
« Caton, ayant vu à plusieurs reprises ledit personnage
sortir du même lieu, lui dit : « Ce dont je t’ai loué, jeune
« homme, c’était de venir ici à l’occasion, non d’y élire
« domicile. » Comme on le voit, les seules courtisanes de
ce temps étaient les misérables filles de joie, guettant les
passants au coin des rues et des carrefours. L’état
d’esprit que révèle ce mot de Caton est évidemment le
même que celui de Solon fondant à Athènes le premier
7topveîov ; à tous les deux, la prostitution apparaît comme
un moyen de salubrité publique, un préservatif de
l’honneur des familles.
Les écrivains latins s’accordent à signaler vers la fin
de la seconde guerre Punique les débuts d’une transfor¬
mation radicale des mœurs romaines20. A l’école des
nations qu’elle a vaincues, Rome, enrichie, a pris le goût
des arts, du luxe, mais aussi du libertinage. Une démo¬
ralisation, qui ne fera que s’accroître de jour en jour
jusqu’au temps de l’Empire, gagne toutes les classes de
la société, mais en particulier la classe supérieure.
Celle-ci se forme un idéal de vie facile et voluptueuse,
la vie grecque, comme on dit (graecari)2' . Dans cette vie
l’amour libre et les courtisanes tiennent naturellement
une grande place. Toute une série de témoignages, des
deux derniers siècles de la République et de l’Empire,
nous montrent combien le sentiment public a changé sur
ce point. Comme jadis en Grèce, les liaisons des jeunes
gens riches avec les courtisanes deviennent chose cou¬
rante et acceptée. Nous en avons un exemple de l’an 184
av. J.-C. dans le récit de Tite-Live, relatif aux amours du
jeune P. Aebutius avec l’affranchie Ilispala : « liaison,
dit l’historien, qui n’avait fait tort ni à la fortune, ni à
la réputation du jeune homme22 ». Au siècle suivant,
Cicéron, pour excuser les désordres de son client Caelius,
s’écrie 23 : « Si quelqu’un prétend interdire à la jeunesse
l’amour même des courtisanes, je le trouve vraiment
bien sévère. Il faut en convenir, tant de rigueur est en
opposition non seulement avec la licence de notre
époque, mais encore avec les usages et la tolérance de
nos ancêtres. A quelle époque, en effet, n’en a-t-on pas fait
autant? A quelle époque la chose a-t-elle été défendue?
A quelle époque ne l’a-t-on pas permise ? » Dans ce
témoignage il y a deux parts à faire : s’il prouve bien
qu’au temps de Cicéron les meretricii amores n’étaient
plus imputés à crime aux jeunes gens, c’est à tort et
pour les besoins de sa cause que l’orateur affirme qu’il
en a toujours été ainsi. Sous l’Empire la conception nou-
1 Le sens premier de scortum esl «peau ». Même métaphore en français
Feslus, p. 33[ Millier, l’explique : quia ut pelliculae subiguntur. — 2 Celle
métaphore existe aussi en grec, où nombre de courtisanes portent des noms
011 «ntre ]a racine lu* = loup: quia , ad luparum instar, sunt rapaces (For-
Cellinit Les noms de Lycon, donné chez Plaute à un usurier dans le Curculio ,
cl <•« Lycus, attribué au leno du Poennlus , recommandent l’interprétation de
01c<- mi. - 3 v0jr piug j[)as^ p 1839, n. 10. — 4 Dans le même sens on dit
*USS' proseila, voir p. 1836, n. 11. — 6 Voir p. 18,37. — 6 On appelait ainsi une
pr°i"^lle cour tisanes syriennes, du plus bas étage. Voir p. 1835, n. 23. — 7 Voir
*’ n* *-• — 8 Le mol schoenum (ou schoenus) signifie roseau, jonc. Et l'adjectif
pour C < rte Veu^ dire, Par suite, les courtisanes qui se servent du schoenum. Mais
arornT USa^ ^es R°ma‘us, dit Freund ( Dictionn . lat. s. r.), s’en servaient pour
a 'ht le vin ; les courtisanes dépravées, pour un usage infâme. Forcellini (s. i>.)
p 3^lemot d une façon plus satisfaisante, d’après les sources antiques, Fest.
Ü".7''e / U er ( ^c^loer^iculas appellare videtur meretriculas Plautus propter nsum
[Ho 1 SC^0enî’ Qll°d est pessimi generis ), et Varr. De ling. lat. 7, 3 ad fin.
n\ culae, ab schoeno, nugario unguento). Il s’agirait donc, dans celte seconde
55 jjl . ll'°U’ ^ un Pai'fum de basse qualité, fait avec ce jonc. Plaute, Poen. I, 2,
Mais <?a*ernenL en parlant de courtisanes du plus bas étage : schoeno delibutae.
aussi |IU' lues‘uns lisent coeno. — 9 Cette lecture n’est pas sûre : on trouve
3tg. v terattiae, scratiae. Terme employé par Piaule, ap. Aul. Gell. III»
Marcell. 169, 8 ; Varr. De ling. lat. 7, 3 ; Fest. p. 258 : « Scraptae diceban-
tur nugatoriae ac despiciendae mulieres , ut ait Vcrrius , ab iis quae screa iidem
appellabant , id est quae quis exscreare solet , quatenus id faciendo se pur g ar et ».
— 10 Terme de Plaute, rapporté par Aulu-Gclle, Nonius et Varron, Ibid. Freund
traduit : « qui marchent avec peine, peut-être comme «pointera, qui portent
des sabots, qualification des femmes de mauvaises mœurs ». Forcellini explique :
« JSomen a scrupus et pes, quo significatur qui aegre incedit, velut quae pedibus
scrupos calcans difficile ingreditur et distorto corpore ». — 11 Lecture peu sûre.
« Stritare abeo qui sistit aegre », dit Varron, L. I. Dans Aulu-Gelle, L. I. le mot
est écrit strictivilla [stringof villus) = celle qui s’épile. De même, dans Nonius, L. I.
— 12 Ce mot signifie une horrible femme, un monstre de laideur : Plaul. ap. Varr.
L. I. ; cf. Fest. p. 123, Müller : « Miracula quae nunc digna admiratione dicimus,
antiqui in rebus turpibus utebantur ». — 13 Aul. Gell. IV, 3, 1 ; Tertul. Apol. 6;
cf. J. Marquardt, La vie privée des Rom. (dans le Man. des antiq. rom. par
Th. Mommsen et J. Marquardt, t. XIV), I, p. 84, trad. Henry. — 14 J. Marquardt.
O. I. I, p. 38. — 15 Augustin. De verb. apost. Serm. 153, 5; Id. Serm. 224, 3.
— 16 Plaut. Menaechm. 604 sq. ; Asin. 851 sq. etc. — 17 Val. Max. VI, 7, 1. De
même Livie, d’après Suet. Octav. 69-71. — 18 Sat. 1,2, 31. — 19 Schol. ad h. I.
— 20 Tit. Liv. XXXIX, 6, 7; Plin. Hist. nat. XVII, 244; Val. Max. IX, i, 3; Juv.
VI, 298-300; Fest. p. 285 6, 25, Müller. — 21 H serait plus exact de dire
la vie asiatique ; car le modèle que se propose la société de ce temps, ce n’est
pas Athènes, mais la sensuelle et fastueuse Asie. — 22 Tit. Liv. XXXIX, 9.
— 23 Pro Cael. XX, 48.
MER
1836 —
MER
velle est si bien entrée dans les mœurs qu’elle paraît
indiscutable. Dans une de ses Controverses, Sénèque fait
parler ainsi le défenseur d'un jeune homme accusé de
mœurs débauchées : « JVihil peccaverat : aniat mere-
tricem; solet fèeri; adolescens est; exspecta , emenda-
bitur, ducet uxorem *. » C’est, mot pour mot, on se le
rappelle, la morale grecque du iv° siècle av. J.-C. Quant
aux hommes mariés, la fidélité au lien conjugal devient
vers le même temps un mérite tout à fait exceptionnel 2.
Qu’on lise dans Cicéron, par exemple, le récit des rela¬
tions publiques d’un Verrès avec les courtisanes Chéli-
don 3 et Tertia 4, ou celles d’Antoine avec Cythéris 5.
Enfin, outre les jeunes gens et les maris, il faut compter
à cette époque, parmi les clients ordinaires des courti¬
sanes, la foule chaque jour grandissante des célibataires
obstinés 6. Dès la fin de la République le mal est tel
qu’Auguste, par des lois spéciales d'une sévérité draco¬
nienne, essaye en vain d’y remédier1. Cette répugnance
au mariage n’est qu’un symptôme, l’une des formes d'un
mal plus général, qui est l'égoïsme, l’amour de la tran¬
quillité, la peur de toute charge et de tout souci. Ce qu’on
recherche dans le célibat, c’est une vie facile, indépen¬
dante, propice aux inclinations changeantes. Souvent,
comme ce Largius Macedo dont parle Pline le Jeune, le
célibataire riche a autour de lui plusieurs concubinae 8.
Tout au moins sa vie, comme celle d’Ilorace, n’est, jus¬
qu'aux approches de la vieillesse, qu’une succession de
brèves et frivoles liaisons avec des femmes galantes 9.
A partir de cette époque, les courtisanes se peuvent
diviser, à peu près comme en Grèce, en deux catégories
principales, entre lesquelles Nonius Marcellus fait la
distinction suivante : « Inter meretricem et prostibulum
hoc interest quod meretrix honestioris loci est et
quaestus. Nam meretrices a merendo dictae sunt, quod
copiam sui tantummodo noclu facerent; prostibula ,
quod ante stabulum stent quaestus diurni et nocturni
causa ,0. » Le second de ces termes [prostibula) désigne
surtout les pensionnaires des maisons de prostitution.
Leur nom venait de ce qu’elles se tenaient à la porte de
ces maisons ( stabula ), le jour et la nuit, attendant et pro¬
voquant les clients 11 . On a exhumé à Pompéi au moins
deux lupanars. Ils se composent essentiellement, chacun,
d’un vestibule entouré de cellules. Ces cellules très étroites
(elles ne mesurent guère que 2 mètres carrés) sont
munies d’un lit de pierre, que l’on recouvrait sans doute
de matelas et de coussins. Elles sont éclairées, soit par
une petite lucarne ouverte sur la rue, soit par une
imposte donnant sur le vestibule d’entrée. Dans ce vesti¬
bule siégeait le leno ou la lena , dans un petit réduit,
abrité par une cloison. L’entrée principale de 1 établis¬
sement présente au-dessus de la porte un emblème
obscène12. Ces maisons étaient décorées a 1 intérieur de
peintures appropriées, très réalistes 13. A ces renseigne-
l Controv. II, li, 10. — 2 J. Marquardt, O. I. I, p. 82. — 3 Verr. I, 40, 104;
52, 137 sq.; V, 13,34; 15, 38.— 4 Ibid. III, 34, 78 ; V, 12, 31; 16,40.— s Philipp.
II, 24, 58 ; Ad AU. X, 10, 5 ; Plin. Hist. nat. VIII, 16. — 6 J. Marquardt, O. I. I,
p. 86 sq. — 7 O. I. p. 90 ( Loi Papia Poppaea, 762 de Rome). — 8 l’lin. Ep. 111,
14. _ 9 Voir p. 1839. — 10 V, 8, p. 423. — 11 Le mot prosedae a le môme sens.
Fest. p. 226, 2, Muller : « Prosedas meretrices Plautus appellat, quae ante stabula
sedeant ; caedem et proslibulae ». Peut-être cette différence de nom tient-elle à ce que
les unes se tenaient debout, les autres assises, à la porte des lupanars; cf. Juven.
III, 136. — 12 p. Gusman, Pompéi , p. 259 sq. Cet emblème qu’on retrouve placé
en maint endroit comme un préservatif [àmulaetum, fascindm] n’est pas nécessaire¬
ment l’enseigne d’un mauvais lieu. — 13 Helbig, Wandf/emaelde des Campan.
n° 1506, p. 370-1. Reproduction de quelques-unes de ces peintures dans Roux,
ments les textes ajoutent quelques détails com u
taires. Chaque prostituée avait dans le lumn, 1 m°n-
distincte [cella) 14 ; sur la porte était un écriteau ï
portant le nom de 1 occupante13. C’est ainsi que . ''
dans le passage fameux où il dépeint Messaline T
la nuit, sous un déguisement, les mauvais lieux de lu' ^
nous la montre entrant dans un lupanar, et s’v
donner une cellule ( cellam vacuam atquè suam) s'uh]
porte de laquelle on écrit le nom mensonger de Lycise-t "
Lorsqu’une de ces femmes avait un client, elle mettait
semble-t-il, au-dessous de son nom la mention- oceit
patal\ Le prix se payait en entrant13. 11 était naturelle¬
ment fort modique : nous trouvons chez les auteurs et
dans les inscriptions de Pompéi des prix divers, allant
d’un as à un denier, c’est-à-dire de 0 fr. 06 à 1 fr 07
environ l9. Les maisons de débauche, à Rome, ne s’ou¬
vraient qu’à la neuvième heure, « afin, dit un scoliaste
de Perse, que les exercices du matin ne fussent pas déser¬
tés par la jeunesse20 ». Tel est le type du lupanar [sta-
, bulum , prostibulum ), où un groupe de femmes vivaient
en commun sous les ordres d’un leno ou d’une lena à
qui elles appartenaient à Litre d’esclaves et qui touchait
le prix de leurs amours vénales.
Outre les lupanars proprement dits, on rencontre
encore à Pompéi, dans plusieurs ruelles, des cellules
isolées ( cellae ), s’ouvrant au rez-de-chaussée de certaines
maisons (avec lesquelles elles ne communiquent pas,
toutefois), et donnant immédiatement sur la rue. Comme
dans les cellae du lupanar, une couchette de pierre
occupe environ la moitié de la superficie de la pièce.
Chacun de ces taudis appartenait à une prostituée,
vivant seule, et qui le louait au propriétaire de Lunaison
dont il fait partie 21 .
Au même usage servaient encore les chambres placées j
sous la voûte des arcades (fornices), qui, à Rome, entou¬
raient certains monuments, le Cirque, le Théâtre, le Stade
[fornix, p. 1264] **. Là se tenaient, en particulier, ces I
Syriennes et ces Orientales, dont parle Juvénal, paiéesl
d’un costume étrange, et qui exécutaient,^ au son des!
cymbales et des castagnettes, des danses impudiques .
La plupart des établissements où, dans l’intérieur I
des villes, on vendait à boire ( thermopolia , cauponae ,
ganeae) n’étaient eux-mêmes que des lupanars I
déguisés21». « Si qua cauponam exercent, dit le Diges e,
in ea corpora quaestuaria habeat, ut mullcu "
sub praetextu instrumenti cauponii prostitutx
lieres habere, dicendum hanc quoque lehae aPP
tione contineri^ . » On a découvert a Pompéi un I
cabarets: les peintures qui le décorent mon ren ^ |
rement que c’était en même temps un marnai ^ I
L’une d’elles représente les servantes qui Jouen “ , 1
clients, les excitent à boire, les poursuivent, es
Uonlnno de ces tavernes est ai •
cûnl T d r»nr»n
2^ ^3 — 1 v Suct.l
miL et Pompéi , t. VIII (Musée secret), pl. i». 18’ 1 pro loi
g. 41: lupanar in Palalio constituit distinc nsque limina cellae;
tate édite. - Mart. XI, 45, 4 : intrasf quot.es P ^ _ ,c Juv. |
Controv. I, 2, 1 : dcducta es in lupanar, tilulu yam] esse sc.
2, sq. - U Haut. Asin. 760 : in foribus senbat, oeeupata» )g Juv VI,
il n’est pas certain qu’il s'agisse d un usage ree S y , reg. A cfl?J
_ .9 Mart. II, 53, 7 ; 1, t04, 10 - 1X’ ’p. l38 sq. - 29
178 (cf. art. caüpona) ; Rhein. Mus. N. F- XV (U ^ ^ 06; Lampr«
13 et Schol. ad h. I. - « P. Gusman, L.L Svet. N». -1’
p. 367.
MER
— 1887 —
MER
un édit de l’empereur Alexandre Sévère qui |
encore P(a|i |ti ^ qù une esciave aura été vendue, sous
pieSCI1 l'de n’ètre pas livrée à la prostitution, elle ne
C(l11 ^ être employée comme servante d auberge .
Pourra.t£lU je même de ces hôtelleries, si nombreuses
11 ®n jes grandes routes de l’Italie, où les voyageurs
1,3 k"'uent legiteella nourriture. On a reproduit ailleurs
lr0ll'M!N \ fig. 1258] un relief d’Aesernia2, qui représente
^" 'ra-eur, au moment du départ, tenant par la bride
Un 'mulet et réglant son compte avec son hôtesse.
in] jjHllogue gravé au-dessus du sujet nous donne tous
I délajs je ce compte : à côté du vin, du pain, du
mlmentarium et du foin pour le mulet figure l’article
niivant : « Pour la fille, 8 as — Nous sommes d’accord >»
Tpuellam : asses oclo — Et hoc convenit). Varron nous
apprend à ce propos que les propriétaires, dont les
domaines bordaient les grandes routes, installaient sou-
vent le long du chemin des tabernae qu’ils louaient ou
faisaient gérer par leurs esclaves3. Et il est bien pro¬
bable qee c’est à ces établissements que fait aussi allusion
un texte d’Ulpien, où il est dit que « in multorum
honestorum virorum praediis lupanaria exercentur »*.
Même les boulangeries de Rome et de la Campanie
s’étaient, de bonne heure, transformées en cabarets
(, cauponae ) et, conséquemment, en lieux de prostitution \
Plaute dépeint les alicariae mérétrices 6 comme un
gibier d’esclaves, qu’on a pour deux oboles.
Outre les endroits déjà cités, la prostitution s’étalait
encore à llome dans les bains 7 et dans maints autres
lieux. Son quartier général était Subura 8; c’était un
quartier très populeux, habité par la basse classe, où
abondaient les cabaretiers, les revendeurs de toute
espèce, et les filles publiques. Le vicus Patricius sur le
mont Esquilin 9, les remparts de Rome [ submoenium) i0 ,
les temples11, les monuments funèbres mêmes12, en un mot
touslesréduits retirés et sombres abri taientla prostitution.
Mais, comme en Grèce, il y avait à Rome, au-dessus
des créatures dont il vient d’être question, une classe
très nombreuse de femmes galantes, vivant seules,
ou avec leur mère, ou sous la protection d’un mari ordi¬
nairement complaisant. Presque toutes étaient ou des
étrangères ou des affranchies, c’est-à-dire de ces femmes
« in (puis stuprum non committitur ». Leur mariage
même, quand elles étaient mariées, n’était pas reconnu
par la loi romaine ; par suite, il n’exposait point leurs
amants aux peines sévères portées contre l'adultère ;
mais, en revanche, il permettait à la courtisane d’élever
le prix de ses faveurs. Ovide, dans Y Art d'aimer , a pris
soin d’énumérer aux galants les lieux et les occasions où
Ion a le plus chance de rencontrer les belles. Au premier
rangil faut mettre le théâtre, ou plutôL les trois théâtres
de Pompée, de Marcellus et de Balbus : l’affluence aux
jeux était énorme, toutes les femmes y venaient, éblouis¬
santes de parures, « moins pour voir que pour être
I 'ues‘3|>. LeGrandCirque n’était pas un endroit moins favo¬
rable. Ovide nous donne un spécimen piquant des préve-
Kj, '' — - Bull. Napoleian. vt, pl. 1. — 3 De re rust. 1, 2, 23.
Plus commun que ce genre de spéculation. Sur la voie Appienne,
l ^.C'emPle> a y avait les tabernae Cacditiae ; Fest. p. 43, 13, Muller. — 4 />/</. V,
Hist ~ j'ocra1, Hist. eccl. V, 18; Fest. 7, 18, Muller. — 6 Poen. 266. — 1 Tac.
Surlo-11’8.3’ — 8 M art. VI, 66 ; XI, 61, 3; 78, li; Fers. Sat.X, 32.
H ‘ ’ "lais°ns de prostitution à Rome, voir Gilbert, Gcsch. und Topogr. d. Sladt
, ^"CLeipsig, 1890, 111,,,. 30t. - 9 Mart. X, 68.— 10 Id.I, 35, 6 ; 111,82; XI, 6 1 ; XII,
aâ. 8^ 1IIJUV‘ IX’ 2i'26 ■> Min- Fel. Oct. p. 67;Tert. Apol. 15 \ De pud. 5. -12 Mart. I,
’ ’ (bustunriamoccha . — >3 1 89 ; III, 394. — 11 1, 135 sq. ; 111, 393 sq. ;
VI.
nances et des petits soins par lesquels un galanL s y insi¬
nue dans les bonnes grâces d’un sexe frivole u. Un autre
endroit très fréquenté aussi des courtisanes, c’étaient
les Portiques, en particulier ceux de Pompée, d’Octuvie
et de Livie. Ces galeries couvertes, où l’on trouvait en
été l’ombre et la fraîcheur, étaient le rendez-vous du
beau monde des deux sexes. A côté des matrones sévè¬
rement drapées dans leur stola, et escortées de gardiens
et de suivantes qui les isolaient de la foule, passaient
des courtisanes connues, autour desquelles s empressait
un essaim de jeunes élégants 1 ’. Les temples aussi étaien t
des lieux ordinaires de séduction, surtout ceux qui
étaient fréquentés par les femmes. Ovide nomme, entie
autres, le temple de Vénus, patronne des courtisanes, ou
l’on célébrait selon le rite syriaque le culte d’Adoms 16 ;
le temple d'Isis, dont les prêtres faisaient à l’occasion le
métier d’entremetteurs17; le temple de Diane Aricie,
situé tout au fond d’une forêt sur la voie Appienne ,
Fig. 4973. — Scène de banquet romain.
enfin le sabbat des Juifs 19. Du reste, au témoignage des
écrivains chrétiens20 et même païens21, il n'y avait pas
de sanctuaires, de bois sacrés, de lieux du culte qui ne
fussent en même temps un asile de débauche et d'adul¬
tère. Un autre endroit propice aux intrigues d'amours,
c’étaient les festins22, trop souvent accompagnés de
chansons obscènes, de danses voluptueuses, de parades
impudiques23. Les femmes honorables, à plus forte
raison les courtisanes, assistaient à ces orgies, avec
cette circonstance aggravante qu’au lieu de s’asseoir à
table, selon l’usage ancien, les femmes, depuis le com¬
mencement de l’Empire, prirentl'habitude de s’y étendre
couchées, au milieu des hommes (fig. 4973) 2U Enfin les
plages à la mode, où toute la Rome élégante se trans-
cf. I, 219, sq. — 15 1, 67, 69, 71, 492; III, 387, 391. — >6 I, 75. — >7 I, 77; III, 393;
Joseph. Antiq.jud. XVIII, 3, 4. — >8 1,259. — >9 1, 76. — 20 Minut . Fel. Octao. p. 67;
Tcrlul. Apol. 15 \Dcpudic. 5. On peut consulter les écrivains chrétiens sur l’empire
exercé jusqu'à la fin de l'antiquité par les courtisanes : \ oir, pour Constantinople et An¬
tioche, Jean Chrysostome, notamment les homélies sur iÉpitre aux Romains — 2t Juv.
IX, 22-26. — 22 1, 229 ; Tac. Gennan. 19. — 23 Quint. I, 2, 8 ; Juv. XI, 162. — 24 Val
Max. Il, 1, 2. Ce n’est guère qu'à leur mise qu’on y peut reconnaître des courtisanes.
La ligure 4941 d'après Gusman, Op. c. p. 352. Voir encore p. 351 et Pitt. d'Ercolano,
1, 19.
231
ME H
— 1838 —
portait en été, étaient des lieux de plaisir et d’intrigue.
La plus célèbre de ces plages était Baies ; les sources
d’eaux chaudes qui y abondent servaient de prétexte
à ces déplacements. Quelques malades qui s’y rendaient
pour se guérir justifiaient une foule de gens bien por¬
tants qui y venaient pour s’amuser '. Ajoutons enfin,
d’un mot, avec Ovide, que tous les lieux publics, le bar¬
reau lui-même, quand il s’y plaidait quelque cause à
scandale, étaient des rendez-vous de galanterie 2.
La vie que menaient les jeunes Romains avec les cour¬
tisanes est exactement, avec plus de grossièreté peut-
être, celle que nous avons déjà décrite en parlant des
courtisanes grecques : après la débauche, les festins en
sont l’élément essentiel 3. A Rome la passion s’expri¬
mait, semble-t-il, avec plus de naïveté et de force encore
qu’en Grèce. Très démonstratives en particulier sont les
manifestations des amants devant la demeure de leurs
maîtresses. La porte même, comme une sorte d’être
animé, était tour à tour l’objet de leurs adorations et de
leurs insultes. Ils y attachaient, la nuit, des couronnes de
roses, en jonchaient le seuil de fleurs, le couvraient de
baisers 4. Dédaignés, ils passaient parfois la nuit cou¬
chés sur le seuil, sans souci de la pluie et de la bise,
arrosant la pierre de leurs larmes, et implorant d’une
voix gémissante la cruelle 5. D'autres se vengeaient de
ses dédains par quelque injure à son adresse, charbonnée
sur la porte ou le mur 6 ; ou, plus violents, insultaient et
maltraitaient le portier, ébranlaient les portes et les
fenêtres, et y mettaient le feu avec des torches 7. Leur
amour était violent, sensuel, jaloux 8. Les querelles
étaient fréquentes. Emporté par la fureur, l’amant ne se
bornait pas toujours à faire pleurer les beaux yeux de
sa maîtresse 0 : souvent aussi il portait contre elle une
main furieuse, dérangeant le savant artifice de sa cheve¬
lure, déchirant sa tunique, lui lacérant les joues de ses
ongles10. Ensuite c’étaient des repentirs et des remords
du brutal qui s’humiliait et implorait son pardon11.
Comme leurs pareilles d’Athènes, ces jeunes femmes
savaient généralement chanter, danser, jouer de la
cithare12. Quelques-unes se piquaient même de littéra¬
ture et de poésie 13, mais c’était, au témoignage d’Ovide,
une science toute superficielle et d’apparence14. En
réalité leur principal moyen de séduction était, comme
de juste, la toilette. Ovide, dans Y Art d'aimer , en a
dévoilé au long tous les secrets. Pourpres de Tyr15,
étoffes transparentes de Cos 10, vêtements brochés d’or17,
étoffes de mille nuances différentes 18, bijoux la, pierres
des Indes20, mille variétés de coiffure21, teinture pour
les cheveux22, perruques23, dentifrices24, céruse et
carmin25, noir de fumée pour les sourcils 26, épilation 2T,
coussins pour remédier à la difformité des épaules 2S,ban-
* Ovid. Ars. am. 1, 285 ; Cic. Pro Coel. 15 ; Hor. Ep. I, 2,83; Prop. 1,11,1 sq.; cf.
Boissicr, Cicér. et ses amis, p. 176-177. — 2 I, 79. — 3 Hor. Od.III, 15, 14-16 ; Ov.
Amor. 1, 4. — 4 Or. Amor. I, 67; Ars am. Il, 528 ; Remed. am. 32; Tibul. I,
ï, 14; Prop. I, 16, 7 et 42. — S Hor. Od. III, 10, 19-20; Ov. Amor. I, 6, 18;
9, 8 et 19; Ars am. Il, 523, 527 ; III, 581; Rem. am. 304, 508, 35; Tibul. I, 1,
56: 2,93; 5, 67; 8, 76; II, 1, 74; 3, 73; 4, 22; Prop. I, 16, 22 et 45. Ces plaintes de
l'amant, repoussé de la demeure de sa maîtresse, étaient même devenues un genre
littéraire, appelé iïa7axXau(,t6uoov. Ex. : Ov. Amor. I, 6; Prop. I, 16; Catull. LXV1I.
— 6 Prop. 1, 10, 10. — 7 Hor. Od. I, 25, 1 ; III, 26, 7-8 ; Ov. Amor. I, 6, 57 ; 9,
20; Ars am. III, 71, 567 ; Rem. am. 31; Tribut. I, 1, 74; Prop. I, 16,6. — «Catul.
VIII, 18. — 9 Tibul. I, 10, 67; II, 4, 37. — 10 Hor. Od. I, 17, 20-28 ; Ov. Amor. I,
7, 2-3, H, 40, 48, 50; Ars am. II, 169, 171; III, 568-570 ; Tibul. 1, 10, 57-66;
Prop. II, 5, 21-23. — H C’est le sujet de l’Élégie 7 du livre I des Amours d Ovide;
cf. Tibul. I, 10,59-60; II, 5, 102. — 12 Hor. Od. I, 17, 18; III, 9, 10; Ep. I, 14,25;
Ov. Ars am. II, 305; III, 315, 319, 329, 349 \ Rem. am. 333-33C; Prop. I, 2, 28; II,
MER
deau pour comprimer les gorges trop rebondies» ,
liste, très abrégée, des artifices par lesquels c,,’V°' i'lla
paraient leur beauté ou en dissimulaient es • J*8,11'11?11168 I
C’est à ce monde des affranchies et des dîi ’ , U°nS‘ !
qu’appartenaient ces femmes que des poètes nnt^l
et immortalisées. Seule, ou à peu près S(,, jUmwîsl
exception la Lesbia de Catulle, qui était une fènim
grand monde. En revanche, toutes les maîtresses d ,
Horace dans ses odes nous apprend le nom, ou réel 1
déguisé, ou du moins celles d’entre elles qui’ne sont ,°U
de simples «Iris en l’air », étaient des courtisanes^
Outre le témoignage des scoliastes 31, nous avons sur ce
point la déclaration formelle du poète lui-même : il s’est
fait, dit-il, une règle de sagesse et de sûreté, de s’inter¬
dire tout commerce avec des femmes mariées, et ne veut
aimer que des courtisanes 32. A la même classe appar¬
tiennent la Lycoris de Gallus, la Délia de Tibulle ]a
Cynthia de Properce. Ces noms sont supposés : Apulée
nous apprend que le vrai nom de Lycoris était Cylhéris
celui de Délie Plania, celui de Cynthie Hostia33. Mais
le nom fictif reproduit exactement, comme on voit, non
seulement le nombre de syllabes, mais encore la mesure
du nom réel. C’était là un artifice à peu près général des
élégiaques romains qui leur servait à dissimuler au
grand public la personnalité véritable de lafemme aimée.
Parmi les courtisanes il faut compter aussi cependant
un certain nombre de citoyennes. Aux termes d’une très
ancienne loi, toute femme libre qui voulait se livrer à
la prostitution était tenue d’en faire préalablement la
déclaration officielle devant les édiles ( professio quaestus
faciendi). «Nos ancêtres, dità propos de cette loi Tacite,
avaient estimé que l’aveu public de leur ignominie était
pour ces femmes perdues une punition suffisante 34. »
L’effet de la déclaration devant les édiles était de sous¬
traire les femmes qui s’y soumettaient aux peines portées
contre Yadulterium et le stuprum 35. On a vu dans un
article précédent [adulterium] quelles furent, aux
différentes époques, les pénalités admises à Rome contre ,
l’adultère, et comment la loi Julia (736 ou 737 de Home)
fit passer ce délit, jusqu’alors abandonné à la vengeance
privée et aux tribunaux domestiques, dans le domaine
du droit pénal public 36. Nous n’avons pas à y revenir
ici. Mais à propos de cette loi, il est à remarquer qu 1 e
ne s'applique pas seulement à l’adultère proprement dit,
mais, comme l’indique du reste son titre comp et ^
Julia de adulteriis et pudicitia , ou de adultéras e
stupro 37), à l’ensemble des délits contre les '
prostitution, par suite, y est comprise. La °‘
répartit en deux catégories bien distinctes es e
libres. Elle met d’un côté les femmes honombles
(matronae honestae) : celles-là, elle les suivei i
9; 3, 17-21. — 13 Ov. Ars am. », • - — ; J3 lt_™
ïllae : cf. ce que Properce dit de sa Cynthie, II, 3 - - ’ ’ j 9 ’69.70;
. Il, 280 : sunt tamen et doctae, r0I'SSj“' ^_UOv
liOv.
lie, 11, 3,31; u,”. *"’69"70. n, 3,57;
, l. 281 : non doctae ... sed esse volunl. ij Ib "°7 ’ , 09. prop. If *'
28 ; IV, 2, 16 ; Prop. II, 3, 15. — 16 II, 298 : TibuLI ’. ‘ ,n”J. 20 111, 129;
— 17 111, 131.
but. IV, 2, 18-
i;Prop. 11, 3, 10. . . " ’ 70. _!0111, '=•"
I. — 13 III, 171 sq. - !» II, 299; Tibul. , . ^3. Tibul. I,
ul. IV, 3, 18-19; II, 4, 27; Prop. 1, 2, 21. — 21 ***’ ^ 2t jj, [97.8. — 2a
43-44 ; Plin. Hist. nat. XV, 24. - 23 III, 165, A. pljn. Rist. mt.
-200, 241; Tibul. I, 8, 11 ; Hor. Ep. 12, 10-11. - 26 Hf ^ _ 58 III,
[VIII, 46; XXX, 46; Tertul. De cuit. Z*™’/1’ ’
1 sq. — 29 Ibid.
, 94. _ 33 Apul. Apol. 10. — 34 Tac. Ann. II, 80.
27 III, 1 94.
-, . . . . ■ I n 133 - 31 Ibid. - 32 Satl
30 Walkenaer, Hist. d'Horace, I, P- ^ 33 : femioae
, 94. — 33 Apul. Apol. 10. — 34 Tac. Ann. H, ,8- - trona|i exsolverent“r'
osae, ut ad evitandas legum poenas juro ac igm droit et < 1
ociuium profiteri coeperant. - 36 Voie A ; E“ 71 sq. - « SriH
tiq. (U délit d'adult. à Rome et la loi Julia de < P le Cocjc (IX, •)•
,1 34, lui donne le premier de ces litres; le second figure
MER
1839 —
MER
règlements. Contre l 'adultéra la peine était la
leurs inSUiaTn, avec confiscation de sa dot et du
biens. L 'adulter, de son côté, voyait la
lierS..l! ses biens confisqués. Mais au nombre des
nl°'1" ni honestae sont comprises aussi les femmes
!nalr0‘ .. ■ toute liaison, entretenue avec une de ces
n°n nWr constitue un stuprum , et la loi Julia punit à
fernweSi ^ ga compiice *. Dans une seconde caté-
lafolS. ioi rano-e toutes les femmes « in quas stuprum
g° Tcommütitur 2 », c'est-à-dire qui sont considérées
2 une part abandonnée à la débauche : contre
T® ne Sévit pas, ni contre ceux à qui elles vendent
T hveurs Ce sont les affranchies, les lenae, les filles
publiques, tant qu’elles exercent leur métier, les concu-
l “ , et même, ce qui est plus remarquable, les
femmes du peüple qui pratiquent un commerce [quae
nublice mercibus vel tabernis exercendis procurant *),
L fiUeS d’auberge et de cabaret 5. Qu’elles fussent ou
n0n mariées, l’action d 'adulterium ou de stuprum
n’était pas applicable à ces créatures. Ce n’est que fort
tard, en 326 ap. J.-C., qu’une constitution de l’empereur
Constantin introduisit sur ce point une atténuation à la
loi Julia. Tandis que les servantes d’auberge, en raison
de l’indignité de leurs mœurs [vilitasvitae), demeurèrent
réputées courtisanes, la patronne ( domina tabcrnae ) fut
au contraire relevée de cette infamie, à la condition tou¬
tefois qu’elle ne servît pas elle-même les clients 6.
Outre Yadulterium et le stuprum , la loi Julia réprime
aussi, sous le nom de lenocinium , un certain nombre de
délits connexes. Est punissable, à ce titre, d abord le
mari, qui, ayant surpris sa femme en flagrant délit, ne la
répudie pas ou compose à prix d’argent avec son com¬
plice ( si retinet uxorem et dimittit adulterum ) 7. A
plus forte raison est passible des mêmes peines le mari
qui vit delà prostitution de sa femme [qui quaestum ex
adulterio uxoris suae fecerit ) 8, ou qui a reçu quelque
chose en raison de l’adultère commis par elle [qui de
adulterio uxoris suae quid cepit) 9. Les maris complai¬
sants et intéressés n’étaient pas rares à cette époque :
c’est ce que nous apprennent maintes allusions des écri¬
vains ; on se rappelle en particulier les vers indignés
de Juvénal10. Enfin, sous le coup de la même loi tom¬
baient encore les entremetteurs de tout genre, non seu¬
lement ceux qui avaient prêté aux coupables une aide
matérielle, par exemple en leur fournissant un local",
mais ceux-là mêmes qui n’avaient favorisé le délit que
de leurs conseils 12.
L’impôt sur la prostitution [lenonum vectigal et mere-
tricum ) fut introduit à Rome par Caligula. Selon Suétone,
les prostituées devaient y payer au fisc « quantum quaeque
Uno concubitu mereret 13 ».
Les meretrices portaient à Rome un costume spécial,
'lui empêchait qu’on ne les confondit avec les matronaeli .
•> XLVllI, 5, 13(12); Cod. IX, 9, 18 et 20; Paul. Sent. 11, 20, 14. — 2 Dig.
; h7, 1,§ I. — 3 Dig. XXI 11 , 2, 41, 42, 44. — 4 Paul. Sent. 11, 20, 11. — 5 Cod.
*’ 9’ 29' ~ 6 Ibid. IX, 7, 1. - 1 Dig. XL VIII, 5,30 (29), § 1 ; Ibid. 2, § 2.
T. Ibid. 30 (29), § 3; 9(8), § 1. — 9 Ibid. 2, § 2. — 10 1, 55 sq. ; Apul. Demag.
> Marquardt, Vie privée des Rom. trad. V. Henry, I, p. 53; Fcst. p. 173; Cic. Ad
}**• VI1' 2L Hor. Od. 111, 0, 25. — H Dig. XLVUI, 5, 9 (8), § 1 ; 10 (9), § 1 ; 1 1
jj’ § 1° (#), §2.-12 Ibid. 13 (12). — 13 Suet. Calig. 40. - '4 Becker-
> ja»us, III, p. i00 8q . Lamprid, Alex Sev. 24; Tertul. de fng. 13. - 15 Cic.
Stil M ^’ns'- *6 252. — 16 Ov. Ara. am. II, 000; I, 31. — 17 Hor.
Z. ’ ?’ 98' ~ 18 0v- l- l- — 19 Schol. Cruq. ad Hor. Sai. I, 2, 03 « meretrices pros-
s°lebant cum togis pullis ». — 20 L. I. — 21 IV, 10, 3. — 22 I, 35, 8. — 23 Non.
«, 6 7*-1» ** 0v- Ars am • *< 31 ; Trist ■ II, 252; Pont. III, 3, 51; Tibul. I,
3a Scrv. Ad Aen. VII, 403 : crinales vitlas, quae solarum malronarum
A celles-ci appartenaient en propre la slola l j, c est-à-
dire la longue robe, serrée à la taille et descendant
jusqu’aux pieds, Yinstita 46 , large bande qui ornait
le vêtement précédent, et la palla 17 , qu’on jetait
par-dessus pour sortir. Les prostituées pour exercer
leur métier portaient la tunique courte, dépourvue
d 'instita 18, et par-dessus une toge pareille à celle des
hommes qui devait être de couleur sombre . Cette
différence de costume était si caractéristique que chez
Ovide, par exemple, le mot instita signifie, par melons
mie, une femme honnête20, qu’on trouve chez Tibulle le
terme toga au sens de courtisane 2t, et que Martial, par¬
lant delà pudeur des matrones, dit « slolatqs pudor -- ».
Toutefois le règlement ne parait pas avoir été applique
aussi strictement dans les provinces qu’à Rome: « Une
courtisane avec une robe longue? disaitun personnage du
poète Afranius. Elles se permettent cela hors de Rome
[in peregrino loco ), pour se faire respecter ». H va
sans dire qu’il leur était interdit de se coiffer avec ces
bandelettes [vittae)n qui couvraient et maintenaient
les cheveux des femmes mariées [matrimonium, p. lboo,
et qui les distinguaient même des jeunes filles3'. Mais
ces meretrices avaient l’art de mettre de la coquetterie
dans leur triste costume ; elles l’égayaient de couleurs
[meretricii colores) que ne se permettaient pas les femmes
honnêtes26; elles s’ornaient de bijoux, et, si leurs robes
étaient courtes, à leurs chevilles brillaient des anneaux
d’or27. Avec le temps, toutes les distinctions finirent par
s’effacer, et au 11e siècle ap. J.-C., Tertullien se plaint
qu’il soit impossible de discerner à la mise une honnête
femme d’une fille de mauvaise vie28. O. Navarre.
MERGAE. — Outil à l’usage des moissonneurs 1 . C était
un instrument fourchu que l'ouvrier poussait en avant
sous les épis; Festus compare2 son mouvement à celui
d’un oiseau qui plonge pour enlever sa proie : le
moissonneur saisissait ainsi, comme il aurait pu le faire
du bras gauche, toute une gerbe ( merges , manipulas )3.
Mais on ne saurait dire, d’après les passages des auteurs
où il en est question, si l’outil tranchait les épis ou s il
les présentait seulement à la faucille, tenue de la main
droite. E. Saglio.
MERITAI (M«pfr«). - Ce mot grec signifie, en géné¬
ral, ceux qui participent à quelque chose, ou qui se sont
partagé quelque chose '. Il figure avec un sens particu¬
lier dans une inscription attique2 : huit personnages
appelés KuQ-fip’wv oi ^ephcti consentent a un Athénien le
bail de propriétés foncières situées au Pirée, prennent les
engagements nécessaires, touchent le loyer, sans 1 inter¬
vention d’aucun marchand. Ces personnages sont-ils des
magistrats du dème de Kytheros? ou des entrepreneurs
qui ont pris à ferme et sous-louent des biens de ce
dème 3 ? ou une société de marchands 4 ? ou des représen¬
tants du temple du héros Cythéros au Pirée6? ou des pro-
erant : nam meretricibus non dabautur. - 26 Senec. Nat. quaest. VII, 31 . - 21 Hor.
Ej> , 17 55 _ 23 De cnit, fendu. 12; Apol. 16 ; De pall. 4. - Bibliographie.
F Jacobs’ Vermischt. Schrift. IV, p. 312-554 (étude générale sur les courtisanes
grecques, 'suivie de la biographie de neuf d'entre elles) ; Becker, CharMes, 3* éd
revue par Gocll, l. Il ( Die Hetaeren ), p. 85-103 ; Id. Gallus , 2* éd. revue par Gocll,
t 111 ( Die Buhlerinnen ), p. 89-103,' Berlin, 1882. _
' MERGAE. 1 Colum. II, 21; Plin. Hist. nat. XVIII, 72 (30); Plant. Poen. \, 2,
58; cf. Mongcz, dans les Mém. de l'Institut , Cl. de littér. anc. 111, 1818, p. 3o.
_ 2 Paul. Diac. s. v. — 3 Serv. ad Georg. II, 517 ; cf. ad Aen. X, 332.
MERITAI 1 Poil. 8, 136; Dem. 32, 25. — 2 Corp. inscr. att. 2, 1058; Ditten-
berger Sylloge inscr. graec. 2* éd. .P 834. - 3 Haussoullier, La vie municipale
en Attique, p. 72-73. - 4 Frankel, Hermès, 18, p. 314. - 3 Kochler ad Corp.
inscr . att. t 1058.
MES
— 1840 —
MET
priétaires do biens indivis appelés Kuô-^pia 1 ? C’est le der¬
nier sens qui parait le plus probable. Cn.. Lécrivain.
MESEGCYEMA (Msffeyyu^ixa). — Dans la législation
attique, ce mot désigne la forme de dépôt qui correspond
au séquestre moderne. Effectuer le dépôt se dit: jjLs<7EyYu“v
ou ÈTuoiaTtOîffOat 1 ; convenir du dépôt, p.s'7EyYux<70at ou
fjLE<7£YYuo°ff0ai2 ; l’objet déposé se nomme xb ;i.s<7eyyuwÛ£vi
le dépositaire jj.e(7Éyyuoç 3. Il s’agit donc du dépôt d’une
chose litigieuse qui doit être remise au gagnant. Ce
séquestre est en général conventionnel; les deux parties
déposent l’objet litigieux entre les mains d’un tiers qui
s’engage à le rendre à la partie victorieuse4. Le droit
attique admettait-il le séquestre judiciaire pour la pro¬
tection de l’objet litigieux? Nous ne savons pas sile texte
de Platon qu’on cite à ce sujet correspondait à une ins¬
titution réelle5. Platon veut que, si l’objet litigieux n’a pas
été inscrit sur les inventaires des biens des parties, il
soit remis sous séquestre à trois des magistrats les plus
âgés jusqu'au jugement qui doit avoir lieu dans les trois
jours ; s’il s’agit d’un animal, le perdant doit rembourser
les frais de nourriture.
Nous trouvons une application spéciale du contrat de
séquestre lorsqu’on déposait une somme entre les mains
d'un tiers, à titre de garantie, pour la rémunération de
certains services futurs, surtout naturellement de services
illégaux, pour le payement desquels il n’aurait pu y avoir
d'action en justice6. Nous avons plusieurs exemples de
cette convention plus ou moins licite; ainsi, dans un dis¬
cours de Lysias il y a un dépôt de trois talents qui doit
être remis aux orateurs s’ils n’accusent pas ou s’ils sau¬
vent le déposant1. On promet ainsi des subsides à des
hommes politiques 8. Dans un discours de Démosthène9,
une des parties se fait ainsi promettre une certaine
somme pour refuser le serment devant le tribunal.
Nous n'avons aucun renseignement sur les actions qui
naissent du séquestre. Il est probable que si le dépositaire
refusait de restituer la chose, il y avait contre lui la même
action que contre le dépositaire infidèle10. Ou. Lécrivain.
MESIDIOSARCHON(Me<»3Loçàpx<«>v). — D’après Aristote1,
à certaines époques, dans des villes grecques de consti¬
tution aristocratique, les nobles, par défiance pour le
peuple, auraient confié la garde de la ville à des soldats
et à un médiateur pris pour chef apycov (is<rt8toç, et celui-ci
plus d’une fois serait devenu leur maître ; il en aurait
été ains.i en Thessalie à Larissa, au moment du gou¬
vernement de l’Aleuade Simos2, et à Abydos, àl époque
du pouvoir des sociétés dites hétairies. Cn. Lécrivain.
MESOSTROPHONIAI (Mc«ro«Po.<ovfcl Wûa,)
'ï T ooE Afl Cf 11 î j>t n 1 t l’« _ _ * 1 » ' * V / *
de Lesbos, qui était l’occasion d’un st
sacrifice publie
l1 • Duruhach.
t'èle
META. — Nom commun h toutes sortes d’obiet. j !
forme conique, à base plus large que le somme, „
désigne notamment : I- une borne, et paniculiè’J
celle des courses dans un cirque [cmcus,p. 1190 et s •
2» une des parties du moulin à blé [mola] ; 3»
taine en forme de borne [fons, p. 1235]
METAGEITNIA (Mst«Y6(tvi«). - Fê^e en l’honneur
d’Apollon, surnommé M£TaTsèrvio;, célébrée à Athènes
pendant le second mois de l’année (août-septembre), quj i
pour cette raison portait le nom de Metageitnion 1 I
Le sens précis de. l’épithète Met«ye1tvioç (de ^ et j
YêÎtwv, voisin) appliquée à Apollon, et par suite l’ori¬
gine et la signification même de la fête des Metageitnia
sont fort obscurs. Suivant les uns, cette fête avait été
instituée en souvenir de la transmigration des habi¬
tants du quartier athénien de Melitè dans celui de
Diomeia2; suivant d’autres, elle commémorait les chan¬
gements introduits par Thésée dans l’organisation poli¬
tique de F Attique3. Cette seconde tradition repose sur
une confusion entre la fête des Metageitnia et celle des
synoikia ou Metoikia qui se célébrait à Athènes, en
souvenir du <ruvoixnr[i.<lç de Thésée, le seizième jour du
premier mois de l’année (Ilécatombaion)1* . L’une el
l’autre de ces traditions sont d’ailleurs contredites par
les découvertes récentes de l’épigraphie. En effet, on
trouve un mois Metageitnion dans les calendriers de
Délos, de Samos, d’Éphèse, de Léros, de Priène, et
sous la forme Petageitnios ou Pedageitnios dans ceux
de Côs, de Callatis, de Calchédôn, de Calymnos et de
1 Rhodes8. On ne saurait donc assigner à la fête des Meta¬
geitnia une origine purement athénienne, et il semble
bien qu’il faille plutôt la rattacher d’une façon générale,
à Athènes comme ailleurs, au culte d’Apollon coloni¬
sateur et conducteur de peuples6. D après une autre
hypothèse, la fête se rattacherait aux voyages et migra¬
tions que la légende attribue à Apollon 7. On a également
essayé, mais sans fondement suffisamment sérieux, e
faire des Metageitnia une fête cn 1 honneur d IR
Nous ne connaissons absolument rien de la 1 a e
exacte de la solennité, ni des cérémonies qui . . 11
pagnaient. C. Gaspar. ,
METALLA (MÉxocXAa), mines et carrières. — Ç
metallum , p.ÉxaXXov, a désigné la mine chez ^
chez les Romains, et par extension lacarnèie
1 Diltenbergcr, Z. c.
MESEGGYEMA. * Poil. 8, 28 ; Harpocr. Suid. s. v. Iict$ta-ct6£<r0at. 2 Dcm. o9,
3. — 3 Pial. Leg. H, 914 D; Poil. 8, 28. — 4 Bekkcr, Aneccl. 1. 191, 14; 279, 13;
Harpocr. Suid. L. c. ; Harpocr. s. v. pLE«yïu>ipa. — 0 Leg. U, 914 D. 0 Bckker,
Anecd. 1, 279, 3; Suid. s. v. — 7 29, 6. 8 Plut. Arat. 19 ; Aeschin.
3, 125. _ 9 39, 3. Autres exemples : Isocr. 13, 5 ; 12, 13. Dans un texte d Anliphon,
6, 50, le sens des mois <n pemyïur.iTàiir.oi n est pas clair. 10 Voir Caillemei , ai t.
depositom, p. 104. — Bibliographie. Platncr, Der Process und die Klagen bei den
Attikem, Darmstadt, 1824-25, II, 364; Caillcmcr, Le contrat de dépôt (Afém. de
l’Acad. de Caen, 1876, p. 524); Meier-Schfimann-Lipsius, Der attische Process,
Berlin, 1883-1887, 11, p. 711-712 et note 659; Beauchcl, Bist. du droit privé de la
Itépublique athénienne, Paris, 1897, IV, p. 337-340.
MES1DIOS ARCIION. 1 Pol. 5, 5, 9 (éd. Didot). — 2 Gilbert ( Handbuch der
oriechischen Staatsalterthümer, II, p. 11) identifie ce Simos avec le Simos cité
dans Dcm. 18, 48, et Aleuade d'après Harpocr. s. h. v.
MESOSTROPHONIAI. 1 Hesych. s. v.
METAGEITNIA. 1 Lysimacbides ap. Harpocr. s. v. M ETayEtrvtwy ; Suid. s. v.
_ 2 Plut. De exil. 6 ; cf. C. Wachsmutli, Die Stadt A then im Alterthum, I, p. 353 ;
Atig. Mommsen, Deortologie, p. 205. — 3 Scliol. Tliucyd. Il, 15; Pliotius, s. v.
MiTajciTvniv ; cf. Waclismulli, Dp. I. I, p. 45», n. 2. — 4 Tliucvd. Il, 15, 2; Scliol.
iloph. Pax, 1019; Plut. Thés. 24; cf. Aug. Mommsen, Feste ' de- 1 '^ il)Ug
Alterthum, p. 35. - 3 E.-F. Bischolî, Dr fasUs P- ^
■pziger Studien, VH, p. 313 et s.) ; Preller-Hobert, Gneci C G Bisc|lotr).
;. — C Cf. Schoemann-Lipsius, Griecli. Altertli. , P- staltt Athen
r C. Robert, Dermes, XXI, p. 107. - « Aug. Mommsen, Leste de,
Aller tum, p. 160. ]es poèmes homériques,
IETALLA. 1 Le mot hémcXXov ne se trome P tenips la Grèce
- veut pas dire qu'il n'y eût pas de n est cmpl„yé pour U
îérique ; on y trouve le verbe pETa/Aav, cliercnc . . ent le minerai ou
aiière fois par Hérodote, IV, 185. MeteeXXeTov 'Signe - n'apparait 'l,,c
u étal brui. SI.t«üc« signifie le travail des mines . etu » (8| Lcs Romain»
i tard.: Diod. Sic. V, 37. Metallum apparaît dans Lucrè , • ^ ^ métal :
souvent usé du mot fodina, généralement accomp g ,x g, 3 :
ifodina, argentifodina. Pour le sens de carrière, onl été propos*»
Lnda,; ^eeXXee; Slat. 5.7c. .,5, 36. Fius.eurs %. 551,eslponr
r expliquer l’origine du mot |«-T«XXov :Curtius, > «• 7^ jn(,;(|l,e une rac|n»
fine indogermanique; Renan, Dist. lang. ■ ml • i'une el l'autre liyp°lllè®*’
(itique (matai). Scbrader, Sprachvergl. p. 232, rejette l une e ^ p 5, 103-
Blümner, Technol. d. Gewerbe und Kunst, HI, P-
MET
— 1841
MET
même*
c hointûes.
qui extrayaient le minerai des amas et
s qipliquaienL aussi à le traiter pour en retirer le
• 'l'kiil’ Ie mineur et le métallurgiste ne faisaient
111 ■ ' -TaXXeûç) *• L’art des mines et la métallurgie ont
''"""une commune origine. Nous étudierons successi-
I'0ll ,ni • 1° l'origine de l’art des mines et de la métal-
Ve • chez les Grecs et chez les Romains ; 2° la répartition
domines et carrières dans le monde gréco-romain ;
3» l’exploitation des mines et des carrières ; 4° le régime
légal des mines et des carrières.
P] Origine de la métallurgie. — Les Grecs et les
Romains, dès le début des temps historiques, connais¬
saient et employaient le cuivre et le bronze, l’or et
l’argent, le plomb et le fer. Les Grecs n’ont pas eu l’idée
qu’à une époque très reculée leurs ancêtres n’avaient
pas eu le métal à leur service. L’âge de pierre, précé¬
dant celui des métaux, est resté pour eux lettre morte2.
Les légendes relatives aux héros métallurges, Dactyles,
Cabires, Telchines, ne contredisent point cette manière
devoir, car elles n’ont rapport qu’à la métallurgie du
fer, comme nous le verrons plus loin. Chez les Romains,
Lucrèce3 est le seul à dire que les hommes ont dû tout
d’abord user du bois, de la pierre pour fabriquer leurs
armes et leurs outils. Nous ne savons pas si, en parlant
ainsi, il évoquait des légendes populaires, ou s’il imagi¬
nait de lui-même les stades de la civilisation. Grecs et
Romains, en effet, avaient reçu le précieux héritage des
métaux des populations qui les avaient précédés sur le
sol hellénique ou latin. Dans les pays riverains de la mer
Égée, les peuples de culture mycénienne, dès le xvc siècle
avant notre ère, avaient à leur disposition de l’or, de
l’argent, du plomb, du cuivre, du bronze*. A une époque
plus reculée encore, les hommes s’étaient servis de
métaux. Dans les couches les plus profondes de la colline
d Ilissarlik (première ville de Schliemann), on a trouvé
des débris d'objets en cuivre, en plomb, en argent, mêlés
à des outils et à des armes de pierre 5. A Théra (Santorin),
sous les cendres d’une éruption que l’on place vers l’an
-(J|)0, on a découvert, avec divers objets en pierre, une
scie de cuivre et des anneaux d’or G. A Chypre, les tombes
des temps primitifs ont livré des objets de cuivre 7. Ainsi
1 est certain que les peuples les plus anciens dont on
aiL reliouvé les traces sur les bords de la mer Égée, et
qne ' 011 daigne aujourd’hui sous le nom d 'Égéens,
n honoraient pas l’usage des métaux.
c 11 avons pas ici à entrer dans la question si
°mp exe et si controversée de l’origine des métaux,
esU^ * * e ^anS S°n ensemble. Le problème qui se pose
QS 6 bavo*r S1 les Égéens8 ont inventé par eux-mêmes
J ?,nt emPrunté à d’autres civilisations la métallurgie
d’envi' 'U CU*vre’ brome. Tout d’abord, il convient
'H-A'i le cas de chaque métal en particulier, parce
que rien ne prouve que l’histoire du cuivre soit la même
que celle de l’or ou du bronze.
C’est une opinion généralement admise 9 de dire que
l’or a été le premier métal que l’homme ait pu et su se
procurer. On a fait remarquer qu’il est le plus répandu
de tous à l’état natif et se présente souvent à la surface
du sol. A l’état natif, il n’exige pas de métallurgie savante
pour être utilisable ; à la surface du sol, son éclat brillant
attire l’œil, et pour le recueillir il n’est point besoin d’un
travail d’extraction. Tel se présente l’or dans les alluvions
aurifères. « Sur les terres arrosées d’eau courante, on
voit de prime abord reluire la paillette d’or lu. » De plus
ses qualités physiques, poids et malléabilité, ont dû
retenir aisément l’attention de l’homme peu civilisé.
Sous le marteau, il s’étale et se ploie sans difficulté11 :
lames et feuilles d’or ont été les premières parures de
métal. Enfin, il apparaît dans les fouilles les plus
anciennes12. Ce seraiL la métallurgie de l’or, a-t-on dit,
qui aurait ouvert la voie à celle du cuivre 13, et les pre¬
miers mineurs auraient été des orpailleurs. Si vraisem¬
blable qu’elle soit, cette opinion n’est qu’une hypothèse,
beaucoup de minerais, par leur éclat, leurs couleurs,
leur poids, peuvent être distingués sans difficulté, même
par un sauvage, des pierres communes. On les trouve
aux affleurements des gisements, sur les pentes, dans
les alluvions. De plus il est très rare, en Orient au moins,
que l’or apparaisse seul parmi les débris des premières
industries humaines. Mais ce qui est plus important,
c’est que ce métal, par suite de ses qualités, a pu être
connu et recueilli par des peuples différents, en des
régions fort éloignées les unes des autres, sans inter¬
vention d’un peuple initiateur1*. La chronologie absolue
de l’or fût-elle même exactement établie, il ne résulterait
pas nécessairement d’une succession de dates qu’il y ait
eu transmission de découverte d’un pays à l’autre. II est
fort probable que l’or a été trouvé en Asie Mineure
(Troade, Phrygie, Lydie), en Thrace, en Macédoine15, à
Siphnos 10 ; est-il nécessaire de lui attribuer une origine
unique, orientale par exemple, et de le faire venir de
l’Égypte ou de la Chaldée? Tout pays de provenance peut
être considéré comme pays de découverte pour l’or, plus
que pour tout autre métal. Les Égéens recevaient l’or de
toutes les contrées voisines qui en possédaient, et si l’or
d’ Ilissarlik provient de la Troade ou de la Lydie voisine,
celui de Chypre peut venir d’Égypte.
La même conclusion s'impose, semble-t-il, pour le
cuivre. C’est un des résultats les plus intéressants des
recherches archéologiques, que de constater que le cuivre
a joué dans les sociétés primitives un rôle de premier
ordre. L’or, l’argent, sont restés métaux précieux : c'est
avec l’emploi du cuivre dans la fabrication des armes,
des instruments et des outils que s’est ouverte véritable-
I1' HL - î Pe°* T"8 ?e,l*re,v*,iîtToir Poil. VII, 97; cf. Ardaillon, Mines du l.auric
«0-453, rapporte Cl.CllipieZ’ fJisL de l’art> VI> P- 1 12. Cependant Escl.ylo, Pro
tami» nj ]e p . ' t|U fut un temps où les hommes ne savaient pas employer
brique ni le Jjqj - - _ _ I _ _
fourmis, sous l • *'°"t cons**‘u‘re leurs demeures, et où ils habitaient, comme t
~ 8 SclilicmanT' 7, 3 Lucr' V’ 1282’ — 4 Perrot, Hist. de l'Art, VI, p. 951-9:
ms, p. 312-317. — 0 Eouqué, Santorin, p. 105 et 1;
'-lOlu [ | . Jllos> p.
Voirpour lVnurné'0'^01'’ da'1S Zeitschrif‘ für Ethnologie , 1899, XXXI, p. 2 ,
tù1"1-' 1 ion et le commentaire de ces trouvailles dans le monde grec
orienta) • nonl _ _
foutf and Slcaii l"''' ^^,rono^°S,e der âltesten Bronzezeit in Nora
1011 toMiog h!”?!6”’ Archiv f“r Anthropologie, 1898-1900, XXV
foulons pas ar(.C UG complète. — 8 11 est clair que par ce mot d 'Égéens n
““ "W'ncar JW. ^ )erl existence d’une unité ethnique. — 9 Fournet, De l'influt
' pl'0,-lrès de la civilisation, Lyon, 1801, p. 112; Hidgeway, :
origin o( metallic currencg and weight standards, Cambridge, 1892, p. 58;
Berthelot, Chimie au mogen Age, p. 359, Paris, 1893; cf. S. Reiuach, Croissants
d'or irlandais {Bev. Celtique, 1900, p. 100 sq.). — 10 Strab. 111, 2, 8. — 11 pijn
XXXIII, 19. — 12 Monlelius, Op. cit. passim. — 13 S. Ueinach, Op. cit. p. 168.
— il M. S. Ueinach, en France, s’est le premier élevé contre les théories monogé-
nistes, en faveur ou non de l'Orient, qui veulent à tout prix simplifier le problème
des origines de la civilisation. Voir Bev. archéol., Bev. celtique, Anthropologie,
où ce savant a publié de très nombreux articles, cités plus bas. — 15 De Thasos, il
est dit par Hérodote que ce sont les Phéniciens qui en découvrirent les mines d’or :
IMTo.Ua àv.OTpov (v. 47). - 10 En admettant pour le mot Siphnos une racine sémitique
(Bérard, Topologie et toponymie antiques, Bev. archéol. 1901, I, p. 221) et une
colonisation phénicienne, on ne s’engage pas nécessairement à croire’ que les mines
d’or ne, furent exploitées dans cette île qu’à l’époque phénicienne.
MET
— 1842 —
MET
ment l’ère de la métallurgie. Il y a eu un âge du cuivre
pur en Chaldée comme en Égypte, à Chypre comme en
Troade, dans l'Italie du Nord comme en Espagne, en
Gaule, en Bretagne et dans les pays danubiens *. Cette
remarquable uniformité des débuts de la métallurgie
proprement dite dans presque toute l’Europe, en Égypte
et dans l’Asie antérieure, indique-t-elle que l’art de tra¬
vailler le cuivre ait pris naissance ici plutôt que là? On
nous assure que 1’ « origine de cet art doit être cherchée
à Chypre, non seulement pour les pays avoisinants, mais
même pour l’Europe occidentale et septentrionale. Les
populations néolithiques ont reçu de Chypre les premiers
instruments de ce métal et avec eux la culture chypriote
de l'âge du cuivre. Ce n’est qu’après coup qu’elles se sont
mises à rechercher et à exploiter le précieux métal sur
leur propre territoire 2 ». On est parfois moins précis:
« La découverte du cuivre est une découverte orientale:
elle a été faite sans doute en Asie antérieure, vers le Sud-
Ouest, dans les domaines des antiques civilisations de la
Babylonie 3. » En vérité, nul ne sait par qui et où le cuivre
fut inventé ; la métallurgie a pu prendre naissance partout
où il existait des minerais de ce métal, et dans plusieurs
pays, d’une manière tout à fait indépendante. « Les
minerais de cuivre purs et mélangés sont fort répandus
dans le monde : ils attirent l’attention par leurs couleurs
tranchées, vertes, jaunes, noires ou bleues ; il suffit de
les chauffer sans grande précaution, avec un combus¬
tible tel que le bois ou le charbon, pour voir se séparer
le métal à l’état fondu et avec son éclat caractéristique....
C’est dans les cendres des foyers mêlées par hasard ou
par intention avec des minerais de cuivre ou de plomb,
que ces métaux ont dû être découverts tout d’abord; puis
l’industrie humaine a étudié et précisé empiriquement
les conditions exactes de leur réduction 4. » Ainsi, pour
ce qui est de la Méditerranée orientale, il est possible
que Chypre, l’Égypte, la Chaldée, aussi bien que les pays
danubiens 5, aient été des pays de production première,
comme ils ont été des centres de diffusion et d’exportation
du cuivre. Dans la Méditerranée occidentale, l’Étrurie,
l’Espagne, la Gaule ont les mêmes titres à revendiquer
le même honneur. Il semble que certaines légendes, que
nous rapportent quelques auteurs de l’antiquité, soient
l’écho d’une tradition en harmonie avec cette manière de
voir. On disait que les métaux auraient été aperçus pour
la première fois pendant l’incendie des forêts, coulant
en ruisseaux brûlants 6. Comme on l’a dit, ce récit « paraît
avoir été imaginé, en raison de sa conformité avec les
faits naturels qui ont dû conduire les hommes à la
découverte des métaux 7 ».
Le bronze (alliage de cuivre et d’étain) n’apparaît
qu après un usage plus ou moins prolongé du cuivre
1 Voir les faits réunis par Montelius, Op.cit. p. 905 sq. ; cf. Much, Die Kup fer zeit in
Europa , 2e éd. Iéna, 1893; J. Hampel, Neuere Studien über die Kupferzeit [Zeitsch.
fur Ethnologie , 1890, fasc. 2). Voir aussi Anthropologie, 1896, p. 579-583 ; Rev. ar -
chiot. 1897, I, p. 126- 127 ; S. Reinach dans Bev. celtique, 1900, p. 170. — 2 Ohnc
falsch-Richter, dans Anthropologie, 1899, p. 708-712. — 3 Montelius, Op. cit. p. 969.
— Berthelot, Chimie au moyen âge, I, p. 360-361. — & Chalcis, en Eubée, doit
être laissée de côté : voir plus loin, II. Gisements métallifères. — 6 Diod. Sic. V,
35;Strab. III, 2,9, tous deux d’après Posidonius ; cf. Lucr.V, 1250-1260. — 7 Berthelot,
Ibid. p. 361. — ^Montelius, Arch. fur Anthrop. XXVI, 1899-1900, p. 1-40; 459-511 ;
905-1012; cf. Anthropol. 1901, p. 609-623. — 9 Montelius, Ibid. — 1° Berthelot,
Op. cit. p. 362-363 ; Montelius, Op. cit. p. 971; cf. Anthropol. 1897, p. 693-694.
— il Voir les témoignages recueillis par G. Bapst, Comptes rendus Acad. Inscrip¬
tions, 1886, p. 247-255; Chantre, Jlech. anthropol. dans le Caucase, I, p. 81. Les
progrès de nos connaissances géologiques dans la région caucasienne et en Arménie
Russe laissent peu d’espoir pour une trouvaille à venir. — 12 Strabon XIV, 2, 10,
pur : c’est un fait constaté partout sur les
Méditerranée, aussi bien que dans
bords de
On a tenté d’établir les dates de l’appar
Europe centrale 8
la
*rition du bronze
dans ces diverses contrées 9. Mais il n’y a nas ,
les pays où le bronze a été découvert, à tirer ’ "UClant
d’une chronologie relative ou absolue. Le bronze
‘ d’argument
tous les alliages du cuivre, si fréquents dans' l’a’ C°mme
était susceptible d’être préparé dans tous les pays m ’
rencontrent les minerais de cuivre et d’étain « [ a f.j' ^
cation du bronze n’est pas plus difficile, en fait que'Jll'
du cuivre pur. On peut la réaliser aisément soit ’en I
alliant les deux métaux purs et isolés à l'avance comme 1
le font d’ordinaire les modernes; soit en mélangeant
leurs minerais dans des proportions convenables, avant I
de les soumettre à l’action réductrice du feu. Ce dernier •
procédé a dû être employé de préférence par les popula¬
tions primitives l0. »
Mais l’étain est rare, et particulièrement dans les
contrées qui avoisinent la Méditerranée orientale. Dans
les montagnes du Caucase, il n’y en a pas*1. L’existence
des gisements du Khorassan, en dépit d’un texte de
Strabon et quoi qu’on en ait dit, n’est pas encore dé¬
montrée12. Les points les plus rapprochés de la Médi¬
terranée orientale, où l’étain ait été authentiquement
rencontré,, sont l’Étrurie et l’ile d’Elbe19; encore les
gisements très pauvres de l’ile d’Elbe n’ont-ils pas été
exploités par les anciens : du moins rien ne l'indique11.
On sait de façon certaine que l’étain se trouve en Espagne,
en Gaule, en Cornouailles (îles Cassitérides), en Saxe et
en Bohême16. Que l’on admette ou non que c’est sur un
ou plusieurs de ces points que le premier alliage de
cuivre et d’étain a été obtenu, il n’en est pas moins cer¬
tain que de très bonne heure le bronze a été connu et
employé sur les bords de la mer Égée, et que par consé¬
quent il y a eu transport et commerce de bronze ou
d’étain entre les centres métallifères et le Levant, (.est
le moment de constater qu’un autre corps, 1 ambre,
originaire des bords de la Baltique, est parvenu à;
une époque extrêmement ancienne dans les conliéesl
égéennes et en Égypte. On en trouve les perles dans des
tombes égyptiennes des premières dynasties1 , « s il nyl
en a pas trace à Troie, il se trouve déjà à Mycènes, tan®|
les tombes de l’Acropole, ainsi qu à Ménidi, en piossesi
perles qui ont dû faire partie de colliers. Dana y®
chimique a démontré que cet ambre était de am re
baltique 17 ». On a déjà fait remarquer qu’au ve stec^e ^
commerce de l’étain était associé à celui de 1 mun 1
les fouilles archéologiques prouvent qu il en e a
bien des siècles avant Hérodote. Nous sommes
à concevoir l’existence de relations commer al|
.paraissent fort éloignées, plus a
ainsi
amenés
entre contrées qui nous
Archio far Anthrop- ‘«Mjj
parle d’étain dans le pays des Dranges ; cf. Baer. Anciens, p- -*“■
p. 265 ; Bapst, Op. cit. p. 248 ; Berthelot, Introd. a ta Ch m i d ^ ^ Ni le.
Chimie au moyen âge, I, p. 364; Bérard, Bev. a,ci, c ' ’ pa’riSj i#9i-1895), m
explorations de De Morgan (Mission eeientifique en ErgansungsW
celles de Slahl (Géologie von Persien, Geog. Mitth. ne nous révildj ,
n» 122, 1897), ou de Radde ( Nord- Khorassan , Un ■ »° - ’ 1( n0 saurait |'lus
la présence de gisements d’étain dans les montagnes 1 ?i,eidans Anthro-
êlrc question de l’étain de Malacca : voir S. Reinach, <- Ues minéraux et
pologie , 1892, p. 275-281. - *3 Fucl.s et de Launay, » ^ métaUurgis ça
métallifères, II, p. 150. - 14 Simonin, Exploit, de ^ série, XIV, H»».
Toscane pendant V antiquité et le moyen âge (Ami. _ IG
p. 557 sq.). — 15 Voir plus loin,
II. Gisements “^““^chipie*, #•»*■ *
Hist. anc. des peuples de l’Orient, \, p- Anthropologie 8893> p‘ 57°j
l'art, VI, p. 947. — 18 S. Reinach, Mirage or
llcrod. 111, 115.
J
MET
1 843
MET
[ ’iècles avant l’ère chrétienne Elles avaient com-
Vllli" . ,ii'.s l’âge dn cuivre pur : elles se multiplient et
"ii'iU'id dès le début de l’âge du bronze [mercatuiia].
* ^lu'cls étaient les navigateurs primitifs de cette navi-
: tj0a préhistorique? Nombre d’indices tendent à faire
«al!üU ,, (}e très bonne heure, sur les bords de l’Égée,
\sh> Mineure, en Grèce, dans les îles, il s’était établi
? ■ I, titillations offrant une réelle unité de culture1. Ce
, , crulemcnt l’emploi simultané de la pierre et du
cuivre qui caractérisé cette culture, mais encore 1 analo-
'-des formes de tombes, la ressemblance des armes
et des outils, celle des amulettes, des bijoux, des pote-
r|cs 2 A défaut de dénomination plus précise, on a pro¬
posé le nom d 'Égéens pour désigner ces premiers habi¬
tants de l’Archipel, qui sans doute appartenaient à des
races différentes. Ce seraient là ces mystérieux peuples
'd’au delà des mers, Iiaoui-nibou, dont parlent les mo¬
numents égyptiens 3. Aux premiers Égéens succèdent
les Mycéniens : leurs thalassocraties, Ithodienne, Phry¬
gienne,, Crétoise 4, développent les échanges, multiplient
les connnunication's et les rapports de peuple à peuple,
p’autres navigateurs, Cariens et Phéniciens, se mêlent
à ces marins et leurs pirateries amènent une répression
sévère 5. Il est difficile, en effet, de s’imaginer que les
maîtres d’ilios, de Tyrinthe et de Mycènes, de Cnossos et
de Phaistos, aient été dépourvus d’une marine puissante,
et que toutes ces cités aient dépendu uniquement de
marins étrangers, pour se procurer les produits et les
matières premières nécessaires à leurs industries.
Aquelleépoqueles Phéniciens arrivèrent-ilsàune situa¬
tion prépondérante dans la mer Égée ? Pour les uns, dès le
xvi' siècle av. J.-C., au début des conquêtes égyptiennes,
ils auraient été possesseurs des routes de la mer ; dès le
xiv' siècle, ils seraient arrivés sur les côtes de Sardaigne G.
Pour d’autres, et cette opinion paraît beaucoup plus
vraisemblable, « ce serait vers les environs de l’an 1000
ou un peu plus tôt que se serait opérée cette substitution
dune thalassocratie à une autre, à une période de grands
troubles politiques et sociaux 1 ». S’il en est ainsi, les
Phéniciens n’auraient été les pourvoyeurs en métaux
des cités mycéniennes que pendant la dernière phase de
leur civilisation. Toujours est-il qu’à l’époque des inva¬
sions doriennes et pendant quelques siècles, les Phéni¬
ciens occupent beaucoup d’iles de la mer Égée, et parmi
ellesChypre, riche en mines de cuivre, Thasos et Siphnos
aux Ullnes d or. Ils apparaissent alors comme les maîtres
11 commerce des métaux. Leurs voyages en Espagne les
'ootti.nL en possession des richesses minières si considé-
' ef ce pays ; ils vont chercher l’étain au fond de
, ' 1 iotique 8,vers l’embouchure du Rhône 9, àGadès10,
, M ds s aventurent en Gaule d’abord, en Bretagne
^suile, xers ces mystérieuses îles Cassitérides, d’oq
. ain Ll1 ait son nom, et dont d’autres navigateurs avaient
pS( ' 0u*-e connu la route avant eux11.
Ul "n dire, d’autre part, que ce soient les Phéniciens
qui aient ouvert et exploité les premiers les gisements
métallifères du monde hellénique? Nous n’en avons ni
preuves ni indices, si ce n’est peut-être pour Thasos,
dont les mines, au dire d’Hérodote ,2, furent découvertes
par les Phéniciens (gÉTacXXoc àveüpov). 11 est au contraire
très vraisemblable qu’avant l’ère de leur suprématie
commerciale dans la mer Égée, les populations indigènes
avaient mis en exploitation les mines d’or du mont Pan-
gée, celles de la Troade et de la Lydie, comme aussi
celles du Laurion et de Siphnos. Pour le Laurion, les
trouvailles de Thoricos 13, la présence en plusieurs points
sur les gisements de belles constructions mycéniennes
semblent prouver l’activité directe des maîtres du pays u,
et l’occupation permanente d’unecontrée, qui est pourtant
sans ressources agricoles d’aucune sorte. Le récit de Dio-
dore, touchant le commerce des métaux des Phéniciens en
Espagne, tend également à démontrer qu’ils n’eurent
qu’à échanger leur pacotille contre l’argent que les
indigènes avaient déjà en leur possession15 ; ils n’y
apparaissent point comme les maîtres en métallurgie des
peuples qu’ils visitent.
Pendant très longtemps, le fer [ferrum] n’a aucune place
importante dans la civilisation des peuples de la mer Égée.
Ce métal ne se rencontre àHissarlik que dans les couches de
la troisième ville, contemporaine de Mycènes. A Mycènes
« il n’apparaît qu’à la fin de la période mycénienne et il
semble que ce ne soit alors qu’un métal de luxe : on en
fait des anneaux qu’on dépose dans les lombes avec les
anneaux d’or16 ». 11 est plus abondant dans les couches
profondes d’Olympie, et fréquent enfin dans celles du
Dipylon. Ce retard dans l’emploi du fer n’a rien qui
puisse étonner. « Si les minerais ferrugineux sont par¬
tout répandus, l’extraction du métal libre est une opé¬
ration difficile, compliquée, et qui n’a pu être exécutée
qu’à une époque où les industries et la science pratique
des hommes avaient atteint déjà un certain degré mar¬
qué d avancement 1 '. » Aussi les légendes relatives aux
Dactyles, aux Cabires, aux Corybantes, que nous ont
transmises les auteurs anciens, ont-elles trait à la métal¬
lurgie du fer, ce qui ne veut point dire à son invention :
il était naturel que l’habileté des ouvriers fût considérée
comme capi tale dans le travail du fer, et regardée comme
un don quasi divin. La Grèce n’est pas riche en minerais
de fer de bonne qualité, et les Cyclades ne le sont pas
davantage. Il est à croire que pendant longtemps elle
reçut du dehors le métal dont elle avait besoin. Quels
furent les importateurs du fer chez les populations
mycéniennes et helléniques? Selon les uns, ce seraient les
Phéniciens; selon d’autres, « les armes de fer sont l’ap¬
port de bandes guerrières, d’origine celto-germanique,
les Achéens, qui établirent leur autorité sur les Mycé¬
niens18 ». Pour d’autres enfin, c’est avec les invasions
doriennes que l’emploi du fer aurait commencé à se
répandre en Grèce. Il est difficile de se prononcer.
Remarquons cependant que les populations qui, vers le
flcuiliip y a"lcUrs alll'ib»ent à la môme civilisation une aire beaucoup pl
1 Cirtai
duo. Voir AP. j. ~ . ~ . . . . . . ——......p t
- 3 pWrol c,vans> d après S. Reinach, Anthropol. 189G, p. 68G-G
Mîtsq 3 « llipi°Z’ V1’ P' 471-«2; E. Meyer, Gescli. d. Alterth.
€ s ■ Reinach Am*™’ °P~ '' P' 391 Ct nole 3' — 4 Euseb- Chron- b P- 2
«os. _ g p ' ’,0P ‘ 1899, p. 397-409. — G Thucyd. I, 4-8 : Thalassocratie
Mro pol. MeyCr’ °P- cit- b P- 230. 235; II, p. 142. - 7 S. Rcinac
R. p. 9g, __ j J P’ j Scymm. Ch. 391-393 ; cf. Bérard, Rev. arch. 19C
-» Herod. ni ' m’ 2’ Di°d‘ Sic’ V’ 22 ct 38’ ~ 16 Ezechiel, XXVII, 1
1 "0; Strab. 111, 5-11 ; cf. S. Reinach, L'étain celtiqi
Anthropol. 1892, p. 277-280; Un nouveau texte sur l'origine du com¬
merce de l'étain, Ibid. 1899, p. 397-409. — 12 Herod. V, 47 _ 13 Staïs
’E?np. ’Afx«uA. 1895, p. 221-234. — H Ardaillon, Mines du Laurion dans
l'antiquité, p. 127. J’ai soutenu dans ce travail l'hypothèse d’une occupation
et d’une exploitation phéniciennes : je crois aujourd’hui être allé beau¬
coup trop loin, et sans preuve positive. — 15 Diod. Sic. V, 35. — 16 per
rot ct Chipiez, VI, p. 953-954. - n Berlhelot, Chimie 'au moyen agi
1, p. 359. — 18 Ridgewav, d’après S. Âeinach, Rev. critique , 1902 1,’
p. 173.
MET
— 1844
\c siècle, descendirent de la péninsule des Balkans vers
les rivages de l’Égée, devaient apporter avec eux la cul¬
ture de la période hallstatienne (premier âge du fer, vers
le v siècle av. J.-C.), développée dans les pays danubiens.
D autre part, il est à constater que les génies métal-
lurges des Grecs sont tous, au dire des auteurs anciens,
originaires de la Phrygie. Or l’on sait que de très bonne
heure la Phrygie fut occupée par des tribus parties de la
Thrace, et restées en rapport avec la Tlirace Ces peuples
possédaient peut-être, par suite, des connaissances mé¬
tallurgiques touchant le fer, plus avancées que celles des
Mycéniens. L Arménie et le Pontr pays des Chalybes,
furent vers les mêmes temps envahis par des bandes de
même origine. Ainsi inductions de l’archéologie et textes
anciens s’accorderaient aisément. Car il ne saurait être
tenu compte de l’objecLion que, selon des auteurs de
1 antiquité, la Crète fut le foyer le plus important de la
métallurgie du fer : pour que ce fût possible, il aurait
fallu à la Crète des gisements de fer nombreux et de
bonne qualité. De récentes études démontrent qu’elle
n en possède point. Aussi bien, à une date très rappro¬
chée de celle de ces invasions, les Phéniciens ont pu
aller chercher sur les bords du Pont-Euxin, dans le
Pont habité par les Chalybes « ouvriers du fer » 2,
comme sur les côtes de la mer Ionienne, un métal qui
devait, parles progrès de sa technique, prendre une place
de plus en plus grande à l’époque historique [ferrum].
Résumons les conclusions qui paraissent le plus vrai¬
semblables touchant l’origine de la métallurgie et de
l’art des mines dans les pays helléniques :
1° Il est impossible de dire si l’or, d’une manière
absolue, a précédé le cuivre. Ces deux métaux apparais¬
sent à une date très reculée, dès la fin de la période néo¬
lithique. Leur métallurgie a eu pour pays d’origine les
contrées riches en gisements métallifères, qui ont été,
chacune dans leur sphère, des centres de diffusion. Dès
l’âge du cuivre pur, on constate l’existence d’un com-
‘merce qui a fourni des outils, des armes, des parures à
des peuples qui n’avaient pas le moyen de s’en procurer
autrement que par échange.
2° Le bronze est probablement originaire des pays,
beaucoup moins nombreux, où se rencontrent simulta¬
nément les minerais de cuivre et ceux d'étain (Europe
occidentale). De très bonne heure aussi, bronze, étain,
ambre sont arrivés dans le bassin oriental de la Méditer¬
ranée. Dans la mer Égée, le commerce des métaux se
développe rapidement et est le fait d’une navigation indi¬
gène. Plusieurs thalassocraties se sont succédé sans
doute avant celle des Phéniciens.
3° Les Phéniciens ont naturellement hérité de ce com¬
merce des métaux, qu’ils ont répandus partout en abon¬
dance, à mesure que les gisements exploités devenaient
plus nombreux. Ce n’est pas cependant que l’ouverture
des mines, dans les contrées helléniques, soit posté¬
rieure à l’arrivée des Phéniciens.
4° Le fer est le dernier venu des métaux dans les
applications industrielles. Il s’est probablement répandu
en Grèce sous la double influence dépopulations étran¬
gères venues du Nord, et du commerce phénicien.
1 Herod. VI, 45 ; VII, 73; VIII, 138; Xanlhos ap. Slrab. XII, 8, 3; XIV,
5, 29; cf. E. Meyer, Gssch. d. Alterth. I, p. 299; II, p. 41. — 2 Acsch.
Prom. 133 et 714. — 3 Montelius, Arcft. für Anthrop. 1900, XXVI, p. 9G2-964.
— 4 Helbig, Die Itciliktr in (Jer Poebene, Leipz. 1879, p. 18 \ Epopée homérique,
~ MET
En Italie, les origines et les progrès de I, -,
semblent avoir suivi à peu près la même é T Ullur8'l
dans les pays helléniques. Tout d’abord H ,Uon 'l«e
pur y a été constaté. Les tombes de Hemedell , CUivH
Marco, de Santa Cristfna (province de Bresci-o’ 7
gnano (province de Modène), de Monlesemw SavU
d’Ancône), de Sgurgola au sud-est de Ce ( In H
des armes et des outils de cuivre. On „ ’ , lvré
lations primitives de l’Italie avaient le cuivre 'n" P°f‘
position dès le troisième millénaire avant „otr
Dans les villages sur pilotis de la vallée du Pô (Z '
mares), on voit apparaître le bronze, mais ri Z
objets tels que les haches et les pointes de lance se f?8
saient encore en pierre L Dans les tombes à po.rJl
Bolonais et de la Toscane, le mobilier se compose d
bronzes, de morceaux d’ambre, parfois de quelque biiou
en métal précieux L Mais les auteurs de ces sépultures
étaient encore pauvres en métaux. « Ils n’ont presque
pas d’or, ni d’argent, ni de fer. Le bronze constitue à peu
près a lui seul leur fond métallurgique. En bronze, ils
ont quelques vases, des pièces d’armure ou d’équipement,
des armes (haches, épées, couteaux, tètes de lance) et
divers accessoires de parure ou de toilette ; en fer, ils ont
quelques rares épées d’un type analogue à celui des
épées de bronze R. » Puis, dans une nouvelle période, le
bronze devient de plus en plus abondant; le fer se mul¬
tiplie, et arrive un moment où il remplace le bronze dans
la fabrication des épées, des couteaux, des hachettes, des
mors de cheval ; en bronze, il ne reste plus guère que les
objets de toilette et les vases. L’or et l’argent sont tou¬
jours rares 7. Tel est le développement de la métallurgie
dans les plaines du Pô et au nord de l’Apennin. En Tos¬
cane, dans les tombes à fossa , en Italie centrale et dans
le Latium, il en est de même dans cette période nou¬
velle : mais ici, d’une façon générale, on constate la pré¬
sence d’une masse beaucoup plus considérable de bronze
et de fer, d’or et d’argent, ce qui prouve que par leurs
propres ressources et par des relations commerciales
plus étendues, les habitants de ces contrées arrivaient à
se procurer une quantité plus grande de métaux.
Ainsi l’ordre d’apparition des métaux est le même en
Italie qu’en Grèce. Mais ce qui est caractéristique en Ita¬
lie, c’est que le fer y a très rapidement pris une grande
place. « Nous y trouvons une civilisation du premier âge
du fer, très intense, qui remonte au xii® et auxmc siècle:
avant notre ère, faisant suite à une très courte période
où le cuivre et le bronze étaient seuls connus » Com
ment expliquer ces particularités, abondance p us,
grande des métaux au sud de l’Apennin, appandon
emploi précoce du fer dans l’Italie du Nord et du Centre!
Les causes en sont multiples. Tout d abord, c est un
capital pour l’histoire de la métallurgie en bu 1
l’existence des gisements métallifères de la .
de l’ile d’Elbe. Cette région produit encore aujouri
le fer, le cuivre, l’étain, le plomb argentifère,
cure 9. Des restes très importants de travaux < <
anciens ont été relevés dans l’ile d Elbe, et SUI
le continent, à Campiglia, à Montieri, à Ma&sa ^ flU
à Itocca Tederighi, à Monte Catini, près 4° h '
p. 103.- B Martha, Art étrusque, p. 37. - c Ibid- ] P" 58 J? "go. - » ^"rl,S
sq. - 8 A. Bertrand et S. Roinach, Celtes dans lavalUc dit .P- ^ p 149) 23*,
et de Launay, Traité des g il es minéraux et métallifères, , P-
559, 697.
MET
— ms —
MET
)rd de Eucq,,es
Bien que l’on n’ait pas signalé dans
bronze, il y a cepen-
" nines d’outils de pierre ou de
I ces |r.,ie raison de penser que la première exploita-
?" ( (>s gîtes remonte à un âge très reculé. Un texte
ti0fl ' ,'lil que dans l’ile d’Elbe « on extrayait jadis le
1,u"7 ivre lequel les Étrusques fabriquaient tous leurs
Cl" " èi qu’ensuite on n’en trouva plus. Plus tard, on
ol'! on retirer du fer 2 ». En effet, on a découvert, à
■ de ce renseignement, des scories de cuivre entre
'^[o'Verrajo et Marciana 3. Le fait même que les
0 , , j’BU)e s’attaquèrent d’abord aux minerais de
1111111:11 , non ^ ceux de fer qui constituent la véritable
.• -hesse de File, indique, semble-t-il, qu ils ne connais-
• a ms encore la valeur de ce dernier métal. On est
sairni pu» ' ........
ind amené à penser que cette extraction du minerai
cuivreux date au moins de l’époque du bronze (exclusif).
N’est-il pas aussi croyable qu’à peu de distance de l’ile,
les gîtes de cuivre plus riches du Campigliais furent éga¬
lement découverts et travaillés vers le même temps?
Plus tard les Étrusques développèrent ces travaux, qui
au Ve siècle étaient en pleine activité 4. II est possible
encore que les filons et les alluvions d’étain aient été
exploités de très bonne heure. Aussi est-il naturel d’attri-
buerà la présence de ces gisements au sud de l’Apennin
la grande quantité de bronze découvert dans les sépul¬
tures de l’Étrurie et de l’Italie centrale.
Pour le fer, il en est de même. Les masses de minerais
si facilement exploitables de l’ile d’Elbe, leur grande
valeur et l’excellence de leur qualité expliquent le déve-
loppementdelaproduction du fer dans les mêmes régions.
Mais avec ce que nous savons des difficultés de la métal¬
lurgie du fer, la seule présence de gîtes abondants ne
suffit pas à faire comprendre les progrès rapides de
l'emploi de ce métal au nord comme au sud de l’Apennin.
Il semble qu'il faille faire intervenir une autre cause. Il y
a eu, précisément au moment où commence à s’accuser
cette utilisation étendue du fer, des mouvements impor¬
tants de populations dans la péninsule; telle est du moins
la conclusion que l’on peut tirer des transformations du
mode d’ensevelissement, du passage de l’incinération à
1 inhumation. Quelles étaient et d’où provenaient les
populations apportant avec elles ces usages nouveaux?
Sans vouloir entrer dans un débat riche en discussions
et en hypothèses ïï, si l’on constate que l'usage du fer
devient prédominant vers cette époque, n’est-on pas en
droil de supposer que les mêmes populations avaient une
Science métallurgique du fer plus avancée, et qu’elles
venaient, comme d’autres indices le font penser, des pays
an "b ions , où le fer fut de très bonne heure habilement
ra,\nillé? C’est avec l’occupation de l’Italie du Nord
e (,e*dre par ces peuples, qu’aurait commencé
PXP‘oitation active des mines de la Toscane et de
‘de d’Elbe.
atE |S| ^ m®me A un aPPorI do l’étranger que l’on peut
mél U<1 ay mo‘ns pour une part l’accroissement de
x Précieux que l’on observe dans les sépultures
le.
Simonin i/- , »
1858, XIV 1 • >neS 6 * des Etrusques dans Annales des Mines
Bonin " On P‘ 337'587' — 2 f’s. Aristot. Mir. Ausc. 93, p. 837. — 3 Si
Mines,
Si-
Cesob. d 7/ P' 3l’7' — 4 Martha, Art étrusque, p . 499. — SE. Meyer,
l’ethnoera V *’ .**1 p. 488-510 ; bibliographie de ces questions complexes
Us Celles wUC de l ltalie. Voir aussi Al. Bertrand et S. Rcinacli,
U I “ » VU IAXIOOX ill ■ UV1 V. UUU VV k/» ItVIUUUIl,
P. vaMe du Pô et du Danube ; Marllia, L'art étrusque,
W. I80fi> „ ,^erer’ ®P. C‘L n, p. 501-502. — 7 S. Keinach, Anthro-
Si >1 . rom | , !' >i“' 8 Marllia, Art étrusque, p. 105 sq
■ ‘i 193 sq. - -
VI.
9 Mommsen,
10 lies. Op. et Dies, 120, 140, 157. — il Grote, Hist.of
de l’Italie occidentale. Pour l’argent, les gisements de
plomb argentifère de la Toscane ont pu en fournir une
certaine quantité. Mais c’est à un commerce avec des
centres plus productifs d’or et d’argent que les habitants
de l’Italie ont dû demander principalement la matière
de leurs bijoux et de leurs parures. S'il est vrai que
dès le xiic siècle, des Étrusques aient fait partie de ces
peuples de la mer qui allaient exercer leurs pirateries
sur les côtes de l’Égypte, et que ce soient des Étrusques
qui se sont établis à Lemnos et à Imbros fi, on pourrait
voir dans ces navigations la preuve de relations très
anciennes entre l’Italie occidentale et le bassin de la mer
Égée. A une date antérieure, peut-être, des rapports
s’étaient établis entre les cités mycéniennes de la Crète
et le sud de l’Italie7. Les Grecs arrivèrent en tout cas
de bonne heure dans les parages Italiques, et les traces
de leur influence en Italie sont trop nombreuses et trop
nettes pour qu’on puisse en douter 8. A leur tour les
Carthaginois jouèrent un rôle important dans le commerce
étrusque, et la marine étrusque elle-même put, dès le
vuc ou le vie siècle, alimenter de métaux précieux
l’industrie des peuples italiens 9.
On voit quelle part considérable d’hypothèse entre
dans l’étude des origines de l’art des mines et de la mé¬
tallurgie, en dépit des recherches de l'histoire et de la
philologie, en dépit des découvertes de l’archéologie. 11
est difficile d’accorder avec ces données les textes antiques
relatifs aux âges des métaux et aux inventeurs de la
métallurgie. Le poète des Œuvres et des Jours parle d’un
âge d’or, qui aurait été suivi d’un âge d’argent, d’un
âge de bronze, d’un âge héroïque, d’un âge du fer10. La
mention d’un âge héroïque, intercalé entre deux âges
différents, indique assez combien les données du poète
sont symboliques et sans valeur positive11. Aratus,
Ovide 12, à leur tour, dépeignent les mêmes âges. Seul
Lucrèce semble indiquer une succession réelle et concrète
des âges de pierre, de bronze, de fer: mais il est difficile
de dire si c’est là une pure invention de poète, ou s’il a
suivi une tradition13.
Certains écrivains nous ont laissé des listes d’inven¬
tions et le nom de leurs auteurs11. Voici, pour les
métaux, les principaux renseignements qu’ils nous
fournissent :
Or : inventé au mont Pangée, parCadmus le Phénicien
ou son frère Thasos 15 ; par Éaque, fils de Jupiter, en
Panchaïe16; par Sol, fils d’Oceanus17.
A rgent : inventé par Indus, roi de Scyfhie18; par
Erichthonius à Athènes; par Éaque19.
Cuivre : inventé par Cinyras, fils d'Agriopas, à
Chypre 20 ; par Ionos, roi de Thessalie21; métallurgie du
cuivre attribuée aux Cyclopes, aux Dactyles 22, aux
Noropes (. Norici)23 , àCadmus24, à Skythès le Lydien, à
Délas le Phrygiep 23.
Fer: inventé par Dactyles Idéens en Phrygie26, en
Crète27, à Chypre28; métallurgie du fer attribuée aux
Cyclopes29, aux Noropes30.
Grcece, I, p. 66. — <2 Arat .Phaen. 107; Ov. Met. 89-144; cf. Scrv. Ad Aen. XII,
87. — 13 Lucr. V, 1282 sq, — 14 Voir Kremmer, De catalogis Heurematum,
Leipzig, 1890. — 15 Plin. VII, 197; Clem. Alex. Strom. 1, 74; Hyg. Fab.
274. — 16 Plin. Vil, 197; Hyg. Fab. 274. — 17 Pliu. VII, 197. — 18 Hyg. Fab.
274; Cass. Var. IV, 34. — 19 Pliu. VII, 197. — 20 ld. VII, 195. — 21 Cass. Var.
III, 31. - 22 Plin. Vil, 197. — 23 Clem. Alex. Strom. I, 74-76. — 24 Hyg. Fab.
274. — 26 Plin. VII, 197. - 26 Slrab. X, 3 , 22. — 27 plin. VU, 197; Clem. Alex.
Strom. 74-76; cf. Strab. XIV, 2, 7. — 28 Ibid. — 29 plin. VU, 197. — 30 Clem.
Alex. Strom. 74-76.
23-2
MET
1840 —
MET
Plomb: apporté par Midacritus de l'ile Cassitéride1 ;
par le roi Midas de Phrygie2.
Bronze : alliage inventé par Skylhès le Lydien ou par
Délas de Phrygie s.
Comme on le voit, l’accord est loin d’être parfait.
Cependant on a essayé de tirer le meilleur parti possible
de ces textes. Le Phénicien Cadmus a été cité par tous
les partisans d'une civilisation phénicienne, qui aurait
tout apporté à la Grèce 4. Cinyras a eu la même fortune1.
Midacritus et Midas de Phrygie sont invoqués tour à tour
à l'appui d’hypothèses opposées6. Si ingénieuses que
soient les théories proposées, elles reposent sur des
bases bien fragiles et il faudrait avoir les écrits authen¬
tiques des auteurs classiques, où les compilateurs des
èuo7]uaTa ont puisé leurs citations, pour pouvoir en tirer
quelque profit réel. On est obligé, sur
ces (l '‘estions
difliciles, de se contenter de peu, et il est imi "J.
que, sur le problème des origines de la métaiw"1?*
les anciens, l’avenir nous apporte une solution délh t %
II. Répartition des mines et carrières. — R p ve‘
!es gîtes métallifères qui, sur les territoires de PE S°nt
romain, ont échappé aux recherches des ancien.^1!" 6
Grecs et les Romains en ont découvert et exploii,-, ^
nombre considérable, et nous sommes loin de V("n
dresser la liste complète de leurs travaux de
Voici les groupes principaux de ceux qui nous SJ]
connus, soit par des textes antiques, soit par des obser¬
vations faites sur le terrain. La carte ci-jointe (fjg .49741
en montre la répartition géographique d’ensemble. 1
Europe. — Bretagne. — Les richesses minières de la
Ch.Bonnesseur
Fig. 4974.
Bretagne, si l’on fait exception de l’étain, ne furent
connues qu’à partir du Ier siècle avant notre ère. C’est
Jules César qui en fait mention le premier. Mais elles ne
prirent d’importance pour les Romains que sous l’Empire,
à partir de Claude (43 ap. J. C.). On exploita des mines
d’or dans le sud du pays de Galles8 ; des mines de cuivre,
dont on a retrouvé l’emplacement dans la même région 'J.
Mais, au dire de César, les Bretons se servaient aussi de
bronze importé de l’étranger. Les mines de fer 10 ne
1 Plin. VU, 197. — 2 Hyg. Fab. 274; Cass. Var. 111, 31. — 3 Clem. Alex.
Loc. cit . ; Plin. VU, 197. — 4 Movers, Die Phônizier, I, p. 21; E.
Meyer, Gesch. d. Alterth. Il, p. 150, et bien d’autres. — 8 V. Bérard, Phé¬
niciens et Odyssée , 1, p. 447. — 6 s. Reinach, Un nouv. texte sur orig. du com¬
merce de l'étain , Anthrop. 1899, p. 401 sq. — 7 Blümner, Technol. IV, p. 12-100,
a donné un tableau des gisements, métal par métal ; c'est le travail capital en
cette matière. — 8 Strab. IV, 5, 2 ; Tac. Agric. 12. Cf. llübner, dans sou corn-
’urent pas délaissées. La production principale si
ivoir été celle du plomb et de l’argent". P inedl 1 I
e plomb était si abondant en Bretagne qiu a .
imiter la fabrication 12 ; cela donne a Pen^ ' '1 ç \a
ivant la conquête définitive d’Agricola {‘ at J
'exploitation des mines était déjà prospéré. o
nents de plomb argentifère se trouvaient dans ■ h
les Briguâtes (Cumberland et Norlhuiniti ' . ,3]
à sans doute qu’il faut placer les Metalla Lutudensia
2a0. BMd.ogra-l
nen taire aux inscriptions du Corp. inscr. lut. MI, 11 . j'or en Irlamlc à
iliie : Daubrée, Rev. arch. 1808, I, p. 300; sur XXI. P-
me époque antérieure, voir S. Reinach, Rev. cc "7‘ ’ _ 10 Cacs. Bt J
66-173. - 9 Cacs. Dell. Gatl. V, 12;cf. Hhhncr, P- - ^ . Aethic. «M
rail. V, 12; Strab. IV, 5, 2. - U Strab. IV, 3, - , Tac- J )2l4| 1213,
1 2G. - 12 Plin. XXXIV, 164. - I3 Corp. inscr. lat ■ •
MET
— 1847 —
MET
l0 nom est conservé sur plusieurs saumons de
“°" , j ’gtain de Bretagne 1 et des îles Cassitérides 2
P".| (|ne réputation bien plus ancienne. Hérodote sait
'' |vi;iin provient de ces îles fameuses, et nous avons
1IK , je commerce de ce métal datait d’une époque très
||(,(. |,.s gisements d’étain de la Cornouailles et du
nevonsliire sont repérés 3 et l’on y a trouvé des saumons
jVl iin de l’antiquité 4. Sur la situation des îles Cassi-
térides on a beaucoup discuté. On les reconnaît de pré¬
férence dans les petites îles qui bordent le littoral rocheux
je la Manche, entre le cap Land’s End et Falmouth 5. Au
«siècle, l’étain s’embarquait à l'ile de Wight (Ictis) pour
débarquer en
Gaule et aboutir à Marseille ou à Narbonne
Gaule. — - Le groupe des mines gauloises a été très
important avant comme après la conquête romaine. Le
témoignage de César est formel : il dit que les Bituriges,
qui ont de grandes mines de fer, connaissaient fort bien
l’art de pratiquer toute espèce de galeries 7 ; il parle à
peu près dans les mêmes termes des Aquitains \ Des
inscriptions et les trouvailles faites dans des travaux
anciens prouvent que l’activité minière ne se ralentissait
pas sous l’Empire. Les anciens sont unanimes à dire
que le pays des Gaulois était riche en or, au moins au
temps qui a précédé la conquête. Alluvions et mines
fournissaient alors une grande quanti té de métal précieux.
11 est naturel que les gisements aurifères aient été,
comme en tous pays, les premiers épuisés, de telle sorte
qu’à l’époque romaine la production en était réduite à
peu de chose. Les fleuves et rivières avaient leurs orpail¬
leurs 8. Il y avait des mines d’or en exploitation au temps
de Strabon, chez les Tectosages et chez les Tarbelli ,
ainsi que dans les Cévennes ,0. On a retrouvé des traces
de travaux pour l’extraction de l’or dans le Limousin
(Vaulry), dans. l’Oisans (Auris) 11 . Nous ne savons pas où
pouvait être situé le rnetallum Albucrarense , dont parle
Pline l’Ancien, et qui donnait de l’or avec une faible
quantité d’argent12. Pour le plomb argentifère, il était
extrait, selon Strabon, des mines des Ruteni (llouergue)
et des Gabali (Gévaudan) 13. On a en effet découvert des
mines anciennes de galène argentifère dans l’Aveyron,
eux environs de Villefranche, et dans le Tarn, comme
(bns la Lozère, 1 Ardèche et le Gard. Des travaux ana¬
logues ont été relevés dans l’Hérault, l’Ariège, le Puy-de-
bôme, les Deux-Sèvres, le Cher, la Charente, la Loire, la
■avoie, les Hautes-Alpes, la Moselle u. Le cuivre était
«ninu en Aquitaine16 ; Pline fait mention d’un rnetallum
ulluxiianum1* dans le pays des Centrones (Alpes), et
011 signale une officina Aemiliana 17 près de Sarrelouis
(Moselle). Nous ignorons la situation du rnetallum Livia-
num in O al lia 18 cité par Pline. Des exploitations anti¬
ques ont été vues dans de nombreux départements :
Ariège, Aude, Isère, Gard, Aveyron, Cher, Pyrénées-
Orientales, Haute-Savoie et Savoie19. Les auteurs anciens
n’ont jamais fait allusion à la présence de gisements
d’étain dans la Gaule : on en connaît cependant qui ont
été exploités dans l’antiquité, dans la Haute-Vienne et
l’Ailier, dans la Creuse et dans la Dordogne, dans le Mor¬
bihan et la Loire-Inférieure*0. Il y a peut-être lieu de
conclure du silence des textes à ce sujet qu’à l'époque
classique, le travail y avait été abandonné. Le fer a été
un des métaux les plus activement exploités en Gaule.
César et Strabon en signalent des exploitations chez les
Bituriges (Berri) et chez les Petrocorii (Périgord)21.
Effectivement on sait que dans le département du Cher,
comme dans le Périgord et dans le Rouergue, il y avait des
travaux de mines, où de nombreux vestiges romains ont
été découverts22. Des inscriptions nous révèlent l’exis¬
tence d’exploitations importantes : l’une se trouvait sur la
rive droite du Rhône (. Ripae dextrae) ’23, sans doute dans
l’Ardèche ou le Gard; une autre du me siècle était
Memmia Sosandris , et son centre d’opérations était à
Lyon 24. C’était dans cette ville que résidaient le procu-
rator et les comptables des mines de fer 26. Dans la
Haute-Loire et dans la Côte-d’Or, dans le Maine-et-Loire,
la Vendée, la Loire-Inférieure, l’Indre, les Pyrénées-
Orientales, le Var, on a enregistré les signes indubi¬
tables des travaux romains'26.
Espagne. — Les anciens sont unanimes à vanter les
richesses minières de toute sorte que recelait la péninsule
Ibérique27, et l’on sait que c’est là que la légende, aussi
bien qu’en Gaule, plaçait le site de ces incendies de forêts
qui faisaient couler des ruisseaux d’argent28. Le Douro29
et le Tage30, ainsi que leurs affluents, étaient renommés
pour leurs alluvions aurifères. Le métal précieux était
obtenu aussi dans les mines de la Galice 31 , des Asturies32,
de la Lusitanie 33, de la Bétique34, du pays des Oretani 3S.
Mais ce furent surtout le plomb argentifère et le cuivre
qui firent la réputation de la contrée, exactement comme
aujourd’hui. Là et ailleurs, en effet, les modernes n’ont
fait que reprendre et poursuivre les travaux des anciens.
Le plomb argentifère provenait principalement de la
zone minéralisée qui traverse l’Espagne depuis Cartha-
gène et Alméria jusqu’à Iluelva, en passant par la Sierra
Morena. C’est là que se trouvaient les mines de Cartha-
gène36 et de Baebulo37, de Caslulo ( Mons Arggrus) avec
son rnetallum Samariense et son rnetallum Antonia-
111 uT' ld!\ GaH' V’ 12 ; Slrab' Hl> 2> 9 I I)iod- v- - 2 Herod.
159 ; Pomp jn 37’ 3; Strab- “b 5> 11 ; Di«d- V, 38; Plia. XXXIV,
P- *12-127 ' /* ,l1’ 6' ~ 3 Puchs el de Launay, Cites métallifères, II,
Sioloÿir' i llGbuel’’ CorP- inscr. lat. VII, 1221 ; cf. Lyell, Princ. de
huSiArcÀ/u fr a ’ Desiardins’ Géog. Gaule romaine, I, p. 427; Monte¬
rai» cel/i ntl,roP- xxvh 1900, p. 981. — 3 Article essentiel ; S. Reinacli,
•11,2,9 J <892, p. 275 sq.). - 6 Diod. V, 22 ; V, 38 ; cf. Strab.
Auion. Vos uT’ DdL GaU' VI1’ 22' - 8 Ibid- IH> 21.— 9 Diod. V, 27;
P- 4811 ; Des' T°’ ^ Ameilbon’ Mém- de Littér. Acad. Inscript. 1793, XLVI,
I1- 203-ïo 4 G<l'de romaine , p. 427 sq. ; Daubrée, Rev. arch. 1881, I,
••‘d'esses mét „■ Slrab' IJI’ 2’ 8 ; 'V- b <3 ; IV, 2, 1 ; cf. Caes. Bell. GaH. III, 21.
hilin.xxxi'l 3.TeS 'leS Tectosa§:es : Strab. IV, 1, 13; Dio Cass. Fragm. 93 ;
. i868( , ’ ; Clc- De na-t. deor. III, 30 ; Pomp. Mêla, II, 5. — n Daubrée, Rev.
^0SWag, L'ar , jl )’ (‘ar^a^laci Or f/aulois , Rev. d’Anthrop. IV, 1889, p. 273;
"P.ciLpVr el l°r' p- 103 s‘l- - 12 PUu- XXXIII, 80; cf. Desjardins!
"’i;cr,Tac |„ n |,eul ••r® Gaule ou Galice dans le tente de Pline. — 13 Slrab. IV,
•-1» 2GU2G9 • cf 1 n*1’ 19 ’ Daubrée, Rev. arch. 1881, I, p. 204-
esjardins, Gaule romaine, I, p. 424-427. — 15 Lacs. Bell. Gall.
III, 21. — 16 Plin. XXXIV, 3; cf. Chabrand, Anlhrop. 1894, p. 208. — 17 Daubrée,
Rev. arch. 1868, I, p. 304, n. 1; cf. Desjardins, Op. cit. p. 77, n. 2; p. 418 sq.
— 13 Plin. XXXIV, 3. — 19 Daubrée, Rev. arch. 1881, 1, p. 270-274. — 20 ld. Ibid.
p. 274-284; 327-336; cf. de Lauuay, Anthrop. 1901, p. 495-496. Le village de Pê¬
nes tin, à l'embouchure de la Vilaine (Morbihan), dans le pays des Vénètes, est indiqué
comme un point d'cmbarqnement de l'étain. Daubrée, Ibid. p. 332; S. Reinach An¬
throp. 1892, p. 277. — 21 Caes. Bell. Gall. VII, 22 ; Strab. IV, 2, 2. — 22 Daubrée,
Op. cit. p. 336-352. — 23 C. fuser, lat. XII, 4398 ; cf. Desjardins, Op. cit. p. 415.
— 24 Desjardins, Ibid. p. 416 ; cf. C. i. I. Vil, 3336. — 25 De Boissieu, Inscr.
ant. de Lyon, p. 246 et 276; cf. Desjardins, Op. cit. p. 416, n. 2 — 26 Dau-
bréc, L. c. — 21 Strab. III, 2, 8 ; Diod. V, 36; Plin. III, 30 ; IV, 112; Sil. Ital.
XV, 50; Pomp. Mêla, II, 6. — 28 Diod. V, 35 ; Ps. Arist. Mir. Ausc. 88, p. 1157;
Posidonius dans Athen. Deipn. VI, 4. — 29 Sil. liai. 1, 2 3 4. — 30 Catull. XXIX, 19;
Strab. III, 3, 4; Ovid. Amor. I, 15, 34; Plin. IV, 115; XXXIII, 66. — 31 Lucan.
IV, 298 ; Sil. liai. I, 231. Richesses du pays des Arlabres signalées par Strab. III
3, 5. — 32 Plin. XXXIII, 78. — 33 Ibid. - 34 Strab. III, 2, 8. Mines de Cotinae :
Strab. III, 2, 2 ; Sil. Ital. III, 401. — 35 Strab. III, 4, 2. — 36 Polyb. '.XXXIV, 9, 8,
41 = Strab. 111, 2, 11 ; C. i. I. III, 62 47 (3 , 4, 6). — 37 Plin. XXXIII, 97.’
MET
— 1848 —
MET
num 1 ; celles aussi de Carteia 2, d'Ilipa et de Sisapon 3.
En Lusitanie l, dans le pays des Cantabres à Ovetum,
dans l'ile de Capraria (Baléares) % il y avait également
des gisements exploités. 11 en était de même pour le
cuivre, activement extrait des mines de Cotinae 8 et des
Montes Mariani \ comme de celles du pays de Tar-
tessos (province d'Huelva et Rio-Tinto). La Tarragonaise
avait entre autres son metallum A/bocolense 8 ; la Lusi¬
tanie, son metallum Vipascense 9, célèbre par le texte de
loi qu’on y a découvert en 1876. Dans un grand nombre
de provinces, on a retrouvé les travaux de mines de
l’époque carthaginoise et de l’époque romaine : leur
étendue, leur importance témoignent, non moins que les
récits des anciens, de l’extraordinaire activité minière
de l’Espagne antique10. L’étain y attira de très bonne
heure l’attention. Le pays de Tartessos (Tharsis) fut dès
une époque reculée considéré comme un lieu de prove¬
nance de ce métal, qui y était apporté soit du nord de
l’Espagne, soit delà Gaule et de l’Angleterre 11 . On le ren¬
contrait et on l’exploitait aussi dans le pays des Artabres,
en Galice, en Lusitanie12 et dans la Tarragonaise 13, soit
sous forme d’alluvions, soit dans les liions. Le fer n’était
pas inconnu dans la péninsule. Les anciens en signalent
la présence en Bétique (Turdétanie) u, en Tarrago¬
naise16 (mines de Dianum18 et au nord de l’Èbre) 17,
en Cantabrie18. Enfin, c’était à Sisapon (Almaden) que
se trouvaient les seules mines de mercure (vif-argent)
connues des anciens19, car celles d’Idria (Carniole) n’ont
été découvertes qu’au moyen âge, en 1490 20. Ces res¬
sources considérables en métaux de toute espèce furent
l’objet d’exploitation dès lage préhistorique et au temps
des Phéniciens. Le poète homérique en a s-
entendu parler 21. Les Carthaginois ne les laisser (1°Ute
tomber dans l’oubli, loin delà; et quand Diodo^r! P3S
toutes les mines ont été ouvertes par la cupidité , h,' 'IU6
Lhaginois, à l’époque où ils étaient maîtres de I’IIhv'
il faut comprendre sans doute qu’ils multiplié, ||"i’
nombre des centres d’extraction. Le même auieui'1. 6
porte que, lorsque les Romains eurent fait lu conquè?~
du pays (ir s. av. J.-C.), cet Eldorado fut envahi p;u uni
multitude d’Italiens, qui s’y enrichirent: il y eut là
de ces poussées d’aventuriers et de chercheurs, analoe I
au rush qui s’est produit de notre temps vers la Cal I
fornie, l’Australie ou l’Alaska. A l’époque impériale 2
l’activité des travaux ne se ralentit point: nous en avons!
la preuve dans les nombreux lingots estampillés par les I
procuratores des empereurs23 et dans les monnaies
recueillies sur place, qui vont jusqu’à Honorius.
Italie. — L’Italie était beaucoup moins favorisée que
l’Espagne, en dépit de l’affirmation contraire de Pline'24. -
En effet, en dehors de la région toscane, la péninsule n’a
jamais eu de richesses minières de premier ordre. On
recueillait l’or dans les alluvions du Pô23 et dans les 1
mines de la Doire Baltée (pays des Salasses)20: encore
ces dernières étaient-elles en décadence au temps de
Strabon. Le même auteur fait mention de mines d’or qui
auraient été anciennement exploitées par lesÉrétriensdans
l’ile de Prochyté (Pythécuses, dans le golfe de Cumes)21.!
Le Bruttium aussi aurait eu quelques gisements auri- '
fères28. Seule la Gaule Transpadane avait des alluvions et
des mines d’or de quelque importance ; celles de Yerceil,
jadis très prospères 29, étaient abandonnées au temps
d’Auguste30; mais les exploitations des environs d’Aquilée, ••
chez les Taurisques Noriques, ouvertes au temps de
Polybe, avaient encore au 1er siècle une grande activité31.!
Le groupe des mines tyrrhéniennes contenait surtout du
cuivre, du plomb argentifère, du fer: il comprenait les!
exploitations du continent en Étrurie, et celles de 1 il®
d’Elbe. Très nombreux et très productifs à l’époque des
Étrusques, les travaux en Étrurie ont sans doute cessé!
sous la République32 et ne furent jamais repris parles
Romains: seuls les gisements de fer de l’ile d ElbeeUuenl
exploités au début de l’Empire, et les minerais étaienj
traités à Populonia33. Les anciens font encore menfioj
de mines de cuivre en Campanie 3 ", dans le kiultuina
(mines de Temesa) 33, dans le territoire de Bergamc .
L’ile de Sardaigne avait, elle aussi, attiré te (01 _
heure les Phéniciens, puis les Carthaginois. jl 1 1
minier d’Iglesias, au sud-ouest, offre des gisunen^ ^
galène argentifère qui ont été connus des a,icl® ’.
même que des gîtes de fer. L’une des vi es <-
portait le nom significatif de Metalla e , !lr0UVés 39
celui de Plumhea. Les travaux qu’on y a re
I Strab. III, 2, 11 ; f'lin. XXXIV, 165 ; C. i. I. 3283, C247 (2). — 2 Liv.
XXVIII, 3. — 3 Strab. III, 2, 2. En général, voir Diod. V, 36-38.
— 4 Plumbarii de Merobriga : Plin. IV, 118. — 6 pljn. XXXIV, 158 et 164.
— G Strab. III, 2, 2, 8 et 9. — 7 Plin. XXXIV, 4; C. i. I. II, 1179. — 8 Ibid.
II, 2598. — 9 Hjiii. II, 5181 = Ephem. Epigr. 1877, III, p. 165. — 10 Voir
en particulier Gonzalvo y Tarin, Peser. provincia de Uuelva, 1888, t. 111,
p. 1-57, dans les Memor. Comision del mapa geolog. de Espaiïa. — n Ezéchiel,
XXVII, 12; Scymn. Ch. 164-166; Steph. Byz. s. V. TajT r.nvrd;. Cf. Reinach, Étain
celtique, Anthrop. 1892, p. 275. — 12 Strab. III, 2, 9; Diod. V, 38 ; Plin. XXXIV,
156. _ 13 plin. IV, 112. — H Strab. III, 2, 8. — « Plin. IV, 112. — 10 Strab. III,
4, fl. _ 17 Calo ap. Gell. II, 22, 29; Liv. XXXIV, 21. — 1» Plin. XXXIV, 149.
_ 19 Id. XXXIII, 99. — 20 Fuchs et de Launay, Gîtes métallifères , II, p. 686.
_ 21 Th. Reinach, Bev. celtique, XV, 1894, p 209-215. — 22 Diod. V, 38.
, si Plin. XXXIII, 78. |
23 C. i. I. II, 956, 1179, 2598, 6247, etc. y _ 28 CassiodJ
26 Id. XXXIII, 66. — 20 Strab. IV, 6, 7. — 27 M,'a ’ ’ ’ 1899, p. 138. i
r. IX, 31, p. 195; cf. Toutain, Bail. Soc. Antxq. de ■ 1 y, 10 : Slrab.j
29 Plin. XXXIII, 78. — 30 strab. V, 1, 12. - 8énatus-con»iil
Plin. XXXIII, 78. - 30 Strab. V, i, i- - •> , sélialuB-con!un‘
13. - 32 Plin. III, 188; XXXIII, 78 : J ,, 6 ; Diod. V,; t’J
défend l'exploitation des mines en Italie. — 33 '. | sl’ tfir. A use. «
:. En. X, 178; Plin. III, 81; XXXIV, U2 ; c . • _ u pl;„. XXXlV,
37 B 26. Voir Simoniu, Ann. des Mines , 1858, p- •» • * gtl>ab. VI, *»'/
. />_ 1 An PU ivre. . I., ri-
20. VOU OUliOiiin, - . _ 30 ■ I
ïncore peul-il n'Être question que de fonderas e ' „ ,G5, loue l» rl
s. Var. IX, 31, p. .95. - 30 P, in. XXXIV 2.
ssc de l’Italie en cuivre : peut-être fait-d allusio B ,Ult;i. Ilin. 1, ’ ’
_ „ Solin. IV, ,. P. 5, | H M»»; „B. I, P. >"• »
Anfon. 80, 6. - 39 Voir de Launay, Ann.
MET
— 1849 —
MET
„nf> ncriode d’activité qui s’étendit sous l’Em-
i,di,T.u“ " ers la Un du IV siècle-,
r -Danubiens. — La Germanie resta en dehors du
! W'j'.U’tivité des Romains; des alluvions aurifères
C!ul'l, bords du Rhin5, des mines de fer dans le pays
slir , ini 3’ yoilà tout ce que nous en signalent les
deS-! V On' attribue cependant à l’antiquité quelques
an< " destinés à l’extraction de minerai de cuivre eL de
tr0'^V e )'on a découverts dans le domaine de la
pl",'v'ï et dans le massif schisteux rhénan.
Sa"| retour) lorsque Rome eut fait la conquête succes-
• J' des pays Danubiens depuis le Norique jusqu’à la
jjnsie et à la Dacie, il se développa dans ces provinces
activité minière remarquable, que nous révèlent, à
défaut de textes d’une autre nature, les inscriptions et
1^ monnaies. Le Norique et la Dalmatie, dès le
f siècle, étaient connus pour leurs richesses en or 5 et en
fer6. Sous les empereurs, voici quelles sont les mines
que nous font connaître les monuments :
brique. — 1° Mines de fer sans emplacement déter¬
miné : Ferrari ae Noric,ae\ Metalla Norica 8 ;
2» Mines de Noreia ( ferrariae ) 9 ;
3» Mines de Virunum ( ferrariae )10.
Dalmatie . — 1° Aurariae Delmaticae 11 ;
2° Anjentariae Delmaticae 12 ;
3° Sans dénomination spéciale, les Metalla Delma-
tica i3, les Metalla Ulpiana Dalmatien u.
Pannonie. — 1° Argentariae Pannoniae 13 ;
2° Ferrariae de Siscia ’6 ;
3° Sans dénomination spéciale : Metallum Ulpianum
Pannonicum n, Metalla Pannonica 18.
Mæsie et Dardanie. — 1° Metalla Aeliana Pincensia 19
à Pincum (Gradiste) ;
2° Metalla Aureliana^l près Berza Palenka) ;
3° Metallum Ulpianum 21 à Ulpiana (Lipljan);
4“ Metallum Dardanicum 22 ( aurariae ) à Mous Aureus
(Slona).
Dacie. — 1° Aurariae d’ Àlburnus major 23 ;
2° Aurariae d’ Ampelum2i ;
3° Aurariae d'Apulum 28 .
Toutes ces mines, et il est clair que nous ne les con¬
naissons pas toutes, furent exploitées sous l’Empire, et
en particulier sous les Antonins: beaucoup de monnaies
datent du 11e siècle. On ne peut douter qu’au 111e siècle,
•industrie minière n’ait été encore très prospère en
Dalmatie2*. Il y a lieu de supposer que les empereurs
s attachèrent à retirer le plus longtemps possible de
j'oaiix revenus de ces diverses exploitations. Un acte de
38b nous fait savoir qu’il y avait encore des procuratores
,n,‘tallorurn en Dacie méditerranéenne, en Mœsie-Dar-
danie< comme en Macédoine21.
Péninsule des Balkans. — Avec la Macédoine et la
Thrace, nous entrons dans le domaine des gîtes métalli¬
fères helléniques, dont les Grecs avaient en général tiré
un si bon parti, qu’ils n’y laissèrent q.ue peu de chose à
glaner aux Romains. Leur richesse principale consis¬
tait en métaux précieux. La Macédoine avait 1 or du
mont Bermion58 et de la Piérie29 ; elle en possédait aussi
dans la vallée du Strymon et jusqu’en Pæonie ". La
Thrace, mieux dotée encore, outre les alluvions du fleuve
Ilebros 31, avait offert aux anciens les nombreux filons
aurifères du district du mont Langée. A côté des exploi¬
tations de la montagne même 32, il y avait une série de
centres miniers un peu plus à l’est : c’étaient Daton 3,
Crenides34 {Philip pi), Asyla33, Skapté-Hylé :'6, et au delà
de la mer, l’ile de Thasos possédait aussi ses filons auri¬
fères de Kinyra et Aenyra 31 . L’argent ne manquait pas
non plus dans le mont Pangée38. Cette riche région
minière avait été découverte de très bonne heure, nous
l'avons vu, et avait dû alimenter le commerce primitif de
la mer Égée en métaux précieux. Les Phéniciens l’avaient
largement mise à contribution, et après eux les Grecs. Au
VIe siècle et au commencement du ve siècle, Thasos tirait
de ses mines d’or de très beaux revenus. Au ive siècle, la
Macédoine et la Thrace fournirent de très grosses res¬
sources au roi Philippe et à Alexandre 39. Dès leur con¬
quête, les Romains se hâtèrent de se mettre à l’ouvrage;
Pk/lî*' Tlie0d' X’ l! ' 6 et 9- — 2 Athcn. VI, p. 233 d. — 3 Tacit. Germ. 43 ;
XXXI ' **’ 'J- ~ 4 Blümnev, Technol. IV, p. 67 el 91. — & Strab. V, 18; Plin.
53 j ’ l,7; S,al- Silv. IV, 7, 4; Flor. Il, 23. — 6 Slrab. V, 1, 8; Tôt. orb. Desc.
naios "i ' r ll’ ^ss. Var. III, 23. — 7 C. i. I. V, 810. — 8 Six mon-
‘'low',1 m'nes portent cette mention : nous renvoyons au tableau dressé par
jes _ ' l,v' nt«nism. XII, 1894, p. 412. L'article intitulé Éclaircissements sur
— 9 ni!nes. P- 373-413, est le plus complet des travaux sur la malière.
XXXIII ' '■ 1 Ml’ 503c- — 10 Ibid. III, 4788, 4809. — U Ibkl. III, 1997. CL Plin.
132W j”' ~ 12 Ib- III, 0575, 7127, 12733, 12730.— 13 lb. III, 12721,13239,
- H u °"ZC monna'os de mines avec cette mention : Mowat, Op. cit. p. 412.
de mines : Mowat’ L- c- — 18 c ■ 1 1- l!l> °573’ 7i27-
^ mines y y , 11 One monnaie de mines ; Mowat, L. c. — Deux monnaies
" . — 19 Cinq monnajes je n,ines : ibid. — 20 Quatre monnaies de
mines : Ibid. — 21 Cinq monnaies de mines : Ibid. — 22 Vingt-quatre monnaies de
mines : Ibid. ; cf.Plin. XXXIII, 39. — 23 C. i. I 111,941, 1297, 1307, 1311. — 24 76irf.
,312. — 25 Ibid. 108 8. — 26 Mommsen, Bist. Rom. IX, p. 259 (trad. Cagnat-Toulain).
_ 27 Cod. Theod. I, 32, 5. — 28 Slrab. XIV, 5 , 28. — 29 Ps. Arist. AJir. Ausc. 47,
p. 833 B, 18. — 30 Herod. I, 04; Slrab. VII, Fragm. 34; Ps. Arist. Al ir. Anse. 45,
p. 83315, 0. — 31 Plin. XXXIII, 66. — 32 Herod. VII, 112; Arist. Athen. R. 15
Slrab. VII. Fragm. 34;X1V,5,28. — 33 Herod. IX, 73; Strab. Vil, Fragm. 33 et 39.
_ 34 Strab. VII, Fragm. 34 ; Diod. XVI, 3 el 8 ; Plin. XXXVII, 57. — 33 Appian.
Bell. civ. IV, 100. — 36 Herod. VI, 46; Tliucyd. I, 100; IV, 105; Lucr. VI, 810;
Plut. Cimon. 44 — 37 Herod. VI, 46-57 ; Strab. X, 5, 7 ; Pans. X, 28 ; cf. G. Perrot,
Mém. sur Thasos, p. 12. — 33 Herod. VII, 112; Slrab. Fragm. 34 ; Liv. XLV, 29 ;
Just. VIII, 3. — 39 Strab. VII, Fragm. 34; Diod. XVI, 3 et 8 ; Appian. Bell. civ. IV,
106 ; Liv. XXXIX, 24 ; Plin. XXXVII, .17.
MET
— 1850 —
MET
s'ils fermèrent jusqu’en 158 av. J.-C. les mines d’or et
d’argent ils firent du moins exploiter le fer et le cuivre,
et les métallo Macédonien, au temps de Tite-Live 2,
donnaient d’abondants produits. En Épire, à l’époque
d’Auguste, les mines d’argent de Damastion avaient leur
importance 3. Nous n’avons pas de raison de penser qu’il
y eut arrêt dans les travaux pendant l’époque impériale,
et nous savons qu’à la fin du iv° siècle, l’administration
des mines fonctionnait toujours en Macédoine 4.
Grèce et (les de la mer Égée. — Les gisements de la
Grèce et des Cyclades furent beaucoup plus vite épuisés.
Les mines d’or et d’argent de l ile de Siphnos avaient eu
au vie siècle une belle période de prospérité 5, mais au
ve siècle elles étaient à peu près abandonnées, soit que
les Siphniens, en poursuivant le minerai, aient atteint le
niveau de la mer, soit qu’il y ait eu affaissement du sol
qui amena l’inondation des galeries 6. Le cuivre avait
fait de très bonne heure la réputation de l’Eubée : on
l’exploitait ainsi que le fer, dans les environs de Chalcis
et d’Aidipso, mais au temps où vivait Strabon, ces
gisements étaient vidés 7. Les mines de plomb argen¬
tifère les plus célèbres de la Grèce eurent à peu près la
même histoire : la découverte des gîtes de l’Attique, au
Laurion, eut lieu à une époque reculée, nous l’avons
déjà dit, et pour les gens du ive siècle, l’origine de leur
exploitation se perdait dans la nuit des temps 8. Les
grands amas de galène argentifère du district de
Maronée furent attaqués dès le début du vc siècle, sous
l’archontat de Nicomédès (484-483 av. J.-C.) 9. Après plu¬
sieurs siècles de travail plus ou moins actif, les gîtes
s’appauvrirent : Strabon nous apprend que les derniers
l Liv. XLV, 18, 3 et 29, 11; Cassiod. Chron. p. 616 (éd. Mommsen).
— 2 Liv. X L II, 12, 9; 52, 12; XLV, 40, 2. — 3 Strab. VII, 7, 8. —4 Cod.
Theod. I, 32, 5. — 5 Herod. III, 57-58. — 6 Paus. X, H, 2; cf. Ardail¬
lon, Laurion, p. 143; Th. Bent, On the Gold and Silver Mines of Si¬
phnos { Journ . hell. stud. VI, 1885, p. 195 sq.). — 7 Strab. X, 1, 9; Stepli.
Byz. s. v. Xa7»î;, AtSfJ/oî; Eust. Ad Dion. Per. 764; cf. Plut. Orac. Def. 43
On a dit qu'il n'y avait jamais eu de gîtes de cuivre exploités en Eubée, en dépit
de l’affirmation des anciens. Le témoignage de Strabon est si net qu’il est difficile
de n'y pas ajouter foi. Le fait que l'on n'a pas retrouvé la trace des mines de l'Eubée
n'est pas une preuve suffisante. A Thasos, il est impossible de retrouver les vestiges
des anciens travaux. Cf. Bérard, Phéniciens et Odyssée, 1, p. 437. — 8 Xenoph.
De vectig. IV, 2. — 9 Arist. Athen. D. 22; cf. Ilerod. VII, 144; Thucyd. I,
14. — )0 Strab. IX, 1, 23. — lt Plut. Orac. Def. 43; Paus. I, 1; Pomp. Mêla,
II, 3. — 1 2 Voir Ardaillon, Laurion, p. 126-165. — <3 Bursian , Geog . v.
Griechenland, I et II passim. — 14 Ardaillon, Notes inédites. — 16 Strab. XII, 1,
mineurs avaient été obligés, pour vivre
refondre les scories laissées par leursnré 61 de
Plutarque et Pausanias confirment cette ,u/?SSeur®|i
médiahle " ni mm „„ _ , aeCadence irrfti
0n dire que le
i're-‘
Laurion
v" siècle 12
médiable “, et tout au plus peut-
ne fut pas complètement abandonné avant le
Telles sont les mines que nous ont signalées les q„i 1
anciens. En outre, on aretrouvéles vestiges de nombre
travaux antiques en plusieurs localités. Le pininb '
exploité parles Grecs dans les îles deSériphos et d’An' \
le cuivre à Sériphos ; le fer en Laconie (cap TénaT'i
cap Malée), en Béotie, à Andros, à Céos, à Cythnos à!
Mélos, Sériphos, Siphnos, Scyros, Syra et Gyaros'l
peut-être aussi en Crète ‘A Mais nous ne savons rien dë
précis sur l’importance et l’histoire de ces exploitations I
Asie. — Asie Mineure. — Les provinces du nord-ouest'
Mysie, Troade et Lydie, on t passé par les mêmes phases que
la Grèce. Après avoir longtemps fourni de métaux précieux
Grecs et Asiatiques, elles virent leurs richesses s’épuiser
et disparaître vers le Ier siècle avant l’ère chrétienne. Les
mines d’or d’Astyra 1S, d’Atarnée 16, de Crémaste n, de
Lampsaque ,8, dont quelques-unes « attestent parla
masse de leurs déblais et la profondeur des excavations
l’importance des exploitations anciennes », ne don¬
naient plus, au temps de Strabon, que quelque petit
produit, ou étaient entièrement abandonnées 19. 11 en
était de même en Lydie des alluvions aurifères du fleuve
Ilermos et du Pactole 20, des mines d’or du mont Tmolos
et du Sipylos 21, qui, après avoir fait de cette contrée un
véritable Eldorado 22, avaient été réduites à rien. Les mé¬
taux plus communs semblent dans ces contrées avoir été
l’objet de travaux plus durables. Auier siècle, on extrayait
du plomb des gîtes d’Ergastiria23 (entre Pergame et
Cyzique), du cuivre de ceux de Cisthène 24 en Mysie et de
l’ile de Chalcitis 25 (îles des Princes), du fer de la célèbre
mine d’Andeira 2G, et la Bithynie27 en produisait aussi.
Les provinces du sud, Cilicie 28 et Chypre, fournirent
également des métaux, tels que le plomb, le fer, le cuivre.
Ce dernier avait fait do l’ile de Chypre un des centres
métallurgiques les plus importants de l’antiquité. Les
fameuses mines de Temesa (Tamassos), dAmalhos,
Soli, Tyrrhias, du cap Krommyon, de Zephynon \
eurent pendant toute l’antiquité une réputation si bien
établie, que les Romains donnèrent au métal le nom'
même de l’ile30. On a retrouvé les traces des anciens
travaux de mines sur plusieurs points, et suitou
d’immenses amas de scories, provenant dantiqms
deries31. A côté du cuivre, Pile fournissait en .abondance
toute une série de composés cuivreux . Ln euh ^
auteurs y mentionnent des gisements de pl°mJ a‘c'
tifère33 et de fer34. L’exploitation minière commen
dans Pile à une époque très reculée, et se prolongea pc
23. D’après Ilirscbfeld, Geog. Jahrbuch, XIV, p. 1", CalJut -, 834 A.
mines d’or d'Astyra. - « Strab. XIV, 5, 28 ; Ps. Anst. **. _ A ^ '__),S(rab.
23. - 17 Xen. Hell. V, 8, 37. - 1» Thcoph. Lap. 32 ; Phn. XI . - p|jn V) HO;
XIV. 5, 28. - 20 Herod. I, 93 ; Strab. XIII, L 5! At^“' V’ P'J 23 Herod. VII, 28;
XXXIII, 66. —21 Herod.V, 49; Strab. XIII, I, 23; X . 51 _ 25 Tlicoph.
cf. Strab. L. c. — 23 Galcn. Med. IX, 3, 22. — -* '-tra ' $tepli. ’5' t’-
Lap. 25 ; Slepli. Byz. s. v. xa>tin. — 20 Strab. . > ’ C’i]icie plin. XXXIV,
,..-27 ApoH. Rb. II, 141. - 2* Production de P^B«^ph. 25;
*Ay$eiça.
473; Diosc. V, 100. — 29 Arist. H Ut. nat. IV, 19, p- " ' _ 30 mün'ucr,
Strab. III, 4, 15 ; XIV, 6, 5 ; Plin. V, 89 ; VU, 195 ; Or* ‘ Met. ^ u(m. de
Technol. IV, p. 60. — 31 Gaudry, Géologie de l île - _:<2Gaudry ,°P-Clt'
la Soc. géologique de France, 2' série, VII, 1862, p. **■-' ‘ 34 glrab. XIV, -
p. 249 sq. - 33 Strab. XIV, 6, 5 ; Plin. XXXIV 10 «**'»■ îW et
7; Clem Alex. Strom. I, 16, 75, p. 362; cf. Landry, Op.
255.
MET
— 1851
MET
i(l !a durée des temps classiques. Sous l’Empire,
""l vait donné les mines de cuivre à ferme au roi
moyennant la moitié du bénéfice. Elles furent
lk’rU'1'l,,,< plus tard pour le compte des empereurs 2.
et la Palestine étaient beaucoup moins bien
la nature. On y a signalé cependant dans l’an-
ll0l' lr lies mines de cuivre et de fer, soit en Phénicie
e,.,\ 3 dans le Liban 4, soit dans la Trachonitis 3
iSarepia L .
. . no). St St"' d't“u'es P0lnls .• .
! sommes fort mal renseignes sur les richesses
n.s des provinces du nord-est de l’Asie Mineure. A
K'deg mines de fer de la Cappadoce \ des mines d’or
l 'l’Arménie 8 (à Sambana en Syspiritide), il y avait
dÜnsle Pont et dans la Paphlagonie, au dire des anciens,
un centre minier et métallurgique fort important. C’étail
le pays des Chalybes 9, spécialement adonnés au travail
du fer l0. Des gîtes d’argent et de cuivre y étaient égale-
ment exploités **. Plus loin, la Colchide, le Caucase, la
Scvthie, constituaient de même un groupe de contrées qui
avait passé pour très productif en métaux précieux. La
Colchide avait encore au Ier siècle ses mines d’or, d’argent,
de for13. Les torrents du pays des Soanes, dans le Cau¬
case13, roulaient des paillettes d’or. En Scythie, l’or
était aussi très abondant14, et en outre le cuivre se ren¬
contrait dans le pays des Massagètes 18.
Enfin le commerce faisait affluer, en quantités diffi¬
ciles à estimer, des métaux qui provenaient de régions
beaucoup plus lointaines. On savait que le fleuve Oxus
en Bactriane avait des alluvions aurifères 16, que la
Caramanie, outre les mêmes alluvions, possédait des
mines de plomb argentifère et de cuivre n. L'or en pépite
ou en poudre se trouvait en Arabie chez les Debae18,
chez les Nabatéens 19, chez les Gerrhéens20. Le Sinaï
avait alimenté l’Égypte de cuivre depuis les premières
dynasties 21. Les ports de la Gédrosie22 exportaient de
for. L'Inde fournissait de l’or, de l’argent, du fer23. Ce
dernier métal venait de plus loin encore, du pays des
Sères 24. Strabon signale de l’étain dans la Drangiane 2S.
Afrique. — L’Égypte était le pays le plus réputé pour
l'abondance de ses mines d’or. Lesanciens connaissaient
1 existence du précieux métal dans 1 île Méroé 26, mais
surtout dans les montagnes de l’Etbaye (désert ara-
bique) - et en Éthiopie 28. Le fer de Méroé et de Nubie
est également mentionné29.
Carthage, de très bonne heure, avait fait le commerce
de la poudre d’or sur la côte occidentale d’Afrique30, et
il est très vraisemblable que les caravanes en apportaient
aussi de 1 intérieur de laLybie. Lorsque les Romains se
d'rent établis en Afrique, ils ne laissèrent pas inex¬
ploitées les richesses minières (or, plomb, cuivre et fer)
de la Numidie et de l’Afrique propre. Les textes qui font
mention de leurs travaux sont peu nombreux31, mais les
vestiges de leurs exploitations ont été signalés en plu¬
sieurs points32.
En résumé, les anciens ont su trouver dans la partie
du monde qu’ils ont connue, la plupart des gites métal¬
lifères de quelque importance qui s’y rencontrent: c est
de là qu’ils ont extrait la masse énorme de métaux que
la civilisation grecque et romaine a consommée. <>n
remarquera que d’une manière générale 1 Orient a été
plus rapidement épuisé que l’Occident, soit que les
gisements y aient été moins abondants, soit que 1 exploi¬
tation des richesses minérales y ail commencé plus tôt.
Les Romains ont fait principalement appel aux mines
des provinces de l’Europe occidentale et centrale
(Espagne, Rrelagne et Gaule, pays Danubiens). C’est sur¬
tout pour le marbre [marmor], le granit et le porphyre
qu’ils se sont adressés aux. pays helléniques [Voir plus
loin Metalla , lapicidinae ].
Les Grecs et les Romains ont surtout recherché les
métaux précieux ou usuels que nous venons d’examiner.
Mais il convient de signaler un certain nombre de sub¬
stances minérales qu’ils ont également employées et
qu’ils extrayaient de la terre.
L’antimoine a été connu et utilisé dans l’antiquité.
L’analyse d’un fragment de vase de Tello (Chaldée) a
montréque ce vase était en antimoine pur33. Ona retrouvé
également de l’antimoine dans une série de miroirs
antiques, où ce métal était allié au cuivre etau plomb 34,
et l’on a signalé en Asie Mineure, à Tchinly-Kaya (Lydie),
une « importante mine d’antimoine dont les plus grandes
galeries remontent à l’époque grecque 33 ». Le minerai qui
le produisait était le sulfure d’antimoine ou stibine, que
lesanciens appelaient stimmi, stibi, alabastrum, larba-
son 36 : Pline explique qu’il convient, en le brûlant, de le
griller avec précaution pour ne pas le changer en plomb.
M. Berthelot a fait précisément remarquer que « le gril¬
lage ménagé du sulfure d’antimoine, surtout en présence
du charbon, peutaisément le ramener à l’état d’antimoine
fusible et métallique, substance que Pline et ses contem¬
porains confondaient, au même titre que tous les mé¬
taux noirs et fusibles, avec le plomb37».
Il ne semble pas que le zinc, en tant, que métal, ait été
découvert et utilisé par les Grecs ou par les Romains.
Les discussions sur ce point, en l’absence de textes suf¬
fisamment explicites, ne sauraient aboutir à une solution
certaine38. En tous cas, l’exploitation des minerais de
zinc, tels que la calamine ou la blende (carbonate et sul¬
fure de zinc), n’a jamais été tentée dans l’antiquité : au
Laurion, par exemple, les abondants gisements de ces
minerais sont restés vierges.
Mais de leurs mines de cuivre, de plomb, de fer, les
anciens retiraient de nombreux minerais simples ou
mixtes qu’ils ne distinguaient que très imparfaitement
25' VMI "! ^ '^Vl, 4, 5. — 2 Galen. XIV, p. 7 (éd. Külin). — 3 Mos. XXXIII,
__’fl ’ '■ — 4 lîuseb. Mart. Palaest. XIII, I.— 3 Id. Hist. Ecoles. VIII, 13, 5.
O . IiKimner, Teclwol. IV, p. 70. -- 7 Plin. XXXIV, 142. — 3 Strab. XI, 14,
.; . Wh- Pr°m. 133 et 714 ; Eui’ip. Aie. 980; Xenopli. Anab. IV, 5, 34; 7, 15.
date y. "0|li' V 5, *■ — 11 Strab. XII, 3, 10 et 23 ; cf. Tb. Reinacb, Mithri-
MityiTUor' p- 220 s'l- - 12 Strab. I, 2, 39; Plin. XXXIII, 52; Appian. Bell.
XI, s o ’r103' — l3Slrab- XI, 2, 19. — *4 Ibid. — 15 Herod. I, 213; Strab.
lions' " '■ rell'ouvé dans le bassin de Donetz les vestiges d'antiques exploita-
P- 8i) _ il'1'.' 1 0 1 V01r hd'au!1'0. Rech. anthropologiques dans le Caucase, 1,
9s. _ |# 1 s’ Mir. Ausc. 46, p. 833 B, 13. — 17 Strab. XV, 2, 14 ; Plin. VI,
4, 26. __ 20g“Ul' 05 ! üi<>d. II, 50 ; III, 44 et 47 ; Strab. XVI, 4, 18. - 19 Strab. XVI,
f , ' 4al11' 90 et 102 ; Plin. VI, 150. — 21 Maspéro, Hist. anc. des peuples
wlf, j i\ 9 1^ p
' 1 ' S(I- i de Morgan, Jleck. sur les origines de l'Egypte, 1, p. 215 sq.
— 22 Anon. Per. mar . Erythr. 36. — 23 Herod. III, 102-106; Anon. Per. mar.
Erythr. G et 63; Ctes. dans Pliot. Bibl. 72, p. 45-46 B; Arrian. Anab. V, 3, 5 ;
Diod. Il, 36 ; Plin. VI, 67 ; Curt. IX, 8, I. — 24 Plin. XXXIV, 145. — 25 Strab. XV,
2, 10. — 20 Id. XVII, 2, 2; Diod. I, 33; Plin. XXXVII, 55; Athen. V, p. 201 A.
— 27 Agath. Per. mar. Hubr. 20 = Diod. III, Il sq. ; cf. Maspéro, Op. cit., I,
p. 481 sq. — 20 llcrod. III, 114; Plin. VI, 189. — 29 Slrab. XVII, 2, 2; Diod. 1,
33. _ 30 Herod. IV, 196. — 31 Scvl. Per. III ; P toi. IV, 2, 17 ; Tertull. Apol. XII ;
Cyprian. Epist. I.XXX, parle d'un metallum Siguense (cuivre) ; Vict. de Vila,
De pers. Vand. V, 19. — 32 Ch. Tissol, Géographie comparée de la prov. rom.
d'Afrique, I, p. 257-258. — 33 Berthelot, Alchimistes grecs , Inlrod. p. 223.
— 34 P. Gaudin, Bull. Soc. Antiq. de France , 1900, p. 144-147; Fuchs et de
Launay, Traité des gîtes minéraux, II, p. 201. — 33 Ibid. — 36 plin. XXX11I, 101 ;
Diosc, V, 99. — 37 Berthelot, Op. cit. p. 238. — 38 Blümncr, lechnol. IV, p. 91-97.
MET
— \ 852 —
MET
les uns des autres. Les plus connus étaient la cadmie
(xaop.ta Xt'Ooç, cadmea *), carbonate de cuivre et de zinc;
le misy et le sory 2, sulfate de fer renfermant du sulfate
de cuivre et résultant de la décomposition spontanée des
pyrites; la chrysocolle 3, carbonate de cuivre vert; le
cinabre (xtwàêapi, cinnabari), qui était un oxyde de mer¬
cure, et qui provenait des mines de Sisapon (Espagne),
du Laurion, de Colchide et de Caramanie 4 ; le minium
(iaiXtoç, minium), oxyde de plomb, confondu souvent
avec le cinabre ou avec l'ocre 5; le s il ou ocre (wjrpa, s/7),
oxyde de fer, exploité en Attique, à Samos, à Scyros,
en Lydie, en Gaule 6, etc.
L’alun ( alumen ) a été exploité en beaucoup de lieux
par les Romains ; au dire de Pline, les pays qui le pro¬
duisaient de son temps étaient l'Espagne, l’Égypte, l’Ar¬
ménie, la Macédoine, le Pont, l’Afrique, les îles de Sar¬
daigne, de Mélos, de Lipari et de Strongyle (Stromboli) \
Cette substance (sulfate de potasse et d’alumine) se ren¬
contre sous forme de veines dans des roches éruptives
(trachytes), et servait chez les anciens comme fondant et
purificateur des métaux8.
On prétend enfin que les Romains n’ont pas ignoré
l'usage de la houille. Des amas de cendres de charbon de
terre ont été signalés en Bretagne sur l’emplacement de
stations romaines, et l'on a trouvé dans quelques-uns
des monnaies romaines (Lancashire, Yorkshire, environs
de Newcastle-upon-Tyne, comté de Durham, Shrop-
shire, etc.)9. Quelques auteurs attribuent aux Romains
des travaux de mines rencontrés dans une couche de
houille de six pieds, un peu au nord de Wigan (Lan¬
cashire), et composés d'une série d’excavations polygo¬
nales, communiquant entre elles par de petites galeries10.
Si ces preuves ne paraissent pas décisives, il n’y a là
cependant rien qui puisse nous surprendre, car nous
savons que l’exploitation des mines en Bretagne fut très
active au temps de l’occupation romaine. D’autre part,
les Grecs de leur côté connaissaient, sinon la houille, du
moins le lignite, cette pierre noire qui brûlait comme du
charbon, et que l’on recueillait en Élide et en Ligurie 1!.
On trouvera à l’article marmor, la liste des carrières de
marbre, et à l’article lapis, celle des carrières de roches
éruptives (granit, porphyre, basalte, etc.) exploitées par
les Grecs et par les Romains.
111. Exploitation des mines et des carrières; traite¬
ment des minerais. — Instruments. — On a retrouvé dans
les mines antiques un assez grand nombre d’instruments
démineurs. lisse ramènent tous àquatre types principaux.
Le marteau ou masse (TU7ttç12, mal/eus) a tantôt une
tête plate et une pointe, tantôt deux têtes plates. Il sert
à frapper sur les coins et pointerolles, et aussi à briser
la roche ou le minerai en fragments menus. La
figure 4978 représente un marteau trouvé dans la mine
romaine de la Baume 13, près Villefranche (Aveyron) :
c’est à ce modèle que ressemblent les marteaux du Lau-
» Slrab. III, 4, 15; Plin. XXXIV, 100; Diosc. V, 84. — 2 Plin. XXXIV, 120,
l2t;Diosc.V, 110 et 118. — 3 Theoph. Lap. 26 et 39 ; Ps.Arist.A7fV. Ausc. 58,
р. 834 B, 19; Plin. XXXIII, 86 sq. ; Vilruv. VII, 9, 6. — 4 Theoph. Lap. 58;
Plin. XXXIII, 117. — 5 Theoph. Lap. 52; Vilruv. VII, 8; Plin. XXXIII, 118;
on exploitait le niXxos à Céos, et Athènes se réserva longtemps le monopole de
la vente. Cf. C. inscr. att. II, 546 et 834 B. — 6 Theoph. Lap. 51 et 63 ; Vitr.
VII, 7 ; Diosc. V, 108 ; Plin. XXXIII, 158-159. — 1 Plin. XXXV, 184; Diosc. V,
122. Pour I’ile de Mélos et les anciens travaux, voir Sauvage, Ann. des Mines ,
1846, X, p. 86-87 etpl. u. — 8 Fuchs et de Launay, Op. cit. I, p. 607 ; Berthelot, O.
с. p. 237. Pour tous ces corps, voir aussi les articles spéciaux du Dictionnaire.
— 9 E. Hull, Cdal fields of Great Brilain, Londres, 1873, p. 16-20. — 10 E.
mse
, , \ ° . ic utîssin nnp
trouvée dans le gîte de Palmesalade. (Gard) h
variait entre 2 et 4 kilogrammes et demi • je Jn f°lds
bois, mince, était très court. En Gaule et en 8en
en Étrurie19 et en Sardaigne”, on a découverîT’
nombre de ces instruments [malleus], t0n
Le coin ou pointerolle (Sotç, WF:Ç 18, runeus) ,.sl 1
Fig. 4978.
Fig. 4979.
Marteaux de mineurs.
Fig. 4980.
Lige ou lame assez épaisse, dont une extrémité est aigui¬
sée, et qui fend la roche sous le coup du marteau, il" est j
de forme arrondie ou prismatique. Au Laurion19, en I
France20, on en a recueilli de nombreux échantillons, ainsi
qu’en Sardaigne21, en Espagne22 (Huelva, Carthagène)!
Le pic des mineurs avait des formes diverses; tantôt
c’est une lame plate mais épaisse, pointue en un bout,
recourbée de l’autre pour s’emmancher par une douille
j>. j \
Fig. 4981.
Fig. 4982.
Pics de mineurs.
ronde ; tantôt c’est une lame droite, emmanchée en som
milieu. Les figures 4984 et 4982 représentent deux i n.^tiu
ments de ce type rencontrés dans le filon de la ^,l I
drerie23 (ausutf de Villefranche, Aveyron). On en connai
bien d’autres exemplaires au Laurion (fig. 49S.>; , en|
Espagne25, en Sardaigne26, en France21. j
La sape est une pelle à manche recourbé, et était < e 1
tinée à ramasser le minerai et les déblais dans 1
paniers (fig. 4984) 28.
j|5t
lui!, Ibid. p. 17. — U Theoph. Lap. 16; cf. Blümuer, Te^'10^ *„ j) 338,
- 12 Diod. III, 12, 5. — 13 Daubrée, Rev. arch. 1881, 1, P- - ■ ) p 318,
Ig. 21 ; p. 342, fig. 27; Ardaillon, Laurion , p. 21. -1* a“ ^ jinthropi
ig. 32. — 15 De Launay, Ann. des Mines, 1889, P- ^ ° ' ’ _) i7 pe Launafij
892, p. 404. — 16 Simonin, Ann. des Mines, 1858, P- 563 * ^ !(rdamon,
’bid. 1892, p. 519. — ISHesych. s. v. «rfïi Diod. III, 12, 4. 1 350, fig 35’
>. 22, fig. 3. — 20 Daubrée, Rev. arch. 1868, I, p. 298 -, Ibid. ’ ’ 23 paubr®
- 21 De Launay, Ann. des Mines, 1892, p. 519. Siicl, • 22, fig1’
lev. arch, 1881. p. 205, fig. 2 ; p. 206, fig. 3. - 24 Ardaillon Lan, , P e,
- 25 Siret, L. c. - 26 De Launay, L. c. - " ' 22, fig-5'
teaupré, Bull. arch. 1901, p. 204-207. - 28 Ardaillon, Laur ,
MET
— 1853 —
MET
I Ls outils étaient en fer, en acier, en général d’excel-
I M ilité, et entamaient les roches les plus dures, sur
■Quelles on reconnaît souvent leurs traces b A une
Fig. 4983.
Sapes de mineurs.
époque antérieure, ils avaient été faits en bronze ou en
cuivre 2. Dans certains gisements exploités très ancien¬
nement, on a même retrouvé des outils de pierre polie,
Fig. 4985.
Outils de pierre.
l?r exemple en Espagne 3, en Angleterre 4 et ail¬
leurs (fig. 4985 et 4986). Mais les Grecs et les Romains
Be semblent pas s’ètre servis d’une autre matière que le
fer pour fabriquer leurs outils de mineur.
I Li s mineurs usaient de lampes à huile pour s’éclairer
ians leurs travaux souterrains : ces lampes, quelquefois
P plomb, étaient le plus souvent en terre cuite, à un ou
i ^ lls'' urs ^ecs Dans les galeries fréquentées, on mé-
■ nageait de distance en distance des niches destinées à les
lie ■ 11 S sacs ou paniers (QuXaxoç, <râXa?, 7r£pïoooç ’)
IleU^' i ' ''O °U en cu‘r serva‘ent a transporter le minerai
E es^' i)lais- Kahn des vases à eau, à huile, de formes et
jes ‘''Iue diverses, ont été souvent retrouvés dans
gUr " anliques 8. L’attirail du mineur est représenté
| Plaq«ette en terre cuite de Corinthe 9 (fig. 4987).
I Lieni >eS ^ ^U*ts' — Des Grecs et les Romains exploi-
m0Vi ! ^lse,nents métallifères soit à ciel ouvert, soit au
[ travi i'i' | .Pll’ts et; galeries. Dans le premier cas, le
h* il conduit comme dans une carrière, et nous
BCh Tissot Géo' C,l P’ 211, ’18 ’ de LaullaV' Ann ■ des Mines , 1889, p. 434;
B Morgan, On “* 1“ Pr°V' romaine d'Afrique , I, p. 258. - 2 Berthelot, dans
B»er. delà m ‘ '. P'“7 ’ cf’ Much' Die Kupferzeit, p. 91. — 3 Gonzalvo y Tarin,
p. 233 VVTîn Huelm' p' 1‘37 et pl- - 4 J - Evans, Stone im-
dans le C'a, UanS ll S mines de cuiv,'e du l,onelz : Chantre, Rech. an-
t esdefÊ Case' h P- ! dans les mines du Sinaï: de Morgan, Rech. sur
I fM- 9®-ïl, p P 222' ~ 6 Daubrée> °P- cit- P- 207, 208, <>; p. 345,
I48 1 Hesych. ~S. 'f,36; ArdaiMon Laur'0’K p. 22-23. - 7 Pollua, VII, 100; X,
f ûaillu-,.,
iïev .' ; Eliot. s. V. OÙA«*05; Arislopli. Schol. Plut. 08
'C '■ l868’ *> P- 298; Siret, Anlhrup. 1892, p. 404. — 8
» 1.
cf.
Daubrée,
verrons plus loin comment ils procédaient. Dansle second
cas, il y avait travail de mine proprement dit.
Les galeries (Cnvovopto;, oiôjpuç, 3tx5u<7tç, ôpûyp.xTa,
ffupiyysç, cuniculii0) étaient creusées au moyen du pic, ou
bien du marteau et de la pointerolle. Elles affectent des
formes variées : leur section est parfois irrégulière, le
plus souvent rectangulaire ou carrée, ou trapézoïdale 11 .
Au Laurion, leur hauteur va deOm.GOàl mètre; leur lar¬
geur a à peu près les mêmes dimensions. Il en était de
même en Espagne et en Gaule12. Cette petitesse ne doit
pas nous étonner; elle est propre aux galeries forées en
roche stérile. Si elle a le double inconvénient d’obliger le
mineur à s’agenouiller ou à se coucher, et de s’opposer à
l’aérage aisé de la mine, elle avait en retour l’avantage de
ne demander qu’un minimum de travail, et d’éviter les
frais de boisage. Dans les roches stériles, les galeries sont,
en général, rectilignes ; dans les veines et les filons, elles
suivent exactement les allures du minerai, montent ou des¬
cendent, tournent à droite ou à gauche, et peuvent dans
les amas minéralisés acquérir de grandes dimensions.
Les puits (cppéaxa, putei ,3) ont de même des formes et
des proportions très variables. Au Laurion, ils sont tous
à section rectangulaire ou carrée et leurs côtés ont de
1 m. 30 à 2 mètres en moyenne. La verticalité en est remar¬
quable ; les parements en sont lisses; de loin en loin les
mineurs de l’Attique taillaient sur les parois des mortaises
destinées à supporter les échelles de montée et de des¬
cente. A côté des puits verticaux, dont la profondeur peut
Fig. 4937. — Mineurs grecs.
atteindre 120 mètres, il y a aussi des puits en tronçon
reliés par des galeries, des puits inclinés avec gradins14.
En Espagne 15, les puits romains ont à peine 1 mètre de
diamètre et sont ronds ; ils descendent à plus de
100 mètres. En Sardaigne, ils sont si étroits qu’on a
peine à y pénétrer, et ils ont jusqu’à 150 mètres de pro¬
fondeur16. En France, dans la mine romaine de Saint-
Laurent-le-Minier (Gard), les puits sont ronds; ils ont
1 m. 20 de diamètre et portent tous dans leurs parois des
Rev. arch. 1881, I, p. 205, fig. 1; p. 206, fig. 4, p. 349, fig. 33. — 9 Antike
Denkmàler, pl. vin, fig. 7 ; Rayet-Collignon, Hist. céram. gr. p. 147 et 152.
— 10 Xen. De Vict. IV, 26; Uiiiarch. Fragm. 120; Diod. III, 12, 6; Strab III »
9 ; V, 2, 6 ; XIV, 5, 28 ; Pollux, VU, 98 ; Plia. XXXIII, 70 ; XXXV, 174, etc. -’l 1 Voir
dos sections de galeries à l'article cumcm.ua. — 12 Daubrée, Rev. arch. 1881 I p Ul
210, 263, 291 ; de Launay, Ann. des Mines, 1889, p. 433 ; 1892, p. 518; Ardailion’
Laurion, p. 24; Bleicher et Beaupré, Bull. arch. 1901, p. 205. _ 13 Strab. III, 2 8-
Plin. XXXIII, 66, 08 ; Corp. inscr. lat. Il, 2, 5181. - 14 Ardailion, Laurion' n.’ ±7-
33. - 15 De Launay, Ann. des Mines, 1889, p. 433. — 16 De Launay, Ibid 189*
p. 517.
233
MET
1854
MET
entailles régulièrement espacées qui servaient évidem¬
ment à loger les pieds et les mains quand on montait ou
que l'on descendait. Ces entailles sont disposées de telle
façon que l’ascension y est relativement commode1. A
Fig. 4989. Fig. 4990.
Puits de mines.
Villefranche (Aveyron), on a trouvé des escaliers incli¬
nés à marches très hautes et si étroites qu’on pouvait à
peine y maintenir son pied 2. Les figures 4988, 4989,
4990 donnent les coupes et le plan d’un puits à encoches
de la mine de Blatcouzel (Gard) 3.
Travaux de recherches. — C’est au moyen de ces puits
et de ces galeries que les anciens recherchaient et exploi¬
taient les gisements métallifères qu'ils savaient décou¬
vrir. L'existence de ces gîtes leur était révélée par des
indices qu'une longue expérience leur avait appris à
connaître. Far exemple, Pline 4 nous dit que les minerais
de fer se décèlent sans difficulté par leur couleur. Or, la
teinte rouge des oxydes de fer dénote la présence, non
seulement des minerais de fer, mais encore d’un bon
nombre d’autres minerais. Au Laurion, la galène argen¬
tifère est accompagnée de pyrite de fer qui se décompose
rapidement aux affleurements. En Espagne, les aflleu-
rements des pyrites de cuivre sont de même signalés par
un chapeau de fer. C’est là un indice extrêmement fré¬
quent des gîtes métallifères 5, et nul doute que les
anciens ne l’aient parfaitement connu. Pour s’en con¬
vaincre, il suffit de voir avec quel flair les Romains ont
su repérer dans la province d’Huelva (Espagne) tous les
filons de cuivre de quelque importance 6. Il suffisait
ensuite de prélever des échantillons et de s’assurer de
leur teneur en métal avant de commencer les travaux.
« Les chercheurs d’or, rapporte Pline, commencent par
enlever le segutilum , c’est-à-dire un échantillon ( indi -
cium ) : on en soumet le sable au lavage, et le résidu en
indique la teneur approximative. » Nul doute que, pour
les autres minerais, méthode semblable ne fût suivie
pour apprécier la valeur des gisements 1 ■
Les Grecs et les Romains ont employé deux méthodes
d’exploitation : l’exploitation à ciel ouvert, l’exploitation
par puits et galeries. Il est difficile de dire par quelle
évolution passa l’art des mines à ses débuts. Sans doute
les premiers travaux de mines consistèrent à creuser des
tranchées, des cavités, sans plan et sans régularité, sur
les surfaces où filons et gîtes apparaissent à fleur de
1 Daubrée, Rev. arch. 4881, !, p. 216. — 2 Ibid. p. 206. — 3 Ibid.
P 918. — 4 Plin. XXXIV, 142. — 6 A. von Groddeck, Traité des gîtes métallif.
(trad. Kuis), p. 105. — 6 Gonzalvo y Tarin, Descr. de la provincia di Huelva ,
p. 263 sq. — 7 XXXIII, 67. — 8 Ardaillon, Laurion, p. 34. — 9 Boule, Comptes
rendus Acad. Sciences, nov. 1883 ; Nature, 18 juin 1887 ; Guide du Cantal, p. 76-
77; cf. de Nadaillac, Mœurs et monum. des peuples préhistoriques, Paris, 1888,
sol 8. Mais galeries et puits apparurent de très h0 ]
heure, s’il est vrai que dès la période riéolithifmM? |
hommes savaient les creuser en Angleterre, en Bel /’ * *
en France pour extraire les silex dont ils avaient besoin' •’ i
Toujours est-il que les deux modes de recherche et
d’attaque furent concurremment employés à iyM)0 , !
historique, chez tous les peuples de l’antiquité. I
Au premier type (excavation à ciel ouvert) se rapportent |
de nombreux travaux de mines du Laurion, de l’Espagne I
de l’Étrurie10. Dans le massif central (Haute-Vienne et!
Lozère) on a signalé depuis longtemps beaucoup de
fouilles de surface, qui avaient pour objet l’exploitation
de filons stannifères. A Montebras et à Millemilange
(Creuse), ces fouilles, dont la profondeur maximum est
actuellement de 8 à 20 mètres, sont ouvertes dans des
schistes ou dans des granulites décomposés. Elles
forment des séries de fosses alignées suivant des direc¬
tions déterminées, espacées sur des longueurs de 200 à
500 mètres
(fîg. 4991). En
faisant ces
trous, les mi¬
neurs reje¬
taient les dé¬
blais en butte
sur les côtés,
et mainte¬
naient les ta¬
lus au moyen
de placages
en pierre. Le
volume de ces
déblais est
parfois con¬
sidérable 11 .
Les alluvions
aurifères
étaient tra¬
vaillées selon
le même pro¬
cédé 12. En
. _>•
Fie
499 1 . — Milles à ciel ouvert.
romains sur
les
Dacie, on retrouve les grands travaux î
affleurements des filons aurifères (au noid e ■ d ® _ ’
en Transylvanie) 13. Les grands gîtes de fei de i e
ont été également exploités à ciel ouvert put
ques et par les Romains, comme ils le sont enco
jourd’hui 14 ; il en est enfin de même pour un 1res - '
nombre de carrières. • trd
L’emploi de la galerie et du puits a t ® . ent
général dans l’antiquité. Lorsque la nature ^ g ^
et les dispositions du terrain le tant du
attaquaient les gîtes au moyen d une gâter f
jour et poursuivant le minerai aussi oin^ pn certains
sible (galerie à l’affleurement). niveaux, de
cas, en creuser plusieurs à. d dw0itation
manière à constituer une série d’étages ft u„e
superposés. Mais dès que la ga o-auche des
certaine distance, et lancé à droite et a gau ^ ^
p. 73. _ 10 Gonzalvo y Tarin, Op. cit. p. 31, 33, ^pë^en Asttries : Sc^*
1858, p. 561 ; voir surtout pour mines d étain de c H ,9 sq. _ il DauM*
Paillette, Bull. Soc. géol. France, l8«M850,-j ^ „ Rli„. XXX »
Z. c. p. 274 sq.; de Launay, Anthrop. 19C G, p. __ H Simon»*. L- ■
67. _ 13 De Launay, Traité des gîtes métalh /. ,P-
p. 503, 560.
MET
— 1855 —
MET
nchnngnts multiples, il devenait nécessaire d’en
l’aérage et l’on forait alors un puits qui venait
^r'ocnupgr en profondeur. Le nombre des puits augmen-
mesure que la galerie s’allongeait. Cette disposi-
. m:ne semble avoir été adoptée d’abord à une
lion ub . , . , . .
les mineurs n étaient pas encore en pleine
de leur art : c’est le cas, semble-t-il, en
époque où
possession
Étrurie 1 et à Siphnos dans les Cyclades 2. Mais il n’est
pas douteux qu’elle fût employée de tout temps. Au Lau-
rion, les travaux partant des affleurements sont très
nombreux, et il n’y a pas de raison de penser qu’ils
soient d’une date plus ancienne que d’autres. 11 en est de
même en Gaule. La figure 4992 représente le plan d’une
mine romaine d’Espagne, qui est connue aujourd’hui
sous le nom de mine de Sotiel Coronada (au S. W. de
Rio Tinto, province de Huelva) 3. On y voit indiqué le
tracé de plusieurs galeries jalonnées par un grand
nombre de puits antiques. On y remarquera que les
puits, qui ne viennent pas recouper une galerie d’affleu¬
rement, sont le plus souvent accouplés par paire.
Mais Grecs et Romains ont su retrouver en profondeur
des gisements qui n’apparaissaient point à la surface, et
1 emploi
preuve
clés puits de sondage ou de recherche est une
manifeste de leur habileté.
fait ™ ue lt5ur uamieie. Il suppose en effet ce
reinb"1 anc‘ens s’étaient, dans une certaine mesure,
r^..1 '0,nPte des allures des gîtes, très variables d’une
h Jn <' 1 autre. L’observation sagace des faits leur tint
lieu, et souvent avec bonheur, des connaissances géolo¬
giques qu’ils n’avaient point. Au Laurion, les Athéniens
avaient certainement reconnu la position normale qu’oc¬
cupait la galène argentifère (sulfure de plomb et d’argent)
entre les couches de schistes et de calcaires. Bon nombre
'Si
'•«onia, £,.c
570. — 2 Bciil, Journ. Iiell. stud. VI, 1885. p. 196-197.
— 3 (ionzalvo y Taiiu, Op. cit. p. 502-503, pl. xxx.
MET
1856 —
MET
de puits qui partent d'une couche supérieure, la tra¬
versent de part en part, s’arrêtent à la couche suivante,
donnent accès sur des tronçons de galeries qui finissent
en impasse, ne peuvent être considérés que comme des
sondages qui n’ont pas abouti *. Un exemple très net de
ce mode de recherche nous est fourni par une mine
romaine d’Espagne (fig. 4993) située dans la province
d'Huelva, au lieu dit Las Cabezas de los Pastos 2. Plu¬
sieurs affleurements ferrugineux apparaissent à la sur¬
face du sol : ici comme dans le reste de la province, ils
sont l'indice de filons de pyrite de cuivre qui se trouvent
recouverts par ces chapeaux de fer. Les mineurs anciens
ont percé chacun d’eux pour reconnaître en profondeur
la présence du minerai qui les attirait. Puis, comme
dans la plupart des autres gîtes du pays la pyrite de
cuivre a souterrainement plus de développement et de
continuité qu’à fleur de terre, ils ont pensé qu’il en était
de même dans le coin qu’ils exploraient. De là, ces nom¬
breux puits jumeaux, disposés symétriquement et creu¬
sés en dehors des affleurements ferrugineux. Malheureu¬
sement pour eux, l’allure des filons était ici anormale et
ne correspondait point à ce qu’ils avaient observé ailleurs :
aussi leurs sondages n’ont-ils pas eu de succès, et la petite
quantité de déblais et de scories qu’on rencontre sur les
lieux prouve que l’exploitation n alla pas très longtemps.
Mais dans beaucoup de cas plus favorables, l’effort
sagace des anciens était
couronné de succès. Sur le
plan de la mine étrusque
représentée par la figure
-4994, on voit avec quelle
précision les puits jalon¬
nent les contours d’un
grand filon de cuivre, évi¬
tent les parties stériles et
délimitent exactement les
parties dignes d’être tra¬
vaillées 3. Le plan d’une
mine du Laurion manifeste
encore plus clairement la
connaissance très réelle
que les Athéniens avaient
de la nature de certains gisements de ce domaine si
habilement exploité 4.
Telles sont les diverses méthodes employées par les
Grecs et les Romains pour découvrir les gîtes métalli-
- fères, et ouvrir de nouvelles mines. C’est ce genre de
travaux que les Grecs désignaient sous le nom de
xouvoTO|xtix, xaivov p.sTocXXov 3. Lorsqu ils se bornaient au
contraire à reprendre une exploitation déjà entamée, ils
désignaient la mine par le terme àvaaâ^gov géxaXXov 6.
Exploitation et Abatage. — A la recherche, succé¬
dait l’abatage des minerais. Suivant la forme infiniment
variable des gîtes métallifères, les anciens employaient
les procédés les mieux appropriés. Lorsqu’ils avaient
reconnu la présence d’un puissant amas de minerai, ils
établissaient un ou plusieurs étages d’exploitation, dont
chacun avait son réseau de galeries et comprenait un
b
1 Ardaillon, Laurion , p. 38-41. — 2 Gonzalvo y Tarin, Op. cit. p. 527-528, pl.
xjxvi.— * Simonin, Ann. des Mines , 1858, p. 582,pl.ix, fig. 1. — 4 Ardaillon, Op.
cit. p. 41-42, pl. n. — 5 Xen. De vect. IV, 27 sq. ; Hyper. ProEuxen. Col. XLV
(<^d. Blass) ; Suid. s. v. ’Ay^àoou [xeTàVXou Scxtj ; Corp. inscr. att. H, 780, G. 6 Ibid.
II7 7^0, 78 1 *, cff Arist. Rep. Ath. 47. — 7 Ardaillon, O.c. p. 46. — 8 Simonin, Ann.
certain nombre de chantiers. On trouve de« nv
mines a deux etages au Laurion 7; chez les fq,. 6
« l’exploitation prenait quelquefois une réS"'*!
presque classique. Divers plans ou niveaux comm •
quaient entre eux, et de l’un à l’autre des ouvertur''
verticales permettaient de sortir le minerai jlis, T**
jour 8 ». En Espagne, à Rio Tinto (province de Hu'E
les grandes excavations modernes ont mis à jour 1,^
travaux romains, et l’on y peut distinguer, comme sur
une coupe naturelle, sept ou huit étages différents3 il
est vrai que ces étages, là comme dans la plupart des
mines antiques, ne sont pas parfaitement horizontaux
parce que les mineurs portaient à bras le minerai et
n’avaient pas besoin de galeries horizontales de roulage
Dans chaque chantier, l’abatage des masses étendues
de minerai se pratiquait généralement chez les anciens
par le procédé que l’on désigne sous le nom de grandes
tailles par gradins droits l0. Sur le front du massif à
débiter, on ménage des parallélipipèdes de dimensions
variables, que l’on abat successivement sur toute leur
longueur et de manière à donner à l’ensemble du chan¬
tier la disposition en gradins. La partie haute du minerai
est abattue par un premier groupe d’ouvriers, qui a
derrière lui, à des niveaux plus bas et à des distances
croissantes, ceux qui ont pour tâche d’attaquer les parties
moyennes et inférieures du gîte.
Cette méthode a l’avantage de per¬
mettre l’emploi d’un grand nombre
d’hommes et de dépouiller complè¬
tement le filon ou l’amas. C’est de
la sorte quelesGrecs et les Romains
sont parvenus à vider des cavités
immenses. Au Laurion, certaines
d’entre elles devaient contenir plus
de 100 000 mètres cubes de mine¬
rai11. En Espagne, aux mines de Rio
Tinto, les Romains ont laissé des
vides qui ont 50 mètres de lon¬
gueur, sur plus de 30 mètres de
largeur, avec 15 à 20 mètres de hau¬
teur12. La figure 4995 donne le plan
de cavités faites par les Étrusques
dans la mine de Campiglia (Toscane,
(10 millimètres = 80 mètres) permet déjuger de
portance de ces travaux i3. On voit sur la ligm
coupe de vastes chambres analogues creusées dans ■
filon Saint-Denis aux mines de Pontgibaud (Puy-M
l’échelle du dessin
im-1
On voit sur la figure 4996 la
Dôme)11.
Il arrivait souvent que la teneur du minerai.
dans toute
l'étendue du gîte, n’était pas partout la même : le
rai par place est riche ou pauvre. D’autre par ,
vent
silé d’éviter des éboulements là même où 1< s
oitc u. c vitcu . couve
doivent devenir très considérables s imposai ^
aux mineurs. Aussi, pour l’une ou 1 autre ® C ,,abatage
les voit-on employer fréquemment la 1 tiellement
dite par piliers et galeries. Elle consis e e^ ^ minerai
à ménager de distance en distance des pin s cavitM
qui, massifs et trapus, soutiennent le toi
des Mines, 1858, p. 570 ; voir
sq. — 10 Burat, Tr
570; vo.r pl. vin, fig- *■ - — . m£}ra»x
i-aité du gisement et de l expt° .v0 « Tarin, Ope
Paris, 1859, 11, p. 101. - fl Ardaillon, O. c. p. 139. ^ ^ ^ inn Uin 1
p 321-322. — 13 Simonin, Ibid. p. 568, pl. vin, ’g-
1892, p. 442, pl. xix.
_ 9 Gonzalvo y
Tarin, Op- «<• P\
•267 .
utiles.
,desM‘neS’ 1
MET
— 1857 —
MET
ilplir en atleinl souvent 8 et JO mètres. Il va sans
I 9 {l cil* I v Ol
ci le minerai était de bonne teneur, les anciens
dire (| ne» 1 j
bornaient à laisser en place le nombre de piliers
C il lement indispensables, et les taillaient de préférence
j! ies parties les plus pauvres du gisement. Ce sont
- *- N
ces piliers que les anciens désignaient sous le nom de
pjoxpivsïî ou opgot, foi'tiices1. Les Romains, aussi bien
que les Grecs au Laurion 2 et les Étrusques 3, ont appli¬
qué ce système dans leurs mines d’Espagne 4 et de
Gaule. La figure 4997 représente le plan d’une grande
galerie des mines d’Alloue (Charente), exploitées pour la
galène argentifère 5 : on y voit le dessin des piliers
laissés par les mineurs pour soutenir le toit de leur
galerie; ils sont ici très irrégulièrement répartis et les
dimensions en sont très variables.
Mais les gîtes se présentent fréquemment sous forme
de veines minces 6 d’épaisseur très inégale et de direction
très changeante. Les anciens les poursuivaient dans tous
les sens par des galeries étroites, qui vont et viennent à
droite ou à gauche, montent et descendent au gré des
mille plissements du terrain et des caprices des liions.
On a alors des mines à plan extrêmement confus, de véri¬
tables labyrinthes, sans étages déterminés, dont les cor¬
ridors tortueux (nXctyiaç xx'c <tx&Xixç otaotjcretç) prennent
exactement les proportions de la veine minéralisée, et
changentàchaque instant de grandeur et d’orientation 1 .
Les mineurs antiques ont également pratiqué l’exploi¬
tation par remblais et par éboulements. Le premier
procédé était fréquemment employé au Laurion, en
Espagne, en Gaule 8. 11 consistait, dans les grands amas
attaqués par leur partie inférieure, à entasser sous les
pieds des ouvriers les déblais stériles, de manière à
surélever progressivement le sol et à leur permettre
d’atteindre le minerai placé au-dessus de leur tête.
Souvent aussi, dans les gîtes minces interstratifiés, ces
Fig. 4997. — Mine avec piliers de soutien.
remblais étaient déposés dans les galeries abandonnées
pour soutenir le toit de la mine. Le second système
nous est décrit par Pline comme l’un des moyens usités
dans les mines d’or d’Espagne 9, et les exploitations
conduites de la sorte portaient le nom d 'arrugiae. Les
mineurs creusaient de longues galeries, qu’ils étayaient
pardespiliers laissés déplacé en place (furnices). Lorsque
le travail était suffisamment avancé, on procédait à
1 abatage des piliers en commençant par les plus éloignés
de 1 orifice de la mine ( ab ultimo caedunt ), et l’on pro¬
voquait ainsi des effondrements successifs dans le gise¬
ment. \1 aide de plusieurs étages de galeries, on pouvait
ainsi amener l’effondrement de collines entières. 11 restait
ensuite à extraire le minerai par des moyens particuliers,
(lue nous expliquerons plus loin. En résumé, Grecs et
Itomains avaient imaginé la plupart des méthodes dont
ea trouve aujourd’hui la description dans les traités
f 1 M'Ioitation des mines, et il est curieux de constater
*lue les différences, que l’on pourrait relever entre les
an,iens et les modernes, sont le plus souvent peu
'^portantes ,0.
gitans tous ces travaux, qu’il s’agît de forer un puits,
Cleuser une galerie, d’abattre du minerai, les ouvriers
antiques se servaient de la pointerolle, de la masse, du
pic. Dans les roches dures, ils essayaient de profiter des
cassures naturelles pour y enfoncer la pointe de leurs
outils, et briser l’obstacle plus facilement. Le front de
taille était-il compact et sans lignes de délit, ils s’y
prenaient d’une autre manière : ils pratiquaient ce qu’on
appelle des rigoles d'isolement, c’est-à-dire des entailles
horizontales ou verticales, larges et profondes de 10 à
12 centimètres ; ces rainures faites, il était aisé de faire
tomber à coups de pointerolle la roche qui se présentait
alors en saillie. Les vestiges de ces rigoles se voient
encore dans beaucoup de galeries inachevées du Laurion 1 1 .
Lorsque la roche avait une résistance particulière, comme
les filons de quartz ou certains granits par exemple,
les anciens usaient de moyens plus puissants pour en
venir à bout. Pline nous dit que les Romains en Espagne
attaquaient les fronts de taille à coup de béliers armés de
150 livres de fer (49 kilos environ12). Ils employaient égale¬
ment le feu. On sait qu’en chauffant vivement la surface
d'une roche, et en faisant arriver dessus, brusquement,
un courant d’eau froide, on arrive par ce refroidissement
subit à provoquer une désagrégation des molécules. Le
marteau et le pic en ont ensuite aisément raison. On a
Vf/ 87 ; Vil, 98 ; Bekker, Anecd.gr., I, p. 205 ; Pbot. s. v Mi«o>;iveî; ;
Sj"f' oraL D/c. 34; plin. XXXIII, 70. — i Ardaillon, O. c. p. 54-55.
Manè("""n'"’ °P- cit- P- 570. — 4 Cf. Plin. XXXIII, 70 sq. - 3 De Cressac et
"“llimcli',.1” CleS ^*l>es' *830, I, p. 174, pl. iv. L'échelle du dessin est d'environ 1
ou , -1' jUr * mêtre' Uaubrée, lien. arch. 1881, I, p. 207. — 6 C’étaient les
Lucr, V| p venae : Xen. Vect. 1,5; Diod. 11,30; V, 37; Hesych. s. i>. ;
V, 36, 5 A d ;. GiC’ IVat' de°r' n’ 60’ 151 ’ Pün-XXXm, 68. — 7 Diod. III, 12, 5;
ai 'on> c. p. 47 ; cf. de Crcssac et Manës, Ann. des Mines , 1830, I,
pl. v ; dessin de galeries antiques; Daubrée, O. c. p. 263, 273-274. — 8 Gonzalvo y
Tarin, O. c. p. 41 ; Ardaillou, p. 45 ; Daubrée, L. c. — 9 pljn. XXXIII, 70 sq.
Les anciens distinguaient ces mines proprement dites (Zfu<nüjuytT*, aurifodinac )
des lavages d'alluvions aurifères (xçuiroicWffw) : Strab. 111, 2, 8-10; Plin. XXXIII.
66. — 10 Cf. par ex. le texle de Pline, XXXUI, 70 sq. avec Durai, Op. cit. Il, p.
96, et ce que nous savons des mines antiques avec la description des mines
d'Espagne donnée par Pernollet, Ann. des Mines, 1846, IX, p. 35 sq. ; 1840, X,
p. 317, 333, etc. — U Ardaillon, laurion, p. 24-25. — 12 Plin. XXXIII, 71.
MET
— 1858 —
MET
trouvé au Laurion des traces de ce procédé 1 ; Diodore
dit qu'il était pratiqué en Égypte, et Pline en fait mention
à propos des mines d'Espagne 2. Dans un grand nombre
de mines des Gaules, on a signalé les traces évidentes de
l’abatage par le feu 3. Pline ajoute que les mineurs
faisaient aussi usage du vinaigre : silices igni et acelo
rumpunt. S'il est certain que le vinaigre attaque les
roches calcaires, et que les anciens savaient profiter de
ces réactions chimiques d’ailleurs très lentes, c’était
surtout l'action réfrigérante du liquide versé sur la pierre
incandescente qui en déterminait la désagrégation4.
Les Romains avaient enfin imaginé l’exploitation
hydraulique pour extraire l'or aussi bien des masses dont
ils avaient provoqué l’éboulement que des alluvions auri¬
fères (iLiggoç -/pucrtTK, arena aurifera) \ Pline la décrit
avec beaucoup de précision 6. Il s’agit d’amener sur les
amas plus ou moins meubles que l’on a préparés des
jets d'eau très puissants, dont l’action mécanique
entraîne pierres, sables, argiles et met à nu les pépites
du précieux métal. On recueillait l'eau sur des points
élevés : sur le sommet des montagnes, on creusait des
réservoirs ( piscinae ) de deux cents pieds de longueur et
de largeur, sur dix pieds de profondeur (59 mètres sur
3 mètres), qui avaient une capacité de plus de 10000 mètres
cubes. On y ménageait cinq trous d’échappement, de
80 centimètres carrés de section, et chaque fois que le
réservoir était plein, on faisait sauter les bondes ( excussis
obturamentis), et le torrent d’eau s’échappait avec force.
Pour l'amener sur les lieux, on établissait sur de très
longues distances des canaux appelés corrugia ' . Un
point capital consistait à ménager partout à l’eau une
pente régulière et continue, assez rapide pour que 1 eau
se précipitât plutôt qu elle ne coulât. Il fallait aussi
veiller à ce que l’eau fût pure ; pour cela, on la filtrait en
la faisant passer à travers des graviers, sans doute avant
de l’admettre dans les réservoirs. Le torrent ainsi conduit
arrive avec une force telle qu’il déplace les blocs de
rochers et a vite fait de déblayer les amas sur lesquels on
le dirige à volonté. Mais si le labeur nécessaire pour
conduire l’eau aux mines d’or est considérable, il ne l’est
pas moins, lorsqu’il s’agit d’assurer l’écoulement de
cette eau, avec les matières solides et les parcelles d or
qu’elle entraîne. On creusait de nouveaux canaux [agogae)
qu’il fallait amener jusqu’à la mer ou à un cours d’eau :
de distance en distance on les barrait avec des fascines
d’ulex, sorte de genêt épineux qui ralentissait le courant
et retenait les paillettes d'or. On reconnaîtra aisément
dans ces procédés le système d’exploitation hydraulique
employé de nos jours en Californie, et qui a fait 1 admi¬
ration des observateurs par la puissance des effets qu elle
peut produire. Les expressions de Pline n ont rien
d'exagéré, quand il dit que ce sont des collines entières
que les mineurs arrivent araser en quelques instants 8.
Soutènement . — Dans tous les travaux de mines, les
éboulements sont à craindre, elles anciens avaient a s en
préoccuper. Ils les évitaient d’abord en donnant a leuis
galeries et à leurs puits de très petites sections. Mais
1 Ardaillon, O. c. p. 48. - 2 Diod. III, 12 4; Plin. XXXUI, 71. - 3 Daubrée,
/lev. arcli. 1881 , 1, p. 207, 212,214, 267 ; 27 1 , cf. Léger, Travaux publiés au temps des
Romains, p.693. — 4 Berthelot, Chimie au moyen Age, I, p. 370-380. J Herod.
111. 102; Poil. III, 87; VII, 97; Plin. IV, H 5. Le minerai aurifère se sedit iné/jw, ■(¥„
teîlus àurosa : Plat. Rep. III, p. 415 E; Plin. XXXIII, 67. -6 Plin. XXXIII, 74-77 ;
cf Strab. III, 2, 8-0. — 7 Des restes d'aqueducs romains destinés à cet usage sub¬
sistent sur plus de deux lieues à Ablaneda, près Oviedo (Asturies), « tous trois ad-
dans les vastes amas minéralisés, qu'ils étaient ■
vider, il fallait d’autres précautions. Nous — <Un<'nés à
8 avons vu
qu'ils
pare-
r avaux do, ce
s.f
Fig. 4998. — Bois
de soutènement.
ménageaient, pour soutenir le toitdes cavités, depuis*
piliers dans les parties les plus pauvres du’ minerlni8
recouraient encore soit à des muraillements en
sèche, soit à un véritable boisage. Le premier pS
consistait à élever avec les fragments les plus gros de
déblais, tantôt des piliers qui étayaient le toit du gi J
tantôt des murs épais qui retenaient en place les ’
ments des filons. On voit fréquemment des tr
genre dans les mines antiques 9. Le se¬
cond procédé était plus coûteux et par
suite plus rarement employé. On a
retrouvé dans des galeries du Laurion
des fragments de bois (fig. 4998) qui
ont manifestement servi à boiser des
passages dangereux 10. Deux montants
solides s’ajustaient en queue d’aronde
avec le chapeau ou linteau du cadre. Les
pièces ainsi assemblées étaient calées
dans des entailles de la roche, et maintenaient à la fois
le toit et les parements des galeries. On peut voir la
disposition de ces cadres de bois dans une galerie
romaine d’Espagne11 que représente la figure 5000. Des
traces de boisage ont été également relevés en Ëtrurie,
en Gaule12. Ce sontles piliers de bois (ligneae columnae)
dont parle Pline13.
Aérage. — Il est clair que dans les mines antiques,
avec leurs puits profonds, avec leurs galeries étroites et
tortueuses, la respiration des hommes, la fumée cl la
chaleur des lampes, l’abatage par le feu, les poussières
de minerai avaient vite fait de vicier 1 air qui pouvait y i
pénétrer par les orifices de la surface : de là nécessite d un
aérage artificiel. Pline dit que lorsqu on creuse un puits,
l’air devient malsain par le seul fait de la profondeur, etj
qu’on remédie à cet inconvénient par une ventilation que
l'on produit en agitant continuellement des linges u.
Mais nous ignorons les dispositions de détail pUsi I,,U1S
dans ce cas par les anciens. Au Laurion, ils établissait n
dans certains puits une cloison verticale qui les " lial
en deux parties égales de haut en bas; la cloison e ai
percée à sa partie inférieure : de la sorte, e Pji
dessinait les deux branches d’un siphon, dont i e
facile d’allonger une des extrémités par une c îei
supplémentaire15. Pour arriver à un résu ta an/* 0 .
on forait des puits jumeaux, dont la paroi nu * ^
était percée à hauteur convenable de trous « e
nication : il suffisait d’allumer un feu dans un
pour déterminer dans celui-ci une ascension ‘
et dans le puits voisin un appel d’am fr°' •
système, assez rare au Laurion, que les 1 us ^
Romains ont suivi de préférence, comme on c |&
ment sur les plans de mines dont on. ‘1^ on egsayait
C’est ce
et les
représentation. Pour l’ensemble delà mine, ' Afférents
d’établir les puits à des niveaux sensl en“ ne sUffisait
afin d’obtenir un courant d’air naturel, fc i ce c anUiné
point, on avait recours au tirage loice.
mirablcmenl tracés et souvent taillés dans un gramt U e*dl(l g cf_ la description de
Bull. Soc. géol. France, 1849-1850,2' série, , P- • des Mines, I8’"' .
Pline avec celle de Sauvage, Exploit, hydraulique de < . Q e. p. *U : J
p. 1 — 9 Simonin, Ann. des Mines, 1858, Ann. * *
Haillon, Op. cil. p. 55. - « Ardaillon, O c. P- «• 404.__ t2 Simon*, ^
nés, 1846, IX, p. 67-68 et notesiSiret AnrtiopJ - -P 0. c. P-
p. 569. - 13 Plin. XXXUI, 68. - « Id. XXXI, 49.
MET
— 1859 —
MET
Les roues élévatoires [machina] étaient encore plus
efficaces. Les figures 5000 et 5001 montrent le plan et la
coupe de deux paires de roues trouvées en place à
Tliarsis (province d’ifuelva, Espagne), et dans la même
galerie il y avait encore trois autres paires 7 . Chacune
d’elles avait 4 m. 28 de diamètre, et entre chaque
couple une différence de niveau de 3 m. 20. Aux mines
de San Domingo (Portugal), on en a découvert quatorze
paires qui relevaient l’eau à une hauteur totale de
44 mètres8. On voit aux figures 5002 et 5003 les détails
de structure et de montage de ces roues. Entièrement
construites en bois, elles sont du second type de tympa-
num décrit par Vitruve 9. Les auges ou godets ( modioli ),
au nombre de vingt-deux, sontplacées sur la circonférence
de la roue, qui tournait (fig. 500-4) dans le sens des
aiguilles d’une montre. A la hauteur du tiers supérieur,
on plaçait un caniveau dans lequel chaque godet déver¬
sait l’eau, lorsqu’il était parvenu au haut de sa course,
par suite de l’inclinaison de quelques degrés donnée au
plan vertical de l’appareil. Roues et vis d’Archimède
étaient mus à la main par des ouvriers qui les faisaient
tourner jour et nuit l0. On amenait ainsi les eaux des étages
inférieurs dans des galeries d'écoulement, qui par une
pente bien ménagée les conduisaient au dehors de la
mine. On a souvent retrouvé ces galeries, dont quelques-
unes ont une très grande longueur".
Triage et extraction. — Le minerai abattu dans les
chantiers
étaitrecueilli
par les ou¬
vriers. Avant
d’être trans¬
porté à la
surface , il
était soumis
à un premier
triage ; tous
les morceaux
de minerai
trop pauvre,
les débris de
roche et de
gangue
étaient lais¬
sés dans la
mine pour
divers be¬
soins de l’ex-
ploitation
(remblayage,
soutènement,
aérage). Le
reste , ra -
massé dans
des paniers, était porté au dehors de la mine par les
galeries et les puits. L’extraction se faisait soit à dos
d’homme*2, soit au moyen de légères machines éléva-
|(| du puits dont l’orifice était à la plus haute alti-
al1 ' .,[ | irai t l’air qui pénétrait par les puits à cote plus
tut*e’ * * 3 passe. Au moyen de portes appelées <Ja>ya-
TT ii yiiycx1, qu’on laissait ouvertes ou fermées,
on dirigeait l’air dans le circuit voulu. On
avait soin de boucher avec des déblais les
galeries inutiles2. Mais il n’est pas [douteux
qu’en dépit de ces dispositions variées, de la
multiplicité des puits, l’aérage des mines an¬
tiques restait très défectueux, et les auteurs
l’affirment à maintes reprises 3.
Épuisement des eaux. — Les mineurs
avaient encore à redouter des venues d’eau
qui inondaient leurs travaux : si elles étaient
peu abondantes, on pouvait les épuiser au
moyen de vases en terre cuite qu’on se pas¬
sait demain en main, comme cela se pratique
encore de nos jours en Sicile, ou de paniers
en sparte goudronnés, d’une contenance de
100 à 150 litres, comme ceux que l’on a re¬
trouvés à Carthagène Mais il y avait lieu
souvent d’employer des appareils beaucoup
plus puissants, et l’on a découvert dans des
mines romaines d’Espagne des machines
Fig. 4999.— vis d’épuisement fort ingénieuses : ce sont soit
dA"1""1 jeg vjg d’Archimède (xoyXia, coc/itea), soit des
roues élévatoires ( lympanum , rota). La vis d’Archimède,
que repré¬
sente la fi¬
gure 4999, a
été trouvée
dans la pro-
vinced’Huel-
va, aux mi¬
nes de la Co-
ronada, avec
deux autres
semblables5.
Elles avaient
3 m. GO de
longueur sur
0 m. 48 de
diamètre in¬
térieur, et le
conduit spi-
raloïde par
°ù s’élevait
'eau avait
0 m. 13 de
largeur et de
Profondeur :
elles étaient
^0nc capa-
blesde débi-
&6r Une assez grande quantité d’eau. Placés les uns
essus des autres, ces trois appareils élevaient l’eau
| 111 hauteur de 10 mètres environ [cochlea] 6.
22. 2 g!' !<jn' -4 ! Anecd. gr . ; Bekker, I, p. 307; Etym. Magn. p. 819,
Plut, (’0m) l0n'11’ c* P- 570; Ardaillon, L. c. — 3 Xen. Comm. IM, 0, 12;
fiev. . Nlc‘ Crass- < ; Lucr. VI, 808 ; Lucan. IV, 298. — «■ Daubrée,
Ï Tarin o ’ a<! Launay, Ann. des Mines , 1899, p. 22. — 3 Gonzalvo
® (d'am,! n *' ^ °* P*' 11 > CL Siret, Antlirop. 1892, p. 404. — 9 Strab. III,
’s osl|Tonius) ; Diod. I, 34 ; V, 37 ; Vitr. X, G ; cf. Blümner, Technol. IV,
p. 123 sq. — 7 Gonzalvo y Tarin, Op. cil. p. 331-333, pi. m-v. — 8 Daubrée, Rev.
arc h. 1868, I, p. 299. L une de ces roues figure au Conservatoire des Arts et Métiers
de Paris. - 9 Vitr. X, 4, 3. —10 Pliu. XXXUI, 97. - 11 Schulz et Paillette, Bull.
Soc. gêol. France , 1849-1850, p. 19; Daubrée, Bev. arch. 18G8, I, p. 302: 1881,
p. 216 ; Gonzalvo y Tarin, O. c. p. 267, 351, 393, etc. — 12 Diod. III, 13; Plin.’
XXXIII, 71 ; Poil. VU, 100 ; X, 149.
MET
— 1860 —
MET
toires, qui faisaient monter et descendre des bennes.
On peut s'en faire une idée par un bas-relief représen¬
tant les travaux de dessèchement du lac Fucin1. Le pre¬
mier moyen était certainement le plus répandu. Le
second n'est pas mentionné par les textes, mais on a
relevé des indices
sions d’admiration de Posidonius, de Diodor
Pline3. ' 011 tle
Carrières , MéxaÀXa, metalla fi, Xaxojju'ai 1
j • _ n "xt _ _ . ' i m
i - , XtOoTOUltKj 8
lapicidinae 9. — Nous avons déjà vu mip w 1 .’ ’
a -.ni - , . 1 e les anciens
donnaient a leurs carrières le meme nom qu’’ \
certains de son em¬
ploi en diverses mi¬
nes2.
Telles sont dans
leurs traits es sentis
les méthodes d’ex -
ploitation des mines
grecques et romai¬
nes. Il reste à dire
que l’ensemble de ces
travaux miniers est
très considérable, et
quelques chiffres en
donneront une idée.
Au Laurion, les Athé¬
niens ont foré plus
de deux mille puits,
et l’on y connaît en¬
viron 120 à 150 kilo¬
mètres de galeries
anciennes. En Espa
Fig. 5002. FiS- 5003-
Détails de la machine à épuiser l'eau.
m>nes, et ils avaientL
raison. En effet, ils I
exploitaient le mar- I
bre et le calcaire, le ]
granit, le porphyre I
ou le tuf, en suivant
les mêmes méthodes I
que dans la poursuite
des minerais : c’était
soit par grandes ex¬
cavations à ciel ou- ;
vert, soit par galeries
et piliers.
Le plus bel exem- !
pie que l’on puisse
citer de carrières à
ciel ouvert est celui
des carrières du mont
Pentélique, en Atti-
que. Il y a là, étagées
sur le flanc sud-ouest
de la montagne, jus-
gne, dans la province de Huelva, on a compté aux mines
de Larza, huit cents puits jumeaux, d une profondeur
de 20 à 100 mètres, et mesuré une galerie de 1 800 mè¬
tres de longueur. Aux mines de Rio linto, les treize gale¬
ries principales ont un
qu’à 1 000 mètres environ d’altitude, vingt-cinq carrières
antiques. Ce sont de grandes excavations entaillées ver¬
ticalement dans les bancs de marbre, et le front de taille
y atteint jusqu’à 30 mètres de hauteur. Elles s’ouvrent
toutes du même côté, sur
développement total de
7 kilomètres et l’une
d’elles à elle seule mesure
plus de 2 kilomètres ; il y
a là un millier de puits3.
C’est par millions de mè¬
tres cubes qu’il faut comp¬
ter la quantité de minerai
que les Romains ont ex¬
traite de leurs exploita¬
tions dans ce groupe mi¬
nier. A la mine de Thar-
sis, on estime, d'après le
cube des scories trouvées
sur le terrain, à 165 000
mètres cubes de cuivre
pur la masse de métal
obtenue par les anciens.
Une exploitation d’étain
d’Asturie dénote un cu¬
bage de plus de 4 mil-
^ j*
la route dallée ou chemin j
de glissage qui descendait
vers le dème Pentélé. On
estime à plus de 100 000
mètres cubes la quantité
de marbre extraite de ces
belles exploitations 10l
Celles, non moins célè¬
bres, de Carystos en Eu-
bée, de Crocées en Laco¬
nie, de Syracuse :
Simittu (Chemtou) en Tu¬
nisie, de Luna en Italie,
de Synnada en Phrygi®,
du Mons Claudianus en
Égypte, avaient en tou
ou en partie le même as-'
pect général. Mais >
avait aussi des carne
souterraines, de venta
mines par conséquent, »
lions de mètres cubes de matières extraites . Et si Ion
songe aux centaines de gisements exploités par les Grecs
et par les Romains, on ne s’étonnera plus des expres-
Fig. 500t. — Fonctionnement de la roue à auges.
Paros, à Gortyne, à Chemtou, etc. Dans 1 de pan
la montaene de Marpessa, s’ouvrent es 0 g de
sont les entrées des exp
l Geffroy, Rev. arc/i. 1878, 2, pl. mi; machina, fig. 4750. — * Daubrée, L. I. et
1881, 1, p. 207, 210 ; Ardaillon, Laurion , p. 57. — 3 Gonzalvo y Tarin, O. c. p.
267 sq. ; 393-394. — 4 Schulz et Paillette, L. c. — 5 Posid. ap. Slrab. III, 2, 9 ;
Plin. XXXill, 70; Diod. V, 36. — 6 Strab. IX, t, 23 ; Stat. Silv. 1,5,36; 11,1,
83. — 7 plat. Epist. 2, p. 314E; Slrab. IV, 1, 6; VIII, 5, 7, etc.; Athen. 1,
p 6 F; Anth. Palat. XI, 253 ; 2; C. mscr. gr. 5033. On trouve aussi X«opîa :
Strab. V, 3, 10 ; X, 1 , 6, etc. ; C. ». gr. 2032, 2043. - » Herod. II, 8 et 124, clc. ;
Xcn Uell. 1, 2, 14; Theop. Lap. 6; Ael. Var. Hisl. XII, 44; Paus. 1, 18, 9.
et des Nymphes : ce
I aussi : Plaut. 1
formes lapidicidinae, lapidicinac se rencon ie ^ g#
, I, 13, 23; Plin. III, 30; XXXVI, 57; Vite. II, 7» * • . 7ÎÎ;
_ _ Innidariae : Plaut. Poen. 817, C ,
— 9 Les
Cic. Div,
encore lautumiae , latomiae lapidariae
lius et de Waclismulh sur Athènes.
plaut. Cepl- !,ii’
On trouve
Cic. Yerr.
.817; o«F“ ' Marmoli
V, 57 ; Liv. XXVI, 27.- 1« Ross, Das Pentelikon bex^^h allé Theilejfl
bruche , Kunstblatt, 1837, n- 2-4 (Berlm); Griech. Marm»rstM\
Kônigreichs Griechenland, I, p. 29 sq. , • • ]3-l4. Ouvrage5 < 1
Abhandl. d. Akad. d.Wissenscliaften zu ^a(lt Syrakus , P- 3i sq'
MET
— 1801
MET
C’est ici que l’on coupait le marbre Lychnitis,
bancs ont de 2 à 4 mètres de puissance. Ces
inclinées en moyenne de 30° vers
je la montagne. Les galeries, qui ont leurs
200 mètres d’altitude, les poursuivent en pro-
fcarbre '•
dont les
couches sont
l’intérieur^
0l ll|' ni jusqu’à 140 ou 120 mètres au-dessus du niveau
1 ' |i((ir gjjeg s’élargissent en grandes chambres, dont
^ [oil'cst soutenu par des piliers taillés dans la roche
, °'> ^ur ies parois, se voient encore les petites niches
nUvriers plaçaient les lampes qui les éclairaient
°emluit leur travail 2. Les carrières de Gortyne ont un
P and développement [labyrintiius] : elles s’ouvrent
au sommet d’une colline, dont les bancs plon-
très gr
presque
»entde quelques degrés vers l’intérieur. Le plan en est
jrès compliqué, comme on peut le voir par le relevé de
Sieber. Chambres et galeries sont protégées contre les
Roulements par de larges piliers laissés en place dans le
calcaire 3. De même, les carrières de Chemtou se com¬
posent d’une série de salles et de galeries creusées dans
le massif même et recevant le jour par des ouvertures
pratiquées soit dans les voûtes, soit dans les parois 4.
Les procédés d’abatage différaient un peu de ceux que
l’on employait dans les mines, parce qu’il s’agissait
d’obtenir de grands blocs de pierre au lieu de menus
fragments. Dans les carrières de marbre comme dans
celles de granit ou de porphyre, les anciens procédaient
par tailles en gradins, et ces gradins étaient droits ou
inclinés selon la position naturelle des bancs. Mais dans
les marbres, le travail était plus facile, parce que cette
roche a un plan de stratification, suivant lequel il est aisé
de fendre les bancs, et aussi offre souvent des lignes de
cassures perpendiculaires au plan de stratification. Aussi,
lorsque les carriers avaient mis à nu le banc qu’ils
reconnaissaient propre à fournir de beaux blocs, ils iso¬
laient le morceau qu’ils voulaient abattre au moyen de
trois entailles. L’une est parallèle à la face antérieure du
banc, lesdeuxautres limitentles petits côtés dubloc. Elles
étaient creusées au pic ou au ciseau, et au fond de ces
rigoles, un certain nombre de trous étaient préparés pour
recevoir des coins. Puis par des efforts simultanés, en
agissant sur tous les coins à la fois, on arrivait à déta¬
cher les trois faces adhérentes. Dans les roches éruptives,
sans stratification, sans cassures, il fallait en outre creu¬
ser une rigole selon la face inférieure, et la besogne était
beaucoup plus rude. C’est par cette méthode, dite mé¬
thode à la trace, dont les vestiges évidents se montrent
Pans lfl plupart des carrières antiques, que les Grecs et
les Romains parvenaient à extraire les immenses pierres
h appareil ou les monolithes dont on admire encore les
énormes dimensions 3. Quelquefois ils profitaient de la
“oindre résistance des roches qui supportaient le banc à
1 er Pour creuser en dessous et le mettre en sur-
J°mb; be détachement des blocs était par là même faci-
• 1 est ce que l’on observe aux carrières de Scyros6.
Tous les voyageurs ont constaté que Jes anciens ne se
contentaient pas d’extraire de leurs carrières des blocs
bruts, mais qu’ils préparaient dans l’abatage la forme
générale des colonnes, des tambours de colonnes, des
chapiteaux, voire même des statues. De pareils morceaux
se retrouvent partout abandonnés. L’Apollon colossal de
Naxos git encore près des bancs dont il fut extrait 7. Au
Mons Claudinnus , en Égypte, on voit une colonne de
18 mètres de longueur, avecun diamètre de 2 m. 00, et
d’autres de fi, 8 et 9 mètres 8. Ainsi à l’extraction des
blocs s’ajoutait le travail de dégrossissement. Celui-ci se
faisait non seulement au ciseau et au marteau, mais
encore à la scie. Cet instrument dut être employé de
bonne heure pour couper à la longueur voulue les grands
morceaux de marbre et plus tard on s’en servit pour
débiter des tablettes qui servaient à l’ornement des
murs. La scie (XiOoirpfarr-q; Trpiwv, serra) 9 n’était pas une
scie à dents, car celle-ci ne fut jamais employée que
pour couper des roches très tendres comme les tufs10.
Pour les marbres comme pour le granit et le porphyre, la
scie était une lame longue et fine, qui, selon la remarque
de Pline, n’entamait pas par elle-même la roche, mais
l’usait par le frottement incessant des grains de sable
qu’elle déplaçait dans la rainure à chacun de ses mou¬
vements 11 Dans les carrières du Felsberg, on en a
retrouvé une qui avait 4 m. oOde longueur et 4 millimètres
d’épaisseur12. Le sable préféré était le sable d’Éthiopie
( arena aethiopica ); celui de Naxos, c’est-à-dire l’émeri,
avait le défaut de faire une tranche trop raboteuse, de
même que le sable de Coptos et le sable indien13.
L’enlèvement et le transport des blocs nécessitaient des
dispositions que les anciens savaient prendre avec beau¬
coup d’habileté. Leurs exploitations étaient générale¬
ment établies sur le flanc d’escarpements. Ils ménageaient
des rampes et des plans inclinés, dont les traces sont
visibles en beaucoup d’endroits u. On a retrouvé, par
exemple, dans des carrières de Sardaigne, des colonnes
de granit prêtes à rouler sur des plans inclinés qui
conduisaient au bord de la mer, retenues par des
pieux en fer profondément fichés dans le sol13. Les
blocs étaient déplacés sur des rouleaux de bois, sou¬
levés par des machines (piTjyocvr, ÀiOaywyôç) IS, retenus
par des câbles s’enroulant autour de pieux ou de piliers
de roches laissés en place17, placés enfin sur des chars
spéciaux18 dont les roues traçaient à la longue de pro¬
fondes ornières.
Tels sont les principaux procédés spéciaux à l’art
d’exploiter les carrières (XiOoupytx-q) *9, où les Grecs et les
Romains étaient passés maîtres. Chacune d’elles consti¬
tuait donc un organe assez compliqué : chez les Romains,
chacune comprenait un certain nombre de chantiers [ offi -
cinae ), qui se subdivisaient eux-mêmes en sections ( loci
ou brachia ) ; les officinae avaient un nom propre qui les
distinguait les unes des autres; les brachia avaient un
Itcri- ^'^elreisen, I, p. 50 ; Ficdler, Op. cit. II, p. 184 sq.; Bruzza,
P- M8 sM <k|" marm* 9rezzi (Ann. d. Inst, di corr. arch. 1870, XLII,
P- 4SI , 1 Lepsius, Op. cit. p. 44; cf. Bursian, Geogr. von Griechcnland, II,
jHcchiJi ' 'llmncri Teclinol. III, p. 72: Philippson, Beitnige zur Kenntnis der
B0ni 7,lse/!«* (Pet. Mitth. Ergheft , n« 134, 1901, p. 09). — 2 De là le
Alhcn V ( U( marbre (Xugvt-rviç, XtOo;) : Plin. XXXVI, ii (d’après Vairon);
^btnàeh' Hcsi'ch- s- v ■ Aujpuoç ; cf. Bliimncr, III, p. 33.— 3 Sieber,
II, p. y s 11 ,llsel Kreta, I, p. 510 ; Hoecli, Krcta, 1, p. 447 sq. : Spratt, Travels,
Cri ;C| | ' ' ' * r‘frot, lie de Crète , p. 98; Raulin, Bcscr. physique de Vile de
^6 L !;,,/• ** s“ — 4 Ch. Tissot, Géogr. de l'Afrique romaine, II, p. 278.
"lci Descr. de l'Égypte, III, p. 442 (Paris, 1821); Schweinfurth,
VL
Die Steinbrüclie am Afons Claudianus ( Zeitsch . Ges. fur Erdkunde zu Berlin,
XXXII, 1897, p. 1-22); Fiedler-Lepsius, L. c. ; Ch. Tissot, Op. cit. I, p. 266 ;
Léger, Trav. publics des Bomains, p. 704 sq. ; Blümner, Technol. 111, p. 74
sq. — 6 Ficdler, Op. cit. il, p. 74 sq. ; Bruzza, Op. cit. p. 151 sq. — 7 Ross,
Inselreisen, I, p. 34 sq. ; Lepsius, O. c. p. 52. — 8 Schweinfurth, Op. cit.
p. 16-19. — 9 Poil. X, 148. — 10 Vitr. Il, 7, 1 ; Pliu. XXXVI, 159. — n Plin.
XXXVI, 51 sq. — 12 A. v. Cohausen et E. Woerucr, Boni. Steinbrüche auf
dem Felsberg a. d. Bergstrasse, Darmstadt, 1876, p. 31, fig. 11-16; cf. Forrcr,
Anthrop. 1899, p. 339.— 13 Plin. L. c. — 14 Lepsius, Op. cit. p. 1 3 ; Schweinfurth!
Op. cit. p. 20. — is Léger, Op.cit. p. 704. — 16 Poil. X, 148. — 17 Schweinfurth,
L. c. — 13 Vitr. X 5 sq.; cf. Bliimner, III, p. 129 sq. — 19 Suid. s. v. AtOou^ncj.
234
MET
1 862 —
numéro d’ordre1. Le personnel, nous le verrons plus
loin, était également divisé en plusieurs catégories.
Traitement métallurgique des minerais. — Il nous
reste à indiquer brièvement, car nous ne savons que peu
de chose sur ce sujet, comment les anciens traitaient
les divers minerais pour en extraire le métal brut. Les
diverses opérations métallurgiques se faisaient dans des
usines ou ateliers (Ipyaimfipia, of(icinae) 2 situés géné¬
ralement dans le voisinage immédiat des mines, comme
le prouvent les amas de scories que l’on retrouve partout
sur le terrain des exploitations.
Le travail, pour tous les minerais, se divise en deux
séries d’opérations : d’une part, le broyage et le lavage ;
d autre part, la fusion. Les morceaux de minerai, recueillis
dans la mine, sont accompagnés de substances étran¬
gères qui empêchent de les porter immédiatement aux
fouis de fusion. Il fallait donc leur faire subir une cer¬
taine préparation. On y parvient d abord par un broyage
approprié à chaque nature de minerai : les uns étaient
réduits en graviers, les autres en poudre fine. Un lavage
bien conduit, grâce au poids différent de chaque corps,
permet ensuite de chasser les matières impures, plus
légères que les parcelles métalliques. Telles sont les
opérations énumérées par les textes : quod effossum est
tunditur , molitur in farinam, lavatur , uritur 3.
Grecs et Romains se servaient pour le broyage des
minerais de mortiers et de
meules. Les mortiers (àyysîa
Xt'Giva, oXfAoi Ae'Gtvot) *, en forme
d’auges ou Me dés à coudre,
ont des parois épaisses, un
fond arrondi, et sont taillés
dans des roches très dures 8
(fig. 5005 6). Le pilon (üîrepoç)
était généralement en fer
_ _ La meule (p.uÀoç, mola) res-
Fig. 5003. - Mortier à broyage. semble aux meules à farine
retrouvées à Pompéi : elle se
compose d’un noyau central en forme de tronc de cône,
fixe, autour duquel vient tourner à distance variable un
anneau de pierre, mo¬
bile, évasé en forme
d’entonnoir. Des bar¬
res (xoj7tat) permet¬
taient de mettre l’an¬
neau en mouvement :
le frottement de l’an¬
neau contre le noyau
réduit le minerai en
poussière de la gros¬
seur voulue. La figure
5006 reproduit une
meule du Laurion 8,
et la figure 5007 repré¬
sente le fond d’une
meule plus petite trou¬
vée dans une mine ro¬
maine de 1 Aude \ Ces meules étaient, comme les mor-
\ Monceaux, Butl- Soc. Antigu. France, 1900, p. 325 sq. (Bibliographie).
— Dcmostb. XXXVII, 4 et 25 ; Aeseh. I, 101, I21;Vitr. VII, 8, 2; Plin. XXXIV,
l2vv?,wü' Strab' 2' 8; Di0d- ln- 12 : «fat..», «vjltiv ; Plin.
Theoph Lap. XIII, 58; Diod. III, 13. — 5 Daubrée, lieu. arch.
1881, I, p. 212. — d Ardaillon, Laurion, p.6l. — 7 Diod. III, 13. — 8 Ardaillon,
Op. cit. p. 61-62. — 9 Daubrée, Op. cit. p. 271, fig. 15. — 10 [d. Ibid. p. 269,
MET
tiers, taillées dans les roches les nh.« ,i
vait rencontrer, granit, tachyte quarllT <IUel’0n pon-
cesdeux appareils, le minerai étai rédui u " Avec
i (y> v â vdonté à la
gner
de
grosseur d’un grain de millet (xÉY/Pù-
1 habitude de dési-
sous le nom
xey/pEibv l’endroit
où l’on manœuvrait
pilons et mortiers
et par suite l’atelier
tout entier11. Aga-
tharchide dit que
dans les mines d’or
d’Égypte on com¬
mençait par piler
les quartz aurifères
à la grosseur d’un
grain de vesce
ôpdSou t b (zsysG o;) et
et de
« était
venue
500C, — Meule à broyer.
&
J? -S.
Fig. 50ü7. — Meule romaine.
Fig. 5008. — Laverie du Laurium.
qu’on les pulvérisait ensuite à la meule comme une
t une de froment (et; <7£p.i8xXsoi; Tp^ov) 12.
Le minerai ainsi préparé passait au lavage
wXw«“, lav<*re“). Les appareils de lavage ne sont biel
connus qu’au Laurion, où l’on a
retrouvé par centaines les lave-
lies antiques (xeyypeciv, xocGotpto--
xViptov) u. La figure’ 5008 repré¬
sente le plan et les coupes d’un
appareil de ce genre18, qui se
compose d’un réservoir, d’une
aire inclinée, d’un circuit de ca¬
naux et de bassins de décantation,
et d’une aire de séchage. Le ré¬
servoir, surélevé au-dessus de
tout le reste, laisse échapper par
quelques petits orifices l’eau qui vient arroser faire in¬
clinée ou table de lavage, sur laquelle on a préalable¬
ment étendu le minerai broyé. L’eau s’y étale et se jette
dans un canal en entraînant avec elle toutes les particules
légères, graviers, sables, etc., passe ensuite par une série
de bassins pour s’y dé¬
canter, avant d’être re¬
prise et rejetée dans le
réservoir. Dans cette
opération, la plus
grande partiedu mine¬
rai (parcelles lourdes)
demeure sur la table
de lavage. On recueille
d’ailleurs - les boues
qui se sont déposées
dans les canaux et
dans les bassins, pour
les relaver de nou¬
veau : c’étaient ces .
boues que les Romains
désignaient
Pour arriver à un meillem
Bekker, AnecÀ
Je
nom de rutramina 11
sous
ir résul
271, 273, etc. — U Demoslh. XXXVII, 28; Harpocr. s. v. K.yjcffa*. - ^ -
gr. p. 271 ; Poil. VII, 90. — 12 Agatli. Geog. gracci min. Muller , P- - ^
Diod. III, 13 ; cf. Plin. XXXIII, 69 ; in farinam molitur. — 13 ‘ l0Cjj) ^ ^ ,|p
Corp. inscr. lat. 11,2, 5181, 1. 48; Plin. L. c. - H Voir textes i t e ^ ^ J
— Ardaillon, Laurion, p. 63, fig. 20. — 16 C. i. I. II, -■ 8I81, ' p u(i.
lait avecuno espèce de pelle, appelée rutrum : Agricola, De i e nu ta
MET
— 1863 —
MET
anCiens passaient au crible (™X a;, xôaxivoç) 1
Ut’ 11 " ■ tie la table de lavage les minerais pilés et
11111,1 ""ri renouvelaient cinq fois l’opération com-
l,r0-’ j g laveries, suivant les éfTets que les métal-
pkt0 ' s " voulaient obtenir, étaient construites sur des
lurg'^ . è variables : les unes ont 20 mètres de
■ rl d’autres de 4 à 5 mètres. Le réservoir, les orifices
écoulement y sont placés plus ou moins haut au-dessus
de la table de lavage, dont l’inclinaison change aussi de
l’une à l’autre. On remarque que dans les ateliers du
Laurion, il y a toujours à côté l’une de 1 autre deux ou
trois laveries destinées chacune à laver un minerai de
grosseur différente. Chaque groupe a ses citernes où 1 on
recueillait l’eau nécessaire au travail. Laveries et citernes
sont de préférence installées dans les vallées et dans les
ravins, c’est-à-dire sur les points où les eaux de pluie se
Citerne a murs
réunissent naturellement; de là, de longues fdes d’ate¬
liers qui ont plusieurs centaines de mètres de développe¬
ment, comme on peut le voir sur la figure 5009 3.
En Italie, en Sardaigne, en Espagne, les vestiges de
semblables ateliers sont très rares: cela tient à ce qu ils
ont été depuis des siècles recouverts par un manteau
(faillirions, de déblais, de scories, que les ouvriers lais¬
saient sur place Les anciens avaient imaginé d’autres
appareils. Diodore rapporte, d’après Agatharchide, que
G? ^ ^ ^ H3 cr3-
< ■ • ........ . . — ^ ,r,z/cc.4- _ ... ; ... ...... ........... »*'!>
Fig. 5010. — * Table à lavage.
tas ouvriers des mines d’Égypte étendaient le minerai
broyé et moulu sur des planches larges et un peu incli¬
nées, qu'ils y faisaient arriver un courant d’eau qui
entraînait les matières terreuses, tandis que l’or plus
pesant reste B. Ce sont là de véritables tables dormantes :
ta figure 5010 représente un appareil de cette espèce, ren-
conlré dans les mines antiques de Seix (Ariège) : « C’est
nne charpente en madriers de chêne très épais, de 4 mètres
de longueur sur 1 m. 10 de largeur0. »
Le minerai, ainsi enrichi par le lavage, était ensuite
tandu pour produire le métal brut. Pour tous les métaux,
^opérations métallurgiques étaient àpeu près les mêmes.
n Couvera à l’article ferrum de nombreux renseigne¬
J( l’“11- Vll> 97 ; X, 149.— 2 Strab. III, 2, 10. — 3 Ardaillon, Op. cit. p. G8-74.
il,, | im°nin’ ^ nn ■ des Mines, 1858, p. 573-575; Daubrée, Op. cit. p. 273, 333
cj( "a""ay. Ann. des Mines, 1892, p. 519. — 5 Diod. III, 14. — « Daubrée, Op.
; •p.2Gi)._'î Herod. I, 93 ; III, 94, etc.; Strab. III, 2, 8 ; IV, 6,12; Plin. XXXIII,
I-c mot 4-^naTa désignait aussi des lingots, par ex. dans l’inventaire du
ments sur la métallurgie du fer. Nous signalerons ici les
particularités de la métallurgie des autres métaux.
L’or natif, trouvé sous forme de pépites (7cxXat ,palagae,
palaccirnae , ^-qYptava, baluces ) \ n’était pas fondu. Mais
on le rencontrait souvent sous forme de veines et de
veinules dans le quartz et d’autres roches ( aurum cana-
licium , canaliense ) 8. Celui-là avait besoin d’être broyé,
moulu, lavé, fondu. On le fondait même deux fois (l’-j/eiv,
à<pé(j/6tv, coquere , conflare) 9. La première fusion était
faite au feu de paille, dans un four dont nous ignorons
les dispositions10. La seconde opération. était une cou¬
pellation, exécutée dans des creusets de terre, dite lasco-
nium 11 , et destinée à séparer de l'or les corps étrangers
qui l’accompagnaient. Dans cette fusion, on mêlait à 1 or
pour le purifier du plomb, de l’alun, selon un procédé
dont Diodore fait mention '2. On obtenait ainsi de l’or dit
ypusiov oëpuÇov, a7tetp0ov, àx'/jpaxov, t lUt'Utn obrusatuni ,
obrussa , c’est-à-dire de l’or pur et sans alliage13. Les
anciens semblent avoir connu également le traitement
de l’or par le mercure, ou amalgamation. Pline le décrit
en ces termes : « Toutes les matières surnagent dans le
mercure, excepté l’or qui est le seul corps qu’il attire à
soi ; aussi est-il excellent pour l’isoler. On le secoue vive¬
ment dans des vases de terre avec ce métal, et il en rejette
toutes les impuretés. Pour le séparer lui-même de l’or,
on le verse dans des sacs de peau souple : le mercure
passe à travers les pores du cuir, et laisse l’or dans toute
trésor sacré de Délos : Bull. corr. hell. VI, p. 38. — 8 plin, XXXIII, 68. — 9 Strab.
IV, 6, 12; Virg. Aen. VIII, 624. — 10 Strab. III, 2, 8 ; Plin. XXXIII, 60 et 94.
— il Plin. Ibid. 69. — 12 Diod. 14; Plin. XXXIII, 60; XXXV, 183. — 13 Herod. 1,
50; II, 44; Thuc. Il, 13 et Schol . ; Poil. VII, 97; Plin. L. c. ; Suet. Ner. 44; cf.
Blümncr, IV, p. 130 sq. ; Babçlon, Traité des monnaies r/r. et rom. I, p. 883 sq.
MET _
sa pureté » Il y a loin de ce procédé primitif à l’opé¬
ration moderne de l’amalgamation, mais le principe était
le meme. Les anciens ont dû l’employer rarement, étant
donnée la rareté relative du mercure 2.
Le plomb argentifère passait par deux opérations. La
première lusion du minerai se faisait dans des fours
(jfôavoç, xotjttvoç, fornax, caminus) 3 dont on a retrouvé
des vestiges en plus d’un endroit. Au Laurion, c’étaient
des fours à manche très peu élevés, de forme ronde et
d’environ un mètre de diamètre ; ils étaient construits avec
des roches réfractaires et peu fusibles, micaschistes et
trachytes 4. On en a découvert d’autres de type analogue
en Angleterre, en France, en Sardaigne6. En Espagne,
au Rio Tinto (province d’Huelva), on apercevait au
X' ii siècle de nombreuses ruines de fours, qui pouvaient
contenir une assez forte quantité de minerai 6. Strabon
nous apprend qu’on leur donnait une grande élévation,
pour que la fumée, qui se dégage et qui de sa nature est
lourde et délétère, se puisse dissiper plus aisément '.
Au sortir de ces fours, on retirait le plomb d’œuvre qui
contenait encore l’argent. La coupellation avait pour
objet de séparer les deux métaux. On se servait pour
cela de véritables coupelles, qui absorbaient l’oxyde de
plomb (litharge) et laissaient l’argent libre 8. La litharge
revivifiée, passée au four avec du charbon, donnait le
plomb marchand (plumbum nigrum)9.
Les minerais de cuivre étaient traités de la même
manière que la galène argentifère. La pyrite était fondue
dans des fours analogues à celui que représentent les
Fig. 5012. — Coupe du four.
ligures 5011 et 5012 et qui a été retrouvé en Espagne, aux
mines de Tharsis10. En Élrurie, on rencontre encore çàet
là, sous les scories, des débris de pierres réfractaires .qui
composaient les fourneaux1*. Le résultat de cette première
fonte était non du cuivre pur, mais un métal contenant
1864- —
MET
qui le rendaient cassant. On procédait * h
lusion, et pour rendre la coulée plus farill Seconde
minerai du plomb métallique en prono, V- 11 mêlait au
La métallurgie de l’étain était encore ! T* dC“'inies’
Pline la décrit ainsi : « Le minerai e t p USv SlraPlen.
de terre, de couleur noire;... les minei * à fleur
et calcinent le dépôt dans nn fourneau 72
suffit de le réduire par une calcination avec du ch n
dans le four le plus grossier -harbon
On voit que toutes ces opérations métall„rgiques se
ressemblaient beaucoup pour tous les métaux. Les fours
étaient presque toujours construits sur l’un des types
décrits à l’article ferrum. On les flanquait de tuyères en
terre cuite (fig. 5013) 1 \ pour produire par une ventilation
artificielle une oxydation dans la masse en fusion. Le
combustible employé pour le cuivre, pour le fer, pour le
plomb, était de préférence le bois de pin, si commun sur
les bords de la Méditerranée16, et l’on sait que les forêts
de l’ile de Chypre avaient été détruites pour les besoins
des fonderies de cuivre 16. En Ëtrurie, on employait le
bois de chêne ou de châtaignier n. Enfin l’usage des fon¬
dants, c’est-à-dire des matières propres à faciliter la fusion,
était répandu partout, àThasos, au Laurion, en Espagne18;
nous avons cité plusieurs textes qui en font foi. *
Les résultats de cette métallurgie étaient excellents, à
en juger par l’analyse des scories. Mais il convient de
distinguer ici les deux opérations de fusion qui se succé¬
daient, car les anciens n’apportaient pas à l’une et à
l’autre le même soin et la même attention. Pour le traite¬
ment du plomb argentifère, par exemple, on remarque
au Laurion, en Sardaigne, en Espagne10, que les scories
retiennent de 12 à 30 p. 100 de plomb métallique, soit
un tiers de perte dans certains cas. Cela tenait sans doute
à des procédés imparfaits, à une fusion incomplète, à un
écumage trop hâtif des scories; mais il est légitime de
penser que les métallurgistes grecs et romains agissaient
ainsi à dessein. En effet, les opérations de coupellation
étaient conduites avec une rare habileté, car les lingots ■
de plomb ne retiennent guère que de 1 à 19 grammes
d’argent pour 100 kilogrammes de plomb, soit au maxi¬
mum vingt cent-millièmes de perte. Il en était de même
pour le cuivre20. Il est donc naturel de croire que c est
plutôt par négligence volontaire que par manque de
savoir-faire de la part des ouvriers, que les produits de
la première fonte étaient aussi défectueux. La Prtine
pourrait encore en être dans le fait que les mêmes
métallurgistes, lorsque certains gisements sappmuMi*
1 Pim. XXXIII, 99 (trad. Littré). — 2 Blünmer, Teclin. IV, p. 133. — 3 lliad.
XVIII, 470; Iles. Theor/. 803 ; Strab. III, 2, 10; Diosc. 111,84; Plin. VI,
119; XXXIII, 63; XXXV, 35 [caminus, founax], — 4 Cordella, Laurion, p. 98.
6 Blümner, I\, p. 151-152; de Launay, Ann. des Mines, 1892, p. 520
— 6De Launay, Ibid. 1889, XVI.p. 151-152. —7 Strab. III, 2, 8 ; cf. Xen. Comm. III,’
6, 12 ; Plin. XXXIV, 167. — 8 Strab. m, 2, i0 . |,|in. XXXIII, 98 ; Ardaillon, Op. cit.
p. 82; de Launay, ’bid. 1889, p. 152.— 9 Léger, Op. cit. p. C98 et 714 ; Ardaillon.
Ibid. p. 92. On a trouvé près d’Alméria (Espagne) cinquante-deux foui s de cou
— 10 Gonzalvo y Tarin, Descr. de la prou. di /lue Ica, p. 40, pb ^ ^
Op. cit. p. 574-575 ; Léger, Op. cit. p. 7 19, et Atlas, pL vin, fig- - f, p||n
XXXIV, 95-96. — 13 Id. XXXIV. 57. — H Daubréc, Op. cit. p. 342, fig- 38.
XXXIII, 94. — 16 Strab. XIV, 6, 5. — 17 Simonin, Op. cit. p- 578. ^
Ann. des Mines , 1889, p. 152; Ardaillon, Laurion , p. 79. 19 _al
p. 80-81 ; de Launay, Ibid. 1892, p. 520. — 20 Simonin, Op. cit. p- ’•
MET
— 1
saient,
scories
cesse
trouvaiei
3ni avantageux de traiter à nouveau les
,s izyZl on, ox<op(*, scoria) laissées par leurs prédé-
i . c’cst ce qui arriva au Laurion.
Les différents métaux ob¬
tenus à la sortie des fours
étaient coulés en lingots ou
saumons ( forma , lateres ),
pour être livrés au com¬
merce. Ces lingots ont été
retrouvés en très grand nom-
rig. 5014. - Lingot de 1er.
bre dans tous
les districts miniers exploités par les an¬
ciens. Il y en a
de toutes les formes, de toutes les gran¬
deurs. Les
_ o-ss - - > saumons de
< .
t - 0-/3 - »
fig. 5015. — Lingot de plomb.
fer (fig.5014)2,
de cuivre, de
plomb, d’é¬
tain étaient
en général
plus gros que
les lingots de
métal pré -
cieux, or et argent. Les saumons de plomb du Laurion
pesaient environ 15 kilogrammes, et chaque fabricant y
imprimait sa marque particu¬
lière (fig. 5015) 3. Ceux d’Es¬
pagne variaient de poids au gré
des fabricants : un saumon de
Cartulo pèse 24 livres 1/4 d'Es¬
pagne; des saumons de Car-
thagène pèsent 72 livres. Les
uns portent une simple mar¬
que : caducée, cygne, dauphin,
gouvernail; d’autres portent en
outre des inscriptions 4. En Bretagne, on a trouvé entre
autres un saumon de 127 livres 5. Les saumons de cuivre
sont plus rares. On
en a rencontré en
Sardaigne (fig. 5016),
en Espagne, en Bre¬
tagne, en Ëtrurie6;
ils portaient égale¬
ment des signes va¬
riés. On ne connaît qu’un petit nombre de saumons d’é¬
tain : on en a découvert en Cornouailles, et la figure 5017
Fig. 5017. — Lingot d'étain.
865 — MET
montre que, selon l’indication des anciens, on leur don¬
nait une forme propre à en faciliter le transport à dos
de cheval7.
Les lingots de métaux précieux, plus petits, se pré¬
sentent en général sous
forme de barres apla¬
ties au marteau. La
figure 5018 représente
un lingot d’argent du
Musée de Hanovre ; son
poids est de 299 gram¬
mes environ, et sa lon¬
gueur de 11 centimè¬
tres. « Sur la face an¬
térieure, quatre estam¬
pilles : l’une représente
la déesse Rome, entou¬
rée de la légende Urbs
Borna ; la seconde figure
trois bustes impériaux
dontune impératrice....
La troisième porte
cand. ( candidum ar-
gentum ) ; la quatrième
Paul. (. Paulus ou Paulinus ) 8. » Une monnaie de Da-
mastium porte comme type de revers « un lingot qua¬
drilatère d’argent muni d’une courroie pour être trans¬
porté à la main 9 » (fig. 5019); on peut en rapprocher la
forme de celle du saumon de cuivre reproduit plus haut
(fig. 5016). On en a découvert avec ou sans
estampilles un peu partout, en Égypte, en
Hanovre, en Angleterre'0.
Les lingots d’or ont aussi la forme de
barres. La figure 5020 représente un lin¬
got trouvé à Sirmium, avec quatorze au¬
tres, qui pesaient de 248 à 500 grammes.
« On y lit à gauche : Quirillus et Dionisus Sir(mienses)
sig(navenail) ; à droite : Lucianus Obr(gsum) I {primas)
sig(navit) 11 . Empreintes de trois bustes impériaux diadè¬
mes, avec les lettres DDD NNN [Dominorum nostrorum ),
qui sont les bustes de Gratien, Valentinien II et Valens.
Empreinte d’une femme assise, tourelée, la Fortune,
avec Sir(mium) en exergue, et dans le champ le mono¬
gramme du Christ12. »
Personnel. — Chez les Grecs, tous les ouvriers occu-
Fig. 5018. — Lingot d'argent.
Fig. 5019.
Lingot muni d'une
courroie.
Fig. 5020. — Lingot d'or avec estampilles.
Pfs dans les mines portaient le nom de gsraXXsïç13. A
l'bh de cette dénomination générale, il y avait des appel-
1 '°ns de sens plus limité, qui désignaient diverses
ca égories d’ouvriers. Le mineur proprement dit s’appe-
ol'lu'^Y 1X,.1,23; A,'ist- Meteor. IV, 6, p. 383 B; Poil. VII, 99; Plin. XXXIII, G9
Ttchn’ol iv ' ’ e)c' lrouve aussi xtSSoî , tçù;, recrementum. Cf. Blümncr,
(]g ,.. ' ' !’• Il®- — 2 Voir feruum, forma, i.ateres. — 3 Ardaillon, Op. cit. p. 118,
l'i'scr' ~ \ CorP-ins°r. lat. II, 3280 a; 3439; 6247; cf. Egger, C. rendus Acad.
V|| '> P- 277; Ephem. Epigr. VIII, 1898, p. 480. — 5 C. i. I.
|) | Hübner, Hbein. Mus. 1857, XII, p. 347 sq. ; Corp. inscr. lat. VII,
hislur saumons d® plomb de la Gaule, voir Abbé Cochet, Seine-Inférieure
"h- p. 401 (Paris, 1806). — 6 Perrot et Chipier, Hist. de l'art , IV, p. 99,
lait : geTaXXsuT^ç ou StopÛTxwv ; les porteurs étaient des
SuXaxotpôpot ; les fondeurs étaient les xtSowvsç, ou xtSotoXoî1 1.
Au-dessus des ouvriers, il y avait des gardiens (tpûXaxei;) u,
qui stimulaient les ouvriers paresseux, prévenaient
fig. 97, d'après Pais, Bull. arch. Sardo , 1884, p. 149. — 7 Diod. V, 38 ; cf. Hübner,
C. i. I. Vil, p. 220. — 8 Babclon, Op. cit. I, p. 886-887, fig. 16. — 9 Ibid.
p. 877, fig. 13. — *0 C. i. I. VII, 1196-1198. — 11 Voir plus haut, p. 1863, pour le
sens du mot obryzum. — 12 Babelon, Op. cit. p. 882-884 tBibliographie). — 13 Plat.
Leg. III, p. 678 D ; Poil. VII, 97 ; Harpocr. s. v. MiWMuùç. — 14 Poil . VII, 99 ; Ilar-
pocr. L. c. ; Comic. ait. Fragm. II, p. 53 (éd. Kock) ; Slrab. IX, 2, 18; Corp. inscr.
att. Il, 3, 3260 6; Hesych. s. v. 0uXaxo*ôpoi ; Pliot. s. v. Ki68»vt;. — 15 Posid. ap.
Allicn. VI, p. 272 e; Diod. III, 12, 3.
MET
— 1866 —
émeutes et désertions. Les chefs d’ateliers étaient appe¬
lés £7rtaTàTat ou liurpoTtoi 1 : c’est tantôt un maître mineur,
qui conduisait les recherches, l’abatage, l’extraction,
b tov At'Qov oiaxpivwv ts/vit^ç 2 ; tantôt un maître fondeur,
qui préside au lavage et règle la marche des fours : c’est
l’7)Ysp.wv tou èpYaemrjptou ou Tàp£txap.tveurrçç3..
Liiez les Romains, les ouvriers des mines s’appelaien
en général metallici \ metallarii-. La loi du Metallum
Vipascense nous apprend qu’il y avait parmi eux des
scaurarii et des /latores. Le scaurarius est en principe
celui qui traite les seoriae , les scories, qui d’après la
définition de Pline sont les impuretés à rejeter du four
dans tout travail de fusion. Mais il est clair que dans le
texte de l’inscription, le mot est pris dans un sens plus
général; le scaurarius est celui qui est chargé des
diverses opérations du triage, du broyage, du lavage, de
la fonte : il traite le minerai proprement dit ( scauriae ),
le menu ( pulverem ex scaureis ), les boues ou résidus de
lavage { rutramina ). Les / latores sont spécialement char¬
gés de la seconde fonte ou coupellation6.
Dans les carrières, le personnel technique se compo¬
sait d’abord de la foule des ouvriers qui portaient le
nom de Xa.Top.ot 1 ou XiOoToptot 8 C’étaient les artifices
metallarii ou quadratorii, les lapicidinarii , les servi
a lapiciclinis des Romains9. 11 y avait parmi eux des
hommes spécialement chargés du déplacement et du
transport des blocs : c’étaient les XtOayo oyot, les XtOouXxot 10
des scieurs (icpiarof11, sectores serrarii, serrarii Au¬
guste 12). Au-dessus d’eux, se trouvent divers employés :
1° 1 ETnTpoTroç XotToutwv, OU 1 èpj£TzinTbtTy]i; tou Xaxop.too 13, qui
avait pour fonction (sab cura ) de surveiller soit une
carrière, soit un chantier u. Plus tard ils portèrent le
nom de philosophie. D’autres étaient désignés pour
diriger la taille des blocs ( caesura ) 16 ; 2° les ingénieurs
chargés du service des machines de transport (àpytxéxTwv,
àpyÎTsxToç, machinarius) 17 ; 3° les agents qui acceptaient
ou refusaient les blocs {probatores) i8.
Le personnel des mines et des carrières appartenait
essentiellement au monde servile, chez les Grecs comme
chez les Romains. En Attique, les ouvriers étaient des
esclaves, et les épistates étaient de même condition 19.
Ces esclaves étaient soit la propriété des concessionnaires
des mines, soit celle de particuliers qui les louaient à un
concessionnaire. Ce n’est pas qu’il n’y ait eu au Laurion
des hommes libres qui travaillaient de leurs propres
mains dans leurs concessions, mais on ne trouve dans
aucun texte trace de salariés20. Chez les Romains, à côté
des esclaves, on employait des ouvriers libres et embau¬
chés ( mercenarii )21 par des entrepreneurs, ou bien des
condamnés22, voire même des soldats23. Pendant les
1 Xen. Oecon. VII, 183 ; XXI, 9; Arist. Oecon. I, 5; Poil. VII, 83; Galena.
XIV, p. 7 (éd. Kiibn) : C. i. gr. 111, 4713. — 2 Diod. III, 12, 5.-3 Aescb.
I, 7 ; cf. Milth. Arch. Inst. At/ien, 1894, p. 243. — 4 Plin. XXXIV, 137 ; IH g.
XL VIII, 19, 8, 8 ; Ibid. 36. — 6 Cod. Theod. X, 19, 15 ; Cod. Just. XI, 7, 7. — 6 C.
i. ait. II, 2, 5181, 1. 46-48; 55-36. Comment, de Hübner, bibliographie. — 7 Mot
très fréquent dans les inscriptions grecques; Poil. VII, 118 ; Ilesych. s. v.
l.aTop.05. On trouve aussi Wùnot : Eust. Ad lliad. II, 319, p. 230, 3. — 8 Xen.
Cyr. III, 2, 11; Poil. L. c. On rencontre encore c-*).r(çoupyot, : C. i.
gr. III, 4528 é, 4705 i, 4716 d. ■ — 9 Corp. inscr. lat. II, 2, 5181 ; Orelli, 2964,
3246. — 10 c. i. att. 1. 312, 331; IV, 1, 297 a. — U Theoph. ap. 5; Gloss.
Philox. p. 116, Labb. : Xt6o*?taTr;ç. — 12 C. i. I. I, 1108 ; II, 1131 ; cf. Bruzza,
p. 129. — 13 Ephem. epigr.M, p. 61, n» 160;Lebas, Inscr. 111, n» 209 1 . — 14 Corp.
inscr. lat. VIII. 14566, 14571-14577; Bruzza, n° 221; cf. Monceaux, Bull. Soc.
antiq. de Irance , 1900, p. 327. — 15 Passio Sanctorum IV coronntorum. éd.
Wattenbach, dans Büdinger , Untersuch. sur Jlôm. Kaisergesch. , 1870, p. 324. Voir
Benndorf. Ibid. p. 343. — 16 C, i. I. VIII, 14586, 14588; Ibid. III, 7029, 7031 sq.;
MET
persécutions, les chrétiens furent en.
travail forcé dans les „lilles ou
Le nombre des ouvriers dans ces e\. i -, EmplI,e'2‘
extrêmement considérable. Au Laurion 4^°““ était
Pendes, il y avait au moins 20000 mH,!’ °P°que d«
les mines»*. D’après Polybe, il y avail £*£*»*«
romain, il n’y ait
chiffres ne
aux mines de Carthagène 26 Ce sont , ' ^^ves
clés textes. Mais il „’L pas
Unie des mines et carrières du monde roma?
eu des centaines de milliers d’ouvriers. Ces
sont pas pour nous étonner, puisque l’nK
machines nécessitait l’emploi exclusif du f
1 homme. IJltls Je
Le travail dans les mines était organisé fie la •
manière chez les Grecs el chez les Romains ■ n
retait ni jour ni nuit. C’est du moins ce ni, Vu '
Diodore et Pline pour les mines d’Égypte el d’Èspagn"
et il n y a pas de raison de penser qu’ailleurs il en fût
autrement27. A la lumière des lampes, les équipes se
succédaient, et c est la durée des lampes qui fixait celle
des veilles 28. On peut conclure d’autres indices encore
qu au Laurion les esclaves travaillaient dix heures de
suite avant d’être relevés. Il est certain que le labeur
était rude, et les auteurs nous font des tableaux lamen¬
tables de l’existence des ouvriers29. Ils étaient forcés de
ramper à genoux ou à plat ventre dans beaucoup de
galeries, où l’air irrespirable, la chaleur accablante
avaient vite raison des plus robustes. Les coups et la mise
aux fers”0 étaient fort usités pour réprimer la mauvaise
volonté des uns, ou vaincre la paresse des autres. En
dépit des précautions prises, de la sévérité des gardes-
chiourmes ou des soldats préposés31, des désertions en
masse, des révoltes se produisaient de temps en temps,
comme celles dont los textes font mention pour les
esclaves du Laurion 32. Dans les carrières, le sort des
esclaves et des condamnés n’était guère plus enviable:
sous l’Empire, des postes militaires, commandés par des
officiers, surveillaient les travailleurs 33. Au Mons Clau-
dianus, il y avait un fort, où tenaient garnison un cen¬
turion et ses hommes 3L
Nous avons un petit nombre de monuments figurés
qui représentent des scènes de travail dans des mines ou
des carrières. Une plaque votive trouvée à Corinthe
(fig. 5021) montre l’ouvrier à moitié nu frappant dune
espèce de hache le front de taille qui se dresse
devant lui et la veine de minerai35. On a déjà vu:
sur une plaque semblable (fig. -1987) des ouvriers
travaillant dans la mine 3C. On rencontre des scènesj
analogues sur un bas-relief de Linarès (Espagne i ,
sur une intaille de la collection de Luynes au Cabinet des
18 11 n 172. 193 J j
cf. Monceaux, Op. cit. p. 327 et 329. — 47 Bruzza, p. 131 sq, 1 ' j '
Monceaux, L. c. — 19 Demoslh. XXXVII, 4-5; Xen. Mem. III- -■ ' " ^
16; Andoc. I, 38; C. i. att. 1104, f!22, 1123. Au litre d’esclaves, les nr‘s”'”"|< V|I)
guerre travaillent dans les carrières : Tl
20-32. — 20 Dem. XLII, 20 ; Xen. Vect. i v, zz ; mcuj....
2, 5181, 1. 49. — 22 Diod. III, 12 sq. ; Jos. Bel. Jud. VI, 9, ï-Al'ls^ ^
(èd. Dindorf). - 23 Tac. Ann. XI, 20 ; C. i. gr. III, «16 d; - - J ’ gg_
77, 78 ; Passio Sanct. IV Coron, (éd. Wattenbach). Ardai loin -o -q
101.
20 Polyb. XXIV,9 =Strab. III, 2, 10. - -, . Aella„.
et 97. — 28 Plin, L. c. — 29 Diod. III, II-I3 ; V, 38 ; Tbeoph. Up. ■
Hist. car. XII, 44; Plut. Comp. Nie. Crass. i. - 30 Diod. III, ’ pÆ
Op. cit. p. 94. - 31 Diod. L. c. - 32 Thuc. VU, 27; Atbeu. VI, P— 'umbcrtJ
Or. V, 9. —33 Marquardt, Manuel Ant. Bom. -X, p- «• l ‘ c[(iu/li(int„,
— 31 C. i. I. III, 25 ; Schweinfurtb, Die S tein bruche am Mon aC(fa,n.
p. 3 sq. — 3b Gaz. arch. 1880, p. 105. — 36 Raye! et Collignon, « ^ ^ |5j.|
gr. p. 147 et 152. — 37 Daubrée. Bev. arch. 1882, X^IH- P- 1 ' '
_ 27 Diod. V 8; f’iin.
MET
18(17
MET
ll(,s i sur une miniature du Virgile du Vatican 2.
111111,1 IlÉCIME légal des mines et des carrières. —
Le régime légal des mines et des carrières
* . I„s |^tats grecs est fort peu connu. 11 n’y a guère
(|Ue pour les mines de l’Attique que nous possédions
quelques données détaillées, et encore controversées.
La question de la propriété des mines et des carrières
esl la première qui se pose. En principe, chez les Grecs,
la propriété d’un terrain entraînait aussi bien la posses¬
sion du dessous que celle du dessus, et « il fallait une
disposition formelle pour qu’il en fût autrement. Dans
les contrats de bail, il n’est pas rare qu’un propriétaire
accorde à son fermier l’autorisation de faire des fouilles,
d’exploiter les carrières et les gisements, de creuser des
conduits souterrains. C’est donc qu’il avait qualité lui-
même pour exécuter tous ces travaux 3 ». A Héraclée,
par exemple, dans la location des terrains sacrés de
Dionysos, le contrat stipule formellement que le preneur
« n’ouvrira point et ne laissera point ouvrir de carrières
dans le terrain sacré4 ». De même dans une inscription
d’Éphèse, on lit que la cité se réserve le droit, sur un
terrain mis en location, d’ouvrir une carrière, s’il est
nécessaire, pour la construction d’un rempart5.
Par suite, conformément à cette règle générale, il est
légitime de penser que les carrières, chez les Grecs, pou¬
vaient appartenir en toute propriété aux particuliers
aussi bien qu’aux cités. Il convient d’ajouter que nous
n avons, ni pour ni contre, aucune preuve formelle. Des
indices seulement semblent confirmer cette manière de
voir. Dans un certain nombre d’inscriptions, on relève
des paiements effectués à des Xa-rogot pour des four¬
rures de pierres 6. A Delphes, les naopes versent
lme première somme pour l’extraction de la pierre,
une seconde pour le transport par mer de Léchaeon
a Kirrha, une troisième pour le transport de Kirrha
sanctuaire. Dans les comptes de construction de
Asclépeion à Épidaure, on paie des carriers pour la
1 des pierres et pour leur transport 7. On a pensé que
PU|^qu il ne s’agissait ici que de taille (TÉgvetv) et d’ex-
ïRction, c est que le prix de la pierre elle-même n’était
P0|nt compris dans le versement, et que par consé-
n. °carrier avait extrait la pierre d’une carrière qui
11 ' aPpartenait point. Cette hypothèse est confirmée
^ ï^übolù 11 Tvnit ' 1
p, 381 r aUe 1 es monna^s, I, p. 702. — 2 Voir dans le Dictionnaire, I,
i U JJ. 'l'ti-t O r, a a
- i jnsr)y \ Cuiraud, La propriété foncière en Grèce, p. 17 4-175.
h$t u ' 1 111 "tiques, X II, I, 1. 137-138. — 6 Benndorf, dans Mittlieil. arch.
' »» ipm ifton
-> 6 B0Urr, 1 P* Wilamowitz, dans Hermès, 1890, XXXIV, p. 200.
tfÉnW., ,8Uet’ DuU- corr. hell. 1898, XXII, p. 314. - 1 Cavvadias, Fouilles
93. _ 9 u -+1> L 5, G, 15, etc. — « Bourguet, Ibid. XX, 189G, p. 199, 1. 14,
; ancotte, L’industrie dans la Grèce ancienne , il, p. 178 sq.
par ce fait qu’à Delphes, par exemple, les XxToaot sont
Corinthiens, Argiens, Béotiens, et que ces derniers ne
pouvaient posséder de carrières sur le territoire de
Corinthe, où ils prennent leurs pierres8. Ainsi les ouvriers
ou entrepreneurs, qui travaillaient pour le compte du
temple de Delphes ou d’Épidaure, et qui fournissaient du
tuf de Corinthe, étaient autorisés à l’extraire d’une car¬
rière appartenant au domaine public de Corinthe9. Des
indications semblables ressortent d’inscriptions attiques
relatives à des constructions d’Eleusis 10, ou d’inscriptions
de Milet". Il était naturel que pour la construction de
grands monuments, les cités n’aient pas songé à s’ap¬
provisionner ailleurs que dans les carrières qui leur
appartenaient en propre 12, et elles se bornaient à payer
le travail des ouvriers qui en extrayaient les blocs de
marbre Cependant, on voit quelquefois sur les comptes
apparaître le prix des pierres elles-mêmes. 11 est à croire,
dans ce cas, que ces carriers étaient possesseurs de
carrières, dont les produits avaient été demandés ou
agréés par les architectes13. Mais il va sans dire que les
édifices privés étaient construits avec des matériaux
achetés à des carrières appartenant à des particuliers. En
résumé, cités et citoyens avaient leurs carrières. Les
villes, quand elles avaient besoin de pierres, les faisaient
extraire par des Xa-rôgot qu’elles payaient pour la taille
et pour le transport. Nous n’avons aucun indice qu’elles
aient affermé des carrières, comme Athènes ses mines14.
Sur les mines grecques, en général, exception faite
pour celles de l’Attique, nous sommes fort mal docu¬
mentés. Nous savons qu’au vic siècle, le tyran Pisistrate
possédait en Thrace, sur les bords du Strymon et au
mont Pangée, des mines d’or dont il tirait de grands
revenus15 : à quel titre et comment en était-il proprié¬
taire, nous l’ignorons. A Thasos, au début du ve siècle,
les mines d’or de Skapté-Ilvlé sur le continent rappor¬
taient à la République 80 talents (472000 francs) par an,
et celles de l’ile même un peu moins. Mais le produit
total en était assez considérable pour que les Thasiens
aient été exempts de l’impôt sur les produits de la terre 16.
De même, à Siphnos, au vie siècle, les mines d’or et d’ar¬
gent donnaient un très gros bénéfice, qui chaque année
était partagé entre les citoyens n. Faut-il conclure de là
que les mines, à Thasos et à Siphnos, faisaient partie du
domaine public? Ce serait aller trop loin. Tout au plus
pouvons-nous induire de ces textes que les deux cités
prélevaient une redevance sur le produit des mines, et
que c’est cette redevance qui dans un cas était partagée,
dans l’autre était consacrée aux dépenses de l’État. Mais
quel était le mode de perception et la valeur de cet impôt,
c’est ce qu’il est impossible de dire. Lorsque Athènes se fut
emparée de Thasos, de ses territoires, de ses gisements
aurifères, il n’est pas douteux que les Athéniens n’aient
tiré des ressources de ces mines, mais dans quelles
conditions, nul ne le sait18. Thucydide nous apprend
qu’il avait des mines d’or en Thrace19: d’où lui ve¬
naient-elles, d’un héritage, d’un mariage? l’historien ne
le dit point20.
(Bruxelles, 1901). — 40 C. ?. att. IV, 1054 c, 1054 g. — Il B. Haussoullier,
Rev. de Philol. 1898, p. 41 sq. — 12 Xen. Hell . I, 2, 14. — 13 Comptes
d’Eleusis, C. i. att. V ; Comptes d’Epidaure : Cavvadias, Fouilles d' Épi¬
daure, L. c. — 1* Cf. Boeckh, Staatsh. d. Ath. 1, 380 (éd. Fracukcl),
— 15 Hevod. I, 64; Arist. Ath. Resp. 15; cf. Thuc. VI, 54. — 16 Herod.
XI, 40. — 11 ld. III, 57. — 18 Boeckh, Op. cit. p. 381. — 19 Thuc. IV, 150.
— 20 Boeckh, L. c.
MET
Pour les mines de l’Allique, fort heureusement, les
renseignements sont plus abondants, au moins pour le
ivc siècle. Un passage d’Aristote et quelques inscriptions
prouvent que les mines faisaient, en principe, partie du
domaine public. L’un dit, en effet, que les polètes, qui
font toutes les adjudications de l’État, vendent et garan¬
tissent les mines, aussi bien celles qui sont en exploita¬
tion et vendues pour trois ans, que celles qui sont concé¬
dées et vendues pour dix ans '. Les autres sont précisé¬
ment des fragments des tables des polètes, portant
mention du nom et de la qualité des psxaÀXa : ce sont les
S'.aypatpat, c’est-à-dire des actes d’enregistrement 2. Ces
inscriptions datent de la seconde moitié du ive siècle. Il
semble donc établi par ces documents que les mines du
Laurion constituent une propriété perpétuelle et inces¬
sible de l’État. Les termes de vente et d’achat employés
par Aristote n’en impliquent pas l’aliénation définitive,
puisque les concessions reviennent à l’État après un laps
de temps déterminé ; d’autre part, quoi qu’on en ait
dit ■1, on ne relève nulle part l’indice que ces lots de
mines pussent être vendus ou légués en héritage.
Cependant deux difficultés se présentent. On a pré¬
tendu que l’État athénien ne possédait en propre qu’un
district minier délimité, en dehors duquel les citoyens
pouvaient être les vrais propriétaires de mines particu¬
lières L Cette opinion s’appuie sur un texte d’Hypéride5,
où il est dit qu’on avait dénoncé Épicratès de Pallène,
comme coupable d’avoir dépassé les limites de sa con¬
cession (èvrbç tûv gÉxpojv TÉp/eiv), et que le tribunal avait
reconnu qu’il n’en était rien, que la mine d’Épicratès était
bien la sienne (’Éyvwaav ïotov eivou xb géxaXXov) : en consé¬
quence, les juges l’avaient confirmé dans la jouissance
de ses droits pour le temps qui lui restait. Si la mine avait
été la propriété personnelle d’Épicratès, on ne voit pas
pourquoi les juges confirmeraient Épicratès dans des
droits qui lui auraient appartenu en principe. En outre,
ni dans Xénophon, qui au chapitre iv des Revenus parle
longuement des mines du Laurion, ni dans Aristote, nous
ne voyons poindre une distinction entre des mines pu¬
bliques et des mines privées6. Quant à faire intervenir
dans le débat un autre texte de Démosthène concernant
la vente d’un atelier (èpyaffxvjptov) 7 et à confondre mine
et atelier, c’est vouloir compliquer la question 8 sans
aucune raison sérieuse, et nier une distinction très nette
dans tous les auteurs9.
Un autre point de controverse résulte d’une difficulté
de lecture du texte de la IloXtxEi'oc : Aristote dit que les
géxaXXa àvaaâ^tga sont loués pour trois ans, et que les
xatvoxofjuott sont loués pour dix ans l0. Les premiers édi¬
teurs du texte Ont lu : e!ç Y ext] 7rE7rpaa£va, OU s tç àst
l Arisl. Athen. Resp. 47; trad. de P. Foucart dans Revue de Philol. XIX,
p. 251. — 2 C. i. att. II, 780, 780 6; IV, 2, 782 b ; II, 781, 782, 783.
Cf. commentaire de Hansen, De mctallis atticis , Hambourg, 1885. — 3 Boeckh, Ueber
die Laurischen Silberbergwerke in Attica , dans les Abhandl. d. Berliner Ahad.
1815, p. 85-140; Gesamm. Klein. Schriften , VI, p. 1 sq., 1 11—1 12; Staatsh.
d. Ath. I, p. 378 ; cf. Ardaillon, Laurion , p. 170 sq. — 4 Lipsius, dans
Y Attisehe Process de Meier et Schoemann, p. 1020-1023 ; dans les Griech.
Alterthümer de Schoemann (4e edit.). I, p. 487 ; l’opinion de Lipsius a été adoptée
par Busolt, Die Griech. Staats-und Rechtsaltertümer (2° éd.), p. 296 ( Handb .
d. klass. Altertums Wissenschaft d’Iwan vou Muller); par Francottc, Industrie
de la Grèce anc. II, p. 183. — 5 Hyper. Pro Euxcn. col. XL IV et XLV (éd. Blass).
— 6 Ardaillon, Ibid. p. 172-173. — 7 Demosth. XXXVII, 22. — 8 Francotte, Op.
cit. p. 185. — 9 Boeckh et Rangabé ne sont jamais tombés dans cette erreur:
Boeckh, Laur. Silb. p. 121 ; Rangabé, Laurion (dans les Mém. prés, par divers
savants à i Acad, lnscr. et Belles-Lettres , 1874, lre série, VIII, p. 297-3 46), p. 315;
cf. Ardaillon, L. c . — 10 Voir plus haut la valeur de cette distinction. — H Arist.
Ath. Resp. 47 : tl' v ervj, éd. Kenyon ; s!; éd. van Leeuwen. — 12 Blass, 2e éd. ;
1868
MET
que la
cefie notion
TTE7rpa|j.eva11 ; d autres ont lu e’l; { gT~ .2 .y ,
nière lecture, il y aurait bien xi eiç y gT' 8 unc der-
se dissimuler que, si tel est le texte d’ Arist - T ^ Pas
contradiction avec les renseignements ^ ’* est etl
dons par ailleurs14. Au contraire, s’il Jsl n°US possé'
durée des mines xaivoxopuai est de dix ans
s’accorde avec tout ce que nous savons1». ’
Les mines sont la propriété de l’État, et cela Pn
d un droit régalien, puisque cette propriété ne VCrUl
que le tréfonds et n'entraîne pas celle de la surfa”*?
respondante du sol. Dans les ,„e „„uspo
dons on voit tndtquer la propriété de surface (Ï8„° oP
le lot de mine se trouve situé •*. Au contraire, les 'us 2
et ateliers où se traitaient les minerais (âpyowxVjptoc) étaient
propriétés privées, vendues et achetées sans intervention
de l'État17, et la possession n’en est aucunement liée à
celle du sous-sol. Comment et quand l’État athénien
a-t-il établi son droit souverain sur le tréfonds, c’est ce
qu’il est impossible de dire. Il est peu probable’ qu’il ait
été à l’origine propriétaire de la surface, et qu’il s’en soit
dessaisi, pour ne garder que le dessous. Tout ce que nous
savons, c’est que très vraisemblablement dès le début du
ve siècle le fait est accompli, puisque le Trésor, avant la
bataille de Salaminc, avait trouvé dans les revenus du
Laurion d’abondantes ressources18.
Les particuliers, qui voulaient louer des lots de mines
avaient le choix entre deux classes de concessions :
mines à ouvrir (xaivoxogiat) ; mines déjà ouvertes et précé¬
demment exploitées (àvaax^iga gÉxxXXa). Chaque conces¬
sion avait un nom particulier, des limites exactes, dont
le bornage est défini dans l’acte de concession l9. Il yen
avait de grandes et de petites, et par suite il était pos¬
sible à de petits personnages, comme le charcutier
d’Aristophane20, d’en louer à leur convenance, comme
il était permis à de riches capitalistes de trouver dans
des exploitations étendues l’emploi de leur fortune 2I.
Aussi la liste des citoyens qui avaient des intérêts au
Laurion présente-t-elle des noms qui appartenaient à
toutes les classes de la société athénienne : Nicias, Cal-
lias et Ilipponicos 22, Antimachôs, fils du banquier
Archestratos 23, et d’autres encore sont parmi les plus
connus. Au contraire, un individu, dont il est question
dans un plaidoyer de Démosthène 2\ travaille dans sa mine
et de ses propres mains ; un autre n’a qu un esclave J
L’État accordait non seulement aux citoyens, mais
encore aux métèques isotèles le droit de louer des con¬
cessions 26. Nous savons qu’un certain Sosias de llnua
payait à Nicias mille oboles par jour pour la location e
mille esclaves qu i travaillaient dans sa mine au l.uu
rion 21. Ainsi, de même qu’ils devenaient a Alleu
Foucart, Revue de Philol. 1895, p. 250. — 13 Ed. Willcken. 14
Euxen. col. XLIV (Blass); Dinarque, cité par Dcnys d HaUcanw ^
l’auteur d’un discours ptTaWixô; contre Micythos : Dion. liai. ^US — _ j a c.
13) ; cf. Hansen, De met. ait. p. 7. - >5 Ardaillon, O. cit. P- ‘ , Sunjum,
i. att. Il, 780, 1. 17-18; 782, 1. 18-9; cf. une inscription di . C i.
où il est question d’un don de terrain pour la construction ( _ n i.
att. IV, 2, 572 c, et Mitth. arch. Inst. Athen. 1894, p- - 1’ 22. Diod.
att. Il, 1122, 1 123. — i» Herod. VII, 144; Thuc. I, 14; A”st’ io Harp'. Suit).
XI, 41 ; Plut. Them. 4; cf. Ardaillon, O. c. p. 137 et 175-1' • 3g {[;iass).|
Zon. a. n. A,«Tf«rt. - 20 Aristoph. Eq. 361; cf’ " 4 .’P|ul. A7r. ii
— 2t Hyper. Pro Euxen. XIJV-XLV (Blass). — Xcn. ec > __ gt Dcmostlnl
Andoc. I, 130. —23 C. i.att. II, 7826, 1. 8 ; cf. Hansen, Op.cit. |2; IV, «il
XLII, 20. — 25 Andoc. I, 38 ; Aristoph. Equit. 361. — 2b Xen. • ^ ^ _ Rallgabé,
cf. Clerc, Les métèques athéniens, p. 211 ; Boeckh, Laui ■ jggg, p. 2*0;
Laurion , p. 16. —27 Xcn. Vect. IV, 14; cf. BOrard, Bu ■ lon ,ain Aïolas O®
Th. Reinach, Rev. des études gr. 1889, p. 94, au sujp
Paphlagonie, jxexaXXeuTq; du Laurion.
MET
— 1 809 —
MET
unis, armateurs ou artisans1, les étrangers
C '""lient aussi se lancer dans l’industrie minière.
I’""'' s et métèques pouvaient s’associer pour exploiter
un lot de mines. Nous connaissons au
Citoyens
Pn commun
, siècie la compagnie d’Hypéride, Eschylide et du (ils
'! | |j,.aiocrate 2, celle de Philippe et Nausiclès, celle
de Pallène et Cie 3. Il semble que dans ces
d^piuai^
sociétés,
Pun des membres fût considéré comme prin-
. J conCessionnaire et répondit pour les autres4.
* Sur la question de la redevance payée par les conces-
ionnaires.au Trésor public, plusieurs hypothèses ont été
soutenues. Boeckh et avec lui Rangabé considèrent que les
lotsde mines étaient soumis à une redevance proportion¬
nelle; mais Boeckh pense qu’il y avait en plus pour chaque
concessionnaire une taxe fixe à acquitter; Rangabé est sur
ce second point d’un avis contraire s. Les oiotypacpat por¬
tent mention d’une somme d’argent 0 : ce serait la taxe
tixe. De plus, Suidas 7 dit ceci : « Ceux qui exploitaient
les mines d’argent, lorsqu’ils voulaient en entamer
une nouvelle, en faisaient la déclaration aux fonction¬
naires chargés de ce soin par le peuple, et ils prenaient
inscription. Ils payaient au fisc la vingt-quatrième partie
du métal retiré 8. » Voilà la redevance proportionnelle.
On se demande, à prendre à la lettre le texte du gram¬
mairien, si ce dernier impôt était prélevé sur le produit
brut ou sur le produit net de la mine. Dans les deux cas,
si l’État ne voulait pas être frustré et volé, il devait insti¬
tuer un contrôle rigoureux et permanent; or, il n’en est
jamais question dans aucun auteur. D’autre part, si l’État
prélève vraiment la vingt-quatrième partie du revenu des
concessionnaires, nous nous heurtons à de très graves
objections d’ordre matériel. En 48-4, le revenu des mines
est de 100 talents pour le Trésor public ; cela supposerait
un gain total pour les entrepreneurs de 2 400 talents, soit
62000 kilogrammes d’argent extraits de 31 500 tonnes de
plomb d’œuvre: c’est pour une année une production abso¬
lument invraisemblable pour le Laurion9. Enfin certains
passages de Dérnosthène n’ont plus de sens dans cette
hypothèse *°. Aussi une autre hypothèse a-t-elle été pro¬
posée, qui consiste à voir dans les sommes portées sur les
SiocypoKpon le montant des fermages annuels que les con¬
cessionnaires s’engageaient à payer. Ce fermage est la
vingt-quatrième partie du produit probable de la mine
concédée, ou en d’autres termes de la valeur légale de la
mme, valeur qui pouvait être aisément fixée à l’avance
pour les lots déjà exploités, et aussi pour les lots vierges
éc toute fouille11. Dès lors s’expliquent l’intérêt que les
Athéniens portaient à l’ouverture de nouvelles mines12,
interdiction que la loi opposait à la démolition des
piliers de minerai (opgoi)13, le nombre des dénonciations
oiûn les entrepreneurs de xatvoTogiat14.
Il est probable que si les choses se passaient de la sorte,
lots de mines étaient mis en adjudication. Nous
saxons qu un certain Moiroclès fut condamné à l’instiga-
1011 (' Éschine pour avoir extorqué 20 drachmes à
chaque concessionnaire : c’étaitsans doute un polèle l3. Le
montant du fermage à payer était inscrit sur l’acte de con¬
cession. La perception en était confiée à des fermiers ; mais
le chiffre de cet impôt était assez élevé pour qu’il fût néces¬
saire d’en diviser la ferme en plusieurs morceaux, dits
à7tovof*xt l6, et les versements étaient faits à la neuvième
prytanie, pendant laquelle l’État recueillait la majeure
partie de ses recettes17. Ces revenus n’avaient pas de
destination particulière. En 484, ils furent consacrés à la
construction d’une flotte de guerre, sur la demande de
Thémistocle 18.
En dehors de cette redevance, les concessionnaires du
Laurion n’échappaient point à l’eisphora ni aux liturgies.
Nicias, dont la fortune consistait principalement dans les
gros bénéfices qu’il tirait du Laurion, a payé l'eisphora 1 *.
De même à l’époque de Dérnosthène, un citoyen qui a
fait sa fortune dans les mines, déclare qu'il est sur la
liste des Trois cents20. D’autre part, Dérnosthène dit que
lorsqu’il y avait lieu de faire un échange de fortune entre
deux citoyens (àvri'8o<riç) on n’avait pas à tenir compte,
dans l’estimation des biens, des intérêts de chacun dans
les travaux des mines, attendu que les lois les exemptent
de tout impôt (osa oi voptoi àxsX-q Treitoir^xzaiv)21 . Comment
concilier ces renseignements contradictoires? On a émis
l’hypothèse quel’àTEÀeta ne s’appliquait qu’au capital que
le concessionnaire engageait dans son exploitation, et que
le reste de sa fortune, provint-elle des revenus successifs
qu’il lirait de sa mine, n’était pas exempt des charges
extraordinaires22. Mais il n’y a aucun indice qui permette
de voir en cette question la vérité.
Les droits de l’État et des concessionnaires étaient
garantis par les polètes et par la loi. Les mines étaient
d'abord protégées, comme le reste des domaines publics,
contre les empiétements ou l’exploitation illégale. Tout
citoyen pouvait dénoncer quiconque exploitait une con¬
cession non inscrite sur les tables des polètes, et lui
intenter une action en justice : c’était l’i-ypâ^ou p.exiXXou
Six?) 23. Si le prévenu était condamné, il devait payer une
amende égale au prix ou au double du prix de la mine.
Au contraire, si le délateur était convaincu de fausseté
et n’obtenait pas le cinquième des suffrages, il était privé
de ses droits civiques24. Si un concessionnaire n’acquit¬
tait pas sa redevance, il voyait sa dette envers le Trésor
doublée 2 3, et était déclaré à-cigo? j usqu’à paiement complet.
Les conflits qui pouvaient s’élever entre les conces¬
sionnaires étaient réglés par la loi des mines, dite b jaetocà-
h xoç vôpoç 26. Cette loi permettait d’intenter une action
pour troubles apportés à la jouissance d’une concession,
dans le cas où un individu était dépossédé de ses chan¬
tiers par un autre, qu’il s’agit d’ailleurs d’une mine ou
d’un atelier ; laisser la fumée envahir les galeries, s’intro¬
duire à main armée ou pratiquer indûment des fouilles
dans l’étendue d’une concession, voilà encore des faits
prévus par la loi 27. Ce dernier délit (t 6 £ittxaxaT£g.veiv tûv
jjixpwv àvTÔç) 28 était très fréquent. Nous connaissons
C,t ■ P- 390 sq- — 2 C._ i. ait. I, 782, 1. 12-14. - 3 Hyper. L. c.
civils d j)1/' ’ HïPer- c • ; Demoslh. XL1I, 3 ; cf. R. Dareste, Plaidoyers
Silb f\y!n05thène’ ‘-P- l93> n. 4; Ardaillon, O. c. p. 186-187.- 5 Boeckh, Laur.
d Mtl " SfP ’ ^‘e Staatsh. d. Ath. 1, p. 377 sq. et, d’après lui, Busolt, Lipsius,
an ■ || laucotte, Op. dt. II, p. 192 sq. ; Rangabé, Laurion , p. 16 sq. — SC. i.
— 8 qra(| ’ ’ 1_ el IP J 781, 1, 8 ; 782, 1. 6. — 7 Suid. s. V. ’Aypâçpou |*eïâVAou Stxïi-
- 10 Deil, ' Laurion , p. 18-19. — 9 Ardaillon, O. c. p. 190-191.
cf, fi, |, . ^XXYll, 22; ef. Ardaillon, Ibid. — U Ardaillon, O. c. p. 191 sq. ;
"arli, y/rr. i/es études gr. 1898, p. 424. — 12 Xcn. Yect. IV, passim ;
Dem. XL1I, passim; Hyper. Pro Euxen. XLV. — H VU. dec. Oral. Lyc. 34.
— n Hyper. L. c. — 1“ Demos th. XIX, 293. — 16 Harpoer. s. v. ’Anovonv Cf.
Boeckh, Laur. Silb. p. 121 ; Rangabé, Op. cit. p. 19. — 17 Arist. Ath. Pesp. 47.
— 1» Herod. VII, 144; Arist. Op. cit. 22; Plut. Themist. 4. — 19 Plut. Nie. 3 ;
Lys. XV111, 7. — 90 Demoslh. XL11, 3, 20, 23, etc. — 21 Demosth. XLH, 18.
— 22 Ardaillon, Op. cit. p. 199; cf. Thumser, üe civium Athenicnsium muneribus,
p, 131 S(J. — ^ Suid. S. V. A>oàçou Stxiq. — 24 Hyper. Pro Euxen. XLHI-
XL1V. — 2o Demosth. XXXVII, 22 ; cf. XLH, 3 et 32. — 26 Id. XXXVII, Argum. et
33-35. — 27 Id. XXX\ II, 25-28 et 33. — 28 Id. Ibid. 36, 38 ; Hyper Pro Euxen. XL1V.
235
MET
— 1870 —
MET
deux plaidoyers écrits pour des procès de cette nature
Il y en avait encore un autre, que Démosthène n’énu¬
mère pas parmi les titres de la loi. C’était le crime qui
consistait à abattre les piliers de minerai soutenant le
toit des exploitations. Lycurgue lit condamner un certain
Diphilos, qui s’était enrichi de cette manière2. Enfin la
loi prévoyait les conflits d’intérêt qui pouvaient s’élever
entre des concessionnaires associés3.
Telles étaient les matières des otxai gexaAXixaî 4. Ces
actions étaient instruites par les archontes Thesmo-
thètes 6 et ces magistrats en saisissaient un tribunal
particulier, le gsraXXixbv BtxaTx-rjGtov 6. Il est probable que
les causes devaientêtre entendues et jugées dans le délai
d un mois 7. Les pénalités qui frappaient les coupables
étaient variables. Pour les trois premiers délits prévus
par la loi, on peut croire que le plaignant avait recours
à diverses actions, en particulier à la Stxr, êl;ouX-y|<; 8. La
violation des limites et la destruction des piliers de
soutènement lésaient les intérêts de l’État et ceux des
concessionnaires : aussi le châtiment de ces méfaits
était-il plus rigoureux. Le premier était poursuivi par
une action publique (<pâ<uç) 9 et le second était puni par
la peine de mort et la confiscation des biens10. Ainsi,
les mines, à Athènes, sauf sur les points que nous
venons d’énumérer, ne faisaient point l’objet d’une légis¬
lation particulière : ni pour leur adjudication, ni pour
le mode de fermage, ni pour les garanties générales de
l’État, elles n’étaient administrées d’une autre manière
que les autres domaines publics de la République. On
s’était borné à prendre, dans une loi spéciale, des me¬
sures de protection ne pouvant s’appliquer qu’à des cas
particuliers, qu’il était difficile aux autres lois de prévoir.
Régime légal des mines et carrières chez les Romains.
— A mesure que Rome étendit sa domination sur les
pays riverains de la Méditerranée, l’État romain devint
naturellement maître d’un nombre de plus en plus grand
de mines et de carrières, soit qu’elles eussent appartenu
à des rois, soit qu’elles aient fait partie de territoires
conquis par la force des armes : les mines et les carrières
constituèrent par leur annexion, comme les champs, les
forêts et les pâturages, l’ ager publiais'1 . Une foule de
gisements miniers, par droit de conquête, tombèrent
ainsi, sous la République, dans le domaine public, en
Espagne, en Gaule, en Italie, en Jllyrie, en Macédoine,
en Asie, en Afrique. Une première conséquence de ces
multiples acquisitions, fut qu’un sénatus-consulte interdit
dans l’Italie l’exploitation des gîtes métallifères *2, nous
ne savons à quelle époque précise, ni pour quelles rai¬
sons; mais il est vraisemblable de supposer que cette
mesure date d’une époque où Rome pouvait déjà trouver
dans les provinces la masse de métaux précieux ou
usuels dont elle avait besoin. D’autre part, l’État se trouva
si bien pourvu, qu’il ne crut pas nécessaire de conserver
pour lui la propriété de toutes les mines, et qu’il en
céda un grand nombre à des particuliers.
C’est ce que nous constatons en Espagne. Strabon,
l Hyper, lb. ; Dinarch. Fragm. 78, p. 452 (éd. Didot). — 2 Vit. dec.
ürat. Lyc. 34. — 3 Demoslh. XXXVII, 38. — 4 Ibid. 2 ; Arist. Ath.
Resp. 52; cf. Meier-Schoemann, Att.Process , p. 634 sq. (éd. Lipsius). — & Dem.
L. c. ; Arist. lb. 59; Poil. VIII, 88. — 6 Dem. Ibid, et 33. — 7 Id. ; Arist.
L. c. cf. emmekoi dirai. — 3 Poil. VII : 59 ; Harpocr. s. v. ’E^oûXr,; Stxyj ;
Schol. Demosth. dans Bull, corr.hell. I, p. 14; voy. exoulè. — 9 Bekker, Anecd.
gr. I, p. 315; Schol. Demosth. (éd. Didot), p. 736. Harpocr. s. v. 4>â?iç. — 10 Vit.
dec.orat. Lyc. 34. — il Marquardt, Organ. financ. chez les Romains , p. 310.
— 12 plin. III, 138. — I3p0lyb. XXXIV, fr. 9 ; cf. Strab. II, 2, 10.111 en est probable-
d apres Polybe, dit que les mines de Carthaeènn
toutes les autres mines de plomb argentifère de
cessèrent d’appartenir à l’État nom- «... 1 ,bér>e,
particuliers 13 ; les mines d’
propriétés de l’État. Un passage de Diodow
Pour passer aux mains des
pour la plupart, restèrent
renseignement. Lorsque les Romains eurent^
Par 11 ne tourbe
l’Ibérie, les mines furent envahies
d’Italiens cupides qui se sont beaucoup enrichis'4 p
certains cas, le Sénat laissa aux indigènes la dosspcÛ' ”
île mines de fer et de cuivre : cela arriva en Macédoinèu
Ainsi, sous la République, en vertu d’une décision
formelle, les citoyens romains et les sujets provinciaux
peuvent se trouver propriétaires déminés et de carrières
Les mines d’or des environs d’Aquilée appartinrent
longtemps aux Taurisques Noriques'6. Crassus avait de
nombreuses mines d’argent en Espagne ». Quelques-unes
de ces propriétés privées subsistèrent même jusqu’au
premier siècle de l’Empire, témoin ce riche S. Marins
mis à mort par Tibère, et dont les mines d’or et d’argent
situées en Espagne, furent confisquées par l’empereur ">]
Cependant l’État ne se démunit point complètement. Il
garda pour lui la plupart des mines d’or, par exemple
celles de Yerceil, dans la Gaule Transpadane celles de
Macédoine, qui furent affermées en 159 2". 11 s’était
réservé le monopole des exploitations de minium ou de
cinabre de Sisapon en Bétique21, et aussi quelques mines
de plomb argentifère ( Samariense metalliim , Antonia-
num metallum ) dans la même province22.
Les mines de l’État étaient affermées tous les cinq ans
à des publicains par le soin des censeurs. On a fait
remarquer avec raison qu’il ne s’agissait point, en matière
de mines, de la ferme d’une simple redevance à lever
sur des entrepreneurs quelconques, mais bien de la
concession de l’exploitation même23. Strabon dit que les
publicains avaient pris à l’entreprise les mines d’or du
pays des Salasses (xoïc S-qgofftojvaiç xoï? épyoXaêvîoaffi xa
ypuo-Eta) 24. Ils étaient alors conductores metallorum. Cela
signifie-t-il que les publicains faisaient travailler pour
leur propre compte des ouvriers qui extrayaient et
traitaient le minerai, ou qu’ils percevaient les rede¬
vances de personnes qui sous leur contrôle faisaient office
de mineurs ou de métallurgistes? L’expression de Strabon
est si nette qu’il est difficile de rejeter la première manièie
de voir28. Il n’est pas douteux que sous 1 Empiie, le
second système ait été employé : nous le savons par
la Lex metalli Vipascensis. Toujours est-il que ^ a
République, les censeurs conservent la haute main hU1
l’flvniminimn • c est ce ci Gi îessoi t
de Yerceil
les conditions de l’exploilation : c’est ce qui
fait qu’ils interdirent aux publicains des mines
etdupays des Salasses d’employer dansleursti avaux i u
de 5000 hommes 26. Ces conductores metallorum son
général associés : c’est le cas de ceux qui avaient a e
les mines de cinabre de Sisapon 2l. Ils paient a. - ^
redevances annuelles, dont le taux nous est inc
nous savons cependant qu’en Espagne T^cs) et
nianum avait été loué 400 000 sesterces (
i xr _ 1® LiV. j
. „ , . YYY1V 91 _ 14 Diod. V, 3o.
ment de même pour les mines de fer : Liv. aaai , • Ann. VI, 19: cl*
XLV, 18. - 16 Strab. IV, 6, 12. - 17 Plut- c rass • 2; “ ' r.ebiéte der rôm.
C. i. I. II, 3280 a et 6247. Voir Hirschfeld, Vntersuch.au! strab. |V, C.7-
Verwaltungsgesch. Berlin, 1876, I, p. 73. '9 et 52 ; XLV. 40. j
— 20 Cassiod. Chron. (éd. Mommsen), p. 610 ; cf. *'• ’ . w X, 396*-
— 21 plin. XXXIII, 118 ; Vitr. VII, 9, 4; Cic. Ph.il. H, • 24Slrab. lV,«-7j I
■ 23 Marquardt, Org. fin. p. 311, , p0|vb. V1-
_ 20 Plin. XXXIII, /8; «b ■
— 22 Plin. XXXIV, 1 65.
— 25 Hirschfeld, Op. cit.
17, 2. — 27 Plin. XXXIII, 118
P' Voir la noie 26 de la page 1870.
MET
— 1871
Ham Samariense avait passé (le 45000 deniers
le'"(, (MK) deniers (3900Ü francs à 175000 francs)
à 'U fini est des mines privées sous la République,
liaient évidemment exploitées au gre de leurs pro-
c"l> 'ii'i,s qUj acquittaient des redevances importantes,
^'ful'le cas en Espagne à partir de Caton 2 : les mines de
^ t d’argent rapportèrent des revenus considérables au
f".' . en fut de même en Macédoine, bien que les
. 'ns aient songé à réduire de moitié le montant des
^devances que les propriétaires payaient aux rois3,
yous ignorons complètement la valeur de ces ressources.
g ou s l’Empire, les mines et carrières changent à la fois
de' maîtres et de mode d’administration. On vit de bonne
heure « s’opérer un mouvement continu de concentration
lre ieg mains des empereurs4 ». TouL d’abord, ils
rirent pour eux, à la place des censeurs, l’administration
des biens du domaine public et en eurent la disposition.
D’autre part, les confiscations, les achats, les successions
firent passer la plupart des mines, autrefois possessions
articulières, entre leurs mains 5. Les unes sont pour le
fi sais, les autres pour le domaine privé du prince. C’est
ainsi que les mines d’or des environs d’Aquilée furent
enlevées aux TaurisquesNoriques ; c’est ainsi que Tibère
P1
confisqua celles de S. Marins6. Aussi constatons- nous que
dès le icr siècle, toutes les mines, toutes les carrières
sont exploitées pour le compte de l’empereur, sauf de
très rares exceptions1. Elles sont administrées par des
procuratores, k'KixçoTzoï, choisis parmi les affranchis ou
parmi les esclaves impériaux.
On a établi qu’il n’y avait pas pour les mines et les
carrières d’administration centrale à Rome, dépendant
d’un procurator metallorum qui aurait eu la gestion de
toutes les affaires minières8. 11 ne parait pas non plus
vraisemblable qu'il y ait eu un procurator chargé des
mines d’une province9. Ce n’est que beaucoup plus tard
qu’il est fait mention dans la Notitia dignitatum d’un
cornes metallorum per Illyricum l0. Mais les procura¬
tores pouvaient gérer dans une province entière et même
dans deux provinces des mines d’une même espèce. Nous
connaissons par exemple des procuratores aurariarum
Dacicarum ferrariarum i2, et un procurator argenta-
riarum Pannoniarum et Dalmatiarum'3. On a dans le
même sens un procurator Augusti novarum Lapicae-
dinarum Aurelianarum en Numidie, un procurator
Marmorum novorum... etc.14 Ces fonctionnaires, néces¬
sairement très nombreux dans toute l’étendue de l’Empire,
devaient relever tous du procurator patrimonii1* .
Les procuratores ont sous leurs ordres toute une série
d employés, mentionnés par les inscriptions : 1° un sub-
procurator 16 ; 2° un secrétaire, comment ariensis 11 ; 3n un
comptable, tabular tus ’8, ex ratione 19 ; 4° un caissier,
1 Clin. XXXIV, 165; cf. Dietrich, Beitr. zur Kenntniss des rôm. Staatspâchter-
Uipz, 1877, p, 23. Le texle de Fline ne permet pas de déterminer la dale
ccs redevances. — 2 Liv. XXXIV, 21 . — 3 Liv. XLII, 12 et 52; XJ.V, 29 cl
1 J. Flacli, La table de bronze d' Aljustrel ( Nouv . Ile v. hisl. du droit français
|y | l("'!lcr, 1878, II, p. 274). — B 0io Cass. LU, 28 (éd. Boissevain). — B Strab.
’ ’ Cac. Ann. VI, 19. — 7 Des carrières de marbre du Pentélique étaient la
H?* ** ^Crode Atlicus : Pans. I, 19, 7 ; VI, 21,2; X, 32, 1 ; Bruzza, lscrizioni,
d'„. * ^‘Seste (XXVII, 9, 3) considère comme propriétés privées les mines
u|Jn‘. et 1 empereur Valentinien, en 365, concède aux particuliers, moyennant
Cf ° ,cllcvance> Ie droit de rechercher les mines d'or : Cod. Theod. X, 19, 12.
r,Uardt’ °P- cit- P- 3-7 : Hirschfeld, Op. cit. p. 73. - 8 Hirschfeld, p. 87.
Lisd mmSen’ Ephem. epigr. III, p. 187, pense qu'il a pu exister un procurator
lent ' °U ln<''IIH’ flispaniae. ïlübner, Marquardt, Plach sont d’un avis diffé-
to v, .em' EP'Vr- HI, p. 171 ; Org. financ. p. 331; Flacli, Op. cit. p. 647
'Jtitla d<gnit. Or. p. 42. — 11 C.
5030 ; V
i. lat. III, 1297. — 12 lb. 3953, 4788, 4809,
’ 81(,‘ 13 lb. m, 6575 ; cf. Hirschfeld, O. cit. p. 86; Marquardt, O.
MET
arcarius 20, un intendant, dispensator ou villicus 21 . Il
est probable que ce bureau n existait au complet que
dans les centres miniers très importants.
Les procuratores , préposés à l’administration et a la
surveillance des mines et carrières, pouvaient diriger
eux-mêmes l’exploitation, ou l’affermer à un ou a plusieurs
publicains ( conductores , p.iaOwTat). La l.ex metalli I ipas-
censis 22 nous fait connaître l’organisation d’une mine
affermée, dans quelques-uns de ses détails, et cependant
sur des points essentiels nous sommes réduits à ne
pouvoir proposer que des hypothèses. Tout d abord il
serait important de savoir si c'est à des individus isoles
ou à des groupes de fermiers distincts les uns des autres
ou à une même société que sont loués les différents
monopoles dont il est question dans le texte21. On peut
penser que la loi ne s’opposait, par elle-même, ni a 1 une
ni à l’autre de ces combinaisons. Si le procurator
trouvait preneur pour le tout ou pour partie de l’exploi¬
tation du metal/um , la loi ne lui défendait pas d accorder
la ferme à un ou plusieurs conductores. Mais il offrait à
ferme toute une série de monopoles distincts les uns des
autres. Pour ce qui est des gisements métalliques, il
affermait séparément les puits, et je suppose que par là
il faut entendre toull’ensemble de l’abatage et de l’extrac¬
tion des minerais, et les travaux métallurgiques de
surface. Le premier lot est mentionné par le titre Usur-
pationes puteorum sive pittaciarum^ ; le second par le
titre Scripturae scaurariorum et testariorum-* . Nous
constatons que les fermiers ne dirigent par eux-mêmes
ni les travaux de la mine ni ceux des ateliers métallur¬
giques : ce sont des entrepreneurs qui occupent puits et
galeries; ce sont des entrepreneurs qui manipulent et
fondent les minerais; ce sont des entrepreneurs qui en
importent du dehors pour leur faire subir la préparation
nécessaire, et ces diverses personnes doivent déclarer au
conductor dans les trois jours ou dans les deux jours le
nombre d’esclaves et d’ouvriers salariés qu'elles emploient,
et payer les redevances fixées26. De même, c’est le pro-
curator lui-même qui met les puits en vente, qu’il faille
entendre par ces mots puteos vendel l’ouverture de
nouvelles exploitations ou la reprise de chantiers aban¬
donnés21. Mais l’acheteur dans ce cas paiera un centième
du prix de la vente (faite aux enchères) d’abord au
conductor des travaux de mine, ensuite au crieur public
ou plutôt au conductor de la criée28. Il n'est pas douteux
que la loi, dans la partie du texte qui nous manque,
n’ait prévu et mentionné les règles de l'exploitation.
En outre, nous voyons que dans le metallum Vipas-
cense le fisc mettait également en location les métiers
que l’agglomération même des fonctionnaires, des
soldats, des entrepreneurs, des ouvriers, des esclaves sur
p. 331 ; Flach, O. c. p. 647. — U C. i. I. VIII, 14551-14552, 14688 sq. ; Bruzza,
p. 188, D° 224, etc. — 15 Marquardt, Op. cit. p. 331. — 16 C. i. I. III, 1088. — 17 lb.
1997. — 18 76. III, t-297, 1313 ; VI, 8484, 8485. — 19 Ibid. VIII, 14560-14563 ; Toutain,
Mélanges de l'École de Rome, XIII, 1893, p. 433 sq. u0® 15 et 26, etc.; cf. Mor.-
ceaux, Op. cit. — 20 C. i. I. III, 3953. — 21 Ibid. III, 1997; 13239-13240. Ccs
employés étaient cerlainement aussi des affranchis ou des esclaves impériaux :
C.i. I. II, -, 5181, I. 23. — 22 lb. Nous la désignerons par Lex met. Vip.
— 23 Hübner, Ephepigr. III, p. 174, croit à l’existence d'une seule société ; Flach
est pour l'opinion opposée : Op. cit. p. 279. — 24 Lex. met. Vip. I. 58-60. — 25 lb.
1 . 46-56. — 26 Lee met . vip. L.c. — 27 four l'explication du mol pittaciarum, deux
hypothèses : l une, de Mommsen, consiste à dire que ce mot désigne un droit de
transcription- do la tablette ( pittaciuni ) qui marquait la prise de possession d'un
puits : voir Ephem. epigr. III, p. 186 ; l'autre, de Willmanns (Zeitsch. f. Bergrecht,
XIX, 2, p. 16), selon laquelle 1 e pittacium est une attestation du droit de l'acheteur :
tant que celui-ci u a pas pris possession lu puits, il paie une taxe fixe ( pittaciarum ).
Cf. ïlübner dans Corp. inscr. lat. Il, 2, p. 800. — 2» Lex met. Vip. 1. 3, 15-16.
MET
— 1872 —
MET
le territoire minier pouvait faire vivre. C’était la mine
qu’était dû le groupement de la population : il paraissait
juste que les professions qui venaient servir cette popu¬
lation payassent une redevance au fisc. Il faut de plus
considérer que la ferme de ces monopoles, dont l’admi¬
nistration était contrôlée d’une façon permanente par le
procurator , assurait à tout le monde la jouissance des
objets ou des services indispensables, faute de quoi
1 exploitation des mines dans un pays difficile pouvait
être rendue impossible '. Plus tard, en effet, au ive et
au vc siècle, le gouvernement impérial fut obligé de
retenir par la force les familles d’ouvriers libres occupés
aux mines, et l’on peut croire qu’une des causes de ce
manque de bras était précisément la difficulté des condi¬
tions d’existence sur les terrains miniers -. Aussi
voyons-nous dans le metallum Vipascence le privilège
de bains gratuits accordé aux affranchis et aux esclaves
de César employés par le procurator , de même qu’aux
soldats h Ainsi la préoccupation du législateur est de
surveiller les conductores , tout en assurant le paiement
des redevances, qui leur étaient dues, pour provoquer
une prospérité croissante de l’exploitation et par suite
1 augmentation des bénéfices du fisc.
Le metallum Vipascense n’était pas le seul affermé
de la sorte. Les metalla Antonianum et Samariense de
la Bétique l’étaient, également \ comme les mines de
cinabre de Sisapon 5, comme les mines de fer de la Nar-
bonnaise 6, du Norique 7, comme les carrières de
porphyre d’Ëgypte8, et bien d’autres encore. Il serait
intéressant de connaître pour quelques-unes de ces mines
ou carrières le montant des revenus qu’en tirait le fisc ou
le patrimoine privé des empereurs; malheureusement
nous n’avons point de données sur ce point9.
Dans d’autres cas, le procurator dirigeait lui-même
l’exploitation des mines et des carrières ; c’est de lui que
dépendait alors le personnel technique dom
parlé précédemment. 11 en était ains’i prind^*
pour les carrières, par exemple en Nunûdh HGnt
Coloma Numidica Simithu{ Chemtou)19 ,,, a..;’ „ans la
a Tralles et à Synnada", e» Grèce à Carvslos" 7“
plusieurs endroits encore. Faut-il voir dans pp
les grandes carrières appartenaient non au //, J! ^
au patrimonium Caesaris , la raison d’être de’ “T’
exploitation directe t par les procuratores, sans
ti°n de fermiers ? Il est permis de le nensP,. „ •
constate que les mines d’or de la Dacie de là r?" ?"
de la Dalmatie13, qui étaient propriétés de l'empereuro ’
de membres de la famille impériale », étaient de même
dirigées par les procuratores , sans qu’on voie paraître
dans les inscriptions qui les concernent le nom des con '
ductores. On voit même à plusieurs reprises des officiers"
tribuns, centurions, décurions chargés en personne dé
la direction de 1 exploitation de certaines carrières18
Ainsi il semble que le système qui consistait à afîermei
les mines fût réservé à celles qui relevaient du fiscus
c’étaient des mines d’argent, de cuivre, defer ; au contraire
les mines dont les revenus tombaient dans la caisse par
ticulière de l’empereur, et spécialement les mines d’or
étaient exploitées directement par les procuratores ; il er
était de même pour les carrières les plus importantes.
Les pénalités qui frappaient les fautes des employés
de l’administration des mines sous l’Empire, nous sont
inconnues, et il est à croire que l’empereur, sous
l'approbation duquel étaient passés les fermages et dont
relevaient tous les procuratores , était le seul juge des
peines à infliger. La Lex metalli Vipascensis ne contient
que des prescriptions touchant les amendes à payer par
les entrepreneurs ou par les particuliers aux conductores ,
quand ils lèsent un monopole, ou par les conductores au
procurator quand ils n’accomplissent pas toutes les
1 J. Flacli, Op. cit. p. 278-279, fait ressortir ce point avec force. Cf. Caillemer,
Bev. critique, 1860, I, p. 185. — 2 Cod. Theod. X, 19, 5, 0, 7, 15 ; ilirschfeld, Op.
cit. p. 90 ; Flacli, L. c. — 3 Lex met. Vip. I. 23-94. — 4 Plin. XXXI V, 165. — 5 Plin.
XXXIII, 118 ; C. i. I. VI, 9634; X, 3964. — 6 C. i. I. XII, 4398. — ^ 1b. III, 4788,
4809, 5036; V, 810. — 8 C. i. gr. V, 4713; cf. Hirsclifeld, Op. cit. p. 82. — 9 Une
allusion de la Lex met. Vip. 1. 34, laisse supposer qu’il y avait une loi spéciale pour
les mines de fer ( ex lege f errariarum) . Cf. C. i. I. 111, 2, 5181, p. 794.
Mommsen a émis l'opinion d’après la ligne 59 (e lege metallis dicta) qu’il
y avait une loi générale sur les mines, dont les autres ne faisaient que
compléter les prescriptions : Eph. epigr. III, p. 187 ; Hübner n'est pas de cet
avis : 1b. p. 185. — 10 Résumé de ce que nous savons sur ce point, dans
Monceaux, Op. cit. p. 324 sq.— U Ephem. epigr. V, p. 61, n° 160 ; Ramsav, Mélanges
de l'Ecole de Home, 1882, p. 294; Monceaux, Op. cit. p. 328 sq. — 12 Bruzza, Op.
cit. p. 172, n° 1. — 13 C. i. I. III, 213, 1297, 1307, 1311, 1313, 6575, 7127.
— 14 Brandis, dans Pauly-Wissow a, Heal-Encycl. IV, 2, p. 1973, à l'art, dacia,
suppose d'après l'inscription 1307 [C. i. I. III) que les mines d’or étaient la propriété
de Lucilia, femme de Lucius Verus. — 13 C. i. I. III, 25 et 75 ; C. i. gr. 4713 ; cf.
Bruzza, Op. cit. n° 237. — Bibliographie. Sur les mines de l’antiquité en
général : Agricola, De re metallica, Bâle, 1757; Carvophilus, De antiquis auri,
argenti, aeris, ferri plumbique fodinis opusculum, Vienne, 1757 ; Savot, Recherches
sur la métallurgie des anciens, Paris, 1779; Reitemeier, Gcscliichte des Bergbaus
und Hüttenwesens bei den alten Vôlkern, Goetling. 1785; Chassot de Florencourt,
Ueber die Bergwerke der A lien, Goetting. 1785 ; Ameitlion, Sur la métallurgie des
anciens cl l'exploitation des mines d'or (Mém. de littérature de l'Acad. lnscr. et
Belles-Lettres, XLVI, 1793, p. 477 sq.); Launay, Die Minérale der Alten, Prague,
1799 ; Sabatier (J. et L.), Production de l'or, de l'argent et du cuivre chez les an¬
ciens, Saint-Pétersb. 1850 ; Zippe, Geschichte der Metalle, Vienne, 1857 ; Rossignol,
Les métaux dans l’antiquité, Paris, 1863 ; A. Léger, Les travaux publics, les mines
et la métallurgie au temps des Romains, Paris, 1875 ; Franlz, Bas Gold im Alter-
thume ( Berg - und Hüttcnmünnische Zeitung, 1880, XXXIX, p. 5 sq.) ; Bas Silber
im-A Iterthume, Jbid. p. 173 ; Blet und Zinn im Allerthume, Ibid. p. 365 ; Hoffmann,
Bas Blei bei den Vôlkern des Alterthums, Berlin, 1885 ; Bliimner, Technologie und
Terminologie der Gewerbe und Künste, IV, Leipzig, 1886. [Voir la bibliographie, art.
ferrim.) - Mines grecques en général : Bursian, Géographie der Griechen-
land, Leipzig, 1862-1868; Neumann et Partsch, Physikal. Géographie von Grie-
chenland, Breslau, 1885; Boeckh, Staatshaushaltung der Athener (éd. Fraenkel),
Berlin, 1886; Guiraud, La main-d'œuvre industrielle dans l'ancienne Grèce [Bibl.
’.e la Faculté des Lettres de l’ Université de Paris, XII), Paris, 1900; Francotle,
,’ industrie dans la Grèce ancienne (Bibl. Faculté Philosophie et Lettres de
'Université de Liège, Vil el VIII), Bruxelles, 1900-1901. — Mines du Laurion :
loeckh, Ueber die Lauriscltcn Silber g wer-ke in Attica ( Abhandl . d. Berlincr
\kad. d. T Viss. 1815, p. 85) ; réédité dans les Gesamm. kl. Schri/ten , VI, p. 1 sq.j
lordella, Le Laurion, Marseille, 1869; Baugabé, Du Laurion (Mém. présentés par
’ivers savants à l'Acad. des lnscr. et Belles- Lettres, lre série, 16/4, b 'III,
‘ partie, p. 297-346) ; Hansen, De metallis allicis , Hambourg, 1885; J. -J. Bimlcr,
’.aurion, die attischen Bergwerke im Alterthum , Laibacli, 1895 ; Ardaillou, Mines
!« Laurion dans l'antiquité, Paris, 1897 ; de Launay, Les mines du Laurion dans
antiquité (Annales des Mines , 1899). — Siphnos ; Bout, On the Gobi and si h n
I Lines of Siphnos (Journ. of hellenic Studies, VII, 1885, p. 195). Cbypie ■
i. Gaudry, Géologie de Vile de Chypre (Mém. de la Soc. géologirp
France, III, Paris). — Mines romaines en général : Hirschfctl, l a er-l
uch. aus dem Gebiete der rom. Verwaltungsgeschichte, I, l1- - 1
èrqwerke ; Binder, Die Bergwerke im rômischen Staatshaushaltung, »*'
Hübner, Rômisch. Bergwerksverwaltung (Deutsche
Hirst, On the mining operations of the ancien t Homans
Journal, X L 1 1 , n» 165); Marquardt, Organis. financière _
... 317 (trad. Vigié), Paris, ,888. - Italie-Sardaigne : S, mom.
t,1 l’exploitation des mines et de la métallurgie en Toscane pt axai i ^
le moyen âge (Annales des Mines, 1858, p. 657) ; de Launay, ,s ne . Bet|ie;
i strie minière en Sardaigne (Ann. des Mines, 1892, p. 51 1). .s^?ap0|0(j Com-
ommentatio de antiquae Hispaniae re metallica, Goeltingue, Pcrnollet,
entatio de metalli fodinis antiquis Hispaniae, Goettinguc, . ^ ^ ^
’ines et fonderies du midi de l'Espagne (Annales des ' çmnieM,
253) ; Roesinger, Ueber den Gold und Silberreichtbum < o 1877. ]||t
diwcidnitz, 1858; Hübner, Lex metalli Vipascensis (Ephem. V9-
, 65) ; J. Flacli, La table de bronze d’Aljustrel (Nouv. Ilrvun is ^ Vipas-
étranger, 1878, H, p. 269 et 645); Hübner, Commentaire a » _|yo y Ta,.iu,
nsis, Corp . inscr. lat. II, 2, 5181 (bibiiographie spéciale] \,^ {Memjgapa
escripcion fisica, geologica y minera de la prov incia i cuivre dans
•ol. di Espan a), II, Madrid, 1888.; de Launay, Mém. sur Ivio « .
région d'Huelva (Annales des Mines, 1889, p. 427). ^ an Qaule (i?eu. ai-cA-
storique sur l’exploitation des mines métalliques tans ^ la Gaide
, XVII, p. 298-313; 1881, XL1, p. 201, 261, 327); Desjar ms, • ■ Rmischt
l,p. 409-430, Paris, 1876, — Grande-Bretagne .
1880 ;
11, p. 196)
laeological
omains, p.
naine
— 1873 —
MET
MET
. ju cahier des charges; il n’y est point fait
con, "|"| ,.omme dans la loi des mines d’Athènes, de
^"'""•vltcignant ceux qui commettent des délits dans
f "'ioiUition même des mines. E. Ardaillon.
U npine des mines ( darnnatio ad metalla ),
pour la
• ei-nVITUS POENAE.
v0"rTA,X,KAI DIKAI [metalla p. 1869, 1870].
' fT'YTOR [CASTRORUM metator, metatum].
'\fTATUM. — On appelait ainsi ', chez les Romains,
,J.uf<re au logement imposée aux propriétaires, au
Mules militaires, et de certains employés civils. Elle
'"." niait sans doute de l’ancienne coutume, déjà en
Mcur sous la République, d’obliger les villes alliées ou
vlpelu,s à recevoir les envoyés du Sénat, les gouverneurs
Mur escorte, et même de leur fournir des moyens de
transport [corses publicus, provincia]. Dès les premiers
, g ae l’Empire, on trouve dans les textes du Digeste -
la meuve que la charge de loger les troupes est imposée
aux possessores de chaque cité à tour de rôle, comme
attachée à la propriété ( muiius patrimonii) ; on l’appelle
aussi mimas hospitis in domo recipiendi3 ou ÈTu<ri:a0p.t'av.
Elle s'appliquait au profit des magistrats romains, aux gou¬
verneurs ( praetores , judices ), à leur escorte (' comitatus ),
enfin aux soldats en marche5, et même aux auxiliaires
barbares, foederati ou autres, faisant partie de l’armée.
Dans certains cas une portion de fruits devait même
être prestée par les propriétaires ob transitum exer-
citus6. Les anciens ouvrages des agrimensores ou
gromatici mentionnent aussi la charge de fournir
l’impôt en nature ( annona publica ), soit à la troupe
[milili praetereunti), soit aux compagnons du gouver¬
neur, du magistrat ou du prince (comitatui)'’ . Des
constitutions déterminent les cas où les cités doivent
l’annone aux présidents et aux intendants et à leurs
bêtes de somme 8 ; le tout sans préjudice des réquisitions
extraordinaires [comparatio publica] 9. 11 ne faut pas
confondre cette charge réelle du logement pesant sur les
possesseurs avec la charge personnelle des xenupa-
rochi lü des municipes, c’est-à-dire la surveillance des
maisons municipales destinées aux hôtes de la cité,
hospitalium domorum cura". Ceux qui faisaient usage
de la poste publique, en vertu d’un permis du prince
[evectio, cursus publicus], n’avaient pas droit à la nour¬
riture dans les gîtes (rnansiones) , à moins que le diplôme
(tracloriae) indiquant l'itinéraire ne leur concédât le
viatique [ viaticum ), dont il déterminait l’étendue avec
le nom du titulaire12. Il était interdit du reste aux
voyageurs ou fonctionnaires de distinction de s installer
dans les palais impériaux qui se trouvaient dans un
grand nombre de cités13, sauf exception pour les gou¬
verneurs dans les villes éloignées des routes qui ne
possèdent pas de prétoires (praetoria) 1 1 ; on défend
aussi aux tribuns des légions et aux. comtes d exiger
l’usage gratuit des bains des ciLés 1 °.
Les constitutions impériales défendaient aux soldats
des troupes de passage d’exiger des provinciaux autre
chose que le logement. Une lettre d’Aurélien ad vicarium
suum interdit notamment aux soldats de réclamer de
l’huile, du sel et du bois, et leur prescrit de se contenter
del’annone fournie par l’État16 et de se conduire décem¬
ment dans leurs quartiers : in hospitiis caste se agant.
Constance et Constant, en 340, renouvellent cette prohi¬
bition dans une constitution adressée aux provinciaux,
et en 342, dans un rescritau préfet du prétoire Léontius1 '.
Les abus se perpétuaient, car \alentinien, lhéodose et
Arcadius, en 393, défendent encore de demander rien, à
titre d’aliments ( salgami nomine), ni huile, ni bois, ni
literie18, llonorius et Théodose appliquent la même règle
en 416 à quiconque a droit au logement19.
Le logement était dû à une série d’officiers civils,
d’abord à l’empereur et à sa suite, comitatui 20, et cela
sans aucune exemption, puis aux gouverneurs de pro¬
vince, judices21. Le magister officiorum [officia] avait
sous ses ordres le corps des metatores ou mensores 22 (ou
maréchaux de logis), commandés par un primicerius ; ils
étaient chargés de marquer les logements, en indiquant
sur la porte de la maison le nom du destinataire ; il était
interdit d’effacer ces marques sous peine de faux **. Les
particuliers n’étaient d’ailleurs tenus que de mettre le
tiers de leur maison àla dispositiondes hôtes ( hospites)r\
et la moitié pour un personnage de la classe des illustres,
non compris les boutiques destinées au commerce
Certaines maisons, exemptes pour la moitié ou les deux
tiers, ne fournissaient que le tiers du surplus. Les
ayants droit ne pouvaient convertir en argent la charge
du logement; la vente de l’exemption était une fraude
connue sous le nom cYepidemeticum et frappée d’exil et
de confiscation26. La franchise du metatum était accordée
à certains dignitaires pour une ou plusieurs de leurs
maisons2', suivant lpur rang, aux médecins ( archiatri )
du palais de l’empereur et à ceux de la capitale, aux
professeurs de belles lettres et de peinture28, aux maisons
bleigruben in Britannica (Rhein. Muséum fur PhiXologie, XII, 1857, p. 340 sq.) ;
Cort ■ inscr. lut. VII, p. 220 (bibliographie spéciale). — Carrières en général :
Borghcsi ci Ilcnzen, Annali, 1843, p. 333-346 ; Bruzza, Iscrizioni dei marmi grezzi
Amali, XL11, 1870, p. 100-204) ; de Rossi, Dei cristiani condannati aile cave dei
"larm> ( Bvllet . di archelog. -crût. 1808, p. 17; 1879, p. 52). — Afrique:
Héron de Villefosse, Jlev. arcli. 1882, XLIII, p. 293; Cagnat, Explorations en
ïttniaie, â* rapporl, Paris, 1884. p. 101 ; Nouvelles explorations en Tunisie, Paris,
18S7> ]>■ 97 ; Toutain, Mél. de l'École de Borne, XIII, 1893, p. 433; Monceaux,
ioc' des Antiquaires de France, 1900, p. 323. — Grèce : Ross, Insclreisen,
■ R'Itgarl, 1840-1852; Fiedler, Ileise durch aile Theile des Kônigreichs Griechen-
"nrf’ Leipzig, 1841; Lepsius, Griech. Marmorstudien ( Abhandl . d. Akad. d.
^sensch. zu Berlin, 1890), Berlin, 1891. — Égypte : La Rosière, Descript.
j L'/ÿpfe, III, p. 424, Paris, 1821 ; Letronne, Recueil des Inscriptions, I, p. 15S ;
‘"emfurih, Die Steinbrüche am Mons Claudianus in der osll. Wüste
J./ypU’ns (Zeitsch. d. Gesellschaft fiir lirdkunde zu Berlin, 1897, XXXII, p. 1).
, Sle Hamsay, Mil, de l'École de Rome, 1882, II, p
E ]v',es Antiq. de France, 1900, p. 323.
1870 °y"er’ JtÔm" Ste'nbrüche auf dem Felsba g a. d. Bergstrasse, Darmstadt,
,. "ll cn °nlre la bibliographie des articles i.aims, MAnxion.
Cer„ ' Vll M' ' Cod‘ VII, 8, De metatis; Cod. Just. XII, 41; voir Uaupp,
dm U Anaie^un9«n, IIP Abschnitt, Lieferungs undEinquartierungswesen bei
m' Ar'neen in den letz. ahrhund. des occid. Kaiserreichs, et Ve Abschnitt,
291 ; Monceaux, Bull.
— Germanie : A. von Cohausen,
Breslau, 1844. — 2 Dig. De mimer. L, 4, fr. 6, §5 5 et 15 ; fr. 18, §§ 21 , 22, 25.
— 3 Dig. L, b, De vacat. et exc. fr. 11. — 4Cic. Ad Att. XIII, 52, 2; Polyb. XV, 24,
2, 3: Hesych. s. h. v. — 5 Kuhn, Die staedt. und bilrg. Verfass. p. 61.
— 0 Dig. De usuf. VII, 1, fr. 27, §3.-7 Sic. Flacc. De cond. agr. p. 165, éd.
Lachmann. — » Cod. Theod. VIII, 5, 3, De cars u publico. — 9 Serrigny, O. I. I,
n„ 410. — 10 Dig. L, 4, De mimer, fr. 18, § 10. — U Cod. Theod. XI, 16, c. 15.
De extraord. sive sordid. XI, 16. — 12 Ibid. VIII, 6, De tractoriis et stativis, 1
el 2. _ 13 Ibid. VII, 10, 1 , Ne quis in palatio maneal. — *4 Ibid. eod. titul.
— 15 Ibid. VII, 11, Ne comit. et trib. lavacra praest.-.l et 2. — >6 Vopisc.
Aurel. 7; Godefroid, Paratitl. ad Cod. Theod h VII, 1; De re mil. p. 251 el s.;
Gaupp, German. Ansiedlung. p. 85-93. — U Cod. Theod. VII, 9, c. 1 et 2, 10, De
salgamo hospit. non praeb.; Cod. Just. XII, 42. — 18 Cod. Th. VU, 9, 3.
— 19 Ibid. VII, 9, 4. — -b Ibid. VII, 8, 8, 14; Cod. Just. XII, 41, 4, De
metatis ; Serrigny, Droit publ. rom. I, nos 120 à 130. — 21 Cod. Th. VU, 8, 6, 61 ;
C. Just. XII, 41, 3. — 22 Cod. Th. VI, 34, 1, De mensor. ibique, Godefroid.
_ 23 Cod. Th. Vil, 8, 4, 5 ; C. Just. XII, 41, 1, 2, De metatis. — Ce fut peut-être
l'origine du système adopté par les anciens foederati bourguignons et wisigolhs, quand
ils imposèrent à leurs hôtes gaulois le partage de leurs terres. Voir Gaupp, Op. cit.
sect. V; Léotard, Condit. des barbares, p. 100, Paris, 1873. — 25 Cod. Th. VU, 8, 5-
13, 16; C. Just. XII, 41,2. — 28 Cod. Just. XII, 41, 12, De mêlât. ; Serrigny, Op. cit,
n«« 429-430. — 27 Cod. Just. XII, 41, 10; C. Th. VU, 8, 15, 16. — 28 C. Just. XII, 41.
8 ; C. Th} Xlll 3, 16, 18, De medicis; C. Theod. XIII, 5, 4, De excus. arlific.
MET
— \ 874 —
MET
des employés des fabriques impériales {fabriccnses)
Justinien, par sa Novelle 130 rendue en 5 43, réglementa à
nouveau la matière du logement militaire. G. Humbert.
METAXA, MATAXA ((Asxa^a), lil, corde, écheveau. —
Ce mot se rencontre anciennement sous la forme malaxa :
désignant premièrement la corde à laquelle est suspendu
un plomb de somj,e 1 ; deuxièmement, le lien qui assemble
un faisceau destiné à faire des lattes de couverture; selon
d’autres, ce faisceau même, dont les brins sont rangés
sous le lien comme ceux d’un écheveau 2.
On ne trouve plus ensuite que la forme metaxa au Bas-
Empire; c est alors le nom de la soie grège en écheveau
ou, comme on dit encore, en tnatasse [serica], E. S.
METAXAR1US. — Ouvrier qui travaille la soie grège
ou metaxa'.
METEOROLOGIA. — Les modernes comprennent
d’ordinaire sous le nom de météorologie l'étude de tous
les phénomènes qui se produisent dans 1 atmosphère.
Les anciens attribuaient généralement un domaine plus
vaste à la météorologie. Aristote a fait entrer dans le
traité en quatre livres qui porte le titre de MeTewpXoytxà,
l’explication de tous les phénomènes où figure l’un des
quatre éléments, la terre (minéraux), le feu, l’air (gaz)
et l’eau (liquides). Toutefois, Pollux' restreint considé¬
rablement ce domaine et le circonscrit dans un canton de
l’astronomie.
Nous allons passer rapidement en revue les principaux
points de la science météorologique, savoir la question
de la foudre , celles des aurores boréales , des étoiles
filantes , des aérolithes, de Y arc-en-ciel El des marées.
En ce qui concerne la foudre, qui a été le sujet d’un
article spécial [fulmenJ, nous n’en dirons que peu
de mots, à titre de complément. La philosophie hésita
quelquefois à chercher la signification de la foudre.
Socrate, cité par Xénophon 2, désapprouve cette recherche ;
l’école pythagoricienne s’en abstient ; mais tous les phi¬
losophes naturalistes ont tenté d’expliquer ce phéno¬
mène. Suivant la plupart, au premier rang desquels se
rencontre Aristote 3, la foudre est un souflle (Ttvsujjix,
spiritus ), qui s’enflamme dans les nuages au moment de
l’éclair ou, en d’autres termes, un jet de gaz enflammé1.
Une autre école, représentée par Démocrite, Épicure,
Lucrèce et Galien, voulait que la foudre préexistât dans
les nuages avant d’y apparaitre et. qu’elle fûL constituée
par la réunion des germes ignés répandus partout,
notamment dans les nuages, et par leur éruption brus¬
quement effectuée. Toutefois, Épicure et Lucrèce, son
fidèle représentant, admettent toute autre explication,
pourvu qu’elle puisse concorder avec la théorie des
atomes, fondement de leur doctrine scientifique.
Anaxagore, cité par Aristote et Sénèque, supposait que
le feu de la foudre s’était formé dans l’éther, région
supérieure à celle des nuées; Empédocle avait proposé
une hypothèse analogue. L’astronome Cl. Ptolémée, au
iC siècle de notre ère, et son commentateur Proclus, au
V° S1^cle> attribuaient aux planètes une influence dm
nante sur la foudre; mais on trouve déjà uno Prn“'
cette opinion dans l’explication de Sénèque •Ce <le
dant "c P“rail P»s admettre c,ue la régie,; Tl. Cep';n'
gique soit très élevée. 8 nuteorolo-
U1 v U DCo
i. ont ete remplacées nar h
notions vraiment scientifiques que dans , P dos
moitié du xviip siècle et, comme l’a dit Th H v,eCOlule
sur ce chapitre « Descartes en savait moins que Sé!*1" S
c f ‘ -7 ,ls ;'a™ient, pas plus le premier que L
« le fil conducteur préparé par Otto de Guericke w n
Hawkesby, Dufay, Wilcke, OEpinus, Richniann Jfv
bard, Nollet, etc., et achevé par Franklin » ’
Parmi les phénomènes que les anciens rapprochaient
de la foudre, nous citerons la trombe incendiaire o,
prester (irp-^o), qui joue un grand rôle dans lamvthn-
logie philosophique des néopythagoriciens6 ; le typhon
(*cucpcjjv) ou trombe ordinaire, et l’ouragan {intmlJ
L antiquité figurée nous a conservé sous plusieurs
formes la représentation de la foudre [fulmen]. L’étude
de ces types permet de constater que les Grecs, les
Romains et les Étrusques ont une façon commune de
représenter la foudre.
On a essayé de démontrer que les anciens avaient
connu et pratiqué des procédés pour attirer ou plutôt
pour produire la foudre à volonté. L’on a même avancé
qu ils avaient eu des espècesde paratonnerres. M. Th. -H.
Martin a fait justice de ces vaines tentatives, et sur cette
question, comme sur toute la météorologie antique, nous
conclurons avec lui : « A chacun sa part légitime, mais
unique ; aux anciens le mérite d’avoir fait les premiers
pas dans le chemin de la science de l’électricité atmo¬
sphérique, au milieu de beaucoup de difficultés et de
préjugés, avec les tâtonnements de l’inexpérience, avec
les incertitudes d’une méthode non formée et avec la
hâte de conclure d’après des données insuffisantes ; à
eux l’honneur de s’être avancés cependant assez loin
dans cette science pour n’y avoir été dépassés que depuis
le milieu du siècle dernier. Aux modernes, depuis cette
époque, le mérite de s’être avancés beaucoup plus loin et
plus sûrement que les anciens en profitant des recherches,
des vues et des fautes mêmes de leurs devanciers, mais
surtout en pratiquant avec plus de fidélité et de persévé¬
rance la méthode d’observation et d’induction, et surtout
la méthode d’expérimentation à l’aide d’instruments7. »
Feu Saint-Elme 8 ; feu d'Hélène. — Les anciens
avaient remarqué la lueur brillante qui se produit quel¬
quefois la nuit à l’extrémité du mât des navires ou plus
généralement de toute espèce de pointe métallique ou
autre, et qui a reçu le nom de feu Saint-Elme. Ce phéno¬
mène n’a pas de nom particulier dans l’antiquité, mais
les marins voyaient dans son apparition l’intervention
de leurs divins protecteurs, les Dioscures, qu’il ne faut
pas confondre ici avec la constellation de même nom ou
des Gémeaux. Les armées romaines et même grecques
1 Cod. Theod. VII, 8, 8, De melatis. — Bibliographie. J. Godefroid, Comin. ad
Cod. Theod. \ II, p. 256-261, éd. Hitler. Leipzig, 1755; Walter, Gesch. d. rom.
Bechls. éd. Bonn, 1860, n» 418 ; Serrigny, Droit public romain , I, u°‘ 425 et s. Paris,
180-, Kuhn, Die stüdt. und àürgerl. Verfassung des rôm. Reichs, I, p. 49, 61,
65 et s. Leipz. 1865 ; Bouchard, Étude sur l’administr. des finances de L'Empire
rom. dans tes derniers temps de son existence, 1871, p. 316; Willems, Droit
public romain, 5' éd . p. 642.
MLTAXA, MATAXA. 1 Lucil. ap. Fest. s. v. Rodus, et ap. Isid. Or. XIX, 4, 10.
— 2 Vitruv. VII, 3, 2, avec les comment, de Philander, Budée, Turnèbe, etc. ; cl.
Baldi, De verb, Vilruv. signif. p. 104; Du Cange, Gloss med. latin, s. v. Malaxa. I
METAXARIUS. 1 Cod. Just. VIII, 14, 27. -
METEOROLOGIA. 1 Onom. IV, 20. — 2 Memor. IV, § 8. - 3 Meteor. ,
— 4 Th. -H. Martin, La foudre, p. 245. — 6 La foudre, p. 131- — 6 ^anl
IIeçi twï itpiûxmv 4p/ùlv, t. II, p. 125, Éd. Ruelle. " /oïd ,
— 8 Th.-H. Martin a établi (La foudre, p. 299) l'étymologie de cetlc ^
feu Saint-Elme (en allemand Elmsfeuer, eu italien fuoco di santé ^^.se
Ermo) où l’on a prétendu voir feu d'Hermès, par suite dune
purement gratuite. Elmo est une abréviation populaire d Erasmo. l-al” marjn5
évéque et martyr syrien du in* siècle, fut pris pour patron par
italiens.
MET
— 1875 —
MET
ex
aussi (les exemples d’aigrettes lumineuses
0111 f0'" 'u1i les fers de lances et que l’on nommait étoiles,
surinoi1 |‘ulreiigion r0maine en tirait des augures, auspi-
slell,"‘.' minibus \ mais ce genre de phénomène n’est
rl(l U, uS sans réserve par la critique moderne 2.
paS aC "t an feu d’Hélène, espèce de météore qui se rap-
QTl,eaucoup du bolide, il est souvent confondu chez
pr°l " -ii ns avec le feu des Dioscures ; seulement son
leSanC'v, narfois jusqu’à brûler ou submerger les
•(,PS3 C’est la foudre en globe.
Aurore boréale. - Pour soupçonner les rapports qui
A (int.re les phénomènes de l’aimant et les aurores
lb ' '' leg Grecs et les Romains auraient eu besoin,
b0rt'"Tue l’a remarqué Th.-H. Martin *, de plusieurs
'Innaissances qui leur ont fait défaut, notamment la
,rité des aimants, la direction de l’aiguille aimantée,
P°;)larité magnétique du globe terrestre, l’agitation
. primée par les aurores boréales à l’aiguille de la bous-
‘ |t, |a direction constante des arcs de l’aurore boréale
d ar rapport au méridien magnétique, et les phénomènes
lumineux produits par l’électricité dans l’air très raréfié
d’un récipient où l’on a fait le vide. De plus, « les aurores
boréales un peu intenses sont rares en Grèce et en Italie
et devaient l'être dans l’antiquité ». Aristote3 consacre un
cour! passage à ces météores, et parle de diverses appa¬
ritions observées pendant les nuits sereines, ressemblant
à des gouffres béants, x<*< rga-ra, à des trous, poOuvoi, à des
taches de couleur sanguinolente, alp-axwo^ xp^ga-ra. Il
attribue la cause de ces phénomènes à une colora¬
tion de l’air produite sans combustion par la réfraction
(wxkmï) de la lumière à travers un milieu plus ou
moins dense. Quant à la cause de cette lumière nocturne,
il ne la donne pas et ne pouvait la trouver, ignorant,
ainsi rpie toute l’antiquité, la constitution magnétique
du globe terrestre et l’orientation de 1 aiguille aimantée.
Sénèque semble avoir voulu parler G des aurores
boréales, plutôt d’après les écrits des Grecs que d après
ses propres observations. Il suppose que les goufïres
(chasmata) et les trous ( bothynae ) sont des profondeurs
lumineuses entrevues comme par une ouverture des
parois du ciel. Pline l’Ancien 7, Tite-Live 8, Sénèque 9,
Tacite10, n’ajoutent rien à la description d Aristote; ils
mentionnent seulement quelques phénomènes dont
l’observation a été recueillie soit en Italie, soit dans les
expéditions des armées romaines. Dion Cassius est le
seul auteur, chez les anciens, qui relate une apparition
boréale comme s’étant produite au nord : « Un feu sou¬
dain fut vu pendant la nuit, dans 1 air, vers le nord , et
si grand qu’il semblait aux uns que la ville entière, a
d autres que le ciel même brûlait*1. » Plutarque12 rap¬
porte que dans la mer située au nord-ouest de 1 ile de
Bretagne se trouvent d’autres îles dans lesquelles, pen¬
dant trente jours consécutifs, le soleil ne reste pas plus
dune heure par jour au-dessous de 1 horizon. Il y a lieu
de voir dans les détails positifs de cette description,
entremêlée de merveilleux, les brillantes aurores boréales
belles qu’en présentent les régions polaires.
Étoiles filantes. — Aristote13 prétend qu’elles se pro-
1 Oie. Divin. Il, 3G. — 2 Voir Th.-H. Martin, La foudre, p. 229.
" 3 Plin. Hist. nat. Il, 37, 10t. — 1 Op. I. p. 85. — 3 Meteor. I, § 5.
' 6 (-'“«est. nat. I, 13. - ^ Hist. nat. Il, §§ 20, 33, 57. - 8 III, 5 et
_G XXXI, 13 ; XXXII, 9; XLllI, 15. - U. c. - « German. § 45.
I 1 1**0 Cass. LXXV, § 4. — 12 De iis quae in luna vid. 20. — 13 Meteor.
6-l|. _ h Quaest naL 1; n. _ lü Recherches sur les météores
(luisent à peu de distance de la terre, et que leur dii ac¬
tion a lieu en diagonale. Il en attribue la cause a la
double évaporation, l’une humide, l’autre sous forme
d’air ou de gaz, qui se produit sous 1 influence du soleil,
et qui, arrivée à une certaine hauteur dans 1 atmo¬
sphère, s’enflammerait par suite de la rapidité de son
mouvement. La croyance populaire en faisait des astres,
skiera. Sénèque paraît admettre11 que ces météores
annoncent une tempête. Cette explication n a pas, évidem¬
ment, une bien grande valeur, mais il faut reconnaître
que la science moderne serait fort en peine de la rem¬
placer avec une parfaite certitude. Coulvier-Gravier, après
avoir passé plus de cinquante années de son existence a
observer ces météores, à étudier les lois qui les régis¬
sent, est mort avec la conviction qu’il les avait trou¬
vées15, mais sans vouloir affirmer qu’il connaissait les
éléments qui composent les étoiles filantes. Son gendre
et continuateur, Chapelas-Coulvier, qui poursuivait les
mêmes études, a gardé la même réserve.
Aérolithes. — Les auteurs anciens ont relaté plusieurs
observations de pierres de foudre (xspaôvtov, xepauviVrg,
ceraunia), tombées à la suite de brillants éclairs et d un
violent coup de tonnerre. Th.-H. Martin a reproduit
presque tous ces témoignages en les illustrant de son
appréciation critique 16, d où il ressort que les Grecs et les
Romains auraient connu les aérolithes proprement dits,
lesquels avaient fait admettre dans les croyances popu¬
laires la pensée que la foudre était presque toujours accom¬
pagnée de pierres ou de soufre [argoi liteoi, baetxlia .
Chez les Romains, l’usage était d’enfouir les pierres ou les
objets frappés par la foudre afin de lui ôter son action.
Cette pratique rentrait dans les attributions des aruspices,
qui prenaient alors le nom de fulguratores [fulmen].
Au 111e siècle de notre ère, le grammairien Nonius Mar-
cellus 11 distingue dans la foudre le trait, telum (péXoç,
péXegvoç, ’Éyx0?)) fl111 est lancé, et le feu qui constitue
l’éclair. De cette expression figurée est venu le terme de
bélemnites, fossiles en forme de fer de lance axec les¬
quels on a souvent confondu les aérolithes.
Arc-en-ciel , ifiç, arcus pluvius. — Aristote a donné
une description très détaillée de 1 arc-en-ciel 18 . 11
cherche à démontrer que l’iris ne peut être une circon¬
férence entière, ni même comprendre plus d’une demi-
circonférence. Mais sa démonstration, traduite axec un
grand soin par Barthélemy Saint-Hilaire, parut au savant
traducteur empreinte d’une obscurité qu’il a proclamée
à plusieurs reprises. Un commentateur byzantin du
xive siècle, Georges Pachymère, a résolu quelques-unes
des difficultés signalées par Barthélemy Saint-Hilaire,
dans un chapitre de sa paraphrase aristotélique l9, œuvre
inédite. Il est intéressant de mettre en parallèle les deux
passages où Aristote traite de l'arc-en-ciel avec l'explica¬
tion moderne du phénomène contenue dans le Cours
complet de météorologie de L.-F. Kaemtz, traduit par
Ch. Martins (1843), pages 440 et suivantes. Chez les
Romains, Pline a consacré quelques lignes seulement à
y arcus caelestis-0. Il cite Aristote, pour le contredire,
lorsque celui-ci affirme que l’arc-en-ciel apparaît la
et sur les lois qui les régissent, Paris, 1802. — 16 La foudre, p. 175 et
suiv _ n L. X, c. 33. — 18 Meteor. III, 5, p. 37 Bekker. — >9 C.-E. Ruelle,
Deux morceaux inédits de Georges Pachymère sur l’arc-en-ciel ( Annuaire de
l’Assoc. pour l’encouragement des études grecques, année 1873). Voir aussi
Ch. Thurot, Oliserv. ci itiques sur les Meteorologica d’Aristote (Rev. arcli. 1809
et 1870). — 20 Hist. nat. U, 00; XXIV, 09.
MET
— 1876 —
nuit; mais il ne nous semble pas l’avoir bien compris l.
Marées. — Les anciens, y compris Aristote lui-même2,
n’ont pas expliqué le phénomène des marées, particulier
aux mers occidentales et produit, comme on sait, parles
positions respectives de la terre et de la lune par rap¬
port au soleil. Toutefois Strabon, en plusieurs endroits
de sa Géographie , décrit le mouvement de llux et de
reflux de l’Atlantique et lui donne tour à tour les noms
de Tt^-rjaYi, -TtX'q jxjxvj , ttXyj pt.pLupi'ç, TrXVjfjipujpa, mais surtout
celui d ifj.7rco<7u; ou âfrjtamç, altération probable du mot
aanxcodi? pour àv:x7mo<7iç qui exprime parfaitement le jeu
des tlots retombant sans cesse les uns sur les autres.
Toutefois 7tXY|ix[j.upt(; désigne plus particulièrement le flux
et apurwaii; le reflux.
Chez les Romains, la marée est sommairement décrite
par Pline 3, qui l’appelle aestûs reciprocatio, mais aucune
explication scientifique de ce phénomène n’a été tentée.
On sait la stupéfaction qu’il causa aux soldats qui com¬
posaient l’armée d’Alexandre, lorsqu’ils arrivèrent sur
les bords de l’océan Indien, à Cilluta4. Ch. Em. Ruelle.
METOIKOI (M ÉTotxoi). — Aucun des lexicographes
anciens ne nous donne une définition satisfaisante de
ce que les Grecs entendaient par le mot de métèque.
La meilleure est celle d’Aristophane de Byzance1,
d’après lequel il fallait, pour être métèque, trois condi¬
tions : avoir fixé définitivement son domicile dans une
ville, y être depuis un temps déterminé, et y contribuer
à certaines charges publiques. Parmi ces charges, ce
sont les charges financières qui ont particulièrement
frappé les autres lexicographes 2, comme étant ce qui
distinguait le mieux, à première vue, le métèque du'
citoyen. C’est donc par là qu’il convient de commencer
l’étude de la condition juridique des métèques. C’est
pour Athènes seulement que nous avons des renseigne¬
ments suffisants, mais on verra que la condition des
métèques dans les autres cités grecques ne parait pas
avoir différé sensiblement de ce qu’elle était à Athènes.
En fait d’impôts ordinaires, il suffira de dire que
toutes les charges ordinaires des citoyens pesaient aussi
sur les métèques3. Mais en plus, les métèques étaient
soumis à la taxe des ijsvixâ, taxe imposée à tous les
étrangers qui voulaient vendre sur l’agora d’Athènes4.
Quant à la taxe du triobole dont parlent encore les
lexicographes, elle ne frappait que les affranchis, au
moment où, par le fait même de leur affranchissement,
ils entraient dans la classe des métèques : c’était, non
un véritable impôt, mais un droit d’inscription, attes¬
tant la condition libre de l’inscrit. Enfin les métèques
étaient assujettis à un impôt spécial, qui était comme la
marque même de leur condition, le gsToi'xt&v. C’était ce
que nous appelons un impôt direct personnel, ou
capitation. Le taux en était uniformément fixé à
12 drachmes par an pour les hommes, et à 6 pour les
femmes, et seulement pour les femmes qui n’avaient ni
1 Ap. Aristot. Meteor. III, 2, p. 372 a. — 2 Meteor. II, 8. — 3 Hist. nat. IX,
c. 8. — V Aman. Exped. Alex, vi, 18 ; Quint. Curt. ix, 919, 11. — Bibliographi .
Aristotelis Meteor ologicorum lib. IV, éd. d’ideler, Berlin, 1834-1836; Aristote,
Météorologie , Traité du ciel , trad. et comment, perpétuel de M. Barthélemy
St-Hilaire, Paris, 1856 et 1866; Ideler, Meteorologia veterum Graecorum et
Iiomanorum , Berlin, 1832 ; Coulvier-Gravier et Saigey, Introduction à l'histoire
des étoiles filantes , 1840 ; Th. -II. Martin, La foudre , l’électricité et le magnétisme
chez les anciens, Paris, 1866.
METOIKOI. l Edit. INauck, fr. 38. — 2 Harpocr. Suid. Hesych. s. v. MItoixoi;
Bekker, Anecd. I, 281, 19 ; Ammon. s. v. ’I<roTe>.qç xcu jaét otxo; ; Poil. III, 55; Schol.
Plat. Hep. 156, 29; Leg. 418, 14; Schol. Aristoph. Eq. 350; Pas, 363.
MET
mari ni fils majeur3. Le metoikion est d
comme l’ont remarqué les lexicographes h bien’
distingue essentiellement les métèques dTT* qui
puisque l’impôt personnel était à Athènes cl, ye“S’
nue pour les citoyens, dont les biens' seu U T'*'
la personne, pouvaient être imposés6 1,. ’ . 11011
n’était pas perçu directement par l’État m nV!?
des «XfflvouL Tout métèque qui n’acquittait ZT î
impôt encourait la perte de la liberté6. C’est pai?d J
les pôle tes que comparaissait le métèque accusé i
vsXûvou avaient le droit de le faire comparaître.’ q„ÏÏ
a la forme que revêtait la procédure, on a supposé 3
tort une *pbç ttcoAt^ qui ne résulte nul
d’une correction de texte erronée3 : il ne pouvait y avoir!
aucun point de droit à débattre, mais simplement pour!
chaque espèce, une question de fait à trancher \\
semble y avoir disproportion entre la modicité de cet
impôt et la sévérité de la peine qui frappait ceux qui s’v
dérobaient : c’est que tout métèque en défaut pour le
paiement du metoikion était par là même suspect de
vouloir usurper le droit de cité.
Pour les impôts extraordinaires, les métèques y|
étaient soumis comme les citoyens; mais ils formaient
une catégorie à part de contribuables. Pour Yeisphora
d’abord [eispuora], il faut admettre que les biens meubles:
des métèques servaient de base à l’impôt, puisque, sauf
exception, ils ne pouvaient posséder de biens-fonds. A
part cela, les métèques étaient soumis aux eisphorai
comme les citoyens10, et, après l’archontat de Nausi-
nicos, ils furent comme eux répartis en symmories11.
On a beaucoup discuté sur la question de savoir quel
était le taux fixé pour les eisphorai des métèques; ils
contribuent, dit Démosthène, pour un sixième, to êxrov
pipoç12. Il est inadmissible qu’il s’agisse du sixième de
leurs biens, sans aucune distinction de fortune entre
eux; ce serait inconciliable avec le système des symmo¬
ries. Il ne peut donc s’agir que de la sixième partie de
chaque eisphora, et c’est bien ainsi qu’une inscription
de découverte récente montre la chose13. Les « dix
talents » dont parlent plusieurs inscriptions du ive siècle u|
paraissent bien se référer à ces eisphorai des métèques,!
et n’être que leur part dans les contributions extraor¬
dinaires nécessitées par la construction de 1 arsenal de|
Philon et des loges pour les trières. j
Enfin, au ive siècle, les contribuables soumis a lcis-
phora s’acquittaient généralement de cet impôt au
moyen d’une liturgie spéciale, la proeisphora, .enxeiluq
de laquelle un certain nombre d’entre eux deviitn
faire l’avance et la levée de cet impôt pour 1 État sous
leur propre responsabilité. Ce système a fonclionn
aussi bien pour les métèques que pour les citoyens
En dehors des contributions proprement dites, noua
avons de nombreux exemples de dons volontaiies
la cité par des métèques pour parer a
des besoins publics
— 3 Thumser, De eivium Athen. muneribus, passim. — * j™jnse est absolue
les métèques n’y sont pas formellement mentionnés, mais a^ ^ ^ XXII. 5*.
pour tous les non-citoyens. — » Cf. les lexicographes, -• c fs.
— 1 Ps. Plut. Vit. Lycurg. 1 6 ; cf. Plut. Ftamimn ., 12. contra, Schcnkl,
Dem. XXV, 57.— 9 Meier-Schoemann, Der attisclie Proeess , . ^ ^ g6; LySt
De metoecis atticis , 184. — 10 Suid. s. v. ’E*wvX j c- *"s*' ' j, p0ll. Vil !
XII, 20; Dem. XXII, 54, 58; Is. V, 37; cf. C. i. ait. », ^ > «*
144; . ipx- 1900, P- 91 et suiv- ’ '• 25 1 0 ’p. 01 et sniv.l
imtmxikSv ffuppofîiiv. — 12 Dem. XXII, 61. — 13 nTje/sfurfien Mer atli,c,ieM
1. 19 : «ÎTaÊçeiv Si xal toù; pxToixous -rt ïktov * al |j’ jjq . I
Stuatsrecht und Urkundenwesen , p. 32. — 13 C. i. att. , •
MET
— 1877
MET
vuS ou pour lesquels les ressources régulières
'"''Xr'insufnsantes (epidosis)1.
1,1,1 obligations militaires des métèques sont mal
1 II est certain, d’abord, qu’ils n’étaient point
COn",U(lans lephébie 2. Par contre, il semble bien que
^' Tmnases publics leur fussent ouverts 3, sans d’ail-
les tA - ■ *
leurs 'P1
aucun d’eux leur fût spécialement réservé.
A la guerre,
ils servent comme hoplites pendant la
suer
ju Péloponnèse et jusqu’à la bataille de Chéro-
H va de soi que seuls servaient ainsi ceux qui pou-
n" s’armer à leurs frais; les autres servaient dans
des
va
légère et recrutaient aussi le corps
• 5
aient
l’infanterie
archers à pied, To^xat owW
pans toutes les circonstances où l’on voit figurer les
métèques à la guerre, il est à remarquer qu’ils jouent le
, ||(1 , i’armée territoriale, consacrée exclusivement à la
défense de l’Attique. Deux fois seulement on les voit
faire campagne au dehors, et il ne s’agit que de courtes
expéditions, et tout près des frontières de l’Attique. Il
semble donc, à défaut de renseignements précis sur ce
point, que le système de levées et les divisions établies
pour les troupes composées de citoyens ne pussent leur
être appliquées [exercitus, dilectus], et que, toutes les
fois que l’on avait besoin des hoplites métèques, on les
levait en masse, sans distinction de classes. La confection
des rôles pour le service militaire, xaxiXoyot, reposant en
dernière analyse sur le registre général des citoyens
dressé et conservé dans chaque dème, Xr^tapytxôv
Ypap.pmov, il ne pouvait en être autrement pour les
métèques, et c’est par dèmes qu’ils devaient être enrô-
lés [démos]. Une fois à l’armée, les bataillons de métèques
formaient des unités tactiques particulières, en dehors
des dixxodUi'ç de citoyens. Par contre, le corps des cava¬
liers athéniens est toujours resté fermé aux métèques c,
les cavaliers athéniens n’étant pas seulement un corps
militaire, mais une véritable classe sociale privilégiée,
ayant un rôle religieux fort important et même parfois
un rôle politique [équités].
En somme, les Athéniens n’ont fait qu’un emploi très
modéré des métèques pour leurs armées de terre : par
contre, ils ont largement recruté parmi eux les équipages
de leurs flottes. « Si, dit l’auteur de la République des
Athéniens, nous avons accordé la même liberté de
parole aux métèques qu’aux citoyens, c’est que la ville a
besoin de métèques, et pour les métiers de tout genre,
d pour la marine 7 . » Et en effet, dans la guerre du
Péloponnèse, les matelots métèques ont joué un grand
rôle : Périclès dit que citoyens et métèques suffiront,
mtime si tous les matelots mercenaires désertent, pour
tenir tête aux ennemis 8 ; et la flotte de cent navires
TUU dans la quatrième année de la guerre, fîtunedémons-
hatiou sur les côtes du Péloponnèse, était montée par
Athéniens des deux dernières classes et par des
» ^tèques 9. Au iv° siècle, nous savons par Démos-
ll ne‘" qu’en cas d’alerte on commençait par embarquer
es métèques, et ensuite seulement les citoyens. C’est en
'Mite de rameurs que servaient les métèques sur les
avec les thètes et les mercenaires recrutés à
aux esclaves, ils n’étaient appelés,
trières,
'étranger. Quant
contrairement à ce qu’a cru Boeckh “, que dans les cir¬
constances exceptionnelles, par exemple lors de la bataille
des Arginuses12. Dans la première flotte de Sicile, qui
comprenait cent trières athéniennes, les thètes avaient
fourni sept cents épibates : il est impossible qu ils aient
pu fournir encore à eux seuls les dix-sept mille matelots
que devaient porter ces cent trières. C’est donc les
métèques qui, au Ve siècle déjà, formaient le gros des
matelots, comme au temps de Démosthène. Les officiers
mariniers, nommés, non par l’État, mais par les trié-
rarques, paraissent avoir été recrutés indifféremment
parmi les citoyens et les métèques. Quant à la triérarchie,
qui, si elle était une lourde charge, était en même temps
une fonction entraînant un commandement, tout porte à
croire qu’elle ne portait pas sur les métèques; peut-être
seulement, dans des cas extraordinaires, confia-t-on,
dans les symmories triérarchiques, les fonctions d’épi-
mélètes à des métèques : c’est ce que semble prouver une
inscription du temps de la guerre lamiaque 13.
Au point de vue du droit civil, la loi athénienne recon¬
naissait et protégeait la famille et la propriété des métè¬
ques comme celles des citoyens eux-mêmes : « Le polé-
marque instruit.. . les envois en possession de successions
et de filles épiclères en faveur des métèques ; et généra¬
lement toutes les actions qui relèveraient de l’archonte,
s’il s’agissait de citoyens, compétent au polémarque
lorsqu’il s’agit de métèques u. » Il faut cependant ici faire
une restriction : la propriété des métèques ne pouvait
être qu’une propriété mobilière, et, pas plus que les
étrangers, ils ne jouissaient de nyx-r^s'.; [egktésiSj.
Quantàla question de savoir s’il pourrait ou non y avoir
mariage légal entre citoyens et métèques, question à
laquelle on a répondu en général, j usqu’à présent, par la né¬
gative, elle est en réalité fort obscure ; et peut-être y a-t-il
lieu, comme le veut M. Beauchet [matrimonilm, p. 1643 , de
la résoudre au contraire par l’affirmative ; c’est d’ailleurs
l’impression que donnent les comédies de Térence.
Les, actions civiles intentées à ou par des métèques ne
différaient de celles entre citoyens que par la forme, en
ce sens que le magistrat chargé d’instruire l’affaire et
de l’introduire devant le tribunal n’était pas le même
dans les deux cas. Plusieurs magistrats se partagent en
effet la juridiction sur les citoyens : pour les métèques,
c’est un magistrat unique, le polémarque [polémarcuos].
« Relèvent du polémarque, dit la Constitution des Athé¬
niens 1S, toutes les affaires privées (ofxat ’toiai) concernant
les métèques, les isotèles et les proxènes. Il fait de ces
affaires dix lots qu’il répartit entre les dix tribus; les
juges de chaque tribu les remettent aux arbitres publics. ■>
En cas d’appel des sentences des arbitres, le polé¬
marque présidait le tribunal d’héliastes qui décidait.
Mais de plus, le polémarque instruisait toujours en per¬
sonne certaines actions : d’abord les deux actions spé¬
ciales dites à7toffiaiTiou et iirpouTacrou, puis toutes celles
que l’archonte instruirait s’il s’agissait d'un citoyen : il
n’y a donc, pour connaître ces dernières, qu’à se
reporter au passage où Aristote énumère les actions
qu’instruit l'archonte 16. Seulement il faut faire une
distinction : l’archonte est chargé des affaires publiques
I Pg r\
Î08 Ç0| cra- XXXIV, 39; Dem. XLV, 85 ; C. i. att. II, 187, 334, 380, 413; II, 2,
lp . ,C' "S ’ — 2 Dinarch. Frag. 58. — 3 Aescliin. II, 138; cf. Dionys. De
Xc„: y ’ 43ï> 2 R- — 4 Time. II, 13 (et Diod. XII, 40); II, 31; IV, 90;
cl' 2i 3; Lyc. C. Leocrat. IG. - S C. i. att. I, 44G. — G Xen.
VI.
Vect. II, 5; Hipparch. IX, G. — 7 [Xen.] Athen. Itesp. I, 13. — 8 Time.
1, 143. — 9 Thuc. III, 16. — 10 I, 13. — 11 Boeckli-Friinkel, I, 329.
— 12 Time. VI, 43. — 13 C. i. att. II, 270. — H Athen. polit. 57.
— 13 § 57. — « § 55.
236
MET
— 1878 —
et privées, le polémarque des actions privées seulement.
Une seule action publique relevait du polémarque : la
ypacp7] «npocxaffiou. Les quelques discours qui nous sont
parvenus relatifs à des procès intéressant des métèques
confirment ces données d’Aristote 1 .
Pour les affaires commerciales [emporikai dirai] nous
possédons cinq plaidoyers où il est question de métèques -,
et de tous il résulte qu’en fait d’affaires commerciales les
métèques, au lieu de relever de la juridiction spéciale
du polémarque, étaient soumis au droit commun. 11 en
était de même pour la juridiction criminelle : toutes les
actions criminelles, rentrant dans la catégorie des
actions publiques, relevaient des mêmes magistrats pour
les métèques que pour les citoyens 3. Mais la loi, qui
distinguait, pour les citoyens, deux espèces de meurtre,
prémédité et involontaire, ne faisait pas cette distinction
pour les métèques. Et en même temps, elle n’assimilait
jamais le meurtre d’un métèque qu’au meurtre involon¬
taire commis sur un citoyen : le meurtrier était déféré au
Palladion et non à l’Aréopage, c’est-à-dire qu’il ne pou¬
vait être condamné à mort, mais seulement à l’exil A Donc,
si la loi protégeait la vie des métèques, elle ne l’estimait
pas cependant à la même valeur que celle des citoyens.
Par contré, il y avait égalité devantles peines prononcées
pour les attentats à la pudeur commis avec violence,
quelle que fût la condition juridique de la victime B.
Nous manquons de renseignements sur la procédure
suivie dans les affaires criminelles où se trouvaient
impliqués des métèques. Cependant nous voyons qu’ils
pouvaient être admis, au criminel comme au civil, à
fournir caution G. Il semble qu’on ait pu les soumettre à
la torture, mais qu’on l’ait fait bien rarement ‘.
Beaucoup de métèques étant d’origine non hellénique,
il a fallu leur assurer le libre exercice de leurs cultes 8.
Nous savons, par le célèbre décret relatif aux étrangers
originaires de Kition, comment on procédait en ce cas a.
Les sociétés pour l’exercice de ces cultes, formées libre¬
ment en tant qu’associations [tiiiasos], avaient besoin,
comme introduisant un culte étranger, de l’autorisation
du conseil et du peuple; d’autant plus qu’il leur fallait
acquérir un terrain pour y élever un temple. Il est évident
que, si tous les étrangers de passage profitaient de ces tem¬
ples, ce n’était qu’à des associations stables, c’est-à-dire
formées de métèques, que l’on accordait cette autorisation.
Sur ce point Athènes s'est montrée fort libérale, et le
Pirée a vu s’élever plusieurs de ces temples, qui contri¬
buaient à fixer en Attique nombre d’hommes originaires
d’Égypte, de Syrie ou d’Asie Mineure [meilichios] 10.
Exclus, cela va sans dire, des sacerdoces, les métèques
participaient aux cérémonies les plus importantes des
cultes de la cité. Un décret du dème de Scambonides
antérieur à 455, stipule que, lors du sacrifice en 1 hon¬
neur du héros Léon, chaque démote et chaque métèque
du dème recevront une part de viande de la valeur de
deux oboles. Une autre inscription, qui remonte aux
dernières années de la guerre du Péloponnèse, indique
1 Aesch. I, 158; Ps. Déni. LIX, 66; XXXV, 51 ; I.IX, 16; Dcm. 45, 3, l.ys.
XXXIII; Isocr. XVII, 12. — 2 Ps. Dcm. XXXII, XXXIII, XXXIV, XXXV, LVI.
— 3 Athen. polit. 57 ; 43. — 4 Dcm. XXIII, 45; Bekker, Anecd. II, 194, H.
— 8 Dem. XXI, 47; Aescli. I, 16.— 6 Antiph. V, 17. —7 Lys. III, 33;
XVII, 25, 27. — » Lys. XIII, 54,— 9 C. i. att. II, 168; P. Foueart.
Des assoc. relig. chez les Grecs, p. 128 et 187. — 1» Pour l’énumération de
ces cultes en Attique, du ve au ni' siècle, voir P. Foueart, Op. I. et Clerc, Les
Métèques athéniens, p. 127-146. Quant au prétendu culte de Zeus Meloikios,
MET
non moins nettement la participation des môU
fête des uépuaisteia, où l’on devait donner aux 3?! 4 lil
trois bœufs12. Il semble d’ailleurs qu’ils fussenu ^
autrement que les citoyens, qui recevaient individu!?
ment leur part, tandis qu’eux la recevaient en bloc ü
que fût leur nombre. De plus, cet exemple de p{lPljP-
tion des métèques au repas qui suivait le sacrifice ??
être unique: les Iléphaestia étaient une fête doli'/"
récente ; et dans les fêtes vraiment antiques, comme 1?
Panathénées, il n’en était pas de même: les métèqUe&
Prenaient bien part à ces fêtes, mais non aux sacrifices
Tous les lexicographes disent que les métèques prenaient!
Part à la procession des grandes Panathénées j>ANA_
thenaea] : ils n’ont d’ailleurs pas compris le rôle qu’ils
y jouaient, etontvu à tort une humiliation là où il y avait
au contraire un privilège13. Dans le cortège, des métèques
en tunique de pourpre portaient des hydries ou des
f- C )tL 4/ '. ^
'• ■ M$ u4fer...-xtk
y
Fig. 5022. — Les Métèques dans les Panathénées.
iassins (axaep-q) pour le sacrifice, et leurs femmes et
eurs filles portaient, les unes des parasols, les autres
es hydries (fig. 5022) Les lexicographes et Élien15
e sont figuré que ces parasols devaient protéger contre
ardeur du soleil les femmes des citoyens, tandis qu’il ne
'agit que d’un rite religieux; le rôle donné aux hommes
scaphéphorie) paraît même avoir constitué une liturgie16.
;n réalité, le seul fait que les métèques étaient admis aux
’anathénées suffirait pour prouver que les métèques li¬
aient partie de la cité athénienne. Les métèques figuraient
ncore à la procession des Bendidies [bendideia : maib la
itoyens et métèques formaient deux pompes distinctes .
Pour ce qui est des jeux ou concours, autre partie
issentielle de toute fête religieuse chez les Grecs, i
emble, bien qu’on ne puisse l’affirmer d’une açon
msitive, que les métèques y prenaient paît, soi tou ^ ,
encours d’un caractère collectif, comme ceux- de euavopia
it de ZÙ oirXioc [EQUITES] b ces concours étant de cara<j
ssentiellement militaire, les Athéniens axaiem i
, y faire figurer, et par conséquent, a faire e\uc ^
nétèques; de sorte qu’il est bien Probable q des
mtaillons d’étrangers dont il est question aux
heseia sont formés de métèques i8. 3 dra-
Les plus importants concours étaient es c ' ciale1
natiques, pour lesquels fonctionnait une 1 11 &
, | gj.q il ; a
jmniun à tous les métèques, dontj parle Boeckli, ^Pj d’un culte pM'1*
ne méprise: les métèques n’avaient pas beso.n a Atl-èn^ ^ ^ . at,
ulier, la cité les admettant à ses eu es Harpocr. P|,oL
■f, 1, p. 4. - 12 C. i. ait. IV, 2, 35 b. - « ^ V De D>f
lies?cl‘’ *• ;• »ekkcrl Pagure a’ été gravée
. 75, éd. Valckenaer; Vorlog. ; Poil. III, •’ ■
holographie. — n> Var. hist. VI, L
lep. 1, 1. — 18 C. i. att. Il, 444-448.
16 Bekker, Anecd ■ I, -80’ L
MET
— 1879 —
MET
,||()l.(^ie [cuoregia|. Pour une fête seulement les
la.|'| ies y étaient soumis, ou, si l’on veut, y avaient
puisqu’une liturgie est, en même temps qu’une
un honneur et presque une magistrature : c’était
lu'l'uc des Lénéennes [dionysia, p. 239] Nous n’avons
pu'lleurs aucun renseignement sur la façon dont fonc-
lionna.it cette chorégie ; on peut, de là même, inférer que
l,'s choses se passaient comme pour celle des citoyens.
pour achever de caractériser la situation des métèques
|.llH la cité, il faut ajouter que, exclus naturellement de
tous les droits et de toutes les fonctions politiques, ils
' aient du moins remplir certaines fonctions, comme
celles d’arbitre privé [diaitètai], ainsi que le montre le
discours contre Phormion 2, et même celles d’ambassa¬
deur : Lysias et Xénocrate furent chargés, l’un en 393,
auprès de Denys de Syracuse, l’autre en 322, auprès
d’Vntipater, d’une véritable mission diplomatique 3.
lien était, enfin, de certains avantages matériels assu¬
rés aux citoyens comme des charges publiques: les mé¬
tèques', d’une façon générale, en étaient exclus; ainsi ils
ne prenaient part ni aux clérouehies, ni aux distributions
de blé. Mais on voit des métèques médecins publics \
fermiers des impôts B, et même hérauts du conseil et du
peuple G. On en voit souvent aussi figurer comme entre¬
preneurs, même pour les travaux faits au compte de la
cité, sous la seule condition qu’ils fournissent la caution
d’un citoyen 7.
Nous n’avons pas de documents établissant de façon
positive que les métèques athéniens, se trouvant à
l’étranger, fussent reçus par les proxènes d’Athènes;
mais nous savons que, d’une manière générale, elle
veillait sur eux et sur leurs intérêts. Une ambassade va
réclamer au tyran d’Héraclée du Pont les objets que ses
sujets ont dérobés à un métèque 8. Et deux inscriptions
bien connues montrent que parfois Athènes s’occupa
même de ses métèques dans les autres cités, où elle leur
faisait assurer certains droits particuliers. Ainsi àChalcis^
après la soumission de l’Eubée par Périclès en 445,
les métèques athéniens fixés un certain temps pour
leurs affaires à Chalcis furent soustraits à tout impôt
envers cette ville 9. A Corésia, dans l’ile de Céos, il y a
des métèques qui paient l’impôt, et d’autres qui en
sont dispensés10 : ceux-ci sont des protégés athéniens
pour qui Athènes impose cette condition, de même qu’elle
miposa à la même cité, et vers le même temps, l’obliga-
h°n de lui réserver le monopole du commerce de l’ocre
rouge". Enfin, fait plus significatif peut-être encore, un
decret du peuple de 322 montre le peuple athénien de¬
mandant aux dieux leur protection, non seulement pour
los citoyens, leurs femmes et leurs enfants, mais pour les
'dangers fixés dans le pays, c’est-à-dire les métèques12.
^Ux métèques qui lui avaient rendu des services,
-Mlunies accordait diverses récompenses, les unes d’ordre
I)ni ornent honorifique, éloges et couronne 13, qui
Paraissent d’ailleurs avoir été assez rares, les autres
^ 01 die positif. C’était d’abord le droit de propriété, ou
|.r°l1 acquérir en Attique une terre ou une maison, ou
1111 1 autre à la fois14. C’était ensuite l’atélie, ou
exemption, partielle ou totale, des impôts qui pesaient
sur les métèques [atéleia , soit du meloikion 1 ’, soit des
liturgies soit même de Veisp/ioran ; cette dernière
exemption est d’autant plus remarquable que, Démos-
thène l’affirme formellement, elle n’existait pas pour
les citoyens [eishiora].
D’autres privilèges accordés à des métèques avaient
pour résultat de les élever au-dessus de leur classe, et de
les faire passer dans une autre. Le droit de cité était
la récompense suprême, fort rarement accordée à Athènes.
On le voit conféré dans des circonstances exception¬
nelles, par exemple aux métèques qui s’armèrent et per¬
mirent ainsi d’équiper la Hotte qui vainquit aux Argi-
nuses18, et à ceux qui prirent les armes après la défaite
de Chéronée 19. Comme mesure individuelle, nous ne con¬
naissons que l’exemple du médecin Evénor20, des deux
banquiers célèbres Pasion et Phormion21, du grand
marchand de salaisons Chaeréphilos et de ses trois (ils2-,
et de deux banquiers encore, Epigénès et Conon 2:i.
En général, on n’accordait le droit de cité qu à des
métèques qui avaient déjà reçu un privilège moins im¬
portant, quoique fort recherché cependant, la proxénie
[proxenia]. Au premier abord, il semble étrange qu on ait
pu conférer la proxénie à des étrangers résidant à
Athènes, puisqu’elle n’était pas seulement un honneur,
mais une fonction. Et en effet, on paraît ne l’avoir décer¬
née à des métèques qu’assez tard, lorsqu’on s’était
habitué à la considérer surtout comme un honneur 21.
Les exemples en sont d’ailleurs fort rares: nous n’en
connaissons pas plus de trois certains2': cela se com¬
prend, la proxénie donnée à un étranger lui conférant
autant de charges que d’honneurs, tandis qu’aux
métèques elle ne conférait que des privilèges.
Au-dessous des proxènes et au-dessus des simples
métèques était la classe des Isotèles, pour laquelle nous
nous bornerons à renvoyer à l’article isoteleia. On voit
par tout ce qui précède que les métèques avaient dans la
cité une place nettement déterminée, et que les plus
méritants d’entre eux pouvaient par degrés s'élever
jusqu’au rang de citoyen. Aussi serait-il bien surprenant
que, dans la vie de tous les jours, ils eussent été mal
vus des citoyens et mal traités par eux. C’est ce qu’ont
pourtant affirmé quelques auteurs modernes, en se fon¬
dant sur des textes mal compris : il y a là une méprise
analogue à celle que l’on a commise à propos de leur
rôle aux Panathénées. Le seul de ces textes qui ait de
l’importance est un passage de Xénophon où il parle de
certaines choses qui semblent frapper les métèques d’une
sorte de déshonneur sans aucun avantage pour la cité 26.
Mais si l’on se reporte à un autre passage du même
ouvrage27, on voit qu’il n’a en vue que la défense faite
aux métèques de posséder des biens-fonds en Attique et
d’entrer dans la classe des Cavaliers. En fait, non seule¬
ment les métèques ne se distinguaient en rien, dans la
vie de tous les jours, des citoyens 28 ; non seulement il
était défendu de les fi'apper29, mais ils jouissaient, comme
les citoyens eux-mêmes, de la liberté pleine et entière
de parole, de ce que l’auteur de la République des
cio,,’ ,]° ^‘opfc. Plut. 53. -2 Ps. Dem. XXXIV, 18. — 3 Lys. XIX, 19 ; Plut. Pho-
-l’c ; V' i'att- b Add- «o«-256 6.-5 plut. A Ici b. 5.— «C. ». oU.II, 73.
- J h O, col. 1, 1. 47-48 ; c, col. 2,1. 18-19. — iAthen. Mitlh. VIII, 211.
- lj .j, "ll" b - 27 a. — 10 Dittenb. Sylloge 2, n» 522. — UC. /. ait. II, 510.
■ f|'t- &?7.. 1891, 92. — 13 C. i. ait. 11, Add nov. 250 b. — H C. i. att. 1 59.
- 15 C. i. att. 11,27, 121, 222, 224.— 10 Dem. XX, 18. —17 C. i. att. II, 86. — 18 Dioil.
XIII, 97. —1» Lyc. C. Leocrat. il. — 20 C. i. ait. II, 187. — 2t Dem. XI.V, 34 ;
Ps. Dem. L1X, 2. — 22 Dinarch. I, 43. — 23 Ibid. — 21 P. Monceaux, Les Proré¬
nies grecques, 299 et suiv. — *0 Athcn. Mitth. VIII, 211; C. i. att. II, 186, 380.
— 20 Xcn. Vectiy. II, 2,-27 Jbid. II, 5.— 28 [Xen.] Athen. Itesp. I, 10. — 59 Ibid.
MET
1880 —
athéniens appelle n<n,Yopfe. Tout ce que l’on exigeait
dws métè?ues’ nous dil Lysias, c’est qu’ils se montrassent
convenables envers les citoyens, xoapioo; \ Et Aristo¬
phane nous dépeint, sous une forme pittoresque, la vé¬
ritable situation des métèques vis-à-vis des citoyens, en
les appelant le son de ceux-ci : il fait allusion'au pain
mêle de farine et de son que l’on mangeait à Athènes
et, par conséquent, veut dire que citoyens et métèques
sont si intimement mêlés qu’ils ne font qu’un ».
On a longtemps admis sans discussion que les métèques
' ntJ [a,saienl Pas Parlie dt'S dèmes. Il .est pourtant impos¬
sible, o priori , qu’une population aussi nombreuse et
aussi stable ait pu vivre en dehors de tous les cadres de
la cité. En fait, les relations des métèques avec les diffé¬
rentes administrations de la cité, telles que nous venons
de les décrire, ne peuvent s’expliquer que si entre elle et
euxjl y a un intermédiaire, qui ne peut être que le
deme . pour 1 établissement de leurs taxes, la levée de
leur contingent militaire, leur participation aux cultes
publics, il fallait qu’il y eût quelque part une liste offi¬
cielle des métèques. Les lexicographes et scoliastes font
allusion à ces listes, sans dire où on les conservait ».
Mais la façon même dont on désigne les métèques sur les
actes officiels suffit pour nous l’apprendre. Dans les
inscriptions, en effet, les métèques sont toujours désignés
par leur nom suivi du nom d’un dème précédé de iv :
Teuxpoç Iv KuSa9r,vat(j) oixôiv. Ce ne peut être une simple
indication de domicile, puisqu’il s’agit précisément
d hommes qui ne pouvaient être propriétaires. De plus,
cette formule n est jamais employée, pour désigner des
métèques, que dans des documents officiels 4 : c’est donc
la constatation d un état légal, et la preuve que les listes
des métèques étaient dressées par dèmes, c’est-à-dire
qu'ils faisaient partie des dèmes.
Nous ne savons rien sur la façon dont se faisait
l'inscription sur le registre des métèques 6. La question
la plus importante serait de savoir si cette inscription
était facultative ou obligatoire. Deux textes permettent
de la résoudre . la définition du métèque donnée par
Aristophane de Byzance et le décret du peuple athénien
relatif aux Sidoniens et à leur roi Straton. « Le mé¬
tèque, dit Aristophane B, est celui qui vient de l’étranger
habiter la ville, en payant une contribution pour certains
besoins de la cité. Pendant un certain nombre de
jours, il est appelé étranger de passage (mxpsTtfôTigoç),
et jouit de l’immunité; s’il dépasse le temps fixé, il
devient métèque et est soumis à l’impôt. » Si l’on rap¬
proche de ce texte une inscription locrienne qui fixe à
un mois le temps au bout duquel l’étranger devait cesser
d etre un étranger proprement dit, pour être soumis à
la justice locale 7, on sera convaincu qu’il y avait, à
Athènes et partout, un délai légal, passé lequel les étran¬
gers étaient inscrits d’office Sur la liste des métèques, et
que ce délai devait être assez court. Et précisément
la faveur accordée aux sujets du roi Straton consistait en
ceci, que les négociants sidoniens venus à Athènes pour
MET
l Acharn. v. 502 et suiv. ; pour le vrai sens de ce passage, cf. Müller-StrUbing,
Aristophanes und die histor. Kritik , p. 012 et suiv. — 2 Acharn. 502 sq. ; cf. Miiller-
Strübing, l. c. — 3 Poil, ni, 57; SchoI. Arislopb. Au. v. 1669; Iian.v. 416.
— 4 Ce sont les comptes des polètes (C. i. ait. I, 277, 1. 14), les comptes des
épistales des constructions publiques (Ibid. I, 321, 324; II, 2, 829, 834, etc.),
les inventaires des trésoriers d'Athéna (Ibid. H, 2, 652 b, I. 18 ; 660, 1.
47, etc.), les inventaires des épimélctes des arsenaux (Ibid. II, 2, 811 c, 1. 39).
i Ces registres, à Pergamc, s appellent àaoyçaœaî (Frankel, Ins. von Per-
.q"'ils le
affaires pourraient , rester autant „ ,
sans etre enrôlés d'office dans la classe dè . ™
Sur la situation des métèques dans , meli'1“« •
" aïons O'»»** renseignements en dÜ *""• »™s
que nous fournit le décret du dème de if * «W»
nous avons vu qu'ils étaient admis à C„ T Mcs’ oi
.. .. . 1,1,15 cultes, M
même ans sacrifices et à la distribution de ■
. i- de viundes
en étaient la suite, que ceux que non. '‘u"ues fl»i
decret des Eleusiniens en faveur du méSLT"' »
qui avait, lors de la fête des Dionvsies 1 “Msias.
frais deux choeurs, l'un d'hommes, Vautre dvT * “*
lui conféra, outre des éloges et une ™ '"ll5:™
pour lui et ses descendants, la ZZ TT/01' *
l.’atélie dont il s'agit ne peut être „„c celle J "ia'e
butions levées pour subvenir aux frais des f,u “",n'
11"!'': £ “étèc!ues donc soumis à tatet
charges des démoles, mais, comme eux
prenaient part
aux fetes et pouvaient y jouer un rôle actif. Paisanl
partie des demes les métèques faisaient forcément parti!
des tribus En effet, le polémarque faisaitdes procès des
meteques dix lots qu il répartissait entre les dix tribus "
et d ailleurs on sait que la chorégie s'acquiltailpar tribu]
8 il faut en croire les lexicographes et les scoliastes
les meteques, dans toutes leurs relations avec la cité’
auraient eu besoin d’être assistés d’un intermédiaire’
leur prostate". En fait, les textes les plus anciens sur
ce sujet ne remontent qu’au iv° siècle et n’apprennent
rien sur ce prostate, si ce n’est que tout métèque devait
en avoir un13, sans quoi il s’exposait à une action
en
aprostasie, yp a<p*i àirpoaTettrtou 14. A part cela, il est im
possible de saisir la moindre trace de l’activité du
prostate, qu il s’agisse des affaires privées des métèques
ou de leurs aflaires publiques. Des savants modernes,
pour expliquer cette apparente contradiction, ont sup¬
posé que l’obligation du prostate, rigoureuse dans les
temps anciens, avait fini par tomber en désuétude15.
Cela ne peut être, puisque ce sont justement les auteurs
relativement récents qui en parlent seuls. D’autres
pensent que l’intervention du prostate était de pure
forme, et ne servait qu’à présenter le métèque devant
les tribunaux ou les magistrats, après quoi il agissait
personnellement l6. C’eût été une formalité inutile, le
polémarque étant déjà cet intermédiaire entre les organes
de la cité et les métèques. En réalité, c’est de l’obligation
pour tout métèque d’être inscrit sur le registre d’un dème
que découle l’obligation d’avoir un prostate, et le rôle de
celui-ci se bornait précisément à l’accomplissement de
cette formalité : le protaste était le citoyen d’un dème
qui présentait à ce dème le nouveau métèque etle faisait
inscrire sur ses registres, après quoi ses fonctions ces¬
saient, et le métèque était en possession de tous ses
droits. Il n’y avait donc rien de commun entre le prostate
ou patron du métèque et celui de l’affranchi, quoique le
même mot désignât l’un et l’autre : l’affranchi avait enveis
le sien diverses obligations, le métèque n’en avait aucune.
De là vient aussi que, tandis que les plus favorises < es
gamon, 249). — 6 Aristoph. Byz. éd. Natick, fr. 38
8 C. i. att. 11,86. — 9 'Es Y|g. àPX. 1889, 71.— 10 Haussouliicr, L
i
7 Inscr. gr. antiqutss. i. — -
Le dème d' Eleusis
il Arist. Athen. Polit. SS. — ®u‘^'
S. V. *Aicfr°
{Ann. Fac. Lettres de Bordeaux , VU, 232).
S. V. Nîjxeiv irpooràTVjv, et S. V. ' Aicpoorairtou
Scliol. Dem
III, I ; Dem
VIII, 53. — i*lJoll. VIII, 35; Arisiot. Atnen. troi u.ov, ~ - -
— IB Schenkl, De metoecis atticis , 199. — 16 Thumscr, Info suc /
i I
V TÏOOCTTWTTiy, x.1/ O. u. nftuuumw.vi, - - 1 » - • . . i /’,//(
m. C. Aristogil. I, 788, 5 ; Bckker, Anecd. I, 201, H- — ,s0C
n. XXV, 58; Ps. Dem. LIX, 37 ; Hyper. Orat. att.U,3SS,Prag. - ■ *
-14 Poil. VIII, 35; Aristot. Athen. Polit. 58; Bekker, Anec . , ^
. . _ . . rr, _ _ rrniersuehunaen,
Sboj; cf. Harpocr. ... - —P
_ 13 Arislo 1. 1 0,a-
r, : Isocr.
24.
sq.
MET
— 1881
MET
étrangers.
les proxènes, n’ont accès direct devant le tri-
elle
proxé
Ain
compte
[P(ln polémarque qu’en vertu d’une clause spéciale
'iri i-cl leur conférant la proxénie, TtpoaoSo? 7cpbç xov
^ i les métèques ont ce droit, parce qu’ils ont
^■^•ésentés régulièrement une fois pour toutes à la cité.
tl|( .l(jcun des décrets rendus en faveur de métèques ne
'(,onfère-t-il la 7tpô<7ooo<;, et même cette clause est-
* "! .^ente dans les décrets qui leur confèrent la
nie, comme inutile.
. iilgj compris, le rôle du prostate permet de se rendre
i de la vraie nature de l’action dite aprostasiou
ni\ pile ne pouvait être intentée qu’au métèque qui
n'avait pas de prostate, c’est-à-dire qui avait négligé de
se faire inscrire sur la liste des métèques. Convaincu,
le métèque était puni, d’après Suidas, de la peine de la
confiscation 2, qui ne doit avoir été, comme d’habitude,
qu’une peine accessoire, la peine principale étant la vente
comme esclave 3. Et la sévérité de cette peine s’explique
de [a même façon que pour celle qui frappait le métèque
qui ne payait pas le metoikion : l’un et l’autre étaient
soupçonnés de vouloir se dérober aux devoirs de leur
condition légale, en se faisant passer pour citoyens.
Nous n’avons parlé jusqu’à présent que des métèques
proprement dits, c’est-à-dire des étrangers d’origine libre,
venus librement en Attique. Il faut ajouter que la classe
des métèques ne comprenait pas que cet élément, mais,
dans une proportion que nous ne pouvons déterminer, un
élément d’origine servile, à savoir les affranchis. Il suffit,
pour le prouver, de citer le passage où Harpocration dit
qu’ils payaient le metoikion 4 : ce qui veut dire que, tout
en dépendant de leur patron, ils avaient aussi des rela¬
tions directes avec la cité. Il n’y avait donc, au point de
vue du droit public, aucune différence entre affranchis et
métèques. Mais l’affranchi avait des obligations privées
que n’avait pas le métèque, et, à tout affranchi qui cher¬
chait à les éluder, son patron pouvait intenter une action
en apostasie [apostasiou dire et apéleutheroi] 5. C’est
à des actions ds cette nature que se rapporte toute une
catégorie d’inscriptions longtemps demeurées énigma¬
tiques, les Catalogues des phiales d’argent offertes par
les affranchis 6. Il s’y agit, dans les unes, d’affranchis à
qui leurs patrons avaient intenté une action en apostasie
d qui avaient gagné leur procès, dans les autres,
d affranchis qui l’avaient perdu. Le gain d’un procès de
ce genre, pour un affranchi, avait pour résultat de le déli¬
vrer de tout lien de patronage, et de ne plus lui laisser
que des obligations envers l’État.
Telle nous apparaît, à partir du v» siècle, la con-
dition des métèques à Athènes. Il est possible de
re|racer, dans ses traits principaux, l’histoire de la for-
mation et du développement de cette classe d’hommes,
e' de se rendre compte de la politique suivie à cet égard
pm Athènes. La plupart des hommes d’État d’Athènes, en
^ e ' '"h eu sur la conduite à tenir vis-à-vis des métèques
es "'des très nettes, et les théoriciens eux-mêmes,
Wniii". Platon et Xënophon, n’ont pas manqué d’exposer
1 Urst comme sur une chose fort importante pour la
latun, qui, dans sa République idéale, n’admet
fier .... f1' mi. — 2 s. u. *w).ïjTY]î.
nttische Procesi foi i c J ■
su>’ les ’ — 4 l'. Metiu
■■••• ffranch|s à Alhèncs en
ap
ditione
*1» 920 A
pitre
3 Mcier-SchÔmann-Lipsius,
— 5 Sur cette action, et
jénéral, cf. G. Foucart, De libertorum con-
Ullen- 1890. — 0 C. i. att. Il, 768-776; IV, 768-772. -7 Leg.
7 8 XI, 915 B, et 850 AC. — 9 Xen. Vecl. tout le cha-
!Hlr 'a question île savoir si les mœurs à Athènes étaient favorables
point d’étrangers, admet tacitement, dans les Lois, la
présence des métèques \ Seulement, outre qu’il veut
les confiner dans les métiers inférieurs, indignes des
citoyens, et les empêcher de devenir riches, il les expulse
au bout de vingt ans 8 : c’est dire qu’il rend leur présence
dans la cité impossible. Ils sont pour lui comme un mal
inévitable, qu’il tâche de réduire au minimum possible.
En cela, Platon n’est que le représentant du parti aristo¬
cratique, qui voulait fermer la cité aux étrangers, comme
le faisaient les Spartiates. Xénophon au contraire,
écrivant au lendemain des désastres de la Guerre sociale,
ne voit pas de meilleur moyen de relèvement pour
Athènes que le développement de laclassedes métèques 9.
Et pour cela il propose qu’on leur donne le droit de pos¬
séder des maisons et qu’on les admette dans le corps des
Cavaliers. Quoique aucune de ces réformes n’ait été réali¬
sée, il est visible que les idées de Xénophon sur ce sujet
étaient les idées de ceux qui voulaient relever la puissance
d’Athènes en développant son commerce et son industrie,
comme l’avaient fait autrefois les chefs du parti démo¬
cratique, avec qui il se trouve d’accord sur ce point.
C’est, en effet, la politique qu’ont suivie tous les hommes
d’État athéniens, depuis Solon jusqu’au temps de
Démosthène et même au delà. D’abord, il est certain que
la douceur de mœurs et le caractère hospitalier propres
aux Athéniens ont dû, dès le début, assurer aux étrangers
une situation meilleure à Athènes que partout ailleurs.
Et de plus, tandis que beaucoup de cités méprisaient le
travail manuel et le laissaient presque exclusivement aux
esclaves et aux étrangers, de bonne heure les Athéniens
s’y livrèrent : ils ne purent donc mépriser les étrangers
qui à leurs côtés exerçaient les mêmes métiers,ü. Enlin
une troisième cause a agi plus activement encore sur le
développement de la classe des métèques, à savoir la trans¬
formation de la constitution dans le sens démocratique.
On ne peut se représenter la situation des métèques
aux temps très anciens, dans la cité aristocratique, que
comme résultant de rapports tout personnels entre
l’étranger et un des citoyens, dont il est comme le client.
Mais, dès le temps de Solon, on constate que les étrangers
affluent en Attique, attirés par la sécurité dont ils y
jouissaient11. Nous ne connaissons pourtant aucune
mesure positive prise par lui en faveur des métèques 12 ;
mais ses réformes dans leur ensemble, réformes qui
faisaient prévaloir la fortune sur la naissance, étaient de
nature à relever leur condition, comme celle des citoyens
de basse naissance qui arriveraient à la fortune. Puis,
sous Pisistratc, le grand développement des travaux
d’utilité publique, qui exigea beaucoup d’ouvriers, du t
attirer, comme plus tard les grands travaux de Périclès,
beaucoup d’étrangers. La preuve en est dans la révision
des listes civiques qui eut lieu après l’expulsion des
tyrans, et qui permit de constater que beaucoup avaient
usurpé le droit de cité : qui pouvait l’avoir fait, sinon
des étrangers domiciliés depuis longtemps déjà en Attique
et y vivant de la vie des citoyens 18 ?
C’est à partir de Clisthène que les métèques nous
apparaissent comme ayant dans la cité leur place marquée
ou hostiles au travail manuel, question qui a donné lieu à des malentendus, voir
l’article artifices; cf. Brants, De la condition du travailleur libre dans l'industrie
athénienne (Dev. de l'instruct. publ . belge , XXXVI, p. 100 et suiv.); Clerc, Métèques
athéniens, p. 320 et suiv. ; P. Guiraud, La main-d’œuvre industrielle, p. 37 et suiv.
— H Plut. Sol. 22. — 12 L’assertion de Plutarque, Sol. 24, est une méprise, sans quoi
la réforme de Clisthène n’aurait pas eu de raison d'être. — 13 Arist. Ath. Pol. 13.
(
MET
— 1 882 —
H leur droit bien défini. Une de ses réformes consista,
à n’en pas douter, adonner le droit de cité à une partie des
métèques; ce qui prouve une fois de plus que cette classe
d hommes avait déjà pris une grande importance1. Et
pour les autres, il faut bien admettre, quoique les auteurs
ne le disent pas formellement, qu’il prit toute une série
de mesures qui seules peuvent expliquer ce que nous
savons de la condition légale des métèques au ve siècle,
et que l'on ne peut rapporter à aucun autre que lui. De
lui doit dater 1 inscription régulière de chaque métèque
sur les registres d’un dème, c’est-à-dire la régularisation
tle ses rapports avec la cité, substitués aux anciens rap¬
ports personnels avec un citoyen. C’est alors que le choix
d un prostate devint une simple formalité, et que le nom
dumétèque futrégulièrementsuivi, dansles actes officiels,
du nom de son dème. Si l’on admet, avec Fustel de Coulan¬
ges, que la principale réforme de Solon eut pour but et pour
résultat de délivrer les thètes de toute obligation person¬
nelle envers un patron seul propriétaire de la terre, pour
ne plus leui laisser de devoirs qu envers la cité attica
respublica], on peut se représenter la réforme de Clisthène
comme ayant eu le même résultat pour les métèques,
autorisés désormais à avoir des relations avec l’État sans
l'intermédiaire d’un citoyen, sauf au début etune fois pour
toutes. Les hommes politiques du vc siècle ont tous suivi
vis-à-vis des métèques la même politique que Clisthène, et,
en favorisant le développement de cette classe d’hommes,
1 ont par là même attachée au régime nouveau, la démo¬
cratie. On a remarqué avec raison2 que ni la création de
la flotte de guerre par Thémistocle, ni l’exploitation des
mines du Laurion, ni le développement de la peinture
sur vases à figures rouges, ne s’expliquent sans la parti¬
cipation de plus en plus grande des métèques à la vie de
la cité. La création du Pirée surtout, qu’il fallait peupler
de marins et d’artisans de toute sorte, amena forcément
Thémistocle à toute une série de mesures auxquelles
parait se rapporter un passage de Diodore 3 : Thémistocle,
dit-il, aurait proposé de donner l’atélie aux métèques et
artisans, de façon à peupler vite la nouvelle ville et à y
assurer l’exercice de tous les métiers utiles. Sous Périclès,
le célèbre décret de 451, qui stipulait que seuls joui¬
raient des droits civiques les fils de père et de mère
{Doyens4, montre le rapide développement pris par
l’élément étranger, et montre bien aussi la vraie politique
des Athéniens sur ce point : favoriser l’élément étranger,
mais à condition qu’il demeurât dans les cadres qu’on
lui avait assignés. 11 est certain d’ailleurs que les grandes
constructions d Athènes ne purent que l’augmenter, et
le traité avec Chalcis dont nous avons parlé prouve que
la sollicitude de Périclès s’étendait, pour les métèques
athéniens, même en dehors des frontières de l’Attique.
Le développement de la classe des métèques a donc
coïncidé avec celui du régime démocratique : c’est dans
l'intérêt de ce qui faisait le fondement de ce régime, à
savoir la marine de guerre, la marine de commerce et
1 industrie, que les Athéniens ont appelé à eux et retenu
par tous les moyens l’élément étranger, auquel ils ont
fait dans leur cité une place suffisante.
Après la guerre du Péloponnèse et la chute d’Athènes,
le gouvernement oligarchique inaugura contre les
Ariht. I ol. III, I, 10 : K7Et<j(>évrjç... kô/Aou? izuli-aum çévouç xetl So-jXouç
pcTo.xou;, c est-à-dire des étrangers d'origine libre et d’origine servile; et Ath.
MET
neteques une véritable persécution : Athèno
a 1 empire maritime, n’avait plus besoin h reno«Çant
par conséquent, du concours des étrl marine- ni,
métèques se rangèrent-ils du côté de ^rv les
aider a restaurer le régime démocratique ® P°Ur
fit promettre l’isotélieà ceux d’entre eux uni
les armes, et un fragment de décret rend, Pf?draH
sur la proposition d’Archinos, nous’ montré ^S“BeDl
recompense donnée à des métècmes n„i . et celle
à Fh* et » Munychie ».
dans le courant du ive siècle et h «fin, î ,• etrangers
en faveur de certains
Corésia dont nous avons parlé prouvent quT'Cta **
années avant la Guerre sociale, les métènae’s S *
dans les préoccupations des hommes d’Etat I-
place qu’au temps de Périclès. Par contre, ce, le
fut, en cela comme en tontes choses, un véritable d!aS
pour Athènes, isocrate déclare, l’année même où elle pr
hn, que les meteques ont disparu •; et c’est alors L
Aenophon veu t les ramener par toute une série de mesure
que nous avons indiquées. Ces idées de Xénophon
Lycurgue, après Chéronée, essaya d’en mettre en praliaue
quelques-unes : c’est lui qui fit rendre le décret accordai
aux marchands de Kition l’autorisation d’élever un temple
au Pirée, lui encore qui lit récompenser Eudémos de
Platées pour avoir contribué aux frais de la guerre et de
la construction du théâtre et du stade 7.
Tantqu’Athènes et le Pirée gardèrent quelque indépen¬
dance, et surtout, quelque importance commerciale, les
Athéniens usèrent vis-à-vis des étrangers domiciliés chez
eux de la même politique. Après la guerre Lamiaque,
on exempta du nietoikion les Thessaliens réfugiés à
Athènes 8, et on récompensa deux métèques qui avaient
rendu des services dans cette guerre 9. Plus lard encore,
au temps de la guerre de Chrémonide, puis d’Aratos, des
métèques participent à des epidoseis 10. Enfin, cin¬
quante ans encore avant la réduction de la Grèce en
province romaine, un décret récompense un métèque
pour la part qu’il a prise à la guerre contre Philippe V
de Macédoine11. A partir de ce moment, il n’est plus
question à Athènes de métèques; il n’y a plus rien de
commun entre eux et les nombreux étrangers qui, à
l’époque romaine, habitent Athènes pour leur instruction
ou leur plaisir. On peut dire, au résumé, qu’Athènes,
tant qu’elle a été une cité indépendante, a eu et suivi avec
une singulière persévérance vis-à-vis des métèques une
politique bien définie.
On a souvent essayé de calculer le nombre des métèques,
comme celui des citoyens, à Athènes. On ne peut arriver
à un résultat satisfaisant en fait de nombres absolus, oj
le peut au contraire jusqu’à un certain point, si 1 on ■
se contente de chiffres comparés. Pour le vc siècle,
nous avons un document d’importance capitale, lenu I
mération des forces militaires d’Athènes au d< but I
de la guerre du Péloponnèse, d’après Thucydide ■ ,eS I
forces comprenaient, en fait d’hoplites, 13 000 hoinmesj
plus 16 000 autres formant la réserve, et composes)
de vingt ans
de tous
Pol. ïl
• Toy; veciTCoÀÎTaç. - Wilamovvitz-Moellendorf, Untersuchunyen , p. 248.
d’une part, des citoyens au-dessous
et au-dessus de soixante, et, d’autre part,
ceux des métèques qui servaient comme |0P 1
Y VIH ->4 _ 8 ^ Ul, I
— 3 XI, 43. — 4 Arist. Athen. Pol. 26. — « Athen. Mitth. - ■ __ |0C^
II, 176. — » Ibid. II, 222. — 9 Art-»»» à?Z- IS8'’
- H Ibid. II, 413, — l? II, 13, 7 ; cf. Il, 31.
21.
i. a
- 7 C. i. a
II, 334, 380.
MET
— 1883 —
MET
distinguer, dans ce dernier contingent, les mé-
pour l 'L citoyens, il n’y a qu’une méthode possible :
lèT" ^ )rendre pour point de départ le chiffre 13000 re-
C<- 'entant le total des hoplites citoyens, et, au moyen
^'•'données modernes sur la durée moyenne de la vie
^ .lUic de reconstituer le total de chacune de ces trente
1111111 ' ,'t le chiffre des naissances annuelles. Or, d’après
lli" hMcs de mortalité, 13 000 hommes de vingt à cin-
n<\HU ans supposent 1003 éphèbes de dix-huit à vingt
3240 hommes de cinquante à soixante ans et un
l'obi de”" naissances annuelles de 800. Il reste donc pour
]°s hoplites métèques un total de 11 750, et un total de
naissances annuelles de 545. Quant à la force relative
dis contingents autres que les hoplites, infanterie légère
et équipages de la Hotte, il est impossible de la déter-
mjner mais il est évident que les métèques de ces deux
catégories étaient plus nombreux que les hoplites. Si
l’on admet qu’il faut doubler le nombre des hoplites
métèques pour avoir le total de la population métèque
en hommes faits, et si l’on multiplie ce chiffre par quatre,
proportion généralement admise pour le rapport entre
les hommes en état de porter les armes et le reste de la
population, on obtient un chiffre de près de 100 000 âmes
pour l’ensemble de la population métèque au moment de
la guerre du Péloponnèse. Comme il est généralement
admis que les citoyens étaient alors au nombre de
120 üüO ', les métèques auraient été vis-à-vis des
citoyens dans la proportion de 4 à 5. Et ce n’est
que par l’hypothèse d’une très nombreuse popula¬
tion que l’on peut, en effet, s’expliquer et la double
expédition de Sicile et la longue résistance d’Athènes
dans la dernière partie de la guerre. Il faut ensuite
descendre jusqu’à l’année 309, sous le gouvernement de
Démétrios de Phalère, pour trouver un autre chiffre pré¬
cis, provenant du recensement officiel faiL cette année-là,
qui montra qu’il y avait en Attique 21000 citoyens et
10000 métèques 2, c'est-à-dire que les citoyens avaient
diminué de près d’un tiers, et les métèques de plus delà
moitié. Les inscriptions funéraires ne peuvent servir à
contrôler ces données des auteurs, parce qu’on ne peut
distinguer celles des métèques de celles des étrangers ou
même des esclaves ; et d’ailleurs celles du v° siècle, c’est-
à-dire de l’époque la plus importante, sont trop peu
nombreuses. Par contre, ces inscriptions peuvent servir
n nous renseigner sur l’origine des métèques. Dans le
second volume du Corpus Attique , sur un total de
MCJ inscriptions émanant d’étrangers, 78 seulement
portent des noms barbares, de vingt contrées différentes ;
les lr-l autres émanent de Grecs, de cent quatre-vingt-
flnq cdés différentes. C’est dire que les métèques, à
Athènes, étaient des provenances les plus diverses, mais,
en grande majorité, d’origine hellénique.
Cette population métèque parait s’ètre très inégale¬
ment répartie entre les différents dèmes de l’Attique.
_ 'ente et un dèmes seulement sont représentés dans les
nseriptions ; et là-dessus les dèmes urbains l’emportent
f.|ll JIMUCOuP) Mélité et le Pirée venant en tête. Seul, en
lalif '6 ^mes ruraLlx> Alopécé parait avoir eu une popu-
1111 métèque nombreuse : or c’était un des plus rap-
- 3 SyMs histor- Zeitschrift, XLVIII, 40. — î Athcu. VI, 272 B.
,| j r- EP'st ■ graeci, p. 83; cf. C. i. a. II, 2, 773. — 4 C. i. a. 1,321,
etP 17 j K l’ S i elc'; P- Guiraud, Main-d'œuvre industrielle , p. 1 60 et suiv.
*007 ,,| j, et Lys. XII, 19; Dem. XXXVI, 11. — 6 Scol. Aristoph. Vesp.
a ye t-Col lignon , Hist. de la céramique grecque. 205; K. Bottier, Rev.
proehés de la ville, un dème suburbain. Sur un total de
240 métèques dont le dème est connu, 459 habitaient la
ville et le Pirée, les 87 autres se répartissant entre vingt-
six dèmes différents. Cela s’explique par la nature des
professions exercées par la plupart d’entre eux.
Tout d’abord, dans cet élément étranger se recrutaient,
comme dans toutes les grandes villes, les professions
douteuses ou inavouables : sycophantes, joueuses de
llûte et de cithare, et, d’une façon générale, les courti¬
sanes 3. Quant au gros de la population métèque, c est
àl’industrie, surtout aux diverses industriesdu bâtiment,
qu’elle se livrait. Dans les comptes de constructions du
vu et du ive siècle, sur un total de 130 entrepreneurs ou
simples ouvriers, figurent seulement 50 citoyens contre
80 métèques L Ce sont des entrepreneurs de maçon¬
nerie, de décoration, de démolition et de transport des
matériaux, etc., desfabricantsetfournisseursde matériaux
de foute sorte, pierre, tuiles, cordes, outils, etc., enfin des
artisans de tous les métiers, maçons, menuisiers, serru¬
riers, et aussi des ornemanistes, sculpteurs, doreurs et
peintres décorateurs. Les industries métallurgiques y
sont aussi représentées par des fondeurs en plomb, en
cuivre et en or; des fabricants d’objets en fer, et des
fabricants d’armes, notamment de boucliers, industrie
qui paraît avoir été des plus florissantes et qu’exercèrent
le père de Lysias et le fameux banquier Pasion 5.
L’industrie céramique paraît en grande partie avoir
été entre les mains des métèques : « Fabriquer des
lampes, dit Andocide, c’est faire œuvre d’étranger et de
barbare 6. » Et outre ces peintres de vases et les sculp¬
teurs de l’Erechtheion, les inscriptions nous font con¬
naître deux toreules métèques, dont l’un, le célèbre
Mys, était isotèle 7. Tandis que l’agriculture a peu de
représentants, la petite industrie fournit beaucoup de
noms, corroyeurs, cordonniers, boulangers, cuisiniers,
foulons, tisserands, coiffeurs, portefaix, etc. Les femmes
exercent aussi de nombreux métiers, couturières, tis¬
seuses de laine, et, surtout, nourrices.
Les négociants paraissent avoir été plus nombreux
encore que les industriels. Ce sont, soit des marchands au
détail ou revendeurs, scxirriXot, dont quelques-uns tenaient
des spécialités, étoupe, encens, sésame, soit des mar¬
chands en gros, faisant le commerce par mer, le commerce
d’importation, ’ÉgTcopot [mercator, negociator]. Le com¬
merce des céréales surtout était en grande partie entre
leurs mains 8. Enfin le plus fructueux de tous les com¬
merces, le commerce de l’argent, était aussi pratiqué par
eux, et les principaux banquiers, ou trapézites, que nous
connaissons, sont des métèques, notamment Pasion et
Phormion9 [trapezitai]. Outre ces banquiers, d’autres, des
capitalistes, faisaient valoir leurs capitaux en les prêtant,
surtout à la grosse aventure10. En un mot, les métèques
occupaient dans le monde des affaires, à tous les degrés,
une situation prépondérante, et c’est en grande partie
grâce à eux qu’ Athènes et le Pirée ont dù d’être la pre¬
mière place de commerce et le centre financier du monde
grec. Il résulte de cela que, contrairement à l’opinion de
Boeckh M, s’il y avait beaucoup de métèques pauvres, il
y en avait aussi beaucoup de riches. Outre les noms de
arc II. 1889, I, 35. — 7 C . i. a. Il, 2, add. 741. — 3 0. Perrot, Le commerce des
céréales en Attique au iv* siècle avant notre ère (Rev. histor. IV, p. 1 et
suiv.). — 9 G. Perrot, Le commerce de l'argent et le crédit à Athènes au
iv« siècle avant notre ère (Mêm. d’archéol., d'êpigraphie et d'histoire , p. 337
et suiv.). — *9 Dem. XXXtV, 50. — Il Op. I. 1,025.
MET
1884 —
grands négociants ou de particuliers qui ont argement
contribué aux eisphorai et aux epidoseis , nous voyons
des mctèques posséder des esclaves et des affranchis, et
1 un des poètes de la comédie nouvelle, Philippidès, se
plaint de l'insolence des riches parvenus métèques ' Et
la persécution dont ils furent l’objet sous les Trente
montre bien qu il y avait là une source de richesses bien
connue de tous les Athéniens.
Dans ce que nous appelons les professions libé¬
ra es, leur place n’est, guère moins considérable. Parmi
les savants, les médecins Événor et Phidias 2, l’archi¬
tecte du Pirée, Hippodamos de Milet 3, l’astronome
îaeinos, le maître de Méton 4, ont été des métèques.
Aous ne savons pas d’une façon précise si les nombreux
poètes et les nombreux philosophes qui ont vécu à
Athènes y étaient comptés comme tels, bien que ce soit
très probable : mais nous le savons positivement pour
trois des orateurs du iv« siècle, Dinarque, Isée et Lysias5.
Favorisés par le gouvernement démocratique, les mé¬
tèques, quoique soucieux avant tout delà paix intérieure
et extérieure nécessaire àleur commerce et à leur indus¬
trie 6, ont eu, en général, une préférence marquée poul¬
ie régime auquel ils devaient leur prospérité, et ils l’ont
montré lors de la chute des Trente et du rétablissement
du gouvernement populaire. Avant même cette époque,
on voit des métèques jouer un rôle, fort obscur à là
M-rité, dans d autres affaires d’un caractère politique
Dans les ténébreuses affaires des Mystères et des Ilermoco-
pides, plusieurs métèques, notamment Teucros et Képhi-
sodoros, figurent comme amis et compagnons habituels
d Alcibiade 7, et il semble que ce dernier ait fait entrer
dans l’espèce d’hétairie analogue aux hétairies aristo¬
cratiques qu il avait formée, non seulement des citoyens,
mais des étrangers dévoués à sa fortune. En 411 encore!
on voit des métèques jouer un rôle équivoque sous les
Quatre-Cents, lors de l’assassinat de Phrynichos : les
auteurs ou prétendus tels de cet assassinat, qui furent
recompensés une fois la démocratie rétablie, étaient tous
des métèques 8. Sous le gouvernement des Trente enfin,
et lors de la restauration du régime démocratique, ce ne
sont plus des individus isolés, c’est la classe entière des
mctèques qui prit une part active aux luttes politiques, et,
très nettement, pour le parti démocratique. Déjà, lors de
la prétendue conspiration dans laquelle les oligarques
impliquèrent, pour les perdre, les chefs du parti démo¬
cratique modéré, des métèques furent saisis et mis à
mort 9. Lne fois les Trente au pouvoir, ils exercèrent
contre tous les métèques une persécution systématique
qui, du reste, contribua plus que tout à amener la rup¬
ture entre Critias et Théramène. Pison et Théognis
tirent décider que chacun des Trente s’emparerait de la
personne d’un métèque, le mettrait à mort et confisque¬
rait ses biens. Xénophon et Lysias disent que c’était
surtout pour se procurer de l’argent10. Mais en fait,
parmi ceux qui furent arrêtés, figuraient deux pauvres!
v/ A !’ 277 ; les Catalo,Jues phiales d'argent, pas sim ; Athen.
« • a “ 2 C' 1 “• "■ I86' 187 ! lhid - ». Add. nov. 256 b. - 3 Schol
Aristoph. Equit 327. _ 4 Theophr. De sign. tempes t. 4. _ 3 Voir G. Perrot,'
éloquence politique et judiciaire à Athènes. - 6 Aristophane no manque
eSp ,olgUrer parmi CCUX ‘‘ue 7ryeée appelle à la rescousse pour
, v u“’ 297)'“ 7 And,’C■,' 277. — 8 Thuc.
_ 9 f vm 5’ Ü C’ K “■ '■ 59 1 cf' Rôbl- L'J°™ [Hermes, XI, 378).
Il 3 40 1’ m T, Xen' Ihllen' 3’ 21 ; Lys- Xl11’ C’ 7‘ - 11 X™- Bell.
'' ~ bu: 2j' - 13 Athen. A/itth. XXIII, 24, n« 3. - H XXXI,
-9, el. Il, 00. - lo Plut. Arat. 36, 38, 45. - IC Le Uas-Foucart, Mégaride et
MET
et la mesure, due en réalité à Critia*
autre portée : elle achevait l’œuvre ™ 1 Une bien
démolition des remparts et la destructT11^'1^6 Par la
c esl-;\-dire l’anéa„tiSSement de ZI t Z '* <
force de la démocratie, empire extérieuï fail h
mer ce et industrie. Le résultat de
qu avait prévu Théramène » • les JT f Ures ht ce
ennemis irréconciliables du nouveau rTo ‘V'n,'ent des
ceux qui le purent s’enfuirent, comme f ' l°Us
début, la petite armée de Thrasvbule ySlaS' Dès le
ses rangs. 11 leur promit l’isotélie- Pi ^ ^ns
tenue : un fragment de décret dû pràbablem^Tf fUt
nos en fait foi 13. Et plus tard, Lysias put c\7 * Chi'
métèques cet éloge, que dons ces circonstatesT *"
lis avaient fait tout leur devoir u. glaves-
En dehors d’Athènes, nous constatons l’existence h
meteques dans 7! cités, réparties dans toutes les conT '
de la Grece indifféremment. Les traits généraux a ” . 8
tilution y apparaissent partout à peu près les ■
et il suffira de signaler quelques particularités Sj
1 va de soi qu il n y avait pas de métèques, du
a 1 époque classique, en Laconie, où l’institution des
T T' I,r<Scisémenl de les empêcher
tabln . 1 ar contre, en Arcadie, notamment a Man-
inee e à Tegee, les métèques tiennent une place J
ante A Mantinee, en 227, Aratos leur donne le droit d,
cite L A Tegee, les métèques, au siècle avant notre
ere, sont répartis entre les tribus, comme les citoyens
eux-mêmes, et prennent part aux jeux publics u ; il est
vrai que ces tribus ont un caractère territorial et res¬
semblent aux dèmes athéniens A Argos, les neSüjrvm
que deux fragments d inscriptions montrent répartis en
symmories sont certainement des métèques 1S. A Mégare,
les métèques paient le metoikion , ont un prostate et
peuvenL recevoir l’isotélie 19.
Dans la Grèce centrale, la plupart des villes de la
Beotie ont des métèques (pixoïxot ou 7càpotxoi) et des
isotèles 20 : le texte le plus intéressant est celui qui nous
montre une femme affranchie, qui, aux termes de l’acte
d affranchissement, se choisira le patron qu’elle voudra,
c est-a-dire entrera dans la classe des métèques21.
En Phocide, les métèques, xafotxot ou aüvotxot,
paraissent avoir été très nombreux à Delphes : ils y
payaient des impôts et y étaient soumis à des liturgies, I
notamment à la chorégie, à moins d’atélie, et n’y jouis¬
saient pas de l’egktésis22. En Locride, dans les petites ’
cités maritimes de Chalion et d’OEanthéa, les métèques -
occupaient, dès les ve siècle, une place assez importante
pour que, dans une convention entre ces deux villes, un
paragraphe les concernât spécialement ; il y est dit que
tout métèque originaire de l’une des deux cités contrac- .
tantes sera jugé, en cas de litige, non par le tribunal
des xénodiques, réservé pour les étrangers proprement
dits, mais par les tribunaux ordinaires de la cité, mais
qu’il ne pourra le faire que par l’intermédiaire de son I
Pélop. 338 b. — i7 Gilbert, Handbuch , II, 127. — l* Inscr. gr. antiq. 35, «ï |
niSàf omoi est la transcription dorienne de pénuxot {iztHù = |aet4). — t9Dem. XXI\> ■ I
Lyc. C. Leocrat. 21; Corp. inscr. gr. sept. 20. — 20 Acroephiae , C. ir'scr'^' 1
sept. 2712 ; Baliarte , Ibid. 2848 ; 2849 ; Orchomène, Ibid. 21 ; Oropos, bys. ’ I
9, et C. inscr. gr. sept. 237 à 401, 4258, 4260 à 4268; Platées , Ibid. 10 | fl
Tanagra, Jbid. 504 à 509, 510 à 536; Thèbes, Diod. XVII, U, 2; C. inser. gr^ ■
sept. 2409; Thespies, Ibid. 1862, 1726; Thisbé, Ibid. 2223-2224. - 21 H>u ■
Dittenberger, Hermès, XXI, 633’; cf. Bull. corr. bell. XIX, 161, où lu» llül j
même formule, i Orchomène. — 22 Dittenberger, Sylloge s, 485; Bull. cou.
V, 402 ; Vil, 417.
MET
MET
— 188;> —
Pr
oxène.
Il n'y avait donc pas dans ces villes de magis-
i malogue au polémarque d’Athènes. De plus, pour
11,1 ,(|jr être réputé métèque, il faut résider depuis plus
Phi mois1. En Ëtolie, les métèques apparaissent nom-
ir(,n\ au )i° siècle2; ils peuvent jouir d’un privilège
-■lé ÊiriTig-*» qui paraît analogue à l’isotélie 3. A Tlier-
' ' on voit une affranchie devenir, en vertu de l’acte
, ^'affranchissement, xaxà xoùç AixwXwv vdgou; txûxsÀ-Ti
m"U.
mémo
; ■;vT6taov 4 : ce qui veut dire que, l’isolëlie étant chose
d’ordre public et non privé, l’esclave avait obtenu en
même temps de son maître la liberté, et de la cité
l’isotélie, ce que l’acte d’affranchissement rappelle.
Pour la Grèce du Nord, il faut citer, en Thessalie,
[misa : un curieux document nous y montre le roi de
Macédoine Philippe V ordonnant, sous forme de conseil,
aux Lariséens de conférer le droit de cité à tous ceux de
leurs métèques qui sont d’origine hellénique, parce que
leur ville a besoin d’un plus grand nombre de citoyens.
Les Lariséens ayant obéi d’abord, puis étant revenus sur
celle mesure, Philippe leur enjoint de se conformer à
ses ordres, et fait valoir à l’appui de sa demande la
façon d'agir de Rome, très supérieure, dit-il, à celle des
Grecs : Rome admet au droit de cité même les esclaves
affranchis, quelle que soit leur origine, et c’est ainsi que
les Romains augmentent la population de leur cité et
qu’ils peuvent fonder des colonies 3. Dans une autre
cité thessalienne, Pythion, il y a une magistrature spé¬
ciale, celle des xénodoques, chargés de veiller sur les
affranchis et les métèques proprement dits0.
En lllyrie, Epidamne, à l’inverse de sa voisine Apollo-
nie, qui pratique les xénélasies, laisse les étrangers
elle,
i
soit en passant, è7ttS7ip.£ïv, soit
s’établir chez
demeure, (aexoixeîv 1 . En Thrace, à Byzance, les métèques
tiennent au ivc siècle une place fort importante : la ville,
ayant besoin d’argent, non seulement leur emprunte sur
hypothèque, fait anormal, puisque les métèques, ne
pouvant posséder de biens-fonds, ne pouvaient pas non
plus prendre hypothèque; mais ne pouvant ensuite se
libérer, elle leur laisse les terres hypothéquées, contre
abandon d’un tiers de l’argent avancé par eux 8. Les
métèques de Byzance formaient donc une. classe opulente,
grâce au commerce évidemment. Nombreux et riches, ils
y constituaient des thiases et leur faisaient reconnaître
par la cité le droit de posséder des biens-fonds9.
Les cités insulaires, cela va de soi, ont renfermé une
nombreuse population métèque. A Égine, dans un
ounhai livré en 388, les Ëginètes perdent 150 hommes,
p us Pi K) étrangers, métèques et matelots10. Démos-
trim nous fait connaître un de ces métèques Ëginètes,
mnpis, le plus riche armateur de toute la Grèce, qu’on
cm» inpta du metoikion, sans toutefois lui donner le
"Ml '*e c'té“. Nous avons déjà parlé de la condition
inle faite à Corésia, dans l’ile de Céos, à certains
m' toques, ceux que protégeait Athènes lors de la
^ "'T confédération maritime. Il esta remarquer que
* ""'^Rues, privilégiés au point de vue de l’impôt,
a étaient pas admis aux repas publics donnés
"osion de certaines fêtes, faveur que la cité réser-
XI.HI 322. — 2 Le Bas-Waddington, Asie Mineure , 85; Arch. Zeit.
Syli0l/I, corr; hel1- V. 372, 373. -3 Bull. corr. hell. VII, 410. - 4 Diltenberger,
mrjlll Q * Ath.en.MUth. VII, 04; cf. Hennés, XVII, 477. - 6 Heuzey,
8 l's >JrPe et lAcarna»>e, ins. n» 4, et p. 32. — 7 Aelian. Hist. var. XIII, G.
Il II”' vIISt0t' Oec°nom. Il, 2, 3. — 9 Ibid. — 10 Xen. Hellen. V, I, 12
\ vin c> ■ < , , .
^ ~ Dillenberger, Sylloge 2, n° 522. — *3 Bull. corr. hell.
vait à ceux qui contribuaient à ses dépenses12. A Délos,
étrangers de passage et étrangers domiciliés ont afflué
de bonne heure; mais c’est surtout après la décadence
d’Athènes et du Pirée qu’ils y ont pris une grande
importance. Les inscriptions nous montrent que, pour
les jeux, tandis que les citoyens se réservent la chorégie
pour les Apollonia, ils la partagent, pour les Dionysia,
avec les métèques13, sans doute parce que c’est un culte
moins exclusivement délien. On les admet également aux
adjudications pour les travaux du temple14, et ils
peuvent prendre en location les maisons sacrées, à
condition d’avoir pour caution un citoyen1". Parmi ces
métèques, commerçants pour la plupart, la colonie la
plus importante était la eolonie égyptienne, qui avait,
importé avec elle ses dieux elles y adorait en toute sécu¬
rité10. Les Phéniciens de Syrie et de Chypre étaient
nombreux aussi, et célébraient leur culle dans la même
enceinte que celui d’Isis11. Dans la petite cité d’Arcésiné,
dans File d’Amorgos, on voit au n* siècle les métèques,
lors d’emprunts faits par la ville, servir de cautions
comme les citoyens eux-mêmes : les prêteurs ont hypo¬
thèque non seulement sur les biens de la cité, mais sili¬
ceux des citoyens et sur ceux des métèques 1S. Il ne s’agit
d’ailleurs, pour ces derniers, que de navires el de car¬
gaisons ; mais cette solidarité montre en eux de véritables
membres de la cité.
C’est à Rhodes que les métèques ont joué le plus
grand rôle, au moins à partir du ive siècle. A la fin de
ce siècle, les étrangers y sont assez nombreux pour
fournir contre Démétrios Poliorcète 1 000 combattants,
contre 6000 fournis par les citoyens19. Parmi ces
métèques rhodiens, il y en a qui sont désignés par
l’expression olç i kmôau.itt. oéooxai20, qui paraissent être
analogues aux isotèles : souvent, en effet, leurs lils
obtiennent le droit de cité 21 . Il faut encore signaler
l’existence de cinq magistrats spéciaux, les litifi.eXT|xai
tiov tjsvcov , quoique nous ne puissions discerner s'ils
avaient charge des métèques ou seulement des étrangers
proprement dits 22 [epimélètai, p. 676]. Mais ce sont
les inscriptions des possessions rhodiennes qui four¬
nissent les renseignements les plus intéressants. A
Brykonte, dans File de Carpathos, les métèques appa¬
raissent comme faisant partie des xxotvxi, qui sont des
divisions territoriales, analogues sans doute aux dèmes
de l’Attique. Ces petites communautés ont leurs assem¬
blées, qui rendent des décrets, et leurs magistrats : or
les métèques peuvent arriver aces charges23. À fortiori
participaient-ils, comme à Délos, aux chorégies 21. Tous
ces documents nous montrent dans ces métèques rho¬
diens des négociants, riches pour la plupart, et usant de
leur fortune pour fonder et entretenir des associations
religieuses23. D'autres exerçaient des professions libé¬
rales ; les artistes métèques ont certainement tenu une
place fort importante dans l’école de sculpture qui a
fleuri à Rhodes au 11e siècle avant notre ère. En somme,
la place faite aux métèques dans les xxoïvxt, l’octroi de
l’épidamia, bien plus fréquente que l’isotélie à Athènes,
l’octroi du droit de cité qui en était souvent la, consé-
VII, 104 et suiv. — U Ibid. XIV, 393, 1. 44-82. — 13 Ibid. 1. IG-24; XIV, 437. n. 2.
l'i 1b. VI, 295 sq. ; XIII, 240. u Ib. VI, 4.0 sq. — 18 Uareste-Haussoullier-
Reinach, Inscr. jurid. gr. XV A el B. — 19 Diod. XX, 84, 2. — 20 c. inscr. gr.
insul. 317, 157. — 21 Jbid. 40, 43, 87. — 22 /*. 49. _ 23 /h. 1033, 157; DuU.
corr. hell. X, 201. — 24 C. inscr. gr. insul. 702, 283 — 2, Jbid. 127, el Foueart,
Assoc. religieuses , p. 1 10 et suiv.
237
MET
1880 —
quence, tout cela révèle la politique suivie par Rhodes,
comme autrefois par Athènes. Les raisons en sont les
mêmes de part et d’autre : la nécessité, pour une cité
devenue maritime et commerçante, de faire aux étran¬
gers une place suffisante. Rhodes semble même être allée
plus loin qu’Athènès dans cette voie, profitant peut-être
de son exemple. Et c’est au moment où le port de Rhodes
remplace pour le monde grec celui du Pirée que les
métèques y prennent une grande importance '.
En Asie Mineure, les métèques des diverses cités
jouent un rôle important lors du soulèvement et de la
guerre de Mithridate. On voit partout les deux partis
chercher a les gagner en leur promettant le droit de cité 2.
A Chalcédoine, il y a parmi eux de riches négociants
dont 1 intervention est fort utile à la ville dans un besoin
pressant d argent 3. A Abydos, ils forment une classe de
capitalistes dont la cité ne peut non plus se passer, et
sont les banquiers ordinaires des cultivateurs 4. Pergame
nous fournit un détail intéressant, la mention formelle
des listes ou registres sur lesquels étaient inscrits les
métèques, at tcov 7tapotxwv a7ioypacpat s. A Téos, le droit
d asile du temple de Dionysos protège aussi bien les mé¬
tèques que les citoyens 6. A Éphèse, la population étran¬
gère comprend cinq catégories de personnes : les esclaves
publics, les affranchis, les esclaves du temple, les
métèques et les isotèles, qui viennent en tête 7. A Milet,
on a retrouvé un fragment d’une de ces à7toyfa<paî dont
parle une inscription de Pergame 8. A lasos, des listes de
contributions volontaires pour les fêtes de Dionysos,
datées du 11e siècle, nous montrent les citoyens versant
généralement 200 drachmes, et les métèques 100. Le
total des citoyens s’y élève à 107, celui des métèques
a 45, soit près de la moitié 9. Ces contributions sont
d’ailleurs de véritables chorégies, et le titre de chorège
est donné aussi bien aux métèques qu’aux citoyens.
A Syllion, à l’époque romaine, les métèques ont part,
après les citoyens, aux libéralités d’une grande famille
du pays, et il semble qu’ils soient répartis, comme à
Tégée, dans les tribus10.
En Cyrénaïque, lors de la guerre entre Rome et
Mithridate, la population se répartit en quatre classes,
dont les métèques forment la troisième, et une catégorie
spéciale d’étrangers, les Juifs, la quatrième 11 . En Sicile
enfin, quoique aucun texte ne mentionne formellement
des métèques, il est certain qu'ils jouèrent un rôle
important lors de la révolution qui remplaça l’oligarchie
des gamores par la tyrannie 12.
On voit qu’en somme les traits généraux de l’institu¬
tion sont à peu près les mêmes partout. Partout les
métèques sont inscrits sur des registres spéciaux, par
l’intermédiaire d'un prostate, et ils le sont d’office au
bout d'un certain temps; ils sont soumis à une taxe spé¬
ciale et à certaines liturgies, et peuvent en être dispen¬
sés par faveur. Ils sont admis à certains des cultes de la
1 Bases de statues avec signatures de métèques, C. viser. %gr. insul. 40, 42,
43, 124, 812. — 2 App. De. bell. Mithrid. 48. — 3 ps. Arist. Oeconom. 11, 2,
*0. — '* Jbid. II, 2, 18. — ° Frankel, Insch. von Pergamon, 240. — 6 Le
Bas-Waddiugton, Asie Mineure, 61, 64, 66, 85. — " Jbid. 136 a. — 8 Haus-
soullier, Rev. de pliilol. XXXII, 80 et suiv. — 9 Le Bas-VVaddington, Asie
Mineure, 252 à 238. — lu Bull. corr. hell. XIII, 486 et suiv. — H Joseph. Antiq.
iud. XIV, 72 ; il manque dans le tente un mot après sirtufti ; ce ne peut être que
çùX«t, ou, peut-être, viSUi;. — 12 Holm, Gcsch. Siciliens im Altherthum, I,
144 et suiv. — Bibliographie. G. de Sainte-Croix, Mémoire sur les métèques ou
étrangers domiciliés à Athènes (Mém. Acad. Inscr. 1808, XLVIII, p. 176-207);
Boeckh-Frünkel, Die Slaatshaushaltung der Athener, 1886 ; H.-M. Bruijn de Neve
MET
de, ce qu. les différencie absolument des éir
ds trouvent place dans les cadres de la cité i ^ el
cadres ne sont plus exclusivement les vioiii ®queces
génétiques. Si l’institution offre partout T, ‘ 1V,Si°ns
caractères, c’est qu’apparemment elle rénon / u mi‘mes
aux mêmes besoins. La question d’origine Z
rien à voir là, puisque sur G9 dont nous onn- “’a
l’origine, 16 sont ioniennes, 23 éoliennes et 30
Quant à la forme de gouvernement, il est cert- " nnes’
d'une façon générale, les gouvernements démocntiiT’
ont été plus favorables aux métèques que les eotl!qUeS
ments aristocraties; raais „ a\n £ ^
que, sur les 32 cités dont nous connaissons la consthu
tion, les cites aristocratiques sont à peu près ■ •
nombreuses que les cités démocratiques (14 contre m'
La vraie cause de la formation et du développement de
a classe des métèques dans les cités grecques relève
bien moins de la politique que de l’économie politique,
En grande majorité négociants et industriels, les métèques
ont suppléé à l’insufrisance des citoyens, et fait ce que
ceux-ci ne pouvaient pas faire : ils ont ainsi, jusqu’à un
certain point, joué le rôle de cette classe moyenne dont
les anciens ne pouvaient se passer plus que nous, et qui
chez les Romains était représentée par les affranchis.
Là où le commerce et l’industrie ne se développèrent
pas, ils furent inutiles, et l’on n’eut ni à les attirer ni à
les retenir. Dans les centres industriels et commerciaux
au contraire, ils affluèrent, et il fallut bien finir par
régler leur situation. Et en effet, sur nos soixante et onze
villes, quarante et une sont des ports de mer, et les
autres, comme Mantinée, Argos, Thèbes, Cyrène, etc.,
des cités importantes et populeuses, centres non seule¬
ment politiques, mais économiques de toute une région.
A ce point de vue, l’exemple d’Apollonie et d’Épidamne
est des plus significatifs. Si, de ces deux villes, voisines
et de la même origine, doriennes l’une et l’autre, l’une,
Épidamne, a bien accueilli les étrangers, tandis que
l’autre, Apollonie, ne voulait pas les laisser s’établir à
demeure, c’est que la seconde, bien qu’assez florissante,
n’a jamais été un centre d’échanges international, ce
qu’a été Épidamne, intermédiaire entre la Grèce et
l’Italie. Et c’est à Athènes d’abord et au Pirée, puis à
Délos et à Rhodes, c’est-à-dire dans les ports les plus
importants de la Grèce que les métèques onL tenu la
place la plus considérable. M. Clerc.
METOPA (MsxÔTrq). Métope. — I. Panneau compris
entre les triglyphes dans la frise de l’ordre dorique. L ori¬
gine de la métope a été soumise aux mêmes discussions
que celles de l’ordre dont elle fait partie. Vitruve, faisant
dériver les formes de l’architecture en pierre de celles
de l’architecture en bois, considère la métope connue
étant originairement la maçonnerie servant à combler <
vide qui se trouvait exister entre deux poutres du P ^
fond de l’entablement. Pour dissimuler 1 extrémité
oll, Disputatio literaria de peregrinorum apud Athenicnses .
ordrechl, 1839; H. Schenkl, De metoecis atticis ( Wiener Stu te", ’ . 3
161-225); V. Thumser, (Jntersuchungen über die attischen Me a cen ^ ^ .
tudien, VII, 1885, p. 45-68); C. Welsing, De inquilinorum et peregr ,n0 ika
thenienses judiciis, Munster, 1887; U. von Wilamowilz-Moe en , \uchier
m Metoeken (Sennes, XX II, 1887, p, 107-128 et 211-259); Gilbert, t4
■iech. S taatsalterthümer 2, 1893, p. 195-202; Busolt, Gnech. AU* ^ (fer '
suiv., 137 et suiv. ( Sandbuch hvan Millier) ; Hermann-Thumser, 18M}
■iech; Staatsaltertli., 1892, p. 419-426; M. Clerc, Les métèques ai ^ ^
. Clerc, De la condition des étrangers domiciliés dans esn
•ecques ( Revue des Universités du Midi, et tirage à part, 18 )
MET
— 1887
MET
fpPS mli était d’un effet peu gracieux, on y clouait
ces pouue= i , . „ i . • . , _ n —
anchette cannelée, en forme de triglyphe que l’on
""l' v'éL de cire bleue1. On voit que le mot métope
el" ", jiîe pas, selon Vitruve, l’idée d’un vide, mais l’idée
'V' , j , . ; n , puisqu’il ne fait nulle mention d’un temps
llU|"M[il intervalle aurait été laissé libre. Ladéfinition est
°U iiieurs conforme au sens le plus vraisemblable du
mot métope,
« entre les ouvertures»2, qui ne peut désigner
plein. Mais entre quelles ouvertures? Les Grecs,
(.J j| appellent oizxi les trous ménagés dans une maçon-
gui
il, appe
nerie pour y
faire entrer les bouts des poutres, ce que
les architectes latins appellent columbaria 3. L’intervalle
coinpiTs entre deux ouai s’appelle donc très justement
mft0pe. À cela, on a objecté qu’un état aussi transitoire
,g ja construction n’avait vraisemblablement pas pu
servir à fixer la nomenclature de l’ordre D’autre part,
Vitruve, après avoir imposé la théorie que nous venons
d'indiquer, ajoute : « /ta divisiones hgnorum teetae tri-
glgphorum dispositionc intertignium et opatn habere in
doricis operibus coeperünl ". » Les mots intertignium et
o pu semblent à première vue de signification identique
et ne désigner qu’un seul et même objet. Ilittorf 6 en a
donné une explication ingénieuse et quelque peu subtile .
il ne faut pas, dit-il, entendre ici par wrq une ouver¬
ture de part en part. Lorsqu’on plaçait les poutres du
plafond de l’entablement, elles dépassaient le mur ou i<i
poutre formant architrave. 11 était nécessaire d en couper
l’extrémité saillante. Mais comme on y adaptait une
plaque de bois sculptée, le Lriglyphe, il fallait ménager
à cet ornement l’espace en retrait nécessaire pour qu il
trouvât sa place sans déborder sur le nu du mur. Cette
cavité est précisément une Il n’y a pas contradiction,
ajoute Ilittorf, avec cet autre passage’, qui précède de
quelques lignes celui que nous venons de citer : « I uni
B
A
Fig. 5028. — Dispositions dos métopes.
A, (rates, poutres; B, ligna, solives; C, intertignium, eulrevous; C’, métope; D, opa, cubilia, cavité; E, briques et planches; F, triglyphes et planches encastrés
dans Topa; G, lriglyphe en pierre.
projecturas tignorum quantum eminebant, ad lineam
et perpcndiculum parietum praesecuerunt », car il suffit
de remarquer que ces mots font allusion à une époque
antérieure, où la section rustique de la partie saillante
nechoquait pas des yeux encore inexpérimentés. En con¬
séquence, on n’avait pas besoin d’aménager cette section
d une manière particulière pour y recevoir des triglyphes
qui l’auraient cachée. Plus tard, au contraire, on pratique
la section assez en dedans pour que le triglyphe puisse
y trouver place. Ainsi se trouve expliquée l’opposition
des mots intertignium et opa. Le premier désigne bien
1 emplacement de la métope, le second signifie, mais
considéré à deux époques différentes, l’espace ménagé
P°ur introduire la tête saillante de la solive et la cavité
laissée par la section de celle-ci pour insérer le triglyphe.
Le dernier passage cité fait allusion au temps où le mot
' lait pris dans le premier sens. Métope est donc syno-
m,Topa, i vitruv. IV, II, 2.-2 M. Perrot remarque que l'usage u’esl pas
c °J0U,'S informe à la logique et à la réalité des choses, et il propose, à titre do
tern ' IIIC’ conSKlérer le mot (lE-tom; comme un simple doublet de ptiwitov, front ,
'le mvenl employé métaphoriquement en architecture pour désigner une lace
cf- Choisy, Études sur l’arck. grecque ; I, l'Arsenal du Virée, Marché
J'! Mention des travaux de l'Arsenal de Zéa au Tirée, 1. 23 du lexte épigraphique.
_ 3 Y 1 1 ^ ’ '*• — '* f’errot et Chipiez, Hist. de l’art, t. VII, p 479.
fie 5'UUV- "L ”■ — 6 Hittorf, Antiqu. inéd. de l’Atlique, d où est tiré la
' ' p. 40, „. l. _ 7 Vitr. Ibid. - 8 Euripide, Iphig. Taur. v. 113-114 semble
nyme d’ intertignium fit Vitruve est partout conséquent
avec lui-même (fig. 5023) 8.
Dans l’architecture en pierre, triglyphes et métopes ne
sont plus qu’un simple motif de décoration (fig. 5021)
rappelant, mais avec une grande liberté dans leur emploi,
les nécessités de l’entablement en bois. En efiet, si 1 on
examine la structure interne de l’entablement de pierre,
on voit que métopes et triglyphes ne sont qu’une façade
derrière laquelle s’élève parallèlement une seconde paroi,
un mur, qui comme la frise supporte en partie le poids de
la corniche et du fronton 10.
La métope est généralement un simple bloc de pierre
entre les triglyphes. Mais parfois aussi, comme on le voit
àSélinonte11 et ailleurs, la métope n’est qu’une épaisse
plaque de marbre garnie de saillies latérales qui s’insèrent
à gauche et à droite dans des feuillures pratiquées à cet
effet dans les flancs des triglyphes. Cette disposition était
avoir connu des vieux temples où un vide exislait entre les triglyphes; Or.
v. 1371-1372 ; Semper, Dcr Styl, II, 40G ; Winckclmann, Observ. sur l’ar¬
chitecture des anciens, t. III, p. 47 ; Beulé, Hist. de l'art grec av. Périclès,
p. 21-22, et les objections de Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, VU.
p. 480, n. 3 ; p. 481. — 9 Durai, Consecutive und polychrome Details der
griech. Baukunst, 1880, pl. n; Perrot et Chipiez, t. VI, p. 127, fig. 316.
Pour la filiation avec l'époque mycénienne, cf. Ibid, et Lecliat, Le Temple grec.
p. 48, Paris, 1902. — 10 Perrot el Chipiez, t. VII, pl. xxu, fig. 3. — n Perrot
et Chipiez, pl. xxxm, 10.
MET
adoptée surtout pour les métopes sculptées. Elles étaient
ainsi plus légères et d’un maniement plus facile pour la
mise en place, et les figures couraient moins de risque.
l'ig. 5024. — Métopes et triglyphes.
Par exception, un seul bloc pouvait supporter à la fois un
triglyphe et une métope1.
Nous n’aborderons pas ici la question de la réparti¬
tion des métopes et des triglyphes le long de la frise.
Problème auquel les architectes ont trouvé des solutions
variées.
Les métopes, àl’exception des dernières, devaientêtre
aussi hautes que larges 2. Cependant, dans des temples
très anciens, comme celui de Poséidon à Paestum, on
trouve la forme barlongue 3. Cela s’explique parce que
dans la charpente en bois, les intervalles entre les extré¬
mités des poutres ne pouvaient manquer d’avoir plus de
largeur que de hauteur (fîg. 5023). Il en est de même
dans la frise d’albâtre de Tirynthe, dont la disposition
annonce la frise de l’ordre dorique
1 888 —
MET
• m antis comme dans U.« i
la fnse du naos ne porte de tnglvp|los K'Msl.vl<'s,
que sur les laces antérieure et postérieur." meloP«s
disposition des poutres primitives 5 C’< ^ SUlvant U
et en quelque sorte par une fanhkio ^ excePli°n|
l’architecte, que cette frise se
comme dans le trésor de Sicyone, à Olympie?1'' c6tés
est pas de meme du portique. La frkp S . . ’ 11 11 en
long des quatre côtés du ptérorna 7 ' ruPete tout au
Le triglyphe et la métope sont ‘une des
tiques essentielles de l’ordre dorique. Iles i L f m'
danf, et par exception, que cette frise fût empl^yéeT”'
des monuments d’ordre ionique. Le petit TV *
d’f mr*M* » Sélinonte, À offre un èxemï h®
colonnes vonts’ammeissant, comme dans l'ordre dorii.!’
mais elles ont une base et une volute, selon le ,2
ionique. Les cannelures se rapprochent du dorique ainsi
que 1 entablement, dont la frise porte des trigIy„he
des motopes coloriés8. ’ ' ,s e
Les métopes offraient au sculpteur une succession de
champs circonscrits et bien en vue qui devaient tenter le
ciseau. Et en effet, de bonne heure, comme le montrent
les motopes les plus archaïques de Sélinonte (fîg 509 p
on les sculpta. Mais il s’en faut de beaucoup queues
temples a métopes sculptées aient été les plus nombreux
Très souvent on se contentait de les peindre en rouge’ '
tandis que les triglyphes l’étaient en bleu. Sans
doute aussi y traça-L-on des figures et des ornements,
mais rien ne subsiste de cette décoration s. Quant
aux métopes sculptées, il n’y eut dans leur réparti¬
tion aucune règle fixe. Tantôt il n’y eut de sculp¬
tures que sous le portique, à la frise du naos et à celle
de 1 opisthodome 10 ; tantôt la frise extérieure est sculp¬
tée sur les deux faces antérieure et postérieure 11 ; ou
bien quelques métopes sont, en outre, sculptées en
retour sur les frises latérales, mais ne les remplissent
pas ; enfin, tout le pourtour du ptérorna peut être
sculpté, comme au Parthénon, mais c’est le seul exemple
que l’on connaisse12.
IL — Dans l’ordre ionique, on appelait aussi gerÔTr/i,
la coupure des denticules 13. André Baudrillart.
METRAGYRTAE (MTjTpayépTai). — Agyrtes, prêtres
mendiants de la Mère des dieux [cybèle, agyrtae, gallus,
p. 1-456]. Le culte phrygien, dont ils étaient les ministres,
après s’être répandu dans l’Asie Mineure, fût introduit à
Athènes vers l’an 430 av. J.-C., à Rome en 204. Malgré le
mépris dont ils étaient généralement l’objet, ils exercèrent
leurs pratiques jusqu’à la fin de l’antiquité. E. S.
METRETA (Mexpr^ç). — Principale mesure pour les
liquides dans le système attique des poids et mesures
créé par Solon '.lia pour subdivisions : le youç, douzième,
l vjpuy ooç, vingt-quatrième, la xoxuXr,, cent quarante-
quatrième, rvjgixoxûXtov, deux cent quatre-vingt-huitième,
l’oijuêai pov, cinq cent soixante-seizième, et le xéaOoç, Luit
cent soixante-quatrième du metreta. Il vaut environ
I Ainsi au Métroon d'Olympie. — 2 Vitruv. IV, 3 ; Canina, Arch. antica, t. VIII,
p. 223, 224, pl. XXIII, xxvi, LXYH, f. 2, p. 104; cf. Perrot, I. Vil, p. 434 et pl. xxx.
- 3 Pprrot et Chipiez, l. Vil, fig. 205. - 4 Ibid. fig. 207; cf. t. VI, ch. vin, fig. 309,
310, 313, 316. — 3 Sélinonte, temples 1), U, S; temple de Zeus à Olympie. Voir aussi
ANTAF; 7 Doerpfeld, Olympia, Baudenkmdler, Tafelband, I, pl. xxvm; Perrot
et Chipiez, t. VII, pl. Xx. — 7 Sélinonte, temples K, S; le Parthénon, etc.
8 Hittorf et Zanlli. Arch. de la Sicile, lemple d’Empédocle. — 9 Perrot et
Chipiez, I. Vil, p. 486. — 10 Sélinonte, lemple S; temple de Zeus à Ohmpie.
- n Sélinonle, temples C el S. - 12 Perrot cl Chipiez, t. VU, p) 486,
— U Vitruv, III, 3. — Bibliographie. C. Normand, Nouveau parallèle de v oi J
d’architecture, 1819; Hitlorf, Antiquités inédites du l Attique, 183- .
L’Architectura antica, 1844; Ch. Blanc, Grammaire des arts du i/i x.' i» -,ant|,
Chipiez, Histoire critique des origines des ordres grecs, 1S7G, llillm
Architecture antique de ta Sicile, 1870 ; Bcnndorf, Die Afetopen von Si ^ ^
Labrouste, Temples de Paestum, in-fol. 1877 ; Doerpfcld, Olympia , h''-1-, dans
Dau/cunst der Griechen, 2» éd. 1893 ; Perrot et Chipiez, Hist. de
l’antiquité, I. VI et VII.
METRETA. t Arislot. Alh.pol. 10,
M ET
— 1889 —
MIC
iStfi plus tard, dans le nouveau système qui
38 ''' juji, en Grèce vers le m° siècle av. .I.-C., le metreta
s'n1"" jron 39 Ut. 30. Comme nouvelles subdivisions
V * 11 0 r-yiu-t/.00*’ et la xotûV/], il y a l’v)gtva, qui vaut
Cl11" ..ihps et le çérr tt,ç, qui vaut neuf cyathes ou
buv cotyles- Ch. Lécrivain.
*\ll TliOlVO.VlOI ( M et po v o [xo t ) . — Magistrats athéniens,
lV lient la surveillance des poids et des mesures et
l'aient à ce point de vue les opérations des mar-
l"" ','is1 A l’époque d’Aristote il y en avait dix, tirés
clu,;irli cinq pour la ville, cinq pour le Pirée. Ils avaient
n'iibablement comme aides les TrpogsxpTprat2. Ils figurent
— , v , «s , , v
ut-être SOUS le nom de ap^ovxsç stzi ttjv or^omw TpaTveQav
une loi de la fin du icr siècle av. J.-C., où ces per¬
çages paraissent être chargés concurremment avec le
Si'-nat «le réprimer les fraudes en matière de poids et
mesures et où il est enjoint à tous les marchands de ne se
servir que de poids et mesures contrôlés 3. Cri. Lécrivain.
UMTHOOI THEOI (M-qxpwot ôeotj. — Xénophon nomme
,jeux fois les g-qxpwoi 9soi ou dieux maternels, en même
temps que les uaxpwoi Qsot ou dieux paternels1. Ils sont
encore mentionnés sur une inscription, trouvée près
d’Athènes, à Képhisia, qui porte ces simples mots :
Mrxséwv 0swv 2 . Malgré l’extrême rareté des documents,
on' ne saurait mettre en doute l’existence d’un culte
rendu à ces dieux maternels, au moins en Attique. L’un
des passages de Xénophon est, à ce point de vue, fort
important. Après le combat livré par Thrasybule aux
Trente Tyrans et qui se termina par leur défaite, Cléo-
crilos, le héraut des mystes, prêcha la réconciliation de
tous les Athéniens, au nom des dieux paternels et mater-
nels, des liens de parenté, de mariage, d’amitié qui
existaient entre les adversaires3. L’invocation aux (ho!
a»]Toipoi est ici placée par l’auteur dans la bouche d un
personnage religieux. D’autre part, l’inscription de
Képhisia prouve que dans la pratique on rendait à ces
dieux maternels un culte spécial, distinct de celui des
dieux paternels.
Celle constatation pose un problème intéressant et assez
grave. S’il y avait chez les Athéniens des Oeo! g^xoffioi, que
l’on honorait et que l’on invoquait, c’est donc que
l'épouse, la mère de famille, n’avait pas, comme on l’a
cm pendant longtemps, abandonné pour jamais les dieux
pelle révérait avant son mariage. Énée, raconte Xéno-
phon , après avoir sauvé tou; TOXTpioou; xai g-rjTpiooui ;
•h™;, sauva son père. Suivant toute apparence, Xéno-
phon ne fait ici qu’attribuer à Énée les dieux domestiques
des Athé nions de son temps; or ces dieux domestiques
appartiennent à deux séries, forment deux groupes, le
troupe paternel et le groupe maternel. Il y a donc lieu
de ne pas accepter sans réserve les conclusions absolues
(lue Fustel de Coulanges a formulées sur la situation reli¬
gieuse de la femme grecque : « Qu’elle n espère pas res¬
ter fidèle au dieu de son enfance en honorant le dieu de
son nouvel époux : car dans cette religion c’est un prin¬
cipe immuable qu’une même personne ne peut pas invo¬
quer deux foyers ni deux séries d’ancêtres — On ne peut
appartenir ni à deux familles ni à deux religions domes¬
tiques : la femme est tout entière dans la famille et dans
la religion de son mari — Son fils n’a rien de commun
avec la famille où elle est née “. » Déjà M. L. Beauchet
a montré, dans son livre sur le Droit privé de la Répu¬
blique athénienne qu’il convenait d’atténuer la rigueur
de cette théorie; mais, parmi ses arguments, ne figure
pas la mention des g^rptyot Qeof. L’existence de ces dieux
maternels donne une force de plus à l’opinion de
M. Beauchet. J. Toutain.
METUS. — Expression technique du droit romain
pour désigner la contrainte morale appliquée à une per¬
sonne, afin de lui faire faire un certain acte, en la mena¬
çant d’un mal imminent. Cicéron1 la définit : opinio
impendentis mali , quod intolerabile esse videalur ; et
Ulpien-: instantis vel futuri periculi causa mentis tre-
pidationem. Elle doit être de nature à faire impression
sur un homme raisonnable, non quemlibet timorem , sed
majoris mali3. Gaius va même plus loin et veut metum
non vani hominis , sed qui merito et in hominem cons-
tantissimum codât 4.
L. Octavius, préteur en 79 av. J.-C., introduisit l’action
Quod. metus causa et probablement aussi l’exception,
qui fut conçue en ces termes : Si in ea re nihil metus
causa factum est6. Quant à l’action, qui fut nommée
Octaviana formula6 , les termes de l’édit qui 1 introdui¬
sirent étaient ceux-ci : quod vi metusve causa gestum
erit ratum non habebo. On supprima plus tard comme
superflue la mention de la violence1. L’exception s’appli¬
quait en général aux promesses, l’action aux actes con¬
sommés. Lorsque le condamné ue restituait pas de bon
gré et sur l’ordre du juge, il était condamné au qua¬
druple8. On poursuivait aussi les héritiers et les tiers,
mais seulement jusqu’à concurrence de ce dont ils
s’étaient enrichis. L’action Quod metus causa était per¬
sonnelle et arbitraire9; celui qui avait aliéné par suite de
violence pouvait aussi obtenir une restitutio in integrum
ou une action prétorienne réelle ou fictive10. Enfin s’il
avait gardé la possession de la chose aliénée metu, il
pouvait se protéger par l’exception de dol ou l’exception
metus ; cette dernière était préférable en ce qu’elle pou¬
vait être opposée à toute personne même étrangère à la
violence. Celui qui avait perdu la possession par violence,
était maître de recourir à une interdiction. F. Baudry.
MICATIO *. — Jeu usité encore aujourd’hui en Italie
sous le nom de morra (la mourre ). Deux joueurs, placés
face à face, lèvent les doigts de la main droite ( micare
1 0 api’ès Diippfcld [Mittheil. d. deutsch. arch. Instit. in Athen. VU, Beitrdge
'lfl ,lnMten Métrologie, I), le pied attique aurait exactement 0 m. 2953 : il en résul-
lr|nl pour le metreta une valeur de 38 lit. 79. Les amphores panalhénaïques ont
1111 (ontenu moyen de 39 litres. — Bibliographie. Bôckh, Metrologische flntersu-
' "U"i ilfter Gewichte, Milnzfiisse und M nasse des AUertums, Berlin, 1838;
' b Ortcch. und rômische Métrologie , 2° éd. Berl. 1882 ; Nisscn, Griech. und
‘^''O'ologie (Miilicr's Handbuch der klass. AUertums Wissenschaft, 1886,
1 11- '3i.S 7 1 1 V) .
s;'II1r«NOMO,. i Aristot. Atli. pol. 51, 2; Harpocr. Suid. Phol. s. h. v. ; Lex.
1 ■ ' - ^ Harpocr. Suid. s. h. v.; Lex. Seg. 290, 34. — 3 Corp. inscr. ait.
’ l7li
§ I- 1-7 ; §2, 1. 7-18.
île
"CTliooi TlliiOi. i Xen. Hellen. Il,
’■ — 8 Xen. Hellen. loc. rit.
"'langes, /.a cité antique, p. 42, 47, 58-59.
§ 21 ; Ci/n. I, 15. — 2 Corp. inscr. att.
a Xen. Cyn. loc. cit. — ■’ Fustel
_ 6 T. I, p. 227, 301, etc.
METUS. 1 Tusc. 111, 4, 7. — 2 L. 1, Quod met. caus. IV, Dig. 2. — 3 L. 5, eod.
_ 4 L. 6, eod. — 8 L. 4, § 33, De dol. mal. et metus exceptions , XLIV, D. 4.
— 0 Cic. In Verr. III, 63. — 7 L. I, Quod met. caus. D. IV, 2. — 8 IV, Inst.
Just. 6, §§ 25, 27. — 9 4, Inst. Just. IV, 6, 27. — 10 Paul. Hcc. sent. 1, 7, § 4;
LIp. fr. 9, §§ 3 et 6; Dig. Quod met. IV, 2. — Bibliographie. Schilling, Lehrbucli
für Instit. Leipzig, 1834-46, 11, p. 2GI, 427 et s. ; Bôcking, Pandekt. Leipzig, 1853,
p. 292 et s.; RudorfT, in Zeitschrift für Gesch. Rechtswiss. XII, p. 131-170;
Rudorff, Rôm. Rechtsgesch. Leipz. 1853-9, II, p. 126, 153, note 39, 170 et 364, 109;
De Fresquet, Traité élémentaire de droit romain, Paris, 1855, p. 346 et suiv.;
Ortolan, Explic. hist. des Inst. G* éd. Paris, 1858, 11!, n»’ 2131-2134, 2260;
Du Caurroy, Inst, expliquées, 8S éd. Paris, l85l,II,n°‘ 1 197, 1243, 1244,1323,
1334.
MICATIO. 1 Loexve et Goelz, Corp. gloss, lat. Il, p. 339, 2; 493, 12; 519, 35 :
541, 5; 553, 39; 587, 35; cl'. 111, 436, 25 ; 485, 39 et 59.
1890 —
(figitis), en variant a chaque coup le nombre de ceux
qu ils laissent baissés ; ils doivent en même temps
énoncer à haute voix le nombre total des doigts levés par
I un et par l’autre ; celui qui tombe juste a gagné. Pour
que le jeu soit loyal il faut que le geste et la parolesoient
absolument simultanés et les coups doivent se succéder
ayec une extrême rapidité, de manière que les joueurs
n’aient pas le temps de faire mentalement la somme.
Les Égyptiens ont pratiqué ce jeu dès la plus haute
antiquité' et il est représenté sur des monuments grecs
de bonne époque (fig. 5026 2 et 5027 3). On peut donc
s étonner qu’il n’en soit pas question dans la littérature
des Grecs avant la fin de l’Empire 4 et que nous ignorions
même le nom par lequel ils le désignaient : Aaygoç
xÀTipoç Sia oaxxuXwv 6 paraissent être des équivalents, plutôt
que des expressions usuelles et précises. La morra est
encore représentée
sur un des beaux
stucs de la Farnésine
à Rome (fig. 5828) \
Il est probable que
les joueurs, comme
ils le font encore
aujourd’hui , mar¬
quaient les points en
levant successive -
ment les doigts de la main gauche à chaque coup
gagné. Mais on ne peut déterminer avec certitude à quoi
servait la longue baguette représentée sur nos monu¬
ments. Les uns pensent qu’elle maintenait les distances
entre les deux adversaires, empêchant les mains gauches
d’intervenir dans l’animation de la partie8: les autres,
MID
ies nointc •
tirait-on à soi en proportion des points ‘ P.eut'êlre la
sorte qu’à la lin elle passait tout entière dSt’ de lelle
quom- ; ou bien elle séparait les doi-to T ?" ,ain-
gauche, chaque doigt changeant de côté i * main
gagné. Mais ce ne sont là que des hypothèsJT P°inl
Quoique le hasard ait la plus
morra cependant i. n'est pas *
exerce d augmenter ses chances par un calcul res
bilités, en se réglant, pour deviner Æ
l’adversaire, sur les coups précédents. Surtout T’ ^
pas impossible de tricher; chacun des deux “ Mt
a les yeux fixés sur la main droite de fadvprs .Ueur]
ne doit pas la perdre de vue; mais pour peu uueî'ui’ '
lion de l’adversaire se lasse ou qu’il ne ftj £
clair, un joueur de mauvaise foi peut modifier sut „
t, cernent le nombre des doigts qu’il a levés cl le meZ
apres coup, en rapport avec le total annoncé. A [(0!„
on disait, pour caractériser un homme d’une scrupuleus!
probité, qu avec lui on pouvait « jouer à la morra dan!
les ténèbres ». Ce proverbe, que Cicéron déclarait « USé
par 1 âge 9 », montre à quel point le jeu était antique et
populaire chez les Romains.
Quelquefois, lorsque deux personnes étaient en litige,
Fig. 5028.
elles convenaient de trancher la question douteuse par
une partie de morra, comme aujourd’hui on (ire à la
courte paille, ou à pile ou face. Ce procédé était même
usité dans les achats et les ventes, lorsqu’on ne pouvait se
mettre d’accord autrement10. Une inscription du îv'siècle
nous a conservé un édit du préfet de Rome qui en interdit
la pratique sur les marchés publics11. G. Laéaye.
MIDAS. — L’histoire de Midas, roi ou dieu des Phry¬
giens, des Eriges et d’autres peuples du nord de l’Asie
Mineure et de l’Europe orientale, n’appartient à la Grèce
que par les fables qui y eurent cours tardivement sur la
capture de Silène et ses suites et sur le jugement de
Midas dans la querelle d’Apollon et de Marsyas1. Nous
renvoyons au mot sileni. E. S.
1 Voir les figures reproduites par Falkener, Games ancient and orien¬
tal, 1892, p. 103-107. — 2 Vase peint du Musée de Munich, 805; Du¬
bois-Maisonneuve, lntrod. à l’étude des vases peints, 1817, p. xuv; Panofka,
Bilder anl. Lebens, \, 9; Arch. Zeit. 1860, p. 84, pl. cxxxix ; 1872, p. 151,
pl. lvi, 2.-3 Vase de la collection Lambert à Paris; f’anorka, Arch. Zeit.
1848, p 246 ; 0. Jahn, Annali dell’ Islit. di Borna, 1866, p. 326, lav. d’agg.
U; Arch. Zeit. 1872, p. 151, pl. lvi, 3; de Witle, Coll, de i Hôtel Lam¬
bert, pl. xxv. Voir encore un vase de Ruvo à Naples, Arch. Zeit. 1872,
pl. lvi, i ; S. Reinach, Répert. d. vas. I, p. 412 ; 0. Jahn, Annali, l. c. cite un
quatrième monument (tav. d’agg. V), à tort, suivant Heydemaun, Arch. Zeit. 1872,
p. lo3. Deux autres, publiés par Perdrizct, the Game of morra, dans Journ. of hell.
stud. XM1I (1898), p. 129, sont d’une interprétation douteuse; Bliimner dans le
Jahrsber. d. class. Alterth. Wissensch. de Gurlitt et Kroll, t. CX (1901), p. 110.
Sur une tessère de jeu (Cabinet de France), est gravé le mot mora; Lenormant,
Trésor de mimistn. III, Iconogr. rom. pl. x, 4; Cohen, Aléd. imp. VI, pl. xx, 6,
p. 541, 6 ; Heydemann, Arch. Zeit. XXIX, 1872, p. 154, note 15. Mais
comme l’a bien vu Becq de Fouquières, Jeux des anciens 2, 1873, p. ü'>
le mol mora n’est jamais pris dans ce sens, et le jeu représenté au-dessous
est un jeu de table, un jeu do dés ou de latroncules. — 4 Nonn. Dionys. XXX >
77 ; cf. Varr. ap. Non. Marc. p. 347. — 6 Corp. gloss, lai. II, L. c. - 11 1 c'”'
Hephaest. V. 1 ; Boulez, Bull, de l’Acad. de Bruxelles, VII, P- ■ ®
S« xtüAwv ÈitàXXotïiî dans Aristot. De insomn. 2, p. 460 a, 20, s applique à olJ
autre chose. — 7 Collignon, Gazette arch. 1885, p. 87. — 8 Aujourd hui h
tient la main gauche derrière son dos. — 6 Cic. De off. III, l-b '' > c ]
90; De div. Il, 41, 85; De fin. II, 14, 52; Calpurn. Bel. II, 20;
Front. Epist. ad AL. Caes. I, 4; Augustin. De trimt. Vin, • cri0ss
Oct. 13. De là surtout vient la traduction Xay.ixo? et xlrjpo; dans h ^ ^
lat. I. c. — H Corp. inscr. lat. VI, 1770. — Bidliooraphik. Voir
ludus et particulièrement O. Jahn, Giocatrici a morra, dans ^(< ,’ I
dell’ Istit. arch. 1866, p. 326-329; Heydemaun, Dus AJorraspiel, Arc i.
XXIX, 1872, p. 151. , oie.
MIDAS. i Voir Kühncrt, art. midas, dans Boscher, Lexik. dci - !l 1 J
MIL
— 1891
MIL
UUDNSE (MiVap-faiov). — Nom d’une monnaie
>,|| l‘ | antine introduite sous le règne de Constan-
d’argen ^ juteuse pesait 4 gr. 55U et valait la millième
ll1' . lo iivre d’or ou — du solidus2. A dater du
partie de la 14
I , iuiien l’Apostat, cette monnaie ne fut plus
règnl' ' _ diune manière tout à fait exceptionnelle3,
^"is 1 1 éraclius on attribua le nom de miliarense à une
*fp .pargent pesante gr. 820 et valant L du solidus*.'
F. Lenormant.
iiILIARIUM [milliarium].
Mil 1TI A. Service militaire, métier de soldat. — A Rome
* citoyens étaient en principe tenus au service mili-
eS,(1. pétait à la fois un droit et un devoir. Le fait
tt prouvé pour la cité primitive1, comme pour la cité
atricio-plébéienne postérieure. Servius Tullius fit de
cette obligation une corrélation du droit de cité2; il
astreignit au service les cinq classes du cens 3, les pro¬
bes restant en dehors de l’armée \ Cette obligation
commençait à partir de la dix-septième année3 et finis¬
sait il la quarante-cinquième 0 [dilectus, exercitus]. On
n’y échappait que lorsque l’on possédait des cas de dis¬
pense bien définis ( vacatio militiaë) \ lorsqu’on était
employé, pour le compte de l’État, dans une situation
incompatible avec le métier militaire (prêtres7, magis¬
trats et leurs employés pendant la durée de leurs fonc¬
tions3, fournisseurs de l’armée, tant que subsiste leur
contrat9), ou encore lorsque l’on était noté d’infamie par
les censeurs10. Les choses ne changèrent, à cet égaid,
que vers l’époque de Marius; l’obligation du service
militaire s’étendit dès lors à tous, sans distinction de
fortune et de classes 11 . C’est la règle pour l’époque impé¬
riale, où légalement le service continue à être obliga¬
toire pour tous 12, bien qu’en fait on ne fit plus guère
appel qu’à des volontaires [dilectus].
Le mot militia est souvent accompagné d’épithètes
qui en précisent le sens. On distingue d’abord la militia
légitima', on l’oppose aux levées en masse [tumultus] faites
dans des époques de troubles et qui ne créent que des
armées temporaires [evocatus]. Servius fait nettement la
distinction13 : « Légitima erat militia eorum qui singuli
jurabant pro republica esse facturas nee discedebant
nisi completis stipendiis, id est militiae temporibus. »
Pour désigner le service extraordinaire on employait
l’expression militia tumultuaria u.
fin oppose également sous l’Empire la militia eques-
tris à la militia caligala. De la première il sera question
spécialement plus bas : c’est le service d’officier à partir
^ grade de primipile. Celui qui y prétend se nomme
MILIARENSE. I Epiplian. De pond, te mens. 2; Cosm. Indicopl. XI, p. 388,
W. Moulfaucon. — 2 Gloss, nom. dans Olto, Thés. t. III, p. 764; cf. Mommsen,
des Itôm. Mûnzwesens, p. 790. — 3 Mommsen, p. 787. — 4 Gloss, nom.
*■ *. cf. Mommsen, p. 792, n. 174.
MILITIA. 1 Uionys. Hal. II, 35; Mommsen, Droit public rom. V, 1, p. 114.
~î Ibid. p. 27t. _ 3 Liv 42. _ 4 Liv. I, 43, 8 ; Dionys. IV, 18 ; Gell. XVI, 10,
11 — 8 Uell. x, 28. — 6 Ibid. ; Dionys. IV, 6 ; Censorin. 14 ; Liv. XLIII, 14; Polyb.
V|, 19. _ 7 Dionys. IV, 62; Cic. Acad. pr. II, 38, 121 ; Lex col. Genet. c. 66.
3 toi. Genet. c. 62 ; cf. Mommsen, l. c. p. 274, n. 4. — 9 Liv. XXIII, 49, 2.
~ 111 Mommsen, L. c. p. 284. — n Sali. Jug. 86 ; Plut. Mar. 9 , Val. Max. II, 3,
1;Flor- L 36, 13; Gell. XVI, 10. — 12 Dig. XLIX, 6, 4, § 10. - ™ Ad Aen.
lll’ i- -ll Gell. XVI, 10, 11. — 13 Cod. Theod. VIII, 4, 22 : post militiam
P wincialis officii vel certe adlutc militons ; 4, 8 : in proconsulum... officiis
sl,Pnüa merentibus ; 4, 26 : e grege cohortalinorum... stipendiis fuerit
(^»¥us, clc. — IC JYovel. Major. VII, § 14 (éd. Iliinel) ; Lact. De morte persec.
: Amm- Marc. XXVI, 6, 5 ; Symmacli. Ep. X, 43. — n Cod. Theod. VIII, 4, 14 ;
Jost. X||, 58< 7 _ 18 (j0li Theod. VIII, 4, Paratitlon; Pseud. Ascon. in
petilor militiae (sous-entendu equestris). La carrière du
soldat et des officiers inférieurs jusqu’au grade de cen¬
turion porte le nom de militia calig ata, la e ali g a étanL,
comme on le sait, la chaussure du soldat [caliga].
A l’époque post-constantiniebne, par suite des chan¬
gements apportés dans les institutions, le mot militia
reçoit une plus grande extension ; il désigne non plus
seulement le service militaire, mais aussi la carrière
administrative parcourue par certains civils. On sait, en
effet, qu’à cette date les employés qui peuplaient les
bureaux des fonctionnaires impériaux [officium] étaient
constitués militairement ; ils formaient une milice orga¬
nisée à l’image de l’armée; on disait d’eux qu ils servaient
[militant) 15; on les désignait sous le nom de milites 10 ;
ils portaient le cingulum militiae [cingulum] n, insigne
des soldats, etles principaux d’entre eux avaient des titres
empruntés aux grades militaires ( principes , cornicularii,
primipilares )18; à la fin de leur service ils recevaient
V lion esta missio, comme les soldats véritables 19, et on
leur appliquait pareillement la qualification de vete-
rani 20. Le mot militia s'appliquait donc aussi bien à
eux qu’aux autres ; mais tandis que le service dans les
troupes et, par extension, les troupes elles-mêmes ( mili -
tares numeri ) constituaient la militia armata ■*, ou,
lorsqu’il s’agissait des légions, la militia legionaria ”, le
service dans les bureaux était la militia civilis. Si l’on
voulait désigner les auxiliaires des fonctionnaires de la
cour, on disait militia palatina 23 ; le terme militia cohor-
talis, cohortalina, s’appliquai taux cohortales des gouver¬
neurs24, celui de militia scholaris à ceux qui composaient
les scholae [scuola]25. J1 suffit de marquer ici l’assimilation
apparente de leurs emplois avec la carrière militaire 2G.
Ces « milices » durèrent aussi longtemps que l'Em¬
pire ; les empereurs leur accordèrent un certain nombre
de privilèges jusqu’au jour où ils leur octroyèrent le
bénéfice de l’hérédité et même de la vénalité. R. Cagnat.
MILITIA EQUESTRIS, MILITIAE EQUESTRES. —
Par l’expression militia equestris on désignait, a
l’époque impériale, la situation d’officier de cavalerie, par
opposition à celle du soldat, pour qui les années de
service s’appelaient stipendia equestria1. Et comme
l'officier était appelé à passer successivement par diffé¬
rents postes, ces postes prenaient le nom de militiae
équestres. Ils étaient au moins au nombre de trois : ce
sont, dans l’ordre hiérarchique, le commandement avec
le titre de préfet d’une cohorte auxiliaire (ou même d’un
détachement auxiliaire) qui, dans une inscription du
temps de Commode, est appelée militia prima--, le tri-
bunat, soit d’une légion, soit d’une cohorte 3, mentionné
dans un texte épigraphique avec le qualificatif de militia
Act. Il in Vcrr. I, p. 179 (éd. Orelli) : haec enim nomina de legionaria militia
sumpta sunt. — Cod. Theod. VIH, 4, I; 7, 8 ; iVov. Valent. III, 21, § 1.
_ 20 Cod. Theod. VIII, 5, 46; XVI, 5, 6i. — 21 Jbid. VII, 1, 5, C; 13, 10;
20 10- VIII, 7, 12; Not. Dign. Or. XXXIX, 37; XL, 4t. Les fantassins
formaient la militia pedestris, les cavaliers la militia equestris ; d'où le
titre de magister utriusque militiae. — 22 Cod. Just. XI, 67, 3 ; XII, 34, 4.
— 23 Cod. Theod. VI, 27, 3. — 2‘ Ibid. VIII, 4, Paratitlon; cf. XVI, 5,
65, § 4; Not. Dign. Or. XLIII, 13. — 25 Cod. Theod. XII, 1, 38. — 20 Cf.
E. Duval, Des milices sous le Bas-Empire (dans la Revue générale du droit,
1877, p. 43 sq., 140 sq.).
MILITIA EQUESTRIS. 1 Corp. inter, lut. XII, 2602 : cornicularius Corneli
Gallicani leg(ali) Aug(usti ) equestribus stipendie. — 2 Ibid. XIV, 2947 : quem
imp. Caes. agentem aetatis annum XII II militia prima praefecturae equitum
Rrauconum quingenariae exornare dignatus est ; cf.- sur la nature de cette troupe,
Pauly-Wissowa, Realcncgclop. I, col. 1234. — 3 Tribunal légionnaire : C. i. I. VI,
9990 ; IXj 4753; XI, 709 ; tribunal de cohorte : IX, 5357, 5835; X, 3847; XI, 709;
Notizie d.scavi, 1887, p. 330.
MIL
— 1892 —
MIL
secundo, 1 ; enfin le commandement d’une aile de cava¬
lerie A ces postes s'ajoutaient, suivant M. Mommsen3,
probablement la préfecture d’une légion, et peut-être
d autres encore. Certains auteurs sont même d’avis qu’à
partir de Septime Sévère le primipilat formait une qua¬
trième militia equestris *; mais M. Mommsen a com¬
battu cette opinion 5, en faisant observer que si la gestion
du primipilat conduit fréquemment, à cette date, au rang
de chevalier, il ne peut être considéré comme une fonc¬
tion donnée en vertu du titre de chevalier.
Cn efiet, dès le début de 1 empire, les grades d’officiers
de cavalerie n étaient pas réservés à ceux qui, de nais¬
sance, appartenaient a 1 ordre équestre ; on y admettait
d anciens centurions et surtout des primipilaires °. A
mesure que les empereurs sentirent davantage le besoin
de s appuyer sur les classes inférieures, une part plus
grande fut faite à ces vétérans éprouvés dans la collation
des postes militaires équestres. C’est alors que fut éta¬
blie 1 institution des « aspirants à la milice », militiae
petitores 7, destinée à recruter parmi les prétoriens
surtout 5 les futurs détenteurs des militiae équestres.
Comme chef suprême de l’armée, l’empereur a le droit
exclusil de nommer aux militiae equestres [imperator],
et les intéressés indiquent quelquefois dans Les inscrip¬
tions qu’ils tiennent de lui leur pouvoir 9. Il est secondé
dans ces nominations par le secrétaire de son cabinet
[ab epistulis) qui lui présente, suivant les expressions
de Stace 10, les chevaliers apLes à commander une cohorte
{quis valeal praecepisse cohorti), une légion comme
tribun ( quem deeeat clavi praestantior ordo tribuni ) ou
une aile, de cavalerie (quisnam frénigerae signum dore
dignior alae ) 11 . Il n’existait légalement nulle limite
d âge qui restreignit le choix impérial. De même qu’on
trouve des chevaliers honorés de Vequus publicus à
six12 ans, à douze13, à treize14, à quatorze15, on voit
Commode concéder la prima militia à un enfant de
quatorze ans *\ tandis que les auteurs félicitent l’empereur
Hadrien de n’avoir nommé tribun militaire aucun jeune
homme imberbe17. Les intérêts de l’armée étaient la seule
considération qui pût corriger l’arbitraire impérial.
De même, quoiqu’il y eût entre les différentes milices
une gradation, le prince ne s’astreignait pas cà la suivre
étroitement. Suétone rapporte que Claude fit à cet égard
un règlement18 : Equestres militias ita ordinavit ut
post cohortem alam , post alam tribunatum legionis
daret. Mais les inscriptions connues de cette époque
contredisent cette assertion 19. Comme, d’autre part, on
ne peut soupçonner d’erreur un écrivain qui avait appar¬
tenu à l’administration impériale, il faut penser que la
mesure de Claude fut appliquée pendant fort peu de
temps20. Un examen attentif des textes épigraphiques
nous montre dans les éléments de la carrière des officiers
de cavalerie une grande variété. Assurément les exem¬
ples de la gradation régulière sont très nombreux21, mais
Propertianus, procurateur de Vitellius ua' ^ex’ Causi|ls
milices, préfecture de cohorte et tribun .,n a? quedeux
du temps de Trajan, C. Minicius Italus lui 2?“aireS*;
cohortes auxiliaires (F. Gallor., / Breuco , ‘ et de lro's
avant d’obtenir le tribunal légionnaire et h -l^i’
dune aile ». !.. Domitius Regains, secrétai, -Me T !T'
Caesar (an. 137) commanda pareillement deux- T i
au début de sa carrière24. Ti. Claudius Secimdin h°HeS
Antomn le Pieux, ancien primipile, fut successif ****
mis à la tête d’une cohorte de vigiles ' emeiü
urbaine et d’une cohorte prétorienne 25 •’ de n,° C°h°rlè
Passeus Rufus, préfet du prétoire de Marc-AurèK?
autre préfet du prétoire de Commode, L. Julius Voirll i»
bratus Julianus, après avoir commandé une rnhn
comme préfet et une autre comme tribun, fut !
«leux préfectures d’ailes27. L. Petronius Taurus Volu
sianus, consul en 261, géra trois tribunats légionnaire!
ayant de devenir tribun d’une cohorte de vigiles, M
d une cohorte urbaine, puis successivement de deux
cohortes prétoriennes28. De toute façon, cependant, dans
les textes antérieurs à Septime Sévère et malgré la répé¬
tition de certaines fonctions analogues, on peut recon¬
naître généralement les trois échelons qui constituaient
le service et qui lui avaient fait donner le nom de im
militiae 29 (al y’ orpaTEiai) .
La durée de chaque commandement n’avait, d’ailleurs,
rien de fixe ; on ne comptait pas par années de service,'
les officiers étant relevés de leur poste parla volonté im¬
périale seule 30,et. il se pouvait que le prince laissât dans
la même situation, durant plusieurs années de suite, le
même officier. Ainsi, deux tribuns légionnaires d’ordre
équestre, T. Aufidius Balbus et T. Aufidius Spinther, ont
servi, le premier dans la légion xxii° d’Égypte pendant
neuf ans, le second dans la légion iv° d’Espagne pendant
cinq ans 31 . En somme, le temps de service était fixé en
principe, du moins comme maximum, par le nombre de
militiae exigé, mais, en fait, chacune de ces militia 6f
ayant une durée indéterminée, tout dépendait du bon
vouloir de l’empereur. Ce temps achevé, les officiers
libérés prenaient le titre qui figure sur les inscriptions,,
de omnibus equestribus militiis functus 32 ou, par abré¬
viation, de a militiis33, ou, en faisant mention de leur
nombre, a tribus militiis 3i, qui se change à l’époque de
Septime Sévère en a quatuor militiis 36.
Il semble bien, en effet, qu’il faille attribuer à cet em¬
pereur la réforme qui porta de Lrois à quatre le chiffre
des milices équestres, ce qui correspond, comme le lait
remarquer M. Mommsen, à une augmentation du nombrel
d’années de services des simples soldats 36. La difficulté
est de savoir au juste ce qu’il faut entendre par celte I
quatrième milice. Est-ce une fonction nouvelle qui , jus- 1
qu’alors, n’était point considérée comme attribuée au*
chevaliers et qui devint alors partie intégrante et neces I
1 Ibid. VI, 2131 : pro conlatis in se beneficiis.... socundae militiae Aemilius
Pardalas trib. coli. I Aquitanicae... ornatus. — 2 Par c*. C. i. I. VIII, 2394, 2395,
9990 ; IX, 4753; X, 3847 ; XI, 709. — 3 Droit public rom. VI, 2, p. loi. — 4 Renier,
Alél. dépiyr. p. 239 sq. ; Hirschfeld, Verwaltungs-gesch. I, p. 249. — 3 Op. cil.
p. 156, n. Ï.~S c. i. I. II, 2424; V, 534, 807, 7003; VI, 1599, 1026, 1030; X, 1202,
4862, 4872, 5829. — 7 Cf. Mommsen, Bull. 1868, p. 144 sq. — 8 C. i. I.
VI, 2485, 2488, 3548, 3549. — 9 Ibid. II, 3852; III, 335 ; X, 0309 ; XIV,
2947. — 10 Si lu. V, 1, 94 sq.‘— il Cf. aussi Dio, LXXVIII, 13. — 12 Vita Marci,
4. —13 c. i. 1. X, 7285. — IV Ibid. III, 4490. — 13 /*. VI, 1590. — 16 Ib.
XIV. 2947. — 17 Vita Hadr. 10. — 18 Cland. 25. — 19 C. i. gr. 3991. -, 20 ||jrs_
cfifeld, Verwaltungsgesch. p. 247. — 21 C. i. I. III, 5213, 5214, 5216; VI,
1625 4; VIII, 9990 ; IX, 4753, 5357 ; X, 3847; XI, 709. — 22 Corp. mser. , «
5, 28. — 23 Ib. V, 875. — 24 Ib. VI, 1007. — 20 lb. V, 1339. — 26 lb ’ " [
— 27 J\rot. d. scavi, 1887, p. 530. — 28 C. i. I. VI, 1599. Autres cvc'"1' A
III, 5211 sq. ; IX, 1835, 183(1 - 29 C. i. I. VIH, 2399, 9327 ; Bull de corr.^ ^
II, p. 523. — 30 Mommsen, Droit pub. rom. VI, 2, p. 158. — 11 1 ■ ’•
— 32 /4. 1198; Plin. Ep.X II, 25; Suet. Vita Plinii. — 33 Ib- ’ 7
3494 sq. ; VIII, 2248, 2757, 2772, 5276, 7001, 900Î, 9018, 9023, 9045, e c. ^ ^
4861 ; en grec : b-l rrçccTtiSv ImcixSv (Waddinglon, 1179), «no ” ^ ^
4499). — 34 El) grec : 4*3 toi, ïiTuüjyiîlv (Corp. inscr. gr. 3484 «)■ .
Ibid. VIII, 2732 (an. 211-2,2) J VI, 1624 (an. 247-248). - 38 Mommsen, Op. ■
p. 156.
MIL
— 1893 —
MIL
leur carrière ? C’est l’avis de ceux qui ont consi-
saire 1 )rimipilatet même le centurionat comme consti-
^rc “J" rcmier degré de la milice équestre Mais
Iuanl ' scn g’est élevé contre celte interprétation1 2. 11
M' 'n l’obligation pour les officiers d’occuper quatre
adm s successifs au lieu de trois ; seulement il voit dans
p0S'l' bernent une augmentation, non dans le nombre des
: ce c Constitutifs de la carrière équestre, mais dans celui
fÜnclions qu’on leur imposait de remplir avant de leur
dCS "w l’accès aux charges civiles et lucratives réser-
I accorcici c .
. s aux chevaliers.
' Cctle organisation dura jusqu’au milieu du me siècle;
rs disparaît le tribunal légionnaire, mentionné pour
I lornière fois, dans l’état actuel de nos connaissances,
aUl(UUps de l’empereur Philippe 3. Avec Dioclétien
^mniença une réglementation toute différente pour
Obtention des grades d’officiers, sur laquelle, d’ail-
leurs on est imparfaitement renseigné 4. li. Cagnat.
1 jiilITIAB MUNICIPALES. — L’armée régulière, chez
les Romains, a toujours été employée, comme il
convient, à combattre les ennemis du dehors et à
défendre contre eux les frontières de l’Empire; la police
locale ne fut jamais son affaire. Il était pourtant néces¬
saire, pour, maintenir la sécurité des routes ou la tran¬
ses villes, qu’il existât un service de gendar¬
merie quelconque ; et l’on peut, en effet, saisir la trace
d’une police de sûreté dans les documents littéraires ou
épigraphiques; mais on voit, en même temps, par leur
pauvreté et leur rareté même, que cette police n’était
pas solidement organisée. 11 faut, bien entendu, laisser
de côté la ville de Rome, où, la sécurité de l’État se con¬
fondant avec celle de la cité, des troupes spéciales
étaient officiellement entretenues. Mais, en dehors de
Rome, pour l’Italie aussi bien que pour les provinces,
on ne constate aucune uniformité. Là où l’empereur
avait un intérêt direct à exercer la surveillance, dans les
grands ports comme Ostie1 *, Pouzzoles2, Brindes3, dans
les grandes villes comme Carthage 4 ou Lyon”, Renvoyait
des détachements empruntés aux cohortes de Rome ;
ailleurs, c’est-à-dire presque partout, il abandonnait aux
villes le soin d’assurer l’ordre, soit dans leurs murs,
soit aux environs. Celles-ci procédaient comme elles
pouvaient, souvent en conservant à cet égard les insti¬
tutions qu’elles possédaient avant la conquête romaine.
C’est pour cela que l’Orient, qui vivait, sur les traditions
des Ptolémées et des Diadoques, nous offre un système
policier beaucoup) plus complet que l’Occident. Il suit
aussi de là qu’on ne saurait, à cause de cette diversité,
faire rentrer les différentes milices municipales connues
dans un cadre systématique; il faut procéder par région
et indiquer ce que l’on sait, pour chacune d’elles.
1° Égypte. — A l’époque des Ptolémées, l’Égypte
possédait déjà une gendarmerie répandue dans tout le
pays en vue d’assurer la paix et d’aider à la levée des
impôts. Les soldats se nomment auXaxïxai et le chef de
la gendarmerie àpyi^uXaxtT-q;0. Alexandrie était dotee,
de son côté, d’une police spéciale : pour maintenir
l’ordre, des <j7ca6Y,<p<>poi 7 ; pour surveiller les accidents
nocturnes, le vuxxeptvbç svp a rqyôç avec ses subordonnes,
les vuxxôcpuXaxeç irTpaxeuogevoi 8. Sous les Romains, 1 orga¬
nisation fut encore perfectionnée, semble-t-il. Un papyrus
delà Bibliothèque nationale de Paris9 nous a conservé la
liste des gens de police d’un village : sîp^votpéXaxeç 10, eut
1% eîpv jv-qç11, etpTjvapjrat 12 avec leurs hommes (tpûXaxeç) 13,
àpyivuxTotpéXaxE; 14 avec leurs cpûXaxsç1'3, àpytcpÔAa;16 avec
des (pûÀaxe;17, TrsoiotpuXaxêç 18, opeoopuXaxeç booti19. Tous por¬
tent des noms égyptiens; leur âge étant indiqué sur le
papyrus, on voit qu’ils sont relativement jeunes (entre
vingt et trente-cinq ans), à l’exception de deux Remar¬
ques qui ont, l’un soixante-cinq ans, l’autre quatre-
vingts ans, ce qui permet de croire que leurs fonctions
n’avaient rien d’actif. En outre, on mettait à contribu¬
tion, pour aider les gens de police dans la recherche20
ou la capture des malfaiteurs, l’initiative privée21. Les
particuliers désignés par l’autorité supérieure étaient
tenus, sous peine de châtiments sévères, de faire le mé¬
tier de gendarmes quand ils en recevaient l’ordre22. Les
papyrus leur donnent alors le nom de Xr^ro-niaaraï.
2° Provinces asiatiques™ . — Dans les provinces asia¬
tiques, surtout en Asie Mineure, les municipalités semblent
aussi avoir possédé une police assez bien réglée, dont elles
tenaient certainement la tradition des temps antérieurs à
la domination romaine24. Nous constatons dans diffé¬
rentes villes l’existence de chefs de gendarmerie dési¬
gnés par divers noms26 : itapaçûXaxeî, commandant des
irapacpuXaxtTxt, à Alastos _l', à Tralles -7, à Jotapa de
Cilicie28, à Magnésie du Méandre29, à Acalissos30, à
Aphrodisias31, à Ariassos32, à Ephèse 33, à Kadyanda34,
à Kolossae35, à Sebastopolis36, etc.; ütoit r^o! lui ywpaç, à
Aphrodisias37, Alabanda38, Tralles39, Stratonicée 40,
Rhodes41 (au nombre de deux)42; ffTpavr^oi lut rwv
birXcov 43 , éirixàoitXa 44 , iiù xoùç ÔTtXeixaç 43, surtout à Smyrne.
Pour la surveillance des villes pendant la nuit et
aussi pour le service des incendies existaient des
voxTOffxparriYot, dont le titre revient fréquemment dans
les textes épigraphiques46. On sait, d’autre part, que la
1 Ücnior, Mèl. d'épigr. L. c. ; Hirsclifeld, Verwaltungsgesch. p. 249. — 2 Op.
c,7< P- 09, n. 2 ; cf. Domaszcwski (noie supplémentaire dans Marquardt, Organis.
*"’t P- fit). — 3 C. i. I. X, 7940. — 4 Cf. Mommsen, Rennes, XXIV, p. 208 si[.
- Oibuociiapiiib. L. Renier, Mélanges d'épigraphie, p. 203 sq.; Henzen,
d. Inst. arch. 1850, p. 91 sq. ; Annali, 1873, p. 135 sq. ; Hirschfeld,
eMmuchmgen aufdem Gebiete der rôm. Verwaltungsgeschichte , I, p. 247 sq. ;
Mommsen, Droit public romain, VI, 2, p. 149 sq.
IHUTIAE MUNICIPALES. 1 Suet. Claud. 25 ; Nolizie d. Scavi, 1889, p. 37 sq.;
,îs(p; Eph. epigr. VII, p. 304 sq. — 2 Suet. L. c. — 2 Corp. inscr. lat. IX, 01 ;
lipschfeld, Sitzungsber. der A/cad. zu Berlin , p. 15, n. 67. — 4 Mommsen, Eph.
Ij!1®''- V, p. 119 sq. ; R. Cagnat, Armée d’Afrique, p. 203. — 6 Mommsen, L. c.-,
irschfeld, C. inscr. lat. XIII, p. 250. — B Lumbroso, Recherche sur l'économie
I>»kique de l'Egypte sous les Lagides, p. 249 sq. — 7 Philo, In Flac. 10. — 8 Ibid.
9 Hirschfeld, L. I. 1892, p. 817 sq. ; cf. Mommsen, Strafrecht, p. 307, n. 1.
’houx noms dans une colonne du papyrus, un dans l’autre. — n Trois noms.
~ 12 Deux noms. — 13 Huit noms. — 14 Deux noms d’un côté, un de l’autre.
1 Quatre noms. — 10 Un nom. — 17 Trois noms — 18 Quatre noms. — 19 Un
(") nom subsiste. — 20 Rerlin. griecli. Urkunden, I, 325. — 2* Cf. un Uto-ràTYiç
‘ !,”‘î llans un papyrus (Grcnfcl et Hunt, The Oxyr. pap. n. 04). — 22 N. Hohlwein,
VL
Note sur la police égyptienne de l'époque romaine ( Musée belge, 1902, p. 159 sq.).
_ 23 Cf. ls. Lévy, Rev. des études gr. 1899, p. 283. — 24 M. Hirschfeld, L. c.
p gtn^ n H3, rappelle qu’àl'époquedes Attalidcs Pergame possédait des TiaçasuT.axr-cm
avec des qui sont une gendarmerie locale (Frankel, Die Inschriften von
Pergamon, I, p. 171 sq.). — 23 Hirschfeld, L. c. p. 23 sq ; Licbenam, Stddteverwalt.
P 357 Sq. _ 26 C. inscr. gr. 4300. — 27 Athen. Mittheil. VIII, p. 329. — 28 C. i.
gr. 4413. — 29 Konloleon, Inscr. d’Asie Mineure, p. 40, n* 90. — 30 Journ. of
hell. stud. XV, p. 117. — 91 Bull, de corr. hell. X, p. 54. — 32 Ibid. XVI, p. 432.
— 33 Ancient greek inscr. in the British Muséum, 111, 579 a. — 34 Bull,
de corr. hell. X, p. 54. — 35 Le Ras-WaddiDgton, 1093 b. — 36 Bull,
de corr. hell. IX, p. 3 40. — 37 Le Bas-Waddington, 1004, 1611. — 38 Bull, de
corr. hell. V, p. 180. — 39 Constant. Syllog. 18S0-1881, p. 53.
_ 40 Bull, de corr. hell. XV, p. 423. — 41 Ath. Mittheil. Il, p. 224.
— 42 Henzen, Annali, 1852, p. 118 sq. — 43 C. i. gr. 3102, 3189, 3193, 3201.
_ U Ibul. 191, 192, 195. — 45 Ibid. 186, 189, 396, 477, 478, 480, 2155. Cf.
aussi Moutreïov, 1884-1885, p. S5. — 46 Cagnat, De municipal, militiis, p. 14;
Hirschfeld, L. c, p. 808 ; Tralles (C. i. gr. 2930); Carura (Ibid. 3948); Sébasto-
polis (Sterret, An epigr. journey, p. 27); Laodicée (Ath. Mittheil. 1891, p. 145);
Dig. L, 4, 18, 12.
238
MIL
— 1891
MIL
protection des territoires ressortissant des grandes villes
était confiée à des personnages assez importants nommés
irénarques, dont il a été question dans un article
spécial [irenarcha].
3° Occident. — Le service de police municipale était
beaucoup moins développé dans la partie occidentale de
l'empire. Il est rare que l’on puisse tirer des textes
quelque mention précise à cet égard. A Nîmes, cepen¬
dant, un certain nombre d'inscriptions mentionnent un
praefectus vigilum et armorum *, qui doit être une
imitation de ce qui existait à Alexandrie, magistrat
municipal, nommé soit par ses concitoyens, comme le
pense Ilirschfeld -, soit par le gouverneur, comme le
voulait Ilerzog 3, et inférieur en rang aux duumvirs.
Dans d’autres villes de Gaule apparaissent des statores ,
que certains regardent comme des gens de police 4 ;
ailleurs des praefecti arcendis latrociniis 6 ; ailleurs
des hastiferi dont on peut avancer qu’ils ont été uti¬
lisés comme troupes municipales [hastiferi].
Là où il n’existait pas de milices permanentes, il
pouvait s’en créer de temporaires en cas de danger. Un
paragraphe de la lex coloniae Juliae Genelivae 6
édicte que, quand le conseil des décurions aura décrété
qu’il y a lieu d’armer les cdlons et les incolae finium
tuendorum causa, le duumvir en prendra le comman¬
dement avec les pouvoirs du tribunus tnilitum populi
romani , et nous trouvons de cet usage un exemple,
pour une période antérieure, il est vrai, à l’empire
romain, dans une inscription de Kustendjé. On y voit le
conseil municipal nommer deux capitaines1 qui auront
à lever une troupe de quarante hommes chargés de
monter la garde aux portes de la ville et de veiller la
nuit pour éviter toute surprise 8. Dans les villes qui
possédaient des collèges de juvenes, ceux-ci, déjà
organisés solidement et habitués aux exercices cor¬
porels, pouvaient aussi être mobilisés rapidement et
formaient, au besoin, une milice capable de faire face à
un péril pressant 9.
Cette jeunesse sueta armis et more militiae exer-
citata, suivant l’expression de Tacite10, constituait
même dans les contrées soumises, mais encore incom¬
plètement organisées, un puissant auxiliaire à la domi¬
nation de Rome : c’étaient les jeunes gens aussi bien
que les hommes d’âge plus mûr qui composaient les
garnisons locales, placées aux avant-postes de l’armée
romaine, ailes et cohortes irrégulières désignées sous
le nom de Gésates11 ou sous celui de levis armatura 12.
Il y avait pourtant entre ces milices et celles dont il a
été question antérieurement une différence importante
et caractéristique : si les chefs de ces troupes étaient
des hommes du pays commeles soldats 13 lc
en chcf’ 9ui était en même temps gouverneur^n^
du territoire, appartenait à l’armée romaine - il ,
parmi les officiers en activité, généralement narm',"8
anciens primipiles14. Cette organisation ne dun S
d’ailleurs, plus tard que le premier siècle- lus
francs perdirent alors tout caractère municipal et r' T
rattachés directement à l’armée impériale18. UFent
Par tout ce qui précède on voit, ainsi que nous l’avo
déjà dit, que l’Empire romain n’a jamais couru/ dans
l’organisation des milices municipales, aucune’ régi
fixe et uniforme. Certaines contrées et non des moins
importantes paraissent même, dans l’état actuel de nos
connaissances, en avoir été complètement privées II
fallait bien pourtant trouver un moyen d’assurer partout
une police locale suffisante pour maintenir l’ordre jour¬
nalier, pour arrêter les voleurs et les meurtriers, pour
garder les prisonniers. Là où l’on ne trouve pas trace
d’autres institutions, on doit admettre que l’on avait
recours en pareil cas à ce que les auteurs appellent
ministeria pub l ica ir’, ministeria municipalia, c’est-à-
dire à des esclaves publics de la cité; on peut même
dire que, dans la plupart des villes17, quel que fût
d’ailleurs le nom du chef de la police, que ce personnage
fût distinct des autres magistrats municipaux et portât
un titre spécial ou que sa mission particulière fût confiée
au duumvir ou à l’édile en fonctions, les gens de
police n’étaient autres que des esclaves publics18.
Pour l’extinction des incendies, on pouvait pareil¬
lement se servir de leur ministère; mais on faisait appel
surtout à des corporations professionnelles : charpen¬
tiers, maçons, ouvriers de bâtiment [fabri], dont l’orga¬
nisation en corps de troupes avec des optio, principales,
vexillarii , praefectus , dont la division en centuries et
en décuries ont déjà été signalées plus d’une fois19. Des
textes tout à fait précis20 nous font nettement voir que
beaucoup de villes ne connaissaient pas d’autres pompiers
que les membres de ces associations, et cela aussi bien
en Orient qu’en Occident21. Certains détails nous en
instruisent non moins clairement. A Vérone le collegiud
fabrorum possédait un curator instrumenti Veronae-
sium 22, préposé, sans doute, aux pompes et aux outils
nécessaires à l’extinction des incendies. A Aquilée, parmi
les fabri, on nous signale un dolabrarius c’est-à-dire
un homme spécialement exercé au maniement de la
dolabra en vue de combattre le feu-3. Il n est pas jusqu à
la réunion fréquente des centonarii et des fabri dans la
même association qui ne vienne à 1 appui de ce6 cou
clusions24 : les centons, sortes de couvertures de laine
peu combustibles, étant employés fréquemment parles
l Cagnat, Op. cit. p. 7 sq.; Ilirschfeld, L. c. p. 875 et Gall. Stud. III ( Sitzunys -
ber. der Wiener Akad. 1884, p. 239 sq.). — 2 Ibid. p. 241. — 3 Gallia Narbo-
nensis , p. 284. — 4 C. i. I. XII, 3309 (à Nîmes); 1920 (à Vienne); Hirschfeld,
Op. cit. p. 241. — o C. i. I. XIII, 5010 (à Noviodunum) ; cf. un texte analogue
(Brambach, 736) et la remarque d’Hirschfeld ( Sitzungsber . zu Berlin , p. 875,
n. 153). — 6 C. i. I. II, 5439, GUI. C’est sur ce passage que se sont fondés, pour
appuyer leur thèse, tous ceux qui ont fait des tribuni militum a populo des capitaines
de milices locales (cf. Cagnat, De municip. militiis , p. 41 sq.). On sait que cette
opinion n’a reçu l’approbation ni de M. Mommsen {Droit public romain, IV, p. 283,
n. 6), ni de M. Ilirschfeld (Op. cit. p. 875, n. 150). — 7 Ann. epigr. 1890, 5 4.
— 8 Cf. Ovid. Trist. IV, 1, 73 sq. Nunc senior gladioque latus, scutoque sinis-
tram , Canitiem galeae subjicioque meam. — 9 Sur ces collèges, outre l’article
juvenes de ce Dictionnaire, voir Waltzing, Études sur les corporations profess.
chez les Romains , I, p. 47, IV, p. 216 ; Demoulin, Musée belge, p. 1 14 sq. ; 200 sq. :
Rostovtsew et Prou, Catalogue des plombs de la Bibliothèque nationale , p. 96 sq.
— 10 Tac. Hist. I, 68; 111,5. — il Waltzing, Les Gésates (Bull, de l'Acad. roy .
P. m - » f- <• JJ. “Z,
r.:; i «rtr il i» ^ txrr
utôt conservés à ces troupes quand elles passèren orresp . ]
régulière. - .4 C. f. J. IX. 3044; V, 1838; 98.j
,Vcsd. Zeitsch. 1898, p. 81 sq.; Waltzing, Musée 1 > §6; Apul.
Mommsen, Eph. epigr. IV, p. 519, n. 1. — 1 l9' ’ ’ Etang A
, p. 177. _ 1T Dig. IV, 6, 10. - » VoirDrSk x 30 ef’ Cagnl
3 ; Act. Apost. V, 20; Apul. Metam. p. 174 ; Pim. P- p ,7Î.
t . p. 84 et L. Halkin, Les esclaves publics che . ; t. H-
ssiC. 1. I. Il, 2011. -19 Cf. P. 933 et * M du
’lm- Epist. X, 33, 34. - 2] R. Cagnat Op. cU. P- ■ Wa|uing, Corp.
n, 111 t Sitzungsber . der IVien. Akad. ’ f Sur |a nature des
P- 204. - 22 C. i. I. V, 3387. - 23 Ibid. 908 0p. cil.
•s de centonarii, ci. Hirschfeld, Op cit. p.
, n. 4.
MIL
1895 —
• .rsIcENTo]. Ailleurs les centonarii faisaient partie
P^P' ne collège que les dolabrarii et que les scalarii
dU "Tse conçoit très aisément si ces trois sortes d’ou-
C® qU1 étaient incorporés dans la même compagnie mili-
vrl6T Qn admet aussi généralement que les dendrophores
la'" iiSSaient parfois le même office. R. Cagnat.
'Tll lTUM POENAE. — Toute discipline militaire en-
' (,\les punitions et des récompenses. Il est question
^celles-ci dans différents articles [beneficium, diploma,
dC UIILITARIA,EMERITUS, PUALERAE, PRAEMIA, etc.] ; On réu-
" ’Tu i tout ce quiatraitaux châtiments réservés au soldat.
"T Mommsen1 a fort bien indiqué la différence de prin-
. T ,jui existait entre les peines encourues par les civils et
C'LS qui pouvaient frapper les militaires. Tandis que les
Tmières étaient basées sur un élément moral fondement
de tout droit pénal dans une société civilisée, le législateur
militaire a à tenir compte avant tout des nécessités de la
guerre et de la victoire. De là des punitions qui parais¬
sent à première vue disproportionnées avec les fautes.
Modestin, au Digeste2, a donné un classement des
peines militaires qu’il n’y a qu’à adopter : Poenae
\nilitum, dit-il, hujusmodi surit : castigatio , pecuniaria
multa . munerum indictio, müitiae mutatio , gradus
dejcctio , ignominiosa missio ; il y faut ajouter dans cer¬
tains cas la peine de mort et rarement des tortures.
1» Castigatio. — Par ce mot, il faut entendre un châti¬
ment corporel. Le plus habituel était la bastonnade
[fustuarium supplicium ); il était très commun dans
l'armée romaine, ainsi que le prouve la présence entre les
mains des centurions, comme signe de commandement,
d’un cep de vigne [legio, p. 1071]. On se servait encore
de cet instrument de répression : témoin ce centurion
que les légionnaires de Pannonie avaient plaisamment
appelé « Cedo alteram » parce que, ayant cassé son bâton
sur le dos d’un soldat, il en avait redemandé un autre,
qui eut le même sort, et encore un troisième3. Sans
parler des coups isolés, portés par un officier à un
subordonné pour appuyer un ordre ou réprimer une
insolence4, la bastonnade était üne punition solennelle¬
ment infligée, parfois comme prélude d une exécution
capitale6, à un ou plusieurs soldats, voire même à des
officiers6, pour des fautes contre la discipline ou contre
l’honneur militaire. Nous la trouvons spécifiée par les
auteurs dans les cas particuliers suivants : négligence
pendant les rondes de nuit et dans la visite des grand -
gardes1; abandon de son poste de combat8; abandon de
son rang pendant la marche et pillage des maisons et des
champs que l’armée traversait9; rébellion contre les
chefs10; meurtre commis dans le camp11; vol12;
attentat à la pudeur 13 ; récidive lors de la troisième
punition pour la même faute 14 ; perte ou aliénation de ses
armes18. Polybe nous apprend comment la bastonnade
s« donnait de son temps 16 : Le conseil des tribuns, dit-il,
1 Corp. inscr. lat. 5446. — 2 Rodbcrtus, Zur Gescli. der rôm. Tributsteuer, p. 421
M2i Hirschfcld, L. c. p. 248. — Bibliographie. Delamarc, Traité sur la police ,
hns, 1722; Naudet, Mémoire sur la police chez les Romains ( Mém . de l’Acad.
h* Sc. morales et polit., t. V et VI) ; R. Cagnat, De municipalibus et provin-
militiis in imperio romano, Lutet., 1880 ; G. Hirschfeld, Die Sicherheits -
poii-ei C'a rôm. Kaiserreich ( Sitzungsber . der Ahad. su Berlin, 1891, p. 845 sq.;
‘S92, p. 815 Sq. ; 1893, p. 411 gqAjTli. Mommsen, Rôm. Strafrecht, Leipzig, 1899,
P. 305 sq.
M,UTUM F015NAE. l Strafrecht, p. 30 et 31. — 2 Dig. XLIX, 16, 3, § 1.
j~ ] Tac- Ann. I, 23. — 4 Dig. XLIX, 16, 13, §4.-3 Polyb. VI, 35; Tac. Ann.
' " • 'eU. Il, 18. — 6 Yell. II, 7, 8 ( magister equitum) ; Liv. XXIX, 9, 4 (tribuns
Uaires) ; cf. Vell. Ibid. 4. — 7 Polyb. VI, 36 sq. — 0 Cic. Phil. III, 6, 14; Liv.
MIL
se réunit; on juge le coupable et, s'il est condamné, il
reçoit la bastonnade ; « un tribun prend un bâton et ne fait
que toucher le condamné; mais, ensuite, tous les légion
naires le frappent à grands coups et le plus souxent il
succombe au milieu des troupes rassemblées ».
La bastonnade était réservée aux citoyens romains,
les pérégrins étant frappés de verges : Si Romanus esset
vitibus , si extraneus virgis cecidit , dit Tite-Live .
M. Mommsen croit même que le châtiment par les verges
fut emprunté par les Romains à l’armée macédonienne1 ;
on comprend qu’il n’ait jamais été étendu à ceux qui,
par leur condition civile, avaient droit, même coupables,
à un traitement honorable. Cette distinction subsistait
encore à l’époque impériale : pro qualitate loci , aut
fustibus subjiciebatur aut virgis".
On rencontre dans les textes la mention d’autres puni¬
tions corporelles infligées aux soldats. La principale est
la prison. Non seulement les auteurs nous parlent dans
plus d’un cas de prisons20, mais on connaît, par les
inscriptions, plusieurs sous-officiers ou soldats qui
étaient chargés de les surveiller ou de les administrer :
carcerarius21 , a gens curam carceris 22, optio carceris -,
a commentariis custodiarurn 2i. On peut citer encore
la privation de nourriture (au lieu de froment le soldat
puni ne reçoit que de l’orge, comme une bête de
somme25) et ce singulier châtiment qu’Aulu-Gelle repré¬
sente comme anciennement appliqué dans 1 armée, parmi
les peines infamantes, la saignée26.
2° Pecuniaria multa. — Elle pouvait frapper pareille¬
ment les soldats et les officiers. Elle se prélevait soit par
retenue d’une partie ou même par suppression de la
totalité de la solde 2\ soit par versement direct. Les
exemples ne sont pas rares : « Imperator noster, dit
Aulu-Gelle citant Caton28, si guis extra ordinem depu-
gnaturn ivit, ei mulctam facit. » Frontin raconte qu'une
légion dont les Liguriens avaient tué le général, fut
privée de solde pendant un semestre-1, à alère Maxime,
à propos d’une autre qui avait laissé tuer le consul, nous
apprend que le Sénat décréta : uti ea legio infrequens
referretur, c’est-à-dire qu’on ne lui payât pas sa solde
C’estce qu’on appelait : aes resignare militi 31 . De même
on lit dans le Code Théodosien que si un soldat quitte le
service par congé irrégulièrement accordé, per singulos
milites tribuni et praepositi quina porulo auri fisco
inférant32.
3° Munerum indictio. — Punition qui consistait à
infliger à l’officier ou au soldat coupable des corvées
indignes de lui, ou à lui imposer un service particulière¬
ment pénible. Tel est le cas de ces soldats dont parle
Polybe33 qui, ayant abandonné leur poste, étaient
condamnés à camper en dehors du camp, exposés aux
surprises, et à qui l’on ne faisait grâce que lorsqu'ils
avaient rapporté chacun les dépouilles de deux ennemis34;
V, 6, 14; Tac. Ann. III, 21; Vell. II, 7, 8. — 9 Liv. Epit. 57; Vit. Alex. 51; Dig.
XLIX, 16, 3, § 16. — 10 Tac. Ann. I, 21 ; III, 21. — U Bell. Hisp. 27. — 12 Polyb.
VI, 37. 13 Ici. — lHd. — 13 Dig. XLIX, 16, 14, §1.-16 Ibid. — 17 Epist. 57;
Mommsen, Strafrecht, p. 32. — l» Eph. epigr. VII, p. 465. — '9 Vit. Alexand. 51 ;
cf. Eph. epigr. VII, p. 458. — 2° Par exempte Tac. Ann. 1,21. — 21 Corp. inscr. lat.
III, 10 493; VI, 1057, 1. 4; 1058, 1. 7. — 22 Ibid. 111, 433, 3112. — 23 Ibid. VI, 531,
2406; IX, 1617; Ann. epigr. 1894, 33. — 24 Ibid. XI, 19. — 25 Polyb. VI, 38, 3;
Frontin. Strab. IV, I, 25, 37; Suet. Aug. 24; Dion. XLIX, 38, 4; Veget. I, 13.
_ 26 Aul. Gell. X, 11. — 27 Fest. Epit. p. 69 M ; Non. p. 532 M ; Liv. XL, 41 ; Val.
Max. II, 7, 15. — 28 Aul. Getl. XI, 1, 6. — 29 Frontin. Strat. II, 1. — 30 Val. Max.
II, 7, 15. — 31 Frontin. Strat. IV, 1 ; Fest. p. 285, s. v. Resignatum aes.
— 32 Cod. Theod. VII, 1, 2. — 33 Polyb. VI, 38. — 34 Val Max. II, 7, 5.
MIL
— 1896 —
ou de ceux que l’on obligeait à rester debout tout le jour
devant le prétoire, parfois en tunique et sans ceinture,
une toise ou une motte de terre à la main 1 ; ou de ce
préfet de cavalerie qui, ayant livré ses armes, fut tenu
de demeurer pieds nus, en tunique également et sans
ceinture, un jour entier, dans les principia 2 du camp.
Nous voyons de même des officiers ou des soldats
envoyés, par punition, dans des garnisons pénibles ou
désagréables 3 ; et tout un corps de cavalerie, privé de
ses étendards, réduit à faire route à pied et sans armes,
au milieu des bagages, des valets d'armée et des captifs 4.
1° Militiae mutatio. — Mesure prise fréquemment pour
punir différentes fautes : qui agmen excessif ex causa B,
qui in pace deseruit , quand c’est un fantassin 6 ; per
vinum aut lasciviam lapsis , alors que, s’ils avaient été à
jeun, ces soldats auraient dû subir des peines beaucoup
plus fortes7; irreverens miles. ..qui centurioni casligare
se volent i restiterit... si vitem tenuit 8, tandis que s’il
brisait le cep de vigne du centurion il encourait la peine
de mort. Cette militiae mutatio consistait à être versé
dans un. corps de troupe considéré comiiie inférieur à
celui où l’on servait 9 : un cavalier devient fantassin10,
un fantassin légionnaire est incrit dans une troupe dite
levisarmalura11 , dans un corps de frondeurs auxiliaires12.
Nous trouvons un exemple remarquable du fait sur un
papyrus récemment publié13; parmi les décurions d’une
cohorte de Lusitaniens on lit le nom d’un officier qui, on
ne sait pour quelle cause, fut rejectus ab ala II Thracum
ad virgam cohortis1* ; il n’avait pas été dégradé, mais
avait été déplacé : il avait quitté une aile de cavalerie
pour une cohorte auxiliaire, corps inférieur en dignité.
5° Gradus dejectio. — C’est la dégradation, punition
qui, la chose est évidente, ne s’applique pas aux simples
soldats, mais seulement aux officiers. Tel fut le cas, par
exemple, de P. Aurelius Pecuniola que C. Cotta avait
chargé du commandement en son absence, au siège de
Lipari ; il laissa presque jarendre le camp et brûler
Yagger ; Cotta le fit battre de verges et le condamna à
servir comme simple fantassin 15. De même, Tibère cassa
un légat légionnaire parce qu’il avait envoyé quelques
soldats chasser pour garnir sa table. Les principales
étaient eux aussi exposés, en cas de faute, à la gradus
dejectio 1G. On lit dans le règlement du collège des corni-
cines de Lambèse 11 : item, quid abomi(namur ) si q(ui)
locu(m ) su[um) amis(erit).
6° Ignominiosa missio. — Expulsion de l’armée avec
une note infamante ; c’est ce que le Digeste appelle mi-
litia rejici 18, le Code théodosien cingulo solviiÿ ou ma-
tricula eximi20. Ailleurs, il est question de soldats que
le général ignominiae causa ab excrcitu decedere
jubet 21 . Un terme à peu près synonyme qui supposait la
note infamante et la dégradation était le mot exaucto-
hatio. Pouvaient être frappés de la sorte, pour des fautes
très graves, cela va de soi, des officiers ou des soldats,
l Suet. Au(j. 24. — 2 Val. Max. II, 7, 9. — 3 Liv. XXllJ, 25; XXV, 5 ; XL, 41 . - Uram.
Marc. XXVI, 1. — B Dig. XLIX, IC, 3, § 16. — 6 Ibid. 5, § 3. Ibid. 0, § 7.
— 8 Ibid. 13, § 4. — 9 Cf. Schneider, De cens. hast. p. 43. — 10 Frontin. Strat.
IV, 1, 18; Val. Max. Il, 7, O -, Ibid. 15; Amm. XXIV, 5; XXIX, 5. — H Frontin.
L. I. On croit qu’il s’agit ici de triaires ou de liaslats versés parmi les vélites.
— 12 Val. Max. II, 7, 9 et 15. — 13 Eph. epigr. VII, p. 455 sq. — '4 Cf. Godcfroid
ad Cod. Theod. VII, I, 10. — 13 Val. Max. II, 7, 4. — 15 Suet. Tib. 19. — 17 Corp.
inscr. lut. VIII, 2557 ; cf. Dig. XLIX, 16, 3, § 5 (graüu militiae dejicitur). — 18 Di g .
XLIX, 16, 3, § 18; 6, § 5. — 19 Cod. Theod. XVI, 8, 27. — 20 Ibid. XII, 12, 2;
Vil, 18, 16. — 21 I.ex Jul. munie. 121. — 22 Val. Max. II, 7, 3. — 23 Bell. Afr.
54. — 24 Dig. XLIX, 16, 3, § 21. — 2S Mommsen, Il es geslae, p. 69. — 26 Dio,
MIL
ue
- - US tlll I OT*C |n „
0. Fabius avait perdu une place; sou beau-pi™ î" .
et lui ordonna de quitter la province 22 p . chassa
un centurion de l’armée de César ayant fomenté
cipline, celui-ci les condamna en ces termes • J md'S'
causa ab exercitu meo te removeo, hodicque'erT^
abesse et quantum pote proficisci jubeo 23 si i , C0
ment était mérité par toute une légion son „ v ChâU'
rayé des cadres de l’armée [lecioI ^ • tel’ r,,i i m oLait
troupes qui furent englobées dans le d’ésastre deVarv ï
de la légion IIP Galliea, dont le légat se sonlo ’’
Ëlagabal iB, de la légion .IF Augus^pp^d
temps ti la suite de la révolte de Capellien27 En y • i
cas, on le sait, le nom de la légion était martelé sur ion,
les monuments où il figurait et les soldats étaient ou ren¬
voyés dans leurs foyers ou versés dans d’autres régi
ments : il y avait alors à la fois exauctoratio pour la
légion et militiae mutatio pour les hommes. Le premier
traitement fut infligé par Sévère Alexandre à une légion
révoltée à Antioche28; le seconda la IIIe Galliea dont
plusieurs soldats figurèrent ultérieurement dans les
cadres de la légion IIP Augusta 29.
i I eine de mort. Le châtiment le plus sévère était
la peine de mort. Originairement, le droit de la prononcer
appartenait au chef d’armée. Vers l’an 646 = 108, à la
suite d’une lex Porcia 30, le général perdit le pouvoir de
faire exécuter un citoyen, tout en gardant celui de con¬
damner à mort un Latin31. Mais les choses changèrent de
nouveau sous l’Empire. Le Digeste énumère tous les cas
où la peine de mort devait être édictée : A. Abandon du
poste : Is qui exploratione emanet , hostibus insistentibus
aut qui a fossato recedit 32 ; qui excubias palati dese-
ruerit 33 / qui in acie prior fugam cepit , speclantibus ini-
litibus, propter exempfum3' ; qui volens transfugere
apprehensus est3* ; qui in bello deseruit33. B. Désobéis¬
sance : In bello qui rem a duce prohibitam fecit aut
mandata non servavit etiam si res bene gesserit31 ; si
vallum quis transcendai aut muro castra ingrediatur 38.
C. Fautes graves dans le service : Qui in bello arma
amisit vel abalienavit 39 ; si alienavil loricam, scutum,
galeam, gladiumia.B. Insubordination: Qui sedilionerit
atrocern militum concitavit 1 1 ; qui manus intulit prac-
posito*2; qui centurioni castigare se volenti... vitem
ex industriel f régit 43 ; qui carcere effraclo fugerit ' ;
contumacia omnis adversus ducem vel praesidem "I
E. Trahison : Qui praepositum suumprotegerenoluerunt,
vel deseruerunt eo occiso 46 ; exploratores qui sécréta
nunliaverunt hostibus*’1. Cette punition capitale était
parfois accompagnée de tortures, mais seulement dans
des temps troublés ou dans des circonstances particuliè
rement graves48. On pourrait en citer cependant plus
d’un exemple : Q. Fabius Maximus faisant coupai es
mains des déserteurs 49 ; Aurélien punissant un soldat quj
avait commis un adultère avec la femme de son hôte, e
,7.-27 R. Gagnai, Armée d’Afrique, p. IGG stI- _!> 1 'Ul ' ... rnrrecht
C. inscr. lat. VIII, p. 1074; cf. III, 208. - 30 Cf. Morn.nscn, ^^
note 3 et plus haut à l’article lex, col. 1160. 31 Sali. l^’ j^lll, 3
16, 3, § 4; cf. Joseph, Bell. Jud. V, 3; Suet. Aug. Il, ac’ ^ __%lb
lex. 51. — 33 Dig. XLIX, 10, 6, § 10 — 34/6. 6, § 3. —3bJb. , S •_nmg
cf. Cod. Theod. VII, 18, 4, et Mommsen, Rom. Strafrecnt.p. ’ _ , , /A
16, 3, §15.-33 lb. 3, §17. -39 /6. 3, §13. -40 /A. 14,^ j •
, - 42 lb. 6, § 1. - 43 lb. 13, § 4. - 44 lb. § 5. - W6 6, S , ^
rb. 3, § 21. - 4- 76. 6, §4. - 48 Le Digeste d‘tjie« ^ ^ ([
ne doivent pas être torturés (XLIX, 16, 3, §
MIL
— 1897 -
MIL
rniier, comme il était impossible de frapper tous ceux
posaient on avait recours à la décimation. Le
le com
attacher par la tête et les pieds à deux arbres,
Ie [a'sani re(iressant l’écartèlent 1 ; Constantin décrétant,
qui::;;'|lie le fait d’avoir quitté son poste sur le limes
e" r’vùir permis ainsi à l’ennemi de pénétrer sur le ter-
e* ' !! ,'oinain doit être puni du supplice de la flamme 2.
rit0"1' . ol ips tortures étaient réservées aux déserteurs 3.
fn gcncrab . ,,
7i 1m faute était celle non d’un homme mais d un corps
tout
qU|i lin rassemblait les soldats et faisait comparaître devant
["iies coupables qu’il accablait de reproches, puis il tirait
" mi parmi eux un certain nombre de noms, de telle
Cde qu’un sur dix fût compris dans le nombre de ceux
S°r je hasard désignait *. Ceux-ci étaient envoyés au sup-
'’ljce. Le procédé était en usage à l’époque républicaine ;
?i en est question non seulement dans Polybe, mais dans
Tite-Live 8 et dans Denys d’Halicarnasse 6 ; ce dernier
ajoute qu’il est pour les Romains itdxpio; xôXaenç. Il fut
encorc employé par César7, Domitius Calvinus *, An¬
toine 0 et Octave i0. _ ,
Les punitions journalières étaient prononcées par les
'sous-officiers et officiers compétents, en particulier par
les centurions 11 ; celles qui atteignaient une certaine
importance n’étaient édictées que par les officiers supé¬
rieurs, tribuns ou généraux. Ainsi les tribuns avaient
autorité pour infliger la bastonnade12, les corvées, les
retenues sur la solde ou la nourriture 13 * * *. Seuls, les géné¬
raux en chef sous la République1*, sous l’Empire l’empe¬
reur ou celui à qui il en délègue le pouvoir, peuvent
décréter la peine capitale 111 ou le renvoi de l’armée 1C. Les
délits commis par les officiers étaient également justi¬
ciables du général en chef ou de l’empereur17. R. Cagnat.
MILLENA [CAPITATIO TERRENA, p. 899].
MILLIÀRIUM1. SfijAetov 2. — I. Borne milliaire.
Sauf en Attique, où des hermès marquaient à mi-chemin
la distance d’Athènes aux différents dèmes [uermae,
p. 131 , les Grecs n’ont jamais songé, avant la conquête
romaine, à indiquer les distances le long des roules
par des bornes et des inscriptions ; Strabon lui-même
a remarqué à quel point leur système de routes était
inférieur à celui des Romains3. On a quelquefois
prétendu, d’après un texte de Plutarque, que l’idée de
jalonner les grandes voies publiques par des milliaires
remontait à C. Gracchus *. Mais Polybe raconte que de
son temps déjà on avait appliqué cette utile mesure a la
via Domitia, récemment ouverte entre les Pyrénées et
les bords du Rhône 5. Ce témoignage n’estpeut-être pas de
beaucoup antérieur au tribunat de C. Gracchus h. Cepen¬
dant celui-ci ne fit sans doute que consacrer par d< s
dispositions légales une invention plus ancienne , un
milliaire qui nous est parvenu s porte le nom de
P. Popillius, consul en 131 av. J.-C. (fig. 3029) ; il était
le quatre-vingt-unième sur une route qui allait <1
Ri mini à Aquilée 9. A partir d’Auguste la mesure se
généralisa et l’on prit soin d’indiquer régulièrement
chaque distance d’un mille (1481 m.30) sur 1 immense
réseau des grandes routes de l’empire. De là 1 habitude
d’évaluer les distances d’après le chiffre des bornes et
de dire ad lapidem primum, secundum... etc. Il n est
guère d’empereur sous lequel on n’ait construit ou répare
quelque tronçon de route et rappelé ce travail par des
inscriptions gravées sur les milliaires; les plus récents
ont été mis en place à la fin du iv° siècle ou dans les pre¬
mières années du ve 11 . Nous en connaissons un nombre
considérable ; rien qu’en Italie on en a relevé plus de cinq
cents. Tous ont été catalogués et classés par régions dans
le Corpus inscriptionum latinavum1 ~ . Bien souvent,
retrouvés à la place même où ils avaient été dressés, ils
nous fournissent des indices certains sur le tracé des
voies romaines. Les chifires et les noms de villes qu ils
portent gravés à leur surface nous sont d un grand
secours pour l’identification des lieux. Les inscriptions
des milliaires nous renseignent sur les titres impériaux,
si importants pour la chronologie ; elles nous font
connaître quelquefois aussi des noms de magistrats et
nous permettent de suivre l’histoire des grands travaux
publics exécutés sous l’empire.
7 J ita Aurel. 6. Vopiscus fait remarquer que c’est là un acte isolé : solus otv-
n'ltn 1 Militent ... puilivit , etc. — 2 Cod. Theod. VII, 1,1. — 3 Val. Max. II, 7, 1 1, 13;
%XLIX, lf>, 3, § 10; cf. Ibid. 5, § 3, et 13, § 6 (déportation). — 4 Polyb. VI,
38> 2. - 6 Liv. Il, 59, 11.-6 Dion. IX, 50. — 7 Dio, XLI, 35. — 8 Id. XLVII1,
9 ld. XLIX, 27; Frontin. Strat. IV, 1, 37. — 1« Dio, XLIX, 38; Suet.
% 24. _ il Pli,,, fjist' nat . XIV, 19. — 12 Polyb. VI, 37. — 13 Ibid. 38;
t". XXV111, 24; Veget. II, 7. — 14 Polyb. VI, 39 ; cf. Geppert, De tribunis mili-
lm‘< P- 47 sq. — 18 Dion. XI, 43 ; Dio, XLI, 35 ; Suct. Aug. 24.— 1 6 Lex Jul. mun.
Val. Max. II, 7, 3; Bel. Afr. 54; Dio, LI1, 22; Frontin. Strat. IV,
1 37 ; Suet. Aug. 24; Vita Alexatulri , 53, 54. Sur cette compétence du général eu
( " c7* Mommsen, Droit public romain , VII, p. 320 ; V, p. 127. — 1 7 Val. Max. Il,
• 4; Suet. Tib. 19; Flor. I, 18, 17; Mommsen, Droit public romain , V, p. 253.
~ BiBLiouRiPHiE. Marquardt, Organisation militaire, p. 320 sq. ; Mommsen, Itüm.
Slr«frecht, p. 30 S(|. ; j. Bouquié, De la justice et de la discipline dans les armées
"Home et au moyen âge, Bruxelles- Paris, 1884, p. 104 sq. (cbap. v : Pénalités
élitaires).
i On trouve aussi milicirium : Cic. Ad AU. VIII, 5 ; Suet. Ner.
8; F,,°ntm. Aqu. 3 et 6 ; Amm. Marc. XXI, 5, 9 et 9, C; Huschke, Jurisprud.
""‘Winian. fragm. Vatic. 147'; C. i. I. III, 202, 205 ; 5715, 5717, 5723, 5735,
j“l,;VIII, 10021, 10025, 10387, 10388, 10392, 10394, 10397, 10401, 10465, I040S,
01 ’oitiarius (lapis) : C. i. I. 1, 551 ; Agrim. I, 343, 10. — 2 Polyb. III, 39,
^"l C. Graccli. 7; Herodian. Il, 14; VIII, 4. — 3 Strab. V, 3, 8, p. 235. Il
prétend qu'il y avait des bornes indiquant les distances dans 1 Inde, XV, I, >0,
p 708. — 4 Plut. L. c. — 6 Polyb. i. c. — 6 Polybe est mort vers 129-127 et
la date où il a donné l'édition définitive de son ouvrage est controversée.
Plusieurs savants ont cru le passage interpolé; il est considéré comme authen¬
tique par Mommsen et Hirschfcld, C. i. I. V, p. 885, XII, p. 066; mais on
pourrait y voir la trace d’un remaniement opéré par l'auteur lui-même. — 7 Les
passages de Tit. Liv. H, 11, 7; III, 6, 7 et 69, 8 ; V, 4, 12; Flor. Il, 6;
Justin. XXII, 6, 9, sont de simples anachronismes de ces historiens. Mais
personne jusqu’ici n'a remarqué que miliarium dans Caton, B. rust. 20, 22 et 135,
suppose nécessairement l’usage des bornes milliaires sur les routes avant
l’an 149 où Caton est mort, et même il ne pouvait pas être nouveau à celle
claie. _ 8 Les milliaires du Corp. inscr. lat. I, 535, 536, 537 (an 186), 540 (an 1 17)
mentionnent des personnages d’une époque antérieure ; mais leurs inscriptions
semblent accuser une main plus récente. — 9 C. i. I. I, 5a0 ; Ritschl, Priscae
lutinitatis monum. epigraph. 1862, pl. liv a. — 10 Tit. Liv. ; Flor.; Justin. L. c. ;
Varr. B. rust. IIL 2 ; Plin. Bist. nat. XXX1I1, 159 ; Quintil. IV, 5, 22; Plin. Epist.
X, 24; Tac. Ann. XV, 60 ; Bist. U, 24, 45 ; IV, U ; Amm. Marc. XIX, 8, 5 ; XXXI,
3, 5 ; Corp. jur ., Justin. Instit. I, 25, 16 ; Rutil. Num. II, 8 ; cf. Mari. VII, 31 ; Sid.
Apol't. Carm. XXIV, 0 — H Ainsi C. i. I. III, 572, 573 ; V, 8058 ; F. Berger, p. 17.
_ 12 On y donne aussi la bibliographie la plus complète de chaque monument, ce
qui nous dispense d’indiquer ici des travaux de détail, cependant utiles pour une
étude approfondie du sujet.
MIL
— 1898 —
MIL
Les Romains sc sont servis, pour établir leur bornes
milliaires, des matériaux qu ils trouvaient sur les lieux
mêmes : pierre calcaire, marbre ou granit1. Les formes
mfavcponTip
iAXVMVSCOSX
osdesicnaTxii
AFXiniiRIBVNjC
■oTesTaTe x>cl
Il
■ S
( uxoïtfë/^jice
4 - - ^
Fig. 5030. — Milliaire d’Auguste.
sont assez variables; la plus ordinaire est celle d’une
colonne, qui peut atteindre environ 3 mètres de hauteur
et 2 mètres de circonférence, quoique la grande majorité
soit de dimensions inférieures2. Il
y a toujours intérêt à signaler les
autres formes quand elles se ren¬
contrent; ainsi, en étudiant la
Via Domitia entre Nimes et Nar¬
bonne, on a reconnu que les
milliaires y variaient de forme
suivant leur date 3; ceux d’Au¬
guste sont des colonnes entière¬
ment cylindriques (fîg. 5030) *,
ceux de Tibère des piliers qua-
drangulaires (fig. 5031) 8 ; sur
ceux de Claude l’inscription est
enfermée dans un encadrement
(fig. 5032) 6. Un milliaire d’Anto-
nin ayant appartenu à la voie d’Aps
à Uzès se termine à l’extrémité
inférieure par une base carrée 7.
Ces différences de formes ne peu¬
vent servir d’indices chronologi¬
ques que dans les limites de la
région où on les a observées; mais sous cette réserve
elles peuvent fournir des points de comparaison utiles
pour dater des milliaires mutilés et on ne doit point les
l Voir les exemples rassemblés par F. Berger, p. 10. _ 2 F. Berger,
p. 9; Desjardins, Géogr. de la Gaule romaine, IV, p. 175. _ 3 Les do¬
cuments de Desjardins, L. c. sont empruntés à Aurès, Monographie des bornes
milliaires du département du Gard, Nimes, 1877. — 4 Desjardins, p. 175 =
C. i. I. XII, 5630. — 5 Desjardins, p. 177 = C. i. 1. 5649. — 6 Desjardins, p. 178 =
C. i. I. 5646. — 7 Aurès, pl. ix, 1 = C. i. I. 5583. - 8 Quelques savants ont
fait honneur de cette réforme à C. Gracchus et ont cherché ainsi à mettre d'accord
riut. C. Gracch. 7 et Polyb. III, 39, 8. Mais leur opinion offre peu de vraisemblance
Müiarium dans Cat. R. rust. 20, 22 et 135, suppose la forme de la colonne déjà
connue. Le soi-disant milliaire de la Via Appia, donné comme exemple par Rich,
Diet. des antiqu. s. v. et par Duruy, Hist. des Rom. I, p. 151, est une restauration
de Camna, qui parait composée de morceaux différents ; l'original conservé au Capi¬
tole ne peut être étudié de près et la provenance en est douteuse : C. i. I. X, 6812
6813. — 9 C. i. I. III, 199-201, 207-209, 346, 1699, 3705, 6123; et. I, 551 ; Berger
1. p 23. 10 Dig. XLIII, 8, 21 à 23 ; Sic. Flacc. De cond. irgr. p. 146. _ U C. i. I.
Fig. 5032. — Milliaire de
Claude.
négliger. Il est probable qu’à l’origine h™,
paseucore en usage; c’est ce- que semble TV
milliaire de Popillius (fig. 5029), pierre „hi d'qUer le
ment taillée en pointe dans le bas no,,,! I ’ ^rossière-
terre. On aura peu à peu substitué des colon Cn
milliaires primitifs sur les voies oui • GS à ces
publique *. Exceptionnellement on a qi.eùquefois ^
a meme sur des parois de rochers, le Ions d’ S'x
les indications que nous sommes habitués à i™ '‘°Ule’
les bornes milliaires 9. ' ouversur
Les voies romaines se divisaient en deux grandes ont J
gor.es : les routes impériales, dites aussi co^sula es t
prétoriennes (viae consultées, praetoriae, T
bhes et entretenues principalement aux frais de l’Lht
second lieu les viae communales et vicinales,- routes
établies et entretenues principalement aux frais des villes
[via] . Les milliaires que nous possédons peuvent prove
n,r des secondes aussi bien que des premières ; car nous
savons par les inscriptions gravées sur quelques-uns que
les municipalités avaient soin d’en faire établir sur leurs
réseaux : respublica miliaria constituit 11 ; mais il p0u-
vait arriver que sur leur demande l’empereur leur fournît
unesubvention et en pareil cas le milliaire était érigera
auctoritate imperatoris , ce qui n’indique point du tout
que la route fût classée au nombre des routes impéJ
riales1-. Il ne faut pas oublier aussi que les voies
romaines à l’origine ont été établies en grande partie
pour les besoins des armées; celles qui dépendent de
1 État sont par excellence des viae militares l3, et ce sont
souvent les légions qui en ont exécuté les travaux14. Les
milliaires permettaient aux chefs de troupes de calculer
sûrement les étapes et les guidaient dans leurs opéra¬
tions1’'. La Narbonnaise était à peine conquise que déjà
les Romains bordaient de milliaires la via Domitia à
partir de Narbonne ,B; d’où l’on peut conclure avec cer¬
titude qu’un bon nombre de ces monuments étaient
l’œuvre des soldats.
En Italie, les distances étaient comptées à partir de
Rome. En l’an 29 av. J.-C., lorsque Auguste eut fait
dresser avec l’aide d’A grippa la carte du monde romain,
on éleva au forum un milliaire initial, qui reçut le nom
de milliaire d’or ( milliarium aureutn )17. Il était situé à
l’extrémité du forum, entre les Rostres et le temple de
Saturne18. On en a même retrouvé un vestige : c’est une
base en marbre cylindrique qui mesure quatre pieds et
demi de diamètre; au-dessus devait s’élever une colonne
revêtue de bronze doré, d’où le nom du monument l9.|
Cependant les distances, à proprement parler, n étaient
pas comptées à partir de ce point, mais seulement a partir
des portes du mur de Servius, où aboutissaient les
grandes voies de l’Italie, de telle sorte que l’intérieur de la
VIII, 10322, 10327, 10340, 10341, 10360 ; F. Berger, p. 15, 18. Cependant ce nest
pas une règle, C. i. I. V, 931. — 12 Voir les observations préliminaires de Mommsen,
sur la série des milliaires dans le C. i. I. V, p. 933 et VIII, p. 859. — 13 Cie. a
prov. consul. II, 4; Ad Att. III, 19 ; Tit. Liv. XXXVI, 15; Isid. Orig. XV, 1 , ■ j
— 14 C’est l'idée qui a inspiré particulièrement les recherches de l' - ] :i j
Heerstrasse d. rom. Reiches ; voir son fascicule, I, p. 3 et 7. 1 ' 011 P u ^
T.-L. Flor.Just, Tacit. Amm. Marc. A. c. et Tac. Ann. I, 45; Hist. ^ X , >
Marc. XVI, I, 8 ; XVII, 4, 14; XVIII, 6, 22; XXI, 9, 6 ; XXIV, t, 3; XXV, 5, c <
0 ; XXIX, 4, 0 ; F. Berger, II, p. 19.-16 Polyb. III, 39, 8. - ” Ulin. StsC na
06; Tac. Hist. I, 27; Suet. Otho, 6; Plut. Galb. 24; Dio Cass. LIV, 8; " '
urb. et De regionib. reg. VIII. — 18 Voir fohum, p. 1299, col. 2 et p. 1-83, c ^ ^
plan ; Lanciani, Forma Urbis, pl. — 19 De Rossi, Le plante di Roma « j □ J .
secolo XVI, p. 25-34; Dessau, Bull, deli Istit. arch. di Roma, 1884, p —
Jordan, Ann. de II’ Istit. 1883, p. 57; Lanciani, Bull, d. commiss. ai( '■
Roma, 1892, p. 95. La restauration de Canina( Via Appia, p. 264), est de poi
MIL
1891) —
n’était pas compris dans le calcul. Il est probable
caP1'1 ' |lSCription gravée sur le milliaire indiquait les
lllU stations de chaque route, et en regard le
P1''1"1' des milles qui les séparaient de l’enceinte de
clli,1‘ panS les provinces, les milles étaient comptés,
Roul' j roUtes communales, depuis la cité qui en avait
SUI lerf frais jusqu’à l’extrémité de son territoire; sur
falL ro u tes impériales, à partir de la capitale de la
pI’ll' 'si arrivé, surtout à partir du me siècle, qu’au lieu
Imiter de nouvelles bornes, quand on réparait une
C ou faisait servir les anciennes, en bouchant avec du
Ineiit les inscriptions en l’honneur des empereurs pré¬
cédents et en gravant par-dessus une autre inscription3.
En Orient, les inscriptions des milliaires sont souvent
bilingues ; sur les uns le texte est latin, mais à côté du
chiffre latin exprimant le nombre des milles on a gravé
le chiffre grec correspondant4; sur les autres le texte
latin est tout entier traduit en grec 5. Il s’en faut de
beaucoup que toutes les inscriptions des milliaires soient
rédigées suivant un formulaire unique; les renseigne¬
ments qu’elles contiennent sont très variables et elles
diffèrent quelquefois dans leur teneur le long de la
même voie et sur un court espace de terrain, ce qui
tient surtout à ce qu’elles datent d’époques différentes.
Voici les résultats des observations faites sur l’ensemble
de ces documents par les épigraphistes :
lu La distance peut ne pas être exprimée du tout
(fig. 503U et 5032), ou bien l’être par un chiffre (fîg. 5029,
5031), ou encore par un chiffre précédé des sigles M. P.
) [milliapassuum). Généralement cette indication se trouve
à la lin ; en Italie, le milliaire porte quelquefois deux
chiffres, le premier compté à partir d’une cité voisine
qui n’est pas nommée, le second à partir de Rome G.
Sur certains milliaires on a gravé le nom de la ville qui
a servi de point de départ : a Sitifi,a Caesarea \ et
même on a noté le point extrême où aboutit la route :
a Baete ad Oceanum 8. Plus rares sont les milliaires qui
donnent la distance par rapport à plusieurs villes diffé¬
rentes 9. Dans les trois Gaules et dans les deux pro¬
vinces de Germanie, la distance est exprimée non seu¬
lement en milles, mais en lieues gauloises (l ou leugae) 10,
mesure qui valait un mille et demi, soit, d’après l’esti¬
mation la plus vraisemblable, 2 kilom. 22211.
2° L’inscription mentionne, sous la République, les
noms et les titres d’un magistrat supérieur (fig. 5029),
sous l’Empire ceux du prince (fig. 5030, 5032) 12. S’ils sont
au nominatif, la route dépend de l’État ; au datif, d’une cité ;
1 ablatif marque simplement une date1'3. Sur les roules
de 1 État, le nom de l’empereur est quelquefois suivi
Jun verbe: fecit, stravit, munivit , refecit (fig. 5031,
a032), etc. , ou même d’un membre de phrase qui précise
la nature du travail, en rappelle le but et les difficultés;
ainsi 011 lit sur un milliaire de Tibère: Viam Claudiam,
ty- L, 16, 154. Discussion el explication de Plin. Hist. nat. 111, GG, dans
lO1"'1111'’ L'c- ~ 2 Mommsen ad C. i. I. VIII, p. 859. - 3 C. i. I. 111 ; 10624,
-o, lou t.s ; milliaire de Paris, Desjardins, Géogr. de la Gaule rom. IV, p. 188.
Z* L ■ '■ l- M, 205, 312, 347, 4G4, 572, 712. — G Ibid. 218, 34G, 470, 471, 479,
*80, 4R2 lao . ’ ’ ’ ’ '
Isa) ' 63' ~ G Amsi c ■ *• 1 ■ IU> 3703 ; IX> 0072 ; x> 6854 ; Not ■ d- Scavi’
«01 P| lG°' ~ 7 C- *’• 1 ■ VIII, 10337, 10451 ; F. Berger, p. 14. — 8 C. i. I. Il, 4097,
t'i,,.; "’ 3705 ; VIII, 10047, 10083. — 9 Ibid. I, 551; VIII, 10118; milliaire de
NaH j ^jardins, Q i ^ \y p 26. — 10 Index du C. i. I. XIII. Une inscr. en
P.MU!aiS::maiS Clle a été d,?P,acée’ Ibid- XII> 5318- — 11 Gesjardins, O. L, IV,
P ^ iddon. A poil. Carm. XXIV, 6. — - 13 Mommsen dans le C. i. I. VIII,
J •- H Ibid, v, 8003 ; F. Berger, p. 14. — 13 C. i. I. X, 3202. — 16 Ibid. VIII,
MIM
quant Drusus puler, Alpibus bello patefactis , derexse-
rat, munit a /lamine Pado ad /lumen Danuvium1’.
3° On connaît des milliaires où est mentionné, après
l’empereur, le gouverneur de la province qui a eu la
direction et la surveillance des travaux, et qui a inauguré
la route : Commodus restituil , curante el dedicante
L.Junio Ilup.no Proculiano, leg{ato ) pr(o) pr(aetore) ;
ou bien la légion qui a exécuté la tâche : Hadrianus
viam stravit per leg[ionem ) HI Aug(ustam)16 .
4° Sur les milliaires des routes communales la cité
dont elles dépendent met quelquefois son nom ; ainsi
en Afrique : Respub lica) gent\is) Suburbur(ensium) vins
exauslas restituit ac novis munitionibus dilatavil 17 .
5° Enfin on rencontre aussi des bornes qui indiquent
avec quel argent ont été couvertes les dépenses, par
exemple si l’empereur a ajouté une subvention à la
somme fournie par les propriétaires voisins : adjectis
sestertiis XI XTVTI ad sestertia DLXlX C quae posses-
sores agrorum contulerunt 18.
II. — Chaudière haute et étroite, dont la forme cylin¬
drique rappelait celle d’une borne milliaire ; on s en
servait pour faire chauffer l’eau dans les salles de bains
[balneum, p. 660, fig. 765] 19.
III. — Colonne de même forme, qui faisait partie d un
moulin à olives [trapetum]. Georges Lafaye.
M1LLUS1 ou MELLUM2 [collare].
MIMALLOXES [maenades].
MIMUS. Mïgoç. — I. Grèce. — Le terme de gigot; a trois
acceptions : il désigne l’acteur, homme ou femme, qui
produit une imitation ; l’imitation elle-même ; enfin un
genre voisin de la comédie, et dont le premier représen¬
tant est, pour nous, Sophron de Syracuse. Au plus bas
degré parmi les acteurs-mimes peuvent être placés ces
baladins dont les imitations vocales (chevaux hennissants,
taureaux mugissants, bruit des torrents et de la mer,
grondement du tonnerre1, etc.) étaient très en faveur
auprès du public. Le mime est quelquefois aussi un dan¬
seur : le terme dopy/jer/j? s’applique a lui ; et cette iden¬
tification est naturelle, car, ainsi qu’on l’a justement
montré2, la séparation que notre art orehestique met
entre la mimique et la danse n’existe pas chez les Grecs
au même degré : bien que les monuments figurés nous
montrent « des pas de danse... qui paraissent, comme
les nôtres, entièrement dépourvus de sens mimétique3 »,
le danseur grec est le plus souvent un mime : l’objet de
son art est l’imitation individuelle ou l’imitation en
masse [saltatio]. Un certain nombre de danses4 sont
des imitations d’animaux, de personnages typiques ou de
scènes plaisantes. Le poptpaagoç est défini par Pollux :
iravroBantov Çdiwv gtp.7|<n;, etles danses appelées Xéwv,
TXaû?, àXa>7 rrj£, yépavoç, n’en sont, sans doute, que des
formes particulières ; à la catégorie des danses typiques
se rattachent l’àyYeXixTq, où l’on reproduisait la gesticula¬
tion et les attitudes des messagers, et la danse laco-
10048, 10081 ; Berger, p. 15. — H C. i. I. VIII, 10335. — 18 IX, 6072, 6075. Voir
encore Ibid. VIII, 10322, 10327. — 19 Aux références de la note 202 dans cet article
ajoutez Sen. Qu. nat. III, 24 ; Paul. Sent. III, 6, 65. - Bibliographie. N. Bergier, His¬
toire des grands chemins de l'empire romain, 1622, Bruxelles, liv. IV, cliap. xxxix
à xlu ; F. Berger, Ueber die Heerstrassen des rôm. Reiches, II, Die Meilensteine,
progr. d. Luisenstüdt-Gewerbeschule, Berlin, 1883 ; Cagnat, Cours d épigraphie
latine, 3« édit. (1898), p. 244.
M1I.I.US ou MELLUM. 1 Scip. Aeinil. ap. Fest. p. 151, Millier. — 2 Varr. R. rust
Il 9, 15. Sur ces mots, voir Sclineider, Ad h. I.
MIMUS. I Plat. Rep. 39G B. — 2 M. Emmanuel, Essai sur torchestique grecque,
p. 43-44. — 3 Ibid. p. 328-9. — 4 Alliacn. 629 E ; Pollux, IV, 103-104.
«
— 1900 —
MIM
MIM
nienne des uTtoyÜTuovsç1 ; parmi les danses qui sont pro¬
prement des scènes comiques, on peut mentionner la
xXwTTEi'a et la xXou-r) tcùv ÊcüXwv xpsiüv : celle-ci était spécia¬
lement appelée mimétique--, la xXuireîa était peut-être
une scène à un seul personnage, la mimique du voleur
pouvant marquer d’une manière assez claire l’interven¬
tion du volé3 ; une danse d’un autre caractère, la xapitata
des Ænianes et des Magnètes *, était un mime à deux
personnages : un laboureur sème son champ en se
retournant fréquemment, comme un homme qui a peur:
un brigand survient, et une lutte s’engage dont les bœufs
et la charrue sont l’enjeu. D’un genre analogue est la
scène des amours de Bacchus et d’Ariadne, qui termine
le Banquet de Xénophon : la physionomie et les gestes
des acteurs donnentune impressionde réalité saisissante,
mais il n’est pas fait usage de la parole 5 [pantomimus].
Parallèlement à ces danses mimétiques où une action
suivie et complète est représentée par simple gesticula¬
tion, se développe un autre genre de mime, plus voisin
de la comédie : il ne se borne pas à l’imitation des gestes
typiques, il représente aussi par la parole ou par le
chant des scènes bouffonnes et des parodies. Ce mime,
qui est, par excellence, le divertissement populaire, n’a
pas un développement rectiligne : nous le verrons plus
loin naître spontanément dans des fêtes dionysiaques,
mais oh en voit d’autre part une espèce profane, dont on
peut chercher l'origine dans les parades des 0aup.axo7roiot.
Le jongleur n’a pas de plus sûr moyen que la mimique
pour retenir ou attirer les passants [balatro, cinaedus] :
il imitera, par exemple, des bruits ou des animaux et
pourra même contrefaire quelque personnage ridicule,
parmi les gens qui font cercle autour de lui G. Nous
voyons d’ailleurs que les mots OaugaxoTtoioi, fjLtg.ot,
vjOoXôyo!, sont constamment rapprochés Athénée 8 nous
montre une sorte d’ascension de jongleur à mime : un
0xu[i.oTO7roioç appelé Nymphodoros devint presque aussi
célèbre que Cléon, le plus renommé des mimes italiotes.
Le crieur public Ischomachos eut une carrière analogue :
il produisit d'abord ses imitations dans la rue (èv
xûxXoi;), puis, ayant acquis de la renommée, il joua des
mimes dans des théâtres forains (év Oaugaciv).
Le mime, sous ses formes multiples, fut de tout temps
très populaire en Grèce et dans l’Italie méridionale.
Nombreux furent ces p.tp.oi ysXotwv dont s’entourait Phi¬
lippe de Macédoine 9, et les charges mimiques avaient
sans doute une assez large place dans le répertoire de ce
collège des Soixante (oi süijxovxa) qui se réunissait au
temple d’Héraklès à Dioméies10. Athénée11 énumère lon¬
guement des bouffons italiotes qui n’imitaient pas seu¬
lement les lutteurs et les pugilistes, les chanteurs de
dithyrambes et les citharèdes : certains d’entre eux
jouaient de véritables mimes (... KuxXw7ra sîenjyaye xsps-
xîÇovxa, xoù vauayôv ’OSuauea xepExtÇovxa). Mais ces témoi-
1 Poli. IV, 104. — 2 Ibid. IV, 105, à moins que l'on n’écrive avec 0. Millier Seix»)-
>ivti*y,v. — 3 Cf. Ph.-E. Legrand, Rev. des études anc. I. IV, n° 1, janvier-mars, 1002,
p. 17 du tirage à part. — 4 Xen. Anab. VI, 1,8. — 5 Nous croyons, en effet, avec
Pli.-E. Legrand (O. I. p. 10) que.le verbe ï(xouov est employé par hyperbole, et signifie
ici : « ils croyaient entendre ». Cf. Lucian. %tç\ in. 302 : Axoùw, âvSfwnt, 5 hoisïç
x. t. I. (il s’agit aussi d’un danseur-mime). — 0 C’est ce qui ressort d’un passage
de Diodore, relatif au tyran Agathoclès (XX, 63). — 7 Cf. Reich, Rie dltesten
berufsmüssigen Darsteller des griech.-ital. Mimus, p. 17-19. — 8 p. 19 F
et 452 F; cf. Bull. corr. hell. 1883, p. 110, n»! 5-8 (Hauvelte). — 9 Domosth. 01.
Il, 19. — 10 Athen. 614 D-E. — H P. 19 F-20 A. — 12 Ibid. XIV, p. 621 D, d'après
Sosibios. Cf. Suidas s. v. — 13 Cf. Plut. Apophth. lac. 212 F, et Agesil. 21, où le
mot se lit StixTi^ixTa;. — 44 C’est à tort que Fiihr (de Mimis Graecorum, p. 36) croit
trouver chez Athénée l’affirmation contraire : rien de pareil ne peut être tiré de
gnages sont relatifs à des faits qui, le m,, •
sont pas antérieurs au me siècle, ou à la tin d S°"Ven|’ ne
Pouvons-nous remonter à des origines ni T- aV'J"(l
Un témoignage relatif à d’anciennes , ‘ °llUaine^
mimiques, et dont l’intérêt serait beaucoun ni 0ns
si les compilateurs avaient eu plus de souci j "f 8rand
nologie, est celui qui concerne les Dikélistn»?1**'
farces sont, nous dit-on, « une forme ancienne a T®
comique », d’une simplicité toute Spartiate On • ',GU
sentait notamment le médecin étranger qui donn ' repré'
sultalion dans un langage et avec un accent barLT,T
personnage de la MavSpayop^^ d’Alexis reprend™
thème comique en montrant qu’un médecin ne **
pour grand clerc auprès du peuple, que s’il vient de' 1^
et écorche le grec. Ce nom de Dikélistes paraît être toli
simplement l’appellation lacédémonienne des mimes *»•
la même espèce de bouffons porte, en certains endroits’
le nom d’cwxoxàSSaXot, ù cause du caractère improvisé dé
leurs scènes comiques. Ces acteurs paraissaient couron¬
nés de lierre, et débitaient de longues tirades. Les Phal]
lophores de Sicyone semblent donner mêmes divertisse¬
ments que les Dikélistes. Ils n’ont pas de masque, mais]
ils se couvrent le visage avec du serpolet et des feuilles
d’acanthe, ils ont une épaisse couronne, faite de lierre et
de violettes, et portent une sorte de pelisse (xoumx-^) :
ils s’avancent, en marchant d’un pas rythmé, les uns
par l’entrée ordinaire du chœur, les autres par les portes
centrales, et entonnent en l’honneur de Bacchus un chant
« qui ne convient pas aux jeunes filles » ; puis, ils rom¬
pent les rangs et se mettent à railler qui bon leur semble.
Enfin ils jouent une scène dramatique, car c’est ainsi
qu’il faut vraisemblablement expliquer l’expression
’ÉTipaxxGv. Relevons un détail dans cette description d’Alhé- •
née : les Phallophores ne portent pas de masque, et tel
semble avoir été l’usage constant pour les acteurs-
mimes 14. Cette tradition nous explique, mieux que les
raisons d’art invoquées par Heydemann l5, l’absence de
masque chez certains Phlyaques [phlyakes].
Les mimes de Sophron, moins proches des danses
mimétiques qu’on ne l’a quelquefois admis 1G, étaient
des tableaux de mœurs, des scènes fort simples où
paraissaient des dieux, et surtout des gens de la classe)
populaire ( les Ravaudeuses , le Pécheur de thons , le
Pêcheur et le Paysan, les Sorcières , etc.), dont l’auteur
syracusain excellait à copier la désinvolture, le langage
semé de proverbes, les plaisanteries grossières1 • Ces
mimes étaient certainement dialogués 18 ; une distinction
ancienne, rappelée par Suidas, et qui ne date peut-être
que du grammairien Apollodore d’Athènes (n° siècle
av. J.-C.), les divisait en p.?p.ot àvopeïoi et pigot yuvouxeiot. I
faut entendre par là ou bien que les mimes, suivant leur
catégorie, représentaient exclusivement des hommes ou
des femmes, ou bien que les rôles étaient inégalemen
620 E ; elle témoignage de Cléarque de Soles sur Cléon le pInaiAo; (Allie >»
rapproche les mimes italiques des mimes grecs comme se jouant eux ai
découvert. Cf. Ph.-E. Legrand, O. I. p. 23, note. - « Die J
bemalten Vasen. Jahrb. d. d. arch. Inst. I, 1886, p. 262. 10 l '* n.J^.( ja jerrcurj
croit, par exemple, retrouver la danse appelée wnyuyiia, où 1 oii m ^ gher. '
dans un mime dont le litre itouSixôt; donné par le Sc m . ^ ^crrelir fies
179, est maintenant restitué : ncaSix» x<n®u;eïî '■ *1 es^ douteux ^ :n(|tUlé l'A;;é*'Qî
deux amants fût mise sous les yeux du spectateur. Le n'n'lC une aven-
dérivait-il de la danse appelée àyye). ixij ’? H semble que ce lu ^ d'J^sloî. .
turc d'Hécaté, compagne de Koré, et qui portait à Sy>acusc flermesl
Cf. E. Ilaulcr, Zur Gesch. des griech. Mimus, p. 41-43; ' .j"’.lzcSj ’ Ghil.
XXXIV, p. 206-209. — 47 Demetr. De elocut. 128. — 48 (, . te
1006.
MIM
— 1901 —
MIM
un protagoniste, homme ou femme, concentrant
^'^presque tout l’intérêt. Enfin ces mimes, dont le
[U —
(i (,st ]e dorien populaire, étaient écrits en prose
ÜUU '1(v Lescoliastedesaint Grégoire de Nazianze 1 nous
^ll"" effet, que Sophron empruntait des poètes les
dlt’ l'^g rythmiques, mais qu’il les combinait libre-
i16"1' sans tenir compte des lois ordinaires et des
ment, «
Encore aujourd’hui notre oreille
iJSs d’affinité 2
ref clans ies fragments de véritables cadences: un
salS|'r|1<K agencement de brèves et de longues donne à la
phrase
une harmonie qui ressemble au nombre oratoire.
Nous savons que le mime fut cultivé après Sophron
, \, u fils Xénarque. Mais ce dernier nous est à peu
paf, inconnu : il est mentionné par Aristote 3, et Sui-
H* nous dit qu’il railla les Rhégiens pour leur lâcheté,
, rordre de Denys le Tyran. Si ce ne fut pas un cas
iininue, on serait fondé à penser que Xénarque, en tour-
nànt le' mime à la satire politique, fit déchoir un genre
dont le plus grand mérite avait été, chez Sophron, la
fidélité. 11 est assez naturel, il est vrai, qu’un genre
comique en faveur auprès du public ne restât pas étranger
à la politique, dans un temps où la tragédie elle-même
ne g’en désintéressait pas. A l’époque alexandrine le
mime retrouvera, naturellement, son indifférence à
l’égard des affaires : il fera quelquefois l’éloge des princes
ou” de quelque illustre personnage, mais son unique
préoccupation sera l’étude des mœurs.
Au m° siècle av. J.-C., tandis que des poètes alexan¬
drins écrivent des mimes littéraires, la Grande-Grèce
garde encore une forme populaire du genre dans les
divertissements des Phlijaques. Le Phlyaque est proche
parent du mime : d’après Athénée s, ses farces sont du
même genre que celles des Dikélistes, et les peintures de
vases où Jahn et Heydemann croient avec raison retrou¬
ver leurs scènes bouffonnes nous représentent de véri¬
tables mimes [pulyakes].
Le papyrus publié par M. Kenyon en 1891, et qui
contenait sept poèmes complets d’IIérondas, nous a très
heureusement fait connaître des mimes réalistes traités
par l’art alexandrin. 11 parait établi " qu’Ilérondas, dont
les poèmes sont écrits en choliambes, dans un dialecte
ionien mélangé de formes doriennes et attiques, et sous
l’inspiration d’Hipponax, est contemporain de Ptolémée
Philadelphe. Il a donc écrit des mimes avant Tliéocrite.
Les Mimiambes , qui sont des études de caractères et de
, types, nous montrent la vie des anciens dans scs détails
! familiers, et même dans ses postscenia. Nous n’avons
pas à étudier ici ce que Diels appelle justement leur
«réalisme raffiné ». Ce qui nous intéresse, c’est de savoir
s’ils étaient joués, et dans quelles conditions. La question
| se résout plus facilement pour les mimes de Tliéocrite ‘,
qui sont certainement « livresques » : à la rigueur,
l’idylle XIV pouvait être jouée, mais les autres ne
Paraissent pas s’y prêter.
f-n est-il autrement des Mimiambes , et quelle sorte
| dexécution pouvaient-ils recevoir? La plupart des cri-
bques pensent qu’ils n’étaient pas joués, car il n’eût
guère valu la peine d’installer un décor pour une pièce
de cent vers, et tel mime, par exemple les ’AsxXtjtuw
àvaTiOstcat, se fût mal accommodé de décors ou d’acces¬
soires grossiers; en ce qui regarde la distribution dis
rôles, il est peu vraisemblable que dans le mime VII on
employât sept acteurs pour cent vingt-neuf vers; enfin,
l’action aurait eu peine quelquefois à suivre le texte, et
certains mimes auraient paru tronqués 8. Il nous paraît,
en effet, qu’une exécution dramatique des Mimiambes ne
pouvait être qu’une fantaisie de lettré : un public choisi
eût été d’imagination complaisante, et, volontiers, eût
excusé certains vides (par exemple I, 79 et suiv.), ou
des morceaux (par exemple II) brusquement découpés
dans la réalité. Mais si les Mimiambes ont paru devant
un plus grand public, il est vraisemblable dadmettie
qu’ils étaient récités par un acteur unique qui, très
habile à contrefaire sa voix, à gesticuler, à marquer à
propos des temps d’arrêt, rendait présents aux yeux
des spectateurs tous les personnages du petit drame.
M. Crusius admet que les Mimiambes étaient vraiment
joués (entendons : avec autant d’acteurs que de rôles) :n :
il montre notamment que le style d’Hérondas a un
caractère agonistique ; que certains tours" semblent
réclamer le geste pour être compris; que l’énumération
des chaussures dans le septième mime produit l’effet
« d’un extrait du Lexique de Pollux », s il n est enlevé
prestissimo. Mais ces observations, fort justes, peuvent
être également invoquées dans l’hypothèse d’un seul réci¬
tant et dans celle de plusieurs acteurs. La découverte d un
j-elief d’argile en forme de lampe, où sont représentés
trois personnages comiques (fig. 5033), confirme, selon
M. Crusius, ce qu’il était seulement permis de présumer.
Ce relief porte l’inscription suivante : MIMOAQrOI
HTnO0H2l2 G1KTPA- Ces mots, d’une orthographe
incorrecte, nous apprennent donc que les trois person¬
nages du relief étaient des acteurs de mimes en prose
(l_ufj<.oXoYoi), qui figuraient dans une û-koOsgk; ayant pour
titre 'Exupot. D’après Watzinger12, nous avons là trois
types bien connus : l’esclave, le père et le fils. D autre
part, un passage de Plutarque13 nous renseigne sur le
genre de pièces dont il est ici question : les mimes, dit-il,
comprennent deux catégories : les uTrodsceu; et les Tiaiyvioc.
Ces derniers sont pleins de grossières bouffonneries ;
les u7to0 £<7£iç ont une action dramatique plus étendue, et
leur mise en scène est assez compliquée pour qu’il soit
difficile de les jouer dans un banquet. Était-il question,
dans ce passage, d’une époque récente ou relativement
ancienne, c’est ce qu’on ignorait avant la découverte de
notre groupe. Mais Watzinger pense qu’il faut le dater,
au plus tard, de la fin du me siècle av. J.-C. " ; il est
donc à peu près contemporain d’Hérondas, et nous
voyons qu’à cette époque des mimes étaient représentés.
Malgré l’intérêt que présente le relief des trois {j.ig.oXôvot,
on ne peut prétendre que sa découverte nous apporte
une certitude en ce qui regarde les Mimiambes d’Héron¬
das. Dans quelle catégorie doit-on ranger ces saynètes?
Reitzenstein en fait des wxrfvia : il paraît plus juste de les
rapporter à la catégorie des CncoOscéi;, mais encore faut-il
prendre ce terme dans le sens très général d 'action
1 1 1 haut d'exhortation à une vierge. — 2 Traduction de M. Maurice Croisel, Hist.
e hlitt.gr. III, p. 449, note. — 3 Poet. I, p. 1417 b. — 4 S. v. 'Pufivouç xoù;
... ,J;' 6 1’. Cil F. — 6 Voirsurlout Mecister, Abhandl. der sâchs. Gesellsch. der
***■ XIII, n° 7, Leipz. 1893, p. 735 sq. —7 ld. Il, XIV, XV. — 8 Ces observations
onl,leM. l’Ii.-E. Legrand. L’article cité contient un examen détaillé de la question.
VI.
_ 9 Hevtling, Quaestiones mimicae, Argenlorati, 1899. — '0 Voir la préface de sa
traduction, et l'article : Oie Anagnostilcoi. Festschrift Tlicodor Gomperz. 1902,
p. 381 sq. — 11 V, 1 ; VI, 23. — 12 Mittheil. d. d. arch. Inst, in Athen. 1901,
p. 1 sq. — 13 Quaest. eonv. Vil, 8, 4, p. 712 E. — 14 Cf. Herzog, Philologus, 1903,
p. 35, qui le croit bien que trouvé à Athènes, l’œuvre d'un Alexandrin.
239
M1M
— 1902 —
comique , et supposer que ces pièces, autrefois d’assez
courte haleine, prirent, à l’époque impériale, trop d’éten¬
due pour être jouées chez des particuliers, dans des fes¬
tins. Car c’était là surtout la destination des Mimiarnbes ,
selon M. Crusius, et l'on s’expliquerait ainsi, d'après lui,
qu'ils comportent un appareil scénique généralement
ja i ol o a ai ro i
h YnooHC ic
E I K V P A
Fig. 5033. — Acteurs d’un mime grec.
simple, et qu’ils aient pour lieu de scène un endroit clos.
Mais cette opinion demeure toujours à l’état d’hypothèse.
S’il ne résout pas la question de l’exécution des
Mimiarnbes , le relief décrit par Watzinger nous est un
précieux document pour l’histoire du mime grec. Les
personnages qu’il représente n’ont pas de masque, ce
qui paraît être une règle générale dans le mime. L’esclave
est sans barbe, ventru, chauve, ses oreilles sont déme¬
surées; il est vêtu d’un chiton court, serré sous la poi¬
trine; le personnage de droite (le -père), également chauve
et sans barbe, porte un manteau qui couvre l’épaule
gauche et le bas du corps ; à gauche, le jeune homme,
dont les cheveux forment des mèches séparées, est vêtu
d’un chiton et d’un manteau : il tient dans la main
gauche un rouleau. L’expression de ces trois person¬
nages est typique : la lippe de l’esclave est maussade et
inquiète; le père a l’air irrité; la physionomie du fils
exprime l’intérêt et l’attente. La figure du père rappelle
les traits des masques comiques; l’esclave ressemble aux
grotesques de l’époque Alexandrine, distincts des acteurs
comiques [histrio] ; crâne chauve, lippe grimaçante, nez
crochu, petits yeux allongés, oreilles énormes et pareilles
à deux anses, tous ces traits caractéristiques sont com¬
muns à notre personnage et à ces grotesques. On en peut
conclure avec vraisemblance que plus d’une figurine de
cette classe doit nous représenter assez exactement des
personnages de mimes (fig. 5034) '. Nous y voyons, en
effet, des hommes et des femmes du peuple, des bate¬
leurs, des esclaves, des paysans, des marchands et des
soldats. Le relief des trois mimologues nous montre
d’autre part l’influence de la comédie nouvelle sur le
mime : les intrigues où figurent les trois personnages-
types de la comédie de Diphile, d’Apollodore, de Phi-
i Nécropole de Myrina , pl. xlvii, p. 483 sq. — 2 p. 19 F-20 A. — 3 Reich,
O. I. p. 24. — 4 Aves, 1394 sq. — B Caract. 27. — 6 B hein. Mus. XXX, p. 74.
Fig. 5034. — Mime grec.
M1M
lémon et de Ménandre étaient réduites aux nro, .•
d’une û*<58s<nç, ce qui justifie bien l’observation TlT
tarque rappelée précédemment. lu'
A côté des mimes en prose dont les acteurs porte*. ,
nom de Fp.oX<5Yot, XoY4|m|ioi, ï)0oXôYoi, |boXÔ70l, nous t™ **
vons mentionnées diverses formes
de mimes lyriques que jouaient et
chantaient les pigaiSot, pigauXoi,
tXapcooot, lAaywoot, XutncoSoi, atjjuooot.
Athénée 2 nous parle de deux
célèbres acteurs-mimes, qui fai¬
saient des imitations de citha-
rèdes et de chanteurs de dithy¬
rambes. Ce qu’étaient les parodies
de ce dernier genre nous est très
bien représenté 3 par les vers
grotesquement emphatiques et
vides du poète dithyrambique Ci-
nésias, chez Aristophane L Quant
à l’origine du plus grand nombre
de ces mimes, on peut la chercher,
avec Reich, dans la musique et
les chants dont les 0aupaxo7ioioi ac¬
compagnaient leurs parades et
leurs tours d’adresse : Théo¬
phraste 5 nous parle du vieux sot qui reste chez les bate¬
leurs pendant trois représentations consécutives « pour
apprendre les airs qu’on y chante ». Hiller 6 attribue
notamment cette origine à la magodie : les magodes
seraient d’anciens bateleurs n’ayant gardé de leurs « pro¬
ductions » que les danses et les chants obscènes. D’une
manière analogue, les x.vaiSot, qui sont primitivement
des danseurs et des pantomimes \ accompagnent plus
tard leurs danses de chansons lascives 8. Strabon ,J
mentionne d’ailleurs comme xiva'.ooXdyoi, avec Sotadès et
Alexandre l’Étolien (dont les vers sont simplement ré¬
cités), deux auteurs de mimes chantés, Simos et Lysis.
Sur les genres que représentent ces deux derniers
poètes, Athénée nous renseigne en plusieurs passages10,
dont le texte, malheureusement, est gâté ou ne nous
éclaircit qu’à demi. Nous y voyons que Y hilarodie avait
un caractère sérieux et se rapprochait en quelque façojB
delà tragédie : la magodie se rattachait au genre comique,
et il arriva souvent que les magodes empruntèrent des
arguments de comédie pour les accommoder à leur genre
particulier. Vhilarode portait un vêtement d’homme, d|
couleur blanche, des xp7|Ttt8sç (il avait anciennement t es
Û7roS7;p.aTa) et une couronne d’or; un joueur (ou uj|
joueuse) d’instrument à cordes l’accompagnait, 1 n,j
dansait point de danse efféminée. Le magode ■ p°r
le costume féminin et tenait des tambourins • 1 ^
baies ; ses danses étaient désordonnées . d repiese
tantôt une femme débauchée, tantôt un homm< o ^
rejoint sa belle dans une partie joyeuse. Le not
magodie , d’après Athénée, rappellerait ai 111 1 p J
Crusius 11 l’explique par l’instrument aPP®lc J4 J et
(harpe ou flûte), dont il est disserté chez •'
dérive le mot de p.ay <ao^ wo ç Aristoclès:
Hilarodes et simodes sont identifies R célèbre
Simos de Magnésie aurait été, en effet, e gra¬
des auteurs d 'hilarodies. Il faut donc Pen;
,p ... ^ ,0 P. 620 D-021 Of
— 1 Cf. Nonius, p. 5. — 8 Cf. Petron. 23. — P-
.— U Philol. LUI, 543. — « P. 634 C.
048.
MIM
— 1903 —
MIM
|ii|inajt, une extension singulière au mot xtvatSo-
' ne faisait pas une distinction suffisante entre
'* je sirnos et celui de Lysis. Aristoclès identifie
les magodes et les lysiodes. mais si les
chantaient ces deux sortes de mimes étaient
bon
le genr<
paiement
P0^ nous voyons qu’ Aristoclès ne tient pas compte
liaU jjflërence faite par Aristoxène entre les gay^Sot et
'■ nl' Cette différence paraît avoir été dans le cos-
les U5'|<'(, lexte de la définition d’ Aristoxène est malheu-
ll"ne>i'nent altéré : ce qui paraît en ressortir, c’est que des
rel'acs constamment vêtus en hommes pouvaient chanter
h'^rôles de femmes, et inversement2. A l’époque d’Aris-
ies magodes et les lysiodes , chantant les mêmes
°èmèS et, ne se distinguant plus par le costume, se
P^nfondirent naturellement. Si tous parurent en femmes,
C° fl|l sans doute pour que leur costume répondît
niiinix au caractère de leurs chants et de leurs danses.
l'Alexandrian erotic fragment (plainte d une amante
délaissée) publié par M. B. Grenfell 3, sans doute du
n° sièclc.av. J.-C., est tenu avec raison par Crusius 4 et
Wilamowitz 5 pour une hilarodie. Au même genre doit
être rattachée la singulière lamentation sur la mort d’un
coq de combat, publiée par Grenfell et Ilunt B. La décou¬
verte de ces poèmes avait ressuscité pour nous le genre
de l’hilarodie : un ostrakon rapporté d’Égypte par
M, Th. Reinach 1 nous fait connaître, selon toute vrai¬
semblance, un fragment de magodie : quatorze lignes
mutilées d’un dialogue entre un buveur amoureux et un
ami qui cherche à le calmer 8.
Ces mimes lyriques, mieux connus, jettent un jour
nouveau sur deux questions importantes : l’origine des
Cantica de la comédie romaine [comoema, canticem], et les
rapports du mime romain avec le mime grec. Pour les
Cantica , la comédie de Ménandre et de Philémon ne
fournissait aucun modèle à Plaute et a Térence, et, même
en admettant une imitation de la comédie ancienne, les
parties lyriques des pièces de Plaute restaient insuffisam¬
ment expliquées. Ces mimes de l’époque hellénistique
nous donnent précisément l’intermédiaire qui nous
manquait. Il faut aussi tenir compte de la collaboration
du musicien, dont la (j-EXciYpa^toc et la puOgoypacpîa prove¬
naient certainement d’une source alexandrine, et dont la
technique devait exercer une certaine influence sur la
composition même du texte 9. Les mimes lyriques des
Simos et des Lysis étaient d’autant plus propres à servir
de modèles aux comiques latins qu’ils y trouvaient avec
une intéressante éthopée, des rythmes variés, el un style
lui faisait un mélange assez ambigu de réalisme et de
poésie. Nous nous représentons aussi de façon moins
'’uguece qu’étaient ces mimes romains chantés et dansés
de l’époque antérieure à Labérius. Les relations de Rome
avec l’Égypte et avec Tarentc, la ville des Phlyaques
(prise en 272), nous expliquent les origines grecques du
®ime romain. G. Dalmeyda.
9. Rome. — Mimus, en latin comme gïpto; en grec,
désigne à la fois le personnage qui représente une cer-
la'ne action en public et l’action elle-même qui est repré¬
sentée, la pièce el l’acteur. Le mot grec d ou il est lire, el
qui signifie imitation (gip-oç, à.it o toO p-igs-cOat), est trop
général pour définir un genre particulier, puisque Aris¬
tote prétend que l imitation est le principe de toute la
poésie. Les grammairiens latins, en l’appliquant spé¬
cialement au mime, ont cru devoir le restreindre et le
préciser. « Le mime, disent-ils, est 1 imitation des actions
vulgaires et des personnages grossiers ’°. » Cette imitation
est susceptible de prendre des caractères différents sui¬
vant le milieu où elle se produit, sur les places publiques,
dans les maisons particulières ou au théâtre. De la trois
sortes de mimes, qu’il convient d’étudier à part.
La première ne nous arrêtera pas longtemps. On sait
que les villes anciennes devaient être plus animées que
celles d’aujourd’hui, les habitants n'étant guère accoutu¬
més à rester chez eux. Les rues et les places, qu ils fré¬
quentaient très volontiers, leur offraient les spectacles les
plus amusants : à Rome, parmi les baladins et les char¬
latans de toute espèce, qu’on appelait circulatores , parce
qu’on faisait cercle autour d’eux, les faiseurs de tours
(praestigiatores), les diseurs de bonne aventure ( divini ),
devant lesquels s’arrêtait Horace11, les gens montés sur
des échasses ( grallatores ), dont Plaute fait mention
les danseurs de corde ( petauristae , funambuli ), pour
lesquels on délaissa YHécyre de Térence13, ceux qui exé¬
cutaient ces danses sur place ( staticuli ) dont parle
Caton 14 et qui sans doute consistaient plus en gestes des
bras qu’en mouvements des pieds, ceux enfin dont 1 in¬
dustrie consistait à se dire mutuellement des injures
( opprobria rustica ), ou à interpeller les passants, diver¬
tissement qui a toujours fait la joie des Romains, il devait
s’en trouver qui représentaient des mimes proprement
dits. Ceux-là égayaient la foule en imitant soit divers
animaux, soit les artisans qui exerçaient des métiers
vulgaires, les muletiers, les cordonniers, les charlatans,
les cuisiniers, etc. Quelques-uns s’élevaient jusqu’à des
professions plus distinguées, comme celui qui se vante,
dans son épitaphe, « d’avoir été le premier à imiter les
avocats 13 » ; il s’appelle lui-même l’amuseur de Tibère,
Caesaris lusor, ce qui ne devait pas être un métier facile.
De ces mimes de la rue, on comprend qu’il ne soit rien
resté et que nous ayons peu de chose à en dire.
Nous sommes un peu mieux renseignés sur ceux qui
se produisaient dans les maisons des particuliers. Nous
savons que Sylla se plaisait à fréquenter Tes comédiens
grecs et romains. A certaines heures, il donnait congé
aux affaires sérieuses, il admettait à sa table des bouffons,
parmi lesquels l’archimime Sorix, et faisait assaut de
plaisanteries avec eux16. On dit même que, pour leur
témoigner sa reconnaissance, il leur distribua des terres
qui appartenaient au domaine public Auguste, au mi¬
lieu de ses repas, écoutait des musiciens et des histrions;
il y admettait des baladins, qu’il prenait parmi ceux de la
rue et du grand cirque; mais il aimait surtout les mimes
qu’on appelait aretalogi , qui excellaient à raconter des
histoires extraordinaires18. Ce goût pour les mimes a
persisté chez les empereurs jusqu’à la fin. Aurélien les
Allien. p, 620 jî_ — 2 Voir l’ingénieuse conjecture de Ph.-E. Le-
5Vrt-**P.«. 3 v0*- ilaPyrus grecs (Oxford, 1896). — ’* Phi-
USe V'* ' -• — 6 Nachricliten der k. Ges. d. Wiss. su Gôttingen,
Ion/. ^ ff' N- liasse). — 6 Oxyrinchus papyr. 1899, p. 39. — 1 Mé-
. , ' ^ er,’of, p. 291. — 8 Cf. le thème dont parle Athénée, 621 C : SvSça |is6.jovia
«Ït y ~ 1
80v .-ttja^tvojjLEvov tî)v f vyjv . - — 9 Cf. Crusius, Art, cité, p. 3si.
— 10 Evanthius, De trar/. et coin.: A diuturna imitatione vilium rerum et leviumper-
sonarum (je crois qu'il faut remplacer diuturna par diurna, en entendant ce mot
dans le sens de ce qui se fait tous les jours). — H Sat. 1,6, 1 14. — 12 Pren. III, 1, 27,
— 13 Bec. 1" prol. 4, 2' prol. 26. — UMacrob. Sat. III, 14, 9; Plaut. Pers. V, 2,
43, — 16 Corp. inscr. lat. VI, 4886. — 16 Plut. Sytl. 36. — U Athen. VI, 261.
— 18 Suet. Aug. 74; Juven.XV, 16 : mendax aretalogus.
— 1004 —
MIM
MIM
aimait avec passion 1 et Carin en avait rempli le Pala¬
tin *. On les introduisit dans les fêtes de famille jusqu’il
la fin de l’antiquité 3. 11 est naturel de croire que les succès
que les pièces de ce genre obtenaient chez les princes et
dans la haute société donnèrent l’idée de former des
artistes pour les représenter. Horace parle d’une école,
qui était dirigée par un musicien de talent, Tigellius Iler-
mogène, et parmi les élèves qui écoutaient ses leçons,
il place des mimes 11 n’y a guère de doute que les
mimiambes que Cn. Matiusa composés vers l’époque de
César ne fussent aussi destinés à paraître dans les exhi¬
bitions du grand monde. Comme les mimes d’Hérondas,
ils sont écrits en cholïambes ou scazons, sorte d’iambe
trimètre dont le dernier pied est un spondée, qui ne
parait pas être un vers de comédie, et les quelques frag¬
ments qui nous restent de ces pièces paraissent se ratta¬
cher à la poésie élégiaque plus qu’à la poésie comique 5.
Mais c’est principalement au théâtre que le mime a
pris de l’importance; c’est là qu’il nous faut surtout le
suivre. Il est question de lui dès l’époque de Sylla6, et il
est probable qu’il remonte beaucoup plus haut et qu’il
est presque aussi ancien que les jeux scéniques. Les
acteurs de mimes remplissaient au théâtre des fonctions
différentes. On nous les montre, dans les premiers temps,
se produisant dans l’orchestre et exécutant leurs jeux de
plain-pied avec les derniers rangs des spectateurs (in
piano orchestrât f). On prétend que c’est ce qui leur avait
fait donner le nom de planipedes ; mais il est plus vrai¬
semblable qu’on ne les avait appelés ainsi que parce
qu’ils n’étaient pas chaussés de socques et de brode¬
quins, comme les acteurs de comédies et de tragédies1.
Peut-être les exercices de ces mimes étaient-ils destinés à
faire prendre patience au public, avant que le véritable
spectacle commençât 8. Le plus souvent ils montaient
sur la scène, mais seulement sur la partie antérieure du
proscenium , qui était séparée du reste par un rideau
particulier, qu’on appelait siparium , on mimicum vé¬
lum 9. On suppose qu’ils amusaient la foule dans l’inter¬
valle des actes ou des pièces, ce qui était aussi le rôle du
tibicen 10. Nous savons enfin qu’à une certaine époque
les mimes furent chargés de clore les représentations
scéniques. Un scoliaste de Juvénal nous dit que c’était
l’usage, chez les anciens, d’introduire, à la fin du spec¬
tacle, un bouffon « qui devait sécher les larmes que la
tragédie avait fait couler ». Ce bouffon s’appelait exodia-
rius, et les pièces qu’il jouait portaient le nom d'exo-
dia ll. Ces exodia furent d’abord introduits dans les Atel-
lanes [atellanes] ; mais Cicéron nous dit que, de
son temps, l’Atellane, qui probablement avait cessé de
plaire, fut remplacée par le mime 12. C’est la preuve de la
vogue que le mime obtenait en ce moment.
Quant à nous rendre compte exactement de ce que les
mimes devaient être à cette époque, nous avons peine à y
parvenir, non seulement parce qu’il n’en reste rien, mais
parce que les renseignements qu’on nous donne sur eux
sont très confus. On a vu plus haut qu’il s’était produit,
dans la littérature grecque, toute une floraison de genres
nouveaux issus de la comédie, et qui essayaient de la
1 Hist. Aug. Aurel. 50. — 2 Jfj . Carin us , 16. — 3 Chrysostom. t. III,
P* 196* 197. — * Hor. Sat. I, 2, 2; 10, 91. — 5 C’élait bien aussi pour la lec¬
ture et les salons que \ergilius Romanus, sous Trajan, écrivait ses mimïanibes
que Pline trouve « très éloquents ». Plin. Ep. VI, 21. — G Ad. Herenn. Il,
13; cf. Mommsen, Berichte d. süchs. Gesellsch. Philol. Classe, 1854, p. 159.
— 7 Suet. De vir. ill. p. 14; Diomcd. III, 487 ; Ed. Duméril, Hist. de la Comédie ,
rajeunir. Ce qui en reste (et ce n’est Kuèrel lv
qu’au fond ils ne différaient pas beaucoup
autres, et que, par des routes un peu diverses il ■ f ^
au même but. Les Romains s’étaient sans' doute fai?1
r.sés avec eux dès la prise de Tarente ; quand leurs i
lions devinrent plus fréquentes avec la Grèce et
vers la fin de la République, lorsqu’ils intervinrent
directement dans les affaires de l’Éevnfe ne
i' • us e ure ni
1 occasion de les mieux connaître et la pensée d’en p
fiter. Cicéron semble bien indiquer qu’ils ne manquèrent
pas de puiser à ces sources nouvelles quand il dit e
parlant d’Alexandrie, que c’est de là que viennent’ les
sujets des mimes13. Il se peut donc que, sous le nom
général de mimes, les Romains aient réuni les emprunts
faits à des genres différents, et cpie de là soient venues
certaines confusions qui nous surprennent. Dans cer¬
tains cas, il semble que les mimes soient exécutés par
un seul artiste, et dans d’autres par plusieurs, et que
tantôt le chant, tantôt la danse y dominent : c’est ce qui
sans doute arrivait quelquefois. Sans doute aussi les
imitations, qui avaient donné au mime l’occasion de
naître et d’où il tirait son nom, n’étaient pas négligées
et elles ont dû persister jusqu’à la fin. L 'Anthologie
contient l’épitaphe du mime Vitalis, qui raconte que son
art lui a donné la gloire et la fortune. « J’imitais, dit-il,
si parfaitement les traits, les gestes, les paroles des
gens, que celui dont je reproduisais l’image était épou¬
vanté de voir que j’étais lui beaucoup plus qu’il ne
l’était lui-même u. » Mais le plus souvent les mimes
devaient être de petites scènes de mœurs, amusantes et
légères ; par exemple le tableau d’un pauvre diable
devenu subitement riche, et qui se livre à toute sorte
d’excès15, ou celui d’un homme tombé en léthargie,
qui, se réveillant tout d’un coup, tombe à coups de
poing sur le médecin qui le soigne 16. Les quelques frag¬
ments qui nous restent de ces pièces nous paraissent
assez médiocres ; ce sont des naïvetés ou des sottises qui
amusaient le public : un niais qui demande du vin aux
nymphes ou de l’eau à Bacchus 11 ; un autre qui fait
cette réflexion : « L’imbécile ! quand il commençait à
être riche, il s'est laissé mourir 18 », ou ce bout de dia¬
logue : « C’est sa femme. — On le voit bien, elle lui res¬
semble 19. » Cependant Cicéron parle d’un de ces mimes,
qui s’appelait 7'utor, et qui lui semble tout a tait plai¬
sant, oppide ridiculus 20.
Il faut remarquer que Cicéron, qui en fait 1 éloge, n e
nomme pas l’auteur ; et c’est ce qui arrive aussi pour
autres mimes de cette période primitive. Les auteurs
n’en sont nulle part désignés par leur nom partie ulier,
on se contente de les appeler d’une manière gemmule m
mographi. C’est que leur travail n’était pas sembla » e a
celui des poètes qui composaient des tragédies ou ees
comédies. Il est probable qu’ils ne se donnait ni pu.
peine d’écrire d’un bout à l’autre leurs petites ph 1 1 > ^
même d’en arrêter toutes les parties et dm fixa
détail; ils se bornaient vraisemblablement a en tiacer^
gros le dessin, à imaginer quelques situations
miques, à mettre aux prises d’une manière un pa
anc. Il, append. p. 383. — 8 Cic. Adfbm. VII, 1 . — 9 Donat. fle com°^ actric0 est
Pseud. 1,5. Est-cc à cause de ces intermèdes confiés aux mimes, ^ ^ ^75.
appelée (Plin. Hist. nat. VU, 48) mima emboliaria . — ^ Burman, IV, 20;
— 12 Cic. Ad fam. IX, 14. — 13 Cic. Pro Habir. post. 12. — * J‘n ’ De c„.
Riesa, ,10 683. - 13 Cic. Phil. II, 27. - «î Hor. Sut. II, 3, 30. cl. j
Dei, IV, 22. — 18 Cic. De orat. II, 67. — l» Id. lb\d. — - Cic-
en
les
eo-
nou-
MIM
— 1905 —
MIM
(l,.s personnages que le public connaissait et qu’il
j V rCVOir. Suétone raconte qu’un grammairien, qui
il"" "l très célèbre, avait commencé par s’occuper des
devl"; du théâtre, et « qu’il aidait les mimographes 1 »,
Ch°Stn ne se comprendrait guère si les mimographes
| Cl3 -nt des écrivains comme Plaute ou Accius, qui en
[ él“ll!"al composent leurs ouvrages tout seuls et y mettent
de leur personnalité. Mais le mime étant une
I 10 C!|!e'un peu indécise et flottante, qui à chaque repré-
ffl'l'ilion se renouvelle, au moins dans quelques détails,
se“ ‘n raccourcit ou qu’on allonge sans cesse, on
qU en(j que l’auteur ait besoin d’avoir des gens
[ f01”ur (je lui qui lui viennent en aide pour ce travail
P manoeuvre, qui lui fournissent, quand il en manque,
jes idées, des bons mots, des jeux de scène. Un passage
J’. curièux de Cicéron nous montre à quel point
certaines parties, dans les mimes, étaient abandonnées
à l’inspiration du moment, et que, si l’inspiration venait
. I inanq„er, par exemple à la fin de la pièce (ceux qui
ont joué des charades savent bien que le plus difficile
est de finir), on avait recours, pour se tirer d’affaire, à
des procédés très primitifs. Répondant à une accusation
qui lui paraît peu solide et mal conduite, Cicéron dit
qu’elle n’a ni plan, ni suite (quam est sine argumento!) :
■ « Ce n'est pas le dénoûment d’une comédie, mais
d’un mime. Là, quand on ne sait comment terminer
la pièce, un acteur s’échappe des mains qui le tiennent,
se met à courir, les musiciens font du bruit, et la
toile se lève2.. »
A l’époque même où Cicéron s’exprimait ainsi, il se
produisait dans le mime le même changement qui s’était
produit dans l’Atellane quelques années auparavant : on
essayait d’en faire un genre littéraire. C’est très proba¬
blement Laberius qui fut l’auteur de cette innovation, du
moins n’en trouve-t-on pas de trace avant lui. Decimus
Laberius, qui vivait sous César, était un chevalier romain,
homme d’esprit et de lettres, qui voulut élever le mime,
malgré ses origines et ses habitudes populaires, à la hau¬
teur de la comédie. Quoiqu’il n’ait peut-être pas tout à
fait renoncé au mime improvisé, tel qu il existait avant
lui, puisqu’on nous dit qu’il consentit à lutter de verve
et d invention sur la scène avec P. Syrus 3 , les titres et
les fragments qui nous restent de quarante-deux de ses
pièces montrent que, par les sujets qu’il traitait de pré¬
férence et par sa versification (trimètre ïambique), il
cherchait à se rapprocher de la togata et même des pal-
liatae. De son rival, P. Publilius Syrus, nous n avons
que très peu de titres de pièces ; mais nous possédons un
recueil de sentences qu’on prétend tirées de ses ouvrages,
ce qui n’est pas impossible, car nous savons par Sénèque
que les mimes contenaient beaucoup de belles joensées,
et qu’on trouve souvent, surtout chez P. Syrus, quand il
ne se croit pas obligé de faire rire les gens des derniers
gradins, des vers dignes d’être prononcés par des acteurs
chaussés du cothurne * .
Lour l’époque qui suit, et jusqu’à la fin de 1 Empire,
nfJus avons peu de noms d’auteurs de mimes : on en cite
1 Gramm. 18. _ 2 pro Cae.l. 27. On sait que, chez les Romains, contrai-
lcment à ce qui se passe chez nous, la toile se levait à la fin des pièces et se
haissail au commencement. — 3 Macrob. Sat. Il, 7, 9. — 4 Sen. De tranq.
mimb H, 8. Voir aussi Ep. 8, 9.- 3 Ovid. Trist. Il, 497. - 6 Schol. Juven. VI,
4i' ~ 1 Suet. Calig. 57. — 8 Mart. Spect. 7, 4. - 9 Tertull. Adv. Valent. 14.
-I0 Dig. XXXVUlj 1, 26, § 1 ; C. i. I. I. I. et UI, 6113; XIV, 2408, 2988, etc.
trouve aussi l'expression magister mimUriorum, Orelli, Imcr. 1631.
trois ou quatre tout au plus, Lentulus, Ilostilius,
Marullus, dont on ne nous dit que le nom, et Catullus,
qui est un peu mieux connu; c’est bien peu pour un
temps aussi long, où les mimes n ont pas cessé délie
représentés avec succès. Celte absence de noms d auteurs
laisse penser qu’on est alors revenu à la méthode de
ces mimographi de l’époque précédente, dont l’œuvre
ne consistait guère qu’en une sorte d esquisse ou dt
canevas qu’on modifiait sans cesse, et qui n avait rien
de tout à fait personnel ; ce qui explique qu’on ne se soit
plus souvenu du premier auteur.
Les mimes de ce temps n’avaient pas de scrupule a
représenter au naturel la vie de famille à Rome. C était un
sujet que la comédie primitive, celle de Piaule et de
Térence, n’avait jms osé directement aborder. La togata y
mit moins de réserve; le mime paraît n avoir gardé à ce
sujet aucune retenue : il n’hésita pas à mettre sur la scène
ces trois personnages qui ne l’ont plus guère quittée, le
mari, la femme et l’amant. On y voyait, nous dit Ovide, la
femme et l’amant qui s’entendent pour duper le mari ,
l’amant y estélégant et bien vêtu, lafemme fort adroite, le
mari représenté comme un sot : « et toutes les fois qu on le
trompe avec quelque ruse nouvelle, les applaudissements
éclatent 5 ». Juvénal fait allusion à une de ces pièces où,
le mari survenant mal à propos, au milieu d un entretien
galant, l’amant n’a que le temps de se blottir dans un
coffre 6. Le plus connu de ces mimes, celui qui paraît
avoir obtenu le plus long succès, c’est le Laureolus de
Catullus. On y représentait un chef de voleurs aux prises
avec la justice ; l’intérêt y naissait sans doute de la diffi¬
culté de saisir Laureolus, de l’habileté avec laquelle il
parvenait à s’échapper dans les situations les plus cri¬
tiques et sautait même par-dessus la croix au moment
où on l’y attachait. Cependant force restait à la loi, et la
pièce se terminait, en manière de drame, par le sup¬
plice de l’habile voleur. Le Laureolus fut représenté
vers la fin du règne de Caligula, et Suétone dit que l’on
considéra comme un présage de mort pour ce prince le
sang que, dans cette pièce, les acteurs répandaient sur la
scène 7. A l’époque de Domitien, on imagina de le
rendre plus attrayant au peuple en substituant, au
dernier moment, au comédien chargé du principal
rôle, un esclave que l’on crucifiait véritablement 8 .
Le Laureolus se maintint longtemps au théâtre, et
Tertullien en parle comme d’une pièce qui se jouait
encore de son temps9.
11 y avait dans la troupe {grex) que recrutait et diri¬
geait un archimimus ou une archimima'0 des emplois
de différentes classes; on rencontre la mention de
deuxièmes, de troisièmes, de quatrièmes rôles11; dans
beaucoup de pièces, comme dans le Laureolus , les
acteurs devaient être très nombreux12. Ils étaient loués
pour une ou plusieurs représentations, ou avaient un
engagement perpétuel avec un salaire quotidien : on les
appelait alors diurni 13.
Malgré les éloges que leur accorde Sénèque, les mimes
devaient former, en général, un spectacle très grossier.
_ U Corp. inscr. lat. VI, 10103, 101 18 ; X, 814 ; XIV, 4198 ; Suet. Calig. 57 :
« plures secundarum ». —12 Les mimes s’unissaient aussi en sociétés [collegibm, so-
dalitxs] ayant comme celles des autres professions un caractère religieux ou fuuc-
raire, C. i. I. VI, 10109 ; XIV, 2408. Pour les mimi parasiti Apollinis, voir Mar-
quardt, Saatsverwalt. III2, p. 501, n. 3; 538, n. 5; Mommsen, Alittheil. d. Inst.
2883, p. 76 sq. — 13 Mommsen ad C. i. I. VI, 10106; Hernies , III, 461; Eph
epigr. 1, 283 ; V, 216.
MIM
— 1906 —
MIM
Fig. 5035. — Mime
romain.
Les acteurs ne s’attaquaient pas seulement de bons mots ;
ils y ajoutaient des coups de poing et des coups de pied.
Un des plus importants personnages était une sorte de
Jocrisse (. stupidus ), avec des cheveux ras, dont tout le
rôle consistait à recevoir des coups et à répondre des
sottises. Lorsque l’archimime Latinus frappait le pauvre
Panniculus, le souffre-douleur de la troupe, d’un de ces
soufflets qui s’entendaient par tout le théâtre ', il
s'élevait de partout un de ces rires bruyants qu’on
appelait mimicus risus. A son geste,
à sa tête rasée, on reconnaîtra un per¬
sonnage de ce genre dans un petit
bronze de la Bibliothèque nationale
(fig. 5035) Son costume n’est pas celui
qui, d’après certains auteurs, serait
caractéristique du mime : il ne porte
ni le centunculus 3, vêtement rapiécé
[cento], peut-être de morceaux de
différentes couleurs, comme celui de
l’Arlequin de la comédie italienne, ni
le manteau carré primitif ( ricinium ),
conservé par tradition On a sans
doute un exemple de ce dernier vête¬
ment dans un autre bronze (fig. 5036)
connu dans les collections auxquelles
il a appartenu sous le nom de
« l’Acteur » B. Ce lourdaud qui saute les
pieds nus est un véritable planipes. 11 se peut que pour
certains rôles le costume fût invariable 6, comme il l’est
pour Arlequin et Polichinelle chez les modernes ; mais
d'autres acteurs jouaient avec celui de la vie habituelle,
même en toge 7. C’est un de ceux-là que représente
la ligure 5035, le stupidus
ou le parasitus, qui ne man¬
quait, nous dit-on 8, presque
jamais à côté de l’acteur prin¬
cipal : il était sa doublure
comique et faisait rire en
copiant ses gestes et en par¬
lant comme lui ®.
Le mime était très souvent
aussi un spectacle fort obscène.
On sait que dans les flo-
ralia, où l’on représentait des
mimes, des filles publiques
paraissaient sur le théâtre et
qu’elles étaient tenues, sur
l’ordre des spectateurs, de se
dévêtir et de jouer toutes
nues. Un jour qu’ils n’osaient
pas le demander, parce que
Caton était présent, Favonius, son ami, l’en avertit, et
Caton sortit du théâtre pour ne pas gêner les plaisirs
du peuple 10. Héliogabale ordonna que, dans les pièces
où il était question d’un adultère, tout se passât sous
les yeux du public ”, et les renseignements que nous
1 Mart. II, 72, 3.-2 Caylus, Rec. d'antiq. IV, pi. xcii ; Babelon et Blauchct,
Catal. des bronzes de la Bibl. nat. u. 97C. — 3 Apul. Apolog. p. 382 Elm. Le cen¬
tunculus est peut-être représenté dans une peinture étrusque décrite par Brizio,
Tomb. dipint. di Corneto, Rome, 1874, p. 6. — 4 Fest.s. v. Recinium : « Recinium
omne yestimenlum quadratura... unde reciniati mimi planipedes ». — S Catal. de la
collect. B. Fillon, 1882, n. 1 ; Frœhner, Coll. Dutuit, 1897, n. 32, pl. 33. —6 Le phal¬
lus du phlyaque grec fut jusqu'à la fin l'attribut de certains rôles, Schol. Juv. VI,
66 ; Arnob. Adv. gent. VII, 33 ; August. Civ. Bei, VI, 7. — 7 Cyprian. De spect. 6.
‘Wurm
Mime romain.
donnent les Pères de l’Église montrent
ponctuellement obéi. Il n’y a pas de doute ful
grossièretés et ces indécences n’aient beaucoun en?- ^
au succès qu’obtint le mime sous l’Ernpip, ; .flbuô
la foule peu distinguée et cosmopolite oui i-S <le
les théâtres de Rome. plissait
Il lui fut très utile aussi de n’avoir pas confié à de.
hommes les rôles de femme, comme faisaient h m ,
et la tragédie : l’absence de masque rendait chez lui n"
substitution très difficile ; il fut donc, pendant longtem,
le seul genre de spectacle où les femmes seproduisai »
Quelques-unes d’entre elles y gagnèrent une belle rénn
tation et de grandes fortunes. Il est question dans
Cicéron, d’Arbuscula, dont il dit à son ami Atticus a •)
lui en demandait des nouvelles, qu’elle a eu beaucoup d]
succès, valde placuit ,2. 11 est vrai qu’une autre fois elle
fut sifflée par la populace ; mais elle ne parait pas en
avoir été fort émue et se contenta de répondre: « p
me suffit d’être applaudie par les chevaliers l3. ,, Celle
dont il est le plus souvent question dans les écri¬
vains de ce temps, c’est la belle affranchie du riche
Volumnius, qu’on surnommait Eutrapelus à cause
de sa magnificence. Il la faisait assister aux repas qu’il
offrait aux plus grands personnages, à côté d’Atticus et
de Cicéron u. Au théâtre, elle était connue sous le nom de
Cythéris. Elle devint la maîtresse d’Antoine, avec lequel
elle traversa 1 Italie dans une litière découverte, au grand
ébahissement des populations, tandis qu’à côté d’elle
une autre litière portait la femme légitime .d’Antoine, la
complaisante Fulvia16. Plus tard, Cornélius Gallus
en devint très amoureux, mais elle le quitta pour
suivre, dit-on, un officier qui partait pour la Germanie,
et c’est pour consoler l’amant délaissé que Virgile
composa sa dixième églogue. Ce n’était pas seulement
à Rome qu’on voyait les jeunes gens s’éprendre des
comédiennes, et, selon le mot d’IIorace, leur faire
présent des terres et des maisons de leurs aïeux 10 ; il en
était de même dans le reste de l’Italie et dans la pro¬
vince. Comme on reprochait à un client de Cicéron
d’avoir, dans sa jeunesse un peu légère, enlevé une
petite comédienne ( mimulam ) à Atina, il ne s’en émeut
guère : « C’est une vieille habitude, répond-il, et, quand
il s’agit de gens de théâtre, c’est presque un droit,
dans les petites villes 17. »
Mais ce qui certainement a le plus contribué au succès
du mime, c’est qu’il s’occupait des choses actuelles, qu il
touchait aux événements et aux hommes, qu’on y retrou¬
vait un écho des discussions et probablement aussi des
scandales du moment. Par là il fut plus vivant que tous
les autres genres de spectacles et, parmi les jeux .su-
niques, fut à peu près le seul qui conserva jusqu a la lin
la faveur du public. Les Romains avaient pris de grandes
précautions pour empêcher le théâtre de s ingénu dans
la politique, comme il l’avait fait en Grèce. Dès le de bu ,
pour réprimer ce qu’IIorace appelle « la liberté le ■scen j
nine 18, ils lui avaient appliqué dans sa rigueur la I"1 1 es
— 8 Fest.s. v. Salva res ; C. i. I. VI, 1063, 1064, où sont nommés avec!
le stupidus et le scurra. — 0 Hor. Ep. I, 18, 14 : « partes minuin. iaÇ ^ ^ ya|_.
das »; cf. pour le sens de ces mois, Cic. Brui. 243 ; Scnec. De ira, 1 , . ,
Max. Il, 10, 8; Lacl
3 uu cca I11VI3, \ji\j. «•**<• - * - I - ««centre dG
• 'j-.f • D„‘C "« »»
S. Augustin, Civ. D. II, 26, on jouait sur un théâtre spécial. - . ld.
25. — 12 Cic. Ad fam. IX, 26. — )a Cic. Ad Att. IV, 15. Sur la mnne philippl
Pro Rose. com. 48. — 14 Horat. Sat. 1,11, 35. — 15 Cic. Ail. Att ■ , , ,
II, 24. — 16 Hor. Sat. 1, 2, 55.'— n Cic. Pro Plane.
[2. — 18 EP' 1*
14.
MIN
— 1907
MIN
Tables, qui condamnait à mourir sous le fouet
''r'ini qui aurait composé contre quelqu’un des vers mé-
“ a]llst ». Cettemenace n’empêcha pas que, dès l’époque
l' sVlla des auteurs attaquèrent sur la scène Accius et
"nilius: le juge condamna celui qui avait attaqué
*jUC „„ . l’autre fut absous, probablement parce que
^\ ( c i * * ? •• * , i
liiciljuS était poète satirique et qu on avait quelque
lnHl delui rendre ce qu’il faisait aux autres 2. Quelques
■muées plus tard, Cicéron, plaisantant son ami Trebatius,
ai est allé trouver César en Gaule et qui va peut-être
le suivre en Bretagne, lui fait craindre que Laberius ne
le mette dans une de ses pièces : « Ce serait un bon per¬
sonnage de mime qu’un jurisconsulte qui exercerait son
L chez les Bretons3. » Après la mort de César, quand
Cicéron, inquiet sur les dispositions du peuple, errait
autour de Borne, ne sachant pas s’il devait y rentrer ou
s’embarquer pour la Grèce, il écrivait à Atticus : « Faites-
moi savoir ce qui se dit au théâtre; rapportez-moi les
bons mots des mimes \ » Ainsi, dans cette crise terrible,
les auteurs des mimes osent parler, et les gens sérieux
s’informent de ce qu’ils disent pour connaître l’opinion
publique. Ils ne sont pas muets non plus pendant
l’Empire : sous Marc-Aurèle, ils plaisantent des amants
de Fausline3 ; ils se moquent de la sottise de Maximin G ;
ils prennent part avec passion dans la lutte contre les
chrétiens. Ce n’est pas qu’ils soient très respectueux à
l’égard de la religion officielle : comme l’ancienne comédie
d’Athènes, ils se moquaient librement d’Hercule tou¬
jours affamé, faisaient fouetter sur la scène la chaste
Diane et fabriquaient un testament burlesque à Jupiter 7.
Mais le christianisme est l’ennemi des représentations
théâtrales et détourne les fidèles d’y assister, et
d’ailleurs le mime, qui cherche avant tout le succès, a
soin de se mettre toujours du côté des passions popu¬
laires. Les actes du martyre de saint Genest peuvent nous
donner quelque idée de ce qu’étaient ces pièces com¬
posées contre les chrétiens 8. Ils contiennent une analyse
de celle que jouait l’acteur Genest quand il fut touché de
la grâce et se convertit . Ces indécentes parodies des rites
de la religion nouvelle, ces railleries cruelles du martyre
égayées de plates bouffonneries, nous montrent à quel
degré le mime était tombé à l’époque de Dioclétien. 11
n’y avait plus chez lui, dit Lydus, aucun vestige d’art
(tsyvixiv ’éyousoe oùSév) 9, et il ne se souciait plus que de
faire rire la foule. C’est sous cette forme grossière qu’il
conserva sa popularité jusqu’à la fin de l’Empire 10.
Gaston Boissier.
MINA (gva). — Une des principales divisions du système
pondéral chez les peuples sémitiques et chez les Grecs.
Le nom de la mine est d’origine sémitique; les docu¬
ments cunéiformes assyriens l’appellent Mana ; la Bible,
ainsi que les textes épigraphiques phéniciens et
puniques, et ce mot est passé en grec avec sa transcrip¬
tion littérale.
Les textes cunéiformes et les nombreux monuments
pondéraux en bronze, en pierre et en terre cuite, retrou¬
vés dans les ruines de la Chaldée et de 1 Assyrie, ont
permis d’établir d’une manière indiscutable, quelque
étrange que le fait puisse paraître a priori , que les
Chaldéo-Assyriens faisaient usage simultanément de
deux systèmes de poids, qui étaient exactement le double
l’un de l’autre, et dans chacun desquels on trouve, comme
unités essentielles : le talent , qui est la mesure fonda¬
mentale; la mine , qui est la 00e partie du talent ; le sicle,
qui est la 60e partie de la mine. La base de ces systèmes
est, comme on le voit, la division sexagésimale. Les deux
séries parallèles sont, l’une et l’autre, désignées dans les
textes cunéiformes sous les noms de « poids du roi » ou
« poids du pays » Pour les distinguer, les métrologues
modernes leur donnent les appellations de série forte et
de série faible 2.
En combinant les données des textes avec les poids
effectifs des nombreux monuments pondéraux chaldéo-
assyriens conservés dans nos musées, en particulier au
Louvre et au Musée britannique, on a reconstitué de la
manière suivante, approximative, les poids théoriques
des étalons des deux séries :
Série forte :
Talent (bilat) = CO raines ou un sarde sicles (3600). G0 552 grammes.
Mine (mana) =60 sieles (ou 1 /60e du talent).... 1009sr,20
Sicle ( seqel ) =1/60° de mine . 16&r,82
Série faible :
Talent (bilat) = 60 sicles ou un sar de sicles (3600) 30276 grammes.
Mine (mana) =60 sicles (ou 1/60“ du talent) . 504sr,60
Sicle (seqel) = 1 /60e de mine . 8sr,41
C’est de ces deux systèmes que dérivent les poids
usités dans tout le commerce asiatique, chez les Héthéens,
les Juifs, les Phéniciens, les Lydiens. Le commerce
maritime des Phéniciens et le commerce par caravanes
des Lydiens introduisirent les deux systèmes pondéraux
de l’Orient chez les Grecs qui les appliquèrent, avec des
modifications locales très nombreuses, à la taille de leurs
propres étalons pondéraux et de leurs monnaies.
Comme dans les systèmes asiatiques, la mine de tous
les systèmes grecs est la GO’ partie du talent, ce qui
1 Cic. De rep. IV, 12. — 2 Ad Herenn. 1, 14; 11, 13. — 3 Cio. Ad
l«m. VH, 11. _ 4 Ad Att. XIV, 3. — 8 Hist. Aug. M. Anton, phil. 29.
- ld. Maxim.'). — 7 Tertull. Apol. XIV. — 3 Bolland. 25 .1 utj . — 9 Lydus,
’Wgist. i, 40. — 10 Sur la condition des mimes au Bas-Empire, atlachés par
naissance même à leur métier réputé infâme, sous l'autorité du tribunus
um ou de magistrats municipaux, voir Cod. Theod. XV, 7 et les com-
leur
1 ’ohiptat
""-'il. de Godefroid ; Cassiod. Var. VII, 10; sur l’opulence, la popularité et
' 'os donneurs obtenus néanmoins par quelques-uns, Io. Clirys. VII,
I* XI, p. 609, éd. Mon [faucon. — Bibliographie. Outre les ouvrages indi-
I1" s dans le texte pour la partie grecque voir N. Calliachius, De ludis scenicis
I ef pantomimorum, Patav. 1713 et dans le Thésaurus de Sallengre,
’ P- '33 sq. ; O. Ferrarius, De pantom. et mimis, Ibid. p. 733; Ziegler, De
' /tomanorum, Gfitling. 1788; Miiller, Comment, de genio , moribus et luxu
^ 1 Tlirodosiani, Ilafn, 1797, p. 91 sq. ; Magnin, Les origines du théâtre mo-
, rir'si 1838, réimpr. 1868, p. 337 sq. ; O. Jahn, Prolegom. ad Persium,
q |W" P' lxxxiv ; Wilzscltel, art. mimus dans Pauly, Realencycl. t. V, 1848;
du'lm r°m ^‘mus’ Sitzberichte der Wien. Akad. XII, 1834, p. 237 sq. ; Ed.
"t Hist.de la comédie ancienne, Paris, 1869, t. Il, p. 123, 313 et appendice,
p. 381; Friedlânder, Darstetl. d. Sittengeschichte Roms, t. Il, c. 3; II. Reicli,
Der Mimus, 1" part. Berlin, 1903.
MINA. < Sur les poids chaldéo-assyricns, voir : J. Oppert, dans Mommsen, Hist.
de la monn. rom. trad. Blacas, t. I, p. 401 ; Brandis, Das Münz-Mass und Gewichts-
wesen in Vorderasien, p. 44 à 52 et 596 sq.; G. Smitb, On assyrian weights and •
measures, dans la Zeit. fur aegypt. Sprache, 187Î, p. 110; E. Schrader, Die
Eeilinsçhriften und das alte Testament, p. 53; J. Oppert, L’étalon des mesures
assyriennes, dans le Journal asiatique, 1874, t. IV, p. 469 ; Fr. Hultsch, Griech.
und rôm.'Metrologie'p.'iOô ; Aurès, dans la Revue d’assyriologie, t. I, p. 12 (1884).
On trouvera l’énumération sommaire de tous ces poids dans : Michel Soutzo,
Étalons pondéraux primitifs, Bucarest, 1884, p. 6; Bortolotti, Del primitivo
cubito Egizio, t. Il, p. 216 à 223. — 2 Aurès a voulu contester l’existence de la
double série pondérale des Chaldéo-Assyriens, mais son raisonnement mathématique
ne saurait prévaloir contre l’évidence des faits, puisqu’on a fort souvent, par exemple,
la mention une mine, à la fois sur des poids de 1009 grammes et sur des poids de
504 grammes contemporains. A. Aurès, Essai sur le système métrique assyrien,
VII' fasc. 1888, p. 17 du Recueil de travaux relatifs à la philologie et à
l’ archéologie égyptiennes et assyriennes.
MIN
— 1908 —
MIN
achève de démontrer son origine orientale1. Seulement,
la mine grecque est divisée non plus en 60 sicles, mais
en 100 drachmes, et la drachme en 6 oboles. De sorte que
les quatre unités essentielles des systèmes pondéraux
helléniques sont les suivantes :
Talent (= CO mines ou 6 000 drachmes.).
Mine (= 1 /60e du talent ou 100 drachmes).
Drachme (= 1 /100e de la mine).
Obole ( = 1/6° de la drachme).
Le talent valut toujours 6000 drachmes, quel que fût
le poids de la drachme, dans tous les systèmes; la mine
fut toujours le l/60e du talent et elle comprit partout
100 drachmes [drachma], Le statère était, en principe, la
double drachme ou didrachme et équivalait, par consé¬
quent, à 1 /50e de la mine 2; par analogie, on a aussi appli¬
qué le nom de statère à la double mine: nous en donnons
des exemples ci-après.
L’étude des différents systèmes pondéraux des Grecs
est extrêmement ardue, d’abord parce que ces systèmes
présentaient des variations de province à province, et
même de ville à ville, comme les systèmes de la taille
des monnaies; puis, parce que dans la même ville, ils
furent réformés, modifiés à travers les âges; enfin, les
monuments' pondéraux qui peuvent servir de base à
cette reconstitution nous sont parvenus en nombre
insuffisant, quoique dans une abondance relative ; ils
sont, d’ordinaire, d’un classement géographique et chro¬
nologique incertain, et surtout, comme la plupart d’entre
eux sont en plomb, leur état de conservation est souvent
défectueux, de sorte qu’ils ont perdu une partie, diffici¬
lement appréciable avec exactitude, de leur valeur pon¬
dérale primitive. Les savants qui se sont avisés de
prendre rigoureusement ces monuments pour base
unique d’une reconstitution mathématique des systèmes
pondéraux des Grecs, ont dû se résoudre à choisir des
moyennes aléatoires ou à établir presque autant de sys¬
tèmes qu’il nous est parvenu de monuments3. Par
surcroît, les sources littéraires antiques sont loin d’être
d’accord les unes avec les autres et ne nous fournissent
guère que les calculs théoriques des métrologues alexan¬
drins4. Sous ces réserves nous allons résumerles données
les plus certaines, d’après les travaux récents.
Les plus anciens systèmes grecs que l’on puisse étudier
par les textes, les monnaies et les monuments, sont le
système éginète et le système euboïque qui ont été, dès
l’origine la plus lointaine, l’un et l’autre et concurrem¬
ment, usités sur le marché d’Athènes. Dans le système
éginète, tel que nous le trouvons constitué ou réformé
par Phidon, roi d’Argos, vers le milieu du vu® siècle
avant notre ère, la mine pèse 637 grammes; le talent est
de 38 kil. 220 grammes; le statère, de 12 gr. 75; la
drachme, de 6 gr. 37. Tels sont les poids que nous four¬
nit l’étude des monnaies primitives d’Éeine ,
tortue8. Dans le système euboïque primitif, calcu hï ^ U
les plus anciennes monnaies de l’Eubée et
la drachme était de 8 gr. 73 ; le statère de 17
la mine, de 873 gr. ; le talent de 52 kil 380 . 8r' 46;
Mais si l’on ne peut douter que les poids moS'*
fussent usités dans le commerce des marchandise
non moins sûr que l’usage introduisit, sur le marché
poids différents de ceux qui furent appliqués à h t
des monnaies, et ces poids du commerce son' diversif
suivant des usages locaux difficiles, aujourd’hui l
déterminer. Rien qu’à Athènes, Bœckh\ Schillbach » et
Fr. Hultsch 3 ont été amenés par des calculs mathéma
tiques et l’étude des monuments à constater l’existence
simultanée de sept systèmes dont nous nous conten¬
terons, à titre d’indication, de donner l’énumération'
1° le système solonien, avec une mine de 436 gr. qq-
2° le système dérivé de l’ancienne mine éginète du com¬
merce, avec une mine de 602 gr. 60; 3e l’ancien système
éginète, avec une mine dont le poids normal originaire
était de 672 grammes et qui, postérieurement à la
réforme de Solon, fut étalonnée à 655 grammes; 4° la
mine faible phénicienne, dont le poids était de 373 gram¬
mes; 5° la mine faible babylonienne de 504 grammes et
aussi la mine forte du même système montant à
1008 grammes; 6° la mine babylonienne d’argent qui
sous ses deux formes, faible et forte, était de 560 gram¬
mes et de 1120 grammes ; 7° la mine babylonienne pour
l’or dont les deux étalons, faible et fort, étaient de
420 grammes et de 840 grammes *°.
Mais, comme si cette complication ne suffisait pas, ces
mêmes savants nous démontrent que chacun de ces sys¬
tèmes subit des changements dans la suite des âges;
c’est seulement, en effet, avec cette hypothèse qu’on peut
expliquer l’extrême variation des poids effectifs des mo¬
numents pondéraux qui nous sont parvenus. Les efforts
qu’on a tentés pour rattacher ces monuments à chacun
des systèmes précités ont abouti à des résultats tellement
dissemblables, suivant lesauteurs, qu’on doiten conclure
que, dans la majorité des cas, ce classement est impos¬
sible ou arbitraire. Pourtant, lorsqu’on peut a peu près
dater les monuments, on arrive à débrouiller cette appa¬
rente confusion. Par exemple, dans le précieux catalogue
qu’il a dressé de tous les poids grecs connus de lui,
M. Pernice décrit, en premier lieu, les poids athéniens,
recueillis dans les fouilles récentes de 1 Acropole, cl sine
ment antérieurs à l’incendie des Perses en aSO. 11} a une
demi-mine de bronze, du VIe siècle, avec les insci iptions .1
fcuru Upov et S Y) gofftov ’AOvpm'cov. C’est donc un étalon
officiel; il pèse 426 gr. 63, ce qui donne pour la mine
853 gr. 26 “. Un autre poids est un 8ex«<rrwT)pov e
177 gr. 52, ce qui donne une mine de 887 gr. 60 On peu^
admettre, sans trop forcer les chiffres, que la moyenne
l Cf. entre autres restitutions théoriques, celle de C.-F. Lehmann, Pas altbabylon.
Mass- und Gewichtssystem als Grundlage der antiken Gewiclits, JUiinz- und Mass-
systeme (Aclesdu Vil /' Congrèsintern. des Orientalistes, tenu en t889à Stockholm
et à Christiania), Leide, 1893 ; et celle de Friedrich Hultsch, Die Gewichte des Alter-
thums nachihrem Zusammenhange (extr. du t. XVIII des Ahhandl. d. philol. hist.
Classe der Sachs. Gesellschaft der Wissensch.), p. 8, Leipzig, 1898. L’évaluation
théorique des poidsvariequelquepeu suivant lesauteurs. — 2 F. Hultsch, Gr. und rOm.
Metrol.) 12e éd. 1882), p. 132. — 3 Voirà ce sujet : EL Michon, dans les Mém. de la
Soc.nat. des Antiq. de France, 6e sér. 1. 1, 1890, p. 28 ; A. de Longpérier, Œuvres
publiées par G. Schlumberger, t. II, p. 218; M. Soutzo, Op. cit. p. 18. — 4 Les
sources antiques principales, sur les systèmes pondéraux des Grecs, sont : Pollux,
dans son Onomasticon ; l’Anonyme d’Alexandrie, mg -eaXâvcw» ; Diodore, Ihg
; l’auteur inconnu du poème De pondenbus, et dans
d’auteurs grecs et latins des bas temps. Ces souices ^ feubner,
Fr. Hultsch, Metrologicorum scriptorum reliquiae, - v0 • e 1 . prnish
1864 et 1866. — 6 Barclay V. Head, Calai, ol Grec co'” Op.cit.p-1'>
Muséum, Attica, Megaris, Aegina, p. 126.-6 Barcl®* , Metrolog. Vntè-
Id. Calai, etc. Central Grcece, p. MO et 136. - Boec .’ cf Ï-L L"-
suchungen über Gewichte , etc. des Alterthums, CI _ g’ ^ Schillbach, De
Œuvres choisies, publiées par E. Fagnan, t. V, p- *• , gg ; \A. BerÛ
ponderibus aliquot anliquis, dans les Annah dell « > “ ’ Métrologie,
'«-*4 p'-r- <m. - * rr , S*, p- *
p. 138 sq. (S- édit. 1882). - « Ench Pern.ee, Gnech.
— n Ibid. p. 61. — 12 Ibid. p. 82.
MIN
MIN
— 1909 —
laqu(
1]e ge rattachent ces deux poids, est la mine de 873 gr .
que
nous a re
évélée l’étude des monnaies, et nous allons
• .(ater que telle fut, en effet, lamine euboïque de Solon.
c0- .'(-,slllte d’un passage de 1 ’AÔTqvafwv TroXi-reta d’Aristote,
li"||(., par m. Hill *, que la drachme euboïque, dans la
eîfPrme de Solon, avait un poids double de celui qu’elle
" "u temps d’Aristote, et que le statère ou didrachme
cul poids de la pièce qu’on appela plus tard le tétra-
' ' . llie Ainsi, le nom de drachme fut donné à la pièce
' 73, et le nom de didrachme ou statère fut donné,
l]CiVsnie système de Solon, à la pièce de 17 gr. 46. U
Ensuit donc que lamine solonienne pesait 873 grammes.
Si?Nous savons, d’autre part, que la mine qui circulait
ini Soion sur le marché athénien ne contenait que
-^pièces de 8 gr. 73. C’était donc une mine éginétique
JH137 gr. 29, et l’on voit que ce poids est celui que nous
0ni donné les plus anciennes monnaies éginètes au type
de la tortue. Nous pouvons ainsi conclure en toute certi¬
tude 'de ce qui précède, que le poids de la mine phido-
nienne était de 637 grammes ; celui de la mine euboïque
solonienne, de 873 grammes.
Mais on créa plus tard, sinon en même temps, sous
l'influence des usages importés d’Orient, la petite mine
solonienne, c’est-à-dire la mine de 436 gr. 50, qui était
la moitié de la précédente et qu’au temps d’Aristote on
désignait ordinairement sous le nom de mine attique 2
En outre,
la réforme de Solon ne fit pas disparaître
à Athènes la mine
éginète, qui resta
en usage sur le
marché, en con¬
currence avec les
deux mines eu-
boïques officielles
et avec celles qui
venaient d’Orient.
On la désigna
sous le nom de
[j.va ÊfAirofnx7|. D’a¬
près un décret du
peuple athénien
du commence¬
ment du iiu siècle avant notre ère 3, cette mine du com-
Fig. 5037. — Tiers de mine attique (grandeur réelle).
merce valait 138 drachmes d’argent de poids euboïco-
attique, ce qui donne pour la mine éginétique seule¬
ment (138x4,36) 601 gr. 68 A C’est sans doute parce que
cette mine finit par s’altérer graduellement, qu’on fut
obligé, pour éviter les réclamations des acheteurs, de
placer sur la balance un surpoids (joTr/j) au sujet duquel
le décret que nous venons de citer fournit quelques ren¬
seignements 5. Cette £o7 ïij passée dans l’usage finit par
amener la formation d’une nouvelle mine du commerce,
de 654 gr. 90, c’est-à;dire de la valeur de 150 drachmes
Ce fut la (xva àyopaia; on a remarqué que son
poids est juste le double du poids de la livre romaine
(327 gr. 45) 6.
Comment faire rentrer dans tous ces systèmes les
monuments pondéraux de l’Attique qui nous sont par¬
venus, la plupart plus ou moins détériorés, et de date
incertaine? Quelques exemples choisis parmi les mieux
conservés suffiront à démontrer l’inextricable confusion
où ils nous plongent. Deux doubles mines, au type de
la tête de bœuf, avec l’inscription AIMNOYN, pèsent res¬
pectivement 1 559 grammes et 1 310 gr. 25, ce qui fournit
deux mines d’environ 779 grammes et 665 grammes .
D’autres doubles mines, au type de l’osselet, avec 1 ins¬
cription ITATHP, ont des poids qui s’échelonnent depuis
1 422 gr. 50 jusqu’à 883 gr. 02, ce qui donne des mines
var ian t par échelons i n i n terrompus de 7 1 1 à 441 grammes 8 .
Des tiers de mine au type de l’amphore (fig. 503/) se
rattachent à des mines qui varient de 1 013 gr. 82 à
850 grammes et au-dessous 9. Les poids très nombreux
au type de la tortue fournissent une mine qui varie de
1 058 gr. 64 à 750 grammes environ l0. Les poids au type
du dauphin, non moins nombreux, donnent une mine
assez fixe de 479 gr. 51 à 450 grammes environ 1 1 . Les
poids au type du croissant se rattachent à une mine qui
flotte entre 530 gr. 80 et 400 grammes ,2. Un poids du
Musée britannique qui porte en légende p.vï ayocfaix),
avec le type du dauphin, pèse 646 gr. 70 l3.
D’autres poids élèvent la même mine jusqu’à 741 gram¬
mes tandis qu’il en est qui paraissent l’abaisser à
632 gr. 64. Dans les autres parties du monde hellénique,
on constate des usages locaux analogues à ceux de
l’Attique, qui prouvent que
les systèmes pondéraux des
anciens étaient, en défini¬
tive, aussi diversifiés que
les systèmes français avant
la Révolution. Des poids au
type du bouclier béotien
fournissent une mine de
886 grammes u. Des poids
de Chios au type du sphinx
assis sur une amphore (fig.
5038) se rapportent à une
mine que A. de Longpérier
fixe à 562 grammes environ l5. Des poids de Cyzique au
type du thon fournissent une mine un peu plus forte,
de 596 grammes1'1. Un tiers de mine de Téos pesant
284 gr. 20 donne une mine de 852 gr. 60; mais un sixième
de mine de la même ville pesant 156 gr. 80 se rapporte
à une mine de 940 gr. 80 n. Des poids de l’ile de Naxos
donnent une mine presque semblable iS.
Une mine d’Antiochus IV Épiphane au type de la
Victoire (fig. 5039), avec la légende MNA BAIlAEfil
ANTIOXOY 0EOY Eni<t>ANOYI, Pèse 519 grammes ,M.
Une mine d’Antiochus X Eusèbe porte, au droit : BA-
Fig. 5038. — Poids de Chios
d’une mine.
^ • Hill, Solon' s re for m and the attic standard , dans le Num . Chro-
"'*( p. 284; cf. J. -P. Six, Num. Chronicle , 1895, p. 177; Kidgeivay,
) 1 I édition de l’'A0r,',a!iüv IIoliTïîa de Sandys, p. 40 ; Nissen, lïhein. Mus.
h P* 1. — 2 Le poids de 436 gr. 50 est déjà celui que Letronne (Op. cit.) recon-
aiSSa'*‘ a mine attique. Les monuments pondéraux donnent des poids effectifs
urient depuis 479 gr. 51 jusqu’au-dessous de 300 grammes; Pernice, Op.
V* ScH — 3 Boeckli, Corp. inscr. gr. n® 123; C. i. gr. ait. II, 476
('di n*C*tum de mensuris et ponderibus ) ; Pernice, Op. cit. p. 57 ; B. Head,
Attica , introd. p. xv. — 4 Des monuments pondéraux donnent à cette mine
environ Hen
— f J grammes ; Pernice, Op. cit. p. 167. — ° Hullsch, Met roi. p. 135.
Jl,ist> dans les Sitzungsber. d. Miinch. Akad. 1862, t. I, p. 68; Pernice, Op.
vu
cit. p. 54 et 83, n“ 2 (double mine du poids de 1301 gr. 55). — 1 Hullsch, Met roi.
p. 142 ; M. Soutzo, Op. cit. p. 21 ; Pernice, Op. cit. p. 41 et 1G5. — 8 Pernice, p. 84.
— 9 Ibid. p. 85 à 90 ; la fig. 5037 d’après la pl. I, des Annali, 1865. — 1° Pernice,
p. 100 à 117. — H Ibid. p. 117 sq. — 12 Ibid. p. 126 sq. — 13 Ibid. p. 164, n» 598.
— 14 Ibid. p. 116; M. Soutzo, Op. cit. p. 60. — n A. de Longpérier, dans les
Annali d. Istituto, 1847, p. 333 ; Œuvres, 1. 11, p. 199 ; Le Bas, Voyage archéolog.
pl. evi ; E. Babelon et Blauchet, Catal. des bronzes antiques de la Bibl. nat.
p. 677, n" 2240; Et. Miction, Mém. de la Soc. des Antiq. de France , 1890,
p. 2. — 16 A. de Longpérier, Œuvres , t. II, p. 204. — 17 Ibid. p. 218. — '8 Hullsch,
Op. cit. p 5G1. — '9 Cabiuet de France, E. Babelon et Blauchet, Op. cit. p. 679,
il0 2245.
240
MIN
— 1910 —
MIN
IIAEHI ANTIOXOY EYIEBOYI (J)IA0nAT0P02 et
le type de l'ancre ; au revers : ETOYZ Kl ATOPANO-
MOYNTOI AIONYIIOY MNA(ran220desSéleucides =
92 av. J. -G.); ce poids pèse 614 gr. 40 *. Une mine d’An¬
tioche de Syrie, avec ANTIOXÉIA MNA, pèse 498 gram¬
mes 2. Une autre mine de la même ville jfig. 5040),
malheureusement mutilée, a, sur une face, un éléphant
et la légende : AfOPANOMOYNT FIN ANTIOXOY KAI
nOnAIOY ANTIOXEON THI MHTPOTTOAEm KAI
IEPA2 KAI AIYAOY KAI AYTONOMOY- Sur la face
opposée, un autre éléphant et la légende : AfOPA-
NOMOYNTHN flOflAIOY KAI ANTIOXOY- ETOY2
EBAOMOY- AHM02IA MNA- Ce poids en plomb pèse
1069 grammes ; c’est
donc une mine forte
babylonienne U
L’ère à laquelle se
rapporte l’an 7 n’est
pas déterminée.
Un TExaptov qui
pèse 267 gr. 80 se
rapporte à une
mine syrienne de
1 071 gr. 20; il a été
trouvé à Berytus
Fig. 5039. — Mine d'Antiochus IV Épiphane. (Beyrouth) et porte
pour type un dau¬
phin autour d’un trident, avec l’inscription : LAIPMZ
AIONY2IOY ATOPANO (’ExoG; AIP g.T|Vb; èêoôgou,
A'.ovufftou àyopavogouvToç). Si Ion a affaire à l’ère des
Séleucides, ce poids de l’an 161 serait de loi av. J.-C. 4.
Il serait superflu de citer d’autres exemples pour
Fig. 5040. — Mine d'Antioche de Syrie.
montrer qu’il existait en Syrie, comme dans l’ancien
empire chaldéo-assyricn, deux systèmes pondéraux,
l E. Michon, Z. c. p. il. — 2 M. Soutzo, L. c. p. 01. — 3 Au Cabinet de
France; A. de Longpérier, Annali , 1847 ; Monumcnti , pi. xi.v, il = Œuvres, t. II,
p. 211; E. Babelon et Blanchet, Op. cit. p. 080, n° 224G. — 4 Ibid, p. C83,
h’ 2250. — - 5 sur ces différentes mines, voir les Metrol. Scriptor. de ilullsch,
Index, s. v. M»S; Hullsch, Gr. und rôm. Métrologie, p. 072.
MIXERVA. l Meisterhans, Grumm. d. attisch. Inschr. p. 24. — 2 Le Bas-
Foucart, Inscr. du Pélop. 352 d; Corp. inscr. gr. P. index. Forme corinthienne
'Aûavatîa {Corp. inscr. gr. P. 268), laconienne 'Ao-iysc (Aristopb. Lysist. 980, 1300;
cf. Brugmann, Griech. Gram. p. 49'. — 3 Bruchmann, Epith. deor. p. II sq. ;
Pape-Benseler, Wôrt. d. Eigennam, s. v. I ] '/>./. oc: ; Roscher, L exile, s. v. pau.as.
— 4 Herod. II, 59; Plat. Tim. 21 E. Voir textes dans Jablouski, Pantli. Egypt. I,
3, p. 53-80; Mallet, Culte, de Neit à Sais , Paris, 1888, p. 42 et 239; Roscher,
Lexik. art. nit, 4 p.42 (inscriptions). Wilkinson, au contraire, interprète le nom do
l’un double de l’autre, fournissant une mil
peut évaluer à 1070 grammes et une mine
d’environ 535 grammes.
Les métrologues de l’époque romaine coin
core cinq mines différentes : 1» la mine de 1<; 0np
1 1/3 livre romaine ; c’est la mine attique pesant m ^ °U
2° la mine de 18 onces ou 11/2
, gf- 50;
livre romaine nesmt
491 gr. 20 ; on appelait cette mine „vï. 30’,.^ ? '
de 20 onces ou 1 2/3 livre romaine, pesant 545 o/JT
4° la mine d« 24 onces ou 2 livres romaines, l’ancienne
[4v3 àyopata, pesant 654 gr 90; 5° la mine de 26 onces ou
2 1/6 livres romaines, pesant 709 gr. 50 :i. E H ,
MUYI5RVA. ’AQ-qva. I. Nom : formes et étymologie^
Dans les poèmes homériques prévalent les formes ’aq-v
’AÔTjvatïi, TlaXXàç ’AG-qv-q, IlaXXàç ’AO^vatr,. Les inscrip¬
tions attiques antérieures cà Euclide donnent ’Aô-^ata et
’A0r,vat7| (forme ionienne), qui se réduisent ensuite en
’A0Y]vaa et ’AG-qvrq, d’où la forme contracte ’AO^va1. En
dorien et en éolien : ’AGocvdca'. (Alcée), ’AQivx (Pindare)
’AGavoda (arcadien, argien, corinthien), usitée dès le
iv° siècle et dominante à dater du milieu du ive siècle2
IlxXXâç est une épithète poétique très ancienne, qui
accompagne dans Homère et dans Hésiode le nom
d’Athéna3. Ce n’est que chez les lyriques (Pindare) qu’elle
apparaît isolément, comme le nom propre de la divinité.
Comme presque tous les noms des grandes divinités
helléniques, celui d’Athéna reste énigmatique. Aucune
interprétation vraiment satisfaisante n’a encore été trou¬
vée. Celles des anciens sont, comme toujours, les moins
plausibles : Hérodote4 a le premier identifié Athéna avec
Neith ou Nit, la déesse égyptienne de Sais; les auteurs
postérieurs ont justifié cette identification par toutes
sortes de légendes, telles que l’origine égyptienne de
Cécrops. De même l’assimilation d’Athéna avec l’Anaïtis
ou Anâhita persane dérive d’un passage assez peu expli¬
cite de Plutarque 5. Les étymologies sanscrites tirées du
mot énigmatique Ahanâ, peut-être épithète védique de
l’aurore6, ou de vadh , frapper1, sont fantaisistes. Peut-
être celles qui dérivent Athéna de dhanus , convexité8,
ou de adh, colline 9 sont-elles plus spécieuses? Les
étymologies grecques ne valent guère mieux : citons
’AOvjvr, = ’AvO-qv-q de avOoç (Athènes = Florence ?) 10 ;
’AÔ7jV7| = TiOvjvv), la mère nourricière (de 0iw, GyiXûç)11-
Il semble, en tout cas, que le nom de la déesse et celui
de la ville soient étroitement liés ; l’un dérive de l’autre12;
mais la question de priorité entre les deux n est pas
tranchée. Une hypothèse séduisante h première vue lait
d’ ’A0Tjvata une épithète dérivée du nom de la ville : Athéna
serait alors Y Athénienne1* . Mais la forme simple A°0V/1
paraissant être la plus ancienne, les rôles doivent p u 0
être intervertis: c’est Athéna qui a donné son nom
ville d’Athènes, où son culte n’est pas d’ailleurs e p u
ancien : la forme ’AO-ijvca peut être soit un pim ie , soi
, , u 1 1* , il n 260 ‘ cf. Mallet, O. I»
Neit (NH0) comme un anagramme d’Athéna {Herod. iv. , I • g ^ Muller,
p. 237). — B Artax. 3; cf. Hoffmann, Act. pers. Martyr, p. • 343]
Essays, II, 101 ; V. Henry, Minerve dans V Inde [. Mmerva (roui , , ^ ^ véda.
constate que ce mot, encore inexpliqué, n est employé qu 1 intensif, comme
- 7 Roscher, Nektar u. Ambrosia, p. 105. - » p. H.
dans à-Stksi; (Crasbergcr, Griech. Ortsnam. p. )■ j ^ ^n^crmann, Curtius
rapproche ’AO^vac des noms cariens E>WiJvai et Eût«v>|. ° 251.
Stud. IX, p. 252. — 40 Loheck, Rhem. 300; G. Cm-lius, »ju -• jj ^ Angern)ann
— n Rückert, Dienst d. Athéna, 7 ; Gerhardt, ^ ’ dérivés du même
(Jahrb. f. Philol. 1887, p. 0) croit que les deux Xâcs'.igjficrait . ,a ville des
thème adh, se sont constitués îndépendammen , ^ Gesch.d. AlterthA
collines , et Athéna la déesse des hauts lieux.
II, p. 115.
MIN
— 1911
MIN
... , C’est seulement plus tard que le nom propre de
|oC:'" 1 l.jrait été identifié, sous forme d’épithète, avec
i.. déesse aman
. . de sa ville préférée.
' ,lllt Pallas, on en reste aux étymologies anciennes:
^""dpucMto, brandir, désignerait la déesse qui bran-
dit la lance ",
un i>refè‘re au-
jour
d’hui
la
dérivation de
j^ne
fille, rappro¬
chée de l’épi¬
thète wapfiévoç.
11. Carac¬
tère PRIMITIF .
légende de i a
naissance. —
La figure d’A-
thénaest assez
complexe.
Dans ses traits
Fig. 5041. — Naissance d'Athéna.
généraux.
elle
dans Pindare11, dans Apollodore12. Les hymnes homé¬
riques ne connaissent pas de mère à Athéna. Ils la iont
naître tout armée de la tète de Zeus, sans l’intervention
d’un tiers ; à peine née, la jeune déesse pousse un cri
dont les échos ébranlent le ciel et la terre. La Théogonie
ne fait pas al¬
lusion à l’in¬
ter ve n t i o n
d’un secours
pour la déli¬
vrance de
Zeus, mais
elle attribue
comme mère à
Athéna la
déesseMélis13,
que Zeus au¬
rait avalée ,
alors qu’elle
était encore
grosse d’A -
théna, afin de
parait issue du fonds commun de la mythologie hel¬
lénique. Mais, par son contact avec les religions
locales, sa figure s’est enrichie de détails qui lui ont
donné un aspect composite. Nous essayerons de suivre,
dans la mesure du possible, l’évolution historique de la
personnalité et du culte d’Athéna.
Dans la hiérarchie des dieux homériques, Athéna
vient iromé-
dialement
après Zeus ,
avant Apol¬
lon. Elle est la
fille favorite
de Zeus, qui
l’a enfantée
lui-même 3 ;
elle est pour
son père
comme un au¬
tre lui-même. Ainsi que Zeus, elle manie l’égide, le
terrible bouclier armé du Gorgoneion [aegis] et qui ré¬
siste à la foudre elle-même 4. Dans l’épopée, la déesse
joue le rôle de protectrice de ses guerriers favoris, Dio¬
mède, Ulysse, Achille, Agamemnon. Elle fait jaillir du
feu de la tête et des épaules de Diomède s, entoure
Achille de flammes 6, fait retentir le tonnerre en l’hon-
ocur d’Agamemnon 7 ; elle-même se cache dans un
nuage de feu 8. Elle a le regard clair, yXauxûiuç ; elle
ost TpiTûyÉvs'.a, née près du fleuve Triton. Ces traits sont
complétés par les récits ultérieurs de la naissance
d Athéna dans les hymnes homériques9, dans Hésiode 10,
1 Goberger, Griecli. Ortsnam. p. 147 ; cf. le nom 'AOîjvat, ville de la mer
°*re> dans Arrien. Peripl. 6. — 2 Plat. Cratyl. p. 406 D; Apollon. Soph.
^ ^ //owj. p. 1 2G, 29 ; Etym. Magn . 649, 53 sq. ; Pliot. Lex. s. v. TlaV/.à;; Euslalh.
p. 1742. Keller (Lat. Volksetym. p. 228) propose une autre étymologie
'e ion ne ; pallat , sauver, rapprochée du rôle des Palladia; cf. Amer. Journ.
P>d: X111> 1892, p. 233. — 3 H. V, 875, 880. — 4 11.. II, 440 ; V, 738 ; XXI, 400.
" 11 ■ v’7- —6 II. XVIII, 203. — 7 XI. 45. — 8 IV, 74; V, 745; VIII, 389.
9(1(1 ,l0m • *n Apoll. Pijth. 129 sq. ; Hymn. 28. — 10 Hesiod. Theog. 880-
a lflterpolalion), 924-926 ; cf. Stesich,fr. 02, et extrait d'une Théogonie de Chrysippe
,Pj J.alen- De Uippocr. et Plat. dogm. III, 8. — U Pind. Ol. VII, 35. - 12 Apollod.
C’ - 1 h Apoll. Rhod. Argon. IV, 1310 sq. et Schol. — 13 D’après Mousaios (Scliol.
(loi! '" * • '• ®i Xinkel) et Philodemos (iteçi e0teô. 59) ce fut Palamaou qui
,J Zeus; la légende laconienne faisait intervenir Hermès, d’autres Prométhée
Fig. 5042. — Naissance d’Athéna.
prévenir la naissance d’un fils qui le détrônerait. Tou¬
tefois, ce dernier passage, interpolé, parait n être qu une
adaptation apocryphe du mythe de Kronos 14 avalant ses
enfants.
La figure 5041, empruntée à un vase de Vulci repré¬
sente ’AOevxta sortant tout armée de la tète de Zeus, assis
sur un trône, en face d’Ilithye ( ’HéXeftua), derrière qui se
tiennent Hé¬
raclès et Arès
(ces deux der¬
niers très res¬
taurés) ; der¬
rière Zeus ,
Apollon joue
de la cithare,
suivi de Poséi¬
don et d’Héra ;
h gauche Hé-
phaistos s’en¬
fuit effrayé. Sur cette figure, comme sur d’autres analo¬
gues et plus anciennes 16, la déesse sort du crâne de son
père. L’art classique, trouvant cette représentation peu
esthétique, parce qu’elle obligeait l’artiste à donner à la
déesse des dimensions trop exiguës, préféra reproduire
la scène au moment suivant, quand Athéna a mis pied à
terre et marche à la victoire. Tel était, sans doute, le parti
adopté par Phidias pour la composition du fronton Est du
Parthénon. La figure 5042 reproduit un bas-relief du
iv° siècle av. J.-C., connu sous le nom de Putéal de
Madrid 17 ; on y reconnaît une imitation de l’œuvre de
Phidias : derrière Zeus, Héphaistos (ou Prométhée) se
(Eurip. Ion. 452) et surtout Héphaistos [vulcxsus]; Pind. Ol. VII, 35. 88S-9.
— 14 Meyer, De compos. Theog. Hesiod. Bcrl. 1887, p. SS. Variantes postérieures
de la légende : Athéna, Pille de Poséidon cl du lac Tritonis en Libye (Herod.
IV, 180) ; fille du géant Pallas et de la nymphe arcadienne Koryphé (Cic. De
nat. deor. III, 59 ; Lycopbr. 355); fille d’Hépliaistos (Clem. Alex. Protr. Il,
28), sans doute pour expliquer l'épithète Athéna Hephaistia. Sur les mythes et
monuments figurés relatifs à la naissance d'Athéna : Rob. Schneider, Die Geburt
der Athéna, Vienne, 1880, et S. Reinach, Dec. et. gr. XIV, 1901, p. 130.
— 15 Monuni. 111, pl. xliv (Reinacli, Rêpert. des vases, 1, p. 115-116). — 16 Voir
Gerhard, A userles. Vas. I, 1-6; de Witte et Lenormant, Élite céramogr. I, 54-66;
S. Reinach, O. I. II, p. 20-21. — 17 Schneider, O. I. pl. i, 1; Baumeister, Denk-
mâler, 1, fig. 172 ; Amelung, Basis d. Praxiteles, p. 13; cf. Winckelmann, Mon.
ined. II.
— 1912 —
MIN
MIN
retire avec sa double hache ; Athéna, couronnée par Nike,
s’éloigne d’une allure rapide; sa main droite tenait sans
doute la lance. A droite, le groupe des Trois Parques.
De ces traits, combinés avec les légendes locales des
luttes d’Athéna contre les Géants et la Gorgone [ci-
gantes, gorgona], quelques mythologues, Lauer ',
Schwartz 2, Roscher 3, ont voulu déduire le caractère
primitivement naturiste de la déesse : Athéna aurait été
d’abord une déesse de l’orage, des nuages, du tonnerre et
de l’éclair qui jaillit au faite du ciel4. Welcker s, Preller6
l’interprètent comme la souveraine de l’éther tantôt clair
et serein, tantôt tumultueux, de qui relèvent le soleil, la
lune, les eaux, la fécondité de la terre, aussi symbole de
la sérénité intellectuelle et morale, de la pensée, du tra¬
vail. Mais toutes ces interprétations ont un caractère plus
spéculatif et théorique que réel : ni dans la légende ni
dans le culte Athéna ne préside directement aux phéno¬
mènes atmosphériques. Si l’Athéna hellénique, comme
la Valkyrie germanique, a pour berceau le nuage ora¬
geux d’où jaillit l’éclair, cette conception s’est assez vite
obscurcie dans l’imagination des Hellènes. Aucune des
épithètes de la déesse n’a perpétué le souvenir précis des
antécédents qu’on lui attribue. On ne saurait donc, sans
forcer les données de la légende, comme l’a fait Ros¬
cher 7, parler des attributions effectives d’Athéna comme
déesse de l’orage et de l’éclair, mais seulement constater
que les détails de sa naissance ne s’expliquent qu’en
référence aux phénomènes dont on lui confère arbitrai¬
rement la direction ou la personnification. En réalité,
ces phénomènes sont pour elle un cadre accessoire dont
l’a entourée l’imagination poétique, plutôt que son en¬
tité personnelle ou la manifestation propre de son acti¬
vité. Toute cette météorologie a pour point de départ
l’adoration très ancienne et quasi fétichiste des Palladio,
pierres censées tombées du ciel et où l’on croyait ren¬
fermé le pouvoir protecteur qui rendait les villes invio¬
lables. A ces talismans fournis par la nature, se substi¬
tuèrent, sous le même nom de Palladia , des Sjôavx
anthropomorphiques, personnifications de la ville armée
et sauvegardes de sa puissance militaire. •
Le caractère sacré de ces bétyles leur venait de l’ori-
l Lauer, Syst. d. griech. Myth. p. 320. sq. — 2 Urspr. d. Myth. I8G0,
p. 83 sq.; cf. Benfey, Nachr. d. Gesell. d. Wissensch. Gôtting. 1868, et Myrian-
theus. Augsburg, allg. Zeit. 18T5, p. 2270. — 3 Gorg. 1879, p. 30 sq. ;
Nektar u. Ambrosia, 1883, p. 93; Lexik. d. Myth. I, p. 675. - 4 V. Henry
(Z. I. t. I, 1902, p. 314 sq.) retrouve le prototype indo-européen de cette Athéna
météorologique dans la déesse védique Vâk, la voix, le bruit du tonnerre « qui
se répand à travers les mondes », et qui « enfante son père sur sa tête » ; cf. Rig-
Véda, X, 125 ; A tharva- Véda, IV, 30. — » Gr. Gôtterlehre, 1857, I, p. 303. — 6 Gr.
Myth. p. 186. Voir la discussion de Lang, Mythes, cultes et relig. (trad. Marillier),
p. 546 sq. — 7 Lorsqu'il interprète par exemple [Lexik. s. v. Athéna , p. 678)
comme une déesse du tonnerre l'Athéna Salpinx d’Argos, sous prétexte qu’Homère
compare au tonnerre le son de la trompette (II. XXI, 388) et aussi Athéna Khaliuitis,
qui apprend à Bellérophon à brider Pégase, sous prétexte que Pégase est le sym¬
bole du tonnerre. — 8 C'est à tort que Dümmler (Pauly, Realencycl. s. c. Athéna)
classe dans cette catégorie la pierre d'Acarnanie avec l’inscription 'A0«v5; Acô;, et la
pierre de Mantinée Aiï; »£f».uvô.Le génitif indique bien que ce sont, non des bétyles,
mais des bornes d’enclos sacrés (Foueart, Inscr. du Pélop. 352 a; Bohl, lnscr. gr.
ant. 101). Lorsque la pierre est considérée comme l'image de la divinité, le nom de
celle-ci est au nominatif; cf. ’AOocvai» sur une pierre pyramidale de Mantinée (Fou¬
cart, Inscr. du Pélop. 352 d) et ■'Aptsptî (Fougères, Mantinée, p. 539; cf. Paus.
VIII, 35, 6 et 48, 6). — 9 C’est une question fort obscure que celle de la priorité de
la conception d’une source Trito, placée dans le ciel, par rapport à celle d un
fleuve terrestre, du nom de Triton, comme on en trouve plusieurs dans les légendes
locales de la naissance d’Athéna. Nous inclinons à croire à la priorité historique
d’un Triton terrestre, celui près duquel se trouvait le sanctuaire primitif de l’Athéna
Itonia de Thessalie (voir plus loin); le nom de Triton suivit dans son expansion le
culte de la déesse, en Béotie (Paus. V l 11 , 2G, 6-7), en Arcadie à Phénéos (Ibid.
VIII, 14, 4), en Libye (Herod, IV, 180), où le culte d’Athéna associée à Poséidon ne
peut provenir que d’une assimilation de divinités indigènes avec le couple hellénique,
gine céleste qu’on leur attribuait à tous [,ÎAEty
qu’elle n’était réelle que pour quelques-uns On 1 ill°'’S
sidérait comme des débris de foudre, tombés h"'
violemment déchiré par l’éclair, au milieu des êZ T
tonnerre. Les premiers Palladia anthropomornhin
bénéficièrent du même honneur ; on vit on !°S
images d une vierge sortie tout armée du faîte du i
entr’ouvert, brandissant un bouclier étincelant et D0,î!
sant un cri de guerre. La conception anthropomorphicmë
du ciel lui-même donna naissance au mythe d’Ath
sortie de la tête de Zeus, près de la source Trito (de
TiTfcuo, percer), c’est-à-dire du nuage entr’ouvert d’où
s’échappe la pluie d’orage 9. L’égide (de àW, briller! ■«
est le symbole de l’éclair, dont on fit une peau de chèvre
(aVç) décorée du Gorgoneion. De là les épithètes primi¬
tives d’Athéna, ôfipptpoTTâxpr), yXauxwTtiç (au regard étince¬
lant), yopywTrtç (au regard de Gorgone)11, o'uSIp^;12, etc.
III. Attributions : 1 0 Attributions po/iades. — Beau¬
coup plus consistant et plus fondamental que le pré¬
tendu rôle météorologique, dont Welcker et Roscher ont
voulu faire dériver tous les autres caractères de la déesse
apparaît son rôle de divinité poliade, protectrice des
acropoles et gardienne des villes. Là les réalités du culte
le plus ancien s’accordent avec les données de la légende.
Elle est bien la conception originale et primitive de la
déesse, celle qui a donné naissance à toutes les autres et
dont l’extension en sens divers explique le mieux les
différents aspects de cette figure.
Athéna, gardienne des villes, habite des temples géné¬
ralement situés sur les parties les plus fortes, au point
de vue défensif, du territoire, soit sur l’acropole et dans
la citadelle de la ville, soit sur une hauteur ayant une
importance stratégique. La plus ancienne mention d’un
culte de ce genre se trouve dans Y Iliade. La protectrice
de Troie habite sur l’acropole un temple fermé, desservi
par une prêtresse. Sur l'invitation d’Hector, les matrones
de Troie vont déposer sur ses genoux un péplos et lui
promettre un sacrifice de douze génisses si elle met
Diomède hors d’état de nuire 13. Cette description, proba¬
blement inspirée des détails du culte athénien, semble
avoir été introduite dans le poème au moment de la
assimila lion peut-être opérée par les colons grecs.ilc la Cyrénaïque. Quand le celle
d’Athéna fut devenu panhellénique, le fleuve qui l'avait vue naître fut transporté
dans la région céleste d’où provenaient les Palladia primitifs et converti en source.
Bergk (Kl. Schriften, II, 641) considère la source Trito et la hesio ique
comme une source (ou une rivière) et une cime idéales où l'imagination localisai e
séjour des dieux. La glose antique rapportée par Hésychius (tjî™ - «««M) «
évidemment dérivée de la légende. — 10 Dans Homère, 1 égide de eus t
est un bouclier d’or qui brille, œuvre d’Hépbaistos (Stengel. Jahrb. /• P ■
1882, p. 518, et 1885, p. 80). La transformation de ce bouclier en .
de peau de chèvre, telle que les plus anciennes représentations 4
figurent, est peut-être le produit d’un jeu de mot sur le thème *tE’ a
celui qui se fit aussi sur le thème à propos de pi lc ' I “
Les hypothèses de M. Mayer (Roscher, Lexik. II. p. *524) su™ paiDuinn ^
(Pauly, p. 1990) sont très aventureuses. D apres eux, le mo y .
attribue d’ordinaire une origine sémitique, se rattacherait au cr ois d
peau de chèvre [bastvua, p. 645]. On se serait figuré que les béty « tombaie^ .
ciel enveloppés dans une peau de chèvre, symbole des “ui*»es ° Qn de
l’assimilation des nuages à une toison peut être admise, c es a i rli„0fiiWMî
à une peau de brebis qu’on a dû penser tout d aboul (cf. Zeu, î ^ ^ au
et les infulae de Yomphalos delphique). On pourrait ega enien ^
lieu de dériver d’une confusion verbale sur les thèmes prum ' jm0I,djauiel
les concepts de chèvre et de chouette sont au contraire dose e hallteurs. dont
réalistes du culte de Zeus et d’Athéna. Ces deuxdivim 1 » ia , anfractuosités sob!
les escarpements ne sont accessibles qu’aux chèvres, e on gt Michaelis,
hantées par les hiboux (à Athènes, 1 acropole s appelle ’ ’ . fou()rc, d’où
Arx Ath. p. 42 et 65). Ces sommets sont de préférence rapp . ux< _ U Corp.
le mélange entre les concepts animaliers et les concep QG9--80, 286-
inscr. gr, 6280 b. - 12 Paus. Il, 24, S. - '3 H. H
311.
MIN
— 1913
MIN
recension
ordonnée par Pisistrate h' Iliade ne men-
)|u, j,ag le véritable Palladion troyen, qui représentait
I "jéesse en armes et debout : la légende du Palladion,
' ie se rapportant à un culte certainement très
j(1|1) n’apparaît que dans les Homérides, d’abord dans
\liiou Persis d’Arktinos 2. La statue était un présent de
/eus à Dardanos ; elle passait pour être tombée du ciel 3;
I el|e était enfermée dans l’adyton du temple, tandis qu’une
réplique était exposée dans une partie ouverte au public :
ce serait cette réplique que les guerriers grecs auraient
enlevée, tandis que le Palladion authentique aurait été
emporté par Énée en Italie \ Les bagues et intailles de
Crète et de Mycènes attestent la très haute antiquité du
culte des Palladia 5. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher
dans quelle mesure ce culte primitif est indépendant
de celui d’Athéna proprement dite. Dans Y Iliade, l’iden-
tilication est déjà faite; elle est localisée à Troie, dont
le Palladion parait avoir été entouré d’une vénération
superstitieuse. Plusieurs Palladia des villes grecques qui
se donnaient comme originaires de l’Acropole de Troie,
étaient aussi des représentations d’Athéna, tels l’Athéna
JijuSépxï^ d’Argos G, le Palladion du Phalère 7, très pro¬
bablement plus anciens que le Palladion troyen, avec qui
on cherchait à les identifier par des artifices delégende afin
derehausser leur prestige. On attribuait aussi une origine
céleste au vieux xoanon de l’Athéna Polias d’Athènes *,
probablement la statue assise et sans armes 9 qui inspira
la description de l’Athéna troyenne dans Y Iliade.
Athéna, gardienne des acropoles, est appelée lpu<ji'7roXtç 10
ànsY Iliade ; elle est la 7roXtxç, 7toXtxTiç, 7roXtouy_o; à Athè¬
nes11 (le sens primitif de 7rôXiç ou ttxo'Xiç étant celui d'acro¬
pole'-), à Larissa 4 3, Argos 14, Chios 13, Erythrae lli,Priène 1T,
Lindos de Rhodes (de là àGéla et Agrigente18), àTrézène19,
Tégée20, Sparte 2l, Mégalopolis 22, Amorgos 23, Cos 24, etc.
Comme protectrice des remparts, elle présidait à la con¬
servation des tours (l7rt7typyïTi;) à Abdère 2S, des portes et
des clefs (71-jXaïxtç et xXetooay_oç) à Athènes 26. Installée en
Béotie sur le mont Tilphossion, elle personnifie la force
défensive de cette hauteur ; elle s’y identifie avec la divinité
locale Alalcoménia, « celle qui repousse27 », sous le nom
d Athéna ’AXaXxogevYjt; 28 ; en Arcadie, elle s’identifie avec
ladéesse indigène de l’asile, Aléa, et devient Athéna ’AXéot,
« la tutélaire », à Manlinée29, Tégée30, delà à Sparte31.
Déesse des acropoles, Athéna est aussi, par une tran¬
sition naturelle, déesse des autres rochers, hauts lieux et
promontoires, qui, s’ils ne sont pas tous fortifiés, servent
souvent de guettes pour la surveillance du territoire. Elle
a un sanctuaire au sommet du Pentélique32 ; elle s’appelle
’A/.pta à Argos33, K p xv a t'a à Ëlatée34, Souvta;38 sur le cap
Sounion, Kopu^axt'a au promontoire Koryphasion, HxX-
puovt-a 36 sur le cap Salmonion de Crète, ’ApxxuvOtxç sur
l’Arakynthos de Béotie37, BoptSuXeta sur le mont Bom-
bylion en Béotie 38, Zxtsxç sur les falaises de Salamine 39,
llaXX-qvt'ç sur la hauteur qui domine la route d’Athènes à
Marathon40, At'Ôuta (la Mouette) sur un rocher de la côte
de Mégare44. Peut-être aussi l’épithète "Oyyx ou "Oyxx
rentre-t-elle dans le même ordre d’idées (de oy/.o? ?), ainsi
que celle d ’Axptxta, à Krisa42.
2° Attributions guerrières. -- La déesse des acropoles
revêt forcément un aspect guerrier. Athéna Polias s’iden¬
tifie de bonne heure avec la divinité figurée par les Pal¬
ladia armés; Athéna est, essentiellement, la déesse de la
guerre, coiffée du casque, vêtue de l’égide, couverte du
bouclier et pointant de la lance. Les épithètes les plus
nombreuses se rapportent à son rôle guerrier. Il serait
superflu d’énumérer toutes celles que les poètes ont
inventées et que les textes épigraphiques nous ont con¬
servées43. Comme npop-xyo;, elle est celle qui combat au
premier rang, à Athènes, en Thessalie et ailleurs 44 ; comme
Ntxv), celle qui donne la victoire, à /Athènes, à Mégare45;
comme "Apsta, la compagne d’Arès46, à Athènes et à Pla¬
tées ; même comme £iprtvocpôpoç 47, elle reste guerrière,
puisque c’est elle qui met fin aux combats. Dans Homère,
elle est l’indomptable (àxpuxoovri48) ; elle est la vigoureuse
(xOevix;49). Elle préside, en qualité de Çwcrx7]pi'a, à l’équi¬
pement guerrier50, aux engins de guerre comme ptaya-
vfxtç ou [j.a^avt’ç 34 , au dressage et au harnachement du
cheval comme oxpxcri7t7roç 52 et yaXivïxu;53, à l’élevage du
cheval de guerre comme butta S4, attribution qu’elle par¬
tage avec Poséidon Hippios. C’est elle qui avait appris
aux Cyrénéens et aux Barcéens à élever et à atteler les
chevaux65, et qui avait donné à Érechthée le premier
char de guerre s6. Elle-même, dans Y Iliade, monte sur le
char de ses guerriers favoris, et plusieurs monuments la
Sur le type de l'Atliéna assise, voir plus bas. — 2 Dion. Haï. Anl.
">»'■ I, 69 (Kinkel, Ep. gr. fr. p. 50, t). — 3 Apollod. 3, 143; Scliol.
"*'J 11 ‘ v' Dictys Crel. ap. Seplim. V, 5. — 4- Roscher, Lexik. s.
!.' P“lkdio»- Voir plus bas. - 6 Chavannes, De Palladii raptu. — 6 paus.
J1’ CorP- inscr. gr. P. 1074. — 7 Paus. I, 28, 0-8. — 8 Paus. 1.
!! V oir plus loin (Pernice, Jahrb. d. Jnstii. 1895, p. 105). — 10 //. VI,
(Jl ~ " Paus- h 27> 1; Corp. inscr. ait. I, 188; II, 112, 593, et les
j, y r ™ls 11:1,18 1 Appendix epigrapliica de Iabn et Michaelis, Arx Athenarum,
an„!| 1 A Atbènesi 'a déesse s'installe sur l'acropole occupée par Cécrops et
>opia (St. Byz. s. a.). Il semble plausible de reconnaître en Cécrops uu
. "catlon primitive et masculine de la hauteur (*E-xofo*-s = xoçoîtaTo;, de
®He il " K Un re^ou4j'en]eid, comme dans xExpûfoùo;). Athéna est donnée comme
àlaio. ' ^4C' deor. 111, 59; Lycophr. 355) et Cécrops est assimilé à
Rumen °vi-r l'(anaos (F’ans. I, 2, 6; Apollod. III, 14; Aristopb. Au. 123; Acschyl.
localités 0 • ,C ITlêmc’ 1 Érecblheus atlique équivaudrait au Triton des autres
6'cau e ^écl|irer, = ■trrpàw.), c'est-à-dire à une personnification du cours
- u'c", absorbéePar Poséidon. — 12 Tliucyd. Il, 15; V, 18, 57; Paus. I, 26, 7.
Herod. 1° tro' DiaL Insckr- '* 343' “ 14 (Callim. V, 53). - 16 noTi.oïpî,
fiimi p' | !■' PaUS' V’ 3’ 9' — 47 CorP ■ inscr- Qr- 2904. — 18 Boeckh, Explic
elle temnln ~ 19 PaUB' 3°’ 6' - 20 (PauS- VIH, 47> 15)- Sur
(Rôhl /», ,.V°il ^us^°*n- 21 Elle est aussi ^aXxcotxoç (Paus. III, 17, 2) et ’Ao-otuo^o;
^ittenber ^ 94b — 22 Paus- VIH, 31, 9. — 23 Corp. inscr. gr. 2263 c;
■-ASLÿ T’ SylL éd-)> 4'2. —21 Dittenberger, 616, 619. — 23 Hesych. s. v.
(Arist Irl", C nSSiandr ■ 35C> ct Tzelzès, Ad l. ; Scliol. Aescbyl. Sept. 1 71 ; KXEiSoffZo5.
t'notiinr * ” 4 1 k2) . 27 Ce nom est une épithèle is.-ent. s, 0eoç), comme ’AOijvala.
Ie "om di. Pn Seia‘l dont le locatif (non le pluriel) ’Akakeoatvai a donné
'■‘liage. - 28 U. IV, 8; Slrab. IX, 2, 36; St. Byz. a. u. ’AkakxoptvEov ; cf.
Fougères, Mantinêe, p. 271 sq. — 29 paus. VIII, 9, 6. Inscriptions dans Fougères,
Mantinée, p. 526. — 30 Voir plus loiu. — 31 Voir plus bas. — 32 Voir plus bas.
— 33 Hesych. s. v. — 3V Voir plus bas. —35 paus. I, 1, t. — 36 Corp. inscr. gr.
25 55. — 37 St. Byz. s. v. — 38 Lycophr. Cass. 786; Tzetz. — 39 Herod. VI II , 94;
Plut. Sol. 9; Lolling, Ath. ilitth. 1, p. 131; cf. Robert, Hermès , 1885, p. 349.
■ — l11 Herod. I, 62; Eurip. Heracl. 849, 1031; Amelesagor. ap. Antig. Karyst. 12:
Corp. inscr. att. I, 222, 224, 273. — 41 paus. I, 5, 3 ; 41, 6 ; Lycophr. 359 ; cf. Maas.
De Lenaeo. p. 14. +2 \ oir plus loiu. Ax'.'.n 7, de ■ ocris (Gruppe, Gr.
Myth. p. 182). — 43 Voir les Index des Corpus ct Bruchmann, Epitheta deorum.
44 Corp.inscr.gr. 1068 ou nÇoj/àZo?!.a (Paus. 11, 34,8); cf. Athéna Anchemachos
à Agrigente (Rôm. Mitth. X, 1895, p. 236-239).— 45 paus. 1,42, 4 ; Eurip. Ion. 1529.
Voir vicToniA. — 46 paus. I, 28, 5; IX, 4, l ; Plut. Arist. 20 ; Corp. inscr. gr. 3137 ;
Cornut. Nat. Deor. 20. —47 Corp. inscr. gr. 6833. — ’>8 II. II, 1.57, etc. — 49 paus!
II, 30, 6. — B0 A Thèbes (Paus. IX, 17,3; Hesych. W<mij«). — Bi A Cos (Dittenber-
ger, Sijll. 617) et à Mégalopolis (Paus. VIII, 36, 5). Pausanias interprète l'épithète au
sens abstrait : celle qui préside à toutes les inventions humaines. M. Bérard (Orig.
des cultes arcad. p. 151) allègue une origine sémitique : Mokkanat, deèsse du camp
[cf. Aphrodite Machanitis (Paus. VIII, 31, 6), Zeus Méchaueus (Paus. II, 22, 2;
Corp. inscr. gr. sept. 548)]. Une légende attribuait à Athéna la coustruction du
cheval de Troie ( Od . VIII, 493 ; 11. XV, 7, 1 ; cf. peintures de vases : Annali, 1880,
pl. k; Gerhard, Anti/c. Vas. III, 229). — 82 Schol. Arist. iVuê. .967. — 53 a
Corinthe (Paus. II, 4, 1, 5; Pind. Ol. XIII, 15). Elle apprend à Bellérophon à
brider Pégase. - 54 A Colone (Paus. I, 30, 4; Pind. Ol. XIII, 79; Soph. Oed. col.
1071), à Acharnes (Paus. 1, 31, 0), à Manthyrée d’Arcadie (Paus. VIII, 47, 1), à
Olympie (Paus. V, 15, 6). - 55 Soph. El. 727; Mnaseas, Libye, fr. 40 (Hesych.
s. «.); St. Byz. s. v. — 56 Schol. Arist. Panath. III, 62; cf. Humn hom
III, 12 sq. ‘
I
— 191 i —
MIN
MIN
figurent dans cette attitude. En Arcadie, on lui attribuait
même l'invention du quadrige1.
De là, par une attribution connexe, on lui prête l'in¬
vention de la charrue et de l’attelage du bœuf, en qualité
de Poatpjjua, jüoéosta2, Ta’jpoTtoÀoç 3, àypùpa (agriculteur)4.
Comme ffiXiriyü, à Argos, elle est la déesse de la trom¬
pette guerrière \ On lui attribue aussi, à Athènes, l’in¬
vention de la danse en armes ou pyrrique, qu’elle aurait
été la première à danser pour célébrer sa victoire sur les
Géants ou qu’elle aurait apprise des Dioscures6.
Elle est aussi, par extension, la déesse de la guerre
navale : on lui doit l’invention du navire de guerre ; elle
a enseigné à Danaos ou à Argos la construction et l’équi¬
pement de la première pentéconlore aux Phéaciens la
construction de leurs navires rapides 8. Comme la déesse
Harmonia, elle préside à l'assemblage des pièces du
navire; elle chérit Harmonidès, constructeur de la Hotte
troyenne. Les navires emportent leur Palladion9. En qua¬
lité d' ’AvsjAWTt;, à Mothone10, elle octroie lèvent favorable
à la navigation ; à Lindos, de Rhodes, son culte est un
culte de marins. A Athènes, la procession du navire sacré
et des régates font partie du programme des Pana¬
thénées.
3° Attributions industrielles et commerciales. — La
fabrication des armures et des armes offensives ressortit
naturellement à la déesse de la guerre. De là ses rapports
étroits, à Athènes, avec Iléphaistos, le dieu des forgerons,
et aussi avec Prométhée11, rapports qui s’expliquent très
simplement sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir
la prétendue identité de leur nature ignée. Athéna pré¬
side aux arts mécaniques, comme patronne des armuriers,
puis par extension de tous les artisans du bronze et des
autres métaux, si bien que ces attributions finissent par
se confondre avec celles qu’elle a d’autre part, en qualité
de Poliade, comme protectrice des arts de la paix (voir
plus bas) et de l'industrie en général, — de même que le
patronage du cheval de guerre finit par lui conférer le
département de l’agriculture,’ — comme la sauvegarde
de la marine militaire l’entraina à la protection des
marines de commerce, de la navigation et du commerce
en général, — comme, enfin, la surveillance des citadelles
et la garde de la cité primitive devait, par un processus
en quelque sorte fatal, étendre sa compétence au gou¬
vernement de la cité tout entière, aux institutions civiles
i Cic. De nat. deor. I IF, 23. — 2 Tzetz. Lycophr. 520; St. Byz. s. v.
Boû^Eta ; Serv. Ad Aen. IV, 402; Eust. Ad II. XVI, 571. — 3 Schol. Arist. Lysist.
44-8 ; Suid. s. v. — 4 Hesych. s. v. Le charron, qui fabrique la charrue, est appelé
serviteur d'Athéna : ’AOtivaîiiç (Hesiod. Op. d . 430). L’invention du char par
Athéna dérive de la légende d’Erichthonios (Eratost. Catast. 13, p. 98; Germanie
57 ; Avien. 409; Varr. ap. Philarg. Geor. III, 113; Serv. Ad Geor. I, 205; Virg.
Geor. III, 113; Aristid. 1,19, 22, 170 et Schol. III, 62. Monuments: Welcker, Anli/c.
Denkm. I, 144- sq.). L’invention de la charrue se rattache à la légende de Bouzygès
(Aristid. I, p. 20; Liban. Progxjm. Parad. IV, p. 952; Serv. Ad Aen. IV, 402).
— 5 Paus. 11,21, 3. — 6 Schol. Pind. Pyth. II, 127 ; Dcn. liai. VII, 72; Plat. Leg.
796 B :1a danse en armes faisait partie du programme des Panathénées. — 7 Apollod.
I, 9, 16 ; II, 1, 4; Mann. Par. Ep. 9. Voir argonautae, fig. 504. — 8 Od. VII, 108.
— 9 11. V, 60; XV, 410; Max. Tyr. Diss. XXXVII; Amm. Marc. XXII, 8 ; Val. Flacc.
I, 93; II, 287; Claud. Bel. rhet. 15 ; Tertull. Spect. 8; Phaedr. IV, 6, 9; Aristid.
Oral, in Min. 1, 23, 26; Schol. Aristoph. Acharn. 546. — 10 paus. IV, 35, 5; Aristid.
p. 19; Lycophr. 359 et Schol. — H Od. VI, 233; Soph. Oed. Col. 55 et Schol. ; Plat.
Leg. XI, p. 9zl et Critias, 109 c; cf. Solon, fr. XII, 49 ; IL. VI, 232; Paus. I, 14, 5.
Il y avait une Athéna Héphaisteia à Athènes (Hesych. s. v. et Corp. inscr.
att. Il, 114) etune Athéna Telchinia à Teumessos en Béotie (Paus. IX, 19, 1), que l'on
interprète comme une déesse de l'enchantement, équivalent de l'AO, paer/avia, mais
qui, originairement, devait être une déesse des forgerons introduite en Béotie par l'in¬
termédiaire de Chalcis. — 12 Façyàva sur une dédicace de Delphes (Perdrizet, Mêl.
Perrot , 1903, p. 259), ou ’OpyàvY), d’après des inscriptions d’Athènes et de Délos
[Bail. corr. hell. 1884, p. 22) qui est une épithète plus noble dérivant de opyavov.
— 13 Paus. I, 24, 3. — 14 Plat. Leg. XI, p. 921 ; Procl. Ad Tim. p. 52; Soph. fr.
aussi bien qu’à la défense militaire à h v
raie et intellectuelle de la cité. ' lrecll0n mo-
Comine manufacturière, Athéna recevait i„
d’ ’Epyàv-,! 12, c’est-à-dire ouvrière , qui lui aurnhViT010
Pour la première fois à Athènes » A ce lU tét?.doitaé
la protectrice des artisans salariés et genwl*
manuels (èpyâ 8«ç, t<*tov.ç, S^toupyoî, ^
cette qualité, elle participe à la fête' athénienL rf"
chalkeia ls, appelées aussi athenaia, fête mixte 7
tant de la fusion du culte d’Héphaistos dans la ville W
avec le culte aristocratique de la déesse poliade. C’étv!
une fête populaire, d’où son surnom de •7d.v871u.oc 16 • Pu
ava.t lieu le 30 (29) pyanepsion (novembre). On 0ffr
a la déesse dans des corbeilles des pains de froment n
offrandes modestes représentant la dîme du salaire18’
Un bas-relief du Musée de l’Acropole nous montre un
artisan, graveur ou bijoutier, déposant ainsi dans la
main d’Athéna Ergané l’iirap y/, de son travail (fig. §043 u\
A partir de la fête, com¬
mençait le travail du pé-
plos sacré20.
Manufacturière du bronze
industriel, Athéna Ergané
préside au travail du bronze
d’art et de tous les objets
d’art fabriqués de main
d’homme. Elle protège l’ar¬
tiste Lroyen Harmonidès,
qui savait ouvrer toutes
sortes d’objets bien agen¬
cés 21 . Tous les métiers
' relèvent d’elle : orfèvre-
ciselure, sculpture,
rie
Fia
5043. — Alliéna Erganc recevant la
(lime d’un artisan.
architecture, charpen¬
terie, carrosserie, pein¬
ture à l’encaustique, poterie, cordonnerie, etc. 23.
Comme divinité féminine, elle dirige notamment les
travaux de la femme, où elle excelle24. C’est là une de
ses attributions les plus anciennes et les plus impor¬
tantes. Les œuvres d’Athéna (’épya ’A07]vat7)ç) sont le lot
des femmes à la fois laborieuses et sages, dont Pénélope
et Arété sont les types accomplis23. Athéna est donc la
patronne des fileuses et tisseuses 26. Elle-même donne
l’exemple aux mortelles. Elle a tissé et brodé de ses
705; cf. St-Éloi, cité par Tliiers, Traité des superstitions, t, I, p. 13, 17/7, cl
Perdrizet, Mélanges Perrot, p. 259, n. 2. — Harpocr. et Suid. s. r.\ Poil.
VII, 105; Eust. in 11. II, 552; Étym. Magn. p. 343, 1 ; A. Mommsen, Peste d.
Stadt Athen. p. 342-344. — 18 D'après Suidas, L. c. la fête, commune
à l’origine à toutes les classes populaires, aurait été à la longue cin en i
la classe ouvrière. — ^ Soph. fr. 705; Hesych. p. 968, Corp. insu. ■
2, 954. — 18 Et non un symbole agricole. Solon I fr. XII, 49) disait que ‘‘(J ()))'(
d’Athéna et d'Hépbaistos assuraient la subsistance de louvrier. — er ’
Mélanges Perrot, p. 26t (Sur les offrandes déposées dans la ^
dieux, on peut rapprocher le passage d'Aristophane, Av. 518) et Je lônc,
pl. xix, 83. On a trouvé à l’Acropole plusieurs dédicaces d artisans )vels .
poliers, charpentiers, tanneurs, constructeurs do bateaux, bouan0ciL) a
L sac de 480 par les Perses (Perdrizet, O. I. p. 202, n. G). - ».**»»• f T' p,^
XeXxtT*. - 2. II. V, 60.-23 Od. VI, 233; XX.lt, .59. -
De forum. 99; Qu. sympos. III, 6, i- Praec. de ger ’ M ct
p. 18 (Dindorf); Ovid. Fast. III, 815; Oppian. Habeut. -1--3, J tue
Phot. ». ». A Olympie, les phaidryntes charges de 1 allMi le
de Zens par Phidias lui sacrifient (Paus. V, 14, 5; cf. 5oln- ’ raraj(,ue,
petit poème K4|iivo 5 $ KEpoc|ieïç, Hom. épigr. 14. Dans 1 Hép aïs ic potier :
il y avait une statue d’Athéna (Paus. I, 14, 5). Athéna dans un atelier «P ^
FiGi.iNUM opus, fig. 3041. Offrandes de potiers à Athéna. - rC _ 23 IL IX»
Bull, de corr. hell. 1884, p. 547. - 2t Hymn. hom In Ven. . -■ - boljl|UC
390 ; Od. 11, 116; VII, 1 10 ; XX, 72 ; Hesiod. Op. d. 03 sq. - mstjère les
(Mannhardt, Schwartz, Lauer, Roscher, etc.) a fait intervenir eu etc.
ziz„„„i„».v„,»s ■ assimilation des flocons de lame arc
xme m o 1 1
MIN
— 1915 —
MIN
5044. -- Alliéna Ergané
en Filandière.
• • son péplos merveilleux 1 et le voile d’Héra 2. Elle
'"confectionné et orné des vêtements pour ses héros
\oris p0lU' lIerCL1^e- a instruit dans les travaux de
lingerie les femmes phéa-
ciennes 3 et les fdles de
Pandaros \ D’après un
conte de la Lydie, pays des
riches tissus, Arachné,
pour avoir voulu rivaliser
d’adresse avec elle, avait
été métamorphosée en
araignée 5. Un proverbe
qui courait les ateliers
féminins disait : « Jouer
des doigts avec l’aide
d’Athéna6. » Comme filan¬
dière, Athéna Ergané re¬
çoit les épithètes titjvTtiç,
TzavôÎTiç 1 . Elle a pour attri¬
buts la quenouille (vjXaxctTr,)
et le fuseau (atpaxToç) avec
lesquels elle est souvent
figurée 8 (fig. 5044), et qui sont un de ses présents,
et aussi la corbeille (xâXaQoç) (fig. 5045); pour vêtement
le péplos, offrande rituelle que lui consacrent ses adora¬
trices5 à Athènes [voir arriiéphoria, panatuenaia, peplus],
ou le ehiton ; pour coiffure, le polos ou la stéphané, à
qui s’ajoute parfois le voile, au lieu du casque guerrier 10,
avec le Gorgoneion caractéristique (fig. 5046)".
Elle a pour emblème la chouette vigilante avec laquelle
elle s’identifie aussi bien
comme Ergané 12 (fig. 5044)
que comme Polias, ou le
coq, l’oiseau guerrier et
matinal dont le chant est
le signal de la reprise
du travail quotidien 13.
Il s’ensuit que la toilette
et la parure féminine
rentrent aussi dans les
attributions de la déesse14.
4° Attributions agri¬
coles. — La divinité tuté¬
laire de la cité veille sur
toutes les sources de la richesse publique. L’agri-
fullure est de son ressort, aussi bien que l’industrie.
‘ ous avons vu que l’élevage du cheval de guerre et
11 lj,"uf se trouve sous son patronage. En Attique, étant
-'/n V3*: VHI’ 385- - 2 11 XtV> 178- - 3 0d ■ Vtl- l»8- - 4 Od. XX, 72.
Zcnol/v 9 h. « *** IV’ ~ 6 ^ X«*« «"*.
57. - 8 V ’’ ’ M,llcr)-,- • Leon. Anth. Pal. VI, 289; Aelian. Nat. an. VI,
®«epw ".auîi V11’ S’ 9 (Lryüirées) ; Apollod. III, 12, 3, 4 (Ilion) ; Wclcker, Gr. i
«PMUilT’v P’ 301 Sf|' 1 Roscher’ Lexik- s' ”■ Athe»e, p. G99. La figure 5044
Uèl Per") jas'rc]lef rupeslre de l’Acropole de Philippes, en Macédoine (Perdrizet,
debout Ji *' f*"' l'ePrésenlc Athéna Filaudière coiffée du polos et du voile,
pwco” Ti 'T Cl'0UeUes’ ct tenantla quenouille et le fuseau; au-dessous la
«créa ALI, t , are : AeSia A‘hena ex votum fccit, c'est-à-dire Aegia a con-
feproduit na (Albcna’ coP'e du daÜf grec ’ASr.væ). La fig. 5045 ( Ibid. p. 2G4, n“ 4)
du temple d" °!?llum en terrc cuite’ de Tarente; cf. les représentations de la frise
lcrres ça,," ' 'UCIVe dans le forum de Nerva (A/on. dell. Inst. X, pl. xi.i) et les
P1- vu. __G9 L°tlVes de ' Acropole d’Athènes, Journ. of hell. slud. 1897, p. 309,
<ie Bcotie (H 'C°Ct’’ XXVI11’ *• ~ 10 Cf- lcs bustes de terre cuite de Locride et
hsei9- im™*’ FigUrines' P1- XIÏ> n° 3) et les statuettes d’Athènes (Arcli.
//..■Pea-I ’ r' l4aj Gerhard, Akad. Abhandl. pl. xxu; Stackelberg, Grâber d.
"«lirai d'Aii '' "’ '°lr rlus bas> 5053). — U Terre cuite d’Assos, au Musée
VlUî3.- i3 p (Pu,'drizel- MéL- Perrot’ P- 2Gfi)- - 12 Antipat. Anth. Pal.
ausamas (VI, 20, 3) commente une statue d'Athéna, à Olympie, dont
Fig. 5045. — Athéna Ergané
sous la forme d’une chouette.
Fig. 5046. — Athéna Ergané
voilée.
la divinité de l'aristocratie foncière, elle préside à lu cul¬
ture et s’identifie avec la déesse de la végétal ion, sous
les espèces d’une autre Déméter. L’olivier, qui représente
la culture la plus lucrative en Attique, est placé sous sa
protection ; elle possède ses oliviers sacrés (g optât) dans
la plaine el sur l’Acropole ,:i. La légende et le culte la
mettent en rapports étroits avec les personnifications de
la nature locale et de l’agriculture en Attique, avec érecu-
theus-érichtxionios, les CÉCROPIDES et les héros agricoles
Boutés et Bouzygès. Érichthonios est une transposition
du nom d’Érechtheus, sans être
toutefois le même personnage 16 :
il personnifie dans le mythe attique
la glane de blé confiée au sol et que
la rosée (Pandrose, Hersé) doivent
entretenir au sein de la terre et ne
faire paraître au jour qu’au moment
prescrit (mythe des cécropides).
En Attique, il est remarquable
que les fêtes de la déesse cor¬
respondent aux épisodes principaux
de la vie agricole [Voir arruephoria,
kallynteria, oscuophoria, panathe-
naia, plynteria, prociiaristeria] ”.
A ce caractère d’Athéna se rap¬
portent les épithètes de Kicsa-'x à
Epidaure18, de Ku7taçt(7ffta en Laco¬
nie *9, de KoXoxxdta, déesse de la
fève, à Sicyone20; de Kty|<7i<x, déesse
des biens de la terre, figurée avec des
épis dans les mains21. Dans le même
ordre d’idées, Athéna est invoquée dans ses relations avec
les cours d eau. Outre ses rapports avec les fleuves ou lacs
Tritons auprès desquels on localisait sa naissance en
Béotie22, en Arcadie23, en Crète 24 et en Libye25, elle est
adorée en qualité d”A<jia, déesse des marais26, et de
NeSouuia 2", près du Nédon, en Laconie et Messénie,
de Aaptaata 28, près du Larisos d’Ëlide, de ruyaiv) 2H, près
du lac Gygès, en Lydie. C’est aussi en qualité de déesse
de la nature et de nourricière qu’elle entretient la jeunesse
(xoupoxpdcppç et TTxtSoTpdœoç) 30 et prend soin de la santé des
hommes, comme 'YYt£[a31,Sokstpa32,ô<j56xA[xrTiç33, ÔTmXsTiç34,
àXsçi'xaxo;35, aTtorpoTtasa, Ittiuxotto? 36. Sa compétence plus
spécialement médicale résulte aussi de l’emploi de l’huile
en médecine et des attributions scientifiques qui font d’elle
la patronne des médecins i telle 1 Athéna Ttxtcovtx d Athènes
etd Oropos1 ' , et la Miner va rnedica desRomains38[HYGiEiA] .
5° Attributions virginales , purificatrices et mater-
lc casque était surmonté d’un coq (cf. Plut. Qu.symp. III, G, p. G34). — 14 Hesiod.
Theog. 573 ; Op. et d. 72. Le culte d’Athéna Ergané est attesté à Athènes (Paus. 1,
24, 3, etinscr. Corp. viser, att. index), Olympie (Paus. V, 14, 5), Sparte (III, 17, 4)[
Mégalopolis (VIII, 32, 4), Thespies (IX, 2G, 8), Samos (Suid. el Hesycli. s. v.
’Eçvàvj, ou ’EP~à-r,; ; Hesycli. s. D.), Délos (o’çyivr;, Bull. corr. hell. 1884, p. 22),
Delphes (Faf?iv«, Mil. Perrot, p. 239), Cyzique, qui se vantait d’avoir reçu
d’AUiéna l’aptitude aux arls parce quelle lui avait élevé le premier temple (Anth
Pal. VI, 342.; Bull. corr. hell. 1882, p. 613). — 15 Herod. V, 82; VIII, 55; Soph.
Oed. Col. G95; Schol. Arist. Nub. 1005; Suid. s. v. copiât (cf. Harrison. Clàs. Itev.
IX. 1895, p. 89). Sur Athéna et l’olivier à Rhodes, Anth. Pal. XV, 11. _ IG \'0jr
plus haut, p. 1913, n. 11. — 17 Apollod. III, 14, 1 ; Hygin. 1G4. — 18 paus || o9 ;
- 19 Ibid. III, 22, 9. - 20 Alhen. III, 72. - 21 Hippocr. De insomn. /, p~ 3’78'
- 22 Strab. IX, 413; Paus. IX, 33, 5; Schol .II. IV, 8. - 23 A Aliphéra, Paus!
VIII, 26, 4. — 24 Diod. V, 70, 72. — 25 Herod. IV, 180. — 2G paus. RI 2 4 7
- 27 strab. VIH, 3G0. - 28 paus. VII, 17, 5. _ 29 Eustalh. In H. p.’ 3~G6 3
- 30 Soph. Oed. Col. 693. - 31 paus. I, 23, 5; 31, 3. — 32 Au Pirée Lyc In
Leocr. G ; Diog. Laert. V, 16.- 33 Plul.Aj/c. 11,2.-34 pans. III, 18, 2.’ - 33Aris-
tid. In Min. p. 26. ’Axotço, nia à Érylhrées avec Zeus (Dittenber-er
Syll. 600). - 3 G Sol. fr. III, 3, Bergk. - 37 pans. [_ 2> + :U) f _ 38 Voi[. p,us
MIN
— 1916 —
MIN
nelles. — La déesse poliade, la guerrière indomptable
(x8âu.rroç Osai àxpuTwvT]) est naturellement inviolable et
vierge, Trapôévoç 2, servie par des vierges dans son Par-
thénon 3. Elle est la fdle, xopîoc, à Kleitor4, xoc-qci'a, eu
Crète 5. Les monnaies attiques à son effigie s’appelaient
xopai G. Le nom primitif de la rivière thessalienne et béo¬
tienne, le Kouarios, se changeàcause d’elle en KopaXto; \
Elle reçoit des poètes les épithètes d'aiSonq, «puyôXsxTpoç,
aXexxpoç 8, et se présente vêtue au jugement de Paris 9.
Tirésias perd la vue pour avoir voulu la contempler au
bain 10 ; c'est en vain qu’Héphaistos tenta de la posséder 11 .
Les rares légendes qui lui attribuent des enfants sont des
adaptations récentes de mythes divers12. En plusieurs
endroits, sa statue est l’objet d’un rite purificateur qui
lui impose un bain dans une rivière sacrée13. Aussi est-
elle la Pure (\Ayvx)14, la Purificatrice (xaOâpaioi;) *3. Les
rites de la divinité libyenne du lac Tritonis, que les
colons minyens identifièrent avec Athéna, mettaient sous
sa sauvegarde la virginité des filles du pays l6. Athéna ne
connaît pas les faiblesses de son sexe; elle soutient
plutôt le droit masculin contre l’égarement des femmes
et défend l’honneur du foyer conjugal. Eschyle lui fait
dire à la fin des Euménides 17 : « Je n’ai point eu de
mère pour me mettre au monde. Mon cœur toujours,
jusqu’à l’hymen du moins, est tout acquis à l’homme :
certes, je suis ici du côté du père. Peu doit me toucher
dès lors la mort d’une femme qui avait tué l’époux, gar¬
dien du foyer. » Comme TraiSoxpo^oç, elle étend sa protec¬
tion sur les enfants. Sa sollicitude quasi maternelle pour
le petit Érichthonios est un exemple pour les mères18.
Aussi, a Élis, les femmes l’adoraient-elles sous l’invoca¬
tion de Mt)tyip19. A Athènes, elle tient dans sa main la
grenade, symbole de la fécondité20. Sa prêtresse portait
l’égide sacrée chez les jeunes mariés21. Enfin, elle-même
assiste Léto dans ses couches à Délos22.
G0 Attributions politiques et pacifiques. — Athéna est la
déesse du bon gouvernement et la protectrice du droit.
La divinité poliade inspire les conseils de l’État, les
assemblées, les tribunaux et veille sur les institutions de
la cité en temps de paix. Son rôle s’identifie parfois avec
celui de Déméter Thesmophoros ou de Thémis. Dans
Ylliade , elle intervient auprès des héros pour les con¬
seiller; elle se fait l’arbitre de leurs querelles et leur sug¬
gère une attitude conciliante23. Dans l 'Odyssée, il y a
harmonie complète entre le caractère de la déesse et
celui de son héros favori, qui a taillé son lit conjugal dans
l Sopli. Ajax, 450. — 2 Bymn. hom. IX, 3. — 3 Voir plus loin.
_ 4 Paus. VIII, 21,3. — 5 St. Byz. s. v. Koçtov. — 6 Plat. Leg. 706 B;
Poil. IX, 75. — 7 Alcae. ap. Strab. IX, 411; Callim. Lav. Pall. 63; Schol.
Apoll. Rhod. I, 531. — 8 Bruclimann, Epith. cleor. — 9 Callim. Op. I.
_ 10 Voir plus loin. — U Voir plus loin. — 12 Apollon Palroos, fils d'Athéna et
d’Héphaistos (Clem. Alex. Cohort. p. 8 ; Cic. Nat. deor. 111, 22, 23; Lyd. De mens.
54; Harpocr. s. v. ’A-. r.ax s.). L union ou fooç yàjzoç d Héphaistos et d Alliéna au
milieu de l'orage (Hygiu. Fab. 166; Eratosth. Cat. 13) d’où serait issu Érichlho-
nios ou Lyclinos. Tzetzès, Lyk. 111, rapporte qu’Athéna, dite Béloniké, était une
princesse altique, fille de Brontaios, unie à Héphaistos dont elle eut Érichthonios.
— 13 Voir plus bas. — H Schol. Arist. Nub. 967. — 18 Acsch. Eumen. 578; Arist.
In Min. — 16 Herod. IV, 180. — 17 V. 736-740, trad. Mazon. — 13 On mettait aux
enfanls, en souvenir d’Érichthonios, des bracelets en forme de serpent (Eurip. Ion.
25, 1427). — 19 Paus. V, 3, 2. — 20 Harpocr. s. v. Nî»i|. — 2iSuid. s. v. aiyiç.
— 2-2 Hyper. Del. fr. 70 (Blass, Aristid. I, p. 21, 157 et Schol.). — 23 II. |, 207 sq.
Déesse de la Concorde, elle s'associe comme 'OiaoW; à Zens Homolôios en Béolie.
Schol. Lycophr. 520. — 24 Od. XXIII, 190. — 23 Callim. L. Pall. 52. — 26 Schol.
Arist. Av. 515; Corp. inscr. gr. 477. — 27 Sur une gemme, Leake, Morea, II, 80.
— 28 Pind. Olymp. VII.71. C'est par elle et Zeus Boulaios, que les Bouleutes athéniens
prêtent serment à leur entrée au Bouleutérion, où les deux divinités ont un hiéron
(Antiph. Dechor. 45, p. 146 ; Corp. inscr. att. 111,272, C83). — 29 A Sparte (Paus. 111,
13, 6). — 30 Sparte (Paus. III, 1 1, 9). — 3! a. Oftu; (Corp. inscr. ait. III, 323).
«ouver-
un tronc de vieil olivier24. Comme directrice du
nement, Athéna reçoit les noms de p«<x{Xet# ’ ;
àyTjffteoXtç21; comme conseillère des pouvoir!*
ceux de pouXcua28, à^odXtx 29, àyopaîa30; comme Lr-n’.'r 1CS’
du droit (Oljxtç)31, de l’hospitalité (Ç,vfc) 32 des s u, i 'enne
(*P"afc)« des tribunaux criminels
asiles où se réfugient les meurtriers en attendu t il
résultat des transactions avec la famille de h .'!!• °
(Athéna ’AXÉx) 3S. C’est pourquoi elle admet auprès d’efil
les divinités de la Poursuite et delà Vengeance, les Pr \
dèques36, les Euménides ou Arai31. C’est elle qui fonde 'Ji
Athènes l’Aréopage 38 et préside le tribunal ètù IlaXXaS.'.o 38
Elle interprète le droit criminel dans le sens le' plus I
humain et le plus philosophique, et proportionne le châ¬
timent à la responsabilité. Elle répudie les violences san¬
guinaires du droit archaïque, la vendetta et la foi <ju
talion. Le légendaire ’Aû-qvSç entraîna l’acquitte¬
ment d’Oreste40. Les figures 491, 492, 493 [areopagus]
représentent Athéna déposant son vote dans l’urne.
Comme cnraOuta, Athéna surveillait la justesse des poids
et mesures41. Elle présidait aussi, comme montai* à
Athènes42, comme àTcaxoupta à Trézène43, peut-être aussi
comme lirnTopyrriç 44 à Abdère, aux subdivisions inté¬
rieures du corps des citoyens. On la voit enfin invoquée
comme déesse fédérale par des groupes d’États et de
grandes ligues : comme ’Itwvïx, elle préside aux Parnbœo-
ties de Coronée43 ; comme riavayat;46 et ’AgaptVqelle est
à la tête de la Ligue achéenne.
7° Attributions intellectuelles . — Athéna est la déesse
de la raison, de la pensée, du savoir. Toutes les qualités
morales et intellectuelles qu’implique la protection d’une
grande cité sont réunies en elle. Déjà la divinité pru¬
dente de l’ Odyssée personnifie la pensée réfléchie, la cppd-
vTjtrtç, la Ttoôvotoc, la [ATjTtç. En intelligence, elle égale son
pière et surpasse les autres dieux, autant qu’Ulysse sur¬
passe les autres hommes48. Elle estla rcoXûêouXoç 49 et la
7roôvo'.a 60 : nous avons parlé de la légende qui lui donne
pour mère Métis : « Nous attribuons à Athéna, dit Aris¬
tote, la science et l’art51. » En effet, des arts mécaniques I
sa compétence s’étend à tous les arts en général, à la lit-l
térature, à la philosophie, à toutes les manifestations de
la pensée. Elle est comme une Muse encyclopédique.
Musicienne (lyxéXaSoç52, àiqSùjv 33, pog^uXta l4, ffâXitty, ^ )t
d’après la légende béotienne38, elle invente la flûte,
qu’elle enseigne à Apollon et dont elle accompagne a
danse pyrrhique51. Cependant la légende athénienne, au
- 32 Sparte, avec Zeus Xénies (Paus. I.I, 11, 8). - 33 A Delphes A. -*«£. dontle
sanctuaire, situé à l’entrée du téménos d'Apollon, a été dégagé par e ^ J3 c),
de l’École française d’Athènes (voir plus bas). 34 ’Aïttluoivo; a par e 1 31 ’Ac,ch
- 33 Voir plus loin. - 36 Au Tilphossion de Béolie. Vo.r Pusba3’ J
Eumen. 745 sq. _ 38 Sur l’Aréopage, colline des ”Ajat, vo.r
Athen. I, 428. _ 39 Suid. ’E.t n.XX.J.Vi Tkes. 7; Corp. ms ■ « *
- 40 Aesch. Eumen. 745 sq. ; Eurip. Elect. 12Go; Jph. Tauu ■ p
_ 41 Hesych. s. v. „«»*.. - 42 Avec Zeus Phr.lr.os, Plat. Euthy . P ^
- 43 Paus. H, 33, t. - 44 Hesych. a. «. Ahdêre était une colonie de ^ ^
population était divisée eu itûjyot (Corp. inscr. gr. >’ __ 4S Od. XIH>
- 46 Paus. VII, 20 , 2. -47 Le Bas-Foucart, Inscr du Pélop. M 5fl,
297. — 4J II. V , 260 ; XVIII, 311 ; Hesiod. Theog. 896 np Alhéna Pronoia à
1, 17, 55), à Prasiao (Bekkcr, Anecd. 299). La mention fusion avec l’Athéna
Delphes par certains textes littéraires repose sur un IV (VII), 1341 L
«?»»«« (Demosth. XXV, 34; Paus. X,8,6; Suid. s. v . . ‘ _1 52 Hesych. s. v.
21 ; cf. Plat. Cratyl. 407 A ; Paus. V’III, 36, 5 (Alh. Mêcbamt.s).^ ^ ^ ^
- 53 En Pamphylie, Hesych. s. v.; cf. la Minerva musica ^ Voir pIus haut.
XXXIV, 8, 19. - 34 Lycophr. 786; Schol. et Hesyc . s- »• ^ A Gell.
_ 36 Pind. Pyth. XII, 6-12 et Schol. Nonn. XX1\, 36. ,je mus. 1136 c;
Noct. att. XV, 17 ; Athen. XIV, 616 e. - 51 Connu. t . - , 96 „ . Aristid.
Athen. IV, 184 f; Schol. Pind. Pyth. II, «7 i cf. Plat. Leg.
I. 24.
MIN
— 1917 —
MIN
siècle, était toute différente. Par haine des Béotiens,
■uuateurs de flûte, les Athéniens racontaient qu’Athéna
'était dégoûtée de cet instrument, parce qu’il altérait sa
beauté, et l’avait re¬
jeté avec colère aux
pieds du satyre Mar-
syas l. Un groupe cé¬
lèbre de Myron, con¬
sacré sur l’Acropole 2 ,
représentait cet épi¬
sode, dont les bas-re¬
liefs, monnaies et
vases peints se sont
inspirés 3.
L’activité intellec¬
tuelle d’Athènes s’est
personnifiée dans la
déesse sculptée par
Phidias. La figure 5047
représente Athéna
écrivant sur un dipty¬
que ouvert, et portant
à ses lèvres le stv-
*J
let*. A l’époque hellénistique, notamment à Pergame,
Athéna est devenue la protectrice des poètes et de tous
les savants. Elle se mêle aux Muses ; son effigie préside
dans les Bibliothèques à toutes les formes du travail
intellectuel 3.
On attribuait aussi à Athéna la science des enchante¬
ments et la connaissance de l’avenir G.
Conclusion. — En résumé, la Pallas-Athéna classique
paraît résulter de la combinaison de deux divinités très
antiques préposées à la sauvegarde des cités primitives :
la Pallas, personnification des hommes d’armes, repré¬
sentée par les anciens Palladia debout et armée, et
l’Athéna Polias, personnification de l’acropole fortifiée,
où résidait la noblesse militaire, et figurée sous les traits
d’une déesse assise couverte de l’égide. Les rapports de
cette déesse avec les cours d'eau qui l’ont fait qualifier de
Tritogéneia, et avec le Poséidon Érechtheus, dieu des
eaux terrestres, s’expliquent par le fait qu’aucune acro¬
pole n’était habitable sans la proximité d’une source ou
dune rivière ; ces rapports sont symbolisés en plusieurs
endroits par le bain sacré de l’effigie divine dans la
rivière voisine1. Une fois opérée la fusion entre les per¬
sonnifications de la citadelle et de ses défenseurs, Pallas
Athéna devint la patronne (SécrTroiva) de la cité et de son
territoire, la déesse (tj 0 eô«) 8. C’est à Athènes que sa
figure s’est le mieux développée. Elle y est devenue la
personnification idéale de Loute la cité. Ses attributions
se sonL identifiées avec l’activité de la ville. Leur multi¬
plicité est à l’image de l’organisme complexe que la
déesse avait mission de protéger. Elle y est comme un
premier ministre réunissant sous sa compétence tous les
départements de l’État : conception essentiellement réa¬
liste, et qui atteste à quel point certains dieux grecs sont
créatures et reflets de l’humanité9.
IV. Principaux lieux du culte. — Thessalie. — L’un
des cultes les plus anciens d’Athéna était celui des Éoliens
delà Thessaliotide et delà Phthiotide ; son principal sanc¬
tuaire se trouvait près de la ville d'I-
ton ou Itonos, en Phthiotide, sur les
bords de la rivière Kouiçto;10 ou Kou-
pàXto;11, non loin du temple de Poséi¬
don Kouérios et de la ville de Coro-
née. La déesse portait le nom d'Itonia
ou Itonis, et aurait été une déesse
agricole, une crt T&a.dp&ç. si l’on accepte
l’assimilation ’Itwv =ffixu>v donnée par Étienne de By¬
zance12. Athéna Itonia portait aussi le surnom de
Poûôeta13. Elle était pour les
quasi fédérale qui les assis¬
tait pendant leurs expéditions
(fîg. 5048 et 5049] u.
Béotie. — Le culte d’Athéna
Itonia est aussi un des plus
vieux et des plus importants
de la Béotie. A en croire Stra-
bon15, suivi non sans raison
par la plupart des érudits
modernes, il y aurait été importé par les Béotiens de
la Phthiotide, chassés de Thessalie par l’invasion thes-
salienne après la guerre de Troie. On retrouve, en effet,
en Béotie la ville deCoronée, le fleuve Kouarios ou Kora-
lios16 et le temple d’Athéna Itonia17. D’après Gruppe, ces
rapports devraient être intervertis : c’est le sanctuaire
béotien, d’origine cadméenne lui-même, qui aurait été
le métropolitain. L’épithète d’Itonia serait phénicienne,
Fig. 5048. — Alliéna Itonia.
sur une monnaie de Co-
ronée (Thessalie).
Thessaliens une divinité
Fig. 5049. — Athéna Itonia sur une
monnaie de la confédération thes-
salienne.
1 Pol, IV (VII), 1340 a, 30; Flut. De cohib . ira. 456 sq. ; Hygin
Fab ■ 163 ! l'ropert. 111, 30, 17; Alyth. vat : I, 125; 11, 115; III, 10, 7; Fulgent. III,
9;Eurip. 1085; fferacl. 1, 40, 80 ; Apollod. I, 4, 2; Schol. Plat. Symp. 215 B;
Weslcrmann, Myth. gr. Append. 47, 1,2; Tzelz. Chil. I, 15 ; Ovid. Fast. VI, 690 ;
a aipli. 48. fous ces témoignages varient sur les circonstances et le théâtre de cet
épisode. -2 Plin. fiist. nat. XXXIV, 57 ; Paus. 1, 24, I. — 3 Beulé, Atonn. d'Ath.
Jl '°>iSybel, Athéna u. Alarsyas, Marburg, 1879; Hirschfeld, Athen. u. Mar-
*!/«*, 1872; Fougères, Bull, de corr. hell. XII, 1888, p. 110 et 112. Bibliographie
,/ ' ,-)vcl'beck, Gr. Plastilc. I, 208, et Roscher, Lexik. s. v. Alarsyas, p. 2448.
°! ShEtil el tibia. — 4 Lenormant et de Wilte, Élite céram. I, pl. i.xxvu.
I 219- Statue d’Athéna, réplique de l’Athéna de Phidias, trouvée
la Kran(le salle de la Bibliothèque de Porgaine, Conze, Sitsungsb. d. Berl.
! :"'1, * 260. — 6 a. Bà«avc{ (Nie. Dam. p. 309); v Or/mV à Teumessos de
,a;VUpiè9 ^ iulerprétation de Pausanias (IX, 19, 1), déesse de la magie; ernii'a
I . ' I hémios) à Érythrécs (Diltcnbergcr, Sylt .2, G00), c’est-à-dire la Réuéla-
Alliéna Tritogéneia avec un casque orné de crabes, Lenormant, Gaz.
^Ur *e *>a'n *a dallas au Phalèro, voir Corp inscr. att. Il,
~ 8 l’i 1' ^ 7 1 Cette cérémonie semble différente de celle des Plyntéries.
706 B ; ^ xap’ Kôpr] vat Afaxocva ; cf. Diuarch. C. Déni.
_ a j>l<n'0lV ’A9'|V® **>l Ztï SSxeç. Corp. inscr. att. I, 31, 1. 24 et 32, I. 34, etc.
COm * ",ls Pour mémoire l’interprétation totémique d’Athéna, considérée
' 1 11 dan des boucs (Robertson Smith, art. sacrifice dans 1 ’Encycl.
29 p"!"™’ 7 10 Slrab- IX, 5, I 4, p. 435. — H Strab. IX, 5, 17, p. 438 ; cf. IX, 2,
d" leniplè Giann°P°ulos {Bull. corr. hell. XVI, 1892, p. 473-478) situe les restes
s,n une bulle voisine du Xérias (Kouralios), près du village moderne de
Vf.
Karatzatagli. Il y avait en Hestiæotidc un autre Kouralios, affluent du Pénée, et
qui passait près de la ville de Pélinnæon. Le leste de Strabou (IX, 5. 17, p. 438)
présente une lacune. Voir à ce sujet Bursian, Geoyr. v. Griech. I, p. 52; Jahrb.
f. Philol. LXXIX, p. 234; Georgiadès, ©caaaVa, p. 56. O. Muller a supposé à tort
l’existence d’un troisième temple d’Athéna Itonia en Thessaliotide, près de Kiérion
et d’un quatrième enlre Larissa et Phères ( Dorier . Anhang.). Mais la Larissa visée
par Pausanias (I, 13, 2) est Larissa Crémaslé et non Larissa de Pélasgiolide. Donc
le temple en question n’est autre que celui dltonos. Mention des mois Kouralios et
Itonios sur des inscriptions de Pyrasos et d ltonos : Bull. corr. hell. XV, p. 5G3
et 568. — 12 S. v. ’l-niv. Diimmler ( Athéna , dans Tauly-Wissoiva, Beal-encycl. 112,
p. 1947) préfère avec raison !te»v = saussaie. — '3 Lycophr. Alex. 359 et Schol.
Eustath. In 11. XVI, 571, p. 1076 R et St. Byz. s. v. — 14 Paus. X, 1, 10, où sou
nom est donné comme mot d’ordre pendant la guerre contre les Phocéens. Sur
l’Acropole de Larissa, culte d’Athéna Polias, Cauer, Del.ï, 409 ; Uollilz-Bechlel
Dial, inschr. 1, 345. La figure 5048 reproduit une monnaie d’argent, de Coronée
avec la tête d’Athéna Itonia coiffée d’un casque à triple aigrette; la figure 5049 une
monnaie d’argent de la Confédération Ihessalienne avec la tête laurée d’Apollon et
Athéna Itonia. — 15 Strab. IX, 2, 29, p. 411. — 16 Aie. ap. Strab. L. c. ; Callim.
V, 64. — 17 D’après Paus. IX, 34, 1, le temple se trouvait entre Coronée et
Alalcoménai, après qu’on avait traversé le Phalaros en descendant du mont
Laphystion (cf. Plut. Ages. 19). Cet emplacement correspond au site actuel de
Mamoura, sur les bords de l’ancien Copaïs (Foucart, Bull. corr. hell. IX, 1885,
p. 427) où plusieurs décrets de la Confédération out été découverts (Corp. inscr.
gr. sept. 2859-2869; 'cf. 3426). ’a6. dans Keil, Syll. inscr. beot.,
p. IIS.
241
MIN
- 1918 —
MIN
el signifierait /'impérissable, pour désigner l’esprit qui
survit à la mort et révèle au croyant les secrets de
l’enfer 1 . D’après une indication, peut-être fautive, de
Strabon, une légende mystique rapprochait en Béotie
Athéna Itonia et Iladès 2, tandis que c’est Arès, d’après
les inscriptions, et Zeus, d'après Pausanias 3, qui s’asso¬
ciaient à la déesse. De Béotie, suivant Gruppe, le culte
d'Athéna Itonia se serait propagé de bonne heure dans
les colonies béotiennes, en Épire, en Thessalie, en Thrace,
en Lydie, à Amorgos, à Athènes 4. En tout cas, c’est
auprès du sanctuaire de Coronée que les Béotiens célé¬
braient, vers le mois d’octobre 3, la fête fédérale des
Pambœotia 6. La déesse belliqueuse (TtoXsgoBdx&i;) 7, pro¬
tectrice de la Ligue 8, recevait des tro¬
phées après la victoire (fig. 5050) 9. On
lui consacrait aussi des statues 10 *. De
plus, la légende officielle faisait d’itonos
un filsd’Amphictyon De l’amphictyonie
Fig. 5050. _ Athéna primitive naquit la Confédération béo-
itonia sur une tienne [boeoticum foedus, KOiNON].Le sanc¬
tuaire était probablement aussi un asile
amphictyonique.
Athéna Itonia absorba probablement un
ancien culte local, celui d’Iodama, sans doute personni¬
fication de quelque vieux Palladion en forme de bétyle,
dont la présence était expliquée plus tardpar une légende :
Iodama, prêtresse d’Athéna, ayant pénétré la nuit dans le
sanctuaire, villa déesse et fut pétrifiée à 1 aspect du Gor-
gonéion fixé à son chiton. De ce culte primitif subsista
l’usage de faire allumer par une prêtresse un feu quoti¬
dien sur l'autel d’Iodama, en prononçant trois fois la
formule rituelle : « Iodama vit et demande du feu »12. Le
cas d’Iodama présente beaucoup d’analogie avec celui
d’Hyakinthos à Âmyclées [hyakinthia] et de Lvcaon au
sur une
monnaie de la
confédération béo¬
tienne.
Lycée [lykaia]. Iodama semble bien être la divinité abori¬
gène supplantée par Athéna Itonia13 * *.
Non loin de là, à mi-chemin entre Coronée et Ilaliarte,
se trouvait un autre sanctuaire d’Athéna, peut-être plus
ancien encore, l’ Alalkotnénion, situé au pied du mont
Tilphossion, près de la source Tilphossa, et sur les bords
de la rivière Triton, affluent du lac Copaïs. La légende de
la naissance d’Athéna était localisée à cet endroit Une
autre légende, conforme à celle des Palladix
que le xoanon en ivoire de la déesse élail" tonT*01^1
ciel 16. On disait, aussi que Tirésias, dont le tombé" " • ^
proche16, était devenu aveugle pour avoir apn','' 'T
déesse au bain n, légende qui semble attester l’usaKe'r &
bain rituel de l’idole dans les eaux du Triton18 am t""
Portait l’épithète d’ ’AXaXxcpsvTjtç « celle qui repoussé"1
Il y a lieu de croire que, à l’origine, la déesse n’éfïl
autre, sous le nom d’Alalcoménia, que la personnification!
même du mont Tilphossion20, considéré comme une f0P
teresse naturelle commandant la route d’Orchomène l\
Thèbes*1. Il y avait aussi sur la pente du Tilphossion un
sanctuaire à ciel ouvert des Praxidiques22 (dont une!
appelée Alalcoménia)23, de même qu’à Athènes les Eumé¬
nides s’installèrent sur l’Aréopage, rocher attenant à
l'Acropole25-. Alalcoménia, personnification locale de la
forteresse du Tilphossion, puis Praxidique, se combina
avec Athéna sous le nom d’Athéna Alalcoménéis, et
imposa à cette déesse une part de sa personnalité de Jus-
ticière. Le sanctuaire d’Athéna Alalcoménéis était un
asile inviolable23. Les Minyens de Béotie transportèrent
le culte d’Alalcoménia en Arcadie26, et celui d’Athéna, née
du Triton, en Libye 27.
A Thèbes, le culte d’Athéna Onka (’'Oyxa28, ’OyxatTj29*
"Oyya30) était lié à la légende de Cadmos. D’après Eschyle31,
le sanctuaire était voisin d’une porte de la ville, proba¬
blement la porte ogygienne32. C’est là que Cadmos aurait
sacri fié à Athéna la vache qui l’avait guidé 33 . D’après Pau¬
sanias, la déesse possédait, en un endroit non déterminé,
un autel et une statue en plein air35. Les auteurs anciens35
s’accordent à attribuer à Onga ou Onka une étymologie
phénicienne ; mais les savants modernes, qui les ont
suivis36, n’ont pas encore pu la découvrir 31. Athéna était
encore adorée à Thèbes sous le nom de Çaxrrqfia !8.
Attique. — L’Attique subit très anciennement l’in¬
fluence mythologique de la Béotie et de 1 Eubée 3 . Si 1 on
ne peut affirmer que le culte d’Athéna ait été introduit
en Attique par l’intermédiaire de la Béotie, il est avéré?
que les légendes des deux pays se combinèrent de bonne
heure40. Dans certains dèmes altiques, le culte de la
déesse était très ancien et, semble-t-il, indépendant
celui de la capitale : au sommet du Pentélique , et t ans
l Cf. en Crète Itonos, Itané. Gruppe, Griech. Myth. p. 77. — 2 Foucart (Bull
corr. hell. IX, 1885, p. 432) propose de corriger 'AïSik en "Aç^ç, d'après les inscrip¬
tions agonistiques des Pambœotia. — 3 IX, 34, 1. 4 Bull. corr. hell. Mil,
1884, p. 450; XV, 1891, p. 590; Corp. inscr. att. I, 210, 12. — 5 Latiscliew,
Festzeit d. Pamboeotien, Ath. Mitth. VIII, 1882, p. 31-39. — c Strab. et Paus.
L. c.\ Plut. Am. narr. 4.-7 Alcée, Fr, 9. — 8 A l'époque impériale, du moins,
c'est le *«vov qui désigne la prêtresse (Corp. inscr. gr. sept. 3426). — 9 Polyaen.
VU, 73. I,a figure 5050 reproduit un bronze de la Confédération béotienne :
Atliéna Itonia en Niké armée de la foudre. — 10 Liv. XXX\ I, 20, 3. 11 Paus.
[X 34 j _ 12 Paus. IX, 34, i. — 13 Ce que confirme une autre version rap¬
portée par Tzetzès, Lyk. 355 et 1200 : Iodama, fille d’itonos ou sœur d’Atliéna,
engage avec celle-ci un combat singulier où elle est tuée par Athéna ; cf.
Étym. magn. ’Ixcvîs, et flead. Hist. num. 292 R (monnaies de Coronée). — 14 Strab.
IX, 413; Paus. IX, 33, 5; Schol. 11. IV, 8. — ^ Aristid. Panath. p. 320.
— 16 Paus. IX. 33, 1. — 17 Pherecyd. ap. Apollod. III, 70; Callim. V, 57-130.
— 18 Rückert, Dienst d. Athen. p. 64; cf. Plut. De Daedal. fr. 4; Paus. IX, 3, 2-3.
— 19 II. IV, 8. — 20 Autochtonie d'Alalcoméneus, Paus. IX, 33, 5 ; Plut. De daed.
6 ; cf. fragments lyriques dans Bergk, Poet. lyr. fr . adesp. 83, 3, et Schol. Eurip.
Plioen. 159. — 21 Fougères, AJantinée, p. 271. Le Tilphossion s identifie avec la
butte aujourd'hui appelée Pétra. — 22 Strab. et Paus. L. c. - 33 Suid. et Phot.
s. ». — 24 Voir plus haut. — 23 Strab. IX, 2, 36. Sur le site, Leake,
North. Greece, II, p. 235. — 2« Paus. VIII, 12, 4; cf. Érinys Tilphossa en Arcadie,
Bérard, Cultes arcad. p. 140 ; Gruppe, Griecli. Myth. p. 200 ; Fougères, Alantinee,
P 271 sq. — 27 Herod. IV, 180. — 28 Aescli. Sept. 164, 487, 501 ; Euphor. Fr. 22;
Antim. Fr. 33; Anal. Alex. p. 57. — 29 Nonn. Dion. V, 15; 44, 39; 45, 69.
_ 30 paus. IX, 12, 2; Hesycli. s. v. — 3i Sept. 486, 601. — 32 Hesych. L. c. ; cf.
Fabricius, Tlieben. p. 28; Frazer, Paus. V, p. 49 ; Bethe, Theban. Heldenlied. 85;
el, Phil. Jahresb. suppl. XI, 1880, p. 690. 33 Schol. Ac^ch. ’ p J
. Eurip. Phen. 1062 ; Apollod. II., 4, 1. Il y aurait eu ,U Le
i (Schol. Pind. Ol. 11,48; Tzetzès, Schol. Lycophr ° qvrvanoglu]
sentation du sacrifice de Cadmus sur un vase pc d 1 ^ doraptcrlc
. Zeit. 1865, p. 68-70, pl. cxcix, 3). Athéna conseï e fr> 8;Cf.
n elles Spartes (Eurip. Phen. 061; Hellamc. ap. Sf |a Iierre avec
Theban. Heldenlied. p. 161, 36). Athéna donnant a C J
lie il doit tuer le dragon, sur une coupe attique d^ * c.;Schol(
. Ges. d. Wiss. 1875, pl. m). - 34 Paus. IX, 12 S. 10M;Sf. Byz.
Ol. II, 44; Schol. Acsch. Sept. 473; Schol. Eui p- Syriis f- 295i
•Oyxarou. - 3« Movers, Phoen. p. 642-650 ; Selden, e J Bérard,
y, Hist. desrelig. I, p. 97; Lewy, Semit. e ’ J"1896s ,p. 394. Rappro-
’s arcad. p. 140; Ph. Berger, Rev. des Deitx . on , The|’usa eù Arcadie
entsavec l'Onkéion, l’Onchos et l'Apollon Oncliéa a l[l()ka de Chypre
,. VIII, 24, 4 sq.; Immcrwahr. Fuite Arkad. p. h ^ p. 200).;
mann, Griech. Dial. I, p. 56, n» 100; Gruppe, ./ 1( t9*; Rückert,
Étymologies grecques h*°'A0- Mu ®T’ ' , Ambrosia, P- 9‘H
if d. Athen. p. 70), (Boscher Nektar undA ^ ^ ,38j
rochement avec ’Oy/.r,(zr°ç (Wilamowitz- 6 cm o > pag01.a de Thèbes,
Paus. IX, 17, 3. Mention de deux temples de a ^ Lycophr. 520)
. Oed. r. 20. Le culte béotien d’Athéna P»«9t““ 'sso9 original
pas localisé. Sur le culte d’Athéna Telchinia a ^ de de Cécrop|
is, voir plus haut. - 33 Gruppe, Gr Myth. P- q cn Attique (A«« '•
otie (Str. IX, 2, 18, p. 407 ; Paus. IX, 33 I) of __ „ paus. |, Si, ■
ist.gr. 1, 10.2, 14; Phi.och .Ibid. 385, 8 i f a“ J* ^ jans le mythe de lAu-
ia, considérée comme déesse des collines c e d’Hépliaistos.
nos qu'elle aurait laissé tomber en fuyant la poursuite
1919 —
MIN
MIN
de Pallène, par exemple Il était, d’ailleurs,
" |u slir tout le territoire, comme l’attestent la
i ,in svnœcisme religieux et politique attribué à
Thésée et le nom meme d Athènes 2.
iléesse guerrière des Palladia prit possession de
Mcropole appelée Cécropia ; elle s’y identifia avec la divi
1 V ïoliade, protectrice de l’olivier, et qui avait pour sym-
111 1 , la chouette, l’oiseau vigilant qui niche dans les
"•lins des rochers et des vieux remparts. Elle déposséda
la personnification indigène de l’Acropole, Kékrops 1
[cecrops, cecropides]; à la fois comme déesse de la cita¬
delle et comme protectrice de l’olivier, elle devait entrer
en relations avec le dieu des eaux locales, ehechthees.
absorbé lui-même plus tard par le Poséidon venu d Eleusis
ou de Calaurie. La légende racontait de différentes façons
la fameuse dispute entre Poséidon et Athéna. Tous deux
prétendaient à la possession de l’Attique ; pour affirmer
leurs droits respectifs, Poséidon, d’un coup de trident,
Fig. 5051. — Dispute d Athéna et de Poséidon.
fit jaillir une source d’eau salée au sommet du rocher, et
Athéna, plantant sa lance, fit pousser un olivier4. Cet
épisode, sujet du fronton Est du Parthénon B, est repré¬
senté par la figure 5051, d’après une hydrie à reliefs de
Kertcli, du ivc-mc siècle, qui semble inspirée de la partie
centrale de la composition de Phidias 6 [Cf. neptunus].
L’association d’IIéphaistos à Athéna 1 s’explique, à
Athènes, par des raisons plutôt politiques que mythiques.
Le culte d’Héphaistos transmis à Athènes par la voie de
Chalcis 8, était particulier à la classe des artisans, habi¬
tants de la basse ville. Les progrès de cette classe et de
la démocratie amenèrent une fusion avec le culte eupa-
tridique de la haute ville : la fête des chalkeia fut le
symbole de cette fusion, La légende fut remaniée dans
le même sens. Peut-être faut-il chercher dans le mythe
delà poursuite d’Athéna par Héphaistos eide son dénoue¬
ment aussi répugnant que ridicule 9, une intention sati-
ri(Iue 'La mythologie, qui est en grande partie le pro-
^ lluod. I, f,2; Eui'ip. Beracl. 8 4-9, 1031. — 2 II est vrai que certains
. '«existes considèrent ’A8ijvai non comme un pluriel primitif, mais comme
au s'ngulier (Grasberger, Griech. Ortsnam. p. 147). — 3 Le sens attri-
ls i "s au nom de Kékrops est confirmé par la parenté du héros,
j " M"icesseur d”AüTaîoç, et à qui succède Kçavdoç. (Apollod. III, 14, 11 ; Paus. I,
lanliil | * J'P°dod' ai, 177 ; Hygin. f. 164. Tantôt c’est Cécrops, tantôt Zeus,
H | assemolée des dieux qui sont donnés comme juges de la querelle ; cf. Suid.
lull ' v] Aii; Aiô; Oàxoï. D’après le Schol. d’Euripide, Hipp. 974, la
Stenl,aC'8erait produite eulre Arès ct Athéna. — 6 Pans. I, 24, 4. — B D’après
[i0scjj "’ J omptes rendus, 1872, pl. i. A droite Cécrops et Amphilrite (?), derrière
tourn S dauPhins et le cheval qui symbolisent la source; eu haut Niké
scèuc , Uls Athéna, à gauche Dionysos-Iacchos ct en haut Pandrose (?). Même
1„, pl S x* ln relief <Je Sm5'nic> A</(. Mit h. 1882, pl. i; cf. de Witte, Élite céram.
f’ele, '"’XXXVI a ; Monum. gr. IV, 187G, 13-22, et la discussion entre Robert et
48-58 ' XVI> 1881’ G°-87l XV11. 1882, P- 124-133 ; Atli. Mith. VII, 1882,
Üutnisin Ul' V, 1883, 42-51. Monnaies d'Athènes, Imhoof-Blumer ct Gardner,
comment. on Pausan. AA. II, 14, 13. — 1 Autel d’Hépliaistos à
duit d’une ère sacerdotale et aristocratique, n’est pas
indulgente pour le dieu plébéien qu’elle bafoue à plaisir.
A Athéna Polias s’associait aussi, sur l’Acropole, Zeus
Polieus [dipoleia] 10 et Zeus Herkeios 11 .
Le plateau de l’Acropole était tout entier consacré à
Athéna [acropolis]. Primitivement, le sanctuaire de la
déesse s’identifiait avec le palais d'Érechthée, c’est-à-dire
que le temple d’Athéna Polias et celui d’Érechthée-
Poseidon ne faisaient qu’un 12. Dans ce téménosdes deux
divinités eruvvaot13, situé au nord du plateau, on mon¬
trait les signes (gaoTupta) qu'elles avaient produits comme
leurs titres de propriété sur ce terrain sacré : la OaXassa
’Eps/ôt-qç u, les marques du trident dé Poséidon dans le
roc 15 et le premier olivier 16.
Quelques restes du palais d’Érechthée, c’est-à-dire du
double temple primitif d’Athéna et d'Érechthée, ont été
retrouvés sous les substructions de l’Hécatompédon et
de l’Érechtheion ultérieurs11. Ces restes répondent au
l’Érechtheion (Paus. I, 20, 5). Peut-être, comme le suppose Gruppe (Gr. Myth. p. 27),
l'union des deux cultes a-t-elle eu lieu après que les nouveaux citoyens eurent
obtenu le droit de mariage avec les anciens ylw,. — 8 Schol. ap. Euslalh. B. 350 :
Plut. Thés. 27; Gruppe, Gr. Myth. p. 18 et 28. — 9 Harpocr. s. u. Aùto^ove; ; cf.
Ilavafl^vata ;Eurip. /on. 268, fr. 925; Apollod. II, 14, 6; Schol. 11. B. 547; Hygin.
Astr. Il, 13; Fab. 166 ; Serv. Ad Georg. 111, 113; Callim. Hekale. — 10 Inscr.
Lolling, AeItîov, VI, 1890, p. 143; Steugel, Berm. XXV1I1, 1893, p. 489-500 ; Paus,
I, 24, 4. Au Piree, culte d’Athéna Sôteira et Zeus Sôler (Paus. I, 1, 3; Slrab. IX
1, 15, p. 395; Corp. inscr. ait. 111,281). — 11 Philoch. Fragm. hist. gr. I,
408, 146, ap. Dion. liai. Dein. 3. — 12 11. R, 547 sq. ; Od. Vil, 81 ; Acscli. Eumen.
855. — 13 Inscr. gr. sept, insul. 1389, II, 30; Plut. Qu. symp. 9, 6; Herod. VIII,
55; Apollod. 111, 196; V, 82. — H Herod. VIII, 55; Paus. I, 24, 3; 20, 5; Apollod;
III, 178. — 13 Paus. 1, 20,5; Slrab. IX, p. 396. — 16 -a™, HeSycli’
a. Paus. I, 27, i ; Dion. Hal. XIV, 2; Hyg. Fab. 104. Voir les textes
dans iahn ct Michaelis, Arx Athen. (1901), p. 71. — 17 Michaelis, Jahrb.
d. k. Instit. 1902. p. 3; cf. Iahn et Michaelis, Arx Athen. 3, tab. 1(1, 22
23.
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— 1920 —
MIN
Tîuxtvô; oôjxoç ’Epe/0T,o; de V Odyssée, au 7mov vt,oc; de
l'Iliade, à l'’Epey0éoç v^ôç d’Hérodote 1 et à l’àp/aîoç vsw;
des textes et des inscriptions 2. Là se trouvait l’àp/aïov
ayaX[j.a, ’éSoç ou £ôavov d'Athéna Polias, en bois d’olivier,
qu’on attribuait à Érichlhonios 3, et qui joua un rôle
pendant la conjuration de Cylon, vers 632 *. Le vieux
sanctuaire était devenu insuffisant, par suite de l’ex¬
tension du culte d’Athéna Polias et de la fête des Pana¬
thénées au vi° siècle 5. Dans la première moitié du
vie siècle, vers 560, sous Pisistrate, fut construit à quelques
mètres au sud un nouveau temple en tuf in antis, àdouble
cella, et dont les frontons en pierre tendre peinte repré¬
sentaient à l'ouest le combat d’Hercule contre Triton
devant le monstre Typhon c, et à l’est Athéna et Zeus
entre deux serpents, sculptures découvertes en 1882
et 1886. C'est l'édifice désigné sous le nom d Hécatom-
pédon 7, à cause de sa longueur qui était en tout de
105 3/4 pieds éginétiques sur 41 de large (34 m. 70 sur
13 m. 45) s. Cet édifice, devenu lui-même trop petit, fut
agrandi par l'adjonction d’une colonnade dorique exté¬
rieure qui le convertit en temple périptère, dans les
dernières années du vie siècle, à la fin de la domination
des Pisistratides ou dans les premières années de la
démocratie9. Ces deux édifices, l’àpyaïo; veak et P'Exa-
Topt-TtsSov du vie siècle, furent pillés et incendiés par les
Perses en 480 l0, et partiellement restaurés ; l’Hécatom-
pédon, privé de son portique 11 et réduit à la double cella
primitive, subsista jusqu’en 406, année où il fut défini¬
tivement détruit par un incendie 12. Mais ces restaurations
n’étaient que provisoires, destinées à assurer la conti¬
nuité du culte en attendant l’achèvement des construc¬
tions nouvelles dont le projet fut ébauché dès la recon¬
stitution de la puissance athénienne. Un premier projet
de construction d'un llécatompédon nouveau et plus
vaste sur un stéréobate artificiel aménagé au sud de
l'Hécatompédon de Pisistrate, fut en partie exécuté entre
479 et 467 13, puis interrompu. Périclès fit reprendre les
travaux sur un plan nouveau ; la consln.Hi
thénon d’Ictinos commença en 447'*. En ,1 ‘ fn du Par-
place la statue chryséléphantine d’Athén-,’ ',L11.niae en
Phidias [Voir plus bas]. En 435, le gros 1 ° las Par
miné, l’opisthodome employé à la conservation Tl ^
public : dès 434, commencent les inventaires des t ésol
déposés dans les autres parties de l’édifice p *
Hécatompédos Néos et Parthénon 13 Les f™\ IOn°0s’
eu tels sous la direction de Phidias. représentaTi f6'
la naissance d’Athéna, à l’ouest la dispute d’Athéné?
Posetdon - Le nom traditionnel deParthéno,,.. pas*î
1 ed, ,ce a la deesse, parfois désignée sous le nom d’Atw!
Par henos ep.thètequi n'était pas une épithète de culte”
1 Athéna de Phidias étant une Athéna Polias Quant ’
1 ocpxato; vsok, ou temple double d’Érechthée et d’Athén J
il fut reédifié en marbre après la paix de Nicias, de 420
a 447 l9. Interrompue par la guerre de Sicile,’ reprise
en 409 20, la construction fut terminée vers 408. L’incendie
qui consuma en 406 l’ancien llécatompédon voisin lui
causa quelques dommages qui furent réparés en 395 21
L’édifice comprenait une double cella, l’une à l’est, con¬
sacrée à Athéna Polias, et renfermant l’àp/aîov iya),^22
de la déesse et le candélabre de Kallimachos23 ; l’autre à
l’ouest, consacrée à Poseidon-Érechthée, d’où le nom
traditionnel d’Érechtheion donné à l’édifice tout entier n,
que les inscriptions attiques désignent sous le nom de
o vsoiç ô àp^atoç ty|Ç ’A9'/]vaç T-fjç üoXtxSoç 2S, ou simplement
b vswç ttjç rioÀtâSoç26. Le téménos d’Érechthée renfermait
les autels d’Érechthée, de Boutés et d’Héphaistos 27 ; une
citerne représentant la 0-/Xoc7Cf« ’ Epsy 0-q tç, avec un puits28;
un portique adjacent, au nord, abritait l’empreinte du
trident de Poséidon 29 et les trous qu’il avait creusés dans
le roc 30. Contigus à l’Érechtheion, du côté ouest, étaient
le Cécropion et le Pandroscion . avec l’olivier sacré31.
Il y avait aussi, sur l’Acropole, d’autres statues, autels
et sanctuaires d’Athéna : statues d’Athéna Hygieia, l’une
consacrée probablement après la peste de 430 32 et exé-
1 Voir p. 1919, note ii. — 2 Schol. Aristoph. Lys. 273 ; Slrab. IX, p. 396 ; Corp.
inscr. ait. I, 93, C. ; 323 ; II, 650, 672,758,751 ; II, 464,733 ; IV, 1, J c, 25-20 (Ditlenber-
ger, Syll.%, 646; ; cf. lalin el Michaelis, Arx Athen. p. 65 et 66. — 3 Apollod. 111,189.
_ 4 Herod. V, 71; Tliuc. I, 126; Plut. Sol. 12. La fondation du sanctuaire était
attribuée àÉrichtbonios (Eratosth. ap. Hygin. Astr. 2, 13). C'était un adyton inter¬
dit aux üoriens (Herod. V, 72). — “ Vers 566/5, sous l'archonte Hippocleidcs,
furent institués les concours panathénaïques (Pberecyd. ap. Marcel!. Vit. Tluic. 3).
_ 6 Léchât, Au Musée de l’Acrop. d’Ath. 1903, p. 145; Wiegand el Schradcr,
Arch. Anzeio. 1899, p. 135; 1901, p. 100; Micliaelis, Jahrb. d. k. Inst. 1902, p. 5.
Sur les frontons eux-mômes, voir Léchât, Op. I. p. 36 sq. — 7 ’EgaTo^eSov ou
ixct-cop-sSoi; veo'î, Corp. inscr. att. IV, 1, 19; Hesych. s. v. *Ex'i-.ô;,-£So; vin;; cf.
Michaelis, Jahrb. 1902, p. 3. Cet édifice répond au puye cçov d’Hérodote (VIII, 53 ;
V, '77) et au icaXouô; t»;; ’ASx.vï; vul; de Xénophon, Hell. 1, 6, 1. Le terme
d’IIécatompédon fut transféré ensuite au Parthénon (voir plus bas). — 8 Voir les
plans et restaurations par Dôrpfeld dans Atli. Mith. 1886, p. 337, et Antik. Denkm.
1, 1 ; lahn el Michaelis, Arx Athen. pl. îv et v, et Jahrb. 1902, p. 2. — 9 Michaelis,
Jahrb. 1902, p. 4 et 5, avec une figure de Wiegand montrant le rapport entre les
deux états successifs de l’édifice; cf. lalin et Michaelis, Arx Athen. pl. îv. Les
frontons agrandis reçurent de nouvelles sculplurcs en marbre, représentant une
Gigantomachic (Studnizka, Ath. Mith. 1886, p. 185 ; Schradcr, Ibid. 1897, p. 59 sq. ;
Furlwangler, Meisterw. p. 158). Sur les fragments architectoniques, voir Wiegand,
Arch. Anzeig. 1899, p. 135 ; 1901, p. 100, et Antik. Denkm. I, 50; cf. Brückner,
Ath. Mith. 1890, p. 124 ; Michaelis, A Itattische Kunst. p. 16. Un travail d’ensemble de
Wiegand et Schradcr sur les édifices de l’Acropole antérieurs au v' siècle et sur les
sculptures qui les décoraient doit paraîlre prochainement (Léchât, Au Musée de l'Acr.
p. 144). C’est probablement sous les galeries de ce périptère qu’étaient exposées les
statues votives d'ancien style, en marbre rehaussé de peinture [elles représentent des
jeunes femmes (nop-xi), non des Alliénas], trouvées dans les déblais de l'Acropole (Voir
l.echat, Ibid. p. 147 sq.). — 10 Herod. VIII, 51-54. — U Les débris en furent employés
dans la construction du mur nord de l'Acropole (Curtius, Stadtgesch. v on Athen,
p. 125, 126, 147 ; lahn el Michaelis, Arx Athen. pl. xiv-xv). — 12Xen. Hetlen. I, 6, 1.
— 13 Epil. hist. att. ( Papxjr . argentor. Cor. 84), éd; Keil, p. 78 sq. et 116 sq.
Les tambours des colonnes encore non cannelés furent employés à la construction
du mur de Cimon conlinué par Périclès (lahn et Michaelis, Arx Ath. pl. xv, fig. 4).
dans de ce Proto-Parthénon par Dôrpfeld, Athen. Mitth. 1892, p. 158 sq. (lalm
t Michaelis, Ara Ath. pl. vin, 1). Le trésor de la Confédération attico-déliennc,
ransporté sur l’Acropole en 450, dut être déposé dans la partie occidentale de
ancien llécatompédon ( Epit . hist. attic. Papyr. argentor. Keil, p. 116 sq-'.
-U Foucart, Bull. corr. hell. XIII, 1889, p. 176; Keil, Papyr. argentor. p. 108;
lichaelis, Jahrb. 1902, p. 12. — 15 Ussing, Parf/iennn, 1849 ; Michaelis, Der Par-
lienon ; Magne, Le Parthénon. Plans dans Dôrpfeld, Ath. Mitth. 1881, pl. xn,
. 283; lahn et Michaelis, Arx Ath. pl. ix-xm. Sur les noms des diverses parties,
oir les textes : Ibid. p. 53 sq. L’Hécatompédos Néos était la cella proprement dite,
vcc la statue de Phidias; le Parthénon renfermait les jarres contenant les
éserves en numéraire; l’opisthodome servait à la comptabilité et à la 1 1 1 ification
u trésor par les commissaires (xa^at) nommés à cct effet (Michaelis, Jahib. j
nst. 1902, p. 24 sq.). — ™ Michaelis, Parthénon ; Petersen, Kunst d. Phci tas*
- 17 Lapièce ainsi désignée le fut sans doute àl instar d un compartiment de I u ^
lécatompédon, où se tenaient les Errhéphores. Schol. Demosth 13, 1^ ’
1, 10; X, 34, 8. —18 11 paraît sur une dédicace privée du v' s. accompagna»
ne œuvre de Critios et de Nésiotès. C. i. att. I, 374; cf. I, 51. Aiistop^ ^
70; Phidippid. ap. Plut. Demetr. 26; Schol. Aristid. III, P- 637 D >; Greg. •
W I, 2, 10, 864. -.9 Michaelis, Ath. Mitth. 1889, p. 363,
Jeisterwerke, p. 1 92 sq. — 20 Sur la proposition d Epigénès, sous a _ ^ y
architecte Pliiloclès. Corp. inscr. att. I, 60, 282, 321, 322, 324, ^ ^
tell. I, 6, 1 ; Corp. inscr. ait. II, 829; Michaelis, Jahrb. 1902, p. - • .,h
nscr. att. I, 322. _ » Pans. I, 26, 6; Slrab. IX, 396 ; lahn et M.chaehs
. 69. — 24 Pans. I, 26, 4; lalin et Michaelis, Arx Ath. p. 65. J ' h
tt. II, 464; cf. Strah. IX, p. 396. — 20 Corp. inscr. att. IV, I i j 'g 4;
- 27 Pans. I, 26, 4. - 23 Apollod. III, 178. - 29 T,..f«n
trab. 9, 396; Nilsson. Journ. hell. stud. XXI, 1901, p. • pr!.rhtheion>
ahrb. 1902, p. 19 et 82; Peters. IKd. P- 62; cf. f’erSuss°"’ “s Michac-lis, le
880; lalin et Michaelis, Arx Athen. pl. xx-xxix. — ■” iota. f 322
ortique dit des Caryatides (vj icpovraff i; toi Kexpoiuy» ^ |902, p-
. 5 G ot 83) servait seulement à couvrir un escalier d enlree ( a n - ^ans
iur l’olivier sacré, Herod. VIII, 55; Paus. I, 27, -, ct cs yjst. nat.
ihn et Michaelis, Arx Athen. p. 71. 32 Plut. Perte .
:xil, 17, 20.
MIN
— 1021
MIN
! , |,ar Pyrrhos 1 [iiygieia, p. 3241; slatue colossale
^''bronze d’Athéna Polias, vulgairemant appelée Pro-
tnach°s
lindia :
et exécutée par Phidias; une Athéna dite
et une autre dite Lemnia, œuvre de Phidias,
, ]es clérouques de Lemnos 4. Le petit temple
n le rit
„e connu sous le nom de temple de la Victoire
" .i[ip (qait, en réalité, un temple d’Athéna Nike3,
onstriiit par Callicratès, architecte entrepreneur
lu Parthénon, d’après un décret du milieu du
ve siècle 6.
Ou a cru longtemps, d’après Pausanias7, à l’existence,
. l’Acropole, d’un téménos d’Athéna Ergané. Il est
reconnu aujourd’hui que ce téménôs n’a jamais existé.
gn somme, c’est surtout comme Polias, Iiygieia et Niké
qu’Athéna était adorée sur l’Acropole.
l u tribunal criminel Itù riaXAxoùo qui siégeait au sud
de l’Acropole 8, atteste la présence, dans la basse ville,
d’un culte très ancien que les chroniques attiques fai¬
saient remonter à l’introduction du Palladion troyen 9,
et qui était héréditaire dans la famille des Bouzygides ,0.
'Nous avons cité en leur place les légendes attiques
d’Athéna. Pour les détails du culte et des fêtes, nous
renvoyons le lecteur aux articles spéciaux déjà signalés.
Mégaride. — Sur l’acropole de Mégare, Athéna avait
trois temples, comme Polias , Niké et Aiantis u. Ce
dernier culLe et celui d’Athéna Aithyia 12 sont en rapport
avec ceux d’Ajax et d’Athéna Skiras à Salamine, qui
dépendait primitivement de Mégare13.
Phocide. — En Phocide, Athéna était adorée à Delphes
comme rioovatV4 et comme fxpyâvx (Ergané) 1B, à Daulis l0,
àÉlatéecomme Kpxvata n. En Locride, Amphissa possédait
un Palladion rapporté, disait-on, de Troie18.
Péloponnèse. — Dans le Péloponnèse, en Argolide, à
Trézè.ne, le culte d’Athéna Polias ou Sthénias et de
Poséidon Basileus et la légende d’une querelle des deux
divinités pour la possession du territoire 19, ainsi que
le culte d’Athéna Apatouria , à qui les jeunes filles con¬
sacraient leur ceinture avant de se marier 20, sont des
emprunts faits àl’Attique. A Hermione, elle voisinait avec
Poséidon et s’appelait IIpoii.â/opp.a 21 ; à Épidaure, on la
connaissait comme Kenraia22, Polias 23, KaXXt'epyo; (Erga¬
né)21, ikot/Eto- (qui range les troupes)23, ’Ap/^yÉT-.? 2fl ;
comme 'Yyûtx 27, elle se trouvait en rapport avec les
dieux guérisseurs ; on l’invoquaitencore comme ’Avpoçuç
( Promachos )28, Ifypala29, Oxyderka 30 ; à Argos, comme
SxX7tiy; 31 , ITavia 32 (ou Kairaveia?)33, ’0l;u8epxr1ç 34, Axpta 3o).
On célébrait le rite du bain sacré du Palladion d’Athéna
Oxyderka30 et du bouclier de Diomède dans l’Inachos; les
hommes en étaient exclus. Citons, à Lerne, Athéna Xxîtiç 3 ' .
A Corinthe, Athéna XaXivt-riç est en rapport avec Belléro-
phon 38, et l’énigmatique Athéna 'EXXwti; ou 'EXXwxta30
avec l’Europe crétoise, et peut-être quelque divinité sé¬
mitique [hellotia] 40.
En Arcadie41, Athéna Aléa occupe une place impor¬
tante à Aléa42, Mantinée43, Tégée44, d’où elle passa en
Laconie par Thérapné ls. Le temple de Tégée, dont la
fondation était attribuée à Aléos 4li, semble avoir supplanté
Je sanctuaire primitif d’Aléa et être devenu le centre
d’une amphictyonie, avec hiéromnémons, trésor amphic-
tyonique et panégyrie régionale 47. La fête des aleaia se
célébrait à Tégée dans un stade voisin du temple; on a
voulu l’identifier avec les halotu = uellotia. Le sanc¬
tuaire donna asile à d’illustres fugitifs de Sparte et
d’ Argos48. Le double sens du mot àXéoc (refuge, chaleur)
permit d’attribuer aussi à l’ancienne déesse arcadienne
de l’Asile, Aléa, absorbée par Athéna, un caractère
solaire49. On en lit aussi une déesse de l’accouchement.
Elle absorba, à ce double titre, une autre divinité locale,
qui devint son hyposlase avec le titre de prêtresse, Augé,
mère de Télèphe, désignée sous le nom caractéristique
de Auyq èv yovxscv 50. L’ancien temple, brûlé en 393, fut
reconstruit en marbre et décoré de sculptures par Scopas :
c’était un des plus beaux du Péloponnèse31. L’idole,
œuvre d’Endoios, sauvée de l’incendie, fut trans¬
portée à Rome par Auguste, et remplacée par un xoa-
non d’Athéna Hippia, enlevé au bourg des Manthyréens,
1 Pans. I, 23, 4; Corp. inscr. att. II, 163; IV, p. 154; lalin et Micliaelis,
0. 1. p. 47, pl. xwvm, 2, 1 ; cf. Bohn et Wolters, Ath. Mitth. 1880, p. 331 ; 1891,
p. 136. — 2 Paus. I, 28, 2; lalin et Micliaelis, O. I. p. 76; Schol. Hem. XXII, 13;
Furhvhnglcr, Meisterw. p. 46 sq. — 3 Cedrenus. Hist. comp. I, p. 565; Constant.
KM. [Rev. des ét. gr. 1896, p. 41, n. 153|; lalin et Micliaelis, O. I. p. 77.
— 1 Paus. 1, 28, 2; lalin et Micliaelis, Ibid. p. 78, pl. xxxvu, 11. Sur la reconsti¬
tution Ho Furtwiingler, voir plus bas. — 8 Paus. I, 22, 4; V, 26, 6; 111, 15, 7;
Harpoor. N!x»j ’Aîr.vi ; Demoslli. XXIV, 121 ; Corp. inscr. att. IV2, 198 c et 371 é;
à lu ; 111, 059. — 0 1897, pl. xi. Les sculptures de la balustrade
sont postérieures. — ' 1, 24, 3 ; Diirpfcld, Ath. Afith. XIX, 1889, p. 304. Robert
[Semés , XXII, p. 135) soutient que, pour les Athéniens, Athéna Ergané s’identifie
9,oc Athéna Polias. Dédicaces à Athéna Ergané ou Ergoponos : C. i. att. Il,
t'tLt, 1428, etc.; III, 217, 1330; IV, 373 ; lalin et Micliaelis, Arx Athen. p. 123.
— nul. Thés. 27. — 9 Kleidemos, fr. 12 et Phanodemos, fr. 12 ap. Suid. s. v.
‘sUaoin, ; cf. Paus. I, 28, 8; Pherccyd. fr. 101. — 10 0. Millier, Eumen. p. 155 ;
"l't'ci1, Att. Geneal. p. 145. — n Paus. I, 42, 3, 4; Collitz, Dial. Inschr. 3001.
, *" ' IUS' t 5, 3 ; 41, 6 ; cf. Bérard, Des Plié nie. et l’Odyss. I, p. 235. — 13 Gruppe,
'' ^ylh. P- 137. — 14 Acsch. Eum. 21 (na'Uà; njovam) ; Herod. I, 92 ; Acschin.
, Cte^Ph- 108 ; Ilesych. et Harpocr. s. v. ; Plut. Praec. Ger. reip. p. 825 B;
u Im, Anpdot. Delph. inscr. 43 et 45. Le sanctuaire a été récemment déblayé par
,Uinçaise d’Athènes (Homolle, Bev. de l’art anc. et modem. 190 1 , 11, p. 361).
1 confusion a remplacé dans certains auteurs itoovaia par rpdvota : Paus. X, 8, 4;
fiemoslh. " - - vus
54 : Bekki
1 Aristog. A. p. 780; Pliot. s. v. ; Diod. Sic. XI, 14; cf. Macrob. I, 17,
or, Anecdot. 299 ; Aristid. I, p. 23 et 26. — 16 Perdrizet, Mil. Peirot,
jj,, , 1,1 (’aus' X, A, 9; A. Polias, Collitz, Dial. Insclir. 1523. - — 17 Paus. X,
Dinl ai'S’ Platée, ^ ville et te temple d’ Athéna Jiranaia ; cf. à Stiris, Collitz,
Il '(n ,nsc^r' *B39. — 18 Schol. Tzetz. Lycophr. 1 141 ; Paus. X, 38, 5. — 19 Paus.
8 in ' ^ ^ De Sacr. Troezen. — 20 Pans. II, 32, 1 ; 33, 1. — 21 II, 34,
29, 1. — 23 Corp. inscr. gr. P. 1013. — 24 Ibid. 1064, 1072.
hid’ l073- — 20 Ibid. 1071. — 27 Petersen, Athen. Mitth. XI, p. 309 ; Corp.
1071 ^ ~ 28 Corp. inscr. gr. P. 1611. — 29 Ibid. 1075. — 30 Ibid.
!l Paus. II, 21, 3. — 32 11, 22, 10. — 33 Variante des mss. — 34 Paus.
Il, 24, 2
3l II, 24, 3; Hesych. s. u. ; Clem. Alex. Protr. 39 P. — 36 Callim. (Schol.),
Lav. Pall. 1 ; Paus. II, 23, 5. Le tombeau de la Gorgoue était sur l'agora d'Argos( Paus.
Il, 21, 5). — 37 Paus. II, 36, 8. — 38 Id. II, 4, 1, 5. — 39 Etym. Magn. p. 332, 40,
42 ; Schol. Pind. 01. XIII, 56 ; Athen. 678 a, b\ Farnell. Cuits of the greek States,
1, p. 276. — 40 Balhgen. Beitr. z. sentit. Beligionsgesch. p. 59. Sur l'Athéna Hellolis
et l’Hellotion d’Épacria, en Attique, voir .4m. Journ. X, 18-95, 210 -211. — 41 Voir
Immerwahr, Iiulte Arkad. — 42 Paus. VIII, 23, 1. — 43 Ibid. VIH, 9, C. Tribu
’EW/.Éa (Foucart, Inscr. du Pélop. 352 p). C’est à tort que Keil a supposé, à
Mantinée, l’existence d'un dème appelé Aléa [Nadir, d. Ges. d. Wiss. Gôtting.
1895, p. 359); cf. Fougères, Mantinée, p. 287 sq. Inscription du v* siècle relative à
une affaire d’biérosylie dans le sanctuaire d'AIéa, et à une juridiction de la déesse
(* 0so<), Ibid. p. 523 sq. Près de Mantinée, source d’Alalcoménia (Paus. VIH, 12, 7).
Athéna entre Hébé et liera, par Praxitèle (VIII, 9, 13), réminiscence des cullcs
argiens. Pyramide volivc représentant la déesse : Foucart, Inscr. du Pélop. 352 d.
Athéna sur les monnaies : Gardner, Catal. of greek coins, Pelop. pi. xxxv, 1, 2,
4, 5, 6. A Mantinée, Athéna Aléa est, avec Poséidon Hippios, la principale divinité.
— 44 Paus. VIII, 45, 3-4; 46, t ; 47, 1, 3, 4. — 46 Xen. Bell. VI, 5, 27; Paus. III,
19, 7. — 46 Herod. I, 66 ; IX, 70 ; Paus. VIH, 4, 8. — 47 Règlement religieux de la
fin du v” siècle, Bérard, Bull. corr. hell. XIII, p. 281 sq. ; Meister. Ber. d. sâclts.
Ges. d. Wiss. 1889, p. 71; Fougères, Mantinée, p. 292. — 48 Paus. Il, 17, 7; 111.
5, 6, 7, 9 ; Plut. Lys. 30. — 49 Herod. ap. St. Byz. a. v. ’Alia ; Etym. Magn. ’AXia ;
O. Millier, Kl. Schr. H, 177; Klausen, Aeneas u. d. Penat. I, p. 369, n. 610;
Immerwahr. Iiulte Arkad. p. 62; Fougères, Mantinée , p. 290. Sur les ai.eaia,
Frankel, Inschrf. u. Pergam. 156; Corp. inscr. gr. P. 1136. — 50 Paus. VIII, 47,
4; 48, 7. Le sacerdoce d’Athéna Aléa, d’apres Pausanias. devait être confié à une
vierge. Toutefois mention d’un prêtre éponyme dans quelques inscriptions (Foucart,
Inscr. du Pélop. p. 185). Parmi les objets dédiés à la déesse, Pausanias mentionne
un lit d’Athéna (pour quelque cérémonie analogue au lectisternium, Rückert, Dienst
d. Ath. 151), un péplos offert par la reine de Chypre Laodicée (VIII, 5, 3), et les
entraves qui avaient servi à enchaîner des prisonniers Spartiates (voir helotia).
Tribu ’AOaviatt; (VIH, 53, 6) ou ’A9ecvaiàTir,.ou officiellement tu’ ’Aôavaîav (Foucart,
Inscr. du Pélop. 338 4; cf. Corp. inscr. gr. 1513 ; Collitz, 1247). — - 51 Paus.
VIH, 47, t ; Milchhôfer et Dfirpfeld, Ath. Mitth. V, 52; VIII, 274. Récemment fouillé
par l’École française d Athènes, il a livré de nouveaux fragments des frontons.
MIN
— 1922 —
et entouré par Scopas d’un Asclépios et d'une Hygie *.
Il y avait aussi à Tégée un temple d’Athéna Poliatis 2
ou fx<7<7tu6 yoç \ Il ne s’ouvrait qu’une fois par an. Il ren¬
fermait l”spu[xa, talisman de la ville : c’était un cheveu
de la Gorgone, otlert par la déesse à Képheus ; cette
légende paraît être d’origine argienne 4.
Athéna Soteira était associée à Poseidon-Ulysse à
Aléa °. A Teuthis une légende locale avait fait représenter
la déesse avec une blessure à la cuisse, enveloppée d’une
bande de pourpre 6. A Kleitor, une autre légende faisait
d’Athéna Koria une fille de Zeus et de Koryphé 7 . A Phé-
néos, le culte d’Athéna Tritonia était associé à celui de
Poseidon-Ulysse 8 ; à Aliphéra une légende locale faisait
naître Athéna de Zeus Léchéatès, près d’une source
Tritonis 9. A Mégalopolis, on adorait Athéna Poliatis,
Ergané et Machanitis *°.
En Laconie", à Sparte, on adorait Athéna Agoraia
avec Zeus Agoraios l2, Kéleutheia
en rapport avec Ulysse 13 (au Té-
nare avec Poséidon u), Axiopoi-
nos 1S, Amboulia l6, Poliachos et
Khalkiœkos (fi g. 5052), cette der¬
nière dans un temple très ancien et
très vénéré’7, Ergané , Ophtalmitis
ou Optiletis. (Voir plus haut). Le
sens de l’épithète d’Athéna SuXXavix,
mentionnée dans la Rhétra de Ly¬
curgue, avec Zeus Syllanios, n’est pas fixé18.
En Messénie, le culte d’Athéna n’est ni très ancien ni
très important19, non plus qu’en Élide 20 . En Achaïe,
outre l'Athéna ilavayaiç, déesse fédérale à Patras21, il
faut citer les cultes d’Athéna Triteia 22, et la légende de
Triton, à Triteia, et celui de Pallène où était localisée
une légende de la Gigantomachie 23.
Iles. — La Crète possédait sa légende locale de la nais¬
sance d’Athéna, à Thenæ, près Cnossos **, au bord d’une
rivière Triton 25. Nous avons déjà parlé du culte d’Athéna
à Lindos, à Pihodes, où on lui attribuait une origine
égyptienne 26 ou phénicienne27. Athéna aurait appris
1 Paus. VIII, 46, 47, 1. — 2 Ibid. VIII, 47, 5. — 3 Corp. inscr. gr. 1520;
Rôlil, Inscr. gr. ant. 90. — 4 Paus. VIII, 47, 5.-6 Id. VIII, 44, 4. A Pallanlion,
la légende romaine mit en rapport Athéna avec Pallas, le héros éponyme de
Pallanlion. Dion. Mal. I, 33, 68. — 6 Paus. VIII, 28, 5; Clem. Alex. Protr. p. 31.
— 7 Paus. VIII, 21, 3. — 8 Ibid. VIII, 14, 4. — 9 Ibid. VIII, 26, 6; Polyb.
IV, 78. — 10 Paus. VIH, 26, 5. Tribu itavaSavoua (Loring, Gardner, etc. Excavat. at
Aleqalop. p. 124). — il Voir les textes dans Sam Wide, Lakon. Kulte, p. 48-62.
— 12 Paus. III, 11, 9. — 13 111, 12, 4. C’est-à-dire protectrice des voyageurs (cf.
Artémis 'Hye;j.dvrt ; Hermès, ôSaïo;). — 14 III, 12, 5. — 16 III, 15, 6. — 16 III, 13, 6.
— 17 III, 17, 2. L’épithète se rapporte aux revêtements de bronze des murs du
temple, genre d’ornementation achéenne reconnaissable dans les ruines du palais
de Tirynlhe. La fig. 5052 représente A. Khalkiœkos d’après un bronze de Sparte,
du temps de Galiien. — 18 Plut. Lyc. 6. Dans le reste de la Laconie, on
trouve : Athéna Pareia , sur la route d’Arcadie (Paus. III, 20, 8); Athéna Kypa-
rissia à Asopos (III, 22, 9); Athéna Asia à Las'(IlI, 24, 7); Athéna Hippolaitis à
Hippolas (III, 25, 9). — 19 Athéna NeSoum'a, sur le Nédon, près de Pherae (Strab.
360) [cf. à Céos, Strab. 360, 487]. A Coronê, Athéna était figurée avec une corneille
(Paus. IV, 34, 5, 6); à Molhone, Athéna Anémôtis (Paus. IV, 35, 8); Koryphasia
au Korvphasion (IV, 36, 2); Kyparissia à Kyparissia (IV, 36, 7). — 20 Athéna
(Paus. V, 3, 2); à Elis, statue chryséléphantine d’Athéna par Phidias d’après
Pausanias (VI, 26, 3), par Colotès d’après Plin. ( Hist . nat. XXXV, 54) ; Athéna Kydu-
nia à Pbrixa (VI, 21, 6); à Olympic, Athéna At;ïti; (Paus. V, 14, 4) et Athéna
Ergané , à qui sacrifient les phaidrynles (Paus. V, 14, 5); Athéna Hippia à côté
d’Arès Hippios (V, 15, 6) ; Athéna Narkaia (V, 16, 7), associée à Dionysos pomme
déesse de la vigne qui produit l’ivresse (sans doute une ancienne divinité locale
absorbée). — • 21 Paus. VII, 20, 2. — 22 Paus. VII, 22, 8, 9; cf. Farnell, Cuits of
greek States, p. 26 9. — 23 VU, 27, 2; cf. l’anecdote racontée par Plutarque [Arat.
32) qui doit être probablement transférée de l’idole d’Artcmis à celle d’Athéna.
— 24 Callim. Hymn. I, 43. — 25 Diod. V, 72; cf. Scliol. Pind. Ol. VIL 66. Autres
cultes d’Athéna en Crète : à Cnossos (Paus. IX, 40, 3; ; Athéna Polias et Oléria à
Hierapvtna et Priansos (Corp. inscr. gr. 2555 et 2o56 ; St. Byz. s. v. "nkepo;)
Athéna Salmonia ou Minois (Apoll. Rhod. Argon. IV, 1691); Athéna Iiorésia à
Fig. 5052. — Athéna
Khalkiœkos.
MIN
aux Héliades et aux Telchines le travail i
Dans les îles, signalons Athéna Itonia et au • ,1Hnze28'
àAmorgos29 avec fêtes des ii’ONiA, Athéna )/„,/, '*** Polla*
Athéna Ergatü 4» Samoa»*,
Asie. Mineure ■ - E" le culte d-AthénaeS ::”’
répandu. Nous avons cité l’Athéna d’Érythræ 31 S’ *
aussi Athéna Polioukhos àChios35et à Phocéê 3 °nS
Assesia à Milel ; à T«os, il y avait un collège i p
Ihénaïstes 37 ; Priènc38, Ephèse 39, Cyzique '■> ih p
nasse 11 avaient des sanctuaires d’Athéna, et cel "T
Cyzique passait pour être le plus ancien.
Dans quelle mesure le culte d’Athéna en Troade t 1
que le font connaître les poèmes homériques, est-il ind !
gène ou bien un reflet des cultes analogues de la Grèce!
propre ? Nous avons déjà remarqué que la cérémonie de
l’offrande du péplos à la déesse paraît être une réminis
cence du culte athénien, introduite dans le poème par les
recenseurs du temps de Pisistrate. Il est possible qu’il y
ait eu à Troie un vieux culte palladien, assimilé par les
Grecs au culte de leur Athéna*2. Il est souvent arrivé
aux Grecs de convertir ainsi en divinités helléniques
certains dieux barbares équivalents. La tradition épique
servit de base au culte de la Nouvelle-Ilion, où furent
instituées des Panathénées 43 (Voir plus loin).
L’Athéna d’Halicarnasse44 et celle de Laodicée de
Syrie45 sont des déesses barbares hellénisées. De même
1 Athéna Magarsis de Cilicie. A Pergame, Athéna Polias
et Niképhoros, associée à la Gigantomachie, prit une
grande placé dans le culte, et suscita tout un ensemble
de constructions et de sculptures qui compte parmi les
plus importantes créations de l’époque hellénistique u.
Grande Grèce, etc. — Dans la Grande Grèce, plusieurs
sanctuaires d’Athéna se reconnaissaient pour fondateurs
des héros de la guerre de Troie : Ulysse à Capri ",
Diomède à Lucéria48, Philoctète à Métaponte (Athéna
Eilenia ) 49.
En Égypte, l’assimilation d’Athéna à la déesse Nit est
attestée par des papyrus, des dédicaces et des monnaies "°.
V. Légendes. — Nous avons signalé au passage les »
Korion (St. Byz. s. v. Kdçtov) ; Athéna Poliouchos à Dréros (Caucr, SyllA, 121).
— 26 Herod. II, 182; Marm. Par. 16; Apollod. Il, 1, 10; cf. Callim. Fr. 10a;
Diod. V, 58, et Pind. Ol. VII, 39-40. — 27 Diod. V, 58. — 28 Pind. Ol. Vil, aO;
Diod. V, 55. Sur Athéna Telchinia, Nie. Dam. Fragm. hist. gr. III, 349; Kuckert,
Dienst d. Athen. 162; Paus. IX, 19, 1. C’est de Lindos qu'est originaire le culte
d’Athéna à Kamarina et Agrigcnte en Sicile (Polyb. IX, 27; Polyen. VI, >1 . 1 •
XIII, 90). Cultes d’Athéna Polias à Idalion (Collitz, I, 60-62; Corp. inscr. gr. mM I
et à Soloi, Ibid. Plut. Quaest. gr. 3). —29 Corp. inscr. gr. 2263 c ; Bull.corr. e . j
XV, 582. - 30 Dittenberger, Syli.2, 617, 21. - 31 Hesych. s. v. - 32 Bull. coi .
hell. 1892, p. 143, 27. - 33 Paus.VII, 5, 9. - 34 Herod. I, 160. - 35 Herod. 1, j
Xen. Hell. I, 3, i ; Paus. II, 31, 6 ; Bull. corr. hell b WJ Pj 84’ Herod.
d’Athéna passa dans la colonie phocéenne de Marseille (Just. ALiii, , )■
I, 19; St. Byz. s. ». W,™*. -37 Corp. inscr. gr. 3073. La div.s.on de a pepu^
lation de Téos en r.jtjyn a pu donner naissance dans la colonie lêienno . ^
culte d’Athéna Epipyrgilis, Hesycli. s. v. — 38 Le temple a et i ^Bj)uer^ „r. j
fouilles récentes des Allemands ( Jahrb . Anzeig. 189/, p. 180, en g. 1 882, J
29 04,. - 39 Strab. XIV, 634. - 40 Anth. Pal. VI 3«i LUoi
p. 613. —41 Dittenberger, 5ÿ».2, 11. — 42 Herod. VII, r ■ V, 93 ;
p. 680; Corp. inscr. gr. 3599 et 3601. Sur l’Alhénaion de V- ^ ()ans
Alcae. fr. 32 (Bergk). Légendes postérieures sur Athéna, Arn0b.
Apollod. III, 12, 3; Cic. De nat. deor. III, 59; Clem. Alex, ro P n3;
IV, 14, 16; Eust. Ad II. VI, »b 02; Tretz. ad Lycopbr. 3o5. humaines.
VIII, 104; Strab. IX, 611. - 45 On lui sacrifiait d abord I des w AUer.
Porphyr. De abst. II, 56. Athéna Magarsis (Appieq, Anab. , . P. Col|ig]10n et
thûm. von Pergamon, II, 1885; Corp. inscr. gr. 3553, o J ■ > fiétique
Pontremoli, Pergame. — 47 Strab. I, 22; V, 2 w , c^- 1 ILn Eltsviz- Voir
(Strab. 111, 157). - 48 Strab. VI, 284. — 49 Etym. Magn. - ’ ' dc Siria,
Farnell. Cuits, p. 276; Lycopbr. 250. Sur le Palladion aux ye ^ ( jcophr. 978;
près Métaponte, Arist. Mirab. ausc. 106; Strab. VI, u 01i Greek PapJr*' I
Athéna Polias à Herakleia (Inscr. gr. it. 645, 22j. Musée uré co-romain
p. 104, 110 lit, T. 643 sq.; Botti, Notice des monuments eu
d'Alexandrie , 1883, p. 168, n» 2504; Rosclier, Lexicon, er ■.■su.
I
MIN
— 1923 —
MIN
s importantes légendes du cycle d’Athéna, à propos
P1' , „;nPc épithètes ou de certains cultes locaux de la
,|e c.erW1Hes
déesse.
Pour les autres, il nous suffira de renvoyer le
lecteur aux
articles où il en trouvera le résumé, avec les
férences aux textes. Les rapports d’Athéna avec Zens,
H eirticipation à la révolte des dieux contre son père
*,,1 signalés aux articles aegis et Jupiter ; sa lutte
\nlir les Géants à l'article gigantes ; ses rapports avec
i rm.crnne et les Euménides aux articles furiae, gor-
laù°roul .
médusa, praxidikai. Un reviendra sur ses relations
’veC péphaistos et Poséidon aux articles vulcanus et
nepti’NUS. De même, les articles consacrés à chacun des
liéros bellerophon, ericutonios, hercules, orestes, pal-
s perseus, Ulysses, etc., nous dispensent d’insister ici
sur tous ces détails de la légende.
VI. Représentations artistiques. — Les représentations
d’Athéna se répartissent en deux principales classes :
l'Athéna guerrière et l’ Athéna pacifique. Il est difficile de
spécifier quel est la plus ancienne des deux ; enfin, un
Ivpe mixte est résulté de leur combinaison.
■ p Type assis. — Nous avons vu que la plus ancienne
mention d’une statue d’Athéna, celle de l’Athéna Polias
d’Ilion, décrite dans Y Iliade ', se référait à une statue
assise, probablement conçue à l’instar de l’Athéna Polias
d’Athènes. C’est au vi° siècle que ce type parait s’être
constitué. Il personnifie la déesse dans ses rapports avec
le sol où elle est installée et dans ses attributions paci¬
fiques Pausanias2 signale sur l’Acropole d’Athènes, en
avant de l’Érechtheion, une
statue d’Athéna assise, œuvre,
dit-il, d’Endoios, sculpteur né à
Athènes, élève et compagnon de
Dédale en Crète. La statue avait
été consacrée par Callias. Le
même Endoios avait exécuté
pour Érythræ une statue d’A¬
théna Polias-Ergané, en bois,
représentant la déesse assise,
couronnée du polos, et tenant
un fuseau et une quenouille3 ;
pour Tégée, une Athéna Aléa
Fi. 1(1. Athéna <i Endoios. toute en ivoire qui fut enlevée
par Auguste4. On peut recon-
naitre 1 Athéna assise d’Endoios dans une statue en
marbre fort mutilée du Musée de l’Acropole d’Athènes
lüg- 5053) 6. La déesse est figurée assise sur un trône,
a P°* lui ne couverte de l’égide et du Gorgoneion °.
(jl Çpede 1 Athéna assise était assez répandu dans les
colonies ioniennes d’Asie: Strabon le signale notamment
.li'i j) U’ 90 302 ’ ^ SU'ab- XIÜ’ P’ C01- 2 Pa“S- b 26> 4- V0il' la
, " rlc ce lexle par 11. Léchât, Au Musée de l'Acrop. d' Athènes,
WrihM'P ^ deS ét gr- V’ ,892’ P’ 385-402: VI, 1893, p. 23-33. L’ac-
, V ‘ .nd°ios se placerait entre 520 et 475; la statue aurait été exécutée
. I),1'1’ ct le donateur serait Callias, fils d’Hipponicos. —3 Paus. VII, 5,9.
pi (i 46, 1 et 4. — 6 N° 625 ; cf. Le Bas-Reinach, Monum. figurés, p. 41,
•in ulnrr ' min-Bruckmanu, Denkm. [il. cxlv; lahn, De antiquiss. Minenae
(Le B | ' atl‘c‘s’ P'- i, n, ni. — CA rapprocher de cette figure le n“ 620
(0*'™“acl1’ 0 1 P- 3. G Léchât, O. I. p. 439, fig. 46), le n°'OI8 (Léchât,
Bue le i,“ i- ^0 BUL peut-être aussi, sont des Athénas, niais plus anciennes
archéolo - XIII, p. 601. Il y en avait aussi à Rome (Ibid.). — 8 Les
tortwa/r* S°nt PartaS<!a ^ 06 Suiel- 'oir Ialm’ b i Gerhard, Ak. Abh. I, p. 255.
assise • i),)1 (boscher, Lexikon , art. athénè, p. 689) se prononce pour une statue
r®préscnl mCC' aU < 0n ' r;l ii('- reconnaît ce xoanon dans l'idole rigide et debout
107. p| m S.U1 uue métopc du Parthénon ( Jahrb . d. arch. fnstit . X, 1895, p. 93-
taf.2 • s'/ ’ f'i Michaélis> fier Parthénon, n»» 17-21). -9 Panofka, Berl. Terrakot.
Zeit. 'i8ÿ*C ° Griïb. d. Hell. laf. 57 ; Gerhard, G es. Abliandl. pi. xxu ; Arch.
!'■ 363; Iahn, De antiqu. Minenae simulacris atticis , pi. i; lahn et
à Chios, à Phocée, dans la colonie phocéenne de Mar¬
seille7. Peut-êlre l'ancien 'ôxvov de la déesse, en bois
d’olivier, appartenait-il à ce type 8? En tout cas, de
nombreuses statuettes votives en terre cuite 0 provenant
de l’Acropole d’Athènes et de'tombeaux attiques et quel¬
ques plaques votives en terre cuite10 représentent la
déesse sans autres attributs que le polos, l’égide et le
Gorgoneion. C’est là le type général de la divinité fémi¬
nine protectrice, de la « Dame » du pays; plusieurs de
ces statuettes pouvaient représenter différentes déesses
au gré de l’artiste ; elles ne recevaient leur caractère
spécial que par l’addition après coup
de certains attributs significatifs. La
figure 5054 reproduit une de ces
Athénas assises provenant de l’Acro¬
pole d’Athènes11. De ce type pri¬
mitif, librement interprété, dérive
la jolie figure d’Athéna, représentée,
sur une métope du temple d’Olym-
pie, assise sur un rocher, dans une
attitude pleine d’abandon et avec un
costume agreste qui font plutôt
ressembler 1a. déesse à quelque
nymphe arcadienne 12.
Si ce type assis et sans armes
n’était pas celui du xoanon attribué
à Érichthonios, il était très proba¬
blement représenté sur l’Acropole par quelque idole ar¬
chaïque, vénérée concurremment avec le type du Palla-
dion debout et armé. De la fusion de ces deuxttypes,
résulta un type mixte, où la déesse était figurée assise,
mais pourvue d’attributs guerriers. On a voulu recon¬
naître en ce dernier la représentation primitive d’Athéna
Niké, figurée, d’après Iléliodore13, par un ;ôavov tenant
une grenade dans, la main droite et le casque dans la
main gauche. Calamis en avait fait une copie offerte à
Olympie par les Mantinéens ’b La figure 5055, em¬
pruntée à une hydrie à figures noires 13 du vie siècle,
représente la déesse assise en costume ionien, sans
égide, tête nue, tenant son casque de la main gauche
et une patère de la main droite, devant un autel ionique
et un temple dorique, près desquels se tient le bœuf
du sacrifice.
2° Type debout : A. Palladia. — Le type le plus ancien
de l’idole debout et armée est représenté par les Palladia
mycéniens ou crétois, dont les bagues, gemmes et pein¬
tures de Mycènes, de Vaphio, de Cnossos et des îles pré¬
sentent de nombreux spécimens, analogues à celui que
reproduit la figure 5056 d’après le chaton d’une bague en
Michaélis, Arx Athen. pl. xxxvi (où l'identification de plusieurs des statuettes avec
des Athénas est contestable); Arch. Anzeig. 1893, p. 140 sq. — 10 Hutton, Journ.
Iiell. stud. XII, 1897, p. 306-318, pi. vu-vin. Quelques-unes des figures féminines
assises de ces plaques sont évidemment des représentations d'Athéna Polias, recon¬
naissables à ses attributs. Mais les autres (femmes assises coiffées du cécryphale),
identifiées par miss Hutton avec Athéna Ergané, semblent plutôt représenter Peitho
ou Aphrodite (Pottier, Bull. corr. hell.XW, 1897, p. 497-509, pl.xu). — il Jahrb.
d. arch. lnstit. Arch. Anzeig. 1893, p. 240 sq. 16; lahn et Michaélis, Arx Athen.
pl. xxxvi, 7. — 12 Le morceau est au Musée du Louvre (Clarac, Mus. de sculpt.
195 bis, n» 211 B;. La métope complète représentait Hercule apportant à la déesse
les oiseaux de Stymphale. - 13 Ap. Ilarpocr. s. v. ’aûi^î Nixr; ; cf. Benndorf
Cultbild d. Athéna Nike, Wien. 1879. Furlwhngler signale ce type sur une
oenochoé inédite d’Altenburghausen (Roscher, Lexikon, p. 089) : la déesse a le
casque en tète et la grenade dans la main gauche cf. les Minerves assises dans
Clarac, Mus. de sculpt. pl. cdlxviu (882), cdi.xxiv (891 et 892). — 14 pans. V, 26
6. - 13 Gerhard, Auserl. Vas. 242, 1, 2; cf. Reinach, Répert. des vases, II,
p. 122,5; Ialm, Op. I. pl. i, 1; lahn ct Michaélis, Arx Athen. pl. xxxvn
fig. 5.
MIN
— 1924 —
MIN
Fig. 5055. — Sacrifice à Alhéna.
considérés
or trouvée à Mycènes1. C’est une figuré de sexe indéter¬
miné, armée de la lance et du bouclier double orbiculaire.
Ce type est une sorte de trophée anthropomorphique,
peu à peu converti en
xoanon vêtu d’un chi-
lon ou d'un péplos,
armé du casque, de la
lance et du bouclier.
Une curieuse peinture
sur tablette de chaux,
trouvée à Mycènes,
malheureusement trop
mutilée pour être ici
reproduite, représente
un de ces Palladia-
trophées, à côté d’un
autel, entre deux dames
vêtues de la robe my¬
cénienne à volants, qui
lui apportent des of¬
frandes 2. Mais la fi¬
gure 5057, empruntée à
un vase â figures rouges
de Mégare, représente un de ces trophées,
comme une image de la déesse qui a donné la victoire
(Athéna Nike) et à qui l’on offre un sacrifice ;i.
Diverses divinités, telles que Zeus, l’Apollon Amy-
cléen \ l’Aphrodite de
Sparte 8 , Artémis, Héra, etc.,
furent adorées primitive¬
ment sous cette forme du
xoanon armé. Mais à la
longue ce type d'idole de¬
vint plus spécialement l’ef-
ligie de la Vierge guerrière
{Pal las, Nike), de bonne
heure identifiée à l’Athéna
des acropoles ou Athéna
Pallas Athéna ou d’Athéna
Niké. Le Palladion du type mycénien n’est pas connu des
poèmes homériques, puisque, nous l’avons vu, la statue,
assise d’Athéna Polias à Ilion, d’après 1 Iliade, semble
n’être qu’une réplique imaginaire d’une Athéna Polias
attique du temps de Pisistrate. Mais il était, semble-t-il,
assez répandu dans les acropoles préhistoriques de la
Grèce achéenne ; la légende, telle qu’elle était fixée
dans les poèmes post-homériques sur la prise de Troie,
transporta aussi ce type sur l’acropole d Ilion, dont le
Palladion, conçu comme un xoanon debout et armé, fut
donné comme le prototype imaginaire des Palladia
répandus dans toute la Grèce. La Nouvelle-Ilion fut une
création artificielle d’origine littéraire, le symbole et le
produit du folk-lore. Elle bénéficia naturellement de
tout ce travail de l’imagination poétique et des légendes
1 C’est la petite figure que l’on aperçoit à gauche, au-dessus des têtes.
Perrot et Chipiez, Hist. de l'art , VI, fig. 425; Schliemann, Mycènes , p. 437-
442; cf. Furtwangler, Anti/ce Genimen . Il, p. 9, n-> 20; 111, p. 38; Gardner, Journ.
hell. stud. XIII, 1893, p. 21; Evaus, Ibid. XXI, 1901, p, 107, 170, 174; Milani,
Studi e materiali di arch . e namism. 1, p. 91; Roscher, Lexik. s. v. Palladion
(Sieveking). — 2 ’Ezr^i. bojv.ol. 1387, pl. x; Perrot-Chipiez, Hist. de l’art, VI,
fig. 440. — 3 Iahn, De antiqu. Minerv. simul. pl. ni, 2. — 4 Paus. 111, 19, 2;
Head, Hist. num. p. 364. - — 3 Paus. III. 15, 10. — 6 Apollod. III, 12, 3; Eustath.
ap. 11. VI, 627. — 7 De Ridder, Bronzes d’ Athènes, II, 790; bronze de Cirra, en
Phocide, au Musée du Louvre [Rev. arch. 1896, II, pl. ix). Voir S. Reinach, Répart,
delà statuaire, II. p. 283,5; 284, 5 ; 286, 1 , 3 ; 287, 2, 3 ; cf. sur un vase peint,
Arch. Anzeig. 1896, p. 33. — 8 Voir Chavanncs. De Palladii raptu. Monnaies
Ergané à la quenouille 6. Des
locales, et reçut son Palladion constitué de toutes ”
combinaison fantaisiste du xoanon armé et d/rü!?0®8’
i Alliéna
monuments assez nom
1;reux et assez concor¬
dants nous permettent
de reconstituer l’évo¬
lution du type archaï- .
que du Palladion post¬
mycénien dans les villes
grecques. La déesse
était représentée de¬
bout, sur une base
une stèle ou une co¬
lonne parfois assez éle¬
vée (prolongement du
poteau du trophée pri¬
mitif), les jambes em¬
prisonnées comme en
une gaine dans les plis
d’un cliilon dorien ou
ionien, la tète coiffée
du casque corinthien,
ou du polos en forme
de calathos, le bouclier levé par l’avant-bras gauche,
la poitrine couverte de l’égide, le bras droit tenant
la lance obliquement de haut en bas, les pointes du
péplos retombant symétriquement des deux bras.
Quelques statuettes en bronze de l’Acropole d’Athènes et
d’autres pays nous montrent la forme authentiquement
archaïque de ce type 7. L’art hellénistique, la sculpture
archaïsanle, ainsi que les gemmes, les monnaies et les
Fig. 505 G.
— Palladion mycénien.
Polias, sous le nom de
Fig. 5057. — Palladion eu forme de trophée.
vases peints représentant l’enlèvement du 1
troyen 3, ont fréquemment reproduit ce type av( c ou
sortes de variantes. , , p
Notre figure 5058 reproduit une monnaie do1'
game 9, dont il est intéressant de rapprocher a
statue archaïsanle récemment découveile <t .
ainsi que le type du Palladion de Né°- 10n
une monnaie agrandie de cette ville ]&-
d’Argos; P. Gardner, Types, pl. vu., 35, 40; monnaie dejparte^
Athéna Khatkiœkos (fig. 5052) ; Imhoof-Gardner, A umisir . ]Jontmènti, VI.
Gennnae cael. pl. xx.x et xxxv; -es pe.nts^ ,|); reljef
\jahrb. d.arch-Instit.
gemmes : Stosch,
22 ; Millin. Peintures de vases, I, 25 (S. Reinach,
de Mélos : Iahn, De antiqu. Minerv. simul. pl. i", 7, 3
III, p. 40
; cf. une gemme, Roscher, Lexikon, s. v. xxx.x, 3.
le verre antique, de Florence, Furtwangler, Ant pl. IV,
— 10 Rev. de l’art ancien et mod. 1902, 11, P- 31 > °‘ ' stmu2. pl. HL '3
p. 43; Arch. Anzeig. 1902.- 11 D’après Iahn, De antiqu. - ’ fj> fUstica,
La figure 5060 est tirée d’une plaque du Louvre, Campa , - ’ tw8ngier, Mas-
I, 4; cf. un fragment de plaque semblable du Musée e
terpieces, p. 202; Roscher, Lexikon s. v. Palladion. p. ■ J ■
1330, fig- 5- et
MIN
— 1925 —
MIN
Nous
tant un
rU rapprochons une plaque décorative, représen-
paiiadion entouré de deux hiérodules portant
coiffure en osier entrelacé (fig. 5060); on
retrouve dans cette dernière composition
comme un lointain souvenir de la plaque
mycénienne signalée plus haut '.
B .Promachos. — Un premier progrès
consista à donner au Palladion enfermé
dans sa gaine une allure plus libre, en
séparant les jambes, de façon à repro¬
duire l’attitude réelle du guerrier qui
combat. Ainsi se créa le type de
l’Athéna. Promachos, représenté par le vase de Berlin
reproduit (fig. 5061) 2, par des bronzes archaïques de
Fig. 5058. - Palla-
dion, U’aprcs une
monnaie de Per-
gaine.
l’Acropole d’Athènes (fig. 50(32) et
d’autres endroits 3, par les figures
des amphores panathénaïques 4 et
par quelques statues du genre de
l’Athéna d’Herculanum (fig. 5063) %
et le torse de l’Athéna archaïstique
de Dresde 6. De l’Athéna Promachos
dérivent aussi les représentations
de la déesse en lutte contre les
Géants et terrassant Encelade 1 (voir
aegis, fig. 142). On retrouve des
variantes du même type dans la
figure centrale d’un fronton d’Égine
(fig. 5064) 8, où le mouvement du
bras droit et la direction de la lance
ne sont plus offensifs, et dans l’A¬
théna plantant sa lance dans le sol
de l’Acropole, pour en faire jaillir
l’olivier, attitude vulgarisée par le fronton occidental de
J~s
5039. — Palladion
de Néo-Ilion.
Fig. 5060. — Danse autour d’un Palladion.
I Acropole, autant qu’on en peut juger par le vase de
lerre cuile du Louvre; cf. hieroduli, p. 174, n. 9. — 2 Gerhard, Etrusk. u.
' u"pan . \asenb. pl. n; Duruy, Hist. des Grecs , I, p. 467. — 3 De Ridder,
des bromes d'Ath. 789 sq. ; S. Reinach, Répert. de la stat., II, p. 283-287.
Slô'ualer particulièrement les bronzes d'Athènes (’Eo. 1887, pl. vit et
x' Ce dernier reproduit par la ligure 5062), l’admirable bronze de Chantilly
-Reinach, Répert. Il, p. 283, 1; Heuzey, Mon. Piot , IV, 1897, p. 5-14,
"■ ^ le bronze de Krissa (Palladion d'Athéna à Cirra, dans Rev. arch.
pl Y ISfl<’2’ 85-90). — 4 Voir amphoka, fig. 282. — B Clarac, Musée de sculpt.
1 ■ 848. Sur l'égide remplaçant le bouclier, voir aegis; cf. la statue de
to°"'resi> Clarac, 471, 897. - G Jb. pl. 460, 855. - 7 Groupe en marbre du fron-
I ancien Hécalompédon, reconstitué par Studniczka, Ath. Mitlh. XXI, 1896
VI.
Kertch reproduit plus haut. 11 est même probable que la
légende de ce coup de lance a été suggérée par 1 atti¬
tude familière aux vieux Balladia pointant avec leur
lance de haut en bas.
L’attitude de la Promachos est celle de l’hoplite de
première ligne qui, sans sortir du rang et ferme sur ses
jambes écartées, jette sa lance en avant, en se proté¬
geant du bouclier levé pour la parade (parfois remplacé
pour Athéna par l’égide). Mais cette altitude se convertit
en un mouvement de marche impétueuse dans les repré¬
sentations d’Athéna, qui, à peine sortie de la tète
de Jupiter, entraîne les guerriers au combat (Athéna
’AysXata, Sxparta) en poussant le
cri de guerre. Telle était proba¬
blement l’allure de la déesse,
assez semblable à une Iris ou
à une Niké, dans le fronton
oriental du Parthénon dont le
putéal de Madrid, reproduit plus
haut, nous donne une réplique 9 ;
plusieurs statues, statuettes 10
et figures de monnaies attiques 11
dérivent visiblement de cet ori¬
ginal (fig. 5065). Ce type trouve
son expression la plus vigou¬
reuse dans le morceau de la
frise de Per game représentant
Athéna en lutte contre les Géants
[gigantes, fig. 3564] 12.
C. Athéna idéalisée. — L’évo¬
lution plastique qui avait éman¬
cipé, par une série de mouve¬
ments progressifs, le Palladium primitif de sa raideur
hiératique, produisit, parallèlement à ces figures offen¬
sives de l’Athéna Promachos et de l’Athéna conductrice
des guerriers, un type de la déesse debout et armée,
mais reposée et comme détendue dans une attitude
pacifique. Athéna Ergané réagit sur la Pallas guerrière
pl. in ; Schrader, Ibid. XXII, 1897, p. 59-112, pl. m-v ; S. Reinacli, Répert. 11, p. 800,
6. H. Léchât (Rev. des et. gr. XI, 1898, p. 185) suppose que ce groupe peut être)
attribué à Boupalos ; cf. groupe du Musée Kircher (Reinach, Répert. 11, p. 297, 5).
— 8 D'après le moulage de l’Ecole des Beaux-Arts. — 9 Six, Jahrb. IX, 1894, p. 83-87 ;
Furtwangler Meisterw. p. 243.— 10 Voir Clarac, pl. 402 A, 858 A; 463, 865 ; 474. B,
697 A; S. Reinach, Répert. Il, p. 287 et 28S; 799, 4. — Il Imhoof-Blumer et Garduer,
Num. comm. on Pans. pl. z, 8, 13 ; lahn et Michaelis, Arx Athen. pl. xxxv, 12 et 13.
La figure 5065 reproduit une monnaie du temps de Commode. Athéna lient de la main
droite un rameau de 1 olivier, en qualité d e!çt,vo©ôçoç ; cf. Reinach, Répert. des vases.
I, 1 ; et une Athéna de la frise du trésor de Cnide à Delphes, debout à côté d’une autre
Athéna qui relève des blessés (moulage au Louvre). — 12 Collignon, Pergam. pl. x.
242
Fig. 5062. — Athéna Pro¬
machos.
MIN
— 1926 —
MIN
Fig. 5063.
- Minerve d’Hereu-
lanum.
en la dépouillant, sinon de ses armes, du moins de ses
allures combatives. Plusieurs
classes sont à distinguer
dans cette lignée.
Dans la première, la déesse,
dont le bras droit à demi
levé a déjà, sur la figure
d'Égine, cessé de pointer d’un
geste menaçant, convertit
définitivement cette attitude
en repos : le bras est ^tou¬
jours levé, mais pour s’ap¬
puyer sur une lance inactive,
dont la pointe est tournée en
l’air; quant à la position du
liras gauche, elle divise cette
lignée en deux classes, sui¬
vant que le bras encore à
demi levé et replié soutient le bouclier à mi-corps’,
ou que, presque complète¬
ment abaissé, il s’appuie sur
le bouclier pacifiquement dé¬
posé à terre. C’est ainsi que
se sont changés en une pose
de repos majestueux et pai¬
sible le bras levé des Palladia
et la direction plongeante de
leur lance. Ce type devait être
représenté sur l’Acropole par
quelque original célèbre, peut-
être par la colossale statue
d’airain, consacrée après les
guerres médiques et attribuée
à Phidias 2. Un texte, d’ailleurs
assez suspect, de scoliaste
désigne cette statue comme
unenpôpayoç 3. Mais les détails
que donne Pausanias indiquent que la pointe de la
lance, visible de loin,
devait être dressée vers le
ciel. C’est elle que repré¬
sentent, semble-t-il, avec
quelques variantes, plu¬
sieurs monnaies attiques
en bronze K ; elle serait
le prototype d’une nom¬
breuse lignée d'imitations
et d’adaptations posté¬
rieures plus ou moins
libres5 : telle, l’Athéna de
qui nous montre une inter-
Cassel, [aegis, fig. 144]
1 S. Reinach, Rèpert. II, 274, 10; 273, 1 ; 276, 2, 3, 5, 6 ; 277, 5, 8, 9 ;
290, 5; Clarac, 319, 846; 321, 863 ; 459, 856; 461, 857-861 ; 462 D, 858,
842 c; 463, 865; 465, 877; 466, 873; 469, 887, 889, 886; 472, 898 c. Il faut
évidemment tenir compte de la fantaisie des restaurateurs dans la restitution et la
position des attributs. Mais une monnaie d’Athènes reproduit exactement cette al¬
titude (Imhoof et Gardner, Num. comm. pl.z, 1); cf. sarcophage, Monumenti , VI, 18.
— 5 Paus. 1, 28, 2; Demoslh. XIX, 272. Voiries autres textes dans Iahn et Michaelis,
Arx Atli. p. 76. — 3 Schol. Demosth. XXII, 13; Corp. inscr. att. III, 638.
— 4 Lange, Arch. Zeit. 1881, p. 197; Furtwangler, Meisteric. p. 45 sq. ; Imhoof
Blumer et Gardner, Num. comm. on Paus. pl. z, 1-7 ; Sybel, Ath. Mitth. V, p. 102,
pl. v; Farnell {Cuits of greek States, I, p. 357 sq.) propose de reconnaître en
celle statue une Athéna K7.eiSoï/oî (Plin. XXXIV, 54). Voir Imhoof et Gardner,
pl. z, 18 ; cf. le bas-relief attique symbolisant l'alliance avec Corcyre (375 av. J.-C.)
(Bull. corr. hell. 1878, pl. xi, xu), où le bouclier et la lance devaient être rendus
en peinture; cf. aussi une gemme (Farnell, Cuits, XVIII 6) et un camée (Gaz. arch.
Fig. 5066. — Alhéna de la collection
Hope.
spécimens remarquables.
version des attributs et des gestes des do ,
Les artistes furent conduits à supprimer 1 * T ‘'as'
pour alléger la figure d’un ( Douclier
attribut encombrant, moins
nécessaire à une déesse
pacifique. Le bras gauche
devenu libre fit le geste
familier à nombre d’idoles
archaïques : il tendit la
main vide ou garnie d’une
patère pour recevoir une
offrande 7 ; la représen¬
tation de l’offrande reçue
se convertit en représen¬
tation d’attribut, grenade,
chouette, Victoire, etc. La
lance passa du bras droit
au bras gauche, et in¬
versement l’offrande. De
ce type, représenté par
de nombreuses statues et
statuettes 8, l’Athéna en
bronze de Portici 9 et celles
de la collection Ilope
(fig. 5066) 10 sont des
De légères modifications dans le mouvement du bras
gauche (dont beaucoup
sans doute attribuables aux
restaurateurs modernes)
donnent à la déesse un
geste oratoire, qui semble
la transformer en àyopaïa
ou en pouXatx. A ce type
appartiennent la Minerve,
coiffée d’un xuve-zj, de la
villa Albani ”, la Pallas de
Velletri (fig. 5067) 12 et de
nombreuses répliques qui,
sous des costumes divers,
reproduisent la même atti¬
tude 13 .
Un autre type résulte
d’une variante de ce mou¬
vement : celui de la déesse
représentée avec un bras
sur la hanche, soit nu,
soit enveloppé dans les
plis de l’himalion. Ce
geste peut aussi être une adaptation du geste
quelques figures archaïques où Athéna relevait e s0*\
bras libre les plis de sa robe **. Un petit bas-rehel
1886, pl. m, 1). Plusieurs auteurs ont voulu rattacher à ce (\pe le 319
... iv„in.i«. 1,..). - ■ f« ci"“-
869; 321, 870; 457, 845; 459, 849; 461, 862, etc. ; Reinach, Rèpe . - P _ ^
10 ; 276, 7, 8; 277, 1, 10 ; 278, 4, 5; 279, 5, 6, 7. — 6 Clara®’ ' g. ReinacU,
les offrandes déposées clans la main des statues : Aristop 1. l- 459,850;
Bépert. Il, p. 274, 3; 275, 7; 278, 7; 279, 9; 280 28. et 282 Clarac, ^ (
462. 888 6; 470, 895; 473, 899 A. - 9 Farnell, Cuits on 9 A/J
pi. xx, v a; Lange, Ath. Mith. 1882, pl. ... - ’» Clarac, 459, 80O , Je ^ ,
Plot, III, 1896, pl. 11; cf. Furtwangler, Meisterw. p ■ " ’ cf_ )a Pallas
— il Clarac. Musée de sculpt. p. 472, 898 b. — 1 u • " ’ ,. pûma, X£V,
colossale de la place Sciarra, trouvée en 1897, Bull. d. comn ■ 462 c,
.897, pl. xv-xv,. - » Cf. Clarac. Ibid. p. 320, 878, 852; 458 8M A, ^ ^
902 ; 462 D, 842 ; cf. le geste du vase d Amastns, Lenorman ^ Rcinac|1- Rèpert. H,
— 14 Bronze d’Athènes (de Iliddcr, Bronzes, H, >
283, 6).
MIN
\ _ 1927 —
\\cropole 1 représente ainsi la déesse dans une altitude
msive, devant un pilier qui supportait peut-être la ciste
\ reposait le petit Érichthonios. De nombreuses statues2,
lêle desquelles se place la belle statue Campana5,
id'hui à Saint-Pétersbourg, et qui semble dériver
MIN
inal du ive siècle \ de style praxitélien, se rap-
aiijourd
• d’un oi’ig
portent à ce type.
V De l’attitude primitive du bras demi-relevé, qui tenait
le bouclier, dérive aussi le type quasi maternel d’Athéna,
tenant dans un pli de son vêtement le petit Ërichthonios
représenté sous sa forme humaine ou sous la forme d’un
serpent. La déesse le contemple
avec une expression de douceur
et de sollicilude, le bras droit
s’appuie sur la lance : ce type
paraît avoir été popularisé par
le groupe en bronze, attribué
à Alcamène, d’Athéna Hephaistia
et d’Héphaistos, dans le temple
de ce dernier s. On reconnaît
des répliques de l’Athéna
Héphaistia dans la Minerve à
la ciste du musée du Louvre 6,
dans une statue de Cherchell 7,
dans l’Athéna Glienicke 8, etc.
Plusieurs autres attitudes de
l’Athéna pacifique, toujours dé¬
rivées des précédentes, sont
encore à signaler :
1° Celle de la déesse coiffée
d’un bandeau, tenant son casque d’une main, l’autre
bras s’appuyant, soit sur la lance, soit sur la hanche.
Telle serait l’attitude d’un petit bronze de l’Acropole
d'Athènes 9 ; telle est celle d’Athéna, sur un bas-
relief d’Ëpidaure, où la déesse présente son casque
à un autre dieu, probablement Asklépios 10, et sur
un bas-relief de la collection Lansdowne Telle aurait
été, d’après M. Furtwangler, l’attitude de l’Athéna
Lemnia de Phidias, dont il a proposé, avec une statue
de Dresde et une tête de Bologne, une restitution très
discutable 12 ;
2° Athéna, en qualité de Suggayoç, donnant la
main, sur des en-têtes de décrets attiques, à des per¬
sonnifications de peuples amis d’Athènes 13, ou, en
Leel'at, Mon. Piot, III, 1996, pl. i; cf. camée du Cabinet des médailles,
labouîliet, Catal. n» 36j Gaz. arch. pl. m, 1 ; Babelon, Cab. des antiq. p. 79-81,
I1 • s*\i , l.echat, Rev. des ét. gr. X, 1897, p. 350. A rapprocher de ce mo-
u|"«"1, p0ur 1 expression de la tête, la belle statue du Louvre, dite Minerva
F™ir“ (Clarac, Musée, 320, 871 ; Farnell, Cuits , pl. xvn) ; cf. vase peint :
I ein.i, h, /tépert. des vases, I, 3, et de celui-ci pour le costume et l'attitude,
laille représentant Atbéna et Poséidon : imhoof et Gardner, Num . comm.
P'Z,U- ~ 2 Clarac. 462 A, 824 a; 4G2 B, 888 c; 462 F, 848 c ; 464, 867;
Fig. 5068. — Parthénos
(du Varvakeion).
466, 872 .
«7, 879 ; 470, 894, 896; 471, 900, 898; 473, 899 c; 474 a, 899 e;
j' Iieinach, /tépert. II, 275, 9; 277, 2, 4, 6 ; 278, 6 ; 279, 8; 284, 2, 4,
(;87’K' J89’ *> 29°, 0; 292, 9; cf. une statuette de l’Acropole (’E®>-,p. in.
_ ] ' VU1) et une peinture de vase (Peters. Rom Mitth. XII, 1897, p. 318-322).
Ré ter ®as,s des Praxiteles aus Mantineia, p. 18, 4; S. Reinach,
flré / L cF Athéna de Florence (Amelung, O. I. p. 16, 2). — 4 peut-
(Pam lvr'°UPe d ^ara’ Athéna, Hébé sculpté par Praxitèle pour Mantinée?
furhe 3 Paus. I, 14, 5; Corp. inscr. att. I, 318 sq. Sur ce groupe,
pl J. ! ' er’ Meisterw. p. 119 sq.; Reisch, Wien. Jahresheft, I, 1898, p. 53-93,
,f<«", \lxellbeie’ RÔm' Mitlh- Xlv' 1 S99, p. 114-118, pl. VI ; Gardner, Journ. hell.
1899 ’ h- P*- U Léchât, Rev. des ét. gr. VIII, 1895, p. 420 ; XII,
pl xu 11 1 '- _ ° ■,am°b A/on. grecs, H, n0! 21-22, 1893-1894, p. 17 sq.
Ï8( 5 . o ' Reisch. O. I. ; cf. Clarac, 462 c, 888 e; Reinach, Répcrt. Il, 278, 3 ;
" 9 l oi ICI’ '3as"re*'c^ d'Épidaure. — 8 Müller-Wieseler, Denkm. II, 198 a.
a 1* niai, ' "SI ^eul< Plaques soudées, '£:. &çy. 1887, 4. Restauré avec le casque
lalm et Michaclis, Arx Athen. pl. xxxvn, 3. — 10 Héphaistos, d'après
Fig. 5069. — Athéna Parthénos
(Pallas Lenormant).
qualité de BouÀaia, ù la personnification de la Boulé u
[boulé, fig. 872];
3° Athéna votant à l’Aréopage et s’apprêtant à déposer
la fève dans l’urne 15, en faveur d’Oresle.
La célèbre statue chryséléphantine d’Athéna, dite Par¬
thénos, exécutée par Phidias et installée au Parthénon
en 438, est une adaptation du type de l’Athéna à l'offrande
et de la grande Athéna de bronze : le bras gauche,
allongé le long du corps, repose
sur le bouclier posé à terre ;
l’avant-bras droit soutient, en
guise d’offrande, une statue en
or de Niké portant une cou¬
ronne; la lance est reportée à
gauche, appuyée sur l’épaule de
la déesse ; le serpent Érich-
thonios s’enroule dans l’orbe
du bouclier ; une stèle soutient
la main droite portant la Niké ,8.
Le colosse mesurait 26 coudées,
au dire de Pline (environ 12
mètres sans le piédestal), et la
Niké à elle seule était haute- de
4 coudées (1 m. 80) Le poids
de l’or employé était de 40 talents
(environ 4 millions de francs), divisés en pièces qu’on
pouvait détacher pour en vérifier le poids. Le vête¬
ment, une longue tunique talaire, et l’armure étaient
en or ; les parties nues, en ivoire plaqué sur une
armature de bois, le Gorgoneion en ivoire; les yeux en
pierreries. Le casque était chargé d’ornements : un
sphinx au milieu flanqué de griffons; la surface exté¬
rieure du bouclier, dont le centre était
orné d’une tète de Méduse en argent
doré, était décoré de bas-reliefs repré¬
sentant un combat d’Athéniens et
d’Amazones 18. Sur la surface interne
du bouclier, était figurée une Giganto-
machie ; sur la tranche de la semelle des Fi
sandales était figuré un combat de Cen¬
taures et de Lapithes, et sur les faces
du piédestal, la naissance de Pandore 19. Quelques
monuments, complétés par les représentations des
monnaies attiques, permettent de reconstituer dans
Furtwnngler, Münch. Sitgungsber. 1897, I, p. 289-292. — il Farnell, Culls-pl. xvi :
la déesse, debout, auprès de sou bouclier posé à terre, devant une stèle surmontée
d'une chouette et au pied de laquelle s'enroule le serpent Érichthonios, tient son
casque du bras droit, le bras gauche appuyé sur la hanche. Le style et la draperie
sont dans la manière de la frise du Parthénon. — 12 Meisterw. p. 4-36, pl. i, n,
xxxu ; Rev. arch. 1896, I, p. 1-5 ; München. Sitzungsber. I. c. Restauration com¬
plète de la figure, lalm et Michaclis, Arx Ath. XXXVII, 11. Contre la théorie de
Furtwangler, voir Jamot, Mon. grecs, II, p. 17-39; Rev. arch. 1895
II, p. 32; Weruicke, Arch. Anzeig. 1898, p. 177; Reisch. Wien. Jahresheft,
I, 1898, p. 65, 3. — 13 Atkt. àç^aio).. 1688, p. 124 (alliance avec Samos, en 403-4(12) ;
cf. Bull. corr. I. 187?; pl. xi, xu (alliance avec Corcyre, en 375); Arch. Zeit.
1877. pl. xv, 1, 2 (alliance avec l’Arcadie et l'Élide, en 362); Schfine, Gr.
Bel. n» 48 (alliance avec Néapolis de Thrace ou de Pallène, personnifiée
par la déesse Parthénos); n» 50, Athéna et Méthone (cf. n» 62). — H Schône
Gr. Rel. 94; cf. n»* 81, 85 : Athéna couronnant un athlète et une jeune
prêtresse. — 15 Reinach, Répcrt. II, 275, 3 [Bronze de Mandeure (Mont¬
béliard) : Gaz. des Beaux-Arts, 1896, II, p. 321] ; cf. areopagus, fig. 491-493
- 16 Paus. 1, 24,5; Plin. XXXVI, 18; Plut. Pericl. 13 et les autres textes
réunis dans lalm et Michaclis, Arx Athen. p. 55-60 et Michaelis, Parthénon.
p. 268. — 17 Essai de calcul des proportions, par miss Perrv, Amer Journ
XI, 1896, p. 335-346. - 18 Plut. Per. 31; Arch. Zeit. 1865, pl. excv, (bouclier
Strangford) ; cf. fragment de bouclier du Vatican (Michaelis, Partlien. pi. x, 35) et
les reliefs du bouclier de la Pallas Lenormant (voir plus bas). — 19 Cf. frise de
Pergame, Jahrb. V, H4.
5070.
Athéna
Parthénos sur une
monnaie d'Athènes.
— 1928 —
MIN
MIN
son ensemble et dans certains détails l’œuvre de Phidias'.
Signalons, parmi ces répliques pour la plupart d’époque
romaine, l’Athéna trouvée au Var-
vakeion, reproduite par la figure
5068 2, et l’Athéna Lenormant
(fig. 5069). La figure 5070 repro¬
duit une monnaie d’Athènes du
ne siècle av. J.-C.3. L’expression
de la tête et l’ornementation du
casque nous sont connues par de
nombreux monuments, tètes iso¬
lées 4 (fig. 5071), gemmes 5 (fig.
5072), monnaies G, médaillons
d’or (fig. 5073) ou de terre cuite 1
dont les témoignages varient entre
eux.
En dehors de tous ces types dé¬
fi*. 5071. - Tête d’Athéna rivéS dU Originel, Signa-
Parthénos. Ions l’Athéna voilée, qui est évi¬
demment en rapport avec les
rites des plynteria 8 ; l’Athéna ailée, qui résulte d’une
fusion avec le type de Niké 9, l’Athéna en char ou mon¬
tant en char, type inspiré par les concours de chars
des Panathénées, et qui se réfère à l’épithète d’Athéna
llippia 10.
Nous ne saurions relever ici les variantes du type
d’Athéna sous le rapport du cos¬
tume, de la forme du casque, de
l’expression, etc. L’art s’est efforcé
de dégager la figure idéale de la
déesse de son appareil guerrier,
pour mettre en pleine valeur la
régularité de ses traits et la no¬
blesse de son visage calme et
arrondi 11 . Le casque, sauf de
rares exceptions 12, n’a pas de
garde-joues ou les a relevées,
comme dans l’Athéna du Yarvakeion ; le casque rond
à aigrette ou casque attique avec ou sans frontal,
moins massif, et qui allonge moins la tète, est longtemps
préféré au casque corinthien ou aulopis [Voir galea,
fig. 3446, 3449, 3407, 3434 et 3435].
VIL La Minerve italique. — La déesse qui, en
Italie, correspond à l’Athéna hellénique est Minerva,
ou plus exactement, Mener va 13, avec les variantes
étrusques Menrva, Menrfa , Meneruva , Menarva 1 \
Le nom, dont l’étymologie a été souvent discutée
Fig- 5072. — Gomme
d’Aspasios.
i Voir en général Farnell, Cuits , l, p. 360 ; Lange, Ath. Alitt/i. VI, p. 56 sq. ;
Gôtt. gel. An;. 1883, 10; Th. Schreiber, Sachs. Abh. VIII, 54 sq. ; Arch. Zeit.
1883, 103 sq. 277. ■ — ~ Brunn-Bruckmann, 39-40 ; Collignon, Hist. de la scutpt.
tjT. I, fig. 273; cf. une réplique semblable : Athen. Mith. XXI, 1896,
p. 365-286, pl. viu-ix et la « Minerve au collier » du Louvre, Clarac, Musée, 319,
816. Monnaies d’Athènes: Iinhoof et Gardner, Numism. Comment, pl. v, 18-25.
Tessère en plomb : Zeitschr. f. Num. X, p. 152 — 3 Imhoof et Gardner, O. I. pl. v,
20; Duruy, Hist. des Grecs , II, p. 362. — 4 Pollak, Wien. Jahresh. IV, 1901,
p. 144-150, pl. iv ; Michon, Mon. Piot, VU, 1900, p. 153-173, pl. xv (fig. 5071 : tête du
Musée du Louvre). Tête de Berlin, Antike Denkm. 188G, pl. ni. — 6 Gemme d’As-
pasios, Jahrb. d. le. Instit. pl. x, 10 (fig. 5072). — » Imhoof et Gardner, O. I.
pl. y, 23-25. — 7 Médaillons de Panlicapée, Athen. Mitth. 1883, pl. xv, 1, 2,
Jahrb. d. le. Inst. III, pl. xxiv b (fig. 5073 ; médaillon en or de Koul-Oba. Kon-
dakof, Tolstoï, Reiuach, Antiq. de la Russie, fig. 207 ; Antiq. du Bosph. cimmérien ,
éd. Reinach, p. 63). — 8 Clarac, 457, 903 ; Xen. Hell. I, 4 ; Farnell, Cuits, p. 328.
— 9 Arch. Zeit. 1851, pl. xxvu ; Annal. 1872, pl. n, 224e; Imhoof-Blumer, Flü-
■gelgestalten der Athene u. Nike (Num. Zeitschr. Huber. III, 1871, p. 5; Bau-
drillart, Représentations de la Victoire ; Savignoni, Rôm. Mitth. XII, 1897, p. 307-
217, pl. XII ; Reinach, Répertoire, II, 297, 2, 3; 800, 5; Polticr. Vases ant. du Louvre,
pl. 87 , fjg. 380.). Athéna ailée sur un char traîné par quatre chevaux ailés, du
semble pouvoir e
e" 8rec latjn
L origine du
pas au fonds
Fig. 5073. - Médaillon en or de
Koul-Oba.
par les grammairiens latins 15
rattaché à la racine manas,
mens l6.
1° La Minerve falisque et étrusque.
culte de Minerve est obscure. 11 n’appartient
primitif de la religion ro¬
maine, car le nom de la
déesse manque dans le
rituel le plus ancien. Mi¬
nerve est entrée à Rome,
comme membre de cette
triade gréco-étrusque Ju-
piter-Juno-Minerve, formée
à l’imitation de la triade
hellénique Zeus-Héra-Athé-
na florissante à Delphes13
et qui était installée sur le
Quirinal, le Capitolium vê¬
tus, avant la fondation du temple de Jupiter Capitolin18.
Varron attribuait à ce culte une origine sabine19, parce
qu’il y avait dans la ville d’Orvinium en Sabine un vieux
sanctuaire de Minerva20. Mais il ne semble pas que, pas
plus en Sabine que dans le Latium, le culte de Minerva
soit très ancien21, de même que les sanctuaires de
Minerve dans l'Italie méridionale
dont la fondation était attribuée à
Ulysse et qui sont d’importation
grecque 22. Minerve Lient plus de
place dans la religion et dans l’art
étrusques. Là, de bonne heure,
s’est faite l’assimilation entre
l’Athéna hellénique et la Minerva
italique. Dans les représentations
des mythes grecs sur des miroirs
ou des cistes gravés, la déesse
grecque est constamment dési¬
gnée par la légende Menerva. ■»« 1 - - — -
pruntée à une pierre gravée très ancienne, représente la
Minerve étrusque avec une égide en forme de manteau
long [aegis] 23 et la fig. 5075 une Minerva-Fortuna ailee,
tenant la chouette sur une main, avec une égide portant
le symbole de la lune en guise de Gorgoneion, un crois¬
sant et deux étoiles24. Certains érudits ont considère
l’Ëtrurie comme le berceau du culte de Minerva2!,.|
Mais l’origine italique du nom n’est pas favorable al
cette théorie. Une tradition romaine faisait dériver
le culte de Minerva de la ville de Faléries-Ü, où i esl
i il v Vr 1 1 1 1894»t£
fronlon ouest du trésor des Siphniens, à Delphes, Bull. cou . yus_ '
p. 190. — lOMüller-Wieseler, Denkm. II, 240, 240 a ; Schone, i • • peints : J
Barbon. VIII, pl. xiv ; Imhoof et Garduer, Num. Comment. AA— ■ ^ Je
Reinach, Répertoire des vases, 1, 98; 130,90. — 11 °‘r LS Mmzen,-.-
Hcuzey, Mon. Piot, IV, 1897, p. 8. Cf. Lermann, Athenatypen auf g ■ ^
1900, Munich.- 12 Rôm. Mitth. XII, 1897, pl. xn.— 13 Corp. mser. a . . ^ ■
3081, etc. —U Corsscn, Sprache d. Etrusk. I, 370. — lo Ç01’”"0' a*’’ — 3[ .
Cic. Oe n«*. «fcor. II, 67 ; Firm. Mat. Err. prof. rel. XVI , 3;
p. 205. - 16 Curlius, Grundzùge, p. 312 ; Vamcek. Etym.^ oi ei U an, J j
(Stud.z. griech. Myth. U, p. 119) propose : ^ De lin(/. lat. U. 158.1
c’est-à-dire « die Mutter Erdc ». — ” Pans. X, 5, 1. . je Minerve*
— 19 Ibid. V, 74. — 20 Dion. Halic. Ant. R. I, 14. — ' ^ 9; glrab. V,
Terracine, en 588-166 av. J.-C. cité par Obsequ. 12. — -- j^'j 94.V, 3, I6S-Î
247 ; VI, 281; Senec. Epist. 77. 2; Stat. Silv. II, 2, - > ’ Ci. ClaH^B
— 23 Millin, Pierres gravées, pl. xm ; Wieseler, Denkm. II, P ■ XX| " __ 2i, gronzs-
457, 847, une Minerve étrusque de Vienne, conforme au Ù'pe c a[ ^ ^ p 294, j
du Museo gregoriano d’après Gerhard, Gottheit. d. Et) us jr» part, pl- ■)•
pl. xxxvn, t ; autre semblable, Koehl, Ges. Schrift. 22; ’ . j0Idan, ICrm-t
L 20 Mülîer-Deeke, Etrusker, II, 46 sq . - 26 Ovid. Fast. III, 843 sq. ,
IV, 243 sq.; Preller-Jordan, Rôm. Myth. I, 292, 2.
Fig. 5074. — Minerve étrusque. 1
La figure 5074, em-
MIN
— 1929 —
MIN
! . ir des inscriptions archaïques Ce serait donc
&[W> ' |||e des Falisques que les Étrusques, puis les Ro-
^ 'auraient reçu Minerve, déjà peut-être associée en
nia'tlh’ 1 triade avec Jupiter et
Junon 2.
2° La Minerve ro¬
maine. — Après la prise
de Faléries en 513-241,
la Minerve falisque fut
installée à Rome dans
une chapelle ou Miner-
vium au pied du mont
Cœlius 3, sous le nom
de Minerva Capta
Mais il existait déjà à
Rome un plus ancien
sanctuaire de Minerve,
celui de l’Aventin 5,
dont l’anniversaire de
consécration (19 mars)
coïncidaitavec la grande
fête de Mars, les quinquatrus c, qui devinrent une fête
de Minerve7, sinon dans le culte officiel, tout au moins
dans la pratique populaire.
Comme la Minerve romaine est essentiellement la pro¬
tectrice du commerce et de l’industrie 8, la fête des quin-
quatrus réunissait toutes les corporations d’artisans
reconnues par l’État 9. Ovide ,0 énumère les foulons,
teinturiers, cordonniers, charpentiers, médecins, cise¬
leurs, peintres, sculpteurs, trompettes. Mais il y avait
d'autres collèges participant au culte de Minerve : le
droit d’offrande et l’accès au sanctuaire équivalaient,
pour une corporation, à la reconnaissance officielle11.
C’était aussi jours de fête pour les écoles, dont les élèves
offraient à leurs maîtres un cadeau, le Minerval 12 ou
Minervale mutins.
C’est probablement l’analogie de la Minerve romaine
avec l’Athéna Ergané des Grecs qui a produit l’identifica¬
tion de Minerve avec Athéna. Peu à peu, les attributions
multiples delà déesse hellénique, comme divinité poliade,
guerrière, politique, se sont ajoutées au caractère pri¬
mitif plus spécial et plus restreint de la déesse italique,
mais cela plutôt dans la mythologie des lettrés que dans
le culte populaire. C’est ainsi que la Minerve de la triade
du vieux Capitole, en s’hellénisant, prend le caractère de
divinité poliade ( custos urbis)u ou Minerva custos'1.
Auguste élève un temple à Minerva Chalcidica, le C/tal-
cidicurn 16 voisin delà curie julienne, et Romitien en
consacra un second dans le Champ de Mars16 et deux
autres temples de Minerve, l’un près du temple des
Dioscures 17 au nord-est du Palatin, 1 autre en HO sur
le Forum transitorium qui fut achevé par Nerva 1 ne
partie très mutilée de la frise de ce temple subsiste
en place19; elle représente Minerve, tout à fait hellé¬
nisée, présidant aux divers métiers. C’est aussi sous
l’influence grecque, et par analogie avec l’Athéna Pallas
et l’Athéna Niké, que Minerve s’identifie avec nerio, la
compagne de Mars dans la vieille religion romaine, et
avec bellona20, et entre dans une triade avec mars et
lua, divinités quitus spolia hoslium dicare jus fasque
est2'. C’est aussi comme Athéna Niké que l’honora
Cn. Pompée par la fondation d’un temple de manibiis22.
Le culte de Minerva Medica peut s’expliquer par la par¬
ticipation, aux fêtes des quinquatrus, de la corporation
des médecins dont Minerve est la patronne23 : il y avait
un temple de Minerva Medica sur l’Esquilin2* et, aux
environs de Plaisance, un temple fameux de Minerva
Memor ou Minerva Medica Cabardiacensis 23 . C’est par
assimilation avec Athéna Ergané que Minerve est quali¬
fiée par les auteurs récents de dea lanificii 26, alors que,
dans la littérature antérieure, elle reste étrangère au
travail féminin27. Minerve parut pour la première fois au
grand lectisternium de 537-217 av. J.-C., associée à
Neptune àl’instar du couple hellénique Athéna-Poseidon28.
Elle prit dès lors place dans le panthéon des douze dieux
gréco-romains29. C’est vers la fin de la République que
se répandit la légende du Palladium qui figurait dans le
temple de Vesta parmi les pignora imperii 30 et que l’on
identifiait avec le Palladium de Troie, censément rapporté
à Rome par l’ancêtre de la gens Nautia, adoratrice de
Minerve31. xMais c’est seulement sous Commode que la
présence du Palladium fut officiellement constatée32.
Toutefois, il n’est pas impossible qu’il y ait eu dès une
haute antiquité une idole armée conservée avec les
ancilia. Nous possédons une représentation du Palla¬
dium romain (fig. 5076) sur une base de Sorrente, du
1 Corp. inscr. lat. XI, 3078-3081; cf. Deeke, Ealisker, p. 89. — 2 Corp.
inscr. lat. XI, 3078. — 3 Varr. De ling . lat. V, 47; Ovid. Fast. III, 835.
Sur le site, voir Hom. Topogr. — 4 Ovid. Fast. 843. — 5 Voir Homo,
Topogr. rom. p. 607. — 6 Verr. Flacc. ap. Fest. p. 257 ; Gilbert, Topogr. II,
-33; Jordan, Eph. epigr. I, 238 et Fasti Praen. La date est faussement indiquée
dans les Fasti Esquilini et Amiternini et dans Ovide, Fast. VI, 728 (19 juin).
W- Aust, De aedib. sacris , p. 42 sq. Cette seconde date coïncide probablement avec
1 anniversaire de la restauration du temple par Auguste ( Monum . Ancyr. IV, 6;
^ issowa, Anal. rom. topogr. p. 15). — 7 Corp. inscr. lat. t2, p. 280 et 312. Tout
mois de Mars fut consacré àMinerve. — 8 Ovid. Fast. III, 821 ; Lact. Inst. I, 18,
•’ - inscr. lat. III, 3136. — 9 Fast. Praen. : artificum dies (19 mars); Liebe-
n,am ’ fibm. Vereinwes. p. 3. Cf. les proverbes ; Omnis A/inervae homo , invita
Hneroa (Otto, Sprichwôrt. d. Rom. p.224). — 10 Fast. III, 821 sq. — H Tel fut le
pour les scribae et histriones en 547-207 (Fest. p. 333; cf. Liv. XXVII, 37 ; 5 et
“ ! hels, Sibyll. Blâtt. p. 90, 3), ce qui équivalait à la reconnaissance du collegium
I Hlnrum ; ce fut une façon de récompenser les services rendus à la religion nationale
k poète LiviusAndonicus, auteur d’un hymne sacré (Jahn, Ber. d.stichs. Gesellsch.
Hi.jlSS‘ P’ SCI-)* ^ur ^es f°l^ons : Novius, Eragm. 95 ap. Non. 508; Plin.
j n&t. XXXV, 143. Sur les médecins : Varr. Sut. AJen. Quinquatrus; Norden,
J- /. philol. Suppl. XIX, 397. Sur la participation du collegium tibicinum aux
' "7 vatrus minusculae le 13 juin (ce n’est pas une l’ôte de Minerve) : Corp.
lat. VI, 240, 1054, 2191, 3696, 3877, 3877a; Varr. De ling. lat. VI, 17; Fest.
691 .T °Vid' FasL VI> 693- — 12 Varr- De re ru5t ■ ni. 2. 18; Plaut. Mil. glor.
£'iù/ ,ldUd ^ 6 1® ! Hieronym. In Eph. VI, 4 ; Macr. Sat. I, 12, 7 ; cf. Hor.
^ à -i 197 ; Juven. X, 115; Symm, Epist, V, 85, — 13 Gic . De domo , 144; cf,
De leg. II, 42; Epist. XII, 25, I ; Plut. Cic. 31 ; Dio Cass. XXXVIII, 17, 5; XLV, 17,
3. — 14 Corp. inscr. lat. VI, 529. — 13 Dio Cass. LI, 22 ; Mon. Ancyr. IV, 1 ;
Mommsen, Des gest. d. Ang. p. 79; cf. Val. Max. I, 17, 1. — 16 Notit. reg. 9.
Mommsen, Chron. minora , I, 146; cf. Quintil. X, 1, 91 ; Suet. Dom. 15; Dio Cass;
LXVII, 1, 2; 16, 1. Mart. VI, 10, 9 ; VIII, 1, 4; IX, 3, 10, etc., parlent de la dévotion
particulière de Domilien pour la déesse dont il se prétendait le fds (Pl)ilostr. Vit.
Apol. VI, 24). — n Mommsen, Chron. min. I, 146 ; Curios. reg. 8 ; Ephem. epigr.
V,p. 656; Henzen, Actg.fr. Arc. p. 55; Martial. IV, 53, 1. — 18 Martial. I, 2, 8; Aur.
Vict. Caes. XII, 2 ; Corp. inscr. lat. VI, 953 ; cf. Homo, Top. p. 606 ; Jordan, Top.
I, 2, p. 449. — 19 Mon. d. lnstit. X, 40-41 a ; cf. Blümner, Ann. d. Inst. 1877, p. 5 sq. ;
Petersen, Rom. Mitth. IV, 88. — 20 Lyd. De mens. IV, 42 ; Augusl. Civ. dei. VI,
10; Varr. Sat. men. 506. — 21 Liv. XLV, 33, 2 ; cf. Ovid. East. 111, 681 sq. ; Porpliyr.
ad Horat. Epist. II, 2, 209. — 22 Plin. Hist. nat. VU 97. — 23 Cic. De div. Il, 123.
11 ne semble pas nécessaire d'invoquer ici l'iDfluence de l'Athéna Hygieia. Cf. Bruch-
manu, De Apolline et graec. Minerva deis medicis, Brcslau, 1885, p. 75. — 24 Notit.
reg. 5; Corp. inscr. lat. VI, 10133 ; Bail. arch. comm. XV, 1887, p. 154 sq., 107 ;
XVI, 1888, 125 sq. — 25 Corp. inscr. lat. XI, 1292-1310 ; Bull. d. Inst. 1807, p. 219,
237. — 26 Scrv. Ad Aen. V, 284 ; VU, 805 ; Tertull. De pall. 3 ; Arnob. 111, 21 ; V,
45. — 27 Ovid. Fast. 815 sq. De même c'est sous l'inlluence des idées attiques que
Varron attribue à Minerve la protection des oliviers [De rerust. 1, 1, 6). — 28 Liv. XXI 1,
10, 9. — 29 Ennius, Ann. fr. 679 ; Apul. De deo Socr. II, p. 7, 2. — 30 Cic.
Pro Scauro, 47 ; Philippica , XI, 10, 24. — 31 Marquardl, Staatsverw. III,
351; Preller, DOm. Myth. I, p. 298 sq. ; Wissowa, Herm. XXII, p. 43; Cha-
vannes, De Palladii raptu, p. 64; Preuner, Hestia- Vesta, p. 423, — 32 Herodian.
I, 14, 4.
MIN
— 1930 —
temps d’Auguste Une monnaie de Galba représente
Yesta tenant le Palladium2.
Le culte de la Minerve romaine apparait répandu dans
tout l’Empire, et, comme dans la capitale, surtout pra¬
tiqué par les corporations d’artisans et de commerçants.
Les inscriptions signalent ce culte à Barium \ Corlone \
dans la région de Plaisance B, à Brixia s, Vérone \ etc.
Les dédicaces de collèges sont nombreuses 8 ; les musi¬
ciens de toutes sortes la reconnaissent comme leur pa¬
tronne 9, ainsi que les scribes et instructeurs militaires l0.
En plusieurs endroits, elle s’associe ou s’identifie avec
des divinités indigènes ( Minerva Berecynthia, à Béné-
vent)11, en Gaule avec la déesse régionale du commerce
et de l’industrie12; en Bretagne, avec la déesse des
sources thermales de Bath ou Aquae Sulis13 (Dea Sul
Minerva ) 14 ; de même, à Nîmes16, avec Mercure16, Nep¬
tune, Fortuna n, etc.
Les interprétations savantes du caractère de Minerve
comme déesse de l’Éclair 18, summum aetheris cacumen 19,
ou comme lima20, ou comme memoria 21, ou sapientia 22,
tentées parles érudits latins, ne sont qu’une exégèse pos¬
térieure des caractères combinés de l’Athéna grecque et
de la Minerve romaine. G. Fougères
MINISTERIALES DOMINE — Ce mot désigne au Bas-
Empire les fonctionnaires du palais ( castrensiani ) spé¬
cialement chargés du service de la table impériale1. Ils
avaient succédé aux esclaves et aux affranchis qui avaient
eu ces attributions pendantle Haut-Empire2 [castrenses].
Ils relevaient du vir spectabilis castrensis3 . Une loi les
exempte des obligations municipales au bout de quinze
ans de service4. G. Lécrivain.
l Rôm. Mitth. 1889, pl. x e, 1894, p. 131; Petersen, Ara pacis Augustae. 1902,
p. 70. — 2 Cohen, Med. imp. 1, p. 245, n° 243 ; cf. Preuner, Hestia-Vesta, p. 326.
_ 3 Corp. inscr. lat. IX, 307. — 4 Ibid.. XI, 1906. — 6 Voir plus haut. — 6 Corp.
inscr. lat. V, 4273-4282. — 7 Ibid. 3270-3277. — 8 Ibid. VII, 1035; V, 801; VI,
268; I, 1046; XIV, 44; IX, 3148; III, 4498 ; VII, 11. — 9 III, suppl. 10997 ; VI, 524;
Brambach, Corp. inscr. rhen. 1738. — 1° Domaszenski, Westd. Zeitschr. XIV, 29 sq.
_ il Corp. inscr. lat. IX, 1538-1542. — <2 Caes. Bell. Gall. VI, 17, 2. — 13 Solin.
XXII, 10. — U- Corp. inscr. lat. VII, 39, 42, 43; XII, 2974. — lô Ihm, Jahrb. d.
Vereins von Allerth. im Rheinl. LX XXII 1 , 1887, p. 81 sq. — 16 Samter, Rôm Mitth.
X, 1895, p. 93. — U Corp. inscr. lat. VI, 527; IX, 4674; XIV, 2867 ; Corp. inscr.
rhen. 975, 993. _ 18 Serv. Ad Aen. I, 42 ; XI, 259. — 19 Varr. ap. Macr. Sat. III,
4, 8 ; Serv. Ad Aen. II, 296. — 20 Opinion attribuée à Aristote par Arnobe, Adv.
gent. III, 31 ; cf. Plut. De fig. Lun. p. 938 b. — 21 Arnob. III, 31 ; August. Civ. dei, VII,
16. — 22 Paul. p. 123. On attribuait aussi à Minerve l'invention des nombres mys iques
cinq et sept (Serv. Ad Georg. 1, 277 ; Chalcid. ad Plat. Tim. 36, p. 102 ; Liv. VII, 3, 7).
_ Bibliographie. I. Athéna : 0. Muller, Alinervae Poliadis sacra, Gôtt. 1820 ;
Allg. Encycl. III, 10, 1838; Kleine Schrift. II, p. 134 sq. ; Rückert, Dienst der
Athene nach seinen ôrtl. Verhâltn. Hildburgh, 1829 ; G. Herrmann, De graeca
Alinerva, Leipz. 1837 ; Opusc. VII, p. 260 sq. ; Creuzer et Guigniaut, Relig. de
lantig. t. U, 1849; Lauer, System der griech. Mythol. p. 311 sq. 1853 ; Gerhard,
Griech. Mythol. I, p. 224 sq. 1854; Ueber d. Minervenidole Athens (Kl. Schrift.
1. p. 229) ; Welcker, Griech. Gôtterlchre, I, p. 298 sq. ; II, p. 778 sq. 1857 ; O. Jalin,
De antiquiss. Minervae simulacris atticis , Bonn, 1868 ; Voigt, Beitr, z. Myth. d .
MIN
MlNOR. - I. Mineurs de vingt-cinq an , r
moderne, le mineur est celui qui en ni -n , droik
blesse de l’âge, est considéré comme incanàhl ,' r *a h['
ses droits civils. La majorité est fixée par là w à eXercer
à vingt et un ans accomplis. « A cet âge dit p ,a"Çaise
du Code civil, on est capable de tous les actesd^ M
civile, sauf la restriction portée au titre d„ m, vie
Rien de pareil à Rome, aux premiers siècles îy?' *
la capacité juridique n’appartient qu’au citn™ rd
Pmulim : le (ils de famille, quel que soit s0„ Z""'
incapable ; la femme est en tutelle perpétuelle IV ,
paterfamilias devient capable d’exercer ses dr< h p
le moment de la puberté, c’est-à-dire lorsqu’il est 1 ,
risé à revêtir la toge virile, vers l’âge de dix-sept 1°'
Protégé jusque-là par son tuteur, il est désormais J1
sumé avoir la force et l’aptitude nécessaires pour a<L1
mstrer ses biens, défendre ses intérêts ou faire valoir!
ses droits en justice.
Cet état du droit se conçoit aisément chez un peuple
d’agriculteurs, alors que les rapports d’affaires sont très
limités : il n’existe qu’un très petit nombre d’actes juri¬
diques et ils exigent soit la présence de témoins solennels
(mancipation, nexum , libération par l’airain et la
balance) [mancipatio, nexum, liberatio], ou du magistrat
[in jure cessio). Ce sont là des garanties suffisantes pour
que tout se passe correctement. Il en fut autrement
lorsque le commerce se développa, et que l’on sanctionna
des formes d’actes plus simples comme celles de la
stipulation ou de Yexpensilatio , ou même des actes sans
formes, comme le prêt ( mutuurn )'. Ces actes qui peuvent
se conclure sans témoins étaient dangereux pour les
personnes qui n’étaient pas en état d’apprécier les con¬
séquences d’une formule captieuse. Les usuriers les
employèrent plus d’une fois pour circonvenir les jeunes
Romains, maîtres de leur fortune. La loi dut intervenir
pour réprimer les abus et protéger les jeunes gens contre
leur inexpérience : ce fut la loi Plaetoria, rendue vers
l’an 563 [lex plaetoria, t. III, p. 1158]. Elle fixa à vingt-
cinq ans la limite de sa protection; Plaute l’appelle lex
quinavicenaria 2. On distingua dès lors les mineurs et
les majeurs de vingt-cinq ans. Le mineur est le chef de
famille pubère qui n’a pas encore vingt-cinq ans révolus.
L’âge ( aetas légitima) se calcule de momento ad momen-
tum 3, et non, comme d’ordinaire, de die ad dieux. La
jurisprudence classique, qui a établi les règles sur le
.res u. d. Athéna (Leipz. Stud. IV, 1881, p. 239 sq.) ; Kral, Ueber die urspr.
tedeutung der Gôttin Athéna, Listy filol. X, p. 1-17, 1883 (cf. Philo!. " ™ ■
883, p. 973-975; Rev. des Rev. 1884, p. 164); Decharme, Myth. de la Grèce, P 3 J
relier u. Robert, Griech. Myth. 1887, I, p. 184 sq. ; Harrisson and Verrait, Myt io 2
. Monuments of anc. Athens, 1890; Chavanncs, De Palladii raptu, 1891 , ,
•ults of the greelc States, 1896, I, p. 289 sq. ; A. Mommsen, Peste der ■ a ^
then, 1898 ; Wernicke, Antike Denkmàler zur griech. Gôtterlchre, 1899 ' "T] ’
’.riech. Mythol. 1897-1902; Roscher, Lexi/con d. Myth. articles athlm °-c]^
urtwangler), palladion (W Orner, Sieveking) ; Pauly-Wissowa, Rialencyc ^
thena (Dümniler). Bibliographies spéciales par Preuner, Back et l"PPe>
ahresbericht de Bursian, t. XXV, LXVI, LXXXV, CIL - II. Minerva. kon‘, 9V
***«* '»*'■» «> » a- *. «... v.. ,.
fôm. Mythol. I, p. 289 sq. ; Warde Fonder, Roman festivals, ■ . Roscher,
. Rômer, 1899 ; Wissowa, Relig. u. Cultus d. Rômer, 190-, P-
.exik. d. Mythol. art. minerva (Wissowa). 4 35- Coripp-
MINISTERIALES DOMINE 1 Cod. Theod. 8, 7, 5; 6, 32, * » » ’ ' ' Q
, 84, 137 ; 3, 2.3. - 2 V. Alex. 41,3; V. Marc. 17,6. - 8
. XIV, p. 57 (éd. Bdcking). — 4 Cod. Theod. 8, 7, 5. — Bibi.iocrami ■ ^
.d Cod. Theod. 8, 7, 1 et 6, 32, 1 ; Bôcking, Notitià digmtatum, , P^ |a |oi
MINOR. I Le prêt et la stipulation figuraient au nombre des ac pseud. 1, 3, 68.
laetoria. Plaut. Pseud. I, 3, 68; Suet. ap. Priscianuin. a Zeitschrift
- 3 Ulp. 1 1 ad Ed. Dig. IV, 4, 3, 3 ; cf. sur l’aefas légitima. Bras
’er Savigny-Stiftung, Rôm. Abth. 1901, XXII, p. PL5-
MIN
— 1931 —
MIN
d’une
de l’Empire,
I n| des délais, n’a pas cru pouvoir réduire même
ca i |l0Ure le temps fixé par la loi Plaetoria. Au Ier siècle
on était moins rigoureux ; d’après un
•ms latin trouvé en Égypte on discutait au temps
p'plaude la question de savoir si l’on devait inscrire
les listes des cinq décuries de juges les mineurs de
S,UI«ï-cinq ans. Dans une Oratio adressée au Sénat,
l'Einpereur le permet, mais il défend de donner un
mineur pour récupérateur avant l’âge de vingt-quatre
Il est, dit-il, conforme à l’équité de réserver le soin
de juger les causes de liberté et de servitude aux citoyens
uj p0ur agir eux-mêmes en justice, n’ont pas besoin
du secours de la loi Plaetoria. Le mineur n’était donc
plus protégé dès qu’il atteignait l’âge de vingt-quatre
ans C’est l’application de la règle : annus coeptus pro
pleno habetur.
Le mode de protection organisé par la loi Plaetoria est
tout différent de celui du droit moderne. Le mineur de
vingt-cinq ans reste capable, mais la loi édicte des péna¬
lités contre ceux qui abusent de son inexpérience [cir-
cumscriptor, t. 1, p. 1186].
Le délit, prévu par la loi Plaetoria, est désigné par le
mot circumscriptio'1. 11 comprend d’abord les actes
dolosifs commis au préjudice du mineur. Cicéron fait
remarquer que le clol n’était puni par la loi romaine que
dans des cas exceptionnels, comme le fit la loi Plaetoria
en faveur des mineurs de vingt-cinq ans; le préteur
généralisa ces exceptions en créant l’action de dol. Mais
le mot circumscriptio est plus large que le mot dol : il
s’applique à des actes permis entre majeurs parce qu’ils
ne contiennent pas un dol caractérisé. C’est ainsi que
dans la vente et dans le louage il est permis de se cir¬
convenir mutuellement3.
Les pénalités édictées par la loi Plaetoria ne sont pas
connues : il est vraisemblable qu’ elles étaient pécu¬
niaires et assez fortes pour qu’on en redoutât l’applica¬
tion. La condamnation entraînait comme peine acces¬
soire l'infamie prétorienne4 et, depuis la loi municipale
de J. César, l’exclusion du décurionat5. Divers textes
font allusion aux poursuites autorisées par la loi ; mais
la nature de l’action ne peut être définie avec certitude.
D'après Cicéron, la loi Plaetoria donne lieu à un judicium
publicumrei privatae 6,ce qui semble indiquer uneaction
criminelle exceptionnellement autorisée dans une affaire
qui concerne un intérêt privé. Mais, d’après un papyrus
d Égypte récemment découvert, l’action de la loi
Plaetoria est une action noxale, donc une action privée,
servant à réprimer un délit7. 11 est possible que les deux
actions se confondent et que la loi Plaetoria ait créé une
action populaire que tout citoyen pouvait intenter si le
mineur négligeait de demander la répression du délit
dont il avait été victime 8. Cependant certains auteurs
pensent que la circumscriptio donnait lieu à une double
poursuite, l’une intentée par le mineur, c est 1 action
privée; l’autre, par tout citoyen, c’est 1 action publique 9.
La première seule est noxale10; elle doit être exercée par
le mineur au plus tard dans l’année qui suit sa majorité 1 1
[noxalis actio].
D’après le biographe de Marc-Aurèle, Capitolin, la loi
Plaetoria contenait une autre disposition : elle autorisait
le préteur à nommer au mineur un curateur pour des
causes déterminées, faiblesse d’esprit ou démence. Ce
curateur devait avoir pour mission d’administrer les
biens du mineur : c’est la fonction normale des curateurs.
On a soutenu que le curateur était chargé de conseiller
le mineur, de lui donner son consentement toutes les
fois qu’il avait une affaire à conclure. Mais il n’y a pas
d’exemple de curateurs spéciaux sous la République.
Puis la création d’un acte non formel, comme le consen¬
sus , ne convient pas au temps de la loi Plaetoria : c’est
le droit classique qui a réagi contre le formalisme et qui
a consacré la validité des actes non solennels 12. Le
consensus du curateur n'apparaît qu’au 111e siècle.
La protection accordée aux mineurs a été élargie par
le droit prétorien : il a créé à leur profit une exception
pour les dispenser, lorsqu'ils ont été circonvenus, d exé¬
cuter leurs engagements {excep tiolegis Plaetoriae)n; puis
il a promis de les restituer en entier contre tout acte qui
leur est préjudiciable14. Le préteur n’exige plus dans ce
dernier cas qu’il y ait circumscriptio'* , il suffit que le
mineur ait agi par inexpérience ,r’, qu’il n’ait pas d'autre
voie de recours17, qu’il ait subi une lésion. Cette lésion
doit avoir une certaine importance18 : de minimis non
curât praetor. Elle peut consister en un manque d'acqué¬
rir (répudiation d’une hérédité), aussi bien qu’en un
appauvrissement19. La demande en restitution doit être
formée dans le délai d’un an utile 20. Sous Constantin, le
délai fut porté à trois ans, quatre ans ou cinq ans, suivant
les régions21. Justinien a supprimé ces distinctions et
fixé le délai uniformément à quatre années continues22
[restitl’tio in integrum].
L'in integrum restitutio était un mode de protection
très efficace, mais les tiers, menacés pendant un an de
voir rescinder l’acte conclu avec le mineur, préféraient
s’abstenir de traiter avec lui. Marc-Aurèle jugea utile de
généraliser l’usage des curateurs : il autorisa les magis¬
trats à nommer un curateur à tout mineur qui en ferait
la demande; aucune justification ne fut exigée23. Ce
curateur est un curateur honoraire24; ses pouvoirs sont
moins étendus que ceux des curateurs légitimes : il ne
eOyptische Urkunden aus den Museen zu Berlin, G. V. I, 611 ; cf. Mitteis,
XXXII, 639 ; R. Dareste, Nouv. Rev. liist. de droit , 1898, t. XXII, p. 687.
1 je. Deo/f. III, — 3 Cf. Édouard Cn<[, lnstit . j ur . des Romains, t. II, p.50,n.7.
j acl>on delà loi Plaetoria était famosa; elle est citée dans la loi municipale de
1 ' i: i côté d autres actions qui, d’après Gaius (IV, 182), ont ce caractère. — 3 Cap.
et 11' * 1 6 Cie. Z>e naZ. rfeor. 111,30. —1 Papyrus de Vienne (Rainer), éd. PfafT
,/,. j " ;lln’ Fraymentum de formula Fabiana, 1888, p. 5 ; Girard, Nouv. Rev. liist.
lle i'011' *800’ P' — 8 R. von lliering, Geist des rôm. Rechts, Irad. de
dis” ' "aCle, P' 117' Voigt, Rôm. Rechtsgesch. t. I, p. 746, u. 12, fait
lcs' ” r lo 1ue 1® loi municipale de J. César range l’action de la loi Plaetoria parmi
pubRCl'0nS Prlv®es au début du chap. vin, tandis qu’elle énumère les actions
"K" s à la fin du chapitre; 2“ que le nom d’aclion publique est donné à une
cf /' P°Pu'ajre fpostulatio suspecti) par Ulpien (35 ad Ed. Rig. XXVI, 10, 1,6;
19(i| ,S< * l-cncl ( Essai de reconstitution de l'édit perpétuel, trad. Peltier,
atec’ |, ' D P- 90) paraît aussi identifier le judicium publicum dont parle Cicéron
acllon infamante mentionnée dans la loi de J. César. — 9 Karlowa, Rôm.
Rechtsgesch. t. Il, p. 307 ; Girard, Manuel, p. 227, n. I. — 10 D’après les auteurs
cités à la note précédente, l’action privée serait une action en répétition. Mais on ne
voit pas comment une action en répétition aurait un caractère pénal. Les actions de
cette espèce sont fondées ex aequo et bono-, cf. Édouard Cuq, Op. cit. t. Il, p. 495,
n. 2. — u Ulp. 13 ad Ed. Rig. IV, 4, 19 : Post annum vicesimum quinque habebit
legitxmum tempus. On observait pour la concession de l’in integrum restitutio le
délai fixé par la loi. — 12 Cf. Édouard Cuq, Institutions, t. II, p. 52, n. 8. — 13 Paul.
3 ad Plaut. Rig. XLIV, 1, 7, t. — 14 Ulp. 11 ad Ed. Rig. IV, 4, t, 1 ; 7 pr. ; cf.
Édouard Cuq, Op. cit. t. II, p. 719. — 18 Diocl. Cod. Just. 11, 21, 5 pr. — 16 Ulp.
Rig. IV, 4, 11, 4 et 5. — « Ulp. eod. 16 pr. — 18 Paul. 1 Sent. Diy. IV, 4, 24, 1.
— 19 Ulp. L. c. 7, 6 et 9. — 20 Just. Cod. Il, 52, 7 pr. ; cf. Alex. Sev. Ibid. 3.
— 21 Cod. Theod. II, 16, 2. — 22 Cod. Just. II, 57, 7. Sur la distinction des délais
utiles et des délais continus, cf. Éd. Cuq, Op. cit. t. II, p. 703, n. 6 ; p. 875, n. 3.
— 23 Capitol. Vita Marci Anton. 10. — 24 Au u" siècle, si le père nomme à
sou fils un curateur testamentaire, ce curateur doit être confirmé par le magistrat
sans enquête. Papin. 5 Respons. Rig. XXVI, 3, G.
— 1932 —
MIN
MIN
peut aliéner sans la volonté du mineur; il n’est pas
vice domini. La présence d’un curateur était pour les
tiers une garantie1 : la restitution en entier n’était pos¬
sible que si le curateur avait mal administré 2.
Les empereurs du m° siècle allèrent plus loin: pour
rassurer les tiers, ils leur permirent de forcer le mineur
à demander un curateur pour certaines affaires : pour
recevoir un paiement ou un compte de tutelle, pour
défendre à un procès s. Dans ce dernier cas, le rôle du
curateur consiste à conseiller le mineur: ici apparaît pour
la première fois, d’une manière certaine, le consensus
curaloris * . L’obligation d'obtenir le co/ise/isus d’uncura-
teur a été étendue aux mineurs qui veulentagir en justice 5.
Les mineurs sont dès lors considérés comme inca¬
pables de soutenir un procès. Leur situation ressemble,
à cet égard, à celle des pupilles en tutelle ; le consensus du
curateur produit le même effet que Vauctoritas du tuteur.
L’assimilation de la curatelle à la tutelle a été admise
dans le cas même où le mineur a un curateur permanent :
celui-ci peut à son choix, comme le tuteur, plaider au
nom du mineur ou le faire plaider avec son consen¬
tement 6. L'incapacité partielle des mineurs fut bientôt
étendue : les mineurs pourvus d’un curateur ne peuvent
rendre leur condition pire sans le consentement de leur
curateur ; leur situation est, sous ce rapport, analogue à
celle des pupilles en tutelle1.
Appliquée indistinctement à tous les mineurs pourvus
d’un curateur, cette règle eût été excessive ; on admit un
tempérament : les mineurs de vingt-cinq ans peuvent
être relevés de leur incapacité partielle par la faveur du
prince ; on leur accorde la venia aetatis 8. Grâce à ce
bénéfice, ils sont traités comme des majeurs : ils n’ont
plus le droit de demander l 'in integrum restitutio et
peuvent conclure tous actes juridiques sans le consen¬
tement de leur curateur. La concession de ce bénéfice a
été réglementée par Constantin; elle est subordonnée à
deux conditions : l’âge de vingt ans pour les hommes,
dix-huit ans pour les femmes ; la justification devant le
magistrat de l’honorabilité du mineur et de son aptitude
à gérer ses biens9. D’autre part, l’effet de la venia aetatis
subit une restriction : le mineur reste soumis, pour
l’aliénation des fonds ruraux et, depuis Justinien, pour
la constitution d’une hypothèque, à l’obligation d’obtenir
un décret du magistrat10. En cas de contravention, la
nullité de l’acte peut être demandée pendant cinq ans
pour les actes à titre onéreux, pendant dix ans pour les
actes à titre gratuit entre présents; le délai est porté à
vingt ans entre absents 11 .
IL Mineurs de dix-sept, vingt , trente ou soixante
ans. — Indépendamment des mineurs de vingt-cinq
ans, la loi romaine s’est occupée des mineurs de dix-sept
1 Paul. 9 Resp. Dig. XXVI, 7, 46 pr. — 2 Alex. Sev. Cod. Just. II,
25, 2. — 3 Anl. Carac. Cod. Just. V, 31, 1 ; UIp. 35 ad Ed. Dig. XXVI,
6, 1, 3. — 4 Le consensus du curateur est mentionné dans un texte
du il' siècle (Cels. Dig. XXIII, 3, 60), mais ce texte est interpolé. Voir
les preuves dans Édouard Cuq, Institutions , t. II, p. 169, n. 6. — 8 Diocl.
Cod. Just. III, 6, 2. — 6 Ulp. Dig. XXVI, 7, 1,4. — ^ Paul. 1 Sent. Dig. XXVI,
7, 24, I ; Modest. 4, de praescr. Dig. XLV, 1, 101. — 8 Sev. et Anton. Carac. ap.
Ulp. Dig. IV, 4, 3 pr. — 9 Constantin. Cod. Just. II, 44, 2. — 10 Just. Cod. II, 44,
3. — Il Ibid. 4. — 12 Inst. I, 6, 7. — 13 Nov. CXIX, cap. 2. — lt Gaius, I, 73.
— 13 Ulp. Reg. XVI. — 16 Ulp. 26 ad Sab. Dig. I, 7, 15, 3. — n Gaius, I, 106; cf.
Inst. I, 11,4. — 18 Dio Cass. LU, 20. — 19 Ulp. 11 ad. Ed. Dig. L. 4, 8.
— 20 Corp. inscr. lat. I, 198, I. 89. — 21 Cf. Mommsen, Rom. Staatsrecht, trad.
t. II, p. 233. — 22 Hadrian, ap. Paul. 2 Decret. Dig. XXXVI, 1, 76, 1.- 23 Cf.
d une part Ulp. Dig. L, 4, 8 et d’autre part Dig. IV, 4, 3, 3 ; Marc Aurèle et Cara-
calla, cités par Paul. toc. cit. — 2i Loi Julia judiciaria, ap. Callistr. 1 Ed. monit
Dig. IV, 8, 41 ; Sueton. Aug. 32. Le texte d’Ulpieu (2 Disput. Dig. X L 1 1 , 1, 57),
a„s, de vingt ans de trente ans, de soixante a„s e, ,
frappés d incapacités diverses. el les a
Laloi Aelia Sentia de l’an 737 défend au maih
de vingt ans, d’affranchir un de ses esclaves
risation d’un conseil institué à cet effet [le\ " h aUto'
t. III, P; 1127], Cette règle a été modifiée parJusTn^’ !
d a abaisse a chx-sept ans12, puis à quatorze ans18 lT :
à partir duquel le maître peut librement affran r . 3
esclaves par testament. ' 11 “r ses
La même loi Aelia Sentia défend d’affranchir 1WW !
mineur de trente ans [t. III, p. 1128], sinon il n’a a„W
liberté de fait: mais- “ elle lui facilite l’accès de la cité
romaine lorsqu’il se marie et qu’il a un enfant d’un an
Tant que l’enfant est minor anniculo , son père n’est pas
admis à invoquer le bienfait de la loi (causae probatio)
Les lois caducaires exemptent des déchéances infligées *
aux c.oelibes, les hommes mineurs de vingt-cinq ans ouma-
jeursde soixante, les femmes mineures de vingt ans ou ma¬
jeures de cinquante. Ils ont la solidi capacitas 16, mais non
le droit de profiter des parts caduques [caducariaeleges].
D’après une règle établie par la jurisprudence ponti¬
ficale, les mineurs de soixante ans ne peuvent adroger
un enfant16. Au temps des Antonins, on discutait la
question de savoir si un minor natu pouvait adopter ou
adroger un majeur; elle a été résolue négativement au
milieu du me siècle 11 [adoptio, t. I, p. 79, n. 49 à 52], ■
III. Les mineurs en droit public. — A l’exemple du
droit privé, le droit public romain a fixé à vingt-cinq
ans l’âge minimum requis pour avoir accès aux magis¬
tratures sénatoriales ordinaires, spécialement à la ques¬
ture 18. Cette règle, introduite par Auguste, fut étendue
aux magistratures municipales 19. Sous la République et
encore au temps de J. César20, l’âge minimum était celui
de trente ans [annales leges, t. I, p. 273], et en principe
les trente années devaient être révolues21. Sous l’empire
au contraire, l’année commencée est réputée accom¬
plie 22, et cette faveur a été maintenue en droit public
même à l’époque où elle a été écartée en droit privé-3.
Auguste modifia également l’âge requis pour être
inscrit sur les listes déjugés. Il abaissa à vingt ans
l’âge d'abord fixé à trente ans 28 ; mais on ne put être
forcé de remplir les fonctions de juge avant vingt-cinq
ans : celui qui avait témérairement accepté la mission de
juger une affaire, pouvait, suivant l’opinion générale,
demander à en être déchargé 26 .
L’âge est parfois une cause de dispense de 1 impôt
personnel ( tributum capitis). En Syrie, sont exempts
les majeurs de soixante-cinq ans, les hommes mineurs
de quatorze ans et les femmes mineures de douze ans.
L’âge s’apprécie à l’époque de la déclaration au cuis
Edouard Cuq-
. , i ? , nc Mitteis, H hpïiiCS
qui parle d'un juge mineur de dix-huit ans, parait îuterpo e , • |1271.
XXXII, 643, t. - 25 Loi Acilia repetund. 1. 13 [le* ac.ua U
— 26 Callistr. loc. cit. —27 Ulp. 2 de cens, Dig. L. la, 3 P1- ^ Laetoria,
Breitspecker, De. origine curatelae minoris, 1764 ; Hoepfner, e g ^ gfilens,
1778; Nijkerk, De praecipuis modis prospiciendi minonbus , - > 3'30; Van
De lege Laetoria , 1828; Savigny, Vermischte Schriften, j- ^eji’schrift
Hall, Bijdragen tôt regtsgelecrdheid. 1835, t. IX, p- 1 • u[c vrimto
" "5- Costa, R avrw i
■ Bullettino deli' *w“
fur Rechtsgeschichte, 1878, t. XIII, p. 311; Emilio
Ronxano nette comedie di Plauto, 189 , §§ 40 et 41, ----- r F mlication
p. 72; J.-E. Labbé, Appendice alExp^ ^
historique des Instituts de Justinien, d Ortolan, 1- Œ ] ’ j^ÿm Rechts-
Accarias, Précis de droit romain, 1891, t. I, p. 443, Moiilz ®.\, jgga, t. II,
geschichte, 1892, t. I, p. 744 et 802 ; Karlowa, Rôm. Rechtsgesc i ^ ^ Co8lJ
p. 305; Girard, Manuel élémentaire de droit romain, 190 - P' V institution*
Corso di storiadel diritto roma.no , 1901, 1. 1, p. 338 , Edouar b
juridiques des Romains , 1902, t. I, p. 566; t. Il, p- 157 et
MIN
1933 —
MIN
,0S [nAEDALUS, MINOTAURUS, THESEUS].
' voTAÜRUS (Mtvcixaupoî). — A la requête de Minos,
,iilait se prévaloir auprès des Crétois de la faveur
?ul. poseidon avait fait surgir des Ilots un taureau
'•' " exceptionnelle beauté, à condition que l’animal
1 11111 ensuite offert en sacrilice. Mais le roi ne résista
lui serait ^
pas au désir de le
conserver parmi ses
troupeaux, et lui
substitua une autre
victime. Pour punir
ce parjure, Posei-
(lon rendit furieux
i,. taureau divin et
inspira à Pasiphaé,
l'épouse
de Minos,
.JT. «T-
ime passion mons¬
trueuse pour lui :
Je ces amours na
qpit le Minotaure,
à tète de taureau,
au corps humain.
Saisi d’horreur à sa
vue, Minos le relé-
guadans le Labyrin¬
the. Plus tard, ayant
réduit Athènes à sa
merci, il imposa à
la cité un tribut
annuel de sept jeunes gens et de sept jeunes filles qu’il
jetait en pâture au Minotaure, jusqu’au jour où Thésée,
qui faisait partie, comme victime volontaire, du second
ou du troisième convoi, tua le monstre d’un coup d’épée
ou de massue
La fable dont nous nous bornons à esquisser ici les
traits essentiels, paraît être, sous cette forme qui a pré¬
valu, l’œuvre de la tradition athénienne opérant, dans
un esprit d’hostilité contre Minos, sur des souvenirs de
l’histoire Cretoise2. On sait aujourd’hui, depuis les
remarquables découvertes deM. Evans à Cnossos, que ces
vieux mythes, si singuliers et si longtemps inexpliqués,
ont leur point de départ dans des réalités historiques
désormais bien constatées. Le mystérieux Labyrinthe
[labyrinthus] parait n’être pas autre chose que le palais
de Minos récemment exhumé ; il tire son nom du nom
carien de la hache, Xaêpuç, dont l’emblème se retrouve si
souvent dans les ruines3; que si on l’a conçu plus tard
comme un édifice tortueux et souterrain, c’est vraisem¬
blablement par une confusion qui s’est faite dans la suite
avec le labyrinthe égyptien du lac MœrisL Quant au
Minotaure lui-même, c’est, entre plusieurs autres, une
forme particulière des légendes qui se sont greffées sur
f ancien culte du taureau, si familier à tout l’Orient
MINOTAURUS. 1 Pherecyd. in Scliol. Od. XI, 320; Isocr. Hel. 27 ; Plat. Phaed.
L Apollod. lu, 1, 4; 15, g. Callim. Hymn. in Del. 310 el Scliol.; Paus. I, 21, 2:
9; U> 31, 1 ; Diod. IV, 77 ; Virg. Aen. VI, 21 sq. ; Catull. LXIV, 75 sq. ; Hyg.
„ub‘ 3S. -10, 42; Ov. Met. VIII, 152 ; «f. 0. Millier, Die Dorier, 1, p. 211 sq. ;
Ocpliani, DerKampf zwischen Theseus und Minotaurus, Leipzig, 1842; Wernickc,
lie>sagen der Griec/ien , Verhandl. der 40. Philol.-Versamml. 1889, p. 280 sq.
"T" H&1- Min. 12 et IG; Plut. Thés. 10;cf. Stephani, Op. cit. p. 28. —3 Evans,
°urn- °f hell. stud. XXI, 1901, p. 109 sq. ; cf. contra, Rouse, Ibid. p. 209 sq.
Collier, Dec. de Paris, 1902, 1, p. 832. — 5 Perrot-Chipiez, Hist. de l'art, VI,
[• 822, 832, 852, 933. — 6 Rev. de Paris, toc. cit. M. Pottier rapproche encore
"'.'Oie du géant d’airain, Talos, qui étouffe dans ses liras les étrangers jetés sur le
I ' ’C Crète, variante et déformation du Minotaure; les offrandes d’ enfants
s *a'les an Molocli de la Bible, au Saturne des Carthaginois. — 7 Cf. pour ces
VI
Fig. 5077. — Naissance du Minotaure.
et à la civilisation mycénienne ’. On a rappelé fort a
propos que Phalaris, tyran d Agrigente, jetait des vic¬
times humaines dans les flancs rougis au leu d un
taureau d’airain : il n’est pas difficile de supposer qu un
supplice analogue a pu exister dans quelque ville du
monde ancien, et que la légende athénienne, systémati¬
quement hostile a
Minos, s’est empa¬
rée de ce trait pour
composer le Mino¬
taure fl. Cette expli¬
cation, très simple
et très plausible,
dispense de rappe¬
ler les autres essais
d’interprétation qui
ont été tentés de la
même fable ’.
Le type du Mino¬
taure n’a pas varié
dans les nombreu¬
ses représentations
qu’il a fournies à
l’art antique. Con¬
formément aux in¬
dications des my-
thographes 8, il est
toujours constitué
par le corps d’un
homme et la tête du taureau9. C’est ainsi qu il figure
sur beaucoup de monnaies crétoises, en particulier de
Cnossos (fi g. 5078) 10 ; dans beaucoup d’exemplaires
lient de la main droite ou des deux
mains un disque ou un globe, que
l’on interprète soit comme un disque
ou un globe de planète, soit comme
une pierre que le monstre aurait
saisie danssalutte contre Thésée. On
voit aussi une allusion à un ancien
culte stellaire dans la série de petits
cercles qui encadrent le haut de
quelques-unes de ces monnaies 11 . On rappelle à ce propos
que le Minotaure porte lui-même dans quelques récits
le nom d’Astérion ou d’Astérios l2, et enfin que, sur
quelques vases peints, il a le corps constellé d une multi¬
tude de petits points, formant comme un semis d’astres13.
Dans la légende du Minotaure, c’est surtout l’épisode
de sa lutte contre Thésée qui a inspiré les artistes
[theseus], ce motif revient assez souvent dans la pein¬
ture céramique, et notamment sur les vases à figures
noires : d’ordinaire, Thésée maintient par une corne le
monstre agenouillé ou debout et le perce de son épée
(fig. 5079); ou bien il se dirige contre lui, l’arme à la
différentes exégèses, la bibliographie de Helbig, arl, Minotauros, dans le Lexikon
de Roscher. — 8 Apollod. 111, 1, 4; Cat. LXIV, 111; Ov. Her. X, 102 et 107;
Diod. IV, 77; Hvg. Fab. 40; Palaeph. Il; App. Karr. 55; Tzetz. Ad Lyc. 653;
Luc. Ver. Hist. 11, 44. — 9 On cite une gemme, d’origine évidemment récente,
oh il est représenté sous l'aspect d’un Centaure dans le Labyrinthe : Mus. Flor. II,
35, {. _ 10 Head, Hist. num. p. 383 et 389 ; Drit. Mus. Cat. of greele coins,
Crete, pl. vi, 32; Num. chron. 1884, pl. i, 11; Svoronos, Num. de ta Crète
ancienne. — 11 Roscher, Lexikon, s. v. Minotauros, 3008, Gg. 4-- Friedlaender
et Sallet, Berlin. Miinzkabinet, n. 40; Baumeister, Denkm. p. 936, fig. 101 i
_ 12 Apoll. et Diod. L. c. ; cf. Roscher, Lexik. s. v. Asterios. — Gerhard,
Auserl. Vasenb. 160 = Mus. Greg. II, 57 ; Helbig, Guide, II, p. 307, n. 80; Rei-
nach, Rép. des vases peints, II 1, n. 10; Baumeister, Denkm. p. 1789 sq.,
fig. 1873 sq. — U Gazette arcli. 1S84. pl. I.
il
Fig. 5078. — Monnaie
de Crèle.
243
MIN
— 1934 —
MIS
main, prêt à le frapper *. La ligure 4313 le montre traî¬
nant le corps du monstre hors du labyrinthe. Ce motif se
retrouve sur une plaque d’or archaïque de Corinthe 2 et
sur une cuirasse de bronze provenant d’Olympie3. Le
Fig. 5079. — Ariane, Thésée et le Minolaure.
combat est aussi le sujet d’une métope mutilée du Ihé-
seion i et d’une mosaïque romaine trouvée en Suisse,
près de l'ancien Ascupicum b. 11 est traité encore, mais
comme un corps à corps sans arme, dans des bronzes
conservés au Musée de Berlin 6 et au Louvre 1 . Plusieurs
.torses de Minolaure en marbre, dans différents Musées,
proviennent de groupes analogues en ronde bosse8.
Les autres motifs empruntés à la même fable sont assez
rares. Deux statuettes de bronze, trouvées en Crète et à
Olympie, et ayant servi d’ornements à des trépieds,
iigurent le Minotaure debout 9. Une urne étrusque repré¬
sente (fig. 5077) la naissance du monstre sous la forme
d’un enfant à tête taurine10. Un relief de marbre a pour
sujet le Minotaure conduisant par la main, à l’autel,
sept jeunes filles, ses victimes ". Sur quelques peintures
murales de la Campanie, il gît, abattu aux pieds de 1 hésée
vainqueur, qui est salué et embrassé par les jeunes gens
qu’il a délivrés12. F. Durrbach.
MINUTIO CAP1TIS [caputj.
MISS ILIA. — Les cadeaux, de nature et de valeur très
diverses, qu’en certaines circonstances solennelles de la
vie romaine, spécialement à l’occasion des jeux du
cirque, du théâtre et de l’amphithéâtre, les personnages
qui présidaient la fête répandaient ou faisaient répandre
parmi le public, s’appelaient d ordinaire missilia , quel¬
quefois sparsio. Au propre, ce dernier substantif signifiait
l’action de les répandre. Les missilia étaient donc une
des multiples formes de la largitio. Mais cette espèce
l Gcrliard, Etr.u. camp. Xascnb. pl. xxm = Roselier, s. v. Alinotauros, 3006,
fig. \ : Museo italiano, RI, 1890, pl. m = Roscher, 3007, fig. 3; /leu. de l’art
ancien et moderne, IX, 1901, p. 3, fig. 1; el Reinach, Bép. des vases peints, l,
5i9 (cf. 530, 3; 53Î, 2); l>e Ridder, Vas. peints de la Bibliolh. nat. n. 1/2
cl 209. Pour les autres vases, presque tous à figures noires, d suffira do ren¬
voyer à Reinach, Rép. I, 147, 3; 484, 1; 488, 11 ; 494, 3; 509, 5 ; 11, 82, 1 ; 117, 1 ;
118, 4; 119, 2; 153, 3 ; 183, 4 ; 255, 2; 271, 1; 285, 2; 302, 2; cf. encore Collignon
et Couve, Calai, des vases peints d’Athènes, il»5 742, 7G0, 828, etc.; ( atul.
Pourtalès, 213 et 227 ; Gaz. arch. 1875, pl. xxi. — 2 Arch. Zeit. 1884, pl. vm, 3,
et p. 100 sq.; Roscher, L. I. 3007, fig. 2.-3 Olympia, IV ( Bronzen ), pl. v., et
Text. p. 10, n. 30. — 4 Overheck, Griecli. Plastile, 14, p. 459; Roscher, L. I.
3009 fl°- 5; B. Sauer, Dus soyen. Theseion, p. 158 sq. elpt. v, 4. — 0 Mittheil.
d Antiq. Gesellsch. in Zurich, XVI, pl. xxix. - » Conze, 3il» Winckel-
mannsprogr. pl. Roscher, L. I. 3009, fig. 0; Baumcister, Denkmaeler,
1790 sq. fig. 1875; Reinach, Rép. de la stat. II, 510, i. - 1 Reinach, Ibid.
510, 4. - s Athènes : Arch. Zeit. 18GG. pl. cevm, 4 = Reinach, L. I. 093, 2;
Vatican : Braun, Zwôlf Reliefs, vignette du n- 5 = Monumenti Antichi, VII,
pl. xui ; Ilelbig, 180 et Reiuach, Ibid. 093, 0; Musée des Thermes : Monument i
antichi, VU, pl. x-xu — Reinach, Ibid. 094, 3 ; cf. 510, 2; Sarcophage h Cologne :
Jahrbücher d. Altcrtumsfr. im Rheinl. Ilcft VII, pl. ni; Jahn, Arch. Beitr.
p 270. — 9 Purgold, Annali, 1885, p. 105-187 et pl. b, 1 = Reinach, Ibid.
093, 5; Olympia, IV, Text, p. 87 sq. n. 010. — 10 Kôrlc, HisL u. phil.
Aufsàtze z. Ehr. von E. Curtius, p. 199-, Roscher, art. cité, 3005 sq. fig. 3.
Voy. aussi la peinture de vase, Gaz. arch. 1879, pl. 3, p. 33, plusieurs fois
interprétée comme Pasiphaé avec le pelil Minolaure. - U Millin, Gai, Myth. LXX,
différait essentiellement de toutes les autre* r™*
l 'UNGIARIPji
DONAT1VUM, EPULUM, sportula, etc.] en ce que celle :
allaient par portions déterminées à des personnes
gnées, tandis qu’aucune partie des missilia n’étaiu^'
destinée à aucun individu de la foule à laquelle la mass |
était offerte1. Les missilia étaient en droit res derelictae
et chacun devenait d’emblée propriétaire de tout re ,
avait la chance d’en recueillir2.
qu il
L’usage de répandre des présents aux réjouissances
publiques se rencontre, au moins à l’état rudimentaire '
chez les Romains de l’époque républicaine et même chez
les Grecs avant la conquête. Lorsqu’au Ier siècle de notre
ère l’agonothète Épaminondas d’Acraephiae, entre autres
largesses prodiguées aux spectateurs de ses jeux, répan¬
dit de magnifiques cadeaux, [7té][xp.afà [te] £7rorr,cev
jjLsydcXa xoù 7toXux£)dri 3, on peut dire qu’il ne fit que suivre
la mode romaine ; le mot îtéagaTa n'a évidemment pas ici
son sens ordinaire de pâtisseries ; il dérive de non
de 7r £7ttco , et traduit le latin missilia’1'. Mais plusieurs
passages d’Aristophane5 nous apprennent que, de son
temps, souvent les poètes faisaient jeter à l’assistance,
pour se la rendre plus sympathique, des friandises
(■cpay/ju-ocra, TpcoyâXta), telles que figues, noix, grains d’orge
grillés. Peut-être faut-il voir dans cette coutume la survi¬
vance de quelque vieux rite ; mais peut-être aussi faut-il
en expliquer plus simplement l’origine : en voyant beau¬
coup de spectateurs, pour tromper leur faim ou compli¬
quer leur plaisir, grignoter de ces choses et d’autres
pareilles (TpayTiptaxfÇetv) 6 apportées avec eu^ l’idée serait
venue aux poètes de les leur offrir. En dehors de toute
influence hellénique, comme aussi de toute intention
religieuse, la même cause a pu produire à Rome le même
effet. Voulant flatter la gourmandise grossière du plébéien
« acheteur de noix et de pois chiches torréfiés », les
présidents des jeux se seraient avisés de lui procurer
gratis ces menus aliments. La coutume remonte, a coup
sûr, très haut. Si l’on adopte pour un passage mutilé de
Festus8, citant Sinnius Capito9, la restitution spécieuse
de Scaliger, l’origine d’une locution proverbiale, par
conséquent ancienne, y est expliquée par 1 usage de jetu
au public, pendant les Cerealia , des noix entre autres
présents. Le témoignage des scoliasles d Horace' et u
Perse11 montre qu’ils jugent la coutume fort ancienne
Le texte d'Horace : « In cicere alque faba bona tu H
i. — 12 Mus. Borb. X, 50; Baumcister, p. 1792, fig. 18'»; 0 Jl-’ |
mu. n. 1213, 1215; Arch. Zeit. 1873, pl. lxvii. . „,ur0
I11SS1LIA. 1 Par exemple, la différence spécifique est net craon ^ ,g .
sparsio des missilia et la divisio des sport alae en nature dan , . ^
arsit et missilia variarumrerum et panama cumobsomo u „7i2 76. La
7,5, 1.-3 Corp. inser. gr. 1025, 55 = Corp-inscr. G, ^
litulion ne paraît pas douteuse. - Si les au cm ^ ^ pûl
lient connu ce texte, ils n'auraient sans doute pas me cou g62> y, )ir aussi
nais dériver de -* VeV. 58 ; Plut. 797 ; Nub. ^burg B.
seolies. Cf. Alb. Muller, Lehrb. d. gneeh. Bul‘n°'ial /g, 9. Le public
16, p. 303. - 0 Arislot. Eth. Nicom. X I. - « fricti ciceris et
,11c représentation dramatique est partagé ici en 1 eu. ^ ® p 177, ^ q Miillev :
cis emptor s'oppose k quibus est equus et pater et res. ^ vjlliniu3 + aig»i-
cces mitti in Cerialibus Capito Sinnius solitum esse d ^ ^ essctj plane
ire missilia Cerealibus 111 circo mitti, r,uo’ ra 0mnia alia missdia
urans a parte tôt uni designare , quia adeo di ig ^ 1 _ eg en ilaiif|i,es pro
le flamma cuin sunt u stac, quae spaiguntiu nt ^ jg pEmpiro; cf
•nnent de la restitution. - 2 Grammairien du comm i ^ /L rulll
uffel-Schwabe, Gcsch. d. rôm. Lit. I5, § - (P- y 177. pour lui l'usag
H. il l2 p- 340. — ,u Ad Sat. II, 3, 182. * mn;a seminasupe
lit une valeur rituelle : « ... q^“do terrae ludos eoleban^^^ ^ [)e m6me Paul
p ulum spargebaut, ut tcllus veluli v.sceral.bus usilées Jans les noces
rc. p. 172 (0. Millier) k propos des V0"1®"* fi>| auspichnn »•
... ul. novae nuplac inlranti donuim no\ i ni
el 1er- Jordan, Jiôm. Myth. IP, ]>• ^ 8fI*
MIS
m;; —
MIS
Hicininù
que si
à un auditeur fictif, édile ou préteur) per-
lupin* talus ut in circo spatiere », pourrait
(t,,sll"< (|rC allSsi bien que d’une sparsio rnissilium , d’une
SCn/l//o Mais tlans ccpli de PersG : K Cicer ingéré
lixanti populo , nostra ul Floralia possint aprici
^ ■ lisse senes », le mot riæanti ne se conçoit bien
i ies parts ne sont pas faites d’avance, s’il s’agit
• 1 sparsio et non d’une divisio 2. Il est manifeste que
l- n'n'sioa d’Horace, librement imitée par Perse, ne se
d " nnc a une coutume nouvelle alors, c’est-à-dire
‘ ies premières années de 1 epoque impériale. Si nous
'Sidérons l’ensemble des témoignages, nous devons
"l"l|(dre qu’elle n’était point particulière à certaines
Qerectlia et Floralia , mais s’étendait à tous les
x3 Lapremière sparsio rnissilium que nous puissions
Ihler est celle d’Agrippa pendant l’édilité qu’il exerça étant
déjà consulaire, en 721 de Rome = 33 av. J.-C. Elle est aussi
n ce „.enre le premier exemple d’une variété somptueuse
qui contraste avec la simplicité monotone de la coutume
primitive. A la fin de ces jeux mémorables, Agrippa
répandit du haut du cirque parmi le public des bons au
porteur valables pour de l’argent monnayé, des aliments
et d’autres objets4. En 38, à la auite de jeux gymniques,
CaJigala fit, en bons aussi, une riche sparsio 5.
Suétone en mentionne une autre du même prince,
laquelle semble avoir été, avec une epulalio,V accessoire
de jeux scéniques et se composait d’objets divers: sparsil
I d missilia variarum rerum6. Flavius Josèphe ‘ nous
apprend que le jour où Gaius fut assassiné, troisième
et dernière journée des jeux célébrés au Palatin en
mémoire d’Auguste, le spectacle (scénique) avait été
précédé d’une sparsio qui consistait en une grande quan¬
tité de fruits et d’oiseaux rares. Par les deux auteurs
nous savons que, quelque temps auparavant, du haut de
la basilique Julienne, le même empereur avait plusieurs
fois jeté à la foule une somme considérable en pièces
d’or et d’argent 8. Aux jeux que Néron célébra après
l’assassinat d’Agrippine, il jetait à profusion des tessères
valables pour toute sorte de mets coûteux et d objets
précieux ; à ceux qu’il donna pro aeternitate imper ii
et qu’il présida e proscenii fastigio , tous les jours furent
semés parmi le public des cadeaux très variés, sparsa
populo missilia omnium rerum , un millier par |our
d’oiseaux de toutes les espèces, des vivres divers en
abondance, des tessères frumentaires, des vêtements, de
l’orfèvrerie et de l’argenterie, des pierres précieuses et
dos perles, des tableaux, des esclaves, des bêtes de
somme, des animaux sauvages apprivoisés, à la fin des
navires, des maisons de rapport, des domaines ruraux9.
Lorsque Titus, en 80, inaugura ses thermes et le Colisée,
au cours des spectacles qui durèrent cent jours, il
répandit sur les assistants des tessères valables pour
des comestibles, pour des vêtements, de l’argenterie, de
l’orfèvrerie, des chevaux, des bêtes de somme, des têtes
de bétail, des esclaves '“.Domitien, après avoir, le premier
jour du sacrum septimontiale , offert aux spectateurs
une epulatio distribuée en panaria et sporlellac, le
lendemain « omne genus rerum missilia sparsil », et,
comme les cadeaux étaient tombés en majeure partie sur
les gradins de la plèbe, il ordonna une sparsio supplé¬
mentaire de cinquante tessères par cuneus de senateuis
et de chevaliers11. St) us le môme prince, à la fête des
calendes de décembre 90, le spectacle fut précédé <1 une
copieuse sparsio de fruits, gâteaux et autres friandises,
et d’un epulum\ il fut suivi d’une nouvelle sparsio non
moins abondante, mais celle-ci d oiseaux exotiques .
Aux jeux d’Arruntius Stella pour le triomphe sarmatique
de Domitien, en 93, il y eut chaque jour riche sparsio ,
les missilia furent tantôt des lasciva nomismata , c est-à-
dire sans doute des jetons à figures obscènes donnant
accès gratuit dans les lieux de débauche, tantôt des
tessères valables soit pour les fauves qui avaient parti
sur l’arène, soit pour du gibier à plumes1'. Hadrien,
en 119, pendant les fêtes de son anniversaire, lit des
sparsiones par tessères au théâtre et au cirque, les unes
pour les hommes, les autres pour les femmes u. Elagabal,
monté sur de hautes tribunes construites exprès, jetait à
la foule des coupes d’or et d’argent, des vêtements, du
linge, des animaux domestiques et sauvages15. Les docu¬
ments épigraphiques attestent que 1 usage des missilia
n’existait pas seulement dans la capitale. Dan% maintes
villes d’Italie ou de province quelque riche notable offre
à ses concitoyens des sparsiones 10 ou des ludos cum
missilibus 17 . En général, la nature de ces missilia n'est
pas spécifiée. Cependant nous apprenons qu’un person¬
nage de Bénévent répandit des tessères valables pour de
l’or, de l’argent, de l’airain, du linge et d’autres objets' s.
Deux inscriptions de Ferentinum mentionnent entre
autres largesses (distributions d argent, de gâteaux, de
vin doux) des sparsiones de noix, dont l’une de trente
boisseaux, à l’intention des enfants, le tout pour com¬
mémorer chaque année la naissance du donateur19. Il y
a tout lieu de croire que ces sparsiones de noix, à la
mode antique, restèrent longtemps en honneur dans les
fêtes de famille, surtout dans les mariages20. Dans les
solennités publiques les missilia étaient une largesse
normale21, et les exemples précis que nous avons pu
citer ne doivent évidemment être regardés que comme
des cas remarquables de la pratique courante. Quoique
nous ayons très peu de ces exemples précis pour toute la
période postérieure au milieu du 111e siècle22, nous sommes
sûrs que la coutume se maintint, en Occident et en
Orient, jusqu’à la fin des temps antiques.
Les sparsiones des empereurs furent en général les
plus mémorables par la quantité ou la qualité des cadeaux.
Mais il n’est pas douteux que les magistrats qui, aux
divers moments de l’époque impériale, participèrent à la
cura ludorum ,23 questeurs, édiles, préteurs, consuls, en
1 Opinion de Marquardt, Manuel d. ant. rom. irad. IV. XIII, 265, n. 4.
11 interprète de ni âme le texte do Perse. Voir aussi Friedliindcr, Sittengesch.
' ' p. 285. — 2 Voir le commentaire d’O. Jalin, p. 208. — 3 Sans parler
' solennité de la vie privée, comme les noces ; cf. le texte déjà cité de
(“u1, lliac- et Virg. Bue. 8, 30 : Sparge, marite, nuces. Le cas de l’excen-
r"ll,c Tudilanus, « qui cum palla et cothurnis nummos populo de rostris
8!>'>rgere soldat » (Oie. Phil. 3, 6, 16) ne prouve pas qu’un tel usage ait existé
D’Époque républicaine. — 4 Dio. Cass. 49, 43. — 5 Id. 59, 9.-6 Calig.
)• — 1 Ant. Jud. 19, 1, 13. — 8 Jos. Ant. Jud. 19, l, 11; Suel. Calig.
- 9 Suet. Ner. il. Cp. Dio Cass. 61, 18. — 10 Dio. Cass. 60, 25. — U Suel.
m- i- — 12 Stat. S(ic _ _ )3 Mart. 8, 78 (avec le commentaire de
Friedlander). Peut-être possédons-nous encore quelques échantillons de ces
lasciva nomismata-, voir Eckliel, Doct. num. 8, 315. — 14 Dio. Cass. 69, 8.
_ lb Hcrod. 5, 6, 9 sq. — 16 Corp. inscr. lat. 9, 1655 ; 10, 5849, 5853. — 17 Ibid. 8,
6947-8, 6996 (en 210), 7095-8, 7122-3, 7137,7900, 7963, 7984, etc. Un autre personnage
(Ibid. 895) olTre, en 239, une statue in compensations rnissilium. En général les jeux
sont scéniques. — 18 Ibid. 9, 1635. — 19 Ibid. 10. 5853, 5819. — 20 Paul. Diac.
L. c. ; Virg. L. c. — 21 Scn. Ep. 74, 6 sq. — 22 Amm. Marc. 27, 3, 6 (Lampadicus
préteur; il est probable, mais non certain, qu’il s’agit d’une sparsio rnissilium) ;
Ma! al a, 13, p. 322, Didot (Constantin); Coripp. De laud.Just. 4, 9 sq. (Justin le jeune).
| _ 23 Nov. 105. Allusion à ces largesses et autres dépenses du consulat, dans Hist.
Aug. Aurel. 15 : Factum est enim ut iam diviliarum sit, uon Uominum consulalus.
MIS
— 1936 —
MIS
faisaient normalement, eux aussi, à l'occasion de leurs
jeux. Les textes, cités plus haut, d’Horace et de Perse,
prouvent qu’en ceci la tradition de l’époque républicaine
ne s’était point perdue aux premiers temps de l’Empire.
Un passage altéré de Dion Cassius1 nous permet encore
de deviner qu'il en fut de même pour les préteurs au
moins jusqu’au début du ni0 siècle. Nous savons positi¬
vement que les consuls ont fait dés sparsiones jusqu’à
la fin, non pourtant sans que l’usage ait eu à subir
quelques interruptions 2. Les particuliers avaient-ils, en
dehors des solennités privées, le même droit? Probable¬
ment non, du moins dans la capitale. Lorsque Arruntius
Stella fêta par ses jeux avec missilia le triomphe de Domi-
tien, il était sans doute préteur 3. Hors de la capitale, les
riches particuliers pouvaient employer ce moyen de con¬
quérir une popularité qui, étant toute locale, ne portait
pas ombrage au maître Cependant, c’étaient naturelle¬
ment les dignitaires municipaux, édiles, tresviri, quin¬
quennales , etc., qui avaient surtout l’occasion d’en user.
Notre énumération démontre, d’autre part, qu’à Rome ou
en province la sparsio missilium ne fut presque toujours
que l’accessoire d’une fête. On la trouve souvent associée
avecVepulum, largesse analogue aux missilia de l’époque
primitive, renforcement, ou dédoublement des cadeaux
alimentaires motivé par la prolongation du spectacle 8.
Comme de tout temps les empereurs avaient fait quel¬
quefois des sparsiones indépendantes (Caligula, Ela-
gabal), dans la basse époque les consuls en faisaient, non
seulement à l’occasion des jeux, mais aussi à de certains
jours solennels de leur charge, pendant leurs procès -
siones 6. Enfin, notre revue des sparsiones célèbres nous
a permis de constater que si la variété des cadeaux
répandus fut en somme très grande, parfois les missilia
ne consistèrent qu’en aliments, et le plus souvent il y eut
parmi les missilia des aliments. Ainsi 1 usage amplifié,
transformé, gardait néanmoins sa marque originelle.
Tant que les missilia n’avaient consisté qu’en de gros¬
sières friandises, on avait offert directement au public
l’objet lui-même, et cette procédure fut souvent encore
employée à l’époque impériale pour les cadeaux de
bouche, malgré le dommage que les mets plus délicats,
usités alors, risquaient d’en éprouver. Mais souvent
aussi l’objet fut remplacé par une tessère représentative.
Quels que fussent les cadeaux, le souci d’en éviter la
détérioration ou la destruction totale recommandait ce
système 1 ; la nature de certains l’imposait absolument.
L’emploi des bons au porteur est attesté pour plusieurs
sparsiones , en commençant par celle d’ Agrippa; pour
d’autres cas, il est probable ou sûr que nos auteurs, en
parlant du jet des cadeaux eux-mêmes, se sont exprimés
au figuré. Ainsi Néron, quoique semble en dire Suétone,
n’a évidemment pas jeté à la foule des navires, des mai¬
sons et des champs. Les tessères de Titus, d’après Dion,
étaient de petites boules de bois portant un signe, crtpai-
pi '% ï-iXtva tuxox <rûp.6oXo V ’É/ovtx, celles de Néron, (rcpatpta
1 78, 22. Est interdit, cil 217, x'o SwtSlSoffîal xiva lv xv.ï; x.~v nxjaxr.-piv xSv
eàvu ôîatç, iOÿjv xîïiv xîj *î>/. w',ça X I X VJ |i.Év(uv (lacune après ce mot). \ oir le commen¬
taire de Boisscvain. — 2 Cod. Just. 12, 3, 2; iVoB. 105, pr. — 3 Prosop.
imp. rom, 1, p. 147. — 4 Le titulaire de Corp. inscr. lat. 8, 79G0, est un
simple particulier. — ■> Mommsen et Marquardt, Man. des ant. rom. 13, p. 2G3 sq. ;
Friedlander, Sittengesch. 23, p. 285. — 6 Noo. 1 U ». — 7 Sen. Ep. 74, 7 :
(Juorum alia inter diripienlium manus scissa sunt...; Mart. 8, 78, Il sq. :
Nunc implerc sinus securos gaudet et aljscns sortilur dominos, ne laceretur, avis.
_ 8 Celles d’Hadrien, tryatjîa, — 9 Henzen, Ann. d. Inst, di corr. arch. 1848 5,
jjttxpa
que
soi
t yeypap.|ASva wç exa'jxx ë/ovxa 8. Mais il
4UC matière et la forme n’ont nas innin ' ' <e ,,,Jl
memes. Nous possédons un assez grand c les
tessères (fig. 8080, 8081 et 3082) 3 " "’e clc
que l’on peut avec vraisemblance
regarder comme ayant servi à cet
usage ou à l’usage analogue des
loteries dont nous dirons un mot
toutàl’heure. Elles sont en métal,
en os ou en terre cuite; les unes Fi,, 5
reproduisent la forme de l’objet,
les autres en portent simplement la figure. Les ob eti
signifiés sont très divers : un lion, un cheval, un lièvre
une tête de bélier, une oie déplumée, un poisson, une
noix, un demi-melon, etc. Avec le signe de l’objet il y l
souvent un chiffre qui
indique sans doute pour
combien d’unités le bon
était valable.
Il va de soi que la
sparsio n’était pas tou¬
jours faite par le dona¬
teur lui-même ou par le donateur seul ; Dion parle
d’agents, probablement esclaves dispensateurs, qui exécu¬
tèrent celle de Titus10.
Le jet à la*nain fut na¬
turellement le procédé
primitif, qui demeura
jusqu’au bout en usage
pour certaines catégo¬
ries de missilia faciles Fis- 508--
à lancer de la sorte, par
exemple les pièces de monnaie et les tessères. A un
moment donné on imagina un appareil qui s’appelait
Une a et dont l’existence nous est révélée par deux
témoins contemporains de Domitien. « L’opulente linea
ne cesse de fonctionner, dit Martial11, et il en tombe
sur le peuple un butin abondant. » Et Slace1- : « Les
friandises pleuvaicnt de la linea. » Qu était-ce au juste
que cet appareil? Il faut avouer que nous 1 ignorons.
M. Friedlander 13 affirme qu’il s’agit d’une cordelette
tendue à laquelle étaient attachés des cadeaux que lonj
pouvait happer au bond. Or les textes contredisent son
affirmation. Dans celui de Martial nous ne saurions
prendre ncc linea clives cessât et et in populum mulia\
rapina cadit pour l’expression de deux choses distincte.,
d’une part la linea fonctionnant, d’autre part la sparsio
ordinaire. Car, d’après Stace, c’est une pluie de cadeaux
qui tombe de la linea, et il insiste longuement sur ceue
image: Bellaria linea pluebant. Hune roi cm L,nij
profudit eurus. Quidquid... largis gratuitum ta *
rapinis... Non tantis Hgas inserena ntmbis <
obruit autsoluta Plias, qualis per cune0* ue"l\,)Ua
nos plebem grandine contudit serena. uca
Iuppiter per orbem et latis pluvias minelur agr s,
XX, p. 283 sq. ; Mon. dell’ Inst. 4, tav. j2 sq. ; Hêltjia, llal ' Jllclangesl
A. Blanchet, Ile v. arch. m» s. XIV, 1889, p. i :i s'l- ’ ‘ sq- et pl.
d'archêol. et d’hist. publ. par l'École franc, de Home , • ’ ilMV£ï
— 10 EsKijîa... tççc'uxtt... '4 &?ixà<rovxà5 x.va< £ “ «V* ”u? ' ’voil, [J. 57, 10-
*«î /.«SxTv xo Itu^yçw'vov. Pour le sens du T ^né P, 19004. Bellarut est
- 1> S, 78, 7 sq. - *3 Silo. 1, 0, 9, éd. A'^^loU (Jeubner, ^ ^
une coiTcclion ancienne; les mss. ont oe aria. cerlains mss. (d aunes-
pas latin. Quant à la leçon linea, elle est attestée p< ^ ^ ^ à Martial, l- c-
ohrea) et confirmée par le rapprochement avec Mar ia .
MIS
— 1937 —
MIS
au
cadeaux
. joVis ht ferantur imbres1. Cette pluie, cette
(,(1^e grêle s’accordent très bien avec in populum
r°ï’1' ’ raplna cadit (mots de Martial auxquels corres-
1111 |(1|l| de façon frappante les mots de Stace largis
P° in g uni cadit rapinis) et pas du tout avec le fonction-
il1 ^ l’appareil auquel a songé M. Friedltinder.
" que, si son explication, qui est fausse, était juste,
I lin pu aurait été l’instrument, non de la sparsio, mais
largesse analogue, la complétant ou la remplaçant,
'comme le firent la direptio et la loterie.
\ngnste, ayant assisté aux exercices des éphèbes de
Caprée, leur lit servir en sa présence un epulum et « per¬
mit nu mieux exigea, dit Suétone, qu’ils se livrassent
badinage et pillassent des aliments et d’autres
». Non content de sa sparsio en bons au por-
[eul. Agrippa exposa au milieu du cirque une masse de
denrées que le public fut invité à mettre au pillage 3.
Aux jeux de Néron pour l’éternité de l’empire, où il y
enl des sparsiones pour les spectateurs, il y eutaussi une
direptio pour les acteurs : après la représentation de
17 ncendium d’Afranius, le mobilier de la maison en
flammes fut abandonné aux comédiens 4. Le futur empe¬
reur Gordien Ier, étant édile5, et après lui l’empereur
Probus 6 plantèrent dans le cirque une forêt artificielle
qu’ils remplirent de bêtes et d’oiseaux; puis la foule,
lâchée sur le bosquet, fit la chasse à son gré et à son
profit. Dans la direptio , non plus que dans la sparsio, il
n’yaaucune part faite d’avance pour personne, à chacun
appartient ce que lui procurent sa force, son adresse et
la faveur du hasard. La différence n’est que dans la
manière d’offrir les cadeaux : au lieu d’être sparsa , ils
sont in medio posita. La direptio nous apparait comme
une variété relativement récente de la sparsio.
De même la loterie présente le caractère spécifique des
missilia. La ressemblance est frappante surtout entre elle
dhsparsio en tessères. Mais dans ce cas même, outre la
différence des procédés de distribution, le tirage et le jet,
il y a celle-ci que le hasard seul fait les parts d’une loterie.
C’est Elagabal qui passe pour avoir introduit ce mode
de largesse dans les jeux publics. Ses billets gagnaient
des lots de valeur très inégale : dix ours, dix loirs, dix
laitues, cent écus d’or, une livre de viande de bœuf, des
chiens morts. La même fantaisie extravagante présidait
à scs loteries de table où les convives tiraient des billets
écrits sur des coquilles et valables pour dix chameaux
011 dix mouches, dix livres d’or ou de plomb, dix
autruches ou dix œufs de poule 7. Au reste l’usage des
sortes conviv aies n’était pas de son invention: les pitta-
wiqui circulent dans une coupe au festin de Trimalcion
assignent à chaque invité des apophoreta à surprises,
ne sont pas autre chose 8. La direptio et la loterie
appartenant à la même espèce que la sparsio , il ne serait
Pas surprenant que le mot missilia , qui signifie au propre
des cadeaux je tés, en fût venu par dérivation à signifier des
cadeaux offerts. Du moins Suétone appelle-t-il missilia
unr‘ partie dés objets livrés par Auguste à la direptio.
C usage des sparsiones avait pour les donateurs deux
avantages, l’un plus ou moins durable, l’autre momen-
' c’ 3 3 Suct. Aùq. 98. — 3 Dio. Cass. 49, 43. — 4 Suet. Ner. 11.
iiune * u(l- Gord, très , 3 : Hacc autem omnia populo rapienda concessit dio
ycn 1S' ai|od sextum edebat (le C' mots de son (Milité). — 8 Ibid. Prob. 19 :
mains i" ” *D C'rco araP'*ss‘mam dédit (à l'occasion de son triomphe sur les Ger-
ra_ .|C 'cs Blcmmyi), ila ut populus cuncla diriperet... Immissideindc populares ;
1 puisque quod voluit. — 7 Ibid. Heliog. ï*. — 8 Pclron. Sat. 56. — 9 Hor.
tané : elles servaient, comme la largitio sous toutes ses
formes, à leur concilier la faveur populaire 1 et ils y
cherchaient un amusement. Gaïus, le jour où il périt,
s’était fort égayé, dit-on lu, à voir la foule piller ses
missilia. Soyons assurés que ce genre de plaisir, il ne le
goûta pas seulement ce jour-là et ne fut pas seul a le
goûter. En ces circonstances, le public romain, à qui l’on
offrait tant de spectacles, était lui-même un spectacle.
Sénèque, qui l’a vu plus d’une fois contre son gré, nous
en a laissé une description saisissante" où il a noté le
paroxysme des convoitises, l’impatience fiévreuse de
l’attente, les regards fascinés et les vêlements déployés,
puis la rapacité violente et l’égarement des pillards,
l’incertitude des yeux et des pas, les mains brutales qui
s’arrachent les objets et les mettent en morceaux, les
déceptions, les bousculades, les coups. Aux pieds d’Ela-
gabal beaucoup de gens périrent écrasés ou s’enferrèrent
sur les armes des soldats de l’escorte12. Parfois c’étaient
des batailles sanglantes où sévissaient les pierres, les
bâtons et même les glaives13. Aussi les personnes les
plus sages s’esquivaient-elles prudemment, dès qu’appa¬
raissaient les missilia , sachant que dans ces mêlées on
risquait de payer cher un maigre profit11.
Le droit de bénéficier des sparsiones, comme celui
d’assister aux jeux publics, n’appartenait régulièrement
qu’aux gens de condition libre. Mais, autorisées ou
tolérées, la règle souffrait bien des exceptions. Non seu¬
lement Caligula avait admis les esclaves à ses jeux du
Palatin, mais il avait voulu qu’ils pussent s’asseoir à
n’importe quelle place13. Quinlilius Priscus de Feren-
tinum stipula qu’à ses sparsiones annuelles de noix
participeraient les pueri plebeii sine distinctione liber-
tatisiei. A une fête de Domilien, la sparsio du matin et
l 'epulum ne furent que pour le public normal, mais un
élément nouveau pénétra dans le cirque au moment de
la sparsio du soir : les histrions, les musiciennes, les
courtisanes, les marchands de soufre commun 11 . Les
sparsiones avaient leurs professionnels qui opéraient
par bandes, mais ne versaient pas toujours loyalement
leur butin à la masse de l’association18. Les spécula¬
teurs, qui achetaient, pour un prix fait d’avance, à ceux
qui se jetaient dans la bagarre tout ce qu’ils auraient la
chance d’attraper19, devaient aussi avoir du mal à se
garder contre la duperie. Ces habitués, plus adroits et
plus brutaux que les autres, avaient facilement la meil¬
leure part. Du reste, même pour les plus favorisés d'entre
eux, le profit n’était pas durable; ils dépensaient leur
gain aux cabarets, ne rapportaient rien chez eux; bien
plus, ils escomptaient le bénéfice des sparsiones à venir
et s’endettaient20. L’abus des missilia avait un autre
inconvénient que cette influence corruptrice sur les
basses classes de la société : la dépense, onéreuse même
pour le fisc impérial, devenait ruineuse pour les citoyens
à qui elle incombait21. L’autorité souveraine intervint
plus d’une fois afin de remédier au mal. En *217 furent
supprimées les largesses des préteurs, sauf à la fête des
Floralia 22 . Martien défendit aux consuls les sparsiones
en espèces. Quelques autres princes, nous ne savons
L. c. : Laïus ul iu circo spalierc ; Pcrs. L. c. : Nostra ut Floralia possint aprici
meminisse senes. — 10 Jos. Ant. Jud. 19, 1, 13. — 11 Ep. 74, 6 sq. ; cf. Pers. L. c. :
rixanti populo; Stat. Silv. 1, 6, 66: sparsio quos agit tumultus. — 12 Herod. L. c.
— 13 JVov. 105, ch. u. — U Sen. L. c. 7. — 13 Jos. Ibid. — 16 Corp. inscr. lat. X,
5853. — u Slat. Ibid. 67 sq. — 18 Sen. Ibid. — 19 Dig. 18, 1, 8, I. — *0 Son. Ibid.
— 21 Hist. Auy. Aurel. L. c. — 22 Dio. Cass. 78, 22.
MIS
— 1938
MIS
lesquels, leur défendirent toute sorte de sparsiones 11
faut croire que ces prescriptions sévères ne tardèrent pas
à tomber en désuétude, puisque Justinien crut devoir
édicter une nouvelle réglementation. Moins absolu que
certains de ses prédécesseurs, il n’interdisait pas les lar¬
gesses aux consuls, sans leur en faire d’ailleurs une obliga¬
tion. Mais il fixait, d’une part, le nombre des processiones
consulaires et, conséquemment, celui des sparsiones , à
sept; d’autre part, la valeur des pièces d’argent qui pour¬
raient être jetées dans ces sparsiones , le jet des pièces d’or
étant réservé à l’empereur2. Philippe Fabia.
MISSIO. — Libération du service militaire. On recon¬
naissait trois sortes de libérations 1 : Missionum gene¬
rales caitsae sunt 1res, dit Marcien : honesta , causaria ,
ignominiosa ; honesta est quaetempore militiae impleto
datar; causaria quum guis vitio animi vel corporis
minus idoneus militiae renunt iatur : ignominiosa causa
est quum quis propter delictum sacramento soluitur.
Ulpien s’exprime à peu près de même2 : Multa généra
sunt missionum. Est honesta quae emeritis stipendiis
vel ante ab imperatore indulgetur. Est causaria quae
propter valeludinem laboribus militiae solvit. Est
ignominiosa....
De cette dernière, il a été question à l’article militum
poenae.
La missio causaria, c'est la réforme, quand, au cours
du service, on devenait infirme par suite de maladies ou
de blessures; c’est aussi la dispense quand, au moment
de l’enrôlement, on est reconnu impropre à l’état militaire
[dilectus]. Les soldats réformés étaient dits causarii. Ils
n’avaient pas droit aux mêmes avantages que ceux qui
avaient accompli tout leur temps, et quelque faveur
qu’on leur accordât, ce n’était jamais pour les égaler aux
autres 3. On ne les appelait ou rappelait au service que
dans des occasions tout à fait exceptionnelles1.
La missio honesta, comme le dit Ulpien, ne suppose
pas absolument l’accomplissement du temps réglemen¬
taire; dans certains cas, en récompense de services excep¬
tionnels, le soldat pouvait être libéré : dans un diplôme
militaire de Vespasien 5, on cite des soldats qui ante eme-
rita stipendia eo quod se in expeditione be/li fortiter
industrieque gesserant exauctorati sunt. En général,
pourtant, on ne l’accordait qu’après le temps de service
légal accompli [diploma, stipendium], et souvent même,
surtout au ier siècle de notre ère, on gardait les soldats
sous les drapeaux plus longtemps que de raison 6. Même
lorsqu’elle était octroyée au jour réglementaire, elle ne
libérait pas immédiatement le soldat : on pouvait être
retenu encore à l’armée, tout en étant missus \ Les
difficultés pécuniaires au milieu desquelles se trouvait
l’empereur l’obligeaient ainsi à retarder parfois le
paiement de la retraite aux vétérans.
M. Mommsen a noté8, d’ailleurs, que, en règle géné¬
rale, du moins au iic siècle, la missio s’accordait aux envi¬
rons du 1er janvier, tandis que V exauctoratio ne partait
que du 1er mars, début de l’année militaire ancienne.
i Cod. Just. 12, 3, 2; Nov. 10 5, pr. — 2 Nov. Ibid. ch. i cl n. Cette loi est tic
53G. Mesures analogues relatives aux sport ulae , Cod. Theod. 15, 9. — Bibliographie.
R(cin), art. missilia, dans Pauly, lteal-EncycL. 5, 85 sq. (court, mais substantiel
article contenant la liste des travaux antérieurs); Friedüindcr, Darstellungen aïs
der Sittengeschichte lioms , 113, p. 275 sq. ; ld. dans Marquardt, Manuel des antiç.
rom.: Le culte , t. Il, p. 264 de la trad. fr.
MISSIO. l Dig. XLIX, 16, 13, § 3. - 2 Ibid. III, 2, 2. — 3 Cod. Theod. VII,
20. 4: Cod. Just. V, 63, 1. Un libéré ex causa se nomme non pas missus, mais
A l’époque républicaine, le service ccss-.ii
avait atteint l'âge fixé; on était alors rayé t J?nd °U
seurs des rôles de l’armée active ». Sous pp ■ Cen"
congé était concédé par l’empereur, chef Sll^"P1Pe’ lo
troupes : il donnait lieu aune constitution nnn.v'T ^
pouvait comprendre soit tous les soldats libéral h ?'
corps d’armée, soit une partie seulement d’entre c. *“
V honesta missio entraînait des avantages pécuni- '
ou autres, dont il est question ailleurs [diplom a m, U°S
MILITIAE]. R. CaGNAT. L OMA,PRAEMla
MISSIO IS POSSESSIONEM. - L’envoi en possession
est 1 autorisation donnée par le magistrat de prendre
possession des biens d’autrui. Cette autorisation était
donnée anciennement dans deux séries d’hypothèses •
1° lorsqu’une personne était appelée par le préteur à une
succession 1 ; 2“ pour sauvegarder les droits de certains
créanciers ou de certaines personnes qui, d’après le droit
civil, avaient vocation à une hérédité. Sous l’Empire, ces 1
deux applications de la missio in possessionem ont reçu un
caractère distinct : dans le premier cas, l’envoi en posses- 1
sion crée un droit nouveau; dans le second, il garantit
un droit préexistant. Dès lors, la terminologie fut modi¬
fiée : l’expression in possessionem imMm>fiitréservéepoin-
le second cas ; dans le premier, il ne s’agit plus d’envoyer
en possession, mais de bonorum possessionem dure 2. I
Les missiones in possessionem du premier groupe ont
été précédemment indiquées [bonorum possessio] ; on ne
s'occupera ici que des missiones du second groupe.
L’envoi en possession a presque toujours pour objet
un patrimoine. Dans deux cas cependant, il est restreint
à une chose déterminée : 1° lorsque la personne contre
laquelle on exerce une action en revendication est absente
ou ne défend pas au procès, le magistrat permet au pro¬
priétaire de s’emparer de la chose qu’il revendique3;
2° lorsqu’une maison menace de s’écrouler sur le fonds
voisin et que le propriétaire refuse de faire les répara¬
tions nécessaires ou de garantir le voisin contre le dooil I
mage éventuel, le préteur rend un décret pour autoriser le
voisin à prendre possession de la maison [damnum infec¬
tum]. A partees deux exceptions, la missio in possessionem
est une missio in bona. C’est une mesure conservatoire
dont on va indiquer les applications, les effets, la sanction.
1. Applications de l’envoi en possession* — a- Envoi en
possession accordé aux créanciers. — 1° Contre un debi¬
teur insolvable L L’envoi en possession est ici, engéneial,
le préliminaire de la vente en masse des biens de 1 insol¬
vable [bonorum emptio, t. I, p. 734]. Ces biens sont, saisis
par les créanciers en attendant qu’ils soient vendus aux
enchères à leur profit.
2° Contre un héritier suspect qui ne fournit pas , ,IU
tion. On considère comme suspect celui dont la so vd 1 1
lité est douteuse. Le préteur peut, sur la demain e ej
créanciers du défunt, le forcer à fournir des eau nj
pour garantir le paiement des dettes de la sl" 1 1 ^
En cas de refus de l’héritier, le préteur enverra les cm -
ciers en possession des biens héréditaires •
missicius ( Corp . inscr. lat. III, 2037). - * Liv. VI, 6. - 6C“?'/ l'.fflîJ
Dipl. VIII. — 6 Suet. Tib. 48. — 7 Tac. Ann. I, 17. — 8 Corp. vis ,. ■ ^ ^ 2023 .j
— 9 Mommsen. Droit public romain , IV, p. 89. 1 Corp. ^ yn yerr. 1,48,
MISSIO IN POSSESSIONEM. 1 Val. Max. VII, 7, 3 cl t, 1C’ ’ parCelsus
i -23. - 2 Ulp. I Jîeg., Dig. II, 1, I. — 3 Celte reslriclion a e P ^ accordor
(ap. Ulp. 59 ad Ed„ Dig. XI II, 4, 7 19). ^guHèremeuUe préte^ ^ ^ ^ ^ ,
une missio in bona. — Gains, 111, 78. — M. i ’ P
XMI.5,31 pr., § 3.
MIS
— 1939 —
MIS
P1
eve
partie
3» Contre le débiteur mort sans laisser d’héritier1. Un
in préteur, qui existait au temps de Cicéron, permet
créanciers de se faire envoyer en possession des
" X ,1,1 défunt et de les faire vendre pour obtenir le
1,1(1 llb 11^*
jciiK'nt total ou partiel de ce qui leur est dû. Cet édit a
à l'usucapion à titre d’héritier [usucapio] une
, je sa raison d’être : anciennement, il avait paru
(Vcssaire que le défunt eût un héritier pour permettre
créanciers de faire valoir leurs droits 2. C’était
l’époque où les obligations portaient sur la personne
plutôt que sur les biens du débiteur3.
10 Contre le débiteur qui, cité en justice, a donné un
cindex et ne comparait pas au jour fixé par le magis-
Inl Lorsque le préteur, saisi d’une demande en justice,
Cn renvoie l’examen à une audience ultérieure, il a soin
de faire promettre au défendeur de se tenir à sa dispo¬
sition à une date déterminée [vadimonium]. Cette promesse
doit être garantie par un vindex ou par des cautions
( fidejussio certo die sisti) l. A défaut de comparution, le
préteur rend un décret pour inviter le vindex à exhiber
le défendeur ou à soutenir le procès à sa place. Si cet
ordre n’est pas obéi, le préteur envoie le demandeur en
possession des biens du défendeur ü.
5° Contre la personne que l’on veut poursuivre en jus¬
tice, mais qui est absente de Romeetn’est pas défendue 6.
Les jugements par défaut n’étant pas admis sous la Répu¬
blique ni sous le haut Empire 7, le procès ne peut s’en¬
gager lorsque le défendeur est absent et que personne ne
se présente en son nom [in jus vocatio]. 11 a paru au pré¬
teur que les intérêts du demandeur ne pouvaient rester en
souffrance et qu’il y avaiL lieu de lui accorder à titre conser¬
vatoire la possession des biens du défendeur. Exception
est faite pour le cas où le défendeur est un pupille ou un
citoyen absent pour le service de l’État8 [absens, p. 11].
Mais le droit commun est appliqué au captif3.
6° Contre le défendeur qui se cache frauduleusement10.
L’envoi en possession a ici pour but principal d’exercer
une pression sur le défendeur qui essaie de se soustraire
au procès en se cachant. La citation en justice est, vis-à-
vis de lui, impossible, et dès lors, le procès ne peut s’en¬
gager : on espère vaincre sa résistance en envoyant le
demandeur en possession de ses biens. Cette missio in
bona sera, s’il y a lieu, suivie de la vente en masse des
biens du défendeur 11 .
Contre le pupille qui a contracté une obligation et
«est pas défendu. Le mot contrat est pris ici dans un
sens large : il s’applique au pupille qui a accepté une
hérédité12 ou qui s’est immiscé dans une hérédité ; c’est
comme s’il s’était obligé envers les créanciers de la succes¬
ion et les légataires 13. L’édit s’applique également aux
contrats conclus par le tuteur du pupille ou par son
esclave chargé de l’administration d’un pécule u. Mais le
prêteur ne doit accorder l’envoi en possession que si per¬
sonne ne se présente pour défendre au procès, au nom du
pupille. 11 est même de son devoir d’inviter les parents ou
chics, les amis ou les affranchis du pupille à prendre en
mains sa défense. En cas de refus ou d’abstention,
il enverra les créanciers en possession jusqu’à ce que le
pupille devienne pubère15 ou trouve un défenseur10.
8° Contre le défendeur condamné qui n'a pas exécuté
le jugement dans le délai de trente jours qui lui est
imparti par la loi et par l’édit [judicatum, p. 643 j1 7 .
L’envoi en possession est ici le préliminaire de la vente
des biens du judicalns 18 [bonorum emptio]. On assimile
au judicatus le débiteur d’une somme d’argent déter¬
minée qui a reconnu sa dette en présence du magis¬
trat [in jure confessio, p. 744]. L’aveu judiciaire équi¬
vaut au jugement 19. On traite comme un in jure confes -
sus le débiteur d’une somme d’argent déterminée qui ne
défend pas au procès comme il le doit («fi oportet ) c’est-
à-dire qui ne se conforme pasaux prescriptions du magis¬
trat, par exemple, pour les sponsiones, cautions, etc. L’envoi
en possession est pareillement admis, mais seulement
comme moyen de contrainte, à l'égard du débiteur tenu
d’uneaction incerti , lorsqu’il a fait un aveu judiciaire ou
n’a pas défendu au procès comme il le doit21 [actio, p. 34].
9° Contre le débiteur qui a subi une capitis demi¬
nutio. La clause de l’édit qui promet l’envoi en posses¬
sion en cas de capitis déminât io maxima ou media ,
existait au temps de Cicéron32. La capitis deminutio
entraînant une sorte de mort civile, le préteur applique
ici une règle analogue à celle qu’il a édictée pour le cas
où le débiteur est décédé sans héritier. Si le débiteur a
subi une capitis deminutio minium à la suite d’une adro-
gation ou d’un mariage cum manu, le préteur restitue aux
créanciers, à titre d’actions utiles, les actions que la
capitis deminutio leur a fait perdre. Ces actions sont don¬
nées contre l’adrogeant ou le mari ; s’ils refusent d’y
défendre, une clause spéciale de l’édit promet l’envoi
en possession des biens de l'adrogé ou de la femme
mariée pour les dettes contractées avant l’adrogation ou
la conventio in manum 23.
b. Envoi en possession accordé aux légataires. —
1° Le légataire à terme ou conditionnel est autorisé par
l’édit à exiger de l’héritier une caution pour garantir le
paiement du legs [legatum, p. 1043]. En cas de refus,
le préteur envoie le légataire en possession des biens
héréditaires ou de la part du grevé24. La jurisprudence
a étendu cette clause de l’édit au cas où le legs est mis à
la charge d'un autre que l’héritier 25.
2° D’après un rescrit d’Antonin Caracalla, tout léga¬
taire dont la créance est exigible peut, à défaut de paie¬
ment, demander l’envoi en possession des biens person¬
nels du grevé 20 : c’est la missio Antoniniana.
c. Envoi en possession accordé aux veuves. — Depuis
le règne de Vespasien27, les veuves peuvent se faire
envoyer en possession des biens de leurs maris pour sau¬
vegarder leur droit à la restitution de la dot28. C'est l’un
des moyens imaginés par la jurisprudence pour garantir
l'exécution de l’obligation qui incombe au mari ou à ses
héritiers de restituer la dot après la dissolution du ma¬
riage [dos, p. 390].
]’'■ 7, 0 Quinct. 10, 00. — 2 Gaius, II, 55. — 3 Cf. Édouard Cuq, Instit.
' des Rom ■ L h P- 331. — 4 Gains, IV, 184..— 5 Ulp. 5 ad Ed., Dig. XLII,
’ ~ 6 Cjc- Pro Quinet. 19, 60. — i Voir pour l’innovalion introduite
(ic J Edouard Cuq, Op. cit. t. II, p. 87G, n. 7. — 8 Loi municipale
_ ,'0l iSar’ ’• 116 ; Paul- 57 ad Ed. Dig. XLII, 4, 6, 1. — 9 Paul. Eod. Ht. 6, 2.
Un Z'"' Pl'° <j‘ünct ■ ,9> °°- — 11 Gaius> nl> 78 î IV- 33- — 12 Juüan. ap.
L’o,i Xl lL h 3 pr. — 13 Ulp. 50 ad Ed. Dig. XLII, 4, 3, 3; Paul. 58 ad Ed.
11 Plp. Eod. Ut. 3, § I et 2. — 15 Ibid. 5 pr., g 1-2. — m Sur le sens de
l’expression recta defendi , voir Ulp. Eod. lit. 5, § 3. — n Cf. Édouard Cuq, Ins¬
titutions, t. II, p. 705, n. 4. — 18 Gaius, III, 78. — 19 Loi Ilubria, c. 21 ; Paul.
50 ad Ed. Dig. XLII, 2, 1 ; Ulp. 5 De omn. trib., eod. lit. G pr. — 20 Loi Ilubria,
c. 21. — 21 Ibid. c. 22 ; Ulp. L. c. G, § l. — 22 Cic. Pro Quinct. 19, 00. — 23 Gaius,
III, 84. — 2v Ulp. 52 ad Ed. Dig. XXXVI, 4, 5 pr., g 1-30; Cod. Just. VI, 54.
— 23 Ulp. Eod. lit. 5, g 28-29. — 20 Anton, ap. Ulp. Eod. lit. 5, g IG. — 27 Pegas.
ap. Ulp. 10 ad Ed. Dig. VI, 1,9. — 28 Marcell. lib. sing. Itesp. Dig. XLVI,
3 18.
MIS
— 1940 —
MIS
d. Envoi en possession accordé à certaines personnes
appelées à une hérédité. — 1° D’après l’édit Carbonien,
l’impubère sui juris dont la filiation est contestée peut,
après enquête', obtenir sur la demande de son tuteur
l'envoi en possession provisoire des biens de son père
décédé *. Si l’intérêt de l’enfant le commande 2, le
procès sera différé jusqu'à ce qu’il ait atteint l’àge de la
puberté. Mais pour sauvegarder les droits éventuels de
la partie adverse, le préteur exige qu’on lui fournisse
une satisdation, sinon on l’enverra en possession des
biens du défunt, concurremment avec le pupille 3. Il n’y
a pas à distinguer, pour l’application de l’édit Carbonien,
si le père de l’impubère a fait ou non un testament 4.
2° D’après un édit d’Hadrien, l’héritier, qui produit
un testament régulier en la forme, peut être autorisé à
prendre immédiatement possession des choses corporelles
héréditaires, pourvu qu'il fasse sa demande dans l’année
de l’ouverture du testament 6. Cette faveur accordée à
l’héritier institué a été introduite dans l’intérêt du fisc :
elle est surtout appréciable lorsque le droit de l’héritier
institué est contesté0. On a voulu faciliter le recouvre¬
ment de l’impôt du vingtième sur les successions [lex
julia, de vicesima hereditatium , p. 1150, n. 2] : le fisc,
grâce à cet édit, ne souffrira pas du retard apporté par
la justice à la solution du litige. L’application de l’édit
souleva des difficultés en raison du délai très bref accordé
à l’héritier pour former sa demande. Justinien a sup¬
primé cette restriction et permis à l’héritier de réclamer
la possession des biens qui appartenaient au testateur à
son décès, pourvu qu’ils n’aient pas été légitimement
acquis par un tiers ou qu’on ne puisse lui opposer la
prescription extinctive de trente ans1.
3° En vertu d’un rescrit d’Antonin le Pieux, le de¬
mandeur en pétition d’hérédité peut se faire envoyer en
possession des biens héréditaires lorsque le défendeur
ne se tient pas à sa disposition pour que le procès suive
son cours 8.
4° L’envoi en possession est accordé, d’après l’édit du
préteur qui existait au temps de Cicéron8, non plus à
l’héritier, mais à une personne qui se présente dans son
intérêt : tel est le cas de la mère d’un enfant simplement
concu 10. La missio in jjossessionem offre ici une double
utilité : elle sert d’abord à sauvegarder les droits éven¬
tuels de l’enfant à la succession paternelle ; elle a ensuite
pour but d’assurer à la mère pendant sa grossesse des
moyens d’existence". Deux conditions sont requises
pour obtenir l’envoi en possession ventris nomine :
1° que l’enfant n’ait pas été exhérédé ; 2° qu’il doive avoir
la qualité d’héritier sien au cas où il naîtrait vivant12.
La jurisprudence a étendu la clause de l’édit au cas d’un
posthume externe institué par le testateur ; mais la mère
n’obtiendra l’envoi en possession que si elle n’a pas de
quoi subvenir à ses besoins 13. Dans tous les cas il est
d'usage de confier la garde des biens à un curateur dont
lamère demande la nomination aux magistrats du peuple
romain ". Ce curateur est en même temps chargé de four-
l Ulp. 41 ad Ed. Di g. XXXVII, 1 0, 1 pr. — 2 Voir un rescrit d’Hadrien, ap.
Ulp. Eod. tit. 3, § 5. — 3 Ulp. Eod. 1, § t. — * Ulp Eod. 3 pr. — & Paul. Sent.
111, 5, 18. — C Sev. Cod. Just. VI, 33, 1. — 1 Ibid. VI, 33, 3. — 8 Ap. Ulp. 59 ad
Ed. Dig. XL1I, 4, 7, 19. — 9 Cf. la décision de son contemporain Servius Sulpicius
dans Ulp. 41 ad Ed. Dig. XXXVII, 9, 1, 24. —10 Ulp. 5 Disp. Dig. XL, 4, 13, 3.
— U Ulp. 41 ad Ed. Dig. XXXVII, 9, 1, g 2, 10 et 15. — 12 Gaius, 14 ad Ed. prov.
Dig. XXXVII, 9, 5 pr. - 13 Ulp. Eod. tit. 6. — 14 Ibid. 1, § 17, 18, 22, 23.
— 15 Ibid. 1 , § 19. — 1° Papin. 15 Quaest. Dig. XXXVIT, 3, 1 ; Ulp. 13 ad Sab. Dig.
XXXVIII, 17, 2, g 1 1 et 13; Cod. Just. V, 70, 7. Les Sabinicns accordaient la bono-
mr à la mère ce qu’il juge nécessaire pour son entrer . I
5» Les jurisconsultes de l’école Proculienne oiTr •'
admettre une règle analogue à la précédente en
de l’héritier qui est en état de démence : son ,.ur ,
est autorisé à demander l’envoi en possession „ * e.Ur
de la succession 10.
Quelques-unes de ces applications de la missio ■■ I
possessionem ont été supprimées par Justinien et rem J
placées par une sûreté plus énergique, une hypothèque!
légale [hypotueca, p. 362, n. 35; p. 363, n. 3] n 1 ■
IL Effets de la « missio in possessionem ». _ . ■ |
en possession, dont il vient d’être parlé, ne confère pas I
la propriété, ni même l’in bonis comme cela a lien en I
cas de bonorum possessio : il donne seulement la facnllé
de détenir les biens et de les garder temporairement'8
Le fidéicommissaire à titre particulier peut user de cette
faculté, même à l’encontre d’un tiers acquéreur de mau¬
vaise foi 19. Exceptionnellement, l’envoyé en posses¬
sion jouit du droit de percevoir les fruits, à charge d’en
imputer la valeur sur ce qui lui est dû : tel est le cas
du légataire dont la créance est exigible s’il n’est pas
payé dans les six mois 20 ; tel est aussi le cas de la veuve,
tant qu’elle n’a pas obtenu la restitution de sa dot21 ; 1
du demandeur en pétition d’hérédité, lorsque le posses¬
seur de l’hérédité oppose une résistance opiniâtre; mais
ici l’attribution des fruits au demandeur constitue une
sorte de pénalité civile pour le défendeur22.
III. Magistrats compétents pour accorder la «missio in.
possessionem ». — Malgré ses effets limités, l’envoi en pos¬
session n’en est pas moins une grave atteinte portée à la
propriété d’autrui. Aussi le droit de l’accorder est-il
réservé aux magistrats investis de Y imperium mixM
tum 23 . Il n’appartient pas aux magistrats municipaux
qui ne peuvent l’exercer que par voie de délégation-4!
[jl'RISDICTIO, p. 728].
IV. Sanction du droit résultant de la «missio in pos¬
sessionem ». — Le droit conféré par le decret du magistrat I
est sanctionné par une action in factum. Le préteur
défend de faire violence à celui qui a été régulièrement
envoyé en possession, sous peine d’être poursuivi ej
réparation du préjudice causé26. Peu importe que loi*
s’oppose à l’entrée en possession, ou qu’on expulse celui!
qui a déjà pris possession des biens26. H n’est pas memej
nécessaire qu’on ait eu recours à la violence ' '
suffit21. Les dommages-intérêts se calculent en enan I
compte de l’intérêt que pouvait avoii h dt man '
être en possession28. L’exercice de cette action onijl
lieu, au profit du défendeur, à un conlrarium judiciw ,
si la demande formée contre lui est reconnue mal fondée,
aura le droitd’exiger du plaideur téméraire uneindei
égale au cinquième de la somme qu on ui i ec a
La sanction établie par l’édit est mapp ma > e 1
l’envoi en possession a porté par erreur sur u ,
qui n’appartenait pas au débiteur : on ne saui
1 opposition de celui qui se dit P-p" U Son
qui affirme qu’elle n’est pas au debiteur .
rum possessio d’une manière définitive. — 11 r’aul- 64 “f . s ca evola, 9 R<'sl>-
- .8 Cic. Pro Quinet. 27, 84. - 19 Paul. Sent. IV h ^ „ Marcell.
7 — 20 Anton, ap. Ulp. 52 ad Ed. Dig. 2 - * . n «n — 23 LIlp*
MIS
MIS
, «o-ïilpment inapplicable dans les cas ou 1 envoi en
est < . , ,
^session a été accordée sans cause, si par exemple le
'îi'uit du missus in possessionem est inexistant ou sus-
trpüble d’être paralysé par une exception *.
I action créée par le préteur est une action pénale ;
Ue egt transmissible activement, mais non passive¬
ment- elle ne se donne contre les héritiers du délinquant
( i:e dans la mesure de leur enrichissement 2. L’action
(luit être exercée dans le délai d’un an ; par exception,
celle qui est donnée au légataire est perpétuelle 3.
Certains envoyés en possession sont également pro-
par un interdit : tels sont les légataires \ les fidéi¬
commissaires 6, ia mère envoyée en possession ventris
nomine 6. Plus favorisés encore sont les fidéicommis¬
saires [fidei commissum], qui peuvent être protégés par la
force publique 7. Edouard Cuq.
jlISSORIUM. — Ce mot, employé parfois en archéologie
pour désigner un plat creux, en argent ou autre matière
précieuse1, appartient à la langue de la basse latinité2 et
ne se trouve pas dans les auteurs de bonne époque : il
n’a aucun droit à prendre la place de catinum, discus ou
canx qui sont les vrais termes par lesquels les Latins
désignaient ce genre de vaisselle [voy. aussi mazonomon,
pin ax] • Peut-être lui-même est-il une corruption de
jiensorium3, qui a eu le même sens. E. P.
MISTHODOTÈS. — Mot qui signifie payeur1. Polybe2
appelle ai nsi le fonctionnaire, sorte de questeur, qui accom¬
pagnait à l’armée romaine les contingents des alliés ita¬
liens, des socii, et qui leur payait leur solde. Ch. Lêcrivain.
MISTIIÔSÉÔS DIKÊ. — 11 semble que, comme l’in¬
dique son nom, la otxTj g'.^oSaeco; ou pu<70oü ait dù être une
action instituée au profit du bailleur pour lui permettre
de poursuivre d’une manière générale l’exécution de
toutes les obligations imposées au preneur par le contrat
de louage. Cette action aurait ainsi joué, dans le droit
altique, le même rôle que Yactio locati dans le droit
romain1. Mais cette opinion ne repose sur aucune preuve
et, à notre avis, il n’y avait en matière de louage que des
actions spéciales à certaines obligations du preneur,
abstraction faite d’ailleurs des actions que nous avons
signalées [locatio], mais dont l’application est possible
dans tous les contrats en général2. Que si l’on admet une
action générale nommée uutOo'ig-eoj; SiVq en matière de
locatio rei, on doit décider égalementque, dans la locatio
operis, c’est par une action gtsOuKrew; que doivent se
régler les contestations survenues, dans le contrat d’en¬
treprise, entre le maître et l’entrepreneur3.
En tout cas, en matière de louage de services, locatio
operarum , contrat qui, dans le droit attique, avait le
1941 —
caractère d’un véritable louage, alors même que celui qui
promettait ses services exerçait une profession libérale,
les salaires des professeurs spécialement, salaires qui
étaient quelquefois considérables, pouvaient être récla¬
més par une action puuôoti ou pLtaâoiffewç. Ainsi Diogène
Laërce* nous dit que Protagoras fut obligé de plaider
contre un de ses disciples qui lui refusait son salaire (tov
gi<T0dv), et l’historien nous a résumé, d’après le plaidoyer
de Protagoras (Si'xyj iuràp pcSoCS) qui existait encore à son
époque, les arguments invoqués par le sophiste contre
son adversaire6.
En cas de location générale des biens du mineur, c’est-
à-dire de p-iffOwa:; otxou, le pupille pourrait, d’après cer¬
tains auteurs 6, agir contre le locataire après sa majorité
par la [A!(ï0id<tswç oîxv). Mais nous croyons plutôt que
l’inexécution par le locataire des obligations qu’entraîne
à sa charge le contrat de bail, est assurée par les actions
ordinaires naissant de ce contrat, notamment par l’evoi-
xigd St'xTf| 7. L. Beauchet.
MISTIIOSIS OIKOU. — Le tuteur, au lieu d’admi¬
nistrer directement le patrimoine du mineur, suivant les
règles exposées ailleurs [epitroposJ, peut le louer en bloc.
Cette location en bloc du patrimoine pupillaire, c’est ce
que l’on nomme, dans le droit attique, la jJu'ffOfüct; otxou ;
on dit du tuteur qui procède à cette location u;<70o3v tôv
oïxov, du locataire p-ia^GOo-Oau tôv olxov et de l’otxoç lui-
même ég's 9ü>0Tq. L’olx&ç du pupille que le tuteur loue
ainsi, c’est le patrimoine tout entier du mineur, et non
pas seulement, comme on pourrait le croire, les maisons
que l’on désigne alors plus spécialement parle mot ocxîa.
L’olxo; peut même ne comprendre aucun immeuble, mais
seulement de l’argent comptant1.
Le tuteur ne peut pas procéder de sa propre autorité
à la [At'aOüxnç oî'xou; la loi lui prescrit, dans l’intérêt du
pupille, l’observation de certaines formalités. D’une ma¬
nière générale, la location des biens du pupille se fait pu¬
bliquement et sous la surveillance de l’archonte, comme
pour la location des biens de l’État ou des domaines
sacrés. Toutefois, tandis que pour cette dernière on grave
ordinairement sur la pierre ou sur le bronze les clauses
du contrat, on juge inutile de donner une pareille publicité
aux contrats de louage concernant les biens des pupilles 2.
Le tuteur, ne pouvant pas traiter de gré à gré avec le
fermier, doit s’adresser à l’archonte et lui présenter une
requête tendant à ce que ce magistrat fasse procéder à
la location aux enchères publiques3. Le tuteur, en pré¬
sentant ainsi sa requête à l’archonte, doit lui remettre
en même temps un état détaillé ou inventaire (àiroypaœVj)
de la fortune du pupille4. Cet inventaire est d’ailleurs
1 Wp- Dig. Md. !,§ 5. _ 2 Cf. Édouard Cuq, Instit. jurid. t. II, p. 405, n. 3. — 3 Ulp.
XLIIl, 4, 1, 8. _ 4 Ulp. 52 ad Ed. Dig. XXXVI, 4, 5, 27. L’interdit était un
uitcrdit utile dans le cas de la missio Antoniniana. lllp. 68 ad Ed. Dig., eod. tit.
'. ' 1 ~~ 6 Cet interdit avait également le caractère d'un interdit utile. Ulp. Eod.
^ ’ 6 Ulp. 68 ad Ed. Dig. XXXVI, 4, 3, 2. La mère peut opter entre les
( ('e procédure : l’action in factum et l’interdit. Cet interdit est à la fois
1 1 " l'iloiro et reslilutoire : il en était sans doute de même du précédent. — 7 Ulp.
:i(i Ul. Dig. XLUI, 4, 3 pr. ; cf. Édouard Cuq, Op. cil. t. II, p. 725, n. 3. — Bibj.io-
Iiachofen, Das rômische Pfandrecht, 1847, p. 281 ; Dernburg, bas Pfand-
:t "nch dm Grundsützen des heutigen rômischen Rcchts, 1860-1864, t. Ier, p. 400;
^ ‘'édit. t. I", § 270; Keller, Der rômische Civilprozess, traduction
' 1 P- 356; Hcllimaim Hollweg, Dcr Civilprozess des gemcinen Rcchts
To^klC^tlicher Entw'clcelu.ng, 1864, t. II, § 114 et 159; Mayuz, Cours de droit
jjgj * éd. 1876, t. Itr, p. 592 ; Morilz Voigt, Rômische Rcchtsgeschichte, t. I,r,
p 7-ij*1 iJ’ Edouard Cuq, Les Institutions juridiques des Romains, 1902, t. Il,
183 1 Voir Gaz. arcli. 1886, pi. xxi, p. 180 (Piol) ; cf. Ibid. 1879, p. 53 ;
!'• (de Longpéricr). — 2 Du Cange, Gloss, med. et inf. lat. s. v. On
VI.
écrit aussi Alissurium. On le trouve traduit en grec par le mot niv»^plov dans
le titre donné à une épigramme de l’ Anthol. Pal. IX, 816, éd. Didot. 3 On
dit aussi Messorium ; Isid. 20, 4 : « Messorium vocatur a mensa... quasi men-
sorium » .
MISTHODOTÈS. 1 Tlieocr. 14, 59 ; Xen. Anab. 1, 3, 9. — 2 6, 21, 5.
MISTIIÔSÉÔS DIKÈ. l Voir en ce sens, Meier et Schômann, Atlische Process,
1” éd. p. 533. — 2 Voir Beauchet, Le droit privé de la Républ. athén. t. IV, p. 194.
— 3 Meier, Schômann et Lipsius, Attische Process, p. 731. — 4 IX, §§ 55-56
— 6 Cf. Meier, Schômann et Lipsius, p. 732 ; Caillemer, Le contrat de louage, p. 33 sq. ;
Beauchet, t. IV, p. 224. — 6 Meier et Schômann, L. c. p. 532; Caillemer, L. c. p. 20.
— 7 Lipsius sur Meier et Schômann, p. 717, n. 710; Schulthcss, Vormundsclwft
nach attischem Recht, p. 195; Beauchet, II, p. 257.
MISTIIOSIS OIKOU. 1 Isae. De Alen. her. §§ 9, 24, 28. _ 2 Jb. §§ 9, 24 «8
Cf. sur la terminologie en cette matière ; Van den Es, De jure famUiarum ’apud
Athenienses, p. 175 et 179; Meier, Schômann et Lipsius, Der attische Process
p. 303; Scliulthess, Vormundschaft nach attischem Recht, p. 139; Hermann-
Thalheim, Rechtsalterth. p. 91, n. 4. — 3 Isae. De Phil. her. §§ 36 sq. — 4 1,1.
De Bagn. her. § 34.
244
MIS
MIS
— 1912
quelquefois assez incomplet et l’on y dissimule certains
biens en vue de frauder le fisc, notamment pour payer
des eiffcpopat moins fortes1.
L’archonte, saisi de la demande d'amodiation, lui fait
donner une certaine publicité, c’est-à-dire fait proclamer
par un héraut, en présence des héliastes, que l'on va
louer les biens d’un mineur. 11 procède ensuite à l’adju¬
dication en présence des héliastes, qui interviennent ici
non seulement comme témoins, mais encore pour con¬
trôler l’opération et pour statuer immédiatement sur les
incidents qui pourraient s’élever à cette occasion 2. Bien
que l’adjudication soit le fait de l’archonte lui-même et
non celui du tribunal, l intervention de ce dernier cons¬
titue une formalité essentielle à la validité de l’adjudi¬
cation. Elle peut, du reste, présenter une grande utilité
et empêcher des illégalités de se commettre3.
L’adjudication peut avoir lieu non seulement, comme
on l’a prétendu *, au commencement de l’année, dans le
mois d’Hécatonbéon, mais à toute époque de l’année s\
Les textes allégués en sens contraire 6 ne sont nullement
décisifs. Nous possédons très peu de renseignements sur
la manière dont s’opère l’adjudication. Elle se fait vrai¬
semblablement au plus offrant, et pour cela on tient
compte non seulement du prix, mais encore des garan¬
ties que présente l’adjudicataire, par exemple de la soli¬
dité du gage qu’il affecte en paiement des fermages ‘.
Plusieurs personnes peuvent se rendre conjointement
locataires des biens d’un pupille 8. Il est difficile d'ail¬
leurs de savoir comment l'on procédait en cas de plura¬
lité de locataires, et de décider si on louait en bloc tout
le patrimoine à un seul individu, sauf à celui-ci à par¬
tager avec d'autres le bénéfice de son contrat, ou si, au
contraire, on procédait à plusieurs adjudications par¬
tielles et distinctes 9. Lorsque les biens du pupille sont
ainsi adjugés à plusieurs personnes, il n’y a point de
solidarité entre les divers locataires10.
Le tuteur qui a provoqué l’adjudication peut lui-même
se rendre locataire 11 . On ne voit pas d’ailleurs pourquoi
le tuteur serait incapable de se porter adjudicataire ;
l'intérêt du pupille est doublement sauvegardé, d’une
part, au moyen des hypothèques ou autres sûretés que
le tuteur, de même que tout autre locataire, doit fournir ;
d’autre part, grâce à l’intervention de l’archonte et du
tribunal12. Au surplus, si le tuteur peut se mettre sur
les rangs, il n’a aucun privilège sur ses concurrents.
Il est moins facile de saisir l’intérêt que le tuteur pou¬
vait avoir à transformer ainsi sa qualité de tuteur en
celle de locataire. En effet, le locataire était tenu de
fournir des sûretés que l’on n’exigeaiL pas du tuteur.
D’autre part, le tuteur ne devait compte que des fruits
ou revenus par lui perçus, tandis que le locataire était
tenu de payer dans tous les cas une redevance fixe et
périodique. Cependant ce n’est pas une raison de croire
que, comme on l’a enseigné13, le tuteur ne se rendait
adjudicataire que dans un but frauduleux, pour louer à
1 Van den Es, p. 181 ; Meier, Schômann et Lipsius, p. 382 ; Hermann-
Thalheim, p. 16, n. 1; Schulthess, p. 142; Lécrivain, p. 730; Beauchet, His¬
toire du droit privé de la Ite'p. athénienne , t. Il, p. 140. 2 (sac. De
Phil. her. §37.-3 Meier, Schômann et Lipsius, p. 362 ; Ilermann-Thalheim,
p. 16, n. 1; Schulthess, p. 144; Lécrivain, p. 730 ; Beauchet, t. II, p. 241.
— 4 platner, Process , t. II, p. 283. — 5 Van den Es, p. 183, n. 1 ; Caiilemer,
Louage , p. 22; Beauchet, t. II, p. 242. — 6 Aristoph. Ecoles, v. 753; Isae.
De Phil. her. § 37. —7 Schulthess, p. 146, n. 1; Lécrivain, p. 730 ; Beauchet,
t. II, p. 243. — 8 Isae. De Phil. her. §36; De Men. her. §§ 9, 27, 28 et 34.
_ 9 Cf. Van den Es, p. 183; Caiilemer, p. 23; Hermann-Thalheim, p- 16, noie 1;
vil prix et affecter à son profit personnel une paru,,
revenus de l’enfant. Le tuteur pouvait avoir dès ' * °S I
légitimes pour se porter adjudicataire. D’abord en^r^ ’
si le père du pupille avait prescrit par son tesla ! ’
l’amodiation des biens de son enfant on n» " d,ment j
pourquoi on aurait privé le tuteur du droit de se po,!le
adjudicataire. De plus, le tuteur, qui n’était point rému*
néré dans sa gestion, pouvait se porter adjudicatairè
pour se ménager une rémunération, tout en ne voulant I
pas confier à un étranger l’administration. Si, èar
exemple, les biens du mineur rapportaient en fait
8 p. 100, le tuteur, en se portant adjudicataire à 7 p. lôo
pouvait avoir 1 p. 100 de bénéfice comme dédomma¬
gement de ses peines11.
Il est possible de n’affermer qu’une partie de la fortune
du mineur. En certains cas la location partielle est plus
avantageuse pour le mineur ou même, en fait, la seule pos¬
sible. On ne voit point alors pourquoi on l’écarteraitcomme
illégale, car les textes, loin de s’y opposer, semblent
plutôt admettre la possibilité d’une location partielle 13.
La location des biens du pupille se faisant par voie
d’adjudication aux enchères, il en résulte nécessaire¬
ment que le prix de location n’est pas une quotité fixe,
et qu’il peut varier suivant les cas et le résultat des
enchères. Nous ne voyons nulle part dans les textes d’ar¬
gument décisif d’où l’on puisse conclure que la giirOwoi;
o’ôcoo ait été réglée d’une manière précise par la loi et
que celle-ci ait été jusqu’à fixer le taux d’après lequel la
location devait avoir lieu. L’existence d’un taux légal
pour la location des biens du pupille rendrait sans objet
toute la procédure d’adjudication, car on ne peut sou¬
tenir sérieusement que cette procédure ait été imposée
uniquement pour apprécier la valeur respective des
garanties fournies par les locataires16. On ne peut, au
surplus, avoir qu’une idée assez approximative du taux
ordinaire de la location des biens de mineurs, car, d une
part, il est assez difficile de fixer le taux habituel de la
location des maisons et des fonds de terre et, d autre
part, l’intérêt de l’argent variait considérablement,
depuis 10 pour 100 et jusqu’à 36 et même 48 pour 100.
La location du patrimoine du mineur, qui comprenait à
la fois ordinairement des immeubles et de l’argent,
devait se faire sur un taux moyen. On peut, en consé¬
quence, considérer le chiffre de 12 pour 100 comme le
taux habituel de la location du patrimoine du mineur
envisagé dans son ensemble. Il ne parait pas adim. i
a priori que les biens des mineurs se soient loués ordi¬
nairement à un taux supérieur à celui des autres ova¬
tions, car le locataire des biens d’un nuneui e ai
spécialement de fournir des garanties hypothécaires
autres pour le paiement de ses loyers. Il n y a l’;l*
de croire, d’autre part, que l’intervention de archonte
ait suffi pour procurer au mineur des con 1 ‘ l7_
avantageuses que celles faites à un bai eur 01 leg
fi„oni à l’énnmip, à laauelle devaient être P> .'
" ■ p 731 ,
Meier, Schômann et Lipsius, p. 363; Schulthess, p. J ll8’ ^ ftcr § 36.
Beauchet, t. II, p. 243. - 1° Beauchet, L. c. - ^ , . Vgn deu Es,
_ 12 Schômann sur Isée, p. 341 ; Hermann-Thalheim, P- > ?3) . Beauchet,
p. 18; Caiilemer, p. 24; Schulthess, p. 147, n. t ; ^cJ‘'Cai;ien. - < r. n. î 4-
. 13 Caiilemer, L- c • P-
v. .., r. - , _ )5 Isae De Dicaeog. I
- H SchuKhess, p. 146, n. 1 ; Beauchel, t. Il, p. -4S- . Wain, p. 731 ! B»"’
§ Il ; cf. Beauchet, t. II, p. 246. - « Schulthess, p. 1*9. n 347 ; Contra
manu, 'jahrb. f. klass. Philol. 1877, p. 609 sq I Beauchet, _L , P- -
Westermann, Zeitsch. f. d. Alterthumsw. III, ‘S*3’ P’
p. 152 sq. ; Beauchet, t. H, P- 249.
t. Il, p. 244; Contra, Platner, Process, t. H, P- ^ _ De Dicaeog. hsr.
17 Schulthc95’
MIS
— 1943 —
MIS
loyers
ou fermages des biens du mineur, il est assez
diftïcile de s’en faire une idée, attendu que l’on ne peut
(.,re ge fixer sur l’époque du paiement des loyers en
If1, lierai' Une assez grande latitude devait être laissée
f la convention des parties. Le prix de la location peut,
,,,i conséquence, être payable à des intervalles périodi-
eg chaque année, ou tous les six mois, ou même à des
intervalles plus rapprochés, mais non inférieurs à un
0jg> Une autre combinaison peut aussi avoir lieu,
d’après laquelle le locataire ne paie tous ses loyers qu’en
une seule fois, à l’époque où son bail prend fin et où il
restitue au mineur devenu majeur le capital même qu’il
•i affermé Ce dernier mode ne peut toutefois qu’être
exceptionnel, car il est naturel que les loyers soient
remis, au fur et à mesure de leur échéance, entre les
mains du tuteur, afin que celui-ci puisse subvenir aux
dépenses nécessitées par l’éducation du pupille 2.
Pendant la durée de son bail, le locataire se trouve
dans une situation juridique supérieure à celle d’un
simple détenteur, et il devient en quelque sorte le repré¬
sentant du mineur, aux lieu et place du tuteur, rela¬
tivement aux biens qu’il a pris en location. C’est lui qui,
en conséquence, a le droit d’exercer les actions du mi¬
neur concernant ces biens 3. L’exercice de ces actions
paraît être non seulement un droit, mais encore un
devoir pour le locataire, de même que c’en serait un pour
le tuteur à qui le locataire se trouve substitué L
En ce qui concerne les impositions qui grèvent la
chose louée, une clause spéciale du contrat devait
ici, comme dans les autres baux, régler les obligations
des parties à cet égard. Il est probable que, dans le
silence du contrat, les impôts devaient être payés par
le mineur bailleur B.
La bonne administration et la restitution des biens du
pupille par le locataire sont garanties par des sûretés
spéciales que celui-ci doit fournir. Ces sûretés sont ordi¬
nairement des sûretés foncières, des hypothèques, et
celles-ci sont la plus solide des garanties. Mais ce n’est
point, comme on l’a prétendu 6, la seule garantie que le
locataire puisse fournir au mineur, et nous croyons que,
comme cela a lieu pour toutes les locations consenties
par l’État ou par les temples 7, le locataire peut, à défaut
(1 immeubles sur lesquels il puisse constituer hypothèque,
offrir des cautions, à condition que l’archonte estime
cette garantie suffisante 8. La sûreté foncière fournie par
le locataire se nomme à7toTip.7]p.ot. Des experts, nommés
MtoTipiTcff, sont, en conséquence, désignés par l’archonte
afin de procéder à la visite et à l’estimation des fonds
(lue le locataire propose comme garantie et de déclarer si,
'1 après leur évaluation, le gage offert suffit pour protéger
le mineur contre l’éventualité d’une mauvaise gestion9.
L «wm'pjna consiste en un immeuble10 [apotimèma].
Le locataire des biens du mineur peut, au lieu de
constituer une hypothèque proprement dite sur un de
Sl‘s immeubles, arriver au même résultat au moyen d’une
oute à réméré, 7rpï(riç lut Xua-et. Mais c’est là un procédé
exceptionnel11, que le mineur n’a pas d’ailleurs lieu de
critiquer, car il lui fournit une sécurité encore plus
grande que l’hypothèque.
Les textes ne précisent point la valeur du gage hypo¬
thécaire que le locataire doit fournir au pupille. Nous
croyons toutefois qu’il n’est pas nécessaire que ce gage
soit égal à la valeur en capital des biens loués, et qu il
garantit seulement le paiement des loyers et fermages.
Les textes, en effet, semblent bien restreindre l’hypo¬
thèque à la garantie des fermages12, et cela paraît aussi
plus équitable, car le mineur demeure propriétaire des
corps certains affermés 13. Ce n’est point à dire cependant
que le gage hypothécaire ne doive jamais être supérieur
au montant des fermages éventuels. Tout dépend, à notre
avis, des circonstances. Si la location comprend des
objets mobiliers ou des immeubles susceptibles d’être
facilement détériorés par le locataire, l’archonte, souve¬
rain appréciateur des faits, peut exiger du locataire un
à7toTip.Y||j.a d’une valeur plus considérable.
Le droit attique, malgré la faveur dont il entoure la
créance du pupille contre le locataire <le ses biens, n’a
point toutefois dérogé à la règle générale qui soumet
toutes les hypothèques à la condition de la publicité. En
conséquence, des opot, c’est-à-dire des enseignes ou
bornes doivent être placées sur les biens hypothéqués
par le locataire, afin de révéler aux tiers l’existence d’un
droit réel au profit du mineur. L’établissement de ces
opot, simplement facultatif lors des constitutions ordi¬
naires d’hypothèques, est obligatoire lors de la puaôcocic;
otxou14. Plusieurs de ces opot nous sont parvenus13.
Outre la garantie résultant de l’hypothèque, et qui se
réalise par la saisie du gage fourni par le locataire, le
pupille est encore protégé contre celui-ci par des actions
personnelles. On a enseigné à cet égard que le pupille
pourrait agir contre le locataire d’abord, pendant sa
minorité, par la xaxcoosw; YPa?ù eU après sa majorité,
par la p.t<70ul<Tewç Six-rj16. Mais, abstraction faite des cas où
elle constituerait une véritable xâxüxriç, l’inexécution par
le locataire des obligations qu’entraîne à sa charge le
contrat de bail ne nous paraît être assurée que par les
actions ordinaires naissant de ce contrat, notamment
par l’êvotxi'ou Six-/] 17 [enoikiou dikè]. Ces actions nous
semblent pleinement suffire à la garantie des droits du
mineur et, pour la même raison, nous rejetons la possi¬
bilité d’une oc'xY] contre le fermier négligent18.
Lors de la majorité du pupille, le locataire est tenu de
restituer les biens qu’il a affermés et de justifier du
paiement des fermages. Cette restitution se fait direc¬
tement au mineur, sans que le tuteur ait à intervenir,
car la location l’a rendu désormais tout à fait étranger
à ces biens 19.
On pourrait croire que la location ayant eu lieu publi¬
quement devant l’archonte, la présence de ce magistrat
est également nécessaire pour la remise des biens affer¬
més. Rien cependant n’autorise une semblable conclu¬
sion 20. Tout au plus pourrait-on admettre que la resti¬
tution devait avoir lieu publiquement à l’agora21. Sans
doute il était prudent, pour le locataire comme pour le
— 3 |Cni ^ Aphob. I, § 59. — 2 Schullhess, p. 156; Beaucliet, t. II, p. 250.
I || sa' ' &agn. her. § 34. — 4 Meier, Schumann et Lipsius, p. 363; Beaucliet,
p |! j’' 2",1‘ B Schullhess, p. 167 ; Beaucliet, t. II, p. 251. — 6 Schullhess,
l | " ' Lécrivain, p. 731. — 7 Cf. Dareste, Haussoullier et Reinach, lnscr. jurid.
Athr' ' ,SfI' ~ 8 Caillcmer, Louage , p. 25; Beauchet, t. II, p. 252. — 9 Aristot.
C ^ ’ ^a,'P0Cral- s- ». ’AuoTifnitat. — *0 Isae. De Men. her. § 28 ; De
§ 3o. — il Sç^cuoX. 1883, p. 147. — *2 Harpocr. L. c, ; Isae. De
Dicaeog. her. §11; Dem. C. Spud. §5.-13 Beauchet, t. II, p. 254; Contra,
Schullhess, p. 166. — 14 Meier, Schomauu et Lipsius, p. 693; Schullhess, p. 1G1.
— 15 Corp. inscr. att. II, n«» 1106, 1107, 1114, 1135, 1153 ; Dareste, Haussoullier et
Reinach, p. 128 sq. — 10 Meier et Schumann, Att. Process, 1” éd. p. 532 ; Caille-
mer, L. c. p. 26. — 17 Lipsius sur Meier et Schumann, p. 727, n. 710; Schullhess,
p. 195, n. et P- 213 ; Beauchet, t. II, p. 257. — 18 Schullhess, p. 239, n. 1. — 19 Isae!
De Alen. her. § 29 . 20 Van den Es, p. 190, — 21 Platner, Process , t. II, p. 283.
— 1944 —
MIT
MIT
tuteur, de ne restituer qu’en présence de témoins les
sommes dont ils étaient débiteurs. Mais nous ne croyons
pas que le fermier fût obligé, pour être valablement dé¬
chargé, de le faire dans l’agora ou dans un autre lieu
public *. L. Beauchet.
MITHRA. — Origine et histoire de son culte. —
Mithra est une divinité aryaque, dont le culte remonte
;\ l’époque où les ancêtres des Perses et des Hindous
étaient encore réunis, car il est nommé à la fois dans les
Védas et l’Avesta1. Suivant une hypothèse récente, son
origine première devrait être cherchée en Babylonie 2,
mais s’il a été emprunté par les Iraniens à leurs voisins
sémites, cette adoption se place à l’époque préhistorique,
et il est certain que les Perses ont adoré Mithra dès avant
la fondation de leur empire. Dansl’Avesta, il est le dieu de
la lumière céleste et il est devenu au moral celui de la vérité.
C’estlui qu’on invoque dans les serments 3. Il est l’adver¬
saire toujours vigilant des esprits du mal, qui vivent dans
les ténèbres, et le protecteur puissant de ses serviteurs.
Les grands rois le considéraient comme leur génie tuté¬
laire, celui qui leur donnait la victoire sur leurs ennemis:
il est nommé dans les inscriptions des Artaxerxès à côté
d’Ahura-Mazda4, La noblesse perse l’honorait avec ferveur,
comme le prouve une foule de noms théophores dérivés
de celui du dieu. La grande fête des Mithrakana était
célébrée dans toute l’Asie antérieure, elle est mentionnée
même dans les auteurs etdansles inscriptions grecques ’.
Dès l’époque des Achéménides le culte de Mithra fut
introduit à Babylone, où il se transforma sous 1 influence
de l’astrolatrie chaldéenne ; puis, remontant la vallée de
l’Euphrate, il se répandit en Asie Mineure. En Arménie,
le mazdéisme devint presque une religion nationale.
La Cappadoce et le Pont, où d’ailleurs l’aristocratie fon¬
cière était iranienne, furent parsemés de colonies de
mages (p-xyouiroitot ou nupatOot), dont Strabon put observer
les pratiques6, et qui devaient rester Fidèles à leurs tra¬
ditions sacrées jusqu’à l'invasion musulmane '. Peut-
être même ces communautés essaimèrent-elles jusqu en
Galatîe et en Phrygie 8.
Après la mort d’Alexandre, la Commagène, la Cappa¬
doce, le Pont, l’Arménie furent gouvernés par des
dynasties qui se prétendaient issues des Achéménides et
qui continuèrent à pratiquer le mazdéisme. La fréquence
du nom de Mithradate dans plusieurs de ces maisons
prouve qu’elles avaient, comme leurs ancêtres supposés,
une dévotion spéciale pour Mithra. La célèbre inscription 9
d’Antiochus de Commagène (69-34 av. J .-C.), qui faisait
remonter son lignage jusqu’à Darius, fils d Hystape,d une
part et jusqu’à Séleucus de l’autre, institue un culte et
des fêtes en l’honneur de Zeus-Oromasdès ( A hui a -
mazda ), d’Apollon-Mithra et d’Hercule-Artagnès ( Vere-
tliraghna) qui devront être honorés, dit Anliochus, « sui¬
vant l’antique tradition des Perses et des Grecs, racine
bienheureuse de ma race », et il s est fait représenter soi
les bas-reliefs du temple en face de Mithra, qui lui tend
la main en signe d’alliance (fig. 5083) 10.
C’est certainement durant la période hellénistique que
1 Sclmllhess, p. 187; Van den Es, p. 191: Beauchet,!. II, p. 268.
MITIIRA. l Sur le Mithra iranien, cf. Windischmann, Mithra (Abhandl. deutsch.
Morg. G es élis ch.), 1857 ; Spiegel, Eran. Alterthamsk. t. Il, 77 sq. et les notes
de Darmesteter à sa traduction de l’A vesta. — 2 Oldenberg, Religion des \ eda ,
1894, p. 185 sq. — 2 Xenoph. Cÿrop.Vll, 5 § 53 ; Plut. VitaArtax. 4. — 4 Wcissbach
et Bang, Rie Altpersischen Keilinschriften, 1893, p. 44-40. — ü Strah. XI,
14. § 9, P- 530 C; cf. Ctesias ap. Allien. Deip. X, 45, p. 434 IJ; Inscr. d Amo-
le mithriacisme se constitua : au moment où il
dans l’empire romain c’était une religion dé ' <.Pandit
dont la liturgie et le dogme étaient fixés Nn„! ailulte’ \
_ _ ii _ nous connais¬
sons malheureuse¬
ment si peu l’histoire
morale de cette épo¬
que. qu’il est fort
difficile de démêler
les influences qui ont
concouru à la forma¬
tion de cette secte
nouvelle du maz¬
déisme. On peut ce¬
pendant considérer
comme certain que
les mystères de Mi¬
thra ne sont pas,
comme on l’a cru,
une altération du zo¬
roastrisme avestique,
tel qu’il était professé
par le clergé sassa-
nide. Ils dérivent de
l’ancienne religion
naturaliste des tri¬
Fig. 5083. — Mithra et Autiochus (bas-relief
du Nemroud-Dagh).
bus iraniennes, et ils ont conservé à certains égards un
caractère plus primitif que l’Avesta. Seulement ils furent
soumis d’abord, nous l’avons dit, à l’action des doctrines
chaldéennes, auxquelles ils empruntèrent l’adoration des
astres divinisés. Plus tard ils se combinèrent en Asie Mi¬
neure avec certains cultes indigènes : Mithra fut assimilé
à Attis et à Mên, sans perdre toutefois son individualité. |
Enfin, ils subirent l’ascendant de l’hellénisme vainqueur: j
les divinités mazdéennes furent identifiées aux habitants
de l’Olympe, dont elles prirent les noms et l’apparence. J
L’art grec prêta aux héros barbares le charme et la
noblesse de ses créations. Le groupe pathétique de Mithra
tauroctone, qui était régulièrement placé dans l’abside
des temples, fut probablement composé par un sculpteur
de l’école de Pergame, à l’imitation de la Victoire sacri¬
fiant qui ornait la balustrade du temple d’Athéna Nike
sur l’Acropole11. La philosophie, principalement le stoï¬
cisme, contribua aussi à transformer sinon la forme, du I
moins l’esprit de la théologie mazdéenne. Elle aida a
coordonner en système les traditions sacrées, et surtout
elle fournit des explications symboliques de croyances et
d’usages héréditaires, dont le sens n était plus tompiu
Un vieux mythe, que chantaient les mages à propos t u
quadrige du dieu suprême, est raconté par Dion uy ,
sostome parce qu’il était devenu une allégorie c e d C
mologie stoïcienne 12. Cependant il est peu pto u > e
le mithriacisme ait pris la forme de « mystères » par
tation de ceux des Grecs. Les mages furent touj ou ^
caste exclusive, et il est vraisemblable que les «p}
établis au milieu des populations d’Asie Mineure n ac»
dèrent jamais aux étrangers la participation a
monies sinon après une initiation piéa jj
6 Strab. XV, 3, 13.
„ . , __ 6 Strab. ">
ion, Rev. des ét. gr. II, p. 18 [lire «t, E iphanim
, 733 C ; cf. XI, 512C; XII, 559 C. - 1 Basil- {[ M; ef. mes
III, p. 394, éd. 1730) ; Epiphan. Adv. haeres. III, > ^ ^ , . p 232, n. <■
non
P
(III
— 9 Michel, Rec. inscr. gr
_ 11 Cf. Textes et Mon. t. I,
§ 39 sq.
705 _ 10 Textes et
' 281 sq., 207. - *2 Dio Chrys
Textes et Mon. t. I, p. 9 sq. - 8 e< \j0n.^ V r-''88’ fi^’ !
Or. XXX' h
MIT
— 1945 —
MIT
ljn fait très remarquable, c’est que ces mystères pér¬
it] u es ne recrutèrent presque pas d’adeptes dans le
' on(je hellénique. C’est àpeine si l’on trouve des preuves
ludivcs qu’ils aient été pratiqués dans certains ports
comme le Pirée, Aradus, Sidon *, Alexandrie 2 et à
Memphis où ne Parv'nrent sans doute que sous
I l'mpire 3, et l’onomatologie grecque ne fournit aucun
nom théophore dérivé de celui de Mithra.
I_’n pâlie, le dieu aurait été adoré d’abord, au dire de
Plutarque 4, par les pirates ciliciens, que Pompée y avait
transportés. Ce renseignement semble mériter créance.
La république des pirates, qui s’était accrue de fugitifs
venus de tout l’Orient, aura appris des anciens soldais
je Mithridate qu’elle avait accueillis \ à pratiquer leur
culte iranien. Certainement la ville de Tarse grave encore
sur ses monnaies impériales
le groupe du Mithra tauroc-
tone (fig. 5084) G. Seulement
les sectateurs de la divinité
mazdéenne, confondus avec
ceux des autres dieux étran¬
gers, paraissent avoir vécu
dans une obscurité profonde
jusqu’à la fin du Ier siècle de
notre ère. C’est alors que les
écrivains (Plutarque, Stace 7)
commencent à s'occuper de la
secte nouvelle et c’est de celte époque que datent aussi
ses plus anciens monuments 8. Presque simultanément
elle apparaît dans les provinces du nord. Elle fut trans¬
portée à Carnuntum dès le règne de Vespasien, et vers 148,
un centurion mithriaste consacra une dédicace en Germa¬
nie \ 11 suffira d’indiquer ici d’une façon générale par
quels moyens la religion nouvelle s’est propagée et dans
quels pays elle s’est répandue, sans prétendre citer les
centaines d’inscriptions et de monuments qui attestent
sa diffusion dans les provinces de l’empire.
Le principal agent de sa propagation fut certainement
1 armée, et l’on peut affirmer que le mithriacisme resta
toujours avant tout un culte militaire. Les Asiatiques,
qui fournissaient, même en Europe, une partie du contin¬
gent des légions et surtout des auxilia, introduisirent
les mystères orientaux dans les camps et les forteresses
de la frontière où ils ne tardèrent pas à attirer une foule
de prosélytes. Notamment les cohortes et les alae de
Commagéniens 10 semblent avoir eu une part considé-
uMe dans cette propagande. De plus, les vétérans, qui
après vingt ou vingt-cinq ans de service se retiraient dans
(." 1 ,s l°yers ou bien allaient s’établir dans quelque grande
I' de 1 empire, jouèrent aussi efficacement le rôle
. ''l"dres Depuis les rivages de la mer Noire jusqu’aux
montagnes de 1 Écosse, tout le long de l’ancienne limite
1 "îpire, les monuments mithriaques abondent. La
ap Suiil * Lt *nscr' 2*5 ! mon' 2-4. — 2 Socr. III, 2 ; Sozom. V, 7 ; cf. Damascius
_ s . ‘ “• - 3 Textes et Mon. mon. 285. — 4 Plut. Vit. Pomp. 24.
Hill c'"*?' Mühr: G3, 92 ’ cf- Th- Reinach> Mithr. Eupator, 307, 313. — 0 D’après
7 \ COmS ,n the Lycaonia Isauria, 1900, p. 213, n» 258.
C6; Dial T ^ ^ C I S e* O S ’ C’ ' ^ace> Theb. I, 717 sq. ; cf. Justin. Mart. Apü.
Corp. inscr ,njph'r ,0, 72 ’ — 8 Dédicace bilingue d'un affranchi des Flaviens,
Prétoire e i f ’32‘ Dédicaces d’un esclave de T. Cl. Liviauus, préfet du
du i'i.(r,||. i inscr. lat. 718 = 30 818. Une prétendue inscription datant
Cf.j nfranuv est fausse ( CorP ■ inscr. lat. V, 5, *968). - 9 Pour Carnuntum
s. ", Ala I Ger,nanie' CorP- inscr. rhen. 423.-10 Cf. Pauly-VVissowa, Realene.
507 s(| *239 et Cohors. IV, 273. — il Cf. inscr. 48, 82, 129, 130, 151, 471,
cxles et Mon. inscr. 225-231 ; mon. 124-135; cf. suppl. — 13 Textes et
Mésie semble avoir reçu le culte étranger directement
des recrues levées en Asie, que l’administration militaire
y transportait12, et c’est sans doute des bords du Danube
qu’il se répandit dans le nord de la Thrace , notamment
dans la vallée de l’IIèbre 13. De l’autre côté du fleuve, il
prospéra rapidement en Dacie, qui après la conquête
(107 av. J.-C.) fut repeuplée à l’aide de colons amenés
« ex loto orhe Romano » (Eutrope, VIII, 0). Apulum et
Sarmizégétusa, chefs-lieux de la province, ont fourni une
quantité d’ex-voto et de statues, et dans toute la vallée
du Maros, le long de l’ancienne voie romaine, une foule de
monuments ont été exhumés n. En Pannonie , toutes les
villes fortes échelonnées le long du Danube et même les
cités de l’intérieur comptèrent des fidèles du dieu perse :
ils étaient surtout nombreux à Aquincum, où l’on a
retrouvé cinq mithréums 16, et à Carnuntum, où la legio
XV Apollinaris importa le culte asiatique dès l'année
71 ap. J.-C., quand elle fut transportée par Vespasien en
Pannonie, après avoir combattu huit ans en Orient. C’est
aussi dans cette ville que Dioclétien et les princes associés
à l’empire restaurèrent encore un mithréum en 307 ap.
J.-C.1' Dans la vallée du Danube supérieur, les trou¬
vailles sont plus clairsemées18. Elles se multiplient au
contraire en Germanie , dans les Chainps-Décumaleset tout
le long du Rhin depuis Raurica, près de Bâle, jusqu’à
Vetera (Xanten) au nord de Cologne19. L'Allemagne est
le pays où l’on a mis au jour le plus grand nombre de
mithréums et les bas-reliefs les plus vastes et les plus
complets. Les environs de Francfort surtout ont été
merveilleusement féconds en découvertes. On a déblayé
trois temples importants dans le village de Ileddernheim
( civitas Taunensium ), trois autres existaient à Friedberg
dans la Hesse, un à Gross-Krotzenburg, près de Hanau,
un à Ober-Florstadt, et un à AViesbaden 2C. D'autres
furent établis près des routes qui menaient de la fron¬
tière rhénane vers l'intérieur de la Gaule , notamment à
Schwarzerden, entre Metz et Mayence, et à Sarrebourg 21,
et les marins orientaux introduisirent le culte étranger
à Boulogne (Gesoriacum), le port d’attache de la classis
Britannica !2.
En Bretagne même il s’était implanté non seulement
dans les capitales commerciales et militaires de la pro¬
vince, à Londres et à York ( Eburacum )23, et dans les
places fortes qui surveillaient le pays de Galles 2i, mais
aussi dans la plupart des « stations » échelonnées le long
du Valium d’Hadrien is. En Espagne on ne le rencontre
guère que dans la région du nord-ouest28, où une légion
lut longtemps maintenue pour contenir les montagnards
des Asturies et de la Galice. Enfin, en Afrique , il ne flo-
rissaitpas seulementà Lambèse, où campait la mc légion,
mais encore dans les postes qui gardaient les défilés de
l’Aurès ou jalonnaient la lisière du Sahara27.
Dans les provinces inermes , l’action de l'armée n'a pu
Mon. inscr. 221,221 a; mon. 122-123.— li Inscr. 232-308 ; mon. 13G-212. — 16 Inscr.
320-384; mon. 212-231. — 16 I,lsCr. 323 sq. ; mou. 213-218; Kuzsiuski, Jahresl,.
Oesterr. Tnst. 1899, Beibl.p.56 sq. — 17 Inscr. 367 sq. ; mon. 225 sq. ; cf. p.491 sq.
— Inscr. 416, 419 sq. — 19 Inscr. 423-470; mon. 240-266. — 20 Heddernheim ,
mon. 231-253 ; Friedberg, mon. 248-249 ; cf. Wcstd. Zeitschr. 1897, Korrpbl. p. 22G
Gross-Krotzenburg, mon. 247 ; Ober-Florstadt, mon. 250 ; Wiesbaden, Mitt. Ver.
far Nassau. Altertumskunde , 1902, p. 14 sq. — 21 Mon. 258 273 fer — 22 Mon
274, 274 bis. - 23 Mon. 267, 270-271. - U Chester, mon. 268-9; Caerleon, inscr!
472. — 25 Mon. 272, 273 ; inscr. 475 sq. — 26 Inscr. 513, 514, 522. — 27 Lambèse,
inscr. 526 sq. ; Mascula, inscr. 525 ; Diana, inscr. 529 ; El. Galiara, inscr. 542 ; Sidi-
Okba, inscr. 535 ; Timziouïn, mon. 282; Aïn Tckria. inscr. 541 ; cf. à Sétif mou
283.
MIT
1946 —
MIT
s’exercer qu’indirectement, par l’intermédiaire des vété¬
rans (voir pins haut) ou des officiers devenus administra¬
teurs, mais le mithriacisme s’est servi ici d’autres mis¬
sionnaires. On sait que depuis le début de l’Empire il se
produisit en Occident une vériable diaspora syrienne
parallèle à celle des Juifs. Les traficants de Syrie fon¬
dèrent des comptoirs dans une foule de villes commer¬
ciales, non seulement sur la côte, mais fort loin dans
l’intérieur des terres. De plus les mangones se fournis¬
saient d’esclaves surtout dans les provinces asiatiques,
notamment en Cappadoce, et les guerres incessv
la frontière de l’Euphrate et en particulier les eon,'^^
de Trajan amenèrent sur les marchés d'Europe un,!"'
titude de captifs. Ces esclaves étaient surtout nomi,"?1’
dans les ports, où on les importait sans grands iy U*
mais, adjugés à l’encan, ils étaient souvent dispersés'^’
loin, dans les villes et dans les campagnes. Ici ilsTult’l
vaient les latifundia des grands propriétaires, \h [U
étaient au service de l’administration municipale cm d*
riches particuliers. Dans certaines contrées, ils p.'né
Cetera CHAMPS
vn DÉCUMATES
^urnomagus — _
TCOLONIA
BR°n7\jSe™ied ..
- . '
mogontiacîImA A i f\ % A
ÿ-V t '■ L«\gieW Gr' \j
ijr ^u9- ’r|V®ror,J[A wLopoduVjm
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y O- ,* _ /Vyahlheim «ReÎKing ...
r> i Bfesigheimj^ fWurrhaiM* 'v
y J / Mbacï®*™»"- ^2
q Pons-SaravC Sumelocenna^ .. yr
nrgBntopStunv
Fi». 5085. — Carte des monuments mitliriaques.
traient surtout comme auxiliaires des agents de l'empe¬
reur, fonctionnaires du fisc ou intendants des domaines.
Ailleurs, les sociétés de publicains, qui exploitaient les
mines ou percevaient les droits de douane, amenaient un
personnel nombreux de condition ou d origine servile.
Ainsi, d’une part, le trafic du Levant, concentré entre les
mains des Syriens, de l’autre, l’esclavage sous ses
diverses formes, favorisèrent l’expansion du mithria¬
cisme dans tout le bassin occidental de la Méditerranée.
11 se répandit surtout sur la côte d’Italie, à Pouzzoles,
à Naples, à Antium et particulièrement à Ostie, où quatre
ou cinq mithraea au moins existaient au np siècle , puis
en Étrurie, à Grosseto et à Pise *. De très bonne heure,
il pénétra dans l’intérieur delà péninsule, non seulement
dans le Latium et en Campanie, mais dans les montagnes
du centre, depuis la Calabre jusqu’aux Alpes, notamment
à Spolète et à Sentinum 2. Une inscription de Nersae au
1 Pouzzoles, inscr. 202; Ischia, inscr. 148; Capri, mou. 95; Naples,
mon. 93, 94, suppl. 94 bis ; Ostie, mon. 79-85, 295-6 ; inscr. 131-142;
194-5; Antium, inscr. 147; mon. 87; Rusellae, mon. 99; Pise, mon. 100.
_ 2 (user. 152 sq. ; mon. 96 sq. — 3 Corp. inscr. lat. IX, 4109-4110
îur de l’Apennin, datée de l’année 1 pai D' ib-L1 ^ Lin
ithréum vetuslate collapsum 3. En Sicile, on
thra établi à Syracuse et à Païenne % sur a a
Afrique, à Tripoli V Carthage, Rusicade, Icosiu»,
isarée, d’où il gagna même certaines villes de 1
ïur comme Cirta », sur le littoral d’Espagne a Malaxa
à Tarragone \ En Gaule , il suivit a Rhôn6)
commerce maritime, et remonta la 4 a ee
*«» Genève. Près de .a e ^^3
ixtantio (non loin de Montpellier) et Aix e" ,_Andéol,
iis le long du grand fieuve à Arles, B(JuJ'.®'k 1 ftvec rÂsie
aison, Vienne et Lyon, dont les «la ^ christja.
ineure sont bien connues pai un amont
sme, en outre, à La Bâtie près e a ^ Lucey,
; Lyon, on constate sa présence, dune P de
•ès de Belley, à Vieu-en-val-Romey ^ , üne
tutre à Besançon et à Mandeure sur
„ 119m _ . Clermont Ganncau, Compte,^
no 152-153). — 4 Mon. 119-121. ^ 003 srr. —
ad. Inscr., 20 mars 1903. - 6 Inscr. 525 sq
519. - » Inscr. 492 sq.; mon. 276 sq.
4 sq.; mon. 275.
mon
9 Textes et mon
„ __ i Inscr. 1
282 sq. - 1
. t. 1, P- 267’ I
MIT
— 1917 —
MIT
série
de la
traire
, jninterror
npue de sanctuaires reliait ainsi les bords
Poîa en Istrie avaient accueilli le culte asia-
qui devint surtout puissant à Aquilée 2, dont
ance commerciale égalait alors celle de Trieste
■diterranée aux camps de la Germanie. Au con-
lanS l’ouest de la Gaule on n’a relevé presque
. . vestige du culte persique. Dans Y Adriatique , les
îlUI "l'p-s de la côte dalmate [Epidaurum, Narona (?),
'lu,. lader, Senia] et les îles voisines (Arba, Bratlia),
ainsi <lue
tique
l’impor
urd’hui. Par ces portes, il s’introduisit en Dalmatie,
' ' mm expansion resta cependant toujours médiocre 3,
,[ dans la Pannonie et le Norique méridionaux, où sa
r(, ypérité fut au contraire très grande \ notamment à
Virunum s. Les
provinces da¬
nubiennes ont
ainsi reçu la re¬
ligion nouvelle
par une double
voie : d’une
part, elle se ré¬
pandit le long
du Danube par
les garnisons ,
de l’autre, dans
les cités du midi
et jusque dans
les vallées des
Alpes par l’in¬
termédiaire des
esclaves et des
fonctionnaires.
Les causes
concurrentes de
la propagation
des mystères
s’entremêlent et
se confondent et
il est difficile,
sinon impossi¬
ble, de détermi¬
ner pour chaque région celle qui exerça la principale
influence. Mais certainement nulle part ils ne trouvaient
réunies autant qu’à Rome toutes les conditions favora¬
bles a leur succès. Les Orientaux, marchands ou esclaves,
y habitaient en foule, des troupes nombreuses y tenaient
garnison, et les vétérans venaient s’y lixer en grand
nombre. Le succès qu’y obtint le culte persique est attesté
par plus de soixante-quinze morceaux de sculpture, une
centaine d’inscriptions et une série de temples et de
chapelles situés dans tous les quartiers de la ville et de
sa banlieue 6. Le plus fameux de ces mithraea est celui
C1UI subsistait encore au milieu du xvie siècle dans une
g'ollë du Capitole et dont a été tiré le grand bas-relief
'èse actuellement au Louvre (fig. 5086).
Fie. 5086. — Bas-relief
Cet
exposé de la propagation du mithriacisme montre
que, comme le christianisme, il a fait ses premières con¬
quêtes dans les classes populaires, où il s’est répandu
avec une rapidité extrême. Mais par une évolution natu¬
relle, ses adeptes s’élevant dans l'échelle sociale, on
devait bientôt compter parmi eux des affranchis opu¬
lents et des fonctionnaires publics des municipes et de
l’État. Au il0 siècle, il attire déjà l’attention des philo¬
sophes et des littérateurs 7, et est combattu par les apo¬
logistes 8 comme un ennemi redoutable. Mais la vogue
du mithriacisme dans le monde officiel date surtout du
moment où il conquit la faveur déclarée des empereurs :
à la fin du nc siècle, Commode se fil recevoir au nombre
des initiés et participa à leurs cérémonies secrètes 9, et
la découverte de
nombreuses dé¬
dicaces pour le
salut de ce
prince ou datant
de son règne
nous montre
quel retentisse¬
ment eut cette
conversion . A
partir de cette
époque, on
trouve , parmi
les fidèles qui
dédient des of¬
frandes à Mi-
thra, les plus
hauts fonc¬
tionnaires de
l’empire , com¬
mandants de
légions, gouver¬
neurs de pro¬
vinces, préfets
etclarissiines10.
La bienveil-
Borghèse (Musée du Louvre). lance des SOUVe-
rains à l’égard
du dieu étranger ne se démentit pas après la chute des
Anlonins 11 . Une inscription du temps des Sévères men¬
tionne un sacerdos invicti Mithrae domus augustanaeu ,
c’est-à-dire un chapelain du palais. En l’année 307, Dio¬
clétien Galère et Licinius réunis à Carnuntum restau¬
rèrent un temple de Milhra « fautor imperii sui13 » et
Julien l’Apostat eut une dévotion particulière pour ce
dieu tutélaire, dont il célébrait les mystères dans son
palais de Constantinople u.
La prédilection que les empereurs témoignèrent à
cette religion étrangère, eut sans doute pour cause ses
doctrines sur le pouvoir divin des rois, doctrines qui leur
apportaient une justification théologique de leur despo¬
tisme. Suivant les croyances mazdéennes, les souverains
légitimes régnent par la volonté du dieu suprême et ils
Bo,< l 5<L, mon. 232 si], et suppl.; cf. Patscl), Wissensch. Mitt. ans
_ Vll> 1900, p. 128 Bq. — 2 Inscr. 165-177; 205-207; mon. 116-7.
Jij __',011' bis ; inscr. 353, 3Ua-313a; cf. Patsch, L. c. VI, 1898, p. 34
1,ou- 220 sq. 232; inscr. 349 sq., 400, 410 sq., 419. — 5 Inscr. 401
C.0"' (cf. fig. 5091). — 6 Mon. 6 à 78, 291 iis-294 et suppl. p. 479-485;
'"Km ' a‘ Pressé ( Textes et Mon. I, 353) la liste des mitliraea, région par
por ~ 1 Uels. ap. Origen., Contr. Cels. I, 9 ; VI, 21 ; Pallas et Eubulus ap.
'■De antr. Nymph. c. 5, 6, 15, 48, 24 ; De abstin. 11, 56 ; IV, 16 ; Lucian.
Deor. conc. p. 9; Jup. trag. c. 8, 13 ; cf. Menipp. G ; Justin. Mari. Apol. I, 66;
Dial, cum Tryph. 70, 78; Terlull. De bapt. 5; De corona, 15; Adv. Marc. 1, 13 ;
De pracscr. haeret. 40. — 8 Lamprid. Comm. 9. — 9 Inscr. 6, 28, 31, 34, 51,
64, 81, 137, 154, 249, 463, 541. — 10 Cf. Textes et Mon. t. II, index, p. 537,
538. — n Cf. Textes et Mon. I, p. 281. — 12 Corp. inscr. lat. VI, 2271 |= 35).
— 13 Ibid. III, 4413 (= inscr. 367); cf. mon. 227 (t. II, p. 491). — 14 Jui. Or.
IV, 155 B; Conviv. 336 C; Himerius, Or. VU, init. ; cf. Allard, Julien V Apostat,
t. Il, p. 219 sq.
1 948
MIT
MIT
sont éclairés par une grâce spéciale, le 1/varenô qui leur
assure la victoire sur leurs ennemis : ce Ilvarenô, qui
était censé accordé par Mithra, devint à Rome la Forluna
Augusti , pour laquelle les Césars avaient une dévotion
superstitieuse. De plus, les théories astrologiques ensei¬
gnaient que les princes reçoivent en naissant du Soleil,
c'est-à-dire de Mithra, les vertus du souverain, et étaient
appelés par lui à régner. Aussi l'empereur deus et domi¬
nas natus a-t-il généralement été regardé, à la fin du
paganisme, comme le représentant du dieu solaire sur la
terre. Le monarque « plus, felix, invictus », était le
favori de la Fortune et le simulacre humain du Sol in¬
victus ; il considérait celui-ci comme son protecteur per¬
sonnel et son compagnon ( conservator , cornes) L
Organisation du culte. — Un culte auquel les empe¬
reurs témoignèrent une faveur aussi constante dut être
de bonne heure reconnu par l’État, mais nous n'avons
malheureusement aucun renseignement direct sur la
condition juridique des collèges de mithriastes ( cultores
Solis invicti Mithrae 2). Peut-être se constituèrent-ils
en associations funéraires pour jouir des privilèges
accordés à ce genre de corporation 3. Il semble cependant
qu’ils aient eu recours à un autre moyen de se faire auto¬
riser en s’associant de quelque façon aux adorateurs de
Cybèle, qui sous le nom de Mater Magna avait été
depuis longtemps adoptée par le peuple romain, et qu’ils
aient participé à la protection officielle dont jouissait le
clergé de la déesse phrygienne 4. Certainement aucun
indice ne permet de supposer que les sectateurs de
Mithra aient jamais eu, comme ceux d’Isis, à souffrir de
persécutions. Il semble que leurs sodalicia aient possédé
une existence juridique et joui du droit de propriété.
Pour gérer leurs affaires, ils élisaient des fonctionnaires,
dont les titres sont les mêmes que ceux usités dans les
autres confréries. Us étaient dirigés par un conseil de
décurions3, dont les dix premiers ( decem primi) 6
avaient certaines prérogatives. Ils avaient leurs magis-
tri 1 ou présidents élus chaque année, leurs curatores 8
qui avaient des attributions financières, leurs defen-
sores 9 chargés de servir leur cause devant la justice ou
auprès des administrations, enfin des patronii0 dont
ils attendaient une protection puissante et des secours
pécuniaires. Car l’État ne leur accordant point de dota¬
tion et les caisses municipales ne leur donnant que des
subventions extraordinaires11, ils devaient compter, pour
couvrir les frais du culte, sur la générosité privée au
moins autant que sur les cotisations régulières des
affiliés. La plupart des mithréums ont été construits in
solo privato 12 et ornes grâce aux dons des dévots. Les
dimensions restreintes de ces chapelles prouvent que les
collèges de mithriastes n’ont jamais compté qu’un petit
nombre de membres ; on peut l’évaluer a une centaine
d’initiés au plus 13 — les Album sacratorum dont nous
l Ces théories politico-religieuses sont exposées plus en détail, Textes et Mon. 1,
p. 282 sq. - 2 Corp. inscr. lat. XI, 5737 (= 137). - 3 Textes et Mon. t. I, p. 328.
n. 8: cf. Waltzing, Corporations profession, chez les Romains, 1, p. 141 sq.
— 4 Textes et Mon. t. I, 280 et p. 333 ; cf. plus bas. — 5 Inscr. 47, 240, 2d7,
_ 6 Inscr. 56. — 7 Inscr. 18, 24, 27, 47,48 bis, 560; cf. Waltzing, Op. cit. I, 406.
_ 8 Inscr. 560. _ 0 Inscr. 27. — 1° Inscr. 157. — U Loco dato decreto decurionum
à Milan, inscr. 191 ; cf. 190. — 12 Inscr. 564 ; cf. 426, 534. Le milhréum de Wiesbaden
(cf. supra, n. 28) a été élevé permittente Varonio Lupulo in suo. 13 Textes et
Mon.h 328. - 14 Inscr. 1*0,157. — 15 Textes etMon. I, p. 65. — « Ibid. I, p. 329
_ n Porphyr. De antr. Nymph. Le tombeau d'une lionne llea) a été découvert
récemment à Tripoli; cf. Clermonl-Ganneau, C.-rend. Acad, des Inscr. 20 mars
1903. _ 18 Inscr. 15, 55 sq., 320. — 1» Hieron. Epist. 107 ad Laetam. J ai réuni
avons conservé des fragments sont malhe
incomplets14. Lorsque la confrérie se dévolu t'U.Soinent
mesure, elle se scindait et l’on construisait01*1^11 °Ulr* *
spelaeum. Ainsi s’explique le nombre co^d/Ti" **
ces sanctuaires existant dans des villes même dp6 dc î
ordre (au moins trois à Heddernheim, cinq T K°nd
cum, etc.13). C’étaient de petits conventicules où .. ■.T""'
l’intimité d’une grande famille et dont la vie inhh^j
paraît avoir exercé une singulière attraction Tf'’ ! ;
cependant se souvenir, en évaluant le chiffre des sect 1
leurs du dieu perse, que les femmes, semble-t-il, étaient
exclues de la participation aux mystères16 0i '
vaient se faire recevoir que dans ceux de la Magna Mater
alliée à Mithra. Ce fut du moins le cas en Occident n ’
tout ou la liturgie romaine était en usage. En Orient aûi
contraire, et jusqu’à Tripoli de Barbarie (Oea), les femmes I
pouvaient recevoir certains degrés d’initiation, comme
dans la cité, elles prenaient part dans une certaine I
mesure aux affaires publiques11.
Les mvstes {sacrati)1* portaient des titres sacrés
qu’il ne faut pas confondre avec ceux des administra- 1
leurs, membres de conseils de fabrique chargés des inté¬
rêts temporels du culte. Un texte de saint Jérôme, con¬
firmé par une série d’inscriptions, nous apprend qu’il y I
avait sept degrés d’initiation 19 et que le néophyte por¬
tait successivement les noms de Corax( Kôpa£), Crgphius
(Kpôîptoç), Miles (SxpaTimTTjç?), Léo (A éwv), Perses (nép<rr,ç), :
Heliodromus ('HXioopôgoç), et Pater (IIax7|p), D'autres i
noms comme celui d’aigles (àe-rôç) et d’éperviers (isp».;} 1
ont pu être usités dans les communautés orientales20.!
Les membres de chacun des grades revêtaient dans les I
cérémonies sacrées un déguisement approprié au titre
qu’on leur décernait et on les voit représentés de la sorte |
sur un bas-relief 21 (fi g. 5087). « Alix sicut ares al as per- j
culiunt vocem coracis imitantes , alii leonum morefre-
munt », dit un chrétien du ive siècle22. Ces mascarades j
sacrées, que l’on retrouve dans certains mystères grecs,!
sont une survivance d’usages primitifs qui remontent au
temps où l’on se représentait la divinité elle-même sous
une forme animale, et qui n’ont pas disparu de nos jours .1
Dans cette hiérarchie sacrée on établissait encore une!
autre distinction 24 : les initiés des trois premiers grades, \
semblables aux catéchumènes, portaient le nom de ]
Servants (ÛTr/ipexouvxeç) et n’étaient point admis a< « 1 11 w
les mystères; seuls ceux qui avaient reçu les Ao/ihtffll
devenaient Participants (p-exs/ovre;) ; enfin, à la te le ie®|
fidèles qui se donnaient le nom de Frères (/loin \i , ij
étaient placés les Pères auxquels appartenait a mn c
tion générale du culte. Le Pater
patratus parait avoir été le chef spiri
communautés d’une cité21’.
Pour passer d’un degré au suivant, i fa lait
mettre à certaines épreuves sur lesquelles (
tous les textes relatifs aux sept grades, Textes et iIonA' ’ é dans un» ins-
Un *„«*, sans doute un rn.lhn.que, nom ^ ^ t ,08j
criplion encore inédite du Pont. - » Cf. Dielench^ Bon m ^ ^
p. 37.-21 Bas-relief découvert à Konjica, Textes et Mo . ,1 ( p 31o; cf.
August. Quaest. vet. et novi Test. CXIV. — w Moderne Vôlkerkunde,
S. Reinach, Revue rose, 1900, p. 436, et Achelis, __ 23 Cf. Texte»
Sluttgard, 1896, p. 436 sq. - 24 Porphyr. De ca„.«mu M
et Mon. t. II, index, p. 535, col. 1. L expression v( 30758 ; cf ans51
usitée parmi les fidèles de Jupiter Dolichénus, Corp.ru ■ ■ ,902, P-
Textes et Mon. I, p. 318, n. 4. - 20 Cf. ^
C'est probablement le même dignitaire que Tertull {
summus pontifex.
Patrum ou Pater
rituel de toutes les
MÎT
— 1949 —
MIT
,l(>siastiques nous ont transmis des détails curieux :
*" Mi-Ibis on bandait les yeux du néophyte, on lui attachait
î(,s mains avec des boyaux de poulets, puis on le faisait
•uitcr au-dessus d'une fosse remplie d’eau, ensuite un
libérateur » venait couper ces liens étranges1. Au
inyste promu au rang de miles on présentait une cou-
ne interposito yladio , il la repoussait de la main, el
désormais il renonçait à en porter jamais, car elle appar¬
tenait à Milhra, le dieu invincible2. En d’autres circons¬
tances, le fidèle prenait part à un meurtre simulé qui,
à l’origine, avait peut-être été réel3. Mais ces cérémo¬
nies étaient devenues en Occident plus effrayantes que
redoutables, et l’on y éprouvait le courage moral, l’àuà-
Ona, de l’initié, plutôt que son endurance physique. Les
supplices fantastiques et les macérations impraticables
rapportés par des auteurs peu dignes de créance4 doi¬
vent être relégués au rang des fables aussi bien que les
prétendus sacrifices humains, qui auraient été perpétrés
dans les cryptes sacrées 8.
Tertullien 6 emploie pour les cérémonies d’initiation
le nom de sacramenturn, emprunté au langage militaire,
et il rapproche certaines de ces cérémonies des sacre¬
ments chrétiens. Les mithriastes avaient une sorte de
baptême, ablution ou immersion destinée à effacer les
souillures morales 7. Ils administraient au miles une
espèce de confirmation, mais le « sceau » qu’on apposait
sur le front n’était pas une onction mais plutôt une
marque gravée au fer ardent8. Les Lions et les Perses
se purifiaient à l’aide de miel, dont les premiers s’endui¬
saient la langue 9, sans doute parce que, nourriture des
bienheureux, il était censé donner l’immortalité10. Confor¬
mément aux traditions mazdéennes, on consacrait du
pain et de l’eau, auquel on mêlait le vin, substitut du
Haoma avestique, et le breuvage sacré passait pour pro¬
duire des effets surnaturels11. Ce banquet mystique, que
les apologistes rapprochent de la communion chré-
Fig. 508 ; . — Bas-relief de Konjica. Corbeau, Perse, Soldat el Lion assislant au
banquet sacré.
tienne12, est représenté sur un curieux bas-relief décou-
vert ei1 Bosnie (fi g. 5087).
Quelque remarquables que soient ces cérémonies,
n°us ne pouvons apprécier que très imparfaitement le
rituel mithriaque. Des livres liturgiques qui ont cerlaine-
ment été en usage, nous n’avons rien conservé sinon un
vers grec emprunté à un hymne sacré13, et les formules
en langue inconnue qui sont gravées sur certains monu¬
ments, telles quele Narna Sebesioàu bas-relief Borghèse 1 ',
restentpour nous lettre close. Il n’est pas douteux cepen¬
dant que le mithriacisme fût resté, ou du moins prétendit
être resté fidèle aux rites perses, dont on faisait remonter
l’origine à Zoroastre1'.
La connaissance de ces rites était fidèlement conservée
par un clergé, dont les premiers fondateurs avaient cer-
tainementété des mages orientaux. Cet ordo sacerdotum ,c
était distinct de toutes les catégories d’initiés, mais nous
ignorons complètement comment il était recruté et orga¬
nisé : nous voyons seulement que le sacerdos ou unlistes
peut, mais ne doit pas nécessairement, faire partie des
Pères11. Tertullien parle encore de virgines et de conti¬
nentes, ce qui semble impliquer l’existence d'une sorte
de monachisme mithriaque '8.
Le rôle de ce clergé était plus considérable que dans
les anciens temples gréco-romains. C’était lui qui devait,
de concert avec les Pères, administrer les sacrements, et
présider aux dédicaces19. Il devait aussi réciter les prières
traditionnelles, par exemple, en l’honneur des Planètes
le jour qui leur était consacré 20, et accomplir les sacrifices,
dont le caractère parait avoir été très variable21. Tou¬
tefois, c’est à tort qu’on a prétendu raLtacher le tauro-
bole [taurobolil’m] au culte de Mithra. En Occident,
cette immolation n’a été pratiquée qu’en l’honneur de la
Magna Mater , mais elle a probablement été empruntée par
les Romains aux temples de Cappadcoit, où son caractère
s’était modifié sous l’action des croyances mazdéennes22.
Nous sommes on ne peut plus mal renseignés sur les
fêtes célébrées par les fidèles du dieu perse. On n’entend
jamais parler en Occident des Mithrakana {supra,
p. 1944), mais peut-être avaient-ils été transportés au
25 décembre, date à laquelle le Natalis invicti, la
renaissance du Soleil, était commémorée, avant que
les chrétiens la choisissent pour la Noël 23.
Toutes ces cérémonies occultes, sur lesquelles les Parti¬
cipants s'obligeaient à garder le secret, étaient célébrées
dans des temples souterrains, merveilleusement propres
à produire une impression mystique. Suivant la légende,
Zoroastre avait le premier consacré à Mithra dans les
montagnes de la Perse un antre « fleuri et arrosé de
sources24 », et la tradition imposait aux mithriastes
l’obligation d’établir leurs sanctuaires dans des grottes,
et de préférence dans celles où jaillissait une source 25.
A défaut d’une véritable caverne, ils aimaient au moins
à bâtir leurs temples au milieu des rochers ou sur le flanc
de collines escarpées. Même dans les villes ou dans les
plaines où toute excavation rupestre faisait défaut, les
mithréums furent toujours des cryptes souterraines,
auxquelles on appliquait indifféremment les noms de
spelaeum,specus , spelunca, antrum, ou les appellations
I 1 ■ August. L. c. (n. 69). — 2 Tertull. De corona, 15; cf. Textes et Mon.
jj ' ~ 3 Lampi'id . Comm. c. 9; cf. Textes et Mon. I, 322. — 4 Grog.
^ ,1U/. Adv, lui, i, 7Qi g9j et 3tirtout Nonnus le mythographe et les auteurs
!!“"tin8 fiui le copient, cf. Textes et Mon. 1. 1, p. 30. — 5 Textes et Mon. t. I,
W. S ' 0 Tertull. De corona, 15; Adv. Marc. I, 13. — 7 Id. De praescr.
40 ! bapt. c. 5. — 8 Id. L. c. ; cf. Textes et Mon. 1, p. 319. — 9 Por-
19(1-' l>e antro Nymph. 40. — 10 Cf. L'sener, Milch und Bonig ( Bermes , LV1I,
cf |v '' ' " Sfl'h — 11 Textes et Mon. t. I, p. 320. — 12 Justin. Mart. Apol. I, 63 ;
'"IL !.. c. — 13 l inn ic. Mat. De err. prof. Tel. c. 4; cf. Textes et Mon. 1,
p. 313. — 14 Textes et Mon. 1, 314, n. 2. Nama est sans doute le mot ersan
« hommage ».— 15 Firmic. Mat. L.c. : Vos qui dicitis rite sacra fieri magoruif
ritu persico. Cf. Textes cl Mon. L. c. — 16 Corp. inscr. lat. VI 2151 18).
— n Textes et Mon. t. I, p. 523. — 18 Tertull. De praescr. haeret. 40. — 19 Textes
et Mon. t. 1, p. 324. — 20 On pourra se faire une idée de ce qu'étaient ces invoca¬
tions par les Documents pour Vét. de la Beligion des Barraniens de llozy (publiés
par lie Goeje, Actes du Congrès orient. Lcyde 1883), p. 283 sq. — 21 Textes et Mon.
1, 325. — 22 Cf. Berne hist. et litt. relig. I. VI, 1901, p. 97 sq. — 23 Textes et
Mon. I, p. 325, p. 342. — 24 Porph. De antro Nymph. 5. — 25 Textes et Mon. I, 55.
MIT
— 1950 —
MIT
plus générales de templum , aedes, sacrorium On a
retrouvé un nombre considérable de ces édifices, el l’on
peut se rendre un compte exact de leur disposition tradi¬
tionnelle, qui
se répète par¬
tout presque
sans variation
(fi g. 5088) ’2.
Sur la voie
publique se
dressait une
façade formée d’une colonnade surmontée d’un fronton
{portions). En franchissant le seuil, on pénétrait d’abord
dans une salle ouverte par devant et située au-dessus du
sol, le ptmnaos (A). Ce pronaos était fermé au fond par une
porte, qui donnait ordinairement accès dans une seconde
salle plus petite, sans doute Vapparatorium o„ •
(B, C). Dans cette sacristie, ou parfois directementT'6
le pronaos, donnait un escalier par lequel on dcsn ' p
dans le sanc¬
tuaire
pl'O-
Fig. 5088. — Coupe d’un mithréum de Heddernlicim
prennent dit
la crypta.
Celle crypte,
1 fia on regar¬
dait comme
du monde % devait elre cintree pour muter le firmament 1
Lorsqu’on ne pouvait construire une voûte de maçonnerie
on en donnait l’illusion par un plafond cintré formé de vo-
lards entrelacés et enduits de plâtre (fig. 5089) 4. En péné
trant dans la crypte, on se trouvait d’abord sur une sorte de
Fig. 5089. — Restauration d’un mithréum de Carnunlum.
palier occupant toute la largeur de la salle (D) : au delà,
celle-ci se divisait en trois parties, un couloir central d’une
largeur moyenne de 2 m. 50, qui était le chœur réservé aux
officiants (F), et deux bancs de maçonnerie qui s’étendent le
long des murs latéraux (E) et dont la surface supérieui e,
large d’environ 1 m. 50, était inclinée ; c est là que s age¬
nouillaient les assistants. Au fond du temple, on ménageait
d’ordinaire une abside surélevée [absidata, exedra G) .
c’est là que se dressait régulièrement le groupe hiéra¬
tique du Mithra tauroctone, qui était accompagné parfois
d’autres images sacrées et devant lequel étaient placés
les autels où brûlait le feu sacré 3. Une petite excavation
cimentée servait à recueillir le sang des victimes dont
les restes calcinés étaient jetés dans des fosses profondes
en dehors du temple. D’autres récipients devaient con¬
tenir l’eau bénite6. A Ostie, une échelle mystique, des¬
sinée dans la mosaïque du pavement, rappelait les sept
sphères superposées des planètes et marquait les stations
où le prêtre s’arrêtait pour les invoquer7. La disposition
des lieux ne nous révèle malheureusement que fort impar¬
faitement quelles cérémonies on accomplissait dans les
spelaea. Nous pouvons du moins imaginer 1 impression
que devait faire sur le néophyte l’aspect du sanctuaire,
l M. Gcorg Wolff a démontré que toutes ces désignations étaient synonymes et
qu’il ne fallait pas distinguer plusieurs espèces de sanctuaires mithriaques ; cf. Tcxt_e*
et Mon I 57 sq. Le terme propre est spetaeum. — 2 Textes et Mon. t. Il, p. ' .
I. 207. 1 3 Porph . L. c. - 4 Textes et Mon. t. Il, p. 49:1, fig. 430. - 5 Cf. sur
tcoré de mosaïques, de peintures ou de stucs brillants , j
lairé uniquement par des lampes rangées autour du I
teeur qui jetaient une vive clarté sur les images des 1
eux et les officiants 9, et où des jeux de lumière habile- 1
ent ménagés favorisaient les mystifications des thau-
aturges 10.
La doctrine des mystères. — Les auteurs anciens ne I
dus fournissent, sur les doctrines enseignées dans les
itères, que des renseignements fort incomplets et sou
înt suspects. Les inscriptions ne sont pas plus exp 1
tes : on n’a découvert jusqu’ici que fort peu de scu P
ires qui soient accompagnées de légendes explicatives,
’est l’étude comparée des monuments figures qui p ^
mie de retrouver les croyances dont ils bob i
ion, et toute recherche sur la théologie mit u 1 J
Lirtout un commentaire archéologique des î P _
ons sacrées11. Nous ne pouvons qu’esquisser
•aits les contours d’un système doctrinal, d o
'ailleurs restent souvent incertains. n0US
L’histoire des origines du milhriacisme, sa tro¬
uvons résumée plus haut, nous indique ^ogè nés.
dgie était formée d’un mélangé e i og ique, et
u fond, certainement, elle était d orie
6 Cf Textes et M011, ^ ^*1
plan des mitliréums, Textes et Mon. I, P- 58 s(h - j 3ÎÎ. - « Ibid, j
- 7 Mon. 84 d. - 8 Textes et Mon. I, P- « ■ Texles et Mon- 1- ;
. 8 1 et 323, n. 2. - H C’est ce que j’ai essayé de fan e ^ ^ ..^nce ,o.
. 70-220, auxquels je suis obligé de renvoyei po • P
— 1 95 1
MIT
MIT
llv,.Ps sacrés du parsisme nous ont transmis une
J.' nie t|e conceptions empruntées à la vieille religion de
l'Jrlll d qui s’étaient conservées, parfois sous une forme
„,ii différente, dans le culte propagé en Occident. Les
l'ii' iiN auxquels les artistes ont prêté l’aspect des divinités
(Vo’r0maines, sont en réalité, sauf quelques emprunts
aux cultes d’Asie Mineure, ceux du mazdéisme. Seu-
cclui-ci s’était combiné en Banylonie avec la reli-
m indigène, et dans la doctrine mithriaque des élé -
niontschaldéens sesuperposentaux traditions iraniennes :
(les théories astrologiques se sont ajoutées partout aux
fables naturalistes des anciens Perses. Les prêtres se sont
élu à attribuer aux images de leur culte des sens multi¬
ples qu’ils dévoilaient successivement aux initiés, et le
symbolisme sidéral paraît avoir été seul communiqué à
la foule des fidèles ; la connaissance des doctrines maz-
déennes, qui font la valeur du mithriacisme, étant
réservée à une élite.
Les mages d’Asie Mineure, qui sont les ancêtres du
clergé mithriaque, appartenaient à la secte « zervaniste »,
dont le berceau semble être la Babylonie1. En d’autres
termes, ils plaçaient à la tète de la hiérarchie divine et à
l’origine des choses, le Temps Infini (Zervan-Akarana),
auquel on donnait parfois le nom d’A '(osv-Saeculum ou
celui de Kpôvoç-Saturnus, regardé
comme synonyme de Xpôvoç. On le re¬
présentait sous la forme d’un monstre
humain, àtê te delion, le corpsentouré
d’un serpent, qui fait allusion au cours
sinueux du soleil sur l’écliptique
rappelé ailleurs par les figures du
zodiaque. Il est ailé pour marquer la
rapidité de sa fuite ; il tient le sceptre
et le foudre, comme divinité souve¬
raine, ou les clefs qui ouvrent les deux
portes du ciel (fig. 5090) ; on surcharge
ses statues d’attributs divers pour
marquer qu’il réunit virtuellement en
lui la puissance de tous les dieux,
et conformément aux doctrines chal-
déennes, on l’identifiait au Destin 3.
Les traditions mithriaques semblent
avoir expliqué l’origine du monde
par une série de générations succes¬
sives : le premier principe procréait le Ciel et la Terre,
qui enfantaient l’Océan, et on les adorait aussi sous les
noms de Jupiter, Junon et Neptune. C’était la triade su¬
prême du panthéon mithriaque : lorsqu’on considérait
inclus au point de vue astrologique, on l’assimilait par¬
fois, comme Ivronos, au Destin, qui détermine les révolu-
fions des sphères célestes3. Lorsqu’on voyait en lui une
personnification du firmament, on se le représentait
comme porté sur les épaules d’un héros semblable à
l’Atlas grec4; lorsqu’on l’assimilait à Zeus ( optimus
Waxirnus Caelus aeternus Jupiter) s, on pensait qu’il
avait succédé à son père dans le gouvernement du monde :
les bas-reliefs nous montrent Kronos remettant à son fils
le foudre insigne de son pouvoir6.
I 1 l;f. Textes et Mon. I, 10 sq. — 2 Statue inédite de la collection de Clerq. Nous
C’ons 1 obligeante autorisation de Madame de Clercq de pouvoir reproduire ce
wieux monument et celui que reproduit la fig. 5092, d'après des photographies. Cl'.
ex cs et Mon. I, p. 74 sq., 294. L'inlerprétation de ces figures comme divinités du
II mps est due à Zoëga, Abhandl. 187 sq. On en connaît aujourd’hui vingt-six, y
compris celle qui est publiée Rev. arch. 1902, pl. i. Elles diffèrent beaucoup entre
i’ig. 5090. — Kronos
mithriaque trouvé à Sidon.
Toutes les autres divinités paraissent (-Ire issues de
l’union de Jupiter et de Junon : on les voit sur les monu¬
ments réunis en assemblée dans 1 Olympe autour de leur
père et maître, qui trône au centre du groupe ‘. Ils y ont
l’aspect des dieux gréco-romains, mais en réalité, les
fidèles adoraient en eux, sous des noms d emprunt,
l’escorte barbare qui avait suivi Mithra dans ses migra¬
tions. Hercule est Arlagnès (Verethraghna); \ uleain, ALar,
le génie du feu; Bacchus, le Haoma personnifié8, etc.
Seulement, nous ne saisissons que fort imparfaitement
la personnalité de tous ces génies secondaires dont
il est inutile de don¬
ner ici une énuméra¬
tion complète.
Ils résident tous
avec Jupiter dans
l’éternelle clarté de
l’empyrée , auquel
s’oppose un royaume
ténébreux, situé dans
les profondeurs de la
terre. Ici, Ahriman
( Arimanius ) 9 règne
avec Hécate sur la
foule des démons. Ces
monstres ont tenté
aux origines du
monde de monter à
l’assaut du ciel, mais,
foudroyés par Jupi¬
ter, ils ont été préci¬
pités dans les enfers :
cette gigantomacliie
est souvent représen¬
tée sur les monu¬
ments mithriaques
(fig. 5091) 10. Mais ces
puissances infernales
n’étaient point ré¬
duites à l’impuis¬
sance, et les initiés
leurs offraient des
sacrifices pour dé¬
tourner leur colère
ou même les asservir Fig' . 5091 ' 7 Gig^iomachie Océ.» couché
uaissance de Mithra (Bas-reliet de Virununi).
à leurs desseins 11 .
Comme les démons, les dieux exerçaient une influence
sur le monde, et ils causaient ses transformations. Le
mithriacisme avait hérité des anciens Perses, l’adoration
du Feu,del’Eau,delaTerreetdesVents ou de l’Air12, mais
systématisant ce vieux culte naturaliste, il honorait en
eux les quatre éléments, dont la transmutation perpétuelle
provoque tous les phénomènes physiques : un groupe
souvent reproduit et composé d’un lion, d’un cratère et
d’un serpent symbolisait la lutte du feu, de l'eau et de
la terre qui s’entre-dévorent constamment 13 . L’action des
théories philosophiques est ici indubitable : un mythe
étrange, où les quatre chevaux qui traînent le char du
elles. — 3 Textes et Mon. I, p. 8G. — 4 Ibid. p. 90. — 5 Inscr. 59 ( Corp . iriser, lat.
VI, 82); cf. Herod. I, 131, xûxXov tou oûpayatf A foc xaXIovtt;. — 6 Textes et Mon. 1,
p. 156, 295. — 1 Ibid. I, p. 129,295. — 8 Cf. Ibid. p. 142 sq. — 9 laser. 27, 323, 324
(deo Arimanio) ; cf. Cagnat, Année epigr. 1900, a0 204. — 10 Textes et Mon. t. 1, 139
sq., 296. — 1 1 Ibid. 1, 1 57 sq. — 12 Herod. I, 131: 8jou<ii $è fjXtui xa\ atXr,vfl xa\ xai nupî
xat û'SotTi xai àvé|i.oi(n ; ei.Textes et Mon. 1, 103 sq. — 13 Textes et Mon. 1, 99 sq., 297 sq.
MIT
11)52 —
MIT
dieu suprême sont les emblèmes des quatre éléments, est
devenu une allégorie des doctrines stoïciennes sur le
cataclysme et l’ÈxTtûpwfft; universels1.
A côté des éléments, la théologie des mystères regar¬
dait les astres comme des puissances divines. Le Soleil
et la Lune étaient déjà adorés par les Perses, et les mi-
thriastes, qui sc les figuraient encore parcourant le ciel
Fig. 3092. — Milhra tauroclone entouré (tes signes du Zodiai|iie el des busles des
Saisons (Bas-relief de Sidon).
l’un sur un quadrige, l’autre sur un char attelé de deux |
taureaux blancs 2, avaient cependant complètement |
transformé la vieille conception mazdéenne Ou 1
geait parmi les sept Planètes, qui présidaient ;Ul'x*'1Un' I
de la semaine et qui étaient l’objet d’un culte tout s ''°lU'S
Avec elles on divinisait les douze signes du Zod^1^'
et même les Mois et les Saisons, dont ils marou'Tî6
succession3 (fig. 5092). Les autres étoiles et constellé
tions, même les deux hémisphères célestes, assimilés ■ d~
Dioscures4, étaient aussi déifiés. Toute cette astrolatr*
avait été empruntée parles mages aux Chaldéens et avec
elle s’était introduite dans les mystères la doctrine du hta I
lisme, l’idée d’une nécessité qui dépend du mouvement des
cieux et qui gouverne les hommes et les choses. La difîu- i
sion de l’astrologie a certainement été favorisée sous
l’Empire par celle du mithriacisme (nous avons con¬
servé l’épitaphe d’un « sacerdos dei Solis invicti Mithrae
studiosus astrologiae » 5) et ses doctrines sur le pouvoir
des démons permettaient de justifier toutes les pratiques
occultes et toutes les superstitions G.
Des explications astronomiques furent imaginées dès
l’antiquité, piour les représentations où apparaît Milhra
devenu un dieu solaire, et notamment pour l’image hiéra¬
tique de Mithra tauroctone. Ainsi on plaçaitdes deux côtés
de celle-ci deux porte-flambeaux ou dadophores, auxquels
on donnai tles noms énigmatiques de Cautes et Caulopatèf
et qui étaient regardés comme identiques au dieu immo¬
lant le taureau. Ce triple Mithra (TpuAiatoç MiOpaç)8 était
considéré comme un symbole du soleil du matin, de midi et
5093. — Millira lauroclone avec une série de scènes des légendes sacrées (Bas-relief de Neucnl
du soir, ou encore du soleil du printemps, de 1 été et de
l’automne. Mais ces interprétations sidérales sont mani¬
festement adventices et récentes. Les scènes diverses, qui
l Dion. Chrys. Or. XXXVI, § 39 sq. ; cf. Textes et Mon. 1, 298. — Cf. Textes
et Mon. 1, 121 sq. — 3 Sur les planètes, cf. Ibid. 1, 1 12 sq. ; les signes du zodiaque,
Jbid. 109 sq. ; les mois cl les saisons, Ibid. 92; cf. p. 300 sq. Coll, de Clcrcq, voy.
se suivent dans un ordre régulier Sur nos ' Mithra
présentent en réalité des épisodes de la e 5093°)1
1 du taureau
inscr- lat-
dontl’acte suprême est l’immolatiom
, , _ s Corp- 1»
p. 1953, n. 2. -i Textes et Mon. 1, p. 85, HL ■ '■ 407 sq. — 8 Ps. üeny
V, 5893 (= 192). - 8 Textes et Mon. h 300 sq. • ’ 243, pl- ï-
Aréop. Épitre, VU. - 9 Bas-rclicf de Ncueuhe.m, Textes
— 1 953 —
MIT
\mlc le plus fréquemment reproduit de cette
, c’est la naissance du dieu (lig. 5091). Des textes
'^'hreux nous rapportent que Mithra était né d’un
n01" !... il est le Os oç sx TtéTpaç et cette Petra genitrix 2
^Ïadorée dans ses temples. Ce mythe figure sans doute
^•'nitivement la lumière jaillissant du ciel, conçu comme
P"""()ûte solide 3. Mais la fable s’était emparée de cette
!"! 1(rntion miraculeuse et, comme le montrent les monu-
cnn;; 011 racontait que le dieu, déjà armé d’un couteau,
une torche et coiffé de son bonnet phrygien, était
lt'n'.uI, je jjord d’un fleuve, et des pasteurs, cachés dans
r montagne, avaient observé sa venue au monde et lui
avaient apporté des offrandes — une adoration des ber¬
gers mithriaque 4. . .
yous ne pouvons passer ici en revue toute la sérié des
tableaux qui illustrent la légende fort incertaine du dieu :
on ie voit successivement couper les feuilles d’un arbre
pour se vêtir3 et ses fruits pour s’en nourrir, tirer de
Tare contre un rocher dont jaillit une source vive (c’est
le soleil dont les rayons percent le nuage dont s échappe
la pluie) 6, et il figure dans d’autres scènes encore. Il
suffira de rappeler que les deux légendes principales sont
celles de Mithra et de Sol et celle de Mithra et du taureau.
Lu première ne peut être qu’imparfaitement recons¬
tituée. On voit seulement que Mithra, en couronnant Sol,
lui donne une sorte d’investiture et que les deux divi¬
nités concluent alors une alliance solennelle h C est avec
le Soleil et d’autres compagnons de ses travaux que
Mithra, à la fin de sa mission terrestre, célébrait un
festin, qui était commémoré par le banquet sacré des
mystères, de même que chez les chrétiens la dernière Cène
l’était par la communion 8. Ensuite Mithra était emporté
sur le quadrige de son compagnon, par-dessus 1 Océan,
vers les sphères célestes, c’était l’ascension mithriaque .
Le contenu de la seconde fable est plus étrange et elle
; s’explique seulement par l’importance que le mazdéisme
attribue au taureau, le premier des êtres vivants créés
par Ahura-Mazda, et qui est une conséquence de la valeur
qu’avaitcet animal pour un peuple de pasteurs. Mithra par¬
venait. d’abord à dompter la bête sauvage et il 1 entraînait
dans son antre en la tirant par les pattes de derrière, un
mythe analogue à ceux d’ilercule et de Cacus qui avait lait
donner au dieu perse le nom de (üouxAÔ7ro<; 6sdç 10 (fig. 5094),
lacté lui-même portant celui de Transitus 11 . La con¬
clusion de ce drame était la mort du taureau, qui est le
sujet le plus fréquemment reproduit sur nos monuments.
Mithra recevait du Soleil, par l’intermédiaire du corbeau,
messager de celui-ci 12, l’ordre de tuer son prisonnier.
Remplissant malgré lui la mission que le ciel lui imposait,
Mithra perçait de son large couteau le flanc de sa victime,
et du corps de celle-ci naissaient toutes les espèces de
'égélaux. C’est cette floraison merveilleuse que les artistes
ont rappelée discrètement en terminant la queue du tau¬
reau mourant par une touffe d’épis 13. Le scorpion et le
1 Just. Mari. Dial. c. Tryph. 70; Gommod. Instr. I, 13; Ps.-Plut. De /lue.
Pirmic. Mal. De err. prof. rel. c. 20; Hier. Adr. Jovinian. I, 7. — 2 Inscr.
1S3, 3ii, etc.; cf. Textes et Alon. t. II, index, p. 533 a, et Gurlilt, Jahresh.
arcl‘- Ist. Wien. Il, 1899 ; Bciblalt, p. 92 sq. une dédicace Naturae dei, c’esl-
a-dire n la naissance du dieu {—'Corp. inscr. lat. III, Suppl. 14354, 29). • 3 Maio-
uica, Mitliras’ Felsengeburt (Arc h. epigr. MU h. aus Oester. Il), p. 331 sq.
' 1 Textes et Mon. t. I, p. 159 sq. - 5 Ibid. p. 103 sq. — 6 Ibid. p. 104 sq.
~ 1 Ibid. p. 172 sq. — 8 Ibid. p. 174 sq. — 9 Ibid. p. 170 sq. — 10 Porphyr.
De an‘ro Nyrnph. 18; cf. Firmic. Mat. De err. prof. rel. c. 4; Commod. Instr. I,
' ' ■ I crtebatque boves alicnos semper in antris sicut et Cacus Vutcani filius ille.
3094 d'apres le Bull, covwi. di Borna , I, p. 275 — Textes et Mon. t. Il u° 87,
MIT
serpent, émissaires d’Ahriman, s’efforcèrent de dévorer les
testicules et de boire le sang du moribond. Néanmoins,
le sperme de celui-ci devait produire toutes les races
d’animaux u, et son âme, gardée par le chien, fidèle com¬
pagnon de Mithra, devait plus tard être divinisée et
devenir la gardienne des troupeaux ,3. C’est donc une
représentation de la création mazdéenne que le groupe
du Mithra tauroctone, placé régulièrement dans l’abside
des cryptes sacrées lfi.
Mithra était, par le meurtre du taureau sacré, devenu
le créateur, mais là ne se bornait pas son rôle. Remonté
au ciel, le dieu « invincible » ( deus invictus , 7.vixt,toç) 17
était le protecteur tout-puissant18 de ses fidèles dans la
lutte incessante qu’ils avaient à soutenir contre les puis¬
sances du mal. Il les aidait, comme chez les anciens
Perses, à respecter la vérité, à pratiquer la justice et à
conserver cette pureté vers laquelle l’existence du myste
devait tendre, en combattant sans cesse tous les instincts
pervers 19, Après la mort, il avait pour mission de con¬
duire les âmes de ses serviteurs jusqu’au séjour des
bienheureux20. Suivant une théorie, où des éléments
perses et chaldéens étaient combinés21, les âmes, en
s’abaissant vers la terre, traversaient les sphères des
planètes et recevaient de chacune quelques-unes de leurs
qualités ; en remontant au ciel, elles se dépouillaient,
comme de vêtements, des penchants et des facultés qu’elles
avaient reçues des sept astres, pour pénétrer comme
pure essence dans le séjour lumineux du dieu suprême 22.
Toutefois les corps eux-mêmes devaient participer à la
félicité éternelle réservée aux justes. A la fin des temps,
Mithra devait de nouveau sacrifier un taureau divin, sem¬
blable au taureau créateur, pour donner l’immortalité
aux hommes. Les anciens Perses croyaient déjà à la
résurrection des morts, et cette doctrine avait passé dans
_ Il c. i. I. III, Suppl. 14354. 27 ; cf. Textes et Mon. 170 sq. 305. — 12 Textes
et Mon. 172-173. — 13 Ibid. p. 186 sq. — 14 Ibid. p. 190 sq. — >5 Ibid. p. 197 ;
cf 305. _ 10 Ibid. p. 198 sq. — O Cf. Ibid. t. II, p. 532 sq. Le surnom perse de
Nabarses parait avoir le même sens ; Textes et Mon. I, p. 208, u. 6. — 18 Omni-
potens, Corp. inscr. lat. X, 1479 (= 148). — 19 Cf. Textes et Mon. I, 309, où j’ai
essayé de résumer le peu que nous savons de la morale mithriaque. — - 20 Julien,
Convie, p. 336 C : Ijvixa âv IvtUvSë èutiévat Sév, Tr ; àiaôîjç IXn L 3 ; V|js[xôva ôeàv
(sc. MÎOçav) iù[iÉvîj xafllimts ireauta. — 21 Cf. Textes et Mon. I, p. 37 sq. Celle
doctrine a été récemment étudiée en détail par M. Bousset, Die Himmelsreise
der Seele ( Archiv . für Beliyionswiss. t. IV), 1901, p. 160 sq. — 22 Textes el
Mon. t. 1, p. 309.
MIT
— 1934 —
lesmystèresmilhriaques L’espérance d’une immortalité
glorieuse réservée aux initiés a certainement exercé sur
eux un grand attrait, et contribué à la diffusion des mys¬
tères. Ceux-ci ont aussi dû leur succès à la valeur de leur
morale, qui favorisait 1 action et où l’on trouvait dans les
luttes de la vie un soutien efficace. La conformité de
leurs doctrines avec la science et la philosophie du temps a
pu séduire les esprits cultivés, tandis que le caractère très
primitif a certains égards d’un culte qui divinisait toute
la nature avait fortement prise sur les âmes populaires 2.
La lutte contre le christianisme. — La religion mi-
thriaque n’eut rien de l’intolérance du mazdéisme sassa-
nide. Elle adopta dans les diverses provinces les dieux
qui y étaient honorés, en les faisant rentrer dans son
système doctrinal. Elle resta toujours en relations intimes
avec le culte commagénien de Jupiter Dolichénus, et fit
probablement alliance avec celui de la Mater Magna , qui
introduisit dans sa liturgie la cérémonie du taurobole (cf.
p. 1948-9) 3. Sous l’influence du syncrétisme, qui régnait
au me siècle, on inclina même avoir dans Mithra, assimilé
à Sol inv ictus, le dieu unique qui est adoré sous des noms
multiples suivant que l’on considère ses aspects divers.
Ce panthéisme solaire était soutenu par les empereurs,
dont il favorisait la politique (p. 1947), et il faillit sous
Aurélien devenir la religion officielle de l’État romain 4.
Les mystères persiques devaient donc fatalement entrer
en lutte avec l’Église chrétienne, qui condamnait le poly¬
théisme et niait la divinité des empereurs. La rivalité
entre les deux religions fut d’autant plus vive que leurs
caractères étaient plus semblables, et l’on peut dire que
le mazdéisme, dont le culte mithriaqne est une forme,
fut, avant l’Islam, l’adversaire le plus redoutable que le
christianisme ait rencontré. Nous n’avons pas à insister
ici sur les similitudes, signalées par les apologistes eux-
mêmes 5, qui existaient entre les dogmes et les rites
chrétiens et mithriaques, ni surtout à trancher la question
de savoir s’il y a eu imitation et de quel côté. Beaucoup
d’analogies s’expliquent par l’origine orientale commune
des deux cultes, et il n’y a guère que le domaine de l’art
où l’on puisse constater avec certitude les emprunts
faits par l’Église à ses prédécesseurs païens6.
Si l’on considère la quantité de monuments que le
mithriacisme nous a laissés, on peut se demander si, à
l’époque des Sévères, ses fidèles n’étaient pas plus nom¬
breux que les chrétiens. Mais les premières invasions des
barbares, notamment la perte de la Dacie (275 ap. J.-C.)
i Tertull. De praescr. haeret, 40 : imaginent resurrectionis inducit ; cf. Textes
et Mon. I, p. 187 sq., 311. — 2 Textes et Mon. p. 371. — 3 Sur tout ceci, cf.
Ibid. I, p. 330 sq. — 4 Cf. Ibid. p. 336 sq. — 5 Iust. Mart. Dial, cum Tryph. 70,
78; Apol. I, 66; Tertull. De corona , 15; De praescr. haeret. 40. — 6 Cf. Textes
et Mon. I, 339. Un point spécial a été discuté récemment par M. Jean Réville,
Études publiées en hommage à la Faculté de Montauban , 1901, p. 339 sq. et
M. A. Dieterich, Zcitschr. f. Neutest. Wissensch. 1902, p. 190 : Les traditions
chrétiennes relatives à la naissance de Jésus seraient influencées par la légende
mithriaqne. — 7 Cf. Textes et Mon. 1, p. 344 sq. — 8 Meurtre du patriarche
Georges; Socr. Ilist. eccl. III, 2; Sozom. V, 7. — a Textes et Mon. I, 347 sq.
Découverte du squelette d'un prêtre exécuté et enterré dans le milhréum de
Sarrebourg; cf. Textes et Mon. t. II, p. 519. — 10 Hier, Epist. CV1I ad
Laetam ; cf. Prudent. Contra Sgmmach. I, 501 sq. — U Corp. inscr. lat. Vf, 749-
754 (= inscr. 7, 21; cf. 147). — 12 Carmen contra paganos ( Anthol . latina , éd.
Riese, I, p. 20), v. 46 sq. ; cf. Textes et Mon. II, p. 52. Deslruction d'un mithréum
à Alexandrie en 391, Socr. V, 16, mais cf. Textes et Mon. 1, 362 note. — *3 La
dernière inscription datée est de l'année 387 ap. J.-C. Une prétendue dédicace de
Lan 391 est fausse, Corp. inscr. lat. VI, 736 = 30 823. — U Textes et Mon. I, 348.
— 13 Ibid. I, p. 44 sq. 349 sq. — Bibliographie. Cet article résume brièvement mes
Textes et Monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, 2 vol. Bruxelles,
1896-1889. On y trouvera, t. I, p. 21 sq. une bibliographie critique des ouvrages
antérieurs sur le mithriacisme, parmi lesquels T Introduction de Lajard (1847),
MIT
el celle des Champs Décumates portèrentun
ci une religion qui était répandue C°UP '<‘rril,le
va bientôt
La conversion de Constantin lui 7nl7vT *** IV°nlières-
que les
empereurs lui avaient jusaue-h T 1 a,Ppui
des lors elle déclina rapidement1. Même |'CC°.r' e et
amenée par la conversion de Julien, adente réaCt‘°n
mystères (p. 1947), ne rendit à ceux-’ci ! XI S **
ephemère. Les troubles sanglants qui avaient „ Ce
règne de l’Apostat 6 servirent de prétexte à !“
sai lies, et les ruines des mithréums attestent h
de la persécution ». En 377, le préfet Gracchus, „„
sa, ni Jerome •», specum Mithvae et omnia ponml
simulacra... subvertit, f régit, excussit et his „,T-
obsidibus datis , impetravit baptismum Christi. t0Ui !
fois, malgré les édits des empereurs interdisant l’exer
cce Public de l’idolâtrie, l’aristocratie romaine restait
fidèle au culte de ses ancêtres : à la fin du ive siècle uni
grand seigneur releva à ses frais, près de la voie Flàmi
nienne, une crypte construite par son aïeul
et en 393,
sous le gouvernement d’Eugène, le préfet du prétoire
célébra encore officiellement les mystères12. Mais après
la victoire de Théodose sur l’usurpateur (394), on n’entend
plus parler d’eux à Rome13. Ils se conservèrent plus
longtemps dans certains districts reculés des provinces
latines et surtout dans celles d’Orient u. Mais leur ruine
était irrémédiable. Seulement les conceptions qu’ils
avaient répandues dans l’empire ne devaient pas dispa¬
raître avec eux. Ils avaient préparé les esprits à accueillir
le manichéisme, qui, à certains égards, doitêlre considéré
comme l’héritier et le continuateur du mithriacisme13.
Franz Ce mont.
MITRA (gérpa) L — Longue bande d’étoffe, de cuir ou
de métal, qui pouvait, suivant les cas, servir de ceinture
ou de bandeau pour les cheveux.
I. — On trouvera au mot cingulum la mention des cas
où la p-tTpa ne diffère pas de la simple Çü>vr), qu’elle soit
employée au costume des athlètes 2, ou que, le plus sou¬
vent, elle serve à la parure féminine, pour serrer la taille3
ou soutenir les seins4. Nous ne reviendrons pas sur ces
acceptions usuelles. Nous nous bornerons à étudier le
sens particulier du mot à l’époque homérique et le mode
spécial d’armement auquel il paraît s’appliquer. Ilelbig 5 i
et, après lui, Reichel 6 ont élucidé, d’une manière qui
paraît définitive, les difficultés du texte homérique. Nous
ne ferons guère, comme on l’a fait avant nous1, que
résumer leurs conclusions.
.sic recueil de dessins, mérite une mention spéciale. Je me bornciai ici à h ^
liste des publications parues depuis 1899 : I. Nouvelles découvrîtes . nu ’
ermont-Ganneau, Comptes rendus Acad. Inscr. mars 1903 ; Rome (Bron/.i s au
useum, Catalogue de Walters, 1899, n“» 904, 1017, 1018; bas-reliefs a 5 0 1 . .
uttgart, Cumont, lier. arch. 1902, I, p. 1 sq.); Mésie supérieur! 1 ' '
ihresh. Oester. Instit. IV, 1901, Beiblatt, p. 75 sq. ; Dalmatie (Spaalo
itsch, Wissensch. Mitt. ans Bosnien, IV, 1900, 129 ; (Konjica), / •
34 sq. ; (Arupium), Patsch, Die Lika in rômischer Zeit , Pannonu. 1
irlitt, Jahresh. Oesterr. Instit. II, 1899, p. 89 sq.; (Agram), S., uinui-
ire, 11, 477, n. 5 ; (Aquincum), Kuzsinski, Jahrcsliefte Oest. Instit. ^ ^
54 sq. ; Germanie (Zazenhausen), Sixt, Fundberichte aus Schuaie , ^ ^ ^
41 ; ( Wiesbaden), Ritlcrling, Mitt. Ver. f. Nassauischc Altei lums i ‘ ^rt;n|eS
17 sq. — IL Études: Wissowa, Religion der Borner, 190-, P- ajouter
Jean Réville et A. Dieterich signalés ci-dessus, n. 6. foui ce eu ^
i récent article des Donner Jahrbücher, Hefl 108-9, Bonn, l®®-> P" ^ 1302. 1
1 résumé de mes recherches sous le titre Les Mystères de J ll
1 annonce un travail d’Alb. Dieterich sur la liturgie mithriaqne ( ^ j5t il.
MITRA. 1 Eust. p. 453, 44; Etym. Magn. s. v. et Hesycli. — p. 368,
3 Apoll. Rh. I, 287; Call. Jov. 21.-4 Call. Ep. 40, 4. - la gestion
ad. Trawinski ; Mém. Acad. Inscr. XXXV, 2° part. p. ^ 1897,
jcénienne). — 6 Hom. Waffen, 2e éd. p. 73, p.9l sq.
109-183, pi. x-xi (Perdrizet).
MIT
MIT
— I 955 —
J c 2
livre
Il régulte de l’examen attentif du IV® 1 et du Ve
de [7/ifl^ que fAtTP7i étaitportée directement sur la peau
et aiitour des parties molles du ventre, qu’elle protégeait,
lille pouvait être employée seule et former alors l’unique
défense du guerrier, comme ce paraît être le cas pour
^■ès, attaqué et blessé par Diomède. Elle pouvait aussi
s'ajouter à d’autres pièces d’armure qui la recouvraient,
telles que la Lunique, Oojp-^;, et une ceinture extérieure,
çwfftVjp, destinée à maintenir le Stop-^. Quelque singulière
que puisse nous paraître cette conception d’une lame,
même épaisse et assez haute, considérée comme l’unique
sauvegarde et la seule protection des combattants, il
n’est pas à douter qu’elle ne soit exacte, car d’assez nom¬
breux monuments figurés permettent de nous en faire
ime idée assez précise. Sur des monuments mycéniens 3,
tels que les coupes de Vapliio, le pagne, formé d’une
mince et longue bande d’étoffe plusieurs fois enroulée
autour de la taille, n’est autre chose qu’une purp-q : si les
bords en pendent devant les parties, ce n’est poinL par
pudeur, mais parce qu’une Çoàv/j de toile s’assujettissait
autrement qu’une bande de cuir4.
Les fouilles de Delphes5 et d’Olympie® ont mis à jour
un assez grand nombre de statuettes de bronze, de style
primitif, qui nous montrent comment
était formée cette puTpa. Il est à re¬
marquer que ces idoles, bien que les
armes n’en aient pas été conservées,
représentaient à n’en pas douter des
guerriers : le plus souvent, la tête en
est casquée ; la main droite, levée à la
hauteur du visage, devait brandir la
lance, et la gauche, baissée à la taille,
près de la ceinture, tenait sans doute
le bouclier. Il s’agit donc d’un emploi
tout pareil à celui dont il est question
dans les poèmes homériques, et la
ceinture que portent ces guerriers est
et ne peut être que la purpa. Celle-ci,
qu’elle soit en relief comme à Olympie,
ou représentée en creux comme à
Delphes, est presque toujours à bandes
ou bourrelets étagés. Les renflements
sont de nature et de forme très varia¬
bles. Sur l’un de ces monuments
(lîg. 5095) 7 , six côtes superposées
se succèdent au-dessus des hanches. Ailleurs8, trois ban¬
deaux en saillie alternent avec deux lames rentrantes, et
detuin de ces bandeaux, au lieu d’être plat ou simplement
"'nlle, est formé d’une série de moulures et de listels
' tagés. Enfin, la ceinture peut être simple et à fermeture
nn diane (fig. 5096) 9, mais les bords supérieur et inférieur,
:"nM Ltue la jointure, sont en légère saillie sur le fond :
s«igit évidemment ici d’une armature de métal qui était
lVÂn ~ 1 i A
tig. 5095. — La mit va
ceinturon.
fixée
•sur la lame de cuir et qui en consolidait les atta-
j[re "( ~ 2 V. 856-859. — 3 Une terre cuite primitive de Troie (peut-
serre ^ | représente une femme nue, assise, qu’une ceinture double
^ 4 toille , sans doute pour comprimer l’abdomen (Hcernes, Urgeschichte
Iiorn ™ KUnS*' 33, p. 180). Le cas est tout différent de celui de la
féraiiiino V ' **le Iteul rapprocher de l’idole troyenne, la statuette sans doute
-4.)"/./ Urassempuy, Rev. anthropol. 1895, pl. vu, 1, p. 147-8 (Piette).
~ 6 Furl >UC^’ P- ^ Bull. corr. hell. 1897, p. 109-183, passim.
^gnient d aeD^er' t. IV, Die Bronzer/, pl. iv et xvi. Voir aussi un
swployée 1 ' aS<! m>cénie" cn relief publié par M. Ma*. Mover, qui montre la nÎTf>i
pWsomi ' anneau qui serre la taille est évidemment ici fait de métal et le
5°e 11 a Pas d autre arme défensive. — 7 Bull. corr. hell. 1897, p. 173,
Fig. 5090.
elles. Cette dernière statuette est pour nous d’un intérêt
particulier, parce qu’elle est plus récente que les précé¬
dentes. Peut-être n’est-elle pas
antérieure au début du vi® siècle.
C’est la preuve que l’emploi de la
giApa, qui commença dès lapériode
mycénienne, dura pendant toute
l’époque archaïque. Pollux, sur
la métope du trésor des Sicyo-
niens découverte à Delphes, la
porte encore sous la chlamyde.
Un torse d’Apollon archaïque
trouvé par M. Doublet à Délos a la
taille serrée par une ceinture ana¬
logue ,0. Enlin, l’Apollon colossal
offert par les Naxiens 11 paraît bien
avoir eu lapuxpa. L’usagedoitavoir
duré, avec des intermittences, jus¬
que vers l’an 500 12 avant notre
ère. Il est singulier qu’aucune
ftixpx complète ne soit venue
jusqu’à nous, car il n’est pas douteux que la plupart
étaient de métal. Homère le dit formellement 13 et les
lexicographes sont très nets sur ce point I4. L’un même
nous apprend que la ceinture était parfois faite de mailles,
àXutjtoürr/] 13. Les deux garnitures de bronze, découvertes
à Mycènes et signalées par M. Perdrizet’6, paraissent bien
provenir de jjuTpat, mais ce sont les seuls documents con¬
nus ; la plupart des ceintures devaient être de cuir, ou
même d’étoffes épaisses et superposées. M. Furtwængler a
publié un bronze acquis récemment parle Musée de Berlin,
où il a proposé de reconnaître
la giTpa 1 7, mais la ceinture y
est extérieure et le tablier qui
termine en bas la cuirasse ne
paraît pas posée sur une Çtovv)
intérieure.
If. — La gtTpa servait aussi à
serrer et fixer la chevelure ’8.
L’usage est ici général, commun
aux hommes et aux femmes, et
ne se bornant pas à la période
archaïque. Les inventaires de
temples, celui en particulier de
la Héra samienne, mentionnent
des gtxpai 19. Elles apparaissent
fréquemment sur les représen¬
tations de Dèmèter et de Kora,
que celles-ci soient archaïques
(fig. 1322) 2Ü, ou relativement récentes 21 . Mais elles
n’étaient pas spécialement réservées aux déesses, ni
même aux femmes. Les athlètes vainqueurs en sont
couronnés22; parmi les dieux, c’est le plus efféminé,
Dionysos, qui porte le plus volontiers et le plus souvent
fig. 4.-8 Ibid. p. 173, fig. 5.-9 Ibid. pl. x. — 10 Ibid. fig. 6, p. 176. — 11 Ibid.
fig. 7-8, p. 178-9. 12 On trouve dans l'Italie méridionale quelques exemples pos*
lêrieurs de guerriers portant uniquement une sorte de nixça; cf. le cratère Passeri,
Pict. Etrusc. in vasculis, 256 ( Jahrbuch , 1899, p. 47, fig. 3). _ 13 Iliad. v. 187,
216, 707. — 14 Hesycb. s. v. - 13 Etym. Magn. s. v. - IG Bull. corr. hell. 1897,
p. 181. - n Arch. Anzeiger, 1894, p. 120-1, 33, fig. 19. - 18 Hesycb. Etym. Magn’.
s. v. ; Eust. p. 454, 15; p. 1068, 24 ; p. 1659, 10. — 19 C. Curtius, Insch. z. Gesch.
v. Samos , p. 10, 17-20 ; cf. Bull. corr. hell. 1885, p. 90. — 20 Heuzey, Mon. grecs ,
1S73, pl. U. 1 Bull. coït. hell. 1882, pl. vi. — 22 Oerhard, Auserl. Vasenb. IV,
pl. cclxxiv, p. 48. Cf. le Diadumènc de Polyclète, Luc. Philops. 19 (Overbeck)
Schriftquellen , p. 162, 900).
Fig
5097. — La mitra en
bandelette.
— 1956 —
MIT
MIT
la [AiTpa *, soit seule (flg. 5097) 2, soit passée sur une
guirlande de lierre (vov. fig. 700, 712, 71H, 2181); on la
voit aussi attachée à son thyrse (flg. 680, 684, 692, 700,
4975). Le bandeau passait pour conjurer les effets de
l'ivresse 3 : les personnages du thiase dionysiaque ont
souvent celte coiffure, ainsi que les buveurs dans les
scènes de banquets (fig. 1429, 1982, 1983).
Sur ces monuments, le dessin des têtes est souvent
assez net pour nous permettre de bien apercevoir la
forme et la nature de la bandelette. C’est un ruban de
laine ou d’autre étoile, assez large et relativement long.
Des deux bouts carrés ou plus généralement arrondis
partent des cordelettes, de nombre 4 et de dimensions
variables, et qui pouvaient servir, en les nouant, à fixer
la gtTpa, quand celle-ci était trop épaisse pour se prêter
à former un nœud : la bandelette, même repliée sur
elle-même et assujettie comme un pagne, eût couru risque
de glisser sur les cheveux. Des motifs de dessin et de
couleur variés r>, tissés ou brodés, ornaient le diadème :
ce sont des chevrons 6, des points ou cercles juxtaposés 7,
d’étroits lisérés sur les bords8. Un certain nombre de
représentations de vases permettent de se rendre un
compte exact de la manière
dont on ceignait la gt-rpa. Je
citerai en premier lieu une
hydrie du Musée de Naples9
où Orithye est poursuivie au
moment où elle mettait une
étroite gnrpa (fig. 5098) : la
main gauche, levée à la hau¬
teur de la nuque, tient lâches
et plusieurs fois repliés les
deux bouts du ruban qui
déjà est passé sur les che¬
veux. La main droite allait sans doute aider la gauche à
faire un nœud, peut-être, à en juger par la longueur de
la bandelette, après lui avoir fait
faire un second tour autour de
la tête. Il y avait sans doute,
pour que la coiffure fût bien en
place, des règles précises à ob¬
server, et la longueur des pans
de la pur pa n’était pas chose in¬
différente. Sur un fragment d’hy-
drie10, on voit (fig. 5099) une
femme saisissant avec les dents,
tout près du bout, l’une des extré¬
mités delagî'xpaqui estpasséesur
le haut de la tête ; l’autre extrémité, qui pend à gauche, est
tenue, et, semble-t-il, tirée par les deux mains: celles-ci
paraissent chercher le point précis où l’étoffe doit être
repliée et où commence le premier tour de tête. Une hydrie
de la Bibliothèque nationale 11 n’est pas sans analogie avec
1 II est appelé piTçr^ojo;, cf. Diod. Sic. IV, 4, 4; Strab. XV, p. 1038. Pour les
représentations, voir Millin, Peint, de vases, 1, 7; II, 63; Pottier-Reinacli,
Myrina, pl. vu, 1, p. 302; Inghirami, Vas. fittili, III, pl. cclxvii; Arch. Zeit. 1860,
pi. xvi ; Stackelberg, Græbcr d. Hellen. pl. xl = Furtwaengler-Reicliliold, Gr.
Vasenmalerei, pl. xxix. — 2 Millingen, Peint, de vases, pl. lu. — 3 Diod.
L. I. — 4 Trois le plus souvent, mais il peut y en avoir deux (Inghirami,
Vas. fittili, 2, pl. cviii), quatre (Ibid. 2, pl. exu) ou même sept (Ibid. 2, pl. clxxxi).
— 3 Plin. Bist. nat. XXXV, 35 (9) : « mitris versicoloribus ». — 6 Areli.
Zeit. 1882, pl. v (loutrophore du SounioD) ; Comptes rendus de la commiss.
arch. de Saint-Pétersb. 1874, pl. vu, 1. — 7 Inghirami, Vas. fittili, 2,
pl. cviii. — 8 Ibid. 4, pl. cccxvi. — 9 Ileal Mus. Borb. V, pl. xxxv. — 111 Arch.
Zeit. 1881, pl. xvi, p. 281 (W. Gebhard). — n A. De Ridder, Calai. Vas. Bibl.
os cas (
a précédente. La (West déjà passée une foi, „ ,
la tete: les deux extrémités, tenues chacuno " °Ur de
mam, pendent à droite età gauche ; elles vont *, ^ Une
avoir été préalablement étirées, relevée, ei e.re’ après
tivement sur les cheveux. Dans certain
le second pan re¬
passe exactement
sur le premier.
L’étoffe alors ne
formait pas tout à
fait deux tours.
Entre les extrémi¬
tés demi-circulai¬
res, il restait un
vide qui était rem¬
pli par les corde¬
lettes que nous
avons vues plus
haut : sur une
peinture de l’Er¬
mitage13, ces ficel¬
les , tordues en¬
semble, apparais- Fj 5100
sent clairement ;
elles servaient à fixer solidement la grrpoc, qu’elles ten¬
daient et serraient autour de la tête.
La [x,ér pa classique, d’un usage général, est devenue le
diadème, insigne de la souveraineté [diademaj. On a vu
(fig. 2337), sur une monnaie figurant le Grand Roi, que la
tiare, enveloppant la tète et quelquefois munie d’une men¬
tonnière, était, autour du front, fixée par une gGpa. Celle-ci,
partie du tout, a fini, comme il arrive souvent, par dési¬
gner la tiare asiatique 14 ou même le bandeau royal13.
Le mot mitra et son diminutif mitella se rencontrent
chez les auteurs latins : le plus souvent il est question
de la tiare ou mitre orientale et ils en font mention comme
d’une pièce caractéristique du costume des Barbares et
de leurs mœurs efféminées18. Les femmes de vie facile
s’en paraient volontiers 17. La mitra ne fit jamais, à Rome,
partie du costume masculin, mais le simple bandeau de
tête y était porté par les femmes, et le nom grec mitra
paraît être entré d’assez bonne heure dans 1 usage a la
place ou à côté des anciens noms latins vitta et fascia ou
fasciolaie ; il ne cessa jamais d’être employé avec cette
signification 19.
III. — Mitra est aussi, dans le langage médical, un ban¬
dage ou une écharpe qui soutient un membre malade .
IV. — C’est encore un câble dont on entourait en cer¬
tains cas la coque d’un navire21 [navis]. A. De Ridpeb .
MITTENDARIUS. — Nom de fonctionnaires qui li¬
raient au Bas-Empire dans Yofjficium du cornes rei yv/
vatae 1 et du cornes sacrorum largilionum • Dans et
second service, ils étaient soit centenarii , soit ihat
it. 447, fig. 76; voir aussi Benndorf, Griech. und Sied. Vas. IL P
_ 12 De Ridder, L. I. 357, p. 258-260; cf. Monuments P tôt, v _ , >1
. ii— in ; Gerhard, Trinkschal. u. Gefüsse, pl. cl Gct». ai ci. 4
■ 13 Stephani, Comptes rendus de Saint-Pétersbourg, I87i, p* v 1
135; Athen. p. 138 * p. 535 c, p. 536 a. - « Call. Del 166 -- W
r, 216 et Serv. ad. h. I. ; cf. IX, 616 ; Prop. IV, 7, 62 ; Senec ..Oed. , (
it. VI, 32, 19; Isid. Orig. XIX, 31, 4. - « Juv. L. l.\ Virg. P< ^
, 29, 15; Juven. III, 66. — 18 Varr. I.ing. lat. V, 129^ ,1C' ® „ . yill,
ig. XXXIV, 2, 23, § 2. — 19 Tertull. De virg. vel. Vi. — -
• 21 Tert. Carm. de Jona in Niniva, 42 ; Isid. Or. XIX, 4, 6. ^
MITTENDARIUS. 1 Cod. Theod. 6, 30, 2 (379). — 2 n ■
i, 23.
xux,
1900,
six.
lier.
A en.
Hist.
Prop.
; Ülp.
10, 3. ~
8,0,
MNA
— 1937 —
MOD
narir, ils faisaient d’abord partie du scrinium canonum,
plus tard ils constituèrent un scrinium spécial1; leur
principal0 fonction consistait à aller lever les impôts
dans les provinces.
Ce nom pouvait aussi désigner les fonctionnaires qui
allaient en province avec une mission spéciale de l’em¬
pereur2. Cn. Lêcrivain.
IMVAMONES, MNEMONES. — D’après Aristote1, les
fonctionnaires chargés dans les villes grecques d’enre-
gislrer les contrats privés, les jugements, les plaintes
civiles et criminelles portaient les noms de UpopV^ove;,
avrÎpvEç, E7rt(7TccToct et autres noms du même genre ; dans
quelques villes, ils étaient répartis en plusieurs collèges,
dans d’autres ils n’en formaient qu’un seul. Primitive¬
ment, les temples servaient de dépôts d’archives : c’est
ce qui explique l’assimilation établie par Aristote entre
lesinnémons etles hiéromnémons [hieromnemones, p. 173],
A l’époque historique, les greffiers, qui répondent en
partie à la définition d’Aristote, portent plutôt soit le
nom générique de ypaggaTer;, soit des noms spéciaux
tels que ypagfxaToiptjÀaxe;'2, S7]g.o<rio<jôAaxe; 3, TeOpofpôXaxe; 4,
pijTpoffluXaxEç 6. Cependant, ils sont encore désignés par le
mot p.vqp.&vEç (dor. gvâgovsç) 6 dans plusieurs inscriptions.
Sur une inscription de Iasos 7 relative à la vente de biens
confisqués, les mnémons, au nombre tantôt de trois,
tantôt de cinq, tantôt de deux, collaborent à la vente
avec les autorités civiles et religieuses, et on peut admettre
par suite qu’à Iasos les ventes n’étaient définitives
qu’après l’inscription sur les tables des mnémons. Dans
une loi, malheureusement très obscure, d’IIalicarnasse
et de Salmacis, qui règle les contestations et les revendi¬
cations au sujet des propriétés foncières, sous la tyrannie
de Lygdamis II, sans doute peu avant 454-453 av. J.-C. 8,
il y a deux mnémons annuels, dans chacune de ces
villes; c est à eux que la loi paraît adressée ; ils parais¬
sent être chargés d’inscrire les mutations de propriétés
foncières et dans les procès' leurs dires lient les juges 9.
A Corcyre, dans un arbitrage entre deux villes, le mné-
moh parait être le président des trois arbitres plutôt que
le greffier10. A Mégare, à la fin d’un décret de l’époque
îomaine en faveur d’un Mégarien, il y a la mention du
mnemon 11 . Le mnémon est cité plusieurs fois dans la
grande loi de Gortyne en Crète12 : c’est le juge et le
1,11 non qui, s ils sont encore vivants et en possession
1' ni s droits politiques, attestent l’existence d’une con¬
damnation ; le mari qui a divorcé doit faire ses réclama-
timis pécuniaires quatre jours à l’avance au juge et au
Ini" inon >^e mnémon corrobore par son serment la durée
11,11 instance : le mnémon est donc à Gortyne une sorte
^"actionnaire, attaché à un tribunal, qui suit les actes
' e la procédure, se les rappelle et dont les dires consti-
i( "l des preuves, comme à Halicarnasse. Ce même texte
m"lllre a Gortyne l’existence d’un mnémon auprès du
cosme des étrangers et une autre inscription y mentionne
le mnémon du collège des Cosmes 13. Dans tous ces cas,
qu’on utilise leur mémoire ou leurs écrits, les mnémons
ont le rôle de greffiers [grammateis]. Un mnémon parait
avoir un caractère religieux sur une inscription d'Acrae
en Sicile 14. Les mots composés désignent des magistrats
d’un caractère tantôt politique, tantôt sacerdotal ,5. Cnide
a eu un sénat aristocratique de soixante membres nommés
à vie, les âg.vijp.ove; Dans l’Acarnanie, le 7rfop.vàjxojv et
les Tuu.upop.vap.ove; sont des magistrats fédéraux éponymes
et on a conjecturé qu’ils jouaient le même rôle que les
proèdres et leur chef dans le sénat d’Athènes, et que par
suite les simples sénateurs fédéraux se seraient appelés
mnémons1'. A Stymphale, il y a un upop.vâp.0 jv parmi les
magistrats éponymes18; à Cherso néSOS, des <Jup.gvxpt.ove;
sont chargés de faire une proclamation publique 19.
Ch. Lccrivajn.
MNEMOSYJVÉ lmusae].
MODIOLUS. — Ce diminutif de modius est le nom de
divers objets dont la forme rappelle celle d’un boisseau :
le moyeu d’une roue [rotaJ; l’essieu d’un pressoir [tra-
petum]; un gobelet1; les seaux ou caisses d’une roue
hydraulique [macuina, p. 1467] ; le cylindre où se meut le
piston dune pompe foulante [sipho]; une boîte faisant
partie de la catapulte [tormenta]; la couronne d’un
trépan 2 [cuirurgia, p. 1111].
MODIUS ( 'Exisüç, p.doco;). — I. Mesure de capacité pour
les solides chez les Romains. Le modius équivalait au
tiers du quadrantal ou amphore , unité de capacité pour
les liquides, et dont le volume était d’un pied carré1. Le
modius contenait donc 8 lit. 754. Il avait six sous-mul¬
tiples, c’est-à-dire qu’il valait
2 semodii (7]gîexTov),
16 sextarii 2,
32 heminae ,
64 quart arii ,
128 acetabula,
192 cyathi.
On voit que les mesures inférieures au semodius pour
les solides ont la même valeur et portent les mêmes
noms que les mesures pour les liquides.
Le modius égalait la sixième partie du médimne grec.
Il servait principalement à mesurer le blé après qu’il
avait été battu, et il en contenait 6 kgr. 503 3.
Par comparaison avec les mesures modernes, on obtient :
Modius = 8I,754
Semimodius = 4*,377
Sextarius = O1, 547
Hemina = O1, 274
Quartarius = O1, 137
Acetabulum = O1, 068 4
On trouve la dénomination de modius italiens, rraXtxô;
Ad r J^L i2’ 23’ 7 G84)- — 2 Cassiod. Var. 4, 47. — Bibliographie. Godefro
■ 7heod- e, 30, 2, 7, 8, 9 (éd. Rilter, Leipzig, 1737).
173 (a TrNES’ MNEM0NES 1 PoL 7- 8- 1321 b, 34. - 2 Bull, de corr. hell.
'hiaesl °S 3 DlUenberger, Syll. inscr. gr. 2« éd. 4G8, 20 (à Dymc). — 1 P]
8 (en Réolie)- - 5 Suid. s. h. v. - 0 Plut. Sympos. prooem. où
co rr./iei/ ’y ** leS Dorieus de Sicile, le président d'un banquet. — 7 Bull.
Haussoull ' ’ u881’ P' 493 : DUtenberger> 1 ■ c ■ 110 «0, 1- 32, 35, 41, 45. — 8 Dares
fciWioerJv’ ‘<Cmach’ Jnscr • J'urid- Or ■ I, n» 1 ; Dittenbergcr, L. c. n« 10 (avec
" l» O u "l dU ’ Reinacb’ Rev ■ des ét- gr. 1898, p. 336. — 9 L. 10, 14, ‘
Haussniilp11 e,I'ger’ L ' c • 110 453> •• 10. — U hxscr.gr. sept. 1, iS. — 12 Dares
X''\ c 67‘_ emaCh’ L' c' XVH-X1X, p. 431 ; c. XI, § 56 ; XV, § 73 ; XIX B, §
'• ^ Comparetti, Le legge di Gortyna , n» 135, I. 5. - 14 Corp. inst
gr. 5431 ; Inscr. gr. Sicil. 204. — 13 F. Lalyschew, La constitution de Clierso-
nesos, Bull, de corr. hell. 1885, p. 296-298. — 16 Plut. Quaest. gr. 4. — 17 Ditten-
berger, L. c. 482. — 18 Bull, de corr. hell. 1883, p. 489. — 19 Diltenberger, L. c.
no 326, 1. 48. Latyschew ( L . c.) a conjecturé que leur véritable litre était
iîuvieço[AvàjAov«î, membres d'un collège qui aurait eu pour président un liieromné-
nom. Un fragment de Némée cite des mnémons (Bull, de corr. hell. 1885, p. 353,
frag. 7), mais on ne voit pas si c'est la forme simple ou composée
MODIOLUS. ) Dig. XXXIV, 2, 36. — 2 Cels. VIII, 3.
MODIUS. l Fest s. u. Quadrantal-, Prise. Carm. de poxxd. et mens. v. 65.
- 2 Ibid. V. 65-66; lsid. Or. lib. XVI, 26, 13. - 3 D'après le plébiscite de
P. et M. Silanus conservé par Festus, s. u. Publica pondéra, le modius doit conte¬
nir un poids de 16 livres de vin. — 4 Wex, Métro!. Irad. Monet, p. 34.
246
MOI)
1958 —
MOI)
jxootoç 1 , qui n est autre chose que le modius romain
opposé à des mesures provinciales de même nom et de
capacité semblable ou différente 2, et de même, kastrensis
tnodius qui est une mesure de deux modii — 17,51 litres3.
Pratiquement, on fabriquait
des récipients qui contenaient
un nombre déterminé de modii ,
par exemple trois ou dix4. Ces
récipients sont assez souvent
figurés sur les monuments et
ont ordinairement la forme d’un
cône tronqué plus ou moins
allongé en hauteur, comme
celui qui est placé sur un grand bronze de Néron5, à côté
de la personnification de Yannona (fig. 324; voy. encore
fig. 2072, 4017) ; ou, au contraire, large et peu élevé,
tel qu'on le voit (fig. 5101) sur une des faces d’un autel
dédié à la Fortune 6. C’est un boisseau fait de douves
assemblées au moyen de cercles et de chevilles ou de
clous; son fond est posé sur trois pieds; il est quel¬
quefois muni d’anses.
II. — Le trou ou la douille où était fixé le mât d’un
vaisseau1. André Baudrillart.
MODUS. — Ce mot, dans la terminologie juridique,
est pris, tantôt au sens propre, pour désigner la mesure
d’un champ, la hauteur d’une maison, l’importance d’une
somme d’argent’, d’une dot2, d'un patrimoine3, d’une
obligation alimentaire 4; tantôt au sens figuré, pour
indiquer la gravité d’une faute, d’un délit5, ou bien une
limite légale, conventionnelle ou testamentaire à la
portée d’un droit ou d’un acte juridique. Au Bas-Empire,
le modus a reçu un sens spécial et technique : c’est une
charge imposée à un donataire ou à un légataire.
I. — Le modus, considéré comme mesure de surface ou
de hauteur, présente en divers cas un intérêt juridique :
1° Controversia de modo. — Les contestations rela¬
tives à la contenance d’un fonds de terre sont de trois
sortes : a. Les unes s’élèvent à l'occasion d’une assi¬
gnation, lorsqu’un colon a reçu un lot qui n’a pas
l’étendue à laquelle il a droit ( modus assignation^ ) \
La question est soumise à des arbitres : ils mesurent à
nouveau les lots voisins, et retirent aux uns ce qu’ils ont
de trop pour compléter ce qui manque aux autres 8. La
contestation est facile à résoudre lorsque la situation du
fonds, sa nature, sa contenance, sont portées sur le plan
cadastral avec le nom de l’ayant droit9. Mais il arrive
souvent qu’au bout d'un certain temps l’étendue du
fonds a été modifiée par des ventes, par des partages
I Isid. fp. J G ; Hullscli, II, 120. — 2 Hultsch, Gr. u ntl rom. Metrol. p. 628.
— 3 Mommsen, Berichte d. süchs Gesellsch. d. Wissensch. 1851, p. 98 sq. ; Hultsch,
Metrol. p. 629. — 4 Plaut. Menechm. Prol. 14; Colum. De re rust. XII, 50, 8.
Corbulae trimodiae, decemmodiae. — S Cohen, Monn. impériales , I,pl. xn, Néron, 84.
— 6 Doni, Inscr. ant. VII, 2, 1 = Orelli, n. 1747. — 7 Pallad. Or. XIX, 2, 9.
— Bibliographie. Fr. Hultsch, Metrologicorum scriptorum reliquiae , Leipz. 1864
et 1866 ; Id. Griech. und rom. Métrologie , Berlin, 1882, 2° éd. ; Wex, Irad. par
Monet, Métrologie grecque et romaine, Paris, 1887.
MODUS. 1 Ulp. 5 De omn. tribun., Dig. II, 15, 8, 10. — 2 Cels. 11 Dig., Dig.
XXIII, 3, 60. Les contestations relatives au montant de la dot donnaient lieu en
certains cas au fraejudicium quanta dos sit ; cf. Édouard Cuq, Institutions juri¬
diques des Romains , t. II, p. 738, n. 1. — 3 Paul. De sec. tab ., Dig. XXX, 126 pr.
— 4 Valens. 1 fideic. Dig. XXXIV, 1, 22 ; Ulp. Dig. II, 15, 8, 17. — 5 Ulp. I Opin.
Dig. XXXVII, 15, 1 pr ; Rescr. Hadr. ap. Callistr. 5 De cognit., Dig. XL VIII, 3,
12 pr. — 6 Frontin. 1 De controv. p. 13,7 (éd. Lachmann) : De modo controversia
est in agro adsignato. Agitur enim de antiquorum nominum defensione. Il s’agit
de P assignatio viritana qui est désignée dans le Liber coloniarum (p. 238, 5 et 18;
p. 239, 2 et 12) par l’expression ager in nominibus assignatus. Les citoyens rece¬
vaient le lot de terres auquel ils avaient droit en faisant inscrire leurs nomssurles
entre héritiers, ou par usucapion10. Il fau| (>n
compte des droits acquis à des tiers.
de modo peut également s’élever
de terre” qui a fait l'objet d’une
b . La
ce cas tenir
c°nlroVenia
Pvenfe°oluaUtreeSpè^
lorsqu’on a garanti la contenant soinln|U"f°Uage ’
genre de culture*2. Le vendeur ou le locateur 10
sable de la contenance portée sur la cautio rédilïT*'
du contrat. La vérification de la contenance est i S
un rnensor [t. Ier, p. 166; t. V, p. 240]. A moins de 1
vention contraire, on ne compte pas les chemins riv
de la mer, lieux publics ou sacrés attenant à la pronSr
Vend"elf3 ’ °,n “e COmPte P,as no" Pi*** l’accroissement
usultant de 1 alluvion qui s est produite après la vente”
Lorsque deux fonds séparés ont été vendus pour un seul
prix, le défaut de contenance de "
penser avec l’excédent de l’autn
un ne peut se
c°m- j
re '» S1 cependant il u'v a
pas préjudice pour l’acheteur, certains jurisconsultes
étaient d’avis d’accorder au vendeur l’exception de dol »• !
— c. Il y a encore controversia de modo, lorsque les
agents du fisc prétendent que la déclaration au cens ]
faite par le possesseur d’une terre, est trop faible17; où
lorsqu’un contribuable soutient qu’il est imposé pour
une terre d’une surface plus grande que celle qu’il
possède18.
2° Action si rnensor falsum modum dixerit. — Le
rnensor, qui est convaincu d’avoir sciemment déclaré une
fausse mesure, est passible d’une action pénale créée par
le Préteur19. Cette action, qui peut donner lieu à un
abandon noxal 20 lorsque le rnensor est un fils de famille, 1
ne peut être exercée contre les héritiers de l’auteur du
délit : elle est intransmissible passivement21. Elle n’est i
donnée contre le rnensor que si la partie lésée n’a pas j
de recours efficace contre son co-contractant, soit par une
condictio 21 , soit par l’action contractuelle23, ou bien1
encore lorsque le co-contractant n’est pas solvable24.!
L’action si rnensor falsum modum dixerit a été étendue
par la jurisprudence : 1° au cas où l’on a mesuré autre
chose qu’un fonds de terre (construction, blé, vin)20;
2° au cas où la fausse déclaration émane d’un autre qu’un
rnensor, par exemple, d’un architecte26.
3° Action de modo agri. — Le vendeur qui trompe
l’acheteur d’un fonds de terre sur la contenance est pas¬
sible d’une action pénale de modo agri21, qui, à la diffé¬
rence de la précédente, est une action civile et entraîna
une condamnation au double 28 par application de la règle
établie par la loi des Douze Tables contre le vendeur
qui ne se conforme pas à ses déclarations'1. L estima
tion du préjudice est faite par le juge. L'action de modM
registres publics; cf. la loi agraire cle 643, 1.7. — 1 Sic. Flacc. De co/uhciM ^./ ^
p. 158, 8 (éd. Lachmann). — 8 Modcst. Il Pandect. Dig. X, , •
Controv. p. 46, 9-19. - 10 Ibid. p. 45, 13-16. - ” Front. I Controv. P- .
ceteris a,, ris de modo fit controversia, quotiens promissiom modus n q
cf. Jul. Vict. Ars rhet. III, 5. — 12 Hygin. De gener. controv. p. ''emkre
Lachmann) : Soient vero modum quidam in locatiombus agroru tantum,.\
atque ita cavere : fundum ilium, jugera tôt, in singuhs juge' ‘ UJÊ
Item quidam vendentes ementesque agros soliti sunt mo 1,1,1 i • 21 ad
cf. Paul. 5 ad Sab. Dig. XIX, 1, 4, § 1.-» Paul. Bob !.. ^XV ^ ub. a[,
Ed. Dig. XVIII, I, 51. - HPapin. 7 Quaest. Dig. XXI, -, 6 > 5 Delimit.constiM
Paul. 2 Quaest. Dig. XIX, 1,42. -16 Paul. Loc. cit. 1 W ■ ^ ad Ed. Zliï
18 Front, 2 De controv. p. 46, 21 ; 47, I. ^ ^ ^ 3) g 5|
p. 205, 17.
XI, 6, 1 pr. § 1 ; 3, § 1. - 20 Ibid. 3, § 6. - « ^ ^Pompon. Loc. cit
— 22 Ibid. 5, § 1. — 23 Ibid. 3, § 3 ; Ulp. Eod. tit. 5, § ■ x, 6_ 7, § 3.
3, §§ 2 et 3. - 25 Ibid. 3, § 6. - 26 Ibid. 7, g 2; Sev. ap. «JM ^ __ ,s Pau|.
— 27 Paul. Sent. I, 19, 1 ; cf. Lab. ap. Paul. 2 Quae5t;iZ>]f ' ‘tl . ju|j’all. 7 Dig-,
Sent. II, 17, 4; cf. Ulp. 18 ad Ed. Dig. XIX, 1, 34’ ™’ 2’ U.
XIX, 1, 22; XVIII, 6, H ; Paul. 21 ad Ed. Dig. XVIII, 5, 1 . •
111, 16; cf. Éd. Cuq, 1ns tit. jurid. t. 1, p. 606, n. 6.
. 29 Cic. Oc o/l
Mon
— 1959 —
MDD
afjri
■ i’Ap maintenue dans l’édit du Préteur, mais on
'/ il # '
ni exercer à la place l’action contractuelle ex empto 1 .
P .„ i)C modo aedificiorum. — La hauteur d’une cons-
I irUction dépend en général de la volonté du propriétaire ;
! ]ie peut cependant être limitée : 1° par la concession
1 ,une gervitude altius non to/lendi qui assure au voisin
I l'air et le jour qui lui sont nécessaires2 ;2° par les édits
impériaux qui, dans l’intérêt public, ont réglementé la
police des constructions 3.
Il __ Le modus, considéré comme une restriction à
l’exercice d’un droit, peut résulter de la loi, d’une déci¬
sion judiciaire, d’un contrat ou d’un testament.
1» Restrictions légales. — Des restrictions ont été
J portées par la loi à la liberté de donner, de léguer, de
stipuler des intérêts, ainsi qu’à l’exercice de la juridic¬
tion : a . Donations. La loi Cincia, de l’an de Rome 550,
a fixé le taux qu’une donation ne peut dépasser ( modus
legitimus), à moins qu’elle ne soit faite à une personne
exceptée [lex cincia, t. Y, p. 1135, n. 2] ; ce taux est
inconnu. — l>. Legs. Le taux maximum des valeurs que
l’on peut léguer à une même personne ( modus legato-
rum) a été fixé à 1000 as par la loi Furia testamen-
taria [lex furia, t. Y, p. 1144, n. 29]. Cette règle a été
modifiée l’an 585 de Rome, par la loi Voconia, qui
défend ;t un légataire de recueillir une part supérieure à
celle de l’héritier [lex voconia, t. V, p. 1167, n. 26]. Enfin
la loi Falcidie de 714 permet aux testateurs de disposer,
sous forme de legs, des trois quarts de leur succession
( modus legis Falcidiae ) [lex falcidia, t. V, p. 1143]. —
r. Intérêts. Le taux des intérêts ( modus usurarum lici-
tus) a été pareillement limité par la loi. Fixé d’abord à
lOpour 100 (ou 8 1/3 pour 100 suivant certains auteurs)
par la loi des Douze Tables, il a été élevé à 12 pour 100
.vers la fin de la République. Sous Justinien, il n’est
plus en général que de 6 pour 100 en matière civile,
8 pour 100 en matière commerciale 1 [usurae]. — d. Ju¬
ridiction. L’exercice de la juridiction est soumis par la
loi à certaines restrictions. Les magistrats municipaux
nesontcompétents que jusqu’à un certain chiffre ( modus
jurisdictionis) 5, variable suivant les cités. Lorsque la
valeur du litige dépasse le taux fixé par la loi, le procès
doit être porté devant les magistrats du peuple romain
[jurisdictio, t. V, p. 729, n. 13 et 14].
- Restriction judiciaire. — Le juge, qui défère au
demandeur le serment estimatoire (juramentum in
htern), peut limiter à un certain chiffre ( modum juriju-
rando statuer e )6, la faculté de fixer lui-même le mon¬
tant de la condamnation [jusjurandum, t. V, p. 774-775].
•' Restriction conventionnelle. — a. Le créancier, qui
stipule deux choses sous une alternative, n’a droit qu’à
un des objets qui sera déterminé par lui-même ou par
1 pi omettant, suivant que le choix a été réservé à l’un ou
d loutre des contractants. Cette réserve constitue le
lni"l"s obligationis1 . — b. On peut également, en
1 e< <‘\ ant un fîdéjusseur, limiter la durée de son engage¬
ant, convenir par exemple qu’il ne sera tenu que sa
Cul,'/"1’ 5 3d Sïb' ùi3' XIX’ 6 2 Pr- — 2 Paul- 48 ad Ed- Dig. VIII, 2, 31 ; cf. Éd.
xxxixT jurid' r'- 272 et 273' — 3 Tac’ Ann' XV’ 43 ; u|p- 52 ad Ed- Dia-
[y ’ ’ L § 1 ‘ ■ — ’<■ Cf. Éd. Cuq, Instit.jurid. t. II, p. 387 et 844. — 6 Gaius, 1 ad
*’ 11 pr' ~ 6 ülp- 3B ad Ed- Dig. XII, 3, 4, § 2. — 7 Paul. 74
P"! [ ![ ' ' ' XLIV, 7, 44 pr. § 3. — 8 Gaius, 3 De verb. oblig., Dig. XL VI,
ï!Pi",'. 7 Quaest- Did ■ VIH. 1 , 4, §§ 1 et 2 ; Ulp. 17 ad Ed. Dig. VIII, 5, 0,
Car;
ac r t6' b‘arac’ ap' Paul- Impérial, sent., Dig. XXVIII, 5, 93. — n Auton.
Just. VI, 45, 1. — 12 Gaius, 2 de Lcg. ad Ed. praet. Dig. XXXV, 1, 17,
vie durant. C’est un modus fidejussionis \ Grâce à cette
clause, la charge de l’obligation du fidéjusseur ne passera
pas à ses héritiers. — c . On peut enfin restreindre l’exer¬
cice d’un droit de servitude, convenir par exemple qu’on
ne pourra user d’un droit de puisage qu’à certains jours
ou à certaines heures. C’est un modus servitutis 9.
4° Restriction testamentaire. — a. Dans les testaments,
le modus est parfois le motif qui a déterminé le testateur
à faire une disposition : il n’a aucune valeur juridique.
La disposition reste efficace, alors même que le testateur
se serait trompé : falsus modus non solet obesse 10. —
b. Parfois le modus équivaut à une condition 11 : c’est une
restriction à la libéralité faite par le testateur. — c. La
restriction peut aussi consister à imposer au bénéficiaire
une charge, telle que l’érection d’un monument funéraire
ou une prestation au profit d’un tiers. Cette dernière
acception du modus , dont on trouve quelques exemples
sous le Haut-Empire i2, a reçu au Bas-Empire une valeur
technique13 :1a donation ou le legs sub modo est une
libéralité grevée d’une charge.
III. — Le modus , considéré comme une charge imposée
au bénéficiaire d’une libéralité, est usité dans les dona¬
tions et dans les legs u.
1° Donation sub modo. — La donation sub modo est
une libéralité faite à une personne, mais à charge d’effec¬
tuer une prestation au profit d’un tiers. Il y a là deux
gratifiés, mais le second ne profite de la donation que
par l’intermédiaire du premier. De là une différence
dans leur situation juridique : si la donation a eu lieu
par voie de promesse, le donataire a un recours contre le
donateur pour en obtenir la réalisation ; au contraire, le
bénéficiaire de la charge n’a jamais de recours contre le
grevé, parce qu’il n’a pas été partie à la convention ; il
est en effet de principe que les conventions ne sauraient
profiter aux tiers 15. Mais le donateur ne peut-il pas forcer
le donataire à se conformer à sa volonté ? Il doit pour
cela joindre à la donation une clause pénale 16 [poena],
A défaut de ceLte précaution, on considéra pendant long¬
temps la volonté exprimée par le donateur comme un
simple désir dont la réalisation était laissée à l’apprécia¬
tion du donataire 17. En cas d’inexécution, le donateur
n’était pas recevable à se plaindre, à moins qu’il n’eût
fait de son désir une condition de la donation18. Au
ine siècle de notre ère, la règle fut modifiée : a. la dona¬
tion fut toujours réputée faite en vue d’obtenir l’exécu¬
tion de la charge; par suite, en cas d’inexécution, le
donateur eut le droit de répéter ce qu'il avait donné.
Cette action en répétition n’était d’ailleurs qu’une action
personnelle, une condictio1'* ; b. le donateur eut le droit
de forcer le donataire à exécuter la charge. La convention
intervenue entre eux fut traitée comme un contrat
innommé et sanctionnée par l’action praescriptis ver-
bis 20 ; c. on permit au bénéficiaire d’exercer une action
utile contre le donataire21.
2° Legs sub modo. — a. Comme en matière de donation,
le modus n’est obligatoire dans les legs que si le testateur
§ 4 ; Ulp. 40 ad Ed. Dig. XXXVII, 5, 3, § 5. — 13 Voir la rubrique du liv. VIII, lit. 54
au Code de Justinien : De donationjbus quae sub modo. — 14 Cf. Éd. Cuq. Instit.
jurid. t. II, p. 669 et 684. — 13 Ibid. t. II, p. 331, n. 4. — 16 Ibid. t. Il, p. 560.
— 17 Nerat. ap. Ulp. 32 ad Sab. Dig. XXIV, t, 13, 2 ; Papin. 17 Quaest. Dig. XXXV,
1, 71 pr. — 18 Julian. 60 Dig. Dig. XXXIX, 5, 2, § 7. — 19 Alex. Sev. Cod. Just.
IV, 6, 2. O11 accorde exceptionnellement une action en revendication utile lorsque
le donataire est chargé de servir une pension alimentaire. Val. Gall. Cod. Just..
eod. 3. — 20 Diocl. Cod. Just. IV, 64, 6 et 8 ; VIII, 53, 9. — 21 Ibid. VIII, 54, 3]
MOL
en a fait une condition de sa libéralité1. Le droit au legs est
subordonné à l’exécution du modus. Il y a de nombreux
exemples de celte manière de disposer sub modo. — b. Le
testateur peut aussi rendre indirectement obligatoire
le modus en imposant la charge sous peine d’amende2
[multa]. Cette amende était établie au profit d’une per¬
sonne juridique (peuple romain, cité, collège, temple),
pour éviter l'application de la règle du droit privé qui
annule les stipulations pour autrui. Dans tout autre cas,
le modus était sans valeur juridique. L’autorité publique
n’intervenait pour en assurer l’exécution que dans des cas
exceptionnels, par exemple, pour obliger l’héritier à
élever un monument funéraire au testateur3. Si le béné¬
ficiaire du modus ne peut agir en justice contre le léga¬
taire, sa situation est cependant meilleure que dans le cas
de donation. Il est du devoir du magistrat de prendre les
mesures nécessaires pour que la volonté du testateur
soit obéie. Le testament romain a toujours conservé
quelque chose du caractère législatif qu’il avait à l’ori¬
gine : c'est pour cela que le magistrat doit en favoriser
l’exécution par les moyens dont il dispose : a. il invitera
le légataire à promettre sous caution d’exécuter le modus,
sinon il lui refusera l’action en délivrance du legs *, ou
il permettra à l’héritier d’écarter cette action par une
exception de dol s ; b. il usera de moyens de coercition :
il infligera au légataire une amende ou prescrira une
pignoris capio 6 [multa, pignus]. Édouard Cuq.
MOLA ([auXt], |auXo;), meule de moulin. — Il n’est pas
douteux que les populations primitives de la Grèce et de
l’Italie n’ont connu pendant de longs siècles d’autre
moyen pour broyer le grain que de l’écraser entre deux
pierres plates ou arrondies 1 ; elles se servirent plus tard
du mortier et du pi¬
lon [mortarium], que
les monumentsmon-
trent encore en usage
aux beaux temps de
la Grèce . Mais alors il
existait depuis long¬
temps des moulins.
Le moulin antique
consistait essentiel¬
lement en deux par¬
ties, l’une fixe et
l’autre mobile. La
partie fixe, appelée meta 2 (p.ûX-q) 3 en raison de sa forme,
était un cône de pierre faisant corps avec une base ronde
et pesante, creusée ou non à l’entour en forme de gout¬
tière. La partie mobile ( catillus \ ovoçB, 8 voç àXérqç6, ovoç
l Julian. G2 Dig., Dig. XXVIII, 5, 38, § 1 ; Gaius, 2 De leg., Dig. XXXV, 1, 17, 3.
— 2 Corp. inscr. lat. II, 4514 ; XI, 1430. — 3 Papin. 6 Quaest. Dig. V, 3, 50, § 1 :
Quamvis enim stricto jure nulla teneantur actione heredes ad monumentum
faciendum, tamen principali vel ponlificali auctoritate compelluntur ad obse-
quium supremae voluntatis. — 4Trebat. ap. Javol., 2 Poster. Lab., Dig. XXXV, 1,
40, 5.-8 Julian. 62 Dig., Dig. XL, 5, 48. — 6 Scaev. 3 Resp. Dig. XXXIV, 2,
38, 2. — Bibliographie. Rudorff, Gromatische Institutionen dans Die Schiften
der rômischcn Feldmesser, 1852, t. Il; Lcnel, Arcliiv für civilistische Praxis,
l. LXX1X, p. 75; Pernice, Labeo, t. III, 1892, p. 12; Dernburg, Pandekten, 7' éd.
I. II, §§ 107 et 108 ; t. III, § 84; Éd. Cuq, Les Institutions juridiques des Domains,
1902, t. II, p. 609 et 684.
MOLA. l Pour les appareils de broyage chez les peuples primilifs, voy. les faits
réunis par Lindet, Rev. archtol. 1899, t. II, p. 413 cl s. — 2 Dig. XXXIII, 7. 18, 5:
Est autem meta inferior pars molae, catillus superior. Ammien Marc. X\II, 4,
25, fait allusion à la meta comme si elle était la partie mobile de la meule. C est
une erreur évidente. — 3 Mû).»} xb xà-cw tou jau^ou, xb yàç àvo» ovoç Xéye xat, Suid.;
cf. Ilesych. Phot. Poil. 112; Aristoph. Vesp. 648. — 4 Dig. Loc.cit. — o Suid. etc.
— 6 Xen. An. 1, 55. — 7 Aristot. Probl. 35, 3. D'après ce passage, la partie infé-
— 19G0 — MOL
ÉTTtfxûXiov a) était faite de deux
Fig. 5102. — Moulin romain.
àXÉTMV
d’entonnoirs opposés
blier
cavités en forme
l’un à l’autre à la facon fl,
La partie inférieure s’emboîtait sur ]a d
sa-
grain versé dans la partie supérieure élain,!*^’ et le
‘ " - dU 1)1 °ye parle
frottement entre le catillus et la meta. Celle
être creusée, comme on le verra, de sillon,
dirigeant la farine qui était recueillie dans
'C1 Pouvait 1
allons obliqUes I
creusé autour de la base sur laquelle les mluW.!?1
posées. Tous ces détails sont clairement visible* .
la figure 5102, qui représente un moulin trouvé?!
sud de Philippeville9; d’autres semblables ont été ^
contrés en Algérie10 et ailleurs. Il en existe à P0i2 I
dans plusieurs maisons (voir fig. 1056) ; celles de la nia' I
son d’un boulanger, décrit Mazois, qui assistait à ladé-l
couverte, avaient tous leurs ferrements, permettant de!
se rendre compte du mécanisme de la meule. « La meule
mobile était garnie, dit-il, à son étranglement interne
d’une espèce de moyeu en fer qui tournait sur un pivot
scellé dans la meule fixe. Le grain passait dans quatre
trous ménagés dans le moyeu, et cette armature se rat-1
tachait par des liens de fer aux bras à l’aide desquels on
mettait le moulin en mouvement 1 1 . » On reconnaît, dans la
figure 5102, des oreilles carrées à ouverture rectangulaire] j
ménagées à la partie étroite du catillus ; elles étaient des¬
tinées à recevoir des barres de bois (xXdnuxi12) qui ser¬
vaient à le faire mouvoir, soit à force de bras, soit par la
traction animale. Les œillets percés sur les côtés devaient
recevoir des chevilles qui maintenaient les barres u.
On distinguait plusieurs sortes de moulins : le moulin
à bras {mola tru-
satilis 1
18
( mola
\ manua-
lis I0, manuana'
versatilis n, yst po-
p.iîXYj 1 8, y stpop-uXwv19)
était petit, relative¬
ment léger. Celui-ci
a dû être de bonne
heure en usage20. Il
Moulin à bras.
/ait dans les
Fig. 5103.
était au besoin transportable ; on s en sen
armées21 ; plusieurs que l’on peut voir dans les l,l,istes
furent, à ce que l’on suppose, employés par des légion¬
naires romains. Celui que représente la figure olü.3 cow
servé au Musée de Nantes, est en grès vert22 : on faisait
tourner la meule à l’aide d’une tige servant < < P"1^ ’
dans un récipient muni d’une ouverture en me, pat
'écouler. Des moulins à bras ont été
Suisse, ou d’autres pays,
des vestiges d’habitations
entièrement à ceux de
la farine pouvait s
rencontrés en France, en
presque partout où subsistent
antiques23. Ils ne ressemblent pas
Reinacl),
rieure de la meule. — 8 Deuter. XXIV, 6. 9 A )l '[^jwtrand, ConstantiueÆ
arch. du comité des travaux hist. 1893, p. 149, P ' ’ . rom. d’Afriq^<]<
XXVIII, 1893, p. 359. - 10 Tissot, Géographe de la p XVI1I.X1X. - '2 ScMj
p. 313 sq. - n Mazois, Ruines de Pompéi, t. H, P- ", Carnavalet à T'aris 1
in Theocr. IV, 58. - 13 On en peut voir de semblabbîs ^ to, etc. ]
et au Musée d’Amiens. — 14 Aul. Gell. 3, 3, f. e au - , 0. Chr. n.
— 15 Calp. Ec. 3, 85. — 16 Dig. 33, 7, 26: Hieron. j 19 D;osc. V, 103- J
_ 17 Plin. Hist. nat. 36, 29, 1. - 'a Xen. Cyr , ’ jions préhistoriques dej
_ 20 Des meules en lave ont été trouvées dans les const 9^ ^ Les pre.
Santoriu, Fouqué, Santorin et ses éruptions Pa^ naJ. XXXVI, 13. 9 PJj
mières en Italie auraient été faites, selon. Pline ( t. ^ JH, 10, 10; W-1
avec la pierre volcanique de Volsime. - « Xen. A. ^ Jarchéol. ie^W I
Liv. XXVIII, 45 ; Plut. Auton. 45. — 22 Catal. r Ouest, 1843, p- 3 ’
époque rom. n. 98, dans les Hém. de la Soc. des an iq^ Caumont, O1*
d autres sont faites en lave du Ganta plus lég e- £. <■ P- '
d’antiquités, II, p. 217; Helbig, AnnaU d InsL «8*. ^ xV, p. 54 : la figur £
et s. ; J. Keller, Mittheil. d. antiq. GeseUsch. n Z Aéra* G P' 1
Urée de la pl. ,, n. 18. Voir pour l'Orient Tournent, Voyag
MOL
— 1 90 1
MOL
lige i
l’enflée
Fi». 5104. — Moulin à liras.
.j nj à celui d’Afrique dont il a été parlé plus haut,
. | j gont construits d’après le même principe: les
m "S| s sont aplaties, et le catillus a une cavité peu pro-
'!" ]a meta une convexité peu saillante. Dans l’exemple
" ",Mi par la figure 5104, on remarquera au centre une
^'traversant les deux pierres. Cette lige était souvent
à sa base, de façon que son diamètre à son point
de scellement fût supérieur à
celui de la traverse, et que les
deux meules fussent écartées
l’une de l’autre' ; près de cet
axe on voit les ouvertures
pratiquées pour le passage du
grain. Deux barres droites,
plantées dans des anneaux sur
deux points opposés du ca¬
tillus , servaient à le mettre en
mouvement. Une seule per¬
sonne y pouvait suffire quand
le moulin était de très petites
dimensions; il en fallait deux
s’il était plus grand. Cette opé¬
ration se faisait alors, non pas
en tirant sur les barres trans¬
versales, mais en les poussant,
comme on peut le voir (fig. 5105) sur un sarcophage du
Musée de Latran , qui reproduit tou tes les opérations néces¬
saires à la production du pain, depuis le labourage jusqu’à
la cuisson 2.
L’opération pé¬
nible de la mou¬
ture était, chez
les Grecs primi¬
tifs, confiée aux
femmes : cin¬
quante chez Al-
cinoüs 3, douze
danslepalaisd’U-
lysse 4 y étaient
employées. Il en
fut longtemps ainsi s. Les Égyptiens, les Juifs faisaient
de même 6. Ces femmes étaient généralement des
esclaves. Toutefois, des hommes de condition libre, on en
cite dans une haute situation, se seraient livrés à ce
labeur, soit par simplicité, soit à titre d’exercice corporel.
* Épunénide, lit-on dans Plutarque 7, fait sagement de ne
pas travailler à moudre et à pétrir comme fait Pittacus.
J ai moi-même entendu dans l’ile de Lesbos une esclave
Grangère qui chantait en tournant le moulin : « Moulez,
" meules, moulez, car Pittacus, le roi de la grande Mity-
* lène, se plaît aussi à moudre. » Il semble qu’à Rome
c,,lte tâche ait été plutôt réservée à des esclaves du sexe
masculin. De pauvres gens louaient aussi leurs bras pour
Cf travail. On sait que Plaute tournait la meule et com-
P°sail ses comédies dans les intervalles de repos 8. En
la'SOn de l’effort exigé et du caractère abrutissant d’un
labeur, envoyer les esclaves au moulin était parfois
|. ç L L l • p. 30. — 2 Jalii), dans Gerhard, Arch. Zeit. 1861, n» 148, pl. cxlvui,
Od vYr U CC ' ’ ^l<s- Lat. lav. 32; Benndorf et Schône, Mus. Lat. n. 488. — 3 Hoin.
P Un r'1 ^ Ibid.. XX, 105. — 3 Plut. Symp. XLV ; Brunck, Analect. gr. t. II,
i^’ ‘P,rJr ■ Antip. et Jacobs, Anthol. gr. II, p. 105, n» 39. — 6 Exod. XI, v.
— 9 î/1 1 ’ — 7 Pmi. Loc. cit. — * Aul. Gell. 111, 3; Uieron. Loc. cil.
|, Igj61' ^n<^r- b 3, 25-26. — 10 Plaut. Pers. 21-22; Pseud. 522 ; Apul. Met. IX,
11 Sulp. Sev. Hist. eccl. I, 52. — 12 Apul. Loc. cit. — 13 Cat. 1t. rust.
ÇZ
•y
Fig. 5105. — Moulin à bras.
un châtiment9. Ils travaillaient quelquefois enchaînés
On employait aussi des criminels, les yeux crevas La
condition de tous était des plus misérables12.
Les moulins à traction animale étaient également très
employés. On faisait usage d’ânes 13 ou de chevaux14,
d’où les noms de mola asinaria'*, mola jumentaria 16,
par opposition aux moulins à bras dont nous avons énu¬
méré les dénominations. Ces moulins étaient de dimen¬
sions plus considérables, et garnis d’une lourde arma¬
ture en bois, comme on peut le voir d’après les bas-reliefs
assez nombreux qui les représentent17. L’animal était attelé
par des chaînes à cette armature, et le collier spécial qu’il
portait était appelé molile '8. Pour le cheval comme prmr
l’homme, cette besogne était considérée comme la plus
dégradante 19. Pour éviter qu’ils ne fussent étourdis par la
continuité de leur marche circulaire, on leur bandait les
yeux avec des œillères de cuir, comme le dit Apulée20 et
comme on le voit fidèlement indiqué (fig. 5106) sur un
sarcophage du Vatican 21. On remarque au-dessus du ca-
Fig. 5106. — Moulin à traction animale.
tillus une boîte conique qui doit être un engraineur, fermé
par une soupape que l’on soulevait à l’aide d’une corde.
Le moulin à eau ( mola aquciria , hydromula 22, hydra-
letes 23 , ùopaAér/iç 24) était fort employé aussi dans l’anti¬
quité. Le plus ancien dont il soit fait mention est celui
qui existait dans le palais de Mithridate, roi de Pont25.
Une épigramme attribuée à Antipater de Thessalonique,
qui vivait au icr siècle, semble indiquer qu’ils ne se
répandirent que lentement, tout au moins en Asie Mineure.
Il célèbre en ces termes ce qu’évidemment il considère
comme une invention nouvelle : « Ne mettez plus la main
au moulin, ô femmes qui tournez la meule. Dormez long¬
temps, quoique le chant du coq annonce l’aurore, car
Cérès a chargé les nymphes du travail qui occupait vos
bras. Celles-ci s’élancent sur la sommité d’une roue,
font tourner son axe, qui, au moyen de rayons mobiles,
met en mouvement la pesanteur de quatre meules con¬
caves26. » Toutefois, à la même époque, les moulins à eau
XI, 4; Ov. Fast. VI, 318. — 14 Juv. Sat. VIII, 66. — 13 Cat. P. rust. X, 4;
XI, 4. — 16 Dig. XXXIII, 7, 26. — 17 Jahn, Berichte der scichs. Gesellsch.,
1861, p. 340-348, pi. xi, xu. — 18 Cat. R. rust. XI, 4. — 19 Juv. Sat. VIII,
v. 66. — 20 Apul. Met. IX, p. 184. — 21 Jabn, Loc. cit. pl. xu, 2 ; Pislolesi, Vatic.
descr. IV, 46. — 22 Vitruv. X, 5 ; Pallad. I, 42. — 23 Vitruv. 11. _ 21 Strab. XII,
3, 30. — 25 Id. — 26 Brunck, Anal. gr. t. H, p. 119; Jacobs, Anthol. gr. II, p 105,
n° 39.
étaient, au témoignage de Pline, universellement répan¬
dus en Italie et Vilruve en donne la description sans
faire entendre le moins du monde que ce mécanisme fût
nouveau ou peu connu. Après avoir décrit diverses
machines mises en mouvement au moyen de l’eau, il
ajoute : « Les moulins à eau, que le même mécanisme
met en mouvement, sont faits de la même manière, avec
cette différence pourtant, que l’extrémité de l’essieu
traverse un rouet, qui, posé à plomb, perpendiculaire¬
ment, tourne avec la roue. Auprès du rouet s’en trouve
un autre plus petit, dentelé aussi et placé horizontalement;
au milieu de ce petit rouet s’élève un essieu à l’extrémité
supérieure duquel se trouve un fer en forme de hache
qui l’affermit dans la meule. Ainsi les alichons du grand
rouet qui termine l’essieu et la roue, s’engrenant avec
ceux du petit qui est placé horizontalement, font tourner
la roue au-dessus de laquelle est suspendue la trémie qui
laisse tomber le blé eulre les meules, où il est converti
en farine par le même mouvement de rotation2. » Palla-
dius, au ive siècle, recommande l’usage des moulins à
eau pour économiser l’effort des hommes et des ani¬
maux 3. Ausone nous apprend qu’ils étaient connus jus¬
qu’aux extrémités de l’Empire 4.
Les moulins à eau paraissent avoir été nombreux à
Rome. Bien que le forum pistorium fût de l’autre côté
du Tibre, le centre de la fabrication du pain était la
région du Janicule. Un arrêté de Dynamius, préfet de la
ville en 490, prescrit l’établissement de balances publiques
pour prévenir les fraudes reprochées aux meuniers de
cette région et d’ailleurs ( taux in Janiculo quam per
diversa) 5. L’eau était fournie par les aqueducs, et au
Janicule en particulier, celle qui mettait en mouvement
les moulins de la pistrina venait de la prise d’eau qui,
tirée des environs du lacus Sabatinus , remontait la
pente de cette colline pour redescendre sur l’autre ver¬
sant. Les riverains ne se faisaient pas faute de détourner
irrégulièrement l’eau des aqueducs pour leurs usages
particuliers. Cet abus fut plusieurs fois réprimé, et en
particulier par Théodoric6.
Lors du siège de Rome par les Goths en 536, les
aqueducs étant coupés, les moulins se trouvèrent dans
l’impossibilité de fonctionner. Pour y suppléer, Bélisaire
établit sur le Tibre des bateaux-moulins , actionnés par
le courant du fleuve, et qui demeurèrent en usage'.
C’est alors qu’apparaissent les mots molitores , molen-
darii, meuniers, qui semblent désigner les gérants de ces
n’étaient point séparées. ‘ )0ulangerie
La pierre dont on faisait une meule devail ‘i
et à gros grains, pour avoir plus de prise u.
Cette double condition était plus nécessaire ‘encore ^ *'
les moulins à huile, l’olive étant plus grossp P° P°ur
résistante10. On se servait souvent de pierres mm P US
venant du Vésuve". P^rres ponces pro.
P°ur les olives, Columelle recommande l’usaee a !
meules de préférence à d’autres engins, parce Von
pouvait les remonter ou les baisser suivant la quantité
d’olives qu’on aurait à mettre dessous, pour éviter de
briser les noyaux qui gâteraient le goût de l’huile. Il ne
dit pas par quel procédé12.
Le jour de la fête de Vesta, que célébraient les bou¬
langers, au mois de juin, la meule était couronnée de
fleurs, et les ànesses du moulin portaient des colliers de
pain et des guirlandes de violettes [vestalia]13.
11 existait aussi de petits moulins en buis pour le
poivre [buxea mola) u.
Mola salsa (xptô'rj ir£cppaYp.évT|). — Grains de blé torré¬
fiés et broyés à la meule que l’on offrait dans les sacri¬
fices ou que l’on jetait avec le sel sur les entrailles des
victimes13. André Baudrillart.
MOLEIA (MwXsioc). — Fête arcadienne commémorative
du duel mythique d’Aréïthoos et de Lycurgue, fils d’Aléos
et roi de Tégée1. Dans ce combat singulier, Aréïthoos,
surnommé le Korynète , parce qu’il avait pour arme une
massue ferrée, fut surpris par son adversaire dans un
chemin étroit (<rreivcü7raj âv ôScp) 2 et tué d’un coup de lance.
En souvenir de ce combat (poXo;), le lieu reçut le nom de
MwXuyiov3. C’est là sans doute qu’était célébrée la fête des
Moleia. Ce lieu et cette fête doivent être localisés sur le
territoire de Mantinée, à l’endroit où Pausanias signale
une route très resserrée et un tumulus que les gens du
pays désignaient sous le nom de tombeau d’ Aréïthoos \
La légende mantinéenne du duel d’Aréïthoos et de
Lycurgue semble être une adaptation locale de mythes
béotiens importés en Arcadie. En effet, le héros Aréïthoos
était un héros minyen, originaire de la ville béotienne
d’Arné3, où il apparaît comme une hypostase de 1 Arès
béotien 6. Or, en Arcadie, l’Arès béotien s identifie avec
le dieu indigène Poséidon Ilippios, père du cheval de
guerre Aréion 7, et dont la naissance était localisée auprès
de la source Arné, voisine de Mantinée8. Il en résulte
qu’en Arcadie Aréïthoos s’est lui-même transformé en
i PI in. Hist. nat. XVIII, 23, Major pars ltaliae rtudo utitur pilo, rôtis
etiam quas aqua verset obiter et far violât. — 2 Vitruv. X, 5. — 3 Pallad.
Loc. cit. — 4 Auson. Mos. 361. — 3 Corp. inscr. lat. VI, 1711; Prud. C. Sym.
Il, 950; Procop. Del. Gai. 1,9; cf. Becker, Topogr. p. 706. — 6 Cod. Theod. XIV,
13,4; Cassiod. Var. XXXI, 2, lettre de Théodose au Sénat romain. — 7 Procop.
Del. Gai. 1, 96-97. — 8 Dig. XXXIII, 7, 12. - 9 Ov. Fast. VI, 470; De med. fac.
58. _ 10 Varr. II. rust. I, 55, moine oteariae duro et aspero lapide. — H Ov.
De med. fac. 72; Fast. VI, 318. — 12 Col. II. rust. XII, 52, 6; Pallad. XII, 17, 1.
— 13 Ov. Fast. VI, v. 303, 310, 469. — 14 Petron. Frag. trag. 74 (Burman) : « Mola
buxea piper trivil — 15 Virg. Ecl. VIII, 82; Cic. De divin. II, 16;Mart. Epigr.
7, 54; Tibul. I, 5, 14; Senec. Thyest. 688; Plin. Hist. nat. XVIII, 2, 2; Val. Max.
Il, 5, 5. — Bibliographie. Gfitzius, De pistrinis veterum , Cvgneae, 1730; Bliimner,
Technologie, t. I, p. 1-88; Beckmann, Deitrâge sur Gesch. der Erfindungen, II,
p. 3; Mongez, Mém. de l'Institut, nouv. sér. III, 1818, p. 441 sip ; Mazois, Raines
de Pompéi, t. Il, p. 57-59, pl. xvm, xix; Grivaud de la Vincelle, Arts et métiers
des anciens ; Overbeck, Pompei, 4e éd. p. 384-393 ; O. Jahn, dans Gerhard,
Denkmâler und Forschungcn , 1861, n° 148. pi. cxlwii, 1, et Derichte der sàchs.
Gesellschaft der Wiss. 1861, p. 340-348 ; Annali dell' Inst. X, p. 231 sq. et Mon.
dell’ Inst. II, 58; Marquardt, Vie privée (trad. fr.) II, 43-45; Lindet, Origines du
moulin à grains, Rev. archéol. 1899, t. Il, p. 413 et 1900, t. I, p. 17 ; Id. Dali, de
la Soc. d'encouragement pour l’industrie nat. août 1900.
MOLEIA. 1 Schol. Apoll. IUiod. I, 164, p. 313, 30, éd. Keil (cf. Fragm. hist. gr.
, p. 336) : uyETcti MAI. UfT*i i «pi ’Apiimv,
;t,v [«v]trt£v ’EçeuDakc'wva . M5ko< Si H| H-àpi- La mention d Ereuthahon, ,
versaire de Lycurgue, est évidemment une méprise du scoliaste. an _
unérique du combat (11. VII, 132-156), il est dit que l'armure dAr J -le
jrynète, qu'il tenait d'Arès, avait été donnée par Lycurgue a ..^1
•euthalion, sou écuyer, lequel en fut à son tour déporn^ ^ |+3;
la suite d’un combat singulier sur les bords du Jardanos. ■ v’5jus,
. Pans. VIII, 4, 7. - 3 Hesyeli. s.v. L'ordre alphabétique, ridGntl(ica-|
manderait plutôt l’orthographe — '* Paus. \ > _ ; ' 1 . . TOir
» *> «u. •*- ™ '• --'c? rïtîlïï.< —
mgères, Mantinée , p. 108 et la carte. • » 1 j h 'h f kl.
re de Ménesthios, dont la résidence était à Arné. Wenlze mantinéenne;
91, p. 385) croit à tort que les termes d’Homère désignen ^ ^ ^ armur»
Ue-ci n’est pas une ville, mais une simple source. -- 1 n'anrès Phérécyde
Arès (II. VII, 146) ; son nom est un composé de celui d Ar s. V ^ g7)j qlIi
SyroB (ap. Schol. Hom. II. VII, 9 ; Eragm. hist. gr. b P- . )a ,ête
lalait la légende arcadienne, Aréïthoos aurait e"vaUl dans l'Ar-
armée béotienne. Cetle théorie dune immigia ion _ nll’0n rencontre
‘ , béotiens qu
lie centrale est confirmée par les nombreux souvenirs
îs la mythologie et la toponymie
209 sq.)
11. 8.
nombreux souvenirs neouc^ u» ^
de cette partie de 1 Arcadie ( ou
Paus. —
7 Paus. VIII, 25, 5; Antim. Fr. 28, ap
MON
— 1963 —
MON
hvposts
Iage Je Poséidon Hippios, dieu des sources et eaux
qui entretiennent la végétation et favorisent
terrestres
,.|(,v.,:re du cheval de guerre. Il tient donc de ce dieu et
^Antécédents béotiens un caractère à la fois silveslre
crrier. A Mantinée, le Korynète personnifie le bois
je Aliènes appelé Pélagos , dans lequel Poséidon Hippios
srdait un abaton très ancien et très vénéré Ce bois,
rétréci par les promontoires rocheux qui étranglent la
I ;ne mantinéenne, a donné naissance au mythe de la
Vnvwiwç oooç, où était localisé le combat du Korynète,
héros posidonien et chthonien, et de Lycurgue, béros
solaire, hypostase de Zeus Lykaios — Lykaon 2. Ce mythe
était un symbole de la lutte entre l’élément posidonien et
l’élément solaire, entre l’élément humide et l’élément sec,
entre la terre cultivable et le sol aride, dont les légendes
des plaines fermées de l’Arcadie nous offrent plusieurs
variantes 3. L’épopée fixa ce mythe naturiste sous la
forme d’un récit de bataille. L’étymologie du nom d’Aréï-
thoos, les démêlés séculaires de Tégée et de Mantinée
contribuèrent à déformer dans ce sens le caractère primi¬
tivement rural de la fête des Moleia *. La locution homé¬
rique p.wXo; wAp7jo; qui désigne ce combat 5, la personni¬
fication du combat en MêoXoç, fils d’Arès 6, autorisent à
penser que lé nom de cette solennité finit par prendre,
chez les Mantinéens, une signification surtout guerrière
et nationale7. G. Fougères.
MOLOCHEVA (MoXdy ivot). — La fibre delamauve (Malva
silvestris Linn.) a été employée à faire de fins tissus. Ils
paraissent avoir été importés de l’Inde1; il n’est pas prouvé
que l'on en ait fabriqué en Grèce, mais ils furent sans
doute connus des Grecs, comme ils le furent des Romains2.
Plaute mentionne des molochinarii 3. E. Saglio.
MONARCHOS. — Titre du magistrat éponyme de File
de Cos F On ne le trouve que dans ce pays. 11 figure dans
des inscriptions de Calymna, du temps où cette ville était
sous la dépendance de Cos 2. Le monarchos (govapyo?) a
dît être, à l’époque primitive, le principal magistrat de
Cos; à l’époque historique, il paraît encore avoir des
fondions religieuses, reste de ses anciennes attribu¬
tions3. Ch. Lécrivain.
MONETA. — L’étude des signes d’échange métal¬
liques de la valeur des choses, chez les anciens, constitue
l’objet d’une branche spéciale de la science des anti¬
quités, désignée depuis le xvie siècle, où l’on a com¬
mencé à s’en occuper, sous le nom de Numismatique.
1° Noms génériques de la monnaie dans l’antiquité.
— Les. principales de ces appellations sont, chez les
Grecs, àpydpcov, ^prqxaTa, vopuaga, et chez les Romains,
aes) pecunia, moneta, nummus et nomisma. ’Apyûpiov
dérive d'àoyupoç, « argent », comme ypvfftov et yxXxtov,
désignations spéciales des monnaies d’or et de bronze,
de zp offôç etyaXxôî, et ce nom s’était de fort bonne heure
appliqué à toute espèce de monnaie, parce que la masse
principale de la circulation métallique chez les Grecs
consistait en argent, de même que chez les Romains on
continuait à dire aes , dans un sens générique, alors que
l’on frappait de l’or, de l'argent et du bronze, en souve¬
nir du temps où la République ne connaissait que le
monnayage du bronze [as]. L’expression de ypr^cczx
indiquait simplement la monnaie comme la représenta¬
tion de la valeur des choses; pecunia se rapporte à la
même origine, et dérive de pecus , « le bétail » ; chez
tous les peuples primitifs, avant l’adoption du signe
métallique, le bétail a servi et sert encore d’étalon à la
valeur des échanges [pecunia]. Noji.iffg.-x vient de vég.w et
de vôp.o;, comme le démontre ce passage d’Aristote 1 :
« La monnaie est devenue un objet d’échange ; aussi
l’appelle-t-on vogioga, son existence étant, non le produit
de la nature, mais l’œuvre de la loi (vôpoç), ce qui fait
qu’il dépend de nous de la modifier ou de la décrier. »
Au lieu de vogidg-x, les Doriens disaient voùg.g.oç, mot qui
sort incontestablement de la même origine, et ce mot,
transmis aux Latins, avec l’usage même de la monnaie,
parles colonies grecques de la Sicile et de l’Italie méridio¬
nale, y produisit les expressions nummus ou numus.
Nummus désignait la monnaie courante, tandis que
nomisma , reproduction du terme grec le plus usité, dont
les poètes se servirent d’abord seuls à Rome, s’appli¬
quait aux pièces an¬
ciennes ou de coin
étrangerqu’on rassem¬
blait à titre de collec¬
tion précieuse. On en
a la preuve par un
passage d’Ulpien 2 : Fig. 5I07. — Junon Moneta.
« Dans les cas de
legs d'or ou d’argent monnayé, il faut que les objets
soient désignés d’une manière expresse, par exemple
que le testateur dise si ce sont des philippes , des
nomismata (c’est-à-dire des médailles), etc., qu’il entend
léguer. » Un autre jurisconsulte romain, Paul 3, mentionne
les nomismata antiques d’or ou d’argent don ton se servait
en guise de bijoux, usage qui s'est conservé parmi les
femmes de l’Orient. Quant à moneta , l’origine de cette
expression vient de ce que, primitivement à Rome,
l’atelier de fabrication des monnaies fut établi sur le
Capitole, dans les dépendances du temple de Junon
Moneta 4, Junon « l’avertisseuse », élevé sur l’emplace-
1 1 aus. VIII, 10. — 2 Wilamovvilz, Homer. Untersuch. p. 285. Un aulre Koryncle, le
"■'garni Périphétès, adversaire de Thésée, est donné comme filssoitdc Poséidon, soit
'feNyclimos, l'antithèse de Lycaon. — 3 Cf. le niyllie mautinéen d'Æpylas, symbole
<*c “""dagne, aveuglé par la source de Poséidon Hippios (Paus. Vlü, 10, 2), et le
l',e hlgéatc de la lutte de Sképhros et de Leimon {Ibid. VIII, 48, 4). — 4 Jl .
11 - ; cf. Schol. Apoll. Rhod. I, 164; Hesych. s. v. pùXov et pS).o<_
I ""gères, O. I. p, 259. Peut-être doit-on rattacher à cette fête certaines tra-
lll0ns mantinéennes relatives à la danse armée ; Gruppe, Griecll. Mxjth. 1, p. 199 ;
""gères, 0. I. p. 349. _ 6 Apollod. I, 7, 7 ; cf. les moles Martis dans A. Gel!.
4 ’ 23 (22). 1. - 7 11 est à remarquer que la victoire du héros tégéate est pré-
SU|I"- comme un résultat de la ruse et de la surprise (vôv Awoopy^ Ë’nsçvt 80A01, oûri
yi, II. Vil, 142). Les textes ultérieurs (Schol. Hom. 11. Vil, 9; Schol. Apoll.
p]0' ' ' parlent d'embuscade (î.oy.o» xaS'ac*;, ; cf. les termes de
^ "as (Mil, 4, 7) : 567üi xal oO aùv -roi Sixaito xtefvaç. Cette insistance è présen-
S0US un jour défavorable la victoire de l'ennemi est certainement un Irai! de
11 ^'gcnde
I ^ mantinéenne, la revanche de l'amour-propre national contre la sincérité
" du mythe naturiste, interprète fidèle des conditions réelles de la nature
locale
'IU1 assuraient l’avantage à Tégée sur sa voisine. C'est ainsi que le mythe,
primitivement symbole d'une antinomie naturelle, est devenu le symbole des que¬
relles de ville à ville et des haines de race. Aussi comporte-t-il une double inter¬
prétation.
MOLOCI1INA. • Arr. Per. mar. Erythr. §§ 7, 48 et 49 : poko/iva, ap.Sdvi; n»Ac-
jrivat. — 2 Caccil. ap Non. p. 548, 1 4; Novius, Ib. p. 539, 20, et 540, 23; Isid. Or.
XIX, 22, 12 : « Molochinia quae malvarum staminé conficitur, quant alii molocinum,
alii malvellam vocant ». — 3 Aul. 514. — Bibliographie. Yales, Tcxtrinum anti¬
quorum , Londres, 1843, p. 296 sq. ; H. Blümner, Technologie d. Gewcrbe und
Künste bei Griech. und Rômer., 1, p. 189.
MONARCHOS. l Ditlenberger, Syll. inscript, graec. 2Ȏd. n05 598, 1. 1, 13, 16 -
369, 1. 5; 614; 616, 1. 4; 735, 1. 1.— 2 /bid. 865, 1. I, 6; 866, 1. t ; 867, 1. 1 ; 868',
1. 1, 4, 8, 17, 20; 869, 1. 1, 9; Palon et Hicks, Inscript. Cos, p. 352. — 3 R offre
un sacrifice à Esculape, à l’Isthme ( Annuaire de l’Association pour l'encou¬
ragement des études grecques, 1875, p. 321, n> 11). La fête des Movoçyfou à
Calymna avait sans doute quelque rapport avec les Monarchoi (Ditlenberger,
L. c. 864).
MONETA. 1 Et hic. V, 5. — 2 Dig. XXXIV, 2, 27. — 3 Dig. Vil, 1,28. - 4 Tit.
Liv. VI, 20 ; Suid. s. t’. Mov»;x«.
MON
— 1964 —
MON
ment de la maison de Manlius, à l’endroit d’où il avait
entendu les Gaulois monter à l’assaut du Capitole Un
denier d’argent de la famille Carisia représente (fig.5107)
la tète de Junon Moneta, avec son nom moneta, et au
revers les instruments du monnayage 2.
2° Origine et propagation de l'nsage de la monnaie.
— Lorsque des relations d’échanges un peu suivies
commencèrent à s’établir entre les différents peuples
dont la famille humaine avait couvert les territoires du
monde ancien, les qualités propres des métaux précieux,
leur densité et leur solidité, les firent au bout de peu de
temps adopter comme instruments communs des tran¬
sactions, comme le moyen d’échanges le plus commode
et le plus sûr. Mais on s’en servit, pendant bien des
siècles, purement et simplement comme de toute autre
marchandise, c’est-à-dire en les pesant à chaque fois et
en les conservant, soit en lingots irréguliers, soit sous
forme de bijoux ou d’ustensiles. De grands et florissants
empires, comme ceux de l’Égypte, de la Chaldée et de
l’Assyrie 3, ont traversé des milliers d’années d’exis¬
tence dans la richesse et la prospérité, avec des relations
commerciales aussi étendues qu’ont jamais pu l'être •
celles d’aucun peuple de l’antiquité, en se servant cons¬
tamment de's métaux précieux dans les affaires de
négoce, mais en ignorant absolument l'usage de la
monnaie. Les habitants de ces empires se servaient, dans
leurs échanges, de lingots de métal irréguliers comme
forme et comme poids, sans marque qui en assurât la
valeur au nom d une autorité publique, et l’on pesait ces
lingots à chaque transaction. La monnaie proprement
dite, avec un poids et une forme déterminés, et une
empreinte qui en garantit officiellement la valeur, est
une invention des Grecs.
Les Grecs ont prétendu que l’invention de la monnaie
eut lieu à Égine et qu’elle était due à Phidon, roi d’Argos,
qui vivait dans le milieu du vne siècle av. J.-C. 4.
Nous ne connaissons, en effet, aucune monnaie que l’on
puisse faire remonter au delà du vne siècle avant notre
ère ; les plus anciennes que l’on possède sont de la Grèce
propre, des cités grecques de l'Asie Mineure ou de cer¬
tains Etats de cette dernière contrée qui de très bonne
heure furent pénétrés par l'influence hellénique. Les
Lydiens seuls pouvaient, avec des titres d'une sérieuse
valeur, disputer aux Éginètes l’honneur de l’invention
de la monnaie, et c’est ce qu’ils faisaient effectivement s.
Cependant, si la monnaie, en Asie Mineure, a été certai¬
nement fabriquée longtemps avant Crésus, il ne paraît
pas que cet usage puisse être considéré comme ayant
existé à Sardes dès l’avènement de la dynastie royale
dont le chef fut Gygès. D’ailleurs, quelques indices mani¬
festes d’une très haute antiquité que portent en elles-
mêmes les pièces d’électrum des villes de la côte d Asie
Mineure soumises aux rois de Lydie, pièces antérieures
aux émissions de Crésus, l’aspect, la nature du travail,
l'irrégularité du lingot, qui a encore la forme allongée
désignée par les Grecs sous le nom d’oSeXiaxoi;, révèlent
l Tit. Liv. VU, 28 ; Ovid. Fast. VI, 183. — 2 Cohen, Descr. gén. des
méd. consul, pl. x, Carisia , n° 7. [E. Babelou, AJonn. de la Républ. rom.
I. I, p. 314; et Traité des monrt. gr. et rom. t. I, p. 901.] 3 De Long-
périer. Les Assyriens ont-ils fait usage de monnaies ? dans la Rev.
numism. 1863, p. 180-185. [E. Babelon, Les orig. de la monn. p. 55 sq.]
_ 4 Strab. VIII, p. 549; Alarm. Par 1. 45 et 46; Pollux, IX, 83 ; Etym. magn.
s. v. ’OSeXtV/o; ; Isidor. Orig. XV I, 24; cf. Ottfr. Millier, Aeginetica , p. 57. [Sur la date
probable de phidon, V. Th. Reinach, L’hist. par les monn. p. 35; Svoronos, Rev.
comme encore plus antiques certaines monnaie- r
d’Égine, dont nous donnons un échantillon j8 6nt
uuns la
figure 5108. Or, la tradition qui fait de l’Ai-i
l’inventeur de la monnaie, place à Égine son '.“Tl
atelier de fabrication. Nous adoptons donc la tradi?
plus généralement répandue parmi les Greo'-' '°n la
gine helienique
de la monnaie G.
Il nous parait
ressortir de la
comparaison des
dates et des mo¬
numents numismatiques eux-mêmes, que cet usage in
venté par un roi d’Argos et pratiqué pour la première’ fois
par ses ordres dans l’atelier d’Égine, passabientôt de Grèce
dans les villes de la côte d’Ionie incorporées à l’empire de
Lydie à une époque où les souverains de ce dernier pays
subissaient, dans une très large mesure, l’influence
grecque ; que si Égine frappa les premières monnaies
d’argent, les villes d’Ionie soumises aux rois de Lydie
frappèrent, à une époque presque contemporaine, les
premières monnaies d’électrum, et plus tard, sous Cré¬
sus, Sardes vit naître les premières monnaies d’or pur.
C’est des rois lydiens , qu’ils venaienL de détrôner,
que les Perses Achéménides prirent le modèle de leurs
dariques [daricus], dont l’emploi ne se propagea que
fort lentement dans les provinces intérieures de
l’empire et paraît avoir été d’abord confiné aux régions
qui entretenaient avec les Grecs des rapports journaliers.
Les Phéniciens et l’Égypte n’eurent pas de monnaies
avant la domination des Perses Achéménides7.
En Italie, ce fut aussi l'influence des Grecs et de leurs
nombreux établissements, qui fit connaître et adopter
par les peuples indigènes l’emploi du signe monétaire
dans leurs opérations de négoce. Les Romains puisèrent
cet usage à la source que nous indiquons. Quant aux
Étrusques, la monnaie d’argent ne commença chez eux
que peu après leur collision avec la flotte syracusaine,
sous Hiéron 1er ; leur monnaie de bronze, probablement
postérieure, fut une imitation de celle des Romains, qui
déjà, dans la fabrication de l’«es grave , avaient imité
les modèles qui leur étaient fournis par les art istesl
grecs [as]. [La tradition romaine attribuait l’inventionj
de Yaes grave au roi Servius Tullius
Les colonies grecques portèrent jusqu au
fond de la
mer Noire l’usage de la monnaie , mais il ne paraît pas
s’être jamais beaucoup généralisé parmi les PeaP esj
barbares de la contrée.
Les Carthaginois commencèrent seulement à avon une
monnaie lorsqu’ils se trouvèrent en contact a\ei
Grecs de la Sicile. L’Espagne, la Gaule connurent
monnaie par les colonies grecques et, paimi h s Gu
de la Gaule proprement dite et de la Pannonie, ^
monétaire ne se développa cju après leui exPt
Grèce, sous Antigone Gonatas. ,
A l’orient et au sud de l’Asie, dans la Bac m j
du iy 83 ’ Euslatü.
numism. 1902, p. 339.] - & Herodot. 1, 94; Xen. ap. To . , p e, et
Dionys. Perieg. v. 840. — e Mommsen, Gesch. des roem. ; eucore Barclay
Rawliuson, Uerodotus, p. 683-690 sont de l'avis contraire. . ism. orieA
V. Head, The comage of Lydia and Persia, dans The tn «"» ■ p 2od
tal. Lond. 1877 ; ld. Hist. numorum, Oxford, 1877 ; [E. Ba e on, ^ ^ ,pUn ffist!
— 1 E. Babelon, Les Perses Achéménides. Introd. P- LV “j" . detrol. 2‘ éd
nat. XXXU1, 43; XVIli, 12; Cassiod. Var. Vil, 22 ; c .
p. 524; E. Babelon, Les orig. p. 189. J
MON
— 1965 —
MON
l’Inde, les conquêtes d’Alexandre portèrenl, avec là
''iHsation grecque, l’usage de la monnaie;, nulle trace
cn seInblable procédé ne se révèle dans ces pays avant
, des Grecs, et les monnaies nationales se ratta-
'arriver
!|( nl j)ar des signes incontestables aux modèles que les
■listes grecs avaient laissés. La monarchie des Séleu-
cides et son influence propagèrent l’art monétaire dans
p Characène, dans une portion de l’Arabie et dans tout
des Parthes. Les Sassanides, qui succédèrent à
entèrent à leur tour leur monnaie sur celles
fempire
ces derniers
jL.s Parthes. Les Hébreux, du temps des Asmonéens,
subirent l’impulsion commune, tout en accommodant
les types à leurs préceptes religieux; ils avaient peut-
clre du reste, commencé à frapper des monnaies à
l’imitation de leurs voisins de Phénicie, sous la domina¬
tion des derniers rois Achéménides.
L’inlluence romaine étendit l’usage de la monnaie à
des pays où les Grecs ne l’avaient pas propagé et prépara
de cette manière le monnayage des peuples modernes.
3° Matières monnayées par les anciens. — Dans
l'antiquité, comme de nos jours , les trois métaux
adoptés parLout, d’un commun accord, comme instru¬
ment principal des échanges et signe représentatif de la
valeur des denrées, étaient l’or, l’argent et le cuivre.
Aussi les magistrats monétaires étaient-ils, à Rome,
désignés par le titre de triumvir auro , argento , aere 1
jlanilo, feriundo , titre indiqué constamment sur les
monnaies et dans les inscriptions par les abréviations
II1V1R.A.A.A.F.F. 2. De là aussi le type des trois Mon¬
naies, personnifiées par trois femmes, tenant chacune la
corne d’abondance d’une main et une balance de l’autre,
chacune ayant à ses pieds un
monceau de métal, type qui avec
la légende tnoneta ou aequitas
Augusti (fl g. 5109) se reproduit
sous presque tous les empe¬
reurs romains, à partir du règne
de Commode 3. L’argent, plus
répandu que l’or et formant la
masse principale de la circula¬
tion monétaire dans le monde
antique, moins encombrant que
I le bronze et pouvant représenter une plus grande
I valeur sous un volume et un poids beaucoup moins
I considérables, était chez les Grecs, comme chez la plupart
I des peuples modernes, le véritable étalon monétaire.
Le rapport de la valeur de l’or à celle de l’argent était,
I dans l’empire des Perses, de 13 à 1 4, et dans le monde
§rec> il semble avoir principalement flotté entre 12,50
I d 1, proportion qui était admise dans l’Égypte des
I Lagides !>, dans la Syrie des Séleucides, et en général
dans toute l’Asie après Alexandre, 12 à 1 6 et 10 à 1 L
I Lotte dernière proportion paraît avoir été la plus habi-
Icolle dans la Grèce proprement dite 8. Par excep-
Fig. 5100.
Les Trois Monnaies.
lion, au Rosphore Cimmérien, le grand marché de
l’or apporté des mines de l’Oural, ce métal n’y valait
que sept fois le prix de l’argent, ainsi qu'il résulte ega¬
lement du poids des statères de Panticapée, compares
aux pièces d’argent de la même ville 9, et du chiflre de
28 drachmes attiques [dkachma], donné par Démosthène'0
pour le cours du cyzicène de 10 gr. 000 d’or au Bosphor.
[cyziceni]. Quant à la relation de la valeur du cuivre
à l’argent, elle était très variable dans le monde hellé¬
nique ; ainsi, tandis qu’en Sicile l’argent valait
250 fois ou même 314 fois son poids de cuivre 11 litra,
dans l’Égypte des Ptolémées l’argent était au cuivre
: : GO : 1 ce qui, avec le rapport entre l’or et 1 argent
tel que nous venons de l’indiquer, mettait la valeur de
l’or en regard de celle du cuivre : : 750 : 1 ,3. Il est
presque impossible de déterminer la proportion exacte
de la valeur de l’argent et du cuivre dans la plupart des
contrées helléniques ; cependant, la proportion soixan¬
tième parait avoir été la plus habituelle14. Au reste,
comme la monnaie de cuivre, qui ne commença à
être usitée qu’assez longtemps après les deux autres,
comme la monnaie de cuivre n’était employée chez
les Grecs qu’en qualité de monnaie d’appoint, on atta¬
chait une importance minime à la coupe et au poids de
cette monnaie, et presque nulle part sa valeur réelle ne
correspondait à sa valeur nominale.
Liiez les Romains, dès que l'introduction du mon¬
nayage de l’argent, cinq ans avant la première guerre
punique I3, eut fait abandonner l’babitude, incommode
pour les usages de la vie et pour le commerce, de se
servir exclusivement de cuivre circulant pour la valeur
de son poids réel, l’argent devint, comme chez les Grecs,
le véritable étalon monétaire. Au commencement du
ve siècle de Rome et antérieurement, la proportion
moyenne de la valeur commerciale de l'or à l’argent
était en Italie : : 12 : 1 ou : : 11,91 : 1 16. Mais à Rome
même, dans le courant du ve siècle, il en était autrement.
Les monnaies d’or frappées à Capoue pour le compte des
Romains, avant que ceux-ci n’eussent commencé à
monnayer eux-mêmes argent et or [denarius], portent
des marques numérales qui indiquent le nombre d'as
pour lesquels elles circulaient à Rome et dans le terri¬
toire romain n. Il en résulte qu’elles avaient été frappées
sur le pied d’une valeur de l’or par rapport au cuivre
: : 1 800 : 1 ; l’argent valant encore à ce moment à Rome
250 fois son poids de cuivre, nous tirons de là une pro¬
portion : : 7,20 : 1 entre l’or et l’argent 18. L'écart entre
les deux métaux est presque aussi faible qu’à Panticapée,
moindre que partout ailleurs dans le monde antique ; si
donc l’argent était encore à cette époque peu commun
dans cette cité reine, l’or n’y était pas beaucoup plus
rare. Au commencement du vc siècle de Rome, la quan¬
tité d’or qui se trouvait dans la circulation commerciale
de la ville était assez abondante déjà pour que l'on pùt
] 1 Uc. Epist. ad fam. VII, 18; De leg. III, ut, 7. — 2 Eckhel, Doctr.
ret' (• V, p. 61, Mommsen, Op. I. p. 366 ; [E. Babelon, Traité
I Tr- et rom. t. I, p. 847], — 3 Voir Rasclie, Lexicon rei nummariae,
> P- 794 sq. ; [Froehner, Les médaillons de l’Empire rom. Introd. p. xiv,
q 32 ’ Babel°n, Traité, l. I, p. 974]. — 4 Herod. III, 95; cf. Vasquez
e^J1’ ^,SS(U sur les systèmes métr. et monét. des anc. peuples, t. I, p. 299
(fin, °m"’sen> n. b P- 22-24. — 6 Lctronne, Récompense promise, annonce con-
ÿ. ' 'l"ns un papyrus grec, p. U et 13 ; Mommsen, O. I. p. 43. — 6 Plat.
,X^ 231- D; cf. Vasquez Queipo, t. I, p. 171. — 7 Menand ap. Poil,
p ^ XXII, 15, 8; Tit. Liv. XXXV1I1, 11; cf. Ch. Lenormant, dans
formant, Monn. des Lagides, p. 123-140. — 8 Bocckli, Staatshauskalt
VI.
d. Athen. 2' éd. I 1, p. 42. [Th. Reiuacli, L'hist. par les monn. p. 41 ; Rev. numism.
1902, p. 06.] — B Ch. Lenormant, Op. I. p. 133. — 10 Pro Phorm. p. 914, éd.
Reiske. — n Mommsen, O. I. p. 80. [Th. Reinach, Op. cit. p. 77.] — 12 Lctronne,
Récompense promise, p. 11. — 13 Mommsen, O. /. p. 43. [Les comptes renfermés
dans les papyrus et les ostraca récemment découverts et publiés, témoignent de la
grande variabilité de cès rapports eu Egyple, sous les Lagides et à l’époque romaine ;
U. Wilcken, Griech. Ostralca aus Aegypten, t. I, p. 718 ; Grenfell and Hunt, The
Oxyrhynchus papyri , Londres, 1899, passim .] — 14 Plin. [List. nat. XXI, 34.
— 15 Plin. XXXIII, 3, 44; Tit. Liv. Epit. XV; cf. Mommsen, O. I. p. 300.
■ — 16 Id. p. 402. — 17 Id. p. 214 sq. — 18 F. Lenormant, Essai sur l’organ.
polit, et écon. de la monn. dans l’ant. p. 122.
247
MON
— 1966 —
établir sur l’affranchissement des esclaves un droit de
5 p. 100, qui se payait en or [aurum vicesimarium] Le
produit de ce droit formait dans le trésor une réserve
pour les besoins les plus urgents, réserve qui mon¬
tait pendant la première guerre punique à 4 000 livres
pesant 2.
Les conquêtes de Tarenle et de l’Illyrie, la sujétion
d une partie de la Sicile eurent pour résultat d’augmenter
énormément la proportion de l’argent dans la masse
circulante à Rome, tandis que la proportion de l’or
restait environ la même. 11 en résulta que le premier or
monnayé à Rome même, en vertu de la loi Flaminia, le
fut sur le pied d’un rapport de 17,143 à 1 entre l’or et
l’argent \ Abaissé subitement au commencement du
viie siècle de Rome, par suite de la découverte des mines
du Norique 4, le même rapport était de 11 19/21 à 1 au
temps de la dictature de Sylla5. Il se maintint ainsi sous
Jules César 6, pour les espèces monnayées, car la
grande quantité d’or en lingots, rapportée par César de
sa guerre des Gaules, fit un moment tomber d’une telle
façon le prix de l’or, qu’il ne valait plus que 8,93 fois
son poids d’argent7. Auguste fixa la proportion moné¬
taire de l’argent au taux : : 11,91 : 1 8, lequel devint
: : 10,31 : 1 sous Néron et : : 9,375 : 1 sous Trajan9.
A partir du règne de Seplime Sévère, l’altération extra¬
ordinaire qu’éprouva le titre des monnaies d’argent,
tandis que celui de l’or restait le même [aureus], détrui¬
sit cette proportion, fit disparaître en grande partie la
masse d’or en circulation dans l’empire romain et dut
amener un très grand écart entre les deux métaux. Nous
manquons de documents pour apprécier jusqu’où alla
cet écart vers les règnes de Valérien et de Gallien, sous
lesquels eut lieu la plus grande altération des monnaies
d’argent ; mais sous Dioclétien et Constantin, époque où
l’on recommença à frapper de l’argent assez pur, il était
de 13 8/9 à 1 10 [solidus]. Il ne s’arrêta pas à ce point, car
sous Julien, l’or s’échangeait contre 14,4 fois son poids
en argent". Un rescrit de Théodose le Jeune, de l’an 422,
prouve que, sous cet empereur, la relation de valeur de
l’or à l’argent était : : 18 : 1 ,2. Nous remarquerons
cependant que ce dernier écart, qui était énorme, ne fut
que temporaire, car un siècle après, sous Justinien, la
proportion des deux métaux redevint quinzième 13.
Le rapport du bronze à l'argent éprouva, sous la Répu¬
blique romaine, des variations très considérables.
Lorsque le monnayage de l’argent fut introduit à Rome,
le denier, qui valait alors 10 as ", pesait 1/72 de livre "
[denarius]. Or, à cette époque, l’as avait été déjà réduit
à ne plus avoir comme poids que le tiers de la livre de
cuivre 16 [as]. Le rapport du bronze à l’argent était donc
de 1 à 240, écart déjà plus faible que celui qui avait
existé au temps de la fixation de 17/s libralis, deux
siècles auparavant : : 1 : 250 17, pareil au rapport primitif
i Tit. Liv. vil, IC, 7 ; XXVII, 10, 1 1. — 2 Id. XXVII, 10, 11 ; Mommsen, p. 401.
— 3 Plin. Hist. nat. XXXI11, 3, 47; voir Mommsen, p. 405. — 4 Strab. IV, 6, 12.
— 3 Mommsen, p. 402. — 6 Id.p. 407.— 7 Suel. Caes. 54.-8 Mommsen, p. 760.
— 9 Id. p. 767. — 10 Id. p. 833. — H Amm. Marc. XX, 4, 18. — 12 Cod.
Tlieod. VU!, 4, 27. — 13 Lctronne, Considér. sur l'éveil, des monn. p. 111 ;
Mommsen, p. 833. — 14 Plin. Hist. nat. XXXIII, 3, 44; Fest. Excerpt.
p. 98 et 347 ; Apul. ap. Prise, lnstit. VI, 12, 66 ; Volus. Maec. 46. — 1» Rorghesi,
Osservazioni numismatiche. décade 17, dans le Giornale arcadico, t. LXXX1V,
p. 9; Mommsen, O. I. p. 297; Hultscli, Griech. und rôm. Métrologie , p. 202;
F. Lenormant, Essai sur l'org. de la monn. dans l'ant. p. 123. — Mommsen,
p. 348; Fr. Lenormant, Org. de la monn. p. 117. — 17 Mommsen, p. 196-207.
_ _ 18 Id. p. 80 ; F. Lenormant, Org. de la monn. p. 90. — 10 Varr De re rust. I.
MON
des deux métaux à Syracuse et à Tarente 18 r
prouve combien encore, au me siècle avant UTR^' 11
l’argent était rare et le bronze abondant à R0 n°U’e èl'e>
toute l’Italie centrale et septentrionale I M "'f 6t dans
deux métaux allèrent d’ailleurs en se ranJ "T des
rapidement. Vers la fin de la première guerr dT ^
le poids de l’as ayant été abaissé au sixième de 1 '' r"qUe’
comme le poids du denier d’argent avait été en ‘LT’
temps réduiU 1/84 de la livre taux auquel il de”,”'
depuis lors definitivement fixé, nous devons en cône
que l’écart des deux métaux n’était plus que de 1 à
En 217 av. J.-C., dans un moment de grande détresse
lorsque Ilannibal était le plus menaçant, on décida m
la loi Flaminia, la réduction du taux de toutes les mon¬
naies21. Le poids de l’as fut établi à une once, c’est à I
dire au douzième de la livre, et en même temps on
réglait que le denier, dont le poids demeurait le même
vaudrait désormais 16 as au lieu de 10. Ces dispositions
de la loi Flaminia prouvent, au moment où elle fut
rendue, une proportion de 1 à 112 entre l’argent et le
bronze. On se rapprochait ainsi par degrés de l’état où
se trouvaient les choses en Grèce, c'est-à-dire de la pro¬
portion soixantième. La distance qui restait fut franchie
en cent vingt-huit ans, car la loi Papiria, rendue vers
89 avant notre ère, ayant réduit encore l’as de moitié22,
fixa le rapport des deux métaux de 1 à 56 23 [denarius].
La réforme monétaire d’Auguste [aureus], établissant,
à côté du denier d’argent de 1/84 à la livre et de l’aureus
de 1/40 à la livre, des serterces et des dupondü de lai¬
ton pesant 1 once et 1/2 once, puis des as de cuivre
rouge, sans alliage, pesant 1/3 once24, constate entre les
différents métaux les rapports suivants25 :
Or.
1
Argent.
11,91
I
Laiton.
333,33
23
I
Cuivre.
GGG,GG
50
n
Sous Néron 26, les poids respectifs des différentes
monnaies établissent les valeurs :
Or.
1
Argent.
10,31
I
Laiton.
SGG, GG
35,55
1
Cuivre.
733,33
71,11
Enfin, sous Trajan nous constatons1
Or.
1
Argent.
9,375
1
Laiton.
375
40
1
Cuivre.
750
80
o
La valeur monélaire du laiton, constamment doubh e
celle du cuivre pur, est d’accord avec ce que 1 1711 sai
d’ailleurs sur le prix attaché à ce métal artificit 1
chalcum]. Aussi trouvait-on un avantage dans la la 11
10, 2; Verr. Flacc. ap. Paul. p. 98; Plin. XXXIII, 3, '°" M° 990.—
p. 29L - 20 P,in. XXXIII, 3, 132 ; Cel, V, 17, I ; cf. “ ’^’^pti,
21 Plin. XXXIII, 3, 45; Fest. p. 347; cf. Mommsen, , p. ' pvaL des
XXXIII, 3, 45 ; voir Mommsen, p.. 384 et 418. - Cavedoni,
monn. p. 18. - 24 Borghesi, dans la Numismatica > »7 s(|.
p. 111-136; Mommsen, O. I. p. 763; F. Lenormant, rg. e iadeua moneta
- 25 Mommsen, O. L p. 766. [Eltore Gabriel, Contnbuto a J( 1893);le
romana, p. 2 (Extr. de» Atti d. Accad. di archeol. di Napoli, ■ ■ dJnsla Retw
même, Rivista ital di numisth. t. X, 1897, p. 309 sq.] ' / Dg 'aedi/ic. I, 2 i
numism. 1898, p. 660 srp - 27 Mommsen, p. 167. - vli, 24 et 25 ;
Diocl. Edict. de prêt. rer. v en. (dans le l. III du orp. ms . Gaj,rjcj, O. G
H. Willers, Num. Zeitschrift , devienne, t.XXXIV, 1902, p.
MON
— 1967 —
MON
que l
de (lupondii de laiton fourrés *, avec une âme
de fer ou de laiton.
\ partir de Septime Sévère, dans toute la grande crise
les monnaies pendant le mc siècle [aureus], il est impos-
llilede suivre également avec certitude les fluctuations,
, i durent être considérables et nombreuses, dans la
aleur respective des métaux, particulièrement dans le
p0rt du cuivre et du laiton àd’argent. Ce que l’on sait
seulement de positif, c’est que la monnaie de cuivre
resta jusqu’à un certain point étrangère aux crises de
l’argent, parce que la fabrication s’en trouvait confiée à
d’autres mains [voir plus loin, p. 1970] ; ensuite,
altération continue de l’argent finit par donner au
a et au cuivre un prix qui leur faisait presque jouer
le rôle d’une monnaie émise à sa valeur métallique. Et
cutle valeur commerciale était alors pour le laiton
1/60 de celle du même poids d'argent, et pour le cuivre
i/p20 -, Le rapport monétaire du cuivre aux autres
métaux était certainement, comme dans les espèces des
Lagides, basé sur une valeur conventionnelle donnée à
la monnaie d’appoint et bien plus forte que la valeur
commerciale du cuivre, depuis qu’on avait établi la pro¬
portion soixantième entre ce métal et le cuivre dans le
numéraire officiellement monnayé. Quand, au me siècle,
par suite de l'altération de l’argent, la monnaie de cuivre
eut recommencé à passer pour sa valeur intrinsèque,
tandis que la prétendue monnaie d’argent, en réalité de
billon, puis de cuivre saucé, n’était plus qu’un numé¬
raire conventionnel, une sorte d’assignat décrié, ce fut la
première qu’on enfouit dans les moments de danger,
plutôt que la seconde 3.
Quant au rôle des trois métaux comme régulateurs du
système monétaire, on peut le résumer en quelques mots.
Les Grecs adoptèrent dès le début et gardèrent cons¬
tamment l’étalon d’argent [dracuma]. En Asie Mineure,
dansles débuts du monnayage, ce fut l’or et l’électrumqui
jouèrent le rôle d’étalon ; mais dans cette contrée même
on revint bientôt aux mêmes données que dans les
autres pays helléniques. Chez les Romains et chez les
Italiotes, jusqu’au consulat de A. Ogulnius et C. Fabius
(185 de Rome, 269 av. J. C.), l’étalon fut de cuivre [as] ;
à dater de ce moment jusqu’à la fin de la République
on adopta l’étalon d’argent [denarius], et enfin sous
1 Empire l’étalon d’or [aureus].
Après avoir parlé du rapport des métaux, il faut aussi
dire quelques mots de leurs alliages habituels et de leur
pins ou moins grande pureté suivant les pays et les
Roques. En général, dans tout le monde hellénique, la
monnaie d’or et d’argent se montre à nous avec un litre
1(,marquablement pur. Presque partout l’or y est sans
alliage,, l’analyse y révèle à peine 3 centièmes de matières
étrangères 4; c’est la plus grande pureté à laquelle on
Pul atteindre avec les procédés d’affinage dont disposaient
es anciens. L’argent aussi n’est généralement uni à
duciln alliage, ou quand on en constate un, il se main¬
tient dans des proportions peu considérables, bien infe¬
rieures à celles qu’ont admises les peuples modernes. On
ne trouve guère d’altération sérieuse du titre des pièces
d’argent que dans les espèces royales des Achéménides,
pendant la période de décadence de l’Empire perse.
Cependant certaines séries de monnaies, très nettement
déterminées et appartenant toujours à l’Asie Mineure,
tranchent sur le reste du monnayage grec, en ce qu’elles
sont fabriquées, non plus en or pur, mais avec un métal
extrêmement pâle, d’aspect particulier, lequel est un or
allié dans des proportions, énormes d’argent et même de
cuivre. C’est ce que les numismates ont pris l’habitude
d’appeler, avec juste raisonnes monnaies d’électrum. Les
anciens avaient reconnu que certains minerais d’or sont
naturellement alliés d’argent3, dans une proportion qui
va quelquefois jusqu’à 38,74 pour 100 G ; le métal qu’on
tirait des lavages du Pactole parait avoir été dans ce
cas 1 . Dès l’âge homérique 8 les Grecs distinguaient ces
alliages naturels de l’or pur comme un métal particulier,
ayant une valeur propre et désigné sous le nom d’ELEC-
trum ; ils l’employaient à part ou bien ils l’affinaient
pour en extraire l’or. Plus tard, ils se mirent à fabriquer
de l’électrum artificiel9, à l’imitation de celui que la
nature avait donné, en alliant à l’or 20 pour 100 10,
23 pour 100 11 et jusqu’à 30 pour 100 d’argent18. 11 est
évident que dans les premiers temps du monnayage de
l’Asie Mineure, lorsqu’en Lydie 13 etdans certaines cités de
l’Ionie 11 on frappait simultanément des pièces d’or pur et
des monnaies d’or allié d’argent c’est-à-dire d’élec¬
trum, soit naturel, soit artificiel, c’était en considérant
ces deux métaux comme distincts et ayant des valeurs
monétaires qui ne se confondaient pas. M. Brandis13 a
essayé d’établir, par des arguments très ingénieux, que
le rapport de valeur courante entre l’électrum et l’or,
dans ces émissions primitives de l’Asie Mineure, était
: : 3 : 4, ce qui suppose que l’on admettait comme pro¬
portion normale de l’alliage naturel de 23 à 30 pour 100.
Plus tard, après une assez longue interruption, dans l’in¬
tervalle entre la guerre du Péloponèse et Philippe de
Macédoine, nous voyons reprendre dans certaines cités
de l’Asie Mineure, principalement àCyzique et à Phocée,
des émissions extrêmement abondantes de statères et
d’hectés d’électrum 16 [cyziceni, puocaïdes]. Ces deux cités
profitaient ainsi, pour une opération fort lucrative mais
peu loyale, de ce qu’à ce moment leurs négociants
s’étaient assurés du monopole du marché de l’or à Panti-
capée, et de ce qu’aucune autre ville grecque à la même
époque ne fabriquait de monnaie d’or, si ce n’est Lam-
psaque,oùon frappait quelques rares statèresde métal pur.
Où nous avons encore une vraie fabrication de mon¬
naie d’électrum, frappée avec intention en même temps
que de la monnaie d’or pur, avec une valeur différente et
conforme aux proportions de l’alliage, dans des temps
bien postérieurs à ceux des anciennes émissions de
l’Asie Mineure, c’est dans le monnayage des Romains en
1 Eckliel, Doclr. num.
' 200; La Si
t. I, p. CXVI ; Neumann, Pop. et reg. num. vet .
l“. lien.
Won,,, ;
aussaye, Numism. de la Gaule Narbonnaise, p- 156. [M. Sor-
numism. 1898, p. 231.] — 2 Mommsen, p. 769. — 3 kl. Hist. de la
les n ’>om' llaa- franc, t. III, p. 111-139, joignant an texte de l'auteur allemand
fias 1/ * ae ^‘fte. — 1 Letronne, Éval. des monn. p. 108; Brandis,
L «3 "n~ ‘'^ass" und Gewichtswesen in Vorderasien, p. 244. — 3 pijn. XXXIII,
maiit /( Rammelsberg, Handbuch der Mineralchemie, p. 8; cf. Cli. Lenor-
IV 73 ev' numism- 1856, p. 96. — 7 Sophocl. Antig. 1037. — 8 Odyss.
dans |cs ^ ’ ’ ^' ai> 296; voir Bultmann, Ueber das Elektron ,
Méni. de l'Acad. de Berlin pour 1818. [W. Ilelbig, L’épopée homé¬
rique, Irad. Traxvinski, p. 131.] — 9 Paus. V. 12, 6 ; Euslatli. ad Dionys. Perieges.
V. 293 ; Hcsych. Phot. et Suid. s. v. Voir Brandis, Das Miinz- Mass- und Gewichts-
wesen in Vorderasien, p. 165 sq. — 10 Plin. XXXIII, 4, 23. — il Serv. ad
Aen. VIII, 402; Isid. Orig. XVI, 24. — 12 Stein, sur Herod. III, 115 ; Brandis,
üp. cit. p. 167. — 13 Id. p. 386 sq. — 14 Id. p. 388, 393, 395, 396, 401. —15 P. 167.
— 16 Ch. Lenormant, Ile r. numism. 1856, p. 89 ; Brandis, p. 259. [K. B. Hoffmann,
Num. Zcit. de Vienne, 1884, p. 33; Greenwcll, The electrum coinage of Cyzicus,
p. 15; B. Head, Jonia [Calai, of yreelc Coins), Introd. p. XXVI; le même, dans
Num. citron. 1887, p. 298; Fr. Hullsch, Zeit. für Num. t. XI, 1884, p. 161;
W. Ridgcway, Num. citron. 1895, p. 104; E. Babclon, Traité, I, p. 356.]
MON
1968 —
MON
Campanie, avant qu'on n’eût encore commencé à frap¬
per la monnaie d'argent à Rome même [as]. On y a des
pièces d'or de 6, 4 et 3 scrupules et des pièces d’électrum
à la proportion de 20 pour 100 d’alliage, lesquelles
pèsent 2 1/2 scrupules, mais circulaient certainement
pour une valeur de 2 scrupules d'or
Klaproth, Gœbel, Phillips ont analysé des pièces de
bronze d’Alexandre, des Ptolémées, d’Athènes, d’Olbia
sur le Pont-Euxin et d’IIiéron, roi de Syracuse2. Ils y
ont trouvé des proportions variables, mais toujours très
fortes, d’étain alliées au cuivre ; dans les bronzes des
Ptolémées, elles vont jusqu’à 16 pour 100. Jamais le
plomb n’entre dans la composition du bronze monnayé
des temps purement grecs; il ne commence à s’y mon¬
trer que sous l’influence prépondérante des Romains,
dans des pièces de Philippe Y de Macédoine, des Ma-
mertins de Sicile, de Centuripae et de Syracuse. En effet,
l’idée de mêler au bronze du plomb, et cela dans une
proportion plus forte que l’étain, paraît avoir été une
invention propre aux Romains3, et depuis la première
fabrication de l'aes grave jusqu’après la mort de César,
leurs monnaies' de ce métal offrent toujours la même
composition. L’alliage en contient 5 à 8 pour 100 d’étain
et 16 à 29 pour 100 de plomb \ Quant à l’argent de la
République, il est toujours d’un titre excellent, qui varie
de 0 gr. 993 à 0 gr. 965 suivant Darcet 5, de 0 gr. 998 à
0 gr. 902 suivant Thompson et Fabbroni G. L’altération
des monnaies à cette époque, qui fut souvent considé¬
rable, ne consistaitpas à augmenter l’alliage de l’argent,
mais à mêler à toutes les émissions monétaires un cer¬
tain nombre de pièces fourrées. Il n’y a que dans de rares
exceptions, à l’époque des guerres civiles, par exemple
dans les deniers légionnaires de Marc-Antoine, que l’on
constate un abaissement sérieux du titre des monnaies
d’argent. Quant à l'or républicain, aux différents moments
où l’on en a frappé, il est toujours parfaitement pur. Une
loi de Sylla défendait d’introduire un alliage dans l’or,
même dans celui qui restait dans le commerce à l’état de
lingots 7.
Dans la réforme monétaire d’Auguste [aureus], l’or
était au tiLre de 0 gr. 998 de fin 8 et la loi Julia sur le
péculat faisait de son altération un crime d’État0 ; l’ar¬
gent n’admet également que 1 ou 2 pour 100 au plus
d’alliage10, le laiton des sesterces et des dupondii se
compose de 4/5 de cuivre et de 1/5 de zinc, sans aucun
mélange d’étain ni de plomb, en même temps que le
cuivre des as est absolument pur" ; la loi Julia défen¬
dait même d’une manière absolue d’introduire aucun
alliage dans ces dernières pièces12.
L’or impérial demeure jusqu'à Vespasien d’une excel¬
lente qualité comme métal, sans que son titre descende
au-dessous de 0 gr. 991 de fin13. Mais après Vespasien,
l’analyse ne fournit plus que 0,938*'% etle titre s’abaisse
encore notablement vers le temps de Septime Sévère.
Pourtant il reste encore remarquablement bon, par
comparaison avec celui des autres métaux
plus fort de la grande crise monétaire du aU
dant ce temps, chez les rois du Bosphore
seuls de leurs vassaux auxquels les emnercm.* ’ ®S
permis de faire de la monnaie d’or, le métal f GUSSent
bon dans le début, n’est déjà plus, en 200 de’not" ^
qu’un électrum très fortement mêlé d’argent rv ^ '
après, le titre tombe tellement bas que nl°l
d’Alexandre Sévère, ces prétendues pièces d’or ^
même pas la valeur d’une pièce d’argent de bon alops
En 265 on n’y trouve plus que 1,33 pour 100 d’or mm '
15,94 d’argent et 82,73 de cuivre; en 267 c’est une pièce
simplement dorée, dont l’analyse donne 17,28 d'argent!
82,07 de cuivre et 0,65 d’étain ; à partir de 268, il n’".’
même plus d’argent, mais seulement du cuivre doré ^
Nous renverrons le lecteur à l’article aureus pour ce
qui est du titre des monnaies d’argent, de l’Empire et de
l’altération prodigieusement rapide de leur titre. On y
trouvera une série d’analyses qui permettent de suivre
l’augmentation de la proportion de l’alliage à partir du
règne de Néron, jusqu’au moment où, dans le cours du
me siècle, la monnaie qui avait été d’abord d’argent
n’est plus qu’un billon, lequel ne contient quelquefois
que 2 pour 100 d’argent, contre 82 de cuivre et 16 de
plomb et d’étain, et même un simple cuivre, de mauvaise
qualité, saucé d’argent. A partir du règne de Dioclétien,
quand on recommença à faire de la monnaie d’argent,
elle fut de bonne qualité comme métal.
Dès le temps de Tibère, l’administration impériale
avait fait frapper, au lieu d’argent, dans l’atelier moné¬
taire d’Alexandrie et pour l’usage spécial de la province
d’Égypte, des pièces debillon, combinées de telle manière
qu’avec le poids de quatre deniers romains (qualifiés
alors à Alexandrie de drachmes) 10 elles eussent comme
valeur 1/25 de Yaureus n. C’est là ce que les numismates
onL pris l’habiLude d’appeler le potin d’Alexandrie, dési¬
gnation inexacte et qu’il faut remplacer par celle de
billon ; carie nom de potin suppose un alliage où le
plomb entrerait pour une forte part, et on n en trouve
que des traces presque insensibles dans les pièces im¬
périales d’Alexandrie. Celles-ci ont d abord contenu
1/5 d’argent, titre parfaitement loyal, et qui faisait cor¬
respondre très exactement leur valeur intrinsèque avec
leur valeur de circulation. Mais plus tard, dans le
IIIe siècle, elles descendent jusqu’à ne plus donner a
l’analyse que 1,81 d’argent, 91,38 de cuivre, 2,89 de zinc,
3,85 d’étain et des vestiges de plomb'8. Il n’y a de potin
proprement dit que dans le monnayage de *1 u< 1 * 11
tribus gauloises, aux derniers temps de leur 'nL LPen^
dance; et ces monnaies de potin de la Gaule son <
jours coulées, prodigieusement grossières, ol i an
leur fabrication tous les indices de circonstances
pénurie et de nécessité pressante. ,
Les prescriptions d’Auguste pour le maintien 0
taines qualités de métal dans la monnaie e e
l Mommsen, p. 213; E. Lenormant, Organ. de la monn. p. 121. t Sabatier,
Production de l'or , de l'argent et du cuivre chez les anc. (Saint-Pélersb. 1850),
p. 2; Mommsen, O. I. p. 762. - 3 Id. Ibid. p. 762. — 4 Pliilipps, London
Chem. soc. Journ. t. IV, p . 265 sq. ; Woehler, Ann. der. Chem. t. LXXXI,
p. 206 sq. ; Goebel, Ueber den Einfluss der Chemie auf die Ermitte.lung
der Voelker, p. 29; Mommsen, p. 191. — 5 Lclronne, Év al. des monn.
p, 84, — G Scbiassi, Monete di Kadriano, p. 33; voir Mommsen, p. 385.
_ 7 Dig. XLVIII, 10, 9. — 8 Eetronne, O. I. p. 84. — 9 Dig. XLVUl, 13, 1.
_ 10 Akcrinan, Catal. of roman coins I. 1 p. XIV sq. ; Mommsen, p. 756.
. rv n «65 SCI • Woehler, Ann.
Il Phillips, London Chem. soc. Journ. t. >v< P- J2 D|V XLVIII, 13, <•
r Chemie, l. LXXXI, p. 206 sq. ; Mommsen, p. 763 sq. - /)ISCJ
der Chemie, t. LXXXI, p. 206 sq. ; Mommsen, p. ■ V. des Insc,
13 Letronne, Éval. des monn. p. 84; Mongez, l m- ' 17 et 41
nouv. sér. t. IX, p. 203 ; Dureau de La Malle, Econ. po ■
— IV Id. Ibid. 1. 1, p. 17 ; F. Lenormant, Orig. de la monn. p- ■ __ )e Anonyni
Musée du grince Kotchoubty, t. II, p- 4,0 stP ’ Mommsen,! rfi». sav ■ à
Alcxandr., dans Vincent, Recherches sur Héron : ven ^ Sabalier,
.. . , , r i c iv n oio __ 17 Mommsen, p- <—
l Acad. des Inscr. sér. 1, t. IV, p.
O. I. p. 79.
MON
— 1969 —
MON
cl pour l’interdiction de tout alliage d’étain on
’p ne furent pas observées plus exactement que
par lesquelles il avait cru mettre l’or et l’argent à
( |,i'i des altérations. On trouvera dans l’article aureus
*|'JicurS analyses de monnaies de bronze du 111e siècle,
r j‘(,n font connaître la composition.
1 Outre l’or, l’argent et le bronze, qui constituaient la
lt, monnaie réelle, ayant une valeur propre comme
b r|iandise, les peuples anciens marquèrent aussi quel-
iiefois des empreintes monétaires sur d’autres matières
métalliques et même non métalliques. Les espèces de
culte nature étaient alors de simples monnaies d’appoint,
des monnaies de compte à valeur purement convention¬
nelle représentant de très petites sommes facilement
échangeables contre de l’argent, et pour la représenta¬
tion desquelles il n’était pas nécessaire que le signe eût
un prix comme marchandise en rapport avec la valeur
nominale qu’on y assignait.
C’est ainsi que plus d’un auteur mentionne des mon¬
naies de plomb 1 et qu’à côté de nombreuses pièces de
plomb antiques semblables à des monnaies, avec les¬
quelles on les a souvent confondues, mais qui ne sont
que des tessères [tesserae], il est parvenu jusqu’à nous
quelques monnaies véritables de ce métal, portant ins¬
crite l’indication de leur valeur 2. On connaît trois séries
principales de ces plombs monétaires, qui jouaient le
rôle de véritables assignats dont la circulation devait
être, bien évidemment, toute locale. L’une a été fabri¬
quée en Égypte, sous la domination des empereurs et,
suivant toutes les apparences, dans le ne ou le me siècle
de notre ère 3. Le type constant y est, sur le droit, la
ligure du dieu Nil ; le type du revers, toujours mytholo¬
gique, varie, sans doute suivant les villes où ces espèces
ont été émises. Mais la majeure partie des pièces ont été
émises à Memphis, dont elles portent le nom, MGM^IC ;
celles-ci ont toujours au revers le bœuf Apis, seul ou
accompagné de la déesse Isis. La seconde série a eu la
Gaule romaine pour patrie, vers la fin du 1er siècle ou le
cours du ne. Elle offre constamment d’un côté l’image
de Mercure tenant le caducée et la bourse, tandis que le
nom du lieu d’émission est sur l’autre face, accompa¬
gnant le plus souvent un rameau 4. Ces plombs moné¬
taires de la Gaule paraissent avoir été destinés à circuler
exclusivement dans les localités mêmes dont ils portent le
nom. Aussi celui qui a la légende alisiens a été trouvé
dans les ruines mêmes d’Alise, celui qui a perte à
Perlhes auprès de Vitry-le-François, enfin les différents
plombs ou on lit mediol dans la ville antique du Mont-
Berny, près de Compiègne, laquelle paraît s’être appelée
Mediolanum. Enfin l'on trouve en très grande abondance
dos pièces de plomb des rois de Numidie, aux mêmes
types exactement que leurs pièces de cuivre 5 et ayant
eu certainement un cours de monnaies. Il est probable
(Il|e parmi les plombs antiques il en est encore un assez
1 1 Kink, De veteris numismatis, potentia et quali taie, p. 34. — 2 Long-
numism. 1861, p. 407, pl. xvm, n» 1 . — 3 JJ. Ibid. p. 407-
tardent, Collect. Giovanni di Demetrio , Egypte ancienne, Domina
j(, P* 333-335. — 4 Longpéricr, L. I. 18GI, p. 253-256 ; 1867, p. 1-8;
1 ^fiucoupi, ftev. numism. 1862, p. 167-170. — o Garrucci, Rev. Numism.
P* ^12-416 ; L. Muller, Nurn. de Varie. Afrique , t. III, p. 19 et 31.
^ °*r Garrucci, Rev. num. 1862, p. 402-425 ; E. Babelon, Traité , t. I, p. 371,
(j, ~~ VII, 106. — 8 Cf. Plut. Lycurg. p. 44. [U. kcihlcr, dans les Mittheil.
y " s’ 1 ^ H» 1882, p. 377 ; A. Engel, Rev. numism. 1885, p. 13, n. 23 ; Babelon,
J^té> L !. P- 374.] — 9 Oeconom. II, 2. — 10 L, c. — ü X, 79. - 12 X, 48.
ongpérier, Rev. num. 1861, p. 412 sq. ; Feuardent, Op. L p. 334 et 336 ; Babc-
grand nombre que l'on devra ranger aussi plus tard dans
la classe de ceux qui onL servi de monnaies6.
D’autres matières ont servi à faire des monnaies fidu¬
ciaires analogues, des espèces d’assignats de confiance
ou de nécessité, émis pour une valeur nominale sans
rapport avec leur valeur réelle de métal. Follux ' men¬
tionne des monnaies de fer chez les Lacédémoniens s
et les habitants de Byzance, et Aristote9 un monnayage
du même genre à Clazomène dans une circonstance
de détresse toute particulière. Aristote10 et Pollux' ‘disent
aussi que Denys, tyran de Syracuse, frappa de 1 étain
pour la circulation commerciale dans ses États, et le
Digeste12 mentionne également des monnaies d’étain,
mais celte fois à titre de fausse monnaie. De très rares
monuments numismaliques de fer ou d’étain ont été pré¬
servés jusqu’à nous, et cela ne doit pas surprendre, à
' cause de la facilité avec laquelle ces deux métaux se
détruisent par l’oxydation dans le sein même de la terre.
En revanche, nous possédons des preuves irréfragables
de l’usage de monnaies de terre émaillée et de verre en
Égypte dès le temps des Lagides et du Haut-Empire13,
usage qui se conserva dans le même pays sous les Byzan¬
tins u, puis sous les Arabes 15. C’est principalement sous
les khalifes Fatimites que l’Égypte vit fabriquer le plus
grand nombre de ces assignats de verre, portant 1 indi¬
cation d’une valeur de monnaie. Les Arabes de Sicile en
firent aussi, à l’imitation de ceux d’Égypte16.
Quant aux monnaies de cuir que Sénèque17 et Isidore
de Séville18 signalent chez les Carthaginois, aux mon¬
naies de bois dont se seraient servis les premiers
Romains, d’après Cédrénus, elles doivent être probable¬
ment reléguées dans le domaine des fables 19, comme la
monnaie romaine de terre cuite mentionnée par Suidas 20.
Il est cependant possible que ces diverses indications se
rapportent encore à des espèces d’assignats momenta¬
nément en usage. On trouve fréquemment à Athènes des
moulages en terre cuite de monnaies d’argent ou d'or de
différentes contrées, qui n’ont pas dû servir de monnaies,
mais de tessères21. Une riche collection de ces singu¬
lières reproductions de monnaies en terre cuite est au
Musée d’Athènes. On peut aussi conjecturer que ces
pseudo-monnaies de terre cuite, moulées sur des espèces
existantes, ont dû avoir une circulation fiduciaire, mais
d’un caractère tout privé, comme celle des billets de
crédit dont la loi autorise dans certains pays l’émission
par des institutions particulières.
4° Procédés de fabrication de monnaies chez les
anciens. — Deux procédés peuvent être employés pour
la fabrication de la, monnaie : couler le métal en fusion
dans des moules composés de deux pièces en pierre ou
en terre cuite [forma, p. 1247]; les énormes dimensions
des pièces de bronze de Rome et de l’Italie primitive
[as] n’eussent pas permis l’emploi d'un autre procédé;
ou frapper entre deux coins de métal gravés une len-
lon, Traité, t, I, p. 377. — 14 Longpérier, L. I. p. 413. — 13 Assemani, Mus. cuf.
Nan. ï° part. p. 121, pl. vm; Adler, Mus. cuf. Bory. Velitr. p. 77, pl. vi, n** 57
sij. ; 01. Gerh. Tychsoo, Introd. ad rem num. Moham. p. 149, pl. ni, «• 38 ;
l)c Sacy, Magasin encyclopéd. t. 111, p. 59 ; Pielraszewsky, Num. Moham.
p. 97 ; Sawaskiewicz, Le génie de l'Orient commenté par les mon. monét.
pl. 96; pl. i, n»s 5-10 ; Froehn, llecens. num. mohamm. Acad. Petrop. p. 621 ;
Mus. Munterianum. part. III, p. 160 ; Edw. Thomas, Numism. chron. 1872,
| p. 199 sq. — 16 Torremuzza, Ant. inscris, di Palermo, p. 410. — 17 De benef.
V, 14. — 13 Orly. XVI, 17. — 19 Voir Eckhel, Docir. num. 1. 1, p. XX. — 20 s, y.
à<T<râ? tsv. — 21 G. Fougères, Mantinêe , p. 530-534; Babelon, Traité, t. I,
| p. 377.
MOX
Hg. ol 10. — Coin
" monétaire.
Fig. 5111. — Coin monétaire de Tibère.
1 '0lr MonScz’ Mém. de l'Acad. des Inscr. nouv. sér. t. IX, p. 202. [Babelon
Traité, t. I,p. 897. - 2 Mongez , Ibid. p. 201. - 3 Ch. Lenormant, Encycl. duxn'
siècle, art. Numismatique ; Babelon et Blancliet, Catal. des bronzes de la Bibl. nat.
p. 730 et s. i fil est au Musée de Sofia, Babelon /Traité, p. 903], — 5 Mongez, Mém de
VAcad. des Inscr. nouv. sér. t. IX, p. 207. [E. Babelon, Traité, 1. 1, p. 905 ; Déchelette,
— 1970 —
hile île métal solide. Pour ce dernier procédé, qui était
e p us généralement usité, les anciens ne possédaient
pas le moyen puissant du balancier qu’ont inventé les
modernes. Ils frappaient leurs monnaies au marteau,
moyen plus lent et plus imparfait qui donnait souvent
teu a des accidents de fabrication, car il fallait plusieurs
coups de marteau successifs pour obtenir le résultat que
Ion atteint maintenant avec un seul
coup de balancier. Sur le denier d’ar¬
gent de T. Carisius dont nous avons
déjà parlé (fig. 5107), représentant les
instruments dont se servaient les mon-
nayeurs romains, on reconnaît le coin-
matrice qui portaiten creux l’empreinte
destinée à être reproduite en relief sur
la monnaie, Y enclume sur laquelle on plaçait les coins
pour les frapper, le marteau , enfin la pince ou tenaille
qui servait à placer la lentille de métal appelée flan entre
les deux coins et à la retenir latéralement, afin qu’elle ne
glissât pas durant les opérations de la frappe. La fabrica¬
tion des monnaies frappées de l’antiquité par le moyen
exclusif du marteau est encore attestée par un passage
de saint Jérôme, dans la vie de saint Paul Her-mite, à
propos d un atelier de faux-monnayeurs dont le saint
trouva les instruments abandonnés dans le désert '.
Le tlan des monnaies antiques, moulé sous la forme
la plus approchée de celle que la pièce devait avoir,
était chauflé au rouge et frappé avec les coins froids 2.
La pince, représentée sur le denier de T. Carisius, servait
à placer entre les deux coins le flan échauffé.
On possède un certain nombre de coins romains, du
i 1 et du nr siècle de notre ère. La plupart sont d’acier
trempé, entourés
d’une espèce de
virole et encas¬
trés dans un man¬
chon de bronze
ou de fer 3. Celui
qu’on voit (fig.
5110), qui pré¬
sente le droit
d une monnaie d Auguste, a été trouvé dans les mines d’un
castrum delaMoesieL Mais il en est aussi qui sont entiè¬
rement en bronze b comme celui que reproduit la figure
al 1 1 à la tète de Tibère 6 ; et la multiplicité extraordinaire
et constante decoinsque tousles savants ont signaléedans
la numismatique grecque, dans une seule émission de
la même ville et de la même année, semble prouver que
les Grecs n’employaient pas la trempe pour leurs coins
monétaires et qu’ils se servaient uniquement d’un métal
doux, qui s’usait avec une grande rapidité dans les opé¬
rations de la frappe. Pour l’époque hellénique, on con¬
naît seulement un coin monétaire de Philippe de Macé¬
doine père d’Alexandre (fig. 5112), et un autre de Béré¬
nice II, qui soient parvenus jusqu a nous \ On a décou¬
vert à la montagne de Corent (Puy-de-Dôme) le coin d’une
monnaie d’or des Arvernes, lequel est en fer doux 8. Or
les Gaulois copiaient dans leur monnayage les procédés
MON
os
des Grecs. Il est facile, du reste i
monnaies grecques et, sur les niée J C°nsUUor sut
Constantin, que leurs coins, soit en ^
soit meme en acier, étaient général^ ! Gn br°n*e
d assez mauvaise qualité, car on voit danTl ^ mélal
meda.lles des inégalités et des soufflnrp° ChamP des
coins »ertainement à des imPerfections des
Ceux-ci, on ne saurait s’y méprendre elles
;nd.ces les plus caractéristiques en donnent
a certitude, ont été, depuis les premi ?
emps du monnayage jusqu’au v° siècle de
ere chrétienne, gravés au louret, par lepro
cede dont usent encore aujourd’hui les La
veurs en pierres fines1» [Gemmae, fig. 3483]
Dans le v* siècle, et peut-être même un peu
avant sous la domination des princes de la
famille de Constantin, les procédés chan¬
gèrent. A partir de ce moment les pièces ont
ete frappées, comme le sonl les monnaies
actuelles, à froid, avec des coins d’acier
ainsi qu’on le reconnaît à la densité et à la dureté du
métal, dont la pureté n’a point été altérée, mais que J
percussion a durci en l’écrouissant. En même temps à h
nature et a l’aspect du travail, on reconnaît que la
gravure au burin a remplacé la gravure au touret
pour la préparation des coins11. Le Cabinet des médailles
de Pans possédé en original une paire de coins des débuts
de cette nouvelle phase de la fabrication monétaire
(fig. 5143); ce sont ceux d’un solidus de l’empereur
■ 5112.
f*ig. o 113. — Coiu monétaire de Constant Ier.
Constant I01' 12. Ils sont en acier, gravés au burin, et réunis
par deux branches en fer à cheval s’ouvrant au moyen
d’une charnière.
Au reste, ce n’est que des monnaies elles-mêmes que
l’on peut tirer des inductions sur les procédés de la
fabrication primitive. Pour les pièces qui offrent d’un
côté un type en relief, et de l’autre un carré creux plus
ou moins profond, on a longtemps supposé que ce carré
représente une partie saillante sur laquelle on fixait
d’abord la lentille de métal pour l’empêcher de glisser
sous le marteau. Un examen plus attentif a fait recon¬
naître que le carré creux est en réalité l’empreinte faite
par le trousseau ou coin mobile, et non point par
clume ou coin dormant. Le type en relief est l’empre
fournie par l’enclume, et c’est pour cela que ce côté dej
la pièce est toujours bombé ; le champ de la matrice elai '
l’en-
re in te
Rev.archéol. 1903, 1, p. 235. J — G Au Cabiuet de France, Babelon et Blanchet, ''X ^
des bronzes, 2398. — 7 Babelon, p. 906-907. Le coin de Philippe est au Min
Sofia. — 3 Peghoux, Monn. des Arvernes, p. 29 et 38 — 9 Mongez, M
l'Acad. des Inscr. nouv. sér. t. IX, p. 204. — 10 Ibid. p. 203 sq. — 11 tbid. P’ -
— 12 Millin, Magasin encycl. juin 1811. [Babelon, Op.cit. I, p. 941 j
MON
— 1971
MON
,iH\ave, ce qui suffisait à assurer la stabilité du fian sous
]C refoulement du trousseau chassé d’aplomb à coups de
marteau et donnant une empreinte concave ou un carré
creux* •
[;l monnaie parvenue à un certain degré de perfection
I sUppose deux coins'malrices> enlre lesquels on fixe le
flan métallique destiné à recevoir les empreintes. Pour
faciliter la gravure des matrices, y poussait-on un poin¬
çon, comme dans les temps modernes, sauf à retoucher
aU muret l’empreinte du poinçon? La multiplicité des
coins dans toutes les émissions antiques rend ceci
très probable, et l’on ne saurait guère expliquer autre¬
ment la rapidité avec laquelle on les exécutait. Mongez2
croit même avoir retrouvé expérimentalement le procédé
précis employé par les anciens. « Deux sculpteurs, dit-il,
ébauchent en même temps, séparément, et finissent en
cire, l’un la tête, l’autre le type du revers : les lettres
sont formées très vite avec des poinçons d’un usage
habituel. On monte ensuite ces deux cires ; puis on coule
de l’argent dans les deux moules réunis, ce qui produit
desmédailles. Tout ce travail peut être terminé en moins
de vingt-quatre heures. Quant à la frappe des monnaies,
' elle pouvait aussi être très prompte, en estampant les
coins, comme je l’ai fait moi-même, c’est-à-dire en pla¬
çant la médaille que l’on peut appeler le prototype, en
la plaçant, dis-je, froide entre les coins de bronze chauffés
au rouge, et en frappant sur tout l’appareil avec un fort
marteau. Ainsi l’on a pu, dans l’espace de trente-six
heures, et fabriquer des moules de médailles, et frapper
des milliers de médailles, en estampant des coins de
bronze, et en monnayant des flans chauffés au rouge. » 1
L’emploi de poinçons mobiles pour les lettres des légendes
monétaires, au moins chez les Romains, est attesté par
les lettres renversées, les transpositions et tous les acci¬
dents de même nature, fréquents dans la numismatique
impériale, surtout aux époques où le monnayage pré¬
sente un caractère particulier de hâte 3.
Dans tous les cas, la monnaie qui porte au droit un
type en relief et au revers un carré creux suppose la
combinaison, non de deux matrices ensemble, mais d’une
matrice et d’un poinçon, surtout à partir du moment où
Ion a tracé des figures, soit en creux, soit en relief, au
fond du carré. A plus forte raison en a-t-il été ainsi pour
la fabrication des pièces incuses, c’est-à-dire de celles
1ui’ montrant d’un côté le type en relief, comme à
j ordinaire, reproduisent le même type en creux sur
autre face [incusi nummi]. C’est par ce procédé qu’a été
exécutée une série considérable de monnaies, qui
témoignent de l’existence d’une combinaison commer¬
ciale, entre les principales villes de la Grande-Grèce,
epuis une époque très reculée jusqu’aux environs
u ' siècle av. J.-C. 4. Pour se rendre exactement
compte de la fabrication de ces pièces, il faut admettre
(’1U 011 obtenait le revers avec le poinçon même qui
|Oait servi à enfoncer la matrice destinée à la frappe
I n |,ut. Quelquefois, pour marquer l’alliance particu-
'm( de deux villes, ou même simplement pour rappro-
( ' 1 ^eux types mythologiques, le creux du revers, quoi-
C( ' 1 “produisant en concavité les masses de la surface
n'( \e, offrait le dessin d’un objet tout différent. Telle
— 3 — 2 Mêm. de V Acad, des Inscr. n. sér. t, IX, p. 208.
^ "*** ’ ®a*je'on> t)p. cit. I, 921. — 4- De Luynes, JVouv. annales de
Ulch. 1. 1, p. 372-447. — 5 Traité, p. 932. — G Mionnet, Descript.
Fig. 5113. — Monnaie de Methvmna.
est une pièce de Tarente (fig. 5114) sur laquelle on voit
d’un côté Apollon Ilyacinthien tenant la lyre et la (leur
de son nom, de l’autre le type ordinaire du héros Taras
monté sur un dauphin. Ces variantes donnent à sup¬
poser qu’après avoir enfoncé le poinçon dans la matrice,
on en soumettait la superficie à un nouveau travail,
destiné à rem¬
placer le pre¬
mier sujet par un
autre. Il va sans
dire, d’ailleurs,
que des flans ser¬
rés ainsi entre
une matrice et un Fig. olli. — Monnaie incuse de Tarenle.
poinçon devaient
se réduire à une feuille plate, et que, pour arriver au
poids légal de la monnaie, il fallait retrouver en étendue
ce qu’on perdait en épaisseur. Lorsque le carré creux
a été remplacé plus tard par un type développé, par
exemple sur la monnaie d’argent de Methymna (fig. 5115)
qui porte au droit un sanglier et au revers la tète
d’Athéna en relief remplissant le carré creux bordé
d’un grénetis, le type n’a pu être produit que par
le trousseau : ici le poinçon carré ne couvrant pas toute
la surface du flan a
projeté à la frappe
des bourrelets tout
autour
Il se rencontre aussi
quelquefois des mon¬
naies incuses par acci¬
dent. Ce sont des
deniers de la Répu¬
blique romaine ou de l’empire sans revers, et avec la tète
se reproduisant en creux du côté opposé à la face en
relief. C’est ce qui arrive encore aujourd’hui sous l’action
du balancier, lorsque l’ouvrier monnayeur a oublié
entre les deux coins une pièce .déjà frappée et sur cette
pièce empile un nouveau flan.
Il a été parlé ailleurs des bracteates qui présentent une
affinité étroite avec les incuses |bracteati1.
Une singularité qui n’est pas non plus sans rapport avec
les pièces incuses est celle que présentent (fig. 511G) les
monnaies d’ar¬
gent frappées à
Populonia, ville
d’Étrurie, dans
le Ve siècle avant
l’ère chrétien¬
ne °. Ces pièces
n’ont pas de re¬
vers, mais la
face postérieure est plane et n offre la trace d’aucune
cavité. Avec le temps, on prit l’habitude d’y placer quel¬
ques caractères, ce qui les rapprocha des monnaies
grecques, sans pourtant qu’une parité complète s’éta¬
blit jamais entre les deux faces de la lentille métallique.
On trouve aussi des pièces à revers lisse, sans type, à
Salamine de Chypre et dans l’ile de Céos 7.
Il y eut encore, dans la fabrication de la monnaie frap¬
pe méd.ant. t. I, p. 101; Suppl, t. I, p. 199-202. — 7 Babelon, Les Perses
Achéménides p. 83: Wrotli, Crete and Aegean islands ( Catal . du Prit. Mus.)
pl. xxi, 21 ; xxii, 7.
Fig. 5 H G. — Monnaie sans revers de Populonia.
MON
— 1 972 —
pée, chez les anciens, d’autres particularités dont il est
souvent assez difficile de s’expliquer complètement la
cause, et qui, dans tous les cas, révèlent un grand per¬
fectionnement de procédés. Les grosses pièces de bronze
qui portent le nom de Ptolémée ont les bords régulièrement
tailles en biseau. D’autres monnaies plus petites, du même
métal, frappées sous la domination des Séleucides, et
un certain nombre de
l ig. 5117. — Monnaie à Lords dentelés.
deniers d’argent ro¬
mains du temps de la
République (fîg. 5117),
se distinguent par leurs
bords découpés en
dents de scie. Tacite 1
semble au premier
abord justifier ceux qui expliquent cet usage par l’in¬
tention d’indiquer que la pièce était complète et
qu on n avait rien soustrait à son poids au moyen de la
Ime- kn eflet, 1 inégalité des bords, pour les lentilles
même les plus parfaites, était une tentation perpétuelle
offerte aux rogneurs de monnaies, tandis qu’un coup de
lime donné sur une dent de scie devait être facilement
\ isible. Mais, d un autre côté, comment disposer en
dents de scie les bords de la pièce, ce qui ne pouvait se
faire qu’après la frappe, sans retrancher du poids de la
lentille métallique, et comment s’assurer d’avance que le
prélèvement serait fait avec une rigoureuse exactitude ?
Bailleurs, si cette explication peut parfaitement se rap¬
porter aux deniers d’argent serrait de la République
romaine, elle est inadmissible pour les nummi serrati des
Séleucides, qui sont tous des monnaies de bronze, des¬
tinées, comme nous lavons déjà dit, à servir d’appoint
it poui lesquelles on n a jamais attaché une grande im¬
portance à la rigoureuse exactitude du poids. Il y a là un
problème dont on ne saurait, dans l’état présent de la
science, rendre une raison bien satisfaisante2.
D autres pièces de bronze, du même pays et du même
âge que ces nummi serrati , et aussi des pièces de la série
égyptienne des Lagides, oflrent sur leurs deux faces, au
centre, une petite cavité circulaire qu’on a expliquée à peu
près de la même manière que les carrés creux , c’est-à-dire
comme le vestige d’un procédé employé pour fixer la
monnaie entre les coins, en l’absence de la virole, au
moyen d une pointe saillante dans la concavité du coin-
matrice, laquelle, au premier coup de marleau, entrait
assez profondément dans le flan soumis à la frappe mo¬
nétaire. Mais cette explicat ion n’est guère vraisemblable,
car ce fragile pivot au centre du coin se fût cassé au pre¬
mier coup de marteau ; on constate souvent qu’il défigure
le type monétaire ou bien qu’il ne se trouve pas dans
1 axe du coin. Cela ne peut s’expliquer techniquement
que par le découpage préalable des flans monétaires à
1 aide d un tour à pivot; la monnaie a tout simplement
conservé, après la frappe, les traces de ce pivot3.]
L expression de monnaies fourrées , dont nous avons
eu déjà 1 occasion de nous servir plusieurs fois dans le
cours de cet article, désigne des pièces qui offrent une
.âme de fer ou de cuivre, quelquefois même de plomb,
l German. 5.-2 [E. Babelon, Traité, t. I, p. 619; H. Willers, Num.
Zeit. de Vienne, t. XXXI, 1899, p. 329. - 3 E. Babelon, Op. cil. p. 942.]
— * Mém. de VAcad. des inscr. n. sér. I. IX, p. 212. [E. Babelon, Op. cil.
p. 033.] Eekhel, ùoetr. num., l. 1, p. ,,1\ : A Lerman, Catal. of roman
coins, I. I, p. xn sq.; Bruçkner, Merkwürdigkeiten der Landschaft Basel,
MON
double d'une feuille d'o,- ou d'argent (■ .
fourrées n étaient pas, comme on l'a „ ,
1 œuvre des faux-monnayeurs ; les ™„! lon«l"»P.s,
faisaient frapper dans leurs"t;iiTrs8:r^ments
calcul economique ou dans des circonstanr, à fau*
santé nécessité. Elles sont, en général . ? 6 pres'
fabriquées, et l’idée seule de leur exérnV " S iabilement
bien les anciens savaient , l0n montre coin-
CAL
es anciens savaient surmonter dédire nT
nelles dans l'industrie monétaire. Au restr'1' ™ ™llé'
remarqué Hougez', la fabrication des monnaie,?"1'
n eta.t possible qu"en frappant à chaud, comme T ,
les Grecs et les Romains. me laisaient
Le procédé du coulage des monnaies n’a été n >
exception, très justifiée pour Vaes grave des Itali^ ^
des Romains, qu’on n’aurait pu frapper cm’avo 1 ^
lanciers les plus puissants et non avec le
connu des anciens ; exception qui peut dénoter ’aus
1 inexpérience ou la précipitation, comme pour certaines
onnaies gauloises, pour le potin impérial de l’atelier
. Alexandri®i et pour une grande partie du billon du
temps de Septime-Sévère et de ses successeurs. On
remarquera que, dans ces deux derniers cas, l’abaisse
ment prodigieux du titre de la monnaie coïncide avec la
neg igence de la fabrication. C’est, à proprement parler
de la fausse monnaie , et c’est pourquoi, à propos des
moules de terre cuite propres à couler des deniers de
billon du temps des princes du moyen Empire, on a
agité la question de savoir si c’étaient des vestiges de
1 art coupable des faux-monnayeurs, ou si le gouver¬
nement lui-même, tout en s’épargnant les frais de fabri¬
cation, n aurait pas voulu imposer aux peuples des !
monnaies d’un titre inférieur à la valeur officiellement
déclarée. Comme cette sorte d’entreprise est une de
celles où les mauvais gouvernements ont cherché avec I
le plus d obstination dans tous les temps un remède à
leurs embarras financiers, on doit s’abstenir de mettre 1
toutes les altérations de monnaies, et parmi elles, la
substitution des espèces coulées aux pièces frappées, sur
le compte des faussaires de profession. L’altération I
et l’on peut même dire la falsification du titre des |
monnaies d’argent, remplacées par du billon ou du |
cuivre saucé, après Septime-Sévère, était un fait officiel
et légal [aureus]; or la substitution ordinaire d’un pro- I
cédé de fonte à celui de la frappe vers le même temps ne I
peut guère en être séparé.
La fabrication grossière et économique de la monnaie I
impériale par le moyen de la fonte a été certainement I
aussi un fait officiel, mais exclusivement propre aux ate- J
liers des provinces. C’est en France, en Angleterre et en
Suisse, en Afrique, en Égypte qu’on a trouvé un grand I
nombre de moules monétaires du mc siècle \ jamais en I
Italie 6; ce qui prouve décidément que ces moules n ap- I
partenaient pas à des faux-monnayeurs. On en a princi- I
paiement rencontré beaucoup dans un certain quartier I
de Lyon 7, où l’on sait qu’il y avait une Monnaie impé I
riale 8. Il a été dressé une liste de tout ce que 1 on 1 011 I
naît de monnaies impériales coulées en Gaule • o ■
tard, au ive siècle, nous voyons la substitution de a I
ir ko pi i95- NuM- 1
p. 282C ; Rev. numism. 1837, p. 176; Numism. journ. 1. 11, P- J _ \|0mmsen, I
chron. t. I, p. ICI. — 6 Eekhel, L. c. ; Rev. numism. J 8 42^ °numim\ I
Gesch. d. rôm. Münzwes. p. 748 ; Babelon, Op. cit. p. 955. o8p fl
1837, p. 105 sq. — «Slrab. IV, 3, 2; voir Boissieu, Inscript, ant. de >J° >
— 9 Rev. num. 1854, p. 107 sq.
MON
— 1973 —
MON
nte à la frappe interdite par des lois de 326 ap. J.-C. ',
d°e 356 3 et de 371 3.
pour en revenir à la monnaie frappée, la monnaie nor-
le et habituelle des Grecs et des Romains, il est bon
de reinarquer que l’infériorité de l’art monétaire moderne
comparé à celui de l’antiquité, ne tient qu’à la différence
des procédés employés *. On cherche avant tout, dans la
monnaie moderne, que le flan qui reçoit les empreintes
constitue un disque d’une régularité parfaite, aplati éga¬
lement sur toutes les parties de ses deux faces, de telle
manière que les pièces puissent facilement se réunir et
se conserver en piles. C’est, en effet, une grande com¬
modité pour la conservation de l’argent et une sérieuse
> garantie contre des soustractions, car il suffit d’un
coup d’œil pour s’assurer qu’une pile de monnaies n’a pas
diminué de hauteur, sans qu’il soit nécessaire décompter
pièce à pièce ou de recourir à la balance. En outre le
numéraire moderne, avec ses bords mathématiquement
réguliers et son épaisseur partout égale, ne permet pas
de diminuer le poids du métal par le limage, opération
qui s’exécutait avec la plus grande facilité sur les mon¬
naies antiques et dont il n’était possible de s’apercevoir
qu’en pesant les pièces. Il y a donc eu des raisons déci¬
sives et de véritable utilité pour adopter et conserver
cette forme dans le numéraire destiné à la circulation,
bien quelle soit fort défavorable à l’art, en obligeant le
graveur à donner aux types un relief trop affaibli. Tout
autre est l’aspect des monnaies antiques avec leur belle
forme lenticulaire renflée au centre et amincie aux bords.
La saillie du flan ajoute à la valeur de la partie centrale
du type, sur laquelle le graveur a voulu appeler avant
tout le regard, tandis que le champ va graduellement en
s’effaçant vers les extrémités et n’a plus ainsi cette im¬
portance, qui dans nos médailles modernes «écrase le
type. C’est surtout dans les têtes décorant le côté prin¬
cipal des monnaies que la supériorité de la forme len¬
ticulaire est frappante; on y gagne une variété dans les
plans, une fermeté et une puissance dans le modelé, une
finesse dans les contours, fuyants et arrêtés tout à la
fois comme les donne la nature, que l’on ne parviendrait
pas a atteindre avec le système moderne ; le type moné¬
taire arrive à égaler les plus belles œuvres de la sculp¬
ture. La monnaie antique était frappée au marteau;
les monnaies et les médailles modernes ont été frappées
pai des moyens mécaniques d’une grande puissance,
J abord avec le balancier, puis de nos jours avec le bélier
hydraulique. L’emploi de ces machines a produit une
économie importante et une augmentation considérable
e l ‘ipidité dans la fabrication; mais l’art y a perdu.
-1 marteau, frappant moins rudement que le balancier
011 ‘1‘ lJ(9ier hydraulique, n’écrasait pas le flan de la
m' ine manière et permettait ainsi d’éviter la dureté et la
j51 clmi esse de contours, qui est inconnue à la numisma-
Hlu< de 1 antiquité. Le marteau, manié par un ouvrier
1,1 " o, était d’ailleurs un instrument aussi obéissant à la
r|.' nll‘ fIue le ciseau du sculpteur : le monétaire pouvait
y1 ^a force de son coup comme il l’entendait, de
111 Ie a faire porter inégalement la principale vigueur
23, i'"’1 T0e°d. IX, 21, 3 ; Cod. Justin. IX, 21, 2.— 2 Cod. Theod. IX,
Arta t XVU *' — 4 Voir F. Lenormant, Gazette des Beaux-
p, 3 ' ’ PÉ 257-200. — 6 F. Lenormant, La monnaie dans l'ant. t, II,
nnt.t | Monnaies de la ville de Philippes : Mionnel, Descript. de méd
dei'Àth- P ^ Ct 480 J SuPPL L nl’ P- 100 et 101 ] p- Lambros, Bull, archéol.
franÇais, 1855, p. 10. — 7 Voir Waddinglon, Mélanges de num.
de la frappe sur les différents points de la surface du
flan et à donner plus de saillie et plus de valeur à cer¬
taines parties du type.
5° Nature du droit de monnayage dans V antiquité r>.
— Dans l’antiquité comme dans les temps modernes, le
droit de battre monnaie était généralement un attribut
exclusif de la souveraineté. Chez les Grecs, avant l’époque
d’Alexandre, ce principe ne soutire aucune dérogation.
Là où la constitution était républicaine, on lit sur la mon¬
naie le nom du peuple ou de la ville par l’autorité de qui
elle était frappée, accompagné quelquefois, dans cer¬
taines cités, du nom ou du symbole du magistrat préposé
au monnayage, qui ajoutait ainsi sa garantie person¬
nelle de fonctionnaire à la garantie officielle de l’État. Là
où la constitution était monarchique, comme en Macé¬
doine, le nom royal estinscrit sur les monumenlsnumis-
matiques, et dans les territoires soumis à l’autorité du
souverain nous ne rencontrons aucune pièce portant le
nom d’une ville. Seul parmi les rois grecs de cette période,
Philippe de Macédoine, parmi les nombreux privilèges
qu’il accorda, pour la faire rapidement prospérer, à la
ville fondée par lui sous son propre nom au pied du
mont Pangée, comprit le droit d’émission monétaire
autonome0, tandis qu’il l’enlevait à toutes les villes grec¬
ques, jusqu’alors indépendantes, qu’il conquérait succes¬
sivement le long des côtes de ses États.
A la même époque cependant, dans le vaste empire des
rois de Perse, dont la constitution sur un grand nombre
de points avait quelque chose de féodal, le droit de
monnayage avait un autre caractère7. Les savants qui
jusqu’à ces derniers temps avaient admis que dans l’em¬
pire des Achéménides le droit monétaire appartenait au
seul souverain, avaient été conduits à cette conclusion par
une interprétation exagérée du passage d’Hérodote 8
relatif à Aryandès, satrape d’Égypte sous Darius Ier. Il
n’y est pas dit, en effet, qu’Aryandès fut puni par le
Grand Roi pour avoir battu monnaie, mais que la jalousie
de Darius ayant été excitée contre ce satrape parce qu’il
frappait une monnaie d’argent meilleure que la sienne,
il prétexta d’un projet de révolte pour le faire périr.
Dans les États du Grand Roi, le droit de monnayage
était essentiellement un droit municipal, un droit propre
à chaque cité, quelque petite qu’elle fût, et par consé¬
quent les monnaies frappées dans chaque ville étaient
marquées de types particuliers, et signées du nom d’un
magistrat responsable. Il est facile de nommer des
villes importantes qui ont fait frapper des monnaies
autonomes pendant une longue suite d’années, sans
s’être jamais soustraites au joug persan 9. Il suffira de
citer Tarse, Sidé, Aspendus et les villes lyciennes, dont
la numismatique continue sans interruption depuis le
commencement du ve siècle, jusqu’à la chute de la mo¬
narchie persane 10. Si la ville ou la province étaient
soumises au pouvoir d’un seul homme, alors les mon¬
naies devaient porter son nom, puisqu’elles étaient
émises sous sa responsabilité.
Non seulement les villes émettaient des monnaies à
côté du monnayage officiel et général de l’Empire, dont
t. I, p. 3 sq. ; Brandis, Bas Miinz- Mass- und Gewiclitswesen in Yorderasien 219-
213. [E. Babelon, Perses Achém. Introd. p. XXL] — 8 [V, 166. - 9 Voir les des¬
criptions de médailles qui terminent l'ouvrage de Brandis. — 10 Sur ces dernières
monnaies, voir Fellows, Coins of ancient Lijcia , Londres, 1855 ; Hill, Catal. of
the greek coins of Lycia, Pampliilia and Pisidia in the British Muséum Lond
1897.
248
MON
— 1974 —
MON
les pièces, émises au nom et sous la garantie du gouver¬
nement royal, portaient la figure du souverain; mais
aussi les satrapes, soit héréditaires, soit nommés direc¬
tement par le pouvoir, bien que lieutenants immédiats
du roi, en frappaient, les signaient de leur nom, pla¬
çaient même leur effigie1.. Pharnabaze a laissé des mon¬
naies frappées dans deux portions très différentes de
l'Asie Mineure : à Lampsaque d’abord, ou plutôt à
Cyzique, villes situées dans sa satrapie; ensuite à Tarse,
où il fut envoyé pour organiser la flotte perse et conférer
avec Conon en 398 avant notre ère 2. L’exemple de
Pharnabaze est important, parce que pendant sa longue
carrière ce satrape garda une fidélité inébranlable envers
son souverain, et ne fuL jamais en révolte, ni ouverte ni
secrète contre lui. Nous avons aussi des monnaies au nom
de Tiribaze, et des pièces frappées par Datame, partie à
Sinope 3 et partie à Tarse *. Les dynastes héréditaires de
Carie, depuis Hécatomnus jusqu’à Othontopatès, ont tous
battu monnaie, et il en est de même des dynastes des villes
de la Phénicie et de Cypre, ainsi que de beaucoup d’autres
princes du même genre \ Il est même parvenu jusqu’à
nous un exemplaire des pièces frappées au nom du grand
Thémistocle dans la
ville de Magnésie, dont
le domaine utile lui
avait été concédé par
Artaxerxe, lorsque,
proscrit par les Athé¬
niens, il s’était réfugié
à sa cour fi.
Après qu’Alexandre
eut fondé son empire sur les débris de la monarchie des
Perses, une combinaison s’établit danslemonnayage entre
le principe du droit exclusif delà souveraineté et le prin¬
cipe du droit municipal. "Sous le fils de Philippe 1 et sous
ses successeurs, rois de Thrace 8, de Macédoine, d’Égypte 9
et de Syrie, toute la monnaie frappée dans l’étendue d’un
État monarchique porta les types et le nom du roi, mais
en même temps les autorités municipales des différentes
villes où les pièces monétaires étaient fabriquées y don¬
naient une garantie particulière en marquant dans le
champ le symbole ou le nom de la ville. Ce n’était pas
une simple marque de l’atelier de fabrication, comme
on en inscrivit sur les monnaies impériales romaines à
dater du règne de Dioclétien et comme on en trouve sur
les monnaies de tous les peuples modernes; il y avait là
l'indication d’une part positive prise par la ville et ses
autorités dans l’émission des espèces monnayées. En
effet, dans cet état de choses, plusieurs villes soumises
au même roi pouvaient, avec une autonomie presque
complète, conclure entre elles des conventions moné¬
taires et commerciales, qui s’indiquaient par la réunion
des symboles de ces villes sur les monnaies au nom
royal. Quels étaient au juste lanature et l’objet de ces con¬
ventions, de ces alliances de villes soumises à une même
autorité, c’est ce que l’état de la science ne permet pas
l Voir Brandis, p. 23G. [E. Babclon, L. c.] — 2 De Luynes, Numism .,
des satrap. p. 4-10. [Babelon, Op. cit. Introd. p. xxxiv.] — 3 Waddington, Mélanges
de numism. t. I, p. 82. — '* Ibid. p. 65-70; Babelon, L. c. — 8 Waddinglon,
Op. cit. p. xxi sq. — 6 Thucyd. I, 138; Plut. Them. 29; Alhen, I, p. 29. [Babelon,
Op. cit. p. 55. J — 7 Voir Miiller, Numism. d' Alexandre le Grand , Copenhague,
1855. — 8 ld. Die Alünzen der Thracischen Kônigs Lysimachus, Copenh., 1856.
_ y Fr. Lenormant, Essai sur le classement des monn . d’argent des Lagides,
Blois, 1855. — 10 Autonomes grecques de Tyr ; Mionnet, t. V, p. 409-427 ; Suppl.
Fig. 5118. — Monnaie de Thémistocle
à Magnésie.
de dire, mais l’existence ne saurait en être
En même temps la fabrication de monnaie’ C°nlestée’ '
autonomes continuait dans toutes les villes ^ PUrement
conservé leur liberté et leur indépendance de'!!' aVai®nt.
ment. Les rois accordaient même ce droit ,lS°''Verne'
des cités soumises à leur domination qu’ils vo'T'-d
favoriser d’une manière toute particulière Ain^V?1
Sidon 11 et Tarse 12 battirent une monnaie auto nome n'!’
dant toute la durée delà domination des Séleucides F
Macédoine, Cassandre lorsqu’il fonda la ville d’ITn
lis13 et Antipater, fils de ce prince, quand il bâtit Eurv l
dicée u, leur concédèrent un semblable privilège Ou-inî
à l’Asie Mineure, la politique habile des rois de Per i
game, qui consistait à flatter la vanité des villes
soumises a leur sceptre en leur laissant les apparences!
de la liberté et de Tindépendance dans la forme exté¬
rieure, fit que la plupart des villes de cette contrée
usant de leur antique droit municipal, possédèrent un
monnayage autonome tant que régnèrent les descendants
de Philétère, tout comme elles l’avaient possédé sous la
suzeraineté des rois de la race de Cyrus. La plupart des
beaux tétradrachmes d’argentdes villes de l’Asie Mineure
doivent être attribués au temps de la domination des
rois de Pergame. Il semble, du reste, qu’Alexandre et ses
premiers successeurs avaient déjà traité ces cités d’une
manière exceptionnelle et leur avaient permis, dans une
certaine mesure, un monnayage autonome15.
Arrive la conquête des Romains. Ceux-ci, sous la
République, accordent par des concessions spéciales à
un certain nombre de villes, dans les provinces qu’ils
acquièrent par la force des armes ou qui se donnent
spontanément à eux, le droit de monnayage en leur per¬
mettant une assez grande latitude d’autonomie munici¬
pale. Le «plus souvent cette permission ne s’applique
qu’au monnayage du bronze et le gouvernement romain
se réserve le droit exclusif de frapper la monnaie d or et
d’argent qui circulera dans tous les États de la Répu¬
blique. Cependant quelques cités, particulièrement favo¬
risées à cause de leur gloire et de leur importance, con¬
servent encore le droit d’émettre de la monnaie d argent.
Ainsi, pour ne citer qu’un petit nombre d exemples,
Athènes16, Tyr et Sidon continuent sous la suzeraineté
des Romains à frapper leurs tétradrachmes. Le ‘hoit
monétaire, s’étendant alors jusqu’à 1 argent, est aussil
concédé à quelques provinces, où, au-dessous du pi°
consul, on a permis l’existence d’un gouvernement un i
gène et local commun à toute la province sous le nom de
ffdvoSoç, xotvbv ou convenais [koinon]. La monnaie pur ;o
alors, soitun type uniforme dans quelque ville qu 1 * ^
frappée, soit le nom du peuple de la province (hg- 1 y''
C’est de cette manière que la province d Asie ( 0l'll'l|'
émettre après sa soumission aux Romains les me ai oi n
d’argent cistophores [cistophori] qu’elle avait comme J
à frapper sous l’autorité des rois de Pergame, e ï
Macédoine voit fabriquer sous le régime des proeo ^
entre la défaite de* Philippe Andriscus et <>\
... , I v d 367-380 ; Sitpp1'
p. 29G-303. — n Autonomes de Sidon : Mionne , . > ■ ^ L„ynes,
p. 263-271. — 12 Autonomes de Tarse sous les ( i 305;]
?s satrap. p. 59-61. — « Monnaies d'Uranopolis : ’ m, p. 78.
111 p 174. — 44 Monnaies d’Eurydicée : Mionne , • __ )6 Mom-
ôir Brandis, Üas Mùnz- Mass- und Gewichtswesen p. - ^ cessa lors
». I. p. G92) pense que l'émission des tétradrac une maintint
se de la ville par Sylla. On peut cependant conjecturer qu elle
Auguste.
MON
— 1975 —
MON
d'Auguste, les nombreuses pièces de bronze et les rares
pièces d’argent à la légende MAKEAONON dont quel¬
ques-unes portent les noms des questeurs romains*.
Il y a même plus. Quelquefois le gouvernement do
Rome, en vertu de circonstances locales et particulière¬
ment pour tirer profit des produits de mines en les
faisant monnayer sur place et répandre dans le commerce
sous forme d’espèces circulantes, le gouvernement de
Rome parait avoir non seulement permis, mais prescrit
à des peuples soumis, jouissant encore, du reste, d’une
demi-autonomie, le monnayage de l’argent sur une grande
échelle. Ainsi, tandis que les Carthaginois avaient inter¬
dit à l’Espagne la fabrication d’une monnaie d’argent
locale pendant tout le temps qu’y dura leur suprématie,
les Romains favorisèrent et développèrent celte fabrica¬
tion sur le pied du denier de 84 à la livre [denarius] dans
presque toutes les cités espagnoles, depuis la première
conquête jusqu’au temps de la guerre de Numance,
époque où la concession du droit monétaire paraît avoir
été uniformément révoquée pour la province entière 2
[argentum oscense]. De même, dans la Macédoine divisée
en quatre confédérations sous l’autorité romaine, de la
bataille de Pydna (168 av. J.-C.) à la révolte d’Andriscus
(146 av. J.-C.), quand le Sénat eut ordonné, en 596 de
Rome (158 av. J.-C.j, de rouvrir les mines d’argent de
celle contrée 3, on accorda à la province dans laquelle
les mines étaient situées le privilège d’émettre des pièces
d’argent; on l’y invita même de telle façon que cette pro¬
vince fabriqua des tétradrachmes dans une proportion
tout à fait extraordinaire pour le peu de temps, huit ans
seulement, qu’elle y fut admise4.
On peut dire, du reste, qu’à part quelques bien rares
exceptions, la concession du droit monétaire n’avait lieu
que pour les peuples et les cités qualifiés d’ « alliés »,
cesl-à-dire libres de droit, s’ils étaient soumis de fait, et
par conséquent possédant chez eux une souveraineté
nominale, qu’on rendait, du reste, illusoire dans la
[réalité. C est à ce titre que la ligue macédonienne, celle
des villes de la province d’Asie ou celle des cités espa¬
gnoles jusqu’à la guerre de Numance, que des cités
comme Syracuse, Marseille, Nemausus, Dyrrhachium,
Apollon! e d Illyrie, ALhènes et Rhodes, battaient mon¬
naie, et cela, semble-t-il même, par suite du droit de
[ leur position légale, plutôt qu’en vertu d’une autorisation
I particulière. A plus forte raison en était-il de même des
l.fiU qui gardaient a leur tète des rois vassaux de Rome ;
| ceux-ci jouissaient de la plénitude du droit monétaire
| Pour l’argent et le bronze, comme nous l’attestent les
S(’nes des cl‘efs gaulois entre César et Auguste, et celles
mis de Numidie, de Mauritanie et de Cappadoce.
I 1 ms jamais le droit de monnayage ainsi conservé par
1 s peuples, les cités ou les princes soumis à Rome ne
pai.iit s être étendu jusqu’à l’or. La République se réser-
1 Al lusivement la fabrication de la monnaie de ce
! Ja,'lal, sans la permettre^ ses vassaux. Si des pièces d’or
1,1 omises dans les provinces, ce fut par des généraux
I Sïj|'mées.r0rnairies, comme T. Quinctius Flamininus ou
[ ' d> agissant au nom de la souveraineté de Rome s.
“V- !’ P- 452434; SuPPL *• "h P- 1-5- -2 De Sa.ilcy, Monn.
.auto„0, es , lEsPa,Jne' P- 12 ; Mommsen, p. 669 sq. ; Pclgado, Medullas
*. -«***■*, 1. III, pl. clvii, 1; Babelon, Traité , t. I, p. 558. — 3 Cas-
aunism v~ 4 E>octr- vel- t- U, P- 63; Borghesi, Osserv.
Ulmi ’ XVI> *-4; Mommsen, p. 691. - 6 M. p. 089. - 6 Boulé, liev.
863’ P- 1 76-179. [B. Hcad, Attica ( Catal . du Brit. Mus.) Introd.
Quand Mithridate s’empara momentanément d’Athènes,
soumise de fait aux Romains depuis soixante ans, mais
jouissant encore d’une liberté nominale qui se marquait
par la continuation de la frappe de ses tétradrachmes
d’argent, il fit aussitôt monnayer dans cette ville, comme
pour proclamer d’une manière éclatante la rupture des
liens avec Rome, un statère d’or aux types d’Athènes,
sur lequel son nom figurait à côté de celui de la cité ®.
C’est seulement à l’époque des guerres civiles que nous
constatons deux uniques exceptions, deux concessions
de monnayage d’or à des princes vassaux de Rome, et
elles sont une des expressions les plus significatives
du désordre de ces temps. Peu avant la bataille de
Philippes (42 av. J.-C.), Brutus, pour récompenser Coson,
prince de Thrace, d’avoir ouvert ses trésors au parti répu¬
blicain et ainsi causé sa propre perte, lui accorda l’au¬
torisation de frapper des monnaies d’or, sur lesquelles
on lit son nom écrit en entier en lettres grecques, à côté
du monogramme en caractères latins indiquant le nom
du général romain 1 . Un peu plus tard, Marc-Antoine
permit à Amyntas, roi de Galatie, de frapper dans l’atelier
de Sidé de Pamphylie des tétradrachmes d’argent8.
Sous l’Empire romain, tandis que dans les provinces
de l’Occident le gouvernement impérial se réservait le
monopole de la fabrication de la monnaie, dans les pro¬
vinces helléniques' et occidentales il n’y eut pour ainsi
dire pas une ville de quelque importance, même fort
secondaire, qui ne jouit de la permission d’émettre des
pièces monétaires à son nom. Seulement, beaucoup plus
encore que sous la République, cette permission fut res¬
treinte au monnayage du bronze. Quelques cités de
premier ordre, comme Alexandrie d’Égypte \ Antioche
de Syrie10, Césarée de Cappadoce", Ephèse et Tarse *2,
eurent seules le privilège de frapper de l’argent, mais
cela à la condition formelle de l’émettre au nom et à la
tète de l’empereur régnant. Le conventus de la province
d’Asie jouit aussi du même droit depuis Auguste jusqu’à
Hadrien, et fabriqua, sans y mettre du reste aucune
marque d’autonomie, des médaillons d’argent, d’un
poids différent de celui des monnaies du même métal qui
circulaient dans le reste de l’Empire, médaillons qui
forment comme la continuation de la série des cisto-
phores *3. Mais ce sont là, dansla réalité, moins des mon¬
naies à demi autonomes que des monnaies directement
impériales, destinées à la circulation d’une province
déterminée, d’après un étalon local. Aussi les pièces
d Alexandrie, par exemple, n’ont-elles aucunement le
nom de la cité ou de la province d’Égypte. Quant aux
villes qui étaient admises à monnayer le bronze en leur
propre nom, pour que cette concession d’autonomie ne fût
pas trop étendue et trop significative et pour marquer
manifestement leur sujétion à l’autorité impériale, on
leur imposa presque à toutes de ne fabriquer leurs mon¬
naies qu’en y mettant sur la face principale l’effigie et le
nom du souverain ou d’un membre de sa famille et le
nom de la ville seulement au revers. Bien peu de cités
durent, comme Athènes, au prestige qui s’attachait à
leur nom une apparence d’autonomie plus complète et
' r- - > .uwuiiiiacii, p. O'Jd. - o I
LrS’nr> * f P- 253 Sq’ 1 Mo“- P- 709. [B- Head, B Ut. nu,
P.587; U.U, Lycxa, Pamphyha, Pisidia (Catal. du Brit. Mas.) Introd. p. LXxx„
~ 7r MD0m™sen’ '■ 723.-10 Ibid. p. 715. — Il Jhid. p 7U. _ „ ^
~ 13 ;°,rPmder’ Ueber rf'e Cûtophoren und Mer die kaiserlichen Silbermedâi
Ions der rom. Provins Asia, Berlin, 1856.
MON
1976 —
MON
le privilège d’émettre, en plein temps de l’Empire, un
monnayage purement autonome, ne portant que leur
nom et leurs types, sans mention du prince qui régnait
à Rome et qui les tenait réellement dans sa main.
A mesure que l’on avance dans la durée de l’Empire,
on voit le privilège monétaire des villes grecques dimi¬
nuer, devenir illusoire et purement honorifique, se res¬
treindre aux occasions de la célébration de ces jeux
solennels qui tenaient une si grande place dans la vie
du monde hellénique, sous la domination romaine. Sous
Aurélien enfin, la fabrication de cette série que les
numismates désignent sous le nom d’ « impériales
grecques » cesse complètement *. Sans qu’aucun écri¬
vain de l’antiquité mentionne ce fait, nous voyons par
les monuments monétaires eux-mêmes, qu’à ce moment
toutes les permissions de monnayage accordées à des
cités cessèrent et qu’il n’y eut plus dès lors dans tout
l’Empire que la monnaie officielle et uniforme, frappée
par le gouvernement et sous sa garantie, au nom et à l’effi¬
gie de l'empereur. Ce fut là un des points principaux
des réformes monétaires dont Aurélien s’occupa spécia¬
lement [aureus]. Alexandrie seule garda quelque temps
encore sa fabrication monétaire distincte, qui lui fut
définitivement enlevée à la fin du règne de Dioclétien 2.
En même temps que les villes grecques auxquelles
on accordait une sorte de liberté nominale, les colo¬
nies romaines, au début du temps des empereurs,
reçurent presque toutes le droit démettre, sous la
garantie de leurs magistrats municipaux, des monnaies
de cuivre du même système que la monnaie générale de
l’Empire, avec la tète et le nom du souverain, et au
revers le nom de la colonie 3. C’était une dérogation
absolue aux anciens principes. Sous la République, la
règle invariable du droit public en matière monétaire
avait été celle-ci. Les colonies de citoyens et les villes
dont les habitants avaient été admis au droit de cité
complet, se trouvant complètement absorbées dans le
peuple romain, n’avaient plus aucun droit de souve¬
raineté locale ", par suite, elles ne battaient pas monnaie
et faisaient usage des espèces officielles du gouverne¬
ment romain 4. Les colonies de droit latin, placées sur
le même pied que les villes alliées, jouissaient, en
revanche, du droit monétaire, sous le contrôle de l’auto¬
rité suzeraine de Rome. M. Mommsen a établi d’une
manière décisive 5 que, jusqu’en 486 de Rome (268 av.
1.-C.), c’est-à-dire jusqu’au moment où commença le
monnayage de l’argent dans la cité reine, le droit
monétaire des colonies latines fut sans restriction,
s’appliquant à l’argent comme au bronze. Mais à dater
de 486 on le restreignit, pour assurer un cours plus
étendu à la monnaie d’argent de Rome même fi. Le
monnayage de l argent fut interdit à toutes les colonies,
comme aux cités alliées. Peu après, vers 490 (264 av. J .-C.),
Rome se réserva d’une manière exclusive la fabrication
des monnaies pour toute 1 Italie centrale. En même
temps, le système de l’as fut imposé aux portions du
midi de la Péninsule qui avaient eu jusque-là de la
monnaie d’argent et employé d’autres systèmes moné-
i Eckliel, t. IV, p. 500; t. VII, p. 475; Mommsen, p. 728; F. Lcnor-
mant, Organ. de la monn. dans L'ant. p. 25. — 2 Eutrop. IX, 23 : voir Eckhel,
t. VIII, p. 41 ; Mommsen, p. 728 ; Feuardent, Collect. Giovanni di Demetrio,
Eyyple ancienne, Domination romaine, p. 285 sq. ; G. Daltari, Numi Augg.
Alexandrini catalogo, p. 398. — 3 Voir Vaillant, Numismata aerea impera-
torum in coloniis percussa, Faris, 1695 ; Eckliel, t. IV p. 404-501. — '* Mom-
taires. Enfin, l’on enjoignit aux alliés qui cons... •
encore un certain droit de monnayage et aux
latines qui fabriquaient encore des espèces 'VT* J
comme Bénévent, Æsernia., Brundisium, Copia 1
et Pæstum, de donner à leurs monnaies un poids i'T
rieur à celles de Rome ; ainsi, l’on frappa dans ces\üu'
des as semonciaux un siècle avant qu’à Rome l’as ’ '■*
cessé d’avoir le poids d’une once. Plus tard encore Tl
interdit l’émission des as dans les colonies latines et 1
ne permit plus d’y frapper que des petites monnaies 1
divisionnaires. Cet état de choses dura jusqu’à la Guerre
sociale et aux lois Julia et Plautia-Papiria (90 et HO
av. J.-C.), qui admirent tous les Italiens au droit de cité
romaine. La conséquence de ces lois fut de supprimer
définitivement tout monnayage local en Italie et d’y
substituer l’emploi exclusif des espèces de Rome, en
vertu du principe de droit public que nous signalions
tout à l’heure. C’est ainsi qu’avec la fin de la Guerre
sociale s’était terminé tout monnayage des colonies
aussi bien que des villes alliées d’Italie. Et quant aux
colonies situées en dehors du territoire italien, comme
elles avaient été fondées seulement' à l’époque de la plus
grande restriction du droit monétaire des colonies
latines de l’Italie même, et comme, d’ailleurs, elles étaient
pour la plupart colonies de citoyens, elles n’avaient
jamais eu de monnayage avant l’époque impériale.
Le changement d’usages et de principes est absolu sous
Auguste. Des colonies dont les habitants jouissaient de
la plénitude des droits de citoyens, comme Corinthe et
Sinope, des municipes, comme Gadès, battent monnaie.!
Déjà, vers l’époque du triumvirat, les nouvelles colonies
de droit latin fondées en Gaule, Nemausus \ Cabellio 8,
Lugdunum 9, avaient été momentanément admises à la
plénitude du droit monétaire pour l’argent et pour le
cuivre. Sous Auguste, le monnayage est général dans
toutes les colonies, mais seulement pour le cuivre ; celles
de l’Italie sont cependant exceptées de la règle et ne
fabriquent pas de monnaies, sauf Pæstum, investie! à ce
sujet d’un privilège spécial par l’autorité du Sénat,
ce qu’elle relate en inscrivant sur ses pièces PAE[sb]
S ignatum Senatus C onsulto ou De S enatus S entendu
Le droit nouveau de monnayage des colonies exlraj
italiennes à partir d’Auguste n’était plus, comme ce ui
des colonies latines d’autrefois, 1 apanage dune soine
raineté restreinte, c’était une concession, un Pr'" 8
spécialement accordé par le souverain. Aussi bon nom
bre de monnaies coloniales mentionnent-elles 1 autoris.
tion particulière en vertu de laquelle la fabi ication < ‘
lieu Sous Auguste, l’autorisation devait être déniant J
à l’empereur lui-même, LanL pour les piounces J
riales que pour les provinces soumises à a J»1' _
du Sénat, d’où les légendes telles que : '■ ‘ J
CAESARIS AVG usti, et, sur une ‘ ' ’
INDULGENT! AE AVG usti MONETA IMPETRAT • ■ , J
cession alors était accordée une fois pour tou . . ^
pour cela qu’on lil tERMissu D‘VI Æ de Tibère,
pièces coloniales espagnoles portant b . m]velleS aux
Sous celui-ci, les autorisations monétaires
msen, p. 331 sq. - 5 Ici. p. 308-317. - « M-P; ■ _
IVumism. de la Gaule Narbonnaise , p. 133. _ ^ Eckhel, t- h P- ^
_ i La Saussay®,
__ a Eckliel, t- V’
p. 38; Bompois, Rev. numism. 1868, p. 77 sq. p. 338. [üarn'MOJ
p. 144; Cavedoni, Bull. arch. Napol. L ». P- 118 > 497; Mommsen
Le monde delV Italia antica, p. 179. J - » Eckhel, t. 1 , I
). 727.
MON
— 1 077 —
MON
i(lg liaient accordées par le gouverneur de chaque
f" " ince pour le temps de son gouvernement, d’où les
'"r'iulcs comme PERM/ssu PROCOn-SwG's, et devaient
*tg( '.onnuvelées par son successeur. Plus tard, ces per-
Usions ne sont plus guère mentionnées; « d semble,
"'nrirque M. Mommsen, que, depuis qu’elles n’étaient
,|iie temporaires et du ressort du gouverneur, elles
'o confondirent petit à petit avec la surveillance générale
^ j(, c0ntrôle supérieur que les gouverneurs avaient tou-
. exercés sur le monnayage des villes et des États
nominalement libres sous la suzeraineté de Rome ».
Ce n’est que sur les monnaies de Corinthe du temps de
Domitien qu’on lit encore PERMmw IMP eratoris, parce
la viiie reçut de nouveau de Domitien le droit de
monnayage que Vespasien lui avait enlevé
\près Auguste, la fabrication des monnaies, dont il
avait si largement octroyé la permission aux colonies,
cesse dans celles du midi de la Gaule, comme Nemausus
et Vienne, en Sicile et en Afrique, à l’exception de la
seule ville de Babba, qui frappa la monnaie coloniale
jusque sous Galba 2. Les émissions des colonies de
l’Espagne ne dépassent pas le règne de Caligula. Lugdu-
num, après avoir frappé au commencement du règne
d’Auguste des monnaies de cuivre avec son nom de
COPIA \ voit sortir de ses ateliers, jusqu’à l’avènement
de Néron, les bronzes de tout module, au revers de
l’autel de Rome et d’Auguste *, où la ville n’est plus
mentionnée, monnaies qui semblent plutôt provinciales
que coloniales. Elles durent en effet être émises pour
circuler dans presque toute la Gaule, bien que les nom¬
breuses contremarques, qui s’y voient apposées et sont
les mêmes que sur les coloniales de Nemausus 3, prou¬
vent qu’elles n’avaient pas le caractère de monnaie
impériale à cours forcé [incusa signa]. En Orient, le droit
monétaire accordé aux colonies se prolonge autant que
le même droit accordé aux villes grecques et cesse de
même au règne d’Aurélien.
11 nous reste, pour terminer cette étude sur le droit
monétaire dans l’antiquité, à porter maintenant nos
regards sur la série romaine proprement dite. Là, nous
allons trouver le droit de monnayage constamment
attribué, sous la République et sous l’Empire, à la sou¬
veraineté. Pendant toute la durée des temps républi¬
cains, c’est au nom de l’État et sous sa garantie officielle
que sont battues les monnaies. Les plus anciennes ne
portent que des types religieux assez uniformes et le
nom de la ville, ROMA. Plus tard, on permet aux magis¬
trats monétaires d’inscrire leurs noms sur les espèces
métalliques, comme dans les villes grecques, et de
joindre ainsi leur garantie personnelle à la garantie de
1 État. Et quand la monnaie a été frappée, dans des cir¬
constances exceptionnelles, par d’autres que les magis¬
trats ordinairement et régulièrement chargés de ce soin,
par d’autres que les triumvirs monétaires, on a toujours
'a précaution d’indiquer l’origine de la dérogation aux
habitudes, en vertu d’un décret du Sénat 6 [monetarii].
^vec la corruption du gouvernement républicain, une
Nouvelle licence est accordée aux monétaires 1 : c’est de
'arier à l’infini les types, en faisant retracer sur la mon¬
naie des sujets relatifs à l’histoire ou à la dévotion pai li-
culière de leurs familles et d’y introduire 1 effigie des
hommes illustres de ces familles. Malgré cette licence,
c’est toujours à l’État qu’appartient le droit monétaire .
Le signe caractéristique depuis Alexandre de la posses¬
sion du monnayage par un seul homme, le droit dy
faire représenter ses traits, est refusé a tous les citoyens,
quelque puissants qu’ils soient. Sylla lui-même, dans ses
années de pouvoir absolu et sans contrôle, n ose pas
l’usurper. César, le premier, en saisissant la puissance
souveraine, prend possession de la monnaie et, comme
maître exclusif du droit de la frapper, y fait reproduire
son effigie. S’il agit ainsi, du reste, c’est parce que, jusque
dans Rome même, il se met à exercer le droit monétaire
à titre d 'imperator, dans toute la plénitude avec laquelle
les lois de la République l’avaient laissé exercer jus¬
qu’alors par les généraux à la tète d’une armée en cam¬
pagne [castiienses nummi]. En effet, l’exemple du statère
d’or de T. Quinctius Flamininus prouve que les impe-
ratores, dans les émissions de monnaies qu’ils faisaient
frapper en territoire étranger pour les besoins de leurs
soldats , n’étaient pas considérés comme coupables
envers la République s’ils y faisaient représenter leur
effigie. Cette origine légale de l’apparition de la tète de
César sur les monnaies explique comment, après sa
mort, son exemple fut suivi, non seulement par les
triumvirs, mais par ceux-là mêmes qui se donnaient pour
les restaurateurs et les derniers défenseurs de la Répu¬
blique, par Brutus et par Sextus Pompée. Leurs pièces
d’or et d’argent étaient des monnaies militaires, émises
en même temps que les monnaies sénatoriales, lesquelles
n’avaient pas d’effigie d’homme vivant 8. Pendant le
règne d’Auguste, le droit d’effigie sur les monnaies pro¬
vinciales appartenait aux proconsuls d’Asie et d’Afrique 0
et quelquefois aussi jusque sous le règne de Claude10.
Une fois l’empire constitué, le droit de placer son
effigie sur les espèces monétaires devint, sauf les
exceptions que nous venons de signaler et qui cessa
bientôt, un des premiers et des plus essentiels attributs
du pouvoir impérial. Aussi voyons-nous les souverains
montrer sur ce sujet une excessive jalousie. On accuse
auprès de Commode Perennis, préfet du prétoire, d'aspi¬
rer à l’Empire. Commode refuse d’abord de croire à
cette délation, mais est convaincu, quand on lui apporte
des essais de monnaies avec la tête de ce personnage 11 .
Sous Elagabale, Yalerius Paetus, ayant fait frapper des
pièces de plaisir en or où ses traits étaient retracés, est
condamné à mort, comme ayant usurpé un droit souve¬
rain, bien qu’il prouve avoir destiné ces pièces à com¬
poser simplement des bijoux pour ses maîtresses 12. Dès
que les légions ont proclamé un empereur, son premier
soin, pour constater sa prise de possession de l’autorité,
est de faire battre monnaie à son nom. Tacite 13 nous
montre Vespasien, acclamé par l’armée de Syrie, s’em¬
pressant de faire immédiatement frapper de l’or et de
l’argent à Antioche. Lampride 11 dit qu’aussitôt après
que Macrin eut accepté le pouvoir, on battit monnaie
dans Antioche au nom de Diaduménien, pour montrer
que son père l’associait à l’Empire. Quand Septime-
( 1 •■ckhcl, l. R, p 243, t. IV, p. 497. — 2 L. Millier, Numism. de l’anc. Afrique,
N, p. 172. _ 3 Eckhel, 1. 1, p. 73. — 4 ld. t. VI, p. 134 sq. ; Duclialais, Descript. des
üauloises de la Bill, royale , p. 141 ; [H. de La Tour, Allas de monn. gauloises ,
1 'MI, n» 4069 sq.] — 6 F, Arlaud, Discours sur les méd. d’Auguste et de Tibère au
revers de l'autel de Lyon, Lyon, 1820. — 6 Voir Mommsen, p. 37 1 . — 7 Miounet, Sup¬
pl. t. III, p. 200; F. Lenormanl, Bel', numism. 1852, p. 197. — 8 Mommsen, p. 741.
— 9 Itcv. numism. 1807, p. 102-126. — 10 E. Babclon, B ev. numism. 1887, p. 109.
— 11 Ilerodian. I, 9. — 12 Dio Cass. LXXIX, 4. — 13 Bist. Il, 82. — 14 Diadumenian.
MON
— 1978 —
MON
Sévère eut accepté l'association de son rival Albin,
Hérodien 1 a soin de nous apprendre que, pour mon¬
trer à celui-ci combien il avait agi sérieusement et de
bonne foi, il lit fabriquer à Rome des monnaies au nom
d’Albin. Vopiscus 2 se sert des monuments numisma-
tiques pour prouver qu’en Égypte Firmus a été réelle¬
ment empereur et non pas chef de brigands, comme
quelques-uns l’avaient prétendu. Enfin, Ammien Marcel¬
lin 3 nous raconte que les partisans de Procope, un
moment rival de Valons, entraînèrent l’Illyrie dans sa
cause en faisant circuler, pour prouver qu’il était vérita¬
blement souverain, des monnaies à son effigie. Si, après
les auteurs, nous consultons le témoignage des monnaies
antiques elles-mêmes, nous y voyons que tous les pré¬
tendants à l’empire, même ceux dont les entreprises
furent les plus éphémères, firent au moment de leur
proclamation des émissions numismatiques, et que nous
possédons encore des monnaies d’un certain nombre de
ces prétendants dont les noms sont à peine cités par les
historiens, tels que Saturninus 4 et Domitianus 5, au
temps des Trente Tyrans.
Si toute la monnaie portait désormais l'effigie de l'em¬
pereur, Auguste, dans sa politique de respect extérieur
pour les formes de l'ancien gouvernement républicain,
qu'il faisait cadrer avec l’établissement du pouvoir
absolu, ne s’était pas emparé d’une manière exclusive du
droit monétaire. 11 en fit deux parts; à l’empereur, il
attribua l’émission de la monnaie d’or et d’argent, qui
prit dès lors le nom de monetci auraria , argentaria
Caesaris, que l’on voit dans quelques inscriptions 6 ; au
Sénat il laissa, comme une ombre de son ancienne auto¬
rité sur cette matière, la décision et la réglementation du
monnayage du cuivre7. Le partage semble, d’après les
monuments numismatiques eux-mêmes, avoir été établi
pour la première fois en 739 de Rome (13 av. J. -G.)8,
moment où l’on reprit à Rome la fabrication de la mon¬
naie de cuivre, abandonnée depuis assez longtemps dans
les ateliers urbains9. Mais ce fut seulement en l’an 11 de
l’ère chrétienne que fut réglée définitivement la forme
du monnayage sénatorial à l’effigie de l’empereur 1U.
La division du droit monétaire en deux parts fut
longtemps respectée. C’est à cause de cela que toutes les
monnaies de cuivre romaines portent les lettres SC, ini¬
tiales des mots Senatus consulto , et que de certains
empereurs qui, comme Othon et Pescennius Niger, ne
furent pas reconnus par le Sénat, il existe des pièces
d’or et d’argent, et point de cuivre11. Une seule fois,
semble-t-il, Néron essaya d’usurper le droit sénatorial,
mais sa tentative n’eut pas de suite12. « Le Sénat, dit
très justement M. Mommsen13, tirait un double avantage
de cet état de choses : d’abord il y trouvait un profit
matériel assez considérable, puis il conservait le droit
d’interdire à l’empereur d’émettre de la monnaie d une
valeur fictive... Cette habile précaution de placer l’émission
du numéraire de valeur nominale sous le contrôle de la
publicité et de la sauvegarde du Sénat peut être compa¬
rée à ce qui se voit de nos jours, quand les gouverne¬
ments ont recours à la sanction de 1 opinion et au con¬
trôle des grands corps de l’État, lorsqu’il s’agit d émettre
) ][ 15. _ 2 Firm. 2.-3 XXVI. — 4 [Babelon, Rev. num. 1896, p. 133. —3 Al-
lotte de la Fuye, Rev. numism. 1901, p. 319.] — 6 Entre autres Gruter, p. LXX1V, n° I.
_ 7 Eckhel, t. Il, p. LXXIil sq. — 8 Mommsen, p. 744. — 9 Id. p. 742. 10 Eckhel,
* t VI, p- US; Mommsen, p. 744. — H Eckhel, t. I, p. lxxui. — *2 Id. t. A I, p- 384.
des valeurs en papier. Le but que l’on se pro
parfaitement atteint, car la dépréciation ,h> |!|">S1Ul ful
romaine ne vint pas du cuivre, mais de l’argent r”.?nnaie
et cependant on peut dire que le numéraire en
aurait dû être la partie faible de la monnaie roin''^
puisque ce métal n’avait depuis longtemps' plUs |'UUne’
valeur fictive, et que cependant on s’en IUune
pour payer des sommes considérables. »
Il y avait dans les différentes parties de l’Empire u
certain nombre d’ateliers pour la monnaie d’or et d'^
gentde l’empereur; Strabon14en signale un à Lugdu'
num. On fabriquait aussi quelquefois cette monnaie dans
les camps, pour le service des armées [oastrenses nummi]
En revanche, la monnaie de cuivre sénatoriale destinée
à la circulation des provinces d’Occident se frappait toute
exclusivement à Rome même 15. Il y avait seulement un
second atelier sénatorial à Antioche, pour l’Orient, et les
produits de cet atelier, très caractérisés par leur aspect
et par leur fabrique, portent aussi les lettres SC 10.
Si l’empereur s’était réservé la fabrication de l’argent
et de l’or, c’est à la monnaie d’or qu’était particulière¬
ment réservée l’idée d’un privilège impérial supérieur et
décisif. Comme nous l’avons déjà dit, les empereurs
autorisèrent sur quelques points un monnayage provin¬
cial d’argent, à demi autonome ; ils laissèrent assez
facilement les rois vassaux battre des espèces d’argent,
et ne chicanèrent jamais non plus à ce sujet les souve¬
rains des royautés indépendantes situées en dehors des
limites de l’Empire. Mais pour la monnaie d’or, ils ne
tolérèrent son émission par aucun prince vassal; seuls
les rois du Bosphore Cimmérien 17 furent autorisés à
frapper de la monnaie d’électrum à cause des conditions
économiques particulières du pays, où la circulation se
composait exclusivement d’électrum et de cuivre18, sans
argent. Encore l’effigie des empereurs dut être placée sur
les espèces d’or en même temps que celle du roi, de ma¬
nière à en faire une monnaie impériale autant que royale.
Il y a plus : en Orient comme en Occident, la supré¬
matie de l’Empire était si généralement reconnue que
pendant plusieurs siècles les États plus ou moins indé¬
pendants qui l’avoisinaient n’essayèrent pas d empiéter
sur le privilège impérial en fabriquant de la monnaie
d’or. Les Parthes eux-mêmes, sous les Arsacides, n cu¬
rent point de monnaie de ce métal ; les Sassanides en
fabriquèrent en petite quantité au moment de leur avè¬
nement et continuèrent à le faire avec des interruptions
fréquentes et prolongées. La cour de Byzance ne i |U.
jamais formellement ce droit au roi de Perse . t.ui
explique la rareté des pièces d’or des Sassanides, qui n°
semblent avoir été émises qu’aux époques où ces P1"1"^
obtenaient des succès signalés dans leur Jutte ion ^
l’Empire. Justinien Rhinotmète (de 670 à 711) 1<M|^
encore la guerre aux Arabes, parce qu’ils avaient pu y J-
tribut en pièces d’or marquées d’un nouveau U P' ‘ui* ' !
et non en pièces à l’effigie impériale Des peup (
éloignés de l’action directe des armes romal“^ jnS
les Homérites de l’Arabie méridionale et les ^
d’Axoum pouvaient seuls alors fabriquer de la nw
d’or paisiblement et sans être inquiétés ' •
agi. jtlôMom-
— 13 P 746.— n IV, 3, 2 ; cf. de Boissieu, Inscript, ont. de Lyon, P- ^ ^ p 598 ;
nsen, p. 747.- 16 Eckhel,!. III, p. 282-302, Mommsen, p. 71 8-- ^ ^
Babelon, Traité , I, p. 358. - « Corp. inscr. gr. n» 2058 A. p. 206.]
33. _ 20 Zonar. XIV, 22. — 21 [Edm. Droum, Rev. archéol.,
MON
1979 —
MON
, [,^s Galli^n, en même temps que cesse le monnayage
I villes grecques et des colonies latines d’Orient, les
I !|'(rt>s SC disparaissent des pièces de bronze de coin
ajDi Dans le silence des historiens, qui nous ont
oül transmis si peu de renseignements sur cette période,
doit en conclure avec toute vraisemblance qu’Aurélien
mjl la main pour l’autorité impériale sur la totalité du
de monnayage. Ce fut sans doute à la suite de la
révolLe des monnayeurs *, qui fut le point de départ de
g réformes dans le numéraire [aureus]. Sous Tacite et
Florien, il y eut un retour momentané aux anciennes
pratiques, et les lettres SC reparurent sur la monnaie
je enivre 2, ou elles avaient cessé de figurer. Mais
depuis lors on ne les revoit plus jamais.
Lorsque Dioclétien reconstitua l’Empire et fortifia
d’une manière encore plus complète que ses prédéces¬
seurs le système de centralisation qui y présidait, il n’eut
garde d’abandonner à personne le droit important
qu’Aurélien avait ainsi placé tout entier au pouvoir du
souverain. La révolution considérable qu’avait opérée ce
dernier prince dans l'organisation du système de mon¬
nayage de l’Empire demeurait incomplète tant qu’on
n’avait pas organisé un autre système. Cette œuvre, les
troubles qui avaient désolé le monde romain n’auraient
pas permis de l’entreprendre ; Dioclétien la réalisa. De¬
puis longtemps déjà l’or et l’argent impériaux circulaient
dans tout l’Empire ; mais il n’en était pas de même pour
le bronze. La monnaie d’appoint, en cuivre ou en tout
autre métal, ne se transporte pas à de grandes distances :
elle circule seulement là où elle a été frappée et dans
un rayon restreint aux alentours. Aussi, jusqu’au règne
d’Aurélien, nous en avons la preuve par la rareté exces¬
sive des découvertes de bronzes de coin romain dans les
contrées helléniques ; la masse du cuivre circulant comme
monnaie d’appoint dans l’orient de l’Empire était exclu¬
sivement composée de monnaies frappées par les villes
grecques. Entre Aurélien et Dioclétien on avait cessé de
frapper de ces monnaies, mais comme la fabrication des
monnaies officielles impériales n’avait pas été implantée
en Orient, la masse du cuivre dans la circulation de cette
moitié du monde soumis à Rome était restée la même,
composée des pièces anciennement émises. Dioclétien,
voulant qu’il n’y eût plus qu’une seule monnaie ayant
cours dans l’Empire, aussi bien pour le bronze que pour
lor et l’argent, celle de l’empereur, dut, pour atteindre
un tel résultat, beaucoup multiplier les officines de fabri¬
cation de ces monnaies dans les provinces. Mais en mul-
bpliant ces ateliers il fallut, pour arriver à un contrôle
régulier de comptabilité dans la fabrication, distinguer
1 \opUc. Aurel. 38; Aurel. Vict. 35; Eutrop. IX, 14; Suid. â. U. Mov>)-ràptoi.
— - Ramus, Cat. num. vet. Mus. reg. Dan. n°s 35 et 36; Cobeu, Mèd. imper.
l- V p. 215, 219 cl 220 (lr* éd.). — 3 Sabatier, Production de l’or , de l’argent
du cuivre chez les anciens, Saint-Pétersbourg, 1850, p. 108-174; De Longpérier,
' nu,nism. 1866, p. 156-164; E. Babelon, Traité, I, p. 967 sq. — 4 Borghesi,
"!/. de Unst. archêol. 1835, p. 1 sq. ; Ann. de l'inst. archéol. t. X, p. 61 sq.
■ Ul les ateliers de l’Empire romain à parlir de Gallien, voir surtout : Th. Rhode,
" -1 lùnzen Aurel, etc. 1881; R. Mowat, Rev. nximism. 1897; 0. Voelter,
„U"1’ de Vienne, t. XXXI, 1899; Marti, Riv. ital. di num. 1889 et Num.
lis' 1 Hettner, Westdeut. Zeit. fur Gesch. und Kunst, Trêves,
II ' ' * VII; et surtout pour la période constantiuienne les beaux travaux de
I LVl 03 ^ai-r*ce disséminés dans les Mém. de la Soc. des Anliq. de France,
Y ^ dans les principales revues numismatiques de l’Europe à partir de 1899.
der r r6sumé dans Babelon, Traité, p. 967 sq.] — 3 Friedliinder, Die Münzen
andalen, Berlin, 1849; Sabatier, Descript. qén. des monn. byzantines,
’ “ Voir Ch. Lenormant, Lettres à AI. de Saulcy sur les plus anciens
nte'r "um>sm • de la série mérovingienne, Paris, 1854; [M. Prou, Catal. des monn.
" ' ^ Bibl. nat. Inlrod.J. — 7 Monnaies d’argent et de bronze des Ostrogotbs.
au moyen de marques particulières les émissions des
différents ateliers. C’est ainsi que s’introduisit l'usage,
continué par tous les successeurs de Dioclétien en Orient
et en Occident, d’indiquer sur les monnaies, au moyen
des initiales de leurs noms, les lieux où elles étaient
fabriquées, tandis qu’avant cet empereur, à bien peu
d’exceptions près, on n’avait jamais inscrit de semblables
indications sur la monnaie romaine 3. Les marques
d’ateliers monétaires provinciaux sont, en effet, extrême¬
ment rares avant Dioclétien, et on n’en connaît pas une
seule sur des pièces antérieures à Gallien L
Le système du monnayage concentré entre les mains
de l’autorité suprême se maintint tel qu’il avait été établi
par Dioclétien, jusqu’au moment où les rois des barbares
qui avaient envahi l’empire s’arrogèrent, sur la monnaie
frappée dans leurs Etats, le droit que les empereurs
s’étaient réservé à eux seuls. Ce ne fut pas, du reste,
d’une manière uniforme qu’ils se mirent en possession
de ce droit. Tandis que les Vandales d’Afrique, immédia¬
tement après la constitution de leur monarchie, com¬
mencèrent à battre monnaie à leur propre nom, comme
des princes entièrement indépendants 3, les rois des
Francs, des Burgundes, des Gotlis d'Italie et des AA isi-
goths de l’Espagne et de l’Aquitaine, pour lesquels le
prestige de l’autorité impériale était beaucoup plus grand,
et qui gardaient dans la forme vis-à-vis des souverains
régnant à Byzance les liens d’un vasselage nominal,
n’osèrent pas du premier coup consommer celte usurpa¬
tion. Nous avons les monnaies d’or de Théodoric, de
Sigismond, de Gondebaud, etc.0 Ce sont toutes des
pièces au nom et à l’effigie des empereurs, semblables à
celles que l’on frappait à Constantinople ; seulement le
monogramme contenant les lettres du nom du roi bar¬
bare s’y glisse subrepticement dans le champ du revers,
ou bien les légendes y sont altérées intentionnellement
pour contenir des noms de villes ou de princes. L'an¬
cienne idée du privilège impérial spécialement attaché à
la fabrication des espèces d’or se maintenait encore
entière, car quelques-uns des rois ostrogoths et bur¬
gundes, tandis qu’ils n’osaient pas usurper ce métal,
frappèrent de petites pièces d’argent et de bronze d'un
caractère plus indépendant, quoique toujours avec la
mention de l’empereur7. Mais le premier roi de l'Occi¬
dent qui osa ouvertement prendre possession du droit
monétaire complet, et émettre des espèces d’or frappées
à son propre nom, fut Théodebert, roi d’Austrasie, après
ses victoires en Italie et la reconnaissance par Justinien
de ses acquisitions territoriales dans la Provence 8.
L’exemple de Théodebert fut bientôt suivi par d’autres ;
Sabatier, Descr. gén. des monn. byzantines, p. 194-211. — 8 procop. De bell.
goth. III, 33 ; voir Rev. numism. 1841, p. 100 ; [Prou, Op. cit. p. 9], — Bibliogra¬
phe. — J. C. Rasche, Lexicon univ. rei numariae vet. Leipzig, 1785-1884; Eckhel,
Doctrina numor. vet. Vienne, 1792-98; Fr. Lenormant, La monnaie dans
l’antiquité, Paris, 1878-79 ; Th. Mommsen, H ist. de la monn. romaine, trad. par le
duc de Blacas, Paris, 1865-75; T.-E. Mionnel, Descript. de médailles antiques
grecques et romaines, Paris, 1806 à 1813; Supplément, Paris, 1819 à 1839 ;
11. Cohen, Descript. générale des jnonnaies frappées sous l’empire romain, 1880-
92; E. Babelon, Monn. de la Bépubl. romaine, 1885-86; Id. Traité des mon¬
naies grecques et romaines, t. I, 1901 ; Barclay V. Ilead, Historia numorum,
Oxford, 1887 ; G. -F. Hill, A. Handbook of greelc and roman coins, Londres, 1899 ;
British Muséum, Catalogue of greek coins in the British Muséum, by R. S. Poolc,
B. Head, P. Gardner, W. Wroth, G. Hill (25 vol. parus) ; P. Gardner, The types of
greek coins, Cambridge, 1882 ; F. lmhoof-Blumcr, Monnaies grecques, Paris, 1883;
ld. Griechische Münzen, Munich, 1890 ; Id. Kleinasiatische Münzen, Vienne, 1901 ;
B. Pick, Dacien und Moesien ( Die antiken Münzen Nord-Griechenlands ),
Berlin, 1898; G. Macdonald, Catal. of greelc coins in the Hunlerian collection
University of Glascou', l. 1 et 11, Glascow, 1899-1901 ; Al. Heiss, Monn. antiq.
MON
1980
MON
toute trace monétaire de la suprématie impériale dis¬
parut dans les royaumes germaniques de l’Occident, et
de celte manière s’inaugura le monnayage des peuples
modernes. Aussi est-ce à l’usurpation de Théodebert
que nous arrêterons notre coup d’œil sur la nature et
l’histoire du droit de battre monnaie dans les temps
antiques. F. Lenormant. [E. Babelon].
MOIVETA FALSA. Fausse monnaie. — A Athènes les
faux-monnayeurs étaient poursuivis en vertu d’une
action publique appelée vop.tap.otTo<; ota^Qopaç ypacp/| ; ceux
qui étaient convaincus de ce crime étaient punis de mort
et il parait en avoir été de même dans les autres cités
grecques1. A Rome, ce crime ne dut pas rester impuni
pendant la République. Sous la dictature de Sylla, il fut
l’objet spécial de la loi Cornelia nummaria , qui paraît
n’avoir été qu’un chapitre de la loi Cornelia de falsis ,
portée par le dictateur en 673 de Rome *. Elle frappait de
Yaquae et ignis interdictio et de confiscation générale
quiconque avait fabriqué ou altéré des pièces de mon¬
naie d’or ou d’argent, en les raclant ou en les lavant avec
des liqueurs mordantes, ou avait vendu ou acheté sciem¬
ment des monnaies de plomb ou d’étain3. Il paraît que
d’autres délits analogues furent soumis à la pénalité de
cette loi, par des sénatus-consultes ou des constitutions
impériales postérieures. Ainsi, sous Néron et sous Ves-
pasien, on punissait les argentarii et les marchands
qui refusaient la monnaie de bon aloi4. Du temps de
Paul3, on leur appliquait la peine des faux-monnayeurs.
Mais à cette époque, l'usage s’était introduit de réprimer
extra ordinem le crime de fausse monnaie, ce qui lais¬
sait au juge une certaine latitude. Les peines indiquées
par le jurisconsulte ne semblent pas s’accorder avec
celles qu’énonce Ulpien3, parce que celui-ci n’a parlé
sans doute que des personnes humiliores. En combinant
ces textes, on arrive à dire que les honesliores étaient
déportés dans une île ; les hommes libres, de basse con¬
dition, condamnés aux mines ou livrés aux bêtes; les
esclaves crucifiés. La première de ces peines était réser¬
vée, comme moins grave, à certains cas. Ainsi le fait de
rogner ou fabriquer des écus d’or était plus grave que
celui d’altérer la composition de la monnaie d’or, ou de
fabriquer celle d’argent. En effet, il n’est guère possible
à d’autres qu'aux ouvriers de l’atelier officiel, ou qu'à
celui qui fournit les lingots, aliquid in aurum vitii
addere ; la fabrication de la monnaie d'argent offre éga¬
lement moins de danger7. On trouve au Code Théodosien8
trois titres consacrés au crime de fausse monnaie. Le
second s’occupe spécialement de ceux qui circumcidunt
solidi circulum, ou qui font passer sciemment dans le
commerce des pièces altérées, ou refusent une monnaie
de l'Espagne , Paris, 1870; Ant. Delgado, Medallas autonom. de Espaüa , Séville,
1871-76; E. Muret, Catal. des monn. gauloises de la Bibl. nat., Paris, 1889;
H. de La Tour, Atlas de monn. gauloises , Paris, 1892 ; R. Garrucci, Le monete dell’
Italia antica, Rome, 1885; H. Dressel, Berlin. Muséum, Catal. Italia, 1. 111, part. 1,
Berlin, 1894 ; Arllmr-J. Evans, Syracusan Médaillons and their engravers,
Londres, 1890 ; G.-F. Hill, Coins of ancient Sicily, Wesminster 1903; Ludwig
Miiller, Numism. d' Alexandre le Grand, Copenhague, 1855 ; E. Beulé, Monnaies
d'Athènes, Paris, 1858 ; Svoronos, Numism. de la Crète ancienne , Mâcon, 1890 ;
E. Babelon, Les Perses Achèménides , satrapes et dynastes tributaires, Cypre et
Phénicie , Paris, 1893 ; Id. Les rois de Syrie , Paris, 1890; le même, Invent,
de la coll. Waddington (Asie Mineure), Paris, 1898 ; E. de Saulcy, Numism. de la
Terre Sainte , Paris, 1874; Fr. Madden, Coins of the Jews, Londres, 1881;
F. Feuardenl, Numism. Égypte ancienne, Paris, 1870-73 ; G. Dattari, Numi Augg.
Alexandrini , Le Caire, 1901; Ludwig Miiller, Numism. de lanc. Afrique ,
Copenhague, 1860-1862 : Supplêm. 1874 ; W. Froehner, Les médaillons de l'Empire
romain , Paris, 1878 ; J. Sabatier, Les monnaies byzantines, Paris, 1862.
MONETA FALÇA. 1 Demoslh. C. Leptin. § 167 ; C . Timocrat. § 212. — 9 Cicer.
portant l’effigie du prince. Constantin punil ces
de mort, même par les flammes,
J.-C.
au gré du
crimes
ugc (317 E
; - q*
). Cependant le même empereur, en 319
nonca que la déportation et la confiscation conlT' 1
faux-monnayeurs décurions outils de déçut-', . S|
mines contre les plébéiens, et la croix conLy I
esclaves9. En 321, il dispensâtes accusateurs des pd ]
de la calomnie et refusa le droit d’appel à l’accusé 1
frappa de confiscation la maison dans laquelle on aviittl
l’insu du propriétaire, fabriqué lafausse monnaie ; en 326 1
il renouvela les prohibitions précédentes11. Ou,*l,
restrictions furent toutefois introduites à la rigueurde '
la pénalité contre le maître de la maison qui avait servi!
d’atelier12. Ces constitutions remaniées par Justinien
n’en forment plus qu’une seule dans son code 13 . Bien plus
il attribue à Constantin une constitution rendue en 743
par Constantius, et qui inflige la peine du feu aux faux-
monnayeurs14. Enfin Valentinien, Théodose et Arcadius
les assimilèrent aux criminels de lèse-majesté,en389ls et
s’interdirent le droit de les gracier, en 39310. G. Humbert
MONETARII. — Nous réunirons sous ce titre les
notions qui se rapportent aux officiers monétaires, ainsi
qu’aux ouvriers et artistes de cette fabrication.
On ne sait rien de positif sur les magistrats qui étaient
chargés de surveiller et de diriger la fabrication des mon¬
naies dans les villes grecques au temps de leur indépen¬
dance. C’est à peine si l’étude attentive des monuments
numismatiques fournit à ce sujet quelques observations.
A Athènes, les tétradrachmes de la seconde série (à
partir de 220 av. J.-C. environ) montrent constamment
les noms de trois personnages qui interviennent pour
donner leur garantie à la monnaie L Les deux premiers
sont des magistrats annuels; le nom du troisième change
douze fois pendant l’année de fonctions des deux pre¬
miers officiers ; sa charge avait donc la durée d’une pry-
tanie [pRVTANEiAj.Mais les pièces ne portent que les noms
propres de ces magistrats et jamais l’indication de leur
qualité. Les inscriptions attiques, si riches pourtant en
documents sur la constitution de la cite, ne contiennent
non plus aucune donnée sur la nature des officiers
monétaires. 11 faut donc se borner là-dessus à de pures
conjectures plus ou moins vraisemblables.
Beulé a pensé que le premier nom, inscrit avant tous
les autres sur les tétradrachmes d Athènes, devait ' fie
celui du magistrat politique, préposé à la monnaie, exer¬
çant une haute direction, responsable plutôt que compe¬
tent. S’il y a une place d'honneur sur les monnaies, ces
celle-là, car on la trouve occupée quelquefois pin 1 ^
personnages considérables, par le roi Mithridate-, J"1
Antiochus IV de Syrie, avant qu’il fût roi 3, PaI - "
1 n Verr. act. Il, 42; Ileinec. Antiq. rom. Syntagm. IV, 18 ’ ’l,^]
Dig. De leg. Cornet, défais. XLVI1I, 40 ’JnsL ' ' ’ 18’ ôf PauL Sent.receM
Laboulaye, Essai sur les lois crin,, p. 264 Pans, ««. - ■ CL Pa ^ ;j __
y 95 1-1.9, 19 Dig. h. tit. — 4 Aman. Commentai, de p ct
«1. -• L. 1, Cod. Theod. 11,11. - 1. »■ «*■ T ” VJ, Od. '*■
1 4 h. tit. _ 13 IX, 24. — 14 Cf. 1. 5, Lod. Theod. IX, . , Quaesti
_ 15 L. 9, Cod. Theod. h. tit. - « L. 10, cod. - BiBUOGRAran . ^ no812,
de jure crim. Marburg, 1842, p. 223,224; 1857-59, II, §
3* édit Bonn., 1860; Rudorff, Rôm. Rechtsgeschichte, P ^ 677, 779,
p. 387 sci. ; Rein, Das criminal Recht der Romer, elPzlS’ ’ 2o6 9q, Taris,
786 sq. ; F. Lenormant, La monnaie dans l’antiqm e, ’
1879.
Les monnaies d'Athènes, P- 109 ^es monn,
E. Babelon, Traite .
MONETARII. 1 Voir Beulé,
1 ttica Catal. du Rrit. Mus., Introd. p. xxxvm et 28 ; Bautl" ’ ? ReV, numism.
. , „ . , n CCI 9 Ko., IA Tes monn. d’Athènes, p- *>' >
tr. et rom. t. 1, p
.863, p. 176-179.
838J. — 2 Beulé, Les monn.
— 3 Beulé, O. c., p. 206.
MON
— 1981
MON
,an d’Athènes1, par Apellicon son complice2, par un
unrnonius3, un Thémistocle 4, descendants des plus
'llustres familles, par le roi de Cappadoce Ariarathe Phi-
lopator qui séjourna à Athènes vers 158, par les procon-
|g romains Q. Cœcilius Metellus et L. Mummius6. Mais
je (jUei magistrat le nom est-il inscrit à cette place? On
serait tenté de penser, avec Beulé, à ce grand adminis¬
trateur des finances publiques que l’on appelait tantôt
at'aç TŸ| ; xoivri? ■KÇOGOOOU et tantôt O S7TC SlOtXYj<7£t 6
et dont les fonctions furent remplies par Aristide, par
l’orateur Lycurgue, par Ilabron son fils et par Aphobétos
frère d’Eschine. Cependant, avant la guerre lamiaque et
1rs révolutions qui en furent la conséquence dans la
constitution athénienne, les fonctions d’administrateur
suprême des finances avaient une durée de quatre ans,
ei d’un autre côté les indications numismatiques ne per¬
mettent pas d’admettre que le premier magistrat moné¬
taire occupât son poste plus d’une année. Si c’était le
magistrat È7Ù Btotxvjffet que l’on devait reconnaître en
lui, il faudrait que dans les siècles de la décadence athé¬
nienne son office, de quadrennal, fût devenu annuel, ce
qui n’a, du reste, rien d’inadmissible. Il est pourtant
possible qu’en dehors de cas exceptionnels ce fût un
magistrat d’un ordre moins relevé, dont l’office se serait
borné exclusivement à la surveillance et à la direction de
la Monnaie. Albert Dumont 7 a très ingénieusement
reconnu le premier magistrat d’un des groupes de tétra-
drachmes athéniens, Aropos 8, dans le personnage du
même nom qui figure sur une inscription attique9comme
trésorier d’une confrérie d’éranistes. Il était tout naturel
qu’ayant été dans l’association l’un des officiers de
linances de la république, on en eût fait le trésorier.
Le second nom a paru à Beulé être celui du directeur
spécial de la Monnaie (àpYupoxo7reïov), du citoyen qui la pre¬
nait peut-être chaque année à entreprise, ou plutôt qui
était désigné pour cette liturgie [leitourgia]. Ce qui
serait de nature à faire penser que c’était une liturgie,
une fonction imposée, c’est l’annuité. Du reste, quand
Démosthène tenait à honneur d’être commissaire pour
l’achat des grains, il n’y avait pas moins d’honneur à
être commissaire pour la fabrication des monnaies.
Telle est encore, en ce qui concerne les deux premiers
noms des magistrats monétaires d’Athènes, l’opinion de
M. Barclay Y. llead, dans le Catalogue des monnaies
d’Athènes, du Musée Britannique. Récemment, M. Th.
Reinach s’est efforcé d’établir que les deux premiers
noms des monnaies d’Athènes étaient le stratège des
(innés (<jTpa.T7]Y ètù 07tAa) et le stratège des prépa¬
ratifs, c’est-à-dire des finances (<rrpaT7]Yi>s Itû ty,v
TOpaaxeu-qv) 10. Les quelques exemples que cite M. Rei-
nach à l’appui de sa théorie ne permettent pas de la
généraliser d’une manière absolue. En la combattant,
Erich Premier a cité des cas positifs où il ne saurait
(‘h’e question de ces deux .stratèges11. M. Kirchner a
démontré par d’autres arguments que les identifications
de stratèges proposées par M. Reinach ne sont pas sûres12.
Néanmoins, il paraît certain* que les deux premiers
noms sur les monnaies d’Athènes sont ceux de per¬
sonnages appartenant à des familles illustres, souvent
même apparentés l’un à l’autre, dont les fonctions dans
la République étaient variables et de tout ordre au mo¬
ment où on leur donna le droit de signer les monnaies,
honoris causa. C’est là ce qui explique la présence sur
les monnaies athéniennes de personnages étrangers ou
même de rois.]
Quant au troisième magistrat, qui changeait à cha¬
que prytanie, nous trouvons, dans 1 organisation du
gouvernement d’Athènes, plusieurs fonctionnaires dont
l’office avait exactement cette durée et qui pou¬
vaient avoir dans leurs attributions la charge de s oc¬
cuper des monnaies. Tels sont les métronomes ou sur¬
veillants des mesures [metronomos], les apodecles ou
receveurs publics [apodektai], enfin les âp/ovxe; tou
àpYuotou que mentionne une inscription atlique13. Ces
derniers officiers" étaient, d’après 1 inscription même
qui en parle, plusieurs à remplir leurs fonctions dans
une même année, circonstance qui empêche absolu¬
ment de reconnaître, avec Cavedoni u, un ap/iov tgü
apyoptou dans le magistrat nommé le premier sur les
tétradrachmes athéniens.
Dans la plupart des cités de l’Asie Mineure, au temps
des successeurs d’Alexandre, c’était aux prytanes
qu’appartenait la direction du monnayage [prytaneiaj.
Une célèbre pièce d’or de Smyrne, frappée à cette
époque, porte la légende IMYPNAIflN TTPYTANEIZ,
et les tétradrachmes d’argent de cette ville portent un
monogramme qui contient les éléments du nom des
prytanes16. Sur les cistophores frappés à Pergame on
lit aussi la mention des mêmes magistrats dans un
monogramme composé des lettres TTPYT 16.
A Naples, Ch. Lenormant et de Witte” ont reconnu
dans le XAPIAEfïZ mentionné sur plusieurs monnaies 18
le Charilaüs qui, étant premier magistrat de la ville, la
livra aux Romains19. On doit conclure de ce rapproche¬
ment presque incontestable qu’à Naples le nom inscrit
sur la monnaie était celui du principal magistrat,
appelé démarque 20.
Corcyre avait un gouvernement calqué sur celui de
Corinthe21, sa métropole. Le pouvoir suprême apparte¬
nait à cinq prytanes annuels, dont le premier était épo¬
nyme, c’est-à-dire donnait son nom à l’année pendant
laquelle il exerçait ses fonctions22. Or, il résulte de la
comparaison des monnaies et des inscriptions de Cor¬
cyre, que c’est le prytane éponyme qui est mentionné
sur les espèces monétaires de cette ville quand on y
trouve un nom de magistrat23.
A Rhodes, il semble que les magistrats qui signent les
monnaies de la ville, et dont plusieurs ont aussi leurs
noms inscrits sur les tétradrachmes d’Alexandre le Grand
à la marque de l’atelier de Rhodes24, doivent être consi¬
dérés comme des prêtres d’Hélios. C’était, en effet, à ce
pontife annuel qu’appartenait l’éponymie23, et c’est par
I Beulé, p. 216. _ 2 Ibid. p. 211. — 3 Ibid. p. 194. — A Ibid. p. 305.— 8 [B.
I ]’a<R ^atal. Attica, Introd. p. lui]. — 6 Boeckli, Staatshauslialtung der Athen.
Iv' R c*,aP- VI. — 1 Essai sur la chronologie des archontes athéniens , p. 118.
Beulé, O. p. 222. — 9 Rhangabé, Antiq. helléniques , t. H, n° 811 ;
àp^aioX. n° 861. — 10 [Th. Reinach, L'hist. par les monn. p. 111.
II Bons le Rhein. Mus. t. XL1X, 1894, p. 376. — 12 Kirchner, Zeit. fur Num.
1 P. ”1]. — 13 Boeckli, Corp. inscr. gr. no 82. — * ’+ Alemoric di religione,
"'de et littéral ura , Modéne, t. V, p. 344. — 15 Eckhel, Doctr. num. cet A. III,
VI.
p. 537-539 ; [B. Head, Bist. numor. p. 509], — 1® Pinder, Ueber die Cistophoren ,
p. 544. — 17 Elite des monum. céramogr. t, I. Introd. p. xlvii, et Rev. numism.
1844, p. 251 ; de Wilte, Etude sur les vases peints, p. 103. — 18 Mionnet, Suppl. 1. 1.
p. 242, no 300, et p. 243, n» 302. — 19 Tit. Liv. VIII, 25. — 20 Franz, Corp. inscr.
gr. t. III, p. 717. — 21 Paus. IV, 4, 4. — 22 Franz, Corp. inscr. gr. I. II, p. 23.
— 23 F. Lenormant, fier, numism. 1866, p. 150-155 ; [Brif. Mus. Catal. Thessaly to
Aetolia, Introd. p. l], — 2t Millier, Numism. d' Alexandre, p. 260 ; de Witte, Rev.
numism. 1864, p. 1)4. — 25 Foucart, Inscr. inédites de l'ile de Rhodes, Paris.
249
MON
MON
— 11)82 —
les noms des prêtres d’IIélios que sont datées tes anses
d'amphores rhodiennes *.
Le monnayage des villes grecques sous les empereurs
romains, dans les longues légendes inscrites alors sur
le revers des pièces, fournit un plus grand nombre de
renseignements que celui de l’époque pleinement auto¬
nome sur les autorités qui y présidaient. Nous voyons
par les monuments numismatiques de cette série que la
surveillance monétaire n’était pas attribuée uniformé¬
ment dans toutes les villes au même magistrat. Dans
un grand nombre de cités de Lydie et de Phrygie,
à Cliios et à Mélos, c’était l’archonte 2 ; en Ionie, en
Éolie, en Mysie, à Lesbos, le stratège3 ; à Rhodes, le
Ttxgia; ou questeur à Attuda, à Cymé, le prytane dans
plusieurs villes d’Ionie, de Lydie et de Phrygie, le
Ypot[jL[jiaiT£Ùç ou secrétaire public6-, a Lacédémone enfin,
l’un des éphores 7. Il importe de ne pas confondre les
mentions de ces fonctionnaires avec d’autres mentions de
magistrats qui se rencontrent fréquemment sur les
pièces de la même époque et de la même série et qui y
figurent à titre de notation de date pour l’émission moné¬
taire. C’est ainsi qu’un assez grand nombre de bronzes
des villes d’Asie portent le nom d’un des hauts fonction¬
naires de l’ordre sacerdotal, en exercice au moment où
fut frappée la monnaie, de l'Asiarque, du grand prêtre
(àpxupeùç), du stéphanéphore, de l’hiéromnémon, de
l’agonothète, etc. ; c’est ainsi que, sur beaucoup de pièces
du même pays, on lit le nom du proconsul précédé des
mots ETTI AN0TTTATOT , « sous le proconsulat de N.
Les cistophores, assez multipliés, qui offrent des noms
de proconsuls en latin portent tous, en même temps, en
grec le nom du magistrat local spécialement chargé du
soin de la monnaie8.
Dans les colonies romaines qui jouissaient du droit de
monnayage, c’étaient les autorités municipales qui y pré
sidaient ; mais il n’y avait pas non plus de règle fixe pour
la détermination du magistrat qui avait cet office impor¬
tant dans ses attributions. En interrogeant les monnaies
elles-mêmes, nous y voyons la garantie donnée tantôt
par les duurnvirs 9, tantôt par les quatuorvirs l0, tantôt
par Y édile1', tantôt par les décurions'2.
Ni les auteurs, ni les monuments ne fournissent aucun
renseignement sur la condition des ouvriers monétaires
dans le monde hellénique, soit aux beaux temps, soit
sous la domination romaine. C’est seulement par conjec¬
ture, et d’après l’analogie de la condition des ouvriers
employés dans les mines et dans les travaux de 1 admi¬
nistration des mesures publiques, qu’on les considère
assez généralement comme ayant appartenu à la classe
servile et ayant été pris parmi les esclaves publics.
En revanche, depuis la belle étude que Raoul Rochette
a consacrée à ce sujet*3, nous savons avec certitude que
ceux qui gravaient ces admirables coins des médailles
grecques étaient de véritables artistes, tenus pour tels et
assez considérés pour qu’on leur permit quelquefois
d’inscrire leur nom à côté de celui du magistrat respon¬
sable, quoique dans une place moins saillante. Il semble
que ces artistes exerçaient le métier de graveurs sui
pierres fines en même temps que celui de gPavpu
médailles11. Les érudits ont déjà relevé les
. . , - - n°ms d’une
quinzaine de ces graveurs sur les monnaies de la Sini
Monnaies signées par Cii:
Fig. 5120.
de quatorze sur celles des villes de la Grande Grèce, de
trois sur celles de Cydonia de Crète, enfin de quelques
autres à Érétrie d’Eubée, à
Samos, à Clazomène. Tous
appartiennent à la plus belle
époque de l’art. Les plus
habiles de ceux dont on pos¬
sède les œuvres signées
sont Cimon (fig. 5119, 5120)
et Événète (fig. 5121), au-
Fig. 5122. — Monnaie
signée par Euclide.
teurs des merveilleux mé
daillons d'argent de Syra¬
cuse, Euclide qui travailla
également pour Syracuse
(fig. 5122), et Théodote, dont les œuvres se rencontrent
dans la série de Clazomène (fig. 5123). Quelquefois deux
artistes s’associaient pour graver en
commun une même monnaie, 1 un
exécutant le droit et l’autre le revers ;
ainsi nous possédons des pièces de
Syracuse où ont travaillé en commun
Eumène et Euclide ou bien Événète et
Eumène, et des pièces de Catane,
œuvres de la collaboration d Apollo-
nios et de Choirion. Quand un graveur de monnaies avait
acquis une certaine réputation d’habileté et devaient, la
sphère de son activité d artiste ne se
restreignait pas à la cité qu’il habi¬
tait, et de nombreuses villes se dis¬
putaient l’avantage de lui voir gra¬
ver les coins destinés à la frappe de
leurs espèces métalliques. C’est
ainsi que les monuments numisma¬
tiques nous font voir Événète tra¬
vaillant pour Syracuse et pour Ca- . . ti D0
tane ; Parménide pour Syracuse et pour Naples , Ai JP
pour Tarente, Héraclée de Lucanie et Métaponte Apolb
nios pour Métaponte et pour Catane, etc. Leu
était donc la même que celle de tous les au
dans la société grecque, libre et honorée • ^
Pour ce qui est de Rome, nous possédons les l ^
les plus abondantes et les plus positives s
degrés de l’organisation du monnayage
pjo-, 5123. - Monnaie
signée par Théodole. 1
l Stoddart, Transactions of the royal Soc. of Lite rature, 2' série, t. 111 et IV ,
Franz préfacedu t. 111 du Corp.inscr.gr A. Dumont, Inscr. céram.de Grèce, Paris,
187j.L2Voir Eckhel, Doctr. num. t. IV, p. 192. — 3 Ibid. p. 193. — Mbid. p. 202.
_ 5 Ibid, p 200. — 3 Ibid. p. 194. — 1 llnd. p. 199. — 8 Pinder, U. I. p. 507-571 .
_ 9 Eckhel, t. IV, p. 474. — 1074. p. 480. — n Jb. p. 481 . — 12/4. p. 482. - 13 lettre
à AJ. le duc de Luynes sur les graveurs des monn. gr. Paris, 1831. — 1 JacoOs,
141 ;
des
Münchner Uenkschrift.puH. V,p. 9 ; Meyer, Gesch. de ^ |es graveurs grecs <
Welcker, Kunstblatt, 1827, n« 84, p. 334.-15 Voir enco ’ ?A von Sallet,
monnaies, F. Lenormant, Gaz. des Beaux-Arts, . , „ cad, Coinage
imnniaico, i . ~ — - - 4fl7l .
Künsllerinschriften aufgriech. AJünzen Berlin 871 , « , . der SW»
cuse, Londres, .874, p. ,9 ; Rudolf Weil, Dut Londres, .«4
MUnzen, Berlin, 1884; Arthur J. Evans, Syracusan
MON
— 1985 —
MON
archaïques représentant des déesses nues 1 . Enfin, il
convient de noter qu’aucun tombeau royal intact n’a été
ouvert en Chaldée, jusqu’à présent : sans doute les bijoux
n'v auraient point manqué.
D’ailleurs, une mode analogue persiste en Assyrie, où
jcS |l0mmes portent habituellement de lourds bracelets
ol des boucles d’oreilles (fig. 3994), mais point de colliers.
Seuls, les rois sont parfois décorés d’emblèmes sus¬
pendus au cou par des chaînettes 2. Les femmes et les
eunuques 3 portent de simples colliers de perles rondes
et lenticulaires ; les génies, mêmes barbus, et les
monstres suivent la mode des femmes \ On a recueilli
bon nombre de ces colliers, dans le palais de Sargon et
àKouyoundjik (VII1« siècle), dont un seul en or, les autres
composés de pierres précieuses 5.
On peut remarquer la même différence des sexes sur
les monuments phéniciens : les sarcophages féminins
sont seuls ornés de colliers f>.
II. Grèce. — 1. Époques mycénienne ». — La civilisa¬
tion dite « mycénienne », éclose et développée dans les
cours somptueuses des tyrans de Crète et de l’Argolide,
devait nécessairement produire une floraison extraordi¬
naire de l’orfèvrerie ; les trésors, dont la salle mycé¬
nienne du Musée d’Athènes regorge, en témoignent.
Dans les procédés techniques, dans la richesse et le
mode d’emploi des bijoux funéraires, dans leurs formes
mêmes, l’orfèvrerie « mycénienne » offre tant de rapports
avec l’Égypte, qu’il serait difficile d’exclure une
influence, probablement réciproque, influence prou¬
vée, d’ailleurs, par les relations suivies entre les deux
Fig. 5125. — Détail de collier mycénien.
pays7. Aussi les colliers « mycéniens » montrent-ils une
richesse et une variété bien différentes de la simplicité
monotone des bijoux chaldéens, dont se rapprochent
encore les colliers recueillis à Troie 8. Les tombeaux de
Mycènes nous ont montré les princes et les princesses
couverts de bijoux, comme ensevelis sous un flot d’or.
Comme en Égypte, les colliers n’étaient point réservés
aux femmes. Sur les fresques de Cnossos, les hommes
portent également ces grands colliers à un ou plusieurs
rangs 9, dont bon nombre sont sortis des tombeaux «mycé¬
niens» ,0. Nous en avons d’or, d’ivoire, de pâte de verre
1 Far exemple Heuzey, Figurines en terre cuite, pl. 11 ; de Sarzcc, Découv.
e“ Chaldée, pl. xxxix, 5. — 2 Par exemple Samas-vul (va' siècle) sur la stèle
célèbre, Perrot-Chipiez, Hist. de l'art, II, 620 ; cf. 763 ; Lavard, Mon. of Nin. 1, 82 ;
If V; collier simple, I, 5, 12. — 3 Layard, Mon. of Nin. 1,5, 12, 93 ; cf. lescaptifs
étrangers, I, 40-41. — 4 Perrot-Chipiez, II, 701 ; Assyrian Sculptures, IX, XXV;
l avard, L. c. 1,5, 7 (très riche), 7 a, 25, 34-38, 92. — 3 Kouyoundjik : Perrot-Chipiez,
11,705; Nimroud : Longpérier, Musée Napoléon, 111, pl. vu ; Palais de Sargon : Pcrrot-
Chipiez, II, 702. — 6 Perrot-Chipiez, III, 184. Exemple de collier trouvé à Carthage
dans P. Delattre, Tombeaux de la Nécropole de Douimès, 1897, p. 16. — 7 Objets
cSyptiens trouvés en Crète et à Mycènes, influence « mycénienne » dans la peinture
égyptienne, vases « mycéniens » trouvés en Égypte, etc. — ■ 8 Idole féminine de
plomb, avec un collier à cinq rangs, Schliemann, Ilios, 380 (éd. franc, p. 580 et 620).
Colliers de perles minuscules d'or, disposées en rangs multiples par des traverses
Perforées, Ibid. 514-5. Perles ornées de pointillé, Ibid. 548. Collier de quadruples
spirales, Ibid. 546, semblable à Schliemann, Mykenae, 226. — 9 Evans, dans
Annual of brit. school, VII, 1901, p. 17, fig. 6. — 10 Mycènes ; Schliemann,
souvent plaquée d'une mince feuille d or, selon la richesse
du mort ou la piété des parents. Ce sont, en général, de
petites plaques ajustées de façon à former un collier, ou
plutôt un bandeau ininterrompu où les mêmes motifs
se répètent : rosaces et volutes, feuilles et fleurs,
étoiles formées de quatre feuilles de lierre, animaux
stylisés, coquilles, poulpes, poissons volants, aigles,
papillons, etc. La figure humaine y apparaît rarement ".
Très à la mode sont les chaînes de fleurs de lis dimi¬
nuant de grandeur des deux côtés, dont une fresque de
Cnossos nous enseigne la disposition 12. Assez fréquentes
aussi, les traces d’émaux multicolores, qui remplissaient
les creux des rosaces et des fleurons, les ventouses des
poulpes. Nous reproduisons ici un échantillon choisi
dans le Musée d’Athènes (fig. 5125) 1,1 . Ces petites
pièces ajustées, ces incrustations polychromes, rappel¬
lent les mosaïques de faïence, d’ivoire et de crista',
fréquentes tant à Tirynthe 11 et à Mycènes 16 qu’en
Crète 16 et en Égypte17, où les artistes « mycéniens »
Mykenae, 123, 213, 364. Moules de bijoux, Ibid. 121-2; ’Eoyiji. ijyaiok. 1888
pl. vm-ix; 1887, pl. xm ; 1897, pl. vu; Spala : Bull. corr. hell. 1878, pl. xv. xvi;
Menidi: Bas Kuppelijrab, pl. îv; lalysos : Mylc. Vas. pl. a-c. — U 'E»r,n. ijyaioX.
1887, pl. xm ; 1888, pl. vin; sphinx, Ibid, pl ix ; Démons, Journ. hell. stud. XXI,
117; Murray, Excav. in Cyprus, p. 19, fig. 36-37. Un exemplaire excellent au
Louvre, d'autres à Delphes (fouilles de l'École française), et dans la coll. Augusto
Castellani à Rome (Chypre); cf. Furtxvaengler, Mimch. Sitz.-Ber. 1899.
_ 12 Evans, British School Annual, 1901, 17; Revue de l'art anc. et mod.
XII, 190?, 89. — '3 D’après des photographies et avec l'obligeante autori¬
sation du Conservateur, M. Tsounlas. — 14 Frise d'albâtre, Perrot-Chipiez, VI,
pl. xiii ; Schliemann, Tiryns, pl. iv; cf. les ornements peints, Ibid. pl. vi-xii.
_ 15 Fragments recueillis dans la tombe nr. 4, et appartenant probablement
à un échiquier semblable à celui do Cnossos. Schliemann, Mykenae, 278.
— 16 Échiquier de Cnossos, Annual brit. school 1901, 79; faïences à incrus¬
tation de Phaistos, Mon. ant. d. Line. XII, 94; mosaïque de Cnossos, Ann. brit.
school, 1902, p. 15, 21. — U Grébaut et Maspéro, Musée égyptien, pl. x.
MON
— 1986 —
MON
qui décorèrent le palais de Tell-Amarna semblent les
avoir importées. Créés pour une autre technique, ces
ornements ont trouvé dans les colliers leur application la
plus somptueuse.
Cependant, à côté de ces bijoux compliqués ,
simples perles de métal ou de pierres fines reit î
fréquentes. Un morceau de bas-relief en stuc' troin
Cnossos * nous montre deux doigts d’homme tenant un
Vers la fin de l’époque
Fig. 5129. — Femme chypriote
avec ses colliers.
collier de perles d’or, avec, au milieu, deux petites têtes
de nègre qui rappellent de nouveau les relations des
Crétois avec l'Égypte.
mycénienne », la Grèce conti¬
nentale a fourni encore une
trouvaille importante, le tré¬
sor d’Égine, publié par M. A.
Evans 2 : on y voit des col¬
liers de perles à plusieurs
rangs, d’or, d’améthystes et
de cornalines, enrichis de
pendeloques compliquées dont
les chaînettes et les figures
rappellentles types archaïques
des bijoux de Troie (fig. 5126),
tout en annonçant l’avène¬
ment prochain de l’art géomé¬
trique. En effet, ce trésor mar¬
que le déclin de l’orfèvrerie
« mycénienne », succombant
à cet art primitif du Nord, dont les traces ont survécu
très longtemps dans les pays balkaniques 3.
Comment ces
grands colliers se
portaient et se
fixaient dans l’a¬
justement fémi¬
nin, c’est ce que
l’on comprend
bien au moyen
des terres cuites,
tant « mycénien¬
nes » que géomé¬
triques, que nous
ont révélées les
fouilles de My-
cènes, de Tirynthe
et d’Argos. Comme
en Égypte, le col¬
lier, formé souvent d’une double ou triple rangée de
pendeloques, couvre comme un pectoral une grande partie
du buste (fig. 5127) 4. Les chaînettes ne passent pas par
* Grâce à l’obligeance amicale de M. Evans, j’ai pu examiner sur place
et à loisir toutes les trouvailles, encore inédites, de ces fouilles merveil¬
leuses. — 2 Journ. hell. stud. XIII, 195 sq. — 3 Cf. par exemple la
statuette au collier du Musée de Belgrade, Hoernes, Urgesch. d. Kunst , pl. iv ,
Perrot-Chipiez, flist. de l'art, VII, 188. - 4 Idole de terre cuite, trouvée
à l'Héraion d’Argos; Hadaczek, Oesterr. Jahreshefte, 1902, p. 209, fig. Gl.
- S Scbliemann, Tirynthe, fig. 87-89, 159, pl. xxv c; Perrot-Chipiez, VI, fig. 344-
345; Ch. Waldstein, The Argive Heracum, p. 44-47, fig. 17, 18, 20, 21, et surtout
derrière et ne sont pas visibles dans le dos : elles sont
fixées sur chaque épaule, par devant, à de grandes
fibules qui servaient en même temps d’agrafes pour
retenir le chiton sur les épaules, et qui reproduisent des
types connus par les fouilles d’Olympie surtout8.
2. Chypre. — C’est surtout dans cette île, exposée à
toutes les influences, que la bijouterie « mycénienne »
se fondant avec des courants égyptiens et orientaux
reçoit un développement spécial et curieux. Les fouilles
récentes du British Muséum en ont fourni une moisson
abondante, où l’on remarque l’influence égyptienne la
plus prononcée, à côté de bijoux purement « mycé¬
niens ». Un grand collier à pendeloques de fleurs de
lotus, incrustées de pâtes multicolores 6, rappelle les
cloisonnés égyptiens ; un collier plus simple 7 pourrait
être confondu avec des bijoux égyptiens, si les petits
boucliers d’or n’en dénotaient l’origine « mycénienne »
(fig. 5128) 8. C’est de cette orfèvrerie mixte, qu’on peut
attribuer à la fin de l’époque « mycénienne » (xir-xe siè¬
cles), que dériveront les bijoux lourds et disgracieux, les
multiples colliers et les chaînes chargées d’amulettes,
qui couvrent le cou et la poitrine des statues chypriotes,
représentant des
femmes ou des
déesses, à l’époque
dite gréco-phéni¬
cienne (ixc-vii" siè¬
cles) 11 . Notre li¬
gure 5129 10 mon¬
tre la disposition
particulière de la
parure
serrant
Fig. 5130. — Collier du Trésor de Curium.
étroitementlecou,
à la façon des bi¬
joux modernes ap¬
pelés « colliers de
chien ». En géné¬
ral, dans ces fi¬
gures, l’ornemen¬
tation suit une règle constante, évidemment fixée par
les coutumes religieuses : collier à pl«8ie»« ^
et à médaillon central, serrant le cou, bulle su. p
l’article instructif de M. Hadaczek dans les
— G Murray, Excavations in Cyprus, pl. v. _ 8 çf Gaz. arch.
xiv, et le collier égyptien du Louvre, Perrot-Chipiez, 1, =>• , LXXX„ et xc;
1883, pl. lvi ; Cesnola, Descriptive Atlas of cjpiio c ■ ^ Helizey, Les
11, pl. ci.xxxvii ; Olin. Richter, Kxjpros, pl. xr, xmx-liu, . ^ ^ Non)breux
figurines antiques, pl. ix; Murray, Excar. in yPrus% LonclrcSj de Berlin,
exemplaires dans les Musées de Paris, de Vienne, _ ^ ^ ^ 3.
— 9 Murray, Op. I pl- vi (604) i cf- P1' vl">
MON
— 1987 —
MON
. une chaîne entre les seins et rappelant encore les
li gu ri nés chaldéennes.
jVt. Cesnola a déterré de semblables colliers d’or à
Curium1- D'autres colliers plus récents, du même trésor
Je Curium (fig. 5130) 2, dénotent déjà la prépondérance de
l’art ionien le plus pur, dans leurs pendeloques élégantes,
amphores, glands, Ileurs de lotus, têtes de Méduse : la
tradition archaïque et barbare en disparaît complètement.
i luant aux hommes chypriotes, ils semblent n’avoir
porté de colliers qu’en endossant le costume égyptien 3.
Comme le reste du costume, les colliers de ces statues
gardent le type égyptien pur.
3. Ionie , Rhodes, Sicile. — Cependant des îles de la
mer Égée les traditions « mycéniennes » passèrent dans
l’orfèvrerie archaïque de l’Ionie, presque sans subir
l’influence étrangère. Rhodes, féconde aussi en trou¬
vailles purement « mycéniennes », nous a fourni les
meilleurs exemples de cette transition de style, dont
chaque fouille exécutée dans les nécropoles archaïques
Je l’Ionie apportera de nouvelles preuves.
Lesbijouxde Camiros (Rhodes)sont surtout admirables
par la linesse du travail, par le grènetis délicat des
Fig. 5131. — Collier rhodicn.
meilleures pièces, qui avaient été portées par les vivants
avant d’être déposées dans les tombeaux : ce sont de
solides et authentiques parures, tandis que les bijoux
purement funéraires ne sont qu’estampés dans une
mince feuille d’or à bas alliage. Dans cette série nom¬
breuse, que les vases trouvés dans les mêmes tombeaux
permettent d’attribuer à la seconde moitié du vne siècle,
on remarque surtout des plaques rectangulaires 4
(fig. 5131), qui formaient des colliers semblables aux
plaquettes « mycéniennes » que nous venons d’étudier
Cependant, les types estampés sur les plaques de Rhodes
sont purement ioniens : ce sont d'abord un centaure à
avant-train humain * et l'Artémis dite persique c, qui
se répètent avec des variantes insignifiantes. L’on trouve
encore des femmes drapées, parfois ailées, une déesse
à corps d’abeille 7, des têtes imberbes 8, des sphinx 9,
des rangées de perles cannelées portant, comme pende¬
loque centrale, soit des tètes de taureau ou de lion 10,
soit des plaquettes rondes à dessins géométriques 11 , soit
encore de grandes rosaces décorées de granulés très
fins, de petits masques et de tètes d’animaux appliqués.
Enfin, deux pendeloques plus compliquées, trouvées à
Camiros par Salzmann et entrées au Louvre12 (fig. 930),
vrais chefs-d’œuvre de la toreutique ionienne, rivalisent,
par la finesse exquise du travail (du grènetis surtout),
avec les bijoux étrusques les plus délicats.
Dans les orfèvreries lydiennes du Louvre13, le même
art apparaît, mais plus grossier et provincial; ces
bijoux, dont la plupart servaient de pendants de col¬
lier, décèlent l’influence prépondérante de l'orfèvrerie
ionienne des îles, non point sa dépendance de l'Asie.
C’est encore à des traditions ioniennes que nous
devons sans doute
l’abondance de bi¬
joux que nous re¬
marquons sur cer¬
taines terres cuites
de Sicile : les col¬
liers y figurent sous
l’aspect de plusieurs
rangées de pende¬
loques qui s’éta¬
gent sur la poitrine
des déesses (fig.
3132) 14.0n y recon¬
naît encore le sou¬
venir de ces grands
« pectoraux », que
nous signalions plus haut dans les idoles de Mycènes et
d’Argos (fig. 5127).
4. Grèce continentale. — Dans la Grèce continentale,
l’invasion dorienne ramena un âge de simplicité barbare.
L’art géométrique est très pauvre en bijoux et les
colliers font presque entièrement défaut15; cependant,
les témoignages de l’épopée nous enseignent que si les
hommes s’étaient désaccoutumés de ces bijoux, les
femmes des grandes maisons en portaient toujours
Plusieurs opp.ot font partie de la parure nuptiale
1 Cf. Cesnola, Cyprus, p. 312, avec les statues, Ibid. p. 141 ; la statuette
(1 A star té, p. 275; l’oenochoé à tête de femme, p. 401. — 2 Cesnola, Cyprus ,
PtxiH-xxv; cf. Olin. Richter, Kypros, pl. xxxiu, lxvh ; Perrot-Chipiez, III, 819,
829 (cf. notes 36, 37); Myres, Cat. of the Cyprus Mus. 131 sq. — 3 Telles les
statues d’Alhiénau, Perrot-Chipiez, III, 531-533 (Cesnola, Cyprus, 129-131).
~ 1 Salzmann, Nécrop. de Camiros, I (entrées au Louvre). Série très riche du
hrilish Muséum. Autres séries semblables aux Musées de Berlin (Milani, Studi e
foateriali, I, 194) ct de Boston ( Report of the Trustées, XXIV, 1900, 102 sq.). Un
M exemplaire à Oxford ( Report , 1899). — 3 Supra, fig. 1285, p. 1011 ; Fontenay,
Bijoux une. et mod. p. 144. — 6 Supra, fig. 935, p. 789 ; Rev. arch. VI, 1862, 264.
~~ 1 Journ. hell. stud. XV, I ; Milani, Studi e Materiali, I, 209. — 8 Arch. Zeit.
*884, pl. |Xj J 1-12 (Délos). — 9 Exemplaires inédits du British Muséum.
0 autres pendants à tête de lion ou de taureau, au Cabinet des Médailles
t" s 2857 ter, 2878 bis, ter-, trois belles pièces de la coll. de Luynes), au
Musée de Bologne (coll. Palagi). — 10 Arch. Zeit. 1884, pl. ix, 6-8 ; cf. 7.
r°i)<!clles, dont le décor est incisé ou granulé, se rapprochent de très
l’tés, lant de certains bijoux de Chypre (Perrot-Chipiez, 111, 829, trésor de
Curium, Musée de Ncxv- York), que des pendeloques étrusques, n. 72-73. — H Par
exemple Fontenay, Bijoux anc. et mod. p. 151. La plus belle série sa
trouve au Cabinet des Médailles (n0* 2858 ter, 2881, 3004, deux exemplaires
très beaux de la coll. de Luynes) ; d'autres aux Musées de Boston (Report
of the Trustées, 1899, 105), de Munich, de Bologne (coll. Palagi), du Louvre
(superbe pièce de la coll. Tyskiewicz), dans la Coll. Nélidoxo (pl. xm,
cccxi). — 12 D’après la Rev. arch. VIII, 1863, pl. i, qui est encore la meilleure
reproduction ; Fontenay, Les bijoux anc. et mod. p. 95-G. — 13 Dumont,
Bull. corr. hell. 1879, pl. îv-v; Froehner, Coll. Hoffmann (1886), pl. xx;
Perrot-Chipiez, V, 295 sq. ; cf. le collier iycicn, Coll. Tyskiewicz, pl. xxxvti.
_ 14 R. Kekulé, Die Terracotten von Sicilien, 1884, p. 12, fig. 14, 15;
p. 17-18, fig. 21 à 25; pl. n, fig. 1; cf. P. Delattre, Nécropole Punique, voisine de
Ste-Monique, 1898, p. 15, fig. 29. — 13 Par exemple quelques figurines de femmes
en terre cuite, Heuzey, Fig. en terre c. pl. xvii (Louvre) ; Arch. Anz. 1902,
III (Dresde). — 16 11 faut remarquer, d’ailleurs, que l’épopée évoque les an¬
ciens temps h(."OÏques, et garde un reflet de la somptuosité des cours « mycé¬
niennes ».
MON
— 1988 —
MON
d'Aphrodite 1 ; les princesses et les nymphes avaient des
colliers d'or et d’électron2. L’opp-o; d’Ériphyle joue un
rôle prépondérant dans le mythe d’Amphiaraos. Cepen¬
dant, ce même opp-oç n'est qu’un long collier de grosses
boules, assez simple et même grossier, sur une kélébè
corinthienne â, qui n’est pas beaucoup plus récente que
cette partie de l’épopée 4. Au début du vi° siècle, on
avait gardé la simplicité de l’époque géométrique.
Les figures de femmes drapées, si nombreuses au
vic siècle, les Kôpat de l’Acropole, les caryatides del-
phiques, les figurines de bronze, tout en portant en
général diadème, bracelets et boucles d’oreilles 5, man¬
quent le plus souvent de colliers. Il ne faudrait pourtant
pas exagérer les conclusions à déduire de ce fait, car, en
plastique, on sait que les bijoux étaient souvent figurés
par des pièces rapportées ou par de simples traits de
couleur, aujourd’hui disparus. C’est ce que M. Léchât a
noté en particulier pour les statues archaïques de
l’Acropole ; parfois le collier est taillé en plein marbre et
composé de fines perles juxtaposées ou de petites pende¬
loques espacées ; ailleurs il était rapporté en bronze, ou
indiqué par une ligne de couleur 6. Les bulles attachées
au cou par des chaînettes, qu’on remarque sur certaines
statues et statuettes archaïques viriles \ sont plutôt des
amulettes que des colliers. On les retrouve au cou des
enfants et des hétaïres 8. Même absence à peu près
complète de colliers dans les peintures de vases, tant
corinthiennes et chalcidiennes qu’attiques, sur les
stèles archaïques, dans les tombeaux du vi-v® siècle.
Les héroïnes, les jeunes épouses, les déesses parées pour
les réunions olympiques 9 ou pour le jugement de Paris
ne portentpoint d'hormoi 10 ; ces bijoux manquent encore
aux sculptures d'Egine et de l'Olympie, du Parthénon
et du temple de Niké, aux caryatides de l’Érechthéion.
Réserve faite des lacunes dues à la disparition de la
peinture ou des pièces rapportées (lacunes qui ne valent
pas pour les vases peints), on peut conclure que le collier
était devenu d’un usage moins fréquent, en Grèce, au
vic et dans la première moitié du ve siècle. On se rendra
bien compte de la même transformation, dans le sens
de la simplicité, en comparant, en Sicile ou en Grèce, la
série des terres cuites appartenant au commencement du
vie siècle ou se rapprochant au contraire du ve Les
colliers s’y font tout à fait rares.
Cependant, les inventaires du Parthénon nous appren¬
nent que la déesse possédait, dès 434, un opp.o; àvôspwv
et d'autres ornements dorés, qui servaient probablement
de pendeloques à un collier 12 ; plusieurs opp.ot ypusoï
oixAiOoi (d’or et de pierreries), sont cités dans les in M '
taires de la première moitié du ive 'siècle 13 | ,, v"'
toires en or de l’Hécatompédon portaient, elles nus"''
des colliers u. Les colliers ioniens et étrusques
posés souvent de fleurs de lotus et ornés de wiub'
loques ia, peuvent nous donner une idée de ce qu’tRaît
la parure de la Parthénos, inspirée sans doute de tradi
lions ioniennes. On constate d’ailleurs la présence de
collier à pendeloques sur la pierre signée d’Aspasios
(fig. 3523) et sur le médaillon de Koul-Oba (fïg. 347m „
C’est que, dans cette seconde moitié du ve siècle la
mode changeait, sous l’influence de l’Ionie, où les
Fig. 5133. — Collier grec de Crimée.
bijoux n’avaient point perdu leur vogue. Les colliers
reparaissent plus nombreux à Athènes, sur les vases
à figures rouges du beau style n.
5. Époque hellénistique. — Mais c’est le ive siècle
surtout qui ramènera la mode des oppot. Encore fleurit-
elle surtout en pays ionien, soit en Asie Mineure,
soit en Égypte, en Grande-Grèce et surtout en Crimée.
Les artisans athéniens suivent le goût de leurs clients.
Cependant, les colliers sont encore très modestes sur les
vases atliques du ive siècle 18, comme sur ceux de la
Grande-Grèce et surtout de la Pouille, inspirés par des
modèles attiques. Les simples rangées de perles, parfois
enrichies de pendeloques, s’y répètent à 1 infini (fig. 105,
862, 905, 3736, 3737, 4389, etc.) 19. En Asie Mineure,
les plaques estampées de l’orfèvrerie « rhodienne »
survivent, décorées maintenant de têtes de style libre - .
On remarquera encore, à cette epoque, le type non
veau des colliers composés de grands cylindres 21. En
Égypte, à côté des motifs grecs, nous trouvons un q n-
crétisme curieux, se combinant avec 1 ancienne |lJ 1
tion artistique du pays 22 .
i Hymn. liom. VI, 10; IV, 88, 164. -2 II. XVIII, 401; Od. XV, 460; XVIII, 295;
Hesiod. Op. 74; Helbig, Hom. Epos 2, 268. — 3 Wiener Vorlegebl. 1889, 10. La
faute de cette grossièreté n’est point à 1 inhabileté del artiste, qui savait parfaitement
rendre ce qu’il voulait. Un vase attique à figures noires (Overbeck, Bilder. d. theb.
u. troisch. Heldenkr. 102) montre un collier un peu plus riche. — 4 Ud. XI, 326;
XV, 247. _ 5 Cf. inaures. — 6 Lecbat, Au Musée de l’Acropole d'Athènes
1903, p. 212-213. — 7 Colosse des Naxiens à Délos, qui montre les trous dune
ceinture et d’un collier de bulles; statuette de bronze trouvée à Delphes, Perdrizet,
Bull. corr. hell. 1896, G03; cf. l'Apollon de Ferrare.au Cabinet des Médailles, p. 47,
Babelon-Blanchet, Bronzes de la Bibl. nat. n° 101, — 8 psykter d Euphronios,
Wien. Vorlegebl. V, 2; cf. les statuettes chypriotes d’enfants, Atlas of the Cesnola
Collection, I, 132 ; 11, 36; la cymbalistria laconienne. ’Esrip. 4oy_. 1892, pl. i. — 9 Sur
le vase François, une des Hores semble porter un collier épinglé à la poitrine ; mais
c’est peut-être un ornement brodé du cliiton. Voir Furtwaengler-Reichhold, Griech.
Vasenmal. pl. i. — )0 Quelques rares exceptions sur des vases à figures rouges de
style sévère, comme chez Over-beck ,Kunstmyth. Atlas, 1, 6 ; Wien. Vorlegebl. 1890-1,
1 1, 2 c, ou Furtwaengler-Reichhold, Griech. Vasenmal. 16, ne font que confirmer
la règle. — li Voir par exemple les terres cuites publiées par Kékulé, Terracott. v.
Sicilien, pl. xvii-xvm, xxu-xxv, etc.; cf. Hcuzey, Les pyur. ont. du Louvre, pl. xi-
289.
Parthénon ;
. — 12 "Iitiro?, uçM, youidi; î?°*“v A 5° ' u Tbid. IV,
1-166, 170-173. — « Corp. inscr. att. II, 645, 6do, o •
77, n« 331 e ; II, 642, 652, 660, 677 ; Foucart, Bull. corr. hell XII,
16 On y retrouve tous les types cités dans les lll'ulla'1(_ g. pontenay,
par exemple le superbe collier de Milo \C«b.des lcs’bij0UX’ étrusques,
faux anc. et mod. 150 ; le collier du Louvre, lbu . p. > acb Antiq¬
ues. _ ts Voir Furtwaengler, A né. Gemm. H, 10 ; K-dakof-Remac.;, ^
laBussie mérid. p. 233; Athen. Mitlh. 1883, P • xv- h Carlsruhe, Ibid.
Meidias, Furtwaengler-Reichhold, L. c. 8-9; autie sem ’ ® , n __ is Hydric
; vase de Talos, Ibid. 35; pinax d’Eleusis, ’E?. 4fX; 1JU ’ ’ ,. |iydric
reliefs de Cumes, à Pétcrsbourg, Compte rendu de c. p-^ ^ ^ ^ co|ljer
lychrome d’Alexandrie, Furtwaengler-Reichhold, Z. c. ,e ’ Les bijoux,
chaînettes du Cabinet des Médailles, provenant d Atll«"esJ ^ d-p:iaia, du
1), ou les colliers crétois, Coll. Gotuchôw , pl. xi, - • , vil, 8-I--
-i„» siècle, à tètes d’Athéna, d’Hélios et de Méduse, Arch et • ^ éphèbe
î beau collier à chaînettes et pendants estampés (têtes 1 . ’ décoré, dans la
enouillé), au Louvre (n» 179).-*' Très bel exemplaire, r ll Tyskiewicz,
M. Gotuchôw, p\. vu, 36.-22 Arch.An.eig. 190!, ' P- »»•
. xi. A remarquer les petits crocodiles du colliei pu > 11 P
MON
— 1989 —
MON
Mais c'est la Crimée surtout qui nous a légué d’admi-
rables et riches parures, plus conformes, dans leur
abondance, aux goûts barbares des princes scythes qu’à
]a fine mesure hellénique. Nous ne pouvons qu’indiquer
ici ces trésors de l’Ermitage, où les colliers à rangs
multiples, à chaînettes entre-croisées, à pendeloques
gracieuses et variées, tiennent une place importante
(lig. 5133) ‘. Les hommes semblent avoir porté des
torques richement décorés. C’est en Crimée que la
tresse de fils d’or(fig. 1245) apparaît pour la première
fois, dans la sphère d'influence de l’orfèvrerie grecque,
en un exemple daté du commencement du ve siècle 2.
On en trouve aussi de beaux exemples dans les types les
plus récents (ve-ivc siècle) du trésor de Curium à Chypre
(lig. 5134) 3. Plus tard, au ive siècle, on introduira lar¬
gement l’usage des pierres fines, cornalines, émeraudes,
calcédoines, améthystes, etc. Ces colliers se rapprochent
d’un côté des œuvres étrusques du ve-ive siècle, inspirées
comme eux de l’art ionien 4, de l’autre côté des bijoux
hellénistiques d’Asie et d’Égypte 3.
111. L’Étrurie. — Pendant que les bijoux devenaient
de plus en plus modestes dans la Grèce archaïque, les
Étrusques au contraire y portaient le luxe à un degré
inconnu depuis l’époque « mycénienne ». C’est la tradi¬
tion, sinon de cette civilisation, du moins d’une autre
congénère qui refleurit en Étrurie. 11 sera permis, dans
cette esquisse rapide, de négliger les pauvres bijoux des
tombes plus primitives à puits, ombriennes plutôt
qu’étrusques 6. Les grands tombeaux à chambre ou à
coupole, du vne siècle, contenaient des trésors somp¬
tueux d’une finesse incomparable , sous lesquels les
morts disparaissaient, comme les princes de Mycènes. Il
suffit de nommer la célèbre Tomba Regulini Galassi de
Cervetri 7, le Tumulo délia Pietrera à Vetulonia \ les
tombeaux de Vulci et de Canino, qui ont fourni les
admirables bijoux du Musée du Louvre et de l’Antiqua-
rium de Munich 9. Cependant, les femmes seules étaient
richement parées 10, elles se couvraient d’une masse
éclatante de diadèmes, de bracelets, de boucles et de
colliers. Ces derniers se composent le plus souvent de
simples perles à facettes ou cannelées, rondes, allongées,
profdées à double tronc de cône. Assez fréquentes son
les pendeloques à tête ou à figure humaine (fig. 5135) ",
les bulles estampées et granulées, semblables aux bijoux
chypriotes t2, les médaillons incrustés d’ambre, suspen¬
dus parfois à des chaînes tressées de fils d'or 1 '. On trouve
souvent, à Vetulonia surtout, de petits flacons à par¬
fums, suspendus aux colliers ", ou même d’énormes
alabastra d’argent, qui couvraient la poitrine comme un
pectoral
OuLre ces colliers précieux, on mettait avec les morts
une quantité extraordinaire de perles et de pendeloques
en ambre et en verre, des formes les plus variées ; les
fosses de quelques tombeaux « a circolo » de Vetulonia
en étaient comme tapissées. On ne se bornait pas aux
types simples : un collier d’ambre de Vetulonia 1G,
énorme, reproduit des poissons, des singes et des
femmes nues ; on imitait, en ambre ou en cornaline
(fig. 313), les scarabées égyptiens ou égyptisants, dont
un grand nombre est sorti des mêmes tombeaux. Une
dame de Tarquinii portait au cou une centaine de petites
figurines égyptiennes en faïence verte ". Un collier de
l’Antiquarium de Munich est composé de petites idoles
et de scarabées taillés en figurines, et montés en
argent. Il est inutile de multiplier les exemples.
Un buste de Vulci, très archaïque (fig. 2820) 18, et
les statues funéraires de Vetulonia 1U, confirment ce
luxe de bijoux, qui semblent de facture indigène, et
dénotent l’apogée d’un art longuement et patiemment
développé.
Au vie siècle, cet art est encore très florissant; il pro¬
duit de beaux colliers à chaînettes et breloques multi-
* Voir surtout les Comptes rendus de V Acad, imper, de St.-Pétersbourg, 1865,
pf » (d'où est prise notre figure); 1880, 1; 1881, 2; 1882, 2, 5; Antigu
du Bosphore cimm. pl. îx-xn ; Kondakof-Tolstoï-Reinach, Antiq. de la Russie
tnérid. p. 03. — 2 C. rendu, 1800, pl. iv, 0 (p. 88), datée par la pierre gravée
(Furtwaengler, Ant. Gemm. VIII, 52). — 3 Collier à tresse de Curium (Cesnola,
l-Vprus, pl. xxv) semblable à celui de Milo, Fontenay, L. c. p. 130. — 1 Par exemple,
Bosphore cimm. pl. xii, 3; xu a, 4; Compte rendu , 1869, pl. i, 14, 15; cl. les colliers
Hétois, Coll. Gotuchôw, pl. x, 72; xi, 82, 91, et, à l'autre bout du monde antique,
des bijoux sardes comme Coll. Tyskiewicz, pl. xxxvm. — 8 Cf. par exemple Bos¬
phore cimm. IX, 3 ; X, 1, 12; XI, 1, 2, 7; C. rendu, 1880, pl. i, 5-0; 1881, 11, 2-3;
IS82-3, II, 5; Kondakof-Reinach, L. c. p. 58, avec des colliers égyptiens tels que
Anh.Anzeig. 1901, 210 ; Burlington Club catalogue, 1895, pl. xxvi, 29 ; Schreiber,
Alexandrin. Toreutik, p. 304. Les bijoux hellénistiques d'Asie sont encore assez
• ares; S. E. M. Néüdow, ambassadeur de Russie à Rome, en a réuni une collection
admirable : catalogue Richement illustré par Pollak, Klassisch-Antike Gold-
^hmiede- Arbeiten, etc. Leipzig, 1903; les colliers, pl. xm-xvi, n0' 311-398. Au
Musée du Caire, de très beaux colliers; cf. Arch. Anzeig. 1901, 210. — 6 Parmi
•'as assemblages les plus disparates de perles et de pendeloques eu verre, en ambre,
VI.
en os, on trouve quelques rares pendants ou bulles d'or. Voir, pour ces colliers
barbares, Ghirardini, Not. d. scavi, 1882, 196; Karo, Studi e materiali, 11,
125, 140. — 7 Helbig-Reisch, Führer, 112, 344 sq. ; Mus. etr. Gregor. I, 1 sq.
— 8 Karo, Studi e materiali, I, 272; II, 107, 126 sq. ; Amelung, Florent. Führer,
17G sq.; Milani, Museo copogr. d. Etrur. — 9 Christ, Führer d. d. Antiqu.
1901, p. 36-38; Karo, O. I. II, 109 sq. 130 sq. — 10 Les bulles que portent des
hommes et surtout des enfants (Martha, Art étrusq. 314-547; Jlicali, Mon. in.
50, 3; E truste. Spieg. 83, etc.) sont des amulettes plutôt que des colliers;
cf. p. 1988, note 7. — H Musée du Louvre, Roger Milès, La bijouterie,
p. 81, fig. 84. — 12 Cf. notes 2, 9, 10, p. 1987, et les exemples rhodiens,
note 10, ibid. — 13 Le plus bel exemplaire, de la tombe Regulini-Galassi, Mus.
Gregor. 1, 64, 67 ; Karo, L. c. II, 139 ; cf. le beau collier du Cabinet des Médailles,
dans la coll. de Luynes (Gazette archéol. 1879, pl. u, plus récent). — 14 Karo,
L. c. Il, 132 (cf. 130-1); cf. le collier de Curium, Cesnola, Cyprus, pl. xxiv.
— 15 Karo, L. c. H, 133. Ces derniers n’ont pu servir que de parure funéraire.
— 16 Falclii, Vetulonia, pl. vu. — n Not. d. scavi, 1896, 18, — 18 Journ. hell.
stud. 1894, 222, pl. .vin; Micali, Mon. in. G, 2. — 19 Karo, Studi e Materiali,
I, 274-5 ; 11, 126, pl. lu.
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pliées1, dont le style et les types accusent déjà une forte
influence ionienne 2, qui ne fera désormais que s'accen¬
tuer. Mais la prédominance ionienne était plutôt défa¬
vorable à l’orfèvrerie étrusque, qui, depuis l’époque
archaïque (viie-vi° siècle), n’a pas progressé. On perd
peu à peu la finesse merveilleuse du grènetis et du fili¬
grane, c’est une décadence lente, mais continue, qui
commence au Ve siècle, et aboutit aux produits grossiers
de l'orfèvrerie étrusco-romaine.
Cependant, le Ve et le ive siècle ont encore donné
quelques beaux colliers, souvent enrichis de scarabées
(flg. 5136) 3 ou de grosses bulles à reliefs repoussés.
Fig. 5136. — Collier de scarabées.
(flg. 2778, 4234; cf. 192 et 3772); c’est, serhbl
souvenir de la mode grecque archaïque et en partie Y
ionienne des colliers d’amulettes ,0. U Uer
dont les sujets sont presque tous empruntés à la mytho¬
logie grecque L Aux anciens types ioniens, Tritons et
Sirènes, tètes de Méduse ou de lion, on substitue des
coquilles, des amphores, des glands, des masques de style
libre, etc. On introduit les pierres fines, inconnues jus¬
qu’alors, surtout les émeraudes. De nombreux monu¬
ments figurés (flg. 300, 302) nous enseignent la façon
dont on portait ces colliers : les femmes couchées sur
les sarcophages et les urnes funéraires, du ive au
ne siècle, ont très rarement le cou nu (fig. 1246) ;
à remarquer le collier
d’or de la belle dame
assise sur un sarco¬
phage de Città délia
Pieve3, qui remonte
encore au Ve siècle.
Les figures des urnes
de Volterra c, la belle
Larthia Seianti de
Clusium 7, nous mon¬
trent la même combi¬
naison de colliers ser¬
rant le cou , et de
chaînettes à bulles pendant entre les seins [catena], que
nous avons remarquée sur les monuments gréco-phéni¬
ciens de Chypre. D’autre part, le collier de Proserpine,
sur une ‘fresque d’Orvieto 8, rappelle de près celui du
célèbre buste d’Elché \ exemple, lui aussi, de l’art grec
greffé sur des traditions orientales. Ces bijoux nous
permettent de démêler les fds délicats qui relient, à
travers les siècles, l’Orient et ses colonies d’Occident.
Il est curieux de remarquer que les Étrusques donnent
parfois des colliers même aux personnages masculins;
1 Exemplaire inédil de l’Antiquarium de Munich, orné d une défense de sanglier
montée en or. Pour la défense de sanglier montée en breloque, cf. Kondakof-Reinach,
L. c. 277, et de Morgan, Fouilles à Dahchour , pl. xxn, 20 (griffes <le lion).
— 2 Cf. par exemple la belle tète d’Achélous, Marlha, Art étr. pl. i, H (supra,
fig. 960, p. 793), avec des bronzes ioniens, ou le collier, Ibid. 573, avec des bijoux de
Chypre et de Crimée. Voir aussi Fontenay, Bijoux anc. et mod. 158 (Louvre); Mon.
d. Inst. 1854, 24; Coll. Gotuchôw, VII, pl. vu, 35. — 3 Cf. Martha, Art étr. pl. i, 4,
et p. 575. — 4 Par exemple, Martha, L. c. 572 ; Micali, Mon. in. 26,3 ; 51 , 4. Un exem¬
plaire superbe au Cabinet des Médailles (2783). — 6 Martha, Art étr. 339 ; Milani,
Fig. 5138. — Collier romain avec médaillons
Fig. 5137. — Collier de Pompéi.
IV. Rome. — Il n’y a guère, en orfèvrerie, de style
romain proprement dit : la Grande-Grèce et l’Étrurie y
ont contribué à parts 'égales. Il n’est point surprenant
que les colliers de Pompéi (fig. 5137) 11 reproduisent
exactement des types connus en Crimée comme en Égypte :
c’est là une xo-.v-i) grecque, comme celle du langage, dont
l’uniformité est favorisée par la domination romaine.
D’autre part, les rares bijoux de l’époque romaine trouvés
dans le Latium et dans
l’Italie du Nord ne se
distinguent guère des
modèles étrusques du
me-iie siècle av. J.-C. 12.
On y remarque sou¬
vent la bulla, ornement
distinctif des jeunes
Romains (fig. 2075,
2607, 2835), ou une
série d'amulettes et de
crepundia (fig. 310,
311, 313). Quant au
type du torques , il forme une catégorie à part [torques].
Ce n’est qu’au temps du Bas-Empire qu’on rencontre un
nouveau type de collier, formé de médailles d or montées
en médaillons. La plus importante trouvaille de ce genre
a été faite en Transylvanie ; elle se compose de médailles
de Constantin et de sa famille 13 et d’un long collier a
chaînettes chargées d’une foule d’emblèmes des arts e
métiers14, exemple caractéristique du mauvais e011 ’
cette époque. Ces colliers peu gracieux se maintienne
jusqu’à la fin du monde ancien. On substitue souve
Mus. topoç/r. d. Etr. 63. — 6 Martha, L. c. 40, 199 ; Urne éti usche , , Yonestabile,
d. Inst, xi, 1 ; Milani, L. c. 8, iii-ii* siècle. - » Tomba dei Sette Oamrn^ ^ baut
Pitt. Mur. XI = Martha, L. c. 443. — 9 Mon. Piot . IV, pl. x"‘'x‘v- 2g . UIi Arti
la note 7, p. 1*«S. — « Par exemple, Niccolini, Case e mon. > ■ o/h/j. ^
e Mestieri, 7; I, Casa Poêla , Frag. 3. D’autre part, les bulles, p^peji^
gener. 42, sont absolument semblables aux bulles étrusques , c . (environsde
023, fig. 319. — 12 Par ex., Arnelh, Gold-u. Silbermon. ». U ’ ’ien Constantin,
Vérone); Bull, comun. 1889, pl. vm (Rome, m* siècle). - • _ u AnieU)i l.e.G, U
Valeils, Valentinien I et II, Gratien : Arnelh, L. c. G, XV-X
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t|es camées 1 et des pierres gravées aux médailles
^lig. r>138) 2; de telles parures furent encore portées par
des princesses tant byzantines que carolingiennes 3.
Mais l’art franc et lombard n'a point enrichi cette classe
bijoux. C’est pour les hommes, pour les guerriers,
que travaillaient ces orfèvres ; on négligea dès lors les
colliers pour les fibules, les broches et les boucles,
serties de gemmes et d'émaux. Les colliers, rassemblés
d’éléments et de matériaux disparates 4, rappellent les
parures barbares des tombes ombriennes à puits. La
tradition classique se brise et disparait s. G. Karo.
MONOBOLON. — Un des cinq jeux qui restèrent
autorisés par Justinien lors de la réglementation qui
eut pour but de prévenir l’abus des paris’. Celui-ci, à
ce qu’il semble, é'ait une course 2 terminée par un saut,
mais on ne saurait dire ce qui le distinguait, sinon qu’on
ne s’aidait pas d’une perche comme dans le contomono-
bolon. E. S.
MONOMACHIA. — Le combat singulier fleurit sur¬
tout aux époques héroïques. Les batailles qu’IIomère
décrit devant Troie ne sont, en réalité, qu’une série de
combats singuliers. Les princes, les avaxte;, attirent seuls
l’attention du poète. Les héros ne se mesurent qu’avec
des héros : leurs coups n’atteignent que des guerriers
distingués aussi par leur naissance, et dont presque tou¬
jours la généalogie est indiquée avec soin ; la foule ano¬
nyme est à peine mentionnée Les batailles de Y Iliade
ne sont conçues que comme une suite de p-ovogaytai, et
c’est à cette idée que correspond la formule fréquente au
début des descriptions de mêlées : ’ÉvOa o’àvTjp eXev avopx 2.
Cesmonomachies sont nombreuses. On peut les classer
d’après certains caractères particuliers. D’abord les mono-
machies livrées au milieu des mêlées : il y en a deux que
le poète raconte avec de grands détails à cause de l’impor¬
tance des héros qui sont en présence. Dans ces deux com¬
bats, Patrocle est aux prises tour à tour avec Sarpédon
et avec Hector. Sarpédon3, à la vue du massacre que
Patrocle fait des Troyens, s’avance pour arrêter le vain¬
queur. Les deux guerriers se sont reconnus ; ils s’élan¬
cent de leurs chars et marchent l’un vers l’autre. Patrocle
lance le premier son javelot et tue Thrasymèle, l’écuyer
de Sarpédon ; ce dernier n’atteint de son trait qu’un des
chevaux d’Achille, Pédaseples combattants lancent un
second trait, Sarpédon manque son adversaire qui le
frappe d’un coup mortel au bas de la poitrine. Le combat
entre Hector et Patrocle 1 présente quelques différences
dont la plus importante est l’intervention d’une divinité
en faveur d’un des deux guerriers. Cette intervention,
qui se produit presque constamment dans les combats
homériques, ne peut, à nos yeux, que diminuer la gloire
du vainqueur. Le poète n’en jugeait pas ainsi ; pour lui, la
1 Un (ici exemple à Vienne, Arnetli, Ant. Cameen v. Wien. XXI, 8.-2 AuCabinet
(lcs antiques ; Roger Miles, La bijouterie , p. 121, fig. 123.. — 3 La plus belle parure
de ce genre, déterrée près de Mayence, appartient à la collection Ileyl à Worms. Elle
a été exposée à Dusseldorf en 1902. Voir Cat. off. de l' Expos, n"5 806-7 ; cf. Babclon,
Grai\ en pierres fines , 172, 210 sq. ; Schneider, Album d. Antik. Wien, pl. xux-i..
~~ ’ Voir Vcnturi, Storia d. Arte liai. 11, 42-3 (Cividale), 50, 61, G2, 65, 67
Aocera Umlira), 63 (Castel Trosino) ; bibliographie complète, Ibid. p. 65; Mon.
°’d. d. Line. XII, pl. vi, vu, xi, xiu, xiv (Castel Trosino). — 5 Cf. tes articles cae-
wtuiu, coLLAnE, amuletum et aussi ar mile a, bulla, catena, inaures, ce dernier
aUicle surtout, parce que les boucles d'oreille ont une histoire analogue aux col-
lit>rs ; richesse extraordinaire, formes variées, souvent surchargées d'ornements, en
l 'rient, goût simple et sévère dans la Grèce continentale, avant le iv* siècle. En fait
bibliographie générale on ne peut guère citer que les livres de Fontenay, Les
N0!<® anciens et modernes, Farjs, 1887, et de Roger Milès, La bijouterie, Paris,
lvlb Pour le détail, voir encore Arnelh, Gold-und Silbcrmonumente des kais.
grandeur du héros éclatait d’autant plus qu'il était l’objet
de telles faveurs de la part de la divinité. Cependant,
dans le combat entre Hector et Patrocle, il est difficile
de croire que le poète n’a pas voulu rabaisser le vain¬
queur. Il ne lui prête pas le beau dévouement de Sarpé¬
don, s’élançant le premier contre un adversaire redou¬
table, pour défendre ses compagnons. Il faut qu’Apollon,
sous les traits d’un vieillard troyen, gourmande Hector,
l’accuse même de lâcheté et le pousse ainsi au combat.
Le rôle du dieu ne s’arrête pas là. Quand les deux héros
sont aux prises, Apollon livre à Hector son adversaire
non seulement désarmé, dépouillé de son c