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Full text of "Dictionnaire des locutions populaires du bon pays de Rennes-en-Bretagne"

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DICTIONNAIRE 

DES  LOCUTIONS  POPULAIRES 

DU    BOX    PAYS    DE 

RENNES-EN-BRETAGNE 


pi^ii§ii&^l 


H.     COULABIX 


Dictionnaire 


DES     LOCUTIONS     POPULAIRES 


DU    BOX    PAYS    DK 


RENNES-EN-BRETAGNE 


Rf:\\\'i:s 

HYACIN'THH    CAILLIHRH,    LIBRAIRIZ-liDITEUR 

2,    l'LACl-    DU    PALAIS,    2 


?c 


, 


•a  \fon  aimable  et  excellent  ami 
Monsieur  C 


Je  vais  me  parjurer,  mon  excellent  ami, 
et  vous  en  êtes  la  cause  ! 

J'avais  juré  que  le  TDir  ne  verrait  jamais 
le  jour,  et  depuis  vingt  ans  vous  insistez 
pour  qu'il  soit  public.  —  Avez-vous  songé 
à  la  lourde  part  de  responsabilité  qui  vous 
incombe  dans  le  gros  péché  que  vous  me 
faites  commettre  ? 

tJîlea  jacta  est  !  Je  me  rends  à  vos  désirs, 
cher  complice.  Advienne  que  pourra  ! 

Votre  antique  ami, 
H.  C. 


'li^ennes,  Mars  iS()i. 


«   //   V    i;    une    lougiie    liste   de 

tenues  populniies  qui  n'est  pns  à  dédai- 
gner, comme  elle  pourrait  le  paraiire 
d'al'ord.  Combien  de  personnes  distinguées, 
qui  ne  sont  jamais  sorties  de  la  Cour  ou  du 
grand  monde,  et  qui,  se  trouvant  quelque- 
fois obligées  de  descendre  dans  de  certains 
détails  avec  des  gens  du  peuple,  ne  compren- 
nent   rien   éi  ce  qu'ils  disent  !  » 

(Zacharii;  Chasthi.ain,   i7)0.) 


^t^ 


L  VOUS  iinpoilc  peu,  ii\'sl-cc  pas,  cher 
lecteur,  de  savoir  qui  je  suis,  il'oi'i  je 
viens,  et  pourquoi  j'ai  fait  iiiipriiiier 
ce  petit  livre  ? 


Il  est  cependant  d'usai^e  de  s'expliquer 
sur  ces  différents  points,  cl  il  v  a  plusieurs 
manières  de  le  faire.    La  plus  «  di^liit^^^uée  » 


—   VIII    — 


est,  à  coup  sur,  de  se  faire  présenter  par 
un  préfacier  connu,  dont  la  compétence  et 
la  notoriété  servent  de  passe-port,  de  sauf- 
conduit,  d'introduction,  de  reconimandalion. 
J'aurais  pu  demander  ce  service  à  un  ami 
«  lùen  posé  »  qui,  par  politesse,  n'aurait 
pas  osé  me  refuser  ;  nmis,  au  fond,  il 
m'aurait  envoyé  à  tous  les  diables,  jugeant 
que   mon    modeste    travail    ne  valait  pas    la 

corvée    que   je    lui    imp>osais Et    il    eût 

eu  raison.  J'ai  donc  pris  le  parti  que  je 
crois  le  plus  sage  :  celui  de  me  présenter 
tout  seul.  De  cette  façon  je  n'aurai  pas  de 
reproches  à  me  faire,  puisque  je  naurai 
compromis   que    nioi-niéme. 


Oui  je    suis    ?   D'où  je   viens    ?  Je   vais 
vous    le    dire,    cher  lecteur. 

Je    suis    un    vieux    rennais Vers    la 

fin    de    i8)o   (j'avais   alors   vingt    ans),   je 


fus  admis  à  l'emploi  de  sccréiairc  dans  les 
bureaux  de  VElat-major  de  la  zj'"'  Divi- 
sion   militaire^   à    Rennes. 

Le  ,chef  d'Etat -major  de  la  Division,  le 
colonel  Carvalho,  portugais  d'origine,  — 
inais  qui  s'était  donné  corps  et  âme  à  Li 
France,  —  me  témoigna  beaucoup  de  bien- 
veillance ;  et,  sur  sa  proposition,  le  géné- 
ral baron  de  'Bigarré  me  nomnui  aux 
fonctions  de  greffier  prés  le  i"  conseil  de 
guerre  de  la  'Division,  fonctions  que  j'ai 
occupées  pendant  trente-cinq  années  consécu- 
tives. 

Au  colonel  Carvalho  succéda  bientôt  le 
colonel  Lechartier  de  la  Varignière  qui, 
plus  tard,  commanda  le  département  de  la 
Manche. 

Enfin,  e)i  1S42,  le  colonel  de  Tessîères 
vint  à  son  tour  occuper  les  fonctions  de 
chei    d' Etat-major. 

Comme  ses  prédécesseurs,  cet  ojjicier  supérieur 
m'accorda  toute  sa  confiance,  m'accueillit  avec 
la  même  bouté,  et  je  comptai  au  nombre  de  mes 


meilleurs  jours  ceux  que  j'ai  passés  dans  Vinti- 
iiiilé  lie  la  famille  si  bonne  cl  si  patriarcale  de 
cet    excellent  homme,    (i) 

J'ai  tenu  à  rappeler  ici  les  noms  de  mes 
(généreux  bienfaiteurs  aujourd'hui  disparus. 
Ma  reconnaissance  pour  eux  ne  s'éteindra 
(ju'avec    le   dernier   battement    de    mon    caur. 


Et  maintenant  que  nous  avo)is  fait  connais- 
sance, cher  lecteur,  je  vous  dirai  comment 
et  par  qui  me  fut  suggérée  l'idée  de  former 
ce  petit  recueil. 

Madame  de  Tessières  était  fille  de  M.  Noël, 
l'auteur  des  classiques  qu'ont  tant  feuilletés  les 
étudiants  de  mon  temps.  C'était  non  seulement 
une  personne  des  plus  distinguées  par  son  érudi- 


(i)  M.  de  Tessières  est  mort  à  Paris  le  14  novcmhre  iSj6.  Son 
fils,  jeune  clbriUant  officier  d'cirtilleric,  a  été  lue  dans  la  guerre 
fratricide  de  la  Commune.  Madame  de  Tessières  elle-même 
n'échappa  que  par  miracle  aux  halles  des  comr,iunards.  Elle  est 
morte  à  Paris  le  iç  novembre  iSjS. 


iion,  mais,  à  ioutcs  ses  chaiiiiaiilcs  qualités  elle 
en  joignait  une  qui,  nialhcurcnsement,  devient 
plus  rare  de  jour  en  jour  :  elle  était  excellente 
ménagère  et  savait,  au  besoin,  mettre  (comme  on 
dit)   la    main  à    la  pâte. 

Elle  se  trouva  donc  obligée,  à  cause  nénie  de 
ce  précieux  don,  et  pour  les  besoins  de  sa  maison, 
de  ((  descendre  dans  de  certains  détails  avec  des 
f(  gens  du.  peuple.  »  Elle  jut  frappée  d'entendre 
une  foule  de  mots  quelle  ne  comprenait  point, 
ou  dont  le  sens  était  complètement  détourné. 

A  l'automne  qui  suivit  son  arrivée  à  %ennes, 
Madame  de  Tessières  voulut  faire  des  confitures 
de  groseilles.  Le  jardinier  auquel  elle  s'adressa 
lui  apporta  une  énorme  pannerée  de  groseilles  à 
maquereau  .  —  «  Que  m' apportez-vous  là,  mon 
«  brave  homme?  »  ////  dit  madame  de  Tessières. 
<(  fe  vous  ai  demandé  des  groseilles  à  grappes 
<(  pour  faire  des  confitures,  et  vous  m'apporte~ 
((  des  groseilles  à  maquereau...^)  Eh!  nuidame, 
répliqua  le  jardinier,  «  que  ne  dema)hiie~-vous 
«  des  castillcs  ?  » 

Madame  de  Tessières,  comme  toutes  les  Tari- 


—    XII    — 


siennes  sans  doute,  ignorait  ce  que  c'était  que 
(les  castilles. 

Le  soir,  elle  me  raconta  sa  petite  mésaventure. 
Je  lui  citai,  à  cette  occasion,  plusieurs  locutions 
rennaises  quelle  entendait  povr  la  première  fois. 
Elle  en  inscrivit  sur  un  petit  cahier  une  cin- 
quantaine environ. 

En  iSjo  le  colonel  fut  admis  à  la  retraite  et 
nous  quitta  avec  sa  famille,  au  grand  déplaisir 
de  la  société  rennaise  qui  ne  l'a  pas  encore 
oublié. 

En  partant,  madame  de  Tessiéres  me  laissa 
son  petit  recueil  que  je  me  promis  d'augmenter. 

Après  un  long  sommeil  je  me  suis  remis  à 
l'œuvre,  petit  à  petit,  par  boutades,  occupant 
ainsi  une  partie  des  loisirs  de  ma  retraite,  et 
sans  avoir  jamais  eu  la  pensée,  (on  me  croira 
sans  peine),  que  mon  travail  me  vaudrait  un 
fauteuil,  ou  viéme  un  simple  tabouret,  dans  une 
Académie  quelconque. 


—    XIII 


//  me  reste  à  m'expliqucr  sur  un  point.  — 
^Pourquoi  me  suis-je  décidé  «  sur  le  tard  »  à 
faire  imprimer  le  Dictionnaire  des  locutions 
populaires  du  bon  pays  de  Rennes-en-Breta- 
gne,  alors  que  j'avais  bien  juré  que  mon  manus- 
crit resterait  éternellement  enfoui  au  fond  de 
mon  tiroir  ? 

Il  y  a  vingt-cinq  ans  environ,  j'eus  le  bonheur 
de  lier  connaissance  avec  un  homme  aimable  et 

charmant,   M.    C ,  qui  fut  amené,  par  les 

hasards  de  la  vie  de  fonctionnaire,  à  fixer  sa 
résidence  à  'î^ennes.  Nous  ne  tardâmes  pas  à 
devenir  bons  amis,  —  très  bons  amis  même,  — 
et  nous  allions  souvent,  avec  nos  familles,  faire 
de  longues  pronwnades  dans  la  campagne  des 
environs  de  Raines. 

Comme  l'avait  fait  jadis  Madame  de  Tessiè- 

res,   M.  C prit  un  vif  intérêt  à  entendre 

parler  nos  paysans,  et,  >uiturellenu'nt,  je  lui 
communiquai  mon  recueil  qui  grossissait  de  jour 


en  jour.  C'est  alors  que  M.  C m'engagea 

vivement  à  le  publier.  Je  lui  déclarai  fonnelle- 
ineut  que  jamais,  au  grand  jamais^  le  'DIC  ne 
ferait  «  gémir  les  presses  ».  (C est  sous  ce  nom 
cfe  Die,  abréviation  de  Dictionnaire,  que,  dans 
nos  causeries  familières,  nous  désignions  mon 
recueil  manuscrit). 

Mon  ami  insistait Je  tenais  bon.  —  // 

insista  pendant  plus  de  vingt  ans et  pendant 

plus  de  vingt  ans  je  tins  bon 


Enfin  fai  cédé  ! 

Cher   lecteur,  que  votre  critique  soit  légère  à 
un  débutant  de  quatre-vingts  ans  ! 

H.    COULABIN, 

Officier  d'adminiitialion 
de  la  Justice  mililaire  en  retraite. 


ABRÉVIATIONS 


Abr. 

Abréviation. 

Ac.\D. 

Dictionnaire  de  l'Acidémie 

Adj. 

Adjectif. 

Adv. 

Adverbe. 

Adv.  pron. 

Adverbe  pronominal. 

B.  Lu. 

Bas.  Lu. 

j  Basse  latinité. 

Besch. 

Dictionnaire  de  Bescherelle 

Bkant. 

Brantôme. 

C-à-d. 

C'est-à-dire. 

Cf. 

Conférez. 

Ch. 
Chap. 

1  Chapitre. 

Cliron.  des  D. 
de  Norm. 

Chronique  des  Ducs  de  No 

D. 

Demande. 

Des  2  g. 

Des  deux  genres. 

Dict.  pop. 

Dicton  populaire. 

Duc. 

Ducange. 

Ex. 

Exemple. 

Etym. 

Etymologic. 

Excl. 

Exclamation. 

Fam . 

Familier. 

Eig. 

Au  figuré. 

Garg. 

Gargantua. 

Interj. 

Interjection. 

La  Font. 

La  Fontaine. 

Liv. 

Livre. 

Loc. 

Locution. 

Loc.  adv. 

Locution  adverbiale. 

Loc.  pop. 

Locution  populaire. 

Mém. 

Mémoires. 

Mont.  Montaigne. 

yi    S".  Même  signification. 

NoRM.  Normandie. 

Pamt.  Pantagruel. 

Part.  Participe. 

PI.  ou  plur.  Pluriel. 

Pop.  Populaire. 

Pr.  Pronom. 

Piép.  Préposition. 

Pron.  Prononcez. 

Pr.  pers.  Pronom  personnel. 

Pr.  poss.  Pronom  possessif. 

Qqf.  duelquefois. 

Clqn  ou  qn.  Q.uelqu'un. 

dqs.  duelques. 

R.  Réponse. 

Rab.  Rabelais.* 

Rom.  Roman. 

S.  Substantit. 

S.  et  adj.  Substantif  et  adjectif. 

S.  f.  Substantif  féminin. 

S.  f.  pi.  Substantif  féminin  pluriel. 

S.  m.  Substantif  masculin. 

S.  m.  pi.  Substantif  masculin  pluriel 

Syn.  Synonyme. 

Trév.  Dictionnaire  de  Trévoux. 

V.  Verbe. 

V.  a.  Verbe  actif. 

V.  n.  Verbe  neutre. 

V.  pr.  Verbe  pronominal. 

Vieux  fr.  Vieux  français. 

Voy.  ou  V.         Voyez. 


DICTIONNAIRE 

DES 
LOCXJTIOISrS        l'OPXJL  .AUTRES 

DU    BOX    PAYS    DE 

RENNES-EN-BRETAGNE 


J^ 


Abècher,  v.  a.  dont  les  auteurs  et  les  grammai- 
riens ont  fait  ahccqmr,  donner  la  becquée.  Nous  avons 
conservé,  nous,  le  mot  primitif,  et  nous  disons  : 
l'oiseau  ahcche  ses  petits,  leur  porte  la  hcchcc. 

SARTHE  :  ahcchcr,  m.  sg.  —  trév.  :  cilhéchcr.  m.  sg.  — 
BESCH.  :  abecquer  se  dit  aujourd'hui  plus  communé- 
ment que  abècher  et  abéchir. 

Abégauder,  v.  a.  vient  de  bégaiid.  —  Ex.  :  Il  la 
trompait  en  Yahègaudaiit,  en  lui  contant  des  sornettes. 
Voy.  hcgaiid. 

Abîmer,  v.  a.,  gâter,  salir,  détériorer.  —  Ex.  :  Un 
meuble  a  été  ahiuié  dans  un  déménagement.  On  alniiie 
bien  ses  effets  en  voyage.  Prenez  garde,  Adolphe, 
vous  allez  ahivicr  ma  robe.  On  dit  aussi  :  je  me  suis 
àbimé,  (sali). 


SARTHE  :  ahimer,  m.  sg.  —  nokm.  :  abiiner,  m.  sg.  ; 
S'ahimer,  se  blesser.  —  acad.  :  abimer.  Fig.  et  par 
exag.,  gâter,  endommager  beaucoup. 

Abominer,  v.  a.,  tenir  à  une  personne  ou  sur 
une  personne  des  propos  abominables.  —  Ex.  :  Il  lui 
faisait  bon  accueil  et  V  abominait  par  derrière  (vieux). 

NORM.  :  abominer,  détester,  diffamer.  —  besch.  :  abo- 
miner, avoir  en  horreur  (Vieilli). 

Abriver,  (s'),  v.  pr.,  se  lancer,  se  jeter  sur  quel- 
qu'un. Ex.  :  Son  chien  s'est  abrivé  sur  moi.  —  Voy. 
ebriver. 

Ce  mot  se  retrouve  dans  le  vieux  français  :  abriver, 
abriever,  ameuter,  exciter,  courir  sur.  —  B.  lat  : 
abreviare.  —  Ex.  duc.  Adonc  s'abrivérent  contre  lui. 
—  On  trouve  avec  un  sens  différent  :  trév.  :  abriver, 
arriver  ;  (n'est  plus  en  usage).  —  besch.  abriver,  abor- 
der (vieux  mot). 

Aburoter,  v.  a.,  élever  un  enfant  au  biberon. 
Ex.  :  Nourrissez-vous  votre  enfant  ?  —  Non,  j'ai  été 
obligée  de  Vabnroier. 

Acaniller,  (s'),  v.  pr.  se  dorloter,  se  rendre  fri- 
leux, aimer  le  coin  du  feu.  Ex.  :  Il  s'acanille  ;  aussi 
s'enrhume-t-il  au  moindre  troid. 

Ce  mot  a  quelque  rapport  avec  le  français  s'acagnarder, 
mener  une  vie  de  fainéant,  norm.  :  s'acagnarder,  deve- 
nir paresseux.  —  centre  :  s'acagnardir,  rester  au  coin 
de  son  feu. 

Accourser,  v.  a.,  achalander.  Ex.  :  Cette  mai- 
son de  commerce,  cette  boutique  est  bien  accoursêe, 


~  3  ~ 

cl  une  bonne  clientèle.  Probablement  du  latin  accur- 
siis,  concours,  affluence. 

TRHV.  :  nccoiirs,  vieux  mot^  affluence  d'advenants  ; 
accnrsus.  —  n'ORM.  accourser,  achalander.  accouvsè,  en 
cours  de  bonne  vente.  —  Vieux  Fr.  acoursé,  achalandé, 
accrédité,  chez  qui  il  y  a  accours  ou  affluence  de  clients.  — 
DUC.  ;  accoursier,  acconrsin,  chalan. 

Achaîson,  s.,  dégoût.  Avoir  achaison,  avoir  dégoût 
d'un  mets  ou  d'une  chose.  Syn.  de  danger.  (Voy.  ce 
mot). 

Achaisonnoux,  se,  adj.,  dégoûté. 

TRÉv.  :  achaisonner,  vexer.  —  nap.  landais  :  ochai- 
sonner,  vexer,   inquiéter  ;  n'est  plus  français. 

Achetoires,  s.  f.  pi.,  pièces  d'argent  :  £.v.  .■ 
Sans  achetoires  on  ne  va  pas  au  marché. 

Achocre,  adj.,  grosse  injure  qui  se  traduit  par 
entêté,  bouché,  stupide.  Ex.  :  Le  maître  d'école  de 
Chateaubriand  l'appelait  tête  d'achocre.  (Mém.  d'Ou- 
tre-Tombe). On  dit  aussi  :  tête  de  mât.  —  Ce  mot 
ne  viendrait-il  pas  de  achores,  teigne  ? 

NORM.  achocre,  s.  m.,  homme  brutal,  violent,  grossier, 
difficile  à  vivre,    hargneux,   obstiné.   Dans   la  Manche, 

maladroit. 

Aciboter,  v.  n.,  se  dit  du  blé  qui  ne  débourse 
pas,  dont  l'épi  ne  sort  pas  de  son  étui,  de  son  enve- 
loppe. 

Acoquiner,  (s'),  v.  pr.,  contracter  une  habitude, 
se  dit  surtout  d'une  mauvaise  habitude.  Ex.  :  Depuis 


—  4  — 

quelque  temps  cet  ouvrier,  autrefois  si  rangé,  s'lico- 
qtiine  au  cabaret.  (Ce  mot  est  français). 

ACAD.  :  S'acoqtiiner,  va.  sg.,  fam. 

Acouer,  v.  a.,  attacher  par  la  queue.  Acouer  les 
chevaux  pour  les  conduire  à  la  foire.  Vient  de  coue, 
queue. 

BESCH.  :  acouer,  m.  sg.,  fort  usité  à  Paris  et  dans  la 
plupart  des  provinces.  Fig.  dans  Mont.,  lier,  attacher. 
Voy.  Coue. 

Acquît,  s.  m.  Faire  de  Tacquil,  locution  très  em- 
ployée, surtout  chez  nos  ménagères.  Telle  étoffe  n'a 
pas  fait  d'acquit,  elle  était  de  mauvaise  qualité. 
Ex.  :  Prenez  ceci,  dira  une  marchande,  cela  vous 
fera  de  Tacquit.  (Voy.  Avange). 

A  c't'lieure,  pour  à  cette  heure.  Se  prononce 
astejir  ou  astoiire.  Cette  locution,  emplo);ée  fréquem- 
ment dans  la  conversation,  est  l'équivalent  de  : 
à  présent,  maintenant,  après  cela.  On  dit  aussi  à 
c'i'hour'  ci.  Ex.  :  Telle  besogne  est  finie,  eh  ben, 
à  c't'hour'  ci  j'allons  commencer  telle  autre...  Si 
j'étais  asture  forcé  de  choisir,  (Mont.,  liv.  3,  chap.  19). 
Voy.  Asttire. 

SARTHE  :  à  c't'heure,  m.  sg.  —  centre.  :  a  c't'  heure, 
m.  sg.  —  NORM.  :  aclitcur,  achteu,  asteur,  asteu,  m. 
sg.  —  Vieux  Fr.  :  asleure,  asture. 

Adelaizi,  e,  adj.,  touche -à- tout,  désœuvré. 
Ex.  :  Voyez  comme  il  est  adelaizi,  il  a  gâté  toute  ma 
besogne. 


—  s  — 

NORM.  :  adelaisi,  inoccupé,  oisif,  qui  a  dé  leisis.  — 
Vieux  Fr.  :  Le^,  loisir,  duc.  :  Voy.  Lonlé\i. 

Adens,  adv.,  se  mettre  adeiis,  se  mettre  sur  le 
ventre,  la  face  contre  terre.  Nos  paysans  ont  la  mau- 
vaise habitude  de  se  coucher  et  de  dormir  adens  après 
le  repas.  Mettre  un  vase  adens,  le  renverser  le  pied 
en  haut.  C'est  un  mot  excellent,  dit  Littré,  et  qu'il 
est  dommage  de  voir  perdre. 

Adeuter,  (s'),  v.  pr.,  se  pencher,  se  courber. 

SARTHE  :  adenter,  adcnlé,  m.  sg.  —  norm.  :  adens, 
adv.,  sur  les  dents.  Ex.  :  Tomber  adens,  mettre  un  pot 
adens  ;  adenter,  renverser  un  vase  en  mettant  son  em- 
bouchure en  bas.  —  Vieux  Fr.  :  adans,  aden^,  prosterné, 
le  visage  contre  terre.  Adenter.  \°  Appuyer  son  visage 
contre  quelque  chose,  renverser  quelqu'un  le  visage 
contre  terre.  2°  Mettre  l'embouchure  d'un  vase  en  bas  et 
le  fond  en  haut.  (duc). 

Adfors,  adj,,  étonné,  surpris  désagréablement. 
Ex.  :  J'ai  été  témoin  de  ce  triste  événement  et  j'en 
suis  encore  tout  adfors. 

Adioter,  v.  n.,  devenir  fou,  idiot.  Ex.  :  Que 
dis-tu  ?  que  fais-tu  ?  vas-tu  adioter  ?  (Quand  on 
reproche  à  quelqu'un  de  dire  ou  de  faire  une  chose 
déraisonnable.) 

Admesé,  Admeshui,  adv.,  désormais,  mainte- 
nant, à  présent.  Ex.  :  Puisque  tel  ouvrage  est  ter- 
miné, adiiiesé  j'allons  en  commencer  un  autre.  Voy. 
Déniaisé,  TDemaishui,  McsJiui. 

Adouzainer,  v.  a.,  mettre  par  douzaine  le  linge 


—  6  — 

revenu  du  blanchissage.  Ex.  :  Une  bonne  ménagère 
adoii:(aiiie  ses  nappes,  ses  serviettes,  ses  bas,  pour  les 
faire  servir  au  tour  et  rang  (chacun  à  son  tour). 

Adsa,  adv.,  à  ce  soir,  dans  la  soirée.  Ex.  :  Je  ne 
le  verrai  pas  c'matin,  mais  adsa.  Le  beau  parleur  dit 
adsoir.  «  J'arrivay  arsoir  de  Marans.  »  (Henri  IV  à 
Mme  Je  la  Roche-Guyon). 

Adsi  !,  va-t-en,  hors  d'ici  ;  ne  s'emploie  guère 
qu'envers  le  chien  ou  le  chat  dont  la  présence  im- 
portune. Ce  mot  est  habituellement  accompagné  d'un 
coup  de  pied  donné  à  la  pauvre  bête.  —  Ex.  :  Adsi, 
Picard,  s'écriait  un  mendiant  ;  tourne  ton  dos  vers  le 
mien,  tes  jambes  me  blessent.  (Voy.  le  mot  Ticard). 

Affalasé,  e,  adj.,  essouflé.  Ex.  :  Je  suis  venu  en 
courant,  j'en  suis  encore  tout  affalasé.  Cet  adjectif, 
plus  employé  au  masculin  qu'au  féminin,  semble 
avoir  pour  étymologie  le  mot  Fale,  jabot  des  oiseaux. 

Afifété,  e,  adj.,  Goule  affétée.,  palais  usé,  difficile, 
qui  ne  trouve  aucun   mets  de    son    goût.    Vient   de 

afféterie. 

C'est  un  sens  un  peu  différent  de  celui  du  français 
affèté,  qui  signifie  trop  recherché.  Ex.  :  Je  laisse  aux 
doucereux  ce  langage  ajfété.  (Boileau).  —  norm.:  ajffé- 
ter,  1°  assaisonner,  2°  disposer  avec  soin,  embellir. 

Affiler,  V.  a.,  lancer,  jeter.  Ex.  :  Il  a  affilé  son 
chien  sur  le  mien.  Voy.  Enfiler. 

Afifourée,  s.  f.,   mesure   agricole   ou    un    repus. 


-  7  - 

Un    tiers  de   jour   de  terre,   ou  25   ares,    i  afources 
valent  un  hectare. 

Affourrer,  v.  a.,  àim'muùf  d'Affouirager,  donner 
le  fourrage  aux  bestiaux. 

TRÉv.  :  affourrer  et  affourrager,  m.  sg.  —  norm.  :  affoiir- 
rée,  ration  de  fourrage  donnée  aux  bestiaux,  affourrer, 
raffoiirrer,  donner  Yaffourrée.  —  Vieux  Fr.  :  affourrer, 
affourrer,  m.  sg.  —  bas.  lat.  fora  gare,  (duc.) 

AflFronter,  v.  a.,  tromper,  voler,  manquer  à  ses 
promesses.  Ex.  :  J'ai  cru  acheter  une  bonne  étoffe, 
et  j'ai  été  affrontée. 

Affronteur,  affrontoux,  s.  m.,  homtne  de 
mauvaise  foi. 

SARTHE.  :  affronter,  m.  sg.  —  acad.  :  affronter,  trom- 
per. Ce  sens  vieillit.  —  norm.  :  affronter,  deshonorer, 
séduire  (une  fille),  affronteux,  séducteur. 

Afifûtiaux,  s.  m.  pi.,  ustensiles,  outils.  Ex.  :  Il 
est  arrivé  avec  tous  ses  aff'ùtiaux.  Vient  du  verbe 
affûter. 

SARTHE.  :  affûtianx,  m.  sg.  —  acad.  :  affûtiau,  baga- 
telle, brimborion.  Pop.  —  norm.  :  affution,  ornement, 
bagatelle. 

Afilée,  s.  f.,  laps  de  temps  non  interrompu,  tout 
d'une  traite.  Ex.  :  Je  les  ai  vu  causer  ensemble  une 
heure  d'afilee  pour  le  moins.  Quinze  jours  d'afilée.  A 
Saint-Malo,  on  dit  d'afile.  —  On  voit  que  les  mots  afiJée, 
et  affiler  ci-dessus  ont  des  significations  différentes. 

SARTHE.  :  Tout  d'une  afilce,  m.  sg.  —  norm.  :  D'affilée, 
en  file,  à  la  suite  les  uns  des  autres. 


Agis,  s.  m.  pi.  C'est  le  treizième  de  la  douzaine, 
le  5  pour  cent  ou  le  10  pour  cent  que  le  vendeur  de 
certaines  marchandises  donne  à  l'acheteur.  Ainsi  pour 
les  noix  et  les  autres  fruits.  Ex.  :  Combien  le  cent  ? 
Combien  la  douzaine  ?  —  C'est  tant.  —  Vous  me 
donnerez  don'  rs'agis  ?  (Ce  mot  ne  viendrait-il  pas 
du  latin  aiigcrc  ?)  A  Saint-Malo  on  dit  les  agais. 

Agliacer,  v.  a.,  rendie  paresseux.  Peu  usité. 

Agonir,  v.  a.,  injurier,  agoni}-  de  sottises,  d'in- 
jures. 

Agoniser,  v.  a.,  injurier.  — Ex.  :  Au  sortir  de 
l'église,  elle  m'a  agoiiiié  de  sottises.  Agonir,  par  abré- 
viation. 

XORM.  :  agoniser,  agonir  de  sottises,  injurier.  —  sar- 
THH  :  agoniser,  m.  sg.  —  besch.  :  agonir  qqn.  d'injures. 
Pop.  —  Employé  par  Ricard,  Rétif  (77'  Contempo- 
raine, i785\ 

Aguigner,  v.  a.,  agacer,  provoquer.  Ex.  ;  C'est 
une  fille  qui  agnigne  les  garçons  fConies  d'Eutrapel). 
Montaigne  a  dit  :  «  Ils  se  guignaient  Vun  ei  l'autre.  » 

BESCH.  :  aguigner,  avertir  en  faisant  signe  des  yeux. 
(Contes  d'Eutrapcl). 

Ahan,  s.  m.,  douleur  de  côté  avec  respiration  in- 
complète qui  se  produit  lorsqu'on  travaille  ou  qu'on 
court  aussitôt  après  le  repas.  Ex.  :  Il  faut  que  je 
m'arrête,  j'ai  le  ahaii.  On  voit  que  ce  mot  a  une  si- 
gnification autre  que  celle  qu'on  trouve  dans  nos  dic- 
tionnaires. —  Voy.  Lahan. 


-  9  - 

TRÉv.  ahan,  peine  qui  fatigue  le  corps  et  fait  quelque- 
fois perdre  l'haleine.  — norm.  :  uhan,  effort  qui  essouffle 
—  chNTRi;  :  ahaniicr,  être  essoufflé,  gémir. 

Ahoper,  v.  a.,  appeler  quelqu'un  de  loin.  —  Je 
t'ai  ahppé,  et  tu  ne  m'as  pas  oii'i.  —  C'est  l'exclania- 
tion  J^op',  dont  nous  avons  fait  un  verbe. 

Alangouré,  ée,  adj.;  du  vieux  verbe ahvigoiuir  ou 
alanç^ourer  ;  languissant,  chétif,  qui  ne  profite  point. 
—  Ex.  :  Cet  enfant  a  souffert,  il  est  alangouré.  — 
Vient  d'alauguir.  —  Dans  Rabelais,  alaugonri. 

TRÉV.  :  cdangoiiri,  affaibli  par  une  grande  maladie  ou 
affliction,  langiiidus.  —  busch.  :  almigoiirir,  vieux  mot, 
rendre  languissant.  S'alniigoiirir,  nhingcMiri,  languissant, 
(vieilli).  On  dit  aussi  éhingoiiré,  cnlangourc,  et  alangouré. 

Alatri,  e,  adj.,  se  dit  d'un  50/ fraichenient  labouré, 
battu  par  une  grande  pluie.  —  Ex.  :  Ce  carré,  cette 
plate-bande  ont  été  alatris  par  la  pluie  d'orage. 

Alfessier,  s.  m.,  un  mauvais  ouvrier,  un  pas 
grand'chose  dont  aucun  patron  ne  se  soucie.  —  Voy. 
H  al  fessier. 

NORM.  :  Halefessier,  gredln,  liomme  de  la  pire  espèce, 
mauvais  sujet,  de  mauvaise  mine. 

Ali,  s.  m.,  pain  ou  gâteau  non  levé,  ou  pain 
azyme. 

Vieux  Fr.  :  alii,  compacte,  serré,  d'où  pâle  alixc,  qui 
n'est  point  levée,  ce  qui  la  ren  1  compacte,  (duc.) 

Alobé,  e,  adj.,  hébété  (Fougères). 

Alouette-bandée,  s.  f.,  Nous  donnons  ce  nom 


au  jeu  de  Colin-Maillard.  Quand  la  personne  bandée 
va  se  heurter  à  un  obstacle,  on  l'en  avertit  en  criant  : 
a  Casse-pot  !  ».  Ce  jeu  est  fort  goûté  des  garçons, 
qui,  pour  désigner  la  jeune  fille  «  attrapée  »,  sont 
obligés  de  recourir  à  de  petites  privautés  qui  n'ont 
rien  de  déplaisant,  et  que  le  jeu  autorise.  —  Ex.  :  A 
quoi  jouons-nous,  mesdemoiselles  ?  A  l'alouette  ban- 
dée. —  Voy.  L'alouette. 

Aloyée,  s.  f.,  vache  stérile  ou  vache  bréhaigne.— 
De  a  privatif  et  Loye,  taureau.  —  Voy.  loye. 

Amain,  d'amain,  adj.,  commode  à  la  iTiain, 
sous  la  main.  —  Montaigne  a  dit  :  o  Ce  me  serait 
honte  de  servir  ayant  la  liberté  si  à  main  »  ;  et 
ailleurs  :  «  J'avais  ce  langage  si  prêt  et  si  aviain.   » 

NORM.  :    à  main,  loc.  adj.    commode  (Awyot).  à  main, 

adv.,  commodément. 

Ame  en  peine.  —  Dicton  populaire.  Q.uand  on 
heurte  en  marchant  une' pierre  qui  vous  fait  trébu- 
cher, c'est  qu'une  âme  en  peine  vous  demande  des 
prières.  Un  pater  ou  un  ave  peut  la  délivrer  des 
flammes  du  purgatoire. 

Ameiller,  v.  n.,  se  dit  lorsque  certains  symptô- 
mes se  manifestent  chez  les  vaches  sur  le  point  de 
faire  leur  veau.  Ex.:  Je  crais,  ma,  que  «  Belle Etaile  » 
va  b'entôt  vêler,  car  elle  ameille. 

Amenusir,  v,  a.,  pron.  ain'nusir,  amincir,  dimi- 


nuer  de  grosseur  une  cheville,  un  manche  d'outil. 
C'est  une  corruption  de  verbe  amenuiser. 

TRÉv.  ;  awcH((/'5cr,  rendre  plus  menu,  miiiuere.  —  acad.  : 
amenuiser,  rendre  plus  menu.  —  xorm.  ;  amenussier, 
amincir,  amoindrir.  —  Vieux  Fr.  :  amenuisir,  (Roman 
de  la. Rose). 

Amesser,  v.  a.,  C'est,  pour  la  femme  qui  vient 
d'avoir  un  enfant,  assister  à  la" messe   de  relevailles. 

—  Ex.  :  Ce  ne  fut  que  six  semaines  après  ses  cou- 
ches que  Mnie  X...  put  être  amcssèe.  — J'ai  entendu  ce 
verbe  de  la  bouche  d'une  gentille  Rennaise  qui  nous 
l'a  apporté  de  Josselin  (Morbihan). 

Vieux  Fr.  :  amessement ,  messe  de  relevailles,  fête  de 
relevailles.  lias  lai.  :  Admissatio,  cœremonia  admissio- 
nis  mulierum  post  nuptias  vel  partum.   (duc.) 

Amiauler,  v.  a.,  faire  sa  cour  à  quelqu'un,  cher- 
cher à  séduire  ou  à  tromper  par  de  belles  paroles.  — 
Ex.  :  Tiens-toi  sur  tes  gardes,  i!  cherche  à  t'amiaider. 

—  Ce  verbe,  qui  semble  une  corruption  d'emmieller, 
tire  peut-être  son  origine  des  miaulements  intéressés 
des  chattes. 

NORM.  :  amiaider,  amadouer,  circonvenir.  —  Vieux  Fr.  : 
amiaiûement,  ameiaidement,  amiablement,  avec  douceur, 
amicaliter.  (duc.)  —  (Ceci  donne  une  autre  étymolo- 
gie  de  amiauler). 

Amoi,  d'amoi,  locution  qui  s'emploie  avec  la 
négative  :  Il  n'a  pas  d'amoi,  c.-à-d.  il  n'a  pas  cou- 
tume de  faire  cela.  —  Comme  d'amoi,  comme  d'ha- 
bitude. (Vient  sans  doute  de  mos,  coutume).  Voy. 
Mos  (d'à). 


—  Il  — 

Amoulageur,  s.  m.,  piqueur  de  meules. 

Amouracher   (s')   v.   pr.,   s'éprendre   d'amour. 

—  Ne  s'emploie  qu'en  mauvaise  part.  —  Ex.  :  Cette 
fille  s'est  amourachée  d'un  ivrogne.  —  C'est  le  vieux 
mot  s'énaiiioiirer,  mais  il  est  moins  poétique,  on  doit 
en  convenir. 

ACAD.  :  amouracher,  engager  dans  de  folles  amours. 
S'amouracher.  Tous  deux  fam. 

Amulonner  ou  Emmulonner,  v.  a.,  mettre 
en  iitulon. 

KOKM.  ainuloniu'r,  emmulonner ,  disposer  le  foin  en  petites 
meules.  —  Vieux  Fr.  :  amulonner,  mettre  en  meules, 
annilgare  (duc). 

Amuse-bègaud,  s.  m.,  spectacle  ou  objet  qui 
n'a  d'autre  mérite  que  celui  d'appeler  l'attention  des 
simples.  Le  mot,  d'ailleurs,  l'indique  suffisamment. 

—  Voy.  Bègaiid. 

Ancien,  ne,  adj.,  âgé,  ée,  vieux  mot  toujours 
très  usité,  surtout  chez  nos  pa3'sans. 

Femme  je  suis  pauvrette  et  ancienne. 
(Villon.  15«  siècle). 

SARTHE.  :  ancien,  m.  sg.  —  centre  :  Hancicn  (h  aspiré), 
personne  âgée. 

Anet  ou  Anuit,  adv.,  aujourd'hui,  ce  soir.  — 
£.Y.:  Puisqu'il  est  venu  anet,  il  ne  reviendra  pas 
demain.  —  Vous  n'en  finissez  :  ce  sera-t-)'  pour  anet 
ou  pour  demain  ? 


-    13  — 

SARTHE  :  anmiit,  m.  sg.  —  norm.  :  anmii,  enhui, 
aujourd'hui.  —  trév.  :  anniiit,  aujourd'hui.  Vieux  mot 
venant  de  l'ancien  usage  des  allemands  et  des  gaulois 
qui  comptaient  par  nuits  et  non  par  jours.  Les  paysans 
disent  encore  aiinit  pour  aujourd'hui.  —  besch.  :  anuit 
pour  à  la  nuit.  Est  dit  aussi  pour  aujourd'hui  dans  qqs. 
parties  de  la  France.  —  Vieux  Fr.  :  anuit,  ennuit,  cette 
nuit,  aujourd'hui,   (duc.) 

Anicas,  s.  m.,  —  Vov.  Haiiicas. 

Anille,  s.  f.,  Déquille,  —  Vieux  mot  frcinçais  très 
usité  à  Rennes.  —  Ex.  :  Depuis  son  accident,  il  ne 
marche  plus  qu'avec  des  anilles. 

TRÉV.  :  anille,  annille.  On  appelait  ainsi  autrefois  une 
potence  d'estropiés  des  jambes  ou  de  vieilles.  — besch.: 
anille,  béquille,  potence.  —  xorm.  :  anille,  béquille. 
—   Vieux  Fr.  :  aniçote,  béquille  (duc). 

Anoche,  Voy.  Hanoche. 

Anoulière,  s.  f.,  vache  qui  n"a  point  produit  de 
l'année. 

NORM.  :  anoulière,  vache  qu'on  n'a  pas  fait  saillir,  ou 
qui  n'a  pas  conçu,  et  qui  continue  à  donner  du  lait. 

Anouyère,  adj.  f.  —  Galette  anouycrc,  lourde, 
épaisse. 

Antanne,  adj.  f.  —  C'est  le  vieux  mot  aniaii  fé- 
minisé. —  Se  rapporte  à  l'année  précédant  celle  qui 
court  ;  du  latin  aiite  aiiiiinii.  —  Nos  paysans  font  de 
l'avoine  dans  le  champ  où  on  avait  fait  de  la  pau- 
melle aiilainie  (l'année  précédente).  —  «  Sais-tu, 
Mathurin,  que  tu   me  dois  deux  termes?  »   —  »  Oui, 


—  14  — 

nout'  maître,  répond  le  meunier,  mais  est-ce  ma 
faute  ?  L'étang  tarit  oiianne,  l'étang  tarit  antanne.  » 
(Jeu  de  mots.  Voy.  Otianne). 

ACAD.  :  anian,  s.  m.  l'année  qui  précède  celle  qui  court. 
Vieux  mot  qui  ne  s'emploie  plus  guère  que  dans  l'expres- 
sion :  neiges  d'antan.  —  Vieux  Fr.  :  antan  anten,  ci-de- 
vant, autrefois.  — norm.  :  antenais,  poulain  d'au  moins 
un  an.  —  anléiwis,  antanois,  agneau  d'un  an. 

Anuit,  Voy.  Amt . 

NORM.  :  anhui,  ani,  anieiit,  enhiii.  —  centre  :  En 
hui,  annidt. 

Ao,  interject.  ;  s'emploie  dans  le  sens  interrogatif 
de  hein.  —  Ex.  :  Jeanne  !  —  Ao  ?  ■ — ■  V'n'oiis  quante 
ma  ?  —  7(7».  —  Ce  colloque  se  traduit  ainsi  :  Jeanne  ! 
—  Hein  ?  —  Venez-vous  avec  moi  ?  —  Oui. 

Apetissée,  s.  f.,  du  v.  a.  apctisser,  terme  de  tri- 
coteuse. —  Ex.  ;  J'ai  commencé  les  apctissèes,  —  les 
mailles  qui  diminuent  le  tricot,  par  opposition  à  celles 
qui  l'augmentent. 

SARTHE  :  apetissée,  m.  sg. 

Apotichonner,  v.  a.,  élever  au  biberon  un  en- 
fant que  la  mère  ne  peut  allaiter.  —  Ex.  :  «  Nour- 
rissez-vous votre  garçaille  ?  »  —  «  Non,  je  l'apoti- 
chounc.   »  —  Vient  de  potiche,  petit  pot. 

Apparaissance,  s.  f.  —  C'est  le  subst.  apparence 
allongé. 

NORM.  :  apparaissance,  m.  sg.  —  centre  :  apparaissance, 
m.  sg.,  —  Vieux  Fr.  :  apparaissance. 


—  iS  — 

Après,  prép.  —  Etre  aùrès  qqn.,  le  taquiner,  le 
poursuivre  :  —  Ex.  :  «  Faites  donc  finir  votre  gars, 
mère  Legras,  il  est  toujours  après  moi.  » 

ACAD.  ;  après  qn.  m.  sg. 

Arâsj  adj.,  des  2  g.,  plat,  sans  aspérité.  —  Dési- 
gne une  femme  de  haute  taille,  sans  grâce  et  sans 
tournure.  On  dit  d'une  femme  aux  hanches  peu  sail- 
lantes et  dépourvue  de  poitrine  :  «  Elle  est  toute 
d'un  ards,  toute  d'une  venue  ;  quelle  perche  !  quelle 
gaule  1  »  — Dans  nos  casernes,  l'homme  flî'(/5  s'appelle 
planche  à  pain. 

Arbelaise,  s.  f.,  côte  de  porc.  —  Sans  doute 
une  corruption  de  Lard  de  laie  ;  aussi  devrait-on  dire 
arddaise. 

Arée,  ou  Harée.  s.  f.  averse,  grain  de  pluie.  — 
Voilà  encore  une  arée  qui  chauffe  (un  nuage  qui  va 
crever).  —  Les  arées  se  succèdent  dans  les  chaleurs 
d'orage. 

NORM.  :  Harée,  averse,  pluie  d'orage. 

Argenté,  ée,  adj.,  qui  a  de  l'argent.  —  «  Il  n'a 
pas  de  biens  au  solda  (soleil)  ;  mais  c'est  un  gars 
bien  argenté.   » 

TRÉv.  :  argenicu.x,  se  dit  des  gens  qui  ont  de  l'argent 
mignon,  pecuniosus.  Peu  en  usage,  si  ce  n'est  parmi  le 
petit  peuple.  —  besch.  :  argenteux,  pop.  et  inusité.  — 
NORM.  :  argenté,  aigentii,  ergentc,  ergentu,  riche,  qui 
possède  beaucoup  d'argent  comptant. 

Armelle,  s.  f.,  lame  de  couteau,  petit  couteau. 


-  i6  — 

—  C'est  avec  une  mauvaise  anndh  qu'il  s'est  coupé 
le  doigt.  —  Dérive  à\inne.  —  C'est  aussi  le  petit 
couteau  cuslache  que  Rabel'.is  nomme  un  gouet. 

XORM.  :  aniiL'!h\  altitnclli\  lame  de  couteau.  —  besch.: 
aluinellc  ,  vieux  mot,  partie  trancliante  des  couteaux, 
rasoirs,  etc.  Du  latin  hiiiella.  —  Vieux  Fr.  :  alanelle . 
aletneille.  tout  instrument  en  fer  qui  est  tranchant,  ale- 
inella,  alimella,  aliimella.  (duc). 

Armena,  s.  m.,  almanach. 

NORM.  :  annéna,  aniiana,   crinéna,    ermana,  alména. 
SARTHE  :  aniicna.  —  CENTRE  :  armena. 

Arocher,  v.  a.,  lancer  des  pierres,  des  roches, 
comme  on  dit  dans  nos  villages.  —  Ex.  :  «  Je  te 
défends  d'arochL'r  mon  chien  ».  ^  S' arocher,  se  lapider. 

NOR.M.  :  arracher,  rucher,  lancer  (des  pierres.)  —  Vieux 
Fr.   :  ruer,  lancer,  précipiter. 

Aroler,  v.  a.,  lancer  méchamment  un  objet  à 
qqn,  se  précipiter  brusquement  sur  qqn.  — Ex.:  lisse 
sont  aroh's  l'un  sur  l'autre  (se  sont  pris  corps  à  corps). 

—  Vient  peut  être  de  ruer  (se),  ou  de  rouler  (?) 

Arolée,  s.  f. ,  vient  d'aroler,  mais  avec  une  signi- 
fication différente.  —  Ex.  :  Il  a  fait  ses  dix  lieues 
d'arolèe,  c.  à  d,  tout  d'une  traite,  sans  se  reposer. 

Arrivoir,  s.  m.,  petite  anse  pratiquée  au  bord 
d'une  rivière  ou  d'une  pièce  d'eau,  et  que  partout 
ailleurs  on  nomme  abreuvoir  ou  lavoir.  —  Nos  bes- 
tiaux sont  menés  à  l'arrivoir,  et  c'est  aussi  à  Varri- 
voir  que  nos  ménagères  lavent  le  linge  de  la  ferme. 


—  17  —         • 

Arsouille,  s.  m.  Ce  mot  s'applique  au  fainéant, 
au  pochard,  au  propre-à-rien,  au  voyou  ;  le  mot 
arsouille  résume  toutes  ces  épithètes.  —  On  ne  dit 
guère  d'une  femme  qu'elle  est  arsouille.  —  S'arsouiller 
V.  pr.,  se  vautrer,  se  pocnarder. 

NORM.  :  Arsouille,  débauché,  vaurien,  prob.  pour  gar- 
souille.  Arsouille  signifie  aussi  femme  très-malpropre.  — 
SARTHE  :  Arsouille.  —  centre  :  Arsouille,  terme  de  mé- 
pris, argot  des  villes,  aussi  parisien  que  rennais.  —  Ex.: 
«  C'étaient  des  arsouilles  qui  tiraient  la  savate.  »  (th. 
Gautier). 

Assemblée,  s.  f. ,  réunion  populaire  annuelle 
dans  un  lieu  déterminé,  fête  de  village  qu'on  appelle 
pardon  en  Basse-Bretagne  et  ailleurs.  Nous  avons  à 
Rennes  huit  assemblées  :  (i) 

La  première  et  la  plus  importante  est  celle  de 
Veiin  ;  elle  a  eu  lieu  le  lundi  de  Pâques.  C'est  le 
Longchantps  rennais  ;  mais  comme  le  Longchamps  pa- 
risien, il  tend  à  perdre  sa  vogue.  Nos  belles  dames 
ne  dédaignaient  pas,  il  y  a  peu  d'années,  de  s'y  ren- 
dre en  équipage,  d'y  étaler  leurs  toilettes  printaniè- 
res,  et  de  se  mêler  à  la  foule.  Aujourd'hui  elles 
s'abstiennent. 

La  seconde  assemWe  se  tient  à  Saint-Hèlier,  le 
dimanche  de  la  Qiiasimodo. 


(i).  Le  Maire  de  Rennes,  par  un  arrêté  du  mois  de 
juin  1878,  a  institué  une  seconde  assemblée  à  Saint-Hélier  ; 
elle  a  lieu  le  jour  de  la  fête  de  ce  saint  (16  juillet),  ou  le 
dimanche  qui  suit  cette  fête. 


La  troisième,  au  village  de  Chanlepie,  le  7  juillet. 
On  l'appelle  Vassembîêe  de  drigue-drogue.  J'ignore 
pourquoi. 

La  quatrième,  au  village  de  Saint-Laurent,  le  10 
août.  On  y  boit  les  premiers  cidres  de  la  récolte,  fa- 
briqués avec  des  pommes  primes  dites  de  Saint-Lau- 
rent. 

La  cinquième,  au  village  de  Saint-Grégoire,  à  la 
fête  de  ce  saint,  le  3  septembre. 

La  sixième  à  Chdtilhn  pendant  les  trois  dimanches 
qui  suivent  Vassenihlée  de  Saint-Grégoire.  On  pourrait 
l'appeler  la  Fête  des  Noix,  à  cause  de  la  grande  consom- 
mation qui  s'en  fait.  Le  troisième  dimanche  on  y 
mange  les  premières  châtaignes  grillées. 

La  septième  se  tient  à  la  Babelouse,  sur  le  terri- 
toire de  Saint-] acqttes-de-la-Lande,  à  la  Saint-Luc,  le 
18  octobre,  (i) 

La  huitième  est  celle  de  Cesson,  qui  a  lieu  aux 
buttes  de  Pince-Poche,  non  loin  du  bourg,  à  la  Saint- 
Martin,  le  11  novembre.  C'est  en  même  temps  la 
foire  aux  poulains  et  pouliches  et  aux  porcs. 

Hélas  !  on  ne  danse  plus  aujourd'hui  dans  ces 
réunions  populaires,  mais  le  diable  n'y  perd  rien.  On 
y  boit  à  ventre  déboutonné^  en  mangeant,  sur  l'herbe 


(i)  Au  moment  où  j'écris  cette  page  (Mai  1877),  le 
Conseil  municipal  de  Rennes  autorise  une  nouvelle  assem- 
blée annuelle,  dite  de  Saint-Cyr  qui  se  tiendra  dans  le  quar- 
tier de  ce  nom^  à  la  fête  du  saint  qui  a  lieu  le  16  juin. 


—  19  - 

ou  sous  h  tente,  du  lard  et  de  la  saucisse,  et  on  s'en 
revient, .  comme  on  dit,  vent  dessus,  vent  dedans, 
c.  à.  d.  rond  comme  une  balle  —  «  Allez-vous  à  Vezin? 
J'espère  que  vous  m'apporterez  une  part  d'assem- 
blée. »  v-  La  part  d'assemblée,  c'est  un  mirliton,  une 
bague,  une  croix,  enfin  un  souvenir. 

KORM.  :  assemhlèe,  fête  de  village.  —  sarthe  :  m.  sg. 

Asseyas,  s.  m.,  chaises,  sièges  :  —  «  Assiétous 
don',  v'ià  d's'asseyas.  »  (Chàteauneuf). 

Assiettée,  s.  f.  ;  c'est  le  contenu  de  l'assiette.  — 
Une  assiettée  de  soupe,  de  fruits. 

BESCH.  :  assiettée,  m.  sg, 

Assotîr,  V.  a.,  assommer.  —  Des  brigands  l'ont 
assoii  sur  la  grand'route.  —  N'approche  pas,  ou 
j'fassotis  !  —  Vrayement  cest  homme  m'assotist. 
(Me  Pathelin). 

XORM.  :  assouir,  assommer,  étourdir. 

Assoulaîger  :  i°  C'est  la  réunion  des  trois  mots  : 
à  se  soulager.  —  2°  En  un  seul  mot  assoulaiger  (s'),  v. 
pr.,  signifie  se  mettre  au  soleil  :  «  Il  est  à  s'assou- 
laiger  au  soleil.  » 

Asticoter,  v.  a.,  agacer,  provoquer,  vieux  mot 
que  j'ai  cru  devoir  conserver  ici  comme  étant  toujours 
très  employé,  surtout  par  nos  écoliers.  —  «  Pourquoi 
le  frappes-tu  ?»  —  «  Parce  qu'il  est  toujours  à  ni'asti- 
coter,  » 


ACAD.  :  asticoter,  m.  sg./im.  —  sarthe,  centre  :  asti- 
coter, m.  sg.  —  NORM.  :  asticoter,  asticher,  astiquer, 
m.  sg. 

iV.sture,  adv.  —  C'est  la  réunion  des  trois  mots  : 
à  cette  heure.  —  maintenant,  à  présent.  —  «  Vous 
v'ià  r'venu  d'ia  messe,  eh  !  ben,  asinre,  v's  allez 
manger  o  nous  »  —  Dans  le  discours  il  est  sou- 
vent accompagné  de  l'adverbe  ci  :  —  Asture-ci,  il 
faut  aller  ici,  faire  cela.  —  «  Cette  interjection  qui 
sert  asture  aux  Italiens.  »  (Montaigne).  —  Voir 
A  c't'hcurc. 

A-ta-tan,  exclamation  fort  employée  par  les 
femmes  du  peuple  lorsqu'elles  veulent  empêcher  leurs 
enfants  de  faire  une  sottise  ou  une  chose  défendue. 
C'est  la  menace  d'une  correction  :  —  «  A-ta-tan  ! 
j'te  vois  ben  !  »  —  C'est  l'exclamation  Attends  !  répé- 
tée. 

Attaquer,  v.  n.,  employé  par  les  écoliers  dans 
ce  sens  :  lutter  de  mérite,  de  savoir,  d'application 
dans  une  composition.  —  J'ai  attaqué  avec  mes 
camarades  Victor  et  Lucien  ;  j'ai  été  le  premier. 

Attelle,  s.  f. ,  pron.  dlêh'.  —  Morceau  de  gros 
bois  fendu.  —  «  Mettre  une  attelle  dans  le  feu.  — 
«  Av'ous  vu  la  femme  de  Jacques  ?  Elle  est  sèche 
comme  une  attelle  ».  —  Vient  de  haita,  morceau  de 
bois  servant  à  emmancher  une  lance.  —  Vov.  Ha- 
telle. 


—    21    — 

NORM.  :  atelle,  i°  éclat  de  bois,  de  astula  ;  2°  bâton  ; 
3°  bûche.  Hâtelle,  bûche,  arbre  coupé  et  fendu,  bâton. 
—  Vieux  fr.  :  hastellc,  bûche,  pieu,  morceau  de  bois 
long,  astellc,  bâton  de  pique,  astella. 

Attraper,  v.  n.,  être  battu,  être  frappe.  —  «  Gare 
à  toi,  tu  vas  allrapcr,  si  je  me  fâche.  » 

Attrapoux,  s.  m.,  attrapeur,  trompeur,  enjô- 
leur. —  Défiez-vous  de  ce  gars-là,  c'est  un  atlrapoiix 
de  monde. 

Aubiche,  s.  f.,  adresse.  —  Ce  garçon  n'a  point 
d'aiihiche.  (Saint-Malo). 

NORM.  ;  ahicbe,  habileté,  intelligence. 

Aujoler,  v.  a.,  opération  de  labourage  qui  consiste 
à  regarnir  la  racine  du  blé. 

Auue,  s.  f. ,  mesure  de  longueur  avant  le  système 
métrique.  Employé  dans  ce  sens  :  —  Vous  payez  ces 
ruits  bon  marché  ;  mais  vous  ne  les  choisirez  pas, 
vous  les  prendrez  à  Vanne  (comme  ils  viendront  à  la 
main). 

Aurive  ou  Orive,  adj.  f.  —  On  désigne  par  ce 
mot  tout  ce  qui  est  prime  ou  primeur  :  pommes, 
poires  aiirives.  —  Semence  aurive.  —  Le  sol  même 
est  aurive  ou  aurif. 

Avange,  s.  m.  —  On  prononce  souvent  avanche. 
—  D'un  usage  de  longue  durée,  d'un  bon  usage.  — 
J'ai    été  contente    de    cette    robe  ;   l'étoffe    en    était 


excellente,  elle  m'a  fait  de  Tavange  ;  elle  est  d'un  bon 
avaiigc. 

On  trouve  dans  Rabelais  le  verbe  avauger,  pour 
avancer,  suffire  :  —  «  Avec  ycelles  nous  n'avangerons 
que  trop  à  manger  nos  munitions.  »  (Garg.  Ch.  22). 
—  «  Il  fouettait  les  paiges  pour  les  avanger  d'aller.  » 
(Pant.,  chap.  16). 

NORM.  :  Avanger,  v.  n.,  procurer  avantage,  donner  pro- 
fit, fournir  avantageusement  :  les  légumes  avangeront. 
—  Vieux  fr.  :  avanger,  avangicr,  avancer,  arriver. 

Avas  OU  Avais,  s.  m.  pi.,  gros  bétail,  bêtes  à 
cornes.  —  «  Us\ivas  étaient  chers  à  la  faire  de 
Rennes.  »  —  Ce  mot  ne  se  dit  que  des  bœufs  et  des 

vaches,  et  pourtant  semble  venir  d'oves,  brebis. 

Aveillon,  s.  m.,  plante  parasite  qui  croît  dans 
les  blés.  Nos  paysans  lui  ont  donné  le  nom  d' aveillon, 
à  cause  de  sa  ressemblance  avec  Vaveine  (l'avoine). 

Avènement,  s.  m.,  vision,  apparition,  événe- 
ment surnaturel  ou  prophétique  qui  annonce  la  fin 
prochaine  d'un  membre  delà  famille.  —  «  Nous  étions 
rassemblés  au  chevet  du  malade,  lorsqu'un  grand 
chien  noir,  posant  ses  pattes  sur  le  clanche,  ouvrit  la 
porte,  allongea  son  museau  sanglant  et  disparut... 
C'était  V avènement  de  notre  père....  Il  mourait  à 
minuit.  »  —  Le  chant  d'une  fresaie  perchée  sur  une 
maison  est  quelquefois  un  avènement  et  l'annonce 
d'un  grand  malheur  dans  cette  maison. 

Avenir,  v.  n.,   remplace  le  verbe  seoir  dans  ce 


—   23    — 

sens  :  —  Cet  habit  vous  avicnl  bien.  —  Ce  ruban 
avient  à 'votre  teint,  —  Cela  n'avient  qu'à  vous, 
c.  à.  d.,  vous  seul  pouvez  dire  ou  faire  cela.  —  Il 
vous  avient  bien  de  me  faire  des  reproches. 

NORM.  :  avenir,  réussir,  convenir.  —  centre  :  avenir, 
convenir  à,  revenir  à.  —  Vieux  fr.  :  avenir,  convenir, 
être  avenant.  (Duc.) 

Avieuter,  v.  a.,  injurier,  syn.  d'agonir,  agoni- 
ser. (Voy.  ces  mots,  usités  dans  les  cantons  de  Saint- 
Méen,  Plélan  et  environs). 

Avu,  prép.,  au  lieu  de,  comparé  à.  —  Cette  bonne 
est  bien  intelligente  avu  cette  madame  X...  —  Quelle 
femme  vaillante  avu  s'n'homme,  qui  est  un  feignant, 
un  ivrogne  ! 


Baba  (aller  à),  —  locution  enfantine  qui  signifie 
aller  à  la  promenade.  Une  mère  dira  à  son  bébé  : 
«  Si  tu  n'es  pas  sage,  tu  n'iras  pas  à  baba,  tu  resteras 
à  la  maison.  »  Ce  mot  vient-il  du  gâteau  baba,  ou  de 
bébé,  ou  encore  d'un  petit  théâtre,  ou  du  lieu  où  se 
rassemblaient  les  enfants  et  leurs  bonnes  ?  Je  l'ignore, 
mais  je  me  souviens  qu'on  l'employait  dès  ma  plus 
tendre  enfance. 


—  24  — 

Babine,  s.  f.,  lèvre.  Bien  que  ce  mot  soit  fran- 
çais, je  lui  ai  donné  place  ici,  parce  qu'il  est  très- 
populaire,  et  qu'on  dit  souvent  :  «  Nous  y  avons 
mangé  du  fameux  fricot,  on  s'en  lèche  encore  les 
babines.  »  —  «  Tu  as  mangé  du  lohon  (cerise)  ;  on  le 
voit  à  tes  hahines.  »  —  «  Il  joue  des  babines  comme 
un  lapin.  » 

Babine  cochée,  lèvre  tendue.  On  dit  aussi  babin 
coché. 

NORM.  SARTH.  :  babille,  m.  sg. 

Bacouanne,  s.  f.,  commère,  qui  jase  à  tort  et  à 
travers,  et,  par  cela  même,  redoutée  de  ses  voisins. — 
Fuyez-la,  c'est  une  bacoiianne. 

Badier,  s.  m.,  cerisier  sauvage  non  greffé,  ou 
merisier. 

Badie,  s.  f.,  fruit  du  badier.  Il  y  a  des  badies 
ronges  et  des  badies  naires.  Celles-ci  sont  plus  esti- 
mées, plus  douces.  —  «  C't'année  j'aurons  des  badies 
au  Sacre  (à  la  Fête-Dieu).  » 

Badiolet,  s.  m.,  espèce  de  confiture  faite  avec  des 
badies,  et  que  nos  paysans  mangent  pendant  l'hiver 
et  le  carême.  Cette  confiture  remplace  chez  nous  le 
raisiné  des  contrées  vinicoles.  Ce  sont,  tout  simple- 
ment, des  merises  cuites  dans  une  pesle  d'arain,  après 
avoir  été  débarrassées  préalablement  de  leurs  noyaux. 
Il  n'y  entre  ni  sucre,  ni  aucun  autre  ingrédient.  Le 


—   25    — 

badiolet  est  plus  connu  sous  le  nom  de  Johon  (V.  ce 
mot).  — -Badioti  à  S'-Malo. 

Bagout,  s.  m.,  grossier  mensonge,  bavardage.  — 
Pour  m'inspirer  de  l'intérêt,  de  la  pitié,  il  me  contait 
un  tas  de  bagouts,  croyant  que  j'y  ajoutais  foi. 

Bagoule  ou  Bat-goule,  s.,  a  deux  significa- 
tions différentes  :  —  1°  C'est  le  flâneur,  qui,  bouche 
béante,  s'amuse  à  regarder  les  mouches  voler.  Le 
hagoule  est  ordinairement  paresseux.  —  2°  C'est  aussi 
le  bavard,  le  bat-dc-îa-goide  qui  cause  de  tout  et  sur 
tout  à  tort  et  à  travers  :  «  As-tu  b'entot  fini  ?  mon 
Dieu,  quel  bcigoide  !  ».  Cf.  débagmder,  injurier. 

BESCH.  :  bagout,  bavardage.  On  disait  anciennement 
liagoulcr  pour  bavarder.  —  sarth.  :  liagoul,  m.  sg.  — 
NORM.  :  hagotil  (l  muette),  intempérance  de  langue. 
Bagoider,  bavarder.  Ba goutter,  bavard.  —  Vieux  Fr.  : 
bagouler,  parler  beaucoup,  babiller,  dire  des  sottises.  — 
CENTRE  :  bagou,  bagout,  bavardage,  Bagouler,  bavarder. 
Bagoulant ,  bavard. 

Baguette,  s.  f.,  Châtaignes  cuites  à  l'eau  avec 
leur  pelure.  Cuites  ainsi,  elles  ont  peut-être  plus  de 
saveur,  parce  qu'elles  ne  sont  pas  saturées  d'eau.  Il 
en  est  de  ce  fruit  comme  des  pommes  de  terre  à 
l'étuvée. 

Bâiller,  v.  a.,  donner.  Vieux  français.  Toujours 
très  usité  chez  nous. 

ACAD.  :  hàiltcr,  terme  de  pratique,  donner,  livrer.  Il 
vieillit.  —  NORM.  :  baillir,  donner. 


26 


Bairies,  s.  f.  pi.,  libations.  Du  verbe  hairc  (boire). 
C'est  l'acte  de  l'intrépide  buveur  qui  absorbe,  sans 
compter  et  sans  se  soucier  du  mélange,  toutes  sortes 
de  boissons.  —  L'ivrogne  n'en  finissait  point  avec  ses 

bairies. 

Baiser  ou  Bézer,  v.  a.,  causer  préjudice  à 
autrui,  soit  dans  ses  intérêts,  soit  dans  sa  personne  ; 
battre,  tromper.  —  Le  gars  Pierre  se  croyait  le  plus 
fort  ;  mais  il  a  été  b'en  baisé  :  Jean  lui  a  donné  une 
fameuse  raclée.  —  «  J'ai  été  baisè,  >■>  dira  Paul,  «  j'ai 
cru  ajeter  un  bon  jeval,et  l'on  m'a  vendu  une  rosse.» 
—  «  Laisse-moi  tranquille,  ou  je  vas  te  baiser  », 
dit  aussi  le  gamin  de  Rennes.  On  le  voit,  le  vrai 
sens  du  mot  baiser  est  ici  complètement  détourné. 

Baissière,  s.  f.,  ce  qui  reste  de  boisson  au  fond 
du  tonneau.  —  Vient  de  baisser.  —  Ce  qui  reste  de 
baissière  ne  sera  pas  perdu  ;  les  domestiques  le  boi- 
ront. 

NORM.  :   bassière,   résidu  d'une  futaille  de  cidre,  conte- 
nant la  lie.  —  Vieux  Fr.  :  Imssière,  lie  du  vin.  (duc.) 

Bajeul,  s.  m.;  —  pi.  bajeiix.  —  Espèce  de  gâteau 
en  forme  d'é;uelle,  fait  de  farine  de  froment  sans 
levure,  que  des  marchands  spéciaux  nous  apportent 
le  samedi,  jour  de  marché.  —  V.  navette. 

Balai,  s.  m.,  petit  toit  ou  abri,  espèce  d'auvent 
qu'on  voyait  jadis  au-dessus  des  portes  d'entrée  des 
habitations  ou  des  magasins.  Dans  les  villes,  la  cor- 


—   27   — 

niche  a  remplacé  le  balai.  —  Ici  le  mot  Imlai  est 
souvent  synonyme  de  toit  :  —  Les  couvreurs  sont 
sur  le  balai  ou  bala'  (en  supprimant  l'i.) 

CENTRE.  :  balai,  halel,  petit  hangar  rustique.  —  Vieux 
Fr.  ;  balef,i°  espèce  de  portique,  2° galerie,  boutique  de 
marchand  ou  d'artisan.  —  Batctuui  :  «  /;;  halcto  sito  anlc 
quamdam  cameram.  »  (uuc.) 

Baliures,  s.  f.  pi.,  pour  balayures,  ordures  ramas- 
sées avec  le  balai.  Il  est  à  remarquer  que  dans  le 
Berry  on  dit,  comme  ici,  baliures. 

TRÉv.  :  halayeures.  —  NORM.,  sarthe  :  baliures. 

Ballîère,  s.  f.,  petite  couette  ou  paillasse  sur 
laquelle  les  femmes  du  peuple  couchent  leurs  enlants  ; 
dans  cette  literie,  la  balle  ou  cosson  d'avoine  rem- 
place avantageusement  la  plume  ou  la  paille,  parce 
que,  étant  souvent  mouillée,  elle  peut  être  renou- 
velée à  peu  de  frais. On  voit  fréquemment  les  ballières 
mises  à  sécher  à  la  porte  des  habitations  des  petits 
ménages.  —  On  nomme  ballier  le  lieu  de  la  ferme 
où  on  loge  les  pailles  provenant  du  battage. 

SARTHE  :  ballière,  m.  sg. 

Ballotte,  s.  f.,  pelote  faite  d'une  fleur  jaune 
printanière  vulgairement  appelée  cocu  (coucou).  Les 
branches  fourchues  de  cette  fleur,  mises  à  cheval  sur 
un  fil  noué  par  les  deu.K  bouts,  font  la  ballotte  ou 
pelote,  qui  tient  lieu  de  ce  jouet  des  enfants  appelé 
tecque  (voy.  ce  mot.)  —  Nous  irons  dimanche  aux 


—   28   — 

buttes  de  Couasmcs  cueillir  des  cocus  pour  faire  des 
ballottes.  —  Etym.  :  ballotte,  petite  balle. 

Baunard,  s.  m.,  enfant  pleureur,   pleurnicheur. 

Banuer,  v.  n.,  pleurer  sans  cause,  pleurnicher. 

—  V'ià   une   garçaillc  b'en   ennuyeuse,   toujours  ça 
banne.  » 

Bannoux,    ouse,    adj.,    enfant    maussade   qui 

banne. 

NORM.  :  haiiùii,  enfant  pleureur,  haiionner,  pleurer. 

Bannies,  s.  f.  pi.,  publications  de  mariage  qui 
ont  lieu  pendant  trois  dimanches  consécutifs  dans  les 
paroisses  auxquelles  appartiennent  les  futurs  conjoints. 
Moyennant  finance,  on  s'affranchit  de  deux  publica- 
tions. 

Bannir,  v.  a.,  publier  les  promesses  de  mariage 
à  l'église.  L'autorité  ecclésiastique,  nonobstant  le 
Concordat,  a  cru  devoir  conserver  ce  droit  de  publi- 
cation. —  Elle  bannit  aussi  les  tonsurés  avant  leur 

admission  dans  les  ordres  sacrés. 

Bannie  signifiait  autrefois  ban,  publication  en  général.  — 
TRÉv.  :  bannir,  en  qqs.  coutumes  signifie  publier.  On 
dit  en  plusieurs  lieux  qu'une  personne  a  été  Imnnie, 
qu.md  on  a  fait,  à  l'église,  la  publication  de  son  mariage. 
—  XORM.  :  bannir  qn,  faire  publier  son  mariage  religieux 
au  piônc. 

Barassîaux,  s.  m.  pi.,  vieux  meubles,  vieux 
objets  mobiliers,  désignés  sous  le  nom  de  barassiatix, 


-   29   - 

sans  doute  parce  qu'ils  encombrent  et  embarrassent 
la  maison..  —  Son  propriétaire,  dur  et  avare,  fit 
saisir  et  vendre  tous  ses  harasslaux.  —  A  Fougères 
on  dit  niarabls  ;  à  S'-Malo,  bn'iigds.  (Voy.  Anicas.) 

Baron,'s.  m.,  titre  donné  par  ironie  à  l'homme 
qui  est  marié,  sans  enfants».  —  «  Je  suis  baron  !  » 
(Hédé  et  autres  lieux.) 

Vieux  Fr.  :  Iku-oii,  i°  m.iri  ;  2"  sot,  hébété,  m.iri  dont  la 
femme  est  infidèle. 

Bas  (à).  Tomber  à  bas,  c'est  tomber  à  terre.  —  Il 
est  à  bas,  va  le  relever.  —  Get  entant  est  toujours 
à  bas. 

ACAD.  :  à  bas,  par  terre,  jeter  à  bas. 

Bas  (Vent  du).  C'est  le  vent  d'ouest.  —  Il  va 
pleuvoir,  le  vent  vient  du  bas. 

Bas-cul,  s.  m.  et  f.,  homme  ou  femme  de  petite 
taille,  qui  a  le  derrière  sur  les  talons.  —  Dans  Rab. 
bacul,  croupière. 

NORM.  :  bas-cul  (Saint-Lô),   m.  sg. 

Basse-houre,  s.  f.,  heure  basse,  heure  avancée. 
—  C'était  un  gars  sans  conduite,  qui  se  ramassait 
(rentrait)  souvent  de  basse-houre.  —  «  D'où  viens-tu, 
Jean-Marie,  tu  es  b'en  basse-houre  (tu  rentres  bien 
tard)  ?»  —  V.  haute-heure. 

Vieux  Fr.  :  heure  basse,  le  soir.  Hora  bassa  :  «  circa  horam 
noiiain  bassain.  »   (uuc.) 


—  30  — 

Bassinet  (Cracher  au),  s.  m.,  donner  à  regret 
son  argent.  On  dit  ailleurs  cracher  au  bassin.  —  Le 
bassinet  est  la  pièce  creuse  de  l'ancien  fusil  à  pierre. 

ACAD.,  BESCH.  :  Craclicf  au  bassin,  m.  sg.  (Rab.) 

Bassouillard,  de,  s.,  a  deux  significations  :  la 
première  s'applique  à  la  personne  qui  n'a  pas  la  pro- 
nonciation nette,  qui  bégaie,  qui  a  la  langue  épaisse  ; 
—  la  seconde  à  la  personne  qui  parle  à  tort  et  à 
travers,  qui  fait  des  contes  à  dormir  debout.  —  Tu 
n'es  qu'un  bassouillard. 

Bassouiller,  v.  n.,  syn.  de  bredouiller. 

Batterie,  s.  f.,  pour  battage.  —  La  batterie  des 
blés.  —  La  semaine  prochaine,  mes  gars,  nous  com- 
mencerons la  batterie. 

SARTH.  :  hattcrie,  m.  sg.  —  nor.m.  :  hatterie,  aire  de 
grange,  surface  où  on  bat  les  céréales.  —  centre  :  liatte- 
riC;  lieu  où  l'on  bat  :  temps  où  l'on  bat. 

Baudir,  v.  a.,  éclabousser  qqn.  en  marchant  dans 
le  ruisseau,  dans  une  flaque  d'eau. —  «  Oh  !  le  mala- 
droit, il  m'a  envoyé  une  jilée.  (y .  ce  mot),  il  m'a 
tout  baiidi.  » 

Bêchée,  s.  f.,  pour  becquée.  —  A  Genève  on  dit 
encore  comme  nous  :  l'oiseau  porte  la  bêchée.  —  V. 
Abécher. 

BESCH.  :  becquée.  On  disait  autrefois  bêchée.  —  trév.  : 
bêchée  ou  becquée  ;  on  dit  becquée  à  Paris.  —  Vieux  fr.  :  bé- 
chier,  becqueter,  dans  le  roman  de  Renart.  (duc.) 


—  31  — 

Bêcherons,  s.  m.  pi.,  gros  clous  qu'on  voit  au 
bout  des  souliers  des  paysans.  Vient  sans  doute  de 
bêche,  parce  que  ces  gros  clous  ménagent  la  chaussure 
dans  le  travail  du  bêchage.  —  a  Faites-ma  de  bons 
solers,  et,-  surtout,  mettez-y  des  bêcherons.  »  —  On 
appelle  aussi  ces  clous  des  dents  de  vache.  (V.  ce 
mot). 

Béda,  s.  m.  et  f.,  personne  qui  commet  une 
bévue,  une  méprise,  une  légère  erreur.  C'est  sans 
doute  le  mot  bêle  adouci.  —  Pauvre  bêda,  pauvre 
niais. 

Bédaille,  s.  f.,  erreur,  faute  légère.  —  «  Ah  ! 
mon  ami,  en  agissant  ainsi,  tu  as  fait  une  bêdaiUe.  » 
BêdaiUe  vient  sans  doute  de  Bêda. 

Bedelle,  s.  f.  C'est  la  femme  du  bedeau,  qui 
partage,  avec  son  mari,  le  service  de  l'église.  C'est 
elle  qui  orne  de  fleurs  les  autels,  blanchit  le  linge  des 
Messieurs  prêtres.,  serre  les  chaises  et  au  besoin 
sonne  les  baptêmes.  Dans  les  villages,  la  bedelle  est 
une  personne  de  haute  importance,  et  même  aussi 
dans  les  villes.  —  Les  linges  avant  servi  au  saint  sa- 
crifice de  la  messe  sont  blanchis  par  une  veuve,  ou 
mieux  par  une  fille  vierge,  s'il  est  possible. 

BESCH.  :  bédel,  vieux  mot  pour  hèdcau.  —  B.  hif  :  hcdel- 
lus,  bedeau  (duc.) 

Bedouau,  s.  m.  C'est  le  nom  que  nos  paysans 
donnent  au  blaireau,  (et  aussi  en  Anjou).  C'est  aussi 


—  32  — 

un  gros  ventre;  k  Le  père  Legras  portait  encore  assez 
bien  son  bedouau .  » 

Bedouffle,  s.  f.,  cloche,  ampoule.  Les  piqûres 
d'orties   produisent  des  heâoitjfles. 

Bedoufâer,  v.  n.,  subir  les  effets  d'une  hedoujfle. 
—  Il  a  le  visage,  le  corps  bedotifflé. 

Bedouiner,  v.  n.,  cheminer  doucement,  à  pas 
lents  et  pesants,  sans  se  presser.  —  N'est  guère  em- 
ployé qu'au  participe  présent:  nj'allions  doucettement 

(doucement)  tout  en  bcdoitinant.   » 

Bégaud,  s.  m.etf.,  simple,  crédule,  flâneur,  niais, 
gobe-mouches  ;  bêgaiid  résume  toute  ces  épithètes.  — 
«  Tu  crois  ça,  toi,  mon  pauv'  bégatid  ?»  —  «  Depuis 
le  temps  que  je  t'attends,  pardi  !  tu  es  un  fameux 
bcgaïul  !  ».  —  Se  trouve  dans  Rabelais.  —  Aimise- 
hégaiid,  s.  m.,  objet  qui  ne  vaut  pas  la  peine  qu'on 
s'y  arrête. 

BESCH.  :  béoaiid,  (pop.)  nia.is. Bégandcr,  uiaiser,  s'amuser. 
SAKTHE,  bégaud,  m.  sg.  —  norm.  :  bégaud,  nigaud, 
lambin,  sot.  Bégaiider,  lambiner,  niaiser,  balbutier. 

Bégauder,  v.  n.,  flâner.  —  «  Va  vite,  et  reviens 
vite,  et  ne  t'amuse  pas  à  bègaudcr  comme  à  ton 
ordinaire.» 

Bégot,  s.  m.,  morceau  de  bois  dans  lequel  est 
fixé  le  giioict  (chandelier),  quand  il  n'est  pas  lui- 
piême  fiché  dans  Iç  mur  de   la  cheminée.  Souverit 


—  35  — 

gtienet   et   bégot  sont  synonymes.   (V.    Gnciiet). 

N'ORM.   :   hêgaut,  chandelier  de  bois  avec  bobèche  de  fer 
blanc  à  ressort. 

Beille^  s.  f.,  ventre.  Se  dit  surtout  d'une  per- 
sonne ventrue.  —  «  Mais  voyez  donc  X....,  quelle 
beille  il  a.  n 

Beilloux,  adj.  m.,  ventru.  Ne  s'emploie  guère 
qu'au  masculin. 

XORM.  :  beille,  m.  sg.  —  sarthe  :  bcille. 

Bel-©t-b'en  (bel-et-bien),  loc.  adv.  employée 
dans  le  sens  de  en  quantité,  beaucoup.  —  «I  aura-t-il 
des  badies  cette  année  ?»  —  «  Pas  bel-et-b'eii,  (c.  à. 
d.  peu).  »  —  «  En  revange  (revanche),  j'aurons  des 
paires    (poires)  ;  il  y  en   a    bel-et-Fen  (beaucoup).  » 

Beluette,  s.  f.,  pour  binette,  étincelle.  —  Quand 
le  bois  est  gélif,  il  lance  des  beJuettes.  —  Une  beluette 
suffit  pour  causer  un  incendie. 

NOR.M.  :  beluette.  —  sarthe  :  beluette. 

Beluetter,  v.  n.,  éblouir.  —  Une  personne  qu 
a  un  éblouissement,  ou  dont  la  vue  se  trouble  tout 
à  coup,  ne  manque  jamais  de  dire  :  «  les  yeux  me 
beliietteiit.  » 

Ber,  s.  m.,  abrégé  de  berceau.  —  Le  ber  du  p'tit 
gars.  —  C'est,  en  terme  de  marine,  la  charpente  sur 
laquelle  repose  un  navire  pour  sa  mise  à  l'eau.  —  Se 
trouve  dans  Rabelais  ber  s. 


—  34  — 

«  Car,  sous  l'enfant  gisant  au  bers 
Fourre-^  à  l'endroit  et  envers 
Dormir  jours  ouvriers  et  dimanches,  n 
Guillaume  Crétin.  C1517). 

BESCH.  :  hers,  berceau  ;  vieux  mot  très  usité  encore  dans 
les  campagnes.  —  sarth.,  norm.  :  hers,  m.  sg. 

Bérauder,  v.  n.,  délirer,  divaguer. —  Le  malade, 
enfiévré,  a  béraiidê  toute  la  nuit.  —  V.  Dêhèraiider. 

Berdasse,  Berdassier,  s.  —  La  femme  peut 
être  berdasse  et  le  mari  berdassier,  s'ils  se  querellent 
entre  eux  pour  des  riens,  des  vétilles. 

Berdasser,  v.  n.,  radoter,  revenir  sur  des  riens, 
sur  des  propos  ou  des  actes  insignifiants.  —  «  Vas- 
tu  cor  berdasser  ?  ça  en  vaut-v  la  peine  ?  » 

Berdasseries,  s.  f.  pi.,  radotage.  —  N'a  pas 
de  singulier. 

Berdiner,  v.  n.,  dire  ou  faire  des  riens  ;  est  à 
peu  près  s\n.  de  berdasser.  —  «  Tu  berdines,  mon 
pauvre  homme.  » 

Berdinier,  s.  m.,  l'homme  qui  berdine.  Peu 
employé  au  féminin  ;  pour  la  femme,  c'est  une  ber- 
dasse. —  Ailleurs  berdin. 

CENTRE  :   berdin,  niais.   Berdinerie,  niaiserie.   Berdiner, 
hredi,  berdi,  étourdi,  pétulant.  Berdin,  touche-à-tout. 

Bergintins,  s.  m.  pi.,  seins,  que  Ricard  et  Ga- 
varni  ont  appelé  gentiment  nenets. 


—  35  — 

NORM.  :  berge,  estomac  des  oiseaux.  —  centre  :  bergin- 
geons,  seins. 

Berjon,  s.  m.,  sol  irrégulier  dans  sa  surface. 
Champ  hcrjon,  sillon  herjoii,  qui  est  de  longueur  va- 
riable. 

Berlauderies,  s.  f.  pi.,  propos  insignifiants, 
conversation  puérile. —  «  Il  nous  disait  un  tas  de  ber- 
hmderies.i-)  —  C'est  à  peu  près  syn.  de  herdasseries.  — 
Ce  mot  ne  viendrait-il  pas  de  pellaiiderie,  employé  par 
Rabelais,  et  qui  signifie  rognure  de  peaux,  c.-à-d. 
chose  sans  valeur  ? 

CENTRE.  :  berlaud,  niais,  musard.  Berlauder. 

Berlette  ou  Brelette,  s.  f. ,  petite  cloche, 
sonnette.  —  «  Le  curiau  (choriste),  répondant  la 
messe,  agitait  à  tour  de  bras  sa  herlelte.yy  —  «  Ma 
pauvre  église  »,  me  disait  un  recteur,  «  n'a,  pour 
appeler  mes  paroissiens  à  l'office,  qu'une  pauvre  her- 
lette  fêlée  »,  et  il  quêtait  pour  avoir  une  cloche 
comme  celle  du  curé  voisin,  dont  il  enviait  le  bon- 
heur. 

NORM.  :  berliuguette,  petite  sonnette. 

Berling'Otj  s.  m.,  petit  colimaçon  de  mer,  dont 
le  vrai  nom  est  bigorneau.  — •  Brigot  à  Saint-Malo. 

Berlinguin,  s.  m.  C'est  le  nom  donné  par  le 
peuple  au  cimetière  de  Rennes.  J'aimerais  connaître 
l'origine  de  ce  mot.  Nous  appelons  aussi  notre  cime- 
tière Gros-MaJon,àu  nom  d'une  ferme  près  de  laquelle 


—  36  - 

il  est  situé,  au  nord  de  la  ville.  —  «  Le  pauvre  diable 
ne    tardera  pas    à  aller  au   Berlinguin,    ou   à    Gros- 

Malon .  » 

Depuis  quelques  années  il  a  été  ouvert  à  l'Est  de 
Rennes,  sur  le  territoire  de  la  paroisse  de  Saint- 
Hélier,  un  nouveau  cimetière  que,  dans  le  langage 
populaire,  on  appelle  Roc-Mignon,  du  nom  d'un 
cabaret  voisin. 

Berluscot,  s.  m.  Biens  propres  d'une  personne. 
■ —  Elle  a  mangé  tout  son  berluscot. 

Bernasses  ou  Bernaches,  s.  f.  pi.,  mamelles 
pendantes.  —  Ce  mot  viendrait-il  de  bernache,  oiseau 
aquatique  à  ventre  noir  ?  —  «  Elle  avait  : 

«  de  grand'  bcniass'  tout'  iiair'  du  bout  ; 
jamais  d'ma  femm'   ne  s'rai  jaloux.  » 

(Refrain  d'une  chanson  populaire) 

Berouée,  s.  f.,  bourrasque,  coup  de  vent,  et, 
par  extension,  action  violente.  —  Une  berouée  a  ren- 
versé les  meules  de  paille,  versé  les  blés.  —  «Jeanne 
a  reçu  une  fière  berouée  de  la  bourgeoise  (une  forte 
réprimande).  »  —  On  dit  d'une  personne  qui  rejette 
par  la  bouche  le  liquide  qui  n'a  pu  passer  :  elle  a  fait 
la  berouée. 

Dans  un  sens  un  peu  différent.  :  besch.  :  brouée,  pluie 
subite  et  de  courte  durée.  —  Prendre  une  hrouée  de  feu  : 
se  réchauffer  pendant  un  instant  devant  un  bon  feu.  — 
NORM.  :  berouée,  hérouasse,  brouée,  bruhie,  brouillard  plu- 
vieux. 


—  37  — 

Berouet,  s.  m.,  pour  hroiiet,  bouillon. —  «  Dans 
la  soupe  de  not'  ménagère,  le  pain  nage  dans  le 
berouei.  » 

Berouette,  s.  t.,  pour  brouette. 

Berouetter,  v,  a.,  traîner  qqn.  dans  une  brouette. 

N'ORM.  :  berouette,  hérouetlcr.  —   sarthe  :   hérouette.  — 
DUC.  :  lirocia,  herocaia,  lierotata. 

Bersiller  ou  Bésiller,  v.  n.,  cligner  de  l'œil, 
loucher.  —  Syn.  de  biucler.  —  Semble  dériver  de 
besicles  (?) 

Béruchot  ou   Béruchet,    s.  m.  C'est  le  nom 

que  nos  paysans  donnent  au  roitelet,  le  plus  petit  de 
nos  oiseaux. 

Bestial,  s.  m.  —  Comme  dans  le  Berry,  nous 
disons  bestial  pour  bétail,  bêtes  à  cornes.  —  Se  dit 
aussi  de  l'homme  grossier,  brutal  :  —  «  C'est  un 
bestial.   » 

NORM.  :  bestial,  s.  m.  —  centre  :  beslhni ,  s.  m. 

Bételer,  v.  n.,  tourner,  en  parlant  du  lait  ou  de 
la  crème.  —  C'est  l'orage  qui  fait  bételer  le  lait  et 
tourner  la  crème.  —  La  fleur  d'aubépine  a  la  pro- 
priété de  faire  bételer  le  lait  ;  gardez-vous  d'en  intro- 
duire dans  la  cuisine. 

SARTHE  :  bételer,  m.  sg.  Lait  béteté. 

Bêtifier,  v.  a.,  rendre  bète,  idiot.  —  «  Cet  en- 
tant n'est  pas  intelligent  ;  cela   n'a  rien  d'étonnant, 


-  38- 

son  père  l'a  bêtifié  par  sa  sévérité  et  ses  mauvais  trai- 
tements. » 

Bette,  s.  f.,  abrégé  de  betterave.  Bette,  d'après 
l'Académie,   est   syn.   de  poirée,   que  nous    appelons 

porêe. 

SARTHE  :  hette,  m.  sg. 

Bette,  ad),  m.  et  f. ,  en  ribote,  légèrement  pris  de 
boisson.  —  «  On  ne  peut  pas  dire  qu'il  fût  soûl,  il 
n'était  que  hette.  »  —  «  Il  sent  la  hette,  »  il  sent  le 
vin.  —  «  Par  ma  fy,  commère,  je  ne  peux  entrer  en 
hette.  (Rab.)  »,  —  P.  Lacroix,  (bibliophile  Jacob) 
traduit  hette  par  buvette.  Ce  mot  ne  viendrait-il  pas 
de  boisson,  ou  buvette  ne  viendrait-il  pas  plutôt  de 
bette  ?  mais  je  m'aperçois  que  je  veux  faire  de  l'éru- 
dition, je  m'arrête —  Voy.  Boitte. 

BESCH.  :  bette,  contraction  du  mot  buvette  (?)  Entrer  en 
bette  (Rab.),  se  mettre  en  train  de  boire.  V.  Boitte. 

Bétun,  s.  m.,  pour  Petun,  tabac.  En  Basse-Bre- 
tagne on  emploie  encore  le  mot  vrai  petun  ;  nous 
avons  à  tort  changé  It  p  en  h.  —  La  culture  du  bé- 
tun, très  prospère,  il  y  a  quelques  années  dans  l'arron- 
dissement de  Saint-Malo    l'est  moins  aujourd'hui. 

Bétuuée,  s.  f. ,  prise  de  bétun. 

Bétuner,  v.  a.,  action  de  priser. 

Bétunoux,  —  ouse.  adj.,  priseur.  Aujourd'hui 
on  voit  moins  de  bétunoux,  mais  plus  de  fumeux 
(fumeurs). 


—  39  - 

Beurrage,  s.  m.  —  Mettre  des  vaches  laitières  à 
heurrage  ou  au  premier  lassé.  Le  propriétaire  fournit  la 
hête  à  un  petit  fermier  moyennant  une  rétribution 
mensuelle  en  argent.  C'est  un  contrat  impropre- 
ment app£lé  cheptel,  passé  entre  deux  individus.  Il  y 
a  cinquante  ans,  les  domestiques  des  villes  achetaient 
des  vaches  sur  leurs  économies  et  les  mettaient  à 
beurrage.  Je  crois  que  cela  ne  se  fait  plus  guère  au- 
jourd'hui. Les  cuisinières  et  les  femmes  de  chambre 
préfèrent  à  ce  mode  de  placement  les  dépôts  aux 
Caisses  d'épargne  et  les  rentes  sur  l'Etat.  . 

Beurrouse,  adj.  f.,  vache  beurrouse,  dont  le  lait, 
par  sa  quahté,  donne  beaucoup  de  crème,  et  partant 
beaucoup  de  beurre.  —  «  Votre  vache,  mère  Fan- 
chon,  semble  vous  donner  b'en  du  lait  »  —  «  Oui, 
mais  elle  n'est  pas  beurrouse.  »  —  La  bonne  nourri- 
ture rendra  souvent  une  vache  beurrouse. 

Beuyer.  V.  Buyer. 

Bibitte,  s.  f.,  petite  bête.  —  Nom  sous  lequel  on 
désigne,  en  parlant  aux  enfants,  les  insectes  et  géné- 
ralement toutes  les  bètes  de  très  petite  taille.  «  Prends 
garde,  la  bibitie  va  te  mordre  ou  te  piquer.  »  Les 
sangsues  sont  aussi  des  bibittes,  dont  j'avais  grande 
frayeur  dans  mon  enfance. 

Big'ne,  s.  m.,  pâtre,  gardeur  de  vaches.  —  «  C'est 
le  bigne  qui  .m'a  trahie  (dénoncée  à  la  justice  !)  » 
s'écriait  une  malheureuse  fille  de  Châteaugiron  con- 


—  40  — 

vaincue  d'infanticide.  —  Je  dois  ce  mot,  que  je  ne 
connaissais  pas,  à  mon  ami  le  D""  Delacour,  présent  à 
l'enquête  judiciaire. 

Bigue,  s.  f.  —  Faire  la  bigite  se  dit  du  bonnet  ou 
chapeau  déformé,  qui  fait  la  pointe  par-devant,  au 
lieu  de  conserver  sa  forme  arrondie.  Terme  de  cha- 
pellerie. 

Bincler,  v.  n.,  loucher  ou  être  atteint  de  myopie. 
Bider  dans  Montaigne.  —  V.  BersUler. 

ACAD.  :  higle,  louche.  Bigler,  loucher.  —  besch.  :  licier 
s'est  dit  pour  bigler.  —  xokm.  :  hicle,  hiclesse,  bigle, 
biglesse,  louche.  Bider,  regarder  du  coin  de  l'œil. 

Bique,  s.  f. ,  chèvre.  —  Biquette,  s.  f.,  petite  chè- 
vre. —  Peau  de  hiqite,  vêtement  fait  de  peau  de  chè- 
vre, fort  en  usage  dans  nos  campagnes  et  surtout 
dans  les  arrondissements  de  Fougères  et  de  Vitré. 
Nos  chasseurs  sont  aussi  pourvus  de  peaux  de  bique 
pour  leurs  excursions.  —  «  Le  temps  est  mauvais  ;  il 
neige,  prends  ta  peau  de  bique  ». 

TRÈv.  :  bique,  chèvre,  dans  qqs.  parties  de  la  France  ; 
inconnu  à  Paris.  —  acad.  :  bique,  chèvre.  Fam.  — 
XORM.  :  biquette.  —  sarthe  :  bique,  biquette. 

Biri,  s.  m.,  pour  biquet,  petit  d'une  chèvre.  — 
(c  Notre  chèvre  a  mis  bas  deux  biris.   » 

Bisquer,  v,  n.  Faire  bisquer,  '.aquiner,  agacer. 
—  Saint-Simon  a  dit  :  «  Le  Roi  nous  réserve  cette 
bisque  pour  nous  faire  sentir  qu'il  est  le  maître.  »  — 


—  41  — 

Bisquer  est  toujours  très  usité  chez  nous,  et  on  en- 
tend souvent  les  enfants  se  taquiner  en  se  disant  les 
uns  aux  autres  : 

«  Tu  bisques,  tu  rages, 
Tu  manges  du  fromage.   » 

ACAD.  :  hisijiier,   avoir  du    dépit,   de  l'humeur.    Pop.   — 
s.\RTHK,  NOR.M.   CE.N'TRE  :  hisqucv,  m.  sg. 

Bissachée,  s.  f.,  vient  de  bissac  (sac  à  deux 
bouts),  comme  pochée  vient  de  poche,  ventrée,  de 
ventre  ;  contenu  du  bissac. 

Bitter,  v.  a,  toucher,  se  permettre  des  attouche- 
ments. —  «  Vous  m'bilti':^,  car  je  l'sens  b'en.  »  — 
«  Ne  m'bittei  pas,  ou  je  l'dis  à  la  bourgeoise.   » 

NORM.  :  Hier,  abiter,   toucher. 

Bitton,  s.  m.,  petit  d'une  chèvre.  —  Syn.  de 
biquet.  —  «   La  chèvre  a  lait  deux  bitloiis.   » 

Bittonner,  v.  a.,  se  dit  de  la  chèvre  qui  met  bas 
ses  bit  tons. 

Blanc,  s.  m.,  abr.  de  bianchissage.  Nos  ménagères 
et  même  les  maîtresses  de  logis  disent  :  «  le  linge  est 
au  liane,  n'est  pas  revenu  du  blanc  ;  une  nappe  a  été 
perdue  au  blanc.  » 

Blancs,  s.  m.  pi.  Les  blancs,  c'est  ainsi  qu'on 
appelait,  sous  le  gouvernement  de  la  Restauration, 
les  personnes  appartenant  au  parti  royaliste,  c'est-à- 
dire  les  partisans  du  drapeau  blanc.   —  Les  blancs  ou 


—  42  — 

les  chouans,  c'étaient  les  mêmes  hommes,   ennemis 
jurés  des  bleus. 

Blaterie,  s.  f.,  blé,  orge,  seigle  sont  en  général 
appelés  blaterie  (terme  générique).  —  «  L'année  sera 
bonne,  j'aurons  delà  blaterie.  »  —  Puisque  blatier  est 
français,  le  mot  blaterie  pourrait  l'être  également.  — 
«  As-tu  qualité,  villotin,  »  disait  un  paj-san  à  un 
chasseur  qui  foulait  ses  semailles,  «  as-tu  qualité  pour 
venir  pigaler  ma  blaterie  et  hacher  mon  blé  na  ?  Mon- 
ter-là  ma  ta  procule  (Montre-la  moi  ta  procuration).  » 
V.  Pigaler,  villotin,  blé  na. 

Blêche,  adj.  m.  et  f.,  traître,  méchant,  qui  pince 
en  dessous.  —  Blèche  désignait  autrefois  un  homme 
sans  fermeté.  Il  a  chez  nous  une  signification  plus 
accentuée.  «  Tu  es  un  blèche,  tu  m'as  fait  mal.  » 

Blêcher,  v.  a.,  blesser,  (dont  il  semble  dériver)  ; 
porter  un  mauvais  coup.  —  Se  dit  aussi  pour  trom- 
per :  —  «  Il  a  cru  qu'il  réussirait  dans  son  entreprise, 
mais  il  a  été  blêché. 

BESCH.  :  Mèche,  adj,  et  s  ,  mou,  timide,  sur  lequel  on  ne 
peut  compter.  Fam.  :  hléchir,  devenir  blèche. 

Blé  na,  s.  m.,  blé  noir,  sarrasin.  —  Perrine  de 
Blé  na,  surnom  donné  parfois  aux  femmes  qui  font 
la  galette  de  blé  noir. 

Bleus,  s.  m.  pi.  —  Troupes  républicaines  qui, 
après  la  Révolution  de  1792,  firent  la  guerre  aux 
chouans  (les  blancs).  Suivant  Littré,  les  biens  étaient 


—  43  — 

«  des  gens  de  guerre  sans  commission  et  sans  aveu, 
une  troupe  de  pillards.  »  Le  savant  académicien 
aurait  pu  ajouter  que  les  blancs  pillaient  tout  autant, 
sinon  plus. 

Blossè,  s.  f.,  prunelle  ou  petite  prune  sauvage, 
fruit  de  l'épine  noire.  Quand  les  gelées  ont  achevé 
sa  maturité,  quelques  personnes  en  font  un  kirsch  qui 
rivalise  avec  le  kirsch  de  la  Forêt  Noire.  — ■  Blosse  se 
dit  des  prunelles  des  yeux  noirs.  «  La  fillette  avait 
deux  hlosses  dont  elle  jouait  à  merveille  ». 

NORM.  :  blosse,  heloche,  prunelle,  prune  sauvage. 

Blotter,  v.  a.,  garnir  les  couvertures  d'un  lit. 
Border  un  enfant  dans  son  dodo. 

Blutiau,  iaux,  s.  m.,  petit  tas  de  blé  noir 
dans  les  champs.  Le  blé  noir  coupé,  on  le  met  en 
hhiliaux,  et  quand  la  paille  est  javelée,  on  peut  le 
battre.  —  Dans  les  communes  à  l'ouest  de  Rennes, 
le  mot  hltiliau  semble  devoir  être  remplacé  par  le 
mot  picot  ;  des  picots  de  blé  noir. 

Bobanne,  s.  f.,  fille  ou  femme  simple  et  naïve. 
On  dit  aussi  cohanne.  —  «  Pauvre  hohmne,  vous 
cro}-ez  cela  ?  » 

BEscH.  :  boban,  vieux  mot  qui  signifie  orgueil,  vanité, 
luxe,  d'où  bobaucier,  adj.,  et  bobnudef,  v.  —  sarthe  : 
bobaii,  bobanne,  simple  et  naïf. 

Bobau,  aux,  s.   m.,   jouet   d'enfant.  —  «  Voyez 


—  44  — 

cet  enfant,  comme  il  est  sage,  il   s'amuse  tout  seul 
avec  ses  hohaux.  » 

Bober,  v.  n.,  dormir,  s'assoupir.  —  o  J'ai  beau 
faire,  je  hobe  malgré  moi.  »  —  «  Le  bonhomme 
n'était  pas  endormi,  mais  il  hobaiï  »,  (il  était  som- 
nolent, dans  un  demi  sommeil). 

Bobillou,  s.  des  2  g.,  tatillon,  vétillard.  Syn.  de 
herdinier. 

Bobillonner,  v.  n.,  se  dit  des  paroles  et  actions 
du  bobiUoii.  —  «  Bobillonne\  donc  tout  à  votre  aise, 
vous  m'ennuyez.  » 

SARTHE  :  Bobillon,  bobilloime,  m.  sg.  —  korm.  :  Bobillon 
minutieux,  méticuleux.  —  centre  :  bobluche,  têtu. 

Bœufs,  s.  m.  p!.,  fruit  rouge  de  l'églantier.  Quand 
il  a  atteint  sa  maturité,  il  contient  une  poussière, 
qui,  appliquée  sur  la  peau,  cause  une  assez  forte 
démangeaison.  Ce  fruit  doit  peut-être  son  nom  à  sa 
couleur  sang  de  bœut.  —  N'a  pas  de  singulier.  —  II 
doit  à  la  propriété  de  sa  poussière  un  nom  moins 
propre,  quoique  plus  populaire  encore,  celui  de 
gratte-cul.  Les  savants  donnent  à  l'églantier  et  à  son 
fruit  le  nom  de  cynorhodon  (rose  de  chien)  ;  mais  le 
peuple  sait  mieux  dire...  où  cela  le  démange.  — 
«  Que  devient  la  rose  églantine  quand  elle  a  perdu 
ses  ieuilles  ?»  —  «  Elle  devient  graite-ciil.   » 

Boguille,  s.  f.,  chassie  des  3-eux.  —  Il  y  avait 
dans   un  village  une  pauvre  fille  qu'on  appelait /<?««?/£- 


—  45   — 

Bogiiille,  parce  qu'elle  avait  toujours  les  yeux  chas- 
sieux et  bordés  de  rouge.  Les  mauvais  garçons  pré- 
tendaient qu'elle  se  les  faisait  lécher  par  un  coq. 

Boguiiloux,  — ouse,  adj.,  qui  a  de  la  boguille. 

NORM.  :  bogues,  les  p;;upières,  les  yeux  ;  boguexe,  chassie, 
bogiieyeux,  —  eiise. 

Boidro,  s.  m.,  point  de  côté,  douleur  causée  par 
une  course  ou  un  travail  de  corps  aussitôt  après  le 
repas.  —  «  Je  suis  forcé  de  m'arrêter,  j'ai  le  hoidro.  » 

Boîuer,  v.  n.,  bouder,  faire  la  moue. —  «  Quel 
mauvais  caractère  a  cet  enfant  !  Il  reste  des  heures 
entières  à  boîner  dans  un  coin.  »  On  dit  aussi  hoîiioiix, 
enfant  boudeur. 

Boisson  (Pris  de),  locution  appliquée  à  une 
personne  en  état  d'ivresse.  —  «  Tous  les  lundis  il  est 
régulièrement  pris  de  boisson.  »  —  Perdu  de  boisson, 
c'est  l'ivresse  complète. 

Boissonner,  v.  n.,  boire  outre  mesure.  —  «  C'est 
un  mauvais  ouvrier  qui  aime  à  boissonner,  ou  à  se 
boissonner  >y . 

NORM.  :  se  boissonner,  s'enivrer,  boissonnier .   —  besch.  : 
Etre  pris  de  boisson,  fam. 

Boisu,  — ue,  adj.,  pour  boiseiix.  —  Les  carottes,  les 
navets  deviennent  boisiis  à  l'arrière-saison,  c.-à-d. 
qu'ils  ont  perdu  leur  jus,  leur  qualité,  qu'ils  sont 
devenus  filandreux. 


-  46  - 

TRÉv.   :    boiseux,    terme    de    jardinier,    s'applique     aux 
plantes.  —  bescii.  :  hoiseux,  presque  inusité. 

Boitte  (Papier),  s.  m.,  papier  grossier,  sans 
colle,  à  l'usage  des  écoliers,  pour  étancher  l'encre 
fraîche  de  leurs  cahiers.  On  dit  ailleurs  :  papier-hoit. 
Le  papier-hoit  à  l'usagé  des  écoliers  au  commence- 
ment de  ce  siècle,  était  fabriqué  de  pâte  grossière. 
Le  papier  de  soie  l'a  remplacé  sous  le  nom  de  papier 
buvard. 

Boitte,  adj.,  ivre.  (v.  bette).  — Vient  de /'owo«. — 
On  pourrait  dire  que  ce  mot  peut  venir  de  boiter 
parce  que  l'homme  boitte,  ou  ivre,  ne  marche  qu'en 
trébuchant. 

NORM.  :  boite,  ivre.  —  Vieux  Fr.  :   Estre  en  boite,  être 
ivre.  'Bcvriotus.  estre  emboictè  (duc). 

Bolée,  s.  f.,  contenance  du  bol.  —  L'étudiant, 
entrant  dans  un  café,  dira  :  «  Garçon,  une  chope.  » 
Le  paysan,  l'ouvrier  dira  à  la  bourgeoise  :  «  Une 
bolée  »  (L'ô  est  long). 

SARTH.  :  bolée,  m.  sg. 

Bon-Dieu  (Poires  du),  petit  fruit  rouge  de 
l'aubépine  ou  épine  blanche.  Les  enfants  aiment  beau- 
coup les  poires  du  bo>i-Dieu  ;  ils  en  mangent  même 
beaucoup,  quoique  ce  fruit  soit  fade  et  sans  saveur. 

Bon-Dieu  (Porter  le),  porter  le  viatique  à  un 
moribond  :  «  Le  pauvre  diable  est  bien  malade,  on 
lui   a    porté    le  bon-Dieu.  »    —   C'est  aussi  le  Saint- 


—  47  - 

Sacrement  porté  dans  les  solennités  religieuses  : 
«  C'est  Monseigneur  l'Evêque  qui  a  porté  lui-même 
le  bon-Dieu  à    la  procession  du   Sacre.  »  (V.  Sacre). 

—  On  dit  aussi  :  exposer  le  hoii-dicii. 

Bontif,  adj.,  bon,  mais  simple,  crédule.  —  «  Il 
était  si  bontif  !  » 

Bontivement,  adv.,  pour  bonnement.  —  Il  a 
fait  cela  sans  mauvaiseté,  bo}itivei}ie)it. 

NORM.  :  boiiiif,  bonasse,  débonnaire.  Bontivement. 

Bosser  (se),  v.  pr.,  se  courber,  se  voûter.  — 
«  On  remarque  que  le  père  X...  se  bosse,  depuis 
quelque  temps  ;  dam,  y  s'veillassit.  Il  cherche  sa 
tombe,  le  pauvre  vieux.» 

NORM.  :  bosser,  paraître  volumineux,  faire  saillie  comme 
une  bosse.  Bochcr. 

Botter  (se),  v.  pr.  Lorsque  la  neige  ou  une  boue 
épaisse  s'est  attachée  à  votre  chaussure  de  façon  à 
gêner  votre  marche,  vous  pouvez  dire  :  Je  suis  botté, 
ou  je  me  suis  botté.  —  Une  des  rues  de  Rennes,  voi- 
sine de  la  rivière  la  Vilaine,  porte  le  nom  de  Pré-Botté, 
probablement  parce  que  les  terrains  qui  bordaient 
autrefois  ce  quartier  étaient  très  boueux. 

SARTHE.  :  se  botter,  m.  sg.  —  .\cad.  :   se  botter,  m.  sg. 
Fig.  et  Fam.  —  norm.   :  botter,  v.  n.,  m.  sg. 

Boucan,  s.  m.,  verte  semonce,  vifs  reproches.  — 
«  Je  suis  rentrée  tard,  madame  m"a  donné  un  boucan. n 

—  Recevoir  un  boucan. 


-  48  - 

Boucanner,  v.  n.,  gronder.  —  «  Vous  êtes  in- 
supportahle,  toujours  vous  houcamn\.  » 

BESCH.  :  boucan,  bruit,  vacarme.  Pop.  boucaner,  faire  du 
vacarme.  Pop.  —  norm.  :  boucan,  tapage;  Boucaner,  être 
de  mauvaise  humeur,  gronder  sans  m^esure  ni  raison. — 
CENTRE.  :  boucan,  bruit,  noise,  querelle,  désordre. 

Boucard,  s.  m.,  instrument  aratoire  à  deux 
dents,  dont  se  servent  les  laboureurs  et  les  jardiniers 
pour  préparer  la  terre  à  recevoir  les  semailles.  On 
l'emploie  lorsque  la  terre,  durcie  par  le  temps,  rend 
difficile  l'usage  de  la  bêche.  C'est  avec  lui  aussi 
qu'on  fait  les  guérets. 

Boucarder,  v.  n.,  faire  usage  du  boucard. 

Bouchon  (En),  frippé.  —  «  Sa  robe,  ses  vête- 
ments sont  toujours  en  bouchon  ;  c'est  une  personne 
sans  soin.  » 

Bouchonner,  v.  a.,  fripper,  froisser.  —  «Pre- 
nez garde,  Monsieur,  vous  allez  bouchonner  mon 
fichu.  » 

ACAD.  :  bouchonner  le  linge,  le  mettre  en  bouchon,  le 
chiffonner.  —  sarthe.  :  m.  sg.,  mettre  une  robe  en 
bouchon.  —  Vieux  Fr.  :  bouchon,  bouchot,  botte  ou  fagot 
de  chanvre  (duc.) 

Boudet,  —  ette,  s.,  gentil,  mignon.  Expression 
affectueuse  employée  à  Saint-Malo  et  sur  presque 
tout  le  littoral  d'Ille-et-Vilaine,  en  parlant  à  de  tout 
petits  enfants.  —  «  Viens,  mon  boudet,  que  jeot'em- 
brasse.  »  —  «  Viens  te  promener,  ma  boudette.  » 


-  49  — 

Bouener,  v.  n.  —  Perdre  son  temps  à  des  occu- 
pations insignifiantes. 

Boueneries,  s.  f.  pi.,  travaux  insignifiants, 
sans  importance.  —  a  A  défaut  de  travaux  sérieux, 
dont  le  pauvre  garçon  était  d'ailleurs  incapable,  on 
l'occupait  à  un  tas  de  boueneries.  » 

Bouëdre,  v.  n.  C'est  l'infinitif  du  verbe  bouillir. 
—  Mettre  de  l'eau  à  bouëdre.  —  Elle  boitct.  —  Je 
boue  (je  transpire,  j'étouffe  de  chaleur). 

NORM.  :  boudre.  —  Vieux  Fr.:  houdre  (duc.) 

BoufiPaîUe,  s.  f.,  se  dit  de  tout  ce  qui  se  mange. 
«  Il  y  avait  force  boiiffaille  au  repas  de  noce  de  notre 
fermier.  » 

Bouffer,  v.  n.,  manger,  manger  goulûment.  — 
«  Voyez  donc  comme  il  bouffe,   d 

BESCH.  :  bouffer,  manger  avec  avidité.  Pop.  —  norm.  : 
bouffer,  manger  vite  et  avec  appétit,  se  hâter.  Boujjard, 
gourmand.  —  centre  :  bouffer,  bouffigner. 

Bouffe,  adj.,  bouffi.  —  «  Avez-vous  remarqué 
«  M.  F...,  comme  il  est  changé.  A  le  voir,  on  le 
croirait   engraissé,  lîiais  il  n'est  que  bouffe.  » 

BESCH,  :  Bouffe,  s.  f.,  s'est  dit  autrefois  pour  enflure, 
bouffissure  ;  gonflement  des  joues  ;  orgueil. 

Bouffre,  petit  juron  fort  à  la  mode,  accepté 
même  au  presbytère.  —  On  devine  son  origine  ;  c'est 
un  juron  adouci  au  moyen  d'une  substitution  de 
lettres. 


—    )0    — 

NORM.  :  hoiifre,  ni.  sg. 

Bougon,  S.  m.,  grondeur.  —  a  Monsieur  et 
Madame  sont  deux  bougons.  »  —  Donner  ou  rece- 
voir un  bougon,  une  semonce.  —  'Bougon  est  aussi  un 
ternie  de  tricoteuse  ;  maille  échappée  d'un  tricot.  — 
«  J'ai  fait  un  bougon.  » 

Bougonner,  v.  n.,  gronder  à  tout  propos,  pour 
des  riens.  —  a  Je  quitterai  cette. maison  où  on  ne  fait 
que  bougonner  ». 

a  Dansez,    les  petites    folles, 

Tout  en  rond  ; 
Les  bouquins  dans  les  écoles 

Bougonneront.  » 

SARTHE  :  bougon,  bougonner,  m.  sg.  —  besch.  :  bougon- 
ner, gronder  entre  ses  dents  ;  réprimander.  Fam.  Bou- 
gon, qui  bougonne.  Pop. 

Bouillon  (Boire  un),  c'est  perdre  tout  ou 
partie  de  sa  fortune  dans  une  entreprise  malheureuse. 
Cet  argot  de  la  bourse  ou  du  tripot  doit  être  d'im- 
portation parisienne.  Il  est  aujourd'hui  très  usité  chez 
nos  industriels  et  nos  entrepreneurs. 

ACAD.  :  Boire  un  bouillon,  faire  une  fausse  spéculation, 
une  perte  considérable. 

Bouillon,  S.  m.,  boue,  crotte.  —  S'embouillonner 
se  crotter,  et  par  extension,  mouiller  le  bas  de  ses 
vêtements  dans  la  rosée.  Pour  ne  pas  confondre  ce 
bouillon-là  avec  le  pot-au-feu,  nos  paysannes  vous 
inviteront    à    prendre  un    bouillon    de  soupe.    —   On 


—  SI  — 

trouve  bouillon  pour  pluie  dans  Désaugiers  et  dans 
d'Hantel.  —  Nous  disons  :  a  Les  pies  ont  mangé  le 
bouillon  »,  quand  le  sol  est  gelé  et  qu'on  ne  se  crotte 
plus. 

NORM.  f  bouillon,  boue  liquide.  'Boiiillonnière,  ornière, 
passage  rempli  de  boue  liquide. 

Bouillounîers,  s.  m.  pi,  répurgateurs,  paysans 
qui  ont  passé  des  marchés  avec  la  ville  pour  balayer 
les  rues  et  enlever  le  bouillon.  —  Défense  est  faite 
aux  habitants  de  déposer  des  ordures  sur  la  voie 
publique  après  le  passage  des  houillonniers.  —  A 
Paris,  boueurs. 

Bouillonnoux,  —  ouse,  adj.,  crotté,  couvert 
de  boue.  «  Il  est  bouillonnoux  jusqu'à  l'échiné  ». 

Bouler,  v.  a.,  chasser,  rouler  avec  le  pied, 
comme  une  boule.  —  Est  français,  mais  dans  un 
autre  sens. 

NORM.  :  bouler  ;  i°  v.  n.,  rouler  comme  une  boule  au 
moment  d'une  chute  ;  2o  v.  a.,  jeter  bas,  rouler  par 
terre.  —  Vieux  Fr.  :  bouler,  rouler  comme  une  boule 
en  tombant. 

Boulevari  et  Hourvari,  s.  m.,  bruit,  tapage. 
Mots  français  pop.,  et  très  usités. 

NORM.  :  boulevari  et  houlevari,  tumulte,  désordre.  — 
CENTRE.  :  boulevari,  m.  sg. 

BouligOt,  s.  m.,  gros  et  court,  en  forme  de 
boule.  S'applique  également  aux  personnes  et  aux 
choses.  —    a  Connaissez -vous   M"ie   X...,    ce    petit 


—  52  — 

«  bouUgot,  ce  petit  potiron  prétentieux,  qui  roule 
a  plutôt  qu'elle  ne  marche  ?  ».  —  Les  ménagères 
recommandent  à  leur  casseur  de  bois  de  leur  prépa- 
rer des  hûidigots  pour  mettre  dans  le  foyer. 

NORM.  :  houlicol,  morceau  de  bois  gros  et  court. 

Boulotter,  v.  a.,  pelotonner,  faire  sa  boule, 
amasser.  —  Dans  un  autre  sens,  marcher  lente- 
ment, d'une  jambe  sur  l'autre,  en  parlant  des  per- 
sonnes obèses.  —  De  boulot,  gros. 

Bourdaine,  s.  f.,  arbrisseau  qu'on  voit  dans 
toutes  nos  haies.  Je  lui  ai  donné  place  à  cause  de  ce 
dicton  populaire  :  «  Il  a  trouvé  un  cchdier  de  bour- 
daine »,  ce  qui  veut  dire  :  Il  a  mis  dans  sa  course, 
dans  sa  mission,  plus  de  temps  qu'il  n'en  fallait  rai- 
sonnablement. Il  s'est  amusé,  il  a  bégmidé,  bref  il  a 
bourde  en  route. 

ACAD.  :  bourdaine  et  hourgrne. 

Bourder,  v.  n.,  être  arrêté  dans  son  chemin 
par  un  obstacle.  Le  charretier  embourbé,  l'avocat  qui 
perd  le  fil  de  son  discours,  bourdent  en  chemin.  — 
Les  chevaux  bourdent. 

BESCH.  :  bourder.  sign.  autrefois  rester  court  en  chaire. 
NORM.  :  bourder,  border,  être  arrêté  par  un  obstacle.  — 
CENTRE  :  bourdache,  broussailles. 

Bourdin,  s.  m.,  reste  de  pain  ou  de  viande 
laissé  sur  son  assiette  par  une  personne  rassasiée.  Si 
la  personne  s'est  servie  elle-même,  on  dit  qu'elle  a  eu 


—  53  — 

les  yeux  plus  grands  que  le  ventre.  C'est  une  bien 
mauvaise  habitude  que  celle  de  laisser  des  bourdins  ; 
on  me  disait  :  enfant,  c'est  perdre  le  bien  du  Bon 
Dieu.  —  Encore  un  mot  dérivé  de  bounier,  s'ar- 
rêter. 

Bourgeois,  oise,  s.  Nos  paysans  qualifient  ainsi 
le  métayer  et  sa  femme.  Les  ouvriers,  les  domesti- 
ques diront  :  «  Le  bourgeois  n'est  pas  le  maître, 
«  c'est  la  bourgeoise  qui  commande.  »  —  Le  proprié- 
taire de  la  ferme  a  seul  le  titre  de  maître. 

NORM.  :  horgeois,  maître,  patron,  propriétaire. 

Bourre-gueux,  s.  m.  pi.  —  L'ouvrier,  le  peuple 
des  faubourgs  donnent  ce  nom  aux  haricots,  sans 
doute  parce  qu'ils  peuvent,  à  peu  de  frais,  se  nourrir, 
de  ce  légume.  —  On  les  appelle  aussi  des  prélimi- 
naires... (sous-entendu  de  paix),  jeux  de  mots  dont 
le  sens  est  facile  à  comprendre.  —  Enfin  on  dit  aussi 
gonjle-gueux.  —  «  Je  n'aime  pas  les  haricots  »,  disait 
un  jour  l'acteur  Brunet,  a  je  n'en  m.T'-crais  qu'un, 
j'ai  un  poids  (pois)  sur  l'estomac.  » 

CENTRE  :  bourre-coquin,  barre-gueule. 

Bourrier,  s.  m.,  vieux  mot  français,  toujours 
neuf  chez  nous.  A  tout  moment  on  peut  entendre 
dire  :  j'ai  un  beurrier  dans  l'œil,  balayer  les  beurriers, 
les  jeter  dans  la  rue,  chercher  dans  les  bourricrs  un 
objet  égaré  ou  perdu,  etc.  —  Il  a  des  beurriers  dans 
ses  flûtes  (sa  réputation  n'est  pas  sans  tache).   —  Le 


—  54  — 

quart  aux  bourricis,  seau  dans  lequel  les  bonnes 
mettent  les  balayures  en  attendant  le  passage  des 
répurgateurs  ou  bouiUonniers.  —  En  parlant  d'une 
personne  avec  laquelle  on  est  brouillé,  nous  disons  : 
a  Je  n'irai  pas  fouler  ses  bourriers  (elle  ne  me  verra 
pas  chez  elle).  » 

Et  le  vanneur  my-nud  —  Le  bled  deçà  delà  — 
Le  tourne  et  le  revire  et  d'une  plume  épaisse 
Sépare  les  bourriers  du  sein  de  la  déesse. 

Cl.  Marot. 

Et  cependant  tu  vas  dardant 
Dessus  moi  ton  courroux  ardent. 
Qui  ne  suis  qu'un  beurrier  qui  vole. 

Mat.  Régnier. 

TRÉv.  :  bourriers,  pailles  et  ordures  mêlées  avec  le  blé. 

—  BESCH.  :  beurrier,  mélange  de  paille  et  de  blé    battu. 

—  NORM.  :  bourriers,  débris  de  paille,  balayures,  sarclu- 
res.  —  sar~;he  :  m.  sg.  qu'à  Rennes.  —  centre  :  m. 

Boursoule,   s.   1'.,  brouette.   On  dit   quelquefois 
bouttcsoule.  «  Il  traîne  la  boursoule  aux  ateliers  de  cha- 


Boursouler,  v.  a.,  traîner  ou  pousser  la  bour- 
soule, la  brouette. 

Bousée,  s.  f.,  fiente  de  bœuf  ou  de  vache,  (du 
verbe  bouser.)  —  Se  dit,  par  extension,  d'une  selle 
abondante  :  —  «  Quelle  bousée  !  » 

Bouser,  v.  n.    Le  substantif   bouse  est  français  ; 


—  55  — 

pourquoi  le  verbe  bouser  et  l'adjectif  bousoux  ne  le 
sont-ils  pas  ?  C'est  assurément  une  lacune  regretta- 
ble dans  notre  langue...  Voyez  avec  quelle  poésie, 
avec  quelle  élégance  ces  mots  sont  employés  par  nos 
paysans.  —  «  Ah  !  Bertranne  ;  lui  disait  un  jour  son 
amoureux,  ne  sachant  comment  exprimer  la  vivacité 
de  ses  sentiments,  «  si  j'v's'  embrassas  aussi  dus  que 
a  j'v's'  aimas,  j'v'  feras  bouser  comme  une  vaciie.  » 
—  Les  filles  de  basse-cour  sont  appelées  des  tourne- 
bouses,  des  talons-bousoHx,  des  culs-bousoux.  —  a  La 
damnée  vache  naire  me  bonsit  dans  le  pâ  (poil).  » 
Chans.  pop. 

—  «  Car  sa  barbe  est  presque  toute  einboitsce.   »  (Rab.) 
NORM.  :  boiiscc,  fiente  du  gros  bétail.  Bouser,  ficnter. 

Bousin,  s.  m.,  bousine  ou  vessie  emmanchée  au 
bout  d'un  long  bâton,  et  dans  laquelle  les  paysans 
mettent  une  lumière,  lorsqu'ils  reviennent  la  nuit 
d'une  fête  ou  d'une  noce.  Ainsi,  chez  nous,  les  ves- 
sies sont  souvent  des  lanternes.  —  «  Le  petit  Pierre 
était  tout  fier  et  tout  heureux  de  porter  le  bousin  en 
revenant  de  la  noce  de  not'  cousine  Fanchette.  » 

Bousine,  s.  f.,  vessie.  Avec  des  bousines  on  fait 
des  lanternes  (des  bonsins),  des  blagues  à  tabac  et  des 
vèzes.  (V.  Vèie). 

«  Et  d'un  bon  coup  d'épée,  il  lui  a  crevé  la  bousine  ». 

—  «  Si  v'cyez  ses  deux  paitrines   (seins),   c'est  comme 
de  vra's  bousines.    » 

—  «  Se  rigoulant  ensemble  au  son  de  la  belle  bousine.  » 
(Rab.) 


-  S6  - 

—  «  As-tu  ouï  le  rossignolet 

Tant  joliet,  qui  gringottait 

Là-haut  sur  une  épine  ? 

Oui,  dit-il,  j'ai  bien  ouï 

J'en  ai  pris  ma  boiisine 

Et  m'en  suis  réjoui.   «   (Vieux  Noël) 

Bouteillée,  s.  f.,  Nos  paysans  donnent  ce  nom 
à  toutes  les  potions,  loochs,  remèdes  de  toutes  sortes 
contenus  dans  des  fioles  délivrées  par  les  pharma- 
ciens. —  «  Le  médecin  m'a  déjà  fait  baire  je  n'sais 
a  comb'en  de  boiiteiîlées  ;  ça  ne  m'a  r'en  fait.  »  — 
Bouteillée,  le  contenu  d'une  bouteille. 

Bouter,  v.  a.,  mettre,  ficher.  Vieux  mot  toujours 
neuf  dans  nos  villages.  —  Les  enfants  disent  :  «  bou- 
tons-ci, houtons-là,  boutte  ton  nez  là.  »  —  Ou  en- 
core : 

Mettez,  boutei,  fichez 
Dans  mon  tonton  ton  nez. 

—  a  Boute  ton  dat  par  la  fente  de  mon  cotillon, 
0  j'ai  le  ventre  dus  comme  une  roche.  »  —  «  Boute 
«  la  nape...  »  (Rab.  Pant.  ch.  3).  —  Se  bouter,  v. 
pr.,  se  mettre,  s'installer.  —  «  Qiiand  il  va-t-à  la 
«  messe,  il  se  boute  au  lutrin,  d 

BESCH.  :  bouter,  mettre,  vieux  mot  conservé  dans  le 
midi.  —  TRÉv.  :  verbe  très  vieux  et  très  mauvais,  mais 
qui  se  dit  encore  par  les  paysans  et  par  le  peuple.  — 
NORM.  :  bouter,  pousser,  heurter.  Boutre,  placer,  poser. 
—  CENTRK  :  bouter,  mettre,  jeter.  —  Vieux  Fr.  :  bouter, 
pousser,  heurter,  botarc,  boutare.  duc. 

Brache,  s.  1.,  pour  drèche,  marc  de  l'orge  mou- 


—  57  — 

lue  qui  a  servi  à  la  fabrication  de  la  bière,  et  dont  les 
jardiniers  des  environs  de  Rennes  nourrissent  les  deux 
ou  trois  vaches  qu'ils  possèdent. 

Braguigner,  quelquefois  Barguigner,  v.  n., 
marchander,  liarder  sur  un  marché.  ■ —  «  C'est  bon 
marché  ;  n'allez  pas  braguigner.  »  —  Hé  !  hé  !  dit  le 
patron  de  la  nauf  au  marchand,  c'est  trop  icy  bargui- 
gne' ».  (Rab.  Moutons  de  Panurge).  —  Braguignoux, 
celui  qui  braguigne. 

ACAD.  :  harguigner,  hésiter  dans  un  marché.  —  Vieux 
Fr.  :  hergiiigner,  marchander,  disputer  sur  le  prix.  Bar- 
caniare,  barganniare,  harguinare.  duc. 

Braies.  V.  Brayes. 

Brayandière,  s.  f.,  femme  occupée  à  teillcr  le 
lin  ou  le  chanvre  avec  une  braie  ou  maque. 

Brancheter,  V.  Ebrosser. 

Brandouille,  s.  f.,  balançoire,  escarpolette. 
Brandilloirc  est  le  mot  propre. 

Brandouiller,  v.  pr.,  se  balancer,  pour  se  bran- 
iUller. 

BESCH.  :  brandilloire,  cordes  ou  branches  où  on  s'assied 
pour  se  hraiidiller,  Fam.  —  centre  :  hrandilloire  et  hran- 
cilloire,  balançoire.  Se  hrandillcr,  se  branciJlcr,  se  hran- 
doiiiicr. 

Brangé,  adj.  m.  mouillé,  trempé.  Se  dit  surtout 
dos  enfants  au  maillot  mouillés  dans  leurs  langes.  — 
«  Il  faut  changer  l'enfant,  il  est  brangé.  »  —  N'a  pas 
de  féminin. 


-  58  - 

Brannée,  s.  f.,  de  bra7i,  son  ou  partie  grossière 
du  blé  moulu.  La  brannée  est  le  repas  des  chevaux, 
des  vaches  ou  des  bœufs,  dans  lequel  il  entre  du  son. 
—  «  Allons,  Jeanne,  préparez  la  Zrrt^Hf't' des  vaches.  » 

Brannoux. —  Cul-brannoux,  épithète  dont  -on 
gratifie  les  tisserands  et  les  femmes  malpropres.  — 
Dans  Rabelais,  on  trouve  souvent  l'exclamation  brmi 
pour 

ACAD.  :  bran  de  son.  —  norm.  :  hranéc,  bran  délayé 
dans  le  lait  caillé,  ou  l'eau  pour  la  nourriture  des  veaux 
et  porcs. 

Brassière,  s.  f.  —  Nos  paysannes  appellent  ainsi 
les  fausses-manches  dont  elles  se  servent  pour  pré- 
server les  manches  de  leurs  robes  lorsqu'elles  se 
livrent  aux  gros  ouvrages  de  la  ferme.  —  «  Tais-ta, 
Jeanne,  ou  tu  vas  gober  sur  ta  brassière  (tu  vas  être 
battue).» 

ACAD.  :  brassière,  sorte  de  camisole.  —  sarthe  :  bras- 
sière, petite  camisole  d'enfant. 

Brau,  s.  m.,  piquant  de  l'épine  ou  de  tout 
arbre  ou  arbuste  épineux.  —  «Je  me  suis  piqué  avec 
un  bran.  —  Un  bran  m'est  entré  dans  le  pied.  ».  — 
Plur.  :  bran.x  ou  brots  ? 

Brayes,  s.  f.  pi.,  pron.  brécs,  culottes  courtes  en 
usage  avant  que  la  mode  introduisit  le  pantalon 
moderne,  ou  la  hanne.  Ce  mot  est  encore  en  usage 
dans  nos  campagnes  ;  mais,  comme  les  brayes,  il 
disparaît  ou  plutôt  il  est  devenu  hors  d'usage.  Cepen- 


—  59  — 

dant  on  dit  toujours  :  «  il  n'en  sortira  pas  les  brayes 
nettes  »,  pour  dire  qu'une  personne  ne  se  tirera  pas 
sans  dommage  d'un  mauvais  pas  ou  d'une  mauvaise 
affaire. 

ACAD.  :  braies  se  dit  pour  culotte,  caleçon,  mais  il  a 
vieilli.  —  BESCH.  :  hraies,  ancienne  culotte,  caleçon. 
Expression  prov.  :  sortir  les  braies  nettes.  —  trév.  : 
braies,  caleçon,  haut  de  chausses.  —  Vieux  Fr.  :  braie, 
brais,  haut  de  chausses  :  braia,  bracœ,  bragœ  (duc.) 

Brécot,  s.  m.  Par-dessus  le  hrccot,  locution  qui 
veut  dire  par-dessus  le  marché,  en  plus  de  la  chose 
vendue.  —  «  Je  paierai  tant...,  mais  vous  ajouterez 
ceci  ou  cela  par-dessus  le  brécot.  » 

Brégitiné,  adj.  —  Qui  a  les  indulgences  de 
Sainte  Brigitte.  —  «  Je  tiens  beaucoup  à  mon  cha- 
pelet »,  disait  ma  mère  «  car  il  est  bn'gitUié.  » 

Bréhaigne,  adj.  f.  Vache  bréhaigue  ou  stérile.  — 
V.  aloycc. 

ACAD.  :  brébaigiie,  se  dit  des  femelles  d'animaux  qui 
sont  stériles.  —  Vieux  Fr.  :  braljnigne  et  brehaigve, 
braiia,  se  dit  principalement  d'une  jument  ou  d'un  autre 
animal  femelle  qui  est  stérile,  brchaine,  impuissant, 
incapable  des  actes  du  mariage  (duc.) 

Bréjons  ou  courts-sillons,  s.  m.  pi.,  terme 
d'agricuhure.  On  appelle  bréjons  les  sillons  situés  à 
l'angle  ou  à  la  pointe  du  champ,  et  qui  ne  per- 
mettent que  difficilement  au  conducteur  de  l'attelage 
de  tourner  la  charrue.  Il  y  a  quelquefois  obligation 
de  labourer  les  brcions  à  la  pelle  ou  au  boucard. 


—  6o  — 

Brelette.  —  Voy,  berlette. 

Breslé,  adj.  —  Dans  le  canton  de  Bain,  on  dit 
que  le  sol  est  brcslé,  pour  mouille. 

Briançon  ou  Beriançon,  s.  m.,  petite  fortune 
propre  de  chaque  héritier. 

Briançonner,  v.  a,  vendre  de  première  main 
des  marchandises  que  le  rc^raltier  vend  ensuite  de 
seconde  main.  Nos  jardiniers  viennent  de  grand 
matin  hriançonncr  sur  la  place  des  Lices. 

Briauçonnoux,  s.  m.,  marchand  qui  vend  de 
première  main  ses  denrées,  fruits,  légumes,  etc.,  aux 
regrattières  qui  les  revendent  en  détail.  Le  briançon, 
c'est   la   marchandise  elle-même.  On  dit  aussi  :  — 

beriançon,<  bcriançonner ,  heriançonnoiix . 

Brimbaler,  v.  a.,  dissiper  follement  sa  fortune. 
—  C'est  un  mauvais  sujet  qui  a  brimbale  tout  son 
patrimoine.  —  Le  briinbaleur  est  le  noceur,  le 
mange-tout. 

Dans  le  sens  propre  briinlmler  signifie  agiter  secouer. 
Brimbaler  ^qa.,  se  jouer  de  lui  en  le  faisant  courir  de 
côté  et  d'autre  s.ins  nécessité.  —  trév.  :  brimbaler, 
branler  en  deçà  et  en  delà.  —  norm.:  bri^nlaler,  traîner 
çà  et  là  (trimballer).  —  centre  :  brimbaler,  chan- 
celer. 

Brin,  s.  m.,  exprime  une  petite  quantité  :  — 
a  Donnez  m'en  encore  un  bri)i,  un  [)'tit  brin.  »  — 
«  Vous  n'en  aurez  brin  en  tout  (c.-à-d.  rien).  » 


—  6i  — 

ACAD.  :  m.  sg.,  fam.  —  «  Ne  t'attends  pas  que  je  t'aide 
un  seul  hiitt.  (La  Font.)  —  sarthe  :  un  brin,  m.  sg.— 
NORM.  :  brin,  adv.,  pas,  point  du  tout. 

Brîndzîngue,  s.  —  «  Jacques  est  bon  travailleur  ; 
malheurçusement  il  est  soiffhir,  et  souvent  dans  les 
brhidiingties  (dans  les  vignes  du  seigneur).   » 

SARTHE,  NORM.  :  brindiiiigiie,  m.  sg. 

Brîngâs,  s.  m.  pi.,  syn.  malouin  de  anicas, 
barassiaux. 

Broc,  s.  m.,  fourche  à  deux  dents  et  à  long 
manche  dont  se  servent  nos  paysans  pour  arracher 
des  meules  le  foin  ou  la  paille  destinés  au  repas  des 
bestiaux. 

Brocher,  v.  a.  et  n.,  tricoter.  On  appelle  brochons 
les  aiguilles  à  tricoter,  brocheuses  les  tricoteuses.  Vitré 
est  le  pays  par  excellence  des  brocheuses.  Le  tricot  au 
métier  fera  disparaître  la  brocheuse,  comme  la 
filature  mécanique  a  tué  la  fileuse  à  la  main. 

NORM.  :  broche,  aiguille  à  tricoter.  —  centre.  :  broche, 
aiguille  à  tricoter.  'Brocher,  tricoter. 

Brodelu,  adj.,  animal  qui  a  les  os  saillants. 
Se  dit  surtout  des  bêtes  à  cornes.  —  «  Votre  vache 
est  b'en  brodeluc,  mon  brave  homme,  b 

Brondir,  v.  n.,  pour  bruire.  Bruit  que  certains 
métiers,  certains  objets  font  dans  leurs  mouvements 
de  rotation  ;  ainsi,  la  toupie  d'Allemagne,  le  jeu  du 
diable. 


—    62    — 

NORM.  :  hronhron,  rouet,  hiondir,  faire  bruire  une  pierre 
qu'on  lance  avec  la  fronde. 

Bronner,  v.  n.,  se  dit  d'un  enfant  qui  tette  sa 
langue  ou  son  pouce.  —  «  Quelle  mauvaise  habitude 
il  a  vot'  petit,  toujours  il  broiine.  »  —  Vient  de 
biberon  ? 

Broquette,  s.  f.,  petit  clou  à  tête.  Souvent 
employé  dans  ce  dicton  local  appliqué  à  un  homme 
qui  a  dissipé  son  bien  :  Il  a  mangé  tout,  la  hroquette 
et  les  p'tits  clous. 

ACAD.  :  hroquettf,  clou  de  tapissier.  —  C'est  dans  ce 
sens  que  le  mot  paraît  être  employé  dans  le  dicton 
ci-dessus. 

Brosilles,  s.  f.,  petits  morceaux  de  bois  de 
chauffage.  —  Le  fendeur  de  bois  emporte  souvent 
les  brosilles  ;  les  bonnes  ménagères  les  conservent 
pour  allumer  leur  feu,  faire  la  galette,  à  défaut  de 
fagot  ou  de  menu  bois.  Les  ouvriers  en  bois  ne  se 
chauffent  guère  qu'avec  des  brosilles.  (Voy.  gro- 
billes). 

NORM.  :  brotiUon,  broutille.  —  centre.  :  hresilles,  brc- 
tilles  et  brondilles,  menus  morceaux  de  bois. 

Brou,  s.  m.,  herre. 

NORM.  :  brou,  brout,  gui  ;  jeune  pousse. 

Brousse,  s.  t.,  diminutif  de  broussailles.  —  Cou- 
per les  brousses  (les  haies).  —  M.  X...,  retiré  dans 
ses  terres,  était  devenu  un  loup  de  brousse,  c.-à-d.; 


-  63  - 

sauvage  et  fuyant  le  bruit  de  la  ville.  —  a  Le  lièvre 
gîtait  dans  la  brousse.» 

NORM.  :  bronches,  brousses,  broussailles,  ronces.  — Vieux 
Fr.  :  broisse,  brosse,  brousse,  brossa,  brossia  (duc.) 

Bruman,  s.  m.,  gendre,  mari  de  la  fille,  par 
rapport  au  père  et  à  la  mère  de  cette  fille.  —  Etym.: 
du  français  bru  et  de  l'anglais  manu  ;  homme  de  la 
bru. 

Le  hanneton  s'appelle  aussi  bruiuan  dans  l'arron- 
dissement de  Saint-Malo,  tenant  sans  doute  son  nom 
populaire  du  verbe  bruire  et  du  bruit  qu'il  fait  dans 
son  vol. 

NORM.  :  bruman,  nouveau  marié.  —  Vieux  Fr.:  bruman, 
gendre  (duc.) 

Bubu,  S.  m.,  expression  enfantine,  petit  mal, 
petite  douleur.  —  Bébé  s'est  blessé  le  doigt  ;  Petite 
maman  souffle  sur  le  buhu,  et  l'enfant  fait  la  risette. 

—  On  dit  aussi  bobo,  qu'on  trouve  dans  nos  diction- 
naires ;  mais  buhu  est  plus  usité  chez  nous. 

Bûcher    (Se),    se    battre,    s'entailler    la    peau. 

—  Jacques   et    Vincent    se    sont   bûches   et    se  sont 
émorchés  (V.  ce  mot). 

BESCH.  :  Se  bûcher,  pop.,  se  battre.  —  centre  :  bûcher, 
fig.,  rouer  de  coups. 

Bue,  S.  f.,  pour  huirc. 

BESCH.  :  baye  se  disait  autrefois  pour  buire.  —  NORM.  : 
buie,  bie,  cruche.  —  Vieux  Fr.  :  buhe,  buire,  cruche, 
d'où  buheticr,  buhelcrius  (duc). 


-64  - 

Buée,  s.  f.,  s'emploie  aussi  pour  buire  ;  mais  la 
buée  est  surtout  le  contenu  de  la  bue.  A  Rennes,  les 
porteurs  d'eau  ont  des  bties  ou  vases  en  métal  (fer 
battu)  d'une  contenance  d'environ  15  litres.  La  buée 
se  vend  aujourd'hui  10  centimes,  portée  chez  l'habi- 
tant. On  peut  s'abonner  pour  une  buée  par  jour,  à 
raison  de  2  fr.  50  par  mois. 

Nos  municipaux  renouvellent  en  ce  moment  les 
efforts  tentés,  il  y  a  près  d'un  siècle,  par  leurs  devan- 
ciers, pour  doter  la  ville  d'une  distribution  d'eau 
potable.  Puissent  leurs  efforts  ne  pas  être  infruc- 
tueux !  (t) 

On  dit  encore  mener  la  buée,  sécher  la  btcée  laver 
la  buée,  pour  faire  la  lessive.  —  Le  linge  est  à  la 
buée.  —  Vieux,  mais  très-usité. 

ACAD.  :  buée,  lessive,  vieux.  —  trév.  :  buée,  vieux  mot 
qui  signifiait  autrefois  lessive  et  dont  on  se  sert  encore 
dans  les  provinces.  —  sarthe  :  Faire  la  buée,  la  lessive. 
—  NORM,  :  buée,  lessive. 

Buffer,  V.  a.,  souffler,  éteindre.  —  Bu-ffer  la 
chandelle  (Bruc,  Redon). 

TRÉV.  :  bnffe,  s.  f.,  vieux  mot    qui   signifie  soufflet.  Se 


(i).  Ils  y  sont  enfin  parvenus;  Rennes  reçoit  les  eaux  de 
deux  rivières  :  la  Minette  et  la  Loisance,  situées  non  loin  de 
Fougères.  Leur  arrivée  fut  inaugurée  le  14  Juillet  1882.  Les 
réservoirs  sont  au  Galet  à  2  kilomètres  sur  la  route  de  Fou- 
gères. Rennes  est,  depuis  cette  époque,  abondamment  pour- 
vue d'eau  très  pure,  sortant  de  rochers  granitiques,  et  n'a 
rien  à  envier  aux  villes  les  mieux  dotées. 


-65  - 

trouve  dans  les  psaumes  de  Marot.  —  Vieux  Fr.:  biiffcr, 
enfler  les  joues  (duc.) 

Buhans,  s,  m.,  brouillards.  «  Nous  voici  dans 
les  hiibans  de  Noël.  »  On  assure  qu'ils  nourissent  le 
bouton  du  "pommier.  (N'a  pas  de  singulier.) 

Buse  ou  Busse,  s.  f.,  tonneau  de  la  contenance 
d'une  barrique  et  demie,  un  peu  plus,  un  peu  moins. 
—  0  J'n'ai  p'us  de  barrique,  j'n'ai  p'us  qu'une  buse 
d'une  barrique  et  demie,  si  vous  n'ia  trouvez  pas 
trop  grande  ?»  —  «  Pourquoi  donc  ne  me  marierais- 
je  pas  »,  répondait  une  jeune  paysanne  à  qui  l'on  fai- 
sait des  observations  sur  sa  petite  taille,  «  est-ce  qu'une 
barrique  n'a  pas  la  bonde  aussi  grande  qu'une 
buse  ?  »  Elle  voulait  dire  que  la  femme  aussi  ne  se 
mesure  pas  à  la  taille,  qu'une  petite  en  vaut  bien 
une  grande. 

BECH.  :  busse,  autrefois  espèce  de  futaille.  Busse  ou 
hussard,  ancienne  mesure  de  capacité.  —  trév.:  hussard, 
vieux  mot  français,  vaisseau  à  mettre  du  vin.  — 
SARTHE.  :  husse,  tonneau.  —  norm.  :  busse,  petit  ton- 
neau. —  (duc.)  bas.  ht.  bu^a,  dolium,en  vieux  français 
bous. 

Buyer  ou  Beuyer,  v.  n.,  pour  bruire,  et  aussi 
pour  braire.  —  La  toupie  biiyc  en  tournant.  L'enfant 
buye  en  pleurant.  Le  hanneton  buye  en  volant.  —  A 
Saint-Malo  on  dit  que  la  toupie  vionne.  —  «  Jeanne 
se  tournait,  se  virait  et  mettait  tant  d'ardeur  à  la 
danse,  que  son  cotillon  en  buyait.   » 


66  - 


Cabosse,  s.  f.,  caboche,  coup,  chute  qui  produit 
une  bosse,  une  enflure.  Se  dit  aussi  en  parlant  des 
choses.  —  «  Par  votre  maladresse,  toute  mon  argen- 
terie est  cabossée.  »  —  «  Un  bon  saut  vaut  mieux 
qu'une  mauvaise  cabosse.  »  (Proverbe  rennais). 

Cabosser,  v.  a.,  pour  bosstier.  On  le  trouve  dans 
Rabelais  (Prologue  du  Liv.  III). 

BKScu.  :  cabosse,  fam.,  meurtrissure,  bosse.  Cabosser, 
faire  une  contusion,  surtout  à  la  tête.  Familier  et  tout- 
à-fait  pop.,  surtout  dans  l'Ouest.  —  norm.  :  cabochcr, 
ècabochcr,  bosseler.  —  cf.xtrf.  :  cabosse,  tête,  et  par 
extention,  grosseur,  protubérance.  Cabosser,  bossuer. 

Cache-cutté.  (Jouer  à),  jouer  à  cache-cache. 
Nos  enfants  disent,  en  réunissant  les  verbes  syno- 
nymes cacher  et  cutter  :  Jouons  à  cachc-cutlé.  — 
Rabelais  dit  :  à  la  cutte-cache.  (Voy.  ciiller,  culte'). 

Vieux  Fr.:  cucbc,  cache,  lieu  secret,  enta.  Cutcr,  cacher. 
(duc.) 

Cachemuter,  v.  n.,  chuchoter.  —  Je  vous  ai 
bien  vus  cacbeiuuter  ensemble. 


-67- 

Cachemuterie,  s.  f.,  pour  cachotcnc,  propos 
mystcrieux,  tonus  à  voix  basse.  —  «  Entre  ces  deux 
péronnelles,  ce  sont  des  cacheiiiutcries  à  n'en  plus 
finir.  »  —  Plus  usité  au  pluriel. 

Cachemutier,  ière,  adj.,  qui  cachomuto,  qui 
fait  des  cachemuteries,  pour  caclmicr,  cachot ibe. 

Cachignard,  arde,  s.,  querelleur,  taquin, 
mauvais  coucheur.  «  C'était  un  cachignarJ  insup- 
portable.  » 

Cachigner,  v.  a.,  agacer,  quereller.  —  o  D'ail- 
leurs, tu  aimes  à  cachigiwr.  »  —  Rabelais  a  employé 
le  mot  cachiiiucr,  qu'on  traduit  par  rire  avec  excès. 

Cafoin,  s.  m.,  café  mal  tenu,  mal  fréquenté.  — 
«  C'est  surtout  dans  les  cafoins  qu'on  rencontrait 
l'avocat  X....,  d  —  Se  dit  aussi  du  café  mal  préparé: 
a  Ce  n'est  pas  du  café,  c'est  du  cafoin.  » 

NORM.  :  ciifouht,  m.  sg. 

Cageot  ou  Cajot,  s.  m.,  petit  calebasson  d'osier 
ou  de  bourdaine  dans  lequel  nos  jardiniers  mettent 
leur  fruits,  leurs  fraises  et  autres  marchandises  d'un 
petit  volume.  —  Une  cageotéc  est  le  contenu  du 
cageot.  —  L'homme  qui  s'occupe  des  afl;iires  du 
ménage  est  un  cageot,  pris,  dans  cette  acception, 
pour  coUn-taiiipoit . 

BE<;rH.  :  cageot,  petite  cage. 

Cagibiti,'  s.   m.  —  Nous   appelons  de  co  nom 


—  68  — 

italianisé  un  réduit,  un  petit  grenier,  un  poulailler. — 
Ces  pauvres  gens  sont  relégués  dans  une  espèce  de 
cagibili  exposé  à  tous  les  vents.  —  C'est  le  mot  cage 
allongé. 

Cailles  ou  Caillibottes,  s.  f.  pi.,  espèce  de 
fromage  au  lait  cuit,  puis  divisé  par  carrés  dans  la 
forme  d'un  damier. 

Dans  les  ménages  riches,  le  clair  de  cailles  est  rem- 
placé par  de  la  crème  sucrée.  Les  cailles  sont,  avec 
les  tiiaingaiix.  (Voy.  ce  mot),  un  dessert  très  recher- 
ché par  les  Rennais,  surtout  en  été. 

Dans  mon  enfance  (1815),  les  ouvriers,  les  enfants 
du  peuple  et  les  écoliers  en  faisaient  un  copieux 
déjeuner  pour  deux  liards  ou  un  sol.  Aujourd'hui 
(1877),  c'est  un  plat  de  luxe,  une  friandise.  Les 
marchandes  en  donnent  encore  pour  cinq  ou  dix 
centimes,  mais  en  si  petite  quantité  qu'elle  ne  suffi- 
rait pas  à  rassasier  un  enfant. 

Le  clair  de  cailles  est  une  boisson  rafraîchissante, 
et  tient  lieu  parfois  d'un  léger  purgatif. 

Le  peuple  donne  aussi  le  nom  de  caillibottes  à  la 
boule  de  neige,  fleur  de  l'obier  (Vihurnum  opiûus) 
à  cause  de  la  blancheur  et  de  la  forme  arrondie  de 
cette  fleur. 

ACAD.   :  caillehotle,    masse    de  lait    caillé.    —    NORM.    : 
cailles,  cailleboltcs,  grumeaux  de  lait  caillù. 

Caire,  v,   a.,    prononcez  qtiaire,   pour  cuire,   — 


-69- 

«  Quand  on  crait  caire,  le  four  chcei  »,  c.-à-d.,   on 
croit  le  succès  d'une  affaire  assuré,  et  tout  est  perdu. 

Calard,  s.  m.,  (du  verbe  caler),  qni  refuse  d'ac- 
cepter un  défi,  qui  met  les  pouces.  —  Voir  caler. 

Calebasse  (Vendre  la),  révéler  un  secret.  — 
«  Il  avait  promis  le  secret,  et  il  a  vendu  la  calebasse.  » 
Locution  très-usitée. 

CENTRE  :  Faire  la  calebasse,  révéler  un  secret. 

Calebasson,  s.  m.,  grand  panier  fait  d'osier  et 
surtout  de  bois  de  bourdaine,  dans  lequel  nos 
paysans  et  nos  jardiniers  apportent  au  marché  leurs 
légumes  et  leurs  denrées.  —  Dérivé  de  calebasse. 

Calebassonnée,  s.  f.,  contenu  du  calebasson.  — 
Càlebassoiiuèe  de  chou.\,  de  pois,  de  pommes  de 
terre,  etc. 

Caler,  v.  n.,  mettre  les  pouces,  refuser  le  combat. 
Ce  mot  est  surtout  très  usité  chez  les  écoliers  :  «  Tu 
cales,  tu  es  un  calard.  r>  —  Vient  peut-être  du  terme 
de  marine  :  caler  un  mât,  une  voile.  —  Se  trouve 
dans  Montaigne  :  «  Cette  superbe  vertu  eust-elle  calé 
au  plus  fort  de  sa  montre.  »  (Liv.  3,  ch.  12. 

On  trouve  dans  quelques  auteurs  caner,  faire  la  cane, 
manquer  de  courage  :  o  Rien  qu'à  me  voir  il  canera. 
(E.  Zola).» 

Nous  disons  aussi  :  bien  calé,  bien  nippé,  bien  vêtu. 
—  On  trouve  dans  Rabelais  calaer,  qu'on  traduit  par 
bel  air,  bon  air. 


—  70  — 

BESCH.  :  caler,  céder,  mettre  les  pouces.  Pop.  et  presque 
trivial.  Caleur,  euse,  poltron,  qui  met  les  pouces.  Canev, 
faire  la  cane,  m,  sg.  —  acad.  :  caler,  pop.  m.  sg.  — 
NORM.  :  caler,  refuser  un  défi.  Calard,  poltron. 
BESCH.  :  Homme  cale,  qui  a  de  l'aisance.  —  Objet  calé, 
agréable  à  la  vue. 

Calistrade,  s.  f.,  (chercher  la)  se  dit  du  pique- 
assiette  qui  se  présente  dans  les  maisons  à  l'heure  des 
repas  :  «  Il  va  chercher  la  calistrade.  » 

Campagnole,  s.  f.,  espèce  de  souris  des  champs, 
moins  grosse  que  le  rat,  mais  plus  grosse  que  le  mu- 
lot. Nous  l'appelons  aussi  lirûii.  La  caiiipagnole  ou  le 
//;■();;  sont  très  friands  des  fruits  en  espalier  de  nos 
jardins.  Son  museau  et  sa  queue  sont  plus  allongés 
que  ceux  du  mulot. 

ACAD.  :  campagnol,  s.  m. 

Campane,  s.  f.,  espèce  de  cloche  en  fer  blanc 
qu'on  met  au  col  des  chevaux  et  des  mulets  pacageant 
dans  les  bois,  afin  de  les  rallier  plus  facilement. 
«  L'ennemi  meit  toutes  les  cauipanes  des  mulets  dans 
«  les  coffres  ». 

Vieux  Fr.  :  campane,  cloche,  campana  hannalis.  Campa- 
nier,  clocher,  duc.  —  centre  :  campaine,  clochette  au 
cou  des  moutons. 

Canapé,  s.  m.  Vers  1N30,  les  ouvriers  donnaient 
le  sobriquet  de  canapés  aux  étudiants  et  aux  jeunes 
gens  de  la  ville  (Rennes),  qui,  alors  portaient  tous 
des  cannes  à  êpée.  De  là  vient,  je  crois,  l'épithète  de 
canapé,  ou  peut-être  aussi  du  meuble  qu'on  ne  trouve 


—  71  — 

que  dans  les  salons  riches.  On  ne  s'en  sert  plus  au- 
jourd'hui, et  je  ne  lui  donne  place  ici  que  pour  mé- 
moire. 

Canette,  s.  f.,  petite  bille  de  marbre  ou  de  pierre, 
jeu  d'entants,  qui  se  joue  à  di^-dog,  au  petit  pot  ou 
pionard.  —  Dig-do^,  lancer  adroitement  sa  canette 
avec  le  pouce,  de  façon  à  atteindre  celle  de  son  ad- 
versaire. 

Ce  n'est  que  depuis  peu  d'années  que  le  mot 
canette  comme  mesure  de  la  capacité,  a  été  introduit 
chez  nous. 

ACAD.  :  canette,  jeu  de  billes.  —  sarthe,  n'orm.,  cen- 
tre, m.  sg. 

Capot,  s.  m.,  espèce  de  cape  ou  capuchon  dont 
les  femmes  du  peuple  se  couvrent  la  tête  et  les  épau- 
les pour  garantir  leurs  coifïes  dans  le  temps  de  neige 
ou  de  pluie.  On  l'appelle  aussi  therésienne.  Ce  vête- 
ment, fait  d'étoffe  d'indienne  ou  de  camelot  tend  à 
disparaître.  Nos  paysannes  lui  préfèrent  aujourd'hui 
le  parapluie,  quoiqu'il  soit  à  mon  avis,  moins 
commode.  —  La  ihèrcsienne  donne  aux  Lorientaises 
un  petit  air  mystique  qui  leur  sied  à  ravir. 

Caquoux  s.  m.,  terme  de  mépris  dont  les  paysans 
et  surtout  leurs  femmes  gratifient  les  cordiers.  Est-ce 
parce  que  leur  profession  a  quelque  cliose  de  fémi- 
nin ?  Est-ce  parce  qu'ils  étaient  appelés  à  filer  jadis 
la  corde  des  pendus  ?  choisis  ô  lecteur. 


-  72  — 
Carabin,  s.  m.,  blé  noir  ou  sarrasin. 

Carapouce,  s.  m.,  espèce  de  casquette  en  cuir, 
que  portaient  dans  mon  enfance  les  enfants  du  peu- 
ple (1815).  Aujourd'hui  (1877),  l'ouvrier,  devenu 
muscadin,  fait  porter  à  ses  enfants  des  chapeaux  gar- 
nis de  plumes...  et  pourquoi  pas  ?  Notre  pauvre 
petit  carapouce,  qui  empruntait  son  nom  et  sa  forme 
à  une  carapace,  n'est  plus   connu  depuis  longtemps. 

XORM.  :  carapon,  sorte  de  coifl'ure  d'homme  en  peau  de 
loutre,  de  chat,  etc.,  dont  on  peut  rabattre  les  bords. 
GuERNESEY  :  carapousse.  Bas  bret.  carapousscn. 

Carquois,  s.  m.,  petit  grenier  ou  réduit,  ménagé 
dans  un  coin  de  l'habitation,  une  soupente  sous  les 
toits,  dans  un  angle  du  palier,  partout  enfin  où  l'ar- 
chitecte a  pu  utiliser  une  place  vide.  —  Le  carquois 
tient  lieu  de  fruitier,  ou  renferme  ordinairement, 
comme  le  cagihiti,  tous  les  barassiaux  du  ménage. 

Carreau,  s.  m.,  blé  noir. 

Carrelis,  s.  m.,  clôture  en  planches  clouées  sur 
poteaux,  qui  sépare  les  propriétés,  comme  les  murs 
ou  les  haies.  Des  règlements  et  les  usages  locaux  ont 
fixé  le  mode  de  construction  de  cette  clôture  et  les 
signes  de  non  mitoyenneté.  —  Le  mot  carrelis  n'est 
pas  encore  admis  par  l'Académie  ;  espérons  que  cela 
ne  tardera  pas. 

Carroué,  s.  m.,  morceau  ou  pièce  de  forme 
carrée.  —  Dans  nos  campagnes,   lorsqu'on   tue  un 


—  75  - 

porc,  le  paysan  envoie  par  sa  ménagère  à  ses  parents, 
et  amis,  des  saucisses  et  du  boudin  ;  mais  aux  gros 
bonnets  de  l'endroit,  aux  personnages  conséquents, 
le  curé,  le  maire,  cela  ne  suffit  pas  ;  on  les  gratifie 
en  outre  d'un  carrouè  de  lard. 

Cartelle,  s.  f.,  un  quartier,  une  parcelle,  un 
morceau,  une  tranche.  Une  cartdle  de  pomme,  de 
poire,  de  melon. 

On  donne  aussi  cette  qualification  aux  enfants 
consanguins  et  utérins,  frères  et  sœurs  demis,  comme 
nous  disons,  et  aussi  aux  jumeaux. 

CENTRE  :  carqiiille,  cartille,  parcelle. 

Oarvanne,  s.  f.,  charogne,  corps  d'un  animal  en 
en  pu tré l'action.  Les  règlements  de  police  défendent 
de  noyer  les  animaux  dans  les  rivières  et  d'y  jeter 
leurs  corps.  Malgré  ces  sages  prescriptions,  quand 
vous  vous  promènerez  sur  les  bords  fleuris  de  notre 
Vilaine,  il  vous  arrivera  souvent  de  voir  flotter  des 
canaiities  sur  ses  eaux  argentées.  Alors,  prenez  votre 
mouchoir....  et  pressez  le  pas. 

KORM.  :  carne,  m.  sg. 

Casse,  s.  f.,  mets  composé  de  lard,  de  fromage 
de  cochon,  de  fraises  et  de  pieds  de  veau,  le  tout 
cuit  au  four  dans  une  grande  bassine  en  cuivre 
étamé.  Le  contenant  et  le  contenu  portent  le  même 
nom.  La  casse  est  un  plat  très  recherché  des  Rennais. 
C'est  surtout  le  déjeuner  du  dimanche.  Il  a  le  mérite 


—  74  — 

d'être  tout  préparé,  et  il  arrive  que,  pour  en  obtenir 
des  lardiers,  il  faut  souvent  faire  queue  à  leur  porte. 
—  «  Que  mangerons-nous  demain  ?  —  De  la 
casse.  »  —  Poichcl  à  Dol  et  à  Pontorson  et  dans 
presque  toutes  les  communes  du  littoral  d'Ille-et- 
Vilaine"  —  Lichecassc,  l'écheur  de  plats.  (Rah.) 

\ORM.  et  CENTRE  :  ciisse,  lèche-frite. 

Casser,  v.  a.,  employé  dans  ces  divers  sens  :  — 
Casser  du  bois,  fendre  du  bois.  —  Casser  une  pièce 
de  monnaie,  l'entamer,  en  faire  de  la  monnaie.  — 
Casser  sa  pipe,  mourir.  —  Casser  sa  robe,  son  habit,  — 
pour  :  déchirer  sa  robe,  son  habit. 

Casseur,  s.  m.  —  On  dit  chez  nous  :  Casseur  de 
bois,  l'homme  qui  le  fend.  Chaque  ménage  a  son 
casseur,  qui  souvent  aussi  met  le  vin  en  bouteilles,  et 
le  boit  quand  il  le  peut.  —  «  C'est  un  casseur  »,  un 
tapageur. 

Castille,  s.  f.,  groseille  à  grappes,  ainsi  nommée 
sans  doute  parce  qu'elle  est  d'origine  castillane.  Il  y 
a  des  caslilles  blanches  et  des  castiUes  rouges.  Si  vous 
voulez  faire  de  la  gelée  ou  du  sirop,  n'oubliez  pas  de 
demander  des  caslilles  à  nos  jardiniers  ;  si  vous  leur 
demandez  des  groseilles,  il  vous  apporteront  des 
groseilles  à  maquereau. 

C'est  au  mot  castille  qu'on  doit  ce  recueil,  comme 
on  l'a  raconté  dans  notre  «  Introduction  ». 

On  trouve  ce  mot  dans  les  œuvres  poissardes  de 


—  /)  — 

Vadé  et  l'Ecluse  :  —  «J'avons  des  raisins  de  corian- 
dre, des  mâches-pains,  des  caslilles  en  magnicre  de 
conserve.  »  —  (Le  déjeuner  de  La  Râpée). 

En  Normandie,  on  l'appelle  quelquefois  gadelk  et 
l'arbrisseau  gadeUier. 

Castillier,  s.  m.,  arbrisseau  qui  produit  hcasiiUe, 
ou  groseille  à  grappes. 

s.^RTHE  :    castille.    —    norm.    :    castiUc,    gade,    grade, 
gadelle,  gradelle. 

Cati,  adv.  de  lieu  employé  par  nos  iilles  de 
basse-cour  pour  appeler  les  porcs.  Ces  intelligents 
animaux  répondent  à  cati-cati,  comme  les  poules  à 
petit-petit. 

CatioUe,  s.  f.,  coiffure  des  paysannes  des  envi- 
rons de  Rennes..  L'usage  de  la  catiolk  s'étend  assez 
loin  à  l'ouest  et  au  nord  de  la  ville.  A  Châteaugiron 
on  trouve  la  poiipette,  dont  la  forme  est,  selon  moi, 
plus  élégante.  Ces  deux  coiflures  tendent  à  disparaître 
pour  faire  place  à  un  petit  bonnet  qu'on  a  baptisé,  je 
ne  sais  poutquoi,  du  nom  de  polka.  Ce  changement 
a  eu  lieu  vers  18G5,  et  bientôt  la  coiffure  nationale 
aura  tout-à-fait  disparu. 

Les  enfants  donnent  le  nom  de  catioUe  à  la  fleur 
de  la  digitale,  qui,  par  sa  forme,  se  rapproche  un 
peu  de  la  coiffure  des  femmes.  Cette  fleur  est  appelée 
11UUU  dans  quelques  communes. 

Caunet,  ette,  adj.,  friand,  friande.  —  c  La  jeune 


-  76  - 

malade  aime-t-elle  le  laitage,  les  bouillies  ?  —  Ah, 
comme  ça,  répond  la  mère,  elle  n'en  est  pas  bien 
caimette,  » 

Causer,  v.  n.  Causer  de,  faire  causer  de,  employés 
pour  parler  en  mauvaise  part  de  quelqu'un  :  —  «  Je 
Sais  que  vous  avez  causé  de  moi  (jasé  sur  mon 
compte).  »  —  «  On  dit  que  cette  jeune  fille /at7  tazii^r 
d'elle.  »  —  Autre  acception  :  Pierre  et  Marie  causent 
ensemble  (se  font  la  cour). 

BnscH.  :  causer  de,  parler  avec  malignité  de  qqn. 

Cème,  s.  f.,  mousse  du  lait  au  sortir  du  pis  de  la 
vache.  Nos  paysannes  ont  grand  soin  de  couronner 
de  chue  leurs  pots  de  lait  pour  faire  mousser  leur  mar- 
chandise. Ne  vous  y  laissez  pas  prendre,  la  chue  n'est 
pas  de  la  crème. 

>JORM.  :  cerne,  saiine,  première  crème  qui  se  forme  sur  le 
lait.  Bas  lat.  Sagimen,  graisse  ? 

Cenâs,  s.  m.  grenier.    —  V.  Senàs. 

Censément,  adv.,  vieux,  mais  très  usité,  signifie  : 
par  supposition.  —  «  Il  est  censément  le  maître  du 
logis.  »  Il  correspond  à  soi-disant,  presque. 

NORM.  :  censément,  adv.,  quasi,  presque,  à  peu  près, 
pour  ainsi  dire.  «  11  y  a  censément  une  douzaine  d'œufs.» 
—  CENTRE  :  censément,  en  apparence,  etc. 

Cerise,  s.  m.,  confitures  de  cerises.  Le  villotin, 
le  beau  parleur  préfère  l'emploi  de  ce  mot  à  ceux  de 
badioki  et  de  hhon,  seuls  usités  dans  nos  fermes. 


—  11  — 

ChafFourée,  s.  f.,  grande  quantité.  Rabelais 
aurait  pu  dire  que  Gargamelle  mangeait  une  (haffoii- 
rée  de  tripes,  et  le  capitaine  Tripet  une  cbaffourée  de 
soupe.  —  Employé  dans  un  autre  sens  par  Montai- 
gne ;  «  -L'idée  de  leur  amendement  chaffoiirce  (conlu- 
se.  »  (Liv.  3,  chap.  2). 

Chaffourer,  v.  a.,  chasser,  pourchasser.  Se  dit 
surtout  des   chats  qu'on  chajjoitrc  de  dessous  les  lits. 

—  De  chat-founé  on  a  Lût  chaffourer. 

On  trouve  dans  Rabelais,  mais  avec  signification 
difTérentc  le  verbe  chauffburer  :  «  Gargantua  ratissait 
le  papier  et  chauffourait  le  parchemin.  » 

BESCii.  :  chafourer,  anc,  défigurer,  barbouiller,  gritlou- 
ncr. 

Chagourin,  s.  m.  C'est  le  nom  donné  aux  bû- 
cherons dans  le  canton  de  Janzé. 

Chambarder,  v.  a.,  terme  de  bas  étage,  syno- 
nyme de  casser,  briser,   renverser,   mettre   au  pillage. 

—  a  Ces  mauvais  garnements,   avant   de  se  retirer, 
chambardèrent  tout  dans  la  maison.  » 

Chamberlâs  ou  Chamberlîns  (prononciation 
douteuse),  s.  dos  t  genres.  C'est  ainsi  qu'on  appelle 
les  époux  mariés  civilement,  avant  le  mariage  reli- 
gieux. Au  sortir  de  la  mairie,  le  gars  et  la  fille  sont 
chamberhi's. 

Chamillard,  s.  m.,  cidre  chaud  mêlé  d'eau-de- 
vie.  Ce  mélange  et  le  mot  qui  l'exprime  sont  dus  à 


-78   - 

quelque  buveur  raffiné.  Ce  n'est  que  vers  180  i  qu'ils 
ont  été  introduits  chez  nous. 

Champagne,  s.  m.  On  appelle  ainsi,  dans  le 
canton  de  Châteauneuf,  un  champ  de  grande  étendue, 
en  plaine,  sans  clôture  et  sans  plantations. 

NORM.  :  campagne,  pays  découvert.  —  centre  :  Cham- 
pagne, contrées  plates.  — Vieux  Fr.  :  champaigne,  cham- 
paine,  plaine,  campania,  campestris  locus  planus,  (duc). 

Champ-noble,  s.  m.  On  désignait  et  on  désigne 
encore  par  cette  appellation  aristocratique,  une  pièce 
de  terre  entourée  des  haies  qui  en  dépendent.  On  la 
trouve  dans  de  vieux  titres,  mais  on  ne  l'emploie 
pas  officiellement. 

Chapelle  (Faire)  —  se  dit  en  parlant  des  femmes, 
qui,  pour  se  chauflfer,  relèvent  leurs  jupons  par-de- 
vant. —  «  Madame  B...  prenait  plaisir  à  faire  cha- 
pelle. »  C'est  peut  être  un  marin  qui  a  appliqué  à 
l'acte  en  question  un  terme  de  son  métier.  —  On 
dit  ixussx  faire  courtine. 

SARTHE  :  Faire  courtine,  m.  sg. 

Charpelouse,  s.  f.,  chenille,  et  surtout  la  che- 
nille velue.  —  Une  charpelouse  qui  tombe  sur  votre 
col  laisse  sur  la  peau  un  venin  qui  cause  une  cuisson 
de  quelques  heures  de  durée. 

NOKM.  :  carpeleuse,  chapeleuse,  chenille.  Clialle-pelciise 
(chatte  poilue  ?).  —  anglais  :  Caterpillar.  —  etym.  : 
raro  pilosa  '! 


—  79  — 

Charruer,  v.  a.,  prononcez  chenucr,  labourer 
avec  la  charrue. 

BESCH.  :  charmer,  s'est  dit  pour  mener  la  charrue.    — 
CENTRB  :  charruer,  m.  sg. 

Charte,  s.  f.,  charrette. 

Chârtier,  s.  m.,  conducteur  de  la  charte.  —  Dans 
le  Berry,  on  dit  aussi  chdrle  et  chdrtier.  Je  fais  ici 
cette  remarque,  qu'un  grand  nombre  de  mots  sont 
communs  à  nous  et  aux  Berrichons  ;  je  laisse  aux 
savants  le  soin  d'en  expliquer  la  cause. 

s.\RTHE  :  ch.irte,  m.  sg. 

Châsse,  s.  f.,  employé  pour  bière,  cercueil.  — 
0  La  cJmse  en  bois  de  chêne  était  intérieurement 
garnie  de  plomb.  » 

CENTRE  :  châsse,  m    sg. 

Chatonner,  v.  n.,  se  dit  des  enfants  qui  grimpent 
aux  arbres  en  s'aidant  des  mains  et  des  genoux,  à 
l'imitation  des  chats.  —  Il  est  aussi  employé  par  les 
chasseurs  pour  indiquer  l'action  d'un  chien  qui  flai- 
rant le  gibier,  modifie  son  allure  pour  mieux  l'appro- 
cher. 

BESCH.  :  chatonner  s'est  dit  autrefois  pour  aller  à  quatre 
pattes. 

Chaud,  et  Chaud-de-boire  (pron.  hairc),  loc. 
adj.  malheureusemeni  trop  usitée,  et  qui  exprime  un 
commencement  d'ivresse.  —  «  J'ai  rencontré  Vincent 


-  8o  — 

ce  matin,  il  était  déjà  bien  chaud.  »  D.  Le  Président  : 
«  Le  témoin  était-il  ivre  ?»  —  R.  «  Il  n'était  pas 
ce  qu'on  appelle  saoul,  mais  il  était  chaud-de-baire .  » 

—  Un  archevêque  de  Rennes  s'est  servi  lui-même 
de  cette  locution  dans  un  de  ses  mandements  sur 
l'ivrognerie. 

Chauffé,  s.  m.,  lait  cuit  que  nos  fermières  mettent 
dans  le  lait  riboltc  (baratté),  pour  le  rendre  plus  épais. 
«  Apportez-moi  une  meyenne  de  lait  ribotté,  et  n'épar- 
gnez pas  le  chauffé.   »  (Voy.  Meyenne). 

Chaumine,  s.  f.,  petite  chaumière  (diminutif). 

ACAD.  :  chaumine,  m.  sg.  —  Ce  mot  se  trouve  dans   La 
Fontaine. 

Chausse,  s.  f. ,  bas.  Une  paire  de  chausses,  pour 
une  paire  de  bas. 

SARTHE  :  chausses,  m.  sg.:    «  Pouille  tes  chausses.  »   — 
CKXTRE  :  chausses,  m.  sg.  —  norm.  :  cauche,  m.  sg. 

Chausse-noire  (pron.  nairé),  s.  des  2  genres, 
homme  ou  femme  chargé  d'une  demande  en  mariage. 

—  «  Le  père  Louazel  était  de  la  noce  ;  ce  n'est  pas 
étonnant,  puisqu'il  avait  été  chausse-naire  !  » 

Chauvir,  v.  n.,  sourire.  —  «  Il  n'a  pas  répondu, 
mais  il  a  chauvi.  »  —  S'emploie  quelquefois  en  mau- 
vaise part.  Sourire  narquois  :  —  «  Il  ne  dit  rien,  il 
chauvit.  » 

SARTiiE  :  chauvir,  m.  sg. 


Chemin-messier,  s.  m.,  sentier  à  travers 
champs,  qui  mène  du  village  à  l'église  par  le  plus 
court  chemin.  —  (V.  wessier). 

Cheminiau,  Cheminou,  s.  m.  — Les  habitants 
de  nos  faubourgs,  les  paysans  de  la  banlieue  de 
Rennes  désignent  sous  les  noms  de  cheuiiidaux  ou 
chcminaux  les  hommes  employés  aux  chemins  de  fer. 
On  les  voit  d'un  assez  mauvais  œil,  parce  que,  à  tort 
sans  doute,  ils  passent  pour  maraudeurs  et  pillards  : 
—  Si  des  pommes  de  terre,  des  artichauts  ont  été 
volés  dans  un  champ,  ce  ne  peut  être  que  par  des 
chcuiiuiaux. 

NORM.  :  cheminot,  terrassier  travaillant  à  l'établissement 
des  rout'.-s.  Le  mot  indique  souvent  un  ouvrier  nomade. 
Pris  généralement  en  mauvaise  part.  —  sarthe  :  Les 
chcminaux  du  chemin  de  fer. 

Chêne-four ché  (ou  fourchu).  —  Faire  le 
chàu'-fomrhi'  et  un  amusement  auquel  se  livrent  les 
enfants  de  nos  campagnes.  Il  consiste  à  se  tenir  la 
tète  en  bas  et  les  pieds  en  l'air,  et  à  conserver  cette 
position  le  plus  longtemps  possible.  —  «  Jouons  au 
(héue-fourchc .  >•>  —  Rab.  :  chène-foiirchii . 

Chenu,  ue,  adj.  —  Ne  s'emploie  guère  qu'avec  la 
négative  :  «  Votre  cidre  n'est  pas  cbetw,  mon  brave 
homme  »,  c.-à-d.,  il  ne  vaut  rien. 

Cherchoux,  adj.  m.,  pour  chercheur.  S'emploie 
surtout  comme  synonyme  de  mendiant.  —  <(  C'était 
un  chcrchoitx  de  pain,  »  un  vagabond. 

0 


—    82    — 

Chérel  (Faire).  —  Locution  toute  Rennaise,  qui 

doit  son  origine  à  un  agent  de  police  du  nom  de 
Chérel.  Cet  agent,  la  terreur  des  gamins  et  des  enfants 
sous  la  Restauration,  tombait  comme  une  bombe  sur 
les  joueurs,  et  confisquait  les  enjeux,  à  son  profit, 
bien  entendu.  Nous  appelions  ces  exécutions  :  Faire 
Chérel.  Les  vieux  Rennais  seuls  s'en  souviennent. 
Chi'rcl,  cela  se  comprend,  était  fort  impopulaire, 
comme  ses  supérieurs,  les  commissaires  de  police  de 
cette  époque.  Ils  avaient  eu  l'honneur  d'une  chanson, 
dont  le  refrain  était  : 

A  bas  Chérel, 
Et   Levilain,  Thomas,  Courteil. 
Je  rappelle  cette  locution  faire  Chérel,  parce  qu'elle 
est  restée  populaire  longtemps  après  la  chute  du  Gou- 
vernement de  la  Restauration. 

Cherîn,  s.  m.,  pommier  sauvage,  ou  non  greffé. 
«  Pommes  de  cher  in.  » 

Cherine,  adj.  Personne  cherine,  d'une  constitu- 
tion maladive.  —  Cette  locution  a  été  recueillie  par 
le  docteur  Del...  dans  une  visite  faite  par  lui  à  la 
Chapelle-des-Fougeretz. 

Chevir  (se  ou  s'en)  —  v.  pron.,  vieux  mot  très- 
usité.  Venir  à  bout,  mener  à  bonne  fin,  se  débarras- 
ser des  iinportunités  d'une  personne.  —  «  Voilà  une 
rude  besogne,  je  m'en  chcvirai  b'en  tout  d'mérae.  » 
—  «  Rappelez  donc  vot'  gars,  mère  Jeanne,  je  ne 
peux  m'en  chevi.  » 


NORM.  :  cbevir,  v.  n.,  m.  sg.  Se  chérir,  s'aider,  jouir  de. 
—  CENTRE  :  chevir,  être  maître  de.  On  écrivait  autrefois 
chefvir.  V.  Mont.,  etc.  —  Vieux  Fr.  :  chevir,  cheviare, 
I-  traiter,  composer,  transiger  ;  2-  se  tirer  d'embarras  : 
a  ne  say  comment  m'en  cheviray  ».  Rom.  de  Renart  ; 
3'  se  défaire  de  qq.  chose  ;  4-  se  rendre  maître  de  qn. 

Chiatique,  adj.  m.  et  f.,  syn  de  cacochyme,  ché- 
tif,  malingre,  s'applique  surtout  aux  enfants  alangou- 
rés.  —  «  Quel  pauvre  petit  chiatique  !»  —  Ce  mot 
viendrait-il  de  sciatique  ? 

CENTRE  :  chaitis,  chcti,  clictif. 

Chidoler,  v.  a.,  dorloter,  gâter. —  «  Plus  encore 
que  sa  mère,  sa  grand'mère  l'a  toujours  cbidolée.v 

Chiée,  s.  f.,  mot  grossier  souvent  employé  par 
nos  paysans  et  même  par  leurs  femmes  et  leurs  filles. 
—  Un  fâcheux  événement,  une  simple  contrariété 
leur  donne  la  chiée,  c'est-à-dire,  la  foire,  la  venette. 
(Voy.  ce  mot). 

Chie-la-pa,  (la  poix),  s.  m.,  ctf.,  avare,  pingre. 
On  se  demande  lequel  est  le  plus  chic-la-pd,  du  mari 
ou  de  la  femme.  —  «  Ne  demandez  rien  à  cet  har- 
pagon. C'est  un  chie-h-pa,  s'il  en  fut.  » 

Chie-en-hannes,  s.  m.  ;  on  appelle  ainsi  les 
garçons  malpropres,  et,  pris  au  figuré,  les  hommes 
ineptes,  les  mauvais  ouvriers  ;  enfin,  c'est  un  terme 
de  mépris  employé  à  l'égard  d'une  personne  pour 
laquelle  on  n'a  point  d'estime.  Il  ne  s'applique  point 
aux    femmes,    parce    qu'elles    ne   portent    point    de 


-  84  - 

bannes.  —  A  St-Malo  on  dit  chie-en-brayes  ;  c'est  la 
même  chose,  hayes  et  hannes  étant  synonymes. 

CENTRE  :    chie-en-irayes,    homme   aux   allures  lentes   et 
endormies. 

Chiffer,  v.  a,  abrégé  de  chiffonner,  ■ —  «  Ah  ! 
monsieur,  voyez  dans  quel  état  est  ma  toilette,  vous 
l'avez  toute  chiffée  » .  —  On  dit  aussi  se  chiffer.  — 
«  C'est  dans  la  foule  que  je  me  suis  chiffée  ». 

Chinchée,  s.  f.,  prise  de  tabac  en  poudre  :  — 
a  Allons,  compère,  une  petite  chinchée  ». 

Chincher,  v.  a.,  priser  du  tabac  en  poudre. 

Chinchoire,  s.  f.,  tabatière  en  forme  de  poire 
qui  ne  laisse  échapper  le  tabac  que  par  un  étroit  gou- 
lot. La  chinchoire  est  en  buis  et  le  plus  souvent  en 
terre  cuite.  Elle  est  en  usage  chez  les  gens  du  peuple, 
qui,  en  raison  de  leur  profession,  ne  sauraient  plon- 
ger leurs  doigts  dans  une  tabatière  à  charnières.  Ils 
versent  le  tabac  sur  leur  main  gauche  dans  un  creux 
adroitement  pratiqué  entre  le  pouce  et  le  poignet,  et 
aspirent,  sans  l'avoir  altéré,  le  savoureux  bclitn. 
(Voy.  hetiui). 

CENTRE  :  Un  chiiichin,  une  petite  quantité. 

Chinchon,  s.  m.,  petit  nom  que  les  petites  ma- 
mans donnent  à  leurs  bébés  chéris  :  —  «  Viens,  mon 
petit  chinchon,  que  je  te  bise.  »  —  «  Le  petit  Paul 
était  le  chinchon,  (le  bénoni)  de  sa  mère.  » 


—  ô)  — 

Chiute,  s.  f.,  bande  de  terrain  entre  la  haie  et  la 
terre  labourée  :  syn.  de  Forricre,  (V.  ce  mot)  qui  est 
plus  usité  chez  nous. 

besch!  :  chaintre,  dans  qqs  cantons,  portion  de  terrain 
qu'on  laisse  aux  extrémités  des  champs  pour  servir 
d'égoût  aux  eaux  pluviales,  et  dont  on  reporte  de  temps 
en  temps  la  terre  sur  le  champ  d'où  elle  a  été  entraînée. 
—  Vieux  Fr.  :  chaintre,  chainglc,  cinetada,  terre  entou- 
rée d'une  haie  (duc). — korm.  :  chiinlrc,  s.  m.,  sentier. 

Ghiottes,  s.  f.  pi.,  petit  réduit  en  forme  de  gué- 
rite, édifié  le  plus  souvent  derrière  la  maison,  ou  en 
bas  du  jardin  de  la  ferme.  Son  nom  indique  suffi- 
samment sa  destination.  Les  Anglais,  plus  réservés 
que  nous  dans  leur  langage,  les  nomment  %vate>-" 
doset. 

Chique,  s.  f.,  morceau  de  pain,  par  extension  de 
la  chique  de  tabac  (?).  —  «  Quelle  chique  !  en  vien- 
drez-vous  à  bout  !   » 

Chiquer,  v.  a.  et  n.,  manger. — Il  est  à  remarquer 
que  chique  et  chiquer  sont  picards  dans  la  même  accep- 
tion. 

BESCH.  :  chiquer,  manger,  boire,  pop.  :  chiqitet  s.,  petite 
portion  :  Un  chiquet  de  vin.  fam.  :  chiquet  à  chiqiiet, 
peu  à  peu.  —  acad.  :  chiquet,  petit  morceau.  — 
BERRY  :  Une  chique  de  pain.  —  nou.m.  :  chique,  morceau. 
Chiquer,  manger  avec  appétit. 

Chiqueter,  v.  a.,  terme  de  maçon  et  de  terras- 
sier. Enduire  ou  crépir  les  murs  d'une  maison. 

ChloflF.  Voy.  Schloff. 


Chommer,  (se)  v.  pron.,  se  mettre,  se  tenir 
debout.  L'o  est  bref,  et  souvent  se  prononce  ou.  — 
«  Le  pauvre  homme  est  si  malade,  qu'il  ne  peut 
même  plus  se  choumer.  »  —  «  V'ià  une  garçaille  qui 
se  choiuiic  déjà.  »  —  «  Cbomous-va  ci  faites  vot'e  beso- 
gne. »  —  Il  est  employé  aussi  comme  verbe  actif  : 
«  Chonnncr  une  poutre  contre  un  mur.  »  —  On  voit 
que  chez  nous  ce  verbe  exprime  le  mouvement, 
tandis  qu'ailleurs  le  verbe  chômer  (d  long)  a  une 
signification  contraire  (cesser,  s'arrêter). 

Chommette,  s.  f. .  du  verbe  se  chonnner  (se  tenir 
debout),  petite  machine  dans  laquelle  les  mères 
mettent  leurs  enfants  pendant  qu'elles  vaquent  aux 
affaires  de  leur  ménage. 

La  forme  des  chommettes  est  très  variée.  Les  unes 
sont  en  osier,  semblables  à  un  entonnoir  renversé  ; 
ce  sont  les  plus  communes.  On  y  introduit  l'enfant 
par  le  goulot  ;  il  pousse  la  machine  en  essayant  ses 
premiers  pas.  D'autres  affectent  la  forme  d'un  petit 
manège  ;  une  perche  allant  du  plancher  au  plafond 
tourne  dans  ses  pivots,  et  permet  au  mioche  placé  dans 
la  choinuictte  de  tourner  lui-même  soit  à  droite,  soit  à 
gauche.  —  La  première  est  locomobile,  la  seconde 
est  fixe  et  semble  offrir  à  la  mère  plus  de  sécurité.  — 
«  Le  gars  crie  dans  son  bers,  mets-le  dans  la  chom- 
metk.  » 

Chopeau,  adj.  des  2  g.,  ébaubi,  étourdi  par  un 
accident,  une  mauvaise  nouvelle.  —  «La nouvelle  de 


-87- 
cet  événement  l'a  rendu  tou^  chapeau.  •»   (Montfort). 

Choper,  v.  n.,  sommeiller.  —  «  Après  le  repas,  le 
bonhomme  chopaît  dans  son  fauteuil,  et  s'en  trouvait 
bien  ».    • 

Chopiner,  v,  n.,  boire  des  chopines.  Chopiner 
est  français,  mais  surtout  breton  ;  car  c'est  surtout 
chez  nous  qu'on  sait  le  mettre  en  pratique. 

BESCH.  :  chopiner,  boire  fréquemment.  Vieux  et  Pop.  — 
V.  La  Font. 

Choques,  s.  î.  pi.,  socques,  grosse  chaussure  dont 
l'empeigne  est  de  cuir  et  les  semelles  de  bois.  —  Si 
le  temps  est  mauvais,  on  prend  ses  choques.  —  On 
appelle  noix  de  choques,  à  cause  de  leur  forme,  une 
grosse  espèce  de  ce  fruit,  qui,  en  botanique,  doit  por- 
ter un  autre  nom. 

Chouâmé,  ée,  adj.  Pomme  ou  poire  chouâmèe, 
dont  le  cœur  est  gâté,  ou  blette,  ou  seulement 
flétrie. 

Chouan,  s.  m.,  pour  chat-huant,  hibou.  — 
«  C'était  un  pauvre  pâtiras  ;  on  était  après  lui  comme 
la  pie  après  le  chouan.  »  Cela  veut  dire  qu'on  le 
taquinait  sans  cesse. 

ACAD.   :  chouan,  p.   cli;it-liuant.   —  Vieux   fr.  :    chouen, 
cahuan.  Bas  lat.  :  cauana,  canunniis  (duc). 

Chouan,  s.  m.,  vase  en  terre,  en  forme  de  casse- 
role, usité  surtout  à  St-Malo. 


Choirer,  v.  n.  (voyez  Primer'). 

Chuchu,  s.  m.,  relief,  reste  de  mets,  —  «  Cet 
enfant  a  la  fâcheuse  habitude  de  laisser  des  chuchus 
sur  son  assiette.  »  —  «  Au  dîner  nous  mangerons 
les  chuchus  du  déjeuner  ». 

Chupé,  ée,  adj.  se  dit  d'une  denrée  ou  de  toute 
chose  solide  qui  dépasse  le  vase  qui  la  contient.  Quand 
la  mesure  est  plus  que  comble,  elle  est  chiipêe.  —  «  Il 
mangeait  des  écuellées  de  soupe  toutes  haut  c/;/(p(?V5.  » 
(A  St-Malo  huuiées). 

Chupé,  ée,  se  dit  aussi  pour  huppé,  èe.  Une  poule 
chuppèc  (qui  porte  aigrette).  —  Se  dit  aussi  des  per- 
sonnes fîères,  portant  plume  et  dont  la  toilette  est 
luxueuse  :  «  Voyez  donc  M"''«  ***  comme  elle  est 
chupée  !  » 

Chupeau  (a),  exclamation,  cri  poussé  par  les 
paysans  à  la  vue  des  loups.  Il  y  a  cinquante  ans  à. 
peine,  ces  carnassiers  voyageaient  encore  en  troupe 
dans  nos  campagnes,  et  enlevaient  les  chiens  et  le 
menu  bétail,  même  à  la  porte  des  fermes.  Le  cri  «  à 
chupeau  !  »  ne  manquait  pas  de  les  mettre  en  fuite. 

Chupiron,  s.  m.,  équivalent  de  cône,  sommet, 
objet  terminé  en  pointe  ;  ainsi  les  barges  de  paille  ou 
de  foin,  les  moches  de  beurre. 

Clair  de  cailles  s.  m.  (Voy  :  pelit  lait,  cailles). 

Cliques-Claques,  locution  populaire  :   —   a  Je 


-89  - 

lui  ai  dit  son  fait  ;  il  a  pris  ses  cliques  et  ses  claques  (il 
est  parti),  et  n'a  pas  demandé  son  reste.  »  —  On  por- 
tait vers  1830,  une  double  chaussure  appelée  claques. 

Clochette,  s.  f.  Les  enfants  nomment  clochettes 
les  fleurs  des  campanules,  de  la  digitale,  sans  doute  à 
cause  de  leur  forme,  qui,  en  effet,  est  celle  d'une 
petite  cloche  ou  sonnette.  Ils  appellent  aussi  clochettes 
pour  la  même  raison,  les  jacinthes  bleues  dont  quel- 
ques prairies  sont  émaillées.  —  «  Allons  aux  buttes  de 
Coësmes,  cueillir  des  clochettes.  » 

ACAD.  :  clochette,  nom  vulgaire  de  plusieurs  plantes  dont 
la  corolle  a  la  forme  d'une  cloche. 

Clochi-Clochette,  serment  solennel,  engage- 
ment moral  que  les  enfants  du  peuple  contractent 
entre  eux  dans  leurs  marchés,  dans  leurs  échanges. 
—  «  Tu  me  le  promets,  eh  bien,  faisons  clochi-clo- 
chette.  »  Les  contractants  entrelaçant  leurs  petits 
doigts  d'une  main,  l'un  des  deux  prononce  avec  le 
plus  grand  sérieux  ces  mots  sacramenrels  :  «  Clochi- 
clochette,  si  tu  te  dédis,  tu  iras  dans  Tenfer  et  moi 
dans  le  paradis.  »  Ce  serment,  je  l'ai  prêté  bien  des 
fois  dans  mon  enfance,  et  je  me  serais  cru  perdu  si 
je  l'avais  violé. 

Que  d'hommes  mûrs  font  aujourd'hui  clochi-clo- 
chette  sans  y  attacher  d'importance  ! 

Clopin,  s.  m.,  gros  crachat.  (Voy.  copias).  — 
Les  écoliers  rirai  élevés  se  lançaient  des  chpins. 


-  90  — 

Clôt-cul,  s.  m,,  le  dernier  oiseau  d'une  nichée. 
(V.  Echsc). 

NORM.  :  Clot-ciil,  m.  sg. 

Coapiau,  s.  m.,  corruption  de  copeau.  —  Les 
ouvriers  en  bois,  charpentiers,  fendeurs  de  bois,  bû- 
clrerons,  s'approprient  les  coapiaux,  et  c'est  avec  ces 
coapiaiix  que  leurs  femmes  cuisent  la  galette. 

NORM.  :  coipcau,  coipel,  coipet.  —  duc   :  coipdlus,   coipel. 

Cobanue,  s.  f.,  nom  donné  à  la  femme  simple, 
naïve  et  d'une  intelligence  bornée  :  — ■  «  Tu  crois  ça, 
ta,  pauvre  cohanne  ?  »  (Voy.  bohaiitie). 

Cocard,  ou,  si  l'on  veut  Coquard,  s,  m.,  œuf. 

—  La  femme  :  «  Je  ne  trouve  pas  mon  compte  : 
j'avions  sept  coquards,  j'en  ai  mangé  deux,  ta  deux, 
et  l'enfant  un  ;  que  sont  devenus  les  deux  autres  ?  » 

—  R.  u  Tu  te  trompes,  femme,  compte  su'  tes  dats 
(doigts).  J'en  ai  mangé  deux,  ta  deux,  l'enfant  un  et 
ma  deux,  v'ià-t'y  pas  les  sept  ?  »  Et  la  ménagère  fut 
convaincue. 

Les  enfants  appellent  aussi  cocards  la  renoncule 
des  prés,  sans  doute  à  cause  de  la  couleur  de  sa  fleur, 
qui  est  jaune  d'œuf. 

On  désigne  aussi  sous  le  nom  de  coquard  un  vieux 
coq. 

BESCH.  :  coquard,  terme  dont  on  se  sert  avec  les  enfants 
pour  désigner  un  œuf  à  la  coque.  —  Cocard,  vieux 
coq. 


—  91  — 

Cocaux,  s.  m.  pi.  On  appelle  ainsi  les  souliers 
des  petits  enfants.  C'est  surtout  à  Pâques  qu'on  leur 
achète  des  cocaux  neufs.  —  Malheur  à  qui  n'a  pas  un 
vêtement  neuf,  le  jour  de  Pâques,  ne  fût-ce  qu'une 
paire  de  cocaux  ;  les  pies  lui  font  caca  sur  la  tête. 

Coché,  ée,  adj.,  entaille,  fendu.  Babinc  (lèvre) 
cochée,  bec  de  lièvre. 

BEScn.  :  cocher,  faire  une  entaille,  une  coche. 

Coconnier,  s,  m.,  marchand  d'œufs,  se  dit  sur- 
tout des  marchands  qui  parcourent  les  campagnes 
pourvus  d'une  hotte  clissée,  destinée  à  recevoir  les 
œufs  qu'ils  achètent  dans  les  fermes.  La  profession 
de  coconnier  tend  à  disparaître  par  suite  de  l'aisance 
dont  jouissent  aujourd'hui  nos  paysans,  et  de  la  facilité 
qui  leur  est  donnée  de  venir  eux-mêmes  vendre  à  la 
ville  leurs  produits  de  toute  nature. 

On  appelle  pipe  de  coconnier  les  petites  pipes  en  terre 
en  usage  chez  les  hommes  de  cette  profession. 

Plaisante  aventure  d'un  coconnier.  —  Les  hommes 
de  mon  temps  (et  mieux  encordes  dames)  ne  voyaient 
point,  sans  lui  porter  envie,  le  noble  marquis  L  des 
N***.  Quoique  m.irié  à  la  plus  jolie  personne  de 
Rennes,  qu'il  avait  enlevée,  ce  gentleman  n'en  était 
pas  moins  resté  le  plus  aimable  des  vauriens.  Beau 
joueur,  fr.mc  buveur,  généreux  et  d'humeur  joviale, 
il  était  d'une  grande  popularité  dans  le  canton  de  H... 
qu'il  habitait  une  partie  de  l'année. 

Dans  un  de  ses   fréquents    voyages    à    Rennes,    il 


—  92  — 

rencontra  un  jour  un  vieux  coco)inier  chargé  de  sa 
hotte  bien  garnie.  —  «  Ah  !  te  voilà,  père  Durand  ; 
«  tu  parais  bien  fatigué,  mon  vieux,  et  pourtant  tu 
«  as  encore  un  bon  bout  de  chemin  à  faire...  Il  me 
«  vient  une  idée...  monte  en  croupe  derrière  moi,  et 
«  tu  arriveras  plus  dispos  chez  ta  femme.  »  —  «  Oh  ! 
«  Monsieur  le  marquis,  y  pensez-vous,  je  n'oserais 
«  jamais...  et  puis  mes  œufs  ?  —  «  J'en  réponds, 
«  vieux  cocon  ;  ma  jument  est  douce,  nous  chemine- 
«  rons  tout  tranquillement  et  nous  arriverons  sans 
o  accident,  je  te  le  promets.  Ton  refus  me  désoblige- 
«  rait,  enteuds-tu  ?  Monte,  te  dis-je,  sans  plus  de 
«  façons.  »  Il  fallut  se  rendre,  ef  voilà  le  père  Durand 
et  le  marquis  s'acheminant  vers  la  ville. 

Tout  alla  bien  jusqu'à  l'entrée  de  la  rue  St-Malo  ; 
mais  ici  le  marquis  pique  sa  bête  'et  lui  fait  prendre 
le  trot.  Ce  fut  alors,  pour  les  habitants  de  ce  faubourg 
un  spectacle  des  plus  réjouissants.  Les  œufs  cassés 
tombaient  en  cascade  dans  le  ruisseau,  inondant  le 
dos  du  bonhomme  et  la  croupe  de  la  jument.  On 
n'oublia  de  longtemps  cette  plaisante  aventure. 

Il  va  sans  dire  que  le  marquis  paya  généreusement 
le  plaisir  qu'il  s'était  donné. 

Il  mourut  hydropique,  ce  qu'il  ne  pouvait  com- 
prendre, disait-il  plaisan:ment,  n'ayant  de  sa  vie  bu 
une  goutte  d'eau. 

NOR.M.  :  coconnier,  va.  sg. 

Cocus,  S.  m.  pi.  Fleur  de  cocus,   nom  donné  par 


-  93  - 

le  peuple  à  la  fleur  jaune,  à  grappes,  qui  fleurit  au 
printemps  (Primiila  elaticn-  des  botanistes).  C'est  avec 
cette  fleur,  qui  doit  peut-être  son  nom  à  sa  couleur, 
que  les  enfants  font  des  ballottes  (Voy.  Ballotte).  — 
0  Mon  p'tk  papa,  allons  cueillir  des  cocus  dans  les 
champs  pour  faire  des  ballottes  ». 

Cœur.  Tenir  en  cœur  y  être  rancunier.  —  o  Jeanne 
était  une  brave  femme  ;  elle  avait  la  tète  près  du 
bonnet  ;  mais  elle  ne  tenait  pas  en  cœur.  » 

Cœuru,  ue,  adj.,  exprime  une  bonne  ou  une 
mauvaise  santé.  Plus  usité  avec  la  négative.  — 
a  Comment  ça  va-t-i,  papa  Durand  ?  o  —  «  Pas 
trop  b'en  ;  depis  quéque  temps,  je  n'sais  pas  cœuru.  » 
—  Pour  le  paysan,  le  cœur  est  le  siège  de  toutes  les 
maladies.  —  Il  dira  en  savourant  un  bon piot  :  a  V'ià 
du  cidre  cœuru  (qui  donne  au  cœur)  ». 

NORM.  :  cœuru,  qui  a  du  cœur.  —  Cidre  cœuru. 

Cofir,  V.  a.,  occire,  tuer,  écraser,  éreinter.  —  «  Une 
voiture  lui  a  passé  sur  le  corps  ;  le  pauvre  homme 
est  coji.  n  —  S'emploie  aussi  en  parlant  des  choses, 
mais  comme  adjectif  :  —  «  Son  chapeau  était  coJi  ». 

SARTHE  :  cofir,  écraser.  —  NOR>r.  :  co/ir,  déformer,  écr.i- 
ser,  bossuer. 

CogeT,  V.  a.,  forcer,  contraindre.  —  «La  serrure  a 
été  cogée  ».  —  «  On  ne  me  cogéra  pas  à  faire  cela,  si  je 
ne  le  veux  ».  —  C'est  le  mot  latin  cogère. 

KORM,  :  coger,  entraîner,  pousser,  inciter. 


—  94  — 

Cogne,  adj,,  se  dit  d'une  personne  qui  a  le  cou 
de  travers,  penché  sur  une  épaule  :  —  «  Vous  le 
reconnaîtrez  facilement  dans  la  foule  :  il  est  cô^ne.   » 

Cohue,  s.  f.  On  désigne  sous  ce  nom  le  lieu 
affecté  à  l'enfouissement  des  animaux  morts.  On 
appelait  encore  ainsi,  dans  mon  enfance,  le  petit  che- 
min situé  derrière  le  Thabor,  faisant  suite  à  la  ruelle 
de  la  Palestine.  On  y  encavait  les  chevaux,  les  chiens, 

et les  comédiens.  On  disait  qu'une  comédienne  y 

avait  été  inhumée  avant  la  Révolution  !!... 

ACAD.  :  cûbiie,  anciennement  assemblée,  halle,  marché. 

Cohué,  s.  m.  Le  cohiié  est  le  paysan  fin,  madré, 
rusé,  et  un  p'til  brin  mauvais  sujet  :  «  Oh  !  le  mau- 
vais sujet  !  Oh  !  le  mauvais  cohué  qu'tu  fais  !   » 

Cohuel  ou  Cohué,  s.  m.,  garçon  mauvais  sujet, 
bavard,  habitué  de  la  cohue. 

Cohuéler,  v.  n.,  cancanner,  calomnier,  ou  tout 
au  moins  médire  de  son  prochain.  —  Le  verbe 
cohuch'r,  s'applique  aux  deux  sexes.  —  «  Sa  femme 
passait  une  partie  de  son  temps  à  cohucler  avec  ses 
voisins  ». 

Coincer,  v.  a.,  syn.  de  battre,  meurtrir,  acculer 
son  adversaire  dans  un  com.  — ■  «  Prends  garde,  j'te 
vas  coincer.  »  —  «  Il  m'a  provoqué  ;  mais  je  l'ai 
coincé  d'importance.   » 

Colînette,  s.  f. ,  grande  collerette  ou    fraise   qui 


—  95  — 

était  fort  à  la  mode  aux  XV>;  et  XYI^^  siècks.  — 
a  Ma  fraise  empesée  me  pique  les  oreilles  »,  dit 
Girot  dans  le  Pré-aux-Clercs.  —  Les  massiers  ou 
bedeaux  de  notre  métropole  portent  encore,  dans  les 
grandes  cérémonies,  ces  immenses  fraises  que  nous 
appelons  colinettes. 

BESCH.    :    coliiietle,    bonnet  que    mettaient   autrefois  les 
femmes  en  déshabillé. 

Commandous,  s.  m.  pi.,  pour  maîtres  ;  du  ver- 
be commander.  —  Un  domestique,  qui  aura  reçu  des 
ordres  coutradictoires  dira  :  —  «  Il  }•  a  b'en  trop  de 
commandons  par  ié  (ici),   n 

Comme  tout,  loc.  adv.,  souvent  employée  à  la 
ville  comme  à  la  campagne,  et  qui  répond  à  beaucoup, 
grandement,  qui,  en  un  mot,  est  un  superlatif.  Ex.  : 
a  J'ai  bien  dîné,  j'avais  faim  comme  tout.  »  —  «  J'ai 
mal  à  la  tête  comme  tout  ».  —  «  Ce  que  vous  dites  est 
bête  comme  tout.  » 

Commercer  (Se),  v.  pron. —  «  Dans  cette  mai- 
son, on  se  commerce  de  tout,  on  y  trouve  de  tout,  il 
n'v  a  point  de  non  ». 

Commérer,  v.  n.,  flâner,  passer  son  temps  avec 
les  commères.  —  «  Je  le  plains,  le  pauvre  homme  ; 
sa  femme  commère  à  longues  journées  et  néglige  son 
ménage  et  ses  enfants.  » 

BESCH.  :  commérer,  fréquenter  des  commères  ;   agir  ou 
parler  en  commère. 


-96- 

Commode,  adj.  m.  et  f.  Employé  avec  la  néga- 
tive, il  signifie  que  la  personne  dont  on  parle  n'est 
pas  d'humeur  facile  :  —  «  Vous  êtes  un  brave 
homme,  père  Gaudiche,  et  votre  femme  aussi  ;  mais 
v'n'êtes  pas  commodes  l'un  et  l'autre.  » 

ACAD.  :   coiiunodc,  d'un    bon    commerce.    Pas    coiniiiode, 
sévère,  exigeant,   hautain. 

Conduite,  s.  f.  On  dit  à  Rennes  en  parlant  d'une 
personne  décédée  :  «  on  lui  a  fait,  ou  elle  a  eu  une 
ccnduite  »,  lorsqu'elle  a  été  accompagnée  au  cimetière 
par  tous  les  prêtres  de  la  paroisse,  avec  chantres, 
porte-croix,  etc.  C'est  un  honneur  qui  se  paye  et 
peut  d'ailleurs  se  payer  très  cher,  car  il  n'est  réservé 
qu'au.x  riches.  Les  pauvres  diables  ne  sauraient  y 
prétendre.  — -  Un  seul  prêtre  accompagnait  le  bon- 
homme C...,  à  sa  dernière  demeure,  «  il  n'avait  pas 
de  conduite.  »  Aujourd'hui,  comme  jadis,  car  rien 
n'est  changé, 

«  Il  en  coûte  à  qui  vous  réclame, 
«  Médecins  du  corps  et  de  l'âme  ». 

Cônette,  s.  f.,  temme  flâneuse,  qu'un  rien  dé- 
tourne de  sa  besogne.  «  Julie  est  une  bonne  fille  ; 
mais  quelle  côiictte  »  ! 

Cônetter,  v.  n.,  flâner,  s'arrêter  en  chemin.  — 
Ce  verbe  est  moins  usité  que  le  substantif  cônette. 

CÔnille,  s.  f.,  pour  corneille.  —  «  Accourez,  pies 
et  cou  nies,  venez  tous  chanter  pour  li.  »  (Vieille 
chanson). 


—  97  — 

Consortaige,  s.  m.  On  désigne  par  ce  nom, 
dans  le  canton  de  Maure,  un  domaine  partagé  entre 
plusieurs.  (Vient  de  consorts). 

Copail,  s.  m.,  ventre  ou  estomac.  —  «Cette  fa- 
mille aimait  la  mangeaille  et  ne  songeait  qu'à  se 
fourrer  dans  le  copail.  »  —  Ailleurs  copct. 

Copias,  s.  m.  gros  crachat.  Une  plus  longue  dé- 
finition me  semble  superflue. 

Copier  ou  Copir,  v.  n.,  cracher,  expectorer.  — 
«  Noutr'  homme  a  un  gros  rhume,  mais  il  com- 
mence à  copier,  et  ça  va  mieux.  »  —  Nos  ouvriers, 
pour  mieux  teni'  leux  outils,  copient  dans  leux  mains. 

Copie,  s.  f.  Les  paysans  (et  même  le  peuple  de 
nos  villes,)  appellent  copies  les  exploits  ou  sommations 
par  huissier,  o  On  dit  qu'il  n'a  pas  payé  son  terme,  et 
que  son  propriétaire  lui  a  envoyé  une  copie.  »  —  La 
copie  est  une  contrainte. 

Coq-borgne,  s.  m.,  brutal  qui  frappe  à  tort  et  à 
travers,  comme  un  cog  borgne.  (Prononcez  Co  borgne). 

Coq-su-d's  œufs,  locution  populaire,  équiva- 
lant au  proverbe  :  «  Ça  n'y  fera  non  plus  qu'un  cau- 
tère sur  une  jambe  de  bois.  »  —  Exprime  le  doute 
ou  l'incrédulité  sur  l'efficacité  d'un  retnède,  d'un  trai- 
tement. 

Coques-de-saint-Laurent,  s.  f.,  petites  clo- 
ches ou  h,\Lviûh-s  produites  sur  la  peau  par  la   piqûre 


d'un  insecte  invisible  à  l'œil  nu,  et  dont  j'ignore  le 
nom  scientifique.  C'est  surtout  à  l'époque  des  mois- 
sons que  les  paysans  sont  affligés  de  ces  piqûres,  qui 
rappellent,  mais  de  loin,  le  supplice  du  saint  dont 
elles  portent  ce  nom. 

Coquiner,  Syn.  de  dcdiner  (Voy.  ce  mot). 

Corbelet,  s.  m.,  pièce  de  bois  ou  de  pierre  qui 
soutient  le  manteau  des  cheminées  dans  les  habitations 
des  campagnes.  —  (Terme  de  métier  chez  le  char- 
pentier ou  le  tailleur  de  pierres). 

CENTRE.  :  corbelet,  tablette  de  cheminée. 

Core,  adv.,  abrégé  de  encore  par  la  suppression 
de  la  première  syllabe  eti.  —  «  Vas-tu  core  m'en- 
nuyer  ?»  —  «  Te  sens-tu  coi-e  malade  ?  —  En  Lor- 
raine, cet  adverbe  est  core  plus  abrégé  ;  la  première 
et  la  troisième  syllabe  sont  supprimées  :  il  ne  reste 
plus  que  CD.  —  «  Vit-i  ce  ?  —  Fit  co  —  Donne-le 
mé  (ou  baille-le  mé),  si  vit  co.  »,  jeu  d'enfants  qui 
consiste  à  se  passer  vivement  de  main  en  main  un 
papier  allumé.  Celui  dans  la  main  duquel  il  s'éteint 
donne  un  gage,  et  subit  une  pénitence. 

XORM.  :  core. 

Cornet,  s.  m,,  partie  supérieure  de  l'écritoire  en 
cuir,  dans  laquelle  les  écoliers  de  mon  temps  mettaient 
leurs  plumes.  —  Rabelais  l'appelait  galiniard,  du 
latin  caJaiiius.  —  La  partie  inférieure  contenait  l'en- 


-  99  - 

cre.  Il  y  a  vingt  ans  pour  le  moins  que  cette  espèce 
d'écritoii'e  a  disparu.  C'est  donc  pour  mémoire  seule- 
ment que  je  Ta"  '"appelée  ici.  Un  cornet  coûtait  alors 
six  sous. 

Cornière^  s.  f.,  coin.  —  «  Vous  le  trouverez 
dans  la  corniîre  du  champ.  »  —  Un  mouchoir  à  qua- 
tre coniiîirs.  —  Le  mot  est  français  avec  une  signifi- 
cation différente. 

CUN'TRE  ;  coniicrc,  corne,  coin.  —  Vieux  Fr.  :  Coruii'ic, 
coin  et  extrémité  de  quelque  chose.  Coincria,  Conietiim. 
La  conticre  de  la  maison.  Corncria prati.  (duc). 

Corporaille,  s.  f.,  tripe,  tripaille.  —  Les  maî- 
tres mangent  les  membres,  les  domestiques  la  corpo- 
raille. 

Cessons,  s.  m.  pi.,  enveloppe  du  grain  d'avoine, 
de  froment,  ou  de  seigle.  —  Vient  de  cosse.  —  Les 
cassons,  mêlés  au  fumier,  sont  étendus  comme  engrais 
dans  les  prairies.  —  Les  cassons  d'avoine  servent  à 
faire  des  halVùres  pour  les  petits  enfants.  (Voy.  Bal- 
lière).  —  A  St-Malo,  les  cossoits  sont  des  gapas  :  La 
marée  des  gapas,  à  l'équinoxe  d'automne.  —  Dans 
quelques  cantons,  on  les  appelle  gralnuix. 

Cotine,  s,  f.,  nom  donné  à  la  noix  dans  le  canton 
de  Maure. 

Cotiuier,  s.  m.,  noyer,  arbre  qui  produit  la 
cotine. 

Cotir.  v.  a.,  briser,  fêler.  —  «  Le  verre  est  brisé. 


—    100   — 

je  l'ai  entendu  coiir.v  —  a  Ce  vase  n'est  peut-être  pas 
tout-à-fait  brisé,  mais  il  est  coti.  »  —  «  CoUr  une 
noix.  »  —  On  dira  par  extension  «  Cet  homme  est 
coti,  B  c.-à-d.,  qu'il  est  bien  malade,  qu'il  n'a  pas 
longtemps  à  vivre.  —  Se  dit  aussi  pour  claquer  :  Un 
charretier  fait  coiir  son  fouet. 

ACAD.,  BESCH.  :  cotir,  1-  V.  a.,  meurtrir,  aplatir,  écraser. 
Il  est  pop.  et  ne  se  dit  qu'en  parlant  d^  fruits.  Coti, 
poire  cofie.  2-  v.  n.  Il  se  dit  en  Bretagne  dans  le  sens 
d'éclater  psr  l'effet  de  la  chaleur.  —  cextre  :  cotir, 
froisser,  meurtrir,  affaiblir.  —  norm.  :  Se  cotir,  se 
pourrir  (le  bois).  —  Vieux  Fr.  :  cclir,  cogner,  battre. 
«  coti  ta  teste  au  mur.   »   (Dt;c). 

Cotissoire,  s.  f.,  nom  donné  par  les  enfants  à 
la  fleur  de  la  digitale  qu'ils  font  cotir  par  la  compres- 
sion de  l'air,  en  pressant  avec  l'index  et  le  pouce  de 
chaque  main  les  deux  extrémités  de  celte  fleur. 

Cotry,  s.  m.,  nom  donné  par  l'ouvrier  maçon  au 
compagnon  qui  travaille  vis-à-\às  de  lui  à  la  construc- 
tion d'un  mur  ou  de  tout  autre  ouvrage.  —  «  J'avais 
pour  cotry  le  père  Cachet.  » 

Couanne,  s.  f.,  crottin,  fiente  de  cheval.  —  ail 
allait  sur  les  routes  ramassant  les  conannes.  »  —  C'est 
avec  la  couanne  qu'on  nettoie  les  carafes  et  tous  les 

vases  en  verre  ou  en  cristal. 

Vieux  Fr.  :  ccnav.e,  fiente,  escrémert.  (dcc). 

Coucher  en  retour,  locution  très-usitée  dans 
les  pauvres  ménages  et  les  ménages  pauvres.    C'est 


—    lOI    — 

coucher  dans  un  lit  qui  n'a  pas  été  refait.  —  Les 
femmes  paresseuses  font  coucher  leurs  maris  en  retour 
souvent  pendant  des  semaines  entières. 

s.\RTHE  :  coucher  en  retour,  m.  sg. 

Coudre,  e,  adj.,  se  dit  du  linge,  qui,  sans  être 
encore  sec  n'est  plus  dégouttant.  Le  mot  cru  est  plus 
usité.  (Voy.  Cru). 

Coue,  s.  f.,  pour  queue.  —  Les  chats  auxquels  on 
ne  coupe  pas  le  bout  de  la  couc  ne  vivent  pas  (préjugé 
populaire).  —  Pour  exprimer  la  certitude  que  la  per- 
sonne attendue  viendra  :  «  La  coue  de  not'  chat  est 
b'en  venue.  »  —  Coue  se  rapproche  plus  du  Luin 
cauda  que  le  français  queue. 

NORM.,    SARTHE,    CENTRE   :  COUC,   m.  Sg.    —  BESCH.   :  COUC 

OU  quoue,  vieux  mot  venu  de  cauda,  d'où  quenc.  Couette, 
petite  queue. 

Couée,  s.  f.  Les  femmes  du  peuple,  et  particuliè- 
rement les  paysannes,  apportent  souvent  des  denrées 
dans  leurs  tabliers  relevés  par  les  coins  ;  elles  appellent 
cela  une  couée.  —  Une  mère  à  sa  fille  :  «  Va  cher- 
cher une  couèe  de  choux,  de  navets,  pour  la  chèvre.  » 
—  Le  tablier,  dans  ce  cas,  tient  lieu  de  panier,  et  sa 
contenance  est  assez  bornée.  —  S'emploie  aussi  pour 
exprimer  une  certaine  quantité.  —  «  Nous  avons 
cette  année  une  bonne  couèe  de  perdrix.  » 

Couette,  s.  f.,  lit  de  plumes.  Vieux  mot  d'après 
nos  grammairiens.  Pourquoi  a-t-il    vieilli,  tandis  que 


le  mot  paillasse  (lit  de  pétille)  est  resté  neuf  ?  Conser- 
vons donc  la  couette  chez  nous.  —  Montaigne  l'a  em- 

ploj'é  pour  couverture  :   « et  n'ont  guère  d'autre 

couverte  que  d'une  coile,   et     e'  .   bien  sale.   » 

SARTiin  :  couette, m.  ^g.  —  acad.  :  concile,  m.  sg,  vieux. 
BESCH.  :  couette,  m.  sg.  Ce  mot  vieillit.  —  centre  : 
coiu'te,  coille,  lit  de  plumes.  —  Vieux  Fr.  :  couette,  coite, 
conte,  conste,  conyte,  bas  lat.  Cotlum,  couette  de  paille,  de 
plume,  etc  (duc). 

Couettes,  s.  f.  pi.,  cordons  ou  lacets  avec  les- 
quels nos  paysans  attachent  leurs  souliers  sur  le  cou- 
de-pied. Le  nom  de  couettes  s'applique  surtout  aux 
lacets  en  filet  de  laine  des  souliers  des  femmes.  Les 
couettes  en  cuir  des  souliers  d'hommes  sont  générale- 
ment appelés  ligneux  ou  coulisses.  —  On  dit  quelque- 
fois couelter  pour  attacher  ses  couettes. 

Couillé-de-Saint-Pierre,  s.  m.  C'est  l'outil 
dont  se  servent  les  paysans  pour  aiguiser  leurs  faux 
et  leurs  faucilles. 

Couiner  ou  Couigner,  v.  n.,  imitatif  du  bruit 
agaçant  produit  par  les  ferrures  rouillées  des  portes 
ou  des  fenêtres,  ou  encore  par  les  chaussures  neuves 
dans  un  temps  sec.  —  On  met  de  l'huile  aux  gonds 
des  portes  pour  les  empêcher  de  couigner.  —  «  Il  n'a 
pas  payé  ses  souliers  :  ils  couigiieiit.  »  (Dicton  popu- 
laire). 

NOK.vr.  :  coniucr,  pleurer  en  criant.  —  centre  :  couiner, 
grogner. 


—  103  - 

Coulvasser,  v.  n.,  plaisanter  ironiquement, 
cherclier  à  en  faire  accroire  à  quelqu'un.  —  «  Il  aimait 
à  coulvasser  ». 

Çoulvassier,  s.  m.,  farceur,  mauvais  plaisant. 
Le  substantif  est  plus  usité  que  le  verbe.  —  «  Tu  crais 
que  j'te  crais,  ta  ?  mauvais  coiilvassicr  !  ».  —  On 
trouve  dans  Rabelais  le  mot  talvassicr,  que  P.  Lacroix 
traduit  par  fanfaron. 

Coup.  —  Faire  les  cent  coups,  locution  très  usitée. 
Il  en  est  de  même  de  l'action.  —  «  Ivrogne,  querel- 
leur, il  bat  sa  femme  et  fait  les  cent  coups  dans  la 
maison  ».  —  Et  pour  donner  plus  de  force  au  récit,  on 
dit  superlativement  :  a  l\  ah\t  les cent-clix-)icuf  coups.  » 
—  Etre  aux  cent  coups,  se  dit  à  la  ville  et  à  la  cam- 
pagne d'une  personne  perplexe  ou  engagée  dans  une 
mauvaise  affaire.  —  Ex.  :  a  On  assure  que  la  situa- 
tion financière  de  X..,  est  compromise.  Ses  créan- 
ciers sont  aux  cent  coups.   » 

A-tout-coup.,  autre  locution  adverbiale  qui  revient 
sans  cesse  dans  la  conversation  chez  nos  paysans  :  — 
«  A  tout  coup,  nout'  mét'e,  vous  me  crairez  s'ous 
v'icz  (vous  me  croirez  si  vous  voulez).  »  —  «  A  tout 
coup,  c'est  de  d'mème  (c'est  ainsi).  »  —  u  A  tout  coup, 
je  ne  peux  pas  vous  le  vendre  à  ce  prix.  » 

Coupelle,  s.  f.,  sommet  ou  cime  d'un  arbre. 
C'est  le  substantif  coupean  (cime  d'une  montagne), 
féminisé  par  nos  paysans  et  appliqué  aux  arbres.  Le 
mot  cruche,  qui  a  le  même  sens,    est   beaucoup  plus 


—  104  — 

usité.  Coupelle  est  français,  avec  une  signification  toute 
différente. 

XORM.  :  coiipeau,  copeau,  coiipet,  cime,  sommet.  — 
Vieux  Fr.  :  coupcl,  copa,  sommet  d'un  arbre  :  «  remonta 
oudit  arbre  jusques  au  coupel  d'icellui.  »  —  Copa,  coupct , 
sommet  d'une  montagne. 

Couplée,  s.  f.,  réunion  de  langes  ou  de  vieux 
linges  envoyés  au  blanchissage.  Les  mémoires  tenus 
en  partie  double  par  nos  bonnes  ménagères  se  termi- 
nent invariablement  ainsi  :  «  Une  couplée  de  guenilles  »  ; 
les  guenilles  servant  au  gros  nettoyage  des  effets  mo- 
biliers ou  des  parquets. 

"SARTHH.  :  coupla',  m.  sg.  Encouplerle  linge.  —  norm.  : 
coiiplcc,  linges  attachés  par  couple  ou  en  plus  grand 
nombre. 

Courée,  s.  f.,  poumon  des  animaux  de  bouche- 
rie. Avec  la  coiircc  an  veau,  on  fitit  un  bouillon  préfé- 
rable à  tout  autre,  pour  la  guérison  des  rhumes,  des 
catarrhes,  bronchites  et  affections  de  poitrine.  —  Oh  ! 
le  bouillon  de  courée  ! 

s.\RTHi:  :  coiin'c,  m.  sg.  —  korm.  :  courèc,  ensemble  des 
gros  viscères.  —  \'ieux  Fr.  :  corèe  ou  courée,  intestins, 
entrailles,  boyaux,  corala,  œ,  (duc). 

Couroux-de-pochée,  s.  m.,  garçon  meunier 
qui  a  pour  mission  d'aller  prendre  dans  les  fermes  les 
sacs  de  blé  qu'il  apporte  au  moulin.  —  Jean-Farine 
était  un  couroux-de-pochée  actif  et  inteUigent,  Les 
chiens  ennemis  des  couroux-de-pochée,   annoncent  leur 


—    10)    — 

arrivée  par  leurs    aboiements   et  rentrent   dans  leurs 
niches. 

Cours  (Rivière  au).  La  rivière  est  au  cours  lors- 
qu'on la  met  à  sec  dans  un  bief  ou  bie^,  c'est-à-dire, 
entre  deux  écluses,  pour  certaines  réparations  recon- 
nues nécessaires.  —  La  Vilaine  est  tous  les  ans  au 
cours  dans  le  bief  de  Saint-Hélier  au  moulin  du  Comte, 
et  cela  dans  la  saison  des  chaleurs,  au  grand  préju- 
dice de  la  santé  publique. 

Cousin  du  Sacre.  Voy.  Sacre. 

Cousser,  v.  a.,  courir,  poursuivre.  —  «  Coussc- 
le,  mon  chien  »,  terme  de  chasseur. 

Coûtaige,  s.  m.,  du  verbe  coûter,  coût,  dépense, 
entretien  onéreux.  —  «  Vous  parlez  d'augmenter 
votre  personnel,  de  faire  tels  changements,  de  pren- 
dre telles  dispositions  ;  y  pensez-vous  ?  Ce  ne  sera 
pas  un  petit  coûtaige  !  -n  —  Les  gens  de  la  ville  disent 
coùtage.  —  On  dit  aussi  coûtageux  ;  mais  ce  mot  est 
moins  usité. 

NORM.  :  cot'ifage,  dépense,  frais,  coi'itageiix.  —  centre  : 
coiitange,  coùtuncc,  prix.  —  Vieux  fr.  :  couslage,  constance, 
coslage,  de  costcngia,  constatigium,  costangium.  (duc). 

Coutisse,  S.  f.,  mèche  de  fouet  ;  cordons  ou 
lanières  de  cuir,  avec  lesquels  nos  paj'sans  attachent 
leurs  souliers,  et  qu'on  appelle  aussi  ligneux  (V.  ce 
mot).   —   «  Son  coutiau,  percé  au  bout   du  manche, 


—   io6  — 

était  attaché  par  une  coulisse  ».    —  Au  paj'S  de  Dol, 
courgée. 

Coutume,  s.  f.  C'est  le  bureau  de  l'octroi.  Ce 
mot  a  vieilli. 

Coutumier,  s.  m.,  employé  de  la  couliintc.  C'est 
aujourd'hui  le  receveur  du  bureau  de  l'octroi. 

NORM.  :  coiilcumc,  taxe  municipale.  Coutcumier . 

Couturier,  s.  m.,  tailleur  de  campagne.  —  «  Les 
cotdiirurs  nous  viennent  lundi  :  tenez  vos  hannes 
prêtes,  les  gars.  »  —  Les  couluricrs  travaillent  à  la 
journée,  et,  comme  les  couturières,  vont  de  ferme 
en  ferme,  et  souvent  fort  loin  de  leur  demeure. 

BESCH.  :  couturier,  qui  fait  métier  de  coudre,  acad.  : 
m.  sg.  vieux.  —  Jusqu'au  16*  siècle,  les  tailleurs  s'appe- 
laient couluricrs. 

Couvent,  s,  m.  Les  femmes  du  peuple  donnent 
ce  nom  à  leurs  chaufferettes.  Ces  chaufferettes  sont 
des  vases  en  terre,  qui,  la  nuit,  servent  à  un  autre 
usage.  —  Elles  grillent  leur  pain  ou  cuisent  leur 
poisson  au  feu  de  leur  couvent,  alimenté  de  la  braise 
du  foyer.  —  «  Prenez  donc  garde,  mère  Saumonnet, 
votre  hareng  brûle.   «    —  «  Y   a   pas    d'dangcr,   j'ai 

l'œil  dessus »  —  A  Paris,  les  couvents  se  nornment 

des  gueux. 

Couyaux,  s.  m.  pi.,  S3'n.  de  chevrons,  pièces  de 
bois  qui  supportent  la  toiture  d'un  bâtiment,  et  dont 
les  bouts  se  dirigent  à  l'extérieur. 


—  107  — 

BESCH.  :  coyau,    pièce    de    charpente    de  la    toiture.    — 
—  CEKTRi£  :  cosaii,  m.  sç;- 

Couyé,  Coyé,  s.  m.,  terme  de  mépris  sous 
lequel  les  mauvais  gàs  des  villes  désignent  nos  cam- 
pagnard». —  a  Coyé  de  r'but,  qui  fait  la  galette  avec 
le  c...  »  —  Dans  quelques  localités,  le  mot  coyc  n'est 
pas  pris  en  mauvaise  part  :  il  est  employé  par  le 
paysan  lui-même  pour  désigner  l'homme  de  peine 
employé  aux  travaux  grossiers  de  la  ferme  ou  des 
champs. 

NORM.  :  collier,  villageois  grossier. 

Grand  ou  Ercrand,  adj.,  las,  fatigué. 

Ce  mot  viendrait-il  de  l'allemand  knvik,  malade,  souf- 
frant ?  Erkranteii,  tomber  malade. 

Crâne,  adj.,  m.  et  f.,  employé  dans  le  sens  de 
bien  ou  mal  portant.  —  «  Je  ne  suis  pas  crdne  au- 
jourd'hui ;  j'étais  plus  crdnc  hier,  n  —  N'est  employé 
que  par  des  malades  ou  des  convalescents.  Se  dit 
aussi  dans  le  sens  de  brave,  fier,  o  Tu  n'étais  pas 
crduc  au  feu.    » 

A  CAD.  :  Faire  le  crâne. 

Crasse,  s.  f.,  figure,  visage.  Ne  s'emploie  guère 
que  dans  cette  expression  ;  sauter  à  la  crosse.  —  «  Les 
deux  commères  se  prirent  de  bec  et  bientôt  se  saiilù- 
reut  à  la  crasse.  »,  expression  énergique  et  vraie,  nos 
faubouriennes  prenant,  en  général,  peu  de  souci  de 
la  propreté  de  leur  visage. 


—  io8  — 

Faire  une  crasse  a  qn.,  user  envers  lui  d'un  mauvais 
procédé  ;  lui  foire  une  impolitesse,  une  vilenie.  —  «  En 
ne  m'invitant  pas  à  sa  noce,  mon  cousin  m'a  fait  une 
crasse,  que  je  n'oublierai  point.   » 

Crémé,  adj.,  pour  crémeux.  —  Dans  les  temps 
chauds,  le  lait  est  moins  créiiie.  — Nous  disons  aussi  : 
Le  lait  ne  crème  pas. 

EEscii.   :   Lnil  cn'iitc  ou  cvcmcux. 

Créon,  s.  m.,  pour  crayon.  Nos  écoliers  disent 
encore  crcoji,  comme  au  temps  de  Montaigne. 

DKSCii.  :  cri'on,  orthogr.nplie  vicieuse  pour  crayon.  — 
NOR.M.  :  cri'on,  crioii,  mais  n'en  déplaise  à  Besch,  elle 
n'est  pas  si  vicieuse  qu'il  le  prétend,  les  premiers  crayons 
devaient  être  faits  de  craie  d'où  créons. 

Crevaison,  pron.  qnervason.  «  Faire  sa  crevaison  »■ 
—  vilaine  locution  qui  veut  dire  passer  de  vie  à  trépas, 
mais  qui  n'est  employée  que  par  les  gens  les  plus 
grossiers  de  la  ville  ou  des  champs. 

XORM.,  cr.NTRE  :  crevaison,  m.  sg. 

Crin-Crin,  s.,  m.,  c'est  le  nom  populaire  du 
violon.  «  Pour  un  beau  bal  c'était  un  beau  bal.  Auguste 
qui  est  musicien,  avait  apporté  son  crin-crin  et  Adol- 
phe son  galoiihet,  (flageolet).   » 

Croc,  s,  m.,  trognon  de  poire  ou  de  pomme.  Ne 
se  dit  qu'en  parlant  de  ces  deux  fruits.  Ainsi,  on  ne 
dit  pas  un  croc  de  chou,  comme  on  dit  un  trognon 
de  chou  ;  mais  nos  gamins  disent  :    «  Donne-moi   le 


—  109  — 

croc  à  moi  qui  t'ai  prêté  mon  couteau.  »  (Sous-en- 
tendu :  pour  peler  la  pomme  ou  la  poire). —  Devrait 
peut-être  s'écrire  comme  il  se  prononce  croque. 

Croc.  —  De  croc  cl  de  hanche,  adv.,  expression 
très  usitée,  pour  exprimer  la  mauvaise  tournure  que 
prend  une  affaire,  les  obstacles  que  rencontrent  une 
entreprise.  —  «  Cela  ne  va  pas  tout  seul,  ça  ne  va  que 
de  croc  et  de  hanche  »,  d'une  façon  boiteuse. 

Crochetée,  s.  f.,  branclic  de  l'arbre  ou  rameau 
garni  de  ses  fruits  et  détaché  du  tronc.  «  Une  crochetée 
de  cerises,  de  pommes  ou"de  poires  ».  —  «  Cueillez 
quelques  crochetées  ;  le  fruit  conservera  plus  longtemps 
sa  fraîcheur  que  s'il  était  tout-à-fait  détaché  de  sa 
branche  n.  —  Dans  le  nord  du  département  en  dit 
trochée. 

Croissant,  s.  m.,  petite  excroissance  de  peau, 
ou  filet  de  l'épiderme,  qui  se  produit  à  la  partie  supé- 
rieure des  ongles,  et  plus  particulièrement  au  pouce 
et  à  l'index.  —  Coupez  avec  précaution  les  croissants 
et  gardez-vous  de  les  déchirer  :  un  panaris  pourrait 
être  la  conséquence  de  votre  imprudence,  —  La 
science  l'appelle  lunule  ;  l'Académie,  envie. 

Croix-de-Dieu,  s.  f.,  petit  alphabet.  —  Dans 
mon  enfance,  (je  suis  né  en  1810),  nous  apprenions 
à  lire  dans  un  petit  alphabet  qu'on  appelait  croix-de- 
Dieu.  Il  devait  son  titre  ^  une  croix  grecque  qui  pré- 
cédait la  lettre  A,  devenue  ainsi  la  seconde  lettre  de 


l'alphabet,  car  nous  disions  :  Croix-de-Dicu,  A,  B, 
C...  —  Je  me  souviens  d'avoir  été  sévèrement  puni, 
pour  avoir,  par  négligence,  perdu  ma  Croix-dc- 
'Dien . 

Cet  alphabet  semble,  comme  son  nom  l'indique, 
avoir  été  mis  en  usage  dans  toutes  les  écoles  du 
Royaume,  et  cela  à  une  époque  assez  reculée,  par 
l'autorité  ecclésiastique.  Molière  et  La  Fontaine  l'ont 
employé.  —  Voyez  la  comédie  «  Monsieur  de  Pour- 
ceaugnac  »,  acte  1,  scène  VII  :  «  C'est  un  homme 
qui  sait  sa  médecine  à  fond,  comme  je  sais  ma  croix 
de  par  Dieu...  »  (Molière).  —  a  Je  n'ai  jamais 
appris  que  mu  croix  de  par  Dieu.  »  (Les  Devineresses. 
La  Font.) 

Cropet,  s.  m.,  petite  crotte.  On  s'abstiendra,  par 
politesse,  de  prononcer  ce  n:ot  dans  la  conversa- 
tion. 

NORM.  :  crcpii,  excrément  d'enfant. 

Grouille,  s.  f.,  (masculin  à  Rennes)  verrou  d'une 
porte.  Ce  mot  semble  emprunté  au  bas-breton  kou- 
roiil  ou  l'rotil. 

Grouiller,  v.  a.,  fermer  une  porte  au  verrou.  — 
a  Avant  de  vous  mettre  au  lit,  ayez  soin  de  crouiller 
les  portes  ».  (V.  dècroviUer,  encroniïïer). 

NORM.  :  cronilh'l,  verrou.  Crouiller.  —  Sarthh:  crouiller. 
—  CENTRE  :  cronillel,  cmuillou.x,  verrou.  —  Vieux  Fr.  : 
croil,  verrou,  corale.  (uuc.) 


Croulevé,  adj.,  se  dit  du  pain  saisi  au  four,  dont 
la  croûte  est  détachée  de  la  mie.  De  croûte-lcvce  on  a 
fait  croulevé.  —  Le  mot  français  est  gtbichè.  —  Crou- 
levé se  dit  aussi  des  enduits  mal  foits,  qui,  au  dégel, 
se  détachent  des  murs. 

Rab.  :  —  Car  il  y  ha  plus  de  fruict  que  par  aduen- 
ture  ne  pensent  ung  taz  de  gros  taluassiers  tout  crous- 
teleue^.  ».  (Prologue  du  livre  II).  Rabelais  l'emploie 
ici  pour  galeux,  couverts  de  pustules  dont  la  peau  se 
soulève  par  écailles. 

Croustin,  s.  m.,  vieux  chapeau  démodé  ou  qui 
a  perdu  sa  fraîcheur.  —  «  Comment  !  Madame  ose- 
rait porter  ce  croustin  .'  »  —  «  La  pauvre  dame,  jadis 
si  coquette  dans  l'opulence,  est  coiffée  d'un  croustin 
qu'on  ne  ramasserait  pas  dans  la  rue.  »  —  On  pend 
un  vieux  croustin  dans  les  pois  et  dans  les  arbres  frui- 
tiers, pour  en  éloigner  les  oiseaux.  —  Ce  mot  sem- 
ble venir  de  croustille,  sorte  d'agrément  qu'on  mettait 
anciennement  aux  coiffures  des  femmes. 

CrozîUe,  s.  f.,  coquille  de  poisson  de  mer  que 
nous  appelons  ricardeau.  Nous  donnons  le  même  nom 
à  la  petite  coquille  de  mollusque  ou  coque,  qu'on  pêche 
en  abondance  dans  la  baie  du  Mont-Saint-Michel.  Jadis 
les  pèlerins  ornaient  leurs  caperons  ou  pèlerines 
de  croiilles,  comme  en  témoignent  les  vieilles  gravures. 
—  On  l'appelle  aussi  coquille  de  Saint-Jacques.  On 
sait  que  ce  pèlerin  fut  péché  vivant  au  fond  de  la 
mer,    les   habits    couverts  de  coquillages.  —  Rennes 


possède,  rue  de  Nantes,  :22,  une  auberge  ou  petit 
hôtel  qui  porte  encore  son  vieux  nom  «  la  Croiille  ». 
—  Au  numéro  5  de  la  rue  de  Fougères  existait  une 
antique  maison  ayant  une  croi^ille  sculptée  sur  sa 
façade  ;  elle  a  été  abattue  pour  cause  d'alignemem. 
Le  propriétaire  actuel,  M.  Jobbé-Duval,  en  a  cons- 
truit une  autre  dans  le  style  moyen  âge  et  fort 
coquette,  où  il  a  voulu  perpétuer  le  nom  primitif,  en 
fiiisant  graver  au-dessus  de  la  porte  d'entrée  cette 
inscription  en  langue  bretonne  ;  «  TY  NEVEZ 
CROGUEN  ».  (la  nouvelle  croiiUe). 

Cru,  ue,adj.,  humide.  —  «  Cet  appartement  esicru 
et  rnalsain  ».  —  Le  linge  que  rapporte  la  blanchisseuse 
es,x.crii,  lorsqu'il  n'est  pas  parfaitement  sec.  —  Le  mot 
cru.  n'est  pas  seulement  de  notre  crû  :  il  est  employé," 
avec  la  même  signification,  dans  d'autres  provinces 
et  même  en  Lorraine. 

Cruche,  s.  f.,  cime  ou  tète  des  arbres.  V.  Ecni- 
chcter. 

CENTRE  :  encnicber,  placer  dans  un  endroit  élevé. 

Crue,  S.  f.,  terme  de  tricoteuse  ;  maille  du  tricot 
lorsque  l'ouvrière  l'augmente,  soit  en  longueur,  soit 
en  largeur.  —  La  crue  (on  dit  aussi  recrue)  se  dit  par 
opposition  aux  apelisse'es  qui  tendent  à  diminuer  le 
tricot. 

SAirniE  :  crue.  m.  sg. 


Gruyère,  s.  f.,  terrain  bas  et  humide.  —  «  Cette 
cniycre  serait  propre  à  la  culture  de  l'osier,  mais 
pourrait  être  améliorée  par  un  drainage  ». 

O'ti-ci,  C'ti-là,  pron.  dcm.,  pour  celui-ci,  cdiii- 
là.  —  «  C'ti-ci  est  bon  ;  mais   c'ti-là  est  mauvais  ». 

CENTRE,   NORM.  :  c'ti-ci,  c'Ii-Ià,  m.  sg. 

Gul"branoux,  s.  m.,  épithète  qu'on  donnait 
autrefois  en  signe  de  mépris  aux  tisserands  de  Rennes  ; 
cette  profession,  comme  celle  des  tailleurs  étant  peu 
prisée  des  autres  ouvriers,  et  surtout  des  labou- 
reurs. 

Cul-terroux,  s.  des  2  genres.  On  désigne  par  ce 
joli  petit  nom  une  personne  qui  a  de  la  terre  et  des 
propriétés  au  soleil.  —  «Jeanne  serait  à  coup  sûr  une 
bonne  ménagère  ;  mais  on  lui  préférera  Marie-Anne, 
parce  que  celle-ci  est  un  cul-terroiix  ». 

NORM.  :  cti-tcrycHX,  cii-tcnviix,  m.  sg.  —  Fille  riche. 

Curaude,  s.  f.  On  appelle  de  ce  nom  le  dernier 
tour  de  charrue  pour  Hùre  le  sillon.  Le  premier  se 
nomme  h  parraie.  (V.  ce  mot.) 

Curîau,  s.  m.,  choriste  ou  enfant  de  chœur, 
qui  répond  les  messes  de  nos  prêtres,  et  qui  reliche 
à  l'occasion  le  vin  blanc  contenu  dans  les  burettes  et 
destiné  au  sacrifice.  Au  pluriel  curiaux.  —  Ce  mot 
vient-il  du  latin  curio,  prêtre  de  la  curie  romaine  ?  ou 
de  curia,  lieu  où  les  Romains  traitaient  les  affaires  de 


—  114  — 

religion  ?  je  penche  à  croire  qu'il  vient  tout  simple- 
ment de  curieux  ou  de  ciirinl.  Je  demanderai  à  mon 
curé  ce  qu'il  en  pense. 

Dans  les  Côtes-du-Nord,  on  l'appelle  vioignot,  petit 
moine.  (V.  ce  mot). 

NORM.  :  ctireau,  enfant  de  chœur  ;  (petit  curé).  —  duc  : 
Le  mot  bas  lat.  choralis  signifie  :  i*  chantre,  clerc,  prêtre 
chantant  au  chœur  ;  2'  lin  vieux  franc.  :  corial,  curinl, 
ciireaii,  plur.  cuvcaux,  enfants  Je  chœur  :  «  les  petits 
enfants,  c.-à-d.  les  petits  curcaulx.  »  —  C'est  peut  être 
dans  ces  mots  du  vieux  français  qu'il  faut  chercher  la 
véritable  étymologie  du  mot  rennais  curiuii. 

Cutol,  S.  m.,  pour  couteau.  C'est  le  mot  cullel, 
employé  au  IX"^  siècle,  légèrement  modifié. 

Cutter  (Se),  v.  pron.,  se  cacher.  —  «Je  m'étais 
si  bien  cutté,  qu'on  n'a  pu  me  trouver  ».  Voy.  Cache- 
cnttè. 

Cutte,  exclani.,  du  verbe  cutter.  Au  jeu  de  cachc- 
cuttè,  quand  les  joueurs  sont  cachés,  l'un  d'eux  crie 
à  celui  qui  doit  les  aller  chercher  (et  qui  s'appelle 
le  chat)  :  cutte  !  —  La  jeune  mère  jouant  avec  son 
enfant,  et  lui  cachant  le  visage  sur  son  sein,  lui  dit 
aussi  :  «  Cutte  !  cutte  I  » 

NORM.  :  cul,  giit,  m.  sg.  —  sarthe  :  Fiiire  cutte  au  jeu 
de  cache-cache. 

Cyndard,  s,  m.,  cygne  sauvage,  qui,  dans  les 
hivers  rigoureux,  s'abat   quelquefois  sur  nos  étangs. 


115 


Dabon,  s.  m.,  piccc  grossièrement  placée  sur  un 
vêtement  usé  ou  troué.  —  «  Son  paletot,  comme  son 
pantalon,  n'était  que  pièces  et  dahons.  » 

Dabonner,  v.  a.,  mettre  pièce  sur  pièce  pour 
raccommoder  un  vêtement  usé.  Il  est  synonyme  de 
rapetasser.  —  Une  femme  avare  ou  sans  amour-pro- 
pre daboniic  ses  bardes  d'une  façon  ridicule.  Voy. 
HaldaboH. 

Dagre,  adj.,  hargneux,  d'un  caractère  aigre, 
difficile.  —  a  Comme  vous  êtes  dagre  !  »  (\'itré, 
Fougères). 

Daguer,  v,  a.,  dénicher,  trouver  un  objet  caché. 
—  «  Au  lieu  d'aller  à  l'école,  il  aimait  mieux  faire 
l'école  buissonnière,  et  Ji/^wr  les  nids  des  oiseaux.  »  — 
«  J'ai  cru  cet  objet  perdu,  il  n'était  qu'égaré,  j'ai  fini 
par  le  dagticr.  »  —  Usité  surtout  à  St-Malo. 

Dalle,  s.  f.,  pierre  creusée,  placée  à  l'intérieur  de 
la  cuisine,  et  dans  laquelle  on  jette  les  eaux  ménagè- 
res. C'est  l'évier,  —  «  De  mon  lit  je  voyais   le  jour 


—  ii6  — 

par  lepertu's  de  la  dalle,  per  pertustim  daldalihus,  » 
comme  disait  la  servante  de  mon  curé,  qui  lui  avait 
donné  dos  leçons  de  latin. 

NORM.  :  dalle,  évier,  canal  pour  l'écoulement  des  eaux 
ménagères. 

D'amain,  adv.  Voy.  Amain.  Nos  paysans  disent 
plus  volontiers  «  cet  outil  est  d'amain  (il  est  à  ma 
main).  »  —  On  ne  dit  pas  :  «  C'est  mon  d'amain  », 
mais  :  a  c'est  mon  amain  n,  c.-à-d.  je  suis  commo- 
dément placé  pour  faire  tel  travail. 

D'anet,  adv.  de  temps.  C'est  le  mot  anct  ;  mais 
d'anet  ne  s'emploie  qu'avec  la  négation.  Ainsi  on  dit  : 
«  Il  viendra  ou  ne  viendra  pas  anet.  »  ;  mais  on  ne 
dira  pas  :  «  Il  viendra  d'anet.  »  —  «  Il  ne  viendra 
pas  d'anet  »,  nous  ne  le  verrons  pas  de  la  journée. 

Danger.  —  Avoir  danger,  avoir  dégoût,  répu- 
gnance d'une  chose  sale  ou  quelquefois  d'un  mets. 
—  «  La  vue  d'une  plaie  me  fait  danger.  »  —  Il  y  a 
des  personnes  qui  ne  peuvent  manger  ni  oignons,  ni 
poireaux,  cela  leur  fait  danger.  ■ —  Ce  mot  n'est  em- 
ployé, dit  Littré,  que  dans  quelques  provinces,  et  il 
cite  la  Bretagne. 

D'annuit.  Voir  d'anet.  On  dit  l'un  et  l'autre. 

Darée,  s.  f.,  corruption  de  mare,  flaque  d'eau, 
pissée  d'un  enfant,  o  Voyez  quelle  darée  le  petit  a 
fait  sur  le  tablier  de  sa  nourrice  !  »  —  On  dit  aussi 
mdrrée.  (V.  ce  mot). 


-  117  — 

SARTHE  :  datée,  m.  3g. 

Dat,  s.  m.,  doigt.  —  o  J'ai  grand  mal  à  un 
dat  ». 

La  première  fai  qu'o  le  j'coiicliis 

Ové  ses  cinq  dats  su'  la  goule  al'  ni'bailliî 

(Vieille  chanson  rennaise). 
NORM.  :  di-it,  doigt. 

Dat,  s.  m.,  urine.  (Mot  employé  en  Normandie, 
où  on  dit  aussi  daler  pour  uriner.  —  Vieux  norm.  : 
estaty  urine  d'un  malade).  —  Je  dois  la  connaissance 
de  mot  à  mon  ami  le  docteur  D....,  qui  l'entend 
souvent  prononcer  par  les  paysannes  des  environs  de 
Rennes  auxquelles  il  est  appelé  à  donner  des  soins. 
—  On  juge  de  l'état  sanitaire  d'une  personne  à  la 
seule  inspection  de  son  dat.  —  Dat,  datée  doivent 
avoir  la  même  origine. 

Vieux  Fr.  :  duti',  pissat,  uriue. 

Dayée  (pron.  dcyée),  s.  f.,  quantité  de  bouillie  qui 
peut  tenir  sur  le  doigt.  Chez  nous,  les  femmes  du 
peuple  donnent  la  bouillie  à  leurs  enfants  sur  l'index, 
d'où  est  venu  dayci\  (Voir  Rayc^), 

Dayot  (pron.  deillot),  s.  m.,  linge  ou  doigt  de 
gant  qui  enveloppe  un  doigt  blessé.  —  Si  vous  vous 
coupez  le  doigt,  mettez  un  dayot  pour  préserver  la 
blessure  du  contact  de  l'air. 

SARTHE  :  deyol,  m.  sg.  —  nor.m.  :  duilot,  daillot 
(Il  mouillées),  doigtier,  enveloppe  d'un  doigt  m.ilade. 
Diillol. 


Débérauder  (Se),  v.  pron.,  se  distraire.  — 
«  Noutr'  homme  est  allé  au  bourg  pour  se  débérau- 
der un  p'tit.  »  —  Ailleurs  déheller.  —  On  dit  aussi  d'un 
malade  qui  a  le  délire  :  Il  débéraude,  mais  mieux  :  il 
héraude. 

Débit,  s.  m.,  bruit,  tapage.  —  «  D'où  vient  ce 
débit  ?»  —  «  Taisez-vous,  enflmts,  pas  tant  de 
débit  ».  —  u  Mon  Dieu  !   quel  débit  pour  un  rien  !   » 

—  On  dit  aussi  mener  du   débit.    —    Personne  d'un 
grand  débit,  qui  a  le  verbe  haut,  et  la  gaîté  bruyante  : 

—  ((  Il  la  mettait  en  débit  »,  en  train,  en  gaîté. 

Debord,  s.  m.,  diarrhée.  —  «  Comment  ça  va, 
père  Fourel  ?»  —  «  Ça  va  trop  bien,  j'ai  l'debord.  » 

—  Debord,   qui  passe    au-delà    du   bord.    —  On    le 
trouve  dans  les  auteurs  avec  un  sens  dififérent  : 

Ni  l'ébranler  des  vents  impétueux. 
Ni  h  débord  de  ce  dieu  tortueux 
Q.ui   tant  de  fois  t'a  couvert  de  son  onde 

(Du  Bellay). 

ACAD.  :  déhord,  débordement.  Il  est  vieux  et  ne  se  disait 
qu'en  parlant  des  humeurs  :  déhord  de  bile,  débord 
d'humeurs. 

Débotter  (Se),  v.  pron.,  c'est  enlever  la  grosse 
boue  ou  la  neige  qui  s'attache  à  la  chaussure.  Voy. 
se  botter. 

Débouliner,  v.  n.,    corruption  du  verbe  ébouler. 

Déboulinade,   s.  f.,   éboulement,  écroulement. 


—  119  — 

—  a  Cette  maison  est  tombée   comme  un  château  de 
cartes  :  quelle  dèbouliiiadc  !  » 

NORM.  :  débouler,  partir,  décamper.  —  centre  :  débou- 
ler, détaler,  quitter  la  place. 

Débrider,  v.  n.,  manger  avec  avidité.  —  «  Mais 
voyez  donc  ce  garçon,  comme  il  débride  !  »  —  C'est 
presque  le  mot  bribcr  de  Rabelais  :  «  Si  me  voulez 
mettre  en  œuvre,  dit  Panurge,  ce  sera  basme  de 
me  veoir  briber.  »  (Pantagruel,  chap.  IX). 

ACAD.  :  débrider,  se  dit  fig.  et  fam.  de  certaines  choses 
qu'on  fait  avec  précipitation.  —  besch.  :  débrider,  man- 
ger précipitamment  et  abondamment. 

Décamper,  v.  n.,  lever  le  camp,  déguerpir,  se 
sauver.  —  «  L'a3-ant  prise  sur  le  fait,  je  lui  ordonnai 
de  dccatnper  au  plus  vite.  » 

ACAD.  :  décamper,  se  retirer  précipitamment,  s'enfuir  à 
la  hâte.  —  Voir  La  Font. 

Décarêmer  (Se),  v.  pron.  C'est  le  premier  repas 
gras  après  le  carême.  On  se  décarème  le  dimanche  de 
Pâques  au  matin. 

SARTHE  :  m.  sg.  —  BESCH.  :  se  décarcmer,  se  dédomma- 
ger de  l'abstinence  prescrite  par  le  carême  en  mangeant 
de  la  viande.  —  nor.vi.  :  se  dèquèrêmcr . 

Déclancher,  v.  a.,  révéler,  dénoncer.  —  «  Je 
vais  tout  dcclaiicber  à  Madame  ».  —  Un  accusé,  un 
témoin,  pressés  de  faire  des  aveux,  finissent  par  tout 
décJaticJier,  en  disant  toute  la  vérité. 


—    liO  — 

D'écrasé,  s.  f.,  très  usité  dans  le  sens  de  en 
grande  quantité,  à  tout  casser,  V.  Ecrase. 

Décrouiller,  v.  a.,  ôter  la  crouille  (ou  verrou) 
d'une  porte. 

Déculer,  v,  a.,  expulser,  faire  sortir  violemment 
une  personne.  Syn.  àt  faire  décamper.  —  Par  oppo- 
sition à  acculer. 

NORM.  :  décider,  v.  n.  lever  le  siège,  s'en  aller. 

Dedans.  Etre  dedans,  c'est  un  commencement 
d'ivresse.  —  a  II  n'était  pas  ce  qu'on  peut  dire  saoïd, 
mais  il  était  dedans.  »  —  Etre  chaud  de  baire,  être 
dedans  sont  synonymes.  —  a  Le  père  Denis,  devenu 
vieux,  n'avait  plus  la  tête  solide  :  dès  qu'il  avait  bu 
cinq  à  six  pots,  il  était  dedans.  »  Son  compagnon  de 
bouteille,  moins  solide,  disait  qu'il  ne  pouvait  sucer 
une  pomme  sans  être  dedans. 

Mettre  dedans  s'emploie  dans  le  sens  de  tromper  : 
«  J'ai  cru  acheter  un  bon  cheval,  j'ai  été  mis  dedans 
par  mon  vendeur.  » 

BESCH.  :  Etre  dedans,  pop.,  être  pris  de  vin. 
BESCH.  :  Mettre  qn  dedans,  l'abuser,  le  tromper. 

Défalner  ou  Défêner,  v.  a.,  rendre  à  quelqu'un 
la  chance  qui  l'a  fui.  —  «  Je  n'ai  encore  rien  vendu 
aujourd'hui  »,  dira  un  marchand  à  un  acheteur, 
«  je  vous  vends  à  bon  marché,  vous  allez  peut-être 
me  dèfaîner.  »  —  Un  joueur  a  une  longue  déveine, 
la  chance  lui  revient,  il  est  dé/aîné.   —  Voir  Faîner. 


—    121    — 

Dèfouir,  v,  a.,  antonyme  de  enfouir.  —  «  Il 
faudra  cette  semaine  dèfouir  nos  pataches  (patates, 
pommes  de  terre)  ».  —  S.  Briac,  Plerguer  et  envi- 
rons. 

SARTHE,  NORM.  :  défoiiif,  m.  sg.  —  BESCH.  :  dèfouir,  m. 
sg.  vieux  et  inusité.  —  Vieux  Fr.  :  —  Deffoitiv  (Roman 
de  Renan),  (duc). 

Défoutrailler,  v.  a.,  presque  grossier,  mais  si 
usité,  si  populaire,  que  j'ai  dû  lui  donner  l'hospita- 
lité. Il  signifie  brouiller,  détruire  une  besogne  mal 
faite,  et,  par  extension,  remettre  à  sa  place  par  de 
vertes  paroles,  une  personne  qui  vous  a  offensé.  — 
0  Je  l'ai  joliment  défoiiiraiJU  ». 

Défunter,  v.  n,,  mourir,  trépasser.  Du  substantif 
défunt,  nous  avons  fait  défunter.  —  «  Comment  va 
le  malade  ?  —  Il  est,  ou  il  a  défunte  cette  nait.  d 

Dégêner  (Se),  v.  pron.,  se  débarrasser  de  tout 
ce  qui  gêne  ;  aller  au  cabinet.  —  «  Où  est-il,  votre 
homme,  mère  Fanchon  ?  —  Il  est  au  bout  du 
jardin  à  s'dcgéner,  j'crais  b'en.  »  —  Un  autre  dira  : 
«  à  servir  son  maître  ». 

BESCH.  :  Se  dêgéner,  être  dégéné,  ne  pas  se  gêner. 

Dégobillure,  s.  f.,  évacuation  provenant  de 
vomissements.  Vient  du  verbe  di'gobilltr.  Se  dit  sur- 
tout des  déjections  du  chien  et  du  chat.  —  Le  mot 
n'est  guère  plus  propre  que   la  chose.  —  Nos  ivro- 


gnes  (car-nous  en  avons,  Dieu  merci!  )  appellent  cela 
«  un  renard  ».  Piquer  un  renard  (vomir). 

Dègoter,  v.  a.,  pour  débouter.  —  «  l'crayait 
m'teni,  mais  il  a  été  b'en  dcç^oté  ». 

BESCH.  :  Dcgûter,  chasser  d'un  poste,  l'emporter.  Fam. 
et  badin.,  dégotcr,  l'emporter  sur.  (Voltaire)  —  norm.  : 
dègolter,  supplanter  ;  désappointer. 

Dégraiser,  v.  a.,  blesser,  offenser  involontaire- 
ment une  personne.  —  «  Peste,  comme  vous  êtes 
susceptible  et  facile  à  dégraiser  .'  »  —  «  En  vous  disant 
cela,  je  ne  croyais  pas  vous  dégraiser  ».  —  Semble 
venir  de  disgracier. 

Dàgramatiser,  v.  a.  C'est  le  verbe  dégrader 
considérablement  allongé.  —  Les  terrasses  de  nos 
escaliers  sont  toutes  dégramatisées  par  les  branches  des 
fagots  logés  dans  les  mansardes.  Pour  obvier  à  cet 
inconvénient,  les  propriétaires  exigent  que  les  fagots 
soient  sciés  par  le  milieu  ;  mais  on  peut  voir  que  les 
locataires,  en  général,  tiennent  peu  de  compte  de  ces 
prescriptions. 

Déhanner  (Se),  v.  pron.,  ôter  ses  culottes,  ou 
plutôt  ses  hanncs,  son  pantalon.  —  Employé  comme 
verbe  actif,  au  figuré,  dans  le  sens  de  mettre  à  nu, 
dire  publiquement  à  quelqu'un  ce  qu'on  pense  de  sa 
personne,  de  sa  conduite,  lui  infliger  une  correction 
morale.  —  «  Ah  1  je  vous  réponds  qu'il  a  été  bien 
dêhaiiné.  »  —  Ah  !  comme  le  procureur  général  les 
a  bien  déhannés  devant  la  cour.  Quelle  fessée  !  » 


-    123    — 

Déheuder,  v.  a.,  action  d'enlever  les  heuâes  ou 
entraves  mises  aux  pieds  des  animaux.  Voy.  heiides. 

Déjouer  (Se),  v.  pron.,  se  hâter,  se  dépêcher 
pour  achever  un  ouvrage  pressé.  —  a  Déjouez-vous, 
ou  mieux  :  Defous  les  gars,  ilest  basse  houre  (tard),  et 
la  plée  (pluie)  va  chéer  (choir,  tomber).  » 

Déjun,  s.  m.,  abrégé  de  déjeuner.  —  Léger  repas 
de  nos  paysans  avant  de  commencer  leur  journée.  — 
Il  est  souvent  accompagné  de  l'adjectif  petit.  —  Petit 
déjun,  en  attendant  le  déjun,  qui  est  le  repas  solide  du 
matin. 

Déléché,  ée,  adj.,  pimpant,  propret  dans  sa  mise, 
—  K  Comme  te  voilà  déléchée  aujourd'hui  !»  —  Le 
chat  se  lèche  pour  faire  sa  toilette  ;  de  là,  sans  doute, 
délécher.  Les  peintres  disent  qu'un  tableau  fait  avec 
soin  est  léché. 

NORM.  :  se  délécher,  se  lécher  les  lèvres  avec  plaisir. 

Demaisé  ou  Demaishui,  adv.,  désormais,  à 
présent.  Voy.  adiiiesé,  adnteshui. 

Démarcher,  v.  n.,  se  dit  des  enfonts  qui  com- 
mencent à  marcher,  ou  plutôt  qui  essaient  leurs  pre- 
miers pas.  — •  a  Votre  petit  commence  à  démarcher  ; 
dans  un  mois,  il  marchera.  » 

Se  démarcher,  v.  pron.,  exprime  une  démarche, 
une  allure  prétentieuse,  affectée.  —  «  Voyez  donc  cet 
important  personnage,  comme  Use  démarche.  »  —  On 
le  trouve  dans  Rabelais. 


—    124   — 

BESCH.  :  démarcher,  commencer  à  marcher,  inusité.  — 
CENTRE  :  démarcher,  commencer  à  marcher.  —  norm.  : 
Se  démarcher,  marcher  d'une  façon  prétentieuse. 

Dématiner  (Se),  v.  pron.,  se  lever  de  grand 
matin.  Il  est  quelquefois  verbe  actif  :  «  J'ai  été  déma- 
liiié  par  le  chant  du  coq,  par  le  bruit  des  voitures  ou 
des  tambours.   » 

Démêler,  v.  a.,  battre  la  pâte,  pétrir.  —  Dc'iiic- 
1er  la  galette,  c'est  battre  la  pâte,  la  préparer  pour  la 
cuisson. 

NORM.  :  démêler,  mélanger  en  détrempant,  en  délayant. 

Demeurance,  s.  f.,  pour  demeure.  Vieux  mot 
français  encore  en  usage  chez  nous,  comme  dans  le 
Berry.  —  Partie  de  la  ferme  servant  à  l'habitation. 
Au  sud  se  trouve  la  demeurance,  au  nord  les  autres 
bâtiments  ou  communs. 

Vieux  Fr.  :  Demourance.  (duc). 

Demion,  s.  m.,  nom  donné  par  les  femmes  du 
peuple  à  une  mesure,  d'une  contenance  non  détermi- 
née d'eau-de-vie  ou  de  café.  —  «  Elle  aimait  b'en  à 
boire  son  deuiion,  la  pauv'  défunte.  »  —  «  On  voit 
que  la  femme  Pichet  a  bu  son  demion,  qu'elle  est 
grise.   » 

BEScn.  :  mion,  nom  qu'on  donnait  dans  qqs  pays  à  uns 
petite  mesure  de  vin .  —  norm.  :  demion,  moitié  d'une 
chopine.  —  duc  :  demionus  viiti  (12  pintes).  Demion 
(15°  siècle),  demi-setier. 


—    125    — 

Dempée,  Dempez,  adv.  de  lieu,  de  mesure  ; 
depuis,  à  partir  de:  «  Dc'/H/v't' le  bourgdiqucàla  ville 
(jusqu'à  la  ville)  i'  y  a  cinq  bons  quarts  de  lieue.  »  — 
«  On  ne  l'a  pas  revu  dempée  son  départ  pour  l'armée.  » 
—  0  Je  les  ai  laissés  dempée  là,  et  m'en  revins.  » 

On  dir  également  dempée  ou  depe'e. 

Dénâcher,  v.  a.,  détacher,  délier  de  leurs  ndches 
les  bœufs  et  vaches  attachés  dans  les  écuries  ou  les 
étables.  V.  ndche.  »  —  Une  vache  s'est  dèiidchée,  et  en 
a  blessé  plusieurs  autres.  « 

Dents  de  vache,  s.  f.  pi.,  gros  clous  qui  garnis- 
sent l'extrémité  delà  semelle  des  souliers  de  nos  pay- 
sans. Ils  sont,  en  effet,  assez  semblables  aux  dents  des 
vaches.  Dans  quelques  communes  on  les  appelle  bécbe- 
rons.  (Voy.  ce  mot). 

Denuit,  s.  m.  On  appelle  deiniit  tout  ce  qui  cons- 
titue la  toilette  des  dames  pendant  la  nuit,  manteau, 
camisole,  bonnet,  etc.  —  «  Je  suis  allée  passer  deux 
jours  chez  Madame  X...  ;  je  n'avais  emporté  que  mon 
denuit  ». 

SARTHE  :  De  nuit,  m.  sg. 

Dépassé,  ée,  adj.  Se  dit  d'une  personne  qui 
dépasse  la  mesure  ordinaire,  soit  dans  la  joie,  soit 
dans  la  tristesse  :  —  a  Ml'*^  G.  ne  peut  contenu-  sa 
joie  de  son  prochain  mariage  :   elle  en  est  dépassée.  » 

Depée.  V.  Dempée.  » 


—    126   — 

Dépioter  ou  Dépiauter,  (de  pian,  peau),  v.  a., 
écorcher,  enlever  la  peau.  La  cuisinière  dépiote  le  liè- 
vre. Le  chasseur  déploie  le  renard. 

NORM.  :  dépiaiitrer ,  dèpiaucer.  —  centre  :  dépiauter. 

Dépletter,  v.  n.,  débiter  de  mauvais  propos, 
médire  de   qqn,   parler    longuement.    —    «  Si    vous 

aviez  entendu  B...,   parler  de  son  voisin comme 

il  déplettail  sur  son  compte  I   » 

Dépocher  (Se),  v.  pron..  C'est  tomber  à 
l'improviste  dans  une  maison  où  l'on  vient  demander 
l'hospitalité.  —  «  Comment  trouvez-vous  cette  famille, 
qui  vient  se  dépocher  chez  nous,  sans  s'inquiéter  si  on 
peut  la  recevoir  !  »  —  Dèpochcr  est  français  pour 
tirer  d'une  poche  ;  mais  il  est  très  énergique  dans  le 
sens  que  nous  lui  donnons  à  la  ville  et  à  la  campa- 
gne. On  trouve  dans  Rabelais  déposcher,  ôter  de  sa 
poche. 

Dépoisonner,  v.  a.,  employé  au  propre  et  au 
figuré.  —  «  Le  pays  a  été  dèpoisonné  de  ce  mauvais 
sujet.»  —  0  Mon  jardin  a  été  dêpoisoimé  des  mauvaises 
herbes  dont  il  était  rempli.   » 

Déquesser,  v.  a.,  déchirer,  mettre  en  pièces.  — 
«  Dans  la  gabarre,  tous  ses  effets  ont  été  déqticssés.  » 
—  «  Q.uoique  riche,  Lucas  ne  portait  que  des  vête- 
ments déquessês.  »   —  Voy.  Equesser. 

Dèrâcler,  v.  a.,  dénicher,  farfouiller,  trouver  des 
vieilleries  depuis  longtemps  mises  au  rebut.  —  «  Où 


—    127    — 

diable    avez-vous    clèrddd   cela   ?  qu'en    voulez-vous 
faire  ?»  —  Syn  :  dèratuchonner. 

Dérader,  v.  n.,  dégringoler,  partir.  Emprunté  au 
terme  de  marine  dérader,  sortir  de  la  rade.  Plus  usité 
à  St-Malo  qu'à  Rennes. 

Déranger  (Se),  v.  pron.  Ce  n'est  pas  précisé- 
ment s'enivrer,  mais  c'est  boire  un  peu  plus  que  de 
raison.  —  «  Vincent  est  un  bon  ouvrier  ;  mais  il  se 
dérange  quelquefois.   » 

ACAD.  :  Se  déranger,  mener  une  conduite  déréglée. 

Dèratuchonner,  v.  a.,  syn.  de  dérader. 

Déris,  s.  ni.,  crue  extraordinaire  des  eaux,  débor- 
dement des  rivières.  —  Vous  souvenez-vous  du 
déiis  de  la  Vilaine  en  1877  ?  Le  chemin  de  halage 
fut  inondé  depuis  Cesson  jusqu'au  moulin  du  Comte, 
et  les  prairies  de  la  Prévalage  et  de  Sainte-Foix  furent 
complètement  submergées.  Le  faubourg  de  Brest  en 
souffrit  particulièrement. 

NORM.  :  dcri,  en  dérive,  de  n'viis.  Déris,  ce  que  laissent 
les  eaux  débordées.  —  centre  :  déribc,  drihe,  dérive, 
débordement,  inondation  ;  l'eau  sort  des  rives. 

Derouine,  s.  f.,  boutique  de  remouleur  ambu- 
lant. «  Un  chien  traînait  sa  derouine.  » 

Derre,  s.  m.,  et  prép.,  abrégé  de  derrière.  Se  dit 
en  parlant  des  personnes  et  des  choses.  —  Une  mère 
à  son  enfant  :  «  Si  tu  ne  finis  pas,  je  vas  te  lever  le 


(krre  (te  donner  le  fouet  sur  le  denùère).  »  —  «  Il  est 
(/d'77<;  la  maison.  »  —  «  Je  cheminions  derre  lu.   n 

Le  peuple  dit,  en  parlant  d'un  industriel  qui  s'est 
ruiné  dans  une  entreprise  hasardeuse  ou  d'un  simple 
particulier  qui  a  mal  géré  sa  fortune  :  «  c'est  sa  faute, 
il  a  voulu  péter  plus  haut  que  le  derre.  » 

Dérubler,  v.  n.,  dégringoler.  (St-Malo  et  le 
littoral  de  la  Rance). 

Descors  (pron.  Vs),  excl.  Dans  les  jeux  de 
course  des  enfants,  à  cache-cache,  aux  barres,  à  gros- 
jean,  à  la  tape-coupée,  le  joueur  qui  se  sent  fatigué 
s'écrie  descors  !  c'est-à-dire,  réclame  un  répit  qui  lui 
permet  de  prendre  haleine  et  de  se  reposer. 

Desenherqueler,  v.  a.,  mot  barbare  recueilli  à 
Vern,  près  de  Rennes  ;  et  qui  signifie  briser,  démon- 
ter. —  Ex.  :  «  Ma  charte  est  désenherqueUe,  réenher- 
quelei-la  ma  don.  »  (Ma  charrette  est  démontée  ; 
remontez-la  moi  donc). 

NORM.  :  dcherneiguer,  déhaniacher.   Henieis,  harnais. 

Détouiller,  v.  a.,  débrouiller.  Detouilîer  un  échc- 
veau,  sa  chevelure.  (Dinan)  —  Dètoiiillouère,  s.  f., 
peigne  à  démêler.  (Dinan) 

Détourber,  V.  a.,  \touv détourner.  —  «Lesouvriers, 
sont  très  pressés,  il  ne  faut  pas  les  détourber,  »  les 
déranger  de  leur  ouvrage.  —  «  Comment  voulez- 
vous  qu'il  finisse  ?  Vous  le  dètourhei  sans  cesse.  »  — 


—  129  — 

Montaigne  a  dit  :  «  La  licence  des  jugements  est  un 
grand  détoiirbier .  (Liv.  2,  cli.  26).  «  L'avare  n'a  pas 
de  plus  grand  détourhicr  que  lui-même.  »  —  D.'.ns 
une  lettre  à  Catherine  de  Médicis,  Ramus  se  plaint 
que  les  auditeurs  qui  assistent  à  ses  cours  sont  inces- 
samment «  troublés  et  dêtourbls  par  les  cris  des  cro- 
cheteurs  et  des  lavandières  ». 

Paix  est  trésor  qu'on  ne  doit  trop  louer  : 
Je  hé  guerre  ;  point  ne  la  doy  priser  ; 
Destourhé  m'a  longtemp  soit  tort  ou  droit. 
De  veoir  France  que  mon  cueur  amer  doit. 
(Charles  d'Orléans.) 

NORM.  :  détotirher,  déranger,  troubler,  gétier.  Détonrbier, 
dètourhement,  dérangement.  —  Vieux  Fr.  :  deslonrber, 
détourner,  empêcher,  troubler.  Distubare,  detiirharc. 
detourher  chez  les  Picards,   (duc). 

Deuil,  pron.  dciil,  s.  m.,  employé  chez  nos 
paysans  pour  peine,  chagrin.  —  «  Son  homme,  ses 
entants  lui  font  b'en  du  deid  ;  La  pauv'e  femme  a 
eu  b'en  du  deul  dans  sa  vie.  » 

BRACHET  :  deuil,  anc.  deul.  —  norm.  :  denl,  deu,  cha- 
grin. 

Devallée,  s.  f.,  chemin  très-accidenté,  ravin, 
revers  d'une  montagne.  —  «  Je  l'ai  vu  se  sauver,  il 
allait  comme  le  diable  dans  une  devalUe  (  il  courait  à 
toutes  jambes,  à  perdre  haleine).  » 

Devaller,  v.  a.,  descendre  ou  simplement  suivre 

9 


—  I30  — 

son  chemin.  —  On  l'a  vu   devaUer  la   grand'route  il 
n'y  a  qu'un  moment.  »  (Est  français). 

ACAD.  ET  BESCH.  :  dévaler,  dévalUr,  vieux  et  pop.  — 
BESCH.  :  dèvallèe,  descente,  vieux  et  inus.  —  norm.  : 
dévalée  {Tpron.  d'valée),  dévaler.  — centre  :  dévaler,  déva- 
ler. —  Vieux  Fr.  :  dévaler,  descendre  (Chron.  des  D.  de 

Norm.) 

Devantière,  s.  f.,  tablier,  vêtement  des  femmes 
du  peuple.  Quelques-unes  sont  avec  piécette,  ou 
pièce  de  même  étoffe  que  la  devantière  qui  garnit  la 
poitrine  depuis  la  gorge  jusqu'à  la  ceinture,  ou  seu- 
lement jusqu'aux  seins.  Nos  femmes  de  chambre  et 
les  bonnes  d'enfants  portent  une  devantière  en  calicot 
blanc,  sans  piécette,  lorsqu'elles  servent  à  table. 

Le  devantier,  d'où  vient  devantière,  était  une  tuni- 
que d'amazone.  —  Dans  Rabelais,  devauteau. 

Montaigne  l'a  aussi  féminisé  dans  cette  phrase  : 
0  ceux  qui  parmi  les  jeux  refusent  les  opinions  sérieu- 
ses font  comme  celui  qui  craint  d'adorer  la  statue 
d'un  saint,  si  elle  est  sans  devantière.  »  (Liv.  3,  ch.  5.) 

On  trouve  dans  un  manuscrit  normand  du  16« 
siècle  :  devantel,  devanteatdx. 

ACAD.  ET  BESCH.  :  devaittier  :  tablier  de  femme  du  peu- 
ple. Devantière,  sorte  de  jupe.  —  norm.  :  devanteaii, 
devantiau,  devantel.  —  centre  :  devantier  ou  devantière, 
tablier.  —  Vieux  Fr.  :  devantail,  devantel,  devantier, 
tablier. 

Dévarinade,  s.  f.,  partie  de  plaisir,  partie  fine. 
—  «  Nous  finies  dimanche  une  dévarinade  com- 
plète ». 


Dans  quelques  localités  à  St-Malo  par  exemple,  ce 
mot  a  une  autre  signification,  il  exprime  une  débâcle 
une  déconfiture.  —  «  La  maison  X,..  est  en  pleine 
dévarînade.   » 

Dévelimer,  v.  a.,  assainir,  éclaircir.  Se  dit  sur- 
tout en*  parlant  d'un  temps  humide  ou  pluvieux.  — 
a  II  gèle  ;  tant  mieux,  cela   va  dcveJhiicr  le  temps.   » 

Dévélir,  v.  n.,  dépérir,  fondre,  maigrir.  — 
«  Cette  personne  dcvélit  sans  cause  connue  ;  c'est 
mauvais  signe,   » 

Devinaille,  s.  f.,  énigme,  jeu  de  mots.  De  devi- 
ner. —  Vieux  français,  mais  toujours  très  usité.  — 
Les  enfants  disent  :  «  Devine,  devinaille,  qui  pond 
sur  la  paille  ?  ».  ■ —  Les  mêm.es  propos  suivants,  pro- 
noncés rapidement,  sont  autant  de  devinailles  :  Beurre 
a-t-il  os  ?  Rat  a-t-il  aile  ?  — •  T).  Habit  s'cotid-t-i',  grain 
s'moiid-t-i'  ?  R.  Habit  s'coiid  ;  grain  s'moiid.  —  Latte 
olée  fait  trou.  — Porc  tua,  sel  n'y  mit,  ver  s'y  mit,  son 
lard  gâta. 

NORM.  :  dcvinade,  énigme,  devinaille.  —  centre  :    devi- 
nouer,  énigme.  Devinouère,  devinette. 

Devinée,  s.  f.,  pensée  bizarre,  saugrenue,  action 
contre  le  bon  sens.  —  «  Comment  !  vous  croyez 
cela,  vous  avez  fait  ceci  ;  quelle  devinée,  oh  !  la  belle 
devinée  !  » 

Dévirer,  v.  a.,  dévider,  dévisser,  détourner  dans 


un  temps  opposé  à  celui  dans  lequel    l'objet  avait  été 
tourné. 

Dévotion,  s.  f.,  fantaisie,  volonté,  caprice.  — 
«  Je  ferai  cela,  c'est  ma  dévotion,  c'est  mon  idée.  ». 
—  a  A  votre  dévotion,  vous  direz  votre  chapelet  », 
c.-à-d.  faites  ce  qui  vous  plaira,  agissez  à  votre 
guise. 

Diable.  «  Lr  diable  hat  sa  fcnnnc  et  marie  sa  fille.  » 
disent  nos  paysans  quand  il  fait  en  même  temps  de  la 
pluie  et  du  soleil. 

Dig-dog  (ou  digue-dogue).  Jouer  à  dig-dog,  jeu 
des  petits  garçons  de  Rennes.  Il  consiste  à  pousser 
adroitement,  avec  le  ponce,  dans  un  petit  trou  prati- 
qué en  terre  et  qu'on  nomme  le  pot,  soit  des  billes 
ou  canettes,  soit  des  boutons  ou  encore  des  noyaux 
de  pêche  ou  d'abricot  qui  forment  l'enjeu.  Le  joueur 
doit,  pour  gagner,  lancer  en  deux  coups  l'objet  dans 
le  pot.  Le  premier  coup  se  nomme  dig  ;  le  second 
dog. 

Digoiser  (Se),  v.  pron.  ;  il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  le  verbe  dègoiser  ou  se  dègoiser.  —  Se 
digoiser  veut  dire  :  prendre  son  temps,  ses  aises,  pour 
faire  une  besogne  ou  une  course.  —  «  Voyez  comme 
cette  fille  se  digoise,  on  voit  qu'elle  n'est  pas  pressée.  » 

Dimaine,  s.  m.  Nos  paysans  disent  toujours 
diiiiaiiie  pour  dimanche.  —  «    Tu  voudrais  ça  tout  de 


suite,  eh  b'en,  tu  repasseras  diniaiiie.  »    —  Nos  an- 
cêtres disaient  didcmane. 

Vieux  Fr.  :  dhnainc,  dimoingc,  duc. 

Dimanche-crêpier,  s.  m.  C'est  le  premier 
dimanche  de  carême,  que  l'Eglise  appelle  Quadragé- 
sime.  Il  est  ainsi  nommé,  parce  que  les  bons  bour- 
geois de  Rennes  font  des  crêpes  ce  jour-là.  C'est  la 
queue  des  fêtes  du  carnaval.  Le  dimanche  gras  est  le 
dimanche  qui  précède  le  carême. 

SARTHE  :  âhnnnche-crèpier,  m.  sg. 

Dinaille,  s.  f.,  pom-  dinette,  petit  repas  des  enfants 
entre  eux.  —  a  Nous  ferons  la  dinaille  dans  les 
champs.  » 

Dîot)  s.  et  ad]".,  abrégé  de  idiot,  dont  il  est  un 
diminutif.  Le  diot  n'est  pas  précisément  un  idiot, 
mais  une  personne  simple,  crédule,  facile  à  tromper. 
—  «  On  t'a  dit  cela,  et  tu  le  crois  ?  es-tu  diote,  ma 
pauvre  enfant  !   » 

Dioter,  v.  a.,  ahurir,  étourdir,  hébêter.  Le  verbe 
est  moins  usité  que  le  substantif  diot. 

NORM.  :  diot,  diotise,  bêtise,  simplicité. 

Dîque,  prép.,  pour  jusque.  —  «  Cette  année,  il  a 
gelé  diqu'à  Pâques.  »  —  «  Cela  ne  viendra  pas  diqti'à 
nous.  »  —  «  J'irai  le  conduire  dique  là.  »  —  «  Le 
voyez-vous  dique  là-lin  ?  (Le  voyez- vous  jusque  là- 
bas,  bien  loin  ?) 


—  134  — 

Dodiner,  v.  a.,  pour  dodeliner  ;  balancement, 
mouvement  nerveux  de  la  tête. 

Et  le  troupeau  sacré  des  errantes  Tyades 
Alloycnt  criant,  hurlant,  dodinant  et  crollant 
Remy  Belleau.  (16^  S.) 

BESCH.  :  dodiner.  !•  bercer  ;  2-  fam.  caresser,  réchauffer. 
Se  d-,  se  dorloter,  norm.  :  dodiner  de  la  tête  ;  qqf.  dor- 
loter. —  CENTRE  :  dodiner,   remuer  doucement,    bercer. 

Dolet,  ette,  adj.,  triste,  souffreteux.  —  «  Qu'a 
donc  votre  entant,  bonne  femme,  il  est  xout failli  ?  ». 
—  J'n'en  sais  r'en  ;  depés  queuques  jours  il  est  tout 
dolet  ;  je  le  conduirai  demain  au  médecin.  »  —  Ce 
mot  semble  avoir  une  origine  latine,  dolor. 

Vieux  Fr.  :  dolerous,  souffrant,  infirme.  :  (duc.) 

Dommage.  Beau  douunage  !  exclamation  ;  affir- 
mation d'un  ùit,  équivalant  à  certainement,  pourquoi 
pas,  en  doutez-vous  ?  —  «  Irez-vous  à  la  fête  ?  — 
Beau  dommage  !   » 

Donaison,  s.  f.,  donation.  Le  mari  et  la  femme 
se  sont  fait  donaisoii. 

Donnée,  s.  f.,  extrême  bon  marché  d'une  chose. 
Se  dit  surtout  en  parlant  des  denrées  alimentaires.  — 
«  Le  beurre,  les  légumes  étaient  aujourd'hui  à  la  don- 
née. »  —  «  Prenez  ceci,  ma  p'tite  bonne,  c'est  une 
donnée,  c'est  pour  rien.  » 

Douanne,  s.  f,  surnom  donné  à  une  femme 
simple,  crédule.  A  peu  près  syn.  de  hohanne. 


-  135  — 

Douannîot,  s.  m.,  homme  simple,  peu  intelli- 
gent, colin-tampon.  La  femme  accepte  volontiers  l'épi- 
thète  de  douanne  ;  mais  l'homme  se  regimbe  au  sur- 
nom de  douanniot. 

Douget,  ette,  adj.,  douillet,  sensible  au  moindre 
mal.  —  x(  Voyez  comme  il  est 


Dougettement,  adv.,  doucement.  —  o  Allez -y, 
mais  dougettement.   » 

CENTRE  :  dogue,  dognot,  dengiiet,  dougnet,  donillet,  déli- 
cat. —  NORM.  :  douitlard,  douloureux,  sensible  à  la 
douleur. 

Draillée,  s.  f,,  fouaillée,  fessée.  —  Semble  venir 
de  draille,  cordage  à  l'usage  des  marins.  On  sait  qu'il 
y  a  peu  de  temps  encore,  on  infligeait  aux  gens  de 
mer  coupables  d'une  faute  grave,  la  peine  du  fouet, 
instrument  de  supplice  fait  de  corde  et  appelé  garcette. 
De  draille  à  draillce  il  n'y  a  que  l'épaisseur  d'une 
corde.  —  «  Cette  marâtre  est,  pour  ses  enfants,  moins 
chiche  de  drailléeslque  de  pain.  »  — «  Pour  une  draillée 
le  cul  n'en  chet  point.  »  (Prov.). 

Drapeau,  pron.  drapiau,  s.  m.,  se  dit  de  tous  les 
langes  à  l'usage  des  petits  enfants.  —  «  La  pauvre 
femme  n'avait  pas  même  un  drapiau  pour  son 
enfant.  » 

BESCH.  :  drapeaux,  langes.  —  norm.  :  drapet,  drapel, 
drapeau,  drapiau,  linge.  —  centre  :  drapeau,  drapiau, 
lange.  —  duc.  :  drapcllus,  drapel,  drappel,  drappaille, 
drapeau,  chiffon,  morceau  de  linge  ou  de  drap, 


-  136- 

Drenne,  s.  f.,  redite,  radotage.  —  Ne  vous 
arrive-t-il  pas  quelque  fois  de  fredonner  un  air  qui 
vous  poursuit  sans  cesse  ?  vous  chantez  alors  toujours 
la  même  drciine. 

Drenner,  v.  a.,  c'est  revenir  sans  cesse  sur  le 
même  sujtt.  —  «  Vous  nous  l'avez  dit  cent  fois, 
vous  dreiiin^  toujours  le  même  air,  vous  radotez,  » 

SARTHE  :  draine,  s.  m.,  m.  sg.  drainer.  —  norm.  : 
drainer,  parler  lentement  (de  traîner).  Draisner,  parler 
beaucoup  et  inconsidérément. 

Dresser,  v.  a.,  repasser  le  linge. 

Dresseuse,  s.  f.,  repasseuse,  femme  qui  repasse 
le  linge. 

ACAD.  :  dresser  du  linge,  le  repasser. 

Dressoir,  s.  m.,  étagère  sur  laquelle  les  pa3-sans 
mettent  la  vaisselle,  les  plats,  assiettes  et  autres  or- 
ceux.  (V.  Orccul). 

ACAD.  :  dressoir,  m.  sg.  —  centre  :  dressoir,  m.  sg.  — 
NORM.  :  dressaix,  drécheux,  dressoiter,  étagère.  —  duc.  : 
dressorinui,  drcssaderiuni,  drcssatoriinn. 

Dret,  adj.,  droit.  —  «  V'ià  de  bon  cidre,  c'est 
drel  au  goût.   » 

Drettement,  adv.,  justement.  —  «  Allons  est- 
ce  ainsi  que  la  chose  s'est  passée  ?»  —  «  Drette- 
ment ». 

BESCH.  :  droiteinent,  équitablement.  —  norm.  :  dreit, 
adv.,  droit.  Dreitemeiif,  directement.  —  centre  :  drète- 
meiit,  drcttiinciit,  précisément. 


-  137  - 

Drue,  s.  f.,  Jouer  A  la  drue,  c'est  le  jeu  du  bou- 
chon. La  drue,  comme  le  bouchon,  est  en  liège  ou 
en  bois.  Dans  quelques  localités  on  l'appelle  dnigouère 
dans  d'autres  pitan  ou  galoche. 

Les  joueurs  disent  bitle  en  drue  lorsque  le  palet  du 
joueur  ou  l'une  des  pièces  de  monnaie  touche  au 
bouchon  renversé  ;  —  tout  à  la  drue,  lorsque  l'enjeu 
est  plus  rapproché  du  bouchon  que  du  palet  du 
joueur  ;  —  tout  à  la  galoche,  lorsque  l'enjeu  touche 
le  bouchon  renversé  ;  dans  ce  cas,  le  coup  est  nul, 
et  la  galoche  relevée  est  surchargée  d'un  enjeu  par 
chaque  joueur. 

Drue  vient  de  druger. 

Druger,  v.  n.,  jouer,  s'amuser  (normand).  — 
«  Assez  drugè,  je  suis  lassé.  »  —  «  Je  ne  drugerai 
pluso  ta.  »  —  «  Quand  le  chat  n'est  pas  là,  la  souris 
druge.  » 

NORM.  :  druger,  agiter,  remuer,  troubler  ;  s'amuser  bru- 
yamment. 

Dur,  adv.,  fort.  Se  brûler  dur,  frapper  dur.  Le 
paysan  prononce  duss. 

NORM.  ET  CENTRE  :  dur,  m.  sg. 


£3 


Ebarziller,  v.  a.,  briser  en  éclats.  —  «  Un  coup 
donné  dans  cette  glace  Ta  toute  c'bariiUée.  » 

£baubé,  ée,  adj.  Nous  disons  élmuhé  \->our  ébaiibi. 
«  Cette  nouvelle  l'a  tellement  surpris  qu'il  en  est  resté 
tout  cbaiihê.   » 

Ebezillé,  ée,  adj.  A  peu  près  syn.  de  ébaubê.- 
Si  vos  3'eux  expriment  l'égarement,  la  surprise  que 
vous  cause  un  événement  inattendu,  on  dira  que 
vous  êtes  ébe^iUê.  —  Ce  mot  s'emploie  aussi  dans  le 
sens  de  blessé,  écorché,  écrasé  :  «  Je  m'sais  êbe:^iUé  un 
dat  ».  (Je  me  suis  blessé,  écorché  un  doigt). 

Eblusser  (S'),  v.  pron.,  se  développer,  grandir, 
prospérer.  —  «  Eh  bien,  père  Simon,  comment  va 
la  p'tite  fitmille  !  —  Mais  ça  s'ébhisse  tout  douce- 
ment.  » 

Eboguer,  v.  a.,  ôter  de  la  bogue.  —  On  êbogue 
les  châtaignes,  comme  on  ccliaUe  des  noix,    comme 


—  139  — 

on  ecosse  des  pois.  Les  deux  premiers  mots  devraient 
être  français....,  puisqu'ils  sont  rennais. 

Eboudiner,  v.  a.,  éventrer,  faire  sortir  les 
boyaux.  (Norm). 

Ebrai,  s.  m.,  cri.  — «  Il  a  jeté  son  éhrai.  »  (Saint- 
Malo).  ' 

NORM.  :  chrai,  cri  aigu  et  fort.  S'cbraire,  s'éhrayer,  pousser 
des  cris  aigus  et  forts. 

Ebriver  (S'),  v.  pron.,  se  précipiter,  s'élancer. 
—  «  Son  chien  s'est  chrîvé  sur  moi.  »  Voy.  Ahriver. 

Ebrosser,  v.  a.,  ou  hrancheter,  affranchir  une 
branche  d'arbre  de  ses  feuilles. 

BESCH.  :    ébroHsser,     effeuiller    un    arbre.    —    norm.  : 
ébrousser,  m.  sg. 

Ecabouir,  v.  a.,  écraser,  aplatir.  — Un  couvreur 
est  tombé  du  toit  ;  on  l'a  relevé  tout  ècahoui.  —  Ra- 
belais a  dit  escarhouilh'r,  (bouleverser).  On  trouve 
aussi  dans  Pantagruel,  cette  phrase  :  «  De  mode 
elle  lui  cobbit  toute  la  tête  (c.-à-d.  lui  écrasa). 
Le  bibliophile  Lacroix  traduit  ce  verbe  cobbir  par 
briser,  nos  verbes  ecabouir,  égacher,  sont  plus  expres- 
sifs, plus  énergiques,  et  rendent  mieux  l'idée  d'une 
tête  aplatie,  en  marmelade. 

NORM,  :  ccacher,  écraser. 

Ecale,  adj.  m.  et  f.  Se  dit  d'une  personne  chê- 


—  140  — 

tive,  maladive,  impropre  au  travail.  —  «  On  ne  peut 
rien  tirer  de  cet  écale.  » 

Echalle,  s.  f.,  brou  des  noix,  pour  écaîe. 

Echaller,  v.  a.,  pour  écakr,  ôter  le  brou  des 
noix.  Dans  Rab.  chalhr  :  «  qui  là  auprès  challoyent 
des  noix  ».  (Garg.  chap.  25). 

ACAD.  :    écale,   ècalcr.   —  sarthe  :   echalle,   echaller.  — 
CENTRE  :  échale,  écaler,  échaler. 

Echassé,  ée,  adj.,  terme  de  couturière.  —  Une 
boutonnière  est  échassée  quand  elle  est  déchirée  ;  un 
vêtement  déchiré  près  de  la  couture  est  èchassé. 

Echaubouiller  (S'),  v.  pron.,  se  mettre  en  nage, 
en  sueur  par  une  course  ou  un  ouvrage  pénible.  — 
a  Tu  vas  courir  en  plein  soleil,  mon  enfant,  comme 
te  voilà  èchaiihouiUè.  »  —  Ce  mot  semble  avoir  la 
même  origine  que  e'chaubouhire,  petite  rougeur  de  la 
peau  pendant  les  chaleurs.  —  On  trouve  dans  Rab. 
eschaiibouillure  (ampoule)  ;  couillon  eschaubouilU  (Pant. 
ch.  28). 

NORM.  :  S' echaubouiller,  s'exténuer  de  chaleur  et  de  fati- 
gue. Etym.  bouillir  de  chaleur. 

Echauderie,  s.  f.,  ce  mot  a  pris  naissance  dans 
une  cuisine.  —  «  Fanchon  vous  allez  faire  telle 
chose.  —  Oui,  madame,  quand  j'aurai  fini  mon 
echauderie.  »  Elle  veut  dire  :  de  laver  ma  vaisselle. 

ACAD.  ;  échauder,  laver  à  l'eau  très  chaude. 


—   141  — 

Echiver,  v.  a.,  kSiner  sur  l'ctofte  dans  la  confec- 
tion d'un  habit,  d'une  robe,  d'un  vêtement  quelcon- 
que. —  Echivé   est  sj'nonyme  de  étriqué. 

Eclosé,  s.  m.  C'est  le  dernier  éclos  d'une  couvée. 
Il  suit  péniblement  ses  aînés  dans  les  pàtis  ou 
dans  les  mares.  Dans  le  Maine  on  l'appelle  êlocu. 
dans  la  Mayenne,  le  hoisé  ou  le  hoiseau.  —  Par  exten- 
sion, on  appelle  aussi  èdosé  le  dernier  né  des  enfants. 
—  Vo}'.  Chs-cid. 

NORM.  :  cclocu,  culot,  dernier  oiseau  d'une  couvée. 

Ecoquailler  (S'),  v.  pron.,  chanter  à  tue-tête, 
à  gorge  déployée  comme  fait  le  coq.  —  «  Jeanne  était 
gaie  comme  pinson  ;  à  peine  avait-elle  les  yeux  ou- 
verts qu'on  l'entendait  s' ecoquailler  en  se  mettant  à  la 
besogne.  » 

Ecoquer,  v.  a.,  pour  écosser,  extraire  de  leur 
cosse  les  fèves  ou  les  pois.  —  Ecoquer,  c'est  aussi 
fêler  ou  briser  les  bords  d'un  verre,  d'une  tasse, 
enlever  une  esquille  d'un  meuble  plaqué.  —  «  Cette 
bonne  est  si  peu  soigneuse,  que  nous  n'aurons  plus 
bientôt  que  des  assiettes  écoquées.  » 

Ecot.  Paille  d'e'cot,  grosse  paille  qui  reste  sur  le 
sol  après  l'épi  coupé  et  qui  sert  de  litière.  En  Norm. 
Eteau . 

Ecrase,  s.  f. ,  grande  quantité,  abondance.  — 
«  Avez-vous    des  pommes    cette    année  ?    —   Il  y 


—    142    — 

en  a  une  écrase,  ou  :  «  Nous  en  avons,  mais  moins 
que  l'année  dernière,  ce  n'est  pas  une  écrase.  »  — 
Ce  mot  équivaut  à  celte  locution  populaire,  emplo- 
yée aujourd'hui,  à  tout  casser,  à  bois  rompre  »  ;  cela 
veut  dire  que  les  arbres  ploient  sous  le  poids  de  leurs 
fruits. 

NORM.    :   écrase,    abondance  excessive.   A   crase,   à   tout 
rompre. 

Ecrucheter,  v.  a.,  écrêter,  couper  la  tête  des 
arbres,  et  particulièrement  des  chênes,  des  ormeaux, 
pour  les  empêcher  de  s'étendre  en  hauteur,  et  en 
faire  ainsi  des  arbres  d'émonde,  ou,  comme  le  disait 
un  mien  ami,  des  pères  à  fngots.  On  dit  de  ces  arbres 
qu'ils  sont  déshonorés.  —  Le   mot  français  est  ététer. 

—  «  I  a  d's'épéceillards  dans  la  hâe,  faut-y  l's'écrti- 
cheter  ou  b'en  les  dérincer  ?  (Traduction  :  «  Il  y  a  des 
épicéas  dans  la  haie,  faut-il  leur  couper  la  tête,  ou 
les  déraciner  ?»   —  Voy.  Cruche. 

Ecumette,  s.  f.,  pour  écumoire,  instrument  de 
cuisine. 

Efifalasé,  ée,  adj.,  essoufflé.  —  «  J'ai  couru  de 
toutes  mes  forces,  et  vous  me  voyez  tout  effalasé.  » 

—  Voy.  AffaJasê. 

EfiPeuiller  les  choux,  dicton  populaire.  On 
dit  d'un  garçon  qui  a  épousé  une  fille  cadette  alors 
qu'il  aurait  pu  épouser  l'aînée,  qu'il  a  effeuillé  les 
choux.  D'où  vient  ce  dicton  ?  Il  est  vrai  que  l'espèce 


—  145  - 

de  choux  destinée  à  hi  nourriture  des  bestiaux  s'effeuille 
en  commençant  par  le  bas  de  la  plante  ;  mais  d'un 
autre  côté,  ces  feuilles  sont  les  premières  venues,  par- 
tant les  aînées.  Les  savants,  sur  cette  grave  question, 
peurent  se  donner  carrière. 

Egaçe,  s.  f.,  laps  de  temps  de  courte  durée.  — 
«  Je  l'ai  attendu  une  ègace.  »  —  «  Après  avoir 
attendu  une  ègace,  j'ai  dû  décamper  ». 

Egâcher,  v.  a.,  écraser,  réduire  en  marmelade, 
«  Le  fruit  pressé  dans  les  corbeilles  est  arrivé  tout 
ègâchè  à  sa  destination.  » 

Eg'ailler,  v.  a.,  étendre,  disperser,  diviser,  répar- 
tir. —  Egailler  du  linge  dans  le  séchoir  ;  des  fruits 
dans  le  fruitier  ou  sur  le  plancher  ;  des  sommes 
d'argent  entre  des  co-partageants.  etc.  —  «  Egaillons, 
les  gars,  voici  les  bleus  »,  disaient  les  chouans (1794). 
—  Racine  :  egail,  expression  du  droit  féodal,  pour 
désigner  l'opération  par  laquelle  les  vassaux  répartis- 
saient  entre  eux  le  paiement  de  la  rente  qui  était 
toujours  due  solidairement  par  eux  au  seigneur.  Delà 
égailler,  évailhr  pour  étendre. 

Egailleur,  s.  m.  ;  c'est  la  personne  qui  a  pour 
mission  d'égailler.  —  Nos  paysans  appellent  égailloux 
les  répartiteurs, les  citoyens  désignés  par  l'autorité  pour 
coopérer  à  la  fixation  et  à  la  répartition  des  impôts 
dans  la  commune. 


—  144  — 

N'ORM.  :   égailler,    éparpiller,    développer.    —    sarthe  : 
égailler. 

Egaloches,  s.  f.  pL,  échasses  composées  de  deux 
bâtons,  au  bas  desquels  sont  fixés,  à  30  ou  40  centi- 
mètres du  bout,  des  espèces  d'étriers  en  cuir  ou  en 
bois.  Les  enfants  du  peuple  s'amusent  ainsi  à  imiter, 
mais  de  très  loin,  les  habitants  des  Landes. 

Egosiller,  v.  a.,  égorger,  couper  le  col.  —  A  la 
campagne  on  n'est  jamais  embarrassé  pour  recevoir 
un  ami  :  on  égosille  un  poulet  ou  un  canard,  s'il  le 
faut.  —  «  A  force  de  crier,  il  s'est  égosillé,  »  c'est- 
à-dire  :  il  s'est  fatigué,  irrité,  déchiré  le  gosier.  — 
«  L'évêque  de  Beauvais  à  la  bataille  de  Bouvines, 
amena  de  sa  main  plusieurs  des  ennemis  à  raison  et 
les  donnait  au  premier  gentilhomme  qu'il  trouvait  à 
égosiller  ou  prendre  prisonnier.   »  (Mont.) 

BEscH.  :  égosiller,  égorger,  tuer.  Peu  usité  dans  ce  seus. 
—  .A.CAD.  et  BESCH.  :  s'égosiller  en  criant. 

Egoussant,  ante,  adj.  — Pas  cgoiissant,  iï un  cii- 
ractère  difficile,  point  commode.  —  «  La  bourgeoise 
est  b'en  avenante,  mais  l'bourgeois  n'^st^^s égoiissant.  » 
• —  Ne  s'emploie  qu'avec  la  négative.  —  Rab.  esgous- 
st'r  (tirer  de  la  gousse). 

Egrainiaux,  s.  m.  pi.,  fruits  qui  tombent  d'eux- 
mêmes  et  naturellement  de  l'arbre  après  maturité.  Se 
dit  surtout  des  châtaignes,  des  noix,  mais  particuliè- 
rement des  châtaignes,  qui,   comme  égraitiiaux,   sont 


-  145  — 

d'autant  plus  recherchées  qu'elles  son.  mûres  les  pre- 
mières. 

Egrémiller,  v.  a.,  réduire  en  miettes,  égrener. 
—  Voy.  GréwiUes. 

CENTRE  :  egrémiller,  m.  sg.    —  norm.  :  grciiiir,  écraser. 

Egrugeoir,  s.  m.,  confesseur,  débrouilleur  des 
cas  de  conscience  ;  instrument  à  dent  de  fer  pour 
extraire  la  graine  du  lin  avant  le  rouissage,  d'où 
vient  la  signification  sus  énoncée. 

Elige,  s.  f.,  produit  delà  vente  du  petit  marchand 
au  détail.  Sa  recette  est  son  e'iige  ou  ses  éliges.  Le  plu- 
riel est  plus  usité  que  le  singulier.  —  Nos  paysans 
emploient  aussi  le  mot  éliges  dans  le  sens  d'écono- 
mies :  «  L'année  a  été  b'en  dure  ;  j'n'avons  pas  pu 
faire  d'éliges.   » 

Eliger,  v.  a.,  amasser,  récolter.  Le  petit  mar- 
chand, le  regrattier  élige  peu  ou  point  selon  que  la 
vente  est  bonne  ou  mauvaise.  —  «  Je  n'ai  encore 
rien  éligé  aujourd'hui.  »  —  Eliger  de  la  besogne,  tailler 
de  la  besogne.  —  Eliger,  faire  des  économies. 

Elocher,  v.  a.,  purger  la  terre  des  loches,  limas 
ou  limaces.  C'est  de  grand  matin  ou  le  soir  à  la 
tombée  de  la  nuit,  qu'il  faut  éîochcr  son  jardin. 

s.\RTHE  :  élocher,  m.  sg. 

Elosser  ou  Elocer,  v.  a.,  détacher,  en  l'arra- 
chant, une  branche  d'un  arbre  ou  d'une  plante.  — 

10 


—  146  — 

oCe  chêne  a  été  classé  par  la  foudre.»  —  Pour  boutu- 
rer avec  succès  certaines  plantes,  il  faut  les  élosser  et 
non  les  couper.  —  Semble  venir  de  èlocher,  ébranler, 
vieux  mot. 

BESCH.  :  clocher,  secouer  un  arbre,  une  plante,  comme 
si  on  voulait  l'arracher.  —  norm.  :  élosser,  ébranler, 
secouer,  clocher.  —  Lâcher,  secouer  un  arbre  pour  faire 
tomber  les  fruits. 

Emballes  (Faire  ses),  c'est  faire  des  embarras, 
des  fanfaronnades.  —  «  Mais  voyez  donc  ce  person- 
nage, comme  il  fait  des  emballes  !  »  —  On  dit  d'un 
hâbleur  que  c'est  un  faiseur  d'emballés. 

Embarrassée,  adj.  f.,  se  dit,  sur  les  confins 
nord-ouest  du  départeinent  d'Ille-et- Vilaine,  en  par- 
lant d'une  femme  enceinte.  Il  va  sans  dire  que  cet 
adjectif  pris  dans  ce    sens  n'est  pas  des  deux  genres. 

Embas,  s.  m.,  rez-de-chaussée.  — «  Sa  chaumière 
se  composait  d'un  eiiibas  et  d'un  grenier,  »  —  «  J'ha- 
bitais l'eiiibas,  et  mon  oncle  le  premier  étage.  »  — 
Embas  se  dit  surtout  des  habitations  des  faubourgs  ou 
des  maisons  de  village. 

BESCH.  :  emhciSj  mot  inus.  que  plusieurs  auteurs  du  17° 
siècle  employaient  pour  en  bas.  Perrault  :  descendre  en 
emhiis. 

Embesogner,  v.  a.,  occuper,  donner  de  la  beso- 
gne, du  travail.  —  a  II  trouvait  le  moyen  à' enibesogner 
les  ouvriers  pendant  la  mauvaise  saison.  »  — Montai- 
gne a  dit  :  «  Les  choses  présentes  m' emhesogneut  assez.  » 


—  147  — 

—  Dans  Rabelais  :  eynhesoigncr .  —  Toujours  très  usité 
chez  nous. 

BESCH.  :  emhcsogiier,  ni.  sg.  —  acad.  :  embesogiic,  occupé. 
Fam.  ;  le  verbe  inusité.  —  Vieux  Fr.  :  emhesoingney, 
mettre  en  besogne,  faire  travailler,  (duc). 

Embonnir  (S'),  v.  pron.,  s'amender,  se  boni- 
fier, devenir  meilleur.  —  Le  cidre  en  vidange  aigrit, 
loin  de  s'emhonnir. 

Embouillonner  (S'),  v.  pron.,  se  crotter,  se 
mettre  dans  la  boue.  —  «  Je  me  suis  eiiiboidUoiiné 
dans  la  rote  (dans  le  sentier).  »  —  Emboiiillarder, 
enduire,  barbouiller  de  boue,  (peu  usité). 

Embouson,  s.  m.,  faiseur  d'embarras.  —  «  Quel 
enihûusoii  vous  faites  !  » 

Emeiller,  v.  a.,  et  s'émeiller,  v.  pron., 
étonner  ;  s'étonner.  —  «  Un  rien  l'émeillc  »,  l'embar- 
rasse. —  «  J'en  suis  tout  éineillc,  »  émerveillé.  — 
Anciennement  s'csmaycr. 

Mais,  je  vous  prie,  mon  sauf-conduict  ayons 
Et  de  cela  plus  ne  nous  csmayons. 

Cl.  Marot. 
Ne  sait  que  faire moult  s'esmaie 


A  donc  Issengrins  (le  loup)  fort  s'esmaie. 
Le  Roman  de  Renart. 

NORM.  :  émeillé,  adj.,  (orne),  qui  est  en  émoi,  inquiet. 
CENTRE  :  s'émeier,  s'éméjer  être  en  peine,  avoir  de  l'in- 
quiétude. 


—  148  — 

Emrcessé,  ée,  adj.,  qui  a  entendu  la  messe.  Se 
dit  surtout  d'une  femme  qui  a  fait  ses  relevailles  ; 
«  elle  revient  cimnessée.  » 

BESCH.  :  eiiimessc,  qui   a  entendu  la  messe. 

Emmi,  prcp.,  parmi,  mêlé  à...  —  «  Il  y  a  cette 
année  beaucoup  d'ivraie  et  de  mauvaises  plantes 
eiiimi  le  froment.  »  —  (Vieux).  —  o  Jeter  ses  richesses 
emmy  la  rivière.  »  (Mont.  liv.  i,  ch.  38). 

BESCH.  :  cmmi,  et  en  mi,  dans  les  anciens  auteurs  [in 
medio).  S'est  dit  pour  au  milieu.  N'est  plus  usité  que 
parmi  le  peuple  dans  cette  locution  emmi  la  place.  — 
NORM.  :  emmi,  m.  sg.  —  Vieux  Fr.  :  .i  moitié,  à  demi, 
parmi,  entre,  (duc).  —  centre  :  emmi,  pron.  an-mi, 
m.  sg. 

Emmulonner,  v.  a.,  mettre  en  mulon  la  paille, 
le  foin,  etc.  —  Voy.  Miilon,  amulonner. 

Emorcher,  v.  a.,  battre,  hacher,  couper  malpro- 
prement. —  «  Son  gars,  en  revenant  delà  foire,  a  été 
attaqué  par  des  bandits  qui  l'ont  émorché.  »  —  «  Ceci 
n'est  pas  coupé  net,  c'est  èmorchè.  »  —  Semble 
venir  de  amorce. 

NORM.  :  cmochcr,  broyer,  écraser. 

Emouvillant,  ante,  adj.,  remuant,  vif,  pétulant. 
—  «  V'ki  une  garçaille  ben  portante,  car  elle  est  b'en 
éniouviUaute  ». 

Empaffer  (S')  v.  pron.,  s'endormir.  —  o  En 
vous  attendant,   je  me  suis   empaffé.  »  —  «   Il   est 


—  149  — 

empafé,  ne  le  réveillons  pas.  »  —  «  Après  son  repas, 
il  s'cmpaffc.  » 

Empan,  s.  m  ,  espace  compris  entre  l'extrémité  du 
pouce  et  celle  du  médium  dans  leur  plus  graiid  écart. 
Cete  ancienne  mesure  française  encore  en  usage  dans 
le  peuple,  était  de  9  pouces  2  lignes  ;  elle  est  au- 
jourd'hui de  6  pouces  (ou  de  16  h.  20  centimètres 
approximativement.) 

TRÉv.  :  empan,  distance  ou  mesure  de  longueur,  qui  se 
fait  par  l'extension  de  la  main,  depuis  le  pouce  étendu 
d'un  côté  jusqu'à  l'extrémité  du  petit  doigt  opposé.  Un 
empan  fait  trois  quarts  de  pied.  Deux  empans  font  un 
pied  et  demi.  —  besch.  :  empan,  l'espace  compris  entre 
l'extrémité  du  pouce  et  celle  du  petit  doigt  dans  leur 
plus  grand  écart.  —  acad.  :  empan.,  m.  sg.  —  centre  : 
empane,  s.  f. ,  m.  sg. 

Empas,  s.  m.,  pour  empois,  colle  d'amidon.  Nos 
paysans  disent  d'une  étoffe  qui  n'a  pas  encore  été 
portée,  qui  est  dans  son  neuf  et  n'a  pas  perdu  son 
lustre,  qu'elle  est  dans  Veiupas  du  marchand. 

Empietter,  v.  a.,  c'est  embrasser  la  personne  à 
qui  on  vient  d'offrir  une  fleur  ou  un  bouquet.  — 
«  Permettez-moi,  mademoiselle,  de  l'eiiipiettcr.  »  — 
S'emploie  à  la  ville  et  aux  champs. 

Empommer  (S'),  v.  pron.  —  Se  dit  des  vaches 
qui  s'étouffent  en  avalant  une  pomme  entière  qui 
leur  reste  dans  le  gosier. 

NORM.  :  S'emponnner,  m.  sg. 


—  150  — 

Encaler,  v.  a.,  enjamber,  passer  la  jambe  par- 
dessus un  obstacle.  —  On  encale  une  barrière,  un 
échalier. 

Encôner,  v.  a.,  donner  des  coups  de  corne,  — 
«  Nout'  vache,  en  coquinant  d'ia  tête,  a  encôné  nout' 
berbis  (brebis).   » 

Enconteur,  adv.,  auprès,  à  la  rencontre.  Semble 
venir  de  l'expression  anglaise  encoitnter  telle  qu'elle 
se  prononce  en  anglais  où  la  terminaison  er  se  pro- 
nonce eiir.  On  trouvera  à  la  suite  du  mot  ergancer 
un  exemple  d'application  de  l'adv.  encontreur. 

ACAD.  :  A  rencontre,  contre.  —  centre  :  A  l'encontre, 
à  la  rencontre. 

Encrouiller,  v.  a.,  enfermer,  percher,  accro- 
cher, suspendre  volontairement  ou  accidentellement, 
mais  le  plus  souvent  dans  ce  dernier  cas.  —  «  Mon 
volant  est  encrouilîê  dans  le  lilas.  »  —  a  J'ai  encrouilU 
l'enfant  dans  la  maison  pour  l'empêcher  de  sortir.  » 
—  Vient  de  crouiUe,  verrou. 

Enfertassé,  ée,  adj.,  affairé,  embarrassé,  qui  va, 
vient  et  se  donne  beaucoup  de  mouvement,  souvent 
pour  peu  de  besogne.  —  a  Voyez  cette  pauvre  fille, 
comme  elle  est  enfertassée  !  »  On  trouve  dans  Mon- 
taigne infrasquer,  de  l'italien  infrascare.  (Liv.  2. 
chap.  12). 

Enfilée,  s.  f.,  longue  distance.  —  a  Dites-moi, 
brave  homme,  suis-je  encore  loin   du  village    de...  ? 


-   151  — 

—  Dam  !  vous  avez  encore  une  bonne  enfilée, 
comme  qui  dirait  une  bonne  lieue  (pron.  Uyeue)  ». 
Voy.  afilce. 

Enfiler,  v.  a.,  employé  pour  jeter,  lancer.  — 
«  Un  méchant  enfant  m'a  cnfiU  une  pierre  à  la  tête.  » 

—  «  Enple,  enfile  »  (jette  jette).  —  Employé  auss^ 
comme  verbe  pron.  S'enfiler,  se  jeter  sur.  «  Comme 
il  passait,  le  chien  de  la  ferme  s'est  enfiU  sur  lui  ». 
V.  Affiler. 

Enfroiduré,  ée,  pron.  enferduré),  adj.,  qui 
éprouve  le  frisson,  qui  grelotte,  qui  est  tout  transi. 
Il  est  aussi  synonyme  d'enfiévré.  —  «  Je  ne  me  sens 
pas  b'en,  je  sais  tout  enferduré.  » 

NORM.  :  enfroiduré,  refroidi,  frileux,  qui  grelotte. 

Engueuser,  v.  a.,  tromper.  —  Engueusoux, 

adj.  m.,  trompeur.  —  «  Ne  v's  y  fiez  pas,  c'est  un 
engueusoux  de  monde  (qui  trompe  les  gens).  » 

BHSCH.  :  engueuser,  tromper,  séduire.  —  noRiM.  ;  engi- 
gnier,  tromper.  Engueuser,  duper. 

Enheuder,  v.  a.,  mettre  des  entraves  aux  pieds 
des  animaux,  pour  gêner  leur  marche  et  les  empêcher 
de  passer  sur  la  propriété  du  voisin.  Voy.  heudes. 

BESCH.  :  enheuder,  entraver  les  animaux.  —  norm.  : 
enheudé,  fixé  par  des  heudes,  liens  pour  empêtrer  (Valo- 
gnes.J  S'enheuder,  s'embarrasser,  s'empêtrer. 

Entendre  haut,  locution  très-populaire  qui  est 
synonyme  de  être  sourd.  On  dit  poliment,  en  parlant 


—    152    — 

d'une  personne   affligée    de   cette   infirmité,   qu'elle 
entend  haut. 

NORM,  :  entendre  haut,  m.  sg.  —  besch.  :  entendre  dur, 
clair. 

Enton,  s.  m.,  (de  cute),  jeune  pommier  greffé.  — 
.«  Son  champ  était  planté  de  jeunes  entons  de  la  plus 
belle  venue  » . 

Entreprendre,  v.  a.,  est  souvent  employé  dans 
le  sens  de  :  poursuivre  ou  être  poursuivi  en  justice. 
—  «  Il  a  été  pris  chassant  sans  permis,  on  dit  qu'il  va 
être  entrepris  ». 

Envasir,  v.  n.,  engraisser,  prendre  du  corps. 
Peu  usité. 

Epais,  adj.  ou  adv.  exprime  une  très  grande 
quantité,  ou,  avec  la  négative,  une  très-petite.  — 
«  On  n'a  jamais  vu  aussi  épais  de  fruits  que  cette 
année.  »  —  «  Les  bons  maris  ne  sont  pas  épais.  »  — 
Epais,  adj.,  signifie  lourd,  pesant,  au  physique  ou 
au  moral.  «  Epais  de  corps,  léger  d'esprit.  » 

Epancer,  v.  n.,  choisir  le  bon  sentier,  le  bon 
chemin  pour  éviter  la  boue  :  —  «  Ah  !  mon  enfant, 
comme  te  voilà  fait  !  tu  n'as  donc  pas  épancè  !  » 

Epaule  rennaise.  Voici  une  locution  bien 
locale,  que  nous  devons  sans  doute  à  une  spirituelle 
étrangère.  Elle  exprime  le  dédain,  le  mépris.  La 
femme,  qui  dans  le  monde,  vous  fait  Vépaule  rennaise, 


—  153  — 

ne  vous  tourne  pas  précisément  le  dos,  mais  autant 
vaut.  C'est  à  peine  si  vous  la  voyez  de  profil,  elle  se 
tient  de  façon  à  ne  pas  vous  voir  et  à  ne  pas  être  vue 
en  face.  —  «  Madame  X...  avait  pour  voisine  Ma- 
dame Z...  au  bal  du  préfet,  on  a  remarqué  qu'elles 
se  sont  fait  tout  le  temps  l'épaule  rennaise.  » 

Epénîller,  v.  a.,  faire  de  la.  pénilk.  (V.  ce  mot), 
faire  de  la  peluche,  carder  de  la  laine. 

Epénillé,  ée,  part,  passé  de  épéniUer,  mais  plus 
usité  que  le  verbe.  Une  robe,  un  vêtement  sont  épé- 
nillés,  quand  ils  sont  en  loques,  frangés.  —  S'ap- 
plique à  la  personne  elle-même  :  «  La  pauvre  fille 
est  tout  èpcnilUc,  »  c'est-à-dire,  en  guenilles. 

Epiauter,  v.  a.,  terme  dont  se  servent  égale- 
ment les  bouchers  et  les  cuisinières  ;  dépouiller  un 
animal  de  sa  peau,    écorcher.    V.  Dépioter,  dépiauter. 

NORM.  :  epiauter,  cpiaiitrer,  m.  sg. 

Epigocher,  v.  a.,  arracher,  gratter  avec  les 
ongles  les  petites  croûtes  d'un  bouton,  au  fur  et  à 
mesure  qu'elles  reviennent.  — S'èpigoclier.  —  a  Com- 
ment voulez-vous  que  ce  bobo  guérisse  ?  l'enfant 
s'épigochexovi']0\.\xs  ». 

Epille,  s.  f.,  épingle.  —  a  Ces  nous,  le  maître 
se  banne  par  dessus  la  tête  et  se  boutonne  o  d^s'èpiîîes,  » 
c.-à-d.,  la  femme  est  maîtresse  au  logis. 

Epléter,  v.  a.,   (Jpièter  dans  quelques  localités), 


—  1)4  — 

c'est  aller  vite  en  besogne.  —  «  Jeanne  est  une 
fameuse  travaillante  ;  et  comme  elle  épUte...  comme 
elle  en  abat  !  (de  l'ouvrage).  » 

NORM.  :  épléter,  v.  n.,  expédier  vite  un  travail.  —  cen- 
tre :  épléter,  abonder,  avancer,  être  avantageux.  C'est 
éplétant,  se  dit  d'un  ouvrage  que  l'on  fait  vite  ou  d'une 
chose  qui  foisonne.  —  Vieux  Fr.  :  esphiter,  marcher,  se 
hâter,  travailler,  réussir.  Explettum,  corvée  (duc). 

Epocanté,  ée,  adj.,  infirme,  impotent.  —  «  Com- 
ment employer  ce  pauvre  diable  ?  Il  est  tout  épocanté.  » 
—  C'est  une  variante  d'hypothéqué  :  «  il  est  mal  hy- 
pothéqué. » 

Epuceter,  v.  a.,  pour  èpucer  ;  chercher,  tuer  ses 
puces  ou  celles  des  autres.  —  «  La  bonne  femme  èpii- 
cetait  à  longues  journées  son  chat  et  son  chien.  » 

\ORM.  :  cpucher,  m.  sg.  —  centre  :  Epuceter,  m.  sg. 

Equerbiton,  s.  des  2  genres,  enfant  chétif,  ma- 
lingre. —  Il  y  a  des  femmes  qui,  pour  apitoyer  les 
passants,  se  tiennent  aux  portes  des  églises  avec  leurs 
équerhitons. 

Equesser,  v.  a.,  déchirer,  écorcher,  mettre  en 
lambeaux.  —  «  Le  petit  vaurien  rentrait  toujours  avec 
une  veste  équessée.  »  —  «  Equesser  la  grenouille  »,  jeu 
populaire.  Deux  jouteurs  se  faisant  face  tiennent  par 
le  milieu  un  solide  bâton.  Les  autres  jouteurs,  divisés 
en  deux  bandes,  tirent  chacun  de  son  côté  celui  qui 
tient  le  bâton.  Le  parti  qui  cède  du  terrain  est  le 
parti  vaincu.  —  Dans  la  nomenclature  des  jeux  aux- 


—  155  — 

quels  se  livrait  Gargantua  enfant,  on  trouve  :  «  escor- 
cher  le  regnard  »,  ce  qui  doit  êire  le  même  jeu  que 
celui   que  je  viens  d'expliquer.    —  Voy.    Déqiiesser. 

Ercrand,  adj.,  fatigué.  —  Voy.  Grand . 

Ergancer,  v.  n.,  se  livrer  à  un  travail  forcé.  — 
Viendrait-il  du  latin  ergastiihiiii,  prison  ou  maison  de 
travail  forcé  où  les  esclaves  étaient  renfermés  pour  y 
subir  une  peine,  ou  encore  du  grec  ergon,  ouvrage  ? 

—  Un  ouvrier  des  environs  de  Dol  avait  reçu  l'ordre 
de  rejoindre  ses  camarades  pour  leur  donner  un  coup 
de  main  dans  un  travail  auquel  ils  étaient  employés 
auprès  d'un  certain  hangar.  Contrarié  de  se  voir 
ainsi  forcé  de  faire  une  besogne  qui  n'était  pas  de  son 
goût,  il  disait  :  «  Faut  aller  falloir  que  j'augions 
ergancer  o  l'sautres  à  l'enconteur  du  hangar.  » 
(Voy,  Eiiconteur). 

Erhumer  (S'),  v.  pron.  ;  ce  n'est  pas  tousser, 
mais  (comment  dirai-je  ?)  toussoter  pour  se  débarras- 
ser des  mucosités  qui  tapissent  les  parois  de  la  gorge. 

—  On  s'erhume  quelquefois  pour  avertir  de  sa  pré- 
sence une  personne  qu'on  ne  veut  pas  surprendre,  ou 
pour  l'engager  à  se  tenir  sur  ses  gardes  en  mettant 
fin  à  des  propos  compromettants.  —  «  Je  m'crhtmai; 
il  me  comprit  et  se  tut.  » 

Erocher,  v.  a.,  c'est  extraire  du  blé,  de  l'avoine, 
etc.,  le  gravier  ou  le  sable.  Cette  opération  se  fait 
avec  la  main  ou  avec  le  van.  —  Si  vous  voulez  man- 


-  156- 

ger  de  bonne  galette,  faites  en  sorte  que  le   blé  noir 
soit  bien  frotté  et  surtout  bien  éroché.  (Voy.  Frotter). 

Erusser,  v.  a.,  arracher  les  feuilles  d'une  branche 
en  faisant  glisser  la  main  le  long  de  cette  branche. 
Semble  venir  du  vieux  mot  erracher,  arracher.  — 
Erusser  signifie  aussi  gratter.  «  Ces  draps  ne  vous  érus- 
seront  pas  la  peau,  la  toile  en  est  fine  ;  »  ou  glisser  : 
«  Cette  anguille  vous  crusse  de  la  main.  »  —  Il  est 
employé  aussi  comme  verbe  neutre  :  erusser  ou  glisser 
sur  la  terre  grasse,  faire  une  glissade  involontaire. 

SARTHE,  CENTRE,  êrusscr,  m.  sg.  —  NORM.  :  erusser 
effeuiller  une  branche  à  pleine  main. 

Espérer,  v.  a.  et  n.,  souvent  employé  pour 
attendre.  —  Vous  demandez  à  une  femme  de  cham- 
bre si  Madame  est  visible,  elle  vous  répondra  :  «  Je 
vais  m'en  assurer  :  Si  Monsieur  veut  bien  espérer  ». 

NORM.  :  espérer,  m.  sg.  —  besch.  :  espérer,  empIo3'é 
quelquefois  dans  le  sens  d'attendre  (M°"  de  Sévigné).  — 
CENTRE  :  espérer,  attendre. 

Esquintant,  ante,  adj.,  du  verbe  esquinter. 

Esquinter,  v.  a.,  écliiner,  fatiguer,  briser.  —  «  Il 
s'esquinte  tous  les  jours  à  la  chasse,  et  il  esquinte  aussi 
ses  chiens  et  ses  chevaux.»  —  Se  dit  aussi  par  exten- 
sion d'un  objet  quelconque  :  «  Mon  chapeau,  ma  voi- 
ture sont  esquintés  »  (râpés,  fatigués,  usés). 

NORM.  :  esquaiiiter,  tuer,  mettre  en  pièces.  S'csijuahilcr, 
se  fatiguer,  s'exténuer.  —  centre  :  esqtiinler,  battre  à 
outrance,  assommer,  éreinter. 


—  IS7  — 

Essarder,  v.'  a.,  terme  de  blanchisseuse.  Il  est 
français  dans  le  sens  de  nettoyer  un  lieu  humide. 
Nous  lui  donnons  plus  d'extension.  Chez  nous  il 
signifie  éponger,  tordre  le  linge,  de  façon  à  en 
extraire  la  première  eau.  La  repasseuse  essarde  le 
linge,  de  façon  à  ne  lui  laisser  qu'un  peu  d'humidité 
avant  de  Is  passer  au  fer  chaud.  —  «  Février  remplit 
les  fossés,  Mars  les  essarde  (Proverbe). 

SARTHE  :  essarder  le  linge.  —  besch.  :  essarder,  éponger 
le  pont  d'un  navire. 

Esséver,  v.  a.,  dessécher,  éponger,  épuiser.  — 
«  Cette  prairie  basse  est  un  ancien  étang  essévé.  »  — 
«  L'eau  du  puits  est  mauvaise  ;  il  a  sans  doute  besoin 
d'être  essévé  et  nettoyé.  »  —  Vient  du  vieux  mot  éve 
eau. 

Estance,  s.  f.,  point  de  tricot,  ou  le  tricot  lui- 
même. 

Estouma,  s.  m.  Estomac,  mais  nos  paysans 
appellent  aussi  estmmia,  par  pudeur  sans  doute,  les 
seins,  la  gorge  des  femmes.  —  «  Il  chercha  à  me 
mettre  la  main  dans  Vesloiima,  mais  j'ie  r'poussis.  » 
— «  V'ià  une  fille  qu'a  un  bel  a/OHWrt.   » 

Esvertein,  s.  m.,  épileptique  atteint  du  mal  de 
St-Avcrtin  ;  de  là  èvertUier.  (Voy.  ce  mot). 

Vieux    Fr.    :    esvertin,    vertige,    épilepsie.    Adversatiis 
(duc). 


-  158  - 

Etanchet,  s.  m.,  pièce  d'eau  de  peu  d'étendue, 
qui  est  plus  qu'un  vivier,  mais  qui  n'est  pas  un  étang. 
—  «  Les  femmes  allaient  laver  à  l'ètanchet  du  Bois- 
Hamon  »  (Dol). 

CENTRE  :  étanchat,  petit  étang.  —  Vieux  Fr.  :  estanche, 
vivier,  réservoir  à  poisson  :  «  estanches  ou  carpières  à 
garder  et  nourrir  poissons.   »  Estanchia  (duc). 

Etaupîner,  v.  n.  et  a.,  faire  la  chasse  aux  taupes, 
étendre  la  taupinière  sur  le  sol.  Ce  verbe  est  surtout 
employé  dans  les  baux  ruraux  :  o  Le  preneur  aura 
soin  d'écheniller,  d'élaiipiner.  etc.  »  —  «  Etaupiner 
une  prairie.   » 

BESCH.  :  élaupiner,  étendre  la  terre  soulevée  par  les  tau- 
pes. Etaiipinier,  taupinier.  Etaupinage.  —  norm.  :  etau- 
piner,   détruire  les  taupinières. 

Etoupas,  s.  m.,  brèche  ou  passage  pratiqué  dans 
un  talus,  dans  une  haie  :  —  a  V'ià  un  étoupas  ; 
passons-y.  d 

Etréper,  v.  a.,  pour  écobuer,  couper  les  bruyè- 
res, tondre  la  lande. 

BESCH.  :  étreper,  extirper,  arracher  (les  mauvaises  her- 
bes)'. Elrépage.  —  Vieux  Fr.  :  estréper,  déraciner,  dé- 
truire, ravager,  stirparc.  Estrepamentum,  estrépement, 
dégât,  ravage,  (duc).  —  trév.  :  estréper,  ce  mot,  qui  est 
hors  d'usage,  s'est  dit  autrefois  pour  extirper. 

Etulé,  ée,  adj.,  c'est  évidemment  l'adjectif  f7/o/t;, 
chétif,  mince,  qui  pousse  en  hauteur  sans  prendre  du 
corps.  —  «  Voyez  cette  grande  personne  dépourvue 


—  159  — 

de  hanches,  cette  perche,  comme  elle  est  étuUe.  »  — 
S'applique  aussi  aux  arbres,  aux  plantes  :  s'ils  sont 
étiilcs,  il  faut  les  rabattre,  c'est-à-dire,  couper  la 
tige. 

Eustache,  s.  m.,  petit  couteau.  —  «  Prète-moi 
ton  eustache.   d 

ACAD.,  BESCH.  :  eustiuhe,  sorte  de  couteau   grossier.  — 
NORM.  :  ustache. 

Evailler,  v.  a.,  étendre.  Evailler  le  linge,  c'est  le 
mettre  à  sécher  :  Evailler  le  blé  sur  l'aire,  le  fumier 
sur  les  terres.  V.  égailler. 

SARTHE  :  égailler  le  linge. 

Eve,  s.  f.,  vieux  mot  français,  si  usité  dans  nos 
campagnes  que  j'ai  dû  lui  donner  place  dans  ce 
recueil.  —  «  Jeanne,  allez  chercher  une  rangeottée 
d'à'e  (un  seau  d'eau).  »  —  «  Jeanne,  mettez  de  Vive 
à  chauffer.  »  —  «  Il  chet  de  V'eve  (Il  pleut).  »  —  Eve 
se  trouve  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie  et  dans 
celui  de  Larousse  ;  mais  Littré  l'a  oublié.  On  le 
rencontre  dans  un  poème  du  XII*^  siècle.  (Le  cou- 
ronnement de  Looys)  :  «  Passer  par  force  les  èves  de 
Gironde  ». 

DUC.  :  ève,  cuve,  eive,  eiua.  —  trèv.  :  he  ou  aive,  aqita, 
d'où  évier,  aivier. 

Evertein,  eine,  adj.,  vif,  vive,  {cvertoui). 

Evertiner  (S'),  v.  pron.,  se  donner  de  l'air,  se 
refroidir  par  des  allées  et  venues  dans  l'appartement, 


—  i6o  — 

ou  en  se  découvrant  dans  le  lit.  —  «  N'allez  pas  vous 
èveiiiner,  surtout  lorsque  vous  êtes  enrhumé.  » 

Eveux,  éveuse,  adj.  (de  ève).  Eveiix,  sans  fé- 
minin, se  trouve,  comme  îve,  dans  les  dictionnaires 
de  l'Académie  et  de  Larousse,  avec  cette  définition  : 
marécageux,  humide.  —  Chez  nous,  il  est  synonyme 
de  aqiimx.  —  «  Cette  pomme,  cette  poire,  ces  fruits 
sont  éveux,  »  sans  saveur. 

BESCH.  :  éveux.  Terrain  évciix,  rempli  de  terre  marneuse, 
qui  devient  boueux  quand  il  est  mouillé. 


Faguine,  s.  f.,  bourrée,  fascine  ou  petit  fagot  de 
genêt  ou  d'ajonc,  dont  les  paysans  se  servent  pour 
chauffer  le  four  (St-Briac). 

BESCH.  :  faguette,  petit  fagot,  dans  quelques  provinces. 

Failli,  ie,  adj.,  amaigri,  chétif.  —  «  Avez-vous 
remarqué  M...,  comme  il  est  failli.  »  —  «  Qu'avez- 
vous  donc  comme  çà  ?  »  demandait  un  jour  mon 
jardinier  à  mon  ami  C...,  «  v'êtes  b'en  failli  »,  et 
sur  sa  réponse  qu'il  souffrait  d'une  gastralgie,  c'est-à- 
dire  d'une  maladie  de  l'estomac,  «  Ah  !  je  sais  ce 


—  i6i  — 

que  c'est,  »  répliqua  le  brave  homme,  «  mon  biau- 
père  en  est  mort  l'année  dernière.  »  Voyant  qu'il 
avait  été  un  peu  naïf,  il  se  hâta  d'ajouter  :  «  mais 
il  avait  langui  b'en  longtemps,  par  exemple  !  »  — 
Cet  adjectif  se  trouve  dans  Rabelais.  On  le  rencontre 
aussi  dans  ces  vers  de  Villon  (XV^  siècle)  : 


Pauvre  de  sens  et  de  savoir, 
Triste,  failly,  plus  noir  que  meure. 

DUC.  :  failli,  homme  s.ius  cœur  ni  honneur  :  «  Jehan 
de  Bourgeauville  dist  au  suppliant  qu'il  batroit  bien  un 
si  _/h;7// et  si  foireux  chevalier  comme  il  estoit,  et  ledit 
exposant  respondi  qu'il  n'estoit  ne  failli  ne  foireux.  »  — 
Faillitns,  falsiis,  faillitiis,  infidelis,  prodilus,  etc. 

Faimvalle,  s.  f.,  faim  excessive,  appétit  qu'on 
ne  peut  satisfaire,  en  terme  de  médecine  boiiliiiiie.  — 
«  Quel  mangeur  !  il  a  la  faimvalle.  »  —  Ce  mot, 
très  usité  dans  le  peuple,  est  emprunté  à  la  maladie 
des  chevaux  qui  sont  aussi  atteints  de  la  faÎDivalle . 

Faiuatiou,  s.  f.,  guignon,  malchance.  —  «  A 
tout  coup,  r'en  n'me  réussit  ;  la  grêle  a  perdu  mes 
récoltes,  j'ai  ma  femme  au  let  (lit),  deux  autres  bêtes 
malades  ;  c'est  une  faiiiation.  » 

Fainé,  ée  (ou  mieux  Fêné,  ce),  adj.,  c'est  une  per- 
sonne qui  n'a  pas  de  chance,  à  qui  rien  ne  réussit.  — 
Se  dit  aussi  des  choses  :  «  Cette  maison  est  fainée, 
tous  les  marchands  s'y  ruinent.  » 

Fainer   ou   Fêner,   v.  a.,  porter  malchance  à 

11 


—    l62    — 

quelqu'un,  lui  jeter  un  mauvais  sort,  l'empêcher  par 
des  vœux,  ou  même  par  sa  présence  ou  son  inter- 
vention, de  réussir  dans  ses  entreprises.  Un  joueur 
superstitieux  vous  dira  ;  «  Je  gagnais  avant  que  vous 
lussiez  près  de  moi  ;  maintenant  je  perds,  vous  avez 
le  mauvais  œil,  vous  me  faine:(.  » 

DUC.  :  fesne,  lat.  Fasciniim,  charme,  ensorcellement.  — 
Enfaxcigner,  lat.  fasciuare,  ensorceler. 

Faiséance,  s.  f.  La  faiscance  des  blés  et  autres 
céréales  comprend  le  labourage,  le  transport  des 
engrais,  la  main  d'œuvre  ;  en  un  mot,  tout  ce  qui 
constitue  l'ensemencement  d'une  quantité  de  terre 
déterminée.  Les  notaires  emploient  ce  mot  dans  leurs 
inventaires.  Ainsi  on  dit  :  «  semence  tt  faiséance.   » 

Faiserie,  s.  f.,  syn.  de  Jaiséaiice.  Se  dit  surtout 
dans  rarrondissemcnt  de  Rennes.  —  «  Voilà  un  biau 
temps  pour  la  faiserie  des  blés  !  » 

BESCH.  :  /aisance,  corvées  et  redevance  d'un  fermier  en 
sus  du  prix  du  bail.  —  Vieux  Fr.  :  faisance,  fesance, 
l'action  et  le  moment  de  faire  qq.  chose,  (duc). 

Fait,  s.  m.,  bien,  avoir.  —  «  C'est  une  fille  qui 
avait  du  fait,  mais  son  homme  le  lui  a  mangé.  »  — 
«  Il  y  a  du  fait  dans  cette  maison.  »  —  Se  dit 
surtout  de  la  fortune  mobilière,  linge,  meubles, 
etc. 

CENTRE  :  fait,  m.  sg.  —  norm.  :  fait,  avoir,  affaires, 
effets.  — iJESCiï.  '■fait,  bien,  fortune,  capital.  Fam.  — 
Se  trouve  dans  Brantôme  et  dans  Molière. 


-  i65  - 

Faix-mort  (A-),  locution  populaire  appliquée  à 
une  personne  qui  fait  une  chute  grave.  «  Il  est  tombé, 
ou  elle  est  tombée  à  faix-mort,  »  comme  une  masse. 

Fale  ou  Falle,  s.  f.,  poitrine  de  la  femme.  V. 
affalasè,  ejjahtsé. 

BESCH.*:  fait',  jabot  des  oiseaux.  Fam.  «  La /ï/c  pleine 
d'un  wourmand.  »  Pop.  —  trèv.  :  ftile,  mot  normand 
pour  dire  jabot. —  norm.  :  fale,  jabot  des  oiseaux,  appli- 
qué à  l'homme  par  plaisanterie. 

Fameux,  euse,  adj.,  fort,  vigoureux.  —  «  Y'ià  un 
faineiix  gars,  »  —  Se  dit  aussi  d'une  personne  bien 
ou  mal  portante  :  «  Je  ne  suis  pas  funiciix  aujour- 
d'hui »  ;  dans  ce  sens  il  s'emploie  surtout  avec  la 
négative. 

BESCH.  :  Fameux,  excellent,  admirable.  Fam.  — nor.v.  : 
fameux,  grand  et  fort. 

Fanerie,  s.  f.,  pour  fenaison,  époque  Je  la  coupe 
des  foins.  Alors  les  œufs  sont  chers  au  marché  des 
Lices  ;  les  paysans  les  gardent  pour  les  faucheurs  et 
les  fiineurs,  tel  est  l'usage. 

Faraud,  aude,  adj.,  freluquet,  cossu,  pimpant, 
habillé  de  neuf.  —  «  Fichtre,  Thomas,  comme  te 
v'\^  faraud  contre  ton  habitude  !  vas-tu  fiancer  ?  n 

CENTRE  -.faraud,  m.  sg.  —  UESCii.  -.faraud,  m.  sg.  Fam. 
—  ACAD,  ;  faraud,  homme  du  commun  qui  porte  de 
beaux  habits  et   qui   est  fier.  Fam. 

Fauter,  v.  n.,   commettre   une  faute.  —  «  Tu 


—  164  — 

as  faute  mon    lionime,    ça    n'sc    passera  pas  comme 
ça.   » 

NOKM.,  CEN'TKU  -.faiiler,  m.  sg. 

Favas,  s.  m.  pi.,  pampres  desséchés  des  fèves  ou 
des  pois  à  rames.  On  les  utilise  pour  litière  dans 
les  étables. 

NORM.  :  favat,  tige  sèche  des  fèves.  —  centke  :  favnsse, 
favèe,  tubercule  de  la  gesse  tubéreuse. 

Femellier,  s.  m.,  paysan  de  mauvaises  mœurs, 
débauché,  coureur  de  femmes.  —  «  Le  fils  du  maire 
était  un  femellier  très  mal  famé  dans  la  commune  ». 

xouM.,  CENTRE  :  fiuiieUicr,  coureur  de  femmes. 

Fêner.  Voir  Faiiier. 

Ferluches,  s.  f. ,  terme  de  menuisier,  ruban  de 
bois  varlope.  —  «  Sa  famille  ne  se  chauffait  que  de 
fevluclh's  ;  c'était  feu  de  paille  ». 

BEScn.  :  fiiificluches,  origin.iiremcnt  flammèches  d'un 
feu  de  feuilles,  de  l'italien yiï;;yîi/«^rt.  —  norm.  :  ferlu- 
ches, rubans  de  bois  raboté  ;  objet  de  peu  de  valeur,  d'où 
le  mol  janferluches.  —  Vieux  Fr.  :  faiifeUiche,  fanfelue, 
objet  de  peu  de  valeur,  bagatelle.  Famfahica,  famjoluca, 
(duc). 

Fesiller,  v.  n.  Ce  verbe  manque  à  notre  langue. 
Il  exprime  d'une  façon  imitative  le  bruit  du  beurre 
ou  de  la  graisse  dans  la  poêle,  du  •"er  rouge  plongé 
dans  l'eau  ou  appliqué  sur  la  peau. 

Fétice,     adj.   Pain  fêtice,   pain  compact.    —   Ce 


-  i65  - 

terme  n'est  usité,  je  crois,  que  dans  la  fabrication  du 
pain.  Cependant  je  l'ai  entendu  appliquer  à  la  toile. 
—  «  Cette  toile  est  serrée,  bien  travaillée,  elle  est 
fctice.  »  —  a  Je  l'ai  fait  faire  tout  faiclis  »  (le  drap) 
M«  Pathelin). 

DUC.  :  Pain/i'/;;;,  pain  bis.  Paiiis  Icnmliis. 

Fieu,  s.  m.,  fils.  —  «  Aimes-tu  la  galette  o 
l's  œufs,  mon  Jîi'u  Francin  ?»  —  On  trouve  ce  mot 
dans  P.  L.  Courier. 

Filandière,  s.  f.,  femme  dont  la  profession  est 
de  filer  à  la  main  soit  du  lin,  soit  du  chanvre  ou  en- 
core de  la  penille.  La  filandière  est  en  même  temps 
préposée  à  la  garde  du  troupeau  au  pâturage. 

Filoi,  pron.  filouâ,  lieu  où  nos  paysans  passent 
leurs  veillées  à  la  lueur  d'une  chandelle  de  résine. 
C'est  le  plus  souvent  dans  l'établc.  Les  filles  y  filent 
leurs  quenouilles,  (d'où  filoini),  les  garçons  tressent 
leurs  chapeaux  de  paille,  ou  font  d'autres  petits  tra- 
vaux. —  Il  arrive  parfois  qu'un  coup  de  vent  éteint 
la  faible  lumière,  et  alors...  C'est  pourquoi  le  curé 
prêche  contre  ces  réunions. 

Filoiser,  v.  n.,  aller  passer  sa  veillée  au  Jihi.  — 
«  J'avons  une  fille  qui  aime  b'en  àfiloiser.  » 

Fini,  part,  passé  du  verbe  finir,  est  souvent  em- 
ployé pour  signifier  parfiiit,  délicieux  :  «  C'est  Jiiii 
bon.  »  —  On  dit  aussi  :  o  c'est  un  fripon /«/.  » 


—  i66  — 

BESCii.  :  fini,  m.  sg. 

FlambrOD,  s.  m.,  syn.  de  Jiinwras.  (Voy.  ce 
mot). 

CENTRE  :  fainhcron,  morceau  de  charbon  mal  cuit,  qui 
donne  encore  de  la  flamme.  —  Parcelle  de  substance 
enflammée  :  un  flamheron  de  paille. 

Flan  d'œufs,  s.  m.  Nos  cuisinières  appellent 
flati  cVœitfs  ce  qu'ailleurs  on  appelle  des  œufs  au  lait. 
Dans  les  dîners  intimes  on  vous  sert  encore  un  flan 
d'œiifs  dans  un  plat  ;  dans  les  galas,  on  le  sert  dans 
les  petits  pots  à  crème. 

Flancher,  v.  n.,  faiblir,  reculer,  mettre  les  pou- 
ces devant  son  adversaire.  Je  crois  que  ce  mot  est 
nouvellement  importé  chez  nous.  Je  ne  l'ai   entendu 

qu'à  la  ville.  Nos  gamins  disent  caler.  (Voy.  ce  mot). 

Flanquette.  A  la  botine  flanquette  (pour  fran- 
quette), sans  façon,  sans  cérémonie.  —  «  Venez  donc 
dîner  avec  nous,  à  la  honne  flanquette,  à  la  fortune 
du  pot  ;  pas  de  fiiçons,  pas  de  cérémonie,  disait  le 
bonhomme  J...,  les  cérémonies  sont  pour  les  mes- 
sieurs prêtres,  et  les  fitçons  pour  les  tailleurs  », 

Flatter  sur,  v.  n.,  dénoncer  qqn,  rapporter 
sur  qqn.  —  Ce  verbe  est  à  l'usage  des  domestiques 
et  des  écoliers.  La  femme  de  chambre  flatte  sur  la 
cuisinière,  la  cuisinière  sur  le  cocher,  l'écolier  sur  ses 
petits  camarades,  etc. 

Flatterie,  s.  f.,  rapport  vrai  ou  faux,  fait  contre 


—  167  — 

un  subordonné  à  son  supcrieur,  dans  le  but  de  le 
faire  chasser,  punir  ou  réprimander.  —  «  Vous  avez 
été  dire  à  Madame  que  j'étais  sortie  hier  soir,  vous 
aimez  les  flatteries,   n 

Flatteur,  euse,  adj.,  du  vevhc  Jlat ter.  C'est  celui 
ou  celle  qui  dénonce  les  fautes  ou  les  peccadilles  de 
ses  camarltdes.  Dans  mon  enfance,  au  sortir  de  l'école, 
nous  poursuivions  le  flatteur  en  lui  criant  aux  oreilles  : 
a  Flatte-cul,  flatte-cul,  quai'  pochons  pendus  an  cul.  » 
—  Lii  flatteur  croit  par  ses  flatteries,  flatter  celui  qui 
les  reçoit.  Tel  est  le  sens  de  ces  mots  populaires. 

Flauper,  v.  a.,  battre,  donner  des  coups.  — 
«  Simon  flaupait  sa  femme  de  temps  en  temps  pour 
s'entretenir  la  main.  »  —  Vient  de  fléau,  instrument 
à  battre  le  blé. 

Flaupée,  s.  f.,  du  verbe  flauper,  syn.  de  raclée, 
volée,  danse,  etc.  —  0  Le  gars  à  la  Simonne  a  reçu 
une  fameuse  flaupée  ». 

Flemme,  s.  f.  Ai'oir  la  flemme,  être  abattu,  non- 
chalant, mou,  disposé  à  la  paresse.  —  «  Je  ne  me 
sens  pas  disposé  au  travail  aujourd'hui,  j'ai  la  fletn- 
)ne.   n  Semble  venir  defleg)ne. 

CENTRE  :  flâne,  tiniiditc,  m.inque  d'énergie,  de  coumge. 
Flémc,  adj.,  abattu,  sans  énergie. 

Flimpée,  s.  f.,  se  dit  d'une  toilette  fripée  et  de 
mauvais  goût.  C'est  sans  doute  par  corruption  de 
fripée,  dont  ce  mot  est  l'équivalent. 


—  i68  — 

Foireyoux  (pron.  faircyou.x),  s.  des  "2  genres.  Ce 
sont  les  gens  qui  vont  à  la  foire  ou  qui  en  reviennent. 

—  «  A  la  fiiire  de  Cesson  il  y  a  souvent  plus  de  fai- 
rcyou.x que  de  bêtes  (plus  de  marchands,  ou  plus  de 
flâneurs,  que  de  bétail).  » 

Forrière  ou  Follière,  s.  f.,  bande  de  terre  in- 
culte autour  d'un  champ.  Aujourd'hui  la  forricre  est 
à  peu  près  supprimée  ;  nos  paysans  labourent  jusqu'à 
la  haie. 

BESCH.  :  forirrc,  terre  qui  forme  la  ceinture  des  champs 
dans  quelques  parties  de  la  Bretagne  ;  ailleurs  cheintre. 
—  NORM.  :  forièrc,  m.  sg.  —  Vieux  Fr.  :  foricrc,  p.îture; 
forcria,  foraria  (duc). 

Fouaillée,  s.  f.,  fessée,   correction  sur  les  fesses. 

—  a  Bast  !  pour  nnc  fouaillée,  le  cul  n'en  chet  pas  », 
(proverbe),  c.-à-d.,  on  se  relève  d'une  chute,  d'une 
mauvaise  affaire. 

Fouailleur,  s.  m.  Le  fouailleur  est  un  homme 
de  mauvaises  mœurs,  coureur  d'aventures  galantes  ; 
c'est  l'homme  qui  suit  les  femmes,  —  a  Le  bon- 
homme K...,  était  un  vieux  fana iUeîir.  » 

nr.scii.  :  joiiaillcr  un  cheval.  Fam.  l'ouaiUer  des  enfants 
indociles.  Pop.  et  Fam.  —  A  signifié  fréquenter  des 
femmes  de  mauvaise  vie.  —  norm.,  sartiil  :  fouaillée, 
correction  donnée  avec  le  fouet.  —  centre  :  jouailleur, 
coureur  d'aventures  galantes. 

Fouée,  s.  f.,  feu  flambant  fait  d'une  bourrée  ou 
de  quelques  copeaux,  et  qui  ne  doit  durer  qu'un  ins- 
tant. —  «  Femme,    fais-nous   une  fouée    pour    nous 


—  169  — 

réchalcr  (réchauffer).  »  —  Ce  mot  est  français,  mais 
dans  une  acception  différente  dont  il  semble  tirer 
son  origine  :  «  sorte  de  chasse  qui  se  fait  la  nuit  à  la 
clarté  du  feu.  »  —  Il  exprime  encore  chez  nous  une 
grande  quantité.  —  «  Q.uclle  foiu'e  m'apportez-vous 
là  ?  » 

BEScil.  :  yiiHfV,  s'est  dit  pour  feu,  foyer.  Se  dit  du  feu 
qu'on  allume  dans  un  four  pour  le  chaufi'er.  —  norm.  : 
fonce,  feu  clair  alimenté  par  des  fouaillcs,  menues  bran- 
ches. —  (duc) /o«t-«,  fagot,  ho\irr^iC,  foaginm. 

Fouillard,  s.  m.,  branche,  rameau  détaché  de 
l'arbre.  Se  dit  surtout  d'une  branche  garnie  de  ses 
Iruits.  —  «  Je  vous  apporte  des /oîn7/a7(fi- de  cerises.  » 
—  Le  pàtoux  (pâtre)  émouche  ses  vaches  o  dos 
fouiUards.  —  Il  y  a  sur  la  route  de  Fougères,  à  l'en- 
trée de  la  forêt  de  Rennes,  le  village  de  Fouillard  ; 
c'est  le  rendez-vous  des  chasseurs. 

Fouine,  s.  f.,  nom  donné  à  la  belette  dans  nos 
campagnes,  et  aussi  au  fruit  du  hêtre. 

CENTRE  :  foiiiiH',  S.  f . ,  fruit  du  liêtrc.  Fouincau,  foui- 
m'(ïM,  hêtre. —  Vieux  fr.  :  Fayitc,  f  fouine,  animal, 
faiiia  ;  2'  faine,  fruit  du  hctte,  fagiiui,  (duc). 

Foultitude,  s.  f.,  multitude.  —  Très  usité. 

Founigoter,  v.  n.,  farfouiller,  mettre  son  nez 
où  l'on  n'a  que  faire.  —  «  Sentez  vos  dats  (doigts)  à 
cVheure,  ça  v's'apprendra  ;\  foiiu{i;oU'r  dans  mes 
affaires  ». 

NORM.  :  fouiner,  Jouinetev,  fureter. 


—  170  — 

Founiller,  v.  a.  et  n.,  est  à  peu  près  synonyme 
àc  fûiinigoter.  Vient  sans  doute  de  fouillis,  désordre. 
Dans  une  autre  acception  :  remuer  les  cendres  du 
foyer,  pour  cuire  dans  la  braise  soit  des  châtaignes, 
soit  des  pommes,  qui,  étant  foitnilUes,  ont  une  saveur 
toute  particulière. 

Founilloux,    ouse,  adj.,  qui  lounille. 

Fouteau,  pron.  foiitiau,  nom  donné  au  hêtre. 

BESCH.,  ACAD.  :  fûiitcciu,  uii  des  iioms  vulgaires  du  hêtre. 
—  NORM.  •.fouteau,  foutiau  ;  hêtre  \  fouiehiic,  lieu  pLinté 
de  hêtres  ;  f outille,  fruit  du  hêtre.  —  centre  -.fouteau, 
foutiau,  hêtre. 

Foutimasser,  v.  n.,  c'est  ne  faire  rien  qui  vaille 
c'est  gâcher  son  ouvrage.  —  «  Vous  feriez  mieux  de 
laisser  cela,  plutôt  que  de  foulhuasser  comme  vous  le 
faites.  » 

Foutimassier,    ière,  s.,    mauvais    ouvrier. 

NORM.  :  foutimasser,  foutiner,  perdre  son  temps  à  des 
riens.  —  centre  :  foutimasser,  tourmenter  qqn  au 
moral.  Foulimasserie,  tracasserie,  taquinerie. 

Foutreau,  s.  m.,  jeu  de  cartes  très-aimé  des 
enfants  il  y  a  un  demi-siècle.  Le  perdant  recevait  dans 
la  main,  avec  un  mouchoir  tordu,  autant  de  coups 
qu'il  lui  restait  de  cartes  non  placées,  et  plus  encore 
s'il  ne  répondait  pas  à  cette  question  :  Coinbien  de 
cartes  ? 

hç.  foutreau,  comme  la  drogue,    semble  abandonné 


—  lyi  — 

déjà  depuis  longtemps.  C'est  assurément  un  jeu  fort 
ancien  ;  il  doit  sans  doute  son  nom  à  un  verbe  encore 
plus  ancien  et  toujours  par  trop  populaire. 

Fraîche,  s.  f.,  breuvage  composé  de  réglisse 
noire  dissoute  dans  l'eau  ;  boisson  que  se  font  les 
enfants  en  allant  à  la  promenade.  Avec  un  liard  ou 
deux  de  réglisse,  nous  nous  faisions  un  demi-litre  de 
fraîche.  Dieu  que  c'était  bon  !...  c'était  rafraîchissant, 
et  cela  ne  nous  portait  pas  ^  la  tète. 

Framba,  s.  m.,  fumier.  —  Nos  paysans  achètent 
\q  franiba  provenant  des  écuries  de  l'artillerie.  L'adju- 
dicataire   le  leur  vend  vingt    francs    le   tombereau. 
C'est,  on  le  voit,  une  marchandise  assez  chère. 
«  Je  happis  mes  chausses  et  m'couchis  dans  l'ta 

(étable) 
«  Les  pieds  à  la  porte,  la  tète  nu  framba.  » 

(Vieille  chanson). 

Frambayer,  v.  n.,  de /ra/w/w /c'est  étendre  avec 
la  fourche  le  fumier  sur  les  terres.  —  On  dit  o  fram- 
Vayer  o  les  deux  civières,  »  pour  exprimer  la  prodi- 
galité d'une  personne  qui  brûle  sa  chandelle  par  les 
deux  bouts,  ou  qui  beurre  sa  galette  sur  les  deux 
côtés. 

NOR.M.  :  framheyer,  nettoyer  les  étables,   les  débarrasser 
de  fumier,  du  framba. 

Frasil,  s.  m.,  braise  de  four,  poussier  de  charbon. 


—    IJZ    — 

C'est  avec  du  frasil  que  les  femmes  du  peuple  chauffent 
leurs  couvents  ou  chaufferettes. 

CENTRE  :  frasil,  fraisil.  —  acad.  :  fmisil,  cendre  de 
charbon  de  terre  dans  une  forge. 

Frégon,  S.  m,,  plante  épineuse  dont  on  fait  les 
bagnins.  (Voy.  ce  mot.) — C'est  le  ruscus  aculeatns  des 
botanistes. 

BESCH.  :  fragcn,  petit  houx.  —  duc.  :  Fn'gon,  petit 
hoax,  fraijon  chez  les  normands. 

Frigousse,  s.  f.,  syn.  de  fricassée.  —  «  Si  vous 
voulez  manger  de  la  bonne  frigousse,  il  faut  aller 
dîner  à  l'auberge  du  Pont  de  Pacé.  »  —  C'est  aussi 
un  terme  de  troupier,  dans  la  même  acception. 

NORM.  :  frigousse,  viande  en  ragoût. 

Frime,  s.  f.,  syn.  de  brume  ;  petite  pluie  fine  qui 
n'est  pas  encore  le  brouillard  de  M.  Vendôme.  —  Vient 
évidemment  de  frimas.  — ■  «  La  frii)ie  nourrit  l'orage, 
ou  bien  elle  la  mange  »,  proverbe  qui  signifie  que, 
lorsque  par  un  temps  sec  on  voit  la  frime  s'élever, 
c'est  généralement  signe  de  pluie,  tandis  que,  si  elle  se 
lève  par  un  temps  humide,  c'est  signe  que  le  temps 
va  se  mettre  au  beau.  —  Pour  exprimer  qu'une  pro- 
position n'est  pas  sérieuse  nous  disons  :  «  c'est  de  la 
frime  ». 

BESCH.  :  frime,  semblant  que  l'on  fait  de  quelque  chose. 
S'est  dit  pour  neige,  frimas.  —  norm.  :  Bon  pour  la 
frime,  pour  l'apparence,  Freime. 


Frimousse,  s,  f.,  figure,  visage.  —  «  Voyez  c'te 
frimousse  ;  quand  on  porte  une  frimousse  comme  ça, 
on  ne  la  montre  pas  en  public.   » 

BESCH.  •.frimousse,  figure,  face.  Se  prend  en  mauvaise 
part.  —  NORM.  :  frimousse,  grosse  figure.  —  centre  : 
frimousse,  figure,  face.  En  mauvaise  part. 

Fristic,  s.  m.,  repas,  collation,  petit  souper. 
Nous  nous  réunissions  tous  les  dimanches,  et  faisions 
ensemble  de  petits /m//c5  dont  j'ai  gardé  le  souve- 
nir. —  Ce  mot,  qui  n'est  autre  que  le  fri'ihstïick  des 
allemands,  est  encore  un  triste  souvenir  du  séjour  des 
Prussiens  chez  nous  en  1814-15. 

Fromage  de  cochon,  s.  m.  Nous  appelons 
ainsi  une  sorte  de  pâté  fait  de  lard  et  du  sang  de 
l'animal.  Nous  sommes  très  friands  de  ce  mets,  qui 
est  réellement  très  bon  quand  il  est  bien  fait.  (Voy. 
Casse).  Dans  mon  enfance,  pour  di.\  centimes,  deux 
sous,  un  ouvrier  faisait  un  repas  copieux  d'une  forte 
tranche  àt  fromage  de  cochon.  Ce  mets  de  luxe  lui  est 
presque  interdit  aujourd'hui,  du  moins  pour  le  même 
prix. 

Frotter,  v.  a.  Nos  paysans  emploient  ce  verbe 
dans  le  sens  de  nettoj'er,  lorsqu'il  s'agit  du  blé  noir 
qu'on //'o/Zt;  avec  les  pieds  dans  un  boisseau,  pour  en 
détacher  le  poussier.  Dans  quelques  cantons  on  le 
frotte  en  l'agitant  dans  une  poche  ou  bissac. 

Frusques,  s.    f.   pi.,     nippes^    guenilles,     vieux 


—  174  — 

effets.  —  «  Il  a  quitte  ma  maison  en  emportant  tou- 
tes ses  frusques.  »  —  Frusque  a  sans  doute  précédé 
frusquin,  qui  est  resté  dans  la  langue. 

BESCH.  :  friisquin,  ce  qu'un  homme  a  d'argent  et  de 
nippes.  —  ACAD.  :   fnisijuiii,  m.  sg.  Pop. 

Fuie,  s.  f,,  colombier,  bâtiment  de  forme  ronde 
que  l'on  voit  encore  près  des  châteaux  et  des  gentil- 
hommières, et  dans  lequel  les  maîtres  élevaient  de 
nombreux  pigeons,  qui  pouvaient  impunément  rava- 
ger le  champ  du  paysan.  En  tuer  un,  c'était  s'exposer 
à  aller  ramer  sur  les  galères  du  Roy. 

ACAD.  :  fuie,  espèce  de  petit  colombier.  —  centre  -.fuie, 
grand  colombier.  Vieux  Fr.  :  fuie,  colombier,  fuga. 
(duc.) 

Fumeras,  s.  m.,  charbon  ou  tison  fumant.  Un 
fumeras,  laissé  par  négligence  de  la  cuisinière  sous 
une  grillade,  lui  donnera  goût  de  fumée. 

ACAD.  :  fumeron,  m.  sg. 

Fune,  s.  f. ,  (du  latin /;/h/5),  corde,  nâche  pour 
attacher  les  bestiaux  dans  l'étable.  —  De  fune,  on  a 
fait  le  verbe  funer.  —  Funer  les  vaches  ou  les  nâcher. 
(V.  ce  mot).  —  Le  mot  fune,  cordage,  est  aussi  em- 
ployé dans  la  marine. 

Futé,  ée,  adj.  Cet  adjectif  a  deux  significations 
bien  différentes,  et  même  tout-à-fait  opposées  :  \°  futé 
se  dit  d'un  individu  fin,  madré,  rusé  :  «  C'est  un 
gars  h'tw  juté  sans  en  avoir  l'air  »,    —  2°  Dans  l'au- 


-   175  — 

tre  acception,  plus  usitée,  il  exprime  une  chose,  un 
ouvrage  manqué,  gâché,  perdu  par  son  auteur.  Dans 
ce  cas,  il  est  participe  passé  du  verbe  ci-après ////tv.  — 
Une  personne  à  qui  rien  ne  réussit,  dira  aussi  :  «  Je 
suis  futée  ». 

Futer,  V.  a.,  gâcher,  manquer,  perdre  un  ouvrage 
par  maladresse  ou  ignorance  du  métier.  —  «  Ce  compa- 
gnon est  un  mauvais  ouvrier  ;  on  ne  peut  rien  lui 
confier  qu'il  ne  le  fn!e.  »  —  Il  se  dit  aussi  de  l'ouvrier 
lui-même,  découragé  par  son  impuissance  à  bien 
faire  :  «  Que  voulez-vous,  patron,  je  suis  fti lé.   n 


a- 


Gabelle,  s.  f.  Dans  nos  campagnes,  on  appelle 
gabelles  les  girouettes  placées  sur  les  toits  pour  indi- 
quer la  direction  des  vents.  —  Je  crois  avoir  lu  quel- 
que part  qu'aux  seigneurs  seuls  ou  aux  percepteurs 
de  l'impôt  appartenait  le  droit  d'avoir  au  sommet  de 
leurs  demeures  ce  signe  de  leur  puissance  ou  de  leurs 
fonctions.  Aujourd'hui,  il  n'est  si  petit  vilain  qui 
n'ait  sa  gabelle  sous  forme  de  pie,  de  chasseur  tirant 
la  bête,  ou  encore,  l'image  de  la  profession  qu'exerce 
le  propriétaire  de  l'immeuble, 


—   176  — 

Gabelou,  ou  Gablou,  s.  m.,  surnom  donné 
aux  douaniers  par  les  habitants  du  littoral  de  la  Man- 
che. Il  est  pris  en  mauvaise  part.  —  C'est  un  dérivé 
de  gabelle. 

ACAD.  :  gnheh-tir,  employé  de  la  gabelle.  On  disait  autre- 
fois gahclcn.  Pop.  Ce  mot  se  dit  encore  vulgairement,  et 
par  dénigrement,  des  employés  des  contributions  indi- 
rectes. —  BESCH.  :  gnh'loii,  commis  de  la  gabelle  ;  se 
prend  en  mauvaise  part.  Employé  surtout  dans  le  midi 
pour  les  douaniers,  les  employés  de  l'octroi,  et  ceux  des 
contributions  indirectes.  —  centre  :  gabelou,  i-  em- 
ployé des  contributions  indirectes  ;  2*   terme  d'injure. 

Gâche,  s.  f.,  galette  de  blé  noir  ;  pain  mal  cuit, 
dont  la  pâte  a  été  mal  travaillée.  — Ce  mot  s'applique 
aussi  à  une  personne  malade  et  hors  d'état  de  tra- 
vailler. —  «  Le  pauvre  homme  est  à  la  gâche.  » 

Gâchouet,  s.  m.,  petit  rouable  en  bois  avec 
lequel  on  étend  la  pâte  sur  la  tuile  à  galettes.  Vient 
de  gâche. 

NORM.  :  gâche,  x*  pain  grossier,  gâché  ;  2-  sorte  de 
galette.  —  Gàchard,  sale,  malpropre. 

Gaderobe,  s.  m.  D'après  Littré,  c'est  un  tablier, 
mais  chez  nous,  c'est  un  jupon  en  toile,  ou  cotillon. 
Nos  femmes  de  la  campagne  teignent  ce  vêtement  en 
le  laissant  séjourner  dans  une  mare  où  l'on  jette  de  la 
sciure  de  bois  de  chêne  ou  de  châtaignier.  C'est  une 
teinture  assez  solide  ;  mais,  depuis  que  le  luxe  s'est 
introduit  chez  nos  paysans,  leurs  femmes  et  leurs 
filles  ne  connaissent  plus  le  gaderobe.  Elles  portent 


—  177  — 

des  robes  en  drap  ;  la  toile  n'est  plus  employée  que 
pour  le  premier  vêtement.  —  A  deux  kilomètres  de 
Rennes,  sur  la  route  de  Lorient,  existe  un  cabaret 
qui  porte  encore  le  nom  de  Gaderobe-brùlc. 

Nos  paysans  ont  aussi  leur  argot.  Ainsi,  ils  appel- 
lent ioiit-à-Ventonr  le  gaderohe  ou  cotillon  ;  tape-devant, 
le  tablier  '  parsiiict,  le  fichu  ;  foinre-dcboiit,  les  bas  ; 
rigohts,  les  sabots. 

BESCH.  :  gardt'iohc,  tablier  qu'on  met  sur  la  robe  pour 
la  garantir. 

Graffée,  s.  f.,  syn.  de  lippée,  bouchée,  morceau 
de  pain.  —  a  II  est  réduit  à  mendier  h\  gaffée.  » 

Gaffer,  v.  n.,  manger  gloutonnement  ;  mendier 
h  gaffe'e.  —  Semble  venir  de  gaffe  pris  dans  l'acception 
de  fourchette. 

NORM.  :  gcijféf,  morsure  de  chien.  Gajfer,  eu  parl.uit  d'un 
chien,  saisir  brutalement  et  mordre  ;  manger  avide- 
ment. 

Galaffe,  adj.  des  "1  genres  ;  gourmand,   glouton. 

CENTRE  :  galaffre,  gourmand. 

Galène,  s.  m.  Nous  disons  galène  pour  galerne, 
vent  du  N.-O.  ;  terre  ou  maison  exposée  au  nord- 
ouest.  —  On  trouve  dans  de  vieux  contrats  :  tel 
champ  borné  à  l'orient  par...,  au  midi  par...,  à.  galène 
par...,  etc.  —  a  Le  vent  de  galène  est  bonhomme  ;  il 
n'a  jamais  fait  perdre  la  journée  d'un  homme.  » 
(Proverbe  populaire). 

12 


-  178  - 

Galicelie,  s.  f.,  veste  en  toile  que  portaient  nos 
paysans  il  y  a  peu  d'années  encore,  car  la  galicelle  a 
fait  place  à  la  veste  de  drap.  —  «  J'ava's  un'  bell'  gali- 
celle cousue  de  fil  bianc.  »  (Vieille  chanson). 

Galichon,  s.  m.,  petite  galette.  C'est,  le  plus 
souvent,  la  dernière  de  la  cuisson,  réservée  pour  la 
pâtée  de  Minette  ou  pour  les  poules,  parce  qu'elle 
contient  les  graviers  restés  au  fond  du  cuveau  qui 
contenait  la  pcâte. 

NORM.  :  galichon,  m.  sg. 

Galoche,  s.  f.,  bouchon  en  liège  ou  en  bois, 
avec  lequel  on  joue  au  bouchon.  Nos  paysans  donnent 
aussi  à  ce  jeu  le  nom  de  drue  ou  pitau.  Le  diman- 
che, avant  et  après  vêpres,  ils  jouent  aux  quilles,  au 
palet,  à  la  galoche.  —  On  dit  :  «  tout  à  la  galo- 
che »  quand,  lorsqu'elle  est  tombée,  toutes  les  pièces 
de  monnaie  qui  étaient  dessus  sont  plus  près  du 
bouchon  que  de  la  pièce  du  joueur  qui  l'a  renversé. 

N'ORM.  ;  galoche  ou  galiiie,  m.  sg. 

Galoches,  s.  f.  pi.,  gros  sabots  de  paysan.  — 
M  Voyez  cette  vieille  édentée  avec  son  menton  de 
galoche,  »  (en  parlant  d'une  bonne  femme  édentée  dont 
le  menton  est  relevé  comrne  le  bout  d'une  galoche). 

ACAD.  ;  galoche,  sorte  de  chaussure.  —  besch.  :  galoche, 
chaussure  en  cuir  dont  le  dessous  est  en  bois. 

Galon,  s.  m.,  croûte  qui  survient  à  la  suite  d'une 


-   179  — 

plaie  cicatrisée.  —  Il   est   prudent   de  laisser    tomber 
d'eux-même  les  galons. 

Galonné,  ée,  adj.,  de  galon. —  «  Il  avait  le  visage 
tout  galonné.  »  —  a  La  tète  de  cet  entant  est  toute 
galonnée  »  (toute  radieuse). 

CENTRE  :  galon,  s.  m.,  escarre,  croûte  qui  se  forme  sur 
les  plaies  eu  voie  de  cicatrisation.  —  norm.  :  gale  ou 
galon,  m.  sg. 

Galop,  S.  m.,  réprimande.  —  «  Le  patron  va  me 
donner  un  galop.  »  —  Synonymes  :  Poil,  savon, 
suif,  perruque.  (V.  ces  mots). 

AC.\D.  :  galop,  m.  sg.  Fig.  et  pop.  —  norm.,  centre  : 
galop,  m.  sg. 

Gamaches,  s.  f.  pi.,  guêtres  en  cuir  ou  en  toile. 
Depuis  que  le  pantalon  a  supplanté  la  culotte,  les 
gamaches  ne  se  voient  plus  guère  qu'aux  jambes  des 
chasseurs. 

NORM.  :  gamaches,  ni.  sg.  —  besch.  :  gainache,  sorte  de 
bottine  ou  bas  de  laine  ou  de  toile  cirée  qu'on  mettait 
par  dessus  les  autres  pour  les  garantir  de  l'eau.  —  Vieux 
Fr.  :  gamache,  sorte  de  chaussure,  gamacha  (duc.) 

Gandilleux,  euse,  (pron.  oux,  ouse),  adj., 
délicat,  épineux  ;  question  qui  demande  de  la  ré- 
flexion. —  «  Que  pensez-vous  de  cette  affaire  ?  » 
—  «  Eh  !  je  la  trouve  gandillousc.  »  —  «  C'est  un 
sujet  gandilloiix.   » 

Gapas,  s.  m.  pi.,  enveloppes  du  grain  de  froment, 
d'avoine  ou  d'orge.  Ce  mot  est  malouin  ;  à  Rennes, 


-   l8o  — 

nous  les  appelons  cossons.  (Voy.  ce  mot).   En  Nor- 
mandie pesas. 

NORM.  :  gtipas,  balle  d'avoine.  —  centre.  :  gi)pier,  tas 
de  balle  d'avoine. 

Gapi,  adj.  Bois  gnpi,  vermoulu,  qui  tombe  en 
poussière.  «  Ce  meuble  est  gapi.  »  —  On  dira  d'un 
homme  encore  vert  :  «  Il  n'est  pas  encore  gapi,  mal- 
gré son  âge.  » 

Garatas,  s.  m.,  grenier  ou  plutôt  greniers,  car 
garatas  ne  se  dit  guère  qu'au  pluriel.  —  Les  chats  se 
plaisent  surtout  dans  les  charbonniers  et  les  garatas. 
—  C'est  une  corruption  de  galetas. 

Garçaille,  s.  m.  et  f. ,  petit  enfant,  petit  mar- 
mot. —  Les  pauvres  sont  riches  en  garçailles. 

NORM.  :  garsaillc,  bande  d'enfants.  —  sarthe:  garçailtc, 
petit  enfant. 

Garce,  s.  f.,  jeune  fîlle,  jeune  personne.  Ce  mot, 
qui  n'est  plus  employé  qu'en  mauvaise  part  et  en 
mauvais  lieux,  n'est,  chez  nos  voisins  de  Fougères  et 
de  Vitré,  que  le  féminin  de  gan,  garçon.  C'est  ce 
motif  qui  lui  a  fait  donner  place  ici.  Espérons  qu'il 
sera  bientôt  hors  d'usage,  mais  on  dit  encore  aujour- 
d'hui :  a  Je  viens  de  voir  la  garce  une  telle  sortir 
de  la  messe  ou   descendre   la   rue.  »    —    Rabelais  : 

«   ou  bien  allaient  voir    les  garces    d'entour.  » 

(Garg.  I,  3). 

Garcette,  s.  f.,  diminutif  de  garce,  petite   fille  : 


—  i8i  — 

—  «  Oh  !   la    jolie    petite  garcctte    que    vous    avez 
là  !  » 

BESCH.  :  garce,  fille,  dans  plusieurs  provinces.  Garcctte, 
id.  —  NOBM,  :  garce,  garsc,  fille.  Garcctte,  petite  fille. 
—  SARTHE  :  garcctte.  petite  fille.  Garce  est  pris  en  mau- 
vaise part.  —  CENTRE  :  garce,  garse,  jeune  fille.  Souvent 
injuri^eux. 

Garçonnière,  adj.  f.,  fille  qui  recherche  les  gar- 
çons. 

ACAD.  :  garçonnière,  m.  sg.  Très  fam.  —  norm.,  cen- 
tre :  garçonnière,  m.  sg. 

Gare,  adj.  m.  et  f.,  se  dit  des  animaux,  et  sur- 
tout des  vaches,  dont  la  robe  est  de  couleur  rouge  et 
blanche.  —  «  La  blanche,  la  naire,  la  châtaigne  et  la 
gare.  »  —  Gdre,  bigarré.  —  Du  temps  de  Rabelais, 
on  appelait  garrot  le  taureau  pie.  —  «  J'ai  à  grandes 
fatigues  et  difficultés  chassé  un  tas  de  vilaines, 
immundes  et  pesti lentes  bestes  noires,  guarres,  fau- 
ves... »  (Rab.  Pant.  ch.  2). 

NORM.  :  gare,  adj.  Se  dit  des  couleurs  qui  tranchent 
l'une  sur  l'autre.  Gareau,  qui  a  le  pehge  gare,  centre  : 
gare,  gareau,  gariau,  gariclie,  gariolé,  de  couleur  bario- 
lée, bigarrée. 

Gars,  s.  m.,  garçon.  «  C'est  un  bon  gars.  »  — 
«  Allons,  les  gars,  à  la  besogne.  »  —  Avec  l'élision 
de  ;•  et  l'accent  circonflexe  sur  a,  ga's  devient  une 
injure  :  «  C'est  un  mauvais  o"(fi-  dont  il  faut  se  défier.  » 

Gâter,  v.  n.  et  a.,   employé   pour    répandre.   — 


—    l82    — 

«  Le  pot  gdte.f>  —  «  Prenez  donc  garde,  vous  gâlci  sur 
la  nappe.  »  —  Gâlcr  de  l'eau,  uriner. 

SARTiin  et  NORM.  ;  gûliT,  ni.  sg.  Gùlcr  de  l'eau. 

Gaudes,  s.  f.  pi.,  gaudrioles,  propos  joyeu.x.  — 
«  Je  t'en  prie,  père  Jean,  dis-nous  donc  encore  des 
gaudes  ;  ça  nous  amuse.  »  —  Du  verbe  se  gaiidir, 
g  a  II  d  ère. 

NOR.M.  :  gauâences,  récits  divertissants. 

Gauler,  v.  a.,  abattre  avec  une  ^««/c,  une  perche, 
certains  fruits  :  les  noix,  les  châtaignes,  les  pommes. 
—  «  Je  paierai  vos  pommes  tant,  mais  à  condition 
qu'elles  seront  cueillies  et  non  gaulées.  »  —  «  Je 
vas  te  gauler,  si  tu  ne  fais  pas  ce  que  je  te  dis.  »  — 
Employé  avec  cette  dernière  acception  dans  une 
épitaphe  satirique  du  cardinal  Mazarin.  (Mars  1601)  : 

«  Ci  gît  que  la  goutte  foula, 
Depuis  les  pieds  jusqu'aux  épaules. 
Non  Jules  qui  conquit  les  Gaules, 
Mais  le  Jules  qui  les  gaula.  » 

ACAu.,  SARTHE  :  gauler,  abattre  avec  la  gaule. 

Gaurer,  v.  a.,  affranchir,  castrer.  —  «  Son  ma- 
tou avait  été  gaurè.  » 

Gaureur,  s.  m.,  (prononcez  g aur ou x)\\omvnt  qui 
fait  profession  de  gaurer  les  chevaux,  les  porcs,  les 
taureaux  et    les  chats  s'il  le  faut. 


-  i83  - 
N'OUM.  :  giuirer,  se  pavaner. 

Gausser  (Se),  v.  pron.,  se  moquer.  —  «  Tu  te 
gausses  de  ma,  je  le  vais  b'en.  » 

ACAD.  :  Se  gausser,  m.  sg.  Pop.  —  besch.  :  gausser,  v. 
a..,  et  se  gausser,  m.  sg.  cf.  Regnard  et  Voltaire.  — 
CENTRE  :  gausse,  mensonge  innocent,  conte,  raillerie.  Se 
prononce  quelquefois  gosse. 

Geignard,  arde,  adj.,  qui  se  plaint  sans  cesse. 
—  Du  verbe  geindre. 

BESCH.  :  geigncux,  m.  sg.  Fam.  —  xorm.  :  gcigncux, 
geniard,  m.  sg. 

Genotte,  s.  f.,  racine  bulbeuse  qu'on  nomme 
aussi  raiponce  et  qu'on  mange  en  salade. 

Géraud,  syn.  de  tiretaine,  étoffe  de  laine  (Côtes- 
du-Nord). 

Gerbière,  s.  f.  Suivant  quelques  auteurs,  c'est 
une  charrette  destinée  à  transporter  les  gerbes  au 
grenier  (nous  l'appelons  fourragère)  ;  selon  d'autres, 
c'est  le  grenier  lui-même.  Chez  nous,  la  gerbière  est 
la  fenêtre  par  laquelle  on  loge  les  fourrages  et  les 
céréales,  et  aussi  les  fagots. 

Ghuérienne,  s.  f.,  résidu  qui  reste  ou  qui 
s'amasse  au  fond  du  van. 

Giffle,  s.  f.,  soufHet.  Terme  d'écolier.  —  «  Il 
m'ennuyait,  je  lui  ai  donné  une  giffle.   » 

Giffler,  v.  a.,  souffleter.  —  «  Finissez,  Mon- 
sieur, ou  je  vous  giffle.   » 


—  184  — 

ACAD.  :  gijli',  pop.  gijler.  —  bescii.  :  gijlc  et  giJJcr,  pop. 
—  NORM.  :  giffe,  g'ffle,giffer,  g'ffler,  giffclcr.  — ckntrf.  : 
gigliT,  giffe,  g'ffle. 

Gillée,  s.  f.,  jet  d'eau.  (Voir  au  J.) 

NOUM.  :  giiihr,  gilcr,  chiler  ;  guilée,  giléc,chiUe.  —  fUi-r, 
filoirc,  petite  seringue  de  sureau.  —  centre  :  Jih-r, 
V.  II.,  jaillir. 

Giries,  s.  f.  pi.,  du  vieux  mot  giîeries,  simagrées, 
mensonges,  pratiques  ridicules  des  faux  dévots.  «  Cou- 
dre dans  ses  vêtements  des  médailles  bénites  pour 
éloigner  l'esprit  malin,  pratiquer  avec  ostentation,  ce 
autant  de  i;^iriL's.  »  —  X.  Aubryet  a  écrit  :  «  Ce  mot  est 
le  dernier  terme  de  mépris  de  l'honmie  grossier  qui 
veut  flétrir  une  chose  délicate,  »  et  il  ajoute  :  «  Une 
jeune  fdle  pleure  sur  la  toinbe  de  sa  mère  ;  est-ce 
que  ces  gin'es-\a  font  revenir  les  morts  ?  »  Non  assu- 
rément, mais  il  ne  faut  pas  confondre  le  vrai  et  le 
faux,  et  le  mot  t^^irics  trouve  souvent  sa  juste  appli- 
cation. 

BESCII.  :  girie,  plainte  hypocrite,  jérémiade  ridicule.  — 
SARTiiE  :  giries,  grimaces,  simagrées.  —  norm.  :  girie, 
farce,  fausseté,  supercherie  ;  grimaces,  doléances  ridi- 
cules. 

Glandra,  pron.  Vunidra,  s.  m.,  gland  de  chêne. 
Nos  paysans  se  rapprochent,  sans  s'en  douter,  de 
l'italien  ghiaiida.  —  «  L'abondance  àcs  gin tnJras  nous 
promet  une  bonne  récolte  cette  année.  »  Nos  paysans 
croient  qu'une  «  bonne  année  de  glands  »  est  une 
année  d'abondance  pour  toutes  les  céréales. 


-  i85  - 

CENTRE  :  glnnd,  f;liuidir,  prononcez  liand,  hiiukr. 

Glène,  s.  f.,  fagot  de  chcne  qu'on  brûle  dans 
nos  mcn.iges  pour  faire  un  feu  flambant,  à  défaut  de 
pommes  de  pin.  Les  boulangers  chauffent  leurs  fours 
avec  des  fflàies.  —  Le  cent  de  (^lêncs  à  2  harts  vaut 
aujourd'hui  45  à  50  francs,  (l!^"")  ;  les  petites  ('/iw^ 
2i  à  25  fr.  —  On  dit  fondre  ses  glèiics  pour  manger 
son  bien  ;  il  serait  plus  juste  de  dire  brûler  ses 
glèiies. 

Glènet,  s.  m,,  petit  morceau  de  bois  taillé  d'une 
certaine  façon  et  fendu,  avec  lequel  les  blanchisseu- 
ses fixent  le  linge  mouillé  mis  à  sécher  sur  des  cor- 
des. Ce  mot  semble  venir  de  glène  ;  car  c'est  dans 
les  glènes  qu'on  trouve  le  bois  dont  les  glénels  sont 
fabriqués.  —  A  Paris,  pince-linge.  Le  glc'nel  se  vend 
i  fr.  10  le  cent.  (1877). 

Gnîaf,  s.  m.,  savetier  ou  cordonnier  en  vieux, 
comme  on  dit  aujourd'hui.  Gniaf  ne  se  dit  qu'en 
mauvaise  part  et  d'un  mauvais  cordonnier.  On  pro- 
nonce souvent  jiiaj. 

Bi:scH.  :  giiitif,  savetier,  m.iuv.nis  cordonnier.  Fio;.  et 
pop.  :  gâcheur,  ninl.iJroit.  —  centre  :  giuif,  s.ivcticr, 
mauv.-iis  cordonnier. 

Gnian-guian,  s.  et  adj.,  locution  employée  à 
l'égard  d'une  personne  lente  ou  nonchalante  dans  ses 
actions,  et  aussi  d.ms  son  p.-.rler.  —  a  Que  vous  êtes 
guiim-gn'uin ,  ma  pauvre  fille,  vous  n'en  Hnircz  point 
aujourd'hui.  » 


—  i86  - 

NORM.j      SARTHE,       CENTRF.    :     giliail-glliilll,     m.      Sg.     — 

BESCii.  :  gnian-gnian,  qui  bredouille. 

Gobé,  ée,  part  passe  du  v.  gohcr  ;  attrapé,  puni 
d'une  erreur,  d'une  iaute  légère.  —  «  Ah  !  tu 
cro3'ais  cela  ?  te  voilà  b'en  gobé.  « 

Gober,  v.  a.,  gagner,  attraper,  battre.  —  «  Ma- 
dame est  allée  au  bal  ;  elle  y  a  o'o/v'un  gros  rhume.  » 
—  Une  mère  à  son  enfant  :  «  finis,  ou  tu  vas  gohcr 
(être  battuj.   » 

Goberin,  nom  propre.  Ce  fut  un  homme  à  qui 
son  désintéressement  et  sa  pauvreté  valurent,  comme 
à  Saint-Ladre,  la  canonisation.  Il  est  en  grande  véné- 
ration dans  ce  pays-ci.  Lorsque,  dans  un  partage,  le 
plus  malin  veut  s'attribuer  la  part  du  lion  :  «  Et 
moi,  »  dira  le  pauvre  dépouillé,  «  que  me  restera-t- 
il  ?  Je  serai  donc  saint-gohcrin  ?  »  (Abrégé  de 
gobe-rien.') 

ACAU.  :  golk'r,  prendre  qqn  lorsqu'il  s'y  attend  le  moins. 

Gobîllon,  s.  m.,  petite  quantité,  petite  portion.  — 
«  Donnez-m'en  fort  peu,  un  gobilloii.  » 

Gobin,  s.  m.  syn.  de  gobillon,  petite  quantité,  le 
contraire  de  lopin.  —  En  français  le  gobin  est  un 
bossu. 

Gogue,  interjection  ;  réponse  négative  à  une 
proposition  déplaisante.  —  «  Voulez-vous  me  prêter 
ceci,  me  faire  cela  ?   »  —  «   Gagne  ».  —  Ce  mot  a 


—  187  — 

le  mérite  d'être  plus  énergique  et  plus  bref  que  ceux- 
ci  :  «  J't'en  casse,  j't'en  fricasse,  tu  r'passeras  de- 
main. »  Gogtie  dit  tout  cela,  et  plus  encore  :  c'est  le 
mot  de  Canibronne,  c'est  le  bran  de  Rabelais. 

DESCii.  :  gogtu's,  se  disait  pour  plaisanteries,  joyeusetés. 

Gon,  *s.  m.  Nos  paysans  nomment  ainsi  le  cha- 
rançon, l'insecte  qui  mange  les  blés. 

BESCii.  :  gon,  nom  vulgaire  du  cli.irançon. 

Gorgeyer,  v.  n.  Ce  mot  à  l'usage  des  nourrices, 
exprime  le  bruit  de  gorge  que  fait  l'enfant  en  tétant. 
Ce  bruit  indique  que  l'enfant  boit,  partant  que  la 
nourrice  est  bonne.  —  «  L'entendez-vous ^^oro-wr  ?  » 

Gorin,  s.  m.,  pour  goret,  petit  cochon, 

NORM.  :  gorin,  goret.  Gcve,  truie.  —  centre  :  gorin, 
ni.  sg.  —  Vieux  Fr.  :  gorin,  gorron,  gorreau,  porcinns, 
petit  cochon  de  lait  (duc). 

Gosiller,  v.  n.,  chanter  du  gosier. —  «Jaiouïle 
rossignol  gosiller  dans  les  bois.  »  C'est  le  bégaiement 
des  petits  oiseau.x. 

Gosse,  s.  f..  mensonge.  —  «  Quelle  gosse  nous 
contez-vous  là  ?  » 

Gosser,  v.  n.,  mentir.  —  «  On  sait  que  vous 
aimez  \  gosser.  n  —  Semble  une  corruption  de  ^^/cutr. 
—  On  trouve  dans  Montaigne,  liv.  2,  cliap.  10,  le 
mot  gosseur  ;  mais  il  a  une  autre  signification  :  «  Il 


était  bon  citoyen,   d'une  nature  débonnaire,   comme 
sont  volontiers  les  hommes  gras  et  gosseiirs. 

CENTRE  :  gosse,  m.  sg.  gausse.  —  norm.  :  gosser,  s'amu- 
ser, jouer,  plaisanter.  —  besch.  :  gosse,  bas  et  pop., 
raillerie,  mensonge  fait  pour  plaisanter.  Gosser,  railler, 
mentir.  Gausse,  gausser. 

Gouamelle,  s.  f.,  est  un  mot  tout  féminin,  par 
lequel  on  désigne  une  femme  fainéante  et  bavarde, 
une  commère  de  la  pire  espèce. 

Goulayant,  adj.,  qui  plaît  au  goût.  (Prononcez 
goiih'yant).  —  «  C'est  parfait,  c'est  d'ia  lèche,  c'est 
goulayant.  »  —  Un  paysan,  dégustant  du  cidre  et 
le  trouvant  excellent,  exprimait  ainsi  sa  satisfac- 
tion :  «  C'est  goulayant,  c'est  justificatif  et  territorial.» 
—  Il  n'avait  rien  trouvé  de  mieux  ;  c'était  pour  lui 
le  nec  plus  ultra  de  l'éloge, 

NORM.   :  gouleyant,  appétissant. 

Goule-chaude,  c'est  l'homme  ou  la  femme  qui 
a  un  commencement  d'ivresse.  —  «  Il  n'était  pas  ce 
qu'on  appelle  saoul,  mais  on  veyait  b'cn  qu'il  avait 
la  goulc-chdudc  ». 

Goulichonner,  v.  n.,  s'embrasser.  —  «  De 
temps  en  temps  ygonlichoinnîs.   »  (Vieux  refrain). 

NORM.   :  goulichonner,  baiser  sur  la  bouche. 

Goulipias,  s.  m.,  syn.  de  gouliafre,  goulu,  gour- 
mand. —  «  Saint  Goulipias  qui  mangeait  la  bouillie 
à  Not'e  Seigneur.  » 


—  i89  — 

CENTRE  :  gonlipaii,   m.  sg. 

Gourd,  adj.;  engourdi  par  le  froid.  —  «  Je 
sais  gourd,  j'ai  les  duts  goiinls,  je  n'  me  les  sens  pas.  » 

—  «  Celui  qui  a  des  crevasses  aux  doigts,  ou  qui  les 
agonrcls.  »  (Mont.  liv.  2  chap.  12).  C'est  l'opposé 
de  dcgoitrd  (dégourdi). 

ACAD.  :  gourd,  m  sg.  —  sarthe,  centre  :  gourd,  m. 
sg.  —  NORM.  :  gourd,  lent,  apathique,  endormi.  —  V. 
Lafontainc. 

GourÎD,  s.  m.,  poche^  gousset.  —  «  Je  l'avais 
mise  dans  mon  goiirin  ». 

Gouriner,  v.  a.,  voler,  détrousser.  — Degourin. 

—  «  On  m'a  gourinê  ma  montre,  ma  toupie,  etc.  » 

Gouspin,  s.  m.,  petit  gamin,  petit  mauvais 
sujet. 

Gousson,  s.  m.,  petite  pièce  de  toile  placée  à  la 
partie  supérieure  de  la  manche  des  chemises,  et  qui 
la  rattache  au  corps.  En  ville,  cela  s'appelle  un 
gousset.  Du  temps  de  Rabelais,  c'était  un  cousson  : 
«  La  chemise  de  Gargantua  était  faite  de  NOO  aunes 
de  toile,  et  en  outre  100  aunes  pour  les  coussons  en 
sorte  de  carreaux,  lesquels  sont  mis  sous  les  aisselles.» 

—  Emprunté  sans  doute  au  mot  gousset,  partie  de 
l'armure  sous  les  aisselles. 

Goussonner,  v.  n.,  se  donner  le  bras.  Ce  mot 
trouvé  par  nos  paysans,  vient  de  gousson,  qui,  comme 
on  vient  de  le  dire,  est  une  petite  pièce  de  toile   pla- 


—  190  — 

ccc  sous  les  aisselles,  —  Il  n'est  guère  d'usage, 
dans  nos  campagnes,  de  donner  le  bras  aux  femmes  ; 
cependant  on  y  i^oiissomic  quelquefois. 

Goûté,  ée,  adj.,  exprimant  qu'un  mets,  un  fruit, 
est  savoureux  et  agréable  au  goût,  —  «  Comment 
trouvez-vous  cette  pêche,  cette  poire? —  Je  la  trouve 
très-goiUi'e.  » 

Grain.  Pierre  de  o^rain,  nom  donné  communé- 
ment à  la  pierre  de  granit  qui  est  en  eflbt,  compo- 
sée de  grains. 

Graissage,  s.  m.  Ce  mot  a  dans  nos  campagnes, 
une  autre  signification  que  l'action  de  graisser, 
comme  en  français  ;  il  se  dit  de  tout  ce  qui  se  man- 
ge avec  le  pain,  comme  beurre,  lard,  lohon,  etc..  — 
«  Pierre,  maçon,  et  Jean,  couvreur,  chargés  de  tra- 
vaux loin  du  village,  conviennent  de  porter,  celui-là 
le  pain,  celui-ci  le  graissage.  » 

cuN'TUE  :    grciisstigc,    beurre,    graisse,    huile,    employés 
pour  la  préparation  des  mets. 

Grandet,  ette,  adj.,  qui  est  déjà  grand,  qui  sort 
de  l'enfance, 

CENTRE  :  graiulcl,  un  peu  grand,  grandelet. 

Grêle,  s.  f.  corbeille  ou  panier  clisse,  de  forme 
oblongue,  dont  se  servent  particulièrement  les  blan- 
chisseuses pour  reporter  leur  linge  à  leurs  pratiques. 
On  dit  une  grclêe  de  linge  pour  exprimer  le    contenu 


—  191  — 

de  la  giélc.  Los  vanniers  fabriquent  des  gicles  de  tou- 
tes dimensions  pour  les  envois  de  beurre,  de  i^ibier, 
etc.  — Il  est  une  autre  sorte  de  grêle  :  c'est  un  grand 
tamis  fait  d'une  peau  percée  de  petits  trous  et  entou- 
rée d'un  cercle  de  bois.  Il  sert  aux  agriculteurs,  aux 
marchandes  de  galettes,  pour  le  nettoyage  des  blés  : 
d'autres  encore  sont  en  fil  de  fer  et  à  l'usage  des  jar- 
diniers pour  tamiser  les  terreaux.  —  Le  mot  grêle 
semble  venir  de  l'écossais  creel.  Pourquoi  n'est-il  pas 
français  ? 

Grêlée,  s.  f.,  c'est  le  contenu  de  la  grêle. 

CENTRC  :  gicle,  graile,  crible. 

Grêlé,  ée,  adj.,  marqué  de  la  petite  vérole.    . 

ACAi).  :  griU,   m.  sg.  —  busch.  :  grclc,   m.   sg.  Fig.  et 
F.im.  —  SARTiiE  :  grclc,  m.  sg. 

Grenailles,  s.  f.  pi.,  miettes  de  pain  restées  sur 
la  table  après  le  repas.  Une  ménagère  économe  les 
recueille  avec  soin  pour  la  nourriture  des  poules.  — 
Exprime  aussi  une  très  petite  quantité.  Semble  venir 
Aq grumeau  ou  du  latin^rrt?/Hw  »/;7//,  grain  de  mil. 

KORM.  :  gicmir,  écmser.  —  centre  :  greiiiilics,  miettes, 
grumeaux.  Grcmillcr,  cmictter,  réduire  en  miettes. 

Grettes,  s.  f.  pi.,  poussier  provenant  de  l'écorcc 
du  chanvre  ou  du  lin,  lorsqu'il  subit  les  opérations  du 
broyage  et  du  scrançage. 

NORM.  :  gretle,  chènevotte. 


-    192    - 

Grichu,  ue,  adj.,  grinclicux,  revùche.  —  «  Avcz- 
YOLis  connu  la  nicre  Lépinc  ?  c'était  une  bonne  femme 
b'cn  _i,'r/f/;H(,' et  b'en  difficile  à  vivre.  En  a-t-elle  fait 
roucher  à  s'n'homme  !  lui  a-t-elle  rendu  la  vie  dure  !  » 
—  Corruption  de  griècbe. 

NOKM.  :  griche,  grimace  de  mécontentement.  Gricher, 
grichet,  grincement  de  dents  pour  exprimer  la  moque- 
rie. Grichcii.x,  grondeur.  Grichir,  pleurer.  Grichu,  de 
mauvaise  humeur.  —  centre  :  gricer,  se  dit  d'un  enfant 
maussade,  qui  crie  légèrement.  Griçoux,  griçouse.  — 
BEScn.  :  grinche,  pop. 

Grigne.  Chercher  gi'ii^nc,  quereller,  chercher 
querelle.  —  «  Allez-vous  encore  me  chercher  i;i'igiie  ?  » 
Semble  venir  de  gricche,  comme  le  mot  grichu  ;  — 
ou  peut-être  du  terme  de  chapellerie  grigne,  défaut 
dans  le  feutre  employé. 

NORiM.  :  griguci-,  grincer.  Grignr,  mâchoire  ;  moue,  gri- 
mace témoignant  la  mauvaise  humeur  :  Faire  la  grigne. 
Gri^iicr,  faire  la  moue,  pleurnicher.  Grignard,  enfant 
grignon.  —  centre  :  grigncr,  avoir  la  mine  maussade. 
Grigner  des  dents,  les  montrer  par  humeur  ou  par  me- 
nace. Grignon,  grignoux,  maussade,  rechigné. 

Grimacher,  v.  n.,  bougonner,  gronder.  Plus 
usité  à  St-Malo  qu'à  Rennes. 

ANGLAIS  :  grini,  rcfrogné,  chagrin.  —  alle.mand  :  grim, 
colère,  grimmig,  courroucé. 

Grippe  (Etre  de  la),  aimer  à  gripper,  à  ma- 
rauder chez  le  voisin  :  —  «  Les  fru'ts,  les  légumes, 
tout  lui  est  bon  ;  il  est  de  la  grippe.   » 

Il  existe  encore  à  Rennes  quelques  maisons  d'une  rue 


-  195  - 

qui  portait  ce  nom  ;  située  en  dehors  de  la  Porte 
Blanche,  à  l'entrée  du  faubourg  de  La  Guerche,  elle 
aboutissait  au  Champ  de  Mars  ;  elle  a  dû  liiire  place 
à  l'avenue  de  la  Gare.  Peut-être  suis-je  aujourd'hui 
le  seul  Rennais  en  position  de  faire  connaître  l'ori- 
gine de  son  vilain  nom.  La  voici,  telle  que  me  l'ont 
racontée  des  vieillards  dont  les  souvenirs  étaient  et 
devaient  être  très  vivaces  à  l'époque  de  ma  naissance 
(1810). 

Lors  de  l'incendie  de  notre  ville  en  1720,  les  mal- 
heureuses victimes  du  désastre  transportèrent  dans 
un  terrain  désigné,  au-deli  des  fossés,  vis-à-vis  Ker- 
gus,  les  épaves  qu'elles  purent  soustraire  aux  flammes. 
Bien  que  ces  épaves  eussent  été  placées  sous  la  garde 
de  la  milice,  lorsque  plus  tard  chacun  voulut  repren- 
dre son  bien,  il  s'en  suivit  un  tel  désordre  et  de 
telles  voleries,  que  le  peuple  donna  le  nom  de  Rue  de 
la  Grippe  à  la  voie  qui  s'éleva  sur  ce  peint.  —  Je  me 
souviens  d'y  avoir  vu  une  échoppe  entièrement 
tapissée  d'assignats. 

BESCH.  :  grip,  terme  de  f.iuconnerie.  Oise.iiix  qui  vivent 
degrip.de  vol  et  de  rapine.  Giippir.  —  nohm.  :  grippe, 
extorsion,  voleric,  r.ipinc.  —  Vieux  Fr.  :  gilp^s,  ra- 
pines, injustices. 

Grippi,  S.  m.  Les  mamans,  les  bonnes  d'enlant 
désignent  sous  ce  nom  Satan  le  diable,  pour  efl"ra- 
yer  leurs  marmots.  —  «  Si  tu  es  méchant,  Grippi 
t'emportera.  »  —  Si  vous  avez  une  image  de  Saint- 
Michel,  il  doit  avoir  sous  ses  pieds    un    portrait   fort 

13 


—  194  — 

ressemblant  de  Grippi,  dont  l'archange  eût  pu,  s'il 
eût  voulu,  débarrasser  le  genre  humain.  Savez- vous 
pourquoi  il  ne  l'a  point  f.iit  ?  Je  l'ignore,  pour  ma 
part. 

Grobilles,  s.  f.  pi.,  menus  morceaux  de  bois. 
Syn.  de  brosillcs. 

CENTRE  :  grobille,  menue  tranche  de  bois,  bûchette. 

Groë  s.  f.,  glace,  glaçons.  —  «  Il  a  glacé,  j'ai  vu 

de  la  groë  ce  matin.  »  —  V.  gucrouer. 

NORM.  :  groc,  grog,  aspérités  que  présente  la  boue  dur- 
cie parla  gelée.  —  Groiie,  gelée,  glace.  L,mg&  groué. 

Groï,  e,  adj.,  terme  culinaire  ;  croquant,  rissolé. 
—  «  La  couenne  de  lard  bien  groïi  est  une  friandise  ; 
mais  il  faut  avoir  de  bonnes  dents  pour  la  croquer.  » 

Grolet,  s.  m.,  râle  des  mourants.  —  «  Le  pau- 
vre homme  est  à  l'agonie  ;  il  a  le  grolet.  » 

CENTRE  :  Groiler,  grailer,  râler.  Grais,  râle.  —  Ces  mots 
paraissent  avoir  quelque  rapport  avec  les  suivants.  — 
NORM.  :  groUe,  corneille,  corbeau.  Groiler,  tousser, 
expectorer,  remuer.  —  centre  :  ^ro/Ze, corbeau  commun. 
—  Vieux  Fr.  :  grailc,  la  corneille  noire.  —  Groillcr,  le 
cri  de  la  corneille. 

Gros  (Le).  Nous  autres  Rennais,  nous  appelons 
ainsi  notre  horloge  publique.  —  «  Midi  va  sonner  au 
gros.  »  —  Nous  disons  :  o  Le  gros  est  décoché  », 
1°  lorsque  le  gros  marteau  signale  un  grand  incen- 
die ;  2°  lorsque  l'administration  municipale  sort  en 
corps  pour  assistera  une  cérémonie  officielle  ;  3°  enfin, 


—  195  — 

lorsque  nonobstant  les  lettres  de  convocation,  il 
rappelle  à  nos  édiles  la  séance  du  soir.  Dans  ce  der- 
nier cas,  le  peuple  dit  :  «  Le  gros  est  décoché,  le 
Maire  va  changer  de  chemise.  »  —  Horloge  était 
encore  masculin  au  XYI^  siècle  ;  accompagné  de 
l'adjectif  fTOi",  il  est  toujours  masculin  chez  nous. 

Gros-Malon,  s.  m.,  nom  donné  par  le  peuple 
au  cimetière  de  notre  ville  de  Rennes,  parce  qu'il  est 
situé  sur  les  anciennes  dépendances  d'une  ferme  qui 
porte  ce  nom.  Voy.  Bcrliugidii. 

Grossier,  ière,  adj.  ;  pour  le  paysan,  cet  adjec- 
tif est  synonyme  de  gras,  gros,  replet.  —  «  M'est 
avis,  nout'  maîtresse,  »  disait  une  fermière  à  sa  pro- 
priétaire, »  (ou  encore  :  savez-vous  b'en,  la  bour- 
geoise), que  v's'ètes  cor  plus  grùiissicre  c't'année  que 
l'année  dernière  (que  vous  avez  pris  de  l'embon- 
point) ?»  Puis, voyant  le  mauvais  efîet  produit  par  son 
observation,  elle  s'empressa  d'ajouter  :  «  Oui  dame  ! 
mais  si  v's'ètes  gronssicrc  de  corps,  v's'ètes  b'en  lé- 
gère d'esprit.  »  Elle  croyait  faire  un  compliment,  la 
brave  femme. 

S.\RTHE,    NOR.M.,    CENTRE    :    grOSS'lCr,    m.  Sg. 

Grout.  Droit  de  grout,  conféré  à  certains  seigneurs 
du  moyen  âge.  Il  consistait  dans  l'obligation,  pour 
les  vassaux,  de  battre  les  mares  et  les  étangs  pour 
empêcher  que  le  repos  de  la  châtelaine  ne   fût   trou- 


—  196  — 

blc  par  les  coassements   des   grenouilles.  Le  mol   et 
la  chose  remontent  sans  doute  fort  loin. 

Groux,  s.  m.  pi.,  bouillie  de  farine  de  blé  noir, 
à  l'eau,  que  nos  paysans  mangent  dans  le  lait  riboté 
ou  au  beurre.  Dans  l'arrondissement  de  Saint-Malo 
on  les  appelle  des  peux.  —  «  J'allons  donc  cor  man- 
ger des  peux  anet,  »  disait  un  fils  à  sa  mère,  «  des 
peux  le  lundi,  des  peux  le  mardi,  des  peux  tout'  la 
semaine,  j'en  sais  saoul  à  la  fin.  »  —  «  Eh  b'en,  » 
répliqua  la  bonne  femme  impatientée,  «  mange  de 
la  m...;  ton  père  en  mange  b'en.  »  (Historique). 

Gruau-bouilli,  (pron.  gucriau).  Etre  à  son 
gruau-houilli,  c'est  être  à  son  ménage,  à  ses  coches, 
comme  on  dit  encore.  —  Une  mère  réprimandant  sa 
fille  sur  son  défaut  d'ordre  lui  dira  :  «  Tu  verras  ;  tu 
changeras  quand  tu  seras  à  ton  gueriau-houilli.  »  — 
Nos  cuisinières  ne  sont  point  économes  du  bien  de 
leurs  maîtres  ;  mais  quand  elles  sont  à  leur  gueriau- 
houilli,  elles  y  regardent  de  plus  près. 

Guèche,  s.  f.,  morceau  de  pain, —  «Donnez-moi 
une  guèche,  »  c'est-à-dire,  un  morceau  de  votre  pain. 
—  Ce  mot  était  très  usité  dans  mon  enfance,  mais  il 
a  vieilli. 

Guenée,  s.  f.  ;  on  désigne  par  ce  mot  des  mar- 
chandises gâtées  ou  de  mauvaise  qualité.  —  «  Que 
me  proposez-vous  ?  que  me  donnez-vous  là  ?  Je  n'en 
veux  point  ;  c'est  de  la  guenée.  » 


—  197  — 

NORM.  :  giieiietk,  femme  de  mauvaise  vie.  Giicnippe, 
femme  déguenillée.  Ces  mots,  ainsi  que  gKcttille,  parais- 
sent avoir  quelques  rapports  d'origine  avec  guciicc. 

Guèner  (Se),  v.  prou.,  se  mouiller,  se  ciotter, 
dans  la  rosée,  dans  la  boue.  —  «  Il  pleuvait,  je  me 
sviis  guéiià  jusqu'aux  genoux.  »  —  «Comme  te  voilà 
guèiièc  !  » 

SARTHE  :  guèiit-,  èc,  mouillé,  crotté.  —  norm.  :  scgiicder, 
se  gticiicr,  m.  sg.  Gucnc. 

Guenet,  s.  m.,  chandelier  ou  porte-résine  sous 
forme  de  pincette,  que  nos  paysans  fixent  au  mur 
intérieur  de  la  cheminée.  —  En  Normandie,  on 
nomme  pétoche  la  chandelle  de  résine,  et  on  peut 
entendre  la  femme  dire  à  son  mari  :  «  Mets  la  péto- 
che dans  \t  giu'ih't.  »  Voy.  Bégot. 

Guerdindelle.  (Porter  à  la),  jeu  des  enfants. 
II  consiste  à  faire  asseoir  sur  un  bâton  ou  sur  les 
mains  entrelacées  l'enfant  qu'on  veut  porter,  et  l'on 
chante  : 

A    la  gucnUiuieUe, 
Portons  la  chandelle  ; 
La  chandelle  est  morte. 
Faut  la  rallumer. 
A  Saint-Malo,  ce  jeu  s'appelle  gaine-et-gaine. 

Guerdi,  adv.  ou  adj.  de  quantité  ;  en  abondance, 
à  foison,  chargé.  —  «  Avez-vous  des  pommes  cette 
année?  —  Oui,  nos  pommiers  en  ont  guerdi.  »  Ou 
bien  :  «  Nos  pommiers  en  sont  gncnlis.n  --«Je  suis 


—  198  — 

allé  faire  visite  à  Madame  X...,    et   j'en   suis  sortie 
gucrdie  de  puces.  » 

Guérissous,  ouse,  adj.  et  subst.,  empirique, 
charlatan,  qui  tait  profession  de  guérir.  Chaque 
paroisse  dans  les  campagnes,  chaque  quartier  dans 
nos  villes  possède  son  giicrissoiix  en    dépit   des    lois. 

EHSCH.  :  giiérissenr,  empirique,  charlatan.  —  sarthe  : 
guérisseur,  m.  sg.  —  norm.  :  gucrisscux,  médecin  de 
village  sans  diplôme. 

Guernazelle,  s.  f.,  nous  appelons  ainsi  les  té- 
tards  avant  leur  transformation  en  grenouilles,  et 
aussi  les  grenouilles  elles-mêmes.  — J'aime  à  enten- 
dre le  soir  les  premiers  coassements  des  giiernaiellcs  ; 
c'est  la  venue  des  beaux  jours. 

SARTIIE  :  gucnmicllc,  m.  sg. 

Guerouas,  s.  m  ,  gravier,  cailloutage. 

Guerouaselle,  s.  f.,  groseille  à  maquereau.  — 
Etrangers  !  gardez-vous  de  confondre  les  castilles 
avec  les  groseilles  que  nos  jardiniers  nomment  giie- 
rouaselles,  et  quelquefois  guerna:[elks.  —  Voy.  Cas- 
tille. 

Guerouer,  V.  n.,  glacer.  —  a  II  ^  gueroiié  cqxxq 
nuit,  les  arbres  fruitiers  vont  en  souffrir.  »  —  Voy. 
Groë. 

Guerzillon,  s,  m.,  pour  grillon,  insecte.  — 
Gardez-vous  de   chasser  ou  de  détruire  le  gvcr:^iïïon 


—  199  — 

qui,  par  son  cri-cri,  égaie  votre  foyer  dans  les  lon- 
gues soirées  d'hiver.  Il  vous  importunera  peut-être 
parfois  ;  mais  c'est  un  ami  dont  la  présence  porte 
bonheur,  dit-on.  Le  chant  du  ffuev^Ulon  dans  la  prée 
est  aussi,  pour  moi,  plein  de  charmes.  —  Les  puristes 
prononcent  gi-i'iiUoii. 

Gueuser,  v.  n.,  se  complaire  dans  la  misère. 
(Voy.  Misêrer).  Il  aime  mieux  gticuser  que  tra- 
vailler. 

ACAD.  :  gueiiscr,  mendier.  —  besch.  :  giicuscr,  v.  n.  et 
V.  a.,  mendier.  —  Se  trouve  dans  Voltaire  et  dans 
Molière. 

Gueuziue,  s.  f,,  blague  à  tabac  faite  d'une  vessie 
de  porc  ou  de  tout  autre  animal.  —  Mon  ami  J..., 
est  un  intrépide  fumeur  ;  sa  pipe  et  sa  ^ncniiiic  sont 
ses  meilleurs  compagnes. 

Guibettes,  s.  f.  pL,  petites  mouches,  qui  dans  la 
belle  saison,  tournent  sur  place  à  quelque  distance 
du  sol.  Les  paysans  les  appellent  vicrieinies.  Leur 
apparition  promet  de  beaux  jours.  Les  moustiques 
sont  aussi  des  guibettes.  —  «  J'ai  été  piqué  par  une 
guihctte.  ■>•> 

NORM.  :  guibct,  moucheron.  En  roman  vibe^.  —  Bibet 
moucheron. 

Guibolles,  s.  f.  pi.  Ce  sont  les  jambes.  —  Jouer 
des  guibolles,  remuer  ses  guilvVes,  marcher  vite. 


NORM.  :  Guibolles,  quihoUcs,  jambes  longues,    mal  con- 
formées. 

Guilledou  ou  Guilledrou  (Courir  le),  c'est 
courir  ou  lumter  les  mauvais  lieux.  Ce  mot  est,  croit- 
on  chez  nous,  une  corruption  de  guiîledo  ou  giitldo, 
château  que  possédait  Gilles  de  Bretagne,  et  dont 
on  voit  encore  les  ruines  sur  la  rive  droite  de  l'Ar- 
guenon,  commune  de  Créhen  (Côtes  du  Nord).  La 
jeunesse  débauchée  de  la  noblesse  s'y  donnait  rendez- 
vous.  Malheur  à  la  femme  qui  en  franchissait  le  seuil  ; 
elle  était  à  tout  jamais  déshonorée.  —  Cette  expres- 
sion, courir  le  guilledou,  admise  dans  notre  langue, 
est  toujours  très  usitée. 

ACAD.  :  Courir  le  guilledou,  m.  sg.,  pop.  —  sarthe.  m. 
sg.  —  NORM.  :  Courir  le  guidrou,  le  guilledou. 

Guillet,  s.  m.,  jeu  des  petits  garçons.  Le  guillet 
est  un  petit  morceau  de  bois  rond,  amenuisé  des 
deux  bouts,  de  la  grosseur  du  pouce  et  long  de  12  à 
15  centimètres,  placé  en  travers  sur  un  petit  trou 
pratiqué  en  terre.  Un  joueur  le  lance  aussi  loin  que 
possible,  avec  un  bâton  de  50  à  60  centimètres. 
L'autre  joueur  cherche  à  l'attraper  ;  s'il  n'y  parvient 
pas,  il  le  jette  vers  le  bâton  que  le  premier  joueur  a 
mis  sur  le  trou  ;  s'il  manque  encore  le  but,  le  pre- 
mier place  le  guillel  dans  le  trou,  une  pointe  en  l'air, 
frappe  cette  pointe  de  son  bâton,  et,  s'il  est  adroit, 
le  reçoit  une,  deux  ou  trois  fois  sur  ce  même  bâton, 
ceci  s'ap-pdlc  pirlipipel.  —  Puis,  de  l'endroit  du   sol 


—    201    — 

OÙ  tombe  le  guiUct  il  compte  le  nombre  de  longueurs 
de  son  bâton  au  trou  ou  pot  pratiqué  en  terre.  S'il  a 
été  assez  adroit  pour  foire  pirlipipet,  c'est  avec  le 
gtiiUet  qu'il  compte  les  longueurs.  — •  La  partie  se 
joue  d'ordinaire  en  cent  points.  Le  bâton  sus-décrit 
se  nomme  raclette,.  —  «  Co  (coup)  de  la  raclette,  co  du 
bout,  co  de  tout  !  »  Par  ces  mots,  le  joueur  qui  tient  la 
raclette  se  réserve  d'en  user  comme  il  l'entendra  pour 
empêcher  son  adversaire  de  faire  arriver  le  guillct  sur 
le  pot. 


HC 


Hague,  s.  f.,  averse,  giboulée  ;  syn.  de  arec  ou 
barée. 

Haguin,  s.  m.,  petit  balai  ou  bouchon  dont  se 
servent  les  cuisinières  et  les  femmes  de  chambre, 
pour  laver  la  vaisselle  et  les  pots.  Cet  outil  de  ménage 
est  fait  d'une  plante  que  les  botanistes  nomment 
fragon  (iitscus  aculeatus),  connu  aussi  sous  les  noms 
de  houx  frelon,  brusque,  bui:,  piquant,  myrte  épineux. 
—  Les  fabricants  de  baguiiis  les  apportent  à  la  ville  le 
samedi,  et  les  vendent  aujourd'hui  25  à  30  centimes. 
Dans   mon   enfance   on   les   vendait    un   sou   ou    six 


—    202    — 

liards.  —  J'entends  encore  ce  cri  du  marchand  : 
o  Archands  de  haguins  /»  —  Ou  dit  en  parlant  d'un 
homme  vicieux,  coureur  :  «  Il  est  du  haguin.  » 

NORM.  :  Hagiietics,  petites  branches  coupées. 

Haîche,  s.  f.,  barrière  à  claire-voie  pour  fermer 
rentrée  des  avenues,  des  champs  et  des  prés.  —  «  Le 
pâtou  a  négligé  de  fermer  la  hakhe,  et  les  vaches  ont 
passé  dans  le  champ  de  blé.  »  —  On  trouve /;fljw dans 

un  manuscrit  normand  de  1553. 

Vieux  Fr.  :  haise,  haseaii,  hasel,  hc:ie,  porte  faite  de 
branches  entrelacées,  pour  la  clôture  des  cours  et  vergers. 

Haiter,  v.  n.,  plaire,  convenir.  —  «  Cette  fille  me 
haîk,  elle  est  à  mon  gré.  Ce  vêtement  me  haite,  il  est 
de  mon  goût.  »  —  C'est  un  vieux  mot,  mais  toujours 
très  usité  dans  nos  campagnes.  —  J'ai  trouvé  dans 
un  vieux  noël  le  mot  déhaitcr,  déplaire.  L'archange 
Gabriel  annonçant  à  la  Vierge  sa  grossesse,  dit  : 

La  noble  besogne  Joseph  pas  n'entend, 
A  peu  qu'il  n'en  gronde  pas  n'est  content, 
Mais  l'ange  céleste  lui  dit  en  dormant  : 
Q.u'il  ne  s'en  déhaite,  car  Dieu  est  l'enfant. 
(Imprimé  à  Angers  en  1801.) 

NORM.  :  Haiter,  plaire,  réjouir.  Dèhailcr,  chagriner. 
Déhail,  chagrin.  —  Vieux  Fr.  :  Haiter,  plaire,  réjouir. 
(Chron  des  D.  de  Norm.  Chanson  de  Roland.  —  (duc.) 

HaldabOD,  s.  m.,  mauvais  ouvrier.  Se  dit  sur- 
tout des  mauvais  tailleurs.  Halkdahon. —  Voy.  Dahou. 


—   205    - 

Hâler,  v.  a.,  mettre  le  linge  à  sécher.  —  «Il  est 
prutlent  de  ramasser  le  linge  avant  la  pluie  :  il  n'est 
pas  sec,  mais  il  est  hdlé.   » 

Halfessier,  s.  m.,  mauvais  ouvrier.  Terme  de 
mcpris.  —  \'.  alfessicr. 

Haligandier,  syn.  de  Herqudier.  —  V.  ce  mot. 

Hampionner,  v.  n.,  a  la  même  signification  que 
haiichiicr,  clocher,  huiler.  —  Plus  usité  dans  le  canton 
de  Hédé. 

Hanchéier,  v.  n.,  être  déhanché,  boiteux.  — 
«  Ils  étaient  trois  frères,  c'est-y  celui  qui  hauchèiait  ?  » 

Hanicas,  s.  m.  pi.,  se  dit  de  tous  les  vieux  objets 
mobiliers,  vieilles  guenilles,  vieilles  ferrailles,  vieux 
meubles.  —  o  Elle  avait  la  manie  de  conserver  un  tas 
de  hauicas.  »  —  Ne  s'emploie  qu'au  pluriel.  —  A 
Saint-Malo,  briitgâs.  —  Vov.  Barassiaux. 

Hannard,  s.  m.,  petit  garçon  qui  porte  ses  pre- 
mières culottes.  —  Voy.  haiincs. 

NORM.  :  baniwt,  petit  g.Trçon. 

Hannequiner,  v.  a.,  iiarcelcr.  tourmenter.  — 
«  Ce  n'est  pas  en  banitcquiiicnt  les  ouvriers  qu'on  ob- 
tient de  bonne  besogne.  »  —  «  Le  bonhomme  haiiue- 
qiiinait  de  son  mieux  ;  mais  ses  forces  trahissaient  son 
courage.  » 

NORM.  :  haiineijiiiiKr,   tr.iv.iillcr  .ivcc  peine,    lentement. 


—   204  — 

sans  entrain.  Hanncqnin,  s.  m.,  petit  enfant  turbulent  : 
petit  enfant  mal  bâti. 

Hanuer  (Se),  v.  pron.,  mettre  ses  culottes,  son 
pantalon.  —  «  Dans  cette  maison,  le  maître  se 
hanne  par  dessus  la  tête,  et  s'boutonne  o  d's'épilles  ;  » 
cela  veut  dire  que  la  femme  porte  les  culottes.  J'ai 
déjà  eu  l'occasion  de  citer  cet  exemple  au  mot 
Epille. 

Hannes,  s.  f.  pi.,  culottes,  pantalon.  —  «  L'éclat 
(pron.  l'écliat)  de  ses  beaux  yeux  a  mis  ITcu  dans 
mes  bannes.  »  —  Ce  mot  n'est  employé  qu'au  plu- 
riel. —  Un  chie-cn-hannes  est  un  honune  dont  on  fait 
peu  de  cas.  —  (Voy.  ce  mot). 

KORM.   :  bannes,  m.  sg. 

Hanoche,  s.  f.,  bois,  rondin  de  chêne,  qu'on 
appelle  aussi  âme,  bois  pelard,  que  vendent  les 
tanneurs  après  l'avoir  dépouillé  de  son  écorce.  Les 
hanoches  sont  fort  recherchées  par  nos  ménagères  ; 
elles  remplacent  avantageusement  le  fagot.  —  A 
Paris,  on  les  appelle  viennises. 

BESCH.  :  hanoche,  fagot  fait  avec  des  branches  de  3  .à  4 
centimètres  de  diamètre.  —  norm.  :  hanoche,  bois  ra- 
boteux. 

Hant,  s.  m.,  amoureux,  qui  recherche  une  fille 
en  mariage.  —  «  On  dit,  fermière,  que  vous  mariez 
votre  fille  ?  —  La  marier  !  Elle  n'a  seulement  pas 
de  hant.  »  —  De  hunier,  fréquenter. 


—    20)    — 

NORM.   :  biinl,  frcquentaiion.  —  duc.  :   hante,   frcqucn- 
tation,  commerce. 

Hante,  s.  f.,  terme  de  dusse  ;  fiente  des  ani- 
maux, du  gibier  poursuivi  par  les  chasseurs.' —  On 
voit  par  la  haute  que  le  chevreuil  a  passé  par  là,  qu'il 
hMitc  cette  partie  du  bois. 

Happé,  s.  f.,  du  verbe  happer,  ne  se  dit  que  dans 
ce  sens  :  «  Comment,  il  ne  vous  a  donné  que  cela  ? 
voilà  une  belle  happe!  »,  c'est-à-dire,  une  chose 
sans  valeur,  et  qui  n'est  pas  digne  de  la  personne 
qui  la  reçoit,  ou  qui  n'est  pas  en  rapport  avec  le  ser- 
vice rendu. 

NORM.  :  hapl>e,  capture,  prise. 

Happer,  v.  a.,  est  employé  dans  le  sens  de 
donner  un  coup  de  collier,  un  coup  de  mnin  pour  un 
travail  pénible,  mais  qui  ne  doit  durer  qu'un  instant. 
—  o  Happc:^  !  encore  un  coup  !  c'est  fait,  d  —  Pris 
aussi  dans  le  sens  de  lutter  :  o  s'eittre-happer  corps  à 
corps.  » 

Haquenassier,  s.  m.,  homme  qui  ne  sait  rien 
faire  en  temps  utile,  opportun. 

NORM.  :  haqucnailler ,  marcher  lentement. 

Haquetonner,  v.  n.,  corruption  de  a'iioniier, 
bégayer,  n'avoir  pas  la  prononciation  nette.  Dans  la 
Sarthe,  quêloimer. 

NOR.vf.  :  haquetonner,  m.  sg. 


—    206    — 

Harassoire,  s.  1.,  poiilt;  en  tôle  percée  de  trous, 
dans  laquelle  on  cuit  les  châtaignes,  comme  on  peut 
le  voir  encore  dans  nos  carrefours.  Quelques-unes 
sont  en  terre  de  poterie,  mais  aussi  de  peu  de  durée. 

—  «  Et  semblo3-td'unepaelle  à  fricasscrchastaignes.  » 

—  (Pant.  liv.  i,  ch.  52). 

Harasser,  v.  a.,  c'est  griller  les  châtaignes  dans 
une  harassoire.  —  «  Les  voulez-vous  harassées  ou 
bouillies  ?  » 

Harassée,  s.  f.,  c'est  le  contenu  de  la  harassoire 
après  la  cuisson.  Manger  une  harassée  de  châtaignes 
en  buvant  du  cidre  doux  est  pour  nos  paysans  le 
plus  heureux  passe-temps. 

NORM.  :  bavasse,  grand  panier  à  claire-voie.  Harassoire, 
poL-le  ponr  griller  les  châtaignes.  Harasser  les  châtaignes. 
Une  harassée  de  châtaignes.  —  centre  :  harasse,  sorte 
de  grande  caisse  à  claire-voie,  de  grand  panier  d'embal- 
lage. —  BESCH.  :  harasse,  sorte  de  cage  à  claire-voie 
pour  emballer  le  verre. 

Harder,  v.  a.,  troquer,  échanger,  une  chose 
pour  une  autre  :  Harder  son  cheval  borgne  contre  un 
aveugle,  perdre  au  change.  —  On  trouve  dans  Mon- 
taigne harde,  substantif,  (liv.  3,  chap.  5)  ;  le  verbe  est 
seul  usité  chez  nous. 

NORM.  :  Ijarder,  m.  sg. 

Hardi,  adv.  de  quantité,  beaucoup.  —  «  En 
avait-y  bel  et  ben  ?  —  Oui,  il  en  avait  hardi.  » 


—    207    — 

Harée,  s.  {.,  averse,  giboulée.  —  «  Encore  une 
barcc  qui  chauffe,  »  disent  nos  paysans,  lorsqu'un 
nuage  apparaît  dans  un  chaud  nivon  de  soleil.  — 
Dans  Rab.,  housce,  ondée,  averse.  — Voy.  Arée. 

xoKM.  :  J.hinv,  averse,  pluie  d'omgc. 

Hari coter,  v.  n.,  travail  auquel  se  livre  le 
haricotier. 

Haricotier,  s.  m.,  voiturier  ou  propriétaire  d'un 
petit  charroi,  travaillant  à  la  tâche  ou  à  la  journée. 
Se  dit  aussi  d'un  petit  fermier  gagnant  sa  vie  avec 
peine.  —  Est  français,  mais  dans  un  autre  sens. 

Hatelle,  s.  f.,  morceau  de  bois  fendu,  —  Voy. 
Atldk. 

Hâte-ta,  excl.,  se  prononce  hatla  ;  composé  des 
deux  mots  hdtc-loi  ;  dépèche-toi,  viens  vite  —  «  Hâte- 
ta  par  lé  !  »,  accours  vite  par  ici. 

Haut.  Entendre  haut,  c'est  être  sourd,  autrement 
dit  oiic-diis,  avoir  l'oreille  paresseuse. 

Haute-houre,  s.  f.,de  grand  matin,  heure  mati- 
nale, par  opposition  à  basse-houre.  —  «  Allons,  les 
gars,  faudra  être  de  hautc-hoitre  demain,  j'aurons  d'ia 
besogne.  » 

Haut-le-mont,  loc.  a^v.,  monter  le  chemin, 
l'avenue,  le  champ. 

Haut-le-val,  loc.   adv.,   descendre,    par   opposi- 


—   208    — 

tioii  à  haiil-lc-iiiont.  —  Scarron  a  dit  :  « couranl  à 

iJioiit  ou  bien  à  vul.  » 

Haut-mal  (Tomber  du),  cire  atteint  d'épi- 
lepsie. 

BECH.-NORM.  :  Haiit-iiial,  m.  sg. 

Hautouroux,  se,  adj.,  matinal  (de  haule-honrc). 
—  «  Dam  !  les  gars,  foudra  être  hautouroux  demain, 
j'aurons  de  l'ouvraige.  » 

Vieux  Fr.  :   Haiitc-cure,  Haiitc-oiire,  Haiitc-vcsprc.  duc. 

Havet,  s.  m.,  petit  broc,  ou  fourche  en  fer  à  deux 
dents  avec  laquelle  on  retire  les  viandes  de  la  mar- 
mite. —  «  Ses  diables  étaient  tous  caparassonnez  de 
peaulx  de  loups,  de  cornes  de  beufz  et  de  grands 
hauvcl:^  de  cuisine.»  (Rab.  Pantag.,  chap.  3.) 

BESCH.  :  Havct,  m.  sg.  —  norm.  :  Havcf,  ustensile  de 
cuisine  en  fer,  ayant  par  un  bout  la  forme  d'un  croc,  et 
par  l'autre  celle  d'une  fourche.  —  Vieux  Fr.  :  Havct, 
croc,  crochet,  Havetus.  duc. 

Hébéterie,  s.  f. .  syn.  de  ennui,  désagrément.  — 
«  Je  croyais  avoir  terminé  cet  ouvrage  ;  il  va  falloir 
recommencer  ;  quelle  hcbâerie!  » 

N'OR.M.  :  Héhélcr,  importuner,  ennuyer. 

Hec,  S.  m.,  ustensile  de  cuisine  dans  nos  fermes. 
C'est  une  espèce  de  claie  de  30  à  35  centimètres  de 
côté,  sur  laquelle  la  cuisinière  étend  les  galettes  de 
blé  noir  après  la  cuisson. 


—    209   — 

Herbolées,  s.  f.  pi.  On  désigne  par  ce  terme 
générique  toutes  les  plantes  pharmaceutiques  ou  mé- 
dicinales simples.  —  «  Q.ue  v's'a-t-y  dit  le  médecin  ? 
—  Ah  !  y  m'a  dit  d'baii"e  sus  d's'hcrbûUcs.  » 

Vieux   Fr.  :   Herbelir,    potion    médicinale,    f.iite    de  jus 
d'herbes,  duc. 

Hérie,  s.  f..  par  abréviation  d'héritage.  On  pro- 
nonce Ihiric.  —  i(  Il  a  fait  une  bonne  htirù',  qui  l'a 
remis  dans  ses  affltires.   » 

Herquelier,  s,  m.,  ouvrier  sans  profession  dé- 
terminée, manœuvre.  —  Se  dit  souvent  en  mau- 
vaise part.  —  «  C'était  un  pauvre  bctqiielier.  »  —  Ce 
mot  ne  viendrait-il  pas  de  hère  (pauvre  hère  ?)  — 
«  Douze  chasseurs,  douze  pêcheurs  et  douze  oiseliers 
font  trente-six  hcrqudieys.   »  (Dicton    populaire). 

Hersée,  s.  f.,  bataille. 

Herser  (Se),  ou  s'entre-herser,  v.  pron., 
se  battre,  se  prendre  au.\  cheveux.  L'origme  de  ce 
mot  n'est  pas  douteux.  Il  est  emprunté  à  l'instru- 
ment aratoire,  la  herse,  dont  on  connaît  l'action  sur 
les   terres  labourées. 

Heudes,  s.  f.  pi.,  entraves  de  chaînes  ou  de  cor- 
des, qu'on  met  aux  jambes  des  animaux  pour  les 
empêcher  de  franchir  les  clôtures.  Voy.  etibciuicr, 
débciidcr. 

•NOR.vi.  :  //('(«/f,  bricole  pour  retenir  un  animal,  entraves. 


Hignette,  s.  f.,  serpe  ou  serpette  de  jardinier. 
On  dit  aussi  hii^noclh'. 

Hinche,  s.  f.,  répugnc-ince,  dégoût  ;  plus  encore, 
la  haine  (Vern.) 

Hober,  v.  a.,  ébranler,  secouer  (un  arbre).  Vov. 
Obc'-. 

Hobée,  s.  f.  Voy.  Obèe. 

Hollander,  v.  a.,  déplacer,  expatrier,  transpor- 
ter au  loin.  —  «  On  fera  bien  de  hollander  ce  garçon- 
là  qui  ne  fera  rien  de  bon  s'il  reste  au  pays.»  —  «  La 
mère  Michel,  pour  se  débarrasser  de  son  chat,  avait 
beau  le  hollander,  il  revenait  toujours  au  logis.  »  —  Il 
est  évident  que  ce  verbe  a  été  créé  pour  exprimer  le 
goût  des  voyages,  qui  est  dominant  chez  le  peuple 
hollandais.  Il  trouve  souvent  son  application  dans  la 
conversation. 

Hoquelle,  s.  f.,  c'est  le  mets  connu  aujourd'hui 
sous  le  nom  de  financière,  pâté  chaud,  vol-au-vent. 
Le  vol-au-vent  est  la  croûte  en  pâtisserie  de  la  ho- 
quelle. 

Horloge  (Le  gros),  s,  m.,  ne  se  dit  que  de 
l'horloge  de  la  ville.  Les  autres  horloges  reprennent, 
ou  plutôt  conservent  le  genre  féminin.  Voy.  Gros. 

Hors-venu.  De  ces  deu.\  mots  on  a  fait  un 
substantif.  Le  hors-venu  est  un  étranger  (venu  du 
dehors),  ou  une  personne   qui   vous  arrive  dans   un 


moment  inopportun.  —  Il  est  toujours  pris  en  mau- 
vaise part. 

Houle,  s.  f.,  vase  en  terre,  de  la  forme  d'une 
citrouille,  ou  d'un  potiron,  dans  lequel  on  /ait  le 
pot-au-feu.  —  a  Verser  du  pot  dans  la  Ixtik,  et  de  la 
Ijoule  dans  le  pot,  d  proverbe  populaire  qui  équivaut 
à  ceux-ci  :  Faire  un  trou  pour  en  boucher  un  auire  ; 

—  Découvrir  Saint-Pierre  pour  couvrir  Saint-Paul  ; 

—  Brûler  la  chandelle  par  les  deux  bouts. 

BESCH.  :  boule,  espèce  de  ni.-irniiie  ou  de  vaisse.iu  destine 
à  chauffer  les  liquides.  Du  latin  clla.  —  trèv.  :  houle, 
t.  de  quincailler,  marmite  ou  vaisseau  à  mettre  sur  le 
feu. 

Houlon,  S.  m.,  mesure  à  l'usage  des  buveurs, 
de  la  contenance  d'un  demi-litre.  —  «  Je  te  paie  un 
boulon,  »  sous-entendu  de  cidre  ;  en  parlant  de  la 
bière,  on  dit  chope  ou  bock. 

Housè,  ée,  adj.,  presque  toujours  acccompagné 
de  l'adverbe  mal.  —  Se  dit  des  personnes  mal  vêtues 
ou  négligées  dans  leur  toilette.  C'est  un  vieux  mot 
mais  nous  avons  altéré  la  signification  que  lui  donnent 
les  auteurs.  —  a  Connue  te  voilà  bouse  !  que  tu  es 
mal  bousè  !  »  —  Villon  a  dit,  dans  une  autre  accep- 
tion :  a  Bottez,  /;o//m".  comme  pescheurs  d'oystres 
(huitres^.   » 

AC.\D.  :  bo:isé,  botte,  et  par  extension,  crotté.  — nor.m.  : 
Mal  housé,  mal  habillé. 

Houstal.  Vov.  Oustal. 


Huchée,  s.  f.,  distance  qui  peut  se  mesurer  par 
la  portée  de  la  voix,  comme  l'indique  le  verbe  hiicher, 
d'où  vient  ce  substantif.  —  Cependant  on  dit,  par 
extension  :  Il  y  a  une  fameuse  hiichée  de  tel  village  à 
tel  autre,  c.-à-d.,  une  assez  longue  distance. 

Hucher,  v.  a.,  appeler  à  haute  voix,  à  tue-tête, 
les  personnes  éloignées,  les  ouvriers  dans  les 
champs. 

«  Et  hiicbc  du  latin  p'us  haut  que  tous  nos  prêt'es.  » 
(Vieille  chanson). 

Hucher  en  paume,  c'est  mettre  ses  mains 
devant  sa  bouche,  de  façon  à  en  faire  un  porte-voix, 
et  non  siffler  avec  les  doigts,  comme  l'a  dit  le  Bi- 
bliophile Jacob.  (Je  lui  demande  humblement  pardon 
de  cette  rectification.) 

Le  buchet,  selon  Nicot,  est  le  cornet  qui  sert  à 
appeler  ou  hucher  les  chiens. 

«  Ils  m'ont  mis  en  faction 
D'vant  la  citadelle  ; 
Ceux  qui  n'savaient  pas  mon  nom 
M'app'laicnt  sentinelle  ; 
I  n'passait  ni  chien  ni  chat, 
Qiie  je  n'hitchis  :  qui  va  là  ?  » 
(Aventures  d'un  conscrit.  Vieille  chanson). 

ACAD.  et  BESCH.  :  hi/chcr,  appeler  à  haute  voix  ou  en 
sifflant.  Vieux  mot,  qui  n'est  plus  guère  usité  qu'à  la 
chasse.  —  trèv.  :  hucher,  vieux  mot  qui  signifiait  autre- 
fois appeler.  N'est  plus  en  usage  que  dans  les  provinces 


—   213    — 

et  un  peu  à  la  chasse.  —  norm.  :  bûcher,  appeler  à 
une  grande  distance.  Hachée,  huqncc,  cri  que  l'on  fait  en 
bûchant.  Huchce,  huqncc,  bupct,  jupct,  jupce,  distance 
que  peut  franchir  le  cri  d'une  personne  qui  huche.  — 
CENTRE  :  hucher,  appeler,  crier.  —  Se  trouve  dans 
Rab.  —  DUC.  :  hucher,  hucciarc.  Hucha,   proclamatio. 

Hunes,  s.  f.,  pi.,  douleurs  rhumatismales,  ou 
rhumatismes  aigus  ;  la  goutte.  Il  y  a  peu  d'années 
encore,  on  avait  recours  dans  nos  campagnes,  pour 
la  guérison  de  ces  maux,  à  des  empiriques  ou  gué- 
rissoux,  qui  pratiquaient  des  incisions  aux  articula- 
tions des  membres  malades,  et  souvent  ils  les  estro- 
piaient. 

Huppe,  s.  f.,  A  la  ville,  comme  aux  champs,  on 
donne  cette  épitliète  aux  femmes  malpropres  ou 
négligées  dans  leurs  personnes,  parce  qu'on  prétend 
que  l'oiseau  de  ce  nom  (que  nous  appelons  pitpiit  : 
«  ou  me  munir  de  langues  de  puputs.  »  (Pantag. 
ch.  25),  bâtit  son  nid  avec  sa  propre  fiente.  — 
«  Vous  connaissez  Madame  X...,  quelle  huppe  !  » 

Husset,  s.  m.  C'est  l'huis  ou  la  partie  inférieure 
de  la  porte  d'entrée  de  la  ferme.  La  partie  supérieure 
reste  habituellement  fermée,  surtout  la  nuit.  Uhussct 
protège  les  habitants  contre  les  visites  importunes 
des  animaux  de  basse-cour  souvent  assez  audacieux 
pour  franchir  l'obstacle. 

A  Saint-Malo,  Vhitsset  se  nomme  conini  ;  dans  le 
Maine,  haisiau. 


214 


lan,  adv.,  pour  oui.  —  Mada-ian,  ma  foi  oui  ; 
plus  souvent  Ma-ja-ian. 

lé,  adv.,  de  lieu,  pour  ici.  —  a  Jean  est-y  venu 
par  ic  ?  »  —  «  I  n'viendra  pas  iè  anet.  » 

Innocent,  te,  adj.  idiot,  privé  de  raison.  Dans 
nos  campagnes  on  a  grand  soin  des  innocents.  C'est 
la  chance  de  la  maison,  dit-on. 

NORM.  :   innocent,  idiot,  fou  iiiofFensif. 

Itout,  adv.,  aussi,  de  même,  avec.  Montaigne 
disait  atout. 

BESCH.  :  itou,  mot  employé  par  les  paysans  ;  de  même, 
aussi.  V.  Molière.  —  norm.  :  itoiil,  êtoiit,  m.  sg.  — 
CENTRE  :  iloii,  aussij  pareillement.  De  item  }  On  dit 
aussi  élou,  de  etiam  ? 


-  21  5 


Jacques-dale,  s.  m.,  surnom  donné  en  mau- 
vaise part  aux  maris  qui  empiètent  sur  les  droits  de 
leurs  femmes,  qui  s'occupent  de  l'intérieur  du  mé- 
nage. —  «  Voyez  ce  Jacques-dak  qui  mène  les  poules 
pisser  !  »  —  Aux  XlVe  et  XV^'  siècles  on  les  appelait 
Jacques-Bonhomme,  par  dérision  et  par  allusion  aux 
guerres  de  la  Jacquerie. 

JallO)  s.  f.,  engelure.  —  «  J'ai  cet  hiver,  des  jalles 
aux  pieds  et  aux  mains,  » 

Jambette,  s.  f.,  petit  couteau.  —  Enfant,  je 
possédais  une  jamhetle  dont  le  manche  avait  la  forme 
d'une  botte. 

ACAD.  et  BESCH.  :  jamhcitc,  petit  couteau  dont  la  lame 
se  replie  dans  le  manche. 

Jan,  S.  in.  ou  Janique,  s.  t.,  ajonc  épineux  à 
fleurs  jaunes  qui  fleurit  en  toute  saison  dans  nos 
haies,  ce  qui  fait  dire  aux  paysans  que  «  c't'i  l'a  qui 
serait  fouetté  pendant  la  floraison  du  jan,  aurait  les 
fesses  lassées.  »  —  Coupé  tous  les    cinq  ou   six  ans, 


—    2l6    — 

on    en   fait  d'excellentes  bourrées  pour   chauffer   les 
fours. 

Jâoais  ou  Jânaye,  s.  t.,  terre  laissée  en  jachère 
ou  à  repos,  dans  laquelle  on  a  semé  du  jan.  On  pro- 
nonce jtiJids.  —  On  met  les    vaches   à  pâturer  dans 

les  jiimis. 

Jânier,  s.  m.  syn.  de  jatiaye,  champ  dans  lequel 
on  a  semé  de  l'ajonc. 

N'ORNE.  :  jaii,  ajonc  ou  genêt  épineux.  Janiiihe,    champ 
planté  de  jan. 

Jarreteler  (Se),  v.  pron.,  mettre  ses  jarretières. 
Nous  disons  jarteîer.  —  «  Elle  était  toujours  mal  jarre- 
telée,  et  on  lui  disait  :  Tu  perds  tas  bas.  Bastienne  ». 
(Allusion  à  la  sainte  qui  n'avait  pas  besoin  de  jarre- 
tières, sainte  dont  les  bas  se  tiennent). 

Jarretiaux,  s.  m.  pi.,  pour  jarretières.  Ne  se 
dit  qu'au  pluriel,  mes  jarretiaux.  Par  élision  jar- 
tiaii.x. 

Javelé,  ée,  part,  passé  de  j air  1er.  Ce  mot  a  chez 
nous  deux  significations  différentes.  Ce  n'est  pas  seu- 
lement le  blé  mis  en  javelles,  c'est  le  fait  de  le  laisser 
séjourner  sur  le  sol  pendant  cinq  à  six  jours,  dans  le 
but  de  mûrir  un  peu  la  paille,  de  laisser  sécher  les 
parasites,  de  façon  à  faciliter  l'opération  du  battage, 
ou  de  la  batterie,  comme  nous  disons.  Ainsi,  on  ne 
battrait  que  très  difficilement  le  blé  noir,  dont  la 
paille  est  grasse  ;  il  faut  qu'elle    soit   javelèe.    —    Ce 


mot  s'applique  également  aux  fruits  qu'il  faut  cueillir 
avant  complète  maturité.  Certaines  espèces  de  poires 
et  de  pommes  ne  sont  bonnes  que  javelccs.  Le  cidre 
ne  peut  être  fabrique  que  lorsque  les  pommes  sont 
javelces. 

Javeron,  s.  m.,  jeune  garçon  domestique. 

Jean.  Faire  la  Saint-Jean,  c'est  nettoyer  à  fond 
toute  la  maison.  Après  cette  opéralion^  on  se  mire 
dans  les  meubles  ;  tout  est  «  net  comme  torcliette  ;  » 
mais  elle  n'a  lieu  qu'une  fois  l'an,  à  la  Saint-Jean, 
d'où  lui  vient  son  nom.  Il  faut  observer  que  c'est 
l'époque  où  les  cuisinières,  les  femmes  de  chambre 
changent  de  maîtres,  et  que  ce  jour-là  ces  demoi- 
selles cireraient  volontiers  les  semelles  de  vos  sou- 
liers. Gare  le  lendemain  ! 

Jeun  (A),  locution  qui  revient  souvent  chez 
nous.  —  L'homme  à  jeun  est  celui  qui  n'est  pas  ivre. 
S'il  est  ivre,  il  a  cessé  d'être  â  jeun.  —  Le  président  : 
«  Témoin,  l'accusé  était-il  ivre  ?»  —  Réponse  :  «  Il 
n'était  pas  à  jeun,  »  ce  qui  veut  dire  qu'il  avait  un 
commencement  d'ivresse. 

Jeune-homme,  s.  m.,  quelquefois  synonj'me 
de  célibataire.  —  «  Vous  avez  connu  Le  Gonec,  s'était- 
il  marié  ?  —  Non,  il  est  mort  jeune-homme  à  75 
ans.  » 

Jilée,  s.  f.,  jet  d'eau.  —  Marcher  dans  le  ruisseau, 
dans  une  mare,  éclabousser  la  personne   qui   marche 


—    2l8   — 

à  vos  côtés,  c'est  lui  lancer  une  jilce.  —  «  Ah  !  le 
maladroit  !  il  m'a  lancé  une  jilêe  !  »  —  Est  usité  à 
la  ville  et  à  la  campagne.  —  Jet  est  l'origine  indiquée 
de  ce  mot.  (V.  Gillcr). 

Jiler,  V.  a.  et  n.,  action  de  lancer  une  jilce.  — 
De  jaillir. 

Jiloire,  s.  f.  Les  enfants  appellent  jiloire  une 
petite  seringue  dont  ils  se  servent  comme  de  jouet 
pour  jih'r  de  l'eau  à  leurs  petits  camarades. 

Jinjin,  s.  m.  C'est  Jean-Jean  appliqué  au  civil  ; 
c'est  le  niais,  le  foutriquet,  le  vétillard.  —  Gavarni  a 
créé  le  verbe  ginginer,  faire  une  œillade  ;  c'est  une 
autre  signification. 

Jobelin,  s.  m.,  niais,  crédule.  Ce  mot,  employé 
par  Rabelais,  est  très  usité  chez  nos  paysans.  — 
«  Voyez  don'  ce  Johlin  bridé,  qui  mène  les  poules 
pisser.  »  —  Voy.  Jacqiies-Dale. 

BESCH.  :  Johi'liii,  Johelot,  sot,  nigaud,  niais.  Vieux  et 
inus.  Joherie,  moquerie.  Vieux.  —  trév.  :  Jobeliti,  sot, 
manière  de  cocu.  N'est  usité  que  dans  !e  style  burlesque 
et  satirique.  —  norm.  ;  Johclct,  sot,  méprisable. 

Jober,  v.  n.,  attendre  longtemps  la  personne  qui 
vous  a  mis  au  piquet.  C'est  faire  le  pied  de  grue.  — 
«  Il  V  a  une  heure  que  vous  me  faites  jober.  »  —  Le 
substantif  yoZ'rtn/  a  peut-être  ce  verbe  pour  origine. 

CENTRE  :  Jober,  jouer,  s'amuser,  plaisanter.  Se  dit  sU'r- 
tout  des  jeux  enfantins. 


—    219    — 

Joe,  s.  m.,  perchoir  ou  juchoir,  d'où  ce  mot 
dérive  ;  réduit  ou  lieu  réservé  aux  poules  de  la  basse- 
cour.  —  S'applique,  par  extension  à  une  personne 
obligée  de  monter  pour  gagner  son  lit.  —  «  Allons,  - 
enfants,  à  joc  I  »  (allez  vous  coucher).  —  Aller  à  joc 
comme  les  poules,  c'est  se  coucher  de  bonne  heure. 
—  Semble  emprunté  au  terme  de  meunier  à  joc,  qui 
veut  dire  arrêter  le  moulin.  —  On  trouve  jocqtieter 
dans  Rabelais.  (Pantag.  ch.  22.) 

Joliment,  adv.,  beaucoup,  passablement.  —  «  Y 
avait-il  beaucoup  de  monde  à  cette  cérémonie  ?  — 
Mais  oui,  joh'iiicut.  » 

AC.\D.  :  Joliment,  ni.  sg.  fam. 

Jonchée,  s.  f.  Nous  appelons  de  ce  nom  un  fro- 
mage au  lait,  qui,  après  avoir  été  pris  ou  cailU  par  la 
caillette,  est  mis  à  égoutter  sur  une  espèce  de  claie 
en  paille  serrée  qui  est  la  jonchée  proprement  dite. 
Les  fermiers  apportent  d'ordinaire  à  leurs  proprié- 
taires, à  l'époque  du  Grand-Sacre  (Fête-Dieu),  une 
jonchée,  soit  comme  cadeau,  soit  à  titre  de  redevance. 
Le  contenu  et  le  contenant,  ornés  de  fleurs,  sont 
servis  sur  la  table.  C'est  un  dessert  national  chez  les 
Rennais. 

Jopîtrer,  v.  a.,  jouer,  folâtrer.  —  «  Les  gars  et  les 
filles  s'en  allaient  jopîlrant  par  les  chemins.  »  —  Ce 
mot  vient-il  de  ;V«  ou  de  joue  qu'on  prononce /ot;  .'*  je 
pencherais  pour  cette  dernière  étymologie  ;   car,  en 


—    220    — 

jopltrant,    on   s'embrasse   assez   souvent.  —    On  dit 
aussi  joupitrer. 

Jorée,  adj.  1,  se  dit  des  eaux  croupies,  corrom- 
pues. —  N'a  pas  de  masculin. 

Joteriaux,  s.  m.  pi.,  glandes  ou  tumeurs  qui  se 
produisent  au  cou  ou  à  la  gorge.  (Oreillons).  Se  dit 
aussi  des  humeurs  froides  ou  écrouelles.  —  «  Il  ou  elle 
a.  les  joteriaiix.  »  —  N'a  pas  de  singulier. —  DansRab. 
atiripeaiilx  :  «  Nous  n'estudions  jamais  de  pour  des 
auripcaidx.  »  (Garg.  ch.  30).  —  Nos  paysans  gué- 
rissent leurs  enfants  des  jotcriaux  en  les  obligeant  à 
se  frotter  les  mâchoires  à  l'auge  des  cochons  ;  c'est 
un  remède  souverain  !... 

Jotte  (Soupe  de),  potage  épais,  soupe  de  limou- 
sin. —  On  appelle  aussi  de  ce  nom  la  soupe  de  poti- 
ron ou  de  citrouille. 

CENTRE  :  /()//(•,  joue,  grosse  joue. 

Joue  sous  l'œil  (Avoir  la),  locution  qui 
s'applique  aux  visages  piquants,  agaçants,  aux  jeunes 

filles    jolies    :     —    «  Vous  connaissez  M"^ ?    — 

Oui,  c'est   un  beau  brin   de  fille  ;   elle  a   la  jonc  sous 
l'œil.  » 

Jubler,  V.  n.,  jouer,  s'amuser.  —  «  Enfant,  il  ne 
pensait  qu'à  juhki-  avec  ses  petits  camarades.  »  (Amanlis 
et  communes  voisines).  —  Semble  venir  du  latin  ;»- 

hilare. 


Labri,  s.  m.,  espèce  de  chien  à  poil  ras.  C'est  le 
chien  du  berger,  du  boucher,  et  aussi  le  chien  de 
garde.  On  croit  que  cette  espèce  nous  vient  de  la 
Brie,  dont  elle  porte  le  nom. 

Lahan,  s.  m.,  mal  des  reins,  lombago.  —  «  On 

dit  qu'à  veilli'  on  moullit,  »  disait  un  vieillard  atteint 
d'un  labaii,  a  je  dis  ma  qu'on  raidit,  je  n'peu  plus 
m'player.  »  Traduction  :  On  dit  qu'à  vieillir  on 
mollit  ;  je  dis,  moi,  qu'on  raidit  ;  je  ne  peux  plus 
me  ployer.  Voy.  AJian. 

Lait,  Petit-lait  ou  Lait-mâri,  s.  m.  Nous 
appelons  pelil-lait,  le  lait  dont  on  a  extrait  la  partie 
solide  ;  ainsi  le  clair  de  caille.  On  l'emploie  comme 
boisson  rafraîchissante,  ou  encore  pour  hâter  et  faci- 
liter les  vomissements  —  Oserai-je  dire  que  Littré 
s'est  trompé  en  appelant  petit-lait  le  lait  baratté  ou 
lait  de  beurre  ? 

Laiteron,  onne,  s.,  poulain  non  encore  sevré. 
NOR.M.  :  Lailcroii,  m.  sg. 


Là-lain,  adv.,  composé  des  deux  adverbes  là  et 
loin.  —  «  Il  est  là-Jain  »,  à  une  certaine  distance 
là-bas. 

SARTiiE  :  Là  loin,  ni.  sg.  —  norm    :  Là-long,  là-mont. 

Lalouette-bandée,  s.  f.,  jeu  des  enfants  (colin- 
mailiard),  auquel  de  grandes  personnes  aiment  sou- 
vent  à  prendre  part.  Voy.  Ahuette^bandèe. 

Lampée,  s.  f.,  grande  gorgée.  —  Boire  à  grandes 

hiDipèes,  à  longs  traits. 

ACAD.  :   Lampée,  grand  verre  de  vin.  Pop. 

Languirie,  s.  f.  Du  verbe  languir  nos  paysans 
ont  fait  langiiirie,  souffrance  prolongée,  maladie  de 
langueur.  • —  «  Pauvre  femme  !  le  bon  Dieu  ferait 
mieux  de  la  prendre  ;  quelle  languirie  !  » 

CENTRE  :  Langiiition,  langueur. 

Lanlairs,  s.  m.  pi.,  balivernes,  calembredaines, 
contes  à  dormir  debout.  —  «  Quels  lanlairs  nous 
racontez-vous  là  ?  » 

NORM.  ;    Lanlaire  n'est   usité  que  dans   la  locution  :    Va 
/(■faire'  lanlaire.  (Va  te  faire  fiche). 

Lardier,  ière,  s.,  marchand,  marchande  de  lard  ; 
—  de  leur  vrai  nom  charcutier,  charcutière. 

Le,  pr.  pers.  f.,  pour  elle,  mais  seulement  à  la  fin 
d'une  phrase.  On  ne  dit  pas  :  le  viendra,  mais  :  vien- 


—    223    

dra-t-eUc  le  ?  —    Il  en  est  de  même  du  pronom  mas- 
culin ///. 

Léchard,  arde,  adj.,  personne  qui  aime  la 
lèche  et  les  lècheries.  —  Rab.  :  gourmand  ;  chez 
nous,  friand. 

Lèche,  s.  f.,  friandise.  —  «  Goûtez  ceci,  c'est  de 
la  Kche.  »  —  Au  pluriel,  UxJjen'cs. 

Lècherie,  s.  f.,  friandise  ;  plus  usité  au  pluriel. 
—  al!  aime  les  Ikherics.  » 

Lèchoux,  ouse,  s.  et  adj.,  personne  qui  aime  à 
lécher.  —  «  C'est  un  léchoiix,  ou  un  lèche-plat.  »  —  «  Les 
avocats  sont  des  lèche-plats,  les  procureurs  sont  des 
voleurs.  »  (Dicton  populaire).  —  En  ville  on  dit 
lécheiir,  lecheuse.  —  «  Chère  Madame,  si  votre  bonne 
n'a  aucun  vice  rimant  en  eiise,  croyez-moi,  gardez- 
la.  .) 

BESCH.  :  li'chc,  tranche  mince  de  qq.  chose  qui  se  ni.m- 
ge.  Lècljcrie,  vieux  mot  signifiant  friandise  et  qqfois  dé- 
bauche. Lécljeiir,  avide,  gourmand.  Fam.  —  nor.m.  : 
lècheries,  liclieries,  liqneries,  friandises.  Licl:eiir,  Icchcur. 
—  CENTRE  :  lèche,  lècheur,  Uchcux,  lèchoiii,  gourmand. 
Lècherie,  lèchouinerie,  gourmandise.  On  dit  aussi  Ucher, 
'  licherie,  lichens,  lichcur,  féni.  lichoiise,  lichourie.  — 
Vieux  Fr.  :  lècherie,  gourmandise,  débauche,  libertinage, 
d'où  lecheor,  lecheonr,  lecheiir  et  lecheresse,  —  Lccalor 
(duc). 

Lecturier,  ière,  adj.,  qui  aime  la  lecture. 

Leute,  s.  f. ,  œuf  du  pou  qui  s'attache  aux  chc- 


—    224    — 

veux  des  entants.  Ce  mot  est  français,  mais,  héks  ! 
il  est  surtout  breton.  —  On  dit  du  cidre  qui  perle 
dans  les  verres  :  «  V'ià  d'fameux  piot,  il  a  des  lentes 
dans  le  yw  (poil),  »  comparaison  qui  n'est  ni  vraie, 
ni  propre. 

Lentoux,  ouse,  ad].,  qui  a  des  lentes  dinslc  pa 
dans  le  poil,  c'est-à-dire  dans  les  cheveux. 

ACAD.  :  lente,  m.  sg.  —  sarthe  :  lente,  m.  sg.  —  cen- 
tre :  tende,  m.  sg.  —  Vieux  Fr.  :  Uns,  lentes,  œufs  de 
pou.  V.  Rom.iu  de  Reiiart  (duc). 

Lenteux,  euse,  adj.,  douteux,  louche,  peu 
croyable. 

Lessis  ou  Lessix,  s.  m.,  eau  de  lessive,  terme 
de  blanchisseuse.  C'est  l'eau  saturée  de  cendres  qui  a 
servi  ou  doit  servir  au  blanchissage  du  linge.  A 
Rennes,  le  lessis  sert  à  la  lessive  ;  la  lessive  comprend 
toute  l'opération  du  blanchissage. 

sarthe  :  lessis,  eau  de  lessive.  —  centre  :  lesse,  lessif, 
lessis,  m.  sg. 

Lever,  v.  a.,  souvent  employé  dans  nos  campa- 
gnes pour  attraper,  tromper,  voler,  frapper.  —  «  Jac- 
ques a  été  b'en  la'é  à  la  faire  (foire)  ;  on  lui  a  vendu  un 
mauvais  jeval  (cheval),  et  on  lui  a  volé  sa  montre  par 
dessus  Tmarché.  »  —  Vous  entendrez  souvent  une 
femme  du  peuple  dire  à  sa  fille  :  —  «  J'vas  tlcver  le 
c...,  si  tu  ne  fais  pas  ceci,  ou  si  tu  fais  cela  »,  c.-à-d., 
qu'elle  va  être  battue. 


—    225    — 

Lézarder,  v.  n.,  se  mettre,  se  chauffer  au  soleil, 
prendre  un  bain  de  soleil  à  la  façon  des  lézards.  — 
Qui  n'éprouve  un  vrai  plaisir  à  li'iardcr  par  un  beau 
raj^on  de  soleil  d'hiver  ou  de  printemps  ? 

Liandra  ou  Glandra,  s.  m.,  gland  du  chêne. 
Voy.  glandra.  —  Les  porcs  nourris  de  liandra  ont  la 
chair  plus  ferme  et  plus  délicate. 

Liberier,  s.  m.,  qui  aime  les  livres,  la  lecture.  — 
Ce  dérivé  du  latin  liber  n'est  pourtant  usité  que  dans 
nos  campagnes. 

Liberier,  s.  m.,  grand  pressoir  à  vis. 

Liborionner,  v.  n.,  lire,  aimer  la  lecture.  —  Le 
paysan  aime  mieux  voir  labourer  que  liborionner.  — 
Ce  verbe  est  pris  en  mauvaise  part  ;  car  celui  qui 
liborîonne  néglige  parfois  les  travaux  de  la  ferme. 

Ligneux,  s.  m.  pi.,  cordons  de  cuir  pour  atta- 
cher les  souliers  : 

J'avas   une  paire  de  solers  tout  rigants  neuts, 
Qiie  j'attachâs  sus  le  dessus  o  des  ligneux. 
(Vieille  chanson). 

ACAD.  :  Lignent,  fil  enduit  de  poix  dont  se  servent  les 
cordonniers.  —  norm.  :  Ligneii,  ligneul,  fil  poissé  à 
l'usage  des  cordonniers.  —  centre  :  Lignou,  lignoul, 
ligneul  des  cordonniers. 

Limas,  s.  m.,  limaçon  à  coquille.  Les  enfants 
chantent  : 

15 


—   226   — 

Limas,  limas,  montre-moi  tes  cônes, 
Tu  verras  ton  grand'père  et  ta  grand'mère  sur  la  pierre  cbaudc. 

D'autres  disent  : 

Limas,  limas,  montre-moi  tes  cônes, 
Ton  père  et  ta  mère  sont  morts  sur  la  pierre  jaune. 

SARTHE  :  Luinas,  m.  sg.  —  xorm.  :  Limache,  limace. — 
CENTRE  :  Limas,  limace.  —  acad.  :  Limas  ou  limace 
(sans  coquille).  —  besch.  :  Limas  ou  limaçon. 

Limousine,  s.  f.,  manteau  en  grosse  laine  à 
l'usage  des  voituriers,  des  postillons  et  des  charretiers. 
A-t-il  été  importé  de  l'ancienne  province  dont  il  con- 
serve le  nom  ? 

.\CAD.  :  Liincusiiic,  manteau  de  poil  de  chèvre  ou  de 
grosse  laine  que  portent  les  rouliers,  et  dont  on  se  sert 
aussi  dans  les  campagnes.  —  centre  :  Limousine,  m.  sg. 
—  NORM.  :  Limonscine,  m.  sg. 

Linge,    ad].,  qui  possède  beaucoup  de  linge.    — 

«  Le  ménage  de   M'"'^   B était   bien  linge.  »  — 

«  Maison  bien  liiigée.   » 

Lippauder,  v.  n.,   manger  malproprement.  De 

lippe,  lèvre. 

Lippaud  ou  Lippaudier,adj.,  qui  Uppaïuie,  qui 
mange  malproprement. 

Lirette,  s.  f.,  jeune  fille  coquette  dont  la  mise 
et  les  allures  appellent  l'attentioia  des  galants. —  «J'ai 
congédié  ma  femme  de  chambre,  qui  était  une  lirctle.  » 
La  lascive  Galathée  était  une  franche  liretlc. 


__    227    

Lirou,  s.  m.,  Urot,  d'apros  les  naturalistes.  Chez 
nous  c'est  le  campagnol,  rongeur  un  peu  plus  gros 
que  le  mulot,  et  moins  gros  que  le  rat.  Très  friand 
des  fruits  de  nos  jardins,  il  porte  la  dévastation  dans 
les  treilles  et  les  espaliers. 

-•VCAD.  :  liron  ou  Icrot,  espèce  de  loir  gris.  —  besch.  : 
liron,  vieux  nom  du  loir.  —  centre  :  lire,  s.  m.  toute 
espèce  de  gros  rat  ;  Icrot,  loir  ;  Lit.  glis,  gliris.  —  Liron j 
lérot. 

Livard,  arde,  adj.,  gros,  obèse.  —  «  Je  suis 
encore  leste,  quoique  livard.  » 

Locart,  s.,  nom  donné  à  une  pomme  qui,  en 
qualité,  le  dispute  à  la  reinette.  Elle  est  surtout  ex- 
cellente cuite  au  four. 

s.\RTHE  :  Pommes  de  locart. 

Lochu,  ue,  adj.,  enfant  bien  nourri,  gras  comme 
une  loche. 

Logeable,  adj.,  à  l'usage  des  buveurs.  Se  dit, 
suiv^ant  l'intonation  qu'on  y  met,  d'une  boisson  par- 
faite ou  seulement  médiocre.  —  «  Comment  trou- 
vez-vous   ce    cidre  ?    —    Il    est    logeable,    mais 

—  Et  celui-ci  ?  —  Ah  !  parfait  !  plus  logeable 
que  l'autre.  »  —  Un  vieux  curé  de  village  dînait 
chez  son  évêque.  —  «  Curé,  que  dites-vous  de  ce 
vin  ?  —  Bonus  z'iiiiis,  Monseigneur.  —  Et  cet 
autre  ?  —  Ah  !  bonum  vinuiii  !  —  Pourquoi  ce 
barbarisme   dans  le  premier  cas  ?  —   A  bon  vin  bon 


—    22«    — 

latin,  Monseigneur  ;  à  mauvais  vin  mauvais  latin.  » 

Lohon,  s.  m.,  confiture  faite  de  merises  (cerises 
sauvages),  qui  tient  lieu  de  beurre  à  nos  paysans  en 
hiver  et  en  carême.  Comme  pour  toutes  choses,  son 
prix  est  plus  élevé  qu'autrefois.  11  vaut  aujourd'hui 
(!0  centimes  le  demi-kilogramme.  —  On  l'appelle 
aussi  badiokt,  cerise  (Voy.  ces  mots)  ;  mais  son  véri- 
table nom  est  Johon. 

Loir,  s.  m.  Le  taureau  ou  taurin  est  souvent 
appelé  de  ce  nom.  Voy.  taurin. 

Londaîn,  s.  m.,  quantité  de  foin  couchée  sur  le 
pré  par  un  coup  de  faulx. 

ACAD.   :  andain,  l'étendue  de  pré   qu'un   faucheur   peut 
faucher  à  chaque  pas  qu'il  avance. 

Lonlézi  (A  son),  adv.,  à  loisir,  à  son  aise,  à  ses 
heures.  —  «  Jacques  n'est  pas  un  paresseux,  mais  il 
travaille  à  son  }onlc~i.  » 

Vieux  Fr.  :  ll'i,  loisir.  —  Voy.  addaiii. 

LiOpe,  S.  f.  ;  de  lopin  nous  avons  fait  lope,  mor- 
ceau.Se  dit  d'un  morceau  de  pain. —  «  Le  bonhomme 
allait  de  ferme  en  terme  cherchant  salopc.o —  Happe- 
hpc,  mendiant,  parasite.  —  Dans  Rab.  lopincr. 

Losse,  s.  f.,  cuiller  à  potage,  pour  louche. 

Un  bon  coup  d'iosse  par  la  tête,  Dam'  oui,  Dam'  vcre, 
r  me  dit  cor  grand  merci,  Dam'  vère,  Dam*  oui. 
(Vieille  chanson). 


—    229   — 

Louchard,  arde,  adj.,  pour  louche. —  «  Ces  deux 
époux  se  regardent  toujours  de  travers  :  le  mari  est 
Joiichard,  et  la  femme  hncharde.  » 

Loulou,  s.  m.,  petit  nom  sous  lequel  les  femnies 
du  peuple  désignent  l'insecte  ovipare  qui  habite  la 
chevelure  de  leurs  enfants.  Nous  voyons  souvent 
les  mamans  assises  au  seuil  de  leurs  portes,  tenant 
sur  leurs  genoux  la  tète  d'un  petit  garçon  ou  d'une 
petite  fille  déjà  grandettc.  Q.ue  font-elles  ainsi  avec 
les  ongles  de  leurs  pouces  ?  Elles  tuent  des  louloux. 
—  Encore  bien  des  mères  ne  se  donnent  pas  cette 
peine  ! 

SARTHE   :    loulou,  m.    Sg.    —    N'ORM.  ;    loii,    loulou,    pou 

Loup-de-brousse,  s.  des  2  g.,  homme  ou  femme 
misanthrope,  peu  sociable. —  «Jadis  homme  du  mon- 
de, il  est  devenu  lotip-de-broiisse.  »  —  Mot  usité  à  la 
ville  et  à  la  campagne. 

Loye,  s.  m.,  nom  donné  au  taureau  dans  quel- 
ques   cantons,  d'où    aîoyc'e.    (Voy.    ce    mot). 

Lu,  pr.  pers.  m.  pour  lui.  —  «  J'irai  o  le,  mais 
y re\\enàra\  qualité  lu.  »  (J'irai  avec  elle,  mais  je  re- 
viendrai avec  lui).  Voy.  le. 


1^ 


Ma,  prou,  personnel,  pour  moi.  —  «  Viens-tu 
quanti'  ma  ?  —  Ncnni,  j'n'irai  pas  o  ta.   » 

Ma-da,  ou  Ma-fa,  (ma  foi)  exclamation  tou- 
jours suivie  de  oui  ou  de  non.  On  dit  indifférem- 
ment :  —  «  Voulez-vous  ceci  ?  —  Ma-fa,  ou  ma-da 
ian  (oui)  ;  ma-fa,  ou  via-da  noua  (non).  »  —  Tar 
ma-da,  par  ma-fa,  reviennent  souvent  dans  les  con- 
versations entre  paysans  ;  cela  donne  plus  d'énergie 
au  discours.  —  «  Creyous  qu'il  l'épousera  ?  — 
Par  ma-fa  fii'en  crais  ren.  »  —  Ironiquement,  et 
avec  accompagnement  d'un  léger  haussement  d'é- 
paule, Ma-da  ian  (ma  foi  oui)  exprime  aussi  l'incré- 
dulité.   —  Dans  le  Qucxcy  on  à\i  pci-mo-fè. 

Macagne,  adj.  m.  et  f.,    (terre   ou    sol)    lourd, 

compacte,    difficile    à    labourer.    —   Nos    terres   de 
Rennes,  loin  d'être  légères,  sont  macagues. 

Vieux  Fr.:  macaignc  :  «  sage  est  ceste  genz  c  macaignc  » 
Chronique  des  ducs  de  Norni.indie  (duc). 

Mâcher,  v.  a.,    briser,    couper,    hacher,    battre. 


Va  est  bref.  —  «  Au  lieu  de  couper  proprement  cet 
arbre,  vous  l'avez  iiiachc.y>  —  «V...,  qui  s'est  trouvé 
mêlé  dans  la  rixe,  a  été  iiiack'  (couvert  de  blessures 
et  de  contusions).  »  —  On  trouve  machcttre  dans 
Montaigne. 

Vieux    Fr.   :    mâcher,    mater.    Macheiive,    meurtrissure, 
contusion.  Bas  lat.  :  macatiira  (duc). 

Macre,  s.  f.,  châtaigne  d'eau  qu'on  trouve  en 
grande  quantité  dans  nos  étangs.  Les  habitants  de 
Vitré  font  une  grande  consommation  de  ce  farineux 
sans  saveur  ;  j'ai  remarqué  que  les  rues  de  cette  ville 
étaient  quelquefois  jonchées  de  la  bogue  anguleuse  et 
piquante  de  la  iiiacir.  A  l'époque  de  la  cueillette,  il 
serait  désagréable  d'y  marcher  pieds-nuds. 

ACAD.  :  macre  ou  maclc,  m.  sg. 

Mâgars  ou  Moigars,  s.  m.,  garçon  vigoureux, 
bien  bâti,  qui  se  signale  dans  les  exercices  du  corps. — 
a  A  la  lutte,  comme  au  travail,  c'est  un  mdgars.  »  — 
Ce  mot  paraît  avoir  eu  primitivement  la  signification 
de  mauvais  gars  ;  on  voit  qu'il  est  employé  dans  un 
sens  tout-à-fait  différent.  Voir  Moné-gars. 

Mai  ou  Main  (Faire),  embrasser,  donner  un 
baiser.  —  Mot  employé  par  les  mamans  et  les  petits 
enfants.  —  «  Faites  uiaiii  à  petite  maman,  vous  serez 
bien  gentille.   ». 

Maillard,  s.  m.,  canard  ou  mâle  delà  cane.    . 


—    252    — 

Maillettes,  s.  i.  pi.,  clous  qui  garnissent  les 
semelles  des  souliers  des  paysans.  Celles  qui  se  trou- 
vent au  bout  du  soulier,  et  qui  sont  d'une  forme 
toute  particulière,  se  nomment  bêcherons  ou  denls-de- 
vachc.  Voy.  ces  mots. 

Il  a  dans  ses  poucheitcs  des  pièces  de  tras  sous, 
Sous  ses  solers  des  clious  et  de  grousses  maillettes. 
(Vieille  chanson). 

Maingaux,  s.  f.  pi.,  crème  fouettée  avec  un 
mélange  de  blancs  d'oeufs  et  de  gomme  adragante. 
C'est  un  entremets  tout  Rennais.  Les  riches  comme 
les  pauvres  en  sont  très  friands  ;  seulement  les  riches 
les  mangent  purs  et  sucrés,  et  comme  friandise.  La 
petite  ouvrière  les  mangera  mélangés  de  lait,  comme 
principal  et  comme  dessert.  —  Le  dessous  des  main- 
gaiix  se  nomme  lait  pesé. 

Maisonnée,  s.  f.,  maison,  tout  le  personnel  de 
la  maison.  —  a  Comment  ça  va-t-il  ?  Et  toute 
la  iiiaisonnèc  ?  »  —  «  Ben  me  le  guarde,  si  cume  tel 
félon  de  ma  inaisnêe  ad  faite  traïsun.  »  (Chanson  de 
Rolandj.  —  Gustave  Merlet  a  traduit  maisnée  par 
ligmge.  —  «  Levez  estait  et  sa  maismée.  »  (Roman 
de  Renart. 

ACAD.  :  iiiaisoiiiiée,  m.  sg.  —  Pop. 

Maîsonnier,  s.  m.,  ouvrier,  journalier,  habi- 
tant une  subite  ou  petite  maison  isolée.  —  o  II  possé- 
dait deux  ou  trois  bicoques  occupées  par  des  tnaisoii- 


—  233  — 

niers  et  leurs  pauvres  familles.  »  —  N'a  pas  de  fémi- 
nin. —  Dans  Rab.,  viansioiinier. 

Maître,  esse,  s.  On  qualifie  encore  ainsi  dans 
notre  province  le  propriétaire  du  sol,  de  la  ferme. 
Le  paysan  dira  notit'  maître,  noiil'  ntailresse.  Le  fer- 
mier, le  métayer  est  qualifié  de  bourgeois  par  ses  do- 
mestiques et  ses  ouvriers.  —  «  Le  bourgeois  a  ordonné 
ceci  ;  la  bourgeoise  veut  qu'on  fasse  cela.  »  —  «Je vas 
servir  mon  maître,  »  disait   un  jour  devant   moi   un 

paysan  farceur,   il  allait au   cabinet   (ou    mieux 

aux  chiottes,  pour  nous  servir  de  son  langage.) 

Dans  nos  villes,  le  maître  et  le  bourgeois  c'est  tout 
un. 

Malement,  adv.,  assez  mal,  pauvrement,  médio- 
crement. —  «  On  dit  qu'il  réussit  maJeuieut  dans  son 
entreprise  ». 

BESCH.  :  malement  s'est  dit  pour  malheureusement 
(Scarron).  —  norm.  :  maternent,  méchamment.  — 
CENTRE  :  malement,  mal,  malicieusement,  méchamment, 
k  tort,  etc.  —  Vieux  Fr.  :  maternent,  malicieusement,  à 
mauvais  dessein  (duc). 

Mangeaille,  s.  f.,  tout  ce  qui  se  mange.  Syn. 
de  bouffaille.  —  Voy.  ce  mot. 

ACAD.  :  mangeante,  ce  qu'on  donne  à  manger  aux  ani- 
maux domestiques,  aux  oiseaux.  Fam.,  ce  que  mangent 
les  hommes.  —  besch.  :  mangeailte  se  disait  autrefois 
de  la  nourriture  des  hommes  (Brantôme). 

Mangeoux,  ouse,  adj.,  se  dit  de  la  personne 


—  234  — 

qui  a  de  In  prcférence  pour  tel  ou  tel  mets.  —  «  Jacques 
est  un  >natigeoux  de  lard,  sa  femme  mangeousc  de 
bouillie.  »  —  Vous  entendez  nos  poissonnières  crier 
dans  les  rues  :  —  «  Maiigeonx  de  maqueriau.K  (ma- 
quercau.x)  !»  —  Ce  cri  n'a  rien  d'harmonieux.  — 
On  dit  aussi  d'un  homme  doué  d'un  grand  appétit  : 
a  C'est  un  grand  »iaugeoux  ». 

Maqueriau,  s.  m.,  maquereau,  poisson.  — 
Comme  on  désigne  par  ce  mot  des  hommes 
exerçant  un  commerce  honteux,  nos  pudiques 
poissonnières  ont  préféré  en  altérer  la  pronon- 
ciation :  «  Maugeoiix  de  niaqiieriaux  !  »,  tel  est  le 
cri  adopté  par  elles  pour  la  vente  de  ce  poisson.  — 
On  appelle  aussi  maqueriaiix  les  taches  que  produit 
aux  cuisses  des  bonnes  femmes  l'abus  des  chauffe- 
rettes. Je  suppose  que  ces  taches  ont  quelque  ressem- 
blance avec  la  couleur  marbrée  du  poisson  ;  mais  la 
vérité  est  que  je  n'en  ai  jamais  vu. 

XORM.  :  maqucriati,   macriau,  m.  sg. 

Marabis,  s.  m.  pi.,  S3'n.  de  harassiaux,  vieux 
meubles.  (Fougères).  Voy.  har.issianx. 

Marchander  (Se),  v.  pron.  souvent  employé 
dans  le  sens  de  commercer.  —  «  Il  allait  de  foire  en 
foire,  et  se  marchandait  de  toutes  sortes  de  denrées.  » 

Vieux  Fr.  :  viarchaiider,  commercer,  conclure   un  mar- 
ché. Marchandari  (duc). 

Marcou,  s.  m.,  matou,  chat.    Nous  avons  con- 


—    23)    — 

serve  le  mot  primitif,  car  »iaioii  n'est  qu'une  corrup- 
tion de  marcou.  —  «  Est-il  coupé  (châtré)  vot'  viar- 
coii,  la  mère  Michelle  ?  » 

XORM.  :  mavcou,   marcaiit,  m,  sg.  ' 

Marée,  s.  f.,  c'est  une  flaque  d'eau,  moins  qu'une 
mare.  —  «  Ah  !  mon  Dieu  !  le  p'tit  a  fait  une  mârcL' 
sur  ma  robe.  —  Le  chat  a  fait  une  vntrèe  sous  le 
lit.  —  La  pluie  venue  du  dehors  a  foit  une  wa/rV  dans 
ma  chambre.  —  On  vo\  ait  la  luârcc  courir.  »  —  L'« 
est  long. 

XORM.  :  Miiire,  m.  sg.  Faire  une  iiiârét',  pour  uriner. 

Marg'anne,  s.  f.,  poudrette  ou  engrais  lait  de 
matières  fécales  et  de  tan  mélangés.  Cet  engrais  est 
très  puissant. 

Margannier,  ière,  s.,  homme  ou  femme  em- 
ployés dans  la  fabrication  de  la  luargaimc.  —  Un 
warganniev  contemplant  sa  besogne  et  la  trouvant 
bien  faite,  à  point,  disait  :  «  Ce  sera  fameux  !  j'aurai 
bien  sûr  un  morceau  de  pain  à  manger  là-dedans.  »  Il 
voulait  dire  qu'il  trouverait  bon  prix  de  sa  marchan- 
dise. —  Cette  industrie  a  disparu  depuis  l'introduc- 
tion du  guano  et  la  ùbrication  en  grand  du  noir 
animal. 

Margoulette,  s.  f.,  mot  familier,  syn.  de  figure, 
bouche.  —  «  Finis,  tais-toi,  ou  je  te  donne  sur  la  wor- 
<'oiûcttc.  » 


-256  - 

xoRM.  :  Margouleltc,  petite  bouche,  bouche  de  femme 
ou  d'enfant.  —  centre  :  Margoidelte,  mâchoire  ;  dér. 
de  goule. 

Maringotte,  s.  f.,  voiture  à  un  cheval,  couverte 
d'une  toile,  avec  laquelle  les  marchands  forains  par- 
courent les  foires  et  les  marchés.  —  a  M.  G...,  aujour- 
d'hui millionnaire,  a  commencé  les  affaires  dans  une 
maringotte.   » 

NORM.  :  Maringotte,  espèce  de  carriole  couverte. 

Marir,  (se),  v.  pron.,  se  fâcher,  se  mettre  en  co- 
lère. —  «  Je  vas  me  niâri  et  tu  vas  gober  »  (!'?'  ne  se 
prononce  pas.)  —  Employé  par  Montaigne.  — 
Marrir  dans  Rabelais.  —  On  appelle  lait-mdri  le  lait 
tourné  ;  le  clair  de  ce  lait,  ou  petit-lait,  est  une  bois- 
son rafraîchissante. 

ACAD.  :  Marri,  fâché  (vieux). —  Vieux  Fr.  :  a rr»»:,  faire 
de  la  peine,  maltraiter,  se  chagriner,  s'affliger,  se  marrir. 
Marrire,  (duc). 

La  dame  de  ces  biens,  quittant  d'un  œil  marri 
Sa  fortune  ainsi  répandue... 

La  Fokt.ain'e. 

Marjolaine,  s.  1.,  épithète  injurieuse  donnée  par 
nos  paysans  aux  femmes  dont  on  a  à  se  plaindre  sans 
cause  déterminée.  On  traitera  également  de  wary'o/fln/^ 
la  personne  qui  aura  commis  une  faute  grave,  ou 
celle  qui  ne  sera  coupable  que  d'une  simple  peccadille. 

Marnis,  s.  m.,  pron.  mdnis,  fumier,  engrais  ; 
vient  de  marne.  Sorte   de  terre  grasse  qu'on  trouve 


—  237  — 

sur  quelques   points   de   nos  grèves.   —   «   La  pluie 
d'avril  vaut  du  iiiarnis.  »  (Proverbe). 

Maronner,  v.  n.,  murmurer,  syn.  de  rogiioniwr 
(V.  ce  mot).  —  «  Depuis  deux  jours  Gugusse  fait  la 
noce  ;  c'est  le  patron  qui  Diaronitf.  « 

ACAD.  :  Maronner,  murmurer  sourdement.  —  besch.  : 
Maronner,  murmurer^  se  plaindre.  Pop. 

Marotte,  s.  f.  C'était  jadis  le  sceptre  de  Momus  ; 
c'est,  pour  nos  paysans,  un  court  bâton  dont  l'extré- 
mité inférieure  est  terminée  par  un  nœud  ou  renfle- 
ment ;  c'est  une  arme  dangereuse,  sorte  de  casse- 
tête  que  les  Bas-Bretons  nomment  pcn-has  (tète  de 
bâton). 

Marotter,  v.  n.,  terme  de  jardinier.  Les  choux 
sont  marottes  quand  leurs  racines  sont  entourées  de 
loupes  ou  bourrelets  qui  les  arrêtent  dans  leur  déve- 
loppement. —  «  Voilà  un  carré  de  choux  perdu  ;  il  est 
marotte.  » 

Maroute,  s.  f.,  camomille  sauvage. 

BESCH.  :  Maroute,  nom  vulgaire  de  la  camomille  puante. 
—  CENTRE  :  Maroute,  waioute,  camomille  fétide  des 
champs. 

Marteaux,  s.  m.  pi.,  prononcez  martiaux  ;  grê- 
lons, ainsi  nommés,  parce  que,  en  tombant,  ils 
frappent  et  brisent,  dans  les  villes  les  vitres,  dans  les 
campagnes  les  arbres  fruitiers.  —  Vers  1810,  il  tomba 


-  238  - 

à  Rennes  une  pluie  de  Diarteaux,  si  abondante,  que 
le  sol  en   fut  couvert  de  30  à  40  centimètres. 

Massacrement,  adv.  d'une  grande  énergie,  appli- 
qué à  des  faits  qui  dépassent  la  mesure.  —  «  La  fille  est 
argentée,  (est  riche),  mais  elle  est  »/«55rtcr^wej/Maide.  n 

Mastoc,  adj  ,  se  dit  en  parlant  des  personnes  et 
des  choses  lourdes,  grossières,  mal  bâties,  inachevées. 

—  a  Je  voudrais  un  ouvrage  plus  fini,  moins  mastoc». 

—  «  Cet  homme  est  sans  intelligence,  quel  inasioc  !  » 

—  A  Loudéac  (Côtes-du-Xord)  on  dit  stoc. 

M'attends  b'en,  locution  adverbiale  qui  se  tra- 
duit par  :  Je  in'alltiids  bien,  j'espère.  —  «  M'attends 
Feu  que   vous  ferez  ou  ne  ferez  pas  ceci   ou  cela,  b 

—  a  M'attends  h' en  que  oui,  m'attends  l'en  que  non.  » 

—  Cette  locution  revient  souvent  dans  la  conversa- 
tion des  paysans.  —  Un  petit  garçon  de  la  paroisse 
dej...  fit  un  jour  de  ce  mot  une  plaisante  applica- 
tion. Le  vicaire  interrogeait  l'enfant  sur  le  mystère 
de  la  Trinité.  Demande  :  «  Le  père  est-il  Dieu  ?  — 
Rép.  :  Oui.  —  Le  fils  est-il  Dieu  ?  —  M'attends  Fen 
qu'i  n'sera  Dieu  que  quand  son  père  s'ra  défunt.  »  — 
Le  pauvre  enfant  ne  fut  pas  jugé  digne  de  taire  cette 
année-là  sa  première  communion  ;  son  ignorance 
était  trop  grande. 

Mauvaiseté,  s.  h,  méchanceté.  L'abbé  Régnier 

dans  sa  '2-^  élégie  a  employé  le  mot  manvaitié  : 


—  239  — 

Tu  prétends  finement  par  cette  niaiivaitic 
Lui  donner  plus  d'amour,  à  moi  plus  d'amitié, 

Une  autre  édition  des  œuvres  de  ce  poète  porte 
maiivaistiè  (161 1). 

BESCH.  :  Mauvaisetié,  mauvaistic,  méchanceté.  Vieux  mot 
qui  n'est  plus  usité.  —  norm.  :  Maiivaisdè,  m.  sg.  — 
cEN'TRii  :  Mitiivaiseté,  maui'aistic,  m.  sg. 

Mé  ou  Mée,  s.  f.,  grand  bahut  ou  coffre  qui  a 
une  double  destination  ;  c'est  le  pétrin  où  on  bou- 
lange la  pâte,  et  dans  lequel  les  fermières  serrent  leurs 
pots  de  lait,  en  attendant  qu'ils  puissent  être  barattés. 

xoR.M.  :  Met,  pétrin,  huche.  —  s.\rthe  :  Mée,  coffre  où 
on  met  le  p.iin.  —  Vieux  Fr.  :  Mais,  espèce  de  coffre  où 
tombe  la  farine,  à  mesure  que  le  blé  est  broyé.  Fariiw- 
siidii.  (duc). 

Mèche,  (il  y  a),  ou  (il  n'y  apas),  locution  très 
usitée,  qui  indique  qu'on  peut  taire,  ou  qu'on  ne 
peut  pas  faire  telle  ou  telle  chose  souhaitée.  —  Em- 
ployée le  plus  souvent  avec  la  négative.  —  Une  cui- 
sinière écrivait  à  son  bon  ami  :  «  Je  voudrais  bien 
aller  te  voir,  mon  chéri,  mais  il  n'y  a  pas  mèche  (j'en 
suis  empêchée).  » 

ACAD.  :  Il  n'y  a  pas  inkhc,  fig.  et  pop.  —  besch.  :  Il  n'y 
a  pas  vièche,  locution  triviale.  —  centre  :  Il  n'y  a  pas 
mèche,  va.  sg.  —  norm.  :  Mèebe,  point,  aucun. 

Mêle,  (En)  adv.  et  prép.,  ensemble,  parmi.  — 
Locution  très-usitée.  —  «  Le  bon  et  le  mauvais  grain 
se  trouvent  en  iiiéle.  »  —  «  Il  s'est  perdu  en  mêle  la 
foule.  » 


—    240   — 

Mêle  ou  Mesle,  s.  m.,  \°  fruit  du  meslier  ou 
néllier.  Su  trouve  dans  Rab.  —  2°  merle,  noerméle> 
novDieJe,  onitele. 

Mêlier  ou  Meslier,  s.  m.,  néflier,  arbre  qui 
produit  la  nèfle  ou  iiiesJi'. 

NOKM.  :  Mêle,  1°  ncflc  ;  2"  merle  ;  mêlier,  néflier.  — 
SARTHE  :  Mesle,  ncflc.  —  centre  :  Mêle,  anc.  mesle, 
nèfle.  —  Vieux  Fr.  :  Mêle,  mesle,  nèfle,  tiielata,  mella  : 
«  les  neffles  appellées  ou  pais  laonnois  mesles.  (duc).  » 

Mêleïard,  s.  m.,  du  verbe  méhur  ou  mêler  ;  terme 
d'agriculteur  ;  mélange  de  foin,  de  paille,  ou  d'autres 
plantes  fourragères  pour  la  nourriture  des  bestiaux. — 
Les  vaches,  les  chevaux  sont  friands  de  mck'iard.  — 
Semer  dans  le  même  champ  deux  espèces  de  céréales, 
c'est  aussi  faire  du  mêleïard. 

Mêleïer,  v.  a.,  mélanger  ;  corruption  du  verbe 
mêler. 

Mêli-mêla,  ou  mêli-mêlo,  embrouillement, 
confusion,  désordre  dans  l'exécution  de  certains  tra- 
vaux. —  «  Quel  mêli-mêla  avez-vous  fait  là  !  » 

ACAD.  :  Mêli-mêlo,  s.  m.,  fani.,  mélange  confus  et  désor- 
donné. 

Même,  s.  f.,  petit  nom  que  les  enfants  donnent  à 
leurs  grand 'mères.  —  Mente,  comme  si  l'on  disait 
mère-mère,  deux  fois  mère,  est  un  mot  charmant, 
et,  selon  moi,  plein  de  poésie,  comme  celui  de  pépè 


—   241    — 

donné  au  grand'père.  On   ne  les  entend  plus  guère 
prononcer  que  dans  la  chaumière  du  paysan. 

Mensougier,  ère,  adj.,  menteur,  menteuse. 

ACAD.  :  Mensonger,  faux,  trompeur.  —  norm.  :  Menson- 
ger, menteur,  menleux. 

Meuterie,  s.  f.,  petit  mensonge.  —  C'est  une 
menterie  ou  mentrie.  —  Au  XYI^^  siècle,  on  disait  la 
mensonge. 

ACAD.  :  Menterie,  discours  par  lequel  on  donne  pour 
vrai  ce  qu'on  sait  être  faux.  Plus  fam.  que  mensonge,  et 
s'applique  à  des  choses  moins  graves. 

Mentoux,  ouse,  s.  et  ad.,  pour  menteur,  men- 
teuse. 

NORM.  :  Menfetix,  m.  sg. 

Menu,  ue,  adj.,  fin,  en  poudre.  —  Nous  disons 
du  sel  victw,  pour  sel  blanc  ou  sel  de  table. 

Mercredis,  (Rabattre  ses  quatre),  froncer  le 
sourcil,  prendre  un  air  fâché,  boudeur.  —  «  Le 
voyez-vous,  sur  une  simple  observation,  rabattre  ses 
quatre  mercredis  .' »  (Voy.  Rabattre). 

Mérienne,  s.  f.  Faire  viêrienne,  c'est  faire  la 
sieste.  Nos  paysans,  dans  la  saison  des  chaleurs,  font 
mérienne  au  milieu  du  jour.  C'est  un  abrégé  de  méri- 
dienne. —  Nous  appelons  aussi  mcrieniies  ces  essaims 
de  petits  moucherons  qui  voltigent  en  rond  à  quel- 
que  distance    du  sol,  le  matin  ou  le  soir  d'un  beau 

10 


—    242    — 

jour.  Leur  apparition  est  une  promesse  de  beau  temps 
pour  le  lendemain.  (Vov.  Guihctics.) 

Mériennée,  s.  f.  C'est  le  moment  où  les  tra- 
vailleurs font  méricniic, 

NORM.  :  méricnnc,  mcriane,  méridienne.  Faire  tiicrieniie, 
faire  la  sieste.  —  centre  :  mayicniie,  marieniice,  s.  f. ,  le 
sommeil  d'après  la  soupe,  d'après  la  dinée,  le  sommeil 
du  milieu  du  jour,  contraction  de  mcyidienne.  —  Vieux 
Fr.  :  meriene,  méridienne,  le  sommeil  d'après  dîner. 
ineridiana.  (duc). 

Méselin,  ine,  adj.,  mince,  fluet.  Se  dit  surtout 
des  enfants. —  «Voici  un  poupon  inèseUn  ;  mais  il  est 
mouvillant,  »  et  dans  de  meilleures  conditions  de  vita- 
lité qu'un  gros  poupard. 

Dans  le  vieux  français  méseU  méxel,  signifiait  lépreux. 
Mc-ellits  (Ducj. 

Meshui,  adv.,  aujourd'hui,  désormais,  mainte- 
tenant.  Il  est  plus  usité  précédé  de  la  syllabe  ad, 
adineshid.  On  dit  aussi  adniesè.  CVoy.  ces  mots).  — 
Montaigne  a  dit  :  a  Je  ne  suis  incshuy  que  trop  rassis... 
Ce  livre  en  a  assez,  il  n'y  a  iiicshiiy  plus  que  dire.  » 
—  Rabelais  :  «...  marie-toy...  des  btiy  au  soir. 
(Pant.  ch.  26).  »  —  On  trouve  aussi  ce  mot  dans 
François  de  Sales,  La  Boétie,  etc.,  et  dans  la  farce  de 
Me  Pathelin  :  «  Ne  me  babilles  meshiiy  de  ton  bec  et 
me  paye.  »  —  «  Mcsiniy  despêche  ly  braillart  ».  (P. 
Gringoire). 

NORM.  :  nicshni,  m.  sg. 


—  243  — 

Messîal,  Messier,  adj.,  chemin,  sentier  à  tra- 
vers champs  qui  conduit  à  l'église.  Le  second  est 
plus  usité  que  le  premier.  Voy.  cheniin  vicssier. 

Métive,  s.  f".  On  dit  faire  la  iiictivc,  c'est-à-dirè, 
faire  les  vendanges,  la  récolte  des  céréales.  —  On 
ne  dit  pas  tnétiver  comme  on  dit  \cndanger. 

Métivier,  s.  m.,  ouvrier  journalier  loué  ou  gagé 
seulement  pour  le  temps  de  la  mélive  ou  les  vendan- 
ges. Il  est  ordinairement  payé  en  nature.  —  Se 
trouve  dans  Rabelais. 

CENTRE  :  métive  (dans  l'ouest),  moisson.  —  Vieux  Fr.  : 
mestive,  le  temps  de  la  moisson,  mativa.  Mcstiver, 
moissonner.  Mestivicr,  moissonneur  (duc). 

Mettre  à  bas,  locution  très  usitée  pour  expri- 
mer une  interruption  dans  un  travail.  —  «  Mes  en- 
fants, nous  allons  iiicltre  à  bas  ;  nous  recommencerons 
demain.   » 

Meyenne,  ou  Mayenne,  s.  f.,  vase  en  terre, 
de  forme  oblongue,  dans  lequel  les  fermiers  mettent 
le  lait,  la  crème  ou  le  beurre.  Ce  vase  est  d'une  con- 
tenance indéterminée.  On  dit  quelquefois  une  wcyeii- 
iiéc  de  lait,  pour  le  contenu  de  la  incycitiic. 

Mezelle,  adj.,  pron,  m\elU.  Dans  le  canton  de 
Hédé  on  donne  ce  qualificatif  injurieux  au  jeune 
garçon  que  son  air  efféminé  et  chétif  fait  soupçonner 
d'impuissance.  —  «  Je  ne  lui  donnerais  pas  ma  fille. 


—  244  — 

je  Ferais  m\clk  »  —  M\elle  se  dit  aussi  des  juments, 
des  vaches  stériles. 

Miaux,  s.  m.  pi.,  restes  de  pain,  de  galette,  laissés 
par  une  personne  qui  n'a  pas  mesuré  son  appé- 
tit, et  qui  a  eu,  comme  on  dit,  les  yeux  plus  grands 
que  le  ventre.  Ce  mot,  très  populaire,  semble  venir 
de  motiêe,  pâtée  des  chiens,  les  niianx  étant  destinés 
aux  poules  et  autres  animaux  de  basse-cour. 

Mîcamo,  s.  m.,  café  mélangé  de  lait  et  d'eau- 
de-vie.  Ce  mot  fut  prononcé  vers  1820,  dans  un 
prône,  par  l'abbé  Percevaux,  curé  de  Saint-Etienne 
de  Rennes,  et  fit  fortune,  car  il  est  toujours  populaire. 
L'abbé  Percevaux  infligeait  un  blâme  énergique  à  ces 
femmes  du  peuple  qui  passent  de  longues  heures 
dans  les  cafés  à  boire  leur  micamo  ;  (il  est  vrai  qu'elles 
en  sont  très  friandes).  Ce  jour-là  le  mot  fut  admis 
dans  le  vocabulaire  rennais,  et  on  dit  toujours  dans 
les  cafoins  de  la  ville  :  le  micamo  de  M.  Percamcx. 
Cet  excellent  curé  me  devra  peut-être  d'avoir  trans- 
mis son  nom  à  la  postérité...  la  plus  reculée  ("!!...) 

Miche  de  Poligné,  s.  f.,  petit  pain  de  seigle 
qui  est  fabriqué  dans  la  commune  de  Poligné,  d'où 
lui  vient  son  nom.  Il  est  apporté  à  Rennes  le  sa- 
medi. 

Mier,  v.  a.,  abrégé  de  e/H/t'/to,  réduire  en  miettes. 
—  Mier  son  pain  ou  sa  galette  dans  son  lait,  c'est  le 
couper  ou  le  briser  par  petits  morceaux.  —  Esmier, 


—  245  — 

dans  Montaigne  :  «  Comme  la  terre  se  rend  fertile, 
plus  elle  est  csmiée,  profondément  remuée.  »  (L.  3, 
ch.  13). 

Miette,  s.  f.  Le  peuple  dit  une  jiiiette,  et  même 
une  petite  miette  pour  exprimer  une  petite  ou  une 
très-petite  quantité. 

ACAD.  :  Une  miette,  m.  sg.  —  norm.  :  miet,  iniot,  peu, 
petite  quantité.  Miette,  point  du  tout,  aucunement.  — 
Vieux  Fr.  :  mie,  point  (duc). 

Milaine,  s.  f.,  tissu  de  fil  et  de  laine.  —  «  Elle 
portait  un  cotillon  de  milaine.  »  (Mi-laine). 

Millaud,  aude,  s.,  mendiant,  mendiante  ;  va- 
gabond. —  «  Ces  gens,  autrefois  dans  l'aisance,  sont 
devenus,  par  leur  inconduite,  de  véritables  miUauds.y> 
—  Ce  mot,  comme  tant  d'autres,  se  rencontre  dans 
Rabelais.  En  relisant,  pour  la  vingtième  fois  son 
Pantagruel,  je  trouve  au  chap.  5i  :  «  Epistemon, 
frère  Jan  et  Panurge  voyans  cette  fascheuse  catastro- 
phe, commencèrent  au  couvert  de  leurs  serviettes 
crier  :  myault,  myaiilt,  myault,   faignans...  » 

Minette,  s.  f.  Les  écoliers  de  mon  temps  appelaient 
minette  le  martinet  à  lanières  de  cuir  avec  lequel  les 
maîtres  les  corrigeaient  en  appliquant  ses  coups  dans 
la  main  ouverte  et  tendue  du  patient.  C'est  avec  cet 
instrument  qu'on  fessait  et  refessait  les  petits  garçons. 
Les  frères  de  la  doctrine  chrétienne,  que  nous  appe- 
lions les  frères  casse-bras,  par  allusion  aux  manches 


—  246  — 

pendantes  de  leur  robe,  firent,  dit-on,  un  luxueux 
emploi  de  la  miucllc,  jusqu'au  jour  où  elle  leur  fut 
interdite.  Aujourd'hui  le  mot  et  h  chose  sont  incon- 
nus :  ce  n'est  donc  que  pour  mémoire  que  j'ai  con- 
servé le  premier  sans  avoir  oublié  l'autre. 

Miochée,  s.  f.,  pâtée  du  chat,  du  chien,  et,  par 
extension  ragoût  mal  préparé.  —  «  Quelle  miochée, 
Jeanne,  nous  donnez-vous  là  ?  » 

Mîon,  s.  m.,  abrégé  et  synonyme  de  mioche, 
moutard,  petit  garçon.  —  Se  dit  surtout  en  mau- 
vaise part  :  méchant  viion.  —  On  peut  dire  aussi  qu'il 
est  un  abrégé  de  mignon,  mais  il  est  peu  usité  dans 
ce  sens. 

BESCii.  :  mion,  petit  garçon.  Contr.  de  mignon. 

Mirette,  s.  {.,  petit  miroir.  «  La  fillette  n'avait, 
pour  réfléchir  sa  charmante  image,  et  ajuster  sa  mo- 
deste parure,  qu'un  fragment  de  miroir,  une  mirette. -a 
—  «  Qiie  souhaites-tu,  mon  enfant  pour  tes  étren- 
ncs  ?  —  Une  mirette  me  ferait  grand  plaisir.  » 

Mirodures,  s.  f.  pi.,  enjolivements,  festons,  or- 
nements d'un  ouvrage.  Le  verbe  miroder  est  français, 
pourquoi  le  substantif  mirodures  ne  l'est-il  pas  ?  Il 
est  tout  aussi  usité  ici  que  dans  le  Maine.  —  On 
m'assure  qu'il  est  français,  mais  vieux. 

xoRM.  :  Se  iniivier,  s'ajuster  avec  .soin,  se  mirer  souvent 
avec  complaisance.  —  besch.  :  miiaiider  s'est  dit  pour 
regarder  avec  attention,  admirer.  Miraudc,  mircdc. 


—  247  — 

Misérer,  v.  n.  du  subst.  iiiiscrc.  —  «  Il  pouvait 
vivre  honorablement  en  travaillant  ;  il  préfère  niisc- 
rer  et  foire  niiscrcr  avec  lui  sa  famille.  » 

Mitan,  s.  m.,  milieu.  —  «  C'est  un  adroit  tireur, 
il  est  arrivé  dret  (droit)  dans  le  mitan.   » 

SARTHE,  NORM.  :  iiiilau,  m.  sg.  —  CENTRE  :  mitan, 
moitié,  milieu.  —  besch.  :  initan,  se  disait  pour  milieu 
et  se  dit  encore  dans  certaines  provinces.  —  Vieux  Fr.  : 
mitan,  moitié  (duc). 

Mité,  ée,  adj.,  partie,  du  verbe  uiiter. 

Miter,  v.  a.,  vient  de  mite,  insecte.  — Pour  dire  : 
cette  fourrure,  ce  vêtement  sont  mangés  des  mites, 
nous  disons  :  ils  sont  mites.  —  Encore  un  mot  qui 
devrait  être  francisé. 

BESCH.  :  mite,  adj.   comm.,  rongé  des  mites. 

Miton,  s.  m.,  pain  bouilli  à  l'eau  ou  panade. 
Vient  de  mitoniter.  —  a  J'adore  le  miton,  lorsqu'il  est 
bien  beurré.  » 

NORM.  :  miton,  morceau  de  mie.  Mitonnce,  panade.  — 
centre  :  milonnadc,  soupe  mitonnée,  panade. 

Moche,  s.  f.  On  désigne  sous  ce  nom  :  lo  les 
pains  de  beurre  de  forme  arrondie,  quel  que  soit 
leur  poids  ;  2°  l'ognon  disposé  en  forme  de  grappes 
longues  de  40  à  50  centimètres.  La  tnoche  d'ognon 
est  aussi  désignée  sous  le  nom  de  liassc'e,  parce  qu'ils 
sont  liés  les  uns  à  la  suite  des  autres. 

Mocher,  v.  a.,  action  de  préparer  les  moches. 


—  248  — 

Mochè,  ée,  adj.,  grasset,  grassette,  grassouillet, 
grassouillette.  —  Ne  se  dit  que  des  enfants  au  maillot. 
—  «Cet  enHint  est  iiiéselin  ;  mais  voyez  comme  il  est 
moche.  1) 

Mochon,  s,  m.,  amas,  monceau  d'une  chose 
susceptible  d'être  mise  en  tas,  ainsi  :  un  mochon  de 
blé,  de  paille,  et,  par  extension,  un  groupe  de  per- 
sonnes. —  a  Dispersez-vous,  ou  j'tape  dans  Vmo- 
cJjoii.  » 

Mochonner,  v.  a.,  mettre  les  choses  en  mochon. 

Moeller,  v.  n.,  terme  d'horticulteur.  On  dit 
d'une  plante  dont  l'humidité  a  fait  mollir  la  racine 
ou  l'ognon,  qu'elle  a  vioelle. 

Moignot,  s,  m.,  enfant  de  choeur.  —  Petit 
moine.  —  Moignot  est  plus  usité  sur  la  lisière  ouest 
du  département  d'Ille-et- Vilaine  ;  à  Rennes  et  aux 
environs,  nous  disons  ciiriau.  (V.  ce  mot). 

Moine,  s.  m.,  petit  fer  placé  à  la  partie  supé- 
rieure de  la  toupie  (jeu  d'enfant).  L'autre  fer  placé  à 
la  partie  inférieure  s'appelle  Nonne.  (Voy.  ce  mot). 
Enfants  nous  prisions  beaucoup  les  toupies  dont  les 
moines  et  les  nonnes  étaient  à  vis,  dès  lors  plus  soli- 
dement fixés.  On  se  demande  si  l'inventeur  de  ces 
deux  mots  n'aurait  pas  eu  une  pensée  quelque  peu 
rabelaisienne,  le  moine  étant  dessus  et  la  nonne....? 

Moque,    s.  m.,  visage  laid  d'une  personne  qui 


—  249  — 

fait  la  moue.  «  Voyez  donc  ce  moque  !  —  Quel 
moque  !  »  —  Bouche  grosse,  lèvres  épaisses  :  «  vilain 
vwqtie  !  » 

Moque,  s.  f.,  bol  contenant  un  demi-litre,  ou 
chopine.  L'importation  de  ce  mot  est  assez  récente  ; 
je  ne  l'entendais  point  prononcer  dans  mon  enfance. 
Un  ouvrier,  un  postillon,  entrant  dans  un  cabaret, 
s'écriait  :  «  La  bourgeoise,  une  cbopiiic  !  »  On  dit 
aujourd'hui  :  «  Une  vioqiie  !  »  ou  encore  :  «  Une 
bolée  !  »  je  crois  que  moque  est  normand. 

BESCH.  :  moque,  gobelet  de  fer  blanc.  —  xorm.  :   moque, 
tasse  sans  anse  servant  à  boire. 

Morelle,  s.  f.,  nom  donné  à  la  corueiUe  que  nous 
appelons  aussi  coiiille  par  corruption. 

Nous  disons  aussi  morelle  pour  marelle,  jeu  des 
enfants.  L'enfant  étant  à  cloche-pied,  pousse  du  pied 


O 

A 


le  petit  palet  a  dans  le  compartiment  i ,  puis  successi- 
vement dans  les  autres;  s'il  arrive  au  6^  et  fait  sortir 
son  palet  sans  qu'il  se  soit  arrêté  sur  une  raie,  il 
gagne  la  partie.  Je  suis  pour  le  proverbe  :  «  Toupie 
vaut  marelle.  » 


Mort  (à),  locution  populaire  qui  exprime  la 
satiété,  le  iiec  plus  ultra  d'une  chose.  —  «  Je  m'en 
suis  donné  à  viort  à  la  noce  de  ma  cousine.  » 

NORM.   :  A  mort,  en  gr.iiide   abondance.    —   centre  : 
A  mort,  beaucoup,  considérablement. 

Morver,  v.  n.  se  moucher.  —  morve  et  morveux 
(nous  disons  morvoux)  sont  français  ;  mais  morver  a 
cessé  de  l'être.  —  Gargantua  enfant  «  se  mourvail 
dedans  sa  soupe.» 

BESCH.  :  morver,  avoir  de  la    morve.   —   centre  :    mor- 
voux, oiise. 

Mos  (D'à),  adv.,  de  coutume.  —  «  D'à  mos,  il 
allait  tous  les  jeudis  à  la  ville.  »  Voy.  Aiiioi  (d'). 

Motte,  s.  f. ,  tan  foulé  auquel  on  donne  la  forme 
de  briques  rondes  ou  carrées.  Ces  mottes,  qui  brûlent 
avec  une  grande  facilité  et  sans  odeur,  sont  très  pré- 
cieuses dans  nos  ménages  rennais  pour  allumer  le 
feu  et  alimenter  les  chaufferettes  des  dames.  Les 
tanneurs  les  vendent  aujourd'hui  i  fr.  20  le  cent 
(1878).  —  a  Madame,  nous  n'avons  plus  de  mottes. 
—  Eh  bien,  Justine,  il  faut  en  acheter.  » 

ACAD.  :  motte  à  brûler. 

Moucet,  s.  m.,  corruption  de  morceau.  —  C'est 
un  diminutif  :  «  Un  p'tit  moucet  de  pain,  s'il  vous 
plaît.  »   —  Le  gros  morceau  est  une  lope.  (Voy.  Lope.) 

NORM.  :  monceau,  mouciaii,   mouchiaii,   moucet,  mouchet. 
—  CENTRE  :  monceau,  mouciau,  monceau,  tas. 


—    251     — 

Moucher,  v.  n.,  se  dit  des  vaches  qui  fuient 
affolées  pour  se  soustraire  aux  piqûres  des  taons  et 
des  mouches  dans  la  saison  des  chaleurs  ;  aussi  ne  les 
conduit-on  aux  pâturages  qu'au  grand  matin  ou  au 
coucher  du  soleil.  —  Nos  paysans  s'appliquent  sou- 
vent à  e.ux-mêmes  le  verbe  moucher,  synonyme  de 
déguerpir,  regagner  au  plus  vite  sa  demeure  :  «  Allons, 
les  gars,  il  se  fait  tard,  monchoiis  !  » 

CENTRE  :  tnouchcr  m.  sg. 

Moué-gars,  s.  m.  Cette  expression  a  deux  signi- 
fications tout-à-fait  opposées.  Dans  quelques  cantons, 
le  nioiiê-gars  est  un  mauvais  garçon.  Dans  d'autres, 
c'est  un  gars  vigoureux  et  un  solide  travailleur  ;  on 
dit  aussi  :  c'est  un  vmgars.  (V.  ce  mot). 

Mouroir  (Etre  au),  c'est  être  à  l'article  de  la 
mort.  Vieux  mot  que  Boiste  trouve  très  énergique.  Il 
est  très  usité  dans  le  peuple.  —  «  Vous  connaissez 
Madame  X....  ?  Eh  bien,  elle  est  ai<  mouvoir.  Il  est 
vrai  qu'elle  est  ancienne  (âgée).» 

BESCH.  :  mouroir,  s'est  dit  pour  lit  de  mort.  Arriver  au 
moitroir. 

Moustachu,  ue,  adj.,  homme  ou  femme  qui  porte 
d'épaisses  moustaches.  —  «  Ma  tante  Madelon  était 
moustachue  comme  un  sapeur.  Nous  l'appelions  tan- 
tinc  barbue.  » 

Mouton,  s.  m.,  petit  ver  qui  naît  et  vit  dans  les 
fruits,  et  notamment  dans  les  cerises.  Quant  à  moi, 


—   252    — 

je  cesse  d'en  manger  quand  les  luontcnis  y  ont  fait 
leur  apparition. 

CENTRE  :  mouton,  m.  sg. 

Mouvette  (Avoir  la),  se  dit  d'une  personne 
qui  ne  tient  pas  en  place,  ou  qui  a  la  bosse  des 
voyages  :  «  elle  a  la  inouvclte.  » 

NORM.  :  inoHvctie,  petite  fille  remuante. 

Mouvillant,  ante,  adj.,  sémillant,  frétillant.  — 
«  Voyez  cette  petite  lille,  comme  elle  est  moiivillantc.  » 
(Voy.  EwouviUaut).  —  On  dit  aussi  :  iiioiiviîlon,  nioti- 

villonne. 

Mucre,  adj.  m.  et  f.,  humide,  moite,  —  Le 
linge  rapporté  du  blanchissage  est  souvent  miicre;  il 
doit  être  miicrc  avant  le  repassage.  —  Les  murs 
salpêtres  et  les  pièces  basses  sont  imicres.  Ce  mot  est 
aussi  normand. 

NORM.  :  iilucrc,  remucre,  m.  sg.  Mucreur,  humidité. 
Mucrir,  devenir  humide.  —  besch.  :  inucre  ou  iiiuche 
se  disait  pour  moisi.  —  trév.  :  mucre,  vieux  terme. 

Mulette,  s.  f.,  sang  cuit  des  animaux  de  bou- 
cherie. Dans  mon  enfance,  les  bouchères  vendaient 
la  mulette  le  dimanche  inatin  à  la  porte  de  la  halle. 
Pour  un  liard  ou  deux,  l'enfant  ou  le  pauvre  s'en 
régalait  d'un  énorme  lopin.  On  ne  connaît  plus 
aujourd'hui  la  iinilettc,  sans  doute  parce  que  les  bou- 
chers tirent  meilleur  profit  du  sang  des  animaux,  par 
suite  du  renchérissement  de  toutes  choses. 


—  253  — 

BESCH.  :  mnletle,  gésier  des  animaux  de  proie  ;   estomac 
du  veau. 

Mulon,  s.  m.,  petite  meule  de  foin  ou  de  paille. 
—  La  meule  est  formée  de  plusieurs  muions,  comme 
le  mtilon  est  lui-même  formé  de  plusieurs  vciUoches 
(V.  ce  mot). 

norm".  :  mulon,  m.  sg.  —  besch.  :  inulcii,  grand   tas  de 
foin. 

Murette,  s.  f.,  petit  mur,  ou  mur  de  peu  d'élé- 
vation ;  (i  métré  à  i"''5o)  ;  comme  par  exemple,  les 
parapets  des  ponts,  les  talus  en  pierres  sèches.  — 
«  L'auvergnat  V....,  devenu  fort  riche,  avait  débuté 
en  étalant  sa  marchandise  sur  les  miircttes  des  ponts.» 

Musoir,  s.  m.,  (de  muser),  terrasse,  balcon,  ou 
toute  autre  partie  de  l'habitation  d'où  on  peut  voir 
les  passants  ou  les  fêtes  publiques.  —  «  QjLiel  beau 
musoir,  vous  avez  madame  !  »  disait-on  à  une  dame 
dont  les  fenêtres  donnaient  sur  la  place  de  la  Mairie. 

Musser  (Se),  v.  pron.,  se  cacher,  se  blottir  dans 
un  coin  ;  comme  le  rat  dans  son  trou.  Vieux  mot, 
mais  toujours  jeune  chez  nous.  Employé  comme 
verbe  actif  par  Montaigne  :  «  Il  iaut  musser  ma 
faiblesse  »,  par  F.  de  Sales,  etc.  —  Rabelais  :  «  mais 
ils  se  mnssarcnt   contre   terre  comme  taulpes   (Pant. 

chap.  5).  »  —  « et  soy   mticer  en   quelque   petit 

trou  de  taulpe.  (Pant.,  chap.  12).»  —  C'est  le  verbe 
mucher,  souvent  employé  au  XV^  siècle  :  «  Lors  s'est 
muchei  en  une  haie.»  (Le  Roman  de  Renart). 


—  254  — 

ACAD.  :  Se  inusicr,  m.  sg.  Vieux.  —  centre  :  miisser, 
V.  n.  passer  à  travers,  par  un  trou,  comme  un  rat,  se 
glisser  {mus).  Se  viusser,  se  cacher,  se  fourrer  dans  un 
trou.  —  NORM.  :  musse,  loge  ou  lieu  couvert  dans  la 
basse-cour,  où  se  réfugient  les  lapins,  les  oies,  les  ca- 
nards, etc.  ;  chenil  ;  —  Vieux  Fr.  :  muce,  miiche, 
musse,  cache,  inussia  :  «  Plurima  hoiia  vwhilia  in  qiiâ- 
dam  inussia,  musse  gallice,  existentia.  »  Musser,  cacher. 
(duc). 

Mussot,  s.  m.,  trou.  —  La  taupe  reste  dans  son 
viiissot  au  milieu  du  jour,  et  n'en  sort  que  le  soir  et 
le  matin. 

Mus-en-pot.,  adv.,  en  fraude,  en  cachette. 
Nous  disons  mns-t-en-pot.  —  Tenir  un  débit  clandes- 
tin, vendre  à  la  ntus-t-en-pot.  —  Mus,  musser,  mussot, 
ont  pour  racine  le  mot  latin  mus,  rat,  qui  vit  caché 
dans  ses  garennes.  Mus-l-m-pot,  cacher,  soustraire  les 
pots  à  la  vigilance  des  employés  de  la  régie  (que  le 
peuple  a  baptisés  du  nom  de  rats-de-cave),  a  la 
mêiTie  origine. 


3sr 


Nâchard,  adj.,  goguenard,  mauvais  plaisant, 
sournois,  —  «  Défiez-vous  du  nâchard,  c'est  un  hlèdK.  » 
(Vo)'.  ce  mot). 


—  255  — 

Nâcharder,  v.  a.,  taquiner,  goguenarder.  — 
«  Je  n'aime  pas  qu'on  me  nâchardc.  » 

Nâche,  s.  t.,  corde  ou  licou,  avec  lequel  on 
attache  les  bêtes  à  cornes  dans  les  étables.  —  La 
ndcbe  est  abandonnée  à  l'acheteur  de  la  bête.  —  «  A 
la  ndcbe,  »  c'est-à-dire,  à  ta  place,  est  une  injonction 
que  les  vaches  comprennent  fort  bien. 

Nâcher,  v.  a.,  action  d'attacher  la  bête  à  la  place 
qu'elle  occupe  dans  l'étable.  —  On  dit  d'une  femme 
mal  mariée,    qu'elle  est  )nal  ndchêc. 

Nan-ni.  C'est  la  particule  négative  non.  Cette 
expression  est  très  usitée  encore  dans  nos  campagnes. 

Est-ce   .issez,  dites-moi,  n'y  suis-je  point  encore  ? 
Nenni  (La  Fontaine), 

Retenez  bien  surtout  cet  heureux  mot, 
Ce  doux  nenni  qui  plait  tant  à  Marot. 

(G.  Bernard). 

Un  doux  nanny,  avec  un  doux  sourire. 

(Marot). 

«  Et  quoy^  seigneur  colonel,  pensez-vous  que  je  sois 
ce  Montluc  qui  va  tous  les  jours  mourant  par  les  rues  ? 
Nany,  nany.  (Biaise  de  Montluc). 

ACAD.  :  nenni,  fam.  —  norm.  :  neiiiiin.  —  centre  : 
nanni. 

Napiau,  s.  m.,  lange  sale  qui  a  servi  aux  petits 
enfants.  —  »  La  pauvre  femme  est  assez  occupée  à 
laver  les  napiaux  de  ses  garçailles.  »  —  Les  napiaux 
se  nomment  aussi  des  drapiaux.  —  Des  vieilles  nappes 
on  fitit  des  napianx. 


—  256  — 

Narrées,  s.  1".  pi.,  propos  absurdes,  contes  à 
dormir  debout,  récits  mensongers.  —  «  Quelles 
iiarnh's  nous  débitez-vous  là  ?  »  —  De  narrer,  raconter, 
mais  pris  en  mauvaise  part. 

Nâs,  s.  f.,  chiffon  de  toile  mouillé  mis  au  bout 
d'une  perche,  avec  lequel  les  boulangers  balaient  les 
cendres  et  la  braise  du  four  avant  d'enfourner  le 
pain.  —  Par  extension,  l'épithète  de  nâs  s'applique 
aux  femmes  sales  dans  leur  ménage  ou  dans  leur 
tenue.  —  «  Cette  fille  est  une  nâs.  » 

Navette,  ou  Semelle,  s.  f.,  espèce  de  gâteau 
ou  craquelin  fabriqué  par  certains  boulangers  des 
environs  de  Rennes,  qui  le  vendent  le  vendredi  et 
le  samedi.  On  les  appelle  semelles,  parce  qu'ils  en  ont 
la  forme.  Leur  prix  est  de  10  centimes.  (Voy.  Ba- 
jciil). 

Nénet  ou  Nénai,  s.  m.,  sein.  Se  trouve  dans 
plusieurs  auteurs,  A.  Ricard,  Gavarni,  etc.  :  «  Petite 
maman  s'est  fait  des  nénais  avec  du  coton.  »  (Enfants 
terribles). 

SARTHE,   NORM.  :    iicncf,  m.   sg. 

Net,  s.  f..  pour  nuit.   —  «  Quelle  heure  était-il? 
—  Je  ne  sais  pas  au  juste,  mais  il  faisait  net.  » 

Net  comme  torchette.  (pron.  nette),  locution 
populaire,  pour  exprimer  un   nettoyage  complet,  une 


—    2)7    — 

exquise  propreté  ;    «    Ce  ménage,    cette   batterie   de 
cuisine,  tout  cela  est  uct  coiiniiL'  torchcllc.   » 

Niaf,  s.  m.,  qualification  injurieuse  donnée  aux 
savetiers  et  aux  mauvais  cordonniers.  —  Les  Pari- 
siens disent  «•///(//  ;  ils  se  rapprochent  plus  que  nous 
de  l'étymologie,  si,  comme  le  prétend  P.  Borel,  elle 
vient  du  grec  gnafô  (cnapljto),  racler  ou  ratisser  du 
vieux  cuir.  (Voy.  gniaf), 

Nicher  (Se),  v.  pron.,  se  marier,  faire  son  nid. 
—  «  Le  jeune  K...,  qui  était  sans  fortune,  s'est  bien 
niché  en  épousant  la  fille  du  banquier  L...;  mais 
Mlle  M...  s'est  bien  mal  nichée  en  épousant  son 
cousin.   » 

Nijon,  adj.,  se  dit  d'un  ouvrage  d'une  exécution 
délicate  et  difficile.  —  «  Vous  faites-là.  Mademoi- 
selle, un  ouvrage  de  patience  ;  c'est  bien  )iijO}t.  »  — 
Se  dit  aussi  pour  mignon  :  «  Q.ue  cet  enfant  est 
nijon  !  » 

SARTHE  :  nijon,  ni.  sg. 

Wijot,  s.  m.,  fruitier  où  l'on  met  les  pommes,  les 
poires,  en  attendant  leur  parfaite  maturité.  —  Mettre 
les  fruits  à  nijot.  —  Vient  évidemment  de  nid,  parce 
que  le  nijot  est,  autant  que  possible,  caché  pour  être 
soustrait  au  pillage  des  enfants.  —  Gare  le  nijot  et  la 
nijotlèe  si  les  garçailles  peuvent  le  découvrir  !  —  On 
appelle  aussi  nijot  l'endroit  où  la  poule  a  l'habitude 
de  pondre  son  œuf. 

17 


—  258  — 

Nijottée,  s.  f.,  tous  les  fruits  déposes  dans  le 
iiijot. 

Nijotter,  v.  a.,  mettre  des  fruits  à  nijol.  On  ne 
met  à  nijotter  que  les  fruits  susceptibles  d'être  conser- 
vés jusqu'à  l'arrière-saison. 

Nilloux,  ouse,  adj.,  frileux.  —  «  C'est  un 
Jiilloiix.  « 

Noble  (Champ-).  Voy.  champ. 

Noc,  s.  m.,  tronc   d'arbre    creusé    pour   faciliter 

récoulement  des  eaux. 

BESCH.  :  noc,  gouttière  ;  tuyau  en  bois  pour  l'écoule- 
ment des  eaux.  —  xorm.  :  noc,  no,  canal  en  bois  pour 
l'écoulement  des  eaux.  —  Vieux  Fr.  :  no,  auge  de 
moulin.  Noc,  gouttière,  nocciis.  Nocq,  baquet,  cuvier. 

Noces,  s.  f.  pi.,  bouillie  de  farine  d'avoine  cuite 
à  l'eau.  Le  gruau,  sur  lequel  on  verse  de  l'eau  tiède, 
est  pressé  dans  un  sas  ou  tamis,  et  la  farine  liquide 
reçue  dans  un  bassin.  C'est  cette  farine  cuite  qui  fait 
les  noces,  bouillie  très  délicate,  recommandée  aux 
convalescents  et  aux  personnes  malades  de  la  poi- 
trine. Les  marchandes  de  noces  sont  en  même  temps 
marchandes  de  galettes  de  blé  noir,  de  cailles  et 
quelques-unes  de  maingaux.  (Voy.  ces  mots). 

Dans  mon  enfance,  les  marchandes  envoyaient  un 
petit  garçon  parcourir  les  rues  de  leur  quartier,  en 
criant  :  «  Aux  noces  !  chez  la  mère  X...  ;  allons  vite 
aux  noces,  toutes  chaudes  et  vite  !  »  Il  était  payé  de  sa 


-  259  - 

peine  d'une  ccuellce  de  itoccs,  et  avait  en  outre  la 
cuillère  à  lécher.  —  Dans  la  rue  d'Antrain,  un  petit 
drôle,  auquel  peut-être  on  avait  lait  la  leçon,  modi- 
fiait ainsi  son  cri  :  u  Aux  noces  !  dans  le  derrière  à 
Mani'selle  J....,  etc.  »  ;  la  marchande  demeurait  au 
fond  d'une  cour  (souvenir  de  mon  enfance).  —  Au- 
jourd'hui et  depuis  longtemps  déjà,  les  acheteurs  se 
rendent  chez  la  faiseuse.  —  A  Saint-Malo,  les  noces 
s'appellent  gigoiidaines. 

Noces  (Retour  de),  fête,  repas  donné  aux  jeunes 
époux  par  les  personnes  qui  ont  été  invitées  à  leur 
noce.  Dans  la  classe  riche,  le  retour  de  noces  est 
donné  individuellement  ;  dans  la  classe  ouvrière,  on 
se  cotise  pour  faire  les  frais  de  la  fête. 

Noçoux,  s.  m.  ;  fém.   tioçousc,  gens  de  la  noce. 

Nœud  d'échiné,  s.  m.,  vertèbre  de  l'épine 
dorsale. 

Noms.  —  On  pourrait  faire,  sur  les  noms  patro- 
nymiques de  notre  pays  et  sur  leur  origine,  une 
étude  qui  ne  manquerait  pas  d'intérêt  ;  mais  je  ne 
m'en  sens  pas  la  force.  Ceux  de  nos  plus  anciennes 
familles  nobles  étaient  des  plus  comiïiuns  ;  je  crois 
inutile    d'en  donner  ici   des  exemples. 

En  Basse-Bretagne,  le  k  barré  qui  se  prononce  ker 
et  qui  signifie  ville,  lieu,  forme  la  première  syllabe  de 
certains  noms,  (Kermarec,  Kerjégu,  Kerisouet),  tandis 


—  26o  — 

qu'en  Normandie  la  syllabe  correspondante,  ville,  se 
trouve  placée  à  la  fin  du  nom. 

Nona,  adv.,  non,  par  opposition  à  sia,  oui.  — 
0  V'iez-vous  veni'  quante  ma  ?  —  Noua  ou  nauni.  » 
(On  emploie  l'un  ou  l'autre). 

Vieux  Fr.  :  nouai,  nanal,  iieiml,  non,  non  pas. 

Nonne,  s.  f.,  petit  fer  placé  au  bas  de  la  toupie 
(jeu  d'enlant)  et  sur  lequel  elle  tournoie.  (Voy. 
moine). 

Nonnerie,  s.  f.  Le  peuple  rennais  donne  encore 
ce  nom  au  marché  au  blé,  parce  que  la  halle  où  il  se 
tient  est  construite  non  loin  d'un  couvent  de  nanties 
(ursulines),  et  sur  l'emplacement  d'une  église  (Eglise 
de  Toussaints),  qui,  à  l'époque  de  la  Révolution,  fut 
détruite  par  un  incendie.  Le  couvent  fut  supprimé  à 
cette  époque,  et  ses  derniers  vestiges  viennent  de 
tomber  sous  la  pioche  des  démolisseurs  pour  faire 
place  à  des  constructions  neuves  (1877).  —  a  Le 
blé  vaut  tant  à  la  nonnerie.   » 

Marteville,  dans  son  Histoire  de  Rennes  (2^  vol.  p. 
203),  prétend  que  c'est  par  corruption  que  le  peuple 
appelle  ce  marché  a  la  nonerie  »  ;  son  vrai  nom 
serait  «  Vannonerie,  (annonariœ,)  »  nom  que  les  Ro- 
mains donnaient  aux  provinces  qui  leur  fournissaient 
du  blé. 

Nosille  ou  Nousille,  s.  f.,  noisette  Cnous 
disons  nosetle).   —  «  Jeunes  filles  et  garçons  allaient 


—    26l    — 

cueillir  la  iwsilh'  dans  les  bois  b  .  —  Noisille  dans  Rab. 
Pant.  ch.  61. 

SARTHE,     NORM.     :     IWlIsilk.     —    CENTRE    :     HOUSillc,     iwi- 

siïle. 

Nosoux,  ouse,  adj.,  timide,  qui  n'ose  pas.  — 
«  Vot'e  petit  gas  est  nosoux,  sa  petite  sœur  n'est  pas 
si  nosouse  ». 

Nouassu,  ue,  adj.,  noueux.  —  Le  bois  de 
chauflfage  nouassu  est  préférable  au  bois  franc.  — 
Une  planche  nouassue  est  défectueuse. 

CENTRE  :  nouasseiix,  7iouassoux,  adj.  se  dit  du  bois  qui 
offre  des  protubérances,  des  loups,  des  nœuds  extérieurs, 
des  nouasses. 

Nouées  (Sources).  Voy.  Sources. 

Nourri,  s.  m.,  abrégé  de  nourriture,  appliqué 
aux  racines,  aux  plantes  fourragères  et  à  toute  den- 
rée servant  à  l'alimentation  des  animaux  et  particu- 
lièrement des  bestiaux.  —  «  Si  la  sécheresse  se  pro- 
longe, le  beurre  sera  cher  ;  car  nos  vaches  manquent 
de  nourri.  » 

CENTRE  :  nourri,  herbage  ou  fourrage,  m.  sg. 

Nunu,  ue,  adj.,  appliqué  aux  personnes  minu- 
tieuses, pointilleuses,  vétilleuses,  qui  veulent  la  per- 
fection en  toutes  choses.  —  «  Ah  !  rna  chère,  si  tu 
savais  comme  madame  est  nunue  et  dithcile  à  servir  !  » 
—  Nunu  se  dit  aussi  d'une  personne  peu  intelligente 


—    202    — 

et  lente  dans  les  choses  du  ménage.  —  Dans  quelques 
communes  on  appelle  aussi  ininu  la  fleur  de  la 
digitale.  (Voy.  catiolle). 

NOR.M.  :  niiniis,  bagatelles,  frivolités,  niaiseries. 


O,  prép.,  avec  ;  fréquemment  employée  par  les 
écrivains  des  XV^  et  XVI^  siècles,  et  toujours  usitée 
chez  nos  paysans  :  —  «  O  l'advis  et  oppinion  des 
cy-devant  nommez  que  on  mectrait  de  par  M^s  de  la 
ville  un  troncq  iermant  à  ciel  et  claveure...  (Rennes, 
21  oct.  1523).  —  Oies  avis  et  opinions  des  d.  présents 
ont  été  choisiz  pour  assister  aux  estaz...  ("18  sept. 
1524).  »  (Extrait  des  Procès-verbaux  de  la  munici- 
palité de  Rennes). 

Aujourd'hui,  nos  paysans  disent  :  a  II  a  o  qua 
(avec  quoi).  — Je  suis  revenu  o  lu  (avec  lui).  —  Il 
s'en  fut  0  tout  (il  emporta  tout  avec  lui)  ». 

O,  prononcé  an  ou  aou,  répond  à  oui.  —  Voici  un 
exemple  de  l'emploi  de  ce  mot  dans  ses  deux  signifi- 
cations :  «  Perrine  !  —  0  (oui).  —  V'n'ous  quante 
ma  ?  (\\niez-vous  avec  moi  ?)  —  Nanni  (non), 
j'n'irai  point  o  vous  (avec  vous).  » 


—  263  — 

NORM.   :  0,    avec.  —  Vieux  Fr.  :  0,    avec.  —  O,  oui  : 
«  ne  disent  0  ne  non  »  (duc). 

Ober  ou  Hober,  v.  a.,  remuer,  ébranler  ;  se- 
couer un  arbre  pour  en  faire  tomber  les  fruits.  — 
«  Ces  pommes  n'ont  point  été  ohées,  mais  seines, 
cueillies  à  la  main.  »  —  On  ne  ohe,  on  ne  gaule  que 
les  fruits,  qui  ne  sont  pas  destinés  à  être  mis  au  frui- 
tier. —  «  Toutes  ses  dents  obent,  comme  les  touches 
d'une  épinette.  »  —  Ce  mot  semble  venir  du  latin 
oiire.  —  «  Ma  commère  du  haut  bout,  je  ohe  du 
c...  pour  vous  (je  me  lève  pour  trinquer  à  votre 
santé),  »  (Les  poissardes  de  Rennes). 

Obée,  s.  f.,  (ou  hobée),  résultat  produit  ou  à  pro- 
duire par  l'action  de  ohcr.  —  Aller  à  la  ohêe.  —  Les 
poires,  les  pommes,  meurtries  dans  leur  chute,  pro- 
viennent d'une  obêe. 

Offignoux,  ouse,  adj.,  personne  à  qui  tout  ré- 
pugne, qui  a  danger  de  tout.  (Voy.  danger).  — 
Offignoux  est  surtout  usité  à  Saint-Malo  et  aux  envi- 
rons. —  «  Les  plus  offignoux  sont  les  plus  crasseux.  » 
(Dicton  pop.).  —  Ailleurs  orfignoiix.  —  Voy.  Ren- 
fignonx. 

Ogu,  ue,  adj.,  aisé,  riche  ;  avec  la  négative,  pau- 
vre, misérable.  —  «  J'ai  connu  X..,  dans  l'aisance  ; 
mais  aujourd'hui  il  n'est  pas  ogu  ;  tant  s'en  faut.  » 
—  Plus  usité  dans  le  second  cas. 

Oïe  ou  Oye,  s.  f.,  infirmités,  misères.  —  «Olle 


—  264  — 

(elle)  a  mille  oïcs,  la  pauvre  femme.»  Cette  expression 
est  surtout  employée  dans  le  canton  de  Pleine-Fou- 
gères (Arr.  de  St-Malo). 

Oquelle  ou  Hoquelle,  s.  t.  ;  les  cuisinières 
appelaient  autrefois  de  ce  nom  ce  que  les  modernes 
appellent  financière  ou  pâté  chaud.  Oquelle,  fort  usité 
il  y  a  50  ans,  a  vieilli.  —  Il  existait  à  Rennes,  au 
commencement  du  siècle,  un  pâtissier-traiteur  nommé 

G ,  qui  avait  la  spécialité  des  meilleures  hoqiielles. 

Il  s'était  fait  une  véritable  réputation  avec  ces  excel- 
lents petits  pâtés,  et  il  y  avait  toujours  foule  chez  lui 
à  l'heure  où  les  hoqitelles  sortaient  du  four. 

Orage.  Goût  d'orage,  goût  particulier  que  prend 
le  beurre  par  un  temps  orageux.  —  a  Votre  beurre 
ne  vaut  rien,  ma  brave  femme,  il  a  goût  d'orage.  » 
—  «  C'est  la  faute  du  temps,  répond  la  pa3'sanne.  » 

Orbe,  adj.,  privé  de  soleil.  —  Se  dit  principale- 
ment d'une  pièce  de  terre,  d'un  verger,  d'un  jardin 
aspectés  au  nord,  ou  trop  couverts  de  grands  arbres, 
et  dans  lesquels  ne  pénètrent  que  rarement  les  rayons 

du  soleil. 

Orbière,  s.  f. ,  ombre.  —  a  Cette  plante  de- 
mande du  soleil  et  vous  l'avez  mise  à  Vorhihe.  » 

TRÈv.  :  orbe  s'est  dit  autrefois  pour  obscur,  caché.  — 
DUC.  :  orbns,  obsciirus,  ieiiebrosus.  Orha  iabenia,  cabaret 
borgne.  —  Orbus  liens,  cul-de-sac.  Vieux  Fr.  :  orbe  : 
((  orbe  et  oscure  est  la  meslée.  »  —  Orbemeut,  obscuré- 
ment. 


—  265  — 

Orceul,  au  pluriel  Orceux,  s.  m.,  nom  générique 
donné  à  tous  les  vases,  à  tous  les  récipients  employés 
dans  le  ménage,  pots,  plats,  assiettes,  etc.  —  «  Si  cette 
servante  continue,  il  ne  restera  bientôt  plus  un  orceul 
dans  la  maison.  »  —  Semble  venir  du  latin  urceus, 
vase,  marmite. 

Vielix  Fr.  :  orccl,  orceaii,  vase,  pot.  Orcellns,  orceohis, 
urceus,  urceolus. 

Orde,  adj.,  sale,  en  désordre.  — a  Qiielle  maison 
orde,  mal  tenue  !  »  —  C'est  un  diminutif  d'ordure, 
mais  il  est  peu  usité. 

CENTRE  :  orde,  m.  sg.  S'est  écrit  horde.  —  acad.  :  ord, 
orde,  vilain,  sale.  Il  est  vieux.  —  besch.  :  ord,  orde, 
vilain,  sale.  Vieux  et  inus.  Se  trouve  dans  Ronsard.  — 
TRÈv.  -.ord,  sale,  puaut.  Il  est  vieux.  —  norm.  :  orde- 
ment,  salement.  —  duc.  :  ordtis,  deforiiiis,  sordidus.  — 
Ordura,  ordure.  —  Ord,  sale,  vilain,  puant. 

Orée,  s.  f.,  coin,  cornière.  Ce  vieux  mot,  qu'on 
trouve  dans  les  œuvres  de  Bernardin  de  Saint-Pierre 
et  de  Chateaubriand,  est  toujours  très  usité  dans  ce 
pays-ci  :  L'orée  du  champ,  du  bois.  —  Par  extension, 
il  est  synonyme  de  morceau  :  Une  orée  de  veau,  de 
lard,  etc. 

ACAD.  :  orée,\e  bord,  la  lisière  d'un  bois.  Il  est  vieux. 
—  NORM.  :  orée,  orière,  entrée,  bord,  lisière.  —  Vieux 
Fr.  :  orée,  oreille,  orière,  ouraiUe,hoTd, lisière  (à'unhois). 
Oreria,  aureria.  Lat.  or  a. 

Orgeul,  s.  m.,  pour  orgelet,  petite  tumeur  qui 
survient  au  bord  de  l'œil.  —  J'avais  souvent  des 
orgeiih  étant  jeune. 


—  266  — 

Orine,  s.  f.,  abrégé  de  origine.  S'emploie  surtout 
en  parlant  des  animaux  de  race. —  «  Ce  veau, ce  poulet 
sont  de  bonne  orine.  d  —  S'appliquant  à  l'homme,  il 
se  prend  en  mauvaise  part  :  «  Il  n'est  pas  étonnant 
que  son  gars  lui  ressemble  ;  il  est  de  son  07ine.  » 

TRÙv.  :  orim,  vieux  mot,  pour  origine.  (Chron.  de 
Bertrand  Duguesclin).  —  norm.  :  orine,  origne,  sorte, 
espèce,  origine.  —  centre  :  Mettre  en  orine,  —  origne, 
fournir  les  éléments  d'une  chose,  —  Vieux  Fr.  :  oriiic, 
ourinc.  (duc). 

Orive,  adj.  m.  et  f.,  plante,  fruit  précoce.  Voy. 
Anrive. 

Oua,  particule  négative,  équivalant  à  un  non  éner- 
gique. —  «  Croyez-vous  que  C...  épouse  sa  cou- 
«  sine  ?  —  Otia  !  personne  n'y  croit.  »  —  C'est  le 
ouais  de  Molière,  mais  avec  une  autre  signification, 
ouais  exprimant  seulement  l'étonnement  :  «  ouais  f 
«  voyez-vous  cela  ?  » 

Ouanne.  On  désigne  par  ce  mot  l'année  courante  ; 
antannc  désigne  l'année    précédente.    (Voy.  antanue.) 

Oudaner,  v.  n.,  perdre  son  temps. 

Oué-dus,  adj.  m.  et  f.,  sourd.  —  «Il  ou  elle  est 
oué-dus.i^  —  Composé  des  deux  mots  ouir,  entendre, 
et  dus,  dur,  qui  entend  dur,  qui  a  l'ouie  dure.  — 
«  Huchez  plus  haut,  il  est  oué-dus.  »  —  On  dit  aussi 

ouc-gouttc. 

Ouère,  s.  m.,  peigne  à  démêler  (Bécherel). 


—  267  — 

Oustal,  ou  Houstal,  s.  m.,  maison,  demeu- 
rance.  —  «  Quand  j'arrivis  à  Voiistal,  je  le  vis  ense- 
veli. »  (Vieille  chanson).  —  Ce  mot  a  vieilli,  et 
bientôt  on  ne  l'entendra  plus  chez  nous.  —  Ottstal 
semble  une  corruption  du  vieux  mot  oust  (camp).  — 
Dans  quelques  localités  on  disait  oiisteau,  dans  d'autres 
oiistel.  ^—  a  Que  boyrons-nous  par  ces  déserts  ?  Car 
Julian  Auguste  et  tout  son  otist  y  moururent  de  soif.» 
(Rab.)  —  Dans  le  Roman  de  la  Rose  on  trouve 
le  verbe  hostchr  pour  loger.  —  De  ce  mot  houstal, 
hostekr,  sont  venus  ceux-ci  :  hôtelier,  hôtellerie,  qui 
déjà  ont  vieilli  ;  puis  hôte,  hôtel. 

Sire  Cueno,  j'ai  vielle 
Devant  vous  en  votre  osté. 

Traduction  : 

Sire  comte,  j'ai  joué  de  la  vielle 
Devant  vous,  en  votre  hôtel, 

(Colin  Muset,  XIII"  S.). 
Quand  je  vieng  à  mon   hosié. 

(Le  même). 

J'ai  trouvé  dans  un  Noél  ancien  le  mot  hosteati,  qui 
n'est  autre  que  houstal  : 

Je  trouvai  Marie  alors,  nau^   nau, 

A  genoux  devant  la  crèche, 

Et  l'asnon  et  le  bœuf  que  l'enfant  bêche, 

Joseph  avec  un  peu  de  mèche 

Eclairait  parmi  Vhosicaii,  nau,  nau. 

On  voit  que  le  poète  a  dit  hosteau  pour  les  besoins 


—  268  — 

•  de  la  rime  terminant  en  eau  ;  dans  les  autres  couplets 
du  Noël  :  mortel,  mortcau  ;  —  messie,  nwssian  ;  — 
paternel,  paterneau. 

Dans  le  récit  d'une  fête  populaire  à  Lodève,  en 
1885,  j'ai  trouvé  cette  phrase  :  «  Je  participais 
«  au  bonheur  de  ceux  qui  m'entouraient  ;  j'avais 
«  oublié  où  j'étais  pour  me  croire  près  de  moiin  ous- 
«  /(//.  »  —  Ce  mot,  devenu  ici  hors  d'usage,  est 
donc  encore  conservé  dans  le  midi. 

Ovale,  s.  f.,  auge  servant  aux  chevaux. 


Pachu,  ue,  s.,  paysan  grossier,  lourdaud,  ou 
inintelligent.  Se  dit  en  mauvaise  part.  —  «  C'est 
\\npac]}u.r>  —  Rarement  employé  au  féminin. 

Paiche  ou  Pêche,  s.  m.,  moineau,  —  Ailleurs 
pierrot.  —  Du  latin  passer,  nous  avons  fait  paiche  ; 
nous  disons  paiche  de  balai,  «  sicut  passer  solitarius  in 
teclo  »  (Ps.  loi),  et  nous  appelons  paiche  de  haie  le 
friquet  ou  moineau  des  champs.  —  Ainsi  en  pro- 
nonçant paisse,  on  a  le  mot  latin  a  peine  altéré. 

BESCH.   :  paisse,  ancien  nom  du  moineau  coiiimun.  — 


—  269  — 

TRÈv.  :  paisse  ou  passe,  vieux  mot,  passereau,  moineau, 
passer.  —  sarthe  :  paisse,  m.  sg.  —  duc,  :  passa.  — 
Paisse,  passe  (an'jou). 

Pail  S.  m.,  poil,  cheveu.  C'est  seulement  la 
voyelle  0  changée  en  a.  —  Se  prendre  au  pail.  — 
Pail  de  pourcel,  soie  de  porc.  —  Pail  rouge.  —  Le 
plus  souvent,  on  ne  prononce  pas  /;  «  La  damnée 
vache  iiaire  me  hoiisit  dans  le  pa  »  (vieille  chanson). 
—  Du  cidre  qui  perle  dans  les  verres  on  dit  «  qu'il 
a  des  lentes  dans  le  pa.  »  —  Se  sacquer  au  pa,  ou  (/;( 
pail  se  tirer  aux  cheveux.  —  (On  prononce  indis- 
tinctement pa,  pail  ou  pck). 

Pain  à  chant,  s.  m.,  pain  à  cacheter  des  lettres. 
L'hostie  est  faite  de  pain  à  chaut,  ou  pain  azyme. 

BESCH.  :  Pain  à  chauler. 

Palis,  s.  m.,  sorte  de  pelle  à  l'usage  des  carriers, 
sablonniers,  etc.  —  Ne  pas  confondre  le  palis  avec  la 
pelle  des  jardiniers.  —  (On  prononce  paJi). 

Panne,  s.  f.,  grande  cuve  en  terre  ou  en  bois, 
qui  sert  aux  blanchisseuses  pour  foire  la  lessive.  — 
Mettre  le  linge  en  pauiie. 

BESCH.  :  Panne,  cuvier  de  bois  pour  lessiver  les  toiles 
neuves  (Anjou).    —    (duc).    Panna,    grand    chaudron. 

Papier-boit,  s.  m.,  papier  brouillard  ou  papier 
gris  ;  ainsi  appelé,  parce  qu'il  hoit  l'encre.  11  y  a 
trente  ans,  ce  papier  était  fabriqué  avec  les  plus 
grossiers  chifïons,  et  de  la  même  pâte   que  le  carton 


brut.  Rennes  en  possédait  une  fabrique  sur  la  rivière 
de  rille,  rive  droite,  à  60  mètres  environ  de  l'abreu- 
voir situé  à  l'entrée  du  canal.  —  Aujourd'hui,  le 
papier-hoit  n'existe  plus.  Il  a  été  remplacé  par  le 
papier  de  soie,  et  un  autre  papier  sans  colle  dont 
sont  faits  les  buvards.  (Voy.  Boitte). 

Parachier,  s.  m.,  bourrelier.  —  Usité  dans  les 
Côtes-du-Nord. 

Parafe,  s.  f.,  premier  tour  de  la  charrue  pour 
faire  le  sillon.  Le  dernier  tour  se  nomme  curaude. 
(V.  ce  mot). 

Parbatte,  s.  f.,  le  dernier  jour  de  la  vendange, 
la  fin  de  travaux  qui  exigent  plusieurs  jours  ou  plu- 
sieurs semaines.  —  «  C'est  demain  que  nous  ferons 
\a  parhattc.i)  —  A  Saint-Malo  on  dit  nicolaiîles.  — A 
Hédé,  barhatte . 

Parche,  s.  f.  Parcheux,  adj.  —  La  parche  est 
l'enveloppe  ou  la  cosse  des  pois,  des  fèves,  ou  encore 
le  fil  par  lequel  sont  retenues  les  deux  parties  de  l'en- 
veloppe. —  Les  pois  sont  parcheux  lorsque  la  cosse 
dure  et  sèche  rend  la  mastication  difficile  ou  pénible. 
—  Les  paysans  mangent  en  même  temps  le  grain  et 
la  cosse  des  pois  ronds  et  des  pois  de  rame.  —  Parche 
doit  être  une  abréviation  de  parchemin. 

Parer,  v.  a.,  nettoyer,  ratisser,  enlever  les  mau- 
vaises herbes  des  allées  des  jardins,  opération  qui  se 


—  271  — 

fait  avec  la  paroire,  ou  petite  pelle  en  fer.  —  «  Voilà 
des  allées  bien  parées.  » 

Paré,  part,  passé  du  verbe  parer,  est  souveut  em- 
ployé avec  l'auxiliaire  être  dans  ce  sens  ;  Je  suis 
paré,  c'est-à-dire  je  suis  hors  de  danger;  —  il  esl  paré, 
il  est  sorti  d'un  mauvais  pas. 

NORM.  :  Etre  paré,  être  à  l'abri  d'un  danger  redouté. 

Par  exemple,  excl.  qui  exprime  l'étonnement, 
l'incrédulité,  le  refus  d'obtempérer  à  une  demande. 
Ainsi  :  —  «  On  vient  de  m'apprendre  le  mariage  de 
M.  J...  avec  M"e  K....  Par  exemple  !  cela  n'est  pas 
croyable.  »  —  «  Vous  voulez  faire  cela  ?  Par  exemple  ! 
vous  n'en  ferez  rien.  » 

Parfinir,  v.  a.  parfaire,  parachever  un  ouvrage,  y 
mettre  la  dernière  main. 

NORM.  :  Parfinir,  m.  sg.  —  besch.  :  A  la  paifiii,  s'est 
dit  pour  enfin. 

Parpied,  s.  m.,  empreinte  du  pied  de  la  bête  sur 
le  sol.  —  «  Voilà  le  parpied  du  cerf.  »  —  Ternie  de 
chasse. 

Parrainage,  s.  m.  De  parrain  nous  avons  fait 
parrainage,  comme  de  commère  commérage ,  de  com- 
père, compérage.  —  «Je  suis  déjà  le  parrain  de  dix 
enfants,  j'en  ai  assez  du  parrainage.  » 

BESCH.  :   Parrainage,   qualité,    rapports    de  parrain,   de 
marraine. 


—    272    — 

Passée,  s.  f.,   veine,   bonne  ou   mauvaisse  pusse. 

Passer  en  dommage,  se  dit  des  bestiaux  qui 
passent  dans  la  propriété  du  voisin  et  v  causent  du 
dommage.  —  «  Ses  vaches  sont  passées  en  dommage 
dans  mon  champ  ;  ça  va  lui  coûter  chaud.  » 

SARTHE  :  Etre  en  lioiinnage,  m.  sg. 

Pataud,  aude,  nom  donné  par  les  Chouans  aux 
Républicains  à  l'époque  de  la  Révolution  (la  grande). 
L'épithètc  de  chouan  s'applique  encore  aux  partisans 
de  la  royauté  ;  mais  aujourd'hui  les  patauds  sont 
appelés  radicaux.  RadicaiUe  exprime  d'une  façon  plus 
énergique  encore  le  mépris  des  Royalistes  pour  les 
Républicains  (1878). 

Bien  que  le  nom  de  pataud  soit  rayé  depuis  plus 
de  cinquante  ans  du  vocabulaire  politique,  j'ai  cru 
devoir  lui  donner  place  dans  ce  recueil,  en  souvenir 
des  refrains  ci-après  que  j'ai  entendus  dans  mon 
enfance  : 

Tandis  que  la  gucrr'  durera, 
L'chahut  d'pataud  d'bonhomme, 
Taudis  que  la  guerr'  durera, 
L'chahut  d'pataud  d'bonhomme 
Nous  nourrira. 


Autre 


Le  général  Bobril,  il  crie  à  haute  voix 
A  haut,  à  haut,  à  haut  ! 
Vous  crèverez  dans  vos  villes, 
Mauvais  patauds, 


—  273  — 

Tout  comme  des  chenilles, 
Les  pattes  en  haut. 

Les  femmes  des  républicains  étaient  des  patauJes, 
non  moins  méprisables  que  leurs  maris  aux  yeux  de 
leurs  ennemis. 

Pâtou,  s.  m.,  pâtre,  au  féminin  pdtoure,  enfant 
qui  garde  les  troupeaux  dans  les  pâturages.  —  M. 
J,...,  avocat,  employa  dans  une  plaidoirie  le  mot 
pdtoiiresse,  ce  qui  provoqua  l'hilarité  de  l'auditoire. 
«  Eh  pourquoi,  s'écria-t--il,  ne  dirait-on  pas 
pdtotircsse,  l'on  dit  bien  pdtoii.  »  —  Si  encore  il 
avait  employé  le  mot  pdtoiireUe,  qu'on  dit  quelque- 
fois ! 

TRÉv.  :  Piistour,  pastoure,  (vieux  moi),  berger,  bergère, 
pasteur,  pastor.  —  sarthe  :  pnlour.  —  norm.  :  Pastoii, 
pàtoiir,  berger.  —  centre  :  Pàtour,  petit  pâtre,  ancien- 
nement pastouy. 

Paud,  Paut  ou  Pault,  s.  m.,  court  bâton, 
dont  la  partie  inférieure  porte  un  gros  nœud  ou  ma- 
rotte. (V.  ce  mot).  Espèce  de  casse-tête,  arme  terri- 
ble que  le  paysan  bas-breton  nomme  peu-bas,  bâton 
à  tête.  —  Paud  rend  assez  bien  le  bruit  sourd  que 
produit  le  coup  de  ce  bâton  ;  c'est  de  l'harmonie 
imitative  !... 

CENTRE  :  Pau,  pieu,  pour  pal.  —  trév.  :  En  plusieurs 
endroits  les  campagnards  disent  pau  pour  pal  et  pieu  : 
palus,  paxillns. 

Paumée,  s.  f.,  ce  que  peuvent  contenir  les  deux 

18 


—  274  — 

mains  rapprochées.  Certains  fruits,  les  châtaignes,  les 
pois,  etc.,  se  mesurent  à  h  paîiince  quand  il  s'agit  de 
faire  des  parts  égales  entre  co-partageants.  —  A 
défaut  de  balances,  le  partage  se  fait  à  la  paumée. 

Pauniche  ou  Poniche,  s.  f.,  taloche,  mau- 
vais coup.  —  «  N'allez  point  vous  mêler  de  leur 
querelle,  vous  pourriez  bien  gober  (attraper)  pauni- 
che. » 

Pavée,  s.  f.,  espèce  de  glaïeul  plat  et  coupant 
qui  croît  sur  les  bords  de  nos  fossés  et  de  nos  étangs. 

BESCH.  :  Pavée,  nom  vulgaire  de  la  digitale  pourprée. 

Pêcher,  v.  n.,  marcher  dans  l'eau,  dans  la  boue. 
—  «  Le  chemin  est  mauvais  ;  passez  par  le  champ, 
si  vous  ne  voulez  pas  pêcher.  »  —  Pécher  dans  le 
bouillon  (dans  la  boue),  se  crotter. 

Pêches-mares,  s.  m.  pi.,  gros  souliers,  gros 
sabots,  avec  lesquels  on  peut  quasiment  braver  les 
bas  chemins.  —  «  Faites-ma  de  bons  pèches-mares  o 
des  dents  de  vache  et  de  grousses  maillettes.  » 

Pecque,  s.  f.,  bec  des  petits  oiseaux.  —  A  peine 
sortis  de  la  coquille,  que  déjcà  ils  ouvrent  la  pecque. 

Pècre,  adj.,   acide,  aigre,    sûr.  —  «  Ce  fruit  est 

pècre.  Les   groseilles  à  grappes  sont  pècres.   —  Une 

personne  qui  a  la  voix  criarde,  perçante,  a  la  voix 
pècre. 


—  275   — 

Peignée,  s.  f.  Se  donner  une  peignée,  se  prendre 
aux  cheveux. 

BESCH.  :  Peignée,  m.  sg.  Peigner,  se  peigner.  —  centre  : 
Peignée,  pignée,  volée  de  coups. 

Peillot,  s.  m.,  guenille,  vieux  chiffon.  —  On  le 
dit,  par  extension,  de  la  crème  ou  peau  qui  se  forme 
sur  le  lait  bouilli.  —  «  Surtout,  la  petite  mère,  mettez- 
y  du  peillot  (sous-entendu  :  dans  mon  calé.)  »  — Nos 
couturières  ont  très  peu  d'estime  pour  les  repasseu- 
ses ;  elles  les  appellent  hrûk-pc'dJot . 

Peillotoux,  ouse,  s.  Les  pciUotoux  sont  des 
gens  déguenilléb  et  mal  vêtus  :  «  Aux  noces  de  notre 
fermier,  nous  dansâmes  comme  des  pciUotoux.  »  — 
Les  marchands  de  chiffons,  de  vieux  habits,  les 
marchandes  d'os,  de  peaux  de  lièvre  ou  de  lapin ^ 
sont  aussi  des  peillotoux. 

Allons,  jeunes  filles. 
Vendez  vos  guenilles, 
Et  vous,  beaux  garçons. 
Vos  vieux  pantalons 
A  la  mèr'  Goujon. 

(Anciens  cris  de  Rennes). 

Le  peillotoux  se  livrait  autrefois  dans  les  campagnes 
à  un  commerce  plus  lucratif.  Moyennant  un  fichu  faux 
teint,  ou  un  bijou  sans  valeur,  la  jeune  fille  lui 
abandonnait  sa  plus  belle  parure,  sa  chevelure.  De- 
puis longtemps  nos  paysannes  se  sont  affinées,  et  ne 


—  276  — 

livrent  leurs  chignons  qu'à  beaux  deniers  comptants. 
(1889). 

Vieux  Fr.  :  Pcilk,  morceau,  chiffon  de  papier  (duc). 

Peineler,  v.  n.,  avoir  de  la  peine  à  faire  ses 
affaires,  tirer  le  diable  par  la  queue. 

Peinelier,  s.  m.,  de  peineler.  Le  peinelier  n'est 
pas  seulement  l'homme  de  peine,  mais  un  homme 
qui  vit  misérablement,  et  dont  le  salaire  suffit  à  peine 
pour  nourrir  sa  famille.  —  «  C'est  un  pauvre  peine- 
lier.  » 

Pêlette,  s.  f.,  petit  poêlon  en  terre  ou  en  métal. 
C'est  dans  une  pêlette  qu'on  fait  la  bouillie  des  enfants. 
—  Nos  paysans  donnent  le  nom  de  pêlette,  ou  queue 
de  pêlette  au  têtard  de  grenouille,  dont  la  forme  est, 
en  effet,  assez  semblable  à  celle  d'un  petit  poêlon. 

BESCH.  :  poHette,  petite  poêle. 

Pelisse,  s.  f.,  partie  mince  du  morceau  de  veau 
appelé  le  bout  gras  ou  le  gîte  à  la  noix.  —  Pelisse 
vient  sans  doute  de  peau,  parce  que  cette  partie  du 
morceau  est  très  peu  charnue  et  tant  soit  peu  filan- 
dreuse. 

Pelisse,  s.  f.,  bande  de  gazon  prise  dans  les 
forrières  des  champs  ou  sur  les  revers  des  fossés,  pour 
talusser,  consolider  un  ouvrage  en  terre.  La  pelisse, 
qui  vient  sans  doute  de  peler  (le  gazon),  convient 
mieux  que  le  mortier  pour  ces  sortes  de  travaux. 


—  277  — 

Pelotin,  s.  m.,  pluie  fine.  Plus  usité  à  Fougères 
qu'à  Rennes. 

Penacher,  v.  n.,  manger  malproprement. 

Penacheux,   ou    mieux  Penachoux,   ouse, 

adj.,  qui  mange  malproprement.  —  «  Le  vilain  ! 
voyez  sa.  goùle,  voyez  ses  mains,  comme  elles  sont 
penachoiises,  (c.-à-d.,  gluantes,  poisseuses)  !  » 

Pendrillée,  s.  f.,  de  peiuiilli'r,  choses  qui  retom- 
bent en  grappes,  en  chapelets.  Des pcudriUc'cs  de  {ruits, 
de  saucisses,  etc. 

On  voyait  aux  côtés  de  cette  demoiselle 

Pendiller  une  large  et  profonde  escarcelle. 

(Ronsard.) 

Penette,  femme  bigote,  très  utile  à  l'église  à  la- 
quelle elle  consacre  tout  son  temps,  souvent  au  détri- 
ment de  son  ménage.  Le  plus  souvent  c'est  une  reli- 
gieuse du  tiers-ordre,  ou  bonne  sœur  en  plein  vent. 
Comme  son  nom  semble  l'indiquer,  personne  ne  se 
donne  plus  de  peine  que  la  penette  pour  son  propre 
salut  et  pour  celui  de  son  prochain  ;  elle  en  remon- 
tre à  son  curé.  Elle  a  le  don  d'ubiquité  ;  on  la  ren- 
contre partout  ;  elle  sait  tout,  et  son  pieux  zèle  en 
fait  le  meilleur  reporter  du  presbytère. 

Le  mot  penette  n'a  point  de  masculin,  quoique  bon 
nombre  d'hommes  soient  dignes  de  le  porter,  Mo- 
lière les  a  baptisés  d'un  autre  nom. 

Je  connais  des  prêtres  qui  n'aiment  pas  les  penettes. 


—    278    — 

—  Dans  la  Sarthe  on  les  appelle  biquettes.  —  Dans 
l'an-ondissement  de  Fougères,  penette  est  synonyme 
de  plaisanterie. 

Pénille,  s.  f.,  laine  effilochée  et  cardée  provenant 
de  vieux  habits  —  Cette  laine,  filée  et  tissée  à 
nouveau,  est  employée  dans  la  confection  de  vête- 
ments grossiers.  Nos  paysannes  portent  encore  des 
tabliers,  des  cotillons  de  pcnilh.  Cependant  le  bon 
marché  des  étoffes,  joint  au  prix  élevé  de  la  main 
d'œuvre,  a  rendu  moins  fréquents  l'usage  et  l'emploi 
de  la  pèiiUlc. 

CENTRE  :  pêiiillcs,  mauv.iises  bardes,  guenilles. 

Pentecôte,  s.  f.,  petite  fleur  de  couleurs  variées, 
de  forme  pyramidale,  qui  croît  en  abondance  dans 
nos  prairies.  Elle  fait  son  apparition  dès  le  mois  de 
mai.  Son  nom  botanique  est  orchis. 

SARTHE  :  peutccôtc,  m.  sg.  —  centre  :  pcnlecoute,   sorte 
d'orchis. 

Pépé,  s.  m.  ;  c'est  ce  petit  nom  que  les  en- 
fants de  mon  temps  donnaient  à  leurs  grands-pères, 
comme  nous  appelions  mêiiics  nos  grand'mamans. 
Aujourd'hui  ils  disent  petit  pcre  (pour  le  père)  ; 
grand' père  (pour  l'aïeul). 

Péroine,  s.  f.,  femme  bavarde,  commère. 

Perreyoux,  s.    m.,    nom   donné  aux  ouvriers 


-  279  — . 

employés  dans  les  perrières  ou  carrières,   à  l'extrac- 
tion de  la  pierre,  du  sable,  etc. 

Perrière,  s.  f.,  carrière  de  pierres,  de  sable  ou 
d'ardoises.  D'après  le  savant  Littré,  en  Anjou  on 
nomme  perrières  les  carrières  d'ardoises  ;  chez  nous 
ce  nom  -s'applique  à  toutes  les  carrières  sans  distinc- 
tion. 

Nous  avons  ici  plusieurs  perrières  :  1°  Le  peuple 
nomme  encore  perrière  le  Bourg-l'Evêque  ou  Fau- 
bourg de  Brest,  qui  a  dû  être  une  ancienne  carrière, 
comme  semble  l'indiquer  la  déclivité  du  sol.  — 
2°  Les  perrières  de  Coësmes,  carrière  de  pavé,  sur  le 
territoire  de  Cesson.  —  3°  La  perrière  de  Pince-Poche 
au  sud  de  ce  même  village.  —  Nous  avions  encore 
les  perrières  de  Beaumont,  carrières  de  sable,  sur  l'em- 
placement  desquelles    on    vient    de    construire    une 

splendide   forteresse,    destinée    à   renfermer des 

femmes  pécheresses.  (1878). 

BESCH,  :  perrière,  (vieux  mot),  carrière.  —  sarthe  :  per- 
rière, m.  sg.  —  CENTRE  :  perrière,  carrière  de  pjerres. — 
Vieux  Fr.  :  perrière,  carrière,  petraria  (duc). 

Perrot,  s.  m.,  diminutif  de  perroquet.  —  M™'- 
R avait  un  perrot  fort  ennuyeux  pour  son  voisi- 
nage, bien  qu'il  sût  son  credo  sur  le  bout  du  doigt. 
—  Nous  appelons  aussi  perrot,  sans  doute  à  cause  de 
sa  belle  couleur  verte,  une  petite  cigale  qu'on  trouve 
dans  nos  blés.  —  Ne^  de  perrot,  nez  incliné  vers  la 
bouche  :  «  Il  a  un  nez  de  perrot.  » 


BEScn.  :  pevrot  se  dit  pour  perroquet. 

Perruque,  s.  f.,  employé  au  figuré  pour  répri- 
mande, semonce.  —  «  Il  a  reçu  de  son  patron  une 
perruque  bien  méritée.  —  Perruque,  dans  ce  sens,  est 
syn.  de  poil,  savon,  galop,  suif. 

BESCH.  :  perruque,  m.  sg. 

Pertroubler,  v.  a.,  troubler.  —  Dans  son  Panta- 
gruel, ch.  X.  Liv.    VIII,  Rabelais  a  dit   :  o car 

homme  vertueux  au  monde  n'est  qui  naturellement 
et  par  raison  plus  ne  soit  en  son  sens  perturbé.  » 

BESCH.    :  pcrtrouhler ,  Se  pertroubler ,  inusités.   —  Vieux 
Fr.  :  pertroubler,  troubler  (duc). 

Pesche,  s.  m.,  passereau.  (V.  Paîche). 

Pesé  (Lait),  lait  baratté,  ou  lait  de  beurre,  passé 
ou  égûutté  dans  un  tamis  ;  ce  qui  reste  de  la  partie 
solide,  mélangé  avec  du  lait  doux  ou  des  viaiiigaux 
(Voy.  ce  mot)  est  nommé  lait  pesé  par  nos  cuisi- 
nières. 

Pessard,  s.  m.,  nom  donné  à  une  plante  verte, 
grimpante,  qui  croît  abondamment  dans  nos  haies.  Les 
enfants  s'amusent  à  en  jeter  malicieusement  sur  les 
habits  des  passants,  auxquels  elle  s'attache  fortement, 
d'où  lui  vient  son  nom  de  pessard,  de  poisser,  qui 
poisse.  —  Grattcrou  ou  Glateron  dans  Rab.  (Pantag. 
ch.  XVI.) 

Pesser,  v.   m.   Ce  verbe    a    deux    significations 


—    28l    — 

bien  différentes.  Dans  l'une,  il  est  dit  pour  poisser, 
coller:  —  «  La  glu  pesse  aux  dais  (doigts).  »  —  «  Ces 
deux  objets  sont  pessés  l'un  contre  l'autre  ».  —  Se  dit 
aussi  pour  geler,  glacer.  »  Le  froid  est  vif,  il  va  pcsscr 
cette  nuit,  W pesse  déjà.  »  —  Dans  sa  seconde  acception, 
il  signifie  tirer  ou  pousser  fortement,  employer  la 
force  pour  faire  un  ouvrage,  en  un  mot,  donner  un 
coup  de  collier,  un  bon  coup  d'épaule.  «  Haie  a  ta, 
tire  à  ta,  pesse. . .  et  à  haut  !  » 

NORM.  :  peisscr,  poisser. 

Pétasse,  s.  f.,  Petassier,  ière,  homme  ou 
femme  qui  s'attache  à  des  riens  ;  minutieux.  — 
Est  à  peu  près  synonyme  de  herdassc,  herdassicr. 

Petasser,  v.  n.,  s'attacher  à  des  minuties,  à  des 
choses  insignifiantes.  —  a  Ah  !  ma  pauvre  femme,  te 
voilà  encore  qui  pétasses.  » 

SARTHE.  :  pelasse,  pctasson.  —  centre  :  petasser,  petassier. 

Petit-fait,  locution  très  usitée,  qui  s'applique 
surtout  à  la  femme  peu  capable  de  tenir  sa  maison, 
son  ménage.  —  «  M™^  L....  est  une  bonne  personne  ; 
elle  aime  son  mari,  ses  enfants  ;  mais  c'est  un  petit- 
fait.  » 

Petit-Jean,  s.  m.  Nos  paysans  donnent  ce  nom 
aux  fiirfadets,  aux  gnomes,  aux  esprits  malins  qui  ont 
des  accointances  avec  le  diable.  Il  est  imprudent  de 
se  brouiller  avec  Petit-Jean,  ou  de  douter  de  sa  puis- 
sance. Une  femme,  (et  cela  s'est  vu  !...)  barattera  des 


—    282    — 

heures  entières  sans  pouvoir  obtenir  de  beurre.  Un 
charretier  trouvera,  en  se  levant,  les  crins  de  ses 
chevaux  tellement  brouillés  qu'il  lui  sera  impossible 

de  les  démêler C'est    Petit- Jean   qui  sera   rendu 

responsable  de  ces  méfaits.  —  Petit-Jean  prendra, 
au  contraire,  sous  sa  protection  les  faibles  qui  l'au- 
ront imploré. 

Petit-peta,  jeu  d'enfants.  Dans  quelques  petits 
jeux,  le  joueur  pris  en  défout  donne  un  gage.  Lors- 
qu'il s'agit  de  le  retirer,  il  subit  une  pénitence  parfois 
assez  douce.  La  tête  appuyée  sur  les  genoux  d'une 
dame,  une  main  ouverte  derrière  le  dos,  il  reçoit  de 
petits  coups  accompagnés  de  cette  question  :  «  Petit- 
peta,  qui  embrassera  là  ?  »  Quand  il  a  répondu 
«  moi  »,  il  va  embrasser  la  personne  ou  l'objet  dési- 
gnés, et  rentre  en  possession  de  son  gage  et  de  sa 
liberté. 

Pétoire,  s.  f.,  petit  tube  en  bois  de  su  (sureau), 
que  fabriquent  les  petits  garçons.  Ce  tube,  long  de 
20  à  25  centimètres,  est  bouché  à  l'une  de  ses  extré- 
mités par  un  petit  tampon  de  filasse  ;  chassé  par 
l'autre  bout  avec  une  baguette  en  bois,  ce  tampon, 
par  suite  de  la  compression  de  l'air  à  l'intérieur  du 
tube,  est  lancé  comme  une  balle  à  une  assez  grande 
hauteur.  L'explosion  que  produit  ce  petit  canon  a 
valu  à  l'instrument  le  nom  de  pétoire.  C'était,  dans 
mon  enfance,  un  jeu  fort  à  la  mode. 


—  283  — 

Petonton,  s.  m.,  et  f.,  homme  ou  femme  qui 
ne  s'occupe  que  de  vétilles,  qui  tracasse  pour  des 
riens.  —  Est  à  peu  près  synonyme  de  petassier. 

Petron-minette  et  Petron-Jacquet.   —  On 

emploie  l'une  ou  l'autre  de  ces  expressions  pour 
désigner  une  personne  matinale  :  pdron-ininette  comme 
les  chats*,  petron- Jacquet  comme  les  jardiniers.  — 
a  Fanchon  est  une  vaillante  ménagère  ;  elle  se  lève 
dès  le  petron-minette.   « 

Je  crois  connaître  l'étymologie  de  cette  locution, 
petron-J acquêt.  De  tous  les  travailleurs,  le  jardinier  est 
sans  contredit  le  plus  matineux.  Dès  3  heures  du  matin 
en  été,  5  heures  en  hiver,  il  apporte  ses  légumes  au  mar- 
ché. Ce  marché  se  tenait,  avant  la  construction  des 
halles  des  Lices,  sur  la  place  du  Champ-Jacquet  et  dans 
les  rues  adjacentes  ;  de  là  petron-Jacquet,  goule  de  Champ- 
Jacquet,  dictons  encore  en  usage  dans  le  monde  des 
regrattières  et  des  petits  marchands.  On  se  lève  dans 
ce  monde-là  dès  le  petron-Jacquet .  —  Les  uns  disent 
pétro  ;  d'autres  pêtron. 

II  se  pourrait  aussi  que  cette  locution  nous  vînt  de 
Normandie,  où  l'écureuil  est  appelé  Jacquet  ;  car  je 
trouve  dans  Littré  qu'on  l'emploie  également  chez 
nos  voisins  ;  seulement  ils  disent  patron-Jacquet,  et 
non  petron. 

SARTHE  :  Patron  minette.  —  norm.  :  Pairon-Jacqiiet.  — 
CENTRE  :  Se  lever  à  patron- Jacquet. 

Peuton,  s.  m.,  gros  ver  blanc  qui  se  transforme 


—  284  — 

en  hanneton.   (La  Guerche).  —  A  Rennes,  c'est  le 
turc.  (V.  ce  mot). 

Peux,  s.  m.  pi.  Les  Malouins  nomment  peux  la 
bouillie  de  gruau  que  nous  appelons  groux.  (V.  ce 
mot).  —  Le  mot  peux  trouve  son  étymologie  dans  le 
petit  bruit  que  produit  la  bouillie  lorsqu'elle  est  en 
ébullition.  C'est  un  mot  imitatif,  une  onomatopée 
(comme  disent  les  savants). 

Phalle,  Voy.  Faïe. 

Phips,  s.  m.,  mélange  de  liqueurs.  Ce  mot,  d'ori- 
gine récente,  a  dû  être  importé  chez  nous  par  un 
étranger. 

Piacher,  v.  a.,  mâcher,  manger  du  bout  des 
dents.  —  «  Privé  d'appétit,  le  pauvre  malade  piachait 
les  aliments  sans  pouvoir  avaler.  »  (Voy.  Piacher). 

Piafferie,  s.  f.,  denrée,  étoffe,  marchandise  de 
mauvaise  qualité  ou  d'un  mauvais  usage.  —  o  Cela 
semblait  bon,  mais  ce  n'était  que  du  clinquant,  de  la 
piafferie.  »  —  «  Madame  n'aime  que  le  beau,  et  n'a- 
chète point  de  piafferie.  » 

Picard,  s.  m.  Les  gueux  donnent  ce  nom  aux 
poux  qui  les  piquent.  —  «  Adsi,  picard,  »  disait  un 
vieux  mendiant  en  faisant  le  tour  de  gueux,  «  tourne 
ton  dos  vers  le  mien,  tes  jambes  me  blessent.  »  — 
Le  «  tour  de  gueux  »  est  un  certain  mouvement  du 
corps  qui  a  pour  effet  de  déplacer  l'insecte  importun. 


—  28s  — 

Pichet,  s.  m,,  cruche  à  bec,  en  terre  commune, 
dans  laquelle  les  gens  du  peuple  mettent  leur  piot. 
(Voy.  ce  mot.)  —  «  Dites,  vaisin,  si  j' vidions  cor 
un  aut'c  pichet  ?»  —  a  Allons,  beuvons,  et  pée  (et 
puis)  nous  z'n'allons.  » 

BESCH.  :  Pichet,  sorte  de  broc.  —  trév.  :  Pichet,  picher, 
piché.  —  SARTHE  :  Pichet.  —  norm.  -.pichet,  servant  de 
bouteiOe  à  cidre.  —  centre  :  Pichet,  petit  broc  de  terre, 
pot  à  eau.  —  (duc).  Picarium,  picherius,  picher,  pichier, 
vase  à   mettre   les  liqueurs  ;  mesure. 

Picot,  s.  m.,  plantoir  des  jardiniers.  —  Avec  le 
plantoir,  on  plante  des  choux,  des  betteraves,  le  colza, 
le  tabac,  etc.;  mais  avec  le  picot,  on  pique  les  pois, 
les  salades. 

Piécette,  s.  f.,  pièce  d'étoffe  qui  se  trouve  à  la 
partie  supérieure  du  tablier  des  femmes,  et  qui 
garnit  la  poitrine. 

Pie-courte  (Danser  la),  c'est  sauter  à  pieds- 
joints,  accroupi  sur  ses  jarrets.  Ce  mouvement  rap- 
pelle celui  que  font  les  pies  qui  sautillent.  — 
M.  Duhamel,  de  l'Institut,  quoique  très  âgé,  aimait 
encore  cet  exercice  qui  entretient  la  souplesse  des 
membres.  Dans  ses  voyages  à  Rennes,  j'ai  quelque- 
fois dansé  la  pie-courte  avec  lui. 

Pied-de-banc,  s.  m.,  grand  pied  plat.  —  Le 
docteur  R..,  quoique  de  petite  taille,  a  des  pieds-de- 
banc  longs  d'une  coudée.    —   Les  troupiers  donnent 


le  nom  de  pied  de  banc  au  chevron  qui   orne  la  man- 
che d'un  soldat  rengagé. 

Pigaler,  v.  a.,  piétiner,  fouler  avec  les  pieds.  — 
«  Cet  animal  a  pigalè  les  plates-bandes  de  mon 
jardin.  »  (Voy.  un  exemple  cité  au  mot  Blaterie), 

Piger,  V.  a.,  pincer,  attraper.  Ce  mot,  assez 
moderne,  n'est  guère  employé  qu'à  la  ville,  dans  les 
cafés  et  autres  lieux  fréquentés  par  les  étudiants. 
Etre  pigé  au  jeu,  c'est  perdre.  —  Un  écolier  dira  : 
«  Je  vas  IQ  piger  (te  corriger,  te  battre).  »  —  Ce  mot 
est  français  dans  un  autre  sens,  qui,  du  reste,  se 
rapproche  un  peu  de  celui  qu'on  lui  donne  ici  (terme 
du  jeu  de  bouchon  :  piger,  mesurer  quel  est  le  palet 
le  plus  près  du  bouchon).  —  On  sait  que  le  mot 
pigeon  s'emploie  pour  désigner  la  dupe  d'un  fripon. 

CENTRE  :  piger,  m.  sg.  —  xorm.  :  piger,   battre,  rosser. 

Piglé,  ée,  adj.,  ayant  un  visage  taché  de  rous- 
seurs. —  «  Elle  serait  jolie,  si  elle  n'était  piglèe.  » 
(Voy.  Piverté.) 

Pignard,  adj.,  au  iém.,pignette,  au  p\ur. pignoux  ; 
enfants  pleureurs,  pleurnicheurs.  On  dit  aussi 
pignoche. 

Pigner,  v.  n.,  pleurer,  pleurnicher.  —  «Quelen- 
fLtnt  désagréable  pour  pigner  toujours  !»  —  Se  dit 
aussi  d'une  personne  maladive,  d'une  santé  délicate, 
qui  se  plaint  :  «  Elle   n'est  pas  précisément  malade, 


—  287  — 

mais    elle   pignc  toujours.  »  —  «  Q.ui  pignc   vit   ». 
(Proverbe). 

KORM.  :  pigiicr,  crier  eu  pleurant,  se  lamenter  bruyam- 
ment. 

Pile,  S.  f.,  synonyme  de  volée,  brûlée,  raclée, 
flaupée,  tripotée,  etc....  —  «  Il  a  reçu  une  pile  soi- 
gnée. »* 

CENTRE  :  pile,  m.  sg. 

Piler,  v.  n.,  marcher  sur,  piétiner.  —  «  Prenez 
0  donc  garde.  Monsieur,  vous  pih'i  sur  ma  robe.  » 
—  Madame  T....  fut  reconnue  comme  Rennaise, 
pour  s'être  servie  de  cette  locution  dans  un  salon 
de  Paris,  (i)  —  Nos  petits  enfants,  dansant  en  rond 
sur  la  pelouse,  chantent  : 

Passe  par  ici  et  moi  par  là, 
L'herbe  piléc  reviendra. 
Pilons,  pilons,  pilons  l'herbe, 
L'herbe  pilée  reviendra. 

BESCH.  :  SARTHE  :  pil*r,  m.  sg.  —  n'orm.  :  piler,  mar- 
cher, mettre  le  pied  sur...  —  centre  :  piler,  tasser, 
fouler,  presser. 

Pile-miche,  s.  m.,  grand  mangeur. 

Piler  du  poivre,  locution  pop.,  être  gêné  dans  sa 
marche,  par  sa  chaussure,  à   la  suite  d'une  longue 

(i)  On  reconnaît  encore  une  Rennaise  par  ces  locutions 
toutes  locales  :  —  «  Une  pierre  de  sucre.  »  —  «  Quelle  heure 
est-il  ?  —  «Le  quart  moins  de  midi.  » 


î88 


course,  ou   pour  toute  autre  cause.  —  «  Il  est  temps 
d'arriver,  mon  ami,  vous  pilc^  du  poivre.  » 

Pincé,  ée,  adj.,  fat;  serré  dans  ses  habits,  dans 
son  corset  ;  prétentieux  dans  sa  mise,  dans  sa 
démarche.  —  «  Il  se  donne  un  air  pincé  qui  ne  lui  va 
guère.  »  —  Voy.  sucrée. 

ACAD.  :  pincé,  qui  a  un  .air  d'iifféterie. 

Pinçon,  s.  m.  On  appelle  ainsi  à  Vitré  l'onglée 
ou  l'engourdissement  des  doigts  par  le  froid.  —  Vient 
de  pincer  ;  le  froid  piquant  vous  pince.  —  A  Rennes 
on  appelle  aussi  pinçon  le  fait  de  se  pincer  un  doigt,  ce 
qui  laisse  un  bleu  sans  entamer  la  chair  ;  mais  dans 
ce  sens  il  est  français. 

SARTHE  :  Plnçonnce,  m.  sg. 

Pineau,  s.  m.,  pièce  de  monnaie  de  la  plus  mi- 
nime valeur,  le  denier,  le  liard,  aujourd'hui  le  cen- 
time. —  «  Il  était  sage,  pourvu  qu'il  n'eût  pas  un 
pineau  dans  sa  poche.  » 

Rabelais  donnait  ce  nom  au  bon  vin  blanc  de  Chi- 


BEScn.  :    pineau,  misin  petit    et  noir    dont   on    fait   le 
meilleur  vin  de  Bourgogne. 

Pinter,  v.  n.  Du  substantif /)/«/<'  nos  buveurs  ont 
fait  le  verbe  pinter.  —  «  Le  bonhomme  aimait  'a  pinter 
avec  ses  amis,  »  c.  à.  d.  à  vider  les  pintes. 

ACAD.  :  Pinter,  faire  débauche  de  vin.  Pop.  —  centre  : 
Pintcnr,  buveur. 


—  289  — 

Pionne,  s.  f.  corvée,  prestation  en  nature.  — 
C'est  en  rechignant  que  le  paysan  s'en  va  à  la 
pionne. 

Piot,  s.  m.  C'était  du  temps  de  Rabelais  «  la 
«  purée  septembrale.  »  C'est  encore  chez  nous  le 
cidre.    -^    «  Ah  !  mon  ami,  quel   bon  piol  !  »  —  Ce 

mot  restera  éternellement  jeune c'est-à-dire  tant 

que  les  Rennais  boiront  du  cidre. 

ACAD.  :  Piot,  vin.  Pop.  <i  C'est  un  homme  qui  aime  le 
piot.  »  —  BESCH.  :  Piot,  vin.  Aimer  lepiot.  Vieux  et  pop. 
Se  trouve  dans  Regnard.  —  trév.  :  Piot,  terme  bur- 
lesque qui  signifie  le  vin.  —  norm.  :  Piot,  cidre.  Pioter, 
boire  à  l'excès. 

Pipée,  s.  f.  C'est  le  contenu  d'une  pipe.  Nos 
paysans  disent  :  fumer  une  p'pcc,  deux  pipccs.  Je 
trouve  qu'ils  ont  eu  raison  de  créer  ce  mot,  et  qu'ils 
sont  plus  rationnels  que  l'habitant  des  villes  qui  dit  : 
fumer  une  pipe,  puisque  ce  n'est  pas  le  contenant, 
mais  bien  le  contenu  qui  est  fumé.  —  «  Camarade, 
donne-moi  une  pipée  de  tabac.  »  —  «  Avez-vous 
connu  le  père  Jean,  qui  était  toujours  en  quête  d'une 
pipée  ?  » 

Piper,  V.  n.,  quelquefois  employé  ^owr  fumer. 

Pipoux,  s.  m.,  fumeur.  Se  dit  en  mauvaise  part 
d'un  homme  qui  a  toujours  la  pipe  à  la  bouche. 

Piqueron,  s.  m.,  dard,  aiguillon,  épine.  —  «  J'ai 
un  piqueron   dans   le  doigt.  »    —     Les    abeilles,   les 

19 


—  290  — 

guêpes,     quand    elles    vous     piquent,    laissent    leur 
piqucnvi  dans  la  plaie. 

Pirlipipet,  s.  m.,  expression  usitée  dans  le  jeu  du 
giiillct.  (Voy.  ce  mot).  Faire/i/V/^^/^Jt'/,  c'est  faire  sauter 
en  Tair  le  giiilkt  et  le  recevoir  plusieurs  fois  sur  la 
raclette  ou  baguette  avant  qu'il  ne  retombe  à  terre. 
(Nous  disons  raclette  pour  raquette.)  —  On  donne 
aussi  quelquefois  au  giiilkt  lui-même  le  nom  de  pirli- 
pipet ou  de  pirli. 

N'ORM.  :  pii'U,  jeu  des  enfants. 

Piroton,  s.  m.,  petite  oie.  Une  couvée  de 
piratons.  —  En  Saintonge  on  dit  piron.  —  Par  exten- 
sion, nous  appelons  piratons  une  bande  de  petits 
enfants.  —  Il  e.xiste  une  espèce  d'oiseau  du  nom  de 
pirot. 

BESCH.  :  piron,  jeune  oie^  oison.  —  sarthe  :  pirottc, 
petite  oie.  —  norm.  :  pirot,  petit  de  l'oie,  oison.  Pirolle, 
oie  femelle.  —  centre  :  piron,  oison,  quelquefois  l'oie. 

Pirvire.  Cuire  un  morceau  de  viande  à  la 
pirvire,  c'est  le  faire  cuire  suspendu  devant  le  feu  par 
une  ficelle,  qui,  en  tournant,  fait  office  de  tourne- 
broche.  —  On  appelle  aussi  pirvire  un  toton,  sorte 
de  bouton  plat,  en  bois,  traversé  par  une  cheville  ser- 
vant de  pivot  sur  lequel  on  le  fait  tourner  avec  une 
grande  rapidité. 

Pirvire,  ée,  adj.,  vif,  colère,  écervelé,  qui  tourne, 


—  291  — 

va  et  vient,  s'évertuant  pour  ne  rien  faire   de  bien. 
C'est  le  supcrblalif  de  l'irc.  (Voy.  ce  mot). 

Pisse-pourceau,  s.  m.,  lambin,  lent  à  la 
besogne. (Liquide  qui  ne  tombe  que  goutte  à  goutte). 
—  Ce  mot  est  très-imitatif. 

Pitau,  s.  m.  C'est  le  jeu  du  bouchon,  que  nous 
appelons  aussi  la  drue,  la  galoche.  (V.  ces  mots). 

Piverté,  ée, adj., visagepmT/t', tachéde rousseurs. 
Est  syn.depiglc.  (V.  ce  mot).  Piverté  vient  évidemment 
de  pivert  ;  le  plumage  de  cet  oiseau  est  en  effet  mou- 
cheté comme  la  peau  du  visage  chez  quelques  indi- 
vidus. 

Placard,  s.  m.  Nous  appelons  ainsi  les  billets  ou 
invitations  à  un  enterrement.  —  «  La  mortalité  a  été 
grande  cet  hiver  ;  en  rentrant  chez  soi,  on  était  à 
peu  près  sûr  d'y  trouver  un  placard.  » 

Place,  s.  f.,  plancher,  sol  de  l'appartement.  — 
xVu  saut  du  lit  on  met  le  pied  dans  la  place.  —  On 
balaie  la  place. 

CEXTRE  :  XORM.  :  place,  m.  sg. 

Placher,  Piacher,  v.  a.,  mâcher  avec  peine, 
tourner  avec  la  langue  les  morceaux  sans  pouvoir  les 
avaler.  C'est  le  verbe  français  pignocher.  —  Placher 
châtaigne,  c'est  dire  à  une  personne  ce  qu'on  a  sur  le 
cœur,  lui  adresser  de  vifs  reproches.  «Je  vais  lui 
placher  châtaigne.  »  (Dicton  pop.) 


—  292  — 

Placis,  s.  m.,  petite  place.  —  Devant  une  église 
c'est  le  parvis.  Nous  avons  à  Rennes  le  placis  Saint- 
Germain,  h  placis  Saint-Sauveur,  de  Toussaints,  de 
TronjoUy,  etc. 

Placré,  ée,  adj.,  ressemblant;  d'une  ressemblance 
parfaite.  —  «  Cet  enfant,  c'est  son  père  tout  placrè.t) 
—  «  Vra3'ment,  c'estes  vous  tout  poché.  »  (Maître 
Patlielin). 

Plaisant,  adj.,  employé  à  l'égard  d'une  per- 
sonne avenante,  aimable.  —  «  Voilà  une  jeune  fille 
bien  plaisante.  »  —  «  Cette  habitation  est  plaisante.  » 

NORM.  :  plaisant,  agréable,  qui  plaît,  avenant. —  centre  : 
plaisant,  m.  sg.  (Voir  Rabelais). 

Plante  (Avoir),  avoir  pied  dans  l'eau.  —  «Ne 
vous  baignez  pas  au  Cabinet-Vert  (l'une  des  baignades 
de  Rennes)  ;  car  vous  n'y  ave\  pas  plante,  ou   :   //  n'y 

a  pas  plante.  » 

Plée,  s.  f.,  pluie.  —  ti  La  plée  va  cor  cher  anet  ». 
(il  va  encore  pleuvoir  aujourd'hui). 

CENTRE  :  plciie,  pluie. 

Plein  (tout),  beaucoup,  grande  quantité.  Cette 
locution  est  employée  à  la  ville  comme  à  la  cam- 
pagne. —  «  Il  y  avait  tout  plein  de  monde  hier  à  la 
procession  du  Sacre.  »  On  trouve  cette  expression 
dans  Montaigne. 

ACAD.  :  Tout  plein,  beaucoup.  Très  fam. 


—  293  — 

Pluche,  s.  f.,  laine  cardée  et  filée,  provenant  de 
vieux  habits.  —  Syn.  dt  penille.  (Voy.  ce  mot). 

Plumas,  s.  m.,  ailes  coupées  des  oies,  avec  les- 
quelles les  ménagères  balaient  les  cendres  du  foyer. 
Cet  ustensile  remplace,  dans  les  petits  ménages,  le 
balai  ou  le  plumeau.  11  est  souvent  emporté  sous  les 
meubles  par  le  chat  ou  par  le  chien,   qui  y  trouvent 

encore  quelque  chose  à  roucher  :  —  « Et  fuyaient 

à  la  roupte  reguardans  derrière  soy,  comme  ung 
chien  qui  emporte  un  plumail.  »  —  (Rab.  Gargan- 
tua, ch.  35^.  —  C'est  surtout  avec  les  ailes  droites 
des  oies  qu'on  fait  les  plumas,  parce  qu'elles  sont  plus 
cfamain.  (V.  ce  mot.)  —  o  Où  va-t-elle  ainsi  trahier 
SQS  plumas  ?  »  terme  de  mépris  à  l'égard  d'une  femme 
affichant  un  luxe  de  toilette  qui  n'est  pas  en  rapport 
avec  sa  position  sociale,  ou  qui,  par  exemple,  portera 
des  plumes  à  son  chapeau. 

SARTHE  :  plumas,  m.  sg.  —  xorm.  :  pleiunas,  plumas, 
petit  balai  de  plumes.  —  centre  :  plcumas,  pleumat, 
pleitmasseau,  plumeau  consistant  en  une  aile  d'oie  ou 
autre  volaille. 

Pocard,  s.  m.  C'est  le  nom  que  les  écoliers 
donnent  au  pâté  ou  tache  d'encre,  qui  s'appelle  aussi 
pochoii.  —  On  reconnaît  les  mauvais  écoliers  aux 
nombreux  pocards  dont  leurs  cahiers  sont  couverts. 

XORM.  :  pochard,  pochet,  pâté,  goutte  d'encre  sur  un 
papier. 

Poche,  s.  f.,  petit  cidre  fait  avec  la  lie  restée  au 


—  294  — 

fond  des  tonneaux.  —  Dans  mon  enfance,  les  pauvres 
gens  payaient  cette  boisson  deux  liards  le  litre  ou  un 
sou  le  pot.  On  pouvait  alors  se  griser  à  bon  marché 
(heureux  temps  !),  cav  h\  poche  ne  laissait  pas  que 
d'être  très  capiteuse.  —  Aux  environs  de  Saint-Malo 
on  dit  poiiclic. 

Poche,  s.  f.,  faux  pli  des  habits.  —  Se  dit  par 
extension  des  rides  de  la  peau  du  visage  et  des  mains. 

—  «  Bonhomme,  bonhomme,  à  qui  la  face  po- 
chonne  !   »  (Cri  des  enfants). 

Pochon,  s.  m.,  petit  sac  en  papier  ou  en    toile, 

—  «  Il  serrait  son  argent  dans  un  pochon.  n 

Pochonnée,  s.  f.,  contenu  du  pochon.  —  Une 
pochoiim'e  de  bonbons,  de  raisins,  de  farine,  de  mon- 
naie, etc. 

Pochonner,  v.  a.,  garder  quelque  chose  dans 
ses  poches.  —  Il  est  des  fruits  qui  gagnent  à  être 
pochonnès  ;  tels  sont  les  cormes,  les  olives,  qui  attei- 
gnent plus  vite  leur  maturité.  —  Le  verbe  pochonner 
es*  aussi  emploj-é  dans  un  autre  sens,  avoir  des  plis, 
des  rides  ;  il  dérive  alors  dt  poche.  (Voy.  poche). 

Pocre,  s.  f.,  grosse  main.  S'emploie  surtout  au 
pluriel.  «  Quelles  pocres  il  a  !  »  —  Dans  le  monde 
élégant  (!)  on  dit  d'une  personne  pourvue  àt  pocres, 
qu'elle  a  des  ahalis  canailles, 

Poganne,  adj.  m.  et  f.  C'est  une  personne  peu 


—  295   - 

propre  ou  peu   soigneuse,    espèce    de    colin-tampon, 
dans  tout  ce  qui  tient  aux  choses'  de  la  cuisine. 

Vers  1814,  Rennes  possédait  un  faisoux  (fabricant) 
de  galettes  du  nom  deNelleau,  et  surnommé  Poganne, 
qui  est  resté  légendaire.  Ce  surnom  lui  avait  été 
donné  sans  doute  parce  que  sa  profession  est  tou- 
jours exercée  par  des  femmes.  Il  ne  s'en  fâchait  pas 
d'ailleurs,  et  répondait  volontiers  au  nom  de  Poganiie. 
Son  échoppe,  située  sur  l'emplacement  d'une  maison 
qu'il  fit  bâtir  plus  tard  rue  Beaurepaire  ou  Motte- 
Fablet,  et  qui  porte  le  n°  6,  était,  à  l'heure  de  midi, 
le  rendez-vous  des  étudiants  et  des  ouvriers  des  deux 
sexes,  qui  s'y  régalaient  à  peu  de  frais.  Un  petit 
journal  ayant  pour  titre  Le  Foyer,  (i)  qui  parut  à 
Rennes  en  1837  et  qui  s'éteignit  en  1842,  consacra  à 
Poganneun  article  fort  élogieux.  «  Pogaime,  y  est-il  dit, 
à  ses  autres  qualités  ajoutait  celle  d'un  bon  patriote. 
Lorsque  les  Prussiens  occupèrent  Rennes  en  18 14  et 
181 5,  il  leur  refusa  toujours  sa  porte  et  sa  marchan- 
dise. »  Cet  article  avait  pour  épigraphe  les  deux  vers 
suivants,  parodie  de  deux  vers  de  la  Satire  III  de 
Boilcau  : 

(i)  Le  Foyer,  journal-programme  du  théâtre,  était  rédigé 
par  un  groupe  de  jeunes  étudiants  des  Facuhés  de  Rennes. 
C'est  dans  ce  petit  journal,  qui  eut  souvent  maille  à  partir 
tant  avec  la  municipalité  qu'avec  les  directeurs  et  artistes  des 
troupes  dramatiques  et  lyriques,  qu'un  poète  ùe  vingt  ans, 
devenu  célèbre,  publia  ses  premiers  vers,  qui  n'ont,  —  je 
me  hâte  de  le  dire,  —  aucun  rapport  avec  ceux  qui  lui  ont 
valu  plus  tard  un  des  quarante  fauteuils  de  l'Académie  fran- 
çaise. —  J'ai  nommé  I.econte  de  Lisle. 


—  296  — 

«    Pogaune  c'est  tout  dire,  et  dans  le  monde  entier 
a  Jamais  oncques  ne  fut  un  meilleur  galetier.  » 

Poganner,  v.  a.,  syn.  de  tamponner,  travailler 

malproprement  tout    ce    qui    se    manipule  avec    les 

mains.  —  «  C'est  mal  fait,  c'est  poganne.  »  —  «  Ne 
poganiie^  pas  ma  marchandise.  » 

Pogannier,  ière,  adj.,  qm  poganne. 

Pogassier,  ière,  adj.  Ces  trois  mots  poganne, 
pogannicr,  pogassier,  sont  à  peu  près  synonymes  ; 
cependant  le  dernier  n'a  pas  tout-à-tait  la  même 
signification  :  il  s'applique  à  la  personne  qui  farfouille 
et  prend  à  pleines  mains  et  brutalement  les  choses 
ou  les  objets  fragiles  et    délicats  :    «    Vas-tu   b'entôt 

fini',  vilain  pogassier,  j'vas  l'dire  à  la  bourgeoise 

sens  tes  dats  à  c't'houre-ci  (à  présent).  » 

Poignart,  s.  m.,  jeune  plant  d'arbre  fruitier, 
dont  le  pied,  vers  son  milieu,  a  la  grosseur  du  poi- 
gnet, peut  être  saisi  avec  la  main  fermée.  Se  dit  par- 
ticulièrement du  jeune  pommier  propre  à  recevoir  la 
greffe.  —  Les  baux  ruraux  contiennent  presque  tou- 
jours cette  clause  :  «  Les  pommiers  morts  seront 
remplacés  par  des  entons /wo-Hrt;/5,  que  le  preneur 
greffera  et  garantira  pris.  » 

Poigne,  s.  f.,  abréviation  de  poignet.  Ce  mot  est 
toujours  accompagné  des  adjectifs  bon,  solide.  — 
«  C'est  un  gars  qui  nous  donnera  un   fameux  coup 


—  297  - 

de  main,   car  il  a  une  bonne  poigne.  »  —  Prononcez 
pogue,  comme  dans  poignet. 

ACAD.  :  poigiic,  mot  pop.,  la  force  du  poignet. —  norm.  : 
pogiie,  main,  étreinte  de  la  main,  la  force  du  poignet. 
poignie,  poignée. 

Poil,  S.  m.,  réprimande. —  Voy.  ses  synonymes  : 
galop,  perruque,  savon,  suif. 

Poires  du  Bon-Dieu,  s.  f.  pi.,  nom  donné 
par  le  peuple  au  fruit  rouge  de  l'aubépine  ou  épine 
blanche. 

Pois  de  raies,  s.  m.  pi.  On  appelle  ainsi  les 
haricots  verts,  pour  les  distinguer  des  haricots  rames, 
et  parce  qu'ils  sont  piqués  en  raies. 

Polka,  s.  f,  —  Les  femmes  des  environs  de  Rennes 
ont  donné  ce  nom  au  bonnet  qui,  depuis  quelques 
années,  a  remplacé  la  catioUe  qu'elles  portaient  de 
temps  immémorial.  —  Pourquoi  ont-elles  emprunté 
ce  nom  à  l'espèce  de  danse  introduite  dans  nos  salons 
il  y  a  une  trentaine  d'années  ?Je  l'ignore  absolument. 
Toute  recherche  pour  le  savoir  serait,  je  crois,  infruc- 
tueuse.  (Voy.  CatioJk.) 

Ponace,  s.  f.,  derrière  de  la  poule,  par  où  elle 
pond  son  œuf.  —  Nos  gamins  disent,  par  extension  : 
«  Je  vas  te  soulever  la  ponace.  »  (Je  vas  te  donner 
du  pied  au  derrière). 

Ponée,    s.  f.,  couvée,    et,   par  extension,  grand 


—  298  — 

nombre  d'enfants.  —  a  Plus  les  pauvres  gens  tirent 
dur  (plus  ils  sont  misérables),  plus  ils  ont  de  ponée.  » 
—  On  comprend  que  ce  mot  vient  de  pondre. 

CENTRE  :  poncr,  ponncr,  pounev,  pondre. 

Poniche,  s.  f. ,  taloche,  horion,  mauvais  coup- 
(V.  Pauniche). 

Poquette  s.  f. ,  étui  de  forme  ronde,  dans  lequel 
les  femmes  renferment  leurs  aiguilles  et  leurs  épin- 
gles. Il  nous  vient  sans  doute  de  l'anglais  pocket, 
poche.  Dans  quelques  communes  de  l'arrondissement 
de  Saint-Malo,  la  poqiuite  est  une  èpilloiière,  (de  épilles 
épingles).  —  Au  siècle  dernier,  on  donnait  encore  ce 
nom  à  une  petite  viole  à  l'usage  des  maîtres  à  danser. 
(C'est  la  pochette.) 

Portail,  s.  m.,  grande  porte  extérieure  s'ouvrant 
à  deux  battants  ;  ainsi  :  la  porte  cochcre.  Au  plur. 
les  portails. 

SARTHE  :  portail,  m.  sg.  —  norm.  :  portai,  portail, 
grande  porte,  porte  charretière,  porte  cochère.  — 
CENTRE  :  portai,  portau,  m.  sg. 

Possaud,  aude,  s.,  personne  qui  mange  iTialpro- 
prement,  qui  répand  sur  ses  habits,  qui  prend  avec  ses 
doigts  dans  son  assiette.  —  «  Voyez  ce  petit  possaud 

mal  élevé  qui  mourvc  dans  son  écuelle.  » 

Possauder,  v.  n.,  faire  des  saletés  en  mangeant. 
Possauderies,    s.  f.    pi.,    saletés,   incongruités 


—  299  — 

filites  par  les  possaiids  à  table  ou  ailleurs.  —  Ne  s'em- 
ploie guère  qu'au  pluriel. 

Pot"eau,  s.  m.  ;  des  trois  mois  pot-à-Veau,  nous 
avons  fait  pot-eau  ;  les  gens  du  peuple  prononcent 
pot-iau.  —  Le  pot-eau  est  une  cruche  en  terre  de  forme 
allongée.  —  «  Encore  un  pot-eau  de  cassé  !  » 

Pouceyer,  v.  a.,  presser  avec  le  pouce.  Se  dit 
surtout  de  la  pression  exercée  sur  certains  fruits, 
pêches,  pommes,  poires,  pour  s'assurer  de  leur 
maturité.  —  Les  marchandes  défendent  aux  acheteurs 
de  poueeyer  leurs  marchandises,  elles  ont  raison  ;  car, 
outre  la  trace  que  laisse  le  pouce  de  sa  pression,  le 
fruit  est  bientôt  gâté  à  l'endroit  de  cette  meurtrissure. 

Poue,  s.  f. ,  peur.  —  «  Ah  !  que  vous  m'avez 
fait  poue  !  »  —  «  Je  ne  suis  pas  mort  de  ma  der- 
nière poue.   » 

N'ayes  point  paour,  mon  varlet, 
Moi  qui  suis  ton  père  Raulet. 

(Farce  de  maistre  Mimin,  16"  s.) 
II  sue  de  paour  qu'il  a. 

(Le  même). 

NORM.  :  Poiw,  poc,  peux,   peur.  Forme    ancienne,  pour, 
paour  (pavor). 

Poué,  S.  m.,  pou.  —  Rabelais  nomme  les  poux 
éparviers  de  Montagu  ;  nous  les  appelons  aussi  picards. 
(Voy.  ce  mot).  —  «  Va,  fainéant,  vaurien^  si  tu 
continues,  les  pouès  te  mangeront.   » 


—  300  — 

Pouerre  ou  Pouherre,  s.  m.,  petit  cochon.  — 
Dans  quelques  localités  on  nomme  aussi  poiicrre  la 
herse  à  dents  de  bois  dont  se  servent  les  agriculteurs. 
Pouerre  est  aussi  du  genre  masculin  dans  cette  der- 
nière signification. 

Pouherser,  v.  a.,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  J.k'rscr.  (V.  ce  mot).  Après  un  labeur  profond 
avec  la  charrue,  on  emploie  la  herse  pour  prendre 
en  travers  les  sillons  et  rejeter  les  terres  dans  les 
raies  ;  cela  s'appelle /'o«^«-5^r.  Après  cette  opération, 
on  passe  le  rouleau,  et  le  sol  est  dès  lors  en  état  de 
recevoir  la  semence. 

Pouillard,  s.  m.,  jeune  perdreau  qui  n'a  pas 
encore  toutes  ses  plumes.  Terme  de  chasseur. 

NORM.  :  pouillard,  m.   sg. 

Pouillement,  s.  m.,  vêtement.  C'est  particuliè- 
ment  la  veste  du  paysan,  la  brassière  de  sa  femme,  ou 
vêtement  à  manches, 

Pouiller,  v.  a.  —  Se  pouiller,  se  vêtir,  endosser 
le  vêtement  à  manches.  —  Pouiller  sa  veste,  son 
corsage. 

SARTHE,  NORM.    :  poiiilkr,  m.   sg. 

Pouillerie,  s.  f.,  chose  ou  objet  de  mauvaise 
qualité  ou  de  qualité  inférieure.  Se  dit  surtout  des 
denrées,  des  étoffes  de  rebut.  —  «  C'est  de  la  pouille- 
rie, » 


—  301  - 

BF.SCH.  :  pcuillcrie,  grande  malpropreté,  extrême  pau- 
vreté. —  NORM.  :  poiiilleiic,  action  de  vaurien.  —  cen- 
tre :  poiiillcrie,  misère  profonde,  Foiiilloii,  s.  m. 
taudis. 

Poulette,  s.  f.  ampoule,  cloche  (cloque)  qui  sur- 
vient aux  pieds  ou  aux  mains  à  la  suite  d'une  longue 
marche^  ou  d'un  travail  forcé. 

SARTHE,   NORM.,    CENTRE    :    pOllIfttc,    m.    Sg. 

Poupette,  s.  f.,  coiffure  des  paysannes  dans  le 
canton  de  Chàteaugiron  (lUe-et- Vilaine).  Les  pou- 
pettcs,  comme  les  catiolles,  tendent  à  faire  place  à  la 
polka,  (V.  ce  tnot).  Cela  est  regrettable  ;  car  cette 
coiffure  est  assez  gracieuse,  étant  généralement  bien 
portée  par  les  femmes  de  ce  pays. 

Pouponner,  v.  n.,  prendre  soin  dus  poupons.  — 
Telles  bonnes  n'aiment  pas  servir  dans  les  ménages 
où  il  ftut  poKponiier  ;  telles  autres,  au  contraire, 
aiment  à  pouponner,  et  s'attachent  avec  une  ten- 
dresse toute  maternelle  aux  petits  enfants  dont  elles 
ont  pris  soin. 

Pourcel,  s.  m.,  (plur.  :/w/;7rw/(.v,) porc,  cochon. 
—  Au  I2«  siècle,  on  écrivait /Jora-/,  porciaux. 

NORM.  :  pourchiau,  m.  sg. 

Pourcousser,  v.  a.,  pourchasser.  — alWtpour- 
coussait  à  travers  champs  sans  pouvoir  l'atteindre.   » 

NORM,  :  pourcacher,  m.  sg. 


—  302  — 

Pourfiche,  s.  f.,  instrument  de  fer  en  forme  de 
spatule,  pour  enlever  l'écorce  du  chanvre  ou  du  lin, 
avant  de  lui  faire  subir  l'opération  du  slan.  (V.  ce 
mot). 

Pourfire,  v.  a.,  terme  de  maçon,   de  terrassier  ; 

enduire  les  murs  de  terre  ou  de  plâtre.  (Norm.) 

Pourginée,  s.  f. ,  poussinée,  grand  nombre 
d'enfants.  —  «  On  rencontre  souvent  mon  ami  B... 
au  Thabor,  suivi  de  toute  sa  pourginc'e.  »  —  On  dit 
aussi  quelquefois,  mais  plus  rarement  hourginêe. 

Vieux  Fr.  :  ponrgine,  race,  progéniture.  Progeiiics 
(duc). 

Pouroux,   ouse,   adj.,  peureux,  euse.  —  (Voy. 

ponc.) 

NOR.M.  :  pourciix.  m.  sg. 

Pourpris,  s.  m.,  terrain  ou  verger  attenant  à  la 
ferme  ou  à  la  maison  de  campagne. 

BESCH.  :  pourpris,  enceinte,  enclos,  demeure.  (V.  La 
Font).  Vieux  mot.  —  trév.  :  pourpris,  vieux  mot  qui 
signifi.iit  enclos,  enceinte,  clôture  de  quelque  lieu  sei- 
gneurial, château,  maison  noble,  église.  Conscptum. 
Dans  le  pays  de  Caux  on  appelle  encore  manoir  et 
pourpris  l'enceinte  des  maisons  à  la  campagne  qui  appar- 
tient à  l'ainé  par  préciput.  Le  pourpris  d'un  camp,  etc. 
—  Vieux  Fr.  :  pourprinse,  pourpris,  pourprissure,  enclos, 
enceinte,  lieu  fermé  de  murs  ou  de  haies,  porprisum.  — 
l'orprcheudcre,  pourprendre,  environner,  entourer,  — 
(duc). 


—  303  — 

Pourrir,  v.  n.,  pour  aboutir.  Se  dit  d'un  mal 
blanc  arrivant  à  maturité. 

Pousser,  v.  a.,  donner  à  ses  enfants  une  éduca- 
tion tendant  à  les  élever  à  une  position  supérieure  à 
celle  des  parents.  —  «Notre  jardinier  s'est  imposé  des 
privations  pour  pousser  ses  garçons  ;  il  en  a  fait  des 
prêtres*.  »  —  On  dit  ironiquement  d'un  jeune  homme 
qui  a  renoncé  à  poursuivre  au  séminaire  ses  études 
ecclésiastiques  :  «  Il  a  poussé  contre  l'Eglise.   » 

Poussiéreux,  euse,  —  Poussiéroux,  ouse, 

couvert  de  poussière. 

CENTRE,  NORM.  :  poussiéreiix,  m.  sg.  —  BESCH.  :  poussié- 
reux, m.  sg.  —  Poudreux  est  préférable. 

Pouteriaux,  s.  m.  pi.,  soliveaux  d'une  maison. 
Poutrelles,  petites  poutres. 

Prangère  ou  Prangière,  s.  f.  On  donne  ce 
nom  à  la  sieste  ou  repos  des  laboureurs  après  le 
pranditiiii. 

Vieux  Fr.  :  Prangière,  l'heure  du  dîner. 

Prêcher,  v.  n.,  souvent  employé  dans  nos  cam- 
pagnes, pour  parler,  causer  agréablement.  —  a  C'est 
un  homme  qui  a  d'I'esprit  et  o^xA  prêche  b'en.  » 

NORM.  :    Pn'chicr,  prcchi,    parler  sentencieusement,   ou 
simp.  parler. 

Préchouaire,  s.  m.,  chaire  à  prêcher. 

Prée,  s.  f.,   féminin  Aq  pré.  Nos  tabellions  l'em- 


—  304  — 

ploient  encore  quelquefois  dans  leurs  actes  :  o Le 

champ  de  devant  borné  au  nord  par  la  prèc  de  la  Pie, 
à  l'est..,.  » 

«  Je  vous  rens  grâce,  ô  déitez  sacrées 
«  Des  monts,  des  eau.x,  des  forests  et  àts  prccs.  » 
(Philippe  Desportes.  1546). 

«  Il  dort  au  bruit  de  l'eau  qui  court  parmi  les  prèes.  » 

(Ronsard.) 

«  Mais  errant  par  les  bois,  par  les  monts,  par  les  pvccs.  » 

(Ronsard.) 

Prévalaye  (La).  —  Ce  petit  castel,  célèbre  par  ses 
pâturages  (i),  et  illustré  par  le  séjour  qu'y  fit 
Henry  IV  au  mois  de  mai  1598,  doit  sans  doute  son 
nom  à  la  réunion  des  deux  mots  Prée,  Vallée.  Il  est 
en  effet  situé  dans  la  vallée  de  la  Vilaine,  à  3  kilom. 
à  l'ouest  de  Rennes.  Déjà,  en  cet  endroit,  la  Vilaine 
n'est  plus  «  vilaine  ».  C'est  un  charmant  petit  fleuve 
encadré  de  délicieuses  prairies  dans  une  grande  partie 
de  son  cours. 

Dans  une  promenade  que  je  fis  un  jour  sur  ses 
bords  avec  mon  vieil  ami  E....,  celui-ci  s'indignait 
contre  les  géographes  qui  avaient  baptisé  d'un  aussi 
vilain  nom  notre  belle  Vilaine,  et  il  improvisa  le 
quatrain  suivant   que  j'ai   retenu  et  que  je  suis  heu- 

(i)  Notre  beurre  de  La  Prévalaye  jouit  d'une  réputation 
égale,  sinon  supérieure,  au  beurre  d'Isigny. 


—  305  — 

reux   de  reproduire  ici,  bien  que  la    prosodie    ait   un 
peu  à  souffrir  : 

Vilaine,  dites-vous  ?  cpithète  menteuse. 
Tes  eaux  sont  argentées,  tes  rives  sont  ombreuses, 
Ton  nom  est  trop  modeste,  et  je  tiens  pour  certain 
Q.ue  s'il  y  a  vilain,  ce  n'est  que  ton  parrain. 

SARTHE  :  CENTRE  :  Prée,  m.  sg.  —  norm.   :  Piei,  s.  m. 
pré. 

Prénoms,  Il  en  est  des  prénoms  comme 
des  chiffons  des  dames  :  c'est  aff'aire  de  mode.  Jadis 
on  ne  trouvait  dans  les  maisons  aristocratiques  que 
des  Raoul,  des  Raymond,  des  Godefroy,  etc.  Plus  tard 
le  bas  peuple  s'appropria  ces  prénoms,  dès  lors  ils 
furent  abandonnés  par  la  noblesse  et  la  haute  bour- 
geoisie, qui  sont  revenues  aux  noms  les  plus  simples 
du  calendrier.  C'est  aujourd'hui  dans  «  la  haute  classe  » 
qu'on  rencontre  les  Jean,  les  Jacques  et  les  Pierre  ; 
c'est  dans  la  chaumière  ou  dans  l'atelier  qu'on  trouve 
les  autres. 

Deux  prénoms  sont  souvent  réunis  de  façon  à 
n'en  former  qu'un  seul  :  Jean-Marie,  Marie-Jeanne, 
Marie-Anne  (Marianne),  Jean-Louis,  etc. 

Nous  donnons  ci-après  quelques  noms  de  baptême 
des  plus  populaires,  à  la  suite  du  nom  du  saint 
auquel  ils  sont  empruntés.  La  différence  entre  eux 
est  telle  parfois  que  les  étrangers  ne  pourraient  s'y 
reconnaître. 

20 


—  3o6  — 

Anne,  Nanon,  Ninette,  Ninon,  Nancy  ou   Nannecy. 

Antoine,  Tony. 

Berthe,  Bétrannc  ou  Bcriranne. 

Etiennette,   Tiennette,  Toinon. 

François,  Francin,  Francis,  Francisque,    Chinaud, 

pron.  Chinao  (environs  de  St-Malo). 
Françoise,  Fanchette,  Fanchon,  Fancbonne,  Francine, 
Franchonne,  Cbonne,  Chonnette  (environs 
de  St-Malo). 
Gilles,  Gillette,  Gilonne. 
Guillaume,  Yaume,  Yanmé,  Yaumi.  —  Mêtau.  — 

au  féminin  :  Métine,  Guillemette. 

Hélène,  Léno. 

Jacques,  Jacqiiot,  au  féminin  :  Jacqueline,  Jacquetle. 
Jean,  Jeannot. 
Jeanne,  Jeannette,  Jeanneton. 
JoACHiM,  Hoche. 
Joseph,  Joson. 
Julie,  Juliotte,  Jiilion. 
Julien,  Jnliot. 
Louis,  Louisic. 
Louise,  Louison. 

Marguerite,  Marguîle,  Margot,  Gothon. 
Marie,  Manette,  Manon,  Marion. 
Marie-Louise,  Marlise, 
Mathurin,    Mathau,  Matlin,  Thurin. 
Mathurine,   Thurine,   Thiiriche. 
Michel,  Michet,  Michaud,  Michon. 
Perrine,  Peluche,   Perrette,   Perrolte,   Pépce,   (Tler- 
guerj,  (environs  de  St-Malo). 


—     ,0/     — 

Pierre,  Pelot,  Pipi,  Pierrot. 

Reine,  Reinette. 

Renée,  Noton,  Renoite. 

Sébastien,  Sébastienne,  Bastien,  Basticnnc. 

Suzanne,  SuÂ^ette,  Stt~oii. 

Yves,   Yvon,   Yvonic.  —   Yvonne,    Yvonnette. 

Bon  nombre  de  ces  prénoms  populaires,  encore 
très  communs  dans  mon  enfonce,  tendent  à  dispa- 
raître. 

Presse,  s.  f.,  battant  d'une  porte.  —  Une  paire 
de  presses,  les  deux  battants  d'une  armoire.  —  En 
anglais  :  press,  armoire. 

NORM.  :  presse,  sorte  d'armoire  basse. 

Présumablement,  adv.  —  Ce  mot  nous  vient 
de  nos  voisins  de  Normandie  ;  il  pourrait  être  adopté 
par  l'Académie,  et  personne  ne  s'en  plaindrait. 

BESCH.  :  présumablement,  m.  sg.  —  Peu  usité. 

Prime,  adj.,  m.  et  f.,  se  dit  des  fruits,  légumes, 
produits  de  la  terre  qui  végètent  et  mûrissent  au 
commencement  de  la  saison  :  —  Pommes  de  terre 
primes.  —  Se  dit  aussi  du  sol.  —  Ce  jardin  est  prime, 
parce  qu'il  produit  des  primeurs. 

ACAD.  :  prime,    vieux   mot  qui    signifiait    premier.    — 
BESCH,  :  prime,  syn.  de  précoce. 

Procule,  s.  f.,  procuration.  —  «  Je  li  ai  envayé 


—  3o8  — 

ma    prociûc    pour    toucher    m'n    hcrie    (mon    hcri- 
tage). 

NORM.  :  proculteux,  procureur,  proloculor.  Procure,  pro- 
curation. Vieux  Fr.  :  procuUerres,  procureur.  Procurator. 
(duc). 

Pruneau,  s.  m.,  nom  que  les  marins  bretons 
donnent  à  leur  chique  de  tabac,  à  cause  de  sa  forme 
et  de  sa  couleur.  —  «  A  mon  tour,  camarade,  passe- 
moi  le  pruneau.   » 

Pruner,  v.  n.,  se  dit  d'une  femme  qui  commence 
une  grossesse.  —  «  A  la  nature  de  ses  indispositions, 
on  devine  que  la  petite  voisine /)r»;;t' ». —  Dans  quel- 
ques localités  on  dit  cboircr. 

Prussien,  s.  m.,  synonyme  de  derrière.  Ce 
mot  s'emploie  surtout  depuis  1814,  alors  que  les  Prus- 
siens occupaient  notre  ville  de  Rennes.  On  dit  encore 
aujourd'hui  tomber  sur  son  prussien.  —  La  triste 
guerre  de  1870  a  encore  ajouté  à  notre  antipathie 
pour  la  race  allemande,  qui  d'ailleurs  nous  le  rend 
bien.  (i). 

Puissant,  ante,  adj.,  bon,  gros,  gras,  doué  d'une 

(i).  O  Déranger  !  poète  de  génie  et  de  bon  sens,  quand 
donc  les  nations  qui  se  disent  chrétiennes  pourront  elles  répé- 
ter de  concert  ton  sublime  refrain  : 

Peuples,  formez  une  sainte  alliance, 
Et  donnez-vous  la  main. 


—  309  — 

forte  corpulence.  —  La   Fontaine  l'a  employé   avec 
cette  acception  dans  la  fable  Le  loup  et  le  chien. 

ACAD.  :  puissant,  qui  a  beaucoup   d'embonpoint.   Fam. 
—  TRÉv.  :  puissant,  m.  sg. 

Pungeau,  s.  m.,  vase  en  fer  blanc  servant  à  pui- 
ser de-l'eau,  comme  son  nom  l'indique  ;  puii^er,  pui- 
ser. Le  pungeau  semble  aujourd'hui  remplacé  par  les 
petits  seaux  ronds  en  zinc,  dont  se  servent  les  Ré- 
beccas  de  nos  jours.  Peut-être  ont-elles  tort,  car  le 
pungeau,  de  forme  aplatie  comme  les  arrosoirs  des 
jardiniers,  me  semble  plus  commode  à  porter.  —  On 
appelle  pungeottèe  le  contenu  du  pungeau. 

Punger,  v,  a.,  plonger,  puiser.  —  «  Allez  pun- 
ger  de  l'eau  à  la  fontaine.  » 

Puron,  s.  m.,  bouton  sur  la  peau  et  au  visage. 
—  «  Les  filles  n'aimaient  point  à  l'embrassser,  par- 
ce qu'il  avait  la  face  couverte  de  puions.  » 

CENTRE  :  puron,  petit  bouton  purulent. 


Q 


Qua,  pron.   conj.,  quoi.   Prononcez  ca,    —  «  O 
qua,  »  avec  quoi.  —  «  Un  p:tit  qua,  »  un  peu.  — 


—  3IO  — 

a  II  a  de  qiia,  »  il  possède  quelque  chose,  une  cer- 
taine aisance.  —  a  II  a  de  qua  faire,  »  il  peut  se 
sulfirc. 

NORM.  :  quai,  m.  sg. 

Quant,  prép.,  avec.  Prononcez  qiiante.  —  «  Elle 
a  décampé  quant  lu  »  (Elle  est  partie  avec  lui).  — 
(Norm.)  —  «  Ils  font  dîner  les  valets  à  la  table  des 
maîtres,  quant  et  quant  eus.   »  (Mont.). 

Et  les  forets  .1  vu  plantes  menues 
Q.ui  quanl  cl    lui  sont  vieilles    devenues. 
(Mellin  de  Saiut-Gel.iis). 

liESCH.  :  Quant  et  nous,  avec  nous.  —  trév.  :  quant 
s'est  dit  autrefois  et  se  dit  encore  en  Normandie  pour 
avec  :  quant  et  moi.  —  norm.  :  quand  et,  avec.  —  CEX- 
TRF.  :  quand  et,  avec. 

Quart  moins.  —  Nous  disons  à  tort  :  «  Il  est 
le  quart  moins  de  midi,  »  pour  :  a.  il  est  midi  moins 
un  quart.  » 

Quem,  s.  m.  Les  écoliers  de  mon  teinps  disaient 
d'un  camarade  fier  ou  faisant  l'important.  «  Il  fait  son 
queni.   » 

Quémander,  v.  a.,  mendier,  solliciter.  —  Un 
homme  dans  l'aisance,  riche  quelquefois,  ne  dédai- 
gnera point  de  quémander  places  et  faveurs,  soit  pour 
les  siens,  soit  pour  lui-même.  Le  substantif  quéman- 
deur est  peu  usité,  bien  qu'il  puisse  s'appliquer  à  bon 
nombre  de  gens. 


—  311  - 

ACAD.,  CENTRE  :  quémander,  m.  sg.  —  BESCH.  :  quéman- 
der, quémandeur .  Ont  vieilli.  —  trév.  :  quémcnder .  — 
—  N'ORM.  :  quémander,  commander.  Qucmand,  quéman- 
deur, mendiant. 

Quenaille,  pron.  qu'nailk,  s.  f.,  petit  enfant.  — 
«  Où  allous  promener  vot'  qu'iiaille  ?  « 

SARTHE  :  quenaille,  m.  sg.  —  norm.  :  quenaille,  canaille. 
Quenaillon,  bambin,  petit  enfant. 

Quéner,  v.  n.,  prê'cher,  parler.  (Vern.) 

Queniot,  s.  m.,  petit  enfant,  s'emploie  surtout 
au  pluriel.  —  «  Ne  dirait-on  pas  maman  Gigogne 
avec  tous  ses  queniots  ?  »  —  On  appelle  quenotles  les 
dents  des  enfants.  Queniot  vient-il  de  quenottes,  ou 
quenotte  de  queniot  ? 

BESH.  :  quenotte,  dent  de  petit  enfant.  Très  fam. 

Quenot,  s.  m.,  mesure  de  grain  ou  d'avoine. 

Quérée,  s.  f.,  viande  gâtée  ou  de  mauvaise  qua- 
lité. —  «  Ma  cuisinière  sait  choisir  les  morceaux  et 
n'achète  point  de  quérée.  »  —  On  appelle  aussi  de  ce 
vilain  nom  une  femme  de  mauvaise  vie. 

Quéri  (En-),  terme  de  couvreur.  Couverture 
d'ardoise  en  plan  vertical. 

Quet,  ette,  adj.,  chiche,  avare.  —  Ouquet,  ette, 
est  le  superlatif  de  quet.  —  Cette  expression  très  usi- 
tée vient-elle  de  quêter,  quémander,  ou  du  bas-bre- 
ton quet,  pas,  point  ?  je  laisse  aux  érudits  le  soin 
d'en  décider. 


—    3^2    — 

Quet-quet  (Etre  en)  ;  cette  expression  très 
usitée,  surtout  dans  nos  villages,  s'applique  aux  per- 
sonnes qui  manifestent  une  joie  bruyante,  expansive, 
que  rien  n'explique.  —  On  dit  d'une  fille  qui  agui- 
gne  les  garçons  :  «  Te  voilà  bien  en  qitet-quet, 
Jeanne,  aujourd'hui  !  ».  —  On  dit,  avec  la  même 
signification  :  être  en  débit.   (V.  ce  mot). 

Quette,  s.  f.,  cuisse.  Les  chiens  lèvent  la  qtiette 
près  des  bornes. 

Quetterons  ou  Quétrons,  s.  m.  pi.,  cerises 
ou  merises  tant  soit  peu  desséchées  au  four,  ou  tom- 
bées de  l'arbre.  Dans  mon  enfance,  nous  achetions 
pour  un  ou  deux  liards  de  quetterons,  que  nous  appe- 
lions aussi  quéquettes.  La  cerise  ainsi  desséchée  a  un 
goût  très  fin.  On  en  servait  quelquefois  sur  la  table 
des  riches.  Hélas  !  depuis  longtemps  déjà  les  quette- 
rons ont  disparu.  Je  le  regrette  pour  les  enfants. 

Queue-de-pêlette,  s.  f.  C'est  le  nom  que,  dans 
nos  campagnes,  on  donne  au  têtard  avant  sa  trans- 
formation en  grenouille.  Il  est  à  remarquer  qu'il  a 
en  effet  la  forme  d'un  petit  poêlon.  —  Rabelais  la 
nomme  gyrine.  —  J'aime  à  voir,  par  un  beau  temps, 
la  queue-de-pi'lette  frétiller  dans  nos  ruisseaux. 

Quinqueuaise,  s.  f.,   petite  faucille  à  scier  le 

blé. 

Quo  !  exclamation.  Le  gamin  de  Rennes  l'emploie 

dans  quelques  jeux,  par  exemple  au  jeu   du  guilkt. 


—  315  — 

—  Il  dit  :  «  Qiio  de  la  raclette  !   »  —  Oiio  du  bout  ! 

—  Oito  de  tout  !  »  C'est  une  faculté,  un  droit,  que 
le  joueur  se  réserve,  '  de  lancer  ou  de  recevoir  le 
guiïïet  comme  il  l'entend.  —  (Voyez  le  mot  Guillct  ; 
j'y  ai  écrit  :  «  co  de  la  raclette,  co  du  bout,  co  de 
tout  »,  supposant  que  co  était  employé  pour  coup  : 
mon  lecteur  choisira  entre  les  deux  orthographes  co 
ou  qiio.) 


K, 


Rabattre  ses  quatre  mercredis,  loc.  popul., 
froncer  les  sourcils,  exprimer  par  cette  contraction 
du  visage  sa  colère  ou  sa  mauvaise  humeur.  — 
a  Quand  mon  grand  père  rabattait  ses  quatre  mercre- 
dis, il  fallait  s'observer  et  se  taire.  »  —  Mais  pour- 
quoi quatre  mercredis,  puisque  nous  n'avons  que  deux 
sourcils  ?  —  C'est  sans  doute  qu'on  rabat  en  même 
temps  les  cils  de  la  paupière  supérieure.  (Voy.  mer- 
credis). 

Rabine,  s.  f.,  avenue.  —  «  Il  aimait  à  se  prome- 
ner dans  sa  raline.  » 

BEScii.  :  iiihine,  nom  donné  dans  le  Morbihan  aux  ave- 


—  314  — 

nues  en  arbres  de  futaie.  —  Vieux  Fr.  :  rahiue,  espèce 
de  bois  qu'on  n'a  pas  coutume  d'émonder.  (duc). 

Râcau  (En),   se  dit  des  chattes   en  chaleur.  — 

«  Elle  est  en  nicau,  vot'e  chatte,  mère  Michelle.  »  — 

Ce  mot  semble  emprunté  au  latin  racha,  iou,  ou 
racarrc,  crier  comme  les  tigres. 

Raccorder  (Se),  v.  pron.,  se  réconcilier.  — 
«  Brouillés  depuis  longtemps,  les  deux  frères  se  sont 
raccordés.  » 

Râche,  s.  f.,  gourme,  éruption  qui  survient  à  la 
tête  et  au  visage  des  petits  enfants.   —  «  Tous  les 

enfants  de  M'"^  ont  eu  la  rdche.  o  —  D'après  un 

préjugé  populaire,  il  faut  se  garder  de  provoquer 
la  guérison  de  la  rdchc  ;  elle  doit  disparaître  natu- 
rellement. 

Râchoux,  ouse,  adj.,  qui  a  la  rdche.  «  Enfant 
rdchoiix.  »  —  Se  dit  encore  d'un  objet  rugueux  au  tou- 
cher, et  encore  d'une  personne  hargneuse  et  d'un 
abord  désagréable. 

BESCH.  :  râche,  maladie  cruptive  de  la  tête.  Inus.  — 
CEXTRE  :  niche,  gale,  teigne.  —  Vieux  Fr.  :  rachc,  gale, 
teigne,  (duc). 

Raclée,  s.  1.,  grêle  de  coups.  Syn.  de  brûlée, 
tlaupée,  volée. 

.\c.\D.  :  raclée,  m.  sg.  Pop.  —  centre  :  raclée,  m.  sg. 

Raclette,  s.  f.,  petit  bâton  aplati  à  l'un  des  bouts 


—  Jl)  — 

et  dont  se  servent  les  eniants  dans  les  jeux  du  giiillct 
ou  de  la  tixqiie  au  bois  (la  balle)  ;  c'est  aussi  la  ra- 
quette du  volant. 

Rafale,  adj.,  qui  a  essuyé  les  rafales  de  l'adver- 
sité. On  reconnaît  le  rafale  à  sa  tenue  de  Robert- 
Macayre,  chapeau  effondré,  habit  graisseux,  pantalon 
multicolore  ;  ses  bottes  éculées  reniflent  l'eau  du 
ruisseau.  —  Lynol  et  Ricard  ont  francisé  ce  mot  de- 
venu populaire. 

NORM.  :  rafale  m.  sg.   —   besch.  :    rafale,    m.  sg.   Ex- 
pression vulgaire,  mais  .assez  usitée. 

Rafouin,  s.  m.,  odeur  qui  s'échappe  des  langes 
des  enfants  au  maillot.  —  «  Ne  me  parlez  pas  des 
mères  dont  les  enfants  sentent  le  rafouin.  »  —  Ce 
mot  s'applique  aussi  à  l'odeur  nauséabonde  et  carac- 
téristique que  portent  avec  elles  les  personnes  mal- 
propres. On  dit  aussi  d'une  habitation  tenue  malpro- 
prement et  peu  aérée,  qu'elle  sent  le  rcnjernié,  qu'elle 
sent  le  rafouin. 

Ragaler,  v.  n.,  farfouiller,  mettre  du  désordre 
dans  ses  recherches.  —  «  ^'ous  ragah'i  sans  jamais 
rien  trouver.  »  —  «  Les  rats  et  les  souris  ragalent 
dans  ma  chambre.  » 

Ragosse,  s.  f.,  arbre  rabougri.  —  Souche  ou 
racine  d'un  arbre.  —  Par  extension,  une  personne 
grosse,  courte  et  mal  faite.  —  C'est  le  mot  ragot 
féminisé. 


-  3i6- 

Raitiée,  s.  f.,  (Prononcez  rèciéé).  C'est  l'après- 
midi  dans  les  longs  jours  de  l'année.  C'est  aussi  la 
collation  ou  léger  repas  que  prennent  nos  laboureurs 
sur  le  lieu  de  leurs  travaux.  —  Vers  deux  heures,  on 
leur  porte  la  raitiêe.  —  «  Que  ferons-nous  cette 
raitièc  ?  »  —  —  Nous  devrions  peut-être  dire  reciée 
ou  rcssiiT,  mais  Rabelais  lui-même  l'orthographie 
différemment. 

Raitionner,  v.  n.,  prendre  la  raitiêe,  la  colla- 
tion. Rabelais  a  dit  :  «  puis  entrarent  en  propos 

de  rcciiicr  en  propre  lieu  (Gargantua,  liv.  1,  ch.  5)  ». 
—  «  Vous  dictes  qu'il  n'est  desieusner  que  d'escho- 
liers,  disner  que  d'advocatz,  rcssiner  que  de  vigne- 
rons. »  (Pant.  liv.  i,  ch.  iG). 

Ramasser  (Se),  v.  pron.,  rentrer  chez  soi.  — 
«  Sa  femme  lui  faisait  des  scènes,  parce  qu'il  se  ramassait 
basse-houre  (tard).  »  —  S'emploie  aussi  comme  ver- 
be actif.  Ramasser  son  linge,  sa  récolte,  pour  serrer, 
rentrer,  etc. 

Ramberge  ou  Lamberge,  s.  f.,  herbe  verte 
qui  croît  abondamment  dans  nos  champs  après  la 
récolte  du  blé  noir.  Elle  est  nuisible  aux  vaches  ; 
aussi  ne  les  fiùt-on  guère  pâturer  dans  les  champs  où 
elle  se  trouve. 


BESCH.  :  ramhcrge,  nom   vulgaire  de  la  mercuriale  an- 
nuelle. 


—  317  — 

Ramener,  v.  n.,  cracher.  —  «  Il  niDiàie  facile- 
ment ;  son  rhume  pourrit.  » 

Randonnée,  s.  f.,  flux  de  paroles  inutiles,  gros- 
sières ou  grondeuses.  —  «  En  avez-vous  assez  dit  ! 
quelle  randonnée  !  »  —  C'est  le  mot  français  signi- 
fiant marche  de  longue  haleine,  appliqué  à  la  lan- 
aue  —  «  Vous  me  chantez  toujours  la  même  ran- 
donnée.  » 

NORM.  :  randon,  randoiinagc,  discours  sans  fin,  rab.îchage 
fastidieux.  Randomcr,  rabâcher.  —  Vieux  Fr.  :  randn- 
uèe,  discours,  harangue.  Randonnée,  impétuosité.  — 
(duc). 

Rang  (En),  se  dit  des  vaches  devenues  laitières 
après  avoir  vêlé. 

Rangeau,  s.  m.,  seau  en  bois  de  châtaignier 
fort  en  usage  chez  nous.  Je  l'écris  rangcau  parce  qu'il 
sert  à  puiser  de  l'eau,  et  pour  rester  fidèle  à  son  éty- 
mologie.  Le  marchand  écrirait  certainement  ranjot. 
Le  rangeai!  et  la  seille,  c'est  tout  un. 

Rangeautée,  s.  f.  C'est  le  contenu  du  ran^eau. 
—  «  Va,  Jeanne,  quérir  une  rangeautée  d'ève,  (un 
seau  d'eau.   » 

Rangeautier,  s.  m.,  fabricant  et  marchand  de 
rangeaiix. 

Rapiboter  (Se),  v.  pron.,  à  l'usage  des  écoliers, 
regagner  en  tout  ou  en  partie  ce  qu'on  a   perdu   au 


-  3i8  - 

jeu.  —   ((  J'avais  perdu  mes   canettes,    mais   je   me 

suis  ropibolé.  » 

Rapide,  adj.  Nos  paysans  ont  pour  cet  adjectif 
une  prédilection  toute  particulière  ;  aussi  l'emploient- 
ils  fréquemment.  Ils  diront  d'un  ouvrier  laborieux, 
qu'il  est  rapide  à  la  besogne.  —  Un  bon  cheval  est  ra- 
pide.  Cela  ne  veut  pas  dire  que  le  cheval  marche 
rapidement,  mais  bien  qu'il  est  vigoureux,  solide, 
dur  à  la  fatigue,  et  susceptible  de  donner  au  besoin 
un  bon  coup  de  coUier.  —  Rapide  aussi  le  cidre  fort 
et  capiteux. 

Raquette,  s.  i.,  jeu  d'enfants,  formé  de  deux 
morceaux  d'ardoise  taillés  en  ovale.  L'un  de  ces 
morceaux  est  placé  entre  le  médius  et  l'index,  l'autre 
entre  l'index -et  le  pouce.  En  les  faisant  frapper  l'un 
contre  l'autre  par  un  mouvement  du  poignet,  le 
joueur  de  cet  instrument  primitif,  mais  peu  harmo- 
nieux, cherche  à  imiter  les  castagnettes  espagnoles. 
—  Ce  jouet  devient  rare. 

Ratine,  s.  f.,  petite  dent  d'enfant  ;  mot  enfantin, 
mais  aussi  très  usité  chez  les  petites  mamans  :  «  Que 
n'avé  donc  à  pleurer  comme  ça,  mon  mignon  ? 
N'avé-t-i  mal  à  ses  ratines  ?  » 

Ravouillade,  s.  f.,  soupe,  ragoût  ou  mets  quel- 
conque mal  préparés,  sans  saveur,  et  dans  lesquels  on 
a  allongé  le  bouillon  ou  la  sauce  au  moyen  d'une 
addition  d'eau  trop  considérable. 


—  319  — 

Ravouiller,  v.  a.,  allonger  la  sauce  ou  le  bouillon 
en  y  ajoutant  de  l'eau.  Nos  cuisinières  connaissent 
tous  les  temps  de  ce  verbe,  que  trop  souvent  elles 
mettent  en  pratique. 

Rayée,  s.  f.  ;  c'est  le  subst.  rayon  devenu  fémi- 
nin chez  nous.  —  C'est  une  embellie,  de  courte  du- 
rée. — r  a  Une  rayée  de  soula,  (un  rayon  de  soleil).  » 
—  Littré  a  cité  dans  son  dictionnaire  cette  phrase 
empruntée  à  Emile  Souvestre  :  o  Elle  avait  aperçu 
une  rayée  de  poussière  oubliée  par  le  plumeau  sur  un 
de  mes  cartons.  »  (Souvenirs).  J'en  demande  pardon 
à  ces  illustres  auteurs  :  on  ne  dit  point  chez  nous 
une  rayée  de  poussière,  mais  une  dayée  de  poussière. 
La  tenue  d'une  maison  laisse  à  désirer  si  vous  pou- 
vez écrire  avec  le  doigt  sur  la  poussière  des  meubles, 
si,  avec  les  doigts,  vous  constatez  qu'ils  n'ont  pas  été 
époussetés.  De  là  le  mot  dayée  employée  par  nos  mé- 
nagères. Peut-être  l'erreur  que  je  signale  est-elle  le 
tait  d'un  premier  compositeur,  qui  aura  changé  le  (/ 
en  r  ? 

CENTRE  :  rayée,  érayée  de  soulè.  —  norm.  :  rayée,  rièe, 
rayon  de  soleil  qui  se  fait  jour  entre  les  nuages,  en 
temps  couvert. 

Rebourser,  v.  a.,  corruption  de  rebrousser,  pren- 
dre à  rebours,  revenir  sur  ses  pas.  —  Montaigne  disait 
reboucher.  (Liv.  2,  ch.  12).  —  Se  dit  aussi  d'une  per- 
sonne de  mauvaise  humeur,  inabordable:  —  «  du'a-t- 
i'  donc,  le  bourgeois  ?  Il  est  bien  reboursé,  ce  matin. 


—    320    — 

C'est  une  bourrée  d'épines.  I'  s'est  levé  le  derre  le 
premier,  on  le  vait  b'en.  »  —  Au  contraire  :  «  En  v'ià 
un  brave  homme  qui  ne  rebrousse  jamais  le  monde  !  » 

Rebouter,  v.  a.,  pour  renouer,  action  de  re- 
mettre une  fracture,  un  membre  démis. 

Reboutoux,  s.  m.,  celui  qui  fait  profession  de 
redouter,   profession    que    ces    empiriques    exerçaient 

adis  ouvertement  dans  les  villes  et  dans  les  campa- 
aines  ;  mais  aujourd'hui  ils    opèrent  clandestinement, 

iravant  les  poursuites  dont  ils  sont  quelquefois  l'ob- 

et  pour  exercice  illégal  de  la  chirurgie. 

CENTRE,  NORM.  :  reboiileur,  m.  sg. —  besch.  :  reboitieur, 

rcnoucur. 

Recette,  s.  f.,  nom  donné  par  nos  cuisinières  à 
la  soupe  laite  avec  la  graisse  et  les  jus  provenant  des 
viandes  servies  dans  le  courant  de  la  semaine.  Dans 
les  ménages  économes,  si  le  bouillon  vient  à  man- 
quer, on  lait  une  soupe  de  recette,  qui  est  bien  préfé- 
rable à  la  ravouillade. 

Réchaler  (Se),  v.  pron.,  se  réchauffer.  —  A  sa 
rentrée,  le  travailleur  aime  à  se  réchaler  à  une  bonne 
louée  bien  flambante. 

xoRM.  :  rccaiiffei-,  rcchaiilVer. 

Récopir  ou  Récaupir  (Se),  v.  pron.,  revenir 
à  la  santé  après  une  longue  maladie.  —  «  Voyez 
le  père  Cachet,  on  le  croyait  perdu,  eh  bien  !  il  se 
rccopit.  »  —  «  Me  voilà  recopi.  » 


—    521    — 

Recru,  ue,  adj.,  rassasié,  repu  ;  mot  picard, 
plus  usité  sur  la  frontière  nord  du  département  que 
dans  l'arrondissement  de  Rennes. 

ACAD.  :  recru,  harassé,  las. 

Recteur,  s.  m.,  qualification  que  prennent  à  tort 
nos  desservants  et  nos  curés  de  campagne. 

Redarer  (Se),  v.  pron.,  se  pavaner,  faire  le 
beau,  l'important.  —  «  Voyez  ce  personnage,  comme 
sa  démarche  est  fiére,  comme  il  se  redare  !  » 

Réenherqueler,  v.  a.,  remonter,  réparer,  re- 
mettre en  état.  Se  dit  surtout  d'une  voiture  brisée. 
(Voy.  Dcsevhcrquclcr .) 

Regardant,  aute,  adj.  Du  part,  présent  du 
verbe  regarder  nous  avons  fait  un  adjectif.  L'homme 
regardant  est  un  intéressé,  souvent  avare.  —  «  En 
voilà  un  propriétaire  regardant,  qui  ne  jette  point  ses 
crozilles,  et  qui  n'attache  pas  ses  chiens  avec  des  sau- 
cisses !   » 

ACAD.  :  regardant,  m.  sg.  —  Fam. 

Regible,  adj.,  se  dit  d'une  perche  de  bois  faisant 
ressort. 

Regord,  s.  m.,  douve,  ruisseau  où  se  déversent 
les  eaux  d'une  rivière  ou  d'un  étang.  —  C'est  sur- 
tout dans  les  regards  qu'on  pêche  l'anguille.  —  Vient 
de  regorger,  déborder. 

«  Qu'il  se  vont  en  plain  ^ort  lavant.   » 

21 


G.  Murlct,  le  savant  traducteur  du  Roman  de  la 
Rose,  a  ainsi  interprété  ce  vers  :  «  qu'ils  s'en  vont 
en  plein  gouffre.  »  De  gort  n'aurions-nous  pas  fait 
regoitl  ? 

Vieux  Fr.  :  regort,  lieu  entouré  d'eau,  petit  détroit, 
golfe.  —  RIgojii,  rigiiliis,  rivits,  regiis,  rigus,  riguoks, 
ni.    sg.,  d'où  rigole,  (duc). 

Regoustin,  ine,  adj.,  guilleret,  réjoui,  de  bonne 

luinicur.  —  «  Comme  te  voilà  legoustine  aujour- 
d'hui !  » 

Regrettant,  part.  prés,  du  verbe  regretter,  dont 
nous  taisons  fréquement  un  adjectif.  —  «  Je  suis 
bien  regrettant  d'avoir  fait  ceci.  »  —  «  Madame  est 
regrettante  d'avoir  acheté  cela,  n  —  Regardant  est  fran- 
çiis  :  pourquoi  regrettant  ne  le  serait-il  pas  ? 

Regrommer  (Se),  v.  pron.,  se  pavaner,  se  ren- 
gorger. —  <.<  Voyez  donc  cette  parvenue,  cette  femme 
de  rien,  comme  elle  se  regronnne  avec  ses  plumas,  ses 

falbalas.  » 

Reintier,  s.  m.  En  parlant  d'un  homme  qui  a 
les  reins  forts  et  souples,  on  dit  :  il  a  un  bon  rein- 
tier. 

Rejeter,  v.  n.,  se  dit  d'une  ruche  qui  essaime 
une  seconde  fois  dans  l'année  (Dinan). 

Rejiet,  s.  m.,  deuxième  essaim  de  la  même 
ruche. 


—  323  — 

Réjouie,  s.  f. ,  feu  llambant  de  bois  sec,  de  ru- 
bans, de  copeaux;  feu  de  paille  qui  ne  dure  qu'un  ins- 
tant, mais  qui  suffit  à  vous  réchauffer.  —  Mot  abrégé 
de  réjouissance,  car  la  réjouie  vous  est  souvent  très 
agréable.  —  Ce  feu  clair  et  pétillant  s'appelle  aussi 
réjouie  de  mariée. 

Relent,  te,  adj.,  humide.  Syn.  de  cru.  (V.  cru). 
Linge  relent. 

ACAD.  :  retint,  mauvais  goût  que  contracte  une  viande 
renfermée  dans  un  lieu  humide.  —  trév.  :  rctent, 
mauvaise  odeur  provenant  d'un  air  ou  de  quelques 
corps  humides  corrompus  pour  avoir  été  renferniés 
longtemps.  —  Vieux  Fr.  :  relent,  humide,  mou.  (duc). 

Relicher,  v.  a..  C'est  un  peu  plus  que  licher 
(nous  disons  licher  pour  lécher)  ;  c'est  licher  deux  fois, 
tant  le  licheur  y  trouve  de  plaisir.  —  «  Que  que  tu 
rcliches  donc  là,  mon  petit  frère  ?  —  C'est  ma 
mo've.  (ma  morve).  — -  Ah  le  vilain  !  » 

CENTRE  :  relicljer,  lécher.  —  norm.  :  retictjer,  rellijiii'r, 
chercher  l'occasion  de  faire  bombance.  Relictjciir,  gour- 
mand, parasite. 

Remener,  (prononcez  r' mener),  v.  a.,  remettre  à 
sa  place,  riposter,  rembarrer.  —  «  Et  Monsieur  qui  a 
voulu  aussi  me  gronder  !  je  l'ai  joliment  r'menê.  »  — 
Il  signifie  aussi  reconduire,  accompagner  quelqu'un  à 
son  logis  :  «  Permettez,  mademoiselle,  que  je  vous 
r'mène.  » 

Remet,    s.    m.,    saindoux  ou  graisse  de  porc.  — 


—  324  — 

Une  bonne  ménagère  peut  faire  d'excellente  soupe  de 
remet. 

Vieux  Fr.  :  renies,  rémai:;^,  saindoux,  graisse  de  porc. 
«  Causa  vetidendi  cepum,  onctum,  renias  et  alias  pingue- 
dines,  sur  la  saisine  de  vendre  sief,  oint,  rimes,  et  autres 
presses.  »  (duc). 

Remoidre,  v.  pron.,  se  rétracter,  revenir  sur  un 
marché,  une  convention  verbale  ;  demander  un  prix 
plus  élevé  que  celui  auquel  on  avait  d'abord  consenti. 
Mot  usité  surtout  dans  les  environs  de  Dol. 

Remuceler,  v.  a.,  pelotonner  du  fil,  de  la  laine. 
(Dinan). 

Remué-de-germain,  s.  m.  C'est  le  cousin 
issu  de  germain.  —  Mot  toujours  très  usité  dans 
rille-ct-Vilaine. 

Renard  (Faire    le),    faire  l'école  buisonnière. 

—  c<  Mauvais  écolier  qui  fait  le  renard.  »  Emprunté 
au  verbe  reiiarder,  que  nous  employons  dans  le  sens 
de  reculer,  se  soustraire  à  un  engagement,  à  un  de- 
voir. —  «  Ah  !  tu  renardes  !  ». 

R'en-en-tout,  loc.  adverbiale,  rien  en  tout,  moins 
que  rien.  —  S'applique  aux  personnes  et  aux  choses. 

—  «   Cela  ne  vaut   r'en  en  tout,  »  c'est  détestable. 

—  Dans  l'ouest  du  département,  on  dit  berme-en- 
tout. 

Rendre,  v.   n..  suppurer.  —  «  La  plaie  a  beau- 


—  325  — 

coup  rendu.  »  —  «  Ce  furoncle  est  en  voie  de  guéri- 
son  :  il  rend. 

ACAD.  :  rendre,   m.  sg. 

Renfignoux,  ouse,  adj.,  difficile  sur  le  manger. 
V.  ojjigiioiix. 

Rehfle,  s.  m.,  courbature  avec  fièvre  résultant 
d'un  refroidissement.  —  Mot  très  usité  à  la  ville  et  à  la 
campagne. 

Renoncis,  s.  m.,  abrégé  de  renonciation .  Mettre 
son  renoncis  à  une  chose,  à  une  entreprise,  c'est  y  re- 
noncer, comme  le  mot  l'indique.  —  «  Depuis  long- 
temps il  recherchait  la  fille  en  mariage,  mais  il  a  dû 
mettre  son  renoncis.  »  —  Je  proposerais  volontiers  à 
l'Acadénne  de  le  substituer  à  ses  synonymes,  comme 
étant  plus  bref  et  plus  doux  à  l'oreille. 

Repue,  s.  f.  Ce  mot  a  deux  significations  :  i'' 
c'est  la  mesure  du  travail  que  peut  faire  un  homme 
entre  deux  repas  ;  2°  comme  mesure  agraire,  c'est  un 
tiers  de  jour  de  terre.  Il  est  masculin  dans  ce  dernier 
cas,  et  devrait  peut-être  s'écrire  repus. 

Respir,  s.  m.  abrégé  de  respiration,  syn.  de 
souffle,  haleine.  —  «  Pas  un  mot,  et  retiens  ton  res- 
pir !  » 

Retenue,  s.  f.  maison  de  maître  ou  maison  de 
campagne.  Qu'elle  soit,  01:  non,  attenante  à  la  ferme, 


—  3-6  — 

c'est  loujours  la  relciiue.  Ce  mot    est  si   usité,    qu'on 
l'emploie  dans  les  actes  notariés. 

Retirer  à,  v.  n.,  pour  ressembler  à.  Ainsi,  nous 
disons  :  «  La  fille  à  Dangeau  retire  à  son  père  comme 
deux  gouttes  d'eau.  »  —  «  Notre  vie,  disait  Pitago- 
ras,  relire  à  la  grande  et  populeuse  assemblée  des 
jeux  olympiques.   »  (Montaigne). 

BESCH.  :  retirer  i) ,   s'est  dit   .autrefois  pour   ressembler   à. 
CENTRE  :  retirer  à,  m.  sg.  —  Voir  aussi  Rab. 

Retissure,  s.  f.,   raccomodage   d'un  tissu  troué. 

Retouiller,  v.  a.  ;  c'est  l'obligation,  où  se  trou- 
vent quelquefois  les  marchands  de  denrées,  de  rem- 
porter chez  eux  les  marchandises  non  vendues.  Quel- 
ques-uns louent  des  caves,  des  celliers  où'ûs  retoirillent 
leurs  légumes,  leurs  fruits,  qu'ils  remettent  le  lende- 
main sur  le  marché. 

Retour  (Coucher  en),  c'est  coucher  dans  un 
lit  qui  n'a  pas  été  fait.  —  «  Cette  femme  paresseuse 
faisait  coiiciier  son  mari  en  retour  quelquefois  deux  ou 
trois  jours.  »   (Voy.  coucher.) 

Réveillonner,  v.  n.,  faire  réveillon  (repas  de 
nuit).  Ce  verbe  est  aussi  usité  à  Rennes  que  le  sub- 
stantif réveillon,  et  devrait  être  français  cominc  lui. 
—  «  Nous  réveillonnerous  après  la  messe  de  mi- 
nuit.  » 

CENTRE,  NOR.M.  :  réveillon  lier ,  m.  sg. 


—  327  — 

Rhabiller,  v.  a.,  raccomoder,  rapiécer  ses  nippes. 
—  «  Le  vieux  notaire  T...,  rhahilliut  lui-même  ses 
culottes  et  ses  chausses,  et  se  moquait  du  qu'en  dira- 
t-on.  »  —  Rhabiller  la  cotte  à  Jeanne,  c'est  réparer  tant 
bien  que  mal  une  bévue,  un  propos  maladroitement 
échappé. 

sa'rthe  :  rhabiller,    m.    sg.    —    eescii.  :    rhabiller    une 
affaire.  Fam. 

RiauX)  s.  m.  pi.,  résidus  de  la  friture  de  la  graisse 
de  porc. 

(Devrai:  peut-être  3'écrirc  rilhiiix,  comme  rillettes.) 

Ribot,  S.  m.,  bâton  terminé  par  une  rondelle, 
avec  lequel  on  bat  le  lait  dans  la  baratte. 

Ribottée,  s.  t.,  tout  le  lait  contenu  dans  la  ba- 
ratte. 

Ribotter,  v.  a.,  action  de  battre  le  lait  dans  la 
baratte,  pour  obtenir  le  beurre.  Nous  appelons  lait 
rihotté  le  lait  qui  a  été  baiatté  et  que  partout  ailleurs 
on  nomme  lait  de  beurre. 

Ric-et-rac,  loc.  adv.  Nous  avons  changé  ric-à- 
rac  en  ric-et-rac.  —  «  Nos  conditions  ne  seront  point 
modifiées,  et  notre  marché  sera  exécuté  ric-et-rac.   » 

Richonner,  v.  n.,  se  dit  d'un  sourire  narquois, 
qui  exprime  le  dédain,  l'incrédulité.  —  Il  est  bles- 
sant, presque  injurieux  de  richonner  au  nez  de  la  per- 


—  32»  — 

îionnc     qui    vous   pcule.     —     «    Je    lui    donnais  les 
plus  snges  conseils  ;  baissant  la  tête,  il   richonnait.  » 

Rigant,  adj.,  reluisant  ;  objet  de  toilette  qui  est 
encore  dans  l'empas  du  marchand,  c'est-à-dire,  dans 
tout  son  lustre.  —  N'a  pas  de  féminin.  —  «  Des 
solers  (souliers)  tout  rigant  neufs.  »  —  Au  mot 
ligneux,  j'ai  cité  deux  vers  d'une  vieille  chanson  où 
se  retrouve  cette  expression  qui  équivaut  à  celle  dont 
s'est  servi  David  Copperfield  :  «  Il  portait  un  habit 
tout  battant  neuf.  » 

Rigolo,  adj.,  joyeux,  plaisant.  Ce  mot,  qui  est 
un  dérivé  de  rigoler  semble  nous  être  venu  de  Paris  ; 
mais  depuis  quelques  années  il  a  pris  racine  chez 
nous,  et  j'ai  cru  devoir  lui  donner  place  dans  ce 
recueil.  —  Rigoler  remonte  évidemment  à  rigouller,, 
employé  par  Rabelais  :  « et  frère  Jean  de  rigoul- 
ler. »  (Liv.  I,  ch.  39). 

BESCH.  :  rigolage,  rigoler,  rigolenr,  se  disait  pour  raille- 
rie, etc.  —  TRÈv.  :  rigoler,  pop.  —  norm.  :  rigolage,  ri- 
goler, rigoleur.  —  Vieux  Fr.  :  rigoler,  plaisanter,  railler. 
Rigolage,  rigolement  (duc.) 

Riole  (En),  Cela  veut  dire  pris  de  vin,  pop. 
«  en  ribotte  »,  en  joie,  en  gaîté.  —  «  Quoique  père 
de  famille,  il  se  mettait  en  riolh  au  moins  trois  jours 
par  semaine.  »  —  Ce  mot  ne  viendrait-il  pas  de  ri- 
goler ? 

BESCii.    ;   riole,    s'est  dit  d'une   partie  de   plaisir,   d'une 


—  329  — 

petite  débauche.   Etre   eu  riole,   avoir  un  peu  trop  bu. 
Pop. 

Riries,  s.  f.  pi.,  plaisanteries,  propos  joyeux.  «Je 
n'vous  crais  point,  mon  bon  Monsieur  ;  tout  c'que 
vous  m'dites  là,  c'est  des  riries.  »  —  «  Ce  que 
j'avance  est  vrai  ;  ce  ne  sont  pas  des  riries.  »  — 
Etym.  :  ris,  rire. 

KORM.  :  ririe,  éclats  de  rire  successifs  de  plusieurs  per- 
sonnes. 

Ris,  s.  m.,  racines  des  arbres.  —  Les  ris  des  chê- 
nes, des  ormeaux,  s'étendent  à  de  longues  distances 
autour  du  tronc.  —  Les  bons  jardiniers  se  gardent 
bien  de  couper  les  m  en  labourant  au  pied  des  arbres 
fruitiers.  —  C'est  presque  le  vieux  mot  rai:^.  — 
Pour  abattre  un  arbre  on  commence  par  couper  les 
ris. 

Robin,  s.  m.,  abrégé  de  robinet.  Se  trouve  dans 
la  chanson  du  comte  de  Bonneval  : 

Si  je   meurs,  que  l'on   m'enterre 
Dans  la  cave  où  est  le  vin, 
Les  pieds  contre  la  muraille 
Et  la  tête  sous  le  rohin. 

Roche,  s.  f.,  pierre,  caillou.  —  «  Ils  m'ont 
assailli  à  coups  de  roches  (lapidé).  ^)  —  «  L'enfant  a 
été  blessé  par  une  roc])e.  »  —  Une  paysanne  de  la  ban- 
lieue de  Rennes  disait  à  un  médecin  qui  avait  été 
appelé  près  d'elle  :  «  Bittez  vot'  dat  par  la  tente  de 


—  330  — 

mon  cotillon  ;  j'ai  l'vont'e  dus  comme  une  roche.  » 
(Touchez  avec  votre  doigt,  par  la  fente  de  mon 
cotillon  ;  j'ai  le  ventre  dur  comme  une  pierre). 
—  Voy.  A  rocher,  rocher. 

Roc-Mignon.  (\'oyez  Rocque-Mignoiim). 

Rocquet,  s.  m.,  chemin  escarpé,  montueux.  — 
«  Le  \o}ez-vous,  montant  le  rocquet  ?  » 

Rocquer,  v.  a.,  i",  monter,  gravir  un  chemin 
escarpé  :  —  2°  couvrir,  saillir. 

Rocque-Mignonne.  —  Je  dis  à  l'article  Ber- 

liiigiiiii  (\'ov.  ce  mot)  qu'il  existe  à  l'Est  de  Rennes, 
sur  le  territoire  de  la  paroisse  St-Hélier,  un  cimetière 
de  création  récente  qui,  dans  le  langage  populaire, 
porte  la  dénomination  #e  Roc-Miguoii,  du  nom  d'un 
cabaret  voisin.  N'ayant  jamais  pu  découvrir  pourquoi 
l'ancien  cimetière  de  Rennes  s'appelle  BerVniguin,  j'ai 
voulu  savoir  pourquoi  le  nouveau  porte  le  nom  de 
Roc-Mignon,  et,  cette  fois,  j'ai  été  plus  heureux  dans 
mon  enquête. 

D'abord  j'ai  reconnu  qu'il  ne  faut  point  écrire 
Roc-Mignon,  mais  bien  Rocquc-Mignonte,  du  verbe 
rocquer,  pris  dans  sa  seconde  acception  (^'oy.  ce  mot). 
Ensuite  j'ai  appris  qu'à  une  époque  qui  n'est  pas 
encore  bien  éloignée  certain  cabaretier  de  l'endroit 
s'était  acquis  une  réputation  de  a  vert  galant  »  que 
l'on  disait  très  méritée,  et  qui  justifiait  bien  le 
surnom  de  Rocque-Mignonne  que  les  paysans  du  voi- 


—  351  — 

sinage  lui  avaient  donne.  On  disait  alors  :  a  Allons 
boire  une  bolée  r/jt'^  Roû]iif-Migiioiiiie.  »  Quand  le 
bonhomme  disparut,  c'est  le  cabaret  qui  hérita  dé  la 
sigiiorisc,  et  l'on  prit  l'habitude  de  dire  :  «  Arrêtons- 
nous  à  Rocque-Mignonnc .  » 

En  1884  et  années  suivantes,  lorsque  la  munici- 
palité de.  Rennes  eût  décidé  la  création  du  cimetière 
de  l'Est,  les  travaux  de  terrassement,  de  construction 
des  murs  d'enceinte  et  d'appropriation  des  terrains, 
amenèrent  sur  ce  point  un  grand  nombre  d'ouvriers 
terrassiers,  maçons,  tailleurs  de  pierres,  etc.,  qui,  cà 
cause  de  leur  éloignement  de  leur  domicile  et  de  la 
proximité  du  cabaret,  prirent  leur  repas  à  Rocqite- 
Migiioiiiic.  Pendant  plus  de  deux  ans  que  durèrent 
les  travaux,  le  chantier  et  l'auberge  ne  furent  plus 
désignés  que  par  le  même  nom,  et  quand  le  cime- 
tière fut  enfin  achevé  (septembre  1887),  il  se  trouva 
définitivement  baptisé  de  ce  sobriquet  aussi  ridicule 
qu'inconvenant. 

Rognonner,  v.  n.,  murmurer  entre  ses  dents, 
gronder,  bougonner.  —  «  Vous  rognoiiiiei,  je  crois  ?  » 
—  Au  XVI'-'  siècle,  on  disait  roiignoimcr ,  mais  dans 
le  sens  de  critiquer,  blâmer. 

Peut-être  aJviendra-t-il  qu'un  babouin  d'envieux 
Roiiguoniiera  nos  vers.  Tais-toi,  sot,  ou  fais  mieux. 
(Etienne  Pasquier). 

ACAD.  :  rogiioiiner,   m.    sg.   Pop.   —  trév.  :  rognonner, 
bas  et  pop. 


—  332  — 

Rollet,  s.  m.,  barreau  d'échelle  de  forme  ronde. 
—  On  dit  aussi  roUon. 

Rollet,  s.  m.,  rouleau.  Se  dit  surtout  des  rou- 
leaux de  pièces  de  monnaie  de  billon.  —  Un  ou 
plusieurs    roUcts  de   vingt   sous.    —    On    dit    aussi 

rollon. 

«  Pour  vous   mieulx  asseurer  du  faict, 
«  Il  vous  convient  faire  un  roullet.  » 

(Farce  du  Cuvier). 

Roquille,  s.  f.,  ancienne  mesure  de  vin.  Nous 
appliquons  ce  mot  en  général  à  toute  boisson,  et  nous 
disons  d'une  personne  qui,  sans  être  ivrogne,  aime 
à  boire  sec  et  souvent,  qu'elle  «  aime  sa  petite 
i-oqtiiîle.  » 

Roquiller,  v.  n.,  aimer  la  roquiUe,  aimer  à  si- 
roter. 

ACAD.  :  roquille,  petite  mesure  de  vin.  A  vieilli. 

Rote,  s.  f.,  cheinin  étroit  et  sinueux,  sentier.  — 
«  Quittez  le  bas  chemin,  entrez  dans  le  champ,  et 
prenez  la  rote,  si  vous  ne  voulez  pas  vous  embouillon- 
ner.  »  —  Ce  serait  le  mot  latin  rota,  roue,  chemin 
tournant,  ornière,  dont  le  sens  a  été  détourné,  puis- 
que la  rote  est  ici  le  sentier  où  l'on  peut  marcher  plus 
commodément  sans  se  crotter.  —  «  Bala}-er  la  rote 
au  chat,  »  c'est  faire  le  ménage  à  la  h.îte.' 

NORM.  :  rote,  m.  sg.   —  sarthe  :  roie,  m.  sg.   Balayer 
la  rote  au  chat.  —  trèv.   :  rote,  vieux  mot,   route.   — 


—  333  — 

BRACHET  :  route  vient  de  r;(^/ii.  —  duc.  -.iota,  vin,  iter 
publiciim.  Riipta,  via  in  silvis. 

Rôt-tout-chaud.  Ces  trois  mots  réunis  forment 
un  substantif  masculin.  Le  rât-tout-chaïul,  alors  même 
qu'il  est  froid,  est  toujours  du  rôt-tùut-chaud.  Ce  sont 
des  poires  ou  des  pommes  cuites  au  four.  C'est  un 
dessert  pour  les  gens  riches,  et  un  mets  principal 
pour  la  classe  pauvre  et  les  ouvriers.  —  Dès  les  pre- 
miers jours  de  l'automne,  on  entendait  autrefois  ce 
cri  tout  Rennais  chanté  par  les  marchandes  :  «  Qui 
veut  du  rot-tout -clmud  ?  poires  cuites  sans  sucre.  » 
On  ne  l'entend  presque  plus  aujourd'hui. 

Rouâche,  adj,  m.  et  f.,  revêche.  «  Ah  !  Dieu, 
que  vous  êtes  rouâche  anet  (aujourd'hui)  !  » 

Roualle,  s.  f. ,  rouelle,  tranches  coupées  en  rond. 
—  «  Une  roualle  de  veau.  » 

Roucher,  v.  a.,  ronger.  «  Il  aimait  à  roucher  les 
petits  os.  » 

SAKTHE  :  roucher,  m.  sg. 

Roucheries,  s.  f.  pi.,  légères  douleurs  d'en- 
trailles, petites  coliques  préliminaires 

Rouchets,  s.  f.  pi.,  petits  os  tendres.  —  Les 
rouchets  sont  la  part  du  chien.  (Voy.  roucher). 

Rouelle,  s.  f.,  petite  roue  d'une  voiture. 
CENTRE  :  rouelle,    m.  sg.  —  besch.  :    rouelle  s'est    dit 


-  334  - 

pour  petite  roue.  —  norm.  :  rouelle,  roue  de  charrue, 
de  brouette,  rolella. 

Rousiner,  v.  n.  Ce  n'est  pas  tout-à-fait  pleuvoir  ; 
mais  c'est  le  brouillard  de  Monsieur  de  Vendôme, 
trois  quarts  de  pluie.  Si  vous  avez  vu  brûler  de  la 
chandelle  de  résine  (que  le  peuple  prononce  roiisine), 
vous  avez  pu  remarquer  qu'elle  projette  autour  de  la 
flamme  une  poussière  qui  ressemble  singulièrement  à 
une  pluie  fine.  Je  ne  vois  pas  d'autre  origine  à  notre 
mot  rousiner.  —  En  Normandie,  phuviner. 

NOR.M.  :  Rousiiic,  résine.  —  centre  :  Roiisée,  rosée. 
Ronsineux,  abondant  en  rosée,  pluvieux.  Roiisine,  chan- 
delle de  résine. 

Rousté,  ée,  adj.,  taché  de  rousseurs.  Syn.  de 
/'/V/(',  pivcrlc.  (\'oy.  ces  mots).  —  «  Jeanne  est  une 
jolie  fille  ;  c'est  dommage  qu'elle  soit  roiistèe.  » 

Roustée,  s.  f.,  rossée,  volée,  dégelée,  grêle  de 
coups,  et  tous  leurs  synonymes. 

Routoutou,  s.  m.  Les  enfants  du  peuple  appellent 
de  ce  nom  le  mirliton.  Les  petits  garçons,  les  étu- 
diants eux-mêmes,  jouent  du  roiitoiitofl  en  revenant 
des  assemblées. 

Royaumer,  v.  n.,  faire  la  noce,  faire  bombance, 
en  un  mot,  s'amuser  comme  un  roi.  Ce  mot  n'est 
guère  usité  que  dans  les  casernes  et  les  faubourgs. 

Rué,  s.  m.,  ruisseau  ;  d'autres  disent  nisset. 


—  335  — 

BiiscH.  :  Rii,  ruisseau.  —  norm.  :    Riisset,   nissiaii,  ru, 
lieu,  ruisseau.  —  Vieux  Fr.  :  Ru,  riu,  ruau  (duc). 

Runge,  s.  f.,  gorge. 

NOKM.  :  Ruugc-r,  ruminer.  Rnugc,  action  de  ruminer. 

Russe,  s.  f.,  plante  parasite  à  fleurs  jaunes,  assez 
semblables  à  celles  du  colza  ou  du  navet.  Nom  bota- 
nique :  Biassica  vigra. 


Sa,  s.  m.,  soir.  —  «  Je  reviendrai  ad  sa,  ce  soir, 
vers  le  soir. 

«  J'étais  plein  hier  au  sa  ; 
J'I'serai  ventiers  bougre  cor. 
J'étais  plein  hier  au  sa, 
J'I'serai  ventiers  cor  ad  sa.  » 

(Chanson  populaire). 

Sabot-Cassé,  s.  m.,  nom  donné  par  le  peuple 
Rennais  à  la  communauté  de  St-Cyr,  située  sur  la 
rive  drcite  de  l'Ille.  Celte  communauté  reçoit  les 
jeunes  filles  que  les  parents  y  mettent  en  punition  de 
leurs  péchés,  et  pour  les  soustraire  à  de  nouveaux 
dangers.  Le  nom  vulgaire  du  Cypripède,  ou  sabot  de 


-  336  - 

Vénus,  a  été  donné  sans  doute,  sauf  une  légère  va- 
riante, au  salutaire  refuge.  —  Dans  mon  enfance,  on 
appelait  encore  Sabot-Cassé  le  couvent  du  Bon-Pas- 
teur, transformé  depuis  en  caserne,  et  qui  avait  été 
fondé  au  commencement  du  XVII1>;  siècle  pour  ser- 
vir d'asile  aux  filles  repenties. 

Sac.  — >  Donner  son  sac  à  un  domestique,  à  un 
employé,  c'est  le  congédier  ou  le  mettre  à  la  porte. 
—  Sac  est  aussi  un  terme  d'agriculture.  Ce  sont  les 
couches  de  paille  entre  lesquelles  on  étend  les 
pommes  pilées  pour  les  soumettre  à  l'action  du  pres- 
soir. Le  jus  étant  extrait,  on  coupe  le  sac  (ou  marc) 
par  tranches  pour  le  donner  aux  bestiaux. 

AC.\D.  :  Donner  à  quelqu'un  son  sac  et  ses  quilles,  le 
congédier.  —  besch.  :  Donner  à  quelqu'un  son  saf,  le 
congédier  brusquement. 

Sacquer,  v.  a.,  arracher,  tirer  vivement  à  soi.  — 
«  Il  lui  a  sacqué  son  bâton  avant  qu'il  pût  en  faire 
usage.  »  —  a  Sacque  mon  pied  »,  juron  normand.  — 
Etym.  :  Saccader  ?  —  «  Il  sacquoit  de  l'épée  à  deux 
mains.  »  (Garg.  ch.  23).  —  «  Les  vieux,  de  leurs 
fourreaux  voulaient  sacquer  les  lames.  »  (P.  Harel. 
1881). 

BESCH.  :  Sacquer,  mettre  un  corps  en  mouvement  par 
secousses.  —  trév.  :  Sacher,  vieux  verbe,  tirer  :  Sacher 
son  épée.  —  norm.  :  Sacquer,  saquer,  tirer,  amener  vers 
soi.  De  saquée,  de  saquet,  brusquement.  Saqucsonner, 
tirer  pas  saccades.  —  Vieux  Fr.  :  Sacquer  (chronique  de 
Flandre)  ;  sachier  son  épée  (Rom.  de  Rou).  Sacher, 
sachir,  tirer,  mettre  dehors.  Saccare  (duc). 


-    337  — 

Sacre,  s.  m.,  procession  qui  se  fait  à  la  Fête- 
Dieu.  Nous  avons  à  Rennes  le  Grand-Sacre  et  le 
Petit-Sacre.  Cette  deuxième  procession  a  lieu  le 
dimanche  de  l'Octave.  A  part  l'absence  des  autorités 
constituées  et  des  troupes  de  la  garnison,  elle  l'em- 
portait quelquefois  sur  la  première  par  le  luxe  des 
reposoirs.  Sous  la  Restauration,  chaque  paroisse, 
chaque  église  avait  en  outre  son  sacre  particulier.  Le 
clergé  y  renonça  après  1830,  et  le  sacre  de  chaque 
paroisse  ne  se  célèbre  plus  qu'à  l'intérieur  des  églises. 
Le  Grand-Sacre  appelle  à  Rennes  un  grand  nombre 
de  parents  et  d'étrangers,  que  nous  nommons  cou- 
sins, cousines  du  sacre.  —  Rabelais  a  employé  le  mot 
scure  (Pantag.  ch.  22). 

SARTHE  :  Sacre,  m.  sg.  —  besch.  :  trév.  :  Sacre,  s'est 
dit  en  plusieurs  endroits  de  la  procession  qui  se  faisait  le 
jour  du  Saint-Sacrement  :  Le  sacre  d'Angers.  —  duc.  : 
Sacre,  sacrum,  la  Fête  du  Saint-Sacrement. 

Safre,  adj.,  sec,  desséchant.  Se  dit  surtout  d'un 
vent  piquant  et  froid  qui  hâle  la  terre.  —  Safre  en 
français  signifie  glouton.  Le  vent  safre  est  glouton 
aussi,  puisqu'il  prive  le  sol  de  sa  fécondante  humi- 
dité. —  On  emploie  aussi  ce  mot  pour  indiquer  que 
le  pain  est  sec  et  sans  saveur.  —  «  Quel  pain  safre  !  » 
—  Safre,  revêche,  en  parlant  des  personnes. 

BESCH.  :  Safre,  1°  goulu,  glouton  ;  2°  dans  les  vieux 
auteurs  vif,  folâtre,  enjoué.  —  trév.  :  Safre,  1°  gour- 
mand ;  20  (Vieux  mot)  mignon,  agréable;  3»  rusé. 

Saint-Frusquin,  s.  m.,  avoir,   patrimoine,  for- 

22 


-  35S  - 

tune.  —  Ne  se  dit  que  dans  cette  acception  :  «  Il  a 
mangé  ou  dissipé  son  Sa'mt-Fnisquin.  »  (Voy.  Frus- 
ques). 

Saint-Jean  (Faire  la).  La  Saint-Jean  est  chez 
nous  Tcpoque  des  déménagements.  Pour  les  per- 
sonnes qui  changent  de  demeure,  il  y  a  obligation  de 
nettoyer  les  meubles  pour  les  placer  dans  l'apparte- 
ment dont  on  prend  possession.  Il  en  est  qui  ne 
procèdent  à  cette  opération  qu'au  prochain  déména- 
gement ;  mais  il  en  est  d'autres  qui,  dans  le  courant 
de  l'année,  font  un  nettoyage  complet  de  leur  mobi- 
lier. Cela  s'appelle  fahr  la  Saint-Jean.  On  fait  la 
Saint-Jean  surtout  au  retour  de  la  campagne,  aux 
grandes  lêtes  et  lorsqu'on  attend  des  étrangers.  —  La 
Saint-Jean  est  de  tous  les  jours  dans  les  maisons  bien 
tenues.  (Voir  Jean). 

Salopette,  s.  f.,  pantalon  de  toile  ou  de  coton 

dont  se  vêtent  les  ouvriers  économes,  pour  protéger, 
pendant  la  durée  de  leur  travail,  le  pantalon  avec 
lequel  ils  viennent  à  l'atelier. 

Sans  (De),  sans  lui,  sans  elle,  sans  cela.  Les 
paysans  s'expriment  souvent  ainsi  :  «  J'ai  été  le  cher- 
cher ;  mais  je  m'en  suis  revenu  de  sans.  » 

NOKM.  :  Etre  de  sans,  m.  sg. 

Sapé,  ée,  adj.,  sec,  revêche.  —  «  Vous  prenez, 
ma  chère,   un  ton  sapé  qui   ne  me  convient  pas.  n 


-  539  — 

—  «  Madame  n'est  pas  moins  sapêv  avec  ses  domes- 
tiques. » 

Saperlotte,  intcrj.,  petit  juron.  —  a  Scipcrlotle,  je 
vous  défends  de  faire  cela  !  »  —  Equivaut  à  sapristi. 

Sarde,  s.  f.,  abrégé  de  sardine.  —  «  La  sardine 
fraîche,  *Ia  saide  !  »,  cri  des  poissonnières  de  Rennes, 
lorsqu'elles  promènent  leur  marchandise  par  les  rues 
et  les  faubourgs. 

Sartiaux,  s.  m.,  ou  Sartières,  s.  f..  terres 
incultes. 

Saugnard  ou  Saugnoux,  s.,  homme  ou  femme 
qui  manque  de  franchise,  d'un  caractère  dissimulé, 
qui  ne  vous  regarde  point  en  face.  —  «  Défiez-vous, 
c'est  un  (ou  une)  saugnard.  »  —  Le  féminin  saiigiiardc 
ou  saiigiioiise  est  peu  usité. 

Saut-de-vesne  (Faire  la),  jeu  des  enfants. 
Ils  se  mettent  la  tête  en  bas,  les  jambes  en  l'air,  et 
retombent  sur  le  dos.  On  dit  faire  la,  et  non  faire  /(' 
saiit-de-vesne  (faire  le  saut  de  li  vesiie). 

Schloff  (Aller  à),  aller  dormir.  Mot  introduit 
chez  nous  par  les  Prussiens  en  1815,  et  qui  vient  de 
l'allemand  schlajen.  —  «  Allons  à  schloff,  allons 
dormir.  » 

Sea,  s.  f.,  soif.  Prononcez  sa.  —  «  A  boire,  j'ai 
sea.  »  C'est  le  mot  espagnol. 

Sec,  s.  m.  Les  blanchisseuses  appellent  le  sec  tout 


—  340  — 

le  terrain  où  elles  étendent  le  linge  à  sécher.    Abré- 
viation de  séchoir. 

Seille,  s.  f.,  seau  en  bois.  Du  latin  situla.  Quoi- 
que vieux  français,  ce  mot  est  si  usité  chez  nous  que 
j'ai  cru  devoir  le  conserver  ici.  On  le  trouve  dans  le 
couplet  suivant  d'une  chanson  qui  a  pour  titre  :  «  Le 
malheureux  lycccn  y>,  et  pour  père  M.  H....,  élève  du 
Lycée  de  Rennes  sous  le  premier  Empire  : 

Le  déjeuner  arrive  enfin  ; 

Mais  ce  n'est  qu'un  morceau  de  pain. 

Si,  pendant  ce  repas  splendide, 

La  soif  homicide 

Kend  la  gorge  aride, 
La  sàllc  b.  l'eau  n'est  pas  loin  ; 
V'ià  c'que  c'est  qu'd'ct'  lycéen. 

On  trouve  ce  mot  dans  Toppfer  :...  «  A  droite, 
c'est  la  fontaine On  s'y  dit  douceurs  au  mur- 
mure   de  la  seille  qui  s'emplit.  » 

Seillée,  s.  f.,  le  contenu  de  la  seille,  —  Une 
seillèe  d'eau. 

SARTHE    :    CENTRE  :    NORM.    :    Sàlk,    m.   Sg.    —    BESCH.   : 

Seille,  anciennement    vase,  seau  de  bois,  —  Vieux  Fr.  : 
Seille,  seau,  baquet,  selha  (duc). 

Semoux,  s.  m.,  celui  qui  sème  le  grain.  —  Le 
vent  est  un  grand  semoux,  car  il  emporte  les  graines 
au  loin. 

Senâs,  Cenâs,  s.  m.,  grenier  au  foin.  —  «A 


—  541  — 

défaut  de  lit,  nous  couchâmes  dans  le  sends,  et  nous 
nous  y  trouvâmes  bien.  »  —  Prononcez  s' uns. 

N'ORM.  :  Cenas,  chettas,  grenier,  chambre  placée  à  l'étage 
supérieur.  5/Hn/,  grenier. 

Sente,  s.  f.,  odeur,  parfum.  — Agrégé  de  5<';;/«/r. 
—  «  V'ià  une  fleur  qu'a  bonne  sente.  »  —  Un  jardi- 
nier à  la  maîtresse  du  logis  :  «  V'n'êtes  pas  comme 
nout'e  femme,  vous  la  bourgeoise,  v'avez  toujou's 
bonne  sente.  » 

Sépiller,  v.  a.,  piller,  houspiller.  On  se'piJle  une 
personne  en  la  maltraitant,  en  lui  déchirant  ses  ha- 
bits. On  sépille  un  jardin  en  pillant  les  fruits  ou  les 
récoltes  ;  on  sépille  un  arbre  en  brisant  les  ra- 
meaux. 

Sercillonner,  v.  a.,  couper  en  sciant,  hacher. 
Un  couteau,  une  serpe  mal  aiguisés  ne  coupent  point 
net,  ils  serciUounent . 

Serpidâs,  s.  m.  et  f.,  terme  de  mépris  employé 
à  l'égard  d'une  personne  de  grande  taille,  sans  tour- 
nure et  mal  tenue.  —  «  Qlù  voudrait  épouser  cette 
serpidâs  ?  » 

Serrer,  v.  a.,  souvent  employé  pour  cueillir. 
Serrer  des  fruits.  «  Les  pommes  ne  sont  pas  encore 
serrées.   » 

SARTHE,  XORM.,   CENTRE  :  scrrcr,   cueillir,  amasser,  ré- 
colter. 

Serreuse  de  chaise?,  s.  f.,  femme  préposée  à 


—   342  — . 

la   perception  des  droits  de  chaises  dans  nos  églises. 
A  Rennes  cet  emploi  n'est  dévolu  qu'aux  femmes. 

Serroux  d'impôts,  s.  m.  Nos  paysans 
nomment  ainsi  le  percepteur  des  contributions.  — 
Serveuse,  serroux  viennent  de  serrer^  cueillir. 

Seule,  s.  f.  Nous  disons  la  seule  pour  le  seuil  de 
la  porte. 

Sauner,  v.  a.,  ramasser,  serrer,  s'emparer  vive- 
ment et  adroitement  d'une  chose.  —  «  A  la  foire  de... 
un  voleur  lui  a  seuuè  sa  bourse.»  —  Au  jeu  de  la  tou- 
pie, le  gamin  de  Rennes  dit  :  «  Seune  ton  vis  »  (vis, 
abrégé  de  vispin,  petite  toupie). 

Si,  s.  m.,  défaut,  vice,  tare.  S'applique  également  à 
riiomme,  au  cheval  ou  au  chien.  —  o  On  les  prend 
à  la  mine,  mais  ils  ont  des  si.  »  —  Le  mari  est 
jaloux,  son  cheval  bronche,  son  chien  n'a  pas  de 
ne;^  :  autant  de  si. 

Sia,  adv.,  oui.  —  En  bas  breton,  ia.  —  On  dit 
aussi  sia  en  Bourgogne.  —  «  Jeanne,  vous  ne  m'ai- 
mez point  ?  —  Sia.  —  Eh  ben,  marions-nous.  — 
Ah  dame  !  noua.  » 

Sieudre,  v.  a.,  suivre.  On  dit  aussi  sieuter.  — 
M  C'est  une  fille  qu'il  faut  toujours  sieudre.  »  —  a  Je 
conduis  l'ung,  l'autre  je  sicux.  »  (Jean  Molinet,  lô'^  s.) 

NOR.M.  :  siciivir,  m.  sg. 

Signorise,    s.    f.,   sobriquet,  épithète  injurieuse 


—  343  — 

ou  blessante.  Ce  mot  est  surtout  à  l'usage  des  enfants 
du  peuple.  —  «  Monsieur  !  faites  donc  finir  Zidor 
qui  me  dit  des  signoriscs.  » 

Les  paroisses  ou  communes  ont  aussi  leurs  signori- 
scs, dont  l'échange  entre  elles  donne  lieu  à  des  rixes 
sanglantes.  Voici  quelques  exemples  de  celles  qu'elles 
échangeaient  au  commencement  de  ce  siècle  et  qu'elles 
se  donnent  encore  quelquefois  aujourd'hui  : 

Les  poulains  d'Argentré, 

Les  viaux  de  Bais, 

Les  oies  de  Bécherel, 

Les  pelots  de  Betton, 

Les  viaux  ou  poulains  de  Domalain, 

Les  huguenots  d'Ercé, 

Les  caquaires  de  Feins, 

Les  sorciers  de  Fougères, 

Les  luhauts  de  Gahard, 

Les  glorieux  (vaniteux)  de  Gévezé, 

Les  grignotoux  de  Janzé, 

Les  pobiers  de  Lassy, 

Les  loups  de  Mézières, 

Les  chouans,  les  bossus,  les  coqs  blancs,  de  Vitré. 

Ces  surnoms  qu'échangeaient  les  gars,  surtout  à 
l'époque  du  tirage  au  sort,  donnaient  lieu  à  des  rixes, 
et  parfois  à  de  véritables  combats  de  commune  à 
commune.  La  gendarmerie,  et  surtout  la  création  des 
tribunaux  correctionnels,  en  réprimant  ces  rixes,  les 
a  rendues  plus  rares. 


—   344  — 

D'autres  signorises  s'appliquent  aux  filles  de  diver- 
ses localités.  Ainsi,  vous  ne  serez  point  dans  leurs 
bonnes  grâces,  si  vous  rappelez  aux  filles  de  Vezin, 
qu'elles  sont  lassées  dès  le  matin.  Il  y  a  encore  cer- 
taines plaisanteries  traditionnelles  qu'il  n'est  pas  tou- 
jours bon  de  rappeler  aux  filles  de  Melesse  ou  à 
celles  de  Betton 

Slan,  Senan  ou  Sran,  s.  m.,  seran,  instrument 
à  pointes  d'acier  très  serrées  servant  à  peigner  le 
chanvre  et  le  lin.  On  dit  que  les  vieilles  filles  et  les 
vieux  gars  vont  au  paradis  charrayés  sur  un  slau. 

Slancer  ou  Senancer,  v.  a.,  action  de  se  servir 
du  shiii.  —  On  dit  aussi  seranccr. 

Soler,  s.  m.,  soulier.  —  «  J'ava's  une  paire  de 
solcrs  tout  rigants  neufs.  »  (Vieille  chanson). 

Vieux  Fr.  :  Soler,  solier,  solasius,  sola  (duc). 

Sonnoux,  s.  m.,  sonneur.  Le  sonuoux  de  cloches, 
le  joueur  de  vèze  (haut-bois).  Se  dit  aussi  du  joueur 
de  violon.  —  «  Il  y  avait  quatre  sonnoux  à  la  noce 
de  la  fille  de  Monsieur  le  Maire.  » 

NORM.  :  Sûiiiieux,  m.  sg. 

Sorine,  s.  t.,  petit  cidre  ou  piquette  que  fabrique 
le  paysan  pour  sa  consommation  particulière.  Elle 
est  tirée  du  marc  de  pommes  dont  on  a  extrait  le 
meilleur  jus. 

Souater,  v.  n.,  c'est  le  fait,   pour  deux  agricul- 


—  345  — 

teurs  ou  métayers,  de  se  prêter  réciproquement  leurs 
attelages  pour  le  labourage  de  leurs  terres.  —  On 
dit,  par  extension,  que  deux  voisins  ne  soiiateiit  pas 
ensemble  lorsqu'ils  sont  en  mauvaise  intelligence.  — 
«Je  ne  souakrai  jamais  avec  Matlin  »  (il  ne  sera 
jamais  mon  ami). 

NORM.  :  Soitiitcr,  m.  sg.  —  Vieux  Fr.  :  Souage,  aide, 
secours,  soulagement,  solatium.  Souaiiimc,  siiatumc, 
agrément,  soulagement  (duc). 

Souba,  s.  m.,  blé  ou  seigle  qu'on  bat  à  la  main 
pour  conserver  la  paille  intacte. 

Souille,  s.  f.,  taie  d'oreiller. 

CENTRE  :  Soiiillt',  m.  sg. 

Soulever,  V.  a.,  soustraire  adroitement,  voler.  — 
«  On  lui  a  soiilar  son  argent.  » 

CENTRE  :  NORM.  :  Soiilever,  m.  sg. 

Soupe  de  recette.  Voy.  Recelte. 

Sourceiller,  v.  a.,  terme  d'agriculture.  C'est 
couper  l'orge  en  herbe  avant  l'épiage.  Nous  disons 
ceiller  le  blé,  pour  scier. 

Sources.  On  dit  ici,  et  peut-être  ailleurs  que  les 
sources  sont  nouées,  lorsque,  taries  par  une  séche- 
resse prolongée,  elles  recommencent  à  sourdre.  —  Ce 
sont  les  pluies  de  la  Toussaint  qui  nouent  les  sources. 

Sourcier,  s.  m.,  homme  qui  fait  profession  de 
chercher,  de  découvrir  des  sources.    —  Il  y  a  encore 


—  346  — 

aujourd'hui  en  Ille-et-Vilaine  plusieurs  sourciers  qui 
opèrent  avec  le  secours  de  la  baguette  de  coudrier, 
laquelle,  paraît-il,  s'incline  vers  la  terre  à  l'endroit 
précis  où  se  trouve  une  source  cachée. 

Soutées,  s.  f.  pi.,  quantité  de  sous  amassés  petit 
à  petit.  —  Un  mendiant,  un  petit  marchand  par- 
viennent à  grand'peine  à  récolter  quelques  soutées.  — 
Les  soutées  qu'on  dépense  dans  un  ménage  finissent 
par  faire  des  francs. 

Su  ou  Sulz,  s.  m.,  abrégé  de  sureau.  —  La  fleur 
de  su  a  des  propriétés  pharmaceutiques  :  elle  provoque 
la  transpiration.  —  C'est  avec  le  bois  de  su  que  les 
petits  garçons  font  des  pétoires  (Voy.  ce  mot). 

NORM.  :  Seu,  sue,  chue.  —  centre  :  Su,  sué,  suis,  suyau. 
Vieux  Fr.  :  Seu,  seur  (duc). 

Subite,  s.  .,  petite  chaumière,  habitation  pau- 
vre. —  «  Jacques  habitait,  avec  sa  femme  et  ses  gar- 
çailles,  une  subite  au  milieu  de  la  forêt.  » 

Subler,  v.  n.,  siffler,  soit  avec  la  bouche,  soit 
avec  un  sifflet.  —  «  Vas-tu  te  taire,  suble-en-c.  ?  tu 
nous  casses  la  tête  à  la  fin.  » 

Sublet,  s.   m.,    sifflet.    Le    sifflet  à  l'usage   des 

chasseurs  est  un  suhJet. 

«  Q.ui  doukement  fait  chanter  son  sulld.-a 
(Marot). 

SARTRE  :  Suhler,  m.  sg.  —  centre  :  SuhJer,  suhlel.  — 
NORM.  :   Sùhler,   suffler,  sùbkf,  sùfflef,   —   Vieux   Fr.  : 


—  347   - 

Siller,    sithlcr,  {sihnlair].  Sihlct,  (sihiilm)  :  Latin,  sihilare 
(duc). 

SU"bout,  adv.,  debout,  sur  ses  jambes.  —  «  Le 
bonhomme  a  été  b'en  malade,  mais  le  v'ià  recopi,  il 
est  sn-hoiit  à  c't'heure.  » 

XORM.  :  Suhout,  sus-bout,  debout. —  Vieux  Fr.:  sur-bout, 
debout,  sur  les  pieds  (duc). 

Sucrée,  s.  f.,  sj-n.  de  viijaurcc.  —  «  Mais  voyez 
donc  comme  elle  fait  sa  sucrée,  sa  pincée,  depuis 
qu'elle  a  épousé  un  homme  de  plume.  » 

ACAD.  :  Faire  la  sucrée.  Un  air  sucré. —  besch.  :  sucré,  ée, 
m.  sg.  Fig.  et  Fam. 

Suif,  S.  m.,  syn.  de  galop,  réprimande,  etc.  — 
Donner  ou  recevoir  un  suif  (expression  très  usitée, 
surtout  dans  la  bureaucratie). 

Surets,  s.  m.  pi,  se  dit  du  plant  de  pommiers  non 
greffés.  —  Vient  de  sur  (aigre,  acide),  parce  que  le 
fruit  de  ces  sauvageons  est  aigrelet. 

Suretière,  s.  f.,  pépinière  de  surets. 

ACAD.  :   suret,   aJj.,   un   peu  acide.    —    xorm.    :  suret, 
jeune  poir.mier. 

Surette,  s.  t.,  oseille. 

NOR.vf.  :  surelle,  m.  se:. 


3^8  - 


Ta,    pron.  pcrs.,    toi.    —    «    D'où  vicns-tu,    ta  ? 

—  Ma,  je  viens  du  bourg,  et  ta  ?  —  Ma,  j'y 
vas.   »  —  Le  Bailli  :  «  T'a-t-i  tapée,  t'a-t-i  battue  ?  » 

—  La  fille  :  a  Nenny,  Monsieur,  je  ne  m'en  plains  pas. 
Si  j'  m'en  plaignais,  j'aurais  grand  tort.  »  —  Le 
gars  :  «  Si  j'ai  j'té  du  bois  dans  ta  cour,  c'était  pour 
me  marier  o  ta  ;  si  tu  no  vieux  pas,  rends-ma  mes 
fagots.  »  —  Dans  leurs  facéties,  nos  paysans  racon- 
tent ainsi  ce  que  disent  les  grenouilles  dans  leur 
chant  du  soir,  La  première  demande  :  o  Qui  est-ce 
qui  a  cassé  le  pot  ?»  —  Et  toutes  répondent  en 
chœur  :  «  Ce  n'est  ni  ta  ni  ma,  ni  ta  ni  ma,  ni  ta  ni 
ma,  etc.   » 

Tabut,  s.  m.,  tintouin,    tracas.   —  «Son  gars  lui 
donne  b'en  du  tabut.  » 

BESCH.  :  tabust  et  tabut  s'est  dit  pour  querelle,  contesta- 
tion. Tabuler  et  iabuster,  i-  inquiéter,  quereller,  2"  faire 
du  tapage.  »  (Mont.)  tabut.  —  nor.m.  :  tabut,  bruit, 
vacarme,  tapage.  —  Vieux  Fr.  :  tabut,  querelle,  débat, 
contestation  :  «  Je  vous  prie  qu'il  n'y  ait  point  de 
noise  ne  de  tabust.  »  —  Tabut,  toute  espèce  de  bruit  un 
Deu  fort,  —  Tabusler,  {tabussare),ia.nt  beaucoup  de  bruit 


—  349  - 

en  frappant  à  coups  redoublés  sur  quelque  chose.  Tahii- 
ter,  crier  fort  haut  en  se  querellant,  disputer  avec  cha- 
leur. —   Tabuslellus,  tintement,   (duc). 

Tafifée,  s.  f,,  bouquet  de  bois  formant  îlot  au  mi- 
lieu d'une  prairie,  d'une  lande,  d'un  marais  ou   d'un 

étang. 

Tagiienau,  s.  m.,  frelon  ou  taon.  —  Ne  bra- 
vez pas  la  piqûre  du  tagueiicau  ;  on  dit  aux  enfants 
qu'il  n'en  faut  que  sept  pour  tuer  un  cheval. 

Tailler,  s.  m.,  métier  servant  à  la  fabrication 
de  la  toile.  Souvenez-vous  qu'on  prononce  taiJe  pour 
toile,  d'où  tailier. 

Talusser,  v,  a.,  terme  d'agronomie  pour  taluler, 
faire  ou  relever  les  talus.  C'est  une  besogne  qui  se 
fait  pendant  l'hiver.  Le  mot  talusser  que  nous  em- 
ployons semble  plus  rationnel  que  taliiter,  adopté  par 
l'Académie,  puisque  le  subsantif  talus,  dont  il  dérive, 
est  terminé  par  s  et  non  par  t.  —  Rabelais  a  dit  : 
«  tàluyoieut  parapects.  »  (Prologue  du  liv.  3). 

ACAD.  :  tahiti-r.  —  besch.  :  taluler,  taliidcr  ne  se  dij 
plus.  —  Vient  du  latin  tnlm:  ;  pied. 

Talvassier,  s.  m.,  mauvais  plaisant.  Voy. 
Coulvassicr. 

Vieux  Fr.  :  talvassier,  soldat  armé  du  bouclier  appelé 
Talvas,  ialvacins.  De  là  iaillcvacicr,  fourrageur,  soldat 
pillard. 

Tamponner,  v.  a.,    travailler,   cuisiner  malpro- 


-  350  — 

premcnt  avec  ses  mains,  salir.  —  «  Voyez  ma  mar- 
chandise, mais  ne  la  tamponne^  pas.  » 

Tantine,  s.  f.,  tante  ;    qqfois,  la  femme   du  ton- 
Ion  (de  l'oncle). 

Bonjour,  taiitin'  Perrine, 
Comment  vous  portez-vous  ? 
Vous  me  faites  la  mine, 
Dites-moi,  qu'avez-vous  ? 


Dans  mon  beau  château. 
Ma  taittiuc,  ma  tantine. 
Dans  mon  beau  château. 
Ma  tantine,  tirez  l'eau. 

(Rondes  populaires  et  enfantines). 

s.\RTHE,   CENTRE   :   tantine,  m.  sg. 

Tantinet  (Un),  adv.,  tant  soit  peu,  un  rien.  — 
a  J'en  veux  bien  encore,  mais  un  tantinet.  » 

-VCAD.  :   tantinet,  m.  sg. 

Tantouiller,  v.  a.,  agiter  un  objet  dans  l'eau, 
soit  pour  laver  cet  objet,  soit  seulement  pour  le 
mouiller.  —  On  iantonillc  le  linge  dans  la  rivière  ;  on 
se  tan  touille  soi-même  dans  le  bain. 

SARTHE  :  tantouiller,  m.  sg.  — besch.  :  touiller,  mêler, 
agiter  une  liqueur.  Pop.  — xorm.  :  tantouiller,  tatouiller, 
éclabousser,  salir,  barbouiller. 

Tapante  (Faire  son),  faire  son  bon  apôtre. 


—   5)1   — 

Tape-coupée,  s.  f.,  jeu  des  enfants.  Un  joueur 
en  poursuit  un  autre  ;  si  un  troisième  parvient  à 
passer  entre  les  deux,  c'est  après  celui-ci  que  doit 
courir  le  poursuivant,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce 
qu'il  puisse  atteindre  le  dernier  qui  a  coupé. 

Tapée,  s.  f.,  grande  quantité.  —  «Nous  aurons 
cette  année  une  tapée  de  pommes  à  bois  rompre.  »  — 
Ne  s'emploie  guère  qu'en  parlant  des  choses. 

CENTRE   :    tapce,  m.  sg.  —  acad.  :  tapée,  m.  sg.  Pop. 

Taper,  v.  a.,  souvent  employé  pour  frapper, 
battre.  —  «  Tais-toi,  Jeanne,  ou  je  tape.  »  —  «  On 
tape  à  la  porte.  » 

ACAD.   :   laper,  frapper.  Fam. 

Tapette,  s.  f.,  c'est  la  raquette  avec  laquelle  on 
lance  le  volant  ou  la  balle  dans  le  jeu  de  la  tecqite  au 
bois.  (Voy.  Tecqite).  —  «  Veux-tu,  Toto,  me  prê- 
ter ta  tapette  ?  » 

Tapisser,  v.  a.,  employé  par  extension  pour 
médire  de  quelqu'un.  —  «  L'autre  jour,  dans  le 
salon  de  M™«^  X...,  Mm^^  Y...  a  joliment  tapissé  son 
amie,  M™s  Z...  » 

Tât,  s.  m.,  étable.  —  «  Les  vaches  sont  rentrées 
dans  Vtdt.  »  —  On  prétend  que  les  personnes  mena- 
cées de  phtisie  se  trouveraient  bien  de  coucher  dans 
Vtat. 

Taumer,  s.  m.,  nom  donné  au   crapaud  dans  le 


—  552  — 

canton  de    Dinan    et  dans    quelques    communes    de 
rille-ct-Vilaine,  limitrophes  des  Côtes-du-Nord. 

Taupin  vaut  Morette,  proverbe  rennais  ;  l'un 
vaut  l'autre.  —  Se  dit  de  deux  vauriens,  de  deux 
choses  également  mauvaises.  —  Je  crois  que  c'est  le 
proverbe  suivant  travesti  :  Toupie  vaut  mareUe.  (Voir 
Morcïïe). 

Taurin,  s.  m.,  taureau.  —  Chez  nous,  ce  sont 
les  filles  de  basse -cour  qui  conduisent  le  plus  sou- 
vent la  vache  au  taurin.  —  Neptune  était  surnom- 
mé Taurkn,  parce  qu'on  lui  sacrifiait  un  taureau. 

Tecque,  s.  f.,  balle  ;  jeu  des  enfants.  —  La  tec- 
que  au  bois  ou  à  la  raquette.  —  La  tecque  au  pot.  — 
Pour  ce  jeu  qui,  de  mon  temps,  était  fort  à  la  mode, 
on  fait  en  terre  autant  de  petits  trous  qu'il  y  a  de 
joueurs.  L'un  d'eux,  éloigné  de  cinq  à  six  pas,  roule 
la  tecque  vers  les  trous  ou  pots.  Si  elle  entre  dans 
celui  de  Jacques,  par  exemple,  il  se  hâte  de  la  serrer, 
et  la  jette  aux  petits  camarades  qui  se  sont  éloignés  à 
toutes  jambes.  Celui  qui  est  atteint  est  pilorié  (nous 
disions  pilorise).  Le  dos  tourné,  les  bras  en  croix,  on 
lui  lance  la  balle.  Il  a  la  faculté  d'exclure  une  ou 
deux  parties  de  sa  personne,  et  si  le  pihrisaut  touche 
la  partie  réservée,  il  est  pilorise  à  son  tour. 

NORM.  :  tcqiie,  balle.  Jouer  à  la  tàjue.   —  Vieux  Fr.  : 
ti'ccii,  le  jeu  de  mail,  la  boule  qu'on  frappe  avec  le  mail. 

Tégot,  s.  m.,  vase  en  terre  ou  en  faïence  ;   par 


—  )))  — 

exemple  :    une    écuelle,     une    cruche.    —   «  Donne 
ton  tcgot  que  je  le  remplisse.   » 

Latin  :  testa  ou  tcsliun,  vase  de  terre  cuite  ;  d'où  tel. 

Téguer,  v.  n.,  soupirer,  respirer  bruyamment. 
«  Tu  tîgiies,  Jeanne,  as-tu  du  deu'l  (chagrin)  ?  » 

Tenant,  adv.,  toujours.  Usité  surtout  dans  le 
canton  de  Maure.  —  «  Cela  va-t-il  mieux  ?  — 
Mon  Dieu  non,  je  souffre  tenant.   » 

Tendre,  adj.  Pas  tendre,  dur,  sévère.  —  «  Ma 
mère  était  une  brave  femme,  mais  pas  tendre.   » 

Tenviolle,  s.  f.,  galette  ou  petit  pain  cuit  à  la 
bouche  du  four, 

Terchausser,  v.  a.,  mettre  à  gauche  la  chaus- 
sure du  pied  droit,  et  réciproquement.  Cette  erreur 
est,  pour  les  esprits  faibles,  d'une  haute  gravité  : 
c'est  l'annonce  d'un  malheur  dans  la  journée.  —  On 
dit  aussi  trkhausser. 

CENTRE  :  trèchausscr  et  terchausser,  m.  sg. 

Termée,  s.  f.,  espèce  de  cage  de  bourdaine  ou 
d'osier  servant  de  piège  pour  prendre  les  oiseaux.  La 
termée  est  posée  sur  le  sol,  levée  d'un  côté  comme 
un  trébuchet.  L'oiseau  s'y  introduit  pour  manger  le 
grain  qu'on  y  a  jeté  ;  s'il  vient  à  se  percher  sur  de 
petites  gaules  habilement  disposées,  la  termée  re- 
tombe, et  l'oiseau  est  prisonnier.  —  On  dit  aussi 
tremée. 


—  354  — 

Terroux,  ouse,  adj.,  pour  terrien,  terrienne;  qui 
possède  de  la  terre.  On  appelle  ciil-teiroux  une  fille 
qui  apporte  en  dot  une  ou  plusieurs  propriétés  terri- 
toriales. (Vov.  Cul-terroux .)  —  Terroux  se  dit  aussi 
pour  crotté.  —    «  Je  suis  tout  terroux.  » 

Tertous,  pr.,  tous  ensemble,  tous  tant  que  vous 
êtes.  On  dit  aussi  tretoiis.  —  Cette  locution  n'est  pas 
employée  seulement  dans  nos  campagnes  ;  elle  est 
aussi  en  usage  dans  d'autres  provinces.  On  la  trouve 
dans  Montaigne  sous  la  forme  très-tout. 

«  ...Et  des  crottes  au  derre,  mangez-les  tertous, 
«  Jamais  de  ma  femme  ne  serai  jaloux. 

(Vieille  chanson) 

Dans  la  farce  scolaire  Maistre  Mimin  (17^  siècle)  : 

(c   Hé  !   mon  Dieu  que  vous  êtes  fine  ! 
«  Vous  passez  ireslous  vos  voysins.   « 

SARTHE  :  tertous.  —  centre  :  tretous,  tertous.  —  nor.m.  : 
tertous,  tretous,  tertouts,  trctoutes. 

Tessier.  Voy.  Texier. 

Tet,  s.  m.,  étable.  Vieux  mot  toujours  très  usité. 
—  «  Je  happis  mes  chausses,  et  m'sauvis  dansl^t*/.  » 
fVieille  chanson^.  —  «  Allez  au  tect  ;  assez  avez 
brouté.  »  (Cl.  Marot). 

BESCH.  :  tect,  vieux  mot  qui  signifiait  toit.  Se  dit  en- 
core pour  étable  dans  quelques  départements.  —  trèv.  : 
tect  (prononcez  té),  toict  ;  nom  donné  aux  étables  dans 
quelques  provinces,  comme  en  Berry.  —  sarthe  :  Toit 


—  35  5  — 

i  porc.  —  NORM.  :  teit.  —  centre  :  lêt,  (prononcez  le 
t  final). 

Teutée,  s.  f.,  galette  de  blé  noir  ou  pain  grillé 
dans  du  cidre  chaud.  Nos  paysans  sont  très  friands 
des  tentées,  qui  sont  d'autant  meilleures  que  le  cidre 
est  plus  doux.  Quel  régal  pour  les  commères  !  A 
Paimpont  et  environs,  la  tentée  s'appelle  bidouillée. 

Texier  ou  Tessier,  s.  m.,  tisserand  qui  a  la 
spécialité  de  tisser  et  de  carder  de  la  pénille  prove- 
nant des  vieux  habits.  (Voy.  Pénille).  Texier  est  devenu 
un  nom  patronymique  très  commun  dans  ce  pays-ci. 

BESCH.  :  tistre,  v.  a,  tisser,  usité  seulement  au  part, 
passé  tissu.  On  disait  d'abord  fixtrc  (iexere.)  —  trèv.  : 
tixier  s'est  dit  autrefois  pour  tisserand.  —  centre  : 
tessier,  texier,  tisserand.  —  Vieux  Fr.  :  tixier  Qixator), 
tisson  (tisserins).  —  Tixerand  pour  tisserand,  tisserandus. 
Tixtre  ou  tistre.  (duc"). 

Teux,  teute,  adj.,  boiteux,  boiteuse,  tort,  torte. 

Thérésienne,  s.  f.,  espèce  de  capuchon  ou  ca- 
pot dont  les  femmes  du  peuple  et  les  paysannes  se 
couvrent  la  tète  et  les  épaules  pour  se  préserver  de  la 
pluie.  Depuis  quelques  années,  l'usage  du  parapluie 
est  devenu  si  fréquent,  même  dans  les  campagnes, 
que  la  thérésienne  est  presque  abandonnée  aujourd'hui. 
Cependant  elle  est  toujours  fort  en  usage  chez  les 
femmes  des  environs  de  Lorient. 

NORM.  :  tlicrèse,  espèce  de  bonnet  en  crêpe  de  soie 
noire,  coiffure  de  deuif. 


-  356  - 

Tient-main.  s.  m,,  garde-fou.  —  Le  lient-main 
est,  chez  nos  paysans,  la  barre  d'appui  placée  sur  les 
côtes,  ou  même  d'un  seul  côté  d'un  pont,  lequel  est 
généralement  formé  d'une  planche,  d'une  poutre,  ou 
simplement  d'un  tronc  d'arbre  quelquefois  à  peine 
dégrossi,  et  dont  les  extrémités  reposent  sur  les  deux 
rives  opposées  d'un  ruisseau.  —  Quand  le  bon- 
liomme  et  la  bonne  femme  ***,  de  Chantepie,  reve- 
naient du  marché  de  Rennes  après  de  copieuses 
libations,  le  tient-main  leur  était  d'un  grand  secours 
pour  éviter  un  bain  dans  le  ruisseau  de  Blosne  qu'ils 
étaient  obhgés  de  franchir  sur  une  planche  pour 
regagner  leur  village. 

Tillon,  onne,  adj.,  dur,  sévère,  difficile.  Ne 
s'emploie  qu'avec  la  négative.  «  Si  le  patron  n'est 
pas  tiUon,    sa  femme  n'est  pas  liUonne  non  plus.  » 

Tirant,  ante,  adj.,  se  dit  en  parlant  d'un  che- 
min ou  d'une  route  escarpée,  difficile.  —  o  Les  pluies 
du  mois  dernier  ont  rendu  les  chemins  tirants,  » 
c'est-à-dire  que  les  chevaux  sont  obligés  de  tirer  plus 
iort  pour  en  sortir. 

Tire-jus,  s.  m.  Nos  petits  faubouriens  désignent 

par  ce  mot  imagé  leur  mouchoir  de  poche quand 

ils  en  usent  ;  car,  le  plus  souvent,  ils  se  «  mouchent 
du  pied,  »  comme  les  poules,  c'est-à-dire  jamais. 

Tirer,  v.  a.,  traire.  On  tire  les  vaches  deux  fois 
par  jour. 


—  357  — 

Dans  le  vieux   français    le   mot    traire  signifiait    tirer, 
traîner. 

Tirer  dur,  locution  très  employée.  —  Un  pau- 
vre diable  aux  prises  avec  une  maladie  grave  tire  dur, 
s'il  n'en  meurt.  —  «  X...,  négociant  n'est  pas  très 
bien  dans  ses  affaires  ;  on  assure  qu'il  tire  dur.  »  Cela 
équivaut  à  dire  qu'il  tire  le  diable  par  la  queue.  — 
(Voyez  le  mot  Ponée.  J'ai  cité  à  cet  article  un  exem- 
ple de  la  locution  tirer  dur.) 

Tirette,  s.  f.,  petit  tiroir  pratiqué  dans  les  tables 
longues  sur  lesquelles  nos  paysans  prennent  leurs 
repas.  Ce  tiroir  est  fermé  par  une  petite  porte  à  cou- 
lisse. C'est  dans  la  tirette  qu'on  serre  le  beurre,  le 
lohon,  et  aussi  les  peignes,  les  brosses  à  souliers, 
etc.  —  Nos  dames  appellent  tirettes  les  cordons  avec 
lesquels  elles  relèvent  leurs  robes  à  queue  (1864). 

CENTRE  :  tirette,  tiroir. 

Tocson,  s.  m.,  enfant  ou  garçon  à  grosse  tête, 
têtu  et  d'une  faible  intelligence.  —  «  C'est  un  tocson 
qui  ne  comprend  rien.)) 

Toc-toc,  s.  m.,  sobriquet  que  le  peuple,  et  sur- 
tout les  débitants  de  boissons  donnaient  et  donnent 
encore  parfois  aux  employés  de  la  régie  (Contribu- 
tions indirectes),  parce  que,  dans  leurs  visites,  ceux-ci 
frappaient  de  leur  bâton  ou  du  doigt  les  futailles, 
pour  s'assurer  si  elles  étaient  pleines  ou  vides. 

Tollir,  v.  a.,  enlever,  arracher.  —  «  Mon  voisin 


-3)8- 

voulait  toUir  mon  droit  de  passage,  mais  je  l'en  ai 
empêché.  »  —  C'est  le  verbe  latin  toUere,  à  peine 
altéré. 

CENTRE  :  toile,  s.  {.,  ce  qu'on  enlève  avec  une  fourche 
d'un  monceau  de  foin  bien  tassé  :  une  toile  de  foin.  — 
NORM.  :  tollir,  enlever.  —  duc.  :  tôlier,  (vieux  fr.)  de 
lollire  pour  loltere. 

Tonton,  s.  m.,  oncle.  —  «  Il  a  perdu  son  père, 
il  a  hérité  de  son  tonton  Jacques  ;  en  v'ià  un  qu'est 
h'ureux  !»  —  «  J'entends  le  pas  d'un  jeval  (che- 
val); c'est  tonton  ».  — Nous  disons  aussi  tonton  pour 
tolon,  jeu  d'enfants  :  «  Il  va,  vient  et  tourne  comme 
un  tonton.  »  —  «  Vous  êtes  chien  (vous  êtes  ma- 
lin), mon  tonton  le  prêtre,  »  disait  un  gars  à  son 
oncle  le  curé.  —  Tonton  se  dit  aussi  pour  derrière. 
Enlants,   nous   chantions  : 

Bisez  tonton,  vous  aurez  d'ia  galette, 
Bisez  tonton,  vous  aurez  du  bonbon. 

s.\RTHE  :  CENTRE  :  ctc,  tonton,  oncle. 

Torchonnée,  s.  f.  Voilà  un  mot  bien  rennais. 
On  devine  que  c'est  un  dérivé  de  torchon.  Dans  mon 
enfance,  l'ouvrier  emportait  à  la  campagne  le  dîner 
de  la  famille  enveloppé  dans  un  torchon  ;  c'était  la 
torchonnée.  Assis  sous  les  ormeaux,  à  l'orée  de  la  prée 
ou  sous  la  tonnelle  du  cabaret,  on  dévorait  à  belles 
dents  le  veau  froid  et  la  salade,  puis  on  rentrait  au 
logis  à  la  clarté  des  étoiles.  Aujourd'hui,   on  se  sert 


—  359  — 

du  panier,  et  bientôt   le  mot  torchoniie'e  aura  disparu 
de  notre  langage  populaire. 

Tortir,  v.  a.,  abrégé  de  tortiller,  tordre.  «  Cet 
instrument  est  torti.  » 

CENTRE  :  Torire,  m.  sg.  —  Vieux  Fr.  :  Tortir,  tordre, 
recourber. 

Tosser  (Se),  v.  pr.,  se  frapper  la  tête  contre  un 
corps  dur.  Se  cogner,  se  donner  une  cabosse  (bosse)  à 
la  tête.  —  «  Je  me  suis  tossé  contre  la  porte.  »  —  Par 
extension,  se  griser,  peut-être  parce  que  l'homme 
gris  se  tosse  souvent  dans  ses  chûtes.  On  dit  dans  ce 
cas  :  «  il  est  tossé,  »  (il  est  gris,  il  est  pris  de  vin). 

Touaille,  s.  f.,  nappe.  —  «  Chez  l'oncle  Fran- 
cin  on  aimait  la  bonne  chère,  et  la  touaille  était  mise 
à  toute  heure.  »  —  Ce  mot  viendrait-il  de  l'anglais 
toivel,  serviette,   essuie-mains  ? 

ACAD.  :  BESCH.  :  Touaille,  linge  pendu  sur  un  rouleau 
auprès  du  lieu  où  on  se  lave  les  mains,  et  qui  sert  à  les 
essuyer.  —  besch.  :  Touailloii,  s'est  dit  pour  serviette. 
—  NORM.  :  Touaille,  serviette,  linge  de  table.  Touaillon, 
essuie-mains,  torchon. —  Vieux  Fr.  :  Touaille,  touaillon, 
nappe,  serviette,  essuie-mains;  foacula.  Toaillia,  étoffe 
de  soie,  parement  d'autel  (duc). 

Touaneau,  (pron.  toiianiau),.  s.  m.,  (féminin  : 
touanelle).  Terme  injurieux  qui  s'applique  au  colin- 
tampon,  à  la  mauvaise  ménagère,  aux  flâneurs  et 
aux  paresseux. 

Touine,  s.  f.  Ce  mot  a  deux   significations  bien 


—  3^0  — 

distinctes  :  i"  un  gros  morceau  de  pain  :  a  Jacques, 
tout  en  cheminant,  dévorait  une  ioiiine  qui  pesait 
bien  une  livre.  »  —  2°  une  chiuchoire  (V.  ce  mot), 
ou  tabatière  de  grès,  en  forme  de  poire,  à  l'usage 
des  gens  du  peuple. 

Toupie  vaut  morelle,  prov.,  signifiant  que  le 
jeu  de  la  toupie  vaut  celui  de  la  morelle  (ou  marelle). 
\'oy.  Taiipin  vmit  niorelte. 

Tourne-bouse,  s.  f.,  signorise  donnée  par  les 
gars  aux  filles  de  basse-cour.  Voy.  Bouse. 

Tournette,  s,  f.,  petite  pelle  en  fer,  avec  la- 
quelle on  retourne  la  galette  de  blé  noir  sur  la  tuile. 

N'ORM.  :  Tournette,  désigne  le  même  ustensile. 

Toussaint  (Faire  la),  c'est  préparer  les  terres 
et  faire  les  semailles,  travaux  qui  s'exécutent  dans  les 
environs  de  la  fête  de  la  Toussaint.  —  «  Nos  voisins 
sont  en  retard  ;  nous  sommes  à  la  mi-novembre,  et 
ils  n'ont  pas  encore /in7  la  Toussaint  ». 

Tout-aller  (A),  locution  adverbiale  exprimant 
qu'une  chose,  un  objet  est  d'un  usage  particulier,  se 
met  «  tous  les  jours.  »  —  «  Jeanne  n'avait  que 
deux  cotillons,  l'un  à  tout-aller,  l'autre  pour  le  di- 
manche, quand  elle  s'habillait.  »  —  Chez  nous,  s'ha- 
biller, c'est  se  parer,  se  faire  beau,  se  mettre  en 
grande  toilette. 

Tout-au-long,  adv.  de   temps,    toujours,    sans 


-  36i  - 

cesse.  —   a   Tout-au-loiig,  Jacques  battait  sa  femme  » 
(à  longues  journées). 

Tout-au-tout  (Pain),  pain  de  qualité  infé- 
rieure, partaiit  moins  cher  que  le  pain  blanc.  —  Nos 
ouvriers  se  nourrissent  de  pain   tout-au-tout . 

Tout  comme,  Tout  de  même,  locutions  po- 
pulaires qui  reviennent  souvent  dans  la  conversation. 
—  «  Vous  aurez  beau  dire,  la  mère  Concaré  est 
tout  comme  une  brave  femme,  »  —  «  Il  avait  refusé, 
mais  il  est  venu  tout  de  iiu'mc.  »  —  «  \"là  tout  de  même 
un  b'en  fameux  temps  !   » 

N'ORM.   :   CENTRE  :    Toiit    dc   même.    —    centre  :    Tout 

comme. 

Toute,  V.  n.,  abrégé  de  tousser.  —  «  Le  cher 
homme  ne  faisait  que  toute.  »  —  Ne  se  dit  qu'à  l'in- 
finitit. 

NORM.  :  loutre,  m.  sg. 

ToutOD,  S.  m.,  pas  d'un  cheval. 

Tout-plein,  locution  adverbiale,  beaucoup,  en 
grande  quantité,  en  abondance.  —  «  J'aime  tout-plein 
Mathurine.  »  —  «  Nous  aurons  tout-plein  de  pommes 
cette  année.  »  (Vo\\  plein.) 

Touzer,  v.  a.,  tondre,  couper  les  cheveux.  — 
«  Les  femmes  de  ce  pays  se  faisaient  autrefois  toif^er 
pour  vendre  leurs  cheveux.  »  —  «  Voilà  un  garçon 
mal  tou::^é,  «  mal  peigné,  qui  a  les  cheveux  en  désor- 


—  362  — 

drc.  —  Le  jour  de  la  Saint-Sylvestre  on  touie  les 
vaches  entre  les  cônes  pour  les  empêcher  de  moucher 
dans  l'année.  (Voy.  moucher). 

NORM.  :  Tousser,  —  Vieux  Fr.  :    Toiiser,   ioiiier  (duc). 

Tracer,     v.  a.  et  n.,  traverser,  passer  à  travers. 

—  «  Avez-vous  vu  un  tel  ?  —  Oui,  je  l'ai  vu 
Iracer  la  grand 'route  et  prendre  le  chemin  vicinal.  » 

—  a  Tracei  par  le  champ,  vous  abrégerez  votre  che- 
min. »  —  «   courant  et  trassaut  nuict  et  jour.  » 

(Jean  Moiinct,  16^  s.). 

XOKM.  :  Tracer,  m.  sg. 

Trait,  s.  m.  On  nommait  trait,  avant  la  Révolu- 
tion, une  portion  de  territoire  sur  laquelle  le 
clergé  et  la  noblesse  avaient  droit  de  dîme.  La  pa- 
roisse était  divisée  en  traits.  —  a  On  a  dimé  hier  sur 
le  trait  de  Place,  demain  on  dîmera  sans  doute  sur  le 
trait  de  la  Rossignolicre.  »  Ce  mot  semble  avoir  dis- 
paru, et  la  génération  actuelle  ne  le  connaît  pas. 

Traître,  v.  a.  —  (On  dit  aussi  teiirtre).  Action 
de  tisser  la  toile  ou  la  pénille  ;  est  souvent  employé 
pour  tordre,  carder  :  on  teut  les  harts  pour  lier  les 
fagots. 

Transport,  s.  m.,  vestibule,  couloir,  corridor. 
Passage  allant  d'une  pièce  de  l'appartement  à  une 
autre,  ou  conduisant  à  l'escalier.  Le  dessous  de  l'es- 
calier   fait    suite    au    transport.    —   «  Mes   enfants, 


—  363  — 

allez    jouer   dans   le  transport.  »  —  «  Où  avez-vous 
mis  tel  objet  ?  —  Il  est  dans  le  transport.  » 

Travoué,  s.  m.,  dévidoir.  —  Le  fil  passe  du 
fuseau  sur  le  travoué. 

BESCH.  :  Travouil  ou  iravoiiî,  dévidoir.  Travouiller.  — 
NORM.  :  Travouil,  dévidoir.  —  centre  :  Travoir,  tra- 
VQiicr,  travoué  (dans  l'Est),  travouil  (dans  l'Ouest),  ins- 
trument qui  sert  à  mettre  Je  fil  enéchcvcau.  Travouiller. 

Trée,  s.  f.,  truie,  femelle  du  porc.  —  «  Notre 
trée  a  fait  six  petits  cochons.  »  —  Nos  paysannes, 
dans  leurs  colères,  se  lancent  souvent  l'épithète  de 
trée.  —  On  dit  d'une  personne  maladroite,  incapa- 
ble :  «  Elle  s'y  entend  comme  une  trce  à  ramer  des 
choux.  » 

Treizain,  s.  m.,  nombre  de  treize,  treizième.  — 
On  dit  grammaticalement,  le  treizième  ;  nous  disons  : 
«  vous  me  donnerez  le  trciiain  par-dessus  le  marché.  » 

—  Voy.  ^gis. 

Trémar,  s.  m.,  blé  semé  en  mars  et  récolté  en 
juillet. 

Trémée  ou  Tremenne,  s.   t.,  piège  à  oiseaux, 

—  V.  Icnucc. 

Trempage,  s.  m.,  soupe,  bouillon  ;  l'un  ou 
l'autre,  ou  l'un  et  l'autre.  Le  trempage,  c'est  la  soupe 
maigre  ou  grasse,  de  pain  ou  de  galette;  c'est  aussi  le 
bouillon  seulement,  alors  que  le  pensionnaire  fournit 
son  pain.  —  Dix,  vingt  ouvriers  sont  employés  dans 


—  564  — 

une  construction  ;    ils   se    nourrissent   à  leurs    frais, 
mais  on  leur  donne  le  trempage. 

Trente-et-un  (Se  mettre  sur  son),  c'est 
mettre  ses  plus  beaux  habits.  —  «  On  voit,  Francine, 
que  tu  es  de   la   noce  ;  te  v'ià  sur  ton  trcnie-et-iin.  n 

Tressaut,  s.  m.,  soubressaut,  saut  subit  causé 
par  une  surprise,  un  choc,  un  bruit  inattendu.  — 
«  Sous  l'impression  de  ce  mauvais  rêve,  je  me  suis 
réveillé  en  tressaut.  »  —  A  été  employé  par  Toppfer. 
Sainte-Beuve,  son  biographe,  dit  à  propos  de  cette 
expression  :  «  Mot  excellent,  de  vieille  souche,  et 
que  lrcssaiUe))ieiit  ne  supplée  pas.  » 

Tressauter,  v.  n.,  sauter,  tressaillir.  —  Est 
moins  employé  que  le  substantif  tressaut.  » 

BESCH.  :  tressauter  s'est  dit  pour  tressaillir.  —  s.\rthe  : 
tressauter,  tersanter,  tressaut,  tcrsaiit.  —  centre  :  tres- 
sauter, ter  sauter. 

Treuler,  v.  a.,  traîner  après  soi  ou  avec  soi,  et 
surtout  malgré  soi.  C'est  le  verbe  irôler  modifié.  — 
«  Je  l'ai  treulé  toute  la  journée  par  la  ville.  »  — 
<f  Elle  treule  o  le  (avec  elle)  une  pourginée  de  gar- 
çailles.  »  (Voy.  Pourginée.) 

Triau,  s.  m.,  (prononcez  tériau),  pis  de  la  va- 
che ou  de  la  chèvre.  —  En  français  trayon. 

Vieux  Fr  :  Triant,  mamelle  ou  mamelon. 

Trifouiller,  v.  a.,  farfouiller,  mettre  en  désor- 
dre, déranger. 


-  36)-  - 

NOKM.  :  Irifouiller,  m.  sg. 

Triquemarder,  v.  a.,  troquer,  cchanger.  —  Se 
dit  surtout  en  parlant  dos  personnes  qui  ont  la  ma- 
nie d'échanger  leurs  effets  ou  les  objets  sur  la  posses- 
sion desquels  elles  sont  b.'asées.  —  Les  enfants  aiment 
à  IriqûeinarJcr. 

Trompe,  s.  t.  Nous  donnons  ce  nom  au  sabot, 
espè'ce  de  toupie  sans  moine  et  sans  nonne.  (Voy.  ces 
mots).  Jouet  d'enfant  qu'on  fait  pirouetter  en  le 
fouettant  avec  une  peau  d'anguille.  Dans  mon 
enfance,  nous  aimions  beaucoup  ce  jeu,  qui  semble 
abandonné  aujourd'hui. 

Troncer,  v.  a.,  couper,  étêter,  faire  un  tronçon. 
—  c(  Dans  une  rixe,  son  lâche  adversaire  lui  tronça 
le  nez  avec  les  dents.  »  —  «  Un  fermier  a  eu  le  poi- 
gnet Ironcé  par  une  machine  à  battre.   » 

Vieux  Fr.  :  troncer,  tronçonner,  (Jroncire.) 

Troufignon,  s.  m.,  anus,  rectum.  —  «  Il  a  mal 
au  troufignon.   » 

NOR.M.  :    troii-fignon.    —   centre  :    troii-fignon    {Etym., 
trou-finion  (final). 

Tructier,  v.  a.  et  n.,  mendier.  Vieux  mot  tou- 
jours très  usité  dans  nos  villages. 

Truchoux,  ouse,  adj.,  trucheur,  trucheuse, 
qui  truchc,  qui  mendie. 


—  366  — 

ACAD.  :  tnichcr,  mendier  par  fainéantise.  Tnicher,  pop. 
et  vieux.  —  norm.  :  tnicher,  v.  a.,  écornifler,  se  faire 
donner  de  l'argent,  un  diner,  etc.,  en  usant  de  trucs. 
Tnicheiix. 

Tuace,  s.  f.,  peau  desséchée  d'un  insecte  ;  trace 
de  poux,  de  puces. 

Tuer  (Se),  v.  pron.,  locution  très  usitée  dans 
nos  campagnes,  s'appliquant  au  cidre  qui,  au  lieu  de 
conserver  sa  limpidité  et  sa  couleur  primitives,  prend 
une  teinte  noirâtre  au  sortir  du  tonneau.  C'est  une 
cause  de  dépréciation  de  cette  boisson. 

NORM.  :  5c  tuer,  en  parlant  du  cidre,  m.  sg. 

TufFeau,  s.  m.,  croûte  qui  survient  à  la  tète  des 
petits  enfants.  Les  femmes  du  peuple  se  gardent  bien 
de  chercher  à  faire  tomber  cette  croûte.  Elles  pré- 
tendent que  c'est  une  éruption  d'où  dépend  la  santé 
du  marmot.  Les  médecins  luttent  en  vain  contre  ce 
préjugé. 

Tuile,  s.  f.,  plaque  en  fer  ou  en  fonte,  de  forme 
ronde,  sur  laquelle  on  fait  cuire  la  galette  de  blé 
noir.  —  Anciennement  cet  ustensile  de  ménage  était 
en  terre  cuite,  de  là  le  nom  de  tuile  qu'il  porte 
encore  aujourd'hui. 

NORM.  :  tuile,  tieulle,  poêle  très-plate,  dans  laquelle  on 
fait  cuire  les  crêpes  appelées  galettes. 

Turne,  s.  f.,  taudis,  masure,  habitation  en  ruine 
ou  malsaine  ;  —  ou  encore  une  maison  mal   famée. 


-  367  - 

—  «  Je  quitte  Madame  à  la  Saint-Jean,  »  disait   une 
bonne  ;  «  qui  voudrait  rester  dans  cette  tiirnc-hï  ?  » 

CENTRE  :  turuc,  m.  sg.  —  norm.  :    turne,  tune,   tenue, 
cabane,  petite  et  chétive  maison. 


XJ 


Urcer,  v.  n.,  brûler.  Ne  se  dit  guère  que  du 
lait  qui  est  resté  trop  longtemps  sur  le  feu,  et  qui  a 
pris  goût  de  pot.  Le  participe  passé  tircê  est  plus  usité 
que  l'infinitif.  —  «  Perrottte,  voilà  encore  du  lait 
une  !  y>  —  Ce  mot  vient-il  de  iirere,  brûler,  ou, 
comme  orceiil,  de  urceus,  vase  ?  —  Il  est  très  usité. 


V 


Vache  de  chêne,  s.  1.  Nous  appelons  ainsi  le 
hanneton,  dont  le  mâle  a  la  tête  ornée  de  petites  cor- 
nes. —  La  grande  quantité  de  vaches  de  chêne  au  mois 
de  mai  promet  une  année  abondante. 


-  368  — 

Vagabond,  s.  m.  (pron.  vacabomî)  ;  cette  ex- 
pression n'a  pas  chez  nos  paysans  un  sens  injurieux 
ou  délictueux.  Le  vacahond  est  l'ouvrier,  le  journa- 
lier qui  n'a  pas  de  profession  déterminée.  —  «  Que 
fait  votre  fiancé  ?  demandait-on  à  une  fille  qui  ve- 
nait annoncer  son  mariage.  —  Il  fait  un  petit  peu 
de  tout,  répondit-elle  ;  il  habille  de  la  filasse,  il 
fait  des  fligots, . . . ,  il  est  vacahond.  »  —  Il  est  vrai  que 
le  plus  souvent,  le  vacahond  mène  la  vie  du  vagabond 
proprement  dit. 

CENTRE  :    NORM.   :    vacaboiici,    forme   ancienne   du    mot 
vagabond. 

Valiseau,  s.  m.,  coupelle  servant  à  mettre  les 
marchandises  dans  les  balances. 

Vanné,  ée,  part,  passé  du  verbe  vanner;  essoufflé, 
fatigué,  harassé.  —  «Arrêtons-nous,  je  n'en  puis 
plus,  je  suis  vanne.  »  —  «  Ses  chevaux  sont  vannes.  » 

Vanner,  v.  a.  —  «Tu  m'as  vanne  en  me  faisant 
faire  cette  course  insensée.  »  —  S'emploie  le  plus 
souvent  sous   la  forme  pronominale  :   Se  vanner^  se 

fatiguer. 

Vas  ou  Vaie,  s.  f.,  voie,  chemin.  Ne  s'emploie 
guère  que  dans  les  expressions  analogues  aux  sui- 
vantes :  —  «  Rangeons  (rangez-vous)  de  ma  vas, 
que  je  passe.  »  —  «  Il  est  toujours  dans  ma  vas.i>  — 
Dans  quelques  localités  on  dit  vaic,  Vo  de  voie  étant 
seulement  chaneré  en  a. 


—  369  — 

NORM.  :  voie,  veie,  voie.  Vieux  Fr.  :  vce,  voie,  chemin 
(duc). 

Vau-l'eau,  loc  adv.,  cri  ou  chant  de  nos  pâtres 
conduisant  leurs  troupeaux  à  l'abreuvoir:  «  Vau-l'eau, 
vaii-Vcau,  vau-l'eau.  » 

ACAD.  :  A  van  l'eau,  suivant  le  courant  de  l'eau. 

Veilloche.  s.  f.,  petit  tas  de  foin.  —  C'est  avec 
plusieurs  vcillocbes  qu'on  forme  les  muions  (V. 
muloii). 

SARTHH  :  vcillûchc,  m.  sg.  — •  korm.  :  vieillotte,  vieiiil- 
lolte,  vciiillotte,  vcilhite,  villotte. 

Venelle,  s.  f.,  ruelle  du  lit.  —  «J'aime  à  dormir 
tourné  vers  la  venelle.  »  —  Le  mari  occupe  le  devant 
du  lit,  la  femme  la  venelle. 

ACAD.  :  venelle,  petite  ruç.  Vieux.  N'est  plus  guère  usité 
que  dans  la  phrase  popul.,  enfiler  la  venelle,  prendre  la 
fuite  (La  Font)  —  norm.  :  venelle  (pron.  v'netle),  ruelle 
du  lit,  passage  entre  deux  maisons.  —  Vieux  Fr.  : 
venelle,  ruelle,  passage  étroit,  ruelle  du  lit,  venella  (duc). 

Venette,  s.  f.,  peur,  émotion.  —  «  Ah  !  j'ai  eu 
une  fameuse  venelle  !  »  —  On  trouve  ce  mot  dans 
de  Leuven  et  Dhautel.  Il  est  très  usité  chez  nous. 

ACAD.  :  venette  n'est  usité  que  dans  les  phrases  popu- 
laires :  avoir  la  venette,  donner  la  venette.  —  norm.  : 
venette,  diarrhée. 

Vent  du  bas,  vent  d'ouest.   Vent  du  haut, 

vent  d'est. 

Ventiers,  adv.,  peut-être.  Il  est  presque  toujours 

24 


—  370  — 

suivi  Je  /'/('».  —  a  Quand  viendr'ous  nous  va  ?  — 
Dimanche  prochain,  vent'urs  b'eii.  »  —  «  J'irons 
venliers  l'en  aux  noces  de  Jeannette.  »  —  Il  a  quel- 
quefois la  signification  de  l'adverbe  volontiers,  dont 
il  semble  l'abrégé. 

SARTiiE  :  venliers  ou  venqiiiers,  m.  sg. 

Verdée,  s.  f.,  encore  un  synomTne  de  raclée, 
volée,  roustée,  pile,  flaupée,  etc. 

NORM.  :  vcrdèc,  fessée.  Vcrdcr,  fustiger,  battre,  frapper. 

Verder,  v.  n.,  aller  et  venir,  se  donner  beau- 
coup de  mouvement  pour  peu  de  besogne.  — 
«  Voyez  cette  fille  qui  depuis  le  matin  vcnle  dans  la 
maison.  Qu'a-t-elle  fait  ?»  —  Ce  verbe  est  très 
usité. 

ctNTKi:  :  vcrdcr,  vagabonder,  courir. 

Vère,  àdv.  Employé  pour  oui  dans  un  grand 
nombre  de  localités  et  presque  aux  portes  de  la  ville. 
C'est  le  vcrc  des  Latins. 

Q.uand  je  vas  chez  mes  commères, 

Dam'oui,  dam'î't'«, 
Je  le  fais  veui'  m'y  queri,   (chercher) 

Dam'îv/T,  dam'oui. 

(Vieille  chanson  populaire). 

NOR.M.  :  vcire,  assurément,  oui,  vraiment. 

"Vérette,  s.  m.,  svn.  de  variole.  —  Nous  disons: 


-  371  - 

a  Le   pauvre  garçon   a  la  petite  vcrclte,  »  ou  la  petite 
vi'roh',  ou  même  simplement  :  la  verctte. 

Véretté,  ée,  adj.,  personne  dont  le  visage  porte 
les  traces  de  la  vêretle.  —  «  Cette  jeune  fille  était  jolie 
avant  d'être  vérettée  comme  vous  la  voyez.  » 

BESCH.  :  vèreite,  syn.  de  vérolette.  —  korm.  :    vairetle, 
verctte,  ni.  sg. 

Verge,  s.  f.  Ce  mot  a  deux  significations  diffé- 
rentes :  1°  Dé  à  coudre  des  tailleurs  et  des  tailleuses 
de  la  campagne.  Il  diffère  de  celui  dont  se  servent 
nos  dames  et  nos  couturières  de  la  ville,  en  ce  qu'il 
n'est  point  fermé  à  son  extrémité.  —  2°  Bâton 
flexible  ou  partie  du  fléau  qui  frappe  le  grain  sur 
l'aire.  Le  fléau  a  son  manche  et  sa  verge;  celle-ci  est 
en  bois  de  houx. 

KORM.  :  verge,  dé  k  coudre  s.ins  fond,  employé  par  les 
tailleurs. 

Vergée,  s.  f.  Nos  paysans  appellent  ainsi  le  par- 
cours des  batteurs  sur  l'aire  lorsqu'ils  battent  le  blé. 
La  première  vergée,  la  plus  rude  pour  les  travailleurs, 
est  suivie  de  deux  autres. —  On  comprend  que  vergée 
vient  de  verge.  On  dit  rompre  une  vergée.  Mais 
bientôt,  grâce  aux  batteuses  à  vapeur,  les  mots 
fléau,  verge,  vergée  seront  rayés  de  notre  langue,  et 
déjà  on  n'entend  plus  que  dans  quelques  petites 
fermes  le  bruit  cadencé  des  fléaux,  qui  jadis  charmait 
nos  oreilles.  Il  est  remplacé  par  l'affreux  ronflement 
des  machines,  qui  n'a  rien  de  poétique. 


—  372  — 

Vergeter,  v.  n.,  se  dit  d'un  objet  quelconque 
qui  plie,  qui  fouette,  qui,  par  sa  flexibilité,  se  détend 
comme  un  ressort.  —  Une  baguette,  une  gaule 
vcr^etteitt. 

Vergner,  v.  n.,  tourner. 

Verrée,  s.  f.  (pron.  varrêc),  le  contenu  du 
verre  :  «  Allons  bonhomme,  encore  une  vanéc.  » 

CENTRE  :  verrée,  m.  sg.  —  acad.    :  verrcc,  peu  usité.  — 
BESCii.  :  verrée,  presque  inus. 

Vert,  s.  m.,  nom  donné  à  la  boursette.  à  cause 
de  sa  couleur  verte.  —  «  Aimez-vous  la  salade  de 
vert  ?  »  Son  seul  mérite  est  de  venir  dans  une  saison 
où  il  n'y  en  a  pas  d'autre.  —  Mcuhe  est  son  vrai 
nom . 

Vesprée  ou  Vêprée,  s.  f.,  l'après-midi,  le  soir, 
temps  compris  entre  le  diner  des  paysans  et  le  cou- 
cher du  soleil.  —  «  Que  ferons-nous  cette  vesprèe  ?  d 
—  Trop  souvent  nos  paysans  passent  au  cabaret  leur 
vesprée  du  dimanche.  —  On  trouve  dans  nos  dic- 
tionnaires le  mot  vèpre  masculin  :  le  vcpre,  le  soir, 
vespera . 

Un  chapelet  Vy  donnay 

Fait  à  la  lesprce  ; 
Il  le  prit  ;  bon  gré  l'en  say, 

Puis  m'a  appelée. 

(J.  Froissard). 


—  373  - 

Mignonne,  allons  voir  si  la  rose, 
dui  ce  matin  avait  desclose 
Sa  robe  de  pourpre  au  soleil, 
A  point  perdu,  cette  vesprce, 
Les  plis  de  sa  robe  pourprée, 
Et  son  teint  au  vôtre  pareil. 

(Ronsard). 

BESCH.:  vepre,  vespre,  la  fin  du  jour,  le  soir  (Montaigne), 
vcspréc  s'est  dit  pour  soirée,  la  fin  du  jour.  —  norm.  : 
véprèe,  veillée,  réunion  du  soir.  —  centre  :  véprée, 
vesprée,  veillée,  soirée.  —  Vieux  Fr.  :  vespre,  soir. 
Vesprèe,  veillée,  assemblée  du  soir  (duc). 

Vesne,  s.  f.,  vesse.  —  Un  des  personnages  de 
Rabelais,  un  des  plaideurs  devant  Pantagruel,  se 
nomme  Hiimcvesne.  — 

Vesner,  v.  n.,  vesser.  —  Entendu  entre  deux 
écoliers  :  «  Ah  !  mâtin,  tu  as  vesné.  —  Non,  je  n'ai 
pas  vesné.  —  Tu  vesnes  donc  ?  —  Non,  je  ne  vesne 
pas.  —  Pourquoi  mentir  ?  nous  sommes  seuls,  et  je 
suis  sûr  de  moi,  —  Je  ne  mens  pas,  et  je  le  prouve. 
Quand  tu  m'as  dit  :  tu  as  vesné,  je  vesnais  encore,  et 
quand  tu  as  ajouté  :  tu  vesnes  donc,  j'avais  fini.  »  — 
«  La  faulse  vieille  vesnoyt  et  vessoyt  puant  comme 
cent  diables.  »  (Pantagruel,  ch.  1 5). 

KORM.  :  vèiic,  véner,  vêneitx. 

Vettes,  s,  f.  pi.,  propos  légers,  récits  grivois, 
anecdotes  gauloises.  —  Le  vieux  notaire  T..,  chez 
lequel    j'allais  passer  mes  vacances,   aimait    à  nous 


-  374  - 

dire  des  vclles  et  nous  prenions  plaisir  à  les  enten- 
dre. —  Vient  sans  doute  de  vêtilk. 

Veuvier,  s.  m.,  veuf.  —  a  La  veuve  B.  se 
remarie  ;  elle  épouse  un  veuvier.  »  —  On  dit  rare- 
ment vcuvicre. 

NORM.  :  veuvcr,  devenir  veuf. 

Vèze,  s.  f.  On  nomme  ainsi  le  biniou  des  Bas- 
Bretons.  Ce  nom  vient  sans  doute  de  ce  que  l'instru- 
ment est  pourvu  d'une  vessie  gonflée  par  le  joueur. 
—  J'ai  eu  la  bonne  fortune  d'entendre  en  1858,  au 
pardon  de  Bannalec,  l'aveugle  Mathurin,  le  premier 
joueur  de  véie  du  pays. 

BEScii.    :    vè:^e,    s'est   dit    d'une    sorte    de    cornemuse. 
Veneur.  —  CENTRE  :  vt\e,  cornemuse. 

Viage,  s.  m.,  douaire,  rente  viagère,  voyagère, 
comme  disent  nos  bonnes  gens.  —  «  Son  avoir  con- 
sistait en  un  viage  que  lui  avaient  constitué  ses  anciens 
maîtres.  » 

HESCH.  :  linge,  usufruit  d.ms   les   anciennes   coutumes. 
—  Vieux  Fr.  :  l'inge,  rente  ou  pension  viagère,  viagium. 

Vice  (Il  n'y  a  pas),  loc.  adv.  très  usitée  et  qui 

équivaut  à  :  c'est  tout  un,  l'un  vaut  l'autre,  il  n'y  a 
pas  de  choix.  —  «  Voulez-vous  ceci,  voulez-vous 
cela  ?  —  Comme  vous  voudrez,  il  n'y  a  pas  vice.  » 

Videlle,  s.  f.,  pour  vivelle,  reprise,  terme  de 
couturière  ou  de  ravaudeuse.  Le  second  :•  de  vivelk 
se  trouve  remplacé  par  un  d. 


—  375  — 

Videller,  v.  a.,  faire  des  reprises  à  des  bas,  à 
tics  tricots,  etc.  Nous  avons  créé  ce  verbe  qui  devrait 
être  français  (du  moins  viveller)  au  mcnie  titre  que 
repriser,  tricoter. 

BEScn.  :  vidcllc,  reprise. 

Viette,  s.  f.,  cliemin  étroit,  petit  sentier.  —  De 
via.  -=-  Usité  surtout  dans  le  canton  de  Pleine- 
Fougères. 

N'ORM.  :  vielle,  m.  sg. 

Vieuzir,  v.  n.,  pour  vieillir.  —  «  Hélas  !  mes 
enfants  je  suis  bien  vieux  !  —  Ne  vous  plaignez 
pas,  papa  ;  ne  vicii:{it  pas  qui  veut.  » 

NORM.  :  vieiiillir,  m.  sg. 

Villotin,  s.  m,  —  Fém.  :  Villotine.  —  Épi- 
thète  injurieuse,  terme  de  mépris  employé  par  nos 
paysans  à  l'égard  des  habitants  des  villes.  Si  un 
villotin  égaré  se  trouve  dans  l'obligation  de  deman- 
der son  chemin,  qu'il  y  prenne  garde,  il  risque  fort 
d'être  trompé.  Il  faut  dire  que  le  villotin  n'a  pas  tou- 
jours pour  le  paysan  les  égards  qui  lui  sont  dus. 
(Voy.  Couye). 

Dans  Cl.  Marot  on  trouve  le  mot  Vilotière  : 

Quand  les  petites  vUoticrcs 
Trouvent  quelque  hardy  amant 

Vinette,  s.  f.,  oseille.  —  Qu'elle  soit  sauvage  ou 
cultivée,  pour  nous  l'oseille  est  toujours  de  la  vinette. 


-  376  - 

lîF.scii.  :  vinette,  nom  vulgaire  de  l'oseille.    —  norm.  : 
vinetlc,  oseille. 

Vioche  ou  Vioge,  adj.  m.  et  f.,  bien  ou  mal 
portant,  suivant  qu'il  est  employé  avec  ou  sans  la 
négative.  —  a  Je  n'étais  pas  vioche  la  semaine  der- 
nière ;  me  v'ià  recopi  et  tout  vioche  à  c't'heure-ci.  » 
—  Ce  mot  semble  dérivé  de  vie,  vila. 

NORM.  :  vioge,  adj.,  vif,  pétulant,  irritable. 

Viré,  ée,  adj.,  très  souvent  employé  à  la  ville  et 
aux  champs  pour  vit",  emporté,  colère.  —  «  Le 
patron  est  un  brave  homme,  mais  il  est  bien  viré 
par  la  tête.  »  (II  a  la  tête  près  du  bonnet).  —  Se  dit 
aussi  pour  fou,  toqué.  —  Vire  a  un  superlatif  pirvirc 
(V.  ce  mot)  ;  mais  il  est  peu  usité. 

Vispin,  s.  m.,  toupie  de  petite  dimension.  — 
«  Mes  petits  amis  ont  de  grosses  toupies,  et  je  n'ai, 
moi,  qu'un  vispin.  «  —  «  Seune  ton  vispin.  »  (V. 
Scnnci). 

Vivrement,  adv.,  synonyme  énergique  de  par- 
faitement, excessivement,  —  «  Que  dites-vous  de  ce 
cid'e  (cidre),  de  ce  jeval  ?  —  Sans  mentir,  c'est 
vivrement  bon.  vivrement  beau.  » 

Voir,  V.  n.  Les  écoliers  de  mon  temps  employaient 
souvent  ce  verbe  pour  provoquer  un  camarade  à  un 
pugilat.  «  Veux-tu  voir  ?  »,  c'est-à-dire  :  «  veux-tu 
accepter  le  combat  ?»  —  Nous  avions  un  autre 
genre  de  provocation  presque  toujours  suivi  d'effet. 


—  377  — 

Le  provocateur  se  mettait  une  paille  sur  l'épaule,  et 
défiait  son  adversaire  de  l'abattre.  Refuser  eût  été 
une  lâcheté.  La  paille  tombait  et  le  combat  s'enga- 
geait. 

Vouiller,  v.  a.,  lancer  sur.  —  «  Il  a  vouiUc  son 
chien  sur  moi.  »  —  Ce  verbe  est  aussi  à  l'usage  des 
blanchisseuses  :  Vouiller  la  lessive,  jeter  le  lessis  sur 
le  linge  empilé  dans  une  cuve  ou  panne  pendant  un 
certain  laps  de  temps  déterminé.  (Voy.  Lessis). 

Voyette,  s.  t.,  sentier,  chemin.  Diminutif  de 
voie.  (,Voy.  Victte). 

Vieux  Fr.  :  voyetif,  petite  voie,  sentier  (duc). 


Zaguer,  v.  n.,  employé  par  les  écoliers  dans  le 
jeu  de  billes  ou  canettes.  Il  équivaut  au  verbe  queuter 
dont  se  servent  les  joueurs  de  billard.  Le  joueur  doit 
lancer  la  canette  avec  le  pouce,  la  main  restant  immo- 
bile. S'il  allonge  le  poignet  pour  atteindre  plus 
sûrement  la  bille  visée,  il  lague,  et  le  coup  est  dé- 
claré nul. 


-  37«  - 

Zog,  s.  m.,  épithète  injurieuse  donnée  par  les 
écoliers  à  ceux  de  leurs  camarades  qui  paraissent  sim- 
ples ou  peu  intelligents.  —  Nous  appelions  :^og  le 
petit  D...,  qui  devint  capitaine.  De  moins  :^(^5  que 
lui  ne  surent  pas  se  créer  une  situation  aussi  hono- 
rable. 

Zuner,  v.  n.,  loucher.  —  Nous  appelions  luiiet 
le  louche  ou  louchard.  —  Zuner  se  dit  aussi  de  l'ac- 
tion de  tirer,  viser  le  but,  parce  que  le  tireur  cligne 
de  Tœil. 


Achève  d'inipriincr 

le  quinze  Juillet  mil  huit  cent  quatre-vingt-onze 

par 

Lemercier    &    Alliot 
â  NIORT 

pour 

Hyacinthe  Cailliére,  Editeur 
d  RENNES 


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*jfcr-. 


.#- 


PC  Coulabin,   H. 

2957  Dictionnaire  des 

B7C6       locutions  populaires 


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